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BULLETIN SCIENTIFIQUE
BECLA FRANCE: ET DE LA BELGIQUE
—— ES
TOME XLVII.
Septième Série. — Cinquième volume.
s QE js ee
Comité de rédaction :
L. BLARINGHEM (Paris). F. MESNIL (Paris).
G. BOHN (Paris). P. PELSENEER (Gand).
M. CAULLERY (Paris). CH. PÈREZ (Paris).
CH. JULIN (Liège). Er. RABAUD (Paris).
BULLETIN SCIENTIFIQUE
DE LA FRANCE
ÉD IE A BE LGJIOUR
FONDÉ PAR
ALFRED GIARD,
Toue XLVII.
LONDRES. PARIS, BERLIN,
3 Laboratoire d’Evolution des Etres orgamses, En DR Sa
DULAU & C 3, rue d'Ulm FRIEDLANDER & SOHN
Soho-Square, 37, Léon LHOMME, rue Corneille, 3. N. W.. Carlstrasse. 11.
EF 9115.
TABLE
= TRAVAUX.:ORIGINAUX.
DE LA BAUME PLUVINEL. — (V. Kerr).
BORDAGE (Epmoxp). — Notes biologiques recueillies à lile
de la Réunion (2° mémoire) (avec 14 fig. dans le texte).
CHAPPELLIER-(ALBERT). — Persistance et développement
des organes génitaux droits chez les femelles adultes des
‘oiseaux [une cane (A. boschas o) avec deux ovaires et
deux oviductes fonctionnels] (avec la planche XXV et
DD EAU) PE. Par see OR
KEILIN (D.) et pe La BAUME PLUVINEL (E.). — Formes
larvaires et Biologie d’un Cynipide entomophage (Æ£#coûla
Reilini) (avec les planches Let IT et 5 fig. dans le texte)
KEILIN (D.) et PICADO (C.).— Évolution et formes larvaires
du Déachasina Crarrfordi, Braconide parasite d’une
Mouche des fruits (avec la planche V et 4 fig. dans le
PO ER RS ln he ne NS li Ride
© PBICADO (CL). — (V. Kerr).
PICADO (C.). — Les Broméliacées épiphytes considérées
comme milieu biologique (avec les planches VI à XXIV
ÉRne RdAnS- Ie texte): DRE TR TRE et
ROUBAUD (E.).— Recherches sur les Auchméromyies, Calli-
phorines à larves suceuses de sang (avec les planches IL
CHROME NE asie eme) hosp.
VANEY (CLEMENT). — Adaptation des Gastropodes au parasi-
Homenavecog. dans lestesiehats Me. no.
3176
203
II. — BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
4 année (1913). — Analyses 13-1 à 13-457...................... 1
pablé-aralptique: it 2 AS Re M EEE
Le tome XLVII a été publié en 4 fascicules sortis des
presses aux dates ci-après :
Fasccure ! (pages 1-104 et Bibl. Evol. 1-40) 25 avril 1913.
FascicuLe 2 (pages 105-214 et Bibl. Evol. 41-80) 14 juin 1913.
FAscicuLe 3 (pages 215-360 et Bibl. Evol. 81-120) 21 octobre 1913.
FAscicuLE 4 (pages 360-400 et Bibl. Evol. 121-476) 5 janvier 1914.
Clément VANEY.
L'ADAPTATION DES GASTROPODES
AU PARASITISME.
(Description des genres, Anatomie comparée.
Phylogénie, Éthologie).
SOMMAIRE.
INTRODUCTION.
CIA PITRE I. — DESCRIPTION DES DIFFÉRENTS GENRES.
1. GASTROPODES ECTOPARASITES.
A. Capulidées : Thyca.
B. Pyramidellidées : Odostomia et Angustispira.
C. Eulimidées : Zuwlima ; Pelseneeria; Megadenus ; Mucronalia ; Sti-
lifer.
2, GENRE DE TRANSITION ENTRE LES GENRES ECTOPARASITES ET LES GENRES
ENDOPARASITES : (rasterosiphon.
3. GASTROPODES ENDOPARASITES : ƣatocolar ; Entoconcha ; Enteroxenos,
4. GENRE À PARASITISME SPÉCIAL : Clenosculuin.
CHAPITRE IT. — ANATOMIE COMPARÉE.
1. Coquille et tortillon viscéral. — 2. Pied et formations pédieuses, —
3. Appareil digestif. — 4. Système nerveux et organes des sens. —
D. Organes du complexe palléal. — 6. Appareil génital, — 7, Organes
spéciaux (Pseudopallium et pseudo-pied).
Résumé des modifications anatomiques des Gastropodes parasites.
CHAPITRE III. — PHYLOGENIE.
Origine des Gastropodes ectoparasites. Origine des Gastropodes endo-
parasites, d'après l'anatomie comparée, d'après l'embryologie.
CHAPITRE IV. — MODE DE PÉNÉTRATION DANS LES HÔTES.
CHAPITRE V. — ACTION SUR LES HÔTES.
CLÉMENT VANEY
INTRODUCTION.
Les Gastropodes présentent toute une série d'exemples d'adapta-
tions diverses : adaptation à la vie pélagique, à la vie parasitaire, à
la vie fixée, à la vie terrestre, etc., qui permettent de bien saisir les
modifications anatomiques en relation avec les conditions d’exis-
tence.
A ce point de vue, l'étude des Gastropodes parasites est des plus
intéressantes, car nous connaissons maintenant un certain nombre
de formes ectoparasites et endoparasites dont la comparaison nous
permet de déduire les modifications dues à un parasitisme de plus en
plus accentué.
Déjà, en 1889, SCHIEMENZ avait fait une étude comparée des
Gastropodes parasites ; mais à cette époque les connaissances ana-
tomiques sur ce sujet étaient peu étendues : elles se résumaient aux
deux genres endoparasites, Æntoconcha et Entocolax et à deux
genres ectoparasites, Thyca et Stilifer. L'Entoconcha avait été
étudié par J. MüLLER (1852) et Baur (1864) et l'Entocolax venait
d’être décrit par Voir (1888). Les cousins SARASIN, au cours de leur
voyage à Ceylan, avaient pu examiner une T'hyca etun Sfiifer.
C’est à l’aide de ces quelques données que SCHIEMENZ indiqua les
relations existant entre ces diverses formes de Gastropodes et qu'il
montra, par toute une série de types hypothétiques dérivés de
Thyca, comment l’on devait envisager le passage des (Gastropodes
ectoparasites aux Gastropodes endoparasites. Cette conception lui
permit de rectifier certaines erreurs d'interprétation commises par
VorGr dans la description de l’Entocolax. 3
Le Gasterosiphon, découvert en 1902 par KŒHLER et VANEY,
est venu confirmer l'opinion de SGHIEMENZ: c’est un véritable
représentant de ces termes de transition entre les Gastropodes
ectoparasites et les Gastropodes endoparasites, mais cette forme se
rattache aux Stilifer et ne dérive pas des Thyca, comme SCHIEMENZ
l'avait présumé.
L'ADAPTATION DES GASTROPODES AU PARASITISME. 5:
Les travaux de KÜKENTHAL (1897), de SCHEPMAXN et NIERSTRASZ
(1909), de KœnLer et VANEY (1908, 1912), de Rosex (1910), d'HeaTH
(1910) et de PELSENEER (1912) apportèrent de nouvelles contributions
aux (rastropodes ectoparasites et en multiplièrent le nombre des
genres connus. Tous ces faits concourent à démontrer que les
Gastropodes ectoparasites ont une origine polyphylétique.
En 1902, Mie BonxeviE fit une description très complète de
l'anatomie et du développement de l'Enteroxenos, espèce la plus
profondément modifiée parmi les Gastropodes endoparasites actuel-
lement connus et dont il représente le terme le plus dégradé.
Toutes ces données sur les Gastropodes parasites sont disséminées
dans une série de mémoires. Il nous paraît intéressant de les résumer
et d'en faire la synthèse. Dans cet exposé nous délaisserons Les Gastro-
podes simplement adhérents à un hôte comme l’Hipponyæ australis
que KÜKENTHAL (1897) a observé sur les baguettes d’un Cidaris et
nous n’envisagerons que les espèces franchement parasites dont
l’anatomie nous est connue |!). Nous passerons progressivement des
formes à ectoparasitisme faible aux espèces très dégradées par
l’endoparasitisme, en nous servant de toute une série de types de
transition qui vivent plus ou moins enfoncés dans leur hôte. Dans
cette revision nous envisagerons surtout l'anatomie comparée des
Gastropodes parasites, mais avant d’entrer dans l'étude détaillée de
chacun des genres il nous paraît utile de jeter un coup d'œil
d'ensemble sur les diverses formes.
Les Gastropodes parasites se divisent en ectoparasites et en
endoparasites, qui se distinguent les uns des autres non seulement
par leur mode de vie mais encore par des caractères morphologiques
bien nets.
Les (Gastropodes endoparasites sont vermiformes; ils ne pré-
sentent plus de masse viscérale spiralée et ils sont dépourvus de
coquille. IIS ne comprennent que les trois genres Æntocolax,
Entoconcha et Enteroxenos, qui ont été groupés dans une même
famille, celle des Entoconchidées.
(1) Pour les autres espèces nous renvoyons à la révision critique faite par Nirs
ROSEN (1910). Nous délaisserons les genres S/ylina FLEMING, Aobillardia Smrrn et
Styliferina A. ApAMS dont l'anatomie est insuffisamment connue.
4 GLÉMENT VANEY.
Les (Grastropodes ectoparasites renferment un plus grand nombre
de genres ; tous ont encore un tortillon viscéral bien net recouvert
d'une coquille. D’après la forme de cette coquille, les ectoparasites
actuellement connus se répartissent dans les deux séries suivantes :
les formes à coquille en bonnet phrygien appartenant au genre
Thyca et les formes à coquille lurriculée. Parmi ces dernières on
doit immédiatement mettre à part les espèces à coquille hétéros-
trophe qui appartiennent aux Pyramidellidées; elles ont été
découvertes récemment par PELSENEER (1912) et parasitent d'autres
Mollusques. Les autres espèces à coquille turriculée sont parasites
d'Échinodermes et se rangent dans la famille des Eulimidées,
quoique dernièrement Rosex (1910) ait proposé de les répartir, en
grande partie, dans deux nouvelles familles : les Stiliféridées et les
Turtonidées.
Entre ces deux séries bien distinctes, que SCHIEMENZ avait su
rattacher l’une à l’autre d’une façon si ingénieuse par des formes
hypothétiques, se place maintenant une véritable espèce de
transition, le curieux Gasterosiphon. Le (Grasterosiphon à la
situation et l'aspect externe d’un endoparasite, mais il possède
encore un tortillon viscéral nettement spiralé qui reste en relation
directe avec l'extérieur et qui est dépourvu de coquille.
Si le Gasterosiphon doit être envisagé comme une forme
intermédiaire entre les Gastropodes ectoparasites et les Gastropodes
endoparasites, nous devons ranger tout à fait à part le genre C{enos-
culum, dont la symétrie bilatérale le rapproche des Aspidobranches
et le sépare de toutes les autres formes décrites qui doivent être
considérées comme des Pectinibranches parasites. Le mode de
parasitisme du Ctenosculum est bien spécial. Comme un endo-
parasite il est plongé dans la cavité générale de son hôte et
probablement des échanges osmotiques, au moins respiratoires,
doivent se produire entre lui et son hôte. Cepencant le C{enos-
culuin ne peut pas être considéré comme un véritable endopa-
rasite, puisqu'il continue à prendre sa nourriture directement au
dehors.
A part le Clenosculum, dont le parasitisme est bien spécial, nous
groupons dans le tableau suivant les différents genres de Gastropodes
parasites, dont nous étudierons plus loin anatomie, en les classant
d’après le degré de parasitisme.
L'ADAPTATION DES GASTROPODES AU PARASITISME. 5)
Familles. Genres.
/ A) Capulidées..... Thyca.
| en NO GOS OMG:
B) Pyramidellidées. ARS
| Angustispira.
> £ Eulima.
|. — Gastropodes ectoparasites.......... à à .
Pelseneeria.
C) Eulimidées..... Megadenus.
Mucronalia.
| Stlifer.
II. — Genre de transition entre les G., ecto-\,, , ,. .., x ;
. 2 ‘ C) Eulimidées..... Gasterosiphon.
parasites et les G. endoparasites. |
Cris
[IT. — Gastropodes endoparasites (1). D) Entoconchidées. ! Entoconcha.
| Enteroxenos.
IV. — Genre à parasitisme spécial. ...... | Aspidobranches (?).| Ctenosculuwm.
Nous examinerons successivement ces divers genres en suivant
l’ordre indiqué dans ce tableau. Nous insisterons surtout sur les
particularités anatomiques. Après les descriptions détaillées des
différents genres de Gastropodes parasites, il sera intéressant d’en
faire l'anatomie comparée pour rechercher les modifications dues au
parasitisme et établir leurs affinités. Dans des chapitres spéciaux,
nous étudierons le mode de pénétration de ces parasites dans leur
hôte et les modifications qu'ils produisent.
(1) On doit rattacher à ces endoparasiles le nouveau genre Asterophila récemment
décrit par Me Ranpazz et M. HEATH et qui n'appartient pas à la famille des
Entoconchidées.
6 CLÉMENT VANEY.
I. DESCRIPTION DES DIFFÉRENTS GENRES
DE GASTROPODES PARASITES.
I. GASTROPODES ECTOPARASITES.
A) Famille des CAPULIDÉES.
Genre Thyca Apas.
Ce sont les frères Apaus, qui, en 1853, ont établi, dans la famille des Capu-
lidées, le nouveau genre Thyca. Celui-ci comprenait deux espèces précédemment
décrites comme parasites d'Etoiles de mer: la Thyca crystallina Gouzp et la
Thyca astericola ApaAus et REEVE trouvée sur une Stelléride de la mer de
S00lo0.
Les cousins SARAsIN recueillent à Ceylan, en 1886, une troisième espèce, la
Thyca ectoconcha vivant dans la gouttière ambulacraire de la Linchkia multi-
foris. Cette nouvelle espèce est de petite taille et n’a que 3 mm. de longueur;
sa coquille, très renflée, présente à la surface un grand nombre de côtes dont
chacune se renfle en une série de petites tubérosités.
KÜKENTHAL (1897) retrouva la Thyca crystallina fixée sur la Linchia miliaris
Linck, espèce Ed’toile de mer de couleur bleuàätre très fréquente à Ternate.
Dans le type de KükENTHAL, la coquille avait 12 mm. de longueur, 8 mm. de
plus grande largeur et 6 mm. de hauteur.
Sur la même Etoile de mer, KÜKENTHAL trouva une autre forme de Thyca,
la Thyca pellucida, à coquille très transparente et de plus petites dimensions
que la précédente : elle n’a que 4 mm.de longueur pour une largeur de 3 mm.
Les Thyca crystallina et pellucida ont toutes deux une coquille conique très
surbaissée, dont la surface externe est ornée de côtes longitudinales saillantes
et présentant de distance en distance des nodosités perliformes souvent très
prononcées.
Les caractères, qui séparent ces deux espèces l’ure de l’autre, sont d’ailleurs
peu importants et difficiles à saisir, surtout si l’on tient compte, comme le
constatent SCHEPMAN et NiERSTRASZ (1909), de la grande variabilité des caractères
présentés par les formes jeunes de Thyca crystallina recueillies par le «Siboga».
KœuLer et VANEY (1912) ont décrit une nouvelle espèce de Thyca, la Thyca
stellasteris, qui vit fixée sur les plaques marginales de Stellaster equestris RETzIUS
provenant de l'Océan Indien et appartenant au Musée de Calcutta. Ges Thyca
sont en général accolées aux plaques marginales ventrales. Cette espèce présente
un dimorphisme très marqué : les femelles atteignent 6 mm. de hauteur, tandis
que les mâles sont près de trois fois plus petits, car ils ne mesurent que 2 mm.5
(Fig. 1).
La coquille de Thyca stellasteris ne présente extérieurement que
de nombreuses stries longitudinales sans aucune nodosité. Son
sommet est fortement enroulé et déjeté à droite et donne à la
coquille plutôt l'aspect d’une corne de bélier que d’un bonnet
phrygien.
L'ADAPTATION DES GASTROPODES AU PARASITISME. FI
Les Thyca ectoconcha, T. pellucida et T. slellasteris présentent
à leur apex une petite co-
quille embryonnaire, très
développée chez les deux
dernières espèces. Gette
coquille embryonnaire est
déjetée sur le côté ventral
chez T'hyca pellucida; elle
est disposée dans le sens
transversal chez la T. stel-
lasteris.
Ces diverses Thyca se Fic. 1. — Dimorphisme sexuel de Thyca
3 stellasteris KœuLER et VANEY.
séparent plus ou moins fa-
cilement de leur hôte; cependant quelquefois cette séparation ne
peut se faire sans que le parasite soit endommagé. Examinées sur la
face ventrale, ces T'hyca pré-
sentent toutes un «disque de
fixation >» (d) circulaire que
les SARASIN désignent comme
«pseudopied»>. Ce disque de
È fixation apparaît parfois com-
me une sorte de ventouse
circulaire ayant en son centre
l'ouverture buccale. Chez la
T. stellasteris (Fig. 2), la
bouche
est en-
tourée
Fi. 2. — Thyca stellasteris, face ventrale pes ve
(d’après KŒHLER et VANEY). petit re-
bord cir-
culaire ; mais chez laT! ectoconcha (Fig. 3) et
T. pellucida (Fig. 4), l'ouverture buccale est
portée au sommet d’une trompe conique assez
développée. La T. pellucida a un museau F6. 5. — Thyca ecto-
cylindrique placé en avant du centre du disque su dde:
3 ; Tel ON à RTE Ds et F. SARASIN).
et l'ouverture buccale est dirigée en avant. La
trompe est très grande chez la T. crystallina (Fig. 5), surtout dans
le jeune âge, où elle s'accroit de plus en plus pendant un certain
8 GLÉMENT VANEY.
temps; puis elle subit un arrêt dans son développement tandis que
le reste du corps continue à s’accroitre. Cette trompe peut être
plus grande que la hauteur du corps
FiG. 4. — Thyca pellucida
et même chez certaines jeunes Thyc«,
elle atteint deux fois cette hauteur.
En se basant sur certains caractères
anatomiques et sur la situation de la
trompe en avant du disque, Thyca
pellucida est consi-
dérée comme l'es-
pèce la plus primi-
tive du genre. La
position centrale de
la trompe dans le
disque serait une
(d'après KÜKEÉNTHAL). modification secon-
dairement acquise FiG.5.—Thycacrys-
par les autres espèces. Chez la forme primitive,
tallina (d'après
NIERSTRASZ).
T. pellucida, le disque de fixation ou pseudo-
FiG. 6. — Coupe longitudinale d'une femelle
de Thyca stellasteris (d'après KœnLer
et VANEY).
pied présente trois lobes:
un impair petit et situé en
avant et deux latéraux très
saillants (Fig. 4). Ges trois
lobes devaient correspondre
à des parties primitivement
bien séparées, dont la fusion
ici serait encore incomplète
alors qu'elle est parfaite
chez les autres Thyca où le
disque n'offre plus aucune
subdivision (Fig. 2, 3 et 5).
Le disque de fixation ou
pseudopied est donc un or-
gane complexe : la portion
antérieure impaire est d'ori-
gine céphalique et les parties
latérales sont des expan-
sions pédieuses.
A la face dorsale du disque de fixation, on trouve (Fig. 2), en
L'ADAPTATION DES GASTROPODES AU PARASITISME. 9
avant, un repli frontal ou tentaculaire (7/), qui est parfois déjeté sur
le côté et, en arrière, un repli postérieur ou pédieux (7p).
2==br
DX CU cg 1
FiG. 7, — Coupe longitudinale schématique de Thyca ectoconcha (d'après
P. et F, SARASIN).
Le repli tentaculaire ou lobe frontal renferme des yeux (æ), dont
la situation est variable. Ils sont superficiels chez 7. pellucida
et T. ectoconcha (Fig. 7), tandis qu'ils sont inclus dans le tissu
conjonctif chez la T. stellusteris (Fig. 6). Cette dernière espèce el
probablement T. pellucida possèdent une fossette glandulaire (4l),
située sur la face ventrale du lobe frontal,
Les SARASIN avaient
admis que le repli
pédieux élait un pied
très réduit. KÜKEN-
THAIL €t NIERSTRASZ
le considèrent comme
correspondant seule-
ment au métapodium
(ap, Fig. 10). NIERs-
TRASZ a même trouvé
sur le bord de ce
repli de T. crystallèna
une sécrétion dessé-
chée ayant l'aspect de
la corne et rappelant
un opercule. Dans la T. stellasteris, on retrouve cette aire
operculaire actionnée par des muscles spéciaux mais, en avant el
FiG. 8. — Coupe longitudinale d’un mâle de Thyca
stellasteris (d'après KœHLER et VANEY).
10 GLÉMENT VANEY.
sur la face ventrale du repli, existent (Fig. 8) une glande pédieuse
proprement dite (4p) et une glande suprapédieuse (sp). La présence
de ces deux glandes montre qne le repli pédieux correspond à la
plus grande partie du pied. KœHLER et VaxEY ont signalé que le
repli pédieux et le repli frontal ou tentaculaire ont des relations
étroites entre eux et avec le disque de fixation. Dans la fig. 5 du
mémoire des SARASIN on retrouve à droite une certaine continuité
entre les replis cutanés céphalique et pédieux, qui entourent le
pseudopied.
Les coupes montrent que le disque de fixation est occupé en
grande partie par le muscle columellaire (72c, Fig. 6), qui s'attache
d'une part à la
base du disque
et d'autre part à
la face interne
de la coquille où
il se dispose en
fer à cheval.
Le disque et
la trompe s’en-
gagent dans les
c tissus de l'hôte
Fic. 9. — Thyca stellasteris; coupe longitudinale de la et servent à la
région antérieure et ventrale montrant les rapports
avec l'hôte (d'après KŒHLER et VANEY).
fixation du para-
site. NIERSTRASZ
signale que, chez T. crystallina, la face ventrale du disque renferme
un épithélium riche en éléments glandulaires dont la sécrétion
servirait à la fixation: KŒHLER et VANEY n'ont trouvé chez la
T'. stellasleris qu'une épaisse production cuticulaire (c, Fig. 9),
limitée du côté externe par une mince cuticule plissée et continue.
Les éléments épithéliaux sont groupés à la base de ces productions
anhistes.
La cavité palléale s'ouvre en avant et s'étend parfois très en
arrière. Elle renferme dans son intérieur une branchie pectinée
(br, Fig. 6). On n’a pas signalé de glande hypobranchiale.
Dans une coupe longitudinale de Thyca (Fig. 6 et 7), les organes
viscéraux se répartissent, en général, sur deux étages : un inférieur,
renfermant la portion antérieure du tube digestif, les masses
ganglionnaires nerveuses et les glandes salivaires dont les replis
L'ADAPTATION DES GASTROPODES AU PARASITISME. Il
trés nombreux ont été parfois confondus avec ceux du foie. Dans
l'étage supérieur se trouvent localisées les glandes génitales et la
portion terminale du tube digestif: estomac et intestin entourés par
les nombreux diverticules du foie.
L'appareil digestif possède un bulbe pharyngien (bp); 1l est
dépourvu de radula et il présente de grandes variations au point
de vue de la situation du bulbe pharyn-
gien et de la structure de l'estomac.
La 7. pellucida et la T. stellasteris
(Fig. 9) ont un bulbe pharyngien placé à
l'intérieur du corps. Chez T. ectoconcha
(Fig. 7), ce bulbe est situé dans la partie
saillante de la trompe, enfin chez 7°
cryslallina (Fig. 10), la trompe est
longue, à parois minces, et elle présente
à son extrémité hbre un bulbe pharygien
faisant immédiatement suite à la bouche.
Cette longue trompe peut devenir turges-
cente, car elle renferme un tissu con-
jonctif très lacuneux.
Le bulbe a une paroi musculaire bien
développée formée surtout de fibres
musculaires transversales. Ces dernières
par leur contraction font jouer au bulbe
le rôle d’une pompe aspirante qui entraine
par succion une certaine quantité de sang
de l'hôte. NIERSTRASZ a aussi trouvé,
fixés à l'entrée de la trompe d’une jeune Fic. 10. — Coupe longitudi-
T. crystallina, des filaments musculaires nale de Thyca crystallina
AN (d’après NIERSTRASZ).
d'Etoile de mer.
Au sommet du bulbe débouchent une paire de glandes salivaires
(y), parfois très développées, dont les nombreuses ramifications,
terminées en cœcum, entourent l’œsophage. La sécrétion de ces
glandes à probablement une action dissolvante sur le calcaire
enfermé dans les téguments de l'hôte.
Au bulbe fait suite un æsophage, qui traverse la cloison séparant le
premier étage viscéral du second et débouche dans un estomac en
relation avec le foie. Le tube digestif se termine par un intestin plus
ou moins développé, qui s'ouvre par l'anus dans la cavité palléale.
12 CLÉMENT VANEY.
On observe une telle disposition chez la 7. ectoconcha, où il existe
une boucle intestinale, ainsi qu'un estomac et un foie bien diffé-
renciés. On constate une réduction de l'intestin chez la 7. stellas-
teris, où, de plus, les parois de l'estomac sont en relation intime
avec les lobes du foie. NiERSTRASZ signale chez T!. crystallina une
grande réduction du tube digestif et du foie. Il aurait été intéressant
de connaître la constitution de l’anpareil digestif de l'espèce
primitive 7. pellucida, afin de bien saisir l'importance de la
réduction du tube digestif chez les autres espèces.
On à peu de renseignements sur l'appareil circulatoire et l'appareil
excréteur, qui paraissent normaux. Le cœur est enfermé dans un
péricarde et possède un ventricule et une oreillette’, dans son
voisinage existent, chez 7, stellasteris, de nombreuses lacunes san-
guines. Dans cette espèce l'appareil excréteur paraît peu développé.
Le système nerveux est très condensé et constitue une masse
nerveuse ganglionnaire que traverse l’æsophage. Quoique très
rapprochés, ces ganglions montrent la disposition typique du
triangle latéral, et l’on distingue parfois la torsion de la commissure
viscérale. Il se différencie quelquefois un ganglion buccal ou de la
trompe, qui est en relation avec les ganglions cérébroïdes. Contre
les ganglions pédieux (pd) sont placés une paire d'otocystes
(ot, Fig. 7) renfermant chacun un seul gros otolithe. Les yeux (æ)
présentent un cristallin obturant l'ouverture d'une cupule rêtinienne,
dont la paroi est fortement pigmentée.
Les glandes génitales n’ont été étudiées que chez T. stellasteris,
qui présente un dimorphisme très marqué. L'individu mâle est trois
fois plus petit que la femelle, il est aussi fixé à l'hôte. De jeunes
mâles sont parfois abrités sous des femelles de grande taille.
Les femelles (Fig. 6) ont un ovaire (ot), qui occupe la majeure partie
du deuxième étage viscéral. Cette glande génitale est formée par de
nombreux acini très rapprochés les uns des autres surtout dans la
région ventrale du tortillon. Les œufs sont chargés de plaquettes
vitellines et arrivent dans un oviducte où débouche un réservoir
spermatique bourré de spermatozoïdes, même chez des femelles
jeunes. Ce n’est que chez de très petites femelles que ce réservoir
spermatique est vide et présente nettement une paroi épithéliale.
A Ja suite du canal du réservoir spermatique, l’oviducte reçoit la
sécrétion d'une glande coquillière à parois très épaisses et constituées
par une série de cryptes glandulaires. Les femelles s’accouplent
L'ADAPTATION DES GASTROPODES AU PARASITISME. 13
avant leur complète maturité sexuelle et la paroi du réservoir
spermatique paraît ensuite subir une dégénérescence.
Les mâles (Fig. 8) se distinguent des femelles non seulement par
la taille, mais encore par quelques différences anatomiques. Leurs
ganglions nerveux sont relativement plus développés que chez les
femelles, leur tube digestif est plus réduit et possède des glandes
salivaires moins ramifiées. Le deuxième étage de la région viscérale
est surtout occupé par l’ensemble des follicules testiculaires (/es/),
qui sont en relation avec un spermiducte se renflant en un réservoir
spermalique et qui s'ouvre à l'extérieur à la base d'une gouttière
spermatique placée sur la face externe d'un pénis allongé et à
extrémité distale renflée. Ce pénis renferme dans son intérieur des
fibres musculaires et un tissu lacuneux.
Quoique les individus mâles et femelles soient tous deux parasites
au même degré, les exemplaires femelles paraissent plus évolués
que les mâles, leur organisation étant plus modifiée.
Toutes ces Thyca représentent des Gastropodes ectoparasites à
caractères bien particuliers. Ils appartiennent très probablement
aux Capulidées et, comme ces derniers, ils sont unisexués ; mais
ils possèdent un organe de fixation spécial, le « pseudopied > ou
« disque de fixation », dont il est difficile d'indiquer l'origine. Il ne
dérive sûrement pas du velum, comme les SARAsIX l'avaient admis,
puisqu'il entoure complètement la trompe. Nous ne pensons pas
qu'il dérive de la plus grande partie du pied, comme l'indiquent
KÜkEeNTHAL et NiErsrRAsz. Nous admettons que ce disque de fixation
provient de la soudure plus ou moins complète d'une partie antérieure
impaire d'origine céphalique avec deux expansions latérales de la
partie antérieure du pied. Notre opinion est basée sur ce que, chez
T!. stellasteris, les glandes pédieuses existent encore dans le repli pé-
dieux, c’est-à-dire dans la portion du pied placée en arrière du disque.
Peut-être les expansions latérales pédieuses qui constituent la
plus grande partie du disque correspondent-elles à l'organe en fraise
que Lacaze-Durniers (1901) a signalé chez le cabochon (Capulus
hungaricus LiN\.) ?
Malgré nos connaissances anatomiques iricomplètes sur les
différentes espèces de T'hyca, nous pouvons conclure que l’ensemble
des formes connues de ce genre ne constitue pas une série linéaire
unique montrant par toute une succession de types les modifications
progressives dues au parasitisme.
14 CLÉMENT VANEY.
D’après la structure Gu pseudopied et la situation de la trompe,
Thyca pellucidla paraît être actuellement la forme la plus primitive.
Par contre, Thyca crystallina, avec l'énorme développement de
sa trompe et la régression très grande du tube digestif et du foie,
représente l'espèce la plus modifiée par le parasitisme.
Thyca ectoconcha et T. stellasteris Semblent occuper une place
intermédiaire entre ces deux types extrêmes.
En se basant sur la structure du pied, le classement des espèces
de Thyca est différent. 7. pellucida, ne présentant aucune glande
pédieuse (Kükenthal), a un pied plus réduit que celui de T. stellas-
leris, qui possède encore deux glandes pédieuses.
Il en serait de même si l’on tenait compte exclusivement de
l'appareil digestif. T'hyca pellucida à une trompe qui n’existe pas
chez T. stellasteris. T. ectoconcha est pourvue d’une trompe massive
et a un tube digestif peu modifié, tandis que 7°. stellasteris n’a pas
de trompe et a un estomac réduit.
Il est donc impossible de ranger les T'hyca en une série unique,
qui montrerait d’une part une dégradation progressive de certains
organes (pied, appareil digestif, etc.) et, d'autre part, l’accroisse-
ment successif d’autres organes (trompe, disque de fixation, par
exemple).
Il serait intéressant d'étudier un plus grand nombre de ces Thyca
ou de Capulidées parasites, afin de bien établir quel est le degré de
parasitisme atteint par ces formes.
B) Famille des PYRAMIDELLIDÉES.
Genres : Odostomia FLEMING et Angustispira PELSENEER.
Certaines Odostomia avaient été signalées par FiscHER comme des commen-
saux externes de Lamellibranches, parce qu'ils se trouvaient généralement à la
surface des expansions en oreille des coquilles de Pecten. PELSENEER considère
ce fait comme accidentel, car il ne l’a jamais observé et les diverses espèces
d'Odostomia vivantes qu'il a recueillies se trouvaient toujours sous des pierres.
De telle sorte que le commensalisme des Pyramidellidées était jusqu'à présent
des plus contestable. Tout récemment, PELSENEER (1912) décrit deux nouvelles
espèces de Gastropodes parasites de Lamellibranches provenant du district
côtier de l'Asie méridionale. Toutes deux possèdent une coquille turrieulée à
sommet hétérostrophe (Fig. 11) et à tours inférieurs renflés ; elles sont pourvues
d'un opercule paucispiré et appartiennent sans aucun doute à la famille des
Pyramidellidées.
L'une, Odostomia tellinæ PELSENEER, a 4 mm. de hauteur ; elle est fixée sur
la face interne du manteau d’une Telline de la mer de Chine. L'autre, Angustispira
L'ADAPTATION DES GASTROPODES AU PARASITISME. 15
spengeli PELSENEER, (Fig. 12) que ce savant considère comme le type d’un
nouveau genre, était fixée sur la surface interne du manteau d'une jeune Melea-
grina margaritifera. Les deux individus trouvés de cette dernière espèce ont
Gun, 5 de hauteur et ont une coquille globuleuse à tours croissant rapidement
après le quatrième ; les premiers tours forment une pointe saillante.
FrG. 11 Fic. 12
Fi. 11 — Sommet de la coquille d'Odostomia tellinæ montrant le nuclèéus
hétérostrophe (d’après PELSENEER).
FiG. 12. — Angustipira spengeli (d’après PELSENEER).
Ces deux espèces de Pyramidellidées parasites sont pourvues
d’un trompe suceuse invaginable pouvant s’enfoncer jusque dans les
sinus veineux sous-tégumentaires de leur hôte. Elles ne possèdent
ni radula, ni renflement œsophagien.
Leur tête porte deux tentacules aplatis ({), pourvus le long de leur
bord externe d’un sillon cilié. À la base de ces tentacules sont deux
yeux sessiles (æ) peu éloignés l’un de l’autre.
Entre le pied (p) et l'ouverture buccale (b) se trouve une saillie ou
mentum (22) légèrement échancrée en avant et présentant dans sa
masse un cœcum médian s'ouvrant sur son bord antérieur.
Le pied possède lui-même, dans sa partie antérieure, une grosse
glande muqueuse, qui vient déboucher par un fin canal dans le
cœcum du mentum.
Le manteau présente à sa partie ventrale, du côté droit, un lobe
palléal inférieur (/4p).
La glande génitale est logée dans les premiers tours du Due
viscéral. Elle est uniformément hermaphrodite sans région mâle et
femelle distincte, exactement comme chez les Odostomia libres qui
ont déjà été étudiées. Le conduit génital est unique, il est pourvu de
glandes accessoires et débouche à l'extérieur par un seul orifice
génital situé au-dessous du tentacule droit. IL n'existe pas de
pénis.
16 CLÉMENT VANEY.
Le système nerveux est chiastoneure et à ganglions cérébraux
juxtaposés. Chaque otocyste renferme un otolithe.
La ponte de ces deux parasites est fixée sur le bord interne du
manteau de l’hôte. Celle d’Argustispira spengeli est formée de
_ nombreux œufs globuleux, agglomérés en une masse claviforme
plus ou moins régulière et placée sur la face interne de la valve
inférieure de la Méléagrine.
C) Famille des EULIMIDÉES.
Cette famille comprend toute une série de genres adaptés au
parasitisme.
La plupart des Euwlima sont libres, pourtant quelques formes sont
franchement parasites et sont fortement fixées à leur hôte. D’autres
genres ne comprennent que des espèces parasites, ce sont les genres
Mucronalia, Megadenus, Stilifer et (rasterosiphon. auxquels 1l
convient d'ajouter le genre Pelseneeria que RosEN considérait
comme devant constituer avec son genre T'urtonia une nouvelle
famille, celle des Turtoniidées. En étudiant le genre Pelseneeria
nous indiquerons les raisons qui ne nous permettent pas (le nous
rallier à l'opinion de Rosex. D'ailleurs si cette séparation était
admise, en se basant sur des caractères de même importance, on
arriverait aussi à créer une famille spéciale pour chacun des genres
Grasterosiphon et Megadenus. Ces genres si variés el leurs
différentes espèces indiquent nettement que l’ensemble de ces formes
ne constitue pas une série linéaire qui montre les modifications
progressives dues à un parasitisme de plus en plus accentué.
Nous étudierons les divers genres de cette famille d'après l'ordre
suivant :
4. — Eulima.
2. — Megadenus.
3. — Pelseneeria.
4, — Mucronalia.
5. — Stilifer.
6. — (Gasterosiphon.
Nous remarquerons que la série Zulèma, Mucronalia, Stilifer et
Gasterosiphon montre au point de vue de la formation de certains
organes une gradation très nelte.
L'ADAPTATION DES GASTROPODES AU PARASITISME. 17
1. Genre Eulima Risso.
Les Æulima sont des Gastropodes de petite taille à coquille turriculée, lisse
et operculée ; leur pied est bien développé.
On recueille sur nos côtes l'Æ, polita qui, ainsi que la plupart des espèces
de ce genre, mène une vie hbre ; mais certaines formes habitent, en commensales
ou en semi-parasites, le tube digestif d'Holothuries ; c’est ainsi que l'Æ. distorta
a été trouvée dans l'Æolothuria intestinalis des côtes de Norwège. SEMPER
(1880) a observé une espèce d'Æulima qui vivait dans le tube digestif d’une
Holothurie ; grâce à son pied large et aplati, ce Gastropode rampait contre les
parois de l'intestin avec une certaine rapidité en se nourrissant très probablement
des sucs digestifs de son hôte.
Ce sont ces formes d'Æ£wlima sSemi-parasites, qui ont fait admettre que ce
genre devait être considéré comme l'origine de la plupart des Gastropodes
parasites à coquille turriculée.
Dans ces dernières années P. Barrsca (1907 et 1909) a décrit deux Æ£uwlima
nettement parasites : l'une, Æ. ptilocrinicola est fixée sur un Crinoïde à tige de
grande profondeur, Ptilocrinus pinnatus CLARK, dragué par l’« Albatross » à
1.588 brasses dans les parages de la Colombie anglaise, l'autre, Æwlima capil-
lastericola, de petite taille, était située près de la base d'un des bras d'un
Capillaster multiradiata LiNNÉ provenant de Singapour.
Les trois exemplaires de la première espèce avaient leur trompe profondément
fixée dans la paroi latérale de leur hôte et quelques Crinoïdes-montraient un
certain nombre de piqûres probablement faites par l'Æ. ptilocrinicola. Toutes
ces formes parasites n'ont été l'objet que d'une simple description externe.
KœæuLer et VANEY (1912) viennent d'étudier une nouvelle espèce, l'Eulima
equestris, qui parasite des Stellaster equestris de l'Océan Indien. Elle est fixée
sur les plaques marginales dorsales et ventrales et provoque parfois des modifi-
cations dans le squelette de son hôte.
Au point de vue anatomique, nous possédons maintenant quelques
données comparatives. Nils RosEN (1910) a fourni quelques rensei-
gnements sur une forme libre, Æ. polita, et sur une forme parfois
commensale ou semi-parasite, Æ. distorta ; KœuLer et VAXEY ont
étudié l'anatomie d'une forme franchement parasite, l'Æ. equestris.
En comparant l'organisation d'Æ. polita et d'E. distorta on
trouve des différences telles que l’on se demande s'il n’est pas
nécessaire de les séparer génériquement. Toutes deux sont pourvues
d’une trompe, mais l'Æ. polita a encore une radula à dents nom-
breuses et un pharynx très ondulé pourvu de formations glandulaires
et d’une forte musculature. L’Æ. distoyta se rapproche de formes
parasites comme Megaderus ; elle ne possède pas de radula et elle
présente un pharynx cylindrique, auquel fait suite un œsophage
simple qui aboutit à un estomac dont la paroi est constituée en
partie de cellules intestinales et de cellules hépatiques. Le tube
digestif se termine par un court rectum qui traverse le rein et
2
18
CLÉMENT VANEY.
s'ouvre dans la région postérieure de la cavité palléale. Cet appareil
digestif d'Æ. distorta présente une grande ressemblance avec celui
d'un Megadenus. Branchie et cœur se rapportent au schéma
habituel des Prosobranches. Le système nerveux est très condensé
FiG. 13. — Eulima equestris
dont la trompe s’insinue
entre deux plaques margi-
nales et arrive jusqu’au
voisinage de la glande
génitale (g) du Stellaster.
etinnerve des yeux normaux et des
otocystes avec un otolithe. Le pied est
pourvu d’un opercule et renferme deux
glandes, l’une postérieure ou glande
pédieuse proprement dite et une anté-
rieure que ROSEN considère comme
glande marginale et que je rapporte
plutôt à une glande suprapédieuse ana-
logue à celle observée chez certains
genres de Gastropodes parasites. Les
sexes sont séparés.
L'E. equestris va nous fournir un bon
exemple d'espèce nettement parasite.
Elle est fixée sur le Stellaster equestris
à l'aide d’une trompe très développée
dont la longueur atteint celle du corps et
qui, après s'être insinuée entre les plaques marginales de l’Astérie,
vient faire saillie dans la cavité générale de l'hôte (Fig. 13). Le
corps proprement dit est enfermé dans une
coquille conique de 5 mm. de hauteur et de
2 mn. de plus grande largeur. Cette coquille
présente une dizaine de tours de spire et
son ouverture peut être fermée par un oper-
cule corné et ovale de 2 mm. de plus grand
axe. Le torüllon viscéral est localisé dans
les quatre derniers tours de spire de la
coquille, tandis que les cinq premiers tours,
réduits à une mince membrane épithéliale
ne recouvrant aucun organe interne, appa-
raissent comme translucides.
La trompe ({7, Fig. 14) émerge de la
région céphalique, qui est pourvue d’une
FiG. 14. — Région cépha-
lique et pied d’une £w-
lima equestris( d'après
KŒnLER et VANEY).
paire de tentacules ({) assez longs, à la base desquels sont placés
deux yeux (æ). Le pied (p) est réduit à une faible protubérance
ventrale et plus ou moins plissée, qui renferme deux glandes
L'ADAPTATION DES GASTROPODES AU PARASITISME. 19
disposées l'une derrière l’autre. La plus antérieure est la glande
suprapédieuse et la postérieure est la glande pédieuse proprement
dite. La plus grande partie du pied est
occupée par la région operculaire (0p) qui
ne paraît pas avoir subi de réduction bien
sensible.
La portion de la trompe enfermée, dans
les tissus de l'hôte constitue un renflement
terminal (Fig. 15). Dans cette région, les
téguments sont limités par un épithélium
cylindrique à éléments très élevés, tandis
que le reste de la trompe est recouvert par
un épithélium plutôt aplati. À l'endroit où
le renflement terminal de la trompe émerge
de l'hôte, on observe un petit bourrelet
saillant formant une sorte de collerette (ps),
>
=
DE
Æ
3
N
SL
UT
[
È
CN Q
\
DH
In
===
m
sn
mt
FiG. 15. — Coupe longitu-
dinale de l'extrémité
renflée de la trompe
de l’'£Eulima equestris
Fic. 16. — Coupe longi-
tudinale d'une Æwli-
ma equestris (d'après
KŒnLer et VANEY).
(d'après KŒœuLEr et
ui peut être consi- .
Pl VANEY).
dérée comme une
ébauche pseudopalléale identique à celle
que nous observerons chez certaines Wucro-
nalia.
Cette trompe renferme une forte muscu-
lature traversée par Le pharynx. Le fonetion-
nement des muscles, entourant cette portion
du tube digestif, permet l'aspiration des
liquides de la cavité générale de l'hôte. Au
pharynx fait suite un œsophage (æœs, Fig.
16) de même diamètre, qui passe à travers
la masse des ganglions nerveux et aboutit
à la vaste poche stomacale (est) limitée par
un épithélium cylindrique à éléments glan-
dulaires. L'estomac a donc une structure
moins modifiée que celle observée chez
l'E. distorta. Le foie (f) est bien développé et
est constitué par de nombreux acini qui
sont surtout très denses dans les premiers
tours du tortillon viscéral. A l'estomac
fait suite un court rectum.
Branchie, cœur et rein ne présentent pas de particularités et se
rattachent au type général des Prosobranches.
20 CLÉMENT VANEY.
Le système nerveux est très condensé, cependant les ganglions du
triangle latéral restent toujours distincts.
Tous les exemplaires examinés étaient des femelles. L'ovaire (95)
est localisé dans les premiers tours du tortüllon viscéral et il est
constituê par de nombreux acini donnant naissance à de jeunes
ovules bourrès de plaquettes vitellines. Les œufs mûrs arrivent
dans un oviducte qui est en relation avec un réceptacle séminal et
qui se continue par une glande coquillière (gc) très volumineuse à
parois très épaisses et riches en éléments glandulaires.
Ces femelles sont fortement fixées à leur hôte par la trompe et
elles ne peuvent pas s’en détacher. Cette fixation paraît avoir eu lieu
de très bonne heure puisque chez certains Sfellaster parasités
quelques pièces du squelette marginal n'ont pu se développer au
voisinage de l’£wlima. À quelle époque se fait l’accouplement ? A-t-
il lieu chez de très jeunes femelles avant leur fixation ou bien le mâle
vit-il libre alors que les femelles seules sont fixées ?
Ces questions ne seront résolues que lorsqu'on connaîtra les
formes mâles de cette £ulina.
2. Pelseneeria KŒœuLER et VANEY.
Ce genre doit comprendre non seulement les trois espèces décrites par
KœuLEer et VANEY (1908), mais encore le Stilifer turtoni JEFFREYS. Toutes. ces
formes présentent, en eflet, une coquille à tours
inférieurs ventrus et globuleux surmontés d’un petit
mucron cylindrique formé par les premiers tours
de spire (Fig. 17). L'ouverture de cette coquille est
recouverte par une collerette pseudo-palléale pro-
venant en grande partie d'expansions pédieuses
qui, par leur disposition, empêchent l'animal de
se rétracter entièrement dans sa coquille. Il n'existe
aucun opercule.
ROsEN (1910) avait déjà reconnu les affinités du
Stilifer Turtoni avec les Pelseneeria, mais il avait
cru nécessaire d'établir pour cette espèce le nouveau
genre Turtonia, qui diffère de Pelseneeria par la
FiG. 17.—Pelseneeria pro- présence d'yeux très petits et de courts tentacules,
funda (d'après KŒHLER Le pseudopallium de twrtonia ne s'étend en avant
et VANEY). que jusqu'aux tentacules qu'il laisse libres, tandis
que, chez Pelseneeria la collerette est complète et
comprend la région tentaculaire. Cette extension plus où moins grande du
pseudopallium et l'absence ou la présence d’yeux ne sont que des caractères
d'ordre spécifique, qui ont aussi servi pour classer les espèces de Mucronalia
et de Stilifer. Par suite Stilifer turtoni doit être considéré comme une espèce
de Pelseneeria dont les caractères, plus primitifs que ceux des trois espèces
L'ADAPTATION DES GASTROPODES AU PARASITISME. All
décrites par KœunLer et VANEY, sont en relation avec ce fait que son parasitisme
est peu accentué (1).
JEFFREYS (1864), qui a examiné deux exemplaires vivants du Pelseneeria
(Stilifer) turtoni, les a vus se promener parmi les piquants des Oursins au
voisinage de l'anus. Cette espèce parasite toute une série d'Oursins des côtes
d'Angleterre, de Suède et de Norvège: Æchinus esculentus, saxatilis, pictus
et drübrachiensis. Malgré leur déplacement ces Mollusques restent constamment
sur leur hôte ; ils y établissent leur ponte agglomérée, qui renferme chacune
une centaine d'œufs. Un même Oursin peut avoir quarante de ces pontes,
à côté desquelles on trouve des Mollusques de toutes tailles.
Les Pelseneeria profunda, media e& minor décrites par KŒHLER
et VAxEY sont ectoparasites de deux espèces d'Oursins, Æ£chirus
affinis MORTENSEN et (enocidaris ma-
culata (AGaAssiz), provenant des dragages
de la « Princesse Alice». Sur la face dor-
sale de certains Oursins on trouve un à
quatre parasites entre les piquants (Fig.
18). Les Mollusques sont faiblement fixés
à leur hôte à l’aide d’une trompe, qui
est bien enfoncée dans les téguments.
. Lurtoni possède d ntacule: pan Ve
Le P. lurtont ROSES EE tentacules Li, je menus ns
en massue, en arrière desquels sont, sur ee dorsale du tes tlavec
le côté, des yeux très petits. Les tenta- trois Pelseneeria profun-
cules sont transparents et s'étendent laté- RENE ERQUAIORE
près KŒuLER et VANEY).
ralement sous le mufle. La trompe est
plus longue que large et est légèrement bilobée ; elle est placée
entre les tentacules et le pied. Le pied est linguiforme et allongé ;
il forme un disque en avant et se termine en pointe en arrière ;
sa surface est fendue sur plus des trois quarts de sa longueur. La
partie antérieure du pied sert à la reptation, tandis que l’autre région
est appliquée contre le manteau. Le long du bord dorsal du pied
s’insére le pseudopallium ; celui-e1 doit être considéré comme
provenant de formations épipodiales à surface ciliée, qui se réunissent
en arrière, tandis qu’en avant elles atteignent les tentacules.
Chez les espèces décrites par KŒHLER et VAXEY, l'ouverture de la
(1) Il est donc inutile de maintenir le genre Turlonia que PELSENEER (1912) indique
d’ailleurs comme préoccupé. Quant à la famille des Turtoniidées de ROSEN, qui
comprenait les genres T'urtonia et Pelseneeria, nous ne pensons pas qu'elle soit néces-
saire et nous admettons que les Pelseneeria doivent être maintenues dans les Zulimidées
avec lesquels d’ailleurs elles offrent beaucoup de ressemblance.
22 CLÉMENT VANEY.
coquille est recouverte par une collerette pseudopalléale continue
à bords irréguliers et déchiquetés (co/., Fig. 19). La collerette est
contractile et est recouverte de cils; elle provient de la réunion
d’expansions épipodiales
et d’un repli tentaculaire.
Au centre de ce pseudo-
pallum font saillie la
trompe massive (#7) tron-
conique et un pied peu
développé (p). Le pied
offre deux régions: en
avant, le mentum pourvu
d’une glande suprapé-
dieuse (sp) et, en arrière,
le pied proprement dit
renfermant la glande pé-
ne ae use dieuse (p).
Fi, 19. —- Pelseneeria profunda. Coupe longi- : ae ;
. sl Fe F ‘ne
tudinale de la région antérieure montrant L organisation intern
les rapports avec l'hôte (d'après KœunLeEr et présente aussi quelques
VANEY). différences dans ces deux
séries de formes.
La cavité palléale renferme une branchie formée de filaments
lamelleux. Il existe un cœur normal et, chez les espèces de KŒHLER
et VAxEY, les sinus sanguins sont très développés.
Aucune Pelseneeria ne possède de radula. La trompe est pourvue
d'une forte musculature. Dans P. turtoni, elle renferme une glande
particulière dont la sécrétion doit avoir probablement une action
dissolvante sur les tissus de l'hôte. Cette espèce possède une bulbe
pharyngien à nombreuses fibres musculaires radiaires auquel fait
suite un étroit œsophage très circonvolutionné et à revêtement
épithélial eilié. Cet œsophage vient aboutir à une cavité stomacale
dont une très grande partie est limitée par l'épithélium intestinal
alors que le reste est constitué par le foie. L’intestin terminal
est très long et a un revêtement épithélial cilié.
Les Pelseneeria, étudiées par KœHLer et VANEY, ne présentent
pas de bulbe pharyngien ; leur œsophage et leur intestin terminal
sont très courts et leur estomac (e) est bien séparé du foie (/) (fig. 20).
Le système nerveux est très condensé et présente trois paires de
ganglions concentrés en un anneau autour de l’œsophage. Près des
L'ADAPTATION DES GASTROPODES AU PARASITISME. 23
ganglions pédieux se trouvent une paire d’otocystes renfermant
chacun un seul otolithe.
JEFFREYS avait Cru que P. turtoni était unisexuée ; mais toutes
les Pelseneeria sont hermaphro-
dites. La glande génitale occupe
la majeure partie du tortillon
viscéral. Elle présente deux
régions distinctes; une partie
ovarienne (0v) placée au sommet
et une portion testiculaire (4)
située à la base. Il n'existe qu'un
seul canal hermaphrodite (9).
Chez la P. turtoni, le canal
hermaphrodite arrive dans une
bourse copulatrice entourée de
fibres musculaires circulaires ;
celle-ci est en relation avec un
Fire. 20: — Coupe longitudinale d'une réceptacle séminal et vient débou-
Pelseneeria profunda (d’après ni À |
RE Er cher dans la cavité palléale où,
vers son ouverture, elle reçoit
la glande coquillière. Une gouttière ciliée se dirige vers un organe
d'accouplement étroit à sa base et élargi à sa partie distale. Au
sommet de ce pénis se trouve un aiguillon dérivé du tissu
conjonctf et faisant saillie à travers l’épithélium.
La ponte est déposée sur l’Oursin (Fig. 18); elle est sphérique ou
ovale et est constituée par l’agglomération de 50 à 100 œufs enfermés
dans une enveloppe commune. Ces œufs sont parfois à différents
stades de développement. JEFFREYS a observé des embryons de P.
turtoni, enfermés dans une enveloppe gélatineuse. Ils avaient une
coquille nautiloïde à un tour de spire et présentaient trois lobes
antérieurs dont les deux plus larges placés en avant portaient de
longs cils.
3. — Megadenus ROSEN
RosEN (1910) a établi ce nouveau genre pour une espèce unique, Megadenus
holothuricola, qu'il a recueillie aux îles Bahama. Les divers exemplaires de ce
Gastropode parasite vivent fixés à l’intérieur des organes arborescents de l’Æolo-
thuria mexicana LupwiG. Gette forme de parasite est relativement rare, car
on ne trouve que trois individus parasités sur plusieurs centaines d'Holothuries
examinées. Le genre Megadenus possède une coquille brillante, fusiforme, très
24 CLÉMENT VANEY.
mince et finement striée, qui présente environ six tours dont les deux premiers
sont très petits. Il n'y a pas d'opercule.
Le Megadenus holothuricola est pourvu d'une longue trompe
non rétractile, qui traverse la paroi de l’organe arborescent et
s'enfonce ensuite librement dans la cavité générale de l’Holothurie.
A la face inférieure du mufle se présente un pseudopallium de même
nature que celui que l’on observe chez les Sfilifer et qui vient
recouvrir la coquille.
Cette espèce présente un dimorphisme sexuel très marqué. On
trouve toujours ensemble deux individus, l’un est mâle et l’autre
femelle. Le mâle se distingue de la femelle par sa plus petite taille
et aussi par son pseudopallium très développé qui enveloppe toute
la coquille et qui sert à la protection des œufs. Chez la femelle une
grande partie de la coquille est encore visible et la trompe est plus
développée que chez le mâle.
La région céphalique présente une paire d’yeux réduits. Le pied
est fortement développé, il est pourvu d’une énorme glande, qui se
prolonge devant l'æsophage et atteint le plancher de la cavité palléale.
Rosex l’a considérée comme une glande marginale, mais elle a une
disposition semblable à la glande suprapédieuse décrite chez Pe/se-
neeria et Eulima. 1 existe aussi une glande pédieuse proprement
dite. Comme toutes les Eulimidées parasites, le Megadenus holo-
thuricola est dépourvu de radula.
Le complexe palléal présente une branchie normale, une glande
hypobranchiale et un cœur avec un ventricule et une oreillette. De
grandes lacunes sanguines se trouvent autour des lobes du foie et dans
la trompe. Le rein de Megadenus est assez volumineux ; sa structure
est semblable à celle du rein des Prosobranches. Cet organe n’a plus
de relation avec la cavité péricardique ; il s'ouvre dans la cavité
pallèale par une fente peu marquée.
Le système nerveux est chiastoneure et possède des ganglions
palléaux presque fusionnés aux ganglions cérébroïdes et des
ganglions pédieux très développés contre lesquels se trouvent une
paire d’otocystes renfermant chacun un gros otolithe.
Les yeux ne doivent probablement pas fonctionner, car ils sont
très petits et placés profondément dans le tissu conjonctif ; ils sont
de plus fortement pigmentés sur tout leur pourtour.
Dans la partie distale de la trompe, l’épithélium externe est beaucoup
moins haut que dansla région proximale qui est enfoncée dans l'organe
L'ADAPTATION DES GASTROPODES AU PARASITISME. 25
arborescent. Sous cet épithélium se trouve un tissu conjonctif riche
en lacunes qui recouvre un épithélium intestinal fortement plissé. À
la trompe fait suite un pharynx, véritable organe d'aspiration, pourvu
de nombreuses fibres musculaires radiaires et présentant sur le
pourtour des fibres longitudinales et des fibres circulaires. Le canal
pharyngien est en relation avec une cavité ventrale logée dans la
paroi du pharynx ; il se continue par un œsophage qui débouche dans
la poche stomacale. La paroi de l’estomac est constituée en grande
partie par le même épithélium que l’on retrouve dans les diverti-
cules du foie. L'intestin terminal est très court.
La femelle possède un ovaire pourvu d’un oviducte à cellules
ciliées, qui est en relation avec un réceptacle séminal et se continue
par un utérus s’ouvrant dans la cavité palléale. Cet utérus a une
paroi constituée par des éléments ciliés et des éléments glandulaires.
Le mâle présente un testicule et un canal déférent pourvu de
glandes annexes semblables à celle des Opisthobranches. Un pénis
avec gouttière spermatique est placé à droite et en arrière des yeux.
Les œufs sont groupés en grand nombre dans des cocons ovalaires
munis d’un pédoncule à une de leurs extrémités; de nombreux
cocons sont disposés dans une masse gélatineuse sur la coquille du
mâle et sont plus ou moins recouverts par le pseudopallium.
4. Mucronalia, ADAMs.
Le genre Mucronalia a été fondé en 1860 par A. Apams. Il comprend un
certain nombre d'espèces qui présentent toutes une
coquille porcelanée pourvue à son sommet d'un petit
mucron cylindrique formé par les premiers tours de
spire; elles possèdent encore un opercule, ce qui
permet de les distinguer des Stilifer. ScHepMaN (1909)
signale aussi comme caractère distinctif entre ces deux
genres que le bord columellaire de la coquille des
Mucronalia est plus droit et plus épais, tandis que
chez les Stilifer ce bord est très mince et recourbé.
Chaque Mucronalia est fixée sur des Echinodermes
à l’aide d’une très longue trompe qui s'enfonce profon-
dément dans les tissus de l'hôte (Fig. 21 et 22). Elle
possède parfois une paire d’yeux (Fig. 23 et 24); son
pied (p) est réduit mais toujours pourvu d'un opercule
(op). Sur certaines espèces, la trompe porte parfois
une sorte de collerette (ps, fig. 22 et 24) peu déve-
loppée, ébauche d'un pseudopallium qui n'est pas
toujours visible.
KÜKENTHAL avait déjà signalé, en 1897, tout l'intérêt qui s’attachait à l'étude
de ce genre au point de vue anatomique, car il le considérait, avec juste raison,
FiG. 21. — Mucronalia
eburnea séparée de
son hôte (d'après
KÜKENTHAL).
26 CLÉMENT VANEY.
comme un terme de transition entre les Æwlima et les Sfilifer. Aussi en
donna-t-il le premier une description anatomique. Celle-ci était basée à la fois
Fi. 22. — Mucronalia palmipedis Fi. 23. — Coupe longitudinale de la
(d’après KœuLeEr et VANEY). partie inférieure de Mucronalia
eburnea, (d'après KÜKENTHAL).
sur l'étude d'exemplaires de 0,4 à 1,1 em. de Mucronalia eburnea DESHAYES
(Fig. 23), qui vivaient fixés entre les piquants d’un oursin du genre Heterocen-
trotus et sur un échantillon
d'une espèce indéterminée
(Mucronalia sp?) (Fig. 24),
de 2 mm. de longueur
recueillie par les cousins
SARASIN dans la gouttière
ambulacraire d’une Linckia
des Célèbes.
Le « Siboga » a trouvé les
six espèces suivantes fixées
sur des hôtes assez différents :
Mucronalia gracilis PEASE
sur Echinotrix diadema.
M. philippinarum Sow.
sur Æeterocentrotus mamil-
latus.
M. eburnea Des. sur
Ophiothrix deposita KœuLERr
M. Müittrei PerTir et M.
parva SCHEPMAN sur Ophio-
thrix crassispina KœnLer.
M. varicosa SCHEPMAN
sur Astrochalcis tubercu-
F1G. 24. — Coupe longitudinale de Mucronalia losus KœuLer.
sp ? (d'aprés KÜKENTHAL). Mais comme la plupart de
21
L'ADAPTATION DES GASTROPODES AU PARASITISME. &
ces espèces étaient représentées par un exemplaire unique, Nrersrrasz (1909)
ne put étudier au point de vue anatomique que la M. parva et la M. varicosa.
KœuLer et VaxeY (1912) ont décrit une nouvelle espèce, la Mucronalia
palmipedis, dont deux exemplaires étaient fixés sur un Palmipes rosaceus de
l'Océan Indien.
Toutes ces études sont bien incomplètes. Nos connaissances
actuelles sur l’organisation interne des Mucronalia se résument à
l'absence de radula et de bulbe pharyngien dans l'appareil digestif
et à la présence d'une paire d’otocystes appliqués contre les ganglions
pédieux. Les données se rapportent surtout à l’organisation externe.
La trompe offre les plus grandes variations dans les différentes
espèces de Mucronalia étudiées.
La Mucronalia eburnea Des. (Fig. 23) possède un mufle (v)
très développé fortement musculeux, à partie distale élargie et
terminée par un disque à surface externe plissée, au milieu
duquél prend naissance une mince trompe (#4) d'un centimètre de
longueur. C’est cette trompe qui passe dans un ambulacre et
pénètre dans l’Oursin, le disque venant s'appliquer sur la surface
externe de l'hôte. L’extrémité de la trompe vient se terminer dans
le voisinage d’une boucle intestinale. Cette trompe est constituée
par deux tubes emboîtés l'un dans l’autre : un externe musculeux
et un interne formé par l’œsophage (æs). Entre les deux se trouve
une vaste lacune sanguine (/s).
La Mucronalia sp.? de KÜKENTHAL possède une trompe (Fig. 24),
qui rappelle celle de l’Æuwlima equestris. La partie terminale de la
trompe (#7) est renflée en massue et pénètre dans les téguments du
bras de l'Étoile de mer, au milieu de la gouttière ambulacraire. Cette
partie renflée se relie à la tête par un pédoncule de plus faible
diamètre. À l'endroit où la portion renflée émerge de l'hôte se
trouve un repli (ps) en couronne ou en collerette dont la partie évasée
est tournée vers le haut. KÜKENTHAL considère cette collerette comme
l’'ébauche d'un pseudopallium. La trompe est pourvue d’une forte
musculature au milieu de laquelle court l’œsophage (æs), qui est
entouré par un issu lacuneux surtout abondant dans la région renflée.
La Mucronalia palimipedis, décrite par KŒ@HLER et VANEY, à une
trompe cylindrique énorme et très fortement musclée (Fig. 22). Sa
longueur atteint 7 mm. et par suite est plus grande que celle du
tortillon viscéral ; son diamètre n’est que d’un millimètre. À une
certaine distance de sa base, la trompe présente une sorte de
28 CLÉMENT VANEY.
collerette membraneuse et tronconique (ps), qui l'entoure presque
complètement et qui constitue une ébauche pseudopalléale beaucoup
plus développée que celle observée chez la Mucronalia sp. ?.
Ainsi Mucronalia sp.? et Mucronalia palmipedis ont toutes deux
une collerette entourant la région proximale de la trompe et formant
une ébauche pseudopalléale.
Les deux espèces du « Siboga » étudiées par NIERSTRASZ ont une
disposition de la collerette bien différente. La
trompe (Fig. 25) est courte et massive et elle
est entourée, dans sa partie terminale, par un
repli en collerette qui l'enveloppe presque
complètement, après s'être rabattue vers
l'ouverture buccale. Ces deux formes sont
peu fixées à leur hôte et s’en détachent facile-
ment.
Chez toutes les Wucronalia, le pied (p) a
FiG. 25.— Schémadela Subi une réduction plus ou moins grande, mais
trompe de Wucrona- il est toujours pourvu d’un opercule (op). Le
0 NES pied de la Mucronalia eburnea constitue
une formation très apparente composée de
plusieurs lobes ou parties qui peuvent se rabattre aussi sur la
coquille. À la face inférieure de cette région pédieuse s'ouvre une
forte glande pédieuse (gp, fig. 23) et, si l’on s’en rapporte aux figures
du mémoire de KÜKENTHAL, il paraït exister, vers la branchie, les
restes d’une glande suprapédieuse. La Mucronalia sp. ? n’a qu'une
glande pédieuse peu développée (gs, Fig. 24). Chez la Mucronalia
palinipedis le pied est petit; cet organe est très réduit chez la WZ.
parva. Chez Mucronalia sp. et chez M. eburnea, la tête est pourvue
de deux tentacules à la base desquels se trouvent des yeux. Ces
yeux ne sont pas apparents dans M. palinipedis, qui parait être
l'espèce la plus modifiée par le parasitisme.
On ne connaît rien sur la structure de l’appareil génital des
Mucronalia. Ce genre est-il unisexé ou hermaphrodite ?
SCHEPMANN en comparant les M. mittrei et M. parva, qui vivaient
sur les mêmes Ophiothriæ, fut frappé par leur ressemblance, quoique
M. parta paraissait plus grêle. Après avoir rejeté l'hypothèse que:
la M. parva serait un stade jeune de la M. mittrei, SCHEPMANX s’est
demandé s’il n’y aurait pas là un cas de dimorphisme sexuel.
KÜKENTHAL avait trouvé sur le côté du mufle d’une M. eburnea
L'ADAPTATION DES GASTROPODES AU PARASITISME. 29
un jeune individu avec coquille embryonnaire et il avait pensé que
cette espèce était peut-être vivipare.
5. Stilifer BRODERIP.
Quelques travaux d'ensemble ont déjà été consacrés à ce genre. En 1869,
FiscHer en a fait l'objet d’une monographie. JEFFREYS (1864) a terminé son
étude du Stélifer turtoni par une révision des espèces de S#lifer connues à
cette époque et les SARASIN (1885), étudiant les premiers l'anatomie interne d’un
représentant de ce genre, donnent un court aperçu général sur les Stélifer.
Plus récemment ROSEN (1910) a fait une énumération très complète des espèces
parasites connues. Aussi dans notre historique de ce genre, nous n'indiquerons
que quelques espèces intéressantes et nous insisterons particulièrement sur les
formes qui ont fait l’objet de recherches anatomiques.
Toutes les espèces de Stilifer ont une coquille mince, souvent cornée et
recouverte en plus ou moins grande partie par une sorte de collerette ou
pseudopallium. La forme la plus anciennement connue est celle décrite par
Turron, en 1825, et qui parasite l'Echinus esculentus. Les récentes données
fournies par ROsEN (1910) ont montré que cette espèce a une collerette d'origine
différente de celle des véritables Stilifer et pour cette raison devait être placée
dans un genre Turtonia, voisin de Pelseneeria. Nous avons donné les raisons
qui ont conduit KœuLer et VANEY à ranger cette espèce parmi les Pe/seneeri«.
Il paraît probable que CHEMNITZ, en 1795, avait déjà osbservé, sous le nom
d'Helix corallina, un véritable Stilifer. Il avait cru que cette forme était terrestre
parce qu’elle se trouvait sur des Polypiers abandonnés sur le rivage et provenant
d'îles des Indes Occidentales. Mais ce n’est qu’en 1832 que BRropertP établit le
genre Stilifer en prenant pour type une forme européenne, le S£ astericola,
trouvée par CuuiNG dans différentes portions des rayons du disque oral de
l’Asterias solaris, où elle est si profondément enfoncée qu'on peut à peine la
reconnaître. Elle est placée dans une loge où l'animal se meut probablement à
l'aide de son pied rudimentaire. Sa coquille est mince, hyaline et à apex
mucroné ; elle est recouverte par une enveloppe charnue. L'animal est pourvu
d’une trompe longue et rétractile et d’une paire de tentacules à la base desquels
se trouvent des yeux réduits.
Les frères Apams décrivent, en 1850, une nouvelle forme, le S7. ovoideus,
parasite d’Astérie, provenant de Bornéo, et qui possède deux tentacules allongés,
des yeux sessiles, un manteau recouvrant complètement la coquille et un pied
grèle. À partir de cette époque plusieurs espèces de Stlifer furent signalées.
Certaines décrites par Apams vivent dans les téguments d’Astéries où ils forment
un kyste. Le St. acicula GouLp parasitait des Holothuries des îles Fidji, le
St. eburneus DEsSuAYEs et le St. robustus étaient fixés à des Oursins. En 1860,
Huré signale un mode particulier de parasitisme des Silifer dans les piquants
de Cidaris imperialis de la Nouvelle-Hollande. On retrouvera dans les listes de
Fiscner, de JEFFREYS et de RoOsEN les différentes espèces de Stilifer avec leurs
hôtes.
Fiscuer (1864), se basant sur la découverte d'Huré, pense que les Stilifer,
« tout en vivant en parasites sur le système tégumentaire ou ses dépendances
» des Echinodermes, ne se nourrissent pas de leur substance comme on l'avait
» supposé. Leur nourriture arrive avec l’eau de mer à travers les ouvertures
» des cavités qu’ils constituent, peut-être même leur mûfle et leur langue font-
30 CLÉMENT VANEY.
.
» ils saillie au dehors dans le but de la rechercher ». JEFFREYS, qui a observé
des St. Turtoni vivants, admet qu'ils se nourrissent d’excréments .La pénétration
de la trompe dans les téguments de l'hôte ne permet plus d'admettre cette
hypothèse, Les Pelseneeria et les Stilifer sont de véritables parasites.
A côté de ces discussions sur le mode de vie, on doit indiquer aussi toute
une série d’interprétations erronées pour certaines parties externes du corps.
La plupart des auteurs considèrent l'enveloppe charnue recouvrant la coquille
comme un manteau, pourtant GAY (1835) la rapporte au pied. Apams (1848) et
WarsoN (1883) considéraient la trompe comme un pied.
Les premières données exactes sur l'anatomie d’un S{/ifer sont
dues aux cousins SaRAsIN (1885). Au cours d’un séjour à Ceylan, ces
savants ont recueilli un grand nombre de ZLinchia multiforis pour
l'étude de la régénération des bras. Ils ont trouvé, sur un bras d’un
des nombreux exemplaires de cette Etoile de mer, un renflement
sphérique présentant à son sommet une petite ouverture d’où
émergeait la pointe
d'une coquille. Ils
purent extraire de
cette cavité un mol-
lusque vermiforme, le
Stilifer linchiæ, à
trompe allongée en
flagelle tubulé. Le
corps proprement dit
de ce parasite est
recouvert en grande
partie par une cloche
musculaire qui enve-
loppe le tortillon viscé-
ral enfermé dans une
coquille mince. L’exa-
men de coupes longi-
FiG. 26. — Coupe longitudinale de Stilifer linchiæ, tudinales (Fig 26)
(d’après P. et F. SARASIN). montre bien toute l'or-
ganisation d'un Gas-
tropode typique mais enfermée dans une sorte de cupule musculeuse
provenant d’un organe particulier d’origine céphalique, le pseudo-
pallium (ps) (Scheinimantel). Le manteau n’a aucun rapport avec ce
pseudopallium et dans la cavité palléale existe une branchie (b7) de
Pectinibranche. On retrouve aussi un pied (p) très réduit. La trompe
L’ADAPTATION DES GASTROPODES AU PARASITISME. 31
(tr) renferme un pharynx (æs) entouré par un espace lacuneux (/). Le
tube digestif ne présente ni bulbe pharyngien, ni radula. L'intestin
fait une boucle complète et vient s'ouvrir
par l’anus dans la cavité palléale. I
existe un foie. Les sexes sont séparés. Le
système nerveux (4c, gp) estchiastoneure
et présente en avant un ganglion (gb)
d'où part un nerf venant innerver la trom-
pe. Cette forme présente des yeux («)
et des otocystes (of) mais aucun tenta-
cule. Les SarasiN considèrent le Stilifer
linckiæ comme un véritable parasite
communiquant avec l'extérieur mais
se plaçant à l'intérieur des couches
calcaires du tégument de l'hôte sans
pénétrer dans la cavité cœlomique ; il est
encore enveloppé par le péritoine, qui
lui constitue un revêtement continu.
F1G. 27. — Stilifer celebensis,
(d'après KÜRKENTHAL).
En 1897, KÜKENTHAL décrivit une nouvelle forme de Stilifer, le
St. celebensis, trouvée par les SarasiN sur un Choriaster des
que 4,9
Célèbes (Fig. 27). L'animal n'a
mm. Le pseudopallium
FiG. 28. — Coupe longitudinale de
Stilifer celebensis, (d’après
KÜKENTHAL).
(ps, Fig. 28) constitue un repli
cutané très Inince, qui ne recouvre
pas complètement le tortillon viscé-
ral, dont les trois premiers tours de
spire restent encore visibles. Aucun
renseignement ne pouvait être don-
né sur la coquille parce que l'animal
avait été conservé dans l'acide
chromique dilué. La trompe (#:) est
courte et massive. Les tentacules
({) sont rudimentaires et renferment
les yeux (æ). Il n'existe aucun
espace sanguin autour de l’œso-
phage (æs), qui est entouré par du
üssu conjonctif et musculaire. Le
pied (p) est dépourvu de glande. D’après les dessins, le système
nerveux (cer, ped), est condensé etun nerf spécial innerve la trompe.
32 CLÉMENT VANEY.
KÜKENTHAL ne fournit aucun renseignement sur les organes
génitaux.
NiersrRASZ (1909) a examiné deux exemplaires du Stilifer sp. ?,
fixés à la même place sur un Aspidodiadema et disposés perpendi-
rs culairement l’un à l’autre. Le
pseudopallium (ps, Fig. 29) de
cette espèce est peu développé
et n’est visible que chez l’ani-
mal isolé ; il n'embrasse que
le tour inférieur de la spire
viscérale et laisse libre la
coquille. Le pied (p) est encore
plus réduit que chez les deux
espèces précédentes et paraît
correspondre à un métapo-
dium (#1p) dépourvu d’oper-
cule. L'animal est fixé à son
hôte par une trompe (#:), reliée au corps par un pédoncule qui
passe entre la séparation de deux pièces squelettiques. La trompe
s'épanouit à l’intérieur de l’Oursin en une sorte de sac élargi, qui
pousse devant lui la paroi du corps de l'hôte. Ce renflement sacci-
forme est pourvu d’une musculature spéciale et de cavités lacunaires ;
il est parcouru par l’œsophage, qui présente à sa base un bulbe
pharyngien, analogue à celui observé chez les Thyca, et qui s'ouvre
directement à l'extérieur par la bouche. En face de cette ouverture
buccale, l’épithélium de lhôte se plisse fortement, paraît proliférer
et donner des amas de cellules épithéliales disposées sur un péritoime
intact. Il paraît difficile d'expliquer la nutrition par simple aspira-
tion ; peut-être a-t-elle surtout lieu par osmose ?
En avant de l'insertion de la trompe se trouve un repli cutané corres-
pondant au reste de la tête et aux tentacules ; il n'existe pas d'yeux
et l’on trouve seulement des otocystes. Une région glandulaire est
située entre la trompe et le pied réduit.
L'appareil digestif a subi une grande réduction : il ne renferme ni
glandes salivaires, ni radula; l'intestin est court et le foie est
petit et faiblement développé.
Les organes génitaux présentent, au contraire, un très grand
développement. La glande génitale est hermaphrodite et comprend
une partie testiculaire el une région ovarienne bien séparées.
FiG. 29. — Sulifer sp, (d'après Nrers-
TRASZ).
L'ADAPTATION DES GASTROPODES AU PARASITISME. 33
L'ovaire (oc) est très grand et tubuleux. Les produits génitaux sont
recueillis par un canal hermaphrodite qui s’élargit à son extrémité ;
là sa paroi est plissée et glan-
dulaire. Près de l'ouverture
du canal hermaphrodite dé-
bouche un grand réceptacle
séminal et au même endroit PR
vient aboutir aussi une glande / /
coquillière ramifiée à parois
épaisses. Un embryon (/, Fig.
30), se trouvait dans la loge pic, 30. -— Représentation schématique de
occupée par les deux trompes la façon dont sont fixés dans leur
(4). Quant au cœur, il possède hôte les deux individus de Stilifer
une oreillette et un ventricule PR NENAISRE
enfermés dans un péricarde. Le rein est bien développé et le système
nerveux est condensé.
La deuxième espèce de Stilifer étudiée par NiersrRasz, le Sf.
sibogæ, est peu fixée à son hôte aussi l’en sépare-t-on facilement.
Sa trompe ({r, Fig. 31) est assez large
et courte et présente une grandeouver-
ture buccale. Le pied (p) est relativement
long et étroit ; il est dépourvu d’opercule
et est quelquefois enroulé en spirale ; sa
forme étant très variable, NIERSTRASZ le
considère comme un organe tactile. Le
pseudopallium (ps) est très petit, à con-
tour lobé et irrégulier, il recouvre à peine
la moitié du tortillon viscéral.
Cette espèce possède une tête avec
Fi. 31. — Sulifer sibogæ, des restes de tentacules ({) à la base
ne ph desquels se trouvent des yeux pro-
fondément cachés dans les tissus. Il
existe aussi de petits otocystes.
La trompe rappelle celle de Stilifer sp.?, elle est plus courte et
plus large, mais son extrémité n’est pas lobée et se termine en forme
d’anneau. Dans son intérieur se trouvent des muscles mais aucun
sinus sanguin. L'intestin est court et le foie est absent. Deux glandes
sont placées entre le pied et la trompe ; ce sont probablement les restes
de glandes pédieuses. Le tortillon viscéral est en majeure parti
3
34 CLÉMENT VANEY.
occupé par les glandes génitales mâle et femelle et surtout par
l'ovaire. À l'ovaire fait suite un large oviducte qui conduit à une
glande coquillière ; il existe aussi un utérus. Après la ponte, les œufs
et les embryons sont répartis dans l’utérus et la cavité palléale. Le
testicule est grand et son large canal déférent vient se réunir à
l'extrémité distale de l’oviducte; une petite vésicule séminale
dépend du canal déférent. Les éléments sexuels mâles et femelles
sont mûrs en même temps. |
Les espèces de Stilifer étudiées présentent donc de très grandes
différences au point de vue anatomique. Toutes ont un pseudo-
pallium plus ou moins développé, pourtant cet organe parait
manquer chez le St. brychius. Toutes ont une trompe ; la fixation a
lieu à l’aide de cet organe qui, parfois très long, pénètre profondément
dans l'hôte; chez le Sf. sibogæ cet organe est court et ne permet
qu'une faible fixation. Presque tous les Stilifer ont des yeux,
cependant le Sfilifer sp. du Siboga en est dépourvu et est aussi
privé de tentacules. Le pied est généralement atrophié et ne possède
pas d’opercule; pourtant chez le St sibogæ cet organe est très
allongé et a une allure spéciale en relation avec sa nouvelle
adaptation comme organe sensoriel. Des glandes du pied existent
chez les formes du « Siboga ».
L'appareil digestif est toujours dépourvu de radula. Le S4 sp.
possède un bulbe pharyngien.
Le Stilifer linchiæ a les sexes séparés, mais les deux espèces
étudiées par NiERSTRASZ sont hermaphrodites et leur glande génitale
présente une partie mâle et une partie femelle bien séparées. Le
Stilifer sp. a un canal hermaphrodite ; le S{. sibogæ possède un
spermiducte et un oviducte distincts sur une partie de leur trajet,
mais qui se fusionnent ensuite vers l'ouverture génitale.
II. GENRE DE TRANSITION ENTRE LES GASTRO-
PODES ECTOPARASITES ET LES GASTROPODES
ENDOPARASITES.
Gasterosiphon KœuLer et VANEY (Syn.: Entosiphon).
Ce genre ne comprend qu'une seule espèce le Gasterosiphon deimatis que
KœuLer et VaNey ont découvert, en 1903, dans deux jeunes individus de
Deima blakei Tue. dragués à 880 brasses dans les parages des îles Laque-
dives.
_
L'ADAPTATION DES GASTROPODES AU PARASITISME. 39
Ces deux Deima de 60 et 70 em. de longueur présentaient chacun sur la face
ventrale, à 10 mm. en avant de l'anus, et un peu à gauche du vaisseau médian,
une petite ouverture d’un millimètre entourée par un léger bourrelet. C’est en
disséquant les deux Holothuries (Fig. 32) en vue de rechercher à quelle nouvelle
formation étaient dues ces ouvertures surnuméraires que KœuLER et VANEY ont
découvert le Gasterosiphon (par, Fig. 32). Les deux exemplaires de ce curieux para-
site étaient à des stades différents ; le plus grand a été disséqué et a fourni les
données anatomiques du genre. Le plus jeune individu, paraissant immature, a
été conservé en place et est actuellement à | « Indian Museum » de Calcutta.
FiG. 32. — Deima blakhei parasité par
un Gasterosiphon (d'après KœnLeR Fi. 33. — Gasterosiphon deimatis
et VANEY). isolé (d’après KœnLer et VANEY).
Chacun de ces parasites (Fig. 33) a une apparence vermiforme et
présente sur une partie de sa longueur un renflement (ps) ovoïde,
de 5 à 10 mm. de longueur. Suivant son grand axe ce renflement se
prolonge par deux tubes diamétralement opposés. L'un de ces tubes,
relativement court, le siphon (s), n’a que 9 mm.; il est fortement
incrusté de calcaire et repose sur la face interne de la sole ventrale
de l'Holothurie ; il vient déboucher à l'extérieur par l'ouverture
reconnue précédemment. L'autre tube forme une trompe ({r.) cylin-
drique, très circonvolutionnée, qui atteint 104 mm. de longueur et
dont le diamètre est seulement de 0,7 mm.; elle contourne plus ou
moins l’anse digestive et vient se fixer par son extrémité élargie sur
le canal marginal du tube digestif (Fig. 32, v.).
36 CLÉMENT VANEY.
Le renflement ovoïde a une paroi plus ou moins transparente à
travers laquelle on distingue des masses d'œufs (po) disposés en
spirale. La dissection de
cette région renflée révèle
une structure bien inat-
tendue. En entr'ouvrant le
renflement ovoide suivant
son petit cercle transversal
et en rabattant la portion
terminale sur le côté, on
s'aperçoit (Fig. 34) que la
trompe est le prolongement
du corps d’un véritable
Gastropode dont le tortil-
lon viscéral possède quatre
tours de spire et a 7 mm. 5,
de hauteur. C’est autour de
ce tortillon que sont enrou-
lées les spirales d'œufs (po).
La paroi du sac ovoïde (ps)
FiG. 34. — Gasterosiphon dont le pseudo- s’insère à la base de la
par a été ouvert de manière À trompe (#:) dont elle cons-
montrer le corps du Mollusque et sa …. ; :
ponte (d'après KœnLer et VAaxEY). titue une sorte d'expansion
basilaire, qui s'étend en
forme de cloche ou de pseudopallium tout autour de la masse
viscérale et se prolonge à son sommet par une tubulure ou siphon
(s), qui vient s'ouvrir à l'extérieur. Vers l'entrée du siphon, la paroi
du pseudopallium est soutenue par une coquille très fragile, discoï-
dale et perforée en son centre (cog. ps.). Cette formation calcaire
est une production secondaire sécrétée par la face interne du pseudo-
pallium ; elle n’a donc rien de commun avec la véritable coquille qui
fait totalement défaut chez ce Gastropode. La paroi du siphon est
elle-même maintenue rigide par des dépôts calcaires ; elle est ciliée
du côté interne.
A la base de la masse viscérale, on ne distingue qu’un pied rudi-
mentaire formé par une paire d’expansions latérales (p, Fig. 35)
recouvrant la partie inférieure du dernier tour de spire. Le corps se
prolongepar la trompe (f) à surface externe papilliforme ; celle-ci est
traversée dans toute sa longueur par l’œsophage (æs) dont les parois
L'ADAPTATION DES GASTROPODES AU PARASITISME. 37
contiennent des fibres musculaires longitudinales ef transversales et
sont entourées par une lacune sanguine (/;). L'œsophage débouche
dans une vaste poche stomacale (st)
à parois ciliées, d’où partent de
nombreuses ramifications terminées j br
en culs-de-sac dont l’ensemble
fonctionne probablement comme
un hépatopancréas. A l’intérieur de
l'estomac se trouvent de nombreux
globules sanguins. Il n'existe ni
intestin ni anus. Le cœur est absent,
mais on observe des lacunes vascu-
laires (/,, / et /3) surtout autour de
l'estomac, de l’œsophage et dans
l'intérieur de la trompe. La respira-
tion doit se faire en grande partie
ävtravers la trompe et le pseudo- F6: %5:- Coupe longitudinale du
© : er A, er Gasterosiphon (d'après KŒuHLER
pallium, mais elle s'opère aussi à a ol
l’aide des expansions pédieuses et
des appendices latéraux (ap, Fig. 34) situés à la base du tor-
tillon.
Le système nerveux a encore les caractères d’un Streptoneure
avec des masses ganglionnaires (#) très rapprochées et une commis-
sure viscérale légèrement détordue. La trompe est Innervée par un
ganglion buccal. Contre chaque ganglion pédieux se trouve un
otocyste (of) avec un otolithe. Il n'existe pas d’yeux ni de tenta-
cules.
Le (Grasterosiphon est hermaphrodite ; 1l présente une séparation
bien nette de la glande mâle et de la glande femelle (ov, Fig. 35).
L'ovaire est très ramifié et occupe la plus grande partie des trois
premiers tours de spire du tortillon ; il donne naissance à des œufs
riches en plaquettes vitellines qui sont conduits au dehors par un
oviducte (od) longeant l'estomac. La fécondation a lieu très proba-
blement à la base de l’oviducte, car là s'ouvre le spermiducte en
relation avec le testicule (/) placé au sommet du tour de spire
le plus renflé. Les œufs fécondés s'engagent dans un canal très
circonvolutionné muni d’un épithélium vibratile ; ils s’entourent
ensuite d’une coque provenant de la sécrétion de glandes coquil-
lières (gp).
38 CLÉMENT VANEY:
IT. — GASTROPODES ENDOPARASITES.
1. Entocolax Vorcr,
Ce genre comprend seulement deux espèces qui ont été découvertes par
H. LupwiG chez des Synaptidées et qui furent ensuite décrites par VorGr (1888
et 1901).
L'espèce la plus anciennement connue, l'Entocolaæ ludwigii Voicr, est
représentée par un unique exemplaire trouvé dans un Myriotrochus rinhii,
recueilli par 15-17 brasses dans la mer de Behring. Il était fixé à la paroi interne
de son hôte entre deux faisceaux musculaires Tlongitudinaux. Vot@r en a fait
une longue description d'après des reconstitutions à l’aide de coupes trans-
versales,
La deuxième espèce, Æntocolax schiemenzii Voir, se rapporte à deux
exemplaires, qui parasitaient des Chiridota pisanii rapportés par PLATE des
côtes du Chili et de la Patagonie. Ils étaient tous deux fixés à la paroi interne
de leur hôte dans l’interradius gauche, chez l'un à 3,5 em. environ de l'anneau
calcaire et chez l’autre à 1 em. seulement en
arrière de cet anneau. L'un des exemplaires est
immature et a 13 mm. de longueur; l’autre est
plus de deux fois plus grand et mesure 30° mm.
de longueur.
Tous ces parasites ont l'aspect vermi-
forme (Fig. 36). Ils ressemblent à un
tube, qui est fixé par une de ses extré-
mités à la paroi interne de son hôte tandis
que le reste du corps flotte librement
dans la cavité générale. Nous désigne-
rons sous le nom de région proximale,
l'extrémité fixée et terminée en bouton ;
la partie libre constituera la 7égion
distale. Le diamètre de ce tube est
Fig. 36. — Entocolax lud environ 1 à 2mm. Chez tous les exem-
sa : par ne ne plaires, à ? ou 5 mm du point de fixation,
près VorGr), se trouve une partie renflée, ovoide,
sacciforme dont la longueur est de 3 mm
pour l’Æ. ludivigii et de 2 ou 7 mm. pour les deux Æ. schiemenzii.
Voigr avait décrit son Æ. ludirigii, en admettant que la région
de fixation représentait la partie antérieure du corps et portait à son
extrémité l'ouverture buccale. Mais SCHIEMENZ, après son ingénieuse
comparaison de l’organisation des (rastropodes endoparasites et
ectoparasites, a montré que cette orientation n'était pas exacte et
que la portion libre dans la cavité générale correspondait à la région
L'ADAPTATION DES GASTROPODES AU PARASITISME. 39
buccale, Vorgr s'est complètement rallié à cette manière de voir
dans sa note préliminaire sur l'Æ. schiemenzüi. L'organisation des
Entocolax se ramène au schéma sui-
vant (Fig. 37). La partie renflée avec
son pédoncule de fixation représente
une sorte de cloche ou pseudopallium
(ps) surmonté d’un tube ou siphon
traversé par le canal cilié (cl) (1). Dans
la cavité limitée par le pseudopallium
fait saillie la masse des organes géni-:
taux (ot). Dans la portion du tube
placée distalement par rapport au
renflement se trouve localisé l'appareil
digestif (44), qui a ainsi l'apparence
d’une trompe très allongée.
Les deux espèces d’Æntocolax
différent l’une de l’autre par quelques
caractères. La membrane pseudo -
palléale est mince dans les deux
espèces, mais, chez l'ÆEntocolax lu-
dicigii, elle s'épaissit vers sa base d’in-
sertion sur la masse viscérale alors \;
que, chez l'E. schiemenzü, elle con- K=
serve partout sa faible épaisseur.
Le canal cilié a des parois épaisses ;
il est cilié sur toute sa longueur chez
VE. ludaivigi, tandis que, chez l'E. schiemenzii, 1 n'est cilié que
vers la région de fixation. Le siphon du plus jeune individu d’Æ.
schiemenzii est en relation avec l'extérieur par une fente traversant
la peau; mais chez l'exemplaire âgé la fente est fermée après coup
par un bouchon épithélial régénéré par la Chiridota. À un certain
moment de l'existence de l'Æ. schiemenzii, 11 paraît donc exister
une relation directe avec l'extérieur. Le revêtement cilié interne
et la musculature du pseudopallium permettent une circulation de
FiG. 37. — Entocolax Ludwigii
(d'après Vor@r).
(1) SCHIEMENZ avait considéré le canal cilié comme une glande du pied, servant à
la fixation du parasite. Les recherches de VorGr et les comparaisons que l’on peut faire
maintenant entre l'£Zntocolax et les genres (rasterosiphon, Enloconcha el Enteroxenos,
montrent bien que l'interprétation de SCHIEMENZ n'est pas exacte parceque le canal
cilié s’ouvre largement dans la cavité centrale ou pseudopalléale.
40 CLÉMENT VANEY.
l’eau dans la cavité pseudopalléale ; mais, lors de la maturité
sexuelle, on observe une dégénérescence musculaire de la paroi
pseudopalléale et l’oblitération de l'ouverture externe du siphon, de
telle sorte que la circulation de l’eau dans la cavité ne peut plus être
provoquée que par le battement des cils.
L'Entocolax ludivigii n'offre aucune trace de relation directe
avec l'extérieur ; mais dans une préparation in toto Voi@r a observé
sur la paroi latérale du pseudopallium une petite ouverture (0)
entourée par un sphincter. Cette ouverture latérale, qui n’a pas été
retrouvée chez l’Æ. schiemenzi, permet probablement le passage
dn liquide cœlomique de la Synapte dans la cavité pseudopalléale du
parasite. La ciliation, répartie uniformément sur toute la surface
interne du pseudopallium et du canal cilié, facilite la circulation de
ce liquide dans la cavité pseudopalléale et par suite les échanges
respiratoires. L
Tout le corps du parasite est revêtu par un tégument formé par un
épithélium externe limité du côté interne par une membrane basi-
laire doublée de couches musculaires transversales et longitudinales.
Cette structure se retrouve sur les deux côtés du siphon et du
pseudopallium, de telle sorte que ces organes doivent être consi-
dérés comme provenant de replis cutanés. Le même revêtement
cutané s’observe aussi sur la surface externe de la trompe mais dans
l’intérieur de cet organe, la paroi du tube digestif est de structure
bien différente de celle indiquée pour les téguments.
L'appareil digestif de l’Entocolax ludivigii comprend un œso-
phage cilié (æs) s'ouvrant à l'extérieur
par la bouche et un intestin hépatique
(ch) plissé transversalement et terminé en
cœcum. L’Æ. schiemenzii ne présente
plus d’æsophage et la bouche s'ouvre
directement dans un intestin hépatique.
Ainsi au point de vue de l'appareil
digestif, l’Æ. ludivigii est moins dégradé
que l'E. schiemenzii bien qu'il paraisse
FIG _ = us pa ne pas avoir conservé de relation avec
OR
Le massif viscéral renfermé dans la
cavité pseudopalléale comprend les organes génitaux et le rein
(Fig. 38).
L'ADAPTATION DES GASTROPODES AU PARASITISME. 41
Voigr signale un rein (>) qui s'ouvre à la base de la cavité
pseudopalléale dans le voisinage de l'ouverture génitale. Il est
constitué par une poche limitée par un épithélium à une seule
couche de cellules qui a subi une dégénérescence chez le plus gros
des exemplaires d’Æ. schiemenzii. La partie la plus importante
de la masse viscérale est formée par l'appareil génital qui a la même
structure chez les deux espèces et qui est exclusivement femelle. TI
comprend un ovaire (ot) très développé auquel fait suite un oviducte
(od) puis un utérus (#). Au point de contact de l’oviducte et de
l'utérus débouche un réceptacle séminal (7). La paroi utérine
possède des cellules et des éléments glandulaires dont la sécrétion
sert à agglutiner les œufs, de telle sorte qu'on peut la considérer
comme une glande coquillière.
Voier n’a observé ni système nerveux ni cœur; mais il semble
admettre l'existence de lacunes sanguines.
2, Entoconcha J. MÜLLER.
La seule espèce bien décrite de ce genre, l'Entoconcha mérabilis T. MüLLER
présente un certain intérêt historique (1).
En août 1851, Johannès MüLLER, poursuivant des études sur les organes
génitaux de Synapta digitata, remarqua, chez quelques exemplaires, des tubes
épais, non ramifiés présentant une couleur verte sur la moitié de leur longueur
tandis que l’autre portion était orangée. Chaque tube renfermait dans son intérieur
des œufs en division ou de jeunes Gastropodes de 0,2mm. de diamètre. J. MÜLLER
se demanda si ces sacs ne pouvaient pas être l'équivalent d’un Mollusque, mais
se basant sur leur situation et leur relation avec la Synapte, 1l rejeta cette
opinion et les considéra comme des organes génitaux anormaux, qui produisaient
de petits Mgllusques particuliers appartenant à une nouvelle espèce, l'Entoconcha
mirabilis. "il désigna ces sacs comme des «tubes à Gastropodes » (Schnechen-
schlauche). I crut voir là un exemple d'une sorte d'alternance de génération
entre les Holothuries et les Mollusques ou plutôt de génération hétérogénique,
qui avait pour lui une grande importance pour la genèse des espèces. Par suite
de la grande autorité scientifique de son auteur, cette note eut un certain
retentissement et elle fut aussitôt traduite dans les « Annals and Magazine of
natural History» (1852). Cette traduction fut cependant suivie de quelques
observations critiques.
En 1860 et 1861, Baur rechercha à Trieste les «tubes à Gastropodess de
J. MüLLER et en recueillit un grand nombre. Il trouva que la proportion des
Synaptes parasitées s'élevait à environ 1/200°; ce faible pourcentage lui indiquait
déjà que ces «tubes à Gastropodes y n'étaient pas des organes essentiels de
l'Holothurie.
Baur fit une étude anatomique très complète de ces formations et affirma que
(1) Une deuxième espèce d'£ntoconcha, VE. mülleri, a été trouvée par SEMPER. Elle vit
fixée au cloaque de l'Æolothuriu edulis LES,
42 CLÉMENT VANEY.
ce n'étaient pas des parties de la Synapte et que tout le tube devait être considéré
comme un animal adulte, se rattachant aux Gastropodes apneustes ou abran-
chiés, et auquel il donna le nom d’Æelicosyrinæ parasita, le terme d'Entoconcha
mirabilis ayant été appliqué par J. MÜüLLER aux formes larvaires de cette espèce.
Cependant le nom de J. MÜLLER a prévalu et sert actuellement pour désigner ce
Gastropode parasite.
Les ÆEntoconcha présentent de grandes variations de taille; les
plus grands exemplaires ont 8 cm de longueur et 3mm. de diamètre,
tandis que les plus petits ont 2,3 mm.
Leur corps est souvent contourné en
une spirale irrégulière ; 1l est presque
cylindrique mais s’atténue aux extré-
mités ; 1l présente un léger renflement
médian. Les téguments sont transpa-
rents et ont une surface extérieure
lisse ou striée transversalement.
En général, l'extrémité verdâtre se
termine en une sorte de bouton qui
pénètre à travers une fente dans le
vaisseau ventral (vo, Fig. 40) de l’in-
testin de la Synapte et se fixe ainsi
toujours un peu en arrière de l’esto-
mac (s{, Fig. 39). MÜLLER et BAUR ont
observé quelques rares cas où l'Ento-
concha était fixée d’une part au vais-
seau et d'autre part vers l’anneau cal-
caire. J. MÜLLER a même signalé un
jeune individu qui ne présentait qu’une
fixation céphalique et dont le reste du
corps était libre dans la cavité géné-
rale de son hôte.
Généralement la région de fixation
j ._.. Ou région proximale est de coloration
F1G. 59. — Entoconcha mirabi- :
le tee ES verte ou brune; elle contient un tube
pla digitata (d'après Baur). digestif (4, Fig. 40) très simple qui
s'étend sur le tiers du corps; cet
intestin est clos dans sa partie distale et s'ouvre par la bouche (b)
au sommet du bouton de fixation. Les deux autres tiers du parasite
ont une coloration plus où moins orange et leur extrémité libre
présente une ouverture génilale qui s'ouvre dans la cavité générale
SV
L'ADAPTATION DES GASTROPODES AU PARASITISME. 43
de l'hôte. Cette portion de l'Entoconcha est surtout formée par un
pseudopallium (ps) limitant une cavité incubatrice où se trouvent un
grand nombre de vésicules (0)
sphériques, transparentes, qui ren-
ferment chacune une vingtaine
d'œufs ou d’embryons. Entre cette
chambre incubatrice et le tube
digestif se trouve situé l'ovaire (05)
formant une masse dendritique de
couleur orange.
La structure anatomique de l'Æn-
toconcha estinsuffisamment connue
et, en se servant de la technique
moderne, il serait utile d’en faire
une étude plus complète que celle
fournie par BAUR.
La paroi externe du corps est
constituée par un épithélium doublé
par des fibres musculaires trans-
versales et longitudinales qui, par
leur contraction, produisent la tor-
sion du Corps. Fra. 40. — Entoconcha mirabilis
Le parasite est fixé dans le vais- (d’après Baur).
seau sanguin d’une manière tout à
fait mécanique, comme une sorte de canule à extrémité terminale
renflée ; aussi est-il difficile de l’en séparer sans briser soit le vaisseau
soit le corps du Gastropode. Cependant une certaine mdépendance
existe entre le parasite et le vaisseau, c’est ainsi que les mouvements
de ce dernier ne se transmettent pas à l’Entoconcha. D'ailleurs il
n'y à aucune continuité entre les tissus de l'hôte et ceux du parasite :
la ciliation qui recouvre le vaisseau ne se retrouve pas à la
surface de l'Entoconcha.
L'intestin du parasite joue un rôle passif; sa paroi est constituée
par un épithélium cylindrique contenant des granules de pigment et
de graisse mais, d’après BAUR, aucun mouvement cilié ou contractile
ne permet le renouvellement du contenu intestinal; ce sont les
contractions du vaisseau qui provoquent la circulation du sang dans
l'intérieur du tube digestif, la bouche se maintenant constamment
ouverte dans la lumière du canal.
44 CLÉMENT VANEY.
A part ce tube digestif réduit à sa plus simple expression, l’orga-
nisation viscérale ne comprend plus que l'appareil génital. BAUR n’a
trouvé ni système nerveux, ni appareil respiratoire. L'appareil
génital est constitué par une glande génitale femelle ou ovaire (ot),
placée entre le fond de l'intestin et la chambre incubatrice, et par un
testicule ({) toujours situé dans le renflement de cette chambre.
Chez certains exemplaires on ne trouve plus trace de cette glande
mâle. L'ovaire est un sac allongé, lobé et de coloration rougeâtre.
D'après BauR, il serait clos à ses deux extrémités ; sa portion distale
est renflée tandis que sa portion proximale se recourbe et doit se
continuer très probablement par un oviducte à paroi glandulaire, qui
fonctionne comme une glande coquillière ou à albumen, dont le
produit de sécrétion constitue les enveloppes ovulaires.
Le testicule est formé par un nombre variable de vésicules
arrondies ou allongées dont la paroi est contractile. Dans l'intérieur
de ces sacs se trouvent des spermatogonies à différents stades de
développement ou des amas de spermatozoïdes à tête en bâtonnet
très long et tordu et dont le filament caudal est très délié. Les
vésicules spermatiques ne paraissent avoir aucune relation avec la
chambre incubatrice, aussi SCHIEMENZ les avait-il considérées
comme des spermatophores. La comparaison avec ce qui à lieu chez
Enteroxenos paraît confirmer l'interprétation de MüLLER et BAUR ;
mais, ici, les vésicules peuvent faire saillie et se détacher de la paroi
du corps, ce qui est démontré par l'apparence de bourgeonnement
signalé déjà par Baur en 1864.
3. Enteroxenos BONNEVIE.
L'Enteroxenos üstergreni représente le plus dégradé des Gastropodes
endoparasites actuellement connus. C’est au cours d’une révision des Holothuries
de Norvège qu'Hj. OSTERGREN l’a découvert en 1896, à Bergen, dans l'intérieur
de Stichopus tremulus. Ce parasite a ensuite été recueilli, dans le même hôte,
par Hyorr sur les côtes occidentales de Norvège. Son étude détaillée a été faite
avec beaucoup de soin par Mademoiselle BONNEVIE. Aussi est-ce la forme
d’endoparasite la mieux connue et dont les données peuvent fournir de précieuses
indications sur l'anatomie et l’évolution des autres genres.
En ouvrant longitudinalement un Sfichopus tremulus infesté, les
parasites apparaissent sous la forme de sacs allongés, vermiformes,
blancs ou jaunâtres. On trouve parfois plusieurs parasites dans le
même hôte; mais les Sfichopus parasités sont relativement rares.
Les Enteroxenos ainsi observés présentent des différences de
L'ADAPTATION DES GASTROPODES AU PARASITISME. 45
taille très marquées et leur longueur maximum varie entre 10 à
15 cm. Ces formes de grandes dimen-
sions sont toujours libres dans la
cavité générale de leur hôte, tandis
que les plus petites sont généralement
fixées à la région tout à fait antérieure
de l'intestin, celle qui se maintient en
place lorsque le tube digestif est rejeté
à l'extérieur. Les individus de plus
petite taille sont les plus solidement
fixés à l'intestin (Fig. 41). Parfois on
observe des Ænteroxæenos fixés au
cloaque, aux organes arborescents et
FiG. 41. — Portion d'intestin de
à l’oviducte.
Stichopus tremulus avec des
Aux différences de taille correspon- Enteroxenos de différentes
dent des modifications externes très
tailles (d'après MIeBONNEVIE).
marquées. Les individus de 6 à 8 cm. sont sexués; ils ont l’appa-
4
FiG. 42. — Individu âgé d'Entero-
æenos (d’après Mie BONNEVIE).
rence de tubes clos sans ouverture
externe et dont le diamètre est de 4
à 5 mm. ; leur surface externe est
lisse, blanche et transparente. Vers
la région de fixation ou région
proximale, le diamètre du tube
diminue brusquement et il se forme
un très court pédoncule d’1 à 2 mm.
de longueur, qui relie le parasite à
la paroi intestinale de l'hôte.
À mesure que le parasite s'accroît,
le pédoncule d’attache devient de
plus en plus long et mince et les
relations avec l’Holothurie s’atté-
nuent progressivement. En même
temps l’apparence externe du para-
site se modifie: de vermiforme il
devient moniliforme. Les renfle-
ments, en nombre variable, ont une
paroi distendue et amincie et sont
reliés les uns aux autres par des
parties étroites cylindriques, à parois épaisses et opaques. Ces
46
CLÉMENT VANEY.
vésicules apparaissent irrégulièrement et présentent, chez l'animal
vivant, des déplacements très faibles et lents. La ponte est surtout
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F1G. 43. — Coupe lon-
gitudinale schéma-
tique d’un Æntero-
æenos de 40mm. de
long (d’après Mie
BONNEVIE),
localisée à l’intérieur de ces renflements (Fig.
42).
La structure de l’animal adulte est très
simple (Fig. 43). Le tube limite une grande
cavité centrale (c) qui s'étend sur toute la lon-
gueur du parasite ; dans la région distale, elle
se termine en cœcum, tandis que, dans la
région proximale, elle se continue par un fin
canal cilié (cl), qui a 5 mm. de longueur chez
un animal de 15 cm. et qui traverse excentri-
quement le pédoncule épaissi.
Les seuls organes viscéraux sont les organes
génitaux, qui comprennent un ovaire et un
testicule bien séparés.
L'ovaire (ov) s'étend suivant une des généra-
trices du corps, sous la forme d’un tube
ondulé, à courtes évaginations et disposé entre
la cavité centrale et la paroi externe. Il est
clos à l'extrémité proximale ; vers la région
distale, il se recourbe en U et se continue par
un oviducte (od), qui se termine par un utérus
glandulaire venant s'ouvrir dans la cavité cen-
trale, au niveau du tiers distal du corps.
Le testicule ({) est placé dans la région
proximale de la cavité centrale, il n’a que ? à
3 mm. de longueur et il est constitué par
plusieurs vésicules limitées de toutes parts par
une mince membrane épithéliale. Dans l’inté-
rieur de ces vésicules se trouvent des sperma-
tozoïdes et des spermatogonies à différents
stades de développement. Il n'existe aucun
spermiducte.
Les individus de 6 à 8 cm. de longueur ont
les organes génitaux les plus développés, car
leurs produits n’ont pas encore été rejetés à l'extérieur. L'ovaire
ramifié fait alors saillie dans la cavité centrale de telle sorte que
celle-ci, observée sur une coupe transversale, a une forme semi-
L'ADAPTATION DES GASTROPODES AU PARASITISME. 47
lunaire (Fig. 44). Chez les mêmes individus le testicule est
fortement distendu (Fig. 45).
La paroi de chaque vésicule testiculaire présente une et parfois
deux ou trois régions ciliées au niveau
desquelles Ia membrane basilaire est per-
forée et a la forme d’un crible. Le battement
des cils attire les spermatozoïdes en ces
points où ils peuvent facilement traverser
la paroi et émigrer dans la cavité centrale.
IIS sont ensuite entraînés vers la région
e : A FiG. 44. — Coupe trans-
distale du corps par suite de la présence de n
De Le ; versale de la partie
de régions ciliées autour de l'ouverture distale d'Enteroxenos
utérine, à l'entrée de l'utérus et dans l’ovi- (d'après Mie BonxE-
VIE).
ducte même.
Les spermatozoïdes vont ainsi directement du testicule à lovi-
ducte où 1ls fécondent les œufs. Les œufs fécondés sont rapidement
rejetés dans la cavité centrale en groupes
PI sphériques entourés chacun par une même
enveloppe gélatineuse. Ces sphères d'œufs
£ sont de grosseur très variable ; elles renfer-
-C ment en moyenne de 40 à 60 œufs. Tous les
f œufs d’une même sphère sont sensiblement
HET | au même état de développement. Les phéno-
FiG. 45. — Coupe trans- a. 5 ,
versale de la partie MÈRES de maturation ne commencent que
proximale d'Entero- dans la cavité centrale. On peut très bien
œenos (d'après ME Suivre sur un même individu tous les stades
BONNEVIE). ; PE Pre
de maturation et les premières divisions de
l'œuf. À l’aide de ce matériel de choix, M'° BoNxEVIE (1904, 1906)
a fait toute une série de belles recherches sur les éléments reproduc-
teurs. Ces études, quoique très intéressantes, sont d’ordre purement
cytologiques et ne rentrent pas dans le cadre de notre sujet.
Les œufs fécondés se développent dans la cavité centrale et
donnent naissance à des larves à différents stades. À ce moment
l’'Enteroxenos s’est transformé en un véritable sac à œufs où la
cavité centrale sert de chambre incubatrice (Fig. 46).
L’étude histologique de ce parasite, nous montre quelques
particularités intéressantes. Aïnsi les téguments de l’Ænteroxenos
observés sur des coupes présentent une enveloppe périphérique
externe (e2) de toute autre nature que les couches sous-jacentes et
2x
77
48 GLÉMENT VANEY.
s'en différenciant, soit par la taille et la structure de leurs noyaux,
soit par leur réaction vis-à-vis des agents colorants. Cette enveloppe
externe appartient à l'hôte et s’est déta-
chée du tube digestif lorsque le parasite
faisait de plus en plus hernie dans la
cavité générale du Stichopus. Chez les
parasites n'ayant pas encore atteint la
maturité sexuelle, cette enveloppe présen-
te deux parties dont la plus externe est
Fire. 46. — Coupe transversale formée par un épithélium à petits élé-
schématique d'un indi- ments.
vidu âgé, d'Enterorenos C’est sous cette enveloppe (ex), tout
(après ME BONNE) à fait périphérique, dérivant des tissus
de l'hôte, que se trouve la paroi proprement dite du parasite qui
se compose d’un épithélium externe (ep) doublé par des muscles et
par un tissu conjonctf (/).
L'épithélium est constitué par de hautes cellules, surtout chez les
individus jeunes et vers leur région de fixation. A côté de ces
éléments de revêtement, se trouvent des cellules en massue
renfermant un gros noyau et des gouttelettes de substance brillante ;
elles rappellent beaucoup, par leur aspect, les cellules en massues
de la peau des Poissons cyclostomes. On ne trouve de tels éléments
que chez les Enteroxenos de taille moyenne ; ils n'existent pas chez
les formes jeunes et très âgées.
Les individus âgés, qui renferment dans leur cavité centrale des
larves plus où moins développées, présentent une couche épithéliale
en état de dégénérescence vacuolaire.
Sous l’épithélium externe (ep) se trouvent les couches musculaires
comprenant des fibres transversales bien développées ; au-dessous
sont des faisceaux longitudinaux et du tissu conjonctif formé d’un
réseau de cordons autour desquels sont groupées des cellules. L'axe
de ces cordons est plus où moins rigide et est constitué par de la
substance intermédiaire.
La cavité centrale est limitée par un épithélium constitué en
majeure partie par de hautes cellules mais présentant parfois des
éléments glandulaires. Vers l’oviducte et vers le canal, les éléments
sont ciliés et, dans le canal cilié, les cellules de la paroi épithéliale
sont pourvues de forts cils. Au cours du développement, le canal
cilié et toute la région de fixation subiront une dégénérescence.
L'ADAPTATION DES GASTROPODES AU PARASITISME. 49
IV. — GENRE À PARASITISME SPÉCIAL.
Ctenosculum HEATH.
Hearux à décrit, en 1909, sous le nom de Ctenosculum haivaiiense
un bien curieux type de Gastropode parasite dont la symétrie est
nettement bilatérale.
Il a observé ce parasite sur une Brisinga evermanni VISHER
recueillie par l’« Albatross > au voisinage des îles Hawaï, à une
profondeur de 310 brasses. Ce Ctenos-
culum produisait une sorte de tumeur
saillante sur un des bras de la Bri-
singa (Kig. 47) ; il n’était pas attaché
à son hôte et communiquait à l’exté-
rieur par une sorte de fente de 2 mm.
de longueur pratiquée dans les tègu- Fi. 47. — Kyste dans un bras
ments de l'Etoile de mer or produit. par
d , le Ctenosculum harwaïiense
Son corps (Fig. 48) est globuleux et (d'après Hrarn).
a une apparence symétrique. Il est de
couleur jaune clair et mesure 14 mm. de longueur et 11 mm.
de largeur. Il présente une seule ouverture externe bordée par des
lèvres saillantes recouvertes par une
cuticule munie de dents, d’où le nom de
Ctenosculum qui lui a été donné. C’est
au sein de cette masse globuleuse que
se trouve le corps proprement dit du
parasite, qui est presque complètement
contenu dans une coque protectrice ou
pseudopallium fixée à la région frontale
Fi. 48. — Ctenosculum RE :
er ete ele de la masse viscérale. Cette enveloppe
(d'après HEATH). externe (bc, Fig. 49) à ainsi l’allure d'une
sorte de capuchon ou bouclier céphalique,
qui s’est réfléchi très en arrière sur tout le corps, ne laissant qu’un
faible espace entre lui et la paroi externe du corps proprement dit.
Sur la face ventrale et en avant, le corps proprement dit présente
une paire de petits tentacules et une trompe à l'extrémité de laquelle
s'ouvre la bouche (b) ; cette trompe est plus ou moins cachée par un
repli tégumentaire émergeant de sa base. Il est très probable que
l'ensemble des tentacules et de la trompe peut être projeté à travers
4
50 CLÉMENT VANEY.
l'ouverture. En arrière de cette région céphalique, la surface
ventrale est légèrement aplatie: mais elle ne présente pas de pied
FiG. 49. -— Ctenosculum hawatiense avec la moitié gauche du bouclier pseudo-
palléal enlevée (d'après HEATH).
caractérisé et, tout à fait en arrière, le rectum vient s'ouvrir sur une
proéminence en forme de papille (x).
Le corps est recouvert par une cuticule qui est surtout bien déve-
loppée sur la face ventrale et qui est sécrétée par un épiderme à
cellules aplaties.
À un premier examen superficiel, ce parasite a plutôt l'aspect d’un
Lamellibranche, quoique la disposition du
manteau soit bien particulière.
L'étude du tube digestif montre qu’il appar-
tient sûrement aux Gastropodes. En effet, il
présente une radula rudimentaire (Fig. 50),
RL réduite à une simple dent, de chaque côté de
radulaire de Ctenos- laquelle viennent aboutir les canaux d’une
culum avec les con- paire de glandes salivaires très développée (95,
duits salivaires Son Fig, 49), probablement ventrales; d’autres
vrant de chaque côté 5
(d’après HEATH).
glandes dorsaless viennent s'ouvrir dans l’œso-
phage au voisinage de l'estomac. L'estomac (st)
est un sac volumineux qui s'étend dans la majeure partie du corps
proprement dit et dont certaines cellules de la paroi sont fortement
L'ADAPTATION DES GASTROPODES AU PARASITISME. 51
vacuolisées et contiennent des granules jaunâtres. Cet estomac s'étale
de chaque côté pour former une poche pourvue de branches secon-
daires, qui peut être assimilée à un hépatopancréas (L). Le tube
digestif se termine par un intestin cylindrique revêtu de muscles
circulaires et longitudinaux.
Le Ctenosculum a un parasitisme assez spécial, car il prend
probablement sa nourriture à l'extérieur et les relations avec son
hôte doivent se résumer à quelques échanges gazeux ou liquides
à travers la paroi du corps en contact avec le fluide cœlomique de la
3risinga. Quelques prolongements digitiformes (pa), attachés à
l'extrémité postérieure de la masse viscérale peuvent être considérés
comme des appendices respiratoires. Il existe des lacunes sanguines,
mais aucun Cœur.
En avant de l'intestin et sous l'estomac se trouve un organe (7)
qu'HEATH considère comme un rein.
Le système nerveux se réduit à un collier nerveux. Celui-ci
présente des ganglions cérébroïdes (4c) placés en avant du pharynx
et reliés par des connectifs aux masses des ganglions pleuro-pédieux
plus ou moins fusionnées, placées en arrière du tube digestif et d’où
partent quelques nerfs.
Le Clenosculuin est hermaphrodite avec des ovaires et des
testicules distincts et bien séparés.
Les testicules ({) ont, en avant, l'apparence de glandes paires,
situées de part et d'autre de l'estomac et dans l’intérieur desquelles se
trouvent des spermatogonies. Ces poches testiculaires se réunissent
en arrière et se continuent de chaque côté par un canal de très large
calibre pourvu de parties glandulaires et ciliées, puis elles se rétré-
cissent brusquement, donnent en un tube grêle à parois plus épaisses
en traversant la masse du rein et viennent s'ouvrir dans un espace en
forme de fente situé entre le corps et quelques-uns des lobes rénaux.
L'ovaire est localisé dans le large repli ou pseudopallium
entourant le corps; il renferme dans son épaisseur de nombreux
œufs contenus dans des sacs grèles. HEATH n’a observé aucun
oviducte et pense que les œufs doivent s'échapper par la rupture des
parois du corps.
La position systématique de ce curieux Gastropode à allure symé-
trique est assez difficile à indiquer.
HEATH admet que le repli enveloppant représente un manteau
modifié qui se rapporterait au même type que celui des Aspido-
52 CLÉMENT VANEY.
branches ; le caractère pair du testicule paraît affirmer cette dernièr
parenté. Mais ces rapprochements sont peu définis et laissent encore
beaucoup d'incertitude.
II. — ANATOMIE COMPARÉE DES
GASTROPODES PARASITES.
Les précédentes descriptions des divers genres de Gastropodes
parasites vont nous permettre de faire maintenant une comparaison
entre les différents organes de ces Mollusques, afin de rechercher
les modifications anatomiques en relation avec le degré de para-
sitisme. Dans cette étude d'anatomie comparée nous examinerons
successivement chacun des organes en commençant par ceux qui
sont communs à tous les Gastropodes et en terminant par des
appareils qui paraissent bien spéciaux aux formes parasites. Nous
résumerons ensuite l’ensemble des modifications anatomiques.
1. Coquille et Tortillon viscéral. — La coquille et le tortillon
viscéral ne présentent aucune modification sensible chez un grand
nombre de Gastropodes ectoparasites appartenant aux genres Thyca,
Odostomia, Anqgustispira, Eulima, Pelseneeria et Mucronalia.
Leur coquille a une apparence porcelanée et est toujours plus ou
moins spiralée. Nous observons une concentration des organes
viscéraux dans les derniers tours de spire de l'£Eulima equestris et
des différentes espèces de Pelseneeria et de Mucronalia ; dans ces
deux derniers genres, la coquille est surmontée par un mucron
apical. Chez les Stlifer, qui présentent un pseudopallium
recouvrant plus ou moins la coquille, celle-ci devient mince et
cornée. Le Gasterosiphon possède encore un tortillon viscéral
composé d’un certain nombre de tours de spire ; il est enfermé dans
une vaste chambre pseudopalléale, qui communique à l'extérieur par
un tube ou siphon; quant à la coquille primordiale, elle a complé-
tement disparu. Celle-ci fait défaut chez tous les Gastropodes endo-
parasites. L'Entocolax et Y'Entoconcha ne possèdent plus qu'une
masse génitale plus ou moins saillante et irrégulière qui correspond
au tortillon viscéral. Chez l'Enteroxæenos, cette masse génitale est
incluse dans la paroi du corps et ne fait saillie dans la cavité
centrale qu’au moment de la maturité génitale. Quant au C{enos-
culun, il ne possède aucune coquille et n’a pas de tortillon viscéral.
Ainsi l'étude comparée des Gastropodes ectoparasites et des
IL 'ADAPTATION DES GASTROPODES AU PARASITISME. 53
Gastropodes endoparasites nous montre la régression et même la
disparition de la coquille et du tortillon viscéral à mesure que le
parasitisme s'accentue. Cette disparition se trouve confirmée par les
données embryologiques des Gastropodes endoparasites : les larves
d'Entoconcha et d'Enteroxenos ont, en effet, un tortillon viscéral
spiralé enfermé dans une coquille.
2. Pied et formations pédieuses. — Le pied subit lui aussi
une réduction, qui peut aller jusqu'à la disparition complète; ces
modifications sont en relation avec l'importance de la vie parasitaire.
Les Pyramidellidées parasites ont un pied bien développé pourvu
d'un mentum antérieur et de glandes pédieuses.
La Pelseneeria lurtoni a une sole pédieuse qui lui permet de se
déplacer à la surface de son hôte. Ce pied renferme des glandes
pédieuses, mais ne possède aucun opercule. De semblables
caractères se retrouvent dans le pied des autres Pelseneeria et de
Megadenus.
Les Thyca ont un nouvel organe de fixation, le psewdopied ou
disque de fixation; aussi le pied proprement dit subit-il une
forte réduction. Chez la Thyca stellasteris, ce pied renferme encore
deux glandes et une aire operculaire; mais celle-ci ne sécrète
plus d’opercule. Chez d’autres Thyca, les glandes pédieuses
disparaissent et la région operculaire, toujours dépourvue d'oper-
cules, représente le seul vestige du pied proprement dit.
Le pied de l'Ewlima equestris ne parait plus servir à la reptation ;
il renferme encore deux glandes pédieuses, et il est réduit en grande
partie à la région qui supporte l’opercule corné.
Des caractères identiques se retrouvent dans les formations
pédieuses des Mucronalia, où la région operculaire avec son
opercule corné conserve une certaine importance, tandis que les
glandes pédieuses paraissent plus réduites.
La réduction du pied s’accentue chez les Stilifer et le (rastero-
siphon. La plupart des Stilifer ont le pied très réduit et dépourvu
de glandes ; cependant chez le S£ sibogæ, cette région du corps est
‘très développée et est même enroulée en spirale, mais elle ne
fonctionne plus comme organe de locomotion et doit être
considérée comme un organe tactile. Le pied du Gasterosiphon est
rudimentaire et est formé par une paire d’expansions latérales.
On ne retrouve plus aucune formation pédieuse chez le Clenos-
culum et chez les Gastropodes endoparasites. SCHIEMENZ avait bien
D4 CLÉMENT VANEY.
admis que, chez l'Entocolaæ, la fixation devait se faire à l’aide de
la glande pédieuse; mais les données actuelles ne permettent
pas d'accepter cette opinion (voir p. 39).
3,Appareil digestif. — Les modifications de l'appareil digestif
sont très variées. Parmi les Gastropodes parasites, le Cfenosculum
harcaiiense, qui prend encore sa nourriture à l'extérieur, est la
seule espèce qui possède une dent radulaire, tandis que toutes Les
autres formes sont complètement dépourvues de radula. Ce carac-
tère se retrouve chez une Æwlima parfois commensale, l’Æ. distorta.
Toutes ces espèces possèdent une trompe plus ou moins développée,
qui peut atteindre de très grandes dimensions, comme on
l’observe chez Eulima equestris, les diverses Mucronalia, certains
Sthilifer (ex. St linchiæ) et surtout chez le Gasterosiphon. Cette
trompe s'enfonce profondément dans l'hôte et sert de solide organe
de fixation. Les Tyca ont en général une trompe courte et massive,
quoique chez Thyca crystallina, elle soit très allongée surtout
dans le jeune âge. Toutes les Thyca et le Stilifer sp. ? de NIERSTRASZ
ont un bulbe pharyngien qui fonctionne comme organe d'aspiration ;
chez les autres formes parasites, la musculature disposée tout
autour du pharynx joue le même rôle.
L'estomac d'Ewlima et de quelques Pelseneeria à une paroi
bien différenciée et distincte des diverticules hépatiques, mais chez
d'autres espèces, Æ. distorta, Megadenus holothuricola et Pelse-
neeria turtoni, le sac stomacal renferme des éléments hépatiques
et par suite 11 n'y a pas de séparation bien nette entre le foie et
l'estomac.
Une boucle intestinale s'observe encore dans le torüllon viscéral
de Stilifer linchkiæ, mais, en général, l'intestin est raccourci chez la
plupart des Gastropodes ectoparasites. Le Gasterosiphon ne possède
pas de rectum; son appareil digestif se réduit à un æsophage, qui
s'ouvre dans une poche stomacale située dans le tortillon viscéral et
qui présente sur tout son pourtour un grand nombre de diverticules
hépatiques terminés en cæœcum.
Les Gastropodes endoparasites présentent la régression la plus
grande de l'appareil digestif. Æntocolaæ et Entoconcha ont une
trompe qui. renferme dans son intérieur un tube digestif simple
terminé en cœcum, tandis que l’Enteroæenos est complètement
dépourvu de trompe et d'appareil digestif. Les deux espèces
connues d'Entocolax nous montrent deux stades dans cette
L'ADAPTATION DES GASTROPODES AU PARASITISME. 5)
régression. Le tube de l’Æ. ludiigii se divise en deux régions :
l’æsophage et l'intestin hépatique ; celui d’Æ. schiemenzii, comme
celui d'Entoconcha, ne présente plus qu'une région hépatique.
4. Système nerveux et Organes des sens. — Le système
nerveux des (rastropodes ectoparasites est souvent bien imparfai-
tement connu. Quant aux (Gastropodes endoparasites, ils ne
présentent aucune trace de système nerveux et d'organes des sens.
Parmi les (Gastropodes ectoparasites: les Thyca, Eulima,
Pelseneeria et Mucronalia offrent un système nerveux normal,
mais trés condensé : les ganglions du triangle latéral se trouvent
plus ou moins accolés et fusionnés. Cette condensation du système
nerveux ne suit pas toujours une progression en relation avec le
degré de parasitisme, c’est ainsi que les Æulima etles Pelseneeria
ont un système nerveux plus condensé que celui du Gasterosiphon.
Dans ce dernier genre on reconnaît encore la torsion de la commis-
sure viscérale que l’on ne retrouve pas dans des formes moins
modifiées par le parasitisme. La chiastoneurie a été signalée chez le
Megadenus, le Stilifer linchiæ et les Pyramidellidées parasites.
Ni pour le système nerveux, ni pour les organes des sens l’on ne
peut établir de série linéaire montrant les modifications dues à un
ectoparasitisme de plus en plus accentué.
Les organes des sens présentent surtout de très grandes variations,
qui s'observent parfois dans les espèces d’un même genre. C'est
ainsi que les yeux existent chez les Pyramidellidées, les £wlima,
les Thyca et la plupart des Mucronalia ; ils sont réduits dans le
Megadenus. La Pelseneeria lurtoni possède des yeux, tandis que
les autres Pelseneeria en sont dépourvues. Les yeux de Thyca
stellasteris sont enfoncés dans le tissu conjonctif du lobe frontal,
alors que ceux des autres espèces de ce genre sont plutôt superficiels.
Mais c’est surtout parmi les Sfilifer que l’on observe les plus
grandes variations : des yeux existent chez le Sf. linchiæ et le SE.
celebensis ; ils sont enfoncés dans les tissus du Sf.. sibogæ et
n'existent plus chez le Sf. sp? de NIERSTRASZ.
De très grandes modifications s’observent au point de vue des
tentacules. Ceux-ci sont aplatis chez les Pyramidellidées parasites ;
ils sont allongés chez les Mucronalia et chez Eulima equestris. Le
P. turtoni a des tentacules en massue, tandis que les autres
Pelseneeria ont un repli tentaculaire qui se soude aux expansions
pédieuses pour constituer la collerette pseudopalléale. Parmi les
56 CLÉMENT VANEY.
Stilifer, le St. celebensis a des tentacules indistincts ; le S£ sibogæ
et probablement le Sf. sp. ? de NiERSTRASZ ont une tête avec des
portions tentaculaires, tandis que le S/. linchiæ ne possède aucun
tentacule.
Le Graslerosiphon et le Ctenosculuin ne présentent ni yeux ni
tentacules.
Les otocystes paraissent être les organes des sens qui persistent
le plus longtemps ; on les retrouve chez toutes les formes ectopara-
sites et même chez le Gasterosiphon. Is sont toujours au contact
des ganglions pédieux et ne renferment qu'un seul otolithe.
». Organes du Complexe palléal. — Nous n’envisagerons
qu'une partie des organes du complexe palléal : la branchie, le rein
et le cœur.
Le cœur des T'hyca, Eulima et Megadenus correspond à celui
des Streptoneures : il comprend une oreillette et un ventricule
enfermés dans un péricarde. Cet organe est peu développé chez
quelques Pelseneeria, où l’on trouve par contre de grands sinus
sanguins. Le Gasterosiphon ne possède pas d'organe propulseur ;
mais il a de vastes lacunes sanguines. Quant aux Gastropodes endo-
parasites, 1ls ne présentent souvent pas trace d'appareil circulatoire;
ils possèdent parfois des lacunes sanguines.
Les modifications de l'appareil circulatoire sont en relation avec
celles de l'appareil respiratoire. En eflet, les Thyca, Odostomia
Angustispira, Eulima, Megadenus, Mucronalia et Stilifer ont
tous une branchie normale. Une glande hypobranchiale se trouve
chez le Megadenus holothuricola. Le Gasterosiphon deimatis n’a
pas de branchie et présente quelques appendices digités disposés sur
le dernier tour de spire du tortillon viscéral ; des digitations analogues
se retrouvent chez le Ctenosculuim haiwaïiense. Le (rasterosiphon
possède de nombreuses lacunes sanguines, situées dans le pseudo-
pallium et dans la trompe, qui facilitent les échanges respiratoires
avec l'hôte.
Les Gastropodes endoparasites ne présentent aucun appareil
respiratoire différencié.
Quant aux données sur l'appareil excréteur, elles sont très
incomplètes. La présence d’un rein est signalée chez les Thyca,
Eulima equestris, Pelsenceria, Megadenus et Ctenosculum. Vorcr
admet comme rein de l’'Entocolax un organe sacciforme que
M'° BONNEVIE croit plutôt correspondre à un testicule.
L'ADAPTATION DES GASTROPODES AU PARASITISME. 97
Quoique nos connaissances soient bien imparfaites sur le cœur et
le rein des Gastropodes parasites, elles nous montrent suffisamment
une régression du complexe palléal. Ce complexe est encore norma-
lement constitué chez beaucoup de Gastropodes ectoparasites, mais
il disparaît complètement chez le Gasterosiphon et chez tous les
Gastropodes endoparasites. En même temps on observe le dévelop-
pement d'un système de lacunes sanguines réparti dans tout le
corps qui permet de faciles échanges osmotiques entre le parasite et
l'hôte.
6. Appareil génital. — L'appareil génital a toujours un grand
développement chez les Gastropodes parasites.
Parmi les Ectoparasites, les Thyca, Eulima, Mucronalia et
Megadenus sont des formes unisexuées. T'hyca stellasteris et
Megadenus holothuricola présentent un dimorphisme sexuel bien
marqué: le mâle est de plus petite taille que la femelle, Chez la
T'hyca stellasteris, le mâle est environ trois fois plus petit que la
femelle et paraît avoir une organisation plus primitive. Ce dimor-
phisme sexuel n’est pas exclusif aux (Gastropodes parasites, car on
le trouve aussi marqué chez des formes libres; ainsi PELSENEER
(1902) en a signalé un très bel exemple chez Lacuna pallidula ba
Cosra. Les autres Gastropodes ectoparasites, comprenant les Pyrami-
dellidées parasites, les Pelseneeria, quelques Stilifer et le Gastero-
siphon, sont hermaphrodites. Pelsenceria turtoni possède un
organe d’accouplement pourvu d’un aiguillon, mais Gasterosiphon
en est complètement dépourvu et l’autofécondation est alors
obligatoire.
Parmi les Gastropodes endoparasites, Entocolax serait unisexué
[Voicr (1888)] et les deux genres Entoconcha et Enteroxenos
seraient hermaphrodites autogames. Mie BoxxeviE pense qu'Æ£nto-
colax doit lui aussi être hermaphrodite. Si cette opinion est exacte,
tous les Gastropodes endoparasites et quelques Gastropodes ectopara-
sites sont hermaphrodites alors que certains ectoparasites sont
unisexués.
La comparaison de ces deux séries de formes nous permet de
rechercher s’il existe quelque relation entre l'apparition de l’'herma-
phroditisme et l'importance du parasitisme.
Dans cette étude, les Pyramidellidées parasites doivent être mises
à part puisque des représentants libres de cette famille sont déjà
hermaphrodites, ce qui est exceptionnel parmi les Streptoneures
D8 CLÉMENT VANEY.
marins. Il n'en est plus de même pour les Eulimidées, dont les
formes libres sont toujours unisexuées, tandis que les espèces
parasites sont ou unisexuées ou hermaphrodites. Comme espèces
unisexuées parasites, nous connaissons Æ£ulima equestris, Mega-
denus holothuricola, Stilifer linchiæ. Aux espèces hermaphrodites
se rattachent les Pelseneeria, le Stilifer sp?, le NS. sibogæ et le
Gasterosiphon. Or nous remarquons que l'Ewlima equestris,
représentant l'espèce la moins modifiée par le parasitisme, est encore
unisexuée comme les autres Æwlima libres ou semi-parasites.
L'hermaphroditisme se rencontre chez le (rasterosiphon, qui est
l'Eulimidée la plus modifiée par le parasitisme puisqu'elle sert de
transition entre les Gastropodes ectoparasites et les (rastropodes
endoparasites. De la comparaison de ces deux formes extrêmes de
parasites, on peut déduire: 1° que l’hermaphroditisme, chez les
Eulimidées parasites, est une acquisition secondaire, puisque les
formes libres primitives sont unisexuées ; 2° que cette modification
se produit chez l'espèce présentant le parasitisme le plus accentué.
En examinant les autres Eulimidées parasites qui, au point de vue
des modifications parasitaires, se répartissent entre ces deux
extrêmes, on hésite pour généraliser cette deuxième conclusion. En
effet, le Stilifer linchki®, quoiqu'ayant un pseudopallium plus
développé que le Sfilifer sibogæ et le Shilifer sp?, est resté
unisexué pendant que les deux autres espèces sont hermaphrodites.
Le genre Megadenus présente un dimorphisme sexuel bien net
tandis que les Pelseneeria, qui apparaissent comme moins modifiées,
sont hermaphrodites. Il faut reconnaître qu'il est difficile d'évaluer
pour ces termes de transition l'importance du parasitisme parce que,
à ce point de vue, ces espèces ne se répartissent pas dans une simple
série linéaire progressive.
Cependant la comparaison des autres familles de Gastropodes
parasites parait vérifier cette deuxième proposition.
La Thyca stellasteris, peu modifiée par le parasitisme, est uni-
sexuée comme les Capulidées libres et présente seulement un
dimorphisme sexuel bien marqué; tandis que les Endoparasites
vermiformes, Æntoconcha, Enteroxenos (et peut-être aussi Ento-
colaæ) sont hermaphrodites. Il résulte de cette étude comparée
que :
1° l'hermaphroditisme, chez beaucoup de Gastropodes parasites,
est une acquisilion Secondaire ;
L'ADAPTATION DES GASTROPODES AU PARASITISME, 29
2 qu'il apparaît surtout chez les formes les plus modifiées par le
parasitisme.
PELSENEER (1896) a déjà indiqué que l'hermaphroditisme des
Mollusques est secondairement acquis; d’après ce savant, 1l s’est
établi sur l’état femelle ; le pénis étant une néoformation, la forme
femelle est ainsi complètement remplacée par une forme herma-
phrodite normale ; quant aux mâles, ils sont-généralement dégradés
et peuvent disparaître. L'absence d’organe d’accouplement chez
beaucoup de formes parasites hermaphrodites, la disposition des
canaux génitaux et leurs annexes, semblent bien indiquer que
l’hermaphroditisme s’est établi sur des individus femelles. Le pénis
de Pelseneeria turloni avec sa constitution si particulière paraît
être une néoformation que l’on ne trouve pas chez les autres
Pelseneeria. Les femelles de Thyca stellasteris ont une organisation
plus complexe que les mâles. Peut-être trouvera-t-on, chez des
formes voisines du Gasterosiphon ou des Gastropodes endoparasiles,
des mâles complémentaires à côté des formes hermaphrodites.
SCHIEMENZ (1889) avait même admis que les vésicules testiculaires
d'Entoconcha devaient être considérées comme des spermatophores
ou des mâles nains. Cette interprétation ne repose sur aucune
observation et les recherches faites sur Ænteroxenos ne permettent
pas de l’accepter.
Doit-on considérer comme une larve progénétique, pouvant
fonctionner comme mâle complémentaire, la forme larvaire que
NIERSTRASZ (1909) a trouvée dans la cavité palléale dn St/ifer
sibogæ ? Cet embryon véligère avait’ deux tentacules et renfermait
un ovaire et un testicule arrivé en partie à complète maturité.
Les Gastropodes parasites et hermaphrodites présentent toute une
série de variations au point de vue des glandes génitales et des
conduits génitaux.
Les Pyramidellidées parasites ont une glande hermaphrodite sans
région mâle et femelle distincte ; ils ne possèdent qu'un seul canal
hermaphrodite muni de glandes accessoires.
Les autres ectoparasites hermaphrodites ont une glande génitale
mâle bien séparée de la glande femelle. Les Pe/seneeria et le
Stilifer sp. de NrersTRAsz ont un canal hermaphrodite unique. Le
Stilifer sibogæ et le Gasterosiphon deimatis ont un spermiducte et
un oviducte d'abord bien séparés sur une partie de leur trajet, mais
qui se réunissent ensuite en un seul canal. Tous ces Gastropodes
60 GLÉMENT VANEY.
ectoparasites ont une glande coquillière qui atteint parfois un très
grand développement.
Les deux formes endoparasites, Entoconcha et Enteroxenos, ont
leur glande mâle et femelle bien distinctes. L'ovaire a la forme d'un
U à branches inégales dont la plus petite forme l’oviducte; les
testicules comprennent un certain nombre de vésicules sans canal
évacuateur et disposées vers l'ouverture de la cavité centrale.
Comme chez le (Gasterosiphon, l'autofécondation est obligatoire
chez l’Entoconcha et l'Enteroxenos.
La régression de plus en plus grande du tortillon viscéral des
Gastropodes parasites a nécessité la migration des glandes génitales
dans les nouvelles formations pseudopalléales. (C’est ce que l’on
observe surtout chez les Gastropodes endoparasites. L'ovaire d'Zn-
toconcha, comme celui d'Entocolaæ, occupe la majeure partie du
rudiment de tortillon, tandis que les testicules ont émigré assez en
avant dans le pseudopallium. Dans l’'Enteroxenos, l'ovaire a de
même subi une migration et est venu se placer dans le pseudopallium,
un peu en arrière des vésicules testiculaires.
Le Ctenosculum présente aussi une migration des glandes géni-
tales ; mais ce sont les ovaires qui sont localisés dans le bouclier
pseudopalléal tandis que les testicules restent dans le corps propre-
ment dit.
Les vésicules testiculaires d'Entoconcha et d'Enteroæenos, de
même que l'ovaire de Ctenosculum, ne présentent pas de canaux
évacuateurs.
Le tableau suivant résume les principales modifications que l’on
constate dans l'appareil génital des Gastropodes parasites :
Eulimarequestnis.... 1 dioicité.
Thycatstellasienis Are dimorphisme sexuel, mâle beaucoup plus petit que
Megadenus holothuricola. la femelle.
Pelseneeria turtoni…..... hermaphroditisme réciproque ; organe d'accouple-
ment avec aiguillon ; glande hermaphrodite avec
régions mâle et femelle différenciées ; un canal
hermaphrodite.
Gasterosiphon deimatis.. hermaphroditisme autogame ; pas d'organe d’ac-
couplement:; ovaire avec oviducte et testicules
avec spermiducte.
Entoconcha mirabilis.... hermaphroditisme autogame ; ovaire et oviducte
encore localisés dans le tortillon viscéral ; vési-
cules testiculaires sans spermiducte, logées dans
{ le pseudopallium.
Enteroxenos Ostergreni.. hermaphroditisme autogame ; ovairé et vésicules
testiculaires dans le pseudopallium ; oviducte seu-
lement mais pas de spermiducte.
L'ADAPTATION DES GASTROPODES AU PARASITISME. 61
Ce tableau montre bien que l’hermaphroditisme est une acquisi-
tion secondaire, car il apparait surtout chez les formes les plus
modifiées par le parasitisme. Dans ces espèces l’autofécondation
devient la règle et la séparation des portions mâles et femelles des
organes génitaux est de plus en plus marquée.
Ponte et mode d'incubation. — Les œufs d'Angustispira et de
Pelseneeria sont agglutinés et déposés sur leur hôte. Les pontes de
Pelseneeria sont parfois en grand nombre sur un même Oursin
(Fig. 18); elles sont sphériques ou ovales et sont constituées par
l’agglomération de 50 à 100 œufs enfermés dans une enveloppe
commune. C’est dans cette enveloppe gélatineuse que les œufs
subissent leur développement et donnent naissance aux embryons.
Les œufs de Wegadenus sont aussi groupés en grand nombre dans
des cocons ovalaires pédonculés qui sont fixés sur la coquille du mâle
et protégés par son pseudopallium. Niersrrasz (1909) a trouvé dans
la cavité palléale du Stilifer sibogæ des œufs en voie de division.
Les œufs du Gasterosiphon sont pondus après avoir été fécondés ;
ils sont agglutinés les uns aux autres par une substance gélatineuse
et constituent un cordon spiralé tout autour du tortillon viscéral.
Ils seront ainsi incubés dans la cavité pseudopalléale. C’est de la
même façon que se fait l’incubation des œufs d'Entocolax, d'Ento-
concha et d'Enteroxenos.
7. Organes spéciaux (Pseudopallium et Pseudopied ou
disque de fixation). — Deux organes bien particuliers ne se trouvent
que chez certains Gastropodes parasites, ce sont: le pseudopied ou
disque de fixation des Thyca et le pseudopallium ou collerette
protectrice des Eulimidées parasites et des Entoconchidées.
Le pseudopied forme une sorte de disque qui pénètre plus ou
moins profondément dans les téguments de lhôte et au centre
duquel s'ouvre la bouche. Il est formé en grande partie par des
productions pédieuses ; sa portion antérieure parait être d’origine
céphalique.
La collerette pseudopalléale enveloppe progressivement la région
antérieure du corps. Malgré une apparence externe semblable, cette
collerette provient parfois de formations bien distinctes. C’est ainsi
que , chez Pelseneeria turtoni, ce pseudopallium comprend des
replis latéraux du pied et un repli tentaculaire, qui vont se souder
entre eux chez les autres Pelseneeria et constituer ainsi une
collerette continue à bords plus ou moins lobés. Mais chez Eulima,
62 CLÉMENT VANEY.
Mucronalia, Megadenus et Stilifer, cette collerette pseudopalléale
naît tout autour de la trompe et est d'origine céphalique ; suivant les
espèces son développement est plus ou moins grand. ÆEwlima
equestris et Mucronalia sp.? de KÜKENTHAL ne présentent que des
ébauches pseudopalléales qui constituent un faible épaississement
vers la base de la région renflée de la trompe, au point où celle-ci
émerge de l'hôte. Mucronalia palmipedis possède un entonnoir
pseudopalléal visible extérieurement et dont l'ouverture élargie
n'atteint pas la partie inférieure du tortillon viscéral. Le pseudo-
pallum du Sflifer sibogæ n’embrasse que le dernier tour de spire
et laisse la coquille libre ; chez le St. celebensis, cette formation ne
recouvre pas complètement la coquille dont les trois premiers tours
restent découverts, tandis que chez le St. linchiæ le pseudopallium
enveloppe toute la région viscérale.
Le Gasterosiphon présente un développement exagéré du pseudo-
pallium ; celui-ci n'a plus l'allure d’une simple collerette, mais
ressemble à une sorte de cloche tubulée recouvrant tout le tortillon
viscéral. Un tube ou siphon met en communication la cavité
pseudopalléale avec l'extérieur. La paroi mince de ce pseudopallium
est soutenue du côté interne par une coquille de formation secon-
daire placée près de l'ouverture du siphon.
Cette disposition du pseudopallium du (rasterosiphon nous
permet de bien saisir ce que l’on observe chez les Gastropodes
endoparasites, où le pseudopallium limite une cavité centrale qui
se prolonge à l’une des extrémités du corps par un canal cilié. Dans
cette cavité centrale, la masse génitale fait plus ou moins saillie.
Chez l'Enteroxenos, l'ovaire reste inclus dans un côté de la paroi
et ne proëmine dans la cavité centrale que lors de la maturité
génitale.
Le rôle de ce pseudopallium a donné lieu à diverses interpréta-
üons ; il paraît d’ailleurs varier avec le développement de cet organe.
Chez le Stilifer linchiæ, où le pseudopallium est fortement muscu-
leux, les Sarasix le considèrent comme un appareil d'aspiration
assurant le renouvellement de l’eau autour de la branchie.
SCHIEMENZ, KÜKENTHAL et ROsEN pensent que ce pseudopallium
Joue plutôt un rôle protecteur pour le parasite : son développement
devenant de plus en plus grand à mesure que le Gastropode s’enfonce
dans son hôte. Cette formation paraît ainsi protéger le parasite
contre l’enkystement dû à la régénération des tissus lésés et maintenir
L'ADAPTATION DES GASTROPODES AU PARASITISME. 63
les relations avec l'extérieur afin de permettre la respiration et le
rejet des produits d’excrétion et des éléments génitaux.
Nous observons ce rôle protecteur du pseudopallium déjà chez les
Pelseneeria. Ces Gastropodes ectoparasites sont dépourvus d'oper-
cule et ne se rétractent plus complétement dans leur coquille ; leur
collerette pseudopalléale semble les protéger contre l'atteinte des
piquants d'Oursin ; de plus la disposition de la région ciliée facilite
le renouvellement de l’eau autour de la branchie.
Mais comme Rosex le fait justement remarquer, les Megadenus,
qui ont cependant un pseudopallium bien développé, n'offrent pas
le même mode de vie que les S{ilifer. À part une portion de la
trompe qui traverse la paroi des organes arborescents de l'Holo-
thurie, tout le reste de l’animal est placé dans un espace libre où le
renouvellement de l’eau et le rejet des produits génitaux et d’excré-
tion sont assurés par l'hôte lui-même. D'après RosEN, le pseudo-
pallium aurait surtout, dans ce cas, une fonction protectrice contre
les variations de pression du milieu. Le pseudopallium du mâle de
Megadenus sert aussi à abriter la ponte et l’on constate qu'il est
beaucoup plus développé que celui de la femelle.
Cette tendance du pseudopallium à constituer une chambre incu-
batrice est surtout bien marquée chez le Gasterosiphon, où, par
suite de l’absence d’anus et de rein, les produits qui s'accumulent
dans la cavité pseudopalléale sont exclusivement des éléments
génitaux. La faible musculature du pseudopallium assure, par ses
contractions rythmiques, le renouvellement de l’eau tout autour de
la région viscérale.
Chez les Gastropodes endoparasites, le pseudopallium fonctionne
exclusivement comme chambre incubatrice, où les œufs subissent les
premiers stades de développement. La forme la plus modifiée par
l’endoparasitisme, l'£nteroxenos, est entièrement constituée par le
pseudopallium ; son organisation se réduit aux organes génitaux et à
la chambre incubatrice. La nutrition de l’Enteroxenos ne peut se
faire que par osmose à travers la paroi pseudopalléale. De semblables
échanges nutritifs à travers le pseudopallium doivent d’ailleurs se
produire chez le Gasterosiphon et les autres Endoparasites.
L'origine du pseudopallium des Eulimidées a été très discutée. Les
SARASIN avaient émis l'opinion que, chez les Stilifer, cetorgane était
un dérivé du velum larvaire. Dans une courte analyse du travail
des SarAsn faite en 1888 à la Société malacologique belge, PELSENEER
64 CLÉMENT VANEY.
fit remarquer, le premier, que cette hypothèse n'était pas admissible,
car il n’y à pas d'exemple de persistance du velum chez aucun
Mollusque et, si cet organe larvaire se maintenait, il devrait être tout
entier au dos de l’ouverture buccale alors que chez le Stilifer le
pseudopallium entoure la bouche de toutes parts. En se basant sur
les relations anatomiques et l'innervation de ce pseudopallium,
PELSENEER conclut que cet organe doit être considéré comme une
prolifération de la région céphalique antérieure. Presque en même
temps SCHIEMENZ (ISS9) émettait la même critique mais fft dériver
en partie le pseudopallium des S{ilifer du pseudopied des Thyca
(Fig. 59).
Le pseudopallium de la plupart des Eulimidées parasites
correspond à une formation exclusivement céphalique, dont
on observe l'accroissement progressif dans une étude comparée
d'Eulima, de Mucronali4, de Stilifer, et de (rasterosiphon.
Cependant chez Pelseneeria, le pseudopallium a une origine mixte,
sa portion antérieure provient d'un
repli frontal, tandis que les parties laté-
rales sont des expansions pédieuses.
Le peu de données fournies par
NiersrrAsZ sur le développement de
quelques Stilifer nous montrent que
le pseudopallium apparaît de très
bonne heure chez les embryons et
présente dès son début une grande
importance (ps, Fig. 51). On ne re-
trouve pas, lors de son accroissement,
Fic. 51. — Coupe de la larve de 4e semblables stades à ceux fournis
Stilifer sp., (d'après NIErs- , ,
ic par l'anatomie comparée.
La formation qui entoure complète-
ment le corps du Ctenosculum est de tout autre nature que le
pseudopallium des Eulimidées parasites. C’est une sorte de bouclier
céphalique qui a subi un accroissement considérable et dont la
disposition rappelle le manteau des Lamellibranches. À son intérieur
se trouve la glande génitale femelle. Cet organe tout en jouant un
rôle protecteur pour le parasite doit lui servir aussi pour des
échanges nutritifs avec son hôle.
L'ADAPTATION DES GASTROPODES AU PARASITISME. 69
RÉSUMÉ DES MODIFICATIONS ANATOMIQUES
DES GASTROPODES PARASITES.
Après ces études comparées des différents organes des Gastropodes parasites,
ilest intéressant de faire un résumé d'ensemble des modifications anatomiques
présentées par ces Mollusques afin de mieux saisir leurs relations avec le degré
de parasitisme.
Les Gastropodes les moins modifiés, avec leur tortillon spiralé recouvert d'une
coquille porcelanée, présentent encore tous les caractères externes des Strepto-
neures. Cependant les S#ilifer n'ont plus qu'une coquille mince et cornée
recouverte en partie par une nouvelle formation cutanée, le pseudopallium.
Le (asterosiphon ne possède plus de coquille, mais son tortillon viscéral est bien
développé et a encore plusieurs tours de spire. Les Gastropodes endoparasites
sont des Mollusques nus, vermiformes, complètement dépourvus de coquille.
Entocolax présente encore une masse viscérale saillante, mais non spiralée.
Cette saillie viscérale est très faible chez ÆEntoconcha et ne s'observe plus chez
Enteroxenos.
Le nouveau mode de fixation des Gastropodes parasites a eu pour conséquence
la réduction du pied. Si certaines formes comme les Pyramidellidées parasites et
Pelseneeria turtoni ont encore une sole pédieuse très développée pouvant
servir à la reptation ; d’autres espèces comme Æuwlima equestris et toutes les
Mucronalia ont un pied presque réduit à la région operculaire. Les Thyca, la
plupart des Stilifer et le Gasterosiphon n'ont plus que des ébauches pédieuses;
ces dernières font complètement défaut chez tous les Gastropodes endoparasites.
À part l’appareil génital, tous les organes internes de Gastropodes parasites
subissent eux aussi une régression. Tous les Gastropodes parasites, sauf le
Ctenosculum et l'Enteroxenos, ont une trompe plus ou moins développée ; leur
tube digestif toujours dépourvu de radula présente un développement plus ou
moins grand. Le Séilifer linchiæ possède encore une boucle intestinale s'ouvrant
par un anus dans la cavité palléale. Le Gasterosiphon n'a plus ni rectum, ni anus
son œsophage s'ouvre dans une volumineuse poche stomacale en en avec de
nombreux diverticules hépatiques. L'£ntocolax etl Enñtoconcha n'ont plus qu'un
simple tube digestif terminé en cœcum et localisé dans la trompe. Quant à
l'Enteroxenos, il ne possède ni trompe ni appareil digestif.
On retrouve un cœur et une branchie chez les Gastropodes ectoparasites, mais
le Gasterosiphon et les Gastropodes endoparasites ne présentent aucun de ces
organes ; leur respiration est essentiellement cutanée et les phénomènes d'osmose
sont facilités par suite du grand développement de lacunes sanguines.
Le système nerveux et les organes des sens subissent de grandes variations.
Les Gastropodes ectoparasites ont un système nerveux très condensé; la commis-
sure viscérale tordue, caractéristique des Streptoneures, n'a été observée que
chez quelques espèces ; le Gasterosiphon présente une légère détorsion, Certains
Gastropodes ectoparasites possèdent encore des yeux, des tentacules et des
otocystes, mais d’autres, sont privés d’yeux ou de tentacules et l'espèce la plus
modifiée, le Gasterosiphon ne présente plus que des otocystes. On n’a décrit
ni système nerveux ni organes des sens dans les Gastropodes endoparasites.
Les organes de reproduction seuls parmi les organes internes ne subissent pas
de régression. Tandis que, chez certains Gastropodes ectoparasites , nous
retrouvons des formes dioiques ayant parfois un dimorphisme sexuel bien marqué,
5)
66 CLÉMENT VANEY.
quelques ectoparasites (Pyramidellidées, Pelseneeria, Stilifer sp., Stilifer sibogæ)
ainsi que le Ctenosculum, le Gasterosiphon et les Endoparasites Entoconcha et
Enteroxenos sont hermaphrodites. Les Myzostomes et les Crustacés parasites
nous offrent des faits analogues. Le tableau précédent (voir p. 60) montre que,
parallèlement à un parasitisme de plus en plus accentué, il y a une séparation
de plus en plus profonde entre les parties mâle et femelle de ces formes herma-
phrodites.
Par une sorte de balancement organique en même temps que se produit la
régression de la plupart des organes viscéraux, on constate, chez certains
Gastropodes parasites, le développement d'organes bien particuliers, comme le
pseudopallium et le pseudopied. Le pseudopied est un disque de fixation, qui ne
se présente que chez les Thyca. I a parfois l'aspect d’une ventouse au centre
de laquelle la trompe buccale fait saillie. Le pseudopallium est une formation
bien particulière des Eulimidées parasites. Chez certaines espèces, il est simple-
ment ébauché sous la forme d'un bourrelet ou d’une collerette entourant la
trompe ; chez d’autres formes, cette formation prend un très grand développement
et enveloppe une grande partie de la masse viscérale ; enfin le pseudopallium
du Gasterosiphon constitue une sorte de cloche dont la base est reliée à la
trompe et dont le sommet est surmonté d'un siphon ; ce nouvel organe enveloppe
ainsi complètement le tortillon viscéral. Ce grand développement du pseudo-
pallium se retrouve chez tous les Gastropodes endoparasites où il limite une
cavité centrale, véritable chambre incubatrice dans laquelle les œufs fécondés
subissent les premiers stades de développement.
L'étude des Gastropodes endoparasites nous montre bien nettement la
régression des organes viscéraux et la prépondérance de plus en plus grande du
pseudopallium. En effet, l'£ntocolax est pourvu d’une trompe et a encore une
masse viscérale proéminente dans la cavité centrale ou cavité pseudopalléale.
L'Entoconcha à aussi une trompe dans laquelle est localisé un rudiment de tube
digestif; mais, dans la cavité centrale, on ne trouve plus qu’une faible saillie
viscérale. Enfin, l'Enteroxenos ne possède plus ni trompe, ni tube digestif, ni
masse viscérale ; son corps se réduit à un sac pseudopalléal.
La régression du tortillon viscéral a pour conséquence la migration des
organes génitaux dans les nouvelles formations pseudopalléales. Dans l’£nto-
concha, cette migration est limitée aux vésicules testiculaires qui sont localisées
vers l'ouverture du pseudopallium. Pour l'£nteroxenos, elle intéresse les
vésicules testiculaires et l'ovaire qui est logé sur le côté du sac pseudopalléal.
L'ovaire du Ctenosculum est aussi placé dans le bouclier pseudopalléal.
Les vésicules testiculaires d'Entoconcha et d'Enteroxenos ainsi que l'ovaire
de Crenosculum ne présentent aucun conduit évacuateur.
La régression de plus en plus grande du tube digestif des Entoconchidées
est en relation avec le degré de l’endoparasitisme. Toutes ces espèces, qui vivent
à l’intérieur de leur hôte dans un milieu nutritif tout élaboré, ont une fonction
digestive de plus en plus réduite et leur nutrition a lieu surtout par endosmose
à travers les parois du corps. Les Æntocolax puisent encore leur nourriture
dans la cavité générale de leur hôte, mais leur tube digestif est rudimentaire et
se termine en cœcum. L'intestin de l'Æ. ludavoigii présente une différenciation en
œsophage et intestin hépatique; ce dernier existe seul chez l'Æ. schiemensti.
Un semblable intestin hépatique se retrouve chez l'Entoconcha, mais comme la
bouche vient s'ouvrir à l'intérieur d'un vaisseau sanguin de la Synapte, le courant
circulatoire provoque le renouvellement du milieu nutritif dans l'intestin du
L'ADAPTATION DES GASTROPODES AU PARASITISME. 67
parasite. Enfin l'Enteroxenos ne présente plus de tube digestif; il est réduit à
un sac pseudopalléal enkysté dans une tunique péritonéale dérivée de lhôte ;
c'est donc uniquement par endosmose à travers sa paroi pseudopalléale que le
parasite peut se nourrir.
La nouvelle formation pseudopalléale présente chez les Gastropodes parasites
toute une série d'adaptation. Chez les Eulimidées ectoparasites, le pseudopallium
apparaît comme une collerette protectrice, qui permet au parasite de conserver
des relations avec l'extérieur malgré son enfoncement progressif dans les
téguments de l’hôte.æDéjà chez le Megadenus mâle et chez le Gasterosiphon,
le pseudopallium sert aussi à limiter une cavité incubatrice où les œufs sont
déposés. Chez les Gastropodes endoparasites, cette formation pseudopalléale va
devenir prépondérante et servir presque uniquement de chambre incubatrice.
A la suite de la disparition des organes viscéraux et du développement du
pseudopallium, la forme de Gastropode parasite la plus dégradée, l'Enteroxenos,
ne présente plus aucun vestige de l’organisation primitive d'un Gastropode et
son corps est réduit à un sac pseudopalléal. A l’aide de l'anatomie comparée des
autres Gastropodes parasites et surtout du Gasterosiphon, on peut se rendre
compte exactement de l'organisation de ce curieux Ænteroæenos, qui a plutôt les
allures d’un Ver que d’un Mollusque.
L'examen des formes de Gastropodes parasites les plus dégradées, nous
montre que l’adaptation au parasitisme a amené toute une série de modifications
dans l’organisation primitive du Mollusque dont les plus importantes sont:
1° la régression de la plupart des organes viscéraux ;
2 le développement d'un organe spécial, le pseudopallium, qui sert d'organe
protecteur et qui limite une cavité d'incubation ;
3 l'acquisition de l'hermaphroditisme ;
4° la localisation de plus en plus grande des glandes génitales dans le pseudo-
pallium.
Certaines de ces modifications s’observent déjà, mais à un degré plus faible,
chez quelques Eulimidées parasites. Nous retrouvons la plupart de ces caractères
chez le Ctenosculum ; mais ici le pseudopallium, qui enveloppe tout le corps
proprement dit, est constitué par l'extension d'un bouclier céphalique dorsal.
Ce parasite, prenant encore sa nourriture à l'extérieur, présente un tube digestif
pourvu d’une radula réduite à une dent unique.
Parmi les Gastropodes ectoparasites, les Thyca sont bien particulières avec
leur nouvel organe de fixation, le pseudopied ou disque de fixation.
Quelques Eulimidées ectoparasites sont hermaphrodites et possèdent un
systèm nerveux très condensé. De semblables caractères se retrouvent aussi
chez des formes libres de Gastropodes, les Euthyneures, que l’on considère
maintenant comme dérivés des Streptoneures. Certains Euthyneures possèdent
même des expansions pédieuses spéciales qui recouvrent en partie une masse
viscérale plus ou moins atrophiée. Il y a là des phénomènes de convergence qu'il
serait peut-être intéressant d'étudier plus longuement.
.
MT
Les figures schématiques, de 52 à 58, vont nous permettre de résumer les
principales modifications anatomiques observées dans la série des Eulimidées
et des Entoconchidées.
68 GLÉMENT VANEY.
FrG. 52. — Eulima equestris.
FiG. 54. — Stilifer linchicæ. Le
FiG. 55. — Gasterosiphon dermatrs.
L'ADAPTATION DES GASTROPODES AU PARASITISME. 69
La Fig. 52 représente l'Ewlima equestris, qui a toute l’organisation d’un
Streptoneure normal, mais dont la trompe (fr) est très allongée. Déjà une
ébauche de pseudopallium (ps) apparaît au point où la trompe émerge du corps
i: ps
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FiG. 57. — FrG. 58. —
Fc, 56. — Entocolax. Entoconcha, Enteroxenos.
de l'hôte. Cette ébauche pseudopalléale (ps) prend la forme d’un entonnoir chez
la Mucronalia palmipedis (Fig. 53) ; cette espèce a des tentacules (/f) mais pas
d’yeux, son pied est réduit à la région supportant l’operceule (op). Le Stlhifer
linchiæ (Fig. 54) n'a plus que des ébauches pédieuses (p) mais le pseudo-
pallium (ps) enveloppe tout le corps, qui est entièrement enfoncé dans les
téguments de l'hôte ({A).
Le Gasterosiphon (Fig. 55) est complètement enfermé dans la cavité générale
de l'hôte ; il est fixé par sa trompe (fr) au vaisseau marginal (xA) de l'intestin
de l'hôte; son corps est complètement enfermé dans un pseudopallium (ps)
dont la cavité communique avec l'extérieur par le canal du siphon (s). Le
tortillon viscéral possède quelques tours de spire ; il renferme une vaste poche
stomacale à laquelle aboutit l'œsophage (æs) et dont le pourtour présente de
nombreux diverticules hépatiques. Au sommet du tortillon se trouve l'ovaire (0)
qui est pourvu d'un oviducte (cg) ; le dernier tour de spire renferme le testicule
(£) et son court spermiducte.
L'Entocolax (Fig. 56) est lui aussi plongé dans la cavité générale de son hôte,
Il est fixé aux téguments par le siphon (s) de sa vésicule pseudopalléale (ps).
Dans la cavité centrale, on observe une masse irrégulière, correspondant au
reste du tortillon viscéral, et à l'intérieur de laquelle se trouve l'ovaire (ot),
70 CLÉMENT VANEY.
l'oviducte (od) et l'utérus. Le tube digestif terminé en cœcum est logé dans la
trompe ; il se différencie en un œsophage (æs) et un intestin hépatique (#4).
L'Entoconcha (Fig. 57) est fixé par sa région buccale dans le vaisseau ventral
(«h) ‘de l'intestin de son hôte. La trompe renferme un intestin hépatique (14),
terminé en cœcum. Dans le sac pseudopalléal (ps) fait saillie l'ovaire (oc)
et l’oviducte (od) qui constituent le seul vestige du tortillon viscéral. Les
vésicules testiculaires (?) sont localisées dans le pseudopallium à la base du
siphon (s).
Enfin l’'Enteroxæenos (Fig. 58) reste enveloppé dans une tunique péritonéale (en)
del’hôte. Il est réduit à un sac pseudopalléal (ps) ; la trompe et letortillon viscéral
ont complètement disparu. Les vésicules testiculaires (), l'ovaire (ov) et son
oviducte (od) sont logés dans le pseudopallium.
On assiste ainsi aux modifications progressives que subit l’organisation d’un
Streptoneure pour arriver finalement à des formes très dégradées à apparence
vermiforme. f’examen de cette série morphologique nous permet de suivre
les phases de l’évolution régressive due à un parasitisme de plus en plus
accentué. Il nous fournit l’une des plus belles démonstrations de dégra-
dation parasitaire où l’on passe progressivement d'un ectoparasitisme faible à
un endoparasitisme très accentué.
III. — PHYLOGÉNIE
DES GASTROPODES PARASITES.
1. Origine des Gastropodes ectoparasites. — Les Gastro-
podes ectoparasites se rapprochant le plus des formes libres peuvent
nous fournir de précieuses indications sur l’origine de ces Mollusques
b- b
FiG. 59. — Quatre stades hypothétiques intermédiaires entre Thyca, Sthilifer et
Entocolax (d'après ScHIEMENZ).
parasites. Leur anatomie comparée nous permet de déduire que
ce sont des Séreploneures adaplés secondairement à la vie
parasilaire.
L'ADAPTATION DES GASTROPODES AU PARASITISME. 71
À l’aide de quelques formes hypothétiques (Fig. 59), ScH1EMExz
(1889) faisait dériver des Thyca les endoparasites Æntocolax et
Entoconcha ; dans cette descendance, il comprenait aussi les
Stilifer et, de ce fait, 1l considérait tous les Gastropodes parasites
comme issus d’une souche commune. Pour établir cette série unique
SCHIEMENZ admettait que le pseudopallium provenait en partie du
pseudopied des Thyca. Mais en se basant sur le développement
du pseudopallium, KÜKENTHAL (1897) ne comprend dans un même
phylum que les formes Æatina, Mucronalia ecburnea, Mucronalia
sp., Stilifer celebensis et Stilifer linchiæ. Kœurer et VaxEY (1903)
prolongent cette série à l’aide du Gasterosiphon deinatis, qui
fournit un terme réel de transition entre les Gastropodes ectopara-
sites et les Gastropodes endoparasites.
Les découvertes récentes ont bien augmenté le nombre de genres
connus de (rastropodes ectoparasites. Ceux-ci se répartissent main:
tenant dans les quatre groupements suivants, qui paraissent avoir
chacun une origine distincte :
1° les Capulidées avec le genre T'hyca ;
2° les Pyramidellidées avec les genres Odostornia et Angustispira;
3° les Eulimidées avec les genres Æwlina, Pelseneeria, Mega-
denus, Mucronalia, Stilifer et Gasterosiphon ;
4° les Aspidobranches (?) avec le genre Ctenosculum.
RosEx (1910) considère que les Pelseneeria d'une part et d'autre
part les Stiliféridées, avec les genres Mucronalia, Stilifer, Mega-
denus et Gasterosiphon, ont une origine distincte et ne se rattachent
pas aux Eulimidées. Nous avons exposé plus haut les raisons, qui
ne nous permettent pas de nous ranger à cette opinion. Mais, quel
que soit le nombre des souches primitives admises, il est certain
que les Gastropodes ectoparasiles ont une origine polyphylétique.
Les formes les plus monbreuses sont celles qui se rattachent aux
Eulimidées. Leur ensemble ne constitue pas une série linéaire
continue, comme semblerait le faire admettre l'étude comparée
basée parfois sur un seul organe. La démonstration des modifications
progressive dues à un parasitisme de plus en plus accentué ne peut
se faire que par la comparaison de quelques espèces d'Evlima, de
Mueronalia et de Stilifer. Ces formes, quoique parentes, ne dérivent
pas directement les unes des autres; elles représentent simplement
des stades d'adaptation progressive au parasitisme. KÜKENTHAL,
72 CLÉMENT VANEY.
Nrersrrasz, KœuLer et VAxEY ont indiqué des termes de transition
entre ces différents genres. Dans la discussion de la place qu'on doit
attribuer au genre Pelseneeria dans la famille des Eulimidées,
KœuLer et VANEY (1912) montrent que ce nouveau genre ne peut pas
s'intercaler dans la série Mucronalia, Stilifer et Gasterosiphon. En
effet, il n‘y a pas concordance parfaite dans les modifications présen-
tées par ses différents organes et celles que l’on observe dans les trois
types précédents. Pour certains organes, le genre Pelseneeria offre
des modifications aussi importantes que le genre (rasterosiphon, alors
que pour d'autres il se rapproche des Wucronalia. Ta présence d'un
mentum et d’une glande suprapédieuse confirme que son évolution
est indépendante de celles des Mucronalia, Stilifer et Gastero-
siphon. Le genre Pelseneeria occupe donc une He: à part dans
la famille des Eulimidées.
Ainsi dans une même famille, celle des Eulimidées, les genres
exclusivement parasites ne peuvent pas se grouper en une même série
linéaire. Il en est de même pour les espèces d’un même genre, c’est
ce que nous avons signalé, pour les genres Thyca, Mucronalia et
Stilifer. Ceci montre que l'adaptation au parasitisme s’est effectuée
de façons très variées. Quoique le domaine Indo-pacifique ait fourni
un assez grand nombre de (rastropodes parasites, les comparaisons
que nous faisons sont souvent établies sur quelques exemplaires
provenant de régions géographiques parfois très éloignées les unes
des autres. De nouvelles recherches viendront sûrement compléter
ces données et substituer parfois de nouveaux types aux formes
intermédiaires précédemment établies.
2. Origine des Gastropodes endoparasites. — 1° d'après
l'anatomie comparée. — L'anatomie comparée des (Gastropodes
parasites nous a permis de passer progressivement des Streptoneures
typiques, comme les Æulira, à des espèces vermiformes, comme
l'Entocolax, \Y Entoconcha et VEnteroxenos, profondément modi-
fiées par l’endoparasitisme.
Cette transition se fait insensiblement à l’aide de termes de passage
tels que Mucronalia, Stilifer et Gasterosiphon, qui appartiennent
tous à la famille des Eulimidées.
M'° BoxNEvIE (1902) avait déjà bien indiqué la série continue que
forment les trois genres d'Entoconchidées : Entocolax, Entoconcha
et Enteroxenos.
L'ADAPTATION DES GASTROPODES AU PARASITISME. 73
L'ensemble de ces Eulimidées et des Entoconchidées parait ainsi
constituer une suite continue qui montre nettement que les Gastro-
podes endoparasiles ne sont que des Prosobranches profondément
dégradés. Comme ces Endoparasites ne possèdent ni tortllon
viscéral, ni système nerveux, leur simple étude anatomique n'aurait
pas permis de faire un tel rapprochement. L'anatomie comparée basée
sur l'étude des Gastropodes ectoparasites a donc servi à établir la
phylogénie des (rastropodes endoparasites.
20 d'après l'embryologie. — L'embryologie vient-elle confirmer
cette phylogénie et montrer aussi que les Gastropodes endoparasites
ne sont que des Streptoneures dégradés par le parasitisme ? PELSENEER
(1911) fait justement remarquer que « l’embryologie, comparée
> à l'anatomie comparée, a surtout une valeur prohibitive plutôt
> qu'édificatrice, en ce sens qu'elle a surtout pour résultat d’inter-
> dire les spéculations dans certaines directions ».
Trouve-t-on ici dans les données embryologiques une confirmation
des résultats tirés de l’anatomie comparée ?
Après les belles recherches de M1 BoxxeviE (1912), le dévelop-
pement de l'œuf de l’'Enteroxenos est très bien connu. Joh. MüÜLLER
(1852) et Baur (1864) ont fourni d'importantes contributions sur le
développement de l'Æntoconcha et Vorar (1888) à indiqué. quelques
stades de segmentation de l'œuf de l'Æntocolax. Le début de la
division de l'œuf de tous ces Gastropodes endoparasites rappelle
celui observé chez les Gastropodes libres avec la formation succes-
sive de trois quartettes de micromères dérivés des macromères.
AN 0
d OP ot 6
Fr@. 60. — Larve d'Entoconcha avec Fi@. 61. — Coupe optique longitudi-
sa coquille, vue de côté (d'après nale dans la larve d'Entoconcha
BauR). (d’après Baur).
Mais c'est surtout l'étude des stades larvaires qui est intéressante ;
elle a déjà permis à Baur de rattacher l’Æntoconcha aux Gastro-
74 GLÉMENT VANEY.
podes. Pour établir ce rapprochement l'examen des larves de ces
formes endoparasites est d’ailleurs très convaincant.
L'embryon vivant d'Entoconcha (Fig. 60), encore entouré d’une
coque, est de très petite taille. Il peut se rétracter entièrement
dans une coquille calcaire, tordue en spirale régulière et dont
l'ouverture peut être fermée par un mince opercule discoïdal (0p).
Cette coquille est mince et fragile ; sa surface externe est lisse et sa
spire dextre est composée d’un tour et demi; le demi tour interne
est peu saillant et se termine en arrondi, tandis que le tour externe
est relativement large. La larve épanouie présente : une région
postérieure qui, bien que logée dans les tours de spire de la coquille,
est visible par suite de la transparence de l'enveloppe, et une partie
antérieure saillante lui permettant d’avoir des mouvements de
reptation. La région saillante est symétrique ; elle est recouverte
d'un fort revêtement cilié, la partie dorsale est semi-cylindrique et
porte vers le milieu deux petits prolongements arrondis faiblement
pédoneulés. Elle se termine, en avant, par un repli cutané ou lobe
frontal (we) correspondant à un velum dont le bord antérieur est
muni de soies divergentes, rigides et immobiles. La partie ventrale
est aplatie et une constriction transversale la découpe en deux lobes
arrondis de même grandeur et placés l’un derrière l’autre ; le lobe
postérieur supporte l'opercule.
La bouche (b, Fig. 61) est une simple ouverture arrondie, située
en avant, dans une constriction transversale placée entre le lobe
frontal et le lobe pédieux antérieur. A cette bouche fait suite un
court intestin (2) terminé en cœcum. De chaque côté de l'invagimation
intestinale se place, sur le côté inférieur, un otocyste (o{) avec un
otolithe arrondi. Entre les deux lobes du pied et sur le milieu de
la surface pédieuse, se trouve une petite papille portant, à son
sommet, l'ouverture très fine d’un canal (4), qui s'enfonce dans le
corps et doit probablement correspondre à une glande pédieuse.
Une deuxième invagination sacciforme (s) est placée dans le lobe
pédieux antérieur et vient se loger sous l'intestin; elle peut se
dévaginer par une ouverture située à l'extrémité antérieure du corps
sous la bouche et former un lobe proéminent, arrondi et vésiculeux.
Quel est rôle de cet organe ? Sert-il à la fixation de la larve ?
La portion du corps larvaire, qui se maintient constamment dans
la coquille, constitue une masse granuleuse (v) contenant en grande
partie un pigment rouge-orange. Entre la partie saillante du corps
L'ADAPTATION DES GASTROPODES AU PARASITISME. 79
et celle qui se trouve enfermée dans la coquille, la paroi dorsale de
la larve forme une duplicature, qui disparaît entièrement lorsque
l'animal est complétement étalé. Chez l’animal plus ou moins
rétracté, cette duplicature forme un sac largement ouvert vers
l'extérieur. Cette partie de la surface du corps se présente avec iles
cils vibratiles disposés en rangées transversales ; elle est considérée
par BAUR comme une région respiratoire.
La larve d'Enteroxenos (Fig. 62) est très semblable à celle
d'Entoconcha, mais
sa coquille est enrou-
lée dans un plan et
présente une symétrie
bilatérale bien nette.
Dans les deux larves,
les formations du pied
et du velum sont les
mêmes ;mais,chez Æn-
teroxæenos, il n'existe
pas de soies raides sur
le velum et le pied n’a
FiG. 02. — Coupe médiane et longitudinale d'une d alé
larve d'Enteroxenos rétractée dans sa coquille, pas a appendice cC =
(d'après Mie BONNEVIE). Dans ces deux larves,
le pied est replié trans-
versalement par le milieu et il se compose de deux lobes ; au centre
de l’inflexion, se trouve une sorte de papille avec une ouverture
dans laquelle on peut observer un mouvement cilié. Chez Ente-
roæenos, cette ouverture conduit dans une formation glandulaire
et il est très probable qu'il en est de même chez Æntoconcha.
L'examen de l’anatomie de la larve d'Ænteroxenos ne peut se faire
que sur des coupes. L'intestin antérieur (#4) est constitué par une
invagination ectodermique en cœcum s'étendant contre la masse
vitelline des macroméres (+) : ceux-ci donneront un intestin endo-
dermique (3%). Quant à l'ébauche de l'anus, elle apparaît comme
une invagination (4) située dans la profondeur de la cavité palléale.
Cette larve d'Enteroxenos possède deux glandes de même structure.
Une grosse glande (Gp) est placée tout à fait derrière la bouche ;
elle s'ouvre primitivement à la surface externe du corps; mais
lorsque la larve se rétractera dans sa coquille, cette partie de
l’ectoderme placée autour de la bouche s’invaginera et la glande
76 CLÉMENT VANEY.
viendra s'ouvrir dans un atrium buccal. Une ébauche glandulaire
(gp), plus petite, se trouve dans la région postérieure du pied ; elle
s'ouvre dans une dépression située au milieu du pied. Ces glandes
paraissent jouer un rôle important lors de la pénétration du parasite
dans l'hôte : elles ne se retrouvent plus chez les adultes. On pourrait
peut-être les homologuer aux glandes pédieuses décrites chez la
Thyca stellasteris et chez quelques Eulimidées ectoparasites. La
larve d'Enteroxenos, comme celle d’'Entoconcha, possède une
paire d’otocystes à otolithe unique, situés de chaque côté de la
base du pied.
Ainsi les deux Mollusques endoparasites, Entoconcha et Ente-
roxenos, dont le corps vermiforme ne rappelle en rien celui d’un
Gastropode, donnent naissance à des larves véligères qui ont tous
les caractères de celles de Prosobranches libres. Ces larves sont
pourvues d’une coquille spiralée recouvrant un tortillon viscéral
bien net, d'organes locomoteurs (velum et pied), d'organes sensoriels
et d’un tube digestif. Les données erbryologiques nous amènent
donc à considérer les (Grastropodes endoparasiles comme des
Streploneures profondément dégrades et viennent corroborer les
conclusions tirées de l’anatomie comparée.
C’est là un nouvel argument fourni par les Gastropodes en faveur
du principe de Serres et de Fritz MÜLLER, qui vient s'ajouter à ceux
déjà énoncés par PELSENEER (1911). Comme ce savant le dit très
justement «il ne faut voir dans la loi de récapitulation qu’une simple
> formule générale susceptible de vérifications plus où moins nom-
> breuses. Elle montre, en effet, dans bien des cas, des vestiges
> importants et apporte des indications précieuses; mais vouloir
> l'appliquer sans réserves, d’une façon constante, peut entrainer à de
> graves erreurs, Car elle peut ne pas donner toujours une image
> nécessairement exacte ».
C'est ce que nous démontre la suite du développement des (Gas-
tropodes endoparasites. Leurs larves véligères, identiques à celles
des Prosobranches libres, ne vont pas fournir ultérieurement toute
une série de stades correspondant à ceux fournis par l'anatomie
comparée et dans lesquels on assisterait à la régression progressive
des organes viscéraux et au développement de plus en plus grand du
pseudopallium. Mais il faut observer aussi que les conditions de vie
ne restent pas les mêmes. Le stade véligère peut devenir libre et
servir à la dissémination de l'espèce ; c'est sous cette forme que se
L'ADAPTATION DES GASTROPODES AU PARASITISME. 977
fera la pénétration jdans un nouvel hôte. À partir de son entrée dans
ce nouvel hôte, la larve va se transformer en un parasile interne.
Cette nouvelle adaptation a eu un retentissement profond sur Île
développement ultérieur.
Dans l'embryologie des Gastropodes endoparasites, il est néces-
saire de tenir compte de deux sortes de caractères : les caractères
héréditaires et les caractères d'adaptation à l’endoparasitisme. Les
premiers s’observent très nettement dès le début du développement
de l’œufet surtout dans la larve véligère ; les seconds deviennent
prépondérants dans les stades ultérieurs.
IV. — MODES DE PÉNÉTRATION DES
GASTROPODES PARASITES DANS
LEURS HOTES.
Les Gastropodes nettement ectoparasites, après fixation à la surface
externe des téguments de leur hôte, s'y enfoncent plus ou moins
profondément. Le mode de fixation et l'importance de la pénétration
présentent de nombreuses variations.
Les Thyca sont fixées à l’aide de leur pseudopied ou disque de
fixation qui s'introduit dans le tissu dermique après destruction de
l’épiderme (Fig. 9).
Les Eulimidées (Fig. 52) et les Pyramidellidées parasites enfon-
cent leur trompe plus ou moins profondément dans les tissus de
leurs hôtes. Chez les Pelseneeria, que nous avons étudiées, l’extré-
mité inférieure de la trompe massive pénètre légèrement dans le
üssu conjonctif chargé de pièces calcaires et son pourtour se trouve
encastré entre les bords relevés de l’épiderme de l'Oursin (ép, Fig. 19).
Avec la série des espèces de Maucronalia (Fig. 53) et de Stilifer
(Fig. 54), on assiste à l'enfoncement progressif du parasite dans les
tissus de l’hôte qui vont constituer, autour du pseudopallium de plus
en plus développé, une sorte de tumeur au sommet de laquelle émerge
encore l’apex de la coquille.
Il est très probable que le Gasterosiphon a pénétré de même par
la voie tégumentaire ; ici toute la masse viscérale du parasite est
plongée dans la cavité générale de l'hôte; l'extrémité de la trompe
s’est fixée dans le vaisseau marginal de l'intestin (Fig. 55) ; quant au
pseudopallium, il a pris un très grand développement, il recouvre
78 CLÉMENT VANEY.
complètement le tortillon viscéral ; la cavité qu'il délimite reste en
relation avec l'extérieur au moyen d’un siphon. Il en est de même
des Zntocolax dont tout le corps est suspendu dans la cavité géné-
rale de l'hôte et reste relié aux téguments de l’Holothurie par un
bouton de fixation (Fig. 56). Ce dernier organe doit être homologué
au siphon du Gasterosiphon car, chez l'Entocolax schiemenzii, il
peut être encore en relation avec l'extérieur, mais son ouverture
tend à s’oblitérer ; chez l'£. Ludivigii la communication avec l’exté-
rieur est interrompue et le bouton de fixation est placé dans la partie
profonde des téguments de l'hôte.
Ainsi pour tous les Gastropodes ectoparasiles, pour le Gastero-
siphon et pour l’endoparasite Entocolax, la pénétration a lieu par
la voie cutanée ou tégumentaire.
Cette pénétration est si profonde pour le Gasterosiphon et V'Ento-
colax que toute leur masse viscérale est plongée dans la cavité géné-
rale de l'hôte et n’est plus reliée aux téguments que par un siphon
pseudopalléal (s) dont l'ouverture peut parfois s’oblitérer.
À quel moment du développement du parasite s’est effectuée la
fixation, puis la pénétration dans l'hôte? Les Pelseneeria ont leur
ponte agglutinée disposée entre les piquants de l’Oursin; les œufs
vont subir là tout leur développement. Les individus adultes, d’ail-
leurs comme ceux de Thyca, peuvent se déplacer et se fixer en
différents points d’un même hôte. Les formes profondément inva-
ginées comme le Gasterosiphon et l'Entocolax une fois fixées ne
peuvent plus se déplacer et il est très probable que leur pénétration
dans l'hôte a dû se faire immédiatement après la fixation de leur
larve libre sur les téguments de l'hôte.
Entraîné par les analogies existant entre les Gastropodes ectopa-
rasites et les Gastropodes endoparasites, SCHIEMENZ (1889) admit que
l'Entoconcha devait pénétrer comme l’Entocolax à travers les tégu-
ments de la Synapte au moment où celle-ci, ayant terminé sa méta-
morphose, se disposait sur les fonds sableux de la mer. Son opinion
était basée sur la découverte par J. MüLLeRr (1852) d’une Synapte
renfermant trois Entoconcha. Deux de ces parasites avaient le corps
tendu entre la portion antérieure du tube digestif et la paroi du corps
de l'hôte; l’une des extrémités était fixée à l'intestin, tandis que
l’autre s’enfonçait dans les téguments céphaliques. Le troisième
parasite était seulement implanté dans les téguments de la région
céphalique de la Synapte. Comme ce troisième individu était de plus
L'ADAPTATION DES GASTROPODES AU PARASITISME. 79
petite taille que les autres, SCHIEMENZ pensa que la fixation tégu-
mentaire était primordiale et qu’il y avait une grande analogie avec
ce que l’on observait chez Æntocolaxæ. Or, BAUR (1864) considère
cette fixation céphalique ou tégumentaire d'Entoconcha comme tout
à fait exceptionnelle: ces parasites sont généralement implantés
dans une région déterminée du tube digestif.
Une semblable localisation des parasites sur une région déterminée
de l'intestin de l'hôte se retrouve pour
l’'Enteroxenos. Me BoNNEVIE (1914)
observe que les divers exemplaires de
cet endoparasite sont presque toujours
fixés vers la région la plus antérieure
du tube digestif de l'Holothurie ; pour-
tant on en trouve parfois qui sont fixés
vers les ouvertures génitale et cloa-
cale. Les stades les plus jeunes d'Znte-
roxenos (p, Fig. 63) sont inclus dans
la paroi intestinale et sont situés sous
l'épithélium intestinal (ep) et non vers
En es one diode l'endothélium (en) de la cavité géné-
Maercrencs noie din n Lale. Cénest quetplus rd;au/cours
la paroi intestinale d'un S#- de leur évolution, qu'ils viennent faire
nn (après Ge plus en plus saillie dans la cavité
générale. Cette disposition des plus
jeunes stades ne permet pas d'admettre l’auto-infection à travers la
cavité générale de l'hôte. La localisation des parasites vers les
ouvertures intestinales et génitales prouve que les larves d'Ente-
roæenos, arrivant du dehors, ont pénétré dans un nouvel hôte
par ces ouvertures et plus spécialement par la bouche et la voie
digestive.
Il est très probable que pour cette espèce profondément dégradée
par l’endoparasitisme l'infection se fait de la façon suivante:
les Enteroxenos adultes réduits à de véritables sacs remplis de
larves sont rejetés hors de leur hôle au moment où celui-ci expulse
la majeure partie de ses viscères ; leurs téguments vont éclater ou se
désagréger et les larves devenues libres vont se répandre alors à
l'extérieur ; elles pourront ensuite infester un nouveau S/ichopus
en pénétrant généralement par l'ouverture buccale, parfois aussi
_par les ouvertures cloacale et génitale. La larve véligère doit subir
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80 CLÉMENT VANEY.
une métamorphose à l’intérieur de son hôte. Peu de temps après leur
pénétration à travers l’épithélium intestinal, les parasites très jeunes
produisent à peine un petit épaississement de l'intestin, aussi doivent-
ils être recherchés dans les coupes transversales du tube digestif du
Stichopus. On les observe souvent par groupes de cinq ou six ; tous
les individus d’un même groupe sont à peu près au même stade et
à leur voisinage l’épithélium intestinal est plus ou moins désagrégé.
Ce groupement des parasites semble indiquer que les larves péné-
trent en étant encore assemblées comme dans la ponte.
Il est très probable que le mode de pénétration de l'£ntoconcha
doit être le même que celui que nous venons de décrire pour
l’'Enteroxenos. BAUR pense qu’il existe une relation entre la taille
de la Synapte et celle de l'Entoconcha, car les plus gros parasites se
trouvent dans les Synaptes de grande taille. Il émet l'hypothèse que
l'hôte et le parasite évoluent simultanément et que la pénétration
doit se faire chez de jeunes Synaptes.
Il semble donc probable que l'£Entoconcha et T'Enteroxenos
pénètrent dans leur hôte généralement par la voie intesti-
nale.
De telle sorte que les Gastropodes endoparasites présentent deux
modes de pénétration : l'Æntocolax pénètre par la voie cutanée ou
tégumentaire, tandis que l'Enteroxenos et l'Entoconcha infestent
leurs hôtes généralement par la voie intestinale.
On retrouve ces deux modes de pénétration chez les larves de
Diptères parasites. Aïnsi la plupart des larves de Tachinaires
pénètrent dans leur hôte par la voie cutanée, mais celles d’une
Tachinaire du ver à soie, Crossocosmia (Ugimyia) sericari®,
passent à travers l'intestin de la chenille. Comme nous avons pu le
vérifier [ VANEY (1911)], cette pénétration par la voie digestive
s’observe aussi chez l'Hypoderme du bœuf.
Mie BonNeviE a pu suivre le développement postembryonnaire
d'Enteroxenos. Les stades les plus jeunes de cet endoparasite sont
sphériques et inclus dans la paroi intestinale du Sfichopus. Ts sont
constitués par deux couches cellulaires concentriques séparées l’une
de l’autre par un grand espace renfermant quelques cellules dissé-
minées. La couche externe représente la couche épithéliale du
tégument, la couche interne limite la cavité centrale et le canal cilié.
Cette cavité interne est d’abord très petite mais elle va s’accroître au
cours du développement. Ainsi à une larve véligère libre, à organi-
L'ADAPTATION DES GASTROPODES AU PARASITISME. sl
sation assez complexe, fait suite un stade larvaire endoparasite à
structure bien plus simple. Des faits de même ordre se retrouvent
chez les Rhizocéphales et chez les Monstrillides.
A un stade plus avancé, l'£nteroxenos fait saillie hors de la paroi
intestinale sous la forme d'un appendice de 0,5 mm. de longueur.
La plus grande partie de la cavité interne n’est pas différenciée,
cependant à l'extrémité opposée à la lumière intestinale de l'hôte
on observe un petit canal à extrémité aveugle qui est l’'ébauche
du canal cilé. Le parasite est enveloppé par l’endothélium de
l'intestin de l'Holothurie doublé par une mince couche de tissu
conjonctif.
Quand le parasite atteint 1 mm., son canal cilié est bien développé
mais est disposé excentriquement. L’ovaire et l’oviducte sont déjà
formés. Une ébauche de testicule apparaît chez un individu de
1 mm. 5. Un ÆEnteroxenos de 3 mm. a déjà l’ébauche de tous ses
organes et son canal cilié vient s'ouvrir à l'extérieur.
Ce développement est très condensé et ne permet pas de se rendre
compte de l’origine de la cavité centrale et du canal cilié par rapport
aux organes de la larve véligère. Il ne fournit aucune donnée sur
les affinités entre l'£nteroxenos et les autres Gastropodes parasites.
Cette dégradation de l'organisme primitif de Gastropode, que l’on
observe même chez des stades très jeunes d'Enteroxenos, est en
relation avec un endoparasitisme très accentué et est analogue à ce
que l’on trouve chez d’autres parasites.
V. — ACTION DES GASTROPODES PARASITES
SUR LEURS HOTES.
Le retentissement des Gastropodes parasites sur l’organisation de
leur hôte est une question qui a peu retenu l’attention des obser-
vateurs. Cependant dans certains cas cette action est bien marquée.
Ainsi le Ctenosculuin et beaucoup de Stilifer produisent de véritables
galles animales ou z00thylacies sur les Echinodermes qu'ils para-
sitent. Il semble qu'il y ait eu là prolifération des tissus autour du
parasite à mesure que celui-ci s’enfonçait dans les téguments de
l'hôte. C’est aussi par une réaction analogue de l'hôte que se forme
l'enveloppe péritonéale qui entoure complètement le corps de
l'Enteroxenos. D'après Niersrrasz le Stilifer sp? refoule devant
6
82 CLÉMENT VANEY.
sa trompe les téguments de l’Aspidodiadema qu'il parasite. En face
de son ouverture buccale, l’épithélium de l'hôte se plisse fortement,
parait proliférer et donner des amas de cellules épithéliales disposées
sur un péritoine intact.
KœxHLER et VAXEY ont signalé toute une série de modifications dues
à l’action de Gastropodes parasites sur leur hôte. Thyca stellasteris
etles Pelseneeria décrites par eux détruisent simplement l’épithélium
externe de leur hôte et
enfoncent leur pseudo-
pied ou leur trompe plus
ou moins profondément
dans le tissu dermique
(Fig. 9 et 19). Des restes
de l'épiderme détruit
viennent s'appliquer con-
tre le pourtour de ces
organes. Les Deima bla-
Rei parasités par le Gas-
terosiphon présentent de
nombreuses brides mé- FiG. 64 — Æulima equestris fixée sur un
Stellaster et logée dans une dépression
Ari ste e $ ë
sentériques tendues entre résultant de l’atrophie des plaques margi-
la trompe du Gastropode nales correspondantes.
et la face interne de
leurs téguments. Mais les modifications les plus démonstratives
sont celles que l’on observe sur les plaques marginales de certains
Slellaster. equestris parasités par l'Eulima equestris. Une de ces
Étoiles de mer présentait sur le rebord des plaques marginales une
dépression assez profonde pour que lÆulima puisse s’y enfoncer
jusqu’au niveau du dernier tour de spire (Fig. 64).
Sur la face ventrale d’un autre Sfellaster étaient fixées deux
Eulimna (Fig. 65). Au voisinage de l'insertion d’un premier parasite
deux plaques marginales ventrales font défaut, et un peu plus loin,
se montre le deuxième parasite, qui a déterminé la disparition à la
fois des plaques marginales dorsale et ventrale.
Comme toutes ces modifications n'existent qu'au voisinage du
parasite, on peut être autorisé à les lui attribuer. Il est très probable
que les Eulirna ont dù se fixer de très bonne heure sur leur hôte et
bien avant que les plaques marginales aient atteint leur taille défini-
tive: la présence du parasite a ainsi empêché le développement
€
L'ADAPTATION DES GASTROPODES AU PARASITISME. 83
normal de ces pièces calcaires. On ne peut guère expliquer que de
cette façon l’absence de quelques plaques marginales vers l’inser-
FiG. 65. — Deux Eulima equestris fixées sur un Stellaster et ayant provoqué
l'atrophie d'un certain nombre de plaques marginales.
tion des Æulima. L'érosion qu'aurait pu provoquer le Gastéropode
serait moins étendue et il n'est pas possible de soutenir l'hypo-
thèse que le parasite fixé sur un Séellaster déjà développé aurait
détruit certaines plaques par l’action corrodante d’une sécrétion
parce que l'Æulima equestris ne possède pas de glandes sali-
vaires.
POST-SCRIPTUM.
Genre : Asterophila RANDALL et HEATH.
M'e RaxpaLL et M. HEaTH (1912) viennent de décrire sous le nom
d'Asterophila un nouveau genre de Gastropode endoparasite.
L'espèce unique de ce genre, l’Asterophila japonica, parasite des
Pedicellaster recueillis par l« Albatross >», en 1906, à 150-163
brasses de profondeur dans la mer du Japon, au large des côtes de
Corée. Un Pedicellaster renfermait trois de ces parasites, tandis
que trois autres de ces Slellériaes n’en présentaient chacun qu’un
seul exemplaire.
Ces Asterophila sont situées dans la cavité générale du bras de
l'Etoile de mer et sont fixées à la paroi du corps, vers la région
84 CLÉMENT VANEY.
ambulacraire, à l’aide de cordons de tissu conjonctif. Leur bouche,
ainsi que le pore excréteur et l'ouverture génitale, s'ouvrent dans
le cœlome du Pedicelluster et n'ont aucune relation avec l'extérieur.
Cette espèce est donc nettement endoparasite.
L'Asterophila est aplatie d'avant en arrière ; elle ressemble à une
fève dont la grosseur varie de 2 à 20 mm., à son hile se trouve la
bouche, qui vient s'ouvrir au sommet d'une petite papille. Le corps
proprement dit est enveloppé par une sorte de pseudopallium mince
et transparent à travers lequel on peut observer les mouvements des
embryons enfermés dans la cavité pseudopalléale. Cette enveloppe
protectrice paraît provenir d’une expansion du mufle; elie s’est
développée vers le haut pour s’infléchir ensuite et venir entourer
presque complètement tout l'animal. Celui-ci possède un pied peu
saillant, qui apparaît comme un repli conique limité par un épithé-
lium de plus grande épaisseur que celui qui recouvre le reste du
corps. L° Asterophila à un manteau rudimentaire, surtout bien
marqué -chez les plus petits exemplaires. Les cellules limitant la
cavité palléale sont ciliées et prennent fortement les colorants.
Ce nouveau genre ne possède pas de radula. Son appareil digestif
offre une grande analogie avec celui du Gasterosiphon, mais il
possède des glandes salivaires ventrales. Il se compose d’un tube
pharyngien à parois musculaires plongé presque complètement dans
un sinus sanguin Céphalique ; ce pharynx aboutit à une grande cavité
limitée par un épithélium glandulaire et occupant une grande partie
de la masse viscérale. Cette portion du tube digestif correspond très
probablement à un estomac hépatique comparable à celui que nous
avons observé chez le Gasterosiphon et comme chez cette espèce
il n'existe ni rectum ni anus. Par contre, l’Asterophila possède un
cœur et un rein.
Le cœur est situé à droite ; il est constitué par un ventricule et une
oreillette. On observe des sinus sanguins autour du foie et des
glandes génitales, dans la région céphalique et à l'intérieur du
pseudopallium. 11 n'existe pas de branchie mais, grâce à sa structure,
le pseudopallium doit jouer un rôle important au point de vue de la
respiration.
La néphridie s'étend sur la partie antérieure et du côté droit de Ia
masse viscérale ; elle renferme des cellules vacuolisées. Son pore
excréteur s'ouvre immédiatement au-dessous du bord du manteau.
Le système nerveux se compose d’une masse correspondant au
L'ADAPTATION DES GASTROPODES AU PARASITISME. 89
ganglion cérébro-palléal qui est reliée au ganglion pédieux. Des
connectifs buccaux s'étendent le long du pharynx et aboutissent à
des ganglions buccaux inclus dans les glandes salivaires. Ces
ganglions buccaux sont réunis l’un à l’autre par une commissure.
Comme chez le Gasterosiphon, les otocystes sont les seuls organes
des sens qui aient été observés.
Quoique Mie RanpaLL et M. HearH aient trouvé des spermalo-
zoïdes dans le réceptacle séminal d’Asterophila, 1s n'ont pas vu
nettement des éléments séminaux dans les follicules ovariens ; de
telle sorte qu'ils ne peuvent affirmer si ce Gastropode endoparasite
est réellement hermaphrodite.-L'ovaire occupe la moitié de la masse
viscérale ; il est constitué par de nombreux follicules qui aboutissent
à une chambre commune se prolongeant peu à peu en un oviducte.
Celui-ci présente deux régions glandulaires et une partie différenciée
en un réceptacle séminal.
La cavité pseudopalléale peut être occupée par de nombreux
embryons qui en distendent la paroi et peuvent amener la rupture
non seulement du pseudopallium mais encore de la paroi du corps
de l'hôte. C’est probablement par de telles fissures, très rapidement
cicatrisées, que se fait le rejet périodique des embryons. Il est
regrettable que les auteurs n'aient pas fourni quelques indications
sur l’organisation des stades larvaires qu'ils ont observés.
Mie RaxpaLL et M. HeaTu trouvent quelques ressemblances entre
l'Asterophila et le Ctenosculum, surtout au point de vue de la
disposition de l'enveloppe pseudopalléale. Cependant l'Asterophilu,
quoique endoparasite, possède encore un pied rudimentaire et un
cœur normal qui font défaut au Ctenosculum ; il paraît ainsi moins
modifié que cette dernière espèce, dont la parasitisme est pourtant
peu prononcé. Il est probable que la similitude de l'appareil digestif
du Gasterosiphon et de l'Asterophila est le résultat de phénomènes
de convergence. L'Asterophila occupe une place bien spéciale dans
les Gastropodes endoparasites car, parmi ceux-ci, c’est la seule forme
ayant un cœur, un système nerveux bien développé et un rudiment
de pied. Il ne peut pas être rapporté à la série des Eulimidées et
des Entoconchidées. Ce nouveau genre montre donc que les
Gastropodes endoparasites, tout comme les Gastropodes ectopara-
sites, ont une origine polyphylétique.
86
CLÉMENT VANEY.
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L'ADAPTATION DES GASTROPODES AU PARASITISME. 83
normal de ces pièces calcaires. On ne peut guère expliquer que de
cette façon l’absence de quelques plaques marginales vers l’inser-
FiG. 65. — Deux Euwlima equestris fixées sur un Stellaster et ayant provoqué
l’atrophie d’un certain nombre de plaques marginales.
tion des Ewlima. L'érosion qu'aurait pu provoquer le (Gastéropode
serait moins étendue et il n’est pas possible de soutenir l'hypo-
thèse que le parasite fixé sur un Stellaster déjà développé aurait
détruit certaines plaques par l’action corrodante d’une sécrétion
parce que l'Æulima equestris ne possède pas de glandes sali-
vaires.
POST-SCRIPTUM:
Genre : Asterophila RANDALL et HEATH.
M'e RaxpaLL et M. HEaTH (1912) viennent de décrire sous le nom
d’Asterophila un nouveau genre de Gastropode endoparasite.
L'espèce unique de ce genre, l'Asterophila japonica, parasite des
Pedicellaster recueillis par l’« Albatross >, en 1906, à 150-163
brasses de profondeur dans la mer du Japon, au large des côtes de
Corée. Un Pedicellaster renfermait trois de ces parasites, tandis
que trois autres de ces Stellérides n’en présentaient chacun qu’un
seul exemplaire.
Ces Asterophila sont situées dans la cavité générale du bras de
l'Etoile de mer et sont fixées à la paroi du corps, vers la région
84 CLÉMENT VANEY.
probablement à un estomac hépatique comparable à celui que nous
avons observé chez le Gasterosiphon et comme chez cette espèce
il n'existe ni rectum ni anus. Par contre, l'As{erophila possède un
cœur et un rein.
Le cœur est situé à droite ; il est constitué par un ventricule et une
oreillette. On observe des sinus sanguins autour du foie et des
glandes génitales, dans la région céphalique et à l’intérieur du
pseudopallium. Il n'existe pas de branchie mais, grâce à sa structure,
le pseudopallium doit jouer un rôle important au point de vue de la
respiration.
La néphridie s'étend sur la partie antérieure et du côté droit de Ia
masse viscérale ; elle renferme des cellules vacuolisées. Son pore
excréteur s'ouvre immédiatement au-dessous du bord du manteau.
Le système nerveux se compose d’une masse correspondant au
ganglion cérébro-palléal qui est reliée au ganglion pédieux. Des
connectifs buccaux s'étendent le long du pharynx et aboutissent à
des ganglions buccaux inclus dans les glandes salivaires. Ces
ganglions buccaux sont réunis l’un à l’autre par une commissure.
Comme chez le (rasterosiphon, les otocystes sont les seuls organes
des sens qui aient été observés.
Quoique M1 RaxpaLL et M. HEATH aient trouvé des spermato-
zoïdes dans le réceptacle séminal d’Asterophila, ils n’ont pas vu
nettement des éléments séminaux dans les follicules ovariens ; de
telle sorte qu'ils ne peuvent affirmer si ce Gastropode endoparasite
est réellement hermaphrodite. L’ovaire occupe la moitié de la masse
viscérale ; il est constitué par de nombreux follicules qui aboutissent
à une chambre commune se prolongeant peu à peu en un oviducte.
Celui-ci présente deux régions glandulaires et une partie différenciée
en un réceptacle séminal.
La cavité pseudopalléale peut être occupée par de nombreux
embryons qui en distendent la paroi et peuvent amener la rupture
non seulement du pseudopallium mais encore de la paroi du corps
de l'hôte. C’est probablement par de telles fissures, très rapidement
cicatrisées, que se fait le rejet périodique des embryons. Il est
regrettable que les auteurs n'aient pas fourni quelques indications
sur l’organisation des stades larvaires qu'ils ont observés.
Mie RaxDALL et M. HEATH trouvent quelques ressemblances entre
l'Asterophila et le Clenosculum, Surtout au point de vue de la
disposition de l'enveloppe pseudopalléale. Cependant l'Asterophila,
L'ADAPTATION DES GASTROPODES AU PARASITISME» 89
ambulacraire, à l'aide de cordons de tissu conjonctif. Leur bouche,
ainsi que le pore excréteur et l'ouverture génitale, s'ouvrent dans
le cœlome du Pedicellaster et n'ont aucune relation avec l'extérieur.
Cette espece est donc nettement endoparasile.
L'Asterophila est aplatie d'avant en arrière ; elle ressemble à une
fève dont la grosseur varie de 2 à 20 mm., à son hile se trouve la
bouche, qui vient s'ouvrir au sommet d’une petite papille. Le corps
proprement dit est enveloppé par une sorte de pseudopallium mince
et transparent à travers lequel on peut observer les mouvements des
embryons enfermés dans la cavité pseudopalléale. Cette enveloppe
protectrice parait provenir d'une expansion du mufle; elle s’est
développée vers le haut pour s'infléchir ensuite et venir entourer
presque complètement tout l'animal. Celui-ci possède un pied peu
saillant, qui apparaît comme un repli conique limité par un épithé-
lium de plus grande épaisseur que celui qui recouvre le reste du
corps. L’ As{erophila à un manteau rudimentaire, surtout bien
marqué chez les plus petits exemplaires. Les cellules limitant la
cavité palléale sont ciliées et prennent fortement les colorants.
Ce nouveau genre ne possède pas de radula. Son appareil digestif
offre une grande analogie avec celui du (rasterosiphon, mais il
possède des glandes salivaires ventrales. Il se compose d’un tube
pharyngien à parois musculaires plongé presque complètement dans
un sinus sanguin Céphalique ; ce pharynx aboutit à une grande cavité
limitée par un épithélium glandulaire et occupant une grande partie
de la masse viscérale. Cette portion du tube digestif correspond très
quoique endoparasite, possède encore un pied rudimentaire et un
cœur normal qui font défaut au Ctenosculum ; il paraît ainsi moins
modifié que cette dernière espèce, dont la parasitisme est pourtant
peu prononcé. Il est probable que la similitude de l'appareil digestif
du Gasterosiphon et de l’Asterophila est le résultat de phénomènes
de convergence. L’Asterophila occupe une place bien spéciale dans
les Gastropodes endoparasites car, parmi ceux-c1, c’est la seule forme
ayant un cœur, un système nerveux bien développé et un rudiment
de pied. Il ne peut pas être rapporté à la série des Eulimidées et
des Entoconchidées. Ce nouveau genre montre donc que les
Gastropodes endoparasites, tout comme les Gastropodes ectopara-
sites, ont une origine polyphylétique.
86
CLÉMENT VANEY.
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D. KEILIN et G. de la BAUME PLUVINEL
FORMES LARVAIRES ET BIOLOGIE
D'UN CYNIPIDE ENTOMOPHAGE..
EUCOILA KEILINI KIEFrER (1)
I. Historique. — IT. Biologie. — IIT. Morphologie larvaire : &) œuf; b) larve
jeune ; c) larve âgée ; d) nymphe, — IV. Comparaison avec les autres Hyménop-
tères entomophages. — V, Conclusions. — VI. Appendice : a) Diagnose d’Eucoila
kerlini par KIEFrER ; b) Renseignements sur l'hôte. Bibliographie.
1. Historique.
On n’a que fort peu de renseignemeuts sur la biologie et le
développement des Eucoïlines ; et l’on n’est pas beaucoup plus
renseigné à cet égard en ce qui concerne les autres Cynipides
entomophages à côté desquels on a coutume de les placer : Ibalines,
Figitines et Allotrines.
Les affinités de ces différentes tribus sont encore mal connues, et
c’est pourquoi on en a tenté d'aussi nombreuses classifications ; mais
les caractères sur lesquels on s’est appuyé sont tous plus ou moins
artficiels et aucun d'eux n’a de valeur absolue. GIRAUD (cité par
KiErrER, 1901, p. 53) qui s’est spécialement occupé de cette question
avoue qu'on reconnait surtout les différentes familles à « un certain
faciès particulier > à chacune d'elles. L'étude du développement et
des formes larvaires fournirait sans aucun doute de plus utiles
précisions, mais elle reste encore à faire. On a seulement décrit
parmi les Cynipides entomophages trois larves de Figitines (une
Figites et deux Anacharis). En particulier, aucune larve d'Eucoi-
(1) Avec les planches I et IT. — Nous devons la diagnose de cette espèce nouvelle
à l'obligeance de M. Kierrer. Nous lui en exprimons ici toute notre gratitude.
BIOLOGIE D'UN GYNIPIDE ENTOMOPHAGE,. 89
line n’a encore été signalée et l’on sait seulement que celles-ci
parasitent des larves de Diptères et de Coléoptères. CARPENTIER à
obtenu Microstilba ruficornis Kierr., Microstilba excavata Kerr.
et Erisphagia carpentieri Kigrr. de larves appartenant à diverses
Phytomyza. KiErrer a vu sortir ÆRhynchacis nitida Kigrr. d'un
puparium de Phora rufipes Meic ; et NEWMANN, Psilodora macu-
lata Wesrw. d’une larve de Syrphus ribesii. Pilinothrix giraudi
Fôrsr a été signalé par GIRAUD comme habitant la larve d’Agromiyza
abiens.
Enfin, dans le genre Æwcoila qui nous intéresse plus particu-
liérement, CARPENTIER a obtenu Æwcoëila (Psichacra) anomala
Kierr. du puparium de Pegomyia rumicis R. DESv.
KierrER a capturé Æucoila schinidti Gir. « pendant qu'il déposait
ses œufs sur des larves de Diptères dans un gros Champignon Boletus
asper > (1902, p. 213). Le même auteur a vu Eucoila fungicola
Kerr. en train de déposer ses œufs « dans Jes Bolets habités par des
larves de Diptères. Ces œufs sont nombreux, blancs, cinq fois aussi
longs que gros, cylindriques, de moitié plus courts que leur pédi-
celle. > (1902, p. 211).
Il semble bien que le développement des Æwcoila soit lié à celui
des Diptères à larves fungivores et plus spécialement de celles qui
habitent les Bolets.
2. Biologie.
Le 26 octobre 1911, nous ramassions dans la forêt de Fontainebleau
des Bolets encore à l’état frais qui contenaient des larves de Pego-
mnyia wintherni MEiG et d'un Mycétophilide indéterminé. Rapportés
à Paris, ces champignons furent placés dans le jardin du Laboratoire
d'Evolution et disposés sur du sable humide au fond de grands
cristallisoirs où ils ne tardèrent pas à se décomposer. Dans les
premiers jours de novembre ils étaient complètement liquéfiés, et,
l'appareil respiratoire des larves de Mycétophilides ne leur permet-
tant pas de supporter ces conditions nouvelles elles périrent
bientôt, desséchées le long des parois.
Les larves de Pegomyia, au contraire, continuérent à prospérer.
Elles prirent dans le liquide une position verticale, la tête en bas, la
région postérieure et stigmatifère affleurant seule, de sorte que la
respiration püt s'effectuer normalement. Le 4 novembre elles
90 D. KEILIN ET G. DE LA BAUME PLUVINEL.
étaient parasitées, et dans leur cavité générale on trouvait tantôt un
œuf muni d'un long pédoncule grèle et tantôt une larve jeune déjà
bien constituée. Plusieurs fois nous avons reconnu deux œufs dans
une seule larve mais jamais davantage. La plupart de ces parasites
étaient situés dans la partie postérieure de l'hôte, entre les deux
troncs trachéens (fig. 6, pl. Il). Cela tient sans doute à la position
d'équilibre adoptée par les larves de Pegommyia dans la couche
supérieure des Bolets liquéfiés, et à ce fait que ces larves furent
parasitées tardivement dans le jardin du Laboratoire. Bien que nous
n’ayons pas observé la ponte, il est évident que le parasite adulte se
déplaçant à la surface des Bolets liquéfiés a pondu dans la partie des
larves qu'il a trouvée à sa disposition. Mais le fait qu'on rencontre
parfois ces parasites autrement localisés (fig. 7, pl. II) prouve bien
qu'il n’y a aucune sélection de la part de l'animal pendant la ponte.
Quelques larves de Mycétophilides qui étaient encore en vie à ce
moment n'ont pas été parasitées.
Le 15 novembre, les larves de Pegomyia commencèrent à se
transformer en pupes et les adultes firent leur apparition entre
le 5 et le 28 janvier 1912. En ouvrant plusieurs des pupes qui
n'avaient pas encore donné le Diptère adulte, nous avons trouvé à leur
intérieur, le 28 janvier une larve âgée et le 21 février une nymphe
d'Hyménoptère. Enfin, à partir du 7 avril les pupes donnèrent
naissance à des Cynipides adultes d’une espèce reconnue nouvelle
par la suite: Æucoila hkeilini KIEFr.
On ne peut rapporter avec certitude au même animal les diverses
formes de parasites que nous avons observées à différents moments
dans les larves de Pegomyia puisque nous n'avons pas assisté
directement à leur transformation des unes dans les autres. C'est
là une difficulté qu'on retrouve à la base de toutes les recherches
de cette nature. Cependant, le doute n’est guère permis ici, car les
parasites que l’on trouve, à un moment donné, dans les diverses pupes
que l’on examine sont toujours identiques et au même stade de
leur développement. Ils suivent constamment des évolutions paral-
léles pour aboutir à la même forme imaginale. On peut être surpris
de voir les Eucoïlines arriver à l’état adulte aussi longtemps après
la date normale d’éclosion de leurs hôtes. Un tel comportement, s’il
était habituel, exigerait la présence d’un deuxième hôte pour
permettre au parasite de persister. Ilest bien possible, en eflet, que
l'Eucoiline soit capable de poursuivre son développement dans les
BIOLOGIE D'UN CYNIPIDE ENTOMOPHAGE. 91
larves de différents Diptères, mais il y a lieu de croire que dans le
cas présent ce retard à l’éclosion est dû surtout à ce que les larves
parasitées l'ont été d’une manière anormalement tardive. Nous avons
trouvé, en effet, dans des larves de Pegomyia d'une autre origine
et encore très jeunes, des œufs pédonculés, en tous points semblables,
morphologiquement, à ceux de l'Evcoila keilini Kierr. Mais n'ayant
pas poursuivi leur élevage nous ne pouvons les attribuer avec
certitude à cette espèce.
3. Morphologie larvaire.
L'œuf. — L'œuf d'Eucoila keilini Kigrr. (fig. 8, pl. Il),-tel qu’on
le trouve dans le corps de la femelle avant la ponte, se présente avec
les caractères habituels aux œufs de Cynipides et il est longuement
pédonculé. Son pédicelle, qui a environ deux fois la longueur du
corps de l'œuf, est situé dans le prolongement du grand axe de
celui-ci. L’œuf jeune est enfermé dans un follicule et à maturité
il est introduit par la longue tarière de la femelle dans la cavité
générale de l'hôte où 1l grandit rapidement tandis que son pédicelle
dégénère. Mais n1 lui, ni les stades qui en dérivent ne contractent
de rapports définis avec les différents organes de la larve parasitée.
Avant même l'éclosion, on aperçoit l'embryon par transparence
à travers les membranes de l'œuf et l’on peut déjà se rendre
compte de sa forme générale et des traits saillants de son
organisation.
a) La larve primaire. — La larve jeune est formée de deux parties
distinctes : la tête et le corps (fig. 3, pl. D.
La tête, relativement aplatie, porte sur sa face ventrale deux petites
papilles coniques, et tout à fait à son extrémité la bouche. Celle-ci
apparait comme une ouverture circulaire, fortement chitinisée et
qui donne accès au pharynx nettement visible par transparence à
travers la cuticule. Le corps a une forme conique ; il est constitué
par des segments circulaires difficiles à compter mais probablement
au nombre de douze.
Les trois premiers (thoraciques) portent chacun une paire
d’appendices longs et grèles, que par leur position et leur forme on
peut assimiler à des pattes inarticulées, et le segment le plus
postérieur se prolonge pour donner une queue aussi longue que le
reste du corps. À sa base, un appendice épineux fait saillie sur la
92 D. KEILIN ET G. DE LA BAUME PLUVINEL,.
face ventrale, et cette région semble recouverte de petites écailles
chitineuses. Peut-être les autres segments portent-ils aussi chacun
une paire d'appendices en tous cas peu volumineux et de faible
saillie. On n'aperçoit de l'organisation interne de la larve que le
pharynx avec ses muscles dilatateurs et les contours imprécis du
tube digestif. Les appareils circulatoires et respiratoires paraissent
faire défaut. L'aspect de cette larve est tout à fait étrange et elle
diffère nettement de toutes celles qui ont été signalées jusqu'à présent.
Dans l'œuf, nous avons toujours trouvé la queue de la larve jeune
repliée sous la face que l’on peut considérer comme ventrale par
suite de la position des pattes et de la bouche (fig. 1 et 2, pl. D).
N'ayant pas suivi le développement, il nous est impossible d'affirmer
que cette position soit primitive. Elle pourrait résulter d’un retour-
nement de la larve à l’intérieur des membranes ovulaires, ce qui est
peu probable. Quoi qu'il en soit ce fait méritait d’être signalé car
il tendrait à faire supposer chez les Eucoïlines un développement
différent de ceux qui sont habituels chez les Insectes où la face
externe de l'œuf correspond, en général, à la face ventrale de
l'embryon. ;
On ne peut pas être absolument affirmatif quant à l'exactitude de
l'orientation de notre larve, car nous n'avons étudié ni la position
du système nerveux central, ni celle du cœur. Or ces deux organes
sont les seuls qui peuvent donner des indications décisives à cet
égard, les apparences extérieures pouvant être trompeuses. En
effet, pendant l'impression de ce travail, un de nous en étudiant, en
collaboration avec M. Picapo, une larve d’un Braconide parasite
d'Anastrepha a constaté que cette larve est incurvée, la face dorsale
étant convexe c’est sur cette face dorsale que se trouvent la bouche,
l'orifice de la glande salivaire et deux paires d'appendices
thoraciques (sur le 1% et le 3° segment du thorax). La détermination
des faces ventrale et dorsale a été faite ici grâce à la position de la
chaîne nerveuse et du cœur.
Bien que les caractères invoqués pour reconnaître la face ventrale
de la larve d’Æucoila ne soient pas absolument sûrs, il est cependant
peu probable que l'interprétation adoptée ici soit inexacte. Klle
conduit en effet à considérer comme dorsaux les muscles dilatateurs
du pharynx, ce qui est bien conforme à tout ce qu’on connaît des
larves des Hyménoptères et des Diptères. Dans ces conditions, la
paire de papilles qui se trouve sur la face ventrale de la tête
BIOLOGIE D'UN CYNIPIDE ENTOMOPHAGE. 93
représente, soit les palpes maxillaires soit les palpes labiaux et les
appendices thoraciques sont sûrement des pattes.
L'absence des mandibules qui sont très bien représentées chez
d'autres larves d’Hyménoptères entomophages est probablement
due à ce que la larve jeune d’Evcoila ne se trouve jamais dans un
des tissus compacts de son hôte mais baignée dans le liquide cœlo-
mique.
On reviendra sur cette question daus un travail sur la larve du
3raconide parasite d'Anastrepha.
b) Forme larvaire âgée. — Plus tard, on trouve dans la pupe de
Pegomyia une larve présentant des caractères tout différents : elle
est du type décrit comme habituel aux Cynipides connus.
Elle est blanche et molle, glabre, apode, légèrement recourbée
sur elle-même. Le nombre de ses segments est de douze plus la
tête et un bourrelet très prononcé s'étend, de chaque côté, d’un
bout à l’autre du corps. Les stigmates sont au nombre de neuf paires
et d’une couleur jaune qui tranche sur le fond. Ce sont les segments
de deux à dix qui les portent. Ils sout situés à la partie antérieure de
chacun d'eux, dorsalement par rapport ax bourrelet et dans le pli
profond qui sépare deux segments consécutifs. Le dernier, et Le plus
postérieur de ceux-ci, porte une fente transversale et incurvée qui
représente l'anus. La tête est perpendiculaire au grand axe du
corps, peu saillante sur le premier segment bien plus volumineux
qu'elle, et porte toute une série d'appendices plus ou moins rudi-
mentaires.
Les plus visibles sont deux volumineuses papilles circulaires
qui représentent probablement les antennes, et les deux crochets
mandibulaires reconnaissables à leur couleur foncée. Ceux-ci sont
fortement chitinisés, unidentés et très aigus. Ils portent à la base de
petits appendices sans doute sensoriels qui font saillie aux commis-
sures de la lèvre supérieure. Celle-ci est transparente et recouvre
les mandibules au-dessous desquelles on peut reconnaitre le labre
avec de part et d’autre les mâchoires de la premiére paire.
La bouche s'ouvre entre ces différentes pièces de l’armature au
fond d’un invagination en forme d’entonnoir.
On aperçoit encore deux rudiments d'organes sans doute sensoriels
au-dessous des papilles antennaires. Notre matériel ayant êté utilisé
pour d’autres recherches il nous a été impossible d'examiner les
stades intermédiaires entre la larve très jeune et la larve contractée
94 D. KEILIN ET G. DE LA BAUME PLUVINEI.
que nous venons de décrire, et dont les organes internes sont déjà
en plein remaniement. Nous comptons reprendre cette étude dès
que nous aurons retrouvé le matériel nécessaire.
4. Nymphe.
Plus tard encore on trouve dans la pupe de Pegomyia une
nymphe semblable à celle des Hyménoptères en général. Elle
remplit ie tout l’espace disponible à l’intérieur du puparium de
l'hôte. De sorte que dans le cas où deux œufs ont été pondus dans
le même individu l’un des deux doit forcément avorter ou être
dévoré au cours de son évolution par la larve provenant de l’autre.
La nymphose ne dure que trois ou quatre semaines.
D. Comparaison
entre les formes larvaire d'Eucoila kReilini KIEFFER
et celles des autres Hyménoptères entomophages.
Il faudrait rechercher et grouper parmi les Hyménoptères entomo-
phages ceux qui présentent une biologie et des formes larvaires
comparables à celles d’Euwcoila keilini Kierr. Malheureusement,
les données que nous possédons à ce sujet sont trop fragmentaires
pour qu'il soit possible de fournir autre chose qu'une vue générale de
la question. Parmi les Cynipides, les seules larves entomophages
décrites appartiennent à la tribu des Figitines.
BOUCHE (1834, p. 165) donne pour la larve de Figites antho-
myiarum BOUCHE qu'il à trouvée, dans les pupariums d’Anthomyia,
dentipes, floralis et autres, la description suivante :
«Larve allongée, atténuée à l'extrémité, rétrécie au milieu, blanche,
molle, non lisse mais finement ridée, bords des segments formant
bourrelet. La tête est arrondie et munie de mandibules bidentées
jaunes à extrémités brunes. Mésothorax très développé plus grand
que les autres segments. Métathorax et premiers segment abdo-
minaux fortement rétrécis et formant une sorte d’étranglement.
Partie dorsale des segments abdominaux très voûtée, segment anal
arrondi et petits stigmates jaunes disposés comme chez les Ichneu-
monides ».
HANDLIRCSH (1886, p. 235-237) a décrit la larve d'Anacharis
BIOLOGIE D'UN CYNIPIDE ENTOMOPHAGE. 95
typica Warxk, provenant de Æererobius nervosus FABr. et en a
donné une figure comme aussi de sa nymphe.
« Le corps de la larve composé de douze segments est fusiforme,
son plus grand diamètre correspondant aux segments six, sept et
huit. Tête perpendiculaire au grand axe du corps. Vue de dessous
elle paraît être circulaire, passablement plate et ressortant très peu
sur le premier segment qui est bien plus large qu’elle. On y voit de
chaque côté un espace plus faiblement coloré en forme de tache
courbée correspondant à la place qu'occuperont plus tard les yeux
de l'insecte parfait. Les mandibules sont presque triangulaires et
portent une longue dent à leur extrémité et deux autres plus courtes
et rapprochées l’une de l’autre à leur côté interne.
Le premier segment porte sur le dessous deux protubérances
arrondies ; les segments deux à neuf ont sur le dos deux appendices
charnus, amincis en cône, caractère qui n’a été observé jusqu'ici
chez aucune autre larve d'Hyménoptère. Les segments dix à douze
sont inermes et s'amincissent postérieurement. Le dernier porte une
fente anale réniforme. Les stigmates sont disposés sur les segments
deux à dix. Ces larves sont blanches et transparentes à l'exception
des mandibules d'une bande sur la tète et des stigmates ». (cité par
KierFEr, 1902, p. 20).
Ces deux descriptions se rapportent évidemment à des larves
âgées et elles sont comparables à la forme correspondante de la
larve d'Eucoila. Le nombre des segments et la disposition des
stigmates sont les mêmes dans les deux cas. Mais il n’a jamais
encore été signalé chez les Cynipides de forme jeunes.
En général dans toutes les autres familles d'Hyménoptéres
entomophages, les larves ont treize segments (au lieu de douze) plus
la tête. Le nombre et la disposition des stigmates varient avec l’âge
de la larve.
Chez les parasites internes, la respiration s'effectue d’abord par
osmose à iravers les parois du corps et c’est seulement plus tard que
s'invidualise un appareil respiratoire spécialisé. L’armature buccale
est généralement constituée par de fortes mandibules chitinisées
et unidentées comme chez Æucoilu. Les formes larvaires multiples
ont été rarement reconnues, et au cours de leurs mues successives,
les larves ne varient généralement qu'en dimensions. SEuRAT (1899,
p. J) signale cependant la larve jeune d’un Ichneumonide, Meso-
96 D. KEILIN ET G. DE LA BAUME PLUVINELe
chorus viltator ZETTERSTEDT (fig. À, D), qui est pourvue d’un long
appendice post-anal aussi long que la moitié du corps à ce stade, mais
qui diminue à chaque mue jusqu’à disparaître complètement. Le même
PET 44
Fi&. A.—T. larve très jeune du Mesochorus vittator ZeTtr X 66 d'après SEURAT ;
Il. larve cyclopoïide de Trichacis remulus. X 66 d'après P. MARCHAL ;
IL. larve jeune d’'Anomalon circumfleæum GRAY, d'après RATZEBURG ;
IV. larve primaire de Teleas d'après AYERS.
auteur à examiné un Æncyrtus indéterminé vivant dans le corps
de la chenille de Calophasia linaricæ Kagr. et dont le segment anal
se prolonge «dorsalement par rapport à l'anus en un appendice
conique qui rappelle la queue des Ichneumonides > (1899, p. 99).
SEURAT attribue à ces diverses formations un rôle locomoteur. Pour
RATZEBURG (1844) qui a trouvé une forme analogue chez Anomalon
circumflexuim GRAVENHORST (Ichneumonide) (fig. À, II) 1ls ont un
rôle respiratoire.
C’est seulement chez les Proctotrypides, et en particulier chez
les Platygaster qu'on observe une biologie et des formes larvaires
analogues à celles de l’'Eucoila. On trouve là, en effet, une forme
larvaire particulière à laquelle GanIN (1869) a donné le nom de
«cyclopoïde> en raison de sa forme de Copépode. Elle se
transforme au cours du développement pour donner naissance à des
BIOLOGIE D'UN CGYNIPIDE ENTOMOPHAGE. 97
larves âgées d'aspect bien différent et se rapportant aux formes
helminthoides à mandibules unidentées des autres Hyménoptères
entomophages. AyErs (1884) a signalé une larve jeune de T'eleus
(Proctotrypide) (IV fig. A.) qui est pourvue d’une longue queue. La
silhouette à quelque similitude avec celle de la larve primaire
d'Eucoila Reilini Kierr.
MarCHAL (1906) a fait une étude remarquablement complète du
développement des Platygaster et 1] a suivi plusieurs genres
différents de l’œuf jusqu’à l'adulte.
Il a montré qu'on pouvait considérer la larve cyclopoïde (fig. À II.)
comme formée de deux parties distinctes : un large céphalothorax et
un abdomen allongé, et il a signalé « à la partie postérieure du cépha-
lothorax, insérés de chaque côté un appendice large et court qui est
formé de deux parties: une basilaire en forme de socle qui se
continue avec le céphalothorax sans limite articulaire, et un article
terminal mobile sur la partie précédente» (1906, p. 526). Ces
appendices sont homologuës par MarcHAL à la première paire de
pattes.
L'état rudimentaire des organes, la forme allongée du corps,
l'absence d'appareils circulatoires ou respiratoires, la présence
d’appendices au thorax, sont autant de caractères qui rapprochent la
larve jeune d'Eucoila de la forme primitive des larves de Platy-
gaster. Les deux énormes crochets mandilulaires des larves
cyclopoïdes manquent, il est vrai, aux Æucoila, mais on sait que
chez les Platygaster 11s servent surtout à faciliter les mouvements
du parasite à l'intérieur de l'hôte comme les appendices thora-
ciques et la queue de lÆwcoila. Dans les larves âgées la forme
générale est bien la même, mais le nombre des segments diffère.
Il ne faut donc voir dans ces ressemblances, au fond superficielles,
aucune marque de parenté proche, c’est sans doute là le résultat
d’une simple convergence due à un mode de vie analogue.
6. Conclusions.
Eucoila Reilini Kierr. parasite Les larves de Pegonyia irinthemi
Mec. et poursuit son développement dans la cavité générale de
cet hôte, sans localisation précise. Son évolution est rendue
remarquable par la présence de plusieurs formes larvaires et tout à
fait différentes les unes des autres. La forme jeune est typique ; elle
22
98 D. KEILIN ET G. DE LA BAUME PLUVINEL.
ne ressemble étroitement à aucune de celles décrites jusqu'à ce jour,
et elle est caractérisée par sa forme spéciale, sa longue queue et ses
trois appendices thoraciques. La forme âgée présente de nombreuses
analogies avec les larves de Cynipides connues (nombre des
segments, disposition des stigmates) en même temps que quelques-
uns des caractères communs aux Hyménoptères entomophages en
général (mandibules unidentées).
Nous n'avons pas pu observer les stades intermédiaires en raison
de l'insuffisance de notre matériel.
Il est intéressant de rechercher quelle peut être la signification de
cette succession de phases, et aussi celle de la curieuse forme larvaire
que nous avons signalée.
Comme pour les Platygaster elle se trouve sans doute dans ce
fait que la faible quantité de vitellus nutritif contenue dans l'œuf
force la larve à quitter ses enveloppes bien avant son complet
développement. Cbligée de vivre dans un milieu déterminé elle est
pourvue des adaptations nécessaires. Les appendices thoraciques
et la longue queue terminale servent, soit à la respiration, soit à la
locomotion. Quoi qu'il en soit, ce sont là des caractères adaptatifs
et il nous semble vain de vouloir y retrouver la persistance de
formes ancestrales.
Appendice.
A. Diagnose d'Eucoila keilini n. sp. par KIEFFER.
6 noir lisse et brillant : Mandibules, antennes et pattes sauf le
bas des hanches postérieures rouges. Antennes plus longues que
le corps, article troisième aussi long que le quatrième, à peme
plus mince, tous deux cylindriques et plus de deux fois aussi longs
que gros, les suivants graduellement amincis et allongés, le dernier
plus de trois fois aussi long que gros. Scutellum rugueux et mat ;
cupule ellipsoïdale, grande, sa moitié postérieure esi occupée par
une fosselte circulaire. Arêtes du segment médian subparallèles
à peine plus distinctes au milieu qu'aux deux bouts. Métapleures à
feutrage gris. Ailes subhyalines, espace compris entre la nervure
basale et l'extrémité du radius brun. Cellule radiale de moitié plus
longue que large. Cubitus presque percurrent, toutes les nervures
noires. Ceinture de l'abdomen grise et complète. Longueur
SAM, (Ok
BIOLOGIE D'UN CYNIPIDE ENTOMOPHAGE. 99
B. Renseignements sur l'hôte.
Nous croyons devoir donner ici quelques caractères distinctifs de
la larve de Pegomyia rvintheri MerG. de manière à en faciliter la
reconnaissance.
La larve de Pegomyia winthemi rappelle beaucoup celle d’une
mouche domestique ou de Calliphora. Comme toutes les larves de
Diptères cyclorhaphes son corps est formé d’une tête réduite de trois
segments thoraciques et de 8 segments abdominaux. La larve passe
par trois stades larvaires séparés par deux mues et se transforme en
nymphe dans la dernière peau larvaire qui forme le puparium. Nous
décrirons ici sommairement la larve au troisième stade de son
développement en réservant les deux autres stades et les détails
de la structure du corps pour un travail spécial.
La tête (fig. B) de la larve,
BR très réduite est séparée par
un sillon médio-ventral en
deux lobes : droit etgauche
dont chacun se termine
par un complexe sensitif
formé d’un papille anten-
naire (a) et d’un palpe
maxillaire (b); ce dernier
entouré de replis chitineux
est formé lui-même de5 pa-
pilles très petites. En avant
des rangées de plaques chi-
tineuses (4) dont il sera
question plus loin la tête
présente de chaque côté
V
Fi. B. — La tête et les deux segments CA
thoraciques de la larve de Pegomyia UNE vésicule transparente
winthemi ME1G. X 135. surmontée de deux papilles
sensitives (c). Enfin on peut
remarquer encore une paire de papilles sensitives du côté
ventral à la base de la tête et en avant de la bouche. Des
deux côtés du sillon en allant de la bouche vers les bords on voit
plusieurs rangées de plaques dentées (fig. B, 4 et fig. C, D'ayant leur
bord libre très chitinisé. Les lignes suivant lesquelles sont dressées
les plaques confluent vers les deux pièces chitineuses (e fig. B)
7+
100 D. KEILIN ET G. DE LA BAUME PLUVINEI.
logées dans les parois du sillon au-dessous des crochets inférieurs
des mandibules.
4 277,
Fig. C. — I. Les plaques chitineuses 4 de la figure B. et les détails de la
papille ec x 733; II. Stigmates prothoraciques de la larve de Pegomyia
acinthemi x 285; IT. Sommet d’une papille stigmatique X 1000.
L’armature buccale est formée de trois parties principales : 1° cro-
chets mandibulaires ; 2 pièce en H et 3° pièce basilaire. Les crochets
mandibulaires présentent deux pointes: antérieure et postérieure ;
le bord ventral de ces crochets est finement denté. La pièce en H
est articulée avec la pièce basilaire. La pièce basilaire s'articule
avec la précédente grâce à deux prolongements chitineux et ne
présente rien de bien particulier. La paroi ventrale du pharynx
présente sept cêtes longitidinales, comme c’est le cas pour toutes les
larves saprophages des Diptères cycloraphes.
Le premier segment thoracique présente sur le bord antérieur
ventral plusieurs rangées de soies coniques transparentes; on
trouve des soies analogues à la limite de chaque segment. Le
premier segment thoracique présente de chaque côté un peu dorsa-
lement, tout prés de son bord postérieur un stigmate prothoracique
formé de 14 papilles, dont on voit la forme sur la fig. C. IT et I.
Chaque segment thoracique présente une paire d'organes sensitifs
pleuraux sous forme de trois poils très rapprochés et entourés par
un cercle commun. Ces formations sont extrèmement petites chez
cette larve.
Les 7 premiers segments abdominaux ne présentent rien de bien
particulier: le dernier ou 8 segment a une forme différente des
autres ; il porte l'anus, les tubercules stigmatiques postérieurs et
BIOLOGIE D'UN CYNIPIDE ENTOMOPHAGE. 101
16 papilles charnues surmontées de formations sensitives. L'anus qui
est ventral a une forme d’un sillon longitudinal au milieu d’une
proéminence transversale recouverte d’une mince couche de chitine.
*£ 17. 117.
FiG. D. — Les deux derniers segments de la larve de Pegomyia winthemi.
I. vus par la face ventrale ; IT. vus de profile, côté droit; [IT vus par la face
dorsale X 23.
Cette proéminence (fig. D. 1) fait penser à une partie du rectum
devaginée en vue de respiration aquatique ce qui n’est pas rare
chez les larves des Diptères.
Les stigmates postérieurs sont peu saillants, présentent 3 fentes
allongées et cicatrice externe arrondie.
On se rendra bien compte de la disposition des 8 paires de papilles
des faces ventrale et dorsale en se reportant aux 3 figures où les
mêmes papilles portent les mêmes numéros (fig. D. 1, 11 et IT).
102 D. KEILIN ET G. DE LA BAUME PLUVINEL,.
POST-SCRIPTUM.
Ce travail était déjà en cours d'impression quand nous avons eu
connaissance d’un mémoire de P. H. TIMBERLAKE sur « la biologie
de Zimnerium validum CREssox >. L'auteur y étudie soigneu-
sement la morphologie larvaire de cet Ichneumonide parasite
interne habituel de Æypantria cunea DRURY aux États-Unis. Les
conditions particulièrement favorables dans lesquelles TIMBERLAKE
a pu opérer (ponte expérimentale du parasite dans divers hôtes) lui
ont permis de suivre avec une très grande précision le développement
de Zimnerium. Trois formes larvaires se succèdent entre l'œuf et
la nymphe. La forme primaire très voisine de celle que nous avons
trouvée chez Eucoila possède également un lang appendice caudal,
mais pas de pattes thoraciques. On y reconnait cependant la présence
de quelques appendices abdominaux qui comme nous l’avons signalé
existent peut-être aussi chez ÆEucoila. La queue est recourbée
ventralement et, dans l'œuf, appliquée contre le corps de la larve ;
TIMBERLAKE lui attribue un rôle respiratoire. Il ne saurait y avoir
ici de doute sur l'orientation de l'animal, car la présence d’une
chaîne nerveuse a été reconnue.
La forme secondaire, et transitoire — elle ne dure que cinq à sept
jours — diffère grandement de la précédente. La larve est vermiforme
les appendices abdominaux ont disparu et la queue est très réduite.
Enfin, la troisième forme larvaire est analogue à celle des Hymé-
noptères en général et d'Eucoila keilini KigrrEeR en particulier.
Ainsi donc, dans des groupes très différents d'Hyménoptères
entomophages, la convergence a provoqué une frappante similitude
de formes. Les appendices larvaires, quelle que soit leur situation,
paraissent jouer un rôle surtout respiratoire; mais le fait que
l’appendice caudal soit replié ventralement chez Limnerium comme
chez Eucoila semble devoir provoquer des recherches plus précises
sur l'embryologie des Hyménoptères parasites.
Dans un récent travail HARRY S. SMITH à insisté sur l'aspect
singulier d'une forme larvaire primaire trouvée par lui chez un
Chalcidien : Perilampus hyalinus SAY parasite de certaines larves
. BIOLOGIE D'UN CYNIPIDE ENTOMOPHAGE. 103
de Tachinaires. Cette même forme avait déjà été signalée par WILLIAM
Morrox WHEELER Chez Orasema viridis ASHMEAD parasite externe
Fig. E — I. Linnerium validum. Larve primaire peu de temps après son éclosion
X 90 (d'après P. H. TIMBERLAKE).
Il. Perilampus hyalinus. Planidium vu par la face ventrale X 270
(d’après HARRY S. SMITH). |
IT. Perilampus hyalinus. Planidium vu par la face dorsale X 270
(d'après Harry S. SurrH).
des Fourmis. Cet auteur a proposé de la désigner sous le nom de forme
Planidium. Cette larve très petite (0,3 mm. de long) se compose de
13 segments distincts fortement chitinisés et «télescopant»> plus ou
moins les uns dans les autres. La tête porte des mandibules bien
développées en forme de crochet. Sur les segments se trouvent des
dents chitineuses, des soies, et des appendices locomoteurs. Les
figures que nous donnons de cette larve d’après H.$S. Surrx donneront
une idée suffisante de sa constitution.
104
1886.
1901.
1902.
1906.
1841.
1399.
19127
1912.
1907.
D. KEILIN ET G. DE LA BAUME PLUVINEL.
INDEX BIBLIOGRAPHIQUE:
. AYERS (H.). — On the development of Œcanthus niveus and its parasite
Teleas. (Memoirs of the Boston Society of Natural History, HI, n°8,
p. 261-281, pl. XXIHI-XXV).
. Boucné. — Naturgeschichte der Insecten.
. GaniN (M). — Beiträge zur Erkenntniss der Entwickelungsgeschichte bei
den Insecten. (Zeitsch. f. wiss. zool., XIX, p. 381-449, pl. XXX-
XXXIIT.
HANDLIRSH (A.). — Die Metamorphose zweier Arten der Gattung Anacharis.
(Verh. z0ol. bot. Ges. Wien., 235-237, pl. VIL, fig. 1-#).
KiIEFFER (J.-J.). — Species des Hyménoptères, VIT.
KIEFFER (J.-J.). — Species des Hyménoptères, VIIDiS,
MarcHAL (P.). — Recherches sur la Biologie et le Développement des
Hyménoptères parasites. Les Platygasters. (Archives 300l, exp. et gén.,
IVe série, tome IV, p. 485-640, pl. XVII à XXIV).
RATZEBURG. — Die Ichneumonen der Forstinsecten.
SEURAT (L.-G.). — Contributions à l'étude des Hyménoptères entomo-
phages. (Ann. Sci. nat., z0ol., X, 1-159, pl. I-V).
Sutra (Harry). — The Chalcidoid genus Perilampus and its relations to
the problem of parasite introduction. (U. S. Department of Agricul-
ture Technical Series, n° 19. Part. IV).
TIMBERLAKE (P.-H.). — Experimental Parasitism. A study of the biology
of Limnerium validum Cressox (U. S. Department of Agriculture
Technical Series, n° 19. Part V).
WugELER (W.-M.). — The Polymorphism of Ants with an account of
some singular Abnormalities due to Parasitism.
PLANCHE I.
FiG. 1. — Larve primaire d'£ucoila keilini Kierr, encore enfermée dans l'œuf.
L'œuf et la larve sont un peu rétractés par le fixateur. La larve
est représentée de profil, on voit les trois paires de pattes
thoraciques et la longue queue repliée du côté ventral. La
masse qu'on voit en haut de l'œuf est probablement le reste du
pédoncule. X 71.
Fig. 2. — La larve d'Eucoila enfermée dans l'œuf, vue par sa face ventrale. x 71.
Fig. 3. — La larve primaire d'Eucoila quelques temps après l'éclosion libre
dans la cavité générale de son hôte. X 127.
FiG. 4. — La larve âgée d'Eucoila prête à se transformer, vue de profil. X 29.
Fig. 5. — La même larve, vue par sa face ventrale. X 25.
Bulletin Scientifique, Tome XLTTII. VAR LE
Auct. del.
Eucoila keilini
PLANCHE IT.
Fig. 6. — Les segments postérieurs de la larve de Pegonyia wintheni Mc.
Au dessous du rectum on voit par transparence l'œuf d'Æucoila
dans sa position la plus fréquente dans les élevages. X 39.
FiG. 7. — Partie postérieure de la larve de Pegomuyia winthemi MG., vue de
profil; on voit par transparence sous la peau du 7% segment
abdominal un œuf probablement d'Eucoila dans la position
plutôt exceptionnelle. X 25.
Fig. 8. — L'œuf d'Eucoila extrait du corps de la femelle d'Ewcoïla. X 127.
Fi@. 9. — Une mandibule de la larve âgée d’Eucoila. X 183.
Fi@. 10. — La tête et les premiers segments thoraciques d’une larve âgée
d’Æucoila vue par sa face ventrale. X 39.
Bulletin Scientifique, Tome XLT11. JADE
Auct. del.
Eucoila keilini
Î,u
E. ROUBAUD
(Institut Pasteur de Paris).
RECHERCHES SUR
LES AUCHMEROMYIES
Calliphorines à larves suceuses de sang
de l'Afrique tropicale (!).
(Mission de l'Institut Pasteur en Afrique Occidentale).
SOMMAIRE.
INTRODUCTION.
1e PARTIE. — SYSTÉMATIQUE.
Position systématique des Auchméromyies. — Caractères généraux et subdivision du genre
Bengalia.— Caractères généraux et subdivision du genre Awchmeromuyia :S.G.T. Chæ-
romuyia ; S. QG. IT. Auchmeromuyia. (S. St.). — Description des espèces. — Affinités
et répartition géographique des divers types d'Auchmeromyies.
CL PARTIP = SBIOEOGIE ET ORGANISATION: DES
AUCHMÉROMYIES.
1. L'habitat des mouches ; ses déterminants biologiques. Sensibilité thermique
et obscuricole. — 2. Nutrition ; — 3. Reproduction ; essais de croisements ; caractères
anatomiques de l'appareil génital. Ponte; Fécondité des femelles.
A. Développement des œufs; Larves. — 5. Habitat des larves ; les hôtes. Spécificité
parasitaire des Auchméromyies. L'homme et la spécificité parasitaire du Ver
des cases. Spécificité parasitairé des larves de Chœromyies sur les hôtes à
peau nue ; Evolution du parasitisme chez les Auchméromyies.
6. Nutrition des larves. — Mode et forme de l’hématophagie. Exclusivité de
l'alimentation sanguine. Fréquence des repas, jeûnes ; résistance à l'inanition.
— 7. Nutrition et sensibilité thermique. — La périodicité nycthémérale; réveil
thermique ; thermotropisme. Résistance thermique; température normale de
l'habitat. Déterminisme thermique du parasitisme intermittent des larves
d'Auchméromyies.
8. Evolution des larves. —- Croissance ; mues ; durée de la vie larvaire. Evolution
ralentie par des périodes de jeûne intercalaires. — 9. Les Piqüres : douleurs, effets ;
rôle pathogène des larves. Principaux traits de l’organisation anatomique.
Physiologie de la nutrition. — 10. La Nymphose. — 11. Les Parasites des Auchméro-
myies. — 12. Caractères biologiques résumés des Auchméromyies.
INDEX BIBLIOGRAPHIQUE.
Avec les planches IIT et IV.
106 E. ROUBAUD.
INTRODUCTION.
Durrox, Topp et CHrisry dans le Rapport de l'Expédition pour
l'Étude des Trypanosamiases au Congo Belge, en 1904, ont attiré
l'attention d’une manière inattendue sur les singulières habitudes
larvaires d’une mouche de la tribu des Calliphorines, l'Awchine-
romuyia luteola FABr. Cette mouche n’était jusqu'alors connue que
comme un Diptère largement répandu dans l'Afrique tropicale et
subtropicale. On ignorait tout des habitudes de ses larves.
Dans leur mémoire, les auteurs établissaient ce fait très particulier
que le « Ver des planchers du Congo » (Congo floor maygot) larve
suceuse de sang qui venait la nuit piquer les indigènes étendus à
terre pendant leur sommeil, se gorger de leur sang pour se retirer
ensuite dans les crevasses du sol, n’était autre chose que la larve de
la mouche en question. Ces constatations très intéressantes, qui
furent confirmées depuis par un grand nombre d’observateurs, ont
mis nettement en vedette cette Calliphorine parmi toutes les autres,
tant en raison de l’hématophagie exclusive de sa larve que de son
parasitisme chez l’homme, parasitisme à forme intermittente. Le Ver
des cases, aujourd'hui bien connu dans sa morphelogie comme dans
ses habitudes carnassières, figure dans tous les traités classiques
comme le type des larves de Diptères sanguivores ectoparasites
temporaires. Mais cet exemple était jusqu'alors resté unique.
Si, dans ses grands traits, la biologie du ver hématophage est
acquise, on sait peu de chose en revanche sur le détail de son
histoire, notamment sur la durée précise de sa vie, la fréquence de
ses prises de sang. L'histoire détaillée de l'adulte est également très
imparfaite. On peut dire même que le degré précis de sa spécificité
parasitaire n'est pas connu.
Dès mon premier séjour en Afrique, lorsqu'en 1906 je fus chargé
de mission pour l'étude de la Maladie du Sommeil au Congo, j'avais
été frappé de la biologie de cet insecte dont le rôle pathogène était à
apprécier. À la suite de Durrox Topp et HANINGTON j'ai entrepris des
RECHERCHES SUR LES AUCHMÉROMYIES. 107
expériences pour rechercher si ce parasite qui vit constamment dans
les cases indigènes ne pouvait être suspecté d'agir comme hôte inter-
médiaire où comme vecteur mécanique vis-à-vis du trypanosome
humain. En même temps, j'amorçais des recherches sur sa biologie
et son organisation anatomique, qui furent suspendues par la suite.
En 1909 je revins en Afrique et pendant trois années de mission,
parcourant en compagnie de mon ami le D' Bouer la majeure partie
de l'Afrique Occidentale française, j'eus l’occasion fréquente de
revoir l’insecte dans des contrées très diverses, du Dahomey au
Soudan et à la Casamance. Je me suis efforcé de reprendre, dans le
détail, l’histoire de ce singulier diptère actuellement le seul connu
d'une façon certaine, malgré l’intéressante observation de Léon
Durour du parasitisme des larves de Phormia azurea K. sur
les jeunes hirondelles, comme un véritable et exclusif suceur de
sang à l'état larvaire.
En même temps que j'effectuais ces recherches sur l'A. /uteola, je
découvrais au Soudan, en 1910, deux nouvelles espèces de Calli-
phorines étroitement alliées à l'espèce parasite de l'Homme, mais
parasites exclusifs cette fois de certains Mammiferes d'Afrique à
peau dépourvue de poils, les Oryctéropes et les Phacochères. Ces
curieuses mouches que j'ai décrites en 1911 sous le nom de Choero-
myies (!) sont très voisines de l'A. /uteola mais elles vivent, à l’état
adulte, dans l’intérieur des terriers des animaux dont elles sucent
le sang à l’état larvaire. Les larves sent en effet suceuses de sang
comme celles de l'A. /uteola. Cette communauté d’habitudes m'a
incité a étudier comparativement la biologie adulte ou larvaire de
l'espèce parasite de l'Homme et celle des espèces parasites des
Mammifères, en particulier des Phacochères.
Ultérieurement enfin, au cours de mon passage dans la Haute
Gambie, j'ai pu reconnaître encore dans des terriers d'animaux
à peau nue l'existence d'une troisième espèce de Calliphorine, très
voisine des Choeromyies du Soudan et qu'AUSTEN (?) venait précé-
demment de faire connaître, mais simplement au point de vue
morphologique, en la décrivant sous le nom de Cordylobia
prægrandis.
(1) GC. R. Acad. Sciences, 11 sept. 1911.
(2) Bull. of Ent. Res. Vol. I, part. 1, p. 79, avril 1910,
108 E. ROUBAUD.
Tous ces détails biologiques nouveaux étendent d’une façon
singulièrement imprévue nos connaissances sur ce petit groupe de
Calliphorines, jusqu'alors limitées à la seule espèce parasite de
l'homme, l'A. luteolu. Le genre Auchineroimuyia est devenu le type
d'une petite tribu très spécialisée de Calliphorines à larves piqueuses
et suceuses de sang parasites de l'Homme et des Mammifères
dépourvus de poils. |
Dans le présent mémoire je me suis proposé de réunir toutes ces
données à la fois systématiques et biologiques sur les Auchméro-
myies; en précisant leur histoire j'espère réussir à mettre en
évidence les traits saillants de la biologie si particulière des
mouches adultes et de leurs larves, à dégager les conditions déter-
minantes essentielles de leur mode de vie, les raisons physiolo-
giques de leurs adaptations spéciales et de leur singulière modalité
parasitaire.
RECHERCHES SUR LES AUCHMÉROMYIES. 109
PREMIÈRE PARTIE
SYSTÉMATIQUE
I. Position systématique des Auchméromyies.
Les Auchméromyies appartiennent au groupe spécial des Calli-
phorines à teintes pâles distingué depuis longtemps par ROBINEAU
DEsvorpy sous le terme de Muscidæ testaceæ. Le genre type
Auchmeromyia a été formé en 1891 par BRAUER et BERGENSTAMM
pour une mouche décrite par FaBricits en 1805 sous le nom de
Musca luteola el rangée plus tard par Low (1862) dans le genre
Ochromyia de MacquarT. Les caractères fondamentaux Invoqués
par BRAUER et BERGENSTAMM pour la distinction du genre Awchine-
romyia sont: l’écartement des yeux dans les deux sexes, la
présence de macrochètes uniquement marginaux aux segments III
et IV de l'abdomen et de macrochètes latéraux aux segments I à
III ; l'existence chez les mâles de griffes allongées et de tubercules
à la face ventrale du dernier segment abdominal. L'absence de soies
discoïdales au IV°® segment et de macrochètes marginaux au JIII°
abdomipal établissait pour ces auteurs une distinction suffisante avec
le genre voisin Bengalia, très imparfaitement défini en 1830 par
ROBINEAU d'après la diagnose suivante :
Labre triangulaire, manifeste, dépassant l'épislome ; palpes
un peu dilateés au sommet.
BEZz1 a récemment exprimé dans le tableau que nous reproduisons
ici pour fixer la position du genre Awchmeromyia dans la systé-
matique, les caractères couramment admis par les auteurs pour la
distinction des principaux genres de Calliphorines testacées: ce
tableau précise les affinités et les distinctions qui existent entre le
genre Auchineromuyia, et les genres voisins avec lesquels il est
fréquemment confondu, en particulier les genres Bengalia R, DESV.,
Ochromyia Maca. et Cordylobia GRÜNE.
TABLEAU DES CALLIPHORINES TESTACÉES (d'après BEzzr).
1 (4) Corps robuste, de grande taille, allongé, plus ou moins déprimé, jamais
arrondi; gènes à plusieurs rangées de soies, processus vibrissigères
fortement convergents ; abdomen pourvu de macrochètes bien déve-
loppés ; pas de spinule costale ; yeux du mâle largement séparés.
110 E. ROUBAUD.
2 (3) Péristome large, macrochètes ptéropleuraux distincts; { ou 2 soies
sternopleurales, une seule soie orbitaire chez la femelle ; dernier segment
abdominal dépourvu de macrochètes discoïdaux ; pièces génitales du
mâle ornées d'un long stylet; deuxième segment abdominal chez la
femelle parfois fortement allongé.............. Auchmeromuyia B. B.
3 (2) Péristome étroit; pas de soies ptéropleurales, 2 sternopleurales, 2 soies
orbitaires chez la femelle ; deuxième segment abdominal non allongé,
le quatrième pourvu de deux voies discoidales bien développées.
RTC ee een ee ir de RC UE Bengalia W AK.
4 (1) Corps court, arrondi, abdomen presque globuleux, dépourvu de macro-
chètes, ou, lorsqu'ils existent, la spinule costale également présente ;
pièces génitales du mâle peu développées ; yeux contigus ou rapprochés
chez le mâle; facettes supérieures des yeux plus larges que les
inférieures.
D (10) Spinule costale non distincte; macrochètes sternopleuraux d'ordinaire
1: 1; couleur entièrement testacée.
6 (7) Processus vibrissigères fortement convergents; péristome large; arista
médiocrement plumeuse, gènes à plusieurs rangées de soies.
AT ET ARE on TL Ne E O EE Cordylobia GRÜNS.
7 (6) Processus vibrissigères moins convergents; péristome étroit; arista
longuement plumeuse; gènes nues ou à une seule rangée de poils.
8 (9) Gènes à une rangée de poils, soies orbitaires externes distinctes ;
Sternopleurales 2e PEN ES D RER RE Ochromyia Mac.
9 (8) Gènes nues ; pas de soies orbitaires, facettes supérieures des yeux chez
le mâle fortement élargies, et distinctes manifestement des inférieures ;
Soiesisiernopleuralés ti RER ASC RETIRE ES Zonochroa B. B.
10 (5) Spinule costale bien développée ; corps noirâtre en partie ; macrochètes
abdominaux présents ; soies sternopleurales 2:1.... Tricyclea Wurr.
Comme le montre ce tableau, l’écartement des yeux dans les
deux sexes distingue nettement le genre Auchmeromyia des genres
Ochromyia et Cordylobia, dont les yeux sont contigus chez les
mâles. Ce genre se trouve particulièrement apparenté au genre
Bengalix, mais les caractères imvoqués dans le tableau pour ja
distinction de ces deux genres et qui reposent particulièrement sur
la chétotaxie de l'abdomen, sont à notre avis insuffisants ; ils
prêtent pour certaines espèces à des confusions fâcheuses et doivent
être repris.
SURCOUF et Mie Guyon (1912) ont tout récemment insisté, avec
raison, sur l’inexactitude du caractère tiré de l'absence de soies au
disque du dernier segment de l'abdomen. Chez les femelles
d'Auchineromuyia luteola, ces soies existent quoique peu déve-
loppées. Les auteurs considérent la chétotaxie du thorax, plus
réduite chez les Bengalia, comme un meilleur caractère de
différenciation. Ils y ajoutent celui de la forme du forceps hypo-
RECHERCHES SUR LES AUCHMÉROMYIES. 111
pygial chez les mâles, simple chez les Awchmeromyia, bifide et
plus allongé chez les Bengalia. Mais outre que ce dernier caractère
peut ne pas avoir une généralité absolue chez les différentes espèces,
il offre le grave défaut de ne pouvoir servir à caractériser les
femelles.
Pour nous, les caractères tirés de la forme extérieure de la tête en
y comprenant les yeux et la trompe, joints à la chétotaxie du thorax
permettent de différencier d'une manière absolument nette les
Auchméromyies des Bengalies (1).
FiG. 1. — Chétotaxie du thorax (face dorsale) chez Bengalia depressa War. —
© X 8.
{ mesonotum. — 2 scutellum. — 3 suture transverse. — 4 depression
presuturale. — 5 callus notopleural. — 6 callus huméral. — 7. Callus préalaire.
— 8. Callus supraalaire., — 9. callus post-alaire. — 10. post scutellaire.
a soies acrosticales. — D soies dorso-centrales. — c soies post-humérales. —-
d soies humérales. — 2 soies présuturales. — f soies notopleurales. — 4 soies
supra-alaires. — soies post-alaires. — 7 soies intra-alaires. — j soies scutellaires
marginales. — k soies scutellaires apicales. — / soies scutellaires préapicales. —
m soies scutellaires prémarginales.
Dans le genre Auchineromuyia le {horax est pourvu de 3 soies
humérales, de 6 dorso-centrales (2 pré-suturales et 4 post-suturales)
et de 6 acrosticales (3 pré-suturales et 3 post-suturales) (fig. 4). Dans
(1) Au cours de l'impression de ce travail, le Pvofesseur BEZZ1 (1913) a publié une
intéressante étude monographique du genre Sengalia dans laquelle i] met en évidence
ces mêmes caractères différentiels.
ET E. ROUBAUD.
le genre Bengalia, au contraire, le thorax sub-inerme antérieu-
rement ne présente que ? soies humérales, 3 dorso-centrales (une
pré-suturale très réduite, 2 post-suturales), et une seule paire
d’acrosticales pré-scutellaires (fig. 1).
D'autre part chez Auchmeromiyia la tête (fig. ?, A) est caractérisée
par un épistome large, des yeux arrondis, non réniformes, dont le
bord inférieur ne dépasse guère le niveau de l'extrémité des
antennes. Chez les Bengalia par contre, la tête comprimée anté-
rieurement présente un péristome étroit, des yeux allongés
verticalement légèrement réniformes, dont le bord inférieur dépasse
largement le niveau de l'extrémité inférieure des antennes (fig. 2, B).
Enfin, les Auchméromyies possèdent une trompe du type lécheur
(fig. 2, A) molle, cylindrique, notablement plus longue que large, à
FiG. 2. — Profil de la tête : À chez A. luteola 0; B chez Bengaliao X 8,5.
1 œil. — 2 antenne. — 3 soie antennaire. — 4 suture frontale. — 5 arête
nasale, — 6 angle nasal. — 7 lunule frontale. — 8. ocelles. — 9 orbites. — 10 joue
— 11 médiania. — 12 péristome. — 13 palpes. — 14 trompe. — 15 paraglosses
ou labelles.
a soies verticales. — b soies post-verticales. — c soies ocellaires. — 4 soies
post-oculaires. — e soies orbitaires internes. — f soies orbitaires externes. —
g Vibrisses. — } grande vibrisse. — 7 soies du péristome.
labelles largement développés, qui est en rapports, comme nous le
verrons, avec le régime alimentaire purement lécheur. Les Bengalies
au contraire sont toutes caractérisées par une trompe courte, rigide,
dirigée en avant, massive et du type prédateur (fig. 2,B). Ce caractère
n'avait pas échappé à la sagacité de ROBINEAU-DESVOIDY qui avail
fait du labre saillant des Bengalies l'unique caractère de la diagnose
RECHERCHES SUR LES AUCHMÉROMYIES. IS
de son genre; il représente pour nous un caractère d'autant plus
important qu'il exprime des habitudes prédatrices qui font complè-
tement défaut chez les Auchméromyies. Les Calliphorines du genre
Bengalia sont bien, en effet, des mouches prédatrices entomo-
phages : JacoBsox (e de MELERE 1910) a observé à Java que 2. latro
se nourrissait de fourmis et de petits insectes; Surcour et M'°
Guyon mentionnent l'observation faite par le D' GAILLARD de mœurs
analogues chez B. (taillardi. En Afrique Occidentale, j'ai souvent
capturé les Bengalia à terre au voisinage des nids de termites ;
cette biologie très particulière à
l’état adulte vient appuyer large-
ment les caractères que nous
avons invoqués tirés de la forme
de la trompe pour la diagnose
différentielle absolue du genre.
Le caractère tiré de la présence
chez les Bengalic de macrochètes FiG. 3. — Profil de l'abdomen chez
discoïdaux au dernier segment de Bengalia depressa & X 6.
l'abdomen, qui a été considéré
jusqu'ici, sauf par Surcour et Mie Guyon, comme un caractère
différentiel fondamental doit être abandonné. Les soies discoïdales
existent parfois comme nous le verrons chez les Auchméromyies.
D'autre part, il existe des Bengalia du type B. (Auchmeromiyia)
jejuna Far. absolument dépourvues de soies discoïdales au dernier
segment abdominal. C’est pour cette raison que cette espèce a été
rangée par certains auteurs comme BEzzt (Katalog der Paläarktis-
chen Dipteren) dans le genre Auchineromyia (1). En réalité, comme
MaAcQuaRT l'avait indiqué sans préciser, cette mouche, la Mwsca
jejuna de FaBricits, malgré la chétotaxie de l'abdomen offre tous
les caractères d'une Bengalia ; après l'étude que j'ai pu faire des
exemplaires du Museum de Paris et du British Museum au point
de vue de la chétotaxie du thorax, de la forme de la tête et de
la trompe, je n'hésite pas à rapprocher cette espèce des Bengalies.
L'A. jejuna est d'ailleurs comme elle une espèce carnassière.
PouLrox (2?) mentionne que cet insecte aurait été vu la nuit capturant
et suçant des termites. Dans la collectiondu British Museum il
(1) Dans sa récente publication l'auteur restitue cette espéce au genre Bengalia.
(2) Ex. Bezzi : 1911.
114 E. ROUBAUD.
existe un exemplaire de la même espèce étiqueté par le Lt Col.
THomsoN comme chasseur d'œufs de fourmis. Il ne peut donc y
avoir de doutes au sujet des affinités qui existent entre ce diptère
et les véritables Bengalia, malgré son abdomen inerme.
Dans ces conditions les caractères distinctifs des deux genres
doivent s'exprimer pour nous de la façon suivante :
[. Tête aplatie dans le sens antéro-postérieur; trompe courte, massive,
piriforme, à bulbe renflé rigide, à labelles courts (trompe du type prédateur.)
Péristome étroit; yeux allongés verticalement, légèrement réniformes,
à bord inférieur dépassant de beaucoup le niveau inférieur des antennes.
Macrochètes ptéropleuraux absents ; soies acrosticales nulles en avant.
D M NN À dE + JE Bengalia R. Desv.
{l. Tête à profil angulaire. Trompe notablement plus longue que large, molle,
cylindrique, à labelles fortement développés (trompe du type lécheur).
Péristome large, yeux arrondis, non réniformes, à bord inférieur dépassant
à peine le niveau inférieur des antennes, macrochètes ptéropleuraux
distincts ; soies acrosticales bien développées en avant.
ee LES 2 CE D DIRES ONE Auchmeromyia B. B.
2. Caractères généraux et subdivisions du genre
Bengalia R. DESv.
D'après ce que nous avons dit, le genre Bengalia réunira donc
des formes prédatrices, à trompe épaisse et courte, saillante, à
épistome non proéminent, à thorax sub-inerme antérieurement.
La formule chétotaxique caractéristique du genre est la suivante :
2 soies orbitaires externes chez la femelle, 0 chez le mâle ; 2 soies
humérales, 1 post-humérale, 1 pré-suturale, 2 noto-pleurales,
1 dorso-centrale pré-suturale, 1 acrosticale post-suturale ; 1 ou 2
sternopleurales antérieures, ! postérieure. Macrochètes marginaux
au IV* segment abdominal.
La présence où non de macrochètes discoïdaux bien développés
à l'abdomen nous porterait à établir deux subdivisions dans le
genre de la façon suivante :
[. Soies marginales aux segments IT et IV. Macrochètes discoïdaux présents
au dernier segment ; corps allongé, comprimé latéralement, tête fortement
déprimée dans le sens antéro-postérieur......... S. G. Bengalia s. STR.
Type 2. depressa WAx.
IT. Segment [IT inerme. Pas de macrochètes discoïdaux au dernier segment mais
une simple couronne marginale. Corps court, condensé, tête médiocrement
déprimée dans le sens antéro-postérieur.. S. G. Para-Bengalia Rousaur.
Type Para-Bengalia (Auchmeromyia) Jejuna FA,
RECHERCHES SUR LES AUCHMÉROMYIES. 115
Si la biologie des adultes caractérise nettement les Bengalies
comme des insectes prédateurs, chasseurs de fourmis, de termites
et de petits insectes, en revanche l'histoire larvaire de ces diptères
est mal connue. À la suite de BLANCHARD et d’autres auteurs,
on a souvent rapporté à B. depressa WAIx., des larves cuticoles
trouvées chez l’homme et les animaux dans l'Afrique du Sud (Ver
du Natal). Comme l’ont remarqué AUSTEN (1907), Bezzt (1911) des
confusions certaines se sont produites entre cette espèce et les
Cordylobia. En réalité il n'y a aucune évidence que ces mouches
puissent compter à l’état larvaire parmi les parasites cutanés. En
Afrique Occidentale, où nous avons rencontré plusieurs espèces
de Bengalia, nous n'avons observé aucun cas de parasitisme
temporaire ou permanent qui puisse être rapporté aux larves de ces
insectes. De même qu'à l’état adulte les mœurs entomophages de
ces diptères Les écartent complètement des Auchméromyies ou des
Cordylobies, de même leur biologie ne saurait être suspectée
d’analogies avec celle, si spéciale, de ces Calliphorines.
3. Caractères généraux et subdivision
du genre Auchineromayi«.
Le genre Awchimeromuyia défini de la façon que nous avons
exposée en écartant systématiquement les Para-bengalia, et en
prenant pour type l’A. /uteola très anciennement décrite par
FABRIGIUS, comprend des Calliphorines de taille moyenne ou forte
dont les caractères généraux sont les suivants :
Tête large, arrondie, de profil légèrement angulaire, à péristome
large. Yeux larges, à contour ovalaire, non réniformes, lisse et
non velus. Front toujours largement séparé dans les deux sexes.
Antennes allongées dont l'extrémité inférieure atteint presque le
niveau inférieur des yeux. Chète antennaire fortement plumeux dans
toute sa longueur.
La chétotaxie étudiée d’une façon détaillée par Surcour et
Mie Guyox est dans ses lignes caractéristiques la suivante : 2? paires
de soies verticales à la tête; 1 de soies ocellaires, 1! d’orbitaires
externes chez la femelle, 0 chez le mâle. Au thorax : 3 soies humé-
rales, 1 ou ? post-humérales; 2 pré-suturales, 2 noto-pleurales,
2? dorso-centrales pré-suturales, et 4 post-suturales ; 3 acrosticales
116 E. ROUBAUD.
[a]
pré-suturales et 3 post-suturales. 1 sternopleurale antérieure,
1 postérieure. Macrochètes ptéropleuraux distincts.
A l'abdomen, des
soies latérales au 3°
segment ; des soies
marginales au 4°; il
existe parfois des soies
discoïdales.
Hypopygium à for-
ceps simple, fortement
développé ; ventrale -
ment 2? paralobes en
forme de languette au
4° segment.
Griffes toujours al-
longées chez les mâles,
courtes chez les fe-
melles.
La forme des seg-
5. — Chétotaxie du thorax (face dorsale) chez ments de l'abdomen et
A. luteola o X 8 même notation que fig. 1. leurs dimensions res-
pectives sont variables
suivant les espèces et méritent une étude particulière.
Frc.
L'A. luteola type du genre, est caractérisée par un abdomen
allongé, à segments irréguliers, le 2° dépassant considérablement la
longueur des autres.
Ce caractère n'a pas
été considéré par les
auteurs comme suffi-
sant pour distraire de
ce genre des espèces
à abdomen de forme
plus courte et plus
FiG. 5. — Profil de l'abdomen chez À. luteola © X
. 6,5.
large, et à segments
réguliers comme l'A. (Para-bençgalia) jejuna.BEzz (1911) à rapporté
également à ce genre malgré sa segmentation abdominale régulière
et la forme différente de l'abdomen, une espèce de grande taille
récemment décrite par AuUsrEN (1910) qui n’en a pas connu le mâle,
sous le nom de Cordylobia prægrandis. En 1911, j'a découvert au
RECHERCHES SUR LES AUCHMÉROMYIES. l'A
Soudan deux autres espèces étroitement alliées par les caractères de
l'abdomen à l'A. prægrandis. Les différences morphologiques
constatées pour les segments abdominaux entre ces nouvelles
espèces et l'A. /uteolu m'ont amené à créer pour elles un genre
nouveau, le genre Chæromyit, très voisin du genre Awchine-
romuyia (). La validité de ce nouveau genre n’est pas contestable si
l'on tient compte également, en dehors des caractères morphologiques
de l'abdomen, des particularités biologiques curieuses sur lesquelles
nous nous étendrons plus
loin, qui sont communes à
ces Chæromyies du Soudan.
Ces formes à abdomen
court et régulier (fig. 6)
vivent en effet en parasites
aux dépens des gros mam-
mifères sauvages à peau
nue habitant des lerrierS LE 6 _ profil de l'abdomen chez Chære-
creusés dans l’intérieur du myia chœrophaga à X 6,5.
sol ; ultérieurement j'ai pu
reconnaitre que l'A. præqgrandis offrait des habitudes analogues et
cette biologie commune, différente de celle de l'A. /uteola, jointe
aux caractères morphologiques communs des segments de l’ab-
domen, autorise le rapprochement de l'A. prægrandis et des
Chæromyies dans le mème groupement générique. Il existe
toutefois des différences morphologiques entre l'A. pregrandlis
et nos espèces soudanaises de Cæromuyin, qui font, dans une
certaine mesure, de la première espèce une forme de passage entre
les Chæromyia et les Auchineromuyia types, sous le rapport des
modifications de l'abdomen, avec cependant, en plus, des. caractères
propres très spéciaux.
Pour cette raison, nous pensons qu'il est préférable de ramener
l'acception du terme Chœæromyix à celle d'une subdivision du
genre Auclineromuyia, qui devient représentatif dans ses caractères
généraux de la petite tribu des Auchméromyies. IL est possible
qu'ultérieurement on soit amené à distinguer dans une troisième
subdivision du genre Les formes du type d'Auchineromuyia (Chæro-
myia) prægrandis; mais, actuellement, nous pensons qu'une telle
(1) €. À. 4e. Se., 11 sept. 1911.
118 E. ROUBAUD.
complication dans la nomenclature, motivée par des détails morpho-
logiques secondaires, ne s'impose pas.
Nous subdiviserons donc le genre Awchineromuyia de la façon
suivante :
I. Corps condensé; abdomen court à segments réguliers, le [Ie ne dépassant
pas la longueur du III; dernier segment chez les femelles toujours large,
plus ou moins aplati dorso-ventralement, sans soies discoïdales.
PÉÉ CEE : DO oO MAOE 0 vidrec LRO ACER S. (7. 1. Chæromyia RouBaur.
IT. Corps allongé ; abdomen cônique à segments irréguliers, le 11° notablement
plus long que le IT°: dernier segment chez les femelles très court, aminei,
fortement comprimé latéralement, pourvu de soies discoïdales rudimen-
TALFORE Re en et DE SR ue S. G. IT. Auchmeromuyia B.B.
Les caractères de l'abdomen pour chacun de ces sous-genres sont
donnés dans les fig. 5, 6 et 7.
I. S. G. Chœromyia. ROUBAUD. — DESCRIPTION DES ESPÈCES. —
Le s. genre (genre) Chœronyia (de yorsos porc; uü mouche) a
été formé par nous en 1911 pour deux espèces d’Auchméromyies
rencontrées au Soudan dans les terriers d'Oryctérope et de Phaco-
chère. Nous lui rattachons une troisième espèce, Chæromyia
prægrandis AUSTEN 1910 (Cordylobia). Ces espèces se différencient
de la façon suivante : -
1 (4) Abdomen court, globuleux ; dernier segment chez les femelles aplati
dorso-ventralement, non caréniforme; chez le mâle hypopygium à
forceps court. Espace interoculaire égal au 1/5 (6) ou au 1/4 (9) de la
largeur de la face. Espèces de taille moyenne (9-1{"m) non velues (2).
2 (3) Couleur générale testacé clair; bandes longitudinales grisätres très
faiblement marquées au thorax ; abdomen à taches ou bandes transver-
sales irrégulières cendré obscur ou brun noirâtre plus ou moins
MATQUÉCS 2 Fete, Let ne RES M Te TR CC EL Le boueti RouBAUD.
3 Couleur générale testacé grisätre à bandes longitudinales noires fortement
marquées au thorax; abdomen à taches ou bandes transversales noires
bien accusées aux segments IL, III, IV......... chærophaga ROUBAUD.
4 Abdomen modérément allongé; dernier segment chez les femelles trian-
gulaire, comprimé latéralement, caréniforme à l'extrémité libre; chez
le mâle hypopygium à forceps allongé ; espace interoculaire égal au 1/3
de la largeur de la tête dans les deux sexes. Espèce de grande taille
(45-1610) VEME EVE SERA TA PEER prægrandis AUSTEN.
I. Chœromuyia boueti RouBauD 1911 (PI. IV fig. )l. — Descrip-
lion. — Espèce de coloration générale pâle, testacée ; bandes et
taches thoraciques et abdominales sombres peu marquées; ailes
incolores.
RECHERCHES SUR LES AUCHMÉROMYIES. 119
6 Testacé clair presque entièrement; indication de deux bandes
longitudinales cendrées sur les côtés du thorax; aux pattes le
dernier tarsien entièrement noir aux pattes antérieures et moyen-
nes, rembruni à l'extrémité aux postérieures. Abdomen testacé pâle,
tantôt entièrement, tantôt relevé d'une paire de légères taches
cendré obscur, médianes, à contour irrégulier au bord postérieur
des segments IT, II, IV, plus accusées toujours au IF.
Espace interoculaire égal au 1/5 environ de la largeur de la tête.
Abdomen court, globuleux ; hypopygium à forceps court, égal à la
longueur du segment IV. 2? soies sternopleurales. Segments IT et IV
à bordure continue de soies noires fines et souples, allongées et
saillantes. Longueur 9"1-10mn,
Q Semblable au mâle, mais les tarses entièrement päles, et les
dessins sombres abdominaux plus apparents. Abdomen marqué
dorsalement de bandes transversales brun noirâtre au bord
postérieur des segments IT et II. La bande du segment II est mince,
régulière, interrompue sur la ligne médiane par un court rebrous-
sement angulaire antéro-postérieur ; au segment III la bande est
beaucoup plus large, couvrant la moitié du segment, irrégulière,
interrompue sur la ligne médiane par une ligne claire. Segment IV
orné de deux petites taches triangulaires peu distinctes au bord
antérieur. Face ventrale entièrement pâle. Soies marginales aux
segments IE et IV, plus fines et plus courtes que chez les mâles, et
de même couleur. Pas de soies discoïdales.
Segment IV élargi, de forme trapézoïdale en dessus, aplati,
tronqué carrément à l'extrémité libre, non comprimé latéralement.
Longueur 10mm-1{mm,
IT. Chæromyia chœrophaga RouBaup. 1911 (PL IN fig.). 1
Descriplion.— Testacé grisâtre à bandes et taches noir bleuâtre très
accusées ; © © semblables. —Thorax à 2 bandes longitudinales noires
très accusées, n'atteignant pas l’'écusson. Pattes entièrement pâles
chez la femelle. Le dernier tarsien chez le mâle entièrement noir aux
paires antérieure et moyenne, noir seulement à l'extrémité à la paire
postérieure. Aïles incolores. Abdomen court, globuleux, pâle et
translucide antérieurement, le segment IT bordé d’une bande mince
et continue, brun noiràtre, accentuée d’une courte arête médiane à
direction antérieure, plus ou moins prononcée. Segment III souvent
presque entièrement noir, sauf de chaque côté une incision pâle
120 E. ROUBAUD.
antérieure. Segment IV noir, l’apex et l'hypopygium jaunâtre. Face
ventrale presque entièrement pâle.
Deux soies sternopleurales ; segment IT pourvu de soies margi-
nales bien développées sur les côtés, nulles ou très courtes sur le
dos. Pas de soies discoïdales. Hypopygium chez le mâle et dernier
segment chez la femelle, comme chez C}. Boueli. Longueur : 6, 8-
Orne ADAM
Variation. — Ch. chœrophaga varie parfois notablement dans
sa coloration abdominale. Parfois le segment III est pâle presque
entiérement, simplement bordé de noir en liseré postérieur. D’autres
fois (formes mélanes) l'abdomen est entièrement noir, sauf à sa
partie tout à fait antérieure. Dans ces formes les bandes noires du
thorax sont également plus larges et la partie moyenne du front est
tachée de noir.
Ces deux espèces de Chæromyies sont manifestement apparentées
par tous leurs caractères morphologiques. Elles se distinguent
principalement mais immédiatement l'une de lPautre par leur
coloration générale.
L'espèce suivante Ch. prægrandis diffère des précédentes par sa
taille deux fois plus forte, par l'écartement plus considérable des
yeux chez le mâle, les grandes dimensions de l'hypopygium, et la
forme moins aplatie du dernier segment chez la femelle. Ces
caractères lui confèrent une situation systématique un peu à part des
deux autres.
HI. Ch. prægrandis AuUSTEN 1910 (Corlylobia) (PI. IV, fig. 2). —
Description (*).— Espèce de grande taille, d'un testacé roussâtre
marqué de fortes bandes transversales noir cendré à l'abdomen et
de lignes noirâtres au thorax. Ailes nettement enfumées; corps
massif, abdomen légérement comprimé, tête large.
Espace interoculaire égal au 1/3 de la largeur totale de la tête,
dans les deux sexes. Thorax marqué de chaque côté d’une bande
longitudinale noirâtre irrégulière n’atteignant pas l’écusson . 2 soies
sternopleurales. Pattes entièrement testacées dans les deux sexes,
à pilosité noire ; griffes noires à l'extrémité.
Abdomen médiocrement allongé, à peine plus long que le thorax,
à segments réguliers densément couvert d’une pilosité noire
/
(1) Nous ne donnons ici que les caractères essentiels, la description du type ayant
été faite d'une façon très détaillée par Ausrex (1910 ©) et Bezzi (1911 6).
RECHERCHES SUR LES AUCHMÉROMYIES. 121
uniforme, très abondante et très fournie à la partie postérieure et
sur les pièces génitales. Chez le mâle, de fortes touffes de poils
longs et noirs à la face ventrale des segments, surtout développées
au IV°. Chez la femelles ces fortes toulfes de poils sont absentes.
FiG. 7. — Profil de l'abdomen chez Ch. præœgrandis o X 65.
Premier segment bordé dans les deux sexes d’une fine ligne
marginale obscurcie, et chez le mâle couvert en dessous de longs
poils soyeux jaune pâle, très fins.
Deuxième segment également bordé d’une ligne noirâtre régulière
un peu plus accusée.
Troisième segment teinté de noir dans ses deux tiers postérieurs.
Segment IV entièrement noir cendré.
Hypopygium très saillant, d’un roux obscur, très velu, forceps
remarquablement allongé 1/3 plus long que le segment IV (fig. 17).
Expansions ventrales de ce segment peu accusées.
IV® segment court, large, tronqué brusquement chez le mâle;
chez la femelle plus aminci dorsalement, triangulaire, comprimé
latéralement. Les bords libres latéraux sont rapprochés e7 carène,
limitant entre eux une fente verticale étroite dont les bords sont
protégés de chaque côté par une sorte de peigne formé par une
rangée de petites soies spiniformes, noires, courtes el rigides,
convergentes, très caractéristique (fig. 7.)
Trois à quatre macrochètes sur les côtés du segment IT dans les
deux sexes. Une couronne complète au bord du segment IV chez
le mäle. Chez la femelle les soies marginales devenues très courtes
et rigides constituent les peignes latéraux. Dorsalement subsistent
10
122 E. ROUBAUD.
aussi trois à quatre soies spiniformes, un peu en arrière de
l'extrémité du segment, tendant à former des soies discoïdales. —
Longueur 60 15-16, 5”.
IT. S.G. Auchmeromyia. B. B. — Le s. genre Auchmeromuyia
se distingue dus. genre Chæromyia par les caractères suivants :
Corps allongé, comprimé latéralement. Abdomen étiré, à
segments /réqaux, acuminé, dépassant largement dans les deux
sexes la longueur du thorax ; le 2° segment toujours notablement
plus long que le 3°. — Soies latérales au segment 2; une couronne
marginale aux segments II et IV ; discoïdales rudimentaires chez
la femelle au dernier segment caréniforme.
Ce sous-genre n’est représenté actuellement pour nous que par
une espèce l'A. luteola FaBr., décrite sous des noms divers dont
BEzz1 (1908) a donné la liste synonymique. Nous lui rapportons
également l'espèce tout récemment décrite sous le nom d’A.
Tilhoi par Surcour et Mie Guyon (1912).
Auchmeromyia luteola KFagr. 1805. (PL. IV fig. 2). — Des-
Criplion. — Espèce d’un roux ferrugineux plus ou moins pâle,
le thorax marqué de deux bandes longitudinales et l'abdomen de
bandes transversales noirâtres plus où moins larges et apparentes.
2 soies sternopleurales.
6 Espace interoculaire égal au 1/4 environ de la largeur de la
tête. Corps pâle, pattes claires, l'extrémité du dernier tarsien
obscurci. Thorax à deux bandes noir grisàätre plus ou moins nettes,
n'atteignant pas l’écusson.
Abdomen à segment II 1/3 plus long que le IT; forceps hypopygial
très développé, deux fois plus long que le segment IV ; paralobes
ventraux de ce segment en languettes saillantes. La coloration de
l'abdomen est tantôt entièrement pâle, tantôt relevée de deux
taches noir grisâtre arrondies, parallèles, sur le dernier segment
et de bandes marginales de même couleur, plus ou moins larges,
aux segments IT et IV. Parfois en outre, au 2° segment une ligne
médiane noirâtre. Long. 9 "mm,
o Semblable au mâle mais les bandes abdominales d'ordinaire
plus larges, couvrant aux segments IT et III parfois presque toute
la largeur du segment. Pattes entièrement testacées y compris le
dernier tarsien. Abdomen (fig. 5) à segment II une fois 1/2 plus long
que le II, le bord postérieur légèrement concave. Segments III et IV
RECHERCHES SUR LES AUCHMÉROMYIES. 123
fortement comprimés latéralement, le IV® nettement conique en
dessus, très court, très caréniforme de profil; les bords latéraux
“approchés l’un de l'autre délimitent postérieurement une fente
ovale obliquement disposée, dont les lèvres sont inermes. Quelques
soies discoïdales rudimentaires au dernier segment. Long. 9-13".
Variations. — La coloration générale de la mouche varie
notablement avec les individus; mais on peut affirmer que ces
variations sont surtout fonction du climat et de la répartition
géographique. D'une façon générale les exemplaires que nous avons
rencontrés dans les régions soudaniennes où les influences déser-
tiques sont très accusées (mouches de la vallée du Niger entre
Niamey, Tombouctou, Djenné), sont notablement plus pâles que les
individus des régions côtières de l'Afrique Occidentale à climat
humide, ou des régions équatoriales (Congo).
Les À. luteola de Tillabery, Gao, Tombouctou et, dans l’ensemble,
les individus des régions sablonneuses pré-désertiques de la boucle
du Niger sont presque entièrement d’un testacé pâle, sans taches ni
bandes noires marquées, surtout chez les mäles. Chez les femelles,
les bords et les parties latérales des segments ? et 3 sont simplement
assombris. La pâleur générale est telle qu'on pourrait être lenté
de distinguer cette variété soudanienne provenant des régions
sablonneuses et sèches sous un qualificatif particulier, si l'on
n’observait souvent dans certaines conditions de développement
larvaire, une variation de même ordre chez les formes d'ordinaire
plus colorées des régions humides. Les individus nains obtenus de
larves soumises là des jeûnes prolongés sont également entièrement
pâles ; de même les individus nouvellement sortis des pupes et qui
n'ont point encore volé au dehors. Il faut remarquer que la teinte
toncièrement pâle des formes pré-désertiques est l'expression
parfaite d'un phénomène d'homochromie et d'adaptation à la couleur
des sables parmi lesquels vit la mouche, ou des murs de lerre pâle
sur lesquels elle se pose. Il est souvent difficile au Soudan d’'aper-
cevoir l’insecte dans les habitations où cependant il est si répandu.
Les exemplaires bien colorés que l’on rencontre surtout dans les
régions humides (Congo, bas Dahomey, basse Côte d'Ivoire, etc.)
sont caractérisés par les bandes longitudinales sombres bien
marquées du thorax et le développement également accentué des
taches noires de l'abdomen. Le premier segment est souvent bordé
d’une ligne noirâtre très mince, plus développée chez les femelles.
124 E. ROUBAUD.
Chez ces dernières, le segment IT est souvent entièrement noir
jusqu'à la moitié ou les deux tiers de sa partie distale ; tandis que
chez les mâles c'est une mince bordure relevée d’une ligne ou
arète noire médiane. Le segment III est parfois entièrement noir
dans les deux sexes ; d’autres fois la bande noire se trouve en grande
partie débordée en avant et sur les côtés par la coloration claire ;
elle peut se réduire à deux taches triangulaires ou arrondies
juxtaposées sur la ligne médiane. Enfin le dernier segment peut
être soit entièrement testacé, soit entièrement noir, soit nuancé
seulement d’une bande proximale continue de même couleur ou
de taches arrondies bien marquées. Tous les systèmes de coloration
s’équivalent et il serait illusoire, tant sont nombreux les types
intermédiaires, de se baser sur la plus ou moins grande étendue des
bandes noires abdominales et sur leur forme, pour caractériser
des espèces différentes chez un insecte aussi largement répandu
dans des zones africaines climatiquement dissemblables. En réalité
l'A. luteola estune, et doit être conçue comme l’espèce unique du
genre (s. g.) Auwchineromyia.
3. Les affinités et la répartition géographique
des divers types d’Auchméromyies.
La petite tribu des Auchméromyies ne comprend donc à l'heure
actuelle que 4 espèces. Ces quatre espèces, si l'on en étudie
comparativement les caractères morphologiques se montrent reliées
les unes aux autres en une petite série évolutive homogène.
La plus différenciée des quatre espèces est l’A. luteola dont les
caractères morphologiques sont très spéciaux en raison de l'inégalité
des segments abdominaux, de l'allongement de l'abdomen, et de la
forme particulière, en carène saillante, du dernier segment qui est
fortement comprimé latéralement (fig. 5). Les espèces du s.-genre
Chœromyia dont l'abdomen est simple et court sont manifestement
des formes plus primitives. Cependant chez Ch. prægrandis la
forme en carène est déjà accentuée en raison de l’amincissement du
dernier segment abdominal (fig. 7) dont les bords latéraux se
rapprochent notablement, en même temps que la forme générale de
l'abdomen s’allonge légérement, les segments restant cependant
toujours de proportions équivalentes, Nos Chæromyia chœrophaga
et boueli représentent les espèces les moins différenciées de cette
RECHERCHES SUR LES AUCHMÉROMYIES. 125
série. La forme régulière de l'abdomen court et globuleux (fig. 6)
les rapproche du type courant des Calliphorines. Le dernier segment
est large, non caréniforme. Cette absence de différenciation montre
qu'il s’agit là des espèces les plus primitives, et cette donnée est
confirmée comme on le verra par celles de la biologie.
Avec Ch. chœrophaga le groupe se trouve étroitement allié,
d'autre part, aux Calliphorines cuticoles du genre Cordylobia : par
sa coloration générale, sa forme et ses dimensions cette espèce
pourrait être facilement confondue avec C. anthropophaga Brax-
CHARD, dont la distingueront cependant toujours la largeur du front
chez le mâle, et la plumosité continue du chète antennaire ; mais ces
espèces convergent manifestement vers un même type. Ces consi-
dérations présenteront, ici encore, un intérêt plus réel si l’on met en
regard des données de la morphologie celles de la biologie à l’état
larvaire de ces mouches: le parasitisme des Cozdylobia étant,
comme nous le verrons, un parasitisme d’un type tout autre
que celui des Auchméromyies, pour des raisons physiologiques
profondes.
La tribu des Auchméromyies, telle que nous l'avons comprise ne
compte actuellement de représentants qu'en Afrique : l'A. Jejuna,
forme de l'Inde, étant rangée par nous dans le genre Bengalia. Les
Auchméromyies sont essentiellement des mouches de l'Afrique
tropicale et subtropicale (fig. 8).
L’A. luteola, dans l'état présent des connaissances, est l'espèce qui
offre l'extension géographique la plus vaste; cette espèce est très
largement répandue en Afrique, du Sénégal et du Soudan au Cap.
En Afrique Occidentale nous l'avons rencontrée au Sénégal, en
Casamance, en (Gambie, en Guinée française, en Côte d'Ivoire, au
Dahomey ; dans le Haut-Sénégal-Niger et dans tout le bassin de ce
fleuve jusqu'à Gao, Tombouctou, Bamba, Bourem, dans les régions
pré-désertiques du nord de la boucle.
Elle existe en Gold Coast, dans le sud et le nord de la Nigeria
(Coll. du Brit. Museum), (GRaHAM la signale en Ashanti. La
collection du Museum renferme des exemplaires recueillis par A.
CHEVALIER dans le Fouta Djallon et au Lac Tchad, au Gabon et au
Moyen Congo. Dans le Bas Congo entre Brazzaville et Loango, dans
la vallée de l’Alima j'ai rencontré la mouche absolument partout.
Au Congo Belge, Durrox, Topp et CHRISTY (1904) NEWSTEAD, DUTTON
et Topp (1907) la signalent aussi comme très uniformément répandue.
126 E. ROUBAUD.
Ces derniers auteurs la mentionnent également du Sierra Leone, de
Lagos, de l'enclave de Kabinda, de l’Angola.
Foa a recueilli la mouche dans le Zambèze ; Sh. NEAvE dans le
Soudan Anglo-Égyptien. On la connaît également de Nubie, d’Abys-
sinie, de l’'Ouganda, du Mozambique, de Zanzibar, du Natal et du Cap,
de l'Erythrée (Bezzi).
D —=
NA
a —_—_ = 7) EEE |,
a — —— £ = ——
— À
= TL 7)
F1G. 8. — Distribution géographique des Auchméromytes.
L'aire de dispersion de l'A. /uteola est indiquée par les hachures générales.
Les lettres indiquent les régions où ont jusqu'à présent été constatés les divers
types de Chœæromyies: B — Ch. boueti; C — Ch. chœrophaga; P = Ch.
prægrandis.
L'étude précise de la répartition africaine de cette espèce est d’un
intérêt considérable quand on se reporte à sa biologie et à son mode
parasitaire si parliculier. Si l’on compare, en effet, la distribution
géographique de la mouche avec celle des races humaines en
RECHERCHES SUR LES AUCHMÉROMYIES. 127
Afrique, on voit qu’elle est superposable en somme à celle de la
ace noire en Afrique tropicale. La mouche disparaît dans les
régions subtropicales Nord où domine l'élément Arabe ou Berbère
(Afrique du Nord, Maroc, Mauritanie, Pays Touaregs), alors qu'on
la rencontre encore dans l'Afrique du Sud, au Natal et au Cap, où
l'élément noir (Cafres) est abondant.
C'est encore dans la biologie larvaire de ce diptère qu'il convient
de chercher, comme on le verra plus loin, l'explication de cette
importante donnée. Les documents relatifs à l’extension géogra-
phique des Chœromyies sont encore peu nombreux, mais il est
vraisemblable que les recherches ultérieures étendront notablement
l'aire de répartition de ces mouches en Afrique tropicale et sub-
tropicale, leurs conditions biologiques étant maintenant exactement
connues. Pour ces espèces, comme pour l'A. /uteola, on devra
retrouver un parallélisme d’extension géographique entre les
mouches et leurs hôtes mammifères à l'état larvaire. Nous
reviendrons sur ce fait ultérieurement.
L'espèce qu'AusTex a fait connaître sous le nom de Cordylobia
prægrandis a été décrite d’après des individus provenant du Natal,
de la Colonie du Cap et du Nord-Ouest de la Rhodésia. BEzzt a
donné la description du mâle d’après des individus provenant de
_Prétoria et de Brakkloof dans l'Afrique australe orientale. Dans la
Collection du British Museum de Londres existe en outre un exem-
plaire originaire du Nyasaland ; dans celle de l'École de Médecine
tropicale de Liverpool nous avons trouvé également un exemplaire
provenant de la Rhodésia. RopHaix (renseignement inédit) a observé
l'espèce au Katanga. Mais cette espèce, jusqu’à présent fort rare
dans les collections, n’est pas limitée comme on pourrait le croire
à l'Afrique méridionale. Je l'ai rencontrée dans l'Afrique occidentale
française en Haute-Gambie, aux environs de Guénoto ; le D' BouEer
en à également capturé un exemplaire dans la Haute-Côte d'Ivoire à
Odienné. IL s’agit donc, ici encore, d'une espèce très largement
répandue dans l'Afrique tropicale et sub-tropicale et dont l'aire de
répartition sera certainement superposable à celle des animaux à
peau nue qu’elle parasite.
Les Ch. boueti et Ch. chϾrophaga ne nous sont jusqu'ici connues
que du Soudan de l'Afrique occidentale, de la vallée Nigérienne. La
première espèce, certainement la moins répandue, n’a été trouvée
que deux fois aux environs de Tombouctou et aux environs de
128 E. ROUBAUD.
Niamey. La seconde à été rencontrée très communément, le plus
souvent seule, une fois associée à la précédente, dans toute la région
du Tombouctou, Gao, Mopti, Djenné. Nul doute que de nouvelles
recherches basées sur la singulière biologie de ces Calliphorines
n’étendent considérablement leur zone d'habitat africain, de manière
à la rendre également superposable à celles de leurs hôtes, les
Phacochères et [es Oryctéropes.
DEUXIÈME PARTIE
BIOLOGIE ET ORGANISATION DES AUCHMEROMYIES.
L'étude morphologique et systématique que nous venons de faire
des divers types d’Auchméromyies était nécessaire pour fixer les
limites réelles de ce petit groupe de Calliphorines avant d'en aborder
l'étude biologique. Cette étude renforce d’une manière toute particu-
lière les conclusions posées dans la partie systématique, en montrant
que, parmi toutes les Calliphorines testacées voisines, les Auchmé-
romyies occupent une place vraiment à part en raison de leur mode
de vie.
L'étude biologique de ces mouches qui n’était connue que d'une
façon très incomplète par les observations faites depuis Durron et
Topp sur l’A. luteola a retenu tout spécialement notre attention.
Nous envisagerons d’abord la biologie des adultes puis celle des
larves.
1. L'Habitat des mouches. Ses déterminants biologiques.
Les Auchméromyies adultes recherchent les endroits frais et
obscurs. Cette particularité biologique se manifeste à des degrés
divers suivant les espèces.
Habitat de l'A. luteola. — 1} A. luteola se rencontre dans les
habitations humaines, sur les murs abrités du soleil des cases indi-
gènes, sous les vérandas, dans les cours à l’ombre, de préférence
près des latrines. On l’observe quelquefois mais plus rarement, au
dehors, toujours à proximité des groupements habités, villes ou vil-
lages, dans le voisinage immédiat des maisons. La mouche se pose
RECHERCHES SUR LES AUCHMÉROMYIES. F29
sur la terre humide, à l'ombre, cherchant des fruits tombés ou des
déjections dont elle s'alimente, de préférence le matin de bonne heure
par temps frais, ou le soir au coucher du soleil. À Bamako j'ai capturé
au mois d'août un grand nombre d'A. /uteola des deux sexes dans
la matinée, sur le sol, à l'ombre des grands Sterculia cordifolia qui
ornent certaines avenues. Elles venaient sucer les fruits tombés
pourrissant sur le sol. À Niamey, j'ai observé à la tombée de la nuit,
sur le bord du Niger, des A. /uteola sur des excréments frais déposés
sur les bords du fleuve, très près de l’eau.
D'autre part, c’est un fait bien connu des coloniaux européens
d'Afrique que la mouche, au coucher du soleil, à l’heure de l'apéritif,
vient visiter le goulot des bouteilles de sirop et de liqueurs pour humer
les liquides sucrés qui les imprègnent. On la capture facilement dans
ces conditions, car elle revient avec persistance aux mêmes endroits
lorsqu'on l’écarte et vient se faire prendre à la main jusque dans les
verres.
C’est, en somme, une mouche vivant d’une façon constante auprès
de l’homme, dans le voisinage ou à l’intérieur de ses habitations, ne
s’en écartant jamais que fort peu : recherchant l'ombre, la fraicheur
et fuyant le grand soleil.
Habitat des Chœromyies. — Les terriers. — Tout autres sont les
habitudes des Chæromyies quoique dominées encore par des raisons
physiologiques identiques. Ces mouches habitent, à l’état adulte, à
l'intérieur des terriers des Phacochères africains et des Oryctéropes
(fig. 9 et 10), qu’elles parasitent à l'état de larves. Lorsque le terrier
d’un de ces animaux est fréquenté par ces mouches, il suffit d'enfoncer
un bâton à quelque distance de l'entrée et de l’agiter sur les parois
pour en voir aussitôt sortir les mouches, parfois en nombre considé-
rable. C’est de cette manière que nous avons capturé Ch. boueli, et
Ch. chærophaga, cette dernière en très grand nombre, au Soudan.
Ces deux types d’Auchméromyies révélent des habitudes beaucoup
plus nettement obscuricoles que celles d'A. /wteola. Les mouches se
tiennent en effet dans la partie obscure du terrier et dans la journée
ne cherchent jamais qu'à regret à s'enfuir à l'extérieur. Pendant le
jour, lorsqu'on se tient immobile au bord d’un terrier fréquenté par
les Chæromyies, on ne voit jamais aucune d’entre elles s'envoler au
dehors. C’est seulement lorsqu'on les inquiète qu'on les voit se
diriger vers l'entrée du gîte en courant sur les parois, puis s'envoler
130 E. ROUBAUD.
brusquement et disparaitre d’un vol rapide ; mais elles ne s'écartent
jamais à de grandes distances n1 définitivement de leur gîte. Elles
se posent à terre ou sur les herbes des alentours, puis au bout de
quelques instants on les voit se rapprocher, décrivant des cercles
à terre au voisinage de l'entrée du terrier, et si tout est calme
elles y rentrent tout d’un coup pour disparaitre à nouveau dans
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Fi. 9 — Terrier d'Oryctérope (Gîte à CAæromytes) aux environs de Djenné
(Soudan Français).
la profondeur. Ces habitudes singulières, tout à fait spéciales, per-
mettent de s'emparer facilement de la presque totalité des mouches
qui parasitent un terrier. D’ordinaire, les mouches issues d'un terrier
retournent à ce gite par l’orifice qui les a conduites au dehors,
lorsqu'elles ne sont plus inquiétées ; mais parfois cependant, surtout
quand les terriers ont plusieurs issues rapprochées, elles pénètrent
dans les trous du voisinage.
C’est en explorant les gîtes des Oryctéropes et des Phacochères
dans la région de Niamey, Tombouctou, Djenné, en compagnie de
RECGHERCHES SUR LES AUCHMÉROMYIES. ol
notre ami le D' BouET que nous avons découvert avec ces deux
espèces de Chæromyies, ces conditions biologiques curieuses qui
jettent un jour nouveau sur l’histoire des Auchméromyies.
En cherchant de la même manière dans un terrier d’Oryctérope
aux environs de Guénoto, dans la Haute-Gambie, j'ai capturé en
plein jour une quinzaine de Ch. prægrandis Ausr. Dans la profon-
deur du gîte, rien ne décelait au dehors la présence des mouches :
mais en y enfonçant un bâton brusquement je vis s'échapper une à
une d’un vol sonore et rapide plusieurs de ces belles Calliphorines
que je ne pus saisir et qui disparurent dans la végétalion environ-
nante.
Au bout de quelques minutes d'attente, les mouches qui s'étaient
enfuies commencèrent à décrire autour de moi quelques cercles, dans
le voisinage du terrier, puis elles réintégrérent avec une remarquable
sûreté leur gite dont je les avais écartées.
En revenant à différentes reprises au même gite dans la soirée et
le lendemain j'ai pu m'emparer de tous les individus ailés (une
quinzaine) qu'ii contenait. La sûreté et la constance avec laquelle les
Chœromyies reviennent à leur gite en plein jour, lorsqu'elles en ont
élé écartées d’une façon fortuite, est très remarquable et indique de
la part de ces insectes une adaptation très particulière à ce point de
vue. Je ne pense pas qu'il s'agisse là d'associations visuelles et d'une
connaissance exacte des lieux par les mouches ; il y a plutôt lieu de
penser qu'elles sont attirées d'une manière très sûre, par des odeurs
émanant du terrier, qui mettent en jeu une sensibilité olfactive parti-
culière.
Il est vraisemblable qu'au coucher du soleil ou le matin à l’aube
les Chœæromyies s’écartent spontanément des terriers qui les abritent
pour rechercher leur nourriture au dehors etse répandre dans les
terriers voisins. En captivité je n'ai pas observé chez ces mouches
d'habitudes nettement nocturnes ; mais, dans la nature, il me parait
bien en être ainsi. Un terrier habité par des Phacochéres aux
environs du lac Fati, m'a montré vers 6 heures du soir, une grande
quantité de Ch. chœrophaga dans la partie semi-obscure du gite.
En retournant visiter le terrier vers 9 heures du soir, la nuit étant
tombée depuis plusieurs heures, je n'ai plus rencontré aucune
mouche et les bourdonnements qui remplissaient la bauge quelques
heures auparavant avaient complètement cessé. Le lendemain matin,
à l'aube, je retrouvais le terrier occupé de nouveau par les diptères.
132 E. ROUBAUD.
Ainsi, au coucher du soleil, lorsque le jour n’est plus très vif les
Chœromyies se rapprochent de la partie éclairée à l'entrée du gîte,
pour s'envoler au dehors à la tombée de la nuit. Lorsque le soleil
reparait, les mouches regagnent à nouveau la partie obscure de la
galerie et on ne les aperçoit plus à l'entrée éclairée. Le caractère
obscuricole de ces Calliphorines est donc des plus accusés.
Fi&. 10. — Terrier de Phacochères au pied d'une termitière (Gîte à CA.chærophaga
et boueti.) Région de Tombouctou (Soudan Français).
La spécifité d'habitat de nos divers types d’Auchméromyies est
très grande. Jamais je n'ai rencontré les espèces qui fréquentent
les terriers, dans les habitations humaines ou dans leur voisinage,
même dans les écuries obscures. A l'encontre de ce que l'on pouvait
supposer c'est toujours en vain que j'ai recherché les Chæromyies
dans les étables à porcs, dans les réduits sombres où ces animaux
creusent leur souille dans les villages indigènes. Quelquefois j'y ai
rencontré l'A. luteola, mais jamais les autres espèces. Inversement,
RECHERCHES SUR LES AUCHMÉROMYIES. 133
dans les trous fréquentés par les Chæromyies dans la nature, jamais
je n'ai observé la mouche des habitations humaines, même lorsque
les terriers des mammifères infestés se trouvaient, comme à Djenné,
aux portes des villages, ce qui aurait pu permettre le mélange facile
des espèces.
Tous les terriers occupés par des Oryctéropes ou des Phacochères,
ne sont pas également recherchés par les mouches : il en est d’abso-
lument dépourvus de tout diptère à côté d’autres qui en renferment
en abondance. La nature du sol dans lequel est creusé le gite
intervient pour une certaine mesure dans la localisation des
mouches: elles semblent préférer, d’après nos observations, les
terriers creusés dans un sol argileux et compact, aux trous creusés
dans des endroits sablonneux. À Djenné, les trous d'Oryctérope
forés dans la zone d'inondation du Bani et qui se trouvent par suite
exposés à des inondations annuelles, qui chassent périodiquement
pour plusieurs mois les animaux de leur repaire, n’abritaient point
de Chæromyies ; je n'ai rencontré ces mouches en très grande abon-
dance que dans les terriers exondés toute l’année dont les habitants
par suite n'élaient pas susceptibles d'émigrations annuelles à
l’époque des hautes eaux.
Les déterininants physiologiques de l'habitat. Sensibilité ther-
mnique et obscuricole des adultes. — T'habitat des Auchméromyies
est manifestement conditionné par la sensibilité thermique et
lumineuse de ces mouches. Nous avons cherché à mettre expéri-
mentalement en évidence les réactions particulières à ce point de
vue, de A. /uteola et d'une Chœromyie des terriers, C4. Cchœæro-
phaga.
SENSIBILITÉ THERMIQUE.
Exp. I — 4 adultes Oo d'A. Zuteola récemment éclos sont placés
à l'étuve ouverte, à 45° C. pendant 1 heure. Au bout de ce temps 3
des mouches sont trouvées mourantes; 2 d’entre elles ne se
raniment pas.
Exp. I. — 15 adultes 6 9 de C}. chœrophaga sont placés à l'air,
exposés au soleil à une température qui n'a pas dépassé 45° C. Au
bout d'une heure la plupart des mouches sont mourantes; 6
seulement se raniment à température plus basse.
Exp. II. — Une cage contenant 5 adultes 6 9 d’A. luteola est
134 E. ROUBAUD,
placée dans une étuve, ouverte et disposée de telle sorte (fig. 11)
que la moitié seulement de la cage pénètre dans l’étuve, l’autre
moitié restant au dehors à la
température de la chambre.
La partie À de la cage, sortant
de l'étuve est soumise à une
température de 28° C: la partie
B plongeant dans l’étuve est à
3190:
L'expérience est conduite en
deux temps. Dans le premier, les
À mouches sont soumises à une iné-
FIG. 11. — Dispositif expérimental des galité d’éclairement, la partie B
xp. [I et IV. La parue Æ de la de la cage étant la moins éclairée.
D an Len mes Résultat: 4 mouches se rassen-
Pertérou blent dans la partie À a moins
chaude et la plus claire, la 5°
restant dans la partie sombre la plus chaude.
On recommence alors l'expérience en maintenant les deux parties
A et B à l'obscurité: 4 mouches se placent à nouveau dans la
partie À la moins chaude, la cinquième restant seule dans la
partie B.
A plusieurs reprises on écarte les mouches de leur position dans la
cage: elles la reprennent immédiatement : il y a toujours prédo-
minance des mouches dans la partie la moins chaude.
Nous avons cherché à comparer entre elles dans la même cage
les réactions particulières à la chaleur des deux espèces.
Exp. IV. — Dans une cage placée dans les mêmes conditions
qu'indique le dispositif expérimental ci-dessus, sont réunies
3 À. luteola 9 et6 Ch. chœrophaga 6. Une première expérience est
faite dans les conditions de températures suivantes: 28-299 C. pour
la partie À; 32° C. pour la partie B de la cage. L'expérience variée
avec les conditions d’éclairement donne des résultats inconstants,
les différences de température entre les deux parties de la cage
élant peu élevées et les mâles gênant les femelles en les assaillant
dans la cage.
L'expérience est reprise à température plus élevée : 29° C. pour la
partie À 40-420 C. pour la partie B.
RECHERCHES SUR LES AUCHMÉROMYIES, 135
Les trois femelles de /wteola qui dans l'intervalle se sont
accouplées avec 3 mâles de Chœæromyia se déplacent avec leurs
mâles et gagnent la partie À la inoins chaude. Les trois mâles
inoccupés de Chæromyia se placent dans la partie B la plus chaude.
On varie l'expérience avec les conditions d’éclairement. Les
résultats sont les mêmes. On reprend l'expérience avec 36° C. pour la
partie B. Les femelles de /wteola entraînant leurs mâles, se placent
encore dans la partie la plus fraîche ; les mâles libres de Chæromyin
restent dans la partie /« plus chaude.
Ces différentes expériences malgré les imperfections du procédé
expérimental, mettent en évidence plusieurs faits :
1° Les deux espèces, celle de l’homme et celle du phacochère ne
résistent pas à une température qui atteint 45° C. prolongée pendant
une heure. Les Auchméromyies sont donc des mouches à faible
résistance thermique; c'est ce qui explique qu'elles ne sortent
jamais spontanément au grand soleil et recherchent toujours les
endroits ombragés ou obscurs, soit dans les habitations humaines,
soit dans les terriers creusés dans le sol ;
2° Les exigences thermiques ne sont pas les mêmes pour toutes les
espèces. L'Auchméromyie humaine paraît plus sensible que les
Auchméromyies des terriers de mammifères à l'élévation de la
température. Cette mouche se montre nettement gènée par une
température dépassant 30° C; tout au moins préfère-t-elle un degré
thermique moindre. Les Chæromyies auc ontraire ne semblent pas
notoirement importunées par une température voisine de 40° C, au
moins pendant quelques instants.
En fait, dans l’intérieur des terriers de phacochères et d'Orycté-
ropes surtout lorsque les animaux qui les occupent sont nombreux,
règue habituellement une température plus élevée que dans les
habitations humaines. J'ai relevé à 8 heures du matin dans un terrier
de phacochères des environs du lac Fati, 319,4 à 0",50 de l'orifice
pour 29°,9 à l'air extérieur. Il est facile de se rendre compte que dans
l'après-midi la température devait s'élever notablement au-dessus de
cette limite, le terrier étant exposé en terrain découvert et Le thermo-
mètre atteignant fréquemment 49° à l'ombre dans la région, en
saison sèche, à l’air extérieur.
Nous étudierons plus loin la sensibilité thermique des larves et des
pupes des mêmes espèces.
156
SENSIBILITÉ
À LA LUMIÈRE. — J'ai
E. ROUBAUD.
» «
cherché à manifester les
réactions particulières des mêmes espèces à la lumière par les
expériences suivantes :
a) Une cage renfermant 15 Ch. chœrophaga est placée de telle
FiG. 12. — La partie À de
sorte qu’une partie À reçoit les rayons du
soleil, l’autre partie B restant à l'ombre
d’un écran E (fig. 12). La température de la
partie ensoleillée est de 33°,8.
Au bout de quelques instants les mouches
sont foules dans la partie B, /4 moins
éclairée. Quelques -unes en se déplaçant
pénètrent dans la partie À, mais elles
s’'empressent de rebrousser chemin pour
retourner à l'ombre.
la cage est exposée au
grand jour. La partie B
est protégée à l'aide
d'un écran Æ.
b) Deux cages contenant 4 A. luteolao,
l’autre 4 luteola 6 et 4 Ch. chœrophagu 6
sont soumises de la même manière à des
inégalités
d'éclairements, la partie A
tournée vers le grand jour ; la partie B placée à l'ombre d'un carton
déposé sur la cage (fig. 13).
Au début, les mouches inquiètes se dirigent indistinctement vers la
lumière ; mais au bout de quel-
ques instants elles se calment
et progressivement on les voit
toutes se rassembler dans la
partie B la moins éclairée.
Ces expériences qui n'ont
pas permis d'apprécier le degré
propre de la sensibilité obscuri-
cole de chaque espèce, mani-
festent nettement le caractère.
obscuricole général des Auchmé:-
romyies. La nécessité pour ces
mouches de fuir la grande cha-
leur et le grand jour conditionne,
Fi. 13. — La partie À des 2 cages
est exposée au grand jour. [a
partie B protégée par un écran
déposé sur les cages.
pour une grande part, leur
stationnement si particulier dans les habitations humaines ou dans
les terriers obscurs, à l’état adulte.
SENSIBILITÉ À L'HUMIDITÉ. HYGROTROPISME. — Les Auchméromyies
adultes semblent d’une façon générale rechercher l'humidité, mais
RECHERCHES SUR LES AUCHMÉROMYIES. 194
cette propriété est surtout marquée pour les Chæromyia vivant
dans les bauges souvent humides des phacochères. Sr l’on place
dans des cages, des tampons de coton imbibés d’eau, ou de la terre
humide, on voit les mouches se rassembler toutes sur ce substratum
humide qui leur est offert. L'expérience est surtout facile avec CA.
chϾrophaga. Klle est moins nette avec l'A. luteola.
2. Nutrition. — Régime alimentaire des adultes.
A l’état adulte toutes les Auchméromyies se nourrissent de liquides
sucrés et de sucs divers, principalement de matières stercorales: ce
sont des diptères lécheurs, coprophages. BEzz1 (1911) s’en référant
à l'observation de Pouzrox d'après laquelle l'A. jejuna de l'Inde
aurait été observée la nuit, suçant l’abdomen de termites, semble
considérer les habitudes prédatrices comme générales chez les
Auchméromyies. Mais nous avons vu que ces mœurs caractérisent
seulement le genre Beryalia s. 1. chez lequel la conformation de la
trompe est en rapport avec de telles habitudes carnassières et quo
l'A. jejuna, sans lien véritable avec les Auchméromyies devait-être
rapportée à ce genre d'insectes prédateurs. Les vraies Auchmé-
romyies ne vivent jamais (le proies vivantes : elles ne sont pas non
plus suceuses de sang à l'état adulte et vivent toutes, principalement,
aux dépens d’excréments d’omnivores.
J'ai élevé et nourri en cages pendant de longs jours, l'A. luteola et
et les trois espèces connues de Chæromuyia, y compris Ch. pr«æ-
grands. Toutes ces mouches recherchent volontiers les jus sucrés,
mais le sucre seul ne suffit pas à leur nutrition. Des femelles jeunes
gorgées de jus sucré seul, meurent en général d'inanition au bout du
deuxième ou du troisième jour, même lorsque leur abdomen est
absolument rempli du liquide absorbé. Des femelles âgées soumises
au même régime ne développent pas leurs œufs.
Les mâles résistent plus longtemps que les femelles à une alimen-
tation purement sucrée mais ne s'en contentent point exclusivement
non plus. En captivité, j'ai nourri les différentes espèces de liquides
organiques divers, sang, lait, etc. Mais l'aliment essentiel des
Auchméromyies, qui m'a permis de les conserver pendant fort
longtemps dans les cages, m'a été fourni par les excréments de
l’homme, des singes, des pores et d’une façon générale des
omnivores. Les crottins d’'herbivores, la fiente des bovidés ou des
11
138 E. ROUBAUD.
carnivores (chien, chat), ne les attirent point. L’Awchmeromyia de
l’homme vit dans les latrines et les fosses d'aisance aux dépens des
matières fécales humaines ; dans les étables à pores elles s’alimentent
des excréments de ces derniers. Les Choeromyies vivent aux dépens
des fientes des animaux dont elles habitent la bauge. Il existe donc,
même à l’état adulte, une certaine relation biologique entre les
mouches et leurs hôtes vertébrés, au point de vue de la dépendance
alimentaire; mais cette dépendance est moins étroite qu’à l'état
larvaire : les Auchméromyies adultes peuvent aussi se nourrir de
substances étrangères à leurs hôtes, comme les sucs végétaux.
Nous n'insisterons pas sur l’organisation du tube digestif des
adultes qui n'offre rien de particulier ; elle est conforme au type
habituel des Muscides lécheurs.
3. Reproduction : Essais de croisements.
Caractères anatomiques de l’appareil génital.
Accouplements. — Toutes les Auchméromyies sont remarquables
par l’excessive ardeur copulatrice des mâles. Il est facile, pour
toutes les espèces, d'obtenir et de suivre les accouplements en
captivité.
Un ou deux jours après l’éclosion, les mâles cherchent à
s'emparer des femelles. L’accouplement, quand on l’observe dans
la nature, dure de longues heures ; dans les cages il se poursuit des
‘journées entières, presque sans discontinuer, jour et nuit. Les mâles
ne meurent pas après l’accouplement: ils recommencent indéfi-
niment jusqu'à leur mort à rechercher les femelles.
L'observation suivante donne une idée des facultés copulatrices
des mâles. Quatre femelles jeunes de CA. chœrophaga ont été
enfermées avec 8 mâles le 14 juin. Quelques heures après on les
trouve accouplées. L'accouplement se poursuit presque sans inler-
ruplion jusqu’au 23, date à laquelle il ne reste plus qu'une femelle
vivante, encore accouplée, que l’on sépare du mâle.
La vie des mâles, malgré cette constante ardeur génératrice est
longue. Des mâles de CA. chærophaga nès le 14 juin étaient encore
vivants le 2 août et ne succombaient qu’à des conditions biologiques
mauvaises. Pour A. luteola j'ai fait des observations analogues.
L'ardeur des mâles d’Auchméromyies est telle que souvent ils
s'emparent d’une femelle à plusieurs, ou même qu'ils saisissent les
RECHERCHES SUR LES AUCHMÉROMYIES. 139
femelles mortes. Lorsque les femelles meurent au cours de
l’accouplement, les mâles ne lâchent pas prise et conservent la
position de l’accouplement pendant plusieurs heures. Ils recherchent
indifféremment les femelles vierges ou les femelles déjà fécondées
prêtes à pondre.
Copulalion croisée. -— Les mâles d’une espèce déterminée
recherchent même en captivité les femelles d’une autre espèce :
c'est ainsi que j'ai obtenu et suivi de curieux accouplements croisés
entre © d'A. luteola et o de Ch. chœrophaga, et inversement entre
6 de Ch. chœrophaga eto d'A. luteola.
Dans une cage renfermant 4 À. luteola o vierges, le 1®° juillet,
j'ai placé 6 mâles de CA. chœrophaga, n'ayant pas été depuis huit
jours en rapports avec des femelles. Le soir même les 4 femelles
sont trouvées saisies par les mâles d'espèce différente. Le lendemain
trois femelles sur quatre sont libres mais les accouplements
reprennent peu après. Ils se poursuivent, mais avec des intermit-
tences plus fréquentes et plus durables que dans le cas des accou-
plements normaux, pendant plus d’une semaine.
Il était intéressant de suivre les résultats de ces croisements, qui
sont des essais d'hybridation entre des formes, non seulement
d'espèces différentes, mais encore de subdivisions génériques diffé-
rentes. Toutes les femelles ayant pris part à ces expériences sont
malheureusement mortes avant la ponte, mais l'examen micros-
copique de femelles mortes le 4° jour, et le 11° jour après des
accouplements croisés continus jour et nuit, #'@& inontré aucune
trace de spermatozoïdes dans l'appareil génital. Il y a donc lieu
d'affirmer que de tels accouplements croisés sont stériles.
La facilité avec laquelle les mâles recherchent des femelles
d'espèce et de sous-genre différents, pourrait faire mettre en doute
la valeur de ces distinctions subgénériques ou spécifiques.
En réalité l'appétit reproducteur des mâles est tel qu'il se
manifeste même entre eux et trouverait à s'exercer sans doute, à
l’occasion, sur d’autres femelles de Calliphorines tout à fait
différentes : mais ce ne sont là que des manifestations mécaniques
du phénomène de l’accouplement sans portée physiologique réelle.
Appareil génital mâle. Organisation. — L'appareil génital mâle,
dans les deux sous-genres, est constitué (fig. 14), dans sa partie
interne, par deux testicules, allongés à contour bossué (T) irrégulier,
140 E ROUBAUD.
de couleur rouge brun, visibles souvent par transparence à
travers la paroi abdominale et par
2 glandes annexes incolores, trans-
parentes, en cœcum court et irré-
gulier (gl. a). C’est surtout dans
sa partie externe que cet appareil
présente un développement intéres-
sant et fournit des caractères utiles
pour la différenciation des espèces.
La forme de l’armure génitale
externe dans les trois types est
fondamentalement la même; mais
le développement relatif des diffé-
rentes pièces varie. Chez Awch-
meromuyia luteola le forceps du
mésolobe périnéal est très long,
FiG. 14. — Appareil génital mâle.
1 d'A. luteola ; 24e Ch.chœro- dépassant de près de deux fois
FRERES la longueur du segment IV (fig.
T. testicules; gl. a. glandes Lou = : s
AN CE CU en 15, f). ChezChϾromyia boueti et
p. pénis. chœrophagal est plus court que
ce segment (fig. 16, /). Chez CA:
prægrandis ses dimensions sont intermédiaires (fig. 17, f).
Dans les trois premières espèces
le pénis (p.) est terminé par
un gland court, massif, dépourvu
d’appendices styloïdes. Chez CA.
prægrandis le gland est, au con-
traire, orné antérieurement d’une
curieuse pièce styliforme impaire
(fig. 17 p.) très caractéristique de
cette espèce et qui fait complète-
ment défaut dans les trois autres.
La forme particulière du pénis dans
cette espèce est encore un caractère
f - : re : FiG. 15. — Armure génitale externe
qui pourrait porter à différencier LANDE SOU
sub-génériquement Ge Præeqyruan- h. hypopygium ; f. son forçeps;
dis des autres Chœromyies dont 24”. paralobes ; cri, er?, crochets
Il list Là antérieurs et postérieurs; s. saillie
ya) x sy à
Se OU AE EI SEE RME Qt ventrale du segment IV ; p. gland
l'a vu, par certains autres caractères du pénis.
RECHERCHES SUR LES AUCHMÉROMYIES.
141
morphologiques tels que l'écartement des yeux et la forme du
dernier segment abdominal ; mais
l’ensemble des caractères qui la
rattachent au sous-genre ChϾro-
myia nous parait prévaloir sur
les différences de détail qui l'en
écartent.
Appareil femelle.— T1 comprend
(fig. 18 où.) une paire d'ovaires
pauciovulaires et pauciloculaires,
chacun des ovaires ne comptant
que quinze à vingt ovarioles à
une ou deux ovules. Dans le vagin
débouchent les conduits des sper-
mathèques (sp.) et d’une paire de
glandes annexes piriformes, inco-
FiG. 16. — Armure génitale externe
de Ch. chærophaga. X 10.
h.hypopygium ; /. son forceps;
par. paraboles; crl, cr2, crochets
antérieurs et postérieurs; s. saillie
ventrale du segment IV ; p. gland
du pénis.
lores et transparentes (g. a). Les spermathèques sont au nombre de
FiG. 17. — Armure génitale externe de CA.
prœgrandis. X 10.
trois; l’un, complétement
indépendant, débouche seul
en avant des autres et sur
la ligne médiane ; les deux
autres étroitement accolés,
ont leurs orifices séparés,
de part et d’autre et en
arrière du précédent. Chez
Auchineromuyia les sper-
mathéques ont la forme de
massue allongée (fig. 18 n°
2 sp.); chez Chœromuyia
chœrophaga is sont cour-
bés en U d’une façon trés
caractéristique (fig. 18 n°3),
cependant chez les femelles
fécondées et vieilles ils ten-
dent à se redresser. Je n'ai
pas examiné ces organes
h. hypopygium; f. son forceps; par.
paralobes ; crl, cr?, crochets antérieurs et
postérieurs ; s, saillie ventrale du segment
IV ; p. gland du pénis,
chez les autres espèces de
Chœromyies.
Leur couleur est partout
142 E. ROUBAUD.
d’un noir franc. Les spermathéques, chez les femelles fécondées sont
remplis de spermatozoïdes très allongés.
FriG. 18. — Appareil génital femelle de l'A. /uteola.
1 Appareil en position morphologique ; ov. ovaire ; od. oviducte ; sp. sperma-
thèques ; g. a. glandes annexes ; #. s. vésicule séminale.
2 Vue ventrale de l'utérus montrant la position des annexes.
3 Forme des spermathèques chez Ch. chærophaga.
Le nombre des ovules varie suivant les femelles. Chez les
femelles d'A. luteola j'ai compté 29 à 30 ovules dans chaque ovaire,
une quinzaine seulement chez une autre. Nous reviendrons un peu
plus loin sur cette capacité des ovaires dans les deux sous-genres ;
disons d’une façon générale que la moyenne de 30 ovules par ovaire
peut être considérée comme normale chez les Awvchmeromyia
et les Chæromyia.
La Ponte. — Fécondilé des femelles. — Tes Auchméromyies sont
des mouches ovipares. Elles déposent leurs œufs le jour dans les
endroits sombres.
.,
Dans la nature j'ai eu plusieurs fois l'occasion d'observer la ponte
de la mouche, dans les cases indigènes tranquilles, sombres
et peu habitées. La femelle court sur le sol en tous sens, trainant
à terre l'extrémité de son abdomen en forme de soc de charrue,
marquant ainsi un sillon dans le sable ou dans la poussière. Elle
recherche, de la pointe de son abdomen en carène, les anfrac-
tuosités, les trous, les crevasses du sol remplies de terre meuble.
Lorsqu'elle est parvenue sur un substratum favorable, c'est-à-dire
suffisamment meuble, on la voit enfoncer profondément l'abdomen
et déposer dans cet abri pulvérulent un œuf, rarement plusieurs ;
elle s'en va ensuite plus loin recommencer le même manège de
manière à disséminer ses œufs sur le sol de la case. Très souvent
la ponte se fait autour des indigènes étendus à terre: jamais la
RECHERCHES SUR LES AUCHMÉROMYIES, 143
mouche ne pond directement sur leur corps ou dans les plis des
vêtements; mais parfois elle dépose ses œufs dans les interstices
des nattes des dormeurs en enfonçant son abdomen dans les
intervalles du tissu pour atteindre le sol ; on la voit aussi s'engager
sous les plis des paillasses ou des nattes pour y pondre dans
l'obscurité et à l'abri.
Les Chœromyies déposent leurs œufs dans la terre humide du
fond des terriers des Phacochéres et des Oryctéropes, soit isolément
soit par petits groupes. Je n'ai observé leur manège de ponte qu'en
captivité et pour Ch. chœrophaga seulement ; il est semblable à
celui de l'Auchneromuyia luteolu.
Le nombre total des œufs émis dans une même ponte varie
considérablement suivant les femelles. J'ai compté pour des femelles
différentes d'A. /uteola respectivement les chiffres suivants : 83, 71,
DS, 90, 34. WELLMAN (1906) qui a disséqué une femelle gravide a
trouvé chez elle 54 œufs. Ces différences sont dues à l’âge des
femelles. Les Auchméromyies sont en effet susceptibles de fournir
au moins eur pontes successives ; elles ne meurent point après
la première et peuvent en donner une deuxième, mais le nombre
des œufs est alors moins élevé.
Une femelle d'A. luteola capturée en accouplement le 29 jum
et mise en cage, effectue sa ponte le 13 juillet au soir. Il faut donc
compter une quinzaine de jours pour la maturation des œufs chez
une femelle jeune. Une autre femelle, déjà âgée, capturée le 29 juin,
a effectué sa premiére ponte le 8 juillet. Conservée en cage après
sa ponte cette femelle succombe sans avoir produit de nouveaux
œufs le 2 août. L'examen des ovaires à cette date a montré que
la femelle était encore en état de ponte: l'ovaire droit présentait
14 œufs mürs, le gauche 10 et l'on comptait en outre un certain
nombre d'ovarioles immatures, interposés parmi les ovarioles
renfermant des œufs mürs.
Cette observation montre que les femelles d’Auchméromyies,
placées dans des conditions favorables, peuvent certainement fournir
une deuxième ponte un mois environ après la première el que
cette deuxième ponte, qui est une ponte réduile, n'épuise pas
complétement les ressources de l'ovaire. Un certain nombre
seulement de gaines ovariques mûrissent leur deuxième ovule
après la première émission des œufs; les autres restent à l'état
latent, capables peut-être de se développer encore ultérieurement
144 E. ROUBAUD.
pour une nouvelle ponte réduite. Il y a certainement pluralité
des pontes chez les Auchméromyies.
Chez les Chæromyies la fécondité des femelles est à peu près
la même mais le nombre des œufs est un peu moins élevé que chez
A. luteola. Une Ch. chœrophaga © à pondu expérimentalement
au laboratoire 52 œufs. Après cette ponte elle s’est accouplée à
nouveau mais l’époque de la deuxième ponte n'a pas êté suivie. Chez
une autre femelle avant la premiére ponte j'ai compté 51 œufs.
Les jeunes femelles de Chœromyies paraissent pouvoir être en état
de déposer leurs œufs à partir du 15° jour: chez une femelle
examinée le onzième jour après l’éclosion les ovules mesuratent
déjà 1mm de long. On peut compter qu'une quinzaine de Jours
suffisent à leur maturation complète.
Comme chez les Auwchmeromyia, les femelles de Chæromiyia
peuvent rester en état d'accouplement sub-continu depuis l'éclosion
jusqu'à la ponte.
La ponte s'effectue toute l’année. Il ne parait pas y avoir de
saisons particulièrement favorables pour qu'elle se manifeste.
4. Développement des œufs. — Les larves.
Les œufs déposés comme on l’a vu par petits amas dans le sable
ou la terre sèche (Awchmeromyia) ou dans la terre humide (Cœ-
romyta) sont volumineux et de couleur blanche.
Ils mesurent de 1,4 à 15 de long sur 0"",5 de largueur
maxima. Leur forme est légèrement arquée, et l'extrémité antérieure
amincie (fig. 19). Sur la coque s’aperçoivent de longues stries
longitudinales, et des ornements losangiques. Au moment de la
ponte, des grains de sable se fixent souvent à la paroi des œufs
et restent adhérents à la coque d’une façon définitive.
Action des facteurs physiques sur les œufs. — J'ai expérimenté
l’action comparée de la sécheresse et de l'humidité sur le développe-
ment des œufs des Auchméromyies et des Chœromyies.
a) Des œufs d'A. Zuteola ont été répartis en deux lots. L'un (lot A)
est placé dans du sable absolument sec (sable naturel de ponte à
Tombouctou-Djenné), à une moyenne thermique de 26° C. L'autre
(lot B) est placé dans du sable humidifié, à la température de 26° C.
RECHERCHES SUR LES AUCHMÉROMYIES. 145
Résultat. — Les œufs du lot À éclosent e» fotalité au bout
de 36 à 40 heures, dans des conditions parfaites : les larves issues
des œufs sont actives et très mobiles.
Les œufs du lot B éclosent en partie seulement au bout du même
temps (36-10 heures) ; un certain nombre n'arrivent pas à l'éclosion.
Les larves produites sont peu actives, immobiles.
Les œufs de l'A. /uteola S'accomodent donc nettement d'un
milieu sec.
b) Deux lots d'œufs d'A. /uteola ont été soumis pendant une heure
l'un en milieu sec, l’autre en milieu humide, à l’action du soleil à
une température ascendante de 32° C. (début) à 48° C. (fin de l’opé-
ration ; quelques minutes seulement à cette température).
Résultat. — Les œufs des deux lots meurent; aucun ne
,
parvient à l’éclosion.
c) Un lot d'œufs de Ch. chœrophaga pondus le 20 juillet à
11 heures est placé dans un peu de terre humide provenant d'un
terrier de phacochères. Température 26-28° C.
Résultat.— Les œufs éclosenten totalité Le lendemain à midi :
durée d’incubation #5 heures. —
Un deuxième lot provenant de la même ponte est placé dans du
sable sec provenant du sol desc ases de Djenné. Mème température.
Résultat. — Ces œufs n'éclosent qu'en petit nombre et avec
un retard considérable sur les précédents ; durée d’incubation de 45
à 48 heures.
Les effets de l’action de l'humidité sur les œufs des Chæromyies
sont donc inverses de ceux qu'elle exerce sur les œufs d'Awchine-
romyia. L'action de la chaleur sur les œufs de Ch. chœrophaga
n'a pas été expérimentée mais les résultats obtenus par l'étude de
cette action sur les larves (voir plus loin) peuvent dispenser de cette
étude pour les œufs.
Comme le montrent ces expériences les œufs des Auchméromyies
sont comme nous l'avons vu pour les adultes et comme on le verra
plus loin pour les larves, sensibles à une certaine élévation
thermique et ne résistent pas à l’action du soleil. D'autre part, la
différence est très marquée au point de vue des adaptations à la
sécheresse et à l'humidité entre les œufs de l'A. /#{eola et ceux des
Chœromyra. Les œufs d'A. /uteola se développent mieux dans un
146 E. ROUBAUD.
milieu parfaitement sec ; ceux des Chæromyies, adaptés à l'humidité
des terriers, préfèrent la terre humide. La biologie des adultes était
déjà marquée, on l’a vu, par des différences de même ordre; nous
verrons que ces différences se confirment aussi pour les larves.
Éclosion. Morphologie des jeunes larres. — Au moment de
l'éclosion, l'œuf se fend par une incision longitudinale et la jeune
larve en sort. Les larves nouvellement
écloses de l'A. /uteola et de Ch. chœ-
rophaga sont entièrement d'une teinte
blanc d'ivoire, mat. Elles mesurent
1nm,8 à 2m" de long sur 0"",6 de large.
Souvent la partie postérieure, pourvue
de courts prolongements spiriformes,
reste engagée pendant quelques heures
encore dans la coque de l'œuf que
la larve traine derrière elle. Les
premières heures qui suivent l'éclosion
Fi. 19. — 1-2, œuf et larve les jeunes vers restent le plus souvent
à l'éclosion de‘Cæromyia jmmobiles dans le sable ou dans la
chærophaga. 3, Larve au « s
2e stade d'A. luteola coitée terre et ne cherchent guère à se
postérieurement de sa mue, déplacer que si on les inquiête. Il
m. x 8. progressent alors activement et s'en-
fouissent.
La jeune larve de l'A. luteola (fig. 19, 2) au moment de la nais-
sance mesure de {5 en état de rétraction à 2,2 en extension com-
plète. Celle de Ch. chœrophaga n'atteint guère que 2"", en pleine
extension. Rétractées, les jeunes larves ont une forme conique très
accusée ; mais leurs Caractères, au sortir de l’œuf, sauf le nombre et
la forme des orifices stigmatiques ne les différencient pas des larves
plus âgées, au ?° et au 3° stade, dont la description est donnée plus
loin. Elles sont pourvues de 5 paires de prolongements spiniformes
à la face dorsale du dernier segment, et d’une paire d’épines mousses
préanales disposées sensiblement de la même manière dans les deux
espèces étudiées.
Résistance au jeñne des larves à l’éclosion. — Quatre ou cinq
heures après la naissance, si l’on place ces larves sur la peau nue de
l'homme ou d’un mammifère, on les voit chercher à piquer et à se
nourrir. Nous verrons plus loin quel est le mécanisme de la piqüre et
RECHERCHES SUR LES AUCHMÉROMYIES. 147
le mode d'alimentation des larves. Mais étant donné ce que nous
savons du mode de dépôt des œufs à la surface du sol, surtout pour
l'A. luteola dont les œufs sont pondus un peu au hasard dans la
poussière des çases, ce qui oblige les larves dès leur naissance à eflec-
tuer à terre des déplacements souvent considérables avant de
rencontrer l'hôte favorable, il est logique de penser que ces larves
doivent souvent subir une assez longue période de jeûne avant de
pouvoir s'alimenter. J'ai cherché à apprécier la durée de la résistance
au jeûne dont sont susceptibles les larves d'Avchmeromyia et de
Chæœromyia au sortir de l'œuf, en milieu humide ou non.
a) Un lot de larves d'A. /uteola sorties de l'œuf le 10 juillet est
maintenu sur du sable humide sans aucune alimentation.
Résultat: Ces larves sont encore bien vivantes et cherchent à
piquer le 22 (12 jour). Mort le 27. — La longueur des larves au
moment de la mort est de 2m, 1. Durée de la résistance totale en
milieu humide 17 jours.
b) Un lot de larves d'A. /uteola sorties de l'œuf le 15 juillet est
placé dans du sable absolument sec, et maintenu sans aucune
nourriture.
Résultat : Le 4 août (20° jour), elles sont encore parfaitement
vivantes. Une d'entre elles prélevée au hasard et placée sur
le bras, pique et se gorge rapidement de sang. Le 12 août toutes
les larves non alimentées sont mortes. Durée de la résistance totale
en milieu absolument sec, 25-28 jours.
Ainsi, les larves d’A. luteola sont susceptibles de résister pendant
près d’un mois, à un jeûne absolu dans un milieu purfailement
sec. Cette adaptation est extrêmement remarquable, tout à fait
particulière pour une larve de diptère et permet de comprendre
comment ces larves, ectoparasites temporaires, abandonnées au
hasard de la ponte dans des endroits où la présence de lhôte à
certaines heures est loin d’être toujours régulière, arrivent à suppor-
ter les jeûnes forcés que leur imposent leurs conditions de vie. Il
est également curieux de remarquer que la durée de survie à l'ina-
nition pour ces larves est beaucoup plus grande en milieu absolument
sec, qu'en milieu humide. Les larves maintenues sur du sable
humide deviennent jaunâtres, et leur tube digestif tranche sous la
forme d’une ligne claire due à l’ingestion de quelques bulles d'air
148 E. ROUBAUD.
qui pénètrent sans doute dans l'intestin tandis que les larves
cherchent à lécher l'humidité du substratum. La présence de ces
bulles d'air dans le tube intestinal qu’elles dilatent, détermine un
allongement des corps qui ne se manifeste pas chez les larves conser-
vées en milieu sec. Elle est également la preuve que les petites
larves cherchent à prélever à l'extérieur des matériaux nutritifs et à
vêgéter aux dépens du milieu, pendant leur période de jeûne. Il
semblerait dès lors que leur durée de résistance puisse être augmen-
tée dans ces conditions, par rapport à celles des larves qui sont
absolument dépourvues de toute trace d’eau. L'expérience montre
qu'il n'en est rien. C’est le phénomène inverse qui se produit.
J'ai réalisé les mêmes expériences avec des larves de la Chœæro-
myie du Phacochère.
c) 7 larves de Ch. chœærophaga sorties de l’œuf le 22 juillet sont
maintenues sans alimentation sur sable humide.
Résultat: Ces larves sont encore en vie le 4 août (13° jour). Toutes
sont trouvées mortes le 10 (19° jour).
d) 6 larves de Ch. chœrophaga du 22 juillet sont maintenues sans
alimentation dans du sable absolument sec.
Résultat : Ces larves sont encore en vie le 4 août (13° jour). Une
d'entre elles retirée du lot et placée sur le bras à cette date, pique
et parvient à se gorger normalement; les autres refusent. Toutes
sont trouvées mortes le 10 août (19° jour).
Ainsi, chez cette espèce, la survie à sec ne paraît pas plus longue
qu'en milieu humide. La durée de résistance est dans les deux
conditions à peu près la même ; elle est moins élevée que pour l'A.
luteola. En fait, on peut comprendre que, dans la nature, les larves
de Chœromyies vivant dans des terriers de mammifères où les
hôtes sont presque constamment présents, sont plus facilement en
contact avec ces hôtes ; d'autre part l’étroitesse du gite ne les oblige
pas à des déplacements considérables pour atteindre le corps de ces
derniers : elles sont dès lors plus aisément assurées de rencontrer
leur nourriture à certaines heures et moins exposées que les larves
de l'Awchineromuyia de l'homme à traverser des périodes de jeûne.
D'une facon générale cependant, les larves des Auchméromyies
peuvent être considérées comme douées après leur éclosion d'une
résistance très parliculière à un jeûne absolu : c’est une adaptation
typique d’ecloparasite temporaire,
RECHERCHES SUR LES AUCHMÉROMYIES. 149
Caractères morphologiques des larves aux divers stades. —
La larve de l'A. Zuteola à été figurée et décrite par de nombreux
anteurs depuis DUrrox, Tobp et Carisry. Les caractères énoncés
FiG. 20. — Larve au 3° stade, à jeun depuis une quinzaine de jours, d'A. luteola.
X 6.
pour cette larve paraissent également communs aux larves des
Chœromyies. La larve de Ch. chœærophagya est extrêmement
voisine de celle de l'A. /uteola; bien que nous ne connaissions pas
d'une façon précise les larves de CA. boueti et de Ch. præyrandis 1
n'y a pas de raison de suppo-
ser qu'elles différent nota-
blement des deux autres.
Les larves des Auchmé-
romyies sont des larves
acéphales à 12 segments le
céphalique compris. Elles
sont caractérisées, à {ous
les stades, par la forme du
dernier segment qui fait un
angle de 45° avec le reste
i FrG. 21. — Auchineromuyia luteola; Vue
du COrps (fig. 20). Aplati ou dorsale du dernier segment d'une larve
à peine convexe en dessus au 3° stade, montrantles plaques stigma-
tiques, sf, et les prolongements spini-
ce se ] ‘te 1eS >U2 = en
D HCANTONE Jessdeue formes. X 15. Chez Ch. chϾrophaga la
orifices stigmatiques à son disposition est identique mais les pro-
üers dorsal. Il est en outre longements sont beaucoup plus réduits.
bordé de prolongements
spiniformes caractéristiques, sur son pourtour. Chez À. luteolu ces
épines sont au nombre de cinq paires, les inférieures étant un peu
plus développées que les postérieures. En outre, à la face ventrale,
il existe de part et d'autre de l’orifice anal deux fortes épines
150 E. ROUBAUD.
saillantes. Sur les côtés les segments portent également des protu-
bérances plus accusées dans la région postérieure du corps.
Chez Ch. chœrophaga on compte également cinq paires d’épines
postéro-dorsales, et une paire de prolongements ventraux pré-anaux ;
il y a lieu de penser que ce nombre et celte disposition sont
constants chez toutes les espèces. Mais les prolongements spini-
formes sont un peu moins développés chez l'espèce du Phacochère
que chez celle de l'Homme. Les deux larves se ressemblent
d'ailleurs étroitement; il est très difficile de les distinguer. Aux
différents stades larvaires la morphologie est la même, mais chez les
larves jeunes les épines caudales paraissent de dimensions un peu plus
fortes, et les orifices stigmatiques varient. Les stigmates antérieurs
chez les larves âgées ont la forme de festons à branches courtes
qui ont été bien figurées par NEWSTEAD, Durrox et Top. Ils n’appa-
raissent comme à l'ordinaire qu'après la première mue. Les stigmates
postérieurs chez les larves au 3° stade s'ouvrent chacun par trois
orifices allongés transversalement dont l’orifice est en partie clos
par des denticulations latérales (fig. 21). A l’angle interne de ce
groupe d'orifices on remarque en outre un petit orifice supplémen-
taire arrondi. La forme des stigmates postérieurs est semblable dans
les deux espèces, mais elle varie suivant les stades de la vie larvaire :
au premier stade, avant la première mue on, n’observe que deux
orifices par plaques allongés mais béants, largement ouverts
et à péritrème faiblement chitinisé. Au deuxième stade les plaques
sont plus nettement in :ividualisées ; les orifices ont pris la forme
allongée caractéristique mais leur nombre n’est encore que de deux
par plaque. C’est seulement après la seconde mue que le chiffre
définitif apparaît.
L'extrémité céphalique est remarquable par l'existence en dehors
des crochets buccaux qui sont fortement développés et des papilles
antennaires, d’une paire de rapes chitineuses développée sur chaque
lèvre et constituées par une série d’épaississements chitineux garnis
de crochets (fig. 22).
La couleur et l’aspect extérieur des larves varient beaucoup
suivant qu’elles sont à jeun ou fraichement gorgées. À jeun, elles
sont d’un blanc jaunâtre et les matières qui remplissent l'intestin
colorent le plus souvent en noir la région postérieure. Gorgées de
sang elles deviennent presque entièrement rouges ; la teinte fonce et
devient violacée puis noirâtre au fur et à mesure que la digestion
RECHERCHES SUR LES AUCHMÉROMYIES. 151
s'accentue. Lorsqu'on inquiète une larve d'Auchméromyie en cours
de digestion on la voit prendre, par un pincement brusque des
2
thun-
Fi. 22. — Auchmeromyia luteola. Région Céphalique de la larve au 3° stade
montrant les rapes chitineuses et les crochets buceaux.
1 vue antérieure ; 2 vue de profil. X 15.
segments moyens du corps, une forme particulière en bissac
très caractéristique de ces larves.
5. L'Habitat des larves; les Hôtes. Spécificité
parasitaire des Auchméromyies.
Habitat des larves d'A. luteola. — L’habitat de la larve d’A.
luteola est bien connu depuis les observations de Durrox et Top.
Ce ver se rencontre à terre dans le sable ou la poussière du sol des
cases indigènes et pour cette raison est couramment désigné sous le
nom de Ver des Cases; les auteurs anglais à la suite de Durron et
Topp le nomment communément : Congo floor magyot.
En Afrique Occidentale où ce ver est très répandu et bien connu
des indigènes nous avons pu faire des observations nombreuses sur
son mode d'habitat. Les noirs de l'Afrique Occidentale lui donnent
des noms qui différent suivant les dialectes mais qui distinguent
toujours ce ver, en raison de son mode de vie tout particulier, des
larves de mouches ordinaires. Nous avons ainsi recueilli suivant les
régions les appellations suivantes :
Dahoméen : Houë. Djerma : Diêri.
Alladian : Aüi. Bambara : Toûmou ou toumbou.
Peubl : Boûdi. Sonrhaï : N'guêri.
Les indigènes confondent souvent ce ver avec la larve cuticole des
Cordylobia (Ver du Cayor) ; ils prêtent indifféremment au ver des
cases la faculté de s’enfoncer sous la peau ou de sucer le sang
temporairement la nuit.
152 E. ROUBAUD.
Le ver des cases se cache dans le sol des cases indigènes
habitées, aux endroits où les gens se couchent pour dormir. 11 suffit
pour le découvrir de soulever les nattes des dormeurs et de chercher
au-dessous d’elles, en grattant légèrement avec un couteau dans le
sable ou dans les crevasses de la couche de terre battue qui constitue
le plus souvent le plancher des cases. Mais il importe de préciser les
conditions de sa présence. Tout d’abord, une condition sine qua non
pour que l’on rencontre le parasite, c'est que les indigènes couchent
directement à même le sol ou sur des nattes peu élevées à la
surface du sol dans leurs habitations. Dès l'instant où l’homme fait
usage, pour dormir, de lits ou de nattes soulevées simplement de
quelques centimètres au-dessus du sol, le ver des cases disparaît.
Dans le pays Malinké par exemple, où les nattes sont généralement
supportées par des montants de terre battue, d'une hauteur de 10 à
20°», le ver est habituellement très rare. On ne l'observe jamais,
d'une façon générale, dans les intérieurs noirs où règne un peu de
confort et d’aisance, où l'usage pour dormir, de lits où de nattes
portées sur des pieds a remplacé l'habitude de dormir directement
sur le sol. Cette simple observation suffit à montrer que l’existence
en Afrique de ce parasite y est intimement liée aux conditions
encore primitives de la vie humaine.
Le ver des cases existe aussi bien dans les cases malpropres,
humides, souillées d'urine, que dans les intérieurs plus propres
dont le sol est parfaitement sec. Lorsque le sol des cases est recouvert
d’une couche de terre battue neuve et soigneusemant crépie, ne
renfermantaucune dépression, aucune crevasse ou fente poussiéreuse,
le ver n'existe pas faute d’abris capables de le dissimuler. S'il existe
des trous ou des crevasses renfermant du sable ou de la terre
pulvérulente, c’est dans ces recoins qu'il y a lieu de le rechercher.
Mais c'est surtout lorsque le fond des cases est garni de terre meuble
qu'il abonde et parfois pullule.
C’est dans les habitations sonrhaï de la bouche du Niger, à Gao,
à Tombouctou, à Djenné que nous l'avons observé en plus grande
abondance. Dans ces intérieurs, le plancher des cases est constilué
d'ordinaire par un substratum en terre argileuse compacte ou banko,
sur lequel repose un lit de sable fin de dix à vingt centimètres
d'épaisseur. C’est sur cette couche de sable que les indigènes
reposent, le plus souvent étendus sur une simple natte : il suffit de
gratter dans le sable pour y trouver des vers, en nombre d'autant
RECHERCHES SUR LES AUCHMÉROMYIES. 153
plus grand que la case est plus habitée. Dans une école coranique de
Djenné où fréquentaient de jeunes enfants dont une dizaine y
passaient la nuit, j'ai recueilli en moins d'une demi-heure une
centaine de larves.
Dans le sable de Tombouctou et de Djenné le ver vit dans un
milieu absolument sec, de même que dans la poussière des crevasses
en terre battue, pendant une partie de l’année. Ces conditions
d'habitat sont tout à fait particulières pour une larve de diptères.
L'Homme et la spécificité parasilaire du Ver des Cases. —
La présence de la larve de l'A. luteola dans la nature est abso-
lument liée à celle de l'homine. On ne la rencontre jamais en dehors
des habitations humaines, soit dans les écuries, soit au voisinage
des animaux domestiques couchés sur le sol, à l'ombre.
Dans les étables à porcs du poste de Djenné où fréquentaient de
nombreuses mouches adultes qui venaient se nourrir aux dépens des
excréments de ces animaux, je n'ai jamais rencontré une seule larve
d'A. luteola. De même, dans les villages de métis portugais de la
Basse Casamance où les pores ont souvent leur gîte marqué dans un
coin des cases et y vivent au voisinage de l’homme, je n'ai
observé aucune larve dans les'endroits où étaient couchés les pores
alors qu'il en existait de nombreuses sous les nattes des indigènes.
Dans les intérieurs sonrhaï de Tombouctou et de Djenné où comme
je l'ai dit les vers pullulent, jamais, non plus, je n'ai constaté la
présence des larves au voisinage des chiens ou d’autres animaux
domestiques. Il y a donc une exclusivité étroitement prononcée de
ce parasite vis-à-vis de l’homme, qui s'explique par ce fait très
remarquable, mis en évidence en 1904 par Durrox et Topp, que le
Ver des Cases, larve de l’A. Zuteola, se nourrit du sang humain.
Inerte pendant le jour dans son repaire de sable, il se réveille la
nuit, se dirige vers le corps des hommes plongés dans le sommeil,
parvient en rampant jusqu'à la peau, la perce et rapidement se
gorge de sang. Lorsqu'il est repu, distendu à éclater, il abandonne
son hôte et regagne son abri de terre ou de sable pour y digérer à
loisir pendant toute la journée. Les indigènes prétendent que parfois
le ver peut en détendant brusquement son corps courbé en U sauter
de quelques centimètres à la surface du sol et parvenir ainsi direc-
tement sur le corps de ses hôtes sans avoir à se frayer un chemin
à travers les fentes ou les trous des nattes et des vêtements. Je n'ai
12
154 EH. ROUBAUD.
jamais observé ce fait et rien de ce que je connais des habitudes de
cette larve ne m'autorise à y souscrire. Le ver des cases est
essentiellement et uniquement une larve fouisseuse et rampante, qui
se fraye son chemin la nuit très activement dans le sable et dans
les interstices des vêtements et des nattes pour arriver jusqu’à la
peau de l’homme endormi. Grâce à sa plasticité très grande le ver
peut s'insinuer dans des fissures étroites : il se comprime et s’aplatit
avec la plus grande facilité, mais il est complètement incapable de
grimper sur un espace lisse ou de franchir un obstacle en sautant.
À cette donnée actuellement classique que le ver des cases se
nourrit du sang de l’homme et d’une façon intermittente, j'ajouterai
d’après les observations que j'ai pu faire au Congo et en Afrique
Occidentale, que, dans la nature, ce ver ne se nourrit jamais du
sang d’un autre vertébré. Le parasitisme du ver des cases vis-à-vis de
l’homme est absolument spécifique. En allant plus loin, et comme
le montrent conjointement les observations sur place et les données
précédemment exposées sur la répartition géographique de la
Mouche, nous pouvons affirmer que le Ver des Cases est avant tout
un parasite de la race noire. Cette spécificité parasitaire vis-à-vis
d’un type humain déterminé est le résultat d'une adaptation remar-
quable entre l'insecte et les conditions biologiques de l’homme. Pour
que le ver puisse se nourrir il faut que deux conditions essentielles
soient réalisées chez l'hôte humain: l'absence de vêtements qui
laisse à nu une grande partie du corps et permet le contact facile de
la larve apode et acéphale avec la peau de l'hôte ; en second lieu
l'habitude chez ce dernier de s'étendre directement sur le sol pour
s’y reposer et dormir.
Ces deux conditions sont essentielles z2ais non suffisantes pour
permettre la vie et l'extension du ver des cases dans toutes les
contrées où on les trouve réalisées. Daus les pays Maures et Touaregs
par exemple, qui confinent au Soudan, l'A. Zuteola n'a jamais été
signalée. Cependant, dans leur façon de se vêtir et de se coucher, les
populations berbères nomades diffèrent peu des noirs et dans les
villes soudanaises de la bouche du Niger, Gao, Tombouctou, Djenné,
etc. où ces nomades s'installent fréquemment à demeure, on ren-
contre dans les intérieurs occupés par eux aussi bien que dans les
intérieurs des noirs autochtones, des vers de cases, comme j'ai pu
m'en assurer par moi-même.
Ce sont les conditions mêmes de leur vie nomade qui préservent
RECHERCHES SUR LES AUCHMÉROMYIES. 155
de cet insecte les populations des déserts, dans leurs conditions
normales d'habitat. En effet, comme nous l'établiron: plus loin, une
température relativement basse est indispensable à la vie des vers de
cases. Dans les intérieurs nomades, sous les tentes, comme nous
l'avons constaté par nous-même, l'élévation considérable de la
température à certaines heures du jour en saison sèche, rendrait
impossible la vie des parasites. D'autre part, le changement de places
fréquent des campements nomades est aussi comme on le conçoit radi-
calement défavorable au maintien de linsecte. L’A. luteola pour se
développer et se multiplier doit trouver, en plus des conditions de
nudité relative et de station habituelle sur le sol de ses hôtes, des
garanties particulières contre une température trop élevée, et contre
des déplacements inopinés du toit qui abrite ses larves. Ces conditions
font que le parasitisme larvaire de cette Auchméromyie ne peut
guère s'exercer que parmi les populations noires qui construisent
des habitations relativement stables et fraiches. Nous arrivons ainsi
à cette conception que le probléme de l'extension géographique de
la mouche est subordonné d'une manière très étroite à un certain
type primitif de vie humaine en Afrique, essentiellement propre à la
race noire ou à ses groupements ethniques dérivés, de mœurs
sédentaires. De là la spécificité du parasitisme de cet insecte vis-à-
vis de cette race humaine.
Cette adaptation si remarquable du parasite à certaines conditions
primitives de l'existence humaine en Afrique, présente une consé-
quence fort intéressante au point de vue biologique. Dès l'instant où
là civilisation aura introduit dans ces conditions primitives de la vie
des noirs un élément quelconque de modifications, on peut prévoir
qu'en raison de sa spécificité parasitaire étroite, l'espèce du parasite
sera vouée à la disparition. Nous avons dit plus haut déjà que le ver
des cases faisait défaut dans les intérieurs indigènes un peu plus
confortables où les nattes suspendues et les lits ont été substitués à
la pratique ancienne de la natte reposant directement sur le sol. On
peut entrevoir dès lors que si, un jour, par l'effet de la civilisation,
dans toute l'Afrique noire, les indigènes renoncent complètement
au couchage à terre, l’'Auchinéromuyie humaine disparaîtra. La
vie de l'espèce nous apparaît comme simplement à la merci d’une
surélévation de quelques centimétres au-dessus du sol des nattes sur
lesquelles reposent habituellement les noirs. Au degré de spécificité
parasitaire auquel l'espèce de cette mouche est actuellement parvenue
156 E. ROUBAUD.
un tel perfectionnement dans la vie de ses hôtes devra entraîner dans
l'existence de ce singulier parasite humain un bouleversement
radical et probablement sa disparition de la surface du globe.
L'habitat et les hôtes des larves des Chœromuyies. — Jusqu'à nos
recherches sur la biologie des Chœromyies on ne connaissait aucun
exemple de diptère à parasitisme intermittent larvaire sur des
mammiferes, comparable à celui de l'A. {uteola sur l'homme. Lorsque
nous avons découvert au Soudan des trous d’Oryctéropes et de
Phacochères infestés d'adultes de Ch. chœrophaga et boueti, cette
découverte a été pour nous un trait de lumière et nous nous sommes
empressé de rechercher dans la profondeur des terriers de ces
mammifères des larves suceuses de sang correspondant aux larves de
ces nouvelles espèces d’Auchméromyies. Nous n'avons pas tardé à
découvrir en effet dans ces terriers des larves identiques d’aspect au
ver de cases, les unes gorgées de sang, les autres prêtes à la
nymphose, ainsi que des pupes nombreuses des deux espèces de
Chœromyies. Le mode de parasitisme de ces larves est exactement le
même que celui de l’A. Zuteola, mais elles s’attaquent cette fois
uniquement aux Oryctéropes et aux Phacochères et ne vivent que
dans la terre piétinée du terrier de ces animaux. On peut opposer
ces larves sous le nom de Ver des Terriers, au Ver des cases parasite
de l’homme. Bien que je n’aie pu encore me procurer les larves de
Ch. prægrandis, la découverte des adultes de cette espèce, en
particulier des femelles prêtes à pondre, à l’intérieur d’un trou
d’Oryctérope dans Ia Haute-Gambie, démontre péremptoirement que
la biologie de cette espèce est la même que celle des deux autres. Il
convient de donner quelques détails sur ces curieux hôtes des
Chæromyies que sont les Oryctéropes et les Phacochères.
L’Oryctérope de l'Afrique Occidentale, O0. senegalensis, Less.
(fig. 23) est un édenté de grande taille, assez commun dans toute la
région sub-côtière et soudanienne de l'Afrique Occidentale. De la
taille d’un gros pore, il est pourvu d’un groin allongé, d'oreilles très
longues, en cornet, d’une queue remarquablement épaisse et
puissante. Sa peau dure et de couleur sombre est à peine revêtue de
poils rares et rudes. A l’aide de ses griffes robustes, cet animal se
creuse dans la terre argileuse et les termitières des terriers très
profonds, en forme de boyaux souterrains, pouvant aisément livrer
passage au corps d’un homme (fig. 9, p. 130). Dans la région de
RECHERCHES SUR LES AUCHMÉROMYIES, L57
Djenné nous avons exploré une galerie d’Oryctérope longue de
12 à 15 mètres. MacLaUD (!) mentionne que l'Oryctérope creuse de
FiG. 23. — Oryctérope du Soudan (0. senegalensis, LESs.) Coll. du Muséum de
Paris. Cliché de M' KoLLMANX.
véritables souterrains, dont les galeries s'ouvrent quelquefois à cent
mèêtres les unes des autres. C’est à l'entrée de ces galeries, dans la
partie semi-obscure que se rencontrent les adultes des Chæromyies,
mais leurs larves se tiennent dans la profondeur du terrier aux en-
droits où gitent les Oryctéropes. Dans la journée, ces mammifères
ne sortent pas de leur repaire ; ils ne s’en écartent que la nuit. Ce
sont des animaux nocturnes.
En dehors de cette espèce, il existe en Afrique deux autres espèces
d'Oryctéropes dont l’un l'O. capensis habite l'Afrique Australe,
précisément la région où a été découverte la CA. prægrandis.
Le Phacochère africain (Ph. africanus GM.) est un Suidé très
répandu dans la zone soudanienne de l'Afrique Occidentale. C’est
comme l'Oryetérope un mammifère à peau épaisse, à poils rares longs
et durs (fig. 24). Il habite des terriers creusés dans la terre argileuse
(fig. 10) et dont le fond est rempli d’une vase compacte formée par le
piétinement de l'argile souillée d'urine. C’est dans cette terre
humide qui exhale une forte odeur de latrines que j'ai rencontré,
en quantité considérable, les larves de Ch. chærophaga, tandis que
les pupes pétrissaient la terre plus sèche des parois du terrier
(1) Notes sur les Mammifères et les Oiseaux de l’Afrique occidentale. Paris, Vilette,
1906, p. 76.
158 E. ROUBAUD.
(fig. 31, p. 191). Les Phacochères sortent de leur gite aux heures les
moins chaudes de la journée. Ils y rentrent pendant la grande chaleur
et y passent la nuit. Au contraire des Oryctéropes ce sont des
animaux diurnes.
FiG. 24. — Phacochère africain (Ph. africanus Gu.) Bords du Niger; région de
Tillabéry (Mission BoueT-RouBAtD).
Les Chasseurs indigènes affirment que les Phacochères ne
creusent pas eux-mêmes leurs terriers, mais qu'ils utilisent, en les
aménageant un peu, les trous creusés par d’autres animaux en parti-
culier par les Oryctéropes. Il y aurait ainsi succession possible
d'hôtes différents dans un même gîte de Chæœromyies, ce qui
expliquerait le mélange constaté des deux espèces Ch. boueli et Ch.
chœrophaga dans le même terrier.
Spécificité parasilaire des larves de Chœromuyies sur les hôtes
à peau nue. L'évolution du parasilisme chez les Auchmeromyies.
— Bien qu'ils appartiennent à deux groupes zoologiques très
différents ces hôtes des diverses espèces de Chœromyies, Oryc-
téropes et Phacochères, présentent le caractère commun d'être des
mammifères à peau nue ou revêtue seulement de poils rares. Cette
particularité, qui est essentielle pour les manifestations du para-
sitisme des larves suceuses de sang, permet un rapprochement, à ce
RECHERCHES SUR LES AUCHMÉROMVYIES. 159
point de vue, entre les hôtes des Chœromyies et l’homme, hôte de
l'A. luteola. Les Auchméromyies peuvent être définies, d’une façon
générale, comme des Calliphorines à larves suceuses de sang de
mammifères à peau non protégée par des poils.
La spécificité parasitaire de ces Calliphorines s'explique par une
raison physiologique fondamentale : Il faut, pour que les larves
puissent atteindre la peau de l'hôte et sucer le sang, que l'épiderme
ne soit pas recouvert d’un revêtement pileux abondant. En dehors
des Oryctéropes et des Phacochères il n'existe pas en Afrique de
mammifères à peau nue vivant dans des terriers. Souvent les galeries
de ces mammifères sont occupées également par des pores-épies
qui cohabitent avec eux mais occupent des diverticules particuliers
ou des galeries particulières. J'ai observé quelquefois des mouches
adultes dans les parties des terriers occupées par des pores-épics,
mais toujours en petit nombre et venant d’ailleurs ; rien n'indique
que les larves puissent se développer aussi aux dépens de ces
animaux qui sont couverts de poils assez denses, en dehors de leurs
longues soies. Jamais non plus les Chæromyies n'ont été observées
au voisinage des porcs domestiques. Quant aux bauges des Potamo-
chères, proches parents des Phacochères, je n'ai pas eu l’occasion de
les étudier à ce point de vue mais les poils abondants dont ces
animaux sont couverts rendent peu probable le parasitisme des larves
à leurs dépens. Toutes les recherches faites pour découvrir également
ces mouches ou leurs larves dans les terriers d'animaux sauvages
pourvus de poils (hyènes, chacals, rongeurs divers) ont été vaines.
La spécificité parasitaire des larves de Chœæromyies doit s'entendre
simplement spécificité aux dépens des mammifères à peau nue. Au
moins pour nos deux espèces soudanaises, Ch. boueti et Ch. chœro-
phaga, elle ne paraît pas en effet s'exercer rigoureusement pour
chaque espèce sur un type exclusif de mammifére. J'ai en effet
observé dans un terrier de Phacochères aux environs de Tombouc-
tou, les deux espèces de Chœromyies, mais avec prédominance
incontestable de CA. chœrophaga. Si Yon ne peut parler d’une
spécificité wbsolue des diverses espèces de Chæœromyies soit pour
l'Oryctérope soit pour le Phacochèére, en revanche il existe une
spécificité relative fort nette de Ch. boueti vis-à-vis de l'Oryctérope,
de Ch. chœrophaga vis-à-vis du Phacochère. Cette spécificité relative
s'adresse plutôt, à mon sens, à la nature même du gîte qu'à celle de
l'hôte.
160 E. ROUBAUD.
La spécificité parasitaire des vers des terriers d'animaux à peau
nue s'observe aussi par rapport à l’homme. Jamais les larves des
Chæromyies n’ont été rencontrées vivant aux dépens de l’homme,
dans les cases indigènes. Inversement, d’ailleurs, nous avons vu que
jamais le Ver des cases ne se rencontre dans les terriers d'animaux
à peau nue. Les adaptations parasitaires de ces divers types
d’Auchméromyies (Chæromyia et Auchmeromyia) sont à ce point
de vue remarquablement fixées.
Bien que les Mammifères à peau nue qui sont les hôtes des
Chœæromyies soient des types très spécialisés parmi les autres
mammifères, leur caractère archaïque, surtout en ce qui concerne
les Oryctéropes, indique qu'il y a lieu de rechercher chez eux lori-
gine ancienne de l'évolution parasitaire des Auchméromyies. Nous
avons vu précédemment qu'au point de vue morphologique les
Chœromyia représentaient les types d’Auchméromyies les moins
différenciés, l’Auchméromyie humaine étant une espèce remar-
quablement spécialisée par ses caractères extérieurs qui nous l’ont
fait distinguer sub-génériquement. Tout indique, également, au point
de vue biologique que l'évolution parasitaire de cette espèce,
aujourd'hui étroitement fixée chez l'homme et n'ayant aucun
rapport avec un hôte animal quelconque, procède de celle des
Chæromyies, parasites anciens de mammifères à peau nne.
L'évolution des Auchméromyies paraît jusqu'ici s'être localisée
au continent africain. On ne connait aucune Auchméromyie vraie
en dehors de l'Afrique; mais c'est une question qu'il convient
de réserver encore un peu. Sans doute l'étude attentive des gîtes des
mammifères à poils rares y révélera-t-elle d’autres types ou des types
voisins de Calliphorines suceurs de sang.
Le mode parasitare larvaire des Auchméromyies, ne représente
pas d’ailleurs biologiquement un cas absolument isolé parmi les
formes multiples que revêt le parasitisme chez les larves de Diptères.
En 1844 L. Durour a observé que les larves de Phormia azurea
ME1G. suçaient le sang des jeunes hirondelles dans les nids, et cette
observation intéressante a été confirmée tout récemment par M. du
Buyssox (!). Il est possible qu'elle se confirme encore pour d’autres
espèces de Calliphorines; un parasitisme de ce genre s'exerçant
(1) Surcour. — Diptères piqueurs du Venezuela.
RECHERCHES SUR LES AUCHMÉROMYIES. 161
aux dépens de jeunes oiseaux ou de jeunes mammifères encore
dépourvus de plumes ou de poils, représente évidemment la forme
primitive de l'adaptation parasitaire des Auchméromyies qui s'exerce,
elle, à la suite d’une spécialisation très remarquable, sur des
animaux adultes à peau épaisse, mais sans poils, et sur l’homme.
Quoi qu'il en soit, la spécificité actuelle des Chæromyies vis-à-vis
des mammifères à peau nue habitants des terriers est aussi grande
que l’est vis-à-vis de l’homme celle de l'A. Zuteola. I y a lieu de
supposer que dans toutes les régions de l'Afrique tropicale et sub-
tropicale où vivent Oryctéropes et Phacochères, on devra retrouver
les mêmes espèces de Chæromyies ou des espèces voisines.
6. Nutrition. Mode et forme de l’hématophagie
chez les larves d’Auchméromyies.
Mécanisme de la succion et des prises de sang. — Bien qu'il soit
de notion courante que les vers de cases parasites hématophages de
l’homme, sucent le sang la nuit en perforant la peau à l’aide de
leurs crochets buccaux, le mécanisme de la piqûre et de la succion
chez ces larves apodes et acéphales n'a jamais été décrit dans ses
détails et ne semble point avoir attiré l'attention des observateurs.
Le ver, dès sa naissance, ou lorsqu'il est à jeun depuis quelques
jours, pique aisément en captivité dès qu’on le place sur la peau du
bras. Mais il est nécessaire pour le voir piquer facilement de le
déposer sur la peau, au sein même d’une petite couche de sable : lors-
qu'on essaie de le faire piquer à découvertil s’y refuse presque toujours
et cherche à se dissimuler, en raison de sa sensibilité obscuricole. Le
mécanisme de la percée de la peau et de la succion est très curieux à
observer et demande d’être décrit avec quelques détails. |
Pour perforer la peau, le ver commence par se fixer à elle par ses
crochets buccaux ; puis, ramassant son corps, 1l s’archoute sur ses
épines caudales, le corps courbé en are (fig. 25, 1). Le segment cépha-
lique se rétracte à l’intérieur du premier segment thoracique dont le
bord libre, s'appliquant étroitement à la surface de l’épiderme,
fonctionne un peu comme un disque adhésif. A l’intérieur du segment
dans lequel elle est rétractée, la tête entraînant la masse pharyn-
gienne s’anime d'un mouvement de va-et-vient en piston, très rapide,
qui agit à la fois en déterminant une véritable succion sur l'endroit
piqué et une attaque réitérée de la peau au même point par les
162 E. ROUBAUD.
crochets buccaux. En quelques minutes la percée est eflectuée
sous l'influence de ces scarifications successives et le sang vient
sourdre au point attaqué (!) : il est alors recueilli par la bouche et le
FiG. 25. — Positions diverses prises par une larve d'Auchmeromuyie pendant la
piqüre. { attaque de la peau ; 2 position d’érection ; 3 contraction du corps
pendant la succion (schématique).
mouvement du piston céphalique et des crochets s'arrête. On voit les
lèvres de la larve absorber rapidement le liquide sanguin qui remplit
progressivement la partie antérieure du tube digestif. Dès que la
succion commence, la larve fixée sur le bord libre du segment post-
céphalique formant ventouse, redresse le corps d’un brusque
mouvement d'érection et prend une position presque verticale,
rigide et dressée sur sa région antérieure (fig. 2). Tandis que le
sang pénètre petit à petit dans le tube digestif, on voit se produire
par intervalles des ondes de contraction des segments qui
parcourent toute l'étendue du corps d'avant en arrière, refoulant
devant eux le sang dans les régions postérieures du corps. (PI. III
fig. 3). Sous l'influence de ces pincements le liquide sanguin se trouve
ainsi réguliérement réparti dans toute l'étendue de l'intestin moyen,
puis de l'intestin antérieur. Chaque fois qu'une onde de contraction
se produit, Le corps de la larve devient en arrière rouge et turgescent,
comme sous l'influence d’une brusque ondée sanguine.
De temps à autre on voit reprendre pendant quelques instants les
mouvements du piston pharyngien qui activent l'écoulement du sang.
Bientôt, sous l'influence de ces mouvements divers ainsi que des
contractions péristaltiques des anses intestinales, le tube digestif du
(1) La percée de la peau par des scarifications réitérées rapidement au même point
est ici, en somme, une forme de piqure comparable à celle que l'on trouve réalisée chez
les diptères du genre Phtlaematomyia, dont la trompe n'est pas constituée comme chez
les hématophages {typiques par des pièces perforantes rigides, mais simplement armée
à l'extrémité d'une pièce aiguë animée de mouvements d'élévation et d'abaissement très
actifs.
RECHERCHES SUR LES AUCHMÉROMYIES. 163
ver se trouve rempli de sang frais jusqu’au rectum. Le corps devient
rouge dans presque toute son étendue et s’infléchit sous la masse du
liquide imgéré. Dans cet état de réplétion la tête de la larve ne peut
plus demeurer invaginée dans l’intérieur du segment céphalique :
l'adhésion à la peau cesse de se produire ; la larve se détache, roule
à terre, puis elle s'enfouit et va digérer.
La durée totale de la prise de sang, pour une larve à jeun depuis
une semaine, varie de 15 à 20 minutes. Les larves fortement gorgées
rejettent parfois un peu de sang par la bouche ; elles émettent aussi
par l'anus des excréments liquides qui agglutinent les grains de sable
autour de la région caudale.
Lorsque plusieurs larves piquent au même endroit de la peau,
elles se gênent réciproquement, l'adhésion du segment postcépha-
lique ne peut se faire d’une façon parfaite et les larves restent
-alors horizontales sans parvenir à prendre la position d’érection
sur Ja région céphalique qui forme insuffisamment ventouse. En
même temps, comme la succion se fait mal, au sang absorbé se
mêle une petite quantité d'air qui apparait sous forme de bulles,
dans le jabot et l'estomac. Le rôle du segment postcéphalique dans
le maintien vertical de la larve, l'adhésion à la peau et la réalisation
parfaite de la succion, est ainsi nettement mis en évidence.
La nécessité d’une adhésion satisfaisante à la surface de la peau
pendant la succion explique que celle-ci ne puisse se produire que
sur une peau nue. La présence d'un revêtement pileux quelque peu
dense entraverait absolument l’adhésion céphalique.
Les vers de cases piquent les individus couchés à la surface du sol,
de préférence aux flancs et sous les bras. Dans la nature, on ne
les observe jamais comme nous l'avons dit vivant aux dépens d'hôtes
animaux. En captivité cependant on peut les faire se gorger sur des
cobayes, sur des chiens rasés, sur des pores ; mais elle piquent alors
moins volontiers et se gorgent beaucoup plus difficilement que sur
l’homme.
Les pores, surtout jeunes, sont les animaux qui permettent le plus
facilement l'élevage artificiel des vers de cases. La peau du ventre,
celle de la face interne des cuisses se prêtent assez aisément à la
piqûre. |
La façon dont les larves des Chæœromyies se fixent à la peau en
invaginant le segment céphalique est exactement la même que chez
164 E. ROUBAUD.
les Ver des cases. Le mécanisme de la piqûre et de la succion du
sang sont également identiques.
Au premier temps la larve s'archoute sur ses épines anales, le
corps courbé en arc, tandis que les crochets pharyngiens animés
de mouvements horizontaux très actifs (trois ou quatre par seconde)
attaquent la peau et la perforent. Puis la larve se redresse en
érection (deuxième temps) pour l'ingestion du sang tandis que des
ondes de contraction refoulent périodiquement en arrière la masse
liquide absorbée. Enfin quand elle est gorgée elle reprend une
position horizontale tout en se maintenant encore fixée à la peau
par son segment adhésif et ses crochets.
Expérimentalement, sur le porc domestique les larves des
Chæœromyies s'élèvent parfaitement. Elles recherchent de préférence
pour piquer les plis de la peau, qui les maintiennent en leur
fournissant un appui et-les empêchent de glisser pendant l'attaque
du derme. Elles percent plus facilement la peau aux endroits
minces du ventre et des cuisses, à la base des mamelons, au niveau
des éraillures et des pustules. Le durée du repas sur le porc
domestique varie de dix minutes à trois quarts d'heure suivant les
régions piquées.
Sur l'homme les vers des terriers piquent aussi facilement que
les vers de cases. J'ai nourri sur mon bras des larves de Ch.
chœrophaga à tous les âges. Comme celles de l'A. luteola elles
ne cherchent à piquer que lorsqu'elles sont dissimulées au sein
d’une couche de sable, déposée à la surface de la peau. Lorsqu'on
les place à découvert directement sur l’épiderme, elles s'inquiètent,
cherchent à se dissimuler ou à s'enfuir et renoncent à se gorger.
Le dispositif le plus simple à employer pour nourrir ces larves
est de les placer dans une conserve de verre au milieu d'une petite
couche de terre sèche ou de sable, de un à deux centimètres
d'épaisseur; on renverse le tout sur la peau de l'hôte en l'y
maintenant pressé. Au bout de quelques minutes les larves
commencent à piquer et à se gorger ; on enlève alors la conserve
et, en êcartant la couche de sable, on aperçoit ies larves dans leur
position d’érection fixées verticalement sur la peau. Lorsque
l'adhésion est établie et la succion commencée elles achèvent de
se gorger en général même à découvert.
Exclusivité de l'alimentation sanguine. — Les larves d'Auchine-
romyia et de Chœromyia n'acceptent aucune autre nourriture
RECHERCHES SUR LES AUCHMÉROMYIES. 165
que le sang. Placées sur de la viande crue elles ne cherchent point
à s’en nourrir. Elles peuvent cependant, lorsqu'elles sont à jeun
depuis fort longtemps en milieu très sec, absorber un peu d'eau
ou d’un liquide quelconque mais en très petite quantité. Des larves
à jeun depuis des mois en milieu see se bornent à lécher légèrement
l'humidité qui leur est offerte, sans se gorger même quand on leur
présente de l’eau en abondance. Elles lèchent également le sang
frais, pur ou citraté, le sérum sanguin extravasé, mais elles ne
parviennent jamais non plus à se gorger d’une manière appréciable.
Il faut, pour que l'alimentation s'effectue normalement, que ies vers
sucent le sang directement par la peau suivant le mécanisme
précédemment décrit.
Fréquence des repas. Jeûnes. Résistance à l'inanilion. — Te
caractère fondamental du parasitisme des larves d’Auchméromyies
est d’être un parasitisme intermittent. Les heures des repas, pour
ces larves vivant en dehors de l'hôte, à l’état libre, sont surtout dé-
terminées par les heures de sommeil et d'immobilité de leurs hôtes.
Les larves d'A. luteola et de Ch. chærophaga peuvent piquer
et se gorger à fond lorsqu'elles en ont l’occasion en moyenne
toutes les vingt-quatre heures. Nous donnons plus loin les dates de
succession des repas chez des larves soumises à une alimentation
abondante et la durée de l’évolution larvaire correspondante
(p. 176). Mais ce sont là des conditions optima que les larves
ne rencontrent pas toujours et leur mode de vie, à l’état libre, les
soumet fréquemment à des jeûnes prolongés. Nous avons déjà
indiqué, précédemment, la longue durée de résistance que des
larves au sortir de l'œuf pouvaient offrir à un jeûne absolu en milieu
sec ou humide. Nous avons effectué les mêmes expériences avec
des larves prises à des stades divers de la croissance. Dans ces
conditions nous avons pu reconnaitre qu'à tout âge, les larves
d’Auchméromyies étaient susceptibles d’une résistance remarqua-
blement prolongée à l'inanition.
a) Résistance en milieu sec. — Deux larves d'A. luteola, à la
2° mue, prises à Tombouctou dans une case indigène et non
alimentées fraichement, ont été placées dans une couche de sable
absolument sec le 27 mai. Le 10 juin elles paraissent desséchées,
ratatinées, mais au contact de la chaleur de la main elles se
166 E. ROUBAUD.
raniment et reprennent une grande activité. Le 13 juin (13° jour) au
matin elles sont encore très vivantes. La mort survient le soir,
à la suite de l'exposition accidentelle du vase qui les contient aux
rayons du soleil. Pendant toute la durée de l’expérience l’état
hygrométrique s’est maintenu si faible qu'il a été impossible de
l’évaluer à l'hygromètre.
Les larves ont donc résisté pendant plus de quinze jours à un
jeûne rigoureux en milieu absolument sec.
b) Dix larves d'A. luteola d’âges divers, gorgées sur l’homme
le 29 juin, sont placées après leur repas dans une couche de sable
absolument sec. Le 29 juillet (31° jour) quelques larves ayant
résisté au jeûne sont trouvées empupées. Le 10 août une larve est
encore trouvée vivante. Le 3 septembre (67€ jour) elle réagit encore
au toucher. Le 9 septembre la larve manifeste encore quelques
faibles mouvements. Au contact d'une goutte d'eau on voit se
produire une légère tentative de succion, mais le ver est hors d'état
de piquer et de se gorger sur la peau.
c) Résistance en milieu humide. — Dix larves d’àges divers,
gorgées sur l’homme le 29 juin, sont placées ce jour dans une couche
de sable humide. Le 3 août (26° jour) trois larves sont encore mobiles,
les autres sont empupées. Toutes les larves sont mortes le 10 août.
Comme nous l’avons déjà montré pour les larves au sortir de
l'œuf, les larves âgées d'A. /uteola manifestent une résistance plus
grande au jeûne en milieu rigoureusement sec qu'en milieu humide.
Cette résistance à l’inanition peut atteindre, exceptionnellement il
est vrai, #ne durée Supérieure à deux rois. Normalement un jeûne
absolu d’un mois, s’il est suivi d’une alimentation abondante, ne doit
pas être considéré comme excessif pour les larves de cette mouche.
Nous verrons plus loin combien la durée de l’évolution des vers de
cases peut être augmentée par des périodes de jeûne multiples
s'interposant dans le cours de la croissance.
Des expériences comparatives ont été réalisées avec la Chœromyie
des phacochères.
d) Résistance en milieu sec. — Huit larves de Ch. chærophaga
recueillis dans un terrier le 7 juin et non /r'aîchernent gorgées, sont
placées dans une couche de sable absolument sec.
RECHERCHES SUR LES AUCHMÉROMYIES. 167
Le 15 (8° jour) il ne reste plus qu’une seule larve vivante, qui est
trouvée morte le 16 (9° jour). La température du laboratoire a atteint
presque journellement le maximum de 40. Une autre expérience
reprise dans les mêmes conditions avec 10 larves a donné une
survie maxima de onze jours.
e) Résistance en milieu humide. — Cinq larves gorgées le 7 juin
sur un porc sont placées en terre humide normale. Le 22 (159 jour)
une d’entre elles placée sur la peau du porc pique et se gorge. Les
autres non gorgées sont en partie encore vivantes le 28 (21° jour)
mais elles n'ont plus la force de percer la peau.
Ces résultats sont conformes à ceux que nous avons dejà observés
pour les larves nouvellement écloses ; toutefois la résistance en
milieu humide est nettement plus considérable ici qu’en milieu sec.
C'est l'inverse de ce qui se passe pour le Ver des cases ; d'autre part,
la faculté totale de résistance au jeûne est beaucoup moins développée
chez les larves de Chœromyie que chez ce dernier. Ces différences
sont en relation avec les caractères biologiques particuliers de
chaque espèce. Le Ver des cases est moins aisément susceptible
de rencontrer son hôte, régulièrement tous les jours, que le Ver
des terriers. L’Auchméromyie humaine, on l’a vu, dépose souvent
ses œufs dans des cases de passage où seuls des voyageurs viennent
passer la nuit à des intervalles plus ou moins éloignés ; d’autre part
même dans les cases habitées tous les jours et un peu spacieuses les
indigènes ne s'étendent pas pour dormir toutes les nuits à la même
place : il est par suite plus difficile aux vers qui sont disséminés
dans les demeures des indigènes de rencontrer leur hôte qu'aux
vers vivant dans les terriers ; les périodes de jeûne auxquelles ils
sont exposés sont par suite plus nombreuses et plus prolongées.
Cette propriété de résistance au jeûne des vers de cases surtout
dans un milieu d’une sécheresse absolue, est très exceptionnelle pour
des larves de diptères et définit nettement l'adaptation remarquable
à un mode de vie parasitaire libre.
On reconnait facilement, à l'extérieur, des vers ayant traversé une
période de jeûne prolongé. Les larves ayant longuement jeûné
paraissent ridées, flétries, désséchées ; mais elles reprennent leur
aspect normal, leur transparence et leur aspect luisant après
quelques repas abondants.
168 E. ROUBAUD.
7. Nutrition et sensibilité thermique.
La Périodicité nycthémérale. — Nous avons déjà vu que le
parasitisme intermittent larvaire des Auchméromyies se règle sur les
périodes de repos et de sommeil de leurs hôtes.
L'une des particularités les plus intéressantes des Vers de cases, à
ce point de vue, c'est de ne présenter dans la nature qu’une activité
nocturne, cédant la place, pendant le jour, à un état de repos complet.
Les vers ne piquent les indigènes que la nuit; pendant le jour on les
trouve inertes et endormis, dissimulés dans le sol. Quelles sont les
causes déterminantes de cette discontinuité nycthémérale dans
l’activité qui s’harmonise d’une façon si parfaite avec les nécessités
d’un mode parasitaire ne pouvant s'exercer avantageusement que la
nuit ? Il était indiqué d'entreprendre quelques expériences à ce sujet.
Le Réveil nocturne chez les larves d'A. luteola.— Un lot de larves
de tous âges, d’A. luteola capturées dans la nature a été placé dans
un cristallisoir au sein d’une épaisse couche de sable. Suivies
pendant plusieurs jours sans alimentation, à une moyenne de 26° C.
nous avons pu faire les observations suivantes : Le jour, la plupart
des larves restent endormies dans le sable, qu’elles soient placées
ou non à l'obscurité. La nuit, dès 7 heures du soir, toutes les larves
se mettent en mouvement et viennent former à la surface du sable
une masse grouillante. Si, pendant la nuit, on place les larves à la
lumière artificielle d'une lampe, elles n’en restent pas moins
éveillées et actives. Observés ainsi journellement sans être nourris
pendant plusieurs semaines les vers manifestent d’abord réguliè-
rement leur activité nocturne; puis avec les progrès de l'inanition
on les voit perdre leur régularité nycthémérale, se réveiller
irrégulièrement dans la journée ou demeurer immobhiles en tout
temps, jour et nuit. Il apparaît donc de cette seule observation que
le réveil des larves est sous la dépendance avant tout des phéno-
mènes de la nutrition.
Inversion des termes de la périodicité sous l'influence des
heures des repas. — Par des expériences diverses j'ai pu me rendre
compte qu’effectivement :
1° Des larves sorties de l’œuf et n'ayant pris aucune nourriture
depuis leur naissance se réveillent aussi bien le jour que la nuit. On
les trouve fréquemment mobiles dans la matinée, endormies la nuit.
RECHERCHES SUR LES AUCHMÉROMYIES. 169
2° Des larves nourries depuis l'œuf, régulièrement tous les jours
au laboratoire dans la matinée ou l'après-midi, restent complètement
immobiles la nuit.
3 Des larves nourries copieusement pendant plusieurs jours
dans la journée, puis gardées à jeun pendant deux ou trois jours,
deviennent indifférentes. Klles se réveillent éyrégulièrement, les
unes dans la journée, les autres la nuit.
Ainsi le réveil nocturne est avant tout un fait d'adaptation de
l'organisme des larves à un certain rythme de la nutrition; une
accoutumance précoce de l'organisme du ver, dès l’éclosion, à des
repas nocturnes réguliers équilibre d’une façon durable, en vertu de
phénomènes physiologiques profonds, les heures d'activité qui
correspondent au moment où l'appétit se réveille chez le ver et les
heures de repos où la digestion s'établit et se poursuit. Lorsque ce
rythme régulier nocturne de l'alimentation est suspendu pendant
plusieurs jours, l'irrégularité apparaît dans le réveil.
Le maintien normal de la périodicité pendant les premiers jours
du jeûne peut être apprécié, en somme, comme un phénomène de
mémoire physiologique. L'organisme du ver habitué, aux heures
des repas (nocturnes), à passer à l’état d'activité et, aux heures de
digestion (diurnes), à l’état de repos, est réglé dans ce rythme
nycthéméral pendant plusieurs jours encore, même si de nouvelles
prises de sang n’ont pas lieu.
La périodicité nycthémerale chez les larves des Chæromyies.
Conditions du reveil nocturne. — Tes larves de Ch. chœrophaga
prises dans la nature paraissent moins franchement nocturnes que les
Vers de l’homme. Certaines d’entre elles lorsqu'on les observe dans
la journée, in vitro, manifestent souvent une activité diurne, mais la
plupart restent en repos pendant le jour. On comprend que, dans la
nature, l'adaptation physiologique de ces larves à des repas réguliers
la nuit soit moins rigoureuse ici que chez les vers de cases, en raison de
ce fait que dans les terriers étroits des Phacochères ces larves peuvent
atteindre leurs hôtes aussi bien dans la journée que la nuit. Les Pha-
cochères n’abandonnent guère leurs terriers que le matin aux heures
fraiches, et l'après-midi quand la grande chaleur a cessé. Aux heures
chaudes de la journée ils retournent se giter dans leur bauge obscure
où ils peuvent comme pendant la nuit être piqués par leurs parasites.
Comme pour les larves d'Auchimeromyia, j'ai constaté que les
13
170 E. ROUBAUD.
larves de Chæromyia chœrophaga gorgées de sang régulièrement
et uniquement dans la journée depuis leur éclosion, ne manifestaient
guère qu'une activité diurne, aux heures des repas, et repues passaient
la nuit en état d'immobilité complète. C’est encore la confirmation
de cette notion que le réveil nocturne est la conséquence d'un état
physiologique particulier dépendant du rythme habituel de nutrition
des vers et non pas des conditions extérieures. La sensation parti-
culière de faim quise manifeste ja nuit, consécutivement à la digestion
pendant le jour de la masse sanguine ingérée, détermine le passage à
l'état d'activité : les vers sortent de leur torpeur aux heures où ils
sont accoutumés à manger.
Les larves de Ch. boueli lorsqu'elles vivent aux dépens des Orye-
théropes et celles de Ch. prægrandis doivent présenter un rythme
nyCthéméral inverse de celui des Vers de cases, en raison des mœurs
nocturnes des Edentés qui les nourrissent : les Oryctéropes, comme
nous l'avons dit, quittent leur gîte pendant la nuit et ne s’y trouvent
à demeure que pendant le jour.
Irriltabilité thermique des larves d'Auchmeromuyies. Réveil
thermique. — L'entrée en appétit des larves n'est pas forcément le
seul facteur intervenant dans le réveil. Le passage à l’état d'activité
peut être aussi déterminé chez des larves prêtes à la piqûre par une
élévation légère et brusque de la température du milieu ambiant.
Il existe, en effet, comme on peut s’en rendre compte par les expé-
riences ci-dessous, une sensibilité thermique spéciale, chez les larves
d'Auchméromyies, que l’on peut définir sous le terme d’érritabilité
thermique, qui suscite le réveil même pendant le jour chez les larves
au repos et les fait passer à l’état d'activité. Cette irritabilité exige
pour se manifester des circonstances physiologiques particulières,
ainsi que l'expérience le montre.
Exp. I —- Un lot de larves d'A. luteola d’àges divers, conservées
à jeun depuis plusieurs jours, dans un récipient garni de sable, sont
placées de 25° C. environ, à l’étuve à 35° C. Un thermomètre plonge
directement au sein de la couche de sable. Lorsque la température a
atteint 30° C., les larves qui étaient toutes au repos, se réveillent.
À 59° C. on les trouve toutes en mouvements à toutes profondeurs.
Exp. IT. — La même expérience est faite avec des larves tout
fraichement gorgées de sang. Ces larves restent immobiles et au
repos dans la couche de sable malgré l'élévation de la température.
RECHERCHES SUR LES AUCHMÉROMYIES. 171
Exp. TIT. — Des larves non gorges et au repos, placées brusque-
ment de la température de 28° C. à celle de 31° C. se réveillent en 5 à
10 minutes et se déplacent activement.
Ainsi, en vertu de leur irritabilité thermique, les larves peuvent
entrer en activité simplement sous l'influence d'un changement de
température ; mais le réveil thermique ne se manifeste que chez les
larves en condition d'appétence. Les larves gorgées qui sont en cours
de digestion ne sont pas douées d'irritabilité thermique, ou cette sen-
sibilité, émoussée, est impuissante à les faire passer à l’état d'activité.
On conçoit toute l'importance, pour la biologie de ces larves libres,
d'une telle érritabilité thermique. Xl suffira de la simple élévation
de température du sol qui les abrite, au contact d’un corps chaud
comme celui de l'hôte étendu à terre, pour déterminer le réveil chez
les larves à jeun et les rendre actives et aptes à la piqûre. Cette
irritabilité thermique qui peut ne pas entrer en jeu chez les larves
régulièrement alimentées, chez lesquelles le réveil physiologique se
produit rythmiquement par le seul jeu de l'équilibre de nutrition
nyCcthéméral, va jouer au contraire un rôle prépondérant chez les
larves à jeun depuis plusieurs jours et chez lesquelles l'inanition a
détruit le rythme de la périodicité nycthémérale. Ces larves, qui n'ont
plus pour se guider dans leur réveil l’accoutumance de l'organisme
aux heures des repas, ont besoin du réveil thermique déclanché
simplement par la présence de l'hôte, pour pouvoir saisir, à la
première occasion, la nourriture incertaine qui leur est offerte par
un hôte irrégulier dans ses apparitions.
Avec les larves de Ch. chærophaga, les mêmes expériences ont
conduit aux mêmes résultats. A la température de 33° C., des larves
non récemment gorgées se réveillent el parcourent en tous sens le
cristallisoir. Les larves fraîchement gorgées ne se réveillent pas.
Des larves gorgées dans la matinée sont placées à 11 heures du matin
à l’étuve à 35°C. Immobiles au début, pendant le cours du repos
digestif, elles ne commencent à manifester d'activité et à entrer en
mouvements qu’à 5 heures et demie du soir, plus de 6 heures après le
début de l'expérience. Cette observalion montre nettement l'influence
de l'état d’appétence sur l'apparition et le développement de l'éri-
tabilité thermique chez les larves.
Thermotropisme. — La sensibilité thermique des larves d’Auch-
méromyies se manifeste aussi sous un aspect tout différent, le {ermo-
172 E. ROUBAUD.
tropisme. C'est en vertu de cette propriété que des larves en état
de réveil sont renseignées sur la présence de l'hôte dans leur voisinage
et se dirigent vers lui.
Exp. — Dans une cristallisoir renfermant des larves d'A. luteola
au sein d’une couche de sable a été placé (fig. 26) un thermomètre dont
la tige passait soit à côté soit au travers d’un disque de métal
préalablement chaullé. Ce disque
métallique chaud reposant directement
à la surface du sable, on notail l’éléva-
ton de la température de la couche
et l’état d'activité des larves. L’expé-
rience a donné les résultats suivants.
Avec des larves à jeun depuis une
———— quinzaine de jours, on voit les larves
: se réveiller à partir de 31° C. et se
diriger toutes vers la surface, c’est-à-
dire vers la source chauffante. (Dans
les expériences précédentes où toute
l'étendue de la couche de sable était
FiG.26.— Dispositif expérimental uniformément chauffée les déplace -
A ments des larves s’elfectuaient aussi
reposant sur la couche de Pien vers le fond du vase que vers
sable; S, renfermant les la surface). Ce fhermotropisme est
larves; /4. thermomètre. Les Lositif jusque vers 37, 38 C. Au delà,
larves se déplacent dans le . . noise »
sens des fléches et se dirigent il devient négatif : les larves tendent à
vers la source chauffante, fuir la surface chauffante.
En effectuant la même expérience
avec des larves récemment gorgées, ou prêtes à la nymphose,
c'est-à-dire des larves repues, nous n’avons point observé de thermo-
tropisme positif; mais uniquement le thermotropisme négatif, à la
température défavorable.
Ainsi, ici encore : le thermotropisme + ne se manifeste que chez
les larves en condition d'appétence.
On voit par ces expériences quel rôle important joue la sensibilité
thermique dans la biologie de ces larves demi-parasites. Lorsque
l'hôte, animal ou humain, vient s'étendre à terre ct se reposer, la
chaleur du corps échauffe légèrement la surface du sol au-dessous
de lui. Les larves qui se trouvent endormies dans la zone où se
manifeste ce rayonnement thermique, se réveillent, passent à l’état
RECHERCHES SUR LES AUCHMÉROMYIES. 173
d'activité si leurs conditions physiologiques le permettent et se
dirigent vers l'hôte qui vient ainsi de déceler sa présence.
Pour des larves dissimulées dans le sol et vivant à l’état libre,
dans l'attente d’un hôte possible, condition très particulière pour des
larves de diptères cycloraphes, ce thermotropisme nous paraît être
l'une des conditions essentielles qui expriment le mieux l'adaptation
à un parasitisme intermittent. C’est en vertu de cette sensibilité
spéciale qu'elles sont averties de la présence, dans leur voisinage,
d'un hôte qui ne fait souvent auprès d'elle que des apparitions
temporaires et qu'elles sont désormais en mesure de venir d’elles-
mêmes à son contact. C'est bien là ce qui distingue le mode
parasitaire des larves d’Auchméromyies, de celui de la plupart des
larves de diptères parasites de vertébrés qui vivent d'ordinaire
directement en contact étroit et permanent avec le corps de leur hôte
ou dans son voisinage immédiat.
Résistance thermique. Température normale de l'habitat des
larves. — Les larves d'Auchméromyies comme les adultes vivent à
une température relativement basse et ne supportent pas l’action
prolongée d’une température de 35° C, ou supérieure à 35° C.
Exp. I. — Quatre larves d'A. luteola d’âges divers sont soumises
en sable sec à la température de 35° C, jour et nuit. On les alimente
tous les jours.
Résultats : L'une meurt dès Le 4° jour ayant refusé de se gorger.
Une deuxième meurt le 10° jour n'ayant consenti à piquer que
deux fois. La troisième, qui est âgée, se transforme en pupe le
% jour ; cette pupe n'éclôt pas. La quatrième larve meurt le 14° jour.
Chez toutes la croissance s’est arrêtée dès le début de l'expérience,
malgré les prises de sang.
Les larves soumises à une température de 35° C s'inquiètent,
s'agitent en tous sens et manifestent tout d'abord une activité très
grande. Puis elles s’immobhilisent et reprennent l'aspect normal,
mais ne s’alimentent plus que difficilement et finissent par mourir
au bout de quelques jours. Elles sont incapables d'évoluer d’une
façon normale à cette température.
Exp. IT. — Un lot de G larves d'A. /uteola (lot A) est placé à
l'étuve à 45° C en sable sec pendant une heure. Un lot B de 6 larves
également, est placé à la même température pendant le même temps
mais en sable humide.
174 E. ROUBAUD.
Résultat : Au bout d’une heure toutes les larves du lot À (à sec)
sont mortes ; pour le lot B (humide) 5 sont mortes ; une seule est
encore vivante.
Avecles larves de Chæromyia les résultats obtenus sont à peu près
les mêmes, mais la résistance de ces larves à la température de 35° C
peut durer un peu plus longtemps.
Exp. IIT. — 7 larves d’âges divers de Ch. chœrophaga sont
soumises en sable sec à 35° C jour et nuit.
Résultats : Les deux premiers jours elles s’alimentent normalement
puis les repas deviennent plus difficiles. La mort survient à partir
du onzième jour. Une d’entre elles est encore en vie le 15° jour ; les
autres sont mortes ou empupées (Pupes stériles).
Exp. IV. — Un lot de 6 larves de Ch. chœærophaga, est exposé
au soleil ex terre sèche pendant 30 minutes, à l'air libre. La
température maxima enregistrée pendant l’expérience est de 46° C.
— Résultat: Les larves s’agitent en tous sens au début ; elles sont
trouvées toutes mortes à la fin de l'expérience.
La même expérience répétée à l’étuve à 45° C. avec deux larves
aboutit à la mort de ces larves en moins d’une heure.
Exp. V. — Un lot de 6 larves est exposé au soleil en terre
humide pendant 20 minutes, à l'air libre. La température maxima
observée est de 46° C.
Résultat: À la fin de l'expérience toutes les larves sont encore en
vie. Un quart d'heure plus tard, les larves ayant été remises à
l'ombre on en trouve trois sur six mortes ; les autres sont en état de
vie précaire.
On conçoit dans ces conditions que les larves des Auchméromyies
comme les adultes doivent rechercher des endroits constamment
abrités du soleil, soit l’intérieur des habitations humaines, soit les
terriers obscurs des mammifères. Les températures maxima relevées
au cours de nos recherches sur les conditions normales d'habitat de
ces larves ont été voisines de 25° C. Dans le sable de l’intérieur des
habitations de Djenné où l’on rencontrait en grand nombre des vers
de cases nous avons noté vers midi la température de 25-26 C.
Dans un terrier de Phacochères des environs de Tombouctou la
température relevée à 8 heures du matin dans la terre humide où
vivaient les larves de Chæromyix, était de 27,8. Cette température
RECHERCHES SUR LES AUCHMÉROMYIES. 175)
ne devait pas s'élever beaucoup dans la journée, aux heures chaudes,
en raison de l'humidité du milieu; il devait au contraire par
évaporation se maintenir une température très fraîche.
On peut dire qu'une moyenne de 25 à 30° C. représente la tempéra-
ture optima pour la vie des larves d'Auchméromyies.
Sensibilité lumineuse. Caractère obscuricole des larves. —
Indépendamment des nécessités de leur sensibilité thermique qui
contraint les larves à s’abriter des rayons du soleil, elles sont comme
les adultes sensibles à la lumière et nettement obscuricoles. Toutefois
la sensibilité à la lumière agit beaucoup moins ouvertement que la
sensibilité thermique sur le comportement. L'irritabilité thermique
est plus impérieuse que la sensibilité à la lumière chez ces larves.
Le délerminisme thermique du parasitisme intermittent des
larves d'Auchméromyies. — La constatation de ces effets de la
température sur les larves d’Auchméromyies permet de se faire une
idée des raisons physiologiques qui ont pu déterminer la genèse du
mode parasitaire qui leur est propre. Nous avons vu que la tempé-
rature de 35° C. était mal supportée par ces larves lorsqu'elle se
prolongeait au delà de quelques heures. La température du corps
des mammifères qu'elles parasitent et de l’homme est donc une
température gênante pour elles; elles ne sauraient la tolérer que
pendant peu de temps. Leur irritabilité thermique mise en éveil par
la chaleur du corps les pousse à se diriger vers l'hôte lorsqu'elles
sont en état d'appétence. Parvenues à son contact elles se gorgent
hâtivement et lorsqu'elles sont gorgées elles s'empressent de
rechercher une température plus basse. Le parasilisme de ces Calli-
phorines, en raison même de cette particularité physiologique
fondamentale, ne peut être qu'un parasitisme intermittent. La vie à
la température du corps des mammifères d'une façon continue leur
est impossible. On ne saurait donc suspecter ces larves, comme l'ont
fait certains auteurs, de parasitisme permanent facultatif sous la peau
de l'hôte dans certains cas, comparable à celui qu'on observe d’une
façon normale chez les Calliphorines voisines du genre Cordylobin.
Les larves d’Auchméromyies ne pouvant faire au contact de l'hôte
dont la température leur nuit qu'une apparition rapide, emma-
gasinent rapidement dans leur tube digestif une énorme quantité
de sang qu'elles digéreront ensuite à loisir à température plus
basse. Les larves de Cordylobia au contraire, parasites cuticoles,
176 E. ROUBAUD.
résistent normalement à la température du corps des mammifères,
lorsque comme je l'ai montré (1911-b.), cette température ne dépasse
pas un certain chiffre. Vivant sous la peau d’une façon permanente,
elles se nourrissent d’une façon progressive sans amasser par succion
rapide des provisions alimentaires comme les larves d'Auchmé-
romyies. Ainsi, ces deux types de Calliphorines malgré leurs
affinités évidentes se trouvent séparés l’un de l’autre, à l’état larvaire
au moins, par des divergences physiologiques radicales. Il est permis
de chercher dans ces différences physiologiques le déterminisme des
adaptations parasitaires dissemblables qui les distinguent radi-
calement l’un de l’autre par les larves.
8. Évolution des larves; croissance; mues ;
Durée de la vie larvaire.
La durée totale de la vie larvaire des Auchméromyies et les diffé-
rentes phases de leur évolution à l’état de larves n’ont encore été :
observées par aucun auteur, en raison de la difficulté qu'il y a à
nourrir ces larves d'une façon régulière et continue en captivité
sur des animaux de laboratoire. Nous avons vu plus haut qu'il est
cependant facile de les élever en les faisant piquer au milieu d'une
couche de sable, soit sur l’homme, soit sur un animal à peau nue tel
que le porc. J'ai pu suivre les détails de la croissance des larves de
l’'Auchméromyie de l’homme en les nourrissant sur moi-même,
depuis l’éclosion jusqu'à la nymphose ; j'ai suivi de même celle des
larves de la Chœæromyie des Phacochères.
Ces élevages s'effectuent très simplement en renversant sur la peau
du bras, tous les jours, le récipient renfermant les larves à étudier
placées au sein d’une petite quantité (un centim. de hauteur) de sable
fin et propre. Les larves piquent et se gorgent à fond en général
tous les deux jours. Au bout de 15 à 20 minutes en général elles
sont repues ; on retire le cristallisoir et l'on met les larves au repos
jusqu’au lendemain. La température habituelle de mes élevages a
été de 25 à 26° C.
Évolution accélérée des larves par alimentation continue. —
En fournissant aux larves d'A. luteola les moyens de s’alimenter
tous les jours, j'ai pu noter les différents détails de leur croissance
la plus active.
Les premières heures après l’éclosion les petites larves d'A. luteola
RECHERCHES SUR LES AUCHMÉROMYIES. 177
restent immobiles dans le sable sans paraître chercher à se nourrir.
Mais si on les place sur la peau du bras elles piquent et se gorgent
à fond en 5 à 20 minutes suivant les endroits piqués.
Complètement gorgées ces petites larves sont entièrement rouges
et mesurent 3"" de long. Elles peuvent, pendant la piqûre, rester
fixées à la peau en vertu du mécanisme d'adhésion que nous
avons décrit, de façon telle qu'en renversant le bras elles y restent
accrochées, le corps pendant verticalement, sans se détacher aucu-
nement. Il arrive souvent que des larves qui viennent de se gorger à
fond une ou deux heures, voire même quelques minutes auparavant,
recommencent à piquer si l’occasion leur en est offerte, mais
toujours au sein de la couche de sable. Klles refusent presque
constamment de piquer si on les en extrait. Aux stades de croissance
ultérieure elles ne piquent jamais plusieurs fois dans la même
journée lorsqu'elles se sont gorgées une premiére fois.
24 heures après ce premier repas les larves, à 26° C., refusent en
général de s’alimenter à nouveau, ou ne se gorgent que faiblement.
Mais le 2° jour (48 heures) les larves sont de nouveau en appétit, se
gorgent à fond et mesurent alors de 4" à 4mm,5 en extension. À la
fin du deuxième jour se produit la première mue, qui se présente
sous l’aspect d’une dépouille jaune brun, coriace, coiffant pendant
plusieurs heures la région caudale de la larve (fig. —). Dans cette
dépouille on aperçoit les crochets buccaux et l’armature pharyn-
gienne qui tombent avec le revêtement chitineux général du corps.
Le 4° jour les larves gorgées mesurent 8" de long. sur 2"" de
largeur maxima. Le 5° jour, qui précède la seconde mue , elles
refusent en général de s’alimenter, et restent immobiles à l'heure
du repas. À la fin du sixième jour ou au début du septième, se
produit la deuxième mue, toujours visible pendant les premières
heures sous la forme d’une coiffe brunâtre à la partie postérieure du
corps. Avant d’avoir mué les vers refusent toute nourriture: ils
mesurent à peine de 6 à 7%; aussitôt après la mue ils se gorgent et
atteignent alors de 11 à 12", Le lendemain de la deuxième mue les
larves consentent encore à piquer et à se gorger. Il y a donc une
activité nutritive nettement plus considérable à l’époque de cette
transformation; mais elles refusent encore de piquer le surlendemain.
Les vers mesurent dés lors 16% ; on voit la graisse cemmencer à
envahir les tissus donnant au corps une teinte blanchâtre. Le neuvième
jour les larves prennent encore un repas mais peu abondant: leur
178 E. ROUBAUD.
taille s'accroît de 15" à jeun, à 18" après la prise du sang. Elles
ont atteint leur longueur maxima. Les dixième et onzième jours
on peut voir encore certaines larves piquer lorsqu'on les place sur
la peau mais la quantité de sang qu'elles absorbent est insuffisante à
rendre appréciable un allongement du corps. On peut considérer
les prises de sang comme superflues à partir du dixième jour, chez
des vers gorgés de la façon que nous venons d'indiquer. Le
douzième jour les larves refusent toutes de piquer ; elles mesurent
15" et restent immobiles ; on voit encore leur tube digestif mais il
est en partie masqué par le corps adipeux ; le treizième jour elles
apparaissent presque en entier de couleur jaune ; on n’aperçoit plus
par transparence aucune trace du tractus intestinal noirâtre. A la
fin du quatorzième jour les premières pupes se forment ; toutes les
larves sont transformées le matin du quinzième jour.
Ainsi, dans les meilleures conditions d'alimentation et de
température, les vers de case évoluent en quinze jours de l’éclosion
de l'œuf à la nymphose. Pendant ce laps de temps ils subissent deux
mues ; l’une le deuxième, l’autre le sixième ou le septième jour. À la
suite de chacune de ces mues, on observe, surtout après la seconde,
un accroissement marqué de la longueur du corps au moment des
repas. Le tableau ci-dessous résume cette marche de la croissance
chez le ver de cases et les dates de toutes les prises de sang.
Tableau de l’évolution larvaire accélérée d'A. luteola.
—— ————
PRISES DE Mere ai CARE DATES STADES
DATES SANG (CDs Rae DES MUES ÉVOLUTIFS
À JEUN GORGÉE
1llet D] E / ; à q] 7
10 Juillet +- & M}m o M/m Eclosion | Premier
* Û E | stade
128) + 3 /&5) {re mue
150) ( 4
14» de 4 8 2 stade
(ES; + 5 9
x 7 _19
16 » 2e 6-7 11 1e % mue
IL 5 + 11-12 16-18
(SR) + 13 18
19 » LE 15 18
‘) | (= À ;
20 » + 15 ie % stade
2 » JE 19 18
D )) ( 15
ES () 15
Nymphose !
RECHERCHES SUR LES AUCHMÉROMYIES. 179
Dans les mêmes conditions, j'ai suivi la croissance des larves de la
Chœromyie du Phacochère, en les élevant tantôt sur moi-même,
tantôt sur un jeune porc. La durée de la vie chez des larves
alimentées tous les jours a élé de 16 à 17 jours; la première mue
s'est manifestée le quatrième, la seconde le septième jour.
Le tableau suivant exprime la marche de la croissance et les dates
de toutes les prises de sang.
Tableau de l'évolution larvaire accélérée de Ch. chœrophagu.
LONGUEUR LONGUEUR
PRISES NATURE DATES STADES
DATES 1 (en mm) (en mm) :
de sang DE L'HOTE ù 5 L DES MUES EVOLUTIFS
A JEUN GORGÉE
21 Juillet. + homme 1m/m,9 2/m Éclosion
PAS 1% 9) + pore 1 Ge) 2,9 |
2: S À Ler stade
DES) 1 porc ARCS 3,
24 » 0 homme id,
LSTER) ie porc 3 4,5 re mue
26 » + homme LORS 8-9
4 à 2° stade
21 » L homme 6 6,9-7
SUR) + homme 9 10
ee 2e mue
29 » + homme ) 10,5
SO) 0 » id
DD 0 » id
1 Août. + porc 10 13
CNED) 0 pore 10 ,
; pe 3° stade
DE) —- porc 10 14,9
4 — porc 13 18
DD 0 » 13
(6} am): 0 » 13
JR (0 Nymphose.
|
ES
La durée de la vie larvaire, telle que nous venons de l’exposer,
correspond à un développement accéléré, sous l'influence de
conditions de nutrition parfaites.
Mais la marche de la croissance est susceptible d'être notablement
modifiée sous l'influence des périodes de jeûne que les larves
peuvent traverser.
E. ROUBAUD.
180
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RECHERCHES SUR LES AUCHMÉROMYIES. 181
Evolution ralentie par périodes de jeûnes intercalaires. —
Le graphique ci-contre exprime pour l'A. luteola les différences de
croissance observées entre des larves nourries tous les jours et
des vers alimentés beaucoup moins fréquemment, soit tous les dix
jours (I), soit toutes les semaines (III) (fig. 17). Dans le graphique II
les larves proviennent du même lot que celles du graphique I (lot qui
ont effectué leur évolution complète accélérée en 14 jours), et, comme
elles, ont été d’abord alimentées tous les jours jusqu’au 14 juillet
(4* jour de la croissance accélérée). Ce sont donc des larves au
2° stade, ayant mué une première fois, qui prennent part à l’expé-
rience (alimentation tous les dix jours) à partir du 15 juillet. I:
2* mue se produit, pour les unes en temps normal le 16; pour les
autres, qui ont été surprises par une période de jeùne à un état un
peu moins avancé, la mue est considérablement retardée ; elle n'a
lieu que dix à douze jours plus tard. La croissance ultérieure se
fait d’une façon très lente ; 76 jours après la naissance les larves
ne sont pas encore entrées en nymphose lorsqu'elles sont perdues
par accident en cours de route.
Les larves du graphique II sont issues de l’œuf le 15 juillet. Elles
prennent leur premier repas le 17, puis ne sont plus nourries que
toutes les semaines, tantôt sur l’homine, tantôt sur le porc. La
première mue se produit le 25, soit dix jours après la naissance ;
la deuxième n'apparaît que 21 jours plus tard, le 18 août. 71 jours
après la naissance les larves ne sont pas entrées en nymphose quand
elles sont perdues par accident en cours de roule.
On peut compter qu'il faudrait environ {rois mois à des larves
alimentées dans ces conditions pour parvenir à la nymphose. Des
Jeûnes successifs comportant des périodes de sept jours sont très
facilement supportés par les larves ; leur croissance, quoique très
ralentie, se fait cependant d’une façon normale. Des jeûnes de 10
Jours sont moins aisément tolérés à la longue. Les larves ne peuvent
souvent plus piquer qu'avec peine, surtout sur le porc, après un tel
intervalle de jeûne.
Le cycle évolutif larvaire pourrait être également retardé dans
des proportions considérables si, au lieu de périodes de jeûne régu-
lières et successives de courte durée, intervenaient au cours d’une
croissance active avec alimentation abondante, un ou plusieurs
jeûnes de durée plus longue, un mois par exemple. Grâce à la
faculté particulière de résistance au jeûne dont sont douées les
182 E. ROUBAUD.
larves d’Auchméromyies on peut concevoir que la durée de la vie
larvaire doit facilement atteindre trois mois dans la nature lorsque
les conditions d'alimentation des vers ne sont pas favorables et que
les hôtes ne viennent à leur contact, que d’une façon irrégulière.
9. Les Piqûres : Douleur, effets; rôle pathogène
des Larves.
La piqüre des vers de cases n’est pas très douloureuse. Elle ne se
fait guère sentir qu’au cours de la perforation de la peau par les
allaques répétées des crochets buccaux qui agissent par scarifica-
tions successives. Elle est alors assez aiguë et lancinante, mais
devient beaucoup moins vive au cours de la succion du sang
proprement dite, qui est souvent insensible. Nous avons constalé
sur nous-même que la piqûre des grosses larves était d'ordinaire
moins cuisante et plus supportable que celle des petites larves
récemment sorties de l’œuf qui n’ont pas encore effectué de repas de
sang. La différence est surtout appréciable quand on considère les
suites de la piqûre. Celle produite par les grosses larves ne laisse
d'autre trace qu'un petit orifice ponctiforme, qui s’auréole à peine
d’un léger érythème sans enflure locale, ni démangeaisons; une
très légère quantité de sang vient sourdre par cet orifice et se
coagule sur place. La piqûre produite par les petites larves est
sensible, au contraire, pendant plus d’une demi-heure après le
repas. Il subsiste aux points piqués une démangeaison légère,
comparable à celle d’une piqûre de moustique, quoique moins
violente, qui persiste pendant plusieurs heures et se manifeste
encore le lendemain au frottement. Il se forme, de plus, au niveau de
chaque piqûre une petite élevure très appréciable au toucher.
Au dire courant des indigènes les démangeaisons produites par
la piqûre des vers occasionneraient fréquemment des lésions de .
grattage : nous n'avons rien observé de pareil sur nous-même ; les
démangeaisons, malgré les piqûres réitérées sur le bras de près
d'une vingtaine de larves piquant ensemble, n'ont jamais été suivies
de prurit, ni de grattage. |
Les piqûres sur l’homme des larves de C}. chærophaga sont
infiniment plus douloureuses que celles des vers de cases. Il subsiste
autour du point piqué une auréole d’inflammation de 1 centimètre de
diamètre environ ; mais la douleur n’est pas persistante. Sur le porc
RECHERCHES SUR LES AUCHMÉROMYIES. 183
se développe une rougeur très apparente au niveau des piqûres, et
parfois un léger écoulement de sang.
Le rôle pathogène des larves d’Auchméromyies parait jusqu'ici à
peu près nul. Cependant comme, pour l'A. luteola, il s'agit de
parasites constants de l’homme vivant exclusivement sur lui dans
une habitation donnée et ne s’en écartant jamais, il y a lieu de tenir
compte de la présence des vers de cases dans la transmission des
contagions familiales, ou des épidémies affectant des personnes qui
cohabitent sous le même toit.
DUTrox, Topp et HaxINGTox (1907) ont recherché chez le ver de
cases un développement possible du trypanosome humain, agent de
la maladie du sommeil : ils ont observé une intéressante survie de
parasites pendant 12 heures dans le milieu intestinal. Au Congo,
j'ai effectué des expériences de même nature, sans noter de résultat
autre qu'une survie de quelques heures dans le sang fraîchement
absorbé. Dans le jabot, trois heures après l’ingestion Les parasites
étaient encore très actifs, mais 18 heures plus tard aucun n’a plus
été vu en vie. On conçoit cependant que la conservation des parasites
pendant plusieurs heures dans les parties antérieures du tube
digestif, même si elle ne s'accompagne pas de phénomènes d’évo-
lution biologique réelle ou simplement de multiplication, soit
intéressante à constater ; on peut toujours penser à un transport
du virus à courte distance et d’une façon immédiate d’un
hôte infecté à un hôte sain, surtout lorsqu'il y a cohabitation
intime. Nous avons vu que lorsque les vers de cases sont fortement
gorgés, 1ls rejettent souvent par l'orifice buccal une légère quantité
de sang à la fin de la piqüre ; s’il s’agit d’un sang infectieux une
telle émission sanguine se produisant sur un hôte neuf au moment
de la reprise du repas pourra être le point de départ d’un transport
du virus au nouvel hôte. L'étude précise du pouvoir infectant
mécanique des vers de case mériterait d’être reprise, au point de vue
spécial de la transmission immédiate des trypanosomes et des
filaires du sang, chez l’homme. Le caractère de ces larves d’être des
parasites humains exclusifs donne un intérêt particulier à ces
recherches.
Le rôle pathogène des larves de Chæromyies paraît jusqu’à présent
nul. Nous avons vainement recherché dans l’organisme de ces
larves des parasites susceptibles d'être inoculés aux hôtes vertébrés
au moment des piqüres.
184 E. ROUBAUD.
10. Principaux traits de l’organisation anatomique.
Physiologie de la nutrition des larves.
Les particularités saillantes du ver de cases sur lesquelles nous
insisterons seules, consistent principalement dans la grande
longueur du tractus intestinal et l’extensibilité remarquable de ses
parois qui permet l'ingestion d'une grande quantité de sang.
Au pharynx, pourvu d’une armature chitineuse à deux branches
(fig. 28 Ph) conforme au type habituel des larves de Muscides fait
FiG. 28. — Aspect du tube digestif en place et distendu par le sang chez deux
larves d'A. luteola: 1, larve gorgée depuis 4 jours, 2, larve fraîchement
gorgée.
. jabot; pa. pharynx; æ. œsophage; g.s. glandes salivaires; AN. masse
ganglionnaire thoracique; pr. proventricule; à. 7. intestin moyen;
r. a. parte antérieure de l'intestin postérieur ; ». p. sa région postérieure ;
T. m. tubes de Malpighi.
.
suite un æsophage très fin à la partie antérieure duquel débouche
le jabot pédiculé (7). L'intestin moyen (1. m.) est constitué par des
anses de gros calibre plusieurs fois contournées et irréguliérement
RECHERCHES SUR LES AUCHMÉROMYIES. 185
bossuées. Quant au rectum il dépasse au moins deux fois la longueur
du reste du tube digestif (fig. 29 7) et se présente sous l'aspect d’un
tube grèle dont les anses se mêlent à celles de l'intestin moyen (fig.
287. a.,r. p.). Sa partie Lout à fait terminale est dilatée en ampoule.
Le calibre et l'aspect extérieur des anses intestinales varient
notablement suivant l’élat d'alimentation des larves. Non gorgé
le tractus intestinal représente dans son entier un tube mince et
étroit (fig. 29), mais lorsqu'il est distendu par Le sang l'intestin moyen
peut accroitre de près de
dix fois son diamètre (fig.
28 1 et 2). A l'état vivant on
voit les anses intestinales
animées de mouvements
péristaltiques qui ont pour
effet de répartir dans toute
la longueur du tube intes-
tinal la masse sanguine in-
gérée.
Les tubes de Malpighi
sont remarquables par leur
spécialisation anatomique
et fonctionnelle: la paire
droite (fig. 30 4) relative-
ment courte se localise à
la région postérieure du
COPpPS (£ 7. p.) et présente
uniformément une teinte
jaune pâle. La paire gauche
(4) représente le système
antérieur (fig. 30 t. m. a.). FiG. 29. — Aspect du tube digestif étalé
Chat ue tube de cette paire chez une larve de Chæromuyie (Ch.
I RARE TES chœærophaga) à jeun depuis quinze jours.
remonte, en longeant de ph. pharynx ; cr. crochets buccaux ;
part et d'autre ventrale- gl. s. glandes salivaires ; J. jabot; g. n.
ment la masse intestinale masse ganglionnaire thoracique ; Proc.
sse -
RORE PER re proventricule ; 2. intestin moyen À.
JUSqu à là partie tout à fait rectum ; @. r. ampoule rectale; T! 7».
antérieure du corps, sous tubes de Malpighi.
l’aspect d’un tube sinueux
de mince calibre et de teinte jaune pâle; puis le tube s’infléchit et
revient en arrière sous la forme d’un cordon de calibre beaucoup
14
186 E. ROUBAUD.
plus gros, rigide et de couleur d’un blanc vif (fig. 30 «a, ). A leur
partie cœcale, chacun des tubes de chaque paire vient se rattacher
à l'extrémité cœcale de son homologue du côté opposé par une
mince bride conjonctivo-musculaire. De plus, une bride musculaire
rattache à la paroi du rectum l'extrémité cœcale des tubes de la
paire droite. Tout le système des tubes de Malpighi est donc relié
au rectum à son extrémité cœcale (fig. 30 À, A”). Nous verrons
plus loin le rôle physiologique particulier de chaque paire de
tubes.
Les glandes salivaires sont fortement développées (fig. 28, 29 g. s.)
et réunies l’une à l’autre à leur partie distale suivant le mode
habituel, formant ainsi une boucle ventrale par rapport au tube
digestif. Chez les larves des Chœromyies la disposition anatomique
est exactement la même que chez les vers de cases.
Phénomènes de la digestion. — À jeun, mais seulement après
au moins une semaine d’inanition, le tube digestif des larves
d'Auchineromuyia luteola apparaît vide de toute matière alimen-
taire, sauf pourtant le rectum en sa partie terminale qui conserve
pendant fort longtemps les résidus de la digestion. Au moment des
repas les anses intestinales se remplissent de sang les premières,
et, en dernier lieu seulement, on voit se gorger le jabot qui apparaît
bien ainsi comme un réservoir supplémentaire. Chez une larve
fraîchement gorgée ouverte dans l’eau physiologique, on peut voir
se déverser par petites poussées rythmiques le sang rouge qui
remplit le jabot, dans l’œæsophage. La paroi du jabot est mobile,
susceptible de se déformer par des pincements péristaltiques qui
facilitent l'aspiration ou la compression de la masse sanguine.
D'autre part, la partie de l'œsophage dans laquelle se déverse le
jabot est également contractile, comme la partie tubulaire du jabot
elle-même ; ce sont les contractions de ces régions qui envoient par
petites quantités le sang du jabot dans le tube œsophagien; à chacune
des contractions on voit un index de sang rouge s'engager dans
l’æsophage capillaire, bientôt suivi par un autre.
Le sang, dans le jabot, ne s’hémolyse pas ; on n’y observe d’autres
phénomènes qu’une agglutination des globules. La couleur rouge
estconservée jusque dans le proventricule. Au delà de cet organe,
dans tout l'intestin moyen, la masse sanguine ne tarde pas à changer
de couleur; elle prend une coloration plus foncée, puis noire. La
RECHERCHES SUR LES AUCHMÉROMYIES. 187
digestion s'effectue sans hémolyse. Dans le rectum les résidus de
la digestion se présentent sous l'aspect d’un liquide franchement
noir.
Le jabot, chez des larves fortement gorgées, peut conserver du
sang d'aspect normal et de couleur rouge pendant un jour ou deux.
Le troisième jour chez des larves placées à 28-30° C., l'organe est
d'ordinaire complètement vide ; mais les anses de l'intestin moyen
sont encore fortement distendues par le liquide de digestion.
Au moment d’une nouvelle prise de sang tous les résidus liquides
de la digestion qui remplissent cette partie du tube digestif, sont
refoulés par le sang fraîchement absorbé dans toute l’étendue du
rectum et le remplissent intégralement. On s'explique ainsi la
grande longueur de cette partie terminale du tube digestif, qui sert
de réservoir pour les matières encore assimilables des digestions
précédentes ; les prises de sang en effet peuvent avoir lieu comme
on l’a vu tous les deux jours en moyenne alors que la quantité
des matières remplissant le tube digestif est loin d'être épuisée
encore après un tel intervalle.
Chez les larves de Ch. chœrophaga nous avons apprécié de la
façon suivante la durée des phénomènes de la digestion :
Des larves au 3° stade ayant jeûné 15 jours sont gorgées à fond
le 2? juin et maintenues au laboratoire à une température moyenne
de 28-30° C. (min. 24° max. 36° C.).
Après 24 heures, on aperçoit encore par transparence une
certaine quantité de sang rouge dans le jabot ; 48 heures plus tard
le sang rouge a complètement disparu et le tube digestif, par
transparence, a pris entièrement une coloration noire. Le quatrième
jour les larves sont redevenues blanches et paraissent avoir
complètement terminé leur digestion.
La rapidité des phénomènes digestifs dépendra naturellement de la
température à laquelle sont soumises les larves.
Quantité de sang absorbé. — Les vers de case et les larves des
Chæromyies peuvent ingérer à chaque repas une quantité de sang
considérable, supérieure au double de leur propre poids. Le tableau
suivant indique les résultats en poids et en longueur des mesures qui
ont été faites pour trois larves de /wteola de stades divers avant et
après les repas.
188 E. ROUBAUD.
RAPPORT A 100
N° pes LONGUEUR LONGUEUR RaPpoRT Porps Porps DU POIDS DU
LARVES A JEUN GORGÉE A 100 A JEUN GORGÉE SANG AU POIDS
DU CORPS
82 9/0 Ogr,045 Ogr 140 211 °,
70 0.035 0,110 214
50 0,012 0,029 141
La quantité de sang qu’absorbent les vers de cases au cours d’un
seul repas est comparable on le voit, à celle que peuvent ingérer les
Glossines.
Fonction calcifère des tubes de Malpighi. Excrétion du cal-
caire. — Nous avons vu que les deux troncs longitudinaux des tubes
de Malpighi de la paire gauche ou antérieure, offraient une dilléren-
ciation morphologique particulière suivant chacune des parties
ascendante ou descendante de leur trajet. La branche terminale ou
ascendante (fig. 30 a,a”) est caractérisée par un plus gros diamètre,
une ridigité plus grande et une coloration d’un blanc de lait très
marquée. Au microscope, la couleur blanche apparaît due à l’accu-
mulation dans les tubes de fins corpuscules arrondis, insolubles et
formant une poussière blanche à l’écrasement sur la lame. Il est
facile de se rendre compte qu'il s’agit là de l'accumulation de sels
calcaires, vraisemblablement de carbonate de chaux, dans la lumière
de l'organe: une trace d’acide minéral ou organique mise au
contact des tubes de Malpighi détermine une effervescence violente
dans la région blanche ; la teinte caractéristique disparaît. Avec
l'acide sulfurique on voit se former sur la lame de nombreuses
aiguilles insolubies de sulfate de chaux.
La fonction calcifère des tubes de Malpighi des larves d’Auchmé-
romyies est comparable à celle qu'ont observé V. Mayer (1897) chez
les larves de Cerambiyx, BaTEeLLtI (1879) chez celles d'Eristalis, de
SINETY (1901) chez les femelles de Phasmides, VanEY (1900) chez
les larves de Straliomys, etc.
Dans la plupart des insectes chez lesquels a été observée la fonction
calcifère, tout le système malpighien ne prend pas part à cette
fonction : ce sont soit des parties déterminées des tubes (£ristalis,
Thrixion) Soit certains tubes dans leur entier (S#atiomys,
RECHERCHES SUR LES AUCHMÉROMYIES.
189
Cerambyx) qui se spécialisent dans cette propriété. IL en est de
même chez les larves d'Auchméromyies où la mise en réserve du
calcaire est dévolue seulement à
la portion distale ou ascendante,
des tubes de la paire gauche ou
antérieure ; la portion proximale
ou descendante de cette paire, de
même que les tubes de Malpighi
droits ou postérieurs ne parti-
cipent point à cette fonction.
Le calcaire excrêté et emma-
gasiné dans les tubes de Malpighi,
ne parait être autre chose qu'un
produit d'élimination; on ne
le retrouve pas dans les tégu-
ments des larves mais les excreta
liquides de couleur noire qui
remplissent le rectum surtout
dans sa région préanale en sont
fortement chargés ; lorsqu'on
emploie des fixateurs acides pour
la préparation histologique de
cette partie du tube digestif, on
voit se produire un dégagement
violent de gaz qui altère profon-
dément les parois de l'organe. Ce
calcaire est rejeté à l'extérieur
avec les excréments des larves ;
il ne semble jouer aucun rôle
dans la protection de celle-ci
par imprégnation des téguments,
comme ce parait être le cas pour
les larves de Sérationys (VANEY).
Indépendamment de cette excré-
tion calcaire, l'émission en abon-
Lnia
FIG. 30. — Schéma de la disposition
des tubes de Malpighi chez une
larve d'Auchmeromuytie.
im. intestin moyen; ?p. rectum
antérieur ; À. rectum postérieur ; £. m.
a. paire gauche (antérieure) des tubes
de Malpighi; & a ses branches ascen-
dantes calcifères droite et gauche ; db D’
ses branches descendantes ; g. conduit
commun de la paire gauche ; #. 77. p.
paire droite (postérieure) 4. son conduit
commun; À À’ point.de fixation au
rectum de l'extrémité des tubes des
deux paires.
dance, par les larves, de produits uriques est manifestée par la forte
odeur ammoniacale qui s’exhale des récipients qui les renferment.
Lorsque les larves sont réunies à plusieurs au sein d’une couche de
sable dans un bocal fermé, il s'en dégage au bout de peu de temps,
190 E. ROUBAUD.
surtout si les vers sont soumis à une alimentation abondante, une
odeur prononcée de latrines, comparable à celle qui émane des terriers
des Phacochères et qu'on retrouve parfois dans les cases malpropres
d'indigénes. On peut se demander si, lorsque les larves sont en très
grand nombre, leurs propres déjections n'interviennent pas pour une
part quelconque dans la production de cette odeur qui imprègne si
souvent les lieux où on les observe.
10. La Nymphose.
Les larves se nymphosent en moyenne quatre à cinq jours après
leur dernier repas. Cette période qui précède la nymphose est
marquée par la cessation complète des prises de sang : pendant cet
intervalle le tube digestif évacue les matériaux nutritifs qui l’encom-
brent et les réserves adipeuses se développent de manière à donner
en totalité aux larves une couleur blanc-jaunâtre.
Pour se nymphoser, les larves d'Awchmeromyia S'enfoncent
simplement dans le sable où elles ont vécu ou dans les crevasses du
sol, sans se dissimuler d’une façon particulière : on trouve les pupes
en grattant le sol à l'endroit où se présentent les larves. Les larves
des Chæœromyies au contraire paraissent rechercher des abris plus
parfaits. Lorsque les terriers de Phacochères sont fortement parasités
par Ch. chœrophaga, on trouve sur les parois latérales du trou, dans
la glaise compacte et sèche, jusqu’à une certaine hauteur au-dessus
du sol, une multitude de pupes engagées dans la glaise. Si l’on détache
un fragment de cette terre des parois, on la trouve minée de courtes
galeries au fond desquelles se trouve soit une larve prête à la
nymphose, soit une pupe. Pour se transformer on peut voir en effet
au laboratoire ces larves se creuser dans la terre argileuse plus sèche
une petite loge au fond de laquelle elles se tiennent immobiles et
dont l’orifice est le plus souvent muré par un léger bouchon de terre
qui dissimule la présence de la pupe. C'est par milliers parfois
qu'on rencontre sur les parois des bauges de Phacochères au Soudan,
les pupes de Ch. chœrophaga et boueti ainsi dissimulées dans la
glaise. À l'entrée des terriers on peut aussi recueillir des blocs de
terre compacte, détachés par les animaux lorsqu'ils se frottent aux
parois de leur bauge; ces blocs de terre polis en galets sous le
corps des Phacochères sont souvent absolument pétris de pupés. La
figure 31 représente un fragment d'argile détaché des parois d’un
RECHERCHES SUR LES AUCHMÉROMYIES. 191
terrier, et dans lequel se trouvent fixées en grand nombre des pupes
des deux espèces de mouches.
Cette propriété de creuser dans la glaise compacte des loges
pupales fermées par un mince opercule de terre est spéciale aux
FiG. 31. — Fragment d'argile pétri de pupes de CAæromuyties (Ch. chærophaga et
boueti) provenant des parois d’un terrier de phacochères. Environs de
Tombouctou (Réd. 1/6).
larves des Chæromyies. Je n'ai jamais rien observé de semblable
chez les vers des cases, bien que cependant ces larves cherchent
souvent à s'insinuer dans les trous et dans les crevasses du sol pour
y pupifier. Les larves des Chœromyies sont beaucoup plus que
celles de l'A. /uteola des larves zrineuses : fréquemment au labo-
ratoire on les voit perforer les bouchons de papier et de liège mince
qui ferment les bocaux d'élevage et s'échapper.
La pupe des Auchméromyies est ovoïde, de couleur brune,
sans Caractères particuliers : elle mesure de 9 à 10%, À l'extrémité
postérieure les épines larvaires restent apparentes.
La durée de la nymphose est de 11 jours pour l'A. luteola à 26° C.
de moyenne thermique; de 11 à 12 jours pour CA. chœrophaga
à 32-39° C.
192 E. ROUBAUD.
Action de la chaleur sur les pupes. — De même que les larves
et les adultes résistent mal à une élévation de température supé-
rieure à 39° C., de même les pupes sont rapidement tuées par les
températures défavorables aux larves.
Au Dahomey, des pupes d'A. /wteola soumises à l’étuve à une
température de 35° C. continue ne se sont pas développées. Soumises
le jour seulement à cette température l’éclosion à pu avoir lieu
mais dans des conditions nettement défavorables.
Des pupes réparties en deux lots, l’un sur sable sec, l’autre sur du
sable humide ontété soumises à l’étuve à 45° C. pendant une heure :
aucune éclosion ne s’est produite.
La moyenne thermique de la terre sèche où évoluent les pupes des
Chœromyies est un peu plus élevée que celle du milieu humide où
évoluent les larves. La température relevée à 8 heures du matin
dans la bauge d’un Phacochère des environs de Tombouctou, dans la
partie sèche où pupifent les larves, était de 28°.4; celle de la terre
humide fréquentée par les larves en cours de croissance ne
dépassait pas 27°,8. Des pupes de Ch. boueti et Ch. chærophaga
recueillies avec leurs blocs de terre et conservées pendant notre
parcours fluvial en chaland de Tombouctou à Djenné, à une tempé-
rature moyenne de 32-35° C., ont donné des adultes normaux.
Ces pupes soumises pendant quelques instants au soleil à une
a]
température supérieure à 40° C. meurent rapidement.
Une vingtaine de pupes des deux espèces exposées par acci-
dent à un rayon de soleil pendant une heure environ, le 13 juin
(température ne dépassant pas 46° C.) ne sont pas parvenues à
l'éclosion.
Des pupes réparties en deux lots, l’un en terre humide, l’autre en
terre sèche ont été soumises pendant quatre jours à l’action du soleil
durant une heure. Les températures maxima observées ont été
pour le lot à sec de 38° à 46° C. pendant le cours des diverses
expositions au soleil et pour le lot humide de 37 à 44° C. Aucune
pupe n’est arrivée à l’éclosion.
À tous les stades de leur existence les Auchméromyies sont donc
des insectes doués d’une faible résistance thermique; c’est là le
caractèré essentiel qui domine à tous les âges leur biologie et
retentit d'une façon particulière sur leurs conditions d'habitat.
RECHERCHES SUR LES AUGHMÉROMYIES. 193
11. Les Parasites des Auchméromyies.
Pour compléter l’histoire des Auchméromiyes il convient de dire
quelques mots des parasites habituellement observés chez ces
mouches et de leurs ennemis naturels. À vrai dire les observations
sur ces deux catégories de parasites sont encore peu nombreuses.
Nous réunirons ici afin d’amorcer cette intéressant sujet les
quelques observations que nous avons pu faire qui s’y rapportent.
Les Flagellés intestinaux des Auchmeromyies. — Je n'ai que très
rarement observé des flagellés dans l'intestin des Auchméromyies.
Les larves d'A. luteola, et de Ch. chœrophaga n'ont jamais été
trouvées parasitées. Chez les mouches adultes, c’est seulement chez
les À. lateola à Bamako (Haut-Sénégal-Niger) que j'ai découvert des
flagellés intestinaux d’ailleurs peu nombreux. Dans les localités
diverses du Congo (Brazzaville) et de l'Afrique Occidentale où j'ai
examiné les À. /uteola à ce point de vue, jamais je n'ai observé de
parasites.
Les flagellés rencontrés daus l'intestin des A. /uleola à Bamako
appartenaient à deux types. L'un est un type normal de Zeplomonas
) 2} =
FiG. 32. — 1-3, Cercoplasma mirabilis, trypanosomes et leptomonas jeune ; —
4-7, Cercoplasma mesnili, trypanosomes ; — 8-26, C. caulleryi (8-14,
trypanosomes ; 15, leptomonas réduit; 16-19, colonies à divers stades ;
20-21, grégariniens et formes de passage ; 22-23, grégariniens de leptomonas ;
24-25, formes d'involution en dégénérescence des mêmes; 26, grégariniens
en division entourés d’une gangue kystique éosinophile). — X 1.000 environ.
aciculé, sans caractères particuliers, ne présentant point de formes
trypanosomiennes, mais parfois des grégariniens et des kystes
194 E. ROUBAUD.
très nombreux dans le rectum. Sur 12 mouches examinées au
moment de la capture le parasite à été rencontré trois fois. Au
contraire, sur 13 mouches examinées après 4 à 5 Jours de captivité
en commun, le parasite a été observé 11 fois soit à l’état flagellé
soit à l'état de grégariniens ou de kystes rectaux. Il y a donc eu
nettement contamination par contact.
Le deuxième type de parasites est un Leplomonas caractérisé par
des colonies radiées d'individus, trypanosomiens et leplomons,
groupés autour d'un plasma central de désagrégation des flagelles.
J'ai décrit ce flagellé en 1911 sous le nom de Cercoplasma caul-
leryi (\) (fig. 32).
Le parasite forme dans l'intestin moyen, au niveau des tubes de
Malpighi et dans la partie antérieure du rectum, des colonies courtes,
en rosaces (fig. 16-19), peu mobiles, et non chevelues comme celles
des ©. mnirabilis el mesnili. Je n'ai observé dans aucun cas de
formes géantes filamenteuses comparables à celles de ces derniers,
chez lesquels elles paraissent constantes. Les formes Leplomonns
adultes, groupées autour d'une plasma central de désagrégation des
flagelles, sont toutes grégariniennes (18-19, 22-23), et ne mesurent
pas plus de 12 de long. Dissociés des rosaces, ces grégariniens
semblent pouvoir former des kystes à mince gangue éosmophile
(fig. 26). Les trypanosomes (8-14) sont étroits, linéaires ou à peine
incurvés. Ils mesurent 8 à 10 4 sans l'appareil flagellaire et présentent
les caractères habituels du genre.
J'ai rencontré ce Cercoplasme cinq fois sur 25 mouches examinées,
toujours avec les mêmes caractères, parfois seul, parfois associé à
un Aerpetomonas où à un Leplomonas. Les diptères infectés
étaient caplurés sur des fruits, tombés à terre, de Sterculia cordi-
folia que visitaient aussi d’autres diptères, notamment des Lucilies
infectées de C. z2esnili. Sur 12 Auchimeroimyia examinées immé-
diatement après leur capture, je n'ai observé qu'un cas d'infection.
Au contraire, chez des mouches nourries pendant plusieurs jours en
captivité aux dépens des mêmes fruits ramassés à terre, le chiffre
d'infection s’est élevé à 4/13.
L'individualité spécifique du flagellé ressort manifestement du
simple examen de ses formes trypanosomiennes (/eptotrypanosomes
de CHaATroN et LÉGER). Comparés à ceux des espèces voisines C.
(1) C. R. Soc. Biol., 25 nov. 1911, p. 503.
RECHERCHES SUR LES AUCHMÉROMYIES. 195
mirabilis RouBaup et C. mesnili ROUBAUD qui parasitent les Pycno-
somes (Chrysomayia)et les Lucilies (fig. 32 1-7) ces trypanosomes se
distinguent par leurs dimensions plus réduites et leur forme grèle et
linéaire.
Je n’ai point rencontré de flagellés semblables chez les Chæro-
myia. Un essai d'infection de plusieurs individus de Ch. chœro-
phaga au contact de fruits souillés par les déjections d’A. luteola
et de Lucilies infectées de flagellés divers, n'a pas été suivi de
succès. Quatre exemplaires nés au laboratoire de CA. chœrophaga
ont été nourris pendant onze jours aux dépens de fruits de Sterculia
cordifolia sur lesquels avaient été capturées des Auchméromyies
infestées. Les Chœromyies ne se sont point contaminées.
Bembezx prédateur. des Auchmeéromyies. — Nous n'avons
observé jusqu'ici qu'un seul insecte ennemi des Auchméromyies, le
Bembex olivata Dans (!). A l'entrée des terriers de Phacochères
très infestés de Ch. chœrophaga, on peut voir fréquemment dans la
région de Tombouctou, sur les bords du Niger, cet hyménoptère
planer en décrivant des cercles puis brusquement il s'enfonce à
l'intérieur du gite pour s'emparer des Chœromyies. Lorsque les
zembex ont ainsi repéré un nid de ces diptères dont la capture est
pour eux remarquablement facile, en raison de l'abondance et de
l’immobilité des mouches sur les parois du terrier, ils doivent en
faire une consommation considérable et en approvisionner leurs
cellules d’une manière presque exclusive. La fréquence et la sûreté
avec laquelle on les voit venir explorer les terriers infestés indique
de la part des hyménoptères une connaissance approfondie des
habitudes obscuricoles et sédentaires de ces mouches qui consti-
tueront pour leurs larves une provende assurée.
J'ai vu à Tombouctou le même Bembex visiter les abords des
maisons indigènes, de préférence les latrines où l'A. /wteola se tient
souvent. Bien que je n'aie pas constaté la capture de cette espèce par
le Bembex, 1 n'est pas douteux qu'il n'en connaisse parfaitement les
habitudes et n'en approvisionne également son nid; mais l'espèce
étant plus disséminée dans l'intérieur des habitations la capture en
est plus difficile que celle des Chœromyies.
La recherche des Auchméromyies n'indique point d’ailleurs pour
(1) Je dois l'identification de cette espèce à M. MEape-Wazpo du British Museum.
196 E.- ROUBAUD.
le prédateur en question un parasitisme exclusif. Pas plus que les
autres espèces de Bembex dont le mode d'approvisionnement est
connu, le B. olivata ne s’adonne à la recherche d’une proie unique.
J'ai rencontré dans les nids de cette espèce sur les bords du Niger
des dépouilles de mouches diverses, en particulier de Tabanides et
de Stomoxes, qui indiquent de sa part une certaine variété dans la
recherche des proies et le mode d’approvisionnement. Toutefois la
façon dont le B. olivata recherche les gîtes des Chœromyies
qui sont si particuliers, permet de compter ce Bembex parmi les
prédateurs attitrés de ces mouches.
Caractères biologiques résumés des Auchméromyies.
Les particularités biologiques saillantes des Auchméromyies, telles
que nous venons de les exposer dans cette étude, peuvent être
résumées de la façon suivante.
A l’état adulte, ces Calliphorines, très différentes des Bengalia
mouches prédatrices entomophages vivant au dehors, sont des
mouches obscuricoles, sensibles à la chaleur comme à la lumière,
vivant cachées au voisinage de leurs hôtes qui leur fournissent le gîte
et en partie la nourriture (excréments). A l’état larvaire ce sont des
parasites hématophages temporaires, diurnes ou nocturnes suivant les
habitudes biologiques de l'hôte. Très spécialisés dans le choix de leur
hôte ces diptères ne parasitent d’une façon générale que des mammi-
fères à peau nue (homme, Suidés du genre Phacochère, Edentés
du genre Oryctérope). Une spécialisation aussi remarquable leur est
rigoureusement imposée par leurs particularités morphologiques
larvaires : apodes et acéphales, les larves ne parviennent à se fixer
à la surface de la peau et à sucer le sang que grâce à un mécanisme
particulier d'adhésion qui n’est rendu possible que par l'absence de
poils.
Indépendamment de leur adaptation uniforme à des hôtes
dépourvus de poils, les divers types d’Auchméromyies affectent de
plus une exclusivité marquée vis-à-vis de tel ou tel hôte. L’A. luteola
est uniquement un parasite de l’homme ; les Chæromyies sont exclu-
sivement des parasites des Phacochères et des Oryctéropes.
Leur répartition gographique est absolument africaine ; celle de
l'A. /uteola coïncide avec celle de la race noire dont cette espèce
RECHERCHES SUR LES AUCHMÉROMYIES. 197
peut être considérée comme un parasite propre, à l'exclusion des
autres races humaines en Afrique.
Le parasitisme larvaire intermittent des Auchméromyies peut être
conçu physiologiquement comme la résultante de la sensibilité
thermique de ces insectes ; l'étude de l’action de la chaleur sur ces
larves démontre en effet que les actes caractéristiques de ce mode
parasitaire sont chez elles des manifestations directes où des consé-
quences de leur éréitabilité thermique. La température du corps
des mammifères détermine chez les larves à jeun le réveil et l'entrée
en activité, puis l'attraction vers lhôte (thermotropisme + ); chez
les larves repues la mème température agit de façon inverse : c'est
une température répulsive qui écarte le parasite de son hôte. Pour ces
seules raisons thermiques le parasitisme des larves d'Auchméromyies
ne peut être un parasitisme constant: les larves ne supporteraient
pas la température du corps des mammifères d’une façon continue.
C’est bien là la raison physiologique fondamentale qui détermine
ces insectes à ne faire au contact de leur hôte que des apparitions
temporaires se renouvelant périodiquement suivant leurs propres
conditions d’appétence et la présence de l'hôte.
Indépendamment de leur irritabilité thermique, les larves
d'Auchméromyies sont également caractérisées par une exception-
nelle résistance à l'inanition. Cette propriété complète la série des
traits adaptatfs si particuliers de ces larves dont la vie à l’état
libre indépendante de l'hôte les soumet, au point de vue alimentaire,
aux vicissitudes coutumières de cette catégorie de parasites.
198 E. ROUBAUD
ADDENDUM.
Pendant le cours de l'impression de ce travail nous avons reçu de
M. le Docteur BEqQuaERT de la Mission scientifique du Katanga deux
exemplaires © d’une très intéressante espèce de Chæromyie, qui se
distingue nettement de celles dont nous avons donné plus haut la
description. Quelques jours après, M. Surcour du laboratoire
colonial du Museum a bien voulu nous communiquer un couple 6 et
© de la même espèce recueilli par JEANNEL et ALLUAUD en Afrique
Orientale Anglaise. Cette nouvelle forme porte à quatre le nombre
des espèces actuellement connues de ce sous-genre. Nul doute que ce
chiffre ne s’accroisse encore dans la suite des recherches. Nous
donnons ici la description succincte de cette espèce, description qui
n'a pu trouver sa place dans le corps de ce mémoire.
Chœromyia bequaerti n. sp. — Dimensions et coloration
générale très voisines de celles de CA. chœærophaga
6 Très semblable à celui de Ch. chœrophaga, mais de couleur
plus roussâtre, les bandes noires du thorax plus larges, les flancs
plus fortement nuancés de grisâtre. Abdomen régulier.
o Testacé pâle. Thorax à deux larges bandes longitudinales cendré
noirâtre n’atteignant pas l’écusson. Flancs également nuancés de
crisâtre. Lunule frontale et base des antennes cendrée. Une tache
arrondie noirâtre bien apparente à l’angle interne des orbites. Deux
soies sternopleurales, la postérieure très forte. Pattes et écussons
pâles ; ailes hyalines claires. Abdomen court et large, échancré cireu-
lairement au bord postéro-dorsal du segment IT, marqué comme chez
Ch. chœrophaga, de bandes transversales noires offrant à la face
dorsale la disposition suivante : au bord postérieur du 1% segment
une mince bordure linéaire, interrompue sur la ligne médiane
comme chez Ch. chœrophaga: au deuxième segment une bande
continue, plus large couvrant le tiers postérieur du segment,
rebroussé en avant sur le milieu du dos. Troisième segment entiè-
rement noir. Quatrième pâle; deux taches triangulaires noires,
confluentes dans l’échancrure du segment IT.
RECHERCHES SUR LES AUCHMÉROMYIES. 199
La caractéristique de cette espèce est basée principalement sur la
forme de l'abdomen chez la femelle et principalement sur celle
tout à fait particulière du segment HI. L'abdomen est court dilaté
au segment I, mais plus brusquement rétréci que chez Ch. chæro-
phaga à partir du 3° segment. Ce segment est égal en largeur sur
les côtés au segment IT, mais fortement entamé sur la face dorsale
par une curieuse inflexion demi-circulaire profonde de son bord
libre, qui découvre toute la base du segment IV. Il existe des
soies marginales aux segments IL et IT; quelques soies dorsales et
discoïdales au segment IV dont la forme est la mème que chez
Ch. chœrophagu.
Longueur: 10 "/,.
La femelle de cette espèce très remarquable à été capturée au
Katanga (Sankisia) par M. BEQUAERT qui a bien voulu me la commu-
niquer non sans avoir eu son attention attirée par les caractères toul
particuliers de sa morphologie. MM. JEANNEL el ALLUAUD en ont
découvert le mâle dans la région du Kilimandjaro. La biologie
larvaire, qui selon nous ne doit guère différer de celle des autres
espèces n’en a malheureusement pas été éclaircie. I n'est pas douteux
que ce groupe si naturel des Chæromyies ne s’'augmente encore dans
la suite d'un certain nombre de formes nouvelles parasites de
mannmifères à peau nue; nous considérons Ch. bequaerti comme
représentant en Afrique Australe et Orientale, notre C}. chœro-
phaga du Soudan.
Ch. bequarti à été capturée à Sankisia par M. BEQUAERT au
grand jour comme d’ailleurs Ch. prœægrandis AUSTEX. D'après les
renseignements que nous à aimablement fournis notre ami le
D' RopHaix chef de la mission scientifique Belge, cette dernière
forme a été rencontrée plusieurs fois par lui et ses collaborateurs,
dans un trou, fraîchement creusé dans le sol pour servir de feuillée.
Les habitudes coprophages et obscuricoles de cette espèce sont
bien manifestes ici. Ces deux Chœromyies, Ch. prægrandis, et
Ch. bequaerti, ne paraissent pas se confiner aussi rigoureusement
dans leurs terriers pendant le jour, que les deux Chæromyies du
Soudan français.
Nous n'avons jamais capturé spontanément ces dernières à
l'extérieur à l’époque de grande chaleur et d’extrème sécheresse où
200 E. ROUBAUD.
nous avons parcouru les régions où elles ont été découvertes. Peut-
ètre s’aventurent-elles plus facilement au dehors en plein jour, au
moment de l'hivernage lorsque l'humidité de l'air est plus grande.
L'action favorable exercée par un degré hygromérique élevé sur les
migrations des espèces hygrophiles est un fait bien connu pour
d’autres mouches, en particulier comme nous l'avons montré pour
les Glossines.
Le tableau dichotomique des espèces du $. G. Chæromyia tel que
nous l’avons exposé page 118 doit être modifié de la façon suivante :
1 (5) Abdomen court, globuleux ; dernier segment chez les femelles, aplati
dorso-ventralement, non caréniforme ; chez le mâle hypopygium à
forceps court. Espace interoculaire égal au 1/5 (6) ou au 1/4 (9) de la
largeur de la face. Espèces de taille moyenne (9-11"") non velues (2).
2 (3) Couleur générale testacé clair; bandes longitudinales grisätres très
faiblement marquées au thorax ; abdomen à taches ou bandes transver-
sales irrégulières cendré obscur ou brun noirâtre plus ou moins
MAPS Ts ereb CR ere ice ee Orne boueti RoUBAUD.
3 Couleur générale testacé grisâtre à bandes longitudinales noires fortement
marquées au thorax ; abdomen à taches ou bandes transversales noires
bien accusées aux segments IL AIT, AV... SONORE 4
Bandes thoraciques longitudinales noires médiocrement larges. Femelle
à abdomen conique, régulièrement atténué ; bord libre du 3° segment
non incurvé à la face dorsale.::.1"46.: 7... chærophaga RouBAUD.
=
Bandes thoraciques longitudinales noires très larges. Femelle à abdomen
brusquement rétréci au niveau du segment 3 dont le bord libre à la
face dorsale est profondément excavé............... bequaerti n. sp.
5 Abdomen modérément allongé ; dernier segment chez les femelles trian-
gulaire, comprimé latéralement, caréniforme à l'extrémité libre; chez
le mâle hypopygium à forceps allongé ; espace interoculaire égal au 1/3
de la largeur de la tête dans les deux sexes. Espèce de grande taille
(CÉSAR Ra oc dos prægrandis AUSTEN.
Ch. bequaerti est une vraie Chœæromyie remarquablement affinée
à Ch. chœrophaga el du même groupe. La forme toute particu-
lière de son 3° segment abdominal, ne représente en réalité que
l’'exagération d’un caractère amorcé déjà chez les Chæromyies
du type chœrophaga et boueli. Chez l'A. luteola une inflexion
légère du bord postérieur est également perceptible, comme
chez ces dernières, mais au deuxième segment et nullement au
troisième.
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RECHERCHES SUR LES AUCHMÉROMYIES. 201
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D. KEIÏILIN et C. PICADO.
ÉVOLUTION ET FORMES LARVAIRES
du DIACHASMA CRAWFORDI n. sp.
Braconide parasite d’une Mouche des fruits (!)
(Anastrepha Striala ScHix.).
Au cours de nos recherches sur la biologie et la forme larvaire
d'Anastrepha striata qui attaque les fruits de l'Amérique centrale,
nous avons trouvé parmi les Diptères éclos deux individus d’une
espèce nouvelle d'Hyménoptère parasite de ce Diptère; c'était un
mâle et une femelle appartenant au genre Diachasma et que nous
décrivons ci-après (p. 211) sous le nom de Déachasma crawfordi.
Les élevages ont été faits à Costa-Rica dans la région où les
Psidium Sont très attaqués par les larves d’'Anastrepha; un
matériel fixé de larves, de pupes et d'adultes de ce Diptère apporté
à Paris nous à permis d'étudier l’évolution du Déiachasma, son
Hyménoptère parasite. Parmi plusieurs moyens de lutte contre
les Anastrepha qui font des ravages considérables de fruits dans
l'Amérique centrale et surtout au Mexique, on a recherché à utiliser
leurs ennemis naturels et, en effet, on a signalé un Hyménoptère,
Crastospila rudibunda, comme parasite des larves d'Anastrepha,
qu'il tuerait avant même leur transformation en pupes (CRAWFORD.
The Mexican Orange Maggot. Anastrepha (Trypeta) ludens
LoEw. — Pomona. Vol. II, n° 4, p. 321-332, 1910). CRAWFORD n’a
retrouvé aucune indication sur l'espèce Cratospila rudibunda, mais
il a observé au Mexique un Braconide (appartenant d’après VIERECK
au genre liachasma) qui, en piquant les oranges, les Psidium,
les mangos introduirait ses œufs dans les larves d’Anastrepha ;
malheureusement l’auteur ne donne aucune indication sur les
conséquences de ces piqûres. Il est fort possible que les Diaschasma
observés par CRAWFORD soient voisins du nôtre ; cependant il nous,
(1) Avec la planche V.
204 D. KEILIN ET C. PICADO.
semble que l'Hyménopière dénommé Crastospila rudibunda n’a
rien de commun avec celui que nous étudions ; cela ressort presque
nécessairement de ce fait que Crastospila tuerait les larves d’Anas-
brepha avant leur transformation en pupe, tandis que nous avons
trouvé notre Hyménoptère parasite encore à l'état larvaire dans les
pupes d'Anastrepha striata. L'étude de Diachasma à part son
importance pratique sur laquelle nous reviendrons dans un travail
ultérieur, a un intérêt biologique tenant à la forme particulière de la
larve primaire.
Avant de passer à l'étude du cycle évolutif du Déiachasma il
convient de préciser les conditions de la recherche. Comme on le
sait, la plupart des Hyménoptères entomophages, sinon tous,
traversent dans leur vie larvaire, des phases successives, carac-
térisées par d'importantes modifications morphologiques; si donc
on veut pouvoir affirmer sans restriction les relations de continuité
entre les différents stades observés, il est indispensable d’avoir un
matériel très abondant, permettant de constater l’emboîtement de
deux stades successifs au moment qui précède immédiatement la
mue. Pour notre part, nous avons pu relier étroitement d’un côté
l’œuf à la larve jeune (primaire) et les deux formes de larves
primaires, de l’autre côté la larve âgée à la nymphe et cette
dernière à l’imago. Il reste donc une lacune entre la larve jeune et
la larve âgée. Mais comme nous avons trouvé dans les nombreuses
larves d'Anastrepha parasitées (10°/, du total) {oujours la même
forme de larves primaires et que d’autre part nous avons trouvé
dans la pupe d’Anastrepha une larve âgée renfermant déjà une
nymphe que nous avons pu relier à Diachasimna craw/fordi adulte,
le seul Hyménoptère que nous ayons obtenu en élevage, nous
pouvons conclure que les larves primaires appartiennent elles aussi
au Diachasma crawfordi.
L'œuf de Diachasma (Fig. 1, PI. 1) comme celui de beaucoup
d'autres Hyménoptères parasites, est très allongé et muni d’un long
pédoncule dépassant un peu la longueur de l'œuf. Sur l’extrémité
de l'œuf, opposée au pédoncule, on voit une sorte de clapet ovale
prolongé par un capuchon un peu ratatiné (Fig. 2, PI. I). A travers
la coque de l'œuf, nous avons pu voir une jeune larve presque
formée avec les mandibules bien constituées en tout point compa-
rable aux larves jeunes que nous avons trouvé libres dans la cavité
générale de leur hôte.
DIACGHASMA CRAWFORDI. 205
Les larves jeunes n’oceupent aucune situation fixe dans leur hôte ;
cependant on les trouve toujours dans la partie postérieure de la
larve contre les plaques du tissu adipeux qui double la peau de la
larve, une seule fois nous avons trouvé une larve de Diachasma
entre les anses intestinales d’Anastreph«.
Avant de décrire la larve, il est important de l’orienter c’est-à-dire
de déterminer la face dorsale et ventrale, ce qui est souvent difficile
pour les larves des Hyménoptères parasites dont la morphologie est
si spécialisée.
Vue de profil la larve est sensiblement recourbée (Fig. 4, PI. I et
Fig. I, A). Le sens de cette courbure ne peut être apprécié qu'après
avoir déterminé la position du système nerveux central et du
cœur ; on peut alors se convaincre que la face concave de la larve
correspond à la face dorsale et la face convexe à la face ventrale.
Le corps dans son ensemble est formé de deux parties distinctes :
la tête et le tronc.
La tête est aplatie dorsoventralement, large, presque quadran-
gulaire. Si on la regarde par sa face ventrale (convexe), on ne voit
qu'une large surface dépourvue de tout organe (Fig. 5, PI. I). Le
premier segment thoracique se prolonge en avant sous la tête, en
se rétrécissant de plus en plus et ne se termine guère avant d’avoir
atteint le quart antérieur de celte dernière. On peut remarquer sur
le bord antérieur de la tête deux paires de papilles sensitives presque
équidistantes (4 et D, fig. ). En regardant la tête par sa face
ventrale on remarque de chaque côté une surface plus chitinisée
que le reste de la tête. Si on imprime à la larve un mouvement de
rotation de façon à ce qu'elle se présente de profil, cette zone
chitinisée paraît plus grande et affecte la forme elliptique, c’est la
plaque chitineuse qui correspond à la plaque pleurale des autres
larves (P1., fig. 8, PI. 1). Le bord antérieur de cette plaque présente
une échancrure qui n’est autre chose qu'une cavité d’articulation
avec la base de la mandibule (PI. I, Fig. 4 et Fig. I, A) qu'on voit
seulement du côté dorsal. À travers la plaque pleurale on voit, par
transparence, de très forts muscles qui étant attachés à la base de
la mandibule s’étalent en éventail vers le bord postérieur de la
plaque pleurale (Fig. 8, PL 1). En regardant la tête de profil, on voit
encore une paire de papilles saillantes 4 et 3 paires d'organes
sensoriels : e. /. g. ayant la forme d’un anneau chitineux avec un
petit bätonnet au milieu.
206 D. KEILIN ET C. PICADO.
Si nous examinons la face dorsale (Fig. 3 et 8, PI. I), la première
chose qui nous frappe c’est la présence de deux crochets mandibu-
laires chitineux, de couleur jaune d’or qui tranchent très nettement
sur le reste de la tête. Ces crochets mandibulaires ont la forme de
triangles isocèles très allongés, recourbés à leur extrémité et aplatis
dans le plan horizontal c’est-à-dire dans le plan de leur mouvement.
Ils présentent à leur base, correspondant au plus petit côté du
triangle, deux faisceaux musculaires très forts.
Un de ces faisceaux, constitué par les muscles abaisseurs des
mandibules, s’insère sur l'angle basilaire interne, l’autre, formant les
muscles redresseurs des mandibules s’insère sur l'angle basilaire
externe de ces dernières. Ces deux faisceaux s'étalent en éventail et
s’insérent de l’autre côté sur la face interne de la plaque pleurale ;
seulement, le faisceaux abaisseur s’insère en arrière du redresseur
(Rise AIM):
Du côté dorsal, la tête est nettement séparée en deux parties :
1° partie antérieure située en avant des mandibules et 2° partie
postérieure située en arrière des mandibules. Cette dernière occupe
au moins les 3/4 postérieurs de la tête, elle est plus chitinisée et elle
présente deux lignes de suture qui vont des deux fossettes d’arti-
culation des mandibules vers le milieu du bord postérieur de
la tête. Cette partie de la tête est ainsi subdivisée en trois plaques,
une plaque médiane — clypeus — (CI., Fig. 8, PI. I) et deux plaques
latérales — plaques pleurales (pl., Fig. 8, PI. I) que nous avons vu
déjà en regardant la tête latéralement et par sa face ventrale.
Sur le clypeus on voit une paire de papilles sensitives coniques
qui représentent probablement les vestiges des antennes (A, Fig. 8,
PI. 1). Le clypeus présente encore deux paires d'organes sensitifs
sous forme d’un bâtonnet très court, aboutissant au centre d’un
cercle peu chitinisé. Une paire d'organes analogues se trouve au
sommet de la plaque pleurale.
La partie antérieure de la tête, c’est-à-dire, la partie qui se trouve
en avant des mandibules, est bien séparée de la partie postérieure
par le bord très chitinisé et saillant du clypeus. Légèrement en avant
du bord antérieur du elypeus et sur la ligne médiane, on constate
une dépression en forme de gouttière, au fond de laquelle (dans le
plan médian de la tête) s'ouvre l'orifice buccal. En avant de ce
dernier débouche la glande salivaire (os., Fig. 8, PI. 1). Laté-
ralement, en avant des mandibules, proéminent une paire de
DIAGCHASMA CRAWFORDI. 207
papilles doubles, charnues très saillantes qui pourraient être prises
pour les antennes, mais qui sont en réalité les palpes maxillaires
(Dan. Fig:8, Pl:1).
Comment peut-on interpréter cette disposition exceptionnelle des
organes céphaliques ? Pour ramener cette organisation de la tête à
celle des autres Insectes, il suffit de supposer que l'accroissement de
la face ventrale de la larve a été beaucoup plus considérable que
celui de la face dorsale. Cette inégalité d’accroissement a provoqué
d'une part la courbure de la larve, de façon que la face dorsale est
devenue concave et la face ventrale convexe (Fig. 3 et 5, PI. I),
d'autre part, elle a produit le chevauchement de la face ventrale
de la tête sur la face dorsale. Il faut donc admettre que la limite
antérieure vraie de la face dorsale de la tête est le bord antérieur
du clypeus; toute la partie qui se trouve en avant de cette ligne
appartient à la face ventrale. C’est ainsi que les mandibules, les
palpes maxillaires, la bouche et l'orifice des glandes salivaires ont
acquis une situation dorsale.
Le corps de la larve est formé de 12 ou 13 segments (suivant que
le dernier segment soit considéré comme simple ou double) qui vont
en se rétrécissant à mesure qu'on s'approche de l'extrémité posté-
rieure de la larve. Les segments thoraciques sont particulièrement
intéressants à cause des appendices qu'ils portent. En effet, si on
regarde la larve jeune de profil (Fig. 4, PI. I et Fig. I, A), on remarque
sur la face dorsale (concave) du premier et du troisième segment
thoracique deux paires d’appendices très saillants ; la première paire
a une forme vésiculeuse et présente à son extrémité trois papilles
sensitives (Fig. 7, PI. I), la deuxième paire est plus petite, conique, et
se termine par un petit bâtonnet (Fig. 6, PI. I). Quelle est la
signification et l’homologie de ces organes ? Si l’on n’était prévenu
par la position de la chaîne nerveuse et par celle du cœur, il serait
facile de prendre ces organes pour les pattes thoraciques. Mais
comme il est incontestable que la face qui porte ces appendices est
la face dorsale, il n’est guère possible de les homologuer à des pattes,
à moins qu'on ne prétende que le même processus d'inégalité
d’accroissement a entrainé les pattes sur la face dorsale. Nous
pensons plutôt que le rôle de ces appendices est à la fois respiratoire
et sensitif, comme c’est le cas pour les appendices thoraciques et
caudaux d’autres larves primaires d'Hyménoptères entomophages.
L'abdomen de la larve ne présente rien de particulier ; il est
208 D.: KEILIN ETC. PICADO.
formé de 8 à 9 segments suivant la valeur accordée au dernier
segment. Le 8° segment porte l'anus au sommet d'une proémi-
nence formée par le rectum un peu dévaginé.
Organisation interne : Le tube digestif (4., Fig. T, A et im., Fig.8,
PI. 1). A la bouche fait suite le pharynx (ou œsophage) (ph., Fig. 8,
PI. 1) qui est allongé, élargi et qui se continu au niveau du bord
postérieur de la tête par l’intestin moyen.
Si on regarde la larve par sa face dorsale, on voit plusieurs
faisceaux de muscles s'attacher d'un côté sur la face dorsale du
pharynx, de l’autre côté sur la face interne du clypeus, ce sont des
muscles dilatateurs du pharynx (Fig. 8, PI. 1). L'intestin moyen qui
fait suite au pharynx occupe presque toute la longueur du tronc de
la larve, il devient très large dans les segments thoraciques ; dans
le septième segment abdominal il communique par un tube très
mince avec l’intesüin postérieur ou rectum qui est très large et court
(Fig. 3, PL 1). I y a seulement deux tubes de Malpighi (2., Fig. I, A)
droits qui prennent naissance séparément sur la paroi ventrale du
rectum et arrivent en avant jusqu'au premier segment thoracique.
Les glandes salivaires (s., Fig. I, À et gs., Fig. 8, PI. I) en forme
de deux longs tubes arrivant presque jusqu’au 6° segment abdominal,
sont larges et formées de grandes cellules polygonales; avant
d'arriver dans la tête elles commencent à se rétrécir, forment deux
conduits excréteurs étroits qui se réunissent presque au niveau de
l’orifice extérieur de la glande ; celui-ci se trouve en avant de la
bouche (os., Fig. 8, PI. I).
Système nerveux. — Les ganglions cérébroïdes (g. ©, Fig. 8,
PI. 1) et sous-æsophagiens se trouvent dans la tête (g. c., Fig. 8,
Fig. 4 et Fig. 5, PL. 1). La chaîne nerveuse se trouve sur la ligne
médiane du côté convexe (»., Fig. I, A), côté qui par là même doit
ètre considéré comme ventral.
La chaîne nerveuse (Fig. 4 et 5, PI. I) est large et aplatie, les
ganglions des segments successifs se réunissent par de larges
commissures de façon que la chaine ventrale a plutôt l'aspect d'une
lame perforée dans les régions intersegmentaires (Fig. 5, PL. I). Vers
le milieu du segment, chaque ganglion de la chaîne donne à droite
et à gauche un rameau nerveux qui pénètre dans la peau de la
larve.
Il est important de remarquer que les papilles que nous avons
DIACHASMA CRAWFORDI. 209
appelées Les palpes maæilluires sont innervées par le ganglion sous-
æsophagien, ce qui confirme bien notre supposition (Fig. I, A).
72
PCA ZRE
FiG. I. — FORMES LARVAIRES DE Diachasma crawfordi. — A. Larve primaire :
s, glande salivaire ; n, système nerveux ; #, tubes de Malpighi; g, glande
génitale; d, intestin moyen; p, appendice thoracique du 1 segment;
q, appendice du 3% segment thoracique X 86. — B. Larve âgée X 16.
Le cœur se trouve sur la ligne médiane dorsale (concave) de la
larve. Le matériel fixé ne nous a pas permis d'étudier les détails
de sa structure.
Il nous reste enfin à signaler une paire d'organes se trouvant à
côté du rectum appliqués contre lui et repoussés un peu du côté
dorsal. Ce sont les ébauches de la glande génitale (g., Fig. I, A)
qu'on a déjà trouvé chez plusieurs autres larves primaires d'Hymé-
noptères entomophages.
Le stade suivant que nous avons observé est une larve de la même
forme et de la même organisation que la précédente ; elle en diffère
seulement par sa taille plus grande et par les appendices thoraciques
plus réduits. Ce stade est séparé du précédent par une mue.
210 D. KEILIN ET C. PICADO.
Large âgée (B., Fig. 1). — En disséquant une pupe d’Anastrepha
striata nous avons trouvé une grande larve d'Hyménoptére qui
occupait tout l’espace du puparium. À ce stade la larve ressemble
beaucoup à celles des autres Hyménoptères. Elle est allongée
cylindrique formée de 12 à 13 segments, couverts de petits crochets
chitineux recourbés en arrière.
La tête, très réduite, permet de voir les détails de l’armature
buccale. Si on regarde la tête verticalement on peut y distinguer
la lèvre supérieure (ZL., Fig. II) qui porte plusieurs paires d'organes
sensoriels, les uns en forme de poils les autres en forme d’anneaux
chitineux simples ou doubles. En arrière, ou ventralement par
rapport à la lèvre, on voit deux mandibules petites chitinisées et
très éloignées l’une de l’autre (M., Fig. Il). En arrière des mandi-
bules on voit les maxilles sous forme de deux larges surfaces bien
délimitées (72, Fig. Il), ne présentant aucune trace des parties
tranchantes ou masticatrices. Elles portent des papilles sensilives
qui représentent probablement les restes des palpes maxillaires
(P., Fig. Il). Enfin en bas, et ventralement par rapport aux maxilles,
on trouve la lèvre inférieure ou /abium (l., Fig. I) pourvu d’une
paire de palpes labiales en arrière desquelles se trouve encore une
paire Ge soles sensitives.
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Fi. IL. — ARMATURE BUCCALE DE LA LARVE AGÉE. — ZL, labrum ; M, mandibules
m, maxilles ; P, palpe maxillaire ; /, labium.
DIACHASMA CRAWFORDI. 2IT
La nymphe que nous avons trouvé encore enfermée dans la peau
larvaire ne présente rien de particulier. Le rapport des mandibules,
de la lèvre supérieure et le nombre d’articles antennaires est le même
que chez les Diachasima adultes.
Imago. (Fig. III et IV).
Diachasma, FORSTER (1862). MarscHALL (1891). AXDRE. Hymé-
noptères d'Europe, {. V, p. 354.
Diachasma craicfordi n. sp. (1).
Allongé. — Thorax et abdomen de couleur ocre brûlé. Tête et
pattes noires, sauf les 4 premiers articles du tarse des deux premières
paires.
o Tête aussi large que le thorax. Face carénée ; joues ponctuées
à pubescence claire et fine, surtout au voisinage de la carène.
Clypeus caréné, légèrement écarté des mandibules, faiblement
rebordé, Mandibules à base noire et extrémité rouge foncée ;
bidentées à dent supérieure grande et longue, inférieure petite et
courte, Palpes jaunes claires, poilus. Palpes maxillaires à six articles ;
labiaux à quatre. Antennes flagelliformes dépassant la longueur du
corps, noires, à fine pubescence. En outre les deux articles basaux,
elles sont composées de 49 articles qui diminuent progressivement à
mesure qu'on s'approche de l'extrémité; le dernier article est en
forme de toupie. Les ocelles elliptiques sont situés sur une protubé-
rance précédée par une courte épine frontale. Yeux elliptiques,
noires, moins foncés que la face.
Thorax plus haut que large. Sillons du mésonotum bien marqués
dans leurs moitiés antérieures. Scutellum grand précédé par une
fossette semi-lunaire. Mésopleures biens marquées. La partie sternale,
le métanotum et la base des ailes avec une pubescence de même
couleur que le reste du thorax. Reste glabre. Aïles grandes,
dépassant la longueur du corps, hyalines, fumées à vellosité fine
assez serrée. Stigma lancéolé, de couleur sépia, nervures noires.
Nervure radiale sortant de la moitié du stigma et arrivant près de
l'extrémité de l'aile. Nervure médiane et cubitale de l’aile inférieure
en ligne droite. La cellule brachiale de cette aile présente des soies
1 Nous dédions cette espèce à M. D. L. CRAWFORD qui a découvert le premier
Diachasma parasitant les larves d’Anastrepha (Mexique).
212 D. KEILIN ET C. PICADO.
plus longues que celles du reste de l'aile. Pattes fortes, noires,
brillantes avec une tache sépia dans l'articulation de la cuisse avec le
Ve:
Fi&. III. — Diachasma crawfordi. — A. ©; B, détails de la face dorsale ;
C, crêtes du 1° segment abdominal; D, mandibule bidentée; Æ, dispo-
sition des nervures de l'aile supérieure; Æ, disposition des nervures de
l'aile inférieure (les soies des ailes ont été supprimées).
trocanter. Tibia et tarses très poilus ; reste avec des poils parsemés.
Les quatre articles de tarses de deux premières paires sont jau-
nâtres. Eperons moyens. Abdomen aussi long que la tête et thorax
réunis. Son premier article avec quatre crêtes: deux latérales
DIACHASMA CRAWFORDI. 213
et deux latérodorsales, Ces crêtes s'unissent deux à deux en forme
de V.
FiG. IV. — Diachasma crawfordi. — Tête.
Tarière aussi longue que le corps.
6 semblable à ailes plus petites, thorax plus étroit et abdomen
plus arrondi que chez la femelle.
Long. 6 mm. Enverg. 11 mm. Habitat: Orosi, Costa-Rica,
1.200 m. d'altitude.
Larve parasite de celle d’'Anastrepha striala SCHINER (mouche
des fruits). Type 6 et o au laboratoire d'Evolution Paris.
Remarque. — La présence d’une longue tarière indique déjà que
ce Braconide doit parasiter les larves qui ne se trouvent pas à
découvert mais cachées quelque part. Il est à supposer que notre
214 D. KEILIN ET C. PICADO.
Hyménoptère vient pondre ses œufs dans les larves d’Anastrepha
au moment où les fruits (Psidiuin) tombent par terre en s’écrasant
plus où moins. À ce moment, les fruits sont déjà très ramollis et
l'Ilyménoptère peut atteindre son hôte à travers les fentes du fruit
produites par la chute. Autrement, il faudrait supposer que la
femelle du Diachasma crawfordi perlore avec sa tarière tout
le péricarpe du Psidiuin pour atteindre les larves qui ne se trouvent
que dans la pulpe. Or le péricarpe du Psidiwm est trop épais pour
que le Diachasmna puisse le traverser malgré sa longue tarière.
Il est intéressant de remarquer que les larves des Anastrepha
sont régulièrement parasitées par les larves des Diachasina et celles
des Biosteres, le genre le plus voisin de Diachasma. Ainsi CRAWFORD
a découvert au Mexique un Diachasina qui parasite les larves
d'Anastrepha ludens LoEw, d'autre part nous avons trouvé les
larves de Diachasma crarwfordi parasitant celles des Anastrepha
striata Scnix de Costa-Rica. Enfin M. le Prof. M. BEZZI, à qui nous
devons la détermination de notre Axastrepha, a eu l'obligeance de
nous communiquer qu'il a obtenu des pupes d’Anastrepha frater-
culus provenant du Brésil, deux espèces de Biosteres décrites par
SZEPLIGETI Comme Biosteres brasiliensis el B. areolatus.
Nous sommes heureux de remercier ici notre ami J.-M.
CABALLERO qui & bien voulu se charger de dessiner la planche
qui complète ce travail.
PLANCHE IL.
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PLANCHE III,
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— Auchmeromyia luteola FArr. o X 5.
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— Larve gorgée d’Auchmeromyia luteola X 2
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FiG. 3. — Larves de Choeromyia pendant la succion ; X 2.
Bulletin Scientifique. T. XL VIT. Planche III
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Werner u. Winter, Frankfurt a. M.
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Bulletin Scientifique. T. XL VIT. Planche IV
L. Guyon pinx. Werner u. Winter, Frankfurt a. M.
MISSION DE L'INSTITUT PASTEUR EN AFRIQUE OCCIDENTALE
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EXPLICATION DE LA PLANCHE V.
L'œuf de
d'Anastrepha Striata X 67.
Partie
Diachasma extrait de la cavité générale de la larve
antérieure du même œuf montrant les mandibules de la
larve jeune X 246.
Larve primaire de Diachasma crawfordi, vue par sa face dorsale
(concave) X 67.
Larve primaire de Diachasma, vue de profil (côté gauche) X 86,5.
La même larve, vue par sa face ventrale (convexe) X 86,5.
Appendice du % segment thoracique X 295.
Appendice du 1° segment thoracique X 293.
Tête et premier segment thoracique vus du côté dorsal X 293.
0. S.
ph.
Ge;
(LE
orifice de la glande salivaire.
pharynx avec ses muscles dilatateurs.
ganglions cerebroides.
appendices du premier segment thoracique avec ses
3 papilles sensorielles.
. intestin moyen.
. glande salivaire.
. plaque pleurale.
clypeus.
. antenne,
mandibule avec ses muscles abaisseurs et redresseurs qui
= 4
s’attachent en outre sur la plaque pleurale.
. palpe maxillaire.
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Bulletin scientifique. Tome XLVII. Phone
]. M. Caballero. Del. Phototypie Berthaud, Paris.
Diachasma crawfordi n. sp.
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C. PICADO.
LES BROMÉLIACEES ÉPIPHYTES.
CONSIDÉRÉES COMME MILIEU BIOLOGIQUE (1).
SOMMAIRE.
ÉTÉ PROPOSE EN eee ART RER AS NOTA
CÉAIPITR EMI SEIStOrIQU'e M eee scene eccseere secs
CHAPITRE IT. — Biologie des Broméliacées épiphytes.…....
C. Nouvelles recherches sur les phénomènes de nutrition chez les
BrOMÉMACÉESÉDIDR NÉE. Re dede nbemedents sed darts Dee v 01 à
CHAPIREMIE =*Ee milieutbromélien: 1... .......:....:....
ANOOTS LUO TORT AUTEUR Se es eee enr Te SOC 0 ee our
B. Principaux rapports entre les Broméliacées et leur faune..........
C. Origine et dissémination de la faune bromélicole..........:......
D. Considérations sur la biologie et la faune des autres Plantes-
PÉROANOID ET EEE D en en seen pueDee daepeee ‘
CHAPITRE IV. — Biologie et morphologie de quelques
Animaux bromélicoles.............4.%35sssv00 es se ve és ne
CORP ON MERIHEN2Ee de e eos 11e ce lie elulereie ere oeil etes r à 62/00 ie
. Megarhinus superbus D. et K. (Gulicide)...,.....................
… Leptostyla gibbifera n. sp. (Hémiptère) .....,.,..,.:..., see usee
* Sctrtes championt Picado (Goléoptère) ....,.........., ie.
. Andiodrilus biolleyi Cogn. de Mar. (Oligochète)......,,..........
OO à © D =
CAT NOR PER EC OT ETS
PBEX BIBLIOGRAPHIQUE. .; .......43 neue es voeu os ose vs de done ol e
APPENDICE. — Liste des animaux bromélicoles actuel-
lement CONS. 20 Luberon eenisede
(1) Avec les planches VI à XXIV, Travail honoré d’une subvention par le
gouvernement de Costa-Rica,
16
216 CG. PICADO.
AVANT-PROPOS.
Lorsque, en 1910, M. J. K. TRISTAN me mit au courant des
découvertes récentes de. P. P. CALVERT sur la faune des Bromé-
liacées épiphytes et particulièrement sur les Odonates bromélicoles,
je songeai à entreprendre l'étude des Broméliacée sépiphytes comme
milieu biologique. M. J. F. TrisrÂN avait découvert depuis très
longtemps un certain nombre d'espèces bromélicoles et C. WERCKLE
venait de publier un mémoire de phytogéographie, dans lequel il
mentionnait une Rainette bromélicole du pays, trouvée par lui. J'ai
commencé par explorer les Broméliacées des environs de Cartago ;
les recherches furent fructueuses, la faune étant abondante. Une
fois mes collections faites, je les ai passées à MM. TRrisräx et A.
ALFARO qui ont eu l’obligeance de les faire étudier par un certain
nombre de spécialistes.
Outre MM. TRISTAN et ALFARO, j'ai été aidé par diverses autres
personnes : M. le D' Gustave Micaaup a eu l’obligeance de faire
l’analyse chimique des détritus et de l’eau des Broméliacées ; mes
amis les frères SANCHO m'ont donné une large hospitalité dans
leurs propriétés de « La Estrella » et du « Plantôn » ; ils m'ont aidé
à chaque instant à me procurer de nombreuses Broméliacées de
leurs forêts. Mon ami J. M. CABALLERO a dessiné pour moi, d'une
manière tout à fait désintéressée, un certain nombre de figures.
De retour en Europe, j'ai continué mes études à Paris, dans le
laboratoire d'Évolution des Etres Organisés de la Faculté des
Sciences ; j'y ai reçu un très bienveillant accueil de la part de M. le
professeur M. CAuLLERY. Je l’en remercie vivement, ainsi que des
conseils et des renseignements qu’il m’a fournis, soit au laboratoire,
soit pendant mon séjour à Costa-Rica. Mon passage au laboratoire
de la rue d'Ulm restera parmi mes meilleurs souvenirs.
Sur la recommandation de M. CAULLERY, M. COSTANTIN m'a
permis de travailler dans les serres du Muséum et MM. G.
BERTRAND et MOoLLIARD m'ont donné des conseils utiles.
Au laboratoire, mon ami et camarade D. KeriX m'a donné, outre
ses bons conseils, toutes les indications techniques pour l'étude de
mes collections zoologiques ; M. le D' Emile GuyÉNor m'a aidé
dans les recherches de biochimie.
La correction et la mise en œuvre de mes notes a été entreprise
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 217
sous la patiente direction de M. Et. RaBaun, c’est à sa constante
obligeance que je dois le présent état de mon mémoire. Je suis
heureux de l’en remercier très cordialement.
Les spécialistes qui ont bien voulu déterminer mes animaux sont:
Ch. P. ALEXANDER (Tipulides).
N. Baxxs (Arachnides).
P. Barrscx (Mollusques).
P. M. de BEaAucHAMP (Planaires et Rotifères).
A. BoRELLI (Fortficules).
E. L. Bouvier (Onychophores).
P. P. CALVERT (Odonates).
D. W. Coquier (Diptères).
G. C. CrrampiON (Coléoptères, Hémiptères).
H. D. Dyar (Larves de Lépidoptères).
J. H, DurRanT (Lépidoptères).
O. HEIDEMANN (Hémiptères).
D. Ki (Larves de Diptères).
J. KxaB (Diptères).
C. D. Mars (Copépodes).
W. MICHAELSEN (Oligochètes).
P. de PeyEerimuorr (Larves de Coléoptères).
G. M. MULLER (Ostracodes).
J. À. REHN (Orthoptères).
H. RICHARDSON (Isopodes).
J. SILVESTRI (Myriapodes).
L. STEINEGER (Batraciens).
Je dois une mention toute spéciale à MM. Bouvier, CALVERT,
CHAMPION, KNAB, de PEYERIMHOrF et SCOTT qui ont eu, en outre,
l'obligeance de me donner toutes les indications qu'ils ont pu
recueillir au sujet de la faune bromélicole ; de même, aux botanistes
GOEBEL et MEZ qui m'ont fourni, avec une obligeance extrême, les
indications que je leur ai demandées.
MM. H. du Buyssox et L. DiGuer m'ont fourni un certain nombre
d'indications sur les animaux autrefois recueillis par le dernier dans
les Broméliacées du Mexique.
Je dois finalement rappeler que la rédaction du Bulletin Scienti-
fique m'a accordé la plus large hospitalité pour la publication de ce
mémoire : qu'il soit, pour ceux qui m'ont aidé d’une manière ou
d'une autre, un témoignage de vive gratitude.
GE
218 C. PICADO.
CHAPITRE I.
HISTORIQUE.
On sait que d’une façon générale il n'existe pas de mares perma-
nentes dans les grandes forêts. Cela se conçoit bien. On a calculé,
en effet, qu'une forêt de chènes, par exemple, perd en un an une
quantité d’eau suffisante pour former un lac d’une profondeur de
50 centimètres couvrant l'étendue de la forêt. S'il en est ainsi pour
une forêt formée d'arbres dont la surface de vaporisation est
relativement faible et dans des pays tempérés, à plus forte raison
en sera-t-il ainsi dans les pays tropicaux, où les forêts, renfermant
des arbres gigantesques, sont soumises à une chaleur torride
provoquant une évaporation très intense. D'autres causes s'ajoutent
à l’évaporation et font obstacle au dépôt de l'eau dans le sol de ces
forêts ; l’une des principales est le drainage du sol par les racines.
Celles-ci, même une fois mortes, constituent de véritables tuyaux,
qui, s’enfonçant à 20 ou 30 mètres et même plus, conduisent l’eau à
de grandes profondeurs. Les forêts tropicales et les mares
permanentes semblent donc exclusives les unes des autres.
Par suite, il serait à penser que les animaux qui habitent ordi-
nairement les mares où qui, du moins, ne peuvent se développer
sans eau, manquent dans ces forêts. Il n’en est rien cependant, et
l’on rencontre en pleine forêt, loin de toute mare, des Libellules,
même les plus grandes, telles Megaloprepus et Mecistogaster, des
Coléoptères à larves aquatiques, des Trichoptères et toute une
légion de Moustiques, qui sont les habitants de la forêt que ren-
contre l’homme dès qu'il y entre.
D'où proviennent ces animaux et où sont les mares nécessaires à
leur développement ?
Les naturalistes qui se sont posé la question ont pensé immé-
diatement aux plantes capables de retenir de l’eau. Assurément, ces
plantes ne sont pas très nombreuses, mais chaque région en possède :
quelques Dipsacées et Graminées en Europe, des Sarracenia dans
l'Amérique du Nord, des Nepenthes en Océanie, des Palmiers en
Afrique, des Bambous en Asie, des Musacées et des Broméliacées
dans l’Amérique tropicale, sans compter les Mousses et les Hépa-
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 219
tiques capables, elles aussi, de retenir de l’eau, quoique dans des
proportions trop infimes pour servir d'habitat aux animaux d’une
certaine taille.
Dans toutes ces plantes on a trouvé quelques habitants : Chiro-
nomes dans les Graminées et Sarracenia, Cyclops et Orchestia
dans les Palmiers, plusieurs Insectes dans les Nepenthes, Odonates
dans les Liliacées et Bambous, Moustiques dans les Musacées, enfin
les animaux les plus divers dans les Broméliacées. La plupart de
ces découvertes sont la conséquence des recherches entreprises au
cours de ces dernières années dans le but de connaître les habitats
des larves des Culicides.
La présence d'animaux aquatiques dans les forêts dépourvues de
mares se trouvait donc expliquée et par là même, on a pu soupçonner
l'habitat de certaines larves ; c’est ainsi que BARRETT (1900) a pensé
que les larves de Megaloprepus et de Mecistogaster devaient vivre
dans les Broméliacées épiphytes. — Plus tard, KxaB (1907) trouva
les premières de ces larves d'Odonata à Cordoba (Mexique),
dass l’eau retenue par les feuilles des Broméliacées épiphytes. Sa
découverte n’a été publiée que lorsque Philip. P. CaLvErT (1909)
signala la présence d'un Odonate, Mecislogaster modestus SELYS,
dans les Broméliacées épiphytes de Juan-Vifas (Costa-Rica). Plus
tard, CALVERT à pu constater que les imagos issus des élevages faits
par KNaB appartenaient à cette même espèce. CALVERT, dans son
voyage à Costa-Rica, en 1909, a recueilli d’autres animaux habitant
les Broméliacées épiphytes. C'est lui qui, dans ces dernières années,
a mis à l'ordre du jour la question de la faune des Broméliacées
épiphytes.
Cependant, ce n’est pas d'aujourd'hui que les naturalistes s’inté-
ressent à cette question. Le premier travail qui lui est consacré est
du grand naturaliste Fritz MÜLLER (1879). Seulement, à l'époque où
Fritz MÜLLER séjournait au Brésil et s’occupait de la faune des
Broméliacées épiphytes, SCHIMPER n'avait pas encore fait ses décou-
vertes sur la physiologie de ces plantes (1884) et c’est pour cela, sans
doute, que MÜLLER n’a pas songé à établir un rapport entre les Bro-
méliacées épiphytes et leur faune. MüLLER fut néanmoins le premier
à supposer que les détritus retenus par les Broméliacées épiphytes
pouvaient servir à leur nourriture.
Les divers travaux relatifs à la biologie et à la faune des
220 CG. PICADO.
Broméliacées épiphytes peuvent être divisés en trois catégories (!) :
A. Ceux qui ont pour objet les animaux bromélicoles indépen-
damment des conditions de milieu.
B. Ceux qui portent sur la biologie des Broméliacées.
C. Travaux relatifs aux rapports entre les Broméliacées et leur
faune.
À. — Travaux qui portent exclusivement
sur les animaux bromélicoles.
À ce premier groupe appartiennent d’abord les travaux de Fritz
MÜüLLER , il décrit un Ostracode cythéride, Elpidium bromeliärum,
découvert par lui dans les Broméliacées épiphytes du Brésil (1879 et
1884). Le même auteur donne une liste des divers groupes d'animaux
qui se trouvent représentés dans la faune bromélicole. Il cherche,
en outre, à expliquer le passage d’une plante à l’autre des Elpidiwm,
considérés par lui comme habitant exclusivement les Broméliacées.
En 1883, FRIEDENREICH décrit un Coléoptère, Pentameria brome-
liarum, dont les larves habitent l’eau des Broméliacées du Brésil.
En 1884, D. SxarpP décrit un autre Coléoptère, Onthostygnus
fasciatus, provenant des Broméliacées épiphytes du Mexique.
F. W. KirBy (1897), signale les Broméliacées épiphytes du Chili
comme habitat des intéressants Papillons appartenant au groupe de
Castnides.
En 1900, Oxaus signale la présence, dans les Broméliacées du
Brésil, d’un grand nombre d’Insectes, de Batraciens et de Peripatus.
En 1904, CocxerTi de MartTus indique la présence de deux Vers
de terre, Andiodrilus biolleyi et Pheretima heterochaeta Micu.
dans les Broméliacées épiphytes de Costa-Rica. L'auteur tâche
d'expliquer la présence des Vers dans ces plantes (?).
(1) Ne pouvant, sans nuire à la clarté de l'exposé, faire l'examen chronologique de ces
divers travaux, je me bornerai ici à donner de brèves indications, me réservant d'examiner
en détail chaque travail dans les divers chapitres de ce mémoire.
(2) Ces Oligochètes ont été trouvés dans les Broméliacées par BIOLLEY et TRISTAN,
qui ont, en même temps, recueilli un grand nombre d'espèces de divers animaux dans ces
mêmes plantes, mais les descriptions faites par les spécialistes ne signalent pas l'habitat
de ces espèces.
Pendant l’année 1903, M. Léon DiGuETr a recueilli au Mexique deux Orthoptères et
une Rainette dans les 7'{landsia. — Je dois ces renseignements à l'obligeance de
M. du Buyssox.
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 221
En 1910, C. WERCKLÉ signale une Rainette qui habite normale-
ment les Broméliacées de Costa-Rica.
Dans la même année, CaLvErT donne une liste des divers
groupes animaux trouvés par lui dans les Broméliacées épiphytes
de Costa-Rica. En 1911, il donne plusieurs déterminations de ces
animaux.
Plusieurs descriptions des animaux que j'ai trouvés dans les
Broméliacées de Costa-Rica ont été publiés cette même année ou
dans l’année suivante par diflérents auteurs :
L. STEINEGER (1911) décrit deux Batracians : une Salamandre,
Spelerpes picadoi, et un Crapaud arboricole, Gastrotheca coronata.
La même année, À. BoreLL1 décrit quelques nouvelles espèces de
Forficules: ZLeptisolabis aliena, Parasparatta picadoi, Praos
robustus et Neolobophora insolita.
P. M. de BEaucxamp (1912 et 1913) décrit des Planaires nouvelles :
Geoplana picadoi, Rhynchodemus bromelicola, Rh. costarricensis
et P; -orhynch us melaineroiles.
W. MICHAELSEN (1912) décrit les Oligochètes : Awlophorus super-
terrenus, Dichogaster sporadonephra, Dichogaster picadoë,
Dichogaster pitahayana et Andiodrilus orosiensis.
Ch. P. ALEXANDER en 1912 décrit une Tipule : Mongoma brome-
liadicol«.
F. Kxag (1912 et 1913) décrit un Rhyphidæ et un Eristalinæ :
Anisopus picturatus et Luichuana picadoi.
G. C. CHampioN décrit deux Coléoptères: Musicoderus spini-
corris, Metamasius bromeliadicola et un Hémiptère: Pamera
albo-annulata.
En 1912, KxaB et MALLOCH décrivent un Borboridæ provenant des
élevages des larves découvertes par KN4AB dans les Broméliacées
épiphytes du Mexique ; cette espèce est Limosina bromeliarum.
H. Scorr (1912) décrit deux Coléoptères : Aglymbus bromeliarum
et Cyclonotum urichi provenants des Broméliacées des îles de la
Trinité et la Dominique.
R. SHELFORD (1912) décrit un Blatüidæ: Homalopteryx scotti
trouvé par H. Scorr aux mêmes îles.
W. L. Disranr (1912) décrit un Hémiptère: Wicrovelia insignis
trouvé aussi par Scorr dans les mêmes localités.
F. Kxag décrit en 1913 un Culicide : Megarhinus iris provenant
des élevages effectués à la Trinité par F. W. UricH.
222 C. PICADO.
Le même auteur, dans une autre note (1913), signale la présence
de larves de Helodinæ dans les Broméliacées épiphytes du Mexique.
J'ai décrit (1913) un Helodinæ, Scirtes championi, en même
temps que les principaux caractères de sa larve, qui habite les
Broméliacées épiphytes de Costa-Rica.
WALSINGHAN décrit (1913) un Papillon: Valentinia bromeliæ
provenant d’une larve trouvée par KNaB dans les Broméliacées du
Mexique.
B. — Travaux qui portent exclusivement
sur la biologie des Broméliacées épiphytes (!).
C’est en 1884, et plus tard en 1888, que ScHiIMPER montra le grand
intérêt qui s'attache à l'étude des Broméliacées épiphytes. Le
premier, il tint compte de l’eau retenue par ces plantes et des
détritus que s’y déposent.
SCHIMPER démontre que les Bromeéliacées épiphytes n'ont pas
besoin d'emprunter leur nourriture à la plante qui les supporte,
mais qu'elles se nourrissent aux dépens des détritus retenus
entre leurs feuilles, l'absorption de l'eau et des sels dissous étant
effectuée par les écailles foliaires.
En 1904, C. MEz publie un long mémoire sur le mécanisme de
l'absorption par les écailles des Broméliacées épiphytes et 1l établit
que celles-ci fonctionnent à la manière d’une pompe aspirante,
pratiquant en somme une véritable succion.
En 1906, TiErze, grâce à l'étude comparative des écailles dans
les divers groupes de Broméliacées, montre la spécialisation progres-
sive de ces écailles aux fonctions de nutrition ; en même temps, il
fait l'anatomie comparée de l'appareil végétatif des diverses Bromé-
liacées.
Dans un mémoire sur la phytogéographie de Costa-Rica,
C. WERCKLÉ (1909) envisage les conditions climatologiques aux-
quelles les Broméliacées et autres plantes sont soumises. L'auteur
considère Costa-Rica comme le pays où les Broméliacées sont le
mieux représentées, tant par le nombre d'espèces et d'individus que
par la taille des plantes.
(1) N'ayant pas à examiner ici les multiples travaux sur les Broméliacées, je me borne
à signaler ceux-là seuls qui ont plus spécialement trait à la question dont je m'ocoupe.
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 223
En 1910 K. Aso, étudiant expérimentalement l'absorption des
divers sels par les écailles des Broméliacées, constate que cette
absorption est incontestable chez les Tillandsia, tandis qu'elle est”
nulle chez les Ananas.
C. — Travaux relatifs aux rapports entre
les Broméliacées et leur faune.
Parmi ces derniers travaux, il faut tout d’abord citer celui de
Lurz (1903). Cet auteur constate, d'une part que les larves de
Culicides habitent par centaines dans les Broméliacées épiphytes
du Brésil ; il pense que la cinquième partie, au moins, des Culicides
connus habitent exclusivement les Broméliacées;— il constate d’autre
part que les détritus ne pourrissent pas tant qu'ils demeurent
dans les Broméliacées, mais se putréfient dès qu'on les retire
de la plante et qu'on les met dans un bocal (1).
CALvVERT, en 1911, compare la distribution des Broméliacées
épiphytes et celle des Libellules de la légion Pseudostiqgina SELYS ;
il constate que cette distribution est la même et il considère toute
cette légion comme ayant des larves bromélicoles.
CALVERT mentionne une larve de Coléoptère et un Hémiptère extrè-
mement aplatis et croit voir dans cet aplatissement une adaptation à
la vie bromélicole. L'auteur expose, en outre, une théorie qui
permettrait de comprendre comment les Libellules ont commencé
à pondre dans l’eau des Broméliacées.
Telle est l’état des connaissances actuelles sur la faune des
Broméliacées épiphytes. Il n'existe pas de travail envisageant
l'ensemble de la faune bromélicole et les diverses conditions de
milieu réalisées par les Broméliacées épiphytes: c’est cette étude
que j'ai entreprise.
Dès 1911, j'ai montré qu'il fallait considérer les Broméliacées
épiphytes comme un milieu biologique réalisant des conditions tout à
fait spéciales, et je me suis attaché à en indiquer les traits principaux,
tout en essayant de retirer des faits acquis quelques données géné-
rales relatives à l’origine et à la transmission de la faune bromélicole.
Puis (1912) j'ai tenté d'expliquer la cause de la non putréfaction
(1) Lurz avance, en outre, que les animaux bromélicoles viennent rarement respirer
à la surface de l’eau ; ils respireraient en s'appliquant contre la paroi immergée de la
feuille qui, d'après lui, dégagerait de l'oxygène.
224 CG. PICADO.
des détritus retenus par les Broméliacées; j'ai mis en évidence
l'absorption de substances organiques (composés ternaires et
albuminoïdes) par les feuilles de ces plantes après une digestion
préalable des détritus, végétaux et animaux, retenus entre leurs
feuilles. Enfin j'ai envisagé les Broméliacées épiphytes en tant que
mares aériennes éliminant les substances de décomposition produites
entre les feuilles et j'ai comparé le #milieu-bromélien au milieu
constitué par les autres plantes-réservoir. J’ai fait, à ce propos,
diverses remarques sur la biologie de quelques animaux bromé-
licoles.
Dans le présent travail, je reprends et je développe les idées
exposées dans mes notes préliminaires, m'’efforçant d'analyser les
principaux phénomènes vitaux, dont les Broméliacées épiphytes sont
le siège. J’envisagerai ces plantes comme un #ilieu vivant et non
comme un simple dépôt d’eau et de poussières organiques. Je mon-
trerai, en outre, les différences qui séparent les Broméliacées
épiphytes de toute autre plante capable de retenir de l’eau. Je pose
la question de l’origine de la faune bromélicole et de sa transmission
d'une plante à l’autre, cherchant à présenter une explication
satisfaisante de cet ensemble de faits. Je tâächerai enfin de signaler
les principales adaptations de la faune bromélicole à son milieu.
Une autre partie du présent travail sera consacrée à l'étude des
divers animaux bromélicoles, dont l’organisation, m’a paru digne
d'intérêt.
CHAPITRE II.
BIOLOGIE DES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES
Il importe avant tout de comprendre la biologie des Broméliacées
épiphytes car cela seul nous permettra de nous rendre un compte
exact d’un certain nombre de faits, d’où résultent les conditions si
spéciales de la vie entre les feuilles de ces plantes; nous aurons
ainsi l'explication de divers phénomènes déjà observés par d’autres
naturalistes, mais qui n'ont pas encore été expliqués.
Il va de soi que la distribution géographique de la faune bromé-
licole ne peut nullement différer de celle des Broméliacées ; que
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 225
toute condition climatologique ou autre retentissant directement sur
le développement de ces plantes, sur le nombre d'individus, sur la
manière dont elles végètent, sur leur taille et sur la quantité d’eau
qu'elles retiennent ne peut qu'influencer très sensiblement la
faune qui les peuple ; et que la faune qui habite l’eau et les détritus
retenus par les Broméliacées épiphytes reçoit le contre-coup de
toute action biologique exercée par ces plantes sur l’eau et sur les
détritus qu'elles retiennent.
Il faut donc examiner d’une manière attentive la biologie des
Broméliacées sauvages et songer à reproduire, par des expériences de
laboratoire, quelques-uns des phénomènes biologiques caractéris-
tiques pour ces plantes et capables d’influencer d'une manière notable
la faune qui habite entre leurs feuilles.
A. — Les Broméliacées à Costa-Rica.
Costa-Rica se prête tout particulièrement aux observations sur la
biologie de ces plantes, car, outre sa latitude (!), le pays est orienté
de N.-0. à S.-E., situation qui le place juste perpendiculairement
aux vents du N.-E. Ces vents après avoir traversé la mer des Caraïbes,
où ils se sont saturés d'humidité, abordent la côte atlantique avec
une très grande force, augmentés qu'ils sont de la brise de mer.
Etant donnée la minime largeur du pays, 200 kilomètres environ,
on pourrait le croire tout entier exposé à ces vents; il n’en est rien.
Le pays est, en effet, traversé, suivant sa ligne médiane, et dans toute
sa longueur, par une chaîne de montagnes d'une altitude moyenne
de 3.000 mètres. Cette chaîne constitue une barrière infranchissable
pour les vents venant de la mer des Caraïbes. Par suite, toute la
région appartenant au versant du Pacifique est à l'abri de ces vents
et se trouve dans des conditions climatologiques très différentes de
celles de la région appartenant au versant atlantique.
(1) De nos jours, la famille des Broméliacées se trouve confinée dans le continent
américain exclusivement ; les formes épiphytes appartiennent à Amérique intertropicale
et plus particulièrement à une zone comprise ertre l'équateur et le 10° de latitude N. Les
espèces qu'on trouve en dehors des tropiques s'écartent nettement des Broméliacées
typiques : les Puya, dont l'aire de dispersion arrive jusqu'au Chili, rappellent, en effet,
par leur port, plutôt un Fucea ou Dracæna qu'une Broméliacée typique.
A en juger par les empreintes trouvées par H£er en Suisse et rapportées par lui au
genre Bromelia, ces plantes ont eu autrefois une aire de dispersion beaucoup plus vaste
qu'aujourd'hui.
226 C. PICADO.
La zone atlantique entière est, en effet, très humide; les pluies y
sont très fréquentes et la chaleur est torride. Dans la zone du Pacifique
OCEAN PACIFIQUE
COST A-RICA
FiG. 1. — Partie centrale de Costa-Rica, localités explorées. Les rflèches
indiquent les directions que prennent les vents qui s'engagent entre les
montagnes. — En haut distribution géographique des Broméliacées. — En
bas Cosra-Rica. L’aire quadrillée de cette carte indique la portion repré-
sentée au centre (CABALLERO del).
la chaleur est également torride, mais l’air est très sec ; les pluies y
sont très rares pendant une moitié de l’année, les vents y sont presque
nuls, car la brise marine elle-même est annulée par les vents alizés.
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 227
Entre ces deux zones extrêmes se trouve le Plateau central, dont
la hauteur est de 1.100 à 1.500 mètres au-dessus du niveau de la mer ;
il est limité, vers l'Atlantique, par les hauts sommets (4.000 mètres
environ) de la chaîne centrale et vers le Pacifique par une autre
crête de montagnes moins élevées.
Dans le Plateau central règne un climat tempéré, avec une
température de 20° C. environ comme moyenne. Le vent de
l'Atlantique traversant un col entre deux hauts sommets, Irazü et
Turrialba, (Fig. 1) passe au-dessus d'une partie du Plateau central, la
vallée de Cartago, et vient buter contre la crête secondaire, apportant
une grande humidité et ayant une influence considérable sur la
végétation en général.
Les vents alizés s'engagent aussi dans la vallée du Reventazôn et
pénètrent jusqu'au centre du pays (Orosi) dont ils changent, les
conditions climatologiques.
Le peu de vent N.-E. qui arrive dans le versant Pacifique a déjà
perdu toute son humidité, car les hautes montagnes du centre du
pays condensent la vapeur d’eau apportée par les vents alizés.
La végétation épiphyte est la première à se ressentir des diffé-
rences de climat. C’est ainsi que dans la zone atlantique côtière, où
il pleut d'une façon presque constante et où la température ne cesse
d’être très élevée, ilexiste une quantité énorme de Cactées épiphytes
et fort peu d'espèces terrestres, tandis que sur les côtes du Pacifique
où les espèces épiphytes sont à peine représentées, les espèces
terrestres se développent très bien.
Dans la zone atlantique, les Broméliacées épiphytes sont de
dimensions gigantesques, (Fig. 2, 3 et 4) mais le nombre d'individus
est moindre que celui que l’on trouve dans le plateau central du
pays.
Dans la région côtière du Pacifique, où deux saisons alternent
régulièrement, la sécheresse est intense pendant six mois. Dans cette
région, en dehors de quelques sommets très élevés, où les vents du
N.-E. arrivent, les Broméliacées épiphytes ne sont guère représentées
que par des espèces de taille insignifiante et qui ne retiennent de
l’eau que par capillarité : quelques individus de T'llandsia bulbosa,
et espèces voisines, capables d'emmagasiner de l'eau dans leurs
tissus foliaires, et de temps en temps de rares individus d'autres
espèces dont les feuilles très coriaces leur permettent de supporter
cette dessication.
C. PICADO. 4
C'est dans le Plateau central que les Broméliacées sont le mieux
développées. Elles le sont surtout dans cette zone de la crête secon-
FiG. 2. — Aechmea gigantesques des côtes Atlantiques.
daire des montagnes contre laquelle butent les vents du N.-E.
Le vent qui arrive à ces localités (La Estrella, La Mica, etc.)
déjà refroidi par son passage à travers la crête principale de
montagnes apporte avec lui une certaine quantité d’eau, mais.
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 229
surtout de l’eau condensée sous forme de brouillard (1) : c’est là le
véritable centre de végétation des Broméliacées épiphytes. Dans
LME
3 pi SES
PR, tomes:
FiG. 3. — Diverses Broméliacées épiphytes (environs de Peralta).
ces régions, on voit chaque soir, tout de suite après le coucher du
soleil, de grands brouillards tomber sur la forêt. C’est ce que
montrent les photographies de la Planche VI représentant la même
localité, l’une a été prise le matin vers8 heures, l’autre vers 5 heures
de l'après-midi; elles mettent en évidence l'importance de ces
précipitations d’eau atmosphérique qui fournissent la plus grande
partie de l’eau retenue par les Broméliacées épiphytes. La fig. 5
nous montre les formes principales habitant ces forêts et la fig. 6 de
grands échantillons récoltés aux alentours.
Au N.-E. de Cartago, sur la pente du volcan Irazü, on trouve un
certain nombre de Broméliacées épiphytes, surtout des Thecophyl-
__ (1) Cette condensation s'opère surtout au niveau du Col, et là aussi, quoique d’une
façon moins intense, les Brounéliacées épiphytes se développent. Cependant la
température y est très basse et l’eau recueillie par les Broméliacées se congèle entre
leurs feuilles presque chaque nuit (WERCKLÉ).
230 G. PICADO.
lum (Fig. 7 et 8) adaptées au climat excessivement humide et froid
des régions telles que « EI Plantôn », etc.
FiG. 4. — Une énorme Billbergia sur un arbre recouvert de végétation épiphyte
(Peralta),
Dans la vallée de Orosi et Navarro, où il fait une chaleur
torride pendant le jour, un froid assez vif le soir, et où
l'humidité est beaucoup moins accentuée, on voit à la fois des
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 231
Broméliacées terrestres et épiphytes qui végètent parfois les unes
Fis, 5. — Principaux types de Broméliacées des forêts de La Estrella :
Gusmania, Thecophyllum, Tillandsia, Billbergia et Vriesea.
FiG. 6. — Deux grandes Tillandsia de La Estrella.
à côté des autres (fig. 9). La fig. 10 nous montre un arbre de la
17
232 CG. PICADO.
même localité, dont les branches inférieures sont littéralement
FiG. 8. — Thecophyllum sp. du Plantén.
engainées par les Téllandsia, tandis que quelques Aechmea
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 233
très grandes se développent à l'extrémité de quelques branches.
GE EX
}
+
re
FiG. 10. — Arbre recouvert par Jles Broméliacées épiphytes. A l'extrémité de
quelques branches on aperçoit de belles Aechmea (Orosi).
Ce sont les régions situées aux alentours de la vallée de Cartago
qui m'ont fourni les Broméliacées les plus peuplées.
234 CG. PICADO.
B. — Données acquises sur l’organisation et la physiologie
des Broméliacées.
Je ne ferai qu’un exposé sommaire de la constitution des Bromé-
liacées épiphytes car, si toute étude biologique comporte nécessai-
rement la connaissance morphologique de l'être considéré, dans le
cas présent il n’est pas utile de pénétrer dans le détail.
Les Broméliacées peuvent être définies comme des Monoco-
tylédones, terrestres ou épiphytes, généralement acaules, avec des
feuilles en rosette ; à inflorescences en grappe ou en épi; à fleurs
à trois sépales coriacés, trois pétales, six élamines et trois
carpelles soudés formant un ovaire tantôt libre, tantôt plus ou
moins adhérent : graines à albumen farineuæ.
Le port des Broméliacées typiques, très caractéristique, est
comparable à celui de certaines Liliacées ou Agavées.
L'appareil radiculaire est très variable. Chez les espèces épiphytes
il est peu développé et, chez quelques-unes d’entre elles, il fait même
complétement défaut : nombre de Aechmea, Catopsis, etc. enfoncent
un crampon dans la tige de leurs hôtes. Le cas le plus fréquent chez
les espèces épiphytes est d’avoir des racines grêles et dures, qui
entourent, parfois complètement, et serrent avec une force extra-
ordinaire les branches des arbres qui les supportent. Chez les
espèces terrestres, les racines primaires ne sont jamais très longues ;
elles donnent naissance à des racines latérales qui, à leur tour, se
ramifient en houppe.
Si on plante en terre les Broméliacées épiphytes, des racines
poussent bientôt, tout à fait semblables à celles des Broméliacées
terrestres ; cela se produit même chez les espèces qui n'ont jamais
de racines à leur état naturel. Les Broméliacées qui tombent du haut
des arbres continuent très souvent à végéter sur le sol. Cette facilité
d'adaptation permet de cultiver dans des pots à fleurs toutes les
espèces, presque sans exception.
Le plus grand nombre des Broméliacées sont acaules, ce caractère
est l’un des plus constants chez ces plantes; quelques-unes d’entre
elles ont cependant une tige bien développée, tel est le cas des Puya
dont la tige rappelle celle de certains A/oë ou Draccæna. Quelques
Pilcairnia ont un appareil végétatif semblable à celui de certains
Palmiers pygmés. Chez la « barbe de vieillard », Téllandsia
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 239
usneoïdes (PL. VII, fig. VI et 6), les tiges ont la forme de filaments
souples, longs et grèles, soutenus par les branches des arbres.
Chez la plus grande partie des Broméliacées terrestres, la tige est
un peu renflée à sa base et forme une sorte de bulbe en forme de
toupie, dont la pointe serait en haut. Chez les espèces épiphytes, la tige
est presque réduite à la surface d'insertion des feuilles.
La forme la plus typique des feuilles des Broméliacées est celle
d’une lame de sabre à bord denticulé, sans aucun pétiole, dont
l’'Ananas présente le type (PI. VII, fig. VII). Cependant, une grande
partie des Broméliacées ont des feuilles pétiolées, leur extrémité
adhérente est, tout au moins, sensiblement rétrécie; cette dernière
disposition est, en particulier, celle des Pifcairnia, le limbe en est
assez large (PI. VII, fig. II et 2).
Chez d’autres formes, certains Cryplanthus par exemple, les
feuilles longuement pétiolées s'unissent à une tige presque virtuelle.
PI. VII, fig. 1 et3. Aucune de ces Broméliacées à feuilles pétiolées,
quelle que soit la forme du limbe, ne peuvent évidemment devenir
un réservoir d’eau et ne sont pas à retenir dans cette esquisse de la
morphologie.
À quelques exceptions près, les feuilles des Broméliacées épiphytes
sont larges, parfois épaisses, la partie proximale du limbe étant
beaucoup plus large que la partie distale. Cette partie proximale
forme soit des cornets qui s’emboiïtent les uns dans les autres
(PI. VIL, fig. V et 5), soit une large concavité en forme de cuillère
continuée par la partie étroite du limbe, et parfois en forme de
filament (PI. VII, fig. IX et9). On trouve, bien entendu, toutes les
formes intermédiaires entre ces formes extrêmes.
Au point de vue de la structure, une feuille de Broméliacée
épiphyte typique (Billbergia pyramidalis-croyana par exemple)
(Fig. 11) présente entre les deux épidermes deux parties nettement
différenciées : l’une supérieure à grandes cellules cubiques, à parois
plissées constituant le tissu aquifère et une partie inférieure à cellules
polyédriques, irrégulières, formant un parenchyme homogène,
riche en chloroleucytes. Au sein de ce parenchyme se trouvent des
faisceaux libéro-ligneux accompagnés de fibres de renforcement,
des faisceaux sclérenchymateux et des lacunes creusées entre de
volumineuses cellules étoilées, anastomosées par leurs pointes
Chez les Aechinea à feuilles moins épaisses, le tissu aquifère se
«
réduit un peu. Chez quelques T'illandsia, à feuilles très minces, il
236 C. PICADO.
est réduit à une seule assise de cellules, tandis que le tissu lacuneux
n'est plus fractionné, mais forme une couche continue.
LÈTSs eZ
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FiG. 11. — Coupe transversale d’une feuille de Bil{bergia pyramidalis-croyana.
Grâce à leur forme en cornet ou en cuiller et à leur disposition
relative, ces feuilles retiennent constamment une grande quantité
d'eau; elles retiennent en outre, et en abondance, des détritus
organiques.
Les feuilles portent un grand nombre d’écailles disposées d’une
façon variable, mais qui constituent des organes très importants, et,
du reste, presque spéciaux aux Broméliacées. Ces écailles affectent la
forme d’un écusson ou celle d’une ombrelle chinoise ; la forme la
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 237
plus commune est celle d'un grand nombre de Téllandsia, telle
par exemple l’écaille représentée par la fig. 12. Leur mode de distri-
bution sur la feuille est loin
d’être constant ; il serait en
rapport étroit avec la faculté
de retenir de l’eau. Pour ce
qui est de leur rôle, on les
considère soit comme pro-
tectrices, soit comme absor-
bantes. À cet égard TIETZE
(1906) formule les conclu-
sions suivantes :
Chez les formes non
spécialisées , considérées
par lui comme primitives,
Pitcairnia par exemple, le
rôle des écailles ne serait
que protecteur et non absor-
bant. Chez les Bromélia-
cées terrestres, qui seraient pe. 12. — Ecaille typique des feuilles des
plus avancées en développe- Broméliacées (Tillandsia).
ment, Bromelia, Ananas,
etc., les feuilles commencent à se plier en gouttière ; l’eau peut être
retenue, quoique dans des proportions infimes ; ici les écailles seraient
primitives, leur rôle serait protecteur, mais elles seraient absorbantes
dans une certaine mesure. Seulement, comme la quantité d’eau rete-
nue entre les feuilles de ces Broméliacées est insignifiante, la plante ne
peut vivre qu'à la condition de recevoir de l’eau du sol, ses faisceaux
libéro-ligneux sont très bien développés, fait facile à constater chez
Fascicularia, Deinacanthon, Cryptanthus, Bromelia, Greigia,
Disteganthus, etc. Par contre, les vaisseaux hbéro-ligneux sont tout
à fait réduits chez les plantes qui retiennent de grandes quantités
d’eau, telles les Aechmea, Androlepis, Canistrum, Vriesea, Bill-
bergia, Guzmania, Catopsis, Tillandsia et Thecophyllum. Chez
ces plantes, l’eau absorbée par les écailles passe directement dans
le tissu aquifère de la feuille.
Chez les Broméliacées épiphytes considérées par TIETZE comme
primitives , quelques Bromeliæ el Tillandsie capables de se
développer indifféremment sur le sol, les rochers ou la base des
238 C+ PICADO.
arbres, les racines sont peu développées et les écailles recouvrent la
totalité de la face inférieure des feuilles.
Chez les Broméliacées vraiment aériennes, quelques Theco-
phyllum, Vriesea et Aechmea, les racines manquent, et quand
elles sont présentes leurs faisceaux conducteurs manquent absolu-
ment, ou n'apparaissent que sporadiquement. Les écailles sont
par contre bien développées et situées à la base et à la face infé-
rieure du Jlimbe ; elle se trouvent donc submergées et leur pouvoir
absorbant atteint son plus haut degré de fonctionnement (1).
Il ressort donc de là, et c'est un point essentiel, que les Bromeé-
liacées épiphytes seules possèdent des écailles effectivement
absorbantes.
Le phénomème d'absorption par les écailles des Broméliacées se
présente sous deux aspects différents: absorption d'eau en vapeur
ou d’eau liquide.
L’absorption de vapeur d’eau, que l’on rencontre chez plusieurs
Tillandsia, et particulièrement chez T. usneoïdes, n'est pas un
fait particulier aux Broméliacées. Plusieurs plantes, Chénopodées
et autres, portent dans leurs feuilles des poils, qui absorbent l’eau
atmosphérique et la transmettent ensuite à un tissu de réserve
semblable au tissu aquiféère des feuilles des Broméliacées épiphytes.
Par contre, l’absorption d'eau liquide retenue entre les feuilles
paraît plus spéciale aux Broméliacées épiphytes; du moins, ces
plantes seraient les seules qui tirent toute l'eau nécessaire à leur
développement de leurs dépôts interfoliaires.
Des expériences simples montrent d’une manière très nette cette
absorption. Si on coupe une feuille de Tillandsia, par exemple,
et que l’on place à la face inférieure de celle-ci, loin de la surface de
section, un morceau de papier buvard imbibé d’une solution d’éosine
ou de bleu de méthylène, l'examen microscopique, pratiqué au bout
de quelques heures, montre que la solution colorée a été absorbée et
se trouve localisée dans les écailles. De là elle passe dans les cellules
(1) SCHIMPER avait déjà remarqué que, chez les espèces strictement épiphytes, les
racines, quand elles existent, sont même imperméables à l’eau, à cause de leurs gaines
subéreuses et sclérenchymateuses. Il montre, en outre, que, chez les formes à feuilles
nettement divisées en deux parties, 7'{landsia bulbosa par exemple, la partie distale
flagelliforme possède de la chlorophylle, mais manque de tissu aquifère et d'écailles ;
celles-ci et le tissu aquifère sont confinés à leur partie proximale dilatée en cuiller et
où la chlorophylle manque.
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 239
les plus voisines de l’écaille. Mais pour constater le fait, il ne suffit
pas de pratiquer sur la feuille des coupes transversales, il faut
enlever couche après couche, en partant de la face supérieure de la
feuille jusqu’au voisinage de l’écaille, en ayant bien soin de respecter
les cellules voisines, car si celles-ci étaient blessées, le colorant
pourrait se répandre et la constatation manquerait de certitude.
Les études de ScHIMPER au sujet de l'absorption chez les Bromé-
liacées épiphytes ont mis en évidence :
1° Que l’eau retenue entre les feuilles est absorbée, et que cette
absorption est indispensable à la plante.
20 Que les sels dissous dans cette eau sont absorbés par les feuilles
des Broméliacées épiphytes.
3° Que ce sont les écailles qui se chargent de cette absorption.
Les expériences de SCHIMPER, effectuées sur Brocchinia plumieri,
Caraguata lingulata et Guzmania tricolor, peuvent être résumées
en peu de mots:
1° Une plante flétrie entre les feuilles de laquelle on verse de
l’eau, devient turgescente.
2° Des plantes, auxquelles on à coupé les racines et dont la
surface de section a été enduite au baume de Canada, sont divisées
en deux lots: dans l’un, les plantes sont privées d’eau ; dans l’autre
on verse de l’eau entre les feuilles. Les plantes qui renferment de
l’eau sont demeurées très bien portantes pendant les trois mois qu'a
duré l'expérience, tandis que les autres ont péri.
3° On donne de l’eau à toutes les plantes, mais les unes ne la
reçoivent que par les racines, tandis que les autres ne la reçoivent
que par les feuilles. Les premières se flétrissent, les autres
continuent à végéter comme d'ordinaire. Les plantes témoins,
maintenues à sec, meurent plus vite que celles qui reçoivent de l'eau
par leurs racines, ce qui prouve que l’eau est partiellement absorbée
par les racines.
Ces expériences montrent avec évidence que l’eau retenue entre
les feuilles est nécessaire à la plante.
SCHIMPER remarque que presque toutes les Broméliacées, malgré
la briéveté de leur tige, ont un géotropisme négatif très marqué, d'où
il résulte que les dépôts d’eau peuvent se former entre leurs feuilles;
cependant, quelques Tillandsia S'accroissent en toutes direc-
240 C. PICADO.
tions : l'eau peut être alors retenue par capillarité entre les minces
espaces interfoliaires.
SCHIMPER montre en outre que les solutions minérales pénêtrent
à travers les écailles ; l'iodure de potassium additionné d’iode
colore les écailles et les cellules environnantes en jaune sombre au
bout de vingt-quatre heures. Le chlorure de sodium contracte, sans
le tuer, le protoplasma des cellules sous-jacentes à l’écaille. Le violet
d'aniline et le vert de méthyle colorent les écailles par où ils
pénètrent, et non pas le tissu épidermique.
K. Aso a repris dernièrement (1910) la question de l'absorption
des sels par les écailles des Broméliacées. Il coupe les feuilles et,
après avoir enduit avec un mastic approprié leur surface de section,
illes met dans une solution d’azotate de lithium, de ferrocyanure
de potassium, etc. Après un temps convenable, il recherche, au
moyen de l'analyse spectrale ou de l'analyse microchimique, ces sels
dans les tissus de la feuille qui n’ont pas été en contact direct avec
le liquide.
Ces expériences lui ont permis d'établir que ces sels ne sont
nullement absorbés par les écailles des feuilles des Ananas, tandis
que les mêmes substances pénètrent très facilement à travers les
écailles des Tillandsia, chez lesquelles les substances chimiques
sont parvenues jusque dans les parties de la feuille les plus éloignées
du liquide.
Ces faits montrent une fois de plus que, seules, les écailles des
Broméliacées épiphytes ont la propriété d’absorber les diverses
solutions avec lesquelles elles se trouvent en contact.
C. — Nouvelles recherches sur les phénomènes de
nutrition chez les Broméliacées épiphytes.
L'existence de ces écailles et leur pouvoir absorbant sont d’une
importance capitale dans la nutrition des Broméliacées épiphytes ;
ce n'est point par leurs racines, absentes ou à peine développées, que
les matériaux nutritifs peuvent pénétrer dans ces plantes. Fritz
MÜLLER, d’ailleurs, a supposé, dès 1879, que les graines et autres
substances tombées parmi les feuilles des Broméliacées contribuent
à leur nourriture ; WERCKLE signale le fait que les Broméliacées
végétent aisément sur les poutres métalliques des ponts. Il faut
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 241
donc de toute nécessité que ces plantes se nourrissent de l’eau et des
dépôts situés entre leurs feuilles. Il convient donc d'examiner avec
précision cette eau et ces dépôts, examen négligé par les auteurs,
même par SCHIMPER, qui a cependant constaté l'absorption de subs-
tances minérales par les écailles des feuilles des Broméliacées
épiphytes et en avait conclu que, seule, cette eau et ces détritus
suffisent à nourrir la plante.
Ce qui frappe dès l’abord, lorsqu'on examine une Broméliacée
épiphyte, c'est la pureté de l’eau qu'elle retient. Ce fait néanmoins
n'avait pas jusqu'ici attiré l’attention et cette eau n’a jamais été ana-
lysée : or les analyses effectuées sur ma demande par M. MicHaub
donnent 0,007 grammes de cendres par litre. Elles sont composées
surtout par de la cellulose. Elles renferment, en outre, 2,65 °/,
d'une matière cireuse soluble dans le chloroforme, et aussi des
cristaux en trop faible quantité pour qu'ils aient pu être analysés ;
les sels minéraux qui restent dans les détritus sont représentés
par de quantités tout à fait négligeables.
La substance cireuse trouvée par MicHauD provient sans doute
des morceaux de cuticule des feuilles tombées dans la plante ou des
morceaux détachés de la feuille de la Broméliacée elle-même.
Quant aux cristaux, ils sont constitués très probablement par de
l’oxalate de calcium, sel très commun dans les feuilles des Bromé-
liacées.
Le fait que les détritus ne contiennent qu’une quantité insignifiante
de sels minéraux m'a fait penser que c’est des composés organiques,
ternaires et albuminoïdes, que la plante tire les substances miné-
rales et azotées indispensables à sa nourriture.
J'ai fait, à cet égard, l'expérience suivante :
J'ai séparé, en août 1910, une grande Aechmea, d'environ
1 mètre de diamètre, de l’arbre sur lequel elle poussait. Transportée
dans une chambre d'habitation et fixée sur un panneau, j'ai eu soin
de maintenir de l’eau entre ses feuilles, sans rien ajouter aux
détritus qu'elle contenait. Cette plante néanmoins a continué de vivre ;
elle a fleuri et donné des bourgeons, tout comme dans les conditions
naturelles. En ce moment encore, elle se trouve en parfait état, bien
que depuis trois ans elle soit dans un endroit où nulle substance
minérale ne peut tomber et s'accumuler entre ses feuilles. Les
détritus organiques qu'elle avait recueillis dans la forêt ont suffi à
eux seuls pour la nourrir jusqu'à présent.
242 GC. PICADO.
Ces détritus, formés surtout par des débris végétaux, renferment
aussi des substances animales: SCHIMPER, LuTz, etc. ont en ellet
signalé la présence d’un grand nombre de cadavres d’Insectes parmi
les détritus retenus par ces plantes.
De mon côté, j'ai observé le phénomène suivant : au moment où
les Broméliacées épiphytes vont fleurir, il se produit à la base des
feuilles les plus internes une sécrétion gommeuse bien connue des
éleveurs de Broméliacées. Léon Duvaz (Les Broméliacées, pag. 88),
à propos des Billbergia, dit: « certaines espèces ont aussi l’inconvé-
nient d'attirer les Pucerons, qui descendent dans l'intérieur du tube
formé par les feuilles pour y sucer à leur aise la matière gommeuse,
légèrement sucrée, que secrètent leurs fleurs. Celles-ci sortent, déjà
envahies par ces Insectes ».
D'ailleurs si la plante est blessée, cette gomme coule abondamment;
puis elle se solidifie, jusqu’à acquérir une consistance gélatineuse.
On trouve fréquemment, englués dans cette gomme, des animaux
phytophages (Coléoptères, Acariens, larves d'Hémiptères, etc.) et
aussi d’autres animaux non phytophages, mais qui vivent norma-
lement dans l’eau des Broméliacées : Culicides, Chironomides, etc.
Une fois engluës, les animaux, restent prisonniers et meurent;
finalement, entraînés avec la gomme qui les enrobe, ils tombent
parmi les détritus retenus par la plante. Ces animaux, ainsi inclus
dans une masse de gomme rappellent assez bien l'aspect de
ceux que l’on trouve dans l’ambre, avec cette différence que la
gomme n'est qu'un enrobage temporaire, car elle se décompose rapi-
dement.
Cette décomposition de la gomme n’entraîne pas la putréfaction
des détritus animaux. Mais s'il n’y a pas putréfaction des détritus,
ceux-ci sont néanmoins soumis à un travail de décomposition,
puisqu'ils sont bientôt réduits en une sorte de boue cellulosique, à la
manière d'une tourbe. En particulier, il ne reste des Insectes que
des fragments de squelettes chitineux.
La gomme ne contribuerait-elle pas à cette décomposition, en
provoquant le dédoublement des substances organiques ? Ou bien les
microbes interviendraient-ils seuls dans ce dédoublement ?
Élucider cette question revient à rechercher la cause pour laquelle
l’eau retenue entre les feuilles des Broméliacées épiphytes est
toujours si pure; cela revient par conséquent à étudier le procédé
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 243
grâce auquel la plante utilise les détritus organiques, végétaux ou
animaux. Cela revient, d’une façon plus générale, à étudier la
nutrition de ces plantes. Les substances d’origine minérale leur sont-
elles nécessaires ? Que retirent-elles des cadavres d’animaux ? La
plante elle-même joue-t-elle un rôle actif dans ces phénomènes ?
Pour tâcher d'analyser les phénomènes relatifs à la décomposition
et l'absorption des détritus, j'ai institué une série d'expériences. Les
unes ont eu pour objet l'absorption des substances minérales, les
autres celle des substances organiques.
1° Absorption des substances minérales. — Les auteurs qu
se sont occupés de l'absorption des substances minérales par les
écailles foliaires des Broméliacées ont souvent utilisé, pour ces expé-
riences, des solutions très concentrées, jusqu'à être parfois toxiques
pour la plante. Ils constatent bien ainsi la pénétration des substances
minérales dans les feuilles, mais cela ne prouve nullement qu'il
existe un phénomène normal d'absorption, ayant pour effet la
nutrition de la plante.
Il convenait de reprendre ces expériences en employant toujours
des solutions diluées au lieu de solutions concentrées et des plantes
entières en bon état au lieu de feuilles coupées, ainsi que l'ont
pratiqué certains expérimentateurs. Par contre, je me suis moins
préoccupé du sort ultérieur des substances absorbées par les plantes ;
il nous importe davantage, en effet, de connaître les modifications
du liquide interfoliaire et de ses détritus que d'étudier les phéno-
mènes d'ordre purement physiologique, qui se passent au sein
des tissus de la plante.
Je coupe toutes les racines d'une Broméliacée et j’enduis les
surfaces de section avec de la paraffine fondue, de façon à éliminer
absolument toute absorption par ces surfaces.
Entre les feuilles de la plante ainsi préparée, après lavage soigneux
à l’eau distillée, je mets une quantité connue d’une solution donnée.
Pour activer l'absorption du liquide, je place la plante dans une
étuve sèche à 32° C. environ. Chaque jour, j'ajoute à la solution un
peu d’eau distillée, afin de maintenir une quantité de liquide à peu
près constante entre les feuilles. La plante est posée sur un flacon
(Fig. 13) destiné à recueillir le liquide qui peut s’écouler, afin de
pouvoir le verser à nouveau entre les feuilles de la plante en expé-
244 CG. PICADO.
rience et de maintenir ainsi sans aucune perte le poids initial
du sel.
FiG. 13. — Dispositif employé pour les expériences d'absorption chez les Bromé-
liacées épiphytes.
Au bout d'un temps donné, je retire le liquide d’entre les feuilles,
je le mesure et je cherche dans ce liquide le sel qui y est dissout ; je
ne le considère comme absorbé que lorsque je n’en puis décéler
aucune trace.
Pour rendre pratique l'emploi de solutions extrêmement diluées,
arrivant même pas à la concentration isotonique des cellules de la
Broméliacée, diverses précautions sont nécessaires : on essaye, avec
les réactifs préparés pour les recherches subséquentes, une solution
du corps en expérience ; on dilue peu à peu cette solution jusqu'au
moment où la réaction caractéristique devient douteuse. Une fois
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 245
connu ce « point critique », qui varie toujours avec la nature des
réactifs, on prépare une solution à un titre de concentration au
moins deux fois plus élevé; c’est cette solution que l’on emploie
pour l'expérience. On prend garde, en outre, que la quantité {otale
du liquide retiré de la Broméliacée à la fin de l'expérience ne soit
pas plus considérable que la quantité initiale.
Afin de se rendre compte si la substance chimique a subi des trans-
formations pendant l'expérience, il faut rechercher non seulement
cette substance, mais aussi les corps auxquels elle aurait pu donner
naissance.
J'ai toujours mis dans la même étuve un tube témoin renfermant
une certaine quantité de la solution qui a été versée entre les
feuilles de la Broméliacée. Dans ce tube on peut suivre les diverses
altérations chimiques qu'aurait pu subir la solution employée.
Si, dans ces conditions, je ne trouve à la fin de l'expérience ni la
substance qu'on à employée ni aucun corps qui puissse en dériver,
je conclus que cette substance a été totalement absorbée par la
plante.
Ce procédé d'élimination absolue du corps en expérience écarte
toutes les causes d'erreur provenant du dosage et il permet
d'employer des solutions si faibles que les phénomènes d'absorption
se rapprochent évidemment de ceux qui doivent se passer sponta-
nément dans les Broméliacées en pleine végétation.
Que les Broméliacées épiphytes absorbent les substances miné-
rales, c’est un fait acquis ; toutefois il restait à démontrer que cette
absorption est le procédé habituel de nutrition de la plante.
J'ai donc utilisé pour mes expériences le liquide de Knop qui suffit,
à lui seul, à la nutrition de la presque totalité des Phanérogames.
J'ai tout d’abord pris l’une après l’autre les diverses substances
qui rentrent dans la composition de ce liquide pour m'assurer que
chacune d'elles était absorbable par la plante en expérience et j'ai pu
constater cette absorption. Je n’entrerai pas dans les détails de ces
expériences partielles, me contentant d'indiquer le procédé mis en
œuvre, en prenant comme exemple la solution de chlorure de
potassium.
On met entre les feuilles d’une petite T'#llandsia, préparée de la
manière que j'ai précédemment indiquée, 20 centimètres cubes d’une
solution de chlorure de potassium à 1/5.000, c'est-à-dire d’une
246 C. PICADO.
concentration double de celle qui permet de déceler la présence du
sel à l’aide de mon réactif, sel qui me donnait, en elfet, un précipité
très net pour une solution à 1/10.000.
On place la plante dans l’étuve sèche, on ajoute de l'eau distillée
chaque jour. Au bout de trois jours, on retire ce qui reste de liquide
entre les feuilles de la plante, on lave ces feuilles à l’eau distillée, on
ajoute cette eau de lavage au liquide retiré, jusqu'à concurrence de
20 centimètres cubes de liquide, c’est-à-dire la quantité initiale : le
liquide ainsi obtenu ne renferme aucune trace de chlorure de
potassium.
Je soumets alors le liquide à l’évaporation et, quandil est réduit au
quart de son volume, j'ajoute à nouveau du réactif; aucun précipité
ne se produit. Le chlorure de potassium a donc été totalement
absorbé.
Le même procédé appliqué à tous les autres sels du liquide de
Knop, n’a fourni, pour tous, le même résultat.
20 Absorption des substances organiques. — J'ai mis en évidence
les faits suivants :
La gomme provenant du lavage des jeunes inflorescences de
Tillandsia possède un double pouvoir diastasique :
1° Elle transforme l’empois d’amidon en glucose ;
2 Elle transforme les albuminoïdes en peptones et acides amidés.
L'analyse de cette gomme, que M. Micaup a bien voulu faire sur
ma demande, montre qu’elle est composée par
BassoniTee s LAS REC CRSMR Er A SEAT LR
Arabine et substances solubles diverses... EUR
La gomme se gonfle considérablement dans l’eau grâce à la
bassorine qu’elle renferme (1).
Pour savoir si la gomme possède par elle-même un pouvoir amyloli-
(1) Cette gomme est capable de fermenter et elle dégage alors une odeur forte et
agréable due à la présence d'éthers volatiles. Un ou plusieurs acides se produisent
pendant la fermentation et la gomme devient fortement antiseptique. M. MicHAUD, qui
a fait l'expérience, n'a pas pu déterminer la nature de ces acides, car la quantité de
gomme que je lui ai donné était insuffisante, La gomme fraîche ne donne pas de
réaction acide.
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 247
tique etun pouvoir peptonifiant, j'ai institué les expériences que voici :
Pour la recherche de l’amylase, j'ai employé de l’'empois d’amidon
liquide venant d’être bouilli et l’eau de lavage des inflorescences ;
l’adjonction de fluorure de sodium empèchait toute action micro-
bienne du même ordre. J'ai recherché les sucres au moyen de la
liqueur de Fehling, l’amidon et les dextrines au moyen de l’eau
iodée.
Je prépare une série de cinq tubes :
A. Reçoit 10 cc% du liquide à examiner additionné de 1°}, de
FINa ; on ajoute 20 gouttes d’empois d'amidon liquide.
B. Même substance, plus une goutte d'acide chlorhydrique.
C. Mêèmes substances, plus une goutte de lessive de soude caus-
tique.
D. Reçoit 10 ce d’eau quelconque renfermant de nombreux
microbes, plus 20 gouttes d’empois d’amidon liquide sans
aucune addition de fluorure de sodium.
2€
E. Reçoit 10 ce* d’eau distillée; 20 gouttes d’empois d’amidon,
une goutte de HCI et 1°/, de FINa.
Ces tubes sont placés à l’étuve à une température de 40° C. environ.
Au bout de 4 jours, l'analyse donne pour chacun les résultats
suivants :
À précipite par la liqueur de Fehling ; avec l’iode, il donne une
coloration violette.
B précipite par Fehling, mais plus faiblement que A; l’iode le
colore en violet.
C ne donne pas de précipité par Febhling, l’iode le colore en bleu.
D pas de précipité par Fehling, l’iode colore en noir.
E ne donne pas de précipité par Fehling, l’iode le colore en bleu.
Le tube À est celui qui donne, par la liqueur de Fehling, le
précipilé le plus abondant, il a donc été le siège d’une abondante
formation de sucre; l’iode le colore en violet, ce qui indique que
l'amidon qui n’a pas été transformé en sucre s’est transformé en
dextrines. Pour B il en est de même, sauf que la quantité de sucre
est moindre. C est resté intact. Dans le tube D, où seuls les
microbes avaient pu agir, il n’y a eu ni formation de sucre ni de
dextrines, mais une simple putréfaction. Dans le tube E, où seules
18
248 C. PICADO.
les substances chimiques (acide chlorhydrique et fluorure de
sodium) pouvaient être actives, l'empois d’amidon est resté intact, la
formation de sucre n’était done due ni à l’action microbienne ni
aux substances chimiques employées.
Dans un tube ne renfermant que de l’empois d’amidon, et
abandonné à lui-même dans l’étuve, il ne se produit aucune trans-
formation en sucre. Le liquide gommeux chauffé au bain-marie
pendant 10 minutes à 70 — 75° C perd la propriété de transformer
l’empois d’amidon en sucre. Il s’en suit que la gomme des Bromé-
liacées épiphytes renferme une amylase pouvant agir fortement en
milieu neutre et faiblement milieu acide.
Pour la recherche d’une diastase peptonisante, j'ai pratiqué des
digestions #x vitro semblables à celles que je viens d'indiquer pour la
recherche de l’amylase.
J'ai considéré comme une digestion les dédoublements de l’oval-
bumine jusqu’à formation de peptones. On sait que quand on fait une
digestion #x vitro, les dédoublements se produisent lentement ;
mais si ces dédoublements n’aboutissent pas jusqu'aux peptones, c’est
que la digestion est incomplète; quand on cherche les peptones, il
faut donc éliminer au préalable tous les corps intermédiaires entre
l’'ovalbumine et la peptone qui en peut dériver.
Les corps qui peuvent se former au cours d’une digestion
artificielle sont : albuminoïdes coagulables par la chaleur, alcalial-
bumines, acidalbumines, albumoses et peptones. Comme la coexis-
tence de ces corps est possible, il faut les éliminer l'un après l’autre,
quand on veut chercher les peptones dans un liquide en digestion.
Si, après l'élimination consécutive des albuminoïdes coagulables, des
alcalialbumines, des acidalbumines et des albumoses le liquide
primitif donne encore les réactions des albuminoïdes, c'est que la
digestion s’est produite.
J'ai effectué, d'après le conseil de M. le D' Emile GuyENoT, les
opérations successives suivantes :
1° On chauffe le liquide à 100° C. pour coaguler les albuminoïdes
dissous.
2 On filtre et on neutralise le liquide: les acidalbumines et
alcalialbumines sont précipitées.
3° On filtre et on sature à chaud avec le sulfate d’ammonium, on
filtre et on sature encore une fois, après avoir acidulé le liquide, on
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 249
filtre et on sature à nouveau après alcalinisation du liquide filtré ;
les albumoses sont ainsi éliminées.
4° On recherche les peptones, au moyen de la réaction du biuret,
dans le liquide ainsi dépuré.
A cet effet, j'ai utilisé, ici encore, des séries de cinq tubes :
A. Reçoit 10 ce? de l'eau de lavage des inflorescences, 2 cc
d'ovalbumine filtrée, légèrement diluée dans l’eau, plus 1 °/, de
fluorure de sodium (12 centig.).
B. Mêmes substances que A, plus, une goutte d’acide chlorhy-
drique dilué.
C. Mêmes substances que À, plus, une goutte d’une lessive faible
de soude caustique.
D. On remplace le liquide provenant des Broméliacées par de
l’eau ordinaire, le reste comme A.
E. Même composition que À, mais on chaulle le liquide au bain-
marie pendant 10 minutes, à une température de 70-75° C.
Lorsque les tubes ont séjourné 48 heures à l’étuve à 40° C. l’ana-
lyse donne :
A. précipite par la chaleur et par le sulfate d’ammonium en
milieu neutre et alcalin; la réaction du biuret est positive après
filtration. Il y a donc dans le tube tous les états d’une digestion
complète.
B. précipite aussi par la chaleur et le sulfate d’ammonium; la
réaction du biuret est aussi positive, mais moins intense.
C. ne précipite ni par la chaleur ni par le sulfate d'ammonium en
milieu neutre ni acide, mais par le sulfate d’ammonium en milieu
alcalin ; la réaction du biuret est au contraire très nette, c’est-à-dire
que la réaction se produit mieux en milieu alcalin.
Par contre, les tubes D et E ne donnent pas la réaction du biuret.
La digestion ne s’est donc pas effectuée.
Ces derniers résultats négatifs relévent de causes différentes pour
chaqué tube: le tube D servait seulement à contrôler la valeur
antiseptique du contenu ; le tube est démeuré intact. Quant au tube
E, qui avait été chauffé à 70-75° C., l'absence de digestion provient
de la destruction de la diastase par la chaleur. Je me crois donc
autorisé à conclure que la gomme des Broméliacées épiphytes
renferme une trypsine agissant avec intensité en milieu alcalin,
250 C. PICADO.
mais aussi, quoique d’une manière moins intense, en milieu neutre
ou même faiblement acide.
Ce double pouvoir amylolitique et peptonisant de la gomme des
Broméliacées ne doit pas nous surprendre, car tel est le cas de la
plupart des gommes, de la gomme arabique en particulier ; or la
gomme des Broméliacées renferme presque un quart d'arabine.
Il était bon cependant d'appuyer cette conclusion par quelques
recherches de contrôle.
Je n’ai pu réussir à faire filtrer le liquide gommeux à travers une
bougie de porcelaine. C’eût été, cependant, le meilleur moyen de
nous assurer que les digestions ne résultent pas de l’activité micro-
bienne mais qu'elles sont dues aux diastases de la gomme elle-même.
Quant à la précipitation des diastases, il n’y fallait pas songer.
J'ai donc utilisé, sur le conseil de M. G. BERTRAND, un autre
procédé: suivre la formation des acides amidés en fonction du
temps.
Si les acides amidés augmentent d’une manière continue pendant
la digestion artificielle, c’est que celle-ci est réalisée par les Microbes,
qui, eux aussi, se multiplient d’une manière continue. Si, au
contraire, la production de ces acides se ralentit, puis s'arrête, c’est
qu'il s’agit d’une diastase soluble, car les produits formés par
l’action d’une diastase finissent par empêcher cette action, s’ils ne
sont pas éliminés au fur et à mesure de leur production. Le dosage
de ces acides a été fait par le procédé de Sürensen.
Voici à titre d'exemple l’une des digestions que j'ai suivies :
Dans un récipient, je verse le liquide du lavage des inflorescenses
ainsi que de l’albumine liquide, le tout additionné de 1°}, de fluorure
de sodium. Le mélange est mis au bain-marie dans une étuve à
39° C. environ; 48 heures plus tard, je fais le dosage des acides
amidés formés. À cet elfet, je prends 10 ec* du liquide à essayer,
j'ajoute un volume égal du mélange habituel d'alcool, de formol et
phtaléine ; il est alors nécessaire d’ajouter, pour obtenir la coloration
rose, qui indique le moment où le liquide est neutre, un cc d’une
lessive de soude à 1/2 °j,. La neutralisation est obtenue avec la même
quantité de la même lessive, 24 heures plus tard. Si le liquide est
abandonné à lui-même pendant 3 jours encore, la neutralisalion
s'obtient toujours dans les mêmes conditions.
Au contraire, dans le tube témoin, renfermant le même liquide
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 25]
moins le fluorure de sodium, la neutralisation demande chaque fois
une dose plus considérable de réactif.
Nous pouvons done conclure que la digestion, dans les condi-
tions de l'expérience, n’a rien à voir avec l’activité de Microbes
vivants.
Mais une autre question se pose :
Le pouvoir diastasique appartient-il à la Broméliacée même, ou
ne serait-il pas emprunté aux sécrétions des Microbes qui cultivent
constamment dans les gommes ?
Pour élucider ce point, le meilleur moyen serait de faire germer
en milieu stérile les graines de ces plantes et de les cultiver d’une
façon aseptique jusqu'à la production de la gomme; mais une telle
culture, devant durer un an au moins, est entourée des plus grandes
difficultés.
D'ailleurs, il importe peu que la gomme tire son pouvoir diasta-
sique de la plante ou des Microbes, l'essentiel étant de savoir si les
produits de dédoublement des substances azotées, tels les cadavres
d’Insectes ou autres, tombés entre les feuilles de la plante sont
digérés et absorbés par celle-cr.
Une troisième question se pose alors, celle de savoir sous quelle
forme les Broméliacées utilisent les produits de dédoublement des
substances organiques effectués entre leurs feuilles.
Pour résoudre cette question, je place entre les feuilles d’une
Broméliacée une solution de peptone, c’est-à-dire l’un des produits
possibles du dédoublement des albuminoïdes. En faisant compara-
tivement l'analyse du liquide introduit dans la Broméliacée et du
liquide de même provenance placé dans un tube témoin on obtient
les résultats suivants :
a) Au bout de 48 heures, le tube témoin présente encore les
réactions caractéristiques des peptones et renferme peu d'acides
amidés, tandis que le liquide retiré de la Broméliacée ne renferme
plus aucune trace de peptone et, au contraire, des acides amidés en
quantité double de celle du tube témoin.
b) Le troisième jour, les acides amidés ont presque complé-
tement disparu de l’eau de la plante, tandis qu’ils augmentent dans le
tube témoin.
c) Le quatrième jour, on ne trouve dans le liquide de la plante ni
acides amidés, ni aucune autre substance azotée.
252 C. PICADO.
Tout a donc été absorbé, et c’est sous la forme d'acides amidés que
les substances protéiques passent dans les Broméliacées épiphytes.
Si nous nous rappelons que toutes les plantes sont capables
d'absorber les composés organiques, soit par leurs racines, soit
mème par leurs feuilles, nous concluerons que le phénomène
présenté par les Broméliacées n’est nullement en désaccord avec les
phénomènes manifestés par d’autres végétaux.
Il est bien certain que n'importe quelle feuille mise en présence
d'une solution d'acides amidés peut absorber une certaine quantité de
cette solution; mais ce qui est particulier aux Broméliacées épi-
phytes, c’est que, pour ces plantes seules, l'absorption des diverses
substances retenues par les feuilles est le mode principal de nutrition.
Ces considérations nous amènent directement à la question des
plantes insectivores, que l’on croit jugée aujourd'hui. Bien des
naturalistes disent qu'il n’y a pas de plantes insectivores, pour cette
raison que si des plantes absorbaient des substances azotées par les
feuilles, ce ne serait qu'un mode accessoire de nutrition, car elles
tirent habituellement du sol, par leurs racines, les substances
azotées nécessaires à leur développement.
Rappelons-nous, cependant, que les animaux appartenant au
groupe des carnivores devraient, alors, pour être considérés comme
tels, se nourrir exclusivement de chair, alors que, pour beaucoup
d’entre eux, ce régime est en réalité secondaire, sans que, pour
cela ils cessent néanmoins d’être carnivores.
L’objection ne porterait cependant pas, d’une manière directe, sur
les Broméliacées épiphytes, puisque leurs racines ne joueraient
aucun rôle absorbant et que, seules, les feuilles absorberaient les
substances nutritives (SCHIMPER).
Ce mode de fonctionnement des feuilles ne constitue pas une
exception ; 11 se retrouve en bien d’autres cas. Je rappellerai, par
exemple, diverses Hydroptéridées, qui n'ont d’autres racines absor-
bantes que des feuilles modifiées.
En tout cas, 1l serait plus légitime de considérer comme insectivores
les Broméliacées épiphytes plutôt que bien d’autres plantes, qui sont
actuellement encore considérées comme telles ; trois raisons nous
renforcent dans cette idée : |
1° Un grand nombre d'animaux phytophages s’attaquant aux Bro-
méliacées sont englués par la gomme sécrétée par ces plantes et y
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 253
périssent, phénomène qui ne se produit qu'exceptionnellement avec
les autres plantes dites insectivores.
2° La sécrétion gommeuse possédant des propriétés diastasiques,
digère les cadavres d'animaux.
3° Tandis que les Nepenthes, Sarracenia et autres plantes asci-
difères ne possédent d'urnes que d’une façon inconstante et ne
peuvent par conséquent subsister par leur seul intermédiaire, les
Broméliacées épiphytes, au contraire, renferment d'une façon
constante entre leurs feuilles un dépôt considérable de détritus qui
les maintiennent vivantes, sans aucun autre secours, pendant une
période pouvant atteindre dix ans.
Cela ne veut évidemment pas dire que la seule source d'azote
pour ces plantes soit constituée par les détritus qu'elles retiennent,
et il existe vraisemblablement d’autres moyens d'absorption des
substances azotées Lout comme pour n'importe quel végétal.
CHAPITRE III.
LE MILIEU BROMÉELIEN
A. — Constitution du Milieu.
Les faits établis dans le précédent chapitre nous permettent de
marquer les traits caractéristiques des Broméliacées épiphytes
considérées comme un milieu biologique.
Au point de vue que nous envisageons ici, une Broméliacée épi-
phyte peut-être comparée à deux cônes emboités l’un dans l’autre :
l'un périphérique, formé par les vieilles feuilles mal emboitées les
unes dans les autres, et un autre central, le cœur des floriculteurs,
formé par l’ensemble des feuilles vivantes bien emboitées. Cette
partie seule est capable de retenir de l’eau (Fig. 14).
La partie extérieure ne renferme plus d'eau, soit qu'elle la laisse
échapper, soit que l'extrémité des feuilles centrales, formant une
espèce de toit, aient empêché l’eau d'y tomber.
Dans les vieux pieds de Broméliacées, entre le cône central,
l'aquarium, et la paroi externe de la partie périphérique, le terra-
ri, il ne persiste guère de feuilles, sinon la base de quelques-unes
254 C. PICADO.
d’entre elles, qui ne suffisent pas à décomposer la cuvette périphé-
rique en compartiments indépendants. Cette cuvette forme donc un
FiG. 44, — Broméliacées avec les feuilles coupées pour montrer la forme de
vases de l'aquarium central.
tout continu. Elle est comblée par les sédiments abandonnés par l’eau
que retenaient précédemment ces feuilles. À ce dépôt s'ajoutent des
fragments de feuilles mortes, qui s’entassent en nombre assez grand
pour arrêter les rayons lumineux. L'ensemble conserve une humidité
constante. Les matériaux constituant le {errarium se décomposent
lentement et finissent par former une véritable terre noire.
Quant à l'aquarium, 1 est au contraire fractionné en une série de
petits compartiments secondaires, ne communiquant pas entre eux,
de manière que le niveau de l'eau peut être différent dans chacun.
Cette partie de la Broméliacée est celle qui est vraiment vivante.
Le terrarium, aussi bien que l'aquarium constituent des habitats
d’une nature fort particulière (1). Et c'est là le point sur lequel je
dois maintenant insister.
Les Broméliacées épiphytes, en effet, ont été considérées, jusqu'à
maintenant, comme de simples réservoirs recueillant de l'eau de
(1) Lurz est le premier qui ait noté cette double constitution : aquarium et terrarium
mais sans y insister.
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 259
pluie et des poussières. Si telle était la nature des mares formées
entre les feuilles de ces plantes, elle différeraient, tout de même,
très sensiblement des mares terrestres, tant par leurs dimensions
réduites et la pureté de leur eau que par leur situation sur les
branches, à plus de 50 mêtres de hauteur, dans des conditions
d’éclairement maximum. C’est, en effet, une conséquence de la vie
épiphyte de placer en pleine lumière des plantes de dimensions
réduites.
Mais ce n’est pas tout, et il faut encore tenir compte de certaines
conditions, propres à ce milieu, et qui ont été jusqu'ici négligées.
L'eau recueillie par ces plantes n’est pas seulement de l’eau de
pluie, c’est surtout de l’eau provenant de la condensation, quotidienne
et sur place, de l’eau atmosphérique. De la sorte, les Broméliacées
contiennent de l’eau, même pendant la saison sèche, alors que les
mares terrestres sont desséchées. La quantité d’eau retenue entre
les feuilles d’une de ces plantes peut atteindre une vingtaine de
litres.
Les détritus qui tombent entre les feuilles sont aussi en quantité
considérable ; ils ne pourrissent pas, mais au bout d’un certain
temps, ceux qui ne sont pas absorbés se transforment en une
substance légère, de couleur brune, rappelant la tourbe nouvelle-
ment formée.
Les notions acquises dans le chapitre précédent sur le pouvoir
absorbant des feuilles des Broméliacées épiphytes, sur la digestion à
laquelle sont soumis les détritus retenus par ces plantes et sur la
forme sous laquelle ces détritus sont absorbés nous permettent de
comprendre l’absence de putréfaction dans les mares broméliennes :
les feuilles réalisent un dialyseur qui laisse passer tous les produits
pouvant nuire à la pureté de l’eau. Je rappellerai ici qu'il suffit de
mettre dans un bocal une quantité de détritus et de l’eau provenant
des mêmes plantes pour que la putréfaction se produise bientôt.
C'est même ce qui avait suggéré à Lurz l’idée que ces plantes
sécrétaient un acide s’opposant à la putréfaction. Il suffit, d’ailleurs,
pour l'empêcher, de plonger dans cette eau quelques feuilles fraiches
de Broméliacée.
J'ai vainement essayé de décéler la présence des acides dans cette
eau ; cependant l’idée de Lurz n'est pas complétement inexacte, car
lorsque la gomme sécrétée par ces plantes est ex état de fermen-
tation, elle devient, comme je l'ai déjà indiqué, fortement antisep-
256 GC. PICADO.
tique. La putlréfaction ne se produit donc qu'accidentellement
dans les mares broméliennes.
Les phénomènes qui s’accomplissent au sein des Broméliacées
doivent être rapprochés de ceux qui aboutissent à la formation de la
tourbe, pour ce qui est de la substance brune des mares bromé-
liennes, et à la formation de l’humus, pour ce qui est de la
décomposition des détritus périphériques dans le terrarium.
La production de la tourbe, en effet, n’a lieu que si la décompo-
sition des végétaux se produit très lentement et s'effectue sous une
eau constamment et lentement renouvelée ; c’est ainsi que dans les
terrains imperméables, il n'existe pas de tourbières; on n'en
rencontre que dans les terrains très perméables, livrant passage
facile à l’eau, qui entraîne les produits solubles de décomposition.
De plus, la tourbe ne peut se former que dans de l’eau très limpide :
les eaux vaseuses, les eaux chargées de calcaire sont mpropres à
la formation de la tourbe. À défaut d’un dépôt d’eau, une très
grande et constante humidité, de même qu'une température assez
douce peuvent suffire à sa formation.
Un ensemble de conditions très analogues est réalisé par les
Broméliacées épiphytes : Le climat où poussent ces plantes étant très
doux, l’eau de leurs mares étant très pure, puisque tous les produits
solubles sont constamment et lentement éliminés par absorption, la
décomposition des détritus se produit dans des conditions très
analogues à celles qui conduisent à la formation des tourbières.
Quant à l’humus, il ne résulte pas généralement d’une décompo-
sition sous l’eau et il peut se constituer sans que les produits de
décomposition soient éliminés. Dans la partie périphérique d’une
Broméliacée épiphyte, le {errarium, des phénomènes semblables se
produisent, avec cette différence que les substances qui se trouvent
dans le terrarium ont été en partie débarrassées des sels et des
quelques substances organiques absorbées par les écailles des
feuilles de la Broméliacée.
La figure 15 donne une idée de la constitution du {errarium et
des mares chez une Broméliacée. |
La coupe sagittale montre le terrarium limité par les feuilles
périphériques mortes, que le dessin représente en blanc. La partie
centrale, constituée par des feuilles vivantes représentées en noir,
montre les divers dépôts d'eau dont l’ensemble constitue l'aquarium ;
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 257
on remarquera que l’eau de ces divers dépôts n’esl pas au même
niveau.
Au fond de chacun des godets formés par les feuilles sont
accumulés des détritus variés.
Le schéma À montre, en projection horizontale, le mode de
fractionnement de l'aqguaruum : la paroi externe de chaque godet
est formée invariablement par une seule feuille. Ce même schéma
montre le {errarium formant un anneau autour de l'aquarium el
englobant les vieilles feuilles à peu près mortes.
FiG. 15. — Constitution du milieu bromélien; A représente en projection
horizontale et B en coupe sagittale une Broméliacée épiphyte typique.
Cette division si nette en deux parties, la continuité du {errarium
et le fractionnement de l'aquarium correspondent au cas général.
Mais :l peut se faire, soit que les feuilles périphériques ne se désa-
grègent pas complètement, et le {errarium est alors plus ou moins
fractionné, soit que quelques-uns des godets communiquent entre
eux. Mais, en principe, le {errarium est continu, l'aquarium frac-
tionné. Cette continuité comme ce fractionnement ont une grande
258 C. PICADO.
importance au point de vue du déplacement des animaux qui
peuplent les Broméliacées épiphytes.
Ainsi, par l'ensemble de leurs caractères, les Broméliacées épi-
phytes s'écartent absolument de toutes les autres plantes-réservoir.
Exception faite des Heliconia et de quelques autres plantes
américaines, dont les bractées florales sont capables de retenir
temporairement une certaine quantité d’eau, les seules plantes
d'Amérique comparables par leur forme aux Broméliacées épiphytes
sont les Broméliacées terrestres et les Agavées. Mais s’il est vrai que
ces plantes sont capables de retenir une certaine quantité d’eau,
cette quantité est tout à fait infime ; leurs feuilles sont très écartées
à leur base, celle-ci étant souvent cylindrique: les Broméliacées
terrestres et les Agavées n'ont
jamais de feuilles en cornet.
Quant aux Musacées, ca-
pables celles-ci de retenir de
grandes quantités d’eau, leur
gaine foliaire étant haute de
plusieurs mètres et les espaces
qui les séparent étant presque
virtuels, les poussières qui.
flottent dans l'air ne sont point
retenues par ces plantes. Or
la présence de détritus à une
importance énorme ; ils cons-
tituent, en effet, la nourriture
des organismes saprophages,
FiG. 16. — Principales dispositions des et c'est gràce à la présence de
feuilles des plantes réservoir d'Amé- ces derniers que peut se déve-
rique ; A, Broméliacées épiphytes, lopper la faune si variée des
feuilles en cornet ; B, Broméliacées Broméliacées épiphytes. La
terrestres C, Agavées; D, Musacées ;
E, Broméliacées épiphytes, feuilles en fig. 16 donne une idée des
cuiller. principales feuilles des plan-
tes-réservoir d'Amérique.
La constitution de la boue formée par les détritus tombés dans les
dépôts d’eau des Broméliacées épiphytes (cellulose presque pure)
marque, d'autre part, une différence avec les mares terrestres dans
lesquelles cette boue cellulosique manque absolument. |
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 259
Si nous tenons compte maintenant de la grande surface occupée
par les forêts dans l'Amérique intertropicale et de la grande quantité
des Broméliacées fixées sur les arbres, nous concevrons que
l'ensemble des Broméliacées épiphytes parvient à former un immense
marécage, l’un des plus grands du monde, mais marécage fractionné
réparti dans les divers points de cette région.
Outre les conditions propres aux mares, les Broméliacées épiphytes
remplissent des conditions de nourriture, d'humidité, d’éclairement
qui leur sont tout à fait spéciales et dont l’ensemble n'existe nulle
part ailleurs.
C’est cet ensemble de conditions qui maintient dans ces plantes la
faune peut-être la plus variée pour un milieu bien déterminé et
correspondant à un espace si réduit ; on y trouve en effet:
Batraciens anoures et urodèles — Divers Oligochètes —
Hirudinés — Turbellariës — (Gastéropodes — Onychophores —
Ostracodes — Copépodes — Isopodes — Myriapodes — Acariens
— Aranéides — Phalangides — Pseudoscorpionides -— Scorpionides
— Culicidæ, Chironomidæ, Tipulidæ et beaucoup d’autres larves
de Diptères — Odonates — Lépidoptères — Trychoptères —
Thysanoptères — Forficulides — Blattides — Mantides — Divers
Coléoptères — Formicides — Hémiptères — Thysanoures — Roti-
fères — et différents Protistes.
Nous voyons donc que presque tous les groupes habitant norma-
lement les mares terrestres ont des représentants parmi la faune
bromélicole et qu'à ces groupes s'ajoutent un grand nombre d’autres
animaux nhabitant jamais les mares, mais qui trouvent des
conditions favorables dans les Broméliacées épiphytes.
Plusieurs générations d'animaux peuvent se succéder dans une
même plante, sans que jamais aucun des individus qui les composent
sorte de la Broméliacée ; ils y trouvent toutes les conditions favorables
à leur développement.
B. — Principaux rapports entre les Broméliacées
et leur Faune.
Il convient maintenant de rechercher les rapports essentiels qui
existent entre la faune bromélicole et le milieu bromélien. Nous
pourrons ainsi comprendre à la fois le rèle des Broméliacées dans la
constitution de la faune d’une contrée dounée, c’est-à-dire leur rôle
260 C. PICADO.
dans la dispersion géographique des espèces, ainsi que les principales
conséquences qui résultent pour les animaux de la vie dans ces plantes.
La premiére question à envisager est sans aucun doute le rôle
joué par les Broméliacées épiphytes dans la dispersion géographique
des animaux.
Les mares broméliennes, en effet, situées dans des localités et
même dans des régions relativement vastes dépourvues de mares
terrestres, arrivent à suppléer ces dernières. Les animaux purement
aquatiques y trouvant un milieu favorable à leur développement,
persistent et se multiplient dans ces régions d’où l’absence de mares
les aurait chassés.
C’est ainsi, par exemple, que les Rainettes y trouveraient l’eau
nécessaire au développement de leurs œufs. Il en est de même pour
les Insectes à larves aquatiques. D’autres animaux sont aquicoles
pendant toute leur vie, tels les Copépodes, Ostracodes, Hirudinées,
certains Oligochètes, Planaires aquatiques, Rotifères, Infusoires.
Une autre conséquence est due à la permanence des mares bromé-
liennes pendant toute l’année, et pendant des saisons où les mares
terrestres ou leurs analogues seraient desséchées.
Cette permanence entraine, en effet, pour les animaux à larves
aquatiques bromélicoles, la suppression de toute époque fixe de ponte,
fixité qui existe normalement chez les animaux qui pondent dans les
mares temporaires. Aux différentes époques de l’année, on trouve
dans les mares broméliennes des larves de tout âge, telles par
exemple des larves de Culicides, de Chironomides, de Tipules,
d’Odonates et de Coléoptères. Il s’agit bien évidemment ici d’une
adaptation aux conditions spéciales des Broméliacées.
On peut objecter à celte manière de voir le fait que divers Insectes
tropicaux à larves aquatique, n’habitant jamais les Broméliacées,
n'ont pas davantage une époque de ponte déterminée et se repro-
duisent pendant toute l’année. Pour répondre à cette objection, il
suffira de rappeler que ces Insectes ont certains moyens d'adaptation
à la sécherese: c’est ainsi que les Culicides et beaucoup d’autres
Diptères pondent dans des cavités complètement sèches, mais qui
peuvent éventuellement se remplir d’eau: cavités des troncs des
arbres, bractées des plantes, urnes des plantes ascidifères etc., ete.
Les œufs supportent la sécheresse pendant de longues périodes,
mais se développent aussitôt que la cavité est remplie d’eau.
Les Insectes qui viennent pondre dans les cavités des branches,
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 261
urnes, etc. sont tous des animaux minuscules, dont les larves n’ont
besoin que d’un faible espace pour se déplacer. Ce sont en même
temps des animaux n'ayant pas besoin de grandes quantités de
nourriture pour subsister. Mais toutes les larves et en particulier les
larves d'Odonates ne peuvent se plier à de telles conditions et
celles-ei ont besoin d’une nourriture ahondante.
La pureté de l’eau des mares broméliennes présente une grande
importance au point de vue de la constitution de la faune bromélicole.
Des animaux ne pouvant vivre dans les petites mares, où la
putréfaction s'introduit, se développent normalement dans l'eau des
3roméliacées. Il est à remarquer d’ailleurs que si l’on veut élever
cess animaux (larves de Chironomides, Ostracodes, etc.) dans un
bocal, il faut toujours prendre la précaution d'introduire dans l’eau
quelques feuilles de Broméliacées.
Un certain nombre d'animaux bromélicoles ne nagent pas, tandis
que leurs congénères habitant les mares terrestres nagent très bien.
C’est ainsi que les larves de Chironomidæ n'ont pas les mouvements
en S caractéristiques de ces Insectes ; les Ostracodes ne nagent pas,
il en est de même pour une espèce de Planaire. Tous ces animaux
peuvent, par contre, ramper très facilement sur la surface des
feuilles des Broméliacées. Il est possible que ce mode de locomotion
soit une adaptation à la vie bromélicole.
Le fractionnement de l'aquarium en plusieurs petits dépôts
ne communiquant pas entre eux réalise une condition absolument
spéciale aux Broméliacées et dont les conséquences ne sont pas
négligeables pour certains animaux : on sait que, parmi les larves de
Culicides une grande partie d’entre elles se dévorent mutuellement
et tout particulièrement les larves de Mégarhines. Les Bromé-
liacées de Costa-Rica renferment très souvent des larves de Mega-
rhinus superbus KxaB (!); leur cannibalisme est extrème et l’on
n’en peut garder qu'une seule dans le même bocal; quand on met
plusieurs de ces larves dans le même bocal elles se jettent les unes
sur les autres; il n’en reste généralement qu'une seule vivante,
mais qui meurt le plus souvent peu après, à la suite des blessures
qu'elle a reçues.
(1) Gette larve avait été découverte par KNAB dans les Broméliacées épiphytes de
Panama.
262 C. PICADO.
Quand on défeuille une Broméliacée qui renferme plusieurs de ces
larves, on ne trouve généralement, dans chaque dépôt formé par une
feuille, qu'une seule larve de Megarhinus Superbus. Le fraction-
nement de l'aquarium des Broméliacées permet donc aux larves de
Mégarhines de se développer nombreuses dans un espace très réduit :
J'ai extrait d'une Broméliacée, ayant cinquante centimètres de
diamètre, une douzaine de ces larves. Jamais dans une mare terrestre
de mêmes dimensions un tel nombre de larves n'auraient persisté,
car elles se seraient entretuées.
Quoique aquatiques, les larves de Mégarhines présentent une
éthologie tout à fait comparable à celle des larves solitaires de
Olethreutes oblongana Hw., Myelois cribrella Hb. (Microlépi-
doptères), Larinus vittatus L. Balaninus nucum 1. (Coléoptères)
qui habitent les capitules de diverses plantes (Dipsacus, Carlina,
etc.). L'isolement de ces larves, étudié par Et. RaBaup (1911, 1912
et 1913) n’est dû à autre chose qu'à, « une séparation secondaire »,
les larves n'ayant aucun instinct qui détermine l'isolement; pour
les Mégarhines il en est de même: c’est ainsi que l’on peut trouver
parfois plus d’une larve par feuille ; l'isolement secondaire résultant
du cannibalisme.
Les arbres qui portent les Broméliacées sont exposés aux vents des
plus violentes tempêtes et les Broméliacées sont parfois renversées et
par conséquent privées d’eau. Les animaux bromélicoles supportent
ces dessications momentanées, d’ailleurs relatives et de courte durée,
grâce à leur résistance très marquée à l'asphyxie. Des dessications
temporaires sont aussi provoquées par les animaux phytophages
qui percent les feuilles des Broméliacées et déterminent l'écoulement
de l’eau qu'elles retiennent. H. Scorr note d’ailleurs que la faune
bromélicole est plus ou moins amphibie.
J'ai pratiqué un certain nombre d'expériences pour me rendre
compte dans quelle mesure ces animaux sont capables de résister
à l’asphyxie: une Sangsue, vivant rormalement sous l'eau, peut
vivre jusqu'à cinq jours à l’air, dans une chambre humide. Un
Elpidium résiste quatre jours dans les mêmes conditions et les
larves de Metriocnemus peuvent rester à sec pendant une semaine
entière.
Les glandes tégumentaires de la larve du Mongoma seraient,
d’après KEILIX (1913), une adaptation à la sécheresse.
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 263
Parmi les animaux bromélicoles, les uns possèdent des ventouses
ou des moyens de fixation équivalents; ils adhèrent alors aux
feuilles de la Broméliacée et cette adhérence empêche qu'ils soient
séparés de la plante quand celle-ci est secouée par le vent.
Une larve de Syrphide est particulièrement remarquable à cet
égard. On sait que les larves de Blepharoceridæ, possédant aussi
des ventouses, habitent normalement les torrents à courant très fort.
Elles se tiennent fortement collées aux pierres submergées grâce à
leurs ventouses ventrales.
Les larves à ventouses des Syrphidæ bromélicoles présenteraient
peut être un cas de convergence avec celles des Blepharoceridæ
habitant les torrents ; toutes deux résistant aux fortes secousses.
Les Broméliacées épiphytes réalisent encore une chambre humide
parfaite et les animaux hygrophiles s’y développent considérable-
ment.
On sait que les Planaires terrestres supportent si mal la dessication
que si on met l’une d’entre elles sur un morceau de bois sec, elle ne
peut s'éloigner du point de départ de plus d’un mêtre ; tel est le cas
des Rhynchodemus bromelicola DE BEAUcHAMP, espèce très com-
mune dans presque toutes les Aechimnea et Billbergia de la vallée
du Reventazoôn.
Ces animaux vivent normalement entre les feuilles mortes retenues
dans les espaces interfoliaires des Broméliacées ; on les trouve par
centaines ; ils pondent sur les feuilles vivantes et leurs œufs sont
disposés en forme de polygone, au voisinage immédiat de la surface
de l’eau.
L'obscurité qui règne dans le terrarium réalise une condition
adéquate aux animaux lucifuges. Les Onychophores, par exemple
sont à la fois attirés par l'humidité et violemment repoussés par la
lumière. Ils habitent normalement dans le bois pourri ou sous les
feuilles mortes ; le jour, ils s’y tiennent cachés, la nuit, au contraire,
ils chassent les Insectes dont ils se nourrissent. J'ai précisément
trouvé le Peripatus biolleyi Bouv. habitant le {errarium des
Broméliacées.
Un Crapaud arboricole, Gastrotheca coronatla STEs, se tient
caché sous les feuilles mortes retenues entre les feuilles de la
Broméliacée, pendant toute la journée ; le moindre rayon de lumière
19
264 CG. PICADO.
qui tombe sur lui le fait fuir immédiatement; la nuit, il devient très
actif, ses mouvements sont agiles et il se livre à la chasse.
Les Isopodes, vivant normalement dans les lieux humides et peu
éclairés, trouvent également dans le terrarium bromélien des condi-
tions favorables et ils s'y multiplient en nombreuses colonies. Il en
est de même pour un certain nombre de larves d'Insectes.
C. Origine et dissémination de la faune bromélicole.
Il n’est pas douteux qu'il existe effectivement une faune strictement
bromélicole et non pas une faune simplement constituée par des
animaux ne se trouvant dans ces plantes que par simple accident,
qu'il s'agisse d'animaux sédentaires, d’'Insectes ailés et autres
animaux plus ou moins vagabonds. Cela résulte en partie des
faits exposés dans le précédent paragraphe ; cela résulte encore de
faits d’un autre ordre. Déjà MÜLLER (1879) considérait le Cythéride
décrit par lui, et si abondant dans les Broméliacées épiphytes du
Brésil, comme un animal passant normalement sa vie entière dans
les mares broméliennes ; il a cherché cet Ostracode dans les mares
terrestres des mêmes localités, sans jamais le trouver. MÜLLER
expliquait la présence de cet Ostracode dans les diverses plantes
de la façon suivante: les individus jeunes et très petits (0"m,2)
s’accrocheraient aux poils des Coléoptères aquatiques et seraient
transportés d’une plante à une autre. Le transport serait aussi
constant et aussi régulier «que celui du pollen chez les fleurs ».
CALVERT (1910) considère aussi les larves de Libellules découvertes
par lui à Costa-Rica comme des animaux strictement bromélicoles ;
l’auteur explique l'habitat actuel de ces larves de la manière
suivante : un très grand nombre d'espèces de Mecistogaster sont
propres aux rives de l’Amazone, où végétent de nombreuses et
grandes Broméliacées épiphytes. Au moment des inondations
périodiques du fleuve, bon nombre de plantes épiphytes se trouvent
à moitié submergées. À ce moment, les Odonates, habituës à pondre
dans le fleuve, trouveront entre les feuilles des plantes à moitié
submergées des conditions de ponte tout a fait normales. De cette
manière une association se serait établie entre les Mecistogaster ou
leurs ancôtres et les plantes alors submergées. Cette association
persisterait, d’après CALVERT, une fois l’eau du fleuve revenue à
son niveau normal, à la condition que les plantes conservent de l'eau
LES BROMÉLIAGÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 269
d'une facon constante el que cette eau soil souvent renouvelée.
Or les Broméliacées seules offrent ces conditions. Une fois l’asso-
ciation établie, les Libellules ont pu pénétrer dans les forèts et dans
les régions où il n’y a pas d'inondations périodiques comme dans
celles de l’Amazone. CALVERT a effectivement observé un grand
nombre de Mecistogaster volant le long du fleuve Reventazôn; il
constate, en outre, que les Mecistogaster, Megaloprepus, Micros-
tigma, Pseudostigma et Anomisma ont une aire de dispersion
coïncidant avec celle des Broméliacées épiphytes. L'auteur admet
que le long et grèle abdomen caractéristique de ces genres est
une adaptation à la vie bromélicole. L'Insecte pourrait ainsi au
moment de la ponte atteindre l’eau des Broméliacées, située souvent
assez profondément entre les feuilles étroitement serrées. Il ajoute
que l'abdomen de la larve de Mecistogaster modestus par exemple
n’est pas plus grand que celui des autres larves d’Agrionidæ: la
longueur et la gracilité de l'abdomen imaginal serait donc une
spécialisation n’intéressant nullement la larve elle-même.
Lurz (1908) admet aussi que parmi les Culicides, 1/5 au moins
des espèces connues est exclusivement bromélicole.
ScorT (1912) admet également l'existence d’une faune exclusi-
vement bromélicole, et il croit que l’un de ses caractères est d’être
plus où moins amphibie.
CHAMPION (1912), de son côté, considère qu’un certain nombre de
Coléoptères sont des habitants exclusifs des Broméliacées épiphytes,
voire toutes les espèces de certains genres.
Telles sont les seules indications que j'ai pu relever sur la consti-
tution de la faune bromélicole en rapport avec son origine et sa
dissémination; divers autres auteurs admettent simplement le
passage accidentel d'animaux terrestres aux Broméliacées épiphytes.
C'est ainsi que L. COGNETTI DE MARTUS suppose que les Ardiodrilus
et Phérelima trouvés dans les Broméliacées par BioLLEY et
TrisrAN proviennent du développement d'œufs apportés du sol par
les Oiseaux et tombés entre les feuilles de ces plantes.
J'apporte, en ce qui me concerne, un certain nombre de données
appuyant l'idée qu'il existe vraiment une /aune bromélicole,
nettement caractérisée comme telle.
Quand on trouve par hasard un animal quelconque dans une
plante, il y a évidemment lieu d’attribuer sa présence à un accident.
Mais si on trouve une quantité très grande d'animaux appartenant à
266 G. PICADO.
une espèce déterminée sur cette plante, si on les trouve très
nombreux sur plusieurs pieds de la même plante, il devient néces-
saire, pour comprendre leur présence, de faire appel à une autre
explication. Si, dans des localités diverses, assez éloignées les unes
des autres, on trouve des animaux des mêmes espèces dans des
plantes appartenant toutes à un seul groupe ou famille, on ne peut
guère nier qu'il y ait un rapport quelconque entre la plante et
l'animal. Et si on ne trouve ces animaux dans aucune autre plante
que les Broméliacées, on est contraint de conclure que l'espèce
considérée est strictement bromélicole.
Tel est le cas d’un grand nombre d'animaux que j'ai trouvé;
habitant ces plantes. C’est ainsi que dans les diverses localités de
Costa-Rica (versants Atlantique et Pacifique), depuis une altitude
de 200 mètres jusqu’à une altitude de 2.000, j'ai toujours trouvé un
grand nombre.d’individus des mêmes espèces d'animaux dans la
presque totalité des Broméliacées. À titre d'exemple, je citerai un
Ostracode appartenant au même genre, peut-être à la même espèce,
que celui trouvé dans les Broméliacées du Brésil par Fritz MÜLLER
il y a déjà 34 ans, ainsi que deux Insectes qui sont parmi les animaux
bromélicoles de Costa-Rica les plus constants et les plus caracté-
ristiques : une larve de Coléoptère, Scirtes championi Picapo. et
une larve de Tipule, Mongoma bromeliadicola ALEXANDER. Je puis
assurer qu'il n’y à presque pas une seule des grandes Broméliacées
du pays qui ne soit pas habitée par un nombre considérable de
larves de ces deux espèces. Il en est de même pour beaucoup
d'animaux adultes : Oligochètes, Turbellariés, etc.
S'il était nécessaire d’une preuve nouvelle, je rappellerais que
quelques-uns des animaux bromélicoles sont aquatiques et qu'on ne
les trouve que dans des endroits où n'existe aucun autre dépôt d’eau.
Une fois ce point établi, la question de l’origine de la faune bromé-
licole se pose aussitôt: ces animaux proviennent-ils du sol et des
marécages voisins ? Quel chemin suivent-ils alors pour monter
jusqu'aux Broméliacées ? |
Si nous supposons que les animaux bromélicoles sédentaires
proviennent de l’arrivée constante d'animaux terrestres dans les
Broméliacées, et si nous tenons compte de la constance de la faune
bromélicole, nous sommes obligés d'admettre une série d'accidents
isolés, mais se succédant sans interruption, ayant comme conséquence
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 267
le peuplement des Broméliacées. Il faudrait ainsi supposer que
chaque Oligochète proviendrait d’un œuf qui, s'étant accolé à la patte
d’un Oiseau, serait tombé ensuite dans une plante et qu'il y aurait eu
au moins un œuf par pied de Broméliacée, puisque la même espèce
d'Oligochète existe dans presque toutes Les plantes d’une localité. Il
faudrait aussi supposer que les Ostracodes, les Planaires et les
Sangsues ont été à leur tour #ransportés dans les Broméliacées,
(une paire au moins de chaque espèce dans chaque Broméliacée)
après un voyage parfois long de plusieurs kilomètres.
Cette manière de voir est tout à fait inadmissible. Rappelons-nous,
en effet, que si l'on cherche les espèces qui habitent les Broméliacées
dans le sol et marécages voisins on ne les y trouve pas: MÜLLER a
vainement exploré les marëcages sans y rencontrer l’Ostracode
découvert par lui dans les Broméliacées. J'ai moi-même fouillé le
sol de diverses localités, sans y trouver les Oligochètes qui vivent
en abondance dans les Broméliacées fixés sur les arbres de ces
mêmes localités. Les animaux habitant les Broméliacées ne peuvent
donc provenir que des Broméliacées ; il faut alors rechercher par
quels moyens s'effectue le passage d’une plante à l’autre.
Avant d'essayer d'en donner une explication, je tàcherai
d'expliquer de quelle manière le peuplement des Broméliacées a pa
s'effectuer à l’origine. Les circonstances locales dans lesquelles les
Broméliacées sont placées pourront permettre d’élucider cette
question.
Il est évident que les esnèces actuellement bromélicoles ne l'ont
pas toujours été ; elles doivent provenir da sol, des marécages terres-
tres ou de tout autre lieu habité par leurs congénères. Nous verrons
plus loin que les procédés de passage sont divers et que tel, qui
convient à une espèce, ne convient pas à telle autre. D’une manière
générale, cependant, un animal quelconque aurait pu arriver aux
Broméliacées de la manière suivante : pendant la saison des pluies,
d'énormes blocs de terrain sont entraînés par les nombreux torrents
temporaires si fréquents dans les tropiques. Parfois des arbres entiers
sont ainsi déracinés et entraînés. Ces torrents, véritables avalanches
d’eau et de boue liquide, projettent toute sorte de produits du sol
sur les arbres, dont le sommet est souvent situé au-dessous du niveau
d'où tombe le torrent. Une partie des animaux ou des œufs entraînés
par l’eau bourbeuse tombera entre les feuilles des nombreuses
Broméliacées épiphytes et y sera retenue.
268 CG. PICADO.
Cela dit, et l’infestation ainsi comprise, examinons comment les
faits relatifs à la vie de ces plantes peuvent donner l'explication
de la dissémination ultérieure de la faune.
Les Broméliacées épiphytes s’entassent très souvent autour du
tronc des arbres, (Fig. 17 et 18).
FiG. 17. — Tronc d'arbre engainé par les Broméliacées (Orosi).
Fréquemment, un arbre est recouvert par les Broméliacées au
point que son propre feuillage disparaît, envahi par celui des Bromé-
liacées qu'il supporte. Les fig. 17 et 18 ne donnent qu’une faible idée
de cet entassement et l'on comprend qu'il permette aux animaux de
passer facilement d'une Broméliacée à une autre ; la dissémination
serait donc active,
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 269
Mais ce n’est pas la seule possible; en d’autres occasions il y
aurait dissémination passive. Il est certain, en effet, que si une
FiG. 18. — Acnistus arborescens servant de soutien à grand nombre de
Tillandsia (Orosi).
Broméliacée déjà infestée se renverse, tombe ou meurt, les animaux
qu'elle contient tomberont et qu'un certain nombre d'entre eux
seront retenus par les feuilles des plantes situées au-dessous. De
plus, les Broméliacées fixées sur les lianes sont entraînées par
celles-ci et passent ainsi facilement d'un arbre à un autre tout
en emportant les animaux qu'elles contiennent. Quant aux Bromé-
liacées qui sont fixées sur les branches jeunes, dont la croissance
intercalaire est suffisamment prononcée, elles peuvent aussi être
270 C. PICADO*
déplacées. Enfin le vent peut, en certaines conditions, être le
facteur principal de la dissémination des Broméliacées et par suite
de leur faune.
Le Tillandsia usneoïdes, par exemple, se multiplie par un procédé
tout particulier, observé déjà par ScHIMPER. La plante s'accroît, et
lorsque ses filaments atteignent une très grande longueur, le vent les
déchire eten emporte des fragments ; ceux-ci sont retenus au passage
par d’autres arbres, sur lesquels ils se fixent et végètent. (Fig. 19).
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*
FiG. 19. — Un arbre complètement recouvert par Tillandsia usneoïides.
On aperçoit quelques morceaux accrochés à un autre arbre et qui com-
mencent à l'envahir.
L'observation montre effectivement que ce T'illandsia se propage
toujours suivant la direction du vent. Quand on regarde du haut
d’une montagne une région où ces plantes se développent, on
aperçoit comme des trainées, qui tranchent par leur coloration
grisètre sur le vert des arbres, donnant l'apparence d’un véritable
chemin : il correspond à la série des arbres recouverts par Téllandsia
usneoïdes. |
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. TL
D’autres Broméliacées sont également disséminées par le vent:
fréquemment de vastes lambeaux d’écorce des arbres recouverts par
des Broméliacées ou d'autres plantes épiphytes sont décollés et
emportés, puis ils viennent s’accrocher aux branches d'un autre
arbre, situé à une distance parfois considérable.
Ce qui précède donnerait sans doute à croire que le passage d'une
plante à l’autre s’effectua de haut en bas, ce sont les Broméliacées
les plus voisines du sol qui renferment la faune la plus abondante ; et
on serait d’autant mieux porté à le croire que les pieds des Bromé-
liacées issus directement de graine sont normalement situés à un
niveau inférieur à celui du pied parent. La dissémination des graines,
en effet, est assurée par deux procédés différents. Si elles sont nues
(Fig. 20) ce sont les Oiseaux qui s’en chargent ; les Tanagra, Rham-
phocælus, Pyranga et d'autres Passereaux déchirent les fruits de
certaines Broméliacées, avalent la pulpe et laissent tomber les
graines. Il est facile à constater que sur les troncs qui portent des
Broméliacées en très grand nombre, les jeunes pieds isolés, prove-
nant de la germination des graines, se trouvent ordinairement à un
niveau inférieur à celui des individus âgés ou nés d’un bourgeon. —
Fi. 20. — Graines des Broméliacées épiphytes : nues, ailées et munies d'une
aigrette.
Quant aux graines ailées ou munies d’une aigrette, elles sont dissé-
minées par le vent, mais leur poids les entraîne toujours vers le bas.
Cependant, et malgré l'apparence, la faune remonte au moins
autant qu'elle descend. Cela vient de ce que la multiolication par
graines ne joue pas le rôle essentiel chez ces plantes, mais bien plutôt
la multiplication par bourgeons. A l’état sauvage, ceux-ci se forment
PP C. PICADO.
entre les feuilles (!) et, poussant verticalement vers le haut une fois
développés, ils dépassent la plante-mère. Celle-ci meurt généra-
lement; sa tige seule dépourvue de feuilles, persiste un assez long
temps, relant entre eux les divers bourgeons que se sont développés.
Cette multiplication par bourgeons est incontestablement un facteur
Fi. 21. — Une grande Broméliacée se déve-
loppant sur une jeune branche en voie de
croissance (Orosi).
de première importance
dans la dissémination de
la faune. En s’accrois-
sant, les bourgeons, qui
naissent au-dessous de
la surface de l’eau ou
des détritus, captureront,
pour ainsi dire, beau-
coup des animaux qui
habitent le pied parent.
Ainsi plusieurs pieds,
bientôt indépendants et
plus ou moins éloignés
les uns des autres, ren-
fermeront une faune
issue d’une seule plante
souche.
La multiplication par
bourgeons à encore une
autre conséquence, en ce
sens que les générations
de bourgeons se succè-
dent en se superposant :
il en résulte une sorte de
mouvement d’ascension
lent mais continu. C’est ce mouvement, de même que l'ascension des
pieds soutenus par les branches des arbres en voie de croissance
(Fig. 21), quicontribue à neutraliser, dans une certaine mesure la chute
(i) Il est intéressant de constater que chez les Broméliacées cultivées en pots, les bour-
geons se forment latéralement, sous la terre et non pas entre les feuilles. Ce phénomème
est facile à comprendre, car les détritus nutritifs des Broméliacées sauvages se trouvent
entre les feuilles et chez les espèces cultivées en pots; ceux-ci sont en dehors de la plante.
Il s'agit d'un phénomène comparable à la production artificielle de racines adventives
grâce à un pot de terre qui entoure une branche.
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 273
continuelle des animaux libérés par les plantes vieilles ou renversées
par un accident quelconque.
A part ces procédés généraux, capables d'expliquer d’une
manière satisfaisante l’origine et dissémination de la faune, il
convient d'examiner les moyens de dissémination particuliers à
chaque groupe, de même que les diverses causes qui peuvent attirer
dans les Broméliacées les animaux venus d’autres habitats.
Quand il s’agit d’Insectes qui volent ou, d’une manière générale,
d'animaux qui émigrent facilement, c’est la nourriture, avant (out,
qui les attire, soit qu'ils viennent s'attaquer à la Broméliacée elle-
même, soit qu'ils viennent manger les détritus végétaux et les Cham-
pignons qui s'y développent, soit enfin qu'ils soient prédateurs et
qu'ils y viennent, attirés par la présence d’autres animaux, dont ils
font leur proie.
Parmi les animaux s'attaquant à la Broméliacée, on peut citer des
Coléoptères, des Acariens, des Hémiptères, des Orthoptéres, larves
de Lépidoptères, etc. Parmi les animaux saprophages: capables
d'émigrer, ce sont les Blattes et Forficules qui forment le contingent
partie principal ; 1l en serait de même pour les Isopodes, les Chilo-
gnates et les Pseudo-scorpionides.
Parmi les animaux bromélicoles mycophages, on peut citer
quelques espèces de Fourmis du genre Odontomachus, dont la
nourriture habituelle est constituée par des Champignons (CALVERT).
La faune prédatrice est surtout constituée par les Peripatus,
les Scolopendres, les Batraciens et un grand nombre d’Araignées.
Celles-ci tissent parfois une toile entre les feuilles de la Broméliacée,
précisément sur les dépôts d’eau, ce qui leur permet d'attraper les
Insectes ailés au fur et à mesure qu'ils éclosent et qu'ils prennent
leur vol. D'autres Araignées chassent, au contraire, en champ
découvert: les Salticides bromélicoles sont extrèmement abon-
dantes, même dans les serres d'Europe. Les Grenouilles et les
Crapauds arboricoles, qui viennent visiter les Broméliacées ou qui y
habitent normalement, se livrent à la chasse des Insectes, surtout
à celle des Blattes.
Quant aux animaux dont les habitudes migratrices ne sont pas
bien connues et quant aux larves bromélicoles d’Insectes ailés, il
faut rechercher pour chacun en particulier, tant les causes qui auront
274 C. PICADO.
pu déterminer leur habitat que les moyens probables de dissé-
mination.
A. Ostracodes. — D'après MËLLER, ces animaux seraient norma-
lement emportés d’une plante à l’autre par les Insectes. Cette idée
suppose une telle continuité de transport, qu'il me semble plus
naturel de penser que leur passage d’une plante à l’autre est tout
simplement dû au renversement des Broméliacées, à leur bourgeon-
nement, etc. La comparaison établie par MüLLER entre la dissé-
mination de ces animaux et la pollinisation entomophile des fleurs
est forcément inexacte ; on sait en effet, actuellement, qu'une telle
pollinisation n’est pas aussi fréquente qu'on le croyait jadis et qu'un
grand nombre de plantes se multiplient parthénogénétiquement, sans
le moindre secours des Insectes. Or, il n’y a pas plus de raison de
faire appel à l'intervention constante des Insectes, en ce qui concerne
le transport des animaux d’une plante à l’autre. Il vaut mieux, il me
semble, considérer la dissémination des Ostracodes comme stric-
tement passive, c’est-à-dire, comme due aux procédés généraux de
renversement, chute, etc. des Broméliacées.
B. Copépodes, Rotifères et Infusoires. — Les premiers sont
sûrement transportés par le vent à l’état d'œufs, les autres à l’état de
kystes mélangés à la poussière. L'une des espèces de Copépodes
que j'ai trouvés est, en effet, cosmopolite, dans le plus large sens du
mot; pour cette espèce, on admet généralement un tel moyen de
dissémination, lorsque la mare où ils vivent se dessèche. Ils peuvent
aussi bien tomber sur les feuilles des arbres, d’où ils seront entraînés
dans les réservoirs interfoliaires s’il y en a. é
Quant aux Rotiféres et aux Infusoires il en serait de même: ils
seraient transportés sous forme de kystes mélangés à la poussière
des anciennes mares desséchées.
C. Oligochètes et Gastéropodes. — Les Oligochètes ont proba-
blemert émigré d’une manière active vers les Broméliacées. Plusieurs
faits, déjà connus, de la biologie de ces animaux peuvent nous
renforcer dans ceite idée ; c’est ainsi qu'on a trouvé quelques espèces
habitant entre les feuilles des Palmiers, d’autres habitant les trous
creusés dans les troncs des arbres et remplis d’eau accidentellement.
N. ANNANDALE a trouvé dans l’Inde un Perionyæ qui habite les
trous creusés dans les troncs et à moitié remplis d’eau et de feuilles
mortes. Ces animaux, qui ne supportent paraît-il la sécheresse à
aucun degré, émigrent pendant la nuit si les conditions de leur
=
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYIES MILIEU BIOLOGIQUE. 279
vie deviennent mauvaises ; parfois le jour les surprend au cours de
leur trajet et ceux-là meurent tuës par la chaleur ou la sécheresse ;
d’autres arrivent à un endroit propice à leur développement et y
forment une colonie.
BrozLey et TrisrAN ont trouvé un Ver de terre, Pherelima helte-
rochcæta Micaisn. dans les détritus des Broméliacées et aussi sous
l'écorce des arbres ; ces mêmes naturalistes ont également trouvé
des Dichogaster sous l'écorce. J'ai trouvé moi-même plusieurs
espèces de Dichogaster dans les détritus des Broméliacées épiphytes,
ainsi que des Lombrics appartenant au même genre, sous l'écorce
des arbres.
Il me semble donc évident que la présence des Oligochèles
dans les Broméliacées épiphytes est due, au moins en grande partie,
à la migration, soit qu'il s'agisse d'espèces ayant un habitat inconnu
mais non bromélicole, soit qu'il s'agisse, au contraire d'espèces
passant d’une Broméliacée à l’autre et qui paraissent être strictement
bromélicoles.
Ce que je vieus de dire à propos des Vers de terre s'applique aussi
aux Gastéropodes du genre Guppya, dont j'ai trouvé de nombreuses
espèces dans les Broméliacées, de même que sous l'écorce des
arbres.
D. T'urbellaries. — Les Planaires terrestres ne peuvent vivre que
dans une atmosphère saturée d'humidité ; elles se traînent sous les
mousses humides et elles marchent assez rapidement pour que l’on
puisse supposer chez elles une migration relativement rapide d'une
plante à une autre. Quant aux espèces aquatiques, leur passage est
vraisemblablement dû aux procédés généraux plus haut exposés.
E. Hirudinées. — Pour ces animaux, je ne peux rien dire, ignorant
leurs moyens de nutrition. Si ces espèces s’attaquent aux Batraciens
qui viennent chasser dans Jes Broméliacées et sucent leur sang, il
est facile d’avoir l'explication de leur dissémination; si elles se
nourrissent aux dépens de tout petits animaux incapables de les
transporter, je ne peux que faire appel aux procédés généraux.
Pour terminer ce qui a trait à la présence des animaux dans les
Broméliacées, il reste à donner une explication générale relativement
à la cause qui attire les Insectes aïlés, à larves aquatiques, ou tout au
moins hygrophiles, vers les Broméliacées. II me semble que les
ancêtres de ces Insectes s'étant engagés dans les forêts et ne trouvant
276 CG. PICADO.
plus de mares ont été obligés de pondre leurs œufs dans n'importe
quel dépôl d'eau, soit dans une Plante -réservoir : Liliacées,
Nepenthes, Musacées, Broméliacées ou autres, soit dans les dépôts
d'eau accidentels: Bambous, Sasracenia, trous d'arbres, etc.
Aiünsi l'habitude de pondre de préférence dans certains endroits ou
plantes aurait pu être introduite ; c’est pourquoi les mêmes groupes
d'animaux à larves aquatiques pondent dans les diverses plantes
ci-dessus citées. A titre d'exemple, je citerais les Agrionides dont
les larves habitent les Broméliacées en Amérique, les Liliacées en
Océanie, les Bambous en Asie, etc. Il est à remarquer que dans
toutes les localitées où les Agrionides habitent les dépôts d’eau
formés entre les feuilles ou tiges de ces plantes, les mares manquent
ou, pour mieux dire, ce sont des contrées caractérisées par la
sécheresse de leur sol. Il n’est pas très hasardeux de supposer que
le milieu des plantes-réservoir aurait pu provoquer des adaptations
telles, chez ces larves, qu’elles ne retrouveraient plus maintenant
dans les mares et les ruisseaux les conditions nécessaires à leur
développement.
De ce que je viens d'exposer, 1l découle naturellement que la faune
Bromélicole, de même que la faune des autres Plantes-réservoir, est
une faune en voie de formation et que des Insectes à larves aqua-
tiques non bromélicoles engagés, par hasard, dans les forêts qui
manquent de mares pourront pondre dans l’eau retenue par les
zroméliacées: de cette manière une nouvelle adaptation peut
commencer. Plus tard ils ne déposeront plus leurs œufs dans les
mares terrestres. Il en serait de même pour les animaux amenés,
jusqu'aux Broméliacées ou d’autres plantes semblables, par l'une
quelconque des causes déjà exposées.
D. — Considérations sur la biologie et la faune des
autres « Plantes-Réservoir ».
Il n’est pas sans intérêt d'examiner comparativement la faune des
autres « Plantes-réservoir > et aussi celle des plantes qui retiennent
accidentellement de l’eau.
Parmi ces dernières il faut d’abord citer les Bambous. J. F. Ler-
CESTER, en effet, a trouvé en Malaisie des tiges de Bambous remplies
d’eau à la suite de divers accidents (trous effectuëês par les Insectes
phytophages, fentes produites par la chaleur ou une autre cause
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 277
quelconque ; tiges cassées, etc.) qui renfermaient plusieurs larves :
Culicides, Chironomides, Agrionides et Libellulides. F. KNaB, de
son côté, a trouvé dans des tiges de Bambous remplies d'eau, de
l'Amérique centrale, un certain nombre de larves de Diptéres, parmi
lesquelles se trouvent des Mégarhines.
Mais les conditions réalisées par une tige creuse de Bambou,
souvent morte, remplie accidentellement d’eau, ne sauraient être
comparables, pour les animaux, à celles qu’ils trouvent dans les
Broméliacées épiphytes ; la faune qui s’y développe serait compa-
rable seulement à la faune que l’on trouve dans les cavités du tronc
des arbres, qui se remplissent d’eau accidentellement.
Quant aux « Plantes-réservoir > proprement dites, il faut les diviser
en deux catégories : celles qui renferment temporairement de l’eau
et celles qui en renferment constamment.
Parmi les premières on compte les Surracenia. Ces plantes
abritent, en effet, plusieurs Insectes dans leurs urnes; cependant
celles-ci se dessèchent souvent, contrairement à ce qui se passe dans
les réservoirs des Broméliacées épiphytes. F. KxaB n’en considère
pas moins qu'un Chironomide, Metriocnemus knabi CoQ. et un
Culicide, Wyeomyia smilhi CoQ. sont des hôtes exclusifs de ces
urnes.
Cela pourrait s'expliquer par ce fait que Wyeomyia smilhi, tout au
moins, pond même dans les urnes desséchées et que ses œufs se
développent une fois que celles-ci sont à nouveau remplies.
Les Musacées qui retiennent de l’eau, soit dans d’étroits
espaces interfoliaires (Wwsa), soit dans des bractées florales en forme
de cuiller (Heliconia), sont aussi des plantes qui n’en renferment
que temporairement. Ces plantes servent d'hôte à un certain nombre
de larves d’Insectes, particulièrement aux Culicides ; elles présen-
teraient, de même que les Sarracenia, un caractère commun avec
les Broméliacées épiphytes: les parois des réservoirs sont constitués
par des tissus vivants ; mais aussi une profonde différence :
absence d'abondants détritus organiques.
Les Nepenthes, dont la faune est assez riche, présentent des
caractères différents de ceux des Broméliacées. Chez ces plantes, on
s’en souvient, les urnes sont remplies d'un liquide secrété par la
plante elle-mème. Leurs urnes peuvent renfermer diverses larves
de Diptères; de MEHERE et JENSEN ont étudié quelques unes
d’entre elles: Scutomyia treubi DE MEu., Cyalomyia jenseni DE
278 C. PICADO.
MEu., Tiranotænia ascidicola DE MEw., Ficalbia tenax DE ME.
(Culicides), Aphiochaeta gregalis De Meu., Aphiochæta decipiens
De Meu. (Phorides) et Phaonia nepenthicola STE (Anthomyinæ).
JENSEN suppose que ces larves sont strictement népenthicoles et
qu'elles sécrètent une antidiastase pour combattre l’action digestive
du liquide des urnes. Cette hypothèse me paraît absolument verbale ;
elle exprime simplement une constatation de fait, sans l'expliquer :
les animaux vivants ne sont pas digérès par le Nepenthes. Les
cadavres le seraient, mais, un cadavre n'est pas un être vivant, les
affinités de l’un ne sont pas celles de l’autre ; une diastase quelconque
ne s'attaque pas à tout, car les conditions ne sont pas toujours les
mêmes. L'acide sulfurique qui se combine à chaud avec le cuivre se
combine-t-il à froid ? sans doute le cuivre est resté comparable à lui-
même, mais les autres conditions ont varié. Quant aux adaptations
des autres animaux népenthicoles on ne sait pas grand’chose : les
larves de Trichoptères seraient protégées par une chitine très épaisse;
leurs tubes seraient construits à l’aide de débris chitineux d'Insectes
morts dans les urnes, à l'exclusion de tout autre matériel. (GUEN-
THER, 1915):
D'autres « Plantes-réservoir»> réalisent probablement des conditions
semblables à celles des Broméliacées ; ces plantes remplaceraient en
quelque sorte les Broméliacées dans les régions où manquent ces
dernières. Ainsi, R. C. L. PERKINS a trouvé, en effet, des larves
d'Agrionidæ dans les dépôts d’eau retenus par les feuilles de
quelques Liliacées poussant dans des terrains secs des iles Hawaï.
Or, on sait que certaines Liliacées possèdent des écailles semblables
à celles des Broméliacées. Si, à la ressemblance morphologique,
correspond une ressemblance physiologique, et si ces écailles
absorbent aussi de l’eau et les substances qui pourraient, en se
putréfiant, dénaturer l’eau retenue entre les feuilles de ces Liliacées,
les Agrionides y trouvent des conditions semblables à celles réalisées
par les Broméliacées.
D'autres plantes des îles Hawaï renferment également de l'eau et
servent d'hôte à certains animaux aquatiques : Lurz a trouvé, dans
une Pandanacée, Freycinetia arnotti, une Orchestia. Au dire de
l'auteur cet animal serait le seul habitant des réservoirs interfoliaires
de cette plante. Lurz à également trouvé dans une Eriocaulacée,
croissant sur une mare: Eriocaulon vaginatum, une espèce de
Cyclopidæ et quantité de larves de Culexæ cingulatus FaBR.: il
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 279
n’a pas pu trouver ces mêmes animaux dans la mare sur laquelle
l'Ériocaulon se développait.
H. Scorr a trouvé (1908-1909) un certain nombre d'animaux
habitant entre les feuilles les plus internes de certains Palmiers :
Stevensonia grandifolia, Verschaffeltix splendida, Lodoicea
seychellarum et aussi chez quelques Pandanacées: Pandanus
seychellaruim. Y donne (1910) une liste des animaux palmicoles et
pandanicoles trouvés dans les îles Seychelles ; cette liste comprend
des Vers de terre, des Sangsues, des Serpents, des Cloportes, des
larves de Diptères : (Æristalis et autres), de Lépidoptères, de
Dytiscidæ (Copelatus, forme propre aux Pandanus) ; une espèce de
Blattidæ, un certain nombre de Coléoptères, larves de Culicides et
de Chironomides. Pour obtenir ces animaux, on coupe le chou du
Palmier et on le défeuille. Il faut avoir soin d'enlever une par une
les bases des feuilles et d'examiner l’hwmus retenu entre elles. De
la même manière, on extrait la plus grande partie des animaux
bromélicoles.
Ce sont seulement les Palmiers et les Pandanacées à larges
espaces interfoliaires, où l’humus peut se former, qui renferment une
faune constante et peut-être spéciale. D'autres Palmiers, poussant
dans les mêmes localités, tels les Roscheria, ne renferment cepen-
dant pas cette faune, et l'on constate que ces plantes, à espaces
interfoliaires étroits, sont tout à fait comparables aux Musacées
d'Amérique. Si l'on compare la liste des animaux palmicoles et
pandanicoles à celle des bromélicoles, on s'aperçoit aussitôt de la
grande ressemblance qui existe entre la composition de la première
et la composition de la seconde ; SCOTT remarque, en outre, que l’eau
ne doit vraisemblablement jamais manquer dans les Pandanacées.
H. Scorr décrit plus tard (1912) trois espèces de Coléoptères
provenant de ces plantes : Oxyomus palmarum, Atænius lodoiceæ
et Copelatus pandanoruin. La première de ces espèces habite soit
les Palmiers soit les Pandanacées, fait qui prouve que l’Insecte
trouve chez les unes et les autres des conditions de milieu plus ou
moins analogues. Le Copelatus accomplit probablement, d’après
Scorr, tout son cycle évolutif dans les dépôts d’eau formés entre la
base des feuilles des Pandanus ; l’auteur y trouve, en effet, une
larve qu'il considère comme celle du Copelatus.
Dans d’autres plantes, on a trouvé d’autres animaux plus ou
moins aquicoles ou humicoles, mais on n’a pas cherché à ana-
20
280 CG. PICADO.
lyser les conditions biologiques auxquelles ces animaux sont
soumis. Quant à la constance de cette faune chez une plante donnée,
à l'exclusion de toute autre, on ne sait que peu de choses. On a
prétendu, par exemple, que bon nombre d'espèces de Rotifères sont
associées à une Mousse déterminée ; mais les nouvelles recherches
ont permis de constater que cette association n'existe nullement
et que ces Rotifères se trouvent également, dans n'importe quel
autre dépôt d’eau.
Ce que l'on doit retenir, c’est que, dans toutes les régions pos-
sibles, existe un certain nombre de plantes qui jouent le rôle de
réservoir d'eau ; ces plantes font office de mares là où manquent les
mares terrestres et plusieurs animaux aquatiques, tout particuliè-
rement les Insectes à larves aquatiques, trouvent dans ces « Plantes-
réservoir > l’eau nécessaire à leur développement.
Seulement, Les Broméliacées mises à part, on ne peut rien dire
quant au rôle actif probable de ces plantes vis-à-vis de leurs dépôts
d’eau interfoliaires. Il est certain cependant que toutes les: feuilles
absorbent les acides amidés; l’eau qu'elles retiennent sera donc
purifiée, tout au moins de ces acides ; quant aux autres impuretés,
nous ne savons encore rien.
La plus grande obscurité règne aussi à propos des faits qui sont en
rapport avec l’origine et la dissémination de la faune des « Plantes-
réservoir >. Il est cependant très vraisemblable que ces faits
sont en tout comparables à ceux que je viens de signaler à propos:
de l’origine et dissémination de la faune bromélicole.
CHAPITRE IV
BIOLOGIE ET MORPHOLOGIE DE QUELQUES
ANIMAUX BROMÉLICOLES
1. Chironomides (!)
L'intérêt qui s'attache à l'étude biologique des larves de cette
famille vient de ce qu’elles ont des habitats variés et que cette
(1) Les larves des Chironomides que je décris ici se trouvent au laboratoire d'Evolution
à Paris ; les imagos sont à Washington (Smithsonian Museum). Ils ont été déterminés
d'après les caractères qui donne KigFFER dans sa monographie de la famille,
PP
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 281
diversité doit être considérée comme très vraisemblablement secon-
daire ; toutes, en effet, aussi bien celles qui vivent d’une vie aérienne
que celles qui vivent à l’intérieur des tissus végétaux, possèdent le
faciès de larves aquatiques, et il y à lieu de supposer qu’elles
dérivent de formes qui vivaient librement dans les mares terrestres.
C’est ainsi qu’on en trouve bon nombre qui vivent parmi les Mousses
humides, d’autres creusent des galeries dans l'épaisseur des feuilles :
on en trouve aussi dans l’eau retenue par les feuilles des Graminées,
fait particulièrement important à retenir, car une grande partie de
cette eau n’est pas de l’eau atmosphérique, mais le produit d'exsu-
dation de la plante elle-même ; de même, le Metriocnemus Rnabi
CoQ. habite les urnes de Sarracenia purpurea. Y n’y a donc
rien d’extraordinaire à ce que des larves de cette famille se trouvent
dans les mares broméliennes: j'y en ai recueilli six espèces,
appartenant à des genres différents, dont un nouveau.
L’exploration méthodique des Broméliacées épiphytes en divers
pays conduira certainement à ajouter un très grand nombre de
formes nouvelles à cette première liste ; celle que je donne renferme
probablement toutes les espèces qui habitent actuellement les Bromé-
liacées de Costa-Rica, au moins au centre du pays. On les rencontre
d’une manière très constante ; quelques-unes paraissent cependant
propres à certaines localités, tandis que d’autres semblent plus
spécialement associées à un certain type de Broméliacées.
Il est à noter que parmi les Chironomides des Broméliacées, se
trouvent des Ceratopogoninæ, dont quelques espèces s’attaquent à
l’homme.
Isoplastus. SKuse. Proc. Linn. Soc. N. S. Wales (2) Vol. 4,
P. 279 (1889).
Ablabesmyia. JoHANNSEN. Bull. New York. State Museum.
Vol. 86 p. 135 (1905).
Isoplastus (— Ablabesmyia) costarricensis n. sp.
Larte. — (PI. IX, fig. 5) Celle-ci est facilement reconnaissable
au premier coup d'œil grâce à sa coloration orangée et à son attitude
habituelle qui est de se contoarner en S. L'animal s’attache, en effet,
par ses fausses pattes postérieures, à une feuille et relève la partie
antérieure de son corps ; celui-ci est fort ettrapu. On peut, en outre,
282 GC. PICADO.
reconnaître cette larve à deux taches foncées, visibles à l’œil nu,
situées derrière les yeux; ces taches ne sont autre chose que le
point d'attache des muscles rétracteurs des antennes (PI. XIV, fig. 2) ;
celles-ci sont donc rétractiles, et ce caractère leur est commun avec
les larves du genre Ablabesmyia (JOHANNSEN).
Le labium possède cinq dents (Fig. 22 et PI. XIV, Fig. 3). Cet
organe présente la curieuse particularité de se renverser, de manière
que très souvent les dents sont dirigées vers la partie postérieure de
la tête. Tout près des dents, on voit trois taches obscures, de forme
lancéolée, situées dans l’axe de chacune des trois dents centrales.
Les mailles Sont coniques, allongées, avec un palpe énorme,
LT;
4 7
Z,
FiG. 22, — Isoplastus costarricensis. 1. moitié
droite du labium ; 2. maxille ; 3. antenne. p —
palpe maxillaire ; / — lamelle sètigère ; a —
première paire de soies sensitives; b — deuxième
paire. I, II, III — 1°, 2e et 3° articles anten-
naires ; € — soie interne.
égalant au moins le
quart de la longueur
des antennes. Le palpe
se termine, par un
nombre assez grand de
papilles sensorielles
allongées (fig. 22 et
PI. XIV.)
base du palpe, du côté
interne, on voit un
organe en forme de
lamelle (/, fig. 22) ; cet
organe est recouvert
par un grand nombre
de fines soies senso-
rielles. On trouve, en
outre, deux paires de
soies sensitives, CO-
niques, grosses et
courtes, à lobe basi-
laire arrondi, sur la
face inférieure des ma-
xilles, « et b, fig. 22.
Les mnandibules
sont simples, à bord
non denté, les contours du bord interne sont sinueux. (PI. XIV,
lig: 9).
LES BROMÉLIACÉES EPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 283
Les antennes se terminent par une fourche, dont la branche la plus
interne est biarticulée, tandis que la branche externe est simple
(fig. 22).
Il convient, en outre, de signaler deux organes sensoriels, en
forme de cône, surmontés d’une longue soie, qui se trouvent sous la
gorge, au point d’articulation de la tête et du thorax, (PI. XIV, fig. 5).
L’extrémilé postériewre de la larve (PI. XIV, fig. 1) ne présente
aucune conformation particulière ; elle est du type Ablabesmyin.
Remarquons cependant que les fausses pattes postérieures sont bien
armées et que, à la base des griffes, se trouvent souvent d’autres
griffes plus petites.
La nymphe (PL IX, fig. 10 et PI. XIV, fig. 4 et 6) présente une
coloration plus sombre que celle de la larve. Elle nage très active-
ment; d'un mouvement brusque, elle se fixe aux feuilles de la
Broméliacée, par la partie terminale de son corps. Dans un bocal,
elle se fixe aussi bien sur les parois de verre poli. Cette fixation
s’accomplit grâce à la nageoire caudale, doublement lancéolée, et
aux soies qui la garnissent.
Les nymphes meurent fréquemment sans donner l’imago. Je n’ai
jamais pu en décéler la cause.
TImago. 9 (PL. IX, Fig. 6). — Antennes à 12 articles. Le dernier plus
long que les deux précédents réunis. Le premier article est assez
gros et arrondi. Palpes aussi longs que les antennes. 4° article plus
grêle et plus long que le 3°. Yeux réniformes. Thorax en forme de
toupie, se prolongeant sur la tête. Couleur ocre-orangé avec une ligne
foncée qui le parcourt tout le long dans sa partie médiane ; deux
autres lignes, parallèles à cette dernière, s'unissent à la partie
postérieure. Le thorax présente ainsi un aspect quadrilobé. Son bord
postérieur est vert. Ailes à pubescence fine, surtout sur les nervures.
Nervure posticale à 2° branche subsessile. Bords de l'aile ornés de
soies.
Abdomen assez gros, vert. Chaque anneau a une tache qui le
traverse de droite à gauche. Ces taches sont plus fortes vers l’extré-
mité de l'abdomen, où la coloration n’est plus verte.
Pattes longues. Tarses aussi longs que tout le reste de la patte:
1% article aussi long que le tibia; les 4 derniers articles du tarse
réunis ont une longueur égale à celle du premier.
Habitat: La Estrella, 2.000 mètres. Orosi, 1.200 mêtres. Peralta,
200 mètres. Les larves se trouvent en petit nombre dans les
284 C. PICADO.
Aechmea, Billbergia et Vräiesea. On trouve toujours les larves de
cette espèce exclusivement dans les Broméliacées d’une certaine
taille provenant des forêts et jamais dans celles des endroits
découverts.
Remarques: Le genre Zsoplastus n'était pas encore signalé en
Amérique. Dans le Nouveau-monde, il paraissait remplacé par le
genre Ablabesmyia.
Les caractères de la larve que je viens de décrire concordent
absolument avec ceux des larves du genre Ablabesmiyia, tandis que
les caractères de l’imago s’éloignent de ce dernier genre et le
rapprochent des Zsoplastus : nervures de l'aile ; antennes à 12 articles
(les Insectes décrits par JOHANNSEN ont toujours 15 articles).
JOHANNSEN lui-même avait déjà soupçonné que le genre Abla-
besmyia, dont on connaît les larves, est synonyme de Zsoplastus,
dont les larves sont inconnues. D’après JOHANNSEN, seule l'étude
de la larve pourrait élucider la question.
L’Insecte que je viens de décrire permet, je pense, d'affirmer qu'il
s’agit, en eflet, d'une synonymie; le nom /soplastus étant plus
ancien doit subsister.
Metriocnemus VAN DER Wuzp. Tydschr. V. Ent. Vol. 17. P. 136
(1874).
Metriocnemus abdomino-flavatus ». sp.
Larve. — Cette larve est de toutes celles des Chironomides
bromélicoles de beaucoup la plus abondante, dans toute la vallée de
Cartago. On en trouve de grandes quantités, dans presque toutes les
Tillandsia épiphytes des « Pord > (Erylhrina sp). Elle habite
aussi d’autres Broméliacées, Billberqgia, Catopsis, etc. mais là, sa
présence est plutôt rare. Elle mesure de 10 à 11 millimètres,
sa couleur est jaune citron intense, (PI. IX, fig. 5). Quand elle est
jeune elle rampe ou elle nage avec de mouvements en S; plus tard
elle cesse de nager et grimpe alors avec une extrème facilité sur
la partie submergée des feuilles.
Ces larves résistent à la dessication pendant quelques jours ; elles
restent alors immobiles ; mais, à peine au contact de l'eau, elles se
mettent à courir.
La larve possède deux paires d’yeux (PI. XV, fig. 1), caractère
important, car, parmi les Chironomides bromélicoles de Costa-Rica,
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 285
cette larve et celle d’un Ceratopogoninæ, avec laquelle on ne peut
nullement la confondre, sont les seules qui en possédent deux paires.
Le labium est composé de 12 dents (PI. XV, fig. 2): les deux
centrales sont très courtes et arrondies ; à droite et à gauche les deux
suivantes très grandes et fortes, dépassent la longueur des autres ; Les
autres sont d'une taille moyenne et sensiblement égales (Fig. 231.
A la base du labium, on voit deux soies sensitives à bulbe basal.
Les mawilles (2, fig. 23) sont courtes et fortes, leur palpe est bien
développé, il présente à son extrémité de nombreuses papilles. On
peut distinguer facilement deux lobes maxillaires. On voit à la face
ventrale de la maxille un certain nombre de soies : à la base, une
toulfe (H) de soies fines ; du côté externe, une paire de soies grosses
assez longues (b) et deux autres paires (4 et () plus petites ; en outre,
une soie isolée (c) ; cette dernière, de même que les soies disposées
par paires possèdent un bulbe basal, contrairement aux soies en
touffe.
Les mandibules (3, fig. 23) ont leur bord interne muni de 5 dents,
qui augmentent de taille en allant de la base à l'extrémité de
la mandibule.
Le labruim (4, fig. 23) possède un certain nombre de soies: une
paire de soies relativement longues vers le bord (B), une autre paire
plus interne de soies plus petites (b); à côté de chacune de ces
dernières, une rangée de trois paires de petites soies (/).
L’'oryane énigmatique présente un triangle basal, dont le côté
externe offre cinq dents dirigées en arrière (D). Entourées par ce
triangle basal, se trouvent 4 dents isolées, dirigées, elles aussi, en
arrière (C), et deux rangées latérales composées chacune de 4 ba-
guettes (F) qui se terminent à leur tour par quelques petites soies.
Les grands appendices de l'organe énigmatique se terminent par
des soies fines, qui dépassent les dents chitineuses.
Les antennes (5, fig. 23), dont la longueur est sensiblement égale à
celle des mandibules, sont composées par 4 articles; le dernier est
sétiforme ; à la base du 2° article on voit une autre branche sétiforme
(C) du côté interne. é
L'extrémité postérieure de la larve présente les caractères habi-
tuels du genre: les quatre branchies rectales et les cônes sétigères
(PI. XV, fig. 3 et 4). Les fausses pattes postérieures présentent une
toulle de soies au centre de la couronne de griffes, disposition peu
commune chez les Chironomes (PI. XV, fig. 5). Il n’y a qu’une seule
286 * _C. PICADO.
couronne de griffes. Elles sont plus ou moins chitinisées, leur forme
est celle de la fig. 6, PI. XV.
DA
{ (Be
T.
FiG. 23. — Metriocnemus abdomino-flavatus. 1. moitié droite du labium,
c — soie sensitive labiale. 2. maxille. p — palpe ; À — houppe de soies ;
a, b, c, d — $soies sensorielles ; I et II = lobes de la maxille. 3. Mandibule.
4. Labrum ; 2, b, { — soies du labrum ; C et D pièces basales de l'organe
énigmatique ; # — ses baguettes sensitives. 5 antenne. [, IT, IL et IV —
arücles antennaires ; C — soie.
La larve du A1. abdomino-flavatus vit librement, elle ne s'enferme
pas dans un tube, comme le font d'habitude les larves de ces Insectes.
Au bout d’un temps, qui peut varier de 3 à 5 semaines, les segments
thoraciques de la larve grossissent et, quelques jours après, la
nymphose commence.
La larve grimpe alors jusqu’à la surface de l’eau ; là elle construit
un tube gélatineux, dans lequel elle mue et se transforme en
nymphe. Remarquons que ce tube est transparent, sans qu'aucun
corps étranger vienne s’y ajouter.
N'ymple (PI. IX, fig. 3 et PI. VX, fig. 7). Celle-ci présente la forme
typique des nymphes de Metriocnemus ; elle manque de cornes
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 287
prothoraciques; de chaque côté de l’abdomen, on aperçoit un
bourrelet qui le parcourt longitudinalement. L'’extrémité caudale
est en forme de trapêze. Une échancrure ventrale du pénultième
segment, visible dans la fig. 7 (PL. XV), est fortement chitinisée et
présente une série de petites dents dirigées en arrière.
La nymphe se maintient près de la surface de l’eau, entourée par
son tube gélatineux. Si elle est excitée, elle descend dans son tube,
pour remonter après; cette locomotion s’ellectue grâce aux
ondulations serpentiformes de l'animal.
Lorsque la nymphose s'opère au fond du bocal d'élevage, les
nymphes, condamnées à mourir par l’asphyxie si elles ne reviennent
pas au contact de l’air en nature, donnent de brusques secousses et
tapent contre Le fond du bocal ; agissant ainsi, elles arrivent parfois à
se détacher du fond et à remonter vers la surface, elles sont ensuite
rejetées contre la paroi du bocal et l’éclosion peut s'opérer.
Les champignons aquatiques, Saprolégniacées ou autres, se
développent sur l'enveloppe gélatineuse de la nymphe et parfois
attaquent cette dernière. Celle-ci peut alors succomber; dans
d'autres cas l’imago éclot, malgré l'infection de la peau nymphale.
La nymphose dure de cinq à huit jours.
Tnago: a) Femelle. (PI. IX fig. 1). — Palpes à 4 articles; le
premier est le plus court et le troisième le plus long. Trompe d’une
longueur moyenne. Le premier article antennaire est légèrement
plus gros que les autres. Yeux moyens, séparés, ronds.
Thorax brun orangé, avec deux lignes qui s'unissent vers le
milieu en une seule ligne médiane, ce qui donne l'aspect d'un Y. De
chaque côté de celle-ci, on voit deux lignes en croissant, à concavité
externe. Toutes ces lignes sont de couleur brune.
Aïles légèrement enfumées, à pubescense fine. Radius en S;
nervure discoïdale de la même grosseur que le radius avant d'arriver
à la transversale, plus mince ensuite. Branches de la nervure posti-
cale minces, une fois unies, de la même grosseur que les autres
nervures. Bords inférieurs de l’aile ornés de soies plus longues que
celles qui recouvrent l'aile.
Pattes très longues, assez poilues; jaunes avec l'extrémité plus
foncée.
Abdomen jaune, à poils courts. — Longueur 3 1/2 à 4 "f".
288 GC. PICADO.
b) Mâle (PLIX, fig. 4). — Sa coloration est la même que celle de la
femelle, mais beaucoup plus foncée, de manière qu'il paraît noir.
L'abdomen est plus grêle que celui de la femelle. La pubescense de
tout le corps est beaucoup plus longue que celle de la femelle.
Les mâles sont beaucoup moins abondants que les femelles.
Outre les individus de taille normale de l'espèce, on en trouve parfois
d’autres qui sont beaucoup plus petits, et dont la coloration jaune est
très vive ; les dessins du thorax ne sont pas aussi marquês chez eux
que chez les individus de taille normale.
Ces générations naines proviennent, au moins dans un certain
nombre de cas, des femelles non fécondées, qui, maintenues à jeun,
pondent dans le même bocal. Là, leurs œufs se développent parthé-
nogénétiquement.
Chirocladius pedipalpus n. gen., n. sp. — ZLarve (PI. XV,
fig. Set9 et PI. IX, fig. 5). — Cette larve rappelle à la fois celle des
Chironomus, des Orthocladius et des Metriocnemus. Elle mesure
1 centimètre environ, sa coloration est rouge carmin très intense.
Les appendices respiratoires du pénultième segment manquent,
caractère qu’elle partage avec d’autres larves de Chironomus. Sa
tête (PI. XV, fig. 8), rappelle beaucoup celle de la larve du Chiro-
nomus flatus JOHANNSEN. (Les nymphes et imagos de ces deux
espèces diffèrent d'une manière absolue).
Le labiuin (fig. 8, PL XV et fig. 24) présente 14 dents; chaque
côté, à partir de la ligne médiane comprend : 1° une dent longue ;
20 une dent courte ; 3° une dent aussi longue que la première ; et.4°
une série de 4 dents aussi petites que la 2°.
Les maxilles, courtes et grosses, possèdent un palpe de
dimensions moyennes portant les papilles sensorielles habituelles ;
elles possédent deux paires de soies sensitives (4 et b, fig. 24).
Les #andibules se terminent par une fourche composée de deux
dents presque égales ; on trouve, en outre, trois autres dents plus
petites (3, fig. 24).
Le labrum (4, fig. 24) présente une seule paire de soies sensi-
üves à leur bord (B), et deux paires de dents (C) dirigées vers la
ligne sagittale.
L'organe énigimalique présente une base en forme de cœur;
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 289
cette base possède trois bâtonnets sensitifs (D), terminés par
quelques soies ; les 4 baguettes (F) se terminent aussi par des soies.
On aperçoit, en outre, en arrière de cette base, un corps en forme de
croissant, à concavité dirigée en arrière. Les grands appendices de
l'organe possèdent des soies basales et des soies distales, ainsi
que les dents chitineuses habituelles.
Fi. 24. — Chirocladius pedipalpus. 1. Moitié droite du labium. 2. Maxille.
a et b — soies sensitives, p — palpe. 3. Mandibule. 4. Labrum. B — soies
du labrum ; C dents labiales; D — bâtonnets sensitifs basaux de l'organe
énigmatique ; # — baguettes sensitivés.
Les antennes sont composées de cinq articles (l à V, fig. 24)
dont le dernier est sétiforme. On trouve aussi une branche interne
(C) à la base du deuxième article. Les antennes sont relativement
petites.
L'extrémite postérieure de la larve (PI. XV, Fig. 9) est consti-
tuée par un segment très long portant les branchies anales. L’avant-
dernier segment présente un cône sétigère, tout à fait réduit, en
forme de mamelon, couronné par une houppe de soies fines et
abondantes.
La larve fabrique un tube gélatineux qu’elle recouvre de toute
sorte de détritus ; la vie larvaire dure plusieurs mois.
290 G. PICADO.
Il est à noter que ces larves ont été exclusivement trouvées à La
Estrella et à Peralta. À La Estrella, elles sont très abondantes.
Nymphe. — Celle-ci présente la forme typique des nymphes de
Chironomus avec ses cornes prothoraciques ramifiées et sa
nageoire caudale portant de longues soies (PI. XV, Fig. 10).
Cette nymphe, libre, en forme de croissant se meut de la
même manière que les nymphes de Chironomus: grâce à une
contraction de sa face ventrale. On trouve très facilement ces
nymphes dans les grandes Broméliacées de La Estrella, où ce Chiro-
nomide est extrêmement abondant.
Diagnose.
Chirocladius n. gen. — Aux genres provenant du démem-
brement de l’ancien genre Oythocladius, j'ajouterai le genre Chiro-
cladius qui forme un trait d'union morphologique entre les
Chironomus et les Orthocladius actuels ; l’Insecte possède, en effet,
un certain nombre des caractères de chacun des genres précités.
Le genre Chirocladius est caractérisé de la façon suivante : ailes
longues, glabres, tachées ; à nervures s’unissant seulement à la base
de l’aile, sauf la posticale, qui se bifurque vers la moitié de l’aile.
Ailes à deux lobes basaux, dont le proximal seul porte des soies.
Le lobe distal, sinueux, est moins prononcé. Pattes antérieures
profondément modifiées, au point d'être inutiles pour la marche:
elles sont toujours relevées à la manière d'antennes. Tibia comme
chez les Orthocladius. Les articles tarsaux de la première paire de
pattes sont longs et grèles ; ils diminuent de grosseur vers l'extré-
mité; le dernier article est très grêle et pointu. Le thorax présente
deux lobes post-latéraux à côté du scutellum et en arrière le point
d'insertion des ailes. Les deux autres paires de pattes sont courtes
et parsemées de poils. Antennes avec des articles en forme de sphère
surmontée d’un cylindre.
Cet Insecte présente une ressemblance frappante avec les Céci-
domyies du genre Joannisia de KiErrER, particulièrement avec
celles des îles Seychelles recueillies pendant l'expédition Percy. La
disposition des nervures et la forme des antennes sont, en effet,
presque identiques chez ces deux Insectes. (PI. XV, fig. 11 et 12).
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 291
Les tibias, assez longs par rapport au premier article tarsal,
présentent la constitution de ceux des Orthocladius.
Les pattes antérieures sont également palpiformes, mais à un
degré beaucoup moindre, chez certains Chironomus. Sa larve
présente les caractères de celles des O7thocladius et sa nymphe de
celles des Chironomus.
Chirocladius pedipalpus n. sp. — Outre les caractères donnés
pour le genre, cette espèce présente les caractères suivants :
Femelle (PL IX, fig. 2). — Palpes à quatre articles, dontle premier
est très court. Antennes à six articles: le premier est gros, renflé,
cupuliforme ; 2° article en forme de cône renversé ; 3° à G°, sphériques,
chacun d'eux portant un pédicule cylindrique. Le 6° article est
terminé par une petite toufle de soies. Yeux réniformes. Thorax
brun piriforme. Une ligne étroite, foncée, le parcourt longitudi-
nalement ; deux autres lignes de la même couleur se trouvent sur les
côtés, ces dernières lignes sont moins marquées que la centrale.
Scutellum grand avec un sillon médian. Aïles très longues, hya-
lines, légérement enfumées, avec des taches violettes disposées de la
manière suivante : une entre le radius et la costa et deux dans
chacune des cellules qui suivent, c’est-à-dire, deux entre le radius
et la nervure discoïdale ; deux entre les nervures discoïdale et posti-
cale, deux entre les deux branches de la posticale, et deux entre la
posticale et le bord inférieur de l'aile.
Pattes des deux dernières paires, courtes, jaunâtres, parsemées de
soies fortes. L'articulation tibio-tarsale de la 3° paire est marquée
d'une petite tache noire.
Abdomen ovoïde, très gros pour un Chironomide ; sa couleur est
brun-sombre, chaque anneau abdominal présente à son bord
postérieur une teinte plus claire, jaunâtre. De cette manière
l'abdomen fait l'effet d'être annelé. Des soies éparses, pas très fines,
sont visibles aussi sur l’abdomen.
L'Insecte est strictement nocturne.
L'étude des divers états de cet Insecte nous montre une fois de
plus la grande importance de la connaissance des formes larvaires :
si on regarde l’Insecte adulte seul, on est fort embarrassé pour
établir sa place dans la classification; on ne peut pas le considérer
292 C. PICADO.
comme un Orthocladius, car sa nymphe présente des cornes
prothoraciques ramifiées comme celles des Chironomus; on ne
peut pas, non plus, le considérer comme un Metriocnerus pour la
même raison ; il n'est pas, enfin, un Chironomus, car ses pattes ne
présentent nullement la constitution des pattes des Insectes de ce
genre. Ajoutons encore que le faciès de l’animal est tout à fait
différent de celui des Chironomides typiques ; sa larve et sa nymphe
ont cependant la forme la plus typique de celles de la famille.
Chironomus. MEIGEX. HI. Mag. f. Ins. Vol 2. p. 260 (1803).
Chironomus sp.
Larve. — Parmi les larves des Chironomides bromélicoles de
Costa-Rica, celle-ci est la plus grande ; elle mesure jusqu’à 20 milli-
mètres. Son premier segment thoracique est très petit, si on le
compare aux autres segments de la larve (PI. XVI, fig. 2 et PI. IX,
fig. 5). La tête (PI. XVI, fig. 3) est petite aussi.
Le labium (fig. 25) possède 15 dents : une centrale grande,
1" latérale petite, 2° latérale aussi longue que la centrale; à celle-
ci font suite 5 dents subégales, un peu plus petites que la première
latérale.
Les maxilles (2, fig. 25) sont assez longues, elles possèdent un
épaississement chitineux (7) et une seule paire de soies sensorielles,
(a), leur palpe est moyennement long avec les papilles sensorielles
habituelles.
Les mandibules (3, fig. 25) présentent une légère courbure en $
vers la partie antérieure, car c’est la deuxième dent qui est placée à
l'extrémité. Elles possèdent 5 dents, la 2° étant la plus forte.
Le labrum (1, fig. 25) possède deux faisceaux antérieurs de soies
fortes, sans bulbe basal (A), composés, chacun, de 5 soies; deux
organes sensoriels (B), composés d’un bulbe basal et d’une baguette
qui porte des soies sensorielles à leur extrémité; ces soies sont
disposées en peigne et dirigées en arrière; en outre une paire de
soies coniques sans bulbe basal (C).
L’organe énigmatique est formé de deux pièces chitineuses repré-
sentant la base (K), chacune en forme de croissant, se touchant seule-
ment par leurs extrémités postérieures et ayant leurs extrémités
antérieures séparées par un espace étroit. Entre ces deux pièces en
croissant, légèrement en dessous de l’espace libre laissé par leurs
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 293
extrémités antérieures, se trouve un organe formé par une lame trans-
verse (D), qui porte une série de dentsdirigées en arrière. En dessous,
toujours en dedans des pièces basales en croissant, on voit deux
rangées de soies à bulbe basal et extrémité pointue (F) ; chaque rangée
est composée par 4 de ces soies, elles correspondent aux baguettes
sétigéres des autres Chironomes. Les appendices libres présentent
des soies seulement à leur extrémilé, parmi les dents chitineuses.
Les antennes (5, fig. 25) sont composées par 5 articles bien diffé-
renciés, le dernier n’affectant plus la forme d’une soie; à la base du
deuxième article, on aperçoit un appendice sétiforme (C).
FiG. 25. — Chironomus sp. 1. Moitié droite du labium. 2. Maxille, & — soies
sensitives; p — palpe: r» — renforcements chitineux. 3. Mandibule.
4. Labrum. À — soies du labrum; B — organe en peigne; C — dents
labiales. D — peigne de la base de l'organe énigmatique; Æ — pièce
latérale de cette base ; F — baguettes sensorielles. 5. Antenne. 1, IT, IIT, IV
et V — articles antennaires ; C — soie.
L'extrémité postérieure de la larve, (PI. XVI, fig. 1) présente
4 branchies anales au dernier segment. L’avant dernier segment porte
deux autres paires d'appendices branchiaux et une paire de petites
touffes de soies; le segment qui précède l’avant-dernier porte, lui aussi,
une paire de tubes branchiaux beaucoup plus petits que les autres.
294 C. PICADO.
Ces larves ont été trouvées à Orosi et ses environs dans les
Aechmea. Elles fabriquent un tube gélatineux recouvert par les
détritus des Broméliacées ; une fois à l’intérieur de ce tube, la larve
est animée de mouvements ondulatoires, qui établissent un courant
traversant le tube. On rencontre ces larves plutôt dans les endroits
découverts et dans les Broméliacées exposées au soleil qu’en pleine
forêt.
La nymphe ne présente rien de très caractéristique; c'est une
nymphe typique de Chironomus, la fig. 4 (PI. XVI), montre sa partie
terminale.
Tnago. — L'Insecte adulte présente une coloration pâle, l'abdomen
est souvent verdâtre ; les ailes sont laiteuses, ses nervures ont la
disposition que montre la fig. (5 PI. XVI). Cet Insecte est voisin,
peut-être, du Chironomus dorsalis MEIGEN.
Larve d’un Ceratopogoninæ.
Cette larve est la plus constante de celles qui vivent dans les
Broméliacées épiphytes de Costa-Rica ; malheureusement je n’ai pu
obtenir l’imago, bien que j'aie gardé plusieurs individus en bon état
pendant une année entière. La nymphe m'est également inconnue.
La larve est blanche à tête brune, jaunâtre ; elle présente la forme
d'un Nématode, forme très commune, d’ailleurs, chez les Ceratopo-
goninæ (PI. XVI, fig. 8 et {).
La tête allongée (PI. XVI, fig. 10 et fig. 26) présente deux paires
d'yeux bien séparés. Le premier segment thoracique présente une
sorte de bourrelet à la base de la tête.
Le labium (PI. XVI, fig. 10) a la forme caractéristique du groupe,
l'hypopharynx sous-jacent présente un bord finement denté.
Les mailles (?, fig. 26) sont trilobées, leur palpe est court. Je n'ai
pas vu sur les maxilles d'autre organe sensoriel que les papilles
situées à l'extrémité du palpe.
Les mandibules (3, fig. 26) sont en forme de corne très courbée, à
pointe arrondie ; elles ne sont pas dentées.
Le labrum (4, fig. 26) possède deux mamelons (4), qui portent,
chacun, quatre soies à bulbe basal. En dessous de ces lobes on voit
une paire de soies (b) et, plus bas, deux autres paires (c). Ces dernières
sont de différentes grandeurs ; les soies les plus internes sont les
plus petites. Toutes les soies possèdent un bulbe basal.
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTIES MILIEW BIOLOGIQUE. 295
L'organe énigmatique est représenté par deux pièces à extrémité
fourchue (4), sans aucune autre différenciation.
Les antennes (5 fig. 26) situées entre la première paire d’yeux sont
bi-articulées : leurs articles basaux, grands et courbés, se soudent
sur la ligne médiane (1, fig. 26); les articles terminaux sont en
forme de boule (#7, fig. 26).
77L.
ë.
Ca CA
d,
F1G. 26. — Larve de Ceratopogoninæ. 1. Tête ; « — Antennes. 2. Maxilles ;
1°, 2°, 3° — lobes maxillaires; p — palpe. 3. Mandibule. 4. Labrum ;
a, b, © — soies sensitives; d — Organe énigmatique. 5. Antenne droite ;
m —= Mamelon terminal,
L'extrémité postérieure de la larve (PI. XVI fig. 9 et 12) estgarnie
par six paires de soies dont 8 sont grandes et 4 petites. Il est à
remarquer que la disposition des soies est identique du côté dorsal
et du côté ventral, de telle manière que si l’on regarde à l’extrémité
postérieure de la larve, on ne sait jamais quel est le côté ventral et
quel est Le côté dorsal (PI. XVI, fig. 12). Ces soies sont disposées de la
manière suivante: une paire dorsale de soies longues; une paire
latéro-dorsale formée par des soies plus longues : une paire de soies
très petites insérées sur la même ligne que celles de la première
paire et plus bas que celles de la deuxième. Les trois autres paires
21
296 G. PICADO.
appartiennent à la face ventrale et sont disposées symétriquement
aux paires dorsales.
L'intérêt de cette description réside dans ce fait que plusieurs
espèces sylvicoles de Ceratopogoninæ, capables de sucer le sang de
l’homme, sont sûrement bromélicoles, et cet habitat explique
l’extrème abondance de ces Insectes dans les forêts de l'Amérique
tropicale.
2. Megarhinus superbus D. et K. (Culicide).
Les larves de Megarhinus de l'Amérique, avec celles de
Toxorhynchites du Vieux-monde, sont peut-être, parmi les larves
prédatrices de Culicides, les plus voraces.
Ce sont des animaux sylvicoles typiques ; les uns passent leur vie
larvaire dans les arbres creux et dans les Bambous cassés qui se
remplissent d’eau ; d’autres, dans les Broméliacées épiphytes ; M. F.
KxaB m'écrit, en effet, que les larves des espèces #inidadensis,
seplentrionalis, moctezuma et portorricensis ( — hailiensis
D. et K.) habitent les trous remplis d’eau des arbres; que celle de
M. hypoptes a êté trouvée dans l'eau retenue par un Bambou cassé.
Quant aux espèces bromélicoles, on en trouvera plus loin la liste.
La larve de Megarhinus superbus D. et K. a été découverte
par KNaB dans les Broméliacées épiphytes de Panama. Je l'ai
retrouvée dans les Broméliacées épiphytes de Costa-Rica, où elle
est très abondante ; de nombreux individus vivent simultanément
dans une seule Broméliacée.
La voracité des larves de M. superbus est telle qu’elles se détruisent
mutuellement ; c’est pourquoi elles se trouvent généralement isolées
des autres larves de la même espèce. C’est un fait qui paraît général
chez les Megarhinus bromélicoles, à en juger par les observations de
Lurz au Brésil.
Lorsque ces larves sont éloignées de la surface de l’eau, elles nagent
lentement, au moyen de battements de leur partie terminale. Le plus
souvent, elles se tiennent près de la surface de l’eau, qui lui sert de
point d'appui: leur siphon respiratoire est alors au contact de l'air
et, dans cette situation, le grand axe des larves fait avec la normale
un angle d’au moins 45°. Klles ne demeurent pas constamment fixées
au même point et peuvent se déplacer par un mode de locomotion
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 297
assez particulier : la partie antérieure du corps demeurant fixe, le
siphon abandonne la surface de l'eau, le corps s'infléchit de façon
à former une courbure à concavité dorsale, puis il se redresse, le
siphon se rapproche à nouveau de la surface. À ce moment, l’axe
longitudinal de la larve s’est rapproché de la normale ; mais peu à peu
il reprend son obliquité normale à 45° par un mouvement tout
à fait passif; l'obliquité de l'axe répondant à la position d'équi-
libre dela larve. On peut dire, alors, que la larve a avancé d’un pas;
elle marche, en quelque sorte, la tête en bas et les pieds au plafond.
Ce mode de progression n’est ni rapide ni fréquent ; la larve reste
presque immobile pendant des heures. Il suffit cependant qu'une
autre larve passe à sa portée pour qu’elle se recourbe brusqaement
et l’attrape. Klle demeure alors tranquille, le seul mouvement
perceptible étant celui des pièces buccales. Elle peut ainsi dévorer
dans l’espace de 2% heures, et presque sans bouger de place, un
nombre considérable de larves, surtout des Culicides.
À en juger par les cicatrices que ces larves portent souvent, les
œufs ne sont pas pondus isolément, mais ils doivent former un amas,
de la même manière que la ponte des Megarhinus separatus ARRIB,
figurée par GorLpi. Les Insectes, une fois sortis de l’œuf, se battent à
mort probablement, de manière qu'il ne reste qu'une seule larve
vivante. Quand il s’agit d’une bataille entre jeunes larves, la supério-
rité de l'une d'entre elles se fait bientôt sentir, car on sait que les
animaux jeunes grandissent en fonction de la nourriture qu'ils
prennent. Pour les larves âgées mises en contact, les résultats sont
tout autres : la première fois que j'ai extrait ces larves des Bromé-
liacées épiphytes avec l'intention de les élever, j'en ai mis jusqu’à
six dans un même bocal; quelques instants après j'assistai à un
combat général : les larves formaient une chaîne, chacune en ayant
saisi une autre, étant elle-mêne saisie et ainsi de suite. En fait, je
n'ai jamais pu élever plus d’une larve par bocal, même si celui-ci
était grand et plein de larves d’autres espèces de Culicides. Dans le
précédent chapitre, nous avons vu comment la disposition de l’aqua-
rium Bromélien permet le développement simultané de plusieurs
larves de Megarhinus.
Description de la larve.
Elle est d’une longueur de 15 millimètres, environ ; son corps est
gros el trapu ; les soies sont courtes. On aperçoit sur tout le corps
298 C. PICADO.
de petites taches violacées, celles-ci plus grandes sur le premier
article thoracique; dans les articulations intersegmentaires, on
aperçoit, sur la ligne dorsale, des taches noires plus ou moins rondes
(fig. 5, PI. XVII).
Tête. (fig. 27). — Celle-ci est grosse, fortement chitinisée ; les faces
dorsale et ventrale sont plates: son épaisseur, néanmoins, est plus
considérable que chez la plupart des autres Culicides. Au niveau de
son articulation avec le thorax, la tête porte une sorte de collier
plus chitinisé.
Fi. 27. — Megarhinus superbus (tête de la larve); À — face dorsale; B =
face ventrale.
Le labium (PL. XVI, fig. 1) est constitué par 17 dents : une centrale
très grande, flanquée de chaque côté par 8 dents: 1 petite, 4 sub-
égales, plus grandes que la première latérale, et 3 autres beaucoup
plus courtes, la dernière de celles-ci, qui est la plus petite, manque
chez les larves jeunes.
Les mailles, très aplaties, sont situées de chaque côté de la lèvre,
elles sont très petites, en relation avec la tète ; elles sont composées
(PI. XVII, fig. 2), par trois petits lobes, dont chacun porte un grand
nombre de soies grosses et petites. Le palpe maxillaire, très grande,
par rapport à la maxille, se termine par deux papilles sensitives,
bautes, cylindriques, surmontées par une pelite soie conique; on
y trouve, en outre, une soie très longue et d’autres plus petites.
Dans le corps de la maxille on aperçoit des lignes foncées corres-
pondant à des renforcements chiniteux.
Les #andibules (PI. XVII, fig. 3), sont très grandes et très fortes ;
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 299
elles possèdent à leur partie distale 6 dents disposées en deux plans
superposés : le premier comprend deux dents et le second quatre.
L'épaisseur des mandibules est considérable. Tout près des deux
dents du premier plan se trouve une rangée de sôies assez fortes;
d'autres soies plus fines se trouvent à la base de la mandibule
(côté interne). Le reste est glabre.
Le labrum. (fig. 27), très haut, porte à sa surface antérieure,
convexe, un grand nombre de soies très fines, et, en outre, deux
rangées latérales de soies, composées chacune par douze soies
fortes, courbées, de couleur ambrée. Ces soies s’insèrent sur une
protubérance mobile, située à la face dorsale de la lèvre supérieure.
Les antennes (x, fig. 28) sont plutôt courtes ; elles s’insérent sur
un tubercule de la tête, elles se terminent par deux papilles cylin-
driques et par quelques soies. D’autres soies se trouvent le long de
l'antenne. À sa base, on aperçoit une tache enfumée.
Soies et ornements. — La tête ne porte que quelques soies. Le
corps, par contre, possède des soies de 5 types différents (PI. XVII,
fig. 7): 1° des soies simples (S) ; 2° des soies épineuses (R); 3° des
soies en aigrette (Ai); 4 des soies en houppe (H); 5° des soies en
houppe ramifiée (sur le siphon respiratoire).
Les soies simples peuvent avoir différentes grosseurs et tailles, les
soies épineuses ou ramifiées sont généralement longues et grosses,
de couleur claire ; les soies en aigrette offrent de nombreuses ramifi-
cations, elles sont souples; les soies en houppe sont petites, noires
et raides.
La fig. 5 (PI. XVII) nous indique la position des soies sur la partie
antérieure du corps.
Les soies simples se trouvent, en outre, sur la tête, sur les
antennes et à la partie dorsale de l'extrémité postérieure du corps.
Les soies ventrales de la partie postérieure du corps sont en aigrette,
elles forment à leur insertion le dessin que représente la fig. 6
(PI. XVII). De chaque côté de ce dessin part une rangée d’écailles se
dirigeant vers la partie dorsale et postérieure ; au centre de chacune
de ces rangées latérales on voit une soie. Les écailles qui forment ces
rangées postérieures sont de deux sortes, les unes longues et les
autres petites; une écaille longue alterne régulièrement avec une
petite (PI. XVII, fig. 8).
Quelques soies en aigrette, s'insérant sur une tigelle, à la maniére
des soies en houppe, se trouvent sur le siphon respiratoire.
300 GC. PICADO.
Siphon respiratoire et branchies. — Le siphon respiratoire (b,
fig. 28) est légèrement recourbé en arrière. Sa forme est celle d'un
tronc de cône. Dans son premier üers, il porte les soies en aigrette
réunies en houppe. L’extrémité du siphon (PI. XVI, fig. 4) est formée
par une rosette à » lobes: 1 dorsal très petit, 2 latéro-dorsaux et
2 ventraux.
FiG. 28. — Megarhinus superbus. a — antenne larvaire ; b = extrémité caudale
de la larve ; c — extrémité caudale de la nymphe; 4 — corne respiratoire
de la nymphe.
Les lobes latéro-dorsaux sont composés de deux parties: l'une
basale à bords lisses, l’autre distale à bords découpés ; au niveau de
la ligne de séparation de ces deux parties, du côté externe, prend
naissance une soie, Les lobes ventraux, ou postérieurs, sont à bord
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 301
lisse ; ils portent à leur extrémité trois papilles sensitives, plus
quelques soies.
Les branchies sont représentées, comme chez les autres larves de
Megarhinus, par 4 appendices très courts.
Nymple. — La nymphe se tient, comme la larve, presque
toujours à la surface de l’eau. Ses mouvements de natation sont
beaucoup plus vifs que ceux de la larve.
Les cornes respiratoires sont longues et en forme de cône
renversé et recourbé (4, fig. 28).
Les nageoires sont arrondies (c, fig. 28).
Les larves et nymphes de Megarhinus ont été jusqu'ici décrites
d’une manière assez superficielle. C’est ainsi que la larve de Mega-
rhinus separatus ARRIB figurée par GoELDI. (0s Mosquilos no Para,
page 125), qui est la mieux décrite, à ma connaissance, pourrait se
confondre avec celle de AZ. superbus, si on en juge par les dessins ;
l’auteur donne en effet une figure du labium, qui coïncide exactement
avec une plaque labiale d’une larve jeune de M. superbus. La larve
âgée aurait, comme la mienne, 17 dents labiales ; les maxilles n’ont
pas êté figurées. Les mandibules sont semblables, de même que les
antennes et l'extrémité postérieure, sauf, peut-être, les écailles du
dernier segment abdominal. Les détails de la nymphe peuvent
aussi se confondre. Il faut donc examiner les larves de Mégarhines
plus en détail qu'on ne l’a fait jusqu'à maintenant, si l’on veut
arriver à bien caractériser les diverses espèces.
De plus, la classification des imagos est basée sur la coloration des
écailles et l’on peut se demander quelle est la valeur exacte de
ce caractère.
Les écailles des Culex, en effet, de même que les écailles des
Papillons changent de coloration sous l'influence de causes externes
eton connaît des variétés saisonnières. N'en serait:il pas ainsi pour les
Megarhinus ? I faudrait done, pour rapporter chaque larve à l’imago
correspondant, faire appel, non seulement à la coloration, mais aussi
aux caractères morphologiques proprement dits. C’est pour cette
raison que je vais donner une description morphologique de l’imago.
Imago. — Antennes à articles basaux courts, ceux du milieu de
l'antenne sont longs. Chez le mâle, les articles antennaires sont plus
courts et en forme de vertébres biconcaves (PI. XVI, fig. 1).
Palpes complètement recouverts d'écailles; parmi celles-ci on
302 G. PICADO.
aperçoit de nombreuses soies, les unes fines, les autres plus grosses.
Les soies s’agglomèrent à la fin du deuxième article palpaire. Le
dernier article palpaire du mâle est pointu, légèrement recourbé
vers le haut. Chez la femelle, l'extrémité du palpe, nue et brillante,
en forme de sphère, porte de nombreuses soies, parmi lesquelles on
en distingue trois beaucoup plus fortes (PI. XVIII, fig. Zet 3).
Thorax. Parmi les écailles du thorax, on aperçoit tous les intermé-
diaires entre la forme «en étendard » et la forme « en bêche ».
A la base de chaque aile on voit une touffe de soies.
A la partie antérieure du thorax, sur les tubercules d'insertion de
la première paire de pattes, on voit une rangée de soies fortes
(PL. XVIII, fig. 5). |
Ailes. Les écailles des nervures ont la même forme que celles
du thorax. Elles recouvrent toutes les nervures quand l'Insecte vient
d’éclore ; elles tombent ensuite, de manière que les Insectes qui ont
volé un certain temps ne possèdent d’écailles que sur quelques
nervures seulement. |
Le bord de l’aile (PI. XVIIL, fig. 4), possède des écailles longues et
courbées qui alternent irrégulièrement avec d’autres plus petites.
Les grandes écailles sont insérées sur de petits tubercules sétigères.
Pattes. Celles-ci sont recouvertes d’écailles, à tel point qu'il faut
les retirer pour apercevoir les soies qui se trouvent disséminées sans
ordre apparent, sur tous les articles.
L’extrémité des cuisses (PI. XVIII, fig. 7) offre une rangée de soies
fortes, beaucoup plus grandes que les autres. Ces soies sont insérées
dans des réceptacles cupuliformes possédant deux languettes qui
embrassent la soie (PL. XVII, fig. 8).
Les soies tombent très souvent ; mais on peut retrouver leur place
grâce à leurs réceptacles.
La forme des tibias est différente dans chaque paire de pattes
(PL. XVIII, fig. 6): ceux de la première paire sont recourbés à leur
partie distale ; ceux de la 2° paire sont courbés à leur partie basale ;
ceux de la troisième paire sont droits et se terminent en massue.
Les {arses sont recouverts par de nombreuses soies, surtout ceux
de la 3° paire.
La femelle possède une touffe caudale assez petite, colorée en
rouge éclatant au centre et en jaune doré sur les côtés. L'armaiure
génilale Au mâle est très caractéristique (PL. XVIIT, fig. 9 et 10).
Quant aux couleurs je les reproduis sur la figure 3 (PL. X).
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 303
3. Leptostyla gibbifera, n. sp.
(Hémiptère tingitidæ).
On rencontre souvent, dans les grandes Aechmea de la vallée de
Orosi, un grand nombre d'individus, larves et imagos, appartenant
à cet Insecte.
Les larves sont phytophages ; elles enfoncent leurs stylets buccaux
dans les tissus foliaires des Broméliacées. Elles restent immobiles
pendant des heures entières, mais, comme les Broméliacées sécrètent
une gomme, 1l arrive presque normalement que l'Insecte reste collé
à la feuille par cette gomme, avec une force telle que si on veut le
retirer à l’aide d’une pince, il perd souvent ses pattes; on trouve
même les Insectes adultes ainsi emprisonnés, quoique moins souvent.
J'ai eu l’occasion d'observer d’autres larves de Tingitidæ, parasites
des Euphorbiacées du genre Croton ; ces larves provoquent la sécré-
tion d’une gomme-résine particulière à ces plantes ; cette sécrétion
colle, de même que la gomme des Broméliacées, l’Insecte à la plante.
Le fait que des Insectes phytophages soient ainsi collés à la plante
dont ils se nourrissent, jusqu’au point de ne pouvoir plus s’en
dégager, paraît paradoxal; d'autant plus que c'est l'Insecte lui-
même qui provoque la sécrétion du liquide. L’emprisonnement n'est
cependant pas définitif; il est temporaire et dû simplement à la
dessication de la gomme sécrétée par les feuilles des Aechmea, à la
suite des piqûres occasionnées par l'Insecte, avant que celui-ci ait
changé de place. La dessication de la gomme ne s'effectue que
pendant les heures de grand soleil ; 1l suffit qu'il tombe la moindre
quantité d’eau sur la gomme, pour que l’Insecte soit remis en liberté.
Or j'ai déjà parlé des brouillards quotidiens, qui fournissent
la plus grande partie de l'eau des Broméliacées ; ces brouillards se
chargent le plus souvent de la libération de l'Hémiptère. Il est
bien certain, néanmoins, que bon nombre de ces Insectes périssent
englobés par la gomme, de même que beaucoup d’autres animaux
bromélicoles.
Il y a, de toutes façons, une période pendant laquelle les Hémip-
tères restent presque immobiles, période qui peut durer parfois une
demi-journée. Pendant ce temps les Insectes seraient à la merci
de leurs ennemis. Or, pour quiconque qui se laisserait guider par
un point de vue finaliste, l'animal devrait posséder un moyen de
304 G. PICADO.
défense à opposer à ses ennemis pendant la période de captivité. Cet
Hémiptère qui est armé de 33 épines ramifiées, d’un certain nombre
d'épines simples serait le type de l'animal capable de se défendre,
sans manifester aucune activité, c’est-à-dire de l'animal idéal pour
passer une demi-journée collé contre une feuille sans risquer le
moindre attaque.
Il n’en est rien cependant.
Les 33 effroyables épines à pointes multiples ne se terminent par
aucune pointe ainsi que permet de le voir un examen attentif! Ces
épines possèdent, en effet, en manière de pointe, une vésicule
transparente, à parois très minces C, (fig. 29). Des épines semblables,
à vésicules terminales, se trouvent aussi chez les larves d’autres
Insectes. Le rùle de ces vésicules n’est point connu; mais, étant
donné la délicatesse de ses parois, il est à supposer que leur rôle est
respiratoire.
Les larves de Leptostyla gibbifera sont parasitées souvent par
d’autres Insectes (Braconides très probablement); on trouve, en
effet, les dépouilles de ces larves, collées encore aux feuilles des
Broméliacées, avec le trou de sortie de leur parasite. Les épines
ramifiées sont donc tout à fait insuffisantes pour protéger la larve
contre ses ennemis naturels.
Description de la larve. — La larve (fig. 29) est de couleur
jaune plus ou moins grisàtre. Les yeux seuls sont bruns.
Les antennes, le rostre et les pattes sont longues. Le dernier
article antennaire est poilu; une pubescence très fine et claire
recouvre, en outre, les autres articles antennaires et l'extrémité des
pattes. Le fait le plus important à noter, c’est la présence d’un
grand nombre d’épines sur tout le corps de la larve. Ces épines
portent à leur tour d’autres épines secondaires.
La disposition de ces épines ramifiées est la suivante : T'éle, 5 épines
(deux antérieures, deux postérieures et une au centre); Thoraæ,
6 épines sur la carapace thoracique ; (deux dorsales antérieures et
deux de chaque côté), le bord de celle-ci porte, en outre, d’autres
petites épines non ramifiées; Abdomen, 18 épines (deux dorsales
antérieures formant paire, puis une petite épine très courte, centrale,
dorsale aussi ; une série de trois épines dorsales, grandes, placées
sur la ligne médiane. Les autres épines sont latérales et au nombre
de six de chaque côté ; Ebauche des ailes, 4 épines (deux de chaque
côté). Les bords latéraux des ébauches claires possèdent d'autres
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 305
petites épines semblables à celles que j'ai signalées sur les bords
latéraux du thorax.
Il y à donc en tout 33 épines ramifiées sur le corps de la larve,
dont 5 sont dorsales et impaires.
FiG. 29. — Leptostyla gibhifera ; A — larve de profil; B — larve vue dorsa-
lement; C — l’une des épines de la larve.
Il faut remarquer que les épines ramifiées peuvent être repré-
sentées, chez un individu très jeune, par des épines simples ; c’est
ainsi que la larve que j'ai représentée vue de dos ne possède qu'une
seule épine ramifiée dans chacune des deux ébauches alaires, l’autre
épine est simple ; on peut remarquer au premier coup d'œil que cette
larve est plus jeune que celle qu'on voit de profil, grâce aux ébauches
alaires beaucoup moins distinctes.
306 G. PICADO.
Imago.—Leptostyla, Stal, Enum. Hemipt. WI, pp. 120, 125 (1873).
Champion, Biol. Centr. Am., Rhynchota, Il, pp. 11 (1897).
Leptostyla gibbifera n. sp. fig. 30 et (PL. XIII, fig. 5). —
Allongée, élargie en arrière, corps rougeàtre. Membrane des
élytres hyaline. Pronotum ochracé. — Pattes testacées, fémurs
obscurs. Antennes à 4° article noir sauf l'extrémité, qui est plus päle.
— Nervures du pronotum noires; nervures des élytres rouge-
ocre. — Ailes noires, hyalines.
Antennes avec pubescence fine sur les trois premiers articles, 4° à
pubescence plus forte. — Reste du corps glabre. Antennes assez
longues, grêles, premier article deux fois plus long que le 2e,
4° article de 2/3 du 3, environ.
Tête avec deux épines dirigées en avant et une crête centrale
dirigée vers le bas et simulant une 3° épine frontale.
Expansions latérales du pronotum arrondies, soulevées en forme
de tuile (B fig. 30), réticulation forte.
Coilfe en forme de casque globuleux, la pointe en avant. — Les
trois crêtes du pronotum foliacées, celle du milieu plus haute.
Rostre occupant presque toute la longueur du sillon rostral.
Partie postérieure du pronotum triangulaire à fine réticulation.
Réticulations des expansions latérales bisériées.
FiG. 30. Leptostyla gibbifera ({mago). A — Rostre et sillon rostral; B —
partie antérieure du corps vue de profil; € — élytre.
Elytres moyennes, à forme ovoïde, plus où moins allongée. —
Aire discoïdale fusiforme, soulevée, arrivant presque à la moitié de
l'élytre; sa partie centrale est composée par 4 rangées de fines
aréoles (C, fig. 30).
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 307
Aire sub-costale, étroite, bisériée. — Aire costale à 5 rangées
d’aréoles vers le centre. — Aréoles de l'aire suturale nombreuses,
sub-égales.
Longueur 4 mm., largeur 2 1/2 millimètres.
Type au laboratoire d'Evolution à Paris; Paratype au British
Museum.
Habitat : Orosi, 1.200 mètres d'altitude ; dans les Broméliacées
épiphytes du genre Aechinea.
M. G. C. CHaMproN a eu la bonté de contrôler cette description et
de comparer cette espèce avec celles décrites par lui dans la Biologia-
Centrali-Americana. D'après lui cette espèce en diffère absolument ;
la plus voisine serait, peut-être, Leptostyla dilaticollis CHAMP. du
Guatemala. Cette dernière est beaucoup plus large, d’ailleurs.
4. Scirtes championi Picapo.
(Coléoptère dascillidcæ).
Parmi les diverses espèces de larves de Coléoptères qui habitent
les Broméliacées, les plus caractéristiques sont les larves de Dascil-
lidæ (Helodinæ).
En 1883 FRIEDENREICH a décrit Pentameria bromeliarum qui ne
doit pas être autre chose qu'un Helodinæ, bien que l'auteur le
donne comme un Halticidæ, qui serait aberrant au point de ne pré-
senter aucun des caractères de la famille: d’après la description
qu'il donne de la larve et de l’imago on peut affirmer sans crainte de
se tromper qu'il s’agit d’un Dascillidæ (1).
CALVERT (1909) trouve à Juan Vinas (Costa-Rica) quelques larves
de Helodinæ ; j'ai pour ma part rencontré (1910) des larves appar-
tenant au genre Scèrles dans la presque totalité des grandes
Broméliacées de Costa-Rica : j’en ai donné une description prélimi-
naire et la description du Scirtes issu des élevages (janvier 1913).
H. Scorr a rencontré dans les Broméliacées des îles de la Trinité et de
la Dominique une autre larve de Helodinæ (?) : il s’agit d’une autre
espèce voisine de la mienne, sur laquelle je donne plus loin quelques
détails. J. KNAB en a rencontré aussi dansles Broméliacées du Mexique.
(1) F. KNAB ayant lu le travail de FRIEDENREICH a compris lout de suite qu'il s’agit
d'un Dascillidæ (1913).
(2) M. H. Scorr a bien voulu m'envoyer quelques exemplaires de cette larve afin de
me permettre de les comparer avec celle de Costa-Rica.
308 CG. PICADO.
Les larves de Scirtes championi forment de nombreuses colonies,
surtout dans les Aechinea et Billberyia, dont elles possédent l'aire de
dispersion. J'ai rencontré cette larve dans le voisinage des côtes de
l'Atlantique, à une altitude de 200 mètres environ, dans le plateau
central (1.500 mètres d'altitude), dans les montagnes s’élevant à
2.500 mètres et sur les côtes du Pacifique à 300 mètres d’altitude
tout au plus. Parmi les Insectes bromélicoles, cette espèce est celle
qui possède le plus grand nombre d'individus, on en trouve de tout
âge, à toutes les époques de l’année.
Les larves très jeunes sont transparentes, elles ne portent que très
peu d’épines, mais de très longues soies ; à travers les téguments,
on aperçoit les trachées qui forment une espèce de fine dentelle.
Les larves âgées sont, au contraire, opaques ; leurs pattes possèdent
un grand nombre d’épines et Les soies de leur corps sont plus courtes,
en relation avec la taille de l'animal. On rencontre souvent ces larves,
surtout pendant la période qui précède la nymphose, enveloppées
dans une boule d’écume ; elles ne nagent pas, mais grimpent aisément
sur les feuilles des Broméliacées ; leurs corps aplati serait, d’après
CALVERT, une adaptation à la vie bromélicole ; cet aplatissement
correspondrait à l’étroitesse des espaces interfoliaires de la plante.
Grâce aux branchies rectales ces larves peuvent rester assez
lougtemps sous l’eau. Elles peuvent, en outre, supporter une grande
dessication. Les mouvements de ces larves rappellent ceux de
certains Isopodes.
Description de la larve âgée.
La larve est longue, large et très aplatie (PI. XIX, fig. 1), elle
mesure en longueur 6 millimètres et en largeur 2 à 2 1/2 mm.,
tandis que son épaisseur ne dépasse pas 1 millimètre. Sa couleur est
jaune, elle présente des tons qui varient du jaune clair au jaune
sombre ; chaque segment, à partir du mésothorax, présente une
bande transversale d’une couleur plus sombre (PI. XIX, fig. 1); cette
bande manque sur le 8° segment abdominal. Ses bords latéraux
sont garnis, depuis la tête jusqu’à l'extrémité postérieure, par de
nombreuses soies.
La lêle affecte la forme d’un disque presque complet quand les
maxilles ne sont pas écartées (PI. XIX, fig. 2). Les yeux, très visibles
sont de forme irrégulière et les antennes ont la même longueur que
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 309
le corps, elles sont composées par un très grand nombre d'articles
minuscules, qui diminuent de diamètre à mesure qu'on s'éloigne de
la base. La base des antennes (Fig. 31) est grosse et courte; elle
porte quelques soies fortes et courtes, généralement au nombre de
trois. Ces soies possèdent un bulbe basal.
Le deuxième article antennaire est moins gros que le premier, sa
longueur dépasse le double de celle du premier article, il porte des
soies minces et sans bulbe basal.
Entre le premier et deuxième articies se trouve un bourrelet plus
ou moins différencié. Les articles suivants, au nombre de plusieurs
dizaines, sont aussi longs que larges ; leur dimension est presque
le sixième de celle du deuxième article. L’antenne est traversée tout
du long par un axe de différente couleur, peut-être une trachée.
ice ;
FiG. 31. — Scirtes championt (larve). Antenne et palpe maxillaire (à gauche).
Maxille (à droite) ; A, région à soies en peigne ; &, extrémité de l’une de ces
soies ; B, région à soies crochues ; b, extrémité d’une soie crochue; Car,
cardo ; St, stipes ; Ga, galea ; Lac, lacinia ; Lgl, lobe galéo-lacinien.
Les pièces buccales de la larve de Scirtes championi présentent
une disposition tout à fait particulière. Dans la presque totalité des
larves de Coléoptères, de mème que celles des autres Insectes, les
pièces buccales sont armées à la partie distale de leur bord interne ;
310 C. PICADO.
la larve qui nous occupe a une conformation tout autre : les parties
distales des pièces buccales sont inermes, plus ou moins arrondies et
pourvues de soies sensitives ; sa partie proximale est, au contraire,
armée ; celle-ci est la partie masticatrice. Quand on regarde une
larve à un faible grossissement, on voit, juste en avant du front, un
sorte de W très noir (PI. XIX, fig. 2) constitué par l’ensemble
de ces pièces masticatrices sur lesquelles j'aurai l’occasion de
revenir.
Le labium (PI. XX, fig. 4) a la forme d’une mince et large lame
quadrangulaire, occupant presque toute la largeur de la face ventrale
de la tête. Il possède, au milieu du bord antérieur, un bulbe sétigère
(Bs, fig. 32) qui porte 4 soies dentées (S). Tout le bord antérieur du
labium possède de nombreuses soies très courtes et fines; dans
chacun des angles antérieurs on voit un palpe (P) composé de deux
articles.
De la base du palpe au centre du labium et de chaque côté, s'étend
une ligne de dix dents (D) en forme d’épine de rosier. Entre ces
deux files de denis se trouvent deux papilles sensitives (ps, fig. 32).
En avant des dents labiales se trouvent quelques soies éparses très
minces (S. fig. 32). Les maxillules Ml sont allongées; elles
possèdent une file de dents (4) très nombreuses, longues et pointues.
Elles sont très peu visibles, de même que les détails de l'hypopharynx
(H); toutes les sutures de la lèvre imférieure en général sont très
transparentes et très peu nettes. Le labium possède un talon
chitineux dirigé en avant.
Les maæilles (PI. XX, fig. 1 et fig. 31) ont un bord arrondi,
leur Cardo et Stipes (Car et St de la fig. 31) ne sont pas bien
délimités. Le Galea, (Ga) présente à sa partie distale des soies de
deux sortes, les unes crochues (b) et les autres en peigne («) ; les
premières couvrent toute la surface sétigère, tandis que les secondes
sont cantonnées à l'extrémité (A). Le Lacinia (Lac) se termine par
une pointe en forme de peigne, très transparente, difficile à voir, et
par quelques soies.
Entre le Galea et le Lacinia se trouve un lobe (Zgl.).
Le palpe mawillaire, triarticulé, possède quelques soies. Il dépasse
les deux premiers articles antennaires (Fig. 31).
Les mandibules (PI. XX, fig. 2) sont moins longues et plus
larges que les maxilles ; elles sont formées par deux lobes séparés
par un sillon. À la base de la mandibule existe un groupe de soies
LES BROMÉL'ACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 311
fortes et courtes ; son bord externe porte des soies longues et grosses,
tandis que son lobe distal interne est garni par de nombreuses soies
longues et fines.
A sa base et à sa
partie interne,on
voit deux talons
chitineux.
Le labrum
(PLXXS fig 3),
beaucoup plus
petit que le /a-
biumm, est forte-
ment échancré.
Les lobes du
bord distal sont
ornés de soies ;
parmi celles-ci
et dans chaque
lobe, on en aper-
çoit deux plus FiG. 32. — Scirtes championt (larve). Détails du labium.
P, palpe labiale ; Bs, bulbe sétigère ; S, une soie de
ce bulbe ; D, dents labiales ; ?, soies du labium ; ps,
grandes. Le fond
de l’échancrure papilles sensitives ; Æ, hypopharynx; Mæl, maxil-
estbordé parune lules ; 4, dents maxillaires.
file de papilles
sensitives ; quelques-unes de ces papilles se trouvent aussi sur les
lobes eux-mêmes. Le labrum possède un talon masticateur dirigé
en avant. Tout près du talon maslicateur, en avant de celui-ci, on
trouve une rangée de six papilles sensitives.
Thorax. Examinés par leur face supérieure les trois segments
thoraciques affectent la forme indiquée par la fig. 1, PL. XIX.
Examinés par la face ventrale, ils affectent la forme représentée par
ig: 6, PIXX:
Les pattes s’insèrent dans une gouttiére oblongue, creusée obli-
quement de dedans en dehors, dans la paroi du segment thoracique
correspondant. L'extrémité postérieure de la gouttière touche à la
ligne médiane du corps et se trouve en contact avec sa symétrique.
Les pattes s'autotomisent souvent au milieu de leur deuxième
segment, telles qu'elles sont représentées du côté gauche du
dessin (PI. XX, fig. 6); dans la fig. 7, PI. XX, j'ai ombré la
22
Si CG. PICADO.
partie qui se détache après autotomie), ce segment constitue la partie
basale libre de la patte, le premier segment étant soudé au fond de la
gouttière. Les pattes de la première paire (PI. XX, fig. 7) sont
constituées : 1° par deux plaques basales, (PI. XX, fig. 5) percées
d'une ouverture qui représente, peut-être, un stigmate prothora-
cique; 2 par cinq articles constituant la vraie patte. Le premier
de ces segments est le plus long, il porte des soies simples à leur
bord externe et aussi suivant une ligne qui se trouve sur sa face
ventrale ; tout près de son articulation avec le deuxième segment,
il possède deux épines courtes et pointues. Le 2° article, très court
est inerme: le 3°, presque aussi long que le premier, est aplati,
son bord antérieur est inerme, la deuxième moitié de son bord
postérieur est, au contraire, armée par une rangée de pointes
claviformes : le 4° article, plus petit que le 3°, présente un grand
nombre d’épines à bourrelet basal, les unes garnissent son bord
postérieur, les autres, ne formant pas une rangée, se trouvent
distribuées sur la face ventrale de ce segment, elles jouent proba-
blement un grand rôle dans la locomotion ; le 5° article est petit,
pointu, recourbé en arrière, il possède une épine du côté ventral
semblable à celles de l’article précédent.
Les pattes de la 2° et 3° paires présentent la même constitution
que la première paire, mais les plaques basales manquent.
L’abdomen est composé par les 8 segments habituels; ils ne
présentent rien de particulièrement intéressant, si ce n’est que les
téguments d'un segment quelconque se’ prolongent sur le segment
suivant, de manière à l'emboiter partiellement ; ces plissements (que
l’on trouve aussi dans les deux derniers segments thoraciques)
forment les bandes transverses plus sombres, traversant chaque
segment de droite à gauche, que j'ai déjà signalées. Chacun des
segments abdominaux, de même que tous les autres segments
du corps, sont ornés par de nombreuses et longues soies laté-
rales.
L’extrémité du corps présente une conformation particulière ;
vue du côte ventral (PI. XX, fig. 8), elle présente une lame
arrondie, se terminant par une sorte de disque ; c’est cette lame qui
livre passage aux nombreuses branchies rectales. En dessous de
cette lame (figurée en pointillé dans la fig. 9, PI. XX), on voit
deux lames latérales, pliées sur elles-mêmes (représentées dans la
même figure par les parties couvertes de hachures). La partie dorsale
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 313
de l'extrémité du corps est représentée par une lame arrondie
(celle-ci laissée en blanc dans notre schéma).
La conformation caractéristique de l'extrémité abdominale de la
larve de Scirtes championi joue, peut-être, un rôle important dans
la formation de boules d'écume dans lesquelles ces larves s’englobent.
Anatomie de la larve.
Appareil digestif. — L'armature masticatrice est composée :
1° par le talon chitineux de la lèvre supérieure (L, fig. 33) ; celui-ci
présente un bourrelet très saillant, très chitinisé, avec des sillons
transverses ; sa forme est celle d’un triangle à pointe arrondie dirigée
en avant; il possède en outre une base élargie ayant deux petits
lobes latéraux.
2° par le talon chitineux de la lèvre inférieure (/) ; celui-ci, est aussi
constitué par un bourrelet strié en forme d'U,dont l'ouverture se dirige
en arrière ; entre
les branches de
cetU,on aperçoit
une dent chiti-
neuse. La surface
du talon mastica-
teur de la lèvre
inférieure est en-
viron 4 fois plus
grande que celle
du talon de la
lèvre supérieure;
3°par le double
talon chitineux
de la mandibule;
lon nande FiG. 33. — Scirtes championi. Appareil us de
” la larve. M, talons mandibulaires ; A, talon sétigère ;
bulaire le plus L. dent du labrum ; /, dent du labium.
externe (A) n’est
pas fortement chitinisé, il possède des soies raides et courtes, dirigées
en dedans ; il représente le processus en peigne des autres larves de
Helodinæ ; le talon postérieur, plus rapproché de la ligne médiane,
est fortement chitinisé et présente des sillons transversaux sem-
blables à ceux des deux talons labiaux ; il est glabre.
314 C. PICADO.
Les talons chitineux des deux lèvres, situés face à face, laissent
entre eux un espace très étroit (PI. XXI, fig. 2); les talons basaux
des mandibules s’insinuent entre les deux talons des lèvres; ils se
touchent presque, quand les mandibules sont fermées, et ils se
frottent en même temps contre les talons chitineux labiaux. Le
mécanisme de la mastication est très vraisemblablement le suivant:
quand les mandibules sont écartées, les soies du talon antérieur
divergent; mais une fois que les mandibules se ferment, les soies
suivent un mouvement en arc de cercle. Grâce à ce mouvement, les
soies ramêneraient les particules alimentaires, les détritus végétaux
retenus par les Broméliacées, et les pousseraient entre les talons
mandibulaires basaux ; ceux-ci, en se rapprochant, écraseraient les
détritus, la trituration étant finie au moment de son passage entre
les deux talons labiaux ; bref, les détritus rentrés dans l’armature
masticatrice subiraient les mêmes effets que les grains de café dans
un moulin. En effet, c’est une sorte de poudre très fine qu’on trouve
dans le tube digestif de la larve.
L'œæsophage est court et très étroit, 11 se termine presque immé-
diatement après son passage à travers les ganglions nerveux. La
valvule œsophagienne (PI. XXI, fig. 2, Oe) est relativement petite.
L'intestin moyen, presque aussi long que la larve, est droit et renflé
à sa terminaison (PI. XXI, fig. 5 et Z2n, fig. 7). il se rétrécit pour
former un cône à sommet dirigé en arrière (PI. XXI, fig. 6), c’est
dans ce cône que débouchent les tubes de Malpighi. L’intestin
terminal (PI. XXI, fig. 7, Zt) est de la même longueur, à peu
près, que l'intestin moyen, il se replie en S à son extrémité,
(PL XXI, fig. 5). L'intestin terminal porte un nombre considé-
rable d'évaginations qui ne sont autre chose que les branchies
rectales {PLEXKT ie. 7 Pr).
Les seules glandes que j'aie pu voir dans cette larve sont les
glandes salivaires; celles-ci se trouvent incluses dans le /abium
(PL. XXI, G, fig. 2 et fig. 7); les canaux excréteurs suivent les
bords postérieurs du labium et viennent déboucher exactement en
arrière de l’armature masticatrice.
Le système nerveux (PI. XXI, fig. 1) est constitué: 1° par une
grosse masse ganglionnaire céphalique, dans laquelle on aperçoit
deux renflements sus-æsophagiens correspondant aux ganglions
cérébroïdes et deux renflements qui correspondent aux ganglions
sous-æsophagiens. Ces quatre ganglions sont très bien soudés et on
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 919
n'aperçoit pas de commissure péri-æsophagienne ; cette conformation
serait due à l'aplatissement général de la larve.
Les ganglions thoraciques sont gros, chacun très nettement séparé
de son symétrique, ils sont placés dans le 1°, 2° et 3° segments thora-
ciques, respectivement ; ils s'unissent entre eux, de même qu'aux
ganglions sous-æsophagiens et aux ganglions abdominaux, par des
commissures filiformes.
Les ganglions abdominaux, au nombre de sept, sont disposés de
la manière suivante : le premier se trouve situé dans le métathorax,
grâce à un raccourcissement des commissures thoraco-abdominales ;
on voit très nettement encore la soudure des deux ganglions
latéraux qui le constituent. Le 2° ganglion abdominal est séparé du
précédent par de courtes commissures, de manière qu'il vient se
placer juste au centre du premier segment abdominal. Comme les
autres commissures ont à peu près la longueur d’un segment abdo-
minale, il s'ensuit que le déplacement subi par les deux premiers
ganglions abdominaux se traduit par un déplacement total de la
chaîne nerveuse abdominale. Le 7° et dernier ganglion abdominal
est plus grand que les autres, il est formé vraisemblablement par la
soudure des ganglions abdominaux des deux derniers segments, 1l
donne de nombreux filets nerveux dirigés en arrière.
Les tubes de Malpighi, au nombre de trois paires (PI. XXI, fig. 7,
TM) débouchent dans le cône terminal de l'intestin moyen. La
première paire débouche à la base du cône, les deux autres paires
à leur sommet. Le plissement en $ de l'intestin terminal a comme
conséquence une disposition très compliquée des tubes de Malpighi :
en effet, quand on pratique une coupe intéressant les 6 tubes de
Malpighi (PI. XXI, fig. 4), on aperçoit parmi les trois sections du
tube digestif (T4.) seulement 5 tubes de Malpighi; pour trouver le
6°, il faut le chercher de l’autre côté (6°) parmi les cellules du tissu
adipeux. Le fait que l’on trouve 5 tubes de Malpighi d'un même
côté et que ces tubes naissent par paires symétriques, fait voir que
deux de ces cinq tubes naissent de l’autre côté du tube digestif (côté
droit) et qu'ils passent secondairement du côté gauche, pour se
réunir aux trois tubes nés de ce côté. La dissection de la partie posté-
rieure du tube digestif montre de quelle manière ils sont disposés
(PI. XXI, fig. 6). Le 2° et 3° tubes du côté droit se recourbent en
arrière, puis ils se dirigent vers l'avant, passent par dessus la
première anse de l'intestin terminal et viennent se placer sur les
316 C. PICADO.
trois tubes du côté gauche (PI. XXI, fig. 5 et 6). On voit donc qu'il
faut suivre jusqu’à leur naissance chacun des tubes de Malpighi
pour savoir quel est son symétrique et de quelle paire il fait partie (1).
Les glandes génitales (Gg., fig. 3, PI. XXI) sont constituées
par un certain nombre de masses rayonnant d’un point central
dans toutes les directions, comme si elles étaient les rayons d’une
sphère. Elles sont situées dans le troisième segment abdominal.
L'étude morphologique que je viens de faire est la première qui
ait trait aux larves du genre Scirtes ; cette larve est très voisine de
celle de Æelodes; j'ai déjà indiqué, dans une note antérieure, les
principales différences que l’on trouve entre les larves de Scirtes
championi et celle de Helodes iminuta. Quant à l'anatomie des
autres larves de Jelodinæ, elle n’a jamais été faite.
Nymphe.
Au moment de la nymphose, la larve sort de l’eau en remontant
le long d’une feuille; elle demeure au voisinage immédiat de la
surface. À ce moment, elle sécrète une écume abondante qui s’accu-
mule autour d’elle, tout en laissant une cavité relativement large.
Une fois que la boule d’écume est formée, on constate que l’animal
qui est à l’intérieur ne touche nullement à ses parois ; là s'effectue la
dernière mue larvaire.
(1) La dissection de la partie proximale des tubes de Malpighi est très difficile à
faire, à cause du contournement du tube digestif et des tubes de Malpighi eux-mêmes.
J’ai pu effectuer d'une manière relativement facile cette dissection de la manière que
voici: on coupe, à l’aide de ciseaux, les bords latéraux de la larve (de façon à pouvoir
l'ouvrir comme si elle était formée par deux couvercles), on colore « in toto » dans le
carmin chlorhydrique pendant deux ou trois heures ; puis on dissèque la larve dans l'alcool
assez fortement acidulé à l'aide de quelques gouttes d'acide chlorhydrique ; la larve
commence à se décolorer peu à peu ; au moment où l'on ne voit plus aucune coloration
dans les cellules du tissu adipeux, on transporte la larve dans de l'alcool faiblement
alcalinisé (à l’aide de la potasse), on laisse un moment, on lave dans de l’alcoo] pur et
on continue la dissection dans de l'alcool à 70° ou 80°. De cette manière on obtient une
coloration faible de l'intestin moyen et des muscles, tandis que les noyaux des tubes de
Malpighi restent fortement colorés on peut alors les suivre parmi les diverses cellules du
tissu adipeux. On peut ainsi dégager le cône terminal de l'intestin moyen avec la
partie basale des tubes de Malpighi, on en fait l'étude, une fois effectué le montage
dans le baume de Canada.
Par le même procédé, on obtient également une faible coloration des ganglions nerveux
et des glandes salivaires; on peut ainsi suivre les canaux de ces dernières jusqu'à
l'endroit où ils débouchent.
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE 317
Les nymphes ne quittent pas la dernière peau larvaire; au contraire,
elles restent attachées à cette dernière grâce à leur dernier segment
abdominal qui pivote, à la manière d’un bouton à pression, dars la
peau larvaire ; celle-ci reste sur le plancher de la cavité interne de la
boule d’écume et joue le rôle d’une nacelle soutenant la nymphe.
C’est ainsi que celle-ci est tenue éloignée des parois d'écume de
la crypte où la nymphose se passe (PI. XIX, fig. 4).
La nymphe (PI. XIX, fig. 3) possède une fine pubescence
sur le thorax. Les pattes sont pliées sur elles-mêmes, particu-
liérement celles de la troisième paire. Le dernier segmen abdominal
possède un sillon en ceinture, qui forme le bouton à pression
rattachant la nymphe à la peau larvaire (1).
Imago.— Scirtes Iliger, Mag. VI, p. 301 (1807) ; Champion, Biol.
Centr. Amer. Coleopt. I, 1, p. 606 (1897).
Scirtes championi Picano (PI. XII, fig. 3).
Femelle. — Forme elliptique, convexité peu proncncée (PI. XIX,
fig. 5 et 9) testacé, couleur ocre-brûlé ; toute la partie supérieure du
corps à ponctuations fines et serrées, celles-ci sont plus fortes sur les
élytres que sur la tête et le thorax. Une pubescence plus claire
recouvre la partie supérieure de l’Insecte (PI. XIX, fig. 5). Yeux
assez gros.
Antennes (PI. XIX, fig. 7): 1% article grand et plus gros que les
autres ; 2° article plus court et en forme de tonneau ; 3° artiele plus
grêle et un peu plus court que le 2°; 4° article aussi long que les
deux précédents réunis ; articles 4 à 10 subégaux ; 11° article un peu
plus long que le 10°. Les antennes ne dépassent pas la moitié du
corps, elles sont plutôt grêles (PI. XIX, fig. 5).
Palpes maæillaires à 4 articles : 1% et 3° petits ; 2° et À au moins
deux fois aussi longs que celui qui les précède ; 4° arucle à extrémité
arrondie.
Thorax très court, à bords légèrement aigus, de même que les
élytres. Il devient brusquement étroit vers l'avant. Il s'incline vers
le bas, de même que la tête.
(1) J'ai cherché, soit dans la larve, soit dans la nymphe, des glandes spéciales sécré-
trices de la substance qui forme l’écume, mais je n’ai pu rien trouver. M. Licewr a
montré que, chez certains Hémiptères, le liquide qui forme l'écume est secrété par les
tubes de Malpighi ; il en est probablement de même chez le larve de Se. champtont.
318 CG. PIGADO.
Pattes postérieures à coxa forte. Tibia avec une légère courbure
vers le haut (PI. XIX, fig. 6) : sa face interne est plate, tandis que la
face externe est convexe (XIX, fig. 8). Epine tibiale supérieure au
moins aussi longue que les 2/3 du premier article du tarse.
Longueur, 3 millimètres ; largeur 2 millimètres.
Patria : Costa-Rica.
Une femelle au Bristish Museum et une autre au Laboratoire
d'Évolution à Paris.
Scirles championi est probablement une espèce voisine de S.
pulicarius, décrite par CHAMPION dans la Biologia Centr. Amer.
(4. c., p. 606-617). Elle diffère cependant de cette dernière par sa plus
grande taille et sa forme moins longue et par les ponctuations de la
surface supérieure qui sont plus serrées.
Le Scirtes insularis Came. (Tr. Ent. Soc. London, 1897,
p. 292), des Antilles, a une tête et un thorax plus larges; les yeux
sont plus gros et son corps moins convexe.
S. championi présente le faciès d’un Cyphon.
Les Insectes adultes, qui se trouvent entre les feuilles des Bromé-
liacées, sont très difficiles à capturer, car, aussitôt que l’on touche à la
plante, ils se sauvent avec une vitesse extrême, grâce à la rapidité
de leurs sauts. L'élevage des larves est assez difficile et je n’ai pu
obtenir que l’éclosion des deux femelles qui ont servi de types pour
décrire cette espèce.
Faits relatifs à la larve de Saorr.
La larve de Helodinæ trouvée par H. Scorr dans les Broméliacées
épiphytes de la Trinité et de la Dominique est plus longue et moins
aplatie que la larve de Scirtes championi. Les antennes sont
sensiblement plus longues. Les pattes n’ont pas le premier article
soudé à la gouttière articulaire.
Les pièces buccales présentent aussi un certain nombre de
caractères différentiels : le labium est plus chitinisé, les sutures
sont plus visibles et l’hypopharynx a une forme différente de celle
de ma larve. A côté du bulbe sétigère et en avant des dents labiales,
parmi les soies de cette région, on en aperçoit quelques-unes qui
dépassent les autres et qui possèdent un bulbe basal; ces soies
n'existent pas chez la larve de Sc. championi. Les dents labiales
n'ont pas la forme d'’épines de rosier, mais elles sont plus droites.
Les dents maxillulaires sont beaucoup plus longues. Les deux
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 319
papilles sensitives intermaxillulaires de la larve de Sc. championi
manquent chez la larve de Scorr. La dent masticatrice est plus
forte que celle de ma larve, elle a une forme différente. Les
maxilles sont semblables chez les deux larves, seulement, la larve
de ScoTr possède un peigne lacinien beaucoup plus visible et plus
fort que celui de ma larve; les soies du palpe maxillaire sont, en
outre, plus fines que celles de Sc. champion.
Les mandibules possèdent un processus en peigne qui manque
chez ma larve.
Le labrum est aussi très échancré. On n'y voit pas les 2 paires de
longues soies qui existent chez la larve de Sc. championi, mais
9 soies longues et très visibles. Dans le fond de l’échancrure de la
lèvre, on aperçoit de nombreuses soies longues, à bulbe basal; ces
soies sont représentées chez ma larve par la rangée de papilles qui
bordent l'échancrure du labrum. Les 6 papilles sensitives du centre
du labrum sont plus marquées que chez ma larve.
L'insecte en question est probablement un autre Scirtes ou,
peut-être, un Oy«, genre très. voisin. Sa conformation ressemble
davantage à celle de la larve de Sc. championi qu’à celle de
Helodes : ce genre manquerait d’ailleurs, d’après G. C. CHAMPION,
dans les îles où Scorr a trouvé ces larves.
Il est à remarquer qu'un grand nombre de papilles sensitives des
pièces buccales de la larve de Sc. championi sont représentées par
des soies à bulbe basal chez la larve de H. Scorr. Ce phénomène de
remplacement des soies sensitives par des papilles, que l’on rencontre
quand on passe d’une espèce à l’autre, a été observé aussi chez les
larves de deux espèces de Diptères appartenant au genre Phora,
par D. Ken. (1911). |
9. Andiodrilus biolleyi Cox. DE Marr (PI. VII, fig. 5).
Ver Oligochète.
Parmi les divers Oligochètes qui habitent les Broméliacées
épiphytes de Costa-Rica, dont je donne plus loin la liste, l’une des
espèces les plus constantes et les plus répandues dans tout le pays
c'est Andiodrilus biolleyi Cocx.; elle est la plus grande de toutes.
L'Oligochète habite le terrarium bromélien et ne pénètre jamais au
centre de la Broméliacée.
320 C. PICADO.
Le caractère le plus frappant de ce Ver, c’est sa trompe exsertile
(fig. 34) ; quand l’animal marche, il projette sa trompe, à intervalles
Fic. 34. Andiodrilus biolleyi. Trompe dévaginée et lobes péristomiens.
réguliers, à la manière dont les serpents projettent leur langue ;
il palpe avec elle d’un côté et de l’autre, comme pour se guider
dans sa marche.
L'existence d’une trompe exsertile n’est nullement un caractère
exclusif de Andiodrilus biolleyi: quelques autres Oligochètes
possèdent une trompe semblable, telles, certaines espèces appar-
tenant aux genres Onychochæta, Hesperoscolex et Periscolex, en
outre, bien entendu, les autres espèces du genre Andiodrilus.
L'étude de ces Lombrics m'a montré un bon nombre de particu-
larités anatomiques qui n’ont pas été signalées par COGNETTI DE
Martus au moment où il décrivit cette espèce (1).
Andiodrilus biolleyi atteint souvent une longueur de 12 à 14
centimètres ; sa coloration est brune rougeâtre avec le clitellum plus
fortement coloré (Pl. VII, fig. 5). La trompe est de la même couleur
que le reste du corps, son extrémité est blanche.
- La trompe peut s’allonger jusqu'à un centimètre. Quand elle est
invaginée, on peut très bien apercevoir, même à l'œil nu, les quatre
lobes péristomiens (fig. 34); mais, si l'animal est brusquement
excité, ces lobes peuvent aussi s’invaginer.
Une coupe sagittale passant par la trompe (PI. XXII, fig. 1, T.)
montre que celle-ci est à la fois rétractée et invaginée. Des faisceaux
musculaires issus, à divers niveaux, des muscles longitudinaux
(1) Oligocheti di Costa-Rica. (1904).
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 321
qui doublent la paroi du corps (PL. XXII, fig. 1, M), traversent
la cavité générale, pénètrent dans la trompe et s’attachent en divers
points des parois de celle-ci. Ces faisceaux musculaires sont visibles
à la simple dissection. Leur rôle est limité à la rétraction
de la trompe; quant à sa projection, elle est due au liquide
de la cavité générale, qui, en pénétrant dans la trompe, à la
suite d'une compression, provoquerait la turgescence de cette
dernière. |
Les téguments de la trompe ne sont que la continuation directe
des téguments du corps; seulement, l'épaisseur de la couche
dermique est moindre et les glandes à mucus sont en petit nombre
(PRIT g 3):
Appareil digestif. — Le jabot montre une cuticule qui devient
plus épaisse à mesure que l’on s'éloigne de la partie antérieure
(fig. 35).
FiG. 35. — Cuticule du jabot. À, partie antérieure ; P, partie postérieure.
La partie du jabot où l’on trouve cette épaisse cuticule possède
de nombreux cœcums ramifiés (PI. XXII, fig. 1, R), dont l’ensemble
est recouvert par une couche musculaire. L'effet de cette épaisse
cuticule est très probablement de morceler les détritus des Bromé-
liacées, dont l’animal fait sa nourriture ; ils subiraient là une sorte
de mastication. Il me semble intéressant de signaler aussi la présence
d’un Champignon à mycélium cloisonné, dans la partie antérieure
du .tube digestif. Il est très possible qu'il s'agisse d'une espèce
associée au Ver, car je l’ai trouvé sur plusieurs individus. Les
322 C. PICADO.
filaments mycéliens ne s’insinuent jamais entre les cellules de la
paroi du tube digestif, grâce, peut-être, à l'épaisseur de la cuticule,
qu'ils perforent cependant.
Les glandes de Morren, au nombre de trois paires, sont allongées.
Leurs cloisons sont très nombreuses.
Appareil génital. — D'après Coexerri de MaRTUS, le clitellum est
formé par les segments 16 à 26. Les soies copulatrices appartiennent
aux segments 20 à 25. Les ouvertures des canaux mâles se trouvent
dans la deuxième moitié du 21° segment, elles présentent la forme
de fissures sur les fubercula pubertatis. Les canaux femelles
débouchent dans le 18° segment, mais l'ouverture est microsco-
pique. Il n’y a qu’une paire de testicules et deux paires de vésicules
séminales (dans le 10° segment). Les ovaires se trouvent dans le
13° segment. Les réceptacles séminaux (spermathèques) débouchent
entre les segments 6 à 7, 7 à 8, 8 à 9. Cocxerri de MarTusS signale
encore la présence de trois paires d’amas glandulaires dans les
segments 7, 8 et 9. Ces amas enveloppent des soies modifiées de la
même manière que les soies copulatrices.
Les spermathèques (réceptacles séminaux), présentent très
nettement les boursouflures caractéristiques des Andiodrilus (Andio-
drilus. MICHAELSEN. W. 1900).
L'étude des coupes m'a permis de voir la constitution des testi-
cules, des réceptacles séminaux et des amas glandulaires signalés
par COGNETTI.
Les testicules se présentent, en coupe transversale, sous la forme
de deux spirales enroulées en sens contraire et unies entre elles
d'une manière qui pourrait être figurée par une S, dont les extrémités
s'enrouleraient plusieurs fois. Entre les spires multiples on voit de
nombreux spermatozoïdes.
Les réceptacles séminaux, dont l'aspect est figuré dans la descrip-
tion faite par CoëxerTi de MarTus, présentent l’aspect que montre
notre schéma (fig. 36), si l'on suppose une coupe qui passerait à
la fois par deux des boursouflures de ses parois.
Ces boursouflures sont constituées par des épaississements de la
paroi du réceptacle creusés de canaux qui s'ouvrent dans la cavité
du réceptacle et se terminent, de l’autre côté, en ampoules incluses
dans l’épaissenr du tissu des boursouflures.
Les ampoules offrent une constitution différente de celle des
canaux: la fig. 36 montre trois ampoules et un canal coupés
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE, 323
transversalement,; la fig. 37, montre l'une de ces ampoules en
coupe sagittale. L'épithélium qui tapisse la cavité des ampoules est
FT. >
n
HAT
Dr.
FiG. 36. — Andiodrilus biolleyi. Réceptacles séminaux. A gauche coupe totale
du réceptacle. A droite coupe d’une boursouflure (un canal et trois
ampoules).
composé de cellules à fine membrane, dont la face libre est plate ;
les cellules qui forment l’épithélium des canaux sont, au contraire, à
FiG. 37. — Andiodrilus biolleyi. Coupe longitudinale d'une ampoule des
réceptacles séminaux. A droite, épithélium d’un canal de l'ampoule.
324 C. PICADO.
forte membrane et la face libre de chacune des cellules de cet
épithélium est fortement convexe (fig. 37).
COGNETTI à remarqué que la grande cavité du réceptacle ne
renferme pas de spermatozoïdes et que ceux-ci viennent, au
contraire, se fixer aux parois de l’ampoule. Il est certain, en effet,
que les spermatozoïdes possèdant une queue ne se trouvent fixés
qu'aux parois des ampoules (fig. 37) et jamais fixés aux parois
des canaux des boursouflures, ni aux parois de la cavité principale
du réceptacle séminal. J'ai eu cependant l’occasion de trouver, à
plusieurs reprises, dans les canaux, de même que dans la grande
cavité du réceptacle séminal, un grand nombre de spermatozoïdes
réduits à la tête, enchevêtrés de manière à former un feutrage épais.
Il est donc à supposer que les spermatozoïdes arrivent d'abord
dans les ampoules ; là, ils se fixent au mince épithélium ; plus tard
ils perdraient leur queue et finalement tomberaient dans la lumière
des canaux des épaississements, et de là passeraient dans la grande
cavité, où ils forme-
ralent le feutrage
que j'indique. Tous
ces faits sont très
importants à signa-
ler, car ils peuvent
être en rapport avec
la formation des
spermatophores.
El
( te Les glandes des
D: RE nr segments 7, 8 et {9
NZ qui enveloppent les
= gaines des soies
, À ventrales modifiées
Fra. 38. — Andiodrilus biolleyi. Coupe d’une glande s
sétigère. L, lobes de la glande; G, gaine de la ont une forme plus
soie ; S, soie ; M, muscles ; C, cellules de soutien. Où mOIns arrondie ;
leur couleur est
blanchâtre, elles sont logées dans l’espace compris entre le système
nerveux et les réceptacles séminaux. En coupe transversale, elles
montrent l'aspect de notre fig. 38. On voit un grand nombre de
lobes (Z) formés chacun par des nombreuses cellules, grandes, de
forme irrégulière, renfermant de nombreuses inclusions et parfois
des vacuoles (fig. 39). Ces diverses cellules, liées entre elles,
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES. MILIEU BIOLOGIQUE. 329
constituent les lobes de la glande; ceux-ci sont réunis entre eux,
de même qu'à la paroi du corps, par de nombreux filaments. Le pied
de la glande est formé par des
muscles (fig. 38, M), par de
longues cellules de soutien
(C) qui s'insinuent entre les
muscles; et, enfin, par la
gaine de la soie. La base de la
soie (S) ainsi incluse dans cette
glande rappelle une tige de
Graminée, à cause des étran-
glements successifs, simulant
des nœuds, qu’elle présente.
La fonction de ces glandes
n'a pas encore été établie;
mais, étant donné qu'elles
accompagnent les réceptacles
séminaux et sont en même
nombre que ceux-ci, puis,
qu'elles sont situées dans
les mêmes segments, chaque M es
glande à côté de chaque Fic. 39. — Cellules de la glande sétigère.
réceptacle, et que les soies
qu'elles englobent sont modifiées de la même manière que les
soies copulatrices ; il est vraisemblable que ces glandes jouent un
rôle important, soit dans la genèse des spermatophores, soit dans la
copulation.
Système nerveux. — Quand on examine une coupe sagittale de la
trompe, on voit, parmi les filaments musculaires, de nombreux
cordons nerveux (PI. XXII, fig. 1, N) qui arrivent jusqu’à l'extrémité
de celle-ci; là ils innervent les cellules du tégument, plus hautes
dans cette partie que dans le reste de l'organe. Une coupe trans-
versale de la trompe (PI. XXII, fig. 3) montre de nombreux
faisceaux musculaires longitudinaux M7, des vaisseaux V et six gros
cordons nerveux N. En outre, on trouve de petites branches latérales
de ces cordons.
L'étude des coupes sériées fait voir que ces divers cordons
nerveux s'unissent finalement en deux uniques troncs, issus
326 Ce PICADOe
directement des ganglions cérébroïdes. La fig. 5, (PI. XXII) nous
montre ces deux troncs primitifs N compris entre les muscles de 1a
base de la trompe 7’. Dans la même figure, on voit les ganglions
cérébroïdes C'avec deux prolongements qui correspondent à la base
de ces mêmes troncs.
Une coupe pratiquée dans une région postérieure (PI. XXII, fig. 2)
montre encore la base de la trompe avec ses muscles rétracteurs,
les deux troncs nerveux basaux du proboscis au moment de sa
naissance, et, en outre, une autre paire de cordons nerveux, beaucoup
plus grèêles et qui viennent innerver, eux aussi, la base de la trompe.
Le pharynx est innervé directement par le cerveau, la fig. 5, (PI.
XXII) nous montre le pharynx P} avec ses nerfs #. Les cordons
nerveux du pharynx forment un petit ganglion situé entre la trompe
et le tube digestif. La figure 40 et (PI. XXII, fig. 4), montrent la dispo-
Em e
es
Fi. 40. — Andiodrilus biolleyi. Reconstitution de la partie antérieure du
système nerveux.
sition de la partie antérieure du système nerveux chez cet Intéressant
Oligochète. Il est à remarquer que les bifurcations des cordons
nerveux ne sont pas symétriques, de telle manière que l'on trouve
parfois, dans une coupe transversale de la trompe, cinq cordons
nerveux seulement; ce caractère d’asymétrie se voit dans la
figure 4 de la (PI. XXII).
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 327
La riche innervation du proboscis nous donne une idée de l'extrême
sensibilité de cet organe ; il ne serait pas très hasardeux de penser
que cette trompe soit, non seulement un délicat organe tactile,
mais encore le siège d’autres fonctions sensitives plus spécialisées.
Il serait à désirer que l’on fasse à ce sujet des expériences physio-
logiques, qui pourraient nous renseigner sur les fonctions de cet
organe. Il serait très intéressant aussi de savoir s’il existe chez
les autres Oligochètes qui possèdent une trompe exsertile, une
innervation aussi complète de cet organe. À ma connaissance, une
telle innervation n’a jamais été signalée chez aucun autre Ver.
CHAPITRE V.
CONCLUSIONS.
1° Dans les forêts tropicales, les mares sont, en fait, remplacées
par les « Plantes-réservoir » ; en particulier, dans l'Amérique inter-
tropicale, par les Broméliacées épiphytes.
2° Ces plantes, en effet, retiennent entre leurs feuilles une grande
quantité d’eau et toutes sortes de détritus; elles forment ainsi de
véritables mares aériennes.
3° Le milieu constitué par ces mares n’est pas identique à celui
constitué par les mares terrestres ; les mares broméliennes réalisent
un milieu biologique spécial.
4 Le « milieu broméelien > peut être défini de la manière
suivante: Marécage permanent, fractionne, élevé au-dessus du
sol, dont l’eau provient d'une condensation quotidienne et sur
place de l’eau atmosphérique; à boue cellulosique imputrescible
dans les conditions normales.
5° L'absence de putréfaction dans les mares broméliennes est due
à l’activité propre de la plante.
6° Les Broméliacées épiphytes sécrètent, en effet, une gomme
exerçant une double action diastasique, provenant, soit de la plante
elle-même, soit de microorganismes.
7 Les ferments amylolytique et tryptique issus de cette gomme,
digèrent, au moins en partie, les détritus animaux et végétaux
tombés entre les feuilles des Broméliacées épiphytes.
328 C. PICADO.
8& Ces plantes absorbent, grâce aux écailles foliaires, non seule-
ment les sels minéraux, mais aussi les substances ternaires et
protéiques provenant du dédoublement des détritus retenus entre
leurs feuilles.
9 Les Broméliacées épiphytes sont les seules plantes qui se
nourrissent #0rmalement aux dépens de ces détritus.
10° Elles réalisent un véritable dialyseur, qui enlève constamment
aux mares formées entre leurs feuilles tous les produits capables
d’altérer la pureté de leur eau.
11° Les Broméliacées épiphytes sont peuplées par une faune très
nombreuse, comprenant des représentants de presque tous les
groupes, depuis les Batraciens jusqu'aux Protistes.
12° La faune des Broméliacées épiphytes peut être divisée en deux
grandes catégories : 1° animaux exclusivement bromélicoles ; 2° ani-
maux qui habitent aussi d’autres milieux. Ces derniers sont tous
à respiration aérienne et se trouvent à la périphérie parmi les feuilles
mortes tombées dans la Broméliacée.
13 La partie périphérique d’une Broméliacée constitue une
sorte de terrarium formé par les anciennes mares qui ont perdu
leur eau.
14 La vie bromélicole présente un certain nombre de conditions
particulières qui provoquent, ou rendent possibles, certaines adap-
tations.
15° Les principales conséquences de la vie bromélicole portent :
1° sur la zoogéographie ; 2° sur l’époque de ponte; 3° sur la loco-
motion ; 4 sur l'isolement de certains animaux ; 5° sur la vie amphibie
de certaines espèces.
16° Les espèces actuellement bromélicoles ont pu arriver à ces
plantes soit par des moyens particuliers à chaque groupe, soit par
des causes générales : inondations, éboulements, etc.
17 La dissémination de la faune bromélicole résulte de la biologie
des Broméliacées épiphytes. Cette dissémination est, en général,
passive pour les animaux sédentaires et active pour les Insectes
ailés et pour les animaux prédateurs.
18° La faune bromélicole connue avant mes recherches comprenait
une centaine d'espèces environ. Je puis maintenant donner une liste
comprenant environ 250 espèces, dont 49 entièrement nouvelles.
19° La faune bromélicole n’est qu'une partie de la grande faune,
presque inconnue, qui habite les « Plantes-réservoir > disséminées
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 329
dans toutes les régions du globe et présente partout une remar-
quable homogénéité.
20° La connaissance de la faune bromélicole explique l'existence
de certaines maladies infectieuses (Paludisme, filariose, etc.) dans les
régions dépourvues de mares terrestres, de l'Amérique. Les mares
broméliennes abritent les hôtes intermédiaires (Culicides, Copépodes,
etc.) des parasites, dont le cycle évolutif se termine chez l’homme
ou chez quelques animaux sylvicoles, Singes ou autres. C’est ainsi que
ces maladies y persistent, même en l'absence des hommes, même
en l’absence de mares terrestres.
330 GC. PICADO.
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LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 333
APPENDICE
Liste des Animaux bromelicoles actuellement connus.
ROTIFÈRES.
Monostyla sp.
Orosi, 1.200 mètres.
P. M. de BEAucHAMP, qui a fait l'examen des détritus des Broméliacées, a
trouvé aussi un Bdelloïde, mais déjà mort et, partant, indéterminable. D'autres
détritus, reçus plus tard, n’ont donné aucun Rotifère vivant.
2. OLIGOCHÈTES.
Naididæ.
Aulophorus superterrenus MICHLSN.
Oricuajo, 200 mètres, juillet.
Cette espèce, qui est très abondante dans les Vriesea de la localité, n'a jamais
été trouvée dans aucun autre endroit. L'animal ne construit pas de tubes, mais
il trace des sillons dans la boue qui reste attachée aux feuilles de la Broméliacée.
Les Vers s’agglomèrent au point qu'il n’est pas difficile d'en trouver une centaine
sur une seule feuille.
Enchytraeidæ.
Fridericia striata (Levius).
Pitahaya, 1.400 mètres, octobre. Orosi, 1.200 mètres, décembre.
Cet Oligochète, difficile à voir dans les détritus des Broméliacées, se confond
facilement avec les larves de Ceratopogoninae, qui vivent dans les mêmes
plantes.
Megascolecidæ (Trigastrinæ).
Dichogaster sporadonephra CoGx.
Oricuajo, 200 mètres, juin.
Ce Ver a été trouvé, non seulement dans les Broméliacées épiphytes de cette
localité, mais aussi sous l'écorce des arbres.
Dichogaster picadoi Micuzsx. (PI. VIII, fig. 2).
La Estrella, 2000 mètres, mai, septembre, Plantôn 2.500 à 3.000 mètres, mai.
Cette espèce, d'une belle couleur verte, irisée, est la plus constante peut-être
dans les Broméliacées des hautes montagnes : au Plantôn, les individus sont
plus grands, ils habitent, à demi-submergés, dans l’eau retenue par les Theco-
pluyllum de taille assez médiocre.
Ils se trouvent parfois entassés dans la même plante au nombre de quelques
dizaines. L'animal paraît adapté aux endroits très froids, où la température
334 C. PICADO.
descend habituellement, pendant les nuits, au voisinage du degré de congélation
de l’eau. Les individus que l’on trouve à La Estrella sont de plus petite taille
et beaucoup moins nombreux.
Dichogaster pitahayana MicHLsx.
Pitahaya, 1.400 mètres, novembre.
Ce Dichogaster est plus petit, de couleur brun foncé et moins irisé que
D. picadoi. Il n’est pas très abondant,
Glossoscolecidæ (Glossoscolecinæ).
Andiodrilus biolleyi CoGx. (PI. VIT, fig. 5).
Habitat : Broméliacées du Costa-Rica.
L'animal a été trouvé dans les Broméliacées par BroLLey et TRISTAN, par
CALVERT et par moi. J'ai trouvé quelques variétés de cette espèce. Le Ver se |
trouve répandu dans tout le pays.
Andiodrilus orosiensis MICHLSN.
Orosi, 1.200 mètres, février.
Les individus qui ont servi pour décrire cette espèce proviennent seulement de
Orosi. Certains d’entre eux ont été pris dans les Aechmea qui poussent sur les
haies formées par les Ærythrina exclusivement. Ces haies sont absolument
séparées de n'importe quel autre grand arbre par quelques dizaines de mètres
depuis très longtemps. On peut donc supposer que cette espèce n’est qu’une
modification établie sur place, des anciens Andiodrilus arrivés aux Aechmea.
3. HIRUDINÉES.
Clepsine bioculata (cité par MÜLLER).
J'ai trouvé une petite sangsue, probablement une C/epsine, dans les Bromé-
liacées de La Estrella. L'animal porte ses embryons sous le ventre. J'ai trouvé
aussi, dans les Broméliacées de la même localité, une autre Sangsue plus longue,
cylindrique, à respiration aérienne.
4. PLANAIRES.
Geoplana picadoi de BEAUCHAMP.
La Estrella, 2.000 mètres, mai.
La coloration de la partie dorsale de cette espèce est variable: un individu
présente une fine marbrure grise sur fond jaunâtre, ce qui donne à l'animal,
quand il est vivant, l'aspect d’un morceau de pizarre mouillé. Un autre individu
présente un dos jaunâtre avec une bande dorsale et deux latérales plus claires ;
la bande dorsale porte une raie sagittale brun foncé. L'étude de l'appareil
génital montre qu'il s'agit d'une seule espèce. Les autres caractères étant
aussi concordants pour ces deux individus, à savoir: position des yeux
marginaux, emplacement de la bouche et de l'orifice génital. D'autres Planaires,
que j'ai trouvées aussi dans les Broméliacées de Costa-Rica etdont la taille et la
forme sont plus ou moins les mêmes que celles de G. picadoi, présentent d’autres
colorations : jaune uni, jaune avec de bandes brunes, etc. Il est très possible
que ces individus appartiennent à la même espèce.
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 339
Rhynchodemus bromelicola de Bcenwr. Fig.
La Estrella, 2.000 mètres, mai, septembre. Orosi, 1.200 mètres, janvier
à décembre. Palomo, 1.300 mètres, mai. Peralta, 200 mètres, avril, etc.
Cette espèce, dont la coloration est extrêmement variable, et parfois très vive,
(bandes rouge brique, noir, gris et jaune arrangées de manières diverses) est la
plus constante dans les Broméliacées de (Gosta-Rica. Si on regarde un
individu presque complètement noir, à côté d'un individu presque complètement
rouge, on pourrait croire qu'il s'agit d'espèces bien différentes, leur étude
anatomique montre cependant qu’ils ne sont que de variétés d’une seule espèce. Le
corps de RA. bromelicola est parfois presque cylindrique et parfois assez aplati.
Il est très important de remarquer que ces espèces pondent sur les feuilles des
Broméliacées ; leur ponte présente l'aspect d’un polygone, elle est composée par
12 à 15 œufs indépendants.
J'ai trouvé des Planaires semblables au Rh. bromelicola dans les Broméliacées
terrestres de Orosi, localité où cette espèce est la plus abondante.
Rhynchodemus costarricensis de BEAUCHAMP.
Cartago, 1.500 mètres, octobre. Orosi, 1.200 mètres, janvier.
Prorhynchus metameroïdes de BEAucHamP (Rhabdocoele). (Fig. 41).
La Estrella, 2.000 mètres — Cartago 1.500. Orosi 1.200. — Toute l'année.
Ce petit Ver se tient sous l’eau ; les individus
gardés dans un bocal n'en sortent jamais. Sa
locomotion est extrêmement intéressante : il
marche en fixant la partie antérieure du corps,
qui joue le rôle d’une véritable ventouse, ensuite
il glisse en se contractant, de manière à rappro-
cher les extrémités de son corps, puis il avance
la moitié antérieure pour la fixer à nouveau.
Cette marche s’effectue avec une extrême vélo-
cité. Il adhère fortement aux substratums.
FiG. 41. — Prorhynchus metameroïdes. Aspect
de l'animal vivant. On aperçoit les muscles
de la partie antérieure (adhésive) et les lobes
des glandes génitales.
». OSTRACODES.
Elpidium bromeliarum F. MÜüLLER.
Cet Ostracode présente un grand intérêt, car c'est le premier Cythéride d’eau
douce signalé en Amérique , à une époque où l’on n'en connaissait qu'une demi-
douzaine dans le monde entier. La forme de ce Crustacé correspond, d'après
F. Müzcer, à « la réduction à 1/5 d'un Cythéride fossile, Ælpe pinguis du
Silurien de Bohême ». F. MÜLLER compare la forme de cet animal à celle d'un
grain de café, plus large que haut. Une curieuse pigmentation recouvre sa
carapace. L'auteur doune plusieurs figures de cet animal.
Hagirar : Broméliacées éphiphytes du Brésil.
Le genre Elpidium est, d'après G. W. MÜüLLer, synonyme du genre Meta-
cypris.
336 G. PICADO.
Metacypris (Elpidium) sp. (Fig. 42, B).
La Mica, 1.500 mètres.
Ce Crustacé est, d'après, G. W. MüLLér une espèce très voisine d’E/pidium
broméliarum.
Quand le Crustacé est vivant, il présente cependant une pigmentation différente
de celle de l'espèce décrite par Fritz MüLLer ; le Crustacé présente, en effet,
trois taches ovales blanches, juxtaposées, au centre de chaque valve, tandis
que l'espèce trouvée par Fritz MüLLER ne possède pas ces taches.
Fic. 42. — À, Cadona sp ; B, Metacypris sp.
Cadona sp. (Fig. 42, A).
Petit Ostracode à carapace blanche, hyaline, sans aucune pigmentation. Get
animal est, à Costa-Rica, beaucoup plus abondant que l'espèce précédente ; c'est
la première fois qu'on cite une espèce de ce genre comme habitant les Bromé-
liacées épiphytes.
Habitat : La Estrella, 2.000 mètres. Orosi, 1.200 mètres. La Mica, 1.500 mètres
Ces animaux sont difficiles à apercevoir, quand on examine les détritus des
Broméliacées qui restent adhérentes aux feuilles de la plante ; ils demeurent alors
immobiles et se confondent, de même que les Metacypris, avec les petites
graines tombées entre les feuilles des Broméliacées.
6. COPÉPODES.
Cyclops phaleratus Kocn.
Cartago, 1.500 mètres.
Cette espèce, examinée par CG. D. Marsn, a une dispersion mondiale. J'ai
trouvé, outre cette espèce, d'autres Copépodes beaucoup plus grands, à un ou
deux sacs ovigères, dans les Broméliacées épiphytes des’forêts de La Estrella.
Ces animaux sont faciles à distinguer : quand on défeuille, une Broméliacée,
ils commencent à ramper avec une vitesse relativement grande, le long des
feuilles. Ce mouvement les rend visibles, autrement ils passent inaperçus,
car ils sont tout à fait transparents. Leurs Nauplius offrent les caractères
ordinaires ; ils sont très vifs et possèdent un œil extrêmement rouge.
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 337
7. ISOPODES.
Atloniscus sp.
Cartago, 1.500 mètres. La Estrella, 2.000. Orosi, 1.200. Mars à décembre.
Philoscia muscorum (ScopoLr).
Cartago, 1.500 mètres. La Estrella, 2.000. Orosi, 1.200. Mars à décembre.
Irazü (Reventado) recueilli par TRISTAN.
Pentoniscus pruinosus RICHARDSON.
Commun partout pendant toute l’année.
M.J. F. TrisTAN me dit avoir rencontré dans les Broméliacées les espèces
suivantes :
Coxopodias tristani RICHARDSON.
Juan-Viñas, Reventazôn et Turrialba. Espèce qui vit aussi sur le sol.
Porcellionides pruinosus (BRANDT).
Costa-Rica, Turrubales. Dans les troncs pourris et dans les Bromé-
liacées.
8. ON YCHOPHORES.
Peripatus sp.
Trouvé par Onaus, cité par H. Scorr.
Peripatus biolleyi Bou.
La Estrella, 2.000 mètres, mai.
Cette espèce de Peripatus a été trouvée par P. BroLLEY sous les pierres des
rives du « Surubres »; d’autres exemplaires ont été trouvés sous des troncs
pourris. J'ai trouvé cet animal dans une grande Aechmea, à 3 mètres, à peu
près, au-dessus du sol. Le seul Peripatus biolleyi que j'ai trouvé présente une
coloration rouge-carmin, très intense, de manière que le dos de l’animal est déjà
presque noir ; c'est une femelle ; les Péripates sont donc assez rares dans les
Broméliacées ; le fait qu'ils ont été trouvés aussi dans les Broméliacées épi-
phytes du Brésil montre cependant; que ce ne sont pas, pour ces plantes des
hôtes accidentels et qu'ils les habitent un peu partout où elles se trouvent: ils
sont probablement attirés par le grand nombre d’Insectes qui renferment
les Broméliacées.
9. MY RIAPODES.
A. CHILOPODES.
Dicellophilus sp.
La Mica, 1.500 mètres, janvier. Dans des Broméliacées du genre Bilbergia.
Otocryptops ferrugineus L.
La Mica, 1.500 mètres, janvier. La Estrella, 2.000 mètres, mai.
Lithobius sp.
La Mica, 1.500 mètres, janvier. La Estrella, 2.000 mètres, mai.
Scutigera linceci Woo.
La Estrella, 2.000 mètres, mai. Orosi, 1.200 mètres, juillet.
? L ?
On trouve très souvent des Scutigera dans les Aechnea et Vriesa; 11 sont
cependant très difficiles à capturer, car à peine touche-t-on à la plante qu'ils
partent avec une extrême vitesse et se perdent entre les feuilles mortes.
338 G. PICADO.
Newportia monticola Pococx.
La Estrella, 2.000 mètres, mai.
Orphnaeus brevilobatus New.
Oricuajo, 200 mètres, Juillet.
B. DiPLOPODES.
Aphelidesmus Sp.
La Mica, 1.500 mètres, février. Peralta, 300 mètres, avril.
Cyrtodesmus Sp.
La Mica, 1.500 mètres, janvier. La Estrella, 2.000 mètres, septembre.
Bactrodesmus Sp.
La Mica, 1.500 mètres, janvier.
Stemmatoiulus sp.
La Mica, 1.500 mètres, janvier. La Estrella, 2.000 mètres, mai Plantôn,
2.500 mètres.
Les espèces appartenant à ce genre sont les plus communes dans les Bromé-
liacées de Costa-Rica ; on les trouve, en effet, dans des localités qui ne présentent
pas les mêmes conditions climatologiques. Les unes proviennent des endroits où
la température normale est de 12-16° G., les autres habitent des endroits où la
température descend chaque nuit presque à 0° C.
Rhinocricus sp.
Gartago, 1.500 mètres.
Ce Myriapode est très abondant dans les Aechmea qui poussent sur les
Erythrina des environs de Cartago. On les trouve à toutes les époques.
Epinannolene sp.
La Estrella, 2.000 mètres, septembre.
Orthomorpha sp.
La Estrella, 2.000 mètres, septembre.
Cleidogona sp.
La Estrella, 2.000 mètres, mai, septembre.
Cryptogonodesmus sp.
La Estrella, mai, 2.000 mètres.
Pour ne pas allonger outre mesure cette liste, j'ai réuni des espèces différentes
sous un même nom générique, comme s'il s'agissait d’une seule espèce. Le
genre Stemmatoiulus, par exemple, renferme deux espèces probablement
nouvelles, mais je n’en connais que les femelles. Quant aux autres genres, dont
je donne deux localités ou plus, ilest à supposer qu'il s’agit d'espèces diflé-
rentes. ,
10. ACARIENS.
Macrocheles n. sp. (PI. XI, fig. 7).
La Estrella, 2.000 mètres, septembre ; sur les feuilles. Espèce très abon-
dante dans presque toutes les Broméliacées,
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE, 339
Gamasus sp. (PI. XI, fig. 2).
Cartago, 1.500 mètres, octobre.
Gamasus Sp.
6 trouvé à Orosi au mois de novembre. — La Estrella, 2.000 mètres,
octobre.
Scirus n. sp. (PI. XI, fig. 3).
Orosi, 1.200 mètres, novembre.
Celænopsis n. sp. (PI. XI, fig. 6).
Orosi, 1.200 m., octobre, sur des Coléoptères bromélicoles.
Uropoda n. sp. (PI. XI, fig. 8).
La Estrella, 2.090 mètres, octobre, sur les pattes des Calandridæ.
Epicrius n. sp.
Orosi, 1.200 mètres, novembre.
Tyroglyphus n. sp.
San José, 1.200 mètres, décembre.
Ces animaux ont été trouvés sur les cadavres des Culicides qui flottent sur
l’eau retenue par les Broméliacées.
CALVERT avait déjà trouvé un Celænopsis, sur les feuilles des Broméliacées et
un Uropoda parasite sur un Coléoptère : Metamasius dimidiatipennis.
11. PHALANGIDES.
Metergimus signatus B. K.S.
Signalé par CALVERT.
Cynorta sp.
Signalé par CALVERT.
Cynorta n. sp.
La Mica, 1.300 mètres, février (PI. XI, fig. 1) et Fig. 43.
Cette espèce est très commune ; j'ai trouvé des Phalangides, que je suppose
être les mêmes, dans un grand nombre de localités assez séparées.
FiG. 43. — Cynorta n. sp.
12. PSEUDOSCORPIONIDES,
Chelanops sp.
Costa-Rica. Signalé par CALVERT.
Chthonius n. sp. (?) (Fig. 44, A).
La Estrella, 2.000 mètres, septembre.
340 C. PICADO.
Chelanops macrocrelatus Tôm (Fig. 44, B).
Cartago, 1.500 mètres, octobre. Dans des Aechmea.
Chelifer sp.
La Mica, 1.300 mètres, février.
Fic. 44. — À, Chthonius n. sp ; B, Chelanops macrochelatus Tôu.
13. SCORPIONIDES.
Centrurus margaritatus GERY.
Costa-Rica. Signalé par CALVERT.
D'après les observations de plusieurs naturalistes, on trouve dans les Bromé-
liacées épiphytes bon nombre de Scorpions ; je n’en ai jamais trouvé aucun.
14. ARANÉIDES.
Cupiennus griseus CB.
La Estrella, 2.000 mètres, septembre.
Cyrene Sp.
La Estrella, 2.000 mètres, septembre.
Clubiona sp.
Orosi, 1.200 mètres, octobre.
Megalostrata Sp.
Orosi, 1.200 mètres, octobre.
Ctenus sinuatipes (?) GC.
Pitahaya, 1.400 mètres, septembre.
Selenops mexicanus (?) Keys.
Pitahaya, 1.400 mètres, septembre.
Scytodes longipes Lucas.
Pitahaya, 1.400 mètres, septembre.
Gayenna Sp.
Pitahaya, 1.400 mètres, septembre.
Wulfia n. sp. (?)
Pitahaya, 1.400 mètres, septembre.
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 341
Theridium sp.
Pitahaya, 1.400 mètres, septembre.
J'ai recueilli des Araignées dans diverses localités ; mais elles ne sont pas
encore déterminées. Parmi ces espèces, il y en a une, provenant de Orosi et de La
Estrella, particulièrement intéressante ; il s’agit, en effet, d’une espèce qui marche
sur l’eau, adaptation semblable à celle de quelques espèces qui habitent les rives
des fleuves.
15. GASTÉROPODES.
Helicina funchi Pre. (Fig. 45, d, d.)
Orosi, 1.200 mètres, octobre.
La coquille présente un ton général vert et sa taille est moyenne. Un seul
exemplaire; l'animal était mort.
Drymaeus attenuatus Per. (Fig. 45 b.)
Orosi, 1.200 mètres, octobre.
Cette espèce est très commune dans tous les endroits humides et ombragés ;
les individus montent sur les murs et sur les arbres. Leur coloration est très
variable ; on en trouve quelques-uns à coquille presque noire et d’autres qui
sont albinos. Dans les Broméliacées, ils sont très abondants.
Hyalira stolli von Marr. (Fig. 45, ce, c’.)
La Estrella, 2.000 mètres, septembre.
Espèce que l’on rencontre
aussi à Cartago, 1.500 mètres
et à Orosi, 1.200 mètres.
Guppya sp. (Fig. 45, a.)
Orosi, 1.200 mètres,
octobre. La Estrella,
2.000 mètres, mai, sep-
tember. Cartago, 1.500
mètres, octobre. Orosi,
1.200 mètres, janvier.
Peralta, 200 mètres,
avril.
Parmi les divers Mollus-
ques que l’on trouve dans
les Broméliacées, le genre
Guppya est le plus abondant.
On trouve parfois, dans la
même Broméliacée, un nom-
bre considérable d'individus.
Il est très probable que plu-
sieurs espèces soient stricte-
ment bromélicoles.
FiG. 45. — a, Guppya sp. — b, Drymæeus attenuatus Prr. — C, C’, Hyalinia
stolli VON MarT. — d, d’', Helicina funchi Pre.
342 C. PICADO.
16. BATRACIENS.
Spelerpes picadoti STEINEGER. (PI. VIII, fig. 4).
La Estrella, 2.000 mètres, septembre.
J'ai trouvé un seul individu de cette espèce de Salamandre; je l'ai gardé en
captivité parmi des feuilles séparées d’une Broméliacée. L'animal vit sous les
feuilles mortes et détritus divers, de manière à se mouiller un peu. C’est un ani-
mal diurne.
Gastrotheca coronata Sres. (PI. XII, fig. 1).
Palomo, 1.200 mètres, avril.
Ce Crapaud arboricole possède une crête cranienne osseuse, recouverte par
les téguments et prolongée en forme d’épines. Sa coloration est aussi très
caractéristique : sur le fond brun, on voit des taches noires bordées de blanc.
L'animal est nocturne ; le jour il se cache dans la partie la plus sombre de la
Broméliacée, en dessous de l’amas de feuilles mortes retenues par la plante, le
jour il est incapable de se déplacer; si l’on vient à le transporter d’un endroit
à un autre, il se cramponne fortement aux parois de son support, de manière à
couvrir ses yeux en formant une sorte de boule. La nuit il est au contraire
très actif.
Elentherodactylus (Hylodes) brocchi BourenGer. (PI. VIII, fig. 3).
Palomo, 1.300 mètres, avril, Orosi, 1.200 mètres, mars. La Mica, janvier.
Cette Rainette est très commune dans les Broméliacées des environs de la
vallée de Orosi ; elle est, par contre, très rare dans les autres localités que j'ai
explorées ; c'est ainsi, par exemple, que à La Estrella je n'ai pu trouver qu’un
seul individu.
La coloration varie du gris foncé au vert et au jaunâtre. Les jeunes individus
présentent la partie antérieure du corps colorée en vert et la partie postérieure
en brun, il est très possible que cette espèce de Rainette soit celle que WERCGKLÉ
a trouvée dans les Broméliacées.
L'animal chasse les Insectes avec une grande vivacité. Quand il tombe dans
l'eau, il en sort rapidement et se place sur les feuilles, sautant de l’une à l’autre.
Ces Rainettes poussent souvent un cri fort et aigu, qui n’est nullement en
rapport avec leur petite taille.
Elentherodactylus diastema ? Core. (PI. XII, fig. 3).
La Estrella, 2.000 mètres, mai.
L'individu que j'ai capturé est trop jeune pour que la détermination spécifique
puisse être sûre. L'animal provient d’une Broméliacée située à 30 mètres environ
au-dessus du sol.
Hyla phæota Corps. (PI. XII, fig. 4 et 5).
La Estrella, 2.000 mètres, juin.
Deux mâles, dont la coloration est tout à fait différente. Ces deux individus
diffèrent en outre dans leur taille et aussi un peu dans leur forme. Leurs carac-
tères anatomiques concordent cependant.
Hylella fleischmanni Borr&er. (PI. XII, fig. 2).
La Estrella, 2.000 mètres, juin.
Cette minuscule Rainette a été trouvée dans une Tollandsia qui végétait sur
un vieux tronc mort à deux mètres sur le sol.
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 343
Il est à remarquer que je n'ai trouvé aucune ponte de Batracien ni aucun
tétard dans l'eau des Broméliacées. OnAuS assure, cependant, que dans les forêts
du Brésil les Crapauds bromélicoles effectuent leur ponte dans l’eau retenue
par les feuilles des Broméliacées et il considère cette eau comme le lieu normal
du développement de ces Batraciens. Il faut cependant tenir compte que les œufs
de beaucoup des Batraciens arboricoles se développent en dehors de l’eau et
qu'il est très possible que, parmi ces Batraciens, on trouve quelques espèces
qui viennent visiter les Broméliacées pour y chasser, mais non pas pour y
pondre. F. MüLLER considère l'eau des Broméliacées comme l'habitat normal des
tétards des espèces bromélicoles ; il cite, cependant, une Rainette bromélicole
qui porte ses œufs sur le dos.
17. THYSANOPTÈÉRES.
Eupathithrips sp.
Iles de la Trinité. Cité par H. Scorr.
18. THYSANOURES.
Machilis sp. (?)
Orosi, 1.200 mètres, mai.
19. ORTHOPTÉRES.
Gryllidæ.
Orocharis. sp.
Palomo, 1.300 mètres, avril.
Tettigonidæ (Pseudophyllinæ).
Cocconotus sp.
Pitahaya, 1.400 mètres, septembre,
Lichenocrus sp. ?
Pitahaya, 1.400 mètres, septembre.
Les Pseudophyllinæ sont très abondantes dans les Aechmea des environs de
Cartago et, en général, dans les grandes Broméliacées des localités chaudes ou
tempérées. Les individus que j'ai trouvés sont tous jeunes ; il est donc probable
que les Broméliacées sont l'habitat des larves et non pas celui des adultes.
Liparoscelis pallidispina SrAL.
Thehuacän, Mexique, trouvé par L. DiGuer.
Cette espèce habite, d'après M. Diauer, par paires, dans les Tillandsia
plumosa épiphytes des Cactées.
(1) M. L. CHoPARD, qui a eu la bonté de corriger cette liste, m'indique les synonymes
suivants : Tettigonidæ — Phasgonuridæ. — Ælaitella — Phyllodromia. — Pyenoscelus —
Leucophaea. — Ancistrogaster mixta BORELLI — À. faleifer REHN. — Carcinophora robusta
Sup — Psalis gagatina (KLUG). — Labia annulata (FABR). — Z. areuata SMDD. — Forfi-
eula — Skalistes. — Pseudochelidura — Anechura. Je profite de l'occasion pour le
remercier cordialement.
24
344 C. PICADO.
Mantidæ.
Pseudomiopteryæ infuscata SAuSS et ZEHNT.
La Mica, 1.400 mètres, février.
Un seul individu dans une Vriesea située à 1 m. 59. sur le sol.
Blattidæ.
Anaplecta azteca SAUSS.
Orosi, 1.200 mètres.
Anaplecta Sp.
Plantôn, 2.500 mètres, mai.
Pseudomops laticornis PERTY.
La Estrella, 2.000 mètres, mai.
Blattella sp.
La Mica, 1.300 mètres, février.
Blatella nahua (SAUssS).
La Mica, 1.300 mètres, février.
Blatella chichimeca SAusS et ZEHNT.
Orosi, 1.200 mètres, janvier.
Espèce très commune dans les Broméliacées de tout Gosta-Rica.
Homalopteryæ Scotti SHELFORD.
Ile de la Trinité. Cité par H. Scorr.
D'après SHELFORD, cette espèce serait adaptée à la vie semi-aquatique, grâce
à ses longs tubes respiratoires.
Epilampra conspersa Burx.
Ile de la Dominique. Cité par H. Scorr.
Plusieurs éspèces de Epilampra sont amphibies, d'après H.. Scorr ; il ajoute
que cette espèce possède des tubes respiratoires aussi longs que ceux de
Homalopteryæ scottr.
Epilampra maya REHX.
La Mica, 1.300 mètres, février. La Estrella, 2.000 mètres, septembre.
Eurycotis carbonaria REHN.
Pitahaya, 1.400 mètres, septembre.
On trouve, dans les grandes Broméliacées de toutes les localités tempérées,
bon nombre d'individus de cette espèce à odeur répugnante.
Rhicnoda sp.
La Estrella, 2.000 mètres, mai.
Pycnoscelus surinamensis (L.).
Oricuajo, 200 mètres, juillet.
Forficulidæ.
Ancistrogaster alfari BORELLI.
La Estrella, 2.000 mètres, mai, octobre.
Ancistrogaster Sp.
La Mica, 1.300 mètres, janvier.
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 349
Ancistrogaster mixla BORELLI.
La Estrella, 2.000 mètres, mai.
Carcinophora robusta Suop.
La Mica, 1.300 mètres, janvier. Palomo, 1.250 mètres, mai. Orosi, 1.200
mètres, mars, octobre.
Forficula lugubris (DourN).
Pitahaya, 1.400 mètres, septembre. Palomo, 1.250 mètres, mai.
Labia annulata (FAgr) (?)
Costa-Rica. Cité par CALVERT.
Labia arcuata Supp.
Orosi, 1.200 mètres, novembre.
Labia sp.
La Estrella, 2.000 mètres, mai.
Labia biolleyi BORELLtr.
La Estrella, 2.000 mètres, maï.
Labia cyanescens BORELLI.
Palomo, 1.250 mètres, mai.
Labia conspicua BORELLT.
Orosi, 1.200 mètres, mars.
Leptisolabis aliena BoRELLtr.
La Mica, 1.300 mètres, janvier.
Neolobophora insolita BoRELLt.
Plantôn, 2.500 mètres, mai.
Neolobophora ruficeps (Burn).
Pitahaya, 1.400 mètres, septembre, novembre. Coris, 1.500 mètres. Orosi,
1.200 mètres, novembre. Palomo, 1.250 mètres, mai. La Estrella, 2.000
mètres, mai, septembre. Plantôn, 2.500 mètres, mai, etc.
Parmi les Forficules que l’on trouve dans les Broméliacées de Costa-Rica,
cette espèce est la plus abondante. On la trouve, d’ailleurs, partout: sous
l'écorce des arbres, dans les feuilles mortes, tiges des Bananiers, fruits du
Caféier, etce., etc. On trouve, à n'importe quelle époque, la ponte, des larves de
tout âge et des adultes sur les feuilles des Broméliacées.
Pseudochelidura biolleyi BoreLLt.
Coris, 1.500 mètres, septembre. Palomo, 1.250 mètres, mai. La Mica,
1.300 mètres, janvier.
Psalis americana ? (BEAUY).
Ile de la Trinité. Cité par H. Scorr.
Psalis gagatina (KLuG).
La Mica, 1.300 mètres, janvier.
Psalis pulebra REHx.
La Mica, 1.300 mètres, janvier.
Parasparatta picadoi BoRrELLI.
Orosi, 1.200 mètres, décembre. La Mica, 1.300 mètres, janvier. Palomo,
1.250 mètres, mai. Tejar de Cartago (Recueillie par J. F. TRISTAN).
346 C. PICADO.
Praos perditus BORELLI.
Planton, 2.500 mètres, mai.
Praos robustus BORELLI.
Plantôn, 2.500 mètres, mai.
Sparatta calverti BORELLI.
Peralta, 200 mètres, avril.
Sparatta Sp.
Larves provenant de Orosi, 1.200 mètres. Palomo, 1.250 mètres, etc., etc.
M. J. F. TRisTAN me dit avoir trouvé dans les Broméliacées épiphytes de
Costa-Rica les espèces suivantes :
Tristanella inermis BORELLI.
Sabanilla, Reventado, près du volcan Irazü.
Ancistrogaster impennis Burx.
Tierra-blanca, 2.100 mètres, juillet.
Forficula lugubris Doux.
Turrialba, 600 mètres.
Neolobophora ruficeps (Burd).
Tablazo, 1.800 mètres. Tejar de Cartago, 1.300 mètres. Santa-Maria de
Dota, 1.600 mètres. Copey, 1.700 mètres.
Pyragropsis tristant BORELLI.
Turrialba, 600 mètres, juin.
20, PLÉCOPTÈRES.
Perla sp.
Orosi, 1.200 mètres, mai,
21. ODONATES.
Mecistogaster modestus SeLys. (PI. VIIT, fig. 1 et fig. AG).
Cordoba, Mexique, trouvé par F, KNag. Juan Viñas, Costa-Rica, trouvé
par P. P. CALvERT,
J'ai trouvé ces larves dans les Aechmea de La Mica, 1.300 mètres, janvier; à
Peralta, 200 mètres, avril ; à Orosi, 1.400 mètres, mars.
Il est très important de remarquer que, sur les côtes du Pacifique, il n’y a
presque pas de Broméliacées etque celles que j'ai examinées ne renfermaient pas
de larves de cet Insecte ; nous avons capturé, M. TrisrAx et moi, un grand nombre
de Mecistogaster modestus adultes dans les mêmes localités. Je suppose que
les larves se développent entre les feuilles des nombreux Palmiers, Acrocomia
vinifera où autres, qui forment parfois des véritables forèts dans cette localité.
Des larves très jeunes provenant de La Mica présentent une couleur jaune-pâle
qui commence à obscureir avec l’âge, les nymphes sont presque noires. On
trouve parfois un grand nombre de ces larves dans une seule Broméliacée. Elles
sortent souvent de l’eau et se promènent assez longtemps sur les feuilles. Il est
très difficile de les élever dans un bocal ; j'ai obtenu de très beaux échantillons
en faisant l'élevage dans une Broméliacée. Quelque temps avant l’éclosion la
couleur noire des yeux des nymphes se transforme en vert clair et-on voit,
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 947
en outre, une tache blanche, en forme d'X sur le thorax. Les nymphes sortent
alors de l’eau et se placent généralement sous les feuilles.
CALvERT signale, comme dénotant
d'une adaptation possible de ces
larves à leur milieu, les épines
ramifiées du tarse et de l'extrémité
du tibia, ainsi que le crochet pointu
de l'extrémité des tarses. (Ces
organes faciliteraient aux larves
la locomotion sur les feuilles lisses
et presque verticales des Bromé-
liacées. Le même auteur ajoute
que, parmi les larves du groupe,
celle-ci est probablement celle qui
supporte le mieux la perte des
branchies caudales, qui manquent,
en effet, très souvent sur un grand
nombre d'individus.
Les imagos de cette espèce
volent lentement; ils se tiennent
généralement sur les branches des
arbres à une certaine hauteur.
D'après l'observation de CALVERT,
quand ils sont inquiétés, ils volent
toujours vers le haut.
Il est très intéressant de remar-
quer que à La Estrella je n'ai
jamais trouvé une seule larve de
cette Libellule; j'y ai cependant
trouvé un imago. Les conditions
climatologiques de La Estrella ne
sont pas très différentes de celles
de La Mica où ces larves sont
très abondantes; notons que La
Mica est plus proche du Reven-
tazôn, dont la vallée est l'endroit
le plus fréquenté par les Mecisto-
gaster.
FiG. 46. — Mecistogaster modestus SELYS.
À, larve entière; B, nageoires cau-
dales de la larve.
20. HÉMIPTÉRES.
Chlaenocoris dissimilis Disr.
Juan Viñas, Costa-Rica, trouvé par CALYERT.
Belminus rugolusus SraL ?
Juan Viñas, trouvé par CALVERT.
Une nymphe appartenant probablement à cette espèce ; son corps est déprimé
et CALvERT considère cette particularité comme une adaptation à la locomotion
entre les feuilles serrées des Broméliacées.
348 G. PICADO.
Microvelia insignis Disr.
Iles de la Trinité et Dominique. Trouvé par H. Scorr.
Pamera alboannulata Came.
Orosi, 1.200 mètres, mars.
Hemicocephalus angustatus Cname (2)
Orosi, 1.200 mètres, mai.
Bothriocera tinealis KLuG.
Orosi, 1.200 mètres, mai.
Leptostyla gibbifera Picano (PI. XII, fig. 5).
Orosi, 1.200 mètres (Voir p. 303).
Leptobyrsa Sp.
Il me semble que cet [nsecte, déterminé comme un ZLeptobyrsa par
M. Otto HEIDEMANN, n’est pas autre chose que mon Leptostyla gibbifera. Ils
proviennent tous deux de la même plante.
A. LÉPIDOPTÉÈÉRES.
Valentinia bromeliæ W ALSING.
Cordoba, Mexique. Provient des élevages effectués par F. KNas.
Acrolophus pallidus MoscaLer (PI. VIIT, fig. 6).
Costa-Rica. Commun par tout.
Les chenilles vivent dans les Aechmea et autres grandes Broméliacées ; elles
sont très abondantes. La coloration de l’imago varie beaucoup d’un individu à
l'autre. Le modèle qui a servi pour l’aquarelle était beaucoup plus foncé que
celui que j'ai envoyé au Bristish Museum.
P. P. CaLverT a trouvé à Costa-Rica une chenille qui habite aussi dans les
Broméliacées ; Dyar l'a déterminée comme un Hepialidæ.
2%, HYMÉNOPTÉRES.
Apterostigma Sp.
Juan Viñas, Costa-Rica ; trouvé par CALVERT.
Ces Fourmis, qui se nourrissent habituellement des Champignons développés
sur les excréments des chenilles, trouveraient, d'après CALVERT, leur nourriture
dans les Champignons qui se développeraient sur les excréments des chenilles
bromélicoles.
Odontomachus hastatus FBr.
Alto de Serra, Säo Paulo, Brésil; recueillies dans les Broméliacées
épiphytes par von IHERING.
P. P. CazverT, qui donne cette indication, trouva cette même espèce dans
les Broméliacées de Juan Viñas. Cette espèce est une Fourmi noire, à mâchoires
tellement puissantes que l’on peut entendre le bruit qu’elles produisent en se
fermant. J'ai trouvé, à maintes reprises, cette Fourmi et beaucoup d'autres
espèces dans les Broméliacées épiphytes. Il est à croire, cependant, que ces
Fourmis viennent nidifier dans les Broméliacées, comme dans n'importe quel
autre endroit : troncs creux, fruits vides, etc., etc.
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 349
23. COLÉOPTÈRES.
Pentameria bromeliarum FRIEDENREICH
Broméliacées épiphytes du Brésil.
Ce Coléoptère provient de l'élevage d’une larve que FRIEDENREICH
considéra comme celle d'un Agabus. La larve est très plate et présente des
branchies rectales. L'auteur dit qu'il s’agit d’un Halticidæ aberrant, dont l'imago
possède des tarses à cinq articles, organisation tout à fait exceptionnelle dans la
famille. En considération de la constitution du tarse de cet Insecte, en même
temps que de son habitat, l'auteur l'a nommé Pentameria bromeliarum. H me
semble que ce Coléoptère, mis arbitrairement dans la famille, n'est pas autre
chose qu'un Helodinæ, probablement un Scirtes (Voir p. 307).
Onthostygnus fasciatus SHARP.
Mexique ; trouvé par J. FLonr dans les Broméliacées épiphytes.
Aphengium seminudum BATES.
Brésil, trouvé par Onaus (cité par H. Scorr).
Aglymbus bromeliarum Scotr.
Ile de la Trinité, dans une Tillandsia, trouvé par H. Scorr.
Cyclonotum urichi ScoTrT.
Ile de la Trinité, dans une T'illandsia, trouvé par H. Scott.
Trichopteryx sp.
Ile de la Trinité, trouvé par H. Scorr.
Metamasius dimidiatipennis JEKEL. -
Juan Viñas, Costa-Rica, trouvé par CALVERT.
Orosi, 1.200 mètres, mars.
Metamasius cincinnatus CHAMP.
Orosi, 1.200 mètres, mars.
Metamasius ochreofasciatus Came.
Orosi, 1.200 mètres, mars.
Metamasius bromeliadicola CHAMP.
La Estrella, 2.000 mètres, mai.
Metamasius hebetatus GYLL.
Orosi, 1.200 mètres, mars.
Alegoria dilatata CASTELNAU.
Juan Viñas, trouvé par CALVERT.
Cryptobium n. sp.
Juan Viñas, trouvé par CALVERT.
Trochoideus americanus BUQUET.
Juan Viñas, trouvé par CALVERT.
Trochoïideus goudoti GuÉËR.
Juan Viñas, trouvé par CALVERT.
Phænonotum tarsale SHARP.
Juan Viñas, trouvé par CALVERT.
390 CG. PICADO.
Philonthus ochromerus SHARP.
Orosi, 1.200 mètres, mars.
Musicoderus spinicornis CHAMP.
Pitahaya, 1.400 mètres, octobre. Orosi, 1.200 mètres, mars. Peralta,
200 mètres, avril. La Estrella, 2.000 mètres, mai, septembre.
Ce Staphylinide est un des Coléoptères bromélicoles les plus caractéristiques ;
on le rencontre partout et en grand nombre.
Stamnoderus n. sp. (voisine de Sf. optatus SHARP).
Dominique, trouvé par H. Scorr.
Colpodes purpuratus REICHE.
Costa-Rica. — On le rencontre en grand nombre et dans toutes les
localités. La coloration métallique de ce Carabidæ présente un grand
nombre de variations.
Ophiomedon stipes SHARP.
Orosi, 1.200 mètres, janvier.
Colastus ater MURRAY.
Orosi, 1.200 mètres, janvier.
Scaphidium variabile MATTH.
Orosi, 1.200 mètres.
Thallisella crotchi Gorna.
Juan Viñas, trouvé par CALVERT. Pitahaya, 1.400 mètres.
Scirtes championt Picano.
Costa-Rica. La larve de cette espèce, décrite dans les pages 307 à 319,
se trouve partout dans les grandes Broméliacées.
Outre ces Coléoptères, il faut citer un certain nombre de larves : Griburius sp.,
trouvé à Cordoba, Mexique par F. KnaB. — Semiotus ?, Doloprius ? et Photuris ?
trouvés à Juan Viñas par P. P. CALVERT.
J'ai trouvé, de temps à autre, de grandes larves plates d'Elateridæ et Lampy-
ridæ, et souvent de Staphylinidæ et Tenebrionidæ ? Une larve examinée par
M. P. de PeyEertmnorr est d’un type très remarquable et inconnu. D'après lui
elle appartiendrait aux Dascillidæ ou aux Chelonartüdeæ ; les autres larves qu'il
a bien voulu déterminer appartiennent aux Staphylinini et Poderini. Une autre
larve, examinée par M. G. C. CHAMPION, est voisine de celles du genre Psephenus.
24. DIPTÈRES.
Culicides (Liste communiquée par M. F. Knas.)
A. Espèces obtenues par Buscx, JENNINGS, KNaB et Uricx et déterminées
par Dyar et KNas.
Wyeomyia (Phoniomyia) trinidadensis THEOoBALD.
La Trinité (Espèce considérée par Dyar et KNAB comme différente de
W. longirostris).
Wyeomyia conchita D. et K.
Pazos, Cuba ; larve dans Tillandsia sp.
Wyeomyia Vanduzeei D. et K.
Floride méridionale.
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. SOL
Wyeomyia sororcula D. et K.
Santo Domingo.
Wyeomyia chrysomus D. et K.
Panamà.
Wyeomyia abascanta V. et K.
La Trinité. Larve dans les Broméliacées terrestres.
Wyeomyia mitchelhii Taeos (Synonym : — W. ochrura D. et K.)
Jamaïque ; Santo Domingo ; Cuba.
Wyeomyia antoinetta D. et K.
S.-0. de Floride ; Cuba.
Wyeomyia philophone D. et K.
Panamä.
Wyeomyia matæa D. et K.
S.-0. du Mexique à Panamä.
Wyeomytia ablabes D. et K.
Mexique méridional.
Wyeomyia labesba (H. D. et K., Mss.)
Panamä. Larve dans les « Ananas des bois ».
Wyeomyia abebela D. et K.
Mexique méridional.
Wyeomyia autocratica D. et K.
La Trinité.
Wyeomyia glaucocephala V. et K.
Santo Domingo.
Wyeomyia telestica D. et K.
La Trinité.
Wyeomyia chresta D. et K.
Panamä. =
Wyeomyia abrachys D. et K.
Panamä.
Wyeomyia simmsi D. et K.
Panamä.
Wyeomyia leucopisthepus D. et K.
Panamä.
Wyeomyia cireumecincta D. et K.(Syn: = W. macrotus D. et K. W. andro-
pus D. et K.)
Panamä.
Wyeomyia hapla D. et K.
Panamä.
Wyeomyia scrotinomus. D. et K. (Syn.: — W. dymodora).
Panamä.
Lesticocampa rapax D. et K.— Larve prédatrice.
La Trinité.
DU C. PIGADO.
Culez stenolepis. D. et K.
Mexique méridional.
Culex bisulcatus CoQ.
Antilles. — Sa larve se rencontre parfois dans les Broméliacées
terrestres.
Culex imitator Turos. (Syn: = C. daumasturus D. et K. — C. vector
D. et K. — Microculex argenteoumbrosus Taeos. = Culex confirmatus GoeLnt,
non ARRIBÂLZAGA).
De La Trinité au Brésil.
Culex daumastocampa D. et K.
Panamä.
Culex pleuristriatus D. et K.
La Trinité ; Brésil.
Culex consolator D. et K.
La Trinité.
Culex rejector D. et K.
Mexique méridional.
Culez jenningsi D. et K. (Syn. = C. gandeator D. et K.).
Panamä.
Culezx ocellatus THeos.
De La Trinité au Brésil.
Culex gravitator D. et K.
Mexique méridional.
Culex inimitabilis D. et K.
La Trinité.
Culez azymus D. et K.
La Trinité.
Aëdes calopus MEIGEN.
Cosmopolite, accidentellement bromélicole.
Aëèdes (Howardina) Walkeri Taeos.
Jamaïque.
Aèdes quadrivittatus GoQ.
Guatemala.
Aèdes aurostriata GRABH.
Jamaïque.
Bancroftia phyllozoa D. et K.
Panamä. — Costa-Rica.
Megarhinus superbus D. et K.
Mexique méridional à La Trinité. — Cuba.
Megarhinus quadeloupensis D. et K.
Guadeloupe.
Megarhinus iris KNAë.
La Trinité.
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 393
Anopheles boliviensis. Turos. (Syn.: — A. /lutzii Tueo non Cruz; A. crusii
D. et K.) Brésil; Bolivie ; Pérou.
Anopheles bellator D. K.
La Trinité.
Anopheles neivai H. D. et K. Mss.
Panama.
B. Espèces de l'Amérique du Sud, signalées comme bromélicoles par Lurz,
BOURROUL et PERYASSÜ.
Wyeomyia (Phoniomyia) longirostris Tuko.
Wyeomyia (Dendromyia) medioalbipes Lurz.
Wyeomyia (Dendromyta) bourrouli Lurz.
Wyeomyia (Dendromyia) personata Lurz.
Culex (2) albipes Bourrou.
Megarhinus violaceus (WIEDEMANN).
Megarhinus solstitialis BourrouL (principalement dans Aechmea tinctoria).
Megarhinus ferox BourRouL (détermination fausse).
Ankylorhynchus neglectus Bourrou.
Ankylorhynchus purpureus (Tago). (Syn. : — A. violaceus Tao. Megarhinus
purpureus Théo. M. violaceus Lurz).
Anhylorhynchus trichopyqus Wrer.
A cette liste, que je dois à l'obligeance de M. F. KNag, je puis ajouter celle
publiée par Lurz (1908). Cet auteur considère comme purement bromélicoles les
espèces des genres Wyeomyia, Sabethes, Trichoprosopon et, peut-être, Limatus,
puis Megarhinus violaceus HrMNsG, Wyeomyia luteoventralis, Wyeomyia
longirostris, Culex imitator, Culex ocellatus et peut-être même Zanthinosoma
musica et lanthinosoma lutzii.
J'ai recueilli dans les Broméliacées de Costa-Rica, outre un Culex indéterminé
(Fig. 49), les espèces suivantes :
Aëdes quadrivittatus Co. (PL X, fig. 1 et PI. XXII).
La Pitahaya, 1.400 mètres, octobre, novembre.
Bancroftia phyllozoa D. et K. (Fig. 47 et PI. X, fig. 2).
Orosi, 1.200 mètres, janvier, novembre, décembre.
FiG. 47. — Bancroftia phyllozoa D. et K. — A, extrémité çcaudale de la larve ;
PB, nageoire caudale de la nymphe.
394 C. PICADO.
Megarhinus superbus D. et K. (PL X, fig. 3).
Costa-Rica, diverses époques et localités.
Ses caractères morphologiques et ceux de sa larve ont été précédemment
étudiés (p. 296).
Wyeomyia sp. (PI. XI, fig. 4 et PI. XXIV\.
Orosi, 1.200 mètres, janvier, novembre, décembre, ; La Estrella,
2.000 mètres, septembre,
Culex rejector D. et K. (?) (PL. XI, fig. 5 et fig. 48).
Orosi, 1.200 mètres, novémbre ; San-José, février.
FiG. 48. — Culex rejector D. et K. (?). A, extrémité antérieure de la larve. B,
extrémité caudale de la larve ; C, nageoire caudale de la nymphe.
Il faudrait encore ajouter que Surcour et GonzALEZ RINCONES, dans leur
énumération des Diptères piqueurs de l'Amérique du Sud, signalent, comme
bromélicole, la larve de Megarhinus purpureus Tneo, trouvée par Lurz ; seule-
ment, cette espèce ne serait, d’après KNAB, qu'un synonyme de Ankylorhynchus
Purpureus (Teo).
D'après F. Kxap, les observations de PERyYAssÜ suivant lesquelles 1°: les
larves de Anhylorhynchus neglectus se développent et arrivent à éclore dans
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 399
les trous des troncs des Mangiers (Mangifera sp.), 2 la larve de Megarhinus
[luminensis «est bromélicole malgré qu'on la rencontre parfois en dehors des
Broméliacées », seraient erronées.
(e
FiG. 49. — Culex sp. À, extrémité caudale de la larve ; B, nageoire caudale de
la nymphe ; C, aile; D, armature génitale du mâle.
Chironomidæ.
Chironomus sp.
Orosi, 1.200 mètres, janvier, mars, septembre.
Orthocladius sp.
La Estrella, 200 mètres, septembre.
Metriocnemus abdominoflavatus Picano (Voir p. 284).
Cartago, 1.500 mètres, janvier à décembre; La Estrella, 2.000 mètres :
Orosi, 1.200 mètres, etc. Particulièrement dans les Tillandsia.
Isoplastus (Ablabesmyia) costaricensis Picano (Voir p. 281).
La Estrella, à 2.000 mètres, mai, septembre ; Orosi, 1.200 mètres, janvier
à septembre.
Chirocladius pedipalpus Picano (Voir p. 291).
La Estrella, 2.000 mètres, mai, septembre ; Peralta, 200 mètres, avril.
Ceratopogonine.
La Estrella, 2.000 mètres, septembre-mai ; Peralta, 200 mètres, avril ;
Orosi, 1.200 mètres, janvier, etc.
Des larves de Chironomides ont été trouvées par H. Scorr dans les Bromé-
396 CG. PICADO.
liacées de la Dominique et par J. KnaB dans les Broméliacées de Cordoba,
Mexique. Ce dernier a fait des élevages, mais les Insectes ne sont pas
encore décrits.
Tipulidæ.
Mongoma bromeliadicola ALExANDER. (Fig. 50 et PI. XITT, fig. 1 à 4).
Cartago, 1.500 mètres; La Estrella, 2.000 mètres; Orosi, 1.200;
Peralta, 200 ; Oricuajo, 200 etc.
On trouve les larves de cette intéressante espèce à toutes les époques-de
l’année et partout.
FiG. 50. — Mongoma bromeliadicola AxExANDER. A, extrémité caudale de la
larve vue ventralement; B, extrémité caudale du mâle; ©, un crochet
génital du mâle ; D, nervures de l'aile.
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 397
Fi. 51. — Mongoma bromeliadicola ALEXANDER (Extrémité caudale de la
nymphe) &, a’, femelle; B, B°, mâle.
Anisopidæ (Rhyphidæ).
Anisopus (Rhyphus) picturatus KNAB (PL IX, fig. 7 à 9 et fig. 52).
Cartago, 1.500 mètres, septembre, octobre.
FiG. 52. — Anisopus (Rhyphus) picturatus KNaB. A, extrémité de la larve.
B, extrémité de la nymphe.
398 G. PICADO.
BorboridÆæ.
Limosina bromeliarum K. et M.
Larve a été trouvée par F. KNaB dans les Broméliacées épiphytes de
Cordoba, Mexique.
Anthomyidæ.
Cænosia sp.
Cartago, 1.500 mètres, dans une Aechmea.
Les larves de ce genre seraient, d'après KEILIN, prédatrices ; par cette raison
elles sont particulièrement intéressantes.
Syrphidæ.
Quichuana picadoi KNaB (PI. X, fig. 4 et fig. 53 et 54).
Orosi, 1.200 mètres, novembre, janvier; Cartago, 1.500 mètres: La
Estrella, 2.000 mètres, septembre.
FiG. 53. — Quichuana picadoi KNAB. À, larve ; B, nymphe.
L'Insecte (une femelle) appartient à un genre qui n'était pas encore décrit.
M. F. Kwnag indique qu'il a trouvé, dans les Broméliacées épiphytes du
Mexique, un certain nombre de larves de Diptères et un Eristalinæ qu'il croit être
du genre Quichuana. Il m'écrit qu’il y a trouvé aussi des larves de Chironomidæ ;
de Psychodidæ, de Tipulidæ, de Stratiomyidæ. Des larves de cette dernière
famille ont été trouvées aussi par CALvERT dans les Broméliacées de Costa-
Rica. M. KnaB possède aussi des larves de Psychodides bromélicoles provenant
de Panama et de Cuba.
J'ai trouvé un certain nombre de larves de Diptères, outre celles des espèces
citées.
LES BROMÉLIACÉES ÉPIPHYTES MILIEU BIOLOGIQUE. 309
Deux larves de Syrphidæ très différentes de celles de Quichuana, Yune avec
un siphon respiratoire court et non télescopé, un peu plus grande que celle
FiG. 54. — Quichuana picadoi KNAB. Armature buccale de la larve. A, pharynx
entier avec le palpe buccal et les soies prébuccales ; 2, détails de la partie
antérieure du pharynx.
de Quichuana, et encore une autre larve très intéressante, qui possède des
ventouses ventrales. Cette larve, la plus petite de ces trois Syrphides, possède
aussi un siphon court et non télescopé ; j'ai trouvé cette larve seulement à La
Estrella et jamais ailleurs ; elle n’est pas très abondante, même dans cette loca-
lité ; sa nymphe manque de cornes prothoraciques comme celles de Quichuana ;
l'imago est une mouche allongée, à tête sphérique et abdomen long avec des
29
360 C. PIGADO.
stries jaunes et brunes. Je n’ai pas pu faire déterminer cet intéressant Diptère,
car le seul exemplaire que j'aie pu faire éclore a été dévoré par des Fourmis.
Les larves de Stratiom yidæ sont très abondantes dans les Broméliacées de Costa-
Rica; celles de Psychodide se trouvent de temps en temps. Les larves de
Tabanidæ y sont très abondantes; j'en ai gardé quelques-unes pendant une
période de plus d’une année, sans arriver à l’éclosion ; il en a été de même pour
les Stratiomyideæ.
Remarquons que cette liste ne donne qu'une faible idée du grand nombre des
larves de Diptères bromélicoles.
PLANCHE VI.
Planche VI.
Forêts de « La Estrella ».
Les photographies ont été prises du même endroit l’une le matin l’autre
l'après-midi. Cette dernière montre le grand brouillard qui tombe sur la forêt et
qui constitue la principale source d’eau pour les Broméliacées épiphytes.
Bulletin Scientifique, Tome XLY11.
Picado phot,
Faune bromélicole.
SA
CHE VII.
Planche VII.
Principaux types des Broméliacées.
1; 1. Cryptanthus, feuilles pétiolées.
Il; 2. Pitcairnia, à tige de Palmier.
II ; 3. Cryptanthus, feuilles sessiles.
IV. Tillandsia, feuilles longues, cannelées, inermes.
V;, 5. Aechmea, feuilles en cornet.
VI; 6. Tillandsia usneoïdes, feuilles et tiges en filaments.
VII. Bromelia, feuilles longues, cannelées, épineuses.
VIII. Nidularium, feuilles à concavité basale.
IX ; 9. Tillandsia bulbosa, feuilles en cuillère.
Bulletin Scientifique, Tome XLT°11. PIE VU:
J- M. Cabalero del.
Faune bromélicole.
Planche VIII.
Faune bromélicole.
Mecistogaster modestus, SELYS.
Dichogaster picadoi, MICHAELSEN.
Elentherodactylus brocchi, (BOULENGER).
Spelerpes picadot, STEINEGER.
Andiodrilus biolleyi, COGNETTI DE MARTHS.
. Acrolophus pallidus, MoscHLER.
Ga. Larve.
6b. Imago au repos.
\k © D =
De V
Pullelin setnlfique. VAT
LP
( î
ii LI
Picedo pinx.
Bry fils lith., Paris
Faune des Broméliacées.
Planche IX.
Faune bromélicole.
Metriocnemus abdomino-flavatus, Picano.
Clirocladius pedipalpus, Picano. x
Metriocnemus abdomino-flavatus (Nymphe).
Metriocnemus abdomino-flavatus (Tête et extrémité abdominale du é).
Larves de Chironomides bromélicoles.
a. Metriocnemus abdomino-flavatus.
b. Isoplastus costarricensis.
c. Chirocladius pedipalpus.
d. Chironomus sp.
6. Isoplastus (Ablabesmyta) costarricensis, Picapo.
7,8et9. Anisopus (Rhyphus) picturatus, KNAB.
10. Zsoplastus costarricensis (nymphe).
SUP ES EN
Bulletin seren hfique. A CAC 1À Planche IX
e Qu (EE >
Faune des Broméliacées
PLANCHE X.
Planche X.
Faune bromélicole.
1. Aedes quadrivittatus, COQ 9
12. Aedes quadrivittatus 6
1b. Aedes quadrivittatus (nymphe).
2. Bancroftia phyllozoa, D. et K. 0
2b. Bancroftia phyllozoa 6
3. Megarhinus superbus, D. et K.
© 4. Quichuana picadoi, KNAë.
Pudlelir seten Lpique RATE
7.
P lanche DE
Picado pInx
Hadnétaes ro:
Planche XI.
Faune bromélicole.
. Cynorta, n. sp.
. Gamasus, Sp.
. SCirus, n. SP.
. Wyeomytia, Sp.
. Culex rejector, D. et K. (Ÿ).
. Celænopsis, n. sp.
. Macrocheles, n. sp.
. Uropoda, n. sp.
\& © D ne
© ©
Q =1
Pulletirr setentfique 1° XILVII Planche AT.
| |
Ù
D |
Et
Le ),
6 ©.
Prcado PT.
PLANCHE XII.
Planche XII.
Faune bromélicole.
1. Gastrotheca coronata, STES.
2. Hylella fleischmanni, BoTrGERr.
3. Elentherodactylus diastema, Cope.
4et9. Hyla phæota, Cope.
Pulletin seuertifique. 2° ATVII Planche X11.
RE ©
# np
Picado pinx
i Bry fils lith., Paris
,
Planche XIII.
Faune bromélicole.
1122 et 4. Mongoma bromeliadicola, ALEXANDER.
3. Scirtes championti, Picapo (Caballero pinx.).
5. Leptostyla gibbifera, PicApo.
5. Chelanops macrochelatus, Tôs.
PBudlelir setentfique. 2 ATIAI Planche XI
F4
e 4 ; .
se
PLANCHE XIV.
Planche XIV.
Isoplastus (Ablabesmyia) Costarricensis n. Sp.
1. Extrémité postérieure de la larve, vue de profil.
2. Tête et premiers segments thoraciques de Ia larve.
3. Pièces buccales de la larve.
4. Corne prothoracique de la nymphe.
5. Tête de larve vue de profil (papille sensitive de la gorge).
6. Extrémité caudale de la nymphe.
Bulletin Scientifique, Tome XLT11. PIXIF..
4. Ô
Picado del.
Faune bromélicole.
Planche XV.
Metriocnemus abdominoflavatus n. sp.
. Tête et commencement du thorax, de la larve.
. Pièces buccales de la larve.
. Extrémité postérieure de la larve vue de profil.
. Extrémité postérieure de la larve vue dorsalement.
. Fausse patte postérieure.
. Griffe d’une fausse patte postérieure.
. Extrémité caudale de la nymphe vue ventralement.
Chirociadius pedipalpus n. gen. n. Sp.
8.
9.
10.
LE
12.
Pièces buccales de la larve.
Extrémité postérieure de la larve vue de profil.
Extrémité caudale de la nymphe.
Les 4 premiers articles basaux d'une antenne de l’imago.
Base de l'aile.
Bulletin Scientifque, Tome XLVII. FAP:
Picado del.
Faune bromélicole.
Planche XVI.
Chironomus sp.
1. Extrémité postérieure de la larve vue de profil.
2. Tête et thorax de la larve.
3. Pièces buccales de la larve.
4. Extrémité caudale de la nymphe.
5. Aile.
6. Tête de l’imago.
7. Extrémité abdominale du mâle.
Ceratopogoninæ (larve).
8. Extrémité antérieure de la larve.
9. Extrémité postérieure.
10. Pièces buccales.
11. Antennes de la larve.
12. Extrémité postérieure de la larve.
Bulletin Scientihique, Tome XLY11. PI XVI.
Picado del.
Faune bromélicole.
=
#4
:
;
ns
SR
Planche XVII.
Megarhinus superbus D. et K. (larve).
00 1 © OI & © D
. Labium.
. Maxille.
. Mandibule (vue ventralement).
. Extrémité du siphon respiratoire vue dorsalement.
. Soies de la partie antérieure du corps (vue dorsalement).
. Dessin: basilaire des soies ventrales caudales.
. Divers types de soies.
. Ecailles du segment caudal.
Bulletin Scientifique, Tome XLT11. PI. XVII.
{
SUR. Ai: H \
7 6.
A 7
Picado del.
Faune bromélicole.
Planche XVIII.
Megarhinus superbus D. et K. (Imago).
=
S <O 00 3 © U' # GO 10
. Articles antennaires (6 et o).
. Palpes (6 et 9).
. Extrémité du palpe de la femelle.
. Ecailles du bord de l'aile.
. Epines thoraciques (indiquées par la flèche).
. Tibia des trois paires de pattes.
. Epines de la cuisse.
Une de ces épines.
. Armature génitale du mâle.
. L'un des crochets génitaux.
Bulletin Scientifique, Tome XLT11. PI. XVIIL
PE" A
ES
TS
II
LT
= ur
RE
5
ÈS
Picado del.
Faune bromélicole.
Planche XIX.
Scirtes championi PIcADo.
1. Larve vue dorsalement.
2. Tête vue dorsalement.
3. Nymphe isolée. |
4. Nymphe englobée dans sa boule d'écume (on ne voit que la moitié de
cette dernière).
5. Partie antérieure de l’imago.
6. Patte postérieure de l’imago.
7. Base de l’antenne de l’imago.
8. Tibia et tarse de la patte postérieure de l’imago.
9. Coupe théorique de l’imago au niveau de l'articulation de la 3° paire de
pattes.
Bulletin Scientifique, Tome XLV11. PÉEXTAS
Picado del.
Faune bromélicole.
PLANCHE XX.
Planche XX.
Scirtes championi Picapo (Larve).
© O0 -1 O O &
. Maxille.
2. Mandibule.
. Lèvre supérieure.
. Lèvre inférieure.
. Plaque prothoracique.
. Thorax vu ventralement.
. Patte prothoracique (la plaque en pointillé).
. Branchies rectales.
. Extrémité caudale vue ventralement.
Bulletin Scientihique, Tome XLT11. PI XX:
Picado del.
Faune bromélico!e.
|
=!
74
Ce
£a
ee
S
2
<
—
en
LE
Planche XXI.
Scirtes championi PIcADo (Anatomie de la larve).
1. Système nerveux.
2. Coupe sagittale de la tête,
M. = Mandibule.
m. = Maxille,
JP. —"Labrum:
1 Tabium:
G. = Glande salivaire.
I. = Talon masticateur.
Sn. = Ganglions nerveux.
O.e. — Valvule œæsophagienne.
3. Coupe sagittale intéressant une glande génitale.
R. et r. — Replis chitineux.
G. g. = Ebauche des glandes génitales.
ES
. Coupe transversale de l'abdomen.
6°, = 6° tube de Malpighi.
Qt
. Tube digestif et tubes de Malpighi, sur place.
. Partie basale des tubes de Malpighi.
. Tube digestif et tubes de Malpighi dépliés.
L. = Labium avec les glandes salivaires.
Im. = Intestin moyen.
T'M. = Tubes de Malpighi.
It. = Intestin terminal.
Br. = Branchies rectales,
I ©
Bulletin Scientifique, Tone XLTTII. PEVAAT:
Te ES
Ci 1 ho En 0HNODOÙ L
Picado del.
Faune bromélicole.
1
CHE XXI
AN
ë
Planche XXII.
Andiodrilus biolleyi CoGn. be Mar.
1. Coupe sagittale de la partie antérieure.
T—="Tromperretractée,
B — Bouche.
Ph = Pharynx.
R = Replis du pharynx.
N = Nerfs de la trompe.
C = Ganglion cérébroïde.
M — Muscles longitudinaux qui donnent des faisceaux pour la
trompe.
2. Coupe transversale qui montre la base de la trompe avec ses muscles
nerveux
et le ganglion cérébroïide d'où sortent 2 paires de cordons
innervant la trompe.
3. Coupe transversale de la trompe.
N= Nerfs.
M = Muscles (en noir).
V = Vaisseaux.
4. Reconstitution de la partie antérieure du système nerveux vue dorsa-
lement.
o. Coupe transversale antérieure à celle de la Fig.
C = Ganglions cérébroïdes avec la base des deux cordons nerveux
5)
de la trompe.
n — Nerfs du pharynx.
T'— Base de la trompe.
N = Cordons nerveux primitifs de la trompe.
Ph = Pharynx.
{: — Ganglions sous-æsophagiens.
Bulletin Scientifique. Tome XLY11. PIEXXIT,
EE
EE,
remet Us
Picado del.
Faune bromélicole.
#
CHE XXII.
Planche XXIII.
Aedes quadrivittatus Co.
1. Partie antérieure de la larve.
2, Extrémité abdominale du mâle ([mago).
3. Extrémité caudale de la larve vue dorsalement.
Extrémité caudale vue de profil.
Extrémité caudale de la nymphe.
6. Imago (position de repos).
711.
PAIX
Bul'etin Scientifique, Tome XLV11.
Picado del.
Faune bromélicole.
LANCHE XXIV.
ci
Planche XXIV.
Wyeomyia sp.
1. Partie antérieure de la larve.
2. Extrémité postérieure vue dorsalement.
3. Extrémité postérieure vue de profil.
4. Nymphe vue dorsalement.
5. Extrémité caudale de la nymphe.
(æA)
. Imago (position de repos).
Bulletin Scientifique, Tome XLT'11. PL AXIF
7 /
\ EE QD
, J
FU ERQRS
Lo QL". HA
PU ARTE
CM | VA
Picado del.
Faune bromélicole.
Albert CHAPPELLIER,
Chef de travaux à la Sorbonne
PERSISTANCE ET DÉVELOPPEMENT
DES ORGANES GÉNITAUX DROITS
CHEZ/LES FEMEREES "MADUETEÉS DES OISFAUX
[Une cane (Anas boschas. var. dom. ©) avec deux ovaires
et deux oviductes fonctionnels].
SOMMAIRE.
pages
PACS IS nCCr URMESONÉPREOS!. : Re Er M LR te te 301
HPnFemelles/ d'oiseaux ayant deux ovaires... 302
Cas où l’ovare droit est plus gros que le gauche .................. 300
HFemelles d'oiseaux/ayant deux oviduetes. : 0 Ame UE 307
IV. Cane domestique avec deux ovaires et deux oviductes fonctionnels, ... 371
DE 0) 0 Ce PDC ET RO Ce 319
I. — PERSISTANCE DU MÉSONÉPHROS.
À
Dans un précédent travail (1911), j'ai montré que, chez les femelles
adultes de beaucoup d’Oiseaux, principalement des Fringillidés, on
trouve, d’une façon constante, et à l’état normal, des restes du
mésonéphros et de son canal excréteur (canal de Wolf).
(1) Avec la planche XXV.
302 ALBERT CHAPPELLIER.
Pour les espèces examinées, les restes mésonéphrétiques existent
des deux côtés, droit et gauche ; ils sont bien développés, car on met
facilement en évidence un canal de Woff, qui, sans aucune inter-
ruption, va de la région ovarienne jusqu’au cloaque. Près de l'ovaire,
ce canal de Woif se relie encore à de nombreux canalicules mésoné-
phrétiques, et forme ce que j'ai appelé le della ; il se termine, au
voisinage du cloaque, par une masse cellulaire pleine, après s'être,
chez beaucoup d'espèces, replié sur lui-même pour donner un organe
(le peloton), tout à fait analogue à la vésicule séminale des mâles.
J'ai vu ce système mésonéphrétique femelle chez 13 espèces appar-
tenant à plusieurs genres et groupes différents. Il semble donc qu'une
généralisation soit possible et qu'un certain degré d’hermaphrodisme
est normal et constant chez les Oiseaux femelles : un hermaphrodisme
tubulaire rudimentaire (!) serait la règle dans ce sexe.
En tout cas, on peut conclure de ces faits que la régression du
mésonephros n’est pas totale ni complète, comme on semble souvent
l’admettre. L’on est ainsi conduit à décrire deux parties bien
distinctes dans le système génital des Oiseaux femelles adultes :
1° des organes non fonctionnels, ou à fonctionnement d'apparence
secondaire (?) : canaux de Wolff, avec le delta et le peloton.
2° des organes fonctionnels, et dont la présence est indispen-
sable à la reproduction : ovaires, oviductes.
II. —- FEMELLES D'OISE AUX AY ANT DEUX OVAIRES
Ce deuxième groupe : ovaire + oviducte, paraît, en général, dans
les femelles adultes et normalement constituées, se réduire aux
2rganes du seul côté gauche. C’est là la disposition type admise
pour les oiseaux et la présence d’un ovaire ou d’un oviducte droits,
même peu développés, est considérée comme si exceptionnelle que
bien des ouvrages classiques la signalent à peine ou la passent sous
silence.
Cependant, les cas où on a trouvé un ovaire du côté droit, quelque-
fois aussi un oviducte droit, sont assez nombreux déjà. J'ai été amené
à les rechercher à propos de la femelle de Canard qui fait l'objet
principal de cette note. Je les ai réunis dans les tableaux ci-joints :
(1) Classification de STÉPHAN (1902).
(2) Comparer les fleures 7 et 11 de la planche de mon précédent mémoire (1911).
SOUS-ORDRE
Podicipedes.
Ciconiae..…..
Anseres.....
Accipitres...
GENRE er ESPÈCE
Podiceps cristatus.
Ciconia alba...
Ciconia nigra..
Canard domestique.....
Ter
FA 5e
TABLEAU I.
OISEAUX CHEZ LESQUELS ON A CONSTATÉ LA PRÉSENCE DE DEUX OVAIRES.
NOM D'AUTEUR
Colymbiformes.
ia el OUI este
Ciconiiformes.
BIOND Re rates
RE 1e UT: Aro CU
Anseriformes.
.|H. Barkow.
Cygnus Bewichi...........|[Gunn ......
Falconiformes.
Gypogeranus serpentarius..|R. Wagner...
Gypaëtus barbatus. …......
Circaëtus gallicus.
.|[Emmert......
ON PICCNT.. 0-00
Circuscyaneus,..-......-|Gunn.........
»
»
Cireus cineraceus. …....
»
Circus aeruginosus ........|Gunn ....
»
»
»
Circus macrurus........
Astur palumbart
»
Accipiter nisus…............|Emmert
»
Aquilar(£).....,.
Aquila (sp.)......
Aquila chrysaëtus.
Buteo rulgaris....
»
»
Falco tinnunculus.
C. Picchi...
INtschE ee
| G0nn.."
Nitsch
GAPicehe ee
R. Wagner...
Nitsch. ….....
.-|C Piceht:.-
......|[R. Wagner.
Nitsch .....
QUE Re re.
Nitsch® 7.
F. M. Ogilvie. ...
(ABITON eee
'Ticehurst.. .
R. Wagner...
Witherby. ..….
Wolfr.….
.|[Emmert, ,..…..
Emmert.
GPidChr... #0.
R. Wagner...
Gunn ..….,
individus
à 2 ovaires
REMARQUES
Fürbringer parle dlun @, s. avec
ovaire droil, est-ce le mêmeŸ
D'après R. Wagner.
D'après R. Wagner, Sous le nom de
Falco pygaraus,
D'après R. Wagner, Sous le nom de
Falco cineraceus.
Sous le nom de Falco aeruginosus.
Plusieurs cas observés.
D'après R. Wagner.
Sousle nom de Falco palumbarius.
Plusieurs cas observés.
D'apres R. Wagner. Sous le nom de
Falco palumbartus.
D'après KR. Wagner. Sous le nom de
Falco nisus.
J1 faudrait ajouter4 jeunes © encore
au nid ét ayant toutes deux
ovaires.
D'après R. Wagner. Sous le nom de
Falco nisus.
Rapporté par Gunn.
Sous le nom de Falco nisus, dit qu'il
trouvé plusieurs cas.
Cité par Ticehurst.
Sous le nom de Falco nisus:
ouvé ordinairement deux ova
chez cel oiseau.
Sous lenom de Falco aquila.
par R. Wagner qui fail suivre ce
nom de: (!?).
D'apres R. Wagner,
D'après R. Wagner. Sous le nom:
Aigle doré.
Sous le nom do Falco buleo. Cité
par R. Wagner qui doute de ln
détemnination.
Sous le nom de Falco buleo,
SOUS-ORDRE
CAE eee
Limicolae...
Matisse
Columbae...
Pstittaci .
Striges ..
RICE
GENRE er ESPÈCE
. »
NOM n'AUTEUR
COPICOR See
ETICONGENC AIS ete nee | CNPIGCIUERERE TE
Falco vespertinus..........|C. Picchi........| 8
RICONRESAION er. PICCe Eee. nE
HA IcoSUbbUtEN eee | GUN 82
» CAPOT Re
Falco peregrinus. Pr GONNRE ee -20e |
» Ntüecls 22.0
Galliformes.
Poule domestique.......... lv. SEC PAR ET
Tetrao tetrix ..... LÉ nde Günneer. le
Lagopus scoticus........... (CES mare) ee
Gruiformes.
Rallus aquatieus. ..........|Gunn ........... 7
Fulica atra...….. OS H. Barkow......| 3
Charadriiformes.
Scolopax rusticula.........|Gunn ...........| 50
Larus'minutus.............|Gunn.... 1%
Pigeon domestique .........[Naumann.
» Vogt et Yung
Cuculiformes.
ESTHACeNON ESP) etre INTIRCDIES RER
Sittace macavuanna Nrrscu.|Fürbringer ......
Pstittacus sulphureus....... R. Wagner......
Pstittacus macao........... »
- Coraciiformes.
STPLTES (ORRSD een NSCRerRe 22e
Syrnium aluco............ .|Emmert:........
» R. Wagner...... 4
AGOTOTUS = as een de R. Wagner...... 3
Asio accipitrinus...........|Q. Picchi........| 5
Bubo ignavus.......... ...-|[Emmert.....". ..| 3(?)
» R. Wagner .| 4
espèce indéterminée. ....... Emmert....... se
PEUT, 0e eat H'AWagner.."..
Passeriformes.
(Oseines).
Corvus\corone.......... ...[R. Wagner......
Corvus frugilegus..…........|G. Picchi........| 6
= be 10 Qt
& ww
1
REMARQUES
dre fois, probablement chez nom-
breux individus examinés,
D'après R. Wagner.
Cité par Stannius: restes de l'ovi-
ducte persistant chez la poule
adulte sous forme d'une hydatide.
Individu légèrement arrhénoïde.
Iudiqué seulement.
Rudiment d'ovaire droit pas rare
chez pigeon domestique.
D'après R. Wagner.
Ovaire droit bien conservé, mais
cependant incapable de donner
des ovules mûrs.
D'après R. Wagner.
Sous le nom de S/rix aluco, cité par
R. Wagner
Sous le nom de Sfrix aluco, indi-
vidus pris au nid,
Sous le nom de Siri otus.
Sousle nom de S/rir bubo, d'après
R. Wagner,
Sous le nom de Shrir buba
D'uprès R. Wagner.
ORGANES GÉNITAUX DROITS CHEZ LES OISEAUX. 363
On a donc trouvé des Oiseaux avec deux ovaires plus ou moins
développés dans dix ordres sur quinze (!) et chez environ 44 espèces
«
appartenant à 29 genres différents.
MECKEL (1832) a trouvé un seul ovaire chez les Ratitae, Casoar et
Autruche ; mais il n'a examiné qu'un très petit nombre d'individus.
Les cas d'ovaires doubles, de beaucoup les plus nombreux, se
trouvent chez les Falconiformes, Oiseaux de proie diurnes. Cela
ne semble pas provenir seulement du grand nombre d’autopsies
pratiquées dans cet ordre, car, pour chaque espèce, la proportion
des femelles à deux ovaires est très grande ; arrêtons-nous seulement
à l’Accipiter nisus etau Falco tinnuculus où T.E. GUNN et CECILIA
Piccai ont examiné un nombre relativement élevé d'exemplaires ;
nous trouvons :
Accipiler nisus 27 examinés 17 cas d’ovaire double
Falco tinnunculus 18 > 10 >
ceci donnerait une proportion de plus de moitié pour les individus
portant deux ovaires.
Si nous faisons le même calcul en relevant, dans la liste des
Falconiformes qui figurent au Tableau I, les espèces où les auteurs
ont indiqué le nombre des individus qu'ils avaient examinés, nous
arrivons aux chiffres suivants :
nombre de Falconiformes nombre de Falconiformes
autopsiés avec deux ovaires
72 A1
la proportion est ici à peu près la même que dans Ja statistique plus
restreinte relevée plus haut.
Dans aucun autre groupe que les Falconiformes nous ne voyons
signaler une si grande proportion de femelles à deux ovaires. Le
D' A. WiLson, dans un récent rapport du (Grouse Disease Com-
mitlee conclut, de l’examen de 476 femelles, que ces Oiseaux n’ont
qu'un ovaire. Ajoutons toutefois que GUNN, après avoir rapporté la
statistique de Wizsox, dit que sur 17 femelles de Grouse (T'etrao
letrix), disséquées par lui-même, il en a trouvé trois portant deux
ovaires bien marqués.
(1) J'ai suivi la classification admise par A. H. Evans dans le volume sur les
Oiseaux de la « Cambridge natural history ».
364 ALBERT CHAPPELLIER.
Parmi les Charadriiformes, GUNN a trouvé une seule Bécasse à
deux ovaires sur 50 autopsies.
Dans l’ordre des Coractiformes, R. WaAGxER dit qu'il n'a jamais
trouvé d'ovaire droit chez l’A/cedo ispida. Dans les Pici, il a
toujours trouvé l'ovaire gauche seul, sauf pour un unique Picus
viridis chez lequel il a observé un rudiment d’ovaire droit de la
grosseur d’une tête d’épingle et portant au moins 3 petits ovules
bien nets. R. WAGNER considère ce cas comme extrêmement rare.
Enfin, dans l'ordre si nombreux des Passeriformes, je n'ai pu
relever que deux cas d'ovaires doubles, et dans la seule famille des
Corvidae.
De mon côté, j'ai autopsié un assez grand nombre de Fringillidue.
L'examen macroscopique montre, dans presque tous les cas, à la
droite de l'ovaire gauche, une petite masse assez indécise, qu'il est
difficile d'interpréter, à l’œil nu, comme étant un ovaire droit.
Cependant, après avoir étudié des coupes sériées de la région
ovarienne prélevée en bloc, je serais porté à conclure que, chez les
Fringilidés, il y a toujours persistance des restes de l’ovaire droit,
en relation évidente avec le delta Wolffien du même côté (1). Cela
ne va pas, en général, Jusqu'à production d’ovules assez développés
pour former une grappe ovarienne visible à l'œil nu, et je n’aurais
trouvé un ovaire droit portant des ovules que chez une seule femelle
(hybride de Chardonneret 6 X Serin 9). Encore ici un examen
microscopique sera-t-il nécessaire, car la femelle en question n’a
qu'un seul ovaire fonctionnel ; il paraît bien être situé à droite,
mais ceci est peut-être dû à un déplacement de l'ovaire gauche.
Tous les auteurs qui ont étudié de près la persistance de l'ovaire
droit, reconnaissent qu'une fois leur attention attirée sur le fait, ils
ont pu enregistrer des exemples qui avaient échappé auparavant.
NirscH aurait indiqué Falco subbuteo comme n'ayant jamais
qu'un ovaire droit; mais le tableau I renferme déjà, pour ce
dernier Oiseau, deux cas par T. E. Guxn (1912) et CEciL1A Prceni
(1911). NirscH qui à écrit le premier chapitre de l'édition de
NAUMANN, dit,. dans le tome I paru en 1822: « Je n’ai jamais pu
remarquer le rudiment d’un deuxième ovaire que EMMERT avait vu
chez quelques oiseaux ». Dix ans plus tard, dans le tome VI, Nau-
(1) Voir A. CHAPPELLIER, 1911, p. 158 à 160 et fig. IV et V.
ORGANES GÉNITAUX DROITS CHEZ LES OISEAUX 369
MANN, à propos du Pigeon, reproduit un passage entier de Nrrscx où
on lit: « Dans ce genre, ainsi que toujours chez les Gallinacés, je
n'ai vu qu'un seul ovaire et du côté gauche. Un ovaire droit que j'ai
trouvé constamment à côté du gauche chez un assez grand nombre
d'oiseaux, ne paraît pas exister chez les Colombins >. Nirscx était
donc revenu sur sa première affirmation ; il citait encore les Pigeons
comme n'ayant pas d’ovaire droit, exception à nouveau infirmée par
Vocr et YUNG qui signalent qu'un rudiment d’ovaire est fréquent
chez ces Oiseaux. WiLsox examine 476 Grouses sans y trouver
trace d’ovaire droit, il suffit à GUNN d'en autopsier 17 pour relever
3 CAS.
Notons, en outre, que les auteurs n'ont pratiqué jusqu'ici que
l'examen macroscopique seul, et même on n’a relevé, sauf Vogr et
YuxG, que les cas où les femelles avaient un ovaire droit reconnais-
sable aux ovules qu'il portait d'une façon bien apparente. Il
serait nécessaire de faire intervenir le microscope, et je suis
persuadé, d’après ce que j'ai vu chez les Fringillidés, qu'il n’y a
jamais disparition complète et totale de l'ovaire droit.
On trouvera tous les passages entre un ovaire réduit à une
petite masse de tissu conjonctif décelable seulement au microscope,
et un ovaire présentant des ovules bien formés, pour aboutir parfois
à un ovaire droit fonctionnel dont les ovules se détachent, tombent
dans l'oviducte et forment de véritables œufs. C’est ce que j'ai
constaté d'une façon indubitable chez la Cane dont je décris plus loin
les organes génitaux.
Cas où l'ovaire droit est plus gros que le gauche. — Pour
analyser les cas intéressants que j'ai relevés dans la biblio-
graphie, je les ai groupés, avec la diagnose même des auteurs,
dans le tableau IT où ne figurent que les oiseaux chez lesquels
l'ovaire droit était plus développé que le gauche.
Les Falconiformes dominent encore de beaucoup; en dehors
d'eux, nous ne trouvons qu'un Cygne, un Lagopède, une Bécasse et
une Mouette.
_
Sans insister sur les NS 4, 5,6, 7, 10 et 11, correspondant tous
à Accipiler nisus, pour lesquels nous savons seulement que l'ovaire
droit était plus gros que le gauche, voyons les autres cas en
commençant par les oiseaux autopsiés au moment du repos génital.
366 ALBERT CHAPPELLIER.
Le Lagopède (N° 12), la Bécasse (N° 13), la Mouette (N° 14), sont
capturés entre le 26 octobre et le 6 janvier. Chez tous les trois l'ovaire
droit est sensiblement plus gros que le gauche; les deux ovaires
portent des ovules de taille uniforme, ce qui est normal à ce moment
de l’année et nous ne pouvons pas préjuger du rôle que jouera
l'ovaire droit pendant la période de reproduction. Chez le Cygne
(N° 1), l'indication semble se préciser : l'ovaire droit porte, dès le
5 janvier, des ovules de différentes tailles, tandis que le gauche n’a
encore que des ovules de taille uniforme ; on peut donc supposer,
avec grande vraisemblance, que l'ovaire droit sera l'ovaire fonc-
tionnel.
Chez le Circus cyaneus (N° 2) capturé à la fin du mois de mars,
le rôle actif de l'ovaire droit s’accentue : « 1l porte des ovules plus
gros que ceux de l'ovaire gauche ».
Un Accipiter nisus (N°8), du 7 mai, n’a sur son ovaire gauche
aue des « ovules de la taille d’un grain de chènevis », l'ovaire droit
porte seulement trois ovules mais les deux plus gros sont assez
développés déjà ; ils auraient pu atteindre leur taille définitive et
l'ovaire droit aurait été fonctionnel.
Pour le N° 3, Circus cineraceus, tué le 15 mai, c’est-à-dire,
à une date toute proche du début de la ponte, le doute ne
semble plus possible. L'ovaire droit porte des ovules en pleine voie
de différenciation, (l’un d'eux atteint un demi-pouce, de diamètre),
de couleur orangé foncé, ce qui indique une évolution avancée du
vitellus. L'ovaire gauche, au contraire, ne montre que « de petits
ovules d’une couleur jaune-crême ». L'ovaire gauche est par
conséquent très en retard sur le droit : c’est celui-ci qui sera l'ovaire
fonctionnel.
Enfin le N° 9, un Accipiter nisus, a êté tué le 9 juin, très
certainement à la fin de la ponte. Son ovaire droit « est le plus
gros et porte un gros ovule ». Les autres ovules de cet ovaire
sont très petits; ceux de l'ovaire gauche ne sont pas mentionnés,
sans doute parce qu'ils étaient tous restés de petite taille. Ici
encore c'est l'ovaire droit, maintenant épuisé qui a fourni les ovules
mûrs.
Voici done, pour le moins, quatre femelles, toutes Falconiformes,
qui ont pondu du côté droit, et du côté droit seul. Chez elles
l’activité ovarienne s’est portée tout entière sur l'organe supplé-
mentaire, tandis que l'ovaire gauche ne fonctionnait pas.
TABLEAU II
OISEAUX CHEZ LESQUELS LA TAILLE DE L'OVAIRE DROIT DÉPASSAIT
LA TAILLE DE L'OVAIRE GAUCHE
DATE NoM
de REMARQUES
ET ESPÈCE SR URE D'AUTEUR
GENRE
Anseriformes.
Cygnus
Bewichi..... adulte. 5.1.1910 |[Gunn..,.,,..l “1 possédait deux ovaires, l'un placé en avant
et couvrant presque l'au L'ovaire plus gros
et placé en avant était, sans auçun doute, le droit
et porlait des ovules de différentes tailles;
l'ovaire gauche étail très petit et portait des
ovules de taille uniforme ».
Falconiformes.
Cireus cyaneus.| deux ans 30.3.1911 |[Gunn.......| « Les deux ovaires sont égaux, ils portent des
ovules de couleur crême et de deux grosseurs
différentes ; la plus grande partie des ovules sont
$ petits, l'ovaire droit porte des ovules plus gros
Circus que ceux de l'ovaire gauche v.
aceus... S à qi EE :
EUNENUGENS trois à q iatre 15.5.1913 |[Gunn “ Les deux ovaires présents, le droit porte de
ans nombreux ovules tres gros de diamètre différent,
le plus gros ovule a juste 1/2 pouce (1 cm. 26) de
diamètre. La plupart de ces ovules sont de
coueur orangé-foncé. L'ovaire gauche portait de
petits ovules d'une couleur jaune-crême ».
Accipiter nisus.| deux ans 20.12.1906|Gunn “ L'ovaire droit est un rien plus gros ».
» début de 2e
année
plumage de {re
année
plumage de.ire
année
c'e 9e
plumage de © | 5.5.1909 |[Gunn.,.....l « Deux ovaires avec des ovules, l'ovaire droit
année porte trois œufs, l'un de la taille d'une bille
ordinaire, le second environ un liers de sa taille,
et le troisième environ la taille d'un grain de
chénevis; l'ovaire gauche portait des ovules de
la taille d'un grain de chénevis, les autres ovules
étaient tout petits ».
1.2.1907 |Gunn.,.,...| «L'ovaire droit était le plus gros ».
53.10.1908 |Gunn.......l «L'ovaire droit plus gros que le gauche ».
7.10.1908 |Gunn.,.....| «Ovaire droit un rien plus gros ».
« L'ovaire droit est le plus gros el porte un
gros ovule, les autres sont très petits et présen-
lent trois couleurs différentes; jaune pâle, crème
et noir».
deux ans 9.6.1909 |Gunn.
Nitsch....,.| D'après R. Wagner: il a trouvé un casoù l'ovai-
re droit était plus développé que le gauche.
R. Wagner..| Sousle nom de Falco Nisus. Il a eu un cas où
(= l'ovaire droit était plus développé que le gauche
Galliformes.
en. 26.10.1907 Gunn « Deux ovaires, placés côte à côte; le droit a
Cr. k une longueur double de celle du gauche. Tous
les deux sont garnis de petits ovules de taille
uniforme ».
Charadriiformes.
90.12.1909 |Gunn « L'ovaire droit est légérement plus grund que
rusticula. le gauche et semble en partie tordu à son extré-
milé; les deux ovaires sont garnis de petits
ovules de même taille ».
ce minutus. adulte 6.1.1906 |Gunn......,l.«Lovaire droit a une longueur et une largeur
double de celles de l'ovaire gauche, tous les
| deux sont garnis de petits ovules de couleur
crème et de taille uniforme ».
Scolopar
ORGANES GÉNITAUX DROITS CHEZ LES OISEAUX. 367
III. — FEMELLES AYANT DEUX OVIDUCTES.
Dans tous les cas que nous venons d'examiner, les auteurs n'ont
pas donné de renseignements sur le degré de développement de 'ovi-
ducte droit. Il est intéressant de rechercher si cet organe régresse
complètement ou bien si l'on en retrouve des restes, plus ou moins
développés, chez certaines femelles adultes. Une régression totale
est admise comme étant la règle, et la présence d’un oviducte droit,
mème rudimentaire, est considérée comme une exception.
Le tableau I, enregistre 43 cas relevés chez 23 espèces diffé-
rentes.
Deux des exemples s'appliqueraient à un grand nombre d'individus
puisqu'il s’agit de la « Poule domestique » et du « Pigeon domes-
tique » d’une façon générale. Pour la première (N° 35), von BAER,
d’après STANNIUS (voir SIEBOLD, 1849), après de nombreuses recher-
ches, assure que, chez la Poule domestique adulte, les restes de
l’oviducte droit se conservent sous la forme d’une « hydatide ». VoGr
et YUNG, dans leur manuel d'anatomie comparée pratique, disent, à
propos du Pigeon (N° 42) : « il n’est pas rare d’apercevoir un reste de
l’oviducte droit ».
Si l’on s’en rapporte à ces textes, la présence d'un oviducte droit
rudimentaire serait normale chez la Poule et le Pigeon domestiques.
Il paraît en être de même pour le genre Séruthio (N° 1) dans les
Ratitae, d'après la brève indication de FÜRBRINGER.
STANNIUS ne précise pas plus en ce qui regarde Ciconia alba (N°2)
où il dit avoir trouvé un oviducte droit sans donner aucun détail ni
indiquer le nombre d'individus examinés.
L'ordre des Anseriformes nous offre des exemples plus détaillés
que nous pourrons comparer avec la femelle de canard domestique
étudiée plus loin. Chez un Cygnus inusicus (N° 10), tuë en mars,
STANNIUS constate que l’oviducte droit rudimentaire s’ouvrait dans
le cloaque à une époque où était complète la fermeture de l’oviducte
gauche fonctionnel (!). HOCHSTETTER, d'après SPANGENBERG (?), à
(1) Cette occlusion de l'ouverture de l'oviducte au moment du repos génital a été
signalée chez d'autres Oiseaux.
(2) Je remercie M. Gaston Rabaud qui a bien voulu me traduire différents passages
du texte latin de la thèse de SPANGENBERG.
368 ALBERT CHAPPELLIER.
trouvé chez l'Oie N° 9 un oviducte droit sous la forme d’une
vésicule de quelques millimètres de long.
Pour les Anatidés nous avons cinq cas dont quatre chez le Canard
sauvage ou son dérivé domestique ; dans ces cinq cas l’oviducte droit
était trés court ou non fonctionnel. Notons que CECILTA PIccHi
ajoute ce détail intéressant, que les deux Canes observées par elle
n'avaient que l'ovaire droit.
Dans l’ordre des Falconiformes, le tableau nous donne 24 cas, plus
de la moitié de ceux qui y figurent.
Pour Pandion haliaëtus (N° 24), Sraxxius indique seulement la
présence d’un oviducte droit, sans rien préciser.
Tous les autres Rapaces qui figurent au tableau III peuvent être
rangés en deux groupes : ceux chez qui l'oviducte droit est repré-
senté seulement par un organe rudimentaire et non fonctionnel, puis
d’autres pour lesquels les renseignements donnés par les auteurs
permettent d'admettre, avec quelque vraisemblace, que l’oviducte
droit a joué ou aurait joué un rôle actif au moment de la repro-
duction.
Dans le premier groupe on peut ranger, tout d’abord, 9 Oiseaux
(NS 11, 14, 15, 21, 22, 25, 28, 31, 33) dont l’oviducte droit a (N°22)
la « forme d’un conduit rattaché au cloaque et ayant environ 10 "à
de longueur » ou bien est représenté par un ruban ou un cordon
fibreux. Viendraient ensuite le Circus cyaneus (N° 12) et les deux
Accipiter nisus N° 19 et 20, tous trois tués en arrière-saison, puis
l’Accipiter nisus N°17 (1). Ces oiseaux ont les deux ovaires présents
et de taille sensiblement égale. Le signalement de la trompe droite,
laisse penser qu'elle ne saurait être fonctionnelle, bien que mieux
développée que dans les cas précédents.
Le deuxième groupe comprend un premier lot de 8 individus
que nous rangerons d’après le moment de l'année où ils ont été
tués :
4° Avant la ponte: le Circus macrurus N°16, dont les deux
ovaires montrent des signes évidents d’une activité commençante.
Son oviducte droit s'ouvre dans le cloaque, mais il n’est pas si large
que le gauche.
(1) On pourrait ranger ici le Æalco cenchris No 30, je préfère le mettre à part, car
CECILIA PICCHI dit que c'était une femelle .arrhénoïde.
ORGANES GÉNITAUX DROITS CHEZ LES OISEAUX. 369
2° Au début, pendant ou peu après la ponte : cinq Oiseaux. Deux
Falco vespertinus tués, en même temps que le numéro 33 dans une
bande de plusieurs individus des deux sexes, leurs oviductes sont de
taille égale des deux côtés, mais le N° 34 seul a les deux ovaires de
même taille ; chez le N° 32, l'ovaire Fe est moitié du gauche. Un
Falco tinnunculus N°29, a probablement achevé sa ponte, puisqu'au
26 mai les deux oviductes se présentent sous forme de fins cordons.
Le gauche, un peu plus développé, a--11 fonctionné seul? Il y a là
un doute qu'accentue encore la description de l'ovaire droit qui
paraît avoir fourni des ovules mûrs. L'aspect des oviductes est le
même chez le Cêrcus cineraceus N° 13, tué vers le milieu de juin ;
pour lui également les deux ovaires semblent avoir été fonctionnels.
3° Loin de la période de ponte : un jeune Accipiter nisus N°33,
montre les deux ovaires et les deux trompes à un degré égal de
développement.
Après ces huit Oiseaux j’en réunirai trois autres, chez lesquels
l'oviducte droit était plus développé que le gauche. Ce sont les deux
Falcotinnunculus N° 26 et 27, tués tous deux au mois de janvier
et surtout l’Accipiler nisus N°18, tué en juin : pour celui-ci le fait
est très marqué, RS l’'oviducte droit a « deux fois la largeur du
gauche ».
A côté des Falconiformes nous avons encore les Galliformes
avec le Poulet domestique dont j'ai déjà parlé. Les Gruiformes
où Gallinula chloropus et surtout Fulica atra ont fourni des cas
d’oviducte droit rudimentaire.
Les Charadriformes et les Coraciiformes n’ont donné que des
femelles à oviducte droit également rudimentaire
Je n'ai pu relever aucun cas chez les Passeriformes, el cependant,
je puis dire que toutes les autopsies de Fringillidés que j'ai faites
avec soin m'ont permis de reconnaitre un oviducte droit. Dans mon
travail sur la persistance du canal de Wolff (1911) sont figurées les
régions cloacales d’une femelle de Cini [Serinus serinus (LINE) |
et d’une femelle de Serin (fig. 1 et 3, pl. VID ; dans les deux cas,
l’oviducte droit est bien visible, mais très court et sa partie libre ne
dépasse pas 25 chez la serine figurée. Sur des coupes sériées de la
région cloacale, (voir Chappellier 1911, fig. VIT, p. 162), on reconnait,
comme à l'examen ?» toto, une partie antérieure plus ou moins renflée
présentant une légère cavité, etsuivie d’un pédoncule, étroit et plein.
Ce pédoncule, accolé au canal de Wolff, aboutit, en même temps
3170 ALBERT CHAPPELLIER.
que lui, à une masse cellulaire pleine dans laquelle canal et trompe
viennent se confondre pour former, à l’intérieur du cloaque et sur
sa paroi dorsale, une fausse papille, analogue à la papille génitale
des mâles.
L'oviducte droit rudimentaire, ainsi constitué, n’est pas une
portion fragmentaire d'un oviducte embryonnaire dont toute la partie
distale aurait disparu par un phénomène de régression ; c’est un
oviducte en miniature mais complet (voir les photographies 1 et 3
de la planche VIT où un pavillon est nettement indiqué). Dans ces
cas, ilne faut pas s'attendre à trouver d’autres fragments situés à un
voisinage plus immédiat de l’ovaire, tout l'oviducte droit est con-
densé dans la région cloacale. Il est plus où moins bien marqué et
presque toujours noyé dans la masse de graisse qui entoure le
cloaque des Oiseaux en bon état de santé. Sa recherche nécessite par
conséquent une dissection attentive.
D'après ce que j'ai vu par moi-même, il ne me paraît pas douteux
qu'on trouvera chez tous les Fringillidés un oviducte droit, quand on
s'attachera à le rechercher. Il en est encore ici comme pour le canal
de Wolff: plus l’on va au fond des choses, plus lon regarde avec
soin, et plus la persistance d’un ovaire et d’un oviducte du côté droit,
chez les Oiseaux femelles, semble être la règde. |
Le cas le plus général serait celui où l'ovaire droit est représenté
seulement par une masse cellulaire accolée à l'ovaire gauche et ne
renfermant pas d’ovules ; l'oviducte étant réduit à un organe ou à
une partie d’organe limités à la région cloacale.
Par les nombreux exemples discutés plus haut, nous avons vu que
souvent les choses ne restent pas en cet état. Il apparaît même
comme très vraisemblable que des ovaires et des oviductes droits
ont atteint un développement parfait et qu'ils ont été fonction-
nels (!).
Les descriptions données par les auteurs ne permettent pas
d'être absolument affirmatif. J'ai, tout récemment, trouvé un cas où
le doute n'est plus possible, car la femelle de canard, dont je vais
décrire rapidement ies organes génitaux, a donné des œufs par ses
deux ovaires. Elle a, en outre, pondu deux œufs le même jour,
(1) Nous retrouvons dans le tableau III quelques oiseaux, les N95 13 et 29 au moins,
qui ont pu pondre des deux côtés ; les Nos 26, 27, 28, et peut-ètre les Nos 12, 16, 17,
23, 32, el 34 chez lesquels l'ovaire droit a probablement joué un rôle actif,
107 DER
Merqus
merqanser..….
Canard
domestique...
Canard
domestique...
boschas......
Oie
(domestique ?)
Oie
(domestique ?)
Cygnus musicus
Gypogeranus
serpentarius .
Circus
cyaneus ..... jeune
Cireus adulte
cineraceus. .….s probablement
3 ans.
NOM
D'AUTEUR
DATE
D8 CAPTURE
Ratitae. 4
Fürbringer. .
Ciconiiformes.
IStannius. ...
Anseriformes.
Emmert ....
H. Barkow..
décembre |Spangenberg
G. Picchi.…..
»
Stannius. ...
Hochstetter .
Stannius. ...
Falconiformes.
R. Wagner.
12.12.1892]C. Picchi
17 juin {911|Gunn. ......
REMARQUES
[l
11 dit seulément que l'on trouve des restes de
la partie dise.
A trouvé oviducte dioit, ne précise rien.
Cité par Spangenberg qui dit: « sur le côté
droit du clonque de Mérgus merganser il a lrouvé
une oxeroissonce corfespondant À Loriflce de
l'oviducte, du moins pir sa relation de position
avec l'ouverture de l'ürethre; partant de cette
excroissance, el situé Ip long de ln paroi du cloa-
que, un tractus (linea) fénétrait dans la cavité ab-
dominale, il avait la forme d'un conduit oblitéré
qui allait se perdre veis les parties supérieures ».
« Elle avait pondu uû œuf peu auparavant. Il y
a un oviducte droit dont l'ouverlure, de la
grosseur d'une Jentillé conduit dons un canal
long de G lignes 1/2 (| cm 58), croux, mais se
terminant par une partie libre en cul-de-sac ».
L'oviduete droit: « decupe une longueur d’en-
viron 1 pouce et demi (?, sesqui fere pollices),
{3 em 81), ilse termide par une partie aveugle,
son diametre s'élargil peu à peu en se rappro-
chant du clonque: l'extrémité oblitérée finit en
s'efflant et se lermite on un ligamentr, Les
parois de cet ovidüucte droit étaient semblables à
celle de l’oviducte gauche, son ouverture est
ussez grande pour admettre facilement une petite
plume de corbeau.
» … trouvé quelque chose analogue à un canal,
rat@iché au côté drait du cloaque et ayant
environ 10 à 12 M/, db long: je pense que ce
pourrait L être des restes de l'oviducte
droit. Chez les deux ofsenux l'ovaire gauche seul
était présent ».
A trouvé oviduote doit, ne précise rien.
D'après Spangenberg « Dansune oïe femelle, à
la face extérieure du élonque, en avant de l'ou-
verture de Vurétère dibit, il a vu un plissement
saillantet surmonté d'une protubéranceconique,
et, en arrière de celle-ci, une courte vésicule
de deux lignes.
Sousle nom de Cyghe à bec rouge « l'oviducte
droit rudimentaire était ouvert (dansle cloaque)
lindis que le gauche tait complétement fermé».
» Outre l'oviducte gfuche bien développé, il y
en avait également unlautre à droite, pas aussi
développé cependant êt se terminant en forme de
cordon ».
« Les deux ovaires presque égaux en taille et
“eloppement ; ovidiete droit présent bien que
ant pas si large qué le gauche w.
» Les deux ovaires égaux portant une masse
d'œufs de taille varis le et de couleur jaune
foncé ou chair; Lov‘dücte gauche est représenté
seulement par un fin cordon, celui de droite est
très fin et mince ».
TABLEAU IT.
OISEAUX CHEZ LESQUELS ON À CONSTATÉ LA PRÉSEN
GENRE
ET ESPÈCE
Circus
aerugi HOSUS.,
Circus
MACrUTUS..……
Accipiter
NISUS .
»
Pandion
haliaëtu
Buteo vulgaris.
Falco
tinnunculus..
presque adulte
jeune
pas moins
de 3 ans
2e année
adulte
jeune
adulte
2e année
DATE
DE CAPTURE
4.12.1891
22.1.1910
27.3. 1800
26 mai 1911
8 juin 1911
12 sept.
191
18 sept.
oi
18 oct. 1910
18 oct. 1910
3.2.1905
15.1.01
6.1.11
10.5.1911
26.5.1941
NOM
D'AUTEUR
CG. Picchi
GC. Picchi
C. Piechi
(CT Een
Gunn,
Ticehurst.
Ticehurst.….
Ticehurst ….
G. Picchi....
GC. Picchi...
Stannius. .
C. Picchi….
Guns.
Günn--7
GNT
Go...
ATY
« Les deux ovaires bien développés; des restes
de l'oviduele droit semblent présents sous forme
d'un ruban
(variété mélanique). « Les deux ovaires pres-
que égaux en taille et développement, l'oviducte
droil est présent mais certainement pas fonc-
tionnel “can il est réduit à un ruban placé le
long du rein et allant jusqu'au clouque ».
« Les deux ovaires bien développés et portant
de nombreux ovules de laille variable; oviduete
droit présent, s'ouvrant dans le cloaque, mais pas
si large que le gauche ».
« Les deux ovaires presque également déve-
loppés, Loviduete gauche plus large quale droit.
L'oiseau vient de terminer une ponte de 6 œufs »,
« L'ovaire gauche porte des ovules petits et des
gros. L'ovaire droit rien que des pelits ovules.
Les deux oviductes bien développés, celui de
droite ayant deux fois la largeur du gauche.
L'ostium abdominale de l'oviducte gauche est
bien visible chez cet individu »,
« Ovaire droit de taille égale au gauche, l’ovi-
ducte droit étail aussi présent, bien que n'étant
nisilongnisi large que le gauche »,
“ Les deux ovaires également développés, ovi-
ductes comme dans l'oiseau précédent ».
« Les deux ovaires également développés, ovi-
ducte droitréduit à un cordon filbreux, mais pas
facile derpréciser car Le coup de feu a porte dans
celte région ».
Les deux ovaires presque égaux en laille et
développement, avec restes de la part'edistale de
l'oviduete droit sous forme d'un conduit rattaché
au cloaque et ayant environ 10M de longueur »,
“ Lesdeux ovaires sont également bien déve-
loppés; l'oviducte droit était également présent
et dans un état très analogue à celui du gauchew,
A trouvé oviducte droit, ne précise rien.
(Sous le nom d'orfraie). %
(Par son plumage correspond à B. menelriesi,
Bog.) « Les deux ovaires presque égaux en taille
et développement; l'oviducte droit est également
présentsous forme d'un ruban».
« Les deux ovaires présents, mais de taille
inégale, Vovaire droit étant environ moitié plus
petit quele gauche; mais loviducte droit était
plus Saillantw:
…« Les deux ovaires présents. Le gauche aussi
gros que lé droit. Ovules pelits et de taille uni-
forme. Les deux oviductes minces, le gauche très
atténué,
» oviducte gauche parfaitement bien dévelop-
pé, l'ovaire droit petit et fragmentaire; six petits
ovulés seulement; oviducte droit fin cordon
flbreux».
« Les deux ovaires présents. L'ovaire gauche
plus gros est garni d'ovules, l'ovaire droit plus
petit avec un très petit nombre d'ovules dont
doux cependant étaient plus gros que les ovules
de l'ovaire” gauche. Les deux oviductes sont
représentés seulement pur de fins cordons, le
gauche est plus prononcé ».
GENRE
gt ESPÈCE
DATE
Falco cenchris.
Talco
vespertinus …. adulte
2 ans 5.9.08
1 an (?) 5.5,08
Poule
domestique
Gallinula
chloropus....
Fulica atra.
Fulica atra.
Alca (sp.).....…
Pigeon
domestique ..
DE CAPTURE
—
19 mars
30.4.1894
NOM
D'AUTEUR
icone,
GC Picchi....
presque adultel5 mai 1908|C. Picchi
G. Picchi………
G. Picehi….
Galliformes.
v. Baër.....
Gruiformes.
jStannius.…...
R. Wagner.
I. Barkow
H. Barkow à
Charadriiformes.
Stannius.…...
H. Barkow
Vogtet Yung
Coraciiformes.
Otus
brachyotus .. vieux
H. Barkow
REMARQUES
« Les deux ovaires également Lien développés,
mais l'oviducte droit n'était pas si développé que
le gauche » (cette femelle était à plumage arrhé-
noïde).
« Les deux ovaires bien développés; oviducte
droit présent, mais réduit à un cordon liga-
menteux ».
« Les deux ovaires et leurs conduits de taille
presque égale etavec des ovules bien développés»
« L'ovaire comme en C (c'est-à-dire: ovaire
droil moitié du gauche}, mais montre aussi les
restes de l'oviducte droit sous forme d’un ruban
allant de l'ovaire au cloaque ».
« ovaires comme D (spécimen précédent) mais
l'oviducte droil est presque aussi large que le
gauche ».
D'après Stannius:«v. Batraprèsde nombreuses
recherches, assure que chez la Poule domestique |
adulte, les restes de l’oviducte droit se conser-
vent euus la forme d'une hydatide ».
Sous le nom de Poule d'eau = à trouvé oviducte
droit, ne précise rien.
« À droile un oviducle court, se détachant du
cloaque mais se lerminant rapidement on cul-de-
sac ».
Femelle ayant un œuf dans l'utérus: l'oviducte
droit, dontl'ouverture dansle clonque estenviron
moitié de celle dela trompe gauche, es large-
ment ouvert, les bords de l'ouverture ressortent
légérement. Cet oviducte, depuis son ouverture
dans le clonque jusqu'à son extrémité libre el
aveugle mesure 1 pouce 9 lignes (4cm 45), il a des
parois épaisses, une cavité large et montre à son
intérieur des plis longitudinaux bien développés,
Femelle couvant : l'ouverture de) l'oviducle
droit estsi étroite quel'on peut à peine y faire
entrer l'extrémité d'une sonde fine; l'oviducte
droit lui-même a 5 lignes (1 em 06) de long, il est
à parois minces et étroit .
sous le nom de Pingouin, a trouvé oducte
droit, ne précise rien.
« Oviducte droit long de 4 lignes (0emS5), éreux
etterminé en cul-de-sac à son extrémité libre,
son ouverture dans lecloaque était grosse comme
une tête d'épingle.
« 11 n'est pas rare d'apercevoir un reste de
l'oviducte droit; c'est alors la portion lorminale
qui est conservée, sous forme d'un épaisissement
lamellaire, long d'environ un centimètre, blan-
châtre et placé eu dehors du clouque, un repli du |
périloine le relie à la paroï du corps ».
Trace d'oviducte droit; mais si faible qu'il no
peut y faire pénétrer un crin pendant plus de
deux lignes.
ORGANES GÉNITAUX DROITS CHEZ LES OISEAUX. 371
dans des conditions telles qu'un fonctionnement simultané des
deux ovaires et des deux oviductes paraît indispensable.
IV. — CANE DOMESTIQUE AVEC DEUX OVAIRES
ET DEUX OVIDUCTES FONCTIONNELS.
Cette cane a été achetée adulte aux environs de Paris le 14 avril
1913, elle est arrivée au Laboratoire de la rue d'Ulm dans la même
journée.
Le lendemain matin elle donnait un œuf, puis, après un repos de
six jours dû au déplacement (!), reprenait sa ponte le 22 avril. Elle
a été sacrifiée le 2 juin et, pendant ces 42? jours, elle a pondu 30 œufs.
Rien ne l'aurait différenciée, au point de vue de la ponte, des autres
canes qui se trouvaient en même temps qu'elle dans les volières du
Laboratoire si, le 28 avril à 9 heures, je n'avais trouvé deux œufs
côte à côte dans le nid où elle pondait ordmairement.
La cane étant isolée depuis plusieurs jours et les œufs levés avec
soin tous les matins par moi-même, aucune erreur n'était possible.
Les deux œufs du 28 avril étaient normalement constitués et
fécondés tous deux. Fait à noter, ce sont les deux plus gros œufs
que la cane ait pondu pendant son séjour au Laboratoire. Ils
mesurent 63 "m, 8 et 64" de longueur, tandis que la moyenne
générale des 30 œufs n’est que de 58 *" 356.
La double ponte ne s'étant pas reproduite, je n’y songeais nulle-
ment au moment où je sacrifiai la femelle. Je voulais seulement
prélever sur elle le 31° œuf encore contenu dans son utérus et
ne fis qu’une courte incision dans la région abdominale. Après avoir
enlevé l'œuf utérin, je pensai à vérifier rapidement l’état de l'oviducte
dans son cours inférieur. Pour cela j'attirai au dehors, par l'étroite
ouverture, les replis de l'oviducte turgescent et volumineux.
C'est alors que, frappé par le développement inusité de l’organe,
et n'arrivant pas à comprendre exactement sa forme, je fendis
longuement la région ventrale, cequi me fit connaître aussitôt la
véritab'e raison de mon incertitude. Mais, jusqu'à ce moment,
j'avais opéré brusquement et sans méthode, c'est pourquoi j'ai tenu
à rappeler les conditions premières de mon observation. On voit qu'il
ne s’agit pas là d’une dissection minutieusement conduite, mais
(1) Je reviendrai sur cette influence du déplacement dans un travail ultérieur.
6
372 ALBERT CHAPPELLIER.
d'un hasard dont j'ai essayé ensuite de tirer le meilleur parti
possible, sans arriver à combler les lacunes qu'avait fait naître la
hàte du premier examen. ;
Au moment de l’autopsie, l'ovaire gauche portait, en plus des
ovules que l’on voit sur la planche, deux autres encore plus
développés ; la femelle aurait encore certainement pondu au moins
quatre œufs. En examinant l'ovaire, j'y ai trouvé 3 follicules
vides, bien reconnaissables. Le plus gros correspond à l'œuf
prélevé dans l'utérus, le plus petit des deux autres se rapporterait
à l'œuf pondu le 31 mai, deux jours seulement avant l’autopsie. Tous
les follicules des œufs précédents sont en voie de dégénérescence
graisseuse, il n’est plus possible de les reconnaître, même de les
deviner.
L'ovaire droit ne porte que des ovules petits et dont on peut
admettre qu'ils ne seraient pas parvenus à maturité ; mais j'ai trouvé
sur cet ovaire un follicule vide indiscutable. Ce follicule est plus gros
que le plus petit de l'ovaire gauche. Il appartient par conséquent à
un œuf récemment pondu et ne peut être celui de l'œuf du 8 avril
pondu 3% jours avant l’autopsie. Il en résulte que l'ovaire droit a
fourni au moins deux œufs. Le second œuf est un des derniers
pondus par la cane, et l’on voit que l'ovaire droit, bien que [onc-
lionnel, n'a pas atteint le même degré de croissance que le gauche.
Ce dernier porte encore plusieurs ovules en voie de différenciation
avancée, tandis que l’ovaire droit qui vient de pondre tout récemment
n’a plus à sa surface que de petits ovules. Nous devons en
conclure qu'il n’a développé que très irréguliérement quelques
ovules ; son fonctionnement s’est fait par à-coups et il est très
vraisemblable qu'il a fourni peu ou pas d’œufs en dehors des deux
qui viennent d'être mentionnés. La taille et l'aspect des ovules
portés par l'ovaire droit indiquent que cet organe est déjà entré dans
la période de repos; il en est de même de l’oviducte droit moins
épanoui à sa partie supérieure que l’oviducte gauche.
Puisque nous commençons l’examen des oviductes par leur
partie supérieure, notons l'aspect et la forme tout à fait anormale de
ce qui correspondrait au pavillon. Chez une cane témoin, l’oviduete
diminue graduellement de diamètre en allant vers son extrémité
libre qui se termine par un pavillon à parois minces et lisses. Dans
la femelle à deux oviductes ceux-ci se terminent, sur la pièce photo-
graphiée, par un épanouissement de la paroi glandulaire. Cet épa-
ORGANES GÉNITAUX DROITS CHEZ LES OISEAUX. 1e
nouissement forme deux entonnoirs très vastes el qui ont parfaitement
joué le rôle du pavillon d’un oviducte normal. Cependant, et c’est
ici surtout qu'interviendrait l'insuffisance de soins pris au début
de l’autopsie, je ne puis être affirmatif sur l’état réel de l'extrémité
libre des deux oviductes. Peut-être étaient-ils plus longs, se
terminaient-ils par le pavillon typique. J'aurais quelques raisons
de croire que les deux oviductes sont, à bien peu de chose près,
dans l’état où ils étaient sur le vivant car, en recherchant au milieu
des viscères et des caillots de sang je n'ai rien trouvé qui se
raccordàt aux parties déjà prélevées. D'autre part, si l'on
admet qu'il y a arrachement et déchirure et que l'on veuille,
ainsi que j'ai cherché à le faire sur la pièce fraiche, reconstituer les
oviductes, on s'aperçoit immédiatement, surtout sur l'oviducte
gauche, qu'il est impossible d'affronter les deux bords libres du
pavillon pour essayer de-rétablir la suite d’un conduit: la surface
étalée est beaucoup trop étendue, elle ne correspond pas au diamètre
du tube qui la précède immédiatement.
Toutes ces raisons me portent à admettre que les oviductes se
terminaient bien par ce faux pavillon de forme anormale. Et, du reste,
les oviductes dans leur ensemble sont anormaux. L'oviducte de la
cane témoin mesure près de 55 centimètres de longueur ; c’est, à partir
de l'utérus, un tube de diamêtre sensiblement uniforme jusqu'à la
portion amincie etau pavillon qui la terminent. Cet oviducte pont
être allongé et étendu suivant une ligne droite.
Les deux oviductes de la cane anormale ne dépassent pas 25 cen-
timètres de longueur. Après un parcours d'un diamètre à peu près
égal, ils se coudent, d’une façon rigide, sous un angle très ouvert
et continuent en s’élargissant graduellement pour aboutir au
lambeau qui forme pavillon.
Seule, la parte cloacale est voisine de la normale: le grand
diamètre de l'utérus, le même pour les deux oviductes, ne diffère
pas d’une façon appréciable du diamètre de l'utérus de la cane
témoin. J'y note seulement que les papilles sont, des deux côtés,
plus serrées, d’une taille plus uniforme et moins longues que dans la
cane témoin.
L'ouverture de l’oviducte droit, dans lequel j'ai pu très faci-
lement et sans forcer faire pénétrer un crayon, est située beaucoup
plus près du rectum que celle de l’oviducte gauche.
Toutes ces particularités anormales des oviductes n'ont pas em-
374 ALBERT CHAPPELLIER.
pêché la cane de pondre des œufs normalement constitués, et rien dans
son attitude n’a permis de constater que la formation de ces œufs
fût accompagnée d’un trouble quelconque ; seule la ponte simultanée
de deux œufs attira mon attention sur cette cane. J’eus l’occasion
de citer le fait à une séance de la Société nationale d’Acclimatation,
et plusieurs des auditeurs présents rappelèrent aussitôt des cas assez
nombreux de poules pondant deux œufs dans la même journée (1).
Il apparaît qu’une ponte double n’est pas d’une absolue rareté chez
la poule ; mais je ne pense pas que l’on ait cherché à vérifier l’état
des organes génitaux des oiseaux qui donnaient assez fréquemment
deux œufs en 24 heures. Certains auteurs, paraît-il, auraient attribué
le fait à une suractivité génitale d’origine tuberculeuse.
L'exemple fourni par la cane étudiée ici nous montre que
cette ponte peut être due à un double fonctionnement des ovaires et
des trompes. C’est un développement génital maximum qui serait
rarement atteint chez les oiseaux si nous nous en rapportons aux cas
précédemment enregistrés. Le cas que je décris vient fortement
battre en brèche les théories qui ont voulu mettre sur le compte d’un
manque de place la régression de l'ovaire et de l’oviducte droits. De
leur double fonctionnement la cane n'a éprouvé aucune gêne et elle
a pu former simultanément un œuf sur chacun de ses deux ovaires,
sans s’en porter plus mal.
Un examen plus approfondi des faits est nécessaire avant que
l’on puisse tenter une conclusion : nombreuses autopsies d'adultes,
essais pour obtenir une descendance des oiseaux à ponte anormale,
et, par-dessus tout, étude plus complète des processus embryon-
naires, permettront d’abord de mettre au point définitivement la
question de fait; c’est là le principal.
(1) L'une même, surveillée dans une euisine où elle vivait enfermée, aurait donné,
d'une façon certaine, trois œufs le même jour.
379
+
BIBLIOGRAPHIE.
Les pages et les tableaux indiqués à la suite des références biblio-
graphiques renvoient au présent travail.
1637. ALDROVANDE. Ornithologiae hoc est de Avibus historia (Bononiae, 1637.)
(Pas cité dans le texte : les figures qu'il donne des organes génitaux de
la poule et où l'ovaire est dessiné à droite, sont manifestement des
erreurs de technique).
1829. Barkow (Dr HAxs). — Anatom'sch-physiologischet Untersuchungen,
vorzüglich über das Schlagadersystem der Vôgel. (Arch. für Anat. ü
Physiol. 1829) — (tableaux I, ID.
1891. Bronn's Tierreich. — Vôgel. — (tableau D.
1911. CHAPPELLIER (A.). — Le canal de Wolf chez la femelle adulte des oiseaux
et principalement des Fringillidés. (Bull. scientifique de la France et
de la Belgique, Te série, T. XLV, fase. 2, p., 149-168, pl. VIT). — (pages
361, 362, 364, 365, 369).
1888. FÜRBRINGER (Max). — Untersuchungen zur Morphologie und Systematik
der Vôgel (Amsterdam, 1888). — (page 367 — tableaux I, ID).
1912. Guxx (T. E.). — On the presence of two Ovaries in certain British Birds,
more especially the Falconidae. (Proc. Zool. Soc. of. London, 1912,
p. 63-79, 4 pl.). — (pages 363, 364, 365 — tableaux I, IT, ID.
1832. MEeckeL (Jon. FRiEpr.) — Beiträge zur Anatomie des indischen Kasuars.
(Arch. fur Anat. u. Phys., 1832, p. 273-370). — (page 363).
1810. Meyer u. WOLFr. — Taschenbuch der deutschen Vogelkunde. (Frankfurt,
1810). — (tableau D).
1822-1844. NauMaxN (J. A.). — Naturgeschichte der Vôgel Deutschlands.
(Leipzig, 1822-1844). — (page 365 — tableau [).
1822 et 1832. Nrrsca (Cr.-L.) (Voir Naumann, T. I, p. 52 et T. VI, p. 163). —
(pages 364, 365 — tableaux I, Il).
1911. Prccur (GeczrA). — On the persistance of te right ovary and its ducts
in Birds. — (British Birds, Vol. V, p. 45-49, 2 fig.). — (pages 363, 365,
368 — tableaux I, ID).
1813. SPANGENBERG (GE0). — Disquisitio inaug. anatomica circa partes genitales
foemininas Avium. (Cum tabl. V.aen. 4, Gottingae, 1813. — Dieterich).
— (page 367 — tableau IT).
1849. SreBoLp (C. TH. DE.) et Srannius (H.). — Nouveau manuel d'anatomie
comparée (édition française. Paris, Roret, 1849). — (pages 367, 368 —
tableaux I, IT).
1902. SrÉPHAN (PIERRE). — De l’hermaphrodisme chez les Vertébrés. (Ann. fac.
sc. de Marseille, T. 12, p. 23-157, 1 pl., 8 fig.). — (page 362).
376 ALBERT CHAPPELLIER.
1910. Trcenursr (CLAUD B.) — The persistance of the right ovary and its duct
in the Sparrow-hawk. (British Birds, Vol. IV, p. 188-189). — (tableaux
I, I).
1888. Voar (CaRL) et YUNG (E.) — Traïté d'Anatomie comparée pratique (T Il).
Paris, Reinwald. — (pages 364, 365, 367 — tableaux I, I).
1837. WAGNER (RupoLpx). — Beiträge zur Anatomie der Vôgel. (Abhandlgn.
d. k. bayr. Akad. d. Math. Phys. CI d. Wiss., Bd. 2, 1837, p. 271-308).
— (page 364 — tableaux I, IT, ID).
Ouvrages qui n’ont pu être consultés.
1828-1837. — BaëR (v.). — Ueber Entwicklungsgesch. der Thiere, Bd Il
(Koenigsberg, 1828-1837). — (page 367 — tableaux I, ID).
1811. EmmerrT. — Beobachtungen über einige anatomische Eigenthümlichkeiten
der Vôgel. (Reilu. Authenrieth's Archiv fur Phys. Halle. Bd 10, 1811,
p- 377-392). — (tableaux I, IN).
HOcHSTETTER. — (Cité par R. Wagner d’après Emmert). — (page 367 —
tableau II).
Edmond BORDAGE.
NOTES BIOLOGIQUES
RECUEILLIES À L'ILE DE LA RÉUNION.
GHA PIRE T1 (À):
SUR LA BIOLOGIE ET L'ÉTHOLOGIE
DE DIVERS HYMÉNOPTÈRES.
PT
I. — Mœurs de Chrysis lusca var. concinna GRiB.
On sait qu'en Europe les Chrysis sont parasites de nombre
d’autres Hyménoptères, parmi lesquels figurent des Euménides, des
Sphégides, des Pompilides, des Apiaires solitaires (Osmies), etc.
A la Réunion, la C. lusca var. concinna GriB. est parasite des
Sceliphron, et j'ai pu observer son manège lorsqu'elle épie les
allées et venues de la femelle dans le nid de laquelle elle déposera
son œuf. Je l'ai vue pénétrer de temps à autre dans ce nid pour
examiner Où en était le travail d'approvisionnement en Araignées.
Quelques auteurs ont prétendu que la Chrysis, avant de pondre,
détruisait dans la cellule violée l'œuf de l'Hyménoptère dépossédé
et que sa larve se nourrissait alors exclusivement des provisions
entassées dans le nid. D’autres entomologistes, s'ils n’ont pas attribué
cet acte à la mère, l’ont du moins imputé à sa progénilure, qui, à
à peine née, dévorerait l'œuf en question. J'ai pu constater que ce
dernier était, en réalité, respecté par la Crysis et par sa progéni-
ture. La larve du parasite, par le fait qu'elle naît après sa victime,
ne saurait détruire l'œuf dont doit sortir cette dernière. Elle atta-
quera directement la larve de l'Hyménoptère nidifiant sans toucher
aux provisions amassées. R. du Buyssonx (1888, p. 35) avait déjà
(1) Voir t. XLVI, 1912, p. 29 à 92.
3178 EDMOND BORDAGE,
prouvé qu'il en était ainsi en ce qui concerne les espèces européennes
du genre Chrysis. Pour cela, il mettait dans un tube de verre tout le
contenu d'un nid d'Odynère parasité, c’est-à-dire les chenilles cons-
ütuant l'approvisionnement du nid, l’œuf de l'Odynère et celui de la
Chrysis. Le savant entomologiste constatait ensuite que l’éclosion
de la larve du parasite se produisait toujours après celle de la
larve de l’'Odynère. Et si, pour une cause quelconque, cette dernière
n'éclôt pas, la larve de Crysis ne tarde pas à mourir d’inanition,
sans avoir touché à la provision de Chenilles (1).
Je n'ai jamais trouvé plus d’un cocon de Crysis par nid parasité.
Par contre, certains représentants des espèces européennes déposent
deux et quelquefois trois œufs dans un seul nid. J. PÉREZ a constaté
la présence de deux ou trois cocons de Chrysis dans une seule
cellule d’'Eumenes unguiculus. Une larve d'Eumène de forte taille
peut donc supporter les attaques de plusieurs larves de Chrysis et
fournir à ces dernières une nourriture suffisante.
II. — Sur trois Ichneumonides parasites des Borers de la
Canne à sucre (Üphion maurilii SAUSs., 0. antanharus SAUSS.
et Paniscus melanocotis HozmG..).
Aux îles Mascareignes, la Canne à sucre est attaquée par les
larves de divers Lépidoptères (Déiatraea striatalis SNELL., Sesarnia
nonayrioides var. albiciliata SNELL., Grapholitha schistaceana
SNELL., etc.). Ces larves, qui creusent des galeries dans la tige de
la plante attaquée, ont reçu le nom de « borers > (?). Klles ont
comme ennemis principaux trois Ichneumonides : l'Ophion mauritii
l'O. antankarus et le Paniscus melanocotis. Ces trois insectes, qui
habitent également Madagascar et l'ile Maurice, rendent donc
d'inestimables services aux planteurs.
L'O. antankarus se distingue de l'O. mauritlii par des dimensions
(1) I devient alors difficile d'interpréter le cas cité par TH. A. CHAPMAN (1869, p. 153).
Cet auteur dit avoir constaté qu'une larve de Crysis, à peine'"éclose, avait commencé
par détruire l'œuf de l'Hyménoptère nidifiant et avait ensuite dévoré les chenilles
emmagasinées dans la cellule. Comme on ne saurait suspecter la bonne foi de cet
entomologiste disti gué, on est amené à supposer que, dans ce cas, il s'est produit
une véritable aberration de l'instinct chez la larve en question.
(2) Ce mot, d'origine anglaise, signifie « qui perfore ». Les entomologistes anglais
et américains l'appliquent à tout insecte nuisible qui creuse des galeries dans les tissus
des végétaux.
NOTES BIOLOGIQUES RECUEILLIES À L'ILE DE LA RÉUNION. 379
plus grandes (fig. 1 et 2) et par des différences dans l’ornementation
des ailes antérieures. Les figures 3 et 4 indiquent nettement ces
diflérences. Chez 0. antankarus la grande cellule résultant de la
FiG. 1. — Ophion antankarus. FiG. 2. — Ophion mauritir.
ee;
D
FiG. 3. FrG. 4.
Aile antérieure d'O. antanhkarus. Aile antérieure d’'O, mauritit.
fusion de la première cubitale avec la première discoïdale présente
trois taches opaques, légèrement roussâtres. Celle de ces taches qui
est la plus rapprochée de la région d'insertion de l'aile est triangu-
laire, la seconde est circulaire et la troisième affecte approximati-
vement la forme d’un croissant. Chez 0. mauritii, la même cellule
ne possède qu’une seule tache, de forme triangulaire.
III. — Mœurs de l’Evania appendigaster L.
(E. desjardinsii BL.).
Peu de temps après mon arrivée à la Réunion, j'avais récolté un
certain nombre d’oothèques de Periplanela americana X. dans
l'espoir d’en voir sorir des parasites de la famille des Chalcidiens.
380 EDMOND BORDAGE.
J'obtins, en effet, une certaine quantité de ces derniers (T'etrastichus
periplanetae CRAWr.) Mais, ce qui me surprit, ce fut la présence,
dans la boîte vitrée qui contenait les oothèques, d’un Hyménoptère
de couleur noire, mesurant 7-8"m de longueur, et n’appartenant
en aucune façon à la famille des Chalcidiens.
Au premier abord, cet insecte semblait avoir l'abdomen mutilé ou
atrophié. Je reconnus rapidement, à l'examen des principaux
caractères, que j'avais affaire à une Evanien: abdomen court,
pédiculé, comprimé latéralement, s’insérant sur le dos du mêta-
thorax, antennes filiformes, aussi longues que le corps. Enfin, la
nervation des ailes était bien celle du genre Evania.
En regardant attentivement l’abdomen rudimentaire, il me sembla
plus arrondi (fig. 5) que celui de l’Æ£. appendigaster, qui est ordi-
nairement représenté sous l’aspect d’un petit triangle. Les premières
recherches bibliographiques que je fis ensuite m'amenèrent tout
d’abord à considérer l’'Hyménoptère qui m'intéressait comme l’Æ.
desjardinsii d'Emile BLancHaARD. Les recherches plus complètes qu’il
me fut possible d'entreprendre plus
tard,.à Paris, me mirent à même
de constater que SCHLETTERER, H.
de SAUSSURE et d’autres hyménop-
téristes estimaient que le nom d’Æ.
desjardinsii BL. devait tomber
en synonymie devant celui d'Æ.
appendiqgaster L. La nervation des
ailes semble en effet identique.
Quant à la différence dans la forme de l’abdomen, elle ne constitue-
rait nullement uu caractère spécifique distinct; car chez certains
individus d’Æ. appendigaster, l'abdomen serait triangulaire, tandis
qu'il serait arrondi chez d’autres spécimens. Je me demande sil
n'existe pas une relation entre la forme de l'abdomen et le sexe de
FiG. 5. — Evania appendigaster L.
linsecte (!).
(1) Il est assez intéressant de rappeler ici les idées de GUÉRIN-MÉNEVILLE (1843,
p. 334). Pour cet entomologiste, l'£. desjardinsii d'Émile BLANCHARD ne serait autre
chose que le mâle d'Æ. laevigata et V'£. appendigaster en serait la femelle. Comme
l'Hyménoptère désigné sous le nom d'Æ. laevigata par LATREILLE, LAMARCK et
OLivier ne diffère pas de l'£. appendigaster, d'après SCHMIEDEKNECHT, DALLA TORRE,
H. de SAUSSURE, etc., l'opinion de GUÉRIN-MÉNEVILLE pourrait peut-être se ramener
à ceci: ce que l’on a appelé l’'Z. desjardinsit est la forme mâle de l’Æ. appendigaster
elle-même.
NOTES BIOLOGIQUES RECUEILLIES A L'ILE DE LA RÉUNION. 381
SilÆ. appendigaster avait déjà été signalé à l’île Maurice, je fus
le premier à annoncer sa présence à la Réunion. Il m'a été permis
d'étudier ses mœurs curieuses. L’insecte parfait butine sur les fleurs,
mais la larve est parasite. Les auteurs sont en désaccord au sujet de
ce parasitisme. Les uns (Mac LEAY, LEWIS, STEPHENS) pensent que
les larves des Evanies se développent dans l’oothèque des Blattes,
tandis que d’autres (REip, ARNOLD) croient qu'elles sont parasites de
la Blatte elle-même. J'ai été à même de démontrer l'exactitude de
l'opinion des premiers en ce qui concerne l’Æ. appendigaster ; mais
il se pourrait que, pour d’autres espèces, celle de Rep et d’ARNOLD
fût aussi vérifiée (!).
Je n'ai vu qu'une seule fois l'E. appendigaster poursuivre une
Blatte. C'était au Jardin botanique de Saint-Denis. L’Hyménoptère
tournait autour d’une femelle de Periplaneta americana, dont
l’oothèque, encore molle et blanchâtre, faisait saillie à l'extrémité
de l'abdomen. L’Orthoptère, à moitié aveuglé par la brillante
lumière, fuyait devant son agresseur. Il parvint à se réfugier dans
une fente que lui offrait l'écorce d’un arbre, ce qui interrompit une
observation dont le résultat final m’eût vivement intéressé. Malgré
tout, je suis persuadé que l'Evanie avait l'intention d'introduire un
œuf dans la capsule ovigère encore portée par la Blatte.
Les individus d’£. appendigaster que j'ai obtenus d'élevage
avaient subi toutes leurs métamorphoses à l’intérieur d’oothèques de
P. americana. Ces coques ovigères mesurent 12-15 millimètres de
longueur. La larve parasite ne se tisse pas de cocon proprement dit ;
elle se contente de sécréter quelques fils d’une soie grisâtre et assez
grossière, appliqués contre la paroi interne de l’oothèque. Cette soie
isole la larve des petits débris provenant de la destruction des cloi-
sons de la capsule ovigère.
Un auteur cité par WeEsrwoop (1841, p. 240), M. STEPHENS a
écrit: « Chaque espèce du genre ÆEvania est parasite d'une seule
espèce de Blatte ; mais la réciproque n’est pas exacte ; car une seule
espèce de Blatte peut avoir comme parasites deux espêces du
genre Ævania >. J'ignore si la deuxième partie de cetle proposition
(1) I1 semble en effet très probable que les Evanies appartenant au genre Zeurevania,
au lieu de parasiter les pontes des Blattes, attaquent les Blattes elles-mêmes (voir
F. Prcarp : Sur le genre Zeuxerania KIEFFER et sur les mœurs du Z. splendidula
CosTA, Bull. Soc. entom. France, 1913, n° 12, p. 301).
382 EDMOND BORDAGE.
a été vérifiée; mais je puis affirmer que la première est inexacte.
Nous voyons, en effet, que l’Æ. appendigaster est parasite d’au
moins deux espèces de Blattes (P. orientalis et P. americana) ;
et il se pourrait très bien, qu'à la Réunion, elle Le fût aussi de
deux autres espèces: Leucophaea Surinamensis L. et Nau-
phæta cinerea OLiv. Cette dernière mesure jusqu’à 28 millimètres
et son oothèque doit être de dimensions respectables.
J'avais d’abord pensé que certaines oothèques d’où j'avais vu
sortir l'Æ. appendigaster appartenaient à Panchlora maderae. J'ai
pu ensuite m’assurer que cette Blatte était vivipare. Les oothèques
que je croyais lui appartenir provenaient en réalité de Periplaneta
americana. De légères différences dans la forme, la coloration et
les dimensions de ces capsules ovigères m'avaient fait croire qu’elles
avaient été pondues par une autre espèce de Blatte.
L’E. appendigaster doit avoir comme pays d’origine les régions
d’où provenait primitivement Periplaneta orientalis. La naviga-
tion aurait disséminé l’hôte et son parasite sur une grande partie du
globe. La grande Blatte américaine (?. americana) a certainement
joué, en second lieu, un rôle important dans cette dissémination de
l’Evanie. Au cours de plusieurs traversées effectuées ent:e Marseille
et la Réunion et vice versé, j'ai constaté à deux reprises la présence
de quelques individus d’'Æ. appendigaster à bord de paquebots où
abondaient les ?. americana et leurs oothèques.
IV. — Introduction du Sirex qigas L. à la Réunion.
Cet insecte est rare à la Réunion. Pour mon compte je n'en ai
capturé qu'un seul exemplaire, au jardin botanique de Saint-Denis.
Mais, à plusieurs reprises, on m'en a remis des échantillons recueil-
lis dans des bâtiments où étaient rangés des bois de construction,
notamment des madriers de sapin et de pitchpin apportés de Nor-
vège par des vapeurs et des voiliers. Il est à peu près certain que ce
sont les bateaux qui ont introduit d'Europe .l'Hyménoptère dont
nous parlons.
Les spécimens de $S. gigas qui me furent remis provenaient de
larves ayant creusé leurs galeries dans les arbres dont furent tirés
les madriers transportés à la Réunion.
Je dois aussi citer le cas du $S. gigas trouvé dans une imprimerie
de Saint-Denis, à l’intérieur d’une pile de feuilles de carton mince
NOTES BIOLOGIQUES RECUEILLIES À L'ILE DE LA RÉUNION. 383
entassées. Ces feuilles, destinées à être découpées et transformées en
cartes de visite, avaient été déposées sur le plancher même, dans
une pièce située au premier étage, au-dessus de l'atelier d'impri-
merie. C’est après les avoir dépaquetées et en avoir enlevé une
certaine quantité ne présentant rien d’anormal, que l’or aperçut une
galerie creusée à travers les autres feuilles sur une épaisseur de
20 centimètres environ. Cette galerie était l’œuvre d’un Sirex gigus.
L'insecte n'avait pu parvenir à traverser le tout : il avait succomhé à
la tâche lorsqu'il lui restait à peine 4 centimètres à forer pour être
libéré.
11 me fut facile d'établir que la larve de ce Sirex avait été intro-
duite d'Europe et qu'elle provenait d’une solive du plancher. Cette
solive en bois de sapin se trouvait directement au-dessous de la pile
de feuilles de carton. La larve, après avoir perforé la solive et le
plancher lui-même, était arrivée au contact du carton. L'impossibi-
lité dans laquelle se trouvent les larves de Sex de modifier un
itinéraire déjà tracé avait contraint celle dont il est question ici à
attaquer le carton, qui recouvrait précisément l’orifice de sa galerie.
Après avoir prolongé cette dernière presque verticalement cans
l'épaisseur du carton sur une longueur d'environ 16 centimètres,
elle avait dû arrêter son travail lorsqu'était arrivé le moment de la
nymphose. C'est alors qu'avait été sécrétée une coque soyeuse.
Puis, après la période d'immobilité de la nymphe, l’insecte parfait
s'était dégagé de la coque (!) et avait continué à creuser la galerie
. que la larve, surprise par l'heure de la métamorphose, n'avait
pu achever. Malgré la puissance de ses mandibules, le Sex
avait péri avant d’avoir terminé la tâche qui devait lui donner la
liberté.
Le fait qu'un individu de S. gigas soit parvenu à creuser une
galerie de 20 centimètres à travers des feuilles de carton entassées
ne surprendra pas outre mesure lorsqu'on se rappellera que les
mandibules de ces insectes sont tellement puissantes qu'elles leur
permettent de percer le plomb. En !857, le maréchal VAILLANT
présenta à l’Académie des Sciences de Paris des cartouches dont les
balles de plomb avaient été perforées par des larves de Sireæ
Juvencus. Le même fait se reproduisit plus tard à l’arsenal de
Grenoble. Les dégâts devaient être imputés, cette fois, au Sirex
gigas.
(1) Celle-ci était demeurée en place dans la galerie.
384 EDMOND BORDAGE.
V. — Les ennemis de l’Elachiste ((Cesriostoma cofjeella
G.-M.) et de la Gracilaire (Gracilaria coffeifoliella Morscu.)
du Caféier.
A la Réunion, les feuilles des Caféiers sont minées par les larves
de deux Microlépidoptères, l'Elachiste (Cemiostora coffeella) et la
Gracilaire (Graciluria coffeifoliella). Fort heureusement pour
l’agriculture, ces larves ont pour ennemis un Chalcidien (£wlophus
borbonicus Gp) et un Braconide (Apanteles bordagei Gv), que
j'ai signalés le premier et que Grarp a décrits (1898, p. 201; 1902,
pre)
L'E. borbonicus est très différent de l'Æ. cemiostomatis qui, aux
Antilles, fait aussi la guerre à l’Elachiste du Caféier. En effet,
tandis que le premier est noir et présente une tache fauve à la
base de l'abdomen, le second offre une coloration métallique
cuivreuse.
L’Apanteles bordagei est voisin des À. nemorum HRT. et flavo-
limbatus BE, chez lesquels la nervure radiale fait complètement
défaut. La conformation de ses antennes est remarquable par le fait
que les 8 premiers articles du flagellum sont divisés en deux par
un cercle médian de couleur noire. Les 8 articles terminaux sont
d’un brun clair uniforme.
À. GARD a fait remarquer que l’extrémité de la nervure cubitale
des Apanteles de ce groupe contenait les curieux organes sphéru-
laires, à fonction inconnue, qui existent constamment à l'extrémité
de la nervure stigmatique des Chalcidiens. Il en résulte que la
nervure stigmatique (nervous radialis de RATZEBURG, nervus
cubitus de Haripay) des Chalcidiens correspond à la première
abscisse de la radiale, plus la première transverso-cubitale, plus la
partie extrème de la cubitale très réduite des Apanteles, —
observation présentant un certain intérêt pour l'établissement des
homologies entre la nervation des ailes antérieures chez les divers
groupes d'Hyménoptères.
Si, à la Réunion, l’Ewlophus borbonicus et l'Apanteles bor-
dagei parviennent à tenir en respect le Cemiostoma coffeella, les
parasites de la redoutable petite Tinéide aux Antilles n'arrivent
malheureusement pas au même résultat. Les dégâts commis par la
NOTES BIOLOGIQUES REGUEILLIES"A L’ILE DE LA RÉUNION. 389
larve mineuse du Microlépidoptère sont très importants (1).
A. GiaRD préconisait comme remède lintroduction, dans nos
colonies de la Martinique et de la Guadeloupe, des deux précieux
Hyménoptères dont nous parlons ici. Il suffirait d'envoyer de la
Réunion des feuilles de Caféier minées par Cemiosloma el
recueillies dans les endroits où les parasites sont abondants dans
les galeries creusées par la larve du Microlépidoptère. On doublerait
de la sorte le nombre des espèces utiles dans la lutte contre l'un
des ennemis les plus redoutables du Caféier.
Il est certain que les Hyménoptères parasites qui attaquent
Cemiostoma coffeella soit à la Réunion, soit en Amérique, ne sont
pas des ennemis spéciaux de cette Tinéide, mais que, dans chacune
des deux régions, ils infestaient et continuent à infester d’autres
hôtes indigènes, d'où ils ont passé au Cerniostoma lorsque celui-ci
a été introduit par la culture du Caféier.
VI. — Sur un Chalcidien (Coguerelia insidiosa SAUSS. —
Priomerus insidiosus COQUEREL) parasite des Mantes.
On trouve, à la Réunion, deux Mantes (WMantis prasina SERV. et
M. puslulata Srorr). Lorsqu'on recueille un certain nombre
d’oothèques provenant de ces deux Orthoptères, on est surpris d'en
voir sortir, au bout de quelque temps,
non seulement de jeunes Mantes, mais
encore de petits insectes bleu foncé,
longs d'environ 3 millimètres, armés
d'une tarière filiforme plus longue que
le corps lui-même (fig. 6). Les cuisses
épineuses de ces insectes sont très p 6 — Corel née
fortes et leur permettent de sauter avec SAUSS.
une grande agilité.
Ces parasites sont des Hyménoptères Chalcidiens qui vivent aux
dépens de la progéniture des Mantes. Ils déposent leurs œufs dans
les loges de la coque ovigèére et les larves qui naissent de ces œufs
dévorent les embryons de Mantes. CH. COQUuEREL (1863, p. 3) avait
(1) Si l'Elachiste existe à la fois aux Mascareignes et aux Antilles, il n’en est pas
de même de l’autre Microlépidoptère nuisible au Caféier, la Gracilaire. Cette dernière
ne se trouve pas aux Antilles. Elle est abondante à Ceylan.
386 EDMOND BORDAGE.
donné à ces Hyménoptères le nom de Priomerus insidiosus, que
H. de SaussuRE (1895, fase. 39) a remplacé par celui de Coquerelia
insidios«.
Lorsqu'on examine pour la première fois ce parasite, on se
demande comment un insecte si frêle peut arriver à percer l’épaisse
enveloppe de l’oothèque close de toute part. J’eus l'explication du
fait à l’époque où, étudiant les phénomènes de régénération chez les
Orthoptéres, j'avais souvent l'occasion de manier des Mantes. Je
constatai que ces insectes portaient presque tous des individus de
C. insidiosa fixés sur leurs ailes inférieures. On trouve quelquefois
jusqu’à sept ou huit de ces Chalcidiens solidement cramponnés à
l’aide de leurs jambes arquées et des dentelures dont sont ornées les
cuisses postérieures.
Les Mantes portent donc sur leurs propres ailes les ennemis de
leur progéniture, et ceux-ci attendent le moment propice pour
pénétrer dans l’oothèque. Ce moment est celui de la ponte. Les
parasites profitent de l'instant où la coque ovigère est encore
spumeuse et presque liquide pour y introduire leur longue tarière
et v déposer leurs œufs. L’oothèque se dessèche ensuite et il ne
reste, à l'extérieur, aucune trace des méfaits du C. insidiosa. Plus
tard, lorsque le parasite aura quitté cette coque après avoir effectué
ses métamorphoses, l’orifice par lequel s’est opérée sa sortie demeu-
vera visible sous la forme d’une petite perforation dont le diamêtre ne
dépasse pas un millimètre.
VII. — Mœurs de l’Abeille unicolore (As wnicolor LATR.).
Cet Hyménoptère, originaire de Madagascar, a été introduit à la
Réunion en 1666. Il est considéré comme une simple variété de l’Apés
mellifica par GERSTACKER, qui base son opinion ‘sur les différences
minimes offertes par les deux insectes: À. wnicolor présente des
dimensions moindres que celles de l'A. #2e/lifica, son abdomen est
plus court, et la troisième cellule cubitale de l'aile est moins longue,
moins oblique et moins étroite; la deuxième cellule cubitale est
souvent moins aiguë (figures 7 et 8). Ajoutons que ces caractères
ne sont pas très fixes (1).
(t)En ce qui a trait à la coloration, l'A. wnicolor est presque complètement noire, avec
une légère pubescence d'un gris-jaunâtre. A partir du deuxième segment, l'abdomen
est glabre, luisant, sans bandes jaunâtres.
NOTES BIOLOGIQUES RECUEILLIES A L'ILE DE LA RÉUNION. 387
D'après H. de SaussurEe, des expériences d'hybridation entre
A. mellifica et A. unicolor, au cas où elles donneraient « une race
Ne —
D]
Fi. 7. FiG. 8.
Apis unicolor © (Aïle antérieure). Apis mellifica o (Aïle antérieure).
hybride se propageant très bien > permettraient seules de conclure
qu'on a affaire à deux variétés d’une même espèce. Ces expériences
ont été entreprises avec succès par M. Auguste de VILLÈLE, qui,
en 1894, introduisit l'A. mellifica à la Réunion. Le croisement
A. mellifica Q X A. unicolor 6 donna des ouvrières hybrides de
taille intermédiaire entre les deux formes croisées. Chez ces
ouvrières, Les bandes jaune fauve de l'abdomen sont moins appa-
rentes que chez À. mellifica et vont en s’atténuant avec les géné-
rations successives.
M. A. de VILLÈLE a également opéré le croisement Apis liqus-
lica o X À. unicolor 6 (1). Il a obtenu des ouvrières hybrides qui
sont encore de taille intermédiaire et présentent à leur abdomen les
bandes jaune fauve de À. ligustica. Dans ce cas encore, ces bandes
. vont en s’atténuant avec les générations successives.
Les mâles provenant des croisements À. mmnellifica o X A. wni-
color 6 et A. ligustica o X A. unicolor 6 üendraient exclusivement
de la mère (théorie de DzZIERZON).
Dans plusieurs de ses ouvrages, sir John LuBBock (Lord AVEBURY,
1875, 1882 et 1887) émet l'opinion que notre Abeille domestique
d'Europe (A. snellifica) a joué un grand rôle dans l’évolution
(1) L'introduction de l'Abeïlle italienne (4. lrqustica) à la Réunion est également due
à M. A. de ViLLELE, qui m'a cité, chez cet Hyménoptère, un cas d'adaptation
immédiate aux circonstances. Un essaim, après avoir abandonné la ruche, vint élire
domicile dans un gros tronçon cylindrique de hampe florale d'Agave americana qui
gisait sur le sol. Les Abeilles achevèrent d'enlever les fragments de moelle à moitié
desséchée qui adhéraient encore à la paroi interne du tronçon d'Agave. Il restait à
fermer les deux larges ouvertures circulaires correspondant aux deux bases du cylindre,
ce qui représentait un travail considérable. Pour arriver à ce résultat, les Abeilles
employèrent comme propolis le suc résineux qui s'écoulait des plaies d'une haie
d'Eupherbia antiquorum récemment taillée. Elles façonnèrent ainsi deux larges disques
circulaires, dans l’un desquels elles laisssèrent un petit orifice d'entrée.
388 EDMOND BORDAGE.
des fleurs bleues, par le fait que le bleu serait la couleur favorite
de cet Hyménoptère. Il base celte opinion sur des expériences qui
peuvent se résumer ainsi: du miel était déposé sur de petits
rectangles de carton de couleurs différentes ; Sir John LüBBocKk (!)
constlatait alors que les Abeilles faisaient des visites plus fréquentes
au miel déposé sur le carton bleu. Il en déduisait que l'A. mellifica
montre une préférence bien marquée pour ia couleur bleue.
À la Réunion, j'ai entrepris des expériences semblables avec
l'A. wnicolor, et j'ai pu m'assurer que cet Hyménoptère venait de
préférence sur le miel déposé sur un carton jaune.On pourrait objecter
que mon observation n’infirme en aucune façon les conclusions de
John LuBBock, parce qu’elle n’a pas été faite sur le même insecte.
Mais des expériences récentes de LovELL (1911, p. 673), poursuivies
sur l’A. mellifica cette fois, semblent élablir également que le jaune
est la couleur favorite de notre Abeille domestique.
De ce que les Abeilles distinguent certainement les couleurs et
sont plus fortement attirées par quelques-unes de celles-ci, je n'ai
pas l'intention de conclure que le sens de la vue est le seul qui
guide ces insectes lorsqu'ils visitent les fleurs. Je suis au contraire
persuadé que le sens de l’odorat joue, de son côté, un rôle impor-
tant ; et on en aura la preuve bien nette en remarquant combien les
fleurs verdâtres et peu voyantes du Lierre attirent, par leur odeur
fade et quelque peu écœurante, les Abeilles et une multitude d’autres
Hyménoptères, sans compter les Diptères et les Lépidoptères.
Je crois qu'il est intéressant de signaler ici un exemple d’adapta-
tion immédiate d'A. wnicolor aux circonstances.
Dans le voisinage des usines où, à la Réunion, on fabrique le sucre,
cette Abeille a renoncé à récolter le nectar des fleurs pendant la saison
où est effectuée la « manipulation » de la Canne à sucre. Guidée par
l'odeur suave qui se dégage des usines, elle vient chercher, pour
(1) Lorsqu'une Abeille était venue se poser sur le carton bleu, LUBBOCK déposait
auprès de ce dernier six autres cartons dont le premier était jaune, le deuxième orangé,
le troisième rouge, le quatrième vert, le cinquième noir et le sixième blanc. Sur
chacun des cartons était placée une lame de verre sur laquelle reposait une petite
quantité de miel. LUBBOCK intervertissait alors continuellement l'ordre des cartons sans
changer l'ordre des lames de verre, et, d’après lui, l'Abeille venait toujours se poser sur
la lame placée sur le carton bleu, quelle que fût la place de ce dernier. On trouvera un
bon résumé des expériences du savant anglais dans son ouvrage intitulé « Flowers,
Fruits and Leaves ». (Trad. française par Edm. BORDAGE, Paris, 1889, p. 16).
NOTES BIOLOGIQUES RECUEILLIES A L'ILE DE LA RÉUNION. 389
fabriquer son miel, le jus de la Canne écrasée ou vesou (!). Ce fait
nous permet de constater encore, en passant, le rôle important joué
par l’odorat dans la récolte des matériaux destinés à donner le miel.
Au dire du révérend C. P. Cory (1889, p. 39), missionnaire anglais
à Madagascar, l'A. wnicolor est d’un caractère doux et maniable,
contrairement à ce que l’on observe pour l’A. fasciala du continent
africain. Cet auteur ajoute: « Elle se prèterait donc bien à la
domestication, si elle n'avait en même temps des instincts d'indé-
pendance qui lui font déserter les ruches où l’on cherche à fixer
les essaims >. La première appréciation du révérend Cory est exacte,
et l'A. unicolor est, en effet, douce et maniable. Quant à la seconde,
elle ne saurait être maintenue ; car, à la Réunion, cet Hyménoptère
se montre tout aussi fidèle à sa ruche, que l’est à la sienne l'A.
mellifica, en Europe.
Dans les hauts de l’île, l'A. wnicolor donne le fameux « miel
vert >, si réputé, el qui provient du nectar du Tan rouge (Weën-
mannia tinctoria), arbre de la famille des Saxifragacées.
VIII. — Observations sur lheidole megacephala FABr.
"var. picala FOREL.
La petite Fourmi à laquelle FaBricius à donné le nom de
Pheidole megacephala est une espèce cosmopolite que l'on trouve
dans toutes les régions tropicales et subtropicales. Cette espèce
présente de très nombreuses variétés.
A la Réunion, j'ai trouvé la variété picuta Forez, qui était
jusqu'ici considérée comme spéciale à Madagascar (région de
Tananarive). Elle est très abondante dans les habitations, et elle
m'a causé de fréquents déboires en envahissant, à différentes
reprises, les cages et Les boites dans lesquelles j'élevais des insectes.
(1) On peut citer un fait analogue qui se produit à la raffinerie Say, à Paris. Des
Abeilles pénètrent dans l'usine et y viennent chercher du sucre pour fabriquer leur
miel. Certains particuliers avaient même trouvé le moyen de réaliser d'assez jolis
bénéfices en transformant, au voisinage immédiat de la raffinerie, des appartements en
ruchers. Ces apiculteurs en chambre durent renoncer à ce singulier commerce lorsque
la maison Say eut découvert la chose.
Ajoutons ici que, d'après Bücaner (1881, p. 391), l'A. mellifica, introduite à la Barbade
où elle trouve des usines à sucre et des raffineries ouvertes toute l’année, a renoncé
complètement à visiter les fleurs,
390 EDMOND BORDAGE.
En dépit de leur petite taille, les ouvrières sont très combatives et
ne tolèrent aucune autre Fourmi sur les végétaux qu'elles visitent.
Au nombre de ces derniers, j'ai surtout remarqué, dans les jardins
de l’île, la magnifique Euphorbiacée, originaire du Mexique, à
laquelle GRaHaAM a donné, en 1836, le nom de Poinsettia pulcher-
jima. C’est un sous-arbuste rameux, dont les bractées, d’un rouge
vif, forment de splendides couronnes qui atteignent jusqu'à 30 et
3» centimètres de diamètre. Au centre de ces couronnes sont situées
les fleurs, dont l’involucre offre, sur ses parois externes, un nombre
variable d'organes nectariféres de coloration jaune (!), formés par
deux bourrelets charnus horizontaux, disposés comme les lèvres
d’une bouche mi-close. La sécrétion sucrée qui suinte entre ces
bourrelets attire les ouvrières de P. megacephala qui en sont très
friandes. Ce sont des allées et venues continuelles sur les rameaux
de la plante. À tout instant du jour, on peut voir de ces ouvrières
groupées côte à côte — on pourrait presque dire attablées — autour
des organes-nectarifères.
Sur la plante, on n’aperçoit aucun Puceron. Aucun insecte alé ne
se hasarde à visiter les fleurs ; ou, siun Papillon est quelquefois tenté
de venir humer la sécrétion sucrée, la présence des Fourmis l'en a
vite dissuadé.
Une Fourmi rouge d’assez forte taille, le Plagiolepis longipes
Forez — introduite accidentellement de Madagascar à la Réunion où
elle menaça de devenir un vrai fléau — est elle-même tenue en
respect par la petite P. snegacephala. À plusieurs reprises, J'ai
assisté à des tentatives d’invasion de la plante par quelques ouvrières
du ?. longipes; mais ces intruses étaient rapidement mises en
fuite.
(1) La plupart des botanistes ne mentionnent qu'un seul de ces organes nectarifères
par involucre ; mais, pendant mon séjour à la Réunion, j'ai pu remarquer que le nombre
de ces organes varie selon l'humidité plus ou moins grande de la saison pendant
laquelle s'effectue la floraison. L'Euphorbiacée dont nous parlons est une plante à
feuillage caduc. Si, au moment où, après avoir repris de nouvelles feuilles elle se
prépare à fleurir, la sécheresse est persistante, l'involucre ne présentera presque
toujours qu'un seul organe nectarifère. Si, au contraire, les pluies sont fréquentes et
abondantes, un certain nombre d’involucres présenteront deux ou trois de ces organes.
Enfin, sur quelques rares involucres, on verra apparaître les rudiments d'un quatrième
organe nectarifère, de dimensions minuscules.
NOTES BIOLOGIQUES RECUEILLIES À L'ILE DE LA RÉUNION. 391
CHAPITRE III.
OBSERVATIONS BIOLOGIQUES SUR
QUELQUES ORTHOPTÉRES.
I. — Notes sur deux Phasmides (Wonandroplera
inuncans SERV. et Raphiderus scabrosus SERV.).
Dès 1866, Cr. COQUEREL estimait que WEsrwoop (1864, p. 201),
sous le prétexte que plusieurs Phasmides très différents avaient été
confondus sous le nom unique de Monandroptera inuncans SERV.,
avait créé un trop grand nombre d'espèces pour ce genre Monan-
droptera. W ajoutait que lentomologiste anglais avait certamement
commis des confusions, de sorte que certains Phasmides dont
il avait fait l'acquisition comme venant des Mascareignes provenalent
en réalité du Brésil (!). Pour COQuEREz, les prétendues espèces
nouvelles de Monandroptera seraient tout simplement des variétés
du M. inuncans caractérisées par des différences de taille et de
coloration.
Je partage entièrement l'opinion de CoQuEREL et je dois ajouter
que certaines constatations tendraient à me faire croire que des
formes hybrides — considérées probablement comme des espèces
distinctes — peuvent prendre naissance entre M. #nuncans et
Raphiderus scabrosus. J'ai pu observer à plusieurs reprises l’accou-
plement entre des femelles de M. inuncans et des mâles de
R. scabrosus. Le fait se produit même au cours de la captivité de
ces insectes. L’accouplement entre 2. scabrosus Q et M. inuncans ©
ne me semble pas irréalisable, bien que je n’aie jamais été à même
d’en constater des exemples.
En 1906, j'ai capturé aux environs du village du Brûlé-de-Saint-
Denis, à 600 mètres d'altitude, une femelie de AZ. #runcans el un
{) Wesrwoop, ignorant le fait que, chez les Phasmides, les tarses des membres
régénérés sont tétramères au lieu d'être pentamères comme les tarses des membres
normaux, avait même créé le genre Craspedonia pour un échantillon de Wonandroptera
iauncans dont les deux membres antérieurs, certainement régénérés, étaient très courts
et possédaient un tarse tétramère.
392 EDMOND BORDAGE,
mâle de Æ. scabrosus accouplés. La disproportion qui existait entre
les insectes était vraiment extraordinaire. [’énorme femelle
atteignait une longueur de 15 centimètres, tandis que le petit mâle
aptère de À. scabrosus mesurait à peine 5 centimètres au lieu de
12-13 centimètres, longueur normale du mâle ailé de M. énuncans (1).
FiG. 9. — Accouplement d'une femelle de Monandroptera inuncans et d'un
mâle de Raplhiderus scabrosus (3/1 de gr. nat.).
Je plaçai les deux insectes dans une boîte et rentrai immédia-
tement à Saint-Denis. Je conslatai alors qu'ils étaient encore accou-
(1) En plus des différences de taille, les mâles de 2. scabrosus se distinguent des
mâles de A. inuncans par 1 absence d'ailes, La femelle de À. scabrosus ne mesure que 7-8cm,
NOTES BIOLOGIQUES RECUEILLIES A L'ILE DE LA RÉUNIONS 393
plés et il me fut possible de les photographier, accrochés aux parois
de la boîte (fig. 9).
Lorsque la femelle de A. inuncans pondit, je recueillis soigneu-
sement les œufs et surveillai leur éclosion. À leur naissance, les
jeunes larves me parurent légèrement plus petites que les larves
normales de M. inuncans. I me fut malheureusement impossible
de mener ces observations à bonne fin, car toutes ces larves sauf une
furent tuées peu après par des fourmis (Pheidole megacephala) qui
envahirent les cages dans lesquelles je pratiquais mes élevages.
A différentes reprises, ces fourmis me causèrent de semblables
déboires, au moment surtout où je poursuivais mes recherches sur
la régénération chez les Phasmides.
Je n’eus pas l’occasion de reprendre ces observations avant mon
départ de la Réunion. Je ne puis done tirer aucune conclusion
précise de ce qui précède; car rien ne dit que les œufs pondus
par la femelle de A]. iruncans n'étaient pas d'origine parthé-
nogénétique. J'ai été à même de constater que M. éinuncans,
comme À. scabrosus, pouvait se reproduire parthénogénétique-
ment (!).
La seule larve épargnée par les fourmis effectua normalement ses
mues et me donna l'individu mâle représenté par la figure 10. Cet
individu est ailé comme les mâles normaux de M. inuncans. Il
diffère toutefois de ces derniers par des dimensions sensiblement
moindres (7 centimètres et demi au lieu de 12-13 centimètres).
Il s’en distingue aussi par certaines particularités dans la disposition
et le nombre des épines qui ornent le corps et les pattes. La colo-
ration des ailes est, en outre, plus brune, plus foncée que chez les
exemplaires mâles ordinaires. Malheureusement, par le fait que
la parthénogenèse existe chez les Phasmes, il nous est impossible
d'affirmer que nous nous trouvons en présence d’une forme hybride,
— bien que la chose paraisse très vraisemblable (2).
Il serait vivement à désirer que ces recherches fussent reprises et
(1) Ces expériences, s'il m'avait été possible de les continuer m'auraient peut-être
permis de constater des faits analogues à ceux que MM. PANTEL et de SINÉTY (1908,
p- 1358) ont observés chez des Phasmides du genre Dirippus : cas de gynandromorphisme,
apparition de mâles d'origine parthénogénétique montrant que la thélytokie (production
exclusive de femelles) n'est pas un phénomène constant chez ces Orthoptères.
(2) I s'agirait alors d'une forme hybride ailée chez laquelle domineraient les carac-
tères de M, inuncans.
394 EDMOND BORDAGE.
menées à bonne fin. Elles offriront de très grandes difficultés,
parce que la parthénogenèêse vient compliquer la question.
FiG. 10. — Phasme né d’un œuf pondu par la femelle de M. inuncans repré-
sentée sur la fig. 9 [7/8 de grandeur naturelle].
II. — Observations faites sur un Blatte vivipare
(Panchlora maderae Oxxv.).
Contrairement à ce que j'avais cru en premier lieu, j'ai pu m'as-
surer que la Blatte dont il s’agit ici était vivipare (1).
(1) L'absence d'oothèque chez P. maderae doit constituer un avantage pour l'espèce,
en meltant cette dernière à l'abri des attaques de certains Chalcidiens, tels que
T'etrastichus periplanetae. Cette Blatte est protégée, en outre, contre l'Æ£vania appendigaster,
— à moins que cette dernière s'en prenne, dans certains cas, aux Blattes elles-mêmes.
Chez P. maderae, Yabsence d'oothèque s'accompagne de l'atrophie des glandes
collétériques. Ces dernières sont très rudimentaires et réduites à l'état de vestiges.
NOTES BIOLOGIQUES RECUEILLIES À L'ILE DE LA RÉUNION. 399
Les embryons, ordinairement au nombre de 36, sont disposés
sur deux rangées légèrement incurvées en arc de cercle et se super-
posant exactement. Chaque rangée comprend 18 embryons placés
côte à côte. L'ensemble offre à peu près la forme d’un fer à cheval
dont les branches auraient été fortement écartées l’une de l’autre
On distingue, par suite, une courbure interne ou concave et une
courbure externe ou convexe. Sur la première s'applique exacte-
ment une membrane mince et transparente, qui remonte sur les
deux faces du fer à cheval déformé, de façon à n’en recouvrir que
le tiers inférieur compté à partir de cette courbure coneave.
Il est logique d'admettre que, au fur et à mesure de leur sortie des
ovaires, les œufs se groupent selon la disposition que conserveront
les embryons, c’est-à-dire suivant celle que nous venons de décrire.
Les larves sont rejetées hors du corps maternel par paires isolées.
Les larves constituant chaque paire sont légérement accolées.
Elles se séparent rapidement et subissent aussitôt une première mue
dépouillant chacune d'elles d’une membrane mince et transpa-
rente qui l'enveloppe en se moulant exactement autour de son corps.
Elles sont alors toutes blanches ; mais elles ne tardent pas à revêtir
une teinte verdâtre qui passera peu à peu au brun clair. L’expulsion
de toutes les larves hors du corps maternel exige environ une heure
et demie. J'ai été très surpris en constatant que ces larves, au lieu de
se disperser immédiatement, demeuraient auprès de leur mère et la
suivaient comme les poussins suivent la poule. Quelques-unes
viennent même chercher asile et protection sous le corps de l'énorme
Blatte, lorsqu'il se produit quelque alerte. Il en est ainsi pendant un
jour ou un jour et demi. Au bout de ce temps, les larves ont déjà
pris une teinte foncée, et elles se dispersent alors peu à peu.
Les faits que je signale ici ont également été observés par
MM. ATHENAS et PIERRE, pharmaciens à Saint-Denis.
III. — Sur les Acridiens de la Réunion
(Pachytilus migratorius L., Acridium septemfascialum SERV.
et À. rubellum SERY.).
On trouve, à la Réunion, trois espèces d’Acridiens : le Pachytilus
migratorius, YAcridium septemfascialum et VA. rubellum (?).
(1) Ces trois espèces ne sont pas spéciales à la Réunion, La première est disséminée
sur une très grande partie du globe ; la deuxième se rencontre encore à l'île Maurice et
dans l'Afrique australe ; la troisième habite aussi l'île Maurice,
396 EDMOND BORDAGE.
Certaines années, ces Orthoptères se montrent en grand nombre
et commettent des déprédations sensibles, dans les plantations de
Canne à sucre notamment. Le fait se produisit en 1901, année où
les invasions d’Acridiens furent générales. A la Réunion, les dégâts
étaient causés par l'A. septem/asciatum, qui pullulait dans
l'arrondissement de Saint-Pierre.
On essaya d'abord de combattre cet Acridien au moyen d’un
Champignon entomophyte, le Mucor exiliosus MAss., avec lequel
on expérimentait précisément, à cetle époque, dans l'Afrique
australe. M. À. EninGroN, directeur du laboratoire de bactériologie
de Grahamstown (colonie du Cap), eut l’amabilité de mettre à ma
disposition des cultures de ce Champignon.
Les expériences que je tentai, en collaboration avec M. J.J. Vassar,
directeur du laboratoire de bactériologie de la Réunion, donnérent
des résultats très satisfaisants tant que nous opérâmes sur des Acri-
diens élevés dans des cages en toile métallique déposées dans un
laboratoire où nous pouvions maintenir constantes les conditions de
chaleur et d'humidité nécessaires au développement de M. exitiosus.
Mais, lorsque nous essayàämes d'appliquer le procédé en pleins
champs, les résultats obtenus furent si peu encourageants que nous
dûmes renoncer à son emploi. L’insuccès était probablement attri-
buable au fait que la saison pendant laquelle il nous fallait expéri-
menter était très sèche et relativement froide.
Sur ma recommandation, quelques planteurs eurent recours à des
battues au moyen desquelles les Acridiens étaient refoulés dans des
fosses que l’on recouvrait de terre, ou dans lesquelles on les faisait
brûler sur des amas de paille arrosée de pétrole. Mais le mal fut
surtout enrayé par certains Diptêres, des Sarcophaga, des Bomby-
lides, etsurtout par l'A xthomyia rubrofasciata M\ca. Ces différentes
Mouches se montrèrent grandes destructrices des pontes des Criquets.
En 1765, Poivre, intendant des îles de France et de Bourbon, avait
introduit dans ces iles le Merle des Philippines ou Martin acrido-
phage (Acridotheres tristis Viizi.), qui, paraît-il, rendait autrefois
de précieux services en détruisant force Criquets. Il n’en est malheu-
reusement plus ainsi maintenant. Le Martin semble avoir renoncé en
grande partie au régime insectivore et être devenu avant tout frugi-
vore. Il se montre surtout friand de Mangues et de Litchis et détruit
une grande quantité de ces excellents fruits. Ce cas d’allotrophie
chez le Martin acridophage a été également constaté dans l'Inde.
NOTES BIOLOGIQUES ,RECUEILLIES À L'ILE DE LA RÉUNION. 3917
CHAPITRE IV.
OBSERVATIONS SUR QUELQUES HÉMIPTÈRES.
I. — L’Orthézie de la Corbeille d'or ((){hezia
insiqnis DOUGLAS).
C’est, parait-il, vers 1890-1892 que la présence de cet insecte fut
remarquée à la Réunion sur des rameaux de Corbeille d’or
(Lantana camara) et sur des tiges de Coleus (1). Mais ce n'est
qu'à partir de 1896 qu'il prit une grande extension, aux environs de
Saint-Denis surtout (rampes du Brûlé et bords de la voie ferrée dans
la direction de Sainte-Marie). Les touffes de la Corbeille d'or, si
abondantes en ces points, se desséchaïient et périssaient sur de larges
étendues. Sur les rameaux privés de feuilles et noircis par la
fumagine, pullulaient de petits insectes blanchâtres, si nombreux
à certains endroits qu'on avait presque l'illusion d’une couche de
cendre de teinte claire recouvrant des plantes à moitié calcinées. Je
reconnus alors qu’on était en présence de l’insecte auquel l’ento-
mologiste anglais DouGLas à donné le nom d'Orfhezia insignis.
Ce parasite est un Hémiptère du groupe des Coccides (?).
Il est évident que, si l’insecte en question se bornait à attaquer la
Corbeille d’or, plante si nuisible, sa présence à la Réunion
constituerait un réel bienfait. Malheureusement, il a envahi les
jardins et on le trouve maintenant sur un grand nombre de végétaux
cultivés. Un peu plus loin, nous en donnerons la liste détaillée ;
nous indiquerons aussi combien est étendue l’aire de dispersion de
cette espèce.
Les femelles, très abondantes, sont dépourvues d'ailes ; mais elles
peuvent malgré tout se déplacer facilement pendant toute leur
(1) Les Coleus sont des Labiées au feuillage coloré très décoratif. J'ai également
trouvé le parasite sur les Framboisiers, les Tomates, les Géraniums, les Duranta, les
Thunbergia. X] existe aussi à l'île Maurice.
(2) Le mot Orthesia remonte à l'année 1784. Il fut inséré dans un mémoire de Bosc
paru dans le Journal de Physique. X est formé du nom de l'abbé D'ORTHEZ, qui avait
étudié une espèce de ce genre vivant en France sur les Orties et les Euphorbes,
"Orthesia urticae.
398 EDMOND BORDAGE:
-
existence ; ce qui les distingue de la plupart des autres femelles de
Coccides, qui se fixent définitivement sur la plante parasitée à un
moment donné de leur vie. L'aspect général de la femelle est
représenté par la figure 11, (!,?,%.) Le corps est aplati et ovalaire. Sa
CD «
FiG. 11. — Orthezia insignis. 1, tige de Coleus couverte d'O. insignis o (2/3 de
gr. nat.) ; 2 et 3, femelle adulte vue sous deux aspects différents (X 5) ; 4, femelle
ne portant pas encore de sac ovigère (X 5); 95, mâle (X 7).
coloration est d’un brun verdâtre sur lequel se détachent très
nettement les nombreuses lamelles de nature cireuse qui font
paraître l’insecte presque entièrement blanc. Sur le dos, de chaque
côté de la ligne médiane du corps, et assez prés de cette ligne,
se trouve une rangée de lamelles étroites. D'autres lamelles forment
une ceinture ou frange autour du corps; elles sont larges et
proëéminentes (fig. 11, ? et ?.) Chaque anneau du corps porte 4 de ces
lamelles : deux lamelles correspondent aux deux rangées dorsales
symétriques, les deux autres appartiennent à la frange disposée
NOTES BIOLOGIQUES .RECUEILLIES A L'ILE DE LA RÉUNION. 309
comme une ceinture. Mais, ce qui constitue le caractère le plus
remarquable de l’Orthézie femelle adulte, c'est la présence, à la
partie terminale de son abdomen, d’un prolongement en forme de
gaine ou de fourreau cylindrique, composé encore par des lamelles
de cire blanche. Ce fourreau, dont l'extrémité libre est légèrement
recourbée de bas en haut (fig. 11, ?), possède une longueur d'environ
4 millimètres et demi, tandis que le corps proprement dit ne dépasse
pas 1 millimètre et demi. La longueur totale de l'insecte est, par
suite, d'environ 6 millimètres.
L'’appendice terminal dont il vient d’être question est une
poche ovigère destinée à recevoir les œufs à leur sortie du corps
de la mére. Ils y trouvent asile et protection jusqu'au moment
de leur éclosion et les jeunes larves y demeurent même quelque
temps.
La ponte se compose de 125 à 200 œufs, et l’on compte trois et
peut-être même quatre générations par année.
Nous en aurons terminé avec les caractères de l’insecte femelle
quand nous aurons ajouté que les yeux sont petits, globuleux,
saillants, non réticulés. Les antennes, assez courtes, présentent
8 articles dont le dernier, le ‘plus allongé de tous, est fusi-
forme et terminé en pointe fine. Les pattes ont l’article unique
de leur tarse terminé par un crochet assez fort. Klles sont, ainsi
que les antennes, d’un brun ferrugineux. Avant le développement
de la poche ovigère, la femelle a l'aspect représenté par la figure
Mise
Quand les larves sortent de la poche ovigère, elles sont fort
petites, mais nettement visibles à l’œil nu cependant. Elles gran-
dissent rapidement et subissent des mues. Leurs antennes n'ont
que 6 articles. Les larves femelles sont évidemment dépourvues de
sac ovigère.
Ainsi que cela a lieu pour tous les Coccides, il existe un dimor-
phisme sexuel très prononcé chez les Orthézies. L'insecte mâle,
d’une extrême délicatesse et d’une grande élégance de formes, est
muni de deux ailes et diffère par suite absolument de la femelle,
ainsi que le montre la figure 11, ÿ. La longueur du corps ne dépasse
par 3 millimêtres. L'abdomen se termine par un bouquet ou pinceau
de filaments cireux blanchâtres, bien visibles à la loupe. La longueur
des antennes surpasse celle du corps. Ce dernier présente, ainsi
que les ailes, une couleur bleue très pâle. Les yeux sont bien
400 EDMOND BORDAGE.
développés, mais les pièces buccales manquent. Par suite, l’exis-
tence de l’insecte mâle ne peut être que très éphémère (1).
A certains moments de l’année les màâles sont très nombreux. Ils
ne sont jamais fixés sur les plantes. On les voit voltiger autour des
végétaux recouverts par les femelles, puis venir se poser subitement
sur un rameau et courir avec agilité, les ailes relevées, d’une femelle
à l’autre, pour en féconder un grand nombre.
Au début, quelques auteurs ont commis des confusions an sujet de
la forme mâle de l'O. énsignis. DouGLas (1888, p. 208), à Londres,
et LouxsBuRY (1898, p. 43), au Cap, prirent pour cette forme mâle
des insectes dont l'abdomen au lieu d’être terminé par une touffe de
filaments, ne possédait que deux longues soies cireuses. Il s'agissait
en réalité de formes mâles qui correspondaient à un autre genre
d'Hémiptères (Dactylopius).
GREEN, à Ceylan, fut le premier à soupçonner l'erreur de ces deux
savants, et je pus ensuite confirmer l'exactitude de sa supposition.
LouxsBurY s’est depuis rangé à cet avis, et comme me l’écrivait
A. GIARD, après avoir examiné des échantillons -que je lui avais
envoyés, le doute ne saurait subsister plus longtemps.
L'Orthezia insignis n'est cerlainement pas originaire de la
Réunion. Il semble provenir de l'Amérique tropicale ou de la région
des Antilles. Les premiers exemplaires ont été recueillis dans les
serres du Jardin botanique de Kew, près de Londres, sur des
Srobilanthes (), végétaux de la famille des Acanthacées, et ce sont
précisément ces exemplaires qui ont servi à Dou&Las pour établir la
description de l'espèce. On constata que, dans ces serres, l’insecte
attaquait beaucoup d’autres plantes exotiques des provenances les
plus diverses. Il est tout probable qu'il a été importé de l'Amérique
tropicale dans les serres d'Europe, où il s’est répandu sur des
végétaux provenant de différents pays. Des envois de plantes, partis
des serres en question, l’auront ensuite disséminé dans toutes les
directions. En ce qui concerne la Réunion, on ne saurait supposer
(1) J'avais d’abord pensé que l’insecte mâle se nourrissait du nectar ou du pollen des
fleurs : mais, dès l'instant où les pièces buccales manquent, ce dont j'ai pu ensuite
m'assurer, ma première supposition est complètement à rejeter.
(2) Ces végétaux sont originaires de l'Asie tropicale ou de l'Océanie ; disons en
passant qu'ils constituent la nourriture principale des Kléphants sauvages en Asie. On
n'a aucune raison de supposer que l'introduction du parasite dans les serres de Kew
ait été faite avec un envoi de S/robilanthes.
NOTES BIOLSGIQUES RECUEILLIES A L'ILE DE LA RÉUNION. 401
que l’insecte y soit venu en même temps que la Corbeille d'or,
originaire de l'Amérique tropicale, il est vrai, mais introduite dans
notre colonie depuis trop longtemps pour qu'on ne se soit pas
aperçu plus tôt de l'introduction du parasite, si elle s'était ainsi
opérée. Il nous est impossible de voir dans quelles conditions s’est
faite cette introduction. D'une façon très vague, on pourrait peut-
être soupçonner que le parasite a été importé de Ceylan.
Quoi qu'il en soit, voici les autres régions du globe où l'O. énsiqnes
a été signalé, avec l'indication des végétaux attaqués par lui.
Dans l’Amérique tempérée, on le rencontre dans les serres sur
divers végétaux appartenant aux familles suivantes : Verbénacées,
Labiées, Acanthacées, Composées, Convolvulacées, Urticacées,
Lythracées, Géraniacées, Maivacées, Onagrariées, Borraginées,
Apocynacées, Solanées et Amaranthacées. Les jardiniers fleuristes
l’ont trouvé assez abondamment aux environs de New-York.
On l’a découvert à San-Francisco sur des Coleus, et à Antigua,
sur des Coleus également et sur le Clitorea ternatea. Aa Trinidad,
dans la Floride, la Louisiane, la Californie, le Mexique, il attaque
les Aurantiacées (Orangers et Citronniers). On l’a trouvé aussi à la
Jamaïque et dans la Guyane anglaise.
A Ceylan, où il a été signalé en 1893, il se rencontre surtout,
comme à la Réunion, sur Lantana camara. En outre, E. E. GREEN
l’a trouvé sur les genres Coleus, Tecoma, Duranta, Thmbergia,
Ageratuin, Clitorea, ainsi que sur le Framboisier, le Chévrefeuille,
la Tomate, le Lin, etc. Dans cette île, il semblait d’abord vouloir
devenir un parasite du Cafêier et du Théier ; mais les craintes que
l'on avait eues au début paraissent être à peu près dissipées à l'heure
actuelle, et il en a été heureusement de même à la Réunion.
Ce n'est qu'en IS9S que CH. LouxsBurY constata la présence de
linsecte dans la colonie du Cap, sur des Coleus, en premier lieu,
puis sur la Verveine, la Lavande, le Fuchsia. Le parasite semble
avoir été introduit d’abord à Natal.
Ajoutons enfin que M. Guiéxarp, Directeur de l'École de Phar-
macie de Paris, a trouvé, en 1896, l’'Orthezia insignis dans les
serres de cet établissement, sur un plant de Psychotria emelica,
variété d'ipécacuanha originaire de la Colombie.
En résumé, l’insecte dont nous parlons attaque surtout des herbes
et des arbustes dicotylédones gamopétales. À
GIARD pensait que la sécrétion cireuse des Orthezia serait utili-
402 EDMOND BORDAGE
sable comme l’est, en Chine, la fameuse cire pe-la, provenant éga-
lement de Coccides et utilisée surtout pour la fabrication des bougies
fines. La sécrétion en question est du cérotate de céryle presque pur,
atteignant dans le commerce des prix très élevés. Et, comme la
préparalion de ce produit n'offrirait pas de grandes difficultés, il
serait peut-être possible de faire d’un insecte nuisible un insecte utile.
II. — Mœurs du Ceroplastes vinsonti SIGN.
Avant mon départ de la Réunion, j'ai pu constater que les planta-
tions d'arbres à thé étaient quelquefois attaquées par un insecte qui
peut devenir un réel fléau, si l’on ne prend pas des mesures énergiques
pour le combattre. Il s’agit d’un Hémiptère du groupes des Coccides
dont la description a été donnée pour la première fois en 1872, par
SIGNORET (1872, p.38), qui avait reçu des spécimens envoyés de la
Réunion par le D A. Vixsox. L’insecte était en même temps
signalé à l’île Maurice (!). SiGnorer le dédia au D' Vixsox et le
nomma Ceroplastes vinsoni. Voici la description de ce parasite.
Le corps de la larve, ainsi que celui de la femelle adulte, est
recouvert d’une plaque épaisse de matière cireuse blanche ou légè-
rement rose, sans frange. Cette matière, unie, lisse et un peu bril-
lante, forme un test ou carapace n’adhérant pas intimement au corps
de l’insecte et affectant un dessin régulier d’une certaine élégance
(fig. 12). La partie centrale, surmontée chez l’insecte jeune d’une
petite touffe de soies, est arrondie en dôme un peu plus élevé que la
partie marginale, qui se compose de 8 petites plaques ou mamelons
assez distincts formant une bordure légérement ovalaire autour du
dôme ou nucléole central. Cette disposition devient moins apparente
avec l’âge. |
La matière cireuse qui recouvre le corps des Ceroplastes est
formée de couches successives sécrétées par des filières. Si l'on
enlève la carapace, on voit que chaque dessin en forme de mamelon
correspond à un espace convexe, présentant au centre une agglomé-
ration de filières qui produisent la sécrétion cireuse. Le tégument
(1) En 1889, ATRINSON a signalé, dans l'Inde, la présence d'une Cochenille du
genre Ceroplastes nuisible au Théier, mais sans donner la détermination de l'insecte
dont il s'agissait ; de sorte que nous ignorons s'il s'agit de (. vinsoni. Les travaux
récents sur les maladies et les parasites du Théier ne mentionnent pas l'insecte
qui nous occupe, ce qui tend à prouver quil est nouveau pour le précieux arbuste.
NOTES BIOLOGIQUES RECUEILLIES À L'ILE DE LA RÉUNION. 403
lui-même est parsemé de filières en forme de perforations. Autour
du corps, au niveau des orilices respiratoires ou stigmates, ce sont
Fi. 12. — Rameau de Théier attaqué par Ceroplastes vinsoni.(grand.fnat.).
des filières en forme de gland pointu, étranglé à la base ; plus loin
ce ne sont que des poils. Le dessous du corps est brun rougeûtre.
Les antennes sont assez longues, composées de 6 articles, dont le
troisième est de beaucoup le plus long (il est à lui seul plus long que
tous les autres réunis). A l’état embryonnaire, les quatrième et
cinquième articles sont confondus.
404 EDMOND BORDAGE.
Les 6 pattes présentent des tarses aussi longs que les tibias. Le
crochet qui termine chaque membre est accompagné de poils à
sommet en forme de bouton (digitules).
Les dimensions de l'insecte adulte sont environ 3 millimètres et
demi pour la longueur et 2 millimètres et demi pour la largeur. Les
mâles sont complètement inconnus. :
Le parasite attaque les feuilles et les extrémités encore tendres
des jeunes rameaux du Théier. I1ne produit aucune déchirure ou
découpure apparente des tissus végétaux, mais il implante dans
l'épiderme son suçoir ou rostre et s'attache ainsi à la plante à
laquelle il adhère assez fortement. Ce suçoir — comme celui de
toutes les Cochenilles — renferme dans sa cavité des soies rigides
et aiguës, jouant le rôle de lancettes. Par succion avec sa trompe, le
Ceroplastes absorbe la sève du Théier, ce qui amène promptement
le dépérissement de l’arbuste. Mais le dommage le plus grand est
causé par le fait même de l’adhérence du parasite à la feuille qu'il
attaque. On comprend en effet aisément que la feuille de l'arbre à
thé est rendue inutilisable par la présence de ce parasite qui la
couvre de souillures et amène le développement de la fumagine.
On nomme ainsi des moisissures noires ressemblant beaucoup à une
couche de suie et couvrant fréquemment une grande partie du système
foliaire, ce qui entrave notablement les fonctions des feuilles. La
fumagine se développe avec rapidité sur le milieu de culture que lui
fournissent les excrétions visqueuses et sucrées dont les Cochenilles
couvrent les feuilles et les rameaux.
Le Ceroplastes vinsoni s'attaque également au Manguier, au
Goyavier, au Bibassier (Æriobotrya japonica) sur le littoral. Dans
les hauts de Pile (Cilaos, Salazie, hauteurs de Saint-Paul, etc.), je
l'ai fréquemment trouvé, dans les forêts, sur le Bois de Rempart
(Agauria pyrifolia), sur le Bois de Quivi (Qwivisia heterophyllu),
sur le Bois sans écorce (Aphloia theaeforimis), etc. J'ai même tout
lieu de croire que c’est l'établissement des plantations d'arbres à
thé sur la lisière des forêts qui a surtout contribué à hâter l'invasion
par le parasite. Il y aurait donc là un enseignement dont on fera
bien de tenir compte pour les plantations futures.
J'ai pu constater que nombre de planteurs étaient tentés de
confondre le €, vinsoni avec le pou blanc de la Canne à sucre
(Dactylopius sacchari). La ressemblance, s’il en existe une, est des
plus grossières, tandis que les différences sont très marquées.
NOTES BIOLOGIQUES RECUEILLIES A L'ILE DE LA RÉUNION. 405
La principale est celle-ci: tandis que le corps du Ceroplastes
est recouvert d'une sorte de carapace, unie et lisse, celui du
Dactylopius de la Canne, d'un blanc rosé, est presque nu,
ne présentant qu'une assez rare matière pulvérulente blanche. De
plus, tout autour du corps du D. saccharti existe une sorte de
frange ou de ceinture entiérement absente chez €. rénsont.
Elle est constituée par des appendices lamelleux blancs, de nature
cireuse.
III. — Sur deux /ecanium nuisibles au Caféier
(L. coffeae Warx. et L. nigrum NIETN.).
Les femelles du Z. coffeae Warx. et celles du Z. niqgrum NIETN.
sont nuisibles au Caféier. Elles ont la forme d'un bouclier. Celles du
L. nigrum, plus larges et plus aplaties, offrent une coloration qui,
suivant l’âge, varie du gris-jaunàtre au brun foncé. En vieillissant,
elles deviennent même complétement noires et leur bouclier S’orne
d’une légère carène longitudinale. Les larves de cette espèce
présentent deux soies anales.
Les femelles du Z. coffeae sont subovales et plus où moins hémis-
phériques, selon l’âge. Leur coloration est jaunâtre avec taches
grises où brun clair. La carène longitudinale est moins marquée
que celle des femelles du Z. nigrum. Elle finit même par dispa-
raitre quand ces insectes vieillissent et qu'ils prennent une teinte
uniforme brun clair avec bord plus foncé. Ils sont alors lisses et
hémisphériques.
Le ZL. nigruin est bien moins abondant que le Z. coffeae. Les
dégâts qu'il commet sont peu importants. Le Z. coffeue attaque, par
contre, beaucoup de végétaux. Quelques auteurs le considèrent
comme venant primitivement du Goyavier sauvage. Avec NIETNER
je regarde la chose comme très peu probable, car je n'ai jamais pu
l'observer. Par contre, j'ai fréquemment trouvé l'insecte sur les
Goyaviers cultivés, les AHibiscus, les Ixora, les Justicia, les
Orangers, etc.
Les deux espèces de Lecanium dont nous parlons ne sont pas
spéciales à la Réunion. On les trouve également à l’île Maurice, à
Madagascar, à Ceylan, etc
406 EDMOND BORDAGE.
IV. — Le Dactylopius adonidum L.
Cet Hémiptère est très nuisible au Caféier, dont il attaque non
seulement le sommet des jeunes pousses mais encore les racines.
À la Réunion comme à Ceylan, il est parasité par un petit Cocei-
nellide, le Scyrninus rotundatus Morscx. probablement.
V. — La Cochenille du Manguier {Virsonia pulchella SiGn.).
Cette très jolie espèce se présente sous la forme d’une petite étoile
transparente à 7 rayons, dont l’un prolonge en quelque sorte la
tête, tandis que les autres sont disposés à droite et à gauche du
corps. I y en a donc 3 de chaque côté et ils correspondent aux
_stigmates. Ce curieux Hémiptère vit sur les feuilles du Manguier
(Mangifera indica).
VI. — 1/Aspidiotus destructor Sax.
Au mois de février 1869, SIGNoRET recevait de Saint-Denis une
feuille de Cocotier recouverte d’une quantité considérable de
Coccides. L'envoi lui était adressé par le D' A. Vinsox. Le savant
hémiptériste reconnut qu'il s'agissait d’un Aspidiotus nouveau
auquel il donna le nom d'A. destructor. L'insecte n’était représenté
que par des femelles et par de jeunes larves récemment écloses.
Cette espèce portait alors un tel préjudice aux Cocotiers de la
Réunion, au cours des années 1869-70, que ces derniers parurent
menacés de destruction complète.
Le péril disparut cependant, car, lorsqu'après mon arrivée dans la
Colonie, je cherchai le parasite, il me fut difficile d’en réunir quelques
échantillons.
En 1896, Alfred Grarp m'écrivait: « L'Aspidiotus destructor
a-t-11 continué ses ravages et détruit, comme on le craignait vers
1870, les plantations de Cocctiers ? Sinon, comment l’a-t-on com-
battu ? Peut-être des ennemis naturels ont-ils limité sa propagation ?
Il est aujourd'hui très menaçant à Tahiti ».
Les renseignements que je pus alors me procurer montraient que
les planteurs n'avaient eu recours à aucun procédé de lutte contre
le redoutable Hémiptère. On est donc amené à admettre que le
NOTES BIOLOGIQUES RECUEILLIES A L'ILE DE LA RÉUNION. 407
nombre prodigieux de ces insectes diminua rapidement grâce à la
guerre acharnée que durent lui faire quelques ennemis naturels, de
minuscules Hyménoptères de la famille des Chalcidiens proba-
blement.
VII. — Sur la biologie du Cerataphis lalaniae Tacur.
Depuis l’année 1906 environ, les lianes du Vanillier sont attaquées,
à la Réunion, par un Aphide que j'ai reconnu être le Cerataphis
lataniae Ticar. Jusqu'à cette époque, l'insecte
avait été considéré comme une espèce banale
et à peu près inoffensive, vivant sur différents
palmiers, sur les Lataniers notamment. Les
choses semblent donc vouloir changer d’as-
pect, puisque, à la Réunion, l’hémiptére est
devenu assez abondant sur les Vanilliers dont
il attaque les boutons et les pédoncules floraux,
ainsi que les pédoncules des fruits. Toutefois, Fic. 13. — Portion de
il n’y a point trop lieu de s'inquiéter pour feuille de Latanierre-
2 à AA couverte de femell :s
l'instant, disent les planteurs, car les dégâts RE!
aptères de Cerata-
commis par le nouveau parasite sont relalive- phis lataniae (gran-
ment peu importants; mais en sera-t-il tou- deur naturelle).
jours ainsi ?
Pendant mon séjour à la Réunion, je n'ai jamais eu l’occasion de
trouver la forme mâle. Il existe deux formes femelles. La plus
répandue est la forme aptère (fig. 13, grandeur naturelle), qui,
lorsqu'elle à atteint son complet développe-
ment mesure environ { millimètre et demi
de longueur sur 1 millimètre de largeur.
Le corps, ovalaire, et de coloration bleu
I foncé tirant sur le noir, est entouré d’appen-
dices lamelleux de nature cireuse formant
une frange ou collerette très blanche. Cette
Fi@. 44. — Larve de €. dernière fait son apparition de très bonne
lataniae, X A7. heure chez la larve (fig. 14). Les antennes,
très courtes, possèdent 4 articles. La lon-
guenr totale des deux premiers articles est à peu près égale à Ja
longueur du troisième. Le quatrième article se termine par une
sorte d’ongle allongé ; sa longueur est sensiblement égale à celle
408 EDMOND BORDAGE.
du troisième article. La longueur du rostre représente à peu près
le quart de la longueur du corps tout entier.
La deuxième forme femelle est aïlée et vivipare. Sa coloration
générale est jaunâtre. Les antennes présentent cinq articles. Les
yeux sont très développés et les ocelles très apparents. Les pattes
sont courtes et leurs tarses possèdent deux griffes. La longueur
totale du corps est égale à 1" 8 ; l’envergure est de 4m,
La forme aptère fut signalée dès 1867 par BoispuvaL, qui crut
avoir affaire à un Coccide et qui donna à l’insecte le nom de Coccus
latuniue. La forme arrondie du corps et sa fimbriature cireuse
expliquent jusqu'à un certain point cette confusion. Toutefois, les
caractères principaux, c’est-à-dire ceux qui sont offerts par les
antennes, le rostre, les tarses, etc., différent nettement des caractères
qui distinguent les organes correspondants chez les Coccides.
En 1867 également, SIGNORET mentionna de son côté cette forme
femelle aptère, sous le nom de Boësduvalia lataniae, sans donner
aucune diagnose, avouant qu'il ne savait à quelle famille la rattacher
et faisant appel aux entomologistes de l’île Bourbon pour trouver la
forme mâle, qu'il pensait devoir être ailée comme cela a lieu pour
les Coccides en général.
Ce fut seulement en 1881 que LICHTENSTEIN obtint la forme
femelle ailée provenant des serres du Jardin botanique de Mont-
pellier. Il vit alors qu'il s'agissait en réalité d’un Aphidien auquel il
donna le nom de Cerataphis lataniae qui a prévalu. L’appellation
générique est basée sur le fait que la tête présente, entre les antennes,
deux pelites cornes coniques et aiguës. Le genre Cerataphis est
assez voisin du genre Schizoneura ; mais, par sa cubitale, fourchue
au lieu d’être simple, par la présence d’embryons tout formés dans
l'abdomen, il se rapproche surtout du genre Vacunua. |
I y a tout lieu de supposer que l’insecte est originaire des îles
Mascareignes et qu'il a été transporté en différents points du globe
avec des végétaux, notamment avec des Lataniers, également origi-
naires des Mascareignes. Les premiers spécimens, ceux qui furent
étudiés, en 1867, par BoispuvAL et par SIGNORET, provenaient de la
téunion. Il devait en être de même des échantillons recueillis dans
les serres des jardins botaniques de Montpellier et dé Kew, —
échantillons sur lesquels portérent les recherches de LICHTENSTEIN
et de BUCKTON.
La présence de l’insecte a été signalée aussi à la Trinidad et à la
NOTES BIOLOGIQUES RECUEILLIES A L'ILE DE LA RÉUNION. 409
Jamaïque par T. D. A. CockERELL. Il y a quelques années,
E. E. GREEN a constaté son importation à Ceylan. Dans ces diverses
régions, le parasite a été découvert sur des Lataniers, des Bambous
et des Orchidées (1).
Si l’on n'admettait pas que le ©. lataniae fût originaire des
Mascareignes, on devrait supposer que sa patrie est probablement
l'ile de Ceylan, d’où il aurait été importé à la Réunion et dans Îles
autres régions où on le trouve actuellement. De ces deux
hypothèses, il n’est pas facile de dire quelle est celle que l’on doit
rejeter.
Si le parasite est réellement originaire des Mascareignes, on
pourrait se demander comment il se fait qu'il n'ait pas attaqué plus
tôt 1es Vanilliers. À cela il peut être répondu qu'il est arrivé fré-
quemment.qu'un insecte, habitant depuis des siècles certain point du
globe, y soit demeuré presque inaperçu tout d’abord parce qu'il se
contentait alors, pour sa nourriture, de plantes inutiles où même
nuisibles à l’homme ; puis, qu'à un moment donné, cet insecte ait
subilement pris goût à une plante — utile à l'homme celle-là — et
soit devenu un fléau du jour au lendemain. Les exemples de ce
genre ne sont malheureusement que trop fréquents en entomologie
agricole.
VIII. — Sur les mœurs du 7rioza litseae Gp.
L'Hémiptére dont je vais parler, et que j'ai découvert en 18%6,
appartient à la famille des Psyllides. Jusqu'ici, il n’a êté signalé qu'à
la Réunion. On le trouve abondamment sur un arbre d'origine
asiatique, l’Avocatier marron ou Lätsea (Tetranthera) laurifolia
(famille des Lauracées), dont il détruit les bourgeons floraux et les
fleurs.
Dans les points où l’Avocatier marron croît au voisinage des plan-
tations de Vanille, l’insecte a gagné cette dernière plante. Il crible
de piqûres les bourgeons floraux et les fleurs de la précieuse
Orchidée. Tout autour des plaies ainsi formées, les tissus noircissent
et pourrissent. Lorsque les piqûres portent sur le gynostème, le
(1) ATxINSON cite, dans « Indian Museum Notes » (Vol. I, n° I, 1889) la présence
d'une Cerataphis sur des arbres à quinquina, dans l'Inde ; mais il ignore sil s'agit
du €. lataniae. I aurait cependant été très intéressant d'être fixé à ce sujet.
410 EDMOND BORDAGE.
développement du fruit ne saurait avoir lieu. D’après les explications
très vagues qui m'avaient été données tout d'abord, j'avais cru que
les tissus lésés donnaient naissance à des déformations en forme de
galles ou cécidies florales ; j'ai reconnu ensuite qu'il n’en était rien
et que, au contraire, 1l se formait de petites cavités noirâtres, par
suite de Îa pourriture des tissus en ces points.
Le Trioza litseae pourrait devenir d'un moment à l’autre, un
redoutable ennemi du Vanillier, à la Réunion. Je crois que le
meilleur remède à apporter consisterait à détruire tous les Avocatiers
marrons croissant dans le voisinage immédiat des vanilleries et à ne
jamais employer ces arbres comme tuteurs pour la précieuse liane.
Mais il va sans dire qu'il faudrait éviter une destruction complète des
Litsea, dont le bois est très apprécié pour le charronnage et dont les
feuilles fournissent aux vaches laitières un fourrage estimé.
1881.
1858.
1869.
1803.
1889.
1901.
1898.
1902.
1843.
187.
1882.
1887.
1911.
1890.
1541.
1866.
1908.
NOTES BIOLOGIQUES RECUEILLIES À L'ILE DE LA RÉUNION. 411
INDEX BIBLIOGRAPHIQUE.
Chapitre IT,
Bücuaner (Louis). — La Vie psychique des Bêtes (Trad. LETOURNEAU),
p- 391.
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d'Europe et d'Algérie, par Edmond et Ernest ANDRÉ), p. 39.
CnapMAN (Th.-A.). — Entomological Magazine, t. VI, p. 153.
CoquEerEL (Ch.). — Albuni de l'île de la Réunion (Extrait, p. 3).
Cory (G.-P.). — Note on the Malagasy Bee (The Antananarivo Annual),
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et politique de Madagascar, fase. 28).
Grarp (Alfred). — Sur l'existence de Cermiostoma coffeella à la Réunion
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Grarp (Alfred). — Sur un moyen de lutte contre les insectes nuisibles à
habitat très étendu (Bull. d'Agricult. coloniale), p. 22.
GuÉRIN-MÉNEVILLE. — Revue et Magasin de Zoologie, p. 3534.
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Edm. BorpAGe, Paris, 1889, p. 16).
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SAUSSURE (H. de). — Hyménoptères de Madagascar (2 Histoire physique
naturelle et politique de Madagascar, fase. 20).
WEsrwoop (J.-0.). — Transactions Entom. Society London, 1 Série
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COQuEREL (Ch.). — Quelques considérations sur les Monandroptera de
Bourbon (Bull. Soc. entom. de France), p. XXII.
PANTEL et SINÉTY (R. de). — Sur l'apparition de mâles et d'hermaphrodites
dans les pontes parthénogénétiques des Phasmes (C. R. Acad. Sc.,
t. 47, p. 1358).
. WESTwoop (J1.-0.). — Rectification de la nomenclature de plusieurs
espèces de Phasmides récemment décrites (Awnales Soc. entom. de
France), p. 201.
1898.
1808.
EDMOND BORDAGE.
Chapitre IV.
. BorspuvaL. — Essai d'entomologie agricole, p. 355.
. DouGras. — Note on Orthezia insignis (Entom. Monthly Magazine,
vol. 24, p. 208).
. LICHTENSTEIN. — Les Pucerons du Latanier (C. R. Acad. Sciences, t. 9%,
p- 1062).
LouxsBurY (Ch.). — Report of the Entomologist (Agricultural Journal
of the Cape of Good Hope), p. 43.
SiGNoRET. — Note sur Boisduvalia lataniae (Ann. Soc. ent. France,
p. 400).
. SienorerT. — Note sur Aspidiotus destructor (Ann. Soc. ent. Fr., t. 9,
p. 120):
2. Srexorer. — Note sur Vinsonia pulchella (Ann. Soc. ent. Fr., p. 34).
2, Sienorer. — Note sur Ceroplastes Vinsoni (Ann. Soc. ent. Fr., p. 38).
EXPLICATION DE LA PLANCHE XXW.
Organes génitaux doubles chez une Cane domestique (page 371).
(RÉDUCTION A 1/2),
I manque sur l'ovaire gauche deux ovules plus avancés dans leur dévelop-
pement que ceux qui sont figurés — (l'aspect anormal de lun des plus gros
ovules photographiés est dû à un accident de préparation).
L'ovaire droit portait un follicule vide, signe d’une ponte récente, et qui a été
détaché pour être vérifié et n’est pas reproduit sur la planche.
Les deux oviductes sont anormaux: ils sont plus courts qu'un oviducte
témoin, leur forme est irrégulière et leur extrémité libre s'épanouit en un large
lambeau à replis glandulaires au' lieu de former le pavillon à parois minces qui
termine les oviduetes normaux.
La partie inférieure renflée des oviductes (utérus) est de dimensions normales.
Les utérus ont été ouverts, on y voit les papilles plus courtes et plus serrées que
dans l'utérus d’une cane normale.
Bulletin Scientifique. Tome XLVII. PE, Xe
Chappellier, phot Phototypie Berthaud, Paris
Organes génitaux doubles chez une cane.
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Quatrième Année.
1913
Bulletin Scientifique de la France et de la Belgique.
Tome XLVII
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Secrétaire de la Rédaction : CH. PÈRE
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BIBLIOGRAPHIA ©o o o
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4° Année. 1913.
TRAVAUX GÉNÉRAUX.
13. 4. KOHLBRUGGE, J. H. F. B. de Maiïllet, J. de Lamarck und Ch.
Darwin. Ziolog. Centralbl., t. 32, 1912 (505-518).
K. s'élève contre l'opinion généralement admise, d'après laquelle LAMARCk
serait le fondateur de la théorie de la descendance. LAMARCK a puisé ses idées
transformistes, et même celles qu'il émet dans son Hydrogéologie, dans DE
MarzLer, auteur du livre: Telliamed ou entretiens d'un philosophe indien
avec un nuissionnaire français sur la diminution de la mer, la formation
de la terre, l'origine de l'homme, etc., 1748, livre fort apprécié des contem-
porains. Ceux-e1 d’ailleurs voyaient effectivement dans LAMARCK un successeur
de DE MAILLET ; ainsi CUVIER désignait les partisans de la théorie de la descen-
dance : « sectateurs de pE MAILLET ». LAMARCK n'aurait donc été qu’un DE
Maizcer redivicus, comme DarwiN fut un Lamarck redivivus. Il y a
évidemment dans DE MaAïLLeT beaucoup de choses absurdes, mais il ne faut
pas oublier qu'il a vécu presque un siècle avant Lamarck, dont l’œuvre
d’ailleurs est entachée aussi de plus d’un récit fantaisiste. DARWIN, à cet
égard, est supérieur à LAMARCk, mais aussi il y a entre les deux un
intervalle d'un demi-siècle. Considérés du point de vue de leur époque, les
trois auteurs sont très Voisins.
A. DRZEWINA.
13. 2. KOHLBRUGGE, J. H. F. Historisch-kritische Studien über
Goethe als Naturforscher. (GOETHE naturaliste, études de critique et
d'histoire). Zoologische Annalen, t. 5, 1912 (83-228, pl. 1-2).
Étude très documentée, où K. examine les publications de Goerne relatives
aux sciences naturelles, en les replaçant au milieu des idées de son temps.
Un long chapitre est en particulier consacré à la discussion fameuse, que
G. suivit si passionnément, entre Cuvier et GEOFFROY-ST-HILAIRE, sur l'unité
de type d'organisation ; un autre à la théorie de la métamorphose des plantes.
Bibl. Evol. IV. 1
2 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
En rendant hommage au poète génial, K. juge assez sévèrement le naturaliste,
qui ne s'est pas libéré d'un panthéisme finaliste, et a échoué dans toutes
les questions où une rigoureuse méthode inductive eût dù suppléer à
l'intuition. :
CH. PÉREZ.
13. 8. JOHNSON, RosweLz H. The Analysis of natural selection. (L'ana-
lyse de la sélection naturelle). Science, t. 36, 1912 (750-760).
Le but que se propose J. est de perfectionner la méthode d'analyse de la
sélection naturelle au moyen des courbes de survivance venant compléter en
quelque sorte les courbes ou polygones de fréquence par rapport à l'ensemble
des individus considérés.
Comme l'erreur probable de ces courbes de survivance augmente vers leurs
extrémités, c’est-à-dire dans les deux régions où les chiffres qui ont servi à
les établir correspondent de part et d'autre à un minimum d'individus, il est
nécessaire d'adopter le procédé de division des individus en classes, avec
combinaisons de ces classes.
En opérant de la sorte, J. reprend les chiffres correspondant aux résultats
de quelques expériences connues: expériences de WELponN sur la sélection
naturelle chez Carcinus mænas en fonction de la longueur frontale ; expé-
riences de Bumpus sur la sélection naturelle chez le Moineau — lors des
violentes tempêtes — en fonction des rapports qui existent entre certaines
dimensions du corps; expériences de JonNsoN et HALL sur la faculté de
résistance à l'eau douce d'une Crevette marine, le Palæmonctes vulgaris,
en rapport avec le nombre d’épines du rostre, etc. L'auteur estime qu'il est
ainsi arrivé à une méthode de précision inconnue jusqu'ici en ce qui a trait à
l'analyse du processus de la sélection naturelle. Il ajoute, en terminant, que,
dans les exemples si intéressants de survivance du Crabe, du Moineau, du
Palæmonetes vulgaris, ete., il ne voit pas des faits d'adaptation directe, mais
des phénomènes de corrélation en rapport avec des particuliarités physiolo-
giques internes. EpM. BORDAGE.
13. 4. VOSS, W. Moderne Pflanzenzüchtung und Darwinismus. Ein
Beitrag zur Kritik der Selektionshypothese. (L’Amélioration
moderne des plantes et le Darw'nisme. Contribution à la critique de l'hypo-
thèse de la sélection). Bonn-Godesberg, 1912 (90 p. et 2 pl.).
Exposé des lois de la fluctuation et de leurs rapports avec la nutrition,
suivi d’une application à la sélection du Seigle de Schlandstedt d'après les tra-
vaux de RIMPAU, à la séparation des lignées pures de Haricots et d'Orges d’après
JOHANNSEN. V. rappelle ensuite les principes du choix fait au Laboratoire de
Svalüf, puis il analyse les résultats pratiques obtenus par Rimpau en les inter-
prétant avec les découvertes plus récentes de N. Hj. NiLsson et de JOHANNSEN.
La seconde partie de l'ouvrage comprend l'énoncé des lois de MENDEL et
l'exposé de leurs conséquences en ce qui concerne l'amélioration des lignées
et la découverte des mutations. LA BLARNGURM
13.5. ROUX, W. Terminologie der Entwicklungsmechanik der
Tiere und Pflanzen. (Terminologie de la mécanique embryonnaire des
animaux et des plantes). Un vol. in-8, 465 p., Leipzig (Engelmann), 1912.
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 3
Cet ouvrage, publié avec la collaboration de CORRENS, FISCHEL et KÜSTER,
est destiné à servir de complément aux dictionnaires de biologie, zoologie et
médecine, ainsi qu'aux traités d'embryologie, biologie générale et physiologie.
Il comprend onze cents termes environ ; les articles sont tous signés et souvent
accompagnés de renvois He ee) Même les spécialistes seront
heureux de trouver dans cette petite encyclopédie une explication précise
d’un grand nombre de termes nouveaux introduits en mécanique embryonnaire.
Pour ceux qui désireraieñt s'initier à cette science, R. recommande la lecture
successive des articles suivants du dictionnaire : Développement, Mécanique
du développement, Analyse, Différenciation, Facteurs, Détermination,
Autoergie, Potentialité, êtres vivants, Fonctions, Croissance, Adaptation,
Périodes, Expérience. RARE Al
13.6. DELCOURT, A. et GUYÉNOT, Eure. Génétique et milieu. Bull. Scient.
France et Belgique, t. 45, 1911 (249-332, pl. 10).
D. et G. font la critique des nombreux travaux déjà parus sur l'hérédité et
la variation chez les Drosophiles ; et, persuadés de l'importance capitale qu'il
y à, en matière de génétique, à opérer dans des conditions de milieu
scrupuleusement définies, ils font connaître les moyens employés dans leurs
propres recherches, pour élever ces Mouches en milieu stérile toujours
comparable à lui-même. CE Péner:
13.7. CLARK, Huserr Lymax. Biotypes and Phylogeny. (Les biotypes et la
phylogénèse). Amer. Natur., t. 46, 1912 (139-150).
La découverte des biotypes, qui a été un véritable stimulus pour la biologie,
en sera probablement un aussi en ce qui concerne la solution de certaines
questions de phylogénèse.
Le premier problème qui se pose est celui des genres comprenant un très
grand nombre d'espèces mal définies, avec termes de passage (Cratægus,
Unio, Salmo, etc.). C. croit que la découverte des biotypes permettra
d'expliquer l'existence de ces genres, si l’on a recours à l'interprétation la plus
large de la loi de MENDEL. Tandis que les espèces bien définies seraient dues
à Prnéuipotence (inequipotency) des biotypes, l'existence d'assemblages hété-
rogènes d'espèces correspondrait à une éguipotence (equipotency) anormale.
Un second problème est relatif à la variabilité de tel ou tel caractère, — la
coloration, par exemple, — et à son rôle dans la distinction des espèces, des
genres où des groupes encore plus élevés. La valeur de la coloration en
systématique dépendra du degré d'identité des déterminants qui entrent en jeu
dans la formation de ce caractère parmi les biotypes composant l'espèce
considérée. Quant au troisième problème, il réside en ce fait que la
diversité des caractères morphologiques pour une espèce donnée, au lieu d'être
soumise au hasard, serait généralement restreinte à certaines lignes définies,
de façon à marquer des stades plus ou moins distincts dans la phylogénèse de
cote espèce. En. BORDAGE.
13. 8. DOUVILLÉ, Hexrr. Un essai de Ce re phylogénique des
Lamellibranches. C. R. Ac. Sci., t. 154, 1912, (p. 1677 et seq.).
D. base cette classification surtout sur les données paléontologiques et la
considération des caractères les plus stables (c. statifs), à l'exclusion de ceux
qui varient rapidement et de façons parallèles dans des rameaux divers
4 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
(ce. évolutifs). La structure de la charnière lui paraît le caractère de choix
pour reconstituer la phylogénie des Lamellibranches. Les CTÉNODONTES et
les ACTINODONTES (dont l’ensemble forme les TaxoponrEes de NEUMAYR)
seraient les formes primitives d'où dérivent de nombreux rameaux (Nuculidés,
Cardiolidés, Anthracosidés et Unionidés, Myophoridés et Trigoniidés,
Arcidés, Hétérodontes, ete...). Une autre série serait formée par les byssifères,
qui deviennent rapidement anisomyaires (DysoponTEs : Mytilidés Aviculidés,
Pectinidés, Ostréidés) ; un troisième groupe serait formé par les DESMODONTES
ou cavicoles (Solénidés, Pholadidés, Myidés etc.) MCE
13. 9. BOUSSAC, JEAN. Essai sur l'évolution des Cérithidés dans le
Mésonummulitique du bassin de Paris, Paris. Annales Hébert,
t. 6 (93 p., 16 pl.) et Thèse Fac. Sci. 1912.
Dans cet intéressant mémoire, l’auteur essaie de reconstituer la filiation des
Cérithes de l'Éocène du bassin de Paris. Il s’est basé surtout, pour retrouver les
formes appartenant à un même rameau phylétique, sur le développement
ontogénique de l’ornementation de la coquille. Il arrive ainsi à rattacher les
unes aux autres des espèces se succédant dans le temps. Ce travail est done une
étude très documentée et très précise de variations d’un type zoologique bien
délimité pendant une série de périodes. Les transformations des Cérithes lui
ont semblé s’accorder d’une manière générale avec les lois de la mutation
formulées par pE VRIES : apparition brusque de formes nouvelles, coexistence
de la forme souche et des mutations produites par elle, mutabilité périodique,
etc. Mais, d’une part, il manque naturellement à cette conclusion la consé-
cration d'une vérification effective de la filiation, d’autre part, il y a lieu de
remarquer que les phases de mutation coïncident toujours avec les limites
d'étages et qu'elles sont synchroniques. Dans ces conditions, c’est du
côté d’une action des facteurs externes qu'il faudrait chercher l'explication
plausible de ces variations, plutôt que dans les conceptions de DE VRIES.
; M. CAULLERY.
13. 10. LAVERAN, A. et MESNIL, F. Trypanosomes et trypanosomiases.
2e édit., 4 vol. gr. in-& (vi-1000 p., 198 fig., 1 pl.). Masson et Cie. Paris 1912.
Cette nouvelle édition du traité si apprécié de L. et M. n’est pas une simple
remise au point; le nombre immense des publications parues, l'importance
des découvertes récentes ont nécessité une refonte complète du livre paru en
1904 ; et le présent volume est plus que doublé par rapport à l’ancien. Une
série de chapitres, augmentée des nouvelles entités morbides récemment
reconnues, donne l'étude monographique de toutes les maladies à trypanosomes,
et s'adresse, comme un manuel de plus en plus indispensable, au médecin
et au vétérinaire. Mais le livre se recommande aussi à tous les naturalistes
par les chapitres où sont traitées, d'un point de vue d'ensemble, les questions,
si importantes pour la biologie générale, que soulève l'étude des Trypano-
somes : cycle évolutif avec changement d'hôte, passage alternatif par le sang
du Vertébré et l'organisme de l'Invertébré suceur qui assure la transmission ;
problème phylogénique du premier établissement de ce passage et de l'origine
des Flagellés sanguicoles : dérivent-ils d'anciens parasites intestinaux du
Vertébré ou au contraire de parasites intestinaux de l'Invertébré ? Problème
de l'espèce, particulièrement délicat à résoudre dans ce groupe si homogène,
où beaucoup de types présentent un assez grand polymorphisme de taille,
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. D
ou se disjoignent en races naturelles distinctes, différant par leur virulence,
D'où la nécessité de bien connaître l'origine d'un virus donné, sa généalogie,
c’est-à-dire l'histoire de ses passages par des animaux variés, et de faire appel
à des critères physiologiques précis, tels que l'épreuve de l'immunité croisée,
préconisée par L. et M. 250 p. sont consacrées à ces questions générales ainsi
qu'aux procédés de culture, à l'étude de la virulence, de la défense de
l'organisme, à la thérapeutique et à la prophylaxie des trypanosomiases. Les
travaux personnels des auteurs les désignaient particulièrement pour cet exposé
EUR CH. PÉREZ.
13. 11. TROUESSART, E. L. Catalogue des Oiseaux d'Europe. Paris, (L.
Lhomme), 1912.
13. 12. — Les formes migratrices et les formes sédentaires dans la
faune ornithologique en Europe. Paris, ©. R. Ac. Sci, t. 155,
1912, (p. 1628-1630).
Dans la note aux C. R., qui accompagne la présentation à l'Académie du
Catalogue, Trouessart insiste sur l'intérêt des variétés d'oiseaux spéciales aux
îles voisines de l'Europe, tels que la Corse, les Canaries, ete. Elles dérivent
vraisemblablement d'individus qui se sont arrêtés dans ces îles lors des
migrations et y ont fait souche sédentaire. Tant que l'ile reste sur la route
des migrations, ces formes sédentaires se mêlent aux individus de passage et
ne s'isolent pas physiologiquement ni morphologiquement du reste de l'espèce ;
mais si, à la suite d’un changement géologique, les îles se trouvent en dehors
de la voie principale de migration, il tend à s’y former des races locales.
Le Pinson teydée (Fringilla teydea) de Ténériffe paraît ainsi s'être séparé du
Pinson d'Europe (FÆ. cælebs) en devenant sédentaire sur les sommets de cette
ile et beaucoup d'autres exemples analogues pourraient être invoqués.
M. CAULLERY.
13. 13. MASSART, J. Le rôle de lexpérimentation en géographie
botanique. Rec. de l'Institut bot Leo. Errera, 1912, t. 9 (68-80).
M. examine d'abord les faits d’accommodation: Hypnum, Holcus mollis,
Polygonum amplhibium, Matricaria inodora sont susceptibles de grandes
variations avec l'habitat; Helianthemum chamaecistus, Juniperus communis,
divers Bouleaux ne se modifient pas dans des conditions extrêmes. La lutte
pour la vie est si vive qu'un faible changement, le sarclage des mauvaises
herbes, un léger labour, où un peu de fumier permet la naturalisation de
nombreuses espèces. Les lois de MENDEL laissent supposer que bon nombre
de plantes décrites comme hybrides à cause de leurs caractères intermédiaires
ne dérivent pas des ancêtres admis. ABS
15. 14. CHODAT. R. Nouvelles recherches sur les ferments oxydants.
Les matières protéiques et leurs dérivés en présence du
réactif p-crésol tyrosinase. Arch. Sci. Phys. Nat., 1.33, 1912 (70,225).
En faisant agir la tyrosinase sur le p-crésol en présence de divers produits
d'hydrolyse des protéines, on obtient la production de pigments diversement
colorés et qui ressemblent aux pigments naturels. CH. pense que la production
des pigments est ainsi due à l’action d’une oxydase sur un composé phéno-
lique en présence d’une substance aminée, et que la coloration des pigments
6 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
varie avec la constitution de cès deux substances. Une oxydase doit être
conçue comme formée par une peroxydase et un peroxyde, ce dernier étant
un activant de la peroxydase et lui fournissant de l'oxygène qu’elle peut
ensuite fixer sur un corps oxydable. CH. PÉREZ.
13. 15. KEEBLE, Frevericrk et ARMSTRONG, Frank1AND E. The distribution
of oxydases in plants and their role in the formation of
pigments. (Répartition des oxydases dans les plantes et leur rôle dans la
formation des pigments). Proceed. Roy. Soc., t. & B, 1912 (214).
13. 16. _ The role of oxydases in the formation of the anthocyan
pigment of plants. (Rôle des oxydases dans la formation de l’anthocyane
chez les plantes). Journ. of Genetics, t. 2, 1912 (277-311, 5 fig., pl. 19).
K. et À acceptent l'hypothèse de Cnopar (V. Bibliogr. evolut., n° 13, 14)
sur la constitution des oxydases. Le peroxyde qui intervient dans les plantes
vivantes reste inconnu; dans les expériences in vitro, c'est H202 qui sert,
en présence d'un chromogène, à révéler la présence d’une peroxydase. Les
expériences ont porté sur diverses plantes, surtout la Primula sinensis, où les
oxydases ont été recherchées dans les diverses régions de l'appareil végétatif.
La production du pigment dépendant à la fois de la présence de l’oxydase et
de celle du chromogène, on peut rattacher ce caractère à deux facteurs
mendéliens, et les combinaisons théoriques concordent avec les résultats des
croisements de variétés à tiges vertes et à fleurs blanches. Suivant les
diverses plantes, le blanc des fleurs peut tenir à des circonstances différentes.
Les variétés de P. sinensis à blanc dominant contiennent dans leurs pétales
un inhibiteur de l’oxydase. Les formes albines de P. sinensis, Pisum sativum,
Lathyrus odoratus, contiennent de l’oxydase, et leur albinisme est dû au
manque de chromogène; les fleurs blanches de Geranium sançquincum
doivent au contraire manquer d’oxydase ; les formes albines de Dianthus
barbatus sont de deux sortes, l'une avec et l’autre sans oxydase. Dans les
fleurs, les cellules qui contiennent l’anthocyane contiennent aussi le ferment,
soit à l’état de peroxydase, soit à l'état d'oxydase complète. La quantité de
ferment dans un même tissu croît à l'obscurité. Les ferments mis en liberté
par les traumatismes (blessures des fleurs) correspondent à ceux (peroxydase
ou oxydase)qui interviennent dans la production des pigments.
Cu. PÉREZ.
13. 17. KEEBLE, Fr. et ARMSTRONG, E. F. The Oxydases of Cytisus Adami.
(Les Oxydases de C. A.). Proceed. Roy. Soc. B., t. 85, 1912 (460-469).
K. et A. confirme, par l'étude des réactions décelant des oxydases dans
l'épiderme, le fait signalé par E. Baur (1909) et Buner (1910) à savoir que
C. A. est une « periclinar chimære », avec un épiderme de C. purpureus et
un corps de tissus du type C. Laburnum. Be ce
13. 18. LOHMANN. Die Probleme der modernen Planktonforschung.
(Les problèmes modernes sur le plancton). Verhandl. deut. z0ol. Gesells.,
1912, (p. 16-109).
Article d'ensemble sur la biologie du plancton (définition, historique
sommaire des recherches, conditions d'existence, de reproduction, nutrition
répartition et peuplement, déterminisme des formes, etc).
M. CAULLERY.
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 7
13. 19. COTTE H. J. Recherches sur les Galles de Provence. Thèse
Pharmacie Paris et Bul. Soc. Philom., sér. 10, 1912 (LIT + 240 p).
Ce Catalogue de galles sera utile aux naturalistes observant en Provence,
mais nous signalons l'ouvrage ici, surtout en raison de son intéressante
introduction (p. I-LIT) sur la biologie générale de la Provence.
M. CAULLERY.
13. 20. COTTE, J. et Cu. Étude sur les blés de l'antiquité classique.
Paris, J. B. Baillière, 1912, 9 p.
Étude critique des textes anciens, en vue de préciser le sens botanique des
termes grecs ou latins désignant des céréales.
M. CAULLERY.
VARIATION.
13. 21. PICTET, Arxocr. Recherches expérimentales sur les méca-
nismes du mélanisme et de l'albinisme chez les Lépidop-
tères. Mém. Soc. phys. et hist. nat. Genève, t. 37, 1912 (p. 111-278, pl. 15).
Exposé détaillé de recherches faites depuis plusieurs années et dont certains
résultats partiels ont été précédemment signalés ici. (Bibl. Evol. 11, 87,
38, 170, 171). Une première partie est consacrée à l'historique des
travaux sur la coloration des ailes des papillons et leurs variations naturelles
ou expérimentales (p. 111-148). Viennent ensuite les recherches de l’auteur
sur le mécanisme de la coloration des ailes (p. 149-162) ; puis des observations
ou expériences sur une trentaine d'espèces particulières (p. 163-251) ; enfin
les conclusions générales sur lesquelles seules nous pouvons nous attarder
ici. Les expériences proprement dites de P. ont consisté à faire agir tempo-
rarement une température élevée (40°-45 C.) sur les chrysalides.
La coloration des ailes, due aux écailles, a deux origines: l'une optique
(phénomènes de diffraction se produisant sur les écailles finement striées
formant réseau, l'autre pigmentaire (écran plus ou moins opaque de granules
pigmentaires de diverses couleurs placés dans l’écaille). Toutes les écailles
ont même structure, mais l'écran pigmentaire masque le phénomène de
diffraction d'autant plus que le pigment est plus abondant. On fait reparaître
le second en détruisant le pigment (par action de KOH caustique à 95 C., au
bain-marie). Les colorations propres des ailes sont dues aux combinaisons de
ces deux facteurs ; la diffraction peut modifier, pour l'œil, la couleur réelle du
pigment.
Les variations que présentent les ailes des papillons se réduisent (sauf rares
exceptions) à de l’albinisme ou du mélanisme, le plus souvent affectant
inégalement les diverses parties de l’aile (formes mélanisantes ou albinisantes).
On les constate indifféremment dans toutes les régions de l'habitat de chaque
espèce et sous l'influence des divers facteurs externes. Un même facteur produit
également les effets opposés (albinisme et mélanisme); c'est le changement
des conditions extérieures, non la nature de celles-ci, qui agit.
Le mélanisme résulte d'une augmentation de la quantité de pigments dans
les écailles, ou de la variation du rapport numérique des écailles de diverses
couleurs, ou de la production, par oxydation plus intense, d’un pigment plus
foncé, ou de l'augmentation du nombre ou de la taille des écailles (qui se
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
recouvrent ainsi davantage) ; l’albinisme résulte des dispositions inverses des
précédentes.
L’albinisme et le mélanisme paraissent bien correspondre à un affaiblis-
sement où à une vigueur plus grande de l'organisme. Les caractères spécifiques
d'ordre pigmentaire se modifient facilement, sauf certains plus stables (ex. : le
V discoïdal d'Ocneria dispar), le plus souvent communs à plusieurs espèces,
et que P. regarde comme phylogénétiquement plus anciens.
M. CAULLERY.
13% RR. THIENEMANN. AuG. Die Silberfelchen des Laachersees. Die
Ausbildung einer neuen Coregonenform in einem Zeit-
raum von 40 Jahren. (le Corégone argenté du Lac de Laach. Produc-
tion d'une nouvelle forme de Corégonide en 40 ans). Zoolog. Jahrb.
(System.), t. 32, 1912.
Développement d’une note préliminaire analysée sous le n° Bibl. Evol., {1
363.
1
M. CAULLERY.
13.23. POWER. J. H. À case of polymorphiesm in Asp/anchna simulating
13. R4.
13 e5.
13. RG.
a mutation. (Cas de polymorphisme simulant une mutation chez A.).
Amer. nat., t. 46, 1912 (441-462 et 526-592).
P. a constaté que, dans des mares situées aux environs de Lincoln
(Nebraska, Etats-Unis), un Rotifère, l'Asplanchna amphora, se présentait
sous trois formes d'fférentes :
1° Une forme A, sacciforme, provenant d'œufs d'hiver et se multipliant par
parthénogénèse rapide pendant plusieurs générations ; 2° une forme B, dont
l'aspect gibbeux est dû à la présence de 4 éminences ou bosses. Cette seconde
forme caractérise l'espèce et provient de À par variation brusque. Elle
reproduit principalement son propre type ; 3° une forme GC, d'aspect campanulé,
provenant ordinairement d'individus B qui se sont nourris de leurs congénères
(cannibalisme ou adelphophagie). Cette forme reproduit à la fois son propre
type et la forme B.
Dans un seul cas, des individus de la forme A ont donné la forme C sans
passer par la forme intermédiaire B. Ces individus s'étaient nourris de Moina
paradoæa, petits Crustacés voisins des Daphnies.
Cet exemple de variation se trouve en quelque sorte à la limite entre la
variation germinale et la variation somatique. Il est difficile de dire si les
types produits par l'A. amphorasreprésentent des génotypes, par le fait qu'une
fois apparus ils manifestent une tendance marquée vers la stabilité, où s'ils
correspondent à des phénotypes, en ce qu'ils montrent néanmoins une
stabilité moindre que celle des espèces véritables. En résumé, il serait encore
impossible de décider si ces formes constituent des espèces définies où si ce
na mea 1-1 ne £ 4.
ne sont que des types demi-indépendant ra Bobi
HECKEL, Erouarv. Sur les Solanum tuberosum L. et S. maglia Schlecht,
et sur les mutations gemmaires culturales entreprises
sur les tubercules de ces deux espèces sauvages. Bull. Soc.
Nation. agricult. France, t. 72, 1912, (p. 698-716, av. fig.).
— Des origines de la pomme de terre cultivée. Revue scientifique,
1912 (2e sem.), (p. 641-646).
— Sur la mutation gemmaire culturale de So/anum immaite. Paris,
C. R. Ac. Sci, t. 155, 1912 (804-806).
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 9
13. 27. — Sur la mutation gemmaire culturale du So/anum tuberosum.
Paris, C. R. Ac. Scr., t. 155, 1912 (469-471).
Dans le second de ces articles, H. résume toutes les recherches qu'il a
faites depuis 1898 sur cette question ainsi que celles de divers expérimen-
tateurs (LABERGERIE, PLANCHON). Ces recherches ont abouti à obtenir, à partir
de S. maglia et de S. commersoni, espèces différentes de S. tuberosum, des
tubereules semblables de tous points à la pomme de terre. Ils indiquent donc
la probabilité d’une origine multiple de cette précieuse plante cultivée.
Dans le premier (et aussi dans le second), H. insiste sur les cultures faites
en 1911-1912, à Grenoble et Marseille, à partir des tubercules récoltés par
M. VERNE, dans des conditions qui permettent d'affirmer qu'ils étaient parfai-
tement sauvages (S. #7aglia au Chili, S. tuberosum et S. immite en Bolivie
et au Pérou). Inspiré par les travaux du regretté NoËL BERNARD, sur le rôle
de microbes symbiotes dans la tubérisation, H. a cultivé ces tubercules
sauvages dans des terres fumées abondamment avec des fumiers d'origines
animales variées (ruminants, bovidés, équidés, gallinacés) et diversement
associés. Comme dans des précédentes cultures du S. #naglia, la famure par
du fumier de poulailler a été la plus favorable, et, dès la première année, a
permis d'obtenir une mutation incomplète à Grenoble, complète à Marseille
avec S. tuberosum et S. immute. (Ces cultures vont être continuées en 1912-
1913). H. insiste sur l'efficacité des engrais vivants et l’inefficacité des engrais
chimiques et voit là la vérification probable des idées de N. BERNARD.
M. CAULLERY.
13. 28. DE VRIES, H. Die Mutationen in der Erblichkeitsiehre. (Les
mutations dans la théorie de l’hérédité). Berlin, Borntræger. 1912 (42).
DE V. a prononcé ce discours à l'ouverture de l'Université de Houston
(Texas) ;:1l résume les progrès de la théorie des mutations dans ces dix
dernières années, en citant, parmi les adeptes les plus notables, STRASBURGER
(1912) parmi les botanistes, CH. A. Wuire (1903) parmi les paléontologistes,
Hu8recuT (1904) parmi les zoologistes. Par contre, L. PLATE (1910) critique
la notion de discontinuité dans ce dernier domaine.
Parmi les bons exemples de mutation, il faut citer Capsella Heegeri et
C. Viguieri et de nouvelles formes d'Œnothera. L'étude de ce dernier groupe
a fourni des mutations progressives (Œ. gigas\, des mutations régressives et
dégressives se subdivisant en types mendéliens (Œ. brevistylis), demi-
mendéliens (Œ.ñnanella, rubrinervis) etnon mendéliens (Œ. lata, scintillans,
oblonga, lævifolia). Les autres types Œ. albida, elliptica, leptocarpa, semi-
lata, Spathulata, sublinearis, suborata ne peuvent être classées, soit à cause
de leur stérilité, soit à cause de leur faible organisation. R. GATEs a obtenu
la mutation Œ. rubricalix, ABroMEIT, Œ. anmophila, et ScnouTEx Œ. blanda.
[I y en a d’autres encore. L. BLARINGHEM.
13. 29. HERIBERT-NILSSON, N. Die Variabilität der Œnothera Lamarchiana
und das Problem der Mutation. (La variabilité de l'Œ. L.et le
problème de la mutation). Zeïtsch. f. indukt. Abstamm. u. Vererb., t. 8,
1912 (89-231), % fig. et 3 pl.
Les plantes sur lesquelles H.-N. a effectué ses recherches provenaient
d’Almarüd (Suède). Les mutations qu'il a obtenues n'étaient pas toujours
identiques à celles qui ont été données à H. de VRies par le matériel
provenant de Hilversum (Hollande). Elles présentaient soit des combinaisons
10 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
absolument nouvelles de caractères, soit des types en quelque sorte parallèles
à ceux qu'a signalés H. de VRIEs. La mutation d'Œ. L. ne s’effectuerait done
pas constamment suivant la même direction, et il y aurait à tenir compte de
la nature génotypique du matériel étudié. Dans le cas de Œ. rubrinervis,
gigas et lata, on n'obtiendrait pas des mutantes isolées, mais des groupes,
dont les variations, en ce qui concerne certains caractères, s’accorderaient
dans certains cas et différeraient dans d’autres.
L’Œ. L. ne serait pas une espèce à caractères constants (espèce élémentaire),
comme le pense H. de VRIES ; car elle présenterait de profondes variations en
ce qui a trait à la coloration des nervures et des feuilles, aux dimensions des
fleurs et du fruit, au nombre de stigmates et à la taille de la plante elle-même.
Relativement à la coloration des nervures, on constateraitun fait de disjonction
mendélienne avec dominance du rouge.
L'Œ. gigas, que H. de VRIES considère comme une espèce élémentaire à
caractères très constants, montrerait au contraire, de l’avis de H.-N., de très
grandes variations. Dans les cultures du botaniste suédois elle a donné 4 types
bien différents. Dans les limites de l’un quelconque de ces types, on pourrait
isoler diverses lignées offrant, pour tel ou tel organe, des gradations relativement
aux caractères de gigas. L'apparition de mutantes partielles pour le type gigas
montre que les mutantes ne proviennent pas de l'addition ou de la mise en
latence d'un caractère avec action corrélative dans toutes les parties de la
plante, comme le prétend H. de VRIES, mais qu'elles sont produites par la
rencontre fortuite de plusieurs caractères indépendants les uns des autres.
Ce serait seulement lorsque ces caractères se trouveraient réunis que l’on
obtiendrait une mutante pour le type Lamarchiana ; — ce qui peut naturel-
lement donner l'impression d’un fait d’hérédité corrélative. En résumé, les
mutantes correspondraient aux dernières oscillations d’une disjonction men-
délienne d’'hybrides. Sa Bono
15. 30. DAVIS, Brancey Moore. Was Lamarck’s evening primrose (Œno-
thera lamarckiana Seringe) a form of Œ. grandiflora Solander ?
L'Œ. I. Seringe était-elle une forme d'Œ. grandifiora Solander) Bull. Torrey
Botan. Club, t. 39, 1912 (p. 519-533, pl. 37-39).
L'herbier de Lamarcr au Muséum de Paris contient trois pages d'Œnothères
provenant du Jardin des Plantes, déterminées par Lamarck Œ. grandiflora ;
elles ont été étiquetées en 1828 Œ. lamarchiana par SERINGE. DE VRIES identifia
ses propres Œnothères à deux de ces plantes et considéra le troisième comme
étant Œ. grandiflora Aron — Œ. grandiflora SOLANDER.
L'Œ. grandiflora de SorAnpeR est une plante originaire de l’Alabama, intro-
duite en Angleterre en 1778, et qui a été retrouvée dans sa localité d'origine
en 1904. Or Davis conelut de ses observations que les plantes de l'herbier
Lamarcr sont bien des Œ. grandiflora SoLANDER, mais que la plante cultivée
par pe VRiEs et déterminée par lui Œ. lamarchiana SERINGE en est différente.
Son origine reste inconnue. D. a précédemment exposé ses raisons pour la
considérer comme un hybride probable d'Œ. grandiflora et d'Œ. biennis.
La plante de px VRirs et ses variants sont naturalisés sur de vastes étendues,
dans les dunes du Lancashire, en Angleterre. MGR
13.31. STOMPS, T. J. Mutation bei Œnothera biennis. (Mutation de l'Œ. b.).
Biolog. Centralbl., t. 32, 1912 (521-535, pl. 1).
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. FL
Après un exposé des discussions soulevées sur l’origine des mutations de
l'Œ. Lamarckiana et une réfutation documentée des hypothèses tendant à
y voir des phénomènes d'hybridation, S. signale deux mutations trouvées par
lui de Œ. biennis, S'ajoutant aux formes stables déjà connues : Œ. biennis
sulfurea et Œ. biennis cruciata, cette dernière découverte par ERNST DE VRIES
en 1900 dans les dunes de Santpoort.
Œ. biennis nanella Sromps est un dérivé stable de Œ. biennisx Œ. b.
cruciata obtenu en F>; elle a des fleurs petites et une taille naine ; c’est donc
l’analogue de Œ. Lamarckiana nanella. Œ. biennis semi-gigas est un dérivé
du même croisement, à tige épaisse, couverte de feuilles très fréquemment à
2 pointes, à styles longs, très peu fertile, qui présente dans ses cellules
21 chromosomes au lieu de 14 du biennis, de 28 du gigas, d'où le nom de
semi-giqas. L. BLARINGHEM.
13.32. DE VRIES, H. et BARTLETT, H. H. The Evening Primroses of
Dixie Landings, Alabama. (Les Œnothères de Dixie Landings,
Alabama). Science, t. 36, 1912 (599-601).
H. de V., accompagné du professeur Tracy, est allé visiter, en 1912, la
localité de Dixie Landings (Alabama, Etats-Unis), où William BERTRAM
trouva, en 1778, l'Œnothera grandiflora croissant dans des champs en
friche où le Coton était autrefois cultivé. Cette station avait été redécouverte,
en 1904, par Tracy. H. de V. était curieux de savoir comment se comporte
cette espèce, qui paraît offrir des points communs avec Œ. Lamarchkiana,
en ce qui concerne les mutations et le comportement des hybrides. Il a
constaté que Œ. gr. se présentait sous différentes formes pouvant se
ramener à 7 types, d'après la longueur relative du style et des étamines, la
longueur du fruit, la forme des feuilles, la forme et la coloration des sépales.
Des cas d'hybridation se produisent entre Œ. gr.et Œ. Tracyi, qui croît dans
les mêmes terrains.
H. de V. pense que Œ. gr. et Œ. Tr. viennent s'ajouter à la liste des
espèces en voie de mutation, — liste comprenant déjà l'Œ. Lamarchiana,
l'Œ. biennis et l'Œ cruciata telle qu'on la trouve dans la région des
Adirondacks.
Ep. BORDAGE.
13.33. DE VRIES, H. Œnothera nanella, healthy and diseased. (Œ. n., saine
et malade). Science N. $, t. 35, 1912 (753-754).
Après la découverte d’un Micrococcus dans les tiges d'Œ. nanella par
ZEULISTRA (B. e, 11. 16), DE V. a cherché à obtenir des mutantes saines.
Il y a réussi de deux façons; d’abord par des cultures d'Œ. nanella où il
réduit la fumure azotée et augmente la dose de phosphate de chaux; en
second lieu par le double croisement Œ. (nanella X biennis) X Œ. nanella
— Œ. nanella. L. BLARINGHEM.
13.34. GATES, R.R. An Onagraceous stem without internodes. (Une
Onagrariée sans entrenœuds). The new Phytologist, ti. 11, 1912 (51-54 et 2 pl.).
En cultivant en serre tropicale à Chicago une plante intermédiaire entre
Œ. Lamarckhiana et Œ. grandiflora Aïton, G. obtient une race à croissance
continue qui forme une rosette très développée et se termine par une grèle
tige florale, L. BLARINGHEM.
12 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
13.35. GATES,R.R. Mutations in Plants. (Mutation de végétaux). The botanical
Journal, octobre 1912.
Histoire résumée de Œ. rubricalyx et de ses relations avec Œ. rubrinervis.
L. BLARINGHEM.
13.36. KEEBLE, Fr. Gigantism in Primula sinensis. (Gigantisme de Pr. s.).
Journal of Genetics, t. 2, 1912 (163-188, pl. 11).
Une lignée de Primevère de Chine géante est apparue subitement et fut de
suite fixée dans des sélections de plantes à pétales surnuméraires ; Ce gigan-
tisme est dû à la taille des cellules, dépendant de 3 facteurs mendéliens
dominés par les facteurs correspondants de taille normale ; il y a, par consé-
uent, de nombreuses races de demi-géants.
dl ? Dre L. BLARINGHEM.
13. 37. HASSELBRING, H. Types of Cuban Tobacco. (Types du Tabac de Cuba).
Bot. Gaz., t. 53, 1912 (113-126 et pL. 4 à 10).
Le Tabac cultivé à Cuba est un mélange complexe de nombreuses lignées
qui peuvent être isolées et donner des lots uniformes. Cultivées dans le Nord,
ces lignées offrent parfois des variations qui affectent tous les individus de la
même lignée sans exception. D Bremenl
13.38. DOBELL, Cuirrorr. Some recent work on mutation in micro-
organisms. (Quelques travaux récents sur les mutations dans les micro-
organismes). Journ. of Genetics, t. 2, 1912 (201-220).
Revue d’un certain nombre de découvertes récentes relatives aux Trypano-
somes: obtention de races dépourvues de centrosome sous l'influence de
certaines substances chimiques — et de races physiologiques de virulence
modifiée, ou résistantes à certains médicaments. CNP
13.39. BEUERINCK, M. W. Mutationen bei Mikroben. lolia Microbiolo-
gica, t. 1, 1912 (97p.et pl. 1-4).
B. présente sur les modes de variabilité, sur le processus de la mutation, sur
la dégénérescence et les modifications, sur les colonies, les populations et les
associations, sur la théorie des gènes, des idées générales qu'il essaye
d'adapter au cas particulier des Microbes et plus spécialement du Bacillus
prodigiosus qu'il étudie avec quelques détails : « B. prodigiosus offre environ
14 mutations différentes dont six sans pigment, les autres pigmentées..…. Leur
origine doit être attribuée sûrement à des causes internes, mais soumises à
l'influence indirecte de la nutrition. »
Il examine ensuite la mutabilité du Bacillus herbicola, des bactéries
phosphorescentes (B. indicus et phosphoreus), de CAlorella variegata
normal et de la forme aurea rattachée au genre Prototheca, de Schizosaccha-
romyces octosporus dont il a séparé 9 formes, et de Saccharomyces.
B. compare enfin les diverses mutations de microbes, d'algues monocellu-
laires et de levures aux mutations des végétaux supérieurs et remarque que,
en fait, les mutantes ne possèdent aucun caractère réellement nouveau.
L. BLARINGHEM.
13. 40. HARRIS, J. Arruur. On the relationship between bilateral asym-
metry and fertility and fecundity. (Relations entre l'asymétrie
15. 41.
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 13
bilatérale, la fertilité et la fécondité). Arch. Entwickl.-mech., t. 35, 1912
(500-522, 5 diagr.).
Les recherches antérieures de H. surles Sraphylea (V. Bibliogr. evol.,
n° 11, 1) l'ont amené à examiner s'il n'y aurait pas, chez les Haricots, une
RE entre la fertilité, marquée par l’évolution complète d'un plus nn
nombre d'ovules jusqu'au stade de graines mûres, et la symétrie bilatérale ou
l'asymétrie des carpelles, marquée par le nombre pair ou impair des ovules
de chaque gousse. Les numérations ont porté sur 171.000 gousses appartenant
à six variétés de Phaseolus vulgaris et correspondant à 53 séries cultivées
dans des conditions très largement variées. Les résultats n'indiquent assurément
qu'une faible corrélation entre la symétrie et la fécondité. Il semble bien
cependant que les gousses à nombre impair soient moins capables d'amener
leurs graines à maturité. Dane
HÉRÉDITÉ.
GREIL, A. Richtlinien des Entwicklungs- und Vererbungs-
problems. (Etude des problèmes du développement et de l'hérédité). Un
vol. gr. in-8, 364 p., Léna (Fischer), 1912.
Nous avons déjà signalé la 1° partie de cet ouvrage (Cf. Bibl. evolut., 12,
198); dans ce 2° volume, G. étudie, dans un langage souvent trop obscur,
adaptation et la variabilité, l'hérédité et l'acquisition des caractères nouveaux,
le déterminisme du sexe, et discute diverses théories du développement et de
l'hérédité. Il cherche surtout à montrer l'importance, pour tous ces problèmes,
de la théorie de l’épigénèse, et la nécessité de les transporter dans le
domaine cellulaire. G. professe la plus grande admiration pour HAECKEL, et
constamment cherche à mettre en évidence la fécondité des vues de cet
auteur.
tutet A. DRZEWINA.
45. 42. SEMON, Ricxarr. Das Problem der Vererbung « erworbener
Eigenschaften ». {Le Problème de l'hérédité des « caractères acquis »).
Un vol. gr. in-8, 203 p., 6 fig. Leipzig (Engelmann), 1912.
Dans une série de chapitres, S. étudie un grand nombre de faits favorables
ou non à la théorie de l'hérédité des « caractères acquis ». Il montre que
toute nouvelle acquisition de l'organisme est le résultat d'une excitation ou
induction. D’après la théorie dé la Mnème de l’auteur, les excitations
produisent dans la substance irritable, et ceci aussi bien dans le soma que
dans le germen, des modifications durables qu'il appelle engrammes. La
possibilité d'une induction directe des cellules germinales par les facteurs
physiques et chimiques, surtout dans la période « sensible », n’est pas
niable; mais, dans la plupart des cas, il y a induction somatique du
germen. Il ressort de l'ensemble des faits que les excitations morphogènes
sont incapables de provoquer une induction des cellules germinales; les
excitations fonctionnelles ne les déterminent que si elles sont fréquemment
répétées, et les variations qui en résultent sont insensibles (variations dites
continues) ; par contre, les excitations du milieu extérieur peuvent, dans des
conditions favorables, déterminer une induction immédiatement manifeste du
germen, et les variations ainsi produites paraissent être des « sauts ». Mais
entre tous ces phénomènes, il n'y a que des différences de degré; et du
reste, pour la transformation des espèces, seules les petites variations
comptent, les mutations ne jouant qu'un rôle tout à fait secondaire. En
14 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
résumé, une hérédité somatogène existe, mais souvent aussi peut faire défaut ;
le résultat positif ou négatif dépend du jeu de trois variables : 1° la nature,
l'intensité et la répétition des excitations induites ; 2° la conformation de
l'organisme donné ; 3° l’état actuel de ses cellules reproductrices (V. Bibl.
evolut., 11, "7 3 12, 225). A DRE
13. 43. CORRENS, C. Die neuen Vererbungsgesetze. (Les nouvelles lois de
l'hérédité). Berlin, Borntræger, 1912 (70 p. et 12 fig.).
C. a exposé déjà (1995) ce qu'il entend par Lois de l'Hérédité : la nouvelle
mise au point comprend de nombreux perfectionnements dus aux travaux de
JOHANNSEN, GODLEWSKI, BAUR, HAECKER, GOLDSCHMIDT, BATESON, PUNNETT,
DARBISHIRE. Après quelques définitions, C. examine d’abord les hybrides
mendéliens simples, les règles de disjonction( Urtica pilulifera X Dodartü)
et d'uniformité de première génération (cas spécial du Digitalis ambiqua X
lanata). Certaines irrégularités apparentes de l’hérédité de la coloration des
grains du Mais s'expliquent par les règles des dihybrides (Zea Mays alba X
cæruleodulcis) ou des trihybrides (Z. M. vulgata X cœruleodulcis) ; d'autres
irrégularités sont du groupe des hybridmutations (Kreuzungsnova), telles que
Linaria maroccana alba X rosea, Mirabilis Jalapa alba X gilva. Enfin il
y a des hybrides qui ne se disjoignent pas, soit qu'il s'agisse de plantes
apogames (Hieracium) où d'hybrides intermédiaires stables (Œnothera).
L. BLARINGHEM.
13. 44, LANG, ArNozr. Vererbungswissenschaftliche Miscellen (Mélanges
scientifiques sur l'hérédité). Zeits. f. indukt. Abstamm.-und. Vererbungslehre,
t. 8, 1912 (p 233-283).
a, Essai d'explication des faits de gynandromorphisme par des anomalies de
distribution des chromosomes dans les premières cellules de l'embryon
(les chromosomes sont pour A. LanG les supports de l'hérédité) ; comme ils
n'entrent « en pleine action » que tard, sur l'animal presque adulte, pour la
différentiation des caractères sexuels, leurs anomalies n’entrainent de consé-
quences visibles qu'à ce moment où elles constituent le gynandromorphisme.
b, L. a obtenu la reproduction d'un Æelix hortensis tenu rigoureusement isolé
dès avant la puberté: il y a donc eu autofécondation ou parthénogénèse.
L. penche pour la première alternative. C’est là un fait très exceptionnel
(mais fréquent chez Arion empiricorum et Limaæxæ cereoniger : KÜNKEL,
$S3. Versammil. deusch. Naturf. u. Aerzte 1911).
c, L. traite ensuite d’un certain nombre de résultats particuliers de ses croise-
d'Helix. Enfin il expose les résultats des croisements de souris à queue plus ou
moins atrophiée (brachyoures), apparues spontanément dans ses élevages et
qui ont été croisées, soit avec des individus normaux, soit entre elles. Le
croisement normal X brachyoure donne, en F1, 50 °/, normales et 50 ‘
brachyoures. Les F, normaux donnent entre eux, en F2, exclusivement des
normaux. Le caractère normal est donc récessif par rapport au caractère
brachyoure. Les individus à queue tout à fait rudimentaire sont plus faibles
que les autres et il est très difficile de les faire se reproduire entre eux ; ils
donnent un mélange en nombre à peu près égaux de normaux et de
brachyoures. M. CAULLERY.
13, 45. PUNNETT, R. C. Inheritance of coat-colour in Rabbits. (Hérédité
de la couleur du pelage chez les Lapins). Journ. of Genetics, t. 2, 1912 (221-
238, pl. 12-14).
\
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 15
P. donne les résultats d’un certain nombre de croisements. Il fait intervenir,
pour représenter les résultats, trois facteurs : un facteur À (agouti) qui change
le noir en agouti et le tigré (tortoise) en jaune; un facteur Æ, d'extension
du pigment mélanique, qui change le jaune en agouti et le tigré en noir ; un
facteur D qui produit un renforcement du pigment noir, et est inhibiteur pour
A. L'action de D varie, suivant que ce facteur est présent en condition homo-
ou hétérozygote, et que l'individu considéré est lui-même homo- ou hétéro-
zygote par rapport à Æ. S'il s'agit d’un homozygote pour Æ, une dose de D le
fait agouti et deux doses complètement noir; une dose suffit au contraire
pour rendre un hétérozygote complètement noir. Les résultats numériques des
élevages concordent suffisamment avec les prévisions théoriques.
Cu. PÉREZ.
13. 46. BOND, C. J. On heterochromia iridis in man and animals
from the genetic point of view. (Hétérochromie de l'iris chez
l'homme et les animaux, au point de vue génétique). Journ. of Genetics, t. 2,
1912 (99-129, 7 fig., pl. 6-9).
B. réunit dans cette étude un certain nombre de documents sur les
anomalies de pigmentation des yeux, en particulier dans quatre familles
humaines. Chez les animaux (chien, chat, lapin, pigeon), la dissymétrie de
coloration des deux yeux s'allie, avec ane fréquence particulière, avec la
coloration pie ou la moucheture de la pigmentation générale. Étant donnée la
variété de détail dans la transmission d’une dissymétrie pigmentaire entre les
deux yeux, B. propose cette hypothèse que les facteurs génétiques n'inter-
viennent pas seulement par leur présence, absence, ou par leur volume
(quantité simple ou double présente suivant l’état hétéro-ou homozygote)
mais aussi par des influences qualitatives susceptibles de degrés, et qui
tiennent à ce que le facteur n’est pas une entité invariable, mais un
complexe susceptible de désintégration plus ou moins avancée en éléments
plus simples, qui déterminent par exemple Ia pigmentation dans des
territoires limités de chaque iris. Caro
13. 47. DONCASTER, L. Notes on inheritance of colour and other
characters in Pigeons. (Hérédité de la couleur et de quelques autres
caractères chez les Pigeons), Journ. of Genetics, t. 2, 1912 (89-98).
D. donne les résultats de quelques élevages, au point de vue de la trans-
mission du caractère pattu, du nombre des plumes de la queue, et de la
couleur du plumage. Il donne, pour la combinaison du noir, du bleu et du
blanc, des formules mendéliennes faisant intervenir trois paires de caractères
allélomorphes : un facteur de couleur C (absence c) et deux facteurs de
dessin, P (p) panachure et S (s) couleur uniforme. D'une façon générale il
n'est pas apparu que les deux jeunes d’une même couvée fussent plus
semblables entre eux que ceux des nichées successives d’un même couple.
CH. PÉREZ.
13. 48. STAPLES-BROWNE, Ricuarr. Second report on the inheritance
of colour in Pigeons, together with an account of some
experiments on the crossing of certain races of Doves,
with special reference to sex-limited inheritance. (Hérédité
de la couleur chez les Pigeons; quelques expériences de croisements de
Tourterelles, spécialement au point de vue de l'hérédité sex-conjuguée). Journ.
of Genetics, t. 2, 1912 (131-162, pl. 10).
16 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
Suite des études publiées en 1908 (Proceed. Zoolog. Soc.). Dans ces
nouvelles expériences, S.-B. a examiné la transmission héréditaire des
couleurs suivantes : noir, brun, bleu et argenté ; et le comportement de ces
deux dernières dans les croisements avec le blanc. Dès à présent les résultats
mettent en évidence une hérédité sex-conjuguée de l’argenté. Ainsi, par
exemple, dans le croisement © argentée X 6 noir, tous les produits sont
noirs ; dans le croisement inverse o noire X 6 argenté, les F1 6 sont noirs et
les F1 o brunes ; résultat analogue à celui du croisement des Canaris verts et
isabelle. Le fait est encore confirmé par les croisements entre rouges et
argentés. Peut-être y a-t-il aussi hérédité sex-conjuguée pour le brun. Les
croisements eritre Tourterelles (7. turtur et T. risorius, var. domesticus)
montrent, dans ces espèces. que le blanc est sex-conjugué. ; ;
, di Ï I ë Jus CH. PÉREZ.
13. 49. STRONG, R. M. Another case of sex-limited inheritance.
(Un nouveau cas d’hérédité sexæ-limited). Science, t. 36, 1912 (443-445).
S. a croisé des Tourterelles blondes à collier (T'urtur risorius) avec des
Tourterelles blanches à collier (7. alba). Le principal résultat a été la consta-
tation d'un nouvel exemple d'hérédité sex-limited. Lorsque le mâle choisi
est blanc (caractère récessif), c’est-à-dire lorsqu'on opère le croisement
T. alba 6 X T. risorius ©, tous les mâles de la génération F, sont blancs,
comme leur père, tandis que les mâles provenant du croisement réciproque
T'. risorius 6 X T. alba © sont blonds etencore semblabies au père.
WHiITrMAN obtenait des femelles blanches à la génération Fi, en accouplant
des mâles de la Tourterelle blanche à collier avec des femelles d’une espèce
très différente (Turtur humilis). Ce résultat a été cité par BaTeson. Des
résultats semblables ont été signalés par STAPLES-BROWNE, à la suite de
croisements d'un mâle de Tourterelle blanche à collier avec des femelles
partenant ë > espèce bien distincte (T'urtur turtur).
appartenant à une espèce bien dist ( A a ne
13.50 TROW, A. H. On the inheritance of certain characters in the
common Groundsel, Senecio vulgaris LL, and its segregates.
(Hérédité de quelques caractères dans le Séneçon et ses sous-espèces). Journ. of
Genetics, t. 2, 1912 (239-276, pl. 15-18).
Le Senecio vulgaris L. se décompose en sous-espèces multiples. Depuis
six ans, T. en a observé douze variétés qu'il a pu cultiver et conserver
identiques à leur type pendant plusieurs générations. Six en particuher ont
été étudiées et suivies en détail; et il ne faut pas supposer moins de 8 ou 9
facteurs pour rendre compte des faits observés. Le caractère ligulé a pu être
transmis par hybridation avec des formes non ligulées, et sélection ultérieure.
Au contraire le caractère tomenteux paraît plus difficile à transmettre à des
types glabres. En présence d'une plante sauvage, il est souvent bien difficile
de décider a priori, même d'une façon approximative, sa constitution géno-
typique; seule l'analyse génétique peut donner un fondement stable au
classificateur et à l’'évolutionniste. Cab
13.51. SAUNDERS, E. R. Further contribution to the study of the
inheritance of hoariness in Stocks (Matthiola). (Nouvelle contri-
bution à l'étude de l'hérédité de la pilosité dans les Giroflées). Proceed. Roy.
Soc. B., London, t. 85, 1912 (540-545).
La pigmentation soluble des pétales dépend de 2 facteurs G et R, la pilosité
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 17
des feuilles de 2 facteurs H et K et ces couples de facteurs ne sont pas indé-
pendants. Des plantes glabres, de même coloris ou non, croisées entre elles
peuvent donner en F, toutes plantes glabres et alors les générations ultérieures
restent glabres, ou toutes plantes poilues (et alors F> renfermera 9: 7 ou
27:37 ou 81 poilues : 1% glabres) ou enfin un mélange de plantes poilues et
de plantes glabres qui peuvent être dans le rapport 3 : 1.
L. BLARINGHEM.
13.52. HAYES, H. K. Correlation and inheritance in Mcotiana tabacum.
(Corrélation et hérédité dans le Tabac). The Connecticut Ag. Exp. Stat.,
Bull. 171, 1912 (45 p. et 5 pl).
Étude de caractères fluctuants: nombre de feuilles, taille des plantes,
surface des feuilles, etc... Les croisements réciproques donnent des résultats
semblables: en Fi, types intermédiaires, avec taille et surface des feuilles
augmentée. La variabilité de Fi est légèrement plus grande que celle des
parents ; celle de F est beaucoup plus grande, avec lots intermédiaires et lots
de retour aux parents.
12: L. BLARINGHEM.
13.53. LOCK, R.-H. Notes on colour inheritance in Maize. (Notes sur
l'hérédité de la couleur des grains dans le Maïs). Ann. R. Bot. Gard. Pera-
deniya, t. 5, 1912 (257-264).
L. utilise la méthode d'autofécondation de plantes de Maïs en enfermant le
panicule et l’épi dans un même tube de papier parcheminé. [ étudie ainsi la
répartition des grains pourpres, jaunes et blancs sur des épis d’origine
hybride et reconnaît la dominance du pourpre sur le jaune avec la disjonction
3 : 4 dans 10 cas sur 21, la disjonction 9 : 7 dans 7 cas et 1 :3 dans 2 cas, ce
qui tend à montrer l'existence dans ces dernières plantes d’un facteur
inhibiteur. L. BLARINGHEM.
13.54. EAST, E. M. and HAYES, H. K. Inheritance in Maize. (Hérédité chez
le Maïs). Connecticut Agr. St. Exp., Bull. 167 (142 p., 22 pl.).
Examen de l’origine et des variétés du Maïs, étude des caractères amylacé
et sucré, de la couleur jaune ou blanche de l'endosperme des grains et de la
xénie. Discussion relative à la valeur de caractères individuels (reconnus sur
le péricarpe, sur les glumes) et de caractères fluctuants (nombre de rangées
de graines, taille des plantes, longueur des épis, poids des semences).
y pa Q £ ] 3€ a] 1 A
Examen de quelques anomalies et de leur fixité. RÉ incree
HYBRIDES.
13.55, SCHULTZ, Warraer. Bastardierung und Transplantation. I.Zur
Theorie der Bastardunfruchtbarkeit. Subcutane Vogel-
hautverpflanzung zwischen Bastarden, zwischen Bastar-
den und ihren Stammarten. (Hybridation et transplantation. Stérilité
des hybrides. Transplantation de peau entre hybrides, ou entre hybrides
et espèces-souches chez les Oiseaux). Arch. Entwickl. mech.,t. 35, 1912
(484-499).
S. considère l'hybridation comme une sorte de greffe entre plasmas
différents ; et les différents degrés de stérilité plus ou moins complète des
Bibl. Evol. IV. pe
18 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
hybrides doivent tenir à l'incompatibilité plus ou moins accusée de ces
plasmas. Cette idée l’a amené à étudier les phénomènes de transplantation
proprement dite de tissus, tels que des fragments de peau, introduits dans le
tissu sous-cutané d’autres individus. Expériences sur des hybrides de
Linotte et de Canari. Dans la transplantation entre hybrides de même
origine, les fragments se maintiennent en bon état pendant un temps
notablement plus long que dans la transplantation d'un hybride à l’une des
espèces souches. : :
E CH. PÉREZ.
13.56. NABOURS, Rogerr K. Evidence of alternative inheritance in the
F2 generation from crosses of Los indicus on Bos taurus. (Evidence
d'hérédité alternante dans la génération F2 des croisements entre B. 1 et B. t.).
Amer. Natur.,t. 40, 1912 (428-436).
D'expériences poursuivies, au Texas, sur le croisement du Bœuf de l'Inde ou
Brahma (Bos indicus) avec des représentants de l'espèce Bos taurus (Hereford,
Durham), N. déduit les conclusions suivantes: 1° Les marques ou taches du
pelage des bœufs Hereford et Durham représentent un caractère dominant
dans la génération F, (toutefois, la bosse ou loupe graisseuse, le fanon et le
large fourreau de la verge du Brahma se montrent légèrement dans la géné-
ration F1 des croisements Brahma X Hereford où Brahma X Durham).
2° Lorsqu'on a pris la précaution d'opérer la ségrégation de représentants
purs des races Hereford et Durham, les faits de descendance observés pour
la génération F2 sont conformes à la loi de l’hérédité alternante où mendé-
lienne. Détail intéressant : certains Acariens (Boophilus bovis), qui
transmettent, chez B. taurus, la maladie nommée « Texas fever » ou héma-
turie bovine, ne s’attaquent pas plus aux hybrides qu'au Bœuf de l'Inde
te ô a {
lui-même. Ep». BORDAGE.
13.57. SHULL A. Fraxkux. The influence of inbreeding on vigor in //yda-
{ina senta. (Influence de l’endogamie sur la vigueur chez Æ. s.) Biolog.
Bulletin, t. 24, 1912 (1-13).
Dans une lignée parthénogénétique issue d’une femelle fécondée, S. isole des
mâles et des femelles qui s’accouplent. Parmi les individus issus des œufs
fécondés résultant des accouplements, il isole deux femelles : les deux femelles
sont choisies, l’une provenant d’une mère dont un grand nombre d'œufs ont
éclos, l’autre d’une mère dont un petit nombre d'œufs seulement ont éclos.
Elles sont l’origine de nouvelles lignées parthénogénétiques, dans lesquelles on
provoque des accouplements et où on prélève ensuite des œufs fécondés, origine
de nouvelles lignées parthénogénétiques. S. a répété ce cycle six fois. — Il
mesure la vigueur dans chaque lignée : {1° par la taille moyenne des individus
issus d’une même femelle parthénogénétique ; 2° par la taille moyenne des
individus issus d'une femelle fécondée ; 3% par le nombre d'œufs pondus en un
jour ; 4 par le temps nécessaire à un individu à acquérir la maturité sexuelle
dans des conditions de milieu données; 5° par la proportion de cas où la
première femelle pondue n'a pas pu se reproduire; 6 par la difficulté de
continuer l'élevage. — Les nombres obtenus concordent assez bien dans le
sens d'une diminution de la vigueur ainsi définie, au fur et à mesure que l'endo-
gamie se prolonge. — $S. examine les explications qui ont été données de cas
analogues par les théories mendéliennes. L'accroissement de vigueur résultant
de la fécondation, et en particulier d'une fécondation exogamique, lui paraît
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 19
s'expliquer surtout par l'introduction dans l'œuf de substances légèrement
différentes de celles qui y'sont contenues; ainsi se trouve rompu l'équilibre
chimique existant, d'où un accroissement du métabolisme et par suite de
la vigueur. (C£. Bibl. Evol., 10, 810, 311 ; 11, 158; 12, 96)
M. CAULLERY.
13.58. DEBAISIEUX, G. The experimental hybridisation of Æchinus
miliaris, Echinus esculentus and Echinus acutus. (Hybridation expéri-
mentale). Quarterly Journ., t. 58, 1912 (325-335, pl. XVI).
Des précautions minutieuses ont été observées pour éviter les causes
d'erreur. Les caractères larvaires distinctifs pris en considération ont été:
épaulettes ciliées postérieures présentes chez Æ. esculentus et acutus, et
absentes chez Æ. miliaris ; pédicellaires postérieurs, présents chez les
deux premières espèces et absents chez #iliaris ; enfin, le pigment vert qui
existe chez cette dernière espèce, et fait défaut chez les deux premières. A
noter qu'avec ces trois caractères, et d'autres aussi, il est impossible de
distinguer les larves d'esculentus et acutus, et l'auteur croit que ce ne sont
que deux variétés de la même espèce, d'autant plus que, pour les croisements,
on peut prendre indifféremment l'esculentus ou l'acutus. Des hybrides ont été
obtenus en croisant: Mo XE 6;Eo x M6;M 5.X A G6% A0 x M 6.
Des épaulettes postérieures ont été observées dans tous ces quatre cas,
transmises soit par le père, soit par la mère, mais elles se détachent moins
bien que normalement. Les pédicellaires aussi se transmettent, mais ils
peuvent manquer chez certains hybrides. Par contre, le pigment vert n'est
jamais transmis, dans aucun des quatre cas. Ici, on ne peut pas dire que
certains caractères se transmettent par le père et d’autres par la mère, mais
plutôt que certains sont dominants et d'autres, tel le pigment vert, récessifs.
Mais il faut remarquer que le caractère dominant peut être quelquefois
affaibli par des influences contraires (épaulettes moins parfaites), même
jusqu à la disparition complète. Ces résultats confirment donc ceux de Los,
KING et MOoRE, ceux de TENNENT, etc. NDS
13.59. MAC BRIDE, E. W. Studies on the development of Echinoidea
II. The early larva of EÉchinocardium cordatum and the result
of crossing this species with ƣchinus esculentus. (La larve jeune
d'Æ. c., et le résultat du croisement de cette espèce avec Æ.e.) Quart. Journ.,
t. 58, 1912 (299-324, pl. XIV et XV).
M. insiste sur ce fait qu'avant de procéder aux expériences de croisement
il est nécessaire de bien connaître le développement normal, et qu'il faut
s'adresser à des espèces dont les larves offrent des caractères distinctifs nets,
ne prêtant à aucune confusion ; bien des désaccords dans les travaux de
divers auteurs auraient pu ainsi être évités. Dans les expériences de contrôle
faites par M., les œufs d'Echinocardium cordatum, en trois semaines,
accomplissent leur développement larvaire complet, et se métamorphosent
en jeunes Oursins ; dans le cas d'Echinus esculentus, les larves ont vécu
3 semaines, ont développé des épaulettes ciliées, et huit bras ; ce succès est
dû à l’alimentation par les cultures pures de Diatomées. En fécondant les
œufs d’'Echinocardium avec le sperme d'Echinus, l'auteur a obtenu un certain
nombre d'hybrides (1 p. 1000) ; dans le cas de croisement inverse, il y a eu à
peu près autant d'hybrides, et les larves obtenues ont été du type purement
maternel. Mais si, dans ce dernier cas, avant la fécondation, on stérilise l’eau
20 ; BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
par ébullition à 70°, aucun œuf d'Echinus ne se développe, ce qui indiquerait
que les prétendus hybrides sont dérivés des œufs normalement fécondés, par
des spermatozoïdes se trouvant par hasard dans l’eau. M. a donc pris les
précautions nécessaires (stérilisation de l’eau, des instruments, etc.). Dans
ces conditions, il a encore pu obtenir des hybrides en fécondant les œufs
d'Echinocardium par le sperme d’Echinus, mais jamais aucun résultat dans
Echinus © X Echinocardium 6, même lorsqu'on ajoutait à l’eau, comme dans
les expériences de GonLewski, de faibles quantités d’alcali (NaOH) ; les œufs
forment des membranes de fécondation, mais ensuite subissent une cytolyse.
M. décrit le développement normal de chacune des deux espèces, et montre les
caractères distinctifs des jeunes larves; en particulier la larve d’Echino-
cardium, dont le développement est plus rapide, présente une baguette aborale
portée par un squelette compliqué. Dans l'hybride d'Echinocardium © X
Echinus 6, dont le développement a pu être suivi pendant 8 jours, le caractère
et la distribution du pigment sont ceux de la mère ; la forme est beaucoup plus
petite que celle des deux conjoints, et, ce qui est surtout frappant, il y a
absence complète de la baguette aborale, comme chez le père ; le squelette des
bras post-oraux est du type paternel, ou maternel, ou mixte. D’après l’auteur,
ces résultats ne peuvent pas s'expliquer par la théorie de la dominance, émise
par LOEB, KING et Moore. ADrze
13.60. FUCHS, H. M. The inheritance of the aboral process of the
Echinocardium-Pluteus. (Hérédité du prolongement aboral des pluteus
d'Echinocardium). Arch. Entwickl.-mech., t. 35, 1912 (550-568, pl. 13).
La fécondation croisée est possible (fusion contrôlée des pronucléi) entre
l'Echinus esculentus et l'Echinocardium cordatum, mais les larves n’ont
pas pu être élevées au delà des stades pluteus jeunes. La plupart des carac-
tères des jeunes larves se prêtent mal dans ces conditions pathologiques
à une analyse héréditaire, d'autant plus que les deux espèces souches présentent
à cet égard une assez grande variabilité. On peut cependant assurer que dans
le croisement Æchinus o X Echinocardium 6, toutes les larves héritent de
la mère l'absence du prolongement aboral (caractéristique des Spatangues).
Dans le croisement inverse Echinocardium © X Echinus 6, la majorité des
larves sont malades, et sont dépourvues du prolongement. Quelques larves
saines présentent au contraire le prolongement maternel. Le caractère paternel
paraît done, quand il domine, avoir une influence perturbatrice.
CH. PÉREZ.
13. 61. SHEARER, CressweLz. W.DE MORGAN et FUCHS, H. M. On paternal
characters in Echinoid hybrids. (Caractères paternels chez les
hybrides d'Oursin). Quart. Journ., t. 58, 1912, (337-392, 4 fig., pl. 17-18).
Dans un travail paru in Journ. Marine Biol. Asso, vol. IX, 1911, les
auteurs rendent compte de leurs expériences de croisement poursuivies
pendant 3 ans, entre trois espèces d'Oursin: Æ. esculentus, E. acutus
et Æ. miliaris: les hybrides ont toujours présenté des caractères purement
maternels. Ainsi, dans les hybrides de E o x M 6 et À © x M 6, les
épaulettes ciliées postérieures ont été développées, mais le pigment vert
absent; dans les hybrides de M o x E 6et M o X A 6, les épaulettes
postérieures faisaient défaut, mais le pigment vert était présent. Or, en
répétant cette année les mêmes expériences, ils sont arrivés à un résultat
contraire : les pluteus étaient constamment du type paternel, ou plutôt, —
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 2}
comme c'est le pigment vert, caractéristique du iliaris, qui toujours, cette
année, faisait défaut chez les hybrides, — le #iliaris s'est montré incapable de
transmettre ses caractères aux hybrides. Les auteurs examinent diverses
hypothèses qui pourraient expliquer ce désaccord dans les résultats ; ils
supposent que quelque facteur du milieu a influencé le métabolisme de
E. miliaris, et modifié les cellules reproductrices 0. ATMESS
su A. DRZEWINA.
13. 62. EAST, E. M. and HAYES, H. K. Heterozygosis in evolution and
in plant-breeding. (Rôle de l'état hétérozygote dans l’évolution et
l'amélioration des plantes). Bur. of Plant Industry, U. S. Dep. Agr., Bull.
243, 1912 (58).
E. et H. passent en revue les travaux du XIX°e siècle qui font jouer un rôle
à l'hybridation au point de vue de la production de nouvelles espèces ; ils
insistent beaucoup sur les avantages de l’entrecroisement pour obtenir des
plantes vigoureuses, ou des récoltes plus abondantes de grains (Maïs) et de
fruits (Tomates).
HUE F) : BLARINGHEM.
13.63. \VELLINGTON, R. Influence of Crossing in increasing the
yield of the Tomato. (Influence du croisement sur l'augmentation de la
récolte de la Tomate). New York Agr. Exp. Stat., 1912, Bull. 346, (51-76).
L'état hétérozygote stimule la croissance. Dans tous les essais, F, a donné
des gains importants, Fo et F3 des gains moins marqués et dans la proportion
des plantes hétérozygotes. Il faut toutefois combiner des types voisins, sinon
peut aboutir à la stérilité.
DLARE Ft L. BLARINGHEM.
13. 64. KIESSLING, L. Kurze Einleitung in die Teknik der Getrei-
dezüchtung. (Courte introduction à la technique de l'amélioration des
Céréales). Berlin, Parey, 1912 (44).
Description des modes de classement, des instruments de mesure, des
dispositions du champ d'expériences et des méthodes adoptées pour Ja
sélection des Céréales et pour la préparation des plantes destinées au
Gomes: L. BLARINGHEN.
13.65. BAUR, E. Vererbungs-und Bartardierungsversuche mit An/ir-
rhinum. 1. Faktorenkoppelung. (Recherches sur l'hérédité et le croise-
ment du Muflier (A.). IT. Association de facteurs). Zeits. f. à. Abst. u. Ver.,
t.. 6, 1912 (201-216).
Exemples de disjonctions dans les proportions 1: n:n: 1 notés dans ses
expériences avec Antirrhinum picturatum et A. rubrum, et aussi dans les
croisements des formes à feuilles vertes chlorina et variegala du genre
Aquilegia. L. BLARINGHEM.
13.66. HIMMELBAUR, W. Einige Abschnitte aus der Lebensge -
schichte von Lbes pallidum O.u. D. (Quelques chapitres de l'histoire du
R. p.) Jahrb. d. hamburgischen Wissens. Anstalt., t. 29, 1912 (151-245).
Le Ribes pallidum est un hybride entre À. petrœum bullatum de la
montagne et de R. nigrum de la plaine; sa fécondité, réduite de 20 à 40 °h,
tombe à zéro à certaines époques et pour certaines plantes. Cette stérilité
correspond à un arrêt dans le développement du sac embryonnaire, ou à une
22 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
absence d'affinité des noyaux copulateurs; mais les études cytologiques
n'indiquent pas de changement radical entre plantes fertiles et plantes
stériles. Il faut admettre un phénomène analogue à une mutation, entraînant
peut-être des modifications de l'ordre de celles qui transforment les plantes
hermaphrodites en plantes dioiques. La culture semble agir sur la période
de prémutation.
L. BLARINGHEM.
13. 67. EAST, E. M. A study of hybrids between Nicotiana Bigelowii and
N. quadrivalvis. (Etude d'hybrides entre Tabacs, N. B. et NN. q.). The bot.
Gazette, t. 53, 1912 (243-248).
Ces deux formes de Ncotiana sont bien des espèces élémentaires, distinctes
surtout par les capsules à 2 valves ou multivalves. L’hybride est fertile et la
dominance est aux capsules multivalves.
L. BLARINGHEM.
13.68. SAUNDERS, E. R. On the relation of Linaria alpina type to its
varieties concolor and rosea. (Sur les relations de ZL. a. type et ses
variétés c. et r.). The new Phytologist, t. 11, 1912 (167-169).
La couleur rose est récessive par rapport à la couleur bleue de la corolle ; la
présence d’orangé dans le type et dans la variété rose est récessive par
rapport à l'absence d'orangé dans le var. concolor.
L. BLARINGHEM.
13. 69. CHAPPELLIER, A. La segmentation parthénogénétique de l’œuf
des hybrides: Canard domestique (Anas Loschas) 6 X Canard
de Barbarie (Cairina moschata) ©. C. R. Soc. de Biologie, t. 72, 1912
(1010-1012).
Le début de segmentation des œufs pondus rappelle les observations de
Lécaizzon (V. Bibliogr. evolut., n° 11. 7O, 71), maisil y a une désorgani-
sation rapide des blastomères avec disparition à peu près totale de la
chromatine, Même dans un œuf encore contenu dans l'utérus, C. n'a pas pu
déceler de chromatine.
Cu. PÉREZ.
ÉTHOLOGIE GÉNÉRALE.
13. 70. RABAUD, Érxxe. Qu'est-ce que le mimétisme®? Revue du Mois,
t. 14, 1912 (p. 640-667).
R. ne nie pas la réalité des faits de mimétisme ou d'homochromie pour
notre œil humain ; mais l'expérience, et aussi le raisonnement, montrent que
ces ressemblances ne constituent pas, pour les espèces que les présentent, une
protection véritable contre leurs ennemis; ceux-ci emploient pour chercher
et trouver leur proie des moyens variés, et l'appréciation de la forme par la
vue n'a, dans la plupart des cas, qu'un rôle insignifiant ou nul. (Cf. Bob.
Evol., 11. 56). La théorie du mimétisme a consisté à trouver à ces ressem-
blances plus où moins grossières, #ne signification, celle d'une protection,
en transférant à l'ensemble des organismes les illusions plus ou moins grossières
de nos propres sens.
M. CAULLERY.
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 23
13.71. Mc ATER. The experimental method of testing the efficiency
of warning and cryptic coloration in protecting animals
from their enemies. (Valeur de la méthode expérimentale pour éprouver
l'efficacité des colorations prémonitrices ou dissimulatrices comme protection
des animaux contre leurs ennemis). Proc. Acad. Nat. Sci. Philadelphia, t. 64,
1912 (p. 281-304).
La théorie du mimétisme et spécialement de la valeur protectrice des colo-
rations prémonitrices ou dissimulatrices a précédé c2 qui devait en être la
base, la connaissance des proies dont se nourrissent les animaux à l'état
naturel. On s’est torturé l'esprit (cudgelling the brain) pour trouver une
explication des couleurs voyantes par la sélection; puis on a essayé de
vérifier l'hypothèse, par des expériences consistant à offrir les animaux
présentant les colorations en question, comme proie à leurs ennemis, en capti-
vité. Dans une série de chapitres (p. 287-356) M. A. passe en revue, de façon
critique, toutes ces expériences sur les Invertébrés, Poissons, Amphibiens,
Reptiles, Mammifères et Oiseaux, exécutées en divers pays. [ conclut qu'elles
n'ont pas de valeur, soit parce que leurs résultats sont contradictoires, soit
parce qu'elles ont été mal interprétées, soit surtout parce que l’on ne peut pas
conclure de ce qu’on a observé sur un animal captif à ce qui se passe à l’état
de nature. Il montre quelle large part est laissée à la fantaisie de l'observateur
dans l'interprétation des faits: l'indifférence à l'égard d’une proie offerte a
été généralement considérée comme un refus, sans raison valable. À titre
d'exemples : un pivert refuse une forficule, mais d'autre part, NEWSTEAD a
trouvé 23 forficules dans l'estomac d’un pivert sauvage ; un bulbul refuse des
Acraea, mais un observateur, dans l'Inde, voit le même oiseau nourrir ses
jeunes avec ces papillons, etc... (voir surtout à cet égard les observations de
Jupp et de BEAL). En somme l'expérience sur animaux captifs ne peut pas
donner de résultats probants et, si l’on veut vérifier la théorie, il faut recueillir
des données par l'examen du contenu stomacal d'animaux tués à l’état de
nature. M. CAULLERY.
13,72. DOBKIEWICZ, L. Einfluss der äusseren Umgebung auf die
Färbung der indischen Stabheuschrecken, lérippus morosus.
(Influence du milieu extérieur sur la coloration). Biolog. Centralbl.
t. 32, 1912 (661-663).
Des œufs de Dirippus morosus ont été placés dans des boîtes revêtues de
papiers blanc, jaune, vert, bleu, lilas, violet, rouge et noir. Les larves
écloses sont au début toutes foncées. Des différences dans la coloration
commencent à apparaître dès la 3° mue et s’accentuent de plus en plus: les
animaux des boîtes noire et rouge deviennent franchement noirs, ceux des
autres boîtes très clairs. À noter que les exemplaires foncés réagissent
avec plus d'intensité aux excitations que les exemplaires clairs qui d'ailleurs
ne paraissent nullement malades. ARDRzE SN
13.73. SIEDLECKI, M. Jawa. Przyroda i sztuka. Uwagi z podrozy.
(Java. Nature et art. Impressions de voyage). Un vol. gr. in-8, 294 p.,
dessins, photographies et planches hors texte. Varsovie (Mortkowicz), 1913.
S. a réuni dans ce volume, admirablement édité et illustré, une foule de
documents sur la faune, la flore, la géologie, le climat, l’ethnographie, l'art,
la musique, à Java, où il a fait un long séjour, en partie au laboratoire de
24 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
Buitenzorg. Pour nous, le chapitre le plus intéressant est celui intitulé :
« Observations biologiques », où l'on remarquera surtout les idées originales de
l’auteur sur les adaptations à la vie arboricole. Les conditions de vie très
particulières à Java, aussi bien actuelles que passées, ont imprimé à la faune
de ce pays des caractères spéciaux. On est frappé par l'ampleur des variations
individuelles dans les limites de la même espèce. $S. a étudié à cet égard
Xylotrupes gideon, Oryctes rhinoceros, diverses Mantes, Phyllies, etc. Elles
sont très marquées chez l'insecte adulte, nulles chez la larve. S. admet, à côté
de l'action des facteurs du milieu, une prédisposition innée à la variation, qui
d’ailleurs n'est point l’origine des espèces nouvelles. $S. insiste longuement
sur les adaptations variées et souvent convergentes. L’extrême humidité de
l'air a permis à divers animaux aquatiques (Planaires, Sangsues, etc.) de
devenir terrestres ; l'impétuosité des cours d’eau à la suite de fortes pluies
a fait apparaître des appareils de fixation, comme chez les têtards de Rana
jerboa ; l'humidité excessive du sol a poussé un grand nombre d'animaux à
adopter une vie arboricole, avec laquelle ont apparu les appareils les plus
variés pour se fixer, grimper et voler. L'exemple de la Grenouille volante,
Polypedates Reinwardtii (V. Bibliogr. evol., I., n° 35) qui non seulement
possède des pelotes adhésives et une membrane interdigitale servant de
parachute, mais aussi pond ses œufs parmi les feuilles des arbres, est des
plus curieux. $. discute ensuite la valeur effective pour l'animal des attitudes
« terrifiantes » et des ressemblances et couleurs mimétiques. En particulier,
chez Phyllium, Yaplatissement du corps et des pattes serait une adaptation
en vue de maintenir en l'air l’Insecte, au moment où il est menacé de tomber,
et un moyen de protection plus sûr que la ressemblance avec la feuille, laquelle
ne le sauve nullement de ses ennemis naturels. Il en serait de même d’une
Mante, AHymenopus coronata; chez la larve, semblable à une fleur
d'Orchidée, les pattes aplaties servent de parachute; l’insecte adulte a des
pattes moins aplaties, mais aussi 1l a des ailes. $S. étudie encore les appareils
volants chez divers autres animaux à Java, Mammiferes, Reptiles, Amphi-
biens, et montre que la genèse de ces organes est indépendante de celle des
ailes, et très variable, suivant les cas. AD DRE
13. 74. ISSEL, RarrAeze. Biologia neritica mediterranea. Il bentos
animale delle foglie di Posidonia studiato dal punto di
vista bionomico. (Biologie néritique de la Méditerranée. Le benthos
animal des prairies de Posidonies). Zoo!. Jahrb. Syst., t. 33, 1912 (379-420,
1 fig., pl. 11-12).
[. étudie, au point de vue de l’éthologie, la faune benthique qui vit associée,
d'une façon plus ou moins étroite, aux feuilles de Zostères (Posidonia), sur les
côtes liguriennes : choix électif de ces feuilles comme support par des orga-
nismes sessiles (Sertularia mediterranea) ; homochromie protectrice de
l'Idothea hectica, du Lepadogaster bimaculatus, ete. La flore épiphyte
superficielle retient en abondance des stades jeunes de la forme planctonique
Globigerina bulloides. Ca PER
13.75. OSTERGREN, Hyarmar. Ueber die Brutpflege der Echinodermen
in den Südpolaren Küstengebiete. (Incubation chez les Échino-
dermes des districts côtiers antarctiques). Zeitsch. f. wiss. Zool., t. 101, 1912
(325-341).
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 25
Les conditions de température ont pu avoir une influence favorable dans
l'établissement de l’incubation, fait si fréquent dans divers animaux côtiers, et
particulièrement chez les Échinodermes antarctiques ; mais elles ne doivent
pas être considérées comme les causes principales de cette particularité
éthologique. Il faut tout d'abord remarquer que la faune côtière de ces régions
est en majeure partie constituée par des gronpes zoologiques qui, même en
d’autres contrées, présentent des types incubateurs, et sont donc prédisposés,
si l’on peut dire, à la viviparité (Holothuries). Mais, surtout, il doit y avoir
une adaptation aux conditions bathymétriques de l'Antarctique. Les côtes
accessibles à l'établissement d'une faune littorale constituent des districts très
restreints et complètement isolés les uns des autres par de vastes espaces,
occupés, au-dessus d’une mer profonde, par une muraille de glace ininter-
rompue (grande barrière). Il y a nécessairement discontinuité entre les divers
rivages habitables, et il ne peut y avoir que reproduction sur place d'une
faune indigène très localisée, la basse température et la faible salinité des
eaux superficielles étant très défavorable à la vie planctonique et à la dissémi-
nation lointaine des espèces par des larves susceptibles d'une vie pélagique
> que lurée. ) D
de quelque durée CH. PÉREZ.
- 13.76. KLODNITSKI, I. Beïiträge zur Kenntniss des Generations-
wechsels bei einigen Aphididæ.(Cycle évolutif de quelques Aphides).
Zool. Jahrb. Syst., t. 33, 1912 (445-520, 3 fig.).
Expériences d'élevage, dans des conditions diverses, de plusieurs espèces
de Pucerons : Siphonophora rosæ, Aphis hederæ, A. saliceti, Chætophorus
testudinatus et Ch. aceris. Les résultats, rapprochés de ceux déjà obtenus par
d'autres auteurs, conduisent aux conclusions suivantes. Chaque espèce présente
un cycle particulier. Pour certaines, le cycle est régulièrement complet chaque
année, avec un nombre fixe de générations se succédant, depuis les fondatrices
jusqu'aux sexupares, dont les rejetons sexués donneront les œufs d'hiver; et
ceux-c1 restent à l'état de vie latente pendant un nombre de mois déterminé :
Aplhis saliceti, 2 où 3 générations, repos de l'œuf 10 mois; les Chætophorus
étudiés, » générations, repos 4 à 5 mois. D'autres espèces au contraire
n’achèvent pas leur cycle en une année ; elles sont susceptibles de continuer
pendant une plus longue période leur reproduction parthénogénétique
(A. hederæ, NS. rosæ, ; et, à des moments divers, des lignées s’orientent vers la
reproduction sexuée, tandis que d’autres restent parthénogénétiques. Par ces
diverses circonstances de leur cycle, les Pucerons rappellent étroitement les
Cladocères. D'autres caractéristiques spécifiques peuvent être tirées du
pourcentage des individus aïlés dans les générations successives. K. admet
bien que les cycles variés des Pucerons sont en rapport avec des adaptations
à diverses conditions d'existence. Mais il conclut cependant de ses expériences
que des changements dans les conditions de milieu (température, nutrition)
ne peuvent produire que des changements somatiques (accélération ou retard
du développement, taille des parents, diminution du nombre des petits, ete.),
mais qu'elles sont impuissantes à produire aucune modification dans les
circonstances caractéristiques du cycle spécifique de reproduction; celui-ci
est déterminé par des causes internes et des variations ne peuvent venir que
du plasma germinatif. ; x
I £ CH. PEREZ.
13,77. MÜLLER, G. W, Beobachtungen an paedogenetische Miastor-
26 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
larven. (Observations sur des larves pédogénétiques de Mrastor). Zoolog.
Anzseiger, t. 40, 1912 (172-176).
M. a transporté et conservé à diverses reprises des colonies de larves
pédogénétiques de Miastor dans son laboratoire. Dans une de ces cultures
(sous écorce de bois mort, comme d'ordinaire), qui était venue à se dessécher,
M. a constaté que les larves étaient raides et comme momifiées et ne renfer-
maient que deux larves filles (au lieu de 6 à 25). En réhumectant ces écorces, il
put faire éclore les larves filles, qui restèrent petites, ne mangèrent pas et se
transformèrent bientôt en pupes et en adultes ailés (dont l’éclosion se fit fin
avril). — On ne connaît guère jusqu'ici le déterminisme de l’évolution des
larves de Miastor en adultes ailés ; l'observation de M. est intéressante en ce
qu'elle semble montrer le rôle important joué par les conditions externes (en
l'espèce le dessèchement). Dans la nature, en effet, étant donnée l'époque de
l’année, les larves en question se fussent vraisemblablement reproduites par
pédogenèse. [Il est à remarquer en outre que l’évolution en adultes ailés se
détermine vraisemblablement par les conditions auxquelles sont soumis les
œufs dans l'ovaire maternel ou les larves dans l’utérus, comme en témoigne
la réduction à 2, par larve mère, du nombre des larves non pédogénétiques,
bservée par M. =
onservee p M. CAULLERY.
13.78. ADAM, ArExANDER. Bau und Mechanismus des Receptacuium
seminis bei den Bienen, Wespen und Ameisen. (Structure et
fonctionnement du réservoir séminal chez les Abeilles, les Guêpes et les
Fourmis). Zool. Jahrb. Anat., t. 35, 1912 (1-74, 25 fig., pl. 1-3).
Cette étude d'anatomie comparée est signalée ici en raison de son intérêt
pour la compréhension précise du mécanisme de la détermination du sexe
de l’œuf pondu (théorie de DZIERZON). A. montre la réalisation d'une pompe
spermatique assurant une dépense de sperme aussi minime que possible,
(moins économe cependant chez les Fourmis). En outre, il y a, chez tous ces
Insectes, une disposition plus ou moins analogue, qui assure la fécondation
en présentant exactement le pôle micropylaire de l'œuf au débouché du
canal spermatique. L'état social moins différencié des Guêpes et des
Bourdons se manifeste dans l'état peu réduit et encore partiellement
fonctionnel du réservoir séminal chez les ouvrières. L’atrophie est au
contraire poussée beaucoup plus loin chez les Abeilles et surtout chez les
Fourmis, où quelques-unes, comme les Solenopsis et les Tetramorium, pré-
sentent une disparition complète des organes génitaux et de leurs annexes.
CH. PÉREZ.
13.79. MORGULIS, SerGius. Studien über Inanition in ihrer Bedeutung
für das Wachstumsproblem. II. Experimente an Jrion
cristatus. (L'inanition au point de vue du problème de la croissance). Arch.
Entvickhl., mech. t. 34, 1912 (618-679, 4 fig., 30 tabl.).
La conclusion principale de ces minutieuses recherches est que le jeûne
intermittent est plus préjudiciable à l'organisme qu'un jeûne prolongé suivi
d'une alimentation illimitée. Car l'inanition prolongée, tant qu'elle n'a pas
atteint les limites extrêmes où apparaissent des dégénérescences irrémédiables,
produit au contraire une sorte de rajeunissement ; elle détermine par le besoin
de nourriture, exalté pour toutes les cellules, un renforcement de vitalité de
l'organisme, analogue à la vitalité embryonnaire. Et, à la reprise de l’alimen-
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 27
tation, une meilleure assimilation détermine un bond qui peut faire dépasser
les témoins alimentés d’une façon régulière. CH. PÉREZ.
13. 80. KRAHELSKA, M. Reduktionserscheinungen in der Eiweiss-
drüse der Schnecken. (Phénomènes de réduction dans la glande de
l’albumine des Escargots). Bull. Acad. Scienc. Cracovie, 1912 (606-621,
pl. .32:)
En étudiant l'influence du sommeil hibernal et de l’inanition, seule ou
combinée avec une température élevée, chez Helix pomatia et H. arbustorum,
K. a observé des phénomènes de réduction particulièrement manifestes dans
la glande de l’albumine, qui est une glande accessoire de l'appareil herma-
phrodite. K. décrit d'abord la structure cytologique normale de cette glande.
Le jeûne de 5 mois (quand il est plus prolongé, 1l y a déjà des phénomènes
pathologiques précédant la mort) peut être divisé en 2 phases: 1° phase de
l'utilisation de granules glandulaires ; 2 phase de l’inanition proprement dite.
La première est caractérisée par l’involution et la fusion des granules ; le noyau
augmente sensiblement de volume. Dans la deuxième, le noyau s'enrichit
notablement en basichromatine, et finalement dégénère par pyenose ou par
karyorhexie ; dans le protoplasma apparaissent des parasomes ; les limites
cellulaires s’effacent; les noyaux parenchymateux augmentent de nombre
(prolifération) et se dédifférencient de façon à ressembler aux noyaux glandu-
laires (involution). Dans les cellules glandulaires, le rapport nucléo-plasmique
se modifie en faveur du noyau, qui résiste par conséquent mieux à la
réduction. Une température élevée accélère très considérablement ces phéno-
mènes : au bout de 3 semaines à 33°, les cellules glandulaires sont vidées et
réduites de volume comme au bout de 4 mois à la température ordinaire. Le
sommeil hibernal ne produit aucune modification essentielle dans la structure
de la glande de l’albumine. Quand on prolonge artificiellement le sommeil
hibernal jusqu'à 15 mois, les phénomènes de réduction dans la glande sont
néanmoins beaucoup moins prononcés qu'après un jeûne de 5 mois.
A. DRZEWINA.
13.81. WINTREBERT, Paur. Le mécanisme de l’éclosion chez la Truite
Arc-en-Ciel. C. À. Soc. Biologie, t. 72, 1912 (724-727).
13. 82. — Les enveloppes protectrices de l’œuf etle mécanisme de
l’éclosion chez l’Axolotl (Amlystoma tigrinum). Ibid. (799-802).
Chez la Truite, la cause principale de l’éclosion réside dans une sécrétion
de glandes épidermiques monocellulaires, qui digère la coque et l'amincit; les
mouvements de l'embryon n'ont qu'un rôle tout à fait accessoire. Chez
l’Axolotl, au contraire, l'éclosion résulte d’une rupture mécanique de la coque,
de plus en plus distendue par l'augmentation progressive du liquide intérieur.
Ce gonflement résulte d’un appel d’eau résultant de la pression osmotique
ÉTIENNE CH. PÉREZ.
13. 83. BUJOR, P. Contribution à la biologie de l'Arfemia salina Leach.
Annales de Biologie, t. 1, 1911 (p. 207-220).
Expériences sur le phototropisme (il est positif pour les adultes et les
larves ; ne dépend pas de la composition chimique de l'eau en sels dissous ;
il est exalté par la température, l'action de l'alcool, de CO2; à 0 le
phototropisme devient négatif), — le thermotropisme (il est positif; cela
28 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
concorde avec les conditions où on observe les A. dans la nature) et le
galvanotropisme (pour un courant continu, il y a galvanotropisme positif,
c'est-à-dire marche vers l'anode ; l'optimum correspond à 20 volts ; à 100 volts
les Artemia reste plètement immobiles).
es Artemia restent complètement immobiles) M: Cie
13. 84. PRZIBRAM, Haxs et MEGUSAR, Fraxz. Wachsthumsmessungen an
Sphodromantis bioculata Burm. 1. Länge und Masse. (Mesures de
longueur et de masse pendant la croissance de Sph.). Arch. Entwickl. mech.,
t. 31, 1912 (681-741, 11 fig.).
Continuation des expériences d'élevage de Sphodromantis (V. Bibliogr.
evolut., 10, n° 44). Le poids de l’Insecte après une mue est le double de ce
qu'il était après la mue précédente ; les poids des exuvies vont également en
doublant. La courbe du poids, ainsi que celle de la longueur totale ont une
forme en $, rappelant les courbes d’autocatalyse ; et les stades biologiques se
succèdent comme les termes d’une progression géométrique dont la raison est
2 (ce qui correspondrait à la bipartition de toutes les cellules).
CH. PÉREZ.
13. 85. BOUVIER, M. L. Dugastella maroccana, erevette primitive nouvelle
de la famille des Atyidés. Paris, C. R. Ac. Sci., t. 155 (p. 993-998).
D. m., trouvée au Maroc, dans les sources de Settat, montre une calcification
très faible des téguments, qui la fait ressembler aux espèces cavernicoles (ex.
Troglocaris schmidti). La source est alimentée par des eaux souterraines, mais
il ne semble pas y avoir de cavernes dans la contrée. B. ne croit donc pas
que la Dugastella soit une espèce cavernicole et se demande si ce ne serait pas
une forme prédisposée à cet habitat. NC en
L . £ s .
13.86. SOLLAUD, E. Sur une nouvelle variété pœcilogonique du
Palaemonetes varians Leach. Paris, C. R. Ac. Sci., t. 159 (p. 1268-1271).
Sur des PL. v. provenant de l'oued arrosant l’oasis de Gabès (Tunisie), $. a
constaté que le développement offrait des caractères intermédiaires entre celui
de la forme du Nord (œufs petits — Omm,7 diam. — nombreux, 150-400, éelosant
au stade Zoë: P. vw. microgenitor) et celui de la forme des lacs aux environs
de Naples (œufs gros — {mm,3 diam. — peu nombreux, 20-50, éclosant sous une
forme très voisine de l'adulte: ?. v. macrogenitor). Les P. v. de Gabès
peuvent être appelés #esogenitor (elles pondent 60-100 œufs de mn, à 1mm,2 de
diam.) ; les larves à l'éclosion possèdent tous les appendices de l'adulte, sauf
les uropodes (elles seraient, d'après la description de S., plus voisines de
l'adulte que celles de P. v. macrogenitor). La pœcilogonie de P. v. semble
done comporter, dans les divers points, une grande variété de formes de
développement. Me Civrirer.
13. 87. BOHN, G. Les variations de la sensibilité en relation avec
les variations de l’état chimique interne. Juris, C. R. Acad.
Sct., t. 154, 1912 (388-391).
Ses expériences sur divers Invertébrés marins conduisent B. à cette
hypothèse qu’il y a deux sortes de sensibilisation, vis-à-vis de la lumière et
vis-à-vis de l'ombre, correspondant respectivement à des réactions chimiques
antagonistes, oxydations et réductions. Les rythmes chimiques internes
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 29
amenant le renversement d'une réaction expliqueraient les interversions
spontanées de tropismes que l’on observe chez les animaux.
CH. PÉREZ.
13. 88. KRAUSE, Frirz. Studien über die Formveränderung bei Cerua-
tiuin hirundinella ©. F. M. als Anpassungserscheinung an die
Schwebfähigkeit. (Études sur les variations de forme de C. A. dans
leurs rapports avec l'adaptation à planer). Intern. Arch. f. Biol. supp.
IT, série 1911, 32 p.
K. admet cinq types de croissance des Ceratium. Chez les individus à trois
cornes, il y a un rapport entre les longueurs de celles-ci (la longueur de la
corne apicale est égale au triple de la différence entre celles des deux autres).
— Le noyau se trouve au voisinage de celle des cornes qui est en voie de
croissance. Les diverses formes que l'on trouve, à un moment donné, dans un
même bassin, sont, non pas des variétés différentes, mais des états de
croissance variés d'une même forme normale. La viscosité de l’eau varie avec
les bassins et les époques ; les Ceratiuin compensent la tendance à s'enfoncer
par divers processus: croissance, mue, autotomie, pseudopodes, production
de gelée ou formation de colonies.
M. CAULLERY.
13. 89. SARTORY, Au. Sporulation dune levure sous l'influence
d’une bactérie. (. R. Soc. Biologie, t. 72, 1913 (558-560).
Isolée de sucs de feuilles de Bananier, une levure qui paraît identique à la
Waellia saturna Klocker, se trouve naturellement toujours associée à une
bactérie ; et la formation des ascospores n’a pu être obtenue, en culture pure,
qu'en symbiose avec la bactérie.
CH. PÉREZ.
13. 90. DELF. Transpiration in succulent plants. (Transpiration des
plantes grasses). Ann. of Botany, t. 26, 1912 (409-442).
La réduction de la surface foliaire, la cuticule épaisse, cireuse ou poilue,
un velum sur les organes des épiphytes, etc., réduisent notablement la
transpiration ; de plus, dans les profondeurs des tissus internes, on trouve
un tissu spongieux qui est un réservoir d'eau. Enfin, un grand nombre de
petites particularités, individuelles ou passagères, où même durables sil
s’agit de plantes des terres salées, facilitent la résistance à la sécheresse.
L. BLARINGHEM.
RÉGÉNÉRATION, MÉTAMORPHOSE
13. 91. KURZ , Oskar. Die beinbildenden Potenzen entwickelter
Tritonen. (Les puissances de développement des pattes chez les Tritons
adultes.) Arch. Entwickl. mech., t. 34, 1912 (588-617), 3 fig., pl. 22).
Les pattes complètement extirpées, même y compris la ceinture, sont
capables d’une régénération, qui commence à partir de la colonne vertébrale.
C'est seulement quand la région correspondante du rachis a été extirpée que la
régénération est impossible. Des portions de membres de 7. cristatus trans-
plantées par greffes auto- ou homoplastiques, régénèrent les parties distales,
30 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
Des tronçons de pattes, ressoudés au corps après retournement, ont pu
donner une régénération (avec duplicature de la main) ; il paraît y avoir là
une inversion de polarité. Les greffes hétéroplastiques ont échoué.
CH. PÉREZ.
13.92. HOOKER, D. Die Nerven im regenerierten Schwanz der
Eidechsen. (Les nerfs dans la queue régénérée des Lézards). Arch. f.
mihr. Anat., t. 80, 1912 (217-222, 1 fig.).
La queue régénérée de Lacerta agilis est innervée par les deux dernières
paires de nerfs spinaux de l’ancienne queue (d’après FRAISSE, par la dernière
paire) ; le diamètre de ces nerfs dans la partie régénérée est beaucoup plus
grand que normalement, mais aussi ils ont à innerver un territoire plus
vaste (dans le cas étudié, 30 mm. de long au lieu de 2 mm.). La faculté de
régénération des nerfs est ainsi très grande. Il serait indiqué de modifier
l'ancienne notion de la métamérie du corps: la queue régénérée, malgré
qu'elle présente une métamérie nette, ne possède que deux nerfs spinaux,
et d'autre part, normalement, le même métamère reçoit, chez Lacerta, au
moins deux nerfs Spinaux. EDR
13.93. BEIGEL, CEcyura. Regeneration der Barteln bei Siluroiden.
(Régénération des barbillons chez les Silures). Arch. Entwickl.-Mech., t. 34,
1912 (363-370, pl. 1%).
Les barbillons de l'Araurus nelulosus sont susceptibles de régénérations
successives, pourvu que l’on laisse en place un petit moignon basilaire. Le
artilage de l'axe squelettique se régénère exclusivement aux dépens du
périchondre. Cn Pa
13. 94. NUSBAUM, Joser et OXNER, Mirczysiaw. Fortgesetzte Studien
über die Regeneration der Nemertinen. II. Regeneration
der ZLineus lacteus Rathke. (Nouvelle étude sur la régénération des
Némertiens). Arch. Entwickl.-Mech., t. 35, 1912 (236-308, 16 fig., pl. 3-7).
Le Zineus lacteus présente dans sa régénération une polarité extrêmement
nette : alors que la régénération vers l'arrière est considérable, elle est au
contraire extrêmement limitée vers l'avant. Ainsi des fragments de tête
contenant le cerveau, mais privés de toute trace de tube digestif, régénèrent
un tube digestif complet. Au contraire, après amputation, à la partie antérieure,
du cerveau et des fossettes latérales, il n’y a pas régénération de ces organes.
N.et O. retrouvent dans cette espèce le processus remarquable qu'ils ont
déjà décrit pour le L. ruber (V. Bibliogr. evolut., T, n° 151, 329-331,
12, 170); le tube digestif se reconstitue aux dépens de cellules migratrices
chargées de pigment, qui proviennent en majorité d'anciennes cellules du
parenchyme, et ont par conséquent une origine mésodermique. Outre cette
anomalie, au point de vue de la théorie des feuillets, il est intéressant de
constater la plasticité de ces cellules, qui étaient déjà spécialisées dans
l'organisme normal, mais auxquelles l'intervention d'un traumatisme a fourni
l’occasion de manifester leur puissance évolutive latente, et de s'orienter à
nouveau vers une autre spécialisation. Cr er
43,95. CHILD, C.-M. Studies on the dynamics of morphogenesis and
inheritance in experimental reproduction. IV. Certain
dynamic factors in the regulatory morphogenesis of llanaria
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 31
dorotocephala, in relation to the axial gradient. (Facteurs dyna-
miques dans la régulation de PJ. d., en rapport avec l'échelle axiale du corps).
Journ. exper. Zoôl., t. 13, 1912 (103-152, 46 fig.).
C. a déjà attiré l'attention sur l’influence qu'a, sur la régénération régulatrice,
le niveau où est faite la section par rapport à l'axe longitudinal du corps (V.
Bibliogr. evolut., n° 12, 174, 175). Les expériences faites en présence
d'anesthésiques dilués (alcool, éther, chlorétone) concourent à mettre en lumière
le même rôle de l'échelle axiale. L'action inhibitrice de ces substances
augmente d'avant en arrière le long du fragment ; une tête peut encore se
former dans des conditions qui empêchent tout autre processus régulateur :
la tête et le pharynx se reforment dans des conditions qui empêchent la
régénération de l'extrémité postérieure. De même l'influence d'agents de
dépression, comme le KCAZ, non seulement varie suivant le niveau du corps,
mais encore, à une même concentration, produit des effets inverses à deux
niveaux différents. Cela tient à ce que la formation d'une tête est sous la
dépendance de deux facteurs inverses, différemment affectés par l'agent
considéré. Chaque zoïde a son échelle longitudinale propre ; la région antérieure
du second est dans une condition dynamique difiérente de la queue du premier.
Ces différences sont beaucoup moindres dans les derniers zoïdes de la chaîne.
CH. PÉREZ.
13. 96. CHESTER, Wayzaxp M. Wound closure and polarity in the
tentacle of Metridium marginatum. (Obturation des plaies et polarité
dans les tentacules de A7, #n.). Journ. exper. Zoûl., t. 13, 1912 (451-470,
8 fig.).
Expériences confirmatives de celles de RaxD (bid., t. 7, 1909) sur d'autres
Actinies. La polarité des tentacules se manifeste, non seulement dans le
mouvement des cils, qui battent vers l'extrémité distale, mais encore dans les
processus différents de fermeture des plaies de section, dans des tentacules
excisés; la plaie distale se referme par l'action primitive d’un sphincter
musculaire, la plaie proximale au contraire ne manifeste pas cette contraction
annulaire et reste souvent béante. Peut-être y a-t-il là le résultat de l’action
d'éléments nerveux associés aux museles, et où l’influx ne se propagerait que
dans le sens du sommet vers la base du tentacule. Cependant la polarité se
manifeste encore dans des tentacules insensibilisés au chlorétone; elle se
maintient dans les fragments greffés entre eux après interversion.
CH. PÉREZ.
13. 97. JANDA, Vixror. Die Regeneration der Geschlechtsorgane bei
Criodrilus lacuum Hoffm. Il. (Régénération des organes génitaux chez le
C. L.). Arch. Entwickl.-Mech., t. 33, 1912 (345-348, pl. 20) et t. 34, 1912
(557-087, 28 fig., pl. 19-21).
Le Criodrilus présente une variabilité extraordinaire dans la régénération
des organes génitaux : déplacements par rapport au rang des segments,
répétitions dans plusieurs segments successifs, etc. Cette variabilité est
singulière, étant donnée la fixité ordinaire de l’organisation sexuelle chez les
Oligochètes. Cu. PÉREZ.
13. 98. TIRALA, Lornar Gorrues Ta. Regeneration und Transplantation
bei Criodrilus. (Régénération et grefte chez le Cr.) Arch. Entwickl.-Mech.,
t. 35, 1912 (523-554, pl. 10-12).
32 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
Le Criodrilus lacuur présente une grande faculté de régénération. Mais
tandis qu'une extrémité antérieure, même réduite à 15 segments, régénère
toujours une extrémité postérieure, la régénération d’une extrémité antérieure
devient d'autant plus difficile que lamputation est pratiquée à un niveau plus
postérieur ; elle devient impossible à partir du 50° segment environ. On observe
souvent dans ces régénérations la production d'ovaires surnuméraires. Des
greffes ont pu être réussies, avec interversion de polarité ; quand deux fragments
sont soudés, de façon que la ligne ventrale de l’un soit dans le prolongement
de la ligne latérale de l’autre, chacun conserve son stéréotropisme primitif, et
ils se tordent l’un par rapport à l’autre, de façon à y satisfaire le mieux
»ossible. : :
I CH. PÉREZ.
13. 99. KOPEC, SrErAN. Regenerationsversuche an Fühlern, Augen,
Munädwerkzeugen und Kôrperwarzen der Schmetterlings-
raupen und Imagines. (Expériences de régénération des antennes,
yeux, pièces buccales et verrues chez les Chenilles et les imagos de Papilons),
Bull. Acad. Sci. Cracovie, 1912 (1096-1102, 4 fig., pl. 57).
Expériences sur Lymantria dispar L., montrant d'une façon générale, chez
les chenilles amputées jeunes (juste après la seconde mue) un pouvoir de
régénération assez considérable. Il l'est d'autant plus qu’on s'adresse à des
organes qui sont encore à un état de différenciation moins avancée. Ainsi les
ocelles de la chenille ne se régénèrent pas ; les antennes imaginales se régé-
nèrent beaucoup mieux que les yeux composés latéraux, dont les disques
imaginaux sont, dès la vie larvaire, arrivés déjà à une différenciation très
avancée. ï 2
ivan cé CH. PÉREZ.
13.100. KOPEC, Srerax. Ueber die F'unktionen des Nervensystems
der Schmetterlinge wâährend der successiven Stadien
ihrer Metamorphose. (Fonctions du système nerveux des Papillons
pendant la métamorphose). Zoo!. Anz., t. 40, 1912 (353-360, 1 fig.).
En pratiquant, chez les chenilles de Lymantria dispar L., des ablations de
ganglions ou la section de divers connectifs, K. a pu analyser le rôle des
divers ganglions dans la locomotion, la préhension de la nourriture, la
défécation ; et ainsi confirmer et étendre les résultats de PoLIMaANTI (Arch.
ital. Biol., t. 47, 1907). L'objet principal de ces recherches a été d'examiner
le rôle du système nerveux pendant la métamorphose. Or les lésions nerveuses
pratiquées n’ont eu aucun effet sur les processus de la mue, de la pupaison,
de la formation des imagos ; la métamorphose est donc absolument indépen-
dante du fonctionnement du système nerveux. Fait remarquable, après
extirpation des trois ganglions thoraciques et du cerveau où du ganglion
sous-æsophagien, se développent des chrysalides qui présentent encore les
mouvements caractéristiques, pendulaires ou de cireumnutation, de l'abdomen ;
et les imagos qui se développent après suppression du ganglion sous-
œsophagien sont capables de remuer leurs pattes. K. suppose que pendant
la métamorphose il y a un changement de fonctions du système nerveux, et
individualisation d’un centre propre à chaque segment. Ces recherches
confirment, pour le système nerveux, cette idée souvent exprimée par
Cu. Pérez que la métamorphose correspond à une rupture transitoire de la
coordination de l'organisme.
* D A
CH. PÉREZ.
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 6.
SEXUALITÉ
13.101. HUXLEY,J.S. The great crested Grebe and the idea of secon-
dary sexual characters. (Le grand Grèbe huppé et l'idée des carac-
tères sexuels secondaires). Science, t. 36, 1912 (601-602).
Les deux sexes du grand Grèbe (Podiceps cristatus) possèdent des plumes
formant un large collier et une huppe à deux pointes. Ces ornements — plus
développés cependant chez le mâle — sont érectiles chez les deux sexes, au
moment des amours surtout. En ce qui concerne de tels caractères sexuels
secondaires, DARWIN admettait que ces attributs, après avoir été acquis par
un seul sexe, — par le mâle généralement, — avaient été ensuite transmis à
tous les jeunes sans distinction de sexes.
H. estime qu'il serait utile d'établir une distinction. Il propose de nommer
caractères épigamiques tous les caractères qui doivent leur origine à la
sélection sexuelle. Le nom de caractères sexuels secondaires serait réservé
à tous les caractères particuliers à un seul sexe, à l'exception toutefois des
caractères sexuels primaires (caractères relatifs aux gamètes et aux gonades)
et des caractères accessoires (caractères relatifs aux conduits génitaux et à
l'appareil copulateur). x
PP* F ) £pM. BORDAGE.
STECHE, Orro. Die « sekundären » Geschlechtsckaraktere der
Insekten und das Problem der Vererbung des Geschlechts.
(Les caractères sexuels dits secondaires chez les Insectes, et le problème de
l'hérédité du sexe). Zeitschr. f. indukht. Abstamm.-u. Vererb. lehre, t. 8, 1912
(284-291).
Sr. continuant ses expériences (V. Bibliogr. evol., n° 12, 38'78) est amené
à admettre que les cellules de l'intestin des chenilles présentent dans leur
métabolisme des différences sexuelles; chez le 6 elles doivent décomposer
la chlorophylle, tandis que chez la © elles la laissent passer dans le sang.
D'ailleurs le mélange du sang 6 et du sang © de la même espèce détermine
une précipitation et une agglutination des leucocytes presque comparable à
celle qui résulte du mélange sanguin de deux espèces différentes ; ce qui
explique en particulier l’action si nocive de l'injection à une chenille du sang
de l'autre sexe (Expérience de Kopec. V. Bibliogr. evol., n° 12, 273).
ST. conelut que, chez les Insectes, l'organisme tout entier est sexuellement
différencié ; et l’on ne peut pas songer à distinguer chez eux des caractères
sexuels primaires et secondaires; tout est primaire; ce qui permet de
comprendre le résultat négatif des expériences de castration ou d’interversion
des gonades (MEISENHEIMER, KOPEC). En s'appuyant sur ces résultats,
ST. discute les interprétations de Gozpscaminr (V. Bibliogr. evol., n° 12,
235), et montre les contradictions intrinsèques auxquelles se heurte sa
théorie. Les facteurs G et A doivent comprendre les caractères du soma tout
entier ; et cependant on observe pour diverses régions du corps une certaine
indépendance dans la transmission des caractères de l’un ou l’autre sexe
(mosaïque dans la pigmentation des ailes, etc.), ce qui ne cadre guère avec la
notion de corrélation rigoureuse des gènes. Quant aux hétérochromosomes,
porteurs ici des déterminants pour tout l'organisme, ils ne diflèrent plus en
rien des chromosomes ordinaires. Sr. loue l'hypothèse de la variation de
puissance des facteurs, introduite par G. Mais cette correction ne supprime-
t-elle pas alors l’essentiel de l'hypothèse mendélienne ? D,
Cu. PÉREZ.
Bibl. Evol. IV. 3
34 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
13.103. GOODALE, H. D. Further note on the results of ovariotomy
on Ducks. (Nouvelle note sur les résultats de l’ovariotomie chez les
Canes). Science, t. 36, 1912 (445-446).
G. avait opéré, en 1909, l’ovariotomie sur quelques Canes âgées de
12 semaines et montrant déjà les caractères sexuels secondaires de la
femelle, — caractères parfaitement distincts de ceux du jeune mâle. Un
environ après l'opération, les Canes avaient revêtu en partie la livrée carac-
téristique de l'oiseau mâle.
q $ En. BORDAGE.
13.104. GOODRICH, E. $S. A case of hermaphroditism in Amphioxus.
(Un cas d’hermaphrodisme chez l'Amphioxus). Anat. Anz., t. 42, 1912 (318-
320, 2 fig.).
Sur un Amphioxus adulte, G. a constaté que, alors que du côté droit il y avait
25 gonades, toutes des testicules pleins de spermatozoïdes, du côté gauche, la
série des 25 gonades était interrompue par la présence d'un ovaire ES
renfermant de nombreux et gros œufs, distincts même sur le vivant; les 24
autres gonades étaient des testicules comme du côté droit. Sur des coupes, la
gonade © non seulement se distingue des gonades 6 par la présence des
œufs, mais aussi par le repli de la paroi formant la cavité secondaire,
exactement comme chez les femelles typiques. Aucune trace d'œufs dans les
autres gonades, ni trace de spermatozoïdes dans ce demi-segment ©. Ceci
paraît être le premier cas d’hermaphrodisme signalé chez FAmphioxus. D'après
r., quelle que soit la cause qui ait déterminé le sexe de ce demi-segment, elle
a dû intervenir relativement tard au cours de la vie larvaire de l'individu en
question, au moment où les ébauches destinées à donner cette gonade se sont
séparées de celles devant donner les gonades 6
A. DRZEWINA.
13.105. SHULL, Gro H. Hermaphrodite females in Lychnis dioica. (Passage à
l'hermaphrodisme chez des pieds femelles de L. d.). Science, t. 36, 1912
(482-483).
On connaît les remarquables recherches d'A. Girarp, Max. CORNU,
A. MAGNIN, STRASBURGER, DONCASTER, etc., sur les cas d’hermaphrodisme
provoqués par l'action d'Ustilago antherarum Sur les pieds femelles de
x L. dioica. SuuLz nous apprend, qu'à la suite d'expériences de génétique
poursuivies sur cette Caryophyllée, il y a des mutantes hermaphrodites.
Détail très curieux, ces hermaphrodites «fonctionnels » proviendraient de
pieds #âles et la modification ne se serait pas effectuée sous l’action d'un
Ustilago.
Tout en continuant ses propres expériences, S. estime que les biologistes
qui étudient l'acton de l'U. antherarum sur L. d., devraient s'efforcer de
prélever du pollen sur des individus femelles parasités. Cela permettrait
probablement de résoudre certains problèmes d'un très grand intérêt au point
de vue génétique. Il serait, par exemple, très curieux de savoir si l'infection
par le parasite vient agir sur la nature génotypique de l'hôte, ou si l'effet est
purement somatique. Dans le premier cas, il serait intéressant de constater
si les individus devenus hermaphrodites sont homozygotes comme les
femelles dont ils proviennent par modification parasitare. S'il en était ainsi,
leur descendance devrait se composer uniquement d'individus hermaphrodites.
Les individus hermaphrodites obtenus par $S., et qui proviennent de pieds
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 39
mâles modifiés, ont une descendance composée de femelles et d'hermaphro-
dites. La chose est due à ce que les mâles sont hétérozygotes en ce qui
concerne le sexe. Ebu. BornAGe.
BIOLOGIE EXPÉRIMENTALE
13.106. FISCHEL, A. Die Bedeutung der entwicklungsmechanischen
LL
Forschung für die Embryologie und Pathologie des Men-
schen. (Importance des recherches de mécanique embryonnaire pour l'em-
bryologie et la pathologie de l'homme). Vortr. u. Aufs. üb. Entwichklungsm.
d. Organism., fase. 16, 1912 (69 pages).
F. cherche à appliquer les résultats mis en évidence par les recherches de
mécanique embryonnaire normale et expérimentale à la compréhension
« causale » de l’'embryologie et de la pathologie de l'homme. Il résume les faits
essentiels relatifs à l'influence des facteurs du milieu et des facteurs internes
sur le développement ; montre les modes de différenciation et les causes de
celle-ci; un long chapitre est consacré à la différenciation des feuillets
germinatifs et des ébauches d'organes. Le dernier chapitre, enfin, montre
l’origine des formations anormales, voire pathologiques. C'est une des
premières tentatives en vue d'appliquer une analyse causale à l’embryologie
de l’homme ; les faits tératologiques sont particulièrement intéressants, car ils
sont comparables à ceux obtenus par la voie expérimentale chez les animaux
(à noter, par ex. les expériences de MorGax et de HERTWIG qui déterminent
par le chlorure de sodium une spina bifida et une anencéphalie chez les
Amphibiens, et celles de SrockarD qui provoque, chez le Fundulus; une
cyclopie au moyen des sels de magnésium). Ces recherches s'imposent
d'autant plus que la proportion d'œufs qui se développent d’une façon
anormale est extrêmement élevée, dans l'espèce humaine : le nombre d'œufs
pathologiques abortifs serait de 7 °/, ; celui de monstres nés à la date normale
de 0,6 ‘; celui d'embryons normaux, mais abortifs, et pour lesquels il y
a certainement eu influence d'excitants plus ou moins anormaux mais
bassagers. de 120/.
passager e 12% A. DRZEWINA.
15.107. BRACHET, A. Développement in vitro de blastodermes et de
jeunes embryons de Mammifères. Paris, C. R. Ac. Sci, t. 155,
1912 (p. 1191-1193).
B. a réussi à extraire de jeunes vésicules blastodermiques (blastocystes) de
Lapin, sur lesquels l’ébauche embryonnaire n’était pas encore constituée
(5°-7e jour). I les place dans du plasma (centrifugé en tube paraffiné) de sang
provenant de la femelle même à laquelle appartient embryon et mis à l'étuve
à 3905 (dans des godets fermés à la paraffine). Ces blastocystes ont continué
à évoluer pendant 48 heures ; ils ont différencié une ébauche embryonnaire et,
sur l'hémisphère opposé, des papilles ectodermiques absorbantes ; dans un autre
cas, au pourtour de l'embryon, se sont formées les lames ectoplacentaires
(M. Duvar). B. en conclut que, placé en dehors des conditions normales
(accollement à l'utérus), l'embryon n'en forme pas moins les ébauches qui
correspondent à celles-ci. Le changement de milieu n'a modifié en rien le
déterminisme héréditaire de l'œuf. (11 y a lieu de remarquer toutefois que l’on
ne pouvait pas s'attendre à une modification immédiate et radicale. Les
organes qui sont le plus manifestement en rapport avec des adaptations
36 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
actuelles sont en effet fixés par l'hérédité, depuis le long espace de temps où
ces conditions sont réalisées).
M. CAULLERY.
13.108. MARINESCO, G. et MINEA. J. Essai de culture des ganglions
spinaux de mammifères tn vitro. Anatom. Anz., t. 42, 1912 (161-176,
8 fig.).
Par le procédé de culture en plaques, dans du plasma auto- et homogène,
suivant la méthode de CarREL, les auteurs ont constaté qne la cellule nerveuse
vivante peut produire, de par sa capacité de croissance intrinsèque, des
fibres nerveuses nouvelles qui arrivent à sortir du ganglion et s’insinuent
assez loin dans un milieu approprié quelconque. La progression de ces fibres
est assez laborieuse, leur trajet irrégulier, sinueux ; mais si elles trouvent
l'appui d’autres éléments cellulaires qu’elles peuvent aborder selon leurs divers
tropismes et accompagner sur une certaine longueur, la croissance est plus
régulière, et les fibres, au lieu de s’épuiser en s'épaississant sur place, gardent
un calibre fin et cheminent en ligne droite vers les points où elles doivent
aboutir, A. DRZEWINA.
13.109. OPPEL, Arserr. Causal-morphologische Zellenstudien V. Die
aktive Epithelbewegung, ein Factor beim Gestaltungs-
und Erhaltungsgeschehen. (Études cellulaires de déterminisme
morphologique. V. Le mouvement épithélial actif, facteur de conservation et
de morphogénèse). Arch. Entwichl. mech., t. 35, 19 12 (371-456,pl. 8).
Les résultats de ces recherches ont déjà été signalés (V. Bibliogr. evolut.,
n° 12. 300). À. donne ici le détail de ses observations sur divers tissus
épithéliaux de chien, de chat et de lapin conservés dans du sérum à l’étuve.
Les mouvements d'ensemble de l’épithélium lui paraissent un processus qui
doit intervenir d'une façon très générale dans les phénomènes normaux, et avoir,
tout autant que la multiplication des cellules, un rôle important dans la
morphogénèse des feuillets embryonnaires. CHIPERES
13.110. GOLDFARB, A. J. Studies in the production of grafted embryos.
(Recherches sur la production d’embryons greffés). Biolog. Bulletin, t. 24,
1913, (p. 73-101, 9%6 fig.)
G. agite violemment des œufs d'Arbacia, 2-3 minutes après la fécondation,
de façon à faire éclater leur membrane; il les place alors dans l'eau de mer
sans Ca (formule de Van’r Horr) préparée avec de l’eau distillée dans le cuivre
ou le verre, et additionnée de 4-12 gouttes de solution de NaOH à 0,5 ° (par
200 cc de la solution): on y laisse les œufs jusqu'au {er clivage, puis on les
transporte dans des tubes étroits (3mm de diamètre intérieur environ), où on
les centrifuge 3 à 5 minutes à 30 tours par minute; puis on les remet dans
l'eau de mer. Les œufs et embryons s’agglutinent (cette méthode est une
modification de procédés précédemment employés par Hergsr et par DRIESCH,
Arch. f. Entw. mech.). — Description des résultats. — G. à agglutiné jusqu'à
20 embryons ou blastomères. Dans les grands aggrégats, les composants
externes tendent à‘se séparer, les internes meurent facilement. Quand il y a
simple aggrégation, les composants se développent indépendamment. Il y a
fréquemment fusion des composants, soit au stade œuf, soit au stade blastula
ou plus tard. Cette fusion a lieu seulement pour la paroi extérieure ou pour
tout ou partie des organes internes ; suivant l'orientation relative des com-
posants fusionnés, les archenterons évoluent de façons diverses. Plusieurs œufs
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 37
P peuvent s'unir, de façon à constituer une larve unique, avec ou sans traces de
n origine multiple. $
SOL OCR 12 M. CAULLERY.
|
:
43.111. YATSU, Nismne. Observations and experiments on the Cteno-
# phore egg. III. Experiments on germinal localization of
the egg of Beroe ovala. (Localisations germinales dans l'œuf de 2. 0.)
Annot. zool. japon., t. 8, 1912 (5-13, 25 fig.).
Ses expériences d'isolement de blastomères conduisent Y,. à confirmer en
gros les conclusions classiques de FiscueL. Les localisations germinales se
précisent après l'expulsion des globules polaires. Cependant, lorsque lon
partage en deux un œuf avant le premier clivage, on obtient deux embryons
(dont l’un est sans doute mérogonique) qui présentent tout deux un organe
sensoriel apical bien développé. Et, dans les embryons partiels obtenus par
suppression d'un certain nombre de blastomères du stade 8, le nombre des
| bandes ciliées peut parfois présenter un écart, en plus ou en moins, par
; Ë À
rapport au nombre attendu (nombre des blastomères conservés). On ne peut
(
donc, même dans l'œuf des Cténophores, se refuser à reconnaître un rôle à la
coordination dans la différenciation de ces organes. ChrPiner
GUDERNATSCH, J. F. Feeding experiments on Tadpoles. I. The
influence of specific organs given as food on growth and
differenciation. (Influence d'organes spécifiques donnés comme nourri-
ture sur la croissance et la différenciation des Têtards). Arch. Entwickl.
mech., t. 35, 1912 (457-483, pl. 9).
% Les expériences ont consisté à nourrir d’une façon suivie des Têtards de
Grenouille avec divers organes de Mammifères, spécialement des glandes à
sécrétion interne : thyroïde, thymus, capsules surrénales, ovaire, testicule,
à hypophyse, etc. Chaque organe exerce sur la croissance et la précocité de la
différenciation un effet particulier. La plus manifeste est l'effet de la thyroïde,
qui provoque une différenciation très précoce, mais arrête en même temps la
croissance ; les têtards, quel que soit leur âge, commencèrent à se métamor-
phoser peu de jours après le début de ce régime, en avance de plusieurs
semaines sur les témoins. L'influence du thymus est tout opposée; elle
détermine pendant les premiers jours une croissance rapide, mais retarde ou
même supprime complètement la métamorphose. En outre le thymus donne
des têtards très pigmentés, mélaniques ; les capsules surrénales, des têtards
très päles, albinos ; le foie, des têtards foncés, un peu verdâtres.
CH. PÉREZ.
13.113. STOCKARD, Cnarzes R. et CRAIG, Dororuy M. An experimental
study of the influence of alcool on the germ cells and the
developing embryos of Mammals. (Étude expérimentale de
l'influence de l'alcool sur les cellules germinales et les embryons de
Mammifères). Arch. Enhwickl. mech., +. 35, 1912 (569-581).
Des Cobayes ont été soumis à des inhalations journalières d'alcool, réalisant
chez eux une sorte d’éthylisme chronique. Les croisements faits des individus
alcooliques entre eux ou avec des conjoints normaux ont montré dans tous
les cas une influence extrêmement nocive de l'alcool : avortements complets,
nombreux petits mort-nés, ou mourant de convulsions peu après la nais-
sance ; les quelques survivants sont petits et misérables. : 1È
? Cu. PEREZ.
38 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
13.114. GLASER, Orro. Note on the development of Amphibian larvæ
in sea-water. (Note sur le développement de larves d’Amphibiens dans
l’eau de mer). Science, t. 36, 1912 (678-681).
Dans un petit estuaire aux eaux saumâtres, débouchant dans la baie de
Manille (Philippines), PEARSE a trouvé des larves de Grenouille. Étant douné
qu'une quantité de 0,6, de NaClest suffisante pour empêcher la gastrulation,
la découverte de PEARSE est des plus intéressantes.
G. a entrepris une série d'expériences sur la résistance des larves de Rana
pipiens à l'action de l’eau de plus en plus salée. Une solution de 0,8 ‘}, de
NaCI entraîne, au bout de 18 heures, la mort de 87 *, des larves, tandis
qu'une solution 2 fois plus forte en tue 97° en moins de 3 heures. Il faudrait
voir là une relation avec la pression osmotique : la mort semblerait provoquée
par les phénomènes de déshydratation plutôt que par l'action toxique propre-
ment dite de NaCI.
Dans la solution à 0,8 °, les larves les plus résistantes sont mortes au bout
de 24 heures. La durée de l'existence de ces têtards peut toutefois être prolon-
gée d'un tiers si on les soumet d'abord à un passage lent dans des solutions
plus faibles (c'est ce qui doit se produire naturellement pour les larves nées
dans les eaux de l'estuaire exploré par PEARSE). G. a en outre remarqué que
l'action de Ca ou de Mg dans les solutions de NaCÏ atténuait sensiblement et
retardait en quelque sorte l'effet nocif de ce dernier sel. Éd Borne
13.115. TSCHACHOTIN,S. Die mikroskopische Strahlenstichmethode,
eine Zelloperationsmethode. (La méthode de piqüres microscopiques
au moyen des rayons ultra-violets appliquée à la cellule). Béiolog. Centralbl.,
t. 32, 1912 (623-030, 1 fig.).
Le principe de la méthode est le suivant: on dirige sur une partie de la
cellule, par exemple le noyau, ou même une partie du noyau, un rayon de
lumière ultra-violette extrêmement mince et on détruit ainsi la portion
irradiée. On voit tout de suite l'intérêt que cette méthode peut avoir entre
autres pour divers problèmes de mécanique embryonnaire, en permettant de
supprimer facilement un des blastomères ou un territoire donné d'un blasto-
mère, les procédés utilisés jusqu'à présent (agitation, piqûre mécanique)
offrant les inconvénients que l’on sait. Pour les détails techniques du dispositit
-nous renvovons à la communication de l’auteur.
nous voyons à la CO aication € ite A. DRZEWINA:
13.116. FAURÉ FRÉMIET, E. L'action des rayons X sur la segmentation
de l'œuf d'Ascaris megalocephala. Paris, C. R. Ac. Sci, t. 155, 1912,
(1272-1274).
L'irradiation convenablement graduée provoque un retard dans la segmen-
tation, qui reste cependant normale dans sa forme. Mais les cellules de la
lignée génitale montrent des chromosomes pulvérisés au lieu des 4 grands
chromosomes habituels. M CLR
13.117. DRZEWINA, A. et BOHN, G. Variation de la résistance à l’inhi-
bition des oxydations chez ana fusca aux divers stades
larvaires. C. R. Soc. de Biologie, t, 72, 1912 (905-910).
13.118. — Effets de l’inhibition des oxydations chez les embryons et
tétards de Rana fusca. Ibid (970-972).
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 39
Les œufs, embryons et têtards montrent une sensibilité croissante avec
l'âge vis-à-vis du manque d'oxygène et du KON. L'inhibition des oxydations
entraine un retard de l’éclosion, un affaiblissement de la croissance, de la
sensibilité, de la motilité ; une dilatation du corps et un épanouissement des
branchies, quelquefois des monstruosités, Les troubles les plus curieux sont
des états d’anesthésie très prolongée, suivis de réviviscence.
CH. PÉREZ.
CYTOLOGIE GÉNÉRALE
.119. DELLA VALLE, PAoco. La morfologia della cromatina dal punto
di vista fisico. (La morphologie de la chromatine au point de vue phy-
sique). Arch. z0olog. ital., t. 6, 1912 (p. 37-321, pl. 45 et To fig.)
Nous avons signalé déjà tout particulièrement à l’attention des lecteurs les
travaux de P. D. V. sur la cytologie (Bibl. Evol., 11, 76, 277, 322) dans
lesquels il réagissait contre les tendances vitalistes presque universellement
dominantes, qui se sont traduites à la suite de WEISMANN par les théories de
l'individualité et de la diversité qualitative des chromosones, ete. Dans le
mémoire actuel, volumineux mais marqué d'une grande netteté de pensée et
appuyé d'une connaissance très approfondie à la fois de la eytologie et de la
chimie physique, l’auteur fait une revue synthétique des divers phénomènes
de la division cellulaire, en s’affranchissant de toute interprétation vitaliste
a priori et essayant de trouver leurs analogues dans des phénomènes phy-
siques extra-vitaux, ou dans des manifestations cellulaires extra-nucléaires :
le titre du mémoire au reste exprime nettement cette tendance. Voici les traits
essentiels de cette analyse.
Le noyau, dit au repos, a tous les caractères d’une solution cofloïdale plus
ou moins homogène. À la prophase, on note une augmentation de volume
analogue au gonflement qui préside la dissolution d’une émulsion. Les modifi-
cations prophasiques endonucléaires rappellent étroitement l'apparition d'une
phase nouvelle dans un fluide homogène préexistant (gélification, précipitation
dans une solution, ete.) ; cette phase nouvelle est fonction de la disparition
du noyau en tant que tout. Les chromosomes apparaissent alors et offrent
des torsions irrégulières rappelant tout à fait la forme que prennent des
particules visqueuses anisotropes (par exemple les cristaux liquides) en s'asso-
ciant. — La constance du nombre des chromosomes est parallèle à celle des
particules apparaissant après un changement de phase, quand les conditions
du système restent les mêmes. Les différences de taille entre les chromosomes
suivent les lois de la variation fluctuante, ainsi qu'il résulte des mesures et
des statistiques ; on observe les mêmes différences dans les particules à un
changement de phase. — Le volume des chromosomes est fonction de celui du
noyau : ce rapport existe pour d’autres structures cytologiques et se rattache
à des phénomènes d'absorption dans les gels et les cristaux colloïidaux. — Le
degré de cohésion des chromosomes est probablement à la limite de la
fluidité (cf cristaux liquides et divers albuminoïdes cristallisés). — Les
chromosomes sont anisotropes et homogènes, ce que ne sont pas des orga-
nismes. — La colorabilité des chromosones est identique à celle des gels et
des cristaux colloïdaux et n'est pas de nature chimique. La disparition de la
torsion des chromosomes, à la métaphase, se rattache à une diminution de la
surface et a son équivalent dans l'allure des cristaux liquides. Leur raccour-
40 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
cissement à cette période est aussi un effet de la tendance à la diminution de
leur surface et prouve leur homogénéité : le raccourcissement est proportionnel
à leur longueur initiale ; il est donc constant pour l'unité de longueur, ce qui
montre que tous les chromosomes sont identiques entre eux et homogènes. —
La division longitudinale des chromosones a tous les caractères au clivage
spontané des cristaux, surtout des cristaux d’albuminoiïdes ; elle doit théorique-
ment être suivie (et l’est en effet) d’un nouveau raccourcissement. La télophase
a tous les caractères de la dissolution des colloides solides et des cristaux
d'albuminoïdes (augmentation de volume, diminution de netteté des concours,
corrosions internes, ete.). La continuité des chromosomes d'une mitose à la
suivante ne peut se concevoir que comme le résultat d'une dissolution incom-
plète, les résidus non dissous servant de noyaux de condensation; c'est ce
que montrent des systèmes inorganiques. Dans les noyaux, cette continuité
est tout à fait improbable dans la généralité des cas, quand l'intercinèse est
longue. Elle n'entraine aucune des suppositions vitalistes qu'on a fait à son
égard. — Le cycle de la cinèse est dû probablement à des transformations
du cytoplasme ; la limite d’accroissement de la chromatine d’une mitose à la
suivante est peut-être le résultat d'un équilibre chimique. L'uniformité de la
mitose dans tous les organismes permet de supposer que les conditions
de cet équilibre sont relativement simples.
Ces propositions, appuyées dans le mémoire par de nombreux faits et
raisonnements, aboutissent à la conclusion que les chromosomes sont des
cristalloïdes. Tous les phénomènes de la cinèse s'interprètent done actuel-
lement, avec plus ou moins de précision, par de simples considérations de
physique et de chimie et P.D.V. déplore, avec raison, l’état d'esprit de la quasi-
universalité des cytologistes, pour qui « la description de préparations colorées
a remplacé la systématique ou l'anatomie descriptive » des périodes précé-
dentes de la zoologie. Il regrette la déviation produite par une illusion
vitaliste initiale, chez des hommes tels que Boverr. Son mémoire ne peut
manquer d'accentuer la réaction contre cette tendance, qui a heureusement
commencé à se manifester chez divers auteurs (Cf. Bibl. evol., 11, 78; 10,
333: 12, 111, etc.). En revenant au point de vue physiologique et en
s'appuyant sur la physicochimie, la cytologie se transformera, comme s’est
transformée l'étude de la fécondation, à la suite des travaux sur la parthénogé-
nèse expérimentale. NCA
13.120. FAURÉ-FRÉMIET, E. Variation du nombre des chromosomes dans
l'œuf dAscaris megalocephala bivalens. Bull. Soc. Zool. France, t. 27, 1902
(285-288, 4 fig.).
F. place les œufs d'A. ». dans l'huile de vaseline, ce qui les empêche de se
développer ; il les remet au contact de l'air après trois mois et demi, quand
il commencent à montrer de la eytolyse. Ces œufs évoluent plus ou moins
pathologiquement. Dans les cas où les altérations sont moins marquées, 2
apparait 16 chromosomes au lieu de 4 dans les premiers blastomères.
M. CAULLERY.
13.121. GATES, R. R. Somatic mitoses in Œnothera. (Mitoses somatiques de
l'Œ.) Ann. of Botany, t. 26, 1912 (993-1010 et pl. 86).
Œ. lata renferme 15 chromosomes au lieu de 14 ; mais dans de rares noyaux
» 50) ‘ouve 12. 16. 21 chr s0mes.
(1 pour 50) on trouve 12, 16, 21 chromosomes Te GARE
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 4]
43. 122. MEEK, C. The problem of mitosis. (Le problème de la mitose). Quart.
Journ., t. 58, 1913 (567-593).
| M. discute les diverses théories qui ont été émises au sujet de la division
cellulaire karyokinétique, et conclut qu'aucune ne donne une explication
adéquate. Une chose cependant paraît certaine, c'est que le fuseau mitotique
ne se forme pas uniquement sous l’action des forces appliquées à ses pôles.
Si l'on se refusait à admettre cela, il faudrait faire intervenir dans la
formation du fuseau des forces particulières et inconnues.
TSI 7 7
A. DRZEWINA.
13.123 GEIGEL, R. Zur Mechanik der Kernteilung und der Befruch-
tung. (Sur la mécanique de la division nucléaire et de la fécondation). Arc.
f. mikrosk. Anat., Abt. f. Zeug. u. Vererbungsl., t. 80, 1912 (171-188, 8 fig.).
G. cherche à montrer que, au point de vue physique, l'explication mécanique
que l’on donne de la division karyokinétique et de la fécondation, en faisant
intervenir une «attraction » et des « centres d'attraction», n’est guère
admissible. Il s'agirait d'une force agissant à distance, mais qui ne serait ni
la gravitation, ni une force électrique ou magnétique. G. admet une force
L : « , : . . .
L parüculère d'ordre nouveau, et qui ne se manifesterait que dans certains
| phénomènes vitaux. Il est possible que cette force d'attraction « vitale »
À naisse à la suite de phénomènes chimiques dans la cellule. L'énergie
»
chimique se transformerait en mouvement, par l'intermédiaire, ou non,
de 1 uction de chaleur.
e la prod on de chale A. DRZEWINA.
13.124. ROMEIS, B. Beobachtungen über Degenerationserscheinun-
gen von Chondriosomen. (Observations sur les phénomènes de
dégénérescence des chondriosomes). Arch. f. mikrosk. Anat., Abt. f. Zeug.
u. Vererbungsl., t. 80, 1912 (129-170, pl. 8-9).
Le travail de R. sur les processus dégénératifs des chondriosomes se
rattache à ceux, si nombreux aujourd'hui, où il est question de l’origine et
des transformations de ce$ éléments. D’après R., dans l'utérus d'Ascarts
megalocephala, 11 est possible de suivre nettement la dégénérescence des
chondriosomes des spermatozoïdes n'ayant pas pris part dans la fécondation.
Les chondriosomes, après s'être répartis dans les prolongements pseudopo-
diques de la cellule séminale, finissent par sortir de la cellule. Leur sort
ultérieur est variable, suivant les cas. Si la libération a eu lieu dans la
sécrétion utérine, les chondriosomes y subissent toutes sortes de modifi-
cations de forme, et finalement se transforment en corpuscules bruns et en
une sécrétion amorphe (chondriolyse) : ce processus rappelle celui quia
été décrit pour les mitochondries des cellules glandulaires. Lorsque les
chondriosomes libres se trouvent au voisinage des œufs, ils se placent à leur
périphérie et entrent dans la constitution de la membrane ovulaire externe.
Auprès des cellules utérines, les chondriosomes finissent par en être résorbés.
£t enfin, dans la poche séminale, les spermatozoïdes dégénérés se fusionnent
avec les prolongements des cellules utérines, et après diverses modifications
subissent une résorption.
sFmUÉ
A. DRZEWINA.
15.125. FUSS, A. Ueber die Geschlechtzellen des Menschen und der
Säugetiere. (Sur les cellules sexuelles de l’homme et des Mammifères)
42 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
Arch. f. mikhr. Anat., Abt. f. Zeug: u. Vererb., t. 81, 1912 (1-25, 5 fig., pl.
1-2).
C'est une contribution à l'étude de la différenciation précoce des cellules
sexuelles chez les mammifères, intéressante parce que l’auteur a pu avoir à sa
disposition des embryons humains très jeunes, de 2 à # semaines.
D'après F. les cellules sexuelles ne dérivent pas de cellules de l’épithélium
germinatif, parmi lesquelles on les rencontre. Ce sont plutôt des cellules
particulières, et qui existent, à l’état indifférent, bien avant la différenciation
de la glande germinale ; elles apparaissent, chez l'homme et le lapin, au
stade de la formation des feuillets germinatifs, dans l’endoderme, et quand
celui-ci se ferme pour donner le tube intestinal, elles émigrent à travers le
mésentère dans la région germinale. Cette migration a lieu chez l'homme à
l'âge de À semaines, chez le lapin au 13 jour. Ce n'est qu'ensuite que se forme
la glande germinale. La migration des cellules sexuelles est en partie active
(amiboïsme), en partie passive ; elles se multiplient par karyokinèse,.
A. DRZEWINA.
13.126. Vox BERENBERG-GOSSLER, H. Die Urgeschlechtzellen des Hüh-
nerembryos am 3. und 4. Bebrütungstage, mit besonderer
Berücksichtigung der Kern-und Plasmastrukturen. (Les
cellules génitales primitives de l'embryon du Poulet, aux 3° et 4° jours de
l'incubation, et en particulier l'étude de la structure du noyau et du
protoplasma). Arch. f. mikrosk. Anat., Abt. f. Zeug. u. Vererbungsl., t. 81,
1912 (24-72, pl. IT).
Les cellules génitales primitives de l'embryon du Poulet, aux 38 et 4° jours
de l’incubation, sont extrêmement volumineuses, et se prêtent particulièrement
bien à l'étude cytologique fine, car elles n'accompliraient, à ce stade, aucune
fonction, et que jamais, dans la règle, elles ne se divisent. B. étudie leurs
apports avec les tissus voisins, et la structure du noyau et du protoplasma :
centrosomes, mitochondries, appareil réticulaire interne. Il a établi que ces
cellules ne se déplacent pas activement, par des mouvements amiboïdes,
mais sont entrainées passivement dans la région génitale, en même temps
qu'une portion assez considérable de la plaque viscérale du mésoderme, par
suite de la fermeture de la gouttière intestinale et de la formation du mésentère.
D'après B., l'étude cytologique ne permet pas de conclure que les « cellules
génitales primitives » sont les cellules d'origine de l'œuf et des spermatozoïdes ;
d’ailleurs, dans d'autres cas non plus on n'aurait apporté une preuve irréfutable
d'une filiation directe. Le rapport entre la teneur en chromatine et les
dimensions de la cellule est à près le même que dans les autres cellules
embryonnaires, les cellules génitales primitives ne présentent avec celles-ci
aucune différence essentielle. Les particularités de l'appareil réticulaire
interne, dont le développement est très considérable, et qui souvent s'étend
dans toute la cellule, s'expliquent en tenant compte des grandes dimensions
de la cellule, de l'absence de toute activité fonctionnelle et de l'absence de
division mitotique. AIDE NS
13.127. KÜHN, Arrren. Die Sonderung der Keimesbezirke in der
Entwicklung der Sommereier von Polyphemus pediculus de
Geer. (Individualisation des territoires formatifs dans l'œuf d'été de P, p.).
Zool. Jahrb. Anat., t. 35, 1912 (243-340, 14 fig., pl. 11-17).
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS, 43
K. étudie la fin de l'oogénèse et surtout les premiers stades de l'embryo-
génèse : segmentation, gastrulation et formation des ébauches des principaux
systèmes d'organes, en suivant avec soin, au cours de leurs divisions
successives, la généalogie des différents blastomères. Il conclut que ce
Cladocère présente un exemple de détermination dans l'œuf aussi précise que
dans le cas des Polychètes : la segmentation est un travail de mosaïque,
individualisant des territoires qui ont d'avance, dans l'œuf mûr, une
signification prospective bien déterminée, de telle sorte que l’on peut déjà
marquer, dans la paroi de la blastula, les ébauches des divers feuillets. Un
point mérite d'être particulièrement retenu. Dans l'ovaire, à chaque ovule
sont annexées trois cellules nutritives, dont les restes en dégénérescence sont
englobés par l'ovule au moment de sa maturation, et marquent son pôle
végétatif. L'une surtout de ces cellules nutritives persiste longtemps recon-
naissable dans l'œuf comme une enclave figurée caractéristique. Dès le stade
2, le blastomère qui contient cette enclave est désigné comme ayant dans sa
descendance la lignée germinale ; et la première cellule génitale primordiale
est le blastomère du stade 16 auquel est seul affecté l’enclave nutritive.
Ensuite cette enclave se désagrège, et le supplément chromatique qu’elle
représente se répartit fragmenté entre les cellules qui dérivent de celle-là
(Cf. chez l'Ascaris la cellule qui ne subit pas la diminution chromatique).
K. rapproche avec raison ce fait remarquable de celui que Bucuner a fait
À connaître chez la Sagitta (Festschr. f. R. Hertwig, 1910) et divers auteurs
; pour les cellules polaires des Insectes, en particulier des Chrysomélides
, (V. WiEMmAN, Bibliogr. evol., n° 11. 414).
A part cette inclusion, l'œuf de P. relativement pauvre en vitellus, ne
présente pas de matériaux figurés marquant d'avance d'une façon visible les
divers territoires de l'œuf. Mais il y a néanmoins à n'en pas douter une
polarité spéciale, car, dans la cavité incubatrice, tous les œufs s'orientent
parallèlement, avec leurs axes verticaux et leur pôle animal en haut. K.
admet qu'il doit y avoir une sorte de stratification normale à l'axe, les
couches de cytoplasme présentant, au fur et à mesure qu’on se rapproche du
pôle végétatif, à la fois une densité plus grande, et une inertie croissante qui
s'oppose à la division. Cette structure paraît jouer un rôle prépondérant dans
la répartition de substances différentes entre les blastomères, et l'agencement
-ci jusqu'à as ion. ;
de ceux-ci jusqu’à la gastrulation CH. PiRer
143.128. DEMANDT, Cars. Der Geschlechts apparat von Dyliscus marginalis,
(L'appareil génital du D. m.). Zeitschr. f. wiss. Zool., t. 103, 1912 (171-299.
74 fig.).
Poursuivant la publication de sa monographie détaillée du Dytique, qui sera
particulièrement utile aux nombreux travailleurs qui utilisent cet insecte tout
à fait classique, L. consacre le présent mémoire à la description des glandes
génitales et de leur annexes. En particulier il étudie comparativement
l'ovaire dans l’imago qui vient d'éclore et dans l’insecte déjà plus ou moins
vieux. En ce qui concerne l'ovogénèse, confirmation des recherches de
GiarDINA, GÜNTHERT, ete. Dès l’éclosion, dans la chambre terminale de chaque
tube ovarien, on trouve déjà distinctes les cellules somatiques, qui donneront
l’épithélium folliculaire, et les cellules germinales qui donneront par division
ultérieure, les ovules avec leurs cellules nourricières. Des orifices circulaires,
où la membrane fait défaut, mettent en communication ces cellules, et
44 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
permettent le passage direct de matériaux figurés d'elles à l’ovule. De même
D. étudie le cycle présenté par la spermatogénèse au cours de l’année, soit
chez les vieux individus qui ont déjà au moins un an, soit chez les jeunes qui
viennent de sortir de la pupe, et où la spermatogénèse présente un retard
de deux mois. Sans entrer dans le détail cytologique, il s'accorde avec les
conclusions de SCHÂFFER et d'HENDERSON, et figure des aspects d'ensemble
correspondant aux différentes étapes de la spermatogénèse. Il est vraisem-
blable que dans le syncytium initial deux catégories différentes de noyaux
correspondent respectivement aux cellules pariétales des cystes et aux
spermatogonies ; mais la distinction n’est manifeste qu'après que ces dernières
I éjà subi plusieurs divisions. :
ont déj RS Re CH. PÉREZ.
13.129. GRÉGOIRE, Vicror. La vérité du schéma hétéro-homéotypique.
15.130.
C. R. Ac. Sci., t. 155, 1912 (p. 1098-1100).
G. rejette, après recherches nouvelles, l'interprétation donnée par DEHORNE
(Cf. Bibl. Evolut., 10, 11, 12 passim), pour les figures des cinèses maturatives
des Lilium et maintient l'exactitude de son schéma hétéro-homéotypique.
Le nombre 2 n des chromosomes est 24 et non 12 (ad DEHORNE). — (Gr. conteste,
d’une façon générale, le bien fondé des interprétations de D.
Une réfutation plus détaillée et avec figures des interprétations de DEHORNE,
en ce qui concerne l'allure des chromosomes à la métaphase et à l’anaphase
des cinèses somatiques, et en même temps la confirmation générale du schéma
classique de la caryocinèse a été publiée par G. (Recherches sur Galtonia
candicans, Trillium grandiflorum et Allium cepa), sous le titre :
Les phénomènes de la métaphase et de l'anaphase dans
la caryocinèse somatique, à propos d'une interprétation
nouvelle. Ann. Soc. Sci. Bruxelles, t. 36, 1912, 36 p. 1 pl.
Le point essentiel de cette réfutation est qu'après le stade de la plaque
équatoriale, chaque chromosome donne, par division longitudinale, deux anses
filles, qui s'écartent l'une de l’autre et se dirigent chacune vers l'un
des pôles. M. CAULLERY.
12.131, WILSON, Epmuxn B. Studies on chromosomes. VIII. Obser-
vations on the maturation-phenomena in certain Hemip-
tera and other forms, with considerations on synapsis and
reduction. (Études de chromosomes. VIII. Maturation chez quelques
Hémiptères et autres formes; synapsis et réduction). Jour. exper. Zoël.,
t. 13, 1912 (345-431, pl. 1-9).
Poursuivant ses suggestives recherches, W. étudie les divisions réductrices
chez deux Hémiptères, Oncopeltus fasciatus (DaLL) et Lygœæus bicrucis (Sax).
Le premier surtout présente un intérêt particulier en ce sens que les chromo-
somes sexuels X et Y sont très sensiblement égaux de taille entre eux, de
sorte qu'on ne peut distinguer de différence sensible entre les groupes diploïdes
de chromosomes dans les deux sexes. En fait, dans un même individu certaines
cellules présentent entre X et Y une inégalité perceptible, d'autres une
complète égalité: et le pourcentage des deux alternatives varie beaucoup
suivant les individus. À la métaphase de la prem ? division méiotique, ces
deux chromosomes sexuels se présentent comme deux masses plus petites, au
centre d'un groupe circulaire formé par les 7 chromosomes bivalents ; ils se
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 45
divisent en même temps que ces derniers; mais à l'anaphase, dans chaque
cellule fille, X et Ÿ se rapprochent et se soudent en une masse unique, qui
garde cependant, par son aspect de haltère, l'indice de sa dualité originelle ; et
cet aspect persiste pendant toute l'intercinèse avec une grande netteté. A la
seconde division les deux constituants se séparent de nouveau, de sorte que
finalement, sur les quatre spermatides, deux contiennent X et les deux autres
Y. En remontant jusqu’à la fin des cinèses goniales, W. a pu repérer les chro-
mosomes sexuels presque dès la reconstitution du noyau à l'état de repos ;
ils se présentent d'emblée sous forme de nucléoles chromatiques, et persistent
sous cette forme, sans participer à l’évolution des autres chromosomes,
apparus sous forme de filaments leptotènes en nombre diploïde, et remplacés
après la phase synaptique (synizesis), par les anses pachytènes en nombre
haploide. Ces chromosomes sexuels ont ainsi dès le début une histoire spéciale,
de même que dans la cinèse elle-même ils se distinguent en ne présentant
jamais la forme en croix ou en tétrade, si caractéristique pour les chromo-
somes bivalents. Le stade synaptique lui-même est malaisé à analyser chez ces
Hémiptères ; mais par analogie avec le cas de Batracoseps et de Tomopterts,
W. est amené à penser qu'il doit y avoir parasyndèse.
Dans une seconde partie, de discussion critique W. expose sa conception du
processus méiotique et de sa signification. Il pense que dans la syndèse, il n'y
a pas seulement accolement simple de deux chromosomes qui conserveraient
côte à côte leur individualité personnelle ; il doit y avoir entre les deux
constituants du couple un remaniement, de telle sorte que les deux moitiés
qui se séparent à la fin de la prophase ne sont pas identiques aux deux
chromosomes primitivement conjugués. Cependant le comportement des
chromosomes sexuels montre bien que l’une des cinèses de maturation doit
être réductionnelle, au sens originel de ce mot. La chromatine est bien le
support principal des qualités héréditaires, mais il ne faut pas s’imaginer
qu'il y a des pangènes ou biophores indépendants, se multipliant séparément,
dont chacun serait porteur d’un caractère de l'organisme ; il suffit de concevoir
des entités chimiques spécifiques, à la présence ou à l'absence desquelles
l'organisme réagit comme un tout, par une réaction ontogénétique d'ensemble,
dont la manifestation extérieure est le caractère considéré. On peut en trouver
une image adéquate dans les propriétés des protéines : les caractères indivi-
duels des proteines varient suivant les substitutions opérées dans les chaines
latérales de la molécule ; mais les propriétés de la molécule protéique complexe
ne représentent nullement la somme des propriétés des divers noyaux élémen-
taires dont elle est constituée. En terminant W. exalte l'importance de la
mitose, qui n'aurait pas de sens, en dehors de cette interprétation de W.
Roux qu'elle constitue un processus d’alignement de substances différentes,
préalablement à leur division et à leur répartition entre les cellules filles.
Cu. PÉREZ.
13.132, WILSON, Enuuxn B. Some aspects of Cytology in relation to
the study of Genetics. (Quelques aspects de la cytologie en relation
avec l'étude de la génétique). Amer. Natur., t. 46, 1912 (57-68).
Pour W., les travaux les plus récents sembleraient prouver que les chromo-
somes provenant du filament du spirème ne sont pas homogènes, mais qu'ils
sont composés de plusieurs éléments constitutifs, subissant divers modes de
ségrégation chez des espèces différentes. Des recherches nouvelles sur la
46 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
karyokinèse indiquent plus que jamais l'importance des transformations
mitotiques de la chromatine. Tout à fait intéressants sont les résultats réunis
par Miss K: Boxxevie, par Miss PINNEY et par Davies. Ils établissent que de
nouveaux chromosomes peuvent se former à l'intérieur des anciens sous
l'aspect de filaments étroitement enroulés ou convolutés, qui se déroulent
pour donner des filaments représentant autant de spirèmes distincts. Lors de
la division Kkaryokinétique, ces filaments peuvent déjà être formés à
l'intérieur des chromosomes au stade de télophase correspondant à la division
précédente. Chez certains Orthoptères, ils seraient d’abord visibles lors des
premières prophases. On assiste en quelque sorte à leur déroulement. Leur
nombre est égal à celui des anciens chromosomes dont ils sont issus. Tous
ces faits seraient en accord avec l'hypothèse de W. Roux d’après laquelle « la
formation des filaments nommés spirèmes consisterait en un arrangement
linéaire (linear alignment) de différents éléments constitutifs sur le point de
subir la division ou de donner un type défini d'association par paires lors de la
phase de synapsis ».
W. montre ensuite l'importance des travaux de Boveri. Cet auteur a établi
que les chromosomes diffèrent entre eux au point de vue du rôle physiolo-
gique qu'ils jouent dans le développement et qu'ils offrent des dissemblances
correspondantes en ce qui a traitaux dimensions et au comportement. Il a
même été possible de démontrer l'existence d’une relation entre certains
chromosomes d'aspect particulier et des caractères spéciaux (cas de détermi-
nation du sexe, exemples de caractères sex-limited). On voit donc que la
substance nucléaire, au lieu d’être un simple mélange mécanique (#echanical
mixture), représente un système organique très complexe.
Env. BoRDAGE.
13.133. DEHORNE, Armaxr. Nouvelles recherches sur les mitoses de
maturation de Sabellaria spinulosa Lienck. C. R. Acad. Sci. Paris,
t. 156, 1913, (485-487). ;
L'ovocyte de S. s. présenterait 8 anses pachytènes. Lors des deux divisions
de maturation et après elles, on constate 16 anSes chromatiques. I n'y aurait
donc pas eu de réduction numérique — D. a relevé dans la littérature quelques
cas analogues, contraires à la notion classique. Il les explique par deux
divisions longitudinales des chromosomes, intercalées entre le stade pachytène
et la métaphase de la première des divisions maturatives. Cela se produirait
: dans les ovules où le noyau subit un très grand accroissement et n'aurait pas
lieu dans la spermatogenèse. Mais on ne voit pas quand se produit la
réduction numérique. MAC
13.134. BAEHR, W. B. vox. Contribution à l'étude de la caryocinèse
somatique, de la pseudo-réduction et de la réduction (Aphis
saliceti). La Cellule, t. 27, 1912 (p. 385-450, 1 pl.)
Dans le but de contrôler les assertions de DEnHORNE sur la caryocinèse,
l'auteur a repris l'examen de ses préparations d'Apis saliceti (ef Bibl. Evol.
10, 67) et en a fait de nouvelles. Il décrit à nouveau les cinèses somatiques
(spermatogonies et cellules somatiques : elles montrent cinq chromosomes chez
le mâle, six chez la femelle) et les cinèses de maturation dans la spermato-
genèse (3 chromosomes dont deux doubles et l'hétérochromosome impair, chez
le mâle, au début de la première). Il est ainsi conduit à écarter toutes les
interprétations de Denorne différant des données classiques. Il discute
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 47
encore (surtout avec MEvES) l'interprétation de la réduction et l'individualité
des chromosones dont il est naturellement partisan ; enfin il étudie l'hétéro-
chromosome, homologue pour lui des autres. Il ne peut établir avec précision
par quel procédé certains œufs perdent un chromosome et deviennent ainsi des
œufs mâles.
M. CAULLERY.
13.135. DONCASTER, L. The chromosomes in the oogenesis and sper-
matogenesis of /’/eris brassicae and in the oogenesis of Abraras
grossulariata. (Les chromosomes dans l'oogénèse et la spermatogénèse de
P. b. et dans l’oogénèse d’A. g.). Journ. of Genetics, t. 2, 1912 (189-200, 15 fig.).
Aussi bien chez l'Abraæas que chez la Pieris, les oogonies montrent un
nombre pair de chromosomes, sans que l’on puisse distinguer un couple
spécial. Au début du processus méiotique deux chromosomes se transforment
en un double nucléole chromatique, tandis que tous les autres, participant à
la syndèse, fournissent les paires, en nombre haploïde, de la première mitose
maturative. Les deux moitiés du nucléole chromatique, bien que n'étant pas
absolument égales, ne présentent pas cependant une différence de taille assez
constante pour justifier leur interprétation comme hétérochromosomes. L'étude
des chromosomes dans le début de l’oogénèse ne fournit donc pas une base
matérielle pour la transmission sex-conjuguée des caractères. Dans l'hypothèse
de SPILLMAN que dans le 6 grossulariata normal il y a deux chromosomes
portant le facteur (, tandis que chez la © l’un d'eux est remplacé par un
chromosome sexuel X, qui ne porte pas G, c'est bien ce que lon doit
attendre ; mais comme la variété lacticolor a, au moins chez le 6, le mème
nombre de chromosomes que grossulariata (Cf. Bibliogr evol., n° 803), il
faut admettre que les chromosomes porteurs de G peuvent perdre ce facteur
| sans devenir visiblement différents. CP
13.136. BROWNE, Ernez NicuoLsoN À study of the male germ cells in
Notonecta. (Les cellules génitales mâles des N.). Journ. exper. Zoûl., t. 14,
1913 (61-102, 10 pl.).
Br. étudie d’une façon comparative les débuts de la spermatogénèse dans
trois espèces de Notonectes américaines (V. note prélim. Bibl, Evol., n ff,
291). La variation que l’on observe, d'une espèce à l’autre, dans le nombre
des chromosomes, est due au comiortement particulier de deux chromo-
somes spéciaux, qui sont toujours séparés chez N. wndulata, toujours réunis
en un corps unique chez N. irrorata, et qui chez N. insulata peuvent être
séparés à la première division méiotique, mais sont de nouveau réunis à la
seconde. Dans les trois espèces, pendant la période de croissance des
auxocytes, tous les chromosomes sont condensés en une caryosphère massive,
formée de corps chromatiques empâtés dans une masse de plastine. A la
prophase, les éléments chromatiques de la caryosphère, abandonnant la
plastine qui se dissout, se transforme en doubles filaments leptotènes, puis se
condensent en anneaux qu tétrades-croix dont BR. suit entièrement l'évolu-
tion. Les mitochondries se séparent en masse au moment de la division
EPUIETrES Cu. PÉREZ.
13.137. SEILER, J. Das Verhalten der Geschlechtschromosomen bei
Lepidopteren. (Les chromosomes du sexe chez les Lépidoptères). Zoo!.
Anz. t. 41, 1913 (p. 246-251, 4 fig.).
48 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
Chez Phragmatobia fuliginosa, la femelle montrerait dans les ovules après
expulsion des globules polaires, tantôt 28, tantôt 29 chromosomes. Il y aurait
donc dimorphisme ovulaire quant aux chromosomes, cas qui serait à
rapprocher de celui signalé par BaLrzer chez les Oursins et qui aurait besoin
d'une confirmation. ,
M. CAULLERY.
13.138. BORING, Auce M. The odd chromosome in Cerastipsocus venosus.
(L'hétérochromosome de C. ».). Biolog. Bulletin, t. 24, 1913 (125-132, pl. 1-2).
Le Cerastipsocus venosus présente un hétérochomosome, qui ne se divise
pas à la première mitose des spermatocytes, de sorte que parmi les sperma-
tocytes de second ordre, la moitié ont8 et l'autre moitié 9 chromosomes. Tous
ces éléments, y compris l'hétérochomosome, participent à la division suivante.
L'intérêt de ce travail est de donner le premier exemple que l'on connaisse
jusqu'ici de l'existence d’un chromosome sexuel dans le groupe des Corro-
dentia. à
CH. PÉREZ.
13.139. BORING, Ace M. The chromosomes of the Cercopidæ. (Les
chromosomes des Cercopides). Biolog. Bulletin, t. 24, 1913 (133-146, pl.
1-4).
Miss B. ajoute la description comparative des divisions réductionnelles
chez le Philænus spumarius et lAphrophora spumaria aux connaissances
que l’on avait déjà pour quatre autres types de cette famille. Chez tous il y
a un hétérochomosome, qui ne se divise pas à la première mitose réductrice.
Dans les deux espèces le nombre haploide est 12; et certains chromosomes
peuvent être suivis grâce à leur taille particulière. Ces deux espèces
présentent, dans leur coloration, une variabilité somatique assez étendue.
L'examen attentif des plaques équatoriales des cinèses n'a fourni aucun
indice permettant de rattacher cette variabilité à la constitution de l'édifice
, somique. 3 É
chromosomiq CH. PÉREZ.
13. 140. MARK, E. L. et LONG. J. A. The living eggs of Rats and Mice,
with a description of apparatus for obtaining and obser-
ving them. (Les œufs vivants des rats et des souris et description de
l'appareil pour les obtenir et les observer). Univ. of California Publ.,
Zoülogy, t. 9, 1912 (p. 105-126, pl. 13-17) et Contrib. Zoôl. Labor. Mus.
Comp. Zoûl. Harvard College, n° 225.
M. et L. décrivent les appareils qu’ils ont construits pour observer vivant
l'œuf des petits mammifères, ce qui peut évidemment être très uüle pour
l'étude de divers problèmes tels que des essais de parthénogenèse expéri-
mentale, ete. Les œufs, amenés sur porte-objet, sont observés dans du liquide
de Ringer, au miscrocope placé dans une enceinte à température constante. [ls
sont pris dans l’oviducte. L'ovulation chez une souris se produit à partir de
14 heures après la parturition. Il faut donc connaître l'heure exacte de celle-ci ;
20 heures après, on a toute chance de trouver les œufs, dans le haut de
l'oviducte. Il en est de même chez le rat; ils sont d’abord agglomérés en un
paquet, puis se séparent dans leurs trajets à travers l’oviducte. — On peut
apercevoir le groupe à travers la paroi de l'oviducte distendu ; isolés, ils sont
beaucoup plus difficiles à voir. — Les auteurs ont fait la fécondation arti-
ficielle de ces œufs sous le microscope; ils ont pu les maintenir vivants
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 49
12 heures mais sans avoir de segmentation. Il y a là en tout cas un effort
intéressant au point de vue technique. NE Een
13.141. SCHAXEL, Juuus. Weitere Untersuchungen über die Eibildung
der Meduse Pelagia. (Nouvelles recherches sur l'oogénèse de P.). Jen.
Zeitschr. t. 48, 1912 (pl. 24).
En réponse à une critique de Kemnirz (Arch. f. Zellforsch., t. 7, 1911),
S. donne de nouveaux détails sur l'oogénèse de la Pelagia, et maintient son
interprétation des émissions chromatiques, à partir du noyau, dans le cyto-
plasme ovulaire. (Cf. Bibliogr. evol., n 181). CH Pérez
13.142. HANSEMANN, D. vox. Ueber den Kampf der Hier in den Ovarien.
(Lutte entre les œufs dans l'ovaire). Arch. Entwickl. mech., t. 35, 1912 (223-
235, pl. 2).
IH. interprète les phénomènes bien connus de l'atrésie folliculaire comme
le résultat d'une lutte mutuelle qui ne laisse subsister que les ovules les plus
IS RES CH. PÉREZ.
13.143. GLASER, Orro. On the origin of double-yolked eggs. (Sur l'origine
des œufs à deux jaunes). Biolog. Bulletin, t. 24, 1913 (175-186, 3 fig.).
La dissection de l'ovaire d'une Poule qui pondait fréquemment des œufs à
deux jaunes, a révélé les anomalies suivantes. De nombreux follicules en voie
de croissance, forment à la surface de l'ovaire de longs prolongements en
forme de massues, dont le pédicule est constitué par un tractus de stroma
conjonctif, portant à son extrémité distale le follicule lui-même, qui contient
d éventuellement deux ovules jumeaux. Ces anomalies peuvent être considérées
# comme des évaginations du massif ovarien, en rapport avec un manque de
tonicité de l’albuginée, et dans lesquelles se sont engagés côte à côte plusieurs
ovules.
Cu. PÉREZ.
13.144, BARTELMEZ, G. W. The bilaterality of the Pigeons’ egg.
(Bilatéralité de l'œuf de pigeon). Journ. of Morphol., t. 23, 1912 (269-314,
47 fig.).
C'est une étude de la structure de l'œuf de pigeon, à partir de la première
période de croissance de l'oocyte jusqu'au commencement de la segmentation.
B. arrive à cette conclusion qu’il existe, chez le pigeon, une relation déter-
minée entre l’axe de l'embryon et l'axe longitudinal de l’ovule ; ces deux axes
se manifestent déjà dans l'œuf ovarien, autrement dit l'axe antéro-postérieur
du pigeon est prédéterminé dans l'ovaire. L’angle que font l'axe longitudinal
de l'ovule et celui de l'embryon est sujet à des variations assez notables,
mais est relativement constant pour les œufs pondus par un oiseau donné,
Du moment que la structure du follicule primordial est déterminante pour
l'extrémité de l'œuf qui la première doit s'engager dans l’oviduete, et qu'entre
cette extrémité et l'axe de symétrie de l’embryon il existe un rapport
défini, il résulte que l'axe antéro-postérieur du pigeon futur est déterminé
au moins au stade du follicule primordial. Chez différents autres vertébrés,
on a décrit une polarité analogue ; cette polarité persiste, sans changement,
d’une génération à l’autre; d’après B., la symétrie bilatérale est un des
caractères fondamentaux du protoplasma,
ce [ pi A. DRZEWINA.
Bibl. Evol. IV. n
13. 145.
13. 146.
13. 147.
15. 148.
13. 149.
90 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
KINGSBURY, B. F. et HIRSCH, P. The degenerations in the secon-
dary spermatogonia of Desmognathus fusca. (Dégénérescences dans les
spermatogonies secondaires). Journ. of Morphol., t. 23, 1912 (231-247, 21 fig.).
Chez Desmognathus fusca, au moment où s'arrête la transformation des
stermatogonies en spermatocytes, on peut trouver de nombreuses figures de
dégénérescence parmi les cellules qui ont « manqué » de se transformer au
cours de la saison. Elles occupent une position définie dans le testicule et
semblent être en rapport étroit avec la régulation du processus spermato-
génétique. Des processus dégénératifs analogues ont été signalés dans divers
autres cas d’oogénèse et de spermatogénèse, et semblent avoir une importance
plus grande qu’on ne l’admet pour l’activité des glandes reproductrices.
A. DRZEWINA.
POYARKOFF, E. L'influence du jeûne sur le travail des glandes
sexuelles du chien. C. R. Soc. Biologie, t. 74, 1913 (141-143).
En soumettant des chiens à un jeûne prolongé, déterminant la perte d'un
tiers du poids total, P. a constaté une réduction considérable dans l’activité
des testicules et des glandes annexes: non seulement grande diminution du
nombre des spermatozoïdes, mais affaiblissement de la vitalité de ces
éléments, qui finissent par ne plus être capables de mouvement et présentent
même des arrêts de différenciation (absence de queue). L'examen des testicules
montre en effet une stérilisation assez avancée des canalicules, où ne subsistent
plus qu'un petit nombre de spermatogonies dans le:syncytium de Sertoli. Le
retour au régime normal ne fait pas immédiatement cesser les anomalies,
: la spermatogénès se rétablit que lentement. x ;
et la spermatogénèse ne se rét: q
IVANOFF, E. Action de l'alcool sur les spermatozoïdes des
Mammifères. C. À. Soc. Biologie. t. 74, 1913 (480-182).
— Expériences sur la fécondation des Mammifères avec le
sperme mélangé d'alcool. Ibid. (482-184).
[. étudie la résistance du sperme (persistance de la motilité) à l’action directe
de l'alcool. Les spermatozoïdes qui ont cessé de se mouvoir peuvent être
ranimés par dilution avec des solutions salines. Des expériences de fécondation
artificielle ont été pratiquées sur des chiennes, des brebis, des lapines et des
cobayes, avec du sperme mélangé d'alcool. Même la proportion de 10 °% d'alcool
à 95° n'a entravé ni la conception, ni la marche normale de la gestation, ni la
naissance d'une descendance normale. [ ne semble done pas que l'alcool ait,
par son intervention directe sur les spermatozoïdes, une action aussi nocive
que celle qu'il possède lorsqu'il est introduit par la voie intestinale.
Cn. PÉREZ.
BALLY, W. Chromosomenzahlen bei Triticum -und Ægilops arten.
Ein cytologischer Beitrag zum Weizenproblem (Nombre de
chromosomes dans les espèces de Blé et d'Ægilops. Contribution cytologique
à l'étude de l'origine du blé). Ber. d. deuts. bot., Ges. t., 30, 1912 (163-172
et pl. 8).
Triticum dicoccoïdes a 8 chromosomes réduits, de même que Tr. vulgare
et Secale cereale ; Ægilops ovata qui forme des hybrides avec les précédents
6 chr s 8,
16 chromosome L. BLARINGHEN.
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. pl
FÉCONDATION.
13.150. HEMPELMANN, F, Die Geschlechtsorgane und — Zellen von
Saccocirrus. (Les organes sexuels et les gamètes des N.). Zoologica, Heft 67,
1912 (p. 249-304, pl. 25-29 et 7 fig.)
li. publie en détail ses recherches sur S. (S. papillocercus et S. major).
Nous en extrayons ici que le mâle féconde la femelle longtemps avant la ponte
et que les spermatozoïdes pénètrent dans les ovules de celles-ci encore très
Jeunes, avant qu'ils aient subi la croissance et formé leur vitellus. Il y a
monospermie. La formation du vitellus est liée, au moins en partie, à l'expulsion
de masses chromatiques du noyau. La {® division méiotique dans les deux
sexes montre 4 tétrades ; la seconde 4 dyades. Les globules polaires se forment
sur l'ovule encore attaché aux masses ovariques ; après leur expulsion, les
ovules tombent dans le cœlome ; la fusion des pronueléi n'a lieu que hors du
corps de la femelle, dans l’eau de mer. L'anatomie des organes génitaux,
l'histoire des produits sexuels conduisent H. à admettre des affinités particu-
lièrement étroites entre S. et Protodrilus et avec les Oligochètes. Polygordius
en est plus éloigné et se rapprocherait des Polychètes.
[Autres cas signalés de pénétration du spermatozoïde dans l'ovule à un
stade précoce de l'ovogénèse : Otomesostoma et deux autres Turhéllariés
Allæocæles (VON HOrSTEN), Dinophilus gyrociliatus (SHEARER) |.
M. CAULLERY.
43.151. ELDER, Jay C. The relation of the zona pellucida to the forma-
tion of the fertilization membrane in the egg of the Sea-
urchin (Strongylocentrotus purpuratus). (Relation entre la zone pellucide
et la formation de la membrane de fécondation dans l'œuf d'Oursin). Arch.
Entwickl. mech., t. 35, 1912 (145-164, 18 fig.).
La zone pellucide des œufs mûrs provient d’une transformation de la zona
radiata des ovules immatures. On sait que certaines femelles d'Oursin
présentent naturellement un pourcentage plus ou moins élevé d'œufs stériles,
qui n'attirent pas les spermatozoïdes. Ce n'est point un défaut de maturité,
car les œufs immatures attirent parfaitement les spermatozoides, et peuvent
même se laisser pénétrer simultanément par plusieurs. Mais ces œufs stériles
sont dépourvus de zone pellucide. D'un autre côté des œufs normaux conservés
dans l’eau de mer présentent un gonflement de la zone pellucide, qui, à partir
de 48 heures, commence à sa détacher. Les œufs ainsi dépouillés sont devenus
stériles, n'attirant plus les spermatozoïdes, qui sont au contraire attirés par
les zones gonflées et détachées des œufs. C'est done dans la zone pellueide
que réside le stimulus attractif des spermatozoïdes. Après suppression de la
zone pellucide, la fécondation ne peut plus s’accomplir que par la rencontre
fortuite avec un élément mâle, et il ne se forme pas de membrane de fécon-
dation. Celle-ci est une membrane de précipitation qui résulte d'une réaction
entre le liquide qui sort de l'œuf (sous l'action du sperme ou d'un agent
fécondant) et la lamelle profonde de la zone pellucide, passée elle-même à
l'état de sol. CH PÉREZ.
43.152. KITE, G. L. The nature of the fertilization membrane of the
egg of the Sea-urchin (Arbacia punctulata). (La nature de la membrane
de fécondation de l'œuf d'A. p.). Science, t. 36, 1912 (562-564).
Étude de la réaction qui s'opère dans la membrane vitelline sous l'influence
O1
Ÿ
& BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
des spermatozoïdes. [l se produit tout d'abord un gonflement de cette mem-
brane qui devient nettement visible au microscope. Puis, la surface du cyto-
plasma subit à son tour un gonflement représenté par une épaisseur d’un y
environ (couche hyaline du cytoplasma). A ce moment, la couche la plus
interne de la gelée qui entoure l'œuf éprouve un changement dans son indice
de réfraction et devient parfaitement visible. Ce que l’on nomme la membrane
de fécondation se compose alors de 3 parties : {° la portion la plus interne de
la gelée qui entoure l'œuf; 2° la membrane vitelline gonflée; % la couche
hyaline du cytoplasma. Ces deux dernières parties peuvent être séparées l’une
de l’autre, soit par la méthode plasmolytique, soit à l’aide de réactifs et de
colorants (bleu d’isamine, bleu de toluidine, etc.). Pour effectuer cette sépa-
ration, K. a aussi utilisé des aiguilles de verre à extrémité excessivement fine.
L'auteur a pu observer le passage du spermatozoide à travers la membrane
vitelline. I] croit que la réaction qui provoque les modifications signalées par
lui a pour but d'empêcher la polyspermie. ac BOL
13.153. GRAY.J.The effects of hypertonic solutions upon the fertilised
eggs of ÆEchinus (E. esculentus et ÆE. acutus). (Effets des solutions
hypertoniques sur les œufs fécondés). Quart. Journ., t. 58, 1913 (447-481,
4 fig., pl. 24 à 27).
Dans des conditions anormales, mais identiques, la chromatine de l'œuf de
l'E. esculentus et celle de l'E. acutus ne présentent pas les mêmes modifi-
cations : par exemple, dans certaines conditions, on a d'une part formation
d'une seule vésicule dans le noyau, d'autre part, plusieurs vésicules ; ces
vésicules proviendraient du gonflement des chromosomes. Quand on fait agir
une solution hypertonique donnée sur les œufs fécondés d'£E. acutus, on
obtient une transformation des chromosomes en vésicules, et le processus
rappelle exactement celui qu'on observe normalement dans la fécondation
hétérogène : esculentus 6 X acutus ©. Sur les œufs d’'Æ. esculentus, la solution
hypertonique ne produit pas le même effet, ce qui prouverait que, dans la
fécondation croisée, seuls les chromosomes maternels sont affectés. La
première division de segmentation est normale, même lorsque la structure
nucléaire est complètement détruite ; par contre la segmentation suivante est
toujours anormale, dans tous les cas où les œufs ont été traités par une
solution hypertonique. On pourrait conclure des expériences de G. que les
phénomènes cytologiques lors d’une fécondation hétérogène sont en réalité
pathologiques, et que c'est la chromatine ç qui est pareulièrement atteinte, car
c’est elle qui donne naissance à des vésicules. G. fait intervenir des variations
de perméabilité et par suite de pression osmotique dans la formation des
vésicules en question, et admet que la perméabilité de l'œuf varie avec les
espèces de spermatozoïdes qui ont été employés pour sa fécondation, ce qui
revient à dire que le degré de la modification de perméabilité de l'œuf est
at] ner Lazoïde
fonction du spermatozoïde. ADR
13.154. DONCASTER, L. et GRAY, J. Cytological observations on the
early stages of segmentation of Æchinus hybrids (Observations
cytologiques sur les premiers stades de segmentation chez les hybrides
d'Oursin). Quart. Journ., t. 58, 1913 (483-510, pl. 28 et 29).
Les observations ont été faites sur des hybrides d'Æchinus esculentus,
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 53
acutus et miliaris, dans le but de voir si, conformément aux résultats de
Bazrzer, les larves hybrides sont du type maternel quand il y à élimination
des chromosomes paternels, et du type intermédiaire quand il n'y a aucune
élimination. Les auteurs n'ont pas observé d'élimination de chromosomes,
mais dans certains Cas une transformation de plusieurs d’entre eux en vésicules.
On aurait pu penser que cette formation des vésicules correspond à une
élimination des chromosomes dans le sens de Bazrzer. Mais les auteurs ont
constaté que les mêmes vésicules s'obtiennent sous l'influence des solutions
hypertoniques. Quand on croise acutus © X esculentus 6, les chromosomes de
l'acutus subissent une transformation en vésicules, et celle-ci serait due à
ne altération de la perméabilité ou à des troubles osmotiques de l'œuf dans
lequel s'était introduit un spermatozoide d'espèce étrangère. On peut supposer
que le spermatozoide d'esculentus absorbe plus du liquide de l'œuf que ne le
fait le spermatozoide d'acutus, et il agirait par conséquent comme une
solution hypertonique. Les chromosomes seraient à considérer comme entourés
chacun d'une membrane semi-perméable. D'autre part, divers faits plaident
en faveur d'une différenciation physiologique entre chromosomes. Certains se
comportent normalement, d’autres forment des vésicules, ou bien ne se
divisent pas, et une étude comparative permet de supposer que ce sont
toujours les mêmes. Il y aurait donc, entre les chromosomes, des différences
physiologiques, comme il y a des différences de forme et de volume.
A. DRZEWINA.
13.155. ZACHARIAS, Orro. Harmoniert die Lehre. Ed. Van Beneden's
von Getrenntbleiben der Chromatinsubstanz männlicher
und weiblicher Provenienz im befruchteten Ascaris-Ei,
mit den Tatsachen der mikroskopischen Beobachtung ?
(Les chromatines paternelle et maternelle restent-elles effectivement séparées,
dans l'œuf fécondé d'A. #2., comme l'a décrit En. Van BENEDEN ?). Zoo!. Anz.,
t. 40, 1912 (p. 400-415).
Ep, V. B., dans son célèbre mémoire sur la fécondation d'A. #1. (1883), décrit
les deux pronuclei comme ne se fusionnant jamais ; 1l considère done le
fait de la fusion, chez d’autres animaux (Oursins), comme d'importance
secondaire, Les chromatines paternelle et maternelle resteraient distinctes.
Cela conduit à la gonomérie de V. HAECKER et à la théorie de l'individualité
des chromosomes de Boveri. S'appuyant sur ses observations personnelles, Z.
fait remarquer l’absolue impossibilité de mettre en évidence au microscope la
séparation effective des deux chromatines, dans les noyaux des deux premiers
blastomères avant leur division. E. V. B. n’a d’ailleurs pas formellement nié
qu'il y eut fusion à ce moment, mais a considéré, sans raison valable, cette
fusion comme invraisemblable, aussi bien à ce stade que dans les générations
cellulaires ultérieures. En fait, on voit parfois la fusion des pronuclei eux-
mêmes, En tout cas, les faits d'ordre microscopique n'apportent aucune
constatation positive en faveur de l'autonomie permanente des chromatines
personnelle et maternelle, ni par suite de toutes les conséquences qu'on en a
fait découler. M. CAULLERY.
13.156. MEVES, Fr. Verfolgung des sogenannten Mittelstückes des
Echinidenspermiums im befruchteten Ei bis zum Ende der
ersten Furchungsteilung. (Recherche du segment intermédiaire du
spermatozoïde d'Oursin dans l'œuf fécondé jusqu'à la fin de la première
D4 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
division de segmentation). Arch. f. maihrosk. Anat., Abt. f. Zeug. u.
Vererbungsl., t. 80, 1912 (81-123, pl. 4-7, 2 fig.).
M. a déjà publié sur le même sujet des notes préliminaires (Cf. Bibl.
evolut., 12, 86). La grosse question est celle de savoir si, à côté du noyau,
certaines parties figurées du protoplasma (chondriosomes, plastosomes, bio-
blastes, mitochondries, plastochondries, Nebenkern, ce qui d’ailleurs est la
même chose) interviennent en tant que porteurs des caractères héréditaires.
M. répond par l’affirmative. Les figures qu'il donne, et qui représentent l'œuf
de Parechinus miliaris, 6, 8, 15, 18, 30, 45 et enfin 60 minutes après la
fécondation, montrent nettement, dans tous ces stades, le « segment intermé-
diaire », qui correspond aux plastochondries, à côté des deux pronucléus. Au
moment ou le noyau de segmentation se divise en deux, le segment intermé-
diaire passe dans l'un des deux blastomères. Ceux-ci ne sont donc pas
équivalents. M. admet que seul le blastomère qui a reçu le segment intermé-
diaire donnera le futur Oursin, l’autre blastomère engendrant les parties du
pluteus destinées à disparaitre. Chez les Holothuries, où l’ensemble du corps
larvaire se transforme en animal adulte, il faudrait s'attendre à ce que la
substance plastochondriale du spermatozoïde se partage entre les deux
premiers blastomères, comme c’est le cas chez Ascaris megalocephala.
A. DRZEWINA.
13.157. KOHLBRUGGE, J. H. F. Die Verbreitung der Spermatozoiden
im weiblichen Kôrper und im befruchteten Ei. (Répartition
des spermatozoïdes dans le corps de la femelle et dans l'œuf fécondé). Arch.
Entwickl. mech., t. 35, 1912 (165-188, 21 fig).
K. insiste sur ce fait que, chez tous les animaux qu'il a examinés jusqu'ici,
Sélaciens, Oiseaux, Mammifères, les spermatozoïdes restent longtemps vivants
dans les organes femelles, et pénètrent dans les muqueuses, parfois même
jusque dans le tissu conjonctif sous-jacent. Aussi pense-t-il que le nombre
immense des spermatozoïdes introduits par le coit ne représentent pas une
profusion inutile; mais qu'ils réalisent une véritable imprégnation de la
femelle, susceptible d'expliquer la télégonie et d’autres phénomènes. Chez
quelques Mammifères, comme la Chauve-souris Xantharpya et le Chien, K. a
observé aussi la pénétration de spermatozoïdes dans le jeune embryon (Cf.
Bibliogr. evolut., n° 11, 408); leur rôle serait d'apporter à l'œuf en
segmentation des matériaux nutritifs et de nouveaux stimulus de déve-
loppement, peut-être même de nouvelles influences héréditaires paternelles.
Signalons encore que chez les Sélaciens (Scyllium, Torpedo) et chez la
Poule, les spermatozoïdes ne remontent pas dans les voies femelles au-dessus
de la limite supérieure de la glande coquillère. La fécondation serait donc
postérieure au dépôt de l'albumine autour de l'œuf. Cu; Pme
13.158. HERLANT, Maurice. Sur quelques acquisitions nouvelles dans
l'étude de la fécondation de l'œuf. I. Les expériences de
fécondation hétérogène et le problème de l’hérédité. ec. de
Bruxelles, 1912 (565-580).
13.159. — Il. Le mécanisme de la fécondation. Jbid. (747-773).
Résumé très lucide des travaux récents, où H. défend avec raison le rôle
que doit avoir la morphologie, à côté de la chimie physique, dans l'établis-
sement d’une théorie de la fécondation et de l'hérédité. Cu, PÉREZ.
13. 160.
161.
13:162.
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 55
HERLANT, Maurice. Recherches sur l'inhibition réciproque
de deux spermes provenant d'espèces éloignées. Zull. Soc.
Sc: Med. et nat., Bruxelles, déc. 1912, 2 p.
— Recherches sur l'antagonisme de deux spermes provenant
d'espèces éloignées. Anatomischer Anzeiger, t. 42, 1912 (p. 563-079).
H. a repris l'étude du phénomène de GopLewsky (Bibl. Evol., 12, 83), à
savoir que des œufs d'oursins ne peuvent pas être fécondés si on les traite par
un mélange des spermes de leur propre espèce et d'un autre animal. Il a
confirmé l'existence de ce phénomène et sa généralité (addition au sperme
d'oursin de celui d'animaux très variés (Patelle, Moule, Chiton, Tapes, Ciona,
Aseidia, etc..). L'inhibition du sperme normal n’a lieu que s'il ÿ a mélange
des spermes (et non action successive sur l'œuf) et si le mélange a été fait
depuis un certain temps. Les spermatozoïdes ainsi mélangés ne sont pourtant
nullement altérés, et la fécondation a lieu immédiatement, si on dilue
suffisamment le mélange. Après un séjour prolongé dans celui-ci, les œufs
doivent être lavés et centrifugés pour pouvoir être fécondés. — H. attribue le
phénomène à une modification dans l’état physique de la surface des œufs,
s'opposant à la pénétration des spermatozoïdes. [l y aurait lieu de songer à un
rapprochement entre ces phénomènes et certains autres qu'on a rencontrés
dans l'étude des sérums cytolytiques. CAS br
i . A’ 41 .
LOEB, Jacques et WASTENEYS, Harporpn. Die Oxydations vorgänge
in befruchteten und unbefruchteten Seesternei. (Les processus
d’oxydation dans l'œuf d'Étoile de mer, fécondé ou non).
Les œufs mûrs, non fécondés, d'Astérie meurent dans l’eau de mer beaucoup
plus vite que les œufs mûrs, non fécondés, d'Oursin. Les mesures faites
sur les œufs d'Asterias forbesii ont en effet montré que, contrairement
à ce qui se passe pour les Oursins, les oxydations sont ici déjà aussi intenses
avant la fécondation qu'après ; d’où la nécessité que la fécondation intervienne
pr'omptement pour sauver l'œuf de la mort, en l'immunisant contre les
oxydations ou contre d’autres réactions qui en dérivent. (Cf. Bibligr. evolut.,
n°, 11, 32%):
CH. PÉREZ.
13. 163. MARCHAND, Féux. Ueber den Epignathus (Fall. II) von BAART DE
13. a À 64.
LA FaiLce. (Sur l'épignathe [Cas If] de B.). Arch. Entwikl. mech., t. 35,
1912 (189-209, 1 fig., pl.. 1).
M. suggère que ce monstre remarquable pourrait devoir son origine au
développement, à côté d’un embryon, d'un autre germe accessoire, provenant
peut-être de la fécondation du globule polaire, et s'étant ultérieurement
disjoint en deux parties. CH PR
KAUTZSCH, Gernarn. Studien über Entwicklungsanomalien
bei Ascaris. I. Ueber Teilungen des zweiten Richtungs-
kôrpers. (Anomalies de développement chez l'A. I. Divisions du second
globule polaire). Arc. f. Zellforsch., t. 8, 1912 (217-351, 43 fig., pl. 10-11).
K. a fait l'étude d’un matériel aberrant présenté fortuitement par un Ascaris,
la cause de la monstruosité étant restée ignorée. Un certain nombre d'œufs, qui
se signalent par l'absence du second globule polaire, présentent d'autre part
une cellule accessoire, de taille variable et pouvant même dépasser la taille
56 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
de l'œuf. Il ne s'agit pas à proprement parler d'un globule polaire exception-
nellement gros; le second globule s'est au contraire formé d’une façon
normale ; mais l'œuf a émis d'autre part un lobe protoplasmique, comme une
sorte de volumineux bourgeon, dans la partie dorsale de son hémisphère
animal; et c'est ce lobe qui s'est fusionné avec le globule polaire. Les
chromosomes de ce globule polaire reconstituent alors dans cette cellule
accessoire une sorte de pronucléus à l’état de repos. Et tandis que l'œuf
diminué évolue généralement vers un embryon normalement constitué, la
cellule accessoire ne présente qu'un développement avorté. Avec plus de
lenteur que dans l'œuf on voit les chromosomes se reconstituer, et se cliver
longitudinalement ; mais, en l'absence de centrosome, la mitose n’évolue pas
régulièrement; il n'y a pas de séparation des anses filles, et le noyau se
reconstitue au repos, de sorte que son étranglement direct, qui accompagne la
division cytoplasmique ultérieure répartit tout à fait au hasard la chromatine
entre les deux cellules filles. Ce processus peut se reproduire quelques fois,
amenant tout au plus jusqu'à un massif irrégulier de 6 à 7 cellules qui ensuite
dégénèrent.
K. examine les conclusions générales qui se dégagent de ces faits. La présense
de centrosomes n'est donc pas absolument nécessaire au clivage des chromo-
somes et à la division cytoplasmique ; mais elle régularise ce processus; et
elle paraît aussi indispensable pour déterminer le cours normal du dévelop-
pement, puisque celui-ci avorte dans la cellule accessoire qui semble par
ailleurs pouvoir être considérée jusqu'à un certain point comme homologue
d'un œuf fécondable, CLP
13.165. BAITSELL, GEORGE ALFRED. Experiments on the reproduction of
the Hypotrichous Infusoria. Conjugation betwen closely
related individuals of Stylonychia pustulata. (Conjugaison entre
individus proches parents de S£. p.) Journ. exper. Zoül., t. 13, 1912 (47-75,
HIS)
Des Stylonychia ont été cultivées en séries dans l’infusion de foin, et dans
un milieu constant, à l'extrait de bœuf (V. Bibliogr. evolut., n° 12, 98).
Dans l'infusion de foin la culture finit par disparaitre, à la suite d’une diminution
progressive des bipartitions, mais sans qu’on ait observé ni Conjugaisons,
ni phénomènes de dégénérescence. Dans les cultures à l'extrait de bœuf,
il y eut des épidémies de conjugaisons. Au point de vue morphologique les
syzygies étaient absolument normales ; mais elles furent cependant stériles,
les ex-conjoints ne tardant pas à dégénérer dans les 48 heures qui suivent leur
séparation. B. conclut que la conjugaison est amenée par des conditions de
milieu qui affectent l'organisme, et n’a pas la signification d'une phase déter-
minée dans le cycle évolutif intrinsèque de l'espèce. La stérilité des syzygies
doit tenir à ce que les conjoints avaient eu la même histoire antérieure, dans
le même milieu. MS
13.166. WOODRUFF, Loranne Loss. À summary of the results of certain
physiological studies on a pedigreed race of Paramæcium.
(Études physiologiques sur une race pédigrée de P.). Biochemic. Bull., t. 1,
1912 (396-412, pl. 6).
13.167. — A five-year pedigreed race of lParamæcium without conju-
a
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 57
gation. (Une race pédigrée de P., élevée pendant cinq ans sans conjugaison).
Hroceed. Soc. f. exper. Biology a. Medicine, t. 9, 1912 (48-49.)
A partir d’un individu sauvage de Paramæcium aurelia, W. poursuit
depuis près de cinq ans des cultures en séries (Cf. Bibliogr. evolut.,
n° 12. 97-100); les milieux employés furent pendant les huit premiers mois,
des infusions de foin et d'herbe fraiche, puis des infusions de matériel varié
pris dans des mares, et préalablement bouill. Dans ces conditions, la race
s'est maintenue parfaitement normale, sans aucune conjugaison, et en
présentant les rythmes de multiplication, qui apparaissent comme un caractère
intrinsèque de sa vie, On avait atteint au {°r mai 1912 la 3029° génération ; ce
qui indique la possibilité théorique d’une synthèse protoplasmique allant
jusqu’à 101000 fois le volume de la Terre ; et, pratiquement la non nécessité
d’une fécondation pour assurer la continuation, sans sénescence, de la vie de
ces Protistes. Les cultures comparées d'individus identiques dans des milieux
inégalement confinés et renouvelés à des intervalles inégaux, mettent en
évidence que les produits d’excrétion des P. ont un effet déprimant sur leur
multiplication. L'action de la température se manifeste suivant un coefficient
approximativement égal à 2,70, ce qui rappelle d’une manière suggestive la
loi de Van'r Horr et ARRHENIUS pour les réactions chimiques. (Cf. Bibliogr.
evolut., I, n° 147). Il y a un parallélisme marqué entre la toxicité des
différents sels et le « potentiel ionique » correspondant (MATTEws), c'est-à-
dire la tendance des ions à perdre leur charge électrique et à se transformer
en atomes de métal. £ 5
CH. PÉREZ.
13.168. KUSANO,S. On the life-history and cytology of a new Olpidium
with special reference to the copulation of motile isoga-
metes. (Cycle évolutif et cytologie d’un nouvel O/pidium; copulation
d'isogamètes mobiles). Journ. College Agricult. Tokyo, t. 4, 1912 (141-199,
1 fig., pl. 15-17).
Description du cycle de l'Ofpidium viciæ, parasite de la Vicia unijuga.
Parmi les zoospores, certaines, que rien ne distingue morphologiquement,
sont susceptibles de s'unir par isogamie en fusionnant leurs cytoplasmes.
Cette union peut avoir lieu entre gamètes issus d'un même zoosporange.
Les corps végétatifs issus des zoospores se développent en zoosporanges, les
noyaux se divisant par une sorte d’amitose pendant la croissance végétative,
puis par mitose dans la période qui précède immédiatement la formation de
nouvelles zoospores. Les zygotes se développent en sporanges d'attente, qui
restent longtemps binucléés. Au moment où la taille définitive est atteinte,
chaque noyau présente une sorte d'épuration réductrice, puis le sporange,
entouré d’une membrane, passe à l'état de vie ralentie. La fusion des deux
noyaux n'a lieu qu'au début de la germination, et elle est suivie de divisions
S ‘ssives qui conduisent à la formation de zoospores. : ,
SACCESEIVES 4 P CH. PÉREZ.
13.169. GARD, M. Possibilité et fréquence de l'autofécondation chez
la Vigne cultivée. Paris, C. R. Acad. Sci., t. 165, 1912 (295-296).
On sait que, chez les Vignes sauvages, il y a régulièrement fécondation
croisée; les nombreux individus mâles, à étamines longues, fleurissant
abondamment et longtemps, fécondent les individus hermaphrodites, à
étamines courtes et recourbées, dont le pollen est inactif pour le pistil de la
58 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
même fleur. Chez les Vignes cultivées, au contraire, toutes les plantes sont
hermaphrodites, avec étamines longues ou moyennes et un pollen très actif.
Non seulement l'autofécondation est possible, mais G. montre que pour un
certain nombre de cépages, elle paraît être la règle, entre fleurs voisines
ême gr même à l'intérieur fleur. :
de la même grappe ou même à l'intérieur de chaque fleur CP
13.170. ROUBAUD, E. Phénomènes autogamiques et formes trypano-
somiennes chez quelques Flagellés de Muscides africains.
C. R. Soc. Biologie, t. 72, 1902 (552-554).
R. signale, chez plusieurs Leptomonas, des phénomènes d'autogamie con-
sistant en accolement et fusion du blépharoplaste et du noyau.
CH. PÉREZ.
43.171. MARCHAND, H. Sur la conjugaison des ascospores chez quel-
ques Levures. C. R. Soc. Biologie, t. 72, 1902 (410-412).
M. décrit chez plusieurs Levures un processus de conjugaison des ascos-
pores au moment de leur germination. Ce processus découvert par
GUILLIERMOND paraît donc assez répandu parmi les Levures. : è
CRE P P* Ÿ CH. PÉREZ.
13.172. SAMUELS, J. A. Études sur le développement du sac embryon-
naire et sur la fécondation chez le Gunnera macrophylla BI.
Thèse de l'Université de Paris, 1912 (120 p. et pl. 1-5).
La cellule mère du sac embryonnaire se développe directement en sac
embryonnaire; le cloisonnement tétraédrique n’a pas lieu. Ce type est
secondaire et probablement issu d’un sac embryonnaire à quatre noyaux qui
s’est développé d’une des 4 cellules en tétrade apparues après les deux
divisions de réduction.
MES 0e L. BLARINGHEM.
PARTHÉNOGÉNÉÈSE.
13.173. BATAILLON, E. Nouvelles recherches analytiques sur la
parthénogenèse expérimentale des Amphibiens. Paris, C. R.
Acad. Sci, t. 154, 1912 (1440-1443).
La parthénogénèse des Amphibiens est dissociable en deux temps : une
activation qui peut être produite par des chocs d’induction, l'exposition
aux vapeurs de chloroforme, d'éther, ete., et une caryocatalyse, accélération
engendrée par une substance nucléaire étrangère. La rectification du
processus d'activation simple n'a pu être obtenue par suppression d'Oxygène,
ni par les solutions hypertoniques. Le seul procédé de régulation efficace reste
l'inoculation à l'œuf d’un matériel organisé (masse nucléaire). B. maintient le
rôle de la pression osmotique comme facteur d'activation. HAN
13.174. BATAILLON, E. La parthénogenèse des Amphibiens et la fécon-
dation chimique de Loeb (Étude analytique). Ann. Sci. Natur.
(Zoologie), sér. 9, t. 16, 1912 (p. 249-307).
B. (Cf. Bibl. Evol. 10, 133, 11, 91, 340, 342, 343), après avoir
rappelé les principales idées qu'il a émises sur la parthénogenèse expérimen-
tale, parallèlement à Los, mais indépendamment de lui, confronte, à la
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 59
lumière des faits relatifs aux Amphibiens et aux Échinodermes, les théories
formulées. En ce qui concerne les Amphibiens, il décompose les phénomènes
en deux temps: 1° activahion de lovule, qu'il a réalisée et isolée par divers
procédés (chocs électriques induits, chloroforme, éther, etc.); l'identité de
certains facteurs et des effets produits prouve bien que ce premier temps
se confond avec celui que l'analyse de LoEB a isolé chez les Invertébrés ;
2° caryocatalyse ; celle-c1 est obtenue en introduisant dans l'œuf, par piqûre,
un matériel nucléaire non spécifique (sang d'animaux variés, pulpe de rate
etc. Ce second temps doit intervenir dans l'heure qui suit l'activation).
Mais B. n'a pu réussir à substituer à cette action les traitements par les
solutions hypertoniques, ni par la suspension temporaire des oxydations
(à l'aide de KCN), que Loges emploie avec succès sur les Échinodermes, et
il critique, comme ne s'appliquant pas aux Amphibiens et ne pouvant
par suite avoir une portée générale, la théorie de la cytolyse de Logg. Ses
expériences lui montrent aussi que l'œuf mûr des Amphibiens ne souffre pas du
contact de l'oxygène ; au contraire, il résiste mieux dans l'air humide que dans
une atmosphère privé d'O. On ne peut donc dire, d’une façon générale, que
l'œuf mûr est un anaérobie obligatoire. — Repoussant donc, par ses résultats
sur les Amphibiens, la théorie de Loeg et sentant la nécessité d’une explication
générale des phénomènes, B. propose d'admettre que l'addition du catalyseur-
noyau (æénocatalyse), nécessaire chez les Amphibiens, aurait comme symé-
trique, chez l'œuf vierge des Echinodermes, une autocatalyse déterminée
par l'évolution du noyau ovulaire. La pression osmotique serait un facteur
d'activation et de régulation nucléoplasmatique. M Carr
43.175. MORSE, Max. Artificial parthenogenesis and hybridization in
the eggs of certain Invertebrates. (Parthénogénèse artificielle et
hybridation chez quelques Invertébrés). Jour. exper. Zoül., t. 13, 1912 (471-
496).
Les Cerebratulus lacteus et C. marginatus se montrent particulièrement
réfractaires aux agents qui sont susceptibles de produire dans d'autres
animaux la parthénogénèse arüficielle. Tout au plus obtient-on, avec quelques
réactifs, la formation des globules polaires et un début de segmentation. Ces
mêmes réactifs ne paraissent avoir aucune action favorisante sur la fécon-
dation par du sperme étranger ; et les tentatives ont eu en général un résultat
négatif, sauf cependant avec le sperme d’un Mollusque, Zlyanassa obsoleta,
(élimination des globules polaires). Des extraits de sperme, obtenus en tuant
les spermatozoïdes à 40° C. ne produisent de développement ni chez le Cerebra-
tulus ni chez l'Arbacia. La lécithine de l'œuf de poule, non plus que celle du
sperme ou des œufs d’'Arbacia, n'a aucune action sur les œufs de cet Oursin.
Les expériences paraissent confirmer les idées de J. Lors sur le rôle de l'H
et des ions OH dans la parthénogénèse artificielle Cabine
143.176. ALLYN, Harrirr M. The initiation of development in CAætop-
terus. (Stimulus de développement des œufs de CA.). Biolog. Bulletin,
t. 24, 1912 (21-72, pl. 1-2).
A. a essayé, sur les œufs de Chætoptère, un grand nombre d'agents variés de
parthénogénèse artificielle. Ces œufs se manifestent comme étant dans un état
d'équilibre particulièrement labile, en ce sens que beaucoup d'agents peuvent,
60 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
d'une manière analogue, les déterminer à un début, plus ou moins poursuivi,
de développement, ou plus exactement de différenciation, qui peut aller
jusqu’à la production de « larves » ciliées nageuses, mais insegmentées. La
production de plans de clivage est le phénomène de développement le plus
difficile à obtenir par des moyens artificiels chez le Ch. A. n'a réussi avec
certitude qu'en soumettant les œufs à l’action de la chaleur, et peut-être un
peu par l’action d’eau de mer saturée d'oxygène, après traitement rapide par
le KCL. L'action du sperme normal, consécutive à celle d'un agent de parthé-
nogénèse, ne donne que des développements aberrants; de même les
influences de deux agents artificiels, appliqués successivement, interfèrent au
lieu de se compléter. Ces débuts de développement peuvent être ou non
précédés de l'élimination des globules polaires. La maturation peut avoir lieu
en présence d'une quantité réduite d'oxygène, et même en présence de
KON. Ce processus ne fait sans doute intervenir que des phénomènes
d'hydrolyse. Au contraire la différenciation embryonnaire implique et exige
l'oxydation. L'influence favorisante de la chaleur sur la segmentation est sans
doute due à l'accroissement de perméabilité de la membrane, permettant
l'élévation du taux des oxydations. CH Pare
13.177. LOEB, Jacques. The comparative efficiency of weak and strong
bases in artificial parthenogenesis. (Effet comparatif des bases
faibles et fortes dans la parthénogénèse artificielle). Jour. exper. Zoôl., t. 13,
1912 (577-590).
La base faible NHAOH est beaucoup plus active, pour déterminer la
parthénogénèse artificielle des œufs d’Arbacia, que les bases fortes KOH,
NaOH, tétréthylamine. Ce fait est à rapprocher de ce résultat antérieur que
les acides faibles, CO? et acides gras monobasiques, sont plus actifs que
les acides forts. Dans les deux cas la même explication paraît valable ;
l'action fécondante du réactif est exclusivement due à la quantité qui a pu
pénétrer dans l’œuf, et dépend par suite du degré de diffusibilité de l'acide
ou de la base. Le procédé à l’'ammoniaque est tout aussi satisfaisant que celui
à l’acide butyrique. On peut entraver l’action de l’ammoniaque par quelques
gouttes d’une solution de KON. L'action accélératrice de l’'ammoniaque sur les
oxydations de l'œuf, bien plus élevée qu’on ne pourrait s'y attendre étant
donné son faible degré de dissociation, semble montrer que les oxydations ne
sont point limitées à la surface de l'œuf, mais s'étendent à toute la profondeur
de sa masse où l’ammoniaque s'est rapidement diffusée. Ch Pérez
13.178. SHEARER, CREssWELL et LLOYD, D. J. On methods of producing
artificial Parthenogenesis in Æchinus esculentus. and the
rearing of the parthenogenetic plutei through metamor-
phosis. (Méthodes de parthénogénèse artificielle, et culture des larves
parthénogénétiques au delà du stade de la métamorphose). Quart. Jour.,
t. 58, 1913 (523-551, pl. 30 à 32). ;
A la station maritime de Plymouth, où l’on a déjà obtenu de si beaux
résultats dans l'élevage de diverses larves, $. et L. ont cherché à conduire au
delà de la métamorphose des larves parthénogénétiques d'Oursin, obtenues
soit par la méthode de Lors, soit par celle de DELAGE, légèrement modifiées
l'une et l’autre, vu les conditions spéciales de l'eau de Plymouth. Seuls, les
pluteus obtenus par la méthode de Lors ont été vigoureux et se sont trans-
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 61
formés en Oursins ; avec le procédé de DELAGE, la proportion des larves
obtenues a été un peu plus élevée, mais celles-ci ont été chétives et sont
mortes rapidement, dans les quelques premières semaines. Les auteurs ont
aussi fait des essais, en combinant les deux méthodes: ils traitent les
œufs d'abord par l'acide butyrique, pour obtenir la membrane, et ensuite
par le tannin. La proportion de blastules obtenues a été jusqu'à 90 p. 100, et
les larves ont été vigoureuses et même pendant les 3 premières semaines
s’accroissaient plus rapidement que les larves provenant d'œufs normalement
fécondés, mais elles ont été incapables de franchir le stade de la métamor-
phose. En tout, quinze larves se sont transformées en Oursins, celles
obtenues par la méthode de Loss. Mais il y a toujours une légère différence
entre les larves parthénogénétiques et les larves normales : elle se manifeste
dans la longueur plus grande des bras, qui sont aussi plus minces; dans la
distribution du pigment, qui au lieu d'être localisé dans des points
déterminés du corps, est réparti plus uniformément; dans la rapidité moins
grande de la croissance, dans la plus grande opacité des tissus. Mais ces
caractères, bien qu'assez nets pour permettre la distinction, sont en somme de
eu d'importance.
peu d'importa A. DRZEWINA.
13.179. BEAUREPAIRE-ARAGAO, H. né. Contribuiçäo para a systematica
e biolojia dos Ixodidas. Partenojeneze em carrapatos.
(Contribution à la systématique et à la biologie des Zxodidae. Parthénogenèse
chez les Tiques). Memor. Instit. Osw. Cruz., t. 4, 1912 (p. 96-119, 2 pl. et
6 fig.).
Etude de Amblyomma agamum n. sp., tique trouvée au Brésil sur des
Crapauds et des Boas, etc. B. a pu l’élever et la faire se reproduire sur divers
Vertébrés à sang froid. Le cycle complet dure au moins 90 jours. B. en décrit
les diverses phases. Le fait le plus intéressant est que, sur plusieurs milliers
d'individus obtenus, B. n’a observé rigoureusement que des femelles ; celles-ci
ont d'ailleurs pondu et se sont reproduites abondamment, et l'expérience
continue pour en obtenir de nouvelles générations. Il y a donc là un cas de
parthénogénèse, d'autant plus intéressant que c’est le premier signalé chez les
7 . x
Ixodes. M. CAULLERY.
13.180. LÉCAILLON, A. Infécondité de certains œufs contenus dans les
cocons ovigères des Araignées. C. R. Soc. Biologie, t. 74, 1913
(285-280).
La présence, dans les cocons des Araignées, d'œufs restés inféconds, est assez
fréquente. En mettant de côté les cas de parasitisme ou de lésion mécanique,
cette infécondité paraît attribuable à la non fécondation de ces œufs.
CH. PÉREZ.
13.181. OSAWA, I. Cytological and experimental studies in Citrus. (Études
cytologiques et expériences sur les Orangers). Journ. College Agricult.
Tokyo, t. 4, 1912 (83-116, 1 fig., pl. 8-12).
Recherches sur la parthénocarpie du Citrus aurantium L. et du C. nobilis
Lour. L'absence de graines dans les fruits est surtout due à l'absence ou à la
stérilité des graines de pollen. Dans le C. n. il peut y avoir atrophie dans les
anthères d'un assez grand nombre de cellules sporogènes, ou de cellules-
62 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
mères au stade de repos; mais la grande majorité des cellules-mères
subissent les deux divisions et aboutissent à des graines de pollen, irréguliers
et stériles. Dans le C. à. la dégénérescence a lieu au stade de sporogénèse,
et on ne trouve pas de pollen dans les anthères à la floraison. En outre il
peut y avoir désintégration des sacs embryonnaires, soit à un stade précoce
de leur développement, soit plus généralement après la formation d'une série
de quatre macrospores. La persistance de quelques sacs embryonnaires permet,
s'il y a fécondation par un pollen fertile d'une autre espèce, le développement
de quelques graines. La polyembryonie est fréquente dans le C. trifoliata,
les embryons dérivant de cellules nucellaires à l'exception d'un seul, qui
dérive de l'œuf. bar
13.182. TISCHLER, G. Ueber die Entwickelung der Samenanlagen in
parthenokarpen Angiospermen-Früchten. (Sur le dévelop-
pement des ovules dans les fruits parthénocarpiques d'Angiospermes). Jahrb.
f.w."Bot., t. 52, 1912 (1-84, 2 pl).
L'étude du développement plus ou moins accentué du contenu ovulaire, en
particulier de l'endosperme, permet de classer les formes parthénocarpiques
en différents types correspondant au Figuier, à l'Anauas, au Bananier. Lorsque
le sac embryonnaire est normalement développé, on peut trouver un endos-
perme (Ficus carica, Diospiros virginiana, Cannabis sativa, ete.), ou bien le
développement est limité au sporophyte (Ananassa sativa, Chrica papiya,
quelques variétés de Vitis vinifera, ete.) ou bien la plupart des éléments
ovulaires dégénèrent après un processus de croissance régulier plus ou moins
prolongé (Musa sapientium, nombreuses races de Pirus communis et de Vitis
vinifera, Diospyros Kaki, Papaver somniferum, Zea Mays, etc.).
Parfois aussi, à la suite d'action de parasites (T{{letia du blé) ou d'une
stérilité précoce (nombreux Vitis, Cytisus. Adami, chez Bryonia alba X
dioica), les ovules mêmes ne renferment pas de sacs embryonnaires.
L. BLARINGHEM.
TRAVAUX GÉNÉRAUX.
13.183. PLATE, LunwiG. Leitfaden der Descendenztheorie. (Guide sommaire
dans la théorie de la descendance), 55 p., 69 fig. — Article extrait du
Handiwôrterbuch der Naturivissenschaften, À. 2. Iena, Fischer, 1913.
Cet article, qui fait partie de la grande encyclopédie des sciences naturelles en
cours de publication, est un exposé clair et concis des preuves qu'offrent, en
faveur du Transformisme, la systématique (variabilité), la paléontologie, l'ana-
tomie comparée, l'embryologie, la géographie zoologique, etc. Il se termine
par une revue sommaire des principales théories de l'Evolution.
M. CAULLERY.
13.184. WEISMANN, A. Vorträge über Deszendenztheorie. (Leçons sur la
théorie de la descendance). Iéna, G. Fischer, 1913 (354 p. in-8&,3 pl., 137 fig.).
C'est la 3° édition, revue et augmentée (la précédente a paru il y à 9 ans).
W. n'y apporte rien d'essentiellement nouveau, du moins comme idées,
car divers chapîtres, surtout ceux relatifs à l’hérédité, ont été remaniés, — et
il considère que précisément ce fait que, malgré la multiplicité et l'importance
de travaux biologiques récents, ses conceptions sur la vie, l'hérédité et le
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 63
développement n'ont eu à subir aucune modification sensible, montre le bien
fondé de ses vues. En particulier, ont pu être maintenues, en dépit des
controverses, sa théorie générale sur un « plasma germinatif », l'idée que
celui-ci est formé de groupements ordonnés d'ébauches matérielles, ainsi que
la notion d'une « sélection germinale » en tant que base de toutes les modi-
fications durables de l'organisme, et par suite des transformations des espèces.
W.est d'avis que la théorie de la sélection de DarwiN est définitivement
établie, jamais on n'aura à en revenir: « celui qui en douterait, dit-il, n'aura
qu'à lire et à réfléchir sur le chapitre ##micry de ce volume ». On sait
cependant combien nombreuses sont les critiques que les biologistes modernes
adressent et à la théorie de la sélection, et à celle du mimétisme. Nous
rappelons les chapitres principaux du livre : Principe de la sélection naturelle ;
Couleur des animaux et leurs rapports avec la sélection; Mimétisme
proprement dit; Moyens de défense chez les plantes; Plantes carnivores ;
Instincts des animaux ; Associations des êtres vivants ou symbioses ; Origine
des fleurs; Sélection sexuelle; Intrasélection ou sélection biologique (en
particulier, discussion de la théorie de W. Roux sur la «lutte des parties »
dans l'organisme) ; Reproduction des Protozoaires ; Reproduction par cellules
sexuelles ; Fécondation chez les animaux et les plantes ; Théorie du plasma
germinatif. Dans la 2e partie du livre sont traités : la Régénération ; l’Hérédité
des modifications fonctionnelles et l'hérédité mendélienne ; la Sélection germi-
nale ; la Loi biogénétique ; l’'Amphimixie; l'Influence du milieu; Origine des
espèces ; L'origine de la vie et la mort. NDhreens
43.485. THOMPSON, D'Arcy Wenrwortx. On Aristotle as a biologist.
(Aristote biologiste). Herbert-Spencer Lecture 1913. Oxford (Clarendon Press),
Sep. LOTS.
ARISTOTE à trouvé, en l'auteur, un traducteur (en langue anglaise) de ses
œuvres biologiques, également qualifié comme helléniste et comme naturaliste,
double condition essentielle pour arriver à une interprétation sûre du texte
grec. Cette traduction (The Works of Aristotle, vol. IV, Historia animalium.
Clarendon Press, 1910-1911) est donc à signaler à l'attention des biologistes. —
Dans la présente conférence, D'A. T. déduit, notamment de l'examen des
localités citées dans l'Histoire naturelle, qu'ARISTOTE a dû étudier la biologie,
dans sa jeunesse et par observation personnelle directe, surtout à Lesbos. Sa
formation première est celle d'un biologiste et elle a influé profondément sur la
philosophie proprement dite d'ARISTOTE qui a une empreinte biologique, très
spéciale dans la pensée ancienne. D'A T. rappelle et analyse rapidement
quelques-unes des principales découvertes biologiques d'ARISTOTE, notamment
des observations sur l'embryogénie des oiseaux et y voit l'une des sources de ses
conceptions vitalistes et animistes (Yvuyn), dont en passant il signale les rapports
étroits avec le vitalisme contemporain de DRIESCH. M Carre
13.186. CHILD, C. M. Studies on the dynamics of morphogenesis and
inheritance in experimental reproduction. V.Therelation
between resistance to depressing agents and rate of meta-
bolism in Planaria dorotocephala…. (Études sur la dynamique de la
morphogénèse.... V. Relation entre la résistance aux agents de dépression et
le taux du métabolisme). Journ. exper. Zoûl., t. 14, 1913 (153-206, 2 fig.).
Dans les Planaires et d’autres formes inférieures, où le tissu conjonctif est
64 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
peu spécialisé, la mort est rapidement suivie de la macération et de la désin-
tégration des tissus ; de sorte que l’on possède un indice permettant de fixer
d'une façon assez précise le moment de la mort d'un individu ou d'un
fragment du corps. Des expériences variées montrent qu'il y a une relation
entre ia résistance physiologique, (mesurée par le temps de survie), en présence
de KON, d'alcool ou d’autres anesthésiques, et le taux de certaines réactions
du métabolisme, spécialement sans doute les oxydations. Dans les concen-
trations fortes, où la survie est au plus de quelques heures, la résistance
varie en raison inverse du taux de réaction. Plus ce taux est élevé et plus la
désintégration mortelle est précoce et rapide. C’est ce que Cu. appelle la
méthode directe de comparaison des taux de réaction. Dans les faibles
concentrations, au contraire, où la survie est longue et comporte une certaine
adaptation au poison, la résistance varie généralement en raison directe du
taux de réaction. Plus le taux est élevé et plus l'adaptation est complète, plus
la survie est longue. En cela consiste la méthode indirecte. Avec des concen-
trations intermédiaires, les résultats varient. suivant la concentration de la
substance employée et suivant le taux de réaction. Ces investigations
paraissent à CH. de nature à nous ouvrir des horizons sur la dynamique de la
morphogénèse. CH PEREZ:
13.187. METCALF, Mayxarn M. Adaptation through natural selection
and orthogenesis. (L'adaptation par la sélection naturelle et l’ortho-
génèse). Amer. Natur., t. 47, 1913 (65-71).
Les organismes font preuve d'adaptation en ce qui concerne leurs caractères
les plus importants, tandis que plusieurs de leurs caractères d'ordre inférieur
ne montrent aucune utilité. Il y a des tendances définies à la mutation dans des
directions particulières et la paléontologie nous indique clairement ce fait de
modification croissante dans un sens donné.
Des caractères venant d’apparaître peuvent être indifférents, à leur début ;
puis, grâce à l’orthogénèse, se montrer ensuite utiles ou inutiles et influer sur
la sélection.
Les tendances dans une direction donnée, lorsqu'elles concernent des
propriétés physiologiques, peuvent se montrer particulièrement nuisibles, et
c'est peut-être là ce qui a contribué pour beaucoup à la disparition de
certaines espèces.
L'orthogénèse ainsi comprise n'est autre chose que la « servante » de la
sélection naturelle qui, agissant sur les caractères ainsi développés et accrus,
les obligera à disparaître s'ils sont « mal adaptés ». Pendant ce temps, les
tendances avantageuses seront favorisées dans la lutte pour l'existence.
L'adaptation est le résultat le plus saillant de l'évolution et la sélection
naturelle en est la principale cause. RNB ORNE
13.188. MATHEWS, Argertr P. Adaptation from the point of wiew of the
physiologist. (L'adaptation au point de vue du physiologiste). Arner.
Natur., t. 47, 1913 (90-104).
M. estime que, pour le physiologiste, la meilleure explication de l'adaptation
est celle que donna Darwin relativement à la sélection naturelle des petites
ariations. L'unité essentielle du progrès dans l'évolution vers la conscience
et vers l'intelligence a été due à la sélection naturelle de la propriété fonda-
mentale de l'irritabilité; car c'est en vertu de cette propriété que la faculté
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 65
d'adaptation de l'organisme s'est accrue. En second lieu, la physiologie, par
le principe de la corrélation physiologique de toutes les parties du corps,
dures ou molles, présente une objection finale à la théorie entière des carac-
tères unités et de la variation indépendante de ces caractères, ainsi qu'à la
théorie en vertu.de laquelle l'évolution ne serait pas le résultat d'un processus
lent et graduel. ,
D Ep. BoRDAGE.
13.189. GUYÉNOT, É. Études biologiques sur une Mouche, Drosophila
ampelophila Lôw. I. Possibilité de vie aseptique pour l’indi-
vidu et la lignée. C. À. Soc. Biologie, t. 74, 1913 (97-99).
15. 190. II. Rôle des levures dans l'alimentation. /bid, (178-180).
13. 191. III. Changement de milieu et adaptation. Ibid. (223-225).
15. 192. IV. Nutrition des larves et fécondité. Jbrd. (270-272).
13. 193. V. Nutrition des adultes et fécondité. /br4. (332-331, 1 fig.)
13. 194. VI. Résorption des spermatozoides et avortement des
œufs. Jbid. (389-391).
13.195. VII. Le déterminisme de la ponte. Jbid. (443-445).
I. Ayant obtenu, en collaboration avec DeLcourrT (V. Bibl. Evol., n° 10.
22"7), des Drosophiles aseptiques, G. a pu en suivre une lignée pendant une
quarantaine de générations, représentant une population totale d'au moins
400.000 individus, dont l’asepsie continue a été fréquemment contrôlée, Non
seulement ces Mouches n'ont présenté aucune diminution de vigueur ni de
fécondité, mais au contraire le milieu aseptique réalise pour elles une condition
optima, plus favorable que l’état naturel, et où la mortalité est pratiquement
nulle. Ce résultat est d'autant plus remarquable que les Drosophiles vivent
ordinairement sur des milieux putréfiés ou en fermentation.
IT. Des expériences précises établissent que les Dr. aseptiques sont
susceptibles de se nourrir, pendant toute leur existence, de levures mortes,
tous les individus arrivant pratiquement, dans ces conditions, à l'état
imaginal. Dans la nature, ces Diptères se nourrissent principalement aux
dépens des levures et autres microorganismes vivants qui se développent dans
les milieux en fermentation; et ces milieux, privés de levures, deviennent
impropres à l'élevage des Dr.
IT. G. examine les circonstances du passage de larves stériles du milieu à
levures à un autre milieu sans microbes, aussi bien pour les Drosophiles que
pour les Calliphora (E. WoLLuan. Ann. Inst. Pasteur, 1911). Ce passage est
généralement accompagné d'une mortalité considérable, beaucoup d'individus
étant incapables de s’alimenter dans les conditions nouvelles. Seuls quelques-
uns survivent, en raison de propriétés individuelles différentes. Au fur et à
mesure que le nombre des générations s'accroît, dans la lignée de Dr.
aseptiques, il semble qu'une évolution se produise, qui rend les mouches de
plus en plus susceptibles de supporter le changement de milieu considéré.
IV. Les conditions de milieu où ont vécu les larves ont une influence
considérable sur la fécondité de la ponte. Les larves élevées sur levure
stérilisée donnent des imagos immédiatement mûres, qui, conservées sur
le même milieu, pondent régulièrement 24 œufs par jour. L'élevage sur pomme
de terre stérile donne au contraire des imagos qui n’ont pas encore atteint à
Bibl. Evol, IV. D
66 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
l'éclosion la maturité, dont la ponte tardive est téduite et soumise à de
nombreux avortements.
V. Les conditions de nutrition de l'imago ont également une grande influence,
étant donné que ce sont elles qui permettent ou empêchent l'élaboration des
réserves vitellines, d'où dépend l'intensité de la ponte.
VI. Dans les femelles mal nourries, les spermatozoïdes contenus dans le
réceptacle séminal subissent des altérations et finalement une résorption
définitive ; de sorte que ces femelles, après quelques œufs fécondés donnant
des larves, pondent des œufs, fécondés par des spermazoïdes pathologiques,
dont les embryons avortent, et enfin des œufs complètement vierges.
VII Dans les conditions habituelles, la ponte est provoquée par l'accou-
plement, et la réplétion du réceptacle séminal par le sperme ; chez les femelles
vierges, la ponte plus tardive est irrégulière, par décharges discontinues. En
outre le changement de température, ou le transport sur milieu sans levure
peuvent immédiatement arrêter la ponte, et déterminer éventuellement une
viviparité accidentelle.
in résumé cette étude précise montre l'importance des élevages aseptiques
comme condition préalable à toute recherche de variation ou d’hérédité chez les
Drosophiles. Cros
13.196. CHOLODKOWSKY, N. A. Sur les espèces biologiques. C. R. Soc.r
Biologie, t. 74, 1913 (143-145).
Cu. insiste sur la nécessité de reconnaître des espèces qui, en l'absence
de caractères morphologiques bien distinctifs, empruntent cependant une
individualité bien nette a des particularités physiologiques, éthologiques,
.; et il en cite quelques exemples. '
etc. ; et il en cite quelques exemples CPL
VARIATION.
13.197. WAGLER, Ericx Faunistische und biologische Studien an
freischwimmenden Cladoceren Sachsens. (Etudes faunistiques
et biologiques sur les Cladocères de Saxe). Zoologica, Heft 67, 1913 (p. 305-366,
pl. 304, 14 fig.)
Etudes de la variation des Daphnia, Bismina, etc, dans l'esprit des
recherches de WoLTERECK. (Bibl. Evol., 10, R64), principalement sur
le genre Daphinia. M. CAULLERY.
13.198. GATES, R. R. Œnothera and Climate. (Les Œnothères et le climat).
Science, t. 31, 1913 (155-156).
Lorsqu'ils visitèrent la station naturelle d'Œ. grandiflora et Tracyr
de Dixie Landing (Alabama, Etats-Unis), H. de VRIES et BARTLETT remarquèrent
que ces espèces se rencontraient souvent à l'état de rosettes indiquant des
plantes bisannuelles. Lorsqu'elles sont cultivées dans les jardins botaniques,
ces espèces sont régulièrement annuelles. Sur ces entrefaites G. a pu constater
que des graines de Œ. gr. semées par lui, en 1907, dans une serre chaude, à
Chicago, se comportaient comme elles l’auraient fait sous les tropiques. Elles
donnèrent des plantes qui passèrent par le stade rosette et furent bisannuelles.
Il en fut de même pour Œ. Lamarchiana. De ces faits, ainsi que de ceux que
recueilirent H. pe VRIES et BARTLETT, il résulterait que toutes les Œnothères
de ce groupe seraient bisannuelles dans leur pays d’origine,
.
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 67
Poursuivant ses expériences, G. a constaté que des graines d'Œ. gr. semées
en serre non chauffée, en janvier et en mars, ne donnaient pas le stade
rosette. La tige se dessinait immédiatement chez la plantule. Des plants nés
de graines d'Œ. gr. récoltées à Dixie Landing et semées en serre froide, en
; janvier, furent repiqués par G. en mars. Ils ne donnèrent que des rosettes
très imparfaites. Ces plants se montrèrent très vigoureux, mais il n’y en
eut que 2 sur 221 qui fleurirent, De tout cela G.conclut que chaque race
parait étroitement adaptée aux conditions de climat qui correspondent à la
saison pendant laquelle a lieu la croissance. Par suite, il est possible de
prédire comment se comportera telle ou telle espèce, lorsqu'on connaît la
latitude et le climat du pays d'origine. .
pay o Ep. BoRDAGE.
13:1499. DAVIS, Brancey Moore. Mutations in (ÆŒnothera biennis Li. ? (L'Œ.
biennis offre-t-elle des mutations ?). Amer. Natur., t. 47, 1913 (116-121).
Critique du travail dans lequel Sromps considère Œ. cruciata comme
provenant d'une mutation d'Œ. biennis, et les deux formes Œ. biennis
nanella et Œ. biennis semi-gigas, issues des croisements Œ. biennis X
Œ. cruciata et Œ. cr. X Œ. b., comme des mutantes nouvelles. Sromps ne
donne aucune preuve directe capable de confirmer la première hypothèse ; et,
en ce qui concerne la seconde, rien ne démontre que « les formes hollandaises
de Œ. b. et de Œ. cr. possèdent des constitutions germinales identiques,
sauf en ce qui a trait aux facteurs déterminant la structure florale », comme
le prétend Sromps. D. ne croit pas que les deux espèces soient homozygotes
pour tous les autres caractères ; elles devraient alors donner séparément les
mêmes mutantes sans qu'il soit nécessaire d’avoir recours au croisement
Enfin, il s'élève aussi contre cette conclusion de Sromps : « Puisque Œ.
biennis offre des mutations et qu'elle est probablement d’origine plus ancienne
que Œ. Lamarckiana, Yapparition des mutations chez les Œnothères est
antérieure à l'apparition de cette dernière espèce, les mutations de l'Œ. L.
ne sauraient donc être le résultat de phénomènes d'hybridation ».
D. estime que l’on peut interpréter les faits en adoptant l'explication donnée
par lui en ce qui à trait à ses hybrides de biennis et de grandiflora. Ge serait
un nouvel exemple du comportement en vertu duquel des hybrides de la
génération F> donneraient des formes qui, au point de vue taxonomique,
pourraient être considérées comme de nouvelles espèces, faciles à distinguer
des parents et de la génération Fi. D. ajoute que, l'été dernier, il a constaté
que des hybrides F>, semblables à ceux de la génération F1, s'étaient comportés
à la génération F3 comme l'avaient fait les hybrides Æ>, en donnant quelques-
unes de ces formes que l’on pourrait être tenté de considérer comme des
Deere meuveles; Epu. BorDAGe.
13:200. PLANCHON, L. Solanum Commersonit et S. tuberosum. Bull. Soc. bot. de
France, 1912, t. 59, p. 70-71.
P. a obtenu en 1908 S. #“berosum de S. Commersonit, mais cette mutation
ne fut ni fréquente ni facile; pendant quatre années de culture, il n'a rien
obtenu, mais les tubercules grossirent notablement. Une plante à offert une
végétation type de Commersoni et des tubercules fuberosuwm mutés complè-
tement. En 1910, P. a observé au moins deux retours en arrière, au type
Commersoni, à partir d'une mutation {wberosuwm. Celle-ci ne différait pas
68 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
d'ailleurs d'une mutation 3.03 obtenue en 1903 par LABERGERIE, et identifiée
par SUTTON avec la variété agricole Richter’s Imperator. 1 proue.
13.201. BERTHAULT, Prerre. Note préliminaire sur l’origine spéci-
fique de la pomme de terre. 4 Confér. Intern. génétique, Paris,
1911 (p. 377-380).
Appliquant les principes de de CANDOLLE, B. a porté son attention pour
étudier cette question sur les caractères sans utilité pour l'homme et qui n’ont
pas été sélectionnés au moins directement, tels sont la fleur et le fruit chez
la pomme de terre. Ces organes ont, dans la pomme de terre, des caractères
qui s'écartent de Solanum commersonii (Cf. Bibl. Evol. 13, R4-8"?). Il
faudrait chercher la souche, d’après B., dans des espèces à corolle rotacée
et à calice mucrone (par exemple S. andræanum, S. chilænse, S. inmite).
M. CAULLERY
13.202. VUILLEMIN, P. La pélorie et les anomalies connexes d’origine
gamogemmique. Ann. Sc. Nat. Bot., 9% sér., t. 16, 1912, p. 187-2%4e
o pl.
Après un exposé de considérations générales sur la pélorie, V. indique les
raisons qui l'ont conduit à considérer la gamogemmie (sorte de fasciation)
comme l'origine de cette anomalie; la pélorie représente l'intégration
complète d'une unité florale d'ordre supérieur.
Puis vient une étude détaillée de la pélorie chez les Linaires, concernant
Linaria vulgaris qui renferme la mutation Peloria, L. striata X genistifoha,
L. spuria où V. s'efforce de découvrir les indices de la concrescence des
bourgeons floraux.
La gamogemmie florale a pour effet immédiat d'ébranler l'équilibre primitif
des fleurs zygomorphes; de nouveaux états d'équilibre se rétablissent aux
dépens des matériaux désorientés : «Les principaux sont les fleurs à cinq
étamines fertiles, les métaschémas et les pélories. » L'an
13.203. KIKKAWA, S. On the classification of cultivated Rice. (Ciassi-
fication des Riz cultivés). Journ. College Agricult. Tokyo, t. 3, 1912 (11-108,
pl. 5-8).
Étude systématique, au point de vue des conditions de culture et des
qualités du grain, accompagnée de nombreux tableaux détaillant tous les
caractères des variétés. Ca. PEREZ
13.204. KIESSLIN, L. Ueber eine Mutation in einer reinen Linie von
Hordeum distichum Li. (Mutation dans une lignée pure d'Orge H. d.). Zeits.
ind. Abst. u. Vererb., t. 8, 1912 (48-78).
En lignée pure isolée, K. remarque et isole une plante à feuillage plus
clair, plus riche en eau, plus tardive, à entrenœuds plus nombreux et plus
courts, etc. dont on ne peut attribuer la naissance ni à la sélection, n1 à
l'hybridation et qui ne peut être qu'une variation spontanée ou mutation.
L. BLARINGHEM.
13.205. BRET, C. M. Sur l'existence, en Afrique occidentale, de deux
formes stables d’Aevea brasiliensis à rendement différent.
C, R. Acad, Sciences, Paris, t. 156, 1913 (478-479).
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 69
La plante à caoutchouc Æ. D. n'a montré jusqu'ici que peu de variations ;
un groupe de Dabore (Côte d'Ivoire) est nettement différent d'un autre lot de
Porto Novo (Dahomey) ; le rendement du dernier, plus élevé, est fonction d'un
accroissement du nombre des laticiféres dans les renflements du pétiolules ;
s différences sont héréditaires.
les différences sont hét € BRING
206. KAJANUS, B. Die Samenrassen von Lupinus angustifolius L. und
Lupinus luteus EL. (Races obtenues de semences de L. a. et L. L.). Zeits. ind.
Ads. u. Vererb., t. 7, 1912 (225-239 et 1 pl.).
Description de quelques variétés de Lupins isolées dans les lots de
culture et remarquables par la couleur des graines ; elles correspondent à
une différenciation particulière des pigments situés sous le périsperme.
L. BLARINGHEM.
207. FRÜHWIRTH, C. Ein Fall einer Knospenvariabilität bei
schmalblätteriger Lupine. (Un cas de variabilité de bourgeon dans
le Lupin à feuilles étroites). FüAl. land. Zeit., t. 61, 1912 (433-444).
F. signale plusieurs exemples de variation brusque de bourgeon, pouvant
être interprétés soit comme mutation, soit comme disjonction végétative
d'hybrides et susceptibles de se transmettre partiellement par hérédité.
L. BLARINGHEM.
HÉRÉDITÉ.
208. PLATE, Luowi6. Vererbungslehre. (Théorie de l'hérédité). 1 vol. &, Leipzig
(Engelmann), 1913. (XIT + 519 p., 179 fig.).
Ce livre est le développement de la partie relative à l'hérédité, dans le très
intéressant volume Se/ektionsprinzip und Probleme der Artbitdung du même
auteur; ces deux ouvrages sont les premiers d’une série, sous le titre général
Handbüucher der Abstammungslehre. Par son contenu, il vient se placer à
côté des traités analogues de BATESON, JOHANNSEN, BaAUR, HAECkRER et
GoLnscaminr. L'hérédité, conformément aux tendances régnantes, y est entiè-
rement ramenée au mendélisme; ce livre est donc surtout un traité du
mendélisme, qui se recommande par la clarté de l'exposition, l'abondance et
la précision des documents, on y sent le désir d'expliquer tous les faits parti-
culiers, et de confronter la doctrine mendélienne avec toutes les questions
théoriques générales, en particulier avec les problèmes fondamentaux du
transformisme (voir à ce sujet le chapitre VIII). PLare s'est longuement
étendu sur tous les résultats publiés relativement à l'homme (hérédité de
malformations, de maladies, etc.), ayant en vue de rendre son livre utile,
en particulier, aux médecins. Il sera un bon guide, très solide et très averti,
pour tous ceux qui veulent connaître l'état actuel du mendélisme. L'auteur est
de ceux dont les connaissances zoologiques ont été depuis longtemps éprouvées,
la valeur documentaire de son ouvrage est indiscutable.
J'ai le regret de ne pouvoir personnellement donner mon entière adhésion à
son esprit, qui d'ailleurs concorde avec les courants actuellement dominants.
Il se résume en une conception de plus en plus exclusive de l'hérédité
sous forme mendélienne. La théorie de l'hérédité, est-il dit, dès le début (p. 10),
est l'étude des rapports des unités héréditaires ou gènes entre eux. Et quant
70 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
à ces gènes, ce sont, pour PLATE (p. 426), des particules vivantes de chromo-
somes, qui produisent les caractères récessifs et sont complétés, pour réaliser un
caractère dominant, par un enzyme ou swpplément. Ces gènes s'associent, lors
de la réduction chromatique, qui nous offre l'image matérielle de la réalisation
des constitutions héréditaires. Nous en sommes done revenus à un weisman-
nisme intégral et d’ailleurs PLATE s'étonne des critiques faites à la doctrine
weismannienne pal JOHANNSEN.
Certes, il n'est pas question de nier la valeur du travail de MENDEL, ni de
contester que les lois de MEÉNDEL ne rendent compte des résultats de beaucoup
de croisements ; moins vouloir fout faire rentrer dans ce cadre, comme on s'y
eflorce en ces derniers temps est un excès des plus fâcheux. On pourra
toujours, en effet, par une combinaison convenable et suffisamment compliquée
de symboles, représenter les résultats les plus variés : on en fait ainsi, comme
il a déjà été dit ici, une transcription symbolique, on n'en donne pas une
explication véritable. Et, à raisonner ainsi, on perd de vue tout besoin
d'examiner les circonstances accompagnant les faits et d'où résulte souvent
cette explication. Je note, par exemple, que, dans le livre de PLATE (à la suite
de mémoires récents), la surdimutité, l'héméralopie — pour ne citer que ces
malformations de l'homme — sont considérées comme des manifestations héré-
ditaires relevant purement et simplement des facteurs mendéliens, et qu'on
ne songe même pas à examiner la part, pourtant au moins très considérable,
qui revient dans leur production, à des infections héréditaires telles que la
syphilis. Si la surdimutité est une manifestation de syphilis héréditaire, je
n'aperçois pas comment elle peut se résumer à un phénomène d'hérédité
mendélienne. Il faudrait, au moins dans les cas envisagés, écarter par des
données précises, l'intervention de la syphilis. I y a dans ce point particulier
que je choisis, le témoignage palpable de l'influence pernicieuse qu'a la
mentalité mendélienne actuelle. Elle détourne l'esprit de l'observation raisonnée
des choses, pour l'hynoptiser sur un symbolisme purement superficiel. De
1909 à 1913, du livre de JOHANNSEN à celui de PLATE, on constate le progrès de
cette déformation, qui a atteint nombre d’esprits distingués. Tout en rendant
justice aux qualités d'exposition et de documentation du livre de PLATE, je crois
utile de souligner cette tendance que je regrette, mais que d’ailleurs, en ce
moment, la majorité approuvera. NL Core
12.209. Quatrième Conférence Internationale de Génétique Paris
1911. Comptes rendus et Rapports, édités par Ph. de Vilmorin,
secrétaire de la conférence. { vol., Paris (Masson) 1913, 571 p. avec figures et
portraits.
Le compte rendu de ce congrès comporte 8 communications, presqne
toutes relatives à l'hérédité mendélienne chez les plantes ou les animaux. Nous
renvoyons au volume lui-même. L'ensemble de ces contributions est très
propre à donner la physionomie du mendélisme à l'époque où s'est tenu le
congrès. Quelques-unes d'entre elles sont analysées ici (Bob. Evol., n°13,
infrà). M. CAULLERY.
13.210. NILSSON-EHLE, H. Mendélisme et acclimatation, 4° Confér. Intern.
Génétique, Paris 1911 (p. 136-197).
Les céréales de Suède montrent une adaptation bien connue au climat; les
orges, avoines, blés, seigles des régions septentrionales sont plus précoces et
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. Fi
résistent mieux au froid. Cette adaptation a-t-elle été réalisée par un méca-
nisme lamarckien, ou est-elle le résultat d'une sélection de formes présentant
d'une façon innée et héréditaire les propriétés considérées ? N.E, comme il l'a
déjà publié en 1991, se rallie à cette seconde hypothèse, et les divers cas
observés sont, d'après lui, « des combinaisons différentes de certains
constituants, selon la conception mendélienne, l'origine des constituants mêmes
étant jusqu'ici inconnue. » (Notion de la polymérie, Cf. Nizssox Eure, Bibl.
Evol., 11, 213 ; 12, 8249 ; et LANG 11, 53, 3354; 13, 44). NE. résume
ici les résultats de ses expériences de croisements, faites à Svalôf et relatives
au caractère précocité et au caractère résistance au froid.
Il en conclut que pour ces caractères, comme d'ailleurs pour la plupart des
autres, « on ne peut nullement ranger les différences héréditaires sous
» l'aspect d'un petit nombre de formes distinctes, lignées ou espèces élémen-
» taires, chacune produite indépendamment par mutation »; mais «il faut
» admettre qu'il existe une longue série de gradations continuelles, produites
» par les diverses combinaisons des facteurs composant ces caractères de
» construction. »...3; « les vraies différences héréditaires constitutionnelles
» sont encore plus nombreuses que même les différences héréditaires
» extérieures les plus subtiles pouvant être constatées (p.149). » Au fond,
cela est l'interprétation, dans le sens mendélien, des variations les plus
diverses. « L'acclimatation, l'adaptation, signifie, en partant de ce point
» de vue, un regroupement des composants en facteurs mendéliens existants
» en des combinaisons toujours plus avantageuses, combinaisons corres-
4 » pondant le mieux au milieu donné. » (p. 150.) La sélection élimine les
| autres et favorise ainsi les hybridations entre individus précoces.
N.E. considère que les résultats bien connus de SCHÜBELER, qui avaient
une signification lamarckienne, n'ont pas été confirmés par les essais
ultérieurs. (GRÔTENFELD : les avoines du nord de la Finlande, cultivées
quatre années dans le sud, ont consacré leur précocité. Id. pour ces mêmes
avoines cultivées à Svalôf depuis 1893.)
L'acclimatation, par le mécanisme mendélien résumé ci-dessus, serait, pour
N.-E., non pas la seule possible à priori, mais la seule qui ait pu jusqu'ici être
vérifiée expérimentalement. Nr Caumenr
43.211. SHULL, G. H. [ «Genotypes», «biotypes», «pure-lines» and
| « clones ». (Génotypes, Biotypes, lignes pures et fragments). Science, N.
S./ t. 35, 1912 (27-29).
13.212. — Il. «Phenotype» and «clone». (Phénotype et fragments). 1dem
(182-183).
13.213. — II. «Geñes » or « Gens ». (Gènes ou Gens). Idem (p. 819).
Série de définitions qui ne peuvent être résumées. AP es
43.214. LENZ, F. Ueber die krankhaften Erbanlagen des Mannes und
die Bestimmung des Geschlechts beim Menschen. (Ébauches
héréditaires pathologiques et détermination du sexe, chez l'homme). léna,
G. Fischer, 1912 (170 p. in-8, 23 fig.).
L. discute les cas si curieux de la transmission héréditaire de certaines
maladies en rapport avec le sexe; ainsi, l'hémophilie n'affecte que les
hommes, mais se transmet uniquement par les femmes ; le daltonisme aussi
u
n’affecte que le sexe mâle, mais se transmet du père aux petits-enfants, par
2 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
l'intermédiaire de la fille. D'après L., quand un hémophilique produit des
cellules reproductrices, une moitié de ses spermatozoïdes reçoit le « facteur »
pour l'hémophilie, l'autre moitié ne le reçoit pas. Si l'on admet que les
spermatozoïdes de la première catégorie sont incapables de vivre, on
comprend qu’un hémophile ne peut jamais transmettre sa maladie à ses
enfants ; la femme ne reçoit l'ébauche héréditaire pathologique de l'hémo-
philie que de sa mère, et dans l'élément reproducteur © cette ébauche reste
viable. Il en résulte que par les « conducteurs » ©, le mal se transmet
indéfiniment dans les lignées latérales. L. rappelle que les faits de
transmission héréditaire des caractères en rapport avec le sexe ne sont pas
limités à l'homme; l'hérédité de l'hémophilie, et autres, n’est qu'un cas
particulier du phénomène. Il y aurait corrélation idioplasmatique entre le sexe
et le caractère pathologique : l'unité (chromosome) ? représentative du sexe
serait en même temps représentative de divers autres caractères intéressant le
développement du système nerveux par exemple ou de l'appareil visuel.
L'ébauche pathologique serait done liée à une unité héréditaire qui, dans le
cas où elle est homozygote, donne le sexe © et reste masquée, pour ne se
manifester que dans le sexe 6 où elle est dominante. La dichromasie, l’atrophie
musculaire neurotique, l'héméralopie myopique, l’albinisme de l'œil, ete., qui
sont en corrélation somatique avec le sexe 6, sont en collération 2dioplas-
malique avec le sexe ©; toutes ces maladies se transmettent suivant la loi
de Mendel, comme on peut s'en convaincre par l'étude des arbres généa-
logiques. Certaines qualités psychiques seraient également en corrélation
idioplasmatique avec le sexe 0: ainsi, l'homme hériterait son intelligence
uniquement de sa mère. A. DRZEWINA
12.215. SIMPSON, Q. I. et CASTLE, W. E. À family of spotted negroes.
(Une famille de nègres pie). Amer. Natur., t. 47, 1913 (50-56).
Le premier générateur, point de départ de cette famille d’albinos partiels,
est une négresse pie dont les parents étaient des noirs normaux. Elle épousa,
en 1868, un nègre exempt de toute trace d'albinisme. De cette union
naquirent 15 enfants, tous vivants à l'heure actuelle. Sept de ces enfants sont
normaux au point de vue de la coloration, tandis que les autres sont
« panachés » comme leur mère. Trois des enfants normaux (deux filles et un
garçon) se sont mariés, — leurs conjoints ne présentant aucune particularité
en ce qui à trait à la pigmentation, — et ont eu, en tout, 7 enfants abso-
lument normaux. Sur les 8 « panachés », trois se sont mariés (deux garçons
et une fille), leurs conjoints n'offrant aucune anomalie de coloration, et ont
eu, en tout, 9 enfants dont deux étaient normaux et les 7 autres panachés.
S et C., considérant comme dominant le caractère pie, essaient d'inter-
préter les faits à l'aide des données mendéliennes. [ls constatent tout d'abord
que l’on ne saurait considérer ce caractère comme sex-limited, puisqu'il est
indifléremment transmis à des filles et à des garçons. Au sens mendélien les
individus anormaux sont hétérozygotes. A la génération F, (7 enfants normaux
et 8 anormaux) correspond une répartition en deux groupes égaux, selon la
formule. Mais les choses changent en ce qui a trait aux petits-enfants ayant
pour père ou pour mère un nègre pie ou une négresse pie. Ces petits-enfants
se répartissent ainsi: 9 panachés et 2 normaux. Le premier chiffre est done
beaucoup trop élevé et le second beaucoup trop faible relativement au chiffre
qui représente la moitié du nombre total de ces petits-enfants. $S. et C.
\
L
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. gs
pensent que cette exception à la règle mendélienne n'est qu'apparente. [ls
l'attribuent à l'insuffisance probable de données en ce qui concerne surtout le
nombre exact des petits-enfants normaux. HE BOLDIGR
ALIM , AURE »
13.216. RAWLS, Erzaserx Sex ratios in Drosophila ampelophila. (Rapport
numérique des sexes chez la Dr.). Biolog. Bulletin, t. 24, 1913 (115-124).
Dans un élevage résultant d'une même ponte, il y a dans les premières
éclosions un excès de femelles ; mais ce fait tient uniquement à une précocité
plus grande de développement, et non à un excès véritable de femelles dans
les premiers œufs pondus. Les éclosions ultérieures ramènent le rapport
moyen des sexes à l'unité. Parmi des croisements de mouches sauvages,
Miss. R. a rencontré deux lignées présentant un excès réel de femelles: 2: 1
et 2,3: 1. Les Fi croisés entre eux donnèrent, sur 63 couples, 26 cas d’excès
de femelles allant jusqu’à 3, 4, 5, 10, 34 et 104 contre 1. Les 6 Fi qui avaient
fourni les excès 34 et 10, accouplés respectivement avec 5 et 2 femelles
sauvages vierges, ont fourni de nouveau les deux sexes en nombre égal.
L'excès de femelles n’est donc pas imputable au père, et l'on ne peut songer
à faire intervenir une incapacité physiologique des spermatozoïdes déterminant
le sexe mâle. Inversement de très nombreuses © F2, choisies dans les quatre
lignées présentant le plus de femelles, furent accouplées à des mâles sauvages.
Les résultats montrent que s'il n’y pas conservation du haut pourcentage
exceptionnel de femelles, il y a cependant hérédité de la production d’un
certain excès, 3: { ou 2: { ; mais cette particularité tend à disparaître dans
les générations ultérieures. = à
GE EP AETONE CH. PÉREZ.
12,217. MORGAN, T. H. et CATTEL, Errru. Additional data for the study
+
of sex-linked inheritance in Drosophila. (Note complémentaire sur
l'hérédité sex-conjuguée chez les Dr.). Journ. exper. Zoûl., t. 14, 1913 (33-42).
Complément au mémoire déjà signalé (V. Bibl. Evol., n° 12. 3853), et
conclusions générales. Joignant leurs propres résultats avec ceux des
mémoires antérieurs de M. et de DExTER (V. Bibl. Evol., n 12. 3850), les
auteurs examinent surtout ici la fréquence relative des cas où il y a chassé-
croisé entre les facteurs couplés. Pour les combinaisons qui donnent les
résultats les plus concordants, il y a en moyenne deux fois plus de chances
pour qu'on retrouve dans les F» les couples des grands-parents, plutôt que
j ‘on observe un chassé-croisé entre ces couples. à >
ECC ÿ SoÛR CH. PÉREZ.
13.218. MORGAN, T. H. À modification of the sex ratio, and of other
ratios, in Drosophila through linkage. (Modification de la proportion
numérique des sexes et d’autres proportions, en rapport avec la liaison des
caractères, chez les Drosophiles). Zeitsch. f. indukt. Abstamm- u. Vererb.
lehre, t. 7, 1912 (323-345, 23 fig...
M. revient sur la question des croisements entre les « mutantes » de
Drosophila qu'il a obtenues dans ses élevages, à ailes dites rudimentaires ou
miniatures (V. Bibl. Evol., n° 11. 205). I] a fait des croisements de l’une et
l’autre de ces mutantes avec la race normale à longues ailes, et des croise-
ments des deux mutantes entre elles ; dans ce dernier cas on voit apparaître
en F> un type nouveau de mâles, «rudimentaire-miniature», dont M.
interprète la formation comme due à un chassé-croisé entre les éléments des
74 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
couples de caractères, tels qu'ils existent chez les P. Dans ces croisements on
observe des variations dans la proportion habituelle des sexes. M. les considère
comme dues au couplement des facteurs relatifs à l'aile qui sont sex-conjugués
(c'est le cas du facteur miniature). Il examine aussi la combinaison des
facteurs de l'aile avec le producteur de couleur, C, qui est également sex-
conjugué. Un 6 à ailes rudimentaires et à yeux rouges étant croisé avec une
© à ailes miniatures et à yeux blancs, tous les F, © ont de longues ailes et des
yeux rouges, et tous les F; 6 des ailes miniatures et des yeux blancs. Ces
croisements ont été suivis jusqu'en Fo.
4
Alors que les 6 rudim. fécondent facilement les o à longues ailes, on ne
peut obtenir aucune progéniture en essayant de croiser les 6 rudim. avec les
o rudim. ; ces dernières d'ailleurs ne peuvent être que difficilement fécondées
par les 6 normaux. M. pense qu'il doit y avoir une influence prématurative,
qui rend moins aptes à l'union mutuelle les gamètes des individus rudim.
{ces gamètes s'étant développés en l'absence du facteur miniat.); et d'autre
part, au moment de la fécondation, une répugnance mutuelle entre les
gamètes privés de ce même facteur. É
En analysant, suivant des formules mendéliennes, les résultats de ses
croisements, M. constate des écarts notables avec les nombres théoriquement
aitendus. Il pense justifier ces écarts par l'intervention de ces troubles
prématuratifs, de cette répugnance, qui rendraient moins viables certaines
catégories de produits. On peut se demander si M. ne se contente pas trop
facilement d'un verbalisme conventionnel, au détriment d'une analyse
biologique plus pénétrante de ses expériences. Copa
13.219. LUTZ, Fraxk-E. Experiments concerning the sexual difference
in the wing length of Drosophila ampelophila (Différences sexuelles
dans la longueur des ailes chez la Dr. a.) Journ. exper. Zoûl., t. 14, 1913
(267-273, 2 fig.).
La longueur moyenne des ailes est notablement plus grande chez les
femelles homozygotes normales que chez les mâles, leurs frères. L. a entrepris
des expériences de croisement de femelles normales avec des mâles aptères
ou miniatures, avec l'intention de voir si la différence sexuelle ne tiendrait
pas à ce fait que la femelle possédant deux hétérochromosomes X, possède
aussi à double dose les facteurs de l'aile (qui, dans les idées de MORGAN, sont
également liés à ce chromosome), tandis que le mäle ne possède ces mêmes
facteurs qu'à dose simple. Les résultats lui paraissent en faveur d'une réponse
affirmative, que la présence des facteurs à dose double a en effet sur le soma
une influence morphogène plus considérable. CL RE Er
13.220. STURTEVANT, A. H. The linear arrangement of six sex-linked
factors in Drosophila, as shown by their mode of association.
(Agencement linéaire de six facteurs sex-conjugués chez les Dr., tel qu'il résulte
du mode d'association de ces facteurs). Journ. exper. Zoël., t. 14, 1912 (43-99).
Sr. adoptant les idées de MorGan (V. Bibl. Evol., n° 12, 286), cherche à
se figurer quelle doit être, dans un même chromosome, la distribution relative
des différents facteurs. Il interprète, comme indice de la distance entre deux
facteurs, le pourcentage des chassés-croisés, ou ruptures d'association,
constatés dans des croisements où ces facteurs interviennent. Cette conception,
appliquée aux six facteurs distingués par MorGa, relativement à la coloration
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. FE)
du corps, des yeux, et à la longueur et au développement des aïles, lui permet
d'établir un diagramme, où il répartit sur un segment de droite les six
points figuratifs de ces caractères. La distance de deux points figuratifs n'est
pas nécessairement proportionnelle à la distance réelle des facteurs dans le
chromosome; mais plutôt proportionnelle à la facilité de rupture du
chromosome entre les facteurs correspondants, d'où résulte la disjonction du
couple primitif.
PP °VFSIUAS
CH. PÉREZ.
13. 221. FEDERLEY, Harry. Sur un cas d’hérédité gynéphore dans une
3 Ur ip
).
espèce de papillon. {° Conf. Internat. génétique, Paris, 1911 (467-177
Des élevages de Pygæra pigra (6 finlandais X © allemande) à deux géné-
rations successives ne donnèrent que des papillons femelles ; les chenilles
L mâles mouraient, au cours de l'élevage, d'une maladie se traduisant par des
: boursouflures de la peau et la présence de grumeaux gélatineux dans l'hémo-
lymphe. La maladie est transmise par les œufs donnant des femelles (F1) à la
génération suivante (F2). F., qui n'avait pas encore pu faire d'examen micros-
1 copique des chenilles malades, croit cependant devoir écarter l'hypothèse
4 d'une maladie parasitaire n'évoluant que dans les mâles [ce qui pourrait
3
*
s'expliquer par une différence de chimisme entre les deux sexes, Cf. Bibl. Evol.,
12,71; 13, 102] et pense qu'il s’agit d'un fait d'hérédité proprement dit, où
Le
|
k
-
l'anomalie est transmise par un facteur en corrélation avec le sexe.
M. CAULLERY.
Sheep (Données sur l'hérédité des cornes chez le Mouton). New Hampshire
Agr. Exp. St. Durham, Bull. 160, mai 1912.
3.222. ARKELL, T. R. Some data on the inheritance of hornes in
A. distingue, an point de vue des cornes, trois types différents de Moutons :
a) dont les deux sexes ont des cornes (Dorset horn) ; b) dont les mâles seuls
ont des cornes (Mérinos): c) sans cornes (Down, Lincoln, Leicester). La
catégorie intermédiaire D n'est pas bien définie, car beaucoup de brebis
Mérinos ont des chevilles osseuses ou des cornes rudimentaires. Le facteur
inhibiteur des cornes doit être double chez les femelles, simple chez les mâles,
ce qai est en accord avec la théorie de DAVENPORT concernant les caractères
< limités au sexe ; de plus, les déterminants de la possession de cornes peuvent
À | être simples, doubles, triples, correspondant à des cornes peu ou fort déve-
: loppées. Des statistiques faites avec des croisements de Dorset horn, des
Mérinos et des South Down confirment ces hypothèses.
ne
L. BLARINGHEN.
13.223. BLARINGHEM, I. L Note préliminaire sur l'hérédité des
maladies cryptogamiques de quelques espèces. Bull. Soc.
bot. de France; t:59;1912, p. 217-221.
13.224. IL Hérédité des maladies des plantes et le Mendélisme.
= Rapport au 1® Congrès international de Pathologie comparée, tenu à Paris
17-23 octobre 1912. Rapports préliminaires, I, p. 250-312.
= I. Exposé de la transmission régulière des affections parasitaires dues à
Ê des champignons ou à des bactéries chez A/{Aæa rosea, Lolium ternulentum
et Œnothera nanella.
II. Distinction entre les difformités héréditaires, qui suivent dans leur trans-
mission les règles des mutations, et les maladies proprement dites, obéissant
13. 225.
13. RR6.
13. 22".
6 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
aux lois de l'hérédité des fluctuations, avec les modifications apportées par la
sélection et la régression. Il faut signaler, à côté des maladies, de nombreux
cas de variétés instables où le changement est double; à la variation
qualitative qui en fait des types nouveaux se superpose la variation quanti-
tative avec les conséquences des fluctuations.
Comme exemple de maladie proprement dite, B. examine la verse des
céréales, qualité fluctuante, en corrélation directe avec la compacité des
grappes et des épis. On étudie l'hérédité de la résistance à la verse, qualité
complexe où il faut examiner séparément: l'hérédité spécifique des diverses
espèces ou variétés (discontinuités qualitatives), les tendances de lignées
différentes de la même espèce (hérédité de caractères acquis récemment),
les tendances propres des individus chefs des lignées en expérience (hérédité
des fluctuations). Parmi les maladies se rattachant aux variétés instables
B. étudie la tendance des Betteraves à donner des individus annuels; la
qualité (tendance spécifique) est appréciée par la rapidité avec laquelle se
fait la sélection d'une lignée riche en individus annuels ; les fluctuations sont
étudiées sur des lignées riches ou pauvres en faisant varier le milieu, les
circonstances d'ensemencement ou de récolte des graines.
Le problème de l'hérédité des maladies parasitaires comprend : {° l'hérédité
des symptômes qui rentre dans l'étude précédente ; souvent les parasites
déformants provoquent la stérilité ; 2° la transmission directe du parasite de
la mère à l'enfant (Lolium temulentum, Charbons, Rouilles) ; % la
transmission de la résistance à l'infection qui peut s’étudier comme la
résistance à la verse; il existe des groupes morphologiques à résistance
duée à le ille dans les Blés cultivés.
graduée à la Rouille dans les Blés cultivé Lips
BUCHET, $S. La prétendue hérédité des maladies crypto-
gamiques. Bull. Soc. bot. de France, t. 59, 1912, p. 704-762.
Examinant les exemples de maladies parasitaires décrits dans le mémoire
de BLARINGHEM (n° 13. 3), B. constate qu'aucun d’eux ne présente les
caractères de l’hérédité au sens habituel de ce mot: «le terme contagion,
dans l'esprit de tout le monde, s'oppose à celui d’hérédité ».
L. BLARINGHEM.
BIFFEN, R. H. Studies in the inheritance of disease resistance.
(Études sur l'hérédité de la résistance aux maladies). Journ. Agric. Scr., t. 4,
1912 (421-429).
Croisements de Blés sujets ou résistants à l'attaque de la Rouille jaune
(Puccinia glumarum) montrant : que les types indemnes en F> sont fixés à
ce point de vue ; que les formes susceptibles transmettent cette susceptibilité,
ou bien donnent des formes résistantes: que les types moyennement
résistants ne sont pas nécessairement hétérozygotes. L'emploi d'engrais
modifie notablement la résistance, mais il suffit d'un seul déterminant pour
en étudier l'hérédité.
Pour la résistance à l'ergot (Claviceps purpurea), 11 y a certainement
plusieurs déterminants. LL BLARINCHRM:
EMERSON, R. A. I. The inheritance of certain forms of
chlorophyll reduction in Corn leaves. II. The inheritance
of the ligule and auricles of Corn leaves. (Hérédité de certaines
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 17
formes de panachure, des ligules et des oreillettes des feuilles de Maïs).
Ann. Rep. Agr. Exp. Stat. Nebraska, t. 25, 1913 (81-185).
L'absence totale de chlorophylle se comporte comme un facteur mendélien
et les hétérozygotes sont verts, rarement panachés; les types panachés propre-
ment dits sont récessifs, mais peut-être ne se comportent-ils pas tous de
même ? Un lot de 6 plantes sans ligules a donné 176 descendants sans higules ;
la forme normale domine et la disjonction se produit en F2 dans le rapport
PAOTe » 176), L. BLARINGHEM.
13.228. FILNOW, R. $S. and BURKILL, J. H. The inheritance of red colour
and the regularity of self-fertilisation in the common
Jute Plant (Corchorus capsularis). (L'hérédité de la couleur rouge et la
régularité de l'autofécondation chez le Jute commun). Mem. Dep. Agr. of
India, t. 4, 1912 (73-92).
Classement des races de Jute d'après la couleur des tiges en 4 groupes dont
les extrêmes sont rouges et verts. Les croisements de ceux-c1 montrent que
le rouge domine et que les intermédiaires dérivent d'hybrides entre les
extrêmes. L'autofécondation est la règle dans cette espèce.
L. BLARINGHEM.
13.229. SHULL, G. H. The primary color-factors of Lychnis and color
inhibitors of Papaver Rhœas. (Les facteurs élémentaires de la couleur du
L. et les facteurs inhibiteurs de la couleur du P. R.). Bot. Gaz., t. 54,
1912 (120-235).
La couleur blanche est d'ordinaire récessive par rapport à la couleur. Il
n'est pas ainsi dans le croisement d'un L. d. d'Allemagne, croisé avec Melan-
drium rubrum d'Allemagne, qui donna 23 individus à fleurs blanches et 4 à
fleurs pourpres. Le Pavot « Shirley », rouge à bords blancs, domine le Coque-
licot à pétales rouges jusqu'aux bords. LR BMRNS LE
15.230. SHULL, G. H. Inheritance of the heptandra form of Digitalis purpurea
L. (Hérédité de la forme de D. p. à sept étamines). Zeits. f. à. Abs. u.
Vererb., t. 6, 1912 (257-267 et pl. 15-16).
La mutation, croisée avec la forme rouge normale, a montré qu'elle n'en
diffère que par une unité mendélienne ; cette mutation s'est produite plusieurs
fois et les résultats paraissent identiques. Be one
13.231. NILSSON-EHLE. Zur Kenntniss der Erblichkeitsverhältnisse
der Eigenschaft Winterfestigkeit bei Weizen. (Etude de l'héré-
dité de la résistance du Blé à l'hiver). Zeits. f. Pflansenzucht. 1, 1912 (3-12).
Cette propriété présente après hybridation une disjonction nette, mais assez
compliquée, d'où l'on peut espérer fixer des formes résistantes avec
d'autres qualités. L'hybridation explique la plupart des cas, spontanés en
apparence, de résistance à l'hiver. D Brinncour
13.232. HOWARD A. and HOWARD G. LL, C. On the inheritance of some
characters in Wheat. (Sur l'hérédité de quelques caractères du Blé).
Mem. Dep. Agr. India, t. 5 (1-46).
Résultats des hybridations réalisées à Pusa de 1905 à 1912. La pubescence
78 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS:
dépend au moins de 2 facteurs, la coloration du grain dé 1, 2 ou 3 facteurs
indépendants selon les cas, la présence de barbes d'au moins 2 facteurs. La
dureté du grain dépendrait de 1 facteur; la fragilité des épis de 2 facteurs.
L'aptitude à donner une paille forte et des plantes bien enracinées présente
des difficultés d'interprétation.
P L. BLARINGHEM.
HYBRIDES.
13.233. TSCHERMAK, Erick von. Examen de la théorie des facteurs par
le recroisement méthodique des hybrides. /° Confér. Internat.
génétique (Paris, 1911) (91-%5 avec 8 tableaux).
On a souvent et justement objecté à la théorie mendélienne des facteurs,
qu'on explique tous les résultats d'expérience possibles, à condition d'introduire
suffisamment de facteurs et de faire des hypothèses complémentaires
convenables sur les circonstances de leur fonctionnement. T. fait observer
que la réponse à cette objection doit être de voir si des recroisements
méthodiques donnent des résultats en harmonie avec les formules que l'on a
préalablement été amené à établir. C'est ce qu'il a fait depuis 10 ans pour des
giroflées, dans le croisement desquelles quatre facteurs seraient en jeu; ces
expériences ont porté sur des milliers d'individus ; les tableaux en donnent
les résultats qui, d'après T., sont la justification des hypothèses initiales.
M. CAULLERY.
13.234. TSCHERMAK, E. von. Bastardierungsversuche an Levkosen,
Erbsen und Bohnen mit Rücksicht auf die Kaktorenlehre.
(Groisements de Giroflées, Pois et Haricots étudiés en vue de la théorie des
facteurs). Zeits. f. ind. Abst. u. Ver., t. 7, 1912, p. 81-234).
Développement de la note précédente (Bibliogr. Evol., 13,283); les résultats
inattendus les plus intéressants concernent la cryptomérie. Les hyÿbridmutations
s'expliquent par des associations et des dissociations de facteurs (Pois rose et
Pois blanc donnant un Pois rouge) et les nouvelles expériences contrôlent
et justifient ces hypothèses. De plus, pour Pisum, T. a étudié Fhérédité des
caractères flugtuants, tels que le poids des graines. 1. BLANCHE
. Le s. M,
13.235. BELLAIR, GEorGes. Recroisées entre elles, deux espèces qui se
sont dégagées d’un hybride n'obéissent plus à la loi
mendélienne de la dominance. {° Confér. Internat. Génétique
(Paris. 1911) (p. 201-203).
L'hybridation Nicotiana sylvestris X tabacum donne en Fj un hybride du
type extérieur paternel, en F> du polymorphisme ; certains pieds Fo, à fleurs
roses, ont des graines qui reproduisent (F3) les deux types originaux avec leur
port et leur fécondité normale. — Mais recroisés entre elles ces deux formes
donnent, non plus des F4 uniformes, comme au début de l'expérience, mais des
hybrides polymorphes. Le premier croisement a done modifié les essences
souches, qui né se sont pas disjointes identiques à ce qu'elles étaient tout
d'abord. [On pourra voir là une preuve que la conception courante des
facteurs mendéliens ne représente pas la complexité de la réalité. — A cela, il
est vrai, il sera possible de répondre que les plantes F3, sur lesquelles à
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 79
expérimenté B., n'étaient qu'en apparence identiques aux plantes initiales et en
différaient par certains facteurs cachés, d'où résulte le polymorphisme que B.
a obtenu dans leur descendance]. NON NE
13.236. FOOT, KarHariNe et STROBELL, E. C. Preliminary note on the
results of crossing two hemipterous species, with refe-
rence to the inheritance of an exclusively male character
and its bearing on modern chromosome theories. (Croisements
de deux Hémiptères; hérédité d'un caractère mâle et théories chromo-
somiques). Biolog. Bulletin, t. 24, 1913 (187-204, 1 pL.).
F. et Srr. ont réussi à obtenir les produits Fi; et F> du croisement
Euschistus variolarius, o X Eusch. sercus 6. La première espèce présente
un caractère exclusivement présent chez le 6, une tache noire au segment
génital, tache qui manque à la femelle et aux deux sexes de l'£u. servus. Or
la tache a été transmise par la ©, apparaissant à un faible degré chez les 6 F,
et beaucoup plns nettement chez les 6 F>. D'autre part une o F, croisée avec
un 6 variolarius pur, donne une progéniture où la tache est bien plus
marquée que chez les F> précédents. On doit donc conclure que la tache”
est transmise par la © malgré l'absence du chromosome Y, et par le 6 malgré
l'absence du chromosome X. Les résultats de leurs expériences conduisent
F. et Srr. à demeurer sceptiques au sujet de l'hypothèse qui place dans les
hétérochromosomes les facteurs des caractères restreints à un sexe.
CH. PÉREZ.
43.237. NEUBAUR, Runorr. Ueber Beziehungen zwischen Cyclops fuscus
Jur., Cyclops albidus Jur. und dem angenommen Bastard
Cyclops distinctus Rich. (Rapports entre ©. f., C. a. et leur hybride
supposé C. d.). Zool. Jahrb. (Syst.), t. 34, 1913 (117-186, 40 fig., pl. 6).
Étude très détaillée de ces trois espèces voisines de Cyclops. N. ne
distingue pas moins de 67 caractères, morphologiques ou mème éthologiques,
dont il fait la comparaison minutieuse. Aucune conclusion définiuve ne
s'impose nécessairement. Etant donné que le C. distinctus présente une sorte
de mélange irrégulier des caractères des deux autres espèces, et qu'il n’a que
très peu de caractères (7) vraiment personnels (distribution et époque de
reproduction en particulier), on doit penser à une hybridation accidentelle.
Cependant aucune des six combinaisons possibles entre les deux sexes de ces
trois espèces n'a pu être réalisée dans les expériences. DATE
13.238. RIMPAU, W. Ueber Kreuzungsproducte von Getreide. (Sur les
| résultats des croisements de Céréales). Beiträge 3. Pflansenzucht., 1912
(115-129).
Analyse détaillée des résultats du croisement Hordeumn Steudelii X H. tri-
furcatum, qui fournit de nombreuses formes stables dont plusieurs pouvant
être prévues d’après les lois de Mendel; puis du croisement de Æ. distichum
nutans et H. Zeocriton qui a donné des formes répondant à Æ. d. erectum.
Les chances d'hybridation naturelle dans les Orges sont fort rares; en
cultivant 50 types d'Orges en mélange pendant 25 ans il y avait 1.200 possi-
bilités de croisement qui ne se réalisèrent que 19 fois en tout.
L. BLARINGHEM.
80 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
13.239. ZADE. Die Zwischenformen von Flughafer (Avena fatua) und
Kulturhafer (Arena sativa). (Les formes de passage entre la folle avoine
et l'avoine cultivée). Fx/lings land. Zeit., 1913 (p. 369-3814).
Les formes de passage qu’on reconnaît à une végétation plus vigoureuse,
aux feuilles couvertes d'une pilosité intermédiaire entre celle des deux types,
aux balles qui sont brunes, grises ou jaunâtres, et surtout aux grains portant
à leur base quelques poils rares ont été l’objet de cultures pédigrées pendant
4 générations. Elles fournissent des formes sativa presques pures, des formes
fatua presque pures et des disjonctions telles que l'ont trouve 27,2 fatua :
91,7 intermédiaires : 21,1 0, sativa, c'est-à-dire les proportions 1 : 2: { indiquant
qu'il s'agit de la disjonction d'hybrides. Toutefois, les pourcentages montrent
qu'il faut admettre pour quelques caractères, l'existence de facteurs multiples
superposés comme NiLssSON-EHLE en a trouvé dans ses croisements entre
formes d’Avoines cultivées. L:-BRNCES
13.240. NORTON, J. B. Asparagus breeding for rust resistance. (Sélection
d’Asperges résistantes à la rouille). Bur. of. Plant Industry, U. S. Dep. of
Agricult., Bull. n° 263 (1-60), 1913.
Les diverses plantes d’Asperge possédent une individualité stable en 1908,
1909 et 1910 en ce qui concerne l'attaque par la rouille; on peut donc dès la
première année écarter les moins résistantes des variétés. Deux parents ont
été choisis comme étant particulièrement résistants pour former une lignée
ñ JT , € À = 1S & ÿ ‘ L) 10° & 5
nouvelle. La résistance croît avec la vigueur Ne
13.241. PÉE-LABY, E. La Vigne nouvelle. Vie agricole et rurale, Paris,
ns 33 elle M912
Étude des qualités des hybrides producteurs directs, plus résistants que les
Vénifera et plus fertiles, mais dont les vins ne possèdent encore aucune des
qualités des cépages à vins fins L'Én
13.242. WELLINGTON, R. Influence of crossing in increasing the yield
of the tomato. (Influence du croisement sur l'augmentation de rendement
des Tomates). New-York Ag. Exp. Stat., Bull. n° 346, 1912 (1-76).
Il importe de renouveler les variétés par des croisements entre plantes
assez différentes ; entre plantes très différentes, on peut aboutir à la stérilité.
Le rouge domine le jaune ; les fruits sont de taille intermédiaire, la forme est
intermédiaire ; le produit est notablement augmenté. BNC
13.243. GRIFFON, E. Greffage et hybridation asexuelle. 4° Conjér. Internat.
Génétique (Paris, 1911), (p. 164-196 av. fig.).
G., examinant tous les faits connus et résumant ses propres expériences,
arrive à la conclusion que les variations constatées dans la greffe ne sont que
des variations de nutrition, du même ordre que celles constatées sur des
témoins, mais ne trouve aucune donnée positive en faveur de lhybridation
asexuelle (fusion ou coalescence des plasmas du sujet et du greffon). Cet
article résume done bien les controverses de l’auteur avec M. L. DANIEL et
il sera intéressant d'en rapprocher la lecture d'un nouveau mémoire de ce
dernier (Bibl. Evol., 13, 244). M. Churrny,
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 8 l
13.244. DANIEL, Lucrex. Nouvelles recherches sur les greffes herbacées.
(Rennes 1913, &, 98 p., 54 pl.)
L'auteur rend compte des greffes réalisées par lui dans ces dernières
années et maintient ses conclusions antérieures, Ses expériences lui ont
fourni de nombreux exemples de variations du greffon et du sujet, qu'il
considère comme produites par l'influence réciproque des deux composants
en symbiose. Elles excluent d'après lui l'hypothèse de l'autonomie et de
l'immutabilité du sujet et du greffon ; la greffe est, selon D., un agent morpho-
génique, manifestant son action, tantôt lentement, tantôt brusquement, et d'une
façon tantôt éphémère tantôt durable et héréditaire. s
aç 1 LE it t Ï € t Et € € ta € M. CAULLERY.
13.245. GAUTIER, Arno. Sur le principe de la coalescence des plasmas
LT
. 246.
vivants et l'origine des races et des espèces. 4° Confér.
Internat. Génétique (Paris 1911) (p. 79-90).
G. développe l'idée que les variations brusques ou mutations (origine
habituelle, suivant lui des races et des espèces) résultent « non pas de
l'influence banale du milieu, mais de l'imprégnation des plasmas vivants,
reproducteurs où végétatifs, par un plasma étranger qui, en vertu de sa
constitution moléculaire propre, est apte à entrer en coalescence » avec eux :
la fécondation croisée est l'exemple banal de ces coalescences. G. résume les
faits d'ordres divers qui, d’après lui, sont à l'appui de la conception précédente
(greffe, résultats des expériences de DanieL, hybrides de greffe ; traumatismes
divers). — La forme et le fonctionnement étant corrélatifs de la constitution
chimique des plasmas, il ne peut pas, d'après G., y avoir continuité entre les
formes, puisqu'il n°y à pas continuité entre les composés chimiques.
M. CAULLERY.
SNELL, K. Beobachtungen über die Beeinflussung des
Edelreises durch die Unterlage. (Observations sur l'influence du
sujet sur le greffon). Fuhling's landio. Zeit., t. 56, 1912 (206-209).
En greffant des variétés précoces de Pommier sur des sujets tardifs et vice
versa, S. note une action directe et manifeste du sujet sur la rapidité du
débourrement; mais les greffons précoces hâtent aussi la mise en activité des
souches tardives. RANCE
43.247. SCHULTZ, Warruer. Bastardierung und Transplantation. II.
Parallele von Verpflanzung und Kreuzung. Erfolgreiche
Hautverpflanzung auf andere Gattungen bei Finken, auf
andere Familie bei Tauben. (Hybridation et transplantation. IL.
Parallélisme entre greffe et croisement. Transplantation de peau entre genres
chez les Gros becs, entre familles chez les Pigeons). Arch. Entvickl. mech.,
t. 36, 1913 (353-386).
Sc. continue ses recherches de comparaison entre la fécondité des hybrides
et la persistance des fragments de peau adulte transplantés (V. Bibliogr.
evol. n° 13, 55). Ses nouvelles expériences lui ont permis de constater une
survie de ces greffes bien plus prolongée qu’on ne l'admettait jusqu'ici. Dans
des transplantations entre Verdier (CAloris) et Canari, ou entre Moineau et
Canari, on observe des mitoses jusqu'au 25° jour. Entre les familles des
Péristérides et des Colombes, les mitoses s'observent jusqu’au 17° ou même
Bibl. Évol. IV.
(6)
82 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
au 30° jour en greffe sous-cutanée, jusqu’au 14e en greffe péritonéale. Scx.
conclut à une sorte de parallélisme entre la transplantation et l'hybridation :
il existe une grande analogie entre les cellules somatiques et les cellules
sexuelles, au point de vue de leurs propriétés spécifiques, telles qu’elles se
manifestent dans les expériences de transplantation ou de croisement; les
hybrides peuvent être considérés comme des produits de greffe.
Cu. PÉREZ.
13.248, FISCHER, Euc. Die Rehobother Bastards und das Bastardie-
rungsproblem beim Menschen. (Les hybrides de Rehoboth et le
problème d'hybridation chez l'homme). léna (G. Fischer), 1913 (327 p. in-&,
36 fig., 19 pl., 23 cartes).
En Afrique sud-occidentale allemande, dans le Bastardland, dont la capitale
est Rehoboth, vit un petit peuple d'hydrides qui s’est formé dans la deuxième
moitié du 18 siècle, à la suite des unions entre Boers et femmes hottentotes.
F. a fait une étude anthropologique et éthnographique de ces « Bastards » ; ila
pu dresser des arbres généalogiques pour un grand nombre de familles,
depuis les premiers croisements entre blancs et hottentotes, et jusqu’à l'heure
actuelle, et a ainsi obtenu, entre autres, un certain nombre de résultats relatifs
à l'hybridation chez l'homme. Les « Bastards » de Rehoboth sont vigoureux,
bien portants, très féconds. Ils présentent, au point de vue anthropologique,
un mélange ou plutôt des combinaisons variées de caractères des deux races
originelles; chacun de ces caractères se transmet « pur », isolément,
indépendamment, sans aucune corrélation avec les autres. La transmission
héréditaire suit les lois de Mendel, les caractères (forme de cheveux, couleur
des cheveux, de la peau, des yeux, forme du nez, indice nasal, etc.) étant les
uns dominants, les autres récessifs. On avait soutenu que quand il y a croise-
ment entre la race blanche et une race de couleur, l’une est dominante par
rapport à l’autre. D'après F., il n'y a pas de race dominante, il n'y a que des
caractères isolés dominants, et on les trouve aussi bien dans une que dans
l’autre race ; il ne paraît pas y avoir corrélation entre divers caractères de
race, Les croisements entre deux races humaines n'aboutissent pas à la for-
mation d’une nouvelle race ; il y a disjonction des caractères suivant la loi de
Mendel. Les « Bastards » de Rehoboth dépassent chacune de deux races
originelles par leur taille et la longueur du visage; un phénomène analogue
(luxuriance) a été observé chez des animaux hybrides. La proportion
relative des deux sexes n’est pas modifiée, et la fécondité n’est pas diminuée,
malgré la fréquence d'unions consanguines, surtout danses premiers temps.
A. DRZEWINA.
13.249. GOLDSCHMIDT, Ricuarp. Zuchtversuche mit Enten. I. (Expériences
d'élevage sur les Canards. [.\. Zeir.f. indukt. Abst. u Vererb.,t. 9, 1913
(161-191).
G. a croisé diverses races de canards. Il en a eu jusqu'ici deux générations :
dans ce premier travail il choisit, pour caractère à étudier, la rapidité de crois-
sance (Wüchsigkeit). Il essaye naturellement de placer tous ses élevages dans
des conditions aussi équivalentes que possible. Des chiffres obtenus il tire
la conclusion provisoire que la rapidité de croissance est vraisemblablement
une propriété mendélienne; mais il ne peut pas dire pour le moment si elle
est simple ou polymérique. M. CAULLERY.
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 83
13.250. BLARINGHEM, L. Phénomènes de xénie chez le Blé. Paris, C. A.
Ac. Sci., t. 196, 1913 (802-894 av. fig.).
Triticum durum d'Algérie, fécondé par le pollén du Blé Uka n° 14 (T° vulgare
lutescens Kcke), donne des grains hybrides ayant la taille de la race mater-
nelle avec l'albumen amylacé et globuleux paternel ; c'est un fait de xénie
analogue à celui classique du maïs. B. dit en avoir découvert d’autres.
M. CAULLERY.
13.251. BALLS, W. L. The Cotton plant in Egypt. Studies in physio-
logy and genetics. (Le Coton en Egypte. Physiologie et Génétique du
C.). Londres 1912, 202 p. et 71 fig.
B. s'occupe depuis 190% du Coton en Égypte ; il résume dans cet ouvrage
ses observations et expériences personnelles qui l'ont conduit à abandonner la
sélection en masse pour étudier en détail un petit nombre de plantes et leur
descendance. L'application des méthodes mendéliénnes a permis d’atténuer les
conséquences d'une dégénérescence fort accentuée. L'auteur décrit quelques
hybrides complexes ; il prétend que tous sont soumis aux lois de Mendel,
mais souvent d'une manière obscure, ou indirecte, et que la vérification
n'apparaît clairement que si le caractère étudié peut être mesuré avec précision.
Des polygones de fluctuations traduisant la disjonction des types croisés
fournissent de bons exemples des notions formées sur ce sujet en 1909 par
JOHANNSEN.
L. BLARINGHEM.
,
13.252. BARBER, C. A. Seedling canes in India. (Semis de Cannes à sucre
dans l'Inde). The Agric. Journ. of India, t. 7, 1912 (317-330 et 8 pL.).
Les Cannes produisent rarement des graines, car les anthères ne s'ouvrent
pas. Pour lutter contre le Séreh, il fallut renouveler les vieilles plantations à
partir de semis de la forme « Chunnec ». Les résultats furent satisfaisants et
on obtient actuellement à Java des Cannes résistantes aux terrains secs et aux
terrains humides, tardives et précoces, permettant de prolonger la période
sucrière. L'amélioration par reproduction fut suivie immédiatement de
résultats industriels importants.
L. BLARINGHEM.
SEXUALITÉ.
13.253. PEARL, Raymonp et PARSHLEY, H.-M. Data on sex determination
in Cattle. (Documents sur la détermination du sexe chez les Bovins).
Biolog. Bull., t. 24, 1913 (205-225).
P. et P. donnent les résultats d’une enquête très étendue faite par la Station
d'agriculture expérimentale du Maine, sur la question de savoir si le moment
du coit, par rapport à la période de rut de la Vache, a une influence sur le
sexe du produit. La statistique, qui porte sur un total assez étendu (480 veaux),
vient à l'appui de la théorie de Taury : lorsque le coït est rapproché de la fin
de la période de rut, il y a un accroissement notable dans la proportion des
mâles produits. Bien entendu le moment du coit ne suffit pas à déterminer
le sexe; mais les résultats, tels qu'ils se manifestent sur un grand nombre,
paraissent assez concluants pour autoriser une règle pratique à conseiller
84 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
aux éleveurs. P. suggère que la situation d'attente est susceptible de modifier,
dans les produits sexuels, la substance du chromosome X auquel le sexe est
lié. Quant à la manière même dont X intervient, P. suppose qu'il ne constitue
pas un facteur positif de déterminisme du sexe, mais plutôt un inhibiteur,
dont une double dose entrave le développement des caractères mâles, tandis
qu'une seule dose est insuffisante pour produire cet arrêt.
CH. PÉREZ.
43.254. DEMOLL, Renxarr. Ueber Geschlechtsbestimmung im allge-
meinen und über die Bestimmung der primären Sexual-
charaktere im besonderen (Détermination du sexe et des caractères
sexuels secondaires). Zool. Jahrb. (Allg. Zool.), t. 33, 1912 (41-94, 2 fig.,
pl. 4-5).
D. fait une revue critique des principaux travaux sur ce sujet et examine
les diverses hypothèses que l’on peut faire sur la détermination du sexe et des
caractères sexuels secondaires. Il conclut au rejet de l'hypothèse d'un facteur
mendélien et considère comme l'interprétation le plus adéquate aux faits celle
qui a trait aux hétérochromosomes, ceux-ci intervenant par leur masse de
chromatine, différente d’un sexe à l’autre, et non pas simplement par leur
nombre simple ou double, ou leur état de liaison. D. revient ensuite sur la
genèse des élémerts sexuels chez l'Escargot (Cf. Bibliogr. evol. n° 13, 828).
Les cellules des deux sexes ont une souche commune, et c’est seulement
après un certain nombre, variable, de divisions que, dans un groupe de
cellules sœurs, se fait la disjonction entre les deux lignées. Il y a pour les
oogonies, comme pour les spermatogonies un stade synapsis, et jusque-là
l'évolution est identique pour les deux lignées. C'est seulêment à partir du
stade de bouquet, et à partir de la formation du Nebenkern, que s'installe la
divergence au point de vue de la croissance cellulaire et de l'évolution chro-
matique. D. en conclut que c’est le Nebenkern qui détermine le sexe de la
cellule, la sexualité du Nebenkern lui-même étant déterminée par l'état des
hétérochromosomes.
CH. PÉREZ.
13.255. CORRENS et GOLDSCHMIDT. Die Vererbung und Bestimmung des
Geschlechts. (L'hérédité et la détermination du sexe), Berlin (Bornträger,,
1913, 8, 148 p., 99 fig.
Ce livre contient le développement de deux conférences faites par C. et G.
à la 84 Réunion des médecins et naturalistes allemands en 1912 (à Münster W.).
On y trouvera un résumé des faits actuellement connus, envisagés du point
de vue de ces auteurs.
C. a insisté surtout sur l'interprétation des faits et expériences par l'hérédité
mendélienne, Il y voit la clé générale de la transmission du sexe chez les
organismes gonochoriques. Le sexe est pour lui essentiellement une propriété
héréditaire.
G. a développé les résultats des recherches cytologiques, en résumant ce
qui a été publié sur les chromosomes, et cherchant à relier ces résultats, d'une
part au mendélisme, de l'autre aux données relatives aux caractères sexuels ‘
secondaires. La base des raisonnements de G. est dans la considération des
chromosomes comme le support de l'hérédité. |
M. CAULLERY.
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 89
3.256. GOLDSCHMIDT, Ricuarr. Bemerkungen zur Vererbung des
Geschlechtsdimorphismus. (Remarques sur la transmission héré-
ditaire du dimorphisme sexuel). Zeit. f. indukt. Vererb. u. Abst., t. 8,
1912 (79-88).
Dans cet article, G. essaye d'expliquer le polymorphisme des femelles de
certains papillons, tels que Colias philodice et C. edusa et Papilio memnon
(Cf. Bibl. Evol. 11, 55), en le considérant comme un caractère sexuel secon-
daire susceptible de mutations, et représenté par des gènes qui sont liés au
gène du sexe. Il établit des formules pour les deux sexes des papillons précé-
dents basées par cette hypothèse, en déduit les formules des gamètes et les
possibilités de leurs combinaisons, et montre que ces formules rendent compte
des faits observés dans les élevages. Voir le détail dans le mémoire.
M. CAULLERY.
PINARD, A. et MAGNAN, A. Sur la fragilité du sexe mâle. C. À,
Acad. Sci. Paris, t. 156, 1913 (p. 401-403).
Les statisticiens admettent que, chez l'homme, il meurt plus d'individus mâles
que de femelles, tant pendant la vie intra-utérine que pendant l'enfance.
P. et M., s'appuyant sur les statistiques de la clinique Baudeloque, de 1891 à
1911, (lesquelles portent sur 52.689 accouchements), n'y constatent pas un
excès de mortalité des garçons pendant la vie intra-utérine. Cet excès existe,
au contraire, si on prend les décès au moment de l'accouchement et dans les
jours qui suivent. Les auteurs attribuent le fait simplement à ce que les
garçons, étant plus gros que les filles, subissent, pendant le travail, un
î i S sidérable,
traumatisme plus considérable NM eee
LOEB, Jacques et BANCROFT, F. W. The sex of a parthenogenetic
tadpole and frog. (Sexe d'un têtard et d'une grenouille parthénogéné-
tiques). Journ. exper. Zoûl., t. 14, 1913 (275-277, 3 fig.).
Sur 10.000 œufs de Grenouille des bois, fécondés par piqûre suivant le.
procédé de BATaAILLON, 2 seulement arrivèrent au stade de jeune têtard. La
réussite fut meilleure avec la Grenouille léopard. A partir de 700 œufs, 2 larves
survécurent ; l'une atteignit la fin de la métamorphose, l’autre mourut à l'état
de têtard, ayant déjà développé ses membres postérieurs. L'examen
histologique montra que ces deux individus étaient femelles. Ce résultat est
celui que l’on doit attendre, si la Grenouille appartient au groupe des
animaux où la femelle est hétérozygote pour le sexe. Dbarr
18:259. GROSVENOR, G. H. et SMITH, G. The life cycle of Moina rectirostris.
i | (Cycle vital). Quart. Journ., t. 58, 1913 (511- 22).
Les auteurs ont cherché à vérifier l'hypothèse de WEIsmanx, sur le
cycle vital de Moina, suivant laquelle la succession des individus parthéno-
génétiques et sexués est régie par un rythme interne, indépendant des
conditions extérieures. Ils ont constaté qu'en isolant les femelles parthéno-
génétiques aussitôt après l'éclosion on obtient une diminution très notable de
la proportion des individus sexués ; si, à l'isolement, on associe une température
élevée, la production de formes sexuées est entièrement supprimée. Ainsi,
avec des femelles isolées et maintenues de 25° à 30° C, ils ont obtenu 1.167
individus, parmi lesquels pas un seul sexué. Des cultures témoins, faites
86 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
avec les mêmes femelles, à la même température (25° à 30°), mais maintenues
groupées, au lieu d'être isolées, ont donné 30,3 p. 100 de mâles; quand la
température est plus basse, 14° C, la proportion des individus sexués
augmente encore : 52,3 pour 100 de mâles. Avec des femelles isolées, à 14°,
on à 19, { p. 100 de mâles; dans la glacière à 5° C, 5,4 pour 100 de mâles;
dans la glacière, mais avec des femelles rassemblées, 42,5 p. 100 de mâles.
D'une façon générale, plus les individus réunis sont nombreux (de 1 à 34),
plus la proportion des mâles qui naissent est élevée. La suppression de
formes sexuées sous l'influence de l'isolement et de la température élevée
pourrait être attribuée soit à l'absence relative des excrétions (cependant,
en maintenant des femelles isolées dans de l’eau où avaient séjourné de
nombreux individus on n’a obtenu que des femelles parthénogénétiques), soit à
des conditions de nutrition plus favorables. A Dire
13.260. PAVILLARD, J. La sexualité et l'alternance des générations.
Revue scientifique, 51° année, 1913, p. 295-299.
Exposé très condensé des théories de STRASBURGER (1894), DANGEARD (1907),
WiNKkLER (1908) consacrant l'existence d’une alternance de génération chez les
Algues, des recherches de BLACKMANN, MaIRE (1911), VUILLEMIN (1912),
GUILLIERMOND (1910) sur l’alternance des génére' ons chez les Champignons.
L. BLARINGHEM.
13.261. GUILLIERMOND, A. Nouvelles observations sur la sexualité
des levures. Archic fur Protistenkunde, t. 28, 1912 (p. 52-77, pl.
6-9 et 6 fig.)
G. décrit l'existence d'une anisogamie franche chez Zygosaccharomyces
chevalieri, levure rapportée d'Afrique par la Mission CHEVALIER et signalée
par lui en 1911. C'est, avec une autre forme décrite depuis par Napsox et
KONOKROTINE (Guillicrmondia fulvescens), jusqu'ici la seule levure qui ne soit
pas isogame. Il étudie aussi la copulation de Debaryomyces globosus qui
offre, à côté de l'isogamie, des cas fréquents de parthénogenèse et des
anomalies variées. À la lumière de l’anisogamie, maintenant connue chez
Zyg. chev., G. interprète le cas de D°b. glob. comme une marche de
l'isogamie vers l’anisogamie. — Enfin il montre que chez d’autres levures
(Schoanniomyces occidentalis, Torulospora rosei), il y a rétrogradation de
la sexualité; les gamètes se développent parthénogénétiquement, mais en
montrant encore des vestiges d'attraction sexuelle (tendance à se réunir par
des diverticules). Les levures, comme les Saprolégniées et les Mucorinées,
offriraient donc une gamme d'états évoluant vers la parthénogenèse, par
rétrogradation de la bisexualité. M Cannet
13.262. KOSCHEWNIKOFF, G. Sur les Abeilles hermaphrodites. 1X°
Congrès intern. Zool. Monaco. Résumés, 2 (39-10).
K. signale dans la progéniture d'une reine, qui a produit également des
ouvrières et des mâles normaux, des individus gynandromorphes ayant d'une
facon générale l'aspect d'ouvrières à tête de mâles. L'examen détaillé montre
qu'une des mandibules est celle d'un mâle, l'autre d'une ouvrière ; les deux
yeux sont d'un mâle. Le thorax est d'une ouvrière. Les stermites de l'abdomen
montrent un hermaphrodisme latéral, une des glandes cirières étant bien
développée, l’autre atrophiée. Il peut y avoir un organe copulateur atrophié
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 87
accolé à un aiguillon. Les glandes génitales elles-mêmes peuvent être mâle
d'un côté, femelle de l’autre; mais parfois aussi toutes deux du même
sexe. Il n'y a done pas de corrélation étroite entre la nature de ces glandes
et les anomalies du squelette tégumentaire. CE Pur
13.263. GOODALE, H. D. Castration in Brown Leghorns. (Effets de la
É castration sur les volailles appartenant à la race Brown Leghorn). Amer.
Natur., t. 47, 1913 (159-169).
ù La castration était opérée sur des poussins âgés de 21 à 28 jours. Chez le
mâle, elle entraîne l’atrophie de la crête et des barbillons ; mais le plumage
reste normal au point de vue de la coloration, tout en se faisant remarquer
par une exagération dans la longueur des plumes. Par contre, la castration
de la femelle est suivie d’un grand accroissement de la crête et des barbillons,
qui prennent absolument l'aspect et les dimensions de ces parties chez le
Coq normal. A quelques petits détails près, le plumage de la femelle après
castration devient semblable à celui du Coq normal. Ces expériences
montrent clairement que, si la femelle peut revêtir les caractères sexuels
secondaires du mâle après ablation des glandes génitales, la réciproque n'a pas
été nettement vérifiée. Il en serait de même pour le mâle du Canard rouennais.
Eu. BORDAGE.
13.264. SMITH, GEorrrey. On the effect of castration on the thumb of
the Frog Rana fusca. (Effets de la castration sur le pouce de la Grenouille),
Zool. Ans., t. 41, 1913 (623-623, 3 fig.).
Une Grenouille 6 fut complètement châtrée le 15 décembre 1911 ; la callosité
du pouce était alors déjà bien développée, sans que les papilles eussent
encore toute leur taille ni toute leur pigmentation; tout d’abord aucun
changement ; puis, en mai-juin 1912, les papilles commencent à s’atrophier ;
en septemdre elles ont complètement disparu ; mais en janvier 1913 elles
réapparaissent de nouveau. Cette expérience jette quelque suspicion sur la
légitimité des conclusions tirées par NusBauu et par MEISENHEIMER de leurs
injections d'extrait testiculaire ou de leurs greffes de glandes génitales sur des
individus châtrés. Le plein développement de la callosité doit bien être hé à la
croissance et à l’activité du testicule, celui-ci influençant peut-être la compo-
sition du sang ; mais jusqu'ici il n’y a point évidence que l’action du testicule
soit produite par une hormone, susceptible d’être extraite de la glande et de
remplacer, pour une Grenouille châtrée, la présence de la glande elle-mème.
. Cu. PÉREZ.
13.265. HECKEL, E. De la castration des végétaux. Son influence sur
le Mais et les Sorghos au point de vue de la production du
sucre. Revue scientifique, 51° année, 1913, p. 225-228.
H. rappelle les effets de la castration chez quelques animaux domestiques
et chez l'homme, puis les études de Grarp relatives à la castration parasi-
taire et les recherches très récentes de SrewarD sur la castration artificielle
du Maïs. Il expose ensuite ses recherches sur ce dernier matériel à la suite
de la castration complète, de la castration mâle, ou de la castration femelle.
La première donne les tiges les plus riches en saccharose jusqu'en septembre,
époque à laquelle les effets tendent à s’égaliser. Le Sorgho sucré, dont on
enlève les grappes de fleurs hermaphrodites, se comporte sensiblement de
PALES L. BLARINGHEM.
88 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
ÉTHOLOGIE GÉNÉRALE.
13.266. BURGESS, A. F. The dispersion of the Gipsy-Moth. (La dis-
persion du «Gipsy-Moth» ou Porthetria dispar). U. S. Department of
Agriculture Bull. n° 119, 1913, 62 p.
13.267. RILEY, Wirrram, A. The so-called aerostatic hairs of certain
lepidopterous larvæ. (Les prétendus poils aérostatiques des larves de
certains Lépidoptères). Science, t. 37, 1913 (715-716).
[. — l'ans son travail, B. insiste sur les moyens dé dispersion par le vent
des chenilles du «Gipsy Moth» au premier stade de leur développement. Il
attribue un rôle de première importance aux longs poils qui revêtent alors
tout le corps de la jeune larve et qui ont été désignés sous le nom de « poils
aérostatiques » par Wacurz et KorNauT, parce qu'ils présentent, dans leur
moitié inférieure, un renflement sphérique en forme de minuscule ballonnet.
Ce renflement, que les deux auteurs précités ont appelé «aérophore », est
considéré par eux comme rempli d'air. Il aurait pour but d’'alléger la larve et
de la rendre ainsi plus facilement transportable par le vent. B. déclare
partager entièrement cette opinion.
Il. — Risey pense que, si B.avait eu connaissance des travaux de
CHoLoprowsky et de son élève INGENITZKY, il aurait certainement attribué un
rôle moins important aux prétendus poils aérostatiques. Les deux savants
russes ont en effet montré que la paroi des renflements dont il vient d'être
question s'aflaissait sur elle-même dès que la larve était tuée. [1 n'en serait
pas ainsi si ces renflements étaient remplis d'air. Ce qu'ils renferment en
réalité, c'est un liquide toxique sécrété par une glande unicellulaire située à
la base de chaque poil. Cnoropkowsry a substitué le nom de forophore à
celui d'aérophore, et il pense qu'il y a là un moyen de protection contre les
oiseaux insectivores. Les chenilles de la Noune (Psilura monacha) présentent,
au premier stade de leur développement, des poils semblables à ceux de la
jeune larve du «Gipsy Moth ».
R. fait encore remarquer que, fussent-ils en réalité remplis d'air, les renfle-
ments des poils ne pourraient être d'une grande efficacité dans la dispersion
des jeunes chenilles. Il faudrait un gaz plus léger que l'air. FERNALD avait
supposé l'existence d'un tel gaz ; mais les recherches de CHOLODKOWSKY ont
infirmé cette hypothèse. Les poils peuvent par eux-mêmes aider cependant
jusqu'à un certain point à la dissémination des jeunes chenilles, à la façon
de l’aigrette qui couronne le fruit de certaines Composées.
£pM. BORDAGE.
13.268. \VOLTERECK, R, Ueber Funktion, Herkunft und Entstehungs-
ursachen der sogen. « Schwebe-F'ortsätze » pelagischer
Crustaceen. (Sur la fonction, l'origine et les causes productrices d’« appen-
dices planeurs » des Crustacés pélagiques). Zoologica, Heft 67, 19153, p. 475-
000, 41 fig.)
Ce mémoire constitue une suite aux recherches antérieures de W. sur
l'origine des formes spécifiques chez les Daphnies (Bibl. Evol., 10, 8264). 11
étudie ici la signification physiologique et les conditions de différenciation
des appendices des Crustacés pélagiques, que, depuis Caux (Atlantis, 1890), on
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. : 89
considère généralement comme des dispositions adaptatives permettant à ces
animaux de planer (Schwebe-Fortsätse). 11 les étudie sur les Cladocères d'eau
douce dans quatre séries (1. Sida — Holopedium — Leptodora ; W. Chydorus
— Bosmina coregoni ; WI. Daphnia pulex — D. magna. — Scapholeberis
mucronata ; IV. Podon — Evadne — Bythotrephes — Cercopagis). Chez ces
animaux, l'interprétation de CHuN ne s'applique pas. Ces appendices manquent,
en effet, chez les vrais planeurs et existent chez les formes ayant un mouvement
propre de nage. Les facteurs principaux de la conservation du niveau dans l’eau,
pour les Crustacés pélagiques, sont leur mouvement propre et par suite leurs
pattes rameuses, la diminution du poids spécifique (surtout par développement
de graisse), les dispositions formant gouvernail. La discussion d'observations
et d'expériences amène W. à conclure que les appendices en question chez les
Cladocères ne servent ni à planer, ni à maintenir l'équilibre, mais à régler la
direction du déplacement, en la maintenant rectiligne et horizontale; ce sont
des organes de direction et de gouverne. W. s'attache à le démontrer en
analysant les divers facteurs d’où dépend le déplacement des Cladocères dans
l'eau (pesanteur — stimuli de contact sur le fond et à la surface — influence
de la lumière et rôle photostatique de l'organe oculaire — fonct'onnement des
rames — résistance de l’eau). Après amputation des cornes, une Bosmina nage
en rond et sur le dos; précisément comme les CAydorus qui n'ont pas de
corne. Les variations saisonnières de ces cornes chez les Bosmines seraient en
rapport avec la rapidité plus ou moins grande de leurs déplacements et l'inten-
sité corrélative de leur nutrition dans des eaux de températures diverses ; les
Cladocères se maintiennent en effet dans les couches où se trouve accumulée
leur nourriture (des algues, qui, en hiver, sont réparties à toutes hauteurs,
mais, en été, sont localisées dans une zone plus ou moins définie).
Quelle est l’origine de ces organes de direction? W. considère que, chez les
Bosmines, les cornes antérieures dérivent d'organes tactiles et que, chez les
Daphnies, ces diverses formations proviennent de l’allongement de denticules de
chitine ; cet allongement se produirait principalement sous l'influence de la
pression interne du liquide sanguin. — Enfin, quelles seraient les causes
déterminantes des modifications spécifiques relatives à ces organes ?. La
pression interne du liquide sanguin dépendant de l'intensité de l'assimilation
et celle-ci du milieu, dans le milieu paraît être la cause première des transfor-
mations que subissent les organes en question. Mais alors l'action modifiante
devrait porter sur tous les denticules de chitine indistinctement, ce qui n'est
pas le cas. W. constate qu'il y a, entre les diverses régions du corps, une
différence de labilité ; 1 se produit, entre les divers individus, à cet égard, des
variations blastogénétiques, qui sont déclanchées par les actions du milieu;
cela étant, la sélection intervient et est le facteur modelant essentiel des
espèces (sélection des variations blastogénétiques). NT Cavrenx
13.269. BOUVIER, E. L. Sur les genres Pseudibacus et Nisto et le stade
Natant des Crustacés décapodes macroures de la famille
des Scyllaridés. Paris. C. R. Ac. Scr., t. 156, 1913 (p. 1643-1648).
De même que les Puerulus sont, pour la plupart, un stade du développement
des Palinurides, succédant au stade Phyllosoma et représentant l'étape de
Natantia chez les Scyllarides, les formes décrites par GUÉRIN sur le nom de
Pseudibacus et par Sararo sous celui de Nysto sont les stades Nafantia du
développement de Seyllares. Il est à remarquer qu'on ne connaît pas le stade
correspondant pour la langouste commune. M. CAULLERY.
90 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
13.270. SKINNER, Hexry. Mimicry in Butterflies. (Le mimétisme chez les
Papillons). Proceed. Acad. Nat. Sc. Philadelphia, t. 64, 1912 (p. 142).
On sait que, dans certains cas, les femelles de quelques espèces américaines
du genre Papilio ont graduellement modifié leur aspect ordinaire et semblent,
en quelque sorte, avoir copié le Papilio philenor. La chenille de cette dernière
espèce vit sur l’Aristolochia serpentaria, plante dont la racine est toxique
pour l'homme. On a immédiatement supposé que le papillon lui-même devait
être toxique pour les oiseaux ou que sa saveur devait leur répugner. De toute
façon il se trouvait protégé contre eux. Tous les papillons qui lui ressemblaient
étaient confondus avec lui par les oiseaux et bénéficiaient ainsi de cette
ressemblance protectrice.
Deux objections peuvent être opposées à cette manière de voir: {° On ne
connaît qu'un très petit nombre d'oiseaux paraissant s'attaquer aux Papillons ;
2 rien ne prouve que le ?. philenor soit toxique pour les oiseaux ou même
que sa saveur leur inspire quelque répugnance. Il se peut fort bien que tel
végétal, susceptible de provoquer des empoisonnements chez l’homme et chez
différents animaux, ne présente ‘cependant aucune toxicité pour les oiseaux.
Chez les espèces que certains biologistes considèrent comme protégées
parce qu'elles imitent le P. philenor, les femelles” seules offrent la ressem-
blance. Pourquoi n’en est-il pas ainsi des mâles ? Ce dimorphisme sexuel est
suffisant pour montrer que des lois biologiques n'ayant rien de commun
avec le mimétisme doivent intervenir dans ces différents cas.
Ep. BORDAGE.
13.271. WILLEM, Vicror. La recherche des fleurs par les Abeilles. Anh.
Soc. Entomol. Belgique, t. 56, 1912 (453-164).
Résumé synthétique des diverses expériences faites sur ce sujet, et indication
des problèmes encore à résoudre, surtout au point de vue de la psychologie
expérimentale. (Cf. Bibliogr. evol. n°12, 19 et 385). Ce Pier
13.272. SHELFORD, Vicror-E. et ALLEE, E.-W.-C. The reactions of Fishes
to gradients of dissolved atmospheric gases. (Réactions des
Poissons aux diverses concentrations de gaz atmosphériques dissous). Journ.
exper. Zoôl., t. 14, 1913 (207-266, 7 fig.).
Les expériences faites sur de nombreux Poissons, très divers au point de
vue de leur place systématique, ont mis en évidence une très grande similitude
de comportement entre des formes éloignées, permettant d'établir des groupes
physiologiques. Les résultats permettent d'interpréter la distribution écologique
des Poissons. D'une façon générale ces animaux sont surtout sensibles à
l'excès de CO? plus encore qu'au manque d'O, et c'est la teneur de l'eau en
CO2 qui est sans doute le facteur le plus important à considérer.
CH. PÉREZ.
13.273. ABBOTT, ]J.F. The effect of distilled water upon the fiddler Crab.
(Effets de l’eau distillée sur Crabe boxeur). Biolog. Bulletin, t. 24, 1913
(169-174).
L'Uca pugilator peut supporter de brusques et grands changements dans
la pression osmotique de l'eau où il se trouve, passant de l'eau de mer à
l'eau douce sans aucun dommage. Il peut aussi rester longtemps à l'air, en
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 91
aérant directement l'eau qui imbibe ses branchies. La membrane branchiale
est relativement, mais pas complètement, imperméable. Dans l'eau distillée il
y a perte de sels par les branchies ; et dans une quantité suffisante d'eau
distillée, les Crabes finissent par mourir. : :
2 : P : Cu. Pérez.
13.274. WALTHER,, Anozr. Die Umwelt des Keimplasmas. V. Das
Eindringen von Magnesium in das Blut der Süsswasser
Krabbe, Telphusa fluviatilis Belon. (L'ambiance du plasma germinatif.
V. Pénétration du Mg. dans le sang du Crabe d'eau douce). Arch. Entwickl.
mech., t. 36, 1913 (202-286, pl. 18).
Les sels de Mg. ne pénètrent que très lentement dans le sang de la Telphuse ;
un peu plus vite dans les petits individus que dans les gros ; mais une fois
absorbés ils ne sont plus éliminés que lentement. La pénétration est plus
rapide en solution purement magnésienne qu'en présence de NaCI. Les
expériences n'ont pas jusqu'ici apporté la preuve que ces substances
chimiques introduites dans le corps arrivent effectivement jusqu'au plasma
germinatif. )
germinat Cu. PEREZ.
13.275. MICHAEL, Erus L. Vertical distribution of the Chætognatha
of the San Diego region. (Sur la distribution verticale des Chæto-
gnathes de la baie de San-Diego). Amer. Natur., t. 47, 1913 (17-49).
M. a étudié la distribution verticale des Chætognathes de la baie de San-
Diego (Californie), en insistant plus spécialement sur les 7 espèces du genre
Sagitta que l’on trouve dans cette baie (S. neglecta, S. bipunctata, S. lyra,
S. inflata, S. hexaptera, S. planktonis et S. serratodentata). 11 est arrivé
aux conclusions suivantes : 1° Chacune des espèces vivant dans la baie de
San-Diego présente un mode spécifique de distribution verticale aussi nettement
défini que les caractères morphologiques qui différencient cette espèce; 2°
les espèces dont la distribution verticale est identique sont celles qui diffèrent
le plus au point de vue morphologique. En d'autres termes, la différence
morphologique entre deux espèces est «inversement proportionnelle à la
différence constatée dans la distribution verticale » ; 3° toutes les fois que
deux ou un plus grand nombre d'espèces ont été capturées d'un même coup
de filet, il ne s'en trouvait jamais plus d’une dont les représentants fussent
arrivés à maturité sexuelle ; 4° à une ou deux exceptions près, les spécimens
arrivés à maturité sexuelle ont été capturés à des hauteurs différentes,
suivant l'espèce à laquelle ils appartiennent. MIRE
4 . AU .
13.276. PEARL, Raymoxr. The relation of age to fecundity. (Relation entre
l’âge et la fécondité). Science, t. 37, 1913 (226-228).
D'après MarsHALL, la fécondité peut être comparée à « une vague qui, partant
de la stérilité, croît rapidement ensuite vers son maximum, pour revenir enfin
à la stérilité ». R. déclare que l'on a été à même de vérifier cette loi chez les
femelles de différents animaux (Truie, Souris, Jument, Poule, etc.). Il insiste
surtout sur le cas intéressant offert par une Brebis étudiée à Lennox (Massa-
chusetts, Etats-Unis), et qui, de 1806 à 1824, donna 36 agneaux formant une
série qui permet de vérifier une fois de plus l'exactitude de la loi en question.
Epm. BORDAGE,
92 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
13.277. MAC CALLUM, G. A. Fertilization and egg laying in re yle
stenotomi. (Fécondation et ponte chez M. s.). Science, t. 37, 1913 (340-341).
Le Trématode dont il s'agit ici vit sur les branchies de Stenotomus
chrysops. Sa longueur est de 2mm5 environ. Quand on place plusieurs
individus dans un verre de montre contenant de l'eau de mer, on peut
assister à l'accouplement. Bien que le A. s. soit hermaphrodite, Ja copulation
n'est pas réciproqne, et cela proviendrait de ce que l'orifice vaginal est
médian et dorsal, tandis que le pénis est situé au côté ventral, Deux individus
accouplés sont cramponnés l’un à l’autre par la portion antérieure du corps et
placés presque à angle droit. Ils se soutiennent à l’aide de leurs ventouses.
Les spermatozoïdes sont emmagasinés dans un réceptacle spécial (sperma-
thèque). L'auteur a étudié aussi le mécanisme de la ponte. Le Trématode se
cramponne fortement à une lame branchiale de son hôte à l'aide de sa
ventouse orale et de sa ventouse caudale. Le Ver se trouve ainsi distendu.
I se produit alors dans son corps de véritables ondulations, d'arrière en
avant. À ces ondulations, qui durent quelques secondes, succèdent des
périodes de repos. Ces efforts amènent l'expulsion des œufs.
Ep. BORDAGE.
13.278. LILLIE, Fraxx R. et JUST, E. E. Breedings habits of the Hetero-
nereis form of Nereis l‘mbata at Woods Hole, Mass. (Éthologie
sexuelle de la forme Hétéronéreis de N. /. à Woods Rae Biolog. Bulletin,
t. 24, 1913 ‘147-168, 8 courbes).
Les Hétéronéréis de cette espèce se rencontrent en essaims qui viennent à
la surface de la mer, peu après le crépuscule ; ces essaims deviennent de plus
en plus nombreux, puis au bout de 45 minutes ils décroissent, et au bout d'une
heure à une heure et demie tout a disparu, jusqu'à la nuit suivante. Ces essaims
s’observent par séries, pendant les mois de juin à septembre, chaque série
étant en rapport avec les phases de la lune : elle débute peu après la pleine
lune, et l’essaim journalier atteint bientôt un maximum de densité, puis
décroît, passe par un minimum au voisinage du dernier quartier, croît de
nouveau, puis décroit et disparaît finalement peu avant la pleine lune suivante.
Chaque jour on voit d'abord apparaître quelques mâles, dont le nombre croît
progressivement pais quelques femelles à nage plus paresseuse. En plein
essaim en peut voir simultanément jusqu'à des centaines de mâles dans le
champ d'une lanterne, mais tout au plus une douzaine de femelles. Chaque
femelle est entourée de plusieurs mâles qui nagent autour d'elle en cercles
resserrés, puis commencent bientôt à émettre leur sperme et à produire dans
l'eau un nuage laiteux, au milieu duquel la femelle à son tour émet ses œufs.
Puis vidée, elle se laisse tomber au fond, où elle ne tardera pas à mourir,
tandis que les mâles peuvent sans doute, plusieurs jours de suite participer à
l'essaim.
L'essaim se compose exclusivement d'individus complètement mûrs au point
de vue génital ; et il est manifeste que c'est un stimulus émané de la femelle
qui détermine les mâles à émettre leur sperme, qu'ils auraient, en l'absence de
ce stimulus, pu garder encore pendant plusieurs jours. Une femelle mûre,
conservée quelques heures dans une petite quantité d'eau (125 c. ce.) abandonne
à cette eau une substance stimulante, qui, en l'absence de la femelle, détermine
immédiatement le réflexe éjaculatoire chez un mâle que l'on y plonge; et
celui-ci cesse d'émettre son sperme aussitôt qu'on le transporte à l'eau pure,
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 93
pour recommencer dès qu'on le remet dans l'eau « chargée » par la femelle.
Cette substance est spécifique ; car les femelles d'une espèce très voisine
N. megalops ne sollicitent en rien les mâles de N. limbata; elle est labile,
se détruisant spontanément dans l’espace de trois jours ; 5 minutes d'ébullition
l'affaiblissent considérablement, 10 minutes abolissent complètement son
activité. Enfin elle est neutralisée par la présence d’une certaine concentration
de sperme. Cette substance est moins liée à la femelle elle-même (inactivité
des femelles atoques, activité très faible des femelles vidées) qu'à ses œufs
(qui suffisent à charger l’eau). Il est vraisemblable que cette substance est
identique avec une agglutinine pour le sperme, dont l'émission par les
œufs a d'autre part été constatée (Science. 1912). Pour les femelles, c'est la
résence du sperme qui déclanche 1 nte. ; ;
P P q $ LEE CH. PÉREZ.
> 279. WESENBERG-LUND, C. Biologische Studien über Dytisciden.
‘Etudes biologiques sur les Drytiscides). Internat. Revue der gesammiten
Hydrobiol., Biol. suppl., Ve sér., 1912 (129 p., 9 pl., 5 fig.).
L'auteur rend compte d'observations et expériences très nombreuses sur la
biologie des Dystiscides du Danemark (sous-familles des Dysticinæ et
Notarinæ, principalement sur l'accouplement, la ponte, l'hivernage, la respi-
ration et les conditions d'équilibre dans l’eau et d'une façon générale la vie
des larves ou des adultes. Il passe en revue, d'autre part, d'une façon très
complète, la bibliographie de ces diverses questions. Son mémoire est par suite
une très abondante source de renseignements.
A noter en particulier : l'opinion de W. L. sur le dimorphisme des femelles
(élytres lisses ou cannelées ; les cannelures maintiendraient mieux un revé-
tement huileux à la surface et celui-ci en augmentant la tension superficielle à
la surface de l'insecte, qui est plus lourd que l'eau, l’aiderait à flotter) ; son
interprétation de la respiration de l'insecte, quand celui-ci ne peut remonter à
l'air (il reste toujours sous les élytres une masse d’air, qui est au contact
de l’eau et quand l'oxygène est épuisé, il s'y en accumule à nouveau, aux dépens
de celui qui est dissous dans l'eau, opinion autrefois émise par STRAUSS —
DURCKRHEIM).
W. L. compare les divers Dytiscides au point de vue phylogénétique. Les
Hydroporides etles Colymbétides sont les moins modifiés par la vie aquatique,
les Dytiques et les Cybisters le sont le plus. Il y a eu probablement toute
une série de lignées qui se sont adaptées indépendamment et se sont plus ou
moins pénétrées réciproquement. Dytiscus, Cybister, Acilius sont peut-être
des extrémités de rameaux distincts, dont la ressemblance est en partie le fait
œer À
de la convergence NEC TE DER.
.-280. HÉROUARD, Evcarr. Relations entre la dépression et la forma
tion des pseudoplanula tentaculaires chez le Scyphistome.
Paris, C. R. Ac. Scr., t. 156, 1913 (1093-1095).
Des Scyphistomes suralimentés pendant la belle saison, refusent toute
nourriture, vers la fin d'août et entrent dans une période de dépression qu'H.
compare à celle des Paramécies dans les expériences de CALKINS ; les tenta-
cules se détachent et forment des pseudoplanules allongées, ciliées et mobiles,
qui se contractent, tombent sur le fond et s’y fixent pour se transformer en
petits Scyphistome Mme
94 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
13.281. NICE, L.-B. Studies on the effect of alcool, nicotine and
caffeine on white mice. II. Effects on activity. (Eflets de
l'alcool, de la nicotine et de la caféine sur l’activité des souris blanches).
Journ. exper. Zoûl., t. 14, 1913 (223-151, 3 fig.).
Suite d'un travail déjà analysé (Bibl. Evol., n° 12, 321). N. s'est proposé
de comparer l'influence de ces diverses substances médicamenteuses sur
l'activité spontanée, celle-ci étant évaluée par le nombre de révolutions que
chaque souris imprime à une cage-tambour rotative. Ce sont les témoins qui
manifestent la plus grande activité ; l'alcool a nettement une influence
déprimante. La nicotine ne paraît pas avoir une influence bien marquée sur
l'activité, mais elle entrave la croissance ; la caféine est la substance qui
déprime le plus l’activité (réduite à 68 par rapport aux témoins); et elle
peut amener des troubles mortels. CR PRE
43.282. KEILIN, D. Structure du pharynx en fonction du régime chez
les larves de Diptères cycloraphes. Paris, C. R. Acad. Sci., t. 155,
1912 (1548-1551, 6 fig.).
Les larves des Diptères cycloraphes ont des habitats et des régimes alimen-
taires très variés. Outre les caractères propres à chaque groupe systématique
naturel, on observe des caractères convergents chez les divers types de
régime analogue. Ainsi, chez toutes les larves saprophages, le pharynx
présente, sur sa paroi ventrale, des côtes caractéristiques. Au contraire ces
côtes font défaut chez toutes les larves parasites d'animaux divers ou de
plantes, les larves carnivores ou suceuses de sang. Dans une même famille
les larves ont ou n’ont pas de côtes pharyngiennes suivant leur régime. Et
ce caractère permet d'inférer à coup sûr le genre de vie d’une larve à régime
encore inconnu, K. a été amené, grâce à ce critérium, à prévoir et à contrôler
effectivement les habitudes carnassières de plusieurs larves réputées sapro-
phages ; les milieux en décomposition où on les rencontre sont simplement
ceux où elles chassent leurs proies habituelles. CARD)
13.283. KEILIN, D. Sur les conditions de nutrition de certaines larves
de Diptères parasites des fruits. C. R. Soc. Biologie, t. 74, 1913
(24-26).
in contradiction avec la règle générale constatée par K. (v. Bibl. Evol..
n° 13, 282), la larve d'Anastrepha ludens qui vit dans les fruits de Psidium
de Costa-Rica, et celle du Dacus oleæ. parasite des olives, ont leur pharynx
muni de côtes, comme les larves saprophages. On doit donc penser que leur
mode de nutrition doit être analogue à celui de ces dernières, soit que les
diastases du fruit lui-même, libérées des cellules déchirées, interviennent dans
la préparation du milieu nutritif, soit que les microbes, vivant dans la plaie
11] à ot Bb ni F la ses, = ;
du fruit, contribuent à fournir ces diastases RNA
13.284, MAUPAS, E. et SEURAT, L. G. La mue et l’enkystement chez les
Strongles du tube digestif. C. XL. Soc. Biologie, t.74,1913 (34-38, 8 fig.).
M.etS. décrivent chez plusieurs Strongles un développement abrégé ; la
larve parcourt ses premier et second stades, et elle mue, tout en restant
enfermée dans la coque de l'œuf; et elle éclôt sous forme de larve enkystée
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 95
très agile, particulièrement propre à la dissémination, et à la survie dans le
milieu extérieur, jusqu'à la rencontre de l'hôte approprié.
CH. PÉREZ.
13.285. PEARSE, A. $ On the habits of the Crustaceans found in
Chætopterus tubes at Woods Hole, Massachusetts. (Mœurs des
Crustacés habitant les tubes de Chétoptères). Briolog. Bulletin, t. 24, 1913
(102-114, 6 fig., pl. 1).
P. signale la convergence physiologique et morphologique présentée par
deux Crustacés que l’on rencontre, ordinairement par couples, vivant en
commensalisme dans les tubes de Chétoptères: une Porcellane Polyonyæ
macrocheles (Gibbes) et un Pinnothère, Pinnixia chætopterana Sümpson.
CH. PÉREZ.
13.286. RABAUD, ErrNxe. La cryptocécidie du ver des noisettes (Bala-
ninus nucumn LL. et la signification biologique des galles. C. k.
Acad Sci. Paris, t. 156, 1913 (p. 253-255).
Le « ver des noisettes », larve de Balaninus nucum, provoque tout d'abord,
4 à l'intérieur du fruit, une prolifération constituant une galle qui a passé jusqu'ici
inaperçue et qu'en raison de sa situation, R. propose d'appeler une crypto-
cécidie. Ultérieurement la galle est dévorée par la larve, qui mange ensuite
l'amande ; la galle ne semble se produire que si le fruit est parasité de bonne
heure. Par sa position et son manque de constance, cette cryptocécidie
montre le mal fondé des conceptions finalistes, qui font des galles des
productions destinées nécessairement à la protection ou à l'alimentation des
larves parasites. Ces cécidies sont des réactions du végétal, provoquées par la
ponte de l'insecte et qui peuvent a priori être fatales à la larve aussi bien que
lui être utiles. Les galles que nous observons régulièrement sont celles qui
correspondent à la seconde alternative. Mur Enr.
13.287. L. MERCIER. Bactéries des Invertébrés. Les cellules uriques
du Cyclostome et leur Bactérie symbiote. Arch. Anat.
microscop., t. 19, 1913 (1-52, pl. 1-3).
Après une introduction générale sur les controverses auxquelles ont donné
lieu les bactéroïdes ou bactéries que l’on observe d'une manière normale dans
certains tissus de plantes ou d'animaux vivants, M. étudie spécialement les
cellules de la « glande à concrétions » du Cyclostoma elegans. Cette glande,
située dorsalement entre le rein et l'estomac, n'est qu'une accumulation de
cellules conjonctives, qui se chargent d’abord de concrétions uriques, puis
sont envahies par des bacilles, qui pullulent dans leur cytoplasme. Ultérieu-
rement concrétions et bacilles sont phagocytés par les leucocytes. Aucun
Cyclostome n'a jamais été rencontré jusqu'ici exempt de ces bacilles. Il doit
donc y avoir soit infection héréditaire, soit contamination extrêmement
précoce des jeunes par un microbe très banal et très répandu. Il ne semble
pas que le Mollusque tire du Bacille aucun profit, et que cette association
constante puisse être considérée comme une symbiose proprement dite.
CH. PÉREZ.
13.288. CANTACUZÈNE, J. Observations relatives à certaines pro-
96 . BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
priétés du sang de Carcinus mænas parasité par la Sacculine.
C. R. Soc. Biol., t. 74, 1913 (109-111).
Dans le sang des Crabes sacculinés, il existe des substances jouant le rôle
d'ambocepteur vis-à-vis d'un antigène fourni par la Sacculine et de l’alexine de
Cottage. CH. PÉREZ.
43.289. LONGO, B. Di nuovo sul Ficus carica. (Encore le Ficus carica). Boll. della
Soc. bot. rtal., 1912 (212-214).
Critique des observations de Tscaircn et RavasiNt concernant le processus
de la fécondation du Æ. c. par l'intervention de Blastophaga grossorum. Les
conclusions de l’auteur sont les suivantes :
1° [1 n'est pas exact que l'œuf de Blastophaga soit déposé à l'intérieur du
nucelle. Il serait pondu entre le nucelle et le tégument interne.
2 Il n’est pas exact que le micropyle s'oblitère seulement après la fécondation.
I se ferme bien plus tôt, vers l'époque où le jeune sac embryonnaire ne
possède encore que deux noyaux (ou quatre, au maximum).
3 Il n'est pas exact que l’ostiole de la Figue soit et demeure ouvert
pendant tout l'été, et que les Blastophaga puissent entrer et sortir par cet
orifice sans détériorer leurs ailes.
En réalité, — chez le Figuier comme chez le Caprifiguier, — l’ostiole serait
oblitéré par des écailles ou bractées, et cela avant la venue des Blastophaga.
Ceux-ci ne pourraient done faire autrement que de déchirer leurs ailes,
lorsque, l’époque de la ponte arrivée, ils effectuent de violents efforts pour
pénétrer dans la cavité centrale du réceptacle. L'ostiole ne s'ouvre qu’à
la maturité des Figues (cultivées ou sauvages), et, à partir de ce moment,
les Blastophaga nés dans ces Figues peuvent sortir de la cavité réceptaculaire
sans détériorer leurs ailes. PENZIG, MATTIROLO et de Tonr partagent les idées
de L. Ep. BORDAGE.
13.290. LONGO, B. Ancora sul Ficus Carica. (Encore la question du Figuier).
Ann. di. Botan., t. 10, 1912, (147-158).
L. critique les observations de Tscuirx et RAvAsINI concernant la découverte
de l'ancêtre du Figuier cultivé, et, après avoir examiné les arbres en question,
il n’a pas reconnu les caractères publiés par ces deux auteurs.
L. BLARINGHEM.
13.291. CEILLIER, Rém. Recherches sur les facteurs de la répartition
et sur le rôle des mycorhizes. Thèse, Paris, & (256 p., 1 pli).
C. adopte les idées de N. BERNARD sur la symbiose nécessaire des endo-
phytes avec les plantes dont les embryons sont eux-mêmes incapables de se
nourrir directement. Au contraire, pour les plantes à mycorhizes inconstantes
et facultatives, il considère, contrairement aux idées de FRANKk, que le
Champignon est purement et simplement un parasite de la plante supérieure.
CH. PÉREZ.
13.292. MOLLIARD, M. Le Lepidium sativum rendu semi-parasite expéri-
mentalement. Paris, C. R. Ac. Sci., t. 156, 1913 (p. 1694-1696).
M. introduit, dans un petit trou pratiqué à l’aide d’une aiguille dans l'axe
hypocotylé d'un haricot (Phaseolus vulgaris) dont les cotylédons sont isolés,
la radicule d'une graine en germination de cresson alénois (L. sativum)
lorsque celle-ci mesure 3-4um de long ; le tout étant placé sous une cloche en
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 97
atmosphère saturée de vapeur d'eau. Le Cresson alénois se développe dans ces
conditions ; sa racine principale digère le parenchyme du haricot, produit
des radicelles courtes qui se renflent à l'extrémité et constituent de véritables
suçoirs. La vie du cresson alénois dans ces conditions est analogue à celle du
Gui. Les racines d’un végétal vasculaire normalement libre sont done capables
de digérer les tissus d'une autre plante, c'est-à-dire de se comporter en
parasites, pourvu que la mise en présence soit réalisée. M. CAULLERY.
13.293. HEINRICHER. |. Ueber Versuche die Mistel (Viscum album XL.)
auf monocotylen und auf sukkulenten Gewächshaus-
pflanzen zu ziehen.Il.Samenreife und Samenruhe der Mistel
(Viscum album 2.) und die Umstände welche die Keimung
beeinflussen. (I. Recherches ayant pour objet d'élever le Gui (V. a.) sur
les monocotylédones et sur les plantes succulentes de serres. IL. Maturité des
graines et repos des graines du Gui; circonstances qui modifient leur
germination). Sttz. d. k. Akad. d. W. Wien, Math. natur. Kl., t. 121, 1912
(&ip. etat p., 1-pl:)
I. L'infection de monocotylédones par 15 graines n’a dépassé { an que dans
un cas (Rhaphidophora dilacerata). Les Gactées (Opuntia parvula) montrent
des taches à une distance des tissus du Gui telle qu'il faut admettre l'émission
d'un poison par les graines détruisant les tissus de l'hôte avant la pénétration
du parasite ; les raquettes tombent, mode de défense de la plante.
IT. Les baies de Gui, müries sur rameaux détachés à l'ombre en octobre,
germent beaucoup mieux que les baies müûries au printemps sur les plantes
fraiches. Une température de 3°, 8 centigr. suffit pour déterminer la germi-
nation sur l'hôte (à Innsbruck, février 1912); une humidité moyenne est
favorable. Une température élevée avec pluie provoque la fermentation de la
glu dont le rôle est surtout de fixer la graine. L. BLARINGHEM.
8.294. Meddelelser om Grônland. The structure and biology of
arctic flowering plants. (Notes sur le Groenland. Structure et biologie
des plantes à fleurs arctiques). Copenhague 1912 (481 p. in-&).
Cet ouvrage comprend notamment des études de E. WarmxG et H. E.
PETERSEN sur les Éricinées, de WaARMING et O. GALLoE sur les Saxifragacées,
de JENSEN sur les Renonculacées et de Fr. Heine sur les Lentibulariées. Ce
qui distingue ces notes des monographies habituelles c'est le souci de la
description de la vie des espèces dans leurs rapports avec le milieu très
spécial offert par le Groenland; l'influence de la direction de l'auteur de
l'Œcologische Pflanzengeographie (1896) s'y fait sentir constamment. On
y indique sans doute les principales modifications anatomiques des tissus plus
ou moins adaptés au climat et de nombreuses coupes de tiges, de feuilles
fournissent des arguments nouveaux sur le ralentissement de la croissance, et
l'épaississement des tissus protecteurs ; mais l'étude des adaptations florales
beaucoup plus importante pour l'extension des espèces, trouve dans cet
ouvrage la place qu'elle mérite. Pour les Ericinées, par exemple, l'adaptation
à la fécondation croisée est évidente, or certaines formes arctiques, Pirola
rotundifolia f. grandiflora, Vaccinium Vitis-idæa f. pumilum diffèrent des
types ordinaires par des dispositions pouvant faciliter la fécondation directe,
en relation évideute avec le manque d'’abeilles dans les stations étudiées.
Chaque mémoire fournit sur l'adaptation au climat arctique des aperçus ori-
ginaux et très importants. L. BLARINGHEM.
Bibl. Évol. IV. F
98 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
PHYLOGÉNÈSE.
13.295. LUTZ, Frank E. The distribution of occidental Spiders. (Distri-
bution des Araignées de l'hémisphère occidental). Scienre, t. 37, 1913
(567-568).
On compte 764 genres d’Araignées dans l'hémisphère occidental, parmi
lesquels 119 ont été reconnus exister à la fois aux Etats-Unis et dans
l'Amérique du Sud. Sur ces 119 genres, 39 ‘, ont aussi été signalés dans
l'Amérique Centrale et aux Antilles, 30 °, dans l'Amérique Centrale, 6°}, aux
Antilles, tandis que 25 °}, n’existeraient ni dans l'Amérique Centrale ni aux
Antilles. Les cas les plus intéressants de distribution géographique sont
offerts par les Linyphiidae. C’est ainsi que le genre Gonatium est représenté
par 1 espèce en Patagonie, par 2 espèces dans la région septentrionale des
Etats-Unis (l’une de ces dernières existe aussi en Europe), et par 1 espèce
au Groenland. Le genre Gongylidiellum est représenté par 2 espèces en
Patagonie (l'une de ces deux espèces existe également dans la République
Argentine), et par 3 espèces depuis le Maryland jusqu'à New-York. Le genre
Minyriolus est représenté par 1 espèce en Patagonie et par 1 espèce dans le
Massachusetts.
L'échange d’Aranéides entre l'Amérique du Nord et l'Amérique du Sud s’est
opéré par l'Amérique Centrale. Contrairement à ce que l’on aurait pu penser
les Antilles n’ont joué qu'un rôle très peu important dans cet échange.
EM. BORDAGE.
13.296. KLATT, Berruozr. Ueber den Einfluss der Gesammtgrôsse auf
das Schädelbild, nebst Bemerkungen über die Vorge-
schichte der Haustiere. (Influence de la taille absolue sur la physio-
nomie du cràne, et remarques sur la souche préhistorique de nos animaux
domestiques). Arch. Entwichl. mech., t. 36, 1913 (387-471, 20 fig.).
KL. insiste sur ce fait, qu'entre des animaux de même race, une différence
absolue de taille suffit à entrainer, en particulier pour le cràne, des variations
importantes de divers indices métriques, et par suite de la physionomie
générale. Des mesures et des graphiques le montrent en détail pour diverses
races du Chien domestique. Il importe d’être bien prévenu de ces faits pour
ne pas se laisser induire en erreur par la constatation pure et simple de diffé-
rences immédiates. KL. montre en particulier comment, en ce qui concerne la
détermination de la souche préhistorique de nos animaux domestiques, on
s’est souvent trop hâté de coaclure à l'existence de races différentes, en
présence de crànes dont toutes les divergences peuvent se rattacher à la seule
différence de taille absolue. Il faudrait d’abord se préoccuper de bien élucider
quelle est l'influence de la domestication. Et toutes ces recherches doivent
être dominées par le point de vue des explications causales, les particularités
morphologiques étant rapportées à leur signification physiologique.
Cu. PÉREZS
13.297. SMITH, Grorrrey W. et SCHUSTER, E. H. J. The genus ÆEngæus, or
the land Crayfishes of Australia. Le genre Æ., KEcrevisses
terrestres d'Australie). Proceed. Zool. Soc. London, 1913 (112-127, pl. 12-25).
Les Écrevisses fouisseuses du genre Ængœus constituent un type hautement
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 99
adapté à la vie terrestre, dérivé d'une forme telle qu'Astacopsis, et exclusi-
vement localisé en Tasmanie et Victoria. D'une façon convergente, à partir des
Chæraps de l'Australie occidentale, s’est différencié un type terrestre, à large
distribution actuelle sur tout le continent australien, le Parachæraps bicari-
natus. Les Engœus sont remarquables par leur extrême variabilité morpho-
logique, d’une espèce à l’autre. CH Pine
13.298. DOLLO, Louis. Podocnemis congolensis, Tortue fluviatile nouvelle
du Montien (Paléocène inférieur) du Congo, et l’évolution
des Chéloniens fluviatiles. Ann. Mus. Congo Belge, Géol. (3), t. 1,
1913 (47-65, pl. 7).
A l'occasion de la description de cette forme nouvelle, D. expose ses idées
générales sur l'évolution des Chéloniens fluviatiles. La vie dulcicole est pour
ces Reptiles une vie dulcicole secondaire, précédée par une vie terrestre, la
vie dulcicole primaire ayant été présentée par l'ancêtre Ostéoptérygien.
Cette vie aquatique secondaire fournit de nouveaux exemples de l'irréver-
sibilité de l’évolution : les Tortues fluviatiles n’ont point en effet repris les
branchies ancestrales; mais elles ont pu compléter leur respiration
pulmonaire par des acquisitions nouvelles, villosités pharyngiennes chez
Trionyx, sacs anaux tapissés de villosités chez Batagur. Podocnemis et
Chelone présentent d'autre part, et d'une façon variée, une stégocéphalie
secondaire, différente de la stégocéphalie primaire des Batraciens ancestraux.
La distribution géographique des Podocnemis vivants et fossiles présente une
coincidence remarquable avec l'extension de l’ancien continent de Gondwana.
Actuellement Podocnemis et Trionyx ont des habitats qui s’excluent, et
Podocnemis a disparu de l'Afrique et de l'Inde, où il a existé à l’état fossile
et où il est actuellement remplacé par Trionyæ. Sans doute P. a-til été
foulé vers le Sud par Tr. : ;
ie ae De CH. PÉREZ.
13.299. KARNY, H. Ueber die Reduktion der Flugorgane bei den
Orthopteren. (Réduction des organes du vol chez les Orthoptères).
Zool. Jahrb. (Allg. Zool.), t. 33, 1912 (27-40, pl. 2-3).
La réduction des aïles est un phénomème fréquent dans plusieurs familles
d'Orthoptères. Cette réduction se manifeste suivant des règles fixes, la partie
distale de l'aile s'atrophiant avant la partie proximale. Si la réduction est
poussée assez loin, elle est définitive, et le passage ultérieur à des formes de
nouveau macroptères est impossible. Si la réduction n'a pas été poussée trop
loin, l'évolution de nouvelles formes macroptères est encore possible ; mais
c'est un allongement nouveau, et non point un retour à la forme primitive
ancestrale. La nervation de l'aile garde l'empreinte de la réduction transitoire
et son examen permet de distinguer les formes qui sont ainsi secondairement
macroptères de celles qui le sont primitivement. Nouveaux faits à l'appui de
la loi de Dozo sur l’irréversibilité de l'évolution. CR ECREA
13.300. SHIMEK, Boum. The significance of pleistocene Mollusks.
{La signification des Mollusques pléistocènes). Science, t. 37, 1913 (501-509).
Pour avoir des notions précises sur la nature des dépôts pléistocènes et les
conditions dans lesquelles se sont formés ces dépôts, $. préconise l'étude
attentive de la faune malacologique qu'ils contiennent. Les représentants de
100 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
cette faune vivent encore à l'heure actuelle ; il est donc facile d'étudier leur
biologie et de voir si l’on a affaire à des espèces terrestres, à des espèces
fluviatiles, ou à des espèces habitant les lacs ou les étangs. Les causes d'erreur
peuvent être plus fréquentes qu’on ne pense. Il peut se produire des confusions
dans les déterminations : une espèce vivant dans les lacs et dans les étangs
peut être confondue avec une espèce terrestre. Dans ce cas, le géologue se
trouvera induit en erreur en ce qui concerne la nature et le mode de formation
des couches dans lesquelles aura été trouvée cette espèce. La chose se serait
déjà produite en ce qui concerne le Pléistocène des États-Unis. Il importe
aussi de savoir que toutes les espèces appartenant au même genre n'ont pas
nécessairement le même mode d'existence, ni le même habitat. Les couches
dans lesquelles se rencontreront ces diverses espèces d’un même genre ne
devront donc pas être considérées & priori comme formées dans des conditions
identiques. Parmi les exemples d'espèces appartenant à un même genre et
ayant cependant des habitats très différents on peut noter celui que nous
offrent le Pomatiopsis lapidaria et le P. cincinnatiensis. La première de ces
deux espèces est terrestre, tandis que la seconde vit dans les eaux profondes
des lacs et des étangs.
S. montre ensuite tout le parti que l’on peut tirer des indications qu'il vient
de donner pour étudier les dépôts pléistocènes des vallées du Mississipi et du
Missouri, ainsi que certains dépôts du Kansas, de l'Iowa, du South Dakota, etc.
EDm. BORDAGE.
13.301. BERRY, Erwan B. The age of Pithecanthropus erectus. (L'âge du P. e.).
Science, t. 37, 1913 (418-420).
DuBois, STREMME et quelques autres auteurs considèrent le P. e. comme
un représentant de la faune pliocène. Tel n'est point l'avis de SCHUSTER qui,
après étude de la flore fossile de Trinil (Java) contemporaine du P. e., estime
que ce dernier vivait vers le milieu de l’époque pléistocène. Il serait un peu
plus ancien que l'Homo heidelbergensis découvert, en 1907, à Mauer, près de
Heidelberg.
B. partage, avec MARTIN, ELBERT, VoLz, CARTHAUS, ete., l'avis de SCHUSTER
basé sur l'étude des plantes rapportées par la mission qu'organisa Mme SELENKA
(1906-1907). Epm. BORDAGE.
13.302. DELSMAN, H. C. Der Ursprung der Vertebraten. (L'origine des
Vertébrés — Nouvelle théorie). Mitth. Zool. Stat. Neapel, t. 20, 1913 (647-
710). — Comm. prélim. in Zoolog. Anz., t. 41, 1913 (175-181).
D. dérive les Annélides, les Mollusques et les Vertébrés de la trochophore. Le
tube médullaire dériverait du stomodœum de cette larve. La face ventrale des
Annélides correspondrait au dos des Vertébrés. Chez ceux-ci, 1l se seraït
formé une bouche nouvelle. D. examine la correspondance des divers organes
dans son hypothèse qui concorde finalement, dans ses grandes lignes, avec celles
de Donrx et de Semrer sur la dérivation des Vertébrés aux dépens des Annélides.
M. CAULLERY.
13.303. WALCOTT, Ca. D. Middle Cambrian Holothuriæ and Medusæ.
| _ Middle Cambrian Annelids. (Holothuries, Méduses et Annélides
du Cambrien moyen). Smithsonian Miscellaneous collections, vol. 57, n%3 et5,
(Public. 2011 et 2014).
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. IOI
Parmi les mémoires de la 2 série, sur la géologie et la paléontologie du
Cambrien, dus à la grande activité de W., nous signalons en particulier les
deux précédents qui étendent notre connaissance de ces formes si anciennes à
des groupes élevés et peu fossilisables. Les matériaux proviennent d'un gisement
(Burgess shale) situé dans la Colombie Britannique. La faune cambrienne
apparaît de plus en plus comme variée et hautement différenciée. W. consi-
dère que l'explication la plus satisfaisante en est dans ce que les sédiments
marins d'une période précédente considérable (qu'il appelle Zipalienne de
era, ak) sont hors des continents actuels. C'est pendant cette période
qu'aurait eu lieu la différenciation de la faune cambrienne (V. Ibid. Publ.
1910, 1910). M. CAULLERY.
13.304. COCKAYNE, L. Some examples of precocious blooming in hete-
roblastic species of New Zealand plants. (Quelques exemples de
floraison précoce dans des espèces hétéromorphes de Nouvelle Zélande).
Austral Ass. f. Adv. Sc., t. 13, 1912 (217-221).
Etude et comparaison des floraisons juvéniles et adultes, ou même des
. nd
feuilles primordiales et adultes, de quelques espèces d'arbres, arbustes ou
plantes herbacées, fournissant des renseignements sur leur phylogénie.
L. BLARINGHEM.
RÉGENÉRATION, MÉTAMORPHOSE.
13.305. BARFURTH, Dierricu. Regeneration und Verwandtes. (La régéné-
ration et les processus analogues). Fortsch. der naturwiss. Forschung, t. 6,
1912 (153-242).
Article d'ensemble où l’on trouvera classées toutes les catégories de faits se
rapportant à la régénération. 1° Régénération dans les cristaux (solides, mous
ou liquides) ; analogies avec les organismes. 2° Régénération chez les plantes
(cicatrisation, régénération proprement dite, néoformations régénératives,
transplantation, hypertrophies compensatrices, ete….). 3 Régénération chez les
animaux (postgénération de Roux, régénération embryonnaire ; autotomie,
etc.). Examen des divers groupes ; régénération des tissus, leur spécificité,
tumeurs, transplantation, etc... Facteurs externes et internes de la régéné-
ration. Théories de la régénération. Parmi celles-ci l'auteur donne là préférence
aux idées de W. Roux, qui place la source des phénomènes de régénération dans
un plasma germinatif de réserve activé par les traumatismes ; cette idée sera
sympathique dans la mesure où l'on est weismannien. Un index bliographique
1 "te mi ?e +] +] à. ;
important termine l’article Mie
13.306. RASSBACIT, Ricuarp. Beiträge zur Kenntniss der Schale und
| Schalenregeneration von Anodonta cellensis Schrôt. (La coquille
et sa régénération chez l'A. c.). Zeitschr. f. wiss. Zool., t. 103, 1912 (363-118,
66 fig.).
Après avoir étudié en détail la structure et la genèse de la coquille, R.
examine les conditions de régénération de ses diverses parties. Bord ou
portions centrales, ligament, insertions musculaires, tout se régénère avec
néoformation des couches normales correspondantes. L'épithélium du manteau
102 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
se montre ainsi capable, suivant les besoins, de sécréter successivement les
diverses couches nécessaires. À noter, en particulier, que dans les régions
qui correspondent à une fracture de la coquille, de nombreux leucocytes
granuleux, éosinophiles, viennent infiltrer l'épithélium palléal, fournissant
vraisemblablement des matériaux à son activité sécrétrice surexcitée.
CH. PÉREZ.
13.30"7. JANDA, Vixror. Fühlerähnliche Heteromorphosen an Stelle
von Augen bei S’ylopyga orientalis und Tenebrio molitor. (Régéné-
ration hétéromorphe d'organes antenniformes à la place d'yeux chez la Blatte
et le Ténébrion). Arch. Enthwoickl. mech., t. 36, 1913 (1-3, pl: 1).
En amputant un des yeux, chez de jeunes larves de ces deux Insectes, J. a
obtenu dans quelques cas (la mortalité est très considérable), des imagos qui
présentent sur la cicatrice de petits moignons antenniformes, rappelant un
peu les résultats obtenus par HErgsr chez les Décapodes. »
CH. PÉREZ.
13.308. KRIZENECKY, Jar. Zur Kenntniss der Regenerations fähigkeit
der Puppenflügelanlagen von Zenebrio molitor, und einige
Bemerkungen über die theoretische Bedeutung der
Befunde. (Capacité de régénération des ébauches nymphales des ailes chez
le T. m.). Zool. Anz., t. 40, 1912 (360-367, 3 fig.).
Après amputation partielle chez de jeunes nymphes, les élytres ne sont pas
susceptibles de régénération ; il se fait une simple cicatrisation de la plaie ;
la rétraction de cette cicatrice peut influer sur le développement du moignon
conservé, en faisant converger les lignes d’ornementation, normalement
- parallèles, et cela d'autant plus que la section a été pratiquée en situation plus
distale par rapport à l'insertion de l'aile. Une observation relative à l'aile
membraneuse concorde avec les conclusions relatives aux élytres.
CH. PÉREZ.
13.309. KRIZENECKI, Jar. Versuche über die Regeneration des Abdo-
minalendes von ZJenebrio molitor während seiner postem-
bryonalen Entwicklung. (Régénération de l'extrémité abdominale
du 7! m. pendant son développement post-embryonnaire). Arch. Ennoickl.
mech., t. 36, 1913 (294-341, pl. 22).
Après section transversale, pratiquée sur des larves âgées de T°! etamputant :
la presque totalité du dernier segment abdominal, la mortalité est considé-
rable ; quelques individus arrivent cependant à survivre, et pendant leur
nymphose, le segment se régénère complètement, non par remaniement de
l'amorce qui en est restée, mais par production de nouveaux tissus à partir
de la surface de section ; c’est une régénération par bourgeonnement (ROUX),
une épimorphose (MorGaAn). Après incision par un plan sagittal, on n’observe
aucune régénération latérale, mais une simple réunion des deux moitiés
séparées, par suite de l'intercalation d'un tissu cicatriciel qui les ressoude, à
partir des deux surfaces de section. Comparant ensuite d'une façon générale
la régénération des larves d'Insectes à celle des Annélides, K. pense que
l'infériorité des premières à cet égard est due aux différences des conditions
physiologiques de la régénération de la cuticule, et de la fermeture de la
plaie. Le travail se borne d'ailleurs à un examen de la chitine sans aucun
détail histologique. CH. PÉREZ
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 103
13.310. BRAUN, MAx. Das Mitteldarmepithel der Insektenlarven
während der Häutung. (L'épithélium de l'intestin moyen des Insectes
pendant les mues). Zeitschr. f. wiss. Zool., t. 103, 1912 (115-169, pl. 1-2).
B. étudie les phénomènes de rénovation épithéliale au moment des mues
chez plusieurs larves d'Insectes métaboles : deux Lépidoptères Derilephila
euphorbiæ et ‘Hyponomeuta evonymella, une Tenthrédine Arge sp., une
Mouche Calliphora et un Coléoptère Melasoma vigintipunctata. Dans les
divers types on ne constate essentiellement, à l'époque des mues, que la
prolifération plus ou moins abondante des cellules de remplacement situées à
la base de l'épithélium (toute prolifération semble même faire défaut chez
Calliphora); il en résulte l'intercalation dans l'épithélium d'un certain
nombre d'éléments nouveaux; et l'extension de l'intestin entre les mues,
consiste dans la simple croissance des cellules. Éventuellement quelques
additions peuvent aussi se produire entre les mues (Arge, Hyponomeuta).
D'une façon sporadique on peut bien observer la chute isolée, dans la lumière,
de quelques cellules vieillies. Mais, chez aucun des types examinés, il n'y
a d’exuviation totale accompagnant la mue, comme cela a été observé
chez les Collemboles. Seul le Dermestes lardarius a présenté ces mues
épithéliales, conformément à ce que Môpusz avait décrit chez l'Anthrenus.
C'est donc un processus exceptionnel jusqu'ici restreint à cette famille de
Coléoptères. Dans une partie générale, B. expose comment il conçoit l'évolution
phylétique, dans le groupe des Insectes, des phénomènes de rénovation
épithéliale. Le point de départ, chez un ancêtre très reculé, qui n'avait pas
encore de mues, a dù être une rénovation sporadique continue, avec chute
isolée des éléments vieillis. Les mues ont pu s'installer sans avoir grande
influence sur ce processus (Arge); mais dans certaines lignées, les
phénomènes de rénovation se sont progressivement restreints aux mues, les
cellules acquérant d'autre part une plus longue durée d'existence. Le cas des
; Collemboles est sans doute en rapport au contraire avec une courte durée des
cellules épithéliales. Celui du Dermestes est lié à l'existence, sous l'épithélium
d'une sorte de forte basale chitineuse inextensible, nécessitant au moment des
mues un remaniement total qui permette la croissance. Comes
43.311. MATHESON, Roserr. The structure and metamorphosis of the
, fore-gut of Corydalis cornutus Li. (Structure et métamorphose de
l'intestin antérieur de C. c.). Journ. Morphol., t. 23, 1912 (581-616, pl. 1-4).
La métamorphose, aussi bien pour l'épithélium que pour les muscles, doit
présenter, d'après le texte, des phénomènes de dédifférenciation et de
rajeunissement. Les leucocytes englobent des débris de tissus, mais ne Jouent
pas eux-mêmes un rôle actif dans la dislocation. Les figures, reproductions
de photographies, sont insuffisantes pour donner une idée précise de ces
>ssUS. 5 à
processus CH. PÉREZ.
13.312. INOUYE, R. A contribution to te study of the chemical
composition of the Silkworm at different stages of its
metamorphosis. (Composition chimique du Ver à soie aux différents
stades de sa métamorphose). Jour. College of Agricult. Tokyo, t. 5, 1912
(67-79).
La composition chimique du Ver à soie est considérablement changée par
104 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
le filage du cocon; la différence entre la chrysalide et le papillon est moins
accusée. À aucun moment de la métamorphose il n'y a perte d'azote sous
forme gazeuse. L'azote est toujours en plus grande quantité dans le filtrat du
précipité produit par l'acide phosphotungstique que dans le précipité lui-
même ; l'azote du cocon en particulier est tout entier dans le filtrat. La
graisse accumulée au début de la nymphose est progressivement détruite.
Les protéines sont dédoublées en acides aminés, une partie de ces derniers
étant ultérieurement transformée en ammoniaque. Ges dernières réactions
paraissent dues à la présence d'enzymes protéolytiques ; et des expériences
d'autolyse confirment en effet leur existence.
Cu. PÉREZ.
13.313. UHLENHUT, Enuvarr. Die synchrone Metamorphose transplan-
tierter Salamanderaugen. (Métamorphose synchrone des yeux
transplantés chez les larves de Salamandre). Arch. Entwickl. mech., t. 36,
1913 (211-261, 7 fig., pl. 17).
U. continue ses recherches sur la greffe des yeux de Batraciens (Ct.
Bibliogr. evol. n° 12, 899). La métamorphose de l'œil est marquée, chez
la Salamandre, par la disparition de l'anneau jaune de l'iris. Lorsqu'un œil
étranger est fixé sur une larve, 1l subit la métamorphose au même moment
que les yeux de cette larve et d’une façon absolument synchrone avec eux,
c'est-à-dire avec une avance où un retard par rapport à ce qu'eût été sa
transformation normale. Cette métamorphose ne dépend donc pas de l’âge
même de l'œil greffé, mais des conditions de milieu interne réalisées au
moment de la métamorphose du sujet. Cependant si on transplante un œil
de jeune larve sur un sujet dont la métamorphose est imminente ou déjà
commencée, on observe un retard dans la métamorphose de l'œil grefté ; inver-
sement si, sur une jeune larve on transplante un œil au début de la méta-
morphose, les processus de transformation déjà déclanchés dans cet œil ne
peuvent plus être arrètés, et sa métamorphose s'achève d’une façon indépen-
dante de l'organisme larvaire sur lequel il est grefté.
CH. PÉREZ.
CYTOLOGIE GÉNÉRALE.
13.314. NUSBAUM, Jozer. Ueber den sogenannten inneren Golgischen
Netzapparat und sein Verhältniss zu den Mitochondrien,
Chromidien und andern Zellstrukturen im Tierreich. (Le
réseau interne de Golgi, et ses rapports avec les mitochondries, les
chromidies, ete.) Arch. f. Zellforsch., t. 10, 1913 (359-307).
Résumé d'ensemble de travaux effectués depuis deux ans au laboratoire
de N. par ses élèves et dont quelques-uns ont été ici analysés (V. Wk&iGL,
Bibl. evol., n° 12, 388).
Cette formation, qui ne réalise pas toujours un véritable réseau, existe
dans toutes les cellules de tous les animaux ; seuls les Protozoaires n’en ont
pas jusqu'ici fourni d'exemple, et ce résultat n'est peut-être pas définitif.
L'appareil de Golgi représente un organite cellulaire complètement distinet des
mitochondries ; il est identique aux pseudochromosomes, capsules centrales,
filaments archoplasmiques, et aux Nebenkerne non mitochondriaux des
Invertébrés; mais il ne doit pas être confondu avec les chromidies, Ce
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 105
que on a réuni sous le nom de chromidies des cellules sexuelles comprend
les chromidies proprement dites, les mitochondries et l'appareil de Golgi.
CH. PÉREZ.
13.315. LUNA, Euerico. Ricerche sulla biologia dei condriosomi. Con-
driosomi e pigmento retinico. (Sur la fonction cellulaire des chondrio-
somes ; chondriosomes et pigment rétinien). Arch. f. Zellforsch., t. 10, 1913
(343-358, pl. 29).
L. conclut de ses recherches sur le développement de l'œil, chez le Crapaud
(Bufo) et le Poulet, que les chondriosomes de l'épithélium pigmentaire de la
rétine se transforment complètement en grains de pigment. Cr Pénus.
13.316. JOHNSON, M. The control of pigment formation in Amphibian
larvae. (Formation du pigment chez les larves d'Amphibiens). Univers. of
Calif. public. Zool., t. 11, 1913 (53-83,2 fig., 1 pl.).
Contrairement à ToRNIER (1907, 1908) qui, chez les larves de Pelobates,
a constaté que la pigmentation est sous la dépendance directe de la quantité
de la nourriture, J. a reconnu que, chez les larves de Rana et de Hyla
regilla, la quantité plus ou moins grande de la nourriture ne détermine
aucune modification dans la pigmentation. Les larves inaniées et celles
provenant d'œufs dont on a enlevé plus de moitié de vitellus, ne diffèrent
guère de larves témoins. Par contre la nature des aliments paraît avoir un
effet direct ; ainsi les têtards nourris avec du jaune d'œuf sont beaucoup plus
clairs que les autres. Or, comme d’après les expériences de l'auteur, #n vitro
la lécithine inhibe plus ou moins la réaction de la tyrosinase, il est probable
qu'elle agit dans l'organisme comme dans un tube à essai, en empêchant la
formation du pigment. Les agents inhibiteurs ou modificateurs du pigment
peuvent donc être introduits dans le corps avec les aliments, et la réaction de
la tyrosinase, ou une réaction d'oxydase analogue, paraît être à la base de la
formation du pigment chez les têtards. :
& P'é A. DRZEWINA.
13.317. BONNET,JEAN. Le sens du mot synkaryon. Arch. f. Protistenk.,
t. 27, 1912 (16-138).
B. propose de réserver l'appellation de synkaryon pour le noyau unique
d'un zygote, résultant de la fusion des pronucléi des gamètes, et de désigner
sous le nom de dikaryon le complexe des deux noyaux haploides géminés,
tel qu'on l'observe chez les Champignons Basidiomycètes et Ascomycètes. La
phase du cyele évolutif de ces organismes correspondant à cet état nucléaire
sera dite phase dihaploidale où dihaplophase. CPR
13.318. HARTMANN, Fraxr A. Variations in the size of chromosomes.
(Variation de taille de chromosomes). Biolog. Bull., t. 24, 1913 (226-238,
pl. 1-4).
H. examinant d'une façon comparative la taille des chromosomes dans les
divers spermatocytes d'une Sauterelle, Schistocerca americana, constate
qu'ils sont comme les cellules elles-mêmes plus petits chez les jeunes
nymphes que chez les imagos. Dans les diverses cellules d'un même individu,
des chromosomes correspondants peuvent être de différentes tailles, soit par
suite de croissance inégale, soit par suite de division inégale, Admettant
106 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
l'opinion qui voit dans les chromosomes des édifices de facteurs déterminant
les caractères de l'individu, H. voit dans la variabilité de taille des
chromosomes la cause de la constante variabilité des organismes eux-mêmes :
un chromosome de grande taille détermine la dominance des caractères qui
[ui correspondent. AT Des
13.319. PAYNE, Ferxanpus. À study of the effect of radium upon the
eggs of Ascaris megalocephala univalens. (Effets du radium dans les œufs
d'Ascaris). Arch. Entwickl. mech., t. 36, 1913 (287-293, pl. 19-21).
Examinant des œufs d'Ascaris soumis par Bovert à l’action du radium, P.
confirme les résultats d'HerTwIG (V. Bibliogr. evolut. 12, 163, 378); les
figures achromatiques sont normales et les premières divisions de segmen-
tation régulières ; c’est plus ou moins tard qu'interviennent les irrégularités
amenant la mort des embryons. Cependant, dès la première division, et dans
celle-là surtout, l’action du radium manifeste son influence par une pulvéri-
sation des chromosomes en granules. Les grains volumineux de chromatine
qui correspondent aux extrémités renflées des chromosomes, éliminées dans
la diminution chromatique des cellules somatiques, peuvent ici ou bien
participer à la reconstitution du noyau quiescent et à la division suivante, ou
bien non. Enfin, dans les seconde et troisième divisions de segmentation, la
chromatine se comporte différemment dans les cellules somatiques et les
cellules sexuelles ; fragmentée dans les unes comme dans les autres, elle se
présente en masses plus volumineuses dans celles-ci que dans celles-là.
CH. PÉREZ.
13.320. MARCHAL, E. Recherches cytologiques sur le genre Anblys-
tegium. Bull. Soc. Roy. bot. Belgique, 2° série, t. 1, 1912.
Dans le g. Amblysteqium, le nombre de chromosomes fondamental est 12;
A. serpens et À. trriguum, qui sont de ce type, ont de grandes affinités ;
A. serpens bivalens et A. riparium sont des polymères nucléaires chez
lesquels » — 24, mais se comportant d’une manière toute différente au cours
de la sporogénèse. Bacon
13.321. BOUCHERIE, E. Les phénomènes cytologiques de la sporo-
génèse chez le Barbula muralis, Paris, C, R. Ac. Sci., t. 156. 1913
(p. 1692-1694).
Etude de la réduction chromatique dans la division des cellules mères des
spores. Cette division est hétérotypique et, d'après B., conforme à la conception
de GRÉGOIRE. M. CAULLERY.
13.322. ARMAND, IL. Les phénomènes cinétiques de la prophase
hétérotypique chez le Lobelia erinus. Paris, C. R. Ac. Sc., t. 156,
1913 (p. 1089-1090). |
D'après A., ces phénomènes corroborent la conception de GRÉGOIRE.
M. CAULLERY.
13.323. FEDERLEY, Harry. Das Verhalten der Chromosomen bei der
Spermatogenese der Schmetterlinge j’ygacra anachoreta, cur-
tula und pigra, sowie einiger ihrer Bastarde. (Les chromosomes
dans la spermatogenèse des papillons P. 4., e. et p. de quelques-uns de leurs
hybrides). Zeit. für Abst. u. Vererb., t. 9, 1913 (p. 1-110, pl. 1-4).
13.324
À
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 107
F. a fait des hybridations des espèces de Pygaera citées dans le titre (v.
Bibl. Evol., 11, 358). Les hybrides sont stériles ; 11 a émis l'hypothèse que
cela tenait à la non-conjugaison des chromosomes paternels et maternels lors
du stade synapsis. C’est ce qu'a confirmé l'étude cytologique des hybrides. I]
étudie successivement la spermatogenèse eupyrène et apyrène (pour cette
dernière il confirme complètement MEves) des espèces pures puis celles des
croisements F1 (curtula 6, anachoreta 9; c 6 X pigra 9; p 6 X co), et
F, X P[(c6 Xac)6 x ao]. — Dans les espèces pures les nombres haploides
de chromosomes sont: & — 30, c — 29, p — 23. D'après F il y aurait conju-
gaison des chromosomes paternels et maternels au stade synapsis; à la
{re division méiotique, séparation et partage des chromosomes conjugués
(préréduction) ; la seconde division méiotique serait équationnelle. — Dans les
hybrides le nombre diploïde est la somme des nombres haploides des parents
( xXa—5;c x p—52;p x ce —52) maisiln'y a pas conjugaison synaptique;
tous les chromosomes se divisent séparément à la première division méiotique.
Il n’y a pas de réduction du nombre des chromosomes dans cette spermato-
genèse (ou elle n'a lieu que partiellement, quelques paires de chromosomes
s'étant plus ou moins exceptionnellement constituées). Les spermatides ont
des noyaux doubles ou même multiples. — Dans les hybrides Fi X P x
[(c X a) X a] le nombre diploïde des chromosomes est la somme des
nombres haploïdes des trois espèces souches : à la synapsis, les chromosomes
de même origine & seconjuguent, les autres c restent isolés ; les premiers
subissent une réduction numérique, mais non les seconds. Il y a des ano-
malies nombreuses.
F. examine dans une partie générale d'une part les théories relatives à
l'individualité des chromosomes, d'autre part les théories cytologiques de
l'hérédité. — Ses observations sur les hybrides de Pygaera lui semblent
naturellement confirmer l'individualité des chromosomes paternels et mater-
nels, etc.; d'autre part, il. localise les propriétés héréditaires dans les
chromosomes, mais cependant pas d'une façon absolue. Il examine particu-
lièrement les cas d'hybrides constants intermédiaires entre les parents. Il
estime que cette forme d'hérédité, quoique rare, existe réellement. On a
généralement admis qu'elle était due à une fusion intime des gènes parents
en unités nouvelles. F. s'inscrit contre cette hypothèse, en vertu de ses
observations cytologiques précédemment résumées. La stérilité des hybrides
est en rapport avec les anomalies des chromosomes constatées dans leur
spermatogénèse. M. CAULLERY.
WILKE, G. Chromatinreifung und Mitochondrienkorper in
der Spermatogenese von Hydrometra paludum Fabr (Réduction
chromatine et mitochondries dans la spermatogénèse de l'A. p.). Arch. f.
Zellforsch., t. 10, 1913 (203-236, 7 fig., pl. 21-22).
Une particularité remarquable de la spermatogénèse de l'Hydrometra palu-
dum est la présence, dans les spermatogonies, d'une masse chromatique
spéciale, affectant généralement l'aspect d'une petite tétrade, et qui lors des
divisions multiplicatrices des spermatogonies, ne participe point à la bipar-
tition du reste de la chromatine, et passe au contraire telle quelle à l'une
seulewent des cellules filles. Dans les divisions réductionnelles, cette petite
tétrade participe au contraire exactement aux mêmes processus que toutes les
autres. W. considère la petite tétrade des spermatogonies comme homologue
des deux nucléoles chromatiques, qu'il a antérieurement décrits chez
108 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
l'A. lacustris (Jen. Zeitschr., t. 42, 1907), et comme répondant, par son
inactivité partielle, à la définition donnée par Gross (V. Bibliogr. evolut.,
n° 12, 262) d'un chromosome accessoire. Dans les divisions réductionnelles
interviennent 12 tétrades qui se constituent sans stade synapsis, alors qu'il
y en a un chez l'A. lacustris ; W. considère qu’il y a conjugaison parallèle
des chromosomes et postréduction. Il étudie d'autre part les mitochondries,
décrit leur formation aux dépens de boules vitellines, et leur multiplication
par bipartition. CH. Pérez.
13.825. REINHARD, Leon. Zum Bau der Spermien und zur Spermato-
genese von Potamobius (Astacus) leptodactylus. (Structure des spermies
et spermatogénèse de l'Écrevisse P. L.). Arch. f. Zellforsch., t. 10, 1913 (324
331, pl. 27-28).
L'étude à la fois des spermies adultes et de leur genèse à partir des sperma-
tides conduit R. à distinguer: Ja tête, essentiellement formée par le noyau
compact, en forme de calotte; le cou, d’origine mitochondriale, auquel se
rattachent les prolongements épineux radiaires ; enfin la capsule caudale, en
forme de barillet ouvert à ses deux extrémités, et dont l'ouverture extérieure
est obturée par un couvercle. Cette capsule, de nature chitineuse, résulte de
la fusion de certains granules d'abord épars dans l'hémisphère postérieur
de la spermatide. Quant au centrosome ïl est sans doute étalé dans la
concavité de la calotte nucléaire. Cu BR
13.826. KUSCHAKEWITSCH, $S. Studien über den Dimorphismus der
männlichen Geschlechtselemente bei den Prosobranchia.
I. (Études sur le dimorphisme des spermatozoïdes chez les Prosobranches).
Arch. f. Zellforsch., t. 10, 1913 (237-323, 26 fig., pl. 23-26).
K. a fait une étude d'ensemble sur la double spermatogénèse des Proso-
branches, et donne dans ce premier mémoire les résultats relatifs au Conus
mediterraneus et au Vermetus gigas, qui par la grande taille et la complète
immobilité de leurs spermatozoïdes atypiques, complètement apyrènes, peuvent
être considérés comme les termes extrêmes de la série. Dans les deux espèces
la spermatogénèse typique se fait d’une manière très analogue et rappelle
dans ses grands traits la description donnée par MEves pour la Paludine. A
noter que le nombre réduit des chromosomes est 14, et qu'il y a très
nettement, entre les deux divisions méiotiques, un intervalle de repos, où le
noyau se reconstitue à l'état végétatif. Le stade synapsis n'existe pas
autrement que comme un effet artificiel de certains fixateurs. Ce sont les
mêmes spermatogonies qui donnent naissance aux deux lignées spermatiques,
ou du moins on ne peut discerner une différence morphologique que
postérieurement à la dernière division multiplicatrice de ces spermatogonies.
Chez le Cône le spermatocyte grandit, son noyau devient hyperchromatique,
sa chromatine prenant l'aspect d'un réseau à mailles épaisses et qui devient
de plus en plus compact ; puis la chromatine se fragmente et ses débris se
dissolvent et disparaissent. Dans d'autres spermatocytes la fragmentation a
lieu au stade de réseau, dans d’autres encore le noyau se dissout d'emblée d'une
façon beaucoup plus précoce. De toutes façons on aboutit à des spermatocytes
complètement apyrènes, et qui subissent cependant à cet état une bipartition,
simple étranglement de la masse cytoplasmique, sans centrioles et sans figure
achromatique ; et les cellules filles constituent les spermatides atypiques, qui
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 109
se transforment en spermies; elles grandissent et prennent une forme de
fuseau ; des vacuoles claires apparaissent dans le cytoplasme ; généralement
deux centrioles donnent insertion à deux flagelles rudimentaires voisins, et
des chondriocontes forment à la surface quelques lignes méridiennes qui
couvergent vers les extrémités du fuseau. Environ 25 +, des Cônes examinés
contenaient sporadiquement quelques ovules dans leur testicule. Chez le
Vermet, c'est sans subir aucune division que le spermatocyte atypique se
transforme directement en spermie; tout au plus une tentative de division
peut-elle s'ébaucher, mais sans jamais aboutir. Il est remarquable cependant
que les aspects successifs de la chromatine rappellent d'une façon frappante le
stade leptotène, puis les anses pachytènes en anneau, enfin les tétrades. La
membrane nucléaire disparaît ensuite et les groupes chromatiques se dispersent
dans le cytoplasme où ils continuent à se subdiviser. La spermie grandit en
prenant la forme d'un fuseau allongé. Les centrioles ont pendant ce temps
manifesté une activité multiplicatrice spéciale et donné naissance à un faisceau
de flagelles immobiles qui traversent le fuseau suivant son axe et se prolongent
assez loin de ses extrémités. La chromatine se morcelant de plus en plus sur
le trajet de ce faiseau, arrive finalement à disparaître, et la spermie atteint sa
structure achevée en développant dans son cytoplasme de nombreuses
D vacuoles liquides où se concrètent des sphérules albuminoïdes. Dans un
examen critique général, K. rapproche ses conclusions de celles des auteurs
antérieurs, et il insiste en particulier sur l'intérêt de la bipartition observée
à chez le Cône, puis de la croissance et de la différenciation de la spermie, en
l’ab ence de tout élément nucléaire. CHpenee
13.327. HARTMANN, Fraxx A. Giant germ cells in the Grasshopper.
1 (Spermatocytes géants dans une Sauterelle). Biolog. Bull., t. 24, 1913
t. (239-244, pl. 1-2).
2 H. a observé, däns une nymphe 6 de Schistocerca, des cellules germinales
géantes, qui par leur taille et le nombre de leurs ch*omosomes se montrent
comme représentant soit deux spermatogonies , soit quatre ou huit
spermatocytes fusionnés. CH. PÉREZ.
43.328. DEMOLL, Renuarr. Die Spermatogenese von felix pomatia. (Sper-
j: matogénèse de l'Escargot). Zool. Jahrb., Suppl. 15, t. 2, 1912 (107-140,p1. 5-6).
D. a observé, au moment de la première mitose réductrice, une tétrade
particulière, qui n'est reliée qu'à un seul pôle du fuseau par des filaments
achromatiques, et qui sans se diviser émigre d'une façon précoce vers ce pôle,
où elle est ensuite rejointe par les autres dyades. A la seconde division cet
élément chromatique ne se distingue plus des autres. D. voit dans cette
tétrade, qui caractérise ainsi une moitié seulement des cytes de 2e ordre,
l'équivalent d'un hétérochromosome. Il suppose que seuls doivent être fécon-
dants les spermatozoïdes qui contiennent cet élément, car seule cette hypo-
thèse, étant admise l’individualité persistante des chromosomes, permet de
concevoir la fixité du nombre caractéristique de l'espèce (2 n — 48). Bien que
l'Escargot soit hermaphrodite, l'hétérochromosome peut être considéré comme
sexuel ; tous les œufs fécondés le contenant à double dose, tous les individus
sont somatiquement déterminés comme femelles ; à leur ovaire se surajoute
néanmoins un testicule, certaines cellules génitales étant orientées vers le
sexe mâle par l'influence du Nebenkern; celui-ci doit en effet être considéré
re
110 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
comme spécifique pour l'œuf ou le spermatozoïde, et il se développe d'autre
part sous l'influence du chromosome spécial aussi bien que des autres chro-
mosomes.
CH. PÉREZ.
13.329. BORING, Auce M. The interstitial cells and the supposed
internal secretion ofthe Chicken testis. (Les cellules interstitielles
et la prétendue sécrétion interne du testicule chez le Poulet). Biolog. Bull.,
t. 23, 1912 (141-153).
13.330. PEARL, Raymoxp et BORING Axrce M. Fat deposition in the testis
of the domestic F'owl. (Dépôt de graisse dans le testicule du Poulet).
Science, t. 36, 1912 (833-835).
I. Les éléments cellulaires intercalés entre les tubes séminifères sont tous
identiques entre eux et ne semblent pas autre chose que du remplissage
conjonctif banal; il n'est pas possible d'y distinguer des éléments spéciaux,
correspondant à une glande interstitielle proprement dite. Le fait est d'autant
plus intéressant que les caractères sexuels secondaires sont plus nombreux et
plus explicites chez le Coq.
II. Des expériences, faites en provoquant l'ingestion de Soudan II,
montrent que la graisse déposée dans le tissu interstitiel est de signification
banale, provenant de la graisse eu circulation, d’origine alimentaire, et non
d'une activité sécrétrice spéciale du tissu interstitiel. Elle se dépose là comme
ailleurs, et dès l’éclosion du Poussin, c’est-à-dire à une époque où il ne saurait
être encore question d’une activité fonctionnelle de la glande génitale.
CH. PÉREZ
12.331. PÉREZ, Cuares. Observations sur l’ovogénèse et la segmenta-
tion des Tubulaires. Pull. Scient.,t. 46, 1913 (249-278, 15 fig., pl. 11-12).
Étude de la formation des pseudocelles par englobement, dans l’ooplasme,
des oogonies voisines ; anomalies fusoriales fréquentes dans les caryocinèses
de segmentation ; observation d’une Tubulaire hermaphrodite.
CH. PÉREZ.
13.332. DE WINTER, L. Études sur l’ovogenèse chez les Podures. Arch.
de Biologie, t. 18, 1913 (197-227, 3 fig., pl. 7-10).
Pour la préparation de chaque ponte, chez le Podura aquatica, le massif
germinal subit une prolifération donnant naissance d’une part à des chapelets
contournés d'oocytes, d'autre part à un réseau conjonctif, chärgé de graisse,
où sont encastrés ces chapelets. Celui des oocytes d'un chapelet qui est-
amené dans la situation la plus voisine de la surface périphérique de l'ovaire,
se trouvant sans doute dans des conditions de nutrition plus favorable,
devient un véritable ovule. Même déjà notablement chargé de vitellus, il
paraît capable de phagocyter un ou deux des oocytes de son chapelet, en
contact immédiat avec lui. Le reste de sa nutrition se fait par osmose, aux
dépens des matériaux qui résultent de l’atrophie et de la résorption des autres
oocytes (cellules vitellines) et du réseau conjonctif. En l'absence d’un follicule
la membrane définitive de l'œuf doit être considérée comme une membrane
vitelline, résultant d'une sécrétion même des couches superficielles de l’oo-
plasme. Cette constitution de l'ovaire apparaît comme un stade primitif à
partir duquel se sont différenciés davantage les ovaires, à gaines ovigères
distinctes, des Insectes Ptérygotes. Cu. PÉREZ.
13.333.
(Liz R AN
13.334.
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 16
WILLEM, Vicror et DE WINTER, I. Les ovules et les cellules
vitellines des Crustacés Entomostracés. Bull. Acad. Roy.
Belgique.
W.etD. W. observent chez le Copépode Doropygus gibber une constitution
de l'ovaire analogue à celle des Podures (V. Bibliogr. evol. n° 13, 882).
Les oogonies étant, comme l'a vu GIESBRECHT, alignées en chapelets, ce sont
les éléments de ces chapelets avoisinant la paroi qui, mieux nourris, évoluent
en ovules, tandis que les autres avortent en cellules vitellines.
CH. PEREZ.
JORGENSEN, Max. Zellenstudien. I. Morphologische Beiträge
zum Problem des Eiwachstums. (Études cytologiques. I. Croissance
de l'œuf). Arch. f. Zellforsch., t. 10, 1913 (1-126, 15 fig., pl. 1-12).
D'une revue d’ensenble, J. conclut que la taille et la structure du noyau de
l'ovule dépendent des conditions de la nutrition de cet ovule. Les ovules qui
croissent d'une manière solitaire, sans cellules accessoires, ont un noyau
relativement volumineux, avec abondance de substance chromosomique ; la
croissance peut alors être considérée comme liée jusqu’à un certain point à la
question du rapport nucléoplasmique. Dans les cas où l'œuf est accompagné
de cellules accessoires, son propre noyau est petit et ne joue sans doute
aucun rôle dans la croissance ; c'est aux cellules nourricières qu'est dévolue la
grande taille nucléaire et l'abondance chromatique. Une opposition analogue
s'observe dans la répartition des boyaux nucléolaires. En outre le cytoplasme
des ovules contient souvent en abondance un ergastoplasme basophile, suscep-
tible de se multiplier par lui-même, et qui joue un rôle important dans la
croissance de l'œuf, en se transformant en vitellus. J. considère comme
erronées les interprétations de SCHAXEL (V. Bibliogr. evolut., n° 12, 181 et
393) qui a pris cet ergastoplasme pour de la chromatine éliminée du noyau.
Enfin, pendant la croissance de l'œuf, les chromosomes de son noyau sont
‘toujours oxychromatiques, et ce sont les substances nucléolaires qui sont
basichromatiques, réactions inverses de celles qu'on observe dans une cellule
à l'état de repos. L'oxychromatine de l'œuf en croissance est d’ailleurs
rapidement digestible, et ne contient donc pas d'acide nucléique ; au contraire
l’ergastoplasme basichromatique résiste à la digestion peptique, comme les
chromosomes d'une mitose, et doit contenir de l’acide nucléique. Ces conclu-
sions sont basées sur l'examen détaillé d’un grand nombre d'ovules,
appartenant à des représentants de tous les groupes du règne animal, et dont
la croissance est étudiée, avec un grand luxe de figures en couleurs, tout
particulièrement au point de vue des affinités chromatiques et de l’évolution
des substances nucléolaires. Il n'y a aucune transformation possible de
substance nucléolaire en chromatine. Au cours de la croissance la basicité des
nucléoles décroît, et ils deviennent digestibles. Un rôle important dans la
croissance de l’ovule doit être sans doute attribué à l'archoplasme basichroma-
tique, et surtout aux substances nucléolaires, très variables d'un œuf à l'autre,
mais qui constituent certainement des organites particulièrement actifs. Et,
dans l'arrêt final de l'énorme croissance de l’ovule doit intervenir comme
cause l'épuisement en.acide nucléique, lorsque l'archoplasme s'est transformé
en éléments vitellins et que les nucléoles eux-mêmes sont devenus solubles
par la pepsine.
CH. PÉREZ,
112 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
13.335. JORGENSEN, Max. Zellenstudien. II. Die Ei und Nährzellen von
Piscicola. (Etudes cytologiques. II. Ovule et cellules nutritives de 2.)
Arch. f. Zellforsch., t. 10, 1913 (127-160, 5 fig., pl. 13-18).
J. distingue, déjà dans l'ovaire, les oogonies et les futures cellules follicu-
laires. Une fois que les petits groupes germinaux sont tombés dans la cavité
ovarienne, le noyau d'une des cellules folliculaires émigre en profondeur au
milieu de la masse morulaire des oogonies, et y constitue une sorte de cellule
de Versor ; 1l subit plus tard une dégénérescence pycnotique. Les oogonies
qui avortent en cellules nutritives présentent, comme l'ovule, un stade
synapsis. L'œuf lui-même est inactif dans sa croissance ; ce sont les cellules
nutritives qui ajoutent, à son protoplasme originel propre, un protoplasme
nourricier qu'elles sécrètent. J. décrit la formation de membranes de précipi-
tation, à affinités chromatiques, qui se produisent à la limite de ces deux
protoplasmes ; à un stade plus avancé, l'ooplasme originel se répand en émulsion
dans le plasma nutrifif, L'évolution de l’ovule est suivie jusqu'à la formation
du premier fuseau de maturation, qui est très volumineux (Cf. Branchellion,
Cu. PÉREZ, 1907), et présente 16 tétrades, l'œuf restant à la métaphase
jusqu'au moment de la ponte. CPE
13.336. JORGENSEN, Max. Zellenstudien. III. Beitrag zur Lehre vom
Chromidialapparat nach Untersuchungen an Drüsenzellen
von Piscicola. (Études cytologiques. [IT. L'appareil chromidial des cellules
glandulaires de P.). Arch. f. Zellforsch., t. 10, 1913 (161-201, 11 fig., pl. 19-20).
J. étudie au point de vue cytologique la formation de la sécrétion dans les
glandes unicellulaires (clitelliennes) de la P. Pendant la croissance de la
glande et la période préparatoire de la sécrétion, le noyau de la cellule glandu-
laire croît et forme une quantité abondante de chromatine. Pendant la sécrétion
au contraire le noyau se contracte et sa chromatine perd sa basicité. Bien
évidemment le noyau participe done à la formation de la sécrétion ; mais c’est
à l'état dissous, et non sous forme de chromidies figurées, que la substance
nucléaire passe dans le cytoplasme. Et il y a dans le cytoplasme un archo-
plasme basophile (prosécrétion) qui s'accroît par lui-même et se transforme en
sécrétion acidophile. Il y a une grande analogie entre l'évolution de ces cellules
glandulaires et celle d’un œuf en croissance. Dans un cas comme dans l’autre
les mêmes aspects ont donné lieu aux mêmes erreurs d'interprétation :
MONTGOMERY (1899) par exemple pour les cellules glandulaires, SCHAXEL
pour les ovules ayant admis la théorie chromidiale d'émissions figurées à
travers la membrane du noyau. Ca, Parkez
13.337. SURFACE, Frank M. The histology of the oviduct of the
domestic Hen. (listologie de l'oviducte de la Poule domestique). Ann.
Rep. Maine Agric. Exper. Station, 1912 (395-430, pl. 1-5).
Étude histologique des diverses régions de l'oviducte, spécialement en ce
qui concerne les glandes de la muqueuse, et suggestions sur le rôle respectif
de ces glandes dans la sécrétion de la couche chalazifère, de l’albumine et
de la coque. (Cf. Bibliogr. evolut. n° 12, 395). CH. PÉREZ.
13.338. TUR, Jax. Sur les diplogenèses embryonnaires à centres
rapprochés. Arch. de Biologie, t. 28, 1913 (325-345, 4 fig., pl. 15).
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. Il 13
T. décrit trois cas de monstres doubles de Poulet, aux stades de la ligne et
2 n
de la goutière primitive. Il les interprète comme dus à la présence dans l'œuf
de deux noyaux jumeaux très rapprochés. - L
j J DESCESE Cu. Pérez.
13.339, NUSBAUM, Jozer et OXNER, Misczystaw. Die Diovogonie oder die
Entwicklung eines Embryo aus zwei Eiern bei der Nemer-
tine ZLineus ruber Müll. (Diovogonie, ou développement d'un embryon
unique à partir de deux œufs chez le L. r.). Arch. Entwickl. mech.. t. 36
1913 (342-352, pl. 23-24).
?
Il arrive assez fréquemment dans la ponte du Lineus ruber, que des œufs
voisins se fusionnent, soit avant la segmentation, soit aux stades 2, 4, 8, ete.,
Soit même enfin jusqu'au stade de blastula, jamais plus tard. Cette fusion a
généralement pour effet d'entraver la segmentation, la multiplication des
noyaux n'étant pas immédiatement suivie de la division du cytoplasme ; il se
forme ainsi des blastomères polynucléés, souvent avec des mitoses multipo-
laires. Ces phénomènes sont analogues à ceux qui s’observent normalement
dans certains œufs naturellement très encombrés de vitellus (Tubularia,
CH. PÉREZ, Bibliogr. evolut. n° 13. 321). Dans le cas le plus ordinaire, fusion
F entre deux œufs seulement, le développement se poursuit, et, comparés aux
| embryons normaux, les embryons doubles présentent, aux stades corres-
pondants, le même nombre de cellules, individuellement plus volumineuses.
Une régulation se fait ensuite ; les mitoses se succédant plus rapidement dans
sf les embryons doubles, dont la croissance générale est plus lente, ceux-ci
arrivent à se rapprocher de plus en plus des embryons normaux: et si on
constate encore une différence de taille au moment où se forment, dans
à l'ectoderme primaire de la gastrula, les disques proliférants de la larve de
Desor, ces disques eux-mêmes sont de même taille dans les deux catégories
d'embryons. N. et O. désignent sous le nom de diorogonte ce processus de
; formation d'un embryon coordonné unique aux dépens de deux œufs
fusionnés ; c'est un phénomène en quelque sorte inverse de la polyembryonie
et de la mérogonie. MercaniKorr a déjà fait connaître (1886) la possibilité de
la polyovogonie chez une Hydroméduse, Mitrocoma annæ. Dans le cas du
Lineus, la polyovogonie n'est pas possible. Les masses résultant de la fusion
& . de plus de deux œufs se désagrègent et se disloquent:; ces complexes
à réunissent sans doute des éléments héréditairement trop différents pour
pouvoir s'agencer par régulation en un organisme unique coordonné. Il y
aurait là une cause intrinsèque d'ayortement analogue à celle que BrAcHer et
HEeRLANT ont constatée dans les œufs polyspermiques de grenouille (V.
Bibliogr. evolut. n° 10, 213, 11, 92, 12, 82). Des groupements hétéro-
gènes résultent aussi chez le Lineus de fusions réalisées entre des embryons
‘âo . à un , s = es rec au , dés. 3 x
d'âges différents, ou d'œufs vierges avec des œufs fécondés Cr PEREZ
48.340, GOLDFARB, A. J. Studies in the production of grafted embryos.
(Production expérimentale de greffes d'embryons). Biolog. Bulletin, t.23, 1913
(73-101, %6 fig.).
Des greffes embryonnaires d'Oursins n'avaient pas été réalisées jusqu'ici sur
les côtes américaines. G. vient de réussir pour l'Arbacia punctulata, avec le
mode opératoire suivant : les œufs fécondés sont d'abord secoués, pour être
débarrassés de leur membrane ; puis placés dans de l'eau de mer artificielle
Bibl. Évol. IV, 8
114 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
exempte de Ca, et alcalinisée avec un peu de NaOH ; enfin centrifugés dans des
tubes étroits. Dans ces conditions G. a réalisé la fusion de 10 à 40 °L des
œufs et obtenu les diverses catégories d’embryons jumeaux que DriescH
avait obtenues avec l'Echinus microtuberculatus et le Sphærechinus granu-
laris. Des groupes complexes agglutinant jusqu'à 20 œufs ont été obtenus,
mais ils subissent toujours des réductions ultérieures, par séparation des
éléments externes ou atrophie de séléments profonds. Dans les groupes simple-
ment agglutinés, chaque individu conserve sa polarité et se développe indé-
pendamment des voisins. Dans les cas de fusion partielle, que l'on observe
soit entre les œufs soit plus fréquemmment entre les embryons qui ent au
moins atteint le stade blastula, on constate des phénomènes de régulation et
parfois d’atrophie. En résumé, de même qu'un œuf unique peut donner,
par disjonction de ses blastomères, plusieurs larves, demême plusieurs œufs
peuvent se fusionner et donner un embryon unique, eventuellement sans
aucune trace de son origine gémellaire. Cn° Pipes
43.341. LAMS, Hoxoré. Étude de l'œuf de Cobaye aux premiers stades
de l’embryogenèse. Arch. de Biologie, t. 28, 1913 (229-323, pl. 11-14).
L. décrit en détail la formation des globules polaires et la fécondation.
L'élimination du premier globule (8 chromosomes) a lieu dans l'ovaire, et
sans arrêt se forme le second fuseau, qui est à la métaphase au moment de
l'ovulation. L'élimination du second globule n’a lieu qu'après la pénétration
du spermatozoïde. Celui-ci pénètre complètement dans l'œuf, où sa queue se
retrouve encore assez longtemps reconnaissable. Pendant la maturation l'œuf
présente une première polarité transitoire, bien marquée par l'accumulation
des gouttelettes vitellines graisseuses dans la région opposée aux globules
polaires. Au contraire les pronucléi émigrent ensuite vers ce pôle vitellin, qui
devient le pôle animal définitif, tandis que le vitellus graisseux s'écoule en
sens inverse et s'oriente vers les globules polaires; il y a ainsi un curieux
renversement de la polarité de l'œuf, déterminé par la pénétration du sperma-
tozoïide. La première division de segmentation s’installe sans que les deux
pronucléi soient fusionnés ; elle conduit à la formation de deux premiers
blastomères identiques en tout sauf en ceci que seul l’un deux contient la
queue du spermatozoide. L. considère ce fait comme très important, et admet
les suggestions de HENNEGUY et de VANDER STRricaT, suivant lesquelles ce
blastomère seul donnerait l'embryon, tandis que l’autre, dont le cytoplasme
est exclusivement femelle, donnerait le trophoblaste. (A rapprocher des idées
de MEvEs, d’après lesquelles chez l'Oursin, les parties caduques des plutéus
seraient aussi formées par le blastomère dépourvu de substance cytoplasmique
paternelle. V. Bibliogr. evol. n° 13, 156). Au début de son développement
l'œuf présente une dentoplasmolyse, c'est-à-dire une élimination de substances
vitellines, analogue à celle que VAanDER STRICHT a décrite chez la Chauve-
ouris Cu. PÉREZ.
13.342, RAU, Puis. et RAU, Neue. The fertility of Cecropia eggs in relation
to the mating period. (Fécondité des œufs de C. en rapport avec la
durée de l’accouplement). Biolog. Bull., t. 24, 1913 (245-250).
Les femelles de Cecropia pondent en moyenne 300 œufs, dont un grand
nombre sont stériles, et elles meurent sans avoir achevé leur ponte. D'autre part
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 115
l'accouplement a pour effet de raccourcir la vie de la femelle, mais est un
excitant de la ponte. Les auteurs se sont proposé de rechercher si un accou-
plement prolongé avait pour effet d'augmenter le pourcentage des œufs
fertiles ; siles premiers œufs pondus sont plus fertiles que les suivants. Les
expériences n'ont pas donné de résultats affirmatifs. Il semble que c’est la
vigueur de la femelle qui intervient avant tout dans la proportion des œufs
fertiles, plutôt que la quantité de sperme ou la durée de l'accouplement.
CH. PÉREZ.
FÉCONDATION, PARTHÉNOGÉNEÈESE.
13.343. FALTZ-FEIN et IVANOV. EL. À propos du problème dela télégonie.
Paris, C. R. Soc. Biol., t. 74, 1913 (1029-1031).
7 juments, qui ont donné, au pare d'élevage d’Askania-nova, un ou plusieurs
zébroïdes, fécondées ensuite par des étalons de leur espèce, n'ont eu aucune
postérité rayée. Deux d'entre elles ont eu ainsi, d'abord respectivement 5 et
3 zébroïdes, puis 2 et 5 poulains normaux. Ces expériences sont donc
ires à la réalité de la télégonie.
contraires à la réalité de la télégon M Causes
13.344. BATAILLON, E. Démonstration définitive de l'inoculation
superposée à la piqûre en parthénogénèse traumatique.
Paris, C. R. Ac. Sci., t. 156, 1913 (811-815).
Cf. Bibl. Evol. 10, 1338; 11, 91, 340. B. jette une ponte entière de
grenouille, non fécondée, dans une solution de KCN à 0,8 pour 1.000 en
agitant périodiquement ; et les y laisse pendant 3-4 heures : les gangues sont
dissoutes : on lave ensuite les œufs nus avec une solution de NaCI à 7 pour
1.000 pendant une heure. Ces matériaux (œufs au cyanure) ne se laissent pas
pénétrer par le sperme. Piqués simplement ils ne se segmentent jamais : mais
si on les arrose d'une pulpe fraiche de rate de cobaye et qu'on les pique ensuite,
les deux tiers d'entre eux se segmentent. De même, si trois lots d'œw/s au
cyanure sont traités l'un par le sérum de cheval, l’autre par une purée
d'hématies (renfermant quelques leucocytes), le troisième par une purée de
leucocytes, on n'obtient aucune segmentation avec le premier lot, 1 °, avec le
second et jusqu'à 75°}, avec le troisième. C’est done, d’après B., le leucocyte qui
est l'élément actif dans le sang de mammifère. Les œufs au cyanure, prouvent
donc irréfutablement, suivant B., la réalité du facteur inoculation dans la
énogéné raumatique. ;
parthénogénèse tra QUE M. CAULLERY.
13.345. HERTWIG, Güxraer. Parthenogenesis bei Wirbeltieren, hervor-
gerufen durch artfremden radiumbestrahlten Samen. (Par-
thénogenèse de Vertébrés, produite par des spermatozoïdes d'espèce étrangère,
soumis au radium). Arch. f. mihrosk. Anat., Abt. f. Zeug. u. Vererbungsl.,
t. 81, 1913 (87-127, 6 fig., pl. VI et VID).
La partie expérimentale du mémoire porte sur le développement des œufs
de Bufo vulgaris et de Rana esculenta par les spermatozoïdes, soumis au
radium, de Rana fusca; et sur celui des œufs vierges de Bufo, ayant été
-soumis au radium et fécondés ensuite par Le sperme de Rana fusca. I y a
par conséquent dans ces expériences combinaison de l'hybridation avec
l'irradiation soit des œufs, soit des spermatozoïdes, Elles confirment l'hypo-
116 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
thèse déjà émise par O. et G. HErrwKG, d'après laquelle les spermatozoïdes
longuement irradiés incitent un développement parthénogénétique des œufs.
Les larves hybrides obtenues avec du sperme irradié ont à peu près un
aspect normal, vivent pendant quelques semaines, mais le cerveau, les yeux,
le cœur sont moitié plus petits que chez les larves témoins ; l'intestin, le
foie, le rein primitif, les myotomes sont aussi beaucoup plus petits. Les œufs
irradiés de Bufo fécondés avec du sperme normal de Rana se segmentent en
partie, mais tous meurent au stade blastula ; cette mort précoce s'expliquerait
par une « liaison désharmonique » des idioplasmas paternel et maternel.
Quand on irradie les spermatozoïdes, leur noyau est abîmé, l'union des idio-
plasmas est empêchée par l'élimination précoce de la chromatine 6 malade,
et l'œuf activé, avec sa chromatine o intacte, poursuit son développement au
delà du stade blastula. H. montre ensuite par des mensurations des noyaux
que l'œuf fécondé par un spermatozoïde irradié se développe parthénogéné-
tiquement : en eflet, les noyaux dans ce cas n’ont que la moitié des dimensions
des noyaux des larve: témoins : ils sont haploides, ils dérivent du noyau
maternel seul. Mais l'énergie vitale des petites cellules embryonnaires à
noyaux haploïdes est amoindrie, et les larves parthénogénétiques sont naines.
H: combat la théorie de Bovert de l'importance et de la spécificité du centro-
some et montre enfin l’analogie entre les résultats de l'hybridation et ceux de
l'irradiation des éléments sexuels. À (Darren
13.346. PICARD, F. Sur la parthénogénèse et le déterminisme de la
ponte chez la Teigne des pommes de terre (/’hthorimea oper-
culella Zell.). Paris, C. R. Ac. Sci., t. 156, 1913 (1097-1099).
Les femelles de Ph. o., mises en présence des pommes de terre, pondent
40 à 89 œufs, 24 à 48 heures après l’accouplement. Les femelles vierges, ou
bien ne pondent pas, ou bien pondent un petit nombre d'œufs (n’atteignant
jamais 40). Dans 9 cas sur 100 expériences, ces œufs se sont développés
parthénogénétiquement (c'est le premier exemple de parthénogénèse acei-
dentelle chez les Tinéides). L'accouplement apparaît comme provoquant la
ponte (Cf. Guyénor, Drosophila, Bibl. evol., 13, 189-195); celle-ci a lieu
sur diverses Solanées, mais ne se produit pas sur des surfaces lisses, même s'il
s’agit de fruits convenant à l'alimentation de la larve (Tomate, Aubergine, ete.).
Il n'y a pas corrélation complète entre l'instinct de ponte de l'adulte et
l'instinct alimentaire de la larve. MC rm
13.347. WOODRUFF, Loranne Loss. 8300 Generationem von laramecium
ohne Konjugation oder künistliche Reizung. (3.300 générations
de P. sans conjugaison ni stimuli externes). Biolog. Centrelbl., t. 33, 1913
(p. 34-30).
Exposé nouveau de résultats précédemment analysés (Bibl. Evol., 13,
166-167). M. CAULLERY.
13.348. JENNINGS, IL. $. The effect of conjugation in Paramecium. (Les
effets de la conjugaison chez les Paramécies). Journ. exper. Zoûl., t. 14, 1913
(279-391, 2 fig.).
Les travaux récents (Log, etc.) ont distingué, pour les Métazoaires, dans
les résultats de la fécondation, d'une part le stimulus de développement, qui
sauve l'œuf de la mort, et d'autre part l'amphimixie, qui réalise de nouvelles
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 117
combinaisons de caractères héréditaires. En ce qui concerne les Ciliés, on a
surtout eu en vue le rajeunissement que la conjugaison est censée apporter à
la race ; et, d'après J., les expériences publiées jusqu'ici n'entrainent pas la
conviction. Aussi a-t-il entrepris de nouvelles recherches, en se proposant
d'examiner comparativement ce qui se passe dans une même race, suivant
qu'une conjugaison à eu lieu ou non. Il isole d'une même culture de
Paramécies d'une part des syzygies, qu'il laisse s'achever, et d'autre part des
individus qui sont séparés par agitation au moment où ils commençaient à se
conjuguer ; les deux catégories d’ex-conjoints sont ensuite suivies d’une façon
comparative en cultures sériées. Par rapport aux non-conjugants, les
ex-conjugants manifestent un taux de multiplication beaucoup moins élevé,
une mortalité beaucoup plus élevée, une tendance aux anomalies ; mais le
fait le plus saillant est l'accroissement considérable dans la variabilité du taux
de multiplication, les variations apparues étant héréditaires. Les expériences
n’apportent done aucun appui à cette opinion que la conjugaison exalte le
pouvoir reproducteur ou rajeunit physiologiquement l'organisme. On sait
d’ailleurs que la vie des Ciliés peut continuer sans l'intervention d'une
conjugaison (V. en particulier Wooprurr, Bibliogr. evol. n° 12, 9'7 15, 166);
mais la race se maintient alors uniforme et invariable. La conjugaison
produit au contraire une diversité de combinaisons nouvelles ; sur le nombre
un certain nombre peuvent se trouver mieux adaptées aux conditions actuelles
du milieu ; et celles-là persistent tandis que les autres succombent. Ainsi se
complètent mutuellement les notions apportées par les travaux de CALKINS,
ENRIQUES, WOODRUFF, etc. Ch Pine
43.349. JENNINGS, H. $S. et LASHLEY, H. $S. Biparental in heritance and
the question of sexuality in Paramecium. (Hérédité bilatérale et
sexualité chez les Paramécies). Journ. exper. Zoûl., t. 14, 1913 (393-466, 2 fig.).
Parmi les descendants de deux ex-conjugants on observe souvent que les
lignées issues de l’un meurent ou se multiplient lentement, tandis que celles
issues de l’autre manifestent une grande vitalité. On a cru voir là l'indication
d'un commencement de sexualité (GALkINS), les deux conjoints étant respecti-
vement considérés le premier comme mâle, le second comme femelle. Les
expériences de J. et L. ne confirment pas cette manière de voir, au contraire.
En ce qui concerne la survivance ou la mort, et le taux de multiplication, les
ex-conjugants se montrent plus semblables l’un à l'autre qu'on ne devrait s'y
attendre, si ces caractères étaient distribués sans rapport avec la conjugaison.
La conjugaison a donc pour effet de faire se ressembler entre elles les lignées
issues des deux conjoints, et détermine donc une hérédité bilatérale faisant
ressembler la progéniture simultanément aux deux parents. Dans les cultures
mélangées, il y a des accouplements assortis (assortative mating) en ce qui
concerne le caractère de vigueur multiplicatrice; c'est sans doute une
conséquence des accouplements assortis suivant la taille (V. Bibliogr. evol.
n° 12, 47). Dans une culture de lignée pure on ne peut pas distinguer
d'accouplements assortis, tous les individus ayant le même taux de multipli-
cation; mais, après conjugaison, au milieu des variations qui apparaissent
d'un couple à l'autre, les deux membres d'un même couple montrent au
contraire une correspondance de taux particulièrement étroite, mettant bien
en évidence l'hérédité bilatérale,
ù CH. PÉREZ.
118 | BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS .
13.350. WELLINGTON, Ricuarr. Natural and artificial parthenogenesis
in the genus Nicotiana. (Parthénogénèse naturelle et parthénogénèse
artificielle dans le genre Nicotiana). Amer. Natur., t. 47, 1913 (279-806).
Les expériences ont été poursuivies sur différentes espèces du genre
Nicotiana, (N. tabacum, paniculata, alata, rustica, Bigelovii, Langsdorffii,
longiflora, Forgetiana, sylvestris, plumbaginifolia). Les conclusions aux-
quelles est arrivé W. sont les suivantes : {° Des croisements entre certaines
espèces du genre Nicotiana donnent des graines reproduisant le type maternel
et des graines stériles, de nature hybride probablement. Dans d’autres cas,
des plants hybrides et des plants à type maternel pur furent obtenus des
mêmes capsules. 2 Les capsules de plusieurs des espèces étudiées augmentè-
rent quelque peu de volume après une légère irritation des boutons floraux à
l'aide d’un instrument à pointe effilée; mais il n’y eut pas production de
graines. 3 Des graines stériles, et probablement sans embryon, peuvent
être obtenues à la suite de légères brülures provoquées sur de jeunes boutons
à l’aide d’un fil de platine porté au rouge. Le même résultat était atteint
lorsque de jeunes plants étaient soumis à l’action des vapeurs de chloroforme.
4 Il y avait production de graines stériles après ablation partielle du pistil
suivic du greffage de l'extrémité stigmatique d’un autre pistil sur le moignon
demeuré en place et de la pollinisation du nouveau stigmate. 5° IL n'y avait
point production de graines après enlèvement des étamines par décapitation
de la fleur ; tout au plus pourrait-on citer en cas douteux chez N. plumbagi-
nifolia. 6 Il existe vraisemblablement un agent inhibiteur de la croissance
dans le liquide stigmatique de certaines espèces du genre Nicotiana. 7 Lors-
que des jeunes plants de N. rustica var. texana étaient soumis à l'action des
vapeurs d’acétone, il y avait transformation en tissu foliacé de la corolle et
des étamines chez un grand nombre de fleurs terminales. & L’injection de
substances chimiques dans la tige du végétal demeurait sans effet sur la
production des graines. 9° L'existence de la parthénogénèse semble bien peu
probable chez le Tabac, du moins chez les espèces étudiées par W.
Epm. BORDAGE.
13.351. OVERTON, J.-B. Artificial parthenogenesis in Fucus. (La parthéno-
génèse artificielle chez les Fucus). Science, t. 37, 1913 (841-844).
L'auteur a expérimenté, à Woods Hole, sur F. vesiculosus, en employant
des fragments de thalle d'individus femelles soigneusement lavés à l'eau douce,
de façon à détruire les anthérozoïdes qui pouvaient se trouver sur eux. Des
oosphères étaient ensuite extraites des conceptacles et plongées pendant une
ou deux minutes dans un verre de montre contenant de l’eau de mer
additionnée d'acide acétique ou d'acide butyrique. Elles coulaient rapidement
au fond. Retirées à l'aide d’une pipette, elles étaient immédiatement placées
dans un second verre de montre rempli d'eau de mer pure. O. constatait alors
qu'il y avait eu formation d'une membrane : l'oosphère était ainsi devenue un
œuf. Ce dernier prenait, le plus souvent, un aspect piriforme. Une papille
rhizoïde faisait son apparition, la segmentation commençait, et il se déve-
loppait de jeunes Fucus entièrement semblables à ceux qui proviennent d'une
oosphère fécondée par un anthérozoïde. L'auteur n'a pas encore pu les suivre
jusqu’à leur complet développement. Il se propose de le faire pour déterminer
le nombre des chromosomes et pour voir comment se comportent ceux-ci au
moment de la formation des anthérozoïdes et des oosphères. D’après STRAS-
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. - 119
BURGER, FARMER et WILLIAMS, les noyaux des Fucus obtenus par fécondation
normale contiendraient un nombre diploide de chromosomes. La réduction
au nombre haploide aurait lieu au moment où s'effectuerait la première
division dans l’anthéridie ou dans l'oogone. O. pense que les noyaux des
jeunes Fucus obtenus parthénogénétiquement doivent contenir le nombre
haploïde de chromosomes.
EDm. BORDAGE.
TRAVAUX GÉNÉRAUX.
25. Eee: JACKSON, RoBerr TRACY. Alpheus Hyatt and his principles of
research. (Les principes de recherche d'Alpheus Hyarr). Amer.. Nat.,
t. 47, 1913 (195-206).
J. déclare que Hyarr doit être considéré comme le promoteur des méthodes
qui permettent d'établir les relations phylogénétiques en ce qui a trait aux
Invertébrés. Il a employé avec un égal succès les principes de l'accélération
dans le développement, du parallélisme, de la morphogenèse et de la récapitu-
lation. Ce que HyarTrT a fait pour différentes familles d'Invertébrés, pour les
Céphalopodes notamment, d'autres biologistes l'ont entrepris avec succès
pour d’autres groupes, en appliquant les mêmes principes. BEECHER a étudié,
de cette façon, les Brachiopodes et les Trilobites, CusHMaAN, les Protozoaires,
GRAREAU, les Gastropodes, et J. lui-même, les Pélécypodes et les Echinides.
Epm. BoRDAGE.
13.353. OSBORN, HexRrY FamriEL»r. Tetraplasy, a law of the four insepa-
rable factors of Evolution. (La Tétraplasie ou la loi des quatre
inséparables facteurs de l’évolution). Proceed. Acad. Nat. Sc. Philadelphia,
. 64, 1912 (p. 144).
Pour expliquer l’origine des nouveaux caractères et la transformation des
caractères déjà existants, BUFFON, SEMPER, WAGNER ont attribué un rôle
presque exclusif au milieu environnant. LAMARCK, SPENCER, COPE ont mis en
jeu l’ontogénie et les modifications héréditaires du soma, GALTON, WEISMANN,
MENDEL, de VRIES, BATESON, l'hérédité des seules modifications du plasma
germinatif, DARWIN et WALLACE, la sélection et la lutte entre les organismes.
Au cours de ses longues recherches sur les Titanothères, O. a reconnu
qu'il était indispensable de faire preuve d'éclectisme et de considérer les quatre
facteurs ci-dessus énoncés comme inséparables. Il désigne sous le nom de
tétraplasie la loi ou principe d'évolution correspondant à cet ensemble de
eurs.
fact Ep. BORDAGE.
13.354. PRZIBRAM, Haxs. Die Kammerprogression der Foraminiferen
als Parallele zur Häutungsprogression der Mantiden.
(Progression géométrique des loges chez les Foraminifères, comparée à la
succession des mues chez les Mantides). Arch. Entwickl. mech., t. 36, 1913
(194-210).
Précisant uñe remarque de RHuMBLER (Plankton Exped. 1909-11),
P. constate que les dimensions linéaires homologues, dans les loges successives
des Foraminifères, croissent suivant une progression géométrique, dont la
raison est voisine de * ÿ2-- Il en est de même pour les épaisseurs des parois
120 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS,
de la coquille. On peut en conclure que la formation d'une nouvelle loge a lieu
lorsque le volume de la masse protoplasmique a sensiblement doublé; les
masses de matière squelettique sécrétées vont aussi en doublant. Ce résultat
est à rapprocher de celui que P. et MEGUSAR out constaté pour les mues de
la Sphodromantis (Cf. Bibliogr. evol. n° 13, 84). Il doit s'agir dans les deux
cas d’une condition relative au rapport nucléoplasmique, qui, après une
certaine croissance assimilatrice, exige une bipartition. Ca, Pine
13.855. KELLOGG, VERNON Lymax. Distribution and species-forming of
ecto-parasites. (Distribution et formation des espèces chez les ecto-
parasites). Amer. Natur., t. 47, 1913 (129-158).
K. a cherché s'il existait un parallélisme entre la distribution géographique
de certains oiseaux et celle de leurs parasites externes (Poux ou Mallophages).
La constatation la plus intéressante qui se dégage de ces recherches est
celle-ci : [IL y a possibilité pour les représentants d'une seule espèce de para-
site de vivre sur deux ou sur un plus grand nombre d'espèces d'oiseaux
voisines au point de vue taxonomique, mais habitant parfois des régions très
éloignées les unes des autres. On pourrait citer comme exemples le Mirmus
pileus et le N. signatus, parasites communs à l'Avocette d'Europe (Recur-
,virostra avocetta) et à l'Avocette d'Amérique (À. americana). De même,
cinq espèces de Mallophages sont communes au Foulque d'Europe (Fulica
atra) et au Foulque d'Amérique (F. americana). Pour K., il n'y aurait qu’une
seule explication plausible : l'espèce parasite aurait été en quelque sorte
transmise sans modification, depuis des époques reculées, à des oiseaux
spécifiquement et quelquefois même génériquement distincts, par un ancêtre
omm : 6
C un Em. BoRDAGE.
13.356. WHERRY, Wizrau B. On the metamorphosis of an AmϾbainto
Flagellates and vice versa. (Sur la métamorphose d'une Amibe en
Flagellé et réciproquement). Science, t. 37, 1913 (494-496).
Il s'agit d'une espèce appartenant au genre Valhkampfia, trouvée en
Californie. Les trophozoïtes peuvent se changer en une forme flagellée. Ils
possèdent normalement un noyau simple, un gros caryosome et une membrane
nucléaire épaisse. Voici la façon dont opère W. pour obtenir la forme
flagellée : dans un verre de montre, il dépose deux ou trois gouttes
d’une culture de l'Amibe sur jaune d'œuf liquide, auxquelles il ajoute deux ou
trois gouttes d'eau distillée. Il place le tout dans l'étuve de BARBER, à
une température de 22 à 25 degrés. Au bout de 3 ou 4 heures, les trophozoïtes
sont remplacés par des individus porteurs de flagelles. La forme de ces
individus est quelque peu variable ; l'aspect piriforme est cependant le plus
fréquent et le noyau occupe alors le pôle. De ce dernier partent de longs
flagelles. Ceux-ci disparaissent instantanément par simple apposition d'une
lamelle couvre-objet sur la préparation.
W. a remarqué que la réduction de tension de l'oxygène amène le noyau
de l’Amibe normale à se diviser sans qu'il y ait division du cytoplasme. On
peut ainsi obtenir des Amibes de fortes dimensions, possédant jusqu'à 30 et
40 noyaux. En les plaçant ensuite en contact avec une grande quantité
d'oxygène libre, on voit leur cytoplasme se diviser à son tour.
Ep. BORDAGE.
13.357.
3.358.
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS, 121
CAULLERY, M. La phylogénie et les données actuelles de la
Biologie. Revue du mois, t. 15, 1903 (p. 385-409).
Examen général et critique des données anatomiques, embryogéniques et
paléontologiques sur la phylogénie. — Valeur réelle de la loi biogénétique
fondamentale ; irréversibilité de l'évolution ; convergence, ete. Suggestion que
l'aspect orthogénétique de l'évolution accomplie peut être lié à des modifica-
tions synergiques des mécanismes hormoniques, au cours du temps.
M. CAULLERY.
RADL, Eu. Geschichte der biologischen Theorien in der
Neuzeit. (Histoire des théories biologiques dans les temps modernes. —
1e partie, 2 édition complètement refondue). Leipzig (Engelmann), 1913,
8° (XIV- 351 p.)
La première édition de ce livre date de 8 ans. Celle-ci est complètement
refondue en accentuant les tendances suivantes. La Science et en particulier
la Biologie ne suit pas historiquement un développement en quelque sorte
linéraire, par un progrès direct et continu. A chaque époque les divers travaux
ont subi l'influence de systèmes philosophiques se suffisant à eux-mêmes. Le
progrès continu n'est qu'une schématisation de la réalité. La vérité objective
est théoriquement le but vers lequel tend la Science, mais, en pratique, à chaque
époque, on a cru tenir la Vérité en soi ; il en a été ainsi, dit R., pour GALILÉE,
BurroN, Cuvier, les philosophes de la nature, le Darwinisme, ete. Dès lors,
des hommes comme PARACELSE, LÉONARD de ViNcr, STAHL, sont des réalités
concrètes et non de simples stades transitoires de la vérité scientifique. Il
faut les étudier isolément suivant un programme réaliste.
Le premier volume va jusqu'au début du XIXe siècle, comprenant Cuvier et
GeorrROY Sr-HiLAIRE, mais laissant Lamarcr et les Philosophes de la Nature
pour le second. Il se distingue de la première édition, au point de vue du
contenu, par l'addition d'un chapitre sur l’antiquité et le moyen àge et d’un
chapitre sur Van Hecmoxr. Les paragraphes relatifs à Harvey et à Rent ont
été étendus.
Ce livre est évidemment très utile pour prendre une vue rapide de l’histoire
des idées en biologie. Il fournit aussi de nombreux renseignements biblio-
graphiques sur l'œuvre des principaux biologistes qui y sont étudiés.
M. CAULLERY.
.859. PLATE, LunwiG. Selektionsprinzip und Probleme der Art-
bildung. (Le principe de la sélection et les problèmes de la formation
des Espèces. — Traité du Darwinisme). Leipzig (Engelmann), 4° édition très
augmentée, 1913, & (XVI + 650 p., 107 fig.).
A sa quatrième édition ce livre est beaucoup plus gros qu’à la troisième
(1908), quoique, dans l’intervalle, l'auteur en ait extrait tout ce qui concerne
l'Hérédité, pour en faire un livre spécial (Bibl. Evol., 13, 208). Il est déjà
suffisamment connu pour qu'il n'y ait pas lieu d’insister ici longuement sur le
plan, ni sur Sa documentation abondante et précise. On y trouve la subs-
tance de toutes les discussions qui se sont élevées autour de l'idée de la
sélection naturelle, examinée à la lumière de ce qu’on sait aujourd'hui. C’est
donc bien un manuel du darwinisme et des théories qui gravitent autour
(sélection sexuelle, lutte des parties de l'organisme (W. Roux), panmixie,
sélection germinale). On y trouve aussi une étude critique de la théorie des
mutations ; dès 1904, au Congrès de Berne, et dès la première édition de ce
122 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
livre, PLATE a fait des idées de H. pe VRIES, une critique très serrée. Le
chapitre qui y est consacré et le suivant, relatif à l’hérédité dès caractères
acquis, ont été très augmentés, l’auteur y ayant introduit les résultats des
recherches récentes, très nombreuses comme on sait. Dans le premier
de ces chapitres, on trouvera le résumé des publications de ces dernières
années sur les Œnothères ; dans le second, celui des diverses expériences
de KAMMERER, JENNINGS, Tower, ete. (V. Bibl. Evol., passim). — P., tout
en s'étant fortement orienté vers les idées mendéliennes, comme le montrent
ses recherches personnelles et son livre sur l'Hérédité, cherche encore à
faire au Lamarekisme une large place à côté de la sélection naturelle.
En somme, ce livre est, sous sa forme actuelle, mieux encore que dans les
éditions précédentes, un abondant répertoire de faits et de discussions, pré-
sentées avec clarté et avec un éclectisme judicieux. M. CAULLERY.
13.360. TASHIRO, Sumo, À chemical sign of life. (Un critérium chimique de la
vie). Biolog. Bulletin, t. 25, 1913 (282-287).
T. a imaginé un appareil très sensible, capable de déceler 1 X 10-7 gr. de
CO2. Il considère qu'une augmentation dans l'excrétion de C0, à la suite
d'une excitation, est un critérium infaillible qu'on est en présence d'une
matière vivante, répondant aux stimulations. CH. PÉREZ.
13.361. FAHRENHOLZ, H. Ectoparasiten und Abstammungslehre. (Les
ecto-parasites et la théorie de l’évolution). Zoolog. Anzeiger, t. A1, 1913
(371-374.)
F. est partisan de l'idée que les vrais ectoparasites peuvent nous renseigner
sur les affinités. de leurs hôtes : il a constaté ainsi que les poux de l’homme
et des anthropomorphes sont voisins les uns des autres et les déductions
tirées de ce parallélisme sont d'accord avec les indications de parenté données
par les propriétés des sérums (FRIEDENTHAL. etc.). Ces mêmes propriétés
montrent, d’une façon inattendue, une similitude du genre Afeles (Platy-
rhinien) et Homo. Or F. constate que le pou d’Afeles rillerosus, est bien
un L'ediculus comme celui des Anthropomorphes et non pas un représentant des
genres qu'on trouve sur les autres singes. Ici encore les ectoparasites et la
sérologie concorderaient à rapprocher le genre Afeles des Anthropomorphes.
[I] y a cependant une objection possible ; c'est que la présence d'un Pedi-
culus sur un Afeles soit due seulement aux ressemblances des sérums de
ce genre et des Anthropoïdes, et aux analogies des conditions de nutrition
qui en découlent pour les Poux, indépendamment de toute parenté des hôtes].
Cf. Bibl. Evol., 13, 355. M. CAULLERY.
43.362. ZON, RAPHAEL. Ra ie and forestry. (Darwinisme et sylviculture).
Amer. Natur., t. 47, 1913 (540-545).
L'existence d une lutte pour la vie avait déjà été reconnue avant CH. DARWIN
par des personnes s ‘occupant de sylviculture et notamment par Patrick
Marrnews, qui, en 1831, fut en quelque sorte le premier à formuler les
principes de la sélection naturelle. La chose ne surprendra pas outre mesure
lorsqu'on constatera que toute nouvelle génération d'arbres forestiers ne peut
provenir que des graines produites par les arbres les mieux venus, par ceux
qui l'ont emporté dans la lutte longue et intense soutenue contre la Nature et
contre les compétiteurs. Parmi ces derniers c'est à peine s'il en est un sur
13.363.
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 123
cent qui doive arriver à l’âge où il sera apte à reproduire l'espèce. Dans la
forêt, seuls les vainqueurs dans le combat pour la vie sont ceux qui
produiront des graines en abondance. Par le fait que la forêt est la plus haute
expression de la vie végétale, le « forestier » occupe une position stratégique
qui lui permet d'embrasser des horizons difficilement accessibles aux autres
naturalistes. EDM. BORDAGE.
PRZIBRAM, Haxs. Experimental Zoologie ; 4: Vitalität. Leipzig et
Vienne (Deuticke) 1913, 8, 179 p. et 10 pl. (10 M.)
Dans cette 4° partie de son Traité de Zoologie Expérimentale (Cf. Bibl
Evol. 10, 41, 11, 6.), P. examine les caractéristiques générales de la vie.
S'il ne repousse à pas priori, d'une façon absolue, le vitalisme, il fait remarquer
que la méthode scientifique consiste à épuiser d’abord tous les moyens à notre
disposition pour ramener les phénomènes vitaux à des formes plus simples,
avant d'admettre un principe vitaliste. Dans les divers chapitres, il s’efforcera
de faire cette réduction, examinant si les propriétés considérées établissent
une barrière entre les organismes et la matière brute.
Le premier problème (1) est la synthèse même de la vie. Comme sur la
génération spontanée ou la panspermie nous n'avons actuellement que des
données négatives, P. examine les #nitations que l'on a pu faire des organismes
et conclut que « chacune des propriétés objectives des êtres vivants considérée
séparément a pu être imitée à l’aide de matériaux inorganiques ». — La forme
(IT) n'est pas absolument spécifique de la vie; les formes des êtres vivants
se ramènent en dernière analyse à une conséquence de l’état d’aggrégat du
protoplasme. — La polarité (I) des organismes dérive de l'hétérogénéité des
zones prolifératives. — L'assimilation et la catalyse (IV) ne constituent aucune
opposition entre les organismes et le monde inorganique. — Le chapitre V
étudie les limites de compatibilité de la vie avec les différents facteurs physiques
ou chimiques. — Les quatre derniers sont consacrés à la croissance (VI), au
mouvement (VII), à la mémoire (VII), à l'énergie (IX). Sous aucun de ces
aspects, P n'aperçoit non plus un fossé infranchissable entre la vie et la
matière brute.
En somme, dit-il, « nous n'arrivons pas à concevoir entre les organismes et
la matière brute, de caractères distinctifs autres que l'a complexité beaucoup
plus grande des premiers ; elle les rend aptes à être le siège de phénomènes
qui produisent l'impression de la finalité... Mais cette impression est essen-
üellement subjective et n’est pas absolument limitée à la considération des
êtres vivants » (p. 130-131).
Chacun des chapitres est appuyé sur une documentation abondante et très
condensée, empruntée à une vaste littérature qui est reproduite à la fin du
volume et permet aux lecteurs des vérifications approfondies.
M. CAULLERY.
13.364. CHILD, C. M. Studies on the dynamics of morphogenesis and
inheritance in experimental reproduction. VI. The nature
of the axial gradient in //anaria and their relation to
antero-posterior dominance, polarity and symmetry.(itudes
de morphogénèse et d'hérédité dans la multiplication expérimentale. VI.
L'échelle axiale des Planaires et ses rapports avec la polarité et la symétrie).
Arch. Enthwoiclk. mech.,t.37, 1913 (108-158, 13 fig.).
Le temps de survie des Planaires dans le KCN, l'alcool et divers autres
124 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
réactifs, varie suivant le niveau du corps considéré, et cela en rapport avec
le taux variable des réactions métaboliques. Dans les solutions fortes (méthode
directe, Cf. .Bibliogr. Evolut., n° 13, 186) la désintégration commence à
l'extrémité antérieure et progresse vers l'arrière. Dans les solutions faibles
(méthode indirecte) la désintégration commence à l'extrémité postérieure du
premier zoïde et progresse vers l'avant. Dans quelques grands individus les
zoïdes postérieurs de la chaine peuvent être indiqués par la succession des
moments de désintégration. Dans les solutions fortes les régions latérales
se désagrègent avant la région médiane, la région dorsale avant la région
ventrale ; ces derniers faits étant peut-être déterminés en partie par les
différences de structure anatomique. D'une façon générale CH. conclut de ses
recherches que la forme la plus simple de différenciation d’un axe dans un
organisme est l'établissement d’une échelle linéaire dans le taux d'une
certaine réaction de métabolisme. La réaction pour laquelle se manifeste cette
échelle est la réaction fondamentale de l'espèce, base de son hérédité etde son
développement. La région antérieure du corps qui, plus qu'aucune autre est
indépendante des rapports de coordination avec le reste de l’organisme,
représente le résultat par auto-différenciation qui correspond à cette réaction
typique ; le reste du corps représente le résultat d’une différenciation corré-
lative, sous l'influence de la partie dominatrice antérieure. CH. affirme qu’on
n'a rien à attendre, pour une connaissance plus complète de la vie, des
théories qui réduisent les êtres à des assemblages de déterminants, de
facteurs, de corpuscules. Il faut faire intervenir quelque chose qui coordonne
tout cela en une unité physiologique. La conclusion n’est pas très éloignée
d'une sorte de vitalisme. CH. PÉREZ.
13.365. GOODRICH, E. S. Metameric segmentation and homology.
(Segmentation métamérique et homologie). Quart. Journ., t. 59, 1913 (227-
248, pl. 1546).
Les biologistes ont trop. souvent tendance à croire que les organes
réellement homologues doivent occuper la même position par rapport aux
divers segments du corps. G., en se basant sur des exemples empruntés
surtout aux Poissons et Amphibiens, cherche à montrer que les efforts tentés
pour homologuer les organes suivant la place qu'ils occupent dans la série
des segments conduisent à des résultats absurdes. Sa conclusion est que, chez
les animaux Vertébrés et autres, deux organes peuvent être considérés comme
homologues quand on peut les ramener à un organe correspondant de
l'ancêtre commun des deux espèces envisagées, et ceci quelle que soit leur
position dans le corps. L'homologie est ainsi indépendante de la place et du
nombre des segments qui participent à la formation des organes. Ceux-ci sont
homologues qu'ils soient composés de deux ou de plusieurs segments,
identiques ou différents, et même qu'ils ne soient pas segmentés du tout.
L'homologie présente plusieurs degrés ; elle est complète lorsque toutes les
parties de deux organes considérés se retrouvent dans l'organe correspondant
de l'ancêtre commun. A. DRZEWINA.
13.366. WHEELER, Ruru. Feeding experiments with Mice. (Expériences de
nutrition avec les Souris). Journ. exper, Zoôl.,t. 15, 1913 (209-233, 6 fig.).
Les Souris blanches se prêtent commodément à des expériences de
nutrition par des aliments artificiels. Elles ont pu être conservées pendant six
ie
NS CU LE LL ne 12: La
18. 267. N
4
43. 368. H
EAP A n CPI et
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 125
mois en bonne santé avec un régime contenant une seule protéine, la caséine ;
et pendant des périodes de un à cinq mois avec un régime analogue, où la
caséine était remplacée par la lactalbumine ou par des protéines végétales. La
gélatine et la zéine ne peuvent pas remplacer plus de la moitié de la protéine ;
et même, dans le cas de la gélatine, cette proportion ne peut pas être atteinte
s'il s'agit d'obtenir un regain de poids; d’ailleurs les exigences nutritives
nécessitées par la croissance peuvent être fort différentes de celles que
comporte le simple entretien ; pour la croissance les Souris exigent une plus
forte proportion de protéine et de cendre que les Rats, dont la croissance est
plus lente. Après des arrêts de plusieurs mois, déterminés par un régime
trop pauvre, la capacité de croissance des jeunes Souris n'est pas perdue, et
le retour à un régime plus favorable détermine un bond de eroissance plus
apide que la normale. CH. PÉREZ.
OWIKOFF, M. Studien über das Knorpelgewebe von Wirbel-
losen. (Études sur le tissu cartilagineux des Invertébrés). Zeitschr. f.
wiss. Zool., t. 103, 1912 (661-717, 13 fig., pl. 15-17).
De ses recherches sur un grand nombre de types variés, N. conelut qu'un
tissu cartilagineux, caractérisé par une substance fondamentale, intercellulaire,
contenant plus ou moins de chondromucoïde, est plus répandu qu'on ne l’a
souvent admis chez les Invertébrés. Les Cœlentérés en sont dépourvus;
l'encosternite des Arthropodes (Limulus, Cypris) est un simple tissu
conjonctif d'aspect cartilagineux ; mais c'est du véritable cartilage que l’on
observe chez les Mollusques, les Annélides, et dans le squelette branchial de
la Limule. Ce cartilage rappelle d'ailleurs par sa constitution parenchy-
mateuse, le cartilage embryonnaire ou jeune des Vertébrés, ou le cartilage des
Cyclostomes adultes. N. étudie d'autre part l'architecture de la substance
fondamentale, en rapport avec la fonction des pièces squelettiques : simple
réseau dans l'appareil branchial de la Limule, il est renforcé par des
poutrelles ou colonnettes dans la pièce subradulaire des Gastéropodes, par
des couches cylindriques ou par un périchondre solide dans les axes rigides
des branchies de Polychètes. CH. PÉREZ.
EDRICK, U. P. A striking correlation in the Peach. (Une remar-
quable corrélation chez le Pêcher). Science, t. 37, 1913 (917-918).
La corrélation dont il s’agit est la suivante: les Pêchers dont la fleur
présente un calice à paroi interne verte donnent des fruits à chair blanche,
tandis que les Pêchers dont la fleur possède un calice à paroi interne de colo-
ration orangée produisent des fruits à chair jaune (la coloration orangée
pénètre même dans quelques-unes des assises parenchymateuses du ee
Ce caractère de coloration du calice en corrélation avec la couleur de la chair
du fruit est transmis tel quel et sans degrés intermédiaires lors des croise-
ments. H. estime que les deux organes dans lesquels la corrélation se montre
sont des unités morphologiques différentes ; tandis que la faculté de produire
une même couleur — avec de simples différences d'intensité probablement —
dans les parties où l'on trouve cette couleur à des époques relativement
éloignées l’une de l’autre (époque de la floraison pour le calice, époque de la
maturation pour le fruit) doit être considérée comme une unité physiologique.
Il resterait à expliquer pourquoi cette couleur est localisée dans les deux
organes en question, au lieu d’être répandue dans le tissu de même nature
entrant dans la constitution des autres parties du végétal, comme le sont
généralement les couleurs offrant entre elles des exemples de corrélation.
Enm. BORDAGE
126 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS..
VARIATION
13.869. I, MERCIER. Variations chez Panorpa communis L. et chez Panorpa
germanica XL. Arch. Zool. expér. et gén. (Notes et Revue), t. 51, 1913
(17-83, 2 fig.).
M. signale un certain nombre d'anomalies dans la moucheture des ailes, la
coloration de l'abdomen, la nervation des ailes, montrant une fluctuation assez
étendue, allant jusqu’à interchanger les caractères qui sont ordinairement
utilisés pour la diagnose différencielle des deux espèces voisines P. communis
et P. germanica. CH. PÉREZ.
13.370. FRITSCHE , ErxEesr. Eine interessante Varietät von Aallus
aquaticus XL. (Une variété intéressante de R: a.). Zoolog. Anzeiger, t. A,
1913 (193-195).
Il s’agit d'un Râle à pigmentation anormale ; au lieu de la coloration
habituelle brun-olive il est en partie mélanisé, en partie albinos; l'auteur
se donne beaucoup de peine pour expliquer la coexistence de cette double
anomalie, parce que le mélanisme est considéré comme une variation
progressive et l'albinisme comme une variation régressive; comment un
individu peut-il les présenter en même temps? Mais la contradiction n'est-
elle pas due simplement à ce que les conceptions de variation progressive
et régressive n'ont pas de valeur réelle. M. CAULLERY.
13.371 SAFIR, Sxezey R. À new eye color mutation in Drosophila and
its mode of inheritance. (Une nouvelle mutation de couleur de l'œil
chez la Dr. et son hérédité). Biolog. Bulletin, t. 25, 1913 (45-51).
Cette nouvelle couleur, dite vermillon-cerise, est apparue chez quelques
mâles issus du croisement d'une femelle à ailes longues et yeux vermillon
avec un mâle miniature à yeux rouges (Cf. Bibliogr. Evol., n° 11, 205
13, 218). S. suppose que cette nouvelle couleur est due à un caractère
sex-conjugué comme le vermillon, représenté chez le mâle à l'état doublement
récessif. Les formules de constitution des gamètes établies sur cette hypothèse
sont confirmées par l'étude analytique de divers croisements effectuésentre les
mutants et les autres types déjà distingués de Drosophiles.
Cu. PÉREZ.
13.372. DEWITZ,J. Uber die experimentelle Abänderung von Orga-
nismen durch die chemische Beeinflussung ihrer Fort-
planzungskôrper. (Sur la modification expérimentale d'organismes par
action de substances chimiques sur leur appareil reproducteur). Biolog.
Centralbl., t. 33, 1913 (10-14 et fig.).
D. met des graines de cornichon, pendant 9 jours, dans une solution d'acide
borique à 0,5 °, puis les lave et les sème. Il obtient des plantes à feuilles
très grandes, naines, à aspect ramassé et qui ne grimpent pas. Naturellement
il a fait des témoins qui ont été normaux. Il paraît s'agir d’une action spéei-
fique du bore, mais non d'une action toxique, car l’acide salicylique, le
formol, le cyanure de potassium, etc., qui sont toxiques n’ont produit aucune
modification. M. CAULLERY.
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONISs 127
14373, MITCHELL, Craune W. Experimental induced transitions in the
morphological characters of Asplanchna amphora Hudson,
together with remarks on sexual reproduction. (Variation
expérimentale chez un Rotifère, A. 4). Journ. exper. Zoûl., t. 15, 1913 (91-
127, 3 fig.).
Le Rotifère Asplanchna amphora peut présenter dans son cycle évolutif
diverses formes (Powers, V. Bibl. evol, n° 13. 28) : de l'œuf fécondé sort une
petite femelle sacciforme, qui se reproduit ordinairement sous cette même
forme pendant plusieurs générations ; puis cette forme donne naissance à une
forme plus grande, bossue, qui est généralement connue comme la seule forme
naturelle de l'espèce ; enfin la première et surtout la seconde forme peuvent en
donner une troisième encore plus grande, campanulée. Le type sacciforme se
reproduit indéfiniment quand les conditions d'élevage demeurent uniformes. Le
changement de température n'a en lui-même aucune influence déterminante
sur les changements morphologiques. Le jeûne n'a pas d’effet sur le type sacci-
forme ; mais, affectant le type bossu, il détermine sa mutation rétrograde. Les
alternatives de jeûne et d'alimentation ne produisent pas de mutation dans les
cultures d'individus isolés, mais paraissent en produire dans les cultures en
masse. Un changement de nourriture, tel que la substitution aux Paramécies
d'Oxytricha, d'Euglènes, de Moina, Brachionus, Hydatina, provoque la
mutation du type sacciforme en type bossu. Les substances dissoutes dans
le milieu de culture ou dans l'eau introduite avec les aliments sont sans
action ; c'est l'aliment lui-même qui intervient. Il y a un rythme physiologique
bien marqué dans le développement des générations successives. Une femelle
étant maintenue dans des conditions d'élevage uniforme, c'est pendant la
période moyenne qu'elle fournit le plus de nourriture à ses embryons, Dans
une lignée d’hérédité donnée, sans mutation, la taille du parent est sans
influence sur la taille des produits. La production de mâles est rare dans le
type sacciforme, abondante dans les deux autres. [Cf. LANGE, Zoo. Anz.,
t. 38, 1911]. CH. PÈREZ.
13.374. JOLLOS, Vicror. Experimentelle Untersuchungen an Infu-
sorien. (Recherches expérimentales sur les Infusoires). Biolog. Centrabl.,
t. 33, 1913, (p. 222-230).
J. insiste sur la nécessité d'opérer en lignée pure, afin d'avoir des matériaux
bien comparables. C’est ce qu'il a fait sur Paramecium caudatum. Wa
examiné d’abord l’action de la température. En soumettant pendant de longues
périodes (plusieurs mois) une lignée à une température basse (19) ou élevée
(31°) ïl l'a vue d'abord grandir (à basse température) ou rapetisser (à haute
température) puis, dans un cas comme dans l’autre, revenir à la taille initiale. —
Des lignées distinctes supportent très inégalement des températures extrêmes.
En exposant à ces températures des populations mixtes, il se fait en elles une
sélection des lignées pouvant supporter les conditions où on les place.
L'action de la température extrême moins prolongée ne produit pas de transfor-
mations héréditaires.
J. a expérimenté aussi en faisant agir des toxiques (arsenic). On a pu
(Earuicn, MESNIL, etc.), produire des races de tryponosomes résistant à des
poisons arsenicaux où antimoniaux, à des sérums, etc., mais J. remarque que
: là on ne peut analyser suffisamment le matériel sur lequel on agit; ce sont des
populations. En opérant en lignée pure sur des Paramécies, il n'a pas pu
128 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
réaliser par sélection une élévation de la résistance aux poisons. Il n'y *
aurait pas d'adaptation d’une lignée donnée, en tout cas pas de transformations
permanentes.
Au cours de ses expériences sur les toxiques, J. a obtenu cependant
» lignées résistantes, se comportant comme des mutations, conservant leur
résistance après séjour de plusieurs semaines en eau pure. Mais cette propriété
s'est peu à peu perdue, ou a subitement disparu après une conjugaison. Il n'y
a donc pas eu, suivant J., même dans ces cas, altération de la constitution
génotypique. Il appelle ces tranformations des modifications durables, et les
distingue des mutations. Ce sont elles qu'on a dû prendre généralement, à
tort, pour des mutations, chez les Protistes. Il y a cependant chez eux de
véritables mutations. On est donc en présence, suivant les cas, de modifications
passagères, de modifications durables ou de mutations.
Les idées directrices de ces recherches dérivent, comme on le voit, des
travaux de JOHANNSEN. M. CAULLERY.
143.375. DARLING, S.T. The production in kittens inoculated with
Entamæba tetragena of pathological forms identical with
Entamæba histolytica. (La production de formes pathologiques identiques à
ÆE. h. chez de petits Chats auxquels on a inoculé l'E. 4.). Science, t. 37, 1913
(524).
Après inoculation rectale de trophozoïtes d'Æ. tetragena chez des petits
Chats, D. a observé une réduction sensible de la taille de ces trophozoïtes, en
même temps qu'il notait la production de chromidies. Le noyau offrait les
caractères correspondant à Æ. fetragena et notamment un karyosome
proéminent. Lorsque les petits Chats composant le dernier lot eurent
succombé à la dysenterie, D. constata la présence, dans leur intestin, de
kystes typiques de l'Æ. fetragena associés à des formes identiques à celles
qui ont été figurées par HARTMANN, d’après des préparations de l'Æ. histo-
lytica dues à SCHAUDINN. On doit certainement voir là des manifestations de
changements pathologiques cellulaires (dislocations du noyau, karyolyse et
expulsion du noyau). Ce processus de bourgeonnement paraît analogue à
certains changements pathologiques qui se produisent dans le cytoplasme de
différentes cellules mononucléaires des Métazoaires, — dans les lymphocytes,
par exemple. D. en arrive à la conclusion que l'Æ. histolytica est une espèce
non valable, créée à tort par SCHAUDINN et CRAIG pour de simples formes
séniles de l’Æ, tetragena. Em. BORDAGE.
13.376. PEARL, Raymoxr. A case of triplet Calves. (Un cas de gémellité triple
chez la Vache). Ann. Rep. Maine Agric. Exper. Station, 1912 (259-282, pl. 1).
P. rapporte un cas de gémellité triple chez une Vache qui sur huit portées
a eu deux fois deux et deux fois trois jumeaux. Dans le cas qu'il étudie en
détail il y eut un veau qui se comporta ultérieurement comme un mâle
normal et deux génisses qui ne présentèrent jamais de rut.
P. examine d'autre part les questions de biologie générale qui se posent
à propos des gestations multiples dans les espèces qui sont normalement
unipares: cause de la gémellité, détermination du sexe, hérédité de la
Le]
tendance multipare, etc. CH. PÉREZ.
13.377. ATKINSON, GEro F. Is the biennial habit of Œnothera races
constant in their native localities ? (Le caractère bisannuel des
D SE. , ER
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 129
races d'Œnothères est-il constant dans leur pays d'origine ?). Scrence, 1. 37,
1913 (716-717).
Certaines races de l'Œ. biennis, normalement bisannuelles dans la région
d'Ithaca (État de New-York) où elles croissent librement, donnent quelquefois
des individus annuels lorsqu'on les cultive dans cette même région. A, a
constaté la chose pour 3 de ces races qu'il désigne de la façon suivante :
race 2, race 16 et race 17. La race 2, considérée quelquefois comme une
espèce proprement dite sous le nom de Œ. nutans, a donné 3 individus
annuels sur 60 plants, la race 16 un individu annuel sur 300 plants et la
race 17 cinq individus annuels sur 100 plants. Par contre, la race 1, élevée
fréquemment au rang d'espèce sous le nom d'Œ. pycnocarpa, S'est montrée
constamment bisannuelle. A. signale aussi quelques individus de la race n° 2
(Œ. nutans) qui se sont comportés comme des plantes vivaces. A la fin de la
seconde année de leur existence, ils semblaient condamnés à périr, car la tige
et les ramifications avaient revêtu une teinte brun foncé après la chute du
feuillage. Mais bientôt, sous l'influence d'une température favorable, des touffes
de jeunes feuilles et des pousses nouvelles firent leur apparition sur les
vieilles tiges brunies. EDM. BORDAGE.
3.378. GATES, R. R. Tetraploid mutants and chromosome mecha-
nisms. (Mutants tétraploides et chromosomes). Biolog. Centralbl., t. 33,
1913. (92-99, 113-150).
G. énumère les cas connus d'organismes (30 plantes et 7 animaux) à
4 n chromosomes (fetraploëdes). Les triploides (3 n) sont tous des hybrides
@n x n). Œnothera gigas, est un tétraploïide qui provient soit de l'union de
deux gamètes n'ayant pas subi la réduction, soit d’une cellule mère apogame
possédant 4 n chromosomes ; G. admet que la tétraploidie résulte de la suspen-
sion d'une mitose commencée, soit juste avant, soit juste après la fécondation.
— Etude de diverses lignées (d'origines indépendantes) d'Œnoth. gigas, de leur
po'len. — Divers caractères d'Œ. gigas, seraient dus à la tétraploidie (forte
tendance bisannuelle, grandes graines, fruits courts, etc...) — G. examine les
divers types d’irrégularités dans le nombre et la disposition des chromosomes
chez Œ. gigas. Toute cette étude est basée naturellement sur la conception de
l'individualité et de la permanence des chromosomes. M. CAULLERY.
13.379. GATES, R. R. A contribution to a knowledge of the mutating
Œnotheras. (Contribution " l'étude des mutations des Œnothères).
Trans. of the Linnean Soc., t. 8, 1913 (67 p. et 6 pl.}.
pense que les perturbations germinales qui ont donné naissance aux
mutantes ont eu pour cause initiale quelque croisement entre plants croissant
à l’état sauvage ou entre plants cultivés dans des jardins botaniques. La
nature exacte de ces perturbations n'est pas connue. Chez Œ. gigas, le
changement essentiel semble s'être produit dans la cellule-mère | mégaspore],
ou lors des premières divisions de l'œuf fécondé, ou enfin pendant les
divisions réductrices des cellules-mères du pollen. Quand à Œ. rubricalyx
ce serait le résultat d'un croisement entre deux cellules germinales
dont l'une n'aurait pas été modifiée par la mutation, tandis que l'autre
l'aurait été. D'autre part, il n'est pas facile d'expliquer le comportement de
mutantes telles que l'Œ. rubrinervis et TŒ. nanella, en leur supposant
Bibl. Evol. IV. 9
130 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
une origine hybride, sans tomber dans une contradiction. A chaque
génération, Œ. rubricalix donne un certain pourcentage de formes faisant
retour au type maternel, Œ. rubrinervis, jusqu'à ce qu'une race homozygote
soit obtenue; mais, chez la plupart des autres mutantes, ces réversions ne
se produisent pas.
G. pense, comme H. de VRIES, que les causes des mutations sont internes.
Pour l'instant, il serait impossible de dire si elles sont attribuables à des
irrégularités dans les distributions de chromosomes ou à l’action de stimuli
particuliers. Il ne faudrait pas croire, toutefois, que les mutations n'appa-
raissent qu'après un mélange de plasmas germinatifs. Il existerait, en réalité,
deux sortes de mutations: {1° celles qui se produiraient après le mélange de
plasmas germinatifs ancestraux ; 2° celles qui apparaîtraient dans les lignées
pures. Puisque l'on a découvert de nombreux cas de mutation, il serait
impossible de refuser à ce facteur un rôle important dans la formation des
espèces.
EbM. BORDAGE.
13.380. HECKEL, Enouarp Er VERNE CL. Sur les mutations gemmaires
culturales de Solanuwm inmite Dunal, S. jamesii Torr. et S. tube-
rosum E., C. R. Ac. Sci., t. 157, 1913 (484).
(CF. Bibl. Evol., 13, R4-2"?). Les tubercules sauvages rapportés en 1911 de
Chançay (Pérou) par V. ont muté, en culture, dès 1912, donnant des tubercules
de 10-12 gr., sans stolons, féculents, sans lenticelles saillants et dépourvus
d'amertume. Ces tubercules mutés, cultivés au jardin botanique de Marseille,
ont donné, cette année, des résultats confirmatifs et plus accentués. (modi-
fication de l'appareil aérien). — De même, à Marseille, à la 4° année de culture,
H. a obtenu une mutation des tubercules de S. jamestii (espèce du Mexique);
les tubercules mutés sont petits (2 gr.), mais jaunes (et non pas violets), sans
stolons, ni lenticelles, féculents, non amers. — Des tubercules sauvages de
S. tuberosum provenant du Pérou et de la Bolivie (considérés par BiTrEer
comme deux espèces nouvelles S. #n7edians et NS. acaule) ont montré la
mutation dans plusieurs stations de culture (Marseille, Gières, Saint-Martin-
d'Uriage). En somme, en faisant prédominer dans la culture le fumier de
poulailler, les auteurs ont obtenu la mutation totale ou souterraine de cinq
espèces (S. commersonti, maglia, tuberosum, immite, jamesii). Un mémoire
plus étendu paraît en même temps dans le Bulletin de la Société nationale
d'agriculture de France (1913, p. 612-628).
M. CAULLERY.
1.381. lECKEL, E. Les mutations gemmaires culturales de Solanum
tubérifères. Rer. Sci.,S nov. 1913 (577-582).
H. passe en revue dans cet article l'ensemble des résultats qu'il a obtenus
et s'efforce de justifier l'appellation de #utations qu'il leur a appliquée, en
discutant les critiques qui lui ont été adressées (ce seraient des variations
gemmaires, — ou des phénomènes de disjonction de plantes hybrides, —
ou des formes anciennement cultivées chez qui la culture ferait reparaître
certaines modifications latentes). H. maintient le terme de mutation et ne
voit toujours pour expliquer les faits que l'hypothèse d'une infestation
symbiotique des tubercules.
M. CAULLERY.
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 131
HÉRÉDITÉ
13.382. KAMMERER, Pauz. Vererbung erzwungener Farbverände -
rungen. IV. Das Farbkleid des Feuersalamanders (Sa/a-
mandra maculosa Laurenti) in seiner Abhängigkeit von der
Umwelt. (Hérédité de changements de couleurs imposés. Le système de
coloration de la Salamandre en fonction du milieu). Arch. Entwichl. mech.,
t. 36, 1913 (4-193, pl. 2-16).
K. donne l'exposé complet des expériences, qu'il poursuit depuis son enfance,
d'élevages de Salamandra maculosa dans des milieux diversement colorés.
Il ne peut être question de résumer ici ce mémoire bourré de faits. Bornons-
nous à indiquer les résultats principaux. Comme on le sait déjà par des
publications antérieures de K., la coloration des Salamandres est nettement
influençable par celle du milieu où on les élève. Sur argile jaune, il y a
augmentation manifeste du jaune, sur terre noire de jardin augmentation
inverse du pigment mélanique. Et la modification produite est héréditaire, en
ce sens que les jeunes issus de Salamandres ainsi spécialisées dans un sens
ou dans l’autre, et qui ont vécu sous leur forme larvaire dans un milieu
indifférent, manifestent, au moment de leur métamorphose, une tendance à
reproduire l'excès, acquis chez leurs parents, de l’un des pigments fonda-
mentaux. L'étude d’élevages sur papier jaune ou noir, sur fond de sable
indifférent comme couleur, mais plus ou moins humide, permet de
reconnaitre que l'argile et la terre de jardin agissent respectivement chacune
par deux influences simultanées: l’une par son humidité en même temps
que par sa couleur jaune, l’autre par sa sécheresse relative en même temps
que par sa couleur noire. Le degré d'humidité a une action directe sur la
peau, car son influence s'exerce identiquement de ia même manière sur
des Salamandres aveuglées, pourvu toutefois que l'obscurité ne soit pas
complète. Au contraire l'influence de Ja coloration jaune ou noire du milieu,
supprimée chez les Salamandres aveuglées, apparaît comme faisant intervenir
la perception colorée elle-même, et comme exigeant l'entremise de l'œil et du
système nerveux. Quant au mécanisme histologique de la transformation du
dessin, si lent chez les Salamandres, il se rattache cependant sans doute à celui
des changements physiologiques rapides, de contraction et d'extension dont
sont susceptibles les chromatophores. Ceux-ci existent en effet chez les larves ;
il est bien probable que seule la densité du pigment empêche de les percevoir
chez les adultes. Chaque couleur fondamentale provoque l’étalement et facilite
la multiplication des chromatophores homologues, et agit inversement sur
ceux de l’autre couleur.
Dans les croisements variés entre deux races naturelles, {ypica (irréguliè-
rement tachetée) et #æniata (à bandes longitudinales symétriques), K. a
constaté des phénomènes d’hérédité mendélienne. Les deux types de dessin,
typica et tæniata constituent un couple allélomorphe où #ypica est dominant.
De même l'abondance du jaune ou son intensité de teinte domine les
caractères inverses. Les croisements de races présentant de nouveaux dessins,
créés par élevage sur fonds noir ou jaune, ont fourni des retours ataviques à
la forme typica (Cf. retour au Biset chez les Pigeons, DARwIN).
Il est assez remarquable qu'une race à bandes symétriques, obtenue par
élevage sur argile jaune, et ressemblant à la race {æmiata naturelle, se montre
132 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
plus solide qu'elle dans les croisements ; son caractère de dessin n’est pas
complètementlatent en F,, et par conséquent n'est pas complètement dominé par
typica ; en F3 il y a mélange sans disjonction. D'autre part des expériences de
transplantations d’ovaires ont été suivies de reproduction, et les résultats
comparés à ceux que l’on pouvait attendre (d'après les résultats de croisements
ordinaires) montrent que, au moins dans les cas où la femelle sujet possède
une qualité héréditaire nouvelle (bandes longitudinales), il y a induction
somatique qui influence le plasma germinatif de l'ovaire greffé et qui se
manifeste chez les produits par l'hérédité du caractère acquis.
Cu. PÉREZ.
13383. NEWMAN, HN. H. The modes of inheritance of aggregates of
meristic (integral) variates in the polyembrzyonic off-
spring of the nine-banded Armadillo. (Hérédité de groupements de
variations méristiques dans les portées polyembryoniques du Tatou). Journ.
exper. Zoûl., t. 15, 1913 (145-192).
N. continue ses études sur les manifestations de l'influence héréditaire sur
ce matériel de constitution particulièrement identique que constituent les
quatre jumeaux d’une même portée de Tatw novemcinctum, issus par
polyembryonie d’un seul œuf (Cf. Bibliogr. evol., n° 12, 58, 59). La
ressemblance, pour de grandes portions de l’armure dorsale, est particulière-
ment étroite et confirme ce postulat des taxonomistes que la ressemblance
est en raison directe du voisinage coïsanguin. Dans une même quartette de
jumeaux, il y a une sorte de ségrégation des influences des deux parents, de telle
sorte que certains individus, dans tout ou partie de leur armure, ressemblent
plus étroitement à l’un des parents, tandis que les autres ressemblent à
l'autre parent. Il s:mble done qu'il n’y ait pas une personnalité pour chaque
_quartette, déterminée dès la fécondation de l’œuf, mais au contraire, dans
chaque individu, une lutte entre les influences des deux parents, qui se
poursuit pendant tout le développement embryonnaire. Les groupes de
plaques de l’armure des Tatous constituent un matériel exceptionnellement
favorable pour l'étude de l’hérédité de variations méristiques. L'agencement
de ces groupes se développe en effet entièrement dans lutérus, et ne dépend
pas des conditions de nutrition extérieure comme les caractères impliquant
des variations de taille, qui ont été jusqu'ici l'objet ordinaire des recherches
génétiques sur ce sujet. Il n'est pas rare d'observer des différences de faille
entre les quatre jumeaux d’une portée, sans que ces différences aient la
moindre influence sur les nombres de plaques. Pour les groupes de plaques
tels qu'ils ont été considérés par N. l'hérédité est surtout alternative, avec un
peu de mélange (blending) ; et il est probable que cette apparence de mélange
disparaîtrait si l'on considérait des groupes moindres, car elle doit être due,
pour de grandes régions de larmure, à une moyenne entre des régions
moindres où l'hérédité est en réalité soit paternelle soit maternelle. Il n'est
pas douteux d'ailleurs, que la dominance est très incomplète, comme cela est
général dans les cas d’hérédité alternative, même pour des caractères simples.
On doit même penser que la dominance apparaîtra d'autant moins complète
que l'on poussera plus loin l'analyse et que l’on précisera la comparaison .des
parents et des produits. Aussi est-il remarquable que dans le cas actuel, pour
des groupes de plaques moins nombreux, tels que les anneaux de la queue,
la dominance est beaucoup plus parfaite: un grand nombre d’anneaux
(RE
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 133
présentent exactement le même nombre de plaques que les anneaux corres-
pondants de la mère ; et on peut supposer que d’autres reproduisent de même
ceux du père. CH. PÉREZ.
DS. 384. PEARL, RAymonn. The mendelian inheritance of fecundity in
Lis Se:
the domestic Fowl. {Ilérédité mendélienne de la fécondité chez la
Poule domestique). Amer. Natur., t. 46, 1912 (697-711).
Résumé Ge recherches déjà analysées (Bibliogr. erol. n° 12, 347.)
P. insiste sur l'importance de ses conclusions expérimentales au ou de vue
du problème de la sélection. La sélection doit être comprise comme un plan
raisonné de croisements, fondé sur la connaissance de l'hérédité gamétique
du caractère que l’on a en vue. Il ne semble pas, jusqu'ici, qu'elle puisse faire
autre chose qu'isoler des biotypes purs, à partir d'une population mélangée ;
ou réaliser et maintenir certaines combinaisons de caractères qui feraient
défaut ou n'apparaîtraient que très rarement dans des croisements abandonnés
au hasard. Cu. PÉREZ.
13.385. WILSON, Epuuxo B. Heredity and microscopical research.
CE
(L'hérédité et les recherches microscopiques). Science, t. 37, 1913 (814-826).
Cette conférence, faite à l'Université de Pensylvanie, n’est guére que la
répétition des remarquables idées exposées par W., quelques mois auparavant,
dans American Naturalist (V. Bibliogr. evol., n° 13, 182). Les conclusions
ne diffèrent que très légèrement. W. déclare que les théories qu'il a analysées
ne contiennent « aucun élément mystique ou transcendental ». Elles sont
entièrement en accord avec les principes de la chimie physiologique. Elles ne
représentent toutefois qu'une solution partielle du problème de l'hérédité, et
on ne saurait les considérer comme définitives. Il y a lieu de supposer
que nos descendants considéreront peut-être comme bien naives et bien
simplistes certaines des explications que nous adoptons actuellement. Certes,
de grands progrès seront réalisés. Malgré cette perspective consolante, aux
personnes qui lui demanderaient si l'on peut espérer arriver à une solution
complète et définitive du problème de l'hérédité, W. craindrait d'être obligé
de répondre négativement. Le savant est le premier à admettre que la science
est impuissante à scruter la nature intime des phénomènes. Ce que lon
considère comme l'explication de l'un de ceux-ci aboutit seulement à la
découverte de nouveaux phénomènes, formant une série indéfinie, et qui restent
à expliquer à leur tour. Telle est la caractéristique essentielle du progrès
scientifique, 2DM. BORDAGE.
13.386. WENTWORTH, Epwarn N. Inheritance of mammæ in Duroc
Jersey Swine. (Hérédité des mamelles chez les Porcs de la race Duroc
Jersey). Amer. Natur., t. 47, 1913 (257-279).
Le siège de la variation la plus marquée est la deuxième paire de mamelles ;
ce qui est peut-être dû au type de variation chez les reproducteurs mâles. Il
existe une différence marquée en ce qui concerne le nombre des mamelles
chez les différentes races. BATESON a constaté que, chez les représentants des
races « Tamworth » et « Berri e», 71°, possèdent 13, 14 ou 15 mamelles.
Chez la race « Duroc Jersey », étudiée par W., 90 , des individus présentent
10, 11 ou 12 mamelles. Rien ne prouve que l’asymétrie soit unilatérale au
point de vue de l'hérédité : l'asymétrie mammaire chez l'un des parents
134 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
n'entraine pas nécessairement, chez les descendants, l'asymétrie du même
côté du corps.
W. n'a pas découvert d'unités mendéliennes nettement distinctes en ce qui
concerne la série des mamelles abdominales ; mais les relations entre les
grands-parents et la progéniture, ainsi que les relations entre les parents et la
progéniture, semblent indiquer quelque ségrégation particulière. Les deux
rudiments qui se trouvent en arrière de la paire de mamelles inguinales se
comportent comme un simple caractère-unité mendélienne qui serait seæ-
limited. EDm. BORDAGE.
13.387. KELLY, James P. Heredity in a parthenogenetic Insect. (L'héré-
dité chez un Insecte parthénogénétique). Amer. Natur., t. 47, 1913 (229-234).
L'insecte étudié est l'Aphis rumicis, qui vit sur les Pavots et sur les
Capucines. Chez les descendants parthénogénétiques de cet Aphide, on ne
constate point trace d'hérédité des Çidiosyncrasies » somatiques maternelles.
I y aurait seulement hérédité du plasma germinatif commun à tous les
individus de l'espèce. La progéniture issue de mères offrant des différences
très nettes au point de vue somatique a montré, de façon constante, des
caractères très uniformes. En résumé, les variations somatiques manifestées
chez différentes lignées parthénogénétiques ne sont pas héréditaires.
EM. BORDAGE.
1.388. SHULL, A. FRANKUN. Inheritance in Aydatina senta. 1. Viability of
the resting eggs and the sex ratio. (Hérédité chez l'Hydatine.
I. Viabilité des œufs d'attente et rapport numérique des sexes). Journ. exper.
Zoël., t. 15, 1913 (49-89, 2 fig).
Contrairement aux œufs parthénogénétiques, les œufs fécondés d'Hydatina
n'éclosent pas tous. Le pourcentage qui éclôt, mesure de ce que Su. appelle
la viabilité, peut, suivant les lots, varier de O0 à 70 °4. En croisant mâles et
femelles d’une même lignée parthénogénétique, on obtient des œufs dont la
viabilité est caractéristique de cette lignée. Et ce caractère est héréditaire ;
les croisements réciproques entre deux lignées donnent des œufs de viabilité
inégale, plus rapprochée pour chacun du chiffre maternel. D'autre part le
délai qui s'écoule entre la ponte de l'œuf et son éclosion est également
variable, et le degré d'uniformité dans cet écart est aussi un caractère de la
lignée, se comportant dans les croisements avec une hérédité matrocline. Les
inégalités héréditaires entre deux hybrides réciproques ne se manifestent
d’ailleurs que pour les premiers œufs hybrides ; si, à partir de ces œufs on
cultive des hgnées parthénogénétiques, les œufs obtenus ultérieurement dans
une lignée ou dans des croisements réciproques, manifestent des caractéris-
tiques égales. L'étude de ces hybrides réciproques conduit Su. à écarter l'idée
d’une influence du cytoplasme dans l’hérédité. Le cytoplasme n'est qu'un
élément du milieu pour le zygote ; et quand de nouvelles synthèses cytoplas-
miques ont été opérées sous l'influence des noyaux conjugués, les résultats
sont identiques dans les deux lignées d'hybrides réciproques. Etant donnée la
rapidité avec laquelle une première sélection, pour la forte ou faible viabilité,
entre des œufs hétérozygotes à ce point de vue, donne son plein effet, que des
sélections ultérieures ne peuvent accroître, il semble que le caractère viabilité
ne soit relié qu'à un petit nombre de facteurs. Après plusieurs croisements
dans une lignée hétérozygote, la sélection devint inefficace ; la lignée avait
donc dù devenir homozygote. Le rapport numérique des sexes (proportion des
13.389.
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 135
pondeuses de mâles) est un caractère héréditaire dans chaque lignée ; il est
probablement sous la dépendance de nombreux facteurs. CH. PÉREZ.
KUTTNER, Orca. Ueber Vererbung und Regeneration angebo-
rener Missbildungen bei Cladoceren. (Hérédité et régénération
d'anomalies congénitales chez les Cladocères). Arch. Enhoickl. mech. t 36,
1913 (649-670, 30 fig.).
Mie K. a étudié la transmission héréditaire et la réapparition après ampu-
tation d'un certain nombre d'anomalies congénitales des antennes natatoires
chez les Daphnies. Il apparaît incontestable qu'il s'agit là d'anomalies en
rapport avec la constitution héréditaire de la lignée ; mais d’un autre côté les
irrégularités de transmission ou de régénération montrent que ces anomalies
ne sont point liées à des facteurs génétiques invariables; mais que les
ébauches des organes considérés, qui dans les individus normaux manifestent
une évolution déterminée et invariable, sont ici frappées d'une labilité spéciale
qui les rend susceptibles de réagir d'une façon variée au moindre stimulus,
et de donner côte à côte dans le même individu, des monstruosités dans des
directions diverses (excès et défaut, hypertrophie et atrophie, bifurcation et
soudure des soies). Cette conception rend compte à la fois de l'apparition
sporadique dans une lignée et de l'extrême diversité des anomalies.
Cu. PÉREZ.
13.390. KAJANUS, BmGer. Ueber die Vererbungsweise gewisser Merk-
male der Peta- und Brassiva-Rüben. (Hérédité de quelques
caractères dans les Betteraves et les Choux-raves). Dissert. inaug. Lund et
Zeitschr. f. Pflanz. zucht., t. 1, 1913 (125-186, 319-463, 2 fig., pl. 1-9).
La continuation de ses recherches (V. Zeëtschr. f. indukt. Abstamme-u.
Vererb. lehre, 1911 et 1912), et la critique plus approfondie de ses résultats de
croisements amènent maintenant K. à attribuer un rôle très limité au mécanisme
mendélien, dans l'hérédité de tous les caractères examinés dans la Betterave,
et de certains caractères dans le Chou. La raison de cette hérédité non
mendélienne doit être cherchée dans ce fait que dans les races de ces légumes
cultivés, il ne s'agit point de mutations stables dès leur première apparition ;
mais de modifications instables, maintenues par une sélection continuelle, par
des conditions culturales de croissance optimale, des précautions de pollini-
sation, et qui, abandonnées à elles-mêmes font rapidement retour à leur souche
primitive. Au lieu d'essayer de formuler les résultats en admettänt une foule
de gènes invariables, K. pense préférable de faire intervenir seulement un
petit nombre de facteurs variables. Si dans certains cas, dans des races plus
éloignées de leur origine, ces facteurs sont arrivés à une certaine stabilité, on
peut avoir des résultats numériques se rapprochant des proportions mendé-
liennes ; mais on ne doit pas s’y tromper ; il ne s’agit point là de mendélisme
vrai, en rapport avec des gènes immuables, mais d’un résultat qui indique
simplement la force accidentelle de certains facteurs. CH. PÉREZ.
43.391. WHITE, OrranD E. Bearing of teratological development in
Nicotiana on theories of heredity. (Relation entre le développement
tératologique du Tabac et les théories de l'hérédité). Amner. Natur., t. AT,
1913 (206-228).
W. a opéré des croisements entre des plants normaux de Nicotiana
136 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
tabacum et des plants présentant l'anomalie de la fasciation. De l'examen des
produits obtenus, il conclut qu’un « agent » exerce son action sur la structure
interne aussi bien que sur la structure dite externe, de façon à produire des
anomalies dans la structure de la cellule aussi bien que dans les groupements
de cellules constituant les organes.
Le type fascié diffère du type normal par la possession d'un caractère-
unité dépendant d'un facteur mendélien. Les croisements donnent pour Fa
le rapport 3: 1, aussi bien pour les caractères normaux que pour les
caractères anormaux. Avec 1n peu de pratique on distingue facilement l'hété-
rozygote auquel correspond la proportion 1: 2: 1. L’anomalie constitue
un caractère partiellement dominant qui est nettement transmis à la génération
F3. Le nombre des chromosomes est le même chez les deux formes croisées
@ n — 48). W. en arrive à la conclusion qu'il est prudent de montrer
beaucoup de scepticisme relativement à limportance des chromosomes en
matière d'hérédité et de ségrégation de caractères mendéliens.
Env. BORDAGE.
13.392. PEARL, Raymoxr. Genetics and breeding. (Éducation et élevage).
Science, t. 37, 1913 (935-946).
P. discute la relation qui existe entre la génétique et l’art pratique de
l'élevage. I fait remarquer tout d’abord que, sans l’aide de la science génétique,
l'art de l'élevage a atteint un très haut degré de perfection. Les méthodes
empiriques ont été couronnées de succès lorsqu'elles se sont trouvées en
accord avec les lois naturelles. Il n’est donc pas surprenant que les pratiques
de l'élevage n'aient pas été radicalement modifiées par les récentes découvertes
des lois de la génétique. Si P. déclare qu’une éducation complète en science
génétique n'est pas complètement indispensable pour la bonne direction d’une
ferme d'élevage, il s'empresse d'ajouter qu'il n’a jamais eu l'idée d'essayer
d’amoindrir l'importance de cette science. De plus, rien n'autorise à supposer
que le génétiste, jouet de quelque illusion, suggèrera des espérances
trompeuses à l’éleveur relativement à l'importance pratique immédiate des
principes récemment acquis en génétique. Ce qui doit nous inviter à poursuivre
ces recherches, ce n’est pas seulement l'idée qu'elles peuvent être utiles ;
c'est avant tout la constatation qu'elles correspondent à une branche des
connaissances humaines.
Epm. BORDAGE.
HYBRIDES
13.393. SCHULTZ, Warruer. Bastardierung und Transplantation. III. a.
Divergierende Bastarde. Mendeln und Mosaikvererbung.
b. Steironothie. (Greffe et hybridation. III. a. Hybrides divergents.
Mendélisme et hérédité en mosaïque. b. Steironothie). Arch. Entwickl.
mech., t. 317, 1913 (265-277).
ScH. continue ses recherches (V. Bibliogr. evolut., n° 13, 55.) sur la
corrélation entre la réussite de l'hybridation et celle de la greffe cutanée
entre les mêmes espèces. 4) Hybrides de Canaris et de Serins et de Linottes.
Entre les hybrides de mêmes espèces souches, la peau transplantée peut se
maintenir vivante plus d'un mois, même s’il y a entre ces hybrides une
disjonction (mendélienne ?) les rapprochant des espèces souches. Au point
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 1937
de vue de la survie des greffes, tous ces hybrides se comportent entre eux
comme les membres d’une même espèce. La survie de la greffe est moindre
entre un de ces hybrides et l'une des espèces souches. b) Hybrides entre
Cairina moschata et Anas boscas. Ces Canards donnent comme on sait,
facilement des hybrides; mais ceux-ci sont inféconds, leurs testicules
n'arrivant pas à produire des spermatozoïdes achevés. C'est le cas désigné
par Poz sous le nom de deutophilie, premier degré de la steironothie.
Les greffes présentent rapidement (à partir du 12° jour) une nécrose complète.
Entre Pigeon domestique et Tourterelle (T°. risortus) (tokonothie), on trouve
au contraire encore des mitoses au 13° jour. ScH. considère comme vraisem-
blable que cette antinomie des plasmas est la cause de l'avortement des
cellules sexuelles dans les cas de steironothie. La grande sensibilité des
éléments sexuels est sans doute en rapport avec leurs grandes exigences
nutritives. CH. PÉREZ.
13.394. SCHULTZ, Warruer. Vorschläge zum Studium der somatischen
Vererbung, der Bastardunfruchtbarkeit und der blasto-
genen Insertion mit Hilfe der Keimzellenverpflanzung.
(Conseils pour l'étude de l'hérédité somatique, de la stérilité des hybrides,
de l'insertion blastogène, à l'aide des greffes de cellules sexuelles). Arch.
Entwickl. mech. t. 37, 1913 (285-317).
Étude critique d’un certain nombre de - sur ces questions, à la
lumière des recherches personnelles de Scr., et conseils sur les précautions
prendre pour arriver à des résultats précis. Pour l’hérédité somatique,
il faut choisir un complexe de caractères héréditaires spécial pour la femelle
qui fournit l'ovaire, un pour la femelle qui reçoit en greffe cet ovaire, et
un pour le mâle. Pour l'insertion blastogène, il y a lieu d’élucider si des
glandes sexuelles, transplantées sur une espèce étrangère, peuvent présenter
dans leurs éléments une étape de différenciation supérieure à celle que
présentent les glandes des hybrides des mêmes espèces ; et si les glandes
sexuelles des espèces souches, transplantées dans les hybrides, présentent
une différenciation plus évoluée que les glandes des hybrides eux-mêmes.
Cette étude se confond en somme avec celle de l'hérédité Hbous
CH. PÉREZ.
43. 395. TENNENT, Davin H. Echinoderm hybridization. (L'hybridation chez
x les de Science, t. 37, 1913 (535-537).
T. estime qu'il règne une confusion apparente au sujet de cette question.
Des résultats différents ont été obtenus par divers expérimentateurs, et
quelquefois même par un seul expérimentateur opérant en différentes régions,
ou plus simplement dans une même région, mais en des saisons différentes.
Deux auteurs, DE MorGax et Fucus, le reconnaissent quand ils écrivent: « A
notre grande surprise, le comportement de quelques-uns des hybrides obtenus
par nous a grandement différé cette année [1912] de ce qu'il a été les années
précédentes. Au dernier stade larvaire, certains de ces hybrides ont montré
une hérédité exclusivement paternelle, tandis que, antérieurement, les carac-
tères des hybrides obtenus étaient exclusivement maternels ». Dès 1911, les
mêmes auteurs S'exprimaient ainsi : « Les résultats de nos recherches sur le
développement larvaire des Oursins hybrides nous ont montré que les larves
sont trop variables pour apporter aucune évidence nettement définie de l'in-
fluence de l’un ou de l’autre parent, et cela est particulièrement vrai en ce qui
138 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
concerne le squelette, qui doit être considéré en premier heu ». T. estime que
cette généralisation, basée sur un petit nombre d'expériences, est trop hâtive.
IL ajoute que ses propres expériences lui interdisent de conclure dans le
même sens. L'influence paternelle a été très nette .chez les larves hybrides
provenant de croisements entre Cidaris, Hipponoë et Toropneustes. L'auteur
est persuadé que le réel problème de l'hybridation chez les Échinodermes
consiste dans la détermination des conditions précises qui correspondent à
l'apparition de larves de types différents. EDm. BORDAGE.
13.396. MOORE, A.-R. Further experiments in the heterogeneous
hybridization of Echinoderms. (Nouvelle expérience sur la fécon-
dation des Échiaodermes par du sperme étranger). Arch. Entwickl. mech.,
t. 37, 1913 (433-439).
M. confirme les vues de LoeB (Pflügers Archiv., t. 10%, 1904), que, dans la
fécondation hétérogène des œufs de Strongylocentrotus purpuratus par le
sperme d’Asterias ochracea, c'est le sperme seul qui est modifié par le
passage dans l'eau de mer alcanilisée. Cette même fécondation peut être
réalisée dans l'eau de mer normale, pourvu que les ovules aient été préalable-
ment sensibilisés par un séjour de 4-5 minutes dans une solution à 3/8 M. de
Sr CL. Si les œufs sont, immédiatement après la fécondation, traités rapide-
ment par de l'eau de mer hypertonique, la vitalité des blastulas est considé-
rablement accrue ; si le traitement est prolongé de 15 à 40 minutes, les larves
atteignent le stade plutéus. CH. PÉREZ.
13.397. DAVIS, Brapzey Moore. Genetical studies on Œnothera. IV. (Études
de génétique sur les Œnothères. IV). Amer. Natur., t. 47, 1913.(449-476
et 547-071).
Poursuivant ses recherches sur les hybrides d'Œ. biennis et d'Œ. grandi-
flora, D. reconnaît que, s'il n’a pas encore obtenu, par une sorte de synthèse
opérée à l’aide de croisements, tous les caractères de l'Œ. Lamarchiana
réunis sur un seul plant, il a du moins groupé tous ces principaux caractères
taxonomiques dans un lot de quelques hybrides. Il espère d'ailleurs rencontrer
des types paternels et maternels dont le croisement donnera des résultats
encore plus nets. Ii désirerait surtout découvrir un type possédant le port
le feuillage de la forme hollandaise de l'Œ. biennis, en même temps que la
coloration de la tige de l'Œ. Lamarchiana. I se propose aussi de croiser les
hybrides qu’il a obtenus avec certaines espèces sauvages et d'opérer ensuite
de nouveaux croisements entre toutes ces formes hybrides. De cette façon, 11
conçoit la possibilité de réunir sur un seul plant tous les caractères de
l'Œ. Lamarchiana.
La ressemblance avec Œ. L. des hybrides obtenus et le parallélisme qui
existe entre le comportement de ces hybrides et celui de l'Œ. L. elle-même
font que D. persiste plus que jamais dans l’opinion que cette dernière Œno-
thère est un hybride, Il est même d'accord avec HERIBERT-NiLssoN pour la
considérer comme un polyhybride. Pour lui, les mutations ne seraient autre
chose que le résultat du comportement de ce polyhybride.
EDm. BORDAGE.
13.398. LACY, Mary G. A discussion of the results obtained by
crossing Zea mais L., Reana luxurians Dur. (Teosinte) et £uchlaena
mexicana Schrad. (Discussion des résultats obtenus en croisant Z. »., R. l.
et £. m.). Amer. Natur., t. AT, 1913 (511-512).
BIBLIOGRAPHIA EVGLUTIONIS. 139
L'auteur analyse et critique des recherches faites à Java par J.-E. van den
STOk. Il s’agit de croisements entre le Maïs et le Téosinté (Reana luxurians),
d'un côté, et entre le Maïs et l'Euchlaena mexicana, d'autre part. Les
premiers ont donné les résultats les plus intéressants. Ils attirent spécialement
l'attention de Mary L. HARSHBERGER avait déjà effectué le croisement Maïs 6
X Téosinté ©; Van den Srock a effectué le croisement réciproque Mais 6 X
Téosinté o, et a montré que la première génération d'hybrides était uniforme,
comme l'était celle qu'avait obtenue HARSHBERGER par le croisement réciproque.
Les hybrides F> du croisement Maïiso X Téosinté 6 forment une série
manquant d'homogénéité. Ils diffèrent entre eux dans la faculté de donner des
rejets ou pousses, et aussi dans la conformation des épis. Le retour à la forme
maternelle ou à la forme paternelle ne s'effectue jamais complètement. La
ressemblance avec le type maternel tend cependant à l'emporter. D'autres
expériences furent entreprises avec deux variétés javanaises de Maïs (var.
Madoera et Menado), fécondées l'une et l'autre avec du pollen provenant
d'hybrides F; du croisement Maïs X Téosinté. Les plants issus de ces
croisements montraient de grandes différences en ce qui concerne la
structure des épis et la faculté d'émettre des rejets. Les résultats des croise-
ments entre Mais et Téosinté ne seraient guère satisfaisants. Les plantes
hybrides sont inférieures comme fourrage au Téosinté, et les grains qu'elles
donnent ne valent pas ceux des meilleures variétés de Maïs. Enfin ces
hybrides ne bénéficient même pas de l’immunité que possède le Téosinté
relativement à la maladie nommée cAlorose des Graminées.
Env. BoRDAGE.
12.399. NEWMAN, L. H. Plant breeding in Scandinavia. (Amélioration des
13.400.
plantes en Scandinavie). Ottawa, 1912, 193 p. in-L et 63 fig.
Descriptier très détaillée et bien illustrée du travail de sélection des plantes
à Svalôf (Suède). Les méthodes employées reposent sur la séparation de
pédigrées dont la valeur est appréciée par des corrélations établies entre des
qualités agricoles et des caractères morphologiques. L'étude des individus
aberrants, où mutations apparentes, a montré que le plus souvent ce sont de
simples combinaisons nouvelles d'unités héréditaires existant déjà; toutefois
ces aberrants offrent un grand intérêt pour le sélectionneur; mais on a
observé, dans la fausse Avoine sauvage par exemple, des changements inex-
plicables par des croisements. L'auteur passe en revue les méthodes
d'amélioration spéciales aux céréales (Blés d'automne et de printemps,
Avoines, Orges), aux Pois, aux Trèfles et Graminées fourragères, aux Pommes
de terre. L. BLARINGHEM.
ETHOLOGIE GÉNÉRALE, ADAPTATION
FAGE, Louis. Recherches sur la biologie de la Sardine, C/upea
pilchardus Walb. Arch. Zool. Expér., t. 52, 1913 (305-341, 22 fig.).
y 22
Les observations de F. sur la croissance, et les rapports de l'âge et de la
taille semblent montrer que la Sardine se comportent tout différemment dans
l'Océan et la Méditerranée. Il existe deux races biologiques bien distinctes au
point de vue de la rapidité de leur croissance, de la taille qu'elles peuvent
atteindre, de l'accumulation saisonnière des réserves grasses, de l’âge de la
140 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
première maturité sexuelle, etc. Il serait intéressant de rechercher les carac-
tères morphologiques de ces races. CH. PÉREZ.
13.401. WIDER, IKez Wurppie. The life history of Desmognathus fusca.
(Evolution individuelle du D. f.). Biolog. Bulletin, t. 24, 1913 (251-342,
25 fig., pl. 1-6).
Étude monographique du cycle évolutif du Desmognatus fusca. Cette Sala-
mañdrine apneumone, commune dans l'E. des États-Unis, est surtout intéres-
sante par son adaptation très avancée à la vie terrestre. La femelle pond, sous
les feuilles mortes où elle vit, une vingtaine de gros œufs, et les garde en
restant auprès d'eux jusqu'à l’éclosion des jeunes larves. Celles-ci ont elles-
mêmes, sous les feuilles humides, une première période de vie terrestre, qui
dure une quinzaine de jours, pendant lesquels s'achève en particulier la résorp-
tion d’un abondant vitellus, et la différenciation de l'intestin : c'est seulement
après ce délai que les larves vont à l’eau, dans les petites flaques ou les
ruisseaux de la forêt, choisissant les places peu profondes (cm environ), où
elles restent immobiles au milieu des feuilles mortes, protégées par leur
homochromie. La vie aquatique dure 8 à 10 mois jusqu’à la métamorphose.
W. étudie en détail le développement des téguments, et en particulier des
glandes, aux différentes phases de la vie, et les remaniements subis par les
arcs branchiaux au moment de la métamorphose. CH. PÉREZ.
13.402. CHILD, C. M. The asexual cycle of llanaria velata in relation to
senescence and rejuvenescence. (Cycle asexué de P. v. en rapport
avec la sénescence et le rajeunissement). Biolog. Bulletin., t. 25, 1913 (181-
203, 12 fig.).
Après une période de croissance et d'activité, la Planaria velata subit une
fragmentation par autotomies successives à partir de l'extrémité postérieure ;
les fragments détachés s’enkystent, et chacun d'eux donne par régulation un
petit organisme complet. Alors que la fragmentation avait été précédée d'une
sénescence, marquée par le déclin du métabolisme, les petits individus qui
sortent des kystes sont au contraire jeunes, à la fois au sens morphologique
et physiologique ; leur taux de métabolisme est élevé, et ils sont capables
de recommencer le cycle. Cette planaire est ainsi capable de vivre avec un
nombre indéfini de multiplications asexuées, l'organisme étant à chaque fois
ramené à son état de jeunesse initial. La fragmentation peut aussi être
expérimentale ; et la fréquence de l’'enkystement augmente au fur et à mesure
qu'on considère des fragments de situation plus postérieure, ou plus petits,
empruntés à un individu plus âgé, ou soumis à une température plus élevée.
L'enkystement apparaît ainsi comme dû à un stimulus qui peut être produit
par des cireonstances variées. CH. PÉREZ.
13-403 BOTTICHER, Haxs. Ueber den Zusammenhang zwischen Klima
und Kôrpergrôsse der warmblütigen Tiere. (Sur, la corré-
lation entre le climat et la taille chez les animaux homoœothermes). Zool.
Anzeiger, À. 41, 1913 (570-576).
BERGMANN, en 1849, avait remarqué que la surface d’un animal diminuant
relativement au volume quand la taille augmente, les formes de grande taille
se trouvaient, foutes choses égales, dans de meilleures conditions au point de
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 141
vue de la déperdition de chaleur par rayonnement, que les formes de petite
taille dans les climats froids. On devait donc, pour un genre donné, trouver
des espèces plus grandes dans les régions froides que dans les régions chaudes.
Il avait trouvé une vérification approximative de cette idée pour les Oiseaux,
en comparant des espèces d’un même genre. — BÔTrICHER reprend cette
idée, mais en comparant les variétés ou les races géographiques d’une même
espèce, en divers points de son habitat et en se bornant aux oiseaux séden-
taires. Pour les oiseaux de passage le problème est beaucoup plus complexe.
— Dans ces conditions, en recherchant dans la littérature les indications de
taille, il trouve une vérification beaucoup plus satisfaisante de l'hypothèse
précédente. B. examine dans sa note une cinquantaine d'espèces. A titre
d'indication :
Bubo bubo L. sibiricus Schlegel 5 B. b. bubo L. (Europe) > B. b. asca-
laphus Sav. (Afrique du Nord).
Corvus machrorhynchus japonensis (Japon, Amour) > C. m. machrorhyn-
chus (îles de la Sonde), etc.
Il y a d’ailleurs des exceptions. M. CAULLERY.
13.404. SCOTT, GErorce G. Some effects on Fundulus of changes in the
density of the surrounding medium. a de variations de
densité du milieu sur le Fundulus). Biolog. Bulletin, t. 25, 1913 (121-133).
Le Fundulus heteroclitus se rencontre naturellement dans l'eau douce,
l'eau saumâtre et même l’eau de mer. Ce poisson peut même supporter le
passage rapide de l’eau de mer à l'eau douce, et trouver dans ce nouveau
milieu des conditions suffisantes pour régénérer des tissus supprimés (nageoire
caudale). Sc. étudie aussi les variations de poids des individus transportés en
eau douce, et discute les conditions de l'équilibre osmotique.
CH. PÉREZ.
13.405. VESTAL, Arraur G. Local distribution of Grasshoppers in
relation to plant associations. (Distribution Sauterelles en
rapport avec les associations végétales). Biolog. Bulletin, t. 25, 1913 (141 —
180, 1 fig.)
V. a étudié la distribution des Acridiens, dans la région du lac Douglas
(Michigan), en rapport avec les divers types principaux d'associations végé-
tales : forêt de conifères, forêt à feuilles caduques, herbages, etc. Il n'y a pas
en général de lien avec des plantes déterminées, les Sauterelles ne faisant
guère de choix pour leur nourriture. Mais ces associations sont des indices
de conditions ‘générales de milieu, qui satisfont aux exigences de certaines
espèces. Ce qui est surtout essentiel pour ces Insectes, ce sont les conditions
de sécheresse du sol. Cu. PÉREZ.
13.406. SHELFORD, Vicror E. The reactions of certain animals to gra-
dients of evaporating power of air. À study in experi-
mental ecology. (Réactions de certains animaux à la perte d'eau par
évaporation; étude d'écologie expérimentale). Biolog. Bulletin, t. 25, 1913
(79-120, 5 fig.).
Expériences faites sur des Batraciens, Insectes, Myriapodes, Araignées,
scargots, exposés de diverses façons à la dessiceation par l'air ambiant. Le
taux d'évaporation paraît être le meilleur indice de l’action combinée du vent,
142 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
de la température, de la sécheresse de l'air et de l'isolement. Le signe et le
degré des réactions varient suivant les conditions de l'habitat ordinaire des
animaux considérés. Le temps de survie à la dessiccation est plutôt en rapport
avec la nature des téguments. Ces expériences fournissent des données
intéressantes soit sur le déterminisme de la distribution des espèces, soit sur
l'influence perturbatrice que les conditions d'élevage peuvent avoir sur les
animaux en captivité. CH. PÉREZz.
13.407. AGGAZZOTTI, Azserro. Influenza dell’ aria rarefatta sull’ onto-
genesi. I. La perspirazione delle ova di gallina durante lo
sviluppo in alta montagna. (Influence de la raréfaction de l'air sur
l'ontogénèse. I. Perte en eau des œufs de Poule pendant leur incubation en
haute montagne). Arch. Entwichl. mech., t. 36, 1913 (633-648, 5 fig.).
Expériences d'incubation artificielle réalisées au laboratoire du Mt Rose.
La perte de poids des œufs en incubation est plus grande que dans la plaine ;
les œufs et embryons subissent donc la loi physique que l'évaporation est plus
grande aux hautes altitudes, et ne possèdent pas les moyens de régulation
adaptative qui permettent au contraire à l'adulte de perdre en montagne
moins d’eau que dans la plaine. CH. PÉREZ.
13.408. FRANZ, V. Die phototaktischen Erscheinungen im Tierreiche
und ihre Rolle im Freileben der Tiere. (Les réactions photo-
tactiques et leur rôle dans la vie libre des animaux). Zoo!. Jahrb. Allg. Zool.,
t. 33, 1913 (259-286, 1 fig.).
Les réactions phototactiques des animaux se ramène d’une façon générale
à deux ensembles principaux. Chez les organismes qui habitent le fond de la
mer et dontles larves sont planctoniques, celles-ci présentent dès leur éclosion
un phototactisme positif, que l’on peut considérer comme un moyen d’essai-
mage. Chez un bien plus grand nombre d'animaux les réactions phototactiques
ne sont manifestées que par les individus placés dans des conditions défa-
vorables de milieu; le phototactisme est pour ces individus un moyen de
fuir ces conditions défavorables (milieu confiné ou toxique, secouage,
excitations douloureuses). F. considère comme peu vraisemblable que les
organismes planctoniques de la mer ou de l’eau douce présentent des dépla-
cements verticaux pendulaires, de périodicité diurne. Cu. PÉREZ.
13.409. ERHARD, H. Beitrag zur Kenntnis des Lichtsinnes der Daph-
niden. (La vision des couleurs chez les Daphnides). Biolog. Centralbl.,
t. 33, 1913 (494-498).
Les surfaces de lumière diversement colorées produisent sur l'œil des
Daphnies (Simocephalus) le même effet, ou du moins un effet très voisin,
que sur l'œil d'un homme totalement aveugle pour les couleurs. Ces résultats
confirment ceux de HESSE. A. DRZEWINA.
13.410. GROSS, AzrREep O. The reactions of Arthropods to monochro-
matic lights of equal intensities. (Réactions de quelques Insectes à
des lumières monochromatiques d’égale intensité). Jowrn. exper. Zoûl.,
t. 14, 1913 (407-514, 45 fig.).
G. conclut de ses expériences que les Insectes réagissent d’une manière variée
143
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
aux lumières simples des diverses couleurs ; l'action excitatrice de radiations
données du spectre est indépendante de leur intensité; elle varie suivant les
animaux et suivant les étapes évolutives d’une même espèce ; les radiations
les plus réfrangibles ne sont pas nécessairement les plus excitatrices. Ainsi
pour les larves de Calliphora, les couleurs se rangent, par influence décrois-
sante, dans l’ordre : vert, bleu, jaune, rouge. Pour les chenilles de Zeuwzera et
‘les imagos de Calliphora, Drosophila, Feltia, Yordre est celui du spectre. Un
cas particulier est celui de la Blatte, Periplaneta americana, qui est indif'é-
rente au rouge et réagit positivement au bleu, négativement au vert et au
Jaune, ces deux dernières couleurs étant à peu près équivalentes entre elles
au point de vue de leur action. On. PÈREZ.
13.411. BALLOWITZ, E. Das Verhalten der Kerne bei der Pigment-
stromung in den Erythrophoren von Knochenfischen. (l'état
des noyaux pendant les courants du pigment, dans les érythrophores des
Téléostéens). Biol. Centralbl., t. 33, 1913 (490-493, 5 fig.).
Les noyaux des cellules pigment-ires ne sont en aucune façon influencés
par les courants du pigment; par conséquent, le protoplasma qui les entoure
ne pourrait non plus subir des déplacements. Il en résulte que les chromato-
phores ne peuvent envoyer de prolongements amiboïdes contractiles. Les
grains de pigment, suivant B., se déplacent le long de canalicules fixes, très
fins, à parois contractiles, et qui traversent en grand nombre, en rayonnant,
le protoplasma des chromatophores. Ces constatations, faites sur les mélano-
phores des Téléostéens, sont confirmées par l'étude sur le vivant des érvthro-
phores de Mullus barbatus et surmuletus. La position du noyau, que la
cellule soit en contraction ou en extension, reste la même.
A. DRZEWINA.
13.412. SPAETH, R. A. The mechanism of the contraction in the mela-
nophores of F'ishes. (Le mécanisme de la contraction des mélanophores
de Poissons). Anat. Anz., t. 44, 1913 (520-525, 3 fig.).
Les changements apparents de la forme des mélanophores, dans la peau de
divers Crustacés, Poissons, Amphibiens, et Reptiles, sont-ils dus à l'expansion
et à la rétraction des prolongements pseudopodiques, ou, au contraire, aux
mouvements centrifuge et centripète des granules pigmentaires le long de
prolongements fixes ? S. a constaté que certaines solutions salines de
potassium et de sodium amènent une expansion et une contraction, suffisam-
ment longues pour être réperées et photographiées, des mélanophores des
écailles de Fundulus heteroclitus. Une étude des photographies successives a
montré qu'après la contraction, les prolongements réapparaissent identiques
à l’état précédent ; ils sont par conséquent fixes. A. DRZEWINA.
13.413. BERRY, S. SrTizzuan. Nematolampas, a remarkable new Cephalopod
from the South Pacific. (N. un curæux Céphalopode du Pacifique
austral). Biolog. Bulletin, t. 25, 1913 (208-212, 1 fig.).
B. signale sous le nom de Nematolampas regalis, un nouveau Céphalopode,
récolté aux îles Kermadec, et qui ne présente pas moins de %) organes
lumineux. Deux bras en particulier, allongés en fouets démesurés, et dépour-
vus de ventouses, portent chacun plus de 30 de ces organes.
Cu. PÉREZ.
144 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
13.414. BRÔLEMANN, H. W. Biospeologica. Glomérides. Arch. Zool. expér.,
t. 02, 1913 (387-445, pl. 15-19).
B. examine la distribution géographique des Glomérides cavernicoles, et
suggère à cette occasion des idées sur l'évolution du groupe.
CH. PÉREZ.
13.415. DOLLO, Louis. Globidens Fraasi, Mosasaurien mylodonte nouveau
du Maestrichtien (Crétacé supérieur) du Limbourg, et
l’éthologie de la nutrition chez les Mosasauriens. Ac.
Biologie, t. 28, 1913 (609-626, pl. 24-25).
D. décrit un fragment de mâchoire de ce nouveau Mosasaurien, et à cette
occasion expose les idées que l’on peut avoir sur le mode d'alimentation de
ces Reptiles. La considération des ressemblances convergentes de la denture
respectivement avec celle des Orca et des Globicephalus permet de dire que
les Mosasaurus, nageurs, à denture sarcodonte, avaient un régime sarco-
phage, et dévoraient les autres Reptiles marins contemporains, tandis que
les Plioplatecarpus, plongeurs, à denture onychodonte, avaient un régime
teuthophage, et happaient les Céphalopodes nus, comme les Bélemnitelles.
Quant au Globidens, leur denture mylodonte, à dents arrondies adaptées
à broyer, jointe à la gracilité relative de la mâchoire, indique comme proie
des organismes à carapace peu résistante, comme des Crustacés ou des
Oursins. Dans le cas actuel il est plus vraisemblable d'admettre un régime
échinophage, étant donnée l'abondance des Oursins irréguliers agnathes
contemporains de la craie de Maestricht. Dans cette interprétation, le
Globidens doit en outre avoir été un organisme plongeur. D. signale, dans
les divers groupes de Reptiles Pinnipèdes, des adaptations shelogues au
régime échinophage (Phalarodon parmi les Ichthyosauriens, Thalattosaurus
parmi les Rhynchocéphaliens) ou au régime conchifrage (Placodontes,
Tortues).
H. PÉREZ.
13.416. MORGULIS, SEercius. The influence of protracted and inter-
mittent fasting upon growth. (Influence d’un jeûne prolongé ou
d’un jeûne intermittent sur la croissance). Amer. Natur.,t. A7, 1913 (477-
487).
Une première publication de M. sur ce sujet a été déjà analysée (V. Bibl.
Evol., n° 13, 79). Au point de vue de l’application pratique, ces expériences
ont évidemment leur importance pour ceux qui s'occupent du problème du
bien-être social, puisqu'elles montrent le danger couru par la santé et la
vigueur de l'espèce humaine sous l'influence d’une nourriture insuffisante et
d’un jeûne périodique. Il importe de conjurer ce danger en ce qui concerne
les enfants constituant la génération qui vient.
EDm. BORDAGE.
13.417. WOODRUFF, LorAnDE, Loss. The effect of excretion products of
Infusoria on the same and on different species, with
special reference to the Protozoan sequence in infusions.
(Effets des produits d’excrétion des Infusoires sur leur taux de multiplication ;
ses rapports avec la succession des faunes dans les infusions). Journ. erper.
Zoël., t. 14, 1913 (575-583).
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 145
W. confirme les résultats de ses premières observations ({bid., t. 10)
relatives aux Paramécies, et les étend aux Hypotriches Stylonychia et Pleu-
rotricha. Chacune des espèces étudiées excrète dans le milieu une substance
qui est toxique pour cette espèce et tend à ralentir son taux de multiplication ;
l'action de ces produits est essentiellement spécifique, son influence sur
d'autres espèces n'a rie de systématique. Les produits d'excrétion ont donc
une importance extrême en limitant et arrêtant dans une infusion donnée le
développement d'une espèce; mais ils ne paraissent pas avoir d'influence
régulière sur le développement des autres espèces, associées dans une même
population, ni sur la succession des faunes dans une même infusion.
Cu. PÉREZ.
13.418. BERNARD, P. Noër. Influence du mode de pénétration, cutanée
ou buccale de Sfephanurus dentatus Sur les localisations de ce
Nématode dans l'organisme du porc et sur son évolution.
CERAGASeS MT AIS (7276):
Il résulte des expériences des auteurs que la pénétration par voie digestive
(ingestion) aboutit à des lésions hépatiques ou le parasite est enkysté. La
pénétration par voie cutanée aboutit au contraire à des kystes périrénaux ou
périuretéraux chez l'hôte ; l’'accouplement se fait dans ces derniers kystes et les
œufs sont évacués par les uretères. Ce second mode est donc le seul qui soit
compatible avec la propagation du parasite, en lui permettant l’accomplissement
total de son:, cycle évolutif, — Dans les pays où le parasite existe, on trouve
les kystes périuretéraux dans {ous les porcs infestés, et les lésions hépatiques
dans une proportion plus ou moins considérable d’entre eux, correspondant
vraisemblablement aux conditions d'élevage, qui, à côté de la pénétration
cutanée, favorisent plus ou moins l’ingestion du parasite. M. CAULLERY.
13.419. PINOY, E. Sur la nécessité d’une association bactérienne pour
le développement d’une Myxobactérie, Chondromuyces crocatus.
CR: Ac. Sci, t. 157, 1913.(77-78).
La condition sine qua non du développement de C. c. est qu'elle soit
associée à un Micrococcus voisin de M. latens (dont P. donne les caractères
distinctifs). Avec lui, P. a obtenu le développement de la Myxobactérie sur gélose
au lait, gélose à la graine de lin stérilisée à 115°-120°, sur fumier ; au bout de
8-15 jours se forment les fructifications. — D'après P., les bactéroides des
Légumineuses ne sont pas autre chose que des Myxobactéries, nom que P.
propose d’ailleurs de remplacer par Symbactéries, pour exprimer l'association
précédente. M. CAULLERY
13.420. DEXTER, Joux Surru. Mosquitoes pollinating Orchids. (Pollinisation
des Orchidées par les Moustiques). Science, t. 37, 1913 (867).
D. ayant appris, par Miss Ada Dierz, que des Moustiques de la région du
lac Douglas (Michigan) semblaient porter de petites masses polliniques
adhérentes à leur tête, se rendit en cette région et captura, en quelques
minutes, près d'une douzaine de Culex femelles. Chacun de $es insectes
présentait des masses polliniques jaunâtres provenant d'une petite Orchidée
très abondante (Habenaria obtusata Purs.). Certains Moustiques ne
portaient qu'une pollinie, tandis que d'autres en transportaient deux, trois et
même quatre. Quelquefois les pollinies adhéraient aux yeux. D. ignore le nom
Bibl. Evol. IV. 10
146 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
spécifique du Cwlex en question. Il fait remarquer que c'est la première
fois que l’on signale les Moustiques comme capables de jouer un rôle capital
dans la fécondation des fleurs. Em. BORDAGE.
15.481. MENZEL, Hepwic. Einfluss der äusseren Umgebung auf die
Fâärbung der Schmetterlingspuppen. (Vanessa urticæ) (Influence
de l'entourage sur la coloration des chrysalides du Vulcain). Zoo!. Jahrb.
Allg. Zool., t. 33, 1913 (234-258 ; 3 fig., pl. 10).
Des lots de chenilles de Vanessa urticæ ont été élevées, à partir de leur
éclosion, dans des boites tapissées de papier glacé de diverses couleurs : noir,
violet, bleu, rouge, vert, jaune, doré, blanc. Les chrysalides obtenues ont
présenté les variétés de teintes que l'on rencontre dans la nature, mais la
répartition de ces variétés dans les diverses boîtes et leurs proportions
numériques suivant les couleurs indiquent une influence manifeste du milieu
coloré. Les chrysalides sombres dominent dans les boîtes de couleur foncée;
les claires avec taches métalliques dans les boîtes de couleur claire. La
cause qui intervient n’est pas la qualité intrinsèque de chaque couleur, mais
sa luminosité absolue. Des chenilles élevées dans une couleur ont été trans-
portées au moment de la pupaison dans des boîtes mi-parties de deux
couleurs. Mie M. conclut que l'entourage coloré agit pendant toute la durée
de la vie larvaire, jusqu'à la constitution de la chrysalide, et non pas
seulement pendant un court intervalle déterminé. CH. PÉREZ.
15.482. HUTCHISON, Roserr H. Some specific differences among Pro-
tozoa with respect to their resistance to heat. (Quelques
différences spécifiques dans la résistance de divers Ciliés à la chaleur). Jowrn.
exper. Zoôl., t. 15, 1913 (131-144, 2 fig.).
Les expériences ont porté sur diverses espèces communes de Cailiés,
Paramæcium, Blepharisma Spirostomum, Urostyla. Dans des conditions
déterminées, chacune a sa résistance propre ; la résistance peut d'ailleurs
présenter dans une même espèce des variations assez étendues; car l'on peut
distinguer dans une même espèce (P. caudatum) divers biotypes, ayant
chacun des résistances diverses, et chacun présentant des variations bien
moindres que celles d’une population prise au hasard. La résistance des
formes étudiées n'a pas paru affectée d'une manière sensible par l’âge de la
culture et les modifications qui l’accompagnent. Les variations habituelles
dans l'acidité du milieu sont sans influence sur la résistance à la chaleur.
Celle-ci peut au contraire être quelque peu modifiée par la teneur en sels du
milieu. CH. PÉREZ.
13.423. KEITH, $S. C. Factors influencing the survival of Bacteria at
temperatures in the vicinity of the freezing pointof water.
(Sur les facteurs jouant un rôle dans la résistance des Bactéries à des tempé-
ratures voisines du point de congélation de l’eau). Science, t. 37, 1913 (877-
814).
D'après quelques bactériologistes, des températures voisines du point de
congélation de l'eau seraient moins funestes aux Bactéries que celles qui
avoisinent le point d'ébullition. En outre, les basses températures seraient non
seulement défavorables à la croissance et à la multiplication des Bactéries,
mais elles le seraient aussi en ce qui concerne la longévité.
nn > LL à :
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 147
K. a entrepris des expériences qui lui permettent déjà de formuler les
conclusions suivantes : Loin de détruire les Bactéries, les températures basses
semblent favoriser leur longévité, en diminuant probablement le métabolisme
destructif. Le processus de congélation des solutions nutritives (solutions de
sucre, de glycérine, ete.) s'effectue de telle façon que la plupart des Bactéries
sont expulsées des cristaux donnés par l’eau elle-même en même temps que
l'air et les matières non aqueuses. Elles vivent parmi ces matières sans être
écrasées ou endommagées. Dans de l’eau plus pure, elles ne trouveraient pas
semblable refuge et elles seraient probablement détruites par compression
mécanique entre des cristaux en voie de croissance. Cette théorie expliquerait
l'absence de Bactéries vivantes dans la glace limpide et transparente et leur
] abondance relative dans la glace demi-opaque et de coloration blanchâtre,
ainsi que dans la glace bulleuse.
La destruction relativement rapide des Bactéries dans des matières non
nutritives, à des températures élevées, et leur destruction plus lente à des
températures basses sont des faits en accord avec la théorie du métabolisme
| destructif. A des températures élevées, les Bactéries périssent rapidement
)
:
ét ie à rt né
parce qu'elles « s’usent » rapidement. Par contre, elles meurent plus
lentement à des températures plus basses, parce qu'elles s'usent ou se
consument plus lentement. ED». BORDAGE.
larvaire de la Langouste commune (Pulinurus vulgaris). Paris,
C. R. Ac. Sci., t. 157, 1913 (457-463).
B. a réussi, à Plymouth, à observer un Phyllosome se transformant en
stade Puerulus ; la transformation du Puerulus en langouste n’a pas encore
+ été constatée, mais ne fait pas de doute. Cf. Bibl. evol., n° 13. 269.
| : M. CAULLERY.
1
| 424. BOUVIER, E. L. Observations nouvelles sur le développement
3. 425. GORTNER, Ross AiKkex. Notes on a differential mortality obser-
ved between Zenebrio obscuris and. T. molitor. (Notes sur des difré-
rences dans la mortalité observées entre T. 0. et T. m.). Amer. Natur.,
t. 47, 1913 (572-576).
:
.
U
|
| Si l’on expose, pendant quelques heures, des larves de T!. #». et de T. 0. à
une température assez forte, le taux de la mortalité est beaucoup plus élevé
: pour les premières ; 37,14°, des larves de T. #. ont péri après avoir été
soumises pendant 3 heures et demie, à une température de 42. Dans des
-conditions absolument identiques, il n’est mort que 11,77 °/, de larves de T. 0.
L'exposition à un froid prolongé amène dans la mortalité comparée une difré-
rence très marquée, mais de sens opposé : il ne meurt que 9 °} de larves de
: T. m. contre 50°, de larves de T. 0. En soumettant les larves à l’action de
: l'oxyde de carbone pendant une durée de 24 à 51 heures, G. a constaté que le
| taux de la mortalité atteignait presque 87,18 °k pour T. 0., tandis qu'il n’était
que de 21, 33 ° pour T. m. Enu. BORDAGE.
13.426. SERVETTAZ, Came. Recherches expérimentales sur le déve-
loppement et la nutrition des Mousses en milieux stéri-
lisés. Paris. Ann. Sci. Nat. (Botan.), (sér. 9), t. 17, 1913, (111-233, pl. 1-4).
Mémoire intéressant au point de vue de la technique et renfermant de très
nombreux résultats sur le développement des Mousses en fonction des
148 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
conditions que rencontre la spore pour germer. A noter en particulier
l'obtention de plantes sexuées (de Phascum cuspidatum) sur des milieux
renfermant de la peptone. L'apparition des organes femelles (archégones)
semble favorisée par une nutrition abondante.
M. CAULLERY.
15.427. KAUFMAN, Laura Ueber die Degenerationserscheinungen
während der intrauterinen Entwicklung bei Sal/amandra
maculosa. (Dégénérescence d'embryons dans l'utérus de la Salamandra). Arch.
Entoickl. mech., t. 37, 1913 (37-84, 17 fig., pl. 1-3).
Pendant les 9 à 10 mois que dure chez la Salamandra maculosa Y'incubation
des embryons, un certain nombre d’entre eux, à des époques quelconques,
avortent et dégénèrent. Ces dégénérescences ne sont pas dues à des défauts de
nutrition ; elles sont causées par les pressions mutuelles qu'exercent les uns
sur les autres les embryons serrés dans un même utérus, pressions auxquelles
les embryons résistent d'autant moins qu'ils sont plus âgés. Ces compressions
sont susceptibles de provoquer aussi des monstruosités, et peuvent être
invoquées en particulier pour expliquer un cas observé de duplicitas anterior.
Les embryons dégénérés sont expulsés de l'utérus dans l’eau; ils ne servent
nullement à la nutrition des embryons normaux. Mile K. étudie les processus
histologiques de dégénérescence des embryons. Les atrophies proprement
dites, avec fonte du cytoplasme, pycnose ou caryorhexis des noyaux, sont
souvent précédées de processus de remaniements régulateurs: fusion de
cellules et condensation de leurs noyaux en syncaryons (dans le cartilage) ;
multiplication de noyaux dans les muscles, comme dans les cas connus
d’atrophie musculaire. Des cellules sexuelles primitives peuvent être amenées
sous la peau ou dans la paroi de l'intestin ; elles y présentent un développement
hypertrophique. D'une façon générale les parties qui dégénèrent le plus tôt
(régions antérieure de l’axe nerveux, du tube digestif), sont aussi celles qui se
régénèrent avec le plus de difficulté, De tous les tissus, ce sont les vaisseaux
et le sang qui dégénèrent le plus vite, et déclanchent l’atrophie des divers
organes. Cu. PÉREZ.
SEXE
13.428. MEISENHEIMER, Jonannes. Aeussere Geschlechtsmerkmale und
Gesamtorganismus in ihren gegenseitigen Beziehungen.
(Les caractères sexuels externes et l'ensemble de l'organisme dans leurs
rapports réciproques). Verhandl. deutsch. z00l. Gesellsch., 1913 (18-56).
Article d'ensemble sur ce problème. J'en extrais seulement ici la discussion
des différences qu'offre la solidarité des caractères sexuels secondaires et des
glandes génitales suivant les groupes. On sait que, chez les Vertébrés, et
surtout chez les Mammifères, cette solidarité est étroite et que la castration
ou la transplantation des glandes génitales altèrent beaucoup les caractères
sexuels secondaires (Cf. SrernAcH, Bibl. Evol., 12, 865-2677 etc.), tandis
que, chez les Insectes, elles n'ont aucune action (Cf. MæISENHEIMER, Bibl.
Evol., 10, 140"7). M. essaye d'expliquer ce contraste par la phylogénie. Ce
seraient les caractères sexuels secondaires relativement récents ou en voie de
développement phylétique (ex.: chez les Mammifères, groupe relativement
jeune) qui seraient encore solidaires de la glande génitale, tandis que les
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 149
caractères très anciens seraient solidement fixés. (Le malheur est qu'on ne
puisse pas baser cette distinction sur des données inattaquables). M. s'attache
à montrer aussi que certains caractères, qui se sont différenciés dans un sexe
et ont constitué des caractères sexuels secondaires, perdent, à partir d’un
certain stade de la phylogénie, leur corrélation étroite avec le sexe où ils ont
apparu et se développent progressivement dans l’autre (exemple : les cornes
des Ruminants, les ergots des Oiseaux, l’enroulement de la trachée chez les
Oiseaux de Paradis, etc.). Un caractère primitivement sexuel devient ainsi
caractère spécifique proprement dit. Il n'y a d’ailleurs aucune différence
essentielle entre les uns et les autres. M. CAULLERY.
13.429. DE MEUERE, J. C. H. Zur Vererbung des Geschlechts und der
sekundären Geschlechtsmerkmale (Sur l'hérédité de sexe et des
caractères sexuels secondaires). Arch. f. Rass. und Gesellsch-Biologie, t. 10,
1913 (1-36).
(Cf. Bibl. Evol. 10, 108; 11, 55). — Dans ce travail, dont le détail est im-
possible à donner ici, bE M. passe en revue et discute un certain nombre
_de travaux récents, principalement de LANG, GozLpscaMImT, MORGAN, etc... sur
les conceptions mendéliennes de l’hérédité du sexe ou des caractères sexuels
secondaires. — Au sujet des caractères sexuels secondaires, il conclut qu'on
ne peut les rattacher à un petit nombre de gènes, parce que, d’une façon
générale c'est presque tout le soma, sinon tout, qui est différent chez le mâle
et la femelle. Il discute particulièrement à cet égard les conceptions de GoLps-
camipr (Bibl. Evol., 12, 235). — La détermination du sexe et la sex-
limited inheritance ne lui paraissent pas non plus pouvoir s'expliquer par le
mendélisme (le rapport 1: 1 des 6 et des © est loin d'être général, etc..….).
La 4° partie roule sur le gynandromorphisme. La 5°, sur l'hérédité du sexe
chez les Grenouilles, (discussion des expériences d'HEeRTWIG) et dans les
Lychuis, Plantago, Bryones (discussion des travaux ou interprétations de
CORRENS, GOLDSCHMIDT, SHULL, etc...). Les résultats des expériences sur ces
végétaux lui semblent explicables de bien des manières différentes et ne
doivent par suite être utilisés qu'avec beaucoup de prudence dans le problème
général de la détermination du sexe. M. CAULLERY.
13.430. HARMS, W. Ueber des Auftreten von cyclischen, von den
Keimdrüsen unabhängigen, sekundären Sexusmerkma-
len, bei Rana fusca. (Sur la production, chez À. f., de caractères
seuxels secondaires cycliques et indépendants des glandes génitales). Zoo!.
Anzeiger. t. 12, 1913, (p. 385-395, 5 figures.)
H. confirme, par de nouvelles expériences, ce qu'il avait déjà observé,
d'accord avec STEINACH, en 1910, et tout récemment, avec SMrru et SCHUSTER et
contrairement à MEISENHEIMER), à savoir, que le cycle des transformations
annuelles du pouce de la Grenouille (R. f., R. esculenta et aussi Buf. vulgaris)
n’est pas complètement annihilé par la castration. Malgré celle-ci, 11 y à
encore une différenciation périodique, mais moins accentuée. — De plus, la
corrélation entre les glandes sexuelles et les caractères sexuels secondaires
n'existe que pour un seul et même individu ; la sécrétion des glandes génitales
ne peut fonctionner normalement qu'avec Je sang du même individu différencié
chimiquement d’une façon conforme. M. CAULLERY.
150 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
13.431. HARMS, W. Die Brunstschwielen von 2/0 vulgaris und die Frage
ihrer Abhängigkeit von dem Hoden oder dem Bidderschen
Organ; ein Beitrag zu der Bedeutung des Interstitiums.
(Les pelotes du rut chez B. V. et la question de leur dépendance du testi-
cule ou de l'organe de Bidder; contribution au problème de la glande
interstitielle). Zoo. Anzeiger, t. 42, 1913, (462-472).
H. enlève aux crapauds, soit les testicules seuls, soit les organes de Bidder
seuls, soit l’ensemble des deux, ou bien il fait des transplantations de ces
organes. Tant que les crapauds gardent, soit les testicules, soit les organes de
Bidder, le cycle des transformations des pelotes des doigts s'accomplit.
L'organe de Bidder joue donc un rôle équivalent au testicule,
H. conclut aussi de ses recherches que l'effet est dû aux éléments germinaux
proprement dits et non pas aux cellules interstitielles. Il assimile l'organe de
Ridder à des éléments germinaux.
M. CAULLERY.
15.432. GEYER, Curr. Untersuchungen über die chemische Zusam-
mensetzung der Insektenhaemolymphe und ihre Bedeu-
tung für die geschlechtliche Differenzierung. (Recherches sur la
composition chimique de l'hémolymphe des Insectes et sa signification pour
la différenciation sexuelle). Zerts. f. wiss. Zool., t. 105, 1913 (359-499, 58 fig.
et 8 pl.).
Ces très intéressantes recherches, procèdent de celles de Srecue (Bibl. Evol.,
12, 378, 13, 102) qu'elles étendent et généralisent. G. a retrouvé le dimor-
phisme de l'hémolymphe chez un très grand nombre d'espèces de papillons, à
l'état de chenilles ou de pupes. Elle est verte chez les o, jaunâtre ou incolore
chez les 6 (G. a, d'autre part, précisé la distinction des sexes chez les pupes
des espèces étudiées) : le pigment vert des o se montre, au spectroscope, une
chlorophylle peu modifiée et dissoute; chez le mâle il ny a que de la xanto-
phylle. La présence de la chlorophylle dans le sang des femelles est en
corrélation avec la couleur verte ou rougeâtre des œufs et des jeunes larves
(homochromie protectrice, PouLron). Il est invraisemblable que ce pigment
vert joue un rôle assimilateur.
Le même dimorphisme de l’hémolymphe se rencontre chez les insectes
phytophages autres que les Lépidoptères (Chrysomélides, Tenthrèdes) et
parait correspondre aussi au sexe. G.l'a rencontré aussi chez les larves de
Libellules (qui sont carnivores; mais cela peut provenir de ce qu'elles
mangent des proies phytophages. Au contraire, d'une façon gémérale on ne
la retrouve pas chez les Insectes non phytophages.
ne semble pas y avoir dans l'hémolymphe 6 un principe destructeur de
la chlorophylle. Des expériences méthodiques de castration, transplantation
des glandes génitales d’un sexe à l’autre, de transfusion du sang, n’ont amené
aucun changement dans l'hémolymphe des animaux étudiés. G. n'a pas pu
mettre en évidence de différence dans les albuminoïdes des deux hémolymphes
par la méthode des précipitines. (11 y a peut-être une différence de réaction
du sérum de lapin antitesticule de Deilephila euphorbiae aux extraits de
testicule et d’ovaire du papillon). Le mélange des hémolymphes 6 et o donne
immédiatement un fort précipité qui englobe des leucocytes ; un effet de même
nature se produit par ie mélange d'hémolymphes d'espèces différentes.
Tous ces résultats sont obtenus par des techniques décrites avec précision.
PE VEN PRET
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 151
G. en conclut que, chez les Insectes, le soma est fortement différencié au
point de vue sexuel, ab ovo ; c'est la différence de degré de cette sexualité du
soma, dans les divers groupes, qui rend compte, pour lui, des divergences entre
les résultats expérimentaux obtenus, par exemple, chez les Vertébrés et
chez les Insectes à la suite de la castration, de la transplantation des gonades
et d’une façon générale dans les recherches relatives aux hormones génitales.
. M. CAULLERY.
13.433, SMITH, G. Studies in the experimental analysis of sex.
( 10. — The effect of Sacculina on the storage of fat and
À glycogen, and on the formation of pigment by its host.
(Études de l'analyse expérimentale du sexe. 10. Influence de la Sacculine sur
la mise en réserve de la graisse et du glycogène, et sur la formation du
pigment, chez l'hôte). Quart. Journ., t. 59, 1913 (267-295).
S. étudie jiei, an moven des méthodes microchimiques et de l'analyse
quantitative, la formation de la graisse et du glycogène chez des Crabes
sacculinisés, ainsi que la pigmentation, les mues et le métabolisme du
glvcogène. Il donne à la fin sur l’action physiologique de la Sacculine sur
son hôte, une vue d'ensemble dont voici le résumé. La Sacculine et le
Peltogaster ont une action « féminisante » : ils amènent le mâle, extérieurement
et intérieurement, à l'état de femelle, alors que, chez la femelle, ils ne
produisent aucune modification, ou bien accélèrent l'apparition des caractères ©
adultes. Du point de vue physiologique, les racines du parasite jouent le
même rôle dans le métabolisme du Crabe infesté que l'ovaire d'une © normale :
elles empruntent au sang les mêmes substances graisseuses que l'ovaire, et
comme celui-ci augmentent l'élaboration de la graisse par le foie. Pendant la
maturation des ovaires, le sang se charge de lutéine et de graisse, et ces
substances se déposent finalement dans l'ovaire; chez le Crabe infesté, le
sang ne montre pas ces modifications, mais le foie est toujours coloré par la
lutéine, ainsi que les racines de la Sacculine ; peut-être, le transport de ces
substances par le sang se fait-il trop rapidement pour être décélé. Le parasite
amène une inhibition de la fonction glycogénique, et avec elle la suppression
des mues et de la croissance ; il y a une certaine analogie à cet égard avec les
o adultes normales, qui toujours restent plus petites que les 6, parce qu'elles
sont plus pauvres en glycogène.
On sera peut-être étonné que, chez les individus infestés, bien que ie parasite
soutire beaucoup de graisse, 1l y a toujours excès de celle-ci, alors qu'il y a
appauvrissement en glycogène, malgré que le parasite ne paraît guère en
faire emploi. C’est là un phénomène de régulation : à une demande excessive,
le foie répond par une production exagérée. Dans l'immunité, on rencontre
des phénomènes analogues. S. s'étend sur la théorie des chaînes latérales
d'Ehrlich, et montre qu'elle explique fort bien la surproduction de la graisse,
et l'apparition dans le sang des substances qui déterminent les caractères
sexuels secondaires, etc. chez les animaux porteurs d'une Sacculine (ou d'un
ovaire). [1 combat au contraire la théorie des hormones, qui ne peut guère
expliquer l'ensemble des phénomènes observés chez les Crabes sacculinisés.
: A. DRZEWINA.
3.434. MITCHELL, Craune W. Sex-determination in Asplanchna amphora.
(Détermination du sexe chez l'A.). Journ. exper. Zoûl., À. 15, 1913 (225-255).
Une faible nutrition permanente réduit à zéro la production des mäles. Les
152 BIBLIOGRAPHIA ETOLUTIONIS.
individus bien nourris du type bossu (Cf. Bibliogr. evol., n° 13. 28, 373.)
tendent à donner environ 20 °/, de pondeuses de mâles. Les produits d'excrétion
de la culture, ou d’autres substances, dissoutes dans le milieu, n'ont pas d'in-
fluence sensible sur la production des mâles. Des femelles de faible puissance,
nées de mères pauvrement nourries, étant elles-mêmes soumises au jeûne,
ne donnent pas de mâles. De jeunes femelles de forte puissance, nées de
mères bien nourries, soumises au jeûne pendant les cinq premières heures
qui suivent leur naissance, donnent une abondante progéniture de mâles.
L'augmentation de la production des mâles est au contraire faible ou nulle si
le jeûne est subi par ces mêmes femelles de la cinquième à la dixième heure
après la naissance. En résumé le maximum de production des mâles est
déterminé par trois facteurs : un rythme physiologique qui influe sur plusieurs
générations successives ; une nutrition abondante de la génération qui précède
les pondeuses de mâles; enfin le jeûne agissant, pendant la période de
croissance, sur la génération même des pondeuses de mâles. CH. PÉREZ.
12.435. GRUBER, Karz. Eine Beobachtung zum Sexualitätsproblem
der Cladoceren (Ubservation relative à la sexualité des Cladocères).
Zoolog.Anzeiger., t. 42, 1913 (556-559).
L'auteur confirme les conclusions de WoLTERECK (Bibl. Evol. 12, 55). 1]
a étudié, en cultures et dans la nature, Scapholeberis mucronata.
M. CAULLERY.
13436. BUGNION, E. La différenciation des castes chez les Termites.
Bul. Soc. entomol., 1913 (213-118).
B. pense que les individus, chez les Termites, sont différenciés, dès l'éc'osion
de l'œuf. Il a vu, chez Æutermes lacustris, sortir de l'œuf un individu
caractérisé comme soldat (présence d’une corne frontale). Il distingue aussi,
par les mandibules, dès le 1er âge, les soldats des divers Termes de Ceylan.
Les soldats et ouvriers des Termes n'ont qu'une mue unique, sorte de
nymphose, pendant laquelle la larve est immobile (hypnose); cette mue
coïncide avec le changement de régime (qui devient æylophage). Les sexués
(chez Calotermes et Glyptotermes) ont deux mues.
Les Trichonymphides ne jouent pas un rôle de castration parasitaire, et
n'existent d’ailleurs pas chez les Termites supérieurs (Capritermes, Eutermes
Termes).
La détermination des castes semble se produire dans les mêmes conditions
que celle du sexe en général, M. CAULLERY.
CYTOLOGIE GÉNÉRALE
13.437. KITE, G. L. The relative permeability of the surface and
interior portions of the cytoplasm of animal and plant
cells. (Perméabilité relative de la surface et des couches profondes du cyto-
plasme des cellules animales et végétales). Biolog. Bulletin, À. 25, 1913 (1-7).
Expériences faites sur divers œufs, cellules épithéliales, muscles, cham-
pignons, algues, etc. L'imperméabilité ou la perméabilité partielle à l’eau,
aux colorants et aux cristalloïides est une propriété commune à toutes les
portions des gels protoplasmiques ; le degré de pénétration est en général
inversement proportionnel à la concentration du gel vivant. CH. PÉREZ.
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS, 153
13.438. MAC CLENDON, J. F. The laws of surface tension and their
applicability to living cells and cell division. (Les lois de la
tension superficielle ; leur application aux cellules vivantes et à la division
des cellules). Arch. Entwickl. mech., t. 37, 1913 (238-247, 10 fig.). ,
Une goutte liquide étant suspendue dans un milieu liquide, toute portion
de la surface dont la tension est diminuée s'étend et se boursouffle, avec
production de courants tourbillonnaires ; toute portion dont la tension est
augmentée se rétracte et s'aplatit, et le tourbillon déterminé est de sens
inverse. La division d'une telle goutte peut être provoquée par des conditions
réalisant suivant une zone équatoriale une tension supérieure à celle du reste
de la surface. Ces conclusions sont exactement contraires à celles de ROBERTSON
(Bibliogr. Evolut., n° 11, 275) dont M. CL. critique le travail.
Cu. PÉREZ.
13.439. WOODRUFF, Loranpe Loss. Cell size, nuclear size and the nucleo-
cytoplasmic relation during the life of a pedigreed race of
Oxytricha fallax. (Volume du noyau, du cytoplasme et rapport nucléo-plas-
mique au cours de la vie d'une race pédigrée de l'O. f.). Journ. exper. Zoôl.,
t. 15, 1913. (5-22, 1 fig.).
W. a suivi pendant près de douze ans, à travers des vicissitudes de dépres-
sion et de vigueur, une même culture d'Oxytricha. À toutes les périodes de la
vie de cette lignée, il a observé une variation étendue dans la taille de la
cellule et du noyau. Aussi bien pour le noyau que pour le cytoplasme, le
volume moyen décroit dans les périodes d’active multiplication, et croît au
contraire quand la rapidité des bipartitions se ralentit. Mais, loin d'être cons-
tant, le rapport nucléo-plasmique des individus varie largement à toutes les
périodes de la culture ; il est en moyenne plus élevé pendant les périodes
d’active multiplication, et décroit quand le taux des bipartitions baisse, l’ac-
croissement cytoplasmique étant alors plus rapide que l'accroissement
nucléaire. W,. en conclut que ce n’est pas la valeur du rapport nucléo-plas-
mique qui détermine la division cellulaire (contre R. HErTwiG) ; cette valeur
n'est que le résultat du taux de division, qui est déterminé par d’autres
causes. CH. PÉREZ.
13.440. BURY, Jaxia. Experimentelle Untersuchungen uber die Ein-
wirkung der Temperatur O° C. auf die Entwicklung der
Echinideneier. ‘Influence du refroidissement à o° sur le développement
des Oursins). Arch. Entiwickl. mech.t. 36, 1913 (537-594, 10 fig., pl. 25-17).
Dans les ovules non fécondés le refroidissement à O° détermine des
émissions chromatiques dans le cytoplasme. Après que les œufs ont été
ramenés à la température du laboratoire et fécondés, les noyaux se divisent
directement ou suivant divers processus de carfyocinèse anormale, et les
noyaux produits se refusionnent en syncaryons. Puis, pendant plusieurs
heures, successivement des chromosomes s'individualisent, deviennent vacuo-
laires et se refusionnent. Ces processus conduisent à une multiplication de la
chromatine ; des mitoses mono- ou polycentriques se produisent ensuite,
amenant la régulation des noyaux géants. Dans les œufs qui sont refroidis
après fécondation, la synthèse de chromatine déclanchée par l'entrée du
spermatozoide continue, mais avec lenteur, et la chromatine formée s'accumule
sans que le noyau se divise. Au retour dans les conditions normales, se déve-
154 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
loppent des mitoses mono- ou polycentriques accompagnées de divisions du
cytoplasme. Dans les œufs déjà segmentés le refroidissement fait évanouir
les limites cellulaires. L'action du froid peut produire un isolement physio-
logique des blastomères amenant la production, à partir d'un seul œuf, de
deux ou plusieurs embryons qui peuvent rester soudés ensemble ou se
disjoindre en larves libres. Le refroidissement permet en outre la pénétration
de plusieurs spermatozoïdes, aussi bien dans les œufs non fécondés que dans
ceux qui, après la fécondation, sont au stade de la formation des chromo-
somes. Ces spermatozoïdes supplémentaires se gonflent lentement en noyaux.
structurés, et sont répartis au hasard entre les blastomères ; ils sont suscep-
tibles de présenter quelques divisions caryocinétiques. CH. PÉREZ.
43.441. LAUCHE, Arnorr. Ueber pluripolare Mitosen in Hodenregene-
raten von ana fusca. (Mitoses pluripolaires dans le testicule régé-
néré de la Grenouille). Arch. f. mikr. Anat., t. 82, 1913 (261-271, pl. 15).
Si, peu avant la période sexuelle, on extirpe la plus grande partie des
testicules, il se fait une rapide régénération de ces organes, aux dépens des
spermatogonies conservées. Pendant les quinze premiers jours on observe
en abondance des mitoses pluripolaires. Il ne s'agit pas de divisions de
véritables cellules géantes, comme celles qui ont été décrites par exemple
par BRomax (Anat. Anz., 1900) dans le testicule du Bombinator. Mais par
suite des conditions spéciales de la rapide régénération, les divisions
nucléaires se succèdent sans être immédiatement suivies de clivages
cytoplasmiques ; de sorte qu'il se constitue temporairement des cellules
à 2,.4 et jusqu'à 8 noyaux, dont les mitoses sont simultanées et dont les
centrosomes peuvent se fusionner. Plus tard ces divisions anormales dispa-
raissent, les clivages protoplasmiques retardés s'étant accomplis. :
CH. PÉREZ.
13.442. WEBER, A. Phénomènes de dégénérescence dans les cellules
en activité caryocinétique du tube nerveux d'embryons de
Sélaciens. Anat. Anz., t. 44, 1913 (356-364, 1 pl.).
Chez de très jeunes embryons de Raie, de 2 mm., la face libre de la plaque
médullaire est garnie de cellules germinatives qui se divisent activement.
Chez les embryons plus âgés, de 3 à 4 mm., la gouttière nerveuse est trans-
formée en tube nerveux; les cellules germinatives, qui ont déjà donné
naissance à de nombreux neuroblastes, dégénèrent et disparaissent pour la
plupart. La dégénérescence se produit sans que l'activité caryocinétique ait
diminué ; elle frappe tout d'abord le noyau. Celui-ci devient amorphe, mais
même alors, la tendance à l’individualisation des chromosomes et à la division
persiste. Dans les cellules filles, provenant de ces divisions plus ou moins
irrégulières, la membrane nucléaire disparaît, le noyau se dissout, le cyto-
plasma dégénère à son tour, mais jusqu'au dernier moment, la sphère, le
centriole et l’irradiation astérienne sont visibles. IL semblerait done que c'est
la figure achromatique qui constitue l’ultimum moriens; elle continue à
exercer son action sur un noyau en nécrobiose. A. DRZEWINA.
13.443. WIEMAN, H. L. Chromosomes in Man. (Chromosomes chez l'Homme).
Amer. Journ. Anat., t. 14, 1913 (461-471, 10 fig.)
Étant donnée l'incertitude qui règne d’après les travaux récents sur le
13.444.
BIBLIOORAPHIA EVOLUTIONIS. 155
nombre -de chromosomes de l'Homme, W. a examiné à ce point de vue un
embryon humain normal fixé aussitôt après son expulsion, dans un avortement
provoqué ; les mitoses étaient abondantes dans tous les tissus som:tiques,
sauf l'endoderme du tube digestif, la peau, et les cellules génitales primitives.
Elles ont fourni des nombres variables, 32, 34, 38, le nombre 34 étant semble-
t-il le plus fréquent. Divers auteurs, DUESBERZ, GUYER, BRANCA, GUTHERz
indiquant environ 24 pour les divisions pré-méiotiques des spermatogonies,
on voit que l'Homme fournit sans doute un nouvel exemple de ce fait que les
mitoses somatiques peuvent présenter un nombre de chromosomes variable et
supérieur au nombre diploïde fixe des divisions goniales. CH. PÉÈREZ.
HARMAN, M. Method of cell-division in the sex cells of JZuenia
teniaeformis. (Procédé de division cellulaire dans les cellules sexuelles).
Journ. of Morphol., t. 21, 1913 (205-243, 8 pl.).
Contrairement à plusieurs auteurs, qui ont décrit des divisions amitotiques
au cours de la spermatogenèse et de l’ovogenèse, H. soutient que, chez
Taenia teniaeformis, et aussi chez Moniezia, les cellules germinales se
divisent toujours par karyokinèse. La saison, l'heure, l'abondance plus ou
moins grande de la nourriture, le traitement au chloroforme, n'ont aueune
influence sur le caractère et la fréquence de la division. Cette question de la
mitose ou de l’'amitose est intéressante pour les théories de l’hérédité, de
l'individualité des chromosomes, du déterminisme du sexe, etc.
A. DRZEWINA.
13.445, AUNAP, E. Ueber die Chondriosomen der Gonocyten bei Kno-
chenfischen. (Sur les chondriosomes des gonocytes chez les Téléostéens).
Anat. Anz., t. 44, 1913 (449-459, 5 fig.)
Chez le Coregonus muraena, les gonocytes primitifs présentent des chon-
driosomes arrondis, en forme de petits grains ; les cellules de segmentation
renferment les mêmes chondriosomes. Au contraire, les cellules somatiques
de l'embryon, en particulier celles de lépithélium intestinal, du canal médul-
laire, des canaux de Wolff, présentent des chondriosomes allongés en bâtonnet,
mais jamais arrondis. A. DRZEWINA.
13.446. HARGITT, G. T. Germ cells of Coelenterates. (Cellules sexuelles chez
les Coelentérés). Journ. of Morphol., t. 24, 1913 (383-414, 21 fig.).
Dans ce travail, où il étudie l'ovogenèse chez Campanularia flexuosa, H.
combat en particulier la théorie de WEisManN relativement à l’origine des
cellules sexuelles, ainsi que les conclusions qui en résultent pour la théorie
de l’hérédité. Les œufs, chez C. flexuosa, Se forment dans l'endoderme du
pédicule du gonophore, par transformation d’une simple cellule épithéliale,
ou de la partie basale seule de la cellule, dont la moitié distale garde son
caractère et ses fonctions de cellule épithéliale. Par conséquent, les œufs
dérivent ici de cellules somatiques différenciées, et il n’y a pas de distinction
précoce entre soma et germen. H. décrit différents stades de la transformation
de la cellule endodermique en cellule œuf. Le nuucléole devient vacuolé, se
fragmente, et sa chromatine passe dans le cytoplasma sous forme de chromilies,
qui interviennent dans la formation du vitellus. Celle-ci, ainsi que l'émission
chromatique et la croissance de l'œuf cessent quand le nucléole, qui serait
ainsi un centre dynamique de l'activité nutritive de l'œuf, disparaît. La
156 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
chromatine de la vésicule germinative se dispose alors en chromosomes,
mais la plus grande part s'en échappent pour passer dans le cytoplasma et rien
ne distingue cette chromatine de celle qui reste dans le noyau; ceci serait
contre la théorie de la continuité de la substance chromatique d'une géné-
ration à l’autre. D’après H., des considérations chimiques, et non des apparences
morphologiques, seraient susceptibles d'expliquer les activités et les fonctions
cellulaires. A. DRZEWINA.
13.447. DUESBERG, J. Plastosomes et «organ forming substances »
dans l'œuf des Ascidiens. Bulletin Acad. Sci. Belgique, 1913 (p. 463-
474, 12 fig-):
COoNKLIN a montré, comme on sait, il y a quelques années, que chez une
Cynthia, les différents organes de la larve renferment des substances déjà
reconnaissables dans l'œuf vivant et y présentant, jusqu'à un certain point,
une localisation correspondant à celle qu’ils auront dans l'embryon. D., en
traitant des œufs de Ciona intestinalis par les méthodes d'ALTMANX et de BENDA,
a constaté des localisations tout à fait parallèles des plastosomes (mitochondries)
du vitellus et de la substance cytoplasmique fondamentale. L'œuf non divisé,
l'œuf à sa première division et aux stades ultérieurs jusqu'à la larve montre,
dit-il, des dispositions superposables à celles décrites par CONKkLN. Il y
aurait lieu, dit D., de reprendre, par les mêmes méthodes, l'étude des œufs
offrant des zones protoplasmiques différenciées (Nereis, Myzostome, Chætop-
terus, etc.) et de ceux où le développement a un caractère de mosaïque
accentué ({l/yanassa, Beroe, Dentalium, etc.), sans qu'il y ait de localisations
cytoplasmiques visibles. Les plastosomes ou mitochondries jouant, d’après les
observations récentes (MEVES, etc.), un rôle essentiel dans la différenciation
des tissus, on pourrait imaginer que, chez les œufs à caractère mosaique,
ils sont différenciés dès la fécondation, de sorte que chaque blastomère recevrait
des matériaux différents. On peut imaginer tous les degrés dans cette différen-
ciation et par suite dans l'allure de l'œuf par rapport à la théorie de la
mosaique. M. CAULLERY.
13.448. GELEI, Jozser. Ueber die Ovogenese von Dendrocæluim lacteum.
(Sur l’ovogénèse du D.), Arch. f. Zellforsch. t. 11, 1913 (51-150, pl. 4-5).
Les cellules nourricières ne sont point des oocytes transformés; elles
proviennent par division des oogonies, ou même des cellules primordiales ;
elles élaborent du glycogène et de la graisse. Les cellules vitellines
n'appartiennent pas originairement à l'ovaire ; elles proviennent sans doute de
la trompe, et pénètrent dans l'ovaire après la ponte du premier œuf. Dans les
mitoses multiplicatrices des oogonies on peut compter 14 chromosomes ; à la
télophase de la dernière, les chromosomes plus longs et plus épais, se
rapprochent suivant leur longueur, de sorte qu'on ne peut plus compter que
leurs extrémités. Il est douteux que le noyau de l’oocyte se reconstitue à l’état
de repos ; pendant toute l’oogénèse la chromatine conserve sa forme associée
en chromosomes; ceux-ci subissant de nombreux mouvements et modif-
cations, mais sans jamais se disloquer ni perdre leur individualité. 11 y a un
stade de bouquet leptotène à 14 longs chromosomes univalents, qui est suivi
sans synapsis par un stade de bouquet diplotène résultant de l'accolement
par paires des chromosomes précédents en 7 filaments bivalents. Puis
ceux-ci se séparent en prenant la forme d'anneaux ou de 8. Il n'y a pas
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 157
nettement formation de tétrades. G. étudie en outre les transformations de la
chromatine, ses rapports avec la substance nucléolaire, la morphologie de
| l'appareil central et les mitochondries au cours de l'oogénèse.
CH. PÉREZ.
13.449, BIERENS DE HAAN, J. A. Ueber bivalente Eier von Sphaerechinus
granularis und die Grossenverhältnisse bei den aus diesen
sich entwickelnden Larven. (Sur les œufs bivalents de S. g. et les
rapports des dimensions chez les larves qui en proviennent). Zoolog. Anzeiger.
t. 42, 1913 (500-512).
B. a étudié, chez S.g., le développement des œufs géants, qu'on rencontre plus
ou moins souvent et dont le volume est double du volume normal. Ils ont
une forte tendance à la polyspermie, mais, si elle est évitée, se développent
normalement, en donnant des larves dont les dimensions sont, par rapport à la
normale, X ? 5 —.— Les cellules ont des dimensions doubles, mais sont en
nombre normal ; elles ont 60 chromosomes au lieu de 40 ; comme l'œuf géant
résulte de la fusion de deux ovocytes dans l'ovaire, on voit qu'il renfermait
avant la fécondation le double du nombre ordinaire de chromosomes. B. voit
dans ses observations la confirmation des résultats de Bovertr dans les
problèmes analogues. M. CAULLERY.
13.450, GUITEL, Frépéric. L'appareil fixateur de l'œuf du Xwrtus Gulliverr.
Arch. Zool. Expér. t. 52, 1913 (1-11, 2 fig., pl. 1).
G. complète la description donnée par Max WEBER (Akad. v. Vetensch.
Amsterdam, 1910) du curieux appareil de suspension de la ponte chez le
K. qulliveri. Ge Poisson d’eau douce de la Nouvelle-Guinée présente chez le
mâle adulte une sorte de crochet, saillie du supra-occipital recourbée en avant,
et qui délimite avec la surface dorsale de la tête un orifice en forme d'œillet.
Chaque œuf est soutenu par couronne de filaments rubanés, insérés sur sa
coque suivant un petit cercle périmicropylaire, et qui se détachant de lui
comme les cordes soutenant la nacelle d'un ballon, se réunissent de proche
en proche, en faisceaux de plus en plus complexes, avec les éléments homo-
logues des œufs voisins. Finalement un gros faisceau unique reliant deux
groupes d'œufs passe dans l’orifice de l’œillet et maintient la ponte, en forme
de bissac, sur la nuque du mâle. On peut supposer que ces filaments se
constituent, autour de l'œuf ovarien, d’une façon analogue à ce que G. a observé
pour ceux du Clinus argentatus (Arch. Zool. Exp., 1893), Blenniidé dont les
œufs sont fixés, par des filaments folliculaires, aux rameaux des Cystoserra.
CH. PÉREZ.
13.451, MEEK, C. F. U. The metaphase spindle in the spermatogenetic
FLE", LES.
pe
mitoses of Forficula auricularia. (Le fuseau de la métaphase dans les
mitoses des cellules spermatogéniques). Quart. Journ., t. 59, 1913 (219-265,
pr
La longueur du fuseau mitotique (c'est-à-dire la distance entre deux
centrosomes)), dans une mitose donnée et à un moment donné, n'est pas
quelconque. Chez la Forficula auricularia, dans les spermatogonies du
2e ordre et les spermatocytes du {°° et du 2° ordre, cette longueur, au stade de
la métaphase, à la fin de la métaphase, et au début de la l'anaphase, est
constante ; elle est, respectivement: 6.9, 10.2, 7.8 p (métaphase) ; 7.1, 10.4,
8,1 w(au moment où les chromosomes se préparent à se séparer) ; 7.3, 10.7 et
158 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
13.452. C
8.3 & (au début de l’anaphase). D'autre part, il y a un rapport déterminé entre
la longueur du fuseau mitotique dans les éléments en question et le volume
de ceux-ci. Ainsi, quand on compare entre eux les spermatocytes du 1e et du
2° ordre (à priori les derniers doivent être moitié plus petits que les prémiers)
le rapport entre les longueurs respectives des fuseaux est comparable à celui
des rayons de deux sphères dont une aurait un volume double de l'autre.
A. DRZEWINA.
HAMPY, CnrisTIax. Recherches sur la spermatogénèse des
Batraciens et les éléments accessoires du Des nee. Arch.
Zool. expér., t. 52, 1913 (13-304, 104 fig., pl. 2-13).
Revue d'ensemble, accompagnée d'un grand luxe de figures, des connais-
sances actuelles sur la spermatogènèse des Batraciens. L'apport original se
réduit à quelques points de détail. Les gonies primitives, éléments propres
de la glande génitale, caractérisées dans beaucoup d'espèces par l’état lobé
polymorphe de leur noyau, sont considérées par CG. comme sexuellement
indifférentes ; leur sexe ne serait délerminé que tardivement, par des condi-
tions extérieures à elles-mêmes ; ainsi s'expliquerait la fréquence de la dégéné-
rescence oviforme de certaines gonies du testicule, et les cas d’hermaphro-
disme plus ou moins accusé. Ces gonies primitives se multiplient exclusi-
vement par mitose, aussi bien pour fournir de nouveaux individus de leur
catégorie, que pour donner naissance aux nids de gonies secondaires, qui
évoluent décidément vers la lignée mâle. Au moment de la transformation
de la spermatide en spermie, il y a multiplication des centrioles, qui se
répartissent en deux groupes: un postérieur qui donnera insertion au
filament caudal (dédoublé lui-même pour fournir le renforcement marginal de
la membrane ondulante); et un antérieur qui, avec la majeure partie de la
substance du centrosome, constitue l’acrosome, ou tout au moins une partie
de l’acrosome. Dans l'axe du noyau de la spermatide se différencie un bâtonnet
spécial, particulièrement net chez l'Alytes, rudimentaire dans d’autres espèces,
le spirostyle, qui est relié au groupe antérieur de corpuscules centraux, et
se tord sur son axe, entraînant la torsion en hélice de tout le noyan, et
éventuellement du cytoplasme même de la spermie: Cn. étudie d’autre part
le tissu interstitiel, à enclaves de graisses phosphorées, que l’on trouve iné-
galement développé, chez divers Anoures, entre les tubes séminifères, et il le
considère comme une glande endocrine dont l'hormone déversée dans le sang
déterminerait l'orientation des gonies primitives vers la lignée mâle, aurait
sous sa dépendance les caractères sexuels secondaires, etc. Il attribue le même
sens au tissu temporaire qu' se développe chez les Urodèles à la place des
cystes partiellement vidés, après l'évacuation du sperme ; tissu qui n’est autre
chose (Cn. PÉREZ, Soc. Biologie, 1904) qu'une sorte de plasmode phagocytaire
englobant et digérant les spermatozoïdes non évacués. Dans un cas comme
dans l’autre, ce tissu à réserves grasses, qui disparaît au moment de l’active
poussée spermatogénétique annuelle, doit fournir des matériaux pour l’élabo-
ration des jeunes spermatozoïdes ; il peut rétrocéder au sang des éléments solu-
bilisés provenant de la résorption phagocytaire. Mais les faits cytologiques
ne suffisent pas pour le caractériser comme une véritable glande à sécrétion
interne. C’est encore une hypothèse gratuite.
CH. PÉREZ.
BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS. 159
13.453. WILDMAN, E. The spermatogenesis of Ascaris megalocephala
SR |, |
with special reference to the two cytoplasmic inclusions,
the refractive body and the mitochondria: their origin,
nature and role in fertilization. (La spermatogenèse chez A. 7».,
et en particulier les deux inclusions cytoplasmiques, le corps réfringent et
les mitochondries : leur origine, nature et rôle dans la fécondation). Jowrn. of
Morphol., t. 24, 1913 (421-450, 3 fig.).
Les inelusions cytoplasmiques que l’on rencontre au cours de la sperma-
togenèse chez A. megalocephala sont : 1° les karyochondries et 2° les plasto-
chondries ; les deux sont d'origine nucléaire, et apparaissent tout d'abord
dans le noyau de spermatogonies, les premières sont à la surface de la
karyochromatine, les derniers dérivent du plastosome. Dans les spermatocytes,
les karyochondries passent dans le cytoplasma et forment les granules
réfringents et ensuite, en se fusionnant, le corps réfringent du spermatozoiïde.
Ce corps est purement une substance de réserve, il peut être absorbé avant
que le spermatozoïde pénètre dans l'œuf. Les karyochondries ne jouent donc
aucun rôle dans la fécondation, leur seule fonction est de former du vitellus.
Les plastochondries sont, comme les plastosomes, des substances de réserve ;
ils se comportent comme des grains inertes, ne se divisent pas, ne s'ac-
croissent pas ; un grand nombre se perd pendant la spermatogenèse.
Contrairement à MEves, W. n’admet pas que les plastochondries, et plus
généralement les mitochondries, jouent quelque rôle dans l'hérédité.
A. DRZEWINA:
1,454. CHAMBERS, Rogerr, jr. The spermatogenesis of a Daphnid,
Simocephalus vetulus (Spermatogénèse d'un Cladocère, S.».). Biol. Bulletin,
t. 25, 1913 (134-140, 3 fig.).
Étant donné que les œufs fécondés des Cladocères donnent invariablement
des femelles (première génération d'une série parthénogénétique), Gx. s’est
proposé d'étudier la spermatogénèse au point de vue du déterminisme du sexe
par le spermatozoïde (Cf. E. B. Wizson etc.) Chez le Simocephalus vetulus il
n'y a pas d’hétérochromosome, et aucun dimorphisme n’a pu être remarqué au
point de vue de la constitution chromatique des spermatozoïdes. Mais une
moitié environ des spermatides avortent (spermies apyrènes ?), et Cn. suggère
qu'elles pourraient peut-être précisément représenter les spermatozoïdes qui
eussent déterminé la production de mâles. CH. PÉREZ.
13.455. WODSEDALEK, J.E. Spermatogenesis of the Pig, with special
reference to the accessory chromosomes. (Spermatogénèse du
Cochon, au point de vue des hétérochromosomes). Brolog. Bulletin, t. 25,
1913 (8-44, pl. 1-6).
Les spermatogonies, à l'état de repos, présentent deux nucléoles chroma-
tiques dont on peut suivre l'évolution pendant toute la spermatogénèse. À la
première division réductrice, ils se comportent comme deux hétérochromo-
somes, surajoutés aux huit autosomes bivalents, et passent sans se diviser à
l'un des spermatocytes de second ordre; ils se clivent au contraire à la
seconde division ; et par suite la moitié des spermatides contiennent quatre
chromosomes bivalents, l’autre moitié au contraire contient, en plus de ces
quatre bivalents, deux hétérochromosomes, que l'on retrouve sous forme de
nucléoles chromatiques lorsque le noyau est repassé à l’état de repos. Si l'on
160 BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
consiäère d'autre part les Spermatozoïdes adultes, et que l'on mesure Ja
longueur de leur tête, on obtient une courbe de variation à deux sommets,
indiquant qu'ils se répartissent à peu près par moitié en deux catégories de
taille, correspordant sans doute à la différence de masse chromatique du
noyau. D'autre part des numérations de chromosomes faites dans des cellules
somatiques d'embryons de Cochon (mésonéphros), ont montré que chez les
embryons mâles il Y a 18 chromosomes, comme dans les mitoses de sperma-
togonies et chez les embryons femelles, 20 comme dans les oogonies.
W. considère que ces faits apportent un sérieux appui aux idées de E. B. WiLsox
sur le rôle des hétérochromosomes dans le déterminisme du sexe.
CH. PÉREZ.
13.456. DUNGAY, Ne S. À study of the effects of injury upon the
fertilizing power of sperm. (Effets de divers agents nocifs sur le
porveir fécondant du sperme). Biolog. Bulletin, t. 25, 1913 (213-260, pl. 1-2).
D. a essayé d’altérer le sperme par des agents très variés; chaleur, froid,
attente prolongée, ou réactifs chimiques, alcool, bases ou acides dilués. La
réussite est assez délicate, car on risque ou bien d'agir trop brutalement et de
tuer complètement les spermatozoïdes, ou bien de n'avoir aucune action
perturbatrice. Il ne semble pas ÿ avoir une action spécifique de tel ou tel
réactif employé. Les expériences ont porté sur la Nereis limlata et sur
l'Arbacia punctulata, avec résultats concordants pour ces deux espèces. Chez
la Nereis, en particulier, certains œufs ne forment pas de cône de fécondation
et n'attirent pas à leur intérieur la tête du spermatozoïde; ces œufs ne se
segmentent pas, et se bornent à émettre leurs globules polaires, avec ou sans
formation de gelée. Les œufs où la tête spermatique pénètre développent d'une
façon normale un premier fuseau de segmentation, mais le clivage protoplas-
mique ne s'achève pas, ou en tout cas est suivi d'anomalies ultérieures. Ces
expériences sont à rapprocher des observations qui montrent le rôle que peut
avoir l’alcoolisme dans la production de dégénérés. Elles montrent d'autre
part que, dans le processus de fécondation, il y a d'une part formation de la
membrane, et d'autre part apport d'un certain stimulus interne. Et chez la
Nereis, la présence dans l'œuf des deux pronucléi ne suffit pas comme
stimulus interne pour un développement normal. CH. PÉREZ.
13.457. HERTWIG, Paura. Das Verhalten des mit Radium bestrahlten
Spermachromatins im Froschei. (Le comportement de la chroma-
tine spermatique, irradiée par le radium, dans l'œuf de Grenouille). Arc.
mikr. Anat., Abt. f. Zeug. u. Vererb., t. 81, 1913 (173-182), pl. 10).
Ce travail est « une preuve cytôlogique du développement parthénogénétique
des larves au radium », et il a été entrepris en vue de montrer la vérité de
l'hypothèse de Oscar et Günther HERTWIG, à savoir que dans les œufs et
spermatozoïdes irradiés, seule la chromatine est atteinte, et que les spermato-
zoïdes irradiés trop longtemps ont leur chromatine « malade » au point qu’elle
n'intervient plus dans la fécondation. L'auteur a étudié des œufs aux stades
de 2 et 4 blastomères, fécondés par des spermatozoïdes « malades ». Les
blastomères présentaient, à côté de noyaux normaux, une masse nucléaire
« pathologique », qui se colorait comme la chromatine, et qui serait la
« radiumchromatine » du spermatozoide ; cette masse se comporte comme un
corps inerte, elle ne prend aucune part dans la division des blastomères.
A. DRZEWINA.
PRO SOPRr
TABLE ANALYTIQUE.
(Les renvois sont faits aux numéros d'ordre des analyses, inscrits en marge. — Les
numéros sont indiqués en tfaliques quand les auteurs correspondants sont simplement
cités.)
Biologie expérimentale, 106-118.
Cytologie gènérale, fécondation, 119-149, 314-342, 437-457.
Éthologie générale et adaptation, 18, 70-90, 266-294, 400-427.
Fécondation, 140, 150-172, 343-349.
Greffe, 55, 91, 97, 98, 110, 243-247, 313, 339, 340, 393, 394.
Hérédité, 6, 28, 41-54, 208-232, 248, 371, 382-392, 429.
Hybrides, 13, 31, 45-69, 154, 175, 232-252, 323, 350, 378, 388, 393-399.
Parthénogénèse, 44,97, 69, 76, 77, 140, 173-182, 258, 259, 261, 344-347,
300, 301, 387, 454.
Phylogénèse, 279, 295-304.
Régénération, 91-99, 305-307, 389, 441.
Sexualité, 48, 49, 101-105, 132, 214-222, 253-265, 371, 376, 426-436.
Travaux généraux, 1-20. 183-196, 352-368.
Variation, 6-12, 21-10, 73, 197-207, 244, 245, 268, 318, 348, 369-383.
Aérophore 266.
Abbott, J. F. 273. Aérostatique (poil) 266, 267.
Abeille 78, 262, 271. Age 276.
Aberrant 399. AGGAZZOTTI, À. 407.
Abraxas 135. Agolutination 110.
ABROMEIT 28. Agglutinine, 278.
Acclimatation 210. Aile 299.
Accouplement 277. Albinisme 15, 16, 21, 370.
Achromatique 442. Albumine 337.
Acide 456. Alcool 147, 148, 281, 456.
Acidité 422. Alcoolisme 113.
Acilius 279. Alexine 288.
Acridiens 405. Alimentation 112, 366, 373.
Actinies 96. ALLEE, E. W. C. 272.
Actinodonte 8. Allélomorphe 4 47.
Action du milieu 9, 382. Allium 130.
Activation 173, 174. , ALLYN, H. M.176.
Activité 281. Alternative 383.
ADAM, À. 78. Althæa 233.
Ada tation, a LS, 187-195, 374. Altitude 407.
Ade hophagie, 23 ALTMANN 447.
aiaps 149. Alytes 452.
162 TABLE ANALYTIQUE DE LA BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
Ambocepteur 288.
Amblyomma 179.
Amblystegium 320.
Amblystoma 82.
Amélioration 4, 62-64, 384, 399.
Amibe 356.
Amitose 444, 452.
Amiurus 93.
Amæboisme 411, 412.
Amphibiens 173, 174, 315, 316, 345,
309.
Amphimixie 348.
Amphioxus 104.
Ananas 282.
Ananassa 182.
Anas 69, 393.
Anastrepha 283.
Ancolie 65.
Anencéphalie 106.
Anesthésique, 95.
Angiospermes 182.
Anisogamie 261.
Anisomyaire 8.
Annélides 302, 303, 367.
Annuel 37.
Anodonta 306.
Anomalie 46, 143, 202, 369, 389, 391.
Antagonisme 160, 161.
Antarctique To.
Antenniforme 307.
Anthocyane 16.
Anthracosidés 8.
Anthropoide 361.
Antigène 288.
Antimoine 374.
Antinomie 393.
Antirrhinum 65.
Aplis 76, 134, 387.
Aphrophora 139.
Apis 78, 262, 271.
Apneumone 401.
Apogame 43, 378.
Apyrène 323, 320, 454.
Aquilegia 6.
Araignées 295, 406.
Arbacia 110, 152, 175, 340, 456.
Arboricole 73.
Archégone 426.
Archoplasma 314.
Arcidés 8.
Arctique, 294.
Arge 310.
Arion 44.
Aristolochia 270.
ARISTOTE 189.
ARKELL,T.R. 222.
ARMAND, L. 322.
ARMSTRONG, F. E. 15-17.
Armure dermique 383.
ARRHENIUS, SV. 167.
Arsenic 374.
Arthropodes 367.
Artlemia 83.
Ascaris 116, 120, 124, 127, 155, 156,
164, 319, 453.
Ascidies 447.
Ascopore 171.
Aseptique (milieu) 189-195.
Asexué 402.
Asparagus 240.
Asplanchna 23, 373, 434.
Association de facteurs (linxage) 65.
Associations végétales 405.
Assortis (accouplements) 349.
Astacus 325.
Astacopsis 297.
Asterias 162, 396.
Asymétrie 40, 386.
Ateles 361.
ATKINSON, G. F. 377.
Atrésie 142.
Atrophie 299.
Attraction 122, 151, 271.
Atyidés 85.
AUNAP, E. 445.
Autocatalyse 84, 174.
Autodifférenciation 364.
Autoergie 9.
Autofécondation 44, 53, 169, 228.
Autogamie 170.
Autoplastique 91.
Autotomie 402.
Avena 239, 399.
Aviculidés 8.
Avoine 239, 399.
Avortement 113, 194, 393, 454.
Axiale (échelle) 186, 364.
Axolotl 82.
Baarr DE LA FAILLE, 163.
Bacillus 39.
Bactéries 287, 419, 423.
Bactéroïdes 287.
BAEHR, W. B. v. 134.
Barrsecr, G. A.165.
Balaninus 286.
BazLowITZ, E. 411.
BALLS, MW. L251"
BaLLy, W. 149.
BALTZER 137, 154.
Bananier, 182.
BANCROFrT, F. W. 258.
BARBER, C. 252.
Barbillon 93.
BarruRTH, D. 305.
BARTELMEZ, G. W. 144.
BARTLETT, H. H . 32, 198.
Base 450.
Basichromatine 334.
Bastardland 248.
Batagur 298.
BATAILLON, E. 173, 174, 258, 344.
BATEsON, W. 43, 49, 208, 353, 386.
TABLE ANALYTIQUE DE
Batraciens 173, 174, 3
406, 452.
Batracoseps 131.
BauRr, E. 17, 43, 65, 208.
BEAL 71.
BEAUREPAIRE-ARAGO, H. pe 179.
BEERCHER 392.
BerGEeL, G. 93.
BELERINCK, M. W. 39.
Bélemnitelles 415.
BeLLaiR, G. 235.
BENDA, K. 447.
BENEDEN, E. van 155.
BERENBERG-GOSSLER, E. 126.
BERGMANN 40.5.
BERNARD, N. 27, 291.
BERNARD, P. N. 418.
Beroe 447.
BERRY, E. B. 301.
BERRY, S. S. 413.
BERTRA AM, W.32
Beta 390.
Betterave 390.
Bidder (organe de), 431.
BIERENS DE HAAN, J. A. 449.
BirrEN, R. H. 226.
Bilatérale (hérédité) 349.
Bilatéralité 144.
Biogénétique 357.
Biologie expérimentale 106-118.
Biologique (espèce) 196, 400.
Biotype 7, 211-213, 384, 422.
Bisannuel 377.
Biset 382.
Bivalent 449, 455.
BLACKMANN 260.
BLARINGHEM, L. 223, 224, 225, 250.
Blastocyste 107.
Blastogène, 268, 394.
Blastopha a 280, 290.
Blé 20, 232, 250, ‘309.
Blending 383.
Blephart isma 422.
Bœuf 56.
Bou, G. 87, 117, 118.
Bombinator 41.
Bombyx 312.
Bonp, C. J. 46.
BonNET, J. 317.
BonNEVvIE, K. 1.52.
BORING, A..M. 138, 139,
Borique Ji
Bos 56.
Bosmina 197, 268.
BôTricHER, H. 403.
BOUCHERIE, E. 321.
Bouleau 13.
Bouquet 448.
Bourdons 78.
Boussac, J. 9.
BOUVIER, E. L. 85. 26), 424
Bovins 253.
Boveri, TH. 119, 132, 319, 345, 449.
15916, 945,36,
329, 330.
LA BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
163
BRACHET, A. 107, 3:39.
Brachionus 373.
Brachyoure 44.
BRANCA, À. 443.
Branchellion 335.
Brassica 390.
BRAUN, M. 310.
Brebis 276.
BRET, C. M. 205.
BRÔÜLEMANN, À. W. 414.
BROMAN 441.
BRoWwNE, E. N. 136.
Bryonia 182.
Bubo 403.
BucET, S. 225.
BUCHNER 127.
BuDER 17.
Burron 255, 558.
Bufo 315, 345, 430, 431.
BuGnioN, E. 436.
BuJoR, P. 83.
Bumeus .
BurGess, A. F. 266.
BURKILL, J. H. 228.
Bury, J. 440.
Byssifère 8.
Bythotrephes 268.
Caféine 281.
Cairina 69, 393.
CALKINS 280, 348, 349.
Calliphora 191, 310, 410.
Callosité 264, 430, 431.
Calotermes 430.
Campanularia hAG.
Canard 69, 105, 249, 263, 393.
Canari 55, 247, 393.
CANDOLLE, de 201.
Cannabis 182.
Canne à sucre 252.
CANTACUZÈNE, J. 288.
Capritermes 436.
Capsella 28.
Caractères acquis 42, 359, 382.
Caractères cycliques 430, 431.
Caractères Ssexuels 101, 102, 219, 253,
263, 264, 270, 329, 330, 428-432, 452.
Caractères unités 188.
Carcinus 3, 288.
Cardiolidés 8.
Carica 182.
Carnivore 282.
CARREL, A. 108.
CARTHAUS 301.
Cartilage 367.
Caryocataly se 173, 174.
Caryochondrie 4! 58.
Caryochromatine 453.
Caryocinèse 119-123,
451.
129-439, 440-446,
164
Caryolyse 37.
Caryorhexis 427.
Caste 430.
CASTLE, W. E. 215.
Castration 103, 263-265, 428, 430, 432,
430.
Catalyse, 363.
CATTEL, E. 217.
CAULLERY, M. 357.
Cavernicole 85, 414.
Cavicole 8.
Cécidie 286.
Cecropia 342.
CEILIER, R. 291.
Centriole 442.
Centrosome 442.
Cépage 241.
Céphalopode 352, 413.
Cerastipsocus 138.
Ceratium 88.
Cercopagis 268.
Cercopides 139.
Céréales 20, 64, 238.
Cerebratulus 175.
Cérithidés 9.
Chaeraps 291.
Chætognathes 275.
Chætophorus TO.
Chætopterus 176, 285, 447.
CHAMBERS, R. J. 454.
Champignons 260, 317.
CHaAMPY, Ch. 452.
Chanvre 182.
CHAPPELLIER, A. 69.
Chassé-croisé 217, 218. 220,
Chelone 298.
Chenilles 99.
CHESTER, W. M. 9,6.
CHEVALIER, À. 201.
Chien 157.
Cizp, C. M. 95, 186, 364, 402.
Chimère 17.
Chlorella 39.
: Chloris 247.
Chlorophylle 227, 432.
Chlorose 398.
CHopaT, R. 14, 15, 16.
CHoLODKOWSKY, N. A. 196, 267.
Chondriolyse 124.
Chondriomyces M9.
Chondriosome 124, 445-448, 453.
Chondromucoïide 367.
Chou-rave, 390.
Chromatine 119, 159, 497.
Chromatophore 382, 411, 412.
Chromidie 314, 336, 446.
Chromogène 15, 16.
Chromosome 44, 116, 119-121, 129-139,
149, 154,.318, 391, 443, 444, 448,
449.
Chrysalide 421.
Chrysomélides 432.
Cuun, CG. 268.
TABLE ANALYTIQUE DE LA BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
Cydorus 268.
Cidaris 395.
Ciliés 165-167, 422.
Citrus 181.
Cladocères 197, 389, 409, 435, 454.
CLARK, H. L. 7.
Claviceps 226.
Climat 198, 403.
Clinus 450.
Clitellienne (glande) 336.
Clupea 400.
Coalescence 245.
Cobaye 113, 341.
Cochon 455.
COCKAINE, L. 304.
Cœlentérés 367, 446.
Colias 256.
Collemboles 310.
Colloïde 119.
Colombe 247.
Coloration 7, 45, 241, 421.
Commensalisme 285.
Compression 427.
Conchifrage 415.
Concrescence 202.
Conducteur 214.
Congélation 423.
Congénital 389.
Conjugaison 131, 374.
CONKLIN 447.
Conus 326.
Convergence 73, 219, 282, 285, 297,
298, 397, 415.
Coordination 100, 111, 364.
Cope 599.
Coquille 8, 9, 306.
Corchorus 228.
Coregonus 22, 445.
GCornes 222, 428.
Cornichon 372.
Cornu, M. 105.
Corrélation, 52, 188, 368.
CorRens, C. 5. 43, 255, 429.
Corrodentia, 138.
Corvus 403.
Coton 291.
Corte, H. J. 19, 20.
Corte, CH. 20.
USE 45-49, 215, 228-229, 368-371,
382.
Courbe de survivance, 3.
Crabe 3, 273, 274, 288, 433.
CRAIG, D. M. 113, 375.
Crâne 296.
Cratægus T.
Crevette, 3, 8.
Criodrilus 97, 98.
Cristalloides, 119.
Cristaux liquides 119.
Critérium (vie) 360.
Croissance 79, 84, 249, 354, 306, 416.
Crustacés 268, 269.
Cryptocécidie 286.
TABLE ANALYTIQUE DE LA BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
Cryptomérie 234.
Cténodonte 8.
Cténophore 111.
Culex 420.
Culture 107, 108.
CUSHMAN 322.
Cuvier, G. 1, 2, 358.
Cyanure Te 118, 544.
Cybister 279.
Cycle, 76, 402, 418.
Gyclique (e caractère) 4
Cyclopie 106.
Cyclops 237.
Cyclostoma 287.
Cypris 307.
Cytisus 17, 182.
Cytologie générale
137-457.
Cytolytique 160, 161.
30, 431.
119-149, 314-342,
Dacus 283.
Daltonisme, 214.
DANGEARD 2060.
DANIEL, L: 243,244, 245.
Daphnia 197, 268, 389.
DARBISHIRE 45.
DARLING, S. T. 375.
DARWIN, CH. 1, 7,101; 184, 185$,
DID DD01D0E JO
DAvENPORT 222.
Davies 132.
Davis. B. M. 30, 199, 397.
DEBAISIEUX, G. 58.
Debaryomuyces 261.
Dédifférenciation 311.
Dégénérescence 124, 145,
442, 452.
DEHORNE, A729 455 132
Deilephila 310, 132.
DELAGE, Y. 178.
DELCOURT, A. 6, 189.
116, 427,
Der 90.
DELLA VALLE, P. 119.
DELSMAN, H. te 302.
DEMANDT, C. 128.
DE MEUERE, J. C. H. 429.
Demo, R. 254, 328.
Dendrocælum 448.
Dentalium 117.
Denture 415.
Dépression 186, 280, 281, 439,
Dermestes 410.
Descendance 183, 184, 361,
Désharmonie 345.
Desmodonte 8.
Desmognathus 145, 401.
Dessiccation 77.
Déterminant 7.
Détermination », 111,
Déterminisme de la ne 195, 278.
Déterminisme du sexe 78, 434,
452, 454, 455.
Deutophilie 393.
Deutoplasmolyse 341.
De Vres, 4559; 379.
DE WINTER, LASER)
DEWITZ, J. 372.
DEXTER, J. S. 217, 420.
Dianthus 15, 16.
Dicaryon 317.
Drerz, A. 420.
Digitalis 44, 230.
Dihaploïdal 317.
Dihaplophase 317.
Dikaryon 317.
Dimorphisme 137,0210,2279 3207482;
494.
Dinophilus 150.
Diospiros 182.
Diovogonie 339.
Diplogénèse 308.
Diploide 551, 44:
Diptères 282. 283.
Disjonction 29, 43.
Dispersion 266, 207:
Dissémination 284.
Dissymétrie 46.
Distribution 11-13, 275, 295, 355.
Division 158.
Dixippus 72
DoBELL, C. És
DOBKIEWICZ, 7
DoHRN, À. 202
DozLo, L. 298, 299,
Domestique 206.
Dominance 364, , 382; 383.
DoNCASTER, L. 47, 105, 135, 154.
Doropyqus 333.
Double (œuf) 143.
Douce (eau) 273, 274
DouviLLé, H.8.
DRIESCH, H. 110, 185, 540.
Drosophila 6, Î89- 195, 216-220, 34 6,
311, 410.
DRZEWINA, A. 117, 118.
Dugors, R. 501.
DUESBERG, J. 443, 447
Dugastella &5.
DunGAY, N. S. 456.
Duplicitas 427.
Duvaz, M. 107.
Dysenterie 379.
Dysodonte 8.
Dytiscus 128.
Dvtiscides 279.
DzIERZON 78.
Easr, E. M. 54
Ebauche 447. P
Echinocardium 59, 60.
. 62-67.
166
Echinodermes 75, 174, 395, 396.
Echinophage 415.
Echinus 58, 59, 60, 61, 153, 154, 178,
340.
Eclosion 81, 82.
Ecologie 272, 405, 406.
Ecrevisse 297, 325.
Ectoparasite 355, 361.
Ectoplacenta 107.
EHRLICH 274.
ELBERT 501.
ELDER, J. GC. 151.
Embryon 427.
EMERSON, R. A. 227.
Emission 440, 446.
Endocrine 452.
Endogamie, 57, 165.
Engœus 291.
Engramme, 42.
Enkystement 284, 402, 418.
Entamæba 375.
Entretien 366.
Enzyme 208, 312.
Eocène 9.
Epigamique, 101.
Epignathe 163.
Epiphyte 90.
Epithélial (mouvement) 109.
Equipotence 7.
Ergastoplasme 334.
Ergot 226, 428.
ErHARD, H. 409.
Ericinées 294.
Erreur 3.
Erythrophores 411.
Escargot 44, 80, 328.
Espèce 196, 203, 359, 400, 408.
Ethologie générale 18, 70-90, 266-294,
400-427.
Etoile de mer 162, 396.
Etranger (sperme) 345.
Euchlæna 398.
Euglena 373.
Etpyrène 323.
Europe 11, 12.
Euschistus 246.
Eutermes 136.
Euvadne 268.
Evaporation 406, 407.
Evolnif (caractère) 8.
Evolution 9-12, 183, 184, 361.
Excreta 417, 434.
Facteur 45, 46, 233, 234, 388, 300.
FAGE, L. 400.
FAHRENHOLZ, H. 361.
Fazrz-Fein 343.
FARMER 361.
Fasciation 391.
Faune 11, 12.
TABLE ANALYTIQUE DE LA BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
FAURÉ-FREMIET, F. 116, 120.
Fécondation 140, 150-172, 343-349, 453,
456, 457.
Fécondité 40, 248, 276, 384.
FEepEeRLEY, H. 221, 323.
Feltia 410.
Féminisant 433.
Ferment 14-16.
FERNALD 267.
Fertilité 40, 342.
Ficus 182; 289, 290.
Figuier 182, 289, 290.
FIzNow, R. S. 228.
Finalisme 286, 363.
FiscHEL, A. 5, 106, 111.
FISCHER, E. 248.
Flagellé 10, 170, 356.
Fleurs 271.
Fluctuation 4, 52, 54.
Fluviatile 298, 300.
Follicule 450.
Fondatrice 76.
Foor, K. 236.
Foramifères 354.
Force 122, 123.
Forêt 362, 405.
Forficula 451.
Fourmi 78.
Fragmentation 402.
FRaisse 92.
FRANK 291.
FRANZz, V. 408.
FRIEDENTHAL 361.
Fringilla 11, 12.
FRITSCHE, E. 370.
FrRüwIRTH, C. 207.
Fucss, H. H. 61.
Fucas, H. M. 60, 395.
Fucus 351.
Fulica 355.
Fumure 27.
Fundulus 106, 40%, 412.
Fuseau 451.
Fuss, A. 125.
Gauée 358.
Galle 19, 286.
GALLOE, E. 294.
GALTON 29.
Galtonia 130.
Galvanotropisme 83.
Gamogemmie 202.
Ganglion 108.
GARD, M. 109.
GATES, R. R. 28, 34, 35, 121, 198, 378,
319.
Géant 36, 327, 440, 449.
GEIGEL, R. 123.
Gel 119, 437.
GELEI, J. 448.
TABLE
Gémellité 376.
Gemmaire 24-27, 380, 381.
Gène 39, 102, Eve 213. 390, 429.
Généalogie 10.
Génétique 4, 6, 7, 41-54, 105,
195, 208-242, 392.
Génitaux (organes) 97.
Génotype 23, 90, 374
GEOFFROY ST-Hit, AIRE, I. 2, 558.
Geranium 15, 16.
Germen*125, 126, 127
GEYER, C. 432.
GraRD, À. 105,265.
GrARDINA 128.
GIESBRECHT, W. 3537.
Gigantisme 36, 327
Giroflée 51, 233, 234.
Glande close 112.
GLASER, 0. 11%, 1
Globic ephalus 41
Globidens 415.
Globigerina 74.
Globule polaire 163, 164, 341.
Glomérides 414.
Glycogène 433, 418.
Glyptoter mes 136.
GopLewski, E. 43, 59, 161.
GOETHE, W. 2.
GOLDFARB, À. J. 110, 340.
GoLpscHMIDT, R. 4, 102,
295, 256.
Golgi (réseau de) 314.
Gonatium 295.
Gongylidiellum 295.
Goniale 443, 2
Gonochorisme 25;
Gonocyte 446.
Cronophore 446.
GoopALE, H. D. 103, 263.
GOODRICH, ES:104%;365.
GORTNER, R. A. 425.
Graminées 399.
GRAREAU 352.
Graisse 433, 448.
Grasses (plantes) 90.
GRAY, J. 453,154:
Grèee 101.
Greffe 55, 91, 97, (8, 110, 243-247, 313,
339, 340, 393, 394.
GRÉGOIRE, V. 129, 130, 321, 322.
GREIL, A. A1.
Grenouille, 258, 264, 430, 441, 457.
(CTRIFFON, F. 243.
Grônland 294.
Gross, À. O. 324, 410.
GROTENFELD 210.
GROSVENOR, G. H. 259.
GRUBER, K. 43%.
Guêpe 78.
GUÉRIN 269.
Gui 293.
GUILLIERMONDIA, À. 171, 260, 261.
Guilliermondia, 261.
132, 180-
15.
15.
208, 219,
ANALYTIQUE DE LA BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
167
GuiTEL, F. 450.
GUDERNATSCH, J. F. 112
GÜNTHERT 128.
Gunnera 172.
GUTHERZ 443.
GuYÉNOT, E. 6, 189-195, 346.
GUYER 443.
Gynandromorphe 44, 262, 429.
Gynéphore 221.
Havenaria : 120.
HAECKEL, E. 41.
HAECKER, VAS M5 e0S:
HALL ©.
HANSEMANN, D. v. 142.
Haploïide 317, 345, 351.
HARGITT, G. T. 446.
Haricot 4, 40, 234.
HARMAN, M. an
HarMs, W. 430, 431.
Harris, J. H. 40.
HARSHBERGER, M. L. 398.
HARTMANN, F. A. 318, 327, 375
HASSELBRING, H. 37.
HaAYeEs, H. K. 52, 54, 62,
HECKEL, E. 3497. 269, 380, 381.
HEDRICR, Ü. P. 368.
HEIDE, F. 294.
HEINRICHER 2983.
Helianthemum 13.
Helix 44, 80, 328.
Héméralopie 208, 214.
Hémiptères 131, 236.
Hémolymphe 132.
Hémophilie 214.
HEMPELMANN, F. 150.
HENDERSON, 128.
HENNEGUY, L. F. 341.
Herbage 405.
HERBST 110, os
Hérédité 6, DEN
382-392.
Hérédité du sexe 429.
HERIBERT-NILSSON, N. 29, 397.
HERLANT, M. 158-161, 359.
Hermaphrodisme 104, 105, 169, 262,
265, 331.
HÉrouarp, E. 280.
HERTWIG, G. 345.
HERTWIG, O. 106, 319, 429.
HErRTwIG, P. 457.
HERTWIG, R. 439.
HEss 409.
Hétérochromie 46. :
Hétérochromosome 102, 131, 135, 137-
139, 253, 324, 328, 454, 455.
Hétérodonte &.
Hétérogène (fécondation) 153,
344, 305, 396.
Hétérohoméoty pique 129, 130.
Hétéromorphe (plante) 304.
04, 208-232, 248, 371,
198-161,
168
Hétéromorphose 307.
Heteronereis 278.
Hétéroplastique 91°
Hétéroty pique 321, 322, JDD.
Hétérozygote 45, A6, 62, 105, 258, 388.
Hevea 205.
Hibernation 80.
Hieracium 43.
HimMELBAUR, W. 66.
Hipponoe 305.
Hirsc, P. 145.
Histoire 398.
. HOFSTEN, V. 150.
Holcus 13.
Holopedium 268.
Holothuries 303.
Homme 106,
445.
Homochromie 70-73, 401, 432.
Homæotherme 403.
Homologie 369.
Homozygote 45, 46, 63.
Hooker, D. 92.
Hordeum 4, 204, 238, 399.
Hormone 264, 37, 130, 431, 432, 433,
492.
Hôte (changement d’) 10:
Howarp, G. A. et G. L. C. 232.
HuBrEcHT 28.
HurcxisoN, R. H. 422.
HUXCEN JS MU
HyarT, À. 952.
Hybrides 13, 31, 45-69, 154, 175, 232-
202, 323, 350, 378, 388, 393-309.
Hybrides de greffes 243-216.
Hydatina 51, 973. 388.
Hydraires 446.
Hydrolyse 14.
Hydrometra 324.
Hyla 316.
Hymenopus 73.
Hypertonique 153.
Hypnose, 436.
Hypnum 13.
Hyponomeuta 319.
Lchthyosau re A15.
Idioplasma 345.
Idiosyncrasie 387.
Idothea TA.
Ile 11, 12.
Ilyanassa 179, 447.
Immunité 10, 56, 433.
Imprégnation 157.
Inactivité 324.
Inanition 79, 80, 316.
Incubation %, 150.
Individualité (chromosomes), DJ
Induction somatique 42, 382.
Inéquipotence 7.
125, 214, 248, 301, 361,
3, 378.
TABLE ANALYTIQUE DE LA BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
Infécondité 180-182.
Influence du milieu 9, 382.
Infusoires 374, 417, 422.
INGENITZKI 267.
Inhibition 15, 16, 45, 53, 117, 118, 160,
161529381065;
Inoculation 344.
INOUYE, R. 312.
Insectes 102, 310, 406, 432.
Insertion 59, 394.
Intermédiaire (segment) 1
Interstitiel 329, 330, 431.
Intestin 310, 311.
Intrasélection 184.
Invertébrés 352, 367.
Involution 79, 80.
Iris (œil) 46.
Irradiation 457.
Irréversibilité 298, 299, 357.
Irritabilité 188.
Isogamie 168.
Isolement 259.
ISsEL, R. 74.
Iw ANOFF, E. 147, 148, 343.
Ixodes 179.
JACKSON, Re
JANDA, V. 97, 307.
Java 73.
JENNINGS, H. S. 348, 349, 359.
Jeüne 79, 80, 146, 316, 373, 434.
JOHANNSEN 4, 43, 208, 251, 374.
JOHNSON, M. 316.
JOHNSON, R. H. 3.
JOLLOS, V- 314.
JÔÜRGENSEN, M. 331-336.
JUDD 71.
Jument 276.
Jumeaux 376, 383.
Juniperus 13.
JUST, E. E. 278.
Jute 228.
Kaas, B. 206, 390.
KAMMERER, PA 59, 382.
Karny, A. 299,
Karyocatalyse 173, 174.
Karyochondrie 158.
Karyochromatine 453.
Karyocinèse 119-133, 129-139,
451.
KAUFMAN, L. 427.
KaurzscH, G. 164.
KEEBLE, F. 15 17, 30.
KEILIN, 1 282, 283.
Keita, S. G. 423.
KELLOG, Vols, 909.
140-446,
TABLE ANALYTIQUE DE LA BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
KEY J..PR981.
Kemnirz 141.
KIESSLIN, I. 204.
. KIESSLING, L. 64.
Kikkawa, S. 203.
Kinc 58, 89.
KixGsBurY, B. F. 145.
Krre, G. L. 152, 437.
KraTT, B.296: -
KzopxiTski, [. 70.
—
KouLBRUGGE, J. H. F. 1, 2, 197.
KONOKOTINE 201.
Kopec, $S. 99, 100, 702.
KORNAUTH 266.
KOSCHEWNIKOFF, Cr. 202.
KRAHELSKA, M. 80.
KraAUsE, F. 88.
KRIZENECKY, J. 308, 309.
KÜEHN, A. 4127.
KÜNCREL 44.
KurTus 450.
Kurz, O. 91.
Kusano, S. 168.
KUSCHAREWITSCH, S. 326.
KÜSTER 9.
KUTTNER, O. 389.
Lasercerre 25, 200.
Labilité 268, 389.
Lacerta 92.
Lacy, M. G. 398.
LaAMARCK, J. B. DE 1, 30, 353,358.
Lamellibranches 8.
Laws, H. 341.
LanG, A. 44, 210, 429.
LANGE 37.
Langouste 269, 424.
Lapin 35.
LASHLEY, H. S. 349.
Latente (vie) 388.
Lathyrus 15, 16.
LAUCHE, A. 441.
LAVERAN, À. 10.
LÉCAILLON, A. 69, 180.
Lécithine 316.
Lentibulariées 294.
LENZ, F. 214.
Lepadogaster T4.
Lepidium 292.
Lépidoptères 21, 99, 100, 137, 266,
270, 310, 323, 132.
Leptodora 268.
Leptomonas 170.
Leptotène 448.
Levure 89, 171, 189-195, 261.
Lézard 92.
Liliuim 129.
Lizuie, F. KR. 278.
Limax 44.
Limulus 367.
Linaria 43, 68, 202.
Lineus 94, 339.
Linkage 65, 217, 218, 220, 254.
Linotte 99, 393.
Linyphidés 295.
Lipalienne 303.
LroyDp, D:.J.178.
Lobelia 322.
Localisation, 447.
Loc, R. H. 53.
169
Loës, J. 58, 59,162, ,174, 175; 16,
178, 258, 396
LOHMANN 18.
Lolium 223.
LONG, J. A. 140.
Longévité 423.
LoxGo, B. 289, 290.
Luna, E. 315.
Lupinus 206, 207.
Lutéine 433.
Lurz, F. E. 219, 295.
Lychnis 105, 229.
Lygæus 131.
Lymantria 99, 100,
Mac Arze 71.
Mac BRDE, E. W. 59.
Mac Cazzuw, G. A. 271.
Mac CLENDON, J. F. 438.
Macroptère 299.
MAGNAN, À. 257.
Magnésium 274.
MAGNIN, A. 105.
MAILLET, B. de 1.
MAIRE 260.
Maïs 43, 53, 54, 62, 182, 265, 398.
Maladie 33, 208, 214, 221, 223-226, 287.
Malformations 208.
Mallophages 355.
Mamelle 386.
Mammifères 125.
Mantides 394.
MARCHAL, E. 320.
MARCHAND, F. 163.
MARCHAND, H. 171.
MARINESCO, G. 108.
Mark, E. L. 140.
MARSHALL 27 6.
MARTIN 201.
MASSART, J. 13.
MATHESON, R. 311.
MarTHEws, A. P. 188, 362.
Liaison (caractères) 65, 217, 218, 220, | Matricaria 13.
254. Matrochine 59, 60, 61, 350, 383, 388,
Libellules 432. 398.
Lignée pure 4, 374, 379, 388, 389. Matthiola 51.
170
Maupis, E. 284.
Méduse 14 1, 303, 339.
MEEK, C. F. U. 122, 451.
Mégaspore 379.
MEGuUSAR, F. 84, 355.
MEISENHEIMER, J. 102,
Melandryum 229.
Mélanisme 21, 370.
Mélanophores 411, 412
Melasoma 310.
Membrane 151, 15 2, 4506-
Mendélisme 4, 7, 13, D, 4
102, 208-233. 248-252, 254, 255, 353,
359 302- 393, 429.
MENZEL, H. 421.
MERCIER, L. 287, 309.
Méristique 383.
Mesniz, F. 10, 374.
Métabolisme 57, 102, 186, 364, 402,
423, 433.
Métamérie 365.
Métamorphose 100, 156,
401.
Métaphase 451.
METCALF, M. M. 187.
METCHNIKOFF, E. 259.
Metridium 96.
MEvEs, F. 1434, 156,
453.
Miastor T7.
Micaez, E. L. 275.
Microbes 38, 39.
Micrococcus 33.
Microcotyle 271.
Microorganismes 38.
Migrateur 11, 12.
Milieu 6, 9, 382.
Mimétisme 70-73, 184, 270.
NINEA, J. 108.
Minyriolus 295.
Mirabilis 43.
Mircezr, CG. 373; 434.
Mitochondries 314, 315, 3214, 3:
447, 448, 453.
Mitrocoma 339.
Mnème 42.
Mogusz 710.
Moina 259, 373.
Moineau 3, 247.
Mozzrarp, M. 292.
Mollusques 300, 367.
Moniezia 444.
Monochromatique 410.
Monstruosités 106, 163, 164,
390, 427.
MONTGOMERY, 776.
MoorE, A. R. 58, 59, 396.
261, 128, 490.
178, 307-313,
329, 3206, 447,
338, 380,
MorGan, W. de 61, 395.
MORGAN, T. H. 106, 217, 218, 219,
220, 309, 429.
MorGuuis, S. 79, 416.
Morphallaxie 94.
Morphogénèse 186, 364.
TABLE ANALYTIQUE DE LA BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
Morse, M. 175.
Mortalité 257, 425.
Mort-né 113.
Mosaïque 111, 127, 447.
Mosaïque (hérédité) 393.
Mosasauriens 415.
Mouche 189-195, 310, 410.
Moucheture 369.
Mouton 222.
Mousses 426.
Moustiques 420.
Mucorinées 261.
Mue 84, 284, 436.
MüLLER, G. W. 77.
Mullus 411.
Multipare 376. :
Multipolaire 339, 440, 441,
Musa 182.
Mutation 4, 9, 23, 28-42, 199, 200, 204,
207, eo ‘230, 245, 371, 373, 314, SU-
382, 297.
My corhizes 21, 291.
Myidés 8.
Mylodonte 415.
Myophoridés 8.
Myriapodes 406.
Mytilidés 8.
Myxobactéries 419,
Myzostoma 447.
Nasours. R. K. 56.
NaApsON 261.
Natant 269.
Nebenkern 254.
Nécrobiose 442.
Nématodes 155, 156, 164, 284,
Nematolampas 413.
Némertiens 94, 339.
Nereis 218, 447, 456.
Nervation 369.
Nerveux 92, 100.
NEUBAUR, R. 237.
NEUMAYR 6.
NEwMAN, L. H. 399.
NEewMmanN H. H. 383.
NEWSTEAD 71.
Nice, L. B. 281.
Nicotiana 31, 02, 61, 239,800; 991
Nicotine 281.
NiLssSON, H. Hj. 4.
NiLSSON-E HLE, H. 210, 239.
Nirmus 355.
Nisto 269.
NorTON, J. B. 240.
Notarinae 279.
Notonecta 136.
NowiIkorr, M. 367.
Nucléole 334, 446, 448, 455.
Nucléoplasmique, 439.
Nuculidés 8.
TABLE ANALYTIQUE DE LA BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
Nummulitique 9.
NusBAUM, J. 94, 264, 314, 339.
Nutritives (cellules) 334, 335.
Ocneria PAL
Œil 313.
Œnothera 28, 29, 30-35, 43, 121,
199, 223, 30, 377-379, 307.
Oiseaux 11, 12259 197.
Olpidium 168.
Oncopeltus 131.
Onychodonte 415.
Oogénèse 127, 139, 141-144, 331-334,
446-450.
Opothérapie 112.
OPPeL, A. 109.
Opuntia ‘293.
Oranger, 181.
Orca 415.
Orchidées 420.
Orge 4, 204, 238, 399.
Ornementation 9.
Orthogénèse 187, 397
Orthoptères 132.
Oryctes 73.
Oryza 203.
Osawa, I. 181.
Osmose 404.
OsBoRN, H. F. 358.
OSTERGREN, H. 79.
Ostréidés 8.
Otomesostoma 150,
Oursins, 58-61, 110, 151-153, 155, 156,
160-162, 175, 340, 395, 396, 440,
449.
Ovaire 128, 142, 143, 332, 333.
Ovariotomie 103.
OvERTON, J. B. 351.
Oviducte 337.
Oviforme 452.
Ovogénèse 127, 135, 141
446-450.
OxNer, M. 94, 339.
Oxy chromatine 334.
Oxydase 14-17.
Oxydation 117, 118, 162,
Oxytricha 273, 439.
198,
144, 331-334,
176, 177, 186.
Palæmonetes 3, 80.
ae A A 9, ee
Palinurus 269,
Paludina 326.
Panmixie 359.
Panorpa 309.
Papaver 182, 229.
Papilio 256, 270.
FAR 21, 99,. 100,
105 310: 323. 132.
419.
137, 266, 267,
PARACELSE 596.
Parachæraps 297.
Paradisier 428.
Paramæcium 166,
314, 417, 422
arasitaire (castration) 436.
Parasitisme 355, 418.
Parasyndèse, 131, 324.
Parechinus 156.
ParsuLeY, H. M. 253.
Parthénocar pie 182.
Fons eee 4% 57,169, 16, 717, 140
173-182, 258, 259, 261, 341-347,
Spies ele 154.
Passer Area
Pathologique 375, 457.
Patrocline 61, 383, 395.
PAVILLARD, J. 260.
PAYNE, F. 319.
167, 280, 347-
171
349,
?
4)
PEARL, R. 253, 276, 330, 376, 384,
992.
PEARSE, À. S. 114, 285.
Pêcher 368.
Pectinidés 8.
Pediculus 361.
Pedigree 399, 439.
Pédogénèse 77.
Pee-Lapy, E. 241.
Pelagia 11.
Pélagique 268.
Pellucide 151.
Pelobates 316.
Pélorie 202.
Pelotes 264, 430, 431.
Peltogaster 433.
Pendulaire (mouvement) 408.
Pénétration 418.
PÈREZ, CH. 100, 331,
Périodique 430, 131.
Periplaneta 710.
: Péristérides 247.
Permanence (chromosomes) 378,
Perméabilité 176, 177, 437.
Peroxydase 14- 16.
Perturbation (germinale) 379.
Pesanteur 268.
PETERSEN, H. E. 294.
Phagocytose 452.
Phalarodon 415.
Pharynx 282.
Phascum 426.
Phase 119.
Phaseolus 4, 40, 23%,
Phénotype 93, 212.
Philænus 139,
Pholadidés 8.
Photogénèse 413.
Photostatique 268.
Phototropisme 83, 408.
Phragmatobia e 37.
Phthorimea 34
Phyllium 73.
Phyllosoma 269, 424
292,
335, 339, 452.
172
Phylogénèse 7-9, 279, 295-304, 357.
Prcar», F. 346.
Picren #21:
Pie 215.
Pièce intermédiaire 156.
Pieris 135.
Pigeon 47, 48, 247, 38:
Pigment 14-17, 39,
919, 316, 433.
Pilosité 50, 51.
PINARD, A. 257.
Pinney 1352.
Pinnixia 285.
Pinnothère, 285.
Pinoy, E. 419.
Pinson 11, 12.
Piqûüre 115, 173, 174, 258, 344.
Pirola 294.
Pirus 182.
Piscicola 335, 330.
Pisum 15, 16, 234, 399.
Pithecanthropus 301.
Placodonte, 415.
Planaria 95, 186, 364, 402.
PLANCHON, L. 25, 200,
Plancton 18, 268, 275, 408.
Planeur 88, 268.
Plasma 55, 245, 379, 393.
Plasma germinatif 76, 184, 274, 305,
382. ,
Plasmode 452.
Plastochondrie 453.
Plastosome 156, 447.
Prams, L:.28, 183, 208, 399.
Pleurotricha A1T.
Plongeur 415.
Pluripolaire 440, 441.
Pluteus 156.
Podiceps 101.
Podocnemis 298.
Podon 268.
Podura 332.
Pœcilogonie 86.
Pois 15, 16, 234, 399.
Poissons 272, 369, 411,
Polaire 163, 164, 341.
Polarité 95-98, 127, 144, 340, 341, 363,
304.
PortmanrTt 100.
Poe 393.
Pollinisation 420.
Polycentrique 440, 441.
Polychètes 367.
Polyembryonie 181, 383.
Polygone de fréquence 3.
Polygonum 13.
Polygordius 150.
Polybybride 397.
Polimere 320.
Polymérie 249.
Polymorphisme 10, 23, 256.
Polyonyx 285.
Polyovogonie 339.
De
)
a E RATE
19, 51, 206, 248,
412, 45.
TABLE ANALYTIQUE DE LA BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONISe
Polipedates 73.
Polyphemus 127.
Polysperme 153, 410, 449,
Pomatiopsis 300.
Pomme de terre 24-27, 200, 201, 380,
381, 399.
Pommier 246.
Pondeuse de mâle 373, 434.
Ponte (déterminisme) 346.
Population 39, 374, 384, 422.
Porc 386, ‘418, 455.
Porcellane 285.
Portethria 266, 267.
Posidonia TA.
Postgénération 305.
Postréduction 324.
Potamobius 325.
Poule 143, 263, 276, 337, 384.
Poulet 126, 315, 329, 330, 407,
POULTON 432.
Poux 355.
Powers, J. H. 23, 373.
PoyARKkOFr, E. 146,
Précipitine 432.
Préhistoire 296.
Prémonitrice 71,
Prémutation 66.
Primula 15, 16, 36.
Progressif 28, 370.
Prophylaxie 10.
Prosécrétion 336.
Protéine 14, 366.
Protodrilus 150,
Prototheca 39.
Provence 19.
PrziBRAM, H. 84, 354, 363.
Pseudibacus 269.
Pseudocelle 331.
Pseudochromosome 314.
Pseudoplanula 280.
Pseudoréduction 134.
Psilura 267.
Psidium 283.
Puccinia 226.
Pucerons 76, 134, 387.
Puerulus 424.
Pulvérisation (chromatine) 116, 319.
PonNnerT, R. GC. 43, 45.
Pupe 421. :
Pure (lignée) 4, 374, 319, 388, 389.
Pyenose 427.
Pygæra 221, 333.
Quartette 383.
Queue 92.
Rabaud, E. 70, 286.
Race (locale) 11, 12.
TABLE ANALYTIQUE DE LA BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
Radium 319, 345, 457.
Radiumchromatine 457.
Ranz, E. 358.
Radula 367.
Raie 442.
Rajeunissement 79, 318, 402.
Rallus 370.
Rana 3, 114, 316, 344, 345, 441.
Rap 96.
Raréfié 407.
RassBAcH, R. 306.
Rat 140.
Rau Pu. tt N. 342.
Ravasinir 289, 290.
Rawzs, E. 216.
Rayons X 116.
Reana 398.
Récessif 371.
Réciproques (hybrides) 388.
Recroisements 233-255.
Recurvirostra 355.
Réduction 129-139, 150, 321-323.
Refroidissement 440.
Régénération 91-99, 305-307, 389, 441.
Régime alimentaire 282, 283, 415.
Régressif 28, 370.
Régulation 339, 433,
Rehobot 248.
“REINHARD, L. 325.
Remaniements 427.
Réserves 433, 452, 453.
Réservoir séminal 78.
Résistance 422, 423.
Résorption 194, 452.
Retard 116,
Rétrograde 373.
Rétrogradation (sexualité) 261,
Réversion 379.
Raphidophora 293.
RHUMBLER 354.
Ribes 66.
RiLEy, W. A. 267.
Rimpau W. 4, 238.
Riz 203.
ROBERTSON 438,
Roues, B. 124.
Rotifères 23, 97, 373, 388.
Rougaup, E. 170.
Rouille 226, 240.
Roux, W: 5,152, 184, 305,309,
359.
Rythme 259, 373,
:
434.
Sabellaria 155
Saccharomyces 39.
Saccocirrus 150.
Sacculina 283, 133.
Sac embryonnaire 172.
SAFIR, S. R. 371.
Sagitta 127, 275.
173
Salamandra 313, 382, 427.
Salamandrine, 401.
Salinité 79.
Salmo 7.
Salure 40%.
SAMUELS, J. A. 172.
Sang 102, 288.
Sanguicole 10.
Saprolégniées 261.
Saprophage 282, 283.
SARATO 209.
Sarcodonte 415.
Sarcophage 415.
Sardine 400.
SARTORY, A. 89.
Saumâtre 114.
SAUNDERS, E. R. 51, 68.
Sauterelle 318, 327, 405.
Scapholeberis 268, 435.
SCHÂTFER, 128.
SCHAUDINN, EF. 979.
SCHAXEL, Je 4141, 334,336.
Schistocerca 318, 327.
Schizosaccharomuyces 39.
SCHOUTEN 28.
SCHUBELER 210.
SCHULTZ, W. 59, 247, 393, 394.
SCHUSTER, E. H. J. 287, 301.
Schuvoanniomyces 261.
SCOTr, GG: A0X.
Scyllaridés 269.
Scyllium 157.
Scyphistome 280.
Secale A.
Sécheresse 382, 405-407.
Sécrétion interne 492.
Sédentaire 11, 12.
Segment intermédiaire 156.
Segmentation 369.
Ségrégation 11, 12, 383, 386.
Seigle 4.
SEILER, J. 137.
Sélaciens 157, 442.
Sélection 3, 4, 184, 188, 359, 362, 374,
334.
Sélection germinale 359.
SELENKA 901.
Sels 114, 153, 154, 167, 174, 273, 274.
Semi-parasite 292.
SEMON, R. 42.
SEMPER, CG. 302, 353.
Senecio 50.
Sénescence 105-167, 402.
Sensibilité 409, 410.
Sensibilisation 87.
Sericaria 312.
Sertularia T1.
Sérum 361.
SERVETTAZ, C. 426.
SEURAT, L. G. 284.
Sex-conjugué 48, 49, 132, 214-222, 256,
_ 371, 380, 429.
Sexe (déterminisme) 214, 253-255, 376
174 TABLE ANALYTIQUE DE LA BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
Sex limited 48, 49, 132, 214-222, 256, | Stimulus 456.
371, 386, 429. STOCK, J. E. v. d. 398.
Sexualité 101-105, 253-265, 426-436. STOCKARD, C. R. 106, 113.
Sexuels (caractères) 101, 102, 219, 253, | Sromps, T. J. 31, 199.
263, 204, 270, 329, 330, 428-432, 452. | STRASBURGER, E. 28, 105, 260, 351.
Sexuels (produits) 125-127. STRAUSS-DURCKHEIM 27 9.
Sexupare 76. STREMME 201.
SHEARER, C. 61, 150, 178. STROBELL, E. C. 236.
SHELFORD, V. E. 272, 406. STRONG, R. M. 49. :
SHIMEK, B. 300. Strongylocentrotus 151, 396.
SHULL, À. F. 57, 388. Strongylus 284.
SHULL, G. H. 105, 211-213, 229, 230, | Strontium 396.
429. Stylonychia 165, 417.
Sida 268. Stylopyga 307.
SIEDLECKI, M. 73. Surdimutité 208.
Silure 93. SURFACE, F. M. 337.
Simocephalus 409, 45%. Survie 186.
SIMPSON, Q. I. 215. Survivance 3.
Siphonophora TG. Sustentation 88.
Siphylis 208. Sylviculture 362.
SKINNER, H. 270. Symbiose 27, 89, 287, 291, 381, 419.
SMITH, G. W. 259, 264, 297, 433. Symétrie 304.
SNELL, K. 246. Synapsis 448.
SOLANDER 2. Synbactéries 419.
Solanum 24-27, 200, 201, 380, 331. Syncaryon 317, 427, 440.
Solenidés 8. Synchronisme 313.
Solenopsis 78. Syndèse 131.
SOLLAUD, E. 86. Synkaryon 317, 427, 440.
Somatique 42, 121, 387, 394, 428, 429, | Système de coloration 382.
432. Système nerveux 442.
Somatogène 42. Syzygie 169, 348, 349.
Sorgho 265.
Souris 44, 140, 276, 281, 366.
Sous-espèce 90.
SpagrH, R. A. 412. T'abac 37, 52, 67, 235, 350, 391.
Spécificité 417. Tœnia 444.
SPENCER 39. Taille 296, 403, 439.
Spermatocyte, 451. TASHIRO, S. 360.
Spermatogénèse 13, 323-328, 451-457. | Tatou 383.
Spermatogonie 145. Taux de bipartition 417, 439.
Sphærechinus 310, 449. Taxodonte 8.
Sphère 442. Teigne 346.
Sphodromantis 84, 354. Télégonie 157, 343.
SPILLMAN 135. Téléostéens 411, 412, 445.
Spirostomum 422. Telphusa 274. |
Spirostyle 452. Température 259, 374, 422, 423, 425,
Sporogénèse 320, 321. 440.
STAHL 206. Tenebrio 307-309, 425.
Staphylea 10. TENNENT, D. H. 58, 395.
STAPLES-BROWNE, R. 48, 49. Tension superficielle 438.
Statif (caractère) 8. Tenthrèdes 432.
STECHE, O. 102, 432. Téosinté 398.
Stégocéphalie 298. Tératologie 389, 391.
STEINACH 428, 430. Termes 436.
Steironothie 393. Terminologie 5.
Stenotomus 271. Termites 436. e
Stephanurus 418. Testicule 146, 431, 441, 451, 452.
Stéréotropisme 98. Têtard 112, 114, 117, 118, 258, 316.
Stérile 6, 151, 169, 426. Tetramorium 78.
Stérilisation 146. Tétraplasie 353.
Stérilité 28, 55, 66, 180-182, 323, 342. Tétraploide 378.
STEWARD 265. … Teuthophage 415.
Stimulation 57, 62, 63. Thalattosaurus A5.
TABLE ANALYTIQUE DE LA BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
Thermotropisme 83.
THIENEMANN, A. 22.
THompsoON, d'A. W. 185.
Taury 253.
Tilletia 182.
TrrALA, G. 98.
TiSCHLER, G. 182.
Titanothères 353.
Tokonothie 393.
Tomate 62, 63, 242.
Tomenteux 50, 51.
Tomopteris 131.
TOoRNIER 16.
Torpedo 157.
Tortues 298, 415.
Torulospora 261.
Tourbillon 438.
Tourterelle 48, 49, 393.
Tower 5359.
Toxique 374, 456.
Toxophore 267.
Toxopneustes 395.
TrAcY 92.
Transformisme 183, 184, 361.
Transfusion 432. |
Transpiration 90.
Transplantation 55, 247, 382, 393, 304,
28, 431, 432.
Travaux généraux 1-20, 183-196, 352-
308.
Trèfle 399.
Trichonymphides 436.
Trigoniidés 8.
Trillium 130.
Trionyx 298.
Triploide 378,
Triticum 149, 250.
Tritons 79, 91.
Trochozoaires 302.
Troglocaris 85.
Trophoblaste 341.
Trophozoïte 375.
TROUESSART, E. L. 11, 12.
Trow, A. H. 50.
Truie 276.
Truite. 81.
Trypanosomes 10, 38, 374.
TSCHACHOTIN, S. 115.
TSCHERMAK, E. v. 233, 231.
TscHiRCH 289, 290,
Tubercules 24-27.
Tubérisation 27.
Tubularia 331, 339.
Tur, J. 338.
Turtur 48, 47, 393.
Tyrosinase 14.
Uca 273.
Uncenaur, E. 313.
Ultra-violet 115.
Unio 7.
Unionidés 8.
Unité de plan 2.
Urodèles 452.
Urostyla 422.
Urtica 43.
Ustilago 105.
V'accinium 294.
Vache 376.
Vahlhampfia 356.
VAN BENEDEN, E. 155.
VAN DER STRICHT 41.
Vanessa 421.
Van'r Horr 110, 167.
Variabilité 7, 23, 29, 37, 73, 268,
348.
Variation 6-12, 21-40, 197-207, 244
309-383.
Ver à soie 312.
Verdier 247.
Vermetus 326.
VERNE, CL. 24-26, 380.
Verse (céréales) 224.
Vertébrés 302.
VesraL, A. G. 405.
Viabilité 388.
Vicia 168.
Vie 360.
Vigne 169, 182, 241.
Vigueur 57, 342.
Vincr, L: d. 358.
Virus 10.
Viscum 293.
Vitalisme 123, 185, 363, 364.
Vitelline (cellule) 334, 335, 448.
Vitellus 334.
Vitis 169, 182, 241.
Viviparité 79.
Vol plané 73.
Vozz 301.
Voss, W. 4.
Vue (couleurs) 409, 410.
VuILLEMIN, P. 202, 260.
Wicurz 266.
WAGzER, E. 197.
WAGNER 35.7.
Warcorr, C. D. 303.
WALLACE 993.
WALTHER, À. 274.
WARMING, E. 294.
WASTENEYS, H. 162.
WEBER, À. 442.
WEBER, M. 450.
WEIGL 314.
WEISMANN, A. 119, 18%, 259
446,
175
318,
245,
176 TABLE ANALYTIQUE DE LA BIBLIOGRAPHIA EVOLUTIONIS.
WELDON ©.
WELLINGTON, R. 63, 242, 350.
WENTWORTH, E. N. 386.
WESENBERG-LUND, C. 279.
WHEELER, R. 366.
WHERRY, W. B. 5356.
WHITE, C. A. 28.
WuxitE, O. E. 391.
WibER, I. W. 401.
WIEMAN, H. L. 127, 443.
WILDMAN, E. 453.
WILzxE, G. 324.
WILLEM, V. 271, 333.
Willia 89.
WILLIAMS 9951.
Wicson,E® B..181; 152, 385;
455.
VWVINKLER 260.
WINTREBERT, P. 81, &2.
WODSEDALER, J, E. 455.
WoLLMANN, E. 191.
WOLTEREC K, R. 197, 268, 455
WOODRUFF, ile 1L::466, 107, 947
417, 439.
454,
: 848,
x (chromosomes) 131, 135, 219, 236,
2DS:
RER CE) 116.
Kant ya 157.
Xanthophylle 432.
Xénie D. 250.
Xénocatalyse
174.
Xylophage 436.
Xylotrupes 73.
54 (chromosome) 131, 135.
Yarsu, N. 11
Yeux 371,
1.
Zacnarras, O:155:
ZADE 239.
Zea 43, 53, :
Zébroïde 343.
Zeuzera 410.
54, 62, 182, 265, 398.
Zoïde 95, 364.
ZoN, R° 362.
Zoospore 168.
Zostère 74
Zy gomorphis
Z ygosacchar
Zygote 168.
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omyces 261.
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