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Full text of "Bulletin de l'Académie Royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique"

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S.7o\g, 


BULLETINS 


DE 


L'ACADEMIE  ROYALE  DBS  SCIENCES, 


LETTRES  ET  DBS  BEAUX-ARTS  DE  BELGIQUE. 


BULLETINS 


DE 


L'ACADEMIE  ROYALE 


DES 


SCIENCES,   DES  LETTRES  ET   DES   BEAUX-ARTS 

DE    BELGIQUE. 


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ANNEXE   AIJX   BULLETINS.  1853-1854. 


BRUXELLES, 

M.    IIAYEZ,    IMPRIMEUR   DE    L'ACAJtl*  MIK    ROYALE    DE    BELGIQUE. 

1854. 


TABLE 

DBS  M^MOIRES  ET  NOTICES  CONTENDS  DANS  CE  VOLUME. 


SCIENCES    NATURELLES. 

Synopsis  des  Calopte*rygines ,  par  M.  Edm.  de  Selys-Longchamps. 
Ichneumones  amblypygi  Europaei;  par  M.  Wesmael. 
Note  sur  les  divers  Stages  de  la  partie  inferieure  du  lias,  dans  le  Luxembourg 
et  les  contrees  voisines;  par  M.  G.  Dewalque. 

HISTOIRE  ET   ECONOMIE   POLITIQUE 

Recherches  critiques  et  historiques  sur  la  confession  de  Balthazar  Gerard ; 

par  M.  Arendt. 
Me'moire  sur  1'organisation  des  caisses  de  veuves ,  avec  des  applications  a  la 

caisse  des  veuves  et  orphelins  des  officiers  de  Tarmee  beige;  par  M.  le 

capitaine  Liagre. 
Antiquites  du  droit  beige.— Notice  sur  les  Sint-Peetersmannen  ou  Hommes 

de  S'-Pierre  de  Louvain;  par  M.  H.  Lavallee. 
Notice  sur  Auger-Ghislain  de  Busbeck ;  par  M.  L.  Heffner. 


SYNOPSIS 


DES 


CALOPTERYGINES, 


M.  EDM.  DE  SELYS-LONGGHAMPS , 


IB1IBBI   DE    r,  iCADBMIB. 


(Lu  a  la  seance  du  29  juillel  1853.) 


ANN.  BULL.,  1853. 


SYNOPSIS 


DES 


CALOPTERYGINES, 


Le  travail  que  je  presente  comme  un  Memoire  est 
la  reproduction  textuelle  de  faft/eawxsynoptiquesque 
j'ai  rediges  pour  mon  usage  personnel,  et  dans  les- 
quels  tous  les  caracteres  sorit  exposes  d'une  maniere 
symetrique  et  analytique. 

Ces  tableaux,  par  leur  grande  etendue,  ne  pour- 
raient  etre  d'un  usage  portatif  et  commode ,  c'est 
ce  qui  m'a  decide  a  les  offrir  sous  la  forme  que  j'ai 
adoptee.  Us  fournissent  la  diagnose  des  divisions, 
genres  et  especes  que  j'ai  decrits  en  detail  pour  une 
Histoire  des  insectes  Odonates,  dont  la  publication 
sera  sous  peu  commencee. 

Cette  Histoire  des  Odonates  est  entreprise  avec  la 


(  4) 

collaboration  de  M.  le  docteur  H.-A.  Hagen  (de  Koe- 
nigsbcrg),  dans  les  memes  conditions  de  travail  que 
la  Revue  des  Odonates,  on  Libellules  d'Europe,quej'ai 
publiee  clans  les  Memoires  de  la  Societe  royale  des 
sciences  de  Liege,  en  18SO. 

Lorsque  cet  ouvrage  aura  paru,  on  y  trouvera 
mentionne  le  concours  important  et  digne  des  plus 
grands  eloges  que  M.  Hagen  et  moi  avons  rencontre 
parmi  les  directeurs  des  principaux  Musees,  comme 
chez  les  entomologistes  les  plus  notables  de  1'Eu- 
rope  (1). 

Ce  que  je  donne  aujourd'hui ,  c'est  un  synopsis , 
un  conspectus,  un  prodrome,  comme  on  voudra 
I'appeler,  contenant  des  diagnoses  assez  detaillees 
pour  que  Ton  puisse  arriver  a  une  determination 
facile. 

Cet  apercu  fera  juger  des  richesses  qu'il  y  a  lieu  de 
faire  connaitre  dans  cette  grande  coupe  (le  genre  Libel- 
lula  de  Linne).  puisque  dans  cette  seule  sous-famille 
des  Galop terygines  nous  signalons  100  especes,  alors 
que  Linne  n'en  connaissait  que  2,  Fabricius  4,  Bur- 
meister  16,  en  1839,  et  Rambur  27,  en  1841. 

Le  tableau  preliminaire  montre  1'ensemble  de  la 
classification  que  j'ai  adoptee.  II  servait  de  clef  et  d'as- 

(1)  II  esl  impossible  ccpendant  de  ne  pas  citer  des  aujourd'hui  les  Musees 
Britannique,  de  Paris,  Leyde,  Bruxelles,  Berlin,  Copenhague,  Vienne,  Stock- 
holm et  Halle. 


(5) 

semblage  aux  quinze  autres,  qui  contenaient,  comme 
je  1'ai  dit,  d'une  maniere  synoptique,  les  caracteres 
des  agglomerations,  genres,  sous -genres,  groupes, 
sous-groupes  et  especes. 

Considered  sous  le  point  de  vue  geographique ,  les 
Calopterygines  sont  repandues  sur  toute  la  surface 
chaude  et  temperee  du  globe,  excepte  en  Oceanic  (les 
autres  sous-families  n'offrent  pas  cette  exception). 
La  moitie  des  especes  sont  de  Fancien  continent 
qu'habitent  les  grands  groupes  Euphaea,  Libellago 
et  Calopleryx.  Ge  dernier  est  cependant  represente 
par  six  especes  dans  le  nord  de  rAmerique.  Les  qua- 
tre  autres  groupes,  Thore,  Amphiteryx,  Dicterias  et 
Hetaerina,;  sont  de  1'Amerique  tropicale.  Ge  dernier 
groupe,  voisin  des  Calopteryx,  est  aussi  tres-nom- 
breux,  possedant  comme  lui  un  tiers  des  especes  con- 
nues.  Le  chiffre  total  des  Calopterygines  est  de  cent 
especes  environ.  C'est  a  peu  pres  le  dixieme  des  Odo- 
nates  que  nous  connaissons. 


(6) 


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SOUS-ORDRE  DES  ODONATES,  FAB*. 


FAMILLE  3™.  —  AGRIONIDEES. 


lre  SOUS-FAMILLE.  —  CALOPTERYGINES. 

Cinq  nervules  ante'cubitales  au  moins.  Les  secteurs  median  et 
superieur  se  se"parant  du  principal  plus  pres  du  quadrilatere  que  du 
nodus,  qui  est  toujoufs  place"  beaucoup  plus  loin  que  le  quadrilatere. 
Le  nodal  naissant  sous  le  nodus  ou  a  peu  pres. 

Patrie :  Europe,  Asie,  Afrique,  Ame"rique  (pas  observers  jusqu'ici 
dans  rOc&mie). 

i>*  DIVISION. 

Les  deux  secteurs  de  Tarculus  naissant  de  son  milieu  environ; 
quadrilatere  a  peu  pres  re"gulier. 

1"  SOUS-DIVISION. 

Nervules  costales  el  sous  -  costales  en  nombre  a  peu  pres  £gal, 
presque  toujours  nombreuses. 

1«  SECTION. 

fipistome  ordinaire  non  saillant;  abdomen  long,  mince,  cylin- 
drique. 

SOUS-SECTION  A.  (Les  legions  Calopteryx  et  Hclaerina] 

Pt^rosligma  nul  ou  tres-court  ou  travers^  d'une  nervule,  quelque- 
fois  remplace,  chez  les  femelles,  par  un  faux  pte>ostigma  blanc  non 
de  c6t6  et  travers^  par  des  nervules;  quadrilatere  aussi  long 


(  8  ) 

que  1'espace  basilaire  et  tres-reticule";  secteur  supe>ieur  du  triangle 
notablement  courbe  a  son  exlre'mite'. 


CALOPTERYX. 


Quadrilatere  presque  e"gal  a  ses  extre*mites;  son  c6te"  supe'rieur 
presque  droit;  espace  basilaire  presque  toujours  libre. 

o*  Appendices  anals  superieurs  semi-circulaires,  a  peu  pres  sim- 
ples, peu  variables. 

Patrie  :  Europe,  Asie,  Afrique,  Ame'rique  septentrionale  tem- 
pe>e"e. 

Genre  \.  —  CALOPTERYX,  LEACH. 

Tous  les  secteurs  simples  non  ramifies;  ler  article  des  antennes 
cylindrique,  beaucoup  plus  court  que  le  2e;  les  quatre  ailes  sembla- 
blement  colore'es. 

Couleur  du  fond  du  corps  vert  bronze,  bleu,  on  noiratre  chez  les 
males;  vert  me"tallique  ou  noiratre  chez  les  femelles,  souvent  les 
sutures  ou  le  dessous  jaunatre. 

Palrie  :  Europe,  Asie  continentale,  Afrique  septentrionale,  Ame"- 
rique  septentrionale  temperee. 

Sous-genre  \.  —  SYLPHIS,  HAGEN. 

Pieds  excessivement  longs,  brievement  cili^s;  ailes  tres-e"troites; 
espace  basilaire  libre. 
Patrie:  Ame'rique  septentrionale  temple. 

Groupe  unique  :  (S.  ELEGANS). 

Des  tubercules  pointus  derriere  1'occiput;  secteur  principal  peu 
ou  point  contigu  a  la  nervure  me'diane;  nervure  costale  m^tallique; 
ailes  hyalines  dans  les  deux  sexes. 


(9) 

1.  SYM'ius  nj.r.\!Ns,  Hagen. 
Abdomen  45  millimetres.  Aile  inferieure  40. 

Taille  grande;  ailes  tres-etroites,  hyalines,  lavees  de  jaunatre;  re- 
ticulation roussatre;  la  costale  acierj  50  antecubitales. 

o*  Inconnu. 

9  Tete  vert  metallique;  levres,  le  tour  du  nasus,  cotes  du  front,  an- 
tennes,  roussalrcs;  thorax  roussatre  avcc  une  bande  mcdianc  verte  et 
une  latcralc  double  tres-large,  acier;  abdomen  vert  en  dessus,  le  dessous 
et  les  cotes  roussatres  j  pieds  bruns. 

Palrie  :  Amerique  septentrionale(?)  (Collection  Hagen.) 

2.  SYLPHIS  AKGI^STIPENNIS,  De  Selys. 

Abdomen  environ  55  millimetres.  Aile  inferieure  40. 

Taille  grande;  ailes  tres-etroites,  hyalines,  lavees  de  vert  clair  (reti- 
culation verdatrc) ;  29  antecubitales. 

6*  Vert  metallique  clair,  levre  et  base  des  antennes  jaunatre  pale; 
pieds  noirs. 

$   Inconnue. 

Patrie  :  Georgie  americaine.  (Musee  britannique.) 


Sous-genre  2.  —  CALOPTEUYX,  LEACH. 

Pieds  mediocres  ou  longs ,  £  cils  m^diocres  ou  longs;  ailes  larges 
ou  assez  e"lroites;  espace  basilaire  libre. 

Patrie:  Europe,  nord  de  1'Afrique,  Asie  continentale,  Japon, 
Amerique  septentrionale  tempe"re"e. 

1"  groupe  :  (C.  VIRGO.) 

Un  tubercule  pointu  derriere  chaque  c6t6  de  1'occiput;  secteur 
principal  contigu  a  la  nervure  mediane;  im  faux  pt^rostigma  blanc 
chez  la  fenielle  (except^  chez  Y Apical  is). 

Patrie  :  Europe,  nord  de  1'Afrique,  Asie  Mineure,  Japon, 
rique  septentrionale  tomperde, 


(  10) 

A.  Nervure  costale  me'tallique;  ailes  du  mMe  en  parlie  opaques 
(except^  chez  1'exul?) 

Les  especes  de  ce  groupe  sont  des  parties  froides  et  temperas  de 
riie"misphere  boreal. 

3.  CALOPTERYX  APIGALIS,  Burm. 

Abdomen  33-35.  Aile  inferieure  29-30. 

Taille  petite  j  ailes  etroites,  hyalines,  un  peu  verdatres;  costale  metal- 
lique; environ  20  antecubitales;  corps  vert  metallique;  le  dessous,  les 
sutures  et  les  pieds  noiratres. 

d*  Le  huitieme  apical  des  ailes  subitement  brun  fonce. 

5  Pas  dc  ptcrostigma.  Sutures  laterales  du  thorax  un  peu  jaunatresj 
dOe  segment  sans  pointe  dorsale;  ses  cotes  non  dentes. 

Patrie  :  Pcnsylvanie. 

4.  CALOPTERYX  DIMIDIATA  ,  Burm. 

CALOPTBRYX  COGMTA.  Rainb. 

Abdomen  33-35.  Aile  inferieure  28-30. 

Taille  petite  ;  ailes  etroites ,  hyalines ,  un  peu  jaunatres ;  costale  metal- 
lique,  le  quart  apical  subitement  brun  fonce  (cette  couleur  parfois  nulle 
chez  la  femelle) ;  corps  vert  metallique ;  le  dessous ,  les  sutures  et  les 
pieds  noiralres. 

o*  25-30  antecubitales. 

9  Environ  20  antecubitales;  nodus  plus  pres  de  la  base  que  du  pte- 
rostigma,  qui  est  blanc,  arrondi. 

10e  segment  avec  une  pointe  dorsale  aigue'j  ses  cotes  dentes. 

Patrie  :  Etats-Unis. 

5.  CALOPTERYX  MACULATA,  Bauvois. 

AGIUON  MACDLVTUM  ,  Pal.  Bauvois. 

ClLOPTERYX  PAPIUONACEA  ,   Ilaillb. 
HOLOSERICEA,  Burm. 

Abdomen  30-39.  Aile  inferieure  25-32. 

Taille  petite  ou  moyenne;  ailes  tres-dilatees  (surtout  chez  le  male); 
costale  metallique ;  25-30  antecubitales  aux  superieures.  Corps  vert  me- 
tallique fonce ;  le  dessous,  les  sutures  et  les  antennes  noirs;  pieds  longue- 
ment  cilies,  noirs.  (Les  tibias  brun  jaunatre  en  dchors  chez  les  jeunes.) 

o*  Ailes  opaques,  noir  chatoyant;  1'extremc  base  un  peu  plus  clair<' 
(hyalines,  enfumees,  chez  les  jeunes). 


9  Ailcs  hyalines,  enfumees;  lenr  dernier  tiers  insensiblement  d'un 
brim  plus  fonce.  Nodus  plus  pres  de  la  base  que  du  pterosligma,  qui  est 
blanc,  tres-large,  presque  carre.  line  raie  dorsale  jaurie  sur  les  trois  der- 
nicrs  segments ;  Tepine  apicale  du  40C  aigue,  jaune.  Pointes  laterales 
obtuses  dentees. 
Patric  :  Etats-Unis. 

6.  CALOPTERYX  VIRGINICA,  Westwood. 

LIBELLULA.  VIRGO  ,  Drury. 
Abdomen  39-42.  Aile  infe"rieure  34-35. 

Taille  grande;  ailes  non  dilatees,  hyalines  un  peu  jaun&tres ;  leur 
extremite  (*/4  aux  superieures,  */3  aux  inferieures)  opaque,  noiratre 
chez  le  male,  brune  chez  la  femclle;  costale  metallique;  environ  30 
antecubitalcs  aux  superieures.  Corps  vert  metallique  (vert  bronze  chez  la 
fcmclle) ;  le  dessous  et  les  sutures  noiratres ;  un  trait  a  la  2e  laterale  et 
quelques  taches  a  la  poitrine  jaunes.  Pieds  noirs  a  cils  mediocresj  coins 
de  la  bouche  livides. 

d*  Levre  superieure  et  antennes  noircs  ;  dessous  du  10e  segment 
jaune. 

^  Nodus  plus  eloigne  de  la  base  que  du  pterostigma,  qui  est  blanc, 
assez  long,  non  traverse  de  nervules.  2e  article  des  antennes  lividej  levre 
superieure  livide,  bordce  et  traversee  de  noir;  bords  de  1'abdomen,  des- 
sous des  trois  derniers  segments,  une  raie  dorsale,  en  dessous  des  memes, 
jaunatres.  10e  a  epine  apicale  aigue;  les  pointes  laterales  mediocres,  peu 
dentees. 

Patrie  :  Etats-Unis. 

7.  CALOPTERYX  SYRIACA,  Gene.,  Ramb. 

Abdomen  37-40.  Aile  inferieure  29-33. 

Taille  moyenne;  ailes  etroites;  costale  et  reseau  metalliques;  24  ante- 
cubitalcs; une  tache  aux  coins  de  la  bouche,  levre  superieure  (un  peu 
bordee  de  noir),  2e  article  des  antennes,  tache  au  5e  article  et  2e  suture 
laterale  du  thorax,  jaunatres.  Pieds  noirs,  interieur  des  femurs,  exterieur 
des  tibias  (et  souvent  des  tarses),  jaunatres. 

o*  Ailes  hyalines  a  reseau  acier;  le  tiers  apical  subitemcnt  noiratre; 
corps  bleu  metallique  (a  reflets  verts  sur  les  cotes) ;  le  dessous  en  partie 
jaunatrc,  avec  une  tache  obscure  a  la  poitrine. 


(  12  ) 

$  Ailes  hyalines  u  rdscau  vert  metalliquc;  le  tiers  apical  des  infe- 
rieures  brun.  Nodus  plus  eloigne  de  la  base  que  du  pterostigma,  qui  est 
assez  grand,  place  tres-prcs  du  bout  des  ailcs.  Corps  vert  metallique  bril- 
lant;  Ic  dessous  jaunatre;  urie  raie  dorsalc  orangce  aux  9e  et  10e  segments  : 
ee  dernier  a  epinc  apicale  proeminente  jaune;  les  pointes  laterales  pen 
marquees.  Appendices  anals  jaunatres. 
Patrie  :  Syric,  Egypte. 

8.  CALOPTERYX  EXUL,  De  Selys. 

CALOPTEHYX  SPLENDKKS  vnr.  De  Selys  in  Exped.  de  I'Algerie. 
Abdomen  38-39.  Aile  inferieure  50-33. 

Taille  moyenne;  ailcs  tres-etroites,  hyalines  ;  costalc  et reseau  metal- 
liques;  21  antecubitales;  line  tache  aux  coins  de  la  bouchc,  levre  su- 
perieure(un  pen  bordee  dc  noir),  2e  article  des  antennes,  tache  au  5e  arti- 
cle et  2e  suture  laterale  du  thorax,  jaunatres.  Pieds  noiratrcs  ;  extericur 
des  tibias  plus  clair;  interieur  des  femurs  jaunatre. 

o*  Reseau  bleu  acier ;  corps  bleu  metallique  ( a  reflets  verts  sur  les 
cotes);  le  dessous  en  grande  partie  jaunatre  avcc  une  tache  metallique  a 
la  poitrine. 

9  Reseau  vert  bleuatre;  nodus  plus  eloigne  de  la  base  quc  du  pteros- 
tigma,  qui  est  petit,  blanc,  place  tres-prcs  du  bout  des  ailcs.  Corps  vert 
metallique  brillant;  le  dessous  jaunatre.  (Les  9e  ct  10e  segments  manquent.) 

Patrie  :  Algerie.  (Museum  de  Paris  ct  collection  Selys), 

9.  CALOPTERYX  SPLENDENS,  Harris. 

LIUKU.UL.I  SPLBNDBKS  ,  Harris. 
CALOPTKRYX  LUDOVICUMA  ,  Leach. 
AGUION  XANTHOSTOMA  ,  Cluirp.  (Var.) 

Abdomen  33-39.  Aile  inferieure  27-56. 

Taille  moyenne  ou  grande  j  ailes  etroitcs  j  costale  et  reseau  metalliques ; 
25-35  antecubitalesj  uric  tache  aux  coins  de  la  bouche,  levre  superieure, 
(plus  ou  moins  bordee  et  traversee  de  noir),  devant  du  2e  article  des 
antennes  et  2e  suture  laterale  du  thorax,  jaunatres;  pieds  noirs. 

a*  Reticulation  bleu  acier;  ailcs  hyalines  jusqu'au  nodus  environ,  le 
rcste  opaque  noir  bleu  (gris  chez  les  jeunes)  ou  la  pointe  hyaline.  Espace 
postcostal  simple.  Corps  bleu  vcrdatrc  metallique;  sutures  et  dessous  du 
corps  noiratrcs  avcc  dcs  marques  a  la  poitrine,  ct  le  dessous  des  dernicrs 
segments  jaune  livide. 


9  Reticulation  verte;  ailcs  hyalines;  le  nodus  bcaucoup  plus  pres  de 
la  base  quc  du  pterostigma,  qui  cst  blanc  et  place  tres-pres  du  bout  des 
ailes ;  corps  vert  metallique  chatoyant;  le  dessous  jaunatre marque  de  noir; 
une  raie  dorsalc  jaunc  aux  trois  derniers  segments  terminee  au  IOC  par 
tine  cpine  aigue  dc  memo  coulcur ;  pointe  laterale  obtuse  un  peu  dentee. 

Race  geptentrionale  ( type )  :  Ailcs  moyennes ;  cspacc  postcostal  assez 
simple. 

6*  Partie  opaque  dcs  ailes  commencant  au  nodus ;  le  6C  apical  hyalin. 

9  Pterostigma  petit,  parfois  nul ;  raie  dorsale  jaune  des  trois  derniers 
segments  bien  arretce  par  du  bronze ;  appendices  anals  noirs. 

Race  prussicnne  (C.ancilla,  JIagen):  Ailes  un  pcu  elargies;  cspacc  post- 
costal  assez  complique. 

6*  Partie  opaque  commencant  avanl  le  nodus ;  Textremite  souvent  peu 
hyaline. 

9  Pterostigma  assez  grand.  (Variete  accidentelle  a  ailcs  opaques  depuis 
le  quadrilatere.) 

Race  meridionale  (C.  xanthosloma,  Charp.) :  Ailes  plus  etroitcs ;  cspace 
postcostal  plus  simple. 

o*  Partie  opaque  commencant  au  nodus  ;  Tcxtremite  non  hyaline. 

9  Pterostigma  petit  ou  presque  nul;  raie  dorsale  jaune  dcs  trois  der- 
niers segments,  confondue  avec  le  roux  jaunatre  des  cotes;  appendices 
anals  jaunatres. 

Race  de  Crime'e  (C,  taurica,  Selys) :  Levre  tres-fortement  traversee  et 
bordec  de  noir. 

6*  Partie  opaque  moins  etendue,  commencant  apres  le  nodus  et  finis- 
sant  a  rni-chemin  de  celui-ci  au  bout  de  Taile. 

9  Analogue  a  la  variete  septentrionale. 

Partie  :  Europe,  Asie  Mineure. 

10.  CALOPTERYX  VIRGO,  L. 

LlBBlLULl  VIRGO,  L. 

AGKION  VIRGO  ,  auct. 

—  VESTA  ,  Charp. 

—  FESTIVUM,  Brulle.  (Var.) 

Abdomen  55-39.  Aile  inferieure  27-36. 

Taille  moycnnc  ou  grandc;  ailes  largcs  (tres-dilatecs  chez  le  male);  cos- 
tale  mctalliquu,  une  tache  aux  coins  de  la  bouche,  la  levre  superieure 
(bordce  et  traversee  de  noir),  devant  du  2e  article  des  antennes^  un  vcs- 


tige  a  la  2C  suture  laterale  du  thorax  et  des  marques  a  la  poitrine,  jau- 
natres. 

<3*  40  antccubitales  environ;  espace  postcostal  tres-reticule ;  ailes  bleu 
noiratre ,  y  compris  le  reseau  chez  les  adultes  (hyalines  enfumees  a  reti- 
culation roussatre,  chez  les  jeunes)  5  Textreme  base  dcs  quatre  ct  souvent 
la  pointe  des  superieures  plus  claires.  Reseau  tres-serre ;  2  rangs  de  cel- 
lules entre  les  secteurs  des  leur  origine.  Corps  vert  bleuatre  metallique; 
le  dessous  noiratre  5  des  marques  brunes  a  la  poitrine  ;  dessous  des  trois 
derniers  segments  rougeatre. 

£  50  antecubitales  environ;  ailes  hyalines  roussatres,  a  reticulation 
de  meme  couleur  (le  tiers  apical  dcs  inferieures  plus  fonce  chez  les  tres- 
adultes);  le  nodus  plus  pres  de  la  base  que  du  pterostigma,  qui  est  assez 
eloigne  du  bout  des  ailes,  blanc,  plus  ou  moins  allonge;  corps  vert  bronze ; 
le  dessous  jaunatre  aux  trois  derniers  segments,  termine  par  une  epine 
assez  aigue,  courte;  pointes  laterales  presque  nulles,  lisses;  appendices 
anals  bronzes. 

Race  septentrionale  (type) :  Taille  moyenne ;  reticulation  serree. 

o*  Base  des  ailes  le  plus  souvent  a  peine  hyaline ;  le  bout  des  supe- 
rieures plus  clair. 

$  Ailes  brun  roussatre  a  pterostigma  mediocre;  le  jaune  du  dessous 
du  corps  terne,  peu  etendu. 

Race  meridionale :  Taille  souvent  plus  petite ;  reticulation  moins  serree. 

o*  Base  des  ailcs  hyaline  presque  jusqu'au  bout  du  quadrilatere ;  le 
reste  opaque. 

$  Ailes  un  peu  verdatres ,  a  pterostigma  mediocre ;  le  jaune  du  des- 
sous plus  pur  et  plus  etendu. 

Race  de  Grece  (C.  festiva,  Brulle) :  Taille  plus  grande;  reticulation  plus 
serree.  Abdomen  55-42 ;  aile  inferieure  55-58. 

tf  Ailes  plus  larges,  entierement  colorees. 

2  Pterostigma  plus  grand  et  plus  dilate. 

Patrie  :  Europe ,  Asie  Mineure. 

B.  Nervure  costale  non  metallique ;  ailes  du  male  en  partie  opa- 
ques ou  a  demi  transparentes. 

11.  CALOPTERYX  IIAEMORRIIOIDAUS,  Vander  Linden. 

AGRION  HAEMORRHOIDALIS  ,  Vancler  Linden. 
Abdomen  55-42.  Aile  inferieure  25-33. 
Taille  moyenne  j  ailes  assez  etroites ;  costale  brune.  Environ  24  ante- 


cubitales  j  reticulation  peu  serree ;  pieds  assez  courts ,  noirs ;  les  tibias 
roussatres  en  dehors. 

cf  Ailes  opaques,  noiratre  chatoyant  (hyalines,  brunes  chez  les  jeunes)  5 
le  tiers  basal  obliquement  hyalin ;  le  bout  des  superieures  souvent  plus 
clair;  corps  noir  violet;  une  tachc  livide  aux  coins  de  la  bouche;  le  des- 
sous  des  trois  derniers  segments  rouge  (jaunatre  chez  les  jeunes). 

9  Ailes  hyalines,  brun  roussatre  clair;  le  quart  apical  des  inferieurcs 
subitement  d'un  brun  plus  fonce;  pterostigma  blanc,  ovale,  petit;  corps 
verdatre  bronze;  une  tache  aux  coins  de  la  bouche,  levre  superieure 
(bordee  et  traversec  de  noir) ,  le  2e  article  des  antennes,  les  sutures  et  le 
dessous  du  thorax  et  une  de  1'abdomen  et  une  raie  dqrsale  aux  2-3  der- 
niers segments,  jaunes;  le  10C  sans  pointe  mediane. 

Patrie  :  Europe  meridionale,  Algerie. 

12.  CALOPTEKYX  CORNELIA,  De  Selys. 

Abdomen  59.  Aile  inferieure  48. 

Taille  enorme;  ailes  un  peu  elargies  au  milieu;  costale  brune.  Environ 
bO  antecubitales ;  tubercules  de  1'occiput  rudimentaires ;  pieds  longs;  a 
cils  mediocres. 

o*  Ailes  hyalines  d'un  roux  jaune,  y  compris  la  reticulation,  qui  est 
tres-serree ;  le  quart  apical  des  inferieures  un  peu  brunatre ;  cspacc  post- 
costal  tres- reticule;  corps  vert  noiratre,  metallique;  levre  superieure 
noire;  Tinferieure,  une  tache  au  coin  de  la  bouche,  le  dessous  du  thorax 
et  de  Tabdomen,  roux  brunatres;  pieds  noirs ;  rihtericur  des  femurs  et 
Texterieur  des  tibias  jaune  roussatre. 

$  Inconnue. 
Patrie  :  Japon. 

2m'  Groupe  .•  (C.  ATR ATA). 

Pas  de  tubercules  pointus  derriere  1'occiput;  sectenr  principal 
non  coniigu  a  la  nervure  n^diane ;  pas  de  faux  pterostigma  blanc 
chez  la  femelle.  Nervure  costale  non  metallique;  ailes  opaques  dans 
les  deux  sexes  a  Vetat  adulte. 

Les  especes  de  ce  groupe  sont  de  1'Asie  meridionale  et  orientale. 


15.  CAMJPTERYX  ATRATA,  De  Selys. 

Abdomen  51-55.  Aile  in&rieure  58-44. 

Taillc  tres-grande  j  stature  grele ;  ailes  asscz  largos,  arrondies,  opaques, 
noiratres  (chatoyant  en  vert  fonce  chcz  le  male) ;  reticulation  noiratre ,  y 
compris  la  costalc;  le  nodus  a  pen  pres  au  tiers  de  Taile;  55-iO  antecu- 
bitales,  12-20  aux  quadrilateres.  Espacc  postcostal  simple.  Base  du 
2e  article  dcs  antennes  et  coins  de  la  bouchc  brim  jaunatre  ;  dessous  du 
corps  noir  (devenant  pruineux).  Pieds  tres-longs,  noirs,  pruineux  en  de- 
dans, a  cils  tres-longs. 

o*  Levre  superieure  noir  luisant;  nasus  ct  dessus  de  Tabdomcn  vert 
metallique  fonce ;  dessus  de  la  tete  ct  du  thorax  noir  bronze. 

(j>  Levre  superieure  (bordee  ct  traversec  de  noir),  bouche,  2e  suture 
laterale  du  thorax  et  une  raie  dorsale  aux  trois  dcrnicrs  segments ,  jau- 
natres;  le  dernier  a  pointe  mediane  en  epinej  pointes  laterales  distinctes 
den  tees;  nasus  cuivre;  dessus  du  corps  noiratre  bronze. 

Patrie  :  Chine,  Japon.  (Musees  de  Lcyde,  Britannique,  coll.  Selys,  etc.) 

14.  GALOPTERYX  GRARDAEVA,  De  Selys. 

Abdomen  environ  56.  Aile  inferieure  environ  45. 

o*  Inconnu. 

^  Taille  tres-grande;  stature  grele;  ailes  tres-Iarges,  hyalines,  a  reti- 
culation tres-serree ,  d'un  brim  roux ,  y  compris  la  cote.  Le  nodus  a  peu 
pres  an  tiers  de  la  base  au  bout;  40-45  antecubitales ,  16-18  au  quadri- 
latere ;  espace  postcostal  simple.  Levres  noiratres ;  nasus  acier  metal- 
lique; dessus  de  la  tete,  dessus  et  cotes  du  thorax  vcrdatrc  metallique; 
antennes,  sutures  ct  dessous  du  thorax,  abdomen,  brun  clair;  un  cercle 
verdatre  metallique  aux  articulations.  Pieds  tres-longs,  bruns,  jaunatrcs 
en  dehors,  a  cils  longs,  noiratres. 

Patrie  :  Chine.  (Musee  de  Berlin.) 

15.  CALOPTEUYX  SMARAGDINA  ,  De  Selys. 

Abdomen  environ  45-50.  Aile  inferieure  environ  55-40. 

tf  Taille  grande ;  ailes  un  peu  elargies ,  opaques  noiralrc  chatoyant ; 
corps  vert  metallique  fonce;  base  de  la  levrc  superieure  et  base  du 
2C  article  des  antennes  pales;  dessous  du  thorax,  de  1'abilomen  et  inte- 
rieur  dcs  femurs  pruineux.  Pieds  longs ,  tres-cilies. 

^  luconnue. 

Patrie  :  Inde  (?).  (Musee  britannique.) 


(  17  ) 

ome  sous-genre.  —  BIATROIf  A,  DE  SELYS. 

Pieds  longs,  a  cils  longs;  ailes  larges;  espace  basilaire  bi-re"licule\ 
Patrie :  Asie  orientale. 

Groupe  unique  :  (M.  BASILARIS.) 

Pas  de  tubercules  pointus  derriere  1'occiput;  secteur  principal 
non  contigu  avec  la  nervure  m&liane;  un  faux  pterosligma  blanc 
chez  la  feraelle.  Nervure  costale  non  metallique;  ailes  opaques  dans 
les  deux  sexes. 

16.  MATRONA  RASILARIS,  De  Selys. 
Abdomen  55-55.  Aile  inferieure  41-45. 

Taillc  tres-grande;  stature  grele;  ailes  tres-larges,  opaques,  brunfonce 
chatoyant;  50  antecubitales ,  20-25  aux  quadrilatercs,  10-12  basilaires 
sur  deux  rangs;  reticulation  tres-serree;  espace  postcostal  trcs-reticulc. 
Nervulcs  transvcrscs  de  la  moitie  basale  dcs  ailes  avec  un  reflet  laiteux ; 
le  reste  du  reseau  brun  noiratrc,  y  compris  la  costale.  Pieds  tres-longs, 
noiratrcs,  longuement  cilies ;  un  point  jaune  au  bout  des  femurs. 

o*  Lcs  ailes  supcrieurcs  un  pen  plus  claircs  a  leur  extremite;  levre 
supcricurc  acier;  nasus  vert  bleuatrc;  dessus  de  la  tcte  et  du  rcste  du 
corps  vert  metallique  foncej  2C  suture  lateralc,  dessous  du  thorax  ct  des 
cinq  dcrniers  segments,  jaunatres. 

$  Le  nodus  plus  pres  de  la  base  que  du  pterostigma,  qui  est  long, 
blanc;  levres  jaunatres;  la  supericure  bordee  ct  traversec  de  noir;  coins 
de  la  bouchc,  lcr  et  base  du  2C  article  des  antennes,  livides.  Nasus,  dessus 
de  la  tete  et  du  thorax,  vert  metallique  fonce;  dessus  de  Tabdomen 
noiratre  bronze;  2C  suture  lateralc  ct  dessous  du  thorax,  bords  de  Tabdo- 
men  et  unc  raie  dorsale  aux  trois  dernicrs  segments,  jaunatres;  le  dO" 
avec  une  epine  dorsale ;  pointes  lateralcs  dentees. 

Patrie  .•  Nord  de  la  Chine.  (Collect,  Selys,  Hagen,  etc.) 

Genre  2.  — NEVROBASIS,  DE  SELYS. 

Secteur  nodal  et  median  bifurques;  ler  et  2°  articles  des  antennes 
ANN.  BULL.  i855.  2 


(  18  ) 

e"gaux;  les  ailes  infe'rieures  du  m£le  autreraent  colore"es  que  les  supe"- 
rieures,  opaques. 

Sous-genre  unique.  —  NEYROIiASIS. 

Pieds  tres-longs,  cilie"s;  ailes  assez  larges;  espace  basilaire  reticule. 
Patrie  :  Inde,  Chine,  Malaisie. 

Groups  unique  :  (N.  CHINENSIS.) 

Pas  de  tubercules  pointus  der-riere  1'occiput;  scctetir  principal 
non  contigu  a  la  nervure  mediane;  un  faux  pterosligma  blanc, 
fparfois  nul)  chez  la  femelle,  place  enlre  le  nodus  et  le  bout  de  Faile. 
Nervure  coslale  metallique;  ailes  hyalines,  excepte  les  infe'rieures 
dumale. 

17.   NEVROBASIS   CBISESRIS,    L. 

LIBEI.LULA  CHINSNSIS,  L. 
AGRION  NOBILITATA,  Fab. 

C\LOPTERYX  DISPAHIUS,  Rafilb. 

Abdomen  42-51.  Aile  inferieure  51-o9. 

Taille  assez  grandc,  grelej  ailes  un  pen  elargics;  reticulation  serree; 
espace  postcostal  complique  5  nodus  presque  a  ini-chemin  de  la  base  au 
bout  de  Taile ;  levres  jaunes  j  un  point  noir  a  la  superieure  (qui  est  par- 
fois  bordee  de  noir  au  milieu  chez  le  male).  Corps,  a  partir  du  front, 
vert  metallique  vif.  Pieds  Ires-longs:  femurs  bronzes,  jaunes  en  dedans; 
tibias  noirs,  jaunes  en  dehors,  a  cils  noirs;  6-9  basilaircs,  54-42  ante- 
cubitales. 

a*  Ailes  superieurcs  hyalines,  un  pen  verdatres;  reticulation  vert  me- 
tallique, surtout  les  grandcs  ncrvures  et  la  costale;  nodus  brun  clair; 
niles  infericures  opaques,  d'un  vert  metallique  changcant  en  bleu  avcc  le 
tiers  apical  subitcmcnt  brim  fonce;  reticulation  verte,  deux  sutures  late- 
rales  ct  le  dessous  du  thorax,  jaunes 5  hurnerale  ct  lrc  laterale  brunes; 
abdomen  tres-Iong,  noir  en  dessous. 

$  18-50  postcubitnlcs.  Ailes  hyalines  a  reticulation  roussatre;  costale 
vert  metallique;  les  superieurcs  lavecs  de  jaunatrc,  les  inferieures,  de 
brun  jaunatrc  plus  fonce  au  commencement  du  dernier  tiers;  les  quatre 
avecun  point  nodal  et  un  pterostigma  blancs;  ce  dernier  (parfois  presque 


nul)  place  entre  Ic  nodus  ct  le  bout,  plus  long  aux  inferieurcs.  Sutures 
humerales,  les  trois  latcrales,  le  dessous  du  thorax,  arete  dorsalc  ct  cotes 
de  Tabdomen,  jaunes;  dixienic  segment  a  epine  dorsale  et  pointcs  late- 
rales  aigues.  Appendices  anals  jaunatres. 

Race  de  la  Sonde.  tf  Levre  siipericurc  tres-bordce  ct  traversee  de  noir. 

9  Ailes  presque  incoiores ;  point  nodal  et  pterostigma  nuls  ou  presque 
nuls. 

Patrie  :  Inde,  Chine,  Malaisie. 

Genre  3.  — ECHO,  DE  SELYS. 

Nodus  place  presque  a  la  moitie  de  Faile;  pterostigma  rhomboide , 
large,  regulier;  tousles  secteurs  simples,  non  bifurque's. 
Patrie :  Asie  et  Afrique. 

let  sous-genre.  —  ECHO,  DE  SELYS. 

Pieds  assez  longs;  ler  article  des  antennes  cache";  2e  long;  espace 
basilaire  reticule". 
Patrie  :  Chine  (?). 

Groupe  unique  :  (E.  MARGARITA.) 

Secteurs  de  1'arculus  separcs  des  leur  origine,  le  principal  con- 
tigu  a  la  nervure  m^diane.  Nervure  costale  non  metallique;  ailes  en 
partie  opaques. 

18.  ECHO  MARGARITA,  De  Selys. 

Abdomen  environ  40.  Aile  inferieure  57. 

o*  Inconnu.  (Ailes  opaques  noir  chatoyant)  (??). 

$  Taillegrande,  grelcj  ailes  assez  largcs,  hyalines,  presque  le  quart 
apical  subitemcnt  d'un  brun  noiratre  chatoyant;  cette  nuance,  un  pen 
convcxe  en  dedans,  comprcnant  le  pterostigma ,  qui  cst  place  pres  du  bout 
deTaile,  blanc,  court,  arrondi  en  dessous;  reticulation  tres-serree,  noire, 
y  compris  la  costale.  50-57  antecubitalcs  ;  environ  57  postcubitales ;  6-9 
basilaires;  espace  postcostal  assez  simple.  Corps  noiratre,  a  reflets  bronzes; 


(20) 

levres  superieures  noir  luisant;  nasus  vert  metallique  ofoscur;  base  du 
2e  article  des  antcnnes  lividc.  Pieds  Ires-longs,  longucment  cilies,  noi- 
ratresj  interieur  dc  quatre  tibias  posterictirs  brun  fonce. 
Patrie  :  Chine  (?).  (Collect.  Saunders,  Selys.) 

2mc  sous-genre.  —  MNA1S,  DK  SELYS. 

Pieds  assez  longs;  ler  article  des  antennes  cache;  2e  assez  long; 
espace  basilaire  libre;  rameau  infe'rieur  du  2e  secteur  du  triangle 
courbe  en  dehors. 

Patrie  :  Japon. 

Groupe  unique  :  (M.  PRUINOSA.) 

Secteurs  de  1'arculus  se"pares  des  leur  origine,  le  principal  contigu 
a  la  nervure  me'diane.  Nervure  costale  non  me'tallique;  ailes  non 
opaques. 

19.  MNAIS  STRIGATA,  Hagen. 
Abdomen  40-44.  Aile  inferieure  37. 

Taille  grande,  robuslej  ailcs  assez  etroites,  hyalines,  un  peu  ver- 
datres ;  reticulation  noire,  large  5  espace  postcostal  tres-simple ;  la  costale 
et  la  medianebrunes;  aux  superieures  environ  26  antecubitales  et  06  post- 
cubitales:  2  raies  jauncs,  arquecs,  sur  les  cotes  du  thorax.  Pieds  noirsj 
levre  superieurc  et  nasus  vert  metallique. 

o*  Pterosligma  rouge,  mediocre;  antcnnes  noires;  dessus  de  la  tcte  ct 
du  thorax  vert  bronze;  abdomen  bronze  foncc,  un  peu  pruincux  aux  deux 
cxtremites. 

$  Pterostigma  blanc  jaunatrc ,  un  peu  plus  court ;  un  point  basal  jatme 
an  2e  article  des  antcnnes.  Dessus  de  la  tete,  du  thorax  et  abdomen  bronze 
tres-fonce,  a  reflets  rougeatrcs. 

Patrie  :  Japon.  (Musee  de  Lcyde;  collect.  Selys,  etc.) 

20.  MNAIS  PRUINOSA,  De  Selys. 
Abdomen  44-45.  Aile  inferieure  36-40. 

Taille  grande,  robustej  ailes  un  peu  elargies;  le  tiers  basal  hyalin,  le 
rcstc  jaunc  d'ocre;  cette  couleur  un  peu  plus  foncce  et  brunic  au  milieu; 


(21  ) 

reticulation  roux  clair,  asscz  large ;  pterostigma  rougcatrc,  mediocre ;  aux 
superieures  environ  28  antecubilales  ct  50  postcubilalcs ;  cspace  post- 
costal  tres-simple.  Levre  superieure  et  nasus  vert  metallique;  dessus  do 
la  tete,  dessus  du  thorax  ct  abdomen  vert  bronze  cuivreux;  deux  raies 
jauncs  arquccs  aux  cotes  du  thorax  (le  dessus  ct  lc.s  cotes  du  thorax 
pruineux  chez  les  adultcs)  ;  antennes  noires. 

9  Inconnu. 

Patrie  :  Japon.  (Musec  de  Leydc;  collect.  Selys,  etc.) 

5™  sous-genre.  —  SAPUO,  DE  SELYS. 

Pieds  courts;  ler  article  des antennes  cache";  2C  court,  fort.  Espace 
basilaire  libre;  rameau  inferieur  du  2e  secteur  du  triangle  rejele"  en 
dedans. 

Patrie  :  Afrique  tropicale  occidentale. 

Groupe  unique  :  (S.  CILIATA.) 

Secteursde  1'arculus  naissantd'un  mdme  point;  le  principal  non 
contigu  on  presque  contigu  a  la  nervure  m^diane;  nervure  cos- 
tale  metallique;  ailes  en  partie  opaques  chez  le  male,  hyalines  chez 
la  femelle. 

21.  S.M'HO  P.ICOLOR,  De  Selys. 
Abdomen  tf  49-  $  41.  Aile  inferieure  36-58. 

Taille  grandc,  tres-robuste ;  ailes  larges  (inferieures  tres-dilatees  au 
milieu);  espace  postcostal  assez  simple;  reticulation  noire;  costale  vert 
metallique;  aux  superieuros  51-55  antecubitales;  38-42  postcubitales. 
Corps  vert  metallique  brillant  (plus  fonce  sur  rabdomcn) ;  2e  article  des 
antennes  et  2e  suture  laterale  du  thorax  en  partie  jaunatrcs.  Dessous  du 
corps  noiratre ,  un  peu  pruineux. 

6*  Ailes  hyalines  incolores ;  un  pen  plus  du  quart  apical  subitement 
noir  violet  chatoyant,  cct  espace  concave  en  dedans;  pterostigma 
long,  large,  noiratre;  poitrinc  noire.  Pieds  noiratres  (pruineux  chez  les 
adultes). 

$  Ailes  hyalines  un  peu  salies;  un  peu  plus  du  quart  apical  lave  do 


(  22  ) 

jaunatre  sale,  cet  espace  concave  en  dedans.  Pterostigma  assez  long,  large, 
jaune,  cntoure  de  noir;  poitrinc  jaunatre;  pieds  noiralres;  interieur  des 
femurs  jaunatre.  (Pas  d'epine  dorsale  au  10e  segment.)  Appendices  anals 
noiratres,  un  peu  plus  longs  que  le  10e  segment. 
Patrie  :  Guinee.  (Collect.  Saunders.) 

22.  SAPHO  CILIATA,  Fab. 

AGKIOW  citUTi,  Fab. 
Abdomen  43-47.  Aile  inferieure  57-40. 

Taille  grande,  robuste;  ailes  larges;  espace  postcostal  assez  simple; 
reticulation  noire;  costale  vert  metallique;  secteur  principal  presque 
contigu  par  un  point  a  la  mediane;  aux  superieures  50-55  antecubitales 
et  55-4-0  postcubitales. 

<?  Ailes  opaques ,  noir  chatoyant,  a  reflets  verts  (hyalines  lavees  de  gris 
chez  le  jeune) ;  pterostigma  mediocre,  noir  (gris  chez  le  jeune).  Corps,  y 
compris  les  antennes,  vert  bleuatre  fonce  metallique  en  dessus;  sutures  et 
dessous  noirs.  Pieds  noirs. 

$  Ailes  hyalines  un  peu  grisatres  (lavees  de  jaunatre  chez  les  adultes) ; 
pterostigma  mediocre,  jaunatre,  entoure  de  noir;  corps  vert  fonce  metal- 
lique en  dessus  (vert  bronze  chez  les  adultes),  noiratrc  en  dessous. 
DeVaiit  du  2e  article  des  antennes  ct  2e  suture  laterale  du  thorax  jaunatres ; 
les  autres  sutures,  le  dessous  et  les  pieds  noirs.  line  epine  dorsale  au 
10°  segment.  Appendices  anals  noiratres,  de  la  longueur  du  dernier 
segment. 

Patrie  :  Guinee,  Sierra -Leone. 


Genre  4.  —  PHAON,  DE  SELYS. 

Nodus  plac6  presque  a  la  moitie  de  Taile;  pterostigma  tres-petit 
ou  nul,  souvent  travers^  d'une  nervnle  chez  le  male  (mil  chez  la 
femelle  (?).  \er  secteur  du  triangle  bifurque  (du  moins  aux  ailes 
superieures);  espace  basilaire  toujours  libre. 

Patrie :  Afrique  tropicale  et  meridionale. 

ler  sous-genre.  —  CLEIS,  DE  SELYS. 
ler  article  des  antennes  a  peine  visible;  2e  court,  fort;  pieds 


(25) 

courts;  rameau  infeYieur  du  2e  secteur  du  triangle  rejele"  en  dedans ; 
espace  poslcostal  complique'  a  son  extrejuite". 
Palrie :  Guinee. 

Groupe  unique  :  (C.  CINCTA.) 

Secteurs  de  1'arculus  naissant  d'un  mSme  point;  le  principal  con- 
tigu  a  la  nervure  nie"diane.  Nervure  costale  me"tallique;  ailes  hyalines 
dans  les  deux  sexes. 

23.  CLEIS  CISC.TA,  U  a  gen. 

Abdomen  44.  Aile  inferieure  35. 

o*  Taillc  assez  grandc ;  ailes  un  peu  elargies,  hyalines,  un  peu  irisees, 
a  peine  limbecs  de  brun;  reticulation  noire,  serree;  costale  vert  metal- 
lique.  Ptcrostigina  petit,  carre-long,  brun  (parfois  irregulierement  tra- 
verse par  une  nervule);  aux  supeneures  56-58  antecubitales ;  60-66  post- 
cubitales.  Espace  postcoslal  assez  cornplique.  Nodus  presque  a  la  moitic 
des  ailes.  Corps  vert  bleuatre  mctaliique  en  dessus.  Antennes,  sutures, 
dessous  du  corps  et  pieds,  noirs. 

9  Inconnue. 

Palrie  :  Guinee.  (Musee  de  Copenhague.) 

2me  sous-genre.  —  PIIAON,  DE  SELTS. 

ler  et  2e  articles  des  antennes  e"gaux;  pieds  longs;  rameau  infe*- 
rieur  du  $e  secteur  du  triangle  courb4  en  dehors;  espace  postcostal 
simple  presque  jusqu'a  son  extre"mite". 

Palrie :  Afrique  tropicale  et  meridionale. 


Groupe  unique  :  (PH.  IRIDIPENNIS.) 

Secteurs  de  1'arculus  naissant  d'un  me"me  point;  le  principal  con- 
tigu  a  la  nervure  mediane.  Nervure  costale  non  imUallique;  ailes 
hyalines  dans  les  deux  sexes. 


24.  PIIAOX  ininii'ESMS,  Burm. 

CALOPTKUVX  IHIUIPKNNIS,  Burm. 
Abdomen  C2-70.  Aile  inferieure  54-42. 

Taille  grande,  grele ;  ailes  a  peine  elargies  au  milieu,  hyalines,  un  peu 
salics  et  lavecs  de  jaunatre,  surtout  aux  inferieures,  un  pcu  irisces; 
reticulation  large,  noiratre  (y  compris  la  costale).  22-29  antecubitales ; 
28  postcubitales  aux  superieures.  Nodus  place  a  la  moitie  des  ailes. 
Corps  vert  mctallique;  antennes,  levres,  front,  une  double  bande  au 
thorax,  une  humerale,  trois  laterales,  la  poitrine  (saupoudree  chez  les 
adultes),  une  raie  dorsale  au  2°  segment,  les  cotes  de  Tabdomen,  d'un 
jaunc  roux.  Pieds  jaunatres  ;  exterieur  des  tibias  et  cils  longs ,  noirs. 

o*  Ailes  avec  un  petit  pterostigma  brim  (souvent  traverse  d'une  ner- 
vulc)  on  point  de  pterostigma ;  le  jaune  et  le  roussatre  moins  etendus 
sur  le  corps. 

9  Ailes  sans  pterostigma ;  le  jaunc  et  le  roussatre  dominant  davan- 
tage  sur  le  corps. 

Patric  :  Congo ,  Natal. 

Genre  5.  —  VESTAL1S,  DE  SELYS. 

Nodus  presque  au  premier  tiers  de  1'aile;  pterostigma  mil;  secteur 
nodal,  median,  et  premier  du  triangle  bifurque*s;  espace  basilaire 
toujours  libre.  C6le  sup^rieur  du  quadrilatere  un  pen  convexe.  Ra- 
meau  inf^rieur  du  2e  secteur  du  triangle  nul. 

Patrie  :  Asie  meridionale,  Malaisie  et  Japon. 

Sous-genre  unique.  —  VESTALIS. 

ier  article  des  antennes  en  demi-anneau,  court;  2e  long;  pieds 
longs;  secteur  principal  contigu  a  la  nervure  mddiane;  rameau 
infericur  du  2e  secleur  du  triangle  courbe  en  dehors;  espace  post- 
costal  simple  presque  jusqu'a  son  extre'mite'. 

1"  groupe  :  (V.  LUCTUOSA.) 

Sectcnrs  de  Tarculus  separ^s  des  leur  origine;  nervure  costale 
non  nuHallique;  ailes  opaques  chez  le  mfile,  hyalines  chez  la  femelle. 


(25) 

25.  YESTALIS  MJCTUOSA,  Dunn. 

CiLOPTBRYX    LXJCTUOSA,    Blirill. 
FOttMOSA  ,   llailll). 

Abdomen  41-50.  Aile  inferieure  oo-42. 

Taille  asscz  grandc,  grelc;  ailcs  tres-plicees ,  un  pen  elargics  an  mi- 
lieu; nodus  au  tiers  dc  1'ailc ;  50-54  antccubitales;  55  a  80  postcubitalcs 
environ  aux  superieurcs.  Pieds  longs,  noirs  (interieur  des  quatre  femurs 
posterieurs  bruns  chez  la  femelle). 

<f  Ailes  opaques,  brun  noir,  a  reflets  violets;  la  base  un  pcu  plus 
claire  (ailes  presque  hyalines  avec  Textrernite  plus  foncee  chez  le  jeunc)  j 
reticulation  noire,  assez  scrrec.  Corps  bleu  acier  metallique  en  dessus  j 
antennes,  dcssous  du  corps,  noirs.  Appendices  anals  superieurs  dilates 
en  dedans ,  tronques  a  leur  extremite. 

9  Ailcs  hyalines,  jaunatres,  a  reticulation  roussatre;  la  costale  noi- 
ratre.  Lcvre  inferieure  noire;  la  superieurc,  le  dessus  dc  la  tete  et  du 
rcste  du  corps,  vert  metallique  fonce  (bronze  sur  rabdomen).  10e  segment 
a  epine  medianc  forte,  les  pointes  laterales  plus  faibles.  Appendices  anals 
brims  ;  2C  article  des  antennes,  2e  suture  laterale  et  dessous  du  thorax, 
roux  jaunatre. 

Patrie  :  Java ,  Japon. 

S""  groupe  :  (V.  GRACILIS.) 

Secteurs  de  1'arculus  naissant  d'un  mfime  point;  nervure  costale 
noii  mdlailique;  ailes  hyalines  dans  les  deux  sexes. 

26.  VESTAUS  AMOEXA,  Hagen. 
Abdomen  d*  46-  $  38.  Aile  inferieure  55. 

Taille  grande  tres-grele;  ailes  etroitcs,  hyalines,  a  pcinc  plicecs, 
legercment  irisecs;  reticulation  noire,  tres-simple,  ainsi  quo  Tespace 
postcostal;  25-27  antecubitalcs;  environ  55  postcubitales  aux  supe- 
rieurcs.  Nodus  au  tiers  de  1'aile.  Corps  vert  metallique  fonce  en  dessus, 
noiratre  en  dessous ;  2C  suture  late*Vale,  bord  postericur  et  poitrine  en 
partic,  jaunatros. 

o*  Lcvre  superieure  avcc  deux  tachcs  et  la  base  du  2C  article  des  an- 
tennes,  jaunes ;  picds  noirs,  base  interne  des  femurs  posterieurs  bruns. 
Appendices  anals  superieurs  non  dilates,  tronques  et  presque  bifidcs  a 
leur  extremite. 


(  26  ) 

9  Levre  supdrieure  et  2e  article  dcs  antenncs  jaunatres;  10e  segment 
avec  une  epine  mediane  et  pointcs  laterales  longucs.  Pieds  noirs,  inte- 
rieur  des  femurs  posterieurs,  et  cxterieur  des  tibias  aux  memes  pieds, 
bruns ;  appendices  anals  noirs. 

Patrie  :  Sumatra.  (Collect.  Schneider  et  Westermann.) 

27.  VESTALIS  GIUCIUS,  Kami). 

CAI.OPTERYX  GHACILIS,  Ramb. 
Abdomen  o*  55-55.  $>  48-50.  Aile  inferieure  57-40. 

Taille  grande,  tres-grele,  abdomen  tres-long;  ailes  a  peine  elargies  au 
milieu,  plicees,  hyalines,  a  peine  irisees;  la  cote  des  superieures  et  les 
inferieures  dumale,  les  quatre  chez  la  fernelle,  lavees  dejaunatre.  Reti- 
culation serree,  noiratre  (excepte  une  partie  des  transversales  antecubi- 
tales  jaunatres) ;  la  mediane  et  le  seetcur  superieur  roussatres ;  espace 
postcostal  simple.  28-36  antecubitales,  environ  -45-58  postcubitalcs  aux 
superieures.  Nodus  aux  2/5  de  la  base  au  bout.  Corps  vert  metallique 
brillant  en  dessus;  rhinarium,  raic  au  front,  ler  ct  2e  articles  des  an- 
tennes,  dessous  du  thorax,  sutures  humerales  et  laterales,  bords  de  1'ab- 
domen,  jaunc  pale.  Picds  longs,  jaunatres,  a  cils  noiratres ;  cxterieur  des 
femurs,  interieur  des  tibias  et  tarses,  brims. 

o*  Appendices  anals  superieurs  dilates  en  dedans,  tronques,  un  peu 
echancrcs  a  leur  extremite. 

$  10e  segment  avec  une  epine  dorsale  et  une  laterale  de  chaque 
cote.  Appendices  anals  bruns. 

Patrie  :  Inde. 


2-  Mgion. 


Quadrilatere  plus  large  5  son  exlr£mit£;  son  c6t£  superieur  con- 
vexe;  Fespace  basilaire  toujours  relicul^. 

a*  Appendices  anals  superieurs  semi-circulaires,  plus  ou  moins 
dilates  et  denies  en  dedans. 

Patrie  :  Ame"rique  tropicale. 


(27  ) 


Genre  unique.  —  HET^ERINA,  HAGEN. 

Ailes  longues,  non  pe"tiole"es;  secteur  principal  contigu  a  la 
nervure  me"diane;  nodus  place*  un  peu  avant  la  moitie"  de  1'aile; 
secteur  infe>ieur  du  triangle  tres-courbe  en  dehors;  ler  article  des 
antennes  cache" ,  en  demi-anneau.  Pieds  longs.  Pterostigma  mil  ou 
tres-petit.  Rameau  infe>ieur  du  2e  secteur  du  triangle  nuL 

ler  sous-genre.  —  LAIS,  HAGEN. 

Coulter  du  fond  du  corps  bronze",  vert,  ou  noir  dans  les  deux  sexes; 
ailes  hyalines  (excepte"  L.  pvdica) ;  espace  poslcostal  avec  deux  rangs 
de  cellules  re"gulieres. 

1"  groupe  :  (L.  HYALINA.) 

Ailes  hyalines  assez  eHroiles;  tubercules  de  Toccipiit  bien  marques.  Pieds 
longs. 

A.  Une  gouttelette  apicale  brune  aux  ailes  infe>ieures  du  male. 

28.  LAIS  GLOBIFER,  Uagcn. 

Abdomen  o*  64.  9  42.  Aile  inferieure  35-39. 

Taille  trcs-grande  5  ailes  etroites,  hyalines;  18-25  antecubitales.  Corps 
noir;  levre  superieure  jaune,  traversee  de  noir;  epistome  bleu  metal- 
lique;  second  article  des  antennes  jaune;  2  raies  jaunes  aux  cotes  du 
thorax.  Pieds  noirs. 

o*  Tache  apicale  des  inferieures  petite ,  parfois  un  vestige  aux  supe- 
rieures.  Corps  noir;  pas  de  bande  jaune  en  avant  du  thorax.  Abdomen 
presque  double  de  la  longueur  des  ailes;  un  fort  tubercule  sous  le  pre- 
mier segment.  Dilatation  des  appendices  superieurs  formant  2  dents 
rapprochees  aux  2/3  dc  leur  longueur;  les  inferieurs  tres-courts  ay  ant  */6 
des  superieurs. 

9  Ailes  un  peu  jaunatres ;  2  bandes  orangees  et  une  raie  humerale 
devant  le  thorax ;  abdomen  plus  court ,  avec  un  petit  tubercule  noir  en 
dessous  du  premier  segment. 

Patrifi  :  Bresil  (Nouv.-Fribourg).  (Collect.  Hagen,  Selys,  etc.) 


(28) 
29.  LAIS  .*NEA,  De  Selys. 

Abdomen  28.  Aile  inferieure  25-24. 

Taillc  tres-  petite;  ailes  etroites,  hyalines;  corps  bronze  violet  ou 
cuivrc  rouge  brillant,  surtout  chez  la  femclle;  tetc  noire;  epistome 
violet  metallique;  pieds  noirs. 

o*  Tachc  apicale  dcs  superieures  assez  graudc;  ailcs  hyalines;  24-26 
anteeubitales  ;  mi  vestige  de  ligne  lateralc  pale  au  thorax.  Abdomen  un 
peu  plus  long  quc  les  ailes.  Dilatation  des  appendices  supcricurs  formant 
deux  dents  mediancs  rapprochees  ,  les  infericurs  ayant  */s  des  supericurs. 

9  22-26  antecubitales;  ailes  hyalines  un  peu  salies;  2C  article  des 
antcnnes,  un  vestige  humeral  et  trois  lignes  lateralcs  etroites,  jaune  pale. 

Patrie  :  Para.  (Collection  Dale,  Sclys,  etc.) 


30.  LAIS  ctTRjEA,  DC  Selys. 

Abdomen  28.  Aile  inferieure  24. 

Taille  tres-petite;  ailes  etroites  ;  tete  noire;  epistome  violet  metallique; 
corps  bronze  violet  ;  pieds  noirs. 

cf  Tachc  apicale  dcs  superieures  assez  grande  ;  ailes  hyalines  avcc  une 
raie  noire  entre  la  sous-costale  ct  la  mediane,  de  la  base  au  nodus;  28- 
52  antecubitales.  Abdomen  un  peu  plus  long  que  les  ailes.  Appendices 
(comme  ^Encal). 

o"  Inconnue. 

Patrie  :  Brcsil.  (Musee  britannique.) 

B.  Pas  de  gouttelette  apicale  foncee  aux  ailes. 

31.  LAIS  IIYALINA,  Hagen. 
Abdomen  35.  Aile  inferieure  29. 

o*  Taille  moyenne;  ailes  assez  etroites,  hyalines;  le  bout  des  infe- 
rieurcs  un  pen  sali,  brunatre;  20  antecubitales.  Levrcs  noires;  les  bords 
de  la  superieurc  un  peu  jaunatrcs  latcralcment;  epistome  vert  bronze; 
thorax  bronze,  avec  deux  lignes  laterales  etroites,  jaunes;  pieds  noirs; 
appendices  (inconnus). 

$  (Inconnue). 

Patrie  :  Brcsil.  (Musce  de  Vicnne.) 

32.  LAIS  PHII.VOSA,  Hagen. 

Abdomen  56-42.  Aile  inferieure  28-31. 

Taille  moyenne;  ailes  assez  larges;  18-20  antecubitales.  Corps  bronze 


(29) 

obscur;  Icvre  supericurc  jaunatrc,  noire  a  la  base.  Un  vestige  humeral 
et  trois  ligncs  latcrales  etroites  jaunatres  au  thorax. 

o"  Ailcs  hyalines;  la  base  dcs  supericures  a  reflets  laitcux;  une  raie 
brim  clair  cntre  la  mcdiane  ct  la  sous-costalc,  de  la  base  au  nodus.  Di- 
latation des  appendices  superieurs  formant  2  dents  apres  le  milieu;  la 
scconde  aigue,  les  inferieurs  ayant  la  moitie  des  superieurs.  Pieds  noirs ; 
interieurs  dcs  femurs  brun  ou  pruineux. 

9  Ailcs  hyalines,  lavces  dc  jaunatre;  second  article  des  antennes 
jaunatrc.  Pieds  noirs;  interieur  dcs  femurs  jaunatrc;  cxterieur  des 
tibias  brun. 

Patrie  ;  Brcsil.  (Musee  dc  Berlin.) 

2"«  groupe  .• (L.  PUDICA.) 

Ailes  tr^s-larges ,  color&s  en  rouge  chez  le  m&le,  en  brun  chez  la 
femelle.  Tubercules  de  Tocciput  presque  nuls ;  pieds  courts;  le  bout 
des  quatre  ailes  hyalin. 

55.  LAIS  PUDICA,  Hagen. 

Abdomen  26-28.  Aile  inferieure  21-25. 

Taille  petite;  ailes  tres-larges;  17-19  antecubitales.  Epistome  noir  lui- 
sant;  cotes  de  la  levre  supcricure,  2e  article  des  antennes  jaunc  (une 
ligne  humeralc  ct  deux  laterales  jauncs  chez  les  jcunes  ct  la  femelle) ; 
pieds  courts,  noirs. 

o"  Ailcs  rouges  (bruncs  chez  les  jeunes);  le  5e  apical,  au  plus,  hyalin 
incolore;  le  bord  antcrieur  brun.  Devant  du  thorax  bronze  cuivrcux; 
une  ligne  laterale  jaunc,  ctroitc;  abdomen  noir.  Dilatation  dcs  appendices 
superieurs  formant  apres  le  milieu  une  dent  forte;  les  inferieurs  plus 
longs  que  la  moitie  dcs  superieurs. 

2  Ailcs  cnfumccs,  surtout  au  bout  antcricur;  la  base  ct  le  centre 
brims;  corps  bronze  fonce;  intericur  des  femurs  postericurs  jaunes  a  la 
base. 

Patrie  :  Bresil  (Ypanema).  (Musees  de  Vicnne  et  de  Berlin.) 


2™  sous-genre.  -  HET^EIUNA,  HAGEN. 

o*  Couleur  du  fond  du  corps  bronze  rougeatre  ou  noiratre.  Ailes 
hyalines  (except^  //.  titia);  la  base  de  quatre  avec  une  tache  rouge. 
Espace  postcoslal  rempli  de  petites  cellules  irregulieres  aux  ailes 
su  pedicures. 

9  Couleur  du  fond  du  corps  vert  bronze.  Ailes  hyalines  (excepte" 
//.  tilia) ,  plus  ou  moins  jaunatres  ou  salies. 


\"  groups  :  (II.  CAJJ.) 

Ailes  e"troites;  pas  de  pterostigma. 

A.  Le  bout  des  ailes  du  male  sans  laches;  tibias  noirs. 

34.  HET.*RINA  SIMPLEX,  DeSelys. 

Abdomen  27-55.  Aile  inferieure  23-27. 

Taille  petite;  14-18  antecubi tales ;  tubercules  de  1'occiput  presque 
nuls. 

o*  Tache  basale  des  superieures  commencant  a  la  sous-costale,  s'arre- 
tant  au  bout  du  quadrilatere,  ou  elle  est  un  peu  arrondie  en  dehors; 
celle  des  inferieures  s'arretant  aussi  au  bout  du  quadrilatere,  cchan- 
cree  en  dehors  ct  touchant  le  bord  posterieur  dans  sa  moitie  basale. 
Levre  superieure  noire;  epistome,  dessus  de  la  tete,  prothorax  et  thorax 
bronze  cuivreux;  ce  dernier  avec  trois  lignes  laterales  jaunes  tres- fines 
(une  tache  laterale  a  la  levre,  base  des  antennes,  des  lignes  humerales 
fines,  et  tache  a  la  poilrine  jaunes  chez  les  jeunes).  Appendices  superieurs 
a  dilatation  mediane  large,  echancrce  au  bout,  ou  elle  se  termine  par 
une  petite  dent  aigue;  les  inferieurs  moitie  plus  courts,  amincis  au  bout. 
Pieds  noirs. 

$  Ailes  hyalines  jaunatres.  Levre  superieure  jaune,  bordee  et  traversee 
de  noir;  epistome  et  vertex  bronzes;  front  vert  metallique;  base  des  an- 
tennes jaune;  prothorax  vert,  tache  de  jaune;  thorax  jaunatre  avec  une 
bande  mediane,  une  premiere  laterale  complete  et  deux  autrcs  laterales 
incompletes,  vert  bronze;  dessous  tache  de  noir.  Garene  du  10e  segment 


complete,  tcrmince  par  une  pointe  tres-eourtc.  Pieds  noirs,  Tinterieur 
des  femurs  marque  parfois  dc  roussatre  a  la  base. 

Palrie  :  Bresil  (Minas  Geraes).  (Collect.  Selys,  Hagen.) 

R.  Le  bout  des  ailes  supe>ieures  du  male  hyalin;  celui  des  iufe- 
ricures  avec  une  gouttelette  rouge;  tibias  noirs. 

35.  UET^GRIXA  SANGUINEA,  Oe  Selys. 

Abdomen  36.  Aile  inferieure  26. 

Taille  petite ;  tuberbules  de  Tocciput  presque  nuls. 

o*  23-25  antecubitales.  Tache  basale  des  superieures  depassant  a  peine 
le  quadrilaterc  ;  ccllc  des  inferieures  brun  clair,  ne  depassant  pas  le  qua- 
drilatere, s'arretant  a  la  postcostale,  ayant  un  prolongement  superieur 
jusqu'a  mi-chemin  de  celui-ci  au  nodus.  Levre  superieurejaune,  bordee  et 
travcrsee  dc  noir ;  epistome  cuivre  rouge  fonce ;  une  bande  frontale  plus 
claire;  thorax  bronze,  violet  en  avant,  avec  une  ligne  humerale  et  trois 
laterales  jaunes;  dessous  jaunatre,  tache  de  noir;  10C  segment  trcs-court. 
Appendices  superieurs  presque  deux  fois  plus  longs  que  le  dixieme  seg- 
ment ;  leur  dilatation  formant  au  milieu  une  large  dent  a  angle  droit , 
suivie  de  2  excavations,  les  inferieurs  ayant  */4  des  superieurs,  epais, 
tronques,  presque  fourchus.  Picds  noirs;  la  moitie  interne  des  femurs 
posterieurs  jaunatre. 

$  25  antecubitales.  Ailes  enfumces,  uri  peu  jaunes  a  la  base.  Thorax 
vert  metallique  avec  une  raie  humerale  et  trois  laterales  plus  larges , 
jauucs.  Pieds  noirs. 

Patrie  .-  Para.  (Collect.  Selys.) 

36.  HET^RINA  ROSEA,  De  Selys. 

Abdomen  a*  33-36.  $  28.  Aile  inferieure  24-27. 

Taille  petite,  grele. 

o*  19-20  anlecubitales.  Tache  basale  des  superieures  ne  commcncant 
qu'a  la  mcdianc  ou  a  la  sous-mediane  et  ne  depassant  pas  le  quadrilatere ; 
ccllc  des  inferieures  brune,  s'arretant  a  Torigine  du  quadrilatere,  avec 
un  prolongement  superieur  a  mi-chemin  de  celui-ci  au  nodus  et  ne  de- 
passant pas  la  postcostale.  Levre  superieure  jaune,  avec  une  petite  tache 
basale  mediauc,  noire;  epistome  bronze  cuivreux;  une  bande  brune  au 
front;  base  des  antennes  jaunatre;  lobe  postericur  du  prothorax  borde 
de  jaunatre j  thorax  bronze,  cuivre  rouge  en  avant,  avec  une  raie  hume- 


(52) 

rale  et  trois  laterales  jaunatre;  dessous  jaunatre,  tache  dc  noir.  Appen- 
dices supericurs  un  pcu  plus  longs  quc  le  10C  segment,  leur  dilatation  for- 
mant  apres  le  milieu  unc  forte  dent  visiblcment  echancrec;  les  infcricurs 
ayant  les  s/4  des  superieurs  greles.  Picds  noirs  ;  interieur  des  quatrc 
femurs  postericurs  jaunatre  ;  exterieur  des  tibias  brun. 

$  17-19  antecubitales.  Ailes  tres  -  legcrcment  jaunatres.  Levre  supe- 
ricurc,  front,  base  des  antcnnes  jaunatres;  bande  basale  a  Tcpistome  ct 
dessus  de  la  tete  vert  bronze  ;  prothorax  vert  bronze  a  tachcs  jaunatres  ; 
thorax  orange  avcc  unc  bande  mediane  et  une  premiere  laterale  vert- 
bronze,  et  deux  autres  ligncs  laterales  etroites  noircs  ;  dessous  tache  de 
noir.  Carene  du  10C  segment  complete,  terminee  en  epinc.  Pieds  noi- 
ratresj  interieur  des  femurs,  surtoutdes  posterieurs,  jaunatre. 

Patrie  :  Bresil.  (Collect.  Selys,  Hagen.) 


37.  IlKT.KiiiYt  CAJA,  Driiry. 

LiBELLUt*  CAJA  ,  Drury. 
IJKT.T-RINV  HKRA,  Hagen  (collection). 

Abdomen  d*  57-40  $  31.  Aile  inferieure  25-27. 

Taille  petite,  grele. 

6*  19-21  antecubitales;  tache  basale  des  superieures  nc  commencant 
qu'a  la  mediane,  dcpassant  un  pcu  le  quadrilatere  ;  ccllc  des  inferieures 
rougeatre,  s'arretant  an  bout  du  quadrilatere,  ayant  un  prolongemcnt 
superieur  a  mi-chemin  de  cclui-ci  au  nodus  et  nc  depassant  pas  la  post- 
costale.  Levre  superieure  jauric,  avcc  unc  tache  basale  mediane  noire  la 
travcrsant  souvcnt;  cpistome  bronze;  base  des  antenncs  brunc;  lobe 
postericur  du  prothorax  borde  dc  roux;  thorax  bronze,  cuivrc  rouge  en 
avant,  avcc  unc  lignc  humcralc  et  trois  raics  laterales  jaunatres;  des- 
sous jaunatrc  tache  dc  noir.  Appendices  supcricurs  un  pcu  plus  longs 
quc  le  10'  segment,  leur  dilatation  formant  apres  le  milieu  une  forte 
dent  tronquee,  les  inferieurs  ayant  les  */-  des  supcricurs,  greles.  Pieds 
noirs  (  interieur  des  femurs  postericurs  jaunatre  chcz  les  jeunes). 

9  17-20  anlecubitalcs.  Ailcs  lavees  dc  jaunatre,  surtout  a  la  base. 
Levre  supcricure,  front,  bord  de  Tocciput  et  base  des  antennes  jau- 
natres; epistomc  ct  vertex  vert  bronze;  prothorax  jaunatre;  thorax 
jaunatre  avec  une  bande  etroite  mediane  et  deux  vestiges  lateraux 
bronzes.  Carene  du  10«  segment  incomplete,  en  petite  epine,  Pieds 
noiratres;  femurs  jaunatres  en  dedans. 

Patrie  :  Venezuela.  (Collect.  Hagon,  Selys.) 


(35) 

38.  IIiTi:mx\  DOMIMU.A,  H;i:;en. 

AGRION  CAJA,  Erichson. 

Abdomen  o*  35;  9  29.  Ai!e  inferieure  25-27. 

Taille  pclite. 

d"  26-50  antecubitales.  Tachc  basalc  dcs  quatre  ailcs  rouge  j  cello  des 
supcrieures  touchant  la  cote,  atteignant  aux  *IB  de  la  base  au  nodus, 
arrondie  en  dehors ;  cclle  des  inferieurcs  allanl  prcsque  jusqu'au  nodus, 
depassant  notablement  la  postcostale,  oblique,  un  pcu  convcxe  ct  dente- 
lec  en  dehors,  ou  clle  depassc  beaucoup  Ic  quadrilatere.  Levre  superieurc 
noiratre;  cpistomc  bronze  obscur;  front,  dessus  de  la,  tete,  prothorax, 
bronzes;  thorax  noiratrc,  bronze  violet  en  avant;  ses  cotes  avec  trois 
lignes  jaunatres  tres-fines,  rintermcdiairc  seule  bicn  visible.  Appendices 
superieurs  un  pcu  plus  longs  que  Ic  10C  segment;  leur  dilatation  formant 
apres  Ic  milieu  une  forte  dent  largement  echancree,  suivie  en  dessus 
d'unc  petite  dent  au  bord  superieurj  les  inferieurs  greles,  ayarit  les  2/3 
dcs  superieurs.  Pieds  noirs. 

9  22-20  ante'cubitales.  Ailes  notablement  jaunatres ;  la  pointe  dcs 
infericurcs  un  peu  salie.  Levrc  superieure  noire,  a  tache  laterale  jaunc  5 
epistome  bronze  cuivrcux ;  front  ct  dessus  dc  la  tcte  vert  bronze ;  base  des 
antenncs  jaune ;  prothorax  et  thorax  vert  metallique;  un  vestige  hume- 
ral, trois  lignes  laterales  etroites,  et  le  dessous  jaunatres;  ce  dernier 
tache  dc  noir.  Carene  du  10e  segment  bien  marquee,  terniince  en  epine 
tres-courtc.  Picds  noiratrcs. 

Patrie  :  Guyane.  (Musee  de  Berlin ,  collect.  Hagen ,  Selys.) 

39.  HET-*:RINA  AURIPKKNIS,  Burm. 

CA.LOPTERYX  AURIPERHIS,  Burm.  (Q). 

—         CAJA,  Burin.  (Q*),  Ramb.  (pars). 

Abdomen  6*  55-39;  $  ol-3o.  Aile  inferieure  24-28. 

Taille  petite. 

o*  24  (21-29)  antecubitales.  Tache  basale  des  supcrieurcs  ne  touchant 
la  cote  qu'asa  base,  longeant  ensuitc  la  sous-costale,  atteignant  aux  2/5 
de  la  base  au  nodus,  prcsquc  droite  en  dehors;  celle  des  infcrieurcs  allant, 
par  un  prolongcmcnt  superieur,  prcsque  au  nodus,  depassant  notablement 
la  postcoslalc,  oblique,  angulcusc.  un  peu  concave  en  dchors,  ou  elle 
depassc  pcu  Ic  quadrilatere.  Levre  superieurc  jaunatre ;  sa  base  et  uu 
prolongemcnt  median  noirs;  epistome  bronze  violet;  front  et  dessus  de 
la  tete  noirs ;  a  reflets  cuivres;  base  du  2C  article  des  antennes  brune; 
ANN.  BULL.  1853.  5 


(  34  ) 

prothorax  ct  thorax  bronzes;  Ic  dcvant  dc  cclui-ci  cuivre  rouge  violet; 
une  lignc  humerale  peu  visible  et  trois  raies  latcrales,  la  lre  tres-fine, 
jaunatrcs ;  le  dessous  jaunatrc  tache  de  noir.  Appendices  supcricurs  un 
pcu  plus  longs  qtie  le  10e  segment;  la  dilatation  formant  subitement, 
apres  le  milieu,  une  dent  tres-saillanle  obtuse.  Les  inferieurs  grelcs, 
ayant  les  5/,  dcs  supcricurs,  attenues  au  bout.  Pieds  noirs. 

$?  21-24  antecubitales.  Ailes  notablemcnt  jaunatrcs,  surtout  a  la  base; 
levre  superieure  (excepte  un  point  basal  median),  basedes  antcnnes,  jau- 
nalres;  epistome  vert  cuivreux,  bien  horde  dc  jaunatrc;  front  et  dessus 
dc  la  tete  vert  bronze  fonce;  prothorax  vert  bronze;  thorax  vert  bronze 
en  avant,  avec  une  large  bandc  humerale  orangee  ;  poitrine  jaunatre  avec 
quclques  tachcs  brunes;  carene  du  10°  segment  a  cpinc  noire  assez  longue. 
Pieds  noirs. 
Patrie  :  Bresil. 

40.  HETEKIM  IHXE  ,  De  Selys. 
Abdomen  31-38.  Aile  inferieure  24-30. 

Taille  petite. 

o*  20-26  antecubitales.  Tache  basalc  des  superieures  touchant  la  cote 
dans  sa  inoitie  basalc  et  atteignant  auxs/4  de  la  base  au  nodus,  presque 
droite  en  dehors;  cellc  des  inferieures  touchant  le  nodus  par  son  prolon- 
gement  supcrieur,  depassant  notablement  la  postcostale,  oblique,  con- 
cave en  dchors,  ou  ellc  depasse  notablement  le  quadrilaterc ;  le  bout  des 
superieurcs  souvent  avec  un  vestige  rose.  Levre  superieure  noire ;  epi- 
stome ct  dessus  dc  la  tetc  bronze  cuivre;  prothorax  bronze;  thorax 
bronze,  cuivre  rouge  en  avant,  avec  trois  raics  lateralcs  jaunatrcs,  la 
lre  tres-fine;  dessous  jaunatre,  un  peu  marque  de  brun  (levre  supe- 
rieure, base  des  antennes,  une  raie  humerale  jaunes  chez  les  jeuncs). 
Appendices  supericurs  dc  la  longueur  du  10°  segment  formant  une  dent 
mcdiane  triangulairc  large,  suivic  d'une  echancrure  et  d'une  petite  dent 
superieure ;  les  inferieurs  plus  de  inoitie  plus  courts,  epais,  tronques  au 
bout.  Pieds  noirs. 

9  18-20  antecubitales.  Ailcs  jaunatrcs,  surtout  a  la  base.  Lcvre  supe- 
rieure jaunc,  bordec  et  travcrsec  de  noir;  epistome  violet  bronze;  front 
ct  vertex  bronzes ;  base  des  antennes  jaune ;  prothorax  vert  bronze  jauna- 
tre sur  ses  cotes;  thorax  vert  bronze  en  avant  avec  une  large  bande  hume- 
rale orangee;  les  cotes  ct  le  dessous  jaunatres,  avec  deux  vestiges  de  raics 


(35  ) 

laterales,  courles,  verdatres;  carcne  du  10e  segment  terminee  par  une 
epine  assez  courtc.  Pieds  noirs. 

Patrie  :  Bresil.  (Collect.  Selys,  Hagcn.) 

41.  URT.cntNA  SAWGUiNOu;;%TA,  Ilagen. 
Abdomen  26-35.  Aile  infe"rieure  21-24. 

Taille  tres-petitc.  Tubercules  de  Tocciput  a  peine  visibles. 

o*  20-25  antecubitales.  Tache  basale  des  superieures  touchant  la  cote 
presque  jusqu'au  nodus  par  un  prolongement  superieur,  presque  droite 
en  dehors,  ou  elle  atteint  aux2/3  de  la  base  au  nodus;  celle  des  inferieures 
presque semblable,  mais  touchant  completement  le  nodus,  un  peu  oblique 
et  concave  en  dehors,  touchant  le  bord  posterieur  dans  sa  moitie  basale. 
Tetc  noire,  un  peu  bronzee  en  dessus;  epistome  un  peu  violet ;  pro- 
thorax  noir;  thorax  noir  bronze,  un  peu  cuivre  en  avant,  avec  3  raies 
laterales  jaunatres ;  la  lre  tres-fme.  Dessous  du  thorax  noiratre  (levre  su- 
pericurc,  base  des  antennes  et  lignehumerale,  jaunatres  chez  les  jeuncs). 
Appendices  superieurs  peu  courbes;  dilatation  formant  subitement  une 
dent  mediane,  saillante,  obtuse,  non  echancree,  suivie  d'une  echan- 
crure  ct  d'une  petite  dent  superieure  distincte;  les  inferieurs  moitie  plus 
courts,  epais,  tronques  au  bout.  Pieds  noirs. 

^  19-20  antecubitales.  Ailes  jaunatre  sale.  Tetc  noire,  un  peu  bronzee 
a  Tepistome  et  au  front ;  levre  superieure  noire  avec  une  tache  laterale 
jaune ;  base  du  2e  article  des  antennes  jaune  ;  prothorax  noiratre;  thorax 
robuste,  vert  metallique  fonce  en  avant,  avec  une  fine  ligne  humerale 
jaunatre  (large  chez  les  jeuncs) ;  les  cotes  et  le  dessous  jaunatres,  avec 
2  raics  incompletes  courtes,  vertes;  carene  du  10e  segment  a  epine  assez 
longue.  Pieds  noirs. 

Patrie  :  Bresil.  (Collect.  Hagen,  Selys.) 

42     IfKT.KIilSA    MORTLA,    HagGll. 

Abdomen  28.  Aile  inferieure  22. 

Taille  tres-petite;  tubcrcules  de  Tocciput  tres-prononces. 

o*  21-25  antecubitales.  Tache  basale  des  superieures  obtuse  en  dehors, 
depassant  le  quadrilatcre  (auxs/5  de  la  base  au  nodus)  commencant  a  la 
sous-costale ;  celle  des  inferieures  ne  touchant  pas  tout  a  fait  la  costalc, 
finissant  obliquemcnt  un  peu  apres  le  quadrilaterc,  et  touchant  le  bord 
postericur  dans  sa  moitie  basale;  la  poinle  des  infericures  a  tache  rose 
mal  arretee.  Levre  superieure  noire,  jaune  sur  scs  cotes;  epistome  et 


(  36) 

dessus  dc  la  tele  bronze  cuivreux ;  base  dcs  antennes  jaune;  thorax  noir, 
bronze  en  avant,  avcc  uric  bande  humcrale  arquee  et  5  raies  lateralcs 
jaunes;  la  lre  tres-finc.  Dcssous  jaune  tache  de  noir.  Appendices  supe- 
ricurs  robustes;  la  dilatation  mediane  fonnant  2  dents,  la  lre  plus  petite, 
aiguej  la  2e  obtuse;  les  inferieurs  inoitic  plus  courts,  tres-amincis  au 
bout.  Picds  noirs. 

$  Inconnue.  (Collect.  Hagen.) 

Patrie  :  Guyane. 

43.  HET.EIUXA  SEPTEHTRIOKALIS,  De  Seiys. 

Dimensions  analogues  a  celles  de  I'//,  tricolor  var.  limbata. 

Taille  petite.  Tachc  basale  des  superieurcs  depassant  Ic  quadrilatere ; 
celle  dcs  inferieures  arrivant  presquc  jusqu'au  nodus.  Epistoinc  melal- 
lique;  thorax  brun  bronze,  ligne  de  jaune.  Dilatation  des  appendices 
supericurs  forniant  2  dcrits  assez  aigues,  assez  eloignees  Tune  de  Tautrc; 
les  inferieurs  greles,  epaissis  a  leur  pointe,  plus  longs  quc  la  moitie  des 
superieurs. 

$  Inconnue. 

Patrie  :  Georgie  americaine.  (Musee  britannique.) 

C.  Le  bout  des  quatre  ailes  du  male  avec  une  gouttelette  rouge. 
Tibias  noirs. 

44.  HET^RIHA  L.ESA,  Hagen. 

Abdomen  d*  40;  $  54.  Aile  inferieure  29-31. 

Taille  assez  grande. 

6*  26-30  antecubitales  aux  superieures,  24-26  aux  inferieures,  dont  le 
bout  cst  obtus,  comme  tronque.  Base  dcs  ailes  superieures  jaunatre,  a 
laehe  rouge,  petite,  coinmcncant  a  la  sous-rnediane,  finissant  au  bout  du 
quadrilatere  j  base  des  inferieures  jaunatre,  avec  une  nuance  brune  entre 
la  sous-costale  et  la  incdianc,  a  nervules  blanchatrcs  en  dessous.  Levre 
supericure  jaune,  noire  au  milieu  j  epistome,  front  et  vertex  bronzes; 
base  des  antennes  jaune;  thorax  bronze,  cuivreux  en  avant,  avcc  une 
large  bande  humcrale  jaune,  suivie  d'une  bandc  bronzec  isolec;  les  coles 
jaunes  avec  deux  bandes  bronzees;  la  premiere  courte,  superieurc;  la 
deuxieme  mince.  Dessous  jaunatre.  (Appendices  anals  rnanquent.)  Pieds 
trcs-longs,  noirs,  a  cils  assez  courts;  la  base  interne  des  lemurs  poste- 
rieurs  a  pcine  jaunatre. 


(  57  ) 

9  2i-  27  anlecubitales  aux  supericures;  20-25  mix  infcricurcs.  Ailes 
tres-salics,  jaunatrcs,  surtout  a  la  base.  Coloration  du  corps  vert  bronze , 
a  dessins  jaunatres,  comme  chez  le  male.  Carene  du  10e  segment  terminee 
par  une  pointe  asscz  longue.  Pieds  noirs;  inlerieur  des  femurs  posterieurs 
ct  Ja  base  interne  des  autres  jaunes. 

Paine  :  Surinam.  (Musec  de  Berlin.) 

45.  HET^KINA  LOSGIPES,  Ha  gen. 

Abdomen  a*  44;  $  36.  Aile  inferieure  33-34. 

Taille  grande.  Levre  superieure  jaune,  bordee  de  brun  avec  un  point 
basal  median;  base  des  antennes  jaunatre;  epistome,  front,  vertex  et 
prothorax  bronze  fonce. 

o*  21-28  antecubitales.  Tachc  basale  des  superieures  commcncant  a 
la  sous-coslale,  finissant  obliquement  en  dehors,  plus  prcs  du  nodus  quo 
dc  la  base ,  quittant  le  bord  posterieur  sous  le  quadrilatere ;  celle  des  in- 
ferieures  depassant  un  pen  la  postcostale,  s'arretant  an  bout  du  quadri- 
latere, avec  un  prolongement  superieur  aux  5/4  de  la  base  au  nodus,  ce 
qui  la  rend  concave  en  dehors.  Thorax  bronze  cuivrcux  fonce ,  avec  une 
raie  humerale  et  une  premiere  laterale  jaunes,  assez  larges,  confluentes 
par  en  haut  ct  par  en  has ;  dessous  jaune.  Appendices  superieurs  non 
renfles  a  la  base  en  dessous,  tres-courbes  au  bout;  Icnr  dilatation  me- 
dianc  en  dent  obtuse  forte,  un  pcu  echancree  au  bout,  au  niveau  d'une 
petite  dent  superieure;  les  infericurs  ayant  '/.  des  superieurs,  tronques 
an  bout.  Pieds  noirs,  tres-longs  (tibias  posterieurs  S'/g-lO™1"). 

9  20  antecubitales.  Ailes  un  peu  jaunatrcs,  surtout  a  la  base.  Thorax 
jaune  obscur  avec  uric  bande  mediane  ctroite,  vert  bronze,  en  avant, 
dilatec  vers  les  ailes,  et  deux  raies  laterales  de  meme  couleur;  la  pre- 
miere cuneiforrne ,  courtc ;  la  seconde  rudimcntaire.  (L'extremite  de  Tab- 
domen  manque.)  Pieds  bronzes,  tres-longs  (tibias  posterieurs  10ram). 

Patrie  :  Bresil.  (Collect.  Hagen.) 

40.    IIETVERINA    CARKIFEX,    flagen. 

Abdomen  <f  38-42.  $  31.  Aile  inferieure  29-32. 

Taille  grande.  Levre  superieure  noire  avec  une  tache  laterale  jaune 
fonce;  epistome,  front,  vertex,  bronze  cuivreux  fonce. 

o*  20-25  antecubitales.  Tache  basale  des  superieures  commencant  a  la 
costale,  finissant  un  pen  obliquement  en  dehors,  un  peu  plus  pres  du 
nodus  que  de  la  base,  quittant  le  bord  posterieur  sous  le  quadrilatere; 


(  38  ) 

celle  dcs  inferieures  depassant  un  peu  la  postcostale,  s'arretant  au  bout 
du  quadrilatere,  avec  un  prolongemcnt  supericur  aux  5/4  de  la  base  au 
nodus,  cc  qui  la  rend  concave  en  dehors.  Une  tache  jaunatre  au  2e  article 
des  antcnnes.  Prothorax  et  devant  du  thorax  bronze  cuivre  fonce ,  avec 
une  ligne  humerale  jaunatre  peu  visible,  isolee;  les  cotes  bronzes  avec 
une  ligne  tres-fine  et  deux  raies  jaunatres;  ces  dernieres  confluentes  par 
en  haut  et  par  en  has.  Poitrine  jaunatre,  cerclee  de  noir.  Appendices  supe- 
rieurs  plus  longs  que  le  10e  segment,  peu  courbes  au  bout,  ay  ant  un  rcn- 
flement  basal  inferieur,  leur  dilatation  en  dent  obtuse  mediane  finissant 
par  une  echancrure,  suivie  d'une  petite  dent  superieure  j  les  inferieurs 
moitie  plus  courts,  tronques  au  bout.  Pieds  noirs;  tibias  poslerieurs 
7  '/a-S'™. 

$  17-20  antecubitales.  Ailes  un  peu  enfumees,  a  peine  jaunatres  a  la 
base.  Base  des  antennes  jaune;  prothorax  vert,  avec  deux  taches  medianes, 
carrees,  jaunes;  thorax  vert  metallique  en  avant,  avec  un  trait  et  une 
ligne  humerale  etroite,  jaunes.  Les  cotes  et  le  dessous  jaunes,  avec  une 
premiere  bande  bronzee,  large,  interrompue,  et  une  seconde  rudimen- 
taire  superieure.  Carene  du  10e  segment  ne  depassant  pas  le  bord.  Pieds 
noirs,  longs. 

Race  :  (H.  fulgcns,  De  Selys). 

o*  Taille  moyenne.  Tache  basale  des  ailes  superieures  un  peu  convrxe 
en  dehors.  Tibias  posterieurs  G1^"1"1.  Minas  Geraes. 

Patrie  :  Bresil  (Nouv.-Fribourg).  (Collect.  Hagen,  Selys.) 

47.  HKTI:RI\A  PROXIMO,  De  Selys. 
Abdomen  d*  40 ;  $  30.  Aile  inferieure  27-29. 

Taille  moyenne. 

a*  22-26  antecubitales.  Tache  basale  des  supcrieures  commencant  a  la 
sous-costale,  finissant  obliquement  en  dehors,  un  peu  plus  pres  du  nodus 
que  de  la  base,  quittant  le  bord  posterieur  sous  le  quadrilatere  ;  celle  des 
inferieures  depassant  un  peu  la  postcostale,  s'arretant  une  cellule  apres 
le  quadrilatere,  avec  un  prolongement  supericur  allant  aux  3/4  de  la  base 
au  nodus,  ce  qui  le  rend  concave  en  dehors.  Levre  superieure  jaunc, 
avec  un  point  basal  median,  ou  bordee  ou  traversee  de  noir.  Epistome, 
front,  vertex  et  prothorax  bronzes;  thorax  bronze  violet  en  avant;  hume- 
rale ct  premiere  laterale  jaunes,  tres-fincs,  suivies  de  deux  laterales  plus 
larges,  confluentes  par  en  haut  et  par  en  has;  dessous  jaunatre.  Appen- 
dices superieurs  un  pen  plus  longs  que  le  10e  segment,  sans  renflement 


(  39  ) 

basal;  leur  dilatation  mediane  longuc,  large,  peu  profondement  echan- 
cree,  finissant  en  dent  aigue  a  Torigine  du  bout,  qui  est  court,  notable- 
meiit  courbej  les  inferieurs  plus  courts  quc  la  moitie  des  supcrieurs,  epais, 
am ii iris  au  bout.  Picds  noirs,  tres-lorigs;  tibias  postericurs  T^10. 

$  Ailes  jaunatres,  surtout  a  la  base;  25  antecubitales.  Tete  jaunatre, 
bronzee  en  dcssus;  thorax  jaunatre;  toutes  les  sutures  d'un  jaune  plus 
pale;  la  dorsale  bordee  de  chaque  cote  d'une  raie  etroite  vert  bronze;  la 
premiere  laterale  precedee  d'une  tache  cuneiforme  vertc;  iOe  segment 
tcnnine  par  une  pointe  marquee. 

Patrie  :  Bresil.  (Collect.  Selys;  musee  de  Vienne.) 

D.  Le  bout  des  quatre  ailes  du  m&le  ou  limbe"  de  brnn  ou  hyalin. 
Tibias  jaunatres  en  dehors. 

48.    HliTjERINA    CRLEXTATA,    llaillb. 

CALOPTKRYX  CRCENTATA,  Hani!),  (o"). 
—  LUTBOLI,   Kami).   (^)- 

Abdomen  56-40.  Aile  inferieure  27-53. 

Taille  assez  grande. 

<f  24-29  antecubitales.  Ailes  limbecs  de  brun  au  bout,  surtout  aux 
inferieures;  tache  basale  des  superieures  commencant  a  la  nervure  me- 
dianc,  finissant  a  mi-chernin  de  la  base  au  nodus,  un  pen  convexe  en 
dehors;  Tespacc  entre  elle  et  la  costale  sali;  celle  des  inferieures  un  peu 
plus  courte,  ne  touchant  la  cote  que  dans  sa  moitie  basale,  depassant 
notablement  la  postcostale,  touchant  le  bord  posterieur  dan^  son  premier 
tiers,  finissant  au  bout  du  quadrilatere  avec  un  prolongement  snperieur 
Ires-court.  Levre  superieure  roussatre ,  bordee  a  sa  base  et  souvent  tra- 
versee  dc  noir;  epistome  bleu  acier;  front  en  partie  clair,  brun;  vertex 
noir ;  prothorax  noir,  a  tache  laterale  orangee ;  thorax  rougeatre  ;  le  des- 
sous  jaunatre ;  une  large  bande  dorsale  noire ;  unc  raie  laterale  noir  acier 
avant  la  premiere  suture,  ne  touchant  pas  les  pieds,  et  une  tache  cunei- 
forme superieure  vert  metalliquc  avant  la  seconde  suture.  Appendices 
supericurs  plus  longs  que  le  10e  segment,  brims  a  la  base,  peu  courbes; 
la  dilatation  commencant  des  la  base,  finissant  subitement  par  une  dent 
mediane,  obtuse,  suivie  d'une  petite  echancrure;  les  inferieurs  un  peu 
plus  courts  que  la  moitie  des  superieurs.  Picds  noirs;  exterieur  des 
tibias  roussatre. 

$  20-22  antecubitales.  Ailes  nn  peu  jaunatres,  surtout  a  la  base;  levre 


(40  ) 

supericure,  front,  base  des  antonnes,  jaunutrcs ;  epistome  roussatre,  avcc 
line  tachc  acicr  violet;  vertex  noir;  prothorax  roussatre,  tachc  de  brun  ; 
thorax  roussatre,  avcc  unc  bandc  large  mediane  dorsale,  unc  raie  laterale 
avant  la  premiere  suture  et  une  tachc  cuneiforme  superieure  avant  la 
sccondc,  vert  metalliquc.  10e  segment  a  carene  tcnnincc  par  une  pointe 
courlc.  Picds  noirs;  intcrieur  dcs  femurs,  extericur  des  tibias,  jaunatrcs. 
Appendices  anals  noirs,  brims  a  la  base. 

Race  dc  Bresil  .•  (//.  Irasiliensis ,  DC  Selys.) 

d*  Taille  moycnne.  18-20  antecubitales;  epistome  vert  metallique; 
tibias  jaunes  en  dehors. 

Race.  (j>  Taille  grande.  25-27  antecubitales  (H.  lineata,  Hagen). 

Patrie  :  Bresil,  Colombie,  Mexique,  Martinique. 

49.  HLT.KRIKA  VULNERATA,  Hagen. 

Abdomen  j  45-50;  $  42.  Aile  inferieure  28-52. 

Taille  mediocre. 

19-25  antecubitales.  Le  bout  des  ailes  superieures  non  limbe;  celui 
des  inferieures  parfois  un  pen  sali ;  tachc  basale  des  superieures  courte, 
commcncant  a  la  mediane,  finissant  a  mi-chcmin  de  la  base  an  nodus, 
oblique  en  dehors;  celle  des  inferieures  un  pen  plus  courte,  ne  toucharit 
la  cote  que  dans  sa  moitic  basale,  depassant  notablement  la  postcostale, 
touchant  le  bord  posterieur  dans  son  premier  tiers,  finissant  an  bout  du 
quadrilatcre ,  avec  un  prolongemcnt  superieur  tres- court.  Levre  supe- 
ricurc  roussatre,  tres-bordee  de  noir  a  la  base;  epislome  noir  bronze, 
borde  dc  jaunatre  en  avant;  front  en  partie  brun  clair;  vertex  noir; 
prothorax  brun  metallique,  sans  tachc;  devant  du  thorax  noir  bronze, 
a  reflets  violets  et  cuivres  ;  raic  humerale  jaunatre,  suivie  d'une  pre- 
miere bande  laterale  noir  bronze,  large,  jusqu'a  la  premiere  suture;  le 
restc  des  cotes  roussatre,  avcc  une  tachc  cuneiforme  siiperieure  asscz 
longuc,  bronzec ,  avant  la  seconde  suture.  Appendices  superieurs  jaunes  a 
la  base  et  en  dedans,  plus  longs  quc  le  40C  segment,  peu  courbes;  dila- 
tation commencant  des  la  base,  finissant  en  dent  mediane  tres-obtuse, 
suivie  d'une  trcs-petite  echancrure;  les  inferieurs  moitie  plus  courts. 
Pied$  noirs;  une  bande  laterale  aux  femurs  ct  Texterieur  des  tibias 
jaunaHre. 

$  17-19  antecubitales.  Ailes  lavees  dc  jaune  a  la  base  ct  an  bord 
anterieur.  Levrc  siiperieure,  base  des  antennes,  front,  jaunatres  ;  epistome 
jaunatre  avcc  une  petite  tacheacicr;  vertex  noir,  prothorax  brun  avec 


quatrc  laches  jauncs  ;  thorax  orange  avcc  unc  bandc  medianc  etroite,  a 
pcinc  elargic  vers  les  ailes,  vert  metallique;  une  raic  bronzee  egale  avant 
la  premiere  suture  lateralc,  et  unc  tachc  cuneiforme  vert  metallique  avant 
la  sccondc.  Carene  du  10°  segment  nc  depassant  pas  le  Lord.  Appendices 
anals  jaunes,  noirs  au  bout,  pieds  noirs  ;  interieur  des  femurs  et  des 
tibias  largement  jaunatre. 

Patrie  :  Bresil,  Colombie,  Mexique.  (Musee  de  Berlin,  collect.  Hagen  , 
Selys.) 

2m«  groupe  .•  (H.  TITIA.) 

Ailes  etroites;  un  petit  pterostigma  (parfois  rudimentaire)  dans  les  deux  sexes. 
A.  Le  bout  des  ailes  sans  taches.  Pieds  jaunes  en  dehors. 
50.  II  KT  .i:r.i  v\  AMERICANA,  Fab. 

ACRION  AMKIUCAM,  Fab. 

—      Burm.,  Ramb. 


Abdomen  45  46.  Aile  inferieure  25-30. 

Taille  moyenne;  tete  robustc;  pieds  noirs;  iritericur  des  tibias,  exte- 
rieur  des  femurs  ,  jaunatres. 

d*  20-24  antecubitales.  Pterostigma  assez  grand,  jaunatre  ;  tache  basalc 
des  ailes  allant  a  mi-chemin  de  la  base  au  nodus,  depassant  un  peu  le 
quadrilatere  auxsuperieures,  oil  clle  estun  pcu  convexe  en  dehors  ct  ne 
commence  qu'a  la  medianc,  presque  droite  en  dehors  et  touchant  le  bord 
posterieur  dans  presque  toutc  sa  longueur  aux  inferieures,  oil  le  prolon- 
gement  supe'ricur  est  rudimentaire.  Levrc  superieurc  jaune  roussatrc 
avec  une  tache  medianc  ;  epistomc  vert  bronze  ;  fj'ont  et  dcssus  de  la 
tete  vert  dore,  2e  article  des  antcnncs  jaunatre  j  prothorax  bronze; 
thorax  vert  cuivre  en  avant,  bronze  dc  cote;  suture  humerale  et  pre- 
miere laterale  finement  jaunes;  la  scconde  et  le  bord  poslerieur  lar- 
gement jaunes,  ainsi  que  le  dcssous.  Appendices  jaunatres,  noirs  a  leur 
extrcmite;  dilatation  des  supcrieurs  en  dent  mediane  subite,  large,  a 
peinc  concave  en  dedfus,  les  inferieurs,  ayant  1/3  des  supericurs,  obtus. 

^  Ailes  lavecs  de  jaune  sale  a  la  base  ;  pterostigma  blanc;  corps  vert 
fcronz6;  une  bande  jaune  interroinpue  au-devant  de  la  tete;  levre  supe- 
rieure  ct  2C  article  des  antennes  jaunes. 

Patrie  :  Mexique  ,  sud  des  Etats-Unis. 


(42) 

B.  Le  bout  des  quatre  ailes  limbe"  de  brun  ch.ez  le  male;  pieds 
noirs  dans  les  deux  sexes. 

51.  HET.EIIINA  MOUIBUNDA,  Hagen. 

Abdomen  0"  30;  $  27-31.  Aile  inferieure  26-28. 

Taille  petite. 

d*  27-28  antecubitalcs.  Pterostigma  Ires-petit,  noir;  ailes  a  Hmbe  brun, 
large  a  partir  du  pterostigma ;  tache  basale  des  supericures  allant  au  bout 
du  quadrilaterc,  obtuse  en  dehors,  ne  commencant  qu'a  la  nervure  me- 
diane  et  touchant  le  bord  posterieur  dans  sa  dpe  moitie  seulement;  celle 
des  inferieures  presque  droite  en  dehors;  commencant  a  la  sous-costale, 
ne  depassant  pas  la  postcostale,  n'occupant  pas  le  quadrilatere,  mais 
ayant  un  petit  proloiigcment  superieur  brun  jusqu'a  mi-chemin  du  qua- 
drilatere au  nodus.  Levrc  superieure  jaunatre,  bordee  et  traversee  de 
noir;  epistome  brun  cuivreux;  dessus  de  la  tete  noir;  base  des  antennes 
jaunatre;  prothorax  noiratre;  thorax  cuivre  rouge  en  avant,  bronze  sur 
les  cotes  ;  la  suture  humerale  et  la  lre  laterale  etroitement,  la  2e  laterale> 
le  bord  posterieur  et  le  dessous  jaunatre  obscur;  carene  du  I0e  segment 
aigue.  Appendices  noirs;  dilatation  des  superieurs  un  peu  evidee  en  de- 
dans, commencant  pres  de  la  base,  finissant  aux  2/3  de  leur  longueur;  les 
inferieurs  ayant  la  moitie  des  superieurs.  Pieds  noirs. 

9  22-23  antecubitales.  Ailes  lavees  de  vcrdatre  sale ;  pterostigma  tres- 
petit,  livide,  brun  au  centre. Tete comme  le  male;  epistome  vert  noiratre; 
prothorax  noir  bronze;  thorax  roussatre;  le  devant  vert  metallique  avec 
une  raic  humerale  orangec ;  trois  raies  noiratres,  etroites  sur  les  cotes; 
iO«  segment  a  carene  pointue.  Pieds  noiratres;  interieur  des  femurs  plus 
clair. 

Patrie  :  Guyane.  (Collect.  Hagen,  Selys.) 

52.  HET^EUI^IA  TRIC(!I-OR,  lUirm. 

CALOPTKRVX  TRICOLOR,  Burm.,  Ramb. 
Abdomen  o*  51 ;  $  42.  Aile  inferieure  31. 

Taille  moycnnc ;  tete  robuste. 

o*  24  antccubilales.  Pterosligma  «nssez  grand,  noir;  limbe  brun  dubout 
des  ailes  etroit ;  tache  basale  des  superieures  depassant  un  peu  le  quadri- 
latere, arrondie  en  dehors,  ne  commencant  qu'a  la  mediane;  celle  des  in- 
ferieures brune,  depassant  a  peine  la  postcostale,  s'arretant  en  ligne  droite 
au  bout  du  quadrilatere,  avec  un  prolongement  superieur  allant  a  mi- 


(  43) 

chemin  du  quadrilatere  au  nodus.  Tete  noiratre ;  epistome  et  antennes 
bruns;  prothorax  noiratre;  thorax  noiratre  en  avant,  avec  une  bande 
humeralc  jaune;  les  cotes  et  le  dessous  jaunes,  avec  trois  bandes  noiratres 
plus  ou  moins  incompletes.  Carenc  du  10e  segment  aigue.  Appendices 
superieurs  a  peine  plus  longs  que  le  10e,  noirs,  avec  une  tres-forte  dent 
basale  interne,  obtuse,  suivie  de  la  dilatation  qui  finit  subitcment  aux  5/4 
de  leur  longueur  en  dent  obtuse ;  les  inferieurs  moitie  plus  courts.  Pieds 
noirs  ;  tibias  bruns  en  dehors. 

$  20-23  antecubitales.  Ailes  a  peine  jaunatres  vers  la  base,  ptero- 
stigma  assez  grand,  blanc  jaunatre.  Levre  superieure,  epistome,  une  bande 
anterieure  et  bord  de  Tocciput,  jaunatres ;  bord  posterieur  du  protborax 
jaunatre  ;  thorax  orange  en  avant,  avec  une  bande  mediane  etroite,  noire; 
les  cotes  jaunatres  avec  trois  raies  noiratres  courtes.  Carene  du  10e  aigue. 
Pieds  noirs,  interieur  des  femurs  jaunatre;  exterieur  des  tibias  brun. 

Patrie  .-  Sud  des  Etats-Unis.  (Musee  de  Vienne  et  collect.  Winthem.) 

Race.  (H.  Hmbata,  De  Selys.)  d*  Plus  petite,  plus  grele.  Pterostigma 
tres-petit;  le  limbe  brun  apical  commencant  au  pterostigma  aux  infe- 
rieurcs.  Levre  superieure  brunc,  avec  une  tachc  basale  mediane  noire; 
une  raie  froritale  brune,  interrompue  au  milieu.  Appendices  superieurs 
plus  longs.  (Abdomen  40.  Aile  inferieure  27.) 

Patrie.  Georgic  amcricairic.  (Collect.  Selys,) 

5-3.  HRTARIKA  TITIA,  Drury. 

LIBELLULA  TITIA,  Drury. 
CILOPTERYX  —    Burm.,  Ramb. 

Abdomen  a*  38;  Q  32.  Aile  inferieure  25-29. 

Taille  petite  ou  moyenne. 

6*  22-24-  antecubitales.  Pterostigma  assez  long,  jaune;  ailes  opaques, 
brun  fonce ;  les  superieures  obliquement  hyalines  entre  le  nodus  et  le 
pterostigma,  ct  portant  a  la  base  une  tache  rouge  commencant  a  la  me- 
diane et  depassant  le  quadrilatere  (une  bande  moins  hyaline  large  aux 
ailes  inferieures  du  jcune).  Tete,  prothorax,  thorax  et  pieds  noir  luisant; 
(bruns  avec  une  ligne  hurnerale  et  trois  lignes  lateralcs  jaunatrcs,  chez  les 
jcunes.)  Carene  du  10e  segment  aigue.  Appendices  noirs;  les  superieurs 
egaux  au  10e  segment,  avec  une  dent  basale  interne  obtuse,  tres-forte, 
suivie  de  la  dilatation  qui  finit  subitoment  aux  s/4  de  leur  longueur  en  dent 
obtuse ;  les  inferieurs  un  peu  plus  courts  que  la  moitie  des  superieurs. 

P  19-20  antecubitales.  Pterostigma  assez  grand,  blanc;  ailes  opaques, 
brunes;  le  tiers  apical  des  superieures  (excepte  le  limbe)  insensiblement 


hyalin.  Tele  noiratre;  2°  article  des  antennes  ct  Lord  de  la  levrc  supe- 
ricurc  roussatrcsj  prothorax  noiratre;  thorax  noiratre,  le  dcvant  vert 
metalliquc  fonce,  les  cotes  avec  deux  bandes  incompletes  vert  bronze ; 
la  2C  suture  et  le  bord  postericur  jaunatres.  Gareiie  du  10l  segment  aigue. 
Pieds  noirs ;  la  base  interne  des  femurs  plus  claire. 
Patrie  :  Mcxiquc,  Amerique  centrale. 

C.  Le  bout  des  qualre  ailes  du  male  avec  une  gouttelette  hrune; 
pieds  noirs  dans  les  deux  sexes. 

54.  HET/EUIMA  MACROPUS,  De  Selys. 

Abdomen  </  56;  $  28.  Aile  inferieure  25-26. 

Taille  petite. 

d*  22-24;  antecubitales.  Pterostigma  assez  long,  jaunatre  ;  espace  entre 
la  costale  et  la  mediane  brun  clair  aux  quatre  ailes  jusqu'au  nodus, 
suivi  infericurement  aux  superieures  d'une  tache  rouge  basale  qui  de- 
passe  le  quadrilatere  et  touche  le  bord  posterieur  dans  presque  loutc  sa 
longueur,  et  aux  inferieures  d'un  espace  rose  analogue ,  qui  dupassc  la 
poslcostale,  mais  ne  touche  pas  le  bord  posterieur.  Tete  noire;  levre 
superieure  jaune,  avec  une  tache  basale  mediane  noire;  base  du  2C 
article  des  antennes  rousse;  prothorax  noiratre;  le  devant  du  thorax 
bronze  violet,  avec  une  bande  humerale  jaunc;  les  cotes  noirs  avec 
trois  raies  jaunes  ;  dessous  jaune  tache  de  noir.  (Appendices  manquent.) 
Pieds  noirs,  tres-longs. 

?  20-21  antecubitales.  Pterostigma  assez  long,  blanc;  ailes  un  pen 
jaunatres.  Corps  brun  tcrne;  un  point  median  fonce  a  la  levre  supe- 
rieure ;  dessus  de  la  tete  vert  metallique ;  bord  de  Tocciput  brun  jau- 
natre ;  deux  bandes  inferieures  vert  rnefallique  sur  le  devant  du  thorax ; 
les  cotes  avec  deux  bandes  vcrtes  incompletes ;  la  2me  suture  jaunatre 
apres  ces  bandes.  Carene  du  10"  segment  poiritue.  Pieds  brun  jaunatre ; 
extericur  des  femurs  noiratre. 

Patrie  :  Amerique  centrale.  (Collect.  Selys,  Saundcrs.) 

55.  HRTCKIKA  OCCISA,  Hagcu. 

Abdomen  a*  39;  9  29-51.  Aile  inferieure  26-51. 

Taille  moycnne,  tres-grcle. 

<-/  20-25  antecubitales.  Pterosligma  petit  (ou  irreguliercment  mil) , 
noir,  plus  pale  an  milieu;  tache  basale  des  quatre  ailes  rouge  uniforme  j 


celle  des  supcricures  arrondie  en  dchors;  oil  elle  depasse  un  pcu  le  qua- 
drilaterc,  a  mi-chcinin  dc  la  base  au  nodus,  nc  touchant  la  cote  et  le 
bord  posturicur  quo  dans  sa  premiere  inoitic  environ  j  cclle  dcs  infe- 
rieures  (tres-pale  chez  les  jeuncs)  ne  depassant  ni  le  quadrilaterc,  ni  la 
postcostalc,  ayant  un  prolongcment  supericur  court  le  long  dc  la  me- 
dianc.  Tete  bronze  mat  5  levrc  supericure  jaune,  avec  unc  tache  mediane 
basalc  noire;  la  base  des  antcnncs  jaunatre;  front  marque  de  brun  ; 
pro  thorax  bronze.  Devant  du  thorax  cuivre  rouge;  une  raie  humerale 
orangee,  elargic  en  avant;  les  cotes  bronzes,  avcc  trois  raies  et  la  poi- 
trine  jaunatres  (unc  bande  au  front  et  des  laches  jaunes  au  prothorax 
chcz  les  jeunes).  Appendices  supericurs  noirs,  rotix  a  la  base  et  au  bout, 
ayant  prcsque  deux  fois  la  longueur  du  10e  segment,  dilates  a  la  base 
jusqu'a  la  moitie,  ou  la  dilatation  finit  subitement  en  dent  obtuse;  les 
infericurs  ayant  les  2/3  des  superiours,  tres-grelcs,  elargis  subitement  au 
bout.  Pieds  tres-longs,  noirs. 

2  17-20  antccubitalcs.  Pterostigma  tres-pctit  ou  irrcgulierement 
nul,  gris  ou  blaiichatre;  ailes  un  peu  jaunatres  a  la  base  et  a  la  cote. 
Levres  jaunatres  ;  epistome  noir  acier;  dessus  de  la  tetc  bronze  j  pro- 
thorax  olivatre,  tache  de  bronze;  thorax  jaunatre  en  avant,  avec  une 
bande  mediane  vert  metallique;  les  cotes  jaunatres  avec  trois  bandcs, 
souvcnt  incompletes  et  etroites,  bronze  noiratre.  Garenc  du  10e  segment 
pointuc  ou  non.  Pieds  noiratrcs  (face  roussatre  et  pieds  olivatres  chez  les 
jeunes). 

Race  :  (II.  albistigma,  Hagen.)  $  Plus  petite,  moins  grele;  ptero- 
stigma  asscz  grand,  blanc;  prothorax  vert  metallique.  Carene  du  10C 
segment  tres-pointue  ;  valvules  non  denticulees  ;  pieds  noirs. 

Palrie  :  Colombie,  Venezuela.  (Collect.  Hagen,  Sclys.) 

D.  Le  bout  des  ailes  inferieures  du  male  avec  une  goultelette 
brune.  Pieds  noirs  dans  les  deux  sexes. 


56.  llExcnnA  SF.MPHOMA,  Hagen. 
Abdomen  0*  57.  Aile  inferieure  28. 

Taille  petite,  assez  epaissc. 

o^  27-23  anlccubitalcs;  ptcrostigina  assez  long,  noir  ;  Jc  bout  dcs  infe- 
rieures sculcmcnt  ,  avec  unc  tache  brune  assez  grandc  ;  tache  basalc  des 
superieures  peu  etcnduc,  commencant  a  la  mediane,  iinissant  peu  apres 
le  quadrilalere;  cellc  des  inferieures  encore  plus  petite  ct  nc  depassant 


(  46  ) 

pas  la  postcostale.  Tetc  noire ;  levre  superieure  et  cpistome  bleu  metal- 
lique,  un  peu  verdatre;  thorax  bronze  mat,  avec  une  ligne  humerale 
et  trois  laterales  etroitcs  ,  jaunes;  dessous  jaune,  marque  de  noir. 
Appendices  superieurs  peu  courbes;  la  dilatation  occupant  le  tiers 
median,  formant  une  plaque  sans  dent;  les  infericurs  moitic  plus  courts, 
epais,  amincis  au  bout. 

?    (Inconnue). 

Patrie  :  Mexiquc.  (Musec  de  Berlin.) 

E.  Le  bout  des  ailes  inferieures  dti  male  avec  une  gouttelelte 
rouge.  Pieds  noirs  dans  les  deux  sexes. 

57.  HET/EKIXA  RRIGHTWEI.U,  Kirby. 

AGRION  BRIGHTWEI;M,  Kirhy. 
CALOPTBRYX     -  Burm. 

—         CAJA  (pars),  Ramb. 

Abdomen  o*  42-46;  9  35-57.  Aile  inferieure  51-35. 

Taille  grande. 

cj*  28  antecubitalcs  environ;  pterostigma  noiratre,  petit;  ailes  infe- 
rieures settlement,  a  gouttelette  apicale  asscz  grande;  tache  basale  des 
superieures  depassant  notablemerit  le  quadrilatere ,  allant  aux  2/5  de  la 
base  au  nodus,  un  pen  arrondie  en  dehors,  touchant  le  bord  posterieur 
dans  ses  deux  cinquiemes,  commencant  a  la  sous-costale  (a  la  costale,  a  sa 
base);  celle  des  inferieures  depassant  de  memc  le  quadrilatere,  avec  un 
prolongement  supericur  court,  depassant  la  postcostale.  Tete  et  prothorax 
noir  luisant,  plus  metallique  a  la  levre  supericure;  thorax  noir  bronze, 
avec  trois  lignes  laterales  jaunes,  la  premiere  courte,  et  quelques  taches 
jaunes  a  la  poitrine.  10e  segment  a  carene  dorsale  courte.  Appendices 
superieurs  un  peu  plus  longs  que  le  10°  segment,  noirs;  la  dilatation 
mediane  forte,  legercment  echancree,  finissant  subitementa  leur  deuxieme 
tiers  en  dent  un  peu  aigue;  les  inferieurs  un  peu  plus  longs  que  la 
moitie  des  superieurs,  arnincis.  Pieds  noirs.  (Base  des  antennes  et  suture 
humerale  jaunatres  chez  les  jeunes). 

$  25  anlecubitalcs ;  pterostigma  petit,  livide;  ailes  un  peu  olivatres. 
Tete  noire;  2C  article  des  antennes,  les  cotes  dc  la  levre  supericure 
jaunes;  prothorax  noiratre;  thorax  bronze  avec  une  bande  humerale, 
trois  lignes  laterales  et  la  poitrine  jaunatres.  dOc  segment  a  carene 
pointue.  Pieds  noirs. 
Pays  :  Bresil. 


(47  ) 

F.  Le  bout  des  qualre  ailes  du  male  avec  une  gouttelettc  rouge. 
Pieds  noirs  dans  les  deux  sexes. 

58.  HET.CRINA  MAJUSCI'LA,  De  Selys. 

Abdomen  cT  46-48.  Ailc  inferieure  35-57. 

Taillc  tres-grande. 

o*  50-37  antecubitalcs;  plerostigma  livide  tres-petit  (ou  irreguliere- 
ment  nul);  ailcs  un  peii  salics,  a  gouttelette  apicale  rouge  visible  aux 
quatrcj  tache  basale  des  superieures  arrondie  en  dehors,  ou  ellc  depasse 
le  quadrilatere  (a  mi-chcmin  de  la  base  au  nodus),  touchant  les  cotes 
et  le  bord  posterieur  dans  scs  deux  tiers  j  celle  des  inferieures  s'arretant 
au  quadrilaterc ,  depassant  la  postcostale,  avec  un  petit  prolongemerit 
superieur  le  long  de  la  mediane;  cspacc  entre  la  sous-costale  et  la  me- 
diane  brun.  Tete  noire  ;  levre  superieure  et  epistome  vert  bleuatre  fonce; 
dessus  de  la  tete  noir  bronze  j  prothorax  noir;  thorax  noiratre  bronze  en 
avant,  avec  une  bandc  humerale  roussatre;  les  cotes  et  les  dessous  rous- 
satres  avec  une  bande  et  2  raies  latcrales  noir  bronze.  Dixieme  segment 
deprime ,  sans  carcnc.  Appendices  superieurs  ayant  presque  deux  fois  la 
longueur  du  dixieme,  noirs;  leur  dilatation  mediane  forte,  divisee  en  2 
dents  obtuses  par  une  echancrure. 

9   (Inconnue). 

Palric  :  Colombie,  Guyane.  (Collect.  Selys  5  musee  de  Berlin.) 

SOUS-SECTION  B.  (Les  legions  Euphcea  et  Dicterias  } 

Pterostigma  long,  regulier;  quadrilatere  peu  ou  point  reticule, 
re"gulier,  beaucoup  plus  court  que  1'espace  basilaire. 


3™  16§ion.  —  EUPBUEA. 

Secteur  inferieur  du  triangle  tres-courbe  a  son  extrthnite.  Espace 
poslcostal  de  plusieurs  rangs  de  cellules  a  son  exlreinile.  Ailes  peu 
ou  point  pe"tiolees. 

Patrie:  Asie  chaude  el  tropicale;  Grece? 


(48  ) 

Genre  unique.  —  EUPILEA,  DE  SELYS. 

Espace  basilaire  libre;  secteiir  median  naissant  du  principal  vers 
la  fin  du  quadrilalere.  Pieds  courts;  corps  robuste.  Le  fond  de  la  cou- 
leur  du  corps  noiratre.  Le  thorax  ayant  souvent  cinq  raies  claires  de 
chaque  c6te. 

l»  sous-genre.  —  ANISOPLEUllA,  DE  SELYS. 

Ailes  non  colorees;  le  nodus  place"  an  tiers  a  peu  pres.  Levre 
superieure  en  ovale  regulier,  transverse. 

o*  La  c6te  des  ailes  formant  tine  dent  saillante  anttaubitale.  Les 
appendices  anals  superieurs  presqueen  losange;  les  inferieurs  rudi- 
mentaires;  bord  posterieur  du  10e  segment  non  releve. 

9  Bord  posterieur  du  10e  segment  echancre. 

Patrie :  Inde. 

Groups  unique  :  (A.  LESTOIDliS.) 

Ailes  un  peu  petiolees,  e^roites;  secteur  principal  non  contigu 
a  la  nervure  m^diane;  quadrilatere  libre. 

59.  AsisoprEi'RA  J.ESTOIDFS,  DC  Selys. 
Abdomen  57.  Aile  inferieure  29. 

Taillc  mediocre;  15  antecubitalcs  environ.  Dcvant  du  thorax  noir, 
avcc  deux  larges  bandcs  jaunatres;  les  cotes  jaunes,  avec  une  raie  noire; 
Taretc  et  unc  raie  sur  les  cotes  de  Tabdomen,  jaunes.  Pieds  noirs;  femurs 
jaunes  en  dedans ;  levrc  superieure  jaunatre. 

o"  Ailes  hyalines;  unc  trcs-pctile  tachc  brune  apicale  aux  superieurcsj 
pterostigma  noiratrc.  Une  partie  du  corps  saupoudrec  dc  blanchatre  pul- 
verulent chez  les  adultes.  Appendices  anals  superieurs  coudcs  en  deliors, 
avec  une  dent  medianc;  dilates  triangiilairemcnt  en  dedans;  les  inferieurs 
rudimcntaircs ;  9C  segment  noiratre. 

$  Ailes  hyalines  sans  laches;  Icur  base  un  peu  roussatre.  La  moitie 
poslericure  du  9e  segment  jaune. 

Patrie  :  Indc.  (Collect.  Selys,  Dale.) 


2mc  sous-genre.  —  El'ALLAGE,  GIIARP. 

Ailcsnon  colore*es,  excepte"  a  leur  pointe  extreme;  nodus  place*  a 
leur  rookie".  Levre  supe>ieure  a  bord  ante'rieur  tronque,  au  milieu 
seulement. 

o*  Appendices anals  supe"rieurs  en  tenailles,  avec  de  fortes  dents; 
les  infe"rieurs  longs;  bord  posterieur  du  10e  segment  non  releve', 
un  peu  enlarging. 

Patrie  :  Asie  Mineure  (Grece?),  Inde. 

ler  groupe  :  (E.  INDICA.) 

Ailes  un  peu  pe'tiolees,  etroites;  secteur  principal  tres-contigu  a 
la  nervure  me"diane;  quadrilatere  libre.  Bord  posterieur  du  10e  seg- 
ment non  releve". 

J'ai  nomine*  ce  groupe  Bayadera.  Lorsque  les  appendices  anals 
du  male  de  la  fatime  seront  connus,  on  pourra  plus  surement  deci- 
der s'il  y  a  lieu  de  former  un  sous-genre  pour  YIndica. 

CO.  EPAU.AGE  IKDICA,  DC  Selys. 

Abdomen  59.  Aile  inferieure  34. 

Taille  forte  j  19-20  antecubitales  aux  ailes  superieures.  Corps  noirj 
devant  du  thorax  avec  deux  lignes  olivatres ,  les  cotes  olivatres  avec  trois 
bandes  noiratrcs.  Cotes  dc  Tabdomcn  et  arete  dorsale  sur  les  six  pre- 
miers segments ,  interieur  des  femurs  et  exterieur  des  tibias ,  olivatres. 
Levre  superictire  bleuatre  clair,  a  pcine  limbee  de  noir. 

d*  Ailes  hyalines  un  peu  jaunatres  j  rextremite,  a  partir  du  ptero- 
stigma,  brun  sale;  pterostigma  brun  fonce.  Unc  partie  du  thorax saupou- 
dree  de  bleuatre  pulverulent  chez  les  adultes.  Appendices  superieurs 
en  tenailles,  contournes,  aplatis  au  bout,  qui  est  muni  d'une  pointe  ex- 
tcrne ;  une  forte  dent  inferieure  pres  de  la  base ,  suivie  d'unc  petite  me- 
dianc.  Appendices  inferieurs  un  peu  plus  courts ,  pointus ,  ecartes. 

$  Inconnue. 

Patrie  :  Inde.  (Musec  britannique ;  collect.  Selys.) 

ANN.  BULL.  1853.  4 


2m«  groupe  .•  (E.  FATIME.) 

Ailes  a  peine  peliole'es,  etroites;  secteur  principal  non  contigu  a 
la  nervure  m&Kane;  quadrilatere  libre. 

Gl.  EPALI.ACK  FATIME,  Charp. 

Abdomen  951.  Aile  inferieure  o*  et  $  28-32. 

Taiilc  forte;  pterosligma  jaunc  (jeune),  bruri  (adulte);  14-15  antccu- 
bitalcs  aux  stipcricures.  Corps  noir;  dcvant  du  thorax  avcc  deux  raics 
jauncs  larges ;  les  cotes  jaunatres  avec  trois  bandes  noiratres.  Abdomen 
avcc  unc  raie  dorsalc  ct  une  bande  later.ale  jaunes.  Levre  superieurc  jau- 
natre  a  peine  bordce  de  noir,  avcc  une  virgule  mediane  de  meme  couleur. 
Picds  noirs  ;  femurs  lignes  dc  jaune  en  dedans  ct  sur  les  cotes. 

a*  Ailes  hyalines  un  peu  jaunatres ;  leur  extremitc,  a  partir  du  ptcro- 
stigma,  brun  clair.  Une  grande  partic  du  corps  saupoudree  de  bleuatre 
pulverulent  chez  les  adultcs.  (Appendices  inconnus.) 

9  Ailes  hyalines  jaunatres  a  la  base;  leur  pointe  noiratre  a  partir  du 
pterostigma. 

Patrie.  Asic-Mineure ,  Grecc?  (Collect.  Hagen;  Schneider.) 

5rae  sous-genre.  —  EUPILEA,  Du  SEI.YS. 

Le  nodus  plac6  avant  la  moili^  des  ailes;  moins  de  nervules  ante- 
cubitales  quo  de  poslcubitaic-s  aux  superieures.  Levre  superieure 
transverse,  presque  droite  ant^rieurement. 

o*  Appendices  anals  superieurs  peu  courbes;  leur  bord  interne 
Ires-dilate  inferieurenient;  les  inierieurs  rudimentaires.  Bord  posle- 
rieur  du  IOC  segment  tres-relev^.  Oreillettes  du  2e  segment  trian- 
gulaires. 

Patrie  :  Asie  Iropicale  et  Malaisie. 

1"  groupe  :  (E.  DISPAR.) 
Ailes  un  peu  pe'tiole'es;  reticulation  en  partie  pentagone,  peu  ser- 


re"e;  les  quatre  ailes  hyalines,  excepte  une  bande  ou  unc  tache  aux 
inferieures  du  male. 

A.  Les  quatre  ailes  tres-e'troites. 

62.  Ei  IMI  I;A  Dispvit,  Kami). 

Abdomen  Q"  44.  9  57.  Aile  inferieure  58. 

Taille  trcs-forte;  pterostigma  grand;  thorax  roussatre  on  jaunalrc, 
avcc  quatre  bandes  anterieurcs  noires  de  chaquc  cote;  levrc  supeVieure 
vertclair,  avec  un  point  et  une  bordure  noirs;  picds  noirs;  intcricur  dcs 
femurs ,  exterieur  dcs  tibias ,  jaunc  roussatre. 

0*  Ailes  hyalines,  unpeu  jaunatrcs;  une  petite  tache  apicalc  aux  supe- 
ricures,  et  Ic  tiers  apical  des  inferieures  subitenicnt  noiratrc  chatoyant. 
Abdomen  roux ;  les  quatre  dernicrs  segments  noirs;  un  bouquet  dc  poils 
aux  cotes  du  9e. 

9  Ailes  hyalines,  un  pcu  jaunatres.  Abdomen  noir;  les  cotes  des  seg- 
ments et  leurs  articulations  jaunatres. 

Patrie :  Bengale  (Nelgherries). 

B.  Les  ailes  supe>ieures  ^troites;  les  inferieures  dilates. 

65.    ElIIMI  l.A   DECORATE,    Ila^l'U. 

Abdomen  52.  Aile  inferieure  26. 

Taille  mediocre;  ailes  inferieures  dilatecs  au  milieu ;  pterostigma  petit. 

o"  Ailes  hyalines  lavees  de  jaunatrc,  surtout  a  la  base ;  les  inferieures 
avec  une  large  bande  transverse  rioiratre  luisant  apres  le  nodus,  n'attei- 
gnant  pas  Ic  pterostigma.  Corps  noiratre  avec  vestige  de  six  raies  roussa- 
tres  de  chaquc  cote  du  thorax  et  quelques  marques  cffacees  a  Tabdo- 
mcn.  Pieds  noirs ;  exterieur  des  tibias  roussatre. 

$  Inconnue. 

Patrie  :  Chine.  (Musee  de  Copenhague.) 

2me  groupe  :  (E.  VARIEGATA). 

Ailes  non  p^tiol^es,  souvent  larges,  arrondies;  reticulation  en 
grande  partie  letragone,  serr^e;  les  qualre  ailes  en  partie  colordes 
et  opaques  chez  le  male. 

A.  Une  pointe  droite  de  chaque  c6te  du  penis  chez  le  male. 


(  52  ) 
64.  EUPH.*A  ASPASIA,  DC  Sclys. 

Abdomen  d*  56.  $  27-30.  Aile  inferieure  26-28. 

Taillc  mediocre  ;  ailcs  inferieures  non  dilalees. 

d*  Ailcs  hyalines  un  peu  salies,  passant  insensiblemcnt  au  brun  noi- 
ratrc  dans  le  dernier  tiers,  ainsi  que  le  bord  costal  a  partir  du  nodus. 
Corps  noir,  avec  5-6  lignes  jaunes  dc  chaque  cote  du  thorax,  ct  dcs  mar- 
ques a  la  base  de  rabdomcn;  pointes  du  penis  courtcs;  pieds  noiratrcs; 
base  des  femurs  jaunatre  en  dedans  ;  tibias  bruns  cri  dehors. 

$  Ailes  hyalines,  un  peu  jaunatres  a  la  base  et  au  bord  costal.  Corps 
noiratre  marque  de  jaunatre;  cotes  du  thorax  jaunatres;  pieds  rioirs,  in- 
terieur  dcs  femurs  jaunatre. 

Patrie  .•  Sumatra.  (Musees  de  Halle,  de  Leyde;  coll.  Selys.) 


C5.   El-PII'EA   VARIEGATA, 

Abdomen  31-39.  Aile  inferieure  25-29. 

Taille  assez  forte  ;  ailes  inferieures  dilatees. 

cf  Ailes  noiratres  (ou  brunes,  jcuncs)  ;  le  quart  basal  des  superieures, 
presque  la  moitie  basale  dc  leur  bord  posterieur,  et  la  base  extreme  dcs 
inferieurcs  ,  hyalins  ;  le  milieu  des  inferieurcs  vert  metallique  changeant 
en  violet.  Corps  noir;  le  thorax  avec  trois  lignes  incompletcs  de  chaque 
cote  ;  rabdomcn  avec  une  fine  arete  dorsale  orangee;  pointes  du  penis 
fortes.  Pieds  noiratres  ;  tibias  en  partie  bruns  en  dehors. 

5  Inconnuc. 

Patrie  :  Java. 

B.  Penis  du  m&le  sans  pointes  laterales. 

66.   EUPILEA   SPLENDENS,    HagCD. 

Abdomen  57.  Aile  inferieure  50. 

Taille  forte  ;  ailes  inferieures  tres-dilatees. 

o*  Ailes  supcrieures  noiratre  chatoyant;  leur  quart  basal  hyalin, 
sali  ;  rextrcmite  apres  le  ptcrostigma  inscnsiblement  plus  claire  ;  les  infe- 
rieures noiratres;  leur  extreme  base  hyaline,  brun  clair;  le  milieu  a 
reflets  vert  et  violet  metallique.  Corps  noir  avec  quelqucs  vestiges  rous- 
satrcs  aux  cotes  du  thorax  ct  a  la  base  de  Tabdomen  ;  un  petit  bouquet 
aux  cotes  du  9e  segment.  Pieds  noirs. 

$  Inconnue. 

Patrie  :  Ccylan.  (Musee  de  Vienne  ;  collect,  Sclys.) 


(  55  ) 

67.  Eri'ii.iu  BEFUI.GEKS,  Hagen. 
Abdomen  36.  Aile  inferieure  29. 

Taille  forte ;  ailcs  inferieures  dilatees. 

o*  Ailcs  noiratres ;  plus  de  la  moitie  basale  changeant  en  vert  metal- 
liquc;  1'extremite  des  superieures  hyaline  apres  le  pterostigma,  limbec  de 
noiratre  a  la  pointe;  Textremite  des  inferieures  plus  clair  apres  le  pte- 
rostigma. Corps  et  pieds  noirs,  sans  taches. 

9  Inconnue. 

Patrie  :  Manille.  (Musee  dc  Vienne.) 

68.  EUPH^EA  GUERINI,  Bamh. 

Abdomen  32.  Aile  inferieure  25. 

Taille  mediocre ;  ailes  iriferieures  tres-dilatees. 

d*  Ailes  superieures  noiratre  chatoyant,  a  peine  plus  claires  a  la 
base;  leur  dernier  cinquieme  subitement  hyalin  avant  le  pterostigma; 
1'extremite  limbec  de  brun;  les  inferieures  entierement  noiratres  a  reflets 
vert  ct  violet  metallique,  surtout  au  milieu.  Corps  noir,  avec  quelques 
vestiges  bruns  aux  cotes  du  thorax  et  a  la  base  de  1'abdomen.  Pieds 
noiratres. 

$  Inconnue. 

Patrie  .-  Cochinchine.  (Collect.  Selys.) 

69.  EUPH.CA  OPACA,  De  Selys. 

Abdomen  43.  Aile  inferieure  58. 

Taille  tres-forte;  les  quatre  ailes  tres-etroites;  les  inferieures  a  peine 
plus  larges. 

d?  Les  quatre  ailes  en  entier  noiratre  chatoyant,  a  peine  plus  clair  a 
leur  base  et  au  bout  des  superieures.  Corps  et  pieds  noiratres,  sans 
taches. 

Patrie  :  Chine.  (Collect.  Selys.) 

4me  sous-genre.  —  DYSPILEA,  DE  SELYS. 

Le  nodus  plac£  a  la  moitie"  des  ailes;  plus  de  nervules  ant^cubi- 
tales  que  de  postcubitales ;  levre  superieure  transverse,  presque 
droite  en  avant. 


(  34) 

d*  Appendices nnals  supe>ieurs  scmi-circulaires,  simples;  les  infe*- 
rieurs  rudimentaires;  oreillettes  dn  2e  segment  rudimentaires  ;bord 


poste>ieur  du  10°  segment  de'prime', 
Patrie  :  Malaisie. 


Groupe  unique  :  (D.  D1MIDIATA.) 

Ailesnon  pe'tiole'es,  tres-e"troites,  pointues;  reticulation  serr4e,en 
partie  pentagone. 

Les  quatre  ailes  en  partie  colorees  et  opaques  chez  le  male. 

70.    DYSPHJ3A    DIMIDIATA,    De   ^ClVS. 

Abdomen  58.  Aile  inferieure  52. 

Taille  forte ;  52-55  antecubitales  ct  24-26  postcubitalcs  aux  ailes  supc- 
rieurcs. 

o*  La  moitie  basale  des  ailes  noiratre ;  cctte  couleur  finissant  subite- 
menl  en  ligne  droite  ;  le  reste  hyalinj  rextremite  limbec  do  noiratre  apres 
le  pterostigma.  Corps  noir.  Quelqucs  vestiges  bruns,  oblitcres  sur  les  cotes 
du  thorax.  Pieds  noirs. 

9  Inconnue. 

Patrie  :  Java.  (Collect.  Selys.) 


4me  legion.  -  -  DICTERIAS. 

Secteur  infdrieur  du  triangle  droit;  espace  postcoslal  d'un  seul 
rang  de  cellules;  ailes  tres-p<Uioldes  presque  jusqu'a  1'arculus. 
Putrie  :  Am^rique  m^ridionale  tropicale. 

Genre  I.  — HELJOCHARIS,  DE  SELYS. 

Espace  basilaire  reticule";  secteur  median  ne  naissant  du  princi- 
pal qu'a  mi-cbemin  de  1'arculus  au  nodus.  Pieds  longs. 
Palrie :  Bords  de  TAmazone. 


(  55  ) 

Sous-genre  unique.  -  HEUOCIIAIUS,  DF.  SELYS. 

Le  nodus  place*  plus  loin  que  la  moitie  de  1'aile;  le  secleur  prin- 
cipal tres-6loigne'  de  la  nervure  me"diane. 

d*  Appendices  anals  supe"rieurs  semi -circulates,  simples,  peu 
courbe's;  lesinfe>ieurs  rudimentaires. 

Groupe  unique  :  (H.  AMAZON  A.) 

Quadrilatere  traverse*  par  une  nervule. 
o*  Bord  posle>ieur  du  iOe  segment  droit. 

71.  Hi  LICK  nuns  AMAZON*,  DC  Selys. 
Abdomen  et  aile  inferieure,  environ  35. 

Taille  forte;  pterostigma  brun,  trcs-long,  dilate;  4-  nervules  basilaires; 
onvion  i6  antecubitales  aux  superieurcs. 

o*  Ailes  hyalines ,  un  peu  jaunatres  a  la  base.  Dessils  de  la  tete  vert 
fonce;  corps  vert  blcuatre;  devant  du  thorax  olivatre;  appendices  anals 
superieurs  simples,  assez  longs,  un  peu  courbes  en  dedans  (les  inferieurs 
rudimentaires). 

9  Inconnue. 

Patric  :  Bords  de  1'Amazone,  dans  la  Bolivie.  (Collect.  Bates.) 

Genre  2.  —  DICTERIAS,  DE  SELYS. 

Espace  basilaire  libre ;  secteur  median  naissant  du  principal  vers 
la  fin  du  quadrilatere;  pieds  excessivement  longs,  gr^les,  presque 


Patrie  :  Para. 

Sous-genre  unique.  —  DICTERIAS ,  DE  SEL\S. 

Le  nodus  place"  avant  la  moitie"  de  Taile;  le  secteur  principal  5  peu 
pres  contigu  a  la  nervure  m^diane. 


(  36  ) 

o*  Appendices  anals  supe'rieurs  semi-circulaires,  simples,  peu 
coin-he's ;  les  infferieurs  rudimentaires. 


Groupe  unique  :  (D.  ATROSANGUINEA). 

Quadrilatere  traverse  par  une  nervule. 

o*  Bord  posterieur  du  10C  segment  largement  mais  peu  profon- 
de"ment  e'chancre'. 

72.  DICTEIUAS  ATROSANGUINEA,  Dale,  MS. 

Abdomen  50.  Aile  inferieure  25. 

Taillc  petite;  pterostigma  tres-long,  mince,  noir;  10-i2  antecubitalcs 
aux  superieurcs. 

d*  Ailes  hyalines.  Corps  rougeatre ;  le  devant  du  thorax  marron ,  avec 
deux  raies  rougeatres ;  levre  superieure  noire,  tachee  de  roux  j  appendices 
anals  superieurs  simples,  assez  courbes  en  dedans;  (les  inferieurs  rudi- 
mentaires). 

9  Inconnue.  (Collect.  Dale,  Saunders,  Selys.) 

Patrie :  Para. 

SECTION  II.  (La  legion  Libellago  seule.) 

fipistome  tres-saillant  en  bee;  abdomen  court,  de'prime;  ple*ro- 
stigma  long  (manquant  aux  supdrieures  chez  les  males  du  G.  nii- 
cromerus);  quadrilatere  reticule,  beaucoup  plus  court  que  1'espace 
basilaire. 

Patrie  :  Asie  et  Afrique  tropicales. 


3""  16giou.  —  LlltELLAGO. 

C6te  supe>ieur  du  quadrilatere  droit  ;  espace  basilaire  libre  ;  2e  sec- 
teur  du  triangle  droit;  un  seul  rang  de  cellules  postcostales;  ailes 
e"troites,  notablement  pe'tiole'es. 

<j>  Appendices  anals  supe*rieurs  semi-circulaires,  simples;  les  infe- 
rieurs  tres-courts. 

Patrie  :  Asie  et  Afrique  tropicales. 

Genre  \.  —  L1BELLAGO,  DE  SELYS. 

Les  deux  secteurs  de  1'arculus  se"pare"s  des  leur  origine;  un  pte>o- 
stigma  dans  les  deux  sexes. 

Patrie  :  Asie  et  Afrique  me"ridionales  tropicales. 

l«r  sous-genre.  —  LIBELLAGO,  DE  SELYS. 

Ailes  non  colore*es;  2*  secteur  du  triangle  ondule";  deux  secteurs 
suppl^mentaires  interposes  en  Ire  le  bref  et  le  median;  6pistome 
moins  saillant  que  chez  les  Rhinocypha. 

o*  Abdomen  tres-d(5prime  ,  rouge  ou  bleu  ,  marque"  de  noir. 

Patrie  :  Afrique  me>idionale  tropicale. 

Groupe  unique  :  (L.  DISPAR.) 

Taille  petite. 

A.  Les  tibias  du  male  iris-dilates  ;  ceux  de  la  femelle  non  dilal^s. 


75.    LlRELLAGO    (ALICATV, 

Abdomen  c^  22.  9  20.  Aile  inferieure  <?  25.  $  20. 

Thorax  noir  en  avant  ,  ayant  de  chaque  cote  une  large  bande  rouge 
ou  jaunatre  prcsque  divisee  en  deux;  les  cotes  roux  lignes  de  noir. 


(58  ) 

9  Lcs  tibias  tres-dilates  ,  roux  en  dehors,  blancs  en  dedans;  abdo- 
men blcuatre;  les  deux  premiers  segments  noirs  en  dessus,  roux  sur  les 
cotes.  Femurs  noirs,  avec  deux  lignes  jaunes  en  dehors.  Pterostigma  long 
de  2  mill. 

9  Tibias  non  dilates,  noirs  en  dedans,  jaunes  en  dehors.  Abdomen 
jaunatre,  avec  les  sutures,  deux  bandes  en  dessus  et  deux  en  dessous 
noires.  Pterostigma  long  de  2  s/4  mill. 

Patrie  :  Port  Natal.  Le  Semen.  (Musecs  de  Stockholm,  britannique.) 

B.  Les  tibias  non  dilates  dans  les  deux  sexes. 


74.  LlBELLAGO   CURTA, 

Abdomen  0*21.  $  16.  Aile  inferieure  22-23. 

Thorax  noir  en  avant,  ayant  de  chaque  cote  une  large  bande  jaune 
divisee  en  deux  ;  les  cotes  jaunatres  lignes  de  noir. 

o*  Les  pieds  noirs;  les  tibias  non  dilates;  les  quatre  posterieurs 
jaunes  en  dedans;  les  six  premiers  segments  de  Tabdomen  rouges,  ta- 
ches  de  noir;  les  quatre  derniers  bleuatres.  Pterostigma  long  de  2  mill. 

$  Picds  noirs  ;  femurs  jaunes  a  la  base.  Abdomen  jaunatre  avec  deux 
bandes  en  dessus  et  deux  en  dessous  noires.  Pterostigma  long  de  2  ^4  mill. 

Patrie  :  Guinee.  (Musee  de  Vienne  ;  collect.  Westermann.) 

75.  LlBEIXAGO   RUBIDA,    IlagCtl. 

Abdomen  22.  Aile  inferieure  24. 

o*  Thorax  noir,  avec  deux  raies  rougeatres  en  avant  et  deux  de  chaque 
cote;  abdomen  entierement  rouge  en  dessus,  cxcepte  quelques  marques 
noires  aux  trois  premiers  segments  ;  pieds  tout  noirs.  Pterostigma  long 
de  3  mill. 

9  Inconnue. 

Patrie  :  Guinee.  (Musee  de  Copenhague.) 


76.    LlBELLAGO    DIK1MR. 

AGRION  DISPAR,  Pal.  Beauvois. 
Abdomen  o*  29.  9  25.  Aile  inferieure  19-21. 

o*  Thorax  tout  noir;  abdomen  rouge;  les  trois  premiers  segments 
noirs,  a  taches  dorsales  rouges.  Pieds  noirs  ;  les  quatre  tibias  posterieurs 
jaunes  en  dedans.  Pterostigma  long  de  2  mill. 

9  Thorax  noir,  avec  deux  lignes  courtes  de  chaque  cote  en  avant  et 
deux  bandes  jaunes  sur  les  cotes  j  abdomen  olivatrej  les  sutures,  deux 


(  89  ) 

bandcs  en  dcssus  ct  deux  en  dessous  tres-larges,  noires,  cette  couleur 
occupant  plus  d'espace  que  Tolivatre ;  pieds  brun  noiratre.  Pterostigma 
long  de  2  */2  mill. 

Patrie  :  Sierra-Leone.  (Musee  britannique;  collect.  Selys.) 

2nie  sous-genre.  —  RHINOCYPHA  ,  DE  SEI.YS. 

Ailes  (les  infe>ieures  au  moins)  en  partie  colonies  chez  le  mAle, 
hyalines  (except^  Rh.  tincta)  chez  la  femelle;  2e  secteur  du  triangle 
non  ondule*  a  sa  base;  trois  secteurs  supple"mentaires  interposes 
entre  le  href  et  le  median,  fipislome  plus  saillant  que  chez  les  Li- 
bellago. 

o*  Abdomen  peu  de"prime\  noir,  marque"  de  jaune  on  debleu. 

Palrie :  Asie  tropicale  et  Malaisie. 

§  ler.  Deux  rangs  (parfois  rudimentaires)  de  cellules  postcostales; 
ailes  plus  ou  moins  Margies;  taille  plus  grande.  Lesquatre  ailes  co- 
lories  chez  le  male,  hyalines  chez  la  femelle. 

I*r  groupe  ,•  (RH.  FULGIDIPEN1SIS.) 

Coin  me'solhoracique  Ires-long,  touchant  les  sinusante'alaires. 
A.  Un  seul  rang  de  laches  vitre"es  aux  ailes  infe>ieures  du  m&le. 

77.    IkHIKOCYPHA  FULGIDIPENNIS,  Glicrill 

AGRION  FULGIDIPENWIS,  Guerin. 
Abdomen  19-20.  Aile  inferieare  22. 

Ailes  excessivement  elargies. 

o*  Le  tiers  basal  des  ailes  hyalin;  le  reste  d'un  brun  transparent,  a 
reflets  dores  et  verts;  les  superieures  ay  ant  le  bord,  apres  le  nodus  jus- 
qu'au  pterostigma  et  une  tachc  mediane  superieure,  brun  marron;  les 
inferieures  de  la  meme  nuance  entre  le  nodus  et  le  pterostigma ,  mais 
ne  touchant  pas  le  bord  posterieur;  cet  espace  marque  d'uneserie  trans- 
verse mediane  courbce  de  trois  grandes  taches  presque  carrees,  vitrees. 
Coin  mesothoracique  rouge, 

$  Inconnue. 

Cocliinchine.  (Collect.  Selys.) 


(60) 
n.  Deux  rangs  de  laches  vitre"es  aux  ailes  inferieures  du  male. 

78.  RniNOCYPIIA  QUADRIMACULATA,  De  SelyS. 

Abdomen  d*  25.  9  21.  Aile  inferieure  o*  25.  $  29. 

Ailes  tres-elargies. 

o*  Ailes  noiratrc  chatoyant  (adultc)  ou  gris  brun  transparent  (jeune) , 
le  tiers  basal  des  quatre,  hyalin;  le  bord  posterieur  etroitemcnt  (un 
cinquieme  a  peine)  gris  violet  irise  hyalin,  cette  bordure  s'arretant 
avant  Textremitej  les  inferieures  marquees  d'une  serie  transverse  mediane 
courbee  de  trois  grandes  taches;  1'intermediaire  plus  petite,  externe,  et 
d'une  grande  tache  transverse  vitree  un  peu  avant  le  pterostigma.  Coin 
mesothoracique  roussatre. 

9  Ailes  hyalines;  pterostigma  court,  jaunej  sa  moitie  interne  noire. 
Coin  mesothoracique  brun  roussatre. 

Patric  .-  Inde.  (Collect.  Selys,  Dale,  etc.) 

79.  RHIXOCYPHA  FENESTRELLA.  Bamb. 

Abdomen  d*  19.  9  17.  Aile  inferieure  d*  23.  $  25. 

Ailes  elargies. 

<?  Ailes  brunes,  plus  du  tiers  basal  des  quatre  et  le  bord  posterieur  lar- 
gement  (un  tiers  de  Taile)  hyalins ;  les  inferieures  marquees  d'une  serie 
transverse  mediane  droite  de  trois  grandes  taches  egales  et  d'une  grande 
tache  sous  le  pterostigma,  vitrees.  Coin  mesothoracique  couleur  de  chair 
(jeune),  vert  (adulte). 

$  Ailes  hyalines;  pterostigma  court  jaunej  son  tiers  interne  noir. 
Coin  mesothoracique  brun  roussatre. 

Patrie  :  Malaisie  (Pulo  Penang).  (Collect.  Dale ;  Westcrmann.) 

80.  RHINOCYPHA  CUNEATA,  De  Selys. 

Abdomen  24.  Aile  inferieure  28. 

Ailes  un  peu  elargies. 

o»  Le  quart  basal  des  ailes  hyalin ;  le  reste  des  superieures  divise  longi- 
tudinalement  en  deux  couleurs  d'une  maniere  sinuee,  brun  noiratre  au 
bord  anterieur,  gris  violet  irise  transparent,  au  bord  posterieur  j  les  a/3 
posterieurs  des  inferieures  noiratres ,  avcc  2  grandes  taches  transverses 
vitrees;  la  lre  mediane  courbee,  divisee  en  deux,  la  2e  ovalc  un  peu 
avant  le  pterostigma.  Coin  mesothoracique  couleur  de  chair. 

$  Inconnue. 

Patrie  :  Thibet,  (Collect.  Selys.) 


(61  ) 
C.  Deux  handes  vitrees  aux  ailes  infe'rieures  du  male. 


81.  RllINOCYPHA  TRIFASCIATA,  De 

Abdomen  cf  33-58.  $  35.  Aile  inferieure  o*  26-28.  $  29. 

Ailcs  mediocres. 

o*  Ailcs  hyalines  dans  leur  tiers  basal;  le  reste  gris  violet  irisc,  transpa- 
rent, marque  aux  inferieurcs  dc  5  bandes  transverscs  bruncs,  etroitcs; 
la  lrc  incdianc,  la  5C  apicale,  la  2C  entrc  deux.  Coin  mesothoracique  vert 
clair. 

$  Ailes  hyalines;  pterostigma  mediocre  jaunc;  sa  base  brune.  Pieds 
noirs  ,  coin  mesothoracique  roussatre. 

Patric  :  Indc.  (Collect.  Selys  ;  musec  de  Viennc.) 

2™  groupe  :  (RH.  UNIMACULATA.) 

Coin  mesothoracique  court,  triangulaire;  une  bande  vitree  aux 
ailes  infe'rieures  du  male. 

82.  RHJNOCYPHA  UNIMACVLATA  ,  De  Selys. 

Abdomen  23-25   Aile  inferieure  d*  27-30.  $  31-32. 

Ailes  mediocres.  Coin  mesothoracique  court,  bronze  ;  les  quatre  femurs 
ct  tibias  posterieurs,  jauncs  en  dedans. 

a*  Ailcs  supericures  hyalines,  passant  au  brun  clair  apres  leur  moitie  ; 
la  base  des  inferieurcs  hyaline,  plus  de  leur  moitie  posterieure  brun 
fonce  passant  au  brun  clair  a  la  pointe  ct  marque  apres  le  nodus  d'une 
bande  transverse  vitree  tres-large  ;  le  bord  anterieur  des  quatre  rcste  fine- 
ment  hyalin. 

o*  Ailes  hyalines  ;  pterostigma  long,  jaune;  sa  base  brune. 

Patrie  :  Inde.  (Collect.  Selys;  musee  de  Vienne.) 

§  2.  Un  seul  rang  de  cellules  posteostales  ;  ailes  plus  ou  moins 
e"troites;  coin  me"solhoracique  toujours  court,  triangulaire;  taille 
plus  petite. 

3™  groupe  :  (RH.  PERFORATA.) 

Les  quatre  ailes  colorees  chez  le  male,  hyalines  chez  la  femelle. 
A.  Un  seul  rang  de  taches  vitrees  aux  ailes  inferieures  du  male. 


(62  ) 

83.  IilllVX.l  IMIA  TKIMACUI.ATA,  DC  SelyS. 

Abdomen  18.  Aile  inferieure  23. 

Ailcs  assez  etroites;  Ic  nodus  presque  aussi  rapproche  du  pterostigma 
que  dc  la  base. 

6*  Lesa/s  postericurs  dcs  supericures  et  la  moitie  des  inferieures  bruns, 
ces  dcrnieres  marquees  d'unc  seric  transverse  droitc  de  5  pctites  laches 
vitrees  entre  le  nodus  et  Ic  pterostigma. 

$  Inconnue. 

Palrie  :  Thibet.  (Collect.  Selys.) 

84.  JliiiNOCYPiiA  AUGUSTA,  tiagen. 

Abdomen  18.  Aile  inferieure  24. 

Ailes  pointucs  tres-etroites;  le  nodus  plus  rapproche  de  la  base  que 
du  pterostigma. 

o*  Lc  dernier  tiers  des  superieurcs  et  plus  de  la  moitie  des  infericures 
colores;  ces  dernieres  marquees  d'une  sculc  serie  transverse  courbee  de 
trois  petites  tachcs  vitrees ,  entre  le  nodus  et  le  pterostigma. 

$  Inconnue. 

Patrie  :  Sumatra.  (Musee  de  Copenhague.) 

B.  Deux  rangs  de  laches  vitrees  aux  ailes  infe>ieures  du  male. 

85.  KHINOCYPHA  BISIC.NATA,  Hagen. 

Abdomen  20.  Aile  inferieure  25. 

Ailes  etroites,  le  nodus  plus  rapproche  de  la  base  que  du  pterostigma. 

o*  Le  dernier  quart  des  superieures  nettement,  et  le  dernier  quart 
des  infcrieures  brun  fonce  uniformej  la  partie  brune  marquee  aux  infe- 
rieures  dc  deux  bandes  transverses  vitrees;  la  premiere  mcdianc,  I'enta- 
niant  seulement  en  dedans,  composee  de  trois  taches ;  la  dcuxieme  reunie 
en  une  tres-grande  tache  presque  sous  Ic  pterostigma. 

9  Ineonnue. 

Palrie  :  Bengale  (Nelgherries).  (Collect.  Westermann.) 

86.  UlIINOCYPHA  FEKESTRATA,  IJui'lll. 

CALOPTBRYX  FBKESTRATA,  Burm. 

R.HINOCVFHA  VITRELLA,  Railll*. 
INFUMATA,  Ilailll). 

Abdomen  tf  21.  $  19.  Aile  inferieure  d*  24.  2  25-29. 

Ailes  etroitcs;  le  nodus  plus  rapproche  de  la  base  que  du  pterostigma. 


(  03  ) 

o*  Les  s/5  posterieurs  des  ailcs  brun  fonce  ;  le  bord  postericur  ct  1'ex- 
tremite  plus  clair  chatoyant  5  la  partic  brunc  marquee  aux  inferieurcs 
de  deux  series  transverscs  dc  taches  vi trees,  la  premiere  mediane  courbee 
dc  2-5  taches  j  la  deuxieme  dc  3  taches  (parfois  reunies)  un  peu  avant  le 
ptcrostigma. 

£  Ailes  hyalines. 

Patric  :  Java.  (Collect.  Selys,  etc.) 

87.  Iliiivu.YiMiA  PERFORATA,  Perclicron. 

AGRION  FKHKOIUTA  ,  Perch. 
Abdomen  16-18.  Aile  inferieure  24-25. 

Ailes  pointues  tres-etroites ;  le  nodus  a  mi-chcmin  de  la  base  an  pte- 
rostigma. 

d*  Le  dernier  quart  des  superieures  (cxccptc  le  bord  postcricur)  ct  les 
2/5  des  inferieurcs,  nettcmcnt  brun  fonce  5  cette  coulcur  marquee  aux  infe- 
rieurcs dc  deux  series  transvcrses,  droitcs,  de  5-4  (aches  oblongues  vitrecs. 

$  Inconnue. 

Patric  :  Cochinchine.  (Collect.  Selys.) 

4me  groupe  .-  (RH.  HETEROSTIGMA.) 

Ailes  superieures  hyalines ;  les  inf^rieures  en  partie  colorees  dans 
les  deux  sexes,  avec  une  tache  me'tallique  chez  le  male. 

88.  P.mnrocYPHA  HETEROSTIGMA  ,  llamb. 

Abdomen  20.  Aile  inferieure  25-28. 

Ailes  pointues,  ctroites ;  les  superieures  hyalines ;  les  inferieures  en 
partie  colorees;  le  nodus  bcaucoup  plus  rapproche  de  la  base  que  du 
ptcrostigma,  qui  cst  noir  aux  superieures,  en  partic  jaunc  aux  infe- 
rieures. Femurs  jaunatres  en  dedans  ;  libias  brims. 

d"  Les  s/5  posterieurs  et  inferieurs  (excepte  le  bord  antericur)  brun 
violet ,  avcc  une  tache  mediane  subvitree  de  4  rangs  de  cellules. 

$  Ailes  inferieures  hyalines,  salies,  avec  un  image  brun  clair  median 
avant  le  pterostigma. 

Patrie  ;  Java.  (Collect.  Selys). 

5me  groupe  .-  (RH.  TINCTA.) 
Les  quatre  ailes  colorees  dans  les  deux  sexes ,  sans  laches  vilre*es. 


(64) 

89.  RniNOCYi'iiA  TIKCTA,  Ramb. 

Abdomen  cT  18.  $  15.  Ailc  inferieure  19-25. 

Ailcs  un  peu  clargies;  Ic  nodus  beaucoup  plus  rapproche  dc  la  base 
quc  du  ptcrostigmaj  les  quatrc  en  partic  colorecs  dans  Ics  deux  sexes, 
sans  taches  vitrecs. 

d*  Lcs  J/3  posterieurs  dcs  ailcs  brun  noiratre;  la  base  hyaline  (Ic  bout 
hyalin  apres  le  pterostigma  chez  Ic  male  jeune). 

9  Ailes  hyalines,  avec  unc  bande  brune  transverse  apres  le  nodus ,  nial 
arretec  du  cote  du  pterostigma ,  qu'ellc  n'atteint  pas. 

Palrie  :  Manille.  (Musee  dc  Berlin.) 

Genre  2.  —  MICROMERUS,  RAMB. 

Les  deux  secteurs  de  1'arculus  naissant  d'un  meme  point;  pas  de 
pterostigma  aux  ailes  supe'rieures  chez  le  male. 
Patrie :  Malaisie,  Inde. 

Sous-genre  unique.  —  MIC  ROME  l\US,  RAMB. 

Ailes  non  colorees,  excepte  le  bout  des  superieures  du  male; 
2e  secteur  du  triangle  ondule* ;  pas  de  secteur  supple"mentaire  inter- 
pos6  entre  le  bref  et  le  median.  Epislome  plus  saillant  que  chez  les 
Rhinocypha. 

o*  Abdomen  tres-deprime ,  jaune  ou  bleu ,  raye  de  noir. 

Palrie  :  Malaisie,  Inde. 

Groupe  unique  :  (M.  LINEATUS.) 

o*  Abdomen,  avec  une  bande  dorsale  noire. 
$  Abdomen ,  avec  deux  bandes  dorsales  noires. 

90.  MicnouF.nfs  RI.ANDI'S,  Hagen. 
Abdomen  ox  18.  9  15.  Aile  inferieure  19-21. 

Noir  varie  d'orange;  pas  de  taehe  claire  au  milieu  du  prothorax,  dont 
le  lobe  posterieur  cst  noir;  raie  anlehumeralc  orangee,  tres-etroite ; 
rhumcralc  incomplete  ou  nullej  lrc  bande  latcrale  maculaircj  abdomen 
plus  etroit,  marque  dc  noir  et  d'orange. 


(  65  ) 

a*  Tachc  noire  apicalc  des  ailes  superieures  plus  longue  que  large 
(de  4mm),  ayant  le  cinquieme  de  leur  longueur  5  femurs  anterieurs  tout 
noirs. 

$  9e  segment  noir  avec  une  tache  laterale  jaune  arrondie.  Pieds  noirs. 

Patrie  :  Nicobar.  (Musee  de  Copenhague.) 

01.    MlCROMERUS  I  J\!  VI!  S,   lilll'111. 

CALOPTBRYX  LINEATA,  Burin . 
MICIIOMBRUS  LINEATCS  (Q*),  Ramb. 
UXOR  (9) ,  Ramb. 

Abdomen  13-16.  Aile  inferieure  16-22. 

Noir  varie  de  jaunatre;  des  laches  jaunes  au  milieu  du  prothorax,  dont 
le  lobe  posterieur  est  jaunatre.  Raie  antehumerale  jaunatre  assez  large 
en  avant;  ligne  humerale  complete  ;  lre  bande  laterale  entiere.  Abdomen 
plus  large,  marque  de  noir  et  de  jaunatre. 

o*  Tache  noire  apicale  des  ailes  superieures  aussi  large  que  longue 
(de  2mm),  ayant  environ  le  10e  de  leur  longueur ;  femurs  anterieurs  avec 
une  tache  jaune. 

9  9e  segment  noir,  avec  une  raie  dorsale  et  une  tache  laterale  jaunes. 
Pieds  jaunes  en  dedans. 

Patrie  :  Java,  Inde.  (Collect.  Selys,  etc.) 

2mc  SOUS-DIVISION.  —  (La  legion  Amphipleryx  seule.) 

Nervules  costales  peu  nombreuses;  les  deux  ou  trois  premieres 
seulement,  prolonge'es  dans  1'espace  sous-costal,  qui  n'en  possede 
pas  d'autres.  Epistome  ordinaire,  non  saillant;  abdomen  long, 
mince,  cylindrique.  Pte"rostigma  rhomboide,  4pais,  pointu  en  de- 
dans; quadrilatere  libre,  beaucotip  plus  court  que  1'espace  basilaire. 

Patrie :  Colombie. 


ANN.  BULL.  1853. 


OG 


6™  legion.     -  AMPHIPTERYX. 

C6te"  supe>ieur  dti  quadrilatere  droit ;  espace  basilaire  libre  ; 
secteur  infe>ieur  du  triangle  notablement  courbe^  a  son  extreimte" ; 
espace  postcostal  de  plusieurs  rangs  de  cellules  au  bout ;  ailes 
notablement  petioles. 

o*  Appendices  anals  supe>ieurs  semi-circulaires  simples;  les  infe"- 
rieurs  courts. 

Genre  unique.  —  AMPHIPTERYX,  DE  SELYS. 

Les  deux  secteurs  de  Tarculus  se"pares  des  leur  origine;  iOe  seg- 
ment du  male  excessivernent  court;  corps  robuste;  pieds  me"diocres. 

Sous-genre  unique.  —  AMPHIPTERYX,  DE  SUMS. 

Ailes  hyalines  on  un  pen  blanchatres;  secteur  principal  non  con- 
ligu  a  la  nervure  me"diane;  le  nodus  aux  deux  cinquiemes  de  la 
longueur  de  1'aile;  le  secteur  nodal  se  s^parant  du  principal  beau- 
coup  plus  loin  que  le  nodus. 

Patrie :  Colombie. 

Groupe  unique  :  (A.  AGRIO'lDES.) 

92.  AMPHIPTERYX  ACRIOIDF.S,  De  Selys. 
Abdomen  37.  Aile  inferieure  57. 

a*  Inconnu. 

$  Ailes  hyalines  un  peu  salies ;  pterostigma  brun ,  peu  allonge ,  en- 
toure  d'une  forte  nervure  noire,  mince  et  tres-pointu  en  dedans,  ne 
touchant  la  cote  qu'a  son  sommet,  ou  il  est  oblique  et  epais.  Cote  inferieur 
des  quadrilateres  plus  long  que  le  superieur;  2e  secteur  du  triangle 
aboutissant  au  bord  posterieur  notablement  plus  loin  que  le  niveau  du 
nodus;  8  antecubitales ,  les  trois  premieres  seules  prolongees  jusqu'a  la 


(67  ) 

nervure  mediane;  30  postcubitales  aux  ailcs  superieures,  25  aux  infe- 
rieures.  Thorax  noiratre,  raye  de  roussatre  en  avant,  olivatre  sur  les 
cotes;  abdomen  noiratre;  ses  cotes  et  le  10e  segment  en  partie  roussatre 
terne.  Appendices  anals  bruns. 
Patrie  .-  Colombie.  (Collect.  Selys.) 

93.  AMPHIPTERYX  LESTOIDES,  DC  Selys. 
Abdomen  34.  Aile  inferieure  32. 

a*  Ailes  hyalines  un  peu  salies ;  une  bande  blanchatre  laiteuse  trans- 
verse entre  le  nodus  et  le  pterostigma,  qui  est  noir,  assez  long;  le  bout 
des  ailes  enfume  apres  le  pterostigma ;  cote  superieur  du  quadrilatere  a 
peu  pres  egal  a  Tinferieur ;  2e  secteur  du  triangle  aboutissant  au  bord 
posterieur,  au  niveau  du  nodus;  6  antecubitales;  les  deux  premieres  seu- 
lement  prolongees  jusqu'a  la  nervure  mediane ;  18  postcubitales  aux  ailes 
superieures,  16  aux  inferieures.  Thorax  brun,  raye  de  roux  en  avant, 
jaunatre  sur  les  cotes.  Abdomen  bleu  verdatre  clair ;  une  bande  dorsale 
au  2e  segment  et  les  sutures  noires.  Appendices  anals  noirs. 

9  Inconnue. 

Indiquee  de  1'Australasie  (sans  doute  par  erreur)  au  Musee  britan- 
nique.  Elle  habile  vraisemblablement  1'Amerique  tropicale. 

2me  DIVISION.  (La  legion  Thore  seule.) 

Les  deux  secteurs  de  1'arculus  naissant  ensemble  d'un  m^me  point, 
a  son  sommet  superieur,  contre  la  nervure  mediane.  Nervules  cos- 
tales  nombreuses,  en  nombre  a  peu  pres  ^gal  aux  sous-costales. 
Pterostigma  long,  epais,  pointu  en  dedans;  quadrilatere  reticule, 
plus  court  que  1'espace  basilaire.  fipistome  ordinaire,  non  saillant; 
abdomen  long,  cylindrique. 

Patrie  :  Amerique  meridionale  tropicale. 


(68) 


7me  legion.  —  THORE. 

Espace  basilaire  reticule;  ailes  pe"tiole"es;  2C  secleur  du  triangle 
ayant  trois  ramifications,  la  supe'rieure  tout  au  moins,  courbe"e. 

Genre  unique.  —  THORE,  HAGEN. 

Corps  assez  robuste ;  pieds  courts. 

a*  10e  segment  court,  tronque  et  releve"  au  milieu;  appendices 
anals  supe"rietirs  peu  courbes;  les  infe"rieurs  rudimentaires. 
Patrie  :  Amerique  me>idionale  tropicale. 

ler  sous-genre.  —  CII ALCOPTE1VYX ,  DE  SELYS. 

Ailes  tres-e"largies ,  pe"tiole"es  jusqu'a  mi-cbemin  de  1'arculus;  les 
supe"rieures  hyalines;  les  infe>ieures  opaques,  metalliques  dans  les 
deux  sexes;  le  nodus  au  tiers  de  la  longueur  de  1'aile;  2e  secteur  du 
triangle  courbe";  ses  trois  branches  ondule"es. 

d*  Appendices  anals  superieurs  presque  simples,  ayant  un  leger 
tubercule  interne  avant  la  fin. 

Patrie  :  Para. 

Groupe  unique  :  (C.  RUTILANS.) 

Taille  tres-petite;  corps  noir^tre;  quatrc  raies  orangees  de  cha- 
que  cote"  du  thorax. 

94.  CHALCOPTERIX  RUTILANS,  Ramb. 

RHINOCYPHA  RUTILANS,  Ramb. 
Abdomen  24-25.  Aile  inferieure  16-17. 

Le  nodus  plus  rapproche  de  la  base  que  du  pterostigma ,  qui  est  non 
dilate,  noir,  plus  court  aux  inferieures;  les  superieures  hyalines  un  peu 
verdatres ;  les  inferieures  plus  courtes ,  tres-arrondies  et  tres-dilatees  au 
bout,  opaques,  metalliques,  changeant  en  vert,  violet  et  cuivre  brillant 


(  69) 

(semblables ,  mais  la  base  antecubitale  et  leur  extremite  apres  le  ptero- 
stigma  hyalines  chez  la  femelle).  Environ  25  antecubitales  et  35  post- 
cubitales.  Corps  noiratre,  levre  superieure  en  grande  partie  orangee; 
thorax  ayant  en  avant  deux  bandes  submedianes  et  une  ligne  humerale 
rouge  orange ,  et  de  chaque  cote  trois  lignes  jaunes. 
Patrie:  Para.  (Collect.  Selys,  Dale,  etc.) 

2me  sous-genre.  —  THORE,  HAGEN. 

Les  quatre  ailes  Margies,  p£tiol£es  jusqu'a  mi-chemin  de  1'arcu- 
lus,  en  partie  opaques  ou  hyalines  dans  les  deux  sexes ;  le  nodus 
place*  aux  deux  cinquiemes  de  la  longueur  de  Faile.  2e  secteur  du 
triangle  courb£;  ses  trois  branches  non  ondul^es.  Corps  noiratre; 
4  lignes  jaunatres  de  chaque  cdte"  du  thorax. 

o*  Appendices  anals  supe>ieurs  munis  d'une  branche  infe>ieure 
avant  la  fin. 

Patrie  ;  Br^sil ,  Para ,  Colombie. 

\"  groupe  :  (TH.  GIGANTEA.) 

Taille  eiiorme;  reticulation  tres-serr^e,  tetragone. 

95.  THORE  GIGANTEA,  De  Selys. 

Abdomen  50.  Aile  inferieure  44. 

Le  nodus  plus  rapproche  de  la  base  que  du  pterostigma ,  qui  est  tres- 
epais,  brun  jaunatre;  ailes  tres-arrondies  et  larges  au  bout}  leur  tiers 
basal  hyalin,  sali  vers  la  cote;  le  reste  brun  a  reflets  irises;  48  antecubi- 
tales, 86  postcubitales  aux  ailes  superieures;  38  antecubitales  et75  post- 
cubitales  aux  inferieures.  Corps  noiratre ;  la  levre  superieure  noire; 
thorax  ayant  cinq  lignes  jaunatres  de  chaque  cote. 

$  Inconnue. 

Patrie  :  Colombie.  (Collect.  Selys.) 

2me  groupe  :  (TH.  PICT  A.) 

Taille  grande;  reticulation  serr^e,  tetragone;  ailes  elargies  au 
bout,  qui  est  arrondi. 


(  70  ) 
9C.  TIIORE  PICTA,  llamh. 

EUPH.EA  PICTA,  Baml). 

Abdomen  44.  Aile  infe'rieure  39. 

Le  nodus  plus  rapproche  de  la  base  que  du  pterostigma?  qui  est  large  r 
noir  (brun  jaunatre,  ,/eime);  ailes  tres-arrondies ,  larges,  la  moitie  basale 
hyaline,  salie;  le  tiers  apical  brun  irise  (enfume,  jeune),  precede  d'une 
bande  transverse,  blanche,  laiteuse,  qui  occupe  le  milieu.  Environ  50  ante- 
cubitales  et  64  postcubitales.  Corps  noiratre ;  levre  superieure  noiratre  ? 
thorax  ayant  cinq  lignes  roussatres  de  chaque  cote. 

9  Inconnue. 

Patrie  :  Guyane.  (Musee  britannique.) 

97.  TIIOUE  SAUNDEP.SII  ,  De  Selys. 

Abdomen  </  38.  $  33.  Aile  inferieure  33. 

Le  nodus  a  mi-chemin  de  la  base  au  pterostigma,  qui  est  large,  noir(0*)r 
brun  ($)  ;  ailes  tres-arrondies  et  elargies  au  bout  j  les  inferieures  un  peu 
plus  etroitesj  les  quatre  hyalines  et  salies  dans  plus  de  leur  moitie  basale, 
offrant  ensuite  une  bande  transverse  blanche  laiteuse  j  le  reste  (un  peu 
plus  du  quart)  noiratre  chatoyant  (o*)  ou  brun  avec  le  bout  largement 
hyalin  et  sali,  a  partir  du  pterostigma  ($).  Environ  40  antecubitales  aux 
superieures  et  50  aux  inferieures ;  60  postcubitales  (d*) ;  50  postcubitales 
($)  aux  quatre  ailes.  Corps  noiratre;  levre  superieure  avec  deux  taches 
jaunatres;  thorax  ayant  cinq  lignes  jaunatres  de  chaque  cote. 

Patrie  :  bords  de  1'Amazone.  (Collect.  Saunders.) 

3e  groupe :  (T.  F  ASCI  AT  A.) 

Taille  moyenne;  reticulation  moyenne,  en  partie  pentagone;  ailes 
Elargies  au  milieu,  un  peu  pointues. 

98.  THORE  FASCIATA,  Hagen. 

Abdomen  d*  41.  $  33.  Aile  inferieure  32. 

Le  nodus  a  mi-chemin  de  la  base  au  pterostigma ,  qui  est  mediocre, 
noiratre;  ailes  arrondies  au  bout,  larges  et  tres-dilatees  au  milieu.  Envi- 
ron 35  antecubitales  aux  superieures,  30  aux  inferieures  et  40  postcubi- 
tales aux  quatre. 

cf  Ailes  hyalines  dans  leur  premier  quart,  blanc  laiteux  ensuite  jus- 
qu'apres  le  nodus ,  puis  marquees  d'une  bande  transverse  droite  noiratre 


chatoyant  jusqu'au  plerostigma ;  Ic  restant  apical  hyalin,  a  limhe  a  peine 
sali.  Corps  noiratre;  levre  supericure  noire;  thorax  ayant  cinq  lignes 
jaunatres  de  chaque  cote. 

<j>  Ailes  hyalines,  salies,  ayant,  entre  le  nodus  et  le  pterostigma,  une 
bande  blanchatre,  suivie  d'une  bande  brune,  1'une  et  I'autre  mal  arretees; 
meme  rudimentaires  aux  ailes  superieures.  Corps  noiratre ;  levre  supe- 
rieure  avec  deux  taches  orangees;  thorax  ayant  six  lignes  jaunatres  de 
chaque  cote. 

Patrie  .•  Venezuela.  (Collect.  Hagen ;  Selyjs.) 

99.  THORE  HYALINA,  De  Selys. 

Abdomen  40.  Aile  inferieure  33. 

Le  nodus  a  mi-chemin  de  la  base  au  pterostigma,  qui  est  mediocre,  noir; 
ailes  un  peu  arrondies,  assez  larges,  non  dilatees  au  milieu,  hyalines  un 
peu  jaunatres;  le  limbe  apical  a  peine  sali.  Environ  30  antecubitales  et 
40  postcubitales  aux  quatre.  Corps  noiratre ;  levre  superieure  noiratre ; 
thorax  ayant  cinq  lignes  livides  de  chaque  cote. 

$  Inconnue. 

Patrie  :  Bahia.  (Collect.  Selys.) 

3me  sous-genre.  CORA,  DE  SELYS. 

Les  quatre  ailes  tres-e"troites,  petioles  jusqu'a  Tarculus,  hyalines 
dans  les  deux  sexes;  le  nodus  plac6  a  la  moiti6  de  la  longueur  de 
1'aile;  2e  secteur  du  triangle  peu  courb^;  ses  trois  branches  ondulees. 

o*  Appendices  anals  superieurs  munis  d'une  branche  inferieure 
avantla  fin. 

Patrie  :  Venezuela. 

Groupe  unique  :  (C.  CYANE.) 

Taille  mediocre;  corps  bleuatre  ou  jaun&tre  en  dessus,  ayant  les 
sutures  noires. 

100.  CORA  CYANE,  De  Selys. 

Abdomen  32-34.  Aile  inferieure  25-27. 

Le  nodus  un  peu  plus  eloigne  de  la  base  que  du  pterostigma,  qui  est 
noiratre,  allonge;  ailes  etroites,  pointues;  hyalines  uri  peu  jaunatres ,  a 


(  72  ) 

peine  salics  au  bout.  Environ  50  antecubitales  aux  superieures;  25  aux 
inferieuresj  20-24  postcubitales  aux  quatre.   Corps  noir  en  dessous, 
bleuatre  pale  en  dessus;  levre  superieure  et  face  orangees;  une  raie 
mcdiane  en  avant  du  thorax,  les  sutures  de  1'abdomen  et  deux  points 
apicaux  a  chaque  segment,  enfin  les  deux  derniers  presqu'en  entier,  noirs. 
$   Inconnue. 
Patrie  :  Venezuela.  (Collect.  Selys;  Hagen;  Musee  britannique.) 


ADDITIONS  ET  CORRECTIONS. 


§  1 .  Sur  les  especes.  —  Quelques-unes  ont  besoin  d'etre  revues ,  avant  d'etre 
defmitivement  adopte'es;  ainsi :  Sylphis  angustipennis  est  tres-probablement 
le  male  de  Yelegans;  Calopteryx  exul  pourrait  etre  une  race  ou  le  jeune  age 
de  la  Syriaca,  et  la  Lais  cuprcea  Tadulte  de  1'cenea.  Mais,  d'un'autre  cote  ,  j'ai 
signale,  surtout  parmi  les  Hetcerina ,  plusieurs  races,  dont  quelques-unes  vien- 
dront,  sans  doute,  apres  une  nouvelle  etude,  combler  les  vides  que  ferait  la  sup- 
pression d'especes  moins  bonnes. 

§  2.  Nomenclature  et  classification.  —  Afin  d'aider  la  memoire ,  il  me  parait 
utile  de  donner  aux  divisions,  sous-divisions  et  sections  de  mon  tableau,  des 
noms  qui  expriment,  pour  chacune,  son  caraclere  dominant  j  et  pour  ameliorer 
la  classification,  je  supprime  les  legions  Hetcerina  et  Dicterias ,  ces  groupes 
n'etant  pas  d'une  valeur  egale  aux  cinq  autres.  Le  premier  est  un  derive  des  Ca- 
lopteryx, et  le  second  possede  les  caracteres  essentiels  des  Euphcea,  aux- 
quelles  nous  Tadjoignons.  Ainsi  je  rectifie  mes  divisions  primaires  comme  suit 
(voir  les  caracteres  au  tableau ,  p.  6. )  : 


SECT.   A. 

Hetcerina)  . 

C9   / 

S  i      lremvis. 

(lre  SOUS-DIV. 
Equinervulees. 

Planinases. 

SECT.    B. 

2. 

EUPH«A   (avec 
Dicterias). 

-a  }  Regulieres. 

I 

Produclinases. 

—      3. 

LlBELLAGO. 

•s  £ 

/        2e  SOUS-DIV. 

o  ) 

\  InftnttinpTfiul^t1^ 

—      4. 

AMPHIPTEKYX. 

j    1        2«  D1VIS. 

\       ^l 

\  Irreaulieres. 

\    . 

—      5. 

THOUE. 

La  reunion  des  ffetcerina  et  des  Dicterias  aux  legions  Calopteryx  et  Eu- 
cRa  m'a  ete  conseiltee  par  le  docteur  Hagen,  qui  est  mon  collaborateur  pom- 


(  73  ) 

la  Monographic  des  Calopterygines ,  sous  presse  en  ce  moment.  Je  me  rap- 
proche  aussi,  en  partie,  des  vues  de  cet  ami,  en  modifiant  de  la  maniere  sui- 
vante  I'arrangement  de  la  legion  des  Calopteryx  (avec  ffetcerina). 

Rien,  du  reste,  n'est  change  aux  caracteres  que  j'ai  donnes  dans  le  present 
Synopsis.  J'ai  du  seulement  rapprocher  les  Phaon  des  Nevrobasis  et  les  Cleis 
Ues  Sapho.  M.  Hagen  penchait  a  re"unir  les  Phaon  (Ph.  iridipennis)  aux  Fes- 
talis. 


/  Espace  basil,  libre. 
Pas  de  vrai  pterostigma.  \ 

1.  SYJLPHIS. 

2.  CALOPTERVV. 

Genre  1.  CALOPTBRYX.    i 

Cote  supeiieur 

1"  art.   des  an- 

\  Esp.  bas.  reticule. 

5.  MATROKA. 

du   quadrila- 

tennes      beau- 

tere  droit. 

coup  plus  court 
que  le  2«  art. 

Esp.  basilaire  lib. 

4.  CLKIS. 

Un  pterostigma  

5.  SAPBO. 

Genre  11.  ECHO. 

Ci.  MNAIS. 

Esp.  bas.  reticule. 

7.  ECHO/. 

!«•  et  2e  art.  des  ant.  egaux,  pas  de  pte-  (  EsP-  basilaire  lib. 

8.  PHAON. 

rostigma.  -  Genre  III.  PHAON.               (  gsp.  has.  reticule. 

9.  NEVROBASIS. 

Cote  superieur 

du   quadrila- 

l*™wnvexe-)l..art.  des  an- 
f    teunos      beau- 

Secteurs  bifurques.  .  . 
Genre  IV.  VBSTALIS. 

Esp.  basilaire  lib. 

10.  VESTALIS. 

I    coup  plus  court 

Secteurs  non  bifurques. 

Esp.  bas.  reticule. 

11.  LAIS. 

|    qu«  le  2«  art. 

Genre  V.  HBTSRINA. 

12.  HKT^R^A. 

Firs 


ICHNEUMONES  A1HBLYPYGI  EUROPAEI 


AUCTORK 


€.    WE9IIAEL.    PROFESSORE    BRUXELLENSI. 


(Mars  1854. 


APP.    BULL.    1853-1854. 


AHBLYPYGI    EUROPAEi. 


1CHNEUMONES  AMBLYPYGI  (Tentam.  pag.  11, 
12  et  lll)(l). 

Subgenus  LIMERODES. 
1.  LIMERODES  ARCTIVENTRIS  $o*. 

Tentam.  112.  1.  —  Mantis.  57. 

On  a  pu  voir,  dans  mon  Tentamen,  que  j'avais  d'abord 
employe  ime  autre  denomination  ,  celle  cle  L.  Ophioniven- 
tris.  En  1847,  ayant  eu  la  visile  de  M.  G.  Schiodte,  il 
m'assura  que  cette  espece  avail  deja  ete  decrile  par  M.  Boje 
sous  le  nom  d' Ichneumon  arctiventris,  dans  un  journal 
danois  d'hisloire  nalurelle.  Cest  a  la  suite  de  cetle  asser- 
tion que,  dans  ma  Mantissa,  j'ai  adopte  ce  nom  specifique. 


(1)  Je  renvoie  a  ravertissement  place  en  tele  de  ma  notice  precedente ,  sur 
les  Ichneumones  platyuri,  inserde  dans  le  Bulletin  de  la  seance  du  o  decem- 
brc  185o. 


(78) 

Gependant  j'ignore  encore  aujourd'hui  a  quelle  date,  et 
dans  quel  journal  M.  Boje  a  fait  sa  publication. 


Subgenus  AMBLYTELES. 

JTai  essaye  de  partager  Ics  especes,  assez  nombreuses,  de  ce  sous- 
genre  en  petits  groupes,  de  maniere  a  conserver,  autant  que  possible, 
leurs  rapports  naturels.  Malgre  Tiraperfection  du  resultat  auquel  je 
suis  arrive,  je  me  hasarde  neanmoins  a  1'exposer  ici,  ne  fut-ce  que 
pour  en  provoquer  la  critique  et,  par  la  meme,  engager  d'autres  a 
faire  mieux.  Je  propose  done  de  repartir  les  especes  dCAmblytclcs  de 
la  maniere  suivante  : 


AMBLYTELES. 


MlCROSTICTI. 


MACKOSTICTI. 


;   Polyxanthi. 
1  Xanthopyri. 

Trichromi. 

Nothochromi. 

Leploceri. 

Crioceri. 

Coryphaei. 


AMBLYTELES  MlCROSTICTI. 

Gastroceles des  femelles  petits,  separes  par  un  large  in- 
tervalle,  qui  estordinairement  tres-peu  convexe;  ceux  des 
males  parfois  un  pen  plus  grands,  mais  tres-peu  profonds. 
Areole  superomediane  du  metathorax  derivant  en  general 
du  type  quadrangulaire.  Males  ayant  la  premiere  moitie 
du  flagellum,  an  moins,  composee  d'articles  parfaitement 
cylindriques. 


(  79) 

1.  POLYXANTHI. 

Femelles  ayant  les  orbites  internes  des  yeux  jaunes  ou 
blanches,  au  moins  sur  le  front  ou  le  vertex;  le  dernier 
segment  de  leur  abdomen,  au  moins ,  marque  de  jaune  ou 
deblanc.  —  Males  a  face  jaune  ou  blanche,  rarement  noire 
au  milieu ;  abdomen  comme  celui  des  femelles,  ou  a  der- 
nier segment  tout  noir.  —  Couleurs  dominantes  chez  les 
deux  sexes  :  le  jaune  r  le  blanc  et  le  noir. 

a. 

Cuisses  noires. 

A.  palliatorius,  trifasciatus,  spoliator,  monitorius,  fas- 
eiatorius,  infractorius,  amalorius,  indocilis,  latebricola, 
mar ginegut talus ,  novitim,  oratorius. 

aa. 

Cuisses  fauves. 
A.  viridatorius,  atratorius,  natatorius,  subsericans. 

2.  XANTHOPYRI. 

Femelles  ayant  les  orbites  des  yeux  fauvesy.  au  moins 
en  partie ;  leur  abdomen  en  partie  fauve  avee  la  base  du 
5me  segment  noire;  derniers  segments  jamais  marques  de 
laches  blanches.  —  Males  a  face  jaune,  quelquefois  noire 
au  milieu;  leur  abdomen,  a  segments  anterieurs  ou  inteiv 
mediaires  jaunes ,  noirs  ou  fauves  a  la  base. 

^4.  crispatorius,  antennatorius,  litigiosus. 

5.  TRICHROMI. 

Femelles  a  orbites  des  yeux  noires,  les  internes  rare- 


(80) 

ment  en  parlie  fauves;  leur  abdomen  a  1C1  segment  noir, 
2  et  5  fauves,  rarement  noirs ,  les  derniers  laches  ou  hor- 
des de  blanc.  —  Males  a  face  tantot  jaune  ou  pale,  tantot 
noire  a  orbites  des  yeux  jaunes  ou  pales,  tantot  toute 
noire;  abdomen  colore  comme  celui  des  femelles,  quel- 
quefois  varie  de  noir  et  de  jaune. 

a. 

Cuisses  fauves. 
A.  glaucatorius,  pallidicornis,  vadatorius. 

aa. 

Cuisses  noires. 
A.  occisorius,  Gravenhorstii ,  negalorius. 

4.  NOTHOCHROMI. 

Especes  a  type  vacillant  ou  mal  determine,  ou  a  place 
douteuse.  —  Femelles  a  orbites  des  yeux  noires.  Abdomen 
fauve  et  noir,  rarement  presque  tout  noir,  quelquefois  ta- 
che  de  blanc  au  bout,  mais  differant  des  precedentes  soil 
par  leurs  antennes  toutes  noires,  soil  par  leur  ecusson 
noir.  —  Males  a  antennes  et  face  noires,  celle-ci  quelque- 
fois a  orbites  des  yeux  blanches;  abdomen  variant  comme 
celui  des  femelles. 

A.  uniguttatus ,  ignotus,  Goedarti,  conspurcatus ,  bipus- 
tulatus,  lusitanus,  effcrus,  injucimdus,  rubriventris,  inter- 
sertor. 

II. 

AMBLYTELES  MACROSTICTJ. 

Gastroceles  sous  forme  de  fosses  profondes ,  d'une  lar- 
geur  notable ;  leur  intervalle  convexe  ,  acicule  on  ride. 


(81  ) 

5.  LEPTOCERI. 

Areole  superomediane  du  metathorax  quadrangulaire, 
-  Males  ayant  la  premiere  moilie  du  flagellum  des  an- 
tennes,  au  moins,  composee  d'articles  parfaitement  cylin- 
driques. — Dans  les  deux  sexes ,  lete  toute  noire,  abdomen 
tout  noir,  ou  a  segments  2  et  3  fauves;  ecusson  ordinaire- 
ment  noir. 

A.  sputator,  haereticus,  homoccrus,  camelinus. 

6.  CRIOCERI. 

Areole  supe'romediane  du  metathorax  quadrangulaire. 
—  Males  a  articles  du  flagellum  plus  ou  moins  saillants  a 
leur  extremite  interne,  et  faisant  ainsi  paraitre  les  an- 
tennes  un  peu  crenelees  ou  en  scie.  Tote  toute  noire,  ra- 
rement  a  orbites  faciales  des  yeux  blanches  chez  les  males; 
abdomen  noir  ou  fauve ,  ou  noir  et  fauve,  dernier  segment 
toujours  sans  tache  ni  bordure  blanche  ou  jaune;  quelques- 
uns  des  precedents  rarement  a  bordure  blanche  ou  jaunatre 
chez  les  males. 

.4.  castigator,  inspector,  fossorius,  divisorius,  messorius, 
mesocastanus,  melanocastanus,  funereus,  Panzeri. 

7.  CORYPHAEI. 

Areole  superomediane  du  metathorax  etroi^e  et  allon- 
gee,  en  ellipse  tronquee  en  arriere,  ordinairement  plus 
luisante  que  les  areoles  contigues,  quelquefois  lisse  et  po- 
lie.  Orbites  des  yeux  blanches  sur  le  vertex  ou  sur  le  front, 
au  moins.  Abdomen  noir  ou  fauve,  ou  noir  et  fauve  avec 
les  derniers  segments  hordes  de  blanc. 

A.  laminatorius ,  fuscipennis,  strigatorius. 


82) 


r.  AMBLYTELES  MICROSTICT1. 
1.  POLYXANTHI. 

1.  AMBLYTELES  PALLIATORIUS  o*$. 

Tentam.  118.  8. 

Aux  varietes  enumerees  dans  mon  Tentamen,  on  peut 
ajouter  la  suivante : 

Var.  5.  o* :  Segmento  4  nigro.  —  1  mas. 

In  hac  varietate,  abdomen  segmentis  2  et  5  sordide 
ilavis,  fascia  apicali  nigra  in  medi  acuminato;  4-7  nigris, 
7  margine  rufo.  —  Caetera  sicut  in  plerisque  aliis  ma- 
ribus. 

Je  possede  aussi  un  male  absolument  semblable  a  la 
var.  i  de  VI.  erythropygus  Grav.  par  la  coloration  des  seg- 
ments 2-4  de  1'abdomen,  mais  dont  les  segments  5-7  sont 
colores  comme  chez  son  /.  palliatorius. 

On  rencontre,  mais  rarement,  des  femelles  ehez  qui  la 
bordure  noire  terminale  des  segments  2  et  5  s'elargit, 
soil  au  milieu  seulement ,  soil  en  outre  sur  les  cotes,  et 
peut  alors  presenter,  dans  ces  portions  dilatees,  une  ou 
plusieurs  dents. 

2.  AMBLYTELES  TRIFASCIATUS  a*  2- 
Tentam.  119.  9. 

Les  femelles  ont  quelquefois  la  bande  basilaire  jaune 
du  5me  segment  complelement  interrompue  au  milieu,  et 
transforme'e  ainsi  en  deux  grandes  laches  jaunes. 


(83) 

5.  AMBLYTELES  SPOLIATOR  $  o*. 
Tentam.  117.  7. 

Dans  la  description  de  cette  espeee,  il  s'est  glisse  quel- 
ques  inexactitudes  que  je  dois  rectifier  ici. 

D'abord,  chez  la  femelle  (genuina),  p.  118,  la  colora- 
tion des  jambes  doit  etre  indiquee  comme  suit  :  Tibiis 
flavo  fulvis,  intermediis  postice  apice  fuscis,  posticarum 
apice  et  summa  basi  nigris;  et  quant  a  1'abdomen :  Segmento 
2  rufo  apice  nigro;  5  rufo  apice  nigro,  dor  so  medio  fusco; 
6  et  1  fulvis;  ventre  fulvo,  segmentis  5  et  6  basi  fuscis;  tere- 
bra  fulva. 

Chez  le  male ,  la  meme  correction  est  a  faire  pour  la 
coloration  des  jambes,  sauf  que  les  intermediaires  n'ont 
pas  de  tache  obscure  au  bout. 

J'ai  rec,u  recemment  de  M.  Sichel  un  second  male,  des 
environs  de  Paris,  dont  1'abdomen  est  colore  a  peu  pres 
comme  celui  de  la  femelle  var.  \  ,  et  dont  voici  d'ailleurs 
la  description  :  Caput,  antennae,  thoraxque  cum  scutello, 
sicut  in  mare  genuine,  sed  lineola  flava  ante  alas.  Alae 
stigmate  et  radice  fulvis ,  squamula  nigra.  Pedes  femoribus 
anterioribus  apice  fulvis;  tibiis  fulvoflavis ,  anterioribus 
linea  interna  fusca ,  posticis  apice  nigris ;  tarsis  anteriori- 
bus fulvis,  posticis  nigris  basi  rufa.  Abdomen  segmento  2  basi 
summa  rufa,  5  angulis  basalibus  obscure  rufis;  4-7  totis 
nigris;  ventre  fusco,  segmento  8  apice  valvisque  genitalibus 
fulvis. 

Enfin,  je  possede  en  outre  une  troisieme  femelle,  tres- 
voisine  de  la  var.  1  :  Caput,  antennae,  thorax  cum  scu- 
tello, alae  et  pedes,  sicut  in  var.  1.  5,  sed  lineola  flava  ante 
alas.  Abdomen  segmento  2  fasciola  basali  fulva;  6  apice 


summo  flavo ;  7  dor  so  flavo  ,  later  ibus  usque  ad  ventrem 
fulvis;  vcntris  segmentis  2  et  3  fulvis  macula  utrinque  qua- 
drata  nigra;  4  vitta  media  fulva;  6  apice  fulvo ;  terebra 
fulva. 

Jusqu'a  plus  amples  eclaircissements,  je  laisse  subsister 
mon  A.  spoliator,  en  me  bornant  a  certiiier  que  les  males 
et  les  femelles,  reunis  sous  ce  nom,  appartiennent  reelle- 
ment  a  la  meme  espece,  malgre  la  difference  de  couleur 
de  Tecusson;  du  reste,  j'ai  une  grande  propension  a  croire 
que  ce  n'est  qu'une  variete  de  YA.  palliatorius. 

4.  AMBLYTELES  MONITORIUS 
Tentam.  114.  2. 

Cette  espece  semble  etre  excessivement  rare  en  Bel- 
gique. 

5.  AMBLYTELES  FASCIATORIUS  d*  ?. 
Tentam.  113.  1. 

M.  Gravenhorst ,  dans  la  synonymic  du  male  de  cette 
espece  (p.  579),  regarde  comme  identique  17.  armatorius 
de  Forster.  S'il  en  est  ainsi ,  c'est  ce  nom  qui  devrait  etre 
prefere,  puisque  1'ouvrage  de  Forster  date  de  Tannee  1771, 
tandis  que  le  Systema  entomologiae  de  Fabricius  n'a  paru 
qu'en  1775. 

D'un  autrecote,  je  regarde  comme  certain,  avec  Illiger, 
que  c'est  bien  reellement  YL  fascialorius  de  Fabricius  qui 
a  ete  represente  par  Panzer.  ( Fn.  Germ.  45.  15),  quoique, 
d'apres  !a  figure ,  Textremile  de  1'abdomen  paraisse  etre 
toute  noire. 


(85) 

6.  AMBLYTELES  INFRACTORIUS  o*  $. 
Tentam.  121.  \  2. 

7.  AMBLYTELES  AMATORIUS  ?  </. 
Tentam.  123.  17. 

8.  AMBLYTELES  INDOCILIS  9  (</?). 
Jcwtow.  126.  20.  —  JJ/awtfs.  60. 

On  a  pu  voir  dans  mes  deux  ouvrages  cites  que  j'ai  suc- 
cessivement  emis  deux  opinions  opposees,  relativement  au 
male  de  cette  espece.  Outre  Findividu  que  j'ai  primilive- 
ment  decrit,  j'en  ai  deux  autres  qui  lui  ressemblent  beau- 
coup,  et  je  pourrais  bien  avoir  eu  raison  dans  mon  Tenta- 
men.  Cependant,  je  ne  saurais,  pour  le  moment,  me 
prononcer  defmitivement  a  cet  egard. 

9.  AMBLYTELES  LATEBRICOLA  ?. 
Tentam.  115.4. 

Depuis  la  publication  de  mon  Tentamen,  en  1844,  je 
n'ai  plus  revu  cette  espece,  et  je  n'ai  pu  en  decouvrir  le 
male. 

10.  AMBLYTELES  MARGINEGUTTATUS  9. 
Tentam.  121.  11. 

Chez  une  seconde  femelle,  rec.ue  en  1846  des  environs 
de  Diest,  toutes  les  jambes  ont  en  arriere  une  tache  me- 
diane  jaune.  Le  4mc  segment,  au  lieu  d'un  point  jaune 
au  milieu  du  bord  poslerieur,  en  a  deux  assez  eloignes 


(80) 

Tun  tie  Fautre;  le  5me  segment  a  aussi  des  traces  d'un  point 
median  posterieur. 


}].  AMBLYTELES  NOVITIUS 


Scutello,  tibiarum  annulo  ,  segmentorum  1  et  2  marginc  apicali, 
6  el  7  macula,  flams.  (Facie  flava  d*.  Orbitis  frontis  et  verticis 
rufo-stramincis,  antennarum  annulo  albo  9.)  —  ?  I.  ORATORIUS  9 
Grav.  I.  594.  153  (exclusa  var.  1).  =  5  |  h\  —  1  mas  et  1  fe- 
mina. 

Adnot,.  —  Metathorax  breviter  bidentatus.  Postpetiolus 
subtiliter  aciculatus.  Gastrocaeli  parvuli.  Pedes  mediocres. 
Antennae  feminae  subgraciles,  setaceae.  —  Ailinis  A.  ora- 
torio, a  quo  tamen  differt  antennis  et  pedibus  paulo  brevio- 
ribus  et  paulo  crassioribus,  facie  et  clypeo  paulo  brevio- 
ribus,  genis  paulo  con  vexioribus. 

Mas  :  Caput  palpis  flavis,  clypeo  flavo  linea  arcuata  ba- 
sali  nigra,  facie  flava.  Antennae  totae  nigrae.  Thorax 
lineola  flava  ante  alas.  Scutellum  llavum.  Alae.subhya- 
linae,  sligmate  squamula  et  radice  fulvis.  Pedes  anteriores 
coxis  subtus  macula  flava,  femoribus  antice  maximam 
partem  flavis,  tibiis  flavis  apice  postice  late  nigro,  tarsis 
flavis  articulorum  apice  summo  fusco;  pedes  postici  tro- 
chanteribus  subtus  apice  flavis,  tibiis  annulo  lato  flavo 
ante  basin,  tarsorum  articulis  1-5  flavis  apice  summo  fus- 
cis.  Abdomen  subopacum,  segmento  1  margine  apicali 
flavo,  2  margine  apicali  flavo  in  medio  interrupto,  6  puncto 
apicali  flavo,  7  dorso  flavo. 

Femina  :  Caput  palpis  apicem  versus,  mandibularum 
rnedio  ,  et  clypei  apice  latera  versus,  obscure  rufis;  orbitis 
faciei  partim,  frontis  et  verticis  late,  rufo-stramineis.  An- 
tennae articulis  9-14  albis,  subtus  sordide  stramineis.Tho- 


(87) 

rax  colli  margine  supero,  lineolaque  ante  alas,  fusco-slra- 
mineis.  Scutellum  pallide  flavum.  Alae  subfumato-hyali- 
nae,  stigmate  rufo,  squamula  et  radice  fuscis.  Pedes  tibiis 
annulo  lato  albo,  tarsis  anticis  obscure  rufis.  Abdomen 
segmentis  1  et  2  margine  apicali  flavo,  Get  7  macula  api- 
cali  media  flava. 

Marem  a  D°  Tischbein,  feminam  e  museo  regio  Hol- 
miano,  accepi. 

Remarque.  —  II  est  possible  que,  parmi  les  femelles  de 
cette  espece,  1'ecusson,  ainsi  que  les  bandes  et  les  laches 
de  Tabdomen ,  n'ait  pas  toujours  une  teinte  jaune  aussi 
prononcee  que  chez  celle  que  je  viens  de  decrire,  et  qu'il 
passe  quelquefois  au  blanc.  Dans  cette  hypothese,  je  regar- 
derais  comme  assez  probable  que  c'est  cette  femelle  qui  a 
e'le  decrite  par  M.  Gravenhorst  sous  le  nom  de  /.  orato- 
rius  2.  En  effet,  1°  dans  sa  description  des  antennes,  il 
dit :  articulis  9-14  albis  subtus  sordidis;  tandis  que,  chez 
le  veritable  L  oratorius  $,  j'ai  toujours  vu  ces  memes  ar- 
ticles subtus  nigro-maculatis ;  2°  dans  sa  description  de 
1'abdomen  ,  il  dit,  relativement  au  2me  segment :  margine 
albo;  et  cependant,  chez  mes  nombreux  L  oratorius  9, 
je  n'ai  jamais  trouve  a  ce  segment  qu'un  point  blanc  me- 
dio-apical;  3°  M.  Gravenhorst  (p.  596)  convient  que  les 
pieds  sont  plus  epais  que  dans  sa  var.  I  $  (laquelle  est  le 
veritable/,  oratorius  $),  puisqu'il  dit  de  cette  variete  :pedes 
paulo  graciliores  quam  in  femina  genuina;  4°  enfin,  il  lui 
assigne  un  point  blanc  devant  les  ailes,  caractere  que  je 
n'ai  jamais  observe. 

12.  AMBLYTELES  ORATORIUS  d*  $. 
Tentam.  M6.  5. 


(88) 

La  diagnose  de  celte  espece  doit  elre  un  pen  modifiee , 
de  la  maniere  suivante  : 

Scutello,  antennarum  el  tibiarum  annulo,  orbitis  frontalibus ,  et 
segmentorum  6  et  1  macula,  albis;  set/mentis  \  et  2  apice  saepe 
albis  vd  punclo  albo.  (Facie,  lineolis  ad  alarum  radicem,  tar- 
sisque  posticis  apice,  albis  0*.)  —  I.  ORATORIUS  o*  ct  var.\9. 
Grav.  I.  594.  153.  =  5-6£li. 

Var.  i.  a*  :  Tarsis  posticis  totis  nigris.  =  5§-6  li.  —  2  mares. 

Mas  genuinus :  Praeter  variationes  in  descriplione  Gra- 
venhorstiana  jam  expositas,  sequenles  observare  raihi  con- 
tigit:  1°  coxae  posticae  subtus  macula  alba;  2°  tarsi  pos- 
tici  articulis  4  et  5  albis,  vel  2-5 albis  insuperque  articulo 

1  linea  alba  ante  apicem  obsoleta;  5°  segmenta  1  et  2 
punclo  apicali  albo,  vel  1  solum  puncto  alpicali  albo,  vel 

2  solum  puncto  apicali  albo,  vel  1-3  tota  nigra. 

Mas  var.  \  :  In  majore  ex  nostris  duobus  speciminibus, 
clypeus  niger  puncto  laterali  albo,  facies  nigra  orbitis  et 
punctis  duobus  infra  antennas  albis;  segmentum  1  puncto 
apicali,  2  puncto  angulorum  apicalium,  albis.  —  In  altero 
mare,  facies  et  clypeus  alba,  hoc  apice  medio  nigro;  ab- 
domen ut  in  praecedente;  antennae  annulo  albo  breviore 
quam  in  plerisque  aliis  maribus,  scilicet  ex  articulis  12-15 
constante.  Quaeritur  nonne  hie  mas  transitum  parat  ad 
/.  atramentarium  Grav.  I.  597.153b,  cui  autem  antennae 
totae  nigrae  sunt. 

Femina  genuina  Nob.  (9  var.  [ .  Grav.)  sequentes  varia- 
tiones exhibel :  1°  orbitae  faciales  rarissime  albae  (in  unico 
specimine) ;  2°  macula  vel  lineola  rufa  in  medio  orbitarum 
cxternarum;  5°  segmenlum  1  solum  macula,  interdum 
;puncliformi,  alba ;  vel  segmenta  1  et  2  tota  nigra. 

•N.  B.  —  Dans  la  remarque  placee  apres  la  description 


(89) 

de  1'espece  precedente  (A.  novitius),  on  pent  voir  les  rai- 
sons  qui  me  portent  a  douter  si  la  femina  genuina  de 
17.  oratorius  Grav.  lui  appartient  reellement. 

15.  AMBLYTELES  VIRIDATORIUS  o*. 
Mantis.  58. 

14.  AMBLYTELES  ATRATORIUS  9. 

Scutelto,  antennarum  annulo,  segmentorum  4-7  fascia  apicali, 
albis;  fcmoribus  tibiisque  fulvis;  capite  pone  oculos  subrecto. 
—  6  i  li.  -  I.  ATRATORIUS  Fab.  Ent.  syst.  II.  154.  S.—Sy$t.  Piez. 
56.  10.  —  Trentep.  hi.  76.  19.  —  ?I.  VIRIDATORIUS  $  Grav.  I. 
428.  168.  —  1  femina. 

Adnot.  —  Affinis  A.  natatorio  9,  a  quo  differt  forma  ca- 
pitis,  antennis  paulo  minus  gracilibus,  abdomine  oblon- 
giore,  etc. 

Femina  :  Caput  orbitis  frontalibus  angustissime  pallidis. 
Antennae  arliculis  9-17  albidis  subtus  fulvis.  Thorax 
punclis  duobus  albidis  in  margine  colli  supero.  Scutellum 
album.  Alae  subfumato-hyalinae,  sligmate  et  radice  rufis, 
squamula  uigra.  Pedes  rufo-fulvi,  coxis  et  trocbanleribus 
omnibus,  tibiis  posticis  a  pice  summo,  tarsisque  posticis, 
nigris.  Abdomen  segmento  3  punctis  duobus  subbasalibus 
albis;  4-C  fascia  apicali  alba;  7  macula  dorsali  alba. 

Hub.  prope  Bruxellas,  ubi  a  l)°  Bouillon  captus,  raihi- 
que  benevolentissime  donatus. 

Remarque. — 11  me  semble  egalenient  probable  que  celte 
femclleest  reellement  17.  atratorius  de  Fabricius  et  17. 
viridalorius  de  M.  Gravenhorst;  de  sorte  que,  dans  cetle 
espece,  lantot  le  5e  segment  de  1'abdomen  serail  tout  noir , 


(90) 

tantot  il  aurait  une  bande  basilaire  blanche,  tantot  cette 
bande  serait  reduite  a  deux  points  blancs.  Si  toul  cela  est 
exact,  il  en  resulte  que  le  nom  de  viridatorius  donne  par 
M.  Gravenhorst  doit  etre  remplace  par  celui  de  atratorius. 

15.  AMBLYTELES  NATATORIUS  9  a*. 

Tentam.  114.  3.  —  Mantis.  57.  Var.  1.  $.—Ibid.  58.  Var.  2.  $. 
—  Ibid.  101.  var.  lbis.  $. 

Cest  a  ma  var.  2.  9  qu'il  faut  rapporter  17.  infestorius 
de  M.  de  Fonscolombe  (Ann.  de  la  Soc.  ent.  de  Fr.  1847, 
p.  58,  n°  12) ,  comme  je  Pai  verifle  d'apres  un  individu 
etiquete  de  sa  main,  et  differant  des  miens  seulement  en 
ce  que  les  segments  4-6  ont  le  milieu  du  bord  apical  blanc , 
et  le  7me  un  point  dorsal  blanc. 

Ma  var.  lbis.  9  se  rapporte  exactement  a  17.  mediatorius, 
Panz.  (Fn.  Germ.  80.  7.) 

Quant  au  male  decrit  dans  mon  Tentamen,  je  persiste  a 
croire  qu'il  appartient  reellement  a  \'A.  natatorius.  J'en 
possede  aujourd'hui  un  second  individu ,  un  peu  plus  petit, 
a  handles  toutes  noires,  et  ayant  un  peu  plus  de  noir  au 
bout  des  jambes  et  des  cuisses  de  derriere. 

II  me  semble  que  M.  Gravenhorst  aurait  bien  fait,  a 
1'exemple  de  Trentepohl ,  de  restituer  a  cette  espece  son 
veritable  nom  de  /.  notatorius;  car  il  y  a  toute  probabilite 
que  le  nom  bizarre  de  /.  natatorius  s'est  introduit  dans 
les  ouvrages  de  Fabricius  par  suite  d'une  faute  typogra- 
phique,  et  que  cet  auteur,  bien  loin  de  vouloir  attribuer  a 
cet  Ichneumon  des  dispositions  a  la  natation,  avail  eu 
Tintention  de  rappeler  Pexistence  des  quatre  laches  (notae) 
disposees  par  paires  sur  les  segments  2  et  5  de  Tabdomen. 


(91  ) 

16.  AMBLYTELES  SUBSERICANS  0*$. 
Tentam.  128.  22. 

2.  XANTHOPYRI. 

17.  AMBLYTELES  CRISPATORIUS  $  d*. 

I.  CRISPATORIUS  $  Linn.  Fau.  Suec.  n°  2588.  —  A.  XANTIIIUS  d*  $. 
Tentam.  120.  10.  —  Afcmft*.  p.  59. 

Je  regarde  comme  incontestable  que  17.  rufatorius  $ 
Grav.  est  bien  reellement  la  meme  espece  que  17.  crispa- 
torius  Linn. 

En  Janvier  1855,  j'ai  rec,u  de  M.  Leon  Fairmaire  de 
Paris,  par  1'intermediaire  de  M.  Sichel,  une  seconde  fe- 
•melle  de  cette  espece,  ressemblant  beaucoup  a  celle  que 
j'ai  decrile  dans  mon  Tentamen,  de  sorle  que  je  me  bor- 
nerai  a  indiquer  les  differences  de  coloration  que  j'y  ai  re- 
marquees  :  Thorax  linea  rufa  ante  alas,  lineola  flava  infra 
alas;  dorso  mesolhoracis  rufo ,  limbo  nigro;  melathorace 
rufo ,  areolis  pleuralibus  et  juxlacoxalibus  summoque  apice 
nigris.  Pedes  femoribus  rufis,  posteriorum  margine  infer o 
nigro;  tibiis  flavis,  posticis  apice  rufis;  larsis  ferrugineo- 
flavis.  Abdomen  segmento  \  rufo  basi  nigra ,  apice  flavo; 
2  flavo  basi  rufa;  5  fascia  basali  abbreviala  nigra f  infra 
fasciam  rufescenle,  apice  late  flavo;  4  rufo  fascia  basali 
nigra  ulrinque  atlenuata ;  5  rufo  (caeteris  scgmentis  dcfi- 
cientibus).  —  Caetera  sicut  in  specimine  jam  in  nostro 
Tenlamine  descripto. 

APP.    BULL.   1853-1854.  7 


(92) 

18.  AMBLYTELES  ANTENNATORIUS  9  o*. 
Tentam.  130.  26.  —  Mantis.  63. 
Var.  1.  $:  Co/ore  ru/b  in  flavum  commutato.  =  6  f  li.  1  femina. 

Voici  la  description  de  cette  remarquable  variele  : 
Caput  ore  fulvo;  puucto  orbitali  juxta  antennas,  linea- 
que  orbitali  in  fronle,  ttavis.  Antennae  articulo  1  subtus 
rufo,  8-16  flavis.  Thorax  colli  margine  su'pero,  lineola  ante 
alas  aliaqne  infra  alas,  lineolaque  in  post  sen  tello,  flavis. 
Scutellum  flavum.  Alae  flavescenti-hyalinae,  stigmate  el 
radice  rufis,  squamula  rnfa  puncto  flavo.  Pedes  flavofulvi, 
coxis  et  trochanleribus  nigris,  illaruin  posticis  superue 
macula  flava.  Abdomen  petiolo  nigro,  postpetiolo  rufo 
latera  versus  flavicante;  segmerito  2  flavo  basi  ferruginea ; 
5  flavo  basi  nigra;  4  nigro,  apice  flavo-nigroque-rnacu- 
loso;  5  nigro,  apice  fulvescente;  G  et  7  fnlvis. 

Cetle  femellc  qui,  en  revetant  la  robe  jaune  du  male, 
est  devenue,  sous  ce  rapport,  une  virago,  m'a  eteenvoyee 
par  M.  Sichel ,  comme  venant  de  Montpellior.  Sa  forte 
taille  n'a  rien  qui  doive  etonner,  car,  dans  des  envois  de 
M.  Sicbel ,  j'ai  aussi  trouve  des  males,  venant  de  M.  Pas- 
serini  de  Florence,  et  qui  etaient  notablement  plus  grands 
que  ceux  de  1'Europe  temperee  et  boreale. 

19.  AMBLYTELES  LITIGIOSUS  $  a*. 
Ichneumon  culpatorius.  Grav.  I.  515.  215. 

Parmi  lesauteurs  mentionnes  par  M.  Gravenhorst,  dans 
la  synonymic  de  son  I.  culpatorius  9  et  dans  la  note  placee 
a  la  suite,  un  seul  pouvait  jeler  quelque  jour  sur  la  ques- 


(93) 

lion  desavoirquelleespeced'Ichneumon  avail  ele  designee, 
par  ses  devanciers,  sous  le  nom  de  culpatorius :  eel  auteur  , 
c'cst  Trentepohl,qui  avail  soigneusemenl  decrit  I'/,  culpa- 
torius  d'apres  les  individus  conserves  dans  la  collection  de 
Fabricius.  Commenl  done  se  fail-il  que  M.  Gravenhorsl, 
qui  cite  Trentepohl,  sernble  ne  pas  avoir  lenu  compte  de 
sa  description?  C'est  ce  que  j'ignore,  mais  c'est  ce  donl  il 
esl  facile  de  s'assurer  en  comparanl  entre  eux  certains 
poinls  des  deux  descriptions : 


TRENTEPOHL. 
1"  Caput  tolum  nigrum. 

2°  Antennae  porreetae. 

o"  Scutellum  album. 

4"  Pcdes  coxis  et  trochanleribus 
atris;  antici  femoribus  nigris  apice 
obscure  ferrugineis ,  tibiis  et  tarsis 
obscure  ferrugineis  externo  latere  ni- 
gris;  pedes  posteriores  toti  nigro- 
fusci. 

5°  Alae  stigmate  testaceo,  nervis- 
que  omnibus  fuscis. 

6°  Abdomen  segmento  2  et  5  ob- 
scure ferrugineo,  reliquis  immacula- 
lis  atris. 


GRAVENHORST. 

1°  Caput  plerumque  orbitis  internis 
oculorum  et  partibus  oris  ferrugineis. 

2°  Antennae  apice  convolutae. 

o°  Scutellum  flavum. 

4°  Pedes  coxis  et  trochanteribus 
nigris;  femoribus  posticis  nigris,  an- 
terioribus  vel  rufis  externe  macula 
basali  nigra,  vel  nigris  apice  ferru- 
gineo; tibiis  flavicantibus  aut  rufes- 
centibus,  posticis  apice  ferrugineo  aut 
nigro;  tarsis  flavicantibus  aut  rufis. 

5°  Alae  radio  stigmate  radice  et 
squamula  fulvis  aut  ferrugineis. 

0°  Abdomen  segmentis  2  et  3  fer- 
rugineis aut  rufis,  margine  et  basi 
tenuissime  fuscescentibus  aut  m'- 
gris,  etc. 


Pour  bien  apprecier  loute  la  poriee  des  differences  qu'il 
y  a  entre  la  description  de  Trentepohl  el  celle  de  M.  Gra- 
venhorst,  il  importe  d'etre  familiarise  avec  la  signification 
de  leurs  expressions.  Ainsi,  ce  que  M.  Gravenhorsl  appelle 
antennae  convolutae,  c'esl,  dans  la  nomenclature  de  Trente- 
pohl, antennae  curvalae,  com  me  on  peut  s'en  convaincre 
par  ses  descriptions  des  /.  grossorius,  extensorius,  sarcito- 


(94) 

rms,  etc.;  ct,  dans  tons  les  cas  oil  les  antennes  ne sont  pas 
contournees ,  Trentepohl  les  qtialifie  de  antennae porrectac, 
sans  indiquer  si,  vers  1'extremite,  elles  sont  plus  ou  moins 
arquees :  par  example,  dans  sa  description  de  I'/,  flavato- 
rius,  il  dit  que  le  male  a  des  antennae  porreclae,  et  plus 
loin  il  dit  egalement  de  la  femelle  (sa  var.  c)  qu'elle  a  des 
antennae  porreclae.  bien  que,  dans  ce  dernier  cas,  les  an- 
tennes soient  arquees  a  1'extremite;  tandis  que,  dans  la 
meme  circonstance,  M.  Gravenhorst,  apres  avoir  dit  que 
les  antennes  du  male  sont  porrectae,  a  soin  d'ajouter,  pour 
la  femelle,  apice  curvalae.  De  ce  qui  precede,  il  resulte  : 
1°  que  1'expression  antennae  curvatae  a,  pour  chacun  de  ces 
auteurs,  une  signification  toute  differente;  2°  que  1'expres- 
sion antennae  porrectae,  de  la  part  de  Trentepohl,  peut 
s'appliquer  a  des  femelles  aussi  bien  qu'a  des  males;  5°  que 
si,  dans  une  espece  quelconque,  les  femelles  ont  des  an- 
tennes appelees  convolutae  par  M.  Gravenhorst,  il  serait 
de'raisonnable  de  supposer  que  Trentepohl  les  ait  qualifiers 
deporrectae;4V]u'onpeut  done  regardercommecertain  que 
17.  culpatorius  Fab.,  decrit  par  Trentepohl,  et  17.  culpato- 
rius  Grav.  different  specifiquement  1'un  de  1'autre. 

Quant  aux  differences  de  coloration  entre  17.  culpato- 
rius $  decrit  par  M.  Gravenhorst  et  celui  decrit  par  Trente- 
pohl, il  suffit,  pour  en  comprendre  loutel'elendue,  de  Jeter 
les  yeux  sur  le  tableau  comparatif  que  j'en  ai  trace  plus 
haut.  Je  me  bornerai  a  faire  remarquer  que  trois  des  carac- 
teres  les  plus  saillants  el  les  plus  constants  de  17.  culpato- 
rius 9  Grav.,  c'esl,  1°  d'avoir  1'ecusson  jaune;  2°  d'avoir 
tous  les  tarses  en  entier  d'un  fauve  jaunatre;  5°  d'avoir  la 
deuxieme  intersection  de  1'abdomen  noir  on  noiratrc.  Or, 
aucun  de  ces  trois  caracteres  n'existe  chez  17.  culpatorius 
decrit  par  Trentepohl. 


(95) 

II  est  peu  probable  que  17.  culpatorius  Fab.  dontTrente- 
pohl  a  vu  trois  individus  dans  la  collection  de  Kiel,  soil 
une  espece  tellement  rare  qu'elle  n'aurait  jamais  ete  re- 
trouvee,  ni  par  M.  Gravenhorst,  ni  par  moi,  ni  par  aucun 
de  nos  correspondants.  Or,  dans  toute  la  huitieme  section 
des  Ichneumons  de  M.  Gravenhorst,  il  n'y  a  pas  un  seul 
male,  a  antennes  annelees  de  blanc,  qui  ressemble  le 
moins  du  monde  a  17.  culpatorius  Fab. ;  d'ou  il  est  permis 
de  conclure  que  cet  Ichneumon  doit  elre  une  femelle,  et 
une  femelle  a  abdomen  obtus  au  bout;  de  sorte  que,  la 
tariere  n'etant  pas  saillante,  Trentepohl  a  conc,u,  a  1'egard 
de  son  sexe,  le  doute  qu'il  exprime  dans  son  Adnotatio, 
p.  117. 

Parmiles  femelles  a  abdomen  obtus,  decrites  par  M.  Gra- 
venhorst dans  sa  huitieme  section,  quelles  sont  celles  qui 
sembleraient  avoir  del'analogie  avec  17.  culpatorius  Fab.? 
II  n'y  a ,  je  pense,  que  les  /.  divisorius,  nitens  var.  1,  mes- 
sorius,  et  alticola  var.  1.  Quant  aux  trois  premieres  de  ces 
espcces,  chez  les  nombreux  individus  que  j'ai  examines, 
j'ai  toujours  vu  les  jambes  de  la  premiere  paire  blancha- 
tres  on  d'un  blanc  jaunatre  au  cote  anterieur,  au  lieu  d'etre 
d'unfauve  obscur  suivant  la  description  de  Trentepohl;  de 
plus,  17.  divisorius  $  a  une  lineole  blanche  au  milieu  des 
jambes  de  derriere,  et  17.  nitens  a  le  stigmate  des  ailes 
noir.  Parmi  les  7.  messorius  9,  certains  individus  de  ma 
var.  \  (Tentam.  154.  51.)  ont,  il  est  vrai,  unegrande  res- 
semblance  avec  17.  culpatorius  Fab.,  par  leurs  quatre  pieds 
posterieurs  entierement  noirs;  mais  je  le  repete,  les  jam- 
bes de  la  premiere  paire  sont  autrement  colorees.  Enfin, 
resle  17.  alticola  9  dont  les  deux  jambes  anterieures  sont 
d'un  fauve  plus  ou  moins  obscur  en  avanl,  et  dont  les  qua- 
tre pieds  posterieurs  sont,  ou  entierement  noirs,  ou  ont 


(  96  ) 

les  jambes  en  partie  d'un  fauve  obscur  vers  la  base :  c'esl 
done  avec  celte  espece  (var.  t)  que  17.  culpatorius  Fab. 
paraitrait  avoir  le  plus  d'analogie. 

M.  Gravenhorst  a  eu  en  sa  possession  un  assez  grand 
nombre  de  femelles  de  son  /.  culpatorius,  et  il  a  aussi  de- 
crit  beaucoup  de  males  >  de  diverses  varietes.  Je  ne  puis 
cependant  m'empecher  de  conserver  les  doutes  les  plus 
graves  a  1'egard  de  1'identite  specifique  de  ces  males,  et 
void  pourquoi  :  les  femelles  ayant  1'ecusson  jaune,  il 
semble  difficile  d'admettre  que  les  males  aient  1'ecusson 
d'un  blanc  jaunatre  ou  blanc,  comme  1'indique  M.  Gra- 
venhorst; car  je  n'ai  jamais  rencontre  un  soul  exemple 
d'une  pareille  difference  de  coloration  entre  les  deux  sexes 
d'aucune  espece  cl'Ichneumon,  bien  que  le  conlraire  ait 
lieu  quelquefois,  c'est-a-dire  qu'il  y  a  des  femelles  a  ecus- 
son  blanc  dont  les  males  out  1'ecusson  jaune  ou  jaunatre. 

II  y  a  cerlainement  une  bien  grande  analogic  de  formes 
et  de  coloration  enlre  17.  culpatorius  9  Grav.  et  17.  an- 
tennatorius  9,  el  cela  est  si  vrai  que  M.  Gravenhorst  lui- 
meme  les  a  places  i'un  a  cote  de  1'autre.  II  serait  fort  sin- 
gulier  que  cette  analogic  de  caracteres  ne  se  reproduisit 
pas  egalemenl  entre  les  males  de  ces  deux  especes,  et  je 
me  crois  tres-fonde  a  croire  le  contraire;  de  sorte  que 
17.  antennatorius  9  ayant  un  male  a  face  et  ecusson  jatines 
et  abdomen  en  partie  jaune  (/.  equitatomis  Grav.),  je 
regarde  comme  tres-probable  que  le  male  de  17.  culpato- 
rius Grav.  doit  eire  colore  d'une  maniere  analogue.  Tel  les 
sont  les  considerations  qui  m'ont  guide  dans  la  recherche 
de  ce  male,  sans  que  je  pretende  etre  arrive  a  un  resultat 
exempt  d'incertitude. 

Apres  avoir  prouve  que  17.  culpatorius  Fab.  appartient 
a  une  autre  espece  que  17.  culpatorius  9  Grav.,  je  me  vois, 


(97  ) 

bien  a  regret,  oblige  de  dormer  a  celui-ci  mi  aulre  nom, 
el  je  le  nornrnerai  litiyiosus,  en  le  plac.ant  provisoirement 
parmi  mes  Ambly teles,  parce  que  son  abdomen  est  un  pen 
obtus  au  bout;  de  plus,  afin  que  Ton  puisse  juger  si,  lout 
en  faisant  celte  critique,  j'ai  eu  reellement  sous  les  yeux 
17.  culpatorius  $  Grav.,  j'en  donnerai  la  description  d'apres 
mes  exemplaires,  et  j'y  ajouterai  celle  des  males  qui  me 
semblent  lui  appartenir: 

AMBLYTELES  LITIGIOSUS  9  :  Scutello  flavo;  segmentis  2  et  3  rufts, 
incisura  secunda  fusca;  tarsis  tolls  tibiisque  fulvis,  harum 
posticis  apice  nigris;  antennis  involutes  albo-annulatis.  = 
4  J-5  11.  —  1.  CULPATORIUS  $  Grav.  I.  513.  215.  —  2  feminae. 

Gaput  orbitis  facialibus  et  frontalibus  rufis.  Antennae 
arliculo  1  subtus  rufo  aut  castaneo,  8-15  albis  subtus  fla- 
vicanlibus.  Thorax  inlerdum  colii  marline  supero  rufo. 
Scutellum  flavum.  Alae  subhyalinae,  sligmate  squamula 
et  radice  fulvis.  Pedes  femoribus  anterioribus  rufis,  postice 
basi  nigris;  libiis  larsisque  omnibus  fulvis,  illarum  pos- 
licis  apice  nigris.  Abdomen  segmeiito  2  rufo,  inlerdum 
puncto  in  gastrocoelis  margineque  apicali  summo  fuscis; 
5  rufo,  basi  surnma  nigra,  interdum  summo  apice  fusco; 
4  margine  lateral!  rufo;  5-7  nigris,  7  interdum  dorso 
obscure  rufo. 

?  AMBLYTELES  LITIGIOSUS  o*  :  Scutello  et  facie  flavis ;  segm,entis 
2  ct  3  flavis,  incisura  nigra;  tibiis  tarsisque  flavis,  illarum 
posticis  plerumque  apice  nigris.  =  G  li.  —  5  mares. 

Caput  palpis  flavis;  mandibulis  flavis,  basi  apiceque 
nigris;  clypeo  flavo,  margine  apicali  interdum  nigro;  facie 


(98  ) 

llava,  interdum  macula  media  nigra,  vel  puncto  medio 
punctisquc  tribus  infra  antennas  nigris.  Antennae  nigrae, 
articulo  1  subtus  llavo.  Thorax  lineola  aut  punctis  dnobus 
in  margine  supero  colli,  lineola  ante  alas  (interdum  sub- 
obsoleta),  lineola  infra  alas,  et  plerumque  lineola  infra 
scutellum,  flavis.  Scutellum  ilavum.  Alae  subhyalinae, 
sligmale  fulvo,  squamula  llava  interne  nigra  vel  lota  nigra, 
radice  flava  tola  vel  interne  nigra.  Pedes  coxis  et  trochan- 
leribus  nigris,  coxis  anlicis  subtus  interdum  puncto  flavo; 
femoribus  nigris,  anteriorum  latere  antico  toto  tlavo  vel 
basi  nigro,  latere  postico  apice  flavo,  posticorum  geniculo 
interdum  flavo;  libiis  flavis,  posticarum  apice  plerumque 
nigro ;  tarsis  flavis,  posticorum  articulis  apice  summo  in- 
terdum fusco.  Abdomen  segmento  1  vel  toto  nigro ,  vel 
puncto  flavo  in  utroque  angulo  apicali ;  2  flavo ,  basi 
summa  fusca  vel  gastrocoelis  cum  spatio  interjacente  ni- 
gris. margine  apicali  summo  nigro;  5  flavo  basi  summa 
nigra  aut  fusca,  et  plerumque  margine  apicali  summo 
toto  vel  medio  nigro;  4  nigro,  angulis  baseos  vel  lateribus 
totis  flavis,  dorso  interdum  irregulariter  flavo-punctato ; 
5-7  nigris;  valvulis  genitalibus  interdum  margine  flavi- 
cante. 

Remarques.  —  Quoique  la  description  de  17.  culpato- 
rius  $  Grav.  paraisse  generalement  applicable  a  mon 
A.  litigiosus  $  ,  je  dois  cependant  faire  remarquer  que  ce 
dernier  n'a  pas  aux  ailes  cette  teinte  jaunatre  qui  est  indi- 
quee  par  1'expression  :  silaceo-fuscescenti-hyalinae  (p.  514, 
Grav.). 

Mon  A.  litigiosus  cf  est  certainement  bien  different  de 
17.  luctatorius  o*;  mais  il  a  neanmoins  avec  celui-ci  et 
d'autrcs  males  d'especes  voisines,  une  si  grande  analogic 
de  coloration,  qu'on  pourrait  facilement  les  confondre. 


(99) 

La  difference  la  plus  appreciable  me  semble  consister  dans 
la  forme  du  2me  segment  de  1'abdomen  qui ,  chez  17.  lucta- 
lorius  o%  est  assez  fortement  re'treci  vers  la  base,  et  dont 
les  gastroceles  sont,  chacun ,  aussi  large  que  leur  inter- 
valle  commun;  landis  que,  chez  \'A.  litigiosus  o",  le  2me  seg- 
ment esl  a  peu  pres  aussi  large  a  la  base  que  dans  le  reste 
de  son  etendue,  et  que  les  gaslroceles  sont  tout  a  la  fois 
plus  etroils  et  separes  par  un  plus  large  intervalle.  Sous 
le  rapport  de  ce  2me  segment,  on  peut  assez  exactement 
comparer  ce  male  a  celui  de  YA.  palliatorius. 

L7.  culpatorius  o*  Grav.  (genuinus)  me  semble  etre 
identiquement  le  meme  que  mon  /.  gracilentus  a*  (Tentam. 
55.  49.  —  Mantis.  25.  var.  5),  qui  a  aussi  la  face  et  1'ecus- 
son  d'un  blanc  jaunatre.  Quant  aux  nombreuses  varietes 
decrites  par  M.  Gravenhorst,  il  ne  serait  pas  etonnant 
qu'elles  conlinssent  un  melange  de  males  apparlenant  a 
diverses  especes  de  sa  5me  section,  et  dont  les  femellesont 
des  laches  blanches  au  bout  de  rabdomen. 


5.  TRICHROMI. 

20.  AMBLYTELES  GLAUCATORIUS  o*  $. 
Tentam.  122.  15. 

Var.  1  :  Scutello  toto  nigro.  =  4  |  li.  —  Grav.  I.  433.  170. 

Var.  1.  —  1  femina. 
Var.  2.  d* :  Segmentorum  2-7  margine  apicali  latera  versus  albo. 

=  6  li.  —  1  mas. 
Var.  3.  5  :  Segmento  7  toto  nigro.  —  1  femina. 

Varietales  1  et  2  a  D°Sichel,  e  Parisiis ,  accepi. 

Mas  var.  2  a  plerisque  aliis  maribus  differt  praeterea 


(100) 

macula  mandibularum  alba,  antennarum  articulo  1  sub- 
tus  albo,  alarum  squamula  et  radicepuncto  albo. 

21.  AMBLYTELES  PALLIDICORNIS  d*  $. 
Tentam.  121.  13. 

Cette  espece  n'esl  pas  bien  rare  aux  environs de  Bruxelles. 
Les  deux  sexes  out  quelquefois  les  cuisses  de  derriere 
noires  vers  le  bout.  Une  temelle  dont  le  5e  segment  abdo- 
minal est  entierement  noir,  m'esl  sortie  de  la  cbrysalide 
d'une  noctuelite,  an  mois  de  mai  1846. 

22.  AMBLYTELES  VADATORIUS  o*  $. 
Tentam.  122.  14. 

25.  AMBLYTELES  OCCISORIUS  a*  $. 
Tentam.  122.  16.  —  Mantis.  59.—  Adnot.  8. 

Les  males  genuini  out  tres-rarement  les  segments  2  et 
5  de  I'abdomen  entieremeiil  jaunes;  j'en  ai  re^u  un  de 
M.  Sichel  qui  presentececaractere. 

24.  AMBLYTELES  GRAVENHORSTII  d*  9. 

Tentam.  127.  21.  —  Mantis.  60. 

Var.  5.  a* :  Segmento  4  toto  nigro.  —  ?  I.  CYLINDRICUS  a*  Grav. 

321.  117.  —  1  mas. 
Var.  4.  o*  :  Segmentis  2  et  3  flams,  macula  media  nigra.  =  5  f  li. 

—  1  mas. 

Chez  la  var.  5,  le  5me  segment  a  un  petit  point  blanc 
apical,  presque  efface  :  a  cette  legere  difference  pres,  ce 


(101  ) 

male  cst  parfaitement  conforme  a  la  description  de  17. 
cyiindricus  Grav. 

Le  male  de  la  var.  4  me  semble  si  remarquable,  que 
je  crois  necessairede  le  decrire  completement  :  Caput  ore 
clypeo  et  facie  tlavis ,  hujus  margine  summo  infra  an- 
tennas nigro.  Antennae  articulp  1  subtus  flavo.  Thorax 
puncto  ante  alas  et  lineola  infra  alas  flavis.  Scutellum 
ilavum.  Alae  subsilaceo-hyalinae,  stigmaie  fulvo,  radice 
et  squamula  flavis,  hac  postice  nigra.  Pedes  femoribus 
anterioribus flavis,  intermediorum  basi  nigra;  libiis  flavis, 
posticarum  apice  nigro;  tarsis  anterioribus  et  posticorum 
basi  flavis.  Abdomen  segmento  2  flavo,  ante  apicem  ma- 
cula magna  rotundata  nigra  ,  hujusque  ad  utrumque  latus 
puncto  fusco;  segmento  5  flavo,  in  medio  baseos  lineola 
transversali  bipartita ,  in  dorso  medio  macula  magna  sub- 
irregulari,  hujusque  ad  ulrumque  latus  macula  contigua 
parva,  nigris;  segmentis  4-6  puncto  apical! ,  7  macula 
dorsali,  albis.  —  Hab.  in  Gallia. 

Remarque.  --  Dans  mon  Tentamen,  page  113,  j'ai  eu 
tort  de  ranger  \'A.  Gravenhorstii  parmi  les  especes  dont 
les  males  out  le  8me  segment  ventral  ac;  mine  :  en  realite, 
I'extremite  de  ce  segment  esi  seulement  aigue.  A  la  meme 
page ,  il  existe  une  erreur  analogue  a  regard  de  YA.  arnpu- 
talorius. 

25.  AMBLYTELES  NEGATORIUS  0*9. 
Tentam.  135.  29.  —  Mantis.  66. 


102  ) 


4.  NOTHOCHROMI. 
26.  AMBLYTELES  UNIGUTTATUS  9  o*. 

Tentam.  124.  d8.  —  Mantis.  60. 

La  var.  5«»  $,  telle  que  je  1'avais  indiquee  dans  ma  Man- 
tissa, doit  etre  supprimee,  et  remplacee  de  la  maniere 
suivante : 

Var.  ob.  $>  :  Segmentis  6  et  7  margine  apicali  media  albis.  — 
5  |  li.  —  I.  ATRIPES  Grav.  I.  309.  108.  —  \  femina. 

Var.  5C.  $  :  Segmentis  5-7  margine  apicali  albis.  =  5 1-6  li.  — 
2  feminae. 

La  premiere  de  ces  varietes  est  parfailement  con  forme 
a  la  description  de  17.  alripes  Grav.,  mais  elle  a  un  point 
fauve  aux  orbites  du  vertex,  et,  au  lieu  d'une  longue  ligne 
transversale  blanche  sur  le  bord  des  segments  6  et  7,  elle 
n'a  sur  chacun  d'eux  qu'une  lineole  blanche  tres-courte; 
1'ecusson  est  blanc  avec  la  base  et  l'extremite  noires, 
comme  chez  les  autres  A.  uniguttatus  $. 

La  derniere  variete  a  sur  rextremile  des  segments  5-7 
une  ligne  Iransversale  blanche  qui  n'alteint  pas  les  bords 
lateraux.  L'une  de  ces  femelles  a  les  articles  11-14  des  an- 
tennes  d'un  fauve  obscur  en  dessous,  et  elle  n'a  pas  de  point 
blanc  sous  Torigine  des  ailes;  chez  1'autre,  ce  point  blanc 
existe,  et  les  antennes  sont  toutes  noires.  Toutes  deux  ont 
1'e'cusson  entierement  blanc.  Pour  le  reste,  elles  ne  dif- 
ferent pas  des  autres  A.  uniguttatus  $. 

Parmi  les  femelles  de  1M  uniguttatus ,  soit  genuinae,  soit 
de  la  plupart  des  varietes,  il  se  rencontre  des  individus  qui 


(  103) 

out  les  segments  2  et  5  de  1'abdomen  fauves,  et  d'autres 
qui  les  ont  roussalres :  dans  ce  dernier  cas ,  il  y  a  sou- 
vent  quelques  nebulosites  noiratres  plus  ou  moins  dis- 
linctes. 

Dans  ma  Mantissa,  p.  66,  j'ai  dit  que  M.  de  Fonscolombe 
m'avait  envoye,  sous  le  nom  de  /.  fumigator,  une  femelle 
constituant  une  variele  fort  remarquable  de  YA.  negatorius. 
Tout  recemment,  j'ai  regu  deM.  Sichel  une  aulre  femelle, 
provenan  t  egalement  de  la  collection  de  M.  de  Fonscolombe, 
et  portant  aussi  le  nom  de  /.  fumigaior  :  cette  derniere 
est,  sous  tous  les  rapports,  un  A.  uniguttalus  $  de  ma 
var.  2  (Tentam.  p.  124). 

Au  nombre  des  Ichneumonides  que  j'ai  rec.us  de 
M.  Tischbein,  de  Herrslein,  j'ai  trouve  un  Amblyteles  male, 
que  sa  singuliere  coloration  m'avait  d'abord  fait  regarder 
comme  une  espece  nouvelle,  mais  qu'un  examen  appro- 
fondi  m'a  fait  reconnaitre  pour  une  simple  variete  de 
VA.  uniguttalus  o*.  Je  vais  en  donner  la  description ,  en 
continuant  la  serie  des  varietes  deja  enumerees  dans  mon 
Tentamen  : 

Var.  9.  o* :  Abdomine  nigro,  scgmentis  1-5  margim  apicali  cbo- 
rino.  —  ?I.  PRATENSIS  Grav.  I.  212-62.  =  6  li.  —  1  mas. 

Caput  cum  antennis  nigrum.  Thorax  colli  marginesu- 
pero,  linea  longa  ante  alas,  lineola  infra  alas,  lineolaque 
infra  scutellum,  albis.  Scutellum  album.  Alae  subfumalo- 
hyaliriae,  stigmale  rufo,  squamula  et  radice  albis,  hac 
interne  fusca.  Pedes  nigri,  coxis  anterioribus  externe, 
posticis  superne,  albo-maculatis;  lemoribus  anterioribus 
antice  et  apice  rufis,  femoribus  posticis  vesligio  liturae 
pallidae  ante  summum  apicern  anlicum;  tibiis  fulvo-stra- 
mineis,  posticis  apicem  versus  late  fuscis;  tarsis  anticis 


(  104  ) 

fnlvo-stramineis.  Abdomen  nigrum,  segmento  1  margine 
apicali  medio  eborino;  2  basin  versus  ad  piceum  vergente, 
margine  apicali  eborino ;  5  margine  apicali  eborino;  4  el  5 
margine  apicali  eborino,  in  medio  nigro. 

Remarques.  —  Les  laches  des  handles,  ainsi  que  les 
bordures  des  segments  de  1'abdomen,  ne  sont  pas  d'un 
blanc  pur,  mais  Ires-legeremenl  leinles  de  jaunatre.  La 
disposition  de  ces  couleurs  donne  a  ce  male  une  grande 
analogie  avec  ma  var.  6  o* ;  d'un  aulre  cote,  si  les  handles 
n'avaient  pas  de  laches  blanches,  et  s'il  y  en  avail  une  sur 
le  dernier  annean  de  1'abdomen,  il  serait  presque  sembla- 
ble  a  ma  var.  10  o*  (/.  praedator  Fonscol.).  Enfin,  je  dois 
aussi  attirer  I'atlenlion  sur  ce  leger  vestige  d'une  tache 
pale  a  1'extremite  des  cuisses  de  derriere,  caractere  qui  se 
retrouve,  mais  plus  prononce,  chez  les/.  flavolimbatus  et 
conspurcatus  Grav.,  et  qui  se  reproduil,  sous  forme  d'un 
poinl  blanc,  chez  les  /.  Duponchelii  et  nigripes  Fonscol. 

En  examinant  les  Ichneumons  de  M.  de  Fonscolornbe, 
qui  m'ont  ete  con  lies  par  la  Societe  Entomologique  de 
France,  j'ai  trouve  un  exernplaire  de  son  /.  praedator,  et 
un  autre  de  son  /.  ignotus,  etiquetes  de  sa  main.  Apres  mur 
examen,  je  ne  puis  voir,  dans  le  premier  de  ces  Ichneu- 
mons, qu'utie  variele  de  YA.  unigullatus  o*.  Je  vais  d'ail- 
leurs  donner  la  description  de  1'individu  que  j'ai  sous  les 
yeux  : 

(A.  UNIGUTTATUS)  Var.  10.  o*  :  Abdomine  nigro,  segmento  2  antice 
rufo;  2-6  margine  apicali,  7  macula,  albis.  =  6  li.  —  I.  PRAE- 
DATOR Fonscol.  n°  20.  —  ?  I.  QUADRICINGULATUS  Grav.  1.  297. 
102.  —  1  mas. 

Capul  mandibularum  medio  rufo.  Antennae  nigrae. Tho- 
rax colli  margine supero,  iinea  longa  ante  alas,  el  lineola 


(  105  ) 

infra  alas,  albis.  Scutellum  album.  Alae  stigmale  rufo, 
squamula  el  radice  albis  interne  fuscis.  Pedes  nigri,  anti- 
corum  femoribus  apice  et  libiis  sublus  rufoslramineis. 
Abdomen  segmento  1  margine  apicali  medium  versus  rufo, 
et  in  ipso  medio  puncto  albo;  2  rufo,  plaga  niagna  dorsali 
subapicali  fusca,  lateribus  anguste  fuscis,  margine  apicali 
albido;  3  margine  summo  apicali  albido;  4  et  5  margine 
apicali  sinislro  punctis  minutisalbidis  (li neae  a Ibidae  ves- 
tigia simulaniibus) ;  6  margine  aj)icali  medio  albido; 
7  macula  rotundata  sublransversa  alba. 
Hab.  in  Provincia. 

Remarque. —  II  exisle  chez  le  male  que  je  viens  de  de- 
crire,  quelques  legers  defauts  de  symetrie  dans  la  coloration 
des  segments  5-5  de  Tabdomen,  de  sorte  que  leur  moitie 
gauche  reproduit  Ics  caracteres  de  17.  quadricinyulatus 
mieux  que  la  moitie  droile.  En  effet,  le  noir  du  5me  seg- 
ment passe  au  chalain  sombre  vers  le  milieu  du  bord  late- 
ral gauche,  et  la  fine  bordure  blanchatre  de  son  extremile 
s'iulerroinpt  lout  pres  de  Tangle  apical  gauche,  qui  parait 
ainsi  marque  d'un  point  blanc  isole,  tandis  que,  du  cote 
droit,  cette  bordure  se  continue  sans  interruption  jusqu'a 
Tangle  apical  lui-meme.  Ainsi  la  moitie  gauche  de  ce  seg- 
ment est  noire,  avec  un  vestige  d'une  lache  laterale  fauve, 
et  un  point  blanc  a  Tangle  apical,  ce  qui  est  analogue  a  la 
description  de  M.  Gravenhorst.  Quant  aux  segments  4 et  5, 
les  petits  points  blancs  dont  est  marque  leur  bord  apical 
vers  la  gauche,  sont  aussi  les  indices  de  la  bordure  blanche 
mentiorinee  par  M.  Gravenhorst. 

Get  1.  praedator  de  M.  de  Fonscolombe  prouve  que,  chez 
['A.  uniguttatus ,  s'il  y  a  des  femelles  (var.  5C)  riches  en 
couleur  blanche  sur  les  derniers  anneaux  de  Tabdomen ,  il 
y  a  aussi  des  males  colores  d'une  maniere  analogue. 


(  106  ) 

27.  AMBLYTELES  IGNOTUS  o*. 

Scutcllo  albo-bipuslidato;  segmento  2,  tibiisque  anticis,  rufis; 
thoracc  toto  nigro;  alarum  stigmate  rufo,  squamula  ct  radice 
nigris.  =  5  li.  —  I.  IGNOTUS  Fonscol.  n°  57.  —  ?  I.  UNIGUTTA- 
TUS  a*  var.  —  \  mas. 

Adnot.  —  Melathorax  denticulo  acuto  utrinque  instruc- 
tus,  areola  superomedia  subquadrala.  Postpetiolus  subti- 
liter  aciculalus.  Gastrocoeli  minuti,  spalio  inlerjacente 
piano.  Ventris  segmentum  ultimum  apiceacuminatum. — 
His  characteribus ,  sicut  et  habitu  toto  et  proportione  om- 
nium partition,  cum  A.  uniguttato  0"  congruens;  a  quo 
tantum  recedit  defectu  lineolarum  albarum  juxta  origi- 
nem  alarum,  harumque  squamula  et  radice  totis  nigris. 

Caput  cum  antennis  nigrum.  Thorax  niger.  Scutellum 
pustulis  duabus  subapicalibus  albis.  Alae  subfumato-hya- 
linae,  stigmata  fulvo ,  squamula  et  radice  nigris.  Pedes 
aniici  femoribus  antice  et  apice  rulis,  tibiis  rufis,  tarsis 
subfuscis;  intermedii  tibiis  fuscis  basin  versus  obscure 
rufis;  postici  toti  nigri.  Abdomen  segmento  2  rufo,  mar- 
gine  laterali  e  basi  ad  medium  nigro,  linea  transversali 
subapicali  nigra  in  medio  subdilalata;  5  litura  laterali 
rufa,  margine  apicali  summo  pallido;  4-7  totis  nigris. 

Hab.  in  Gallia  meridionali. 

Remarque.  —  Ce  male  n'est  peut-etre  qu'une  variete  de 
1M.  uniguttatus  o%  chez  laquelle,  en  meme  temps  que  la 
couleur  noire  a  envahi  la  plus  grande  parlie  de  1'ecusson, 
recailletle  et  la  radicule  des  ailes  sont  aussi  devenues 
noires,  et  il  n'y  a  plus  de  ligncs  blanches  pres  de  leur 
origine. 


(107) 

28.  AMBLYTELES  GOEDARTI  9. 
Tentam.  125.  19. 

Apres  avoir  de  nouveau  examine  Pindividu  indiquesous 
ce  nom  dans  mon  Tentamen,  je  snis  reste  convaincu  qu'il 
n'offre  aucun  caractere  de  nature  a  le  fa  ire  separer  de 
YA.  uniguttatus  9,  et  qu'il  doit  prendre  place  dans  ma 
tar.  1  $  de  ce  dernier.  Mon  exemplaire  a  les  segments 
2  et  5  de  1'abdomen  d'un  roussatre  legerement  souille 
d'obscur,  avec  tous  les  bords  un  peu  plus  pales;  M.  Sichel 
m'en  a  envoye  un  autre  ayant  les  memes  segments  d'unc 
teinte  plus  fauve  et  uniforme,  et  les  articles  10-15  des 
antennes  d'un  fauve  obscur  en  dessous. 

29.  AMBLYTELES  CONSPURCATUS  6*. 

Scutcllo,  linea  ante  alas,  sey  mentis  2  et  3  totis,  4  margins  medio 

inlerrupto ,  tibiis  et  latere  interno  /emorum ,  flavis ;  tibiis  pos- 

ticis  apice  niyro  =  7-7  {  li.  —  Grav.  I.  409.  161.  —  3  mares. 

Var.  \ .  o*  '.  Segmenti  o  margine  apicali  latera  versus  flavo.  = 

7  li.  —  1  mas. 
Var.  2.  o*  :  Seymentis  2  el  3  disco  niyro fusco,  4-7  niyris;  femo- 

ribus  poslicis  antice  puncto  subapicali  albo.  =  7  ~  li.  — 

I.  DUPONCHELII  Fonscol.  Ich.  Prov.  Supp.  3.  —  7  -~  li. 
Var.  3.  6*  :  Seymentis  2  et  3  fcrrugineis,  maryinibiis  flavicanti- 

bus;  4-7  niyris;  femoribus  poslicis  sicut  in  var.  2.  = 

6  ~  li.  —  I.  NIGRIPES  Fonscol.  Ich.  Prov.  11°  48.  —  ?I.  FLA- 

VOLIMBATUS  Grav.  I.  516.  113.  —  1  mas. 
?  Var.  4.  o"  :  Seymentis  2  et  3  rufis;  4-7,  pedibusque,  niyris.  = 

6  J-7  f  li.  —  A.  UNIGUTTATUS  var.  8.  Wesm.  Tentam. 

124.  18.  —  I.  NIGRIPES  Grav.  I.  476.  193.  —  Fonscol. 

Ibid.  —  3  mares. 

APP.  BULL.  18U5-1854.  8 


(108) 

Adnot. — Metathorax  dente  utrinque  instructus  et  supra 
utrumque  dentem  emarginatura  parva  insignis;  ejus  areo- 
lae  superae  acute  rnarginatae.  Postpetiolus  aciculatus.  Gas- 
trocoeli  parvi,  intervallo  lato  et  laevi.  Ventris  segmentum 
ultimum  apice  acuminatum.  -  -  His  plerisque  characte- 
ribus,  sicut  et  forma  et  proportione  capitis  antennarum 
pedum  et  spiraculorum  metathoracis,  A.  uniguttato  o* 
aflinis ,  a  quo  abdomine  paulo  laliore  vix  recedere  videtur. 

Abdominis  segmenta  2  et  5 ,  in  nostris  genuinis  mari- 
bus  sicut  in  Gravenhorstianis,  ferrugineo  maculata. 

In  var.  1.  a*,  clypeus  cingulo  basali  flavo;  orbitae  fa- 
ciales  puncto  flavo.  Coxae  anteriores  macula  parva  externa 
flava,  posticae  superne  fere  totae  flavae.  Abdominis  seg- 
menta 2  et  5  fere  tola  flava;  4  fascia  apicali,  in  medio 
attenuata  et  vix  interrupta  ,  flava;  5  margine  apicali  latera 
versus  flavo.  —  Caetera  sicut  in  genuinis. 

In  var.  2  <?,  caput  cum  an  tennis,  thoraxque  cum  scu- 
tello  et  alis,  sicut  in  genuinis,  sed  lineola  alba  ante  alas 
breviore.  Pedes  nigri  fernoribus  anterioribus  e  medio  ad 
apicem  antice  albidis,  postice  macula  apicali  alba;  femo- 
ribus  poslicis  antice  puncto  subapicali  albo;  tibiis  ante- 
rioribus antice  albidis,  anticis  postice  apicem  versus  sor- 
dide  stramineis;  tarsis  anticis  fuscostramineis.  Abdomen 
segmentis  2  et  5  flavis,  plaga  magna  dorsali  irregulari, 
margineque  laterali  undulatim,  nigrofuscis;  4-7  totis 
nigris. 

In  var.  5.  o*,  tibae  posticae  linea  interna  abbreviata  al- 
bida;  segmenta  2  et  5  ferruginea,  margine  laterali  undu- 
lalim  margineque  apicali  ilavicantibus.  —  Caetera  omnia 
sicut  in  var.  2 ,  sed  minor. 

In  var.  4  o%  pedes  nigri ,  anticorum  femoribus  apice, 
tibiisque  ,  antice  stramineis.  Segmenta  2  et  5  rufa,  bujus 


.(  109  ) 

margine  apicali  interdum  llavo.  —  Caelera  sicut  in  var.  2 
et  5. 

Marem  unum  genuinum  a  D°  Chevrier ,  ex  Helvetia ,  ac- 
cepi;  duos  alios,  cum  mare  var.  \  (forsan  e  Gallia  meridio- 
nali  oriundos),  mihi  transmisit  Dus  Sichel;  mares  var.  2 
et  5  mecum  communicavit,  e  suo  musaeo,  Societas  enlo- 
mologica  Galliae,  eorum  nominibus  ab  ipso  Boyer  de 
Fonscolombe  inscriptis. 

Remarques.  —  Parmi  les  males  que  je  viens  de  decrire, 
si  Ton  porte  d'abord  exclusivement  son  attention  surceux 
qui  sont  evidemment  de  meme  espece,  c'est-a-dire  les 
genuini  et  la  var.  \  ,  on  remarquera  que  I'etendue  respec- 
tive des  couleurs  noire  et  jaune  sur  les  pieds  et  sur  1'ab- 
domen ,  y  varie  dans  les  memes  limites  :  ainsi ,  le  male 
var.  \  qui  a  plus  de  jaune  aux  pieds  que  les  genuini,  a  en 
meme  temps  plus  de  jauue  aux  segments  2  et  5 ,  une  bor- 
dure  jaune  plus  etendue  sur  le  4%  et  il  en  a  une  en  outre 
sur  le  5C;  si ,  aucontraire,  la  couleur  noire  domine  davan- 
tage  aux  pieds,  alors  les  taches  disco'idales  ferrugineuses 
des  segments  2  et  5  s'agrandissent,  la  bordure  jaune  du  4e 
est  plus  largement  interrompue,  et  celle  du  oe  disparait. 
D'un  autre  cole,  chez  les  genuini,  quelle  que  soit  I'etendue 
du  noir  sur  les  pieds,  les  cuisses  de  derriere  conservent 
toujours  Pextremite  anterieure  blancbalre. 

Partant  de  ces  considerations,  il  me  semble  facile  de  se 
rendre  compte  des  differences  que  preset) te  la  var.  2,  et 
qui  n'aifectent  d'ailleurs  que  les  pieds  et  I'abdomen.  En 
effet,  la  couleur  noire  ayant  envahi  la  plus  grande  partie 
des  pieds,  le  4e  segment  est  aussi  devenu  lout  noir,  et  les 
taches  disco'idales  des  segments  2  et  5  sont  devenues  som- 
bres,  lout  en  conservant  sur  leurs  bords  les  dentelures  et 
les  sinuosites  normales;  et  de  plus,  quant  aux  pieds,  ils 


(  HO) 

ont  garde  la  note  la  plus  caracteristique  du  mode  de 
coloration  specifique,  car  les  cuisses  de  derriere,  bien  que 
devenues  noires,  ont  line  lache  blanche  pres  de  leur  bout 
anterieur.  —  II  en  est  absolument  de  meme  des  pieds  de 
la  var.  5,  ainsi  que  du  4esegmentde  1'abdomen;  maisici, 
les  couleurs  des  segments  2  et  5,  sans  avoir  change,  ont 
subi  une  modification  par  suite  de  laquelle  la  couleur  ter- 
rugineuse  s'est  etendue  sur  presque  toute  la  surface,  en 
refoulant  le  jaune  sur  les  bords. 

Quant  a  la  var.  4,  indiquee  avec  doute,  elle  comprend  : 
1°  deux  males  absolument  conformes  a  la  description  de 
17.  nigripes  Grav. ,  et  dont  Tun ,  long  de  7  ~  lignes  et  a 
abdomen  aussi  large  que  le  conspurcatus ,  avail  ete  place, 
dans  mon  Tentamen,  egalement  avec  doule,  parmi  les  va- 
rietes  de  YA.  uniguttalus;  1'autre,  venant  de  la  collection 
de  M.  de  Fonscolombe,  long  seulement  de  6  lignes,  et  a 
abdomen  un  peu  moins  large;  2°  un  troisieme  male,  pris 
par  M.  Sichel  aux  environs  de  Paris,  long  de  6  |  lignes, 
et  differant  du  precedent  par  une  etroite  bordure  d'un 
jaune  pale  a  1'exlremite  du  5°  segment.  —  Relativement 
au  premier  de  ces  males,  Texpression  d'une  double  incer- 
titude, de  ma  part,  ne  pent  prouver  qu'une  chose  :  c'est 
que  les  A.  uniyuttatus  et  conspurcatus  se  ressemblent  tel- 
lement  dans  leurs  caracteres  essentiels,  que,  apres  les 
avoir  soigneusement  et  comparativement  examines,  j'en 
suis  venu  a  me  demander  si  ce  ne  sont  pas  deux  races  de 
la  meme  espece,  de  telle  sorie  que  Tune  de  ces  races 
(A.  conspurcatus)  serait  propre  a  TEurope  meridionale, 
tandis  que  1'autre  (^L.  uniguttalus)  en  habiterait  les  par- 
ties centrales. 

Si  ces  deux  Ambly teles  appartiennent  reellement  a  des 
especes  ditferentes,  il  iaut  convenir  qu'il  y  a ,  entre  quel- 


( lii ) 

ques-unes  de  leurs  varietes,  un  parallelisme  de  coloration 
assez  remarquable.  Ainsi,  chez  ma  var.  5  o*  de  YA.  unigul- 
tatus  (Tentam.  124. 18),  les  cuisses  sont  en  partie  noires, 
et,  non-seulement  cetle  couleur  y  est  disposee  comme  chez 
YA.  conspurcatus,  mais,  de  plus,  la  couleur  rousse  devient 
blanchatre  an  bout  anterieur  des  cuisses  de  derriere.  Ma 
var.  6  de  YA.  uniguttatus  a  de  1'analogie,  lout  a  la  fois, 
avec  YA.  conspurcatus  et  avec  sa  var.  1,  puisque,  d'un 
cote,  elle  a  une  tache  pale  sur  les  handles  de  derriere  et 
quelquefois,  en  outre,  un  petit  point  pale  au  cote  exterieur 
des  quatre  premieres  hanches,  el  que,  d'un  autre  cote, 
les  segments  2  et  3  de  son  abdomen  sont  jaunes  vers  les 
bords,  et  I'extremite  du  4e  a  une  bordure  jaune  largement 
interrompue. 

Enfin,  comme  je  1'ai  dit  plus  haul,  les  formes  et  les 
proportions  respeclives,  ainsi  que  la  sculpture,  tant  des 
diverses  regions  du  corps  que  de  ses  appendices,  sont 
idenliquemenl  les  mernes  chez  les  4.  uniguttatus  o*  et  cons- 
purcatus o%  soil  genuini,  soil  varieles;  seulemerit,  chez 
YA.  conspurcatus  (au  moins  les  genuini  et  var.  1),  1'abdo- 
men  semble  etre  un  peu  plus  large;  mais  si  ce  caractere 
avail  ici  une  importance  rigoureusemenl  specifique,  on 
serait  conduit  a  une  etrange  consequence :  il  faudrait  alors 
aussi  regarder  comme  appartenant  a  deux  especes  diffe- 
reriles  les  males  que  j'ai  rapporles  a  17.  nigripes  Grav., 
puisque,  en  verlu  de  la  forme  respeclive  de  leur  abdo- 
men, 1'un  d'eux  serait  analogue  a  YA.  conspurcatus,  les 
aulres  a  YA.  unigutlatus;  et  cependant  ces  trois  males  me 
semblent  evidemment  de  meme  espece. 

Ce  qui  me  semble  surlout  digne  d'allenlion,  ce  sont 
les  deux  /.  nigripes  <?  venant  de  la  collection  de  M.  de 
Fonscolomhe  et,  Tun  comme  1'autre,  des  environs  d'Aix. 


(Ml) 

En  effet,  ils  se  ressemblent  tellement  qu'il  est  impossible 
de  songer  a  les  rapporter  a  deux  especes  differentes;  et 
cependant,  par  la  coloration  des  segments  2  et  5  de  1'ab- 
domen,  ainsi  que  par  le  point  blanc  des  cuisses  de  der- 
riere,  1'un  d'eux  se  rattache  a  17.  Duponchelii  et  par 
consequent  a  17.  conspurcatus  Grav.,  tandis  que  1'autre  a 
tous  les  caracteres  de  17.  nigripes  Grav.  :  oil  done  fixer 
une  limite  specifique  entre  ces  Ichneumons? 

Par  ce  qui  precede,  on  peut  voir,  relalivement  a  la  colo- 
ration de  1'abdomen  et  des  pieds,  quelles  differences 
existent  entre  les  /.  conspurcatus,  flavolimbatus  et  nigripes 
Grav.,  ainsi  que  les  /.  Duponchelii  et  nigripes  Fonscol.; 
main  ten  ant,  voici,  en  resume,  les  caracteres  de  coloration 
qui  leur  sont  communs,  soil  entre  eux ,  soil  avec  \'A.  uni- 
guttatus  d*  .-  Caput  ut  plurimum  totum  nigrum.  Antennae 
totae  nigrae.  Thorax  lineola  infra  alas ,  lineola  vel  linea 
ante  alas,  albis  vel  alboflavis.  Scutellum  album  vel  albo- 
flavum.  Alae  stigmate  rufo  vel  fulvo,  squamula  et  radice 
albis  vel  alboflavis,  hac  puncto  fusco. 

Je  n'ai  parle  jusqu'ici  que  du  male  de  VA.  conspurcatus. 

II  y  a  environ  un  an  que  j'ai  re^u  de  M.  Sichel  deux 
femelles  d'un  Ambly teles,  prises  en  Suisse,  a  Ghamouny,  et 
tellement  semblables  a  YA.  uniguttatus  9  ,  par  leur  colora- 
tion et  leur  conformation,  qn'il  serait  parfaitement  inutile 
de  les  decrire,  mais  un  peu  plus  larges  et  beaucoup  plus 
grandes,  leur  longueur  etant  de  7  ^  lignes.  L'une  d'ellesa 
1'ecusson  noir,  et  un  point  blanc  sur  le  dernier  segment 
de  1'abdomen  ,  de  sorte  qu'elle  est  analogue  a  ma  var.  3  9 
de  l'A.  unigutfalus.  L'autre  a  I'ecusson  blanc,  mais  il  lui 
manque  le  dernier  segment  de  1'abdomen,  de  sorte  qu'on 
ne  peut  savoir  si  ce  segment  avail  un  point  blanc  ou  s'il 
etait  tout  noir,  choso  d'ailleurs  sans  importance,  puisque 


(115) 

la  presence  OH  1'absence  du  point  blanc  peut  seulement 
faire  douter  si  celte  femelle  est  analogue  aux  femelles 
genuinae  de  T.4.  uniguttatus  ou  bien  aux  femelles  de  ma 
var  1.  Personne,  je  pense,  n'a  jamais  pretendu  qu'une 
simple  difference  de  laille  suiu'se  pour  en  conclure  une 
difference  specifique;  de  sorte  queje  ne  puis  voir,  dans  ces 
deux  femelles,  qu'une  race  de  YA.  uniguttatus  9 ,  remar- 
qua^ble  par  sa  forte  taille,  et  tout  a  fait  comparable,  sous 
ce  rapport  comme  sous  tous  les  autres,  a  17.  nigripes  c? 
Grav.  11  resulterait  de  la  que  eel  /.  nigripes  ne  serait,  lui 
aussi,  qu'une  race  on  une  variele  de  YA.  uniguttatus  o*;  et 
comme,  d'apres  mon  opinion  emise  plus  haul,  ce  meme 
/.  nigripes  se  rattache  egalement  de  tres-pres  a  YA.  conspur- 
calus ,  il  s'ensuivrait  iinalement  que  les  A.  conspurcatus 
et  uniguttatus  apparliendraient  peut-etre  a  une  seule  et 
meme  espece. 

Vers  Fepoque  indiquee  plus  haul,  j'ai  encore  rec,u  de 
M.  Sichel  une  autre  femelle,  prise  aux  environs  de  Paris 
et  qui,  bien  que  tres-diffe rente  au  premier  aspecl,  appar- 
lienl  peul-elre  a  YA.  uniguttatus  ou  au  conspurcatus.  Les 
denls  de  son  metathorax  fortement  saillantes  et  1'echan- 
crure  Ires-prononcee  qui  precede  chacuiie  d'elles,  son 
port  robuste  et  sa  grande  taille,  paraissent  cependanl  lui 
donner  plus  d'analogie  avec  YA.  conspurcatus. 

Sans  vouloir  rien  prejuger  quant  a  sa  verilable  nature 
specifique,  el  afin  seulement  de  pouvoir,  au  besoin,  la  desi- 
gner plus  commodernent,  je  la  nommerai  .4.  tnpustulatus ; 
en  voici  la  description  : 

30.  AMBLYTELES  BIPUSTULATUS  $. 

Scutelto  albo-bipustulato ;  alls  fumatohyalinis ,  stigmate  rufo; 
metathorace  bidentato,  antennis  involutis.  =  7  li.  —  \  femina. 


(1U) 

Caput  antennae  et  thorax  nigra.  Scutellum ,  ante  api- 
cem ,  pustulis  duabus  albis.  Alae  fumatohyalinae,  stigmate 
rufo ,  squamula  et  radice  nigris.  Pedes  riigri ,  tibiis  anticis 
subtus  macula  rufa.  Abdomen  nigrurn,  segmenti  2  disco 
i uscocastarieo ;  5  puncto  subobsoleto  castaneo  utrinque 
infra  basin.  =  7  li. 

Cette  femelle  a  1'ecusson  colore  identiquement  com  me 
17.  ignotus  o*  Fonscol.;  elle  a  la  taille  et  le  port  d'un  A. 
conspurcatus ,  tandis  que  ce  male  a  la  taille  et  le  port  d'un 
A.  uniguttatus.  II  me  semble  que  cette  singuliere  confor- 
mite  dans  la  coloration  tout  exceptionnelle  de  1'ecusson 
est  un  puissant  argument  de  plus  en  faveur  de  mon  opi- 
nion sur  I'affinite  specifique  des  A.  uniguttatus  et  conspur- 
catus. 

Dans  1'examen  des  diverses  difficultes  dont  il  vient  d'etre 
question ,  on  voudra  bien  remarquer  que  je  me  suis  borne, 
en  general ,  a  ex  primer  des  doutes,  parce  que ,  ces  difficul- 
tes se  rattachant  a  des  insectes  etrangers  a  la  Beigique, 
je  n'avais  sous  les  yeux  ni  les  mate'riaux,  ni  les  renseigne- 
men  Is  suffisants  pour  emeltre,  a  regard  de  leur  delermi- 
nation  specifique,  nne  opinion  bien  arreteeet  solidement 
etablie.  Mais,  quoi  qu'il  arrive,  el  en  supposantmeme  qu'il 
vienne  a  elre  prouve  plus  lard  que  les  A.  uniguttatus, 
nigripes,  Duponchelii  et  conspurcatus  sont  autant  d'especes 
differenles,  la  discussion  a  laquelle  je  me  suis  livre,  ser- 
vira  toujours  a  etablir  a  I'evidence  qu'elles  doivent  etre 
placees  les  unes  a  la  suite  des  an  Ires,  au  lieu  d'etre  con- 
tusement  e'parpillees,  comme  elles  1'avaient  ete  jusqu'a 
present. 

Dans  le  cours  de  mes  remarques  sur  les  A.  uniguttatus 
et  conspurcatus ,  j'ai  indique  un  certain  nornbre  d'especes 
qui  semblent  avoir  en  Ire  elles  une  grande  affinite.  Pour 


(H5) 

qu'on  puisse  facilement  se  les  rappeler,je  vais  les  pre- 
senter reunies,  sans  vouloir  aucunement  affirmer  qu'elles 
appartienuent  toutes  a  la  meme  espece  : 

A.   tinitjuttatux. 


1.  GOKDARTI  Grav, 
I.  ATRIPBS  Grav. 
I.  FvmcATOR  Grav. 


.  PRATKNSIS  Grav. 
.  SIBILASS  Grav. 
.  MIGRIPBS  Grav. 

.  QUADRICINGCLATUS  (ilRV. 
.  VLAYOLIMBATL'S  Gr.1V. 
.  CONSPURCATCS  Gl'aV. 

.  DCPONCHBUI  Fonscol. 
.  HICRIPBS  Fonscol. 

1.    PRAKDA1 


I.  IGNOTUS  Fonscol. 

I 

51.  AMBLYTELES  LUSITANUS  o\ 

Scutello  albo;  segmento  2  antice  sanguineo;  alis  fuscohyalinis ; 
metathorace  bidentato;  ventris  segmento  ultimo  subacuminato. 
=  7  J-  li.  —  1  mas. 

Paulo  robustior  quam  .4.  compurcatus ,  quocum  caete- 
rum  congruit  sculplura  metathoracis,  formaque  gaslro- 
coelorum  et  segmenti  ultimi  ven trails. 

Caput  cum  antennis  nigrum.  Thorax  niger,  scutello 
albo.  Alae  saturate  fuscohyalinae,  nubecula  nigricante  in 
areola  radiali ,  stigmale  piceo,  squamula  et  radice  nigris. 
Pedes  tibiis  anlicis  anlice  stramiueis.  Abdomen  atrum, 
plane  opucum ,  segmento  2  sanguineo ,  plaga  triangular! 
poslica  nigra. 

Hab.  in  Lusitauia. 

Ce  male  m'a  ele  envoye  par  M.  Sichel,  avec  une  etiquette 
indiquant  Lisbonne  romme  sa  patrie. 


52.  AMBLYTELES  EFFERUS  o*. 

Metalhorace  bispino ;  scutello  albo ;  abdommis  media  castaneo ; 
alarum  stiymate  nigro.  ==  7  li.  —  -I  mas. 

Adnot.  —  Caput  pone  oculos  oblique  angustatnm.  An- 
tennae articulis  flagelli  cylindricis.  Metathorax  punctato- 
scabriculus,  utrinque  vSpina  longa  et  acuta  instructus, 
areola  superomedia  subquadrata.  Abdomen  latiusculum, 
postpetiolo  bicarinato  et  subliliter  aciculato,  gastrocoelis 
parvis  et  spatio  inlerjacente  lato,  ventris  segmento  ullimo 
breviusculo  et  apice  late  rotundato.  Pedes  longi  et  subgra- 
ciles.  —  Forma  el  proportiorie  antennarum,  capitis,  tlio- 
racis,  hujusque  armatura,  A.  fasciatorio  o"  affinis,  sed 
abdomine  Jatiore. 

Mas  :  Caput  orbitis  facialibtis  albis.  Antennae  totae 
nigrae.  Thorax  niger  scutello  albo.  Alae  hyalinae,  stig- 
mate  squamula  et  radice  nervisque  omnibus  riigris.  Pedes 
anteriores  femorum  apice,  tibiis  et  tarsis,  antice  strami- 
neis;  pedes  postici  toti  nigri.  Abdomen  segmentis  2  et  5 
sordide  caslaneis. 

Hab.  in  Gallia  australiori. 

Remarque.  — J'ai  decrit  cetAmbly teles  d'apres  un  indi- 
vidu  donne  a  la  Societe  entomologique  de  France,  par 
M.  de  Fonscolombe,  et  dont  1'eliquelte,  ecrite  de  sa  main, 
porte  :  /.  messorius  Grav.  ?  (Ann.  de  la  Soc.  ent.  de  Fr., 
1847,  p.  411,  n°  60). 

55.  AMBLYTELES  RUBUIVENTBIS  o*  $. 

[a*]  :  Metathora.ee  acute  bidentato ;  abdomine  apicem  versus  cas- 
taneo; orbitis  facialibus  albis;  pedibus  yraciiibus.  == 
5  li.  —  2  mares. 


(Iff) 

[9]  :  Metathorace  subbispino;  abdomine  castaneo  basi  nigra; 
antennis  gracilibus  setaceis  albo-annulatis.  =  5  li.  — 
4  feminae. 

Adnot.  —  Habitus  A.  oratorii.  Caput  pone  oculos  obli- 
que angustatum.  Metathorax  confertim  fortiter  punclatus, 
areola  superomedia  subrectarigulari  et  longiore  quam  la- 
tiore.  Postpetiolus  subtilissime  aciculatus  vel  subscabricu- 
lus.  Gaslrocoeli  parvi ,  spatio  inlerjacerite  lato  nee  rugoso 
nee  aciculato.  —  Ab  A.  meianocastano  differt  forma  ca- 
pitis,  antennis  et  pedibus  longioribus  et  gradlioribus, 
metathorace  acute  bidentato  ejusque  areola  superomedia 
longiore ,  gastrocoelis  minoribus  et  eorum  inlervallo 
absque  rugarum  vesligio,  feminaeque  abdomine  minus 
obtuso. 

Mas:  Caput  palpis,  mandibularum  macula,  orbitisque 
facialibus,  albis.  Antennae  totae  nigrae.  Thorax  puncto 
ante  alas  lineolaque  infra  alas  albis.  Alae  hyalinae,  stig- 
mate  nigro,  squamula  nigra  puncto  albo,  radice  fusca, 
areola  cubitali  2aquinqueangulari.  Pedes  anteriores  femo- 
rum  puncto  apicali  et  tibiis  antice  albis,  tarsis  anticis  plus 
minusve  pallidis;  pedes  postici  toti  nigri.  Abdomen  seg- 
rnentis  1-5  nigriset  opacis;  4  nigro  margine  apicali  casta- 
neo, vel  obscure  castaneo  basi  nigra;  5-7  castaneis,  nili- 
dioribus. 

Femina  :  Caput  cum  ore  lotum  nigrum.  Antennae  apice 
curvatae,  articulis  11-16-17  albis  sublus  nigro-maculatis. 
Thorax  totus  niger.  Alae  hyalinae,  sligmate  squamula  et 
radice  nigris.  Pedes  tibiis  anticis  antice  albis.  Abdomen 
segmenlo  1  nigro;  2-7  castaneis. 

Hab.  in  Suecia,  Germania,  Helvetia,  Gallia. 


(118) 

54.  AMBLYTELRS  USTERSERTOR  P. 
Tentam.  416.  6. 

Le  male  et  la  femeile  que  j'ai  reunis,  dans  mon  Tenta- 
men,  sous  le  nom  de  .4.  speciosus,  appartiennent ,  je  crois, 
a  deux  especes  differentes. 

Le  male,  non-seulernent  n'est  pas  mi  Ambly teles,  mais 
je  ne  pense  meme  pas  qu'il  puisse  etre  place  dans  le  groupe 
de  mes  Ichneumones  amblypygi.  Par  la  petitesse  des  slig- 
mates  du  metathorax,  par  son  ecusson  en  partie  reborde 
sur  les  coles,  et  par  la  forme  de  ses  gastroceles,  il  semble- 
rait  avoir  de  1'analogie  avec  certains  Plalylabus,  mais  il 
s'en  eloigne  par  le  petiole  grele  du  premier  segment  de 
1'abdomen.  Dans  le  doute,  je  le  conserverai  provisoirement 
sous  le  nom  de  Ichneumon  speciosus. 

Dans  la  description  de  ce  male,  j'ai  omis  de  dire  que,  de 
I'inlervalle  des  gaslroceles,  part  une  legere  impression  lon- 
gitudinale  qui  parcourt  a  peu  pres  la  moilie  de  la  longueur 
du  segment.  En  decrivant  la  war.  1  (p.  117)  j'ai  eu  tort 
d'indiquer  le  chaperon  comme  tout  blanc,  car  il  est  eu 
realite  enlierement  circonscrit  par  une  etroite  bordure 
noire.  Jepossede  aujourd'hui  un  second  male  de  cetle  va- 
riele,  chez  lequel  le  point  blanc  de  1'ecusson  est  encore 
plus  petit. 

Quant  a  la  femeile,  bien  que  son  abdomen  soil  un  peu 
obtus  au  bout,  j'ai  peine  a  croire  que  sa  place  naturelle 
soit  parmi  les  Ambly  teles,  parcequ'elle  nesemble  avoir  de 
veritable  analogic  avec  aucune  autre  espece  de  ce  sous- 
genre.  Cependant,  en  attendant  mieux,  je  1'y  laisserai,  et 
je  la  designerai  sous  le  nom  de  Ambly  teles  inlersertor ,  en 
lui  assignant  la  diagnose  suivanle  : 


(  119) 

Abdominis  media  rufo ,  postpetiolo  convexo  non  carinalo, 
gastrocoelis  subobsoletis ;  pedibus  subgracilibus ,  tibiis  ex 
parte  rufis;  antennis  gracilibus  setaceis  alboannulatis.  — 

4  li.  —  A.  SPECIOSUS  9  Wesm.  Tentam.  116.  6.  —  1  fe- 
mina. 

55.  AMBLYTELES  INJUCUNDUS  9. 

Segmentis  i-5  rufis,  postpetiolo  bicarinato;  tibiis  anterior ibus  ct 
posticarum  basi  rufis;  antennis  gracilibus  setaceis  albo-annu- 
latis;  metathorace  subbidentato.  =  4  li.  —  1  femina. 

Adnot.  —  Caput  latitudine  thoracis,  subliliter  confer- 
tissime  punctalum ,  genis  subtumidis  oblique  sublililer 
rugulosis,  clypeo  convexo  nilido  parce  punclato.  Antennae 
apicem  versus  curvatae,  apice  attenualae,  ante  apicem 
compressiusculae.  Thorax  subtiliter  confertim  punctalus, 
scutello  mod  ice  convexo,  immarginato;  metathorax  pos- 
tice  oblique  declivis,  dente  brevi  ulrinque  instruclus, 
spiraculis  breviusculis,  areola  superomedia  subquadrala. 
Abdomen  subdepressum,  postpetiolo  scabriculo  et  bicari- 
nalo,  segmentis  2  et  5  subtiliter  conlerlissime  punclatis 
et  opacis,  2  basin  versus  scabriculo,  gastrocoelis  parvis 
rugulosis  perparum  impressis.  Pedes  subgraciles,longius- 
culi.  Alae  areola  cubilali  2a  quinqueangulari. 

Caput  cum  ore  totum  nigrum.  Antennae  articulo  5 
puncto  interne  albo,  6-12  albis  subtus  fusco-punctalis. 
Thorax  cum  scutello  totus  niger.  Alae  squamula  et  radice 
nigris,  stigmale  sordide  rufo.  Pedes  femoribus  anlicistotis, 
intermediis  apicem  versus,  rufis;  tibiis  anterioribus  tolis, 
posticis  superne  basin  versus,  rufis;  tarsis  anlicis  rufis, 
inlermediis  fuscis,  posticis  nigris.  Abdomen  segmenlis  1- 

5  rufis ,  4  nigro  lateribus  rufis,  5-7  nigris,  6  et  7  margine 
apical  i  summo  albo. 


(  120  ) 

Hab.  in  Suecia.  —  E  musaeo  regio  Holmiano. 
Remarque. — Cette  espece,  par  1'ensemble  de  ses  formes, 
me  parait  appartenir  a  un  autre  groupe  qu'aux  Amblyteles. 


II.  AMBLYTELES  MACROSTICTI. 
5.  LEPTOCERI. 

36.  AMBLYTELES  SPUTATOR  o*  9. 
Tentam.  128.  25.  —  Mantis.  61. 

37.  AMBLYTELES  HAERETICUS. 

Scutello  flavo;  antcnnarum  annulo  albo;  abdomine  subobtuso.  — 
6  li.  —  1  femina. 

Adnot.  -  -  Caput  thorace  paulo  angustius.  Antennae 
subgraciles,  apice  curvatae  et  attenuatae.  Metathoracis 
areola  superomedia  rectangularis,  paulo  latior  quam  lon- 
gior;  spiracula  linearia.  Alarum  areola  cubitalis  2°  late 
quinqueangularis.  Pedes  mediocres.  Abdomen  apice  sub- 
obtusum  (sicut  in  A.  sputatore  $);  postpeliolus  subliliter 
aciculatus;  gastrocoeli  profundi  et  rugosi ,  latitudine  spatii 
interjacentis;  segmenta  2  et  3  subtilissime  et  confertis- 
sime  punclata,  sequentibus  laevibus  et  nitidis. 

Caput  cum  ore  nigrum,  puncto  fulvo  ad  orbitas  in- 
ternas  juxta  basin  anlennarum.  Antennae  arliculis  9-15 
albis.  Thorax  niger.  Scutellum  pallide  flavum.  Alae  sub- 
flavescenli-hyalinae,  stigmate  fulvo,  squamula  et  radice 
nigris.  Pedes  nigri,  femorum  anticorum  apice  antice 


(121) 

stramineo,  postice  rulb,  tibiis  ariticis  antice  stramineis; 
tarsis  anticis  fuscis.  Abdomen  totum  nigrnm. 
Hab.  in  Sabaudia,  teste  0°  Sichel. 

38.  AMBLYTELES  HOMOCERUS  0*9. 

Antennis  gracilibm  setaceis;  metathorace  bidentato;  intervallo 
inter  gastrocoelos  angusto;  alarum  stigmate,  femoribus  libiis- 
que,  rufis.  =  5-6  li.  —  ?  I.  CASTIGATOR  Grav.  I.  i24.  10  (indivi- 
dua  metathorace  bispino).  —  6  mares  et  8  ferainae. 

Adnot.  — Corpus  parum  nitidum;  metathoracis  areola 
superomedia  subquadrata,  interdum  paulo  latior  quam 
longior,  margine  apicali  recto  vel  subarcuato;  postpetio- 
lus  bicarinatus,  subtiliter  aciculatus  vel  rugulosus;  gastro- 
coeli  transverse  sulciformes,  in  media  basi  segment!  ab 
invicem  parum  dislantes;  alarum  areola  cubitalis  2a  quin- 
queangularis.  —  Statura  et  sculptura  A.  sputatoris,  a  quo 
differt  dentibus  longiusculis  et  acutis  metathoracis,  pedi- 
bus  minus  gracilibus,  femoribus  rnfis,  et  antennis  totis 
nigris.  —  Ab  A.  castigatore  et  camelino,  praeter  metatho- 
racis  armaluram,  longe  recedit  gastrocoelorum  forma,  et 
ab  A.  castigalore  insuper  clypeo  longiore,  feminaeque  ab- 
domine  paulo  minus  obtuso. 

(0*9)  :  Caputcum  antennis  totum  nigrum.  Thorax  cum 
scutello  totus  niger.  Alae  sublumato-hyalinae,  sligmate 
ruib,  squamula  et  radice  nigris.  Pedes  coxis  et  trochante- 
ribus  nigris;  femoribus  rufis;  tibiis  rufis,  posticis  apice 
summonigro;  tarsis anlicis  vel  anterioribus  rufis,  posticis 
nigris  lotis  vel  basin  versus  rufescentibus.  Abdomen  totum 
nigrum. 

Hab.  in  Gallia;  a  D°  Sichel  benevolentissime  trans- 
missus. 


(  122  ) 

Remarque.  —  (Test  a  M.  le  docteur  Sichel  quo  je  dois  la 
connaissance  de  cette  espece;  mais  les  individus  qu'il  m'a 
envoyes  de  Paris,  ne  semblent  pas  avoir  etc  pris  aux envi- 
rons de  cette  ville,  et  je  leur  crois  nne  origine  plus  meri- 
dionale. 

Parmi  les  insectes  donnesa  la  Societeentomologiquede 
France ,  par  M.  de  Fonscolombe ,  et  eliqueles  de  sa  main  , 
j'ai  trouve  deux  Ichneumons  ,  male  et  femelle,  portant  le 
nom  de  /.  castigator,  et  qui  appartiennent  a  mon  A.  ho- 
moccrus.  (Ichn.  Provenc.  n°  3.) 

Quant  a  M.  Gravenhorst ,  je  crois  qu'il  a  confondu  avec 
son  /.  castigator  mon  A.  homocerus,  et  que  c'est  a  ce  der- 
nier que  se  rapportent  ces  mots  de  sa  description  :  meta- 
thorace  quibusdam  spinis  duabus  armato. 

59.  AMBLYTELES  CAMELINUS  o  a*. 
Tentam.  129.  25.—  Mantis.  6-2. 

La  diagnose  de  cetle  espece  doit  etre  rnodifiee  de  la  ma- 
niere  suivante  : 

Femoribus  libiisque  omnibus,  tarsisque  ankrioribus  fulvis; 
scutelto  gibbo ;  gaslrocoelis  magnis.  (Antennarum  media  rufo,  9 ) 
=  5  ^-6  li.  —  2  mares  et  2  feminae. 

?  Var.  1.  o*  :  Scutello  albo ;  anlennis  subtus,  interdumque  supra 
ex  parte,  fulvis.  =  6  li.  —  Mantis.  62.  —  ?  I.  FOSSORIUS 
var.  2.  0"  Grav.  I.  \  64.  32.  —  5  mares. 

J'ai  rec.u  de  M.  Sichel  deux  males  a  ecusson  et  antennes 
noirs,  qui  me  semblent  apparlenir  inconlestablemenl  a 
celte  espece  :  Tun  d'eux  a  nieme  des  traces  d'une  tache 
fauve  au  cote  posterieur  des  hanches  de  derriere,  caractere 


(  123  ) 

qui  exisle  aussi  chez  une  des  femelles  decrites  dans  mon 
Tentamen. 

Deux  autres  males,  a  ecusson  blanc,  m'ont  aussi  e"te 
envoyes  par  M.  Sichel,  et  ne  different  de  celui  decrit  dans 
ma  Mantissa,  que  par  plus  de  uoir  au  cote  superieur  des 
antennes.  Le  male  de  Belgique  ressemblesingulierement  a 
17.  calceatorius  Panz.  Fn.  Germ.  80.  15. 


6.  CRIOCERI. 

40.  AMBLYTELES  CASTIGATOR  o*  9. 
Tentam.  120.  24. 
Var.  i .  o* :  Stigmute  alarum  fusco.  —  1  mas. 

Je  ue  cite  pas  la  var.  I  Grav.,  parce  que,  des  deux 
males  qu'il  mentionne,  Tun  metathorace  bispino,  appar- 
tienl  certainement  a  une  autre  espece ,  et  que  Pautre  me 
parait  douteux. 

41.  AMBLYTELES  LNSPECTOK  a*  $. 
Tentam.  \  50.  27.  —  Mantis,  p.  64. 

Var.  2.  a*  :  Antennis  supra  albo-punclalis;  abdomine  nigro.= 

5  li.  —  1  mas. 
Var.  5.  d*  :  Alarum  stigmate  piceo;  segmentis  2-4  rufis.  —  5  li. 

—  1  mas. 

Var.  4.  9  :  Abdomine  nigro,  segmento  2  apice  castaneo.  =  5  li. 

—  1  femina. 

Var.  5.  9  :  Abdomine  totonigro.~§  ~  li.— 1.  FOSSORIUS  Fonscol. 
no  6.  —  A.  FOSSORIUS  9  Wesm.  Mantis.  64.  27bii.  — 
?  I.  FOSSORIUS  Grav.  I.  164.  32.  var.  \.  —  1  femina. 

APP.  BULL.  1 883-1  i54.  9 


(  124) 

In  var.  2.  d*,  antennae  supra  articulis  5-16  albo-punc- 
tatis,  subtus  5-5  rufis.  —  Caetera  sicut  in  plerisque  mari- 
busvar.  1.  —  Marem  unicum,  e  Parisiis,  aD°Sichel  accepi. 

Mas  var.  5,  a  mare  genuine,  non  nisi  coloratione  indi- 
cata  differt.  -  -  Marem  unicum  mecum  communicavit 
DUi  Boheman  ,  e  musaeo  regio  Holmiano. 

Femina  var.  4,  e  Parisiis,  a  D°  Sichel  mihi  transmissa 
est,  et  ideo  insignis  quod,  per  abdominis  coloralionem, 
Iransitum  parat  ad  mares  var.  1. 

Femina  var.  5  quam,  in  Mantisa,  ad  /.  fossorium  9  re- 
luleram,  propter  antennas  graciliores  cum  A.  inspectoreq 
melius  congruere  videtur. 

Remarques.  —  Pour  ne  pas  confondre  la  femelle  de  YA. 
inspector  avec  celle  de  YA.  amputatorius ,  il  ne  faut  pas  per- 
dre  de  vue  que  la  premiere  a  les  antennes  beaucoup  plus 
greles  que  Tautre. 

En  Belgique,  toutes  les  femellestrouvees  jusqu'a  present 
sont  des  genuinae ,  et  tous  les  males  sont  de  la  var.  1 ;  j'en 
ai  aussi  regu  de  semblables,  des  deux  sexes,  pris  par 
M.  Sichel  aux  environs  de  Paris.  Je  n'ai  pas  le  moindre 
doute  que  ces  femelles  genuinae  et  ces  males  de  la  var-.  \  , 
ainsi  que  le  male  de  la  var.  2  et  la  femelle  de  la  var.  4, 
n'appartiennenl  tous  a  une  seule  et  meme  espece.  Quant 
au  male  decrit  dans  mon  Tentamen  comme  genuinus,  je 
n'ai  pas  une  certitude  aussi  entiere,  parce  que  je  n'en  ai  eu 
qu'un  seul  individu,  et  que  je  ne  puis  plus  le  comparer 
aux  autres  males,  Tayurit  restitue  depuis  pres  de  dix  ans 
a  M.  Foerster,  son  proprietaire.  Enfin,  ce  n'est,  il  est 
vrai ,  qu'apres  un  examen  fort  atteulif,  que  je  me  suis 
decide  a  placer  ici  la  var.  5  o%  dont  le  stigmate,  d'un 
brun  fonce,  dilfere,  par  sa  coloration,  de  celui  de  tous 
les  autres;  mais  il  m'est  neanmoins  impossible  d'affirmer 


qu'il  n'existe  pas,  dans  le  nord  de  1'Europe,  une  espece 
tres-voisine  de  mon  A.  inspector,  et  a  laquelle  ce  male 
pourrait  appartenir. 

42.  AMBLYTELES  FOSSOKIUS  cf  9. 

I.  FOSSORICS  Grav.  I.  164. 32  (exclusa  var.  2 ,  et  var.  5).  —  A.  AM- 
PUTATORIUS  var.  1.  Wesra.  Tentam.  132.  28.  —  Mantis,  p.  65. 
var.  1.  —  5  mares  et  4  feminae. 

Var.  l.o*:  Femoribus  et  tibiis  ex  parte  fuliginosis  aut  nigris. 

—  I.  PALLIPES  <f  Grav.  I.  233.  75.  —  A.  AMPUTATORIUS 
var.  2.  d*  Wesm.  Mantis,  p.  65. —  4  mares. 

Var.  I .  $  :  Femoribus ,  et  tibiaritm  poslicarum  vel  posteriorurn 
apice,  fuliginosis  aut  nigris.  —  ?I.  PERILEUCUS  var.  1.  $ 
Grav.  I.  227.  71.  — A.  AMPUTATORIUS  var.  2.  $  Wesm. 
Mantis,  p.  65.  —  5  feminae. 

Var.  2.  d*  $  :  Segmentis  2  et  3  femoribusque  rufis;  tibiis  flavi- 
canlibus  vel  albidis.  —  I.  AMPUTATORUJS  Grav.  I.  523.  217. 

—  A.  AMPUTATORIUS  Wesm.  Tentam.  132.  28.  —  4  mares 
et  3  feminae. 

Var.  3.  </  :  Sicut  var.  2 ,  sed  femoribus  ex  parte  fuliginosis.  — 
1  mas. 

Adnot.  —  Antennae  mam  subtus  denticulatae  (sicut  in 
A.  inspectore  o*),  feminae  crassiusculae  et  apice  attenualae. 
Metathorax  muticus,  spiraculis  breviusculis,  areola  supe- 
romedia  rectangular! ,  baud  raro  latiore  quam  longiore. 
Gastrocoeli  mediocres,  rugosi,  spatio  interjacente  acicu- 
lato.  Maris  segmentum  venlrale  ultimum  apice  rotunda- 
turn.  ==  6-7  li. 

Je  crois  fort  inutile  de  donner  ici  la  description  de  \'A. 
fossorius  (genuinus),  pour  laquelle  je  renvoie  a  1'ouvrage 
de  M.  Gravenborst ,  en  y  comprenant  sa  var.  1. 

Parmi  mes  exemplaires,ceux  de  Belgique,  d'Allemagne> 


(  126  ) 

et  de  Suede  ont  les  cuisses  (fun  fauve  roussatre;  chez  deux 
males  du  midi  de  FEurope,  les  cuisses  sont  d'un  fauve 
rougeatre,  et  lesjambes  sont  d'un  blanc  plus  pur  qtie  chez 
les  autres. 

Les  males  de  la  var.  I  ne  different  des  genuini  que  par 
la  coloration  des  pieds,  pour  laquelle  je  renvoie  a  la 
description  de  1*7.  pallipes  <?  Grav.  II  est  surtout  impor- 
tant de  remarquer  qu'ils  ont  generalement,  a  la  base  pos- 
terieure  des  cuisses  de  derriere,  une  tache  allongee  blan- 
chdtre,  commaTindique  M.  Gravenhorst.  J'en  ai  recu  de 
Suede  et  d'Allemagne  (1). 

Les  femelles  de  la  var.  i  me  semblent  s'accorder  assez 
bien  avec  la  description  de  la  var.  I  de  17.  perileucus  9 
Grav.,  je  n'en  ai  qu'une  seule  de  Belgique;  les  autres  sont 
de  Suede. 

Quant  a  la  var.  2,  c'est-a-dire  17.  amputatorius  Grav., 
ce  nom  etant  moins  ancien  que  celui  de  7.  fossorim ,  celui- 
ci  a  du  avoir  la  preference.  --  Parmi  mes  4  males,  il  en 
est  un  qui  a  les  segments  2-4  fauves  avec  1'extreme  bord 
apical  noiratre. 

Le  male  de  la  var.  5  presente  un  interet  tout  particu- 
lier,  comme  iridiquanttout  a  la  (bis  la  transition  a  ['I.  pal- 
lipes a*  Grav.  et  a  17.  divisorius  <?  Grav.  De  meme  que  ce 
dernier,  il  a  les  segments  2  el  5  fauves  avec  I'extreme  bord 
apical  noiratre;  et,  d'un  autre  cote,  ses  pieds  ont  iden- 
tiquement  la  meme  coloration  que  ceux  de  ma  var.  1  o*. 

Chez  tous  les  individus,  males  et  femelles,  des  varietes  2 
et  5,  les  segments  intermediates  de  I'abdomen  sont  d'un 


(1)  L'7.  pallipes  9  Grav.  appartient,  je  crois,  a  une  lout  autre  espece  : 
je  Pai  rapportee,  il  y  a  longtemps,  a  mon  JEupalamus  oscillator  9. 


(  127) 

fauve  pur ,  et  qui  n'a  jamais  la  moindre  tendance  a  passer 
an  roussatre. 

N.  B.  Dans  mon  Tentamen ,  page  152,  j'ai  decrit  un  .4. 
amputalorius  <?  comme  ayant  le  5e  segment  de  1'abdomen 
fauve  avec  une  yrande  tache  ducoidale  noire.  Apres  un 
nouvel  examen  ,  je  crois  que  ce  segment  etait  enlierement 
fauve  pendant  la  vie  de  1'insecte,  et  que  cetle  tache,  fort 
irreguliere,  est  le  resultat  d'une  infiltration  survenue  apres 
sa  mort. 

43.  AMBLYTELES  DIVISORIUS  <?  <?. 
Tentam.  153.  30. 

Var.  1 .  <f  '  Femoribus  posticis  basi  postice  macula  alba.  ==  6  li . 
1  mas. 

Var.  2.  $  :  Tibiis  ad  normam  maris  coloratis.  =  5  li.  —  I.  DIVI- 
SORIUS Fonscol.  n°  46.  —  1  femina. 

Var.  3.  <?  :  Abdomine  toto  nigro.  =  6  li.  —  ?  I.  EDICTORIDS. 
Grav.  I.  228.  72.  —  1  mas. 

La  far.  1.  d*  a  tous  les  caracteres  de  coloration  des 
genuini;  mais  les  cuisses  de  derriere  out  a  leur  base  pos- 
terieure  une  lache  blanche  oblongue ,  et  des  traces  d'une 
ligne  ferrugineuse  le  long  de  leur  bord  inferieur.  Ge  male 
est  done  tout  a  fait  intermediaire  entre  la  var.  3.  or  de 
i'espece  precedente  et  1M.  divisorius  d*. 

II  y  a  plusieurs  annees,  j'ai  rec,u  de  M.  de  Fonscolombe 
une  femelle  de  son  /.  diviwrius.  Ses  antennes  sont  un  peu 
plus  greles  que  celles  des  genuinae;  les  segments  2  et3 
de  1'abdomen  sont  entierement  fauves;  les  jambes  de  la 
lre  paire  sont  blanches  en  avant,  roussatres  en  arriere  avec 
la  base  noire;  celles  de  la  2e  paire  sont  blanches  en  avant, 
noires  en  arriere,  avec  une  tache  blanche  au  milieu  du 


(  128  ) 

bord  externe;  les  pieds  de  derriere  manquent;  mais,  d'apr^s 
M.  de  Fonscolombe,  les  jambes  doivent  etre  en  grande 
partie  blanches,  comrne  chez  le  male. 

Quoique  Teiat  de  mutilation  de  cette  femelle  m'ait  em- 
peche  de  verifier  1'assertion  de  M.  de  Fonscolombe,  j'y 
crois  d'autant  plus  facilement  que  je  possede  une  autre 
femelle  dont  les  jambes  de  derriere  ont  une  coloration 
intermediaire,  car  elles  sont  noires  avec  la  lineole  blan- 
chatre  normale ,  et  en  outre  une  seconde  lineole  blanche 
placee  au  cote  oppose,  un  peu  plus  bas  que  1'autre.  Si 
Ton  suppose  que  la  couleur  noire  inlerposee  entre  ces 
deux  line'oles  vienne  a  disparaitre,  et  qu'elles  se  reunis- 
sent,  il  en  resultera,  dans  le  milieu  de  la  jambe,  un 
anneau  blanc.  —  Chez  eelte  femelle,  le  reste  des  pieds  est 
colorecomme  chez  les  genuinae. 

Le  male  de  la  var.  5  a  ious  les  caracteres  de  forme  et 
de  sculpture  de  YA.  divisorius  o",  et  ses  pieds  ont  exacte- 
rnent  la  meme  coloration,  mais  les  segments  2  et  5  de  1'ab- 
domeii  sont  noirs  comme  les  autres.  II  semble  ne  differer 
de  la  description  de  17.  edictorius  Grav.  que  par  1'absence 
d'une  lineole  blanche  sdus  la  base  des  ailes.  —  II  m'a  e'te 
envoye  de  Paris  par  M.  Sichel. 

Re-marques.  -  -  M.  Sichel  qui  possede  aujourd'hui  la 
collection  d'Hymehopteres  de  feu  M.  de  Fonscolombe,  a 
eu  la  complaisance  de  me  iransmeltre  deux  femelles  de 
son  /.  messorius  (Icli.  Provenc.,  n°  60).  Elles  n'apparlien- 
nent  certainement  pas  a  mon  A.  messorius;  mais  il  me 
serait  difficile  de  decider  s'il  faut  les  rapporter  a  T.4.  dwi- 
s'orius;  bien  qu'elles  s'eu  rapprochent  beaucoup  par  la 
coloration,  il  semble  y  avoir  dans  leur  habitus  quelque 
chose  de  plus  robuste,  qui  leur  donnerait  plulot  de  1'ana- 
logie  avec  17.  amputatorius  9  Grav.  Je  vais  donner  sue- 


(  129) 

cessivement  la  description  de  ces  deux  femelles  :  Caput 
nigrum  (Antennae  desunt).  Thorax  niger,  scutello  albo. 
Alae  subhyalinae ,  stigmate  fusco  ,  squamula  et  radice  ni- 
gris.  Pedes  femoribus  anlicis  apice  antice  rufis,  posticis 
latere  posiico  toto  castaneo ;  tibiis  anlicis  stramineis  postice 
rufis,  intermediis  fuscis  antice  rufis;  posticis  antice  tinea 
media  rufa ,  interne  ante  basin  iitura  subobsoleta  pallida. 
Abdomen  segmentis  %et5  fulvorufis.  =  6  li.  —  Chez  1'autre 
femelle,  les  antennes  existent,  mais  les  pieds  dederriere 
manquent :  Caput  nigrum.  Antennae  articulis  9-14  albis 
subtus  fuscis.  Thorax '  lineola  alba  infra  alas,  Scutellum 
album.  Alae  sicut  in  praecedente.  Pedes  femoribus  anticis 
apice  antice  rufis ;  tibiis  anlicis  antice  stramineis,  interme- 
diis antice  obscure  rufis.  Abdomen  segmento  2  rufo;  3  rufo 
margine  apicali  nigro  —  6  li. 

J'ai  encore  rec.u  de  M.  Sichel  une  autre  femelle  prise, 
je  crois,  aux  environs  de  Paris,  et  qui,  avec  le  port  des 
precedentes,  est  d'une  taille  un  peu  moindre  :  Caput  ni- 
grum. Antennae  articulis  8-14  supra  atbis.  Thorax  niger, 
scutello  albo.  Alae  sublnjalinae ,  stigmate  fusco ,  squamula 
et  radice  nigris.  Pedes  femoribus  anticis  antice  rufis  basi 
nigra ;  tibiis  anticis  antice  stramineis,  postice  rufis  basi 
nigra;  tibiis  intermediis  antice  Iitura  subbasali  rufa,  libiis 
posticis  medio  undique  stramineorufo.  Abdomen  segmentis  $ 
^5rw/?s.  =  5£  li. 

J'ai  eu  aussi  Toccasion  de  voir  trois  males  de  YA.  divi- 
sorius,  venant  de  la  collection  de  M.  de  Fonscolombe.  Us 
ne  m'ont  rien  offert  de  remarquable,  si  ce  n'est  leur  di- 
versite  de  taille  :  Tun  d'eux  est  long  de  pr^s  de  7  lignes, 
un  autre  est  long  de  6  lignes,  le  Iroisieme  n'a  que  4 f  lignes. 

Si,  relalivement  anx  femelles  precedentes,  je  suiseutre 
dans  des  details  qui  pourraient  paraitre  surabondants, 


(150) 

c'est  alin  d'attirer  Fattention  des  entomologistes  sur  les 
variations  que  ces  insecles  peuvent  offrir,  et  de  parvenir 
a  decider  si  YA.  divisorius  eonsiitue  reellement  une  espece 
distincte,  ou  si,  par  des  individus  intermecliaires,  il 
passe  a  17.  amputalorius  Grav.  Bans  le  cas  ou  cette  der- 
niere  supposition  viendrait  a  se  verifier,  YA.  divisorius 
devrait  alors  prendre  place  aussi  parmi  les  varietes  de  17. 
fossorius. 

44.  AMBLYTELES  MESSORIUS  d*  9. 
Tentam.  134.  51. 

Chez  tons  les  individus  de  Belgique,  les  areeaux  2  el  5 
du  ventre  ont  une  bande  mediane  longitudinale  noire  ou 
obscure,  et  leur  extremite  a  une  bande  transversale  de 
meme  couleur.  Une  femelle,  rec,ue  de  M.  Bolieman,  n'a 
pas  ce  caractere,  et  sa  determination,  qui  m'a  longtemps 
embarrasse,  me  laisse  encore  des  doutes.  Elle  a  les  pieds 
colores  comme  les  genuinae;  elle  a  1'abdomen  de  meme 
forme,  les  segments  2  et  5  chatains,  ainsi  que  les  angles 
basilaires  du  4e;  mais  ses  antennes  sont  a  articles  plus 
courts  et  plus  grenus,  et  ressemblent  completement  a 
celles  de  YA.  divisorius  $. 

Comme  je  Fai  deja  dit  dans  mon  Tentamen,  p.  124,  il 
pent  paraitre  douteux  que  mon  A.  messorius  soil  le  meme 
que  17.  messorius  Grav.,  a  cause  de  la  couleur  fauve  qu'il 
assigne  aux  segments  2  et  5  de  1'abdomen,  landis  que  ces 
segments  sonl  de  couleur  chdtain  chez  les  deux  sexes  de 
mon  espece.  Peut-elre  aussi  M.  Gravenhorst  a-t-il  con- 
fondu  plusieurs  especes  sous  le  meme  nom;  et  je  dottle 
tort,  par  exemple,  que  ces  mots  de  sa  description  :  (seg- 
mento)  5  maris  interdum  margin?  summo  flavicante ,  puis- 


sent  etre  applicables  a  aucun  male  de  ['A.  messorius,  au 
lieu  que  ce  caractere  se  rencontre  parfois  chez  certaines 
varietes  males  des  A.  uniguttatus,  niyripes,  etc.  Du  reste, 
en  negligeant  meme  les  caracleres  de  coloration  ,  les  males 
de  ces  derniers  sont  I'aciles  a  reconnailre  a  leur  8me  seg- 
ment ventral  aeumine;  ce  segment  est,  au  contraire,  ar- 
rondi  au  bout  chez  IM.  messorius  o*,  de  meme 'que  chez 
les  males  des  A.  divisorius,  fossorius,  etc. 

Dans  mou  Tentamen,f&\  eu  tort  de  dire,  d'une  maniere 
trop  absolue,  que  ma  var.  1.  $  se  distingue  facilement  de 
ri.  nitens  Grav.  par  1'existence  d'une  lineole  blanche  sous 
la  base  des  ailes;  car  il  y  a  des  I.  nitens  qni  offrent  aussi 
ce  caractere,  quoique  tres-rarement. 

45.  AMBLYTELES  MESOCASTANUS  o*  9. 
Tentam.  135.  52. 

46.  AMBLYTELES  MELANOCASTANUS  <?  9. 
Tentam.  155.  55. 
Var.  lbis^  o*  :  Abdomine  toto  nigro.  —  6  li.  —  1  mas. 

Les  pieds  sont  noirs  :  au  cole  anterieur,  les  jambes  de 
devant  sont  d'un  roussatre  pale  et  les  intermediaires  en 
partie fauves. — J'ai  prisce  male  aux  environsde  Bruxelles. 

47.  AMBLYTELES  FUNEREUS  <?  9. 
Tentam.  156.  54. 

J'ai  reQii ,  des  environs  de  Diest ,  un  second  male  de  ma 
var.  1 T  chez  lequel  le  demi-anneau  blanc  des  jambes  de 
derri&re  est  encore  moiris  etendu  >  de  sorte  que,  sous  ce 
rapport,  il  se  rapproche  davantage  du  type  femelle. 


(  132  ) 

On  pourrait  croire,  au  premier  abord  ,  que  cette  var.  \ 
serait  plutot  une  variete  a  abdomen  noir  de  PA.  mesocas- 
tanus  o*;  mais  ce  dernier  a  le  labre  noir,  tandis  que  PA. 
funereustf,  aussi  bien  la  var.  i  que  les  genuini,  a  le  labre 
blanc. 

II  m'a  ete ,  jusqu'a  present,  impossible  de  deviner  ce  que 
peut  etre  VI.  funereus  o*  de  M.  Gravenhorst. 

48.  AMBLYTELES  PANZERI  0*  $. 
Tentam.  136.  35.  Mantis,  p.  66. 

Dans  mon  Tentamen,  j'ai  dit ,  dans  la  diagnose  du  male, 
que  les  segments  2-7  ont  le  bord  terminal  d'un  blanc  jau- 
natre  :  c'est  une  erreur;  il  n'y  a  que  les  segments  2-6  qui 
aient  cette  bordure ,  et  le  7*  est  toujonrs  enlierement  noir. 


7.  CORYPHAEI. 
49.  AMBLYTELES  LAMINATORIUS 


I.  LAMINATORIUS  <?  Grav.  I.  2  18.  67.  —  1  mas. 
I.  PROTAEUS  2  Grav.  I.  217.  66.  —  A.  PROTAEUS  Wesm.  Tentam. 
137.  66.  —  3  feminae. 

G'est  assez  recemment  que  M.  Sichel  m'a  envoye  le  male 
de  celte  espece,  avec  une  etiquette  indiquant  qu'il  prove- 
nait  de  la  chrysalide  du  Sphinx  clpenor.  Dans  ses  Ichneu- 
monen  der  Forstinwcten,  III.  169.25,  M.  Ralzeburg  men- 
lionne  la  femello,  comme  ayant  ete  oblenue,  soit  du  Sphinx 
elpenor,  soit  dn  Sphinx  pini. 

Ce  male  a  la  2e  areole  cubilale  de  meme  forme  que  celle 


(133) 

de  la  femelle,  el  non  pas  sublriangulaire ,  comme  chez 
ceux  decrils  par  M.  Gravenhorst.  II  a  les  quatre  handles 
posterieures  tachees  de  blanc ,  conformement  a  la  descrip- 
tion deTrentepohl  (Isis,  1826,  p.  62). 

50.  AMBLYTELES  FUSCIPENNIS  <?  <?. 
Tentam.  138.  37.  —  Mantis.  67. 

Je  ne  pense  pas  qu'il  faille  conserver  la  var.  \  indique'e 
dans  ma  Mantissa;  car  je  crois  que  les  ailes  se  sont  acci- 
dentellement  decolorees,  ces  insectes  ayant  probablement 
ete  longtemps  exposes  dans  une  collection  ou  ils  n'elaient 
pas  abrites  contre  la  lumiere. 

M.  Sichel  m'a  envoye  plusieurs  males  et  plusieurs  femel- 
les  de  celte  espece,  et  j'en  ai  aussi  rec.u  de  M.  Chevrier,  de 
Geneve.  Les  males  ont ,  plus  ou  moins  dislinctement ,  une 
lineole  blanche  aux  orbites  de  la  face,  uneautre auxorbi- 
tesdu  front,  une  troisieme  au  milieu  des  orbites  externes 
et  un  point  blanc  aux  orbites  du  vertex. 

II  est  tres-possible  que  mon  'A.  fuscipennis  soil  confondu 
avec  mon  /.  fusorius  dans  la  description  de  VI.  fusorius 
Grav.;  la  premiere  de  ces  especes  se  rapporte  peut-etfe  aux 
individus  dont  il  dit :  tibiis  subsrriceis ,  fulvis  aut  rufis;  tan- 
dis  que,  en  ajoutant :  anterioribus  saepe  fuscis  aut  nigris, 
interne  pallide-aut  sordide-stramineis ,  il  indique  probable- 
ment les  individus  que  je  rapporle  a  mon  /.  fusorius, 
lequel  est  d'ailleurs  bien  distinct  par  la  tariere  plus  longue 
des  femelles,  rnoins  de  blanc  aux  orbites  du  vertex,  etc. 

LM.  fuscipennis  9  n'a  pas,  sous  les  handles  de  derriere, 
ce  tubercule  poilu  qu'on  observe  chez  les  femeiles  de  mes 
/.  Coqueberti  et  fu$oriu$ ,  et  dont  j'ai  eu  tort  de  nier  1'exis- 
tence  die/  cette  dernierc  espece,  dans  la  Mantissa,  p.  8bis. 


(134) 

iil.  AMBLYTELES  STRIGATORIUS  cf  9. 
Tentam.  158.  58.  —  Adnot.  9. 

Je  laisse  ici  provisoirement  oette  espece,  qui  n'a  de  veri- 
table  analogic  avec  aucune  des  precedences.  Le  male  a  les 
antennes  denticulees. 


Subgenus  CATADELPHUS. 

Ce  sous-genre  est  intermediate  enlre  mes  Amblyteles 
et  mes  Trogu* :  il  a  les  ailes  et  le  metathorax  de  ceux-ci; 
mais  son  ecusson,  au  lieu  d'etre  pyramidal ,  est  simplement 
convexe. 

I .  CATADELPHUS  ARROGATOR  o*. 

Alit  nigrofuscis,  stigmate  fulvo;  segmentis  2  et  5  f'ulvis.  =  8  11. 
—  I.  ARROGATOR  Grav.  I.  536.  222.  —  2  mares. 

M.  Sichel  m'a  envoyedeux  males  de  cette  espece  venant, 
je  crois ,  du  midi  de  la  France. 


Subgenus  TROGUS. 

i .  TROGUS  LUTORIUS  <f  $. 
Tentam.  143.  1. 

M.  Sichel  m*en  a  envoye,  de  Paris,  plusieurs  individus 
provenant,  les  uns  de  chrysalides  du  Sphinx  ligustri,  d'au- 
tres  de  celles  dela  SmerinthQ  tiliae. 


(  135) 

2.    TROGUS    EXALTATORIUS    o* 

Tentam.  143.  2. 

3.  TROGUS  LAPIDATOR  o*. 


,  opacus,  abdomine  rugoso;  alts  fascohyalinis  ,  stigmale 
rufo;  femoribus  tibiisque  rufis.  =  7  li.  —  Grav.  II.  391.  8.  — 
i  mas. 

Le  seul  male  que  j'aie  vu  fait  partie  des  Ichneumons 
donnes  par  M.  de  Fonscolombe  a  la  Societe  entomologi- 
que  de  France.  II  dilfere  de  la  description  de  M.  Graven- 
horst  en  ce  que  le  dessous  du  ler  et  du  2e  article  des 
antennes  est  d'un  fauve  roussatre,  et  que  le  thorax  et 
1'abdomen  sout  noirs,  sans  le  moindre  reflet  bleuatre. 

Chez  celte  singuliere  espeee,  la  tele  esl  beaucoup  plus 
etroile  que  chez  les  deux  especes  prece'dentes,  et  !e  bord  du 
chaperon  esl  parfaiternent  droit.  II  taut  done  retrancher 
ties  caracleres  des  Trogus  celui  que  j'avais  indique  dans 
mon  Tentamen,  p.  11  1,  et  en  vertu  duquel  je  leur  attribuais 
un  chaperon  subanguleux.  De  cette  maniere,  il  leur  reste 
trois  caracleres  pour  les  distinguer  des  autres  sous-genres 
voisins,  savoir:  1*  la  Ibrrne  pyramidale  ou  conique  de 
1'ecusson;  i2°  la  i'onne  deltoidale  subirreguliere  de  la 
deuxieme  areole  cubitale;  3°  la  disposition  des  areoles  du 
meta  thorax. 


Subgemu  AUTOMALUS. 

Dans  ce  sous-genre,  la  forme  de  la  deuxieme  areole  cu- 
bitale est  encore  la  meme  que  chez  les   Trogus,  mais 


(136) 

1'ecusson  est  moins  eleve,  et,  malgre  les  asperites  de  la  sur- 
face du  metathorax ,  il  est  facile  de  s'assurer  que  les  areoles 
sont  revenues  a  la  disposition  normale.  Celte  disposition 
est  a  peu  presla  meme  que  chez  les  Hepiopelmus. 

1.   AUTOMALUS   ALBOGUTTATUS  </  9. 
Tentam.  144.  1. 

Remarque. — C'est  tres-probabieinent  parmi  les  Automa- 
lus  qu'il  faut  placer  17.  balticus  de  M.  Ratzeburg  (155.  14), 
qui  n'est  peut-elre  qu'une  variete  du  T.  alboguttatus  Grav. 
Ce  qui  pourrait  donner  plus  de  force  a  cetle  conjecture, 
c'est  que  M.  Ralzeburg  a  oblenu  plusieurs  fois  son  /.  balti- 
cus des  cocons  de  VOrgyia  pudibunda,  et  que,  d'apres  sa 
citation  (131. 3),  M.  Boie  a  obtenu,  des  memes  cocons,  des 
T.  alboguttatus. 


Subgenus  ACOLOBUS. 

\ .  ACOLOBUS  SERICEUS  9 . 
Tentam.  139.  1. 

Les  femelles  de  cette  espece  ont  quelquefois  une  teiute 
brune  on  jaunatre  vers  les  cotes  du  dernier  segment  de 
Tabdomen. 

2.  ACOLOBUS  ALBIMANUS  $. 
Tentam.  140.  2. 
En  juillet  1850,  j'ai  pris,  pres  de  Bruxelles,  une  deuxieme 


(137) 

temelle  de  cette  espece.  Les  tarses  de  derriere  sont  presque 
completemenl  noirs,  le  4e  arlicle  seul  ayant  une  legere 
teinie  iauve. 


Subgenus  HEPIOPELMUS. 

1.  HEPIOPELMUS  LEUCOSTIGMUS  o*  9. 
Tentam.  141.  1.—  Adnot.  9. 

2.  HEPIOPELMUS  VARIEGATORIUS  c/  9. 
Tentam.  141.2. 

5.  HEPIOPELMUS  EUDOXIUS  a*. 
Tentam.  i42.  3. 

Mes  doutes  subsistent  encore  relativement  a  la  place 
qui  doitetre  assignee  a  celte  espece.  J'en  ai  pris  un  second 
male,  en  juillet  i852,  pres  de  Bruxelles. 


Subgenus  AMSOBAS. 

Dans  inon  Tentamen,  je  n'avais  pu  limiter  ce  petit 
groupe  que  d'une  maniere  Ires-vague.  Je  puis  aujourd'hui 
indiquer  un  caractere  qui  est  de  nature  a  le  distinguer 
facilement  des  sous-genres  voisins,  et  qui  pent  etre  exprime 
de  la  maniere  suivanle  :  colli  sulcus  transversalis  tuberculo 
aut  carinula  in  medio  inlerruptus.  On  sait,  en  effel,  que 
les  Ichneumons  onl,  devant  le  bord  anterieur  du  mesotho- 


(  138  ) 

rax,  ui)  siilon  transversal  ordinairement  continu :  c'est  ce 
silion  qui,  chez  les  Anisobas,  est  inlerrompu  au  milieu. 

1.  AMSOBAS  FLAVIGER  9. 
Hepiopelmus  flaviger.  Tentam.  1 20.  4. 

Je  place  ici  cette  espece,  surlout  a  cause  de  la  grande 
ressemblance  de  forme  de  son  chaperon  avec  celui  des 
autres  Anisobas;  car  le  siilon  collaire  n'a  qu'une  faible 
trace  de  tubercule. 

2.  ANISOBAS  CINGULATORIUS  o*  9. 
Tentam.  1  i5.  1.  —  Mantis.  68. 

Var.  1.9:  Femoribus  nigris.  —  1  fetnina. 
Var.  2.  9  :  Scutello  nigro.  —  2  feminae. 

In  var.  I,  orbitae  frontales  latae  nigrae;  lineola  alba 
nulla  juxta  basin  alarum.  Caetera  sicut  in  genuinis. 

In  var.  2,  orbitae  frontales,  vel  totae  nigrae,  vel  puncto 
albo;  lineola  alba  nulla  juxta  basin  alarum;  femora  pos- 
lica  uigra,  medio  subtus  distincte  vel  subobsolete  rufo. 
Abdomen  segmento  I  nigro,  margine  apicali  interdum 
rufo;  2  rufo,  interdum  basi  media  margineque  lalerali 
fuscis;  3  rufo,  plaga  magna  media  nigra,  interdumque 
margine  laterali  nigro;  i  nigro,  interdum  puncto  apicali- 
medio  albo;  5  nigro,  fascia  apicali  abbreviata  alba; 
6  et  7,  caeteraque  omnia  ,  sicut  in  genuinis. 

5.  ANISOBAS  REBELLIS  o*  9. 
Tentam.  145.  2.  —  Mantis.  68. 
Je  siiis  assez  dispose  a  croire  <jue  cette  espece  devrait 


(139) 

etre  rapportee  a  17.  hostilis  Grav. ,  quoique  cette  derniere 
n'ait  pas  de  lineoles  blanches  aux  orbites  du  front  et  de 
1'occiput. 

Je  ne  suis  meme  pas  bien  certain  que  les  A.  cingulato- 
rius  et  rebellis  constituent  reellement  deux  especes  diffe- 
rentes.  Quand  on  examine  comparativetnent  un  assez 
grand  nombre  d'individus,  venant  de  localites  diverses,  on 
en  trouve  qui  semblent  avoir  des  caracteres  de  forme, 
de  sculpture  et  de  coloration  lellement  mixtes,  qu'on  ne 
sait  plus  a  laquelle  des  denx  especes  ils  appartiennent. 
C'est  ainsi,  par  exemple,  que  la  place  a  assignera  ma 
var.  2.9  de  YA.  cingulatorius  me  parait  assez  douteuse. 


Subgenus  LISTRODROMUS. 

1.  LISTRODROMUS  NYCTHEMERUS  $  o*. 
Tentam.  146.  1.$. 
I.  QUINQUEGUTTATUS  cf  Grav.  I.  626.  269. 

Cette  espece  semble  etre  excessivement  rare  en  Belgi- 
que  :  il  y  a  au  moins  une  trentaine  d'annees  que  j'ai  pris 
les  trois  femelles  mentionnees  dans  mon  Tentamen,  et, 
depuis  lors,  je  n'en  ai  plus  revu. 

Remarque.  —  Je  ne  connais  pas  17.  quinqueguttatus 
Grav.;  mais,  autant  qu'il  est  possible  d'en  jugerd'apres  la 
description,  je  suis  tres-porte  a  croire  que  c'est  le  male  du 
nycthemerus. 

APP.  BULL.  1853-1854.  10 


(  140) 

2.    LlSTRODROMUS  LAPIDATOR  $. 

1.  LAPIDATOR  Grav.  I.  628.  271. 

Var.  1.9:  Thorace  ex  partenigro.  =  2 £-3  li.  —  I.  NOBILITATOR 
Grav.  I.  627.  270.  —  5  feminae. 

Je  n'ai  pas  encore  decouvert  le  L.  lapidator  en  Bel- 
gique:  j'en  ai  trois  femelles,  venant  de  Prusse,  de  France 
et  de  Suede. 

J'ai  egalement  sous  les  yeux  trois  individus  de  17.  nobi- 
litator  $  Grav.  L'un  d'eux,  long  de  2|  lignes,  vient  de 
M.  Boheman,  et  un  autre,  long  de  2  f  lignes,  vient  de 
M.  Tischbein  de  Herrstein :  ils  ont,  1'un  et  1'autre,  le  tho- 
rax noir,  excepte  Fecusson ,  le  dos  du  mesothorax  et  le 
haut  de  ses  flancs,  qui  sont  fauves;  les  antennes  ont  les 
articles  10  et  11  ou  9-11  blanchatres  au-dessus;  le  troi- 
sieme  individu,  long  de  trois  lignes,  m'a  ete  envoye  de 
Paris  par  M.  L.  Fairmaire :  par  ses  antennes,  il  ressemble 
aux  precedents;  mais  il  a  le  mesothorax  fauve,  avec  le 
sternum  noir,  et  le  metathorax  egalement  fauve  avec  les 
flancs  noirs  vers  1'extremite ,  et  une  raie  mediane  noire. 


Subgenus  HYPOMECUS. 
\.  HYPOMECUS  ALBITARSIS  $  a*. 
Tentam.  147.  1.  —  Adnoi.  9. 

Remarque.  —  Les  Hypomecus,  n'ayant  en  realile  aucune 
aflinite  naturelleavec  les  sous-genres  precedents,  je  ne  Jes 
laisse  ici  que  provisoirement. 


Tchneumones  Plntvuri 


Zit/i .  Simcnazi.  fylccvey 


(  141  ) 


N.  B.  —  Depuis  Timpression  de  ma  notice  sur  les  Jchneumones 
platyuri  (Bullet,  du  5  dec.  1853),  j'ai  recu  une  lettre  de  M.  Walker, 
ou  il  m'apprend  que  M.  Desvignes  a  aussi  decouvert,  aux  envirdhs 
de  Londres,  le  Pristiceros  serrarius  Grav.,  ainsi  que  mon  Eurylabua 
dims,  dont  il  connait  meme  les  deux  sexes. 


ICBNEUMONES  PLATYURI  (1). 


IMPLICATION    DES    FIGURES. 

Fig.     1 .  Probolus  alticola  male. 

2.  Probolus  alticola  femelle. 

3.  Premier  segment  de  leur  abdomen,  vu  de  cole,  afin  de  mettre  en 

evidence  la  protuberance  mediane. 

4.  Eurylabus  torvus  femelle. 

5.  Eurylabus  dirus  male. 

6.  Tele  de  1' Eurylabus  dirus,  vue  de  cole,  afin  de  faire  apprecier 

la  saillie  du  chaperon. 

7.  Pristiceros  serrarius  (var.)  male. 

8.  Une  de  ses  antennes  fortement  grossie. 

9.  Une  antenne,  forlement  grossie,  du  Platylabus  varipictus  male. 

1 0.  Platylabus  rufiventris  femelle. 

11.  Apaeleticus  bellicosus  femelle. 


(1)  Des  retards  survenus  dans  1' execution  de  cetle  planche  ont  empeche  de  la 
joindre  a  naa  notice  sur  les  Ichneumones  platyuri ,  qui  a  ele  inseree  dans  le  Bulletin 
de  I' Academic,  seance  du  3  decembre  1853. 


(142) 


ICHNEUMONES  AMBLYPYGI. 


EXPLICATION    DES    FIGURES. 

Fig.     1.  Limerodes  arctiventris  femelle. 
2.  Son  abdomen ,  vu  de  c6te. 
5.  Abdomen  du  male. 

4.  Tete  du  male,  vue  par  devant. 

5.  Abdomen  de  YAmblyteles  conspurcatus  male. 

6.  Une  de  ses  cuisses  de  derriere ,  vue  par-devant. 

7.  Abdomen  de  1' 'Ichneumon  Duponchelii  male  (Fonscol.) 

8.  Abdomen  d'un  Ichneumon  nigripes  male  (Fonscol.) 

9.  Une  cuisse  de  derriere,  vue  par-devant,  telle  qu'elle  est  coloree 

chez  les  deux  Ichneumons  precedents  (1). 

10.  Abdomen  de  V Amblyteles  novitius  femelle. 

11.  4colobus  sericeus  femelle. 

12.  Sa  tete,  vue  par-devant. 

13.  Listrodromus  nycthemerus  femelle. 

14.  ffypomecus  albitarsis  femelle. 

15.  Son  abdomen,  vu  dec6t6. 

16.  ffypomecus  albitarsis  male. 

17.  Une  de  ses  antennes. 


(1)  Les  figures  5-9  sont  destinees  a  faire  ressortir  1'analogie  de  coloration  qui 
existe  entre  ces  trois  Ichneumons. 


.Iff,  a  it  ttu//.r/e  /'Acaif  .Rin/. 


Tame  J,  i8S3-^S^. 


Ichneumones  AmWypygi. 


i 


NOTE  SUR  LES  DIVERS  ETAGES 


PART1E  INFERIEURE  DU  LIAS, 


LE   LUXEMBOURG   ET   LES  CONTREES  VOISINES; 


M".  G.  DEWALJDB,  M.  0. 


( Presentee  duns  la  seance  du  4  levriei  1854. 


APP.  BULL.  1853-1854.  \  1 


NOTE  SUR  LES  DIVERS  ETAGES 


PART1E  INFERIEURE  DU  LIAS, 


LE  LUXEMBOURG  ET  LES  CONTREES  VOISINES. 


La  position  des  diverses  assises  de  gres  du  Luxembourg 
a  ete  1'objet  de  longues  discussions;  M.  Dumont  a  decrit, 
il  y  a  deja  douze  ans,  leur  succession  dans  la  province  de 
Luxembourg;  neanmoins,  des  auteurs  bien  plus  recents 
1'ont  envisagee  d'une  maniere  differente :  ainsi,  les  savants 
auteurs  de  la  carte  geologique  de  la  France  onl  suivi  ge- 
neralement  la  maniere  de  voir  de  Puillon-Boblaye.  Lors- 
que  nous  explorames  re  pays,  en  1850,  M.Chapuis  et  moi , 
nous  reconnumes  Texactitude  des  observations  de  M.  Du- 
mont. et  nous  avons  adopte  ses  vues  dans  l'i introduction 
a  noire  Memoire  sur  les  fossiles  secorulaires  de  la  province 
de  Luxembourg.  Depuis  lors,  la  position  du  gres  d'Het- 
tange  a  ramene  de  nouveaux  de'bats,  a  la  suite desquels  on 
est  arrive  generalement  a  une  conclusion  qui  nons  parail 
inexacte;  a  cette  occasion,  quelques  savants  sont  venus 
etudier  les  gres  jusque  dans  notre  pays;  mais,  faute  de 


(  146  ) 

temps,  sans  douie,  on  n'a  pas  reconnu  leurs  verilables 
relations;  et  le  Bulletin  dc  la  Sociele  geologique  de  France 
renferme  la-dessus  des  choses  que  nous  ne  pouvoris  laisser 
accepter  par  la  science. 

Nous  avons  visile  le  Luxembourg  de  nouveau,  en  1852, 
en  compagnie  de  M.  le  docteur  Chapuis;  et  ce  voyage ,  en- 
trepris  surtout  pour  augmenter  notre  collection ,  nous 
permit  de  verifier  ce  que  nous  avions  dit  sur  la  geologic 
de  ce  pays,  et  de  rectifier  quelques-unes  de  nos  idees  sur 
le  synchronisme  de  certaines  couches ;  ces  modifications 
sont  indiquees  en  note  dans  notre  Memoire.  J'ai  ele  revoir 
ces  lieux  1'automne  dernier;  j'ai  suivi  pied  a  pied  les  divers 
e'tages;  j'ai  ete  les  observer  dans  les  contrees  voisines;  et 
c'est  d'apres  ce  que  j'ai  vu  nombre  de  Ibis  que  j'admels  les 
huit  etages  suivants : 

1.  Sables  et  gres  de  Martinsart. 

2.  Marne  de  Jamoigue. 
5.  Gres  de  Luxembourg. 

4.  Calcaire  argileux  et  marne  de  Strassen. 

5.  Gres  de  Virton. 

6.  Schiste  d'Ethe. 

7.  Macigno  d'Aubange. 

8.  Schiste  et  marne  de  Grand-Cour. 

Dans  notre  Memoire,  nous  n'avions  admis  que  six  eta- 
ges dans  le  lias;  pour  en  faire  huit,  il  m'a  sufii  de  subdi- 
viser  le  cinquieme,  et  dedecrire  comme  divisions distinc- 
tes,  le  sable,  le  schisle  et  le  macigno  d'Aubauge.  Cette 
division  a  necessite  deux  noms  nouveaux,  que  nous  avons 
choisis  d'apres  le  systeme  employe  pour  les  autres  par 
M.  Dumont. 

Les  geologues  divisent  ordinairernent  le  lias  en  trois 
syslemes,  Finfcrieur,  le  moyen  et  le  superieur,  pour  les- 


(  147  ) 

quels  M.  d'Orbigny  a  propose  les  noms  de  sinemurien ,  de 
liasicn  el  de  toarcien.  Nous  etudierons  aujourd'hui  nos 
etages  1-4,  qui  represented,  chez  nous,  le  lias  inferieur 
des  geologues  anglais,  des  allemands  et  de  la  plupart  des 
franc.ais;  c'esl  a  celte  partie  quequelques-uns  reservent  le 
nom  de  lias. 

Nous  d irons  peu  de  choses  des  caracleres  mineralogi- 
qnes  de  plusieurs  de  nos  subdivisions,  renvoyant,  pourle 
resle,  a  notre  Memoire  et,  surtout,  a  celui  de  noire  savant 
maitre. 


LIAS  INFERIEUR. 


1.  Sables  et  gres  de  Marlimart. 

Get  etage  est  constilue  par  des  sables  plus  ou  moins 
coherents,  con  tenant  quelquefois  un  ou  deux  banes  de 
poudingue,  et  surmonles  de  gres  allernanl  avec  un  peu  de 
marne. 

Le  sable  esl  quarlzeux,  plus  ou  moins  fin,  tres-fine- 
ment  micace,  d'un  gris  legerement  jaunatre  ou  verdatre, 
quelquefois  parseme  de  petites  laches  brunes  manganesi- 
feres,  raremenl  bigarre  de  gris  el  de  jaune  brunalre;  il 
esl  plus  ou  moins  coherent,  et  passe  a  un  gres  friable, 
generalement  a  grains  assez  gros,  quelquefois  exploite 
(Villers-sur-Semois);  il  est  alors  cimenle  par  une  forle 
proporlion  de  calcaire.  II  conlient  souvenl  un  ou  deux 
banes  de  poudingue,  donl  les  cailloux  son!,  formes  dequarlz 
de  couleur  claire  et  de  quartzite  tie  couleur  Ires-variable; 


(148) 

leur  volume,  generalement  petit,  varie  beaucoup  suivant 
les  localites. 

Plus  haul,  on  rencontre  des  gres  tenaces  ou  plutot  des 
calcaires  sableux  compactes,  formes  de  grains  de  quartz 
toujours  tres-fins,  gris  ou  blanc  grisatre,  agglutines  par 
une  tres-forte  proportion  de  calcaire,  parfois,  peul-etre, 
avec  un  peu  d'argile;  ces  gres  sont  disposes  en  banes  ge- 
neralement pen  epais  ou  en  dalles  de  couleur  grisatre , 
gris  verdatre  ou  gris  bleuatre;  souvent  Tinterieur  est  bleu, 
tandis  que  les  couches  exterieures  sont  grises  ou  gris 
jaunatre;  ils  sont  separes  par  des  lits  tres-minces  de  marne 
ordinairement  un  peu  sableuse,  parfois  endurcie,  d'autres 
foistres-plastique,  generalement  brunalreou  gris  brunatre. 

Get  etage  repose  en  stratification  concordante  entre  les 
marries  irisees  et  la  marne  de  Jamoigne,  depuis  Rossignol 
jusqu'a  la  fronliere  du  Grand-Duche,  ou  il  se  prolongs  en 
diminuant  considerablement  de  puissance;  on  en  trouve, 
en  oulre,  un  lambeau  au  uord  de  Jarnoigne,  pres  de  la 
foret  de  Chiny.  Parlout  il  est  entitlement  different  du  gres 
de  Luxembourg  par  ses  caracteres  petrographiques  comme 
par  sa  fauneel  sa  positionJ.es  fossilesysont  tres-rares;  en- 
core ne  trouve-t-on  que  des  empreintes  de  bivalves  recon- 
venes de  tres-petits  cristaux,  et  dont  nous  n'avons  pu 
determiner  que  quatre  ou  cinq  especes;  toutes,  du  reste, 
nous  paraissent  appartenir  egalement  a  1'etage  suivant,  et 
on  ne  les  rencontre  qne  dans  la  partie  superienre  de  celui-ci 
(Rossignol,  Martinsart,  etc.).  Parfois  on  (rouve,  en  outre, 
des  corps  allonges,  aplatis,  ramifies  qui  paraissent  etre  la 
trace  de  fucoides  (Rossignol). 

En  suivant  le  chemin  d'Etale  a  Marlinsart,  on  observe, 
sous  les  dernieres  assises  de  la  marne  de  Jamoigne,  une 
serie  de  banes  de  gres  t res -calcari feres,  minces,  com- 


(149) 

pactes,  de  couleur  bleue,  non  fossiliferes,  puis  gris  ou  gris 
jaunatre,  moins  compactes,  contenant  beaucoup  d'em- 
preintes  de  fossiles,  et  separes  par  des  lits  tres-minces  de 
marne  tres-foncee.  Plus  has  se  trouve  un  bane  epais  de 
poudingue  blanc  rougeatre,  a  petits  cailloux,  de  couleur 
et  de  nalure  variable;  puis  viennent  success! vement  du 
sable  jaunatre  passant  au  gres,  du  sable  largement  bigarre 
de  gris  et  de  jaune  brunatre,  du  sable  mele  de  gravier,  et, 
enfin,  du  sable  gris  jaunatre  passant  au  gres;  un  peu  plus 
bas,  on  est  sur  les  marnes  irisees.  On  peut  voir  une  coupe 
analogue  a  Villers-sur-Sernois. 

Get  etage  parait  avoir  entierement  echappe  a  M.  Stei- 
ninger  (1).  Cette  erreur  a  trompe  Puillon-Boblaye  (2),  qui 
le  rapporta  au  gres  de  Luxembourg,  maniere  de  voir  qui 
fut  adoptee  par  M.  d'Omalius-d'Halloy  (5).  Sa  veritable  po- 
sition fut  reconnue  par  M.  Dumont  (4),  qui  le  decrivit  le 
premier,  en  n't  connaitre  les  limites,  mais  le  considera 
alors  comme  Keuper.  Bientot  M.  d'Omalius  (5)  le  decrivit 
comme  tel  d'apres  M.  Dumont.  Plus  tard,  celui-ci  le  ran- 
gea  dans  le  lias  et  lui  donna  le  nom  de  sable  de  Martin- 
sart  (6).  II  est  decrit  dans  noire  Memoire  (7)  sous  le  nom 


(1)  Description  geognostique  du  grand-duche  de  Luxembourg;  1828. 
—  MEM.  COUROSNE  PAR  L'ACAD.  DE  BRUXELLES,  t.  VII. 

(2)  Memoire  sur  la  formation  jurassique  dans  le  nord  de  la  France  ; 
1829.  —  ANN.  DBS  sc.  NAT.,  t.  XVH,  p.  48  et  suiv. 

(3)  Elements  de  geologic;  1835;  2e  6dit. 

(4)  Memoire  sur  les  terrains  triasique  et  jurassique  de  la  province  de 
Luxembourg;  1842;  p.  12.  —  MEM.  DE  I'ACAD.  DE  BRUX.,  t.  XV. 

(5)  (Joup  d'ceil  sur  la  geologic  dc.  la  Belyiqw,  1842. 

(6)  Rapport  sur  la  carte  geologique  de  la  Belgique ;  1849.  —  BULL. 
ACAD.  DE  BELG.,  t.  XVI,  2,  p.  351 .  —  Legende  de  la  carte  geologique  de  la 
Belgique;  1852. 

(7)  Chapuis  et  Dewalque  :  Description  des  fossiles  des  terrains  secon- 


(  150) 

de  sable  et  gres  de  Martinsart  que  nous  lui  conservons,  ainsi 
que  M.  d'Omalius  (4).  M.  Poncelet  (2)  et  M.  Terquem  (5) 
paraissent  le  confondre  avec  une  parlie  du  massif  qui 
constitue  le  gres  de  Luxembourg;  c'est  1'opinion  de  Bo- 
blaye,  qui  1'admellail  en  quelque  sorte  sur  parole;  elle  a  ete 
admise  dans  Implication  de  la  carte  geologique  de  France. 
Nous  n'oserions  dire  jusqu'a  quel  point  ce  depot  con- 
serve ses  caracteres  mineralogiquesen  se  prolongeant  jus- 
qu'a Luxembourg,  ou  sa  puissance  doit  etre  tres-reduite, 
et  ou  il  se  confond  peut-etre  avec  le  suivant.  C'est  1'equiva- 
lent  du  gres  infra-liasique  de  la  Moselle,  notamment  de 
Kedange,  et  de  la  Meurtbe,  de  M.  Levallois  (4);  de  celui 
du  Bas-Rhin  deM.  Daubree  (5);  dn  gres  siliceux  deChar- 
baut  ((>);  de  1'infra-lias  de  1'Yonne  de  M.  Colteau  (7),  au 
moins  en  partie;  des  arkoses  et  psammites  de  1'Auxois  de 
deBonnard(8);dugresinferieurderinfra-liasdeM.Leyme- 


daires  de  la  province  de  Luxembourg;  1851.  —MEM.  coim.  PAR  PAcAD. 
DE  BELG.,  t.  XXV;  1854. 

(1)  Abrege  de  geologic,  1855,  p.  515. 

(2)  Note  sur  le  terrain  liasique  du  Luxembourg;  1852.  —  BOLL.  Soc. 
GEOL.  DE  FR.,  2e  ser.,  t.  IX,  pp.  509-575. 

(5)  Note  sur  le  gres  d'ffettange;  1852.  —  BULL.  Soc.  GEOL.  DE  FH., 
2cser.,  t.  X,pp.  575-579. 

(4)  Note  sur  le  gres  d'Hettange  et  sur  le  grds  de  Luxembourg;  compo- 
sition generale  du  lias  en  Lorraine;  1852.  —  BULL.  Soc.  GKOL.  DE  FR., 
2e  ser.,  t.  IX,  pp.  289  et  suiv. 

(5)  Description  geologique  et  mineralogique  du  departement  du  Bas- 
Rhin;  1852. 

(0)  Memoire  sur  la  geologie  des  environs  de  Lons-le-Saulnier ;  1819. 
—  ANN.  DES  MINES,  lre  ser.,  t.  IV,  pp.  554  et  suiv. 

(7)  Etudes  sur  les  echinides  fossiles  du  departement  de  1'Yonne;  1850. 

(8)  Notice  geognostique  sur  quelques  parties  de  la  JBourgogne ;  1824. 
ANN.  DES  MINES  ,  1 825,  X ,  pp.  1 95  et  suiv. 


(151  ) 

rie  (1);  des  gres  de  la  partie  iriterieure  du  lias  des  environs 
de  Lyon  de  MM.  Dufrenoy  et  E.  de  Beaumont  (2);  du  gres 
d'Auxy  et  probablemcnt  du  calcaire  lumachelle  des  memes 
auleurs  (5),  couches  que  M.  Manes  (4)  ne  separe  pas  du 
trias;  du  gres  du  lias  des  Cevennes  des  memes  auteurs  (5), 
qui  n'est  pas  compris  dans  le  lias  par  M.  E.  Dumas  (6) ,  et 
qui  est  le  gres  infe'rieur  au  lias  de  M.  Dufrenoy  (7);  des 
sables  et  des  gres  inferieurs  au  calcaire  de  Valogne  et  a 
celui  d'Osmanville  de  De  Caumont  (8) ;  enfin,  du  gres  infra- 
liasique  des  Ardennes  de  MM.  Sauvage  el  Buvignier  (9) ; 
et,  en  general,  des  couches  infra-liasiques  des  savants  au- 
leurs de  la  carte  geologique  de  France. 

II  nous  parait  represente,  en  Angleterre,  par  les  schistcs 
noir  fonce  et  les  gres  des  environs  de  Dundry,  de  Wes- 
bury-on-Severn  ,  etc.;  par  les  marnes  et  calcaires  allernant, 
inferieurs  au  lias  blanc ,  au  voisinage  de  Lyme-Regis,  etc. 


(1 )  Memoire  sur  la  partie  infe'rieure  du  systems  sccondaire  du  departe- 
ment  du  Rhdne;  1 838.—  MEM.  DE  LA  Soc.  GEOL.  DE  FR.,  1.  Ill,  pp.  521  et  suiv. 

(2)  Explication  de  la  carte  geologique  de  France;  1848,  t.  II,  p.  741. 
(5)  Ibid.,  p.  749. 

(4)  Statistique  mineralogique*  geologique  et  mineralurgique  du  depar- 
tement  de  Sad ne-et- Loire;  1847. 

(5)  Explication  de  la  carte,  geologique  de  France;  1848,  t.  II,  pp.  711 
et  suiv. 

(G)  Notice  sur  la  constitution  geologique  de  la  region  superieure  ou 
cevennique  du  depariement  du  Gard;  1846.  —  BULL.  Soc.  GEOL.  DE  FK., 
2- -se>.,  t.  Ill,  p.  602. 

(7)  Memoires  pour  servir  a  une  description  geologique  de  la  France; 
18oO,t.  I,  p.  342. 

(8)  Essai  sur  la  lopographie  geognoslique  du  departemsnt  du  Calva- 
dos; 1828.  —  MEM.  Soc.  LINN.  DE  NORMASDIE. 

(9)  Statistique  mimmlogique  ct  geologique  du  ilepartement  des  Arden- 
nes; 1842. 


(152) 

II  en  est  probablement  de  meme  des  couches  inferieures 
du  lias  a  (Sand  und  Thone-Kalk)  de  MM.  Schmidt,  Quend- 
stedt,  etc.,  ainsi  que  de  certains  gres  (Sandstein,  Quader- 
sandstein,  etc.)  de  M.  Roemer  et  de  beaucoup  d'auteurs, 
gres  qui  sont  inferieurs  au  lias  a  gryphee  arquee.  Nous  ne 
pouvons  rien  dire  de  plus  precis;  d'ailleurs,  c'est  en  vain 
qu'on  chercherait  a  retrouver  dans  les  bassins  les  plus 
divers  Fequivalent  parfaitement  exact  de  chaque  subdi- 
vision, celle-ci  n'etant,  pour  ainsi  dire,  qu'un  accident 
mineralogique  dans  les  grandes  formations  que,  seules, 
on  peut  retrouver  partout. 

2.  Marne  de  Jamoigne. 

Ce  depot,  si  remarquable  a  plusieurs  titres,  augmente 
en  puissance  de  la  partie  orientale  de  la  province  a  la 
partie  occidental;  aussi  peut-on,  dans  cette  derniere  re- 
gion, le  considerer  comme  forme  de  deux  assises  distinctes, 
au  moins  par  les  fossiles.  L'inferieure  est  remarquable  par 
la  presence  de  petites  cardinies  tres-nombreuses,  surtout 
les  C.  unio'ides  et  lamellosa,  de  YAstarte  consobrina,  Ch.  et 
Dew.;  de  la  Lima  plebeia,  Ch.  et  Dew.;  de  YOstrea  irregu- 
laris,  du  Montlivaitia  Itaimei,  Ch.  et  Dew. :  la  superieure 
conlient  abondamment  YOstrea  arcuata  et  le  Montlivaitia 
Guetlardi  qui  manquenl  ou  sout  extremement  rares  dans 
la  premiere.  On  retrouve  la  pluparl  des  especes  que  nous 
venons  de  ciler  dans  celle-ci  jusqu'a  Luxembourg;  on  ne 
les  relrouve  jamais,  sauf  peut-etre  la  Lima  plebeia  et  YOs- 
trea irregularis,  dans  la  marne  de  Strassen,  dont  la  faune 
est  meme  distincte  de  celle  des  assises  a  gryphee  arquee 
de  la  marne  de  Jamoigne.  A  Helmsingen,  nous  avons  ren- 
contre la  Cardinia  lamellosa,  etune  autre  petite  espece  dans 


un  bloc  de  calcaire  sableux,  passant  a  un  macigno  gris 
jaunatre;  malheureusement,  il  etail  hors  place,  mais  nous 
sommes  sur  qu'il  appartenait  aux  couches  les  plus  infe'- 
rieures  du  lias,  car  il  provenait  d'une  carriere  ouverte  a 
la  base  du  gres. 

II  est  impossible  de  voir  dans  cet  etage  une  partie  du 
calcaire  argileux  et  de  la  marne  de  Strassen  que  Ton  en 
separerait  a  tort,  trompe  par  des  failles.  Nous  Favons 
suivi  constamment  uniforme  danstoute  la  province  et  dans 
une  grande  partie  du  Grand-Duche ,  au  nord  et  a  la  base 
des  escarpements  du  gres  de  Luxembourg;  seulement,  son 
epaisseur  y  est  considerablement  diminuee,  comme  nous 
1'avons  deja  dit.  On  le  rencontre  parfois  au  S.  de  la  limite 
generate  du  gres,  dans  des  vallees  profondes  :  a  Eischen  , 
par  exemple,  ou  il  commence  a  paraitre  au  bureau  de 
douane  de  la  Scierie,  il  est  assez  bien  developpe  dans  le 
village,  surtout  sur  la  route  deSteinfort;  peut-etre  meme 
que  les  couches  inferieures  appartiennent  au  gres  de  Mar- 
tinsarl;  de  la  il  se  prolonge  le  long  du  ruisseau  jusqu'au 
dela  d'Hopscheiden ,  ou  nous  1'avons  abandon ne.  La  coupe 
d'Arlon  a  Eischen  est  des  plus  demonstratives,  ainsi  que 
beaucoup  d'aulres,  d'Arlon  vers  le  nord-esl,  le  nord  ou 
nord-ouest. 

Pres  de  Luxembourg,  on  retrouve  cet  etage  dans  la  meme 
position,  formant  une  couche  peu  epaisse  de  marne  grise 
schisto'ide  et  de  calcaire  greseux,  don  t  la  presence  fut  signa- 
lee,  pour  la  premiere  fois  en  1827,  par  M.  Dufrenoy  (1). 
Celte  couche,  que  Ton  trouve  au-dessus  des  marnesirisees, 


(1 )  Observations geologiques  snr  les  different?*  formations  qui ,  dans  le 
systeme  des  Fosges ,  separent  la  formation  houillere  de  celle du  lias ;  1 827 . 
—  ANN.  DES  MrNES ,  2e  ser.,  1. 1,  p.  395. 


(  154  ) 

le  long  des  rives  de  1'Alzette,  est  frequemmenl  cachee  par 
des  eboulemenls  de  sable;  mais  on  rencontre presque  tou- 
jours  a  la  surface  du  sol  des  cailloux  qui  lui  apparliennent; 
ils  sont  formes  de  calcaire  gris  de  fumee,  en  apparence 
argileux,  mais,  en  realite,  contenant  bcaucoup  de  sable 
exlrememenl  fin,  avec  une  notable  quantite  de  pyrite,  lout 
comme  noire  marne  de  Jamoigne.  Ses  fossiles  se  retrouvent 
chez  nous  dans  le  gres  de  Martinsart  el  dans  la  marne  de 
Jamoigne.  Elle  reparail  plus  au  sud,  dans  les  vallees  pro- 
fondes;  ainsi,  nous  1'avons  relrouvee,  avec  M.  Moris,  pro- 
fesseur  a  Palhenee  de  Luxembourg,  pres  de  Mamert,  le 
long  du  ruisseau  qui  coule  vers  Kopstal.  Sa  puissance  doil 
etre  encore  assez  forle,  car,  dans  un  sondage  execute  a 
Cessingen  (1) ,  on  a  oblenu  plus  de  25  melres  qui  repre- 
sentent  cet  elage  et  le  precedent. 

C'est  probablement  a  la  hauteur  de  la  marne  de  Jamoi- 
gne qu'il  faut  placer  le  calcaire  a  gryphee  arquee  de  Dis- 
iroff,  qui  parail  situe  entre  le  gres  infra-liasique  de  Kedange 
et  le  gres  d'Hetlange.  C'esl  un  fail  a  verifier. 

Malgre  Tobservation  de  M.  Dufrenoy,  eel  etage  n?a  pas 
ele  indique  par  M.  Sleininger  (1828,  L  c.);  il  ne  parait 
pas  1'avoir  reconnu  dans  noire  province,  pas  plus  que 
Felage  precedent;  sinon,  il  1'aura  confondu  avec  la  marne 
de  Slrassen,  donl  il  differe  plus  encore  par  les  fossiles 
que  par  les  caracteres  mineralogiques,  et  dont  sa  position 
lesepare  netlemenl;  mais  les  details  locaux  que  Ton  trouve 
dans  son  Memoire  nous  font  croire  qu'il  ne  1'a  pas  vu. 
On  trouve  seulement,  dans  la  plancbe  qui  accompagne 


(I)  Levallois,  Note  surun  sondage  execute  d  Cessingen;  1859.  —  ANN. 
j)F,s  MINES,  5«  sdr.,t.  XVI,  p.  295. 


(  155) 

son  travail ,  une  coupe  (fig.  7) ,  ou  Ton  voit  des  argiles  et 
marnes  yrises  sous  ie  gres  dc  Luxembourg,  mais  en  stra- 
tification discordante,  comme  les  marnes  bigarrees;  c'est 
la  tout  ce  qui  peut  se  rapporter  a  nos  etages  1  et  2. 

Ce  silence  de  Steininger  a  eu  la  plus  grande  part  dans 
les  erreurs  ou  bien  des  savants  ont  verse  (1).  Ainsi  Puillon- 
Boblaye  (1829,  /.  c.),  ne  trouvant,  dans  les  environs  de 
Florenville,  qu'un  calcaire  a  gryphee  arquce  sur  du  gres 
(gres  de  Martinsart) ,  crut  pouvoir  rapporter  avec  certitude 
son  lias  an  calcaire  a  gryphee  de  Strassen ,  et  separa  ainsi 
le  gres  de  Luxembourg  en  deux  etages  distincts.  M.  d'O- 
malius  (1853,  /.  c.)  suivit  Boblaye,  el  decrivit  cet  etage 
sous  le  nom  de  calcaire  a  gryphites.  C'est  la  marne  de 
Jamoigne  de  M.  Dumont  (1842,  1849,  1852,  II.  cc.),  de 
M.  d'Omalius  (1842,  1855,  IL  cc.).  Nous  Pavons  decrile 
sous  le  meme  nom  en  1851. 

L'opinion  de  Puillon-Boblaye,  reproduite  dans  V Expli- 
cation de  la  carle  ge'ologique  de  la  France,  a  etc  renouvelee 
dernierement  par  M.  Poncelet  el  M.  Terquem  (1852,  /.  c.). 
A  part  toule  autre  raison ,  nous  ne  concevons  guere  com- 
ment des  failles  puissent  rendre  raison  de  la  prolongation 
du  calcaire  a  gryphee  de  Florenville,  d'une  part,  par 
Metzert,  Loevelange....,  jusqu'a  Helmsingen,  elc.,  ce  qui 
est  incontestable;  de  1'autre,  par  la  vallee  de  la  Semois  et 
Arlon  jusqu'a  Strassen. 

La  marne  de  Jamoigne  se  prolonge  dans  le  department 
des  Ardennes,  oil  elle  devient  les  marnes  et  calcaires  a 
gryphee  arquee  de  MM.  Sauvage  et  Buvignier  (1842 ,  /.  c.). 


(1)  Cf.  d'Omalius  d'Halloy,  Note  sur  le  gres  de  Luxembourg;  1844.  - 
BULL.  Ac.  DK  BRUX.,  1.  XI,  2,  p.  192. 


(  156) 

En  considerant  plus  specialement  sa  parlie  inferieure,  sous 
lesgryphees,  nous  y  rapportons,  en  France,  le  calcaire 
de  Valogne  et  celui  d'Osmanville  de  de  Caumont  (1828, 
/.  c.),  les  marnes  et  calcaire  places  entre  le  calcaire  lu- 
machelle  et  le  calcaire  a  gryphee  du  departement  de 
Saone-et-Loire  de  M.  Manes  (1847,  /.  c.),  le  choin  bdtard 
et  les  macignos  et  calcaires  quartziferes  du  departement 
du  Rhone  de  M.  Leymerie  (1838,  /.  c.),  Pinfra-lias  et  la 
dolomie  infra-liasiquedes  Cevennesde  M.  E.  Dumas  (1846, 
/.  c.) ,  ou  le  calcaire  compacte  esquilleux  et  la  dolomie  de 
M.  Dufrenoy  (1850,  /.  c.)  et  de  MM.  Dufrenoy  et  E.  de 
Beaumont  (1848,  /.  c.  passim);  les  marnes  et  lumachelles 
a  plagiostomes  de  1'Auxois  de  de  Bonnard  (1825,  /.  c.).  En 
Angleterre,  nous  y  rapportons  le  lias  blanc  de  Wesbury, 
dans  le  Glocestershire;  en  Allemagne,  elle  correspond, 
sans  doule,  a  une  partie  du  liasade  M.  Quenstedt,  ou  de 
Vunterer  Lias-Sandstein  de  M.  Roemer. 

3.  Gres  de  Luxembourg. 

Get  etage  se  compose  de  sables,  de  gres  calcariferes  et 
de  calcaires  sableux  que  nous  ne  decrirons  pas.  Malgre  la 
grande  variete  qu'ils  presentent  dans  les  diverses  parties 
de  la  province,  on  trouve  general emen t ,  dans  le  grain  ou 
la  couleur  des  assises  compactes  exploiters  comme  pierre 
de  construction,  paves,  ou  simplement  cailloux  d'em- 
pierrement,  unecertaine  con  form  i  le  de  fades  qui  echappe 
a  la  description.  Quand  on  s'est  familiarise  avec  le  gres 
dans  la  partie  orientale,  ou  la  presence  de  la  rnarne  de 
Strassen  peut ,  a  chaque  pas ,  fixer  le  niveau  geognostique, 
on  est  rarement  embarrasse  pour  dire  si  le  gres  d'wne  car- 
Here  de  la  partie  occidentale  appartient  ou  non  a  Pelage 


qui  nous  occupe.  II  n'y  a  guere  que  les  calcaires  sableux 
de  la  partie  superieure,  a  1'ouest  de  Florenville,  qui  puis- 
sent  offrir  des  difficultes. 

L'inclinaison  des  couches  nous  a  paru  generalement  de- 
passer  2  a  5°  vers  le  sud-sud-est  ou  le  sud-est.  Leur  allure 
est  remarquable  et  uniforme  depuis  Hettange  jusque  dans  les 
Ardennes;  ce  sont  des  banes  lenticulaires  tres-deprimes , 
a  surface  ondulee,  qui  ont  ele  decrits  trop  souvent  pour 
que  nous  insistions.  II  n'est  pas  bien  rare  de  rencontrer 
du  sable  argileux  assez  impermeable  pour  donner  lieu  a 
des  sources;  on  en  trouve  plusieurs  banes  pres  d'Arlon, 
entre  Frassem  et  Guirsch ,  pres  de  Clairefontaine ,  etc. 

Dans  la  partie  orientale  de  la  province ,  les  assises  su- 
perieures  renferrnent  un  ou  deux  banes  pelris  de  grandes 
coquilles  bivalves;  ce  sont  surtout  les  Cardinia  copides  et 
concinna,  et  YHettangia  ovata,  qui  ont  apparu  deja  a  un 
niveau  inferieur.  Dans  la  partie  ou  le  calcaire  argileux  de 
Strassen  n'est  pas  represente,  on  les  retrouve  souvent, 
et  ils  torment  un  bon  point  de  repere;  seulement,  ces 
especes  s'elevent  plus  baut,  et  sont  alors  associees  a  d'au- 
tres  qui  appartiennent  plus  specialement  au  calcaire  de 
Strassen,  surtout  a  un  grand  Pecten  lisse,  que  nous  croyons 
etre  le  P.  disci/ormis,  Schiibler,  et  a  quelques  belemnites. 
Hors  de  la ,  les  belemniles  sont  des  plus  rares  dans  le  gres; 
nous  n'en  avons  jamais  trouve  autour  d'Arlon. 

La  limite  meridionale  de  eel  elage  n'a  pas  ete  indiquee 
par  M.  Dumont ;  j'en  ai  reconnu  quelques  points  avec  mon 
ami  M.  Chapuis;  nous  sommes  parvenus  a  la  determiner 
en  grande  partie,  1'annee  derniere.  Elle  entre  dans  la 
province,  pres  de  Steinfort,  un  peu  au  sud  de  la  route 
d'Arlon  a  Luxembourg,  qu'elle  croise  bienlol  pour  passer 
au  nord  de  Wolberg  ,  puis,  en  tournant  au  nord ,  a  1'ouest 


(158) 

de  Clairetontaine,  un  pen  a  Test  de  Waltzing;  elle  coupe 
la  route  d'Arlon  a  Mersch  un  peu  plus  has  que  la  Nouvelle- 
Esperance ,  passe  a  Frassem  ,  a  Test,  puis  au  nord  et  pres 
de  Bonnert,  traverse  la  route  d'Arlon  a  Liege  un  peu  au 
nord  de  la  Belle-Vue,  continue  vers  1'ouest  jusque  pres  du 
bois  de  Benert  ou  elle  tourne  au  sud ,  passe  a  1'ouest  et 
pres  de  Viville,  entre  Stockem  et  Frelange ,  a  la  Papeterie 
sous  Heinsch ,  lourne  au  sud-ouest  et  penetre  dans  les  bois 
de  Slockem.  Sur  ce  trajet  elle  est  clairement  indiquee  par 
le  calcaire  argileux  et  la  marne  de  Strassen.  Plus  loin , 
vers  1'ouest ,  sa  determination  presente  parfois  des  diiJi- 
cullesinsurmonlables,  notammentde  la  Papeterie  a  Vance, 
oil  le  gres  de  Virton  n'est  represenle  que  par  des  sables 
dont  les  eboulements  out  recouvert  les  sables  et  gres  de 
Luxembourg.  Ajoutez  a  cela  que  la  limite  traverse  de 
vastes  forets  ou  il  n'y  a  pas  de  earriere ,  que  le  caractere 
mineral ogique  est  sujet  a  caution ,  et  que  Ton  ne  trouve 
pas  souvent  des  fossiles  caracteristiques. 

Cependant ,  si  nous  reprenons  le  gres  a  la  irontiere  du 
departement  des  Ardennes,  nous  verrons  sa  limite  supe- 
rieure  passer  au  sud  de  Lime  et  de  la  route  de  Florenville 
a  Virton  jusque  pres  de  Gerouville ,  ou  elle  lourne  a  Test , 
puis  au  nord,  passe  entre  Gerouville  et  les  forges  de  La- 
soye,  longe  la  forel  de  Medgibois,  penetre  dans  les  bois 
de  Meix,  et  arrive  un  peu  au  nord  de  ce  village.  Ici  le  gres 
de  Luxembourg  s'etend  dans  la  vallee  que  parcourt  la 
route  de  Florenville  a  Virton;  il  remonte  au  nord  pendant 
plus  d'un  kilometre,  et  se  prolonge  au  midi  jusque  vers 
Houdrigny,  en  poussant  des  embrancbements  dans  les 
vallons  lateraux,  nolamment  dans  celui  des  forges  de 
Bergiwez,  jusqu'au  pied  de  1'eminence  ou  est  bali  Robel- 
mont.  A  partir  du  sud  de  Meix,  la  limite  se  dirige  au 


(  159) 

nord-est,  longeant  Ics  collines  qui  se  trouvent  a  gauche 
clu  chemin  de  Meix  a  Ethe,  passe  a  un  kilometre  environ 
au  nord  de  la  ferine  de  Harpegny,  croise  la  route  de 
Virlon  a  Elale  un  peu  au  sud  de  1'inlerseclion  du  chemin 
de  Meix  a  Ethe.  Plus  loin,  nous  1'avons  perdue  dans  les 
hois  d'Ethe;  mais  on  la  rctrouve  a  peu  de  distance,  dans 
le  vallon  du  ruisseau  de  Rahay,  a  Test  de  Virton;  elle 
passe  de  la  au  nord  de  Belmont,  d'Ethe,  ties  forges  de 
Claireau,  a  trois  kilometres  environ  a  1'ouest  de  S'-Le'ger, 
toujours  dans  les  hois.  Nous  croyons  1'avoir  retrouvee  plus 
loin  entre  Ghatillon  ct  Chantemelle;  mais  au  dela  de  ce 
point,  entre  Vance  et  Chatillon ,  entre  la  Papeterie  et  le 
pont  de  Lagland  ,  nous  avons  desespere  de  la  trouver.  Les 
hauteurs  qui  se  trouvent  au  nord  de  cette  ligne  sont  ordi- 
nairement  couronnees  par  du  gres  de  Virton ;  mais  nous 
n'en  possedons  pas  les  limiles. 

Nous  passerons  sous  silence  les  discussions  qui  ont  en 
lieu  sur  la  position  du  gres  de  Luxemhourg  dans  la  serie 
des  terrains  j usque  vers  1828  :  il  y  aurait  peu  de  profit 
aujonrd'hui  a  iaire  passer  en  revue  au  lecteur  tout  ce  qu'on 
a  ecrit  pour  decider  si  c'etait  un  quadersandstein ,  un 
keupersandslein  ou  meme  autre  chose.  En  1828,  il  fut 
decrit  par  M.  Steininger  (/.  c.)  et  classe  definilivement 
dans  le  lias;  quant  a  son  extension ,  ce  savant  y  compre- 
nait  le  gres  de  Virlon,  et.  peut-elre  meme  une  parlie  du 
macigno  d'Aubange.  Peu  apres,  Puillon-Boblaye  (1829, 
/.  c.)  le  de'crivit  a  Florenville  et  dans  les  departements 
des  Ardennes  et  de  la  Meusc;  mais  Steininger,  comme 
nous  1'avons  deja  dit,  n'ayant  pas  decrit  la  marne  de  Ja- 
moigne  et  le  gres  de  Martinsart,  Boblaye  rapporta  cette 
marne  au  calcaire  argileux  de  Strassen  et  fut  force  de 
faire  du  calcaire  sablcux  un  depot  superieur  a  ce  qu'il  est 
Arp.  BULL.  i853-i854.  12 


(  160  ) 

reellemcnt  quant  a  sa  partie  inferieure.  II  Tut  suivi  par 
M.  d'Omalius  (1855,  L  c.) ,  qui  decrivit  le  tout  sous  le 
nom  de  calcai.re  a  belemuites  d'Orval.  En  1842,  M.  Du- 
mont  (/.  c. )  retablit  le  parallelisme  enlre  le  gres  de 
Luxembourg  et  le  calcaire  a  belemnites  :  il  decrivit  i'etage 
dont  nous  parlons  comme  forrnant  les  assises  inferieures 
de  son  deuxieine  elage  liasique  ou  gres  de  Luxembourg, 
dans  lequel  il  comprenait  deux  autres  assises,  le  calcaire 
argileux  et  le  sable  superieur.  M.  d'Omalius  adopta  cette 
maniere  de  voir,  et  indiqua  dans  le  Coup  d'ceil  (1842), 
sous  le  nom  de  gres  de  Luxembourg,  1'etage  entier  que 
M.  Dumont  venait  de  faire  connaitre.  Plus  tard,  ce  der- 
nier le  divisa  (1849,  /.  c.) ,  reservant  ce  nom  a  1'etage 
qui  nous  occupe,  denommant  a  part  le  calcaire  argileux  et 
la  marne  de  Strassen,  el  reportant  le  sable  superieur  a 
1'etage  du  macigno  d'Aubange,  ou  il  devenait  sable  infe- 
rieur.  Nous  avons  suivi  celte  maniere  de  voir  dans  notre 
travail  ave'c  M.  Chapuis;  enfm,  M.  d'Omalius  vient  de  1'in- 
diquer  sous  le  meme  nom  (1855,  /.  c.).  D'un  autre  cote, 
M.  Terquem  (1852,  /.  c.)  est  revenu  a  1'opinion  de  Boblaye : 
notre  gres  de  Luxembourg  est  son  gres  infra-liasique  et 
uue  partie  de  son  gres  d'Arlon  ou  caicaire  sableux;  1'autre 
est  du  gres  de  Virlon  (c'est  celle  qui  recouvre  le  calcaire 
argileux  de  Strassen).  M.  Poncelet  parail  du  meme  avis. 
Envisage  comme  nous  le  faisons,  le  gres  de  Luxembourg 
correspond  done  a  la  partie  inferieure  du  calcaire  sableux 
de  Boblaye,  du  calcaire  a  belemnites  d'Orval  de  M.  d'O- 
malius, et  du  calcaire  sableux  de  MM.  Sauvage  et  Buvi- 
gnier,  dont  la  division  inferieure  est  1'exact  equivalent  et 
la  continuation  de  notre  gres  de  Luxembourg,  tel  qu'il 
existe  sous  le  meridien  de  Virton.  C'est  le  gres  d'Het- 
tange,  au  moins  par  sa  par  lie  ioferieure. 


{  161  ) 

Hors  des  depots  sableux  du  goli'e  do  Luxembourg,  nous 
ne  trouvons  qu'incertitude  dans  la  synonymic.  En  Angle- 
terre,  il  correspond  a  une  partie  indeterminee  du  lias 
bleu,  du  lower  lias  shale;  et,  si  nous  n'elevons  pas  la 
limite  superieure  jusqu'aux  dernieres  couches  du  lias 
bleu ,  c'est  que  nous  avons  surlout  en  vue  le  gres  des  envi- 
rons de  Luxembourg  et  d'Arlon,  supportant  le  calcaire  a 
gryphee  de  Strassen.  On  peut  en  dire  autant  pour  la 
France  :  le  gres  d'Hettange,  de  Luxembourg  et  d'Arlon 
n'est  ni  infra-liasique,  ni  supra-liasique;  il  est  subordonne 
au  lias  a  gryphee  arquee,  lias  interieur  ou  lias  propre- 
ment  dit.  En  Allemagne,  il  parait  avoir  un  correspondant 
assez  exact  dans  le  gres  d'Halberstadt,  dont  M.  Bunker  a 
fait  connaitre  la  faune  recemment.  Ailleurs,  on  pourrait 
peut-etre  y  rapporter  la  parlie  superieure  du  lias  «  de 
M.  Quenstedt,  et  des  gres  inferieurs  au  calcaire  a  gryphee 
deM.  Rosmer  et  des  auteurs.  Du  reste,  ces  rapprochements, 
plus  ou  moins  forces,  ont  pour  nous  d'autant  moins  de 
valeur  que  la  limite  superieure  du  gres  est  variable  et 
peut  atteindre  celle  du  lias  a  gryphee  arquee. 

4.  Calcaire  argileux  et  marne  de  Strassen. 

Get  etage,  par  lequel  se  terminent  les  depots sinemuriens 
de  la  plus  grande  partie  du  Luxembourg,  se  compose  de 
marne  gris  bleualre,  paribis  jaunalre  ou  brunatre,  ordi- 
nairement  plastique,  rnais  contenant  parfbis  du  sable 
dans  sa  partie  superieure,  disposee  en  couches  assez 
epaisses,  atlernant  avec  des  banes  de  calcaire  argileux, 
compacie  ou  sub-compacte,  tenace,  de  meme  couleur;  il 
passe  assez  souvent  a  un  macigno  grisatre  ou  gris  jau- 
natre, pointillede  grains  noirs  charbonneux  ou  de  petites 


(  162  ) 

laches  jaunatres,  argileuses.  Sur  les  limiles  du  depot,  il 
passe  souvent  au  gres. 

II  forme  une  bande  generalement  elroite,  qui  separe  le 
gres  de  Luxembourg  du  gres  de  Virton  dans  la  partie  orien- 
tale  de  la  province,  comme  dans  le  Grand -Duche.  Plus  a 
1'ouest,  cette  bande  s'amincit  et  disparait,  de  sorte  que  la 
formation  sableuse  inferieure,  plus  developpec,  est  imme- 
diatement  recouverte  par  la  formation  superieure  ou  gres 
de  Virton. 

Nous  avons  vu  la  limite  inferieure  de  cette  bande;  la 
limite  superieure  passe  a  la  base  des  deux  eminences  de 
Sterpenicb,  coupe  la  route  d'Arlon  a  Luxembourg,  a 
4,060  metres  d'Arlon ,  passe  enlre  cette  ville  el  Waltzing, 
a  1'ouest  de  Frassem,  a  Bonnert,  a  la  Belle-Vue,  a  Viville, 
a  la  chapelle  Ste-Croix  pres  d'Arlon,  traverse  la  route  de 
Florenville  presde  la  Fontaine,  en  se  dirigeant  vers  Schop- 
pach ,  retourne  vers  le  nord  et  traverse,  de  nouveau,  la 
roule  de  Florenville  pour  aller  passer  au  nord,  tout  pres 
de  Stockem,  aux  environs  de  la  Papeterie;  elle  se  termine 
un  pen  plus  loin  dans  le  bois  de  Stockem.  Get  elage  forme 
en  outre  deux  petits  massifs  sur  la  region  occupee  par  le 
gres  de  Luxembourg  :  1'un  couronne  les  plateaux  de 
Guirscb  et  d'Hecbous;  1'autre,  celui  de  Frelange  et  de 
Hcinsch ,  ou  il  supporte  un  lambeau  de  1'etage  suivant. 

II  contient  un  assez  grand  nombrede  fossiles,  entre  au- 
tres  YOslrea  arcuata,  le  Pecten  disci  for  mis ,  le  Belemnites 
aculus ,  {'Ammonites  bisulcalus  et  le  Spirifer  Walcotti. 

Les  gryphees  sont  de  forme  tres-variable;  il  s'en  trouve 
que  Ton  confondrait  avec  VOstrea  cymbium,  sans  parler 
dc  petites  varieles,  larges  et  arrondies,  a  petit  crochet, 
que  nous  rapportons  a  la  Gryphea  suilla,  Schl.,  ou  G.  ova- 
lis,  Ziet,  especes  que  d'autres  considerent  comme  varietes 


(165) 

del'O.  cymbium.  D'ailleurs,  la  meme  chose  s'observe  dans 
la  marne  de  Jamoigne,  quoique  a  un  moindre  degre. 

On  ponrrait  supposer  que  cet  etage  est  recouvert,  dans 
la  partie  occidentale,  par  le  gres  deVirton,  qui  aurait 
deborde  vers  le  nord;  mais  nous  croyons  qu'il  n'en  est 
rien.  L'amincissemenl  progressif  du  depot  tend  deja  a  faire 
croire  le  contraire;  et,  nulle  part,  dans  les  nombreux 
endroits  ou  nous  avons  constate  la  superposition  imme- 
diate des  deux  gres,  nous  n'avons  retrouve  le  calcaire  de 
Strassen,  meme  dans  les  localites  les  plus  meridionales, 
telles  que  les  environs  de  Sl-Leger  et  de  Virton. 

Remarquons  ici  que  M.  Terquem  (1852,  /.  c.)  a  decou- 
vert,  a  Hesperange,  dans  le  Grand-Duche,  un  gres  a  gry- 
phee  arquee  entre  le  vrai  gres  de  Luxembourg  et  un  gres 
a  G.  cymbium,  ou  noire  gres  de  Virlon.  Ainsi,  tout  a  fait 
a  Test  du  Luxembourg,  la  cause  ensablante  aurait  agi  sans 
interruption  et  remplace  les  argiles  et  les  calcaires  par 
des  gres  depuis  1'epoque  du  depot  du  gres  de  Luxembourg 
jusqu'a  celle  des  marnes  feuilletees  de  Cessingen,  comme 
elle  1'a  fait  dans  la  partie  occidentale,  jusqu'au  depot  des 
schisles  d'Ethe,  qui  ne  sont  autre  cbose  que  les  marnes 
que  nous  venons  de  nommer.  De  telle  sorte  que ,  si  Ton 
considere  le  gres  de  Luxembourg  comme  inffa-liasique, 
tout  le  lias  inferieur  serait  represenle  la  par  quelques 
minces  assises  de  gres. 

M.  Terquem  (1852,  /.  c.)  croit  avoir  trouve  que  le  depot 
du  calcaire  argileux  de  Sirassen  a  ele  precede,  dans  le 
Grand-Duche,  par  tine  calastropbe  qui  aurait  ravine,  de- 
nude le  gres  de  Luxembourg,  dans  les  anfractuosites  du- 
quel  se  serait  fait  plus  tard  le  depot  du  calcaire  a  gryphee 
arquee.  Nous  n'avons  pas  assez  etudie  le  Grand-Duche 
pour  oser  affirmer  le  contraire;  mais  nous  pouvons  dire 


(  164  ) 

que  nous  n'avons  jamais  rien  vu  de  pareil  dans  notre  pays. 
D'ailleurs,  si  notre  manieredevoireslexacte, — c'est-a-dire 
si  le  calcaire  argileux  de  Strassen  est  un  depot  local,  con- 
tcmporain  des  assises  superieures  du  gres  de  Luxembourg 
de  certaines  localites  on  la  cause  ensablanle,  plus  ener- 
gicjue,  s'est  fait  senlir  d'une  maniere  continue,  depuis  les 
couches  inferieures  de  ce  gres  jusqu'au  depot  des  marnes 
feuilletees, —  il  est  evident  que  la  surface  du  gres  de  Luxem- 
bourg doit  presenter  des  inegalites,  des  bassins  plus  ou 
moinsetendnsqui  pourraienlfairecroire  a  une  denudation. 
Mais,  contrairement  a  ce  qui  devrait  etre,  si  celle-ci  existait 
reellemenl,  il  y  a  des  passages  frequents  en  ire  les  deux  eta- 
ges,  et  nous  ne  croyons  pas  etre  le  sen!  qui  les  ait  observes. 
Le  calcaire  argileux  de  Strassen  est  le  calcaire  a  gry- 
phites  de  Sleininger  (1828,  /.  c.),  non  celui  de  Boblaye 
1829,  /.  c.),  ni  de  M.  d'Omalius  ( 1855,  /.  c.);  c'est  le 
calcaire  argileux  et  la  marne,  troisieme  assise  du  gres  de 
Luxembourg  de  M.  Dumont  (1842,  /.  c.),  de  M.  d'Oma- 
lius (1842,  /.  c.),  la  marne  de  Strassen  de  M.  Dumont 
(1849,  /.  c.) ,  le  calcaire  argileux  et  la  marne  de  Strassen 
du  meme  auleur  (1852,  /.  c.),  de  M.  d'Omalius  (1855, 
(/.  c.).  Enfin,  nous  I'avons  decrit  sous  le  norn  de  marne 
de  Strassen  dans  notre  memoire  avec  M.Chapuis.Ii  n'existe 
pas  dans  les  Ardennes;  c'est,  au  contraire,  le  calcaire  a 
grypbee  qui  recouvre  le  gres  d'Hettange.  II  correspond  a 
la  partie  superieure  du  lias  bleu  ou  inferieur  des  Anglais, 
du  lias  inferieur,  lias  proprement  dit  ou  caloaire  a  gryphee 
arquee  des  Fran^ais  (nous  en  exceptons  MM.  Sanvage  et 
Buvignier).  Nous  y  rapporlons  de  meme  le  Lias-Kalk  ou 
Gryphilen-Kalk,  et  le  lias  /3,  argile  a  ammonites  Turneri 
des  auteurs  allemands.  Au  moins ,  peut-on  dire  avec  cer- 
titude que  ces  couches  term 'men  t  le  lias  inferieur  dans  ces 


pays,  comme  chez  nous,  le  calcaire  argileux  et  la  marne 
de  Strassen. 

Nous  joignons  a  cette  revue  quelques  coupes  destinees 
a  montrer  la  superposition  reelle  des  quatre  etages  qui 
constituent  chez  nous  le  lias  inferieur. 

Fig  i.  —  Coupe  d'Attert  a  Arlon.  (  Voy.  Fig.  2.  —  Coupe  d'Arlon  a  Loevelange, 

Dumont,  1842,  1.  c.,  p.  21.)  par  Guirsch. 

Attert,  I!clle-Vue.  Chapelle-S"-Croix. 

Attert,  U.         Metzert.  Quatre- Vents.         Arlon.  Frassem.  Guirscli.  Loevelange. 


Fig.  3.  —  Coupe  d'Arlon  a  Monl-Quintin. 


Ruisseau  tie 
Mont-Quintin.        Virton.    Rabay.  Elbe. 


abay-la-Ncuve. 


Fig.  4.  —  Coupe  d'Eischen  a  Habay-la-Neuve,  passant  a  cote  d'Arlon. 

Plateau  Cbapelle- 

Lottert.    de  Ueinsch,  de  Frelange.    Viville.       Sle-Croix.    Arlon. 


1.  Terrain  rhenan. 
1.  Terrain  (riiisi((uc. 

a.  Grfs  de  M::rtinsart. 

b.  Marne  tie  Jam.<igni*. 


Eischcn 


17  kilom. 

r.  Gri'S  de  Luxembourg.  0-  Macigno  d'Aubange. 

d.  Cale.  argilcux  et  marno  de  Strasscn.          A.  Schiste  et  marne  de  Grand-Cour. 

e.  Gres  de  Virton.  3.  Caleaire  de  Longwy. 

f.  Schiste  d'Kthe. 


106 


i' 

It 

1 


II 


Un  peu  an  sud  de  1'e- 
glise  d(3  Loevelange,  sur 
le  chemin  de  Beckerich, 
on  irouve,  au-dessus  des 
marnes  irisees  :  1°  du  sa- 
ble grossier  blanc  verda- 
tre  passant  a  un  gres  fria- 
ble gris  verdatre  ou  gris 
jauoatrc ;  2°  une  marne 
compacle,  sableuse,  mi- 
cacee,  en  petils  lits  irre- 
gulicrs  brun  noir  separes 
par  des  lits  semblables 
de  sable  jaunatre  cohe- 
rent; 5°  des  banes  epais 
de  gres  grisatrc  et  gris 
jaunatre,  peu  tenace  (un 
des  banes  inferieurs  ren- 
ferme  de  pelits  cailloux 
roules);  4°  un  pen  de 
marne  schistokle  sableu- 
se noir  bleuatre;  5°  une 
serie  de  banes  de  marne 
plaslique,  bleue  vers  le 
bas,  jaunatre  vers  le  haul, 
separes  par  des  banes  de 
caleaire  d'abord  grisatre 
ou  gris,  argileux,  puis 
gris  bleuatre >  encore  ar- 
gileux ,  mais  [>lns  compacte;  0°  quelques  couches  de  marne 
jaunalre,  alternant  avcc  un  caleaire  fmement  sableux, 
jaune  grisatre,  poinlillc  de  noir;  7°  du  caleaire  semblable 


(167  ) 

mais  plus  sableux;  8°  les  sables  et  gres  de  Luxembourg. 
Les  couches  1-4  representcnt  le  gres  deMartinsart,  5-7  la 
marne  de  Jamoigne. 

La  parlie  inferieure  du  lias  du  Luxembourg  nous  offre 

une  exception  remarquable  dans  la  nalure  mineralogique 

des  depots  de  cette  epoque ,  specialement  de  ceux  du  bassin 

de  Paris.  En  general ,  nous  les  voyons  ailleurs  constitues 

parliculierement,  pour  ne  pas  dire  en  lolalite,  de  marries 

ou  d'argiles  et  de  calcaire;  a  cette  uniformite  slraligraphi- 

que  et  petrographique  correspond  la  presence  de  YOstrea 

arcuata.  Ici ,  au  contraire,  on  remarque  une  abondance 

de  sable  quartzeux  qui  remplace  les  aulres  elements  de 

maniere  a  former  des  sables  plus  ou  moins  ealcariferes, 

des  gres  et  des  calcaires  sableux.  Nous  n'avons  pas  a  re- 

cbercber  la  cause  de  cet  disablement :  c'esl  un  fait  excep- 

lionnel  que  nous  constalons.  Mais  celte  cause  n'a  pas  agi 

partoul  avcc  la  meme  energie,  la  meme  duree  ni  la  meme 

conlinuile.  Apres  avoir  produil  d'abord  le  gres  infra-liasi- 

que  des  Ardennes,  celui  de  Marlinsart,  les  minces  couches 

de  calcaire  greseux  dTIelmsingen  ,  le  gres  de  Kedange,  de 

meme  que  les  arkoses,  les  psammites,  les  lumachclles  de 

1'Auxois,  elle  cesse  d'agir  pendant  pen  de  lemps  a  Helm- 

singen ,  plus  longtemps  a  Distroff  et  a  Jamoigne,  plus 

encore  dans  les  Ardennes,  et  il  se  depose  des  couches  ar- 

gilo-calcaires.  Apres  ces  depots,  dont  la  grande  inegalite 

de  puissance  temoignede  i'inegale  duree  de  leurformalion, 

rensablement  recommence  plus  fort  que  prececlemment, 

et  produit  le  calcaire  sableux  des  Ardennes,  les  gres  de 

Luxembourg  et  d'Hetlange;  mais  il  ne  se  prolonge  pas  jus- 

qu'en  Bourgogne ,  el  le  lias  de  1'Auxois  est  rentre  dans  la 

regie  generale.  Plus  lard ,  la  cause  ensablante  ccsse  de  se 

faire  sontir  a  Hellange,  l\  Luxembourg  el  a  Arlon,  et  il  se 


(  168  ) 

depose  le  calcaire  a  gryphee  d'Hettange  et  la  marne  de 
Strassen,  pendant  qu'a  Hesperange,  a  Florenville  et  dans 
les  Ardennes  se  produisent  les  assises  superieures  du  gres 
de  Luxembourg  et  du  calcaire  sableux  inferieur. 

Uu  nouveau  changement  a  lieu  dans  le  regime  des  mers; 
il  marque  la  fin  de  Pepoque  liasique  inferieure,  et  le  lias 
moyen  commence  dans  le  golfe  luxembourgeois  par  im 
depot  quartzifere  qui  a  lieu  sur  toute  la  ligne.  Et  tandis 
que  le  calcaire  sableux  moyen  se  depose  sur  le  calcaire 
sableux  inlerieur  a  Fagny ,  que  le  gres  de  Virton  recouvre 
celui  de  Luxembourg  a  Virton,  a  Hesperange,  ce  merne 
gres  deVirlon  recouvre  la  marne  de  Sirassen,  enlre  Arlon 
et  Luxembourg.  L'ensablemenl  ne  parait  pas  s'etendre  jus- 
qu'a  Hettange,  ou  se  deposent  probablement  les  marnes 
de  Boust  a  Ammonites  planicosta. 

Ainsi,  on  peut  dire  que,  dans  le  Luxembourg,  la  for- 
mation liasique  inferieure,  le  calcaire  a  gryphee  arquee,  a 
ete  divise  en  deux  parties  par  une  puissaute  formation 
sableuse,  le  gres  de  Luxembourg,  dont  Pepaisseur  varie 
beaucoup,  au  point  que,  dans  certaines  localiles,  Pun  ou 
Pa  litre  des  depots  argilo-calcaires  est  considerablernent 
reduit  ou  merne  remplace  par  du  gres.  Et,  comme  la  gry- 
phee arquee  est  t res-rare  dans  le  gres,  ou  qu'elle  s'y  trouve 
presque  toujours  nial  developpee,  les  uns  ont  pu  croire 
qu'elle  ne  s'y  rencontrait  pas,  les  autres  ont  pu  prendre 
pour  des  0.  cymbium  les  mauvais  e'chantillons  qu'ils  ren- 
contraient. 

De  sorle  qu'a  ce  fait  exceptiounel,  Pensablement  du  lias 
inferieur,  correspond  un  autre  fait  exceptionnel,  Pexis- 
tence  de  deux  calcaires  ou  inarnes  a  gryphee  arquee;  et 
c'esl  la  un  fait  capital  qui  nousexplique  la  diversite  d'opi- 
nions  des  meilleurs  auteurs  sur  ce  sujet,  qui  nous  donne 


(  I(t9  ) 

la  clef  fie  la  constitution  geologique  de  ce  pays,  el  nous 
apprend  avec  quelle  prudence  il  faut  se  servir  des  meilleurs 
caraclcres,  si  Ton  ne  veut  s'exposer  a  aller  5  1'encontre  de 
la  stratigraphie. 

On  a  dit,  par  exemple. :  Le  gres  d'Heltange ,  celui  de 
Luxembourg  sont  recou verts  par  le calcaire  a  gryphee;  done 
ils  sont  infra-liasiques.  A  quoi  on  a  repondu  avec  raison  : 
Non,  legres  d'Hettange  n'est  pas  infra-liasique,  car  il  repose 
stir  le  calcaire  a  gryphee  de  Dislroff,  qui  recouvre  le  gres 
de  Kedange,  un  type  infra-liasique;  le  gresde  Luxembourg 
repose  sur  des  argiles  a  ammonites  de  1'age  de  la  gryphee 
arquee;  done  il  n'est  pas  infra-liasique.  Toutes  ces  super- 
positions sont  exactes,  rnais  les  conclusions  des  premiers 
sont  erronees.  Leurs  adversaires  ,  a  leur  tour,  sont  tombes 
dans  1'erreur  du  moment  ou,  ne  se  bornant  plus  a  nier 
1'age  infra-liasique,  ils  ont  atfirme  que  ces  gres  apparte- 
naient  a  Tune  ou  1'autre  couche  du  lias  moyen. 

Lorsqu'on  eut  admis  que  ces  gres  se  rattachaienl  l'un  a 
1'autre,  on  a  dit  qu'ils  appartenaient  au  lias  moyen,  parce 
qu'ils  n'etaient  que  le  prolongement  du  calcaire  sableux 
des  Ardennes,  lias  moyen  a  Gryphaea  cymbium.  On  croyait 
poser  une  equation  :  on  avail  affaire  a  une  inegalile;  on 
avail  pu  preridre  les  mauvais  echanlillons  de  gryphee  ar- 
quee oblenus  du  calcaire  sableux  inferieur  pour  une  variete 
de  la  G.  cymbium,  Ires-abondante  dans  le  calcaire  sableux 
moyen  et  superieur,  ou  lout  au  moins  comme  une  espece 
aulre  que  Varcuata;  de  sorte  que  Ton  considerait  le  cal- 
caire sablenx  tout  entier  comme  du  lias  moyen,  d'auiant 
plus  qu'il  reposait  sur  le  lias  inferieur,  disait-on  .  au  lieu 
do  dire,  sur  du  lias  inferieur.  Je  passe  sous  silence  les 
arguments  de  superposition  donnes  pour  Hettange;  il  y  a 
la  des  soulevements  qui  onl  pu  en  imposer  an  point  de 


faire  prendre  ce  gres  pour  ('equivalent  dn  macigno  d'Au- 
bange  ou  du  calcaire  ferrugineux  des  Ardennes. 

L'existence  de  deux  marnes  a  gryphee  arquee  est  aujour- 
d'hui  un  fait  incontestable;  annonce,  il  y  a  12  ans,  par 
M.  Dumont,  on  s'est  generalement  retranche  derriere  des 
confusions  d'especes  ou  de  varietes;  aujourd'hui  que  Ton 
n'en  peut  plus  douter,  surtout  depuis  1'excursion  de  la 
Sociele  geologique  de  France  a  Luxembourg,  on  a  voulu 
1'expliquer  par  des  failles.  G'est  le  deus  ex  machind,  comme 
dit  M.  Buvignier;  or,  non-seulement  on  ne  les  a  pas  de- 
monlrees,  mais,  en  outre,  elles  ne  suffiraient  pas  a  I'expli- 
caiion  des  fails.  II  faut  bien  reconnaitre  ici  I'influence  de 
Tidee  generalement  admise  du  synchronisme  complel  des 
couches  a  gryphee  arquee  :  comme  il  n'y  a  ailleurs  qu'un 
calcaire  a  grypbee,  il  ne  pouvait  y  en  avoir  qu'un  dans  le 
Luxembourg.  On  expliquait  alors  la  difference  de  faune 
de  la  marne  de  Jamoigne  et  de  celle  de  Strassen  par  la 
difference  mineralogique;  (nolons  que,  sur  environ  70  es- 
peces  d'Heltange  que  nous  connaissons,  une  seule  se  trouve 
dans  la  marne  de  Slrassen ,  el  c'est  TO.  arcuala;  8  ou  9 
especes  nous  sont  connues  dans  notre  gres  de  Luxembourg, 
et  7-8  dans  la  marne  de  Jamoigne).  Mais  nous  pouvons 
repondre  que  la  marne  de  Jamoigne,  a  Chiny,  est  au  moins 
aussi  bitumineuse  qu'aucune  assise  de  la  marne  de  Stras- 
sen, puisque  M.  Poncelet  est  parvenu  a  la  faire  bruler 
comme  le  schiste  bilumineux  (il  est  vrai  (jue  la  pyrite  y 
conlribue  pour  beaucoup),  tandis  que  ses  fossiles  sonlceux 
de  la  marne  de  Jamoigne;  el,  inversement,  que  le  calcaire 
argileux  de  Strassen  a  Bonnerl,  cite  comme  cxemple  de 
marne  sableuse  avec  diverses  local ites  de  la  marne  de 
Jamoigne,  nous  oiTre  les  memes  fossiles  que  dans  les 
antres  localites  de  cet  etage. 


(17!  ) 

Nous  repeterons,  pour  rcsumcr  cc  qui  precede,  que,  a 
1'ensaljlemenl  du  lias  inferieur  dans  le  Luxembourg,  fait 
excepiionnel,  correspond  un  autre  fait  exceptionnel ,  !a 
division  du  lias  a  gryphee  arquee  par  un  depot  sableux  ou 
ce  fossile  est  Ires-rare;  nous  ne  voyons  nullement  en  quoi 
cela  ne  serait  pas  conforme  aux  principes  qui  doivent  gui- 
dcr  dans  1'application  ralionnclle  de  la  pale'ontologie  a  la 
geologic. 


RECHERCHES 

C1UT1QUES  ET  HISTORIQUES 

SUR    LA 

CONFESSION  DE  BALTHAZAR  GfiRARD, 

PAH 

M.  ARENDT, 

PROFESSKUK  A  t/UMYEHSITE  OE  LOUVAI>  ,  CORRESPOMUNT  DE  L' ACADEMIC. 

(Lues  au\  scuuce*  du  7  nuvcnibre  ct  du  i>  deccmbre  1853-) 


APP.  BULL.  1853. 


RECHERCHES 

CRITIQUES  ET  HISTORIQUES 


SDK    LA 


CONFESSION  DE  BALTHAZAR  GERARD. 


La  communication  faite  a  la  derniere  seance  (1) ,  par  I'honorable 
M.  Gachard,  au  sujet  de  la  decouverte  de  la  confession  de  Balthazar 
Gerard,  £tait  de  nature  a  fixer  d'une  maniere  toute  particuliere 
1'attention  de  la  classe.  11  sutfit,  en  effet,  d'une  premiere  inspection 
du  document  que  les  archives  du  royaume  doivent  au  zele  e"clair£ 
de  notre  savant  confrere,  pour  se  convaincre  que  les  questions  sou- 
levies  par  ce  document  meritent,  a  plus  d'un  point  de  vue,  d'etre 
approfondies  avee  soin.  J'ai  fait  dans  ce  but  quelques  recherches 
dont  je  viens  soumetlre  le  resultat  a  la  classe.  Des  doutes  sur  1'au- 
thenticit^  du  document  ayant  e"te  eleves  par  un  savant  Stranger  fort 
respectable  (2),  je  crois  qu'il  importe  de  ne  pas  retarder  1'examen 
de  quelques  materiaux  que  j'ai  pu  reunir,  et  qui  me  semblent  pro- 
pres  a  faciliter  la  discussion  et  a  la  placer  sur  son  veritable  terrain. 

Le  document  qui  nous  occupe  donne  lieu  a  trois  questions  prin- 
cipales,  dont  chacune  a  droit  a  un  examen  particulier.  La  piece 
est-elle  ('original  de  la  confession  que  le  meurtrier  du  prince 
d'Orange,  d'apres  le  temoignage  unanime  des  sources,  redigea  peu 
d'inslants  apres  son  arrestation,  ou  en  est-elle  seulement  une  copie? 
Renferme-t-elle  bien  le  texte  authentique  de  cette  confession,  et, 


(4) 

en  dernier  lieu,  son  authenticity  admise,  quelle  en  est  1'importance 
historique? 

La  premiere  de  ces  questions,  la  seule  qui  ait  £te  agitee  jusqu'ici, 
me  parait  etre  exclusivement  du  domaine  tie  la  diplomatique;  il  faut, 
pour  la  re"soudre,  des  etudes  paleographiques  que  je  n'ai  pas  faites, 
aussi  n'ai-je  pas  1'intention  de  m'en  occuper;  elle  est  d'ailleurs 
secondaire  an  point  de  vue  de  1'histoire.  Ce  qu'il  importe  a  ce  point 
de  vue  de  constater,  c'est  1'authenticite  du  texte.  Du  moment  ou 
cette  authenticity  peut  6tre  consideree  comme  demontree,  il  est  jus- 
qu'a  un  certain  point  indifferent  si  le  document  qui  le  renferme,  est 
1'original,  ou  une  copie  faite  sur  1'original.  Je  demanderai  done  a  la 
classe  la  permission  d'abandonner  a  des  savants  plus  exerces  que 
moi  en  paleographie ,  1'examen  de  la  premiere  question,  et  de  m'oc- 
cuper  exclusivement  de  la  seconde  et  de  la  troisieme.  Le  document 
communique  par  notre  honorable  confrere  contient-il  bien  la  con- 
fession de  Balthazar  Gerard,  et,  si  son  authenticity  ne  peut  £tre 
contestee,  quelle  est  son  importance  pour  1'histoire? 

Commengons  par  rappeler  quelques  faits.  L'assassinat  de  Guil- 
laume  d'Orange  avail  eu  lieu  a  Delft  au  couvent  de  Sainte-Agathe, 
le  mardi  10  juillet  1584,  entre  une  et  deux  heures  de  1'apres-midi. 
L'assassin  fut  arrete  presqueimme"diatement,  conduit  en  la  chambre 
du  concierge  et  interroge  par  les  hommes  de  la  loi ,  accourus  en 
hate.  Au  lieu  de  r^pondre  aux  questions  qu'on  lui  posait,  il  demanda 
du  papier  et  de  1'encre,  en  protestant  que,  puisqu'il  elait  arrete  el 
prisonnier,  il  dirait  toute  la  verite.  L'ecrit  qu'il  redigea  ainsi  est 
cit6  dans  les  sources  sous  le  nom  de  Confession. 

Leproces  de  Gerard  fut  instruit,  avec  une  grande  rapidit^,  par  une 
commission  forme'e  des  juges  ordinaires  de  la  ville  de  Delft  et  de 
quelques  membres  du  Grand-Conseil.  La  sentence  qui  condamnait 
le  meurtrier  a  un  affreux  supplice  fut  prononc^e  le  14  juillet,  et 
1'execulion  cut  lieu  le  meme  jour.  Dix  jours  apres,  le  24  jtiillet  1584, 
les  fitats  de  Hollande  prirent  une  resolution  d'une  importance  tout 
a  fait  capitale  pour  la  question  qui  nous  occupe,  et  dont  voici  le 
texte  (5)  : 

«  De  Staten  van  Hollandt  hebben,  op  het  verzoek  van  de  Staten 
»  General ,  verklaert  ende  geconsenteert  dat  de  confessie  van  den 


MM 

»  moordenaer,  ofte  dubbelt  van  dien,  zal  gelevert  werden  in  handen 
»  van  den  president  Meerkerken ,  omme  te  moegen  dienen  tot  het 
»  maecken  van  het  discours  van  het  fait  dat  tegens  Sijne  Excellence 
»  is  geperpetreert,  t'welck  bij  Monsr.  Villers,  den  voornoemden 
»  Meerkerken  ende  Mr.  Nicasius  Sille  geconcipieert  ende  daer  nae 
»  de  Staten  gecommuniceert  sal  werden ,  sender  dat  voornoemde 
»  confessie  yemandt  anders  gecommuniceert,  nochte  visie,  dub- 
»  belt,  ofte  lecture  daervan  sal  gegunt  nochte  gegeven  werden, 
»  maer  dat  het  dubbelt  van  de  confessie  voornoemt  weder  daer  nae 
»  in  handen  van  den  magistraet  van  Delf  sal  gelevert  werden,  ende 
»  voorts  geordonneert ,  dat  den  officier  der  stadt  Delf  belast  sal 
»  werden,  alle  neerstigheijdt  te  doen,  omme  te  bekomen  alle 
)>  boeckskens  die  alreede  op  't  overlijden  van  Sijne  Excellencie  sou- 
»  den  moegen  zijn  uijtgegeeven;  ende  voorts  te  informeeren,  wie 
»  autheurs  daervon  moegen  wesen ,  en  bij  wien  deselve  ook  souden 
»  moegen  zijn  gedruckt ,  om  voorts  tegens  deselve  geprocedeert  te 
»  moegen  werden,  als  nae  behooren.  » 

Trois  choses  sont  ordonnees  par  cette  resolution  :  la  redaction 
d'un  recit  officiel  de  la  mort  du  prince ,  la  quasi-siippression  de  la 
confession  de  son  meurtrier,  et,  en  dernier  lieu,  une  stricte  sur- 
veillance au  sujet  de  toutes  les  publications  qui  poiirraient  paraltre 
sur  Tevenement. 

Par  quels  motifs  les  l£tats-Gene"raux  furent-ils  amends  a  provo- 
quer  ces  mesures?  L'acte  ne  s'explique  pas  sur  ces  motifs;  essayons 
de  supplier  a  son  silence. 

II  existe  une  brochure  de  i4  pages  in- 4°,  intituled  :  Historic 
BaWiazars  Gerards,  alias  Serach,  die  den  Tyran  van  'tNederlandt, 
den  Prince  van  Or  angle,  doorschoten  heeft  :  ende  is  daerom  duer 
yrouwelijke  ende  vele  tormenten  binnen  de  stadt  van  Delft  openbaer- 
lijk  ghedoodt.  Sur  la  page  du  litre  se  trouvent  deux  passages  de 
1'Ancien  Testament  (Numer.  XXV  et  I  Machab.,  2) ,  une  vignette  et 
le  millesime  de  M.  D.  LXXXIIII;  toute  indication  de  nom  d'auteur 
on  de  lieu  d'impression  manque  absolument. 

Cette  brochure  est  un  essai  d'apologie  du  crime  de  Gerard.  L'a'u- 
teur  se  place  au  point  de  vue  qui  fut  dans  la  suite  celui  des  histo- 
riens  espagnols  les  plus  marquants.  II  represente  le  meurtre  du 


(6) 

prince  comme  un  acte  l£gitime,  com;ne  rexe"cution  d'une  sentence 
legale,  fait  l'e"loge  du  meurtrier,  exalte  son  courage  et  sa  fermet6 
an  milieu  cies  pins  airoces  tourments,  et  donne  de  son  supplice  line 
description  fort  detaill^e,  qui  accuse  un  lemoin  oculaire.  Aux  deux 
dernieres  pages  se  trouve  une  piece  de  vers  intitulee  :  «  Ref'ereijn 
ter  eercn  rir,s-  voora.  Balthazars.  » 

L'examen  uttenlif  du  papier,  des  caracteres  d'impression  et  d'au- 
tres  partieularite"s  typographiques  rendent  tres-probable,  on  pour- 
rait  dire  certain,  que  cette  brochure  a  e"t6  imprime"e  en  Hollande, 
et,  en  la  comparant  &  des  opuscules  imprimis  a  Delft  dans  1'espace 
compris  entre  les  annexes  1581  et  1591 ,  on  pourrait  6tre  tent£  de 
croire  qu'elle  est  sortie  d'une  presse  de  cetle  ville.  D'autres  circon- 
stances ,  surtout  1'omission  de  certaines  particularity  qui  se  trou- 
vent  dans  la  publication  officielle,  qui  prouvent  la  ferniete'  et  l'e"ner- 
gie  du  meurtrier,  et  qui  auraient  figure^  avec  avantage  dans  son 
apologie ,  paraissent  indiquerque  la  brochure  fut  mise  en  circula- 
tion pen  de  temps,  peut-e"tre  ni^me  imme'diatement,  apres  1'ex^- 
cution  de  Gerard,  et  anterieurement  a  toute  publication  officielle. 

S'il  en  est  ainsi ,  la  resolution  des  rttats  de  Hollande  s'explique 
parfaitement;  on  devait  emp^cher  que  la  maniere  dont  Tauteur  de 
V Historic  envisage  le  crime  ne  fit  des  proselytes,  les  fitats-G^nei-aux 
ne  pouvant  souffrir  que  1'assassinat  du  prince  fill  publiquement 
consider^  et  pr6ne  comme  un  acte  de  justice,  comme  Texecution 
d'un  jugement  rggulier.  A  cet  effet,  on  decida  qu'un  recit  ayant  le 
caractere  d'une  relation  officielle  serait  redig£,  et  qu'en  m^me 
temps  on  exercerait  une  stride  surveillance  sur  la  presse.  Comme 
la  confession  de  Ge>ard  ren ferine  des  passages  qui  viennent  a  Tap- 
pui  de  ce  que  Tauteur  de  Y Historic  dit  sur  lui ,  on  jugea  ^  propos  de 
la  soustraire  a  la  publicite',  et  on  d^fendit  d'en  prendre  connais- 
sance,  aussit6t  qu  il  en  aurait  b\&  fait  usage  pour  la  redaction  de  la 
relation  officielle. 

Cette  derniere,  faile  sur  les  pieces  de  la  procedure,  la  confession 
du  meurtrier  et  ses  interrogators,  parut,  probablernent  pen  de 
temps  apres,  sous  le  litre  de  :  Verhael  van  de  moort,  ghedaen  am 
clan  pcrsoone  r/e.s*  doorluclitif/her)  hoochyheboorn  fursten  ende  heern, 
hcern  Wilhehm,  by  der  yratien  Godts,  prince  van  Oraengien,  grave 


(7) 

van  Nassau,  Katzenelnbogen ,  Vianden,  Dielz ,  Lingen,  Bueren, 
Leerdam,  etc.,  mar  quiz  van  der  Veere  ende  van  VHssinyhen ,  heere 
ende  baron  van  fired  a,  Grimberyhen ,  Arlay ,  Nozeroy,  etc.,  erff- 
burchyraef  van  Anlwcrpen  ende  van  Bezanson,  hooch -loflycker 
tnemon'en,  in  syn  leven  youverneur  general  van  Brabandt,  Hollandt, 
Zeelandt.  Frieslandt,  ende  Utrecht ,  admirael  van  der  zee.  Tot  Delfy 
by  Aelbrecht  Hendricxz ,  drucker  ordinuris  der  Stolen  s'landts  van 
Hnllandt.  Anno  1584,  20  pages  in-4°.  Sur  le  litre  se  trouvent  les 
armoiries  du  prince  d'Orange.  On  en  publia  en  m6me  temps  une 
Edition  francaise  sous  le  litre  de  :  Discours  du  meurdre  commis  en 
la personne  du  tres-illuslre  prince  d 'Orange, en  fan  M.I).  LXXXIIII, 
29  pages  petit  in-4°. 

II  est  necessaire  d'analyser  avec  quelque  detail  cetle  relalion,  qui 
a  servi  de  source  principale  el  souvenl  unique  a  la  plupart  des  his- 
toriens  hollandais.  Dans  Texamen  de  1'aulhenticit^  de  la  confession, 
eile  forme  la  piece  decisive,  si  je  puis  m'exprimer  ainsi. 

Le  Verhael  commence  par  une  courle  introduction  dans  laquelle 
Tauteur  expose  les  motifs  qui  1'ont  determine  a  publier  cette  relation 
de  la  mort  du  prince  d'Orange  :  il  considere  comme  un  devoir  de 
faire  connaltre  aux  coniemporains  et  a  la  posterity  la  ve>it6  sur  les 
ev^nements.  Apres  ce  pr&imbule,  il  parle  d'abord  de  diffierentes 
tentatives  faites  centre  la  Vie  d«  prince,  par  Jauregui  a  Anvers, 
Salzedo  a  Bruges,  par  un  homme  rest^  inconnu,  et  par  un  capitaine 
franyais  du  nom  de  Gott ;  il  arrive  ensuile  a  Tattental  de  Balthazar 
Ge>ard.  11  raconte  en  detail  Tapparition  de  celui-ci  a  la  cour  du 
prince,  son  premier  sejour  a  Delft,  son  envoi  en  France,  son  retour, 
el  les  mesures  qu'il  prit  pour  assurer  Tex^cution  de  son  dessein. 
Puis  vient  le  r^cit  de  1'assassinat,  de  1'arrestalion  de  1'assassin,  et  des 
circonstances  au  milieu  desquelles  il  ^crivit  sa  confession.  L'auteur 
fait  suivre  ce  r^cit  d'une  analyse  de  la  confession,  d'exlrails  des 
inlerrogatoires  subis  par  le  meurtrier,  et  de  considerations  pieuses, 
dans  le  ton  des  pr&licateurs  du  temps,  et  entrem6le"es  de  citations 
de  1'Ecriture  sainte.  L'auteur  termine  en  reproduisant  le  texte  de  la 
sentence  prononc^e  contre  Gerard,  et  en  mentionnant  Ires-succinc- 
temenl  Tex^cution  de  celui-ci,  ainsi  que  les  fune>ailles  du  prince. 
Cette  relation  a  servi  de  prototype  a  tons  les  recils  de  1'assassinat 


(8) 

<lu  prince  qui  se  trouvent  dans  les  historiens  hollandais ,  dont  phi- 
sieurs  reproduisent  jusqu'aux  expressions  du  Verhael.  Quoique  la 
resolution  des  fitats  de  Hollande,  du  24  juillet  1584,  et  1'origine  du 
Verhael  ne  fussent  certajnement  pas  generalement  connues,  les 
auteurs  contemporains'lui  attribuent  deja,  cependant,  un  caractere 
tout  particulier  de  surete  et  d'authenticite';  plusieurs  d'entre  eux 
de"clarent  m£me  n'avoir  rien  de  mieux  a  faire  que  de  le  transcrire. 
Une  chronique  publiee  en  1590  sous  le  litre  de  Historic  ofte  wyder 
verclaringhe  van  de  nederlandscJie  gheschiedenissen ,  etc.,  van  alles 
wat  sick  verloopen  heeft  van  den  j are  1566  tot  ten  uitganghe  van  den 
jare  90.  Tot  Delft,  by  my  Aelbrecht  Heyndricxz,  etc,,  1590,  in-fol., 
parle dans  ce sens,  et  reproduit  mot  pour  mot  toutle  recit  du  Ver- 
hael, en  supprimant  seulement  les  considerations  pieuses,  et  en  abre"- 
geant  les  details  sur  1'execution  du  jugement.  L'ancienne  chronique 
de  Hollande,  Westfriesland ,  Zeelande  et  Utrecht,  publiee  a  Amster- 
dam, en  1591,  par  Van  Gouthoeven  (4),  donne  egalement  le  recit  du 
Verhael  avec  ses  propres  expressions.  Van  Gouthoeven  ajoute  a  ce 
recit  quelques  de* tails  de  peu  d'importance,  que  la  tradition  locale 
de  Delft  pouvait  lui  fournir,  tels  que  le  nom  de  la  rue  par  laquelle 
le  meurtrier  tenta  de  fuir,  celui  du  laquais  qui  Tarreta,  etc.  Quand- 
il  parle  de  la  fermete  et  du  courage  de  Gerard  pendant  ses  interro- 
gatoires,  et  au  milieu  des  tourments,  sa  narration  se  rapproche  du 
re"cit  de  1' Historic. 

Le  Petit,  dans  la  grande  chronique  ancienne  et  moderne  de  Hol- 
lande, Zeelande,  etc.  (5),  traduit  le  Verhael  en  frangais,  avec  dele- 
geres  modifications,  et  en  ajoutant  Tun  ou  1'autre  detail  particulier 
dont  il  pouvait  avoir  connaissance ,  ayant  e"te,  comme  il  le  dit  lui- 
meme  (6),  au  nombre  des  serviteursdomestiquesdu  prince d'Orange, 
et  s'£tant  trouve  present  a  rexe"cution  de  Gerard.  Ghysius  (7)  se  con- 
tente  de  donner  le  Verhael ;  Van  Meteren  (8)  suit  presque  mot  a 
mot  la  chronique  de  Van  Gouthoeven,  il  n'y  ajoute  rien  et  n'en  re- 
tranche  que  des  choses  insignifiantes.  Bor  (9)  ne  fait  que  re"imprimer 
le  Verhael.  Le  recit  de  Hooft  (10)  est  form£  de  celui  du  Verhael  com- 
bine avec  les  relations  des  chroniques ;  la  forme  chez  lui  est  plus 
soignee,  plus  litleraire  que  chez  les  auteurs  precedents,  mais  il  ne 
donne  pas  de  fails  nouveaux;  il  en  est  de  m&ne  de  Wagenaer  (11). 


(9) 

Le  caractere  authentique  et  rautorite*  du  Verhael  ainsi  constates, 
il  est  Evident  que  la  collation  de  1'analyse  qu'il  donne  de  la  confes- 
sion de  Balthazar  Ge"rard  avec  le  document  que  viennent  d'acquerir 
les  archives  du  royaumc,  doit  fournir  un  moyen  sur  de  reconnaltre 
('authenticity  de  celui-ci.  Cette  authenticity  ne  saurait  exister  que 
pour  autant  qu'il  y  ait  conformiteet  concordance  entre  notre  piece 
et  1'analyse  du  Verhael. 

Reproduisons  d'abord  cette  derniere  d'apres  le  Discoufs  du 
meurdre  coinmis  en  La  personne  du  tres-illustre  prince  d'Oranyc,  en 
fan  MDLXXXIV.  L'auteur  de  ce  discours  avait  sous  lesyeux  1'ori- 
ginal  de  la  confession,  et  devait,  dans  Edition  franchise  du  recit 
officiel,  en  reproduire  jusqu'aux  expressions.  Voici  comment  il 
s'exprime  :  «  II  (Balthazar  Gerard)  de"posa  qu'il  s'appeloit  Balthazar 
»  Gerard,  de  Villefans,  en  Bourgogne,  et  qu'il  faisoit  sc,avoir  que, 
»  passez  sont  six  ans  et  mesmes  quand  la  pacification  de  Gand  fut 
»  rompue,  il  auroit  eu  volonte'  de  tuer  et  occir  le  prince;  qu'il  des- 
»  montra  avoir  ladicte  intention  estant  a  D6le,  en  la  maison  de 
»  Jean  Villaux,  y  a  environ  six  ans,  parce  que  tenant  en  main  line 
»  dague  e*  vaginae,  il  la  planta  de  toute  sa  force  centre  une  porte, 
»  disant  qu'il  vouldroit  que  ce  coup  eust  etc"  donne  dedans  le  coeur 
»  du  prince  d'Orange,  a  quoi  il  fut  repris  par  un  nomme  Jehan- 
»  Guillaume  Ponlhier,  de  Virret,  en  Bourgogne,  lui  disant  qu'il  ne 
»  lui  appartenoit  de  tuer  les  princes;  que  depuis  trois  ans,  aiant 
»  entendu  que  le  roi  d'Espaigne  avoit  donne  sentence  de  proscrip- 
»  tion  contre  ledit  prince,  il  se  partit  de  Bourgoigne  et  s'achemina 
»  par  dec,a,  en  intention  d'executer  realement  ladicte  sentence,  et 
»  fut-ce  au  mois  de  fehvrier  1582 ;  mais  estant  venu  en  la  ville  de 
»  Luxembourg  an  mois  de  mars,  il  enlendit  illec  qu'un  certain  per- 
»  sonnage,  natif  de  Biscaie,  avoit  occis  ledit  prince,  et  pourtant  se 
3)  mist  an  service  d'un  nomme  Jehan  du  Pre",  secre"taire  du  conte 
»  de  Mansfeld,  gouverneur  de  Luxembourg;  mais,  aiant  depuis 
»  enlendu  que  ledict  prince  n'avoit  e"te  occis,  se  delibe>a ,  quoiqu'ii 
»  deust  advenir,  d'executer  sadicte  deliberation  ,  esperant  prendre 
»  la  commodite  de  ce  faire,  quand  le  conte  de  Mansfeld  seroit  au 
»  camp  proche  de  quelque  lieu  ou  seroit  le  prince,  et  partit  secre- 
»  tement,  faisant  semblant  qu'il  seroit  de  la  religion  du  prince,  et 


(  10) 

»  lui  presenter  certains  cachets  volants  insculpez  en  cire  rouge, 

»  nvecq  1'anneau  (Indict  conte,  pour  en  temps  opportnn  exe"euter 

»  sur  sa  personne  son  entreprise,  avecq  le  moindre  danger  a  lui  pos- 

»  sible.  Suivanl  ceste  inv£tere"e  deliberation  (ce  sont  ses  propres 

»  mots),  il  demanda  au  mois  de  juin  ,  y  a  un  an  passe,  conge"  atidict 

»  du  Pre,  estant  en  la  ville  de  Diest,  d'autant  qu'il  ne  ve"oit  appa- 

M  rence  d'avoir  meilleure  commodite  d'approcher  ledict  prince, 

»  parce  que  cedict  de  Mansfeld  retournoit  au  Luxembourg;  mais 

»  estant  importune"  par  ledict  du  Pre* ,  son  maistre  et  cousin  ,  qu'il 

»  le  suivist,  espe>ant  (aiusi  que  ledict  du  Pre  lui  faisoit  entendre) 

»  que  ledict  conte  retourneroit  bient6t  au  camp  dedans  un  mois; 

»  mais  voiant  qu'il  differoit,  il  s'advisa,  estant  toujours  poinconne' 

»  de  son  entreprise,  de  prendre  quelque  fascherie  avec  sondict 

»  maistre  pour  le  quieter;  mais  il  ne  pust  obtenir  conge  :  que  de- 

»  puis  encores,  il   tftcha  de   partir   de  Luxembourg   pour  veuir 

»  poursuivre  son  entreprise;  mais  qu'allors  sondict  maistre  trouva 

»  qu'on  lui  avoit  rob£  dedans  son  coffre  quattre  cents  cinquanle 

»  escuts.  A  cette  cause  (pour  n'estre  suspect  d'avoir  fait  ce  larcin), 

»  il  demeura  encores  audict  service,  et,  ledict  argent  s'estant  re- 

»  trouve  ,  il  cberchoit  toutes  les  occasions  pour  venir  trouver  ledict 

»  prince,  comme  lorsque  les  compaignies  wallonnes,  qui  estoient  en 

»  Luxembourg,  furent  mande"es  au  Pais-Bas;  mais  il  fut  encores 

»  empesche"  par  la  maladie  dudict  du  Pre",  laqnelle  dura  huit  jours 

»  devant  Noel,  et  fut  quinze  jours  apres  a  se  refaire;  finalement,  au 

»  mois  de  mars  dernier,  il  prinst  conge  de  sondict  maistre  :  et,  de- 

»  vant  que  venir  par  dega ,  s'en  alia  a  Treves,  ou  il  de"clara  en  con- 

»  fession  a  un  jesuiste,  re"sidant  au  college  des  je"suistes  a  Treves, 

»  tout  entierement  sa  de'libe'ration ,  et  lui  montra  lesdicts  cachets, 

»  et  le  pria  de  le  tenir  secret  jusques  a  Pasques,  et  qu'alors  il  le  (ist 

»  entendre  audict  conte  de  Mansfeld;  que,  suivant  1'avis  dudict 

»  je"suiste,  il  a  faict  entendre  sa  d6libe"ralion  au  prince  de  Parme, 

»  et  fut-ce  par  une  lettre  qu'il  compila  en  la  ville  de  Tournay,  et  la 

»  presenla  lui-mesme  atidict  prince;  mais  qu'il  n'osa  attendre  sur 

»  ce  aucune  response,  craignant  qu'il   ne  prendroit  de  mauvaise 

j>  part  le  transport  desdicts  cachets  vollants  ,  et  par  ainsi  s'en  est 

»  venu  en  ceste  ville  de  Delft,  et  delivra  des  cachets  signcz  soubs  le 


( 11 ) 

»  nom  dudict  conte,  ce  qu'il  a  fait  espgrant  de  trouver  oppor- 

»  lunit^  d'exe"cuter  son  entreprise.  Taut  est  qu'il  fut  conseille"  d'aller 

>,  en  France  avec  M.  Caron,  et  donner  lesdicts  cachets  au  ma- 

»  reschal  de  Biron  et  autres  partisans  de  feu  Mons.  le  due  d'Anjou; 

»  mais,  estant  ledict  seigneur  due  decide,  a  este"  a  sa  requisition 

»  renvoie  par-dec^ ,  portant  lellres  dudict  Sl  Carou ,  tant  pour  le 

»  prince  que  pour  les  estats,  par  lesquelles  ils  estoient  advertis  de 

»  la  mort  de  Son  Alleze,  et  des  lors,  il  a  advise  fonts  les  moiens 

»  d'ex^cuter  son  entreprise,  et,n'en  aiant  trouve  autre  plus  propre 

»  que  de  donner  un  coup  de  pistolle ,  soil  quand  le  prince  iroit  au 

»  presche,  ou  bien  quand  il  viendroit  disner  en  has,  ou  quand  il 

»  sortirait  du  disner,  il  avoil  achete  le  jour  precedent  deux  pis- 

»  tolles ,  et ,  aiant  charge"  Tune  de  trois  balles  et  1'autre  de  deux ,  il 

»  avoit  ce  jour  tir£  et  desb'ande  celle  qui  estoit  charged  de  trois 

»  centre  1'estomach  dudict  prince,  et  pour  la  resistance  qu'avoient 

»  foit  les  hallebardiers,  il  n'avoit  pu  tirer  le  second  coup  :  dont  il 

»  avoit  grand  regret  et  desplaisir,  asseurant  que,  s'il  estoit  pr£sen- 

»  tement  a  mille  lieues  loing  d'ici ,  il  retourneroit  par-deca  pour 

»  suivre  la  mort  dudict  prince  :  ces  choses  furent  deposees  et  es- 

»  critics  par  ledict  Gerard  en  la  charnbre  du  concierge.  » 
Voici  maintenant  le  texte  de  la  confession  : 

Je,  Baltazar  Gerard,  de  Vallaffans  en  Bourgoigne,  scavoir  faitz  a 
tons  que  j'ay  heu  en  volunte,  dez  sont  passez  six  ans,  et  mesrnement 
dez  le  temps  que  la  paix  de  Guant  ful  rompne  et  violee  par  Guil- 
laume  de  Nassau ,  prince  d'Oranges ,  de  luer  et  occire  iceluy  de 
Nassau,  pour  austant  qu'il  me  sembloit  que,  tant  qu'il  \ivroit,  il 
demeureroit  rebelle  contre  le  roy  catholique  ,  nostre  sire,  et  feroil 
lous  ses  efforts,  par  Unites  voyes  illicites,  de  troublcr  1'estat  de 
l^glise  catholique  et  apposlolique,  dicte  romaine,  ainsi  qu'icelluy  de 
Nassau  a  fait,  et  persistejusques  a  maintenant,  ayanl  caus£une  infi- 
nite de  maulx,  tant  au  regard  de  la  spiritualite  que  du  lemporol, 
dedans  ces  provinces  de  Pays-Bas. 

Et  qu'il  soil  vrey  que  j'aye  heu  ladicte  intention,  je  le  demonstra, 
estant  a  Ddle,  en  la  niaison  de  Jehan  Villaux,  y  a  environ  six  ans, 
par  ce  que,  tenant  en  main  une  dague  dvagine,  je  la  planta  de  toule 


ma  force  centre  une  porte,  et  disant  que  je  vouldrois  que  ce  coup- 
la  fiit  este"  donne  dans  le  coeur  du  prince  d'Orange.  A  quoy  ung 
nomine  Jehan-Guillame  Ponthier,  de  Vercel,  en  Bourgoigne,  qui 
uravoit  veu  jetter  ladicte  dague,  et  ouy  ce  que  j'avois  dit,  me  tanc.a 
bien  fort,  disant,  s'il  m'apparlenoit  de  tuer  ny  menasser  les 
princes,  et  que,  si  c'estoit  la  volunte  du  Roy,  nostre  sire,  que  le 
susdict  de  Nassau  fiit  tue",  que  Sa  Majeste"  avoit  puissance  assez  pour 
ce  fait,  et  le  commanderoit,  mais  qu'il  ne  vouloit  pas  perdre  ainsi 
Increment  ung  si  bon  capitaine,  lequel  se  pourroit  reduyre.  Sui- 
vant  ceste  remonstrance,  je  remeit  le  tout  a  la  bonne  disposition  de 
Dieu  et  de  Sadicte  Majeste.  Mais  comme,  depuis  environ  trois  ans  en 
ca,  j'ay  entendu  que  Sadicle  Majfeste  avoit  donne  sentence  de  inort, 
en  forme  de  proscription,  allencontre  dtidict  de  Nassau,  et  voyant 
qu'on  tardoit  si  longtemps  d'accomplir  la  justice  et  bonne  volunte 
du  Roy,  je  me  partit  de  Bourgoigne  (apres  avoir  dresse  quel'que- 
ment  mes  affaires  particuliers),  et  m'acbemina  par  dec,a,  a  intention 
d'effectuer  realement  ladicte  sentence.  Et  fut-ce  au  mois  de  feb- 
vrier  1582. 

Et,  estant  parvenu  en  la  ville  de  Luxembourg,  au  mois  de  mars 
suyvant,  oil  je  sejourna  quelque  peu  de  jours,  j'entendis  illec  que 
ung  certain  personage  du  pai's  le  Biscaye  avoit  occis  et  tue  ledict 
prince  :  desquelles  nouvelles  je  fus  fort  aise,  tant  pour  estre  (comme 
j'eslimois)  la  justice  faite ,  que  pour  avoir  excuse  de  me  mettre  au 
danger.  Et  conlinuerent  les  nouvelles  de  ladicte  mort  et  occision 
bien  longtemps,  de  fac,on  que  j'advysa  de  me  metlre  au  service  d'un 
nomine"  Jehan  Duprel,  qui  est  secretaire  de  1'Excellence  de  monsei- 
gneur  le  compte  de  Mansfelt  et  chevalier  de  1'ordre  du  Toison  d'or, 
du  conseil  d'Estat  du  Roy,  governeur  et  capitaine  general  des  duche" 
de  Luxembourg  et  compte  de  Chiny,  marescbal  general  de  Farmed 
de  Sa  Majest^,  chefz  de  cincquante  hommes  d'armes  des  ordon- 
nances  de  Sadicte  Majeste",  etc.  Mais,  comme  intendis  par  apres  que 
ledict  de  Nassau  n'avoit  este  occis  dudict  coup  a  luy  donne,  comme 
dit  est,  je  de1ibe>a  de  poursuyvre  ma  prece'dante  deliberation,  quoi 
qu'en  deust  advenir,  esperant  de  prendere  la  commodity  de  ce  faire, 
lorsquo  mondict  seigneur  le  compte  de  Mansfelt  seroit  au  camp, 
proche  de  quelque  lieu  oil  ledict  prince  d'Orange  seroit,  et  me  partir 


(  13  ) 

secretement  dudict  camp,  pour  venir  pardevers  icelluy  prince,  et 
faire  semblant  que  je  serois  de  1'irreligion,  comme  il  est ,  et  luy 
presenter  certains  cachetz  vollans,  insculptez  en  c.aire  rouge,  avec 
I'auneau  dudict  seigneur  compte,  lequel  j'ay  lieu  en  main  maintes 
f'ois,  comme  estant  clercq  et  ecrivant  soubz  ledict  Duprel,  son  secre- 
taire, ayant  de  ma  propre  meutte  fait  lesdicts  cachetz,  a  1'insceti 
dudict  Duprel  etde  tout aultre,et  estimoistrouver  acces  en  la  maison 
dudict  de  Nassau  au  moyen  desdicts  cachetz,  pour,  en  temps  oppor- 
tun,  executer  stir  sa  persone  ladicte  sentence,  avec  le  moindre 
danger  qu'il  me  seroit  possible. 

Selon  ceste  invete're  deliberation,  je  demanda  mon  conge"  audict 
Duprel,  y  a  hen  ung  an  au  mois  de  juin  dernier  passe ,  et  fut-ce  en  la 
villede  Diest,  lorsque  je  ne  veois  apparance  d'avoir  meilleur  commo- 
dite  d'aprocher  susdict  de  Nassau ,  parce  que  susdict  compte  de 
Mansfelt  s'en  retournoit,  pour  les  affares  de  son  gouvernement ,  a 
Luxembourg;  mais  je  fuz  si  avant  importune  dudict  secretaire ,  mon 
maistre  et  cousin,  que  finalement  je  le  suyvis  et  le  servis  encoir, 
esperant  (ainsi  qu'il  me  faisoit  entendere)  que  ledict  seigneur  compte 
retourneroit  de  breff  audict  camp  ,  et  deans  ung  mois.  Et  veant  qu'il 
luy  survenoit  plusieurs  affaires,  je  m'advisa  (estant  tousjours  poin- 
c.onne  de  mon  entreprinse)  de  prendre  quelque  facherie  avec  mondict 
maistre ,  pour  le  quitter,  et,  ayant  cela  fait,  j'escrivis  ung  passe-port 
pour  moy,  et  le  pre"senta  a  mondict  seigneur  le  compte,  pour  le 
signer ;  et,  1'ayant  prins  et  leu,  il  ne  me  dit  aultre  chose ,  sinon  qu'il 
en  parleroit  a  Jehan  Duprel.  Tant  est  que  je  ne  peust  avoir  mon 
conge. 

Encoir  depuis,  je  t&cha  de  me  partir  dudict  lieu  de  Luxembourg, 
pour  venir  tousjours  poursuyvre  mon  entreprinse.  Mais  advint  alors 
que  mondict  maistre  trouva  qu'on  luy  avoit  robe  dans  son  coffre 
quatre  cens  cinquante  escuz  :  a  ceste  cause,  pour  me  ne  rendre 
suspect  d'avoir  fait  ce  larcin,  je  demoura  encoir  audict  service.  Et 
s'eslant  ledict  argent  retrouve,  je  cherchois  toutes  les  occasions  pour 
m'en  venir  trouver  ledict  de  Nassau  :  comme,  lorsque  les  compa- 
gnies  de  Vallons,  qu'estoient  au  pays  de  Luxembourg,  furent  man- 
dees  au  Pais-Bas,  je  voulu  marcher  avec;  mais  j'en  fus  encoir 
empesche  par  la  maladie  dudict  Duprel ,  mon  maistre  et  cousin 


(U) 

laquelle  dura  dez  huict  jours  devant  Noel  jusques  audict  jour,  et  15 
jours  apres  a  se  refaire.  Finalement,  veant  aparance  de  beau  temps 
an  mois  de  mars  dernier,  je  pris  mon  conge  de  moy-mesme,  et  me 
partiz  dudict  service,  a  1'insceu  de  mondict  seigneur  le  compte  de 
Mansfelt,  et  contre  le  gre  et  volunte  de  sondict  secretaire ,  mon 
maistre,  auquel  je  dis  adieu,  et  luy  faisois  entendre  que  je  m'en  alois 
en  Espagnes. 

Et ,  avant  que  de  venir  par  decji,  pour  ne  proceder  en  ma  delibe- 
ration en  quelque  sorte  que  tournast  au  prejudice  du  service  du 
Roy,  aussi  pour  vuyder  les  scrupules  que  j'avois  en  ma  conscience, 
je  m'en  alia  en  la  cite"  de  Treves,  ou  j'ay  de'clare',  en  confession,  a 
ung  certain  personage,  liomrne  de  bien  et  docte,  qui  est  de  la  com- 
pagnie  de  Jhesus,  resident  au  college  dudict  Treves ,  toutentiere- 
ment  le  fait  de  madicte  deliberation ,  et  luy  monstra  ce  de  cachetz 
que  j'avois  pour  apporter  par  de^a ,  luy  priant  de  le  lenir  secret 
jusques  aux  Pasques  lors  prouchaines,  et  que  alors  il  le  feisse  sgavoir 
a  mondict  seigneur  le  compte  de  Mansfellet.  Et  s'efforga  ledict  pere 
je"suiste  de  m'oster  de  tesle  ceste  mienne  deliberation,  pour  les  dan- 
gers et  inconveniens  qu'il  m'allegoiten  pourroient  survenir,  au  pre"- 
judice  du  service  de  Dieu  et  du  Roy,  par  le  moyen  desdicls  cachetz 
vollans;  disant,  au  reste,  qu'il  ne  se  mesloit  pas  voluntiers  de  telz 
affaires,  ny  pareillement  tous  ceulx  de  leurdicte  coinpagnie.  El,  par 
son  advis  et  admonition,  j'ai  fayt  entendre  rnadicte  deliberation  a 
1'altesse  de  monseigneur  le  prince  de  Parme  et  de  Plaisance,  lieute- 
nant et  capitaine  general  pour  le  Roy  en  ses  pais  d'embas;  et  fut-ce 
par  une  leltre  que  je  compilla  en  la  ville  Tournay,  et  la  pre"senta 
moy-mesme  a  Sadicte  Altesse;  mais  je  n'ay  poinct  sur  ce  ose" 
attendre  quelque  commandeinent  ny  responce,  craignant  qu'il  pren- 
droit  de  mauvaise  part  le  transport  desdicts  cachetz  vollans. 

Et  par  ainsi  m'en  suis  venu,  en  grand  hazard  des  gens  de  guerre, 
tant  d'ung  cousle  que  aultre,  jusques  en  ceste  ville  de  Delff,  ou 
j'arriva  au  mois  de  may  dernier,  et  m'adressa  a  de  Villers,  ministre 
de  la  secte  de  feu  Jehan  Calvin  ,  sans  que  j'eusse  jamais  veil  ledict 
personage  :  mais  je  m'asseurois  qu'il  seroit  bien  ayse  desdicts 
cachets,  aiin  de  faire  quelque  emprinse  par  ceux  de  sa  ligue;  et 
j'avois  ceste  asseurance,  d'austant  que  c'est  le  propre  de  telz  impos- 


(  15  ) 

teurs  et  seducteurs  de  peuple,  comme  luy,  de  s'ayder  de  faulsetes, 
pour  suyvre  leurs  affaires  per  fas  et  neffa,s,  oblians  et  ne"gligeans  la 
droile  voie  qni  conduit  a  la  vie  e"ternelle,  pour  dominer  et  estre 
r^putez  grans,  ung  bien  peu  de  temps,  en  ce  has  monde.  Est  advenu 
(jue  ledict  de  Villers  ne  m'a  pas  trompe  de  ce  que  j'estimois  de  luy  : 
car,  aulieu  de  me  taxer  de  tellefaulsete,  il  m'a  fait  traicter  aux  des- 
pens  dudict  prince  d'Orange,  m'a  requis  de  luy  bailler  des  blanc- 
seelez,  signez  soubz  le  main  dudict  compte  et  garnis  desdicts 
cachetz  :  cequej'ai  fait,  esperant  tousjours  trouver  mon  opportunity 
d'ex^cuter  mon  entreprinse. 

Tant  est  que  ledict  Villers  me  conseilla  d'aller  en  France,  avec  le 
Sr  Caron,  de  Barges,  et  bailler,  audict  pays,  des  susdicts  cachetz 
a  monsr  le  mareschal  de  Biron  et  autres  partisans  de  feu  I'altesse  de 
mons1  le  due  d'Anjou;  mais  comme ,  pendant  mon  sejour  au  lieu  de 
Chasteaul-Thie>y ,  en  France,  Sadicle  Altesse  fut  lousjours  malade, 
et  enfin  est  de'ce'de,  le  dixieme  du  mois  passe,  audict  Chasteaul- 
Thiery,  j'ay  este  renvoie  par  dega ,  a  ma  requisition ,  portant  lettres 
dudit  Carron ,  tant  pour  ledict  prince  que  dtfputez  des  estas  de  par 
dec.a,  par  lesquelles  ilz  furent  advertis  de  la  mort  de  Sadicte  Altesse. 

Et  des  lors  j'ay  advise  tons  les  moyens  qu'ay  peu ,  pour  mettre  a 
tin  mon  entreprinse,  et  n'en  aiant  trouvd  aultre  plus  propre  que  de 
doiiner  ung  cop  de  pistole  audict  prince  d'Oranges ,  soit  quant  il 
yroit  au  presche,  ou  quant  il  viendroit  disner  en  bas,  on  bien  en 
sortant  dudict  disne,  ct,  pour  ce  faire,  j'acheta  bier  deux  pistoles,  et, 
en  ayant  charge  Tune  de  trois  balles  et  1'autre  de  deux,  j'ay  de  jour- 
d'huy  tire  et  debende  celle  portant  les  trois  balles  contre  1'estomach 
dudict  prince  d'Orange;  et,  pour  la  re"sistanse  qu'ont  fait  ses  halle- 
bardiers,  je  n'ay  beu  la  commodite  de  donner  le  second  cop  :  dont 
j'ai  regret  et  desplaisir.  Asseurant  que,  si  j'estois  pr&sentement  a 
mille  lieues  long  d'icy,  je  m'efforcerois  de  retourner  par  dega,  pour 
suyvre  la  mort  dudict  de  Nassau,  pour  austant  qu'il  est  invetere"  en 
son  erreur  et  malice ,  sans  espoir  de  recipiscence  et  amendernent : 
estimant  que  je  ferois  sacriffice  aggreable  a  Dieu  dc  faire  le  monde 
qtiitte  d'un  si  nieschant  et  malheureux  homme,  qui,  par  sa  seulle 
ambition  et  cupidite  de  dominer  et  estre  repute  grand  seigneur, 
sest  s&juestre"  de  la  vraye  et  catholique  religion,  considerant  que 


(  16) 

c'est  la  le  seul  moyen  de  fournir  argent  aux  pauvres  subjectz  de 
pays  rebelles  au  Roy  :  car,  sans  ce  pretexte,  il  cognoit  assez  que  son 
regime  seroit  de  pen  de  duree,  et  de  breff  aneanti  du  tout.  Par  ainsi 
je  prie  a  Dieu  de  bon  co3ur  de  mettre  ordre  en  ces  troubles  et 
pre"sentes  controverses  de  la  religion,  per  sa  bont£  infmie,  afin 
que  lesdicts  pauvres  subjectz  facent  service  aggreable  a  Sa  Majeste 
immense,  et  recognoissent  en  dehu  debvoir  le  roy  calholique,  leur 
prince  et  seigneur  naturel ,  ainsi  que  de  moi :  priant  en  oultre  a 
Dieu,  du  plus  proffond  de  mon  coeur,  qu'il  donne  a  Sadicte  Ma- 
jeste tres-heureuse  et  longue  vie  et  victorie  stir  tous  ses  ennemys,  et 
a  moy  la  grace  de  inorir  paciemment ,  et  avec  entiere  force  et  fer- 
mete,  en  la  vraye  et  catholique  religion. 

Fait  en  la  prison  ou  je  suis  detenu  ,  en  la  maison  des  religieuses 
jadictes,  a  Delff,  le  dixieme  jour  de  juillet,  1'an  de  grace  mil  cinq 
cens  octante-quatre,  soubz  mon  signe  manuel  cy-mis,  les  an,  jour  et 
lieu  susdict. 

BALT.  GERARD. 

On  le  voit,  la  concordance  entre  1'analyse  du  Verhael  et  notre 
piece  est  parfaite.  Le  Verhael  donne  la  substance  de  presque  cha- 
que  phrase  de  la  confession  avec  les  mdmes  mots  qui  se  trouvent 
dans  notre  texte;  il  cite  des  termes  de  1'original  en  ajoutant  que 
ce  sont  les  propres  expressions  de  Gerard,  et  ses  termes  se  re- 
trouvent  dans  le  document  de  nos  archives.  11  semble  difficile  de 
fournir  une  preuve  plus  forte,  une  demonstration  plus  complete 
de  la  parfaite  authenticity  de  ce  document.  Le  Verhael  omet  plu- 
sieurs  passages  de  la  confession ,  mais  cette  omission  ne  s'explique 
pas  seulement,  elle  parait  meme  necessaire  du  moment  ou  Ton  se 
rappelle  le  but  de  la  publication  officielle,  et  qu'on  fait  attention  a  la 
nature  des  passages  supprime"s.  La  commission  devait  retrancher  et 
a  retranche  ce  qu'il  y  avail  dans  la  confession  d'insultant  a  la  me- 
moire  du  prince  d'Orange  ou  au  nouveau  culte,  elle  ne  potivait  pas 
reproduire  les  termes  meprisants  dans  lesquels  Ge"rard  parle  de  1'un 
deses  membres,du  prgdicateur  Villers;  elle  devait  en  general  ecarter 
tout  ce  qui  etait  de  nature  a  donner  de  Fatten  tat,  et  de  son  auteur, 
une  opinion  autre  que  celle  qu'exigeait  l'inte>6t  de  la  cause  pour 


(1- ) 

\n  defense  de  laqiielle  le  prince  avail  perdu  la  vie.  QiTon  examine 
tous  les  passages  stipprimes,  on  n'en  trouvera  aucun  dont  1'omission 
ne  s'explique  par  un  de  ces  motifs. 

En  presence  de  cet  accord  parfait,  de  cette  entiere  concordance 
entre  1'analyse  de  la  confession  qui  se  trouve  dans  la  publication 
oilicielle  et  notre  texte,  croira-t-on  demander  encore  d'autres 
preuves  de  1'autlienticite  de  celui-ci  ?  Je  ne  sais,  inais  je  ne  serais  pas 
erabarrasse*  d'en  fournir.  J'appellerai  rattention  sur  la  verite  intrin- 
seque,  psychologique  de  la  confession :  il  ne  s'y  trouve  pas  un  seul 
mot  qui  ne  s'accorde  parfaitement  avec  ce  que  nous  savons  ducarac- 
tere  et  des  antecedents  du  meur trier.  II  y  a  des  choses  si  intirnement 
conforrnes  a  la  situation  morale  ou  celui-ci  dut  se  trouver,  qu'il  est 
impossible  de  concevoir  qu'un  autre  que  lui  ait  pu  les  ecrire.  Quoi 
de  plus  nature! ,  de  plus  profondement  et  intimement  vrai  que  le 
sentiment  de  soulagement  que  Gerard  dit  avoir  eprouve",  lorsqu'il 
apprit  la  nouvelle  de  Fattentat  de  Jauregui.  «  Et  estant  parvenu, 
»  dit-il,  en  la  ville  de  Luxembourg,  au  mois  de  mars  suyvant,  ou 
»  je  se'journa  quelque  pen  de  jours,  j'entendis  illec  que  un  certain 
»  personnage  du  pa'is  de  Biscaye  avait  occis  et  lue"  ledict  prince, 
»  desquelles  nouvelles  je  fus  fort  aise,  tant  pour  estre  (come  j'esti- 
»  mois)  justice  faite,  que  pour  avoir  excuse  de  me  mettre  au  danger. » 
Ce  cri  de  la  conscience  humaine  qui  respire  quand  elle  se  croit 
de'livre'e  de  la  necessite"  de  commeltre  un  meurtre  dicte"  par  Fexal- 
talion  fanatique,  est  frappant  de  verite,  et  ne  saurait  etre  invent^. 

Un  autre  point  a  examiner  de  plus  pres,  dans  le  cas  ou  1'autheu- 
ticite  fut  encore  serieusement  con  testae,  serai  t  le  langage  et  1'or- 
thographe  de  la  piece,  dans  lesquels  il  y  a  des  choses  qui  peut-etre 
prouveraient  1'origine  bourguignonne  de  1'auteur.  Je  remarque  que 
Gerard  termine  sans  exception  la  premiere  personne  du  de"fini  en 
a  :  j'alla,  farriva,  je  demonstra,  etc.,  il  aspire  des  mots  qui  ne  sont 
pas  aspires;  il  dit  lieu  pour  eu,  cop  pour  coup,  per  pour  par,  et 
ernploie  des  mots  inusite's  dans  le  francos  litteraire,  tels  que  eva- 
fjine  pour  hors  du  fourreau,  meulte  pour  mouvement,  realement 
pour  re'ellemcnt,  etc. 

II  importe  de  mentionner  une  derniere  difficulte  qu'on  pourrait 
soulever  :  comment,  en  presence  des  niesures  prescrites  par  la  reso- 
APP.  BULL.  1855.  2 


(  18  ) 

lution  des  etats  de  Hollande  du  24- jnillet  1584,  la  veritable  con- 
fession a-t-elle  pu  venir  dans  le  commerce? 

Remarquons  d'abord  que  1'acte  de  1584,  quand  il  ordonne  la 
remise  an  magistral  de  Delft,  ne  mentionne  que  la  remise  de  la 
copie,  il  deTend  d'une  maniere  absolue  la  communication,  1'inspec- 
tion  ou  la  lecture  de  la  confession;  mais  il  ne  s'exprime  pas  sur  ce 
que  Ton  doit  faire  de  ^'original.  Nous  ne  savons  absolument  pas  ce 
que  I'original  est  devenu  ,  il  disparait  de  1'histoire.  Quand  les  histo- 
riens  mentionnent  la  confession,  c'est  ton  jours  d'apres  ce  que  le 
Verhael  en  dit,  et  d'apres  1'analyse  qu'il  en  donne.  Dans  les  nombreux 
auteurs  hollandais,  espagnols,  italiens,  fran$ais  et  allemands  que 
j'ai  parcourus,  je  n'ai  trouve  rien  qui  indiquat  quaucun  d'eux  ent 
eu  la  confession  sous  les-yeux.  Je  n'ai  pu  renconlrer  que  deux  traces, 
desquelleson  pourraitpeut-elre  conclure  que,  malgre  les  precautions 
prises  pour  empScher  que  le  texte  de  la  confession  ne  fiit  connu,  il 
transpira  pourtant  quelqtie  vague  tradilion  indiquant  line  connais- 
sance  plus  exacle  de  son  contenu.  Ces  deux  traces  assez  fugitives 
sont  fournies  par  Campana  et  Reijd.  Voici  ce  que  dit  le  premier  de 
ces  historiens  dans  son  ouvrage  Delia  yuerra  di  Fiandra  (12). 
u  Finalmente  stretto  lo  condussero  (Balthazar  Gerard)  prigione. 
»  Dove  alcuni  giorni  con  vari  tormenti  afflitto,  per  haver  altra 
»  confessione  che  quella,  ch'  egli  senza  tormenti  scritt'  haveva  di 
»  sua  mano,  tosto  che  lo  cominciarono  ad  essaminare » 

Cette  difference  que  Campana  signale  en  Ire  la  confession  ecrite, 
et  les  re"ponses  de  Gerard  dans  les  interrogaloires,  existe  reellement; 
mais,  pour  avoir  pu  la  signaler,  il  fallait  avoir  lu  la  confession,  on 
avoir  eu  d'une  autre  maniere  connaissance  tie  son  contenu. 

Une  autre  indication  assez  singulicre,  mais  dont  il  est  peut-6tre 
permis  de  tirer  une  forte  preuve  en  faveur  de  I'authenticile  de 
notre  document,  se  trouve  dans  les  annales  de  Reijd  a  1'annee  159i2. 
Voici  ce  que  raconte  cet  auteur  a  1'occasion  d'une  excursion  que  fit 
le  prince  Maurice  dans  les  environs  de  Wesel  sur  le  Rhin  ( 13)  :  «  Ms 
»  hy  by  Sevener  still  lach ,  reedt  hy  eenen  dach  met  Gr.  Willern 
»  ende  Hohenlo  aen  den  Eltenerberch  jageri ,  en  na  by  Emmerick 
»  komende ,  beklaecht  hy  sich  tegen  eenige  des  magistraets  aldaer, 
»  dat  sy  de  predicatien  van  Gods  woords ,  die  over  de  veertich  jaren 


(  19  ) 

»  daer  gheleden  waren,  verboden  ,  den  predicant  uitgejaecht  ende 
»  dejesuiten  wederom  ingeplant  hadden,  afgheseyde  en  geswoorne 
»  vyanden  van  de  nederlandsche  gerechte  saeck  ende  stifters  van 
»  alle  quade  nabuerschap.  Die  magistral  ontschnldicht  sich  dat 
»  sulks  niet  haer  luyder,  dan  't  werck  van  de  vorstelyke  raden  ware. 
»  Volgbenden  daechs  komen  drie  van  de  raden  in't  legher,  gaven  te 
»  kennen  dat  d'instellinghe  der  jesuiten  al  by  den  olden  vorts  voor- 
»  ghenomen  ende  nu  door  zynen  soon  volbracht  ware,  verhoo- 
»  fende  prinsMaurits,  ende  die  Nederlanden  souden  hem  als  eenen 
»  vorst  des  rycks,  die  macht  had  uyt  crachte  van  de  religions- 
»  vrede,  soodane  religie  als  hy  goed  vond  in  syn  land  te  doen  oef- 
»  fenen,  hier  in  ghene  mael  stellen;  goede  nabuerschap  soude  niet 
»  te  min  onderhouden,  ende  den  jesuyters  anders  niet  dan  de 
»  schoole  bevolen  worden.  Prins  Maurits  antwoorde ,  hy  begeerde 
»  den  vorst  van  Cleye  in  zyne  regieringe  oite  religie  gheen  regel 
»  voor  te  schryven,  maer  dat  hy  de  jesuylen  voor  ghene  nabueren 
»  soude  lyden,  wiste  wel  sy  des  conincks  van  Spanien  verspyers 
»  waren ,  ende  darom  soo  nae  als  mogelyk  by  dese  frontieren  hae- 
»  ren  stoel  sochten  le  stellen;  dat  sy  ook  synen  vader  vermoordt 
»  hadden,  daerom  hy  syn  leven  lanck  haer  vyandt  wilde  blyven, 
»  want  de  moorder  van  de  prins  had  bekent  dat  een  geleert  gees- 
»  telyk  man  van  de  roomsche  religie  hem  had  afgheraden,  rnaer  en 
»  jesuyt  le  Trier  aengelroost.  » 

Dans  1'analyse  de  la  confession  telle  que  le  Verhael  la  donne, 
Gerard  ne  dit  nulle  part  qu'un  eccl^siastique  ait  cherche  a  le  de- 
tourner  de  son  projet;  mais  dans  un  des  passages  de  la  confession, 
que  la  commission  a  supprimes  et  qui  se  retrouvent  dans  noire 
texte,  Gerard  declare  s'elre  confesse  a  Treves  «  a  ung  certain  per- 
»  sonnage,  homme  de  bien  et  docte,  de  la  compagnie  de  Jesus  » ,  ce 
qui  res.semble  bien  au  ghelcert  gheestelijk  man  de  Reijd,  «  lequei 
»  jesuite,  ajoute-l-il,  s'eiforga  de  m'6ler  de  l^le  cesle  mienne  d^libe- 
»  ration.  »  Reijd,  en  mentionnant  celle  tenlalive  de  delourncr  G4- 
rard  de  ses  projels,  tentative  que  le  Verhael  passe  complelement 
sous  silence,  devail  avoir  connaissance  de  la  confession,  el,  comme 
ce  qu'il  en  cite,  se  Irouve  precisemenl  dans  un  ties  passages  retran- 
ch^s  du  Verhael  et  conserves  dans  noire  texte,  ne  sommes-nous  pas 


(  30  ) 

en  droit  d'y  voir  line  nonvelle  et  concluanle  preuve  dc  la  parfaite 
authenticity  de  celui-ci?  Le  second  fait  dont  parle  Reijd,  qu'un  je- 
suite  aurait  encourage  Ge*rard,  se  trouve  dans  les  extraits  des  inter- 
rogatoires  produits  dans  le  Verhael. 

S'il  faut  reconnattre  qne  nous  ne  savons  rien  de  certain  du  sort 
de  1'original  de  la  confession,  savons-nous  mieux  ce  que  la  copie  au- 
tbentique,  deposee,  d'apres  la  resolution  du24juillet  1584,  entreles 
mains  du  magistral  de  Delft,  est  devenue?  On  in'assure  que  des 
recherches  ont  etc  failes  re"cemment  a  Delft  pour  retroiwer  cette 
copie,  mais  qu'elles  sont  restees  sans  re'sultat,  et  qu'on  croit  que  la 
piece  a  etc  perdue  lors  du  grand  incendie  qni  detruisit,  en  1618, 
Fh6tel  de  ville  de  cette  cite.  Cela  est  possible,  mais  il  est  egalemenl 
possible  que  la  copie  de  la  confession  ait  e"te  egaree  en  cette  occasion 
et  soil  tombee  dans  des  mains  etrangeres,  desquelles,  dans  la  suite, 
elle  a  passe  dans  le  commerce.  Voici  ce  que  je  lis  dans  une  description 
dela  ville  de  Delft,  publiee  a  Delft  inejne,  en  i667,  par  Dirck  Van 
Blyswyck.  L'auteur,  apres  avoir  declare  tenir  les  details  sur  1'incen- 
die  de  temoins  contemporains,  raconte  ce  qui  suit :  (14)  «  Yverigli 
»  waren  vele  burgers  in  den  beginne  ook  besich,  om  so  veel  bet 
»  met  mogelyke  middelen  doenlyk  was,  te  salveren  stadts  boecken, 
»  papieren  en  bescheyden,  ook  schilderyen  en  al  hetgeen  eenigh- 
»  sints  te  behouden  was.  »  La  copie  de  la  confession  ne  peut-elle 
pas  s'etre  trouvee  parmi  les  pieces  sauvees,  et  son  apparition  dans  le 
commerce  ne  s'explique-t-elle  pas  alors  d'une  facon  tout  a  fait  plau- 
sible et  naturelle? 

Avant  d'aborder  la  question  de  Timportance  de  la  confession  an 
point  de  vue  historique,  il  est  necessaire  que  je  m'occupe  des 
sources  autres  que  le  Verhael,  dans  lesquelles  les  auteurs  contem- 
porains ont  puise  leurs  recits.  En  premier  lieu,  parmi  ces  sources, 
se  place  la  publication  deja  mentionnee  et  intitulee  :  Historic  Bal- 
thazar d  Gerards,  alias  Serach,  die  den  tyran  van  't  Neder landt 
den  prince  van  Oranyie  doorschoten  heefl;  endc  is  daerom  duer 
grawwelykc  ende  vele  tormenten  binnen  de  stadt  van  Delft  openbaer- 
lyh  ghedoodt;  MDLXXX1HL 

Cette  publication  sans  nom  d'auteur  ni  lieu  d'impression  a  servi 
de  source  et  de  prototype  aux  historiens  espagnols,  exactement 


(31  ) 

comme  le  Verhael  a  servi  do  source  aux  auteurs  hollandais.  Au  point 
de  vue  de  la  critique  historique,  quoique  n'ayant  pas  de  caractere 
official,  elle  a  autant  d'inler^t  et  d'importance  qae  le  Verhael. 
L' Historic  repre"sente  la  version,  le  theme,  si  je  puis  m'exprimer 
ainsi,  du  parti  espagnol  sur  le  meurtre  et  le  roeurtrier.  Tous  les 
ecrivains  qui  appartiennent  a  ce  parti  adoptent  la  relation  de  I'His- 
torie,  la  copient  souvent  litteralement,  sans  se  preoccuper  le  moins 
du  monde  de  son  exactitude  ou  de  1'authenticite  des  fails  qui  s'y 
trouvent  relates,  pas  plus  que  les  ecrivains  hollandais  n'ont  exa- 
mine" le  degre  de  f'oi  que  me>ite  la  narration  du  Verhael.  J'ai  donne" 
une  analyse  de  celui-ci,  je  vais  en  faire  autant  pour  V Historic. 

L'auteur  de  cette  publication,  ecrite  dans  un  style  plus  familier 
que  le  Verhael,  commence  par  etablir,  en  s'appuyant  de  1'autorite 
de  Ciceron,  que  la  domination  de  ceux  qui  se  sont  empares  du 
supreme  pouvoir  par  violence  ou  par  sedition ,  ne  dure  pas.  11  en 
trouve  une  nouvelle  preuve  dans  1'histoire  du  prince  d'Orange,  qu'il 
raconte  fort  brievement,  et  telle  qu'elle  devait  paraitre  aux  Espagnols, 
en  la  terminant  par  la  mention  de  la  sentence  de  proscription  pro- 
noncee  par  le  roi  contre  Guillaume.  Cette  sentence,  auxyeux  de  1'au- 
teur,  donne  a  cbacun  le  droit  d'attentera  la  vie  etauxbiensdu  prince. 
Apres  avoir  raconte"  deux  tentatives  faites  dans  ce  but,  1'auteur  arrive 
sans  autre  transition  a  Gerard.  11  connalt  celui-ci  de  bien  plus  pres 
que  les  auteurs  du  Verhael:  il  dit  que  son  pere  exercait  le  com- 
merce, que  sa  mere  e"tait  de  Besancon,  que  Ge"rard  lui-m^me  avait  de 
rinstruction,parlait  bienet^tait  fort  actif  dans  tout  cequ'il  enlrepre- 
nait  (14").  D'apres  lui,  Gerard  avait  form£,  depuis  plusieursann^es, 
le  projet  de  tuer  le  prince ,  et,  depuis  la  publication  de  l'6dit  de  pro- 
scription ,  il  s'y  etait  tout  a  fait  decide.  L'auleur  passe  sous  silence 
le  premier  sejour  de  Gerard  a  Delft,  son  voyage  en  France  et  tout 
ce  qui  s'y  rattache;  il  dit  seulement,  qu'apres  la  mort  du  due  d'Alen- 
gon,  la  reine  mere,  ayant  voulu  en  donner  connaissance  a  Guil- 
laume, en  avait  charg£  Gerard.  II  fail  de  celui-ci  une  espece  d'ambas- 
sadeur,  et  dit  que,  pendant  quelque  temps,  il  avait  compt^  parmi  les 
gentilshommes  du  prince.  Arriv6  a  1'assassinat,  1'auteur  cite  des  par- 
ticularites  qui  ne  se  trouvent  pas  dans  le  Verhael,  etqui  sembleraient 
protiver  qu'il  y  avait  eu  des  rapports  entre  lui  et  Gerard.  G'est  ainsi 


(  22  ) 

qu'il  parle  de  mesures  prises  par  cclui-ci  pour  assurer  sa  fuite  apres  le 
meurtre.  II  raconte  1'assassinat  avec  des  de" tails  tout  particulierssurla 
maniere  dont  le  prince  a  e"te"  blesse.  Les  trois  balles  dont  le  pistolel 
etait  charg^,  ont  perc6  le  mantenu  du  prince  du  c6te  gauche,  et  lui  onl 
fait  sous  leseingaudieune  plaie  large  de  deuxdoigts;  1'une  des  balles, 
apres  avoir  traverse^  le  corps  d'outre  en  outre,  en  est  sortie;  les  deux 
autres  y  sont  resides,  labourant  profondement  les  intestins  (Ufr). 
Le  meurtrier,  d'apres  1'auteur,  a  failli  s'e"chapper,  il  £tait  deja  pres 
de  la  porte,  hors  de  laquelle  un  cheval  1'attendait,  lorsqu'il  fut 
arrete  par  deux  pages  qui  avaient  vu  tirer  le  coup,  et  qui,  en  se 
jetant  sur  lui  et  en  luttant  corps  a  corps  avec  lui,  donnerent a 
d'autres  domestiques  le  temps  d'accourir.  L'auteur  menlionne  la 
confession ,  mais  il  n'en  a  qu'une  connaissance  fort  vague,  il  est  Evi- 
dent qu'il  ne  1'a  pas  vue.  «  Gerard  a  demand^,  dit  il,  du  papier  et 
»  de  1'encre,  et  a  declare"  haulement,  avec  beaucoup  de  discours  no- 
»  toires  et  avouables  devant  tout  le  monde  et  avec  des  motifs,  la 
»  justice  de  son  projet.  »  II  fait  tenir  ensuite  an  meurtrier  un  Ian- 
gage  qui  t^moigne  de  toute  sa  fermet6  et  donne  un  recit  circon- 
stancie  des  tourments  qu'on  lui  fit  subir.  Cette  partie  de  \Hislorie 
est  ^crite  avec  une  certaine  empbase,  Tintention  de  Tauteur  de  re- 
presenter  Gerard  comme  un  martyr,  est  manifesto  dans  le  choix  et 
la  description  des  derails,  aussi  bien  que  dans  la  conduite  et  les 
paroles  qu'il  lui  pre"te.  Gerard,  d'apres  Y  Historic,  fut  suspendu,  dans 
la  nuit  qui  suivit  1'assassinat,  cinq  fois  au  cbevalet,  et  baitu  de 
verges ;  ses  plaies  furent  enduites  de  miel,  et  on  fit  venir  un  bour 
pour  qu'il  les  Ie"chat  avec  sa  langue  raboteuse.  Mais  le  bouc  fit,  dit 
1'auteur,  au  corps  de  Gerard,  comme  les  lions  au  corps  de  Daniel  : 
il  n'y  voulut  point  toucber.  On  le  garrotta  ensuite  roule"  sur  lui- 
me'me,  et  le  mit  dans  une  curve  pour  1'empecber  de  dormir.  Pendant 
les  trois  jours  suivants  on  le  hissa  de^nouveau  au  cbevalet,  les  mains 
liees  sur'le  dos,  on  suspendit  a  cbacun  de  ses  orteils  un  poids 
de  trois  cents  livres,  et  on  le  laissa  pendant  une  demi-heure  dans 
cette  position;  au  bout  de  ce  temps,  on  le  descendit,  on  lui  mit  des 
souliers  fails  d'une  peau  de  cbien  Ires-rude,  trop  courts  de  deux 
doiijts  et  bien  graisse"s.  On  le  plac_a  ainsi  cbausse'  devant  un  grand 
feu  et  on  1'y  laissa  jusqu'^  ce  que  ses  pieds  fussent  tout  racornis. 


(23) 

L'auteur  entre  encore  dans  le  detail  d'autres  tourments  des  plus  af- 
freux  que,  d'apres  lui,  on  fit  subir  au  meurtrier,  et  que  celui  supporta 
avec  beaucoup  de  fermete.  II  le  nomine  notre  Balthazar,  notre  pieux 
Balthazar,  le  ihontre  absorbe  dans  la  priere  et  presque  insensible 
aux  plus  atroces  douleurs,  exalte  son  calme,  sa  patience,  la  douceur 
dont  il  fit  preuve  dans  les  moments  de  re"pit  qu'on  lui  accordait, 
rapporte  les  entretiens  qu'il  cut  pendant  ces  moments  avec  les 
assistants  et  passe  ensuite  au  re"cit  detaille  de  1'execulion  qui  eut 
lieu,  comme  le  jugement  le  prescrivait,  avec  une  grande  recherche 
de  cruaute".  Ce  dernier  re"cit  parait  exact ,  il  est  conforme  aux  remits 
que  des  te"moins  oculaires,  non  suspects  de  partialite"  pour  Gerard, 
en  ont  fait.  Mais  peut-on  en  dire  autant  des  details  horribles  sur  les 
tourments  auxquels  Gerard  fut  sonmis  pendant  1'instruction  de  son 
proces?  Je  ne  voudrais  pas  1'affirmer  absolument;  voici  cependant 
ce  que  je  trouve  dans  les  sources. 

Le  \\  juillet  1584,  le  lendemain  de  1'arrestation  du  meurtrier, 
les  £tats  de  Hollande  prennent  la  resolution  suivante  (15)  :  Is  ge- 
hoordt  het  rapport  van  de  gecommitteerden  op  de  examinatie  van  de 
yevange  Balthazar  Gerards,  die  hem  hadde  doen  noemen  Francois 
Guyon,  als  dat  deselve  op  de  laatse  torture  niet  meer  en  hadde  bele- 
den ,  dan  in  de  voorgaende  ende  dat  apparentelyk  met  geene  tormen- 
len  denselven  iet  verder  sal  moogen  werden  geextorqueert ,  of  daar- 
omme  tot  exemplare  straffs  en  executie  niet  geprocedert  souden  mogen 
weerden.  Waerop  verklart  is  en  gheresolveert,  dat  overmiets  veele 
steden  alsnog  niet  en  waren  angekomen,  dat  men  als  nog  vier  ofvyf 
dagen  met  de  voorseyde  executie  sal  supersedeeren  ,  en  middlertyden 
den  scherpregter  van  Utrecht  sal  ontbooden  werden,  om  nog  eens 
tot  scherper  examen  te  procedeeren. 

II  existe  une  seconde  resolution  des  6tats  de  Hollande,  de  la- 
quelle  il  resulte  que  les  tortures  furent  renouvele'es  encore  la  veille 
de  la  mort  de  Gerard  ( 16)  :  Zyn  gecommitteerd  deselve  die  op  de  exa- 
minatie van  den  moortdader  syn  geivest ,  ornme  vorts  te  procedeeren 
tot  andere  examinatie ,  ende  ook  met  die  van  den  geregte  van  Delf,  tot 
uitterlyke  sententie  van  de  stra/fe  en  de  executie,  die  exemplarlyk 
over  den  voernoeniden  moortdader  gedaan  sal  werden. 

Par  les  extraits  des  interrogatoires  qui  se  trouvent  dans  le  Ver- 


had,  on  voit  que  Gerard  a  e"tc"  applique  a  differenles  reprises  a  la 
question  ordinaire  et  extraordinaire,  et  les  sommes  fort  elevens  ac- 
cord^es  par  les  etats  de  Hollande  aux  exe"cuteurs  des  hautes  oeuvres, 
qui  furent  employes  a  sa  torture  et  a  son  execution,  montrent  qu'on 
leur  avail  demande  plus  qu'un  service  ordinaire.  Voici,  en  effet,  une 
resolution  prise  sous  la  date  du  16  juillet  1584  (17),  par  les  etats  de 
Hollande  :  Zyn  gepasscert :  meester  Jacob  Michielsz,  scherprechter 
van  Utrecht,  sestig  ponden,  ende  meester  Willem  Willemsz,  scherp- 
rechter, vyftig  ponden,  uit  sake  van  de  torture  ende  executie  by  hem 
aan  den  moordenaer  gedaen  (1 7"). 

Je  mentionnerai  en  dernier  lieu  les  relations  de  ternoins  oculaires, 
appartenant  an  parti  hollandais  et,  par  consequent,  peu  portes  en 
faveur  du  meurtrier.  J'ai  trouve  dans  un  manuscrit  de  la  bibliothe- 
que  de  la  ville  de  Mons,  sur  lequel  je  donnerai  plus  loin  de  plus  am- 
ples  details,  une  piece  intitulee  :  Translat  de  certain  extrait  dune 
lettre  escrite  en  flamen  (sic)  en  la  ville  de  Delft  I'onzieme  de  juillet  84 , 
par  Cornille  Aertssens ,  pensionnaire  de  Bruxelles,  a  ceux  du  magis- 
tral illec,  touchant  la  torture  de  Balthazar  Gerard.  La  meme  piece 
existe  aussi  dans  un  manuscrit  de  la  hibliolheque  royale  (fonds  Van 
Hulthem),  et  comme,  dans  le  dernier,  le  texte  de  la  piece  est  plus 
complet,  je  vais  le  reproduire  d'apres  le  manuscrit  de  Bruxelles  (18). 

EXTRAIT  D'CNE  RELATION  FAITE  A  CEUX  DU  MAGISTRAT  DE  BRUXELLES  PAR 
CORNEILLE  AERTSSENS,  ALORS  LEUR  GREFFIER ,  ET  ENSUITE  DES  E^TATS 
GENERAUX  DE  DELFT,  LE  il  JUILLET  1881. 

Nobles  discrets  et  Seigneurs ,  fat  escript  a,  Vos  Seigneuries  seule- 
ment  que  Son  Excellence  estoit  griefvement  blcsse,  et  en  danger  de 
mourir,  ce  quefai  fait  saivant  la  resolution  de  mexseignetirs  les 
estats  generaulx;  mais  il  faut  que  Vos  Seiyneuries  par  ceste  entendent 
avec  grand  regret,  que  Sadicte  Excellence,  apres  avoir  recu  le  coup 
qui  lui  a  este  donne  sous  la  mamelle  gauche  ,  est  trepasse  et  flni  en 
Dieu,  naiantparlc  auhre  chose  que  ces  nwts  bien  haults:  «  Mon  Dieu, 
aiez pitie  de  mon  ame  )>,  et  apres,  «  Aiez  pitt'e  de  ce  pauvre  peuple  », 
demeurans  les  deux  dernier s  mots  quasi  en  la  bouche ,  dont  par  toute 
la  ville  on  est  en  grand  deuil,  tellement  que  les  petits  en  fans  en  pleu- 
rent  par  les  rues,  etc. 


(  25  ) 

Post-scriplum  ajoute'  a  la  m&me  relation  : 

fai  este  toute  cette  nuit  et  devant  diner  present  a  la  torture  du 
malfaiteur,  main  rial  omj  de  ma  vie  une  plus  yrande  resolution 
d'hommeni  Constance,  Una  oncquesdit  a  ay  my  »,  mats  en  toustour- 
mens  il  s'est  tenu  sans  dire  mot ,  et  sur  tous  intcrrogatoires  a  respond 
Men  a  propos  el  avcc  bonne  suite ,  disant  quelquefois  :  «  Que  voulez- 
vous  faire  de  moi?  Je  suis  resolu  de  mourir,  aussi  d'une  mort  cruelle, 
queje  neusse  laisse  mon  cntreprise,  ni  encore  sifelois  libre,  la  lais- 
seroie ,  combien  queje  deusse  mourir  mille  morts.  »  Et  n'a-t-on  tire  de 
luy  aultre  chose,  seulement  quil  a  ddtnent  son  entreprise  avec  d'As'son- 
ville,  par  avis  precedent  du  prince  de  Panne.  Les  estats  estoient  bien 
en  peine,  doubtant  quil  eust  ete"  employe  d'un  aultre  coste,  mais,  Dieu 
merci,  lecontraire  est  tout  noloire,  sur  quoy  i'on  prend  bon  courage. 
C'est  le  mesme  qui  a  apporte  la  nouvelle  de  la  mort  de  son  Alteze  (le 
due  d'Alemon}.  II  confesse  quil  a  fait  en  France  tout  plain  de  mau- 
vaises  pieces  en  la  maison  de  Caron,  a  fin  d-estre  envoye  du  meme 
par  deed  avec  lesdictcs  nouvclles ,  ou  par  aultre  occasion  pour  exe- 
culer  son  entreprise.  11  prend  son  pretexte  sur  ce  que  S.  E.  auroit 
rompu  la  pacification  de  Gand  et  pour  remettre  au  pays  la  religion 
catholique  romaine,  comme  elle  I'a  este  il  y  a  trente  ans. 

Dans  les  monies  manuscrits  je  Irouve  1'extrait  d'une  seconde 
lettre  d'Aertssens,  ou  il  fait  le  re"cit  de  1'ex^cution.  Comme  ce  re"cit 
est,  autant  que  je  sache,  in<Mit,  je  vais  le  reproduire  ici,  en  suivant 
toujours  le  rnanuscrit  de  la  bibliotheque  royale. 

F.XTRAIT  D'UNE  RELATION  DE  CORNEILLE  AERTSSENS  DU  14  JU1LLET  1584, 
A  CEUX  DU  MAGISTRAT  DE  RRUXELLES. 

Nobles  discrets  et  Seigneurs ,  ceste  ne  servira  a  autre  fin  que  pour 
advertir  Vos  Seigneuries  que  le  meurdrier  de  la  pcrsonne  de  Son 
Excellence  (apres  avoir  ele  gehenne  par  trois  diverses  fois  et  de 
divers  tourments,  et  naiant  con fesse  aultre  chose  que  ce  que particulie- 
remenl  par  mes  deux  precedentes  ai  escript  a  vous,  et  bien  au  long 
aux  deputes  des  estats  de  Brabant,  auxquelsfai  serieusement  requis 
envoyer  la  copie  a  Vos  Seigneuries,  attendu  que  Con  a  rctenu  le  dou- 
ble (ce  que  fespere  Us  auront  faict) ,  a  este  ce  matin  condampne  a  In 
mort ,  et  incontinent  apres  execute,  en  maniere  que  s'ensuyt. 


(26  ) 

Premierement  ledit  meurdricr  a  este  mis  sur  un  eschaffault,  et 
vestu,  lit  a  une  estaquc;  devant  ses  yeux  a  estt  rompu  le  pistolet  en 
pieces,  duquel  it  avoit  donne  le  coup,  et  ainsi  monstre  cm  peuple. 

4pres  il  a  e'te  de'tache',  devestu  nud,  et  autrefois  lie  a  ladite  es- 
taque,  lesyeux  bandes  d'un  mouchoir. 

Apres  Ion  a  prim  sa  main  droite  (qui  estoit  celle  avec  laquelle  il 
avoit  commis  le  faict),  et  mis  icelle  dans  un  gauffret  rouge  ardent, 
qu  ainsi  a  este  quasi  du  tout  brusle'e. 

Apres  a  e'te  poinse  six  fois  de  tenailles  ar denies. 

Ce  faict  a  este  destache  et  tout  vifencoires  mis  sur  un  bancq,  ses  qe- 
nitoires  coupees ,  le  ventre  ouvert  jusques  environ  la  poitrine ,  ses  en- 
trailles  tires  hors ,  et  les  deux  quartiers  embas  apprestes  pour  estre 
coupe's,  si  long  temps  a-t-il  este"  fort  et  bien  vivant ,  disant  des  oraisons 
bien  bas ,  selon  que  Con  povoit  remarquer  au  remuement  de  la  bouche 
et  levres. 

Depuis  lui  a  este"  ouvert  la  poitrine  et  le  co3ur  vif  tire  hors  el  jecte 
en  son  visaige ,  alors  I'on  Ca  vu  rendre  Cesprit. 

Apres  a  este1  mis  en  quatre  quartiers  qui  seront  mis  au  remparts 
de  la  ville. 

Pour  ses  tourments  il  a  soufferl  sans  dire  une  fois  «  ay  my  »  ,  ou 
faire  quelque  cri ,  et  sans  retirer  ou  mouvoir  ung  seul  membre. 

De  la  main,  com  we  diet  est,  brusle'e,  aiant  ses  bras  libres ,  it  a 
fait  deux  ou  trois  croix  au  peuple. 

Hier  apres-midi ,  estant  mis  devant  le  feu  avec  une  paire  de  sou- 
liers  aux  pieds  de  cuir  gras ,  a  endure  semblablement  le  rotissemcnt 
de  sesdicts  pieds  environ  deux  heures. 

Semblablement  quon  lui  a  mis  des  longues  esguilles  entre  ses  angles. 

Personne  nepeut  comprendre  comment  il  a  este  possible  de  Cendu- 
rer,  mais  sa  resolution  a  este1  grande,  et  n'ajamais  e'te'  oy  le  semblable. 

II  convient  d'ajouter  la  relation  d'un  second  temoin  oculaire, 
celle  de  Le  Petit,  ancien  domestique  serviteur  du  prince  d'Orange, 
qui,  en  cette  qualite,  n'est  a  coup  siir  pas  suspect  de  partialite  en 
faveur  du  meurtrier.  Le  Petit  fut  present  a  Tex^cution,  et  en  rend  le 
compte  suivant  (19)  : 

«  Comme  il  y  avoit  nombre  infini  de  personnes  a  voir  faire  ceste 
»  execution,  ou  estoys  spectatenr  comme  les  autres.  il  faut  que 


(27) 

»  je  dis  ce  que  je  remarquai  en  icelle.  Ce  meurlrier,  encore  qu'il 

»  eut  les  pieds  eschaude*z  de  la  geine  et  tout  boursouffle'z,  mar- 

»  choit  n&intmoins  bonhement  eritre  deux  bourreaux.  II  estoit 

»  pelit  de  stature,  av'ec  les  cheveux,   la  barbe  et  tons  les  polls 

»  de  son  corps  ras6s,   parce  qu'on  pre"sumoit  qu'il  devoit  avoir 

»  quelque  sort  sur  lui,  qui  pouvoit  causer  que  durant  tant  de  tour- 

»  ments  de  geines  (pour  cognoistre  s'il  n'avoit  nuls  complices) 

»  il  cryoit  peu  ou  point.  Estant  Iy6  a  1'estache  sur  1'eschaffault, 

»  voyoit  a  oeil  descouvert  embraser  le  gaufrier  et  les  tannailles  qui 

»  devoyent  servir  a  I'office.  11  voyoit  le  blanc  cliarnier,  sur  lequel 

»  il  devoit  eslre  taille  en  quartiers,  les  cousteaux  et  la  cogne'e,  sans 

»  toutefois  s'en  esmouvoir  en  rien.  Et,  comme  ses  deux  bourreaux 

»  estoyent  empech£  a  rompre  sur  le  bancz  la  pistolle  dont  il  avoit 

»  fait  le  coup,  le  marteau  duquel  Tun  des  bourreaux  frappoit,  se 

»  desmancba  et  raza  les  oreilles  de  son  compagnon  ,  dont  le  peuple 

»  se  riant,  ce  malheureux  ne  se  sceut  contenir  qu'il  ne  donna 

»  aussi  un  petit  sonrys.  Ayant  eu  la  main  longtemps  entre  deux  fers 

»  ardanls,  tellement  basic  qu'elle  sembloit  eHre  une  gauffre,  il  la 

»  leva  amont,  comme  voulant  direct  monstrer.  «  Voilala  main  qui 

»  a  fait  un  coup. »  Et  comme  apres  avoir  e*l6  tanaiHe",  les  bourreaux 

»  le  portoientadeux,  pour  le  poser  sur  lecharnier,  quelque  femme- 

»  lotte  dit  aux  assistants  :  «  Que  veult-on  tant  faire  de  mal  a  ce  po- 

)>  vre  homme.  Quand  tout  est  dis  n'a  tue  qu'un  bomme,  et  on  le  fait 

»  mourir  de  mille  morls.  »  Les  bourgeois  oyant  ce  propos  la  pous- 

»  serent  arriere,  avec  injures.  Ceux  qui  estoyent  un  petit  plus  loin, 

»  oyans  un  bruit  qui  se  menoit,  ne  sachant  que  c'estoit,  cornmen- 

»  cerent  a  s'esmouvoir  et  a  murmtirer,  aucuris  cryant  arme  et  le 

>  tambourin  touschant.  Cest  assassin  estant  ja  couche  sur  le  bane, 

»  les  bourreaux  avoient  peur,  sur  le  point  de  le  quitter  et  luy  a  se 

»  vouloir  lever  et  fuyr,  surquoi  le  magistral  cria  aux  bourreaux 

»  que  ce  n'estoit  rien  el  qu'ils  fissent  leur  devoir.  II  est  a  croire,  si 

»  c'eust  este  quelque  trouble  et  qu'il  eust  e"le  abandonne  seul  sur 

»  reschaffaiilt,  que  mal  en  point  qiul  fut,  il  eust  tacbe'  a  se  sauver, 

»  tant  y  a  que  tons  les  lourments  qu'on  luy  fil  jamais ,  il  ne  crya 

»  point  ni  fu  sernblant  sentir  aucune  douleur,  a  quoi  il  s'estoit 

»  resolu  ,  et  mesmes  s'en  estoit  vante" ,  dez  qu'il  estoil  sur  la  geine.  » 


(  28  ) 

Apres  celte  digression,  qui  m'a  paru  ne*cessaire  afin  deconstater 
la  ve"racite"  de  Y  Historic,  revenons  aux  questions  concernant  plus 
specialement  cette  publication.  Differentes  circonstances  rendent 
tres-probable  que  Y  Historic  a  etc  ecrite  a  Delft,  par  un  homme  fort 
devout  au  parti  espagnol.  L'auleur,  en  parlant  du  convent  de 
Ste-Agathe,  cite  des  particularity's  toutes  locales,  il  paratt  avoir 
Goiinu  personneilement  Balthazar  Gerard,  et  ne  dit  assur&nent 
pas  tout  ce  qu'il  savait  de  lui  et  de  son  projet.  Les  auteurs  espagnols 
qui  copient  son  recit  ont  soin  d'ajouter  que  ce  recit  provient  de 
personnes  pre"sentes  sur  les  lieux  et  qui  assisterent  a  tout  (20). 
Haraeus,  apres  avoir  reproduit  la  substance  de  ce  que  Y  Historic 
rapporte  de  rexecution,  dit  expresse"ment  (2!)  :  «  Hoc  certamen 
»  Balthasaris  Gerardi  Burgundi,  27  annorum  juvenis,  ut  a  fide 
)>  digno  viro  Delfensi  nobis  est  relatum.  »  S'il  etait  perrnis  d'e*- 
mettre,  une  conjecture,  voici  ce  que  je  dirais  :  il  est  infiniment  pro- 
bable qu'Alexandre  Farnese  entretenait  a  Delft  des  e"missaires 
charges  de  surveiller  le  prince  d'Orange,  de  lenir  Farnese  au  cou- 
rant  de  ce  qui  se  passait  autour  de  celui-ci,  aux  etats  et  ailleurs,  et 
je  croirai  volon tiers  que  c'est  avec  un  de  ces  hommes  que  Gerard  se 
trouvait  avoir  eu  des  rapports  fort  cache's  et  secrets  sans  doute,  mais 
toujours  des  rapporls.  Apres  la  niort  de  Gerard ,  cet  homme  s'eni- 
pressa  de  publier  le  re"cit  du  fait,  en  ayant  soin  de  lui  donner  le 
caractere  qui  convenait  le  mieux  aux  interns  de  son  parti. 

J'avais  forme  cette  conjecture,  lorsque  je  fis  une  decouverte assez 
curieuse,  qui  parait  bien  la  confirmer.  Tl  existe,  a  la  bibliotheque  de 
la  ville  de  Mons,  un  nianuscrit  intitule  :  Recoe'd  de  cc  qui  est  advenu 
plus  digne  de  mcmoire  depuis  I' an  de  salut  1575  jusques  a  Van  1 585, 
qualriesme  volume.  Tout  recoeille  par  Jean  Ballin,  reliyieux  a  Clcr- 
maretz-lez-S^Omer.  Ballin  raconte  un  certain  nombre  d'evene- 
ments  de  celle  epoque  d'apres  des  sources  qui  meritent  toute  Tatten- 
tion  de  Thistorien;  arrive  a  la  mort  du  prince  d'Orange,  il  donne  un 
long  re"cit  intitule  :  Le  glorieux  et  triumphant  marlyre  de  Balthazar 
Gerard,  Bourguignon  :  sa  tres-hcureuse  issue  de  ceste  vie  advea-ue 
en  la  ville  de  Delft  en  Hollande,  le  14  de  juillet  1584,  apres  quit 
eust  execute  la  sentence  de  mort  donnee  par  le  rot  nostrc  sire ,  comte  de 
Flandre ,  Holande ,  etc. ,  a  I'enconire  de  Guillaumc  de  Nassau ,  jadis 


prince  d'Oranye,  convaiacu  de  crime  de  lese-tnajcsle  divine  ct  hu- 
maine,  vraye  peste  et  ennemi  de  la  re'publique  cliretienne,et  flambeau 
de  tons  les  troubles  de  ces  Pais-Has  :  le  lout  traduit  du  latin.  »  En 
1'examinant  de  plus  pros,  je  constatai  que  ce  recil  n'est  en  graride 
partie  que  la  traduction  en  frangais  du  texte  hollandais  de  Y His- 
toric. Le  traducteur  a  change  en  quelques  endroils  la  place  et 
1'ordre  des  phrases,  et  remplace  1'exorde  de  1'auteur  hollandais  par 
des  considerations  pieuses,  mais  an  fond  c'est  le  meme  £crit.  A  la 
lin  du  recit,  apres  avoir  mentionn£  le  jour  et  1'hciire  de  1'ex^cutiori 
de  Gerard ,  Ballin  ajoute  :  Le  meme  jour  que  un  homme  fidele  et 
QCCuUement  catholique  escrivit  ce  discours,  et,  quelques  lignes  plus 
loin,  se  trouve,  sous  forme  d'un  post-scriptum,  la  notice  sui- 
vante  : 

Le  discours  ci-dessus  a  este  escrit  en  latin  en  la  ville  de  Delft  en 
Hollande  par  quelque  homme  docte  et  fidele,  ay  ant  este  present  a 
{'execution,  lemoiny  de  veue,  et  depuis  envoy e par  deed  es  mains  de 
quelque  (/rand  personnaye  en  court,  lequel  a  eu  soiuy  de  le  faire  tra- 
duire  en  /rancais.  A  Dieu  soil  la  yloire  (22). 

N'est-on  pas  en  droit  de  conclure  de  tout  ceci,  que  I'homme 
docte  et  lidele,  occultement  catholique,  qui  se  trouve  a  Delft,  as- 
siste  a  1'execution  et  envoie  a  la  cour  un  recit  circonvStancie  de  lout 
1'ev^nenient,  ^tait  un  agent  du  prince  de  Parme? 

La  relation  de  YHistorie  a  servi  aux  historiens  espagnols  de 
source  principale,  on  peut  dire  unique,  pour  tout  ce  qui  concerne 
les  circonstances  du  crime,  du  proces  et  de  {'execution  de  Balthazar 
Gerard.  Les  uns  la  reproduisent  mot  a  mot,  d'autres  en  donnent 
des  extraits,  d'autres  encore  transcrivent  les  fails  et  les  particula- 
rites  qu'elle  renferme ,  en  changeant  seulement  la  forme  et  les 
termes  de  la  narration.  Herrera,  le  plus  ancien  et  le  plus  estime"  de 
ces  auteurs,  traduit  litteralement  le  r£cit  de  YHistorie,  il  y  ajoute 
tout  au  plus. deux  ou  trois  lignes  pour  dire  que  Gerard  repoussa  les 
ministres  calvinistes  qu'on  lui  avail  envoye"s  (23).  Cette  reproduc- 
tion litterale  s'explique,  du  reste,  parfaitement.  Herrera  avail  etc 
nomine  par  Philippe  II  coronisla  major  de  las  Indios;  en  cette  qua- 
lite,  il  puisait  aux  sources  oflicielles.  Des  lors  ,  quoi  de  plus  nalurel 
que,  Alexandre  Farnese  ayant  envoy^  a  Madrid  le  rapport  de  son 


(  50  ) 

agent  de  Delft  sur  I'^v^nement,  Herrera  en  ait  eu  connaissance  et 
Tail  traduit  et  inse're'  dans  son  ouvrage,  d'autant  plus  que  le  ton  et 
les  tendances  de  Yflistorie  s'aecordent  parfaitement  avec  le  ton  et 
les  tendances  de  YHistoria  del  mundo  en  el  reynado  del  rey  don 
Phelipe  II. 

Herrera  exerc,a  une  tres-grande  influence  sur  lesauteursespagnols 
qui  ont  ecrit  1'histoire  de  ces  temps  apres  lui.  Carnero  le  copie  litte- 
ralement,  mot  pour  mot  (24).  Don  Francisco  Lanario  de  Garpiniano, 
dans  1'edition  italienne  aussi  bien  que  dans  celle  faite  en  espagnol 
de  son  histoire  des  guerres  de  Flandre,  donne  tres-brievement  la 
substance  du  re"cit  de  Herrera  (25).  Le  pen  de  details  que  Miniana, 
le  continuateur  de  Mariana,  produit  sur  T^venement,  ont  e"te  em- 
pr  ante's  encore  a  Yffifstorie  (26).  Ferreras  n'en  parle  qu'en  passant 
et  mentionne  a  peine  le  fait. 

Parmi  les  e"crivains  du  parti  royaliste,  Haraeus  merite  une  men- 
tion particuliere  (27).  11  ne  connait  que  fort  inexactement  les 
antecedents  de  Gerard,  qu'il  dit  avoir  ete  attache"  au  due  d'Alenyon, 
apres  avoir  servi  le  prince  d'Orange;  mais  par  centre  il  est  tres- 
bien  inforrne  de  ce  qui  s'est  passe"  apres  le  crime.  II  suit  en  general 
YHistorie  com  me  les  autres  ecrivainsde  son  parti,  rnais  il  donne  en 
m^me  temps  des  details  qu'aucun  atitre  auteur  ne  produit,  et  qu'il 
ne  pouvait  lenir  que  d'une  personne  an  courant  de  la  tradition 
locale  de  Delft.  G'est  ainsi  qu'il  cite  une  circonstance  assez  particu- 
liere: d'apres  lui,  la  commission,  charged  d'instrtiire  le  proces  du 
meurtrier  et  de  le  juger,  aurait  voulu  le  detenir  plus  longtemps  en 
prison,  mais  le  grand  conseil,  craignant  un  soulevement  du  peuple, 
aurait  envoye,  des  le  13,  Tordre  en  la  prison  de  preparer  Texecu- 
tion  pour  le  lendemain.  Ge  detail  est  parfaitement  d'accord  avec  les 
resolutions  des  etats  de  Hollande,  du  II  et  du  13  juillet,  que  j'ai 
cities  plus  baut.  Le  dernier  des  auteurs  contemporains  de  ce  parti 
qu'il  convient  de  mentionner  est  de  Tassis  (28).  Dans  ses  Commen- 
larii  de  tumullibus  Belgicis  sui  temporis ,  il  parle  de  1'assassinat  du 
prince,  mais  sans  details  particuliers  et  se  bornant  a  relever,  dans 
le  sens  de  YHistorie,  le  courage  et  la  fermete"  de  Gerard. 

Avant  de  passer  aux  recits  des  auteurs  Strangers,  je  dois  dire  uu 
mot  de  quelques  publications  qui  parurent  apres  r^venemerit,  et 


(  51   ) 

dans  lesquelles  on  pourrait  espe"rer  peut-6tre  de  renconlrer  des 
sources  inde"pendantes  du  Verhael  et  de  YHislorie.  Je  n'en  ai  Irouve" 
indiquees  que  deux  qui  me'ritent  line  mention  spe"ciale.  11  exisle, 
a  la  bibliotheque  de  La  Haye,  une  brochure  de  51  pages,  pelit 
in -4°  et  intituled  :  Cort  Verhael  van  de  moort  ghedaen  aen  den 
•persoone  van  den  seer  door  luchtiy  hen  prince  van  Orangien;  anno 
MDLXXXllU.  Je  n'ai  pas  \u  celte  brochure,  mais  je  ne  pense  pas 
qifelle  renferme  des  fails  nouveaux  ou  imporlanls  qui  ne  se  tro.uve- 
raient  pas  deja  dans  le  Verhael.  Les  historiens  hollandais  devaienl 
avoir  connaissance  de  cette  publication,  et,  comme  ilscitent  et  repro- 
duisent  uniquement  le  Verhael,  il  est  a  presumer  que  le  Cort  Ver- 
hael ne  conlient  rien  de  parliculier  sur  I'^v^nement. 

Dans  la  bibliographic  Douaisienne  publie"e,  en  1845,  par  M.  Du- 
thilloeul  (29),  je  trouve  mentionnee  une  brochure  in- 12  de56  pages, 
intilulee  :  Le  glorieux  el  triomphant  martyre  de  Balthazar  Gerard 
avenu  en  la  ville  de  Dcffl  en  Hollande ,  le  XlllJ*  jour  de  juillet  1584 ; 
ensemble  le  tombeau  de  Guillaume  de  Nassau,  jadis  prince  d'Orenge 
lermine  audict  lieu,  le  Xdudict  mois  de  juillet  audict  an  1584.  Cette 
brochure  paralt  etre  extr^mement  rare,  comme  le  sont  du  reste 
Joules  celles  qui  ont  paru  sur  I'assassinat  de  Guillaurae.  M.  Duthil- 
loeul  n'en  cite  qu'un  seul  exemplaire.  Je  ne  1'ai  pas  vu,  mais  en  rap- 
prochant  son  litre  de  la  suscription  qui  se  trouve  en  tele  de  la  piece 
du  manuscrit  de  Ballin ,  je  dois  soup^onner  que  le  glorieux  et  triom- 
phant  martyre  n'est  autre  chose  qu'une  traductiou  frangaise  de 
\Historie.  M.  Duthilloeul  cite  encore  un  ecrit  public  a  Rome  en 
1584,  sous  le  litre  de  :  Batthazari  Gherardi  Borgondi  morte  e 
costanza  per  haver  ammazzato  il  principe  rf' Orange.  11  se  pour- 
rait  fort  bien  que  ce  ne  fut  encore  qu'une  edition  de  fHislorie  en 
i  I  alien. 

Je  passe  mainterianl  aux  recits  des  auleurs  contemporains,  fran- 
cais,  allernands  el  ilaliens.  A  la  l^te  des  auteurs  francais,  il  convienl 
de  placer  Kichard  Dinolh  de  Coutances,  dont  I'ouvrage  parut,  en 
1586,  sous  le  litre  :  de  Bella  Belgico  libri  VI  (30).  deux  ans  apres 
r^v^ncnient.  Dinolh,  en  ge*ne*ral  assez  impartial,  donne  le  recit  de 
Y Historic  sans  ajouter  d'aulres  details.  De  Thoux  se  borne  a  traduire 
le  Verhael  en  latin ,  il  n'ajoule  rien ,  et  n'en  retranche  que  les  fails 


qui  ne  se  rapportent  pas  dircctement  a  1'assassinat  du  prince  (51). 
Brant6me  est  etonnant,  je  sais  que  le  mot  ne  convicnt  guere  a  la 
gravite  du  sujet,  mais,  en  verite,  je  n'en  trouve  pas  d'autre  pour 
qualifier  1'inconcevable  credulite  de  cet  auteur.  Qu'on  ecoute  plutdt. 
Brant6me  commence  par  indiquer  ses  sources  :  il  ticnt  ce  re"cit, 
dit-il,  d'un  gentilbomme  qui  £tait  a  Delft  et  de  nouvelles  qui  vinrenl 
a  la  cour,  ou  lui  Brantome  se  trouvait  an  moment  de  I'e've'nement. 
Gerard  arriva  pres  de  Guillaume  cl' Orange ,  «  tout  gueusement  ha- 
bille  et  tout  malolru ,  »  se  donnant  pour  le  fils  d'un  certain  Briel 
qui  avail  etc"  an  service  du  prince,  et  pendu  a  la  suite  d'une  entre- 
prise  centre  la  ville  d'Orange.  Guillaume  le  rec^it  a  son  service,  lui 
lit  apprendre  a  ecrire  par  ses  secretaires,  a  le  fit  tres-bien  habiller 
et  le  mettre  bien  en  point;  «  Gerard  finit  par  devenir  secretaire  du 
prince  et,  apres  1'avoir  servi  fidelement  pendant  cinq  ans,  il  forma 
le  projet  de  le  tuer.  Un  jour,  apres  avoir  epie  le  tenjps  et  1'occasion, 
il  entre  dans  le  cabinet  du  prince  ou  celui-ci  s'etait  retirti  apres  son 
diner,  tenant  a  la  main  un  grand  fatras  de  lettres  a  signer,  decharge 
un  pistolet  sur  Guillaume  et  lui  donne  trois  ou  quatre  coups  de 
dague.  II  sort  ensuite  sans  que  personne  se  soil  aperc.u  du  crime, 
engage  a  la  porte  un  entretien  avec  le  capitaine  des  gardes  pour  lui 
donnerle change,  monte  un  cheval  d'Espagne,  qu'on  lui  tenait  pr£t 
et  sen  va  le  plus  vite  qu'il  peut.  D'un  temps  de  galop  il  arrive  a 
Dordrecht;  mais  la,  par  malheur,  il  doit  s'arr^ter,  le  bateau  de  pas- 
sage se  trouvant  de  1'autre  c6te  de  1'eau.  Pendant  ce  temps,  on  a 
enfin  decouvert  le  crime  a  Delft,  le  capilaine  et  les  gardes  du  prince 
courent  apres  le  ineurtrier,  arrivent  a  Dordrecht  et  trouvent  sur 
le  port  Gerard,  qui  attend  apres  le  bateau.  Il  est  arre"le,  et  «  on  s'6- 
»  tonna,  dit  Brantome,  qu'il  ne  se  precipitat  pas  a  la  mer  (a  Dor- 
)>  drecht!),  lui  et  son  cheval.  »  On  fit  son  proces,  il  fut  condamne 
a  mort,  eut  la  gene  ordinaire  et  extraordinaire,  et  on  mil  dix-huit 
jours  a  1'executer  (33).  Le  premier  jour  on  lui  brula  la  main  dont  il 
avait  fait  le  coup,  le  lendeinain  on  lui  coupa  le  bras,  «  lequel  etant 
»  lornbe  a  ses  pieds,  lui  tout  constamment  le  poussa  du  pied  du 
»  haul  en  has  de  1'echafaud ,  »  le  troisieme  jour  il  fut  tenaille" ,  et 
ainsi  de  suite  jusqu'au  dix-huitieme,  oil  il  eut  encore  un  enlretien 
avec  le  bourreau,  apres  quoi  il  fut  etrangle.  «  Le  gentilhomme  qui 


»  vit  lout,  (lit  Brantdme,  me  1'a  ainsi  raconte"  et  telles  nouvelles 
»  arriverent  a  la  cour  a  Paris.  »  Voila  bien  un  my  the  en  plein 
XVIC  siecle ,  ou  bien  n'est-ce  que  le  recit  d'un  Gascon  raconte"  par 
un  autre  Gascon  ! 

Parmi  les  auteurs  allemands,  il  y  en  a  deux  qui  doivent  fixer 
I'altention  :  Tun,  parco  qu'il  est  contemporain ,  et  que  son  ou- 
vrage  s'occupe  specialement  des  e"venements  qui  eurent  lieu  dans 
les  Pays-Bas;  1'autre,  a  cause  de  sa  position  e"levee  qui  lui  don- 
nait  un  acces  plus  complet  aux  sources;  tons  deux  donnent  des 
recitsde'tailles  des  fails.  Le  premier  est  Wilhelm  Mai,  de  Goettingen, 
qui  publia,  en  1594,  a  Cologne,  un  ouvrage  intitule"  :  Polemogra- 
phia  belgica,  dans  lequel  il  raconte  les  evenements  d'une  maniere 
assez  impartiale,  et  la  plupart  du  temps  d'apres  des  documents  con- 
lemporains.  Arrive"  a  la  mort  de  Guillaume  d'Orange,  il  Iraduit 
d'abord  litteralement  le  Verhael,  et  reproduit  ensuite  \ Historic, 
d'apres  un  exemplaire,  dit-il,  imprime  a  Cologne  (34).  II  paraitrait, 
d'apres  cela ,  que  \' Historic,  dont  nous  connaissons  deja  un  texte 
latin ,  un  texte  frangais  et  une  traduction  hollandaise,  cut  aussi 
line  Edition  allemande.  A  part  quelques  reflexions  generates  tout  a 
fait  insignifiantes,  Mai  ne  fait  absolument  que  transcrire  les  rela- 
tions des  deux  parties.  Cette  impartiality  lui  attire  les  vifs  reproches 
de  Van  Reyd ,  qui ,  dans  la  preface  de  son  ouvrage  intitule  :  Van  de 
voornaemsten  yeschiedenissen  in  de  Nederlande  en  elders,  appelle 
Mai  eenen  Sax  van  Goltingen  die  nu  visch  dann  vleesch  is. 

Le  second  historien  allemand  qui  merite  d'etre  cite,  est  le  comte 
Khevenhuller.  II  parle,  dans  le  second  volume  de  ses  c^lebres 
Annales  Ferdinandei  (55) ,  longuement  de  1'assassinat  du  prince 
d'Orange,  mais  il  se  borne  a  copier  le  Verhael;  je  le  soupc,onne 
m6me  de  ne  s'etre  donne  d'autre  peine  que  celle  de  Iraduire  en  alle- 
mand 1'extrait  du  Verhael,  que  de  Thou  avant  lui  avail  traduit  du 
frangais  ou  du  hollandais  en  latin. 

Les  Italiens  sont  en  general  moins  explicites  que  les  Allemands. 
Campana  puise  dans  les  deux  sources  (56)  :  dans  le  Verhael  pour 
raconler  1'evenernent,  et  dans  Yffistorie  pour  exalter  le  courage  et 
la  fermete"  du  meurtrier,  et  pour  fa  ire  connaitre  les  motifs  de  son 
action.  Le  cardinal  Bentivoglio  se  contente  de  caractdriser  en  traits 
APP.  BULL.  i8r,5.  5 


(  3*) 

lout  a  fait  ge'ne'raux  le  meurlre  et  le  meurtrier,  et  s'applique  plus 
particulierement  a  modifier  quelques  opinions  erronees  qui  avaient 
cours  sur  les  motifs  de  Gerard  (57);  Strada  donne  succincteinent  la 
substance  de  la  version  espagnole  sur  l^venement  (58). 

Constatons  maintenant  ce  qui  resulte  de  cette  longue  revue  d'his- 
toriens  contemporains.  II  en  ressort,  me  semble-t-il,  que  la  tradi- 
tion historique  sur  1'assassinat  de  Guillaume  d'Orange,  sur  les  cir- 
conslances  qui  out  accompagne"  1'evenement,  les  particularity's  qui 
concernentla  personne  du  meurtrier,  son  proces  el  son  execution , 
s'est  forme'e  d'apres  deux  sources  princi pales,  le  Verhael  et  \ His- 
toric, auxquelles  viennent  se  joindre  quelques  rares  traditions 
locales,  conservces  par  un  petit  nomhre  d'e*crivains  et  portant  sur 
des  fails  d'une  importance  secondaire. 

Cette  iradition  historique  ne  soccupe,  qu'on  le  remarque  bien, 
que  du  cote"  exterieur,  apparent,  de  Tevenemenl;  elle  louche  pen  ou 
point  a  une  question  infiniment  plus  imporlanle  pour  I'histoire, 
telle  que  nous  la  concevons  et  telle  qu'elle  pent  £tre  faite  aujour- 
d'hui.  Celte  question  est  celle  de  savoir  quelle  fut  la  part  du  gou- 
vernement  espagnol  dans  1'assassinat  du  prince  d'Orange?  La  plu- 
parl  des  hisloriens  hollandais  se  sont  pen  appliques  a  -rechercher 
cette  part;  sous  1'impression  de  Feve'nemenl  et  de  ce  que  Ton  disait 
6tre  les  aveux  de  1'assassin,  1'opinion  attribua  au  roi  Philippe  II, 
lui-me'me,  le  meurtre.  Voici  ce  qu'ecrivit,  immediatement  apres  la 
mort  du  prince,  un  proche  parent  de  Guillaume  ,  le  comle  Philippe 
de  Nassau,  a  son  pere  Jean  de  Nassau  (39)  :  «  Puisqu'il  a  pleu  a 
»  nostre  bon  Dieu  de  relirer  monseigneur  le  prince  de  ce  monde 
j»  izi,  lequel  non-seulement  est  ung  grande  perle  pour  nous  autres, 
»  mais  aussi  pour  lout  le  pays  par  dec,a,  plus  que  je  ne  serois 
»  escrire,  mais  d'atitanl  que  sc.al  est^  la  volont4  a  Dieu,  il  en  fault 
»  avoir  la  pacience  et  le  prier  de  mainlenir  les  affaires  en  ung  bon 
»  estat,  affin  de  pouvoir  r^sister  a  ung  lei  lirannique  roy,  letjuel 
»  n'a  poinl  seu  vencqre  ce  bon  prince  par  gores,  mais  par  ihreisons 
»  et  par  ung  mortrir.  »  Le  public  et  un  grand  nombre  d'auteurs 
hollandais  el  clrangers  adoplerent  cette  opinion,  sans  songer  a 
examiner  de  plus  pres,  el  aulanl  que  les  moyens  dont  on  disposait 
alors  le  permetlaienl,  les  fondements  sur  lesquels  elle  repose  ;  on 


(  35  ) 

alia  tout  au  plus  jusqifa  reproduire  les  quelques  mots  que  Strada 
dit  de  Fintervenlion  du  prince  de  Parme,  mais,  dans  1'ignorance  de 
fails  precis,  on  resta  dans  le  vague. 

Cetle  absence  de  recherches  plus  completes  a  de  quoi  e"tonner, 
surtout  quand  on  corisidere  que  pen  d'annees  apres  l'4venemenl,  et 
des  le  commencement  du  XVIle  siecle,  les  auteurs  espagnols,  qu'on 
pourrait  croire  interess^s  a  taire  pluldt  la  verite  sur  la  question, 
1'ont  dite  avec  une  precision  de  details  et  de  noms  propres,  qui  con- 
traste  singulierement  avec  les  assertions  vagues  et  incertaines  des 
auteurs  hollandais. 

La  sincerite  des  Espagnols  dans  une  question  de  cette  nature 
n'a  toutefois  rien  d'e"tonnant  :  elle  est  la  consequence,  en  quelque 
sorte,  n^cessaire  de  la  maniere  dont  le  parti  espagnol  envisageait 
en  general  le  meurtre  du  prince.  Ce  meurtre,  aux  yeux  des  Espa- 
gnols, n'est  pas  une  action  criminelle,  cest  l'exe>,ulion  d'une  sen- 
tence parfaitement  reguliere  et  legale,  rendue  par  le  juge  compe- 
tent, et  il  n'y  a  lieu  pour  personne  de  cacher  ce  qui  a  £te  fait,  pour 
assurer  son  cours  a  la  justice  du  Roi.  Pour  cette  opinion,  Gerard  est 
un  homme  courageux,  si  ce  n'est  pas  un  martyr,  qui  a  bien  merite" 
du  Roi  et  du  pays,  et  qui  a  droit  a  la  reconnaissance  de  tons.  Et 
ce  ne  sent  pas  seulement  quelques  ecrivains  exaltes  ou  interesse"s 
qui  pensent  et  parlent  ainsi,  c'est  1'opinion  des  personnes  les  plus 
eminentes.  Je  trouve  dans  un  manuscrit  de  la  Bibliotheque  royale, 
renfermant  1'analyse  de  lettres  et  pieces  diplomatiques  de  Charles  V, 
Philippe  II  et  des  ambassadeurs,  le  resume"  d'une  lettre  du  car- 
dinal Granvelle  au  prieur  de  Bellefontaine,  du  23  juillet  1584, 
pen  de  temps  apres  le  meurtre  du  prince.  Dans  cette  lettre  Gran- 
velle parle  tres-bien  de  Gerard ,  et  regarde  son  action  comme  he- 
roique  (40). 

La  ve>ite"  dite  d'abord  par  les  historiens  espagnols,  nous  pouvons 
la  completer  et  la  mettre  a  Tabri  de  tout  doute  par  des  documents 
qui  existent  dans  nos  archives  et  nos  bibliotheques.  Ces  documents 
ne  confirment  pas  seulement  le  recit  des  Espagnols  ,  ils  nous  per- 
mettent  encore  de  verifier  Inexactitude  des  assertions  contenues  dans 
la  confession  de  Gerard ,  et  de  supplier  aux  reticences  a  Taide  des- 
quelles  celui-ci  cherche  parfois  a  voiler  une  partie  de  la  verite.  Je 


(  36  ) 

vais,  en  m'appuyant  de  ces  documents,  essayer  d'elablir  les  tails 
en  suivaiit  et  en  conmientant  la  confession  de  Gerard. 

Gerard  commence  par  declarer  son  veritable  nom,  qu'on  ignorait 
a  Delft,  an  moment  de  1'assassinat,  et  le  lieu  de  sa  naissance.  A  pro- 
pos  de  sa  qualite  de  Bouguignon,  je  ne  puis  m'empecher  d'indiquef 
le  rapprochement  que  voici.  Le  manuscrit  precil£  dela  Bibliotheque 
royale  renferme  aussi  1'analyse  de  la  correspondance  de  Granvelle 
d^posee  a  Besan^on ;  au  snjel  d'une  lettre  du  cardinal  ecrite  au 
mois  de  Janvier  1585,  et  conservee  au  53°  volume  de  ses  papiers  d'E- 
tat,  je  trouve  la  notice  suivante  :  «  Gaspard  Anastro  (qui  fut  1'in- 
>  stigateur  de  la  tentative  d'assassiner  le  prince  d'Orange,  faite  en 
»  1582  par  le  biscayen  Jauregui),  s'e"tait  retire  aupres  du  prevdt 
»  Foncq,  qui  etait  natif  de  Bourgogne,  et  qui  avait  etc  place  par 
»  Granvelle  aupres  de  Philippe  II,  com  me  secretaire.  »  «  Foncq,  dit 
»  la  notice,  etait  fache  de  ce  que  1'assassin  avait  manque  son  coup, 
»  et  souhaitait  qu'il  parut  une  Judith  parmi  sa  parente"  pour  tuer 
»  cet  Holopherne.  »  Moins  de  deux  ans  apres,  le  V03U  du  secretaire 
de  Philippe  II  etait  rempli,  non  par  quelqu'un  de  sa  parente,  mais 
bien  par  un  de  ses  compatriotes. 

Gerard  aflirme,  au  debut  de  sa  confession,  qu'il  avait  con^u  depuis 
six  ans,  et  me'me  depuis  plus  longtemps,  le  projet  de  tuer  le  prince, 
et  il  n'existe  aucune  raison  de  douter  de  la  verite  de  cette  assertion. 
Elle  detruit  1'opinion  g^neralement  re^ue,  que  Tidee  du  meurtre  se- 
rait  venue  au  meurtrier  a  la  suite  de  la  publication  de  1'edit  de  pro- 
scription. S'il  fauten  croire  la  declaration  faite  par  lui,  pendant  qu'on 
Je  mettait  a  la  torture  une  troisieme  fois,  la  veille  de  sa  mort,  alors 
qinl  ^lait  de"ja  brise  par  les  tortures  pr^cedentes,  il  aurait  commis 
le  meurtre  pour  devenir  riche;  mais,  quand  meme  cela  serait  vrai , 
il  n'en  resulterait  rigoureusement  qu'une  chose  :  c'est  que  la  per- 
spective du  prix  promis  dans  1'edil  de  proscription  aurait  muri  en 
lui  le  projet  conc,u  bien  ant^rieurement. 

Gerard  dit  qu'il  quitta  la  Bourgogne  au  mois  de  fevrier  1582,  et 
qu'il  arriva  au  Luxembourg  au  mois  de  mars  suivant;  il  y  sejourna 
quelques  jours,  et  c'est  la  qu'il  apprit  Tattentat  de  Jauregui.  Les 
dates  sont  exactes,  la  ten  tali  vcdece  dernier  eutlieu  le  18  mars  1585. 
Le  bruit  de  la  mort  du  prince  ayant  couru  longtemps,  Gerard  entra 


(  37  ) 

au  service  de  son  cousin  Jelinn  Duprel ,  qui  e*tait  secretaire  du  comte 
de  Mansfeld,  gouverneur  de  Luxembourg.  Lorsqu'il  apprend  que 
Guillaume  d'Orange  n'est  pas  mort,  il  demande  un  conge"  au  mois  de 
mars  1585,  a  Diest,  au  moment  ou  le  comte  de  Mansfeld  va  retour- 
ner  a  Luxembourg  pour  affaires  de  son  gouvernement  :  ces  indica- 
tions s'accordent  encore  parfaitement  avec  les  fails.  Pierre  Ernest 
de  Mansfeld  avail  pris  Diest  le  28  mai,  et  mis,  au  commencement  de 
juin,  le  siege  devant  le  chateau  de  Westerloo.  Le  conge  demands'  est 
refuse  a  Gerard,  son  maitre  le  retient  et  divers  incidents  1'empe'chent 
de  le  quitter.  Ce  n'est  qu'au  mois  demars  d584  qu'il  part:  «  Finale- 
»  ment,  dit-il,  veant  apparance  de  beau  temps  au  mois  de  mars 
»  dernier,  je  pris  mon  conge  de  moy-mesme,  et  me  partiz  dudict 
»  service,  a  1'insceu  de  mondict  seigneur  le  compte  de  Mansfelt  et 
»  contre  le  gre"  et  volunte"  de  sondict  secretaire,  mon  maistre,  au- 
»  quel  je  dis  adieu ,  et  luy  faisois  entendre  que  je  m'en  alois  en 
»  Espagnes.  » 

Ici,  je  crois,  Gerard  ne  dit  pas  la  verite.  On  verra  tout  a  1'heure 
que  le  comte  de  Mansfeld  le  recommanda  au  prince  de  Parme,  et  il 
est  probable  qu'avant  de  partir,  Gerard  lui  avait  parle  de  son  projet. 
Apres  1'incident  de  Treves,  Gerard  arrive  a  Tournay,  et  fait  connaitre 
son  plan  a  Alexandre  Farnese,  et  «  fut-ce,  dit-il,  par  une  lettre  que 
»  je  compilla  en  la  ville  de  Tournay  et  la  presenta  moy-mesme  h 
»  Sadicte  Altesse;  mais  je  n'ai  poinct  pu  ni  ose  attendre  quelque 
»  commandement  ny  response,  craignant  qu'il  prendroit  de  mau- 
»  vaise  part  le  transport  desdicts  cachelz  vollans.  » 

Dans  cet  endroit  la  confession  de  Gerard  est  pleine  de  reticences : 
il  devient  necessaire,  pour  contr6ler  la  veriie'  de  ses  assertions,  de 
faire  connaitre  le  recit  de  Herrera.  Voici  ce  qu'il  dit  (41) : 

«  Queda  dicho  antes  como  fue  declarado  por  rebelde,  por  senten- 
»  cia  de  juezes  competentes,  el  principe  de  Orange,  y  condenado  a 
»  muerte,  pero  faltava  quien  lo  executase,  y,  porque  tal  enemigo 
»  tuviese  castigo,  andava  el  principe  de  Parma  buscando  maneras 
»  como  quitarle  del  mundo.  Dispacho  para  esto  algunos  que  se  le 
»  venian  ofrecer,  y  entre  ellos  Balthasar  Gerardo,  Borgonon  natu- 
»  ral  de  Villafant,  secretario  del  conde  Pedro-Ernesto  de  Mansfelt, 
»  mo^.o  de  veynte  y  siete  annos,  con  harta  menos  esperanza  que 


(  38) 

»  a  los  otros,  y,  con  consejo  de  mons  de  Hautepena  y  del  conde  de 
»  Mansfelt,  le  di6  el  favor  y  ayuda  que  havia  hecho  a  los  demas, 
»  que  todos  eran  Loreneses,  Franceses,  Ingleses  y  Escoceses,  cada 
»  nno  de  por  si ,  sin  saver  el  uno  del  otro,  sin  valerse  para  esto  de 
»  Italianos  ni  Espanoles,  por  ser  muy  suspechosos  en  la  corte  del 
»  principe  de  Orange.  Mostro  este  valeroso  mancevo  gran  voluntad 
»  de  emprender  este  hecho,  y  afirm6  que  avia  siete  annos  que  lodes- 
»  seava,  sin  temer  el  peligro  de  la  muerte,  por  librar  la  patria  de 
»  las  manos  de  un  hombre  quebrantador  de  la  fee  y  traydor  a  su 
»  principe,  y  que  con  achaque  y  son  de  libertad  priv6  de  la  eterna 
»  a  tantas  y  tan  ynnumerabile  multitud  de  animas,  y  a  los  cuerpos 
»  de  la  temporal  y  bienes  de  fortuna. 

»  Este  mancevo  pues,  bien  endotrinado,  eloquente  y  en  sus  hechos 
»  de  una  prudencia  y  destreza  sennalada,  tomando  del  principe  de 
»  Parma  los  recaudos  que  huvo  menester,  fue  a  Holanda  a  la  ciudad 
»  de  Delft,  adonde  residia  el  principe  de  Orange,  so  color  que  le 
»  llavava  despachos  de  la  reyna  madre  de  Francia,  y  el  aviso  de  la 
»  muerte  del  duque  de  Alan<*on ,  su  hijo,  que  sucedid  en  aquel  yn- 
»  stante.  » 

Arr£tons-nous  un  instant  a  ce  recit.  Herrera  puisait,  nous  1'avons 
dit  plus  haut,  aux  meilleures  sources;  il  pouvait,  il  devait  savoir  la 
veYite,  et  quand  il  raconte  les  rapports  entre  le  prince  de  Parme  et  le 
meurtrier  de  Guillaume  d'Orange,  je  ne  vois  aucune  raison  de  ne 
pas  ajouter  foi  a  ce  qu'il  dit.  Cela  me  paralt  encore  plus  impossible 
quand  je  considere  le  fait  suivant:  En  1575,  un  Portugais,  D.  An- 
tonio Caruero,  fut  nomme  contador  de  1'armee  espagnole  dans  les 
Pays-Bas.  Carnero  fut  en  rapports  suivis  et  journaliers,  pour  ainsi 
dire,  avec  le  prince  de  Parme  et  les  principaux  chefs  de  Farmed. 
Aynnt  quill6  le  service,  il  publia  une  histoire  des  guerrcs  civiles 
en  Flandre  depuis  1559  jusqu'eri  1609.  Dans  la  preface  de  cet  011- 
vrage,  il  affirme  qu'a  partir  de  1'an  1585,  il  ne  raconte  aucun  eve'ne- 
ment  qu'il  n'ait  vu  lui-m^me  ou  appris  de  personnes  qui  y  furent 
pr^sentes  (42).  Pour  les  fails  qui  precederent  son  arrived  a  1'arm^e, 
et  noiamment  pour  tout  ce  qui  concerne  la  mort  du  prince  d'O- 
range, il  reproduit  litleralement  et  d'un  bout  a  1'autre  le  r6cit  de  Her- 
rera. L'aurait-il  fait,  lui  qui  devait  connattre  la  verite  par  sa  posi- 


(  39  ) 

lion  et  par  ses  rapports,  si  les  choses  entre  le  prince  de  Parme  et 
Gerard  ne  s'e*taient  pas  passes,  ou  s'&aient  passes  autrement  que 
le  dit  Herrera?  Pour  ceux  qui  ont  lu  Carnero,  la  r^ponse  ne  saurait 
6tre  douteuse. 

Mais  j'ai  mieux  que  des  raisonnements  et  des  rapprochements 
pour  prouver  que  la  relation  de  Herrera  est  exacte.  El  d'abord  le 
t&noignage  d'Alexandre  Farnese  Iui-m6me.  II  existe,  aux  archives  du 
royaume,  et  dans  un  manuscrit  de  la  Bibliolheque  royale,  une  lettre 
du  prince  de  Parme  a  Philippe  11,  dans  laquelle  il  rend  compteau  roi 
de  ce  qu'il  a  appris  du  meurtre  du  prince  d'Orange,  et  des  rapports 
qu'il  a  eus  avec  le  meurtrier.  Voici  cette  lettre ,  telle  qu'elle  se  trouve 
dans  le  manuscrit  de  la  Bibliotheque  royale  (43) : 

RELATION  DU  DUC  DE  PARME  AU  ROY  PHILIPPE  II,  DU  12  AOUT  1584. 

Sire , 

Par  mes  precedentes  je  n'ai  donn&  part  a  f^otre  Majestb  de  la 
mart  d'  Oranyes ,  parce  que  je  n'en  estois  pas  assure ,  encoires  que 
fen  eusse  nouvel/es  de  divers  costes  :  tant  y  a  qu'elle  est  veritable, 
/'ayant  un  jeune  homme  bourguignon,  natif  de  f^illafan  an 
comte  de  £ourgogne,  nomme  Balthasar  Gerard,  tue  d  ung  coup  de 
pisto/et  qui  lui  donna  au  venire  le  10  du  mois  de  juillet  :  ledit 
jeune  homme  avoit  este  serviteur  quelques  annees  en  la  maison  du 
comte  de  Mansfelt,  et,  passe  trois  ou  quatre  mois,  m'avoit  commu- 
nique sa  resolution  ,  de  laquelle ,  pour  dire  la  verite  ,je  tenois  peu  de 
compte ,  pour  ce  que  la  disposition  du  personnaige  ne  me  sembloit 
promettre  emprinse  de  si  grande  importance.  Toutesfois ,  je  le  lais- 
sois  aller ,  apres  V avoir  fait  exorter  par  quelques  ungz  de  ceux  qui 
set  vent  id.  Lepovre  homme  est  demenre  prisonnier,  et  Va-t-on  tor- 
ture ,  et  depuis  execute ,  avec  les  plus  cruelz  tourmens  que  I' on  ait 
oncques  oy,  et  sans  qu'il  ayt  monstie  aultre  chose  quune  merveilteuse 
Constance ,  persistant  toujours  que  rien  ne  I'aroit  meu  a  ce  faire , 
sinon  le  desir  et  zele  qu'il  avoit  de  delivrer  la  chrestiennete  d'un 
subjet  si  pernicieulx ,  selon  que  V.  M.  sera  seroie  de  veoir  par  les 
copies  qui  vont  sijoinctes.  L'acte  est  tel  qu'il  merite  grande  louange., 


(  40  ) 

etje  me  vais  informant  des  parents  du  deffunct ,  duquel  j'entends  le 
pere  et  la  mere  estre  encoires  pivants,  pour  appres  supplier  /^.  M. 
lenr  faire  le  mercede  qiiune  si  genereuse  resolution  merite. 
Sire,  etc. 

On  le  voit,  la  relation  d'Alexandre  Farnese  est  tout  a  fait  con- 
forme  aux  paroles  de  Herrera.  «  Despach6  con  harta  menos  espe- 
ranza.  »  Elle  confirme  aussi  le  recit  de  Strada  :  «  Conceperat 
»  (Gerardus)  jam  tune  animo  facinus,  quurn  proscriplum  Oran- 
»  gium  audivit,  quin  et  operam  in  id  suam  Parmensi  obtulerat, 
»  spretusque  ut  impar,  baud  desiit  tamen.  » 

Mais  ce  n'est  pas  tout.  II  existe  tine  preuve  plus  forte,  si  c'esl 
possible,  plus  completement  irrecusable  encore;  nous  avons  la 
lettre  que  Gerard  ecrivit  au  prince  de  Parme.  II  en  remit  Iui-m6me 
une  copie  de  sa  propre  main  au  pere  gardien  du  couvent  des  Corde- 
liers a  Tournay,  qui  1'avait  confesse,  et  duquel  il  parle  dans  ses  in- 
terrogatoires.  Cette  copie  fut  transcrite  pour  1'eveque  d'Anvers 
Mgr  de  Nelis,  et  cette  transcription ,  ainsi  que  celle  d'un  second 
document,  ^galement  de  la  main  de  Gerard  et  dont  il  sera  question 
tout  a  1'heure,  se  trouve  dans  un  manuscrit  de  la  Bibliotheque 
royale,  et  probablement  aussi  dans  un  manuscrit  de  la  Bibliotheque 
de  la  ville  de  Mons  (44).  Voici  cette  lettre  :  elle  fut  ecrite  le  20  mars, 
et  d'apresla  propre  declaration  de  Gerard,  remise  a  Alexandre  Far- 
nese  le  2 1  : 

M  on  seigneur  j 

Le  vassal  ou  sujet  legitime  veut  toujours  pieferer  la  justice  et 
volonte  de  son  roy  a  sa  vie  et  celle  des  siens;  or,  est  assez  notoire  la 
tres- juste  sentence  du  roy  catholique,  nostre  roy  et  prince  souverain, 
contre  Guillaume  de  Nassau,  prornoteur  principal  des  heretiques  et 
rebelles  :  ncanmoins  (hormis  le  gentil  Biscayen  defunt)  nul  d'entre 
tant  de  vassaux,  soldats ,  sermteurs  que  S.  M.  a  en  I 'infinite  de  ses 
royaumes ,  pays  et  provinces,  s'est  mis  en  devoir  d'effectuer  laditte 
sentence,  du  moins  qu'on  sache.  Si  ce  n'est  pourtant  ainferer  qu'ils 
aient  doute  dn  juste  jug ement  en  cet  endroit ,  car  leur  generosity 


connue  et  desmontree  tant  de  fois  ne  merite  telle  odieuse  interpre- 
tation :  mats  considerant  n'ctre  seulement  necessaire,  a  ins  perni- 
cieux,  sexposer  a  la  mart  en  vain  et  sans  exploit,  Us  ont  ju- 
dicieusement  retarde  ladite  execution,  laquelle,  toutefois,  estplusque 
tres-requise  ,  et  avec  celerite,  pour  les  raisons  que  chacun  sait;  mais, 
pour  y  parvenir,  font  necessairement  avoir  acces  vers  la  personne 
du  condamne,  et  la  principaletnent  consists  la  difficulte.  C'est  done 
a  celui  qui  peut  avoir  ledit  acces  de  s'evertuer  de  tout  son  pouvoir 
pour  extirper  ceste  peste ,  postposant,  a  cetejfet,  tout  danger  a  la  jus- 
tice et  bonne  intention  du  roy ,  afin  que  S.  M.  soye  servie,  et  que  ses 
ennemis,  et  les  autres  envieux  de  saprosperite,  n'aient  plus  matiere 
ni argument  de  sen  railler,  et  d' envoy er  les  bons  serviteurs  et  sujets 
d'icelle  querir  a  Borne  tin  chevalier,  puisqite  nul  entre  cux  s'o/fre  a 
ce  dernier  service ,  pour  se  precipiter  dedans  ce  gouffre  venineux 
qui,  par  sa  contagion ,  infecte  et  tue  les  antes  quant  et  les  corps  des 
pauvers  sujets  abuses  et  circonvenus  qui  lui  adherent.  Estant  de 
longtemps  durement  pique  et  stimule  par  ces  deux  points ,  et  poin- 
sonne  extremement  de  deplaisir  et  amertume  de  voir  ce  malheureux 
obstine  si  longuement  afuirsonjustejugement,  contre  Vespoir  et 
desir  de  tous  les  gens  de  bien ,  com  me  bon  et  fidele  serciteur  de 
S.  M.  fay  mainte  fois,  et  quasi  par  inquietude  d7  esprit,  pourpense 
aux  moyens  qui  seroient  propres  pour  satisfaire  de  ma  part  a  ce 
devoir  et  service  a  Dieu  et  an  roy  et  a  la  republique,  si  finalement 
me  suis  advise  (sous  tres-humble  correction )  de  donner  une  amorce 
a  ce  renard  pour  avoir  acces  chez  lui,  afin  de  le  prendre  au  trebu- 
chet  en  momens  opportuns,  et  si  proprement  qu'il  n'en  puisse 
echapper.  Mais  d'autant,  serenissime  prince,  que  ce  moyen  exco- 
gite,  voir  dejd  prepare,  importe  beaucoup  pour  la  consequence, 
joint  qu'il  y  intervient  de  I'incivilite,  mais  qtioi  qu'il  est  necessaire , 
je  ne  I'ai  ose  ni  voulu  pratiquer  a  I'inseu  de  V .  A.  et  sans  I'expres 
commandement  .d'icelle,  ajoutant  (  sous  mcsme  correction )  que  cela 
pourra  servir  non-seulement pour  faciliter  I' execution  susdite,  mais 
aussi  pour  faire  reconnoistre  aucuns  des  espies  servans  aux  enne- 
mies ,  et  meme  quelqu'uns  non  soupgonnes  d'entre  les  gens  du  roy , 
hantans  et  frequentans  iibrement  tant  es  villes  et  forteresses  de 
robeissance  de  S.  M.  qu'au  camp,  qui  pourront  avoir  des  intelli- 


(  42) 

gences  et  correspondances  secretes  et  proditoires  (par  la  vote  d'iceux 
espies)  avec  lesdits  ennemis ,  pour  prevenir  et  pourvoir  a  leurs  me- 
nees ,  et  jointement  les  attaquer,  et  chastier  ainsi  que  F.  A.  trou- 
vera  convent? ,  a  laquelle  je  declarerai  verbal ement  et  par  ecrit  le 
surplus,  quand  elle  sera  servie  de  me  le  commander,  delaissant,  pour 
quelque  ban  respect,  d'en  faire  mention  jusqu'alors;  et  neanmoins 
je  veux  bien  encore  ajouter  que  je  ne  pourchasse  de  faire  cet  exploit 
pour  raison  du  prix  et  fareur  mentionnee  en  laditte  sentence,  ne 
voulant  imiter  un  qui  demande  prix  de  son  office,  et  moins  encore 
etre  veu  si  presomptueux  que  de  prefcrer  la  liberalite  immense  de 
S.  M .  ,  a ms  seririr  a  icelle  perpetnellement  de  tout  mon  pouvoir  et 
d'une  sincere  affection }  selon  que  je  suis  en  ce  temps  en  cet  endroit. 

On  Ta  vu ,  le  prince  de  Parme  se  montra  d'abord  peu  dispos^  a 
prendre  Gdrard  au  se'rieux;  d'apres  Herrera  ce  seraient  les  recoin- 
mandations  de  Haullepenne  et  de  Mansfeld,  qui  1'auraient  fait 
revenir  sur  ce  premier  sentiment,  et  qni  devinrent  ainsi  cause  que 
le  prince  de  Parme  donna  ordre  a  son  conseiller  d'Assonleville 
d'entendre  Gerard.  D'Assonleville  vit  alors  celui-ci,  1'interrogea  sur 
le  contenu  de  sa  lettre  du  20  mars,  et  lui  demanda  de  lui  remettre 
par  ecrit  une  declaration  detaillee  des  moyens  qu'il  se  proposait  de 
mettre  en  O3uvre  pour  gagner  la  confiance  du  prince  d'Orange,  et 
ensuite  ex^cuter  son  dessein.  Gerard  re"digea  cette  declaration  le 
di  avril,  et  la  remit  le  meme  jour  a  d'Assonleville,  qui  la  commu- 
niqua  au  prince.  En  voici  le  texte  : 

Monsieur  d'Assonrille,  conseiller  au  conseil  d'Estat  du  roy,  aiant 
par  commission  de  S.  //.,  lieutenant  et  capitaine  general  de  S.  M. , 
interroge  Balthasar  Gerard  sousigne,  sur  le  contenu  de  ma  lettre 
du  20  mars  dernier  presente  a  S.  A.,  et  nommement  sur  les  deux 
points,  I'un  touchant  I'acces  pour  parvenir  a  rexecution  de  la  .sen- 
tence de  S  M.  contre  Guillaume  de  Nassau  ,  Vautre  concernant  les 
moyens  pour  faire  reconnoistre  aucuns  des  espies  servans  aux  en- 
nemis  et  quelquuns  qui  Icur  correspondent , 

Je  declare  sur  le  premier, 

Que  j'entends  m'acht  miner  incontinent  la  part  ou  ledit  Nassau 
sera ,  et  me  nommer  ung  N.,  fits  de  N. ,  demeurant  sur  lepont  a  Bezan- 


con,  qui,  aiantete  exile  dudit  lieu  a  cause  de  la  religion  reformee^fut, 
quelque  temps  apres ,  arreste  pri&onier  et  depuis  execute  audit  Be- 
zangon,  arec  les  auties  pauvres  exiles  qui  s'etoient  retrouves  a  la  sur- 
prise de  laditte  cite  avenue  sur  la  fin  du  mois  dejuin  1 575;  et,  comme 
faurois  este  edifie  et  none  de  jeunesse  en  la  rneme  religion ,  aussi  que 
Dieum'aroitfait  la  g  race  d'y  perseverer ,  quuique  tacitement,jusqua 
maintenant ,  finalement  faurois  pris  resolution ,  apres  avoir  endure 
plusieurs  reproches ,  injures  et  insolences  des  papaux,  de  m'absenter 
dudit  Bezangon ,  pour  me  retirer  an  lieu  oujepuisse,  sans  crainte 
de  mourir,  faire  service  au  Seigneur,  et  vivre  totijours  a  la  mode  des 
evangelistes  et  fideles  de  I'cglise  re/brine ,  et  qu'a  cet  effet,  me  serois 
achemine  par  deed,  Us  sont  passe  deux  ans,  a  intention  de  me 
ranger  avec  ceux  qui  tiennent  le  parti  de  S.  E.y  pour  lui  faire  tres- 
humble  service  j  mats  aiant  etc  surpris  d^une  forte  maladie  au  pays 
de  Luxembourg ,  ne  mauroit  e1e  possible  passer  plus  outre  alors, 
obstant  ma  debilite  et  disette  d'aryent;  ains  me  serois  addresse  a  un 
tiomme  Du  Prel ,  de  Salins  en  Bourgogne ,  secretaire  de  monsei- 
gneur  le  comte  de  Mansfeld.  lequel,  voyant  la  pitie  qui  estoit  en  moi, 
estimant  que  je  serois  papiste}  niauroitj  en  faveur  du  pays  d'ou  je 
suis,  donne  assistance,  et  m'aiant  quelque  pen  embesoigne,  m'auroit 
lors  retenu  pour  lui  servir  de  clerc. 

Mais  comme  il  me  semble  t res-difficile  de  contenter  le  Seigneur,  en 
ne  lui  faisant  service  qu'en  cachette ,  fuvois  eu  crainte  qu'il  m'ad- 
viendroit  quelque  infortune  par  permission  divine,  et  me  serois 
departi  d'avec  cedit  secretaire ,  apres  avoir  a  son  inseu  insculpeplu- 
sirurs  cactiets  volants  en  cire  rouge  du  propre  anneau  et  cachet 
dudit  seigneur  comte  el  de  la  meme  forme  que  son  secretaire  avoit 
accoutume  caclieter  les  passeports  que  ledit  comte  ,  comme  marechal 
general  du  camp  de  S.  M.  ,  donne  aux  soldats ,  vivanditrs  et  autres 
dudit  camp  ,  lesqmls  cachets  volants  faurois  estime  pouvoir  quel- 
quement  serrir  t.l  assister  aux  valeureux  desseins  de  S.  E. ,  mesrne- 
ment  pour  moit'nner  plus  assure  acces  et  reces  de  ses  espies ,  qui 
cstant  garms  des  passeports,  ecrits  et  sigties  sous  le  nom  dudit  comte , 
tt  qui  seroient  munis  dudit  cachet ,  pourroient  bien  plus  surement 
atleretvenir  tant  audit  camp  qu'ailleurs  ,  ainsi  que  5.  E.  le  desire- 
roit;  et  suivant  ce  lui  voudrois  presenter  lesdits  cachets ,  en  le  sup- 


(U) 

pliant  bien  humblement  prendre  cela  de  bonne  part,  et  esfimer  que,  si 
feusse  eu  le  moyende  faire  quelque  meilleur  office  pour  son  service, 
quo  tres-volontiers  je  m'y  fusse  emploic  ,  ainsi  que  S.  E.  le  pour r a 
reconnoistre  quand  il  lui  plaira  etre  servi  de  moi,  et  de  permettre 
que  dorenavant  je puisse  vivre  sous  sa  jurisdiction,  faire  etat  et  pro- 
fession de  ma  religion  susdite ,  de  laquelle  le  Seigneur  I'auroit  elabli 
et  constitue ,  selon  lejugement  de  tous ,  chef  et  principal  protecteur 
et  defenseur;  par  ainsi  qu'un  chacun  fidele  evungeliste  seroit  tenu 
de  servir  et  assister  a  S.  E.  par  tons  les  moyens  et  inanieres  qui  se 
pettvent,  auquel  effetje  me  serois  ingere  a  ce  que  dessus,  et  venu  pat- 
devers  elle ,  au  grand  hazard  et  peril  de  ma  vie,  expressement  pour 
lui  faire  bien  humble  service. 

Lesquelles  choses,  ou  autres  frivoles  et  feintises,  je  desire  faire 
entendre  audit  de  Nassau ,  pour  avoir  acces  vers  lui  et  subsecutive- 
tnent  accowmoder  laditte  execution. 

Quant  a  I'autre  point,  par  avanture  qu'icelui  condamne  se 
voudra  prevaloir  desdits  cachets,  et  pour  eviter  qu'il  n'en  puisse 
avenir  du  mal ,  sera  bien  (sous  correction  tres-humble]  que  S.  A* 
fasse  donner  de  bonne  heure  advertence  de  tout  a  mondit  comte  de 
Mansfeldj  afin  que  S.  E.  se  tienne  sur  ses  gardes,  etque  son  secre- 
taire ne  iaille  plus  en  forme  de  losange  les  cachets  qu'il  mettra  sur 
ses  passports.  Ainsi  S.  A.  sera  servi  d'ordonner  aux  goucerneurs 
des  I'llles  et  forteresses  qu'ils  fassent  defense  a  leurs  gens  de  laisser 
entrer  aucun  inconnu  en  icelles  qu'il  n'ait  passeport  suffisant,  les- 
quels  ceux  qui  seront  de  garde  esdits  lieux  leur  envoieront  montrer 
avant  que  de  laisser  entrer  iceux  inconnus ,  sans  toutesjois  que  leurs- 
dits  soldats  et  gens  sachent  I'occasion  de  cette  defense. 

Et  s'il  advient  que  I'on  trouve  qu'ils  sont  faits  ct  signes  sous  le 
nom  dudit  seigneur,  et  garnis  do  tels  cachets  de  losange,  Von  se 
pourra  assurer  qu'ils  sont  faux ,  les  laissant  entrer  sans  pour  lors 
leur  demontrer  mauvais  visage  ni  faire  deplaisir,  mais  meUre  en 
aguet  apres  eux  quclques  fideles ,  accorls  et  stiles  per sonnages .  qui, 
sans  faire  setublant .  sac/ient  dextiement  considerer  et  speculer  en 
quel  logis  Us  s'addresseront,  avec  qui  Us  communicqueront  et 
quelles  mines  et  contenances  Us  tiendront,  et,  en  cas  quits  ne  seroient 
fiombre  suffisant  pour  mal  exploit,  semble  qu'il  ne  seroit  incommode 


de  les  laiaser  retourner  pour  la  premiere  et  la  deuxieme  /bis  ,  aiant 
cependant  bon  ceil  sur  ceux  qui  auroient  eu  communication  avec 
iceux  espies  ,  a/in  queja  puisse  avoir  du  loisir  pour  jouer  mon  per- 
sonnage  a  I'endroit  du  susdit  premier  point .  Et ,  avenant  le  retour 
d}  iceux  espies  pour  la  troisieme  fois ,  Von  se  pourra  saisir  d*  iceux, 
et  de  tons  les  traistres  qu'on  aura  reconnu  hanter  et  communiqucr 
avec  eux ,  et  les  trailer  comnie  il  appartient. 

Le  mesme  se  pourra  observer  au  camp,  donnant  semblable  ordre 
aux  capitaines  etprevdts  bien  connus  :  remettant  le  tout  a  la  bonne 
discretion  ct  correction  de  S.  A.,  pour  me  regler  en  cet  endroit  selon 
qu'elle  sera  servi  de  me  le  commander. 

Et  jaroit  Dieu  soit  temoin  que  rien  ne  m'a  incite  et  promu  dans 
cette  deliberation  ,  sinon  tin  bon  zele  que  fai  enters  la  foi  et  vraie 
religion  tenu  ct  garde  sen  nostre  mere  sainte  eglise  catholique  apos- 
tolique  romaine,  et  notamment  au  service  de  S.  M.,  toutesfois  je 
supplie  tres-humblement  a  S.  A »  me  donner,  verbalement  ou  par 
ecrit  (comme  il  plaira  a  icelfe)j  grace,  remission  et  pardon  des  faus- 
setes  commises  par  les  moiens  desdits  cachets  volants ,  asseurant  a 
icelle  que,  si  je  les  eusse  faits  a  d'autres  fins  que  dessus,  et  pour  en 
matigner,  je  nc  voudrois  etre  si  impudent  que  d'alleguer  ma  turpi- 
tude, ni  si  hebete  que  de  m'empetrer  cle  moi-mesme  et  sans  contrainte 
au  piege  de  la  justice ,  en  hazard  de  me  faire  avancer  une  mort 
honteuse,  laquelle  faimerots  mieux  souffrir  mille  fois  que  d' avoir 
cause  un  desordre  a  S.  M.,  par  faute  de  n'avoir  fait  scavoir  ces 
choses  susdits  qu'autrement.  Et  m'est  necessaire  avoir  laditte  grace  et 
remission  avant  toute  ceuvre,  a  fin  que  je  puisse  aller  a  confesse  et 
rececoir  la  sainte  et  sacree  communion  a  ces  Pdques,  sans  scrupules 
de  conscience. 

Au  reste ,  comme  il  me  faudra  converser  par  quelque  temps  avec 
les  heretiques  et  attheistes.  et  aucunement  maccorder  a  leurs  faqons , 
neanmoins  le  plus  modeslement  que  cela  pourra  se  faire,  je  supplie 
encore  en  toute  humilite  que  S.  A.  soit  servi  d'empetrer  de  sa 
Sainctcte  une  absolution  et  pardon  pour  moi >  touchant  ce  fait  et 
autres  cas  susdits ,  a/in  que  je  ne  perde  I'dme  avec  le  corps.  Fait  a 
Tournaif ,  sons  correction  tres-humble,  le  \\e jour  d'acril  1584. 


.(  46  ) 

La  lecture  dc  cette  exposition  du  plan  de  Gerard  parait  avoir 
determine"  lout  a  fait  le  prince  de  Parme.  D'apres  Herrera,  il  or- 
donna  de  donner  a  Ge'rard  :  «  los  recaudos  que  huvo  menester,  » 
et  lui  tit  faire,  toujours  par  d'Assonleville,  diffe>entes  recommanda- 
tions  :  «  Toutefois,  dit  Farnese  dans  la  lettre  precitee  a  Philippe  11 , 
»  je  le  laissai  aller,  apres  1'avoir  fail  exhorter  par  quelqu'un  de 
»  ceulx  qui  servent  ici.  » 

Sur  quoi  porterenl  ces  exhortations?  Nous  le  savons  par  Gerard 
lui-m£me  :  voici  les  aveux  qu'il  fil  apres  avoir  e"te  mis  tine  seconde 
fois  a  la  torture  :  «  11  confessa  d'avoir  donne  ce  cas  a  cognoistre  a 
»  Mc  Gery,  docteur  en  theologie,  gardien  des  Cordeliers  de  Tournay, 
»  au  mois  de  mars  dernier,  en  laquelle  confession  il  persista  estant 
»  oste  de  la  geine.  Sur  laquelle  ayant  derechef  este  pose,  il  dit, 
»  que,  parce  qu'il  estoit  pauvre  compagnon  et  pour  se  acquerir  des 
»  biens,  il  avoit  donne  son  faict  a  connaftre  au  prince  de  Panne, 
»  lequel  ordonna  au  conseiller  Mr  Christophle  d'Assonville  d'en 
»  trailer  avec  lui  plus  amplement.  Le  conseiller  lui  ayanl  mis  au 
»  devant  les  dangers  qu'il  y  avoit  a  ex^culer  un  si  grand  faict,  luy 
»  dit  qu'il  feroit  ung  grand  service.au  roy  d'Espagne,  mais,  au  cas 
»  qu'il  fust  descouvert,  qu'il  se  gardast  bien  d'en  inculper  le  prince 
»  de  Parme.  Et,  parlant  du  difficile  accez  a  la  cour  d'Orange,  il 
»  respondit  qu'il  se  feroit  nommer  Francois  Guyon,  bourgeois  de 
»  Besan^on,  fils  de  Pierre  Guyon ,  jadis  execute  pour  la  religion, 
»  avec  confiscalion  de  biens,  et  luy,  estanl  povre  compagnon,  se 
»  faigneroit  estre  fort  z^k;  a  la  religion  reforme,  et  s'en  iroit  en 
»  Hollande  a  la  cour  du  prince,  ou ,  pour  estre  lant  mieux  receu , 
»  presenteroit  ces  cnchets  vollants.  ("e  que  sambla  fort  bon  a 
»  d'Assonville,  1'admonestant  de  perseverer  en  ceste  deliberation 
»  et  de  la  conduirea  boutt,le  priant  (comme  dessus)  de  ne  jamais 
»  faire  mention  du  prince  de  Parme,  parce  que  cela  ne  luy  servoit 
»  de  rien.  —  Le  lendemain  il  confessa,  sans  estre  geine,  outre  ce 
»  que  dessus,  il  dit  davantage  que  d'Assonville,  apres  avoir  com- 
»  munique"  ensamble  de  cesle  affaire,  luy  promit  d'en  faire  rapport 
»  au  prince  de  Parme  :  ce  qu'ayant  fait,  il  declara  qu'il  le  trouvoit 
»  bon  :  et,  s'il  le  savoit  amener  a  ce  chef,  qu'il  lui  feroit  donner 
»  la  mercede  promise  par  la  proscription.  Que  d'Assonville  lui 


»  proposa  encore  quelques  diilicnilt's;  mais,  apercevant  sa  resoln- 
»  lion  et  son  bon  courage,  il  luy  dit  :  «  Allez,  nion  iils,  si  vous 
»  achevcz  ce  faict,  le  roy  vous  tieudra  tout  ce  qu'il  a  promis,  et 
»  acque>ez  un  nom  irnrnortel.  »  Sur  quoi  il  respondit  qu'il  espgroit 
»  si  bien  se  faindre  de  la  religion,  qu'il  pourroit  entrer  au  service 
»  de  quelque  secretaire,  et  par  ce  moyen  espier  1'heure  de  pouvoir 
»  presenter  quelques  lettres  a  signer  audit  sr  prince,  signant  la- 
»  quelle,  il  lui  donneroit  de  la  dague  an  corps.  -  Le  13  dudict  mois, 
P  il  confessa  encore  outre  ce  que  dessus,  que  d'Assonville  lui  avoit 
»  promis  que  le  prince  de  Parme  1'assisteroil  a  estre  satisfait  de  ce 
»  quele  roy  promettait  par  la  proscription,  et  qu'il  avoit  entrepris 
»  ce  faict  pour  se  faire  riche  :  que  ledit  d'Assonville  avoit  montre" 
»  cesdits  cachets  volants  au  prince  de  Parme,  qui  les  luy  rendit, 
»  disant  qu'il  estoit  content  qu'on  s'en  servit,  rnais  que  le  comte 
»  de  Mansfeld  feroit  renouveler  son  cachet  d'une  aulre  fayon  qu'il 
»  avoit  este".  Que  d'Assonville  lui  avoit  commande  que,  venant  en 
»  Anvers,  avant  qu'il  tut  mene  devant  le  sr  de  Ste- Aldegonde, 
»  qu'il  lui  monstra  hardiment  ces  cachets,  et  que,  lorsqu'il  entre- 
»  roit  dedans  la  ville,  qu'il  en  cacheroit  toujours  en  quelque  lieu, 
»  decant  qu'y  entrer  ,  plus  les  iroit  requcrir.  » 

Je  tire  ces  declarations  de  Gerard  de  ses  interrogatoires,  dont  les 
extraits  se  trouventconsignes  dans  la  publication  faile  sur  les  docu- 
ments officiels  par  ordre  des  Etats  de  Hollande,  dans  le  Verhad  (45). 
Elles  s'accordent  en  lout  point  avec  la  leltre  de  Gerard  au  prince 
de  Parme ,  et  avec  1'expose  qu'il  remit ,  le  H  avril ,  au  conseiller  d'As- 
sonleville.  La  parfaite  authenticite"  de  ces  dernieres  pieces  se  trouve 
ainsi  demonlree  et  e*levee  au-dessus  de  tout  doute  par  des  documents 
emane"s  desautorites  hollandaises  elles-m6mes  (46). 

Les  interrogatoires  de  Ge"rard  servent  en  meme  temps  a  expli- 
quer  les  reticences  qui  se  trouvent  dans  sa  confession.  Lorsque  Ge- 
rard ecrivit  celle-ci,  il  se  sentait  lie  par  les  promesses  failes  par  lui 
a  d'Assonleville  de  ne  charger  en  aucun  cas  le  prince  de  Parme,  et 
c'est  pour  donner  le  change,  qu'apres  avoir  mentionne  la  remise  de 
sa  lettre  a  Farnese,  il  ajoute  :  «  Mais  je  n'ai  poinct  sur  ce  ose 
»  attendre  quelque  commandement  ny  responce,  craignant  qu'il 
»  prendroit  de  mauvaise  part  le  transport  desdicts  cachelz  vollans.  » 


(  48  ) 

Ce  n'est  que  dans  les  interrogations  rigoureuses  qu'on  lui  fit 
subir,  qu'a  force  de  tortures  on  parvint  a  lui  arracber  la  verite  sur 
le  concours  qu'il  avail  trouve*  cliez  le  prince  de  Panne. 

Le  reste  de  la  confession  se  rapporte  aux  fails  qui  se  sont  passes 
a  Delft,  et  qui  doivent  derneurer  en  dehors  du  cadre  de  ces  recber- 
clies.  La  taclie  que  je  me  suis  imposee  se  trouve  remplie  du  mo- 
ment ou  I'aulhenticite  de  la  piece  acqtiise  pour  les  archives  du 
royatime  ne  semble  plus  pouvoir  etre  sdrieusement  re*voque"e  en 
doute,  et  ou  son  importance,  an  point  de  vue  de  1'histoire,  parait 
dans  son  veritable  jour. 


NOTES. 


(1)  Voyez  :  Bulletins  de  1'Academie  royale  de  Belgique,  t.  XX,  n°  9. 

(2)  Voyez  :  Algemeene  Konst-  en  Letterbode,  1853,  n°  42,  p.  259. 

(3)  Voyez :  Register  der  resolutien  van  de  Staten  van  Holland  en  Westfries- 
land,  resolutie  van  de  24  julii  1584,  p.  480. 

(4)  Voyez  :  D'oude  chronyke  ende  Historien  van  Holland  met  West-Vriesland , 
van  Zeeland  ende  van  Utrecht.  Door  W.  Fan  Gouthoeven.  Tot  Dordrecht,  ghe- 
druckt  by  Peter  Verhaghen,  1620,  t.  II,  p.  190. 

(5)  Voyez  :  La  grande  Chronique  ancienne  et  moderne  de  Hollande,  Zelande, 
Westfrise,  Utrecht,  Frise,  Overyssel  et  Groeningen,  jusques  a  la  fin  de  Tan  1600. 
Recueillie  tant  des  histoires  desdites  provinces,  que  de  divers  autres  auteurs,  par 
Jean  Francois  Le  Petit,  greffier  de  Bethune  en  Arthois.  A  Dordrecht,  de  1'im- 
pression  de  Jacob  Canin,  pour  Tauteur,  t.  II,  pp.  491  suivv. 

(6)  Voici  comment  Le  Petit  s'exprime  dans  la  dedicace  du  second  volume  de 
sa  chronique  au  Prince  Maurice  de  Nassau  :  «.  Monseigneur,  Tobligation  que  j'ay 
»  a  vostre  tres  illustre  maison ,  m'ayanl  feu  monseigneur  le  Prince  d'Orange 
»  (de  pieuse,  louable,  digne  et  haute  me"moire),  vostre  pere,  daigne  recevoir  au 
»  nombre  de  ses  serviteurs  domestiques,  etc.  « 

(7)  Voyez  :  Oorspronk  ende  voortgang  der  Nederlandschen  Beroerten ,  door 
Joannem  Ghysium.  Tot  Delf,  gedruckt  by  Jan  Andriesz  Cloeting,  1626,  4l°, 
bl.  585. 

(8)  Voyez  :  Eman.  Fan  Meteren  :  Historic  de  nederlandschen  ende  haerder 
naburen  orloogen,  etc.  S'Gravenhaghe,  1635,  fol.  blad,  228  verso  ff. 

(9)  Voyez  :  Vervolgh  der  nederlandschen  oorlogen,  beroerten  ende  borgerlyke 
oneenicheyden.  Beschreven  door  Piefer  JBor  Chrisliaensz.,  1621,  tweede  deel, 
blad  421. 

(10)  Voyez:  P.-C.  ffoofts,  Nederlandsche  historien,  met  aantekennigen  en 
ophelderingen  van  de  hoogleeraren  M.  Stegenbeek,  A.  Simons  en  J.-P.  Fan 
Cappelle.  Zesde  deel,  bl.  109.  Amsterdam,  1823,  in-8°. 

(11)  Voyez  :  Vaderlandsche  historic,  vervattende  de  geschiedenissen  der  nu 
vereenigden  Nederlanden,  etc.,  door  Jan  TFagenaar.  Zevende  deel,  bl.  529. 
Amsterdam,  1792;  8-. 

APP.  BULL.  1853.  4 


(  50  ) 

(12)  Voyez  :  Delia  guerra  di  Fiandra,  etc.,  descritta  da  Cesare  Campana, 
Aquitano.  Vicenza,  1602;  4°,  parte  secunda,  p.  50. 

(13)  Voyez  :  Van  de  voornaemsten  geschiedenissen  in  de  Nederlande  ende 
elders,  9e  boek  ad  ann.  1592;  dans :  Historic  der  Nederlandschen  orloghen,  begin 
ende  voortgank  tot  den  jaere  1601,  door  Everhard  van  Reyd.  Tot  Leuwaerden, 
1650,fol.  93. 

(14)  Voyez  :  Beschryving  der  stadt  Delft,  etc.,  etc.,  door  Dirck  van  JBleys- 
voyck,  Evertszoon.  Tot  Delft,  gedruct  by  Arnold  Bon,  1667;  4to,  bl.  116. 

(14°)  Les  de'tails  que  le  Ferhael  et  YHistorie  donnent  sur  la  famille  et  les 
antecedents  de  Gerard  sont  fort  peu  exacts,  et  s'accordent  peu  avec  ceux  que 
fournissent  sur  le  meme  sujet  les  documents  authentiques  dont  Fhonorable 
M.  Gachard  prepare  la  publication,  et  qu'il  a  bien  voulu  me  communiquer,  en 
m'autorisant  a  en  faire  Tusage  dans  Pinteret  de  mes  recherches  sur  la  confession 
de  Gerard.  Au  premier  rang,  parmi  ces  documents,  figurent  les  lettres  patentes  par 
lesquelles  le  roi  Philippe  II  confere  la  noblesse  aux  he"ritiers  de  Gerard.  [1  resulte 
de  ces  lettres  que  le  pere  de  Balthazar  Gerard  ,  Jean  Gerard ,  etait  cha tellain  et 
juge  a  Villefans,  et  que  sa  mere ,  Barbe  van  Eemskerke,  etait  d'Anvers.  La  famille 
ne  paralt  pas  avoir  ete  tout  a  fait  depourvue  de  fortune ,  car  voici  ce  que  je  lis 
dans  une  lettre  de  Philippe  II  au  due  de  Parme  du  6  decembre  1590,  conservee 
dans  le  manuscrit  deja  cite  de  la  Bibliotheque  royale  et  publiee  dans  le  cinquieme 
volume  des  Nouvelles  archives  historiques  de  M.  de  Reiffenberg,  p.  370  :  «  Mon 
»  bon  nepveu ,  suivant  la  remontrance  que  m'a  este  faicte  de  la  part  des  heritiers 
»  de  feu  Baltazar  Gerard,  que,  nonobstant  la  donation  et  transfert  que  je  leur 
«  ay  faict,  selon  vostre  avis,  des  trois  seigneuries  de  Lievremons,  Hestal  et  Damp- 
»  martin,  confisquees  en  mon  compte  de  Bourgogne  par  la  felonnie  de  feu 
»  Oranges,  pour  par  eulx  en  jouir  aux  conditions  reprinses  en  la  patente  qu'ilz 
»  en  remportent,  en  lieu  de  la  recompense  de  vingt-cinq  mille  escus  d'or,  qu'avoit 
«  este  promise,  ilz  se  trouvoient  grandement  interesses,  a  cause  des  fraiz  qu'ilz 
«  avoint  supportes  en  la  poursuite  de  ladite  recompense,  pour  y  avoir  consomme 
»  six  annees  et  avoir  dependu  de  leur  patrimoine  plus  de  six  mille  escus,  j'ai 
«  esle  meu ,  mesme  en  consideration  de  ce  que  m'en  avez  escript  par  lettre  du 
«  16  de  mars  passe  en  ceste  presente  annee,  de  accorder  audits  heritiers  en  don 
»  la  somme  de  quatre  mille  francs  monnoye  couranle ,  etc.  » 

(14* )  «  On  montre  encore  aux  etrangers,  dans  la  ville  de  Delft,  en  Hollande, 
«  les  marques  de  ces  balles,  qui  entrerent  dans  une  pierre  de  taille  d'une  porte; 
«  apres  avoir  perce  le  corps  du  prince  :  et  on  me  les  a  fait  voir  en  ma  jeunesse.  » 
M^moires  pour  servir  a  Thistoire  de  Hollande  et  des  autres  provinces  unies,  par 
Messire  Louis  4ubery ,  chevalier-seigneur  du  Maurier.  Paris,  1680;  in-12, 
p.  126. 

(15)  Voyez  :  Register  van  Holland  en  West-Friesland  van  den  jaere  158-1, 
resolutie  van  de  11  julii  1584;  p.  417. 


( 51 ) 

(16)  Voyez  :  Ibid.,  resolutie  van  de  13  julii  1584,  p.  420. 

(17)  Voyez  :  Ibid.,  p.  452. 

(17a)  Ces  sommes  sont  exorbitantes.  Dans  les  Documents  pour  servir  a  1'histoire 
des  troubles  de  Gand  de  1539,  publics  par  M.  Gachard,  on  trouve  les  extraits 
d'un  compte  de  Thieri  de  Herlar,  prevot  general  de  {'hotel  de  1'empereur,  relatif 
aux  frais  d'execution  d'un  grand  nombre  de  condamnes.  On  y  voil,  p.  495,  que, 
d'apres  une  convention  faite  avec  l'exe"cuteur  des  hautes  oeuvres ,  celui-ci  rece- 
vait  pour  une  execution  faite  a  Gand ,  50  sous,  pour  une  torture,  24  sous.  Quand 
1'ex^culion  avail  lieu  hors  de  la  ville ,  elle  coutail  plus.  «  Et  pour  ce  que  c'estoit 
»  hors  de  la  ville  de  Gand,  le  maistre  des  haultes  oeuvres  dudil  Gand,  a  voulu 
»  avoir  vi  livres,  mais  ledit  prevot  a  fail  appoinctement  avec  le  maistre  des 
»  haultes  oeuvres  des  Allemans,  de  chascune  execution  hors  la  ville  de  Gand 
»  pour  in  livres.  »  (Ouvrage  cite,  p.  502.) 

(18)  Bibliotheque  royale,  manuscrit  n»  17386  (Van  Hullhem,  n°792). 

(19)  Voyez  :  Le  Petit,  ouvrage  cite,  torn.  II,  p.  496. 

(20)  fferrera,  apres  avoir  raconte  le  supplice  de  Gerard  d'apres  la  relation 
de  VHistorie ,  ajoute  :  «  Y  esto  escrivieron  de  Olanda  diversas  personas  desapa- 
«  sionadas  que  a  lodo  se  hallaron  presentes. »  Voyez  son  ouvrage  intitule  :  «  His- 
toria  del  mundo,  en  el  reynado  del  rey  D,  Phelipe  II.  Valladolid,  1606,  in-fol., 
lib.  XIV,  cap.  10,  torn.  II,  p.  550.  » 

(21)  Voyez  :  Francisci  Haraei,  Annales  ducum  seu  principum  Brabantiae 
totiusque  Belgii,  torn.  Ill,  p.  365. 

(22)  Voici  le  texle  de  celte  piece  d'apres  le  manuscrit  de  Ballin ;  je  le  dois 
a  1'obligeance  de  M.  Watricq,  bibliolhecaire  de  la  ville  de  Mons. 

«  Le  glorieux  et  triomphant  martyre  de  Baltazar  Gerard,  Bourguignon  :  en- 
semble la  tres-heureuse  issue  de  cesle  vie,  avenue  en  la  ville  de  Delft,  en  Holande, 
le  14  de  juillet  1584,  apres  qu'il  cut  execute  la  sentence  demort,  donnee  par  le 
roy  nostre  sire,  comte  de  Flandres,  Holande,  etc.,  a  1'encontre  de  Guillaume  de 
Nassau ,  jadis  prince  d'Orange ,  convaincu  de  crime  de  lese-majeste  divine  et 
humaine ,  vraye  peste  el  ennemy  de  la  Bepublique  chrelienne ,  et  flambeau  de 
tons  les  troubles  de  ces  pais  bas,  le  tout  traduit  du  latin. 

*>  Jesus-Christ  est  intervenu  en  ses  martyrs,  et  ses  martyrs  operent  aussy  par 
luy  loules  choses.  C'esl  lui  qui  leur  a  promis  donner  sapience  el  bonte  pour 
parler.  A  raison  de  quoi  aussi  les  saincts  marlyrs  se  glorifient  avoir  de  quoy  pour 
respond  re. 

«  Baltazar  Gerard  esloil  Bourguignon  de  nation,  natif  de  Francheville,  gentil- 
homme  de  bonne  rache  :  sa  mere  estanl  nalive  de  Besancon,  el  esloit  aage  d'en- 
viron  vingt-huil  ans  seulement,  homme  dispos,  jeune  et  de  bonne  erudition  et 
bien  en  parle,  et,  aveoce,  doue  et  nanty  d'une  grande  dexterite  a  trailer  affai- 
res :  cestuy  avoil  autreffois  esle  de  la  maison  dudil  prince  d'Orange,  et  y  avoit 
longtemps  frequente".  Et  en  Tan  de  Nostre-Seigneur  1584,  le  xe  en  juillet,  heure 


(  52  ) 

et  demie  apres  midy,  il  se  re"solut  de  faire  mettre  en  execution  une  emprise  tres- 
grande  et  digne  d'eternelle  memoire,  que  ja  passe  longtemps  il  avoit  conceu  et 
delibere  en  son  esprit,  ainsy  que  lors  promptemenl  il  commence  et  perfeit.  Or, 
comme  il  soit  ainsy  que  ce  jeune  homme  avoit  pense"  a  part  luy  plusieurs  ans  en 
son  coeur,  comme  Guillaume  de  Nassau,  prince  d'Orenge ,  par  sa  perfidie  estoit 
cause  de  la  perte  d'une  infinite  d'hommes,  qui  en  corps  et  en  ames,  avec  tous 
leurs  biens  alloient  a  perdition  et  damnation  eternelle,  sous  couleur  d'une  faulse 
liberte,  qu'il  leur  promettait,  ce  jeune  homme,  a  Texemple  de  Notre-Seigneur 
Jesus-Christ  et  de  tous  ses  saints,  delibera  et  conclud  tout,  el  outre,  mettre  sa  vie 
en  danger  tout  evident,  pour  delivrer  le  pauvre  peuple  et  le  pai's  d'un  tel  encom- 
brement.  Et  partant,  apres  avoir  attendu  sur  ce  faict  la  volonle  de  ce  grand  et 
tres-bon  Dieu ,  par  Tespace  d'environ  six  ans  et  demi,  il  meit  toute  paine  d'exe- 
cuter  son  project  et  dessein ,  a  1'encontre  de  ce  perfide  et  malheureux  condamne 
a  mort ,  par  sentence  de  son  roy  et  prince ,  a  qui  et  a  Dieu  il  estoit  rebelle.  Aiant 
done  trouve  opportunile  et  occasion  pour  ce  faire  commodement,  advint  que  la 
reyne  mere  des  roys  de  France  Tenvoiaen  Holande,  portant  les  lettres  de  la  mort 
du  due  d'Alencon  a  ce  prince  d'Orange,  lequel  il  trouva  au  monastere  de  Saincte- 
Agathe  &  Delft,  en  Holande,  ou  il  faisoit  sa  demeure,  et  comme  il  fut  receu  entre 
les  genlilshommes  domestiques,  le  dixiesme  de  juillet  84,  heure  et  demi  apres 
midy,  faindant  vouloir  retourner  en  France,  aiant  prins  conge"  du  prince, 
retourna  derechef  au  logis  dudit  prince  pour  luy  vouloir  dire  encore  quelque 
chose,  et  le  prince  en  estant  adverti,  vint  parlor  a  luy  en  une  grande  salle,  accom- 
paigne  seulement  d'un  page,  et  s'approchant  de  luy,  il  luy  deslacha  une  pistole 
chargee  de  trois  bales,  desquelles  il  1'alteignit  et  le  perga  en  dessoubz  de  la 
mammelle  gauche,  luy  faisant  une  plaie  de  la  largeur  de  deux  doigtz :  duquel 
coup  il  trebucha  incontinent  a  terre  et  mourut  tost  apres,  s'enfuiant  le  jeune 
homme  le  mieux  qu'il  peut.  Incontinent  se  feit  un  grand  bruict  par  toute  la  mai- 
son;  mais  comme  le  jeune  homme  estoit  presque  sauve  par  derriere  une  grange, 
aiant  le  seval  prest  hors  la  ville,  il  fut  prins  assez  pres  des  rempartz  de  la  ville, 
et  de  la  fut  mene  en  prison  :  il  persevera  avec  une  incroyable  tranquillite  et 
repos  d'esprit  en  tout  ce  que  Ton  luy  voulut  faire ,  jusques  au  dernier  poinct  de 
sa  vie,  respondant  avec  grande  suite  et  prudence  a  tous  les  interrogations  qu'on 
luy  voulut  faire. 

»  En  premier  lieu ,  estant  enquis  par  le  magistral  de  la  ville  des  causes  et  rai- 
sons  de  son  faict,  il  en  parla  fort  perlinemment  et  discourut  elegament,  avec 
bonnes  et  solides  raisons,  disant  qu'il  avoil  faict  une  ceuvre  tres  agreable  a 
Dieu,  au  roi  et  a  tout  le  peuple  chrestien,  et  que  partant,  esiant  son  corps  entre 
leurs  mains ,  qu'il  s'attendoit  bien  qu'on  le  mettroit  es  mains  des  bourreaux ,  et 
que  bien  il  1'avoit  preveu  auparavant.  Quant  est  de  moy,  ce  dit-il,  jay  parfaict 
ce  que  par  la  grace  de  Dieu  j'avoy  propose ;  vous  autres,  dict-il,  faictes  ce  que 
vous  semblera  cstre  de  vostre  office,  j'en  suis  tres-content.  Commenf  ant  done  les 


bourreaux  la  nuict  ensuivant ,  ils  le  battirent  cincq  fois  de  verges  a  outrance  et 
fort  cruellement ,  et  apres  1'avoir  ainsi  barbarement  fouelte,  adoubans  son  corps 
tout  de  miel,  ils  firent  venir  un  bouc  pour  le  lescher  avec  sa  langue,  fort  sca- 
breuse  et  aspre,  a  ce  qu'en  leschant  le  miel,  il  importast  quant  et  quant  de  sa 
langue  la  peau  et  la  chair  tout  ensemble;  mais  le  bouc,  plus  humain  que  les 
bourreaux,  n'y  voulut  toucher  aucunement.  Que  depuis,  apres  avoir  ete  par 
diverses  fois  rigoureusement  torture  par  la  question,  le  mettant  dans  un  bac, 
les  piedz  liez  et  garrotez  avec  les  mains  en  forme  de  boule,  ils  ne  cesserent  de  le 
tourmenter  pour  Fempescher  de  dormir  (ce  que  neantmoins  Ton  tient  avoir  este 
faict  sans  charge  de  la  justice). 

»  Les  jours  et  nuicts  ensuivantes ,  inventans  tous  les  genres  de  tourmens  et 
de  questions  dont  ils  se  purent  adviser,  ils  ne  cesserent  oncques  de  le  tourmen- 
ter. Comme  il  estoit  pendant  en  Tair  a  la  question,  ils  luy  lierent  au  grand 
orteil  du  pied ,  un  poids  de  cent  et  cinquante  livres  de  pesant.  Et  apres ,  luy 
chaussans  des  souliers  de  cuir  crud  engressez  d'huyle,  ils  firent  decouler  sur  son 
corps  de  la  gresse  ardante,  estant  icelluy  pres  d'un  grand  feu  tout  a  nud,  ainsi 
deplaye  et  escorche  comme  il  estoit,  le  bruslant,  en  outre,  soubz  les  aisselles, 
ils  luy  endosserent  une  chemise  trampee  en  eau  de  vie,  que  Ton  appelle,  et  y 
mirent  le  feu ;  luy  meltant  apres  cela  des  longues  esguilles  entre  les  ongles  et  la 
chair  des  doigtz,  les  enfonsans  bien  avant.  Mais  comme  ils  perceurent  sa  con- 
stance  de  plus  en  plus ,  et  qu'il  ne  faisoit  aucun  cris  ny  signe  de  douleur,  luy 
faisans  raser  le  poil,  qui  luy  restoit  encore  en  aucuns  endroitz  du  corps,  ils  1'ar- 
rouserent  entieremenl  de  vielle  et  puante  urine,  luy  faisant  apporter  apres  cela 
un  vestement  de  quelque  malade  de  1'hospilal  (aucuns  disent  que  c'estoit  1'ac- 
coustrement  d'un  sorcier),  ils  Ten  vestirent,  pensant  par  ce  moyen  faire  cesser 
le  charme,  duquel  ils  estimoient  qu'il  usoit,  pour  ne  sentir  point  les  paines  et 
les  tourmens  qu'ils  luy  faisoient.  Mais  voians  qu'ils  n'y  proffitaient  rien  par  ce 
moien,  ils  lui  demanderent  derechef  a  quoy  il  pensoit  lorsqu'on  le  tourmentoit. 
Bon  Dieu,  respondit-il,  patience,  sans  repliquer  autre  chose.  Estant  enquis 
d'eux  comment  il  ne  se  ressentoit,  ny  ne  se  meuvoit  autrement  aux  paines  et 
tourmens  qu'on  luy  faisoit,  et  pourquoy,  il  respondit  que  c'estoit  par  le  benefice 
des  saincts  et  de  leurs  prieres. 

»  Ainsi  que  le  consul  se  donnoit  de  merveille  de  sa  Constance,  la  Constance 
(ce  dit-il)  vous  le  pourez  voir  a  ma  mort.  Estant  hors  de  la  torture ,  il  parloit  a 
chacun  fort  bdnignement  et  francement,  de  sorte  que  les  bourreaux  mesmes 
s'en  esmerveilloient,  et  ceux  qui  le  regardoient  en  avoient  pitie  jusques  a  en 
jester  larmes  d'oeil ,  aucuns  mesmes  nyoient  que  ce  fust  un  homme.  Aultres, 
envieux  de  sa  Constance  et  vertu,  ne  croyans  ny  a  Jesus-Christ  ny  a  son  Evangile, 
a  Timitation  des  malheureux  et  desloyaux  juifz,  s'enquestoient  de  luy  et  luy 
demandoient  combien  de  temps  il  y  avoil  qu'il  f'estoit  donne  au  (liable;  auxquelz 
il  respondit  fort  debonnairement  et  avec  mode\^ie  qu'il  n'avoit  nulle  cognois- 


(  5i  ) 

sance  ny  aucune  accointance  avec  le  dyable,  ainsi  qu'autreflbis  i!  avoit  respondw 
lorsqu'on  Tappelloit  traistre,  parricide,  meurtrier,  usant  d'autres  semblables 
contumelies,  et  bien  souvent  mesmes,  lorsque  Ton  luy  mesdisoit,  Finjuriant 
grandement,  jectant  la  veue  contre-bas,  il  se  taisoit  dissimulant  les  calomnies. 
II  respondit  neantmoins  tousjours  fort  doulcement  aux  juges,  lesquels  il  remercia 
de  la  nourriture  qu'ils  luy  avoient  donnee  en  prison  (chose  pour  vray  admira- 
ble), et  dont  il  disoit  qu'il  les  recompenseroit,  et  meme  cbmme  ils  lui  demande- 
rent  comment  et  ou.  En  paradis,  ce  dit-il,  vous  servant  d'advocat.  Et  ainsi  que 
quelcun  replique,  de  quel  paradis  il  parlait :  je  n'en  cognoy,  ce  dit-il,  qu'un.  Par 
ainsi  done  ce  jeune  homme,  aiant  este  examine  souvente  fois,  et  mis  pareille- 
ment  sur  la  torture,  ne  disanl  chose  qui  leur  peut  plaire ,  fut  enfm  adverly,  le 
13e  de  juillet,  que  le  lendemain  il  auroit  la  sentence  de  mort,  laquelle,  le  jour 
venu,  il  ou'il  fort  patiemment  et  doulcement,  et  icelle  finie,  dit  ce  que  le  tres- 
sainct  martyr  saint  Cyprian  avoit  dit  autreffois  :  Deo  gratias. 

»  Du  depuis,  il  persevera  tousjours  en  mesme  Constance,  avec  demonstration 
de  toutes  sortes  de  vertus,  present  et  allegre  de  courage  et  d'entendement,  sans 
qu'il  fust  aucunement  trouble,  aiant  la  couleur  et  les  yeux  vifs,  mais  estropie 
des  piedz,  les  doigtz  desquelz  estoient  rompus  et  pendans,  avec  la  peau  demy- 
bruslee  el  rostie,  devant  ainsi  sur  I'eschauffaut,  ou  il  endura  estre  lie  a  un  pal  ou 
estache,  sans  rien  quieter  ou  perdre  de  sa  premiere  vertu  et  Constance,  ny  sans 
monstrer  un  seul  signe  d'avoir  peur  des  peines,  tourmens,  la  memoire  seule  des- 
quelz pouvoit  donner  asses  d'horreur;  car  aucuns  des  spectateurs  mesmes  au 
seul  regard  tomberent  en  pasmoison.  Mais  lout  ainsi  avoit  endure  les  tourmens 
passez,  et  la  sentence  de  mort,  de  fort  grand  courage,  et  sans  se  mouvoir,  ainsi 
endura-il,  en  la  presence  de  tout  le  peuple  de  ville,  Texecution  d'icelle  sentence 
d'un  coaur  invincible,  aiant  benist  et  consacre  par  son  sang  noslre  pai's,  plan- 
tant  la  racine  et  la  tige  des  martyrs  qui  apres  lui  floriront;  car,  attendu  que  les 
ennemis  de  Dieu  n'ont  point  puissance  de  coupper  la  racine,  qui  est  Jesus-Christ, 
en  couppant  et  recouppant  souvenl  les  bourgeons  qui  recroissent,  en  ce  faisant, 
comme  ilz  sont  cause  quilz  renaissent  plus  drus,  ils  cooperent  avec  Jesus-Christ 
sans  qu'ils  s?en  appergoivent. 

«  Estant  done  lie  et  garrotte  a  un  pal,  apres  que  les  bourreaux  eurent  tasche 
rompre  sur  Fenglume,  avec  marteaux  de  fer,  la  pistole  avec  laquelle  il  avoit 
donne  le  coup  (laquelle  finallement  ilz  ne  peurent  lors  metlre  du  tout  en  pies- 
ses),  venans  au  patient,  lequel  estoit  comme  ravy  du  tout  en  oraison,  ilz  luy 
desvestirent  le  pourpoint,  laissans  lomber  son  haut  de  chausses  sur  ses  piedz, 
relians  sa  chemise  a  Tendroil  des  parlies  honteuses.  Et  tost  apres ,  Tun  des  bour- 
reaux, prenant  sa  main  droicte,  la  meit  dans  un  gauffrier  que  1'autre  avoit  la 
prest  tout  ardant,  lequel  la  pressant  entre  deux  fers,  la  brusla,  de  sorte  que 
tout  Teschaffaul  et  le  marche  en  estoit  remply  de  Fodeur.  En  apres,  continuant 
leur  execution  avec  des  tenailles  toutes  rouges  comme  brasier  qu'ils  avoient 


(55  ) 

apprestees,  empoignerent  Fextremite  du  meme  bras,  et  incontinent  les  antres 
bourreaux  ou  leurs  aides  firent  le  mesme  aux  muscles  d'en  haul  des  deux  bras , 
aux  cuisses  et  aux  jambes  les  tenaillans ;  estant  cependant  le  patient ,  comme 
dit  est,  du  tout  ententif  et  ravy  en  prieres,  recilant  les  sept  psalmes,  de  sorte 
qu'on  le  pouvoit  bien  entendre,  le  tout  tousjours  sans  changer  aucunement  de 
couleur,  ny  retirer  pied  ny  mains  ou  espaulles,  seulemenl  autant  que  les  cordes 
avoient  faicl  lorsqu'on  1'avoit  lie  au  pal  ou  a  Tatache :  estant  en  tel  estat,  il  se 
signa  fort  reveremment  du  signe  de  la  croix  sur  le  front.  II  avoit  aussy  une 
grande  plaie  en  la  poitrine,  mais  on  ne  sgait  pas  encoire  au  vray  si  les  bour- 
reaux la  luy  avoient  faicte  ou  non. 

»  Lorsqu'on  le  deslia  de  1'estache  on  pal,  il  jecta  luy-mesme  ses  haulte 
chausses  hors  de  ses  pieds,  et  monta  comme  il  peult,  en  levant  le  pied  sur  le 
bane  appreste  ou  Ton  le  debvoit  de"sentrailler.  Estant  sur  le  bane ,  ils  luy  coup- 
perent,  en  premier  lieu,  les  membres  honteux,  et  puis  apres,  procedans  fort 
lentement ,  luy  ouvrant  le  ventre  avec  un  cousteau  en  forme  croysee,  ilz  lui 
arracerent  les  entrailles  et  le  coeur,  qu'ilz  lui  jecterent  au  visage.  Pandant  qu'on 
lui  faisoit  tout  cela,  il  remouvoit  tousjours  les  levres  accoustumeez  a  prier,  sans 
jecter  ny  donner  aucuns  soupirs,  comme  s'il  eut  seulement  la  bouche  et  la  voix 
pour  faire  acte  de  vertu.  Et  par  ainsi ,  aiant  tousjours  le  mesme  port  de  visaige 
et  le  coeur  invincible,  sans  se  mouvoir,  comme  grand  et  excellent  martyr  (lequel 
sera  cy-apres  noslre  patron)  rendit  son  ame  immortelle  et  glorieuse  a  Dieu ,  en 
telle  bataille  el  triumphe,  le  samedy  14e  de  juillet  84,  heure  el  demie  avant  le 
midy,  le  mesme  jour  que  un  homme  fidele  el  occultement  catholique  escrivil  ce 
discours.  Sa  leste  aiant  depuis  dte  couppee  et  mise  sur  une  lance  au  rampart ,  a 
este  veue,  plus  belle  que  paravant,  de  plusieurs.  Son  corps,  apres  avoir  ete  mis 
en  quartiers,  a  este  mis  sur  des  fourches  aux  quatre  portes  de  la  ville.  A  Dieu  en 
soil  Thonneur  et  la  gloire,  chef  et  prince  de  tous  les  martyrs.  Amen.  « 

«  Le  discours  cy-dessus  a  este  escrit  en  latin ,  en  la  ville  de  Delft,  en  Holande, 
par  quelque  homme  docte  et  fidele,  aianl  este  present  a  1'execution,  tesmoing  de 
veue ,  et  depuis  envoie  par-dega  es  mains  de  quelque  grand  pessonnage  en  court, 
lequel  a  eu  soing  de  le  faire  traduire  en  frangais.  A  Dieu  soil  la  gloire. 

(2o)  Voyez  :  Herrera,  ouvrage  cite*,  torn.  II,  p.  550.  » 

(24)  Voyez  :  Historia  de  las  guerras  civiles  que  ha  avido  en  los  Estados  de 
Flandes,  desde  el  ano  1559  hasta  el  de  1609,  y  las  causas  de  la  rebellion  de 
dichos  Estados.  Recopilada  y  escrita  por  el  contador  Antonio  Carnero,  que  lo 
ha  sido  de  los  exercitos  de  dichos  Estados.  En  Bruselas,  1625,  fol.  lib.  VI,  cap.  22, 
p.  182.  » 

(25)  Voyez  :  Le  guerre  di  Fiandra,  brevemente  narrate  da  Don  Francisco 
Lanario  y  Arragon,  duque  di  Carpiniana ,  del  consiglio  di  guerra  di  S.  M. 
Cattolica  ne'  Paesi  Bassi.  Anversa,  1615,  in-4°,  p.  91 . 

(26)  Voyez  :  Joan.  Marianne }  Historiae  de   rebus  Hispaniae ,  libb.  XXX, 


(  56  ) 

nccedunt  Fr.  Jos.  Minianae,  continuations  novae  libri  X,  Hagae  Comit.  173o, 
2  vol.  in-fol.,  lib.  VIII,  13,  p.  341. 

(27)  Voyez  :  Haraeus,  ouvrage  cite,  p.  505. 

(28)  Voyez  :  Joan.-Bapt.  de  Tassis,  Commentariorum  de  tumultibus  BeJgicis 
sui  temporis  libri  octo;  dans Hoynck  van  Papendrecht,  Analecta  Belgica,  torn.  II, 
pars  2,  lib.  VI,  26,  p.  441. 

(29)  Voyez  :  Bibliographic  douaisienne ,  on  Catalogue  historique  e   raisonne 
des  livres  imprimes  a  Douai,  depuis  Tannee  1563  jusqu'a  nos  jours,  etc. 5  par 
ff.-R.  Duthill&ul,  bibliothecaire  de  la  ville  de  Douai,  etc.,  nouvelle  edition, 
considerablement  augmentee.  Douai,  1842;  in-8°,  p.  28. 

(30)  Voyez  :  Richardi  Dinothi  Normanni  Constantinatis,  de  bello  civili  Bel- 
gico,libb.  VI.  Basiliae,  MDXXCVI;  in-4",  p.  396. 

(31)  Voyez  :  Jac.-Auy.  Thuani  Histor.  sui  temporis,  torn.  IV,  lib.  LXXIX, 
c.  17,  p.  212.  Londini,  1752;  in-folio. 

(52)  Voyez  :  JBrantdme ,  Hommes  illustres  etrangers;  discours  44,  art.  1. 

(33)  Ce  conte  d'un  supplice  qui  aurait  dure  plusieurs  jours  ne  se  trouve  pas 
seulement  dans  Brantome;  voici  ce  que  je  lis  dans  un  auleur  infmiment  plus 
grave,  dans  Tassis,  Commentarii  de  tumultibus  Belgicis,  lib.  VI,  c.  26,  p.  442  : 
«  Cumque  apprehenderetur  (Gerardus),  non  magis  se  commovit  quam  si  nihil 
deliquisset;  ductus  postea  ad  supplicium,  quod  diversis  ac  exquisitis  modis,  im- 
manique  ac  barbara  crudelitate  per  complures  dies  (quo  tarditate  cruciatus  auge- 
retur)  de  eo  fuit  sumptum.  « 

(54)  Voyez  :  Polemographia  Belgica,  das  ist  Niederlandische  Kriegsbeschrei- 
bung  u.  s.  w.,  durch  M.  Gulielmum  Majum,  Gotlingensem.  Collen,  im  Jahr 
MDLXXXXIV;  in-4",  p.  521. 

(55)  Voyez  :  Khevenhuller,  Annales  Ferdinandei,  torn.  II,  p.  551. 
(36)  Voyez  :  Campaua,  ouvrage  cite,  p.  50. 

(57)  Voyez  :  Opere  del  cardinal  Bentivoglio.  In  Parigi,  MDCXLV,  in-fol. 
Delia  guerra  di  Fiandra,  parte  secunda,  lib.  11,  p.  275. 

(58)  Voyez  :  Famiani  Strada ,  Romani  e  Soc.  Jes.,  de  bello  Belgico,  decas 
secunda.  Antwerp.,  1648,  in-8°,  p.  526. 

(59)  Voyez  :  Groen  van  Prinsterer,  Archives  de  la  maison  d'Orange,  t.  VIII. 

(40)  Voyez  aussi  :  Raumer's  Briefe. ,  1 ,  1 87. 

(41)  Voyez  :  fferrera }  ouvrage  cite.  Voici  la  traduction  franchise  du  passage  : 
«  Le  prince  d'Orange,  comme  il  a  ete  dil  auparavant,  resla  declare  rebelle 

par  sentence  de  juges  competents  et  condamne  a  mort.  Mais  il  manquait  quel- 
qu'un  qui  Texeculat,  el  le  prince  de  Parme ,  afin  qu'un  tel  ennemi  regut  chati- 
ment,  chercha  une  maniere  de  le  faire  sortir  du  monde.  A  cet  effet,  il  depecha 
plusieurs  qui  etaient  venus  s'offrir  a  lui,  et  parmi  eux  Baltasar  Gerard,  Bour- 
guignon,  natif  de  Villanfan,  secretaire  du  comte  Pierre -Ernest  de  Mansfelt, 
jeune  homme  de  vingt-six  ans;  avec  beaucoup  moins  d'espoir  que  les  autres,  et 


(57) 

sur  le  conseil  deM.  de  Hautepenne  et  du  comte  de  Mansfelt,  lui  donna  la  faveur 
et  1'assislance  qu'il  avail  donne"es  aux  autres,  qui  tous  etaient  Lorrains,  Frangais, 
Anglais  et  Ecossais,  chacun  separemenl  et  sans  que  Pun  sut  quelque  chose  de 
1'autre,  et  sans  employer  a  cet  effet  des  Italiens  ou  des  Espagnols,  comme  e*tant 
Ires-suspects  a  la  cour  du  prince  d'Orange. 

»  Ce  valeureux  jeune  homme  montra  grande  volonte"  d'entreprendre  cette 
action ,  et  affirma  qu'il  y  avail  six  ans  qu'il  avail  congu  ce  de"sir,  sans  craindre  le 
peril  de  la  mort,  pour  delivrer  la  patrie  des  mains  d'un  homme  destrucleur  de  la 
foi  et  traitre  a  son  prince,  el  qui,  avec  celle  passion  el  ce  vain  mot  de  liberle, 
prive  tant  el  de  si  innombrables  multitudes  d'ames  de  I'eternelle  liberte"  et  les 
corps  de  la  fcemporelle  et  des  biens  de  la  fortune. 

»  Ce  jeune  homme  done,  instruil,  eloquent,  et,  dans  ses  actions,  d'une  pru- 
dence et  d'une  habilele  signale~e,  recevanl  du  prince  de  Parme  les  choses  donl 
il  avail  besoin ,  alia  en  Hollande ,  a  la  cile  de  Delft ,  ou  residait  le  prince  d'Orange , 
sous  pre"lexle  qu'il  avail  des  depeches  de  la  reine-mere  el  1'avis  de  la  morl  du 
due  d'Alencon,  son  fils,  qui  avail  eu  lieu  dans  ce  moment  » 

(42)  Voyez  :  Camera ,  ouvrage  cite  :  Al  lector  :  Desde  el  principio  del  ano  de 
1585  no  he  escripto  cosa  a  que  no  me  aya  hallado  presenle  y  vislo  o  por  la  menos 
en  las  que  no  yo  me  he  hallado  he  lenido  relazion  de  las  personas  que  las  ban 
execulado  ado  y  vislo. 

(43)  Mon  honorable  el  savanl  confrere,  M.  Gachard,  qui  m'a  assisle"  dans 
toutes  les  recherches  que  j'ai  du  faire,  avec  une  obligeance  et  un  empressement 
dont  je  lui  offre  mes  vifs  remercimenls,  m'avail  d'abord  communique  un  exlrait 
de  la  copie  de  la  lettre  du  prince  de  Parme ,  qui  exisle  aux  archives  du  royaume. 
J'ai  Irouve"  ensuile  une  copie  de  la  leltre  entiere  dans  le  manuscrit  deja  cile  de  la 
Bibliotheque  royale,  n°  17,386  (Van  Hullhem,  792).  Ce  manuscril  renferme, 
sous  le  lilre de  :  P  articular  ites  touchant  Balthasar  Gerard,  sa leltre  au  prince 
de  Parme,  son  memoire  remis  au  conseiller  d'Assonville,  les  deux  extrails  des 
relations  de  Corneille  Aertsens  el  la  lellre  d'Alexandre  Farnese  a  Philippe  II. 
(Voir,  sur  ce  manuscril,  Bibliolheca  Hulthemiana,  vol.  VI,  manuscrits ,  p.  233.) 

A  1'exception  de  la  lettre  de  Farnese  a  Philippe  II ,  ces  pieces  avaient  e"te 
publiees  par  M.  de  Reifferiberg  sous  le  lilre  de  «  Lettres  relatives  a  Balthazar 
Gerard,  »  dans  le  cinquieme  volume  des  Nouvelles  archives  hisloriques  des  Pays- 
Pas,  pp.  262  el  suiv.  M.  de  Reiffenberg  n'ayanl  poinl  indique"  la  source  dont  elles 
elaienl  lirees,  el  ayanl  laisse"  subsister  plusieurs  inexactitudes  dans  le  texte,  j'ai 
reproduil  ce  dernier  d'apres  le  manuscrit  cite  de  la  Bibliolheque  royale. 

(44)  Voici  ce  que  dil  M.  Gachard,  dans  sa  preface  (p.  xi)  au  premier  volume 
de  la  correspondence  de  Guillaume  le  Tacilurne ,  public  par  lui  en  1847  :  «  J'ai 
>>  exlrail  d'un  manuscril  achele"  pour  la  bibliotheque  de  la  ville  de  Mons,  dans 
»  la  vente  des  livres  de  feu  M.  Leclercq,  qui  eul  lieu,  a  Bruxelles,  au  mois 
»  d'avril  1829,  deux  pieces  tres-inte"ressantes  :  la  premiere  est  un  e"crit  que  Bal- 

APP.  BULL.  isss.  5 


(  58  ) 

»  thasar  Gerard  pr^senta  a  Alexandra  Farnese ,  et  dans  lequel  il  lui  faisait  part 
»  du  dessein  qu'il  avail  congu  d'assassiner  le  prince  d'Orange ;  la  deuxieme  est 
»  la  declaration  que  Gerard  delivra,  le  11  avril  1584,  au  conseiller  d'Assonville , 
*  deiegue  a  cet  effet  par  le  gouverneur  general  des  Pays-Bas,  des  moyens  qu'il 
«  se  proposait  de  meltre  en  oeuvre  pour  1'exe'cution  de  son  entreprise.  » 

(45)  Le  Petit  donne,  dans  le  second  tome  de  sa  Grande  chronique,  p.  494, 
une  traduction  assez  fidele  des  extraits  des  interrogators  qui  se  trouvent  dans 
le  Ferhael.  C'est  cette  traduction  que  j'ai  reproduite  dans  le  texte. 

(46)  Le  president  du  grand  conseil,  Renom  de  France,  dont  les  relations  avec 
d'Assonleville  sont  infiniment  probables,  confirme  dans  ses  Memoires  inedils, 
5e  partie,  chap.  XXVI,  le  re"cit  de  Herrera  ettout  ce  que  j'ai  elabli  sur  les  rap- 
ports du  prince  de  Parme  avec  Gerard.  Mon  honorable  confrere,  M.  Gachard, 
se  proposant  de  publier  ce  chapitre  en  entier,  dans  le  sixieme  volume  de  la 
Correspondance  du  prince  d'Orange ,  je  dois  me  borner  ici  a  re"sumer  succincte- 
ment  les  principaux  faits  que  le  president  Renom  raconte. 

Gerard ,  d'apres  lui ,  a  peine  sorti  d'enfance,  etait  clerc  au  greffe  du  parlement 
a  Dole.  Ses  condisciples  et  les  greffiers  ont  alteste"  que  deja  a  cette  epoque ,  il 
manifestait  avec  tant  de  violence,  1'inlention  de  tuer  le  prince  d'Orange,  qu'il 
dut  en  etre  repris  serieusement.  Parvenu  a  i'age  viril,  il  se  mil  au  service  du 
comte  Pierre  Ernest  de  Mansfeld,  gouverneur  general  de  Luxembourg,  comme 
clerc  attache  au  secretaire  du  comle.  Apres  la  publication  de  1'edit  de  proscrip- 
tion ,  sa  resolution  fut  tout  a  fait  arreiee.  II  en  fit  part  d'abord  au  comte  Charles 
de  Mansfeld ,  fils  du  gouverneur ,  qui  ne  1'ecouta  point ,  et  ensuite  au  prince  de 
Parme ,  auquel  il  demanda  cent  ecus,  pour  faire  le  voyage.  Farnese  le  renvoya  a 
d'Assonleville,  qui  1'examina  et  lui  fit  voir  les  difiiculte's  et  les  dangers  qui  de- 
vaient  entourer  son  entreprise.  Tout  ce  que  Renom  rapporte  des  entretiens  de 
d'Assonleville  avec  Gerard  est  conforme  aux  details  que  Gerard  lui-meme  donne 
sur  ces  entretiens  dans  ses  interrogatoires ,  dont  les  extraits  se  trouvent  dans  le 
FerhaeL 

D'Assonleville  ayant  confere  avec  le  prince  de  Parme,  il  fut  resolu  qu'on 
n'avancerait  aucune  somme  d'argent  a  Gerard,  pas  meme  les  50  ecus,  qu'il  avail 
demandes  en  dernier  lieu,  qu'on  lui  dirait  seulemenl  en  lermes  generaux ,  qu'on 
procurerail  en  sa  faveur  ou  en  faveur  de  ses  heritiers  la  recompense  promise 
dans  l'e"dil.  Renom ajoute,  pour  expliquer  ce  refus,  queplusieurs  individus,ilaliens 
el  soldals ,  avaient  auparavanl  oblenu  de  1'argenl ,  dans  le  meme  but ,  el  n'a- 
vaienl  ensuite  rien  entrepris ,  qu'en  outre ,  1'exterieur  de  Gerard  ne  prometlail 
guere  des  acles  de  vigueur,  el  qu'on  n'esperail  rien  de  lui.  «  Gerard,  continue- 
.>  t-il,  ainsi  rebute,  dil  que  ce  nonobstant,  il  deliberoil  parlir  sur  sa  bourse,  et 
»  qu'on  entendroit  devant  six  sepmaines  de  ses  nouvelles.  » 

Parmi  les  historiens  modernes,  M.  Dewez  est  le  premier,  que  je  sache,  qui 
mentionne  les  documents  conslatanl  les  rapports  d'Alexandre  Farnese  avec 


(  59  ) 

Gerard.  Dans  son  Histoire  generate  de  la  Belgique,  il  donne,  t.  VI,  pp.  180  el 
suiv. ,  des  extraits  de  la  lettre  de  Gerard  du  20  mars,  et  public  en  entier  Fexpos6 
remis  par  celui-ci  a  d'Assonleville,  ainsi  que  la  lettre  du  prince  de  Parme  a  Phi- 
lippe II ,  du  12  aout  1584.  M.  Dewez  dit  qne  des  copies  de  ces  pieces  existent 
aux  Archives  a  Bruxelles  et  lui  ont  ete  communique"es.  11  ne  parait  pas  avoir  eu 
connaissance  du  manuscrit  de  M.  Van  Hulthem,  qui  renferme  les  copies  des  memes 
documents  prises  pour  Peveque  de  N6lis.  Comme  ces  copies  semblent  avoir  ete 
faites  avec  un  soin  particulier,  et  que  la  lettre  de  Gerard  y  esl  donnee  en  entier, 
j'ai  juge  utile  de  les  reproduire ,  telles  qu'elles  se  trouvent  dans  le  manuscrit 
pr^cite. 


MEMOIRS 


[/ORGANISATION  DES  CAISSES  DE  VEUVES, 


DES  APPLICATIONS 

A  LA  CAISSE  DES  VEUVES  ET  ORPHEL1NS  DES  OFFICIERS 
DE  L'ARME"E  BELGE  ; 


M.  LE  CAPITAINE  LIAGUE, 

Mcmbre  de  1'Acadcmic. 


.    BULL.    1853. 


MEM01RE 


L'ORGANISATION  DBS  CAISSES  DE  VEUVES, 


DES  APPLICATIONS 

A    LA    CAISSE    DES    VEUVES    ET    ORPHEL1NS    DES    OFFICIERS 
DE    I/ARMEE    BELGE. 


INTRODUCTION. 


Au  point  de  vue  de  Teconomiste,  un  des  fails  qui  caracte>isent 
particulierement  1'^poque  actuelle,  c'est  le  d^veloppernent  rapide 
et  general  qu'ont  pris  de  nos  jours  les  institutions  de  pre\oyance. 
Ces  institutions,  fondles  presque  toujours  dans  un  but  e'minem- 
ment  philanthropique,  ont  eu  des  destinees  tres-diverses  :  les  unes, 
apres  avoir  lutte  p^niblement  centre  les  difficultes  inh^rentes  a  une 
premiere  organisation ,  sont  entrees  pea  a  peu  dans  une  voie  de 


(  4) 

prospe'rite'  croissante  et  solide;  d'autres  au  contraire ,  apres  des 
debuts  brillanls  qui  paraissaient  leur  promettre  un  avenir  assure", 
n'ont  pas  tarde  a  voir  de"croitre  leurs  be"neTices;  bientdt  elles  ont 
entame*  leur  reserve,  et  enfm,  apres  1'avoir  e"puise"e,  elles  orit  du, 
pour  eviter  la  liquidation,  imposer  a  leurs  membres  de  penibles 
sacrifices ,  on  avoir  recours  a  des  subsides  Grangers. 

Parmi  les  institutions  auxquelles  ce  dernier  sort  nous  semble 
particulierement  reserve",  nous  citerons  les  Caisses  de  veuves.  On 
sait  que  Ton  entend  par  la  une  tontine  on  association,  formee 
g&ieralement  entre  un  certain  nombre  de  fonctionnaires  maries  on 
celibataires ,  dans  le  but  d'assurer  plus  tard  une  pension  viagere 
aux  veuves  qu'ils  pourraient  laisser.  Le  fonds  de  la  caisse  se  con- 
stitue,  partie  aTaide  de  retenues  ordinaires,  ope"re"es  mensuellement 
surles  traitements  de  tous  les  employes,  partie  a  1'aide  de  versements 
particuliers  pre'vus  par  les  reglements  de  1'institution.  En  outre, 
dans  les  caisses  militaires ,  on  impose  une  contribution  extraordi- 
naire a  Tofficier  qui  se  marie ,  et  Ton  n'accorde  1'autorisation  de 
contracter  mariage  qu'a  un  nombre  d'officiers  limite,  et  propor- 
tionne"  a  la  totality  du  personnel. 

Malgre"  ces  dernieres  conditions  si  prudentes,  la  caisse  des  veuves 
et  orphelins  des  officiers  de  I'arme'e  des  Pays-Bas  nous  montre, 
par  son  exemple,  combien  il  est  difficile  a  une  pareille  institution, 
non  pas  de  prosperer,  mais  simplement  de  vivre  pendant  un  certain 
temps.  Depuis  Tepoque  de  sa  fondation,  le  Gouvernement  est  venu 
plusieurs  fois  a  son  secours  lorsqu'elle  periclitait;  et  le  Roi  lui- 
m^me,  pour  la  soutenir,  a  du  lui  accorder  a  diverses  reprises  des 
subsides  particuliers. 

La  caisse  des  veuves  et  orphelins  des  officiers  de  I'arme'e  beige, 
instituee  en  1831 ,  a  etc"  jusqu'aujourd'hui  dans  un  etat  florissant; 
maisdepuisun  an  ou  deux,  lamarche  de  ses  affaires  a  commence  a 
inspirer  quelque  defiance  au  comite  directeur.  Dans  leur  sollicitude 
pour  cet  etablissement  si  utile,  M.  Tintendant  en  chef  de  1'armee, 
et  M.  le  directeur  du  personnel  m'onl  engage^  a  calculer  les  chances 
d'avenir  de  la  caisse.  Je  me  suis  charge"  avec  plaisir  de  cet  impor- 
tant travail ,  et  les  documents  necessaires  a  1'etablisseinent  de  mes 
calculs  m'ont  el^  fournis  par  M.  De  Bassompierre ,  sotis-intcndant 


(S) 

militaire  de  lre  classe  et  secretaire  de  la  caisse  des  veuves.  Ces 
documents,  re'dige's  et  classes  avec  beaucoup  d'ordre  et  de  precision, 
me  paraissent  de  nature  a  inspirer  une  entiere  confiance  :  ce  sont 
eux  qui  ont  servi  de  base  anx  resultats  nume>iqucs  que  Ton  trou- 
vera  dans  le  corps  de  ce  me'moire,  et  je  saisis  avec  plaisir  cette 
occasion  pour  remercier  M.  de  Bassompierre  des  pre"cieuses  res- 
sources  que  je  dois  a  son  obligeante  amitie. 

Je  ne  me  dissimule  pas  qu'il  existe  une  discordance  se'rieuse 
entre  plusieurs  de  mes  conclusions  et  celles  qui  ont  preside  a  1'e'ta- 
blissement  de  la  plupart  des  caisses  actuellement  existantes  :  c'est 
ce  qui  m'a  engage*  a  ineltre  la  plus  grande  circonspection  dans  mon 
travail.  J'ai  recherche*  alien  tivement  et  e'tudie  avec  soin  la  cause  des 
discordances  que  je  viens  de  signaler,  et  je  crois  pouvoir  dire  qu'elle 
provient  en  majeure  parlie  de  ce  qu'on  n'a  pas  suffisamment  ana- 
lyse jusqu'ici  les  details  de  la  question.  On  a  calcule  le  nombre 
maximum  des  veuves  qu'une  caisse  peut  avoir  a  entretenir,  en  fai- 
sanl  simplement  usage  de  la  duree  moyenne  du  veuvage  d'une 
fernme,  et  Ton  n'a  pas  eu  egard  a  la  lot  que  suit  le  nombre  des 
veuves  pendant  sa  periode  d'accroissement.  Or,  la  dure'e  moyenne 
du  veuvage  est  un  element  difficile  a  obtenir  avec  exactitude ,  et  la 
moindre  erreur  comrnise  sur  sa  determination  a  une  influence 
tres-grande  surle  nombre  maximum  des  veuves.  En  outre,  lorsque 
Ton  neglige  de  suivre  pas  a  pas  la  marche  qu'affecte  1'accroissement 
du  personnel  des  veuves,  on  se  met  dans  I'impossibilite'  de  calculer 
avec  quelque  precision  le  jeu  des  capitaux  engage's  dans  1'entreprise, 
point  tres-important  sous  le  rapport  financier. 

Une  institution  comrne  celle  que  nous  nous  proposons  d'etudier 
peut  etre  comparee  a  un  etre  organise"  qui  vit,  crolt  et  marche  : 
pour  pouvoir  assigner  avec  quelque  probability  son  e"tat  i'utur  a  un 
instant  quelconque,  il  faut  avoir  analyse  soigneusement  toutes  les 
phases  de  son  e"tat  passe.  Le  probleme  traite  a  ce  point  de  vue  pre- 
senle,  il  est  vrai,  une  apparente  complication;  mais  les  resultats 
auxquels  on  parvient  apres  avoir  ainsi  pe'netre  jusqu'au  fond  du 
sujet,  offrent  un  caractere  de  ge'ne'ralite'  et  de  clart6  qui  satisfait 
pleinement  Tesprit. 

Pour  justifier  la  remarque  critique  que  nous  avons  presente'e 


prec&lemment,  nous  aliens  reproduire  le  raisonnement  dont  on  fait 
ordinairement  usage  pour  etablir  le  nombre  maximum  des  pensions 
que  la  caisse  pourra  avoir  a  payer.  Voici  ce  raisonnement  tel  qu'il 
est  expos^  dans  un  memoire  adresse  a  M.  le  Ministre  de  1'interieur, 
en  date  du  9  decembie  1844  :  ce  memoire  est  intitule"  :  Observa- 
tions sur  la  caisse  des  pensions  des  veuves  et  orplielins  des  fonction- 
naires  et  employe's  de  I'Etat,  par  A.  Pioch.  L'auteur  y  discute  les 
bases  adoptees  par  la  commission  instituee  pour  elaborer  la  loi  sur 
les  pensions. 

«  Pour  trouver,  dit-il  (p.  25),  la  solution  relative  a  la  tontine 
»  indefmie  qu'il  s'agit  d'etablir,  il  faut  admettre  que  le  personnel 
»  qui  contribue  a  la  caisse  et  1'age  moyen  des  f'onctionnaires  soient 
»  des  nombres  constants;  dans  cette  hypothese,  le  revenu  annuel 
»  de  la  caisse,  la  mortalite  annuelle  parmi  les  fonctionnaires,  seront 
»  aussi  des  nombres  constants;  de  la  il  suit  qu'a  parlir  d'un  cer- 
»  tain  nombre  d'annees,  on  aura  annuellement  le  meme  nombre 
»  de  pensions  a  payer.  » 

Voici  maintenant  comment  1'auteur  calcule,  quelques  lignes  plus 
loin,  le  nombre  de  ces  pensions  : 

«  Le  nombre  des  femmes  qu'on  aura  a  pensionner  la  premiere 
»  annee  sera,  dit-il,  0,92  p.  °/o  du  personnel;  il  en  sera  de  meme 
)>  chacune  des  annees  suivantes;  mais  la  dur^e  moyenne  de  la  pen- 
»  sion  des  veuves  etant  supposee  de  12  ans,  on  pent  admettre  qu'il 
»  ne  rnenrt  pas  de  veuves  pendant  les  12  premieres  annees  et  qu'a 
»  la  derniere  le  nombre  des  pensions  a  payer  soil  12  fois  0,92  on 
)>  11  p.  °/o  environ;  ce  nombre  derneurant  constant  pendant  les  an- 
»  nees  suivantes  par  1'efFet  de  la  mortalite  parmi  les  veuves.  » 

On  sent  tout  ce  qu'il  y  a  de  force  dans  ce  raisonnement  qui  re- 
vient  a  supposer  qu'aucune  veuve  ne  meure  pendant  12  ans,  pour 
faire  ensuite  disparaitre  annuellement,  a  partir  de  la  I5e  ann^e,  un 
douzieme  du  total ,  et  passer  ainsi  brusquement  de  la  mortality  zero 
a  Tenorme  mortalite  de  Via,  qui  est  celle  des  femmes  de  75  ans. 
Cetle  anomalie  choquante  monlre  a vec  evidence  que  la  duree  moyenne 
de  la  pension,  sur  laquelle  est  base  le  resultat  final,  est  beaucoup 
trop  faible,  puisqu'elle  entralne  comme  consequence  necessaire  tine 
mortality  moyenne  de  '/I2  dans  le  personnel  normal  d'une  caisse  de 


(7) 

veuves,  mortalite  qui  est  en  contradiction  flagrante  avec  lout  ce  que 
1'experience  nous  enseigne. 

La  commission  qui  a  £te  charged  en  Belgique  de  pr^parer  les  me- 
sures  d'execution  de  la  loi  generate  des  pensions  dit,  il  est  vrai,  a 
la  page  9  de  son  rapport  (pp.  10  et  16  du  memoire) : 

«  En  France,  et  Ton  pent  admettre  ces  dormers  comme  applica- 
M  bles  h  la  Bclgique,  Ton  a  constate  par  l'expe>ience  d'un  grand 
»  nombre  d'ann^es,  et  en  operant  sur  65,000  fonctionnaires,  que 
»  la  dun'-e  nioyenne  du  payement  d'une  pension  de  veuve  est  de  onze 
»  ans  et  demi.  » 

Mais  n'y  aurait-il  pas  eu  ici  une  inadvertance  dans  le  travail  de  la 
commission?  Le  chiffre  de  11  ans  */a  est  tire"  du  rapport  fait  &  la 
Chambre  des  Deputes  de  France  par  M.  Mathieu,  dans  la  stance  du 
20  juin  1840  (voyez  le  supplement  an  Moniteur  framais  de  ce 
jour);  or  voici  la  phrase  que  je  trouve  en  consultant  ce  document : 

«  Les  six  dixiemes  des  fonctionnaires  qui  meurent  en  retraite 
»  sont  remplac^s  par  leurs  veuves,  qui  jouissent  de  la  pension  pen- 
»  danl  onze  ans  et  demi.  » 

11  suit  de  la  que  le  chiffre  de  onze  ans  et  demi  indique  la  dure"e 
nioyenne  de  la  pension  d'une  veuve  dont  le  mart  meurt  en  retraite, 
c'est-a-dire  dans  un  age  avance,  et  nullement  la  duree  moyenne  du 
veuvage  pour  les  femmes  de  fonctionnaires  en  general.  Si  notre  re- 
marque  est  juste,  elle  sum'rait,  a  elle  seule,  pour  faire  voir  que  1'orga- 
nisalion  des  caisses  de  veuves  en  Belgique  repose  sur  une  base  fausse. 

Une  autre  objection  que  je  ferai  a  1'emploi  de  la  duree  moyenne 
du  veuvage  comme  element  de  solution  du  probleme  qui  nous  oc- 
cupe,  c'est  que  sa  valeur  est  toujours  trop  faible,  a  moins  qu'on 
n'exclue  du  calcul  toutes  les  observations  faitesavant  1'extinction  de 
la  premiere  generation  des  veuves.  On  sent  en  effet  que  les  observa- 
tions faites  dans  les  cinq  premieres  annees  de  1'existence  d'une  caisse 
donneront  forcement  pour  la  dur6e  moyenne  de  la  pension  une 
quantite  inferieure  a  cinq  ans;  celles  qui  se  rapportent  auxdix  pre- 
mieres annees  donneronl  une  durde  moyenne  inferieure  de  beaucoup 
a  dix  ans,  et  ainsi  de  suite  (*).  Get  inconvenient  n'existe  pas  lors- 

(*)  La  caisse  des  veuves  de  Farmee  des  Pays-Bas,  par  exemple,  a  et6  fondee 
en  1815,  et  cependant  aucun  releve  statistiqne  ne  permet  encore  aujourd'hui 


(  8) 

que  Ton  remplace,  comme  nous  1'avons  fait  dans  noire  travail ,  1'idee 
absolue  de  la  pension  moyenne  des  veuves  par  la  consideration  rela- 
tive de  leur  mortality  moyenne. 

Enfin  un  dernier  tort  que  Ton  a  d'ordinaire,  dans  les  calculs  rela- 
tifs  aux  caisses  de  veuves  (voyez  i'ouvrage  d&ja  cite,  p.  25),  c'est  de 
faire  entrer  en  ligne  de  compte  la  mortalite  des  femmes  mariees.  La 
consideration  de  cette  mortalite  n'est  ne"cessaire  que  dans  un  cas: 
c'est  lorsque  Ton  impose  une  contribution  extraordinaire  au  fonc- 
tionnaire  qui  se  marie,  et  que  Ton  veut  calculer  les  ressources  pro- 
bables de  la  caisse.  Mais  qu'il  meure  dans  une  anne"e  plus  ou  moins 
de  femmes  mariees,  cela  ne  changera  absolument  rien  au  nombre 
d'hommes  maries  qui  mourront,  et  par  consequent  au  nombre  des 
veuves  qui  viendront  participer  a  la  caisse.  La  mort  d'un  mari  met 
surement  une  veuve  a  la  charge  de  rinstitution ;  la  mort  d'une  femme 
permet  au  veuf  de  former  une  nouvelle  union ,  ou  d'etre  remplaee" 
dans  la  categoric  des  maries  par  un  celibataire  qui  contracte  ma- 
riage. 

De  toutes  ces  differences  entre  nos  manieres  de  voir,  il  requite  que 
1'auteur  du  me"moire  en  question  fixe  a  11  p.  °/o  du  personnel  le 
nombre  maximum  des  pensions  annuelles  qui  pourront  £tre  poriees 
au  budget  d'une  caisse  de  veuves;  tandis  que  nous  ferons  voir  qu'il 
doit  s'elever  au  dela  des  5|s  du  nombre  des  couples,  c'est-a-dire  a 
plus  de  50  p.  °/o  du  person nel,  si  Ton  admet,  avec  1'auteur  et  avec 
la  commission  des  pensions,  que  les  fonctionnaires  se  divisent  par 
moitie"  en  celibataires  et  maries.  De  plus,  au  lieu  d'arriver  a  I'&at 
stationnaire  en  12  ans,  le  personnel  d'une  caisse  de  veuves  doit  crot- 
tre,  suivant  nous,  pendant  au  dela  d'un  demi-siecle. 

Bien  que  les  raisonnements  qui  nous  ont  guide  dans  notre  theorie 
de  1'organisation  des  caisses  de  veuves  nous  semblent  exacts,  nous 
aurions,  par  une  juste  defiance  de  nous-meme,  hesite  a  publier  les 
re"sultats  de  nos  calculs ,  en  presence  des  grands  disaccords  que  nous 

d'en  deduire  la  duree  raoyenne  de  la  pension  d'une  veuve.  En  efiet  sur  six  veuves 
datant  de  1815  que  la  caisse  des  Pays-Bas  a  leguees  a  la  notre,  trois  existent  en- 
core en  1853;  et  il  nous  en  reste  20  anterieures  a  1830.  La  mort  actuelle  de  ces 
2C  veuves  eleverait  de  deux  ans  la  dure'e  moyenne  de  la  pension  calculee  d'apres 
1  es  deces  enrefjistres  jusqu'a  co  jour. 


venons  de  signaler.  Mais  les  documents  que  nous  avons  recueillis 
sur  la  caisse  des  veuves  et  orpbelins  des  officiers  de  1'arme'e  beige 
sont  venus  confirmer  pleinement  notre  rnaniere  de  voir.  En  effet 
dans  cette  institution,  qui  date  de  1851 ,  le  nombre  actud  des  veu- 
ves surpasse  deja  la  proportion  de  32  p.  °lo  du  nombre  des  couples 
(ou  16  p.  °/o  du  personnel,  tel  que  1'enlend  la  commission);  et  quant 
a  la  durde  de  la  periode  d'accroissement,  on  peut  en  juger  d'apres  le 
tableau  suivant  dresse"  sur  les  documents  authentiques  qui  nous  ont 
ete  fournis  par  Tadministration  de  la  caisse  des  veuves  de  notre 
armee. 


Augmentation  annuelle  du  personnel  des  veuves, 
de  1851  a  1852. 


Moyenne 
de  7  en  7  ans. 


Exces  de  1852  sur  1851 11 


—  1855    1852 11 

1854  1855 20 

1855  1854 11     10,7 

1856  1855 10 

1857  1836 9 

1858  1857 3 

1859  1838 17 

1840    1859 7 

—  1841    1840 12 

1842    1841 28 

1845    1842 21 

1844  1845 10 

1845  1844 9 

1846  1845. 18 

—  1847    1846 26 

—  1848    1847 14 

-   1849    1848 19     17,6 

—  1850    1849 17 

1851  1850 .  15 

1852  1851 16 

On  voit  qu'apres  une  periode  de  22  ans,  le  nombre  des  veuves  est 

loin  d'etre  arrive  a  son  maximum.  Son  accroissement,   en   efiet, 

au  lieu  de  tendre  a  devenir  mil,  paralt  augmenter  d'anne"e  en  anne"e. 


Ce  fait  est  d'autant  plus  frappant  que,  depuis  12  ans,  le  nombre 
des  couples  participants  n'a  fait  que  decroltre :  il  e"tait  de  1251  an 
iw  Janvier  1840,  et  de  1206  au  I er  Janvier  1832. 

La  the'orie  ordinaire  des  caisses  de  veuves  est  done  en  disaccord 
complet  avec  1'experience :  on  verra,  au  contraire,  que  les  r£sul- 
tats  de  mes  formules  sont  pleinement  confirmed  par  robservation. 
C'est  ce  double  molif  qui  m'a  encourage  au  milieu  des  calculs  longs 
et  penibles  qu'a  exiges  uion  travail;  c'est  lui  qui  m'a  engag£  a  pre*- 
senter  ce  me*  moire  avec  quelque  confiance. 

Pour  faciliter  au  lecteur  Intelligence  des  raisonnements  que 
j'aurai  a  faire  dans  le  cours  de  mon  ouvrage;  pour  lui  donner 
d'avance  une  id^e  claire  des  principals  conditions  auxquelles  doit 
satisfaire  I'etablissement  des  caisses  de  veuves  en  general,  je  crois 
utile  de  terminer  cette  introduction  par  un  re'sume'  succinct  des 
dispositions  reglementaires  qui  regissent  aujourd'hui  la  caisse  des 
veuves  et  orphelins  des  officiers  de  Tarmee  beige. 

Cette  institution  a  etc  fondee  par  un  arr6t6  du  10  mars  1831, 
basd  sur  1'arreteMoi  du  H  Janvier  1815  :  elle  a  pour  objet  d'assurer 
a  la  veuve  de  tout  officier  une  pension  viagere  proportionnee  au 
grade  qu'occupait  le  mari,  et  d'accorder  des  secours  aux  orpbelins 
mineurs.  Le  taux  de  la  pension  d'une  veuve  est  fixe  de  la  maniere 
suivante  : 


Pension  an-          Krais 
nuelle.         d'enterrem. 


Pour  la  veuve  d'un  lieutenant  general     .     .     .     .  fr.  5150 

(I'lin  general-major 2500 

d'un  colonel 1 000  j 

d'un  lieutenant  -colonel 1250  '     520 

d'nn  major 1000  ) 

d'un  capitaine 850  ) 

d'un  lieutenant  ou  sous-lieutenant .     .  040  ' 

La  veuve  re^oit  en  outre,  pour  cbaque  enfant  mineur,  en  sus  de 
trois,  une  gratification  annuelle  de  1 10  francs. 

A  la  rnort  d'une  veuve  pensionnee  ou  d'un  offieier  veuf,  la  pen- 
sion est  transported  en  tout  on  en  partie  sur  la  tete  des  orpbelins 


mineurs,  a  raison  d'un  tiers  du  montant  de  cell e  pension  pour 
chaque  orphelin  jusqu'a  concurrence  de  trois.  Independamment  de 
ce  sccours,  une  gratification  annuelle  de  110  francs  est  accorded  a 
chaque  orphelin  niinour  au-dessus  du  nornbre  trois. 

La  gratification  ou  le  secours  cesse  pour  les  en  fan  Is  qui  ont  ac- 
compli leur  dix-huitieme  annee.  Quant  aux  orphelins  de  pere  et  de 
mere,  auxquels  les  deux  allocations  peuvent  etre  applicables  a  la 
fois,  la  gratification  de  HO  fr.  cesse  d'abord ,  et  le  secours  ensuite; 
de  maniere  que  les  trois  plus  jeunes  enfants  restent  les  derniers  en 
jouissance  du  secours. 

Pour  faire  face  a  ces  defenses,  la  caisse  est  alimentee  par  deux 
especes  de  contributions  : 

D'abord,  tons  les  officiers  de  1'armee,  en  activite,  en  disponibilite\ 
en  non-activite,  a  la  reforrne  et  pensionnes,  payent  mensuellement 
une  contribution  au  profit  de  la  caisse  des  veuves  et  orphelins, 
dans  la  proportion  suivante  : 

*2  p.  °/o  de  tous  les  traitements  montant  a  plus  de  5050  francs 
par  an ; 

1  */2  p.  °/o  de  tous  les  trailemenls  de  5350  a  5050  francs  inclus 
par  an ; 

I  p.  °/o  de  tous  les  traitements  au-dessous  de  5350  francs  par 
an. 

Cette  contribution,  dite  ordinaire,  esl  acquittee  au  moyen  d'une 
retenue  a  exercer  sur  les  traitements. 

En  second  lieu,  tous  les  officiers  en  activite  (*)  qui  re<joivent 
I'autorisalion  de  contractor  mariage,  sont  tenus  de  participer  a  la 
caisse;  mais  le  nombre  des  autorisations  est  limite  a  la  moitie"  du 
nonibre  total  des  capitaines,  au  quart  des  lieutenants  et  au  huitieme 
des  sous-lieutenants.  Tout  officier  marie  doit,  outre  la  retenue  pre- 
cedente,  payer  une  contribution  extraordinaire,  qui  consiste  : 

l°  A  acquitter,  dans  le  delai  de  dix  ans,  a  raison  de  Viao  par 
inois,  une  somme  egale  au  montant  de  la  pension  annuelle  a  laquelle 


(*)  Les  officiers  en  retraite  qui  se  marient  ne  sonl  admis  a  participer  a  la 
caisse  des  veuves  que  pour  autant  qu'ils  se  conformenl  striclement  aux  lois  et 
arretes  qui  concernent  le  mariajje  des  officiers  en  activite. 


(  12  ) 

la  femme  aurait  droit  en  cas  de  drees  du  mari.  C'est  la  contribu- 
tion decennalc; 

2°  A  verser  a  la  caisse,  avant  le  mariage,  une  somme  egale  a  la 
pre'ce'dente. 

Independamment  de  ces  dispositions,  lorsqium  officier  marie"  est 
promu  a  tin  grade  superieur,  il  doit  payer  a  la  caisse,  dans  le  delai 
de  cinq  ans,  une  somme  equivalant  au  double  de  raugmentation 
de  pension  &  laquelle  sa  femme  aura  droit  par  suite  de  cet  avan- 
cement  :  cette  contribution  quinquennale  s'acquitte  a  raison  de  VGO 
par  mois. 

Lorsqu'un  officier  revolt  une  augmentation  de  traitement,  le 
montant  de  la  difference  mensuelle  entre  son  ancien  et  son  nouveau 
traitement  est  retenu  an  profit  de  la  caisse.  • 

Tout  officier  qui  contracte  mariage  avec  une  personne  phis  jeune 
que  lui  paye  en  outre  une  contribution  proporlionnelle  a  la  difference 
d'age  :  cette  contribution  doit  etre  verse'e  avant  le  mariage,  et  elle 
est  fixee  comme  suit : 

\  p.  °/o  du  montant  de  la  contribution  decennale,  quand  la  femme 
est  plus  jeune  que  le  mari  de  11  ans  au  moins; 
4  p.  °/o  quand  la  difference  est  de  12  ans; 
9  )>  »  13     » 

16  »  »  14     » 

25  »  »  15     » 

56  »  »  16     » 

4-9  »  »  17     » 

64  »  »  18     » 

81  »  »  19     » 

100  »  »  20     » 

La  contribution  decennale  ne  merite  re"ellement  ce  nom  qwe  pour 
les  officiers  qui  se  marient  avant  d'avoir  accompli  leur  45e  ann^e. 
Passe  45  ans,  ils  doivent  verser  wwiediatement,  en  deduction  de 
cette  contribution,  autant  de  dixiemes  du  montant  de  la  pension 
qu'ils  ont  d'anne'es  d'age  en  plus;  de  sorte  que  Tofficier  qui  contracte 
mariage  apres  55  ans,  doit  acquitter  immediatement  tonte  sa  contri- 
bution decennale.  Cette  mesure  a  pour  but  d'eviter  autant  que  possible 
d'operer  des  retenues  sur  les  pensions  des  veuves  ou  des  orphelins. 


(  13  ) 

Lorsqu'un  oflicier  devient  veuf  et  qu'il  a  un  ou  plusieurs  enfants 
de  son  mariage,  il  doit  liquider  les  contributions  decennale  et  quin- 
quennale  jusqu'a  la  majorite  de  ceux-ci.  S'il  est  veuf  sans  enfants, 
ou  que  ceux-ci  viennent  a  deader,  il  n'est  pas  tenu  de  fournir  ces 
contributions  au  dela  du  mois  dans  lequel  a  lieu  la  mort  de  sa  femme 
ou  de  son  dernier  enfant. 

Tout  officier  qui  contracte  un  second  mariage  paye  de  nouveau 
toutes  les  contributions  mentionnees  ci-dessus;  et  s'il  a  des  en- 
fants mineurs  de  son  premier  mariage,  il  doit  en  outre,  s'il  ne 
1'a  deja  fait,  liquider  entierement  les  contributions  decennale  et 
quinquennale  impulses  au  profit  de  sa  premiere  femme  et  de  ses 
enfants. 

Lorsqu'un  officier  participant  a  la  caisse  vient  a  decider  avant 
d'avoir  fourni  le  montant  d'une  annee  de  la  pension  a  laquelle  sa 
femme  a  droit,  le  complement  en  est  fourni  au  moyen  d'une  retenue 
de  10  p.  °/o  sur  la  pension  de  sa  veuve,  ou  sur  le  secours  accorde 
aux  orphelins. 

Les  sommes  perc.ues,  a  quelque  litre  que  ce  soit,  par  la  caisse  des 
veuves,  lui  restent  acquises,  et  ne  sont,  dans  aucun  cas,  remboursees 
aux  contribuables,  ni  a  leurs  he>itiers  ou  ayants  cause. 

La  retenue  relative  aux  officiers  mane's  s'exerce  dans  toutes  les 
positions.  L'officier  qui  ne  jouit  que  d'une  partie  de  son  traite- 
ment  y  est  astreint  comme  s'il  jouissait  de  son  traitement  entier; 
celui  qui  est  absent  sans  traitement  la  subit  a  son  retour  pour 
tout  le  temps  de  son  absence,  sur  le  premier  pavement  qui  lui 
est  fait. 

Les  pensions,  gratifications  et  secours  dus  par  la  caisse  sont  in- 
cessibles  et  insaisissables ,  excepte  en  cas  de  dcbet  envers  I'Etat,  et 
dans  les  circonstances  pre"vues  par  les  articles  205,  205  et  214  du 
Code  civil  (aliments  dus  aux  parents).  Dans  les  deux  cas,  les  pen- 
sions, gratifications  et  secours  precite"s  sont  passibles  dc  retenues 
qui  ne  peuvent  depasser  le  cinquieme  de  leur  montant,  pour  cause 
de  debet,  et  le  tiers  pour  aliments. 

La  participation  a  la  caisse  des  veuves  et  orphelins  est  perdue  par 
1'officier  qui  donne  ou  rec,oit  sa  demission,  ou  qui  subit  une  con- 
damnation  emportant  sa  radiation  des  cadres  de  Farme'e. 


Les  statuts  de  la  caisse  ne  parlent  pas  du  divorce  d'un  officier  : 
le  cas  s'est  presente,  et  il  a  et6  decide  qu'a  la  mort  d'un  officier  di- 
vorce", ses  enfants  sont  conside>es  comme  orplielins  et  traites  en 
consequence. 

Toute  veuve  qui  se  remarie  ou  qui  passe  a  1'etranger  perd  ses 
droits  a  la  pension  pour  elle  et  pour  ses  enfants. 


CHAPITRE  PREMIER. 


.'iOMRRE  MAXIMUM  1)E  VEUVES  QU  UNE  CAISSE  PEUT  AVOIR  A  SA  CHARGE. 


(1).  Lorsqu'une  association  perd  annuellemeiit  un  certain  nombre 
de  ses  membres,  et  s'entretient  en  recevant  dans  son  sein  des  mem- 
bres  nouveaux,  1'dge  moyen  de  cette  association,  envisaged  comme 
un  etre  collectif,  pent  croltre,  de"croitre  ou  rester  stationnaire  : 
le  resultat  depend,  en  effet,  du  nombre  plus  ou  moins  grand,  et  de 
1'Age  plus  ou  moins  avanc£  des  membres  entry's  et  sortis. 

Si ,  comme  le  fait  se  pr&ente  pour  le  personnel  d'une  caisse  de 
veuves,  la  plupart  des  membres  sorlanls  quittent  Fassociation  par 
suite  de  de"ces  (done  en  general  dans  un  age  avance);  si  en  outre 
les  membres  nouveaux  y  arrivent  dans  la  premiere  annee  de  leur 
vouvage,  ce  double  mouvement  tendra  sans  cesse  a  diminuer  1'Age 
moyen  du  personnel ;  tandis  que  la  presence  des  membres  survivants 
tendra  a  1'augmenter.  On  conceit  done  que,  dans  ce  cas,  il  puisse 
s'e"tablir  une  espece  de  compensation  qui  maintienne  a  peu  pres  in- 
variable, pendant  plusieurs  anne"es,  Fage  moyen  du  personnel,  et 
par  suite  sa  mortalite"  moyenne. 

Cette  bypothese  d'une  mortalite  moyenne  sensiblement  constante 
servant  de  base  a  une  partie  du  travail  que  j'entreprends ,  je  dois 
commencer  par  verifier  sa  legitimite  :  j'emploierai  a  cet  effet  les 
documents  memes  qui  m'ont  6te  fournis  par  la  direction  de  la  caisse 
des  veuves  et  orpbelins  des  officiers  de  1'armee  beige.  On  remar- 
quera  toutefois  que,  dans  la  question  que  je  traite  ici,  je  donneune 
certaine  extension  a  la  signification  du  mot  mortalite.  La  mortalite 
des  personnes  marines  n'exprime  pas  simplement  pour  moi  le  degr4 
de  rapidit^  avec  lequel  elles  meurent  :  elle  indique  la  loi  suivant 
laquelle  elles  disparaissent  de  la  participation,  soit  par  la  mort, 
soit  par  le  divorce,  soit  par  suite  de  demission  ou  de  condamna- 
tion  du  niari.  De  inline  une  veuve,  cessant  de  toucber  la  pen- 


sion  lorsqu'elle  conlracte  un  second  manage  on  lorsqu'elle  passe  a 
1'etranger  (*),  ineiirt  alors  pour  Tassociation. 

Ceci  entendu,  on  trouvera  dans  le  tableau  ci-dessous  la  marche 
qu'a  suivie  la  mortalite  du  personnel  dc  la  caisse,  deptiis  1851 
jusqu'a  1852. 

Tableau  A. 


AJSKKKS. 

DES  I10MMES. 

MORTAMTE 

—  —  -  -~  —    — 

DEf  FEMMES. 

DES  VEUVE*. 

1831  

74 

11 

120 

sur  10000 

1852  

122 

10 

106 

» 

1833  ..... 

115 

106 

190 

n 

1854  

201 

119 

520 

i> 

1855       .  . 

155 

97 

441 

« 

1836  

158 

86 

205 

» 

1837  

101 

109 

451 

11 

1858  

82 

41 

127 

» 

1859  

149 

87 

114 

n 

1840  

151 

69 

550 

• 

1841  

156 

61 

155 

» 

1842  

257 

150 

225 

• 

1845  

205 

78 

82 

» 

1844  

95 

55 

257 

« 

1845  

118 

65 

267 

» 

1846  

197 

24 

557 

* 

1847  

287 

52 

527 

» 

1848  

194 

75 

250 

» 

1849  

217 

88 

554 

• 

1850  

255 

41 

594 

n 

1851  

218 

48 

190 

» 

185^       •  • 

186 

40 

254 

n 

22  ans  .... 

162 

67 

249 

(¥)  Cette  distinction  est  Ircs-importante  :  ainsi,  sur  157  veuves  qui  out  disparu 
de  rassociatioii  depuis  1850  jusqu'a  1852,  106  soul  rcellement  decedees;  22  se 
sont  reraariees,  et  9  ont  passe  a  relranger. 


(17) 

Un  simple  coup  d'ceil  jete"  sur  ce  tableau  fait  voir  que  les  nom- 
bres  y  sont  distribues  d'une  man iere  tout  a  fait  irre"guliere.  Ainsi, 
depuis  22  ans  que  la  caisse  existe,  il  ne  s'est  manifeste"  aucune  loi 
bien  tranchee,  suivant  laquelle  la  mortality  des  hommes,  des  fem- 
mes  ou  des  veuves  ait  vane"  d'une  ahneV  a  1'autre;  el  nous  sommes 
autoi-ise*  a  admettre  comme  constants  la  mortalite"  pour  cbacune  de 
ces  trois  categories.  On  remarquera  que  la  mortality  annuelle  des 
femmes  marines  est  celle  qui  a  present^  les  irre"gularites  les  plus 
fortes;  mais,  ainsi  que  nous  avons  de*ja  eu  occasion  de  le  dire  dans 
1'introduction,  nous  n'avons  pas  besoin  de  faire  intervenir  cet  e'le'- 
ment  dans  nos  calculs  :  nous  1'avons  fourni  comme  simple  ren- 
seignement  slatistique.  Les  mortality  annuelles  des  hommes  mari^s 
et  des  femmes  veuves  offrent  des  variations  beaucoup  moins  fortes, 
mais  qui,  nftinmoins,  sont  encore  tres-sensibles.  La  cause  en  est 
d'abord  aux  fle^aux  qui  ont  frappe*  notre  pays  a  plusieurs  reprises 
depuis  1851;  ensuite  a  ce  que  les  nombres  annuels  sur  lesquels 
nous  avons  ope"r£  n'e"taient  pas  assez  considerables  pour  amortir 
1'influence  des  causes  accidentelles.  En  1831,  le  nombre  des  couples 
participants  n'etait  que  de  941 ;  il  s'est  eleve  graduellement  jusqu'au 
dela  de  1300  en  1841.  Depuis  cette  derniere  epoque,  il  a  diminue 
le^gerement,  et  est  aiijour'd'hui  de  1240  environ.  Quant  aux  veuves, 
leur  nombre  rie  s'6levait  qu'a  83  a  la  fin  de  1831 ,  et  il  a  augmente 
progressivement  jusqu'aujourd'hui ,  ou  il  est  de  385. 

Comme  Font  fait  observer  avec  raison  les  commissaires  charge's 
par  TAcade'mie  d'examiner  notre  travail ,  ces  irre'gularite's  dans  la 
marche  des  nombres  sont  de  nature  a  jeter  quelque  incertitude  sur 
les  conclusions  num^riques  auxquelles  nous  sommes  parvenu  (*). 
Les  anomalies  que  nous  offre  le  passe"  pourront,  en  effet,  se  repre*- 
senter  dans  Vavenir;  et  il  y  aurait  imprudence  de  notre  part  a 
vouloir  assigner,  par  des  chiffres  absolus  et  precis,  l^tat  futur  de 
1'institution  qui  nous  occupe.  Le  temps  pourra  amener  quelques 
variations  dans  les  constantes  sur  lesquelles  sont  bases  nos  cal- 
culs numeriques,  et  modifier  ainsi  les  re"sultats  que  nous  dedui- 
sons  de  ces  elements  :  mais  si  la  the'orie  qui  a  guide"  nos  calculs  est 

(*)  Bulletins  de  I' Academic,  tome  XX,  n°  10,  pp.  137  et  suiv. 

APP.  BULL.  less.  2 


(  18) 

rigoureuse;  si  les  documents  sur  lesquels  nous  nous  sommes  appuye 
sont  exacts;  si  enfin ,  nous  avons  fait  usage  de  toutes  les  observa- 
tions que  nous  avons  pu  recueillir,  nos  provisions  ne  s'ecarteront 
guere  de  la  realite",  et  nous  croirons  dans  tous  les  cas  avoir  rem- 
pli  aussi  comple'tement  qu'il  e"tait  possible  la  tache  que  nous  nous 
etions  imposed. 

La  mortality  moyenne  des  officiers  mane's  a  fob  de  0,0198  pour 
les  onze  dernieres  annees  qui  se  sont  ecoule"es :  d'apres  les  tables 
ge'ne'rales  de  mortality  construites  pour  la  Belgique,elle  correspond 
a  1'age  de  50  ans.  Or  les  documents  statistiques  qui  ont  e"te"  mis  a 
notre  disposition  montrent  que  1'age  moyen  d'un  officier,  a  1'instant 
de  sa  mort,  est  de  50ans,6  :  il  en  resulte  que  la  mortalite"  des  officiers 
beiges  s'ecarte  tres-peu  de  la  mortality  gene"rale. 

Ainsi  qu'on  le  verra  plus  loin ,  1'age  moyen  de  la  femme  d'officier, 
a  1'instant  ou  elle  devient  veuve,  est  de  44ans,6,  et  la  duree  moyenne 
d'une  pension  doit  s'e*lever  a  25  ans  environ.  L'age  moyen  d'une 
\euve,  a  1'epoque  de  sa  mort,  est  done  de  70  ans,  tandis  que  la 
mortalite  0,0265  (de"duite  de  la  meme  pe>iode  de  11  ans  et  com- 
prenant  les  remariages)  ne  correspond  qu'a  1'age  de  58  ans.  II  suit 
de  la ,  ou  bien  que  la  vitalite  des  veuves  est  supe>ieure  a  la  vitalite 
ge*ne*rale,  ou  bien  que  1'etablissement  de  la  caisse  ne  date  pas  d'assez 
longtemps  pour  que  la  mortalite*  des  veuves  pensionnees  ait  atteint 
sa  valeur  normale.  Dans  notre  opinion,  Tune  et  1'autre  cause  ont  agi 
a  la  fois. 

Les  nombres  inscrits  au  has  du  tableau  (A.)  expriment  la  moyenne 
des  mortaliles  annuelles  pour  chacune  des  trois  categories  d'indivi- 
dus,  hommes,  femmes  et  veuves;  mais  ils  ne  repre"sentent  pas  a  la 
rigueur  leur  mortalile  moyenne.  Pour  calculer  exactement  celle-ci, 
il  faudrait  multiplier  chacune  des  mortalite's  annuelles  par  le  poids 
qui  lui  correspond,  et  diviser  la  somme  des  produits  par  la  somme 
des  poids.  Or,  le  poids  de  chacune  des  mortalite's  annuelles  est  pro- 
portionnel  aux  nombres  d'individus  sur  lesquels  on  a  ope're'  :  soierit 

done  v,  »',  v" le  nombre  de  personnes  vivantes  que  renfermait 

une  catt'gwie  pendant  les  annees  1,2,  3 de  la  periode  de  22  ans 

que  nous  <conside>ons;  m,  m',  m" le  nombre  de  deces survenus 

pendant  chacune  de  ces  anne'es  :  la  mortalite  moyenne  sera 


m 
—  •    v 


m'  m" 

—  •     t)    -4-  -77 

v'  -u" 


Elle  s'oblient  done  «  en  divisant  la  somme  des  de"ces  enregistres 
»  pendant  toute  la  pe"riode,  par  la  somme  des  nombres  annuels  de 
»  participants.  » 

Les  documents  qui  nous  ont  servi  a  dresser  le  tableau  precedent 
montrent  que,  sur  26500  couples,  il  est  mort  433  homines  et 
178  femmes,  et  que,  sur  4882  veuves,  il  en  est  mort  127.  On  en 
deduit : 


MOHTAUTB 

VOIDS 

moyenne. 

du  resultat. 

Officiers  maries    .... 

0,0164 

26500 

Femmes  mariees  .... 

0,0069 

26500 

Femmes  veuves    .... 

0,0260 

4882 

La  precision  du  dernier  re'sultal  est  done  a  celle  des  deux  pre- 
miers, comme  V/4882  :  1/26500,  ou  comme  1  :  2,3. 

(2).  Chaque  annee,  il  entre  a  la  charge  de  la  caisse  un  certain  nom- 
bre  de  veuves  provenant  des  maris  qui  sont  morts  dans  le  courant 
de  cette  anne"e;  et  il  en  sort  un  certain  nombre  par  suite  de  ce  que 
nous  sommes  convenus  d'appeler  la  mortality  des  veuves.  L'excedant 
de  ces  entrees  sur  ces  sorties  constitue  raccroissement  du  personnel 
des  veuves  a  charge  de  la  caisse. 

Or,  ce  personnel  continuera  a  s'accroltre  aussi  longtemps  qu'fl 
mourra  annuellement  plus  d'hommes  mane's  qu'il  ne  disparaltra  de 
veuves;  et  il  ne  deviendra  stationnaire  quelorsque  le  nombre  annuel 
tfes  extinctions  sera  egal  pour  les  deux  categories  que  nous  compa- 
rons.  On  voit  deja  qu'en  supposant  une  eyale  vitalite  chez  les  honi;- 
mes  maries  et  chez  les  femmes  veuves,  le  nombre  annuel  des 
extinctions  sera  proporiionnel  au  nombre  d'individtis  que  renferme 
chaque  categoric;  que,  par  suite,  «  la  caisse  commencera  a  perdre 


(  20  ) 

»  chaque  annee  autant  d'anciennes  veuves  qu'elle  en  regoit  de  nou- 
»  velles,  lorsque  le  personnel  des  veuves  (qui  fournit  les  departs)  sera 
»  e"gal  au  personnel  des  hommes  mari6s(qui  fournit  les  arrives).  » 
Dans  la  realite"  ,  1'Age  moyen  des  veuves  est  de  beaucoup  supe>ieur 
a  celui  des  hommes  marieV,  de  sorte  que  la  mortality  des  premieres 
est  notablement  plus  grande  que  celle  des  derniers.  Les  seconds 
manages  des  veuves  augmentent  encore  pour  nous  cette  'difference. 
D'apres  le  tableau  A,  le  rapport  est  de  249  a  162  pour  la  caisse  des 
officiers  de  Tarmee  beige.  Si  nous  voulons  calculer,  dans  ce  ens,  la 
Jimile  a  laquelle  peut  atteindre  le  nombre  des  veuves  touchant 
une  pension,  representons  par  Vm  ce  nombre  maximum  inconnu; 
par  -  la  mortalite  annuelle  des  veuves  :  lorsque  leur  personnel  sera 
au  complet,  il  en  disparaitra  annuellement  un  nombre  represent^ 

Par  V' 

De  m6me  soil  H  le  nombre  d'hommes  mari^s  participant  a  la 

caisse;  ^  leur  mortalite  annuelle:  -r  sera  le  nombre  de  veuves  qui, 
chaque  annee,  arrivent  a  la  charge  de  la  caisse.  La  condition  d'equi- 
libre  de  celle-ci  sera  doiic  exprime"e  par  liquation 

H        Vm 
k~  V  =  °> 
d'ou 


theoreme  que  nous  traduisons  ainsi  : 

«  Le  nombre  maximum  de  veuves  que  la  caisse  peut  avoir  a 
»  entretenir  est  e"gal  au  nombre  de  couples  admis  a  participer  aU 
»  be"ne"fice  de  1'inslitution,  multipli^  par  le  rapport  de  la  mortality 
»  des  hommes  maries  a  la  mortalite  des  femmes  veuves.  » 

Admettons,  comme  cela  a  lieu  a  tres-peu  pres  aujourd'hui  dans 
la  caisse  de  1'armee  beige,  que  le  nombre  de  couples  admis  a  la 
participation  soil  de  1200  :  le  nombre  maximum  des  veuves  que 
1'institution  pourra  un  jour  avoir  a  sa  charge  sera,  en  faisant  usage 
de  la  moyenne  des  mortalites  annuelles, 

1200  X'62  =  780. 
249 


(  21  ) 
En  calculant  d'apres  la  mortalile  moyenne,  on  trouverait 

*200  X  164  _ 
260 

Ces  nombres  sont  bases  sur  la  pe>iode  entiere  comprise  entre 
i85I  et  1852  inclus.  La  demi-pe>iode,  qui  s'e"tend  de  1842  a  1852 
6tant  plus  voisine  de  nous,  doit  donner  un  re"sultat  qui  repr&ente- 
rait  probablement  mieux  1'etat  actuel  des  choses  :  en  calculant 
d'apres  elle ,  on  trouverait 

1200  X  198 


265 


==  897, 


pour  le  nombre  maximum  de  veuves  que  la  caisse  pent  avoir  a  sa. 
charge. 


CHAPITRE  II. 

DE  LA  LOI  QUE  SUIT  L*ACCROISSEMENT  ANNUEL  DU  NOMBRE  DES  VEUVES. 


(5).  La  theorie  que  nous  venons  d'exposer  permet  de  calculer 
quelle  est  la  somme  la  plus  forte  qu'une  caisse  de  veuves  peut  avoir 
a  de"bourser  annuellement  :  il  suffit  pour  cela  de  multiplier  le 
nombre  maximum  obtenu  plus  haut  par  la  valeur  moyenne  de  la 
pension  d'une  veuve. 

Nous  avons  maintenant  a  rechercber  la  marche  que  suit  1'accrois- 
sement  annuel  du  nombre  des  veuves,  et  a  calculer  1'^poque  a 
laquelle  cet  accroissement  sera  nul ,  ou  du  moins  insensible.  Ici  la 
mortality  moyenne  ne  suffit  plus  :  il  faudrait  connaltre  et  introduire 
la  lot  que  suit  la  mortalite"  des  veuves  dans  la  lre,  la  2e...,  etc., 
annee  du  veuvage.  Toutefois,  pour  simplifier  la  question ,  nous 
eommencerons  par  la  trailer  en  supposant  cette  mortalite  constante 
et  e"gale  a  la  mortality  moyenne:  cette  hypothese,  d'ailleurs,  ne 
s'e"carte  beaucoup  de  la  verit^  que  pour  les  ages  tres-avanc^s ;  en- 
suite  nous  modifierons  notre  premier  raisonnement  en  ayant  e"gard 
a  1'accroissement  de  la  mortality  avec  1'age. 


(22) 

Les  extinctions  s'effectuant  indifferemment  pendant  toute  Tan- 
ne'e,  il  faudrait,  pour  6tre  rigoureux,  calculer  la  mortality  d'apres 
le  nombre  de  couples  et  de  veuves  qui  existent  au  milieu  de  chaque 
anne*e;  mais  nos  formules  seront  un  peu  plus  simples  si  nous  calcu- 
lons,  pour  la  fin  de  chaque  anne"e,  ce  que  sont  devenus  les  nom- 
bres  qui  existaient  au  commencement.  La  difference  entre  les  deux 
proce'de's  ne  donne,  du  reste,  qu'une  difference  insensible  dans  les 
re"sultats. 

D'apres  cela,  au  commencement  de  la  lre  annee  de  la  fondation 
de  la  caisse,  il  existe  H  couples  et  ze"ro  veuves.  A  la  fin  de  cette  an- 

T| 

ne'e,  il  y  aura  done  T  =  <*  veuves. 

Au  commencement  de  la  2e  anne"e,  il  y  a  encore  H  couples  (car 
nous  supposons  ce  nombre  constant,  de  nouveaux  manages  rempla- 
c.antcontinuellement  ceux  qui  onte"t6  dissousparlamort):  cesH  cou- 
ples produiront  pendant  l'anne"e  a  nouvelles  veuves;  mais  sur  celles 

la  lre  anneX  il  en  meurt     :  reste  done,  a  la  fin  de  la  2e  anne"e, 


en  d^signant  par  q  la  quantit^  |  J  —  l-  j  ,  que  Ton  peut  regarder 
comme  le  coefficient  de  vitalite  des  veuves,  est  leur  coefficient  de 
mortalite. 

Sur  les  veuves  qui  existaient  au  commencement  de  la  5e  annee  , 
il  en  meurt  pendant  cette  annee 

(  a  -f-  aq  )  —  =  <x  —  ag2  : 
v 

il  en  reste  done 

a  -J-  <xq  —  (<x  —  -  <xq2)  r=  aq  -f-  a^8, 

qui,  jointes  aux  «  nouvelles  veuves  que  fournit  tous  les  ans  la 
mortalite  des  hommes  mane's,  donnent 


pour  le  nombre  des  veuves  existant  a  la  fin  de  la  3e  anne*e. 


(25) 
Par  un  raisonnement  analogue,  on  trouverait  au  bout  de  la  4eanne*e 

<x  -H  aq  -+•  ct-q*  •+•  <xq*  veuves ; 

d'ou  il  re'sulte  qu'au  bout  de  la  ne  annee  de  sa  fondation ,  la  caisse 
aura  a  sa  charge  un  nombre  de  veuves  exprime*  par  la  formule  : 


(qn—l  \ 
__    I  .. . . 


(1) 


Voulons-nous  calculer  maintenant  l'e"poque  a  laquelle  le  nombre 
maximum  des  veuves  sera  atteint  ?  Egalons  1'expression  pre'ce'dente 
a  V,rt=«v,  et  re"solvons  1'equation  re"sultante  par  rapport  a  n,  nous 
aurons 


q"  ~  \  =  v(q  —  1)  =  —  1 
qn  =  0;    n  =  oo . 

Ainsi,  le  nombre  des  veuves  augmentera  pendant  un  temps  infini; 
mais  lorsque  w  deviendra  considerable,  l'accroissement  sera  insen- 
sible a  cause  de  la  petitesse  du  terme  &qn  dans  lequel  le  facteur  q 
est  une  fraction. 

II  ne  faut  pas  croire  que  cette  conclusion  soil  en  contradiction 
avec  celle  du  chapitre  pre'ce'dent,  qui  fixe  une  limite  finie  au 
nombre  des  veuves.  On  sail,  en  effet,  que  la  somme  des  termes  de  la 
progression  geometrique  de'croissante, 

a  -f-  aq  •+-  <xq*  •+•  aq*  -4-  ....  etc., 

4tant  pousse'e  jusqu'a  1'infini,  a  pour  expression, 

JL-  =  xv  =  vm, 

rdsultat  parfaitement  d'accord  avec  ce  qui  vient  d'etre  dit. 

La  courbe  des  veuves,  dans  1'hypothese  d'une  mortalite"  con- 
stante,  est  done  une  logarithmique  OAB  (fig.  ci-contre)  dont 
liquation  est 

V  =7-^-    1-n. 


(  24  ) 

Los  abscisses  y  repre'sentent  les  temps  ecoule's  depuis  la  fondation 
de  r&ablissenient;  les  ordonmtes  sont  proportionnelles  aiix  nombres 
de  veuves  exislanles. 


La  rapidite  avec  laquelle  s'accroit  la  fonction  est  donne'e  par  la 
formule , 


d\ 
dn 


q-\ 


.  q 


c'est-a-dire  que  1'accroissement  est  totijours positif  et  proportionnel 
a  la  fraction  qn.  Differentiant  une  seconde  fois,  on  obtient 


dn 


q~\ 


lotfq.q", 


quantity  loujours  negative.  La  courbe  tourne  done  sa  concavit^ 
vers  1'axe  des  abscisses.  L'ordonne*e  finie 


V  = 


correspond  d'ailleurs  a  1'abscisse  n  ==  <x> ,  ce  qui  montre  qu'il  existe 
une  asymptote  CD,  parallele  in  1'axe  des  jj,  et  distante  de  cet  axe 
d'une  quantity  -£—  ,  nombre  maximum  des  veuves. 

(4).  Le  r^sultat  precedent  est  base,  avons-nous  dil,  sur  Thypothese 
d'une  vitality  constante,  m^me  pour  les  ages  les  plus  avance"s  :  telle 
est  la  raison  pour  laquelle  le  personnel  de  la  caisse  met  un  temps 
infini  a  arriver  a  son  maximum.  Pour  etre  plus  exact,  il  faudrait 


(  25  ) 

rem  placer  la  mortality  constante  J-  par  les  mortality's  variables 
i-',  ^  ....  se  rapportant  a  la  2e,  la  5e  ....  etc.,  anm'>e  du  veuvage 
moyen.  On  aurait  alors  : 

A  la  fin  de  la  lrc  annee  ....  .«  veuves; 

»       »       2e      »  «  •+-  *  I  1  -  --  1  =  «  -f-  «</2  ; 

(|_l)+«(l    -i)    (l-i) 


.-H. 

-4- 


et  ainsi  de  suite;  de  sorte  qu'on  aurait,  a  la  fin  de  la  ne  anne"e, 


E^alant  cette  suite  an  nombre  maximum  de  veuves  Vm=a«,  on 

,   ,  . 
en  aeauit 

7>  •*•  Ms  H-  Ms?4  +  '••••  -*-9a78?4  ••••  gn  =  v-l.    •    •    (2) 

On  poussera  la  somnie  des  termes  du  premier  membre  jusqu'a  ce 
qn'elle  soit  egale  a  v  —  1  ;  et  Ton  verra  ainsi  au  bout  de  combien 
d'annees  le  nombre  des  veuves  deviendra  stationnaire.  Si  les  divers 
coefficients  devilalite  ontete  bien  choisis,  on  aura  une  verification, 
car  la  somme  des  termes  du  premier  membre  devra  devenir  e*gale  a 
v  —  I  lorsqu'on  arrivera  a  un  coefficient  qn^.i  sensiblement  e"gal 
a  zero.  La  vitality  des  veuves  ne  doit  £tre  considered  comme  nulle 
que  vers  iOO  ans;  la  premiere  ann^e  du  veuvage  peut  d'ailleurs  6tre 
fixee,  comme  nous  le  verrons  plus  loin,  a  1'age  de  45  ans  :  il  suit 
de  la  que  la  p^riode  d'accroissement  du  personnel  d'une  caisse  de 
veuves  est  d'environ  55  ans. 

(5  .  La  marche  que  nous  avons  adoptee  pour  calculer  1'accroisse- 
ment  progressif  du  nombre  des  veuves,  a  partir  de  1'epoque  de  la 
fondation  de  la  caisse,  peut  encore  £tre  suivie  lorsqu'on  veut  partir 
d'une  e*poque  quelconque  de  son  existence. 

Soit  Vn  le  nombre  de  veuves  existant  a  la  fin  de  la  we  anne"e,  ou 
au  commencement  de  la  (n  n-  })e  :  —  sera  le  nombre  de  veuves  qui 


(  26  ) 

meurent  dans  cette  (n  -f-  l)e  anne*e  (*);  et  a,  —  ^  sera  1'accrois- 
sement  du  nombre  de  veuves.  II  en  restera  done,  a  la  fin  de  Tanned 
(»+!), 

v,  =  vn  +*-  -^  =¥„«  +  «. 

En  continuant  le  m6me  raisonnement,  on  trouvera  pour  le  nom- 
bre de  veuves  a  la  fin  de  1'annge  (n  H-  2)  , 

V2  =  Vn  q*  -f-  aq  H-  <x; 

1'annee  suivante 

V8  =  VK  g5  -f-  «gs  -t-  0:3  4-  «  ; 
et  enfin,  au  bout  de  1'annee  (n  •+-  n'), 

V«.  =  V,,  qn'  •+-  <xqn'~l  •+•  <xq»'~*  ....  H-  ag'  •+•  aq  •+•  a. 

Telle  est  la  formule  qui  permet  de  calculer  le  nombre  de  veuves 
qui  sera  a  la  charge  d'une  caisse  apres  une  pe*riode  donnee  ,  en  pre- 
nant  une  annee  quelconque  pour  origine  de  la  pgriode.  Ce  cas  a  dil 
se  presenter  pour  la  caisse  des  veuves  de  notre  arme'e,  qui  a  com- 
mence" ses  operations  avec  78  veuves  que  lui  avail  l^gudes  le  regime 
ante*rieur. 

On  peut  simplifier  notre  derniere  formule  en  y  introduisant  le 
terme  sommatoire  de  la  progression  g^ometrique  que  renferme  le 
second  membre  :  il  vient  ainsi 


or  ^—  s=s  «v  =  Vm  est  le  nombre  maximum  de  veuves  que  la 
caisse  peut  avoir  a  entretenir,  nombre  que  nous  avons  appris  a  cal- 
culer dans  le  ler  chapitre; 


1-g 

(")  Ici  encore,  les  deces  des  horames  maries  devant  etre  repartis  uniformement 
sur  toute  Tannee,  il  faudrait  a  la  rigueur  ajouter  au  nombre  Vn  la  quantite  |  «  : 
il  mourra  done,  dans  Tannee,  '•*"*' >?g  veuves;  mais  la  correction  est  negli-. 
geable,  surtout  lorsque  Ton  CQasidere  Tincerlitudp  de  la  mortalile. 


(27) 

est  une  autre  constante  qui  exprime  le  nombre  de  veuves  qui  man- 
quaient,  au  commencement  de  la  pe>iode  en  question,  pour  com- 
plater  le  nombre  maximum.  Notre  Equation  definitive  devient  done 

V«'  =  \m  -  \m>  <f< (5) 

C'est  elle  qui  va  nous  servir  a  calculer  le  personnel  futur  de  la  caisse 
des  veuves  des  officiers  de  notre  arme'e,  en  prenant  I'anne'e  i855 
pour  origine  de  la  periode ,  et  nous  le  ferons  de  deux  manieres : 

1°  En  nous  basant  sur  les  22  anne*es  d'existence  de  1'institution ; 

2°  En  employant  les  1 1  dernieres  anuses  seulement. 

Dans  le  premier  cas ,  nous  trouvons 

VTO  =  780;    V«'  =  780  —  385  =  595 ;  g  =  0,  9751. 

Dans  le  second  cas,  nous  obtenons  des  nombres  un  peu  diffe'rents, 
mais  qui  nous  paraissent  mieux  repre"senter  l'e"tat  actuel  de  la  caisse, 
savoir : 

Vm=897;    V,n/  =  897  —  585=512;  g  =  0,   9735. 

Tableau  as. 


wnt 

DK  L'ANNEB. 

NOMBRE  1'UOIU 
D'apris 

IES  22   1SSEKS. 

BLE  DE  VEUVES. 

D'apres 

LES  11    IXRMERES. 

1853 

395 

399 

1854 

404 

412 

1855 

414 

425 

1856 

425 

437 

1857 

452 

449 

1858 

441 

461 

1859 

449 

473 

1860 

457 

484 

1861 

465 

495 

1862 

475 

506 

1863 

481 

516 

1864 

488 

526 

1865 

495 

536 

1870 

529 

581 

1875 

559 

621 

1880 

585 

655 

1885 

608 

686 

1890 

628 

712 

1895 

646 

735 

1900 

662 

756 

(  28  ) 

(6).  Sans  pre"tendre  que  le  calcul  cles  probability  puisse  sender 
avcc  certitude  les  profondeurs  de  1'avenir,  nous  osons  assurer  avec 
confiance  que  les  nombres  de  la  derniere  colonne  du  tableau  pre'ee'- 
dent  repre"sentent  assez  fideJement,  du  moins  pour  une  vingtaine 
d'anne"es,  1'^tat  futur  de  la  caisse  des  veuves  de  notre  arme'e  :  notre 
confiance  est  base*e  sur  1'observation  suivante. 

Si  nos  formules  sont  exactes ,  si  nos  constantes  sont  bien  calcu- 
lees,  elles  doivent  nous  permettre  egalement  de  remonter  le  cou- 
rant  du  passe  :  il  suffit  en  effet  de  supposer  le  temps  negatif pour 
reproduire  1'etat  anterieur  de  la  caisse.  Nous  avons  soumis  notre 
tbe*orie  a  cette  e'preuve  en  calculant  (d'apres  liquation  (3))  les  nqm- 
bres  annuels  de  veuves  qu'elle  fournit  pour  les  annees  comprises 
entre  1852  et  1838,  et  comparant  les  nombres  calculus  ^  ceux  qui 
ont  e*te  reellement  observes.  Un  premier  calcul,  etabli  dans  1'hypo- 
these  d'un  nombre  constant  de  1200  couples  participants,  nous  a 
donn6  les  re"sultats  suivants  : 


ANNKES. 

.NOMBRE 

de 

VEUVES    CALCULE.    . 

1852                 .     .     . 

585 

1851             .... 

371 

1850  '.     

557 

1849        

342 

1848 

527 

1847 

311 

1846 

296 

1  845 

279 

1844       

262 

1845  

245 

1842  

227 

1841  

209 

1840 

190 

1859  

171 

1858                      .-    . 

152 

(29  ) 

Mais  en  re*alite,  le  nombre  des  couples  a  vane"  d'anne*e  en  anne*e, 
et  il  a  etc"  success! vement  : 


En  1 852,1  "Janvier,  de.    •    •  1200 

1851  .     .     .  1195 

1850  ...  1205 

1840  ...  1202 

1848  —          ...  1208 

1847  -         ...  1253 

1846  —         ...  1239 

1845  —  1241 


En  1844, 1"  Janvier,  cle.    .     .  1238 

1843  ...  1249 

1842  .     .    .  1284 

1841  .     .    .  1258 

1840  —         ...  1231 

1839  -         ...  1197 

• 


1838 


1161 


Avantde  comparer  a  1'observation  les  nombres  du  tableau  pre"c6- 
dent,  il  faut  done  les  corriger  du  chef  de  cette  variation.  Pour  effec- 
tuer  la  correction  d'une  maniere  commode  et  suffisamment  exacte, 
nous  nous  contenterons  de  reduire  les  nombres  obtenus ,  dans  le 
rapport  du  chiffre  constant  4200  au  chiffre  reel  des  couples  qui 
existaient  an  commencement  de  chaque  anne'e. 

Netre  tableau  ainsi  modifie',  offre  les  re'sultats  suivants  : 

Tableau  C. 


nit 

DES   ANNEES. 

NOMBHK    D 
calculi 

B   VEUVES 

*>       .,.!••      '                   

observe. 

BIFFKHEHCES 

cailcul-observation. 

1852  . 

383 

385 

—   2 

1851 

572 

369 

H-  3 

1850  

356 

356 

0 

1849  

341 

339 

H-  2 

1848  

325 

320 

H-  5 

1847  

303 

306 

—  5 

1846  

287 

280 

H-  7 

1845      .  . 

c>70 

262 

-+-  8 

1844         .  .  . 

254 

253 

-+•  \ 

1843    

235 

243 

—  8 

1842  

212 

222 

—10 

1841  

199 

194 

-f-  5 

1840   . 

185 

182 

-4-    3 

1839  

172 

175 

—  5 

1838  

157 

158 

—  1 

(  30  ) 

Les  signes  des  differences  variant  sans  aitcune  loi,  on  voit  queles 
hearts  entre  les  rdsultats  du  calcul  et  ceux  de  Fobservation  sent 
purement  fortuits  :  la  grandeur  absolue  de  ces  ecarts  est  d'ailletirs 
tres-faible,  eu  e*gard  a  Hnconstance  de  la  mortalite"  suivant  les  an- 
nees.  L'accord  entre  notre  the"orie  et  1'observation  est  done  aussi 
grand  qu'on  peut  le  de"sirer;  et  com  me  la  courbe  calcule'e  se  con- 
fond  sensiblement  avec  la  courbe  observe'e,  pendant  les  15  annees 
qui  ont  precede"  1853,  il  est  probable  que  les  deux  courbes  ne  se 
se"pareront  pas  davantage  pendant  les  15  anne"es  qui  suivront. 

L'accord  que  nous  venons  de  signaler  montre  en  meme  temps 
que,  pendant  un  temps  assez  long,  il  est  inutile  de  tenir  compte  de 
la  variation  du  coefficient  moyen  de  vitalite"  des  veuves;  et  on  le 
comprendra  sans  peine,  si  Ton  songe  que  ce  coefficient,  qui  est  de 
0,98  a  40  ans,  ne  descend  pas  a  0,91  pour  les  veuves  de  80  ans. 
Veut-on  du  reste  avoir  e"gard  a  sa  variation,  on  proceMera  comme 
on  Fa  deja  fait  au  §  4. 

Soit  V  le  nombre  de  veuves  existant  an  commencement  de  la 
lre  annde  de  la  pe"riode;  A  leur  age  moyen;  ^  la  mortalite  corres- 
pondant  a  cet  age  :  les  V  veuves  seront  r6duites,  a  la  fin  de  la 
lre  anne"e,  a  V  (1  —  £)  =  \pr  D'ailleurs  il  en  est  entre"  a  nouvelles 
pendant  cette  annee  :  on  aura  done  , 

A  la  fin  de  la  lre  annee  a-f-Vp,  veuves; 
»       »       2e      »      (x 


L'equation  a  r^soudre  pour  obtenir  le  nombre  maximum  de  veuves 
Vm==at),  est  par  consequent 


et  le  nombre  determes  du  premier  membre  qu'il  faudra  ajouter  pour 
obtenir  (v  —  1)  indiquera  le  nombre  d'annees  au  bout  duquel  le 
personnel  des  veuves  cessera  de  s'accroitre. 


(51  ) 

(7).  Nous  avons  fixe  precedemment  a  45  ans  1'age  moyen  de  la 
femme  d'un  officier  au  moment  de  la  mort  de  son  mari.  Get  age 
a  varte  d'une  maniere  progressive  depuis  la  fondation  de  la  caisse 
des  veuves  et  orphelins  des  officiers  de  notre  armee;  il  serait  un 
pen  trop  faible  pour  1'epoque  actuelle.  En  effet,  la  discussion  des 
documents  statistiques  relatifs  a  cette  institution  fournit  les  resul- 
tats  que  voici : 

Tableau  ». 


KPOQUE  MOYEINNE 

OU  VEUVAGE  DE  LA  1  KJHMK. 

De  1815  a  1850  .  . 

40,7  ans 

par    74  observations. 

1850  a  1841    .  . 

42,3    » 

»     125 

1841  a  1848   .  . 

45,5    *> 

»     175          » 

1848  a  1852  .  . 

48,6    . 

»     115 

1815  a  1852   .  . 

44,6   » 

»     485          » 

Les  chifFres  de  ce  tableau  suivent  une  progression  bien  marquee : 
1'age  moyen  des  veuves  qui  viennent  participer  a  la  caisse  augmente 
annuellement.  On  verra  plus  loin  que  1'age  moyen  du  mariage  des 
hommes  s'est  accru  presque  exactement  dans  la  meme  proportion; 
tandis  que,  pour  les  femmes,  il  a  pen  vari£  et  peut  £trefixe*  a  26ans,91. 
Si  Ton  retranche  de  l'e"poque  moyenne  du  veuvage  des  femmes  I'e*- 
poque  moyenne  de  leur  mariage,  on  trouvera  44,  6—26, 9=17aD9,7 
pour  la  dure"e  du  mariage  moyen  d'un  officier  qui  laisse  une  veuve 
a  la  caisse. 

Get  element  etant  tres-important  pour  calculer  les  ressources 
probables  d'une  caisse  de  veuves,  nous  avons  cherche  a  l^tablir  par 
voie  directe,  en  relevant  les  duress  de  449  manages  dissous  par  la 
morl  de  1'officier  :  nous  avons  trouv6  ainsi : 


Tableau  fS. 


DATB 

de 
LA   MORT    DO    MARI. 

DURtfg  MOYUNNB 

clu  mariage. 

NOMBRE 
(T'observatlons. 

1815  a  1837    .    .     . 
1838  a  1842    .    .     . 
1843  a  1846    .    .    . 
1847  a  1850    .    .    . 
1851  a  1853    .     .     . 

1815  a  1855    .     .    . 

(*)  De  1815  a  1830  nous 
vations  :  la  date  du  mariag 
plupart  des  officiers  morts 

ans 

15,2 
17,2 
17,6 
20,6 
21,6 

mo 

100 
100 
100 

38 

17,9 

n'avons  recueill 
e  n'a  pu  elrc  ret 
jendanl  cette  pei 

449 

que  H  obser- 
•ouvee,  pour  la 
•iode. 

Le  resultat  general  Concorde  parfaitement  avec  celui  qui  a  etc" 
obtenu  par  voie  indirecte.  L'augmentation  progressive  de  la  duree 
moyenne  du  mariage  provient  naturelleraent  de  ce  que  la  se>ie 
pre"ce"dente  est  ordonne"e  par  rapport  au  temps,  et  de  ce  que  les 
manages  les  plus  lon'gs  viennent  s'inscrire  les  derniers. 

Flagons  ici  une  remarque  importante,  c'est  qu'a  1'age  de  44  ans  */«, 
e"poque  moyenne  du  veuvage  d?une  femme  ,  la  vie  moyenne  est  de 
plus  de  25  ans  :  ilresulte  de  I&  que  la  dure"e  moyenne  du  pavement 
de  la  pension  d'une  veuve  est  pre"cise"ment  double  de  celle  qui  a  e"te 
adoptee  par  la  commission  des  pensions  en  Belgique. 

Au  moment  ou  nous  ^crivons  ces  ligries  (d^cembre  1853)  nous 
avons  sous  les  yeiix  1'etat  des  veuves  d'officiers  qui  ont  disparu  de  la 
participation  pendant  les  onze  premiers  mois  de  l'anne"e  1853  :  elles 
sont  au  n ombre  de  15,  et  ont  touch^  ensemble  348  pensions  an- 
nuelles  :  la  dure"e  moyenne  de  leur  veuvage  a  done  e"te"  de  23  ans  et 
trois  mois.  Et  il  est  a  observer  que ,  de  ces  15  veuves,  10  seulement 
sont  de"ce"dees;  5  d'entre  elles  existent  encore  aujourd'hui ,  mais  leur 
pension  a  e^e"  portee  a  charge  du  budget  de  la  guerre  (pension  des 
Indes). 


(  53) 

(8).  Voulons-nous  calculer  maintenant  les  ressources  dont  la 
caisse  dcvra  disposer  pour  faire  face  a  ses  besoins  probables.  Puisque 
nous  connaissons,  d'apres  la  derniere  colonne  du  tableau  B,  les 
nombres  successifs  de  veuves  qu'elle  aura  a  sa  charge  d'anne'e  en 
anne*e,  il  nous  suffira  de  connaitre  en  outre  la  valeur  de  la  pension 
inoyenne  d'une  veuve,  y  compris  les  secours  accordes  aux  orphelins. 

Or,  de  1831  a  1852  inclusivement,  la  caisse  a  paye"  3  976  700 
francs,  repartis  en  4755  pensions,  ce  qui  donne  pour  moyenne 
837  francs;  mais  cette  valeur  est  un  pen  trop  faible  pour  4tre  appli- 
quee  a  l'e"poque  actuelle  :  la  pension  moyenne  suit  une  marche  ascen- 
dante,  probablement  parce  que  le  nombre  d'oificiers  superieurs  en 
retraite,  participant  a  la  caisse,  augmente  d'annee  en  anne'e.  Voici 
les  valeurs  successives  de  la  pension  moyenne  d'une  veuve  de  1831 
a  1852. 

1831 fp.  709 

1852  .  . 763 

1833 " 837 

1834 732   792 

1835 897 

1836 799 

1837 809 

1858 906 

1839 825 

1840 817 

1841 806   827 

1842 804 

1845 805 

1844 827 

1845 827  \ 

1846 990  ] 

1847 824  I 

1848 .  849  V 

7  Xin ; 

1849 860  /  ' 

1850 855  I 

1851 848  \ 

1852  .  .  877  / 


La  valeur  inoyenne  de  la  pension  d'une  veuve  pent  done  elre 
APP.  BULL.  i8oo.  3 


(  54) 

estimee  aujourd'hui  a  860  francs.  FVapres  celte  donne"e,  si  nous 
calculons,  au  moyen  de  la  derniere  colonne  du  tableau  B ,  ce  que 
la  caisse  aura  probablement  a  payer  par  annee  dans  1'avenir,  nous 
trouvons  : 


Tableau 


AWSKK. 

SOMME  PUOBABLE 

a  payer. 

AX  WEB. 

SOMMK  PROliBLB 

ft  payer. 

1855 

343000 

1  803  

445600 

1854   .  . 

354200 

1864  

452200 

1855.  . 

565550 

1865  

460800 

1856  

375650 

1870.  

499450 

1857.  . 

586000 

1875.  .      .  . 

533850 

1858 

596300 

1880   . 

565050 

1859 

406600 

1885.  . 

589700 

1  860        .  . 

416100 

1890.  . 

612100 

1861 

425500 

1895 

651850 

1862 

455000 

1900.  . 

649900 

Ce  tableau  montre  que,  jusqu'en  1860,  les  defenses  de  la  caisse 
augmenteront  d'environ  10  a  12  mille  francs  par  annee: 


De  1860  a  1870,  Paugmentation  annuellc  sei-a  de 
1870  a  1880 
1880  a  1890 
1890  a  1900 


fr. 


8500 
6500 
4900 
3800 


Ce  ne  sont  done  pas  des  ressources  constantes ,  ce  sont  des  res- 
sources  croissantes  que  doit  se  procurer  une  caisse  de  veuves ;  et 
pour  les  obtenir,  il  faut  que,  dans  les  premiers  ternps  de  son  e*la- 
blissement,  elle  realise  des  benefices  exorbitanls  en  apparence,  et 
les  fasse  fructifier  par  des  placements  avantageux. 

Les  charges  probables  de  la  caisse  seraient  un  peu  moins  lotirdes, 
si  on  les  calculait  au  moyen  de  la  premiere  colonne  du  tableau  B, 


(55) 

c'est-a-dire  en  se  basant  siir  les  resultats  dcs  22  armies  d'observa- 
lion  :  on  trouverait  ainsi : 

Tableau  V . 


AltWKE. 

SOMMK  PROBABLE 

a  payer. 

AlfNKK. 

SOMMB  PROBABLE 
a  payer. 

1853 

359700 

1863  . 

413700 

1854      .  .  . 

347400 

1864  

419700 

1855 

356000 

1865 

425700 

1856    .  .  .  . 

363800 

J870  

454900 

1857 

371500 

1875 

480800 

1858  .    .  .  . 

379300 

1880  .. 

503100 

1859  .    ... 

386100 

1885  

522900 

1800  .  .    .  . 

393000 

1890  .  . 

540100 

1861  ..... 
1862  .    ... 

399900 
406800 

1895  
1900  .... 

555600 
569300 

D'apres  ce  qui  precede,  on  voit  que  la  pension  moyenne  d'une 
veuve  represente  pour  nous  le  total  des  depenses  effectuees  annuel- 
lemeni  par  la  caisse,  divise"  par  le  nombre  de  veuves  existantes. 
Cette  fiction  a  pour  but  de  simplifier  le  probleme,  en  re"partissant 
e"galement  stir  chaque  veuve  deux  ordres  de  defenses  qui  ne  les 
concernent  pas  directement,  savoir  : 

1°  Les  gratifications  annuelles  de  110  francs,  accorde"es  aux 
enfants  mineurs,  au-dessus  du  nombre  trois,  qui  restent  a  charge 
des  veuves ; 

2°  Les  secours  accorded  aux  orpbelins  de  pere  et  de  mere,  pen- 
dant leur  minorit^. 

Les  defenses  effectuees  du  premier  chef  sont  insignifiantes. 

Pour  savoir  a  combien  s'eleve  le  budget  particulier  des  orphelins 
de  pere  et  de  mere,  j'ai  fait  un  releve"  special  depuis  J831  jusqu'a 
1855  inclus  ,  et  j'ai  Irouvequ'en  23  ans  : 

43  veuves  e"taienl  mortes  laissant  98  orphelins  mineurs; 

32  officiers  veufs  ^taient  morts,  laissant  74  orphelins  mineurs; 


(36) 

En  tout,  172  orphelins  ont  rec,u  des  secours  de  la  caisse.  Comme 
le  secours  accorde"  a  chacun  d'eux  est  egal  au  tiers  de  la  pension 
d'une  veuve,  on  trouve  que  les  orphelins  de  pere  et  de  mere, 
arrives  annuellement  a  la  charge  de  Finslilution,  equivalent  a 
Farrive'e  annuelle  de  2,5  veuves,  devant  toucher  la  pension  pendant 
un  temps  egal  a  la  duree  moyenne  de  la  minority  d'un  orphelin. 

Or,  la  duree  moyenne  de  cette  minorite  est  : 

Pour  un  orphelin  laisse  par  une  veuve,  7  ans  11  mois; 

par  un  officier  veuf,  6  ans  5  mois. 

La  moyenne  gene'rale  est  de  7  ans  2  mois,  c'est-a-dire  a  pen  pres 
le  tiers  de  la  duree  moyenne  de  la  pension  d'une  veuve.  Tous  les 
orphelins  re'unis  occasionnent  done  moins  de  depense  a  la  caisse 
qu'une  veuve  de  plus  qtii  arriverait  annuellement. 


CHAPITRE  III. 

DE    LA    MARCHE    DES    CAPITAUX    ENGAGES    DANS    UNE    CAISSE    DE    VEUVES. 


(9).  L'experience,  avons-nous  dit  dans  1'Introduction  de  ce  me- 
moire,  prouve  que  souvent  une  caisse  de  veuves,  apres  avoir  passe 
par  une  premiere  phase  de  prosperite,  arrive  peu  a  peu  a  une 
e*poque  de  decadence,  et  voit  hient6t  son  deficit  s'agrandir  dans  une 
effrayante  progression.  La  raison  de  ce  fait  est  facile  a  saisir  :  le 
chiffre  annuel  des  pensions  a  payer  croit  pendant  un  temps  beau- 
coup  plus  long  qu'on  ne  le  suppose  ordinairement ;  tandis  que  celui 
de  la  contribution  reste  invariable. 

Nous  savons  maintenant  assigner  la  loi  que  suit  1'accroissement 
des  charges  d'une  caisse  de  veuves;  mais  cette  connaissance  ne 
suffit  pas  pour  asseoir  1'etablissement  sur  des  bases  solides  :  il  faut 
encore  etudier  le  jeu  des  capitaux  dont  il  dispose,  afin  de  pouvoir 
rdpondre  aux  questions  suivantes  : 

1°  Une  caisse  e"tant  organise'e,  calculer  Tinstant  probable  de  sa 


(57) 

decadence,  c'est-a-dire  de  1'epoque  a  laquelle  ses  payements  annuels 
commenceront  a  de"passer  ses  recettes  annuelles; 

2°  Calculer  1'instant  probable  de  son  deficit,  epoque  a  laquelle  sa 
reserve  dtant  ejDuise"e,  elle  devra  imposer  de  nouvelles  contributions 
a  ses  membres,  ou  avoir  recours  a  1'emprunt,  ou,  enfm,  re"clamer 
des  subsides  etrangers ; 

3°  Kianl  donne  a  organiser  une  caisse,  quelle  est  la  contribution 
fixe  a  imposer  chaqueannee  &  ses  membres,  pour  que  la  reserve  ne 
commence  a  6tre  entamfo  qu'au  bout  d'un  temps  assigne* ; 

4°  Enfin,  calculer  cette  contribution  sous  la  condition  que  la 
reserve  soil  entierement  fyuisee  a  une  Epoque  donnee. 

Pour  resoudre  ces  importantes  questions  par  des  formules  atissi 
simples  que  le  comporte  la  nature  du  probleme,  nous  regarderons 
comme  des  quantit^s  constantes  : 

Le  nombre  de  couples,  C,  participant  a  la  caisse; 

La  contribution  annuelle,  K,  provenant  des  retenues  ordinaires 
et  extraordinaires ; 

Enfm ,  la  mortalite  des  hommes  et  des  femmes. 

Designons  par  P  la  pension  moyenne  d'une  veuve,  y  compris  les 
secours  accorded  aux  orphelins; 

Par  r  I'inte"r6t  d'un  franc  que  la  caisse*retire  des  capitaux  qu'elle 
place; 

Continuons  a  repre"senter  par  j-  la  mortality  moyenne  des  maris; 
par  -  celle  des  veuves ;  et  posons 
c 


*        -'  v     =<i'  =P' 

A  la  fin  de  la  premiere  an  nee  de  son  existence,  la  caisse  re$oit 
un  capital  R,  et  paye  en  pensions  une  somme  aP  (*);  il  lui  reste 
done  de  disponible  une  somme  R  —  aP,  qu'elle  place  a  inte"r6ts 
composes  pour  la  laisser  fructifier. 

A  la  fin  de  la  deuxieme  ann^e,  la  caisse  touche  un  nouveau  ca- 
pital R  ;  celui  qu'elle  a  plac£  au  commencement  de  cette  anne"e  est 
devenu  (R  —  aP)p;  elle  possede  done  R-h  (R  —  a 


(*)  Nous  rapportons  les  recettes  et  les  depenses  de  la  caisse  a  tine  seule  et 
meme  epoque  Active,  qui  est  la  fin  de  chaque  annee. 


(  38  ) 

Mais  elle  doit  payer  aP  aux  veuves  survenues  pendant  la  seconde 
anne*e,  et  «(/P  a  celles  qui  restentde  la  premiere  anne"e.  La  caisse 
possede  done,  a  la  fin  de  la  deuxieme  ann^e, 

R-+-  (R  —  «P)p  —  (*-t-ag)P. 

En  continuant  a  raisonner  de  la  ni6me  maniere,  on  trouverait 
l'e"tat  de  la  caisse  a  la  fin  des  troisieme,  quatrieme  anndes,  etc.,  et 
Ton  pourrait  dresser  le  tableau  ci-dessous  : 

Avoir  de  la  caisse  a  la  fin  de  la 

lre  ann^e    R  —  <%P 

2<       »>         R  -h  (R  —  <xP)p  — 

je       „         R  -^-  (R— 

4e       »         R  -+-  (R— 

+  (R  — a 


ne      o         R  -4-  ( R  —  0 

-hag2  ...  -+-  ag»-3]P)p2  ...  H-  (R  —  *P)  p"-»  —  (a 
-hag-  ...  -hag"-1) P. 

Le  terme  g^n^ral  peut  se  mettre  sous  la  forme : 

•+•  p  (1  -ng-f-g1-*-  .  .-f-g 


ou  bien  encore  sous  celle-ci  : 


1-9  -t         P/»- 

La  difference  entre  deux  (ermes  cons^cutifs,  pnr  exemple,  entre 
le  ne  et  le  (n  —  J)c,  sera 


pn-q"\ 
P-<I  I  ' 


(  39  ) 

Expression  dans  laquelle  le  second  terme  est  toujours  positif  de 
sa  nature,  parce  que  p  est  plus  grand  que  Tunite,  et  q  plus  petit 
que  1'unite".  La  reserve  de  la  caisse  cessera  done  d'augmenter,  et 
sera  sur  le  point  d'etre  entamee  lorsque  Ton  aura 


P  -  g 


(7} 


Cette  derniere  Equation,  qui  caracte>ise  line  situation  tres-impor- 
tante  pour  la  caisse,  aurait  pu  s'ohtenir  par  une  autre  voie.  Lorsque 
l'4tat  des  finances  de  Finstilution  sera  tel  que  ses  recettes  et  ses 
defenses  annuelles  se  contre-balanceront,  il  faudra  quel'int^r^t  de 
la  reserve,  augments'  de  la  contribution  annuelle,  soil  pre'cise'ment 
Equivalent  au  montant  des  pensions  a  servir.  L'interel  de  la  reserve 
est  Egal  a  l'expression(5),  multiplied  par  I'inter^t  d'un  franc  (p  —  1); 
le  nombre  des  pensions  a  servir  est  a  ^~  J  J  :  on  a  done  alors 
liquation 


Simplifiant  cette  expression  ,  on  a 


-1 


p  —  q 


ou  ,  enfin  , 


(10).  Pour  calculer  1'Epoque  a  laquelle  commencera  cette  p^riode 
de  decadence,  resolvons  par  rapport  a  n  liquation  exponentielle 
qui  pi'^cede  :  dans  ce  but,  mettons-la  sous  la  forme 

g*       _  R(p-q) 


(40) 
egalant  a  une  constante,  A,  la  quantite"  connue 

R(p  —  q)  qn 

P-      ^>,    on  a    ^  = 

d'ou,  en  appliquant  les  logarithmes, 


- 


(8) 


Soient,  pour  trailer  un  exemple,  les  donne"es  nume'riques  suivantes  : 

R  =  250000 

a  =  20 
P  =  860 
p  =  1,05 
q  =  0,9735, 
on  en  de"duit 

A  =  1,05  —  1,023  =  0,027, 

d'ou 

1,58985 

n  ==   J  -  =  48»n8,39. 
0,05285 

C'est  done  apres  environ  cinquante  ann^es  d'existence  qu'une 
eaisse,  e"tablie  comme  nous  venons  de  le  supposer,  atteindrait  le 
plus  haul  point  de  sa  prospe'rite'.  Jusqu'a  cette  ^poque,  sa  reserve  se 
serait  accrue  tous  les  ans  ;  a  partir  de  cette  m6me  epoque,  elle  dimi- 
nuerait  d'ann^e  en  annee.  Si  Ton  veut  connaitre  la  valeur  a  laquelle 
s'^leve  cette  reserve  maximum  ,  il  suffit  de  calculer  numeriquement 
Texpression  (5),  en  y  faisant  ^  =  50  :  elledevient 


=  4  954  000  fr. 


p    -1  l-q_p    -1  pjq-l 


Arriv^e  h  1'epoque  que  nous  eonside"rons  ,  la  eaisse  aurait  a  sa  charge 
un  nombre  de  veuves  exprim^  par 

q™-} 
x  ±  -  =  545. 

q     -1 


(41  ) 

Un  e*tablissement  fonde"  sur  les  bases  que  nous  venons  d'indiquer , 
qui  aurait  vu  sa  reserve  s'accroitre  chaque  anne"e,  et  qui  posse"de- 
rait  pres  de  5  millions  au  bout  de  50  anne"es  d'existence,  croirait 
son  avenir  assure;  et  cependant,  ce  m£me  e'tablissement  (les  choses 
suivant  leur  cours  ordinaire)  serait  en  deTicit  de  plus  de  8  millions 
apres  cent  anne"es  d'existence.  En  effet,  si  Ton  calcule  la  valeur  de  la 
reserve,  en  faisant  successivement  n  =  60,  80,  100,  on  trouve  que : 

Au  bout  dc  la  60e  annee  elle  est  de fr.       4462100 

80e  »  1  391  000 

»  100C  »  —8  191  008 

Le  signe  ne*gatif  du  dernier  nombre  indique  un  deficit,  provenant 
d'abord  de  ce  que  la  somme  des  pensions  a  de"pass6  celle  des  reve- 
nus,  et,  en  second  lieu,  de  ce  qu'il  a  fallu  que  la  caisse  empruntat 
au  taux  r,  auquel  elle  avait  d'abord  place". 

(il).  Apres  avoir  assigns'  l'e"poque  de  la  decadence,  calculons 
celle  du  deficit.  A  cet  instant,  la  reserve  etant  r^duite  a  zero,  nous 
devons  poser 


i\ .  *p  r^-1   y-g'  =  o 

~l|         1-9  LP  -1        P/2-1  -1 


et  re*soudre,  par  rapport  a  n,  cette  Equation  transcendante. 
De"sie;nons  par  B  la  constante    — — - 

(I  —  q)  (p~  \)         p  —  l 

»         »     D  »  _    aP — — —  j 

il  viendra 


(10) 


Cette  equation  ne  peut  se  re'soudre  que  par  approximation;  mais 
on  obtiendra  tres-aise"ment  une  premiere  valeur  de  w,  exacte  a  une 
ou  deux  unites  pres.  Il  est  a  remarquer  en  effet  que  le  nombre  n 
devant  £tre  considerable,  la  fraction  q"  sera  en  ge'ne'ral  fort  petite, 


et  pourra  £tre  ne"glige*e  vis-a-vis  du  nombre  p".  (Test  ainsi,  par 
exemple,  que  pour 

p  =      1,05 

q  =      0,9735 

n  =      80 
on  a 

p"  =  49,561 

g«  =       0,117 

Cette  supposition  de  qn  —  0  permettra  de  re"soudre  par  voie  directe 
liquation  (10),  qui  devient  alors 


B-D 
d'ou 


log  p 

Appliquons  le  calcul  en  continuant  a  nous  servir  des  donne"es  num£- 
riques  e"tablies  dans  le  §  pr^c^dent  ,  et  nous  trouverons 


quantit6  un  peu  trop  grande,  a  cause  de  1'hypothese  q"  =  0.  Faisons 
maintenant  qn  —  ^86'8  et  transportons  cette  valeur  dans  1'equation 
primitive  :  il  viendra 


B(r-l)  =D(p«-  0,100); 
d'ou 

_  log  (B  -  0,100  D)  —  log  (B  —  D) 

11  —  -----  _  ------  -  ------  .  -------  5 

log  p 
n  =  84,6  ans  , 

valeur  exacte  a  une  fraction  d'ann^e  pres. 

(12).  Les  deux  dernieres  questions  que  nous  nous  somrnes  propo- 
sees  au  commencement  de  ce  chapitre  sont  maintenant  bien  aisees 
a  re"soudre  :  elles  sont  pour  ainsi  dire  inverses  des  deux  premieres. 
Voulons-nous  calculer  le  montant  de  la  contribution  annuelle  et 
constante  a  im  poser  aux  membres  de  1'association,  pour  que  la  re- 


(45) 

serve  ne  commence  a  e"tre  entamee  que  50  ansapres  la  fondation  de 
la  caisse?  —  Re"solvons,  par  rapport  a  R,  Te'quation  (7) 


P  ~ 
en  v  faisant  n  =  50.  II  vient 


appliquant  les  nombres,  on  a 

R  =  230700     fr. 

Telle  est  la  contribution  normale  a  imposer,  dans  le  cas  ou  le  nom- 
bre  des  veuves  atteindrait  son  maximum  au.  bout  de  50  ans. 
Au  lieu  de  n  =  50  ,  posons  n  =  400,  nous  aurons 

R  =  235900     fr. 

Enfin,  si  Ton  voulait  que  la  reserve  ne  fut  jamais  entame"e,  il  fau- 
drait  poser  n  =  oc  dans  1'expression  ge"ne>ale  de  la  valeur  de  R.  On 
trouverait  alors 


„ 

dou 

R  ==  236100     fr. 

Tel  serai  t  le  maximum  absolu  de  la  contribution  annuelle.  On 
voit  de  quelle  importance  il  est  d'e"tablir  des  le  principe  cette  con- 
tribution sur  des  bases  exactes  ;  car  de  tres-faibles  variations  dans  la 
valeur  de  R  ont,  au  bout  d'un  demi-siecle,  une  immense  influence 
sur  le  sort  de  1'institution. 

Resolvons  entin  la  quatrieme  question,  qui  a  pour  objet  de  calcu- 
ler  le  laux  de  la  contribution  annuelle,  sous  la  condition  que  la  re- 
serve soil,  non  pas  entame'e,  mais  lotalement  absorbed  a  une  epoque 
donnt^e.  Le  probleme  revient  a  r^soudre,  par  rapport  a  R,  liqua- 
tion (9) 

~  =  o, 


p_l  l~gp 


(  44  ) 
dans  laquelle  on  suppose  n  connu.  On  obtienl  ainsi 


Soil  n  =  50,  les  autres  donne"es  nume'riques  restant  les  memes  que 
ci-dessus  :  on  aura 

R  =  206900    fr. 

pour  n=  100,  il  viendrait 

R  =  233150    fr. 

La  difference  qui  existe  entre  ces  nombres  et  les  nombres  analogues 
calcules  prece"demment  caracterise  la  distinction  que  nous  avons 
e"tablie  entre  1'epoque  de  decadence  et  celle  de  deficit. 

Si  Ton  veut  que  la  reserve  ne  soit  jamais  epuise"e  totalement  ,  il 
faudra  faire  n  =  oo  dans  1'equation  (H),  qui  devient  alors 


K    = 


p—  q  p  —  q 


Ainsi,  a  1'infini,  la  decadence  se  confond  avec  le  deficit  :  pour  que  la 
reserve  ne  soit  jamais  epuisee,  ou  pour  qu'elle  ne  soit  jamais  enta- 
mee,  le  versement  annuel  doit  etre  le  meme.  Nous  avons  deja  cal- 
culi ce  versement  maximum  qui  ,  dans  les  circonstances  ou  nous 
nous  sommes  place,  est  de  236100  francs. 


(45  ) 


CHAPITRE  IV. 

ETAT  DES  FINANCES  D'UNE  CAISSE  DE  VEUVES  A  UNE  EPOQUE  QUELCONQUE 
DE  SON  EXISTENCE. 


(1 3).  A  pi usieurs reprises  deja  nous  avons  fait  ressortir,  dans  le  cours 
de  ce  travail,  la  ne'cessite  qu'il  y  a  de  calculer  tres-exactement  la 
valeur  du  revenu  fixe,  necessaire  a  1'existence  d'une  caisse  de  veuves. 
II  est  important  surtout  qu'elle  touche  ce  revenu  des  les  premieres 
aunees  de  sa  fondation,  carles  benefices  qu'elle  fait  alors  sontcon- 
side>ables  en  eux-m6mes,  vu  le  petit  nombre  de  veuves  existantes, 
et  les  inte'reHs  qu'ils  rapportent  sont  destines  a  s'accumuler  pendant 
line  longue  suite  d'anne"es. 

Cette  verit^  est  e'le'mentaire,  et  c'est  a  tort  que  certains  regle- 
ments,  apres  avoir  fixe*  les  retenues  a  imposer  aux  fonctionnaires 
ou  employes ,  laissent  a  la  direction  la  faculte  de  rester  au-dessous 
des  limites  posees,  tant  que  les  besoins  de  I'etablissement  riexigeront 
pas  que  les  retenues  soient  portees  a  ces  limites.  User  de  cette  faculte" , 
reviendrait  h  diminuer  la  partie  variable  des  revenus  de  la  caisse, 
c'est-a-dire  la  reserve ;  ce  serait  preparer  pour  1'avenir  des  retenues 
hors  de  proportion  avec  les  trailements. 

Lorsque  la  caisse,  a  I'^poque  de  son  etablissement ,  doit  prendre 
a  sa  charge  un  certain  nombre  de  veuves  deja  existantes,  commele 
fait  s'est  presente"  lors  de  la  fondation  de  la  caisse  des  veuves  des 
officiers  de  I'armta beige;  ou  bien,  ce qui  revient  an  m6me,  lorsqu'a 
une  certaine  ^poque  sa  reserve  n'est  plus  en  rapport  avec  le  nombre 
probable  de  veuves  qu'elle  aura  a  entretenir,  il  faut  faire  imme'dia- 
tement  tin  sacrifice  pecuniaire  pour  la  ramener  a  son  etat  normal : 
quelque  penible  que  soil  ce  sacrifice ,  il  n'est  permis  ni  de  recu- 
ler  ni  d'he'siter  devant  lui.  Des  que  la  reserve  cesse  de  s'accroitre 
dans  la  proportion  voulue,  Finstitution  periclite,  et  chaque  annee 
qui  s'ecoule  approfondit  Toi-niere  ou  Ton  se  trouve :  pour  en  sortir 


il  faut,  ou  modifier  radicalement  les  principes  de  1'association  ,  ou 
r&ablir  imme'diatement  F^quilihre  dans  la  marche  des  recettes. 
Principiis  obsla  :  c'est  ici  surtout  qu'il  faut  appliquer  cet  axiome 
dans  toute  sa  rigueur. 

Avant  de  songer  a  porter  un  reinede  au  mal  ,  il  faut  connattre 
parfaitement  l'£tendue  de  ce  mal,  c'est-a-dire  savoir  calculer  quelles 
sont  les  nouvelles  ressources  qu'on  doit  se  procurer  d'une  maniere 
ou  d'autre,  lorsque  la  caisse  est  parvenue  a  la  ne  anne"e  de  son  exis- 
tence, et  que  Ton  s'apergoit  que  ses  ressources  ne  sont  plus  en  rap- 
port avec  ses  besoins  probables. 

Soil  done  V  le  nombre  de  veuves  que  pensionne  la  caisse  a  la  fin 
de  la  nf  annexe; 

Q  la  reserve,  pre"sumee  insuffisanle,  qu'elle  possede  a  cette  epoque. 

En  conservant  les  notations  que  nous  avons  posees  au  §  9,  et  sans 
repeter  des  raisonnements  qui  seraient  entierement  analogues  a  ceux 
que  nous  avons  fails  dans  ce  paragraphe,  nous  trouverons  : 

Avoir  de  la  caisse  a  la  fin  de  la 

(n-t-l)c  annee.  R  -4-  Qp  —  [a  -h  ¥7]  P, 

R-4-  (R-f-Q/J—  [a-l-Vg]P)p  —  [^cH-ag-i-  Vg2]P, 

(R—  [aH-«grH-\ 
-  [cr,  -h  aq  H-  «g2  H-  Vg8]  P 


—  [a  -h  <xg  -4-  *g2  ....  •+•  Vqn'-{  ]  P  )  p 


(R  -f-  Qp-  [«  H-  Vg]  P)-p»'-  '  -  [a  H-  «g  -i-  ^V  •  ••• 


En  formant  les  termes  sommatoires  des  progressions  geom^tri 
ques  que  renferme  ce  dernier  de"veloppement  ,  on  le  ramene  a  Tex 
pression  plus  simple 


formula  generale  qui  reprlsente  Tavoir  d'une  caisse  de  veuves  dans 
toiiies  les  circonstances  possibles,  el  renferme  ses  chances  d'avenir 
a  un  instant  quelconque  de  son  existence.  Elle  permet  6videmment 
de  calculer  la  valeur  que  doit  avoir  la  reserve,  Q,  a  une  epoque 
donn£e,  si  Ton  vent  que  cette  reserve  ne  soil  totalement  absorbed 
qu'au  bout  d'un  temps  n.  Comparant  cette  valeur  a  celle  de  la  re- 
serve qui  se  trouve  reellement  en  caisse,  on  connattra  16  sacrifice 
pecuniaire  a  faire  pour  r&ablir  I'dquilibre  dans  la  marche  des  op6- 
rations. 

Si  Ton  suppose  V  =  0  dans  la  formnle  pr^cedente,  elle  s'applique 
an  cas  d'une  caisse  qui  a  comment  ses  operations  avec  un  capital 
Q,  et  sans  avoir  aiicune  veuve  a  sa  charge. 

L'hypotheseQ  =  Oexprimera  que  la  caisse  doit  alimenterV  veuves, 
et  n'a  d'autres  ressources  que  la  contribution  annuelle  et  fixe  R. 
Enfin ,  si  Ton  fait  a  la  fois  V  =  0,  Q  =  0,  on  retbmbe  sur  la  for- 
mule  (5),  relative  a  un  e"tablissement  qui,  des  le  principe  de  stis 
opera! ions,  n'a  aucune  veuve  a  sa  charge  et  aucun  capital  en  reserve. 

(U).On  mettrala  formule  prec^dentesous  une  forme  un  peu  plus 
simple  en  remarquant  que  I  —  -  )  est  le  nombre  maximum  de 
veuves  que  la  caisse  peut  avoir  a  entretenir,  nombre  que  nous 
avons  represente  par  Vm,  on  aura  alors : 


.     (15) 


Si  Ton  prend  n'  pour  le  nombre  d'annees  apres  lequel  le  personnel 
des  veuves  aura  atteint  son  maximum,  la  caisse  devra,  a  partir  de 
cette  epoque,  payer  chaque  annee  une  meme  somme  V4wP  :  la  con- 
tribution fixe  lui  rapportant  d'ailleurs  un  revenu  annuel  R ,  il  faudra 
quel'interet  desa  reserve  lui  fournisse  le  reste,  c'est-a-dire  VWP— R; 

•y     p  ji 

le  capital  de  cette  reserve  doit  done  elre  alors ---—•—.  Substituant 
cetle  quantite  a  Y,  dans  le  premier  membre  de  1'equation  (15),  et 
faisant,  dans  le  second ,  qn'  —  0  pour  caract^.riser  1'etat  stationnaire 
du  personnel  des  veuves,  on  aura  : 


(R  -  v-p)    -        P(V'"  - V) 


(  W) 

Simplilianl,  ct  lirant  successivement  les  valeurs  de  Q  et  tie  R,  on 
obtient 

=  V.P-R   __  Pg(Y— V) 
p  -  1  p-q 


-II 

formules  qui  permettent  de  resoudre  les  deux  questions  suivantes  : 
«  Sachant  qu'une  caisse ,  pensionnant  actuellement  V  veuves ,  at- 
»  teindra  le  nombre  Vw  pour  maximum  de  son  personnel ,  trouver 
»  la  reserve  Q  qu'elle  doit  posseder,  si  la  contribution  annuelle 
»  rapporte  R;  ou  trouver  la  contribution  annuelle  qu'elle  doit  rece- 
»  voir,  si  elle  possede  actuellement  une  reserve  Q.  » 

Constatons,  d'apres  cela,  1'etat  financier  dans  lequel  se  trouve  au- 
jourd'hui la  caisse  des  veuves  et  orphelins  des  officiers  de  Farmed 
beige.  Au  commencement  de  1855,  elle  avail  a  sa  charge  585  veuves. 
On  peut  d'ailleurs  admettre,  avons-nous  vu  deja,  Ym  =  897; 
P=860;  q=  0,9755;  p=  1,05.  La  contribution  fixe  des  dernieres 
annees  a  et4  d'environ  255000  francs.  Transportant  ces  donne"es 
numeriques  dans  1'equation  (14),  on  trouve 

Q  =  5125000    fr. 

Or,  les  inte"rets  de  la  reserve,  pendant  les  dernieres  annees  que 
nous  considerons,  s'elevaient  a  peu  pres  a  cent  mille  francs,  ce  qui, 
dans  1'hy po these  p  — 1,05,  repr&ente  un  capital  de  deux  millions. 
La  reserve  de  1'institution,  telle  qu'elle  est  £tablie  aujourd'hui, 
presente  done  un  deficit  de  5  125  000  francs. 

Si,  conservant  la  reserve  lelle  qu'elle  existe  effectivement  au- 
jourd'hui, on  cherche  quelle  devrait  £tre  la  contribution  annuelle 
pour  que  la  caisse  fut  dans  sa  situation  normale,  on  trouve  par 
1'equation  (15) 

R  =  591000    fr. 

La  contribution  annuelle  que  Ton  percoit  aujourd'hui  est  done  trop 
faible  de  156000  francs;  et  1'on  doit  la  majorer  imm&liatement 


(  49  ) 

drs  deux  tiers  desa  valeur,  si  Ton  veut  que  l'e*tablissement  re'siste  a 
toutes  les  charges  qu'il  nous  paralt  appele"  a  supporter  dans  1'avenir. 
II  est  prcsque  superflu  de  faire  remarquer  que  cette  somme  de 
-156  000  francs  doit  6tre  et  est  effectivement  I'inte're't  du  deficit  que 
pr&ente  la  reserve. 

(15).  La  solution  que  nous  venons  de  donner  est  celle  qui  nous 
semble  se  rapporter  le  mieux  a  1'avenir  probable  de  la  caisse  des 
veuves  et  orpbelins  des  officiers  de  notre  arme'e  :  si  Ton  adopte 
pour  constantes  celles  qui  sont  de"duites  de  la  mortalite"  moyenne 
pendant  la  periode  entiere  de  22  ans  qui  vient  de  s'^couler,  les 
charges  calcule'es  seront  plus  faibles.  En  effet,  on  doit  alors  poser 

V*  =  757, 
q     =  0,9740, 

et  Ton  trouve  ainsi 

0  =  4  220  009     fr. 
R  =      346  000     » 

La  reserve  actuelle  ne  presenterait  plus,  dans  ce  cas,  qn'un  deficit 
de  2  220  000  francs;  ou  bien  il  faudrait,  pour  retablir  1'equilibre 
dans  la  marche  des  finances  de  la  caisse,  augmenter  son  revenu 
annuel  de  HI  000  francs.  On  comprend  que  ce  dernier  moyen 
est  le  seul  qui  soit  praticable,  et  qu'il  est  inutile  de  songer  5  com- 
bler  d'un  seul  coup  un  deficit  de  deux  &  trois  millions. 

Si  Ton  remplace,  dans  les  equations  (14)  et  (io),  le  nombre 
maximum  \m  par  son  expression  alg^brique  j^-  on  pourra ,  par 
quelques  transformations  tres-simples,  les  mettre  sous  la  forme 


p  —  q 

.     .     .     (17) 

Ohservons  que  la  valeur  thforique  de  la  contribution  annuelle, 
en  supposant  la  caisse  parfaitement  organist  des  sa  fondation,  est 

(§12) 

R   = . 


p~ 
APP. 


Introdnisant  dans  cette  formule  les  <lonn£es  numeViques  fotirnies 
par  la  pe>iode  entire  de  1831  a  1852,  on  obtient 


R  =  233  800. 


(Test  presque  exactement  le  montant  de  la  contribution  annuelle 
que  louche  maintenant  la  caisse  :  si  Ton  avail  admis  ce  chiffre  des 
le  principe,  on  n'aurait  aujourd'hui  aucun  deficit  a  combler. 

En  transportant  dans  liquation  (16)  la  valeur  pre"c£denle  de  R, 
on  en  drduil 


Cette  relation  montre  que  le  capital  de  reserve  varie  en  raison 
directe  de  q  et  en  raison  inverse  de  p,  c'esl-a-dire  qu'il  doit  6tre 
d'autant  plus  considerable  que  le  coefficient  de  vitalite"  des  veuves  est 
plus  fort,  el  querinterSt  de  1'argenl  est  plus  faible.  Pour  7=0,9755; 
p  =  l,05,ona 


p  —  q 


ainsi  «  la  reserve,  a  un  instant  quelconque,  doit  s'e"lever  a  13  on 
»  14  ibis  la  valeur  annuelle  des  pensions  que  la  caisse  a  a  servir.  » 
Divisant  Tune  par  1'autre  les  deux  equations 


~ 


p  —  q 

on  a 

R  ;  Q  =  <xp  :  Vq  ; 

ou  bien,  en  introduisant  Finte're't  de  la  reserve  an  lieu  de  la  reserve 
elle-m6me, 

R  :  Q(p  —  1)  =  aP  '•  v*/(jP  — !)• 

Rempla^anl  a  par  sa  valeur  en  fonclion  du  nombre  maximum 
des  veuves,  savoir : 

a  =  Vw  (1-?), 


on  obtiont  en  definitive 

-  =  *=.  ?.  Lzi  09) 

" 


Tel  est  le  rapport  qui,  dans  une  institution  normalement  organist, 
doit  exister  entre  la  contribution  annuelle  et  Tinter^t  de  la  reserve. 
En  ajoutant  le  montant  de  la  contribution  a  1'inleret  de  la  reserve, 
et  retranchant  de  la  somme  la  valeur  VP  des  pensions  payees  dans 
I'ann^e,  on  aura,  pour  cette  annee,  1'excedant  des  recettes  sur  les 
depenses.  Get  exc^dant  est  done 


(20) 


p-q         p  -q  p—q 


Quand  le  nombre  des  veuves  est  arrive  a  son  maximum,  le  benefice 
annuel  doit  se  re"duire  a  ze>o;  et  c'est  ce  qui  a  lieu  en  effet,  puisque 
Ton  a  alors 

at  _  V(l  —  g)  =  0. 

(16).  Le  capital  de  reserve  dont  nous  avons  forme  1'expression 
g^n^rale  (12)  croltra  aussi  longtemps  que  la  difference  entre  1'avoir 
d'une  aniii-e  et  celui  de  Tannee  pr^c^dente  sera  positive.  Cherchons 
la  fonnule  qui  represente  cette  difference  pour  les  ann^es  n'  et 
(n'  —  \  ).  Dans  ce  but,  il  faut  de  la  quantite* 


retrancher  celle-ci 


P-\ 
11  vient  alors,  toutes  reductions  faites, 

X  ==  Q<  -^  (R  _  Q)  p»'-*  -  («P  - 
^  VPg 


£galant  cette  expression  a  ze"ro,  on  indiquera  que  la  reserve  cesse  de 
s'accroltre  et  va  commencer  a  etre  entanitie :  c'est  Fere  de  la  decadence 
et  non  plus  celle  du  deficit  qui  est  ainsi  caracte>isee.  On  en  d£duit 


0  = 


p—q 


-  Rp'"- 


"-1  L          P-9 


p  — 


-] 


-Q(P-I) 


(23) 


Si,  dans  ces  Equations,  on  suppose  n'=  oo,elles  conduisent  aux 
ni&nes  resultats  que  les  formules  (46)  et  (17)  :  en  effet,  elles  se  r^- 
duisent,  dans  cette  hypothese ,  a 


Q  = 


VP<? 


p- 


=  -    -  -Mp- 
P-? 


Traitons,  comrne  exemple  num^rique  tres-simple,  le  cas  qui  s'est 
pre"sent6  lorsque  Ton  a  etabli  la  caisse  des  veuves  et  orphelins  des 
officiers  de  1'arm^e  beige.  L'ancienne  caisse,  fonde'e  sous  le  Gouver- 
nenient  pre"ce"dent,  a  legue  a  la  nouvelle  un  personnel  de  78  veuves  : 
quel  capital  devrait-elle  lui  payer  en  m^me  temps  pour  ne  lui  faire 
aucun  avanlage  et  ne  lui  causer  aucun  prejudice? 

Nous  avons  vu  (§  12)  que  si  notre  caisse  avail  comment  ses 
operations  sans  avoir  de  veuves  a  sa  charge,  elle  aurait  du  ,  pour  ne 
jamais  entamer  sa  reserve,  imposer  a  ses  membres  une  contribution 
annuelle  et  fixe  R  =  -— ~.  Substituons  cette  valeur  dans  la  der- 

P  —  9 

niere  expression  de  Q;  faisons-^  V=78,  et  nous  en  deduirons  le 
capital  qu'auraient  du  apporter  les  78  veuves  pour  ne  pas  changer 


les  conditions  d'existence  de  I'instilution.  En  conservant  a  P,  p,  </ 
leurs  valeurs  numeriques  deja  posees,  nous  trouvons 

Q  =  855  650    fr. 

Tel  est  le  capital  qu'aurait  du  verser  I'ancienne  caisse,  a  Tinslant  oil 
elle  a  transmis  78  veuves  a  la  charge  de  la  nouvelle  :  or ,  elle  n'a 
f'ourni  en  realite  que 

485  597 

moitie  de  la  somme  qui  a  e"  te  transferee  au  grand  livre  de  la  dette 
active  beige  a  2 *fe  p.°/o.  L'operation  a  done  e"te" ,  des  le  debut,  defa- 
\  orable  a  la  nouvelle  caisse ,  et  a  du  avoir  sur  son  avenir  une  tres- 
facbeuse  influence. 

(17).  Nous  croyons  inutile  d'entrer  dans  de  plus  grands  details  sur 
les  questions  relatives  a  1'ere  de  decadence  d'une  caisse  de  veuves : 
elles  ont  une  analogic  complete,  quant  a  la  discussion,  avec  celles 
qui  se  rapportent  a  1'ere  de  deficit;  et  les  re'sullats  nume'riques  que 
Ton  obtient  dans  les  deux  cas  sont  pour  ainsi  direidentiques,  des 
que  Ton  considere  une  pe"riode  erabrassant  un  grand  nombre  d'an- 
nees :  or,  tel  est  presque  toujours  le  cas,  dans  une  institution  per- 
manente,  donl  1'avenir  est  illimite. 

Les  deux  equations  fondamentales  (42)  et  (21)  resument,  sous 
une  forme  analytique  aussi  ggnerale  que  f^conde,  toutesles  circon- 
stances  que  pent  presenter  1'organisalion  d'une  caisse  de  veuves. 
Chacune  d'elles  etablit  une  relation  entre  huit  quantit^s  qui  sont  les 
elements  de  cette  organisation ,  et  Tun  quelconque  de  ces  elements 
peut  etre  traite  comme  inconnu;  mais  les  cas  qui  s'offriront  le  plus 
souvent  dans  la  pratique  sont  ceux  ou  Ton  prendra  pour  inconnue 
Tune  des  cinq  quantites  n',  R,  Q,  P  ou  «  :  ils  impendent  aux  cinq 
questions  suivantes  : 

1° «  Les  donnees  de  ('association  ^tant  fournies,  trouver  le  nombre 
»  d'annees  au  bout  duquel  la  reserve  sera  entamee  ou  epuisee?  » 

On  resoudra  par  rapport  a  n'  les  Equations  X  =  0  ou  Y  =  0.  Ces 
equations  etant  transcend  antes  dans  le  cas  ou  n'  est  trait(5e  comme 
inconnue,  on  calculera  une  premiere  valeur  approximative  de  H',  en 


(54) 

negligeant  les  petites  fractions  qn>  et  q"'~l,  vis-a-vis  dep"'  et  pn'~{\ 
puis  on  fera  une  ou  deux  substitutions  successives ,  aiusi  que  nous 
Favons  montre  dans  le  §  11.  Cette  meHhode  d'approximatiori  sera 
u'autant  plus  rapide  que  le  nomhre  cherche,  •/*',  sera  plus  conside- 
rable. 

2°  «  Calculer  le  taux  de  la  contribution  annuelle  et  constante, 
»  R,  que  I'associarion  devrait  imposera  ses  membres,  pour  que  la 
»  reserve  ne  fut  entaniec  ou  epufsee  qu'au  bout  d'un  certain  nombre 
»  d'annees.  » 

3°  «  Assigner  le  montant  du  capital  Q  qu'elle  doit  avoir  en 
»  caisse,  a  Tinslant  du  bilan,  pour  que  sa  reserve  ne  commence  a 
»  de"croitre  ou  ne  soil  entierement  depensee  qu'apres  un  temps  n.  » 

4-°  t(  Fixer  la  valeur  de  la  pension  moyenne,  P,  a  accorder  a  une 
»  veuve,  pour  arriver  au  meme  resultat  que  ci-dessus.  » 

5°  «  Les  ressources  supposees  restant  les  memes,  chercher  le 
»  nombre  de  couples  que  Ton  peut  admettre  a  la  participation,  pour 
»  placer  Fetablissement  dans  les  monies  conditions  d'existence  que 
»  precedemment.  » 

II  n'y  a  pas  lieu  de  considerer  les  cas  ou  Ton  prendrait  pour  in- 
connues  les  trois  autres  quantite\s  qui  entrent  dans  les  expressions 
de  X  et  de  Y,  car  on  ne  peut  disposer  ni  du  nombre  de  veuves  exis- 
tantes,  V,  ni  de  leur  vitalite,  q,  ni  du  taux  d'interet  p  que  Ton 
retire  des  capitaux  qu'on  fait  fructilier. 


CHAP1TRE  V. 

DE  LA  CONTRIBUTION  EXTRAOKDINAlRfc:   A   IMPOSER  AU  MARI   QUl   ^POUSE  UNE 
FEMME  PLUS  JEUNE  QUE  LUI. 


(18).  On  sail  qu'en  general  Thornine  se  marie  a  un  age  plus  avan- 
ce  que  la  femme.  Cette  circonstance  est  defavorable  aux  caisses  de 
veuves  pour  plusieurs  motifs  : 


(  55  ) 

1°  L'homme  5ge  qui  epouse  une  femme  jeune  laissera  probable- 
ment  une  veuve  a  pensionner  par  la  caisse; 

2°  II  lui  laissera  probablement  aussi  des  enfants  mineurs  a  se- 
courir; 

3°  La  veuve  et  les  orpbelins  resteront  pendant  longtemps  a  la 
charge  de  la  caisse ; 

4°  Enfin  le  capital  vers6  par  le  mari,  a  1'instant  du  mariage, 
n'aura-  pas  en  le  temps  de  fructifier  par  raccumulation  des  inte'- 
rSts. 

Nous  ne  parlons  pas  d'une  derniere  circonstance,  c'est  que,  a  e"ga- 
Hl6  d'age ,  la  mortality  des  hommes  dans  les  villes  est  plus  grande 
que  celle  des  femmes. 

11  est  tres-inte'ressant  d'etudier  la  relation  qui  existe  entre  l'£ge 
des  £poux,  et  les  chances  que  Tun  d'eux  restera  veuf  pendant  un 
temps  plus  ou  moins  long.  Pour  preciser  la  question  et  raisonner 
sur  des  documents  reels,  nous  prendrons  encore  pour  texte,  la  caisse 
des  veuves  et  orphelins  des  officiers  de  farmed  beige.  Nos  conclu- 
sions generates  s'appliqueraient  d'ailleurs  a  une  caisse  quelconque, 
sauf  les  modifications  de  detail  exigees  par  la  nature  de  1'institution 
et  par  ses  reglernents  organiques. 

Les  pieces  qui  m'ont  et4  fournies  par  le  secretaire  actuel  de  notre 
caisse  de  veuves,  m'ont  permis  de  calculer  l'4ge  moyen  d'un  offi- 
cier  et  de  sa  femme,  a  1'instant  de  leur  union.  Les  r^sultats  de  mes 
calculs,  consignes  dans  les  deux  tableaux  suivants,  embrassent  une 
pe"riode  de  soixante  anne"es,  depuis  1792  jusqu'a  1852.  Le  premier, 
qui  se  rapporte  aux  hommes,  est  fonde  sur  1975  manages;  le  second, 
relatif  aux  femmes,  n'est  base  que  sur  1956.  La  difference  provient 
de  ce  que,  pour  49  femmes,  je  n'ai  pu  me  procurer  la  date  de  leur 
naissance.  J'ai  fractionne  la  periode  totale  en  dix  pe>iodes  par- 
ticulieres,  afm  de  pouvoir  juger  de  la  inarche  qu'ont  suivie  les 
nombres. 


(56  ) 


Tableau 


DATE    »l     MAltlAGK. 

AGE    MOYEH 
de 

i/OFFiciKii. 

NOMBRE 

df 
MA  HI  AGES. 

De  Janvier  1792  a  juillet     1817.     .     . 

29,T5 

198 

juillet    1817  a  juillet    1821.     .     . 

29,63 

200 

juillet    1821  a  aout      1825.     .     . 

29,90 

200 

aout      1825  a  decem.  1828.     .     . 

31,09 

201 

decem.  1828  a  Janvier  1835.     .     . 

32,44 

205 

Janvier  1833  a  juillet    1835.    .     . 

52,40 

199 

juillet    1855  d  juin       1858.     .    . 

35,49 

199 

juin       1838  a  mai       1841.    .    . 

35,26 

200 

mai       1841  a  Janvier  1848.    .     . 

56,19 

200 

Janvier  1848  a  decem.  1852.     .     . 

38,54 

175 

MoiENNii  GEAEKALE    .     . 

52,74 

1975 

Tableau  a. 


DATE    Dtf    MAKIAttK. 

AGE    MOVES 
de 
Li  FBMME. 

NOJMBIVE 
de 
MARIAUBS. 

De  Janvier  1792  a  juillet     1817.     .     . 

ans. 

25,47 

187 

juillet   1817  a  juillet    1821.     .    . 

25,56 

198 

juillet   1821  a  aout       1825.     .     . 

25,89 

201 

aout      1825  a  decem.  1828.     .     . 

27,52 

196 

decem.  1828  a  Janvier  1855.     .     . 

26,46 

203 

Janvier  1833  a  juillet    1855.    .     . 

26,75 

198 

juillet    1855  a  juin       1858.     .     . 

27,54 

198 

juin       1858  a  mai       1841.     .     . 

27,65 

200 

mai       1841  a  Janvier  1848.     .     . 

27,55 

200 

Janvier  1848  a  decem.  1852.     .     .               29,55 

175 

MOYENKE  OEMJRALE.      .       .      j               26,91 

1956 

Une  consequence  qui  ressort  clairement  de  la  simple  inspection 
dti  tableau  G,  c'est  que,  depuis  1'epoque  de  la  fondation  de  la  caisse, 
l'5ge  moyen  des  officiers  a  1'instant  de  leur  manage  a  augmente 
dans  une  progression  constante  et  rapide.  Ainsi,  dans  Tespace  de 
vingt  annees,  c'est-a-dire  de  Janvier  1833  a  de*cembre  1852,  cetage 
moyen  s'est  clove"  de  plus  de  six  ans;  et  relegation  totale,  depuis 
1792,  est  de  neuf  ans  et  demi.  On  sentira  facilement  les  con- 
se"quences  fftcbeuses  que  doit  avoir  ce  fait  sur  1'avenir  de  noire 
caisse. 

A  la  verite  1'age  moyen  des  femmes  a  aussi  augment^  (tableau 
H),  mais  dans  un  rapport  bien  moindre  :  il  n'a  vane"  que  de  deux 
ans,  de  1792  a  1848,  et  ne  s'est  pas  e1eve  de  quatre  ans  depuis  la 
premiere  e"poque  jusqu'a  la  fin  de  1852. 

Cette  augmentation  re"guliere  et  prononcee  de  1'age  moyen  de 
rofficier  beige  a  1'instant  de  son  mariage,  est  un  fait  assez  frappant 
pour  que  le  statisticien  ne  se  contente  pas  de  1'enregistrer,  et  pour 
qu'il  cherche  a  en  pe"ne"trer  la  cause.  Pour  noire  part,  nous  croyons 
pouvoir  1'attribuer  principalement  a  ce  que  1'instruction  se  repand 
de  plus  en  plus  dans  les  classes  infe>ieures,  et  permet  a  un  plus 
grand  nombre  d'hommes  sans  fortune  de  parvenir  a  un  grade  dans 
1'arm^e.  Le  corps  des  officiers  se  de"mocratisant  ainsi  de  plus  en 
plus,  ses  membres  doivent  attendre  plus  longtemps  que  leur  travail 
leur  ait  procure  les  avantages  que  la  naissance  et  la  fortune  leur 
avaient  refuses;  et  ce  n'est  guere  que  dans  1'age  mur  queleur  posi- 
tion les  met  en  e"tat  de  contractor  tin  mariage  convenableetd'elever 
bonorablement  leur  famille. 

Les  resultats  que  nous  avons  a  deduire  devant  se  rapprocher  le 
plus  possible  de  1'etat  actuel  des  cboses,  nous  adopterons  les  chiffres 
fournis  par  la  derniere  periode  de"cennale;  et  nous  fixerons  a  37  ans 
1'age  moyen  d'un  officier  beige  a  Tinslant  ou  il  se  marie;  a  28  ans 
1'Age  moyen  de  sa  femme  :  telle  est  pour  nous  la  composition  du 
couple  moyen;  1'age  de  rbomme  y  surpasse  de  neuf  ans  celui  de  la 
femme.  C'est  done  avec  raison  que  le  reglement  sur  1'organisation 
de  la  caisse  des  veuves  et  orpbelins  des  officiers  de  notre  arme"e,  ne 
considere  comme  exceplionnelles  que  les  unions  dans  lesquelles  la 
femme  est  plus  jeune  que  le  man  de  11  ans  au  moins;  et  qu'il 


(  58  ) 

commence  alors  a  augmenter  la  contribution  extraordinaire  payee 
a  la  caisse  par  tout  officier  qui  contracte  mariage.  Mais  la  gradation 
elablie  par  l'arr£te"  organique  nous  parait  defectueuse,  d'abord  parce 
qu'elle  cesse  lorsque  la  difference  des  &ges  a  alteint  vingt  ans;  en- 
suite  parce  qu'elleest  uniquement  basee  SUP  la  difference  d'age,  et  ne 
tient  aucun  compte  de  l'age  absolu  des  conjoints. 

Pour  fixer  tTune  maniere  equitable  le  tnux  relatif  de  la  contribu- 
tion extraordinaire  a  imposer  a  un  couple,  eu  dgard  a  1'age  des 
deux  contractants,  considerons  un  officier  se  mariant  a  un  age  A.  La 
vie  moyenne,  n,  qui  lui  reste  a  cet  instant,  se  deduira  de  la  table 
generate  de  mortalite,  a  detail  t  de  table  speciale  construite  pour 
les  officiers  mari^s. 

LVjoo^weeventuelle  du  veuvage  de  la  femme  commencera  done  n 
annees  apres  1'union ,  et  la  dure'e  moyenne  du  veuvage  s'obtiendra 
en  calculant,  d'apres  1'age  actuel  A'  de  la  femme,  la  vie  moyenne, 
n',  qui  lui  reslera  dans  n  annees.  Cette  dur£e  sera  un  pen  trop 
grande,  parce  qu'on  ne  tient  pas  compte  ainsi  des  veuves  qui  se  re- 
marient ;  mais  en  la  calculant  d'apres  les  tables  generates  de  morta- 
lite, on  compensera  en  partie  1'erreur  commise  :  on  sail  en  effet  que 
la  vitalite  des  veuves  surpasse  notablement  la  vitalite  moyenne. 

En  adniettant  ce  couple  a  la  participation,  la  caisse  louche  un 
versement  S,  et  se  charge  en  me"  me  temps  de  n'  pensions  e\en- 
tuelles,  P,  dont  la  1re  est  payable  dans  n  annees;  la  °2e  dans  (u-t-l) 
annees,  et  ainsi  de  suite  :  mais  pour  simplitier  leschoses,  nous  fe- 
rons  une  hypolhese  defavorable  a  retablissement,  et  nous  suppose- 
rons  qu'il  doive  fournir  les  n'  pensions  a  1'epoque  meme  du  veu- 
vage. Le  resultat  de  cette  hypothese  est  du  reste  contre-balauce  par 
une  circonslance  dont  nous  ne  tenons  pas  compte,  parce  qu'il  serait 
impossible  de  la  traduire  numeriquement  d'une  maniere  tant  soil 
peu  exacte  :  c'est  qu'en  general,  par  suite  de  Tavancement  obtenu 
par  le  mari,  la  pension  de  la  veuve  sera  superieure  a  celle  sur  laquelle 
a  £t£  bas^  le  versement  fait  a  Fdpoque  du  mariage.  Or  la  contribu- 
tion supplementaire  que  doit  payer  I'oflicier,  lorsqu'il  obtient  un 
nouveau  grade,  s'acquitte  en  cinq  ans ,  et  rapporte  a  la  caisse  un 
interet  insigniliant,  quelquefois  m&ne  n^gatif.  Ce  dernier  cas  se 
presente  lorsque  1'oflicier  meurt  avant  d'avoir  completement  solde  le 


(59  ) 

montant  de  la  conlribulion  quinquennale.  En  negligeant  1'avance- 
inent  possible  du  mari,  nous  faisons  done  une  bypothese  favorable  a 
la  caisse  et  detruisant  en  partie  1'eiFel  de  la  premiere. 

Le  versement  S  devaut  probablement  fruclifier  pendant  n  anndes, 
avan-t  d'etre  entamg  pour  la  pension  de  la  veuve  vaut,  a  1'epoque  du 
manage,  S  (I  +r)",  en  repr&entaut  par  r  1'interet  d'un  franc;  ou 
bien  S  p",  en  faisant  1  -\-r  =p.  On  doit  done  poser 

Sp«  ==  n'P; 
d'ou 

8=2*. 
p* 

Tel  serait  le  versement  a  eifectuer  si  Ton  ne  eonside"rait  que  les 
chances  de  inort  du  mari.  Mais  la  pension  a  payer  a  la  veuve  est 
simplement  evenluelle;  et  elle  ne  sera  fournie  que  si,  an  bout  de  la 
ue  annee  du  mariage,  la  fenune  est  encore  vivante  Soil  -r  la  proba- 
bilite de  cette  survie  :  il  faudra,  dapres  la  formule  de  1'esperance 
mathematique,  multiplier  par  elle  le  second  membre  de  liquation 
precedente,  et  Ton  aura 


Pour  trouver  la  probabilite,  |,  que  la  femme  vivra  encore  n 
aunees  apres  son  mavia^e,  on  chercbera,  dans  la  table  de  mortalite", 
le  nombre  N'  de  femmes  qui  ont  1'age  A',  et  le  nombre  N  de  fem- 
mes  qui  ont  1'ftge  A'  H-  n  :  le  quotient  ^7  sera  la  probabilite  cher- 
cbee,  et  Ton  aura  enfin,  pour  exprimer  la  somme  a  payer  par  le 
couple  a  1'instant  du  mariage,  la  formule  Ires-simple 


......... 

N       pn 

(19).  Appliquons  notre  formule  au  couple  inoyen  :  pour  le  faire 
d'une  maniere  exacte  il  faudrait  connailre'la  mortalite  des  officiers 
auxdiffe>ents  ages  de  la  vie,  mais  les  documents  nous  rnanquent  pour 


etablir  cette  donnee.  II  faudrait  aussi,  a  la  rigueur,  prendre  la 
mortalite  des  femmes  dans  des  tables  construites  specialement  pour 
cette  categoric,  car  on  sail  (tableau  A)  qu'elle  est  moindre  que  la 
mortalite  ge'ne'rale.  Mais  comme  notre  but  principal  est  de  trouver 
les  valeurs  relatives  des  versements,  eu  e"gard  a  Vftge  des  dift'e'rents 
couples,  nous  pouvons,  sans  grande  erreur,  faire  usage  des  donne'es 
statistiques  generates  inserts  dans  I1  Annual  re  de  I'Observatoire 
royal  de  Bruxelles.  La  seule  reserve  que  nous  ayons  a  faire,  c'est 
que  la  valeur  absolue.  des  versements  que  nous  calculons  sera  trop 
faible,  parce  que  nous  adoptons  line  vie  probable  trop  courte  pour 
les  femmes  et  trop  longue  pour  les  homines.  En  eifet,  bien  que  la 
mortalite  des  ofliciers,  pendant  les  onze  dernieres  annees,  saccorde 
avec  la  mortalile  generale,  les  documents  que  nous  avons  recueillis 
depuis  1  792  la  font  en  general  plus  rapide. 

L'homme  Age  de  57  ans  a  encore  27  ans  de  vie  moyenne  :  done 
n  =  27. 

L'age  de  la  femme  est  de  28  ans  :  1'cpoque  probable  de  son  veil- 
vage  serait  done,  dans  notre  hypotbese,  28  H-  27  =  55  ans.  A  cet 
age  la  vie  moyenne  est  de  16  ans  ,  et  Ton  a  ri  =  16  (*). 

On  trouve  d'ailleurs  que  sur  4660  individus  de  28  ans,  il  en  reste 
2972al'agede55ans;d'oii 

N=2972,  N'  —  4660. 

Admettons  enfin  que  la  caisse  fasse  fruclifier  ses  capitaux  a  5  p.  °/o 
d'intereH  :  nous  aurons  p  —  f£.  Reportons  ces  noinbres  dans  la  for- 
niule  (25)  et  nous  obtiendrons  en  definitive 


4660      ('•/„)" 

(¥)  Le  tableau  E  (p.  52)  montre  que  la  duree  moyenne  d'un  manage  dissous  par 
la  mort  de  1'officier  ne  s'e*leve  guere  an  dela  de  21  ans  :  la  difference  de  27  a  21 
caracte"rise  en  quclque  sorte  1'exces  de  la  mortalite  de  Tofficier  beige  sur  la  mor- 
talite gene>ale.  Si  Ton  ajoute  cette  difference  de  6  ans  au  nombre  n'  =  16,  on 
obtiendra  22  ans  pour  la  dure"e  du  payement  de  la  pension  moyenne.  Nous  avons 
trouve  (p.  52),  par  line  autre  voie,  25  ans  pour  la  duree  moyenne  du  payement 
d'tine  pension. 


(  61  ) 

Ainsi  le  couple  moyen  devrait  verser,  a  Hnstant  ou  il  contracte 
mariage,  une  somme  egale  a  deux  fois  et  trois  quarts  la  valeur  de 
la  pension  dont  la  veuve  peut  £tre  appelee  a  jouir.  D'apres  les  regle- 
ments  actuels,  il  verse  imme'diatement  une  fois  la  valeur  de  cette 
pension ,  outre  pareille  contribution  a  verser  en  10  ans;  ou,  ce  qui 
revienl  au  m6me,  il  verse  imniedi a tement  1,79  fois  la  valeur  de  la 
pension :  en  diet,  une  somme  payable  en  dix  annuity's  c'qui vaut  aux  79 
centiemes  de  cette  somme  paves  immediatement.  La  difference  entre 
le  versement  que  nous  venons  de  calculer  et  celui  qu'a  admis  Forga- 
nisation  actuellede  la  caisse  e"quivaut  done  a  la  valeur  d'uneanne'ede 
pension,  soil  a  900  francs  :  mais  1'officier  marie  paye  lui-me'me 
pendant  toute  sa  vie  les  interns  de  ce  deficit  par  sa  contribution 
ordinaire;  car  on  pent  admettre  qu'il  laisse  en  moyenne  un  et  demi 
pour  cent  sur  un  traitement  de  5,000  francs,  soit  45  francs  par 
an  :  c'est  precisement  1'interet  de  900  francs  a  5  p.  °/o.  A  la  verite  la 
valeur  absolue  2,73  P  est  trop  faible  pour  le  double  motif  que  nous 
avons  signal^  prece"demment;  mais  si  Ton  a  egard  au  concours  ap- 
porte"  par  les  officiers  ce'libataires,  on  en  conclura  que  la  tontine 
e"tablie  entre  les  ofticiers  maries  pour  assurer  des  pensions  a  leurs 
veuves  s'appuierait  sur  des  bases  tres-solides ,  si  Forganisation  ac- 
tuelle  avait  etc  mise  en  vigueur  des  la  fondation  de  la  caisse,  et  si 
Ton  ne  conside>ait  que  le  mariaye  moyen. 

(20).  Si  1'organisation  de  la  caisse  des  veuves  et  orphelins  des  offi- 
ciers de  I'arme'e  beige  olfre  de  bonnes  garanties  d'existence  tant  que 
Ton  ne  considere  que  le  couple  moyen ,  il  cesse  d'en  etre  ainsi  pour  le 
couple  compose  d'un  officier  ag6  opousant  une  femrne  beaucoup  plus 
jeune  que  lui.  Les  dispositions  de  I'arrete'  royal  du  4  mai  -1842  ont 
e"gard  a  cette  difference  d'age  (voy.  Flntroduction,  p.  12)  mais  la 
gradation  qu'elles  e"tablissent  dans  Taccroissement  de  la  contribution 
extraordinaire  est  de  beaucoup  insuffisante.  L'augmentation  est  de 
1  p.  °/o  lorsque  la  femme  est  plus  jeune  que  le  mari  de  11  ans  au 
moins;  elle  augmente  proportionnellement  et  va  jusqu'a  100  p.  °/o 
lorsque  la  difference  d'Age  est  de  20  ans.  Ainsi  le  maximum  de  Tac- 
croissement  de  contribution  est  aujourd'hui  d'une  fois  la  valeur  de  la 
pension;  il  est  proportionnel  a  la  difference  des  4ges  et  s'arr6te  lors- 
que cette  difference  s'eleve  a  20  ans.  Notre  formule  (25)  montre 


(  62  ) 

comment  cette  gradation  doit  etre  modifie'e.  Nous  1'avons  employee 
a  calculer,  dansle  tableau  suivanl,  les  valeurs  relatives  des  sommes 
que  devrait  verser  un  couple,  a  I'instant  de  son  union,  eu  6gard  a 
1'ikge  absolu  des  deux  parties  contractantes. 

Tableau  JK. 


AC3J-: 

DE  i/goMME. 

AGK 

DE  LA   1'KAIME. 

SOMMES   A   PAYER. 

VALIURS   ABSOLVES.      '     VALKVRI  RII.ATIVCK. 

37  ans  .  .  . 

28  ans. 

2,73  P 

1,00 

15     « 

2,88 

1,05 

50    •>     ... 

20     « 

2,41 

0,88 

25     » 

1,84 

0,67 

30     « 

1,47 

0,54 

20     » 

4,17 

1,53 

40    »     ... 

30     « 

3,06 

1,12 

40    « 

1,48 

0,54 

/      fa? 

7,37 

2,70 

50  ;  ...    30  * 

5,46 

2,00 

40     . 

3,51 

1,28 

50     » 

1,61 

0,59 

20     » 

12,05 

4,41 

30    » 

9,57 

3,50 

60    »     ... 

40    » 

6,62 

2,42 

50     » 

3,82 

1,40 

60    » 

1,63 

0,60 

20       n 

19,02 

6,96 

30     « 

15,52 

5,68 

70   »     ... 

40     « 

11,92 

4,36 

50     « 

7,66                   2,80 

60     * 

4,11 

1,50 

70     * 

1,46 

0,53 

(  63  ) 

La  3e  colonne  de  ce  tableau  prtfsenle  les  sommes  que  devrait  ver- 
ser  chaque  couple  a  I 'instant  du  manage,  si  la  caisse  n'avait  d'autres 
ressources  que  les  contributions  extraordinaires  apporte"es  par  les 
ofliciers  maries.  La  lellre  P  y  exprime  la  valeur  d'tine  ann£e  de  la 
pension  dont  la  veuve  peut  6lre  appel^e  a  jouir,  par  suite  du  grade 
que  possedele  mari  a  I'instant  du  mariage. 

Dans  la  4e  colonne  on  a  pris  pour  unitdi  la  contribution  du  couple 
moyen,  compost  d'un  homme  de  37  ans  et  d'une  femrne  de  28.  Si, 
comme  nous  croyons  convenable  de  le  faire,  on  conserve  pour  ce 
couple  la  contribution  actuellement  etablie ,  savoir  une  anne"e  de 
pension  vers^e  imm&liatement,  et  une  anne"e  de  pension  acquitted  en 
iO  ans,  on  voit  qu'un  homme  de  50  ans  4pousant  une  femme  de  30 
devrait  laisser  deux  fois  plus,  ou  deux  ann£es  de  pension  payees  a 
l^poque  du  mariage,  plus  deux  ann£es  de  pension  payees  en  10  ans. 
De  m6me,  un  homme  de  60  ans  6pousant  une  femme  de  20  devrait 
etre  impose  de  qualre  fois  et  demie  la  contribution  moyenne,  et 
ainsi  de  suite. 


FIIN. 


ANTIQUITES  DU  DROIT  BELGE. 


NOTICE 


SINT-PEETERSMANNEN 


ou 


HOMMES  DE  ST-PIERRE  DE  LOUVAIN ; 


VVOCAT  A  BRUXELLES. 


( Pr&ente  a  la  seance  du  7  novembre  1853. ) 


APP.  BULL.  1833-1854. 


ANTIPTES  DU  DROIT  BELGE. 


NOTICE 


SINT-PEETERSMANNEN 


HOMMES  DE  ST-PIERRE  DE  LOUVAIN. 


1.  Traditions.  Opinions  diverses.  —  II.  Les  hommes  dc  S»-Pierre,  de  Sl-Martin  , 
de  St-Germain,  etc.  —  III.  Les  families  des  abbayes  et  des  eglises.  —  IV.  Sta- 
tuts  de  la  famille  de  Sl-Pierre  de  Worms.  —  V.  Origine  des  Peeler smannen.  — 
VI.  Leurs  privileges.  —  VII.  Deux  categories  de  Peeter  smannen.  — VIII.  Preuve 
de  la  qualite.  —  IX.  Droits  civiques.  —  X.  Juridiction.  —  XI.  Exemption  des 
tailles  et  impels.  —  XII.  Exemption  des  peages  et  tonlieux.  — XIII.  Analyse  et 
explication  des  privileges  ci-dessus.  —  APPKNDICE. 


I.  Les  traditions  populaires  sur  1'origine  des  hommes 
de  Sl-Pierre  vont  fort  loin.  Elles  ont  ete  recueillies  et 
racontees  par  DivaBus,  par  Juste -Lipse,  par  Gramaye, 
par  Boonen,  etc.,  sans  cependant  qu'aucun  de  ces  histo- 


(68) 

riens  y  ait  eu  une  foi  naive  (1).  Nous  transcrivons  ici  les 
dates  principales  auxquelles  se  rattachent  ces  croyances, 
qui  planent  confusement  sur  trois  siecles;  ce  sont  les 
annees  1012,  1013,  1213,  1278,  signalees  par  de  rudes 
faits  d'armes  auxquels  les  gens  de  Louvain  auraient  pris 
la  meilleure  part  :  la  defense  de  Louvain,  assiege  par 
Godefroid  d'Ardennes,  due  de  Lothier;  la  defaite  des  Lie- 
geois  a  Hougaerde;  la  bataille  de  Montenaeken  ou,  vaincu, 
le  due  de  Brabant  n'aurait  echappe  a  la  mort  que  par  le 
courage  des  milices  de  Louvain,  de  Lierre,  de  Santhoven, 
qui  combattaient  vaillamment,  rangees  autour  de  la  ban- 
niere  de  S'-Pierre.  Pour  reconnaitre  ces  grands  services, 
le  prince  aurait  honore  ses  sauveurs  du  nom  de  Sint-Pee- 
tersmannen,  en  leur  accordant  des  privileges  transmissi- 
bles  a  leur  posterite  (2).  On  voit  qu'en  presence  de  ces 
recits  divergents,  il  serait  difficile  d'indiquer  Tevenement 
qui  doit  etre  considere  comme  la  veritable  source  des 
croyances  repandues  dans  le  peuple. 

L'histoire  et  la  fable  sont  melees  dans  ces  traditions 
genereuses,  qui  ne  mettent  en  relief  que  de  belles  ac- 
tions et  des  vertus  railitaires.  Gramaye  en  avail  deja  fait 


(1)  Divseus,  Annal.j  p.  4  et  8.  —  Her.  Lovan.,  lib.  5,  c.  2. 

Juste-Lipse,  Lovanium ,  II,  c.  4. 

Gramaye,  Antiq.  Brabant.  Lovanium,  p.  11.  Get  auteur  incline  a  consi- 
derer  ces  traditions  comme  suspectes  :  Ego  antiquius  aliquid  videor  mihi 
odorari  et  manuducor  ad  credendum ,  et  familias  illas  antiquiores  et 
earum  privilegia,  imo  ex  alio  fonte  hoc  hominum  genus  esse. 

G.  Boonen,  Jntiquitates  Lovanienses ,  MS.,  t.  II,  p.  497-624.  —  Hct 
boeck  van  de  Sincte-Peetersmannen  van  Loven,  MS.,  p.  66-80. 

Goropius  Becanus,  Origines  4ntwerpianae ,  lib.  I,  p.  43.  —  Staes, 
Wekelyks  nieuws  uyt  Loven ,  XI ,  373 ,  et  XII ,  53  , 285 ,  317. 

•(2)  Parival,  Louvam,  liv.  2,  chap.  4. 


(69) 

la  remarque  :  Occasio  imo  causa  omnibus  eadem  virtus. 

De  meme  que  Ton  ne  sail  comment  et  pourquoi  s'est 
formee  la  famille  des  hommes  cie  S'-Pierre,  de  meme  on 
ignore  son  histoire,  et  Ton  n'a  pu  jusqu'ici  se  rendre  un 
compte  exact  de  son  role  dans  les  institutions  nationales. 
Parival,  qui  ecrivait  en  1667  et  qui  n'a  fait,  dans  son 
histoire  de  Louvain,  que  reproduire  les  opinions  de  Juste- 
Lipse,  s'exprime  ainsi  :  «  Les  Petermans  furent  autrefois 
»  plus  celebres  qu'ils  ne  sont  a  present ,  et  les  patrices 
»  furent  compris  sous  cet  honneur,  mais  non  tous  les 
»  Petermans  sous  celui  de  patrices.  Ces  Petermans ,  dont 
»  le  norn  n'est  pas  encore  eteint ,  n'ont  presque  plus  de 
»  droits,  ou  ils  sont  sans  mentir  fort  languissants  (1) , 
»  et  combien  que  le  prince  jure,  selon  la  forme  ancienne, 
»  de  maintenir  les  droits  des  eglises  et  des  hommes  qui 
»  sont  de  la  famille  de  Sl- Pierre  a  Louvain,  cela  se  fait 
»  par  accoutumance ,  et  i'effet  est  hors  de  pratique  (2).  » 

Les  memes  idees  sont  repetees  dans  la  Jurisprudence 
heroique  de  Christyn  (5).  Depape  garde  le  silence  dans  son 
commentaire  sur  la  Joyeuse-Enlree ,  et  son  annotateur 
Wynants  avoue  franchement  ses  incertitudes.  «  On  ne 
»  sait  pas  au  juste,  dit-il ,  quels  ont  ete  les  droits  et  les 
»  privileges  des  Peetermans  (4).  » 

Butkens  ne  parle  qu'en  passant  des  «  grands  privileges 
et  des  droits  des  Peetermans  par  tout  le  Brabant  (5).  » 

De  nouveaux  mecomptes  nous  atlendent  si  nous  recou- 

(1)  Petermannorum  nomen  vivit ,  jura  extincta ,  aut  certe  languida 
suntf  etc.  Juste-Lipse,  Lovan.,  loc.  cit. 

(2)  Parival ,  ibid. 

(3)  Jurisp.  hero'ica,  p.  59-61 . 

(4)  Sur  Tart.  31 . 

(5)  Trophies  dc  Brabant,  II,  p.  15.  Louvain. 


(70) 

rons  aux  auteurs  modernes.  Ou  leurs  vues  sont  embarras- 
sees  et  leurs  inductions  peu  salisfaisantes,  ou  lesdiflicultes 
ne  sont  pas  abordees.  Un  des  articles  des  Joyeuses-Entre'es 
des  dues  de  Brabant  ordonnait  que  Ton  traitat  «  les 
»  Sl-Peetersmannen  et  ceux  qui  sont  de  1'hommage  de 
»  S'-Pierre  comme  de  droit  Ton  est  tenu  de  les  trailer  et 
»  tenir.  »  M.  Faider  reconnait,  dans  ses  etudes  sur  les 
constitutions  nationales,  que  cet  article  exige,  pour  etre 
compris,  quelques  explications.  II  est  done  regrettable  que 
M.  Faider  n'ait  fait  que  consulter  c,a  et  la,  en  se  referant 
aux  documents  publics  dans  les  Bulletins  de  la  Commission 
d'histoire,  ainsi  qu'aux  ecrits  de  Loovens  (1). 

M.  Piot  a  inlerroge  d'assez  nombreux  materiaux.  A  ses 
yeux,  les  Peetersmannen  ont  ete  originairement  des  ma- 
nants  du  comte,  des  serfs  payant  le  tribut,  demeurant  dans 
ses  mansiones  comprises  dans  1'etendue  de  la  paroisse  de 
Sl-Pierre. 

Les  Peetermans,  dit  M.  Piot,  ont  ete  affranchis,  de 
1'aveu  de  tout  le  monde,  par  le  due  Henri  Ier;  cependant, 
ajoute-t-il ,  on  ne  peut  affirmer  que  ce  soit  ce  prince  qui 
les  ait  debarrasses  du  servage.  En  qualite  d'hommes  libres, 
ils  devaienl  jouir  de  certains  privileges,  qui  tous  ont  ete 
brules  pendant  la  revoke  de  Conthereel. 

Quels  sont  ces  privileges?  M.  Piot  tente  de  les  ressus- 
citer.  D'abord,  Texemption  de  toutes  tailles  et  exactions; 
ensuite  le  droit  de  n'etre  juge's  que  par  leurs  pairs.  De 
leur  assimilation  aux  riches  proprietaires ,  il  est  advenu 
que  les  patriciens  de  Louvairi  ont  aussi  rec,u  le  nom  de 
Peetermans,  avec  cette  difference  que  les  patriciens  ont  ele 


(1)  Etudes  sur  les  constttut.  nationales,  p.  52. 


(71  ) 

appeles  Peetermans  van  de  geslachte,  et  les  aulres  buy  ten 
S'-Peelermans.  Ces  distinctions  se  sont  eff'acees  avec  le 
temps  (1). 

II  y  a  dans  cette  opinion ,  appuyee  d'ailleurs  sur  une 
erudition  sincere,  des  fails  qui  laissent  trop  de  place  aux 
solutions  par  voie  d'hypolhese.  Nous  verrons  lantot  jus- 
qu'a  quel  point  elle  concorde  avec  les  textes  qui  seront 
invoques. 

D'apres  M.  Defacqz,  les  hommes  de  S'-Pierre  elaienl  les 
individus,  nesen  Brabant,  qui  appartenaient  a  Tune  des 
sept  families  de  Louvain  designees  sous  le  norn  de  lignees 
ou  families  patriciennes.  Us  formaient  une  caste  qui,  sans 
appartenir  a  la  noblesse,  avait  des  privileges  qui  les  dis- 
tinguaient  de  la  roture  et  en  faisaient  une  classe,  pour 
ainsi  dire,  intermediaire.  Ils  etaient  en  possession  de  four- 
nir  la  majeure  partie  des  echevins,  conseillers  municipaux 
et  doyens  de  la  draperie.  Ils  etaient  en  outre  juges  les  uns 
des  autres  dans  toutes  les  affaires  non  reelles,  et  avaient 
le  droit  de  demander  le  renvoi  devant  leur  tribunal  parti- 
culier,  dont  le  siege  etait  a  Louvain. 

Ceux  qui  reclamaient  le  litre  d'hommes  de  Sl-Pierre 
devaient  jurer,  entre  autres  choses,  qu'ils  etaient  vry  mes- 
seniers  mannen  des  hertoge  van  Brabant  ende  tot  den  vryen 

huysgesinne  desselfs  hertoge  behoorende Les  messe- 

niers  etaient  les  descendants  de  serfs  anciennement  affran- 
chis  que  le  prince  ou  le  seigneur  avait,  en  les emanci pant, 
allaches  a  son  service  ou  a  sa  maison,  el  qu'il  avait  grati- 
fies d'exemptions  et  de  privileges  divers  (2). 


(!)  Histoire  de  Louvain,  p.  125-125. 
(2)  Ancien  droit  beltjiquv,  p.  248  ,  240 


(  72) 

M.  Alphonse  Wauters  clot  la  liste  des  ecrivains  mo- 
dernes  que  nous  avons  a  citer.  Sa  remarquable  histoire 
des  environs  de  Bruxelles  s'edite  en  meme  temps  que  Pou- 
vrage  de  M.  Defacqz,  mais  M.  Wauters  n'a  pas  la  meme 
maniere  de  voir.  Nous  ne  faisons  que  transcrire. 

«  On  ne  salt  rien  de  1'origine  d'une  institution  qui  te- 
»  moigne  de  1'habilete  administrative  des  comtes  de  Lou- 
D  vain  :  je  veux  parler  des  Peetermannen  ou  hommes  de 
»  Sl-Pierre  (hommes  Sancti  Petri),  nom  sous  lequel  on 
»  cornprenait  une  multitude  de  personnes  de  condition 
»  libre,  assujetlies  a  payer  un  cens  a  1'eglise  de  Louvain; 
»  elles  avaient  droit  a  la  protection  speciale  des  dues,  a 
»  qui  elles  formaient  en  quelque  sorte  une  milice  de- 
»  vouee  (1).  » 

II.  Cherchons  a  notre  tour  a  reconnaitre  les  vestiges  de 
nos  vieilles  moeurs.  Attachons-nous  aux  debris  d'un  etat 
social  dont  tant  de  siecles  nous  separent,  comme  pour 
1'etudier  dans  un  de  ses  elements  les  plus  ignores. 

Les  possessions  considerables  des  communautes  reli- 
gieuses  leur  avaient  fait,  au  moyen  age,  une  grande  situa- 
tion aristocratique.  Les  chefs  des  monasteres  etaient  de 
veritables  seigneurs  fonciers  auxquels  la  propriete  de  la 
terre  avait  donne  une  bonne  part  du  domaine  du  monde, 
et  les  monasteres  memes,  comme  1'a  dit  un  illustre  auteur, 
etaient  des  forteresses  ou  s'abritait  la  civilisation  et  ou  le 
faible  cherchait  un  refuge. 

Les  officiers,  les  pretres,  les  vassaux,  les  hommes  libres, 
les  feudataires,  les  colons,  les  vilains,  les  serfs,  1'entou- 


(1)  ffist.  des  environs  de  Bruxelles ,  t.  II,  p.  159. 


(75) 

rage,  la  domesticite  de  1'abbaye  composaient  sa  famille, 
ou,  si  Ton  veut,  la  famille  du  saint  auquel  1'abbaye  etait 
consacree. 

On  trouve  dans  quelques  documents  le  nombreux  per- 
sonnel des  monasteres  range  sous  trois  categories  :  la  fa- 
mille ministerielle  ou  militaire;  la  famille  censitaire;  la 
famille  servile  ou  des  serfs  (1). 

Toute  cette  population  jouissait  de  la  protection  de  1'E- 
glise  et  participait,  en  certains  points,  a  ses  immunites. 

Les  individus  ainsi  groupes  et  dependants  de  1'eglise  ou 
de  1'abbaye ,  devenaient  necessairement  ses  hommes.  Leur 
designation  particuliere  etait  empruntee  au  nom  du  saint 
sous  le  patronage  duquel  la  communaute  religieuse  etait 
placee.  (Test  ainsi  qu'il  y  eut  des  hommes  deS'-Pierre, 
des  hommes  de  Sl- Germain,  de  S'- Martin,  de  S*-Ba- 
von,  de  Sl-Eloi,  de  S'-Hubert ,  etc.  (2). 


(1)  Tres  curtes...  in  jus  et  dominium  sanctae  Dei  genetricis  Mariae  et 
cpiscopi  Argentimnsis  transfuderunt...  His  curtibus  subjecta  familia 
trifarie  secernitur.  Prima  ministerialis,  quae  etiam  militarts  recta  dici- 
tur...  Secunda  vero  censualis...  tertia  servilis.  Sed  tamen  omnes  sub  domi- 
nio  episcopi.  (Martene  et  Durand,  Thesaurus  anecdot.  Ill,  p.  1128.) 

Curtis  dominica  cum  omnibus  appenditiis  suis }  ecclesia  matrice  cum 
decimis  suis }  mansus...agri,  familia  ministerialis }  servilis  et  censualis. 
Ibid.,  p.  1 131.  (Voy.  Ducange,  Gloss.,  v°  FAMIIU.) 

(2)  «  Les  hommes  et  les  femmes  de  S'-Pierre  de  Lobbes,  manans  en  toute 
le  conte  de  Haynnau....  «  (Record  c?e!260,  etc.  Chroniq.  beiges.  Namur, 
Hainaut  et  Luxembourg,  I,  p.  361.) 

«  Homines  Su  Eligii «  (Charta  Balduini,  Polyptique  d'Irminon, 

append.,  p.  358.) 

«  Homines  Su  Huberti....  «  ( Cantatorium ,  Sli  ffuberti,  n°  28.  Chro- 
niques  beiges.  Luxembourg ,  III. ) 

Matthaeus,  de  Nobilitate,  p.  1084,  cite  encore  les  hommes  de  S^Robert 
a  Salzbourg,  les  hommes  de  S'-Aelbrecht  en  Hollande,  les  hommes  dc 
S'-Ebrulf  en  Normandie. 


(  74) 

Le  lien  qui  les  rattachait  au  monaslere  etait  ou  un  lien 
religieux,  ou  un  lien  de  droit  de  nature  purement  feodale, 
justiciere  ou  patrimoniale.  Par  1'effet  de  la  convention  qui 
regissait  le  fief,  le  beneficiaire,  le  feudataire  et  le  censi- 
taire  e'taient  tenus,  en  qualite  de  vassaux ,  de  remplir  cer- 
tains engagements  envers  leur  suzerain.  Par  I'effet  des 
principes  qui  regissaient  le  territoire  justicier,  les  colons, 
les  manants,  les  vilains  coukans  el  levans  etaient  soumis  a 
la  juridiction  du  seigneur  et  aux  redevances  justicieres. 
Enfm,  par  I'effet  du  droit  de  propriete,  le  serf  etait  au 
pouvoir  de  son  maitre. 

Sou  vent  ces  trois  titres  de  suzerain ,  de  justicier  et  de 
mailre  etaient  reunis  sur  la  tete  du  premier  dignitaire  de 
1'abbaye,  seigneur  des  hommes  de  son  monastere. 

On  voit  par  ce  qui  precede  que  la  qualification  ft  homme 
ne  donne  1'idee  exacte  ni  de  la  situation  exterieure  des  in- 
dividus  qui  relevaient  du  monastere,  ni  de  leurs  droits, 
ni  de  leurs  obligations.  Le  mot  homme  laisse  ignorer  la 
place  qu'occupait  la  personnedans  1'ordre  social.  La  posi- 
tion du  vassal  homme  de  SMPierre  n'est  pas  celle  de 
Thomme  de  SMPierre,  tributaire  ou  colon.  Les  impositions 
different  egalement.  La  charge  du  service  militaire  qui 
pese  sur  les  uns  n'a  rien  de  commun  avec  les  charrois, 
les  jours  de  labour,  les  corvees  de  toute  espece,  auxquels 
les  autres  sont  astreints.  Les  redevances  reelles  levees  sur 
certaines  tenures  ne  peuvent  pas  etre  confondues  avec  les 
prestations  personnelles.  Et  cependant  il  arrive  que  les 
memes  services,  les  mernes  cens  sont  dus  par  des  gens  de 
condition  differente,  par  1'homme  libre,  par  le  tenancier, 
par  le  feudataire,  par  le  serf,  qui  lous  sont  hommes  de 
Pabbaye. 

Occupons-nous  done  de  demeler  la  signification  de  ce 


(75) 

mot,  qui  couvrc  des  situations  sociales  el  des  obligations 
aussi  inegales  que  diverses. 

Ainsi  que  1'a  dit  Guerard,  dans  les  savants  prolegomenes 
qui  precedent  le  polyptique  d'Irminon ,  le  nom  d'homo 
sert  a  designer  nori  un  etat  originel  et  permanent,  mais 
une  condition  accidentelle  ou  variable  qui  se  rapporte  a  la 
dependance  actuelle  de  la  personne.  Quelqu'un  est-il  ap- 
pele  homme  de  Sl-Germain ,  cela  ne  veut  pas  dire  qu'il 
soil  de  condition  Hbre  ou  servile,  mais  signih'era  seule- 
mentque  saint  Germain,  ou  plulot  1'abbe  de  ce  monaslere, 
est  ou  son  maitre  ou  son  seigneur  (1). 

Le  texte  du  Polyptique  offre  les  preuves  les  plus  puis- 
sanles  de  ces  fails  : 

Godoardus  LIBER  et  ejus  uxor  COLONA,  homines  sancti 
Germani,  tenet  de  terra  arabiti  bunuaria  I  111....  (XVI,  88, 
p.  189). 

Amatgis  COLONUS  et  uxor  ejus  LIBERA,  nomine  Ardelindis, 
homines  sancti  Germani....  (XVIII,  6,  p.  197). 

Ermoinus  COLONUS  et  uxor  ejus  LIBERA,  nomine  Alda, 
homines  sancti  Germani....  (XIX,  12,  p.  201). 

Aldingus  PRESBYTER,  homo  sancti  Germani,  manet  in 
Bisconcella  (XXIV,  50,  p.  249). 

Gislevoldus  SERVUS  et  uxor  ejus  COLONA  Adalindis,  ho- 
mines sancti  Germani  (XXIV,  59,  p.  251,  etc.). 

Ces  passages,  d'un  des  monuments  les  plus  precieux  que 
1'erudition  moderne  ait  exhumes,  ne  laisse  aucune  prise 
au  doute.  L'homme  et  la  femme  libres,  le  colon,  la  co- 
lone,  le  pretre,  le  serf,  la  serve  y  sonl  declares  hommes 
de  S^Germain. 


(1 )  Polyptique  d'Irminon,  t.  I ,  p.  421 . 


(76) 

A  cette  epoque,  la  vie  sociale  etait  fort  pesante  pour  le 
plus  grand  nombre  el  meme  pour  I'homme  libre,  car  la 
liberte  n'excluait  pas  1'engagement  des  personnes  et  cles 
proprietes  au  service  d'un  chef  on  d'un  patron.  La  qualite 
meme  de  rachimbourg  on  d'ariman  n'avait  rien  d'incom- 
patible  avec  la  dependance  feodale  (1).  Comme  on  1'a  re- 
marque  avec  raison,  les  eveques,  les  abbes,  les  dues,  les 
comtes,  les  grands  feudataires  etaient  les  homines  du  roi 
aussi  bien  que  les  gens  de  son  palais  et  de  ses  domaines, 
fiscalini,  homines  regii  (2).  Des  diplomes  d'avoueries  quali- 
fient  1'avoue  de  la  meme  maniere  :  homo  ftdelis  ecclesiae  (5). 
Et  dans  une  donation  du  XIIme  siecle,  le  comte  de  Namur 
fait  mention  de  ses  homines  nobiles,  familiares ,  servientes 
et  burgenses  (4). 

La  simple  qualification  tfhomme  n'implique  done  par 
elle-meme  aucune  idee  absolue  de  liberte  ou  de  servage. 
Elle  accuse  seulement  1'existence  de  relations  de  depen- 
dance personnelle  dont  la  nature  varie  selon  que  ces  rela- 
tions ont  pris  naissance  dans  le  fief,  dans  la  justice,  dans 
la  recommandation  ou  dans  la  patrimonialite. 

Si  les  faits  qui  viennent  d'etre  exposes  ne  sont  ni  arbi- 
traires  ni  factices,  ils  permettent  deja  de  soulever  un  coin 
du  voile  qui  couvre  Tinstitution  des  Peetersmannen,  ils 
laissent  entrevoir  sa  raison  d'etre.  Mais  pour  refaire  le 
passe  d'une  fa^on  satisfaisante,  il  est  indispensable  de  pe- 
netrer  intimement  dans  la  constitution  de  la  famille  des 
abbayes  ou  des  eglises,  de  I'etudier  separement. 


(1)  Savigny,  Hist,  du  dr.  ro-main,  I,  p.  160. 

(2)  Guerard ,  Polyptiq.,  loco  cit. 

(3)  Dipl.de  1248.  Sl  Genois,  Avoueries,  p.  224. 

(4)  Dipl.de  1163.  Chroniq.  beiges;  Char  trier  de  Namur.  p.  127. 


(77) 

III.  Dans  les  temps  barbares,  pendant  que  la  construc- 
tion (Tune  eglise  ou  d'une  abbaye  s'acheve  et  que  la  com- 
munaule  religieuse  se  conslitue,  la  famille  se  forme  et 
1'entoure.  L'accroissement  de  cette  famille  laique  se  pro- 
portionne  aux  ressources  et  aux  richesses  de  la  commu- 
naute.  Lorsque  1'Eglise  possede  des  villes,  des  villages,  des 
terres  considerables,  qu'en  un  mot,  elle  est  devenue  une 
souverainete ,  un  petit  Etat,  on  voit  les  elements  de  la 
famille  se  fondre  en  une  societe  reguliere,  a  laquelle  sont 
donnes  des  lois,  des  garanties,  des  privileges.  On  regie  les 
devoirs  de  cette  societe  d'une  maniere  speciale;  ses  mem- 
bres  jouissent  entre  eux  de  droits  particuliers. 

Les  statuts  des  minisleriels  de  Teglise  de  Sl-Pierre,  a 
Cologne,  qui  ont  ete  rediges  au  XIP  siecle,  quoiqu'ils  re- 
montent  beaucoup  plushaut  (1),  offrent  quelques-uns  des 
caracteres  que  nous  signalons.  Ilsne  sebornent  pas  a  de- 
terminer, avec  precision ,  les  rapports  des  ministeriels  avec 
1'eveque  en  ce  qui  concerne  la  defense  du  territoire,  les 
obligations  attachees  a  leur  office,  qui  semble  principale- 
ment  militaire,  la  renonciation  au  service  de  1'eveche;  ils 
contiennent  encore  des  dispositions  sur  la  propriete  des 
charges,  sur  le  duel,  sur  la  juridiction ,  lesquelles  demon- 
trent  que  les  ministeriels  de  Sl-Pierre,  qui  comptaient  des 
seigneurs  parmi  eux ,  constituaient  une  corporation  etablie 
dans  la  famille  meme  de  1'eveche  (2). 

IV.  L'union  politique  et  civile  de  la  communaule  est 
tout  a  fait  saisissante  dans  un  monument  legislatif  dont  on 


(1)  Jura....  ab  antique  ordinata. 

(2)  Jura  mmislerialium  beati  Petri.  Walter,    Corpus  juris  Germ, 
q.f  t.  I ,  p.  799. 


(78) 

fixe  la  date  a  Tan  1024  environ.  Nous  voulons  parlor  des 
lois  et  des  statuts  de  la  famille  de  Sl-Pierre,  a  Worms, 
decretes  par  1'eveque  Burchard.  Traduisons  d'abord  le 
preambule  (1)  : 

«  Au  nom  de  la  Trinite  sainte  et  indivisible,  moi  Bur- 
»  chard,  eveque  de  Teglise  de  Worms,  louche  des  plaintes 
»  incessantes  des  pauvres  gens,  et  voulant  mettre  un 
»  terme  a  1'apre  oppression  et  aux  embiiches  de  ceux  qui 
»  dechirent,a  la  maniere  des  betes  (more  canino),  la 
»  famille  de  Sl-Pierre ,  j'ai ,  par  le  conseil  du  clerge,  de 
»  la  noblesse  et  de  la  famille  entiere ,  fait  ecrire  ces  lois 
»  qui  lieront  le  riche  comme  le  pauvre,  et  empecheront 
»  de  nouvelles  exactions.  » 

Voila  done  le  droit  common  de  la  famille,  decrete,  d'un 
accord  unanime ,  comme  un  remede  aux  desordres  de  ces 
temps  si  durs,  comme  une  defense  des  malheureux  contre 
des  abus  intolerables.  C'est  un  premier  passage  de  Tasser- 
vissement  a  la  franchise  que  ces  stipulations  ecrites,  quel- 
queincompletes  qu'elles  soient.Surtrente-deux  articles  que 
contiennent  les  statuts  de  Worms,  neuf  sont  consacres  au 
reglement  des  biens,  a  Tacquisition,  a  la  transmission  de  la 
propriete.  En  cas  de  predeces  du  mari ,  la  femme  jouira  du 
douaire  viager  donne  par  celui-ci  (dos);  si  elle  meurt  sans 
enfants  males,  les  heritiers  du  mari  reclameront  le  douaire, 
si  elle  laisse  des  enfants,  son  apport  passera  a  ces  derniers, 
et,  a  leur  defaut,  a  ses  heritiers.  La  masse  commune  des 
acquets  appartiendra  au  survivant  des  epoux  (2). 

Les  droits  eventuels  de  la  parente  sur  la  succession  sont 


(1)  Walter,  »6i'd.,  t.  Ill ,  p.  "75. 

(2)  Art.  lcr. 


(  79) 

soigneusement  garantis.  Si  quelqu'un,  tombe  dans  la  pau- 
vrete,  vent  aliener  son  patrimoine,  qu'il  donne  d'abord  la 
preference,  sur  tout  autre,  a  ses  successibles  les  pins  pro- 
ches.  Sur  le  refus  de  ces  derniers,  qu'il  vende  son  bien  a 
qui  il  veut  (1). 

Le  patrimoine  a-t-il  etc  aliene  sans  offre  prealable  de 
preemption  aux  lignagers,  la  vente  demeurera  neanmoins 
inattaquable,  si  ceux-ci  n'y  forment  aucune  opposition  , 
on  si,  absents  au  moment  de  la  tradition,  ils  laissent,  apres 
Tavoir  connue,  ecouler  an  et  jour  sans  reclaimer  (2). 

Celui  qui,  malade,  ne  sait  plus  ni  chevaucher  ni  se 
tenir  debout,  n'a  la  faculte  de  disposer  d'une  partie  de  ses 
propres  que  pour  le  salut  de  son  ame  (5). 

La  succession  en  ligne  directe  se  partage  com  me  suit 
entre  un  fils  et  une  fille  :  la  lerre  servile  echoit  au  fils, 
les  vetements  maternels  et  I'argent  a  la  fille;  le  reste  se 
divise  par  moilie  (4). 

Toutes  ces  stipulations  se  ratiachent  evidemment  aux 
lois  barbares.  On  les  prend  a  leur  berceau  dans  la  loi  des 
Ripuaires,  des  Bavarois,  des  Bourguignons ,  des  Alle- 
mands  (5). 

Les  autres  articles  des  staluts  concernent  Tetat  des  per- 
son nes,  les  mefaits,  les  violences,  les  mesns,  les  compo- 
sitions, les  amendes  au  profit  du  ban  episcopal ,  le  combat 
jndiciaire,  les  plaids,  1'indemnitedue  a  I'eveque  en  casdc 
formariage,  etc.  Quelques  dispositions  saillantes  s'occu- 


(1)  Art.  2. 

(2)  Art.  6. 

(3)  Art.  11. 

(4)  Art.  10. 

(5)  Klimralh,  Hist,  du  droit  public  et  price,  1. 1,  p.  354. 


(80) 

pent  avec  sollicitude  des  moyens  de  reprimer  les  parjures, 
lesquels  paraissent  frequents.  D'autres  sont  redigees  dans 
1'interet  des  fiscalins,  d'autres  enfm  punissent  avec  une 
grande  energie  les  meurtres  qui  se  commettent  presque 
chaque  jour,  sans  motif,  dans  la  famille  de  Sl-Pierre.  On 
lit  dans  1'art.  30  que  trente-cinq  serfs  de  1'Eglise  avaient 
ete  tues  dans  le  cours  d'une  annee,  et  que  leurs  meurlriers 
avaient  1'insolence  de  se  vanter  de  les  avoir  frappes.  . 

Les  statuts  de  Worms  ont  un  caractere  eminemment 
legislatif.  La  formule  en  est  severe,  imperative  :  lex  aril, 
jus  erit  familiae,  concivibus Telle  sera  la  loi  de  la  fa- 
mille. C'est  ainsi  que  debute  chaque  article. 

Quelle  est  cette  famille  de  S'-Pierre  ainsi  placee  sous 
Tempire  de  ces  statuts  remarquables  qui  s'appliquent  ega- 
lement  au  puissant ,  au  clerc,  au  vassal ,  au  soldat ,  au  serf, 
en  un  mot  aux  diverses  classes  de  la  cite  ?  11  est  mani- 
fesle  que  cette  famille  n'est  que  la  reunion  des  citoyens 
ou  des  habitants  de  la  ville  de  Worms ,  possedee  par  1'eve- 
que,  qui  en  etait  le  seigneur  et  qui  y  exerc,ait  les  droits  de 
la  souverainete  et  de  la  juridiction  (1).  Ces  habitants  sont 
les  hommes  de  S'-Pierre. 

Le  fait  que  nous  decrivons  se  retrouve  dans  ies  institu- 
tions d'une  des  plus  vieilles  villes  de  la  Hollande ,  qui  fut 
aussi  le  siege  d'un  eveche.  On  lit  dans  un  ancien  statut  local 
d'Ulrecht,  que  tout  bourgeois  est  homme  de  S*-Martin  (2) ; 
et  dans  le  §  43  de  la  coutume ,  que  tous  nobles  ,  tons  horn- 


(1)  Ipsis  episcopis  competit  jurisdictio  omnimoda,  et  supremum  domi- 
nium  in  cives  et  civitatem.  Schannat ,  Ifistor.  episcop.  fformatiensis }  I , 
p.  334  et  Tindex. 

(2)  Een  borger  t'  Utrecht  is  Sinte  Marty ns  dienstman,  etc.Malthaeus, 
de  Nobilitate,?.  1086. 


(81  ) 

mes  de  lief  de  1'eveche  d'Utrecht,  ainsi  que  tous  bourgeois 
de  naissance,  appeles  depuis  des  temps  recules  hommes 
deS'-Martin,  ont  la  faculte  de  chasser ,  etc.  (1). 

L'eglise  principale  d'Utrecht  avail  ete  dediee  a  saint 
Martin,  que  la  ville  entiere,  dit  Mattliaeus,  invoquait 
comme  son  prolecteur.  Devota  divo  urbs ,  devoti  cives  uni- 
versi.  Personne  n'aurait  voulu  se  soustraire  a  1'autorite  du 
saint;  chacun  tenait  a  honneur  d'appartenir  a  sa  grande 
famille,  honos  id  non  onus,  nee  civi  indecorum. 

Mattha3us  n'a  vti  dans  la  denomination  des  hommes  de 
S'-Martin  et  de  S'-Pierre  qu'un  simple  resultat  des  idees 
religieuses;  il  n'a  pas  vu  qu'elle  cachait  autre  chose  qu'un 
lien  de  religion.  Son  erreur  s'explique  sans  peine  :  il  n'a 
pas  pris  i'homme  de  SVMartin  a  son  commencement,  il  ne 
1'a  considere  qu'au  moment  ou  e'en  e'tait  deja  fait  de  1'insti- 
tution,  qui  n'e'tait  plus  un  corps,  maisune  ombre,  au  mo- 
ment ou  le  bourgeois  d'Utrecht  n'avait  plus  rien  de  com- 
mun  avec  I'eglise  qu'une  qualification  desormais  sans  but. 

On  peut  suivre  dans  plusieurs  villes  beiges  les  memes 
traces  historiques  qu'a  Louvain.  La  famille  deS'-Pierre, 
la  famille  de  Sl-Bavon  existent  a  Gand ,  mais  beaucoup 
plus  restreintes,  car  tous  les  habitants  sont  loin  d'y  entrer, 
comme  a  Worms  et  a  Utrecht  (2). 

V.  Apres  avoir  expose  ce  qui  nous  a  paru  jeler  le  plus 
de  lumiere  sur  le  point  qui  doit  etre  eclairci,  revenons 
aux  Peetersmannen  des  coutumes  de  Louvain. 


(1)  Dot  alle  edelluyden,  leenmannen  van  de  stichte  van  Utrecht  end 
alle  geboren  borgeren }  van  outs  genaempt  S'-Martens  dienstmannen } 
mogenjagen,  etc. 

(2)  \Varnkoenig,  Droitbelgique  sous  les  Francs,  p.  169. 

APP.    BULL.    1855-1854.  0 


(82) 

Les  archives  de  1'eglise  de  Sl-Pierre  ne  nous  ont  trans- 
mis  aucun  document  qui  apprenne  sur  quoi  reposait  pri- 
mitivemeat cette  institution.  Le  plus  ancien  diplome  qui, 
suivant  MiraBus,  y  ait  etc  conserve,  ne  date  que  de  1140, 
tandisque  la  tbndation  de  I'eglise  remonte  bien  au  dela  (1). 
D'un  autre  cote,  il  semble  qu'uu  grand  nombre  de  chartes 
et  d'actes  de  la  ville  et  des  maisons  patriciennes  de  Lou- 
vain  ontete  laceresen  1560,  pendant  la  sedition  fomentee 
par  Couthereel  (2).  De  sorleque  s'il  ne  fallaits'en  rappor- 
ter  qu'a  des  monuments  forniels  et  precis,  1'origine  des 
Peetersmannen  demeurerait  dans  une  obscurite  aussi  pro- 
fonde  que  celle  qui  couvre  I'origine  meme  de  I'eglise. 

Mais  est-il  besoin  de  cartulaires  parliculiers  a  la  ville 
de  Louvain,  pour  avoir  le  secret  d'une  institution  qui  ap- 
parait,  d'une  maniere  unifbrme,  dans  I'enceinle  du  terri- 
toire  abbatial ,  en  France ,  en  Allemagne,  en  Hollande  et 
en  Belgique?  Les  homines  de  S'-Germain,  les  hommes  de 
Sl-Pierre  de  Worms  et  de  Lobbes,  les  hommes  de  Sl-Martin 
dTJtrecht,  les  hommes  de  S^Bavon  de  Gand,  lels  que  les 
represented  les  documents  analyses  ci-dessus,  se  retrou- 
vent  a  Louvain  sous  1'appellation  de  Peetersmannen. 

On  ne  peut ,  a  la  verite,  elablir  leur  origine  que  par  des 
preuves  indirectes,  mais  quoi  de  plus  significatif  que  les 
exemples  qui  ont  e'te  cites?  Au  rnoyen  age,  la  pluparl  des 
eglisescollegialcsformaient  des  monasteres  don  ties  clients 
libres  et  les  colons  accouraient  prendre  le  patronage  (5); 
les  hameaux  s'adossaient  aux  sanctuaires.  Tout  indique 
que  le  Peetersman,  1'homme  de  I'eglise  de  SMPierre,  a  du 


(1)  Miraeus,  Donat.  belgic.,  1. 1 ,  c.  62. 

(2)  Divseus,  Rerum  Lovantens.,  lib.  4,  c.  7. 

(3)  Raepsaet,  Hist,  des  Etats  Gemr.,  n°  254. 


(85) 

upparaitre  au  uieme  lemps  que  la  basilique  de  Louvain  a 
etc  creee. 

Le  tableau  qui  a  etc  trace  plus  haul  de  la  famille  des 
monasteres,  nous  I'a  montree,  composee  d'individus  de 
conditions  Ibrt inhales.  Au  temps  deJuste-Lipse,  1'opinion 
la  plus  accredited  assimilait  les  Peetersmannen  aux  patri- 
ciens  jouissant  des  droits  de  la  noblesse;  et  Juste-Lipse 
convient  qu'il  n'y  avail  alors  guere  de  difference  entre  eux, 
quoiqu'il  ne  pense  pas  qu'il  en  eut  toujours  ete  ainsi  (1). 
Mais  comment,  avec  ce  temperament  meme,  cxpliquer 
1'existence  de  la  famille  censitaire,  homines  beati  Petri 
censuales,  si  bien  etablie  par  les  diplomes  qu'il  avait  sous 
les  yeux  et  qui  seront  analyses  plus  tard  ?  La  difficulte  etait 
reelle,  et  notre  historian  ne  s'est  lire  d'embarras  qu'a 
1'aide  d'une  conclusion  indecise.  II  faudrait  voir,  s'ecrie- 
i-il,  si  de  nolables  differences  ne  separent  pas  les  censi- 
tai  res  des  au  Ires  Peetersmannen.  Pour  moi,  j'imagine  qu'ils 
ferment  peut-etre  une  aggregation,  une  race  a  part  (2). 

Cette  donnee  vague  est  aussi  contraire  a  1'histoire  que 
les  idees  emises  par  les  ecrivains  modernes,  dont  il  a 
ete  parle  au  commencement  de  ce  travail.  II  n'est  pas  plus 
exact  de  ne  voir  que  des  nobles  on  des  patriciens  dans  les 
Peetersmannen,  qu'il  n'est  vrai  de  dire  que  c'etaient,  dans 
1'origine,  des  serfs,  des  manants  pay  ant  le  tribut,  ou  des 
descendants  de  serfs  anciennement  affranchis,  ou  une  milice 
devouee  qui  temoigne  de  I' habile te  administrative  des  dues  de 
Brabant!  Ces  appreciations  systematiques  meconnaissent 
1'organisation  des  families  abbatiales,  qui  presenlaient  un 


(1)  Lovanium,  cap.  24.  De  hominibus  Stl  Petri  yui  item  nobilitatis  jus 
habent. 

(2)  Pidendum  an  non  distincti  sint,  et  vereor  non  unum  gemis  fvisse. 


(84) 

pele-mele  de  grands  et  de  petits,  de  patricieus  et  de  bour- 
geois ,  de  riches  et  de  pauvres,  comme  le  temoignent  assez 
les  documents  originaux  qtie  nous  avons  parcourus. 

VT.  Constatons  a  present  les  prerogatives  des  Peeler  s- 
mannen,  faisons  revivre  leurs  privileges,  deja  fort  oublies 
et  en  partie  hors  de  pratique  a  Tepoque  ou  ecrivait  Juste- 
Lipse,  bien  que  les  constitutions  brabangonnes  conli- 
nuassent  a  les  rappeler. 

La  premiere  confirmation  connue  de  ces  privileges  est 
emanee  en  1291 ,  du  due  de  Brabant,  Jean  Pr. 

Elle  est  ainsi  conc.ue  : 

«  Nous  promettons,  sur  les  saints  Evangiles,  d'etre  a 
»  jamais  fidele  a  notre  eglise  de  Sl-Pierre  de  Louvain, 
D  ainsi  qu'aux  autres  eglises  du  duche  de  Brabant;  nous 
p  jurons  de  respecter  et  de  faire  respecter  les  droits ,  pri- 
»  vileges,  statuts,  coutumes,  possessions  et  libertes  des- 
»  dites  eglises,  et  des  hommes  appartenant  a  la  famille 
*  du  bienheureux  Pierre  de  Louvain,  comme  1'ont  fait 
j>  jusqu'a  ce  jour  nos  predecesseurs.  Et  qu'ainsi  nous 
D  soient  en  aide  Dieu  et  tous  ses  saints  (1).  » 

La  Joyeuse-Entree  de  Jeanne  et  Wenceslas  recueillit, 
en  1555,  le  serment  du  valeureux  due: 

«  Nous  promettons  que  Ton  traitera  les  Peetersmannen 
»  et  ceux  qui  sont  de  1'bommage  de  S'-Pierre,  comme  de 
j>  droit  Ton  est  tenu  de  les  trailer  el  tenir  (2).  D 


(1)  Le  texle  original  est  en  latin;  il  a  etc  publie  dans  les  bulletins  de  la 
Commission  d'histoire,  t.  Ill,  p.  332.  II  est,  au  reste,  de  la  meme  teneur 
que  le  serment  prete  a  1'autel  de  S'-Pierre  par  Albert  et  Isabelle ,  le  25  no- 
vembre  1599.  Voyez  Miraus,  t.  II,  p.  919. 

(2)  Placards  de  £rabant,  1. 1,  p.  152. 


(85) 

La  meme  promesse  fut  ensuite  reproduite  dans  les  actes 
d'inauguration  des  dues  de  Brabant,  jusqu'au  moment  ou 
notre  pays,  expiant  un  passe  qui  n'avait  pas  ete  sans  li- 
berte  et  sans  bonheur,  devint,  a  la  fin  du  XVIIlmesiecle,  la 
conquete  de  la  France  republicaine. 

Lacoutumede  Louvain,  homologueeen  1622,  fournit, 
dans  plusieurs  de  ses  articles,  des  renseignements  positifs 
sur  ceux  de  ces  droits  qui  n'etaient  pas  encore  tout  a  fait 
tombes  en  desuetude.  D'autre  part,  M.  de  Reiffenberg  a 
public,  dans  les  Bulletins  de  la  Commission  d'histoire,  diffe- 
rents  actes  et  diplomes  qui  s'y  rapportent  et  qui  n'etaient 
connus  que  par  les  citations  qu'en  avaient  faites  Gramaye 
et  d'a  litres.  Le  rapprochement  de  ces  curieux  fragments 
dissipera,  nous  1'esperons,  la  plupart  des  obscuriles  qui 
enveloppent  la  constitution  de  la  famille  de  S'-Pierre. 

VII.  On  trouve  dans  la  coutume  de  Louvain  deux  catego- 
ries bien  tranchees  de  Peetersmannen.  A  la  premiere  ap- 
partenaient  les  individus,  tant  hommes  que  femmes,  nes 
en  Brabant  et  descendant  des  sept  lignees  patriciennes  de 
Louvain.  Ceux-la  etaient  reputes  et  tenus  pour  libres 
hommes  de  Sl-Pierre  (1). 

Les  autres  Peetersmannen  qui  n'etaient  point  originates 
des  lignees,  s'appelaient  buy  ten  sinte  Peetersmannen , 
hommes  de  S'-Pierre  forains,  et  formaient  la  deuxieme 
categoric  (2).  A  cote  de  particularites  propres  a  cette  der- 
niere  categorie,  elle  presente  les  caracleres  communs  aux 
buy  ten-poor  ters,  aux  bourgeoisies  foraines  de  Bruxelles, 


(1)  Coutume  de  Louvain ,  art.  16. 

(2)  Ibid.,  art.  17. 


(  80  ) 

de  Termonde,  de  Courlrai  et  de  plusieurs  autres  villes  de 
noire  pays. 

VIII.  Plusieurs  diplomes  nous  livrent  les  details  des 
formes  usilees  dans  les  premiers  temps,  pour  etablir  la 
qualite  d'homme  de  S*-Pierre. 

La  preuve  s'en  faisait  encore  en  1505  dans  Peglise,  de- 
vant  le  doyen  et  le  chapitre  assembles  a  1'autel  de  S'-Pierre. 
Le  suppliant  jurait  stir  les  reliques  ou  sur  la  croix  qu'il 
etait  Peetersman,  issu  des  veritables  lignages.  Comme  on 
ne  se  coritentait  pas  de  sa  parole  isolee,  il  produisait  deux 
garants,  on  plutot  deux  conjurateurs  qui,  apres  s'etre 
lies  par  un  serment  revetu  des  memes  solenniles  reli- 
gieuses ,  reconnaissaient  qu'ils  appartenaient  aussi  a  la 
famille,  et  que  tout  ce  qu'avail  affirme  le  suppliant  elait 
vrai.  L'accomplissement  de  ces  formalites  flxait  1'etat  de 
ce  dernier,  que  Ton  declarait  rattache  a  l'homrnage  de 
^-Pierre  (1). 

11  existe  aussi  des  dipiomes  delivres  aux  interesses,  dans 
lesquels  le  doyen  et  le  chapitre  attestent  que  la  verifica- 
tion des  registres  du  tresorier  de  I'eglise  a  constate  que 
les  individus  y  designes  ont  acquitle  avec  exactitude,  de- 
puis  de  longues  annees,  la  redevance  due  pour  droit  de 
capitage,  et  qu'en  consequence,  ils  sont  affilies  a  la  famille 
censilaire  eta  la  corporation  de  Sl-Pierre  (2). 

En  1205,  des  lettres  rogatoires  etaient  adressees  par 
le  doyen  et  par  le  chapitre  a  Pabbe  du  monastere  de 
Sl-Trond,  au  gardien  des  freresm incurs,  ainsi  qu'au  doyen 


(1)  Diplome  de  1505,  Bulletins  de  la  Commission  d'htstoire,  t.  Ill,  p.  332. 

(2)  Diplome  de  1278,  Ibid.,  ibid.,  t.  IV,  p.  215. 


(  87) 

du  conseil  du  meme  endroil,  dans  le  but  d'instituer  une 
enquete  el  d'oblenir  des  temoignages  qui  permissent  de 
verifier  si  des  individus,  liabilant  probablement  S'-Troiid 
et  redamant  le  litre  d'bommes  de  Sl-Pierre,  apparlenaient 
reellemenl  a  la  famille  censilaire  (1). 

II  semble  en  effet  qu'on  se  conienlait  de  I'atlestation 
solennelle  de  personnes  probes  et  dignes  de  foi  pour  ad- 
mettre  dans  la  famille  censitaire  celui  qui ,  sans  en  ap- 
porter  la  preuve  ecrite,  s'y  pretend  ail  deja  engage  (2). 

On  a  conserve  la  charte  d'un  affranchissement  effeclue 
en  1550,  a  1'aulel  de  S'-Pierre,  par  deux  freres  qui  rendent 
leur  serf  a  la  liberle,  a  condition  que  I'affranchi  payera 
a  1'eglise  un  denier  de  capitation  annuelle.  On  sail  que  la 
manumission  dans  Pegliseavaiteteetablie  par  Constantin. 
L'acte  d'aifranchissement  etait  remis  au  serf  devenu  homme 
deSl-Pierre(3). 

Vers  le  XTVme  siecle,  le  pouvoir  accorde  a  1'autorite 
ecclesiastique  se  transporle  insensiblement  au  mayeur  de 
Louvain  ,  qui  attire  a  lui  les  receptions.  Gramaye  suppose 
que  le  delaissement  de  la  juridiction  ecclesiastique  aurait 
eu  lieu  du  consentement  du  chapitre,  en  1445.  Cest  une 
erreurque  demontre  la  confrontalion  dequelques-uns  des 
diplomes  que  Gramaye  avail  pourtant  eus  sous  les  yeux,  car 
cinq  des  acles,  dans  lesquels  figure  le  mayeur  de  Louvain, 
sont  bien  anlerieurs  a  cette  epoque.  Us  portent  la  dale 
de  1519,  1554,  1540  el  1406  (4).  D'ailleurs,  1'alleslalion, 


(1)  Diplome  de  1205,  Bulletins  da  la  Commission  d'histoire,  t.  IV,  p.  214. 

(2)  Diplome  de  1378,  Ibid.,  ibid,,  t.  IV,  p.  217. 
(5)  Diplome  de  1350,             Ibid.,                 ibid.,              t.  IV,  p.  217. 
(4)  Pullet,  de  la  Commiss.  d'hist.,  t.  HI,  p.  333.  Christyn,  Jurisp.  hero'ica, 

p.  59  et  60,  et  1'appendice. 


(88) 

dont  il  a  etc  parle  ci-dessus,  delivree,  en  1578,  par  le 
doyen  et  le  chapilre,  ne  parait  pas  laisser  de  doute  sur  la 
faculte  dese  pourvoir  indifteremment  devant  Tune  ou  1'au- 
tre  autorite,  pour  etablir  la  qualile  d'homme  de  S'-Pierre. 

Les  cinq  actes  premenlionnes  offrent  des  particularites 
qu'il  importe  de  signaler.  Les  hommes  de  S'-Pierre  s'as- 
semblent  sous  la  presidence  du  mayeur  de  Louvain.  Le 
suppliant  comparait  assiste  de  deux  cojurants,  et  demande 
avec  deference  au  mayeur  de  semoncer  les  hommes  de 
S'-Pierre,  afin  qu'ils  lui  disent  par  sentence  comment  il 
doit  prouver  sa  double  qualite  de  Peetersman  et  de  membre 
de  la  libre  famille  du  due.  Apres  la  semonce,  ceux-ci  lui 
ordonnent  de  remplir  les  formalites  decrites  plus  haut. 
Les  serments  rec,us  et  1'afiiliation  elablie,  le  recipiendaire 
declare  que,  s'il  lui  est  arrive  d'avoir  perpetre  quelque 
acle  prejudiciable  a  son  seigneur  le  due,  il  se  soumet  a 
la  reparation  a  laquelle  le  condamneront  les  hommes  de 
Sl-Pierre,  y  engageant  son  honneur  et  ses  biens. 

Ainsi,  non-seulement  les  formes  observees  dans  les  deux 
juridiclions  differaient,  mais  tout  semble  meme  indiquer 
que  la  reception  d'un  Peetersman,  membre  de  la  libre  fa- 
mille du  due,  n'avait  lieu  qu'en  presence  du  mayeur  et  des 
hommes  de  la  corporation. 

Dans  un  acte  du  12  decembre  1577,  le  recipiendaire 
et  ses  deux  temoins,  aussi  bien  que  les  Peeler smannen, 
devant  lesquels  s'ouvre  la  procedure,  sont  qualifies  d'hom- 
mes  liges  de  la  libre  famille  de  SVPierre.  Cette  fois,  le 
mayeur  de  Tirlemont  siege  aupres  d'eux  (1). 

Le  livre  des  hommes  de  Sl-Pierre  renferme  une  serie 


(1)  Voy.  l'Appen<lice. 


(89) 

d'actes  rediges  en  flamand ,  relatifs  a  la  reception  des 
Peetersmannen  forains,  pendant  les  annees  1540  a  1578  (1). 

Le  28  avril  1460,  Philippe  le  Bon  decida  «  que  dores- 
»  navant  quant  aulcun  se  vouldra  prouver  estre  homme  de 
»  sainct  Piere,  il  sera  lenu  de  le  monstrer,  du  moins  par 
»  deulx  tesmoings  hommes  de  sainct  Piere,  et  qui  soyent 
»  gens  de  foy.  Lesquels  affirmeront ,  par  leur  serment , 
»  qu'ils  sgavent  celuy ,  au  prouffit  et  avantaige  duquel  ils 
»  deposent,  estre  yssu  et  descendu  de  gens  qui  estoient 
»  de  ladicte  franchise,  en  rendant  jusles  et  raisonnables 
>  causes  de  leurs  depositions,  et  declarant  la  genealogie 
»  et  descendue,  lelle  qui  doibve  souifir  par  raison  (2).  » 

La  coutume  de  Louvain  maintint  la  meme  regie.  Elle 
exigea  que  la  qualite  de  Peetersman  et  de  libre  messenier 
du  due  de  Brabant,  appartenant  a  sa  libre  maisnie  et  ne 
de  legitime  manage,  fut  attestee  avec  serment  devant  le 
mayeur  et  quatre  libres  hommes  de  Sl-Pierre.  Cette  affir- 
mation solennelle  etait  ensuite  renouvelee  par  deux  aulres 
Peetersmannen;  puis  le  declarant  payait,  pour  le  relief  de 
son  hommage,  une  livre  de  vieux  gros  au  profit  du  due, 


(1)  Fol.  5.  Ces  acles  rTont  aucun  interet.  Le  lecteur  en  jugera  par  celui 
qui  suit  : 

Hem  int  jaer  1540  may  6a,  heeft  Peeter  Van  Betlensone  wylen  heeren  Willems 
Van  den  Berghe ,  riddere  van  Winde ,  gethoonl  acn  de  gesworen  ten  heyliegen , 
dal  hy  was  een  Sle  Peetersman,  totten  vryen  huysgesinne  des  heeren  hertoghen 
behoorende,  ende  van  \vettighen  bedde  geboren ,  ende  dan  hebben  met  hem 
betuycht  ende  gesworen  ten  heyliegen  :  Jan  genoempt  van  Raedtshoven ,  van 
Houthem  ende  Jan  genoempt  van  Pelle,  van  Houthem,  oock  Sinte  Peetersmannen, 
ende  van  zynen  maesschappe  wesende.  Coram  PHILIPS  VAN  TUUELKN  ,  meyere  van 
Loven ,  ROELOFF  VAN  RKDINGBEN  ,  HENBICH  genoempt  Hut  KI.E  ,  WOUTKR  COKSBODT 
ende  JAN  VAN  BKN  CALSTEHN,  de  jonghe ,  als  Sl  Peeters>nannen  van  Loven.  (Het 
Bocck  van  de  Ste  Peetersmannen ,  fol.  5.) 

(2)  Bull  de  la  Cammiss.  d'hist.,  t.  IV,  p.  218, 


(90) 

el  le  vin  du  mayeur,  des  quatre  hommes  de  Sl-Pierre,  du 
secretaire,  du  porle-verge  et  dn  clerc(l). 

IX.  Au  classement  des  individus  repondaient  de  grandes 
inegalites  juridiques. 

Sur  sept  echevins  du  prince,  le  patriciat  en  fournissait 
quatre;  sur  viiigt  et  un  conseillers  de  la  commune,  onze 
etaient  pris  dans  ses  rangs;  on  choisissait  en  outre  dans 
son  sein  quatre  des  doyens  de  la  draperie.  Les  libres 
hommes  de  Sl-Pierre,  etant  ratiaches  par  les  ligriees  a  la 
population  patricienne,  prenaient  done  part,  comme  pa- 
triciens,  a  1'administration  superieurede  la  cite  (2). 

X.  Une  seconde  prerogative  qu'il  faut  rapporter  aux 
usages  primitifs,  a  ete  consacree  par  la  coutume  ecrite, 
c'est  celle  qui  concerne  le  droit  facultatifpour  les  Peelers- 
mannen  de  n'etre  juges  que  par  leurs  pairs. 

Pour  participer  au  jugement,  on  devait  etre  libre 
horn  me  de  Sl-Pierre,  etre  issu  d'une  union  legitime,  avoir 
au  moins  vingt-cinq  ans,  si  Ton  n'elait  pas  marie,  et 
n'exercer  ou  n'avoir  exerce  aucuu  metier  (5). 

Cette  juridiction  etait  investie  de  la  connaissance  des 
affaires  personnelles,  civiles  el  criminelles  des  Peeters- 
mannen,  tant  des  lignees  que  forains,  el  ceux-ci  avaient 
le  droit  d'exciper  de  leur  privilege,  quand  ils  Etaient  cites 
ailleurs. 

Ce  privilege  si  vivace  fut  sou  vent  dispute,  mais  toujours 


(1)  Cout.  de  Louvain,  arl.  17.  —  Boeck  van  de  Sinte  Peetersmannen, 
foj.  24  :  Een  pont  oude  grooten  van  XXrinsfjulden. 

(2)  Ibid.,  articles  4, 5,0. 

(3)  Cout.  de  Louvain,  art.  18. 


(91  ) 

maintenu  avec  energie.  Malheur  a  celui  qui  osait  mettre 
la  main  sur  ces  usances  si  profondement  enracinees  dans 
les  mceurs.  Gramaye  rapporte  qu'il  arrivait  frequemment 
que  de  grosses  amendes  fussent  infligees  a  des  mayeurs  et 
a  des  baillis  qui  persistaient  a  juger  les  delits  commis  par 
des  hommes  de  S^Pierre.  Le  conseil  de  Brabant  fit  meme 
remettre,  le  14  fevrier  1445,  aux  magistrals  de  Louvain 
qui  s'etaient  rendus  a  Bruxelles  pour  le  revendiquer,  un 
Peetersman  apprehende  au  corps  par  ordre  du  conseil  (1). 

En  1418,  le  mayeur  et  le  forestier  de  Meerhout  s'etant 
avisos  de  trainer  honteusement,  les  mains  liees,  le  Peeters- 
man De  Voeght  devant  le  tribunal  scabinal  de  Louvain, 
furent  condamnes  a  faire  un  pelerinage ,  le  premier  a 
S'-Jacques  de  Compostelle,  le  second  aRocamadour.  C'etait 
un  attentat  a  la  juridiction  du  due  de  Brabant  et  aux  droits 
de  la  chef-ville  (2). 

Le  manuscrit  de  Boonen,  d'ou  cet  exemple  est  tire,  cite 
plusieurs  magistrals  pun  is  pour  des  faits  de  ce  genre  :  le 
drossart  de  Westerloo ,  en  1507,  le  forestier  de  Hersselt, 
J'ecoutete  de  Gilse,  en  1514,  le  seigneur  de  Thielborch, 
en  1544. 


(1)  Het  Boeck  van  de  Sinte  Peetersmannen,  fol.  37.  —  Gramaye,  Lova- 
nium}  p.  12. 

(2)  HEX  BOECK  VAN  DE  SINCTE  PEETERSMANNEN  VAN  LOVEN,  15de  cap.,  fol.  55  : 
Dat  men  Sinte  Peetersmannen  van  Loeven  ontaementtyck  niet  en  mach 
ghevanghen  brengen  f  met  sommige  correction  over  eenighe  meyers  ter 
saecken  van  muhandelinge  ende  inobedientie  aen  den  Peetersmannen. 

Item  om  alzulcken  mesdaet  ende  mesgrypen  als  Joannes  Clans, 
meyere  van  Meerhout }  ende  Goossen  Mertens,  vorstere  van  Meerhout, 
mesdaen  ende  mesgrepen  hadden  tegens  de  heerlyckheyt  ons  genadichs 
Heeren  s'hertogen  van  Brabant,  ende  synre  stadtrechten  van  Loeven, 
van  dat  zy  Goossen  de  Foeght,  die  van  de  vryheyt  ende  van  den  rechte 


(92) 

A  Lierre,  le  privilege  d'evocation  des  Peetersmannen 
e'tait  expressement  consacre  par  la  coutume.  L'echevinage 
de  la  ville  etait  tenu  d'accueillir  la  dernandede  renvoi  (1). 

Dans  le  traite  fait  en  1466  entre  les  nobles  et  les  viiles 
de  Louvain,  de  Bruxelles  et  d'Anvers,  la  meme  garantie 
fut  slipulee  par  ces  trois  cites,  aussi  bien  en  faveur  des 
hommes  de  SVPierre  que  de  leurs  francs  bourgeois  (2). 

Plusieurs  ordonnances  de  nos  princes,  rendues  sur  les 
pressantes  instances  des  magistrals  de  Louvain,  garan- 
tirent  a  la  juridiction  de  S'-Pierre,  dans  toute  sa  plenitude, 
le  droit  de  connaitre  en  premiere  instance  des  causes  in- 
teressant  les  hommes  de  la  corporation  (5).  Ce  fut  une 
lutte  perseverante  et  contre  les  viiles  qui  contestaient  ce 
droit,  et  contre  le  conseil  de  Brabant  qui,  au  moyen  de 
provisions  et  de  cassations,  empechait  1'execution  des  let- 


es  van  Sinte  Peetersmanschap  van  Locven,  gevanghen  brachten  ende 
gebonden,  ontaemelyck  met  zeelen  bynnen  Loeven,  op  ten  stadthuys , 
ende  in  de  banck  aldaer  voert  recht,  daer  de  meyere  ende  schepene  te 
gedinghe  saten,  dwelck  noyt  gesien  en  was,  soo  e$  hem  geset  te  beter- 
nisse  onser  genadighen  Heere  ende  syner  stadt.  te  weten  .•  den  voers. 
Joannes  Claus,  een  bedevaert  t  Sint  Jacobs  in  Galissien,  ende  derwerts 
te  porren  binnen  XL  daegenf  ende  goede  waerheyt  daer  van  te  brengene; 
ende  den  voers.  Goessen  Mertens  een  bedevaert  tot  Onser  Vroutven  te 
Ruchemadouwe  ende  derwerts  te  porren  binnen  XL  daegen  ende  goede 
waerheyt  daer  van  te  brengene.  Coram  LOMBAERTS  ,  LYNDEN  ,  schepenen ; 
July  ultima,  anno  1418. 

(1)  De  Peeters-lieden  van  Loven  syn  gewoonlyck  dat  sy  in  rechte  be- 
trocken  wesende  voor  die  wethouderen  van  der  stadt  van  Lyer}  het  zy 
in  crimineele  ofle  civile  saken,  mogen  voor  litiscontestatie  excipieren 
van  den  gerechte,  etc.  COUTUME  DE  LIERRE,  tit.  I,  art.  6. 

(2)  Luyster  van  Brdbandt,  2dc  deel,  p.  157. 

(3)  Ordonnances  d'Anthoine,  du  11   mars  1407;  de  Charles-Quint ,  du 
9  decembre  1542,  rapportees  dans  Het  JSoeck  van  de  Sinte  Peetersmannen, 
fol.  13  et  14.  Voy.  aussi  Anselmo,  Codex  bclgicns,  v°  PEETERBANS,  ^  4. 


(95) 

tres  echevinales.  Chaque  (bis  que  des  preventions  con- 
traires  s'agitent,  le  bourgmestre,  les  echevins,  le  conseil 
parlent  de  ce  pouvoir  de  juger  comme  d'une  pratique  a 
laquelle  on  est  accoulume  «  de  si  longtemps  qu'il  n'est 
»  memoire  du  conlraire.  » 

Nous  avons  la  formule  du  mandement  que  les  magis- 
trals de  Louvain  envoyaient  sous  le  litre  de  onslachbrieven 
(lettres  d'exemption)  au  mayeur  du  lieu  oil  Ton  voulait 
proceder  au  jugement  de  conleslalions  auxquelles  un  Pee- 
tersman  devait  prendre  part.  Apres  avoir  rappele  au  mayeur 
la  prerogative  de  la  corporation  et  1'avoir  averti  qu'il  elait 
tenu  de  savoir  que  sa  justice  ne  s'etendait  pas  sur  1'homme 
de  Sl-Pierre,  les  magistrals  le  sommaient ,  sous  peine 
d'atleutat  a  la  puissance  publique  du  due,  de  s'abstenir  de 
slatuer.  Us  lerminaient  en  engageant  le  mayeur,  ainsi  que 
ceux  qui  voulaient  faire  decider  les  differends  nes  enlre 
eux  el  un  Peetersman,  a  comparaitre  dans  les  quinze  jours 
a  Louvain,  leur  promettant  qu'il  serail  fait  droit  a  leurs 
demandes  (1). 

Boonen  a  depouille  les  roles  de  la  juridiction  de  Sl- Pierre 
de  1517  a  1565;  il  a  transcrit  di verses  sentences  qui  pro- 
noncenl  sur  des  affaires  de  droit  prive  (2).  On  conserve 
aux  archives  de  Louvain  les  plumitifs  d'audience  et  les 
jugements  rendus  par  le  tribunal  des  Peetersmannen ,  de- 
puis  1696  jusqu'en  1791 .  Ces  derniers  documents  forment 
deux  volumes  intitules  :  Rollen  der  geslachten  ende  vonnis- 
boeck.  Us  presentent  peu  d'interet.  Le  dernier  acte  qui  y 
soil  ecrit  porte  la  date  du  5  juillet  1791.  G'est  une  taxe  de 


(1)  Boeck  van  de  Ste  Peetersmannen,  fol.  9. 

(2)  Ibid.  ibid.,  fol.  38. 


(  94  ) 

frais  dans  un  proces  soutenu  par  un  sieur  Philippi  centre 
un  raaitre  menuisier  (1). 

Les  Pectersmannen  clemeuraient  soumis  aux  justices,  soil 
<le  leur  residence,  soil  de  la  situation  des  biens,  en  ma- 
tiere  de  reparation  de  chemins,  de  curage  de  cours  d'eau, 
de  dommages  causes  aux  terres  par  les  animaux,  de  droits 
dus  aux  sergents,  de  cloture  de  biens,  d'ordonriances  de 
metiers  et  de  temoignage  (2). 

Ceux  qui  avaient  renonce  a  la  franchise,  aussi  bien  que 
les  accuses  de  crimes  et  de  delits  commis  avant  qu'iis 
se  fussenl  «  deuement  monstrez  estre  hommes  de  sainct 
»  Piere,  »  demeuraient  «  a  la  judicature  et  correction  des 
»  juges  soubs  qui  ils  etoient  demourans  ou  d'aultres,  aus- 
D  quels  la  cognoissance  en  pouvoilappartenir.  » 

Si  question  ou  de'bat  se  mouvait,  soit  sur  la  renoncia- 
tion,  soit  sur  la  preuve  de  la  qualite,  les  chanceliers  et 
gens  du  conseil  de  Brabant  devaient  en  etre  saisis  (3). 

Les  hommes  de  Sl-Pierre  qui  habitaient  d'autres  chefs- 
viiles  du  Brabant,  et  qui  y  etaient  assignes,  arretes  ou 
emprisonnes,  auraient  inutilement  invoque  le  privilege 
d'evocation.  L'art.  21  de  la  coulume  de  Louvain  leur  en 
olait  le  droil,  et  la  coutume  de  Bruxelles  avait  prudem- 
merit  stipule  que  le  Peetersman ,  arrete  pourdettes,  ne 
pouvait  pas  decliner  la  juridiction  de  la  ville  (4). 

Gette derniere  exception,  restreinte  par  la  coutume  de 


(1)  N"s  2055-2054  des  archives. 

(2)  Cout.  de  Louvain,  art.  19.  fay.  aussi  Taccord  fait,  en  1466,  enlre 
quelques  villes  du  Brabant,  Luystervan  Brabant,  2e  deel,  p.  153. 

(3)  Acte  de  Philippe  le  Bon  de  1460,  Bull,  de  la  Commiss.  d'hist,  t.  IV, 
p.  217. 

(4)  Art.  70. 


(95) 

Lou  vain  aux  chefs-villesdu  Brabant ,  a  meme  eu  autrefois 
plus  d'etendue.  Un  traite  du  niois  d'aoiil  1257,  louchant 
I'inteodation  de  la  haute  et  basse  justice  de  la  lerre  de 
Wesemael ,  faite  a  Arnoul,  seigneur  de  cette  lerre,  par  le 
due  de  Brabant ,  accorde  en  lerraes  expres  a  la  justice  sei- 
gneuriale  de  cette  local  ile  la  connaissance  des  delits  des 
Peelersmannen ,  de  nature  a  entrainer  la  mort  ou  la  muti- 
lation (1). 

Nonobstant  Tincertilude  qui  regne  sur  les  circonstances 
principales  de  1'ail'aire  dont  nous  allons  parler,  nous  com- 
pleterons  cequ'il  reste  a  dire  sur  lajuridiction  particuliere 
des  Peetersmannen ,  par  1'analyse  d'un  different!  qui  s'eleva, 
en  1244,  entre  leduc  de  Brabant  et  le  meme  Arnoul ,  sire 
de  Wesemael.  Le  due  soutenaitquece  dernier  appartenait 
a  Sl-Pierre  de  Louvain ,  tandis  que  le  sire  de  Wesemael 
prelendail  etre  homme  de  Ste-Gertrude  de  Nivelles.  Suivant 
1'usage  qui  s'elail  etabli,  les  contendanls  eurent  recours  a 
la  voie  arbitrate.  Les  documents  qui  font  mention  decelte 
contestation  eminent  des  arbitres  Guillaume  de  Grim- 
berghe,  seigneur  d'Assche,  et  Arnold  de  Diesl.  Dans  1'un, 
Arnold  de  Diest  declare  que,  s'il  n'en  est  legitirnement 
empeche,  il  statuera  a  la  S^Remy,  et,  en  cas  d'empeche- 
ment,  apres  le  jour  ou  il  en  sera  requis.  11  promet  de  de- 
cider que  son  parent  le  sire  de  Wesemael  est  homme  de 
SMPierre.  Celte  piece,  .publiee  en  partie  par  Bulkens,  a 
ele  tres-inexactement  resumee  }>ar  cet  auteur  ainsi  que  par 
de  Vadder  (2).  Suivant  ces  historiens,  Arnold  de  Diest  y 
reconnaitrait  «  n'etre  encore  assez  instruit  et  informe  pour 


(1)  Chroniques  beiges,  De  Klerck,  t.  I,  p.  643. 

(2j  Trophies  de  Brabant,  1. 1,  p.  254;  Preuves }  p.  88.  —  Origins  des 
dues  de  Brabant ,  t.  II ,  p.  497. 


(96) 

*  prononcer  son  arbitrage.  »  Cette  declaration  n'est  pas 
dans  le  texte.  L'opinion  de  1'arbitre  y  est  au  conlraire  ma- 
nifestee  d'une  facon  si  expresse  qu'elle  exclut  1'ide'e  de  la 
necessite  d'une  instruction  ulterieure  (1). 

Le  second  acte,  qui  contient  la  sentence  de  I'autre  ar- 
bitre,  est  digne  de  remarque.  II  constate  que  la  diih'culte, 
examinee  d'abord  en  cour  imperiale,  soumise  ensuite  a 
I'appreciaiion  de  gens  aussi  verses  dansles  sainlesecri  lures 
que  dans  le  droit  canonique  et  civil,  ne  fut  resolue,  apres 
mure  deliberation ,  par  le  sire  d'Asscbe ,  que  sur  le  conseil 
d'hommes  sages  et  eclaires,  et  alorsque,  par  jugementde 
ses  pairs,  il  lui  avail  ete  enjoint  de  statuer.  Arnoul  de 
Wesemael  fut  lenu  pour  homme  de  Sl-Pierre  (2). 

A  quelle  occasion  une  pareille  contestation  etait-elle 
survenue  ?  On  ne  saurait  le  dire.  Les  documents  cites  sont 
muets  sur  la  cause  du  differend;  et,  bien  que  la  cour  im- 
periale ait  ete  consullee ,  on  ne  pourrait  pas  meme  allirmer 
que  la  nature  de  1'affaire  fut  purement  feodale,  puisque  le 
tilre  d'homme  deSte-Gerlrude  fut,  en  definitive,  ecarte  pour 
faire  place  a  celui  d'homme  de  Sl-Pierre,  et  qu'on  ignore 
d'ailleurs  par  quel  lien  le  sire  de  Wesemael  etait  rattache 
a  1'une  ou  a  1'autre  eglise.  Le  defendeur  voulait  probable- 
ment  se  soustraire  a  la  juridiction  ducale,  le  domaine  et 
la  justice  de  Nivelles  constituant  un  fief  qui  relevait  imme- 
dialemenl  de  1'empire  d'Allemagne  (5). 


(1)  Archives  du  royaume,  cartulaire  de  Brabant,  n°  1  ,  fol.  99  recto.  Ce 
document  merite  d'etre  public.  Nous  Pimprimons  a  la  fin  de  ce  travail. 

(2)  L'acte  est  rapporte  par  Butkens,  1. 1,  Preuves,  p.  88.  Mais  les  mots  pa- 
riumnostrorumy  sont  omis.  II  faut  lire  :  postqudmper  sentenltam pariurn 
nostrorum  judicatum  fuit.  Le  reste  est  exact. 

(o)  Butkens ,  t.  I ,  p.  254. 


(97  ) 

XI.  Une  Iroisieme  prerogative  des  hommes  de  Sl-Pierre 
consistait  dans  1'exemption  des  tallies  et  dans  raffranchis- 
sement  des  impels  mis  et  a  mettre  par  les  dues  de  Bra- 
bant. Ce  droit  n'est  formellement  reconnu  que  dans  un 
diplome  emane,  en  1509,  du  due  de  Brabant,  Jean  II, 
en  faveur  de  quelques  habitants  de  Leefdael  et  de  Yroyen- 
berg  qui  occupaient  encore  d'anciens  manses  de  S'-Pierre. 
Le  due  y  defend  a  ses  ammans,  a  ses  mayeurs,  a  tous  ses 
oiliciers  en  general  de  molester  ces  messeniers  a  Toccasion 
de  lailles  et  de  perceptions  quelconques. 

Quoique  les  injonclions  du  due  soient  tres-formelles  et 
que  les  habitants  soient  declares  non  taillables,  on  s'aper- 
c.oit  pourlant,  en  lisant  le  diplome,  de  ce  qu'avait  d'inu- 
sile,  a  celte  epoque,  la  prerogative  dont  nous  parlons. 
<c  Pour  autant  qu'il  nous  a  ete  donne  de  le  comprendre, 
»  les  messeniers  doi vent,  en  consideration  de  la  liberte 
»  de  Sl-Pierre,  etre  vraiment  iibres  et  jouir  de  I'exemption 
»  d'impols ,  comme  au  temps  de  nos  predecesseurs. »  C'est 
ainsi  ques'exprimeleduc  (1).  Ainsi,  eu  1509,  la  legitimite 
du  droit  n'etait  pas  encore  contestee,  mais  le  droit  lui- 
meme  s'effa^ait ,  pour  ainsi  dire,  de  la  memoire  des  vivants. 
II  ne  faut  pas  s'etonner  si  un  peu  plus  tard  toule  trace  en 
est  perdue. 

XII.  Mentionnons  enfm  un  dernier  privilege  qu'avaient 
obtenu  les  hommes  de  Sl-Pierre.  Au  dire  de  Parival,  ils 
etaient  decharges  de  Tobligation  onereuse.  des  peages  et 
tonlieux  par  tout  le  Brabant  (2). 


(1)  Le  diplome  a  ete  public  dans  les  Bullet,  de  la  Comm.  d'histoire,  t.  IV, 
p.  216. 

(2)  Parival,  p.  199. 

APP.    BULL.    1853-1854.  7 


(98) 

XTH.  On  voit  apparaitre,  de  lemps  en  temps,  dans  le 
droit  brabanc,on,  dans  les  keuren  et  reglemenls  des  villes, 
des  dispositions  sur  les  Peelersmannen  et  la  Peclersman- 
schap.  Ainsi,  on  lit  dans  le  texte  franc.ais  de  la  Keure  de 
I'Ammanie  de  Bruxelles,  octroyeeen  1292  :  «  Quiconques 
»  appartienl  a  S*-Pierre  de  Lovaing,  ou  a  notre  tranche 
}>  maisnie,  quant  qu'il  promet  devant  eskevins  de  nostre 
»  terre,  volons  qu'il  tiengne,  si  comme  il  le  uissent  en 
»  convent  devant  eskevins  de  f'ranke  ville;  et  en  autres 
»  coses  doyen  t  goyer  (jouir)  de  leur  franckise  de  le  maisnie, 
»  en  si  comme  les  gens  Saint  Pierre  doivent  goyer  (I).  » 

Get  article  esl  repele  dans  la  landt-chartcr  de  mai 
1312  (2). 

Ainsi,  un  reglement  emane  en  1401  de  la  ville  de 
Lierre,  determine  les  impositions  auxquelles  les  homines 
de  S'-Pierre,  demeurant  dans  le  territoire  de  cette  ville, 
sont  soumis,  et  celles  dont  ils  sont  affranchis  (3). 

Nous  touchons  au  terme  de  notre  travail.  II  ne  reste, 
pour  achever  de  remuer  a  fond  notre  probleme  historique, 
qu'a  apprecier  en  eux-memes  les  droits  des  Peetersmannen, 
a  voir  ou  le  principe  en  a  ete  puise,  atin  d'assigner  a  fin- 
stilulion  sa  veritable  physionomie. 

L'intervention  des  libres  hommes  de  Sl-Pierre  dans  la 
gestion  administrative  de  la  cite  n'a  rien  qui  doive  sur- 
prendre.  C'etait  presque  partout  le  droit  commun  des 
hommes  libres.  L'origine  de  la  plupart  de  nos  com- 
munes est  si  ancienne  qn'on  ignore  si  leur  creation  a 
ete  le  resultat  de  lutles  locales,  un  fait  que  le  seigneur 


(1)  Chroniq.  beiges.  Woeringen,  Cod.  cliplora.,  p.  549. 

(2)  Art.  13.  Placards  de  Brabant,  t.  I,  p.  117. 

(3)  Boeck  van  de  Sinte  Peetersmannen ,  fol.  53-35. 


(99) 

territorial  a  ete  contraint  de  reconnaitre  expressemenl, 
ou  si  1'independance  comraunale  ne  s'est  pas  develop- 
pee  sans  secousse,  par  des  reglements  pacifiques  de 
droils,  comme  une  consequence  des  moeurs  germaines. 
Dans  la  periode  de  1'avenement  des  communes  du  nord 
de  la  France,  a  la  suite  de  conjurations  violentes,  les 
chartes  beiges  ne  font  que  confirmer  les  franchises  deja 
existantes  de  nos  villes.  Les  premieres  notions  authenti- 
ques  de  1'histoire  de  Louvain  nous  montrent  cette  ville 
comme  un  corps  invesli  de  droits  politiques  (1) ;  plus  tard , 
quand  on  arrive  a  une  vue  plus  netle  de  I'organisation 
urbaine,  on  y  trouve,  comme  a  Bruxelleset  dans  plusieurs 
autres  villes,  sept  lignees  privilegiees  qui  constituent  une 
espece  de  patriciat.  Cette  aristocratic ,  dont  la  credulite 
des  temps  entoure  la  naissance  de  fables  et  de  merveilleux, 
prend  unegrande  part  dans  Texercice  des  fonctions  publi- 
ques  (2).  A.  Louvain,  Jes  membres  primitifs  des  lignees 
avaient  ete  hommes  de  Sl- Pierre,  puisque  leurs  descen- 
dants possedaienthereditairement  la  meme  qualite.  Ici,  la 
preuve  par  induction  est  evidente.  Libres  et  riches ,  ils 
avaient  obtenu  une  influence  inevitable  sur  les  affaires  de 
la  commune;  ils  tenaient  plusieurs  offices  de  1'administra- 
tion  interieure.Etait-ce  comme  Peeler smannen?  Non,  cette 
proposition  serait  en  contradiction  avec  les  fails  de  celte 


(1)  Juravimus  burgensibus  lovaniensibus quod  eos  ammodo  in 

Ubertate  antiqua  conservabimus.  Diplome  de   1234.    Chroniq.  beiges, 
De  Klerk,  Cod.  diplom.,  p.  641.  —  Promittimus  nostros  burgenses  conscr- 
vare  in  omni  jure  et  consuetudine }  quas  a  nobis  et  nostris  predecessori- 
bus  ab  antiquo  usque  ad  haec  tempora  perduxerunt.  Diplome  de  1290 
Woeringen,  Cod.  diplom.,  p.  536. 

(2)  Voyez  M.  Piot,  p.  120,  sur  la  fable  de  Bastin  et  de  ses  seplfilles, 
auxquelles  on  a  rapporte  roriffinedes  sept  families  patriciennes  de  Louvain. 


(100) 

epoque.  Anciennemenl,  personne  a  Tournay  ne  pouvait 
aspirer  a  la  magistrature  rnunicipale,  s'il  n'elait  homme 
de  Ste-Marie  (1).  II  devait  en  etre  de  meme  a  Utrecht,  ou 
les  bourgeois,  sans  exception,  etaient,  comme  nous  1'avons 
deja  dit,  hommes  de  S'-Martin.  Le  lien  religieux  ou  civil 
qui  rattachait,  dans  la  constitution  native  de  Louvain ,  les 
habitants  a  1'eglise,  a  ete  une  condition  accessoire  et  non 
pas  une  condition  principals  de  Texercice  de  fonctions 
administrates;  car  qui  ne  voit  quel'homme  de  S'-Pierre 
se  confond  avec  le  citoyen  lignager?  A  mesure  que  Ton 
s'est  eloigne  davantage  du  point  de  depart  d'usages  remon- 
tant au  dela  de  toute  memoire  d'homme,  on  a  pu  croire 
que  le  droit,  inherent  en  realite  a  la  nolabilite  du  citoyen, 
n'avait  d'autre  source  que  le  lien  ecclesiastique;  des  ecri- 
vains  qui  ne  se  sont  pas  donne  la  peine  de  degager  le  sens 
historique  de  1'institulion,  ont  pu  assimiler  tout  Peetersman 
au  patricien,  et  donner  indislinctement  aux  hommes  de 
S'-Pierre  une  importance  administrative  que  certains  seu- 
lement  d'entre  eux  ont  eue.  Ce  jugement  errone  repose  sur 
un  fait  vu  sous  un  faux  jour.  Le  droit  des  citoyens,  sortis 
des  lignees,  de  fournir  des  magislrats  a  1'echevinat  ainsi 
qu'au  college  ou  jurat  de  la  ville,  etait  une  prerogative 
essentiellement  patricienne.  Les  chartes  de  1575  et  de 
1578,  qui  reorganisenl  la  magistrature  urbaine,  ne  font 
aucune  mention  des  Peetersmannen,  au  lieu  que  les  patri- 
ciens  y  sont  denommes.  Les  nombreux  actes,  keuren  et 
diplomes  de  1211  a  1548,  inseres  dans  le  Code  diploma- 
tique du  premier  volume  de  la  Chronique  de  De  Klerk, 


(1)  Jntiquitus  nemo  poterat  esse  de  magistratu  tornacensi  nisi  qui 
esset  homo  beatae  Mariae ,  sive  in  ecclesiae  cathedralis  fidem  ac  cliente- 
lam  adscriptus.  (Catullus,  Tornacum,  SYNTAGMA  IX,  p.  89.) 


(  101  ) 

gardent  le  meme  silence  sur  les  hommes  de  S'-Pierre  (1). 
Tout  atteste  dans  la  constitution  communale  de  Louvain 
que  le  citoyen  est  saisi  des  fonclions  publiques ,  non 
comme  Peetersman,  mais  comme  patricien ;  et  rien ,  a  cet 
egard,  ne  dissipe  mieux  les  doutes  que  la  coulume  de 
Louvain;  il  suffit  de  la  laisser  parler  (2). 

Passons  a  1'examen  de  la  juridiction  des  Peeler  smannen. 

A  la  difference  de  la  justice  romaine,  qui  formait  un  at- 
tribut  de  la  souverainete  du  peuple  et  permettait  a  chacun 
d'oblenir  satisfaction ,  la  justice  chez  les  nations  de  race 
germanique  prit  un  caractere  pureraent  conventionnel. 
Une  des  plus  grandes  forces  sociales  du  moyen  age  fut  la 
mise  en  pratique,  rigoureuse,  du  principe  d'association. 
Applique  au  droit  de  juger,  il  eut  pour  consequence  que  le 
justiciable  ne  put  demander  droit  qu'en  qualite  de  membre 
(Tune  famille,  d'une  arrhimanie,  d'une  marche,  d'une 
commune,  d'une  corporation,  d'une  immunite  ou  d'une 
universite  quelconque  (5). 

On  sait  que  lesjuridictions  familiereset  feodales  furent 
aussi  multipliers  que  les  petites  souverainetes  qui  couvri- 
rent  1'Europe.  La  nature  de  la  juridiction  des  Peetersman- 
nen n'est  done  pas  un  mystere.  C'etait  une  justice  fami- 
liere,  organisee  comme  toutes  le  furent,  et  dans  laquelle 
les  hommes  libres  faisaient  le  service  judiciaireen  venant 
s'asseoir  aux  plaids  pour  statuer  sur  les  differends  de  leurs 
pairs,  des  colons,  des  serfs,  des  vassaux  de  condition 
inferieure  soumis  aux  regies  de  ia  confederation  de 
S'-Pierre. 


(1)  Pages  624,  638  £  640,  etc. 

(2)  Voy.  chap.  I ,  art.  2  et  suiv. 

(3)  Championniere ,  Eaux  courantes,  n°$  224  a  226. 


(  102  ) 

Determiner  avec  exactitude  1'origine  de  cetle  juridic- 
tion,  c'est  rechercher  quel  a  ete  1'element  constilutif  de  la 
confederation  elle-meme.  Pour  nous,  qui  ne  voyons  dans 
les  Peetersmannen  que  les  hommes  unis  a  la  famille  de 
S'-Pierre,  il  esl  indubitable  que,  lorsque  1'eglise  formait 
vraisemblablement  avec  son  opulent  chapitre  et  son  do- 
maine  le  noyau  principal  de  la  cite  donl  elle  n'est  plus 
aujourd'bui  qu'une  enclave,  elle  a  du  jouir  de  I'immunite 
qui  flit  accordee  autrefois  a  toutes  les  abbayes  et  aux  eglises 
de  quelque  importance  (1).  La  diselle  dediplomes  contem- 
porains  empeche  de  fournir  la  preuve  directe  de  ce  fait; 
mais,  independamment  de  ce  que,  pendant  plusieurs  sie- 
cles,  I'immunite  fut  en  quelque  sorte  le  droit  commun  de 
1'eglise  devenue  puissance,  deux  passages  de  documents 
ciles  dans  le  cours  de  cetle  dissertation,  apportent  des 
temoignages  irrecusables  en  faveur  de  1'opinion  que  nous 
defendons. 

La  formule  du  serment  prete,  en  1291,  par  le  due  de 
Brabant  renferme  la  promesse  de  respecter  les  droits, 
privileges,  coutumes,  possessions  et  liberles  (libertates)  de 
1'eglise  et  des  hommes  de  Sl-Pierre. 

Par  1'acte  de  1509,  le  due  de  Brabant  reconnait  que  les 
messeniers,  qui  resident  dans  les  anciens  manses  de 
S'-Pierre,  doivent  etre  vraimeiit  libres  et  exempts  de 
tailles  et  d'impots,  en  raison  de  la  liberte  de  Sl-Pierre 
fratione  LIBERTATIS  sancti  Petri). 

Qu'est-ce  que  la  liberte  de  S'-Pierre,  ce  titre  unique 


(1)  Les  premieres  monnaies  connues  de  Louvain  portent  pour  legende  : 
S'-Petrus  Lovaniensis.  Voyez  Plot,  Histoire  de  Louvain,  p.  111.  Cette 
legende  est-elle  due  ^  la  piete  des  habitants  ou  a  la  preponderance  de 


qu'invoque  ie  clue,  sinon  1'immunite,  la  franchise  avec 
toules  les  attributions  qu'elle  comporte  (1)  ? 

L'immuuite  consistait  principalement  dans  la  defense 
a  tout  juge  public  d'entrer  sur  les  terres  dc  1'eglise  pour 
y  sejourner,  y  rendre  aucune  decision  ou  assister  au  juge- 
gement  des  affaires,  y  percevoir  aucune  taxe  ou  rede- 
vance(2).  Et  le  corollaire  de  la  suppression  de  toute  juri- 
diction  publique  devait  £tre  et  fut  en  effet  le  transport  du 
pouvoir  judiciaire  aux  e'veques  et  aux  abbes  (5). 

L'immune  concessionnaire  avail  doncsa  juridiclion  lo- 
cale, civile  el  criminelle,  sur  les  hommes  de  la  commu- 
naule,  de  la  confederation  ou  de  1'eglise. 

Tel  est,  selon  nous,  le  premier  fondement  de  cetle  jus- 
tice qui,  entouree  d'abord  d'obscurile,  se  perpetua  pendant 
des  siecles  a  cote  du  tribunal  e'chevinal,  avec  son  caraclere 
propre  et  sa  competence  clairement  de'finie  par  la  coutume. 

Notre  explication,  qui  s'appuie  sur  !a  vraisemblance 
historique  et  sur  des  lextes  positifs,  rend  compte  de  tous 


(1)  LIBERTAS,  districtus  loci  alicujus  intra  quern  incolae  LIBEBTATE, 
privilegio  ac  jure  civitatis  gaudent.  Ducange,  v°  Libertas. 

Eamdem  LIBEIITATEM  donuvi...  ut  submansores  ejusdem  ecclesiae  ab 
omni  publica  exactione  liberi,  omnique  jugo  etiam  nostrae  donationis 
absolutij  nequaquam  jure  forensi  sive  alicujus  decreto  potestatis  ar- 
ceantur  etiam  super  his  quae  ad  terrae  legem  pertinent  requirendis.  Do- 
nation de  Philippe  a  Teglise  de  S'-Donat,  en  1183.  Miraeus,  1. 1,  p.  716. 

Ipsum  monasterium....  cum  omnibus  juribus,  LIBEUTATIBUS  SEU  FRAN- 
CHISHS  ac  usagiis ,  etc.,  confirmamus.  Dipl.  de  1297,  concernant  Tabbaye  de 
Villers.  S'-Genois,  Avoueries ,  258. 

(2)  Voir  la  formnle  de  Marculplje,  I,  c.  5;  le  diplome  de  saint  Bavon,  de 
81 9 ;  Miraeus,  1. 1,  p.  19. 

(5)  Praecipimus  ut  nullus  judex ,  nisi  cut  episcopus  commiserit, 
audeat  potestatem  exercere  super  ea  loca....  Diplome  d'Othon  II,  touchant 
realise  de  Li^ge,  en  980. 


les  fails  et  les  laisse  voir  sous  toutes  leurs  faces.  II  n'en  est 
pas  ainsi  du  systemequi  repose,  non  sur  d'impartiales  in- 
vestigations, mais  sur  les  inventions  de  1'imagination 
populaire.  Nous  nous  garderons  bien  de  revoquer  en  doute 
que  les  Peetersmannen  aient  brille  dans  des  actions  parti- 
culieres  ou  la  banniere  de  S'-Pierre  les  guidait,  puisque  la 
communaute  de  Louvain  a  du,  comme  toutes  les  coramu- 
nautes  civiles  et  religieuses,  fournir,  a  jour  marque,  ses 
hommes  d'armes,  chaque  fois  qu'elle  en  a  ete  legalement 
requise;  nous  accueillerons  encore  volontiers  le  recit  de 
ce  combat  dans  lequel  un  corps  de  Peetersmannen  soutint 
une  lutte  inegale  contre  une  foule  d'ennemis  pour  sauver 
le  due  de  Brabant.  Cette  generosite  heroique  est  dans  nos 
mceurs,  elle  nous  plait. 

Mais  c'est  un  en  fan  tillage  historique  que  d'attribuer  la 
creation  d'une  juridiction  speciale  a  la  reconnaissance  du 
prince  qui  vient  d'echapper  a  un  peril  serieux.  L'etablisse- 
ment  de  la  justice  des  hommes  de  S'-Pierre  est  un  fait 
simple ,  expression  fidele  des  necessites  de  la  societe  des 
Xme,  XIrae  et  XIlmesiecles,  et,  pendant  delonguesannees, 
cettejustice  a  du  rester  telle  sans  subir  aucune  alteration. 
Dans  la  suite,  lorsque  les  autres  institutions  s'etaient  mo- 
difiees,  on  l'a  envisagee  comme  une  juridiction  privilegiee, 
parce  que  le  temps  avail  en  effet  converti  le  fait  ordinaire 
en  fait  exceptionnel.  La  condition  la  plus  saillante  de  cette 
justice  speciale,  celle  qui  nous  frappe  le  plus ,  c'est  le  droit 
du  defendeur,  assigne  devant  un  autre  juge  que  celui  de  sa 
confederation ,  de  demander  son  renvoi  devant  ce  dernier. 
Et  pourtant  on  retrouve  le  meme  principe  dans  la  plupart 
des  justices  familieres,  car  elles  etaient  organisees  a  1'instar 
Tune  de  1'autre.  En  1252,  Guillaume,  roi  des  Romains, 
donne  aux  ciloyens  et  habitants  d'Ulrecht  une  charte  qui 


(  105  )  • 

defend  aux  princes,  marquis,  dues,  comtes,  nobles,  a 
toule  personne  en  un  mot,  de  saisir  de  leurs  differends, 
hors  de  la  cite,  une  autre  justice  que  celle  de  1'eveque, 
tant  que  les  Utrcchtois  accepteront  le  jugement  de  eelui- 
ci  ou  de  son  delegue  (1).  Get  exemple  merite  d'etre  note, 
puisque  les  bourgeois  d'Utrecht  elaient  hommes  deSVMar- 
tin,  et  qu'il  ne  serait  pas  impossible  que  le  due  se  fut 
complu  a  donner  aux  Peetersmannen ,  en  recompense  de 
leurs  vaillantes  actions,  une  charte  identique,  destinee  a 
convrir  leurs  droils  de  la  protection  el  de  la  garantie 
souveraine.  Ainsi  s'expliqueraient  les  legendes  populaires. 
An  fond,  quoique  Guillaume,  a  I'imitation  des  suzerains 
de  son  temps,  ne  manque  pas  d'exagerer  rimporlance  de 
son  octroi,  la  defense  qui  y  esl  faile  n'est  que  la  sanction 
des  regies  ordinaires  des  juridictions  du  moyen  age.  On 
n'a  pas  penetre  jusqu'ici  assez  intimement  dans  le  meca- 
nisme  de  1'autorite  justiciere  des  temps  seigneuriaux  pour 
dissiper  les  doutes  qui  planent  sur  les  rapports  qui  pou- 
vaient  exisler  enlre  des  justices  differentes,  a  raison  de 
leurs  justiciables  respeclifs.  Mais,  si  Ton  reflechit  que 
pendant  toute  une  epoque  1'homme  fut  pour  ainsi  dire 
localise,  et  qu'il  eut  constamment  droit  a  la  protection  et 
a  la  justice  de  son  association  feodale,  immune  ou  com- 
munale,  on  ne  s'etonnera  plus  de  cetle  faculle  d'evocation 
ou  de  renvoi,  qui  n'est  en  somme  que  la  consequence  lo- 
gique  du  principe  de  la  juridiclion  elle-meme. 

La  charte  donnee  en  4192  a  Vilvorde,  porte  que  le 
bourgeois  de  Vilvorde  ne  peut  etre  cite  en  justice  et  juge 
que  dans  cette  ville  et  par  les  echevins ,  a  moins  que 


(1)  Van  Mieris,  Chnrterboeck  van  Holland,  i.  I,  p.  267, 


(  106  ) 

sou  proces  ne  passe  les  bornes  de  cetle  juridiction  (1). 

Ne  resulle-t-il  pas  de  ce  texie  ime  defense  expresse  a 
toule  justice  etrangere  d'atlirer  a  elle,  saufles  cas  excep- 
tionnels,  les  poursuiles  centre  les  bourgeois  de  Vilvorde? 
et  ces  derniers  n'y  puisent-ils  pas  en  nieme  temps  le  droit 
de  faire  slaluer  sur  ces  poursuiles  par  leur  juge  domici- 
liaire?  On  voit  dans  le  traite  fait  avec  les  nobles  en  1466, 
les  villes  de  Bruxelles  et  d'Anvers  stipuler  a  1'avantagede 
leurs  francs  bourgeois  le  droit  d'evocalion  qu'elles  recon- 
naissent  aux  Peetersmannen  de  Lou  vain. 

Nous  pourrions  multiplier  les  citations,  mais  il  doit 
suifire  d'avoir  demoulre  par  un  des  plus  anciens  litres  de 
la  legislation  des  communes  beiges,  que  la  facultede  renvoi 
dont  jouissaient  les  hommes  de  S'-Pierre  etait  tine  base 
fondamenlale  des  juslices.  Dans  la  coulumede  Louvain, 
la  reconnaissance  du  droit  d'evocation  est  expresse,  tandis 
qu'il  n'esl  admis  dans  la  charle  de  Vilvorde  que  d'une 
maniere  implicite.  Voila  la  seule  difference  a  signaler. 

L'affranchissement  des  tailles  et  des  taxes  perc.ues  au 
profit  du  due  de  Brabant  n'est  encore  qu'une  des  condi- 
tions ordinaires  des  immuniles.  Nous  avons  vu  qu'il  elait 
inlerdit  aux  officiers  publics  de  presier  aucun  acte  d'auto- 
rite  et  de  juridiclion  dans  le  territoire  de  1'immuniste. 
Celle  interdiction  esl  renouvelee  dans  le  plus  grand  nom- 
bre  de  leltres  d'immunile  :  nous  prendrons  a  dessein  nos 
exemples  dans  le  Brabant.  Le  reglement  de  1'avouerie  du 
monastere  d'AHlighem  fait,  en  1210,  par  le  due,  affran- 
cbit  de  toute  espece  d'exaction  et  de  tail  les  ceux  qui  vivent 
sur  les  terres  du  monastere  (2).  La  charte  de  1217,  sur  la 


(1)  Butkens,  Preuves ,  I,  p.  46. 

(2)  Saint-Genois,  Avoueries,  pieces  justificatives,  p.  210. 


(107) 

justice  do  1'abbayede  Villers,  contient  une  disposition  sem- 
blable(l).  Comparez  au  surplus  les  expressions.  Dans  le 
premier  de  ces  documents,  le  due  s'exprime  en  ces  termes : 
Quicumque  in  possessionibus  et  fundis  ejusdem  ecclesiae.... 
habitaverint ,  ab  omni  cxactione  et  tallia  sint  liberi.  Dans  le 
second  :  Eis  indulsimus ,  ut  in  terra  nostra  ab  omni  exac- 
tione  et  molestia  liberi  existant  et  inperpetuum  permaneant. 
II  s'enonce  non  moins  clairement  dans  1'acte  de  1509,  re- 
latif  aux  hommes  de  Sl-Pierre  :  Cum...  veraciter  liberi  et 
exempli  esse  debent  super  talliis  et  exactionibus  nobis  et  suc- 
cessoribus  nostris  ducibus  futuris  faciendis ,....  mandamus 
amm-aniis,  villicis,  subvillicis  et  foreslariis  sivc  praeconibus 
noslris ,  ceterisque  officiatis  nobis  subditis  quatenus  non  mo- 
les tant  super  talliis  et  exaclionibus  quibuscumque . 

Les  opinions  nesauraient  elre  divisees  sur  le  sens  de  ces 
passages,  qui  offrent  une  ressemblance  presque  absolue, 
et  se  traduisent  d'eux-memes.  II  existe  dans  les  collections 
historiques  un  nombre  considerable  de  diplomes  de  meme 
nature.  Nous  nous  bornons  a  y  renvoyer  (2) ,  en  pensant 
que  les  exemples  cites  sufiisent  pour  momrer  qu'il  ne 
s'agit  encore  ici  que  d'un  privilege  d'inimunite. 

D'ailleurs,  qu'on  ne  se  meprenne  pas  sur  Fetendue  de 
cet  affranchissement.  Qu'on  n'en  conclue  pas  avec  M,  Piot, 
que  les  Peetersmannen  ne  devaient  payer  1'impot  que  de 
leur  consentement  (5).  L'exemi»tion  accordee  par  le  due 
n'etait  pasillimitee;  elle  ne  s'appliquait  qu'aux  perceptions 


(1)  Saint-Genois ,  Jvoueries ,  pieces  justificatives ,  p.  214. 

(2)  DipI6me  de  1540,  concernant  Betteghem :  curtem  de  Betteghem  li- 

beramus ab  omnibus  talliis,  corweidis ,  exactionibus.  Saint-Genois, 

Avoueries,  pieces  justificat.,  p.  242. 

(3)  Louvain,p.  124. 


(  108) 

ducales  ,  et  laissail  subsister  le  droit  de  taille  au  profit  de 
Timmune,  qui  en  conservait  soigneusement  les  elements. 
L'homme  de  S'-Pierre  n'etail  libere  de  1'obligalion  fiscale 
qu'a  I'egard  du  due  (1). 

Nous  avons  compris  dans  la  nomenclature  des  preroga- 
tives des  Peetersmannen  la  dispense  de  payer  les  redevances 
connues  sous  le  nom  de  tonlieux,  bien  que  Parival  en 
fasse  seul  mention  el  que  nous  n'ayons  pu  trouver  la 
preuve  de  ce  qu'il  avance.  Peut-etre  la  franchise  de  ton- 
lieux  n'est-elle  sous  sa  plume  que  la  traduction  du  mot 
exactio  de  1'acte  de  1509.  Quoi  qu'il  en  soil,  la  suppression 
des  peages,  si  elle  etait  reelle,  ne  s'appliquait  encore  line 
fois  qu'aux  possessions  du  due  de  Brabant,  et  n'a  proba- 
blement  eu  d'autre  origine  que  rimmunite  de  S'-Pierre. 
Godefroid  le  Barbu,  le  fondateur  de  1'abbaye  de  Ylierbeeck, 
avail  concede  a  celte  communaute  religieuse  1'usage  de 
forets  et  de  paturages,  et  1'avait  affranchie  a  perpetuite 
des  d roils  de  peages  et  des  impositions  de  tout  genre  a 
percevoir  seulement  dans  son  territoire  parliculier  et  sei- 
gneurial,  a  leloneo  et  omni  hujus  modi  eocactione,  in  omni 
loco  mei  juris  (2).  Ainsi  1'etablissement  de  ces  privileges 
suivait  partout  la  meme  marcbe. 

Reconnaissons  mainlenant  le  point  ou  nous  sommes 
parvenus,  car  nous  croyons  avoir  atteint  notre  but.  Les 
fails  qui  onl  ete  retraces  on  I  a  nos  yeux  une  signification 
frappanle.  Le  slalut  anlique  du  Peetersman  n'esl  autre  que 
celui  des  libertes  et  des  privileges  de  1'eglise  deSl-Pierre. 
Dans  le  principe,  le  libre  Peetersman  est  homme  de  1'eglise, 


(1)  Championniere,  Eaux  courantes,  n°  121. 

(2)  Cbarte  de  1125,  Miraeus,  donat.  piar.  I,  p.  90. 


(109) 

il  tient  a  la  famille  de  1'eglise,  il  siege  dans  la  justice  de 
rimmunite,  et  plus  tard,  s'il  est  lignager,  dans  les  conseils 
de  la  commune;  il  est  affranchi ,  comme  membre  d'une 
communaute  protegee  par  le  due,  des  obligations  qui  pe- 
sent  sur  d'autres.  Comparativement  a  ceux-ci,  il  est  en 
realile  le  privilegie  par  excellence  (1). 

Que  si  Ton  jette  les  regards  sur  ce  qui  se  passe  ailleurs, 
on  rencontre  les  memes  denominations ,  les  memes  erre- 
ments,  les  memes  choses,  mais  moins  largement  deve- 
loppees  (2).  Ce  serait  presque  une  histoire  commune,  si 
la  juridiclion  des  Peetersmannen ,  resistant  aux  tendances 
d'unile  civile  et  se  perpetuant  au  milieu  des  changements 
qui  s'etaient  accomplis  partout,  n'avait  pas  survecu  a  la 
destruction  des  justices  identiques  etablies  dans  d'autres 
pays.  Aussi  nous  pensons  que  le  lecteur  n'eprouvera 
aucune  difiiculie  a  se  de'partir  des  idecs  confuses  a  travers 
lesquelles  il  avail  entrevu,  jusqu'a  present,  celle  institu- 
tion aux  bases  seculaires,  si  profondement  empreinte  du 
cachet  du  moyen  age. 


(1)  De  consuctudine  antiqua  et  approbata  et  observata  a  tanto  tern- 
pore  quod  ejus  memoria  non  existit,  homines  familiae  beati  Petri  liberi 
fuerunt  et  adhuc  sunt  prae  ceteris  hominibus.  Acte  de  1548  5  appendice, 
1>.  47. 

(2)  A  Lille,  1'eglise  de  S'-Pierre  a  conserve  longtemps  sa  justice  speciale, 
fjui  fut  le  sujet  de  frequents  demeles  entre  le  chapitre  de  S'-Pierre  et  les 
echevins  de  la  ville.  Voyez  Roisin,  Franchises ,  lois  et  coutumes  de  la  ville 
de  Lille,  p.  277  s. 


(  110 


APPENDICE. 


1244. 

Cartulaire  de  Brabant,  n°  1,  folio  99  recto  (Archives  du  royaume.) 

Noverint  universi  tarn  praesentes  quam  poster!  quod  ego  Ar- 
noldus  dominus  de  Diest,  cum  Wilhelmo  domino  de  Assche 
super  negocio  sive  affario  quod  est  inter  dominum  meum  Henri- 
cum  ducem  Lotharingiae  ex  una  parte,  et  Arnoldum  dominum  de 
Wesemale  consanguineurn  meum  ex  altera  infra  festum  beati 
Remigii  proximo  venturum  arbitrabor  nisi  detentus  sive  occupa- 
tus  fuero  aliquo  legilimo  impedimento.  Si  autem  infra  dictum 
diem  aliquod  sicut  dictum  est  legitimum  impedimentum  micbi 
occurrit  sine  dolo,  quandocumque  monitus  fuero  a  dicta  die 
deinceps  praefatum  arbitrium  promulgabo.  Promitto  etiam  me 
laliter  arbitraturum  in  dicto  negotio  quod  praefalus  Arnoldus 
dominus  de  Wesemale  consariguineus  meus  ad  beatum  Petrum 
debeat  pertinere.  Actum  anno  Domini  1244  dominica  post  Bar- 
tholomaei. 

1534. 

G.  Boonen,  Hel  Boedt  van  de  Sinte  Peetersmannen,  fol.  25  et  26. 

Item  nolum  sit  universis  quod  Godefridus  Pistor,  dictus 
VVantboulle  de  Wackersele,  lilius  quondam  Henrici  quondam 
dicti  de  Herbruggen,  in  presentia  Pelri  dicti  de  Quercu,  villici 
Lovaniensis,  et  hominum  sancti  Petri ,  dicens  se  esse  hominem 
sancti  Petri  et  ad  liberam  familiam  domini  ducis  pertinei 
cupiens  boc  monstrare  prout  sibi  sufficere  poterit  et  valei 


(Hi  ) 

rogabat  cum  devotione  villicum  predictum  ut  monere  vellet 
homines  sancti  Petri  ibidem  presentes  qualiter  boc  monstrare 
deberet,  hoc  habito  villicus  predictus  ad  petitionem  ipsius 
Godefridi  monuit  homines  sancli  Petri  qualiter  monstrabit  se 
esse  hominem  sancti  Petri  ad  liberam  familiam  domini  ducis 
pertinere.  Qui  quidem  homines  super  hoc  moniti  habito  consilio 
sufficient!,  judicaverunt  per  sententiam  quod  ipse  Godefridus 
primo  per  se  et  duo  secum  homines  sancti  Petri  ad  liberam 
familiam  spectantes,  de  progenie  et  parentela  ejusdem  ducentes 
originem  ex  legitimo  thoro  ad  sacrosancta  jurabunt  ipsum  Gode- 
fridum  esse,  hominem  sancti  Petri  et  ad  liberam  familiam  dni 
ducis  spectantem,  de  legitimo  thoro  procreatum  quo  facto  me- 
moratus  Godefridus  prout  sibi  judicalum  extitit,  juravit  se  esse 
hominem  sancti  Petri  et  ad  liberam  familiam  domini  ducis  per- 
tinere, de  legilimo  thoro,  et  hoc  tenuerunt  cum  ipso  ad  sacro- 
sancta jurando,  Joannes  dictus  Oliver!  et  Gerardus  dictus  de 
Hulst,  de  Haecht,  dicentes  ipsum  Godefridum  esse  hominem 
sancli  Petri,  et  ad  liberam  familiam  domini  ducis  pertinere,  et 
de  progenie  sua  et  legitimo  thoro  his  inlerfuerunt  Ludovicus 
dictus  de  Redingen,  Joannes  dictus  de  Wilre,  Radulphus  dictus 
de  Redingen ,  et  Arnoldus  dictus  de  Wilre,  homines  sancti  Petri 
etad  familiam  liberam  dni  ducis  spectantes.  Qui  quidem  homines 
prout  premissis  interfuerunt,  sigilla  sua  una  cum  sigillo  ipsius 
villici  presentibus  literis  appenderunt.  Datum  Lovanii  anno  Do- 
mini 1554,  sabbato  ante  Joannis  Baptiste. 

1548. 

G.  Boonen,  meme  ouvrci-ge,  fol.  17. 

Et  quoniam  de  consuetudine  antiqua  et  approbata  et  observata 
a  tanto  tempore  quod  ejusmemoria  non  existit,  homines  fami- 
liae  beali  Petri  liberi  fuerunt  et  adhuc  sunt  praeceterishomini- 
bus,  etin  pluribus  privilegiati ,  rogamus  universitatem  vestram 


(  112  ) 

in  Domino  et  requirimus  omnes  et  singulos  ad  quorum  notitiam 
continget  presentia  devenire,  quatenus  vos  et  vestrum  quolibet, 
qui  beatissimis  Petri  clavibus  desideratis  protegi  predictum 
Arnoldum  ob  honorem  Dei ,  et  reverentiam  bead  Petri  ejus 
apostoli,  pro  homine  beati  Petri  teneatis  sicut  et  nos  a  quibus- 
cunque  injuriis  et  molestiis  fideliter  protegere  dignemini,  et 
ipsum  Arnoldum  contra  dicta  privilegia  nullatenus  infestare  : 
ipsumque  in  dictis  libertate  et  reverentia,  quibus  homines  beati 
Petri  gaudere  solent,  tanquam  hominem  ejusdem  beati  Petri 
foveri  firmiter  et  teneri.  In  cujus  rei  testimonium  et  munimen 
sigillum  nostrum  quo  pariter  utimur,  presentibus  duximus  ap- 
ponendum. 

1577. 

G.  Boonen ,  meme  ouvrage ,  fol.  2  et  3. 

Universis  et  singulis  presentes  literas  visuris  pariter  et  atidi- 
turis,  Wilhehnus  de  Wangbe,  Geldolphus  de  Tilia  van  Winde, 
Gerardus  de  Castro,  Johannes  dictus  Marcolff,  de  Hakendovel, 
et  Repo  de  Oerbeke ,  tanquam  homines  ligii  de  libera  familia 
sancti  Petri  Lovaniensisexistentes,  salutem  cum  notitia  veritatis 
subscriptorum.  Noverit  vestrum  omnium  discretio,  quod  coram 
nobis  personaliter  co»stitutus  Joannes  de  Bost  de  Wulvezeem, 
ostendit  hodie  coram  nobis,  per  Robertum  de  Bost  ejus  fratrem, 
et  Joannem  Van  der  Borcbgracht,  tanquam  per  homines  ligios 
de  libera  familia  sancti  Petri  Lovaniensis  existentes  :  qui  tactis 
sacrosanctis,  expresse  protestati  fuerunt,  per  monitionem  do- 
mini  Joannis  de  Ophem,  militis,  villici  Thenensis,  de  jure  ac 
instanter  ad  hoc  requisiti  quod  prefatus  Joannes  de  Bost  homo 
ligius  de  libera  familia  sancti  Petri  Lovaniensis,  de  et  a  recta 
linea  parentela,  seu  legitima  natione  foret  procreattis  debita 
etiam  sententia  nostrorum  hominum  ligiorum  predictorum  mo- 
nitione  que  dicti  villici  super  premissis  subsecuta  prout  et  secun- 
dum  quod  juris  ordo  in  talibus  dictaverit  fore  faciendum  nullo 


(  113) 

etiam  juris  articulo  in  premissis  de  jure  debito  et  consuelo  pre- 
termisso,  harum  Testimonio  literarum  nris  sigillis  sigillatarum 
et  datarum.  Datum  anno  a  nativitate  Dni  millesimo  tricentesimo 
septuagesimo  septimo  mensis  decembris  die  duodecima. 

Quas  literas  sigillis  predictorurn  liominum  sancti  Petri  sigil- 
latas  non  abrasas,  non  cancellatas,  neque  in  aliqua  sui  parte 
suspectas,  Petrus  Bode,  notarius,  de  mandato  dominorum  die 
26  mensis  novembris  anno  1445,  teste  manu  propria  regis- 
travit. 

1406. 

G.  Boonen ,  meme  ouvrage,  fol.  26  a  28. 

Item  notum  sit  universis  quod  Joannes  Van  den  Scrike  de 
Wespelaer  in  presentia  villici  et  hominum  sancti  Petri  Lova- 
niensis  subscriptorum  constitulus,  dixit  et  asseruit  seipsum  et 
Henricum  Van  den  Scrike  ejus  fratrem,  pronunc  apud  Water- 
male  captum,  esse  homines  sancti  Pelri  Lovaniensis,  ad  liberam 
familiam  domine  ducisse  Brabantie  pertinere,  et  de  legitimo 
thoro  fore  procreates,  cupiens  hoc  monstrare  modo  debito  prout 
sibi  sufficere  posset  et  valere,  rogavit  cum  devotione  villicum 
Lovaniensem  predictum,  quatenus  monere  vellet  homines  sancti 
Petri  Lovaniensis,  qualiter  et  quomodo  antedictus  Joannes  pro 
se,  et  dicto  Henrico  ejus  fratre  capto  hoc  monstrare  deberet. 
Quo  facto  villicus  Lovaniensis  ad  preces  et  requisitionem  dicti 
Joannis  monuit  homines  sancti  Petri  Lovaniensis  ibidem  pre- 
sentes  qualiter  dictus  Joannes  prose  et  dicto  Henrico  ejus  fratre 
monstrare  deberet,  se  ipsum  et  eundem  Henricum  ejus  fratrem, 
esse  homines  sancli  Petri  Lovaniensis  et  ad  liberam  familiam 
dne  ducisse  pertinere,  qui  quidem  homines  sancti  Petri  Lova- 
niensis super  hoc  moniti  prehabito  consilio  et  deliberatione 
sufficienti,  dixerunt  pro  sententia  et  jure  quod  dictus  Joannes 
primo  per  se,  et  duo  homines  sancti  Petri  Lovaniensis  secum, 
de  progenie  et  parentela  dictorum  Joannis  et  Henrici,  tactissa- 

APP.    BULL.    1 853-1 854.  8 


(  Hi  ) 

crosanctis,  jurare  deberent  prefatos  Joannem  et  Henricum  esse 
homines  sancti  Pelri  Lovaniensis,  de  legilimo  thoro  fore  pro- 
creatos,  et  ad  liberam  familiam  domine  ducisse  pertinere,  his 
habitis  predictus  Joannes  quemadmodum  sibi  prejudicatum 
extiterit,  tactis  sacrosantis  juravit  se  ipsum  et  dictum  Henricum 
ejus  fratrem  esse  homines  sancti  Petri  Lovaniensis  de  legitinio 
thoro  fore  procreates,  et  ad  liberam  familiam  domine  ducisse 
pertinere.  Et  hoc  idem  juraverunt  cum  dicto  Joanne  ad  sacro- 
sancta  Joannes  dictus  Gheerts  filius  Joannes  quondam  Gheerts, 
de  Wespelaer,  et  Willelmus  Kympe ,  dicentes  sub  eorum  jura- 
mento  prefatos  Joannem  et  Henricum  fratres,  esse  homines 
sancti  Petri  Lovaniensis,  et  legitimo  thoro  fore  procreates  ac  de 
progenie  et  parentela  eorundem  Joannes  Gheerts  et  Willelmi 
Kympe,  et  ad  liberam  familiam  domine  ducisse  pertinentes  insu- 
per  tactis  sacrosanctis,  juraverunt  jam  dicti  Joannes  Gheerts  et 
Willelmus  Kympe ,  per  monitionem  dicti  villici ,  et  sententiam 
hominum  sancti  Petri  Lovaniensis  se  ipsos  esse  homines  sancti 
Petri  Lovaniensis  de  legitimo  thoro,  de  progenie  et  parentela 
dictorum  Joannis  et  Henrici  fratrum,  et  ad  liberam  familiam 
domine  ducisse  pertinentes.  Et  nos  Joannes  de  Montenaken , 
villicus  Lovaniensis  Ludovicus  Pynnock  miles,  Godefridus  ex 
Liemingen,  Ludovicus  dictus  Roelants,  et  Petrus  Platvoet,  ho- 
mines sancti  Petri  Lovaniensis.  Quia  premissis  interfuimus, 
sigilla  nostra  presentibus  duximus  apponenda,  in  testimonium 
veritatis  premissorum.  Datum  anno  Domini  millesimo  quadri- 
gentesimo  sexto  in  die  parasceves. 


(  115) 


ANALYSE 

DES  DOCUMENTS  CONCERNANT  LES  PEETERSMANNEN,  CONSERVES  AUX 
ARCHIVES  DE  LA  VILLE  DE  LOUVAIN  (1). 

I. 

Het  Boeck  van  de  Sinte  Peeler smanncn  van  Loven,  1592.  Manuscrit 
in -folio  de  d31  feuillets,  commence  par  Guillaume  Boonen  et  con- 
tinue par  Guillaume-Antoine  Van  Dieve. 

Guillaume  Boonen  doit  elre  ne  a  Louvain  vers  Tan  1551.  II  elait  employe,  en 
1581,  au  bureau  dela  comptabilite  de  la  ville,  en  qualite  de  clerckvan  het  register. 
II  termina  le  livre  des  Peetersmannen  en  1592.  Le  premier  volume  de  ses  Antiqui- 
tates  Lovanienses  porte  a  la  fin  le  millesime  de  1594.  II  est  mort  a  Louvain  le 
15  juillet  1618.  Ses  travaux  sont  inestimables  pour  1'histoire  de  sa  ville  natale. 
Le  pauvre  employe  fut  d'un  grand  secours  a  Juste-Lipse  et  a  Gramaye.  Le  der- 
nier seul  lui  a  rendu  justice  (2). 

Guillaume-Antoine  Van  Dieve  ,  arriere- petit -fils  de  1'historien  de  ce  nom 
(Divseus),  etait  secretaire  du  college  des  Peetersmannen.  II  est  ne  le  16  fevrier  1677, 
et  est  mort  le  22  juillet  1754. 

Fol.  1.  Memorie  Boeck  van  den  vryen  huysgesinne,  afcompste  ende 

familie  der  kercken  van  Sinte  Peeters,  te  Loeven. 

Iste  Cap.  —  Wat  men  van  Sinte  Peetersmannen  leest,  in  de  Blyde 
Incompsten  des  hertoghen  van  Brabant,  als  zy  het  landt  ontfanghen 


(1)  M.  le  chanoine  de  Ram  ,  dans  le  rapport  bienveillant  qu'il  a  presente  a 
1'Academie  royale  sur  la  notice  qui  precede ,   a  signale ,  comme  pouvant  etre 
consulted  avec  fruit ,  plusieurs  manuscrits  reposant  aux  archives  de  Louvain , 
dont  1'indication  lui  avait  etc  fournie  par  M.  E.  Van  Even ,  archiviste  de  celte  ville. 

M.  Van  Even,  a  qui  je  me  suis  empresse  de  m'adresser,  a  bien  voulu  me  donner 
tous  les  renseignements  qui  lui  ont  etc  demandes ,  et  m'a  envoye  avec  une  rare 
complaisance  differenls  extrails  des  manuscrits  prementionnes,  lesquels  sont  venus 
immediatement  s'encadrer  dans  mon  travail ,  sans  cependant  contrarier  aucune 
de  mes  idees. 

J'ai  pense  que  Ton  serait  bien  aise  de  lire  1' analyse  des  materiaux  precieux 
que  possede  la  ville  de  Louvain.  Cette  analyse  a  etc  faite  par  M.  Van  Even,  qui 
m'a  permis  de  la  livrer  a  la  publicite. 

(2)  Boonen  qui  urbi  a  secretis  est  et  rerum  ejus  diligens  indayator.  Gramaye , 
Lovanium,  p.  2,  note  marginale, 


te  Loeven.  Extrait  de  la  Joycusc-Entre'e  de  Philippe  II,  5  jnillet  1549. 

Fol.  2,  Hde  Cap.  —  Walter  geregistrecrd  staet  van  Sinte  Peeters- 
raannen  van  Loeven  in  de  acten  van  't  capittel  van  Sinte  Peeters  tc 
Lceven.  Charte  de  1577  (1).  —  Fol.  5  :  Mode  de  reception,  acle  du 
11  scptcmbrc  1445.  —  Fol.  4,  Acte  de  1319  (2).  —  Fol.  8 :  Actes 
concernant  des  Peelersmannen  demeurant  hors  mile,  1540  a  1578.  — 
Fol.  8,  Sommighen  acten  geregistrecrd  by  den  notaris  Bode.  Actes 
de  1445.  —  Fol.  9  :  De  Onslachbrieven  van  de  Sinte  Peetersmannen 
aen  de  meyers  ende  andere  (5  actes}.  —  Fol.  12  :  Seckere  articulen 
nopende  de  vrycheyt  ende  d'bethoonen  van  Sinte  Peetersmanschappe 
van  Loeven,  gecomprehendeert  in  sekere  vonisse  van  wylen  Philips 
hertoghe  van  Brabant,  tusschen  Jan  Gordyn  ende  der  stadt  van  Loe- 
ven, gegeven  28  april  1460  (5).  —  Fol.  15  :  Hoe  de  schepencn 
brieven,  porteryen  van  Loeven  ende  van  Brusscl,  ende  Sinte  Pee- 
tersmanscap  van  Loeven,  al  Brabant  dore  buyten  vryen  steden  schul- 
dich  syn  voertganck  te  hebben.  Ordonnance  flamande  d'Antoine,  due 
de  Brabant,  en  date  du  11  mars  1407. 

Fol.  14.  —  Dat  d'ierste  kennisse  van  allc  schepenen  brieven  Sinte 
Peetersmannen  ende  poerteren  van  Loeven,  den  wethouderen  der  selver 
stadt  competeert.  Ordonnance  flamande  de  Charles  F,  9  de'cembre  1 542. 

Fol.  16,  IIIdc  Cap.  —  Sommighe  getuyghenissen  van't  capittel  van 
Sinte  Peetersmannen.  Charles  du  chapitre  de  1505  (4),  de  1548  (5)  ct 
de  1582. 

Fol.  18,  IVde  Cap.  —  Dat  de  vrouwen  oock  syn  Sinte  Peeterslieden. 
Charte  du  chapitre  de  1378  (6). 

Fol,  19,  Vde  Cap.  —  Van  chynsmannen  der  kercken  van  Sinte 
Peeters,  brieven  van  ghctuygenissc.  Charte  du  chapitre  de  1278. 

Fol.  20 ,  VIde  Cap.  —  Exempel  van  brieven  van  versueckinge  op 
dat  gedoceert  wordde,  datter  chynsmannen  syn  van  Sinte  Peetcr 
ende  van  syne  familic.  Charte  de  1205  (7). 


(1)  Appcndice,  p.  48. 

(2)  Bull,  de  la  Commission  d'histoire,  t.  Til ,  p.  333. 

(3)  Ibid.,  t.  IV,  p.  217. 

(4)  Ibid.,  t.  Ill  ,  p.  333. 

(5)  Appendice  ,  p.  47. 

(»>)  Bull,  de  la  Commission  d'hisloirc,  1.  IV,  p.  217. 
(7)  Ibid.,  1.  IV,  p.  214. 


(  117) 

Fol.  21 ,  VIIde  Cap.  —  Dat  de  gene  gheboren  vuyt  een  onvry  ghe- 
slachte  oock  syn  Sinte  Peelers  chynsmannen.  Chartc  du  chapitre 
de  1550  (1). 

Fol.  22,  VIIIstc  Cap.  —  Dat  de  bewoonders  oft  bcsitters  van  de 
oude  gheleghen  oft  wooninghcn  van  Sinte  Peelers  te  Loeven  syn  ghe- 
nietende  vryheyt  van  alle  tollen  en  alle  andere  exaction  van  Sinte 
Peeler,  ende  dat  by  betuychenisse  van  den  hertoghe,  etc.  Charle  du 
chapitre  de  1309  (2). 

Fol.  24- ,  IXd8  Cap.  —  Wat  dat  men  totte  ornamenlen  Ste  Peelers 
plachttc  geven,  voer  den  seghel.  Annotations  tirees  des  registres  de 
I'e'glise  de  &-Pierre,  de  1316  a  134-8. 

—  Wat  men  den  meyere  van  Loeven  (tot  behoef  des  hertoghen  van 
Brabant)  gheeft  voert  bethoonen  van  Sl  Peetersmanschappe.  1408. 

Fol.  24,  Xde  Cap.  —  Confirmalicn  ende  beveslighen  der  privile- 
gien  van  Ste  Peelersmannen  van  Loeven. 

Fol.  25.  —  Extrait  de  la  Charte  de  Jean  /er,  de  1291,  sur  les  Vrier- 
messeniederen. — Extrait  de  la  Joycuse-Enlree  de  Jeanne  et  Wcnceslas, 
de  1355. 

Fol.  25,  XIde  Cap.  —  Dat  de  Ste  Peetersmannen  behooren  totten 
vryen  huysgesinne  des  hertogen  ende  der  herloginnen  van  Brabant. 
Acles  de  1354  (5)  et  de  1406  (4). 

Fol.  28,  XIIde  Cap.  —  Van  de  binnen  ende  buyten  Sinte  Peeters- 
mannen vuyte  cosluymen  van  Loeven. 

Fol.  29.  —  Extrait  de  la  Joycuse-Enlree  de  Marie  de  Bourgognc, 
du  29  mai  1477.  —  Van  de  buyten  Sinte  Peetersmannen. 

Reproduction  a  peu  pres  litterale  des  articles  17,  20  et  21  des  coutumes  de 
Louvain. 

Fol.  51.  —  Dat  men  niemant  verantwoorden  en  sal  met  Ste  Peeters- 
manschape,  etc.,  de  gene  eenige  jouffrouwen  oft  vrouwen  ontschae- 
kende,  tegen  haeren  danck,  oft  eenige  ombejaerde  kinderen  wech 
leydende.  Mention  des  Joyeuses-Entre'es  de  1427  a  1549. 

Fol.  52,  XIIIde  Cap.  —  Waer  vuyt  dat  dese  twee  familien  des 


(1)  Bull,  de  la  Commission  d'histoire,  1.  IV,  p.  217. 

(2)  Ibid.,  t.  IV,  p.  216. 

(3)  Appendice,  p.  il>. 

(4)  Ibid.,  p.  49. 


kercken  van  S.  Peelers  haeren  oirspronck  hebben.  L'autcur  leur 
donne  pour  origine  les  fails  d'armes  de  1288  (Woeringen). 

Fol.  55.  —  Dat  de  gene  van  de  goede  mannen  van  den  gheslachten, 
die  borgemeester  geweest  hebben,  over  Sinte  Peetersmanschap ,  sitten 
ende  segelen  sullen,  boven  ende  voer  d'andere,  al  waeren  dandere 
ouder  in  de  weth  dan  sy.  Resolution  du  24  juin  1445. 

—  Moderatie  ende  maniere  die  men  onderhouden  soude  int  stuk 
van  den  pontgelde  ende  accyse  art0  5  et  6 ,  dat  de  stadt  van  Lierc 
eyscht  S.  Peetermans  van  Loeven,  in  den  byvanghe  van  Liere  sit- 
tcnde.  Ordonnance  flamande  donndc  a  Lierre  le  4  Janvier  1461. 

Fol.  55 ,  XV*e  Cap.  —  Dat  men  S.  Peetersmannen  ontaementlyck 
niet  en  mach  ghevangben  brengen,  met  sommige  correctien  over 
eenighe  meyers,  ter  saecken  van  mishandelinge  ende  inobedientie  aen 
den  Peetersmannen.  Actes  de  1418,  1507,  1514,  1544. 

Fol.  57.  —  Watter  van  de  S.  Peetersmannen  gevonden  wordt  in 
de  rekcninghen  van  de  stadt.  Extraits  des  comptes  de  la  ville,  de  1445 
«  1495. 

Fol.  57,  XVIde  Cap.  —  Dat  de  weduwen  van  de  S.  Peetersmannen 
niet  en  syn  gebruyckende  de  vryheit  van  de  selve  S.  Peetersmannen , 
als  sy  vuyte  selve  vryheyt  oft  familie  niet  ghesproten  oft  geboren  en 
syn.  Acte  du  16  septembre  1564. 

Hiernae  volghen  diversche  vonnissen  by  de  S.  Peetersmannen  van 
Loven  ghewesen.  Ces  sentences,  rendues  par  le  tribunal  des  hommes 
de  Sl-Pierre  (in  de  banck  voer  meyer  ende  S1  Peetersmannen),  dc 
1517  a  1565,  n' out  rapport  qu'a  des  affaires  d'inte'ret  prive. 

Fol.  60.  —  Naemen  ende  toenaemen  van  den  goede  mannen  van 
de  geslachten  van  Loeven  daeraff  sonderlinge  memorie  is  gehouden , 
van  dat  zy  den  eedt  gedaen  hebben  totter  heerlyckheyt  ons  Heeren 
ende  den  rechte  van  S.  Peetersmanschappe  van  Loeven.  1400  a  1578. 

Ici  s'arrete  le  travail  de  Boonen.  Une  partie  en  a  ete  inseree  par  1'auteur  dans 
le  2me  volume  de  ses  Antiquitates  Lovanienses,  fol.  601  a  624. 

La  suite  de  1'ouvrage ,  due  a  Van  Dieve ,  comprend  les  folios  66  a  85.  Elle  porte 
pour  litre  :  Kort  Begryp  van  de  Sinte  Peetersmannen  der  sladt  Loven,  hunnen 
oorspronck,  eerleekens  ende  privilegien. 

Fol.  66  a  69.  —  L'auteur  rassemble  les  opinions  de  DivceuSj  Juste- 
Lipse  et  Gramaye,  dont  il  ne  s'ecarle  pas. 

Fol.  71.  —  Maniere  hoe  eertyds  iemandt  moest  voor  het  consistorie 
van  de  S.  Peetersmannen  proberen  dat  hy  was  Sinte  Peetersman. 


(  119) 

Acte  du  3  mars  1406  (1),  de  1564.  Een  ander  maniere,  Actcs  des 
11  fevrier  1448,  10  fevrier  1504  ct  28  avril  1460  (cite1  plus  haut}. 

Fol.  74.  —  Eertcekens  ende  tittels  die  de  Peetermans  van  de  gc- 
slachten  eertyds  hebben  bekomen  ende  genoten.  —  Ten  ecrsle  soo 
warden  sy  genoempt  in  de  charters  welgeboren.  Diplome  de  Wenceslas , 
de  1362,  etc. 

Fol.  78.  —  Hoe  de  heeren  S.  Peetersmannen  van  de  geslachten  tot 
de  hooghste  weerdichedcn  syn  verheven  geweest,  ende  in  alle  creygs- 
hondernemingen  vuytmuntende  jae  selfs  vant  maegschap  der  herto- 
ghen  van  Brabant. 

Ce  chapitre  passe  en  revue  les  praticiens  eleves  a  de  hautes  dignites. 

Fol.  80.  —  Met  wat  privilegien  de  heeren  S.  Peetersmannen  van 
de  seven  adelycke  geslachte  syn  door  de  hertoghen  begifticht  geweest. 

C'est  la  reproduction  des  privileges  qui  ont  etc  analyses. 

II. 

Antiquitates  Lovanienses,  par  G.  Boonenj  2  volumes  in-folio. 

Les  fol.  497  a  624  du  2me  volume  concernent  les  homines  de  S*-Pierre.  L'auteur 
y  retrace  la  legende  de  Bastin  et  de  ses  sept  filles,  les  fastes  des  families  patri- 
ciennes,  leurs  armoiries  et  les  opinions  des  historiens  sur  1'origine  des  Peeters- 
mannen. Ce  volume  reproduit  en  grande  partie  le  livre  des  Peetersmannen. 

III. 

Thoon  voor  die  S.  Peetersmannen ;  1516. 

C'est  la  copie  des  cahiers  d'une  enquete  faite  a  Louvain  devant  les  commissaires 
delegues  par  le  conseil  de  Brabant ,  dans  un  proces  du  magistral  de  cette  ville 
centre  le  seigneur  de  Merode ,  drossard  de  Malines  ,  touchant  les  privileges  des 
hommes  de  S*-Pierre.  Quarante-cinq  temoins  ont  etc  entendus.  Leurs  depositions 
portent  sur  les  traditions  connues,  sur  ce  qui  s'etait  toujours  pratique  a  1'egard 
des  Peeler  smannen,  etc. 

IV. 

Resolution  ende  Aden  der  heeren  Sinte  Peetersmannen  der  zeven 
adelycke  geslachten  der  hoofdstad  Loven;  5  volumes  in-folio. 

Ces  registres,  qui  vont  de  1569  a  1794,  renferment  les  votes  emis  relativement 
aux  levees  d'aides  ,  de  subsides  ,  d'impots  ,  ainsi  que  sur  d'autres  objels  d'interet 


(1)  Jurisprudenlia  heroica  ,  t.  I ,  p.  59. 


(  120  ) 

general  et  local  dont  le  college  des  sept  families  avail  a  connaitre  ,  en  qualite  de 
deuxieme  membre  de  la  ville.  Us  contiennent ,  en  outre  ,  les  resolutions  qui  out 
rapport  a  la  corporation,  telles  que  les  admissions  ,  etc. 

V. 

Ac  tens-  en  Resolutienboeck  der  heeren  Sinte  Peetersmannen  der  hoofd- 
stad  Loven;  25  volumes  in-folio. 

On  a  recueilli ,  dans  cette  volumineuse  collection,  les  documents  qui  se  raltachent 
aux  actes  inscrits  dans  les  trois  volumes  qui  precedent,  ainsi  que  les  resolutions  non 
consignees  dans  ces  derniers.  —  1683  a  1794. 

VI. 

Presenlatien  ende  Admissieboeck  der  heeren  S.  Peetersmannen,  etc.; 
4-  volumes  in-folio.  —  Admissions  de  1601  a  1794. 


VII. 

Genealogie  des  families  Deens,  Hermans  et  Van  Dieve,  1696j  in-fol.  de 
la  main  de  G.-A.  Van  Dieve. 

VIII. 

Deux  volumes,  magnifiquement  relies,  contenant  des  dessins  au  pinceau, 
representant  les  armoiries  de  plusieurs  families  patriciennes ;  1719. 

Get  ouvrage  n'a  refu  qu'un  commencement  d'execution.  II  devait  contenir  la  lisle 
des  membres  de  la  corporation,  avec  mention  des  fonctions  qui  leur  avaient  etc 
conferees  dans  1'administration  de  la  ville. 

IX. 

Juridiction  des  homines  de  S'-Pierre  : 
Rollender  Geslachten  ende  Vonnisboeck;  2  volumes  in-folio.  —  Ce  sont 

les  plumitifs  et  les  jugements  pendant  les  annees  1696  a  1791. 
Appointmcntboeck  van  de  geslachten  van  Loven;  1700  a  1791. 
Processale  stukken,  presentatien ,   admissien  ende  resolutien  van  de 

heeren  Sinte  Peetersmannen  der  seven  adelycke  geslachten;  2  volumes 

in-folio,  1679  a  1770. 


NOTICE 


AUGER-GHISLAIN  DE  BUSBECK, 


M.  L.  HEFFNER, 


DOCTEUR     EN     MEDECINE,     A     WURZBOURG. 


L'Listoire  d'un  grand  hooinic  est  aussi 
cellc  il'un  grand  pcuplc. 


(  Presentee  a  la  scauce  du  9  Janvier  i8oi.) 


Apr.  BULL. 


NOTICE 


AUGER-GHISLAIN  DE  BUSBECK. 


Si  nous  prenons  a  lache  dc  relracer  la  biograpbie  (fun 
bomme  remarquable,  el  de  rappeler  ainsi  ses  meriles,  qui 
soul  assez  importants  pour  preserver  sa  memoirede  i'oubli, 
c'esl  moins  pour  evoquer  les  souvenirs  du  monde  savant 
dont  il  est  deja  suth'sammenlconnu,  que  pour  exposer  an 
peuple  beige  les  fails  memorables  accomplis  par  lui.  II  est 
generalernent  admis  que,  depuis  la  decadence  de  1'empire 
romain,  Faction  incessante  des  grands  hommes  a  pareille- 
ment  decline,  que  les  affaires  d'Etat  ne  peuvent  plus  mar- 
cber  de  pair  avec  les  travaux  scientifiques,  et  qu'un  diplo- 
male  se  Irouve  rarement  propre  a  culliver  les  sciences. 
Auger-Ghislain  de  Busbeck  nous  presente  cependant  un 
exernple  pen  commun  de  la  reunion  de  ces  deux  aptitudes, 
et  il  etait  reserve  a  notre  epoque  d'admirer  egalement  le 
genie  d'un  bomme  qui,  comme  Busbeck,  se  distingua  au 
ineme  litre  dans  des  brandies  diverses  des  connaissances 
bumaines.  Car,  dememe  que  le  grand  naturalisle  Alexandre 
de  Humboldt,  par  ses  voyages  en  Amerique,  decouvrit  ve- 
ritablemenl  pour  la  seconde  fois  un  nouveau  monde,  en 


(  124  ) 

penelrant  dans  les  domaincs  jiivsqu'alors  f'ermes  de  la  geo- 
logic, de  la  mincralogic,  dc  la  bolaniquc,  de  la  zoologie, 
et  recueiliit  d'excellcntes  observations  sur  1'astronomic, 
1'archeologie,  la  linguistique  comparee;  de  meme  Busbeck 
nous  a,  le  premier,  rouvert  1'Orient  par  les  annotations 
de  sa  remarquable  relation  de  voyage,  oil  il  peint  avec  de 
vives  couleurs  son  sejour  dans  1'Asie  Mineure,  ainsi  que 
dans  la  Turquie  d'Europe.  Nous  exposerons  successive- 
ment,  dans  le  cours  de  sa  biographic,  de  quelle  fac,on  il 
contribua  aux  progres  de  la  politique  comme  de  la  philo- 
sophic, de  I'histoire  aussi  bien  que  de  la  philologie,  de 
1'archeologie  et  de  la  numismatique,  et  enfin ,  des  sciences 
naturelles  en  general. 

Auger-Ghislain  de  Busbeck  naquit  en  1522,  a  Comines, 
petite  ville  de  Flandre  sur  la  Lys,  non  loin  d'Ypres,  ou 
Philippe  d'Argenleau,  le  grand  historicn  de  Louis  XI  et 
de  Charles  VIII,  avait  egalement  regu  le  jour,  et  oil  fut 
cnterre  Jean  Despaulere,  le  celebre  grammairien. 

Bien  que,  dans  1'origine,'  on  cut  donne  pcu  de  soins  a 
son  education ,  parcequ'il  n'etait  qn'un  enfant  de  I'amour, 
commc  il  moritra  de  bonne  heure  une  grande  application 
et  une  intelligence  tres-ouverte ,  son  pere  s'occupa  de  son 
instruction  superieure,  1'adopta,  et  le  fit  legi timer  et  re- 
connailre  pour  heritier  de  tous  ses  biens  par  1'empereur 
Charles  V.  II  commen^a  ses  etudes  au  Collegium  Castrense, 
a  Louvain,  oil  se  trouvait  alors  une  des  ccoles  les  plus 
renommees.  Mais  deja,  des  les  premieres  annees  de  sa 
jeunesse,  le  desir  de  s'instruire  le  conduisit  en  Italic.  A 
Venise,  il  demeura  longtemps  enchaine  par  les  lecons  du 
professcur  d'dloquence  Jean-Bapliste  Egnalius.  De  la,  il 
se  rendit  a  la  celebre  ecole  de  droit  de  Bologne,  puis  a 
Pavic,  la  vieille  ville  universilaire;  eniin  il  complela  ses 


(  125  ) 

etudes  a  Paris,  le  venerable  siege  dcs  Muses,  ou  il  se  lia 
intimement  avec  son  compatriole  Andre  Schott,  qui  devint 
si  celebre  plustard.  Dans  toutesces  universites,  i!  acquit, 
par  son  commerce  avec  les  homines  les  plus  savants ,  de  si 
nombreuses  connaissances  et  une  si  grande  reputation,  qu'a 
peine  age  de  trente-deux  ans  il  fut  adjoint,  comme  secre- 
taire, a  1'ambassadeur  imperial  don  Pedro  Lassa,  pour  pre- 
senter les  congratulations  de  1'Empereur  t\  Philippe  II,  a 
1'occasion  de  son  inariage  avec  Marie  d'Anglelerre  (25  juil- 
let  1354).  Comme,  dans  cette  circonslance  solennelle,  il 
avail  fait  preuve  d'une  aptitude  parliculiere  pour  la  diplo- 
matic, a  son  retour  a  Lille,  le  5  novembre  1555,  il  fut 
appele  a  Vienne,  a  1'instigation  du  Beige  Jean  Van  der  Aa, 
qui  etait  alors  investi  de  la  dignile  de  secretaire  d'Elal 
imperial  et  royal.  Busbeck  relourna  aussilot  en  Flandre 
pour  prendre  conge  de  son  pere,  et  se  hata  ensuite  de 
partir  a  cheval  pour  Vienne,  en  passant  par  Bruxelles. 

A  celte  epoque,  la  Hongrie  etait,  en  grande  partie, 
conquise  par  les  Turcs,  et,  pour  la  partie  du  pays  qui 
elait  encore  occupe  par  les  Autrichiens,  1'Empereur  devait 
payer  a  la  Porte  un  tribut  annuel  de  50,000  ducats.  Malgre 
la  treve  de  cinq  ans,  la  lutte  continuait  presque  sans  in- 
terruption. Une  armee  turque,  forte  de  80,000  hommes, 
campa,  en  1551 ,  sur  le  Danube  et  occupa  Temesvar. 
Jean-Marie  Malvez,  jusqu'alors  ambassadeur  imperial  et 
royal  aupres  de  Soliman  II,  fut  renvoye  a  Constantinople 
avec  de  nouveaux  pleins  pouvoirs,  a  cause  de  I'echange  do 
la  Transylvanie  que  1'Empereur,  sans  le  consentement  des 
Turcs,  avail  acquise  par  echange  avec  d'autres  pays,  de  la 
veuve  et  du  fils  du  vayvode  Jean.  Malvez,  dangereusement 
malade  a  Komorn,  qui  elait  alors  le  dernier  rempart  des 
Autrichiens,  fut  oblige  de  demander  qu'on  lui  retirat  son 


(  126  ) 

mandat.  Snr  ces  entrefaites,  Temperenr  Ferdinand  Irr  avail 
accueilli  tres-favorablemenl  Busbeck;  au  commencement 
dc  decembre  1555,  il  le  designa  pour  remplacer  Malvez, 
et  le  chargea  de  se  reridre  comme  envoye  extraordinaire  a 
Oten  et  de  la  a  Constantinople.  Bien  que  Ires-fatigue  par 
une  chevauchee  non  interrompue  a  travers  les  violenles 
lempetes  de  la  fin  de  I'automne,  Busbeck  dnt  repartir 
aussitot  ponr  Komorn  ,  afin  d'etudier  avec  1'aide  de  Malvez 
la  langue  et  les  moeurs  du  pays. 

Malvez,  horn  me  d'une  perseverance  pen  commune  et 
d'un  courage  indomptable,  qu'nne  captivite  de  deux  annees 
n'etait  meme  pas  parvenue  a  faire  ilechir,  avail  deja  eu  tant 
a  souffrir  de  I'hostilite  et  de  1'artHice  de  la  cour  turque, 
qu'il  etait  devenu  difficile  de  trouver  un  autre  ambassa- 
deur  capable  de  remplir  ce  peuible  emploi;  aussi  Busbeck 
s'acquit-il  une  gloire  tout  aussi  eclatante  dans  la  carriere 
diplomatique  que  dans  la  carriere  scientifique. 

A  Ofen,  oil,  dans  ce  temps-la,  residait  un  pacha  avec  le- 
quel  il  iallul  negocier  au  sujet  de  certaines  contestations 
de  delimitation  lerritoriale,  Busbeck  fut  relenu  quelque 
temps  par  suite  de  la  maladie  de  celui-ci.  Le  medecin  qui 
accompagnait  1'ambassadeur,  le  docleur  Guillaume  Quac- 
keibeen ,  le  compatriote  et  le  (idele  compagnon  de  Busbeck, 
dont  nous  mentionnerons  plus  tard  les  services  rendus  a 
1'art  medical,  eul  le  bonheur  d'amener  la  guerison  du 
pacba.  Enfin,  le  7  decembre,  Busbeck  obtint  la  premiere 
entrevue  officielle,  du  resultat  de  laquelie  il  n'eul  pas 
lieu,  a  la  verite,  d'etre  fort  satisfait;  car  le  pacha  prit 
texte  de  sa  maladie  pour  le  renvoyer  au  sultan  meme. 
Busbeck  descendit  le  Danube  et  atteignit  beureusement 
Belgrade.  Comme  il  avait  deja  sulfisammenl  observe  la  ma- 
niere  de  vivre  des  Turcs,  il  trouva  dans  cette  ville  1'occa- 


i  127  ) 

sion  d'acheter  de  vieilles  monnaies  romaines,  dont  beau- 
coup  portaient  I'inscription :  Taurunum  (Belgrade).  De  la  , 
il  continua  son  voyage  par  lerre.  A  Nissa,  il  rencontra, 
pour  la  premiere  tbis,  riustitution  des  caravanserails, 
vastes  batimenls  pour  le  concher  des  etrangers.  Dans  le 
voisinage,  il  se  lit  moulrer  les  montagnes  blanches  de 
Transylvanie  et  la  region  ou  se  trouvaient  les  piliers  du 
pont  de  Trajan.  11  depeint  avec  de  brillantes  couletirs, 
dans  la  suite  de  son  voyage,  les  1'erliles  vallons  de  la  Bul- 
garie  et  les  cimes  neigeuses  des  Balkans.  De  la  sorte,  il 
arriva  a  Andrinople  sur  le  magnifique  pont  de  Muslapha. 

Bientot  fiiisbeck  atteignit  la  mer,  ou  les  traces  d'une 
ancienne  digue,  elevee  par  les  derniers  empereurs  grecs 
jusqu'au  Danube,  attirerenl  son  attention.  II  se  rejouit  en 
voyant  an  Pont  le  jeu  des  dauphins  et  les  collections  de 
coqnilles  de  mer.  Le  20  Janvier  1554,  1'ambassade.  arriva 
saine  et  sauve  a  Constantinople.  Elle  y  trouva  les  charges 
d'affaires  Antoine  Wranz,  de  Dalmatie,  eveque  d'Agria,  et 
le  capilaine  Frary  Zag,  qui  negociaient  en  vain  depuis 
pres  de  deux  mois. 

Soliman  II  dirigeait  alors  en  Asie  Mineure  sa  troisieme 
expedition  contre  les  Perses,  et  tenait  ses  quartiers  d'hi- 
ver  a  Amasie.  Un  messager  lui  fut  depeche,  pour  lui  porter 
la  nouvelle  de  1'arrivee  de  1'ambassade.  Pendant ce  temps, 
Busbeck  eut  le  loisir  de  visiter  les  curiosites  de  Constan- 
tinople et  de  rechercher  particulierement  les  monuments 
et  les  aniiquiles.  La  ville,  batie  sur  sept  collines  d'apres  le 
plan  de  Rome ,  lui  parut  choisie  pour  etre  la  sonveraine  du 
moude,  acansedesa  merveilleuse  situation  etde  la  magni- 
iique  perspective  qu'elle  offre  du  haul  de  ses  collines  dans 
un  ciel  presque  toujours  clair.  Cependant ,  la  reponse  de 
Soliman  arriva;  il  mandait  a  Ilirahim-Paclia,  songouver- 


(  i28  ) 

neur,  de  faire  venir  Tambassade  a  Amasie.  Le  9  mars,  les 
voyageurs  parlirerit  pour  Scutari,  situee  dans  1'Asie  Mi- 
neure,  a  1'opposite  de  1'autique  Byzance.  Us  prirent  par 
Gebise,  1'ancienne  Lybissa,  celebre  par  le  tombeau  d'An- 
nibal.  A  Nicomedie,  Busbeck  aperc.ut,  parmi  des  ruines 
et  des  colonnes,  une  longue  muraiile  de  marbre  recem- 
ment  decouverle,  qui  appartenait  vraisemblablement  a  la 
residence  des  anciens  rois  de  Bitbynie;  puis  il  arriva,  en 
francbissant  1'Olympe  couvertde  neigeseternelles,  jusqu'a 
Nicee.  C'est  ici  que  Busbeck  entendit  pour  la  premiere  Ibis 
le  hurlement  des  loups  que  les  Turcs  appellent  ciacales. 
Celte  description  du  cbacal  (Hyaena  slriata)  est  si  fidele- 
ment  liree  de  la  nature,  qu'aujourd'hui  meme  on  ne  pour- 
rait  en  donnerunemcilleure.  II  mentionne  leur  cou  roide 
(parce  que  souvent  plusieurs  vertebres  sont  nouees),  aussi 
bien  que  leur  voracite ,  qui  les  pousse  a  entrer  de  nuit  dans 
les  tentes  des  voyageurs  pour  y  devorer,  a  defaut  d'aulre 
nourriture,  les  botles,  les  barnais,  les  fourreaux  (Tepee, 
bref,  tous  les  objets  en  peau  qu'ils  rencontrent.  II  decrit 
aussi  (Tune  fac,on  tres-idyllique  le  moyen  qu'on  cmploic 
pour  s'emparerde  cet  animal  timide  et  pourtant  si  voracc. 
Les  anciens  deja  preteridaient  que  1'liyene  comprend  la 
voix  humaine,  et  cette  opinion ,  dit-il ,  parait  s'etre  main- 
lenue;  aussi  les  chasseurs  la  prennent-ils  de  la  maniere 
suivanle.  L'un  d'entre  eux  entre  avec  circonspection  dans 
son  anlrc,  qui  est  facile  a  rcconnaitre  par  la  quantite 
d'ossemenls  d'hommes  et  d'animaux  qui  gisent  aux  envi- 
rons; il  tient  dans  ses  mains  une  corde  donl  ses  compa- 
gnons  garden!  Tautre  bout.  II  pcnelre  plus  avant  dans  la 
cavernc,  en  crian!  continuellernent  :  I'hyene  nest  pas 
d  trouver.  Lorsqu'il  est  parvenu  a  saisir  dans  la  corde  une 
palte  de  I'hyene  qui  s'etait  cachee,  il  se  bate  de  ressortir 


(  129  ) 

de  1'antrc.  A  peine  est-il  dehors,  qu'il  pousse  un  grand 
cri  :  I'hyene  est  pourtant  la-dedans.  Des  qu'ellc  a  enlendu 
ces  mots,  elle  prend  aussitot  la  faite.  Mais  les  chasseurs 
qui  la  liennent  par  la  palte,  s'emparenl  aisemcnl  d'elle, 
morle  ou  vivante. 

Nicee,  ou  i'on  s'arreta  un  jour,  est  situee  sur  les  Lords 
de  la  mer  Ascanienne.  Busbeck  decouvril  sur  les  murs  et 
sur  les  porles  des  inscriptions  qui  lemoignaienl  que,  sous 
le  regne  d'Anloine,  la  ville  avait  ete  fort  embellie.  II  aper- 
c,ul  aussi  des  debris  de  bains  romains,  dont  les  Turcs 
employaient  les  pierres  a  batir  leurs  maisons.  Dans  une 
vaste  plaine  nominee  Chiansada,  ou  ils  passerent  la  nuit 
sous  des  ten  les,  Busbeck  vit  les  chevres  (Cervus  hircus 
angorensis)  avec  les  poils  desquelles  on  fait  la  laineturque, 
dont  il  apprit,  a  Ancyra,  le  mode  de  preparation  en  came- 
lot.  II  decrit  aussi  le  premier  les  brebis  a  queue  grasse 
(Ovis  steatopyra).  Les  masses  de  graisse  elaient  souvent  si 
pesanles  qu'on  etait  oblige  de  les  placer  sur  une  planche 
avec  deux  roues. 

Apres  plusieurs  jours  de  voyage  penibic,  1'ambassade 
arriva  a  Ancyra  (aujourd'hui  Angora),  capilale  de  la  Ga- 
latie,  qui  atteignit  son  apogee  sous  le  regne  de  1'empereur 
Augusle,  comme  centre  de  la  grande  route  commerciale  de 
Byzance  vers  FOrient.  Ici ,  une  riche  moisson  s'ofirit  aux 
investigations  de  Busbeck.  11  trouva  une  grande  collection 
de  monnaies  du  temps  des  derniers  empereurs  romains. 
Parrni  les  nombreuses  inscriptions  romaines  (malheureii- 
sement  en  partie  indechiD'rables) ,  Busbeck  decouvrit, 
dans  un  temple  de  marbre  blanc  consacre  a  Tempereur 
Augusle,  une  colonne  d'airain  sur  laquelle  les  hauls  fails 
de  cet  empercur  elaient  relates.  II  lit  iranscrire  soigneuse- 
ment  ces  inscriptions  et  les  communiqua  plus  tard  a  son 


ancien  condisciple  Schott  qui ,  retenu  a  Padoue  par  une 
maladie,  n'avait  pu  I'accompagner,  et  a  Jean  Gruter, 
celebre  comme  poete  et  comme  critique ,  qui  les  publie- 
rent  sous  le  nom  de  Monumentum  ancyranum.  Bienlot, 
Busbeck  atteignit  FHalys,  celte  riviere  qui  jadis  servait 
de  limile  entre  la  Medie  et  la  Lydie ,  et  qui  eut  pour  Cresus 
uri  si  deplorable  presage.  Enfin,  le  4  avril  1554,  1'ambas- 
sadeur  et  sa  suite  arriverent  a  Amasie  (Amasea) ,  capitale 
de  la  Cappadoce,  sur  la  riviere  Iris. 

Soliman  II,  alors  deja  fort  age,  accueillil  1'ambassade 
d'une  fac,on  hautaine.  Introduit  par  son  ministre  Achmel- 
Pacha,  I'ambassadeur  fat  admisau  baise-main.  Alors,  dans 
un  discours  plein  de  franchise,  il  exposa  onverlemenl  les 
fautes  commises  des  deux  parts;  et  cela  malgre  le  nom- 
breux  train  de  cour  et  la  contenance  menagante  de  la 
garde  des  Janissaires.  Comme  un  traite  de  paix  futconclu 
aussitot  avec  1'ambassadeur  persan  (evidemment  dans  le 
but  d'eli'rayer  les  Ailemands),  {'eloquence  de  Busbeck  ne 
servit  qu'a  obtenir  une  treve  de  six  mois.  Au  milieu  des 
plus  grandes  chaleurs,  il  dut  retourner  vers  son  Empereur 
avec  un  ecril  du  sultan.  Mais  lorsqu'il  arriva,  le  24  juin, 
a  Constantinople,  il  fut,  par  suite  des  fatigues  du  voyage, 
pris  d'une  telle  fievre,  que  grace  seulement  aux  soins  du 
docteur  Quackelbeen  et  a  Ternploi  de  bains  chauds,  il 
parvint  a  se  retablir  assez  pour  pouvoir,  au  bout  de  qua- 
lorze  jours,  poursuivre  sa  route. 

Au  premier  jour  de  voyage,  il  rencontra  de  pauvres 
gargons  el  de  pauvres  filles  qu'on  amenait  de  la  Hongrie 
au  marche  d'esclaves  de  Constantinople.  Presque  lous 
avaient  ete  infectes  a  Andrinople  par  un  vayvode  qui  re- 
tournait  avec  eux  dans  sa  patrie  et  qui  etait  mort  de  la 
peste.  Busbeck  fit  chauffer  une  grande  quantite  d'eau  d'ail, 


(  131  ) 

probablement  VAllium  sativum  qui,  dans  1'Orienl,  croit 
sans  culture,  et  donna  a  ces  serviteurs,  qui  s'elaient  ap- 
proprie  clandestinement  les  velements  du  defunt,  cette 
decoction  a  boire  avant  le  coucher;  la  guerison  s'ensuivit 
promptemenl.  Apres  beaucoup  de  dangers  heureusement 
surmontes,  ilsarriverenl,  le  14  aout,  a  Ofen,  epuises  par 
le  voyage,  la  chaleur  et  la  maladie;  ce  tut  seulement  a 
Komorn  que  Busbeck  tut  complelement  delivre  de  la  fie- 
vre;  et  encore  paraissait-il  en  si  piteux  elat,  qu'on  raconta 
a  Vienne  qu'il  avail  ete  empoisonne. 

Apres  que  Ferdinand  lut  revenu  de  la  diete  de  Worms 
a  Vienne,  Busbeck  lui  rendit  compte  deses  uegociations, 
et  en  novembre,  il  dut  retourner  deja  aux  bords  inhospi- 
taliers  du  Pont,  commc  envoye  ordinaire  aupres  de  Soli- 
man.  Comme  I'Empereur  ne  voulait  absolumenl  rien 
modifier  au  traite  fail  avec  la  Transylvanie,  et  ne  prelen- 
dait  accorder  aucune  concession,  Busbeck  fut  accueilli 
avec  une  grande  froideur  par  le  minislre  tnrc;  il  persista, 
malgre  toutes  les  menaces,  dut-il  avoir  les  oreilles  et  le 
nez  coupes,  a  reclamer  nne  audience  du  sultan.  Apres  que 
les  gens  de  I'ambassade  eurent  ete  trailes  presque  cornme 
des  prisonniers,  Busbeck  recut  enfin  I'ordre  de  venir  a 
Andrinople,  ou  le  sultan  tenait  sa  cour  pendant  Thiver, 
a  cause  de  la  chasse.  A  son  arrivee,  le  grand  vizir  Rustan 
I'accabla  de  recriminations  au  sujet  des  violations  de  ler- 
ritoire  et  des  invasions  des  Hongrois;  mais  Busbeck  cita 
a  son  tour  les  incursions  des  Turcs  dans  les  domaines 
imperiaux,  malgre  la  treve  conclue,  et  monlra  une  ine- 
branlable  iermete.  Enfin,  apreslrois  mois  de  pourparlers, 
la  suspension  d'armes  lut  renouvelee  pour  un  terme  de 
sept  mois. 

Busbeck  retourna  au  mois  de  mars  a  Constantinople.  Le 


(  152  ) 

snccessenr  de  Rustan ,  un  Dalmate  nornme  Ali-Pacha, 
hornme  d'une  grande  penetration  et  d'un  commerce  agrea- 
ble,  qui  acquit  peu  a  peu  I'amilie  de  Busbeck,  proposa 
alors,en  depildes  intrigues  de  1'ambassadeur  francais  De 
Lavigne,  une  paix  de  huit  ans  avec  1'Aulriche ,  et  Busbeck 
comprit  que  le  moment  etait  opportun  pour  y  acceder; 
car  la  discorde  entre  les  fils  de  Soliman  s'elait  terminee 
par  la  strangulation  de  Bajazet,  qui  avail  etc  livre  par  les 
Perses. 

Deja  Busbeck  avail  enlendu  parler  souventd'un  peuple 
qui  habitait  la  Chersonese  Taurique  el  qui  devait  etre 
d'origine  germanique,  a  en  juger  par  son  langagc  el  ses 
mceurs,  ainsi  que  par  sa  structure  physique,  ses  cheveux 
d'un  blond  rougeatre  et  ses  yeu.v  bleus.  Tl  est  probable  que 
Busbeck  connaissait  les  communications  de  son  compa- 
Iriole,  le  frere  mineur  Guillaume  Ruysbroeck,  qui ,  envoye 
par  le  roi  Louis  IX  de  France  a  1'empereur  mongol  Man- 
guscban,  avail  visile  et  decril  les  regions  de  la  mer  Cher- 
sonese. Peul-elre  connaissail-il  aussi  les  expeditions  des 
Goths  sous  Gelinies  vers  le  Pont  ct  Trebisonde,  d'apres  les 
ecrivains  remains  Eulrope,  Pol  lion  el  Zosime,  et  nourris- 
sail-il  1'cspoir  de  faire  une  exploralion  pi fcs complete.  Or, 
il  arriva  a  Constantinople  une  ambassade  de  Colchide, 
pays  borne,  d'une  part,  par  lePont-Euxin,  de  1'autre,  par 
les  monls  Caucases,  qui  venait  sans  doule,  a  la  requete 
meme  du  sultan,  pour  faire  alliance  avec  lui  conlre  les 
Perses  delestes,  et  aussilol,  les  inlerpreles  de  Busbeck 
amencrerit  a  sa  table  les  person nes  de  cette  ambassade  : 
le  roi  Dadianus  et  sa  suite.  Interroges  sur  la  situation 
physique  el  les  rnoeurs  de  leur  race,  ils  raconlerenl  que 
leur  peupladeguerriere  habitail  diflerenls  villages  et  qu'ils 
dovaient  fournir  au  kan  de  Tartarie  800  archers,  la  ileur 


(153) 

de  scs  troupes.  Leurs  responses  c'taient  toujours  rapidcs  et 
juslcs.  Lcur  langagc  ressemblait  a  1'allcmand,  surloul  au 
dialcclc  ne'erlandais  (pour  ne  citer  que  quelques  mots  : 
plut ,  sanguis;  stul,  sella;  hus,  domus;  reghen,  pluvia; 
alt,  senex;  broe,  panis,  etc.).  Busbeck  considera  ces  peu- 
pies  soit  comme  des  descendants  des  ancicrisSaxoris,  qiii 
avaient  ete  dissemiues  en  differentes  con  trees  par  Char- 
lemagne, et  dont  Ics  tribus  les  plus  sauvages  avaient  peul- 
etre  ele  bannies  jusqu'en  Chersonese,  ou  elles  avaient 
conserve  ionglemps  leur  nouvelle  religion ,  la  religion 
chre'lien ne;  soit  comme  des  Goths  qui  s'etaient  ctablis 
entre  les  iles  de  Gothie  et  de  Procope.  II  n'y  a  point  d'ar- 
gument  a  tirer  contre  cette  observation  de  Busbeck  de  ce 
que  les  relations  de  voyage  plus  recenles,  ainsi  que  les 
recherches  ulterieuresfaites  pour  le  grand  dictionnairede 
Timperatrice  Catherine,  ne  rapporlent  rien  sur  le  sejour 
de  pareils  Goths  dans  la  Crimee,  si  Ton  considere  comment 
une  race,  repoussee  de  plus  en  plus  sur  les  montagnes, 
devait  a  la  longue  etre  subjugue'e  par  la  tyrannie  russe, 
et  s'effacer  comple'tement.  Aussi  Menzel,  le  remarquablc 
historien  moderne  des  Allemands,  dit  (cap.  28,  p. .57)  : 
Au  IIIme  siecle  avant  la  naissance  de  J.-C.,  une  troupe  de 
peuples  allemands  de  la  race  des  Bojer,  partit  pour  FAsie 
Mineure,ou  ilslbnderentunEtatqui  se  subdivisa  en  beau- 
coup  de  petites  tribus.  Les  Grecs  et  les  Remains  les  appe- 
lercnt  Gallo-Grecs  ou  Galates,  auxquels  plus  tard  1'apotre 
saint  Paul  adressa  ses  Epitres.  A  Te'poque  de  la  naissance  du 
Christ ,  lous  les  chefs  qui  s'e'taient  eleves  au  rang  de  com- 
mandants d'armee  perpetuels,  lomberent,  ainsi  que  tous 
leurs  voisins,  sous  la  domination  romaine;  malgre  cela, 
ils  conserve-rent  leur  langage  gerrnanique.  Un  evequegrec 
affirmc  qu'ils  s'exprimaient  comme  les  habitants  de  la  region 


(  134) 

de  Treves.  Lorsque  les  croises  vinrent  dans  cette  contree, 
ils  Irouverenl,  a  leur  grande  surprise,  que  les  habitants 
parlaient  un  dialecte  germanique ,  bien  qu'il  se  fut  alors 
ecoule  1,400  ans  depuis  leur  premier  etablissement.  Au- 
jourd'hui,  ces  tribus  pelites,  mais  sauvages,  s'appellent 
Lagi.  Elles  sont  encore  les  plus  proches  voisines  de  la 
Russie,  mais  eiles  se  distinguenl  des  Turcs  par  la  diffe- 
rence  de  race,  bien  qu'elles  soient  liees  a  eux  par  la  puis- 
sanle  sympathie  de  la  religion.  Les  occupations  de  ces 
peuples  sont  1'agriculture  et  la  peche ;  ils  vont  au  combat 
armes  d'une  arquebuse  petite  et  pesante,  d'une  grande  et 
large  epee  et  de  pistolets.  Ils  habitent  les  villages  qu'on 
trouve  epars,  au  milieu  d'epaisses  f'orets  de  broussailles, 
sur  le  penchant  des  montagnes  au  sud  de  la  riviere  du 
Phase;  ainsi,  quoiqu'en  quanliles  reduites,  ces  peuplades 
se  trouvent  encore  presque  dans  les  memesconlrees  qu'elles 
habitaient  au  temps  de  Busbeck. 

Sous  le  grand  vizir  Rustan,  la  peste,  qui  sevissait  par- 
tout,  avail  penetre  dans  la  demeure  de  1'ambassade.  En 
vain  Busbeck  demanda  qu'on  le  changeat  de  residence;  ses 
prieres  echouerent  longtemps  centre  le  rigide  fatalisme 
des  Turcs;  mais  I'amitie  d'AH-Pacha  lui  fit  enfin  obtenir 
cette  autorisation  du  sultan ,  et  il  se  rendit  dans  une  des 
iles  des  Princes,  a  quatre  milles  de  Constantinople.  II 
y  acheta  un  esclave  qui  tomba  malade  de  la  pesle.  Son 
medecin ,  Guillaume  Quackelbcen ,  qui  traitait  cet  esclave , 
fut  lui-meme  infecte,  et  Busbeck  eul  bienlot  a  deplorer 
la  perte  prematuree  de  ce  savant  compatriole,  qui  avail 
annote  lant  d'excellentes  observations.  Quackelbeen  avail 
engage,  au  sujel  de  Busbeck,  une  correspondance  avec  son 
ami  Pierre- Andre  Matthiolus,  de  Sienne,  professeur  de 
medecine  et  de  botanique  a  Prague,  et  lui  avail  envoye  une 


(155) 

caisse  remplie  de  semences  et  de  plantes.  Parmi  celles-ci, 
aussi  bien  que  parmi  celles  que  rapporta  Busbeck  lui- 
nieme,  cerlaines  plantes  et  certains  remedes  medicinaux , 
lotalement  inconnus  jusque-la,  meritent  d'etre  denommes: 
le  calmus  commun  (Calamus  aroma(icus),  qu'on  rencontre 
a  present  parloul  a  1'elat  sauvage  dans  les  endroils  mare- 
cageux,  fut  d'abord  repandu,  par  une  culture  progressive, 
au  moyen  d'un  precede  analogue  a  celui  qu'on  emploie 
pour  I'Erigeron  canadense,  le  Datura  stramonium  et  tant 
d'autres  plantes.  Matthiolus  donna,  le  premier,  le  dessin 
et  la  description  de  la  racine  et  des  feuilles  du  Calamus 
aromalicus,  dans  son  celebre  Traile  de  Botanique.  L'em- 
pereur  iMaximilien  prit  soin  de  cette  planle,  tenue  pour 
ires-efficace,  particulieremenl  conlre  la  peste,  et  la  cultiva 
dans  son  propre  jardin;  et  comme  elle  se  developpa  et  se 
multiplia  extraordinairemenl,  1'intendant  du  jardin  impe- 
rial, diaries  de  1'Ecluse  (Carolus  Clusius],  la  propagea 
dans  le  jardin  de  la  reine  Elisabeth;  elle  arriva  bientot 
aussi  en  Belgique,  car  1'Ecluse  la  communiqua  a  tous  ses 
amis  botanistes.  Dans  les  dix  annees  qui  suivirent,  la  cul- 
ture du  Calamus  etaitdeja  si  generate,  que  les  apothicaires 
pouvaieuten  coniire  la  racine  par  quintaux.  C'est  de  cette 
fac.on  quele  Calamus  aromalicus  penetra  pour  la  premiere 
fois  en  Belgique  au  XVlme  siecle.  La  racine  de  cetle  plarite 
sert  encore  aujourd'hui  a  beaucoup  d'usages  medicinaux. 
Lorsque  nous  nous  reposons  sous  1'ombrage  epais  des 
gigantesques  marronniers  d'lnde  (Aesculus  hippocaslanum) , 
nous  devons  nous  rappeler  que  ce  fut  Busbeck  qui  les  intro- 
duisit  le  premier  de  TOrienl  parmi  nous.  Selon  de  1'Ecluse, 
les  fruits  de  eel  aibre  etaient  encore  fort  rares  en  1576. 
Le  iioni  de  chdtaigncs  qu'on  leur  donne  vient  du  mot  lure 
caslanesi ,  qui  signitie  chdlaigne  de  cheval ,  parce  qu'on  en 


(  156) 

donnail  le  fruil  aux  chevaux  conlre  la  toux  el  les  flalno- 
sites.  En  1558,  1'arbre  atteignait  seulemcnt  la  grosseur 
de  5  a  (>  ponces  de  Paris;  il  n'avait  pas  encore  fleuri,  tant 
il  restait  sensible  a  rinfluence  d'un  climat  inusile.  Bus- 
beck  employa  les  cbataignes  comrae  un  remedc  astrin- 
gent, proprc  a  arreter  les  diarrhees.  Enduitcs  de  miel  et 
de  sel ,  dies  devaient  aussi  etre  un  excellent  remede 
conlre  la  morsure  des  chiens  enrages.  (C'esl  assurement 
Tun  des  premiers  cas  oil  il  soil  fait  mention  de  1'appa- 
rition  de  la  rage  parmi  nous.) 

Qui  nc  voudrait,  a  chaque  printemps,  jouir  du  parfum 
rafraichissant  du  lilas  (Syr  ing  a  vulgaris,  Syr.  persica)? 
C'est  aussi  a  notre  excellent  Busbeck  que  nous  sornmes 
redevables  de  la  culture  de  ce  bel  arbrisseau,  qu'il  apporla 
dans  sa  patrie  sous  le  nom  turc  de  lilas.  II  esldesignc,  par 
les  plus  ancicns  botanistes,comme  un  arbrisseau  tou jours 
vcrdoyant.  Les  graines  ameres,  avec  leurs  capsules,  elaient 
ordonnces  jadiscontre  la  fievre  intermittente;  aujourd'hui 
encore,  on  rencontre,  dans  maintes  pharmacopecs,  un 
extra! l  amer  des  capsules  vertes.  Un  botaniste  a  propose, 
avec  justice,  de  nommer  le  lilas  Busbcckia,  en  souvenir 
de  ce  grand  bomme.  Un  observateur  remarquable,  qui , 
com  me  Busbeck,  occupa  plus  tard,  la  place  de  bibliotbe- 
caire  imperial-royal  de  la  conr,  mais  qui  fut  malbeureu- 
sement  ravi  trop  lot  a  la  science,  Slepben  Endlicber,  donna 
le  nom  dc  BusbecMa  nobilis  a  un  arbrisseau  de  1'ile  de  Nor- 
folk, un  genre  de  planles  de  la  famille  des  capres.  Von 
Marlius  appela  egalemenl  unc  cspece  de  planles  (YAlropa 
rhomboidca)  Busbeckia.  Busbeck  avail  aussi  rapporte  des 
semenccs  cl  des  oignons  de  lulipes,  et  il  propagea  la  cul- 
ture de  celle  belle  planle  d'oniemenl  dans  sa  palrie,  qui 
plus  lard  en  rclira  beaucoup  dc  gloire.  Gessner,  a  Augs- 


(  157  ) 

bourg ,  la  decrivit,  encore  en  1559,  comme  line  grande 
rarete.  D'anciens  medecins,  comme  Dioscoride ,  em- 
ployaient  les  oignons  de  lulipe  dans  la  pratique  de  leur 
art.  Busbeck  introduisit  egalement  dans  sa  patrie,  sous  le 
nom  turc  d'Elissoth,  le  Gladiolus  corn-munis,  cetle  belle 
fleur rouge  dont  les  tuberculessontentouresd'une  ecorce 
reticulaire  qui  les  rend  invulnerables,  et  qui  etait  particu- 
lierement  recommandee  en  Orient  centre  les  blessures. 

11  fit  aussi  venir  de  1'Egyple  lointaine  des  medicaments, 
parmi  lesquels  nous  citerons  la  racine  de  zedoaire  (Radix 
zedoariae),  remede  familier  dans  les  Indes  orientales;  les 
semences  du  grand  et  du  petit  Cardamomum ,  qui  sont 
encore  prescrites  aujourd'hui  par  les  medecins.  Busbeck 
achela,  pour  une  grosse  somme  d'argent,  des  bezoards,  qui 
etaient  autrefois  en  tres-grande  consideration  a  cause  de 
leur  action  pretendue  contre  tous  les  poisons ;  il  est  re- 
connu ,  par  suite  d'examens  plus  recents,  que  ce  sont  des 
concretions  de  1'estomac  des  cbevres  sativages,  vraisem- 
blablement  de  la  Capra  aegagrus  ou  de  YAntilope  dorcas. 
Mais  laissons  de  cote  les  plantes  precieuses  et  les  remedes 
que  nous  devons  a  la  sollicitude  de  Busbeck;  une  enume- 
ration complete  pourrait  fatiguer  nos  lecteurs. 

Dans  les  dernieres  annees  de  son  ambassade,  I'liabilete 
diplomatique  de  Busbeck  obtint  des  Turcs  ce  qui  n'avait  pas 
meme  ete  accorde  a  1'envoye  franc,ais  Salviatus.  Apres  que 
la  flotte  turque,  sous  les  ordres  de  Pibal-Pacba,  eut 
completement  battu  1'escadre  espagnole,  le  commandant 
du  chateau  fort  de  Tile  de  Gerbi  (aujourd'lmi  Dschjerbi), 
pres  de  Tunis,  don  Alvar  de  Sande,  dut  egalement  se  ren- 
dre  par  suite  du  manque  d'eau.  En  septembre  1560,  la 
ilotte  turque victorieuse  revint  a  Constantinople,  et  amena 
prisonniers  les  soldals  espagnols,  parmi  lesquels  se  trou- 

Al-P.  BlILL.  1853-1884.  10 


(  138) 

vaient  aussi  le  commandant  de  la  tlottille  napoiitaine, 
don  Sanche  de  Legoa,  et  celui  des  vaisseaux  siciliens , 
don  Bellinger  de  Requenes.  D'abord ,  Busbeck  chercha 
a  ravoir,  par  1'entremise  d'un  officier  superieur  lure  avec 
iequel  il  elait  lie  d'amitie,  1'etendard  de  1'empereur  Char- 
les V,  qui  avail  ete  conquis.  II  fit  distribuer  aux  pauvres 
prisonniers  de  la  nourriture  et  du  vin ,  et  sa  maison  resta 
ouverte  a  tout  le  monde.  Enfin ,  au  milieu  d'aout,  Busbeck 
obtint,  par  le  premier  interprete,  un  Polonais  nomme 
Ibrahim,  et  grace  a  ttntercession  d'AH-Pacha,  la  Jiberte 
des  Espagnols  captifs.  A  la  fin  du  meme  mois,  il  quitta 
Constantinople  avec  Ibrahim ,  qui  devait  eclaircir  a  la  cour 
meme  de  1'Empereur,  certaines  questions  non  encore  re- 
solues. 

L'empereur  Ferdinand  se  trouvait  alors  a  Francfortpour 
y  faire  couronner  roi  des  Remains  son  fils  Maximilien. 
D'apres  ses  ordres,  Busbeck  dut  se  rendre  dans  la  meme 
villeavecl'ambassadeur  turc,  et  il  obtint  une  tres-gracieuse 
audience.  Les  chameaux,  les  beaux  chevaux  et  un  ichneu- 
mon vivaut  qu'il  apportait  en  present  a  son  Empereur, 
causerent  partout  une  grande  sensation.  Outre  les  nom- 
breuses  monnaies  anciennes  dont  nous  avons  parle  plus 
haut,  Busbeck  rassembla,  avec  une  application  incroyable 
et  a  grands  frais,  environ  240  manuscrils  grecs  et  orien- 
taux,  ecrits  en  partie  sur  parchemin,  qu'il  destina  a  la 
bibliotheque  de  la  cour  de  Yienne.  Mais  le  plus  precieux 
ornement  de  cette  bibliotheque  etait  un  manuscrit  en  par- 
chemin, enlumine,  de  Dioscoride  d'Anazarba,  ancien  me- 
decin  grec  qui  vivait  sous  Jules-Cesar-Auguste;  Busbeck 
1'avait  acquis  a  Constantinople  avec  1'assenliment  de  1'Em- 
pereur, du  fils  d'un  medecin  juif,  au  prix  enorme,  pour  ce 
temps,  de  100  ducats.  Ce  codex,  tres-vieux  et  tres-rare, 


(159  ) 

date  du  VIme  siecle  et  il  fut  compose  par  ordre  de  la  prin- 
cesse  Juliana-Anicia,  fille  de  Tempereur  Flavius-Anicius 
Olybrius.  Encore  aujourd'liui ,  apres  1500  ans,  nous  res- 
tons  surpris  d'admiration  a  la  vue  de  dessins  de  plantes 
alors  usitees  en  medecine,  superieurement  colories  et 
executes  d'apres  nature.  Outre  1'inscription  d'Ancyra, 
Busbeck  envoya  aussi  la  lecon  d'un  manuscrit  de  Livius 
inconnu  jusqu'alors,  qu'il  eut  le  bonheur  de  reveler  a 
Nicolas  Mikaultem,  son  ancien  condisciple  en  Italic,  et, 
plus  tard ,  ambassadeur  imperial-royal  a  la  cour  de  Portu- 
gal ,  ou  il  imita  le  bon  exemple  de  Busbeck  en  relatant 
fidelement  son  sejour  aux  bords  du  Tage.  Busbeck  merite 
un  egal  tribut  d'eloges  pour  son  ecrit  sur  1'art  militaire  des 
Turcs;  une  collection  de  toules  leurs  armes  lui  servit  de 
pieces  justificatives  a  ce  sujet.  11  indiqua  le  premier  de 
quelle  fac,on  la  force  des  Osmans,  consideree  comme  in- 
vincible, pouvait  etre  renversee.  Comme  ce  peuple  se  dis- 
tingue par  un  mepris  constant  de  tout  droit  international, 
il  faut  lui  opposer  incessamment  une  armee  bien  discipli- 
nee ;  ce  projet  fut  mis  a  execution  dans  les  colonies  des 
frontieres  qu'on  etablit  plus  tard.  Jusque-la,  on  n'avait 
oppose  aux  Turcs  que  des  bommes  jeunes  et  inexperi- 
mentes  qui  avaient  a  peine  une  idee  de  la  discipline  mili- 
taire, landis  que  les  janissaires  surtout  etaient  bien 
exerces  et  instruits  dans  1'art  de  la  guerre.  Dans  toute 
campagne,  1'exercice  et  la  discipline  1'emportent  de  beau- 
coup  sur  le  nombre  et  la  bravoure  sans  mesure. 

Busbeck  decrit  aussi  exactement  le  culte  des  mahome- 
tans ,  et  fait  voir  son  peu  de  consistance  en  presence  des 
doctrines  du  christianisme. 

Aussitot  qu'il  fut  revenu  de  sa  patrie,  oil  il  avail  vecu 
pendant  queiques  mois,  libre  d'affaires,  entierementlivre 


(  UO) 

a  sou  repos  et  a  ses  amis,  il  tut  appele,  en  1565,  a  la  di- 
rection de  la  bibliotheque  de  la  cour,  en  consideration  des 
nombreux  services  qu'il  avait  deja  rendus  a  ce  temple  des 
sciences.  En  meme  temps,  1'instruction  superieure  des 
princes  imperiaux  lui  fut  confiee.  L'annee  suivante,  il 
dut,  pour  comple'ter  leur  education,  les  accompagner  a 
Madrid,  et  introduire  aupres  de  Philippe  II  les  archiducs 
Mathias,  Maximilien,  Albert  et  Wenceslas.  Ce  voyage  lui 
attira,  de  la  part  de  la  cour,  plus  d'estime  encore  que  ses 
aulres  ambassades. 

En  1570,  Busbeck  rec.ut  de  1'empereur  Maximilien  II 
I'liouorable  mission  d'accompagner  en  France  I'archidu- 
cbesse  Isabelle,  sa  sceur,  fiancee  au  roi  Charles  IX.  II 
s'acquit  bienlot  la  confiance  de  celte  princesse,  a  tel  point 
qu'il  demeura  a  son  service  en  qualite  de  grand  marechal ; 
il  dirigea ,  en  outre,  sa  maison  avec  tant  de  prudence  que, 
durant  les  guerres  civiles,  qui ,  en  France,  ebranlerent  si 
profondement  toutes  les  relations ,  il  fut  tenu  en  grande 
estime  par  chaque  parti. 

Le  30  mai  1574,  tandis  que  1'infortune  roi  Charles  IX 
succombait  victime  des  intrigues  de  cour,  Tarchiduchesse, 
qui  craignait  trop  peut-etre  les  cabales  de  la  reine-mere, 
Catherine  de  Me'dicis,  quitta  Paris  et  s'eloigna  de  la  France. 
L'empereur  Rodolphe  ne  pouvait  trouver,  pour  la  cour  de 
France,  un  ambassadeur  plus  habile  que  Busbeck,  qui  avait 
eu  1'occasion  d'y  etudier  les  rapports  diplomatiques.  De 
1582  a  1585,  il  ecrivita  son  souverain  les  celebres  lettres 
qu'a  present  encore  tout  apprenti  diplomate  devrait  con- 
suiter.  Henri  III ,  frere  de  Charles  IX,  n'etait  pas  capable 
de  retablir  la  paix  en  France.  Deja  anterieurement,  sous 
le  roi  Charles  IX,  son  jeune  frere,  le  due  d'Aleuc.on, 
exlraordinairement  vain,  fier  et  ambilieux,  s'etait  cre'e 


(  141  ) 

un  parti  a  !a  cour,  le  parli  dcs  politiques,  auxquels 
s'adjoignirent  bientot  les  protestants.  Ces  derniers  ele- 
vaient  des  reclamations  de  plus  en  plus  hardies,  et  Ton 
en  vint  bientot  a  une  guerre  civile.  Le  due  d'Alenc.on  rec.ut 
le  commandement  superieur  des  forces  combinees  des 
protestants,  et  lorsqu'il  marchait  deja  sur  Paris,  le  roi, 
acquiescent  a  la  plupart  des  demandes  des  protestants, 
conclut  la  paix.  Francois  d'Alenc.on  obtint  les  principautes 
d'Anjou,  de  Touraine  et  de  Berry  avec  toutes  les  preroga- 
tives royales.  Mais  son  insatiable  ambition  aspirait  a  un 
but  plus  eleve.  Les  Hollandais  qui,  bientot  apres,  se  re- 
volterent  contre  la  puissance  espagnole,  lui  offrirent  un 
trone,  et  il  saisit  avidement  celte  occasion  de  se  parer  d'une 
couronne.  Le  concours  du  roi  son  frere,  qu'on  cherchait 
a  engager  dans  une  guerre  contre  1'Espagne,  fut  promis 
seulement  en  termes  generaux;  toutes  les  autres  condi- 
tions que  poserent  les  etats  generaux ,  quelque  facheuses 
qu'elles  fussent  pour  1'ambition  exorbitante  d'Alenc.on, 
furent  accordees  sans  restriction.  Neanmoins,  il  ne  se 
hata  pas  d'aller  prendre  possession  de  sa  nouvelle  dignite, 
Henri  II[  ne  voulant  point  s'immiscer  dans  les  affaires  de 
son  frere,  dont  les  propres  ressources  etaient  insuffisantes. 
Busbeck  meme  conseilla  d'en  agir  ainsi  :  il  ne  connaissait 
que  trop  1'imposante  force  militaire  de  Philippe  IT,  et 
d'autre  part,  il  voulait  epargner  a  1'Empereur  cette  cause 
d'embarras.  De  sorte  qu'Alen^on  dut  se  borner  a  delivrer 
Cambray  ,  qui  appartenait  a  la  ligue  des  villes  wallonnes , 
et  qui  avait  ete  durement  opprime  depuis  un  an  par  le  due 
Alexandre  de  Parme,  gouverneur  du  roi  d'Espagne.  Mais 
Tarmee  d'Alenc.on  se  dispersa  dans  toutes  les  directions, 
a  cause  du  manque  de  solde.  En  vain,  le  prince  d'Orange 
tenta ,  par  ses  prieres ,  d'amener  une  confederation  avec  les 


(142) 

troupes  auxiliaires  hollandaises  el  anglaises;  en  vain,  la 
ville  de  Tournay,  etroitement  cerne'e,  espera  etre  delivree 
du  siege.  D'Alenc,on  quitla  la  Belgique  et  fit  voile  pour 
1'Angleterre,  sous  pretexte  de  re'clamer  de  nouveaux  se- 
cours  pour  les  Pays-Bas  opprimes,  mais  en  realile  pour 
solliciter  la  main  d'Elisabeth.  Dec.u  dans  son  espoir,  il 
aborda,  le  10  fevrier  1582,  a  Flessingue,  et  fit  quelques 
jours  apres  une  entree  solennelle  a  Anvers.  La  place  fron- 
tiere  d'Audenarde  tomba,  apres  trois  mois  de  siege,  entre 
les  mains  des  Espagnols,  de  meme  que  la  ville  de  Lierre, 
qui  fut  prise  par  trahison.  Busbeck  peint  d'une  maniere 
remarquable  la  suite  de  cette  expedition,  qui  cut,  pour  les 
desseins  ambitieux  de  d'Alenc,on,  un  si  funeste  resultat. 
Le  due  de  Parme,  aussi  habile  politique  que  brave  guer- 
rier ,  gagnait  du  terrain  de  jour  en  jour,  malgre  les  efforts 
de  d'Alengon ,  qui  chercha  a  1'affaiblir  en  attaquant,  a  dif- 
ferentes  reprises,  Courtray,  Breda  et  Bapaume.  Bien  que, 
dans  les  derniers  temps,  il  cut  ete  secouru  secretement 
par  la  France,  et  que  son  armee  cut  ete  renforcee  de  sol- 
dats  nombreux  sous  la  conduite  du  due  de  Montpensier  et 
du  marechal  de  Biron,  il  ne  put  cependant  remporter  au- 
cun  avantage,  a  cause  de  la  trop  grande  dispersion  de  ses 
forces. 

Bientot  ce  prince  avide  fut  tente  d'etendre  la  puissance 
qu'on  lui  avait  conferee  legalement.  II  resolut  de  faire  pas- 
ser, par  un  coup  de  main ,  sous  sa  domination  absolue,  les 
villes  beiges  les  plus  importantes,  ou  se  trouvaient  deja  des 
garnisons  franchises.  Mais,  a  Anvers,  la  population  se  reu- 
nit  en  corps  pour  chasser  des  envahisseurs  odieux  et  cette 
entreprise  e'choua  egalement  dans  la  plupart  des  autres 
villes.  Le  prince  dut  quitter  Anvers;  le  due  de  Parme  con- 
quit  Dunkerque  et  intimida  Henri  III  a  lei  point  que 


(  143) 

celui-ci  refusa  toute  intervention.  Toutefois,  un  accord 
eut  lieu  poste'rieurement  entre  le  due  d'Alenc.on  et  les  etats 
generaux ,  d'apres  lequel  toutes  les  offenses  furent  oubliees 
et  1'ancien  traite  avec  les  Pays-Bas  remis  en  vigueur.  Mais 
deja,  au  mois  de  juin  de  la  meme  annee,  le  due  fut  oblige, 
par  suite  de  sa  conduite  deloyale  et  inconsideree,  de  retour- 
ner  en  France.  II  tenta  en  vain,  par  de  brillantes  pro- 
messe,  d'inciter  les  etats  generaux  a  le  reconnaitre,  et 
lorsque  les  Beiges,  trop  rudement  opprimes  par  les  Espa- 
gnols,  s'etaient  enfm  decides  a  setourner  vers  lui,  il  mou- 
rut  subitement  d'une  hemorragie  a  Chateau-Thierry,  le  10 
juin  1584.  Sa  vie  entiere  fut,  comme  1'affirme  Busbeck, 
un  exemple  d'instabilite  et  d'inquietude;  il  semblait  seule- 
ment  apte  a  tout  embrouiller,  a  tout  bouleverser,  et  il 
mourut  fort  peu  regretle. 

Apres  le  meurtre  du  prince  d'Orange,  les  Espagnols 
menacerent  simultanement  Gand,  Anvers  et  Bruxelles. 
Gand  se  rendit  a  cause  du  manque  de  vivres,  auquel  se  joi- 
gnit  plus  tard  la  peste  la  plus  desastreuse.  Anvers  fut  con- 
quis  apres  une  courageuse  resistance,  qui  couta  beaucoup 
d'hommes  aux  Espagnols.  Dans  cette  necessite,  les  elats 
generaux  s'adresserent  de  nouveau  a  la  France.  Les  con- 
ditions auxquelles  ils  offrirent  la  souverainete  a  Henri  III 
etaient  encore  plus  avantageuses  que  celles  auxquelles 
d'Alen^on  1'avait  acceptee.  Comme  Catherine  de  Medicis 
ne  paraissait  pas  eloignee  d'acquiescer  aux  desseins  des 
Beiges,  et  que  Tambassadeur  frangais  Pruneaux  reclamait 
deja  la  reddilion  de  plusieurs  villes  pour  en  faire  hom- 
mage  a  Henri  III,  il  arriva  des  provinces  pretes  a  s'insur- 
ger  une  ambassade  nombreuse,  cbargee  d'exciter  le  roi  a 
accepter  la  regence.  Les  opprimes  consentirent  a  beaucoup 
de  demandes  vexatoires,  et  deja  lout  etait  pret  pour  une 


(  144  ) 

conclusion,  lorsque  Bruxellcs,  prcsse  par  la  famine,  chit  se 
reiulre  aux  Espagnols,  en  1585.  Apres  la  reddition  de  la 
capitale,  la  cause  des  insurges  sembla  perdue.  Les  nego- 
tiations furent  subitement  interrompues;  1'ambassadeur 
anglais,  comle  Herbei,  qui  apporlait  les  insignes  de  Ford  re 
anglais  de  la  Couronne,  et  qui  avail  promis  les  secours  de 
sa  reine  en  troupes  et  en  argent,  dut  egalement  partir  sans 
avoir  rien  termine.  An  milieu  de-mars,  les  ambassadeurs 
beiges  se  retirement  a  leur  tour,  a  la  verite  charges  de  riches 
presents,  mais  avec  la  seule  consolation  qu'Ilenri  III  ne 
pouvait,  pour  le  moment,  accepter  leursoffres;  qu'ils  de- 
vaient  toutefois  avoir  toujours  les  yeux  tournes  vers  la 
France,  et  qu'il  leur  viendrait  en  aide  des  que  les  troubles 
qui  avaient  eclate  de  nouveau  dans  son  propre  royaume 
seraient  apaises. 

Busbeck  decrit  fort  bien  1'existence  frivole  et  dissipee 
d'Henri  III;  comment  il  faisait  le  jour  des  processions  reli- 
gieuses  et  organisait,  avec  les  hieronymites,  des  devotions 
de  repentance,  tandis  que,  la  nuit,  il  courait  les  rues  et 
selivrait  a  des  desordres  de  tout  genre.  II  n'y  avail  femme 
ni  fille  qui  ful  a  I'abri  de  ses  atlentats.  II  abandonnait 
toules  les  affaires  de  1'Etat  a  ses  favoris,  et  les  finances 
du  royaume  etaient  gaspillees  de  la  fac.on  la  plus  inconsi- 
deree.  Dans  ces  circonslances,  I'ordre  qu'il  publia,  le 
29  mars  1585,  que  tous  ceux  qui  enrolaienl  des  soldals 
sans  autorisalion  royale,  eussenl  a  les  liberer  immediate- 
menl,  fut  le  signal  pour  la  Ligue,  retablie  sous  le  cardinal 
Charles  de  Bourbon  et  le  due  de  Guise,  de  se  montrer 
ouvertement.  Dans  leur  manifeste,  ils  declarerent  qu'ils 
ne  voulaient  nullement  altaquer  le  roi,  mais  que  le  bien 
de  1'Elat  les  avail  seui  pousses  a  cette  extremite. 

En  vertu  du  Iraite  conclu  le  7  juillet  1585 ,  la  religion 


(  "5  ) 

catholique  devait  seule  regner  par  toute  la  France.  Bientot 
la  cour  espagnole  promit  son  appui ;  le  pape  Sixte  V  de- 
clara,  le  10  septembre,  qu'Henri  de  Navarre  et  le  prince  de 
Conde  etaientexcommunies,  et  il  les  exclut  de  la  succes- 
sion au  trone  comme  heretiques  incorrigibles.  La  guerre 
se  ralluma  de  nouveau.  Busbeck  mentionne  encore,  dans 
sa  derniere  lettre  a  I'Empereur,  Parrivee  des  reitres  du 
Palatinat  electoral  dans  le  camp  du  roi  de  Navarre. 

Nous  laisserons  de  cote  le  recit  des  suites  de  cette  funeste 
guerre  civile,  pour  nous  occuper  de  la  derniere  partie  de  la 
vie  de  Busbeck.  Gomme  il  se  voyait  incapable  de  s'inter- 
poser  efficacement  dans  ces  relations  toujours  plus  mena- 
c.  antes,  il  re^ut  avec  joie  le  conge  de  six  mois  qui  lui  etait 
accorde  par  sonEmpereur,  pour  retourner  encore  une  fois, 
apres  une  si  longue  absence,  dans  sa  chere  patrie.  II  quitta 
Paris  et  se  dirigea  vers  la  Belgique  par  la  Normandie.  Cette 
province  fourmillait  de  soldats.  II  fut  surpris ,  dans  le 
village  de  Cailly,  a  quelques  milles  de  Rouen,  ou  il  etait 
heberge,  par  une  troupe  de  soldats  loges  dans  un  chateau 
voisin.  Us  s'emparerent  de  sa  personne  et  de  son  bagage; 
et,  afin  de  l'emmener,  ils  attacherent  le  vieillard  sur  un 
cheval.  Comme  Busbeck  accusait  hautement  ces  brigands 
de  violer,  par  leur  action  ignominieuse,  tous  les  droits 
des  peuples ,  la  personne  des  ambassadeurs  etant  toujours 
sacree  et  inviolable,  ses  paroles  furent  enfin  ecoutees. 
Apres  Pavoir  retenu  presque  toute  la  nuit,  ils  lui  ren- 
dirent  la  liberte  et  lui  remirent  ses  bagages.  Le  gouver- 
neur  de  Rouen ,  informe  de  cette  infamie ,  exprima  aussi- 
tot  ses  regrets  a  Busbeck,  et  lui  promit  de  se  livrer  aux 
plus  severes  investigations ;  mais  ce  noble  vieillard ,  inca- 
pable de  se  venger,  le  pria  de  ne  pas  pousser  1'affaire  plus 
loin ,  et  se  fit  transporter  au  chateau  de  Maillot ,  dans 

APP.  BULL.  1833-1854.  1  1 


(  146  ) 

le  voisinage,  parce  qu'il  sentait  bien  que  ce  malheureux 
accident  avail  derange  sa  sanle  et  que  les  forces  lui  man- 
quaient  pour  continuer  sa  route.  II  supporta  avec  le  plus 
grand  calme,  avec  la  plus  grande  fermete  les  vives  souffran- 
ces  d'une  maladie  qui  dura  dix-neuf  jours  et  il  s'endormit, 
pour  une  meilleure  vie,  le  28  octobre  1592,  a  1'age  de 
soixante  et  dix  ans.  Sa  depouille  mortelle  fut  deposee,  avec 
une  grande  pompe,  dans  1'eglise  de  Sl-Germain;  mais  son 
coeur  fut  porte  a  Comines,  pour  y  etre  conserve  dans  le 
tombeau  de  ses  aieux.  L'Empereur  deplora  vivement  la 
perte  de  Busbeck ;  1'archiduc  Albert ,  en  memoire  de  ce 
grand  homme,  erigea  son  bien  de  Busbeck  en  baronie. 
Les  savants  de  cette  epoque  ne  furent  pas  moins  affliges 
a  la  nouvelle  soudaine  de  sa  mort.  Juste-Lipse,  celebre 
par  son  savoir,  composa  une  epitaphe  latine  pour  son 
compatriote  et  son  compagnon  d'etudes,  et  comme  il 
le  manda  a  son  ami,  le  geographe  Abraham  Ortelius , 
le  Ptolemee  de  son  siecle,  Busbeck  laissa  apres  lui  une 
renommee  de  vaste  erudition,  de  profonde  prudence, 
de  haute  probite.  Son  souvenir,  ses  actions,  ses  grands 
services  rendus  aux  sciences,  vivront  eternellement  dans 
1'histoire. 

Nous  pensons  avoir  offert  au  peuple  beige  un  modele 
digne  d'etre  imite,  en  esquissant  la  biographic  de  eel 
homme  extraordinaire,  qui  n'avait  a  remercier  que  son 
propre  genie  de  1'avoir  fait  ce  qu'il  a  ele,  et  qui,  malgre 
les  nombreux  et  importants  services  rendus  a  1'empire 
d'Allemagne,  brula  sans  cesse  d'un  grand  amour  pour  sa 
patrie,  et  lui  resla  toujours  attache  par  le  moyen  des  rela- 
tions amicales  qu'il  entret^jjjait-^iyec  les  contemporains 
il  lustres  de  son  pays.  /^