BBR m.
Bibliothèque botanique
EMILE BURNAT
Catalogue M"
Provient de
Livres provenant de la bibliothèque botanique
d'Emile Burnat i 1828-4920), insérés eu octobre 1920
dans la bibliothèque du Conservatoire botanique de
Genève, conformément à l'Acte de donation d'Emile
Burnat en date des 21 et 25 janvier 1914, § V.
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SOCIÉTÉ BOTANIQUE
DE FRANCE.
Paiis. — Imprimerie île L, Martinet, iuo Mignon, 2
BULLETIN
DE LA
SOCIÉTÉ BOTANIQUE
DE FRANCE
FONDEE^ LE 23 AVBiL 185/»
»
TOME PREMIER
LIBRARr
NEW YOKK
BOTANICAL
OAKDEN
. JPLICi
DU CONSERVATOIRE botanique de gei-
YENJPÏJ EN 1922
PARIS
AU BUREAU DE LA SOCIÉTÉ
RUE DU VIEUX-COLOMBIER , 24
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STATUTS ET REIiLEHE\T ADHIMSTIUTIF
DE LA
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE l
CHAPITRE PREMIER.
Constitution de la Société.
Article 1 1 1]. La Société prend le titre de Société Botanique de France.
Art. 2 [II]. Elle a pour objet :
1° De concourir mu; progrès de la Botanique et des sciences qui s'y rat-
tachent.
2° De faciliter, par tous les moyens dont elle peut disposer, les études
et les travaux de ses membres.
Art. 3 [Ulj. Le nombre des membres de la Société est illimité.
Les Français, quel que soit le lieu de leur résidence, et les étrangers
peuvent également et au même titre, en faire partie.
Art. h. Pour faire partie de la Société, il faut s'être fait présenter dans
une de ses séances par deux membres qui auront signé la présentation,
et avoir été proclame dans la séance suivante par le Président.
ù= Tri
^
CHAPITRE II.
Administration de la Société.
\ Art. 5 [IV]. L'Administration de la Société est confiée à un Bureau et à
tgi Conseil, dont le Bureau fait essentiellement partie.
' Art. 6 [VIII]. Les membres du Conseil et ceux du Bureau, sauf le Pré-
sident, sont élu* à la majorité absolue.
(1) Les articles des statuts sont imprimés en italique.
t i. a.
]J SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE.
Art. 7. L'élection de chaque ordre de fonctionnaires se fait au scrutin
secret sur un seul bulletin.
Si un second tour de scrutin est nécessaire, l'élection a lieu non plus
à la majorité absolue, mais à la pluralité des suffrages.
Art. 8. Aucune décision administrative ne peut être prise par la Société
lorsque le nombre des membres présents est moindre que le quart des
membres résidents.
CHAPITRE III.
Du Bureau.
Art. 9 [V |. Le Bureau est compost' :
D'un Président,
De quatre Vice-Présidents,
De deux Secrétaires, '
De deux Vice-Secrétaires,
D'un Trésorier,
D'un Archiviste.
Art. 10 [VI]. Le Président et les Vice-Présidents sont élus pour une
année ;
Les Secrétaires, les Vice-Secrétaires, le Trésorier et l'Archiviste pour
quatre années ; ces deux derniers sont seuls réêligibles.
L,e Secrétariat est renouvelé pur moitié tous les deux ans.
Art. 11 [IX]. Le Président est choisi , à la pluralité, parmi les quatre
Vice-Présidents de l'année précédente.
Tous les membres sont appelés « participer à son élection directement ou
par correspondance.
Art. 12. Pour l'élection du Président, tout membre qui ne peut assister
à la réunion électorale doit envoyer au Secrétariat, avant la séance de jan-
vier, son suffrage individuel dans un bulletin cacheté et enfermé dans une
lettre signée de lui.
Art. 13. Le Président sortant ne peut être immédiatement élu Vice-
Président.
Art. \h. Le Président distribue entre les membres du Secrétariat les tra-
vaux du Bureau et de la correspondance avec la France et l'étranger.
Art. 15. Les Secrétaires, et au besoin les Vice-Secrétaires, sont chargés:
1" De rédiger les procès-verbaux des séances de la Société et du Conseil ;
2° De diriger l'impression du Bulletin et en général toutes les publications
scientifiques et administratives de la Société, conformément aux décisions
des Commissions de publication, dont ils font nécessairement partie;
3° De correspondre, sous la direction du Président, avec toutes personnes
STATUTS ET RÈGLEMENT. 11J
eu France et à l'étranger, pour ce qui concerne les travaux et les affaires de
la Société, autres que les affaires de finance ;
U° De convoquer la Société, le Conseil et les Commissions quand il en
est besoin;
5° De préparer les ordres du jour;
6° De veiller, avec le Président, à l'exécution du règlement.
Art. 16. L'Archiviste est chargé de la garde des propriétés delà Société;
il en dresse un inventaire.
Il a sous sa direction la Bibliothèque ; il en forme le catalogue et il tient
un registre des manuscrits envoyés.
Enfin il a sous sa garde tous les documents et titres appartenant à la
Société.
Art. 17. Les Secrétaires ont seuls le droit d'emporter des livres delà
Bibliothèque hors du local de la Société. Tls ne le peuvent faire toutefois
sans en laisser un reçu sur le registre tenu à cet effet par l'Archiviste, et ils
doivent les rapporter dans la quinzaine.
Art. 18. Le Trésorier est chargé du recouvrement des sommes dues à la
Société et des sommes provenant de legs ou donations.
Il tient un registre des recettes et dépenses, que tous les membres ont
droit de consulter.
Art. 19. Le Trésorier ne peut faire aucun emploi extraordinaire des
fonds de la Société, sans une délibération spéciale du Conseil.
Art. 20. Tous les trois mois le Trésorier présente l'état des recettes et des
dépenses.
CHAPITRE IV.
llu Conseil et des Commissions.
Art. 21 [VII]. Le Conseil est formé de douze membres, dont quatre sont
remplacés chaque année.
Art. 22. Le Président fait convoquer le Conseil toutes les fois que les
affaires de la Société le demandent.
Dans tous les cas, il est tenu de le réunir sur l'invitation signée de trois
membres du Conseil.
Art. 23. A chaque reunion du Conseil, ses membres constatent leur pré-
sence par l'apposition de leur signature sur un registre à ce destiné.
Tout membre du Conseil, qui n'y assiste pas pendant trois séances consé-
cutives est censé démissionnaire. Apres avoir été averti , il est remplacé,
s'il ne présente des excuses valables.
Art. 2k. Le Conseil ne peut prendre de décision s'il ne reunit au moins
sept de ses membres.
iv SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Sur la proposition de trois membres, le vote peut avoir lieu au scrutin
secret.
Art. 25. Sur la demande de trois membres du Conseil, il peut être fait
appel à la Société des décisions qui n'auraient pas été prises aux deux tiers
des voix.
Art. 26. Les procès-verbaux des séances du Conseil doivent être trans-
crits sur un registre coté et paraphé par un des Secrétaires. Ils doivent être
écrits à la suite, sans aucun blanc ni intervalle, et signés parle Président et
par le Secrétaire qui a tenu la plume. Les renvois doivent être paraphés et
les mots rayés doivent être approuvés.
Art. 27. Le Conseil se réunit dans la dernière quinzaine de décembre
pour examiner l'état des affaires de la Société et nommer la commission de
comptabilité chargée spécialement de vérifier la gestion du trésorier et la
commission des Archives, chargée de vérifier celle de l'Archiviste.
Ces deux commissions ne peuvent être composées de moins de trois mem-
bres et elles font leur rapport dans la dernière séance de janvier.
Ar.T. 28. Le Conseil élit annuellement, à la même époque, deux commis-
sions permanentes d'impression , chacune de trois membres , l'une pour la
publication du bulletin et l'autre pour l'impression des mémoire».
Les nominations sont proclamées dans la première séance de janvier.
Art. 29. La commission de publication du bulletin prononce sur l'inser-
tion textuelle ou par extrait ou analyse, dans le bulletin, des mémoires ou
notes lus etdes communications verbales faites à la Société. Klle vcilleà ce
qu'il ne s'y introduise rien d'étranger à l'intérêt de la science.
Art. 30. La Commission d'impression des mémoires fait les rapports
qui lui sont demandés par le Conseil, sur les manuscrits dont l'impression
est proposée. Elle veille à ce que les auteurs des mémoires admis se ren-
ferment dans les limites fixées par le Conseil, pour le nombre de feuilles de
texte, le nombre et l'importance des planches et a ce qu'ils n'y introdui-
sent rien d'étranger a l'intérêt de la science.
Art. 31. Dans le cas ou l'un des membres de la Commission d'impres-
sion des mémoires aurait lui-même un mémoire en cours de publication,
il ne pourra prendre part aux travaux de cette commission, tant que du-
rera l'impression de son travail. Le Secrétaire qui se trouverait dans le
même cas, sera remplacé , durant ce temps , dans la Commission , par l'un
des Vice-Secrétaires.
Art. 32. Les membres sortant des Commissions d'impression ne peuvent
être réélus immédiatement membres de la même Commission, après trois
ans consécutifs d'exercice.
Art. 33. Les membres des Commissions peuvent être pris indistincte-
ment dans la Société ou dans le Conseil.
Art. V\. Tout membre d'une Commission qui n'a pas assisté a ses réu-
STATUTS ET REGLEMENT. V
nions pendant trois séances consécutives , est censé démissionnaire. Après
avoir été averti, il est remplacé, s'il ne présente des excuses valables.
CHAPITRE V.
Ile la tenue des Séance»,
Art. 35 [X]. La Société tient ses séances habituelles à Paris, du premier
novembre à la fin de juillet.
Art. 36. La Société se réunit deux fois par mois. Il y a par exception
trois séances dans le mois de janvier. La première est consacrée spéciale-
ment aux élections pour le remplacement des membres sortants du bureau
et du Conseil.
Le tableau des jours de réunion est imprimé sur la couverture du
bulletin.
Une carte nominative, contenant les mêmes indications est envoyée chaque
année à tous les membres de la Société.
Art, 37. Les membres sont convoques à domicile pour la première
séance de novembre, les séances d'élections et celles des compte rendus de
l'année.
Art. 38. Pour assister aux séances, les personnes étrangères à la Société
doivent être présentées chaque fois par un de ses membres.
Art. 39. La présence du Président ou d'un des Vice-Présidents, assisté
d'un des Secrétaires ou Vice-Secrétaires, suffit pour constituer le bureau à
chaque séance.
En cas d'absence du Président et des Vice-Présidents, le Trésorier ou à
son défaut l'Archiviste occupe le fauteuil; et en cas d'absence des Secré-
taires et Vice-Secrétaires, le Président du jour désigne un des membres du
Conseil pour en remplir les fonctions.
En cas d'absence de tous les membres du bureau, les fonctions de Prési-
dent sont remplies par le plus âgé des membres du Conseil présents à la
séance et celles de Secrétaire par le plus jeune.
Art. 40. Les procès-verbaux des séances sont rédigés dans l'intervalle
d'une séance à l'autre.
Art. 41. Chaque séance commence par la lecture du procès-verbal de la
séance précédente et de l'ordre du jour.
Le procès-verbal de la séance qui précède les vacances de la Société, est
soumis seulement à l'approbation du Conseil.
Les lectures faites par les membre de la Société ont lieu dans l'ordre de
leur inscription et les communications des personnes étrangères à la Société
vi SOCIÉTÉ BOTANIQUE 0K FRANCE.
après celles des membres, sauf les cas d'urgence, qui seront appréciés par
le bureau.
Art. 42. Les membres de la Société ne peuvent lire devant elle aucun
ouvrage déjà imprimé.
Art. 43. Les membres qui ont fait des communications verbales ou pris
part aux discussions peuvent remettre des notes au Secrétaire pour la ré-
daction du procès-verbal.
Art. 44. Aucune communication ou discussion ne peut avoir lieu sui-
des objets étrangers à la Botanique ou aux sciences qui s'y rattachent.
Art. 45. Dans les séances ordinaires il n'est question d'aucun objet relatif
à l'administration qu'à la demande du Conseil.
Toutes les observations relatives à l'administration sont adressées par
écrit au Président qui en réfère au Conseil à sa plus prochaine réunion.
CHAPITRE VI.
Mes réunions extraordinaires.
Art. 46 [XI]. La Société pourra tenir des séances extraordinaires sur
des points de la France qui auront été préalablement déterminés.
Un bureau sera spécialement organisé par tes membres présents à ces
réunions.
Art. 47. Le lieu de ces réunions sera indiqué, d'après une délibération
du Conseil soumise à l'approbation de la Société.
CHAPITRE VII.
Des publications.
Art. 48. La Société contribue aux progrès de la Botanique, par la pu-
blication de son bulletin et par celle de collections de mémoires.
Art. 49 [XII]. Le bulletin des travaux de la Société est délivré gratuite-
ment à chaque membre.
Art. 50. Ce bulletin contient les procès-verbaux des séances de la
Société, une analyse des communications qui lui sont faites ou adressées dans
ces mêmes séances et les décisions du Conseil qui peuvent être d'un intérêt
général pour la Société.
' Il comprend, en outre, une Revue bibliographique des publications rela-
tives à la Botanique qui parviennent à la connaissance de la Société.
STATUTS ET RÈGLEMENT . Vlj
Art. 51. Le Bulletin est imprimé aux frais de la Société dans le format
m-8". Il peut être échangé contre d'autres publications scientifiques et ne
peut être vendu aux personnes étrangères à la Société, qu'au prix de la co-
tisation annuelle.
Art. 52. Le Bulletin parait, autant que possible, au commencement de
chaque mois, par cahier de deux à trois feuilles.
Art. 53. LaBevue bibliographique est faite avec la collaboration de tous
les membres de la Société qui voudront bien répondre à l'appel de la Com-
mission du Bulletin.
Cette Commission règle la nature et l'étendue des articles dont ses colla-
borateurs sont chargés.
Art. 54. Les articles de la Bévue bibliographique ne portent pas de signa-
ture. Leurs auteurs n'y exprimeront aucune opinion sur le mérite des ou-
vrages dont ils doivent simplement et brièvement rendre compte.
Art. 55. Les articles de critique scientifique ne peuvent être reçus qu'à
titre de communications et sont publiés, sous la responsabilité personnelle
de leurs auteurs, dans la première partie du Bulletin.
Art. 56. Les communications verbales dont les auteurs ne donnent pas
une analyse écrite dans les huit jours qui suivent la séance où elles ont été
faites, ne sont que signalées dans le procès-verbal d'après les notes prises
par les Secrétaires.
Art. 57. Les membres n'ont droit de recevoir que les volumes des an-
nées du Bulletin pour lesquelles ils ont payé leur cotisation. Toutefois les
volumes correspondant aux années antérieures à leur entrée dans la Société,
leur sont cédés moyennant une indemnité déterminée par le Conseil.
Art. 58. Les auteurs des notes ou mémoires insères au Bulletin et cou-
tenant au moins un quart de feuille, peuvent obtenir la remise gratuite de
quatre épreuves de ces communications, en en faisant, avant l'impression,
la demande au Secrétariat.
Art. 59. Quelle que soit la longueur des notes ou mémoires insérés au
Bulletin, les auteurs pourront en faire faire, à leurs frais, un tirage à part de
cinquante exemplaires au plus.
L'exercice de cette faculté est soumis aux conditions suivantes :
1° L'auteur qui voudra en profiter devra en faire la déclaration expresse,
et par écrit, en tête de son manuscrit.
2° Il devra s'entendre directement avec l'imprimeur pour le remaniement
de la composition et le paiement.
3° Le tirage a part devra rester entièrement conforme au texte du bul-
letin. Il ne pourra être remis à l'auteur que huit jours après la publication
de la partie du Bulletin contenant le Mémoire.
k" Le faux titre devra porter : Extrait .du Bulletin de la Société bota-
nique de France.
VI ij SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Art. 60. Les mémoires de la Société paraîtront, soit séparément, soit
par volumes ou demi-volumes in-/i°.
Un règlement particulier en fixera le mode de publication.
CHAPITRE VIII.
Des propriétés, «les revenus et «les dépenses
«le In Société.
Art. 61 [XIII]. Les dons faits à la Société sont inscrits au Bulletin avec
les noms (les donateurs.
Art. 62. Les échantillons envoyés à l'appui des mémoires, sont consi-
dérés, par ce fait seul, comme donnés à la Société, qui en disposera comme
elle le jugera convenable, à moins que les auteurs n'aient exprimé formel-
lement, lors de l'envoi, une volonté contraire.
Art. 63. Les membres qui cessent de faire partie de la Société ne peuvent
réclamer aucune part dans ses propriétés.
Art. 6^ [XIV]. Chaque membre paie une cotisation annuelle de 30 //•.
Cette cotisation annuelle peut, au choix de chaque membre, être remplacée
par une somme de 300 fr. une fois payée.
Art. 65. La cotisation annuelle est due par les membres de la Société
jusqu'au jour où ils ont reçu le Bulletin sans envoyer leur démission.
Dans le cas où, après un avis du Trésorier, un membre se trouverait
débiteur au 1er janvier, d'une année de cotisation, s'il réside en France, et
de deux années s'il réside à l'étranger, le Bulletin cessera de lui être
envoyé.
Si, sur un nouvel avis du Trésorier, qui lui sera adressé dans le courant de
l'année suivante, il ne satisfait pas au paiement, il cessera de faire partie de
la Société et sera rayé de la liste des membres.
Art. 66 [XV]. La Société régie annuellement le budget de ses dépenses.
Dans la première séance de chaque année, le compte détaillé des receltes
et des dépenses est soumis à l'approbation de la Société.
Ce compte est publié dans le Bulletin.
Art. 67. Les dépenses sont divisées en ordinaires et extraordinaires.
Les dépenses ordinaires se composent du loyer, des contributions, des
frais de bureau et d'impression, des frais d'entretien des meubles et du
local, et du port des lettres et paquets adressés à la Société.
Les dépenses extraordinaires sont votées par la Société, sur la proposition
du Conseil.
Art. 68. La Société se charge de l'envoi gratuit du Bulletin, de l'affran-
STATUTS ET RÈGLEMENT. 1*
chissement des lettres relatives aux publications, des lettres de convocation
et des avis imprimés.
Art. 69. La Société ne s'engage jamais dans aucune dépense excédant
•s
son avoir.
Aht. 70 [XVI]. En cas de dissolution, tous tes membres de la Société
sont appelés à décider sur la destination qui sera donnée à ses propriétés.
Disposition transitoire. — Ne seront pas soumis aux formalités pres-
crites par l'art, h, les nouveaux membres qui donneront leur adhésion aux
Statuts de la Société , moins d'un mois après l'expédition du premier
numéro du Bulletin, lequel sera envoyé à tous les botanistes résidant en
France.
LISTE DES MEMBRES
DE LA
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE
au 15 juin 1854.
AMBLARD (Louis), rue Duguay-Trouin, 17, à Paris.
AVICE DE LA VILLEJAN, rue du Bac, 3/t, à Paris.
BAILLON (H.), interne à l'hôpital de la Pitié, à Paris.
BARAT, professeur au lycée Impérial d'Alger.
BABKAU (Adolphe de), à Carcenac, près Rodez (Aveyron).
BEAUTEMPS-BEAUPRÉ (Charles), substitut du procureur impérial, à Cherbourg
(Manche).
BONHOMME (Jules), naturaliste, à Milhau (Aveyron).
BORDÈRE. instituteur primaire, à Gèdres, près Luz (Hautes-Pyrénées).
BORNET (Edouard), rue Napoléon, 18, à Cherbourg (Manche).
BOUCHARDAT, professeur à la Faculté de médecine, à l'Hôtel-Dieu, à Paris.
ROUDIER, pharmacien, à Montmorency (Seine-et-Oise).
BOUIS (de), docteur en médecine, rue Saint-Louis, hk, au Marais, à Paris.
ROULOUMIÉ (louis), rue du Vieux-ttaisin, 26, à Toulouse.
BOURGUIGNAT, préparateur à la chaire de paléontologie du Muséum, rue Saint-
Guillaume, 2, à Paris.
BOUTEILLE, à Magny-en-Vexin (Seine-et-Oise).
BRICE (Georges), chef de bureau au ministère de la maison de l'Empereur, rue
des Écuries-d'Artois, 13, à Paris.
BRIMONT (le baron de), rue de Grenelle -Saint-Germain, 53, à Paris.
BRONDEAU (Louis de), à Reignac, commune de Moirax, près Agen (Lot-et-
Garonne).
BRONGNIART (Adolphe), membre de l'Académie des sciences, etc., au Jardin des
Plantes, à Paris.
RRUTELETTE (B. de), à Abbeville (Somme).
BUREAU (Edouard), rue Madame, 40, à Paris.
XJj SOCIÉTÉ BOTANIQUE I>K FRANCE.
CADET DE CIIAillBINF (Edmond), rue Saint-Joseph, 12, à Paris.
CAILLETTE DE L'IIERVILLIERS, membre de l'Institut historique de France,
rue Vavin, 6, à Paris.
CALLAY (A), pharmacien, au Chêne (Ardennes).
CARON (Henri), à Bulles (Oise).
CHASTAIVET (A.), rue du Port-Saint-Ouen, 19, à Balignolles, près Paris.
CHATIN (A.) , professeur à l'École de pharmacie , rue du faubourg Saint-
Ilonoré, 208, à Paris.
CHEVALLIER, chef d'institution, rue Villeneuve, 12, à la Bochelle.
CLOS (D.), professeur à la Faculté des sciences de Toulouse.
COMAR (Ferdinand), à Gisors (Eure).
COSSOM (Ernest), docteur en médecine, rue du Grand-Chantier, 12, a Paris.
COURTAUT (Henri), rue de l'Ouest, 35, à Paris.
DARRIEUY (Arsène), docteur en médecine, maire de Saint-Jean-Picd-dc-Port
(Basses-Pyrénées).
DAUDIIV (H.), propriétaire, à Pouilly, par Méru (Oise).
DECAISSE (J), membre de l'Académie des sciences, etc., au Jardin des Plantes, à
Paris.
DELASTRE, rue de l'Hospice, 23, à Poitiers.
DELAUNAY, manufacturier, à Tours.
DELESSERT (François), membre de l'Académie des sciences, etc., rue Mont-
martre, 172, à Paris.
DEROUET, membre du conseil général d'Indre-et-Loire, rue des Fossés-Sainl-
Georges, h, à Tours, et rue Chabannais, 1, à Paris.
DES MOULINS (Ch.), membre de plusieurs académies, rue et hôtel de Gourgues,
à Bordeaux.
DOUMET (E.), député au corps législatif, maire de Cette (Hérault).
DOYERGNE, pharmacien, à Hesdin (Pas-de-Calais).
DUROC (Edouard), ruedesGobelins, 27, Ingouville, au Havre (Seine-Inférieure).
DUCHARTRE (P.), docteur es sciences, rue de Sèvres, 1/|, à Paris.
DUFOUR (Léon), à Saint-Sever-sur-Adour (Landes).
DUMOLIN (J.-B.), à Saint-Maurin, par Puymirol (Lot-et-Garonne).
DUIVAL (Félix), piofesseur à la Faculté des sciences de Montpellier.
DUPUY (l'abbé), professeur d'histoire naturelle au petit séminaire d'Auch (Gers).
DURIEU DE MAISONNEUVE, directeur du nouveau Jardin des Plantes, allée
des Noyers, 29, à Bordeaux.
DUSACQ, libraire-éditeur, rue Jacob, 26, à Paris.
DUVAL-JOUVE, inspecteur de l'Académie d'Alger.
ÉLOY DE VICQ (Léon), place de la Placette, à Abbeville (Somme).
FABRE, professeur d'histoire naturelle au lycée d'Avignon.
FAYE (Léon), conseiller à la Cour impériale de Poitiers.
LISTE DES MEMBRES. Xllj
FÉE, professeur d'histoire naturelle à la Faculté de médecine de Strasbourg.
FOVILLE (Achille), interne des hôpitaux, à la Salpêtrière, à Paris.
FRANQEEVILLE (Albert deI, rue Palatine, 5, à Paris.
GAY (Jacques), rue de Vaugirard, 36, à Paris.
GERMAIN DE SAEVÏ-PIERRE, docteur en médecine, rue Pavée-Saint-André, 3,
à Paris.
GIDE (Casimir), libraire-éditeur, rue Bonaparte, 5, à Paris.
GIRAUDY, boulevard Chave, 90, à Marseille.
GOGOT, docteur en médecine, rue des Trois-Pavillons, h, à Paris.
GONTIER, docteur en médecine, rue Saint-Honoré, 36/i, à Paris.
GRAVES, directeur général des forêts, rue de Verneuil, 51, à Paris.
GROENLAND (Jean), quai Bourbon, 25, île Saint-Louis, à Paris.
GEBLER, agrégea la Faculté de médecine, rue de Seine, 12, à Paris.
GEÉPIN, docteur en médecine, rue des Lices, 11, à Angers (Maine-et-Loire).
GlIILLON (Anatole), contrôleur des contributions indirectes, rue de la Tour, 71,
à Passy, près Paris.
IIÉNON, interprèle militaire, à Biskra (Algérie).
HENNECART, ancien député, rue Neuve-des-Matburins, il, à Paris.
HÉRÉTIEE, inspecteur des contributions directes, à Montauban (Tarn-et-
Garonne).
HÉRINCQ, attaché au Muséum d'histoire naturelle, rue Guy de la Brosse, 11, à
Paris.
IIERLING (A.), rue des Deux-Portes-Saint-Sauveur, 21, à Paris.
HEBERT, pharmacien, à Brest (Finistère).
HUGEENIN (Auguste\ à Chambéry (Savoie).
IRAT (Albert), substitut du procureur impérial, à Cahors (Lot).
.IAMAIN (A.), docteur en médecine, rue de Savoie, 13, à Paris.
JAEBERT (le comte), ancien ministre, rue Saint-Dominique, 67, à Paris.
JOEFFROY-GOESANS (M. de), rue de la préfecture, 20, à Besançon.
JELLIEN-CROSNIER, conservateur du Jardin des Plantes, rue d'Illiers, 54 bis,
à Orléans.
KRESZ, docteur en médecine, rue des Bourdonnais, l/i, à Paris.
LABOERET (J.), hôtel de l'ancienne sous-préfecture, à l'.ulTec (Cbarente).
LACROIX (l'abbé de), à Saint-P.omain-sur-Vienne, par les Ormes (Vienne).
LAGRANGE, docteur en médecine, rue des Francs-Bourgeois, 1/j, au Marais, à
Paris.
XIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
LAMIABLE (G.), rue Soufflot, 21, à Paris.
LAMOTTE (M.), pharmacien, à Riom (Puy-de-Dôme).
LA PERRALD1ÈRE (Henri de), i ue du Cornet, 1k, à Angers.
LA PORTE (Edmond), boulevard de l'Étoile, 38, aux Thèmes, près Paris.
LARAMBERGLE (Henri de), ù Castres (Tarn).
LAREVELL1ÈRE-LÉPEAUX, au Gué du Berger, à Thouarcé (Deux-Sèvres).
LASÈGL'E (A.), conservateur des collections botaniques de M. François Delessert,
rue Montmartre, 172, à Paris.
LAVAU (de).
LEBLAîVC, ancien ingénieur en chef des ponts et chaussées, rue du Oindre, 1, à
Paris.
LEKEEF (Ferdinand), pharmacien, à Rayonne (Basses-Pyrénées).
LEGRAND (de l'Oise), ancien député, rue Richepanse, 7, à Paris.
LEMAOET, docteur en médecine, quai de la Tournelle, 33, à Paris.
LENOEMANT (François), rue Neuve-des-Pelits-Cliamps, l/i, à Paris.
LE PRÉVOST (Auguste), membre de l'Institut, à Bernay (Eure).
LEROUX DE BRETAGNE, avocat, rue des Saints-Pères, 61, à Paris.
LESPIALLT (M.), peintre d'histoire naturelle, à Néiac (Lot-et-Garonne).
LESPINASSE (Gustave), agent de change, rue de l'Intendance, 9, à Bordeaux.
LESTIBOLDOIS, conseiller d'État, rue de la Victoire, 92, à Paris.
LOYSEL 'Charles), rue Mazarine, 3, à Paris,
MAILLARD (Auguste), rue Sainl-Sulpice, 1, à Paris.
MAILLE (Alphonse), rue Madame, 1, à Paris.
MANESCAE, ancien représentant, à Pau (Basses-Pyrénées).
MARES (P.), docteur en médecine, rue Blanche, 10, à Paris.
MARJOLIN, docteur en médecine, rue Neuve-Saint-Augustin, 69, à Paris.
MARTIN (Emile), juge, à Romoranlin (Loir-et-Cher).
MASSON (Victor), libraire-éditeur, place de l'École-de-Médecine, à Paris.
MATIGNON (E.), à Fontainebleau (Seine-et-Marne).
MALGERET, inspecteur du télégraphe, à Tarbes (Hautes-Pyrénées).
MELICOQ (le baron de Lafons de), rue Royale, 84 bis, à Lille.
MÉN1ÈRE (le docteur), médecin de l'établissement des sourds-muets, à Paris.
MICHALET (Eugène), rue Férou, 11, à Paris.
MILLET (C), inspecteur des forèls, rue Casliglione, lZj, à Paris.
MONIN, docteur en médecine, à Blois (Loir-et-Cher).
MONTAGNE (Camille), membre de l'Académie des sciences, etc., rue des Beaux-
Arts, 12, à Paris.
MOQUIN-TANDON, membre de l'Académie des sciences, etc., rue de l'Est, i,
Paris.
MUNBV (G.), àOran (Algérie).
NOÉ (le vicomte de), rue du Bac, 102, à Paris.
NOELET, professeur à l'École de médecine, rue du Lycée, 8, à Toulouse.
LISTE DES MEMBRES. XV
PARISOT (Louis), à Belfort (Haut-Rhin).
PARSEVAL (Jules), aux Perrières, près Màcon (Saône-et-Lohe).
PASSY (Antoine), ancien député, rue Pigale, 6, à Paris.
PAYER, professeur à la Faculté des sciences, rue Madame, 28, à Paris.
PERRIO (Francisque), à Napoléonville (Morbihan).
PERSONNAT (Camille), rue d'Étigny, 20, à Aucli (Gers).
PERSOiYNAT (Victor), employé des contributions indirectes, à Saint-Flour
(Cantal).
PETIT (Guillaume), membre du conseil général de l'Eure, à Louviers (Eure).
PEANCHON (J.-E.), professeur suppléant à la Faculté des sciences de Montpellier.
POYOlARET (E. de), à Agen (Lot-et-Garonne).
POUCIIET (Eugène), à Saint-Micliel-de-la-tlaie, par Bourgachard (Eure).
PRILLIEUY (Edouard), rue de la Ville-l'Évêque, hk, à Paris.
PLEL (Timothée), docteur en médecine, boulevard Beaumarchais, 72, à Paris.
QUESTIER (l'abbé), curé, à Tbury en Valois, par Betz (Oise).
RAROTIN, pharmacien, à Fontainebleau (Seine-et-Marne).
RAMOND, directeur des douanes, au Havre (Seine-Inférieure).
REVELIÈRE (Eugène), rue des Payens, à Saumur (Maine-et-Loire).
RORERT (Eugène), docteur en médecine, à Bellevtie, près Meudon (Seine-et-
Oise).
RORIN, ancien inspecteur divisionnaire des ponts et chaussées, rue de la Chaussée-
d' An lin, 27 bis, ?» Paris.
ROUSSEL, ancien pharmacien du Val-de-Gràce, rue des Fossés-Saint-Jacques, 26,
à Paris.
SAUBIXET aine, membre de l'Académie impériale de Reims (Marne).
SALLCY(de), membre de l'Institut, etc., place Saint-Thomas-d'Aquin, à Paris.
SAU7.É (C), docteur en médecine, à la Mothe-Saint-Heraye (Deux-Sèvres).
SCHlillPER (W.-P.), conservateur du Musée d'histoire naturelle de Strasbourg.
SCIIOEYEFELD (\V. de), rue de Seine, 72, à Paris.
SERINGE, professeur à la Faculté des sciences de Lyon.
SERRES (Hector), pharmacien, à Dax (Landes).
SOUREIRAN (Léon), quai de la Tournelle, Zi7, à Paris.
TCIIÎIIATCHEFF (P. de), membre de l'Académie des sciences de Berlin, etc.,
rue de la Paix, hôtel Mirabeau, à Paris.
THURET (Gustave), rue Napoléon, 18, à Cherbourg (Manche).
TILLETTE DE CLERMONT, député au corps législatif, à Abbeville (Somme).
TIMRAL-LAGRAVE, pharmacien, rue Pargaminière, 8Zi, à Toulouse.
TISSEUR (l'abbé), missionnaire, aux Chartreux, à Lyon.
T1TON, interne des hôpitaux, à l'hôpital Saint-Louis, à Paris.
xvj SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
TRAC Y (de), ancien ministre, rue d'Anjou-Saint-IIonoré, Z|8, à Paris.
TRÉCUL (A.), rue Cuvier, 20, à Paris.
TLLASME (L.-R.), membre de V Académie des sciences, etc., rue de Vaugirard, 73,
à Paris.
VANDERMARQ, rue Neuve-Saint-Auguslin, 75, à Paris.
VILLIERS DU TERRAGE (le vicomte de), ancien pair de France, rue Racine, 8,
à Tours.
VILMORIN (L.), quai de la Mégisserie, 28, à Paris.
WERB (Philippe Barker), avenue Marbœuf, 15, à Paris.
UEDDELL (II.-A.), docteur en médecine, aide-natnralisle au Muséum, vue de
Poissy, \, à Paris.
FONDATION
DE LA
SOCIÉTÉ
B'roci^-ïci'iiiiin de la réunion préparatoire du t 2 niais
vt de la séance dm 2.1 aircl î*S5-8.
Le douze mars mil huit cent cinquante-quatre, les personnes dont
les noms suivent se sont réunies à Paris, chez M. Antoine Passy, rue
Pigale, n° 6.
Étaient présents: MM. Brongniart, Decaisne , Moquin-Tandon,
membres de l'Académie des sciences, comte Jaubert, Graves, vicomte
de Noé, Puel, Robin, Maille, Cosson, Duchartre, de Schœnefeld, de
Bouis, Germain de Saint-Pierre.
L'Assemblée s'étant formée à une heure, sous la présidence de
M. Brongniart, M. Passy a dit que la réunion avait été convoquée
d'après le désir exprimé par la plupart des personnes présentes,
d'examiner s'il ne conviendrait pas d'organiser à Paris une société
centrale, qui se proposerait pour objet de contribuer aux progrès de
la Botanique, et de multiplier, en les régularisant, des relations
utiles à la science.
Après une discussion approfondie, l'Assemblée décide, à l'unani-
nimité, la création d'une Société Botanique de France.
M. Passy dit ensuite que la Société Géologique, fondée depuis
vingt-quatre ans, et qui n'a cessé de s'accroître depuis son origine,
parait devoir sa prospérité aux heureuses combinaisons de son règle-
ment constitutif. Il propose donc de prendre dans le règlement
actuel de la Société Géologique les bases principales des statuts à
imposer à l'association projetée.
L'Assemblée entend la lecture, du règlement dont il s'agit, en dis-
cute les articles, et en adopte- la plupart des dispositions.
T. T 1
2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
D'après les décisions prises, le nombre des membres de la Société
sérail illimité, et il n'y aurait aucune distinction entre eux. Toutes
les fonctions seraient données par l'élection et n'auraient qu'une
durée déterminée. La Société publierait un bulletin périodique, qui
serait envoyé à chaque membre, en échange de la cotisation annuelle,
dont le taux serait fixé à trente francs payables d'avance.
L'Assemblée n'adopte pas la proposition d'exiger, comme à la
Société Géologique, le payement d'un droit d'entrée. Elle réserve,
pour un examen ultérieur, la question de savoir si la Société Bota-
nique tiendra des séances hors de Paris, et si elle organisera des
collections et une bibliothèque.
L'Assemblée décide qu'il sera fait appel à toutes les personnes ré-
sidant à Paris, et qui, à un litre quelconque, peuvent s'intéresser à la
création de la Société Botanique, pour les inviter à joindre leurs efforts
aux siens. On adressera ensuite une circulaire, signée de tous les
adhérents, aux professeurs et amateurs des sciences naturelles habi-
tant les départements, pour provoquer leurs souscriptions. Lorsque
les réponses seront parvenues, l'Assemblée se réunira de nouveau,
afin de constater, avec certitude, quelles chances de succès et de
durée doit résulter, pour la Société projetée, du nombre de souscrip-
tions obtenues. On statuera alors sur l'organisation la plus conve-
nable a donner à la Société. Jusqu'à ce moment les décisions prises
n'auront qu'un caractère provisoire et n'obligeront personne.
Enfin l'Assemblée nomme une commission composée de MM. Passy,
Graves et de Schœnefeld, pour assurer l'exécution des mesures qui
viennent d'être votées, et pour convoquer de nouveau, lorsque le
moment sera venu, les personnes présentes et celles qui auront fait
connaître ieur adhésion.
Le vingt-trois avril mil huit cent cinquante-quatre , sur une con-
vocation de MM. les Commissaires provisoires, nommés dans la réu-
nion préparatoire du 12 mars dernier , les personnes qui ont donné
leur adhésion au projet de Statuts annexes à la circulaire datée égale-
ment du 12 mars, se sont réunies à Paris, rue Taranne , n° 12, à
l'effet d'organiser la Société Botanique de France.
Sur la demande des Commissaires provisoires , M. le Préfet de
Police avait bien voulu autoriser cette réunion, par une lettre adressée
à M. Graves, en date du 22 avril.
FONDATION DE LA SOCIÉTÉ. 3
M. Adolphe Brongniart, conformément au vœu unanime de l'As-
semblée, occupe le fauteuil et ouvre la séance à midi et demi,
MM. Graves et A. Passy, commissaires, se placent au bureau au-
près de 31. le Président. M. de Schœnefeld , troisième commissaire,
est chargé de la rédaction du procès-verbal.
M . Graves lit le procès-verbal de la réunion préparatoire du 12 mars,
qu'il a bien voulu rédiger. Ce procès-verbal est adopté par l'Assemblée.
M. A. Passy donne lecture a l'Assemblée du rapport des Commis-
saires, qui rend compte de la mission dont ils ont été chargés. Ce
rapport conclut à l'adoption par l'Assemblée des quatre propositions
suivantes :
1° La Société Botanique de France est fondée. Les Statuts publiés sont la
base de sou organisation.
2° Il va être procédé immédiatement à l'élection des membres du Bureau
et du Conseil d'Administration.
3" Il sera donné au Bureau et au Conseil toute autorisation pour arrêter un
règlement administratif conforme aux Statuts proposés.
h" Le Bureau et le Conseil sont chargés de rédiger et de publier le pre-
mier numéro du recueil qui contiendra les Statuts, la composition du
Bureau et du Conseil et la liste des membres.
Avant de mettre aux voix ces propositions, M. le Président invite
M. de Schœnefeld à lire la liste des personnes qui ont déjà donné
leur adhésion à la Société.
L'Assemblée est appelée ensuite à voter l'adoption de la première
des quatre propositions du rapport de la Commission. Sur les obser-
vations présentées par quelques-unes des personnes présentes, il est
déclaré bien entendu que l'Assemblée se réserve le droit, dans une
prochaine réunion et sur la proposition du futur Conseil d'adminis-
tration, de modifier les Statuts de la Société en tout ce qu'ils n'ont
point d'essentiel et dans le sens des observations qui pourraient
arriver à ce sujet des départements
Cette réserve faite, l'Assemblée déclare unanimement que la Société
Botanique de France est fondée.
La seconde proposition du rapport de la Commission est également
mise aux voix et adoptée par la Société.
La Société est donc appelée à élire immédiatement les membres
du Bureau, par scrutin de liste et à la majorité absolue des suffrages.
h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Sont proclamés , comme Membres du Bureau , ayant obtenu la
majorité des suffrages :
Président : M. Ad. BRONGMART.
Vice-Présidents: MM. DECAISNE.
J. GAY.
F. DELESSERT.
MOQUIN-TANDON.
Secrétaires : MM. DE SCHOENEFELD.
DUCHARTRE.
Vice-Secrétaires: MM. PUEL.
COSSON.
Trésorier : M. CAILLETTE DE L'HERVILLIERS.
Archiviste : M. DE BOUIS.
Après avoir ainsi constitué son Bureau, la Société procède à l'élec-
tion des douze membres du Conseil d'administration, également par
scrutin de liste, à la majorité absolue des suffrages.
Sont proclamés, comme Membres du Conseil d'administration,
ayant obtenu la majorité des suffrages :
MM. GRAVES.
A. PASSY.
CIIATIN.
MONTAGNE.
Vicomte DE NOÉ.
WEDDELL.
Comte JAUBERT.
BOUC1IARDAT.
L.-R. TULASNE.
GERMAIN DE SAINT-PIERRE.
Baron DE BRIMOiNT.
MAILLE.
Les troisième et quatrième propositions qui terminent le rapport
de la Commission sont successivement mises aux voix et adoptées
par la Société.
La séance est levée, à trois beures et demie, sans qu'on ait iixé le
jour de la prochaine réunion. — La Société sera convoquée aussitôt
que le Conseil aura préparé le projet de règlement.
SOCIÉTÉ BOTANIQUE
DE FRANCE.
SÉANCE DU 24 MAI 1854.
PRÉSIDENCE DE M. AD. BRONGNIART-
La Société se réunit à sept heures et demie du soir, rue du Vieux-
Colombier, 2/i, dans le local que le bureau de la Société Géologique
a bien voulu lui céder pour la tenue de ses séances.
M. de Schœnefeld, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de
la séance du 23 avril, dont la rédaction est adoptée.
Dons faits à la Société.
1° Par M. Ad. Brongniart, président :
Annales des sciences naturelles, partie botanique, quatrième série,
t. Ier (1854), nos 1 et 2 (1).
Enumération des genres de plantes cultivées au Muséum d'histoire na-
turelle, deuxième édition, 1850.
2° Par M. Puel :
Catalogue des plantes vasculaires qui croissent dans le département du
Lot. 1 vol. Cahors, 1845-53.
INote sur YArenaria Gouffeia, Chaub.
3° Par MM. Puel et Maille :
Catalogue de l'herbier de Sgrie, publié par MM. T. Blanche et
C Gaillardot.
(1) M. le président annonce en outre, le don qu'il veut bien faire à la Société
de la collection complète des deuxième et troisième séries de la partie botanique
des Annales des sciences naturelles, formant quarante volumes. Cette collec-
tion sera remise à la Société aussitôt que son local sera disposé.
6 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
h° Par M. Léon Soubeiran :
Etudes microscopiques sur quelques fécules, thèse présentée à l'Ecole
de pharmacie.
5° De la part de M. Timbal-Lagrave, de Toulouse :
Etudes sur la Flore d' Aquitaine, Fasc. 1.
6° Dr la part de M. Ch, Des Moulins, de Bordeaux :
Lettre sur la maladie de la vigne adressée à ML le docteur Montagne.
7° De la part de M. Léon Faye, de Poitiers :
Catalogue des plantes vasculaires du département fie la Charente-
Inférieure.
Trente-deux adhésions nouvelles, reçues par le Conseil depuis la
dernière séance, sont communiquées à la Société. Les nouveaux
adhérents sont proclamés membres de la Société 1 1 .).
M. de Schœnefeld annonce la perte bien regrettable de M. Emile
Desvaux, membre de la Société, décédé le 13 de ce mois, à l'âge de
vingt-quatre ans, et qui s'était déjà l'ait connaître par un travail
remarquable sur les Graminées et les Cypéracées du Chili.
M. le Président prononce ensuite le discours suivant :
Messieurs,
Depuis longtemps la Botanique reclamait en France un centre auquel
pussent venir aboutir les efforts de tous ceux qui, dans notre pays, s'appli-
quent à étendre son domaine, et qui pût mettre en rapport tous les hommes
qui, avec un but différent, s'occupent de son étude.
Les pertes cruelles que la Botanique a éprouvées depuis deux ans dans
ses chefs les plus illustres, nous privent du concours précieux que nous
aurions trouvé dans des savants qui étaient, pour la plupart d'entre nous,
des amis et des maîtres; dont les noms enregistres depuis plusieurs généra-
tions dans les fastes de la science, auraient donné tant d'éclat a notre jeune
Société et dont un surtout, véritable personnification de la Botanique fran-
çaise depuis plus d'un siècle, aurait si bien présidé à son inauguration.
Mais c'est peut-être le moment de resserrer le faisceau des amis dispersés
de notre science, de ranimer leur zèle, d'aider leurs études, d'en faire con-
naître les résultats, de remplacer pour plusieurs d'entre eux l'appui bien-
veillant qu'ils auraient trouvé dans les savants dont nous regrettons si vive-
ment la perte prématurée.
(1) Leurs noms sont compris dans la lisle placée à la suite du Règlement.
SÉANCE !>li 'lk MAI 1 S 5 Z| . 7
Espérons que laci'éation de la Société Botanique de France aura ce résultat.
L'utilité des Sociétés spéciales fondées sur la large hase de l'association
de tous ceux qui, à un titre quelconque, prennent intérêt à la culture et à
l'avancement d'une branche des connaissances humaines, déjà constatée an-
ciennement en Angleterre, est également bien reconnue en France.
Fa idéographie, la géologie, la météorologie, l'horticulture possèdent des
Sociétés fondées sur ce principe, qui prospèrent et contribuent par leurs
travaux aux progrès et a la diffusion des sciences.
11 était temps que la Botanique qui, sur tous les points de notre sol, offre
tant de personnes qui se consacrent à son étude d'une manière plus ou moins
spéciale, constituât, comme ces diverses sciences, une Société particulière,
qui devînt un lien commun entre tous ceux qui la cultivent.
C'est là le but que se sont proposé les fondateurs de la Société Botanique
de France; l'adhésion qu'ils ont reçue immédiatement de la part d'un grand
nombre de botanistes, tant à Paris que dans les départements, l'espoir que
nous avons d'en voir un plus grand nombre encore s'unir à nous pour en
répandre le goût et la culture, lorsqu'ils connaîtront mieux notre but et
notre organisation, nous prouvent que nous ne nous étions pas trompés en
considérant la fondation de cette Société comme un besoin senti par la gé-
néralité des personnes qui aiment et cultivent la Botanique.
La Société, forte de ce concours immédiat de. plus de cent personnes dé-
vouées à la science à laquelle elle se consacre, s'est déclarée constituée; elle
a admis comme base de son organisation les Statuts qui avaient été pré-
sentés à l'adhésion des personnes qui se sont ralliées au premier noyau de ses
fondateurs; elle a nommé son Bureau et son Conseil d'administration con-
formément à ces Statuts et a chargé trois commissions de compléter son
règlement, de rég!er le mode de publication de son bulletin et de fixer ses
dépenses. Depuis cette première séance d'installation, ces questions ont été
l'objet d'un examen approfondi de la part de votre Conseil. Les mesures
qu'il a adoptées vont vous être communiquées, et nous pourrons dès aujour-
d'hui nous consacrer sans plus de retard aux travaux scientifiques qui sont
l'objet de la création de la Société.
En m'appelant à l'honneur de la présider pendant la première année de
son existence, la Société m'a donné un témoignage, auquel j'ai été très sen-
sible, de la confiance qu'elle avait dans mon dévouement pour une science
qui a fait l'objet, des études de toute ma vie et dans mon zèle pour la nou-
velle institution qui doit contribuer à ses progrès; j'espère que nos efforts
réunis assureront son succès. Mais permettez-moi, Messieurs, en commençant
ces fonctions et pour répondre a votre confiance, de vous exposer en quel-
ques mots comment je comprends le but et la direction de nos travaux ;
j'espère que ces vues seront conformes aux vôtres et qu? nous pourrons en
commun en poursuivre la réalisation.
8 SOCIÉTÉ BOTANIQUE 1>K KRANCE.
Si, dans l'état actuel des sciences, des Sociétés spéciales, dans lesquelles
on peut discuter avec fruit des questions intéressantes seulement pour les
personnes déjà initiées, par leurs études, aux connaissances particulières
qu'elles supposent, sont devenues indispensables pour le progrès de chaque
science, ces Sociétés cependant doivent embrasser un champ assez vaste
pour ne pas isoler les unes des au 1res les diverses branches d'une même
science, qui doivent à chaque, instant se prêter un mutuel appui; aussi, en
ce qui nous concerne, la Société a compris qu'elle devait embrasser toutes
les parties diverses de l'étude du règne végétal, depuis l'examen minu-
tieux des diverses formes d'une espèce ou d'un genre, qui peuvent souvent
jeter plus de jour qu'on ne le croirait sur des questions plus élevées et
plus générales, jusqu'aux études les plus approfondies de l'anatomie ou de la
physiologie végétales ; qu'elle devait aussi comprendre dans ses attributions
les applications de la Botanique a la culture, à l'industrie et à la médecine;
enfin, toutes les questions qui intéressent la distribution géographique des
végétaux et l'histoire du règne végétal pendant les périodes géologiques.
En embrassant ainsi les études de toute nature qui ont pour objet le
règne végétal, la Société s'adresse à l'universalité des hommes que ces
études intéressent , elle réclame leur concours, leurs communications;
elle espère intéresser également a ses travaux le botaniste qui, isolé
dans la campagne, suit avec persévérance le développement, et compare, les
caractères de quelques-uns des végétaux de nos contrées, qui dresse le cata-
logue et reconnaît les stations des plantes de ses environs, et prépare ainsi
les éléments de la géographie botanique de la France, et celui qui, ayant à
sa disposition des matériaux plus nombreux, préparera la monographie d'un
genre ou d'une famille peu connue, ou la flore d'une contrée éloignée; elle
doit espérer que des expériences intéressantes pour la physiologie végétale
ou des recherches anatomiques que rendent chaque jour plus précises les
perfectionnements du microscope, lui seront souvent communiquées, et que
les discussions qu'elles amèneront dans la Société jetteront de nouvelles
lumières sur ces questions importantes.
Klle réclamera avec instance le concours des hommes éclairés que pos-
sèdent maintenant l'agriculture et l'horticulture etdont les observations peu-
vent si puissamment contribuer aux progrès de la physiologie végétale, de
la connaissance des maladies des plantes et de bien d'autres parties obscures
de la Botanique.
Enfin, les sciences médicales ne nous feront pas défaut, car sans compter
beaucoup de médecins et de pharmaciens pour lesquels la botanique est
une étude accessoire et une agréable distraction, les recherches relatives à
la matière médicale, à l'étude et a l'origine des substances médicamenteuses
du règne végétal , constitueront une partie intéressante des travaux de la
Société.
SÉANCE 1)1 2/l MAI 185/|. il
Kspérons aussi que les géologues nous feront participer a leurs décou-
vertes et a leurs observations en ce qui concerne les végétaux fossiles.
L'étude des végétaux des anciennes créations est inséparable de celle des
végétaux actuels, et leur comparaison peut souvent devenir, dans le sein de
notre Société, l'objet de discussions pleines d'intérêt.
JNous avons l'assurance qu'avec un cbamp aussi vaste , nos séances ne
manqueront pas de communications variées et intéressantes. Nous les ap-
pelons de la part de nus confrères et de la part aussi des botanistes qui
n'appartiennent pas encore à la Société.
JNous espérons surtout que le concours de nos confrères des départements
amènera à chaque séance des communications utiles pour le perfectionne-
ment de la Flore française, soit en apportant plus de critique dans la dis-
tinction des espèces ou même en en faisant connaître qui auraient échappé
jusqu'à ce jour aux recherches des botanistes, soit en étudiant avec plus de
soin leur distribution géographique et leur mode d'existence.
Le Bulletin de la Société, en joignant au procès-verbal des séances un
résumé plus ou moins étendu de ces communications, les fera parvenir ra-
pidement à la connaissance de tous les membres de la Société et facilitera
ainsi leurs propres études; cette partie relative aux travaux propres de la
Société s'étendra, non seulement d'après 1 importance de ces communica-
tions, mais aussi d'après les moyens de publication dont la Société pourra
disposer.
Mais, en nous bornant à enregistrer et à répandre les travaux inédits qui
nous seront communiqués , nous pensons que la Société n'atteindrait pas
complètement le but qu'elle doit se proposer , celui de faciliter les études
de ceux de ses membres qui, éloignés des grands centres scientifiques, restent
le plus souvent et à leur grand regret, étrangers aux publications de Bota-
nique si nombreuses et si variées qui se font sur tous les points du globe, et
dont la connaissance est cependant indispensable à celui qui veut étudier
et surtout publier le résultat de ses recherches.
Aussi rien à mes yeux ne sera plus utile aux progrès de toutes les bran-
ches de la Botanique en France et plus digue par cette raison des efforts de
la Société, que la publication, à la suite du bulletin de ses séances et des
travaux de ses membres, d'une Bévue analytique des ouvrages, mémoires ou
notices de Botanique de toute nature publiés tant en France qu'a l'Etranger.
Pour rendre cette Bévue aussi complète que possible, la Société doit né-
cessairement réclamer le concours de beaucoup de ses membres ; son éten-
due dépendra de leur zèle et des moyens dont la Société pourra disposer
pour l'impression de cet utile travail; mais le Conseil, pour donner une
grande variété à cette Bévue, a cru devoir donner aune commission de pu-
blication le droit de maintenir chacun des articles dans une juste mesure et
en exclure toute discussion critique, réservant pour des communications
10 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
faites à la Société elle-même, les examens plus approfondis que quelques-
uns de ses membres voudraient faire, sous leur propre responsabilité, d'ou-
vrages d'une plus grande importance.
La Société n'offrirait pas alors dans son Bulletin seulement l'analyse de
ses propres travaux, mais celle de tous les travaux de Botanique qui auraient
pu parvenir à sa connaissance; elle ferait ainsi participer les membres les
plus éloignés du lieu de ses séances , aux moyens d'étude qui s'y trouve-
raient réunis, et chercherait par ce moyen à procurer à tous ses membres
des avantages égaux, comme elle leur donne les mêmes droits et leur im-
pose les mêmes obligations.
Pour atteindre ce même but, la Société aura sans doute souvent à renvoyer
a des commissions composées de quelques-uns de ses membres, les questions
qui pourraient lui être adressées par ceux de ses membres qui, éloignés de
Paris, n'ont pas à leur disposition les moyens d'étude qui sont réunis clans
ce grand centre scientifique ; ce ne seront pas des jugements académiques
que ces commissions auront à porter, mais des avis et des renseignements
propres à éclairer les membres éloignés du lieu de ses séances sur des points
obscurs dont ils auraient sollicité l'examen.
En établissant ainsi des liens permanents entre tous les hommes qui, en
France et même à l'Étranger, s'occupent des mêmes études, en leur fournis-
sant dans la capitale un lieu commun de réunion ou, à des jours déterminés,
les botanistes des extrémités opposées de la France pourront se rencontrer
et se mettre immédiatement en relation avec tous les hommes qui, à Paris,
se livrent à des recherebes du même genre qu'eux, la Société Botanique
de France contribuera, sans aucun doute, d'une manière très efficace aux
progrès d'une science également utile et agréable, qui fournit une distrac-
tion charmante à celui qui ne veut l'étudier que superficiellement, qui
élève l'âme et l'intelligence de celui qui cherche à en pénétrer les lois et à en
découvrir les mystères.
Les modifications, apportées aux Statuts provisoires par le Conseil,
sont soumises à la Société et adoptées par elle. Les Statuts de la
Société se trouvent ainsi définitivement arrêtés.
La Société décide, sur la proposition du Conseil, que pour l'exer-
cice 185/i, lequel, devant être clos le 31 décembre prochain, n'aura
qu'une durée effective de huit mois, la cotisation des membres sera
réduite à 20 francs.
M. de Schœnefeld donne ensuite lecture du règlement adminis-
tratif arrêté par le Conseil. Ce règlement deviendra immédiatement
exécutoire; il sera imprimé, avec la liste des membres, en tète du
premier numéro du Bulletin.
SÉANCE DU '2I\ MAI 185Z|. 11
M. E. Cosson l'ait à la Société une communication dont voici le
résumé :
CLASSIFICATION DES ESPÈCES DU GENRE AVENA DU GROUPE DE VAVENA SATIVA {Avena,
sect. Avenatypus), ET CONSIDÉRATIONS SUR LA COMPOSITION ET LA STRUCTURE DE
L'ÉPILLET DANS LA FAMILLE DES GRAMINÉES, par M. K. C'OSSOX.
M. Durieu de Maisonneuve a publié, en 1845 (Duchartre, lie eue botanique,
1. 1, p. 359), trois espèces nouvelles du genre Avena (A. longiglumis, clauda,
eriantha) du groupe de VA. sativa; dans la description de ces espèces se
trouve déjà indiquée l'articulation du rachis de l'épillet, particularité de
structure qui n'avait pas encore été signalée par les auteurs. Les études
auxquelles M. Durieu et moi nous nous sommes livrés, depuis cette époque,
nous ont amenés, par l'examen de nombreux échantillons spontanés et cul-
tivés des diverses espèces du groupe, à distinguer ces plantes par des carac-
tères assez remarquables pour que je pense devoir en faire l'objet d'une
communication ù la Société. Nous devons adresser ici des remerciments à
M. filialisa, qui, ayant été également à même d'étudier à Oran, où elles se
trouvent réunies, toutes les espèces algériennes voisines de VA. sativa, a bien
voulu nous communiquer le résultat de ses recherches et nous fournir les
plus utiles renseignements.
Nous croyons donner plus d'intérêt à la communication que nous
avons l'honneur de faire à la Société, en faisant suivre l'exposé des
caractères des espèces, de quelques considérations sur la composition et
la structure de l'épillet dans la famille des Graminées. Ces considérations
feront, du reste, mieux comprendre les caractères que nous aurons indi-
qués, et donneront, de la disposition des parties, une idée plus exacte que
celle qui résulte des phrases descriptives; dans nos descriptions, en effet,
nous avons cru devoir, pour plus de clarté, conserver les dénominations
généralement admises, bien qu'elles ne présentent pas la précision rigou-
reuse qu'exige le langage organograpbique.
Voici l'exposé sommaire des caractères du genre Avena et de ceux des
espèces de la section Avenatypus :
AVENA L. ex parte.
Épillets 2-3 flores ou pluriflores, à fleurs hermaphrodites espacées, arti-
culées ou non avec le rachis, la supérieure ordinairement stérile rudimen-
taire. Giumes 2 , membraneuses ou herbacées-membraneuses, concaves,
mutiques, égalant ou dépassant les fleurs, rarement plus courtes, presque
égales on inégales, l'inférieure plus courte, à 7-9 nervures ou à 1-3 ner-
vures. Glumelle inférieure atténuée à la base en un callus plus ou moins
allongé, ordinairement velu, concave, membraneux, devenant ordinaire-
12 SOCIÉTÉ BOTANIQUE OE H4AJNCE.
ment coriace a la maturité, ordinairement terminé au sommet par deux
dents, deux pointes ou deux arêtes, donnant naissance, sur sou dos, a
une arête ordinairement genouillée et tordue au-dessous du genou ,
l'arête quelquefois nulle par avortement ; glumelle supérieure bicarénée,
ordinairement biiide au sommet. Squamules 2, étamines 3, stigmates 2,
subsessiles, terminaux, plumeux, sortant vers la partie inférieure de la fleur.
Caryopse allongé, presque cylindrique, creusé du côté intérieur d'un sillon
longitudinal dont le fond est occupé par une macule hilaire linéaire, poilu,
au moins dans sa partie supérieure, libre! mais étroitement renfermé entre
les glumelles devenues coriaces, plus rarement lâchement recouvert par
les glumelles qui sont restées membraneuses. — Epillets souvent assez
grands, en panicule rameuse.
Obs. — Le genre Avena, ainsi limité, s'éloigne du genre Aira par les fleurs es-
pacées et non pas presque sessiles, par les glumes ordinairement à plusieurs
nervures et non pas a une seule nervure, par le caryopse libre, et surtout
par un port totalement différent. — Il ne se distingue du genre Tri-
setum que par le caryopse muni d'un sillon et velu, et non pas dé-
pourvu de sillon et glabre. Malgré le peu de valeur de ces caractères dif-
férentiels, nous avons été amenés à séparer génériquement les Trisetum
des Avena, car, ainsi que JM. Emile Desvaux (Gramineœ Chilenses) l'a
très bien reconnu, les Trisetum sont encore plus distincts des Avena
qu'ils ne le sont des Kœleria ; et si, avec cet observateur distingué, on
doit réunir les Kœleria aux Trisetum, on ne saurait néanmoins former
un vaste genre de l'agglomération disparate des véritables Avena, des
Trisetum et des Kœleria, car la plupart des auteurs l'apportent ces
deux derniers genres à des divisions différentes de la famille, rattachant
les Trisetum aux Avcneœ et les Kœleria aux Festuceœ. — Nous n'avons
observé de caryopse adhérent dans aucune des espèces du genre Avena
que nous avons observées; du reste, la villosité de ce caryopse s'oppose
à sa soudure avec les glumelles. Nous croyons donc que si la plupart
des auteurs ont décrit le caryopse comme adhérent, ce n'est que par
suite d'une erreur d'observation résultant de la consistance des glumelles.
— Nous devons appeler l'attention sur les caractères tirés de la présence
d'une macule hilaire linéaire et colorée au fond du sillon du caryopse;
AI. Emile Desvaux [loc. cit.) a, le premier, signalé toute l'importance que
présente cette macule correspondant au bile, c'est-à-dire à la soudure
primitive de la jeune graine et du péricarpe. Cette macule, dans quelques
genres voisins, est réduite à un point, situé vers la partie inférieure du
côté intérieur du caryopse.
SECTION — AYENATYPUS, Coss. et Germ. FI. par. 636.
Plantes annuelles à feuillesplanes. Epillets atteignantgénéralementd'assez
SÉANCE DU 24 MAI 1S5/|. 13
grandes proportions, pendants, au moins après la floraison. Glumes à
7-11 nervures.
Obs. — Les autres espèces du genre appartiennent à la section Avenas-
trum (Koch, Synops., éd. 2, 918), caractérisée par la souche vivace
émettant des fascicules de feuilles stériles, par les épillets non pen-
dauts, par les glumes à 1-3 nervures.
Sous-section I. Sativœ. < — Fleurs non articulées sur le rachis de l'épillet,
et ne se détachant que par la fracture du rachis lui-même.
1. A. sativa (L, sp. 118). Panicule a rameaux étalés dans tous les
sens; glumes presque égales ; fleur inférieure suhsessile; glumelle
inférieure 2-3 dentée ou brièvement bifide au sommet, à arête
tordue inférieurement. — Très fréquemment cultivé en grand ,
quelquefois subspontané.
2. A. oiuENTALis (Schreb., Spicil. 52). — Panicule étroite, uni-
latérale ; glumes presque égales; fleur inférieure subsessile ; glu-
melle inférieure 2-3 dentée ou brièvement bifide au sommet, à arête
flexueuse non tordue inférieurement. — Cultivé en grand comme
l'espèce précédente, rarement subspontané.
3. A. strigosa (Schreb., Spicil. 52). — Glumes un peu inégales,
dépassant un peu les fleurs; fleur inférieure stipitée; glumelle infé-
rieure bifide au sommet, à lobes prolongés en arêtes allongées,
glabre ou plus ou moins poilue sur le dos, à arête tordue inférieu-
rement. — Cultive et subspontané çà et là.
h. A. brevis (Roth, Abhandl. 42, et Tent. fl. Gcrta., 1,401 — Glumes
un peu inégales, égalant environ la longueur des fleurs; fleur infé-
rieure stipitée; glumelle inférieure bidentée au sommet, glabre ou
plus ou moins poilue sur le dos, à arête tordue inférieurement. —
Rarement cultivé, çà et là dans les moissons en Allemagne (Koch,
Syno/ts.).
Obs. — \:A. unifiora (Parlât., ap. Webb, Phyt. Can., sect. III, 401,
t. 248) ne nous parait être qu'une forme uniflore (c'est-à-dire à
une seule fleur fertile) de cette espèce assez variable du reste.
Si notre manière de voir doit être admise, les iles Canaries seraient
la véritable patrie de l'A. brevis.
5. A. nuda (L., sp. 118). — Glumes plus courtes que les fleurs;
fleur inférieure subsessile, les supérieures longuement stipitées;
glumelle inférieure membraneuse a 9-11 nervures très marquées
comme dans les glumes, ne devenant pas coriace, comme dans les
\JX SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
autres espèces de la section , pour enfermer étroitement le ca-
ryopse. — Cultivé çàet là, et rarement subspontané.
Sous-section II. Agrestes. — Fleur inférieure articulée avec le rachis de
l'épillet et s'en détachant très facilement à la maturité, a callus sou-
vent atténué en forme d'éperon (1), présentant, après la chute de la
fleur, une cicatrice (empreinte inserlionnelle) très nettement tranchée
et de la même forme que la portion du rachis qui persiste entre les
glumes.
O^s. — Il résulte de l'organisation même de l'épillet des espèces de cette
section qu'aucune d'entre elles ne saurait être cultivée en grand,
car on ne pourrait en faire la récolte sans déterminer la chute des
fleurs.
§ 1. Biformes. — Fleurs de deux sortes : l'inférieure seule arti-
culée avec le rachis de l'épillet, a callus présentant une cicatrice
très nettement tranchée; les supérieures non articulées ne se dé-
tachant que par la fracture du rachis.
6. A. vEisTiucosA (Balansa, pi. Alger, exsicc, n. 557). — Glumes
un peu inégales, glumelle inférieure de la fleur inférieure atténuée
en un callus en forme d'éperon subulé à cicatrice linéairetrès étroite.
— Lieux incultes de l'Algérie occidentale.
7. A. stemms (L., sp. 118). — Glumes presque égales; glumelle
inférieure de la fleur inférieure à callus court présentant une cica-
trice large, ovale, ou suborbiculaire. — Répandu dans toute la région
méditerranéenne.
8. A. erianthv (DR., ap. Duchartre, Rev. bot., I, 360, et in Expl.
se. Alger., t. M,f. 3).— Glumes inégales, l'inférieure presque de
moitié plus courte; glumelle inférieure de la fleur inférieure atténuée
en un callus en forme d'éperon subulé à cicatrice linéaire-elliptique,
velue et bifide au sommet, a lobes obtus. — Lieux incultes de l'Al-
gérie occidentale et orientale.
var. aeuminata. — Glumelle inférieure glabrescente au sommet et
terminée par deux longues arêtes.
§ 2. Conformes. — Fleurs toutes conformes, articulées avec le ra-
chis de l'épillet, à callus présentant une cicatrice très nettemeut
tranchée.
(1) Pour étudier avec plus de facilité le mode d'insertion des fleurs et la forme
de la cicatrice, il est utile d'enlever, avec précaution, au moyen d'un instrument
tranchant, les poils qui se trouvent, en plus ou moins grande abondance, sur le
callus de la plupart des espèces.
SÉANCE DU 2/l MAI 185/i. 15
9. A. longiglumis (DR., ap. Duehartre, Rev. bot., T, 359, et in
Expl. se. Alger., t. M, f. 1). — Glumes presque égales, dépassant
longuement les fleurs; glumelle inférieure atténuée en un callus en
forme d'éperon subuié à cicatrice linéaire, bifide au sommet, à lobes
prolongés en arêtes allongées. — Espagne australe, Algérie occi-
dentale.
10. A. cxauda (DR., in Duehartre, Rev. bot., t. 360, excl. syn. et
mExpl.sc. AUj<'r., t. l\2, f- 2). — Glumes inégales, l'inférieure
presque de moitié plus courte; glumelle inférieure atténuée en un
callus linéaire presque obtus à cicatrice linéaire elliptique, bifide
au sommet, à lobes prolonges eu arêtes. — Algérie, Grèce.
var. eriantka. — Glumelle inférieure velue au sommet.
Obs. — Cette variété simule l'A. criant/ta, dont on la distinguera fa-
cilement par les caractères tirés de l'articulation des fleurs avec
le rachis de l'épillet.
11. A. htrsuta (Roth. eut. — A. barbata, Rrot. — A hirtula, La-
gasc. — A. atherantba, Presl.). — Glumes presque égales, dépas-
sant peu les fleurs; glumelle inférieure a callus linéaire assez
court presque obtus à cicatrice linéaire-oblongue, bifide au som-
met, à lobes ordinairement prolonges en arêtes allongées. — Ré-
pandu dans toute la région méditerranéenne, plus rare dans l'Europe
centrale.
12. A. fatua (L. , sp. 118). — Glumes presque égales , dépassant
peu les fleurs ; glumelle inférieure à callus court à cicatrice oblongue
ou ovale suborbiculaire, bidentée ou brièvement bifide au sommet.
— Ça et là dans les moissons de l'Europe centrale et australe. Cau-
case. Sibérie. Orient. Abyssinie. Amérique australe, ou il a été pro-
bablement introduit.
var. glabrescens(A. bybrida, Peterm., ap. Koch, Synops. fl. Germ.,
éd. 2, 917. — A. Byzantina C. Kocb). — Glumelle inférieure
glabre, à l'exception du callus, ou à peine poilue sur le dos.
Si l'on examine attentivement l'insertion de la glumelle inférieure dans
les fleurs non articulées avec le rachis de l'épillet, on voit que cette glu-
melle s'insère presque horizontalement sur le rachis, et que son callus
est a peine distinct. — Si, au contraire, on étudie l'insertion de la glu-
melle inférieure dans une fleur articulée avec le rachis, on peut voir
facilement que cette glumelle est insérée plus ou moins obliquement, et
qu'elle est atténuée en un callus d'une longueur variable, passant de la
forme ovale ou oblongue a la forme subulée, la cicatrice, c'est-à-dire l'em-
16 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
preinte insertionnelle, s'allongeant proportionnellement au callus. — Les
intermédiaires que l'on rencontre, entre les cicatrices à forme ovalaire et
celles a forme linéaire, démontrent, d'une manière péremptoire, que ces
formes ne sont que des modifications d'un même type et qu'elles pro-
viennent de la plus ou moins grande obliquité du callus. Le fragment du
rachis, qui persiste entre les glumes après la chute de la fleur inférieure et
qui présente la même forme et la même longueur que la cicatrice elle-
même, prouve encore que la désarticulation a lieu au niveau de l'insertion
de la giumelle inférieure.
Que la Heur soit articulée ou non, les bords de la giumelle inférieure
sont soudés dans leur partie inférieure et constituent un canal tubuleux,
plus ou moins long, traversé par le rachis de l'épillet. — Le point où s'in-
sère la giumelle inférieure et où a lieu la désarticulation ne pouvant être
qu'un nœud, il en résulte que le callus est composé de la gaine de la giu-
melle inférieure, qui renferme le rachis de l'épillet et l'axe propre de la
fleur. — La séparation du callus et du reste de la giumelle est indiquée par
un changement dans l'apparence du tissu, analogue à celui qu'on remarque
vers le point de jonction de la gaine des feuilles et de leur limbe.
Pour se servir, dans la dénomination des parties constitutives de l'épillet,
d'un langage plus rigoureusement exact, il faudrait désigner également
sous le nom de glumes, les bractées qui portent habituellement ce nom,
et aussi celle qui est appelée giumelle inférieure et qui s'insère sur le
rachis commun de l'épillet; dans cette nomenclature plus précise, la giu-
melle supérieure, portée par l'axe qui se termine par la fleur, c'est-a-dire
par le perianthe (squamules) et les organes sexuels, devrait conserver seule
le nom de giumelle.
Si nous comparons l'épillet, ainsi envisagé comme une inflorescence,
avec une tige de Gramiuée munie d'un rameau, nous verrons l'analogie
frappante qui existe dans la disposition des parties: en effet, les deux
feuilles insérées sur la tige, inférieurement a celle qui donne à son aisselle
naissance au rameau, sont les analogues des glumes ; la feuille à l'aisselle de
laquelle naît le rameau, représente la troisième glume (giumelle inférieure);
enfin la feuille inférieure du rameau, située entre la tige et le rameau , doit
être assimilée à la giumelle (giumelle supérieure). — Cette dernière feuille,
en raison de fétroitesse de la gaine de la feuille caulinaire, qui renferme
la base du rameau, se trouve serrée entre la tige et le rameau, et s'ap-
plique, par une concavité, sur la tige, tandis qu'elle enveloppe la base du
rameau par une concavité en sens opposé. La concavité qui embrasse le
rameau est le résultat du développement de deux nervures latérales, les
autres nervures latérales, ainsi que la nervure moyenne de la feuille, ayant
ordinairement disparu sous l'influence de la pression exercée par les parties
voisines. Nous devons ajouter que. cette même feuille est généralement bifide
SÉANCE DU 24 MAI 185/L 17
au sommet; la présence de deux nervures latérales très développées et l'ab-
sence de nervure moyenne rappellent encore, d'une manière évidente, la
structure de la glumelle.
Pour nous donc, la glumelle, quoique bicarénée, n'est composée que
d'une seule pièce comme la feuille qu'elle représente, et l'absence de sa
nervure moyenne serait due à des causes analogues (1).
Bien qu'il ne faille pas chercher dans les glnmes ou la glumelle l'ana-
logue d'un calice ou d'une corolle, la plupart des Graminées ne seraient
pas, selon nous, dépourvues d'enveloppes florales; car nous sommes amené,
avec plusieurs auteurs modernes, à considérer comme un véritable pé-
rianthe les écailles membraneuses ou cbarnues (squamules) qui entourent
les étamines alternant avec elles, et nous sommes porté à admettre que
l'avortement fréquent de la troisième squamule adjacente à la glumelle
serait le résultat de causes analogues à celles qui déterminent l'avortement
de la nervure moyenne de cette glumelle elle-même (2).
M. Brongniart fait observer que Turpin [Mémoire sur l'inflores-
cence des Graminées et des Cypérées, Paris, 1819) avait déjà émis
une opinion analogue sur la composition de l'épillet des Graminées,
et comparé la glumelle supérieure aux bractées des Iridées, et par-
ticulièrement des Glaïeuls.
M. Cosson reconnaît que plusieurs auteurs ont déjà signalé l'ana-
logie de l'épillet des Graminées avec une véritable inflorescence, et
que, depuis longtemps, on a distingué les deux axes différents sur
lesquels s'insèrent les glumelles supérieure et inférieure (3). Aussi le
but de sa communication était-il seulement d'insister sur la nature du
(1) On observe quelquefois une nervure moyenne dans la glumelle de certaines
Graminées : nous nous bornerons à ciler ici le genre Coix où la glumelle (glumelle
supérieure) de la fleur inférieure des épillels mâles présente cette disposition.
Quelques espèces du genre Crypsis ont également la glumelle uninerviée.
(2) Il est bon de faire remarquer que lorsque deux des trois étamines avortent,
ce sont celles qui sont le plus rapprochées de la glumelle bicarénée.
(3) Turpin (Mémoire sur l'inflorescence des Graminées et des Cypérées, etc., dans
les Mémoires du Muséum, t. V) avait déjà indiqué très nettement que les glumelles
inférieure et supérieure s'insèrent sur deux axes différents, et que par conséquent
on ne devrait pas leur donner un même nom, et encore moins les assimiler collec-
tivement à un calice. Dans le même mémoire, cet habile observateur a également
signalé la position remarquable de l'écaillé inférieure des bourgeons dans la famille
des Graminées et dans un grand nombre de monocolylédones : « celte écaille ou
feuille rudimentaire extérieure étant interposée entre le bourgeon qui la porte et la
tige de la plante à laquelle elle s'adosse. » Il fait remarquer en outre que celte
T. I. 2
18 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DR FRANCK.
calliis et sur ce fait, qu'il croit avoir Suffisamment établi, que la
glumelle supérieure est composée d'une seule pièce et est tout à fait
l'analogue de la feuille bicanaliculéedes rameaux, le véritable périantbe
étant représenté par les squamules.
M. J. Gay pense que c'est à tort que M. Cosson attribue une
aussi grande influence à la compression, et, selon lui, l'absence de
la nervure moyenne dans les feuilles bicanaliculées doit être rapportée
à des causes toutes différentes.
M. Cosson admet que la compression peut n'être pas la cause
unique de cette disparition de la nervure moyenne, mais il a reconnu,
dans un grand nombre de cas, rinlluence delà compression exercée,
sur la glumelle supérieure, par l'axe de l'épillet ou par les bords de
la glumelle inférieure.
M. Trécul présente à la Société la communication suivante :
DISPOSITION HES STIPULES ET DES FEUILLES DU MIUÈBIUM CODOPHYLUJM
ET VÉGÉTATION" SINGULIÈRE DE CETTE PLANTE, par 1M. A. TRÉCUL.
•
Je prie la Société de vouloir bien me permettre de l'entretenir de la dis-
position remarquable que présentent les stipules du N'elumbium codopkyl-
lum, disposition qui est en rapport avec la manière de vivre non moins
intéressante de cette belle plante.
Les stipules sont rangées par les botanistes en deux catégories, suivant
qu'elles sont axillaircs ou latérales. Quand elles sont latérales et libres de
toute adhérence avec le pétiole, elles protègent leur propre feuille; quand
elles sontaxillairesou latcral<>$-p<Hiolaires, elles recouvrent les feuilles pla-
mème « écaille est bicarénée, que ses carènes sont munies de longs poils, que ses
bords sont rentrante, et qu'enfin elle a tous les caractères d'une spathelle » (glu-
melle supérieure des auteurs). — Seulement, et c'est en cela que son opinion est
très éloignée de la nôtre, il considère les écailles inférieures des bourgeons et la
glumelle comme formées de deux pièces soudées, dont les nervures moyennes
constitueraient les deux carènes latérales; tandis que, pour nous, la glumelle, de
même que l'écaillé des bourgeons et la feuille inférieure des rameaux, n'est consti-
tuée que par une seule feuille modifiée dans sa structure, en grande partie à cause
de l'absence de lumière due à sa position, et en raison des pressions exercées sur
elle par les organes voisins. La disposition distique des feuilles, dans la famille des
Graminées, est une preuve à l'appui de notre manière de voir, car nous n'avons
pas besoin d'admettre, comme Turpin, pour la glumelle, une déviation à l'arrange-
ment symétrique des autres feuilles. Enfin Turpin appelle phycoslème (disque) les
squamules qui, poumons, constituent un véritable périantbe. {Note cotntinuniquét
par M. ( 'osson.)
SÉANCE DU 2/1 MAI ISbli. [Q
*
cées plus haut qu'elles sur la tige, plus jeunes qu'elles par conséquent. Les
stipules pëtiolairesdes Oxalis bulbifères font exception à cette dernière loi,
car elles protègent, pendant son développement, le limbe de leur propre
feuille, qui est recourbé sur la face antérieure, sous les stipules infléchies
elles-mêmes pour le recouvrir.
Cbez toutes les plantes munies de stipules, on n'en a sisnalé qu'une ou
deux à la base de chaque feuille. Dans le Nelumbium codopfiyllum adulte,
il y en a trois; l'une d'elles est axillairè et jouit des caractères propres à
cette classe de stipules ; les deux autres ne présentent aucune des propriétés
que je viens de signaler ; elles ue sont ni axillaires ni latérales; elles sont
ce que j'ai appelé, dans mon Mémoire sur la formation des feuilles, extrafo-
liaires. Chacune d'elles a des fonctions spéciales; car, tandis que l'une, qui
est insérée derrière une feuille donnée, enveloppe cette feuille complète-
ment et l'enveloppe seule, l'autre, placée sur le côté opposé du rhizome,
embrasse le bourgeon terminal et la feuille précédente avec sa stipule. La
stipule axillairè de cette feuille revêt, comme à l'ordinaire, le bourgeon
terminal. Ainsi, nous avons un organe protecteur pour le bourgeon, un
autre pour la feuille en particulier ; enfin, une stipule enveloppant tous ces
organes à la fois.
Mais telle n'est pas la disposition des stipules à tous les âges de la plante.
La première feuille n'en a pas ; les quelques feuilles suivantes en ont une
seule, qui est axillairè ; ce n'est qu'à partir de la cinquième ou de la sixième
feuille que l'on en observe trois à la base de chacun de ces organes. Quelle
peut être la cause de ce singulier changement? C'est que les circonstances de
la végétation de la plante se modifient avec l'âge.
Si la Société veut bien me le permettre, je vais lui exposer succincte-
ment les diverses phases de cette végétation ; mais auparavant, il sera bon,
je crois, de donner une description de la graine, ou mieux du fruit, dont
toutes les parties, du reste, ne sont pas bien connues.
Ce fruit est à peu près globuleux, indéhiscent et de la grosseur d'une
noisette moyenne. Son péricarpe, de consistance presque cornée, ne ren-
ferme qu'une seule graine renversée. Celle-ci, dépourvue de périsperme,
contient un embryon dont les cotylédons sont fort épais, presque hémi-
sphériques-; ils cachent, d'un côté, sous une sorte de prolongement cellulaire,
la radicule, qui, pour cela, a été méconnue de quelques botanistes ; de
l'autre côté, ils recouvrent une gemmule très développée, ayant une tige
très courte, deux feuilles dont les pétioles assez longs sont recourbés sur
eux-mêmes, et dont le limbe est enroulé de chaque côté sur la l'ace supé-
rieure. Entre ces deux feuilles est un bourgeon terminal.
11 y a, de plus, dans cette L'raine, une membrane très mince, transpa-
rente, hyaline, qui embrasse toute la gemmule, et qui a été l'objet de diverses
interprétations. Elle a été considérée comme une stipule par quelques hota-
20 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
pistes et c'est pour cela surtout, et pour la disposition de la radicule, que
j'ai cru devoir entrer dans quelques détails sur la structure de la graine.
Cette membrane, cependant, n'est point de nature stipulaire, car elle con-
siste en une substance homogène, au milieu de laquelle sont épars des gra-
nules très ténus, et un nombre considérable de cristaux aciculaires. Je la
crois formée par la concrétion d'une matière d'aspect gélatineux, comme
celle qui enduit les jeunes feuilles dans les ochrea de certaines Polygonées.
Telle est la structure de cette graine. Si on la fait germer (en la plaçant en
terre et sous l'eau, dans une serre chaude pour faciliter l'opération), le péri-
carpe se fend longitudinalement a partir de l'extrémité opposée à la radi-
cule, La gemmule s'allonge, sort par cette fente, tandis que la radicule, qui
ne se développe pas, reste enfermée dans les enveloppes de la graine et dans
le péricarpe.
Bientôt les deux premières feuilles redressent leur pétiole et ne tardent
pas à étendre leur limbe. Ces deux premières feuilles n'ont pas eu besoin de
la protection des stipules, étant nées dans la graine, sous les enveloppes de
celles-ci, entre les cotylédons, et au milieu de cette pellicule dont j'ai parlé ;
c'est pourquoi on n'observe des stipules ni au-dessous de la première feuille,
ni à son aisselle pour protéger la seconde. Mais le bourgeon qui termine le
rhizome, une fois sorti de la graine, a besoin d'organes protecteurs ; n'étant
point défendu par les feuilles plus anciennes, comme cela a lieu dans une
multitude de bourgeons, il lui faut des stipules; aussi y en a-t-il une à l'ais-
selle de la deuxième feuille ; elle enveloppe le bourgeon et s'ouvre du côté
oppose a cette feuille, quand celui-ci vient a se développer. On aperçoit
alors un court mérithalle terminé par une feuille nouvelle, munie d'une
stipule également axillaire qui embrasse un autre bourgeon. Ces premiers
entre-noeuds restent assez courts, les suivants s'allongent davantage ; nous
verrons plus loin pourquoi. Donc, tant qu'ils demeurent courts, la stipule
axillaire suffit a la protection du mérithalle et à celle de la feuille et du
bourgeon qui le terminent.
La graine germe près de la surface du sol ; mais peu a peu le rhizome
s'enfonce dans la vase; il arrive même jusqu'à une profondeur de 30 à
U0 centimètres; c'est alors, c'est-à-dire quand il commence a s'enfoncer,
que les entre-nœuds s'allongent, avant même que chaque feuille qui les
termine ait acquis assez de consistance pour résister à l'action des agents
extérieurs. A cette époque, la stipule axillaire est insuffisante; elle ne couvre
plus que la partie inférieure de l'entre-nœud, et cependant la feuille et le
bourgeon ne peuvent demeurer sans défense au milieu de la vase où fer-
mentent des matières organiques en décomposition. La nature a prévenu
leur altération en plaçant à l'extrémité supérieure de chaque entre-nœud,
deux stipules supplémentaires, et elle les a disposées de telle manière que
l'une est placée, comme je l'ai dit déjà, derrière la feuille qu'elle enveloppe
SÉANCE Dl 24 MAI Ï85A. "21
tout entière, et qu'elle protège pendant son développement, en grandissant
avec elle. C'était là une précaution indispensable, cette feuille ayant a tra-
verser une couche épaisse de sol vaseux. L'autre stipule, insérée sur la tige
du côté opposé à la feuille, revêt le bourgeon terminal, qui semble être à son
aisselle, et la feuille elle-même avec sa stipule; elle sert d'enveloppe
générale.
Malgré la présence de ces deux stipules extra-foliaires, il y en a une à
l'aisselle même de la feuille, aussi bien qu'à celle des feuilles les premières
développées, de celles qui sont nées près de la surface de la terre; en sorte
que l'on a: 1° une stipule axillaire pour le bourgeon terminal; 2° une sti-
pule derrière la feuille, pour cette feuille en particulier; 3° une stipule pour
tous ces organes à la fois.
Ainsi, les deux stipules extra-foliaires sont dues : 1° la plus externe, celle
qui sert d'enveloppe générale, à ce que les entre-nœuds du Neluinbiwn, au
lieu de rester raccourcis, comme dans les autres plantes, jusqu'à ce que les
feuilles aient acquis une consistance assez grande pour résister à l'action
désorganisatiïce des corps environnants, de manière à être protégés, soit
parles stipules des feuilles précédentes, soit par ces feuilles elles-mêmes;
l'existence de cette stipule externe est nécessitée, dis-je, par rallongement
des entre-nœuds, a la suite duquel la feuille et le bourgeon qui les ter-
minent sont placés hors de la portée de la stipule axillaire qui les revêtait
d'abord, et privés prématurément de sa protection ; 2° la seconde stipule
extra-foliaire était nécessaire pour protéger la feuille pendant son dévelop-
pement au milieu de la vase.
Maintenant, quel est l'artifice que la nature a employé pour donnera ces
stipules une disposition si curieuse? Ce sera là le sujet d'une autre com-
munication a la séance prochaine.
M. Germain de Saint-Pierre, qui a aussi étudié le Nelumbium,
reconnaît l'exactitude des observations de M. Tïécul, mais il ne
s'accorde pas avec lui, relativement au nom à appliquer aux parties
que M. Trécul désigne sous la dénomination collective de stipules.
M. Germain de Saint-Pierre ne considère comme stipules, dans cette
plante, que les organes situés à l'aisselle des feuilles. Les autres
organes, situés sur un autre plan que la feuille munie de stipules
dont il vient d'être question, ne sauraient, suivant lui, être regardés
comme d'autres stipules de celte même feuille. Il pense qu'ils doi-
vent plutôt être considérés comme des bractées (ou écailles d'appa-
rence bractéale), et insiste sur ce point, qu'une bractée ou une écaille
étant une feuille, doit toujours occuper la place d'une feuille. Il
22 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
rappelle que la situation d'un organe a beaucoup plus d'importance
que sa forme, au point de vue de la détermination de cet organe.
Pour M. Trécul, au contraire, les trois folioles du Nelumbiurn sonl
bien des stipules, car elles sont insérées sur un même plan vertical.
Seulement deux: d'entre elles, étant extra-axillaïres, se présentent
dans une position exceptionnelle.
M. Lestiboudois dit que, pour décider si les stipules font partie
intégrante de la feuille, il faut les étudier anatomiquement. Or il a
vu dans d'autres plantes que ce sont les mêmes faisceaux iibro-vas-
culairesqui se distribuent à la fois à la feuille et aux stipules. Donc
les stipules doivent être considérées comme des dépendances delà
feuille.
M. Trécul répond que la communauté d'origine des faisceaux ne
prouve pas toujours que les organes soient liés entre eux. Ainsi,
chez les Nymphéacées en germination , dans la tigelle et dans la
radicule , il n'y a qu'un seul faisceau central , duquel naissent
tous ceux qui se distribuent aux racines adventives et aux feuilles,
et cependant on ne saurait admettre, bien que le même faisceau
leur donne naissance, que les racines adventives soient des dépen-
dances des feuilles.
31. Duchartre l'ait observer qu'il lui semble impossible de considérer
comme les stipules d'une même feuille trois organes situés à trois
niveaux différents.
31. Brongniart ajoute qu'il ne regarde pas les organes qui font
l'objet de la discussion comme étant tous trois les stipules d'une
même feuille. 11 ne les appellera pas non plus bractées, comme
31. Germain de Saint-Pierre. Il considère comme plus probable que
l'origine de ces trois organes n'est pas identique, qu'ils représen-
tent les stipules de trois feuilles distinctes et appartiennent à des
méritballes différents. L'organe axillaire serait la stipule de la feuille
développée, les deux autres représenteraient les stipules amplexi-
caules de deux feuilles avortées. Cette disposition rappelle celle de
certains bourgeons, où les écailles résultent des stipules de feuilles
dont le pétiole et le limbe ont également avorté.
31. Duchartre donne lecture de l'extrait suivant d'une lettre
adressée à 31. Webb par 31. L. Kralik, qui a entrepris un voyage
d'exploration botanique dans la partie la plus méridionale de la ré-
gence de Tunis :
SÉANCE DU '2ll MAI 1854. 23
LETTRE DE M. KRALIK.
Gabès, 10 mars 185ù.
Je commence ma lettre, mon cher monsieur Webb, sans savoir quand je
la terminerai, ni quand elle partira et vous rejoindra n'importe où. Je vous
ai écrit la veille de mon départ pour Gabès. Je vous ai dit que tout s'était
arrangé de la manière la plus heureuse, cjue je faisais ce voyage avec un
négociant de Sfax, M. Andréa Mattei, dont le frère ïommaso avait accom-
pagné pendant plusieurs mois Ai. Pélissier dans ses explorations et péré-
grinations. M. Pélissier, du reste, m'avait aussi donné une lettre pour
M. Tommaso Mattei. Mais je ne saurais jamais conseiller à aucun collec-
teur de faire une exploration en caravane. Il n'est pas plus son maître que
s'il voyageait en diligence ou en chemin de fer. Il ne peut pas, a chaque
instant, sauter de son mulet ou de son chameau, pour récolter ou examiner
une plante qu'il aperçoit a distance ou même sur le bord de son chemin,
sans finir par se trouver isolé ou sans retarder la caravane entière. Passe
encore lorsqu'on est bien familiarisé avec la végétation d'un pays ou qu'on
ne se propose que de faire un relevé de ses productions. Mais lorsqu'on ne
les connaît pas suffisamment, et qu'en outre on veut récolter, une pareille
manière de voyager devient on ne peut plus pénible. Notre caravane, du
reste, était des plus modestes, et prouve qu'on peut parfaitement circuler
sur ces côtes avec une entière sécurité. On pourrait voyager avec la même
sécurité dans l'intérieur, sans certaines circonstances spéciales et locales
dont je vous parlerai plus loin.
Donc, notre voyage s'est organisé, et effectué de la manièrela plus prompte
et la plus heureuse pour moi. Aussitôt que nous eûmes atteint la côte
orientale, et des le premier jour, le temps changea et la pluie journalière de
Tunis cessa; mais le temps n'en resta pas moins très frais. Nous couchâmes
la première nuit dans un grand caravansérail, appelé ici fondoupk, près de
Hammamat, sur la côte orientale. Le lendemain, mercredi au soir, nous
arrivâmes à Sfax, où l'hospitalité nous accueillit au consulat français. Nous
y primes une journée de repos. Pendant la seconde journée, notre voyage
fut des plus monotones. Notre route se déroulait entre les dunes de la côte
et un long lac, que M. Pélissier n'a sans doute vu que pendant l'été, car il
l'indique a peine, et qui s'étend depuis Hammamat jusqu'au delà de Her-
glea. Déjà les eaux de ce lac avaient considérablement baissé ; mais lout le
terrain qu'elles avaient laissé à sec était d'une nudité complète.
J'ai pu, pendant notre journée de halte, faire deux herborisations. J'y ai
fait ample récolte de Nonnea pulla, d'un Euphorbîa annuel, peut-être
tout bonnement le nicœensis. .l'ai trouvé aussi le Fumaria agraria , le
Fagonia cretica, deux ou trois Linaria, etc. Mais toute cette récolte a souf-
(lk SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
fert pendant les deux jours du voyage de Souza à Sfax, et la encore je n'ai
pu la soigner convenablement.
A Souza, nous avons quitté la eôle et piqué droit à travers terre sur
Sfax, en passant par El-Djem, où nous avons couché dans une misérable
butte arabe. Nous sommes partis avant le jour. Je n'ai pu ainsi visiter,
comme je l'aurais désiré, un vaste amphithéâtre romain encore assez bien
conservé, et que je n'ai fait qu'entrevoir à la nuit tombante. Toute la roule
de Souza à Sfax est déserte; pas un seul village, à l'exception d'EI-Djem.
Çà et là se trouvaient quelques douars, où habitaient momentanément, sous
des tentes, quelques tribus arabes qui venaient là faire paitre leurs trou-
peaux , sauf à s'en aller le lendemain. Aussi l'eau manque-t- elle déjà
presque complètement maintenant.
Nous arrivâmes enfin, de jour encore, à Sfax, où je fus reçu dans la mai-
son Mattei. J'y ai fait la connaissance de M. Espina, gendre de M. Tom-
maso Mattei, et consul fiançais à Sfax... M. Espina est. un peu botaniste;
il a fait ses études à Paris ; il est bachelières lettres et es sciences. Je l'ai
fortement engagé à faire bonne récolte cet été, pour qu'à mon passage à
Sfax, je puisse juger de la végétation. Il m'a promis de le faire.... J'ai fait
avec lui deux petites courses assez fructueuses aux environs immédiats de
la ville.
J'aurais pu rn'arrêter avec fruit quelques jours à Sfax, car la végétation y
était plus avancée de quatre ou cinq semaines qu'à Tunis; mais j'avais
hâte de me rendre le plus tôt possible à Gahès. Arrivé a Sfax, samedi 25 fé-
vrier, j'en suis reparti mardi 28. J'ai dû m'embarquer avant la chute du
jour;.... mais nous ne sommes partis qu'à trois heures du matin. Les
barques qui font le service entre Sfax et Gabès sont petites et non pontées.
La côte est fort basse, et de plus, il y a dans le golfe de Gabès des marées
de quatre à six pieds. Ces marées se font sentir depuis Hammamat. jusqu'au
delà de la petite Syrte, en face de l'île de Djerba (l'ancienne Lotopbagitis).
Nous sommes arrivés à Gabès à trois heures de l'après-midi.
A mon arrivée à Gabès, et déjà le long de la côte, ma première impres-
sion, comme botaniste, ne fut pas favorable au pays, et je fus au moment
de regretter de n'être pas resté à Souza ou à Sfax. Entre la mer et lei^roupe
de divers villages qui, ensemble, forment Gabès, s'étendent des pâturages.
Derrière les villages s'allonge une ligne de palmiers de plusieurs lieues de
longueur, et, dit-on, de plus de deux lieues de profondeur. Je fis, le soir
même de mon arrivée, avec M. Mattei, une petite promenade sous ces pal-
miers qui forment presque forêt. Toute cette partie du territoire de Gabès
est cultivée avec le plus grand soin. Quoique les palmiers soient très touf-
fus, il y a encore surabondance d'air, de chaleur et de lumière. Tout y est
aussi disposé pour des rigoles d'irrigation, auxquelles l'eau vient de l'oued
Gabès, qui côtoie ces terres au midi. J'ai donc vu dès le premier soir que,
séance nu 24 mai 185/i. 25
de ce côté, mes récolles se borneraient aux mauvaises herbes des cultures.
D'un autre, côté, j'avais vu que toute la plaine, entre la mer et les villages,
était pâturée par les moutons. Dans cette plaine dominent Astragalus Stella?
ou cruciatus? Trigonellamaritima, Anacyclus alexandrinus, Zygophyllum
album, des Salsolacées, et surtout le Traganum nudatum. Je me couchai
donc ce jour-là assez désappointé de voir mon champ d'opération si maigre,
et même, comme je le croyais alors, presque nul. Le lendemain, une
pluie fine tomba, la majeure partie de la journée, et je ne pus que monter
sur la terrasse de la maison pour m'orienter. De là, je reconnus avec satis-
faction que le sud et le sud-ouest étaient libres et ouverts; que la ligne de
palmiers finissait, ou plutôt fléchissait vers le sud-ouest, et qu'au delà, il
n'en restait plus que quelques groupes épars. De ce côté-la était donc ma
principale, presque mon unique ressource. A une petite lieue de distance, de
légères ondulations de terrain limitaient l'horizon dans cette direction. Les
colliues paraissaient, à cette distance, totalement nues. C'est donc de ce
côte que je dirigeai mes pérégrinations, et, dès le premier jour, je pus me
rassurer sur l'éventualité de mes récoltes futures. Dès ce premier jour, je
reconnus que ce côté- là me donnerait à lui seul suffisamment de besogne
pour toute ma saison. Six fois déjà j'étais sorti avec l'intention d'arriver à
ces collines nues, toujours j'avais été arrêté par l'abondance des récoltes
faites avant d'y arriver. Ce n'est qu'aujourd'hui, 17 mars, à ma septième
course, que j'y suis enfin arrivé, et j'ai reconnu que ces collines nues et tout
ce qui s'étendait derrière elles étaient... . le désert! — J'y ai retrouvé
immédiatement quelques-unes de mes vieilles connaissances des déserts
de l'Egypte, un Helianthernum, Linaria œgyptiaca, Gymnocarpus decan-
drus, etc. Je pourrai, à mesure que la saison avancera, y retrouver beau-
coup d'autres plantes, dont j'ai reconnu quelques-unes en herbe. Bref, ce
côté de Gabès me promet de fort belles récoltes.
Depuis que je suis ici, j'ai appris avec regret que le camp, qui va annuel-
lement percevoir les impôts dans le Djérid (j'ai trouvé ce camp sur son
retour, campé sous les murs de Souza), avait été fort mal accueilli dans
l'intérieur ; que les tribus étaient très indisposées contre le gouvernement
tunisien, aigries qu'elles sont, en outre, par suite des mauvaises récoltes de
l'an passé et des ouragans de l'hiver, qui ont emporté et détruit, en ma-
jeure partie, la récolte de dattes ; de plus, que les deux tribus des Beni-Zid
et des Hamema étaient en guerre ouverte (vous trouverez, sur la carte
de M. Pélissier, les Beni-Zid à l'ouest de Gabès, et les Hamema à l'est de
Gafsa). Ce sont deux tribus qui vivent sous des tentes qu'elles vont planter
là où elles trouvent des pâturages à leurconvenance. Nous avons appris, il
y a deux jours, que les Béni Zid avaient fait une razzia sur quelques douars
des Hamema; que l'affaire avait été très sanglante; que l'irritation est
grande chez les Hamema, qui se concentrent pour prendre leur revanche.
26 SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE.
Dans ces circonstances, le Djérid et l'intérieur de la régence sont inacces-
sibles. Des caravanes ont même été attaquées et pillées. Je verrai l'un de ces
jours ce qu'il y a derrière notre ligne de palmiers ; plus tard, s'il est pos-
sible, je profiterai d'une bonne circonstance pour pousser jusqu'à Haro ma.
Si la chose n'est pas possible, je me limiterai à Gabès et à l'île de Djerba,
qui fourniront assez de besogne pour la saison.
A Gabès, le vin est chose inconnue; il est remplacé par le lagmi, ou
lait de palmier. C'est la sève du dattier que l'on obtient, en enlevant circu-
lairement la couronne de feuilles, en ménageant toutefois ie cœur, et en
ravivant chaque jour la blessure. Un dattier ainsi soigné donne jusqu'à Set
10 litres par vingt-quatre heures, et cela pendant trois ou quatre mois. On
laisse ensuite la plaie se cicatriser, et l'arbre continue de vivre et de se bien
porter; toutefois, il ne fructifie pas l'année où il a été ainsi mis en perce.
Pans deux ans, on peut lui faire subir encore la même opération. J'ai vu des
dattiers qui l'ont subie jusqu'à trois fois. On les reconnaît facilement au
rétrécissement de la tige, ainsi qu'a son extérieur lisse et dégarni de tron-
çons de feuilles. Quant au lagmi, c'est une boisson fort agréable, très douce,
et qui se vend ici presque pour rien. ...
Dimanche, 19 mars.
Le courrier qui devait prendre ma lettre... ne part plus que demain, et
j'en profite pour vous ajouter quelques mots.
J'ai fait aujourd'hui la course à travers les palmiers; ils n'ont pas deux
lieues de profondeur, comme on me l'avait dit, mais seulement une bonne
demi-lieue... Au delà est encore le désert, caractérise, a très peu de ebose
près, par la même végétation que celui au sud de Gabès. Les plantes actuel-
lement en état ou commençant à fleurir, sont : Anthyllis tragacanthoides,
Gymnocarpus decandr us, trois Helianthemum, Linaria œgyptiaca, Erodium
glaucophyllum et asplenioides, un Astragalus, qui descend, du reste, dans
les lieux incultes de Gabès, Echiochilon fruticosum, etc., etc. Cette partie
du désert, voisine des palmiers, est profondément ravinée par les pluies tor-
rentielles qui sont tombées l'hiver passé; les berges de ces ravins sont par-
fois infrancbissables, tant ils sont profonds; ces ravins, qui ont conservé
plus d'humidité que le reste de la plaine, et qui sont, en partie au moins,
ombragés par leurs berges abruptes, demandent à être explorés en détail et
pourront plus tard donner de bonnes plantes. Beaucoup de plantes des lieux
cultivés s'y retrouvent aussi. Le terrain, en général, est plat; son inclinai-
son vers la mer est très faible, et son élévation au-dessus de la mer ne doit
pas dépasser 50 mètres; a deux lieues plus loin s'allonge une ebainc de
basses montagues.
Après avoir ainsi aujourd'hui reconnu cette partie de mon terrain, j'ai
coupe obliquement à travers le désert, vers l'extrémité méridionale de la
SÉAiNCE Dl 2/i MAI 1854. 27
ceinture de palmiers, et je suis arrivé aux étangs où sont les sources de
l'oued Gabès. Les étangs et leur voisinage ne m'ont, à ma grande sur-
prise, offert rien d'intéressant pour le moment. Le Samoius Valerandi s'y
retrouve. C'est une localité à revoir plus tord. De là nous sommes revenus,
mon nègre et moi, à Gabès, en longeant la droite de l'oued Gabès par des
terrains tantôt cultives.tantotincultes.il ne me reste plus maintenant, pour
connaître tout mon terrain, qu'à faire vers le nord une tournée analogue à
celle que j'ai faite aujourd'hui vers le sud.
M. J. Gay fait observer que la ville de Gabès est située sous une
latitude plus méridionale, de près d'un degré , que les points
extrêmes de l'occupation française, dans la province de Conslautine.
M. Cosson croit, devoir appeler l'attention de la Société sur le
mode d'extraction du lagmi dans les oasis des Ziban. D'après
M. Guyon (Voyage aux Ziban), ce procédé serait le suivant : La
cime du dattier est coupée, et la surface de la section est creusée
d'une cavité où la sève vient se réunir, et d'où plusieurs rigoles con-
duisent le liquide dans des vases disposes pour le recevoir. Cet écou-
lement de la sève a lieu pendant six semaines ou deux mois, mais en
diminuant de quantité chaque jour.
31. Cosson considère ce procédé, qui entraine nécessairement la
mort de l'arbre, comme bien inférieur à celui qui est signalé dans la
lettre de M. Kralik.
M. Doumet fait remarquer qu'Adanson , son aïeul maternel, a
déjà décrit le mode d'extraction de la sève des palmiers.
M. Weddell ajoute que, dans son voyage dans l'Amérique du Sud,
il a vu, au Brésil, employer un procédé qui rappelle celui des Ziban.
UAttaleaprinceps, Mart., palmier à tige courte et épaisse, est tronqué
au-dessous de la couronne de feuilles , et la surface coupée est
creusée au moyen de bâtons avec lesquels on déprime les fibres. La
cavité en forme d'entonnoir qu'on a ainsi obtenue, se remplit de
sève. On la puise dans des vases et elle se renouvelle pendant un
certain temps.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
PHYSIOLOGIE VEGETALE.
Du bourgeon dans le genre Lythrum, par le docteur Lebel.
(Mémoires de la Société d'histoire naturelle de Cherbourg, vol. II, liv- 2,
1854, p. 179-193.)
M. Godroi) avait observé chez deux espèces de Lythrum de la flore fran-
çaise le phénomène assez rare de deux bourgeons superposés dans une même
aisselle, l'intérieur ordinairement développé en rameau feuille ou en inflo-
rescence, l'extérieur rudimentaire ou plus rarement florifère. Cela avait été
vu par M. Godron dans les Lythrum bibracteatum et thymifolia, et l'au-
teur, se taisant d'ailleurs sur les autres espèces, ajoutait seulement que rieu
de semblable n'existait dans les Lythrum Grae/J'eri et hyssopifolia. M. Lebel
a eu la curiosité d'examiner sous ce rapport les quatre espèces dont il vient
d'être question, plus le geminiflorum (qu'il ne connaît pourtant que par les
descriptions et par une figure), plus le Salicaria, c'est-à-dire toutes les
espèces qu'embrasse la flore française, et il a trouvé que le phénomène
du double bourgeon axillaire est partout le même, sauf quelques nuances
qu'explique suffisamment la diversité des espèces. Il décrit en détail chacune
de ces nuances, et il se résume en ces termes :
<> Nous venons de passer en revue toutes les espèces françaises de Lythrum,
» et sur chacune d'elles nous avons vu le bourgeon géminé. Le bourgeon infé-
» rieur est de seconde génération, relativement au supérieur : c'est là sans
» doute ce qui explique la fréquence plus grande de ses avortements, les
» arrêts et les retards de son développement. Le bourgeon supérieur esttou-
» jours floral sur les espèces dont les fleurs naissent à l'aisselle des feuilles,
» le long de la tige (geminiflorum, hyssopifolia, thymifolia, Graefferi,
» bibracteatum). Il est raméal, en dessous de l'inflorescence, sur notre unique
» espèce à fleurs en épi (Salicaria). Le bourgeon inférieur est tantôt cou-
» stamment floral sur une même espèce (geminiflorum et Salicaria), tantôt
«constamment raméal (thymifolia, Graefferi, bibracteatum) Quel-
» quefois ie bourgeon inférieur se développe indifféremment en fleur ou en
» ramule (hyssopifolia), etc. , etc.
L'auteur parle aussi de la manière dont se forment, dans le genre Lythrum,
les 8, 10 ou 12 lobes du limbe calycinal, et des caractères que peuven
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 29
fournir, pour la distinction des espèces, les différents modes de disposition
des feuilles sur l'axe caulinaire, lesquels entraînent d'autres différences dans
le nombre des anales ou côtes dont la tige est marquée.
BOTANIQUE DESCRIPTIVE.
Notices botaniques, par MM. Grenier et Godron , lues le 22 mars
\$5k, a la Société d'émulation du Doubs, par M. Grenier. — Besançon ,
b.r. in-8°, U pages.
Cet opuscule est un emprunt fait par MM. Grenier et Godron, au troi-
sième volume de la Flore de France, actuellement sous presse. Il a pour
but de démontrer que certaines plantes linnéennes, qui avaient été consi-
dérées jusqu'à ce jour comme occupant « une aire immense » de géographie
botanique, sont « des êtres complexes, des espèces multiples qui vent se
relayant, ou se substituant l'une à l'autre. »
MM. Grenier et Godron citent comme exemples les espèces suivantes:
Melica ciliata, L. , Asphodelus ramosus, L. , et Fritillaria Meleagris, L. Ils
conservent le nom de M. ciliata, I .., à la plante suédoise, qui s'étend de
Stockholm et de l'île d'Aland aux collines calcaires de l'Alsace, en traver-
sant la Saxe et le Palatinat, et qui est caractérisée par des « cariopses
ridés sur tonte leur surface. » La plante des Vosges et de la Lorraine , qui a
les « cariopses très lisses sur le dos, mais finement chagrinés sur la face
interne » est le M. nebrodensis, Pari. , qu'on retrouve à Besançon, à Langres,
et plus loin à Tours, dans les Deux-Sèvres, la Dordogne, les Pyrénées, etc....
En outre, MM. Godron et Grenier décrivent sous le nom de M. Magnolii ,
Godr. et Gren. (Gramen montanum avenaceum lanuginosum MagnoL, Bot.
Monsp.), une espèce nouvelle, à « cariopses très lisses, » dont le centre de
végétation est dans la région des oliviers, et qui se retrouve notamment à
Mende, a Castellane, à Lyon , à Montbrison , dans la Limagne d'Auvergne,
à Bagnères-de-Luchon , etc. . . .
Des études analogues sur les genres Asphodelus et Fritillaria ont conduit
MM. Grenier et Godron a proposer comme espèces nouvelles :
Asphodelus delphinensis , Gren. et Godr., qui n'a encore été signalé que
dans les Alpes du Dauphiné;
A. sphœrocorpus, Gren. et Godr. , décrit d'après des échantillons récoltés
dans le département des Deux-Sèvres ;
Fritillaria tubœformis, Gren. et Godr., plante alpine, indiquée dans les
Hautes-Alpes du Dauphiné, à Gap, àGlaix, à Séuse, à l'Arche, au mont
Viso, au Lautaret, et à Luzette-en-Luz, dans la Drôme.
30 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
JVotice snr quelques plantes récemment observées tlans
le département «lu Jura et le pays de Gex, par INI. Eugène
Michalet, de Dôle (Jura). — Besancon, 185fr, br. gi\ in-8°, 16 pages.
La Flore du Jura a déjà été étudiée avec soin par MM. Grenier, Thur-
mann, Godet, Babey, Beuter, etc.... A son tour, M. Michalet ayant par-
couru les parties de cette chaîne comprises dans le département du Jura et
du pays de Gex , a présenté dans la notice qui fait le sujet de cet article, le
résultat de ses explorations.
1° Il a signalé un grand nombre de localités nouvelles pour des plantes
qui figurent déjà dans les ouvrages antérieurs ; or parmi ces plantes, il en
est plusieurs qui étaient à peine indiquées dans le Jura méridional, telles
sont : Androsacelactea, L., Arabîs muralis, Bert., etc....
2° Il a fait connaître comme appartenant à la Flore du Jura , plusieurs
espèces qui avaient échappé aux recherches des autres botanistes : nous
citerons comme exemples, Adenocarpus complicatus, Gay , Epilobium
Duriœi, Gay, Liparis Loeselii, Bich., Elatine triandra, Schkuhr, Alche-
milla Pyrenaka, L. Duf., Gnaphalium supinum, L., Petasites niveus,
Bauing. , etc....
3° M. Michalet a décrit une espèce nouvelle de Bidensh laquelle il donne,
le nom de B. fastigiata.
U" Fnfm il a porté particulièrement son attention sur les hybrides des
genres Cirsium, Carduus et Scutellaria, dont il a décrit plusieurs formes
nouvelles.
Note sur l'Ophioglossum lusitanieum, Linn., communiquée
à la Soc. linn. de Londres.
Un botaniste anglais, M. Wolsay, a fait, cette année, la découverte de
cette petite plante dans l'île de Guernesey, sur les rochers qui bordent la
baie du petit port. On sait que cette fougère se rencontre a Brest et sur
plusieurs autres points des côtes de la France ainsi que de la péninsule
Hispanique, et en général, dans toute la région méditerranéenne. Son
habitat s'étend au sud, jusqu'aux îles Canaries et à Madère.
Dernièrement, M. T. Moore, en rendant compte de la découverte de
M. Wolsay, a fait remarquer qu'un des traits les plus caractéristiques de
l'histoire de cette plante curieuse, c'est la précocité de son développement.
M. Wolsay l'a rencontrée en pleine fructification dès le milieu de janvier,
et il a vu ses frondes se détruire peu après. Étant avertis de cette particu-
larité, les botanistes en feront peut-être la découverte dans des localités où,
jusqu'ici, on n'en a pas soupçonné l'existence.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 31
Ensayo tic ah usa Flora faiiei'ogamica £-alIe%-a, ampliatla
eon ■ii(lieacioiie.«; aeerea los «asos meriicos de las
especies que se «îescriweii ( Essai d'une Flore phanérogamique
de la Galice), par don José Planellas Giralt. 1 vol. in-8 de 652 pages;
Santiago, 1852.
Sous ce titre, l'auteur donne une description succincte des plantes qui
croissent spontanément en Galice, ainsi que de celles qui y sont le plus
fréquemment cultivées, avec l'indication, quand il y a lieu, de leur emploi
en médecine et dans les arts ou l'économie domestique. La partie descrip-
tive est précédée d'une introduction assez étendue dans laquelle on trouve
un résumé des travaux botaniques faits en Galice, un tableau de la géo-
graphie physique de cette région, et enfin un aperçu de la distribution gé-
nérale des végétaux qui composent sa Flore, et que l'auteur compare à
celle des pays voisins.
Icônes et «ieseriptiones plasitantm novarum eritieartim
et s'arioeum Europa? aiistro-occidenlalis, pra*eipue
Hispanise , auctore Mauritio Willkomm. Tomus primus, fascic. I-V.
Lipsiœ, 1852-1856 , in-4.
La publication, qui date déjà de quelques années, du bel ouvrage de
M. Boissier, intitulé : Voyage botanique dans le midi de l'Espagne, a
appelé l'attention sur la flore de ce pays. Plusieurs découvertes ont été faites
dans ces dernières années en Espagne, en Portugal et en France. On a
trouvé dans ces pays, et particulièrement dans le sud-ouest de la France et
en Corse, un nombre considérable de plantes nouvelles qui, pour la plu-
part n'ont pas encore été figurées et dont il n'existe (de même que pour les
plantes découvertes en Espagne) qu'un petit nombre d'échantillons dans les
herbiers de France et de Suisse. La rareté et souvent l'importance botanique
de ces espèces, les rendaient plus dignes d'être décrites et figurées que bien
des plantes d'une autre partie de l'Europe.
Aon seulement M. Willkomm se propose, de figurer ces plantes dans
l'ouvrage qu'il fait paraître sous le titre à" Icônes, etc., mais il veut y ajouter
encore les descriptions et les figures, d'après des échantillons originaux, de
certaines espèces qui n'ont jamais été publiées ou qui ont été illustrées d'une
manière inexacte, dans des ouvrages rares et particulièrement par les anciens
botanistes espagnols et portugais, tels que Ortega, Asso , Cavanilles, Bou-
telou, Clémente, Lagasca, Brotero , l'abbé Lourret , etc. M. Willkomm
annonce dans le prospectus d'où sont extraits les détails qui précèdent, que,
parmi les nouvelles découvertes qui trouveront place dans les Icônes, il petit
mentionner les suivantes: 1° Les espèces nouvelles trouvées par M. Léon
Du four dans la Valence, l'Aragon et la Navarre; par M. Durieu de Maison-
32 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
neuve dans les Asturies; par M. Webb dans le midi de l'Espagne et en
Portugal; par le comte Hoffmannsegg et MM. Link, Welwitsch, etc., en
Portugal ; 2° les espèces nouvelles trouvées par M. Boissier , en Espagne, et
qui n'ont pas été publiées dans sonVoyage ; par M. Reuter dans la Nouvelle-
Cnstille et dans les montagnes de Guadarrama, en 1841, et par lui-même
dans ses voyages en Espagne et en Portugal ; 3° les plantes du docteur Funk,
de M. Bourgeau , les espèces nouvelles du Pugillus de MM. Boissier et
Reuter, de la Flore française de MM. Grenier et Godron; les plantes
décrites par M. Jordan , appartenant au midi de la France, et celles que
pourrait publier M. Moquin-Tandon dans sa Flore de la Corse.
Les Icônes de M. Willkomra sont arrivés à leur cinquième fascicule qui
renferme les planches 29-35. Ces planches, du format in-4, comme le texte,
et souvent dessinées dans le format in-folio et pliées en deux , sont gravées
et coloriées de même que dans le Voyage de M. Boissier. LesThalamiflores,
groupe des Sileneœ, commencent, l'ouvrage, et les fascicules publiés jusqu'à
présent sont consacrés aux genres Dianthus , Melandrium , Eudyanthe ,
Pelrocoptis, Gypsophila t Saponaria et à une partie du genre Silène. Aucune
espèce absolument nouvelle ne se trouve décrite, dans les cinq livraisons
qui font l'objet de cet article.
Florula IBonu Koiigeiisis (Floride de Hong-kong). ( Hooker's
Journal of Botany, vol. VI, 1854, p. 1.)
M. George Bentham continue, dans cet article, rénumération des plantes
recueillies dans l'ile de Hong-kong par le major J.-G. Champion. Cet offi-
cier, qui a séjourné pendant, trois ans dans cette île, est revenu en Europe
en 1850, avec une collection de cinq à six cents plantes phanérogames,
comprenant, à quelques exceptions près, toutes les espèces déjà trouvées
dans l'île par M. Hinds, et un nombre considérable de plantes tout à fait
nouvelles ou qui n'avaient pas encore été rencontrées sur la côte chinoise.
M. Champion a remis une collection de ces plantes à M. Bentham, qui a
revu le tout et dans l'herbier duquel sont déposés les échantillons originaux
des espèces qu'il décrit dans le Journal of Botany.
Depuis l'année 1851, M. Benlham publie les déterminations de ces plantes,
et le premier cahier de 1854 du Journal of Botany présente la suite de ce
travail. L'article dont il est ici question est consacré à la famille des Eu-
phorbiaciées, et renferme, dans ses neuf pages d'impression, un genre nou-
veau (Stipellaria) composé de cinq espèces ainsi dénommées : £. trewioides,
mollis, villosa, tiliœfolia et parviflora, et trois autres espèces également
nouvelles appartenant, à trois genres différents, savoir: Stillingia discolor,
Croton lachnocarpum et. Glochidion eriocarpum.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 33
Flora of Neiv-Zealand [Flore de la Nouvelle-Zélande), par
J.-l). Hooker, part. V. In-h de 80 pages, avec 20 planches.
Londres, 185/u
Cette livraison commence le deuxième volume de la Flore de la Nou-
velle-Zélande, qui elle-même constitue la troisième partie du Botany of
the antarctic voyage, publiée par l'infatigable voyageur et botaniste
M. Joseph Dalton Hooker.
Elle comprend les ordres ou familles des Fougères, des Lycopodiacées.
des Marsiléacées, des Characees et le commencement de la famille des
Mousses.
Les Fougères décrites sont au nombre de cent cinq. Le recensement publié
en 1846, par M. Raoul {Choix de plantes de la Nouvelle-Zélande) , en a
compté cent quatre; on peut donc admettre avec probabilité que la Nouvelle-
Zélande n'eu renferme pas beaucoup plus de cent espèces. II est vrai que
M. Dalton Hooker réunit sous un même nom, notamment dans les genres
Gleichenia, ffymenophyllum, Cheilanlhes , Asplenium, Opkioglossum, des
plantes que MM. Robert Rrown, Hooker père, Kunze, etc., considèrent
comme des espèces distinctes. M. D. Hooker regarde comme simples va-
riétés de V Opkioglossum vulgare, les 0. eostatum, Rr., 0. gramineinn,
Willdi, et YO. lusitfinicum , ce qui pourra devenir un sujet d'étonnement
pour les botanistes européens. Mais à côté de ces réunions, l'auteur fait
connaître sept espèces nouvelles, savoir : Cyathea Cunninghamï, Cyathea
Smithii, figuré, tab. 72. Alsophila Colensoi , Hymenophyllum Lyalli ,
Tricltomanes Colensoi, Lomaria Banhsii , figuré tab. 76, Asplenium Ri-
chardi.
Les Lycopodiacées comptent treize espèces, toutes déjà connues. Les
Marsiléacées sont représentées par YAzolla rubra, Br., et les Characees par
la Nitella Hookeri, Alex. Braun.
La livraison comprend quatre-vingt-treize Mousses, dans les tribus des
Andréacées, Sphagnacées et Rryacées, et sur ce nombre les planches en
représentent cinquante-trois, avec les grossissements convenables.
Les espèces nouvelles sont : Phnsann apieulatum; — Weissia floripes;
Fissulens rigidulus , brevifolîus, œruginosus, tenellus, pallidus, oblongi-
folius, ligulatus, dealbatus ; — Campylopus pallidus, — Trichostomum
hngulalum, phœum , setosum, fusceseens ; — Didymodon papillatus ; —
Ortliotrichum calvum. — Toutes ces plantes sont figurées. Le nombre des
nouveautés serait plus grand, si déjà une certaine quantité n'avait été
signalée dans la première partie de la Flora antarctica', relative aux iles
Campbell et Auckland.
La Nouvelle-Zélande produit aussi des Mousses réputées européennes,
entre autres les Sphagnumcymbifolium, compnctùm et. cuspidatum, Weissia
t. i. »
34 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
controversa, plusieurs Fissidensel Dicranum, le Tortula c/doronotos, Brid.,
propre jusqu'à présent à la zone méditerranéenne, le Ceratodon purpu-
reus, etc. On y trouve en outre le Conomitriwn Dillenii , Montag., plante
américaine jusqu'à ce moment.
Les livraisons suivantes seront très prochainement publiées, l'ouvrage
entier étant terminé.
Cyneracerc Ciimingianrc [Insularum Philippinensium) Herbarii
Lindleyani , auctore Neesio ab Esenbeck, 1849. [Journal of Rotany^
vol. VI, 1854, p. 27.)
Cet article, communiqué par M. Lindley, est consacré à la détermination
de trente-neuf espèces de Cyp^racées, dont six nouvelles, avec les numéros
correspondant à ceux des échantillons de cette collection. Voici les nu-
méros et les noms de ces six espèces : K° 2437. Cyperus (Pycreus) lampro-
carpus ; n° w2372. Mariscus irroratus; 932. Baumea falcata; 807. Remirea
wightiana; 1764. Carex cirrhulosa ; 1795. C. oliyostachya.
Notices of sonie new species of ]?Iosses froiu f lie Pacific
Islands , in the Collection of the United States exploring expédition
under captain Wilkes [Notices sur quelques nouvelles espèces de Mousses
des îles de l'Océan pacifique), par M. William S. Sullivant. Cambridge,
janv. 1854, 12 p. in-8.
Les Mousses décrites dans cette notice ont été ainsi présentées pour
assurer a l'expédition la priorité de ses découvertes. Des notices semblables
sur de nouvelles Mousses et Hépatiques de la Terre de feu et de l'Orégon,
et appartenant à la même collection, ont déjà paru dans le second volume
du Journal of Rotany de sir W .-.T. Hooker, vol. II, 1850.
Vingt-quatre espèces nouvelles de Mousses, y compris une espèce rap-
portée avec doute au genre Hypnum, se trouvent décrites, chacune assez
longuement, dans les douze pages de cette brochure. Ces douze espèces sont
rapportées aux sept genres suivants : Hypnum (16 espèces), Hookeria (3),
Mniadelphm (1), Pilotrichwn (1), Cryphœa (1), Neckera (1) et Rhizo-
gonium (1).
Décades de Champignons, parle rév. M.-J. Berkeley. (Hooker's
Journal of Rotany, vol. VI, 1854, p. 129-143.)
Le numéro de mai du Hooker's Journal of Rotany, renferme les décades
41-43 des Champignons publiés par le révérend M.-J. Berkeley. Ces trois
décades donnent le signalement et la description des espèces rapportées de
l'Himalaya et de la péninsule indienne par les docteurs Hooker et Thomson
ou envoyées de Ceylan par M. Thwaites. Sur ce nombre de 30 espèces, on
ItEVIE BIBLIOGRAPHIQUE. 30
compte 3 Agarics, 1 Lactarius:, 3 Lentinus, 1 Xerotw, 3 Lénzites, 3 Bolets
et 16 Polypores.
Voici l'indication de ces espèces nouvelles : 1. Agoricus (f.epiota) mon-
tosns; 2. A. (Naucoria) A7iasiensis; 3. A. (Psailiota) fulviceps ; h. Lacta-
rius slramineus ; 5. Lentinus nepalensis ; 6. L. prœrigidus ; 7. L. inqui-
ntms ; 8. A'erotus lobatus; 9. Lenzites oèàrophylius ; 10. /.. eximia;
11. L. subferruginea; 12. Boletus flavipes ; 13. B. pusillus; 14. B. verru-
carius; 15. Polyporus (Mesopus) nodipes ; 16, P. (Mesopus) florideus;
17 /'. (Pleuropus) versi forints ; 1$. P. (Pleuropus) pudens ; 19. P. (Pleu-
ropus) vallatus; 20. P. (Pleuropus) squnma'formis; 21. P. (Merisma)
flmumans; 22. /\ (Anodermei) digitalis; 23. /*. (Anodermei) vivax;
1h. P. (Anodermei) elat irais ; 25. P. (Placodermei) medullaris ; 26. P.
(Placodermei) adamantinus ; 27. /'. (Placodermei) endop/tœus ; 28. /J. (Pla-
codermei) Tkoinsoni ; 29. /J. (Placodermei) scoptdosus; 30. /'. (Placo-
dermei) sernitostus.
Sltoi»t cliaraeters of titrée new Algrc front tlte sltores
of Ceylatt [Caractères succincts de trois nouvelles A/ gués des côtes de
Ceyluu, par M. W.-H. Harvey). (Hooker's Journal of Botany, vol. VI,
185Zi,p. U3-ia5, pi. V, VI.)
M. W.-H. Harvey, qui exécute en ce moment un grand voyage bota-
nique, a déjà adressé de Ceylan à sir William Hooker, une petite notice
sur trois magnifiques thalassiophytes , découvertes par lui sur les côtes de
cette île. Ces Algues appartiennent à la tribu des Floridées qui renferme les
genres Claudea, Martensia, Dictyurus, et l'une d'elles vient ajoutera cette
tribu un nouveau genre sous le nom de Vanvoorstia spectabilis (tab. V.).
Les deux autres sont un Claudea multifida (tab. VI.), et un Martensia
fragilis.
BOTANIQUE APPLIQUÉE.
Kew Garden IVIusettm [Musée du jardin de Kew). (Hooker's
Journal of Botany, vol. VI, 185&, p. 10.)
Sir W.-J. Hooker s'est proposé de donner, dans une série d'articles,
dont le premier a paru en 1853, une notice sur l'origine du Musée de
Botanique économique attaché au jardin royal de Kew, et sur quelques-
uns des produits végétaux qu'il renferme. On sait que sir W. Hooker,
directeur du jardin de Kew, a créé ce musée dans le but de rendre ser-
vice non seulement aux botanistes, mais encore aux marchands, aux
manufacturiers, aux médecins, aux droguistes, aux charpentiers, etc.,
qui peuvent y trouver les matériaux employés dans leurs diverses proies-
r>(5 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DR FRANCE.
sions, correctement nommés, et accompagnés d'une note sur leur origine,
sur leur histoire, etc., soit attachée aux échantillons, soit rappelée dans un
catalogue populaire.
L'article que nous annonçons ici est consacré aux Papavéracées. Il ren-
ferme un rapport très intéressant sur le système de culture du Papaver som-
niferum, et la préparation de ïopiwu dans l'établissement de Benares,
extrait des Archives du gouvernement du Bengale.
Quinologie, ou Mes Quinquinas et des questions qui,
tlans l'état présent de la scienee et du commerce, s'y
rattachent avec le plus d'actualité, 1 vol. \n-h, avec 23 pi.
Chez Germer Baîllièfe, rue de l'École-de-Médecine, 17.
MM. Aug. Delondre et A. Bouchardat viennent de puhlier sous ce titre
un ouvrage dont le sujet est lié à la Botanique par des liens trop intimes
pour que nous ue croyions pas devoir en donner ici l'analyse. Dans ce tra-
vail, qui présente une iconographie presque complète des Quinquinas du
commerce européen, les auteurs paraissent avoir eu pourohjet essentiel de
réhabiliter dans l'esprit public les écorces de la Nouvelle-Grenade, ces pro-
duits ayant été affectés pendant longtemps d'un discrédit qu'ils regardent
comme peu mérité. Les lignes suivantes, qui forment l'épigraphe du livre de
MM. Delondre et Bouchardat, disent quels sont les caractères qui devraient
selon eux, être employés de préférence dans la classification des écorces du
quinquina: « Il en a été de même jusqu'à nos jours de tous les Quinquinas ;
» chacun a fourni sa dénomination particulière, et, à la suite de tant de dis-
» eussions sur la classification botanique des espèces et sur leur efficacité,
» il est né une confusion que l'analyse seule, à notre avis, peut faire cesser,
» en présentant les écorces sous le nom de leur provenance et avec leur va-
» leur en alcaloïdes. D'après cette manière de voir, nous avons eu pour but
» de faire plutôt un traité pratique qu'un ouvrage de science. »
Le côté botanique de la question des Quinquinas est, en effet, presque
complètement laissé de côté dans l'ouvrage tout pratique que nous exami-
nons ; le passage suivant, que nous citons aussi textuellement, étant le seul,
pour ainsi dire, qui l'effleure: « Outre la certitude que nous avons acquise
» de la valeur thérapeutique de chaque écorce, grâce aux travaux immor-
■> tels de Pelletier et Caventou, il nous a été permis d'étudier les feuilles des
» quinquinas de la Nouvelle-Grenade, recueillies dans diverses parties des
» montagnes, et qui ne nous paraissent pas différer des feuilles que nous
» avons vues dans les forêts de Santa-Ana (1) et de celles qui proviennent
» de notre première expédition en Bolivie. Cette collection , composée de
(1) Village du Pérou situé au nord de Cuzco.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 37
» trente spécimens, qui nous a ete donnée pardon Kafaei Duque Uribe, de
» Bogota, est jointe aux échantillons de toutes les écorces de quinquina que
)> nous avons décrites et que nous avons réunies pour les offrir au Muséum
» d'histoire naturelle. »
Le texte du volume de MM. Détendre et Bouchardat comprenant environ
Zi8 pages, est divisé en quatre parties : La première (Aperçu historique des.
Quinquinas, p. 3 à p. 15), contient une revue des explorations entreprises
dans les régions où croit l'arbre du quinquina et l'exposé des faits relatifs à
la découverte de ses propriétés. Tout ce qui touche à la vie de Mutis, l'un
de ceux à qui l'on doit la découverte du quinquina dans les forêts de la
Nouvelle-Grenade, y est traité avec une sorte de prédilection. Quelques au-
teurs, on le sait, ont disputé au célèbre directeur de l'expédition botanique
de laNouvelle-Greiuide, une partie de ses titres à l'admiration de la posté-
rité ; MM. Détendre et Bouchardat ont cherché, de leur côté, à le réhabiliter
et à prouver qu'il méritait bien ce titre pompeux, bien qu'un peu vide, de
Phytologorum americanorum princeps que se plaisait à lui donner Linné.
Les auteurs du livre que nous parcourons, attachent une grande importance
à démontrer que le nombre de quatre espèces de quinquina découvertes par
Mutis des l'année 1792, était arrive a sept en 1800; car ils pensent avoir re-
trouvé dans le commerce d'aujourd'hui ces mêmes variétés dont Mutis
s'était plu a constater et à louer les propriétés bienfaisantes.
Nous passerons la seconde partie de l'ouvrage (Episode du voyage de
M. Aug. Delondre dans tes mers du Sud, p. 16 à p. 22), pour arriver à la
troisième partie ou Description des Quinquinas, m suivant la chaîne des
Andes depuis la Bolivie jusqu'à la Nouvelle-Grenade. Ainsi que l'a donné
à entendre une des citations faites plus haut, les ecorces commerciales se
trouvent ici décrites dans l'ordre de la station géographique des arbres qui
les fournissent, en commençant par le quinquina Calisayade la Bolivie et en
finissant par le quinquina de Maracaybo, à la suite duquel sont énurnerés
quelques quinquinas de qualité inférieure et plusieurs autres écorces sans
valeur (1 ) confondues à diverses époques avec le produit des arbres du genre
Cinchona.
Des ligures coloriées, lithographiees avec beaucoup de soin, par M. Bion,
sont jointes aux descriptions, et les auteurs ont eu soin d'indiquer eu marge
de chacune des planches, d'après les analyses faites en fabrique, par l'un
(J) Un fait très remarquable, signalé par MM. Delondre et Bouchardat au sujet
des faux quinquinas, c'est la présence dans deux d'entre eux des alcaloïdes que
plusieurs auteurs ont cru jusqu'ici être l'apanage des seules espèces du genre Cin-
chona. L'une de ces deux écorces est le quinquina blanc de Mutis, produit par une
espèce du genre Cascarilla, Wedd. ; l'autre est le quinquina des îles Lagos, écorce
importée des côtes de l'Afrique, et dont on ignore complètement l'origine botanique.
38 KEYTE BIBLIOGRAPHIQUE.
d'eux (M. Aug. Delondre), les quantités relatives de quinine et de cmcho-
nine contenues dans chacune des écorces qui s'y trouvent représentées.
L'espace nous manque pour suivre les auteurs au milieu des détails rela-
tifs à chaque espèce commerciale. Nous ne pouvons cependant omettre de
faire remarquer que relativement à l' identification de l'écorce à laquelle
Mutis appliquait le nom de quinquina rouge, MM. Delondre et Bouchardat
émettent une opinion différente de celle des auteurs qui les ont précédés.
Pour ces derniers, le quinquina rouge de Mutis serait une écorce sans valeur
produite par un arbre étranger au genre cinchona (Cascarilla magni folia ,
Wedd.), tandis que pour MM. Delondre et Bouchardat le quinquina rouge
de Mutis ne serait autre que la variété d'écorce du Cinchona lanci folia dont
on a retiré si particulièrement dans ces derniers temps l'alcaloïde connu
sous le nom de quinidine, mais que ces auteurs ne considèrent que comme
un état particulier d'hydratation de la quinine.
Enfin, un point de l'examen purement chimique des écorces a également
attiré notre attention. Il semhle, d'après les expériences de M. Delondre,
qu'il y aurait dans certains cas conversion réciproque des alcaloïdes des
quinquinas et notamment de la cinchonine en quinine. Telles écorces, en
effet, qui, traitées séparément, fournissent des proportions déterminées de
quinine et de cinchonine, donnent, étant traitées en mélange, des proportions
différentes de ces mêmes alcaloïdes; la proportion de la quinine augmen-
tant en raison de la diminution de la cinchonine.
Les Quinquinas les plus riches en quinine, d'après les analyses de
M. Delondre, sont le Calisaya de Bolivie et le Calisaya de Santa-Fé (Nou-
velle-Grenade), qui produiraient tous les deux de 30 à 32 grammes de sul-
fate de quinine par kilogramme, le rouge vif de l'équateur et le Pitayo
(Nouvelle-Grenade) , qui fourniraient 20 à 25 grammes du même sel.
L'espèce qui contiendrait la plus grande proportion (30 grammes par kilo-
gramme d'écorce) de cinchonine serait le jaune de Guayaquil. Ces chiffres
parlent très éloquemment, il faut le reconnaître, en faveur de la zone sep-
tentrionale de la région des quinquinas.
MM. Delondre et Bouchardat terminent leur traité par un chapitre
(4e partie. — Déductions pratiques, p. 43 à 45) où ils appellent l'attention
des médecins sur l'emploi de la cinchonine, oubliée par beaucoup d'entre
eux, malgré son efficacité reconnue, au profit de quelques prétendus succé-
danés dont les vertus sont tout au moins fort problématiques'.
MELANGES ET NOUVELLES.
Sur le Welliiigtonia gigantea. (Gardener's Chronicle, numéros
des 2k décembre 1853, \k janvier et 10 juin 185/t.)
Il n'est guère de journal où il n'ait été question dans ces derniers temps
de l'arbre immense décrit récemment en Angleterre, sous le nom de Welling-
tonia gigantea. Voici quelques détails sur cet arbre, tirés essentiellement
des articles écrits à ce sujet par M. Lindley dans le Gardener's Chronicle
(numéros des 2k décembre 1853, \k janvier et 10 juin 185/r).
L'infortuné Douglas, lors de son dernier voyage en Californie, écrivait à
sir William Hooker : « L'arbre qui imprime à la végétation de la Californie
» le plus beau cachet est une espèce de Taxodium ; il donne aux montagnes
» un aspect tout spécial (j'allais dire imposant) qui nous dit clairement
» que nous ne sommes pas en Europe. J'en ai mesuré quelques individus,
» dont la longueur était de 270 pieds (82m,350) et la circonférence de
» 32 pieds (9m,760), à 3 pieds du sol. Quelques-uns ont même plus de
» 300 pieds du haut (91n,,500); mais chez aucun, l'épaisseur du tronc ne
» surpasse celle que j'ai indiquée. »
Quel était cet arbre? c'est ce que l'on n'a pas pu savoir exactement.
M. Lindley a d'abord pensé et quelques autres personnes pensent encore
qu'il pourrait bien être le même que celui dont il est question dans une note
envoyée à M. Veitch d'Exeter par son habile collecteur M. W. Lobb, mais
il parait aujourd'hui probable que l'arbre de Douglas [Séquoia gigantea,
Kndlich.) n'est autre que le Séquoia sempervirens (1).
Voici la note de M. Lobb sur le Wellingtonia :
« Ce magnifique arbre vert, dit-il, mérite bien par ses dimensions extraor-
» dinaires le titre de monarque des forêts californiennes. Il habite un district
» écarté, sur les pentes élevées de la Sierra-Nevada , près des sources des
» rivières de Stanislas et de San-Antonio, par 30° lat. N et 120°10'
» long. (2) O., à une élévation d'environ 5,000 pieds au-dessus du niveau de la
» mer. Il en existe de 8(1 à 90 individus se rencontrant tous dans une étendue
» d'environ un mille carré et variant pour la hauteur de 250 à 320 pieds
(1) Voyez, à ce sujet, une lettre de M. Lobb, dans le numéro 2 du Gard. Chrun..
1854.
(2) De l'observatoire de Greenwïch.
/]() SOCIÉTÉ BOTANIQUE l)E ii'.A.NCK.
» (76"',250 a 97'", (500), et, pour le diamètre du tronc-, de lOu 20 pieds (3'", 50
» à 6m,100). Leur mode de végétation ressemble beaucoup à celui du
» Séquoia ( Taxodium) sempervirens ; les uns sont solitaires, d'autres croissent
» par paires et assez souvent en groupes de 3 ou h individus. Le tronc d'un
» arbre récemment abattu avait environ 300 pieds de long (91'", 500), et un
» diamètre de 29 pieds 2 pouces (18"\N96), en y comprenant l'écorce, à
» 5 pieds de terre ; à 18 pieds de terre, le diamètre était de \h pieds 6 pouces
» {h"',hT2) ; à une hauteur de 100 pieds, il était de 1 U pieds 6 pouces (V,270);
» enfin, à 200 pieds de terre, son épaisseur était encore de 5 pieds 5 pouces
» (im,652). L'écorce, dont la couleur est à peu près celle de là cannelle, a
» une épaisseur de 12 à 15 pouces. Les rameaux sont cylindriques, un peu
» pendants et ressemblent un peu à ceux d'un cyprès ou d'un genévrier. Les
» feuilles sont d'un vert pâle ; celles des plus jeunes arbres sont étalées et se
» terminent en pointe aiguë et acuminée. Les cônes ont une longueur de
» 2 pouces et demi et un diamètre de 2 pouces dans leur partie la plus
» épaisse. Le tronc de l'arbre dont je parlais plus haut était sain dans toute
» ses parties; son âge, à en juger par le nombre des cercles concentriques
» qu'il présentait, devait être de trois mille ans ; son bois est léger, tendre et
» d'une teinte rougeâtre, comme celui du Taxodium sempervirens. L'écorce
» de ce végétal monstre en a été retirée jusqu'à la hauteur de 21 pieds, pour
« être exposée à San-Fiancisço , où elle forme (les morceaux ayant été
» rajustés) une chambre spacieuse, tapissée et contenant un piano et des
» sièges pour 40 personnes. Un jour, 140 enfants y ont tenu sans se
» gêner (1). »
Un autre récit relatif au même sujet et probablement de même date
(juillet 1853), a paru plus récemment dans le même journal; mais il ajoute
peu aux détails donnés par M. Lobb,
Voici maintenant les caractères génériques du genre Wellington^ tels
qu'ils sont donnes par M. Lindley: — Strobilus oblongus liguais; squamis
numerosis, cuneatïs, truncatis, per apophysin transverse (ob bracteam wqui-
longam omninè adnatam) sulcatis, mucronc in medio. Semina 7 cuique
squamœ, supra médium pendulfl, compressa, utrinque alata. —Foi ta alterna,
juniperina. Le Wellingtonia giganteuesl un arbre a feuilles squamiformes
et imbriquées comme celles de certains genévriers; elles sont attachées au
rameau par une base large, et quand, ainsi que cela arrive dans les pousses
vigoureuses, elles acquièrent un plus grand développement, ce sont encore
des corps sessiles, à coupe triangulaire, ne tendant jamais enfin à former un
limbe plan. Elles sont alternes et non opposées. Dans les genres Séquoia et
(1) Nous apprenons que Ton est sur le point de transporter ce cylindre colossal
d'écorce en Angleterre, où il prendra place parmi les curiosités du palais de cristal,
à Sydenham.
NOUVELLES ET MÉLANGES. Zjl
Sciadopitys, les feuilles sont également alternes: ees feuilles prennent un
développement analogue à celui qui s'observe chez les Taxus et les Podo-
carpus.
Pour les dimensions et la forme, les cônes sont comme ceux du Sciado-
pitys; mais les bractées, au lieu d'être demi-libres, sont si complètement
soudées aux écailles, qu'elles ne forment avec eux qu'un seul corps dont
la double nature n'est perceptible que sur une section transversale pratiquée
au milieu de leur extrémité tronquée, ou par la présence d'un mucron dépen-
dant évidemment de la bractée et qui s'élève du milieu du sillon, ou enfin
par la double couche de matière ligneuse qui constitue chaque écaille. Sous
ce dernier rapport, le genre Wellingtonia se rapproche, il faut le dire, du
Séquoia; mais les écailles strobilaires sont en petit nombre chez ce dernier,
elles sont onguiculées et presque peltées, et ne tiennent que. faiblement a l'axe
qui est assez grêle. Dans le Wellingtonia, au contraire, les écailles forment
de véritables coins dont la double partie ligneuse intérieure se lie à
un axe si dur et si épais qu'il ne faut rien moins qu'un bon ciseau et un fort
coup pour les séparer. Les graines du Wellingtonia se rapportent bien à la
figure et a la description données par Zuccarini de celles de Sciadopitys,
soit par leur forme, soit par leur nombre et leur point d'insertion sur les
écailles. Les graines du Séquoia en différent en ce qu'elles sont bien plus
minces et que leur aile est plutôt subéreuse que membraneuse, en ce qu'elles
sont en plus petit nombre et qu'elles s'insèrent presque au bord des écailles
onguiculées.
Ces considérations, dit M. Lindley, ne permettent guère de douter que
cette forme de conifères ne soit entièrement nouvelle ; et il est possible que
ses fleurs mâles fournissent encore de nouveaux caractères pour la distin-
guer. Quoi qu'il en soit, l'introduction en Kurope d'un arbre comme celui-
là, dont la rusticité n'est guère douteuse, et dont toutes les graines importées
en Angleterre ont déjà donné de jeunes pieds vigoureux, est d'une impor-
tance facile à comprendre. S'il est vrai surtout que l'espèce n'est repré-
sentée en Californie que par un assez petit nombre d'individus, menacés
encore de destruction par la hache des spéculateurs, il est heureux de
pouvoir espérer que ce « roi des conifères » continuera parmi nous son
règne paisible.
NÉCROLOGIE.
WALLICB
Aux pertes si nombreuses que la Botanique a souffertes dans ces derniers
temps est venue s'ajouter celle d'un autre de ses représentants les plus popu-
laires, et dont le nom a acquis dans le monde une célébrité des plus méri-
tées. Nous voulons parler du docteur Natbaniel Wallich, mort à Londres le
W2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
20 du mois d'avril dernier, à l'âge de soixante-huit ans. Les travaux de ce
botaniste infatigable sur la flore de l'Inde sont trop connus pour qu'il soit
nécessaire d'en faire l'éloge. Nous nous contenterons de résumer ici, d'après
un article du Gardeners Chronicle (1), les traits les plus saillants de sa
carrière si bien remplie.
Danois d'origine, le docteur Wallich fut admis de bonne heure comme
médecin au service de sa mère patrie, et fut attaché en 1807, en qualité de
chirurgien , à la colonne danoise de Sérampore , aux Indes orientales.
Lorsque cette place tomba au pouvoir des Anglais, plusieurs officiers danois
entrèrent au service de la compagnie des Indes, et parmi eux le docteur
Wallich. Sa profonde connaissance du règne végétal ne tarda pas à fixer
l'attention du gouvernement des Indes, et lorsque le docteur Hamilton
donna, en 1815, sa démission du poste de directeur du Jardin de Botanique
de Calcutta, Wallich fut désigne pour ie remplacer. A partir de ce moment,
l'activité qu'il déploya a réunir desplantes de toutes les parties de l'Empire
des Indes, à les décrire, a les faire dessiner, et en expédier des individus
vivants à sa patrie adoptive, fut sans exemple.
De 1818 a 1828, il y avait à peine en Angleterre un jardin d'une certaine
importance qui ne lui dût quelqu'une de ses richesses. En 1820, il com-
mença, de concert avec le docteur Caiey, la publication du Flora indica
de Roxburgh, qui se trouva considérablement, augmenté par ses propres
découvertes ; et dès que le nouvel art de la lithographie put être utilisé
dans l'Inde, il en profita pour porter à la connaissance du monde la llore
du Népaul. Le Tentamen florœ Nepolensis, ouvrage in-folio, avec planches,
vit alors lejour. C'était la mise en œuvre de nombreux matériaux recueillis
par Wallich durant l'examen officiel qu'il avait fait de cette partie de l'Inde
en 1820. En 1825, le gouvernement le chargea de l'étude des forets de
bois de construction de l'Hiudouslan occidental. Enfin, en 1826 et 1827, il
fit un voyage dans le district d'Ara et dans les territoires nouveaux récem-
ment acquis de ce même côte.
Vers cette époque, la santé déjà altérée du docteur Wallich rendit néces-
saire sou retour en Europe, où il apporta de nouvelles preuves de son zèle in-
cessant pour la science. Huit mille espèces de plantes recueillies par lui, ainsi
qu'un nombre prodigieux d'échantillons, arrivèrent en bon état à Londres,
et furent promptement distribués, sur sa recommandation, dans les herbiers
publics de l'Europe et de l'Amérique. La compagnie des Indes donna noble-
ment son appui à cette grande opération, et en prit tous les frais à sa charge.
Pendant ce temps, le grand ouvrage de Wallich, Plantœ Asiaticœ
rariores, était en voie d'impression; il forma, en 1833, trois volumes in-
folio, avec 300 planches coloriées.
(1) Numéro du 6 niai.
NOUVELLES ET MÉLANGES. A3
Lorsque *VYallich fut de retour dans l'Inde, on lui confia la direction d'une
expédition scientifique chargée d'explorer la province d'Assam, nouvellement
acquise, au point de vue de la culture du thé que l'on disait s'y rencontrer.
Sa santé continuait malheureusement de faiblir, et après une visite au
cap de Bonne-Espérance et une nouvelle lutte contre un climat qui s'était
toujours montré son plus grand ennemi, il fit ses derniers adieux à l'Inde,
et regagna l'Angleterre avec sa famille, en 1847, pour ne jouir que pen-
dant un temps bien court des honneurs et du repos acquis au prix de tant
de travaux.
— Tous les botanistes, mais surtout ceux qui s'occupent de l'étude des
Algues, connaissent les beaux travaux de M. Harvey sur cette classe de vé-
gétaux. Ce que peu de personnes savent, c'est que ce savant est parti l'année
dernière dans le but d'explorer la mer Rouge, les côtes de Ceylan, Singa-
pour, Batavia, les parties occidentales et orientales de l'Australie, Van
Diemen, et les côtes de l'Amérique méridionale baignées par l'océan Paci-
fique. Il consacrera un an ou deux à cette exploration, et l'on peut être
assuré que, habile et expérimenté comme il l'est en phycologie, il rap-
portera des mers qu'il va visiter, des collections intéressantes et sans doute
beaucoup de nouveautés. Ces collections, dont il a supposé que les plus
complètes se composeraient de cinq à six centuries, il les distribuera à
son retour, et après les avoir bien étudiées, à ses nombreux souscripteurs
au nombre desquels nous savons qu'on peut compter chez nous le Muséum
d'histoire naturelle, ÎNIM. Delessert, Montagne, Thuret, le comte de
Tillette de Clermout et Duby de Genève. Chaque centurie sera livrée aux
souscripteurs au prix de 55 francs. Avant de partir d'Angleterre, M. Harvey
avait réuni 80 souscriptions.
— M. Bourgeau, que ses magnifiques collections de plantes des Canaries
et du midi de l'Europe ont fait connaître très avantageusement des bota-
nistes, exécute en ce moment son sixième et dernier voyage en Espagne.
Cette fois le cercle de ses explorations est la Nouvelle-Castille, et il se pro-
pose de visiter avec soin plusieurs chaînes peu connues et cependant très
intéressantes du centre de la péninsule, telles que la sierra de Guacîarrama,
la sierra de Grédos, les montagnes de Tolède , etc. Dans cette exploration,
dont on doit attendre d'excellents résultats , M. Bourgeau marche sur les
traces de M. Reuter; mais il a l'avantage d'être parti de Paris muni d'ins-
tructions précises qui lui permettront de résoudre quclques-imes des questions
soulevées par les récoltes et les recherches de son savant prédécesseur. C'est
en avril que notre zélé collecteur a commencé son voyage. Pour cette explo-
ration de la Nouvelle-Castille, il est patronné par le docteur Graells, profes-
seur de zoologie à Madrid, qui, à sa profonde science dans la branche de
kk SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
l'histoire naturelle dont l'enseignement lui est confié, joint une connaissance
complète de la végétation de son pays. Le docteur Graells travaille à un
catalogue des productions zoologiques de sa province, et, dans ce but, il est
obligé d'y faire de fréquentes excursions. M. Bourgeau doit l'accompagner
dans plusieurs de ses voyages, et il trouvera certainement de grands avan-
tages à parcourir cette partie de l'Espagne en compagnie d'un naturaliste si
savant et si expérimenté.
— Les botanistes apprendront avec satisfaction que M. Balansa, l'un de
nos plus zélés et de nos plus habiles collecteurs , se trouve en ce moment à
Smyrne pour en explorer attentivement les environs. Cette partie de l'Asie-
Mineure est un champ d'exploration d'un haut intérêt. Depuis Tournefort
jusqu'à nos jours, il a été visité par un assez grand nombre de voyageurs;
mais tous n'ont fait à peu pies qu'y passer pour se rendre ensuite dans l'in-
térieur du pays ou dans les parties plus méridionales de la Turquie d'Asie.
Seul parmi tous ces botanistes, Shérard , consul général d'Angleterre à
Smyrne, a fait un long séjour dans cette riche contrée, et en a récolté avec
soin les productions végétales. L'herbier qui contient les produits de ses
explorations fait partie des précieuses collections du Musée britannique, à
Londres. En outre, il existe au Muséum de Paris un assez grand nombre
de plantes récoltées par le célèbre botaniste anglais. Aujourd'hui M. Balansa
se propose de consacrer six mois à des herborisations dans les environs de
Smyrne, et de faire ainsi pour notre temps, autant qu'il lui sera possible, ce
que fit Shérard au commencement du siècle dernier. Depuis son arrivée en
Asie, il a déjà donné des nouvelles qui permettent d'espérer qu'il obtiendra
un plein succès dans son entreprise. Non content d'explorer les environs
immédiats de Smyrne, il se propose de visiter encore les côtes voisines de
Téos. Vurla, Tschesmè, etc., le mont Sipyle et plusieurs autres localités
d'un grand intérêt.
M. Balansa est arrivé à Smyrne au commencement du mois de mars,
lorsque toutes les montagnes voisines étaient encore couvertes de neige. Il
a vu ainsi la végétation à son réveil, et il a pu récolter un grand nombre
d'espèces printanières qui ont dû échapper a la plupart de ceux qui ont
exploré le pays avant lui.
— Dans une lettre adressée a M. le docteur Puel , en date du 22 mai
185&, M. Liudeberg, de Gotheborg (Suède), annonce qu'il partira le 17 juin
pour aller explorer les Alpes de Dover ou Dovre (Norvvége).
Il se propose de récolter les plantes spéciales à cette partie intéressante
de la région Scandinave , et d'en former des collections qui seront mises à
la disposition des botanistes souscripteurs, dès que son voyage sera terminé.
Paris — Imprimerie de L. Maktinet, rue Mignon, 2.
SOCIÉTÉ BOTANIQUE
DE FRANCE.
SÉANCE DU 14 JUIN 1854.
PRÉSIDENCE DE M. AD. BRONGNIARÏ.
M. de Schœnefeld, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de
la séance du 2/i mai, dont la rédaction est adoptée.
Dons faits à la Société.
1° Par M. Auguste Maillard :
Catalogue des graines récoltées en 1848 au jardin botanique de Dijon,
suivi d'Adnotationes ob Alexis Jordan digestœ.
2° Par M. Ménière :
Détermination d'un herbier attribué à, J.-J. Rousseau.
3° Par M. Gubler:
Observations sur quelques plantes naines, suivies de remarques géné-
rales sur le nanisme dans le régne végétal, Mémoire lu en 18^i8 à
ta Société de Biologie.
Seize adhésions nouvelles, reçues au Secrétariat depuis la dernière
séance, sont communiquées à la Société. Les nouveaux adhérents
sont proclamés membres de la Société (1).
Conformément à l'article 28 du Règlement, M. le président l'ait
connaître à la Société les noms des membres de la Commission du
Bulletin, élus par le Conseil dans sa séance du 26 mai.
Cette commission se compose, pour l'année 185/i, de Î\I3I. J. Gay,
(1) Leurs noms sont compris dans la liste publiée dans le premier numéro du
Bulletin.
T. I. k
ll(\ SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE.
Lasègue et Weddell, auxquels soui adjoints MM. les secrétaires el
les vice-secrétaires.
La Société ne pouvant, dès cette aimée, s'occuper de la publica-
tion d'un recueil de Mémoires, le Conseil n'a pas cru nécessaire d<>
désigner une commission chargée de ce soin.
M. J. Gay présente à la Société la communication suivante :
NOTE SUR LES CARACTÈRES ESSENTIELS DU POTAMOGETON TMCHGIDES, Chara.,
par M. J. GAY.
Les plantes qui paraissent les plus insignifiantes ne sont pas toujours
celles dont l'étude offre le moins d'intérêt. C'est ce que prouverait, au
besoin, un Potamot de la Flore française, que j'ai suivi avec curiosité
pendant de longues années, et dans lequel j'ai successivement découvert
plusieurs caractères qui en font une des espèces les plus remarquables du
genre. Je veux parler de l'espèce qu'eu raison d'un de ces caractères, je
nommai autrefois Potamogeton monogynus, mais que j'ai reconnue, depuis
être le P. trickoides de Chamisso, sur lequel j'avais pu me tromper d'autant
plus facilement qu'il avait été décrit par l'auteur dans l'ignorance com-
plète de la plupart de ses principaux caractères. Ces caractères sont au
nombre de quatre, et je vais les exposer dans l'ordre où ils se présentent
naturellement lorsqu'on étudie la plante de bas en haut.
Dans tout vrai Potamot , la tige se revêt d'abord de feuilles alternes,
plus ou moins nombreuses et disposées sur deux rangs, avec un bourgeon
dans chacune de leurs aisselles. Généralement ce bourgeon se développe en
un seul rameau, précédé de deux feuilles rudimentaires , ou préfeuilles,
qui, toutes deux , sont stériles, et qui s'ouvrent en sens oppose, la première
ou inférieure du côté de la feuille mère. C'est ce qu'on voit dans le plus
grand nombre des espèces; mais il eu est trois, à ma connaissance, qui font
exception. Ce sont les P. trickoides, peçtinatus et filiformis, chez lesquels
une même aisselle donne naissance a deux, trois ou quatre rameaux . pré-
cédés d'un nombre double de feuilles rudimentaires, ou préfeuilles. Etudie
sur de jeunes tiges et à l'état frais sur le P. trickoides, ce phénomène m'a
présenté les caractères suivants:
il n'y a qu'un bourgeon dans l'aisselle. Ln axe rudimentaire , indéter-
miné et long d'à peine un millimètre, lui sert de base. Sur ce rudiment
d'axe, quatre, six ou huit feuilles rudimentaires (réduites à leur stipule),
sont insérées, étroitement embrassées les unes par les autres, disposées sur
deux rangs opposes , et alternativement ouvertes en sens inverse, la pre-
mière, la troisième , la cinquième et la septième du côté de la feuille mère,
les autres du côté de l'axe primaire. Les feuilles rudimentaires de cette
dernière série sont toutes stériles. Celles de la première ont toutes un
SÉANCE DU lll JUIN 1854. /j7
rameau dans leur aisselle, un véritable rameau qui peut s'allonger, se
revêtir de feuilles vertes et se ramifier lui-même. Les deux, trois ou quatre
rameaux du bourgeon sont doue superposés les uns aux autres, dans une
même série, sur un même côté de l'axe rudimentaire, sur le côté qui regarde
l'axe primaire, etil est à remarquer qu'ils sont d'autant plus développés qu'ils
ris. 2.
Coupe transversale du nœud fotiai
1, la feuillu mère (a de la figure I); 2,
0, 7, feuilles mdimentuires du bourg
des mêmes chiffres dans lu li
; b. c, </, les rameaux
que'es
.r, l'axe primaire, .
geou (marqués dus mêmes lettres,
l'axe primaire, dans la ligure I .
'in in. h
;tiri' I :
lll l'Util
tisi qui
appartiennent à des feuilles rudimenlaires plus inférieures et plus éloignées
de la feuille mère. Le rameau inférieur rivalise quelquefois en longueur
avec l'axe primaire, tandis que le supérieur n'est souvent reconnaissablc
qu'aux rudiments de feuilles vertes dont il est accompagné. C'est dans ce
même ordre que se développent les bourgeons doubles ou triples qu'on
observe dans quelques plantes; mais il n'y a ici qu'un bourgeon, et le phé-
nomène qu'il présente ne peut être comparé qu'à ces bourgeons, jusqu'ici
peu étudiés, mais sans doute très fréquents, dont les écailles inférieures
jouent le rôle de feuilles mères et produisent ainsi des rameaux fasci-
cules.
\pres les feuilles alternes viennent, sur la tige de tout Potamot, deux
feuilles opposées, entre lesquelles l'axe inférieur se termine par une inflo-
rescence spicil'orme, deux feuilles opposées dont l'une est pourtant sensi-
blement inférieure a l'autre. Ces deux feuilles ont leur rameau axillaire,
dont l'un, plus fort et plus développé que l'autre, semble continuer l'axe
inférieur, jusqu'à une seconde dichotomie, où le même procédé pourra
continuer encore l'axe qui l'a précédé, de manière à former ce sembant
d'axe qui est en réalité formé de rameaux ajustés bout à bout, et auquel
on a donné le nom de sympode. Or, c'est le rameau supérieur favorise qui,
dans la généralité des Potamots, forme la charpente du symnode. Mais il
n'en est. point ainsi de toutes les espèces, et l'exception porte encore ici sur
les trois espèces que j'ai déjà citées pour leurs rameaux fascicules, /'. tri-
eh&ides, l\ pectinatusti P. fdi forints. Dans ces trois espèces, chose remar-
/|8 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
quable, c'est le rameau inférieur qui est favorisé et cjui fournit les éléments
do sympode.
Un dernier caractère essentiel à noter dans le Potamogeton trichoides, est
celui en raison duquel j'avais autrefois proposé le nom de P. monogynus, alors
que je croyais avoir affaire à une espèce nouvelle. Le P. trichoides est, en
effet, le seul Potamot qui , avec un périanthe et un androcée tétramères,
ait le gynécée réduit à un seul ovaire. Ce n'est point, comme dans beau-
coup de Potamots, la suite d'un avortement tardif qui arrête dans leur
développement quelques-uns des quatre ovaires, eu conservant leurs rudi-
ments sur le réceptacle de la fleur. Non , l'avortement est ici congénital et
l'ovaire normalement unique, quoique toujours excentrique , comme il
convient à une fleur destinée à quatre ovaires. Ce caractère est tellement
constant qu'après avoir examiné plusieurs centaines de fleurs, fraîches et
sèches, et dans tous les états, même dans le plus jeune bouton , je n'ai pu
enregistrer un seul exemple de fleur quadri- ou même tri-ovariée. Trois
exemples de fleur bi-ovariée ont été le seul fruit de la chasse que je fais
depuis vingt-deux ans aux anomalies florales du P. trichoides.
Il résulte de ce qui précède que le P. trichoides diffère profondément
du P. pusillusy dont il a le port et à côté duquel Chamisso le plaçait. Il en
diffère par ses rameaux fascicules à l'aisselle des feuilles alternes, par ses
dichotomies où c'est le rameau inférieur qui est favorisé , et enfin par ses
fleurs mouogynes. Ce dernier caractère le distingue en même temps de tous
les Potamots connus de moi. Les deux autres lui sont communs avec les
P. pectinatus et filiformis, dont pourtant il s'éioigue beaucoup par ses
stipules axillaires , libres en apparence et non pas longuement soudées
avec le limbe de la feuille.
Dans le fruit du P. trichoides, une bosse très sensible se fait remarquer
a la base de. l'angle axile. C'est encore là un caractère essentiel de notre
plante et le seul dont Chamisso ait eu connaissance.
M. Germain de Saint-Pierre t'ait à la Société la communication
suivante :
SUR LA STRUCTURE DE L'ÉPILLET ET DE LA FLEUR DANS LA FAMILLE DES GRAMINÉES,
par M. E. GERMAIN DE SAINT-PIERRE.
Il suffit saus doute pour qu'un fait ou l'explication d'un fait soient acquis
à la science, que ce fait ait été signalé et décrit, que cette explication soit
juste et ait été clairement exposée ; mais il ne suffit pas toujours qu'un fait
soit acquis à la science pour qu'il ait cours dans la science. Bien souvent, au
contraire, soit routine, soit indifférence, l'observation signalée passe ina-
perçue, et l'on n'en tire aucun avautage, jusqu'à ce que de nouveaux obser-
SÉANCE DU l/l JUIN 1854 . A9
vateurs, arrivant au même résultat, développent les mêmes idées, les ap-
puient de nouvelles preuves et les lassent enfin passer dans le domaine public.
Jusqu'à Turpin, la structure de l'épillet chez les Graminées avait été
inexactement interprétée. Dans son mémoire sur l'inflorescence des Grami-
nées (Mém. du Mus. dldst. nat., vol. V, p. 426), cet ingénieux observateur
démontra que l'écaillé inférieure, attribuée avant lui à l'axe de la fleur, ap-
partient à l'axe de l'épillet. Cette opinion a reçu depuis la sanction impo-
sante de Kunth (1) ; cependant nous voyons encore la plupart des descrip-
teurs toujours pénétrés de cette idée que la glumelle inférieure est une
dépendance de la fleur et appartient au même axe qu'elle. Nous voyons
d'autre part les maîtres de la science qui ont résumé les opinions des organo-
graphes admettre (Auguste de Saint-Hilaire, Morphologie végétale, p. 289),
par exemple, que chez les épillets pluriflores, il existe des axes de deux
degrés, mais que chez les épillets unifiores, il n'existe qu'un seul et même
axe pour les glumes et pour la fleur. Nous voyons M. Adr. de Jussieu (Cours
élémentaire, p. 568) assimiler aux glumes les glumelles inférieure et supé-
rieure, comparer leur ensemble à un involucre, puis déclarer que la réunion
des deux glumelles constitue, avec les organes sexuels qu'elles renferment,
une vraie fleur. Nous voyons, d'autre part, Endlicber, dans son Enchiri-
dion (postérieur à son Gênera), considérer l'axe de l'épillet comme complè-
tement dépourvu de bractées; selon cet illustre phytologue, d'ordinaire si
judicieux, les fleurs s'insèrent sans bractée sur l'axe de l'épillet, et chaque
fleur est pourvue sur son axe propre de deux bractées (glumelles inférieure
et supérieure, qu'il nomme paillettes, paleœ) ; il pense que les deux glumes
situées à la base de l'épillet sont de la même nature que les glumelles, mais
il regarde chacune comme une fleur stérile réduite à une seule glumelle ou
paillette (2).
(1) Et celle de M. Hugo Mohl. — Kunth, dans le travail [Eandbuch der Botanik.
Berlin , 1831) où il admet l'opinion de Turpin sur la nature de la glumelle
infériem'e, présente relativement aux glumellules une idée qui ne paraît pas
devoir être adoptée; il considère les glumellules comme étant une ligule bifide
appartenant à la glumelle supérieure. L'existence de trois glumellules chez cer-
taines Graminées semble rendre cette opinion inadmissible ; Kunth pense cependant
pouvoir expliquer ce fait par un dédoublement. — Turpin considérait à tort les
glumellules comme n'étant autre chose que des ovaires abortifs.
(2) Endlicber s'exprime ainsi (Enrhirid. bot., p. 55) : « ... Flores... infimi...
stériles... ad bracteam anticam communem spicidœ spatham (glumam) consti-
tuentem redacti. » l'our appeler les glumes inférieures fleurs stériles, il faut con-
sidérer ces glumes comme faisant partie de la fleur ; sans cela, au lieu de /leurs
stériles, il faudrait dire bractées stériles, fleurs nulles. Or, si ces bractées appar-
tiennent à la fleur, elles ne sauraient appartenir à l'axe de l'épillet qui porte les
fleurs; et cet a\e se trouve dépourvu de bractées. Telle est la conclusion qui me
semble ressortir de la description d'Endlicher.
fit) SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
L'étude attentive d'un grand nombre d'épillets chez les Graminées qui se
présentent accidentellement à l'état anormal, dit état prolifère, m'a démontre
que, chez tous les épillets, qu'ils soient uni flores ou qu'ils soient plurillores,
il existe des axes de deux degrés ; que la glumelle inférieure de chaque
Heur appartient à l'axe de l'épillet au même titre que les glumes stériles qui
occupent la base de l'épillet; que chaque fleur naît sur l'axe de l'épillet à
l'aisselle d'une bractée, qui est précisément cette glumelle inférieure : enfin,
que l'axe de chaque Heur ne porte que la glumelle supérieure (dite glu-
melle bicarénée), les glumellules, et les organes de la fructification (l).
Déjà, dans mon Dictionnaire raisonné de Botanique (article Glumf,
I» 602), j'ai abordé la question de lastructurede la fleur chez les Grami-
nées. ,ie me propose de donner ici quelque développement aux mêmes idées
par l'exposition du phénomène qui se présente chez les épillets vivipares.
■ — .le laisse en dehors de cet examen la nature de la glumelle bicarénée: je
démontrerai seulement que, dans tous les cas, cette pièce n'appartient point
a l'axe de l'épillet et appartient a l'axe de 1 1 Heur. Doit-on la nommer
bractée ou calice incomplet? je n'attache que peu d'importance a l'adoption
de l'une ou de l'autre de ces deux dénominations ("2). — L'épillet vivipare
chez le Poa alpina, par exemple (3), se compose d'un axe indéfini chargé
(1) Les axes floraux étant en général 1res fragiles au niveau de cerlaines inser-
tions chez les Graminées, il en résulte (pie chaque fleur entraîne une portion de
l'axe de l'épillet, ci sur ce fragment 1res court de l'axe, la bractée à l'aisselle de
laquelle est située la fleur. Le pédicelle de la fleur étant lui-même d'une extrême
brièveté, il en résulte que la bractée ou le sépale (glumelle bicarénée) appartenant
à la Heur, se trouve situé à peine plus haut que la bractée insérée sur le fragment
d'axe de l'épillet et en face de cette bractée. Ce rapprochement des diverses partie-.
cl celle caducité de l'ensemble constitué par un fragment (l'épillet et une fleur,
expliquent très bien que cet ensemble ait dû être pris pour une fleur, et que l'on
ail considéré comme les doux valves d'un même système de bractées ces feuilles
d'axes différents. Mais l'erreur reconnue doit être rectifiée dans le langage comme
dans la théorie.
(2-) Dans une communication précédente, M. le docteur E. Cosson a exposé des
faits pleins d'intérêt relatifs à la structure de la glumelle bicarénée qu'il considère
comme une seule et même pièce bifide, et non comme le résultat de la soudure de
deux pièces collatérales. Kuntb [Inc. cil.) a émis la même opinion sur la structure
de la glumelle bicarénée, dont il considérait aussi les deux nervures comme une
même nervure divisée originairement par la pression exercée par l'axe contre la
glumelle.
(u) ha transformation des épillets en rameaux ou bourgeons foliacés, qui constitue
die/, les Graminées i'état dit vivipare, s'observe fréquemment dans le genre l'un.
Le /'. bulbosu, commun aux enviions de Paris, présente presque constamment cef
♦'fat anormal. J'ai rencontré particulièrement encore à cet état le /'. alpina pi le
/'. ucnntriilis.
SÉANCE DU l/l JUIN 1854. 51
de feuilles échelonnées en une spirale, plus ou moins comprimée. Les deux
feuilles les plus inférieures de cette spirale sont de consistance scarieuse et
ne prennent pas la forme foliacée ; elles n'émettent pas de bourgeon à leur
aisselle. Les deux feuilles qui continuent immédiatement la spirale au-
dessus des précédentes sont demi-scarieuses, demi-herbacées; elles présen-
tent chacune une (leur à leur aisselle. Les feuilles situées au-dessus de ces
feuilles fertiles, et qui continuent toujours la même spirale, sont complète-
ment herbacées et ne diffèrent en rien des feuilles d'une jeune tige; elles ne
présentent pas de Heur à leur aisselle. Enfin les feuilles les plus supérieures
de la spirale, déplus en plus jeunes, constituent, à l'extrémité de l'axe, un
bourgeon terminal destiné à l'accroissement indéfini du rameau ; cet épillet-
rameau, s'il est placé dans de bonnes conditions (c'est-à-dire dans un milieu
humilie), produira des racines à sa base, et si, par le fait de sa désarticula-
tion ou de la situation couchée de la tige mère, il se trouve en contact avec
le sol, il deviendra une plante distincte qui, l'année suivante, se terminera
par une inflorescence.
Dans les deux feuilles scarieuses qui occupent la base de notre épillet
vivipare, il est facile de reconnaitre les deux bractées stériles que nous
avons mentionnées sous le nom de glumes. — Cependant, d'après l'opinion
émise par Kncllieher sur la structure de l'epillet normal, l'axe de l'épillet
non vivipare ne porte pas de bractée; les Heurs naissent sans bractée de
l'axe de l'épillet. Si cette opinion était l'expression de la vérité, comment
trouverions-nous l'axe de l'épillet vivipare chargé d'une spirale de feuilles
qui continue la spirale commencée par les deux glumes? Serait-ce donc
que des feuilles, latentes a l'état normal, auraient fait, apparition dans ce
cas tératologique? On pourrait le penser, si les fleurs situées à l'aisselle de
ces feuilles avaient le même nombre de parties que l'ensemble appelé lleur
par Kndlicher chez un épillet non vivipare; mais l'examen des fleurs si-
tuées à l'aisselle des feuilles de l'épillet vivipare va nous démontrer qu'il
n'en est pas ainsi.
Isolons l'une de ces Heurs, et nous allons voir que lorsque nous aurons
laissé sur l'axe de l'épillet la feuille à l'aisselle de laquelle cette Heur s'est
développée, au lieu de deux glumelles, elle n'en présente qu'une, qui est la
glumelle supérieure diteglumelle bicarénée. Qu'est donc devenue la glu-
melle inférieure ou externe dite glumelle unicarénée? On l'a déjà compris,
e'est la bractée à demi transformée en feuille, à l'aisselle de laquelle la Heur
est située manifestement. Cette bractée, au lieu d'appartenir à l'axe de la
lleur, appartient donc à l'axe de l'épillet.
Les bractées foliacées, ou feuilles situées plus haut sur l'axe de l'épillet
prolifère, sont stériles ; la fleur que chacune de ces bractées aurait portée a
son aisselle, si l'épillet eût été normal, ne s'est pas développée (ainsi qu'il
arrive du reste normalement pour la fleur terminale chez un grand nombre
52 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
de genres); par compensation ou balancement organique et par surabon-
dance d'énergie, les bractées, au lieu d'être courtes, scarieuses, réduites à
la partie qui représente la gaine de.la feuille, sont devenues foliacées et sont
pourvues d'un limbe, et l'axe de l'épillet, au lieu de se terminer par épui-
sement, s'est prolongé en un rameau feuille.
Chez les Graminées dites vivipares, c'est donc l'épillet qui est vivipare,
et non la fleur. Loin de prendre de l'extension et de subir la transforma-
tion foliacée, les fleurs sont aborlives ou nulles, et ne participent au phéno-
mène que négativement par le fait de leur avortement (1).
D'après ces considérations sur les épillets vivipares, considérations forti-
fiées par l'examen d'une série d'épillets chez lesquels l'anomalie, d'abord
nulle, puis à peine sensible, acquiert ensuite son plus haut degré d'intensité;
d'après ces considérations, nous uous croyons fondé à considérer comme
en dehors de la fleur laglume inférieure ou externe, et à réserver exclusi-
vement le nom de fleur à l'ensemble des pièces qui sont situées sur les axes
secondaires nés à l'aisselle des bractées, ensemble floral dont la pièce infé-
rieure est la glumelle bicarénée. — De ces considérations, il résulte aussi
que chez les Graminées qui manquent de glumes stériles, on ne doit pas
voir des organes de moins, mais des organes de plus; en effet, chez les
Lolium, il existe une seule glume stérile, non pas parce que l'autre glume a
avorté, mais parce que cette glume est devenue fertile en produisant une
fleur à son aisselle.
Voilà donc un élément de plus à décrire à l'occasion de l'axe de l'épillet
et un élément de moins à décrire à l'occasion de la fleur. — Ce qu'on en-
tendait par glumelles renfermant des organes de deux ordres bien distincts
et appartenant à deux axes différents, le nom de glumelle ne saurait être
conservé, à moins qu'on ne l'applique exclusivement à ce qui constitue la
glumelle bicarénée.
Quant à l'ancienne glumelléVinférieure, externe ou unicarénée, que nous
savons maintenant être une bractée insérée directement sur l'axe de l'épillet,
et qui émet la fleur à son aisselle, on ne peut, si l'on conserve l'ancienne
nomenclature, que lui appliquer le nom de glume fertile, par opposition au
nom de glumes basilaires stériles donné aux deux bractées stériles de la
base de l'épillet.
Mais au lieu de modifier encore l'ancienne synonymie (2) des parties de
(1) La phrase par laquelle on caractérise le fait dans les ouvrages descriptifs
(Koeh., Flor. Germ.): « ... Floribus in gemmas foliaceàs mutatis,» doit être
remplacée par celle-ci : Spiculis in gemmas foliaceàs mutatis, floribus abortivis.
(2) Il est regrettable que la connaissance de celte synonymie si confuse soit né-
cessaire pour l'intelligence des divers auteurs qui ont décrit les Graminées. Je n'ai
employé à dessein dans cet article que les expressions de (ilumes, Glumelles et
SÉANCE Dl' 14 JUIN 1854. 53
l'épillet et de la fleur, déjà si chargée dans la famille des Graminées, syno-
nymie qui date d'une époque ou une différence de forme et de consistance
suffisait pour prétexter des noms dissemblables attribués à des organes de
nature identique, ne vaudrait-il pas mieux renoncer à toute cette nomen-
clature spéciale, et appliquer les termes généraux de bractées inférieures ou
basilaires stériles, ou bractées involucrales inférieure et supérieure, poul-
ies deux glumes, bractée fertile ou bractée florale pour l'ancienne glumelie
inférieure ou externe, et bractées supérieures stériles pour les bractées ter-
minales ne portant pas de fleur à leur aisselle (anciennement : fleurs rudi-
mentaires). — Le nom de calice peut être adopté sans inconvénient pour la
glumelie bicarénée, — et le nom de corolle pour les glumellules. — On
éviterait aiusi sur ce point toute confusion à l'avenir, et la description des
plantes de la famille des Graminées deviendrait aussi logique qu'intelli-
gible.
M. Duchartre fait observer que M. Hugo Mohl a déjà publié en
1845, dans Le Botanische Zeitung , un mémoire sur la forme vivipare
du Poa alpina, et est arrivé à des conclusions semblables à celles de
M. Germain de Saint-Pierre.
M. Germain de Saint-Pierre répond qu'il croit avoir bien fait de
communiquer à la Société le résultat de ses observations, attendu que
plusieurs auteurs ont persisté à admettre des idées contraires à celles
qu'il vient d'exposer, même depuis la publication du travail de
M. Mohl, dont d'ailleurs il n'avait pas connaissance. Il s'estime heu-
reux de s'être rencontré, dans ses conclusions, avec ce savant phy-
siologiste.
M. Brongniart dit qu'une opinion analogue à celle que M. Germain
de Saint-Pierre vient d'exprimer lui paraît être généralement admise
par les botanistes qui n'ont pas envisagé les Graminées seulement
au point de vue delà description. L'erreur que M. Germain de Saint-
Pierre combat a été commise surtout parles botanistes descripteurs,
Glumellules, qui étaient les plus rationnelles d'après l'idée que l'on se faisait de la
structure de l'épillet et de la fleur. Cette terminologie est celle de notre Flore ries
environs de Paris.
Les Glumes ont été désignées par divers auteurs sous le nom collectif de Glume
et de Lépicène, et leurs deux pièces sous le nom de valve inférieure et de valve
supérieure. — Les C.lumellcs (notre glume fertile et la glumelie bicarénée) ont été
désignées sous le nom collectif de Baie, de Glume (lîich.) et de Calice (Lin.), et les
deux pièces sous le nom de Paillettes. — Les Glumellules ont été désignées sous le
nom collectif de Corolle (Linn.), et les deux ou les trois pièces sous le nom de f'.i-
léoles (Rien.), Squamules, et Lodicules.
hli SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
et d'ailleurs il peut être bon de conserver les dénominations en usage,
pourvu que l'on s'entende bien sur le sens qu'il faut y attacher.
M. Gay ajoute que ce n'est pas chez les descripteurs que l'on
doit chercher la solution des questions d'organôgraphie et de phy-
siologie.
M. Germain de Saint-Pierre répond que plusieurs organographes
éininents sont arrivés à des conclusions différentes des siennes, et
que, quant aux auteurs de Flores, leur manière de décrire et les
termes qu'ils emploient sont loin d'être indifférents. Un ne saurait
trop; en effet, s'efforcer de donner aux ouvrages descriptifs la plus
grande précision organographique, et, dans le cas dont il s'agit, il
est à désirer que l'on cesse d'attribuer la même valeur à la bractée,
à l'aisselle de laquelle naît la (leur, et à la bractée ou même au calice
inséré sur le pédieelle de la Heur.
M. Weddell donne lecture de la note suivante :
NOTE SUR LE WOLFFIA MICHELII, Schleiden (Lemna arrhisa, 1..), par M. WEDDELL.
Un de nos confrères, M. Tulasne, m'a communiqué dernièrement des
échantillons de Lemna arrhiza recueillis par lui aux environs de Tours,
dans le vieux lit du Cher. La découverte, d'une localité nouvelle et d'une
étendue considérable, pour la plus rare de nos plantes aquatiques, m'a sem-
blé digne d'être signalée a la Société, puisqu'en permettant d'étudier cette
espèce dans des conditions plus variées peut-être qu'on ne l'a fait jusqu'ici,
elle nous donne lieu d'espérer qu'on pourra compléter son histoire par l'ob-
servation de ses (leurs. Cette circonstance seule suffirait sans doute pour
appeler l'attention sur le Lemna arrhiza ; niais je puis ajouter ici que, de
quelque côté que l'on envisage ce singulier petit végétal, on découvre dans
sa manière d'être quelque chose d'exceptionnel. Que l'on considère, par
exemple, sa taille, on la trouve inférieure de beaucoup à celle de la plus
petite plante phanérogame de la Flore européenne. Qu'on l'étudié organo-
grapbiquement , on verra qu'au milieu de cent mille plantes obligées de
pourvoir, par elles seules, a leur nutrition, elle seule, pour ainsi dire, ne
présente jamais de traces de racines. Qu'on l'examine enfin anatomique-
ment, et l'on trouvera que, tout en siégeant parmi les plantes dites vaseu-
laires, elle ne contient, aucune trace de vaisseaux. C'est, bien la plante
phanérogame réduite a sa plus simple expression; et il serait difficile peut-
être de trouver où mieux placer (pie dans ce point végétant le trait d'union
des végétaux supérieurs avec les plantes cellulaires proprement dites.
Le peu que je viens de dire du Lemna arrhiza explique comment il a
passé, aux yeux de tant de botanistes, pour un être incomplet ou pour un
SÉANCE DU IA JUJN LSÔ/l. 55
état rudimentaire de quelque autre espèce de Lemnacées. Il suffit cependant
de jeter un coup d'œil sur son mode particulier de végétation, pour acqué-
rir la conviction qu'il constitue bien une entité. C'est ce qu'avait fait
Micheli dès le commencement du siècle dernier; aussi, dans le Nova plan-
tarum gênera de cet auteur, trouvons-nous la plante qui nous occupe
figurée comme une espèce particulière, sous le nom de Lenticula omnium
minima. Dans ce siècle enfin, plusieurs mémoires étendus sur l'anatomie et
le développement du Lemna arrhiza ont levé, chez ceux qui en ont pris
connaissance, tous les doutes qui subsistaient encore sur ce sujet. Il y a
plus : Khrenberg ayant rapporté d'Egypte une nouvelle Lemnaeée sans
racines comme la nôtre, mais pourvue de fleurs, M. Scbleiden, auquel les
échantillons en furent communiqués, ne tarda pas à reconnaître en elle le
type d'un nouveau genre qu'il appela Wolffia, et auquel il rattacha le
Lemna arrhiza sous le nom de Wolffia Michelii. Les observations que j'ai
publiées en 1849, sur une troisième espèce de Wolffia, observée par moi au
Brésil, confirment pleinement les vues de M. Schleiden relativement à la
place qui doit être assignée au Lenticula omnium minima de Mieheli. .le
dirai ici que les figures que j'ai données du Wolf/ia brésilien, dont la taille
est environ de moitié plus petite que celle du Wolffia d'Europe, ayant ete
faites sur des individus desséchés auxquels j'ai dû rendre de la souplesse par
l'immersion dans l'eau bouillante, laissent un peu a désirer sous le rapport
de la connexion dès cellules; c'est ce dont je crois m'être convaincu par
l'étude récente que j'ai faite du 11. Michelii. Les points essentiels de la
structure de la plante y sont cependant fidèlement retracés. Le tissu du
Wolffia brasiliensis m'a présenté un caractère remarquable: toutes ses
cellules sont gorgées de fécule qui disparaît avec le développement du
fruit, auquel ce tissu forme, pour ainsi dire, une sorte de périsperme sup-
plémentaire. Je pensais qued'autres espèces de Lemnacées, et en particulier
le Wolffia Michelii, pourraient également contenir de la fécule, maisje me
suis convaincu du contraire. Ce caractère remarquable semble être particu
lier à l'espèce brésilienne.
Ceux qui voudraient se faire une idée complète du mode de développe-
ment et des organes reproducteurs du Wolffia, et en particulier des espèces
qui font le sujet de cette communication, devront consulter le mémoire du
docteur J.-F. Hoffmann, dont il aétédonné une traduction dans le XIV vo-
lume de la deuxième série des Annales tics sciences naturelles, et la mono-
graphie de cette famille publiée dans le volume précédent, ainsi que mes
observations sur le Wolffia brasiliensis, insérées dans le XIIe volume de la
troisième série du même recueil.
Pour terminer, je ferai remarquer que les individus du II olffia Miche-
lii, recueillis par Ri. Tulasue, croissaient en société avec les Lemna minor
et trisulca et le Lemna (Spirodela) polyrrhiza. Hoffmann, dont les études
56 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
sur cette plante ont été faites en Hollande, a constaté en effet qu'elle se pré-
sente toujours flottant au milieu d'individus d'autres espèces de la même
famille. Il ajoute que le Lemna minpr est la seule des Lemnacées que l'on
rencontre quelquefois entièrement seule, mais je ne puis être de son avis sur
ce point, car il n'est pas une seule des quatre espèces qui croissent habi-
tuellement aux environs de Paris, que je n'aie eu occasion d'y trouver na-
geant sans mélange dans les eaux qui la nourrissaient. Cela est surtout vrai
pour les Lemna minor et trisulca et pour le Lemna (Telmatophace) gibba.
Dans l'Amérique du Sud, où j'ai observé trois Lemnacées, je ne les ai ja-
mais vues non plus mélangées. Quant au Wolffia Michelii , on peut sup-
poser qu'étant dépourvu des racines qui permettent aux autres espèces de
résister, jusqu'à un certain point, à l'action des vents, il ait besoin de l'ap-
pui qui peut lui être prêté par les autres plantes. Aussi, quand, aux appro-
ches de l'hiver, les frondes des autres espèces se trouvent privées de leurs
racines, les voit-on halayées de la surface des mares ou bien être préci-
pitées au fond, lorsque l'organe qui leur sert en quelque sorte de quille
vient à manquer sous elles (1).
M. Weddell ajoute quelques détails sur les caractères distinetifs
des genres Wolffia, Lemna et Telmatophace.
M. Gubler présente à la Société son Mémoire sur le nanisme dans
le règne végétal, publié dans les Comptes rendus de la Société biolo-
gique, et donne communication des conclusions auxquelles il est
arrivé.
M. Duchartre fait à la Société la communication suivante :
SUR LES PRÉTENDUES STIPULES DES ARISTOLOCHES, par M. P. DUCHARTRE.
Plusieurs espèces d'Aristoloches présentent, à l'aisselle de leurs feuilles,
un organe foliacé que les botanistes ont regardé comme une stipule intra-
foliacée. Je crois que cette feuille axillaire n'est pas une stipule, et l'examen
de ce qui existe chez Y Aristolochia Sipho va me permettre, j'ose l'espérer,
d'établir sur des faits précis mon opinion, a l'appui de laquelle l'étude de
plusieurs autres espèces me fournira de nouveaux arguments.
(1) Le Wolffia Michdii a été trouvé par M. Sagol, en 1851, dans une mare près
la Perrière , commune de Brosses , arrondissement d'Avallon, département de
l'Yonne.
La même plante a été découverte depuis 1847 en quatre localités des environs
de Breslau, en Silésie, par un botaniste de celte ville, le docteur Milde ; elle a aussi
été récoltée par Welwitsch à Villa-Nova et à Arentella, dans l'Estramacmïe portu-
gaise. (Note communiquée par M. Gay.)
SÉANCE DU lk JUIN 1854. 07
A l'aisselle des feuilles de V Aristolochia Sipho, L'Herit. , il existe plusieurs
bourgeons rangés en file les uns au-dessus des autres. J'en ai vu le plus
ordinairement trois, quelquefois deux seulement, souvent quatre ou cinq,
et jusqu'à six sur des pieds vigoureux. Ces bourgeons sont coniques, chargés
de poils blancs. Ils se cachent d'abord sous la base très élargie du pétiole;
ensuite cette base, écartant les deux côtés de son sillon médian, en laisse
sortir l'extrémité blanche de poils , et la feuille en s'étalant en augmente la
saillie. Quand la feuille est tombée, les bourgeons axillaires se montrent
totalement à nu, sur une petite console entourée par la cicatrice de la feuille.
Ils sont alors inégaux : le supérieur est le plus gros, l'inférieur est le plus
petit, et les intermédiaires en position le sont également en grosseur. Les
bourgeons supérieurs doivent donner des rameaux feuilles; celui ou ceux
placés plus bas produiront chacun une fleur. Quelquefois trois bourgeons se
développent dans une même aisselle; on y voit alors : tantôt deux pédon-
cules superposés, terminés chacun par une fleur, avec un rameau feuille
superposé à ces pédoncules; tantôt un pédoncule et deux rameaux super-
posés. Souvent il ne se développe qu'un pédoncule florifère avec un rameau
feuille, vigoureux au-dessus de lui ; dans ce cas, le pédoncule sort tantôt du
bourgeon inférieur, tantôt de l'intermédiaire. On retrouve facilement celui
qui est resté endormi. Enfin, les productions qui naissent dans la même
aisselle peuvent être nombreuses. Ainsi , dans un cas, j'ai vu se succéder,
du bas vers le haut, ou de la feuille mère vers l'axe : 1° un bourgeon
conique non ouvert; 2° deux pédoncules florifères superposés; 3° un
bourgeon conique assez gros, mais fermé; 6° un rameau feuille resté très
court, mais portant une grande feuille et un bourgeon terminal; 5° un se-
cond rameau feuille très vigoureux. Il avait donc existé à cette aisselle six
bourgeons dont quatre s'étaient développés, tandis que les autres étaient
restés fermés.
Il peut arriver que la branche qui a donné ces diverses productions a
l'aisselle de ses feuilles continue de végéter et de s'allonger, ou bien
qu'affamée par la vigueur d'un rameau axillaire, elle s'arrête et s'oblitère
entièrement. Dans le premier cas, on voit une fausse dichotomie formée par
la branche mère et le rameau axillaire ; sous celui-ci se montrent la fleur
ou les fleurs, et enfin la feuille mère. Dans le deuxième cas, le rameau
axillaire forme, mais un peu angulairement, la continuation de la branche,
et il semble n'exister sur ce point qu'une fleur axillaire; mais, à la base de
cette fausse continuation, du côté opposé de la fleur, une cicatrice arrondie
révèle l'usurpation opérée par le rameau, au détriment de la branche dont il
a déterminé la mort.
Les pédoncules de Y Aristolochia Sipho méritent d'être examinés avec
attention. Chacun d'eux se présente ordinairement comme un rameau grêle
pourvu d'une feuille et terminé par une fleur. Cette feuille est une bractée
58 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FKAKCE.
sessilé, sèche cl presque scarieuse, toujours opposée a la branche mère,
c'est-à-dire placée sur le côte externe du pédoncule, ou, en d'autres termes,
superposée à la feuille mère, dans l'aisselle de laquelle celui-ci a pris
naissance.
Les prétendues stipules de plusieurs Aristoloches sont situées à l'aisselle
même des feuilles. Je ne sache pas qu'on ait signalé rien de tel chez VArië-
tolochiu Sipho* Cependant, lorsqu'on examine la hase même du pédoncule
de celle-ci, on remarque à son côté interne ou tourné vers la branche, une
petite feuille sessile, scarieuse, uervée longitudinalement, velue, ployée en
gouttière vers l'extérieur. Seulement cette petite feuille se dessèche de
bonne heure, après quoi elle se détache par sa base et tombe le plus souvent.
Le pédoncule de VAristoiockia Sipho est donc un rameau florifère,
pourvu de deux petites feuilles distiques, l'une basilaire et interne, l'autre
élevée de "1 ou 3 centimètres et externe ou située au-dessus de la feuille
mère.
Quant aux rameaux feuilles, ils présentent des faits semblables: la feuille
qui termine leur premier entre-nœud apparent est externe comme l'est la
grande bractée du pédoncule; mais, a la base du rameau, et dans l'angle
formé par lui avec la branche mère, se montre une petite feuille entière-
ment semblable à celle que j'ai signalée à la base même du pédoncule.
Les rameaux axillaires feuilles se comportent donc comme les pédoncules;
ils ont également une feuille basilaire adossée à l'axe, et leurs feuilles
étant distiques, la seconde se trouve du côte externe ou se montre super-
posée a la feuille mère.
Ceci établi pour l'Aristoloche Siphon , il me semble facile d'en déduire
quelle est la vraie nature des prétendues stipules qu'offrent certaines
Aristoloches. Ce n'est et ce ne peut être, je crois, que la première feuille
d'un rameau nxillaire ; et, comme cette feuille occupe toujours le côté de ce
rameau qui regarde l'axe, cette prétendue stipule se trouve nécessairement
dans Fais elle même, c'est-à-dire qu'elle est intiaaxillaire ou inlrn-foliacéc.
Il ne faut donc pas s'étonner de la voir souvent séparée de la feuille par
l'interposition d'un ou plusieurs rameaux soit fleuris , soit feuilles. Cette
situation, qui serait si singulière pour une vraie stipule, est, au contraire,
toute naturelle avec plusieurs bourgeons dans chaque aisselle, et avec la
place a laquelle nous avons vu la première ou les deux premières leuilles
des rameaux produits par ces bourgeons.
Beaucoup d'espèces d'Aristoloches, la plupart même, manquent absolu-
ment de toute production foliacée axillaire. Même chez des espèces ou les
prétendues stipules existent d'ordinaire, on les voit ou varier de grandeur
ou manquer assez souvent. Cette absence tient à deux causes : 1u tantôt
la petite feuille basilaire du rameau avorte complètement : ce fait est alors
analogue a celui des plantes chez lesquelles le pédoncule est constamment
séance Di 14 .il;ja L85/i. 59
dépourvu de bractée ; *2" tantôt le premier entre-nœud du rameau axillaire,
dont l'extrême brièveté rend cette feuille basilaire dans la plupart des cas, s'al-
longe notablement: alors on ne voit plus de feuille basilaire, mais seulement
une bractée plus ou moins élevée sur le pédoncule et située sur celui-ci, du
côté qui regarde l'axe, ou s'il s'agit d'un rameau feuille, on voit la première
feuille située du même côté, et supportée par un entre-nœud plus ou moins
développé. C'est ainsi (pie, chez Y Aristoloclria bracieata, on a nommé
bractée une petite feuille de même configuration que les feuilles caiilinaîres,
et qui est attachée au pédoncule de la fleur solitaire a la hauteur de quelques
millimètres. Mais c'est là seulement la première feuille d'un rameau florifère,
car elle est placée du côté qui regarde la branche, comme l'est habituelle-
ment la première feuille des rameaux axiliaires des Aristoloches; en outre,
sur un échantillon de l'herbier de De Candolle, j'ai vu deux fois ce pédon-
cule devenir un vrai rameau à deux entre-uœuds pourvus l'un et l'autre de
leur feuille el de leur fleur.
Les Aristoloches, chez lesquelles on voit les prétendues stipules prendre
le plus grand développement, sont celles du beau groupe américain à très
grande fleur bilabiée, ainsi que celles également américaines que distin-
guent des feuilles trilobées et une fleur prolongée au sommet en une très
longue queue.
Ainsi, chez V Aristolochia macroura, Gomez, on voit, pour chaque ais-
selle et de dehors en dedans : i° une grande feuille mère trilobée; 2° le
pédoncule de la fleur; 3° un tout petit ramuledans lequel on distingue nette-
ment deux ou plusieurs petites feuilles déjà trilobées; 4° la grande foliole
réniforme qualifiée de stipule, adossée contre la branche. Le développement
de la fleur a probablement entravé et arrête celui du rameau; car, sur
certains échantillons, aux aisselles où il ne s'est pas produit de fleur,
un rameau s'est développé avec force, et la première feuille, restée
basilaire, a conservé la configuration ainsi que la place de la prétendue
stipule. Ailleurs on voit le bourgeon à fleur avorter ou rester rudimentairc;
le bourgeon du rameau lui-même ne prend qu'un faible développement;
mais sa feuille basilaire occupe la place qui lui appartient et prend à peu
près ses dimensions ordinaires. Ce fait n'a rien qui doive étonner; j'ai vu,
en effet, un rameau axillaire de Y Aristolochia Sipho développer une grande
feuille longue et large d'environ 10 centimètres, tout en restant lui-même
très raccourci et atteignant à peine un centimètre de longueur totale. Sur un
seul échantillon d'Ai'isto/.oc/iia macfowa, Gomez , j'ai observe deux feuilles
axiliaires reniformes, très inégales, reproduisant par conséquent un carac-
tère assigné par Gomez à son espèce. .Mais, entre ces deux fausses sti-
pules, on voyait le bourgeon du rameau qui était resté très petit, quoique
pourvu de plusieurs petites feuilles trilobées.
•l'ai observé une disposition analogue a celte dernière dans toutes les
fiO SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
aisselles d'un échantillon cT AristoloCkia ri/ujens. Des deux feuilles axil-
laires et réniformes, très inégales, qui s'y trouvaient, la plus grande était
adossée à la bronche mère , entre celle-ci et le pédoncule; la plus petite se
trouvait placée plus extérieurement , entre le pédoncule et la feuille, et elle
naissait à un niveau un peu plus élevé. Il me semble naturel d'admettre
que ces deux feuilles appartenaient au rameau-pédoncule, et qu'elles repro-
duisaient exactement ce qu'on voit chez Y Aristolochia Sipho.
Je pourrais multiplier ces exemples et montrer que, comme me l'a appris
une étude attentive, toutes les Aristoloches, déjà publiées ou inédites, chez
lesquelles il existe des feuilles axillaires, donnent lieu à des observations
entièrement semblables. Mais cet examen détaillé m'entraînerait beaucoup
trop loin, et n'aurait pour résultat que d'ajouter, peut-être sans néces-
sité, de nouveaux arguments à une démonstration qui me paraît déjà
complète.
Je crois donc pouvoir énoncer comme un fait général : que la feuille des
Aristoloches n'est jamais accompagnée d'une stipule, et que la prétendue
stipule intrafoliacée de ces plantes n'est rien autre chose que la première
feuille soit d'un rameau-pédoncule, soit d'un rameau feuille, soit enfin d'un
axe d'inflorescence.
Je ne dois pas oublier de dire ici que M. de Collegno a énonce, dès 1838,
une opinion analogue à celle que je viens de développer (Thèse botanique,,
in-^i", de 3 pages), mais sans l'appuyer sur une démonstration organogra-
pbique, comme j'ai essayé de le faire moi-même.
M. Gay fait remarquer, à cette occasion, que M. Lebel (de Valo-
gues) vient de publier, dans les Mémoires de la Société des sciences
naturelles de Cherbourg, un travail relatif à des bourgeons super-
posés (notamment chez les Lythrum) analogues à ceux qui se ren-
contrent chez les Aristolochiées.
M. Trécul présente à la Société la communication suivante, qui
complète celle qu'il a déjà faite dans la dernière séance :
DISPOSITION DES STIPULES ET DES FEUILLES DU NELUMBIUM CODOPHYLLUM ET
VÉGÉTATION SINGULIÈRE DE CETTE PLANTE, par M. A. TRÉCUL (suite).
Dans la dernière séance, j'ai eu l'honneur d'entretenir la Société de mes
observations sur la disposition si curieuse des stipules du Nelumbiun codo-
pkyllum; mais je n'ai rien dit. encore d'un phénomène non moins intéres-
sant qui s'y rattache intimement, et qui en explique l'anomalie. Je veux
parler de la disposition des feuilles particulière à cette plante. Cette distri-
bution des feuilles, toute bizarre qu'elle parait à la première vue, donne la
clef de la singulière organisation que j'ai décrite, quand on a à la fois sous
SÉANCE DU 1/» JUIN 185/j. 61
les yeux des piaules jeunes et des plantes adultes. Si l'on examine d'abord
ces dernières, ou voit que toutes leurs feuilles sont unilatérales ; toutes, en
effet, sont insérées a la face supérieure du rhizome. C'est assurément là une
anomalie non moins surprenante que la disposition de leurs stipules. Mais
si l'on porte son attention sur des plantes âgées seulement de quelques
mois, on reconnaît que les feuilles supérieures, c'est-à-dire les plus
jeunes, sont unilatérales comme celles des plantes adultes, et qu'elles sont
munies des trois stipules mentionnées dans la séance précédente. En prolon-
geant son examen du sommet du rhizome vers sa partie inférieure, vers le
fruit qui lui est encore attaché, on arrive à des feuilles qui De sont plus
unilatérales comme les supérieures, mais distiques; elles ont seulement la
stipule axillaire; les deux extra-foliaires manquent. C'est là que nous
devons trouver l'explication du phénomène si remarquable que nous offre
le Nelumbium.
Les feuilles les plus âgées (au nombre de quatre, peut-être quelquefois
plus) sont distiques, ai-je dit; les autres sont unilatérales : il y a donc, où
elles sont unilatérales, défaut de développement, avortement d'une partie
des feuilles. Quelles sont celles qui ont avorté? Quand les feuilles sont dis-
tiques, elles n'ont qu'une stipule axillaire; quand elles sont unilatérales,
elles ont chacune trois stipules, dont deux sont placées sur la tige plus bas
que la feuille près de laquelle elles sont insérées. Ces deux dernières stipules,
dont la position est anormale, dépendent donc de feuilles avortées. Telle est
au moins l'hypothèse probable. Mais ces deux feuilles sont-elles les seules
qui ne soient pas développées? Pour nous en assurer, comptons les organes,
ou plutôt plaçons par la pensée une feuille au-dessous de chacune des stipules
extra-foliaires, de manière à en faire des stipules axillaires; et voyons si
nous aurons un nombre suffisant pour obtenir des feuilles distiques, Des
deux stipules extra-foliaires, la plus élevée sur l'axe est celle qui est placée
derrière la feuille; il y aura donc, dans notre hypothèse, deux feuilles
placées immédiatement l'une après l'autre, sans feuille alternant avec elles
sur le côté opposé du rhizome. Il manque donc , au point intermédiaire,
à la face inférieure de celui-ci , au-dessus de la stipule extra- foliaire
qui est de ce côté de la tige, non seulement une feuille, mais sa stipule
axillaire.
Aucune des feuilles de la face inférieure, vers le sommet du rhizome, ne
s' étant développée, on comprend que cette feuille n'existe pas; mais pour-
quoi l'avortement de sa stipule? C'est que sa présence eût été nuisible. En
effet, alternant avec la feuille et la stipule qui est derrière, elle eût été,
dans le bourgeon, interposée entre la feuille et cette stipule. Cette dernière,
ne pouvant alors envelopper cette feuille, ne l'aurait pas protégée pendant
son accroissement au milieu de la vase, en grandissant autour d'elle. La
stipule supposée, au contraire, n'existant pas, la stipule extra-foliaire supé-
t. i. 5
()2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCK.
rieure peut s'appliquer immédiatement sur la feuille, l'embrasser et la pro-
téger après qu'elle est sortie du bourgeon.
Ces considérations semblent démontrer clairement que les stipules extra-
foliaires du Nelumbium codophyllum sont les stipules axillaires de deux
feuilles avortées, l'une à la face supérieure du rhizome, l'autre à la face
inférieure; mais que, de plus, une autre feuille et sa stipule ont aussi
manqué de se développer à cette même face inférieure de la tige , au-dessus
de la stipule qui existe de ce côté. Le rétablissement de ces trois feuilles
supposées avortées donne , en effet, des feuilles distiques, comme elles le
sont dans les plantes résultant de germinations récentes.
Il suit de là que la moitié des feuilles de la face supérieure du rhizome
manquent, et que toutes celles du côté opposé ne se sont pas développées.
Si , comme la discussion de tous ces faits semble le constater, ces trois
feuilles ont réellement avorté, chaque méiïthalle, en apparence simple,
serait en fait quadruple; il serait composé de quatre mérithalles, l'un infé-
rieur très long, quelquefois épais et charnu, et de trois autres excessive-
ment raccourcis, correspondant aux interstices qui séparent les stipules et
la feuille. Le dernier, le plus rapproché de celle-ci , ne serait même pas
accusé au dehors, puisqu'il n'existe de trace ni de la feuille, ni de la stipule
que ce mérithalle devrait surmonter.
Toutes ces anomalies que présente le Nelumbium codophyllum, loin
d'infirmer les lois de la phyllotaxie, en sont donc , au contraire, la confir-
mation.
M. Puel présente à la Société un échantillon dePolygowlum nud-
liflorum qu'il a trouve dans les bois de Meudon, et chez lequel la
troisième feuille caulinaire est le siège d'une curieuse anomalie :
Les bords de cette feuille sont soudés de telle sorte que la feuille pré-
sente l'aspect d'un sac ou d'une utricule, et Délaisse au sommet qu'une pe-
tite ouverture circulaire, à travers laquelle passent les extrémités des feuilles
terminales renfermées dans le sac. Sur cette feuille toutes les nervures
sont égales, la nervure moyenne ne présentant pas plus de saillie que les
autres.
M, Germain de Saint-Pierre, à qui 31. Puel a confié l'examen de
cette anomalie, expose :
Qu'ayant coupé transversalement la feuille à bords soudes, exactement
décrite par M. Puel, il a trouvé la portion de la tige renfermée dans le sac
à l'état suivant : la feuille (quatrième de la tige), qui se présente après la
feuille a bords soudés , est une feuille normale à bords libres, puis, chose
bizarre, la feuille suivante (cinquième delà tige), à part sa taille moins
SEANCE DL lll JUIN 1854. 0)3
grande, est semblable a la feuille extérieure anormale. Ses bords sont .sou-
cies de la même manière, et elle renferme à son tour la continuation du
bourgeon. Cette seconde feuille anormale contient la sixième feuille, ainsi
que la septième et dernière. Ces deux feuilles, qui occupent la partie supé-
rieure de la tige sont planes. Voila donc une curieuse alternance de
feuilles à bords soudés et de feuilles normales. Les feuilles étant presque
distiques chez cette plante, il en resuite que les deux feuilles à bords sou-
dés sont insérées du même côté de la tige. Les feuilles ne présentaient pas
de Heur à leur aisselle.
M. Gay demande pourquoi il ne s'agirait pas de feuilles soudées
deux à deux et non d'une feuille à bords réunis.
M. Brongniart dit que la solution de cette question se trouve dans
la disposition relative des feuilles supérieures et inférieures aux
feuilles soudées.
M. Germain de Saint-Pierre répond qu'il se fonde en efïet sur celle
disposition relative des feuilles, pour admettre une feuille à bords
soudés et non deux feuilles situées sur un même plan et soudées
entre elles. Dans l'échantillon en question, la feuille libre située
au-dessous d'une feuille soudée et la feuille libre située au-dessus
de cette même feuille sont situées au-dessus l'une de l'autre;
or, les feuilles du Polygonatum étant distiques, entre deux feuilles
immédiatement superposées, il ne peut se trouver qu'une seule
feuille qui alterne avec elles, et cette feuille. unique est précisément
la feuille a bords soudés en forme de sac ou d'utricule.
M. Germain de Saint-Pierre rapporte, à cette occasion, l'observa-
tion qu'il a faite récemment d'un individu anormal de Tulipa Gesnc-
riana qui s'est développé dans une plate-bande, parmi des pieds
normaux, au jardin du Luxembourg :
Chez cette plante, la feuille caulinaire, précédant la (leur, avait les bords
entièrement soudés; cette feuille semblait circulaire et présentait la même
forme générale que les feuilles en forme d'utricule du Polygonatum dont il
vieut d'être question. Il arriva que, la tige continuant à s'allonger, et le
bouton delà fleur ne pouvant se faire jour à travers la feuille à borda sou-
dés, cette feuille se rompit transversalement par l'effort progressif et continu
de la tige qu'elle renfermait. Cette tige présentait alors une gaine circulaire
formée par la base de la feuille brisée, et le boulon qui la terminait etail
coiffe comme d'un éteignoir par la partie supérieure entraînée de la même
feuille: celle forme accidentelle rappelait complètement la disposition do
Çalyptra qui recouvre l'urne des Mousses.
64 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANGE.
SÉANCE DU -28 JUIN 1854.
PRÉSIDENCE DE H. AU. BRONGN1ART.
M. de Schœnefeld, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de
la séance du 14 juin, dont la rédaction est adoptée.
Sur la présentation du Bureau, la Société admet au nombre de
ses membres :
MM. Masson (Victor), libraire-éditeur, place de l'Ecole-de-Médc-
cine, à Paris ;
Legoq (H.), professeur d'histoire naturelle de la ville de
Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) ;
Permond, pharmacien en chef de la Salpètrière, à Paris;
Leguay (Léon), inspecteur des jardins impériaux , rue du
Cherche-Midi, 17, à Paris;
Carlel (Théodore), au Musée d'histoire naturelle de Florence
(Toscane).
M. de Schœnefeld donne lecture de la lettre suivante qui est
parvenue au Secrétariat :
Clermont-Ferrand, 17 juin 1854.
Monsieur ,
Pendant un court séjour que je lis à Paris, au mois d'avril dernier,
M. Passy m'a entretenu du projet d'une Société Botanique qui devait être
établie sur les bases de la Société Géologique. Depuis cette époque je n'ai
plus entendu parler d'une association à laquelle je donnai alors verbale-
ment pleine et entière adhésion. Une lettre obligeante de M. Pue! m'ap-
prend aujourd'hui que la Société est constituée, et il veut bien m'exprimer
le regret de ne pas voir mon nom sur la liste des personnes adhérentes.
Quelle que soit la cause qui m'ait privé de recevoir les avis et les Statuts
de la Société, je viens vous prier, Monsieur, de m'insciïre parmi ses mem-
bres; et comme je suppose que le règlement est le même que ceux des
Sociétés Géologique et Météorologique, dont j'ai l'honneur de faire partie,
je vous demande le titre de membre à vie, et je vous adresserai prochaine-
ment le mandat de trois cents francs, si , comme je le présume, le règlement
ne met pas d'opposition à ce mode de cotisation si commode pour ceux
qui sont éloigués de Paris. Enfin, Monsieur, je vous prie encore de vouloir
bien insérer cette lettre au Bulletin, afin que mes honorables collègues
soient bien persuadés de mon empressement a m'associer à leurs travaux
séance ni 28 juin 1 8 5 /| . 65
et à contribuer, par tous les moyens qui sont en mon pouvoir, aux progrès
de la branche importante des sciences naturelles, qui a pour objet l'étude
des végétaux.
Recevez, etc., H. Lecoq,
Professeur d'histoire naturelle de la ville de Clërmont-Ferrand.
Conformément au désir exprimé par M. Lecoq, il est proclamé
membre à vie, et sa lettre sera insérée au Bulletin.
Dons faits à la Société :
1° De la part de la famille de feu M. Adrien de Jussieu :
Epistolœ Caroli a Linné ad Bernardum de Jussieu, ineditœ et mutuce
Bernardi ad Linnœum, curante Adriano de Jussieu. Cantabrigise,
Novae-Angliœ, 1854.
Une médaille de bronze récemment frappée en mémoire des botanistes
de la famille de Jussieu.
2° Par M. Duchartre :
Hevue botanique, années 1845 à 18/|7, 2 volumes.
Observations sur la fleur et plus particulièrement sur l'ovaire de
/'OEnothera suaveolens, 1847.
Observations sur l'embryogénie de la fleur, et en particulier de l'ovaire
chez les plantes à placenta central libre, 1844.
Note sur l'anatomie de /'Orobanche Eryngii, 1845.
Observations sur la Clandestine d'Europe (Lathraea Clandestina, L.),
18/(3.
Observations anatomiques et organogéniques sur la Clandestine d'Eu-
rope, 1847.
Note sur deux faits de tératologie végétale, 1844.
Note sur une monstruosité du Narcissus Corbuiaria tubeeformis,
Durieu, 1846.
Note sur /'Hypopitys multiflora, Scop., 1846.
Observations sur l'organogénie florale des Cary ophy liées, 1846.
Observations sur l'organogénie de la fleur dans les plantes de la famille
des Malvacées, 1 845.
Observai ions siœ V organagénie florale et sur l'embryogénie des Nycta-
ginées, 1848.
Mémoire sur les embrgons qui ont été décrits comme polycotylés.
Note sur les feuilles ramifèrPS des Tomates.
66 SOGIÊTÉ ïtOTAMOlE DE FRANCK.
> Par M. Trécul!
Nouvelles observations relatives à l'accroissement en diamètre des
arbres dicotylédones, 1853.
Formation des vaisseaux (filets radiculaires de quelques auteurs) au-
dessous des bourgeons, soit adventifs, soit normaux, isolés par des
décor t i cations , 1 S 5 3 .
Mémoire sur le développement des Loupes et des Broussins envisages
au point de vue de l'accroissement en diamètre des arbres dicoty-
lédones.
Mémoire sur la formation des perforations (pie présentent le* feuilles
de quelques Aroïdées.
Mémoire sur la formation des feuilles.
h Par M. Eugène Michalet, de Dole :
Noté sur quelques plantes récemment observées dans te département du
Jura et le pays de Gex. Besançon, l85ft.
5° Par M. Léon Soubeiran :
Une lettre autographe de feu l'ose, son aïeul maternel, en date du
11 août 1818.
(V1 De la part de M. II. Lecoq, de Clermont-Ferrand :
/{tudes sur la géographie botanique de l'Europe, et en particulier sur
la végétation du plateau central de la France, tome I, 1854.
M. le Président donne lecture de l'extrait suivant d'une lettre
qu'il a reçue de M. Godron, recteur de l'Académie du Doubs :
Besançon, l/i juin 185/|.
Monsieur. Pendant, votre séjour à Besançon, vous m'avez hiâiiifesté
l'intérêt que vous portiez aux expériences que j'ai entreprises dans le luit
• le reproduire, par la fécondation artificielle, WFgilops, triticoides, et de
donner le caractère d'une démonstration complète à l'opinion que j'ai
émise sur l'origine de cette plante. Aussi je me fais un devoir de nous
annoncer que ces expériences ont parfaitement réussi. Je suis parvenu, en
lecondaut WEgilups ovata par le pollen du Blé barbu et du Blé sans barbes,
a reproduire les deux formes d\F. triticoides que j'ai observées dans le
Midi. J'ai obtenu également deux formes hybrides nouvelles, l'une qui
résulte de la fécondation de Y. F. ovata par le Triticiim Speltù, l'autre de
I' /'. triaristata par le Triticum duruni.
SÉANCE DU 28 JUIN 1854. 07
M. Trécul t'ait la communication suivante :
EXTRAIT D'UN MÉMOIRE INÉDIT SUR LES FORMATIONS SPIRALES, ANNULAIRES ET
RÉTICULÉES DES CACTÉES, DU CUCURBITA PEPO, ETC., par M. A. TRÉCUL.
Les Cactées , dout les formes sont généralement si remarquables, ont un
système fibro-vasculaire qui , à la première vue, semble ne pas différer
de celui des autres végétaux dicotylédones; mais les espèces qui ont la tige
courte ou globuleuse, principalement, comme les Echinocactus, les Matnil-
laria., les Melocactus, etc., ont une structure qui n'a pas d'analogue chez
les autres végétaux. Les fibres ligneuses ordinaires y sont presque toujours
remplacées par des cellules oblongues, à parois minces, transparentes, qui
renferment tantôt une lame spirale contournée comme un escalier à vis,
tantôt des anneaux ou des disques percés d'un trou au milieu, et placés a
des intervalles réguliers en travers de ces utricules. Ces éléments divers
sont mélangés dans la même plante avec des vaisseaux spiraux, qui s'en
distinguent surtout par leur spiricule plus étroite.
Cette curieuse structure a été connue de Meyen, de R. Brownj mais
MM. Brongniart et Scbleiden l'ont étudiée simultanément avec beaucoup de
détail. Ils ont donné d'excellentes figures de ces organes, dont je complé-
terai l'étude en décrivant leur mode de développement et leur structure
plus intime. Cet examen jettera un jour tout nouveau sur la formation des
vaisseaux spiraux, des vaisseaux annulaires, des réticulés et même de cer-
tains vaisseaux ponctués, sur la production desquels il règne encore beau-
coup d'obscurité. En effet, la spiricule est-elle un vaisseau roulé en hélice
autour d'un tube membraneux contenant, de l'air, comme le pensait Hedwig;
ou bien ne sont-elles que le résultat d'une découpure en spirale d'une
membrane utriculahe, ainsi que le croyait M. de Mirbel? ou bien encore,
cette découpure en spirale ne s'est-elle opérée qu'après que des dépôts en
hélice se sont faits à la surface interne de la membrane utriculaire, comme
le pensent MM. H. Mohl , Scbleiden et avec eux presque tous les botanistes
de notre époque, qui croient, aussi que ce sont de tels dépôts qui donnent
lieu aux réticulations , aux anneaux, etc., que. présentent la plupart
des vaisseaux? La description des faits nous dira ce que l'on doit penser de
ces théories.
En cherchant l'origine des fibres ligneuses spirales et annulaires des
Cactées, j'ai vu qu'elles naissent absolument comme les fibres ligneuses
ordinaires. Dans de jeuues Mamillaria quadrispina, Echinocactus Cou-
rant i.i , elles étaient disposées dans la couche génératrice en séries horizon-
tales rayonnantes, sous la forme de cellules oblongues, à parois minces et
transparentes. Dans les plus rapprochées du cylindre fibro-vasculaire, je
visse dessiner une ligne spirale sur la membrane qui était d'abord lisse.
(38 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Cette spiricule, à peine perceptible, d'une teinte plus claire que le reste de
la membrane , a ses tours de spire écartés dès le principe; et ses bords,
primitivement diffus, se dessinent bientôt avec netteté. Une étude attentive
fait voir qu'elle occupe une partie de l'épaisseur de la membrane, dont
elle est évidemment une dépendance, et non un simple dépôt formé à sa
face interne. Quand la spiricule est bien définie, la membrane de la cellule,
qui croît plus vite qu'elle, se renfle dans les intervalles qui séparent ses
tours de spire, en sorte qu'à cette éqoque un sillon suit à l'extérieur de la
cellule les contours de l'hélice ; mais la spiricule, en continuant son accrois-
sement, efface peu à peu ce sillon, et finit même par faire saillie à son
tour. D'abord simple linéament à la face interne de l'utricule, elle s'élargit
au point d'occuper fréquemment presque tout le rayon de la cellule; c'est
alors qu'elle figure une lame contournée comme un escalier à vis. Cette
spiricule ne s'accroît donc pas par des dépôts successifs de la matière con-
tenue dans la cellule; elle s'accroit par intussusception.
Tous les phénomènes que je viens de décrire se retrouvent dans la
formation des fibres annulaires du Mamillaria quadrispina; seulement ce
sont des anneaux qui naissent tout d'abord au lieu de la spiricule. A la
forme annulaire près, c'est le même aspect au début, la même dilatation
successive de la membrane et des anneaux. Quand la membrane est plus
dilatée, il serait impossible de s'imaginer qu'il y a là une simple cellule,
si on ne l'avait pas vue se modifier; ou plutôt elle a tout l'aspect d'une
cellule mère qui s'est partagée par des cloisons pour produire plusieurs
autres cellules.
La spiricule et les anneaux, aussi minces que la membrane de leur
cellule mère, à leur origine, se dilatent dans tous les sens, prennent une
épaisseur plus grande que la sienne, car elle conserve à peu près la même
ténuité à tous les âges ; c'est pourquoi les anneaux et la spiricule, ayant plus
de consistance que les parois utriculaires, les refoulent vers l'axe de chaque
cellule adjacente. Cependant la compression que les cellules exercent les
unes sur les autres, a pour effet de faire prendre souvent aux anneaux et
aux spiricules des formes variées ; leur contour est alors marqué de quel-
ques échancrures plus ou moins profondes.
Tels sont les phénomènes qui accompagnent l'évolution de ces organes.
Jusque-là, tous les tissus que composaient ces jeunes cellules étaient trans-
parents, celles-ci ne contenant que des liquides; mais quand leur accrois-
sement est terminé, les tissus s'imprégnant de gaz, une opacité complète
succède à la Irausparence primitive. C'est alors que commence une autre
période, qui mériterait peut-être d'être appelée période physiologique, la
précédente ne me paraissant être que la période d'évolution.
La similitude qui existe entre la structure et le développement des fibres
ligneuses spirales et des trachées , la présence des gaz dans l'un et dans
SÉANCE DU 28 JUIN 1854. 69
l'autre cas, ne semblent-ils pas engager à considérer les tissus qui sont
composés de ces fibres spirales et annulaires, comme une exagération du
système trachéen aux dépens du système fibreux, de même que j'ai montré
ailleurs le système des vaisseaux ponctués et réticulés se formant aux
dépens du même système fibreux, lorsque les besoins de la plante le néces-
sitent^). Est-il doue rationnel de supposer que toute action physiologique
cesse pour ces éléments spiraux et annulaires, qui constituent presque tout
le corps ligneux des Mamillaria, etc., et pour les trachées, à l'époque de
l'apparition des gaz, c'est-à-dire au moment où leur développement
s'achève, quand ils semblent être arrivés à leur état de perfection. Ce
sont là des considérations que je soumets à la critique des physiolo-
gistes.
Je n'ai rien dit encore d'un point très important de la structure des
organes dont je viens d'esquisser révolution. La découverte de ce phéno-
mène a eu pour résultat de me conduire à d'autres observations du plus
haut intérêt. J'ai vu, en effet, d'abord dans des fibres ligneuses spirales
qui avaient macéré, ensuite dans des organes frais, que la spiricule, qui était
considérée comme formée d'une substance homogène déposée sur la mem-
brane par le liquide contenu dans la cellule, j'ai vu, dis-je , que cette spiri-
cule est composée de deux substances : 1° d'un tube creux, à parois minces
bien définies, d'une cellule spirale enfin ; 2° d'une matière gélatineuse que
celle-ci renferme, qui a une couleur différente et une consistance variable.
Pour les apercevoir plus aisément, il faut avoir une section ou une cassure
bien perpendiculaire à l'axe de la spiricule.
Les anneaux ont la même structure. J'ai reconnu aussi cette composition
dans les vaisseaux du Cucurbita Pepo. J'ai même observé dans les vaisseaux
réticulés de cette plante et dans ceux des Cactées, que les mailles du
réseau qui constituent les parties déprimées, le sont en dehors aussi bien
qu'au dedans, ce qui exclut l'idée de dépôt secondaire effectué à l'intérieur
pour produire les réticulations; j'ai vu également que le réseau formé par
les parties renflées est creux comme les spiricules et contient comme elles
une substance gélatineuse. Ce sont les vaisseaux réticulés, dont les dépres-
sions ne sont que linéaires et les réticulations très larges, qu'il faut choisir
pour mieux apercevoir ces cavités.
Les formations spirales, les annulaires et les réticulées, ne sont pas les
seules qui offrent cette structure; certains vaisseaux ponctués, certaines
cellules ponctuées peuvent aussi la présenter. J'ai rencontré assez souvent
de ces vaisseaux , moins souvent de ces cellules, dont les ponctuations
(1) Voyez, Annales des sciences naturelles, [\e série, t. I, mon Mémoire sur la
formation des ruisseaux (filets radiculaires de quelques auteurs) au-dessous
des bourgeons, suit adventifs, suit normaux, isolés par des décortications, etc.
70 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
étaient dues à des cavités analogues existant dans l'épaisseur même de la
membrane de ces organes, sans communication directe avec l'intérieur de
la cellule ou du vaisseau.
Je dois ajouter tout de suite que j'ai observé aussi, comme tous les ana-
tomistes, des ponctuations qui ont une autre origine. Je dirai également
que beaucoup d'entre elles ne sont point dues à l'épaississement de la
membrane au moyen d'incrustrations qui se déposent à l'intérieur de la
cellule, laissant, à des intervalles réguliers, des points où ces dépôts ne
s'effectuent pas; dans une multitude de cas, ces épaississements ont lieu
par l'interposition d'une matière intercellulaire qui refoule la membrane
primaire vers le centre de la cellule, la où ces interpositions sont faites ; et
ce sont les points où elles ne se font pas, qui, dans les cas dont je parle en
ce moment, ont l'aspect de ponctuations
Tous ces faits prouvent que les théories fondées sur des dépôts formes
à l'intérieur des utricules ne sont pas aussi générales qu'on le pense com-
munément.
M. Germain de Saint-Pierre demande comment M. Trécul a pu se
convaincre que la spirieule est, creuse. Il a plusieurs fois vainement
essayé de constater ce l'ait.
M. Trécul affirme de nouveau que la cavité dont il a parlé est 1res
visible.
M. Brongniart ajoute que les spiricules des Cactées sont particu-
lièrement favorables à cette élude, et que M. Trécul lui a fait voir
les faits tels qu'il vient de les exposer. Ces faits, (railleurs, ne s'ap-
pliquent peut-être pas aux trachées ordinaires chez les autres
\égéfîiux.
M. Decaisne présente des échantillons de plusieurs Conifères
gigantesques de la Californie, récoltés et envoyés au Muséum par
M. Boursier de la Rivière, agent consulaire de France :
L'un de ces échantillons se rapporte a un Çhamœcyparis, auquel M. De-
caisne donne le nom de C. Boursieri; cette espèce se distingue de ses con-
génères parla brièveté de ses feuilles, très étroitement imbriquées, ovales,
acuminées et munies chacune d'une glande à sa partie moyenne ; ses plus
jeunes rameaux, dépourvus de cônes, ressemblent à ceux de ['Arthrotazis
zi'laginoidcs.
Les autres échantillons présentes par M. Decaisne se rapportent aux
Seqnoia sempervirens et gigantea II fait observer que l'existence, chez ces
SÉANCE DU 28 .JUIN 185/|. 71
arbres, de différentes formes de feuilles, ne peut justifier l'établissement du
genre Wellingtonia, que M. Lindley a cru pouvoir baser sur cette particu-
larité. En effet, les Conifères présentent toutes ce caractère à un degré plus
ou moins remarquable, et en lui accordant la valeur que lui assigne
M. Lindley, on se trouverait conduit a séparer génériquement chacune des
espèces du groupe des Entassa.
M. Decaisne ajoute que le Séquoia sempervirens présente souvent sur le
même rameau des feuilles imbriquées et des feuilles distiques, comme cela
se rencontre chez plusieurs Dacrydium, Podocarpus, etc.. cl parmi les
Conifères fossiles, dans le Voltziù hierophylla, etc. — Passant ensuite à la
structure des fruits et des graines, il démontre que leur identité est parfaite
dans les Séquoia sempervirens et gigantea, et qu'il n'existe a cet égard
qu'une simple différence de grosseur dans les cônes : le nombre et la forme
des écailles, leur insertion sur l'axe, tout est semblable de part et d'autre,
et rien n'y rappelle la structure du Sciadûpitys, au fruit duquel M. Lindley
compare celui de son genre Wellingtonia. Il en est de même pour les
graines, qui sont toutes semblables quant à la forme, et qui se trouvent au
nombre de cinq sur chaque écaille.
Enfin, pour prouver plus complètement encore l'identité générique de
ces deux arbres gigantesques, M. Decaisne fait remarquer qu'ils renferment
l'un et l'autre une substance colorante rouge, solnbledans l'eau et qui a fait
donner au S. sempervirens le nom de red /rond (bois rouge) par les Anglo-
Américains.
Eh terminant, le même membre rappelle que l'on connaît actuellement
au Mexique ou sur la côte occidentale de l'Amérique du Nord plusieurs
espèces d'arbres gigantesques : le Thuia gigantea (figuré dans la tew
horticole, 185'i), le Séquoia sempervirens, dont le tronc atteint jusqu'à
5 mètres de diamètre, le S', gigantea qui a jusqu'à 100 mètres de hauteur
et S à 9 mètres de diamètre; le Chamœcyparis Boursier!, qui rivalise avec
ce dernier, le TaxbdiWn d'Oaxaca ('/'. Montèzwnœ, Decaisne) (l), confondu
avec le Taxodimn distiehum de la Louisiane, et enfin le Ptnus f.mu-
bertianà.
M. Decaisne présente déplus à la Société un fruit de Paria, également
originaire de la Californie; ce fruit mesure 8 centimètres de longueur et le
marron qu'il contient en a 21 de circonférence. Malheureusement lorsqu'on
l'a reçu, ce marron était complètement ^àté. il eût été intéressant de savoir
si cette espèce possède les qualités alimentaires des graines du Pavia ma-
cfostachya.
(1) M. Decaisne a donné à eelto espère le nom de TaxodiuM MoftiezUmce, afin de
rappeler que cel arbre était déjà célèbre par ses énormes dimensions, à l'époque de
la conquête du Mexique par t'ernand Gortez,
72 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
M.Germain de Saint-Pierre fait à la Société la communication
suivante :
SUR LA DISPOSITION DES FEUILLES DANS LA FAMILLE DES RUBIACÉES ,
par M. E. GERMAIN DE SAINT-PIERRE.
Les botanistes considèrent généralement les feuilles verticillées de nos
Rubiacées indigènes (dites Stellatœ ou Étoilées) comme étant le résultat du
développement normal de stipules foliacées situées entre des feuilles opposées,
et présentant la même forme et la même dimension que ces feuilles. Ils ont
été conduits à cette explication de la disposition exceptionnelle des feuilles
dans cette tribu de la famille si naturelle des Rubiacées, par la comparaison
et par l'analogie de la structure et de la disposition des feuilles chez les
autres tribus de cette nombreuse famille, où les feuilles sont, comme on le
sait, généralement opposées et munies de stipules.
En effet, les plantes de la tribu des Rubiacées-étoilées présentant, au
premier abord, un organe important de moins que les plantes des autres
tribus : les stipules, et présentant un organe important de plus : les feuilles
surnuméraires; d'autre part, ces feuilles surnuméraires étant privées de
bourgeon à leur aisselle, tandis que les feuilles essentielles, alternativement
opposées, se distinguent, dans le verticille, par la présence de leur bourgeon ,
on avait dû être porté à voir dans les feuilles surnuméraires, qui complètent
le verticille, les organes manquant en apparence, c'est-à-dire les stipules.
Un fait intéressant quej'ai observé en comparant entre elles nos Rubiacées
indigènes, afin de m' éclairer sur les lois qui président à la transformation
des stipules en feuilles, pourra peut-être faire passer à l'état de certitude la
probabilité de cette transformation.
J'ai trouvé cbez le Galium linifolium, Lam., plante des Alpes françaises,
de véritables stipules sétiformes et aciculées, absolument semblables à
celles qui existent chez un grand nombre de Rubiacées à feuilles opposées;
ces stipules occupent la place qu'occuperait l'une des feuilles du ver-
ticille. Tantôt l'une, tantôt l'autre, quelquefois une seule, quelquefois plu-
sieurs des feuilles revêtent cette apparence stipulaire ; aucune régularité de
disposition ne préside à cette importante modification.
On ne saurait méconnaître, dans ces stipules tendant ainsi à remplacer
toutes les feuilles surnuméraires des verticilles supérieurs, les feuilles sur-
numéraires elles-mêmes, excessivement réduites dans leur volume par
suite de l'appauvrissement ou de l'épuisement qui a lieu dans les ramifica-
tions terminales de la plante. Or, la consistance et la forme des stipules
dans la famille des Rubiacées étant le plus généralement la consistance
membraneuse et la forme subulée, on doit en conclure que, dans la section
des Stellatœ, une sorte d' hypertrophie normale rend les stipules amples
SÉANCE DL 28 JUIN 185/i. 73
et foliacées, et que, chez le Galium linifoUum, les stipules retournent
a la forme subulée (théoriquement normale) par une atrophie anormale.
Je me suis assuré, par l'examen d'un grand nombre de tiges, que les
organes subulés, qui me semblent pouvoir être appelés du nom de stipules,
n'occupent jamais la place de l'une des deux feuilles opposées qui présentent
des bourgeons ou des rameaux à leur aisselle, ces organes occupant tou-
jours la place de l'une des feuilles supplémentaires situées dans les deux
intervalles qui séparent les feuilles normales.
Or, si les feuilles supplémentaires de ce Galium retournent à l'état de
stipules dans les verticilles supérieurs, les feuilles larges des autres verticilles
qui présentent la même disposition sont également des stipules. La même
conséquence peut et doit s'étendre aux autres espèces du même genre et aux
autres genres de la même tribu, dont le système phyllotaxique présente la
même disposition.
Un autre fait, que j'ai recueilli en continuant les mêmes recherches, m'a
conduit au même résultat: Chez Y Asperula arvensis, le verticille deuxième
de la plante (celui qui suit immédiatement le premier qui n'est compose
(juc des deux feuilles cotylédonaires) est composé généralement de quatre
feuilles; deux de ces feuilles, celles qui alternent avec les feuilles cotylé-
donaires, présentent des bourgeons à leur aisselle et sont les véritables
feuilles; des deux autres feuilles, alternes avec les précédentes (et situées
au-dessus des cotylédons), l'une est souvent le siège d'un dédoublement
qui fait passer les feuilles de ce verticille du nombre quatre au nombre
cinq. Ce dédoublement incomplet nous donne l'explication de ce qui a lieu
lorsque le verticille présente un plus ou moins grand nombre de feuilles;
l'augmentation est due au retour à l'état libre des stipules, qui sont
confondues deux en une seule lorsque le verticille ne présente que quatre
feuilles; qui sont libres lorsque le verticille présente six feuilles; qui sont
confondues par deux sur un des côtés de la tige, et libres de l'autre côté,
lorsque le verticille (comme dans le cas décrit) est à cinq feuilles; qui sont,
enfin, [plus ou moins dédoublées lorsque le verticille est à plus de six
feuilles.
Notre collègue M. le docteur Weddell, qui s'est occupe avec tant de
succès de la tribu des Cinchoneœ (Quinquinas) , m'a fait remarquer que, dans
certaines divisions de cette tribu à feuilles opposées, il existe des genres chez
lesquels laplupart des espèces sont à feuilles verticillées : tel est, par exemple,
le genre Bouvardia (qui renferme principalement des plantes du Mexique).
— Ayant examiné les espèces de ce genre, qui font partiede la collectioudu
Muséum, j'ai trouvé, chez l'une d'elles, les rameaux principaux à feuilles
verticillées par quatre, et les rameaux secondaires à feuilles opposées
{B. leiantha); chez un autre (B. Jacquini), j'ai trouvé les rameaux prin-
cipaux à feuilles verticillées par trois, et les rameaux secondaires à feuilles
1k SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
opposées. Chez d'autres, toutes les feuilles sout verticillées par trois ou par
quatre; chez d'autres enfin, le nombre des feuilles du verticille varie: il est
d'autant plus considérable que le verticille occupe la partie la plus vigou-
reuse du rameau, c'est-à-dire la partie moyenne.
Or, chez ces Rubiacées à feuilles verticillées, il existe constamment des
stipules subulées, alternes avec les feuilles, tant avec les feuilles qui corres-
pondent aux feuilles opposées qu'avec les feuilles supplémentaires. Il ne
fallait donc pas chercher dans ces tribus l'explication de l'augmentation du
nombre des feuilles dans une transformation foliacée des stipules, ainsi que
chez les Rubiacées-étoilées. J'en voyais l'explication dans un dédoublement
des feuilles normales, analogue au dédoublement qui fait passer si fréquem-
ment le Lysimachia vulgaris de la forme normale à feuilles opposées, à la
forme anormale fréquente à feuilles verticillées par trois et pur quatre.
Mais je désirais vivement trouver un fait démonstratif de cette théorie
chez les Rubiacées elles-mêmes, lorsqu'un hasard inespéré m'a fait rencon-
trer, parmi les spécimens de l'herbier du Muséum, un /Jouvardia [ /J.
uugustifolia) chez lequel une feuille de l'un des verticilles présentait l'état
intermédiaire entre une feuille et deux feuilles. Cette feuille bifide ou incom-
plètement dédoublée latéralement, qui m'a permis de prendre en quelque
sorte la nature sur le fait, fournit la preuve la plus irrécusable du mode de
multiplication des feuilles par dédoublement chez les Rubiacées, à feuilles
opposées et à stipules, des tribus exotiques.
Chez nos Rubiacées-etoilees, la question de multiplication des feuilles
par transformation des stipules peut se compliquer du dédoublement des
véritables feuilles que nous avons observé chez les Rubiacées à feuilles
franchement opposées. — Chez les espèces du genre Jlubiu (Garance), par
exemple, les véritables feuilles et les rameaux qui naissent à leur aisselle
sont, comme chez les autres genres, alternativement opposes, mais il arrive
néanmoins assez fréquemment qu'un même verticille présente trois bour-
geons ou trois rameaux, et, dans ce cas, on doit voir, dans la feuille qui
donne naissance au bourgeon supplémentaire, plutôt le résultat d'un dédou-
blement d'une feuille véritable, que le résultat de la transformation foliacée
d'une stipule/ lui effet, si le bourgeon supplémentaire appartenait à une sti-
pule, il occuperait la partie moyenne de l'un des deux côtés qui séparent
les bourgeons des deux feuilles normales : les trois bourgeons seraient donc
inégalement espacés; or, c'est ce qui n'est pas : les trois bourgeons ou les
trois rameaux que présentent ces tiges de Hubia sont également espacés et
forment un verticille parfaitement régulier; j'en conclus qu'ils naissent à
l'aisselle, l'un d'une feuille normale, et les deux autres des deux feuilles qui
résultent du dédoublement de l'autre feuille normale. Je présenterai, plus
tard, des faits d'après lesquels on peut établir cette loi, que les feuilles qui
résultent d'un dédoublement (et les rameaux qui naissent a leur aisselle)
SÉANCE DU 2$ JUIN J85/|. 75
partagent symétriquement la circonférence de la tige avec les feuilles nor-
males. Ces feuilles normales se trouvent par conséquent déplacées (dans
une série de veiticilles successifs), par le fait du dédoublement de l'une
d'elles, et entrent dans une nouvelle combinaison symétrique.
.M. Brongniart présente la communication suivante :
DES GLANDES NECTARIFERES DANS DINEUSES FAMILLES DE PLANTES MONOCOTYLEDQNE&
par 91. A». BROXGM.iRl .
L'origine du lluide ordinairement visqueux et sucré, quelquefois presque
aqueux, qu'on observe au fond de beaucoup de Heurs et qui constitue ce
qu'on a nomme le nectar des fleurs, est loin d'avoir été bien constatée
dans la plupart des plantes.
Si, dans plusieurs cas, on a observé des organes glanduleux extérieurs
soit autour de la base de l'ovaire, soit vers la base des étamines ou des
pétales auxquels on a pu attribuer cette sécrétion, il est d'autres cas fort
nombreux où l'on n'a rien observé de semblable et où l'on a du considérer le
fond du tube de la corolle ou la base de l'ovaire comme l'organe sécréteur
lui-même.
La plupart des Liliacées, des Amaryllideeset des Broméliacées paraissaient
dans ce cas; car à l'exception des Fritillaires et d'un petit nombre d'autres
genres, ou n'y avait pas observé d'organes sécréteurs extérieurs, et cependant
presque toutes ces plantes offrent au fond de leurs fleurs un liquide abon-
dant au moment de la floraison.
II y a déjà fort longtemps que, cherchant à vérifier une hypothèse mise
en avant sur la composition du pistil de diverses familles de monoeotylé-
dones, et d'après laquelle les carpelles ou parties constituantes du pistil ne
correspondraient pas aux loges mais aux valves qui alternent avec elles, et la
cloison ne serait qu'un repli du milieu de cet organe (1), j'ai étudié la
constitution des cloisons qui séparent ces loges, pour chercher à reconnaître
si dans leur système vasculaire ou dans quelque point de leur organisation
on trouverait une preuve ou de leur simplicité ou de leur formation par
l'adossement des parties latérales des carpelles.
Cet examen me montra que dans beaucoup de Liliacées, la cloison qui
sépare les loges de l'ovaire présentait, dans son milieu et dans une étendue
plus ou moins considérable, un dédoublement et une cavité étroite dont les
parois étaient généralement appliquées l'une contre l'antre , mais n'étaient
cependant nullement adhérentes.
I.a cloison est ainsi partagée, dans une étendue plus ou moins grande.
(I) Mémoire de M. Steinhei), Annales 'les sciences naturelles, deuxième série,
t. I, p. 99 (iSoli).
76 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
en deux feuillets qui appartiennent à chaque carpelle et qui ne sont reunis
que vers l'axe et vers la surface externe.
Le tissu qui forme cette partie non adhérente de la cloison et qui tapisse
ainsi cette cavité à parois contigués est plus dense que celui du reste de
l'ovaire; il est composé de cellules plus petites, d'une forme différente et
ordinairement colorées en jaune, tandis que le reste de la cloison, comme
les parois externes de l'ovaire, est formé d'un tissu cellulaire plus lâche,
spongieux, incolore ou souvent rempli de matière verte.
L'aspect du tissu qui tapisse ces cavités me porta presque immédiate-
ment à le considérer comme un tissu glanduleux, et, en effet, en examinant
avec soin la disposition de cette sorte de fente ou de dédoublement de la
cloison, je vis que, fermée du côté central de l'ovaire par l'adhérence et la
continuité de la partie de la cloison qui correspond aux placenta, fermée
également du côté extérieur par l'union des deux carpelles juxtaposés,
elle se prolongeait cependant vers l'extérieur, soit dans sa partie inférieure,
soit dans sa partie moyenne, soit plus rarement, du moins dans les Liliacées,
vers le haut, en un canal étroit qui venait aboutir à la surface de l'ovaire
dans le fond du sillon qui indique presque toujours au dehors la ligue de
jonction des carpelles.
Souvent, par ce petit orifice extérieur formant une fossette à peine
distincte, et lorsque la sécrétion ne remplit pas encore le fond de la fleur
ou lorsqu'on l'a enlevée avec soin, on voit s'épancher une gouttelette de
liquide (1).
On ne saurait donc douter que ces cavités à parois appliquées l'une contre
l'autre ne soient des cavités sécrétantes tapissées par un tissu glanduleux,
et destinées à fournir à la fleur le liquide qu'on observe en effet le plus
souvent autour de la base de l'ovaire. Je désignerai maintenant ces glandes
sous le nom de glandes septales de l'ovaire; elles constituent une forme
des organes sécréteurs bien rare dans le règne végétal ; car, dans presque
tous les cas connus, ces organes sont extérieurs, représentant le plus sou-
vent une sorte de cupule qui, à un moment donné de la vie du végétal, se
couvre d'un liquide plus ou moins abondant, sécrété par sa surface. C'est
ce qu'on observe dans les glandes pétiolaires de beaucoup de végétaux, et
dans ces sortes de scutelles sécrétantes placées à la base des pétales des
Fritillaires et de plusieurs autres Liliacées, organes qu'on retrouve avec des
formes diverses dans beaucoup d'autres fleurs de diverses familles.
Dans d'autres cas très fréquents, la sécrétion s'opère dans une cavité
close de toute part, formée par le tissu cellulaire sécréteur, et qui ne laisse
(1) Cette petite fossette avait été observée par Steinlieil sur l'ovaire des Scilles,
mais il Pavait considérée comme l'organe sécréteur lui-même, et clans ie caractère
du genre Urginea, il dit : Ovarium tripartitum apice glanduloso nectariferum.
— Annales des sciences naturelles, deuxième série, t. VI, p. 276 (1836).
SÉANCE DL 28 JUIN 185/1 . 77
échapper le liquide qui s'accumule clans cette cavité que par transsudation
ou par le déchirement artificiel de son tissu. C'est ainsi que sont constituées
les cavités glanduleuses si apparentes de la peau de l'orange ou du citron,
et celles, plus petites mais bien plus fréquentes, des feuilles de beaucoup
de végétaux.
Mais je ne sache pas qu'on ait déjà reconnu dans le règne végétal des
cavités sécrétantes bien définies, à parois formées par un tissu glanduleux
propre, et possédant un conduit excréteur régulier, comparable, jusqu'à
un certain point , à ceux des organes glanduleux , ou surtout de certains
cryptes des animaux.
Le désir de voir jusqu'à quel point ces organes pouvaient fournir, par
leur absence ou leur présence, et par leurs modifications de forme, des ca-
ractères naturels, m'a fait longtemps tarder à publier mes observations à ce
sujet; mais, sans être encore parvenu à les multiplier autant que je l'aurais
désiré, je crois cependant leur avoir donné assez d'extension pour qu'elles
offrent quelque intérêt; car j'ai reconnu l'existence de ces organes sécré-
teurs dans des plantes appartenant à cinq des familles les plus importantes
parmi les Monocotylédones, savoir : les Liliacées, les Amaryllidées, les
Broméliacées, les Cannées et les Musacées.
Dans les Liliacées, les plantes qui les montrent de la manière la plus ap-
parente, et dans lesquelles je les ai particulièrement étudiées, sont : Aspho-
delus luteus, Scilla amœna etperuviana, Albuca major, Phalangium Lilias-
trum, Ornithogalum umbellatum, Hyacinthus serotînus, Aloe tubcrculata
et nigricans, Yucca glor iosa, diverses espèces d'Allium (A. ursinum,
subhirsutum, Moly, scorzonérœfolium), dans lesquels ces glandes occupent
particulièrement le gynobase, et s'ouvrent à la base de l'ovaire (1).
Ces glandes deviennent très peu étendues dans les Asparagus et les Pofy-
gonatum ; elles me paraissent manquer complètement dans beaucoup d'Às-
paragées [Convallaria majalis , Smilacina racemosa, Danaida racemosa ,
Smilax herbacea), et dans plusieurs Liliacées d'autres tribus : Fritillaria
imperialis, Lilium candidum, Eremurus, Notoscordum gramineum et fra-
grans, Streptopusroseus, ErythroniumDens-canis, Peliosanthes Teta. Ce qui
semble indiquer que, si la présence ou l'absence de ces organes peut concourir
a fournir de bons caractères génériques, leur valeur ne s'élève pas au rang
de caractères de tribus ou de familles.
Mais ces organes, que j'ai d'abord observés dans les Liliacées, ne sont
(1) M. Gay, dans son Mémoire sur quelques es})èces d'Allium (Annales des
sciences naturelles, troisième série, t. VIII, p. 185, 1847), avait déjà observé
cette position des organes nectarifères ; mais je crois, d'après les descriptions qu'il
en donne, qu'il n'avait observé que leurs orifices extérieurs sans reconnaître la
vraie surface sécrétante intérieure.
78 SOCIÉTÉ BOTAÏVIOJJ!'; DE I KANGE.
pas limites a cette famille; ils acquièrent même un plus grand développe-
ment dans d'autres groupes de Monocotylédones.
Ces glandes septales paraissent exister, avec des dimensions variables,
dans presque toutes les vraies Amaryllidées. Je lésai observées occupant une
grande étendue dans les cloisons qui séparent les loges de l'ovaire des
Amaryllis, des Pancratium et des Crinum, du Clivia nobiiis, de plusieurs
Agave. Dans toutes ces plantes, elles viennent s'ouvrir au sommet de l'ovaire,
au fond du tube du périantbe, autour ou dans la base même du style, et
leurs trois orifices se montrent d'une manière très apparente, quand ou
coupe le tube du périantbe très près de la surface supérieure de l'ovaire,
sous forme de trois petits pores correspondant aux cloisons de l'ovaire.
Dans le Crinum taïtense, on observe un fait qui se présente plus fréquem-
ment dans les Broméliacées, c'est la confluence de ces trois fentes glandu-
leuses vers la base de l'ovaire et au-dessous des loges qui le partagent.
Dans les Narcisses, ces organes disparaissent presque: ils m'ont paru ne
former que trois petits canalicules étroits peu étendus, qui s'ouvrent cepen-
dant comme ceux des autres Amaryllidées. Enfin dans le Galanthus nivalis
et dans plusieurs Alstrœmeria, je n'en ai trouvé aucune trace; les [ridées
m'en paraissent constamment dépourvues, je n'en ai du moins vu aucune
trace dans plusieurs Iris et Ixia.
Ces glandes me paraissent, au contraire se montrer d'une manière presque
constante dans les Broméliacées, où elles acquièrent généralement un très
grand développement ; elles m'ont paru cependant manquer dans une nou-
velle espèce de Gttsmannia , et je n'ai pas pu encore constater leur présence
dans les Tillandsia et les genres voisins.
Mais c'est surtout dans les Broméliacées à ovaire adhérent ou semi-adbe-
rent qu'elles sont très développées. — Lorsque l'ovaire est complètement
adhérent, comme dans les genres Bromelia, BillOergiu, Aeckmea , ces
glandes s'ouvrent de même que chez les Amaryllidées, sur le sommet de
l'ovaire, au fond du tube formé par la partie libre du calice; elles sont sou-
vent conlluentes vers le centre et offrent des replis nombreux qui augmentent
la surface sécrétante.
Dans les genres dont l'ovaire adhère seulement par sa base au lube du
calice, tels que les Pitcairnia, les Pwja et mon nouveau genre Melinonia,
c'est dans cette partie inférieure que ces glandes se développent presque
uniquement; elles y sont conllueutes au centre, très sinueuses et comme ra-
mifiées, et s'ouvrent au-dessus de cette partie adhérente, entre les car-
pelles, profondément séparées dans la partie qui n'adhère pas au calice.
tîn nouveau genre à ovaire complètement libre, que je ferai connaître
sous le nom de Pogospernium {Tillandsia nutans, Swartz, et Tillandsia
nitida, llook.), offre, dans ses cloisons, des glandes plus petites et non con-
tinentes, comme chez les l.iliacées.
SÉANCE Dl 28 JUIN 1854. 79
Il y a enfin deux autres familles dans lesquelles j'ai également observe ces
organes sécréteurs; mais jusqu'à ce moment, mes observations ne portent
que sur un genre de chacune de ces familles, ce sout les Canna, dans la
famille des Cannées, et les Strelitzia, dans celle des Musacées.
Dans les Canna, ces glandes sont étroites, placées près de l'axe, au bord
interne des cloisons, entre les faisceaux vasculaires placentaires, dont elles
se distinguent facilement par la nature de leur tissu, qui ressemble presque
à celui de l'hyménium d'un champignon thécasporé, et qui tapisse la cavité
étroite à parois contiguès de ces trois glandes, parfaitement distinctes dans
toute leur étendue, et s'ouvrant par trois pores, au fond du tube du pé-
rianthe.
Dans le Strelitzia ovata, ces cavités glanduleuses sont très développées
dans la partie moyenne de l'ovaire, où elles occupent presque toute la
largeur des cloisons et sont plissées longitudinalement, de manière a pré-
senter une ligne sinueuse sur la coupe transversale. Ces cavités, complète-
ment séparées au centre, ne s'étendent pas jusqu'à la base de l'ovaire;
supérieurement elles se prolongent chacune en un canal étroit, mais très
long, et toutes trois s'ouvrent sur le sommet de l'ovaire adhérent , par
trois orifices bien distincts autour de la base du style, en face de chacun
des pétales.
Les détails daus lesquels je viens d'entrer montrent que ces organes sé-
créteurs se présentent avec une forme presque identique dans des familles
de Monocotylédones très diverses; les principales différences qu'ils offrent
consistent :
I" Dans le point où viennent s'ouvrir leurs canaux excréteurs, dont la
position varie surtout suivant que l'ovaire est libre ou adhérent.
2" Dans l'étendue qu'ils occupent dans les cloisons, et dans leur con-
fluence vers le centre en une seule cavité sinueuse et a paroi plissée et fort
étendue, comme on l'observe surtout dans les Broméliacées.
M.Gaydit:
Qu'il a écouté avec un grand intérêt l'exposé que vient de faire M. Brou-
gniart, et qui se rapporte a un sujet qu'il a lui-même effleuré, il y a plu-
sieurs années, dans un travail relatif a plusieurs espèces algériennes du
genre Allium (Ann. des se. nat., 3e série, tome Vllf, is;(7, p. 195-228 .
Dans ce travail. M. Cay décrivait avec soin l'appareil nectarifère de huit
espèces d'ail, en avançant que le même appareil devait se retrouver, sous
différentes formes, dans toutes les espèces du genre, a condition d'en ex-
clure le Notoscordum , qui lui paraissait dépourvu de pores nectatïferes et
qui différait d'ailleurs des vrais Allium par son ovaire non gynobasique,
comme M. Cay le faisait dès lors remarquer après Auguste de Saint-
80 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Hilaire. Par l'expose qu'il vient de faire, M. Brongniart ajoute beaucoup
au travail de son prédécesseur ; il appuie ses observations sur des recherches
anatomiques dont M. Gny ne s'était pas occupé, et il étend à un grand
nombre de genres, ainsi qu'à plusieurs familles monocotylédonees, ce que
M. G;iy avait signalé dans un seul de ces genres. C'est un travail d'en-
semble, un commencement de monographie d'un organisme jusqu'ici très
peu étudié, surtout anatomiquement. M. Gay en félicite M. Brongniart, et
il ajoute que, le 11 juin, une lettre de Florence lui annonçait la publication
très prochaine d'un Mémoire de M. Parlatore sur plusieurs genres et espèces
nouvelles de Monocotylédones , et sur l'organe qui, dans ces plantes, sé-
crète la liqueur nectarine. C'est précisément le sujet dont M. Brongniart
vient d'entretenir la Société, et il est a présumer que les deux auteurs se
sont rencontrés sur plusieurs points. Mais le procès-verbal de la séance de
ce jour assurera à notre honorable président, si ce n'est peut-être l'antério-
rité, du moins la propriété des observations et des faits dont nous venons
d'entendre la lecture.
M. Fermond présente quelques considérations générales sur la
symétrie dans le règne inorganique, servant d'introduction à une
communication sur la symétrie chez les végétaux qu'il compte faire
dans la prochaine séance.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
PHYSIOLOGIE VEGETALE.
Ueber «las Verhaeltiiiss «les amorphe» Pliosphors zur
Végétation (Action du phosphore amorphe sur la végétation), par
M. Vogel. (Gelehrte Anzeigen der A", bayer. Akademie d. Wissensch^
12 avril 185Z», n° kh, col. 553.)
M. Vogel a lu à l'Académie des sciences de Munich, dans la séance
du 11 février dernier, une note relative aux résultats qu'il a obtenus en
essayant de faire germer des graines de Cresson alénois sur du phosphore
amorphe.
Ou sait que le phosphore cristallisé agit sur les animaux comme un
poison violent, tandis que le phosphore amorphe n'exerce pas sur eux
d'action nuisible. M. de Bry a montré qu'on peut en prendre à l'intérieur
des doses assez considérables sans qu'il en résulte un empoisonnement.
M. Vogel a voulu voir si ce phosphore amorphe n'aurait pas non plus
d'influence nuisible sur la germination. Ses expériences lui ont montré que
cette substance agit de manière beaucoup plus défavorable sur les végétaux
que sur les animaux.
Pour ces expériences il a employé le phosphore amorphe à l'état de
poudre rouge, tel qu'on le trouve ordinairement dans le commerce. La
substance a été humectée d'eau distillée jusqu'à former une pâte claire
dans laquelle on a semé des graines de Cresson alénois, en les espaçant assez
pour que chacune en fût entourée. Après plusieurs jours, on n'a pas
reconnu le moindre développement dans l'embryon, tandis que dans le
même temps des graines semées comparativement dans du quartz pulvérisé,
avaient parfaitement germé. L'eau qui avait été en contact avec le phos-
phore avait alors une réaction fortement acide; et le phosphore lui-même
avait de son côté une réaction analogue, très vive, qu'il devait à de l'acide
phosphorique et à de l'acide phosphoreux. Une portion de ce même phos-
phore amorphe fut alors lavée à l'eau distillée, jusqu'à ce qu'elle ne roujjit
plus le tournesol. La substance ainsi lavée ne s'acidifie plus, même après
un assez long contact avec l'eau. Or, de nouvelles graines de Cresson alénois
semées sur ce phosphore lavé ne présentèrent non plus aucun signe de
uermination.
82 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Ce phosphore absorbe l'eau avec une telle avidité que , délayé a l'état de
bouillie, il forme bientôt un corps assez dur pour opposer un obstacle
mécanique à la germination. M. Vogel, pensant que c'était là probablement
la cause de l'insuccès de ses tentatives, modifia son appareil. Afin de ne
donner que l'humidité nécessaire, il étendit du phosphore amorphe lave
sur du papier a filtrer qu'il posa sur une soucoupe remplie d'eau, et il sema
les graines sur celte couche ainsi constamment humectée par imbibition.
Il obtint de la sorte quelques germinations, mais seulement après six jours ;
tandis que, dans les circonstances ordinaires, vingt-quatre heures suffisent
pour l'aire germer le Cresson alénois.
« On doit conclure de là, dit M. Vogel, que le phosphore amorphe,
qui n'est pas nuisible a la vie animale, exerce une influence défavorable sur
là végétation, et, dans tous les cas, retarde considérablement la germi-
nation. »
sur la matière colorante de» fleurs «lu Strelitein
Reffintt? , par M. G. La w son.
Une communication sur ce sujet a été faite a la Société botanique
d'Edimbourg, le 13 avril dernier, par M. (1. I.awson, qui a mis en même
temps sous les yeux de la Société des préparations et des dessins à l'appui de
ses observations.
Déjà M. H. Mohl avait signale {Grundz.d. Anat. u. Physiol. <l. vegetab.
Zelle, p. !\1,) le fait curieux que présentent les fleurs de cette plante, la
matière colorante bleue s'y présentant à l'état, non de solution dans le suc cel-
lulaire, mais de granules solides. M. G. Lawson présente quelques détalis
sur ce sujet. D'après lui. la magnifique couleur bleue ou bleu violacé
d'une partie du périanthe du Strelitzia consiste entièrement eu granules
sphériques d'un bleu foncé ou d'un bleu tirant sur le violet; quelquefois,
parmi les cellules qui contiennent ces granules , on en trouve d'autres qui
renferment des granules d'un rouge vif. Tous les granules d'une même
cellule paraissent avoir constamment la même teinte. Lorsque la Heur est
arrivée à l'état parfait, ses cellules sont souvent tellement remplies de
granules bleus, que leur contenu a l'apparence d'une matière homogène et
continue qui aurait, cette nuance. M. G. Lawson pense qu'il y aurait intérêt
à suivre le développement de cette matière colorante.
Quant à la partie jaune des fleurs du Strelitzia Reginœ, sa matière
colorante se présente avec de tout autres caractères. Au lieu de granules
sphériques, on y voit des filaments grêles, plus ou moins tordus en spirale
et enroulés de diverses manières dans l'intérieur des cellules, de manière a
ressembler aux spiricules délicates qu'offrent les cellules externes des racines
des Orchidées épiphvtes. Assez souvent aussi ces filaments forment des sortes
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE i 83
de pelotes arrondies qui ont le contour de globules. Parfois encore on y
observe quelques vrais globules. Les cellules qui renferment ces filaments
jaunes sont généralement plus grandes et plus allongées que celles qui
contiennent les globules bleus ou rouges.
On some reinarkahle exostoses «leveloped on tlie roots
of varions sneeies of Conifera? (Sur des exostoses remarquables
développées sur les racines de diverses Conifères), communication faite a
la Société linnéenne de Londres, le 20 juin dernier, par M. J.-D. Hooker.
M. J.-L). Hooker a observé ces curieux développements sur les racines
d'échantillons de Podocarpus dacrydioides envoyés de la Nouvelle-Zélande
par M. Colenso; il les a retrouvés ensuite sur un si grand nombre d'autres
Conifères qu'il est porté à les regarder comme existant généralement chez
toules les plantes de ce vaste groupe naturel, il les a observés chez plu-
sieurs espèces à' Araucaria, de Podocarpus, Taxodium, Dacrydium, Thuia,
( upressus, Phyllocladus et Cunninghania. C'est le Podocarpus dawydioides
que M. J.-D. Hooker a choisi pour l'étude approfondie de ces exostoses.
Dans cet arbre, les racines et les radicelles présentent d'espace a autre
des corps sphéiïques dont le diamètre varie entre ljt\0 et 1/60 de pouce
anglais, et qui sont tantôt portés sur un court pédicule, tantôt sessiles,
tantôt enfin enfoncés dans l'écorce. Ces corps sont faciles à détacher et l'on
voit alors une petite cicatrice tant sur la racine que sur leur propre sur-
face. Ils sont spongieux, lisses, d'un rouge pâle. Sur une coupe verticale on
voit qu'ils sont formés, sous un épidémie délicat, d'une masse de tissu cel-
lulaire spongieux, entourant un axe vasculaire, étendu du bois de la racine
au centre de la petite sphère. Les cellules de ce parenchyme mou sont
marquées sur chaque face de lignes transversales délicates, dues, selon
toutes les apparences, a des dépôts de matière sur la paroi interne. Elles
sont toujours remplies de liquide, mais sans chlorophylle. Quant a l'axe
vasculaire, il est formé de tissu ligneux pourvu des mêmes ponctuations
aréolées que le bois des autres parties de l'arbre, et il est entouré d'un étui
délicat de cellules libériennes.
M. J.-D. Hooker regarde ces petits corps comme n'étant que des fibrilles
radicellaires transformées; mais il n'est pas fixé sur leurs fonctions, quoi-
qu'il présume qu'ils peuvent bien servir au choix des matières nutritives.
Le Podocarpus dacrydioides croit naturellement dans les marais de la
Nouvelle-Zélande; mais il présente des exostoses tout aussi abondantes sur
les raciuesdes pieds cultivés à Kew dans une terre assez sèche.
En terminant sa note, M. J.-D. Hooker fait remarquer qu'il existe une
analogie morphologique remarquable entre ces exostoses et les tubercules
des Balanophora parasites sur des racines
SA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DR FRANCE.
Délier eini$e neiie oiler i»<'iiiï,«i bekannte Mraiiklieiten
der Pflaiizeii, welclie durcit Pilze erzeugt werden
{De quelques maladies nouvelles ou peu connues, déterminées chez les
plantes par des Champignons), par MM. Alex. Braun, Rob. Caspary
et Ant. de Bary. [Mémoires de la Société pour l 'avancement de l'horti-
culture dans les Etats prussiens, nouvelle série, première année. Berlin,
1852, grand in-8°.)
Les plantes exposées au plus grand nombre de maladies sont celles que
l'homme a arrachées à leur vie sauvage pour les soumettre à la culture. Un
fait singulier, c'est que presque toutes les maladies de ces végétaux culti-
vés, celles en particulier dont l'invasion récente a été si désastreuse, pa-
raissent reconnaître pour cause des Champignons parasites. A la vérité beau-
coup de physiologistes se demandent encore si ces parasites sonteffectivement
les auteurs des maladies qu'on leur attribue, ou si ces dernières ne seraient
pas plutôt l'occasion de leur développement. La génération spontanée de ces
productions cryptogamiques n'a plus guère de partisans ; car les innom-
brables graines dont elles sont pourvues ne leur ont point été données sans
dessein, et les belles expériences de MM. Montagne et Audouinsur la mus-
cardine ont montré avec quelle facilité ces mêmes graines propagent la
plante qui les a produites. Une opinion plus vraisemblable suppose que les
parasites dont il s'agit n'attaquent que les végétaux déjà malades et prédis-
posés par là, non seulement à les souffrir, mais encore à les nourrir: ainsi
elle admet que l'apparition d'un Erysiphe sur les feuilles ou les tiges d'une
plante quelconque est précédée par un état maladif de ces organes accom-
pagné d'une sorte d'excrétion à leur surface; elle croit également que les
fanes de la Pomme de terre sont déjà malades et maculées de brun quand
survient le Botmjtis infestons, dont le développement ne serait qu'un fait
accidentel ou sans lien nécessaire avec la maladie de la plante. Relativement
à cette dernière manière de voir, on doit poser d'abord une distinction im-
portante. Un grand nombre de Champignons vivent sur des corps organisés,
soit tout à fait privés de vie, soit mourants, sans qu'il soit possible de les
accuser de la mort ou de la maladie de leurs hôtes, parce que ceux-ci
éprouvent fréquemment de telles vicissitudes en l'absence de toute végéta-
tion parasite. C'est ainsi que les tubercules de la Pomme de terre malade
donnent naissance, pendant qu'ils se corrompent, à une multitude de moi-
sissures différentes, dont aucune ne saurait être justement rendue respon-
sable de la maladie de la plante. De même le Tricothecium roseum qui en-
vahit les grappes de raisin gâtées, comme tant d'autres corps en décomposi-
tion, n'a absolument rien à faire avec la maladie actuelle de la Vigne.
Mais il y a aussi un antre groupe de Champignons qui végètent essentiel-
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 85
lement aux' dépens des plantes vivantes, et qui causent en elles, soit des
affections locales et des déformations diverses, soit un état pathologique
général que termine une mort plus ou moins rapide. Ce groupe comprend la
nombreuse famille desUrédinées et des Ustilaginées, dont les espèces sont bien
connues des cultivateurs, à cause du préjudice souvent considérable qu'elles
causent aux moissons. Leur genre de vie entophyte est partagé aussi par
Y Ergot, ce parasite singulier des Glumacées, que des observations récentes
ont rapporté à une sorte de Sphérie. Les Erysiphe, et celui déjà Vigne en
particulier, ainsi que M. Mohl l'a fait voir, sont fixés, au début de leur vé-
gétation, sur des tissus parfaitement sains et qui ne s'altèrent qu'ultérieu-
rement sous l'influence continuée du parasite. Pour ce qui est. de la maladie
de la Pomme de terre, on ne saurait nier son analogie avec celle de la Vigne,
en ce sens du moins que le Botrytis infestans précède toujours par sa pré-
sence les taches brunes qui la caractérisent, de sorte qu'il y a réellement
lieu de les attribuer au développement de la fatale moisissure.
Après ces réflexions générales et d'autres considérations que nous omet-
tons ici, M. Braun fait une énumération assez étendue des Champignons
parasites les plus intéressants à connaître, soit à cause de leur organisation
propre, soit en raison des ravages qu'ils font dans nos cultures ; puis il dé-
crit avec beaucoup de soin quatre espèces nouvelles de ces végétaux.
Le premier est le Septosporium curvatum, Rabenh. (Herb. myc,
n° 1779). Au mois de juin 1852, un membre du conseil supérieur des
finances de Prusse, M. Kerll, fit remarquer à M. Braun de jeunes Faux-Aca-
cias, qui déjà commençaient à se dépouiller de leurs feuilles. Des taches ar-
rondies ou allongées, de dimensions variables, d'abord jaunâtres, puis brunes,
se montraient çà et là sur les folioles, quoique la teinte générale de celles-ci
fût encore d'un beau vert. Les taches récemment formées montraient a leur
face inférieure de petites protubérances qui s'ouvraient pour laisser échap-
per une matière blanche peu visible. Aidé de son microscope, M. Braun re-
connut dans ces corps un Champignon (le Septosporium curvatum, Rabenh.)
à spores cylindriques-allongées, partagées en deux ou trois loges, et naissant
isolément de très courts pédicelles distribués le long des filaments du
mycélium.
Sous le nom d' Acrosporium Cerasi, Rabenh. (in Litt.), M. Al. Braun
signale en second lieu un Champignon très simple dans son organisation et
qui se voit, dès le commencemeutde juin, sur les fruits encore verts des Ce-
risiers. Ces fruits présentent alors des taches arrondies, d'une ligne de dia-
mètre au plus, d'un gris brunâtre et légèrement proéminentes ; ils semblent
encore pleins de vie, mais ils cessent bientôt de grossir, et, au temps de la
maturité des cerises saines, ils sont tout desséchés, brunis, et pendent en cet
état misérable aux rameaux du Cerisier. Sous la loupe, les taches semblent
veloutées ou poudreuses. Le microscope montre à leur surface une végétation
86 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
fongine composée d'une forêt de petits pédicelles dressés qui sont couverts
de spores acrogènes. Celles-ci sont elliptiques-allongées, obtuses aux extré-
mités, lisses, presque incolores et assez volumineuses ; leurs stérigmates sont
généralement un peu plus longs et plus étroits qu'elles, simples, avec ou sans
cloison vers la base et à peine colorés en brunâtre ; ils semblent procéder
d'un mycélium épipbléode, dont les filaments, étroitement entrelacés, imitent
une fine membrane. M. Braun fait observer que ce Champignon n'a rien de
commun avec le genre Acrosporiûm de Nées d'Esénbeck et qu'il ne lui parait
pas devoir figurer plus légitimement parmi les Acrosporiûm de M. Bonordên.
Le savant professeur de Berlin passe ensuite à la description du Stem-
phylium ericoctonum, Br. et Bary, dont il doit la connaissance détaillée au
docteur A. de Bary, de tïancfort-sur-le-Mein. Les Bruyères exotiques, qui
sont cultivées dans les jardins de l'Allemagne septentrionale, sont sujettes à
plusieurs maladies caractérisées par le développement parasite de divers
Champignons jusqu'à présent, très peu connus. L'un de ces Champignons,
le Stemphy Hum ericoctonum, apparaît en hiver et communique aux feuilles
des Bruyères cultivées en serre une teinte brune qui lui a valu de la part
des jardiniers le nom impropre de rouille. Les sujets qu'il envahit se
flétrissent ; les feuilles de leurs jeunes pousses jaunissent ou se tachent de
rouge ; les feuilles plus âgées deviennent brunes et se détachent avant le
temps des rameaux qui les portent, de façon que, si l'on secoue un peu l'ar-
brisseau, il se dépouille presque entièrement et ne conserve que de rares
bouquets de feuilles au sommet de ses scions à moitié desséchés. Les hivers
doux et humides favorisent surtout le développement de cet Hyphomycète
parasite; ses filaments constitutifs sont d'une extrême ténuité, incolores ou
très faiblement colorés en jaune brunâtre, et ce n'est qu'à l'aide d'une bonne
loupe qu'on peut les voir ramper comme des fils d'araignée sur l'épiderme
des rameaux et des feuilles, ou se distribuer entre les cils dont les bords de
ces dernières sont souvent pourvus. Ce mycélium reste ordinairement à la
surface des tissus qui le nourrissent ; cependant on en voit parfois pénétrer
quelques fils dans leur intérieur, a la faveur des stomates qui leur livrent
passage. Les corps reproducteurs du Champignon consistent en cellules
acrogènes et solitaires, de formes et de volumes très divers; les plus simples
sont ovales ou linéaires-oblongs, très pâles, continus ou biloculaires ; d'au-
tres sont ellipsoïdes ou globuleux, très bruns et peuvent être partagés en un
nombre considérable de cellules aptes à germer.
I .e Steirochaete Malvarum, Br. et. Casp. , est le type d'un nouveau genre de
moisissures parasites qui paraît voisin des Chloridium de Link. Il a été ob-
servé à la fin de juillet 1853 sur la plupart des Mauves cultivées en pleine
terre dans le jardin botanique de Berlin. Sa présence produit sur les tiges de
ces plantes, principalement vers la base de leurs feuilles, des taches irré-
gulières et déprimées, d'abord d'un vert noirâtre, puis d'une teinte brune
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. &?
plombée : la dessiccation prématurée des organes foliacés et celle des liges
elles-mêmes témoignent de son action destructive. Les premiers commence-
ments de ce Champignon n'ont pu être étudiés ; M. Caspary est porté à
croire qu'il s'implante d'abord sur les tiges, pour ensuite se propager a la
surface des feuilles ; mais il n'a pu constater sûrement que son mycélium
existât au sein des tissus qu'il décolore. Ses spores sont elliptiques, brunâ-
tres, primitivement concaténées, a ce qu'il semble, et réunies en petits pul-
vinules que hérissent des soies brunes, simples et dressées.
Deux planches lithographiées contiennent l'analyse anatomique des quatre
Champisnons parasites nouveaux décrits dans le mémoire de M, AI. Braun.
BOTANIQUE DESCRIPTIVE:
Herhai'iuiii «1er rlieimsclien Pentium [Herbier des menthes
rhénanes), par Ph. Wirtgen, Fascicules 1 et 2, n°'l— 60. Coblent/.
Sous ce titre, M. Wirtgen publie une collection qui constitue une véri-
table monographie des Menthes de la Flore rhénane; car la svnonymie de
chaque espèce, variété, forme ou hybride, est suivie d'une description suc-
cincte. Les 60 numéros qui forment les deux premiers fascicules de cette
publication se rapportent à "Ji espèces, dont la plupart sont représentées
par plusieurs de leurs formes ou variétés. Lorsqu'il s'agit de formes qui
avaient été élevées au rang d'espèce par des auteurs antérieurs, M. A\ irtgen
indique avec soin cette synonymie, tout en les rabaissant au rang qu'il croit
devoir leur assigner. -- Les hybrides que présente ce genre si litigieux ont
été étudiées avec soin : il y en a un assez grand nombre d'indiquées dans la
publication de M. Wirtgen; mais deux seulement ne sont pas suivies d'un
point de doute, ce sont le Mentha àquatica-arvensis, Wirtg. , et le 1/. ar-
vense-rubra, W irtg.
Sous le titre de Plantes rares, critiques ou hybrides de la Flore rhénane,
\l. Wirtgen publie d'autres fascicules qui méritent l'attention des bota-
nistes. T.a publication répond très bien à son titre ; il nous suffit, pour le
prouver, de citer les espèces suivantes prises parmi les 60 qui ont déjà paru :
Batrachium Bachi, Wirtg., Fumaria Wirtgeni, Koch, Seseli ffippomo-
vathrum, L., Galium glaucn-mollugo, Wirtg. , Hierarium acvtifnh'um,
Griseb., Scroplndaria Neesii, Wirtg., etc., etc.
Flora «1er Gefaesse-Fflaiizeii des Grosslierxogtlàtinis
Hessen [Flore des plantes vasculaires du grand-duché de Messe), par
(i-.F. Schnittspahn. .V édir., Dafmstadt, 1853, 1 vol. in- 12, :;50 pages,
Cette troisième édition de la Flore du grand-duché de Hesse a paru
88 SOCIÉTÉ BOTAN1QI E DE FRANCE.
en 1854. Elle a pris rang parmi les ouvrages en grand nombre que l'Alle-
magne consacre à la botanique de ses provinces et même de ses petites
villes.
L'auteur a pu ajouter quelques nouveaux genres, plusieurs nouvelles
espèces et quelques stations qui ne se trouvent pas dans les éditions pré-
cédentes.
La Flore du grand-duché de Hcsse se compose de 1308 espèces appar-
tenant à 489 genres et 104 familles. Ou compte 351 espèces annuelles,
75 bisannuelles, 773 vivaces et 109 arbres et arbrisseaux. La famille des
Composées est la plus nombreuse en genres (50) comme en espèces (134).
Les plantes de la Flore sont rangées dans l'ordre des familles naturelles
et précédées d'un tableau des genres classés d'après le système liunéen.
Les descriptions sont toutes en langue allemande.
Icônes plaiitarum , or figures vith brie f descriptive characters and
remarks of new or -rare plants, selected from the author's herbarimu,
par sir William Jackson Hooker. vol. VI, nouvelle série, ou vol. X de
l'ouvrage entier. Londres, 185^1, in-8.
Sir W.-J. Hooker termine par ce volume le recueil de planches dont il
poursuivait la publication depuis l'année 1837. Il a ainsi figuré dans cet
espace de temps 1000 espèces de plantes de divers pays et appartenant à
plus de 500 genres différents.
Chaque planche est accompagnée d'une page de texte. On y trouve les
caractères de l'espèce figurée, ses synonymes, son origine et quelques obser-
vations botaniques.
Les planches lithographiées ont été dessinées par M. Fitch, avec l'ha-
bileté qu'on lui connaît. Plusieurs espèces de Fougères se trouvent décrites
et figurées ça et là dans le cours de l'ouvrage, mais le tome dixième annoncé
ici est consacré tout entier aux plantes de cette famille, et contient une
série contiuue de 100 espèces, à partir du n° 901 jusqnes et y compris
le n° 1000.
Tlie Botany of tlie Voyage of H. ]?I. S. Herald [Botanique
du voyage du navire de S. M. B. Herald), rédigée par Berthold Seemann,
part. h. Londres, in-^°, 20 pages avec 10 planches.
La quatrième livraison de cet ouvrage, dont la publication a été entreprise
en 1852, vient de paraître ; elle contient la continuation de la Flore de
l'isthme de Panama, commencée dans le fascicule précèdent. On y trouve
les familles des Lythrariées , Mélastomacées, Myrtacées, avec les Barring-
toniées et Lécythidées, Cucurbitacées, suivies des lîégoniaeées et Papaya-
KEVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 89
cees, Passiflorées, Loasées, Portulaeées, Cactées, Ombelliferes, Araliacées,
Loranthacees, Lonicérées, Rubiacées, et une partie des Composées.
Les espèces indiquées ou décrites sont au nombre de 239. Une certaine
quantité de ces espèces a déjà été publiée pat- hunth dans les Nova gênera
et species, etc., et par M. Bentham , dans tbe Botany of Sulphur ; d'autres
proviennent des récoltes faites à la Nouvelle-Grenade par Hartweg et Gou-
dot, et à Panama par M. Ducbassaing, et de la collection de Chagres, dis-
tribuée en 1851 par Fendler. L'auteur a compris dans son énumération les
plantes cultivées, et il a pris soin de rapporter les noms vulgaires du pays.
Les Lytbrariées comptent 7 espèces, dont une nouvelle, Cuphca rivula-
ris, Seetn.
La liste des Mélastomacées comprend 38 plantes rangées d'après l'ordre
institué dans la monographie récente de M. Naudin. M. Seemann y réunit
par conséquent le Mouriria. Il admet aussi le genre Bellucïa fondé par
M. Naudin pour le Blackea qùinquenervia, Aubl. Il transporte YHeeria
eupheoides, Benth., au genre Pteroyastra, \eChœtogastra ferruginea, Hook.,
au genre Oreocosmus, et le Clidemia fenestrata au Staphidium.
Le relevé des Myrtacées se compose de 11 espèces, parmi lesquelles le
Jambosier et le Grenadier ne peuvent être considérés comme indigènes.
L'auteur réunit avec Raddi, sous le nom de Psidiwn Guiava, \esPsid. pyri-
ferum et pomiferum, Linn.
Les Barringtoniées sont représentées par le Gustavia anyustifolia, Bentb.,
et le Grias Fendler/, Seem, plante remarquable recueillie par Fendler
(n" 185) aux environs de Chagres.
La liste des Lécythidées est limitée a 2 espèces, celle des Cucurbitacées
a 15, y compris les Layenaria, Melons, Concombres, Potirons cultives
dans les jardins, ainsi que le Chayote [Sictjus edule, Sw.) venu des An-
tilles, et \eLuffa acutanyula, DC. , originaire de la Chine, devenu commun
autour de Panama.
M. Seemann signale 8 espèces de Beyonia, déjà connues, et 2 Caricay
dont un nouveau, mais sans nom et sans description, indiqué d'après son
fruit qualifié de Papayo cimaron, c'est-à-dire papayer sauvage.
Viennent ensuite 13 espèces pour la famille des Passiflorées, a laquelle
M. Seemann réunit celle des Turneracées, par l'intermédiaire d'un nouveau
genre dédié à M. Erblich, directeur du jardin royal de Hanovre (Erblichia
odorat a, tab. 27).
Les 7 familles suivantes (jusqu'aux Lonicérées) comprennent une ving-
taine de plantes toutes connues. On y remarque YErynyium fœtidum, Lin.,
qui n'avait été recueilli jusqu'ici qu'à la Jamaïque et dans l'Amérique mé-
ridionale ; l'auteur dit que celte herbe nauséabonde est considérée à Panama
comme un ingrédient culinaire indispensable et qu'elle entre dans la prépa-
ration des potages.
PO SOCIETE BOTANIQUE DE FRANGE.
La belle famille des Rubiaeées, si nombreuse dans les climats intertropi-
caux, compte dans la flore de Panama 56 espèces, la plupart appartenant
aux groupes des Cinclionacees et des Cofféacées.
M. Seemano développe et rectifie les caractères du genre Pentagoma,
Benth. Il y ajoute deux espèces nouvelles: P. Tinajita (pi. 28) et P. pin-
natifida, déjà indiquées dans le London Journ. of Bot. Les autres nouveau-
tés signalées par des diagnoses sont : Sîpanea palustris, — Malanea erecta
de l'Ile Taboga, — Morlnda panamensis, de Chagres (Fendler, n" 148), —
Cephœlis psychotriœfolia (de la section Callicocca).
Les Composées ont été traitées par M. Steetz; le quatrième fascicule eu
comprend 65, dont L3 de la tribu des Yemoniacées, parmi lesquelles une
seule inédite : Vemonia Seemanniana, Steetz.
La tribu des Eupatoriées commence par un nouveau genre nomme Tube-
rostylis, voisin de YAlomica, Kunth. Le Tuberostylis RhizopkorcB, Steetz
^pl. 29), croit sur les racines aériennes d'un Rbizopbora. La liste comprend
13 Eupatorium, parmi lesquels sont décrits pour la première fois \'E. crito-
nioides, Steetz, E. stenolepis, Steetz, E. elatum, Steetz.
On remarque parmi les Mikania l'espèce dite Guaeo, Kunth, nom qu'elle
partage avec plusieurs plantes de familles différentes. Celle-ci a été préco-
nisée sous le nom de Huacoçomme spécifique contre le cholera-morbus.
Les Asterées comptent 6 plantes déjà connues.
Les Séiiécionees décrites comme nouvelles sont : Clibadiwn leioearpum,
Steetz, -— Unxia digyna, Steetz (tab. 'M)), ■ — Melananthera microphyllu,
Steetz, — Gymnopsis vulcanica, Steetz, — Chrysanthellum infegrifoltum,
Steetz.
L'auteur rectifie le caractère du genre Unxia, et réunit le Scolospermum,
Less. , au Baltimora.
Les espèces données comme nouvelles ont ete recueillies, pour la plupart,
sur le volcan de Chiriqui, province de Vreraguas.
Fui*tlier notes oh Uereus f/igunteun of Sontheastern
California , with a short accouiit of anotliei* allieiS
species in Sonora (Nouvelles votes sur le Cereus giganteus du
md-est de la Californie, etc.), par le docteur George Kngelmann, de
Saint-Louis, Missouri. (The American Journal of scie née and arts, by
Silliman, etc., 2e série, t. XVII, n" 50, mars 1854, p. 231-235.)
Cet article complète celui que M. Kngelmann avait déjà publie dans le
même journal, eu novembre 1852 (t. XIV, p. 3,'55), sur son Cereus gigan-
teus. Les nouveaux faits qu'il renferme ont. été puises dans les échantillons
de Heurs et de fruits ainsi que dans les notes et les dessins qui ont ete com-
muniqués par M. George Thurber. L'auteur donne d'abord la description
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. Ol
latine de. la plante remarquable qui constitue réellement le géant du genre
Cerem, auquel elle appartient. Sa description nous apprend que la tige de
ce Ceretis s'élève droite et simple ou seulement avec quelques branches plus
courtes, de telle sorte que le tout ressemble à un gigantesque candélabre;
le bas de cette tige présente environ 12 côtes droites et obtuses, tandis
que, vers son extrémité supérieure, on en compte de 18 à 20 ; les aréoles
proéminentes qui s'élèvent sur ces côtes sont cotonneuses, à l'état jeune;
elles portent 12-16 aiguillons droits, très renflés à leur base, blanchâtres et
finalement grisâtres, inégaux entre eux, les (i du centre étant très forts, le
plus bas de tous très long, très robuste et déjeté, les 2 supérieurs plus
courts.
Celte espèce de Cereus s'étend de la rivière de (iila, au nord, jusque dans
la Sonora, au sud, et presque certainement aussi dans la presqu'île de la
Californie. Elle fleurit en mai et juin et mûrit son fruit en juillet et août.
Les pieds les plus jeunes observés par M. Thurber avaient 3 ou 4 pieds
(anglais) de hauteur ; les plus petites plantes fleuries mesuraient environ
12 pieds de haut, et les individus les plus grands qu'il ait rencontrés ne
s'élevaient pas a moins de !y5 ou 50 pieds f<15'",250). Les faisceaux ligneux
de ces tiges gigantesques correspondent aux cannelures longitudinales et
non aux côtes, comme, du reste, chez toutes les Cactées cannelées. Des
libres ligneuses naissent d'entre ces faisceaux pour se porter horizontalement
vers les côtes, en particulier vers les aréoles.
A la base de la tige, les côtes sont larges et obtuses, séparées par des can-
nelures larges et profondes; plus haut, elles deviennent lin peu triangu-
laires, arrondies ou obtuses, laissant entre elles des cannelures profondes
et aiguës; enfin, vers le sommet de la plante, elles sont également obtuses,
mais tout a fait comprimées, les cannelures se montrant profondes et
étroites.
Les aréoles qui s'élèvent sur les côtes sont longues de 7 lignes, larges de
(i, et généralement espacées d'un pouce. Les U épines centrales inférieures
de chacun des faisceaux portes par ces aréoles sont longues de 20 à 30 li-
gnes ; les 2 centrales supérieures mesurent de 15 à 18 lignes. Les épines les
plus fortes ont 1 ligne, d'épaisseur et au moins deux fois ce diamètre a leur
base bulbeuse. Ces épines tombent avec l'aréole entière, en commençant
généralement par les (i du centre.
Les fleurs naissent près i\v. sommet de la plante, a 6-12 pouces duquel
se trouve ordinairement le fruit. Sèches, elles avaient 3 pouces de long,
mais un dessin de M. Thurber leur donne 'i bons pouces de longueur et de
largeur. I.e tube a I pouce de iong dans sa portion inférieure et nue, 3/4 de
pouce dans sa portion supérieure et staminifère, qui est fort élargie. Les
sépales supérieurs sont charnus, d'un blanc verdàtre . longs de 3/4 de
pouce, sur une largeur de 2 lignes dans le bas, de 4 lignes daus le haut.
92 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Les pétales sont d'un jaune de crème clair, longs de 1 pouce, larges de 6-7
lignes, très épais et charnus. Les filets sont d'un jaune clair et les anthères
linéaires sont échancrées aux deux extrémités. Un dessin de M. Thurber
représente de 15 à 20 stigmates longs de 1/2 pouce et verts. Les fleurs
paraissent rester ouvertes le jour et la nuit, probablement plusieurs jours
de suite.
Un fruit conservé dans l'alcool se montre obové, long de 2 1/2 pouces,
large de 1/2 pouce, relevé d'environ 30 écailles entièrement sans épines,
mais ces dimensions sont exceptionnelles; ordinairement ce fruit a 2 à
3 pouces sur 1 1/2 à 2 ; il est vert, rougeâtre vers le sommet, terminé par
une cicatrice large et convexe laissée par la chute de la fleur. Le péricarpe a
la consistance d'un concombre encore vert, et son épaisseur est de 2 lignes.
Sur la plante, il s'ouvre en 3-4 valves irrégulières, rouges intérieurement,
qui, étalées, ressemblent à une fleur rouge, ce qui a fait attribuer à tort une
fleur de cette couleur à ce Cereits. La pulpe rouge et un peu insipide de ce
fruit a la consistance d'une figue mûre ; les naturels la recueillent en la ra-
massant en boules et ils la conservent ainsi plusieurs mois, ou bien ils en
retirent, par expression, le jus sucré qu'elle renferme. Les graines sont in-
nombrables et longues de 0,7 ou 0,8 de ligne.
M. Engelmann nomme Cereus Tkurberi une autre espèce très voisine de
la précédente, qui a été trouvée par M. Thurber, en juin 1851, dans le
nord de la Sonora, et dont la tige ne s'élève qu'à 12 pieds. Ces 2 espèces,
mais surtout la première, se rapprochent beaucoup des Pilocereus par
leur taille, par le tube de leurs fleurs, qui est court et ventru, par leurs
pétales épais, mais elles s'en éloignent à plusieurs égards.
Ifie Gatlmi£ Botsvtti'tUn uud ilire B»âs jetzt heltaitiit
gewortlenen, Arten, etc. (Le genreBouxavdiaet ses espèces connues
jusqu'à ce jour, disposées par ordre alphabétique et soumises à une étude
détaillée) , par D.-F.-L. Schlechtendal. Linnœa,t. X, cah. 1 (publié en
février 185k), p. ^3-126.
Le genre Bouvardia a déjà dans nos jardins plusieurs représentants d'une
rare élégance, et la plupart de ses autres espèces, ou même toutes mériteraient
d'y prendre place. Mais l'histoire de ces plantes est très obscure, et c'est
pour dissiper l'obscurité qui l'entoure que M. Schlechtendal a écrit le Mé-
moire dont il s'agit ici. Son travail renferme deux parties distinctes : Dans
la première, après quelques détails historiques sur l'établissement du genre
Bouvardia, il en expose les caractères en les développant et en les soumet-
tant à une discussion étendue; dans la seconde, il reproduit, en les accom-
pagnant souvent d'observations ou de discussions, les descriptions données
par divers auteurs des espèces déjà connues, au nombre de 30. 11 change
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 93
en Bouvardia terni folia le nom du B. coccinéa , Link et Hortul (Ixora
americana, Jacq. , lxora terni folia, Cavan), l'espèce la pins anciennement
cultivée et la plus répandue clans nos jardins.
Dans un appendice a son Mémoire, M. de Schlechtendal décrit trois
nouvelles espèces, deux à corolle hérissée, la troisième à corolle glabre;
celle-ci reçoit le nom de Bouvardia rosea. Quant aux deux premières,
l'une est nommée B. viperalis ; pour l'autre, l'auteur propose le nom de
B. microphytla, dans le cas où elle ne se rapporterait pas au B. multiflora,
Schult.
On tlte Gémis Lycàum (Sur le genre Lycium), par iVl. John Aliers.
(Armais and Magazine of natural History, série 2. vol. XIV, juillet
1854, p. 1.)
M. iMiers a entrepris de refaire le genre Lycium, et de reviser toutes les
espèces qu'il a pu voir. On sait combien ce genre si cosmopolite, puisqu'on
le trouve abondamment en Europe, en Asie, en Afrique et en Amérique,
présente de difficultés pour la distinction des espèces dont les caractères
sont extrêmement variables. Dans ce travail, M. Miers n'adople pas les
sections par lesquelles M. Dunal a divisé les espèces de ce genre dans la
première partie du tome A III du Prodromus de M. de Candolle. Selon
M. Miers, le nombre des espèces de Lycium serait aujourd'hui de 70, outre
celles qui sont douteuses; et la monographie de M. Dunal n'en porte le
nombre qu'à ko, en y comprenant (5 espèces incertaines. Des 70 espèces
décrites par M. Miers, 33 appartiennent a l'ancien et 37 au nouveau
monde. Il résulte de cette distribution que près d'un quart des espèces au-
jourd'hui connues se trouve dans l'Afrique méridionale, et un autre quart
sur les deux côtés des Andes dans les latitudes du Chili.
M. Miers ne pense pas que le genre Lycium doive être rangé dans les
Solanées, a cause de l'estivation très imbriquée des segments de la corolle,
idée déjà émise, il y a longtemps, par M. de Schlechtendal. Sa place serait
dans la famille des Atropacees, tribu des Atropeœ, et près du genre Mandra-
gora. Quant aux divisions du genre, M. Miers le partage en trois sections
nouvelles fondées simplement sur la profondeur relative des incisions de la
corolle, savoir : 1. Brachycope, où les lobes du bord sont un tiers (ou moins)
de la longueur entière de la corolle; 2. Mesocope, où les segments sont plus
longs, mais n'excèdent pas la longueur du tube; 3. Macrocope, où les divi-
sions de la corolle excédent en longueur celle du tube. Dans ce dernier cas,
les étamines sont fixées dans la gorge du tube, et sont d'autant plus exsertes
que le bord s'étend davantage.
Après avoir caractérisé selon ses vues le genre Lycium, M. Miers arrive
a la description des espèces, qu'il fait suivre chacune de courtes observa-
t. i. 7
<)/l SOCIÉTÉ BOTAMOl I. DE IT.AM !..
tions. Nous Lie pouvons ici qu'indiquer sommairement ces espèces clans
l'ordre des divisions adoptées par l'auteur.
I. BRACHYCOPE. A. Gerontoci: e.
* Filon tenta lœvia, sp. 1 ad S.
Lycium sœvum (n. sp.) ; europœum, L. ; indicum, II. Wight; uxy-
carpum, Dun. ; intricatum, Boissier; halophyllum, Welw., Mss. (n.sp.);
orientale (n. sp.) ; persicum (n. sp.).
** Filamenta basi hirsuta, sp. V) ad l/i.
/.. austrinum (n. sp.); hirsutum, Dun.; arenicolum (n. sp.); oxycladum
(u. sp.); roridum (n. sp.); acutifolium, E. Meyer.
*** Filamenta, paulo supra basin glabra, inox globulis pilorwn donala,
sp. 1 5 ad 22 .
£. Afrum, !.. ; carttositm, Poir-et; glaucum (n. sp.) ; eckinatmn, Dun.;
tetrandrum, Thunb.; terae, Willd.; cinereum, Thunb.; et pendulinum
(n. sp.).
Ici s'arrête dans les Armais and Magazine ofnatural History la première
partie du travail de M. Miers, qui sera repris dans les livraisons suivantes,
et que nous continuerons d'analyser au fur et à mesure de sa publication.
Deseri ntion of some new gênera ami suecies of Ceylon
olanls {Description de quelques nouveaux genres et espèces de plantes
de Ceylan), par M. G. H. K. Thwaites. ( Hoohers Journal of Botmiy,
mars 1854, page 65.)
L'auteur donne dans cet article les caractères de six genres nouveaux et
d'une espèce nouvelle, savoir : 1° Genres: Campnosperma (Anacardiacées);
espèce : C. Zeylanicum. 2° Ptcridopyllum (même famille); espèce : l* . de-
cipiens (lihus decipiens, Wight et Arn.) Selon l'auteur, cette plante doit
être retirée du genre Rhus, dont elle diffère sous plusieurs points impor-
tants. 3° Aximandra (Lythrariées Trib. Lagerstromiees) ; espèce : A. Zeg-
lanica. L\° Stemonoporus ( Dipterocarpées), 5 espèces : S. Gardneri ,
affinis, lanceo/atus, oblongifolius et rigidus. 5° Monoporandra ( même
famille); 2 espèces : M. elegans et cordifolia. 6° Terpnophyllum (Clu-
siacées, Trib. Garciniées) ; esp. T. Zeylanicum, 7° Une espèce nouvelle du
genre Garcinia : G . echinocarpa.
Cliaraeters of some new gênera of plants, inosllj fron»
Polynesia,/» the Collection of the United S tuf es exploring expédi-
tion, under Captairï Wilkes (Caractères de quelques nouveaux genres de
plantes, la plupart de la Polynésie), par M. Asa Gray. Cambridge, 1853,
S pages in- S".
Ces nouveaux genres, publies dans les Prvceedinys of the American
BEVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 95
Acudeiny o[ arts and sciences, vol. III, en un mémoire dont il a été l'a l un
tirage séparé, appartiennent à onze familles différentes. En voici rémunéra-
tion : Diclidocarpus (Tiliacese) ; espèce : D. Rickii — Draytonia (Ternslrœ-
miaceœ) ; T. rubicunda — Rhytidandra (Olacaeeœ) ; //. vitiensis — Pelea
(Rutaceae); P. auriculœfolia, oblongifolia, rotundifolia, volcanica, et P. ?
lucida — Amaroria (Simarubaceae) ; A. suulameoides — Brackenridgea
(Ochnaeeœ); B. niiida — Oncocarpw ( Anacardiacese); 0. vitiensis —
Streptodermia (Legum. Hedysareœ); S. canescens — Luma (Myrtaceaej;
Astronidiwn (Melastomacese) ; A. parviflorum — Pleiochiton, Naudin, Mss.
(Melastomaceae) ; P. crassifolia, Naud., Mss., — ffaplopetalon (Legno-
tidese) ; H. Ilichii.
A la suite de ces genres nouveaux se trouvent décrites deux espèces
nouvelles du genre Sicyos, Linn., Subgen. Sicyocaria : S. macrophyllus cl
cucumerinus.
Synopsis Stackliousiacearum , par M. Th. Schuchardt. Lùinœo,
I. X, can. T (publié en février 1854), p. 1-42.
La petite famille des (Stackhousiacées , circonscrite tout entière dans
l'Australie, ne comptait que les deux genres Stackhousia, Smith, ci
Tripterococcus , Endl. M. Schuchardt en établit un troisième auquel il
donne le nom de Plokiostigma, pour une plante recueillie par Preiss en
1831), près du lac de l'ile Rottenest, et distribué, par ce botaniste, sous le
numéro 1364. Cette espèce, encore unique, est le Plokiostigma Lehmanni,
Schuch.
L'auteur de cette petite monographie ajoute encore quatre Stackhou-
siacées nouvelles a celles qui avaient été publiées avant lui ; ce sont trois
Stakhousia nommés par lui S. aspericocca^S. Muelleri, S. dorypetalo, qui
élèvent à quatorze le nombre des espèces connues de ce petit genre, cl un
Tripterococcus qu'il nomme T. brachysfîgma, et qui devient le cinquième
de ce groupe générique. Au total, la monographie de M. Schuchardt ren-
ferme la description étendue de vingt espèces ; mais elle est réduite exclu-
sivement à cette partie descriptive.
Keitiarks ou Passifloracea; antl l'iiriieracea» ( Remarques
sur les Passifloracées et les Turnéracées), par M. Berthold Seemann.
(Hooker s Journal of Botany, février 1854, p. 53.)
La découverte du genre américain Erblichia figuré par M. Seemann dans
la Botany of H. M. S. Herald , et l'examen de plusieurs Turnéracées. oui
conduit l'auteur a cette conclusion que les Turnéracées et les Passiflorées
sont tellement alliées entre elles que les différences qui les distinguent sont
purement imaginaires, et qu'elles ne constituent en fait qu'une seule et
96 SOCIÉTÉ BOTAMQCE HE FRANCE.
même, famille. La petite note insérée dans le Journal of Botany a pour but
d'éclairer ce t'ait, il est évident, d'après M. Seemann, que la découverte de
X Erblichia et l'union, qui en est la conséquence, des Turnéracées et des
Passiflorées jette une nouvelle lumière sur plusieurs points contestés con-
cernant l'enveloppe florale de cette dernière famille, et corrobore les vues
de M. Lindley, qui regarde l'enveloppe florale extérieure comme un calice,
l'intérieure comme une corolle, et la couronne comme une espèce particu-
lière de pétales.
Types de chaque famille et des principaux genres de
plantes croissant spontanément en France , exposition
détaillée et complète de leurs caractères et de l'embryologie, par F. Plée,
livraisons 83-88, in-/-i°, Paris, 1854.
M. Plée poursuit avec persévérance la publication de ce travail, com-
mencé ii y a plusieurs années. Chaque livraison, de format petit in -W, se
compose d'une plante dessinée et peinte d'après nature, gravée et coloriée,
et d'un texte descriptif et explicatif.
Toutes les figures accompagnées d'analyses sont remarquables par leur
exécution; la gravure et le coloriage en 'sont extrêmement soignés.
Les six livraisons annoncées ici renferment des figures de plantes appar-
tenant a cinq familles : Plumbaginées , Ombelliferes , Scrophulariuées ,
Composées et Champignons. Voici l'indication des espèces qui ont été
prises pour types de ces familles : Statice maritima, Helosciadium repens,
Linaria Cymbalaria, Sonchus oleraceus, Hellis perennis, et Morchella
esculenta.
BOTANIQUE GÉOGRAPHIQUE.
Etudes de géographie botanique de l'Europe, et en parti-
culier sur la végétation du plateau central de la France ; par Henri
Lecoq. Tome Ier, in-8°, 521 pages. Paris, 1854.
Ce livre, ainsi que l'indique son titre, n'est que le premier volume d'un
ouvrage plus étendu, qui embrassera la géographie botanique de l'Europe
entière; l'auteur a développé dans une introduction l'ensemble du plan
qu'il s'est tracé, mais nous nous bornerons a indiquer les sujets des quinze
chapitres dont se compose le volume actuel.
Dans le premier chapitre, M. Lecoq rappelle que c'est en grande partie
a la végétation qu'une contrée doit sa physionomie. Il sépare, comme l'a
déjà fait M. Thurmann, la Flore proprement dite du tapis végétal, c'est-
à-dire le nombre, des espèces, du nombre et de la proportion des individus
de telle espèce, de tel genre, ou d'un groupe quelconque. Il dit ensuite
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 97
quelques mots sur les centres de création ou Paradis des espèces et sur
l'irradiation de celles-ci autour de. ce centre.
Le chapitre 2 traite de la température et des causes qui la font varier,
telles que l'élévation ou altitude, la direction des chaînes de monta-
gnes, etc.
Le chapitre 3 comprend les faits qui dépendent de l'action de la lumière
et de l'électricité.
Le chapitre k, relatif à l'influence de l'eau, considère cet agent, l°à
l'état de vapeur, sous forme de nuages et de brouillards; 2° à l'état de
liquide, sous forme de pluie, ainsi que dans les lacs, les étangs, les ruis-
seaux, les rivières et les marais d'eau douce ou d'eau salée ; 3° à l'état
solide, sous forme de neige et de glace.
Le chapitre 5 est relatif a l'influence des corps gazeux sur la végétation :
on y trouve des considérations intéressantes sur l'origine de l'acide carbo-
nique et de l'ammoniaque contenus dans l'air atmosphérique et sur l'action
particulière des courants d'air et des vents.
Le chapitre 6 c'ontient rémunération des nombreux moyens de transport
que les végétaux doivent aux migrations ou aux déplacements des ani-
maux, et surtout à l'action de l'homme.
Dans le chapitre 7, l'auteur termine les considérations générales par
l'étude des causes géologiques et par la détermination des stations diverses
que les plantes affectionnent.
Les quatre chapitres suivants sont consacrés à l'examen de l'intéressante
question de la fixité des espèces dans le règne organique. M. Lecoq admet
l'espèce avec des caractères constants, et sa permanence, tant que les con-
ditions extérieures ne changent pas et que la période géologique reste la
même. Il ne reconnaît qu'une seule création primitive, et il regarde les
espèces actuelles comme dérivées par voie de filiation des espèces per
dues. Pour lui, les espèces peuvent donc encore se créer et se désarticuler,
pour ainsi dire, des souches existantes, mais à la condition d'être de jeunes
espèces qui n'ont pas encore acquis la stabilité. Ces considérations four-
nissent à l'auteur la matière d'un chapitre tout entier, dans lequel il traite
de la jeunesse de l'espèce et de son passage à travers les temps géologiques.
En un mot, pour M. Lecoq, l'espèce est une succession d'individus offrant
des caractères semblables et constants pendant la même période géologique,
cequi exclut toute idée d'espèces absolument permanentes. Les deuxgrandes
divisions du règne organique sont confondues dans ces dissertations, et
l'auteur cite, a l'appui de ses idées sur la transmutation des espèces, des
faits nombreux relatifs à l'histoire des vers intestinaux. On voit, que
M. Lecoq appartient à l'école de Goethe et de Geoffroy Saint-Hilaire, car il
admet en partie leurs doctrines sur l'unité de composition, le balancement
des organes et leur métamorphose.
98 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
M. Lecoq, s' étant proposéd'embrasser dans ses études la géographie bota-
nique de l'Europe entière, avait besoin d'un point de repère pour comparer
entre elles les Flores des diverses régions, et il a naturellement donné la
préférence au pays qu'il connaît le mieux. Depuis longtemps familiarise'
avec l'histoire naturelle de J'Auvergue, il n'avait qu'à coordonnera son
nouveau point de vue les matériaux rassemblés dès \St\l dans le Catalogua
des plantes vasculàires du plateau central île lu France, qu'il a publié en
collaboration avec M. Lamotte.
Les quatre derniers chapitres sont consacrés a l'élude de ce plateau central.
Après avoir exposé quelques généralités indispensables sur sa constitu-
tion géologique et sur les révolutions qu'il a subies, l'auteur considère la
distribution nouvelle des végétaux à la surface du sol. il distingue trois ré-
gions principales: 1° Région dît nord ou de la plaine, 2° /légion méridio-
nale, 3° /légion des montagnes, auxquelles il ajoute U" /légion aquatique,
qui n'est que la réunion de la végétation aquatique des précédentes.
L'auteur ne traite dans ce volume que des trois premières régions; il
donne pour chacune d'elles la liste des espèces particulières à chaque sta-
tion, mais comme ce genre de travail échappe a toute analyse, nous nous
bornerons à faire remarquer ici que cette série de tableaux représente les
diverses associations des plantes dans les forêts, les taillis, les haies, les
buissons, les prairies, les bords des champs, des chemins , et des ri-
vières, etc., etc.
BOTANIQUE GÉOLOGIQUE.
On tlie structure antl affiuitles of Ti'igonocarpoii (Sur
la structure et les affinités du Trigonocarpon), par (M. Joseph I). Hooker
Communication faite à la Société royale de Londres, le 30 mars 185/r.
Depuis longtemps déjà, M. I). Hooker avait cherché a déterminer la
structure et les affinités de certains fruits fossiles qui appartiennent à la
formation houillère, et qui ont reçu le nom de Trigonocarpon. Ces fruits
sont extrêmement abondants, au point qu'en certaines localités on peut les
recueillir à boisseaux; en outre, on les trouve dans à peu près toutes les
couches de la formation houillère.
C'est seulement depuis son retour des Indes, que ce botaniste distingue
a réussi à se procurer de bons échantillons de ces fruits, qui lui ont ele
communiques par M. Binney, de Manchester. Il en a l'ait préparer de
nombreuses coupes en lames minces, et, parmi ces préparations, cinq lui
ont révélé les détails suivants.
Les téguments du fruit de Trigonocarpon ont tous une structure spé-
ciale; ils ne sont que des modifications des différentes enveloppes d'un
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 99
ovule, et leur nombre est précisément celui des téguments qu'on observe
dans les ovules des plantes actuellement vivantes.
Le nombre, la structure et la superposition de ces téguments indiquent
nettement que les Trigônocarpon ont appartenu à la section des Conifères
aujourd'hui existantes, que distinguent des fruits charnus, solitaires, en
place de cônes, et ils accusent une très grande ressemblance avec le fruit
du genre chinois Solisburia. Sur les cinq échantillons les plus parfaits on
voit des indices plus ou moins évidents de quatre téguments distincts, avec
une grande cavité centrale remplie chez tous de carbonate de chaux et de
magnésie. M.D. Hooker présume que ces minéraux ont remplace l'albumen
et l'embryon de la graine.
Le fruit parfait est ovoïde, allongé, un peu plus gros qu'une noisette; a
son extrémité inférieure, qui est la plus large, se trouve le point d'attache,
tandis que son extrémité supérieure , qui est la plus étroite, se prolonge en
un bec droit, conique, tronque, percé d'un canal longitudinal et droit. Le
tégument externe est très épais et cellulaire, et sans nul doute il était autre-
lois charnu ; lui seul se prolonge au delà de la graine pour former le bec.
M. Hooker pense que son extrémité était celle de la primine de l'ovule, et que
la cavité de cette extrémité était l'exostome. Le second tégument parait
avoir été beaucoup plus mince, mais en même temps dur et ligneux ou
osseux. Il n'est pas perforé au sommet. Il est également ovoide, et il est
sessile par sa large base dans le tégument externe , auquel il adhérait peut-
être partout, excepté au sommet. Il est marque de trois angles ou saillies; et
comme, à cause de sa dureté, il s'est conservé seul à l'état fossile, il a
motive la dénomination de 7'rigonocarpon. Plus intérieurement se trouvent
le troisième et le quatrième téguments, qui sont l'un et l'autre des membranes
très délicates; l'un parait avoir été intimement applique contre la paroi
interne du deuxième tégument; l'autre entourait probablement l'albumen.
Mais maintenant ils sont écartes l'un de l'autre, par suite du raccornisse-
meut qu'a subi le contenu de la cavité interne et de l'infiltration d'eau
chargée de matières minérales qui se sont déposées entre eux. Ces deux
membranes peuvent être dues a la séparation d'une seule en deux lames;
s'il en est ainsi, le tégument primitif était formé de plusieurs assises de
cellules.
Jusqu'à présent, M. D. Hooker n'a pu reconnaître rien d'organisé dans
lu cavité du fruit, d'où il résulte que la nature réelle de cette cavité reste
entièrement douteuse pour lui. C'est seulement sur la grande ressemblance
qui existe entre la structure , l'aspect et la superposition des téguments du
Trigùnôcarpon avec ceux des Conifères Ta xi nées, qu'il se base pour ad-
mettre la grande affinité de ce fruit avec celui de ces végétaux.
M. D. Hooker fait remarquer que les caractères sur lesquels il base
l'affinité qui lui parait exister entre le Trigônocarpon et les Conifères se
100 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
retrouvent également dans les fruits des Cycadées, et que M. Brongniart a
déjà rapporté à cette dernière famille le genre Noggerathia et quelques
genres voisins, qui ne sont probablement que des Trigonoearpon mutilés.
Les feuilles des Noggerathia sont encore les seules que l'on connaisse,
et déjà M. LinJley, en publiant la figure de celles d'une espèce, a fait
remarquer leur grande ressemblance avec celles du Salisbitria.
BOTANIQUE APPLIQUÉE.
On tlie growtli of Sea-Weeds (Sur la végétation des Algues
marines), par M. P. H. Gosse. (Annal s and Magaz. of natural His-
tory, juin 1854, p. 488-491.)
Jusqu'à ce jour on n'avait réussi à conserver vivantes et à cultiver, si
l'on peut le dire, que les Algues marines colorées en vert. Les essais de
cette culture qui ont été faits dans les bassins de la Société zoologique de
Londres ont été couronnés d'un plein succès, et l'on voit aujourd'hui dans
ce magnifique établissement des Ulva, Enteromorpha, Conferva, Bryopsis,
végéter avec autant de vigueur que dans le sein même de l'Océan. Mais les
Algues marines rouges avaient résisté aux essais de culture, dont elles
avaient été l'objet. Aussi M. Gosse s'empresse-t-il d'annoncer qu'il a été
plus heureux qu'on ne l'avait été jusqu'à lui , et qu'il a vu se développer
parfaitement dans ses bassins le Gracilaria eonfervoides, le Chondrus crispas,
le Rhodymenia jtibota, un Ceramium , un Callithamnion (probablement
C. Rothii), le Phyllophora rubens. Ainsi, dit M. Gosse, « les faits rapportés
ci-dessus suffisent pour montrer que la nature des Rbodospermes ne s'op-
pose nullement à ce qu'on les cultive dans de petits espaces, et que leur
culture est même beaucoup plus facile que celle d'un grand nombre de
plantes terrestres qui exigent de la part des horticulteurs beaucoup d'ha-
bileté et de persévérance. »
Observations on the parasitic lianàts of nttinttntitws
Cristn-galli, and its injurious e/fecfs on the growth of Rarley [Ob-
servations sur le parasitisme du Rbinantbus Crista-galli, et son action
nuisible sur la végétation de l'Orge), par M. Josbua Clarke. (Annals and
Magazine of natural ffistory, mai 1854, p. 422.)
Ces observations, lues a la Société linnéenne de Londres, le 1" novembre
1853, ont été faites à Debden, dans le comté d'Esses. Le champ, d'une
contenance de quatre acres, était planté en orge ; le sol était une argile
compacte.
Le Rhinanthus se montrait par places, sur différentes parties du champ, et
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 101
il occupait au moins la moitié de la surface totale ; deux acres d'orge
avaient été complètement détruits, et le reste de la récolte se trouvait très
endommagé.
Sur l'étendue totale de 30 acres d'orge que contenait la ferme, 10 environ
avaient été détruits par le parasite.
Pour expliquer le mode d'action du Rhinanthus dans cette circonstance,
M. Clarke établit que les fibres de ses racines s'attachent aux radicelles de
l'orge, sur lesquelles elles forment de petits tubercules arrondis, ou ce qu'on
pourrait peut-être plus proprement appeler des spongioles, qui embrassent
les fibres si fortement qu'elles attirent le suc de la plante de manière à l'af-
famer, et le plus souvent à finir par la faire périr. Ces spongioles sont
formées de tissu cellulaire.
Nouvelle Flore usuelle et médicale, ou Histoire et descrip-
tion de tous les végétaux utiles, tant indigènes qu exotiques , avec leur
application à l'agriculture, aux arts, à l'industrie, à la médecine et à
l'horticulture, par M. Frédéric Gérard ; Paris, 1851-1854, în-8°.
Cet ouvrage, arrivé en ce moment à sa 180e livraison, se compose de
U volumes divisés en 8 tomes grand in-8°, et sera accompagné de ZiOOplan-
ches gravées sur acier. Comme le titre l'indique, l'auteur s'est proposé de
faire connaître l'histoire de toutes les plantes utiles; il annonce qu'il mettra
à profit les découvertes les plus récentes et qu'il fera disparaître les
croyances ridicules fondées sur des préjugés ou sur des observations super-
ficielles.
La première partie du premier volume est entièrement publiée depuis
quelque temps. Elle forme un volume de près de 400 pages comprenant
les familles naturelles des Uenonculacées, Dilléniacées, Magnoliacées, Ano-
nacées, Zchizandracées, Lardizabalées et Menispermacées.
M. Frédéric Gérard a interrompu la série des familles pour rédiger et
publier une introduction à sa Flore usuelle. Cette introduction, divisée en
deux parties, dont la première est achevée, est destinée à faciliter la lecture
de l'ouvrage qu'elle précédera. Cette première partie forme un cours de
Botanique générale; la seconde, consacrée à la botanique appliquée, et
dont il a déjà paru vingt livraisons , contiendra des notions générales
d'agriculture, d'horticulture, de médecine et de pharmacie, et sera suivie
d'un vocabulaire étendu de botanique et de médecine.
Cet ouvrage se publie par livraisons qui paraissent régulièrement. Il est
imprimé avec soin et l'auteur y fait preuve de connaissances très étendues et
très variées.
MÉLANGES KT NOUVELLES.
Plantes \ i% i|>areg.
Le Gardeners Chronicité du J 7 juin dernier publie un fait curieux de
viviparité. Quelques pieds de Pernettya mucronata furent placés, est-il dit
dans ce journal, dans une atmosphère chaude et humide qui leur permit de
mûrir leurs baies. En ouvrant quelques-unes de celles-ci, on fut surpris
de voir que toutes les graines qu'elles renfermaient avaient germé dans leur
intérieur, de telle sorte que chacune d'elles renfermait une masse déjeunes
plantes. Ces graines germées furent retirées avec soin; mises en terre, elles
continuèrent leur développement. A l'extérieur, les baies dans lesquelles
ces germinations avaient eu lieu ne différaient en rien de celles qui étaient
venues à l'air libre ; elles étaient seulement peut-être un peu plus volumi-
neuses et plus pâles.
Il est bon de faire remarquer que ce fait intéressant est moins rare qu'on
ne serait tenté de le croire. Il se présente fréquemment dans les fruits
charnus des régions a la fois chaudes et humides; ainsi , M. Perrotet nous
assure l'avoir observé fréquemment à la Guyane. Même dans nos climats,
il est assez commun dans lesoranges et dans les fruits de quelques Cucurbi-
tacées. Enfin nous rappellerons qu'il a etéobservé et signalé par M. Decaisne
chez le Psammisia penduliflora. (Voyez Rev. hortic, numéro du 1èr jan-
vier 185/i, page 6.)
lie Jardin ries Plantes de Montpellier. Essai historique
et descriptif, accompagné de 9 planches, par Charles Martins, professeur
de botanique et d'histoire naturelle médicale à la Faculté de médecine
de Montpellier et directeur de ce jardin. Montpellier, 1854. 90 pages
in-V.
L'importance du jardin botanique de Montpellier ne saurait être mise en
doute. Créé vers la fin du \\v siècle, il est regardé comme le plus ancien
de France et sa position le rend éminemment propre à l'acclimatation des
végétaux étrangers. M. Charles Martins, directeur actuel de ce jardin, a
entrepris d'en donner l'histoire et la description. Il a divisé son travail en
trois périodes, dans lesquelles il indique les transformations successives
qu'a subies le Jardin des Plantes de Montpellier, depuis l'époque de sa fon-
dation jusqu'à présent. Ces trois périodes correspondent aux trois siècles a
compter depuis la création de cet établissement Ainsi la première période,
MÉLANGES ET NOUVELLES. 103
qui part de la fondation du jardin, renferme son histoire pendant le
xvne siècle, de 1593 à 1697, ou depuis Richer de Belleval jusqu'à Pierre
Magnol : la deuxième, de 1698 à 1803, comprend le xvine siècle, ou de-
puis François Chicoyneau jusqu'à Gouan; et la troisième, qui s'arrête à 1854,
contient la première moitié du xixe siècle, ou d'Auguste Broussonnet jusqu'à
nos jours. Toute cette partie, remplie de détails curieux sur les différents
personnages qui ont figuré dans l'histoire du Jardin de Montpellier, se fait
lire avec beaucoup d'intérêt. On sait que de l'École de Montpellier sortirent
la plupart des hommes qui professèrent la science des végétaux dans les
universités; l'auteur les fait passer sous nos yeux dans son introduction.
Parmi eux se retrouvent Léonard Fuchs, Charles de I Ecluse, Lobel, les
deux Bauhin, etc. Parmi les hommes appelés à diriger le Jardin des Plantes
de Montpellier, apparaissent encore des noms bien connus : « Créé deux fois
par Pierre Richer de Belleval, dit l'auteur, il languit sous son neveu et sous
la longue dynastie des Chicoyneau : Magnol et Sauvages lui redonnent
quelque vie pendant leur direction. Imbert et Barthez, continuellement
en lutte entre eux, sont impuissants pour l'améliorer. Gouan devient direc-
teur, mais à un âge où l'activité ne répond pas a la bonne volonté. C'est de
Broussonnet que date sa résurrection : de Candolle l'agrandit, et Delile l'en-
richit d'un grand nombre de plantes. »
A la suite de tous ces renseignements historiques, M. Martins nous
donne la description détaillée du Jardin qu'il fait suivre de neuf planches
lithographiées représentant des portraits et des vues. I.a planche « entre
autres, far simile réduit de moitié d'une estampe a l'eau forte attribuée à
Richer de Belleval et conservée dans la bibliothèque du Jardin, donne une
vue perspective du Jardin des Plantes de Montpellier en 1596.
Histoire et statistique «Je la Flore de la Nouvelle-
Zélande (Flora of Néiv-Zealand . d'après M. Jos. DaltonHooker.
I.e nombre des espèces signalées par M. Jos. JJ. Ilooker dans sa Flore </<■
ta Snuvelk-Zelande est de 2000, parmi lesquelles figurent un peu plus de
100 Cryptogames inférieures dont les échantillons étaient trop imparfaits
pour permettre une détermination rigoureuse. C'est plus que le double de
eelles qu'indiquait, en 1846, le catalogue de M. Raoul. En effet, cette
énumûation comprenait seulement ,920 espèces qui, dit M. D. Hooker, se
réduisent a 770 lorsqu'on retranche celles qui sont naturalisées ou indi-
quées par erreur. En 1838, Cunningham donnait 640 espèces qu'il faut ré-
duite à 570; en 1832, A. Richard en signalait 350 dans sa liste. Le Pro-
dromvs de Forster en contient 154 ; enfin on en trouve 426 dans les collée
lections de Banks et Solander.
Cet accroissement rapide de la Flore de la Nouvelle-Zélande, qui a quin
104 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
tuplé en vingt ans, est dû principalement au soin avec: lequel on s'est attaché
à recueillir les Cryptogames. En effet, tandis que le chiffre des Phanéro-
games surpasse celui des Cryptogames dans les premiers catalogues, il l'égale
seulement dans la liste de M. Raoul. Bien plus, dans l'ouvrage de. M. .1. ]).
Hooker, le rapport est renversé, et les Phanérogames ne sont, relativement
aux Cryptogames, que dans le rapport de 1 à 1,6 ou à peu près de 2 à 3.
Jusqu'à ce jour, trente-cinq botanistes au moins ont herborisé dans la Nou-
velle-Zélande. La Flore de Pile septentrionale a été assez bien recherchée,
quant aux Phanérogames ; il reste cependant beaucoup à y faire sur la côte
occidentale, notamment dans les environs du Mont-Egmont. Ledocteur Lyall
est le seul qui ait recueilli des plantes dans Pile méridionale et sur la côte
occidentale de Dusky-Bay. L'ile du milieu a été visitée par un petit nombre
d'explorateurs, et seulement sur ses côtes septentrionale et orientale; il
reste beaucoup à espérer de l'exploration de sa côte occidentale et de ses
montagnes.
En exceptant les parties qui viennent d'être indiquées, M. D. Hooker
espère peu de découvertes, en fait de Phanérogames, des explorations ulté-
rieures de la Nouvelle-Zélande, mais il en attend beaucoup, au contraire,
pour les Cryptogames. D'après ce qu'on possède aujourd'hui, et par com-
paraison avec des contrées plus connues, ce botaniste présume que la Nou-
velle-Zélande ne renferme pas plus de 4000 espèces, dont 1000 Phané-
rogames. C'est, comme on le voit, une Flore très pauvre, surtout en
Phanérogames, comparativement a d'autres payssitues sous la même latitude.
Ainsi la Grande-Bretagne, qui a presque la même étendue, possède plus
de 1400 Phanérogames, et la Tasmanie en a déjà fourni 1000, bien qu'elle
ait été imparfaitement explorée, et qu'elle n'ait qu'une surface trois t'ois
moindre. Par compensation, la Nouvelle-Zélande est très riche en Crypto-
cames, dans un sens non seulement relatif, mais encore absolu. Ainsi la
Grande-Bretagne, dont les productions cryptogamiques ont été recherchées
avec la plus grande attention depuis cinquante ans, ne contient que 50 Fou-
gères; la Tasmanie en a seulement 64, tandis que la liste de M. D. Hooker,
pour cette famille, contient (les Lycopodiacés comprises) au moins 114 es-
pèces, après réduction à l'état de simples variétés pour un nombre à peu
près égal d'espèces nominales.
Sur l'herbier tle la Société botanique tl'Édimbourg.
Dans sa séance du 12 janvier dernier, la Société a entendu le rapport qui
lui a été fait sur l'état de ses collections botaniques par M. le docteur
Anderson, conservateur de l'herbier. Nous avons extrait les détails suivants
du compte rendu de cette séance, inséré dans les Anna/a and Magazine of
natuval History, mars 1854, p. 235.
MÉLANGES ET NOUVELLES. 105
L'automne dernier, les armoires et tout ce qu'elles contenaient, a l'excep-
tion des plantes de la Grande Bretagne, ont été transportées dans le nouveau
Muséum du jardin botanique.
La collection de plantes de la Grande-Bretagne, qui reste encore dans les
galeries de la Société à l'Université, se trouve maintenant dans un état par-
fait, et pourra être d'une grande utilité aux personnes qui étudient les
espèces critiques ou la distribution géographique des plantes dans les îles
britanniques. L'herbier d'Europe n'est pas encore entièrement arrangé.
Cette collection est très étendue, et renferme des plantes de presque toutes
les contrées de l'Europe. Elle s'est enrichie, dans ces dernières années, de
plantes d'Espagne et de Portugal, et d'une série complète de plantes de la
Scandinavie provenant du professeur Blytt, de Christiania. La partie asia-
tique de la collection est la plus étendue et peut-être la plus précieuse de
l'herbier. Elle est composée principalement de plantes des Indes orientales,
de quelques espèces de l'Arabie et de la Syrie, dont une partie provient des
plantes laissées à la Société par M. Christy. Les plantes de l'Inde ont été
recueillies par Boxburgh, Wallich et M. Wight, par la comtesse Dalhousie,
par le docteur Cleghorn, le capitaine Campbell, et le docteur Jameson, de
Saharunpoor.
La collection de la Société est riche en plantes' africaines, dont un
nombre considérable d'espèces a été recueilli au Cap de Bonne- Espérance ;
quelques-unes sont nommées, mais la plus grande partie est indéterminée.
La Société possède aussi une grande et bonne collection de plantes d'Amé-
rique, principalement de l'Amérique septentrionale, du docteur Gavin
Watson, de Philadelphie.de M. James M'Nab et du docteur Philippe
Maclagan.
Il n'existe qu'un petit nombre de plantes de l'Amérique méridionale. La
Société a fait dans ces derniers temps l'acquisition d'une collection consi-
dérable de plantes de l'Australie.
NECROLOGIE.
La science vient de perdre l'un de ses représentants les plus illustres en
Russie; M. Friedrich-Ernst-Ludwig Fischer vient de mourir dans un âize
très avancé (soixante-dix-sept ou soixante-dix-huit ans). Pendant une très
longue suite d'années, M. Fischer a rempli d'une manière très profitable a
la science les fonctions importantes de directeur du jardin impérial de
Petersbourg, et ce n'est que depuis trois ou quatre ans qu'il était rentré
dans la vie privée pour jouir du repos auquel sa longue et glorieuse car-
rière lui donnait des droits, et dont sa vieillesse avancée lui faisait une
nécessité. M. Fischer a rendu de grands services à la Botanique, non seule-
106 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
ment par ses ouvrages, mais encore et surtout peut-être par la générosité
avec laquelle il a répandu, dans tous les jardins botaniques, des graines de
plantes propres aux contrées les moins connues et les moins abordables de
l'empire russe, telles surtout que celles du Caucase, de l'Ibértë et de la
Sibérie. Il a ainsi enrichi les collections scientifiques et même celles de
simple agrément d'un grand nombre d'espèces qui leur sont maintenant défi-
nitivement acquises et dont plusieurs figurent avec distinction parmi les or-
nements habituels de nos parterres.
Voici la liste des ouvrages qu'a publics M. Fischer, soit seul, soit en col-
laboration avec Karl Anton Meyer :
Spécimen de vegetabiliwn imprimis Filicum propagatiône. — fiai», 1806, iu-8",
60 p., 1 lab.
Beitrag zur botanischen Sysleinatik, il if Existenz der Monokotyledonen, a. der
Polycotyledonen betreffend.— Zurich, 1812, in-6°, 32 p., 3 tab.
Catalogiiè du Jardin des plantes du comte Alexis de Razoumoffsky, à Gorenky,
près 'de Moscou, 1808, in-8", 163 p.
Index nlantarumanno 1826, in horto imperiali botanîco Petropolitano vigenbium,
— Peti-opoli, 182Z|, in-8°, 76 p.
Avec karl A n Ion Meyer : Index seminwn horti Petropolitani, n" 1-9. — Petro-
poli, 1835-1862, in-8". Suppl. 1863, 25 1».
Avec le même : Bericht iiber die Getreidearten, welcheim Jahr 183(3 im Kaiserl.
Botanischen Garten zû Saint-Petersburg gebaui wurden. — l'étersb , 1837,
in-6% 11 p.
Avec le même : Enumeratio (primo et altéra) piaulai, novar. n il. Schrenh
lectarum. - Pelropoli, 1861-1862,8. (I . 1861, vu, 113 p., 2 lab. - II. 1862,
m, 77 p.)
Outre ces ouvrages, indiqués dans le Thésaurus de Al. Priizel, nous citerons une
monographie du genre Adënophora (Campanulacées).
On annonce la mort récente de M. Stefano Moricainh a Genève. Ce
botaniste, a qui M. De Candolle a dédie un genre de Crucifères, a rempli
pendant longtemps les fonctions d'administrateur du Musée académique de
Genève. Il a laisse une Flore de Venise et quelques mémoires sur des plantes
nouvelles d'Amérique, publiés pour la plupart dans la collection des mémoires
de la Société de physique et d'histoire naturelle de Genève. Voici les titres
e\acts de ces ouvrages :
Floravmetd, seu enum. plantai: circa Venetiam nascentium sécundum methodum
Linnœanam disposita, vol. [, Phanérog. — Gcnevœ, 1820, in-8", 639 pages.
Le volume relatif à la Cryplogamie n'a pas été publié.
Plantœ americanœ rariores desçriptce et tconibi illustrâtes. — Genève, 1830, in-
fol., 8 p., tab. 1-10.
MÉLANGES ET NOUVELLES. 107
Plantes nouvelles d'Amer,. — Genève, grand in-Zf, IV, 17<> p., 100 lab.
11 en a paru, parmi les mémoires de la Société de physique el d'histoire naturelle
de Genève, dix fascicules qui ont été tirés à part.
Depuis plusieurs années, M. Moricand avait a peu près abandonne la
botanique pour s'occuper de zoologie, particulièrement de conchyliologie.
Il a publie, sur ce dernier sujet, quelques mémoires qui se trouvent dans
la collection qui renfermait déjà ses fascicules de plantes nouvelles d'Amé-
rique.
se
— MM. Blauche et Gaillardot, lixes depuis plusieurs années en Syrie
proposent de publier une série de fascicules de plantes récoltées dans cette
région classique de l'Orient : ils se sont attaches spécialement à rechercher
les espèces découvertes par les anciens voyageurs, tels que Rauwolf,
Russel, Hasselquist, Olivier et Labillardjère , et celles décrites récemment
par MM. Decaisne et Boissier.
Les types du voyage d'Olivier sont déposes dans l'herbier du Muséum, el
ceux de Labîllaidière dans l'herbier de M. Webb : les plantes récoltées par
MM. Blauche et Gaillardot ont été comparées avec ces types précieux. Les
autres plantes ont été soumises au visa de MM. Decaisne , Webb et particu-
lièrement de M. Boissier.
Celte collection porte le titre de : Herbier de Syrie. Le prix de chaque
fascicule, composé de 51) espèces, est de 15 francs. MM. Puel et Maille,
boulevard Beaumarchais, 72, sont les dépositaires de ces plantes.
— L'herbier de Lichens de feu le pasteur Schœrer vient d'être acheté par
M. Edmond Boissier, de Genève. Mais il reste encore à vendre les collec-
tions qui ont fourni déjà les matériaux des Lichenes helvetici exsiccati du
même, botaniste. Ces collections comprennent environ 650 espèces ou
variétés représentées chacune, a peu d'exceptions près, par 10 à 50 échantil-
lons. Elles ont été évaluées par MM. Shottleworth etGuthnick à 1500 francs,
prix que ces botanistes regardent comme bien inférieur à leur valeur réelle,
et sur lequel cependant on obtiendrait encore, selon toute apparence, une
légère diminution.
— Nous avons annoncé dans le dernier Bulletin le voyage entrepris par
M. Balansa, qui a pour objet l'exploration botaniquedes environs de Smyrnc.
Une lettre du voyageur, adressée a M. G;iy sous la date du 7 juillet, con-
firme les heureux présages que les nouvelles précédemment reçues avaient
l'ail concevoir. M. Balansa avait fait, au milieu de juin, une excursion a
Maenésie et au mont Sipvle, et les résultats avaient dépasse son attente.
Il devait partir le 20 juillet pour aller visiter la chaîne du ïmolus, a une
assez grande distance au sud-est de Smyrne ; et, d'après la tranquillité qui
108 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
régnait à Smyrne, il espérait pouvoir accomplir ce voyage en toute sécurité.
Un fait important de géographie botanique résulterait déjà de sa course au
Sipyle. Il aurait trouvé le froment de nos moissons, le Triticum sativum,
dans des circonstances où il était impossible de ne pas le croire parfaitement
spontané.
— M. Chatin, a son herborisation du 23 juillet, a trouvé en grande
abondance le Goodyera repens près du Mail d'Henri IV, dans la foret de
Fontainebleau.
BIBLIOGRAPHIE.
Études 'physiologiques sur lés animalcules des infusions végétales, comparés aux
organes élémentaires des végétaux, par Laurent (Paul), t. I Des infusions;
in-Zf de 22 feuilles avec 22 planches lithographiées. — Dard, Nancy.
De la maladie de la vigne, par Cazalis (Frédéric), docteur en médecine, in-8"
d'une feuille. — Grollier, Montpellier.
Catalogue des graines récoltées au Muséum d'histoire naturelle de. Paris en 1853;
in-W de 2 feuilles.
Chimie agricole. Analyses comparatives des cendres d'un grand nombre de végé-
taux, suivies de l'analyse des différentes terres végétales, par P. Berthier; in-8"
de 8 feuilles. — Bouchard-Huzard, Paris.
Fragmenta florulœ ethiopico-cegyptiœ , ex plantis prœcipue ab A. Figari
Musœo J.-B. Florentino missis, auctore Ph.-B. VVebb; in-8° de !\ feuilles 3/4.
— Martinet, Paris.
Notice pomologique. Description succinte de quelques fruits inédits, nouveaux ou
très peu répandus, par de Liron d'Airoles; in-8° de 2 feuilles, plus l\ planches. —
Masseau, Nantes.
Flore, du département du Rhône ; in-8° de 3 feuilles. — Dumoulin, Lyon.
Recherches expérimentales sur la végétation, par Ville (Georges) ; in-ZT de 9 feuilles
ï/4. — Martinet, Paris.
Recherches sur l'absorption et l'exhalation des surfaces aériennes des plantes, par
Garreau ; in-8" de 2 feuilles 1/Zi. — Leleux, Lille.
Glossologie botanique, ou Vocabulaire donnant la définition des mots techniques
usités dans renseignement, etc., par F. Plée ; in-12 de 3 feuilles. — Martinet,
Paris.
Quelques notes sur la Flore de Montpellier, par D.-A. Godron; in-8° de 2 feuilles.
— Oulhenin-Chalandre, Besançon.
Etude des fleurs, botanique élémentaire, descriptive et usuelle, par L. Chirat ;
2e édition, entièrement revue et considérablement augmentée par l'abbé Cariol ;
t. I et II ; in-12 de l\!\ feuilles. — Girard, Lyon.
Piiiis. — Imprimerie de L, MaiiTINET, l'île Mignon,'.'
SOCIÉTÉ BOTANIQUE
DE FRANCE.
SÉANCE DU 12 JUILLET 1854.
PRÉSIDENCE DE M. AD. BRONGNIART.
M. de Schœnefeld, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de
la séance du 28 juin, dont la rédaction est adoptée.
Sur la présentation du Bureau , la Société admet au nombre de
ses membres :
MM. Bernard, quai delà Mégisserie, 30, à Paris;
Réveil, agrégé de l'École de pharmacie, à l'hôpital de Lour-
cine, à Taris ;
Hooker (Sir William), directeur du jardin royal de Botanique
de Kew (Angleterre) ;
Durv (le Pasteur), à Genève (Suisse);
Lvyernelle (Oscar de), hôtel de la Préfecture, à Besançon
(Doubs).
Don fait à la Société.
De la part de M. H. Lecoq, de Clermont-Ferrand :
Etudes sur la géographie botanique de V Europe, et en particulier sur
la végétation du plateau central de la Erance, t. Il, 185&.
M. Fermond donne lecture d'un Mémoire dont voici le résumé :
DE LA SYMÉTRIE VÉGÉTALE , pur M. CH. FERMOND.
Les naturalistes ont admis avec raison une symétrie chez les animaux,
les végétaux et les minéraux, mais sans distinguer l'espèce de symétrie qui
appartient à chacun des grauds règnes de la nature.
t. i S
110 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
En botanique, ce mot a été employé d'une manière assez vague par
Linné, puis par Correa de Serra. Il faut arriver jusqu'aux savants de notre
siècle, pour trouver au mot symétrie, employé dans la science, un sens plus
précis; et encore les botanistes ne sont-ils pas nettement d'accord sur sa si-
gnification, Ainsi De Candolle donne le nom de symétrie à cette régula/ i/r
non géométrique que l'on rencontre dans une fleur dont les péta/es ne sont
même pus égaux ou dans une feuille dont les deux côtés ne sont pas mathé-
matiquement semblables. Mais, en fixant son attention sur ses écrits, on re-
connaît bientôt que c'est moins la division possible, en deux moitiés égales,
d'un organe ou d'une série d'organes, que le développement intégral de
toutes ses parties, qui doit servir de base à la symétrie. [Théorie élément.,
1813, p. IO'i.) Selon Aug. de Saint-Jlilaire, la symétrie est l'orbe respectif
suivant lequel les organes latéraux sont placés sur la plante. Ainsi, pour ce
savant, la disposition spirale constitue la symétrie des organes de la
végétation, tandis que l'alternance constitue celle des organes de la fructi-
fication.
Enfin, pour Ad. de Jussieu, la symétrie consiste dans cette régularité
qui permet de faire passer un plan par le centre d'une Heur de manière à la
diviser en deux moitiés exactement semblables.
Tous ceux qui commenteront les écrits de ces trois auteurs reconnaîtront
que les idées d' Aug. deSaint-Hilaire sur la symétrie sont bien différentes de
celles de De Candolle et d'Ad. de Jussieu, et que celles de ce dernier savant
se distinguent aussi des idées de l'illustre botaniste de Genève.
Nous croyons que ces dissidences d'opinion tiennent a ce que la symé-
trie n'a pas été convenablement définie, et qu'on la confond avec d'autres
propriétés, et, en botanique particulièrement, avec l'alternance, la régula-
rité et la repétition des parties végétales. C'est que la définition que l'on
donne généralement de ce mot ne repose sur aucun principe, aucune règle
fixes; aussi se ressent-elle de ce défaut de base et ne laisse-t-elle à l'esprit
rien de net, rien de précis. C'est afin de fixer les idées sur cette propriété
des corps, que nous avons cru devoir faire connaître nos idées sur la symétrie
et que nous avons dû lui chercher une définition plus en harmonie avec les
exigences de la science.
La symétrie est la disposition particulière départies similaires ou homo-
logues placées à égales distances ou hauteurs de chèque côté d'un point,
d'une ligne ou, d'un plan, et dont un des côtés, quoique en sens contraire, re-
présente assez exactement le côté opposé.
Partant de cette définition, il faut commencer par considérer les parties
constituantes de la symétrie et le centre par rapport auquel ces parties sont
ordonnées. Ce centre peut être un point, une ligne ou un plan, et nous di-
rons de suite que la symétrie ordonnée par rapport a un point nous a
semblé être celle qui appartient aux minéraux ; la symétrie ordonnée
SÉANCE DU 12 .IL1LLET 1854. 111
par rapport a une ligne, celle qui appartient aux végétaux , et la symétrie
ordonnée par rapport à un plan, celle qui appartient aux animaux.
La symétrie végétale, étant, comme nous venons de le dire, celle chez
laquelle les parties similaires sont ordonnées par rapport à une ligne que la
géométrie'nous apprend être formée par la superposition de points, il s'agit,
avant de le démontrer, d'établir quelques exemples de cette symétrie.
1° Cette symétrie existe quand les parties homologues ou similaires
sont placées à égales distances et opposées chacune à chacune, de chaque
côté d'une ligne ou axe.
2° Les parties n'ont pas besoin d'être opposées pour former symétrie, car
il suffit qu'elles soient disposées alternativement à égales distances et sur
deux lignes opposées pour constituer une autre symétrie.
3° Les parties semblables peuvent encore être disposées toutes d'après un
ordre tel que la quatrième ou toute autre partie arrivera toujours périodi-
quement se placer sur la première, prise comme base de l'observation , de
telle sorte que le nombre des parties compris entre ces deux parties consé-
cutives prises sur une droite parallèle à l'axe, sera toujours le même.
Pour distinguer ces symétries, on pourrait les nommer la première oppo-
sitive, la seconde alternative, la troisième hélicoïdale, parce que toutes les
parties étant à égales distances de Taxe, et également distantes entre elles,
il faut, de toute nécessité, qu'elles soient disposées suivant les spires d'une
hélice qui se développerait autour de l'axe.
Dans le cas de symétrie oppositive, au lieu de deux parties, il peul ar-
river qu'il y en ait trois, quatre ou un plus grand nombre qui soient opposées.
Comme cette symétrie représente une disposition fréquente en botanique,
disposition qui est connue sous le nom de verticillarité , on pourrait la
nommer verticillaire.
Voyons maintenant si la symétrie végétale se rapporte à cette symétrie
par rapport à un point ou à un plan.
1° Si nous prenons une plante à feuilles opposées, nous remarquons que
les feuilles sont d'autant plus petites et par conséquent plus jeunes que nous
les examinons plus haut sur la tige. Rigoureusement, quoique ces parties
aient le même nom, on voit, pourtant, qu'elles ne sont pas homologues ou
similaires, puisque celles du bas sont plus âgées et souvent d'une autre
forme que celles du haut.
Chacune de ces paires de feuilles, prise séparément, pourrait être consi-
dérée comme appartenant à la symétrie par rapport à un point, puisque
l'on peut toujours supposer, au centre de la tige, un point par lequel passe-
rait une droite qui irait aboutir à des parties de même nom, comme le sont
les extrémités des deux feuilles, par exemple, ou bien leurs côtés ou leurs
nervures. Dans ce cas, l'assemblage de ces deux feuilles s'ordonne évidem-
ment par rapport a un point, et si nous n'avions que cette seule paire de
112 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANGE.
feuilles ?\ considérer, rien, symétriquement, ne la différencierait de la sy-
métrie des minéraux. Mais, aussitôt que nous venons à supposer un ou
plusieurs autres assemblages de feuilles placés au-dessus de ce premier,
l'idée de symétrie par rapport à une ligne nous arrive, car, mathématique-
ment, la superposition des points est justement la condition de la formation
d'une ligne, et alors on pourrait reconnaître que. toute droite qui ne lui se-
rait pas perpendiculaire irait évidemment rencontrer des parties de diverses
natures. Par exemple, une droite qui passerait assez obliquement par l'axe
d'un arbre, irait rencontrer d'un côté les branches, les feuilles et les fleurs,
de l'autre les racines, choses que rigoureusement l'on ne peut pas considérer
comme similaires.
Ainsi, ce seul exemple suffit pour nous démontrer que la symétrie végé-
tale ne saurait être celle qui a pour centre un point. Voyons actuellement
si elle peut être rapportée à celle qui a un plan pour centre.
Comme nous ne voulons pas nous étendre ici sur la symétrie des animaux,
nous dirons simplement que, si nous supposons un plan coupant en deux
moitiés égales un chien, par exemple, on peut toujours reconnaître qu'une
droite prise au hasard dans les lignes qui circonscrivent l'animal et per-
pendiculairement au plan, va traverser des parties similaires situées, cha-
cune à chacune, a des distances égales du plan. Toute autre ligne qui ne
serait pas perpendiculaire irait joindre des parties très différentes. C'est
ainsi que la droite qui passerait par l'œil, l'oreille gauches, etc., pourvu
qu'elle soit perpendiculaire au plan qui divise l'animal en deux moitiés
égales, passerait aussi par l'œil, l'oreille droits, etc.
'2° Pour reconnaître si la symétrie des végétaux a un plan pour centre,
nous n'avons qu'a supposer ce plan coupant par le milieu deux feuilles op-
posées de l'assemblage des feuilles verticillées du Rubia tinctorum, par
exemple, à mener des droites perpendiculaires au plan et à voir si les parties
rencontrées sont similaires. Dans le cas dont il s'agit, on voit qu'une droite
perpendiculaire au plan et passant par le centre d'une des feuilles divisées
parce plan rencontre des parties qui tout d'abord paraissent similaires:
mais alors, si nous concevons une autre droite perpendiculaire au plan et
touchant l'autre paire de feuilles par le côté, nous arrivons à trouver encore
des parties qui semblent similaires et dont la recherche et l'origine sont
différentes, puisque, dans le premier cas, les parties homologues appartien-
nent a la même feuille, taudis que, dans le second, elles appartiennent à
deux feuilles.
Cet exemple suffirait pour démontrer l'incertitude où l'on serait de savoir
quelles sont, dans ce cas, les parties rigoureusement similaires, et rien,
jusqu'à présent, ne nous l'indique.
Pour arriver à savoir au juste quelles sont les parties similaires de deux
feuilles opposées, nous choisirons de préférence l'exemple des feuilles du
séance nr 12 JUILLET 1S5A. 413
Rochon falcata, dont, pour plus de simplicité, nous supposerons les feuilles
opposées. Dans ce cas, une droite qui serait appliquée sur le côté des deux
feuilles dans le sens de leur longueur correspondrait à des parties évidem-
ment de nature différente, puisque, chez l'une, ce serait la convexité que
toucherait la droite, tandis que chez l'autre, ce serait la concavité. Or, cette
droite peut être perpendiculaire à un plan qui diviserait la tige de manière
que chaque feuille en emportât une égale quantité. Au contraire, si la
droite passe par le centre de la tige, quelle que soit sa direction, pourvu
qu'elle soit dans le périmètre de l'une des deux feuilles, on reconnaît que
de part et d'autre elle va joindre des parties similaires, puisque, si elle passe
par l'extrémité et la concavité de l'une des feuilles, elle passe également
par la concavité et l'extrémité de l'autre. Donc c'est par le centre de la tige
qu'il faut faire passer les droites qui doivent conduire aux parties simi-
laires, et par conséquent la symétrie végétale n'est pas ordonnée par rapport
à un plan.
A la vérité les Bégonia Fvansùma, nitida, argyrostigma, etc. , présentent
dans leurs feuilles une forme et une disposition qui semblent peu se prêter
à cette symétrie, puisque les côtés les plus étroits ou les plus petits se re-
gardent, et qu'alors une droite passant par le centre de la tige correspon-
drait à des parties qui ne seraient pas similaires. Dans ce cas nous pour-
rions admettre que ces plantes échappent à la loi de symétrie ; mais comme
la symétrie végétale revêt des formes très diverses, nous avons espéré, pou-
voir en trouver une qui fût applicable aux feuilles dont il s'agit; et voici,
selon nous, comment on peut envisager cette symétrie.
Pour rendre l'exposition plus claire, nous raisonnerons sur les feuilles
distiques du Tilia europœa, que nous supposerons opposées, comme dans
l'exemple du Rocheo. Et d'abord nous fixerons l'attention sur celte espèce
de feuilles, de manière à rappeler que tandis que dans les feuilles ordinaires
le plan de leur limbe est ordinairement en croix avec l'axe de la tige, ici,
au contraire, le plan lui est plutôt parallèle. Il résulte de cette disposition
que l'un des côtés de la feuille est aussi voisin et l'autre aussi éloigné que
possible de l'axe. Dans cette position, le côté le plus voisin prend un peu
moins d'accroissement que l'autre, de sorte que. la feuille devient inéqui-
latérale.
Si, dans cet assemblage de feuilles, nous avions à rechercher les parties
des deux feuilles qui seraient rigoureusement similaires, nousn'aurionsqu'à
tirer une droite perpendiculaire a l'axe de la tige et comprise en même
temps dans le plan des deux feuilles; alors, conformément a notre défini-
tion, cette droite rencontrerait, a des distances égales, les points des deux
feuilles qui devraient être considérés comme les parties similaires, ce que
l'œil, au reste, reconnaît aussitôt. Donc ici, la symétrie parait parfaite et
ordonnée par rapport à une ligne.
114 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
C'est de cette façon qu'il faut considérer la disposition des feuilles du
Bégonia, et cette symétrie nous parait plus rationnelle que celle qui con-
sisterait à la faire naître d'une ligne ou d'un plan qui couperait la feuiile
dans le sens de la nervure principale.
Pour ces exemples nous avons supposé l'opposition des feuilles, tandis
qu'elles sont alternes. Dans ce cas, nous avons eu une symétrie oppositive
pour mieux faire saisir notre pensée; mais, en restituant à la disposition des
feuilles l'alternance qui leur est particulière, nous rentrons dans le cas de
symétrie alternative.
Voyons maintenant si, par une autre méthode, nous ne pourrons pas ar-
river à démontrer que la symétrie des plantes a véritablement une ligne
pour centre.
Ad. de Jussieu a parfaitement reconnu qu'en faisant passer un plan au
milieu d'une Heur et parallèlement à l'axe qui la porte avec son pédicelle,
on peut voir que ses deux moitiés se ressemblent. De cette façon on serait
tenté de croire à une symétrie par rapport à un plan, mais alors il faudrait
admettre autant de plans différents qu'il y a de Heurs, et tandis que la sy-
métrie minérale n'admettrait qu'un seul point et la symétrie animale qu'un
seul plan, les végétaux, au contraire, seraient symétriques, tantôt suivant
un point, tantôt suivant une ligne, tantôt suivant un plan. Telle ne peut être
notre manière de voir, et d'ailleurs, en poursuivant notre raisonnement,
nous arrivons, même avec l'usage des plans, à reconnaître que la sy-
métrie qui nous occupe n'est véritablement ordonnée que par rapport à une
ligne.
Eu effet, les fleurs comme les feuilles sont placées sur la'tige, soit en for-
mant des verticilles, soit en décrivant une hélice. Dans les deux cas il est
aisé de voir que tous les plans qui diviseraient les fleurs en deux moitiés
égales, s'ils étaient suffisamment prolongés vers l'axe de l'inflorescence,
iraient se joindre tous au centre de l'axe, puisque nous les supposons pa-
rallèles à cet axe et coupant la fleur par son centre; de sorte que le lieu de
leur rencontre ou leurs points d'intersection constitueraient une ligne par
rapport à laquelle tous ces plans seraient ordonnés, et par conséquent ils
seraient eux-mêmes symétriques par rapport à une ligne. Donc toutes les
(leurs sont symétriques par rapport ta une ligne, et cette symétrie est par-
ticulière aux végétaux.
Le même raisonnement peut être appliqué aux feuilles et à tous les autres
organes appendiculaires.
Voici maintenant quelques applications plus directes :
Si nous examinons un arbre superficiellement, nous lui trouvons un
tronc ou axe principal à l'une des extrémités duquel est une tète composée
de branches, de feuilles, de fleurs, etc., tandis qu'à l'autre extrémité se
trouve la racine. Or, si nous supposons des plans parallèles à l'axe du
SÉANCE W 12 JUILLET 185Ô. 115
tronc, passant par cet axe et se coupant tous, quel que soit le plan que l'on
considère, on divise toujours l'arbre en deux moitiés à peu près égales.
Mais les parties similaires de la tète, en haut, sont bien différentes des parties
similaires de la racine, en bas, et celles du tronc se trouvent au milieu;
mais tous les plans que nous avons supposé diviser l'arbre en deux, forment,
par leurs points d'intersection, une ligne qui est au centre de l'arbre, d'où
il faut conclure que la symétrie de l'arbre est ordonnée par rapport a une
ligne.
A. Feuilles. — Toutes les feuilles opposées des Labiées, Caryophy liées,
Caprifoliacées, etc., appartiennent évidemment à la symétrie opposilive,
et les bourgeons qui naissent à leur aisselle n'infirment en rien la loi de sy-
métrie.
Toutes les feuilles dites verticillées, telles que celles des Rubiaeées, de la
section des (Huilées, appartiennent à la symétrie verticillaire ; celles des
Tilleuls, des Ormes, des Noisetiers, etc., a la symétrie alternative. Toutes
les autres dispositions de feuilles rentrent invariablement dans la sv-
métrie hélicoïdale; mais, par des considérations que nous ferons ultérieu-
rement, connaître, nous regardons cette symétrie comme anomale.
B. Ramifications. — Les rameaux foliifères ou florifères n'étant que le
résultat du développement des bourgeons, qui d'ordinaire sont axillaires,
il est évident qu'ils doivent présenter la même symétrie que les feuilles;
qu'ainsi la ramification est oppositive dans le Lilas, verticillaire dans le
Laurier-Rose, alternative dans le Tilleul, et hélicoïdale dans l'Asperge.
C. Fleurs. — Pour ramener toutes les fleurs a la loi de symétrie ayant
une ligne pour centre, il faut que cette ligne coïncide avec l'axe de l'inflo-
rescence. Si nous la faisions passer au centre même de chaque fleur, nous
pourrions sans doute admettre une symétrie verticillaire ou hélicoïdale;
mais alors il y aurait des parties de grandeur et de formes différentes, ou
bien des parties dégénérées ou même avortées, et l'esprit ne concevrait
qu'une symétrie imparfaite qui le satisferait peu. \u contraire, si nous
ordonnons la symétrie par rapport a une ligne pissant au centre de toute
l'inflorescence, nous rentrons dans la symétrie la plus parfaite, quelles que
soient les modifications ou les irrégularités de la fleur.
Pour s'assurer que les fleurs irrégulières, telles que celles d'Orchidées,
de l.ohiées, de Renonculacêés, de Papilionacées, etc., sont bien symétriques
par rapport a l'axe central de l'inflorescence, il suffit de les supposer en
opposition deux a deux, de tracer leur diagramme de chaque coté d'un
point représentant, la section de l'axe, et l'on pourra voir que toute droite
qui passe par l'axe et qui atteint une des parties d'une fleur, va joindre
dans la fleur opposée une partie similaire. Si les diagrammes sont ceux
d'une Orchidée, par exemple, la droite qui passe par l'une des élamines
avortées et par l'ave de l'inflorescence va rencontrer dans l'autre le même
116 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
organe; tandis que si elle part de l'étamine anthérifère, tout en passant par
le même axe, elle va trouver l'étamine anthérifère de l'autre fleur.
Toutes les fleurs irrégulières peuvent être ramenées à une semblable sy-
métrie; seulement il faut observer que nous l'avons faite oppositive, alors
que le plus souvent elle est alternative ou hélicoïdale.
Si la symétrie qui a une ligne pour centre existe pour les fleurs irrégu-
lières, à plus forte raison doit-elle exister pour les fleurs régulières. Seule-
ment ici, en raison même de cette régularité, elle semble indépendante de
la ligne par rapport ù laquelle nous l'avons fait naître dans les exemples pré-
cédents ; tandis que c'est véritablement le même ordre qu'il faut voir et la
même méthode qu'il faut suivre, pour déterminer les parties rigoureusement
similaires de ces fleurs.
Enfin, pour peu que l'on examine la disposition des carpelles et des graines,
on voit aisément qu'il est toujours possible de la ramener à la symétrie par
rapport à une ligne, soit par opposition ou verticillarité, soit par alternance
ou par disposition hélicoïdale.
Si donc toutes les parties sont démontrées placées symétriquement autour
ou de chaque côté d'une ligne, il est vrai de dire d'une manière générale
que la symétrie par rapporta une ligne est essentiellement la symétrie véyé-
tale, laquelle se distingue nettement de la symétrie, minérale et de la symé-
trie animale.
Mais, comme si la nature s'était plu à confondre ou plutôt à rapprocher
les êtres les plus simples de chaque règne, à quelque point de vue que l'on
se place, nous trouvons des végétaux dont la symétrie a de l'analogie avec
celle des minéraux. A la vérité, ils sont en très petit nombre, et ne détrui-
sent en rien la loi générale; car si nous trouvons en effet, parmi les algues
de la tribu des Zoosporées, des végétaux qui, ne consistant qu'en une seule
vésicule, semblent se rapportera la symétrie par rapport à un point, dès que
dans la même tribu nous voyons plusieurs vésicules réunies ensemble, aus-
sitôt nous retrouvons les conditions de symétrie par rapport à une ligue.
M. Duchartre donne lecture de l'extrait suivant d'une nouvelle
lettre adressée à M. Webb par M. L. Kralik :
NOUVELLE LETTRE DE M. KP.ALIK.
Sfax, le .'(juin 185/|.
IMON CHER MONSIEUR WEBB,
Voilà déjà trois mois passés à Gabès. C'est long, bien long même, pense-
rez-vous, pour une seule localité J'en avais jugé comme vous; et,
quoique, à mesure que le cercle de mes herborisations s'élargissait, je
trouvasse, à chaque course, quelques plantes nouvelles pour mes collée-
SÉANCE DU 12 JUILLET 185/1. 117
tions, j'avais eu le dessein de quitter, pour quinze jours ou trois semaines, le
district de Gabès, afin d'explorer l'île de Djerba et la côte opposée de Zerziz.
Mais l'homme propose, et souvent les circonstances disposent. C'est ce qui
est arrivé relativement à mes projets.
J'avais passé la majeure partie de ces trois mois , moi seul Européen, ù
Gabès. Des affaires de famille avaient forcé M. Henri Mattei de se rendre
chez ses parents àSfax, et il n'est revenu qu'après les fêtes de Pâques, vers
la fin d'avril. Alors s'est ouvert pour le botaniste un nouvel et vaste champ
d'exploration qui a fait sans peine ajourner l'excursion à Djerba. C'était le
moment de la tonte des brebis; M. Mattei était appelé par ses affaires
chez les Beni-Zid,'dont il avait acheté les laines ; il me proposa de l'accom-
pagner et j'acceptai son offre avec le plus vif empressement. Les Beni-Zid
qui, comme je vous l'ai écrit dans ma dernière lettre, sont en guerre conti-
nuelle avec la tribu des Hamema, étaient alors campés à cinq lieues envi-
ron à l'ouest de Gabès, au delà de la chaine nommée Djebel Keroua , sur la
carte de M. Pélissier. Quoique cette chaîne soit d'une médiocre altitude,
2000 pieds au plus, et que le col par lequel nous l'avons traversée n'ait que
le quart environ de cette hauteur, nous voyions néanmoins la presque tota-
lité de la végétation changer à vue d'oeil . Aux éternels Helianthemum, Echio-
chilon fruticosum, Linoria œgyptiaca, \Erodium glaucophyllum, Anthyllis
tragacanthoides, etc., etc., qui couvrent d'une désolante uniformité toute la
plaine du désert située entre les palmiers de Gabès et la montagne, succé-
daient : YErucaria aleppica ; un autre Erucoria, à article supérieur de la
silique terminé en long bec arqué , et que je crois me rappeler avoir été
nommé récemment par M. Cossou ; le Neurada procumbens; un Culyco-
tome; un Chrysanthemum annuel, dont la forme varie beaucoup selon qu'il
occupe une station plus ou moins bonne sur le flanc de ces montagnes ; un
Teucrium frutescent, à petites fleurs blanches disposées en un long épi :
un Carduncellus, le Gymnarrltena micrantha , le Sonchns quercifolius , un
Reseda. Ces deux dernières plantes sont des compagnes inséparables l'une
de l'autre, en ce sens que, sur tout le parcours où j'ai observé le tteseda,
le Sonchus quercifolius se montrait aussi^et en telle abondance, qu'on voyait
bien que ce devait être là sa station naturelle et normale. Toutefois, la dis-
position particulière de ses fruits, qui leur permet de se transporter à de
grandes distances et de se disperser dans toutes les directions sous l'action
des vents, fait que cette plante se trouve encore ailleurs par-ci par-là ,
qu'elle s'avance dans la plaine jusqu'à peu de distance des palmiers, et
qu'elle descend surtout de la montagne dans les Ouadis ; mais , dans ces
divers lieux , elle est isolée ; on n'y en trouve que de rares individus çà et là ;
bref, on reconnaît immédiatement que sa vraie station n'est pas là , mais
sur la montagne. Là ces deux plantes, à partir du col où je les avais d'a-
bord observées, contournent la montagne à mi-hauteur, manquant complé-
118 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
tement à la hase et sur le plateau. Cette particularité et, en outre, le
Reseda en lui-même qui m'était entièrement nouveau , m'ont déterminé à
prendre des fragments des roches qui forment la montagne. Je renonce à
vous donner une idée de ce Reseda, à vous et à M. Gay qui êtes l'un et
l'autre des connaisseurs spéciaux de la famille, vu que, sans analyse, il est
impossihle d'en rien dire de satisfaisant. Je me contenterai de vous en dé-
peindre le port, de souvenir : Racine annuelle ; tige droite, roide, virgata,
comme dans le //. ail/a, mais heaucoup plus grêle; fleurs beaucoup plus
lâchement disposées sur l'épi, et plus petites elles-mêmes; les feuilles infé-
rieures sont entières, en cœur, épaisses, les supérieures à divisions linéai-
res ; toute la plante, feuilles et tige, est d'un rouge foncé. Au premier
aspect, cette plante m'a paru si étrange, que je ne l'ai pas tout d'abord
reconnue pour un Resoda ; mais la vue du fruit, semblable à ceux de Yalba,
ne m'a bientôt plus laissé de doute sur sa détermination. Dans une autre
excursion dans la montagne, je n'ai plus retrouvé ce Reseda qui me parait
entièrement localisé et renfermé dans une zone fort étroite.
Comme vous le voyez, ces résultats d'une première excursion dans la
montagne étaient de nature à m'engager à y retourner et à retarder mon
voyage à Djerba, dont le pays plat devait m'offrir une végétation peu dif-
férente de celle de la plaine de. Gabès. J'étais d'ailleurs désormais l'hôte
des Beni-Zict; j'avais goûté de leur conscoussou et dormi sous leurs tentes ;
j'avais même donné des consultations et prescrit des tisanes; je pouvais
donc, avec une entière sécurité, battre la plaine et la montagne de leur
district
C'était les 27 et 28 avril que j'avais fait cette excursion chez les Beni-
Zid. Le 1er mai, je. lis une autre course vers la montagne ; mais cette fois
je me trouvai séparé de l'âne qui portait mon papier et quelques provisions,
et j'eus le regret de revenir le soir avec une récolte tronquée. Toutefois, je
découvris ce jour-là une localité des plus intéressantes où je trouvai, à ma
grande surprise, quantité d'espèces des basses montagnes du bassin médi-
terranéen, telles que Sidcritis romana, Campanula Erinus , AnthyUîs
tetraphyila, Psora/ea bituminosa, etc., etc., qui n'arrivent pas jusqu'à la
plaine de Gabès. C'était un grand Ouadi, que j'explorai plus en détail les
/i et 18 mai suivants, cet Ouadi me présenta un mélange des plus curieux
de plantes provençales et africaines.
Le h mai , je poussai mon excursion, en remontant l'Ouadi, jusqu'au
sommet le plus élevé du Djebel Keroua. Celte montagne, appelée Zemla la
Duaria, me donna : un Helichrysum inconnu qui, à ce que je crois, ne
peut se rapporter à aucune des espèces méditerranéennes, un Perip/oca,
un Soae/ius, le Lacellia lybica, Viv. FI. lyb., p. 58, tab. 22 f. 2. Viviani
compare l'habitus de cette plante à celui du Centaurea Cyanus ; elle est
bien plus voisine, sous ce rapport, de VAviberboa Lippii. Je retrouvai, le
SÉANCE DU 12 JUILLET 185/i. 119
\k mai, cette même plante dans la plaine qui s'étend du Djebel Aziza, au
nord, jusqu'aux montagnes des Matmala , au sud. La plante de la monta-
gne était plus petite et plus grêle que celle de la plaine ; du reste, identité
entre les deux. Je trouvai en outre : un Scabiosa que M, Balansa a déjà
récolté; YOn'ganum creticum? ; deux nouvelles localités du Gymnârrhena,
un Brctssica, siliquis pendulinis, un Efythrœa, au sommet de la mon-
tagne, entre les blocs de roches ; deux Hippocrepis que je n'avais pas en-
core trouvés dans la plaine; l'un doit être tout bonnement le multisiliquosa ;
deux Antirrhinum; un seul petit échantillon d'un Specularia; de même un
seul pied de Callipeltis cucullaria; je le retrouvai, mais encore en un seul
pied, le 1A mai, dans un Ouadi, au pied du Djebel Aziza ; un Erodium
assez semblable au gl.aucophyllum, mais très distinct par le calice et surtout
par le fruit; une grande quantité d'un Linaria très petit, très grêle, à tige
tlexueuse; un Umbilicus, etc., etc. Cette excursion me donna également le
seul Capsella Bursa-pasto?is que j'aie vu jusqu'à présent.
Le 12 mai je fis, avec M. lYIattei cette fois, une autre excursion chez d'au-
tres douars des Beni-Zid, qui étaient campés à douze lieues environ au sud-
ouest de Gabès , dans une vaste plaine de six ou sept lieues carrées, limitée
au nord par le Djebel Aziza, à l'ouest parle Djebel Melâb, qui n'est plus indi-
qué sur la cartede Ai. Pélissier, au sud par les montagnes de Matmala. J'y
passai les journées des 13 et l'i mai. Le Djebel Aziza, que je visitai le 1.°»,
quoique plus élevé que la Zembla la Duaria, n'ajouta que peu d'espèces à
celles que j'avais récoltées précédemment sur la montagne. Mais j'y
reconnus de nouvelles localités pour quelques espèces intéressantes. Le
Gymnarrhena , entre autres, s'y retrouva encore. Pour me rendre à la
montagne, j'avais à faire trois bonnes lieues dans la plaiue. Toute cette
plaine était ravagée et dévorée par les moutons ; mais, au milieu, se trou-
vait un grand espace ensemencé en orge non encore moissonnée et du voi-
sinage de laquelle les troupeaux avaient toujours été soigneusement écartés.
Je fis, le 14, le tour de cette orge, et cette zone me donna à peu près l'idée
de la végétation de la plaine entière. Je retrouvai là en abondance un
Reseda voisin du Phytéuma (peut-être même n'est-ce que lui?) que j'avais
déjà trouvé plusieurs fois dans lesdéserts voisins de Gabès, mais toujours iso-
lement, ainsi que plusieurs autres espèces intéressantes , telles qu'un Echi-
nospej"inum, un Delphinium, Je pus faire dans cette plaine ample provision
d'une Euphorbe dont je n'avais trouvé qu'un ou deux échantillons en
Egypte, et qui n'avait été que fort rarement observée par M. Durieu en
Algérie. Je l'avais déjà récoltée par-ci par-là dans quelques Ouadis, mais
toujours par pieds isolés. ...
Vous voyez , par cette légère esquisse de la végétation de ces montagnes,
combien cette région offre de plantes intéressantes, et vous conviendrez
avec moi qu'il valait mieux profiter de la bonne occasion qui s'offrait d'ac-
120 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
quérir droit de bourgeoisie chez une des tribus les plus importantes de ces
régions, et cela sous le patronage de l'agent consulaire, que de faire immé-
diatement le voyage de Djerba. Seulement, ce que vous regretterez avec
moi, c'est que l'absence prolongée de M. Mattei ne m'ait permis de par-
courir cette région que fort tard Cette même circonstance a fâcheuse-
ment écorné un beau projet de voyage dans l'intérieur, qui aurait pu se
réaliser, malgré les fâcheuses querelles entre deux tribus voisines et puis-
santes, j'en ai l'intime conviction, aujourd'hui que j'ai hanté l'Arabe sous
sa tente Je crois que mon isolement même aurait été ma sauvegarde, et
que mes occupations, ainsi que l'idée de médecine qui en est inséparable aux
yeux de l'Arabe, auraient suffi pour me faire respecter Mais ce qui est
passé est passé, et il est aujourd'hui inutile d'insister sur ce point Du
reste , pour explorer convenablement toute la partie méridionale de la
régence depuis Gafsa jusqu'à Tozzer et Nefzaoua, il ne faudrait rien moins
qu'une campagne entière
D'après les indications précédentes, vous serez peut-être porté à croire
que j'ai beaucoup de nouveautés. Mais, quoique, faute de moyens suffisants
de détermination, je ne connaisse qu'un petit nombre des espèces que j'ai
récoltées, je crois néanmoins que j'en ai fort peu de nouvelles Bref, je
l'avoue, je m'attendais à trouver, dans un coin reculé comme Gabès, des
plantes plus curieuses et plus spéciales
Je suis ici à Sfax, pour ainsi dire, malgré moi. Le 22 mai, j'avais tout em-
barqué pour aller à Djerba; mais, pendant deux jours entiers, le vent fut
contraire Ce vent pouvait durer encore longtemps. De dépit , je promis
un léger supplément au patron de la barque que j'avais frétée, et je fis
mettre le cap sur Sfax...., et voilà comment je me trouve ici maintenant.
J'ai fait ici quelques petites courses. Sfax est dans une vaste plaine comme
Gabès, et la végétation est peu différente J'ai profité d'un bâtiment
marseillais qui chargeait des laines à Gabès, pour vous envoyer toutes mes
récoltes gabésiennes. Elles forment quarante paquets de la dimension des
plus gros de l'herbier Ces quarante paquets sont réunis huit par huit
dans cinq nattes rembourrées de paille Il m'a été impossible à Gabès de
me procurer des caisses, ni même des planches pour en faire...
Je pars ce soir, mercredi 7 juin, pour Djerba. Le temps est fort beau, bon
vent du nord, et j'espère être demain matin à Djerba. Je sais d'avance que
le gros de la végétation à Djerba et à Zerziz, sur la côte opposée, que je
compte aussi visiter, sera passé. Je récolterai les espèces litigieuses en
quelque état qu'elles soient; pour les espèces bien connues, je me bor-
nerai aies inscrire; je pense arriver ainsi à avoir un aperçu aussi exact que
possible de toute la végétation. Je ne m'arrêterai a Djerba que le moins de
temps possible le n'y ferai que deux ou trois excursions; puis, je tra-
verserai à pied toute l'île, du nord au sud, je m'embarquerai a Bordji cl-
SÉANCE DU 12 JUILLET 185/|. 121
Kantara pour passer le détroit et je continuerai mou voyage par terre sur
Zerziz. J'espère que cette course ue me prendra que de quinze à vingt jours.
Je suis décidé a économiser sévèrement le temps qui me reste, pour en avoir
le plus possible à donner au Djebel-Zaghouan. Je resterai dans cette chaîne
de moutagnes tant que la végétation sera bonne. Or, comme d'après les
renseignements que j'ai pris, l'eau y abonde, j'espère bien y trouver de
l'occupation jusqu'à la mi-aoùt Voilà mon itinéraire pour le reste de la
la campagne.
M. Germain de Saint-Pierre fait à la Société la communication
suivante :
OBSERVATIONS SUR LA STRUCTURE DE L'OMBELLULE ET DE LA FLEUR DITE CENTRALE
DANS LE GENRE D.WCL'S , ET PARTICULIÈREMENT CHEZ LE DAUCUS CAHOTA, par
M. E. GERMAIN UE SAINT-PIERRE.
A l'occasion de mes recherches de Tératologie végétale, j'ai été conduit
a examiner avec attention la valeur organographique de la fleur dite cen-
trale de l'ombelle des Daucus, que sa coloration pourpre exceptionnelle a
fait remarquer, même des gens du monde, chez la Carotte sauvage si com-
mune dans nos prairies.
La découverte de plusieurs faits tératologiques dignes d'intérêt a été le
résultat de cet examen renouvelé à plusieurs reprises dans différentes loca-
lités. J'ai dû, en même temps, déterminer jusqu'à quel point les formes
insolites que j'ai rencontrées appartenaient à l'état normal ou devaient être
considérées comme étant du domaiue de la tératologie. — Il est en effet,
dans la nature, des anomalies fréquentes ou même presque constantes, qui
sont sur la limite qui sépare les faits normaux des faits anormaux, et l'état
fréquent de la partie centrale de l'ombelle des Daucus me semble dans cette
catégorie.
Il n'y a, à proprement parler, ni ombellule centrale dans une ombelle,
ni fleur centrale dans une ombellule. En effet, les rayons d'une ombelle sont
disposés en une spirale très raccourcie et indéfinie; le dernier rayon qui se
rapproche le plus du sommet ou du centre, n'est le dernier que parce que
l'axe épuisé n'a pu en produire un plus grand nombre qui eussent continué
la même spirale; aussi, chez les plantes vigoureuses, la spire se compose-
t-elle de beaucoup plus de rayons que chez les plantes maigres. Les rayons
du premier tour despire naissent à l'aisselle des bractées qui constituent l'in-
volucre ; les rayous suivants manquent de feuilles axillantcs (1). Les rayons
de l'involucelle sont exactement disposés comme ceux de l'ombelle; une om-
(1) Feuille axillantc : feuille à l'aisselle de laquelle naît un rameau axillaire :
bourgeon, rameau, inflorescence unillore ou pluriflore.
i-1'2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
bellule ne présente donc pas normalement de fleur centrale : la dernière
fleur est seulement la plus rapprochée du centre.
On sait que, chez les inflorescences indéfinies, les axes latéraux tendent
d'autant plus à s'appauvrir qu'ils sont insérés plus près de l'extrémité de
l'axe général qui les produit ; cet appauvrissement se traduit dans les om-
belles et dans les omhellules des espèces du genre Danois, par divers carac-
tères de nombre, de forme et de coloration; ces caractères peuvent se pré-
senter simultanément dans une même ombelle ou une même ombellule, ou
se présenter isolément.
C'est à cet appauvrissement normal et aux formes qui en sont la consé-
quence également normale, que viennent se joindre fréquemment des acci-
dents tératologiqucs variés, mais qui consistent généralement en une multi-
plication par divulsion (fasciation ou dédoublement) du nombre des car-
pelles ; cette multiplication n'entraîne pas la stérilité: les fruits composés de
carpelles multipliés mûrissent et se développent complètement. Cet état
d'hypertrophie avec augmentation de parties pourrait être considéré comme
une sorte de compensation organique, chez une ombellule réduite a sa plus
simple expression (une fleur unique surmontant un rayon de l'ombelle); le
dédoublement semble résulter, dans ce cas, d'un effort suprême plus ou
moins désordonné que fait la nature à l'instant où sa force va complètement
s'épuiser (1).
Après avoir acquis la conviction qu'il n'existe de fleur centrale qu'en
apparence dans les omhellules, et particulièrement dans l'ombellule la plus
voisine du centre de l'ombelle, j'ai remarqué que, chez un très grand nombre
d'ombelles de Daucus, toutes les ombelles sont conformes les unes aux
autres : toutes pluriflores, a fleurs également blanches ou rosées, les om-
hellules les plus voisines du centre étant seulement un peu pauciflores; j'ai
remarqué, en second lieu, que, chez un grand nombre d'autres ombelles,
l'ombellule qui parait occuper le centre, bien que pluriflore et à fleurs
blanches, présente certaines anomalies; enfin, que sur une quantité déter-
(1) Le pédicelle de la fleur à carpelles multiples présente loujoiifs des indices de
fasciation^ et j'ai démontré que les phénomènes de la fasciation des tiges et du dé-
doublement des organes appendiculaires constituent deux modes d'un même phé^-
nomène que j'ai nommé phénomène il'' lu divulsion. .Néanmoins, dans le cas où
l'involucelle est à plusieurs bradées, cl où les fruits adhérents parlent de niveaux
différents» et semblent terminer des pédicelles distincts, on peut invoquer l'inter-
vention du phénomène de la soudure entre plusieurs pédicelles; Mais il ne faut pas
perdre de vue qu'un axe soumis au phénomène de la divulsion peut se dédoubler
en plusieurs axes, qui peuvent atteindre des longueurs très inégales et se terminer
par des fleurs isolées; et aussi que les axes provenant de la divulsion d'un même
axe peuvent rester à demi confondus, el présenter l'aspect d'une soudure, lors-
qu'il s'agit en réalité d'un dédoublement incomplet.
SÉANCE DU 12 JUILLET 185/i. 123
minée d'ombelles, le nombre de celles qui présentent vers le centre une Heur
pourpre est assez restreint.
Voici la proportion relative d'ombelles normales et d'ombelles plus ou
moins anormales que m'a fournie une récolte faite au bois de Boulogne. J'ai
recueilli au hasard 314 ombelles dans des stations variées : pelouses sèches,
lieux herbeux découverts, lieux herbeux ombrages, etc. ; plantes, les unes
maigres et rabougries, les autres robustes, quelques-unes ayant repoussé
après avoir été broutées.
Sur ces 3'1/r ombelles que j'ai examinées avec soin, 150, e'est-a-dire moitié
environ, ne différaient en rien des ombelles normales dans les autres genres :
les ombellules les plus voisines du centre étaient, comme les autres, pluri-
flores et a fleurs blanches.
De ces 3 1 ^i ombelles, 3/i seulement, c'est-à-dire environ une sur dix, pré-
sentaient l'aspect général conforme à la description des auteurs : fleur du
centre de l'ombelle de couleur pourpre.
On pouvait répartir les autres ombelles de la manière suivante : ombel-
lule centrale composée de deux à quatre fleurs pourpres, 2. — Ombellule
centrale pluriflore à fleurs, les unes blanches, les autres rouges ou pana-
chées, h. — Deux à neuf ombellules uniflores à fleur blanche, petite; ce
groupe d'ombellules uniflores occupant la partie centrale de l'ombelle, 57.
— Même disposition, en fruits couleur des fleurs inconnue), 9. — Une
seule ombellule uniflore, à fleur blanche, petite, 33. — Même disposition,
en fruits (couleur de la Heur inconnue), S. — Ombellules du centre abor-
tives ou complètement avortées, réduites à un fdet stérile ou a un petit tu-
bercule, ou a un involucelle sessile, 13. — Ombellule centrale uniflore ou
biJlore, présentant un ovaire dédoublé et lascié, a quatre carpelles, fleurs
blanches ou roses, U.
Dans les diverses catégories que nous venons de passer en revue, nous
avons remarqué un assez grand nombre d'ombellules subcentrales uniflores,
a fleur soit blanche, soit rouge (les fleurs blanches en plus grande propor-
tion) ; la fleur de cette ombellule uniflore a complètement l'aspect d'une
fleur centrale ou terminale, et ne diffère pas en apparence d'une inflores-
cence définie uniflore ; mais les lois de l'analogie doiveut ici nous guider :
les transitions qui existent entre cette ombellule uniflore et les ombellules
pluriflores, transitions qui consistent en des ombellules biflores et triilores,
nous démontrent que la Heur de l'ombellule uniflore est réellement axillaire
de l'une des bractées ou de la bractée de l'involucelle.
Ces ombellules uniflores paraissent quelquefois dépourvues d'inVoluceileSj
mais, si l'on examine la base du pédieelle de leur fleur, on y remarque une
bractée; or cette bractée représente un involucelle réduit à l'imité de bractée,
appartenant a un rayon d'ombelle abortif; le résultat est une ombellule
acaule réduite à une bractée et à une fleur pédicellée.
124 SOCIÉTÉ BOTANIQUE 1)L FRANCE.
Quant a la couleur, elle ne présente rien non plus d'absolument caracté-
ristique: en effet, l'ombellule dite centrale peut être pluriflore et blanche ou
rosée, ou uniflore à fleur blanche, rosée ou pourpre, enfin à fleur panachée,
on rencontre, en effet, fréquemment vers le centre des ombelles, des fleurs
ayant deux a trois pétales blancs et deux à trois pétales rouges.
Reste le caractère de fleur abortive, donné par plusieurs auteurs à la
fleur rouge, dite centrale: ce prétendu caractère est complètement inexact ;
les ombellules du centre peuvent être abortives ; les fleurs centrales de l'om-
bellule dite centrale, peuvent être abortives et stériles, ainsi que cela arrive
généralement à l'extrémité des iufloresceuces indéfinies ; mais cet avortement
ne coïncide pas plus avec la couleur rouge qu'avec la couleur blanche de la
fleur; il y a plus, la fleur rouge est généralement plus vigoureuse que les
fleurs blanches qui l'entourent immédiatement, et est presque toujours fer-
tile. La fleur rouge, quand elle existe, est souvent, mais non toujours, plus
large que les (leurs voisines ; ses pétales sont en général plies et dressés, et
son pedicelle est plus long ; de sorte que cette fleur dépasse alors les autres:
c'est là le commencement de ce balancement organique dont j'ai parlé plus
haut, balancement qui, porté à son maximum d'intensité, donne lieu aux
fleurs à ovaire multiple qu'il n'est pas rare de rencontrer.
Le dédoublement de la corolle ne coïncide pas généralement avec le dédou-
blement carpellaire, les pétales sont seulement plus grands, leur couleur est
indifféremment blanche ou rouge. — Dans un cas où une fleur m'a offert
six pétales, l'ovaire n'était qu'à deux carpelles. — Les étamines sont aussi
en nombre normal, quelquefois elles sont abortives et, dans ce cas, la fécon-
dation s'opère par le pollen des fleurs voisines.
J'ai rencontré des fruits à quatre, à six et à huit carpelles : ces carpelles
se disposent symétriquement ou irrégulièrement ; ils peuvent être associés
par deux ou plougés isolément dans la masse commune ; ils sont, ains' que
je l'ai dit, parfaitement susceptibles d'atteindre la maturité ; leur coupe
transversale met en évidence la parfaite conformation de la graine.
La vigueur de la plante et la force de l'ombelle influent, comme je l'ai dit,
sur le nombre des ombellules et sur le nombre des fleurs de ces ombellules,
mais l'état plus ou moins vigoureux de l'ombelle ne m'a pas paru avoir une
influence marquée sur la production d'uue ombellule subcentrale uniflore
ni sur le mode de coloration de la fleur.
M. le Président demande à M. Germain de Saint-Pierre s'il a ren-
contré des fruits à 5 carpelles.
M. Germain de Saint- Pierre répond qu'il les a toujours trouves
en nombres pairs. Pour lui, il s'agit d'une multiplication par dédou-
blement qui ne pourrait amener qu'accidentellement le retour an
SÉANCE DU 12 JUILLET 1854 . 125
nombre quinaire. La disposition des carpelles varie beaucoup : quel-
quefois ils constituent deux paires alternes, et tendent à la disposi-
tion circulaire; ils sont parfois comme alignés; ailleurs on rencontre
jusqu'à huit carpelles, disposés sans ordre appréciable. Ces fleurs à
carpelles multiples présentent généralement des pétales et des exa-
mines en nombre normal.
M. Trécul présente la communication suivante :
NOTE SLR L'INFLORESCENCE UNILATÉRALE DU TRIFOLIUM LUPINASTER,
par M. A. TRÉCUL.
Tous les trèfles ont une inflorescence indéfinie, ordinairement resserrée
en un élégant capitule, qui s'allonge quelquefois sensiblement; mais sur
toutes les espèces qui affectent cette forme, les fleurs sont régulièrement
distribuées autour d'un axe eylindracé, de manière à présenter une ligure
symétrique. Une seule espèce parmi celles que j'ai observées, qui ont un
pédoncule cylindrique ou seulement strié, présente une certaine irrégularité
dans la disposition de ses fleurs: c'est le Trifolium Wormskioldii, Don.
Le sommet organique de son inflorescence est un peu excentrique, ses
fleurs étant notablement moins nombreuses du côté qui regarde l'axe de la
tige.
Mais, le Trifolium Lupinaster, dont je veux entretenir la Société, est
bien plus remarquable encore. Ses Heurs, au lieu d'être symétriquement
reparties autour d'un axe central, constituent une inflorescence unilatérale.
Ce trèfle n'a pas, en effet, comme les autres, le pédoncule cylindrique;
celui-ci est profondement déprimé sur la face antérieure ; il est couronné par
un involucre membraneux, denté, qui parait unilatéral à la première vue,
mais qui se prolonge tout autour de la base de l'inflorescence, dont il suit
les sinuosités. Cet involucre, du côté externe, a la forme d'un fer à cbeval
dont la courbure répond au sommet géométrique du pédoncule. C'est donc
sur la face antérieure de ce réceptacle que sont insérées les fleurs, qui sont
pédicellées à l'état adulte.
Si l'on étudie l'évolution de cette inflorescence, on la trouve formant, à
l'aisselle des jeunes feuilles, une sorte d'écaillé à l'extrémité supérieure de
laquelle apparaissent les rudiments de l'involucre et ceux des premières
fleurs. Celles-ci sont disposées de telle manière que la plus âgée et la plus
avancée dans son accroissement est terminale; les deux qui sont immédia-
tement à côté d'elle, sont un peu moins développées; celles qui viennent
ensuite a droite et à gauche, en suivant toujours de haut en bas le bord de
l'écaillé, sont d'autant moins avancées qu'elles sont placées plus bas sur le
réceptacle. Pendant que cette première série périphérique de fleurs se forme,
il en nait une deuxième immédiatement au-dessous d'elle et concentrique-
t. i. ^
126 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
meut. La première fleur de celle-ci est également la plus élevée de la série;
les autres apparaissent successivement de chaque côté et aussi de haut en
bas. Avant que les dernières fleurs de la deuxième rangée soient visibles,
les premières d'un troisième rang sont apparentes; elles naissent dans le
même ordre que les fleurs des séries précédentes. Une quatrième rangée et
une cinquième sont produites de la même manière; mais comme les pre-
mières Heurs d'une série naissent avant les dernières de quelques-unes des
séries qui ont précède, il eu résulte un peu de confusion quand un grand
nombre de fleurs existent déjà; cependant on remarque toujours que les
dernières formées sont le plus bas placées sur le réceptacle.
Quand celui-ci est couvert de toutes ces jeunes Heurs, i'inllorescence res-
semble à une calathidetrès fortement déprimée, qui aurait été coupée ver-
ticalement en deux parties égales.
Il est à peine nécessaire d'ajouter que l'épanouissement des fleurs s'effectue
dans le sens suivant lequel elles sont apparues; que ce sont, par conséquent,
les plus élevées sur l'axe qui étendent les premières leurs jolis pétales roses :
la première fleur, puis ses deux collatérales et leurs deux voisines, c'est-à-
dire les premières de la série la plus externe, celles enfin qui sont au sommet
géométrique de I'inllorescence, s'épanouissent d'abord; celles qui sont plus
bas dans la même série s'ouvrent en même temps que les premières {leurs de
la deuxième rangée. L'épanouissement s'étend ainsi progressivement de
haut en bas d'un rang a l'autre, et de Heur en fleur dans chaque série, à
mesure que l'on descend sur l'axe, ou plutôt a mesure que l'on s'approche
de la base géométrique du réceptacle. Je dis géométrique , parce que
cette base apparente est en réalité le sommet organique de I'inllorescence;
en sorte que cette dernière est indéfinie comme les capitules ou grappes
contractées des autres trèfles. Il y a donc ici une anomalie seulement dans
la forme.
L'étude anatomique achèvera de mettre cette manière de voir en évidence.
Si l'on fait une coupe transversale du pédoncule canaliculé, on trouve que
les faisceaux iibro-vasculaires y sont isoles les uns des autres et distribués
autour d'un centre médullaire. Ceux qui sont situés près de la face interne
du pédoncule sont notablement plus faibles que ceux de la face externe ; ce
sont aussi ces derniers principalement qui fournissent aux fleurs les vais-
seaux qu'elles renferment. En effet, si l'on examine des coupes longitudi-
nales, on voit les faisceaux de la face externe se prolonger dans les fleurs de
la première série, mais auparavant ils émettent des ramifications qui se
rendent dans les fleurs des séries subséquentes ; et cette division s'opère de
manière à produire, d'arrière en avant, des fascicules de différents degrés.
Ces fascicules ou ramifications vasculaires du premier degré, iraient dans les
fleurs de la deuxième série; leurs subdivisions se rendraient dans les fleurs
de la troisième, etc. Ainsi, ces fleurs reçoivent des ramifications des faisceaux
SÉANCE DU 12 JUILLET 1854. 127
primitifs d'un degré d'autant plus élevé que ces fleurs sont insérées plus
bas sur l'axe. Les faisceaux de la face interne du pédoncule ne donnent de
vaisseaux qu'aux fleurs les dernières développées. Il est donc bien évident
que !e sommet organique de l'inflorescence du Trifolium Lupinaster corres-
pond à sa base géométrique.
On se rappelle sans doute que j'ai décrit [Comptes rendus des séances de
V Académie des sciences, 1853, t. XXXVII, p. i86, et Annales des sciences
nat., 3e série, t. XX) dans une Note sur la formation des feuilles, note qui
fait suite a mon mémoire sur la même question; on se rappelle, dis-je, que
j'ai décrit des inflorescences basifuges ou se développant de bas en haut,
des inflorescences basipètes ou de haut en bas, et des inflorescences
mixtes, c'est-à-dire dont les rameaux primaires naissent de haut en bas, et
les rameaux secondaires, ou les fleurs, de bas en haut. Je comparais ces
trois sortes d'inflorescences aux types de même nom que j'ai signalés pour
le développement des feuilles (1).
Chaque série des fleurs de l'inflorescence du Trifolium Lupinaster se dé-
veloppe dans le même ordre que les folioles des feuilles digitées, ou que
les nervures principales des feuilles digitinerviées, qui, toutes, appartien-
nent au type de formation basipète; c'est pourquoi j'avais cru d'abord que
l'inflorescence de ce trèfle me donnerait l'explication de ce développement
basipète des feuilles. Je me disais : Voici une inflorescence évidemment in-
définie; les fleurs de chaque rangée, prises a part, naissent en s'avançant de
la face externe du pédoncule vers sa face interne ; ne serait- il pas logique
de considérer les fleurs d'une même rangée, les plus rapprochées de cette
face interne, comme les plus voisines du sommet organique, puisqu'elles
naissent les dernières? Ceci admis, je pensai que ce raisonnement pouvait
être appliqué au développement des feuilles basipètes, c'est-à-dire à celui
des feuilles digitées, des digitinerviées et des pennées-basipètes, dont les
folioles ou les lobes ont assurément le même ordre d'apparition. En effet,
chaque série de l'inflorescence du Trifolium Lupinaster se développe ahso-
lument dans le même ordre que les folioles des jEsculus, des Pavia, des
Carolinea, etc., et comme les lobes ou les nervures principales digitées
des feuilles du Ricinus communis, du Ficus Carica, du Géranium pratense,
du Tropœolum mojus, etc., dont la formation appartient au type basipète.
Dans ces feuilles, c'est la foliole ou le lobe médian qui naît le premier, puis
ses deux voisins immédiats, ensuite la seconde paire, et ainsi des autres, de
haut en bas et d'arrière en avant. Il semble par là que, de tous les fais-
ceaux du pétiole, le médian de la face externe, qui se prolonge dans la fo-
liole terminale, soit le plus âgé, et que les autres soient d'autant plus jeunes
(1) Voyez mon Mémoire sur la formation des feuilles (Annales des sciences
naturelles, 3e série, t. XX).
T28 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
qu'ils sont plus rapproches de la face interne du pétiole, de même que les
folioles ou les lobes auxquels ils correspondent. Ces faisceaux de la face
interne étant les derniers formés, il me paraissait rationnel de les regarder
comme les plus voisins du sommet organique. Ces feuilles rentraient alors
dans le type de formation basifuge; et de la je croyais pouvoir conclure
qu'en général les folioles les dernières formées devaient recevoir les fais-
ceaux les plus rapprochés de la face interne du pétiole. Cette théorie était
séduisante comme beaucoup d'autres; elle était aussi erronée, et je dus
l'abandonner. Je n\m parle ici que pour montrer combien il est aisé de se
laisser tromper, en généralisant trop vite quelques faits particuliers. J'ou-
bliais, en effet, des dissections que j'avais faites antérieurement (car nous
sommes toujours très disposes a oublier les phénomènes qui contrarient nos
opinions favorites), mais de nouvelles études très multipliées me persuadè-
rent qu'il est beaucoup de feuilles dont les faisceaux antérieurs du pétiole
se rendent dans les folioles ou dans les lobes inférieurs, mais qui sont,
dans ce. cas, les premiers nés, et dont les faisceaux postérieurs du même
pétiole vont à des folioles d'autant plus jeunes et plus élevées sur le rachis
qu'ils sont plus rapprochés du faisceau dorsal médian, qui se prolonge
dans la foliole terminale, dans la formation basii'uge comme dans la forma-
tion basipète.
Il y a doue là une lacune a combler, une loi naturelle a découvrir, loi qui,
jusqu'à ce jour, s'est soustraite à mes investigations.
Telle est la structure de l'inflorescence du Trifolium Lupinaster, quand
elle est simple; mais il arrive quelquefois qu'elle est prolifère, c'est-à-dire
que, d'entre ses fleurs", partent d'autres rameaux dont le sommet est aussi
revêtu de fleurs. Ces inflorescences partielles ont une structure et un déve-
loppement identiques avec ceux de l'inflorescence que je viens de décrire.
Comme chez elle, le pédoncule est canaliculé sur la face interne, l'inflo-
rescence est unilatérale, et les fleurs y naissent et s'épanouissent de haut
en bas.
M. Brongniarl l'ail à la Société la communication suivante :
NOTE SUR L'EXISTENCE D'UN ARILLE DANS 01 ELQUES GENRES HE LILIACÉES
par n. AD. BKO\(i\UKT.
Des productions analogues à un arille, du moins quant à leur position
autour de la graine mûre, ont été déjà signalées dans les Ravenala de la
famille des Musacées, et les graines des Hedyckium sont accompagnées de
filaments nombreux et légèrement charnus qui paraissent de même nature;
dans les plantes de la famille des Liliacées, la présence <\\m arille n'a
été indiquée que très sommairement et avec doute par Kunth dans son
Enumeratio plantarum (18/i 3) , à l'occasion des genres Asphodelus^ Ere-
SÉANCE DU 12 JUILLET 185/j. 129
murus et Aloe, sur lesquels il ne parait pas en avoir étudié le dévelop-
pement. Cependant, dès 1841, je remarquais que quelques genres de
cette famille ont autour de leurs graines une enveloppe supplémentaire dont
le développement est tout à fait celui des vrais arilles, quoique sa consis-
tance ne soit pas charnue comme dans les arilles ordinaires.
J'ai d'abord observé ce tégument accessoire dans les Asphodelus lutens et
ramosus. Ici les ovules collatéraux et sessiles ont leur micropyle dirigé
inférieurement, et le hile latéral est très rapproché de la chalaze ; ces ovules
offrent les deux téguments habituels parfaitement distincts. A l'époque de
la floraison, ils sont en outre entourés, à la base et au-dessus de leur point
d'attache, par une enveloppe courte et incomplète, en forme de capuchon,
qui nait de tout le pourtour du hile, mais surtout du côté supérieur, et re-
couvre d'abord la chalaze; bientôt elle s'étend en couvrant le micropyle,
et ses bords, se rapprochant sur la face externe de la graine, deviennent
contigus et forment, vers la partie inférieure de la face externe, une
fente et comme une cicatrice linéaire assez courte. C'est tout à fait le mode
de développement des arilles ; mais cet arille n'est pas charnu, il est sec,
presque crustacé, noir, et ressemble au testa de beaucoup de graines de cette
même famille.
Le même mode de développement de ce tégument accessoire se présente
dans V Ercmurm aliaicus, dont chaque loge de l'ovaire renferme quatre
ovules.
J'ai observe une membrane extérieure semblable, quant à son origine,
dans divers Alo'è ; dans ces plantes (Aloë nigricans et A. subtubercn-
lata), les ovules, très nombreux et bisériés dans chaque loge de l'ovaire,
sont dirigés presque horizontalement et sont insérés par un funicule très
court et latéral à l'angle interne des loges ; ils sont donc comme couchés
parallèlement au hile. C'est ce funicule qui produit un rebord en forme de
coupe ovale qui embrasse la moitié de l'ovule correspondant au placenta,
depuis la chalaze jusqu'au micropyle, qui n'est pas recouvert par lui a
l'époque de la fécondation et jusqu'au moment où l'on voit les tubes polli-
niques pénétrer par le micropyle jusqu'au nucelle; plus tard cette sorte
de coupe s'accroit, ses bords s'avancent, recouvrent peu a peu la jeune
graine, et se rapprochent sur sa face externe, comme dans les Asphodèles.
Les Aloï et les Kniphofta sont les seuls genres de ce groupe dans
lesquels Kunlh indique un arille sans y joindre de point de doute , mais
le nom de ce tégument de la graine est si souvent mal appliqué, qu'il
m'a paru utile de décrire son développement et d'établir ainsi sa nature
réelle.
M. Payer annonce qu'il a, lui aussi, récemment constaté, sur les
Asphodèles, les faits que M. Brongniart vient d'exposer.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
PHYSIOLOGIE VEGETALE.
Ilelier die gestielten Traiibeiikorper im Blatte vielei*
lirticeen «nul nebei* ilnieii iiali verwantlte lSildiingeii
Iiei einigen Acantliaeeen. (Sur les corps en grappe pédicules qui
se trouvent dans les feuilles de beaucoup d' Urticées, et sur des formations
très voisines de celles-ci qui se trouvent chez quelques Acanthacées), par
M. Hermann Schacht (Abhandlungen herausgeg. v. d. Senekenbergis-
chen naturforsch. Gesellschaft. Ier vol., lre liv. Francfort-sur-le-Mein,
1854, in-4°, p. 133-153, tab. vu).
Meyen a écrit un mémoire remarquable sur les singulières masses pédi-
cnlées qu'il avait observées dans la feuille du Ficus elastica , et qu'il re-
gardait comme étant une concrétion gommeuse. M. Scbleiden et M. Payen
ont repris ces observations qu'ils ont étendues à un assez grand nombre
d'autres plantes du groupe des Urticées considéré dans son acception la
plus large. On se rappelle que le dernier de ces savants avait vu dans ces
corps une agglomération de cristaux enfermés dans des cellules. A son tour,
M. Hermann Scbacbt vient de s'occuper de ce sujet, et le mémoire dont il
est question ici renferme les résultats de ses recherches. Il serait impossible
de donner de ce travail important un meilleur résumé que celui qu'en pré-
sente l'auteur lui-même dans ses conclusions, que, pour ce motif, nous
nous contenterons de traduire :
1° Les corps en grappe pédicules que l'on connaît chez quelques Urticées
(Urtica, Cannabis, Humulus, Ficus) doivent leur naissance a un épaissis-
sement particulier de la paroi de la cellule; ainsi que le pédicule qui les
supporte, ils sont formés de couches de cellulose superposées. Le pédicule
ne contient pas de traces du carbonate de chaux qui existe en grande quan-
tité dans les couches du corps en grappe lui-même.
2° Ces corps ne sont pas propres aux Urticées ; les productions en forme
de bélemniteset de broches, découvertes par M. Gottsche dans l'intérieur de
certaines cellules particulières des Ruellia, possèdent absolument la même
structure et la même composition chimique. Des corps du même genre se
trouvent chez beaucoup d'Acanthacées (Justicia, Ruellia, Barlcria, Belo-
perone), ainsi que chez une Urticée (Pilea urticœfolia).
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 131
3° On ne peut considérer ces formations comme appartenant uniquement
à i'épiderme; elles se montrent encore fréquemment clans les tissus inté-
rieurs, même dans la moelle [Justicia sanguinea, Pilea urticœfolia).
h° La configuration et la grosseur de ces corps se règlent sur celles de
la cellule dans laquelle ils prennent uaissance , et ils croissent , à ce qu'il
parait, avec cette cellule.
5" La présence de sels particuliers dans une cellule se rattache à des mo-
difications également particulières dans la vie de cette cellule.
(i° La formation de ces corps se lie , à ce qu'il parait , à la présence du
carbonate de chaux dans la cellule.
IVlM'M'alie BliktlieiieiitYiiekliiiig cinigei* ïlijisaceeii, "Vale-
rimieeii iiik! Compositen. [Sur l'organogénie florale de quelques
Dipsadées, Valérianées et Composées) , par le docteur Franz Buchenau.
[Abhandl. herausgeg, v. d. Senckenbergischen naturforschenden Gesells-
chaft, Ier vol., lre livr., 1854, in-4, p. 106-132, tab. v et vi.)
Dans l'impossibilité d'analyser succinctement ce long mémoire, rempli
nécessairement de détails minutieux, nous indiquerons le résultat principal
auquel l'auteur a été conduit par ses observations. D'après lui , l'aigrette
des Composées et ce qu'on a nommé le calice intérieur dans les Dipsacées
ne doivent pas être considérés comme des organes foliaires indépendants ,
mais seulement comme des formations accessoires. « Si, dit M. Buchenau,
je conteste l'existence d'un calice chez la plupart des Composées, je ne veux
pas dire par là que cet organe ne se montre chez aucun membre de cette
vaste famille. Il me parait plutôt vraisemblable qu'il se trouve souvent dans
celles de ces plantes qu'on a décrites comme ayant des capitules unillores ;
l'enveloppe de ces capitules (correspondant au calice extérieur des Dipsa-
cées) est un vrai calice , et il me parait nécessaire de soumettre ces plantes
(particulièrement le Lagascea et ses voisins) à un examen particulier et
approfondi. »
Uelier die F.Baimvipk.elant^; n. «les» KassstHiKtteiiïiaiig vosa .18-
jieffjilltfs fftfisfctes u. Ettt'»Sin»n (Sur le développement et la
connexion de Z'Aspergillus glaucus et de riDurotium), par M. Ant. de
Bary, professeur de Botanique à Tubingue. — (Botanische Zeitung de
Berlin, 12e ann. (1854), cah. des 23 et 30 juin et 7 juillet, planche xr.)
L'intérêt principal de ce mémoire consiste en ce qu'il renferme une nou-
velle preuve de la polymorphie singulière des Champignons. L'espèce d'Eu-
rotium dont il y est parlé diffère très peu de Y E. herbariorum Lk. ; elle a
coutume de vivre en compagnie de VAspergillns glaucus Lk. , et ses innom-
brables conceptacles globuleux, à peine visibles a l'œil nu, recouvrent comme
132 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
d'une poussière d'or, les corps divers aux dépens desquels elle se nourrit.
Là où l' Aspergillus croit avec le plus de vigueur, YEurotium n'est encore
que médiocrement fructifié; mais les progrès du développement de celui-ci
déterminent en apparence un affaiblissement proportionné dans la végéta-
tion de Y Aspergillus. Quelque soin qu'on apporte à l'examen comparatif
des éléments du mycélium commun à l'une et a l'autre de ces productions,
il est impossible de découvrir des différences appréciables entre les fila-
ments qui engendrent directement les fruits de YEurotium, et ceux dont
certains rameaux dressés portent les capitules fertiles de ['Aspergillus. D'ail-
leurs les lils dont se compose la portion rampante de ce mycélium ne sont
point uniformes; il y en a de très déliés qui mesurent au plus 1/600 de
ligne en diamètre, et sont privés de cloisons intérieures; d'autres dont le
diamètre est deux à trois fois plus considérable, ont leur cavité divisée en
une multitude de logettes ou cellules distinctes; mais, outre ces formes si
différentes, on en observe une foule d'intermédiaires qui les unissent les
unes aux autres, et ne permettent pas de douter un instant qu'elles n'appar-
tiennent toutes à un seul et même mycélium.
Les tiges fructifères de Y Aspergillus sont généralement plus volumineuses
que les filaments dont elles procèdent ; elles sont simples; leur cavité est
continue, et l'iode joint à l'acide sulfurique ne colore point en bleu leur
membrane hyaline. Quand leur sommet renflé prend la forme d'une vési-
cule globuleuse, il attire à lui les parties les plus solides de la matière grenue
qui les remplit, et c"est aux dépens de ces matériaux riches en protéine que
se forment très rapidement à la surface du capitule les processus sporifères.
Ceux-ci sont ellipsoïdes-allongés; un étranglement qui se forme au-dessous
de leur sommet, dessine la première spore ; une seconde la suit bientôt,
puis une troisième, et d'autres encore, engendrées de la même manière; et
les jeunes spores restant unies par des isthmes très étroits, constituent des
chapelets dont le grain extrême ou le plus éloigné du capitule est toujours
le plus avancé dans son développement. Les spores mûres sont finement
hérissées, et d'un brun pâle, quand elles sont vues isolées et dans l'eau ;
leur multitude communique au capitule qui les porte une teinte générale
d'un gris bleuâtre ou verdâtre, et parfois presque noire. A ces spores nor-
males, il s'en joint quelquefois d'autres plus petites, dont la membrane est
lisse et presque incolore, et qui cependant ne sont pas moins aptes à germer
que les premières.
Pendant la formation de, ces corps reproducteurs acrogènes, on voit des
filaments déliés et continus du mycélium de Y Aspergillus décrire des cir-
convolutions irregulières, ou imiter exactement le mouvement spiral d'une
vrille ou d'un tire-bouchon. Ce phénomène se produit généralement a
l'extrémité antérieure des iilaments, bien plus rarement en un point quel-
conque de leur longueur. Il n'est arrive qu'une fois à M. de Bary de voir
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 133
deux filaments distincts concourir à la formation d'un même corps spiral.
Ces fils, contournés d'une façon si remarquable, sortent d'ailleurs des mêmes
brandies que les rameaux dressés (sporopbores) et l'on ne saurait un seul
instant les croire étrangers au mycélium de VAspergillus. Les spires nor-
males rappellent les vrilles de beaucoup de Phanérogames, celles, par
exemple, de la Bryone quand elles manquent d'appui. D'abord assez lâches,
leurs tours se rapprochent peu à peu et finissent par s'appliquer intimement
les uns sur les autres. Six tours de spire, plus rarement sept ou huit, se
rapprochent ainsi sans laisser entre eux d'intervalle, et forment un cylindre
court ou un tronc de cône, dont la cavité plus ou moins spacieuse n'a bientôt
plus d'issue. Ces constructions spirales sont, suivant M.deBary, la première
ébauche d'autant de fruits d' Eurotium ; mais il est fort difficile, ajoute-l-il,
de se rendre un compte satisfaisant de toutes les modifications qu'elles ont
à subir pour atteindre leur but final. Aussitôt achevées néanmoins, elles
se métamorphosent, sans perdre leur forme, en une masse cellulaire d'un
moindre volume et dont les éléments globuleux rappellent par leur dispo-
sition symétrique le mouvement du filament générateur de la spire : s'il eu
est ainsi, cela tient évidemment à ce que ces éléments ou cellules résultent de
la division du contenu plastique de ce filament. En même temps, selon toute
apparence, l'espace circonscrit par la spire originaire se remplit de la sub-
stance destinée a former bientôt les sporanges et les spores ; mais l'opacité
du nouveau peridium, et sou volume trop exigu pour en permettre la dis-
section, empêchent de suivre les progrès de ces développements. Le fruit
parvenu à sa maturité est assez régulièrement globuleux, et son diamètre
varie entre 1/20 et 1/15 de ligne. Dans chacun des innombrables conceptacles
qu'il a renfermés, ont mûri huit spores globuleuses à peine colorées, el dont
le nucleus n'a jamais joué le rôle de cytoblaste ; ce qu'on peut dire égale-
ment du nucleus des spores de beaucoup d'Algues. Une circonstance assez
singulière à signaler chez les spores endotheques de Y Eurotium, c'est que
leur épispore se divise fréquemment en deux parts, et laisse à nu l'endospore
qui, par suite, semble flanqué de deux écailles. Lors de la germination,
cette cellule interne se gonfie un peu et s'allonge en un filament qui se ra-
mifie bientôt et engendre un mycélium tout a fait pareil à celui qu'on a vu
naître des spores de VAspergillus.
La conclusion principale que tire naturellement M. de Bary de l'expose
de tous ces faits, c'est que VAspergillus et V Eurotium, quoique distingues
génériquement par les mycologues, ne sont que des formes fructifères dif-
férentes d'un seul et même Champignon. Et bien que des spores de VAsper-
gillus comme de celles de V Eurotium, cet observateur eût vu sortir un
même 'mycélium, parfaitement identique avec celui qui porte à la fois les deux
sortes d'organes reproducteurs ainsi qualifiés, il a dû se demander si les
mêmes spores aerogènes et endotheques avaient une égale faculté de repro-
13/| SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
(luire l'intégrité du Champignon. Ses expériences à cet égard n'ont pas eu
un succès complet ; il a obtenu facilement et à plusieurs reprises VAspergil-
lus ou l'appareil de fructification acrogène, tant des spores produites par cet
appareil, que des spores endothèques, engendrées dans les conceptacles dorés
de Y Eurotium; mais il n'a pu voir naître ces derniers d'aucun de ses se-
mis. Les circonstances qui déterminent la formation de ces fruits ne sau-
raient être précisées; mais tout porte à croire qu'ils n'apparaissent qu'après
YAspergillus, et quand cette forme de fructification s'est produite seule à la
surface du mycélium depuis un laps de temps plus ou moins considérable.
En terminant son intéressant travail, l'auteur fait remarquer qu'il est
facile de découvrir plus d'une analogie entre ses observations et celles dont
les Erysiphe ont été récemment l'objet; mais il ajoute qu'il n'a jamais dé-
couvert de pycnides chez les Eurotium, de sorte que si, jusqu'en ces derniers
temps, les spores de ces Champignons étaient regardées comme nues ou pri-
vées de thèques, cette opinion ne reposait vraisemblablement que sur des
observations inexactes.
ftuv le phénomène aïe la tlivulsioii citez les végétaux ,
mémoire présenté à l'Académie des sciences le 10 juillet 1N5/i, par
M. Germain, de Saint-Pierre.
Dans ce travail, l'auteur s'est proposé de. démontrer que la fasciation des
tiges et le dédoublement des feuilles considérés, jusqu'à ce jour, comme
deux phénomènes essentiellement distincts, constituent deux phases ou deux
modes d'un même phénomène qu'il désigne sous le nom dedivulsion. Il pense
cire parvenu à établir: 1° que l'axe de la fleur est fréquemment (comme les
autres axes) le siège du phénomène de la fasciation; 2° que les organes ap-
pendiculaires de la fleur augmentent en nombre en raison directe de l'inten-
sité du phénomène de la fasciation ; 3° que cette multiplication des organes
appendiculaires de la fleur s'opère, ainsi que la multiplication des feuilles
caulinaires, en vertu d'un dédoublement congénial, analogue à celui qui dé-
termine un axe à se diviser ou a s'épanouir en plusieurs rameaux. Relati-
vement au mode de dédoublement que présentent les feuilles, M. Germain,
de Saint-Pierre, signale les faits suivants: — Si, dit-il, les feuilles étaient
simplement fendues selon la nervure médiane, il n'y aurait pas multiplica-
tion, il y aurait simplement division ; mais les feuilles dédoublées sont com-
plétées du côté dimidié en vertu d'un curieux phénomène, qu'il n'a trouvé
signalé nulle part, et qu'il désigne sous le nom de phénomène ou loi de com-
plémentation. Dans les feuilles penninerviées, la complémentation s'effectue
par la production, au côté dimidié, d'une moitié de feuille semblable à la
moitié normale. Dans les feuilles palnainerviées , le lobe médian seul se
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 135
complète. Enfin, dans les feuilles composées, le dédoublement et lacomplé-
tation ne lui ont paru intéresser que la foliole terminale.
BOTANIQUE DESCRIPTIVE.
Flore de l'ouest €le la France [Charente-Inférieure, Deux-Sèvres,
Vendée, Loire-Inférieure, Morbihan, Finistère, Côtes-du-Nord, Illc-ct-
Vilaine), par M. James Lloyd. Nantes, 1854, 1 vol. in-12 de 7f>0 pag.
M. .T. Lloyd, auteur de la Flore de la Loire-Inférieure (18M), vient
de publier une Flore de l'Ouest de la France (plantes phanérogames). Cet
ouvrage est exécuté sur le même plan que la Flore de la Loire-Inférieure,
dont il constitue une seconde édition, considérablement augmentée par l'ad-
dition de nombreuses espèces étrangères à la Loire- Inférieure, et qui ont
été observées dans les départements voisins.
L'auteur présente sommairement les caractères des familles et des genres,
et caractérise les espèces par une diagnose courte, mais suffisante pour les
distinguer entre elles. Il s'est proposé de présenter le catalogue exact et
raisonne des plantes de l'une des régions les plus riches et les plus intéres-
santes de la France; et il énumère pour toutes les plantes non triviales les
localités de chaque département où les espèces ont été observées, soit par
lui-même, soit (et après l'inspection des échantillons) par ses nombreux
correspondants.
L'examen le plus scrupuleux et une longue expérience pratique ont pré-
sidé à la détermination des espèces, et à l'adoption ou au rejet des espèces
proposées dans ces derniers temps comme nouvelles. L'ordre adopté, est
celui du Synopsis de Kocb, deuxième édition. Le nombre des espèces dé-
crites s'élève environ à 1700.
Sous le titre d'Introduction, M. Lloyd consacre 120 pages à d'intéres-
santes remarques sur la distribution des espèces dans les diverses parties
des départements compris dans la circonscription de sa Flore. Des listes
d'espèces groupées par terrains permettent d'embrasser d'un coup d'œil
l'aspect de la végétation de ces riches contrées, et donnent aux botanistes
explorateurs un aperçu exact de l'association des espèces, ainsi que des
récoltes sur lesquelles ils peuvent compter.
La Flore de l'Ouest de la France comprend la majeure partie de cette
région maritime si intéressante par la présence d'un grand nombre de
plantes méridionales, qui, à la faveur de la douce température qui règne
dans le voisinage de la mer, remontent vers le nord à des latitudes sous les-
quelles la végétation des mêmes espèces est impossible ailleurs. Cette région,
signalée depuis longtemps par De Candolle, et qui s'étend de Bayonne en
Irlande, rentre dans la Flore de l'Ouest, d'Angoulème à Brest.
13(3 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCK.
« Il est intéressant, dit M. Lloyd, de suivre la manière dont chacune de
ces espèces méridionales est distribuée, et comment quelques-unes remon-
tent un peu loin dans le nord, a la faveur de la température modérée qui
règne au bord de la mer et surtout dans les iles. On remarquera qu'en
s'éloignant de la Gironde, peu a peu quelqu'une d'entre elles nous aban-
donne; et si le nombre d'espèces de plus en plus restreint ne nous faisait
pas apercevoir le changement de climat, nous le sentirions facilement dans
la végétation moins robuste chez les mêmes espèces. » Voici la liste de ces
plantes méridionales :
Ranunculus trilobus; H. rnuricatus. Nigclla damascena; N. gallica.
Delpkinium cardiopetalum. Rœmeria hybride,. Hypecoum pendulum. Si-
symbrium austriacum; S. Columnœ. Matthiola incana. Bunias Erucago.
Alyssumcampestre. Cistus salvifolius. Polygalamonspeliaca. Silène T/torei;
S. brachypetala ; S. portensis. Arenaria controversa. Linum strict uni ;
L. corymbulosum. Mal va mamillosa; M. nicœensis. Althœa cannabina
Acer monspessulanum. E radium malacoides. Tribulus terrestris. Ononis
striata; 0. reclinata. Medicago littoralis. Trigonella gladiata. Melilotus
snlcata; M. parviflora. Trifolium lappaceum ; T. Bocconi. Dorycnium
suffruticosum. Lupinus reticulatus. Astragalus purpureus; A. hamosus;
A. baijonensis. Coronilla scorpioides. Ornithopus roseus. Vicia bithynica.
Ervum cassabicum. Pisum granulation. Lathyrus latifolius. Rasa semper-
virens. Sedum Marichalii ; S. anopetalum. Buplevrum affine. Bifora testi-
cu/ata. Ammi Visnaga. Asperula galioides. Crucianella angustifolia. Vale-
rianella pumila. Pallenis spiuosa. Inula squarrosa. Chrysanthemum
graminifolium. Senecio Doronicum. Centaurea aspera. Crupina vulgaris.
Xeranthemum inaperturn.Scohjmus /rispanicus. Catananche cœrulea. Toi pis
wnbellata. Scorzonera hirsuta. Lactuca chondrillœflora. Crépis nicœensis;
C. suffreniana; C. bulbosa. Andryala integrifolia. Campamda Erinus.
Arbutus Unedo. Phyllirea média ; P. angustifolia. Cynanchum acutum.
Chlora imperfoliata. Erythrœa spicala. Convolvulus lineatus ; C Canta-
brica. Echium pyramidale; E. grand i/ïorum. Lithospermum apulum.
(hiosma echioides. Verbascum sinuatum. L inaria commutata ; L. sparlea;
L.tlnj mi folio. Trixagoapula. Odontites lutea. Salvia pallidiflora. Stachys
heraclea. Sideritis Injssopifolia; S. scordioides; S. romana. Prune/ la hys-
sopifolia. Lysimachia Linum-stellatum. Androsace maxime Cyclamen
neapolitanum. Rwnex bucephalop/torus. Polygonum Bellardi. Daphne
Gnidium; D. Cneorum. Osyris alba. Cytinus Hypocistis. Aristolochia ro-
tundu; A. longa. Euphorbia serrata. Urtica membranacea. Quercus Cerris;
O. Ili'x. Triglochin Barrelieri. Serapias Lingua; S. cordigera;S. triloba.
Iris sparia. Allium roseum. Cyperus Monti. Scirpus Holoschœnus ; S. Mi-
chelianus. Phalaris paradoxa. Echinaria capital a. Kœleria phleoïdes. Aira
média. Airopsis globosa. Avena sulcata; A. longifolia. /Egilops ouata;
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 137
AU. triuncialis. Lepturus cylindricus. Ophioglossum lusitanicum. Gram-
mitis leptophylla. Adianthum Capillus-veneris.
Quelques-unes de ces plantes s'avancent dans l'intérieur de la France jus-
qu'au niveau de Lyon, mais ne vont guère plus loin vers le nord; telles sont
les Sideritis, le Cyperus Monti, et plusieurs autres. D'autres plantes méri-
dionales, que nous avons omises à dessein, pénètrent beaucoup plus loin,
telles sont : Xeranthemum inapertum (qui se trouve dans l'Allier, la Nièvre,
le Cher, etc. ), Ylnula montana (dans le Cher, l'Indre, l'Yonne, la Côte-
d'Or, etc.), Isatis tinctoria, Ononis Columnœ, Astragalus monspessulanus,
I icia servatifolia, et Tragus racemosus, qui s'avancent jusqu'aux environs
ou même au delà de Paris.
Le Cistus hirsutus, plante d'Espagne et de Portugal trouvée aux environs
de Landernau, parait à M. Lloyd provenir d'un parc voisin où elle est
cultivée; cette plante serait donc à rayer de la Flore de Bretagne et par
conséquent de celle de France. La naturalisation de cette plante méridio-
nale est néanmoins un fait digne d'intérêt.
« L'ouest de la France, dit M. Lloyd , offre deux llores distinctes : la
flore maritime et celle de l'intérieur.
» Le sol de la Charente-Inférieure est presque entièrement calcaire...;
le bocage des Deux-Sèvres, celui de la Vendée, et le midi de la Loire-Infé-
rieure, sont presque, entièrement formés de terrains primitifs. Au nord de
la Loire, la Bretagne se compose de deux chaînes de terrains primitifs, l'une
au sud, l'autre au nord...
» La Flore de l'Ouest de la France se trouve limitée par la Flore de la
Vienne, de M. Delastre; celle de Maine-et-Loire, par MM. Bastard, Des-
vaux et Guepin ; la Flore de la Sarthe et de la Mayenne, par M. Desportes;
celle de la Normandie, par M. de Brebisson. »
^numération des plantes vascnlaires des environs de
flontbéliard, par Ch. « ontejeaii — Besauçou, 1854, gr. in-8",
'lk 7 pages, avec une carte géographique et physostatique. [Extrait des
mémoires de la Société d'émulation du Doubs , années 1853 et 185/i.)
L'auteur s'est propose un double but: faire connaître en détail la végé-
tation des environs de Montbéliard ; montrer le rapport qui existe entre la
constitution mécanique des roches sous-jacentes et la dispersion des plantes
dans le rayon qu'il embrasse.
M. Contejean fait précéder son travail d'une notice historique sur les bo-
tanistes de Montbéliard , et ceux qui ont herborise dans ses environs. On
remarque parmi eux les Bauhin , Cherler , etc. Pour l'intelligence des faits
de dispersion des plantes qu'il signale, il fait une description étendue de la
138 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
contrée , sous les rapports , soit géologique , soit orographique , et il y joint
des observations climatologiques.
Il distribue ensuite ies plantes de sa région suivant plusieurs listes cor-
respondantes à des natures et à des compositions de terrains différentes, afin
d'arriver à son second point , sur lequel il convient n'avoir aucune loi ni
conclusion nouvelle à apporter; mais en revanche, M. Contejean présente
un ensemble de faits nombreux pour appuyer les tbéories de M. Thurmann,
qu'il déclare accepter complètement.
L'énumération proprement dite remplit la seconde partie , et ne fait guère
que reproduire dans un autre ordre les faits signalés dans la première.
Elle comprend environ 1,200 espèces indigènes, dont les noms sont ac-
compagnés de remarques critiques sur la station, les roches sous-jacentes,
le mode de dispersion , etc., et , enfin , de quelques diagnoses pour des es-
pèces douteuses.
Flore seBiérale de fBeEgiciiie , contenant la description de toutes
les plantes qui croissent dans ce jiai/s , par E. Mathieu , membre de plu-
sieurs Sociétés savantes , ouvrage publié sous le patronage de S. M. le roi
des Belges ; Bruxelles, 185i , 2 volumes in-8" ; tome I , Phanérogamie,
G55 pages; tome IF, Cryptogamie , 561 pages.
La délimitation géographique de cette Flore n'est pas exactement celle
que les traités ont donnée à la Belgique. L'auteur y a compris les parties
du Luxembourg et du Limbourg, qui en ont été détachées, ainsi que le
Brabant septentrional. Ces parties du territoire sont , suivant lui, absolu-
ment belges par leurs productions et par leur aspect géologique.
M. E. Matbieu, dans une courte introduction, exprime une opinion peu
favorable sur les travaux de ses devanciers. « Tout ce qui a été publié
«jusqu'à ce jour , dit-il , sur la flore de la Belgique , laisse tant à désirer.
«qu'on peut le regarder comme nul. » Néanmoins, il cite avec éloge la
Flore des environs de Spa de Lejeune, les travaux de M. Tiuant, sur la
flore de Luxembourg, et, à l'occasion des Graminées, un ouvrage récent
de M. Demoor , d'Alost.
.M. Mathieu ajoute que « quarante années d'herborisation dans toutes
» les provinces belges , dont il a exploré avec soin les parties les plus recu-
;> lées, l'ont mis en position de vérifier par lui-même, et sur place, les espèces
» annoncées comme existantes dans telle ou telle localité , d'en rejeter plu-
» sieurs , et au contraire d'en admettre quelques autres, non comprises
« dans les catalogues qui ont précédé son travail. »
« Je n'ai, dit-il, négligé aucune source de lumière, j'ai tout vu et tout
» vérifié. J'ai pu me tromper $ comme tout autre , mais je l'ai fait île bonne
» foi, et j'inviterai mes confrères en science à m'iudiquer franchement les
» erreurs que j'ai involontairement commises. »
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 139
M. Mathieu termine son introduction en faisant remarquer que la Cryplo-
gamie de la Belgique , si riche et si intéressante, n'a jamais été publiée en
corps d'ouvrage.
La Phanérogamie comprend 1,829 espèces, rangées par familles natu-
relles, suivant l'ordre adopté par De Candolle. Toutes les diaguoses sont
en français. L'auteur n'a employé le Nobis qu'avec sobriété. Il n'a ajouté
son nom qu'à quelques variétés, et seulement a trois espèces nouvelles,
*
nommées par lui : Biscutella verna, Orobanc he Ilicis et Poa ambigua.
Voici la liste du petit nombre d'espèces phanérogames et de quelques
variétés que l'auteur indique, avec plus ou moins de certitude, comme
appartenant à la Belgique , et qui ne sont pas comprises dans les Flores
de Fiance :
Thalictrum nigricans, Jacq. Th. minus, var. dunense, Nob. (Th. dunense, Dum.)
Isopyrum fumarioides, L. Epimedium alpiuum, L. Biscutella veina, Nob. (B. varia,
Dum. B. lœvigata, Le/.). Erysimum altissimum, Lej. Viola montana, L. Dianthus
arrectus, Dum. Sagina .snxalilis, Lej. Elaline syphosperma, Dum. ; E. majuscula,
Dum. Spergula maxima, Weihe. Slcliaria média, var. pallida, Dum.; S. crassifolia,
Ehrh. Oxalis parvîflora, Lej. Spiraea belgica, Dum. Geum rubifolium, Lej. Fragaria
coltina, var. flor. luieis. Uosa canina, var. Malmumdariensis, Lej. Epilobiuin
liirsiitum, var. sparsiflorum, Nob. (E. spavsiflorum, Dum.). Epilobium hirstitum,
var. umbrosum, Nob. (E. umbrosum, Dum.); E. montanum, var. milans, Nob.
(E. nutans, Lej.); E. decumbens, Dum. Ceratophyllum demersum, var. tricuspi-
datum, Nob. (G. tricuspidaium, Dum.); G. demersum, var. unicorne, Nob. Ly-
tbrum virgatum, L. Scdum reflexum, var. fragile, Dum. S. rupestre, L. Peuceda-
ntim montanum, Koch. Aster lanceolatus, Lej. Solidago minuta, L. Achillea alpiua,
L. Car du us polyanlhemos, L. Girsium carminans, Dum.; C. selosum, Rckb.;
G. nemorale, Ihhb.; G. dissectum, Willd. Barkhausia gracilis, Lej. Hieracium
prasinum, Dum. II. rubricaule, Dum. ; Hyoscyamus agrestis, Schultes. Digitalis fer-
ruginea,L.;D. purpurascens, var. longiflora, Lej. (D. Libertiana, Dum. ). Orobanelie
Ilicis, Nob. Veronica paludosa, Lej.; V. laxiflora, Lej. Kocbia tripteris, Dum. Cheno-
podium mariliinum, var. arrectum, Desmaz.; Gh. rubrum, var. bliloides, Lej.
Atriplex microsperma, var. flavescens, Dum.; A. oblongifolia, 11", A. Ilumex Pa-
tiemia, L. Zanichellia denlala, Willd. Asparagus prostratus, Dum. Gagea belgica,
Lej. Blysmus rufus, Panz. Agrostis bryoides, Dum. Calamagrostis subulata, Dum.
Ammophila ballica, Host. Hierochloa borealis, Pries. Poa ambigua, Nob. Festuca
glauca, var. arduenna, Nob. (E. arduenna, Dum.). Bromus nitidus, Dum.; B. dif-
fusus, Dum. Miebelaria bromoidea, Dum. (Libertia arduennensis, Lej.), Lolium
decipiens, l)um.;h. Rieffelii, Demoor. Elymus geniculatus, Cuil.
Nous croyons devoir ajouter ici rémunération de quelques espèces fran-
çaises, que nous avons été surpris de voir attribuer à la flore de la Belgique,
attendu que, par leur habitat ordinaire, elles appartiennent, soit à la région
alpine, soit a la région tout a fait méridionale. Nous devons d'ailleurs faire
1 Zl 0 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
remarquer que ce n'est qu'avec doute que M. Mathieu mentionne un cer-
tain nombre de ces plantes:
Kanunculus platauifolius, Trollius europaeus, Helleborus niger, Aconitum Lycoc-
tonum, A. inlermedium, Epimedium alpinum, Arabis auriculata, Lunaria redivivn,
L. biennis, Thlaspi alpestre, Subularia aquatica, Dianthus glacialis, Potentilla ru-
pestris, Alchemilla alpina, Cotoneasler vulgaris, Circœa alpina, Sempervivum mon-
tanum, Saxifraga hypnoides, Meuin athamanticum, Asperula laevigata, Valerianella
vesicaria, Valeriana l'im, Cineraria mariiima, Arnica montana, Gnaphalium mar-
garilaceum, Ecliinops spliaerocephalus, Carlina acaulis, Gampanula pusilla, Gentiana
acaulis, Erythraea linarifolia, Linaria simplex, L. genistsefolia, Scrophularia betoni-
caefolia, Nepeta Nepetella, Asterolinumstellatum. Audrosacc septentrionalis, ttumex
scutatas, Eupliorbia nicœensis, E. Pilhyusa, E. Paralias, Orchis globosa, 0. varie-
gala, Gymnadenia albida, Lilium bulbiferum, L. croceum, Phalaris aquatica,
Pli. paradoxa, Pli. alpina, Phleum alpinum, Agrostis pungens, Stipa Calamagrostis,
Milium scabrum, Briza maxima, .Egilops ovata, .K. trkincialis, Gaudinia fragilis.
La Cryptogamie comprend W2,S06 espèces.
Inclicatio filantariiiii îtovaresnt aut nomlmii recte co-
giiitai*«im, qua* in pugillo primo «lescripsit icoiii-
Dmimiim- illustravit Graells ; Brochure in-8° de 30 pages; Madrid,
mai 18f)fr.
Cette brochure contient deux parties :
Dans la première, intitulée Indicatio plantarum novarum, l'auteur décrit
les espèces suivantes, toutes du centre, de l'Espagne. : 1. Genista Barnadesii,
Graells (Spartium radiatum , L., Barnades in herbario Cavanillesiano);
2. Centaurea amblensis, Graells; 3. C. Cavanillesiano, , Graells Sp. n" 3
{C. acaulis, L., Cav. in herb.); h. C. Lagascana, Graells Sp. n° 3 (C. acau-
lis, L., Lag. in herb. hor. reg. Matri.);5. Microlonchus ysernianm, Gay
etWebb;6. Narcissus (Corbularia) Graellsii, Webb in litt. [N. Bulboco-
dium, Botanic); 7. N. Corbularia) nivalis, Graells (N. Bulbocodiumi Bo-
tanic); 8. N. (Ganymedes) pallidulus, Graells.
L'auteur ajoute ensuite quelques caractères a ceux qui ont été signales
par MM. Boissier et Beuter dans la description qu'ils ont donnée (Diag.
plant, nov. Hisp.) de leur Narcissus apodanthus et de leur Crocus Cor-
petanus.
La seconde partie est intitulée Addenda et corrigenda in catalogo Col-
meiroano Florulœ Castellanœ. C'est une liste de plantes des Deux Castilles
signalées les unes pour de nouvelles localités , d'autres parce qu'elles
n'avaient pas été signalées dans le catalogue de M. Colmeiro , d'autres enfin
parce qu'elles ont été décrites comme espèces nouvelles depuis la publica-
tion du même catalogue, soit par MM. Boissier et Beuter, en commun ou
isolément, soit par M. Willkomm. Les plantes de cette dernière catégorie
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 1/|1
sont au nombre de :j6; celles de la seconde s'élèvent au chiffre de b'i Pha-
nérogames et de 20 Cryptogames.
Examen «le las JEncinas y «ïeanas arlioles de la Peuiu-
stila «iue produceii liellolas, eoia la designaeioii «le los
«lue se Hantait JKestos {Examen des Chênes verts et des autres arbres
rie la Péninsule qui produisent des glands doux, avecladésignationde ceux
qu'on nomme Mestos), pardon Miguel Colmeiro et don Esteban Boutelou.
Brochure in-8" de 16 pages. Séville, 1854.
Le principal intérêt de ce travail consiste dans les documents qu'il ren-
ferme au sujet de la distribution géographique des Chênes espagnols, et dans
l'indication des noms vulgaires par lesquels ces arbres sont désignés dans les
parties diversesde la Péninsule. La partie purement botanique y est peu déve-
loppée, chacune des espèces admises par les deux auteurs étant uniquement
caractérisée par une simple diagnose. A cesdiagnoses est jointe l'indicationdes
variétés observées. Une question sur laquelle MM. Colmeiro et Boutelou ont
porté spécialement leur attention est relative a la détermination botanique
des Chênes désignés vulgairement par les Espagnols sous le nom de Mestos.
Ces Chênes out ete l'objet de beaucoup d'écrits et d'articles de journaux, à
cause surtout de l'idée très répandue en Espagne que leur écorce est un
spécifique contre la rage. Les deux auteurs pensent que le vrai Mesto est le
Quercùs hispanica , Lamk; d'après eux, ce nom est encore applique a
d'autres espèces, notamment au Quercus Mesto, Boiss., et au Q. pseudo-
coccifera, Desf.
Nous donnerons ici l'indication des espèces sur lesquelles porte le, travail
de MM. Colmeiro et Boutelou , en y joignant le relevé de leur distribution
géographique dans la Péninsule, et des noms vulgaires sous lesquels chacune
d'elles est connue.
I" Chênes à feuilles persistantes.
1. Quercus Suèer, Linn. Noms vulgaires: Alcornoque(CdLSli\\é) ; Sobreiro,
Sobro (Portugal) ; Sobreira (Galice) ; Alsina surera, Arbre surer, Surer, Suro
(Catalogne).
Hab. : Toutes les provinces de l'Espagne et du Portugal, surtout dans la
Catalogne et l'Estramadure ; on le trouve indifféremment dans toutes les
natures de terres, dans les sables a peu près stériles, peu éloignés de la mer,
comme dans les sols fertiles, sur les montagnes élevées, presque dénudées
de terre végétale, etc.
2. Quercus hispanica, Lamk (Q. pseudo-suber, Desf. ; Q. œgilopifoliu,
Pers. Nom vulgaire : Mesto (Estram. et Andal.)
Hab. : Estramadure, Sierra Morena et de Ronda, parmi les Chênes verts
et les Chênes lièges; près de Gibraltar; Navarre (Willk.), Algarbes (Brot).
T. I. 10
lll'I SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Il préfère les terres qui ont du fond; on ne le trouve pas en bois touffus.
3. Q. avellanœformis, Colin, et Bout. Nom vulgaire : Mesio de beilotas
comoavellanas.
Hab. : Lstramadure. Les deux auteurs pensent qu'il est nécessaire d'en
examiner un plus grand nombre d'individus pour reconnaître la valeur des
caractères qu'ils lui assignent.
h, Q. llex, Linn. Noms vulgaires: Encina de beilotas amargas, el, lors-
qu'il est bas et ebétif, Carrasca, Chaparro (Cast.); Azinheira, Azinho
(Port.); Alsina, Alsinera, Aulina (Ca t.) ; Auzina (Bal.); Carrasca vent
(Va'.).
Hab. : Toute ou presque toute la Péninsule.
5. Q. Bellota, Colm. et Bout. (Q. Ballota, Desf. ; Q. Alzina, Lapeyr.).
Noms vulgaires : Encina de beilotas dulces (Cast.) ; Alsina glanera (Cat.).
Hab. : Provinces centrales, orientales et méridionales, et Portugal; très
abondant en Lstramadure. Cette espèce se plaît dans les sols granitiques ou
calcaires.
6. Q. Mesto, Boiss. iNoms vulgaires : Mesto et Coscoja.
Mal). : Près de Almojia, dans le Desierto de las iNieves; près de Lisbonne
(Welwitsch). Les deux auteurs expriment du doute sur l'autbenticité de
cette espèce, qui pourrait n'être qu'une variété du Q. coecifera, Linn., à
feuilles moins épineuses.
7. Q. coecifera, Linn. iNoms vulgaires: Coscoja ou Coscojo, Matarubia
(Cast.); Currusqueiro, Carrasco (Port.); Cocollis, Coscoll , Garrichs (Cat.);
Coscoll roge, Coscolla (Val.).
Hab. : Presque toute la Péninsule, excepté, peut-être les provinces du
nord, notamment la Galice. Il aime les solslégers et sablonneux ou calcaires,
des parties montueuses.
8. Q. pseudo -coecifera, Desf. Noms vulgaires : Mesto (à Higuera la Beal) ;
Coscoja (Gren. et Val.).
2° Chênes à feuilles tombantes.
9. Q.lutmilis, Lamk. (Q. fruticosa, Brot. ; Q. prasina, Bosc). Nom vul-
gaire : Carvallio anaon (Port.).
Hab. : Terres sableuses des Castilles, de l'Andalousie et du Portugal.
10. Q. lusitanica, Lamk. Noms vulgaires: Quejign (Cast.); Carvalho
cerquinho de Bcira (Port.); Roure(Va.\.).
Hab.: Presque toute la Péniusule, surtout dans les terres fertiles ou hu-
mides, aux bords des ruisseaux ; moins commun dans le centre et au nord :
on ne l'a pas trouvé en Galice.
Les deux auteurs présument qu'il faudrait y rattacher, comme variétés,
les Q. ovalifolia, Boiss., Q. asperata, Pers., Q. Mirbcckii, Durieu.
11. Q. alpestris, Boiss.
Hab. : Entre Estepoua et Iguaiejà, dans la Sierra de la Nievc (Boiss.).
REVCE BIBLIOGRAPHIQUE. l/lo
1*2. Q. Robur, Willd. Noms vulgaires : Roble (Cast.) ; Carvalko roble
(Port.).
Hab. : Surtout les Pyrénées et quelques-unes des provinces du nord et
du Portugal.
lo. Q. pedunculata , Willd. Noms vulgaires: Roble (Cast.); Carvalko
comun (Port.) ; Carballo (Gai.) ; Roure (Cat. .
Hab. : Abondant en Galice et dans toutes les provinces septentrionales
de la Péninsule ; moins fréquent dans les montagnes des Castilles ou du reste
de l'Espagne.
16. Q. fastigiata, Lamk. Nom vulgaire : Itoblc acipresado ou pyra~
i aidai.
Hab. : Pyrénées et peut-être Galice.
15. Q. pubescens, Willd. Nom vulgaire : Roble (Cast.).
Hab. : Surtout les Castilles et le nord de l'Espagne, dans les endroits
montueux, formant quelquefois des forêts à lui seul.
16. Q. Tozza, Bosc. [Q. . Egilops, Asso, vulgo Marojo ; Q. pubescens, Brot. ;
(>. pyrenaïca, Willd. ; Q. Tauzin, PersA Noms vulgaires: Melojo (Sierra
deSegura); Carvalko par do (la Reira (Port.); Cerquino, Cerqueiro (Gai.) ;
Roble (Estra., Greu., Sierra Morena).
Hab. : Lieux montueux et sablonneux de toute la Péninsule; se tenant
sur les hauteurs et sur les pentes septentrionales , dans les provinces
du sud.
17. Q. Cerris, Linn. (O. jEgilops, AH., non Linn., FI. Esp. et Pal. .
Nom vulgaire : Rebollo (Cast. et Arag.).
Hab. : Au Pardo, près de Madrid, à Moncayo, Sierra de Villaroya et
autres de l'Espagne, sans être commun.
Icônes |»Iantai*um Imliœ orientalie, or figures <>f Indian plants,
par B. Wigbt, vol. VI.
Le sixième volume de l'ouvrage monumental du docteur Bobert Wigbt
sur la tlore de l'Inde, imprimé à Madras en 1853, n'est parvenu en France
(lue depuis quelques mois. Il comprend 181 planches litbograpbiées, depuis
le n° 19*21 jusqu'au n" 2101, plus une planche (1776 bis) pour deux espèces
de la famille des Amarantacéest décrites dans le volume précédent.
Les planches représentent au trait 257 espèces dont un grand nombre
n'avaient pas encore été iigurées. L'auteur donne pour chaque plante une
diagnose ou une description abrégée avec l'indication de la localité et quel-
quefois des observations critiques.
Le volume commence par la famille des Pipéracées, qui comprend 25 es-
pèces réparties en 6 genres , selou le système de M. Miquel ; ce sont toutes
plantes déjà décrites.
j/l/j SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Les Cblorauthacées qui suivent sont représentées par le Chloranthiis
indiens, N\ igbt, nov. sp. , et par le genre Sarcandra que M. Gardner avait
institue dans le journal de Calcutta , mais qui est a peu près inconnu des
botanistes européens. L'espèce figurée tab. 1946 est le S . chloranthoides ,
(ianln., recueilli d'abord à Ceylan et ensuite en plusieurs lieux de l'Inde
continentale.
Après les diagnoses du Ccdlitriche Wightiana, \\ ail., et de trois Ceralo-
phyllum déjà connus, viennent lô plantes de la famille des /uiphorbiacces,
v compris k espèces de Macaranga déjà mentionnées au cinquième volume.
H. R. Wight décrit h espèces nouvelles du genre Sauropus , 3 de l'île de
Ceylan, les S. retroversa, Garneriana, zeylanica et le .S. indices. Il donne
une notice sur VEuphorbia Cattimandoo, nov. sp. , caulescente, épineuse et
ebarnue, et publie un nouveau genre sous le nom de Chorisandra (C. />m-
nata, tab. 199^).
On remarque parmi les Artocarpées V Anticois saccedora décrit par
M. Dalzell dans le journal de Jvew, le Conucephalus niveus, Wight, nov. sp.,
le Cudrania Javanensis, Trécul, ligure pour la première fois, tab. 19(50.
Les Ulmacées, représentées au nombre de 5, sont des espèces déjà dé-
crites par M. Planchon.
Les Urticacées sont traitées avec quelques développements. L'auteur suit
la division de la famille présentée par M. Gaudichaud dans le 1 oyage de
VUranie. Il y ajoute , sous le nom de Chamabainia , un genre nouveau
institué sur une plante des .Nilgherries [C '. cuspidata , t. 1981). Presque
toutes les Urticées ligurées sont des espèces nouvelles.
Les Morées qui suivent sont aussi, pour la plupart, de nouvelles
plantes: Covellia guttata, Dorstenia indien, Epicarpurm zeylanicm ,
Thev., etc.
M. Wight institue près des Antidesma, un nouveau genre qu'il nomme
Astylis {A. venusta, tab. 1992), et qui a été recueilli dans les montagnes des
Nilgherries.
La suite de l'ouvrage est consacrée à des familles monocotylédones. On
y trouve un Dioscorm, le Roxburghia gloriusoides, Dryand., 5 Smilacées,
un senre nouveau d'Orchidées Goviendovia (G. nervosa, \\ igbt, t. 2090) ,
20 espèces deZingiberacées, entreautres (tab. 2030), le Monolophm scaposus ,
Dalzell, 12 Curculigo elllypuxis, la plupart nouveaux. On peut y remar-
quer encore 3 espèces de Lilium qui doivent être des plantes superbes, à
fleurs campanulées : L. neilghemmse, sp. n., L. tubiflorum , sp. n., et
L. Wallichianus , Rœm. La famille, des Commélynacées compte 3N es-
pèces, et les nouveaux genres, Heterocarpus , Dichospermum ., Dictïo-
spermum.
Le volume est termine par une monographie du genre Pouzulzia, créé
par Gaudichaud sur le Parietaria indien, Lin., et deux autres plantes.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. \!\î)
M. Wight en énumère .">."> espèces, toutes des contrées asiatiques , depuis
l'île de Bourbon jusqu'à la Chine et à l'archipel des Moluques.
«*tjnoi»««M plaiitaiMiisa gliBiBiaveaiuuii , auetore E.-G. Steudel,
Fascicul. l-V. ln-/i, p. 1-40O. — Stuttgard, 1854.
L'auteur entre en matière dès la première page , la préface et le titre
étant réservés pour la dernière livraison. Un avis de l'éditeur, inséré sur la
couverture, apprend que M. le docteur Steudel a travaillé pendant plus de
dix années au recensement dont la publication vient de commencer, et
qu'il a pu ajouter au résultat de ses propres recherches les espèces nou-
velles décrites dans un mémoire inédit de Nées d'Esenbeck.
L'ouvrage sera divisé en onze livraisons comprenant 80 feuilles. Les
cinq fascicules mis en vente contiennent déjà 50 feuilles, toutes consacrées
à la famille des Graminées.
M. Steudel conserve les grandes sections ou tribus adoptées dans la clas-
sification, a peu près telles qu'on les trouve exposées dans V Agrostoyraphia
de Kunth, et dans le Gênera plantarum d'Kndlicher. La série des genres est
aussi la même dans son ensemble, sauf quelques transpositions.
La cinquième livraison s'arrête dans le genre Antisthiria, de la dernière
tribu des Graminées.
Four les 13 autres sections , le nombre des genres est porté à 271. C'est
7U de plus que clans Y Enumeratîo plantarum, et cependant M. Steudel
réunit de nouveau des coupes génériques distinguées par Kunth ; son genre
Panicum, par exemple, comprend les Urochloa, Setaria, Ichnanthus,
Isachne et Oplismenus.
Quant au nombre des espèces, il s'élève, pour les cinq livraisons, a
5,293. V Enumeratîo plantarum n'en contient pour toute la famille que
3,024. Voilà donc, dans l'espace de vingt années, un accroissement de
2,209 espèces , c'est-à-dire de plus de sept dixièmes. Sans doute le Sy-
nopsis recèle des doubles emplois et des spécifications douteuses ; de tels
inconvénients sont désormais inévitables dans les recensements généraux.
Mais ces erreurs probables doivent être compensées, quant au nombre, par
les plantes omises dont M. Steudel n'a pu avoir connaissance. Ainsi le Sy-
nopsis ne fait aucune mention des Graminées du Chili , rapportées par
M. Claude Gay et décrites tout récemment par le regrettable M. Desvaux
(Emile) ; on n'y trouve point les espèces comprises dans les deux dernières
collections envoyées de Swan River par J)rummond, ni les plantes en assez
grand nombre reconnues nouvelles par M. Desvaux , dans les herbiers que
Boivin avait formés à Madagascar, Mayotte, etc.
Si l'on concluait d'une seule famille au règne végétal entier, il se trou-
146 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
verait que, clans une période Irentenaire, le nombre des plantes reconnues
aura probablement doublé.
Les espèces du genre Paspalum, portées par Kuuth au nombre de 179,
sont portées par M. Steudel à 263.
Les Panicum, avec les genres réunis qui figurent dansKunth pour 551
espèces, s'élèvent ici à 852. Les Pennisetum montent de 26 à 88 ; les
Stipa, de 60 a 105 ; les Aristida , de 80 à 1^3 ; les Agrostis , de 90 à 171.
M. Steudel énumère 89 Calamagrostis au lieu de 14. Il enregistre 192 Poa
et 245 Eragrostis, tandis que les deux genres réunis ne figurent dans Kuntb
que pour 279 espèces. L'Andropogon , auquel M. Steudel rattache de nou-
veau VIschœmum et l' Eitonurus , s'élève au chiffre énorme de 459 , étant
ainsi plus que doublé. H en est de même dans la plupart des autres grands
genres.
Sur la famille des Tropéolées, considérée dan» son
organographie , son anatomie, son organogénie , sa
tératologie, ses propriétés médicales, s» géographie
botanique et ses affinités, Mémoire présenté à l'Académie des
sciences, le 10 juillet 1854, par M. Ad. Cbatin.
L'auteur pense que les faits d'orgauographie (la symétrie florale surtout),
d'anatomie, d'organogénie , de tératologie et de géographie botanique qu'il
signale dans ce mémoire éloignent les Tropéolées des Limnantbées et les
rapprochent plus de l'alliance des Malpighinées que de celle des Géranioïdées.
« Si, » dit-il , « étant admises les affinités des Tropéolées avec les familles
de l'alliance des Malpighinées, j'avais à signaler leurs rapports divers avec
ces familles, je placerais sur un premier cercle les Acériuées et les Ery-
throxylées; les Malpigbiacées , les Sapindacées et les Hippocastanées for-
meraient un cercle plus intérieur dans lequel se trouveraient les Tropéolées,
plus rapprochées toutefois des Malpigbiacées, par la structure du péricarpe,
l'ovule unique, la chalaze placée sur le côté des cotylédons, la présence et
la nature des stipules, les tiges et racines à structure anomale ; des Sapin-
dacées, par leurs fruits quelquefois à une seule loge, quoique tricarpellaires,
par leurs espèces herbacées et par quelques faits d'organogénie et de téra-
tologie; des Malpigbiacées et des Sapindacées, à la fois par la structure
"énérale du fruit et de l'embryon; des Hippocastanées, par la soudure et la
nature amylacée des gros cotylédons; des Sapindacées et des Hippocasta-
nées réunies, par l'androcée et la largeur du bile. »
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 147
Note sur la synonymie îles Ulva Fs«cf*€ca et ttilisshêia, L. ,
suivie de quelques remarques sur la tribu des Ulvacées, par M. Gustave
Thuret. (Mémoires de la Société des sciences naturelles de Cherbourg,
2e vol., 1" livr., 1854, p. 17-32.)
Ainsi que le titre l'indique, cette note se compose de deux parties. Dans
la première, l'auteur démontre que MM. C. Agardh et Greville ont eu tort
de changer le nom d' Ulva Lactuca, par lequel Linné et tous ceux qui l'ont
suivi désignaient la plus commune de nos (Jlves, et d'attribuer cette déno-
mination à une espèce qui parait avoir été tout à fait inconnue de leurs
prédécesseurs. A cette occasion, M. Thuret fait observer que la plante dé-
crite par MM. C. Agardh et Greville doit être placée dans le genre Entera-
morpha à cause de sa fronde en forme de sac. Il l'appelle E. Grevillai; il
a vu les zoospores de cette plante se mouvoir encore au bout de six jours,
ce qui est la plus longue durée de mouvement qu'il lui ait été donné d'ob-
server chez les zoospores des Algues.
Dans la deuxième partie de son travail, l'auteur donne les caractères de
la tribu des Ulvacées, qui comprend seulement les genres / Iva, Entero-
morpha, et un genre nouveau, Monostroma, dans lequel se réunissent les
rives formées d'une seule couche de cellules. Les espèces qui rentrent dans
ce genre sont Y Ulva bullosa, Roth.; l' Ulva oxycocca , Kutz., et une espèce
nouvelle que l'auteur fait connaître sous le nom de Monostroma laceratum.
Note sur le geatee 8i»irulinn , Turpin , par MM. Crouan frères.
[Mémoires de la Société des sciences naturelles de Cherbourg, 2" vol.,
1" livr., 1854, p. 38-40.)
Dans celte note, les auteurs donnent la diagnosc de trois espèces nou-
velles de Spirulina. Toutes trois sont marines : ce sont les Spirulina
pseudo-tenuissima, S. oceanica et .S'. Thuretii. Les deux premières ont été
publiées en nature dans les Algues marines du Finistère, par MM. Crouan,
sous les numéros 323 et 324.
BOTANIQUE GÉOGRAPHIQUE.
Himalayau jounials, or notes of a iiaturalist in Beng-al,
tlie Sikkii» anil Népal lliiiaalayas, llie Kliasia momi-
taiiis, etc. (Journal d'un voyage dans V Himalaya, ou notes prises par
un naturaliste dans le Bengale, l'Himalaya de Sikkim et du Népaul,
dans les montagnes de Khasia , etc.), par le docteur Joseph Dalton
Hooker. Londres, 1852, 2 vol. grand in-8°.
Dans son voyage avec sir James Ross, le docteur Hooker n'avait pu
148 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
qu'effleurer l'étude de l'histoire naturelle des tropiques: aussi le désir qu'il
avait de parcourir quelques-unes de ces terres promises du naturaliste le
decida-t-il à entreprendre le grand voyage dont il a, cette année, publié le
récit.
Le docteur Hooker partit d'Angleterre en novembre 1847 avec le marquis
de Dalhousie, gouverneur général de l'Inde. Arrivé à Calcutta le 12 jan-
vier 1848, il ne lit qu'une rapide excursion dans l'ouest du Bengale. Il
s'empressa ensuite de diriger ses pas vers l'Himalaya de Sikkim, dont le
nom même était alors presque inconnu en Europe. Il séjourna deux ans
dans ce district sauvage; il réussit même à gagner le Thibet et à s'élever
sur les montagnes jusqu'à une hauteur de 20,000 pieds (1). Il alla ensuite
étudier la riche végétation des monts Khasia, dansleSilhet, et il s'emharqua
enfin pour l'Europe au mois de février 1851.
L'ouvrage dans lequel M. Hooker vient d'exposer les détails deson voyage
renferme tout ce qui peut intéresser le physicien, le géographe et le natura-
liste; il est illustré par 82 figures et 2 cartes. Ne pouvant l'analyser dans
toutes ses parties, nous suivrons le savant voyageur dans quelques-unes de
ses herborisations qui donneront une idée de la végétation des pays qu'il a
explorés.
Le 18 mars 48/j7, le docteur Hooker quitta Benares pour descendre le
Gange. Sur les rives sablonneuses de ce fleuve, il récolta plusieurs plantes
européennes, un Rumex, un NastwHium, le Ranunculus sceîeratus, la Fu-
meterre, le Juncus bufonius, la Verveine commune, le Gnaphalium luteo-
album et le Veronica Anagallis. Sur les berges croissaient le Tamarix,
r Acacia arabica (abondant dans toute cette région) et quelques autres ar-
bustes. Le Blé, le Haricot en arbre (Cajanus), le Pois chiche, le Carthame,
la Vesce et le Riz étaient les principaux produits des cultures de cette partie
du pays. Les arbustes y étaient en petit nombre, à l'exception de VAdka-
toda et du Calotropis. Les arbres aussi y étaient rares et rabougris ; les
Figuiers, l'Arbre à pain et quelques Légumineuses étaient ceux qui s'y
montraient le plus communément. Il ne s'y trouvait que deux espèces de
Palmiers, le Palmier a éventail [Borassus flabelliformis) et le Dattier, ce
dernier caractérisant les lieux arides.
Plus bas et en se rapprochant de Patna, la scène changea; le voyageur
avait laissé derrière lui le désert du nord-ouest de l'Inde et ses brises dessé-
chantes pour gagner des régions plus humides. Des bosquets de Palmiers,
des bouquets de Bambous, des Orangers, Y Acacia Sissoo, le Melia, le Guof-
teria longifolia, le Spondias mangifera, VOdina etplusieurs espèces d'Eu-
phorbes se montraient fréquemment sur les bords du chemin. Les plantes
(1) Le pied anglais vaut 0"'.:>or> : d'où 1.000 pieds font 305'", et ;>0.000 pieds
font G,loûm.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 1/|9
cultivées, parmi lesquelles se faisaient remarquer le Papayer, le Manioc, le
Cocotier et toutes les variétés de Citronnier et d'Oranger, témoignaient de
leur côté du changement qui avait eu lieu dans le climat.
Quittant enfin le Gange, le docteur Hooker se dirigea directement vers
l'Himalaya, dont il ne commença, par suite des brouillards, à apercevoir la
chaîne extérieure que lorsqu'il fut arrivé à 8 ou 10 kilomètres de son pied.
Là commence un district, dont tous les traits botaniques, géologiques ou zoo-
logiques sont différents de ceux de la région que l'on vient de laisser en ar-
rière. A une élévation de 15,000 pieds environ, la végétation est admirable ;
les arbres y sont gigantesques, et leurs troncs, entrelacés de grandes lianes,
telles que des Bauhinia ou des ftobinia, sont revêtus d'Orchidées épiphy tes,
de l'othos, de Poivriers, de Gnetum, de Vignes, de Convolvulus et de Bi-
gnonia.
Parmi les autres habitants de la forêt, le docteur Hooker cite le Bananier
sauvage, un Pandanus dont la tige grêle se termine par une touffe de feuilles
de 2 à 3 mètres de longueur, diverses Araliacées, des Kuphorbiacées dont
les feuilles ont plusieurs pieds de diamètre, enfin des Bambous géants et
vingt ou trente espèces de Fougères, dont une arborescente. Telle est la
végétation des forêts tropicales de la chaîne extérieure de l'Himalaya.
A 4,800 pieds, la Flore change complètement et rappelle vivement celle
de l'Europe centrale. On était alors au printemps ; un Chêne et un Bouleau
commençaient a fleurir, ainsi qu'une Violette, un Chrysosplenium, un Stel-
laria, le Fraisier sauvage, un Érable, un Géranium et une Uonce. Des
Mousses et des Lichens tapissaient le bord des chemins. Mais ces plantes, il
faut le dire, étaient accompagnées d'un grand nombre de genres tropicaux
qui montraient que l'on était encore bien au-dessous de la zone tempérée.
A. partir de ce point, le chemin montait a travers une forêt magnifique de
Châtaigniers, de Noyers, de Chênes et de Lauriers. On pourrait difficile-
ment concevoir, dit le docteur Hooker, quelque chose de plus grandiose
que la masse de végétation présentée par ces arbres élevés, dont les troncs
disparaissaient quelquefois sous les fleurs des épiphytes qui y avaient pris
naissance. Quelques-uns des plus âgés n'étaient plus, pour ainsi dire, que
des faisceaux de liaues entrelacées: c'étaient des Araliacées, des Légumi-
neuses, des Vignes, des Ménispermees, des Hydrangea et des Poivriers dont
les rameaux circonscrivaient un creux occupé jadis par l'arbre auquel leur
étreinte avait donne une mort précoce. Du sommet et. de tous les côtés de
ces piliers végétants pendaient des branches flexibles tantôt feuillées, d'au-
tres fois nues, jetées comme des câbles d'un arbre a un autre et balançant à la
brise de grands bouquets de Fougères ou d'Orchidées perches sur leurs anses
élevées. Des Mousses pendantes et des Lichens se rencontraient aussi eu
profusion dans cette forêt, que nourrissait une humidité perpétuelle.
Le docteur Hooker passa la saison pluvieuse de 1848 dans l'établissement
150 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
sanitaire de Dorjiling, dernière possession anglaise dans le Sikkim, à une
élévation d'environ 7,100 pieds et en vue des pics les plus élevés de l'Hi-
malaya. Douze d'entre eux s'élevaient à plus de 20,000 pieds, et l'un d'eux,
le Kinchinjunga, atteignait 28,178 pieds d'altitude; le mont Chumulari,
autre géant (23,928 pieds) des Andes du Thibet, était visible d'une éleva-
lion voisine (le Sinchul), pendant l'ascension de laquelle notre auteur fit
connaissance avec quelques-uns des admirables Rhododendrons dont il a
réussi à enrichir nos jardins. « Dans les mois d'avril cl de mai, dit-il, quand
les Magnolias et les Rhododendrons sont en fleur, la végétation fastueuse du
Sinchul ne le cède en rien, sous certains rapports, à celle des tropiques;
la beauté de l'effet est cependant bien diminuée par la tristesse constante de
la saison. Le Magnolia a fleurs blanches (M. excelsa, \\ ail.) est un des ar-
bres qui prédominent à une élévation de 7,000 à 8,000 pieds, et en 1848
il a Henri si abondamment, qu'il semblait que sur les larges lianes du Sin-
chul et d'autres montagnes de la même élévation, on eût répandu de la
neige. L'espèce à Heurs purpurines {M. Campbellii) ne se montre guère au-
dessous de 8,000 pieds; c'est un grand, mais bien vilain arbre, à écoree
noire et à rameaux peu nombreux, dépourvus de feuilles en hiver et durant
la floraison, mais émettant alors de leur extrémité de grandes fleurs campa-
nulées d'un rose purpurin, dont les pétales charnus couvrent tout le sol
d'alentour.
» Sur ses branches et sur celles des Chênes et des Lauriers croit épiphyti-
quement le Rhododendron Dalhousiœ, grêle arbrisseau qui porte à l'extrémité
de ses rameaux trois à six cloches blanches à odeur de citron, d'une dou-
zaine de centimètres de largeur. Le Rhododendron à Heurs écarlates est
1res rare dans ces bois, mais celui-ci est bien surpassé par le fi. argenteum,
qui devient un arbre de M pieds, avec des feuilles magnifiques de 3 à h dé-
cimètres de longueur, d'un vert foncé au-dessus et argentées au-dessous, et
des fleurs aussi grandes que celles du II. Dalhousiœ. Rien n'est plus beau
qu'un rameau fleuri de II. argentewn avec son large feuillage et ses masses
de corolles. Des Chênes, des Lauriers, des Érables, des Rouleaux, des Hy-
drangea, une espèce de Figuier (qui occupe le sommet même de la mon-
tagne), et trois genres chinois et japonais, constituent les traits principaux
de la végétation forestière de cette partie du Sinchul.
'Au-dessous de cette région, c'est-à-dire au-dessous de Dorjiling, les
zones de végétation sont bien caractérisées entre 6,000 et 7,000 pieds par :
1° Le Chêne, le Châtaignier et les Magnolias, qui caractérisent également la
végétation entre 7,000 et 10,000 pieds; 2" immédiatement au-dessous de
6,500 pieds apparaît une Fougère en arbre (Alsop/rilagigantea, Wall.), es-
pèce largement répandue, commune a toute la partie de l'Himalaya qui
s'étend du Népaul vers l'est, et se retrouvant dans la péninsule malaise, a
Java et a Ceylan; 3° une espèce de Palmier du genre Calamus et un Plec-
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 151
tocomia, Ce dernier s'élance jusqu'aux cimes des plus hauts arbres et s'étend
à travers la forêt jusqu'à une distance de près de kù mètres de sa souche.
Jl se rencontre jusqu'à 6,500 pieds, limite supérieure des Palmiers dans le
Sikkim Himalaya; mais il est le seul qui atteigne à cette hauteur. 4° Enfin,
un dernier trait caractéristique est présenté par un Bananier sauvage qui
s'élève presque à la même hauteur que la plante précédente. A des niveaux
inférieurs, cette espèce est remplacée par une autre un peu plus grande;
toutes les deux produisent de petits fruits âpres, pleins de graines et nulle-
ment comestibles. L'espèce à fruits gros et sans graines, mais peu savou-
reux, que l'on cultive communément dans le Sikkim , n'est pas indigène. »
Le docteur Hooker n'obtint qu'avec beaucoup de peine des autorités in-
digènes du Sikkim la permission de pousser au delà de Dorjiiing, et en par-
ticulier de visiter les hautes passes de l'Himalaya au Thibet. Cependant,
après bien des délais, cette permission lui fut enfin accordée, et il s'équipa
aussitôt pour une expédition de trois mois qui devait le porter aussi près que
possible de la masse principale de Kinchinjunga, Suivons-le dans son as-
cension.
A 8,000 pieds, il rencontre les premières Conifères et tout d'abord VAbies
brunoniana, belle espèce, affectant la forme d'une pyramide obtuse, avec
des branches étalées comme celles du Cèdre. Elle est inconnue dans la
chaîne extérieure, et occupe, sur l'intérieure, une zone moins élevée de
1,000 pieds que celle du Sapin argenté (A, Webbiana). On rencontre vers
ce niveau un assez grand nombre de plantes subalpines des genres Leyces-
teria, Thalictrum, Rosa, Gnaphalium, Alnus, Betula, Ile.r, Herbert*,
Hubus, etc., des Fougères, des Anémones, des Fraisiers, le Bambou alpin
et des Chênes.
Plus haut, notre voyageur vit des Genévriers se mêler aux Sapins ar-
gentés, et ces arbres furent bientôt remplacés par des Rhododendrons tou-
jours verts, répandus sur les pentes en immense profusion et entremêlés çà
et là de buissons de Rosiers, de Spirœa, de Genévriers nains et de petits
Bouleaux, de Saules, de Chèvrefeuilles, d'Epine-vinettes et d'une espèce
de Sorbier.
A 12,000 pieds, la végétation était presque uniquement constituée par
une multitude d'espèces de Rhododendrons qui formaient, sur les pentes
escarpées, une zone continue de 1,000 pieds de largeur. Un petit Andromède
éricoïde s'y faisait aussi remarquer, et, sur les bords du chemin, le bota-
niste put cueillir deux plantes émigrées de sa patrie lointaine, le Poa annua
et la Bourse du pasteur.
A 13,000 pieds, le sol se trouva partout dur et gelé, et à 18,000, laneige
jonchait tout le flanc de la montagne et s'élevait a près d'un mètre de
chaque côté du sentier. Le voyageur atteignit enfin le sommet de la passe,
situé a 16,7f)0 pieds au-dessus du niveau de la mer, cl trouva encore à y
152 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
récolter plusieurs espèces de Composées, des Graminées el un Arenaria,
L'espèce la plus curieuse était le Saussurea gossypina, qui forme de grandes
massues revêtues d'une laine blanche et liés douce, au toucher, hautes de
o décimètres environ. L'espèce de couverture donnée par la nature a cette
plante est à peu près exceptionnelle dans l'Himalaya ; les genres alpins qui
y sont le plus répandus, tels que Arénaires, Primevères, Saxifrages, Fume-
terres, Renoncules, Gentianes, Graminées et Cypéracées, ayant un feuillage
parfaitement nu.
L'année suivante, 1SA9, le docteur Hooker entreprit un second voyage à
travers le cœur du Sikkim , et atteignit des hauteurs plus considérables
encore que celles auxquelles il s'était élevé précédemment. Dans l'une de ses
excursions vers la frontière du Thibet, sur une des crêtes de l'Himalaya
appelée Kongra Lama, il recueillit, au-dessus de H, 000 pieds, 200 espèces
de plantes, parmi lesquelles se. trouvaient 10 Crucifères, 20 Composées,
10 Renonculacées, 0 Alsinées, 10 Astragalées, S Potentillées, 12 Graminées,
15 Pédiculaireset 7 Borraginées.
Sur le sommet des hauteurs qui surplombent la haute vallée de Lachen ,
et à une altitude de 17,000 pieds, notre voyageur nous montre des trou-
peaux de moutons broutant les touffes d'uni' petite Cypéracée voisine de
notre Carex pulicaris, entremêlées d'autres touffes formées par le Festuca
ovina. Sur ces sommités arides, se voyaient encore plusieurs plantes arcti-
ques naines, eu société du Rhododendron nivale, la plus alpine des
plantes ligueuses. Les pentes stériles donnaient naissance à une plante
curieuse , voisine du Cherleria de nos hautes montagnes , V Arenaria rupi-
fraga, Fenzl. , qui forme sur le sol des masses hémisphériques de 2 ou
3 décimètres de diamètre , et ressemblant beaucoup, pour le port, au
Bolax glebaria des îles Falklaud.
Fnlin , le 9 septembre 1 îS /i 9 , notre botaniste arriva a l'apogée de la
flore de l'Himalaya, en atteignant sur le mont Donkia une élévation de
19,300 pieds. La passe elle-même est à environ 18,500 pieds , et se trouve
située au-dessous de la limite inférieure des neiges perpétuelles que le
docteur Hooker y fixe a environ 19,000 pieds. V Arenaria rupifraga est la
seule phanérogame que l'on rencontre encore a cette hauteur : le Festuca
ovina, un Saussurea (1) et une petite fougère (Woodsia), s'approchent
cependant d'assez près du sommet, ou l'on voit plusieurs Lichens, tels que
le Cladoniavermicularis , le Lecidea geographica (une des plantes les plus
universellement répandues) , et le /., miniatu , au thalle orange, ainsi (pie
quelques Mousses stériles.
(1) Un Saussurea laineux à fleurs roses, ci le Delphinium glaciale, sont deux des
plantes qui s'élèvent le plus haut dans l'Himalaya, leur habitat étant entre 17,500
et 18,000 pieds.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 153
\ son retour;. Dorjiling, vers la fin de l'année $49, le docteur Hooker
fat joint par le docteur Thompson . qui revenait de son côte d'une expé-
dition dans le nord-ouest de l'Himalaya et le Thibet. Ils passèrent l'année
1850 à voyager et à récolter , et regagnèrent ensemble l'Europe en 1851.
Le docteur Thompson ayant obtenu du gouvernement de l'Inde laper-
mission de distribuer ses collections botaniques, qui . pour l'étendue et la
valeur, égalent celles du docteur Hooker, les deux voyageurs se sont dé-
cides à les réunir. La collection ainsi formée , constitue un herbier de
6,000 à 7,000 espèces indiennes, et comprend en outre nu nombre immense
d'échantillons doubles, que ces botanistes s'occupent , en ce moment , a
nommer, et qu'ils se proposent de distribuer entre soixante des princi-
paux herbiers publies et particuliers de l'Europe , de l'Inde et des Etats-
Unis.
BOTANIQUE APPLIQUÉE.
Traité des plantes médicinales indigènes , précédé d un
Cours de botanique, par Vutonin Bossu, docteur en médecine. Ouvrage
accompagné d'un atlas de 60 planches gravées sur acier, représentant
les organes des végétaux, les caractères de chaque famille, et 270 plantes.
Paris, 1854, in-8°.
L'auteur annonce qu'il n'a pas eu la prétention de publier un livre dans
lequel la science présentera quelques points de vue nouveaux ; il s'applique
« a exposer, succinctement les principes élémentaires, les fondements théo-
riques et les déductions pratiques des traités ex professo, trop étendus pour
être lus. trop savants pour être compris, trop chers pour être achetés par le
commun des hommes. »
La première partie, de cet ouvrage comprend les éléments de botanique
que l'auteur a empruntes a plusieurs sources, et particulièrement au pro-
fesseur Achille Richard. L'histoire de chaque famille est suivie d'un examen
général très rapide des usages des plantes qui y sont comprises. La seconde
partie, plus étendue, renferme l'histoire particulière des plantes médicinales,
divisées en sept groupes correspondant aux sept classes fondamentales de
médicaments. Sous le titre de Préparation* et dovs, sont notés les divers
modes d'administration des médicaments et les cas les plus favorables a
leur emploi.
La réunion de toutes ces matières forme un volume de 840 pages, non
compris l'atlas du même format, dont les planches laissent un peu a désirer
quant a leur exécution artistique
Ihll SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Sur Bes propriétés tinctoriales «les l/icliens.
INI. Laucler Lindsay a présente à la Société botanique d'Edimbourg, dans
sa séance du 13 avril dernier, le tableau des résultats de cinq à six cents
expériences qu'il a faites, il y a deux ou trois ans, sur les propriétés tinc-
toriales des Lichens.
Sa communication a pour but d'appeler l'attention sur ce fait, que l'Ecosse
possède des Licbens capables de fournir des teintures presque, sinon tout à
fait égales en beauté à celles qu'on retire des Roccellu tinctoria et fuci-
formis et du Lecanora tartarca. {Armais and Magazine ofnatural histonj,
juin 185k, p. :>03.)
Ueber Kultur «1er Orolmiiclien {Sur la culture des Orobanches),
par JNJ. G. Tittelbacb, attaché au Jardin botanique de Schœneberg.
Brocb. in-8° de 5 pages, récente, mais sans date.
Les Orobanches sont généralement vivaces; cependaut, quelques-unes
sont annuelles , et ce sont celles qui vivent sur des plantes annuelles et
bisannuelles. Pour celles-ci , il est évident qu'on ne peut songer qu'à la
multiplication par graines ; mais les expériences de M. Tittelbacb prouvent
que ce mode de propagation est aussi le seul qui soit possible pour les pre-
mières. Naturellement les graines qu'on sème doivent être parfaitement or-
ganisées et mûres, et les insuccès auxquels on est arrivé dans beaucoup de
tentatives de semis de ces plantes tiennent à ce qu'on en avait pris les
graines sur des échantillons d'herbier cueillis trop tôt après la floraison.
On sème les graines des Orobanches annuelles au printemps, en même
temps que celles de l'espèce qui doit les nourrir, ou peu après celles-ci , à
la même profondeur , c'est-à-dire à environ 1 pouce en terre : par exemple,
ïOrobanche ramosa avec les graines du chanvre, VO. pruinosa avec les
fèves, etc. Pour les espèces vivaces , on réussit surtout en en semant des
graines dès leur maturité, vers la fin de l'été ou en automne, sur des pieds
très vigoureux , des plantes nourricières dont on met à nu quelques raci-
nes. On a reconnu que les très petites graines des Orobanches ne se déve-
loppent que sur de très jeunes racines, lu) semant a la lin d'août ou sep-
tembre, les jeunes plantes germent avant l'hiver , et ne produisent leur tige
florifère que l'année suivante. Si le semis est fait sur une plante en pot, il
est bon de répandre les graines vers la circonférence, là où se trouve la plus
grande quantité de racines; ou ad'ailleurs ainsi l'avantage de pouvoir suivre
l'évolution des jeunes plantes, en retirant pour un moment la motte de son pot
pour l'examiner. Pour éviter que la plante mère ne soit affamée, dès que
les jeunes Orobanches sortent de terre, on transplante le tout dans un pot
plus grand. Généralement les graines de ces parasites germent en peu de
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 155
temps; mais la souche des jeunes plantes est très lente a croître, reste
longtemps avant de se développer complètement. Ainsi l' Orobanche Hederœ
végète sous terre pendant un an et demi avant d'émettre sa tige florifère.
La germination parait se faire de telle sorte que l'embryon s'allonge jus-
qu'à ce qu'il rencontre une racine très jeune à laquelle il s'attache. Alors
l'extrémité correspondante a la tige forme un épaississement tubéroïde ,
revêtu d'écaillés, dans lequel s'amasse l'aliment pour la tige florifère.
Pendant ce temps , des portions de la souche qui entourent le point d'at-
tache de l'Orohanche naissent dans tous les sens des racines courtes et
épaisses, qui s'étendent dans le sol, et pour lesquelles on ne sait si elles
absorbent les matières alimentaires dans le sol , ou si ce sont de simples
crampons. Si la tige florifère se développe la première année, le parasite
meurt après la floraison , sa portion tubéroïde , souterraine , n'ayant pas le
temps de se remplir de nouvelles matières nutritives : cela se passe non-
seulement chez les espèces annuelles, mais encore chez les vivaces, ainsi
que l'auteur l'a vu plusieurs fois chez Y Orobanche tninor.
M. Titteibach a vu de vieux pieds de Lathrœa squamaria , qu'il avait mis
en pot, pour être certain qu'ils n'étaient plus nourris par les racines de la
plante mère, continuer a végéter, fleurir au printemps suivant, et déve-
lopper des graines. I! a vu aussi le Lathrœa clandesttna végéter et fleurir
parfaitement dans un état d'isolement complet. Cependant il n'a pu faire
germer les graines de la première de ces espèces ni eu les jetant sur des
racines de jeunes Chênes, Marronniers, Frênes, Ormes, ni en les semant
dans la terre.
N. B. Qu'il nous soit permis de dire , a propos du travail dont on
vient de lire l'analyse , que M. Durieu de Maisonneuve , l'un des hommes
les plus habiles que nous connaissions en matière desemi^ , a réussi , il y
a déjà plusieurs années, à faire germer des graines d'Orobanches en les
répandant sur les racines des plantes qui nourrissent habituellement ces
parasites. L'auteur de cette note doit à .M. Durieu lui-même la communi-
cation de ce renseignement intéressant. Il doit ajouter que lui-même a
essayé, il y a plusieurs années, de faire germer des graines parfaitement
mûres de Lathrœa dandestina, et que ses tentatives a ce sujet ont été in-
fructueuses comme celles que M. Titteibach a faites pour le Lathrcea squa*
maria.
MÉLANGES ET SOl'VULLES.
Une découverte intéressante pour la Flore française vient d'être faite
près de Bordeaux. M. Durieu de Maisonneuve, a qui rien n'échappe dans
une exploration botanique, a trouvé le Zostera nana croissant en grande
abondance dans le bassin d'Arcacbon , ou il reste a découvert lorsque la
marée est basse. Cette plante est si commune dans cette localité, qu'on a
peine a s'expliquer comment elle a échappé jusqu'à ce jour a tous les re-
gards; peut-être ses petites dimensions l'ont-elles fait prendre pour le Zos-
tera marina encore très jeune, l/hidigénat de cette espèce intéressante était
jusqu'à présent un peu douteux; le seul botaniste sur l'assertion duquel
on l'avait admise comme appartenant a notre flore était Delile, qui l'avait
indiquée comme croissant dans les eaux de la Méditerranée, près de Mont-
pellier.
— M. Bourgeau. dont les botanistes ont appris, il y a peu de mois, le
départ pour l'Espagne, est de retour a Paris depuis quelques jours. Bien qu'il
n'ait pu mettre entièrement a exécution le plan de voyage qu'il s'était trace,
et que les circonstances politiques au milieu desquelles il s'est trouvé l'aient
mis dans l'impossibilité d'explorer la Sierra de Gredos, ainsi qu'il en
avait le projet, il a pu former de belles collections préparées avec le soin et
l'habileté qu'on lui connaît. Ces collections seront mises en distribution
lorsque les botanistes distingués auxquels on doit la détermination des col-
lections antérieures du même voyageur, MM. Gay et Cosson. en auront ter-
miné l'arrangement et la classification. Les localités explorées cette année par
M. Boureeau sont : les environs de Madrid, la Sierra de Guadarrama et les
montagnes de Tolède.
BIBLIOGRAPHIE.
Flore (!<■ l'arrondissement d'Hazebrouck, ou Description dos plantes du nord delà
France. Ouvrage élémentaire, méthodique et médical, disposé selon le système
de Linné, avec la concordance des familles naturelles de Jussumi : par Yandamme
(Henri), pharmacien à Hazebrouck. - Taris et Hazebrouck , 1856, i"-8" de
'268 pages.
Considérations sur la in<il<i<lit> du pommier et sur sa plantation <hu\s 1rs terrains
humides, par Morrière, etc., 1854; in-16 de 1/2 feuille. — Delos, Gaen.
Gnmdriss der Botanik fur Schulen {Éléments de botanique pour les écoles),
par M. le docteur J.-Georges Bill. Vienne, 1854, in-8° de 310 pages, et un grand
nombre de ligures intercalées dans le texte.
Paiis. — Imprimerie de L. Martinet, rue Mignon, '-'
SOCIÉTÉ BOTANIQUE
DE FRANCE.
SÉANCE DU 26 JUILLET 1851.
PRÉSIDENCE DE M. AD. BRONGNIATiT.
M. de Sehœnet'eld , secrétaire, donne lecture du procès- verbal de
la séance du 12 juillet, dont la rédaction est adoptée.
Sur la présentation du Bureau, la Société, admet au nombre de
ses membres :
MM. Blanche (Isidore), vice-consul deFrance à Tripoli (Syrie);
Contes (le baron Gustave de), rue du Marché-aux-Herbes, à
Saint- Orner (Pas-de-Calais) ;
Cuigneai; (Th.), docteur en médecine, allées Damour, 16, à
Bordeaux ;
Delondre (Augustin), rue des Juifs, 20, à Paris;
Dours, docteur en médecine, à Péronne (Somme) ;
Duclaux, vice-président du tribunal civil, à Laval (Mayenne) ;
Ducoudray-Bourgailt (L.-H.), rue Cambronne, 2, à Nantes;
Fauchier (P.), pharmacien, à Nérondes (Cher) ;
Fontes, docteur en médecine, rue du Bouloi, 17, à Paris;
Gaillardot (C), docteur en médecine, médecin de l'hôpital
de Saïda (Syrie) ;
Gueydon de Dives, à Manzac, par Saint-Astier (Dordogne);
Lagrèze-Fossat (Adrien), avocat, à Moissac (Tarn-et-Garonne) ;
Lebel (E.), docteur en médecine, h Valognes (Manche);
Lhéritier, docteur en médecine, rue de la Victoire, 8, à
Paris ;
Lorière (Irénée de), rue Chanoinesse, 12, à Paris;
Miergues (Aug.\ docteur en médecine, à Andnze (Gard);
T. I. H
158 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
MM. Mon a nu (P.), docteur en médecine, ancien médecin en chef
des armées, conservateur du Jardin botanique, rue des
Prècheresses, 9, à Metz;
Mougeot père, docteur en médecine, à Bruyères (Vosges);
Moura-Bourouïllou, docteur en médecine, rue de la Fontaine-
Molière, 33, à Paris;
Roque de Saint-Prégnan , sous-inspecteur des forêts, rue
Godot-de-Maurov, 18, à Paris;
Serres, colonel d'artillerie en retraite, a la Roche des
Arnauds, près Gap (Hautes-Alpes);
Spach (Edouard), garde de la galerie de Botanique du Muséum
d'histoire naturelle, au Jardin des plantes, à Paris;
Thtbesard, fondé de pouvoirs du receveur général, à Laon
(Aisne).
M. le Président donne lecture d'une lettre de M. le Trésorier, qui,
conformément à l'article 20 du règlement, présente le compte rendu
trimestriel de la situation financière de la Société :
Du 23 avril au 26 juillet, les recettes se sont élevées a 1 .700 '' 00 r
et les dépenses à 259 25
Solde en caisse . . . 1,/iAO" 75 e
M. de Schœnefeld donne lecture ;
1° D'une lettre de M. Lagrèze-Fossat (de Moissac), qui, en deman-
dant à être admis parmi les membres delà Société, exprime le regret
de ne pas voir son nom figurer sur la première liste publiée, la pre-
mière adhésion qu'il a adressée n'étant pas parvenue au secrétariat;
2° D'un extrait d'une lettre adressée à M. Graves, par M. le doc-
teur Mougeot ide Bruyères), qui offre de récolter des plantes des
Vosges pour l'herbier de la Société. La Société n'ayant pas encore
décidé si elle formera des herbiers, M. Mougeot sera remercié de son
offre obligeante.
Deux autres lettres de AI. Lecoq et de M. J. Bonhomme sont ren-
voyées à la commission du Bulletin.
Don fait à la Société.
De la part de M. James Lloyd, de Nantes :
Flore dp l'ouest de la France, 1 vol. in-18. Nantes, 1854.
SÉANCE DU 26 JUILLET 1854. 159
MM. les Secrétaires donnent lecture des communications suivantes,
adressées par des membres résidant dans les départements :
EXTRAIT D'UNE LETTRE DE M. J.-B. EIB UOI.IV
Saint-Maurin (Lot-et-Garronne), 14 juillet 1854.
Peu satisfait des explications qui ont été données jusqu'ici sur les plantes
difficiles des poètes anciens, grecs et latins, je me suis appliqué, depuis
quelques années, à ce genre d'éludés, assez négligé. J'ai ramassé, par de
pénibles recherches, de précieux et nombreux matériaux ; mais, après en
avoir mis en œuvre une partie, ayant mesuré d'un coup d'oeil la longue car-
rière que j'avais à parcourir, je me suis décidé, pour délassement et comme
spécimen, à faire un extrait de quelques-unes de ces plantes poétiques, pour
le livrer à l'impression. J'ai pris, comme de raison, parmi les moins connues
et les plus intéressantes. Cet opuscule sera donc un ouvrage de botanique
appliqué à la littérature. Il aura pour titre : Explication botanique et cri-
tique du vers de Virgile : Alha ligustra cadunt, vaccinia nigra leguntur, et
des plante* de la quatrième idylle de Théocrite; opuscule où se trouve aussi
expliqué le nom , mal compris , de quelques nul ces plantes ou fleurs de ces
deux poètes, d'Homère, Odile, Martial, etc. Il reste à faire encore quelque
chose, mais ce travail ne tardera pas à être terminé.
Je ne crois pas que le Ligustrum et le Vaccinium de Virgile aient jamais
été rapportés par personne aux véritables fleurs que cesdeux mots désignent.
Ce sont des noms purement poétiques, dont la signification, comme telle,
s'est perdue depuis l'extinction de la langue latine. J'en dirai autant de
VHyacintfius, cette fleur autrefois si célèbre. et maintenant si méconnue,
qui a été chantée, comme a l'envi, par tous les poètes anciens, à commencer
par Homère. Lexicographes, traducteurs, commentateurs, tous s'écartent
du but en expliquant ces noms. Je compte avoir, dans cet ouvrage, jeté
une lumière suffisante sur ces belles fleurs si longtemps oubliées, et avoir
prouve, d'une manière convaincante, que le Ligustrum des poètes latins est
le grand Liseron des //aies Coaeol valus sepium, Linn.), et leur Vaccinium,
VIris germanique {Iris germanica, Linn.). On y verra que Virgile avait trop
de goût pour comparer une fleur telle que celle du Troène à une autre fleur
aussi petite ou à une baie, etqu'il parle bien véritablement de ces deux grandes
fleurs, si dignes d'être mises en regard et d'être opposées l'une à l'autre sous
un rapport contraire.
J'y prouve encore solidement que Vacinium (1) et Hyacinthus sont le
même mot sous deux formes différentes, l'une latine et l'autre grecque, et
signifient absolument la même chose. V Hyacinthus des poètes est donc aussi
(1) C'est ainsi que ce mot doit s'écrire en prose, c'est-à-dire avec un seul c.
.160 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Y Iris germanique de Linné, el cette vérité y est dévoilée par une surabon-
dance de preuves qui ne laisse de place à aucun doute. On retrouvera, sur
la fleur de Y Iris, et l'exclamation grecque de douleur dont parle Ovide, et
le nom d'Ajax, et tous les autres caractères, sans exception, que les poètes
anciens donnent à YHyacinthus, et dont la vue explique clairement une foule
de beaux passages. La démonstration que j'en fais est simple et naturelle,
et j'ai lieu d'espérer qu'on la trouvera d'une entière évidence.
La quatrième idylle de ïhéocrite, si durement critiquée par Fontenelle,
m'a paru mal jugée, sous le rapport de l'esprit général qui en fait le fond, et
qui me semble n'être autre cbose qu'une fine plaisanterie. Comme tout le
sel de cette plaisanterie se trouve dans le nom des plantes citées dans cette
pièce, j'ai cherché à faire connaître ces plantes et à justifier par là Théocrile
des critiques injustes dont cette idylle a été l'objet.
Enfin, quelques autres plantes poétiques, ou difficiles ou curieuses, et sur
lesquelles on s'était mépris jusqu'à présent, ont attiré mon attention et ter-
minent cet opuscule.
.le dirai ici, en finissant, comme j'ai fait dans l'introduction de mon livre :
Si je suis parvenu à dégager quelques plantes ou quelques fleurs remar-
quables, chantées dans de beaux vers, des ombres épaisses qui les envelop-
paient, je serai suffisamment récompensé de mon travail, et, d'un autre côté,
cette belle poésie des anciens, mieux comprise et mieux appréciée, en sera
plus belle encore et plus touchante.
NOTE SUR DEUX VARIÉTÉS OBSERVÉES ET DÉCRITES par j»I. V. PEKSOIVNAT.
(Béziers, 21 juillet 1854.)
1. Dianthus Carthusianorcm (L sp. ")86; 1)C. FI. fr. TV, 7/i0 ; Gr. et
Godr. FI. deFr. 1,231).
Var. y herbaceus. — Cette variété diffère du type par la présence de
deux feuilles florales opposées, lancéolées-linéaires, longuement acuminées
[Yacumen dépassant souvent les écailles calieinales), herbacées, et adhérant
ordinairement par la base aux bractées coriaces qui entourent le capitule
de fleurs.
Elle se sépare de la variété congestus (Gr. et Godr., ioc. cit.) par le petit
nombre des fleurs: 1-h à chaque capitule.
Cette variété, que je ne nomme herbaceus qu'en attendant que des études
ultérieures aient corroboré mes observations, croit, rare, sur les montagnes
de l'Auvergne; je l'ai trouvée en août 1853, sur des tertres arides, entre
Saint-Flour et Rouère.
2. Primula elatior (Gr. et Godr. Fl. de Fr. Il, 450).
Var. macrocarpa, — Cette plante a les feuilles du P. elatior, mais elle
en diffère par son calice (anguleux, pubescent, vert sur les angles, blan-
SÉANCE DU 2(5 JUILLET LS54. 101
châtre dans les intervalles large, enflé et atteignant la longueur du tube de
la corolle, renflée dans sa moitié inférieure à l'insertion des étamines, tandis
que, dans le type, le calice atteint à peine la moitié du tube, et les étamines
sont insérées à la gorge renflée de la corolle.
Ces deux caractères sont demeurés constants sur prés de 200 pieds que
j'ai pu examiner, croissant à diverses expositions, dans les prairies humides
des environs de Saint- Flou r. Le calice enflé de cette plante devrait peut-être
la faire regarder comme une espèce particulière ; car, dans la plante à calice
court (type) que j'ai recueillie dans le Cantal, cet organe se trouve égale-
ment beaucoup plus large que le tube, et la couleur verte de ses angles,
jointe a sa corolle d'un jaune- soufre, ne permet pas de rattacher cette
variété, au P. officinal is.
Serait-ce le P. Thomasinii, Gr. et Godr. ? — Mais, dans ce cas, je ne
crois pas la plante un hybride, comme le suppose M. Grenier, car, sous ses
deux formes, elle règne seule aux environs de Saint-Flour.
LISTE DES ESPÈCES DU GENRE /;/ "l'HOHHI 1 ol I CROISSENT DANS L'AiiUONLUSSE.VlEIST
RALAIS (Gard), par M. »S1 1 IC«. I I S . D.-M.-M.
(Anduze, 22 juillet 1854.)
Euphorbia Helioscopia, L. (Lieux cultivés. — Mai-septembre.)
— Chamœsyce, L. (Champs à Mûriers. — Juin-août.) Employé
par les paysans pour se débarrasser des verrues.
— purpurata, Thuill. (Terrains siliceux. — Mai-juin.)
— papillosa, (Juin.)
— platyphyllos, L. (Fosses. — Juin.)
— segetalis, L. (Mai.)
— Gerardiana, Jacq. (Plateaux incultes. — Avril-juillet.)
— palasfris, L. (Gardon. — Juin.)
— rerrucosa, L. (Lieux secs. — Juin.)
— Lathyris, L. Sert de purgatif aux campagnards.
— Myrsinites, L.
— Pépias, L. (Juillet.)
— sylvatica. L. (Juillet.)
— Characias, L. (Plateaux schisteux. — Juin.)
— serrata, L. (Juin.)
— Fsala, L. On s'en sert pour prendre les poissons. Mêlé à la
térébenthine liquide, on en fait une glu pour prendre les
oiseaux.
— Cyparissias, L. Employé par les paysans pour guérir la fièvre
quarte.
162 SOCIÉTÉ BOTANIQUE LIE FRANCE.
OBSERVATIONS SUR UNE VARIÉTÉ DU PYROLA ROTVNDIFOLIA ,
par M. le baron RF IMELICOCQ.
(Lille, 23 juillet 1854.)
Cette Pyrole ( Pyrola arenaria , Koch), mentionnée comme variété par
MM. Grenier et Godron (FI. deFr. II, 437), puis par M. Planchon (Annales
des sciences naturelles, série 3e, t. XVIII, p. 379, 1842), et publiée dans la
belle collection de MM. Puel et Maille (Herbier des Flores locales de
France, n° 158, février 1854), avait été signalée par moi, dans Y Annuaire
du Pas-de-Calais (1848-49, p. 223), sous le nom de Pyrola serotina.
Sa station me parait aussi extraordinaire que l'époque de sa floraison.
File s'est acclimatée près de Béthune, sur les digues du canal d'Aire -su r-la-
Lys à la Bassée, où elle croit sous l'ombrage de peupliers très élevés. Or
ces digues, aussi bien que le canal creuse au milieu d'immenses marais,
ne remontent qu'aux premières années de ce siècle. Avant l'existence de
cette levée, ou croissait cette Pyrole?. Je l'ai vainement cherchée, a diverses
reprises, dans un petit bois assez montueux situe a une faible distance, et
ce n'est qu'à trois lieues de là que j'ai observé la forme type du P. rotun-
difolia, qui fleurit à l'époque ordinaire (mai-juin .
La variété des digues, au contraire, fleurit beaucoup plus lard; de 1841
à 1853, elle n'a jamais varié à cet égard. Sa floraison dure plus de trois
mois. Les fleurs des tiges les plus vigoureuses commencent a s'épanouir en
août, tandis que d'autres tiges ne montrent leurs (leurs qu'aux derniers
jours d'octobre, et fleurissent probablement encore en novembre, quand le
temps est favorable.
En 1848, désireux de connaître l'opinion de M. le comte ïillette de Cler-
mont au sujet de cette plante, j'avais pris la confiance de lui en envoyer
quelques échantillons. Le 12 octobre de la même année, ce savant naturaliste
voulait bien me répondre : « Votre Pyrola, examiné avec attention, ne peut
» se rapporter aux espèces connues. M. Mérat, après l'avoir compare à de
» nombreux échantillons de divers Pyrola, le croit nouveau, ainsi que vous
» l'avez juge. Ses feuilles, ses larges bractées, son style allongé et son
» stigmate étranglé le rapprochent du P. rotundifolia, mais il en diffère
» par le style droit, au lieu d'être un peu recourbé au sommet, par un moins
» grand nombre de Meurs, qui sont de couleur rose et non blanches; son
» style l'éloigné aussi du P. chlorantha. »
La Pyrole qui croit sur les dunes de Saint-Quentin en Tourmont, près
de l'embouchure de la Somme, se rapproche beaucoup de celle des environs
de Béthune (ainsi que me le faisait observer, dans une autre lettre, M. Til-
lelte de Clermont), mais elle fleurit moins tard, en juillet et août, et amène
ses fruits à maturité, tandis que celle de Béthune ne fructifie que très ra-
rement.
SÉANCE DU 2(5 JUILLET 185/|. 163
MM. Puel et Maille ont eu l'heureuse pensée de publier en même temps
ces deux formes, de sorte que les botanistes pourront aisément les comparer.
M. de Schœnefeld donne lecture de l'extrait suivant d'une lettre
adressée à M. Gay par M. E. Cosson, <|iii continue en ce moment son
exploration botanique de l'Algérie :
LETTRE DE M. E. COSSON.
Blidah, Il juillet 1854.
Partis de Marseille le 10 juin, nous sommes arrivés, le 12, a Alger; la
journée du 13 a été consacrée aux visites et aux préparatifs de départ. Le
16, nous montions à dos de mulets, pour rejoindre la colonne expéditionnaire
commandée par le Gouverneur, M. le général Randon, espérant pouvoir, sous
la protection de ce corps d'armée, explorer une partie de la Kabylie orien-
tale. Le 15, nous arrivions à la belle ferme du Corso, à l'entrée de la petite
Kabylie, après avoir traversé la plaine de la Métidja ; le 16, nous couchions
au caravansérail de Tisser, à Sook-el-Djemma, après avoir fait une herbo-
risation qui ne nous a guère offert que les plantes des environs d'Alger et de
la plaine de la Métidja. Le 17, nous sommes arrivés a Tizi-Quzou, à l'extré-
mité de la Kabylie soumise, dans la riche vallée du Sebaou, qui, par ses cul-
tures atteignant le sommet des montagnes, par ses plantations d'oliviers et de
figuiers, est peut-être le point le plus productif de l'Algérie.
Malheureusement il ne devait pas nous être permis de dépasser Tizi-Ouzou
sans imprudence. La colonne, qui devait ne faire qu'une promenade mili-
taire dans les tribus, avait rencontré une résistance inattendue et très sé-
rieuse chez les Zaoua, et il était à craindre que le paisible botaniste ne fût
pas mieux accueilli par eux que nos soldats. Ne voulant pas néanmoins
renoncer a nos projets d'exploration, nous avons cru devoir nous replier sur
Dra-el-Mizau, fort construit au pied du Djurdjura occideutal soumis et maî-
trisé, depuis plusieurs années , par l'habile et vigoureuse direction de M. le
capitaine Beauprètre. De la nous avons pu, nous appuyant sur le goum
commande par cet officier et campé a ïizi-ïléta, gravir deux des sommités
de cette partie de la chaîne, et combler ainsi l'une des lacunes les plus re-
grettables de la flore algérienne.
La vallée de Dra-el-Mizan est très riche, quoique moins bien cultivée
que celle du Sebaou ; des montagnes plantées de figuiers ou d'oliviers, ou
couvertes de chènes-iiéges, la limitent au nord; au sud s'élève le Djurdjura,
dont la masse imposante est découpée en plusieurs pics. Les plus élevés de
ces pics atteignent environ 2000 mètres, mais nous n'avons pu, à cause de
la grande difficulté de l'ascension des rochers qui les terminent, dépasser
l'altitude de 1900 mètres, et pour arriver là, il nous fallait gravir près de
1(}/| SOCIÉTÉ BOTANIQUE 1>E FRANCE.
1800 mettes, en partant du fond de la vallée, seul point où il nous fût permis
de camper. Il nous a pourtant été possible de nous assurer que les sommités
ne présentaient pas une végétation distincte de celle des points que nous
avons explorés.
La végétation du Djurdjura peut se partager naturellement en plusieurs
zones :
1° Zone Inférieure, caractérisée par l'Olivier, le Figuier et le Frêne
(Fraxinus australis, qui remplace là le F. dimorpha de l'Aurès).
2° Zone moyenne, caractérisée par la culture de la Vigne, par la présence
de Y Acer rnonspessulanum et de Y A. neapolùanum, Tenore (espèce nouvelle
pour l'Algérie), et surtout par les bois de Quercus Ballota, entremêlés de
{). Mirbeckii. A la limite de cette zone se trouve Yllex Aquifolium, dont
quelques individus atteignent un mètre de circonférence; on y observe éga-
lement le Ruscus aculeatm.
3° Zone supérieure. Cette région de la montagne est boisée dans toute
son étendue ou seulement dans sa partie la moins élevée. Là se rencontrent
les espaces couverts de Cèdres. On y voit aussi quelques pieds d'Ifs; l'un
de ces derniers arbres, tronque il est vrai par le vent, se ramifiait, dès la
base, en trois troncs, dont chacun, mesuré à un mètre du sol, ne présentait
pas moins de 4 mètres 80 centimètres de circonférence. On y retrouve Y Acer
rnonspessulanum, qui, sur les sommités, forme des buissons rabougris.
La zone inférieure ne nous a guère offert que les plantes des montagnes
du Sahel d'Alger. Cependant, à sa limite supérieure, nous avons recueilli
un magnifique Isatis (voisin de 1'/. alpine, ou plutôt d'une espèce décrite,
je crois, par M. Spacb dans les 11 lustrât iones plantarum orientalium),
et le Santolina incana, Lagasca.
La zone moyenne est plus riche en plantes remarquables, sans présenter
toutefois un grand nombre d'espèces nouvelles pour l'Algérie.
A la zone supérieure appartiennent les espèces les plus intéressantes :
Berberis œtnensis, Juniperus nana, Hanunculus multifidus, Avenu macro-
stachya, Vicia glauca et onobrychioides, Paronychia aurosiaca, Asphodeline
lutea, Amelanchier vulgaris, Draba hispanica, Buplevrum spinosum, Cala-
mintha alpina , Carduncellus atractyloides, Cerastium brachypetalum , un
Sedum vivace à feuilles plaues, etc. La plante la plus remarquable de ces
sommités est une Borraginée appartenant au genre Mattia, voisin des Cyno-
glossum, dont il diffère par le fruit lisse, bordé d'une membrane, et par les
étamines exsertes. Je crois avoir vu cette plante ou une espèce voisine dans
la collection des plantes recueillies en Orient par M. Kotschy.
L'exploration de nos montagnes algériennes sera complétée par nos ex-
cursions dans le petit Atlas et dans l'Ouarsenis. — Je me vois forcé, par
l'impatience de mes compagnons de voyage (MM. H. de la Perraudière et
Gallerand), de renoncer a vous donner plus de détails, car il nous faut, dans
SÉANCE du 26 JUILLET 1854. 1«55
quelques minutes, monter à cheval pour visiter la montagne d'Aïn-Telazit.
Demain nous partons pour Médéah, par les gorges de la Chiffa; de la
nous nous rendrons à Milianah, point de départ de notre voyage dans l'Ouar-
senis, que nous commencerons en traversant la belle forêt de cèdres de
Teniet-el-Haad.
Je ne vous parle pas de notre santé , car elle a été parfaite jusqu'à
présent ; nous n'avons pas eu à souffrir de la chaleur, l'année étant, en
Afrique comme en France, exceptionnelle par la fréquence des pluies.
M. Germain de Saint-Pierre fait à la Société la communication
suivante :
DE LA STRUCTURE REMARQUABLE DU BULBE CHEZ VAGRAPHIS GAMPANULATA,
par M. E. GERMAIN DE S \ i \ I - 1 R |
Au nombre des faits les plus remarquables appartenant à la série
des observations qui font l'objet de mon traité encore inédit de Rhizo-
graphîe, ou histoire des tiges souterraines et des racines, on peut placer en
première ligne le mode de développement du bulbe de YAgraphis campa-
nulata, Link [Scillacampanulata, Ait.).
Je suis redevable d'avoir porté mon attention sur cette plante, à M. Lloyd
(auteur de la Flore de l'ouest de la France). Le 28 mars 1851, M. Lloyd
m'adressa plusieurs bulbes de cette plante en pleine végétation : « Je vieus,
» m'écrivait M. Lloyd , de déplanter dans mon jardin un Scilla (S. cam-
» panulata) qui offre une végétation assez curieuse : une souche charnue
» actuellement croissante, en forme de radis long , horizontale ou oblique,
» doit probablement servir à continuer la plante pour l'année prochaine ;
» une semblable souche de l'année dernière lui a donné naissance ; d'autres
» croissent aussi quelquefois sur celle-ci. Des feuilles et des racines sortent
» saus ordre de différents points de la vieille souche, qui devient flasque et
» se dessèche en vieillissant. »
Cette description piqua vivement ma curiosité, et la vue de la plante
elle-même ne lit qu'accroître cet intérêt pour un mode de végétation qui
me parut tout exceptionnel et digne de la plus scrupuleuse attention.
Dans l'empressement amical que M. Lloyd avait mis à me faire part de
ce fait intéressant de biologie végétale, il s'était contenté de décrire l'aspect
extérieur du bulbe. La structure exacte de ce bulbe se fût immédiatement
révélée à cet habile et consciencieux botaniste, s'il en eût pratiqué une
coupe longitudinale.
Ayant, en effet, coupé longitudinalement, par le centre de son axe, l'un
de ces singuliers bulbes, je pus reconnaître la structure et la disposition
suivantes :
1(36 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANGE.
Un bulbe étroit et d'une, longueur démesurée relativement à sa largeur,
a parois flasques et tendant à une destruction prochaine , renfermait dans
une cavité centrale irrégulière de jeunes bulbes échelonnés et superposes
a de longs intervalles irréguliers; les feuilles de ces jeunes bulbes, d'une
part, et leurs racines, d'autre part, s'étaient fait jour à travers les pa-
rois de l'ancien bulbe, en traversant ces parois comme un corps inerte ,
comme une sorte de terrain, qui ne présenterait aucune résistance.
Enfin, un ou plusieurs des jeunes bulbes émettaient une sorte de racine
pivotante dauci forme et d'un blanc nacré, charnue, seule ou accompagnée
d'autres racines plus grêles. C'est cette racine principale, qui m'avait été
signalée comme une sorte de stolon destiné à continuer la végétation de la
plante.
Je me hâte d'ajouter que cette racine très remarquable présente tout à
fait l'aspect de certains stolons ; j'en ai fréquemment observé d'analogues
chez les Hyacinthus et chez plusieurs autres Liliacées bulbeuses, et j'ai
cherché par de nombreuses expériences (qui trouveront place dans mon
Traité de Rhizographié) à m'assurer si ces racines dauciformes, que je n'ai
trouvées signalées nulle part, ne seraient pas d«s stolons rudimentaires,
susceptibles, dans quelques cas exceptionnels, de se développer en slolons
bien caractérisés.
L'insertion de cette racine dauciforme qui m'a paru partir, en général, du
centre de la base du plateau , et non de l'aisselle d'une tunique , comme
cela aurait lieu si elle constituait réellement une sorte de stolon ; l'absence
complète de feuilles squamiformes rudimentaires a la surface de cet or-
gane ; certains cas où l'on peut observer toutes les nuances entre ces racines
volumineuses et les racines les plus minces, m'ont amené à conclure que
ces organes sont de véritables racines, destinées par la nature à constituer
un réservoir de principes nutritifs. En effet, lorsque les jeunes bulbes ne
trouvent plus de matériaux nutritifs dans les tuniques épuisées du bulbe
mère, ils paraissent grossir aux dépens de leur racine dauciforme, laquelle
s'épuise successivement, se ride et se flétrit à son tour, puis se détache en
laissant une large cicatrice a la base du bulbe.
Après avoir constaté la structure réelle des bulbes que j'avais sous les
yeux , je les plantai en pots , afin de pouvoir suivre commodément et sans
crainte d'erreurs les périodes successives de leur végétation.
Au bout de peu de jours, les tuniques du bulbe mère, complètement
molles et gélatiniformes , tombaient par lambeaux, et marchaient à une
complète destruction ; les jeunes bulbes dépouillés de l'enveloppe mère
étaient devenus libres et conservaient naturellement entre eux la distance
qui les séparait dans le bulbe mère ; ceux dont les racines étaient pe-
tites se comportant absolument comme ceux qui présentaient une racine
charnue dauciforme. Chez quelques individus la racine pivotante présen-
SÉANCE DL 2(5 JUILLET 185/1. 167
tait déjà des plis transversaux, indices d'un commencement d'épuisement.
La coupe longitudinale des jeunes bulbes, alors subglobuleux ou ovoïdes,
montrait qu'ils étaient formes d'une masse indivise, les feuilles naissant de
leur partie supérieure. Au bout d'un certain temps, ces bulbes s'étaient
singulièrement allongés, leurs feuilles s'étaient détachées et leur racine pi-
votante était complètement épuisée. Vers le mois d'août de la même année,
ces mêmes bulbes avaient pris la forme d'un long rhizome quelquefois
tortueux : leur sommet tronque présentait la cicatrice des feuilles détruites,
et leur base présentait une cicatrice circulaire correspondant à la naissance
de la racine pivotante (détruite ainsi que les autres racines*.
La coupe longitudinale des bulbes à cet elat était fort intéressante ; en
effet, au lieu de la masse solide de l'état précèdent, on distinguait plusieurs
tuniques libres, dans leur partie supérieure, selon une étendue variable; et
au point où chaque tunique cessait d'être adhérente on remarquait un petit
bourgeon globuleux et indivis, premier état d'un jeune bulbe pour l'année
suivante; enfin le bulbe était tubuleux jusqu'à sa base, et la partie infé-
rieure et dilatée de la cavité centrale était occupée par un bourgeon foliacé
assez développé. Ce bourgeon, destine à fleurir au printemps suivant, était
le bourgeon central ou terminal du bulbe.
Ces bulbes rhizoraorphes restèrent stationnai res dans cet état pendant
tout l'automne, je les sortis de terre le *2l) décembre de la même année;
des changements importants s'étaient opères ; les bulbes présentaient de
jeunes racines à leur base et sur différents points de leur longueur; un
bourgeon central, sortant de l'intérieur des tuniques tronquées, s'allongeait
au delà de ces tuniques, et d'autres bourgeons commençaient a poindre de
distance en distance, en déterminant par leur éruption des déchirures laté-
rales dans les parois du bulbe mère.
Des coupes longitudinales me démontrèrent alors que toutes les racines
de nouvelle formation étaient émises par les bourgeons ou jeunes bulbes, et
non par le bulbe devenu bulbe mère. Néanmoins, le bourgeon central, qui
était la continuation du bulbe mère , avait aussi émis des racines en même
temps que les bourgeons axillaires; mais ce bourgeon central, bien que con-
tinuant l'axe du bulbe mère, est doué d'une individualité distincte aussi
bien que les bourgeons latéraux , et les racines qu'il émet n'ont aucun rap-
port d'insertion avec les racines émises par le bulbe mère pendant sa pre-
mière période (racines depuis longtemps détruites) . Les racines nouvelles
traversent les parois de la partie ancienne du bulbe, comme elles traverse-
raient un corps inerte , et de la même manière que les racines des bulbes
axillaires traversent les mêmes parois.
Pendant les intervalles de gelée de l'hiver suivant, les jeunes bulbes con-
tinuèrent à se développer; vers la fin de mars les bulbes mères fleurirent ,
et vers le commencement d'avril, les bulbes étaient a l'état qui m'avait été
108 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
communiqué l'année précédente , et par l'examen duquel j'ai commencé
cette étude.
Le bulbe de VAgraphis campanulata présente donc des tuniques soudées
pendant une certaine période de son existence , et ces tuniques deviennent
libres plus tard. — Ce bulbe, globuleux dans son jeune âge. s'allonge ensuite
et prend la forme d'un rhizome. —Enfin, et j'insiste spécialement sur ce
point, les bourgeons naissent non pas à l'aisselle réelle des feuilles, mais au
point où ces feuilles soudées entre elles deviennent libres. Ces bourgeons et
leurs racines traitent le bulbe mère comme un corps inerte, et le traversent
dans tous les sens en déchirant ses parois constituées par les tuniques libres
ou soudées.
Ce bulbe, qui emprunte la forme d'un rhizome , ne semble-t-il pas être,
dans certaines limites, un exemple démonstratif de la théorie de la structure
des tiges émise par Lahire et développée par Dupetit-Thouars , puis par
M. Gaudichaud , théorie à l'appui de laquelle j'ai produit à mon tour un
certain nombre d'arguments et d'observations nouvelles?
Ne pourrait-on pas, en effet, voir dans le bulbe solide un axe composé ,
pendant une première période, de feuilles étroitement soudées entre elles ;
puis cet axe, pendant une deuxième période, pourvu de nouveaux éléments
qui résultent du développement de bourgeons a différents points de sa lon-
gueur, ces bourgeons émettant des racines qui cheminent dans une certaine
étendue à travers la substance de cet axe décomposé (que l'on pourrait
nommer un rliizo-bulbe) ?
Cet axe anormal ne présente point de canal médullaire central : cela ne
saurait être puisqu'il s'agit d'une plante monocotylée. La coupe transver-
sale de ce rbizo-bulbe présente en réalité une sorte d'analogie avec la coupe
transversale d'une véritable tige chez les monocotylées : indépendamment
des faisceaux fibreux de la première année et qui appartiennent aux feuilles
soudées, de nouveaux faisceaux descendent ultérieurement des bourgeons,
à travers les faisceaux primitifs : ces nouveaux faisceaux, dont le centre pré-
sente un cercle fibro-vasculaire, sont des racines.
Je ne veux pas dire cependant que l'apparente analogie que je signale dans
la structure de ces rhizo-bulbes , et la structure des tiges chez les monoco-
tylées, soit une analogie bien complète ; évidemment la disposition des tissus
est différente chez les racines libres qui descendent des jeunes bulbes à
travers la substance du bulbe mère, et chez les faisceaux radiculaires qui
descendent des bourgeons chez les véritables tiges et font corps avec elles en
contribuant à l'accroissement de son diamètre; mais l'origine des deux
productions me parait être la même.
Un observateur attentif surprend quelquefois la nature ébauchant en
quelque sorte un type général dans la production incomplète ou approxi-
mative d'un type exceptionnel, et loin de rejeter dédaigneusement ces faits,
SÉANCE DU 26 JUILLET 185/|. 169
comme des jeux ou des caprices de la nature, il doit les mettre eu évidence
et en faire l'objet de ses méditations, jusqu'à ce qu'il ait pu réussir à com-
prendre l'enseignement renfermé dans cette anomalie (1).
M. Trécul necroitpas que la direction, dans le rhizome, des racines
observées par M. Germain de Saint-Pierre soit un fait qui milite en
faveur de la théorie de Dupetit-Thouars et de Gaudichaud. Il a vu
lui-même, dans une pomme de terre, une racine partie de la base
d'un bourgeon adventif traverser tout le tubercule.
M. Lesliboudois ajoute que souvent les racines adventives se déve-
loppent dans des tissus qui ne contribuent pas à leur formation. II a
vu un Pelargonium zonale présenter une végétation très vigoureuse
sur un tronc pourri à sa base. La partie supérieure de la plante
avait envoyé des racines à travers toute l'écorce de la partie infé-
rieure désorganisée. Cette marche des racines ne lui paraît pas non
plus une preuve en faveur de la théorie de Dupetit-Thouars. S'il
est un fait, dit-il, qui puisse, en apparence, rendre cette théorie
plausible , c'est le cours descendant de la sève et la formation des
parties nouvelles de haut en bas. Mais le fond de cette théorie reste
inadmissible, parce que, dans toute leur étendue, les tissus de nouvelle
formation sont en réalité formés par les tissus anciens , sur lesquels
ils reposent et avec lesquels ils sont continus.
M. Germain de Saint-Pierre reconnaît que les faits qu'il a observés
chez YAgraphis campanulata sont, en effet, analogues à ceux qui
viennent d'être rapportés. Les racines descendent d'un bourgeon à
travers un tissu inerte qui leur sert en quelque sorte de terrain.
Néanmoins il pense que ces faits, dans certaines limites, viennent à
l'appui de la théorie de Dupetit-Thouars et de Gaudichaud.
M. le Président fait observer que cette théorie est ici hors de
cause, et que sa discussion entraînerait beaucoup trop loin.
M. de Schœnefeld présente à la Société un échantillon deSemper-
vivum tectorum en fleur, et donne, à cette occasion, lecture de la
note suivante :
(1) VAgraphis campanulata n'est pas la seule espèce du genre qui présente
celte curieuse structure; VAgraphis patula, et même noire Agraphis nutans, pré-
sentent une structure analogue, mais les phénomènes signalés plus haut s'y obser-
vent à un bien moindre degré, le bulbe restant souvent globuleux chez ces espèces,
malgré une certaine tendance à l'élongation.
170 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
NOTE SI li L'INFLORESCENCE DU SEMPERVIVUM TECTORUM,
par M. W. DE M IKIMIII ».
Deux de nos honorables confrères ont récemment présenté à la Société
des observations pleines d'intérêt sur l'inflorescence des Graminées, el parti-
culièrement sur les différents axes auxquels doivent être rapportées certaines
parties de l'epillet.
Je crois pouvoir, à mon tour, saisir l'occasion de signaler, chez une,
plante très éloignée des Graminées, quelques faits qui ont une certaine
analogie avec les difficultés que présente la structure de l'epillet, car il
s'agit aussi d'axes de divers degrés, et de feuilles ou de bractées qu'on est
tenté, au premier abord, d'attribuer a un axe auquel elles n'appartiennent pas
en réalité, .l'ignore d'ailleurs entièrement si ces faits ont déjà été remarqués
et publies quelque part.
Voici un Sempervivum tectorum que j'ai cultivé ou plutôt conservé sur
une fenêtre pendant plusieurs années et qui porte des fleurs en ce moment.
Eu examinant son inflorescence, j'ai été frappé d'un fait assez singulier et
qui est dû vraisemblablement a l'extrême rapidité avec laquelle s'est al-
longé l'axe principal. Les feuilles de cet axe, déjà presque toutes fort déve-
loppées au moment où ce brusque allongement s'est effectue, sont pour
ainsi dire restées en arrière et n'ont pas complètement suivi l'évolution de
l'axe. Il en resuite que ces feuilles se trouvent placées à une certaine dis-
tance au-dessous des points qu'elles devraient occuper, et où les bourgeons
ou rameaux latéraux, nés dans leur aisselle, se détachent de l'axe princi-
pal. Cette distance, qui sépare l'insertion de la feuille du point où se détache
le rameau latéral, est à peu près nulle dans le bas de la tige, où l'on voit les
bourgeons (avortés) situés presque exactement dans l'aisselle des feuilles;
mais elle devient de plus en plus grande a mesure que l'on s'élève vers la
partie supérieure de l'inflorescence. On peut en suivre aisément la gradation
successive, et quand on arrive presque au sommet, on voit le point où
chaque rameau florifère se détache de l'axe, sépare de la feuille dans l'ais-
selle de laquelle il prend naissance par deux ou trois mérithalles. dont, les
deux ou trois feuilles sont situées dans I intervalle, sur les autres côtés de
la tige. Enfin, lorsqu'on atteint l'extrémité de l'inflorescence, on voit une
chose plus remarquable encore. I.e phénomène se reproduit en petit sur les
derniers rameaux floraux ou axes secondaires, et les feuilles de ces rameaux
restant, elles aussi, en arrière, quelques-unes de ces feuilles se trouvent
placées non plus sur le rameau dont elles font partie, mais à sa base, de
telle sorte qu'elles semblent être les bractées qui ont donné naissance à ces
rameaux, tandis que les feuilles, dans l'aisselle desquelles ces rameaux sont
réellement nés, se trouvent bien loin au-dessous.
La réalité de ce que j'avance est prouvée :
SÉANCE 1)1 26 JUILLET IS5/|. 171
1° Par !a gradation successive de la distance qui sépare les feuilles de
leurs rameaux et qui ne permet pas de se tromper lorsqu'on rattache les
rameaux supérieurs à l'aisselle de feuilles fort éloignées d'eux.
2° Par une côte très sensible qui fait légèrement saillie sur la tige, qui
est moins velue que le reste de cette tige, et qui va de l'aisselle de chaque
feuille au point où se détache son rameau. Cette côte, plus visible dans le
basque dans le haut de l'inflorescence, est produite par les faisceaux fibro-
vasculaires qui constituent le rameau, et qui, recouverts par l'épiderme de
la tige, se trouvent soudés avec cette tige.
Je dois ajouter que, chose bizarre et que je ne m'explique pas bien, cette
côte se prolonge un peu au-dessus du rameau. Constituant en effet la partie
inférieure de ce rameau, elle ne devrait pas, ce me semble, dépasser le point
où il se détache de la tige. Ce prolongement étrange est surtout très appa-
rent dans le bas'de la tige. Je serais très heureux si ceux de nos confrères
qui ont plus que moi l'habitude de l'analyse anatomique des organes des
végétaux voulaient bien nons donner la solution de cette difficulté, sur la-
quelleje n'ose pashasarder la moindre hypothèse. Cette explication, d'ailleurs,
quelle qu'elle puisse être, ne se rapporte pas directement au sujet essentiel
de cette communication.
Ce que je désire surtout, messieurs, c'est de vous faire constater vous-
mêmes, sur l'échantillon qui est devant vous :
1° Que, dans une inflorescence rapidement développée, les rameaux peu-
vent se séparer de la tige plus ou moins loin de la feuille ou bractée dans
l'aisselle de laquelle ils naissent ;
2° Que, par suite de cet éloignement anormal de deux points qui, nor-
malement, devraient se confondre, les feuilles ou bractées d'un axe secon-
daire peuvent paraître appartenir et l'axe primaire, et que, par conséquent,
une feuille ou bractée peut très bien su rencontrer à la base du rameau sur
lequel elle devrait être, et sembler ainsi donner naissance au rameau même
auquel elle appartient et dont elle émane en réalité (1).
Je ne sais si je me fais illusion, mais il me semble que la constatation
de ces faits n'est pas entièrement dépourvue d'intérêt, et peut avoir des con-
séquences qui ne sont pas sans quelque valeur.
En effet, très probablement et bien que le temps m'ait manque pour m'en
assurer d'une manière absolue, très probablement, dis-je, des faits de cette
nature doivent se rencontrer dans beaucoup d'autres inflorescences, surtout
(1) Depuis la rédaction de cette note, j'ai eu occasion de constater chez une
plante de la même famille un phénomène tout à fait inverse. Dans l'inflorescence
du Sedum Telephium , les derniers rameaux entraînent souvent avec eux les
feuilles dans l'aisselle desquelles ils naissent, et ces feuilles appartenant réellement
à Taxe primaire, semblent appartenir à un axe secondaire, c'est-à-dire au rameau
même qui naît dans leur aisselle.
17*2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
dans celles qui se développent avec une certaine rapidité. S'il en est ainsi,
j'ose croire que quelques points encore obscurs de la ramification des in-
florescences et de la disposition des bractées, involucres, etc., pourront être
élucidés d'une manière assez satisfaisante.
Si l'approbation de la Société m'y encourage, j'essaierai de poursuivre
cette petite étude chez quelques autres végétaux, en particulier chez les
plautes grimpantes qui croissent très vite, et j'aurai l'honneur de lui rendre
compte du résultat de mes recherches.
Puisque la Société m'a permis de l'entretenir du Sempervivum tectorum,
j'ajouterai quelques mots sur la manière de végéter de cette plante curieuse
a plus d'un titre. Ce qui frappe surtout en elle, c'est son extrême vitalité.
J'ai, sur uue assiette et sans un atome de terre végétale, des rosettes séparées
de la plante mère depuis quatorze mois et qui sont encore parfaitement vi-
vantes. Outre l'air atmosphérique, un seul agent vital est nécessaire pour
qu'elles se conservent ainsi, c'est la lumière; placées dans l'obscurité, ou
seulement à l'ombre, les rosettes ne tardent pas à s'allonger, à s'étioler et
à périr.
Durant un certain nombre d'années, la rosette plantée en terre émet chaque
printemps, vers le mois de mai, plusieurs rejets qui forment de nouvelles
rosettes et reproduisent la plante. Ces rejets prennent naissance entre les
feuilles de la rosette mère qui se sont développées l'année précédente, et qui
n'en produiront plus dans les années suivantes. Le bourgeon central de la
rosette mère produit chaque année de nouvelles feuilles et grossit de plus
en plus, surtout si l'on a soin de couper les rejets.
Knfin il arrive un printemps où la plante n'émet plus de rejets (un ou deux
très exceptionnellement). Par contre, le bourgeon central s'allonge très ra-
pidement, et en une quinzaine de jours, l'intloresceuce atteint presque toute
sa hauteur.
Le développement de cette inflorescence n'arrive pas toujours exactement
au même âge de la rosette. La première rosette que j'ai cultivée a été cueillie
par moi sur un mur, près de Dampierre, le Ie' avril 1850. Klle était déjà
alors d'une certaine grosseur et devait être âgée d'un an au moins. Cette
rosette fleurit en ce moment, en même temps que deux autres rosettes qu'elle
a produites en 1851, que j'ai mises dans des pots séparés et qui sont au
moins de deux ans plus jeuues qu'elle. Le développement de l'inflorescence
n'est donc pas une conséquence nécessaire d'un certain âge de la rosette,
mais peut être retardé ou accéléré par les circonstances extérieures, et sur-
tout par la marche plus ou moins régulière des saisons.
Au printemps de l'année actuelle, le mois de mars et presque tout le mois
d'avril ont été d'une sécheresse inaccoutumée. Mes trois Joubarbes, aban-
données sur la fenêtre d'une chambre inhabitée, semblaient souffrir beau-
coup de la chaleur précoce de ces deux mois. Leurs feuilles étaient devenues
SÉANCE M 26 JUILLET 1854. 173
flasques et presque papyracées. Je les croyais perdues. Quelques arrose-
ments ue suffirent pas pour leur rendre la santé; mais les pluies torrentielles
de mai et de juin se chargèrent de ce soin. Une réaction brusque s'opéra,
et je vis tout à coup mes Joubarbes reprendre une vigueur plus remarquable
que jamais. Mais elles ne produisirent pas de rejets, comme je m'y attendais,
et leur bourgeon central, par un développement rapide, devint, en peu de
semaines, l'inflorescence dont vous avez un exemple sous les yeux. L'une
d'elles a atteint une hauteur de 62 centimètres ; les premières fleurs de
chacune des trois plantes se sont ouvertes le même jour, le 17 juillet.
Ce simple récit peut offrir quelque intérêt aux horticulteurs. Il serait
possible, en effet, que pour faire lleurir promptement certaines plantes
grasses qui végètent de la même manière, il fût bon de les soumettre, vers
la fin de l'hiver, à une extrême sécheresse, puis, de remplacer brusquement
ce jeûne sévère par des arrosements très abondants.
Quelles que soient les causes qui la retardent ou l'accélèrent, l'inflores-
cence est toujours le terme de l'évolution de la plante. Le suprême effort
qui transforme une humble rosette en un brillant candélabre épuise ses forces
et met fin à sa vie. Alors cette végétation luxuriante s'arrête ; alors cet or-
ganisme plein de vitalité, qui semblait se suffire à lui-même et se rajeunir
sans cesse, subit à son tour la loi commune. La pauvre Joubarbe doit mourir
et meurt en effet, en dépit du nom pompeux dont les botanistes l'ont vai-
nement décorée. Sic transit Sempervivum.
M. Germain de Saint-Pierre dit qu'il a vu plusieurs exemples ana-
logues, notamment sur les tiges d'une pomme de terre qui avaient
poussé dans une cave. Un rameau, soudé à sa lige, devenait libre
beaucoup plus haut que la feuille dont l'aisselle lui avait donné
naissance.
M. Brongniart fait observer que cette soudure est normale chez
les Solanées, dont plusieurs lui doivent leurs feuilles géminées.
M. Trécul rappelle le fait encore plus frappant de Y Erythrochiton
hijpophyllanthus, où le rameau floral est soudé jusqu'à la nervure de
la feuille supérieure, et semble naître de cette feuille.
M. de Schœnefeld présente un rameau de Châtaignier qui porte à
son extrémité des chatons femelles presque aussi longs et aussi
garnis de fleurs que les chatons mâles. Il ajoute que, dans la
châtaigneraie de Chambourcy (Seine-et-Oise), où ce rameau a été
cueilli, un grand nombre d'arbres offraient des rameaux sem-
blables. Ce fait a peut-être été occasionné par l'extrême humidité de
la lin du printemps.
t. i. 12
17/| SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
31. Duchartre présente la communication suivanle :
EXPÉRIENCES SUR DES BOUTURES DROITES ET RENVERSÉES, par M. P. DUCHARTRE.
Pendant l'existence de quelques mois du jardin de l'Institut agronomique,
j'avais institué plusieurs séries d'expériences sur divers points de physio-
logie végétale. Quoique restées forcément incomplètes , certaines de ces
expériences m'ont donné des résultats qui m'ont paru mériter d'être pu-
bliés. Tels sont ceux qui vont faire le sujet de cette note.
Je m'étais proposé d'étudier expérimentalement diverses questions que
soulève l'histoire des boutures, et sur lesquelles la science possède des don-
nées intéressantes , mais encore insuffisantes pour amener à une solution
définitive. Deux seulement d'entre ces questions m'occuperont ici.
1° Influence de la plantation à différentes profondeurs sur là végétation
des boutures. — Un expérimentateur ingénieux de notre Midi, Lardier, a
fait à ce sujet des expériences multipliées qui lui ont paru mettre hors de
doute les avantages des boutures superficielles. «Les boutures exigent .,
dit-il , pour prospérer, d'être plantées à 7 ou 8 pouces de profondeur tout
au plus, dans les terrains secs et chauds, et à 6 ou 7 pouces dans les terres
naturellement humides ou qu'on arrose. » (Voy. J.-S. Lardier, Nouv. traité
théor. et pratique sur les semis et les plantations des arbres, etc. Paris, 1828,
p. 148.) Les espèces sur lesquelles cet observateur a opère sont : la Vigne,
le Cognassier, le Grenadier, le Citronnier, le Figuier, le Platane, le Peuplier
d'Italie, etc.
Pour vérifier l'exactitude de la conclusion générale que je viens de re-
produire, le 22 juin 1852, j'ai planté 6 boutures de Saule blanc formées de
branches de 0m,02 environ de diamètre, dans une plate-bande de terre bien
ameublie et engraissée par une culture jardinière de plusieurs années. Ces
boutures ont été enfoncées : deux à 0"',1 62 (6 pouces), deux autres à 0m,32ft
(1 pied), les deux dernières à 0"\&86 (18 pouces). L'expérience a été for-
cément arrêtée le 10 octobre 1852. Les boutures avaient toutes repris et
végété avec plus ou moins de vigueur; mais celles qui avaient donné les
plus fortes productions étaient précisément les deux qu'on avait plantées le
plus profondément. L'une et l'autre avaient développé une forte masse de
racines, dont plusieurs étaient longues de 5 ou 6 décimètres et épaisses a
leur base de 5-6 millimètres ou même davantage. Cette masse de racines
vigoureuses était née exclusivement dans la longueur du décimètre inférieur
de la bouture. Dans l'étendue des deux décimètres supérieurs à cette pre-
mière partie, on ne voyait que des racines courtes et grêles, espacées, au
nombre seulement d'une douzaine; enfin toute la portion supérieure, encore
plongée sous terre , sur une longueur de près de deux décimètres , n'avait
pas émis une seule racine.
SÉANCE ULi 2(3 JUILLET 1854. 175
Les quatre boutures enfoncées en terre à 0"\324 et ()m,162 avaient fourni
des productions sensiblement plus faillies. Les deux premières avaient dé-
veloppé plusieurs fortes racines groupées dans l'étendue du décimètre infé-
rieur ou partant du bout même de la bouture entre le bois et l'écorce ; la
partie moins enterrée avait donné à peine quelques radicelles très grêles et
très courtes qui n'avaient évidemment aucune importance pour la nutrition
des deux jeunes arbres. Enfin, les deux dernières boutures, qui étaient les
plus superficielles, n'avaient produit qu'une forte racine, et celle-ci partait
de leur section inférieure, de manière à paraître les continuer dans une di-
rection oblique.
Ces six exemples parfaitement concordants sont évidemment en contra-
diction formelle avec le principe général énoncé par Lardier comme consé-
quence de ses expériences. Ils montrent que, du moins pour le Saule blanc,
et dans les conditions de mon expérience, les boutures plantées profondé-
ment en terre s'enracinent mieux, végètent plus vigoureusement que les
autres, et que dans toutes, quel que soit leur enfoncement dans le sol, les
racines naissent ou uniquement ou principalement clans la portion la plus
éloignée de la surface du sol. J'ajouterai que les résultats de cette expérience
ont été confirmés par ce que j'ai vu sur plusieurs autres boutures, faites
pour des recherchés d'une autre nature.
2° Végétation des boutitres renversé es. — Duhamel me paraitêtre le premier
qui ait fait des expériences dans cette direction. C'est le Saule blanc qui lui
servit de sujet pour ses recherches. Voici en peu de mots les résultats qu'il
constata (Phys. des arbres ,11, p. 115 et suiv. ) : Les branches plantées
dans une direction renversée reprirent en général sans difficulté; elles
produisirent plusieurs jeunes branches qui, après avoir poussé « comme si
elles eussent voulu gagner la terre, » se recourbèrent bientôt pour prendre
la direction ordinaire. De leur côté , les racines suivirent d'abord une
direction telle que si elles eussent tendu à gagner la superficie du sol;
après quoi elles se recourbèrent pour s'enfoncer en terre. Les tiges de ces
boutures renversées se firent remarquer par la formation de côtes grosses
comme le doigt « qui semblaient répondre à la naissance des blanches. » Il
se forma des bourrelets à l'extrémité de la partie qui était enterre. Ensuite
tout rentra peu à peu dans l'ordre ordinaire; « les tiges s'arrondirent, les
productions ne firent plus le crochet, et , au bout de quelques années, ces
arbres poussèrent comme les autres. » Dans une autre expérience, Duhamel
planta un jeune Saule renversé et les branches disposées en terre comme si
elles eussent été des racines ; il remarqua, dans ce cas, que les bourgeons de
ces branches enterrées s'ouvrirent, s'allongèrent de quelques lignes à peine,
et périrent ensuite.
Knight répéta , en 1802 , les expériences de Duhamel (Voy. Knigld's
hortic. Papers, p. 105 et suiv.). Pendant l'automne, il planta hQ boutures
176 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
de Groseillier à maquereau et autant de Groseillier ordinaire, la moitié
droites et la moitié renversées. Les boutures renversées échouèrent toutes
pour le Groseillier à maquereau ; au contraire, presque toutes celles de Gro-
seillier ordinaire s'enracinèrent. Il fit également douze longues boutures de
Saule Marceau, une moitié droites, l'autre moitié renversées. Celles-ci re-
prirent toutes en peu de temps et poussèrent avec vigueur ; mais leurs
pousses étaient d'autant plus faibles et devinrent bientôt d'autant plus lan-
guissantes qu'elles partaient de plus haut au-dessus du sol. knight croyait
que ce fait avait échappé a Duhamel , parce que ce célèbre physiologiste
avait fait toutes ses boutures trop courtes. Son observation la plus impor-
tante fut que le bois nouveau, développé par les boutures renversées, s'ac-
cumulait constamment au-dessus de la base des pousses produites la pre-
mière année.
Désirant m'éclairer sur ces curieuses expériences , je plantai , le 22 juin
1852 , dans la plate-bande qui avait servi aux essais rapportés plus haut ,
30 boutures de Saule blanc, la moitié droites, l'autre moitié renversées.
Quelques jours plus tard, je plantai au même endroit 10 boutures de Troène
par moitié droites et renversées. Parmi ces 10 dernières, une seule réussit,
et celle-là était précisément renversée. Quant aux premières , la plupart
s'enracinèrent , et cela en nombre à peu près égal pour les deux catégories
droite et renversée. Dès le 25 juillet, 2 boutures renversées se faisaient
remarquer par le nombre et la vigueur de leurs pousses, dont plusieurs
étaient déjà longues de 20 centimètres ; mais ces pousses vigoureuses nais-
saient peu au-dessus du sol, et les autres devenaient de plus en plus faibles
à mesure qu'elles partaient de points plus élevés. Ce fait , parfaitement en
harmonie avec l'observation de Knight, s'est montré sur toutes les boutures
renversées qui avaient une assez grande longueur; à la vérité, il s'est pré-
senté aussi sur de longues boutures droites, de telle sorte qu'il n'a peut-être
pas l'importance que le physiologiste anglais semble lui attribuer. L'expé-
rience a été terminée le 10 octobre 1852 , lorsque le jardin botanique de
l'Institut agronomique a cessé d'exister par suite de la suppression de l'éta-
blissement auquel il se rattachait. Il m'a donc été impossible de suivre plus
longtemps le développement de mes boutures; mais, à cette date , toutes
celles qui avaient réussi étaient encore en parfaite végétation. Arrachées
avec soin et examinées de près , elles ont donné lieu aux observations
suivantes.
Je n'ai pas vu que les pousses aériennes ni les racines eussent d'abord
une direction horizontale et se recourbassent plus tard en crochet pour
prendre chacune la direction qui leur est essentielle. Les racines particu-
lièrement naissent sur les branches-boutures à angle plus ou moins aigu ,
comme de coutume, ainsi qu'il est facile de s'en assurer par l'examen des
échantillons que j'ai conservés: d'un autre côte , si l'on remarque quelque
SÉANCE 1)1 26 JUILLET 1854- 1/7
différence , à la naissance des branches , entre ces boutures renversées et
celles qui ont été plantées droites, elle est assez légère pour devoir échap-
per à un observateur qui ne serait pas prévenu.
Les côtes que Duhamel avait signalées sur la portion aérienne des bou-
tures renversées, sans en préciser la situation, ou le bois nouveau accumulé
au-dessus de la base des pousses, comme l'appelait Knight, se sont montrés
à moi parfaitement apparents et dans des conditions que je dois préciser
plus que ne l'ont fait les deux célèbres physiologistes dont il est question
ici. Ces émineuces ligneuses sont d'autant plus fortes qu'elles correspondent
à une pousse plus vigoureuse. Partant d'un tronc commun situé du côté
opposé à celui d'où soi t la pousse, elles se séparent bientôt pour venir se
rendre, en descendant dans une direction oblique et arquée, à droite et à
gauche de la base de cette pousse. Ce sont , si l'on peut s'exprimer ainsi,
deux décurrences ligneuses ascendantes et venant se confondre du côté op-
posé à leur point de départ en une seule qui s'efface elle-même peu à peu.
Dans certains cas, il résulte de leur présence un épaississement ligneux qui
double presque l'épaisseur de la branche-bouture au niveau de la sortie
d'une forte pousse. Ce fait me semble très curieux, car il ne peut guère
s'expliquer que par l'influence de la pousse a laquelle viennent se rattacher
les deux côtes ligueuses; or il faut admettre que cette influence s'est exer-
cée de bas en haut, c'est-à-dire sur la ligne même selon laquelle elle aurait
pu se produire si la bouture était restée dans la situation naturelle, et non
en sens inverse de celle-ci. Il est facile de sentir combien ce développe-
ment ligneux ascendant, et, plus généralement, la végétation de ces boutures
renversées, se concilient peu avec les théories qui expliquent la production du
bois pardes fibres radiculaires descendantes.
L'examen de la portion enterrée de ces mêmes boutures renversées m'a
présenté un fait très curieux encore et que je crois n'avoir pas été observé
jusqu'à ce jour. Cefait s'est montré à peu près sans exception sur toutes mes
boutures renversées qui avaient réussi, même sur celle de Troène; d'où
je suis porté à le regarder comme général. l\ consiste en ce qu'un ou plu-
sieurs bourgeons, situés sur la partie enterrée et enracinée, se sont déve-
loppés sous terre et ont produit une pousse grêle, à entre-nœuds raccourcis,
ne portant pour feuilles que de petites écailles en raison de leur situation
souterraine, et qui, après avoir commencé à se développer de haut en bas,
s'est bientôt et brusquement recourbée en crochet sur elle-même pour
prendre une direction verticale ascendante. J'ai vu certaines de ces pousses
souterraines naître jusqu'à près de 2 décimètres de profondeur. Dans cette
situation évidemment défavorable, elles avaient acquis, le 10 octobre, une
longueur de 6 ou 7 centimètres. Lorsque le point d'origine de ces pousses
était peu enfoncé en terre, elles arrivaient promptement à l'air et commen-
çaient dès lors à végéter assez vigoureusement pour devenir bientôt très
178 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCK.
fortes; en outre, elles s'enracinaient elles-mêmes vers leur base, et consti-
tuaient ainsi de véritables drageons enracinés. Je suis porté à croire que ,
quoique partant de beaucoup plus bas, les autres pousses souterraines au-
raient également fini par arriver au niveau du sol , et par acquérir dès cet
instant une grande vigueur de végétation. Je regrette de n'avoir pu prolon-
ger plus longtemps mon expérience, pour voir si mes conjectures à cet
égard se seraient vérifiées.
Ce développement constant des bourgeons souterrains me parait être un
des faits les plus curieux de l'histoire des boutures renversées. 11 s'écarte
du reste entièrement de ce qu'avait vu Duhamel sur son arbre à branches
enterrées, puisqu'ici les bourgeons n'avaient émis que des productions insi-
gnifiantes qui ne tardèrent pas à périr.
Quant aux bourrelets que Duhamel a vus se produire à l'extrémité infé-
rieure de ses boutures renversées, ils manquaient dans toutes les miennes,
comme il est facile de s'en assurer par l'examen des huit échantillons que
j'ai conservés et que je mets sous les yeux de la Société.
M. Trécul fait à la Société la communication suivante :
DES INFLORESCENCES CENTRIFUGÉS DU FIGUIER, DU DOliSTENIA , ETC.,
par M. A. TRÉCUL.
Dans la séance du 12 juillet dernier, j'ai eu l'honneur de décrire une in-
florescence indéfinie qui, par sa forme et par son évolution, l'appelle une
calathide très fortement déprimée qui aurait été coupée longitudinalement
par la moitié; elle est par conséquent unilatérale, et ses fleurs naissent de
haut en bas et de la face externe à la face interne, sur le sommet de son
pédoncule, qui est canaliculé comme le pétiole d'une feuille. La figure de
cette inflorescence est telle, dans sa jeunesse, que si l'on en suppose deux
réunies par leur face interne, on a quelque chose d'assez semblable à une
calathide d'Artichaut ou de beaucoup d'autres Composées.
Aujourd'hui je désire entretenir la Société d'inflorescences que l'on a fré-
quemment comparées aux inflorescences indéfinies ou centripètes des Com-
posées. Je veux parler de celles du Ficus et du Dorstenia. En effet, ces deux
inflorescences ont été rangées, par tous les botanistes, parmi ies indéfinies,
c'est-à-dire dont les fleurs s'épanouissent de bas en haut ou de la circonfé-
rence au centre. La figue surtout, par la singularité de sa forme, a attire
souvent l'attention des botanistes, mais aucun de ceux qui l'ont étudiée
u'ayant eu l'idée de remonter à sa formation, n'a pu arriver à son apprécia-
tion exacte. On l'a regardée comme l'analogue d'une calathide creuse,
comme un rameau très contracté ou une inflorescence indéfinie dont le
sommet occuperait le fond de la cavité ; la base de l'inflorescence serait par
SÉANGE DU 26 JUILLET 185/j. 179
conséquent près ne l'ouverture de la figue, et les écailles qui ferment celle-
ci représenteraient l'involucre des Composées, c'est-à-dire les bractées in-
férieures de leur inflorescence.
Une étude approfondie montre qu'il n'en est point ainsi ; un examen
attentif de figues très jeunes fait voir que leur involucre (folioles de l'ori-
fice) n'est point l'analogue de celui de l'Artichaut, du Soleil ou de toute
autre Synanthérée ; car, dans ces dernières plantes, les folioles de l'invo-
lucre ne sont, comme on l'a très bien dit, que les fouilles inférieures d'un
rameau à entre-nœuds très courts; aussi est-ce avec beaucoup de raison
que l'on a placé la calathide à côte de l'inflorescence des Veronica spicàta,
spuria, etc., ou du capitule des Trèfles; mais c'est tomber dans une bien
grande erreur que de leur assimiler l'inflorescence du Ficus Carica.
Si nous suivons l'évolution de la figue dans toutes ses phases, nous recon-
naîtrons que les folioles les plus internes de l'involucre sont réellement ter-
minales, et non les feuilles ou les bractées de la base d'un rameau a
entre-nœuds raccourcis, comme celles qui environnent le capitule des
Composées.
Prenons d'abord une figue à l'époque de la floraison. Nous la trouvons
munie d'un court pédoncule, a la partie inférieure duquel on observe trois
écailles : l'une, plus grande, qui est latérale par rapport à la feuille voisine ;
une deuxième, un peu plus petite que la première, est insérée, en apparence,
dans l'aisselle de l'inflorescence; la troisième, qui est excessivement ré-
duite, est latérale comme le première et fixée sur le côté opposé. Au sommet
du pédoncule sont trois autres écailles a peu près verticillées aussi, et qui,
cependant, se développent successivement. Elles embrassent alors seulement
la partie inférieure de la jeune figue, sur laquelle s'en trouve quelquefois
une quatrième, placée plus haut. Cette figue, qui est déjà pyriforme, est
couronnée par quelques écailles qui en ferment l'orifice et recouvrent celles,
bien plus nombreuses, qui garnissent cette ouverture a l'intérieur. Tout le
reste de la cavité est tapissé par les fleurs.
Voilà ce que l'on observe quand la figue est arrivée à l'époque de l'épa-
nouissement de toutes les fleurs. Mais si l'on cherche à remonter vers son
origine, en étudiant des inflorescences de plus en plusjeunes, on s'apercevra
d'abord que les fleurs voisines de l'orifice sont celles qui s'épanouissent les
dernières, et non celles du fond, comme le pensent les auteurs qui ont parlé
de l'organisation de la figue. Un .seul botaniste me parait s'être aperçu de la
direction dans laquelle la floraison s'effectue. Ce botaniste est M. Brongniart,
notre président.
Si l'on poursuit cette étude dans une inflorescence plus jeune, on trouvera
que les fleurs du fond seront déjà bien formées, quand celles du sommet
seront incomplètes ou même rudimentaires. Dans une inflorescence moins
avancée encore, qui n'avait que 7 millimètres à partir de la base du pédon-
180 SOCIÉTÉ BOTANIQUE OC FRANCE.
eule, j'ai vu que toutes les fleurs étaient réduites a des protubérances qui
couvraient en grande partie les parois de la cavité ; que les inférieures
émettaient déjà latéralement une, deux ou trois proéminences inégales,
rudiments des folioles du périanthe; que celles qui étaient situées plus haut
ne constituaient que de simples mamelons d'autant moins saillants qu'ils
étaient plus rapprochés de l'orifice. Une inflorescence moins âgée offrait
une cavité moins profonde dont toutes les éminences étaient uniformes et
diminuaient de grandeur en s'éloignant du fond; la partie supérieure de
cette cavité était même dépourvue de protubérance. Une figue de h milli-
mètres présentait une cavité à peine hémisphérique. Le fond seul était oc-
cupé par de très petites proéminences, et l'on remarquait que les écailles
les plus internes n'avaient point la même teinte verte que les extérieures;
elles étaient tout à fait incolores, comme des organes naissants. Cette inflo-
rescence était entièrement cachée sous les trois écailles du sommet du pé-
doncule. Il est inutile d'ajouter que toutes celles que je vais décrire désor-
mais, et qui étaient moins avancées, en étaient aussi revêtues. Enfin, dans
une inflorescence de 2 millimètres, la cavité était plus réduite encore et
n'offrait plus de trace des rudiments floraux. Quelques-unes des feuilles du
perlais, les plus internes, ne formaient que de simples mamelons transpa-
rents. Dans une figue d'un millimètre et demi, la cavité était presque nulle,
et le nombre des folioles était diminué; il y en avait néanmoins encore
cinq de chaque côté de la coupe longitudinale, tandis que dans une figue
d'un millimètre (toujours a partir de l'insertion des écailles de la base du
pédoncule), la cavité floriflère était tout à fait nulle; elle n'était représentée
que par une surface plane, du pourtour de laquelle naissaient les folioles,
qui n'étaient plus qu'au nombre de trois d'un côté et de deux de l'autre
côté de la coupe. Cette inflorescence provenait de l'aisselle d'une feuille de
5 centimètres de longueur, et était encore couverte par les stipules de
cette feuille ; elle était enveloppée aussi, non-seulement par les écailles du
sommet du pédoncule, mais encore par celles de sa base.
Dans le même bourgeon, a l'aisselle d'une feuille de 1 centimètre seule-
ment, je trouvai une inflorescence de deux tiers de millimètre, en la mesu-
rant de la base de ses écailles protectrices inférieures à leur extrémité supé-
rieure, ce qui réduit l'inflorescence proprement dite à un dixième de
millimètre environ. Elle était, comme la précédente, terminée par une sur-
face plane bordée, de chaque côté de la coupe, par une seule écaille; ces
premières folioles de l'orifice avaient une consistance si délicate qu'elles
semblaient presque à l'état gélatineux. J'arrêtai là mes observations. Il ne
me restait plus qu'à voir naître les écailles du sommet et celles de la base
du pédoncule, mais il m'eût été impossible de discerner avec certitude si
j'avais affaire aune inflorescence ou a un bourgeon ordinaire.
En remontant cette échelle de l'évolution des diverses parties qui consti-
SÉANCE hll '26 JUILLET 185/j. 181
tuent l'inflorescence du Figuier, on verrait donc apparaître successivement,
de bas en haut, d'abord les organes protecteurs de l'inflorescence générale,
c'est-à-dire les écailles de la base et celles du sommet du pédoncule, enfin
les folioles qui ferment l'orifice du réceptacle. On reconnaîtrait que la cavité
se creuse à mesure que celles-ci naissent ; qu'enfin, lorsque cette dernière
a acquis une certaine profondeur, elle se garnit d'abord au fond, puis sur
les parois et de bas en haut, de proéminences qui deviennent autant de
fleurs.
Il y a donc, dans une inflorescence du Figuier, comme deux systèmes op-
posés se développant dans le même sens, de bas en haut; l'un à la face
externe du réceptacle (il naît le premier), l'autre à la face interne. Le
premier est constitué par les écailles du pédoncule et par celles de l'ouver-
ture, le second par les fleurs. C'est là un phénomène extrêmement remar-
quable. Je citerai bientôt quelques autres exemples analogues, mais aupa-
ravant je dois dire quelques mots de la disposition du système vasculaire
de la figue, pendant sa jeunesse au moins.
Comme celui de tous les bourgeons normaux nés à l'aisselle d'une feuille,
il part du système vasculaire de la tige, du pourtour de l'espace laissé libre
parla séparation de la feuille, en sorte qu'il forme un étui enveloppant If
cylindre médullaire, lequel semble alors une déviation, une ramification de
la moelle de la tige ou du rameau qui lui a donné naissance.
Cet étui fibro-vasculaire, composé de faisceaux très rapprochés les uns
des autres, se prolonge dans le pédoncule en envoyant des fascicules dans
les écailles que porte cet organe, puis il continue son chemin vers la péri-
phérie du réceptacle et va se terminer dans les folioles de l'orifice. Cet ap-
pareil de vaisseaux appartient exclusivement aux organes périphériques;
il se rend clans les organes foliacés proprement dits. Les fleurs en ont un
autre qui leur est aussi particulier, et qui naît un peu plus tard. Il paraît
se séparer du premier vers la base du pédoncule et se compose de faisceaux
qui occupent le centre de celui-ci, et qui se dirigent vers le fond de la cavité
florifère. Il résulte de cette disposition que la moelle de ce pédoncule parait
annulaire quand on l'examine sur une coupe transversale, puisqu'elle
entoure les faisceaux qui se rendent aux fleurs et qui sont tout à fait
centraux.
Des coupes longitudinales déjeunes figues montrent que, de ces derniers,
les plus rapprochés du centre se rendent, en se bifurquant plusieurs fois,
au-dessous des fleurs centrales, nées les premières ; que les autres se distri-
buent autour de la cavité en émettant du côté interne, à mesure qu'ils s'élè-
vent le long de la paroi garnie de fleurs, des ramifications qui vont se
terminer dans celles-ci.
De cette manière, les écailles qui se développent, d'une part, sur la face
externe du réceptacle, et les fleurs qui, de l'autre part, naissent sur sa face
1$2 SOCIÉTÉ BOÏAMQUK DE FRANCE.
interne, ont leur système .vasculaire séparé par une couche du tissu cellu-
laire, qui n'est autre chose que la prolongation de la moelle annulaire du
pédoncule. Ces deux systèmes vasculaires, qui paraissent bien isolés dans
la jeunesse, s'unissent plus tard par des anastomoses, surtout vers la partie
supérieure de la figue.
Cette inflorescence ne peut guère être comparée, comme ou le voit, à la
calathide des Composées, puisque, dans celles-ci, les fleurs naissent et
s'épanouissent de la circonférence au centre, taudis que dans la figue,
leur naissance et leur épanouissement ont lieu du centre à la circonférence.
Quelque bizarre qu'elle paraisse, cette structure n'est pas exceptionnelle;
plusieurs autres plantes ont des inflorescences qui appartiennent au même
type de formation. Celle du Dorstenia contrayerva parait être dans ce cas ;
mais je n'ai pu le constater nettement, n'ayant pas de ces plantes en quan-
tité suffisante à ma disposition. Tout ce que j'ai pu voir, c'est que de très
petits faisceaux serpentent au-dessous des fleurs; ils m'ont paru émaner,
ainsi que dans l'espèce suivante, de l'extrémité du pédoncule, dont les
faisceaux s'étendent vers la périphérie du réceptacle, comme dans la figue.
Le Dorstenia ceratosanthes, au contraire, qui a une inflorescence fourchue
(dont chaque longue branche est couverte de fleurs sur sa face interne), est
bien plus favorable pour cette étude. En effet, chez lui, de même que dans
le Figuier, la floraison s'effectue de bas en haut, de la naissance de la bifur-
cation au sommet des branches, de sorte que si l'on suppose ses deux
branches soudées par leurs bords, on a une inflorescence lubuleuse bien
comparable à celle du Figuier.
Maintenant qu'il est démontré que ces inflorescences sont centrifuges,
cherchons si elles ne se rattachent pas aux autres inflorescences définies par
uu lien plus ou moins caché.
■ L'inflorescence du Monarda didijma est assez propre, il me semble, à
fournir cette démonstration. En effet, les fleurs du capitule qui termine
cette belle Labiée s'épanouissent du centre à la circonférence; les corolles
étalent déjà leurs brillantes couleurs quand les fleurs périphériques sont
encore à l'état de rudiment.
Si l'on recherche, dans la structure de l'inflorescence, la cause de ce
curieux phénomène, voici ce que l'on découvrira. On verra d'abord qu'il
n'existe que des fleurs à la face supérieure du réceptacle, qui est plan ;
qu'il n'y a, au contraire, que des bractées sur la face opposée ou inférieure
du même réceptacle ; que les bractées, comme les fleurs, diminuent de gran-
deur du centre à la circonférence, et que le réceptacle perd aussi de sou
épaisseur, en s'étendant a l'extérieur.
En observant avec attention cette inflorescence au moment où les fleurs
commencent à s'épanouir, on remarquera que c'est la fleur centrale qui
s'épanouit la première (quand elle n'avorte pas, ce qui arrive le plus sou-
SEANCE DU 2t> JUILLET 1854. i8*
vent) ; que ce sont ensuite deux fleurs qui correspondent exactement, par
leur position, aux deux grandes bractées inférieures, puis successivement
quatre fleurs qui répondent à quatre bractées disposées par paires, en appa-
rence, et croisant les deux grandes bractées précédentes: on trouvera que
les fleurs qui viennent ensuite sontégaiement vis-à-vis de quelques-unes des
bractées principales. Il en est de même pour toutes les autres fleurs, mais
comme elles sont très multipliées, ainsi que les bractées, il n'est pas pos-
sible, de les rapporter chacune à chacune, avec exactitude, par la seule
inspection de l'inflorescence à l'extérieur ; la disposition seule du système
iibro-vasculaire, qui se répand de la tige dans ces fleurs et dans ces
bractées, prouve clairement le rapport intime qui les lie les unes aux
autres.
Des coupes transversales de la tige, qui est carrée comme celle de toutes
les Labiées, m'ont fait voir quatre faisceaux principaux placés dans les
angles, et réunis par des fascicules, de manière à figurer une zone fibro-
vasculaire à peu près continue. A l'insertion des premières bractées, le
carré s'allonge en un rectangle dans la direction des deux bractées infé-
rieures; de chacun des angles du carré ou du rectangle sort un fascicule
qui va se terminer dans ces dernières ; un peu plus haut, l'étui vasculaire
de la tige se divise en deux branches larges et courtes, qui se bifurquent
successivement plusieurs fois, suivant un plan horizontal, de manière à
produire chacune environ huit rameaux collatéraux, qui portent les fleurs
à leur face supérieure et les bractées à leur face inférieure. Le réceptacle
est donc divise en seize petites branches de longueur variable parce qu'elles
sont de degrés différents.
Des coupes longitudinales indiquent le rapport des organes qui naissent
sur l'une et l'autre face du réceptacle et de ses ramifications. Une coupe
dirigée suivant l'axe de la lige et les nervures médianes des deux bractées
principales fait voir le système vasculaire se terminant dans la fleur cen-
trale ou dans son rudiment, et de chaque côté les deux branches auxquelles
il donne naissance. Si la coupe ne passe pas exactement par le plan vertical
que je viens d'indiquer, si elle oblique un peu d'un côté ou de l'autre, elle
peut suivre, dans toute sa longueur, un des rameaux de l'inflorescence. Ce
rameau porte d'un côté une rangée de fleurs, de l'autre une série de bractées.
Le nombre des unes et des autres est le même, et de plus, la moelle de
chacun des pédoncules est opposée à la nervure médiane d'une des bractées.
On reconnaît ici la structure d'une véritable grappe scorpioïde. En effet, la
bractée inférieure est évidemment née de la tige, de l'axe primaire; n'est-il
pas rationnel de prendre : 1" la fleur qui lui est opposée, et qui est à côté de
la fleur centrale, de la prendre, dis-je, pour fleur axillaire, de la considérer
comme terminant l'axe secondaire : 2° de regarder la bractée qui vient
après, ou le n° 2 de la coupe verticale, comme ayant à son aisselle la fleur
18/| SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FKâNGE;
n° 3, la fleur centrale étant le n° 1 ; 3° la fleur nu k comme axillaire de la
bractée n" 3, la fleur n" 5 comme axillaire de la bractée n° l\, la fleur n° 6
comme naissant de l'aisselle de la bractée n° 5, la fleur n" 7 à celle de la
bractée n° 6, la fleur n" 8 a celle de la bractée ni° 7. Cette dernière
fleur était rudimentaire. Mais, de l'opposition des feuilles du Monarda
nait une plus grande complication ; la base de l'inflorescence est une cime
très contractée.
Une coupe longitudinale, comme celle que je viens de décrire, ferait
voir le système fibro-vasculaire comme divisé en deux zones séparées par
le tissu médullaire, vers la base de l'inflorescence, l'une interne, qui appar-
tiendrait aux fleurs, l'autre externe, qui serait propre aux bractées, abso-
lument comme dans la figue. Or, l'inflorescence du Monarda didyma est
composée d'une fleur terminant l'axe primaire et de deux cimes latérales
opposées très contractées qui sont terminées par des grappes scorpioïdes.
Serait-il donc bien étrange de considérer la ligue comme un ensemble de
telles grappes scorpioïdes réunies, confondues entre elles au point de n'avoir
plus qu'une zone vasculaire périphérique ou externe, pour les bractées, et
une zone interne pour les fleurs, toutes les deux liées entre elles par des
anastomoses? Que l'on se figure encore tous les rameaux d'une inflorescence
de certaines Crassulacées, du Sedum réflexion, par exemple, ou du Sent-
[jervivwn hirsutum, dont les grappes scorpioïdes supérieures sont presque
verticillées; que l'on se figure, dis-je, ces grappes ou rameaux soudés, on
aura encore une représentation assez exacte de la composition de la ligue :
La zone externe des faisceaux vasculaires de celle-ci rappellera le côté infé-
rieur des rameaux de celte inflorescence hypothétique des Crassulacées,
et les faisceaux internes seront l'équivalent du côté supérieur de ces mêmes
rameaux.
Dans le Monarda et dans les Crassulacées que je viens de citer, le nombre
des bractées est égal à celui des fleurs, et les premières seraient réparties
régulièrement à la surface externe du réceptacle, ce qui n'a pas lieu chez
la ligue. C'est pourquoi il ne faut; pas accorder à ces rapprochements plus
d'importance qu'ils n'en méritent, car ces considérations, quelque ration-
nelles qu'elles paraissent, n'ont pour but que de constater des ressemblances
plus ou moins éloignées, mais réelles cependant.
La figue et les autres inflorescences centrifuges dont je viens de parler
paraissent offrir avec une autre classe d'inflorescences, avec celles que j'ai
appelées basipètes, une analogie en apparence assez manifeste, car on pour-
rait, à la rigueur, désigner aussi ces dernières par l'épithète de centrifuges,
puisque l'épanouissement s'opère du sommet à la base; mais ce qui suit
prouvera qu'elles ne peuvent être confondues avec les inflorescences définies.
En effet, pour passer des unes aux autres, il suffirait d'appliquer à la figue,
à l'inflorescence du Monarda, etc., l'hypothèse que l'on a souvent faite pour
SÉANCE DU 26 JUILLET 185£. 185
passer de la calathide des Composées aux inflorescences indéfinies ordi-
naires, aux longs épis du Veronica spuria, par exemple.
Tout le monde admet que l'inflorescence concave de l'Artichaut donne-
rait un rameau sur lequel les fleurs seraient écartées les unes des autres
comme elles le sont sur l'axe du Veronica que je viens de citer, si elle était
susceptible d'élongation. Pour arriver à ce dernier état, elle passerait néces-
sairement par tous les intermédiaires; elle pourrait s'arrêter à l'état de ré-
ceptacle conique ou plus ou moins proéminent comme celui d'un Anthémis,
ou eylindracé, comme celui d'un Trifolium. Ce que tout le monde admet
pour l'inflorescence des Composées, supposons-le pour la figue ; reconnais-
sons qu'elle puisse être refoulée comme une calathide, et que ce qui est le
fond de la cavité devienne le sommet d'un épais chaton. Qu'aurons-nous
dans ce cas? Nous aurons une inflorescence d' Artocarpus . L'épanouisse-
ment des fleurs mâles des Artocarpus nitida, lanceolata, s'opère du sommet
à la base. Si j'en juge par un spécimen en assez mauvais état, le seul que
j'aie pu examiner, il se fait de la même manière dans V Artocarpus incisa.
Il s'effectue aussi dans le même sens dans le Sanguisorba officinalis (1),
le Polypogon monspeliensis, le Lagurus ovatus, le Triticum villosum et
plusieurs autres espèces de ce genre, etc.
Dans les Triticum villosum, rigidum, farctum, etc., l'épanouissement
se fait d'abord des épillets supérieurs aux épillets inférieurs, et ce sont les
fleurs de la base de chacun de ceux-ci qui s'ouvrent les premières ; l'épa-
nouissement continue ensuite de bas en haut dans chacun de ceux-ci. C'est
là un des types de ce que j'ai nommé inflorescence mixte.
L'hypothèse du refoulement de l'axe aurait donc l'avautage de faire
rentrer dans les inflorescences centrifuges la série nombreuse des inflo-
rescences basipètes. Mais ces dernières ont une structure bien différente
de celle des inflorescences définies (comme la cime ou la grappe scorpioïde);
leur organisation est, au contraire, semblable à celle des inflorescences
basifuges ou indéfinies.
Cependant, comme je n'ai fait l'anatomie que d'un petit nombre de ces
inflorescences, il serait possible que quelques-unes d'entre elles dussent leur
mode de formation au même phénomène que les inflorescences centrifuges du
Mon/arda ou du Figuier.
Je crois pourtant devoir ajouter en terminant que chez les feuilles basipètes
dont la dissection estsouvent très facile, la disposition des faisceaux est aussi
très fréquemment absolument la même que chez une multitude de feuilles à
formation basifuge, ainsi que je l'ai dit dans la dernière séance. Il me parait
(1) Le Sanguisorba tenuifolia paraît présenter le même phénomène; dans le
S. dodecandra, l'épanouissement commence par le milieu de l'épi, tantôt un peu
pins haut, lantôt un peu plus bas ; dans le S. canadensts, il se fait de bas en haut.
180 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
hors de doute que la multiplication de haut en has des lobes de certaines
feuilles et des rameaux de quelques inflorescences basipètes doit être at-
tribuée à la même cause que l'élongation , par leur base, d'un pétiole de
Palmier ou d'une feuille de Carex et de Graminée, etc., c'est-à-dire à la
génération de nouveaux éléments cellulaires, fibreux et vasculaires au-dessus
de la gaine et dans l'intérieur même de cet organe, alors que la partie supé-
rieure de la feuille est déjà arrivée à son parfait développement.
Une telle génération de tissus nouveaux s'opère assurément à la base de
quelques inflorescences basipètes que j'ai étudiées; et, dans ces inflores-
cences, j'ai observé la structure que présente la ramification normale. Pour-
quoi ces nouvelles parties formées n'auraient-elles pas la faculté d'émettre
des rameaux comme le sommet des inflorescences ordinaires, sans pour
cela rien changer dans la disposition générale du système fibio-vasculaire?
Je ne vois là rien de contraire à la raison et aux lois de l'organogénie ,
puisque le même mode de multiplication est reconnu pour une grande
partie, des feuilles. Il est probablement fréquent chez les inflorescences,
mais je ne voudrais pas le généraliser, parce que l'on conçoit fort bien,
comme je l'ai dit tout a l'heure, que certaines inflorescences basipètes
puissent être dues au même genre de ramification que les inflorescences du
Figuier et des Monarda.
il pourrait arriver aussi , dans quelques cas, que les fleurs inférieures,
nées avant les supérieures, s'épanouissent cependant, après elles, parce que
leur végétation aurait été plus tardive ou leur développement plus lent,
comme cela se voit pour les folioles de quelques feuilles, telles que celles
des feuilles pennées de certains Palmiers (C/iamœdorea martiana, etc.),
dont les folioles supérieures sont déjà presque a l'état adulte quand les in-
férieures ne sont souvent que rudimentaires. et cependant celles-ci sont
apparues tout au moins en même temps qu'elles.
Si j'en puis juger par l'évolution de quelques très petites inflorescences
peu vigoureuses et développées dans l'arrière-saison, il en serait ainsi de
l'inflorescence basipete du Sanguisorba ojjicinalis ; ses fleurs inférieures
seraient nées les premières, bien qu'elles s'épanouissent les dernières. Il en
serait de même de l'inflorescence du Dipsacus sylvestris, dont les fleurs du
milieu s'ouvrent d'abord , et dans laquelle l'épanouissement s'effectue en-
suite simultanément de bas en haut et de haut en bas. C'est là un second
type d'inflorescences mixtes. Je reprendrai au printemps l'étude de ces
inflorescences sur des sujets plus vigoureux.
il résulte de ce qui précède que les inflorescences du Ficus et du Dorste-
nîa doivent être rangées parmi les inflorescences centrifuges, et non parmi
les centripètes, auxquelles on les a rapportées jusqu'à ce jour.
M. Germain de Saint-Pierre considère les faits présentés par
SÉANCE DU 20 .JUILLET 185/l. ] 87
M. Tréeul, relativement à l'inflorescence des Monardes, comme ana-
logues à ceux qu'offrent généralement toutes les Labiées.
M. Brongniart est à peu près du même avis. La Monarde est pour
lui comme une autre Labiée dont on couperait la tète au-dessus
d'un des verticilles supérieurs.
M. Tréeul présente quelques écbantillons d'inflorescences de Tri-
folium Lupinaster, à l'appui de la communication qu'il a faite dans
la dernière séance.
M. Bâillon présente la communication suivante :
NOTE SUR VEORdEUM TRIFUHCATUM, Jacq., par M. II. BAILLON.
J'ai observé les particularités suivantes sur VHordeum. trifurcatnm cultivé
cette année au Muséum :
Les trois épillets uniflores qui se trouvent à chaque dent de l'axe sont à
peu près constamment fertiles, et la bradée inférieure ou uninerviée de la
glumelle commence par être assez étroite, terminée par une soie courte et
unique. Si l'on s'élève davantage sur l'axe, on voit cette pointe unique
s'accompagner, de chaque côté, d'une petite expansion membraneuse ana-
logue à celle du Bromus auriculatus. Le plus souvent, ces expansions laté-
rales ont les mêmes dimensions que la dent terminale, et c'est de là que la
plante a tiré son nom spécifique. Mais, la loi du balancement des organes
trouvant ici une application frappante, nous rencontrons, d'une paît, des
fleurs où la division médiane est considérable, tandis que les dents latérales
sont rudimentaires, et, d'autre part, des bractées où la division médiane
est de petite taille, tandis que les latérales ou l'une d'elles seulement se dé-
veloppent énormément, prennent un aspect plumenx et se garnissent latéra-
lement de poils assez longs qui retiennent les grains de pollen lors de leur
dissémination.
Pour ceux qui, rapprochant la feuille earpellairedes feuilles caulinaires,
admettent, selon l'expression de M. Raspail, qu'elles « s'expliquent l'une
par l'autre, » la présence de ces trois divisions et leur développement, en
raison proportionnellement inverse, doit être d'un grand poids dans la com-
paraison. Il arrive ici ce qu'a démontré mon excellent maitre M. Payer, à
savoir, que la feuille earpellairedes Graminées, uniquedans le principe, se
divise supérieurement en trois portions stigmatiques, et que, de ces trois
divisions, ou aucune ne s'arrête dans son développement, ou celle du milieu
seule grandit pour former un stigmate unique, ou enfin, ce qui est le plus
fréquent, la division moyenne avorte, tandis que les deux latérales prennent
un grand accroissement.
La plus développée des trois dents est généralement la médiane. D'abord
188 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
elle coutinue, par sa direction, celle de l'écaillé qui la porte. Puis, plus
elle se développe, plus elle s'incline à angle aigu, sur le corps même de la
bractée ; en même temps elle s'élargit, se creuse d'un sillon qui regarde en
dehors et en haut et forme un canal semi-cylindrique. Son extrémité libre,
fermée en cul-de-sac, se garnit d'un prolongement en forme de crochet
qui grandit lui-même, et formant un angle variable avec la dent, se termine
souvent par une soie plus ou moins longue.
Les plus développées de ces bractées représentent assez exactement un N
majuscule. L'extrémité inférieure du premier jambage vertical de l'N répond
à l'insertion de la glumelle à l'aisselle de la bractée. Là se trouve une fleur
parfaite d'Hordeum avec une bractée binerve et un ovaire déjà très déve-
loppé à cette époque. A l'extrémité supérieure de ce premier jambage sont
les deux dents latérales et l'origine de la dent médiane. Celle-ci descend
obliquement, de manière à représenter la ligne moyenne de l'N. A l'autre
extrémité de cette ligne oblique, au point où elle s'unit avec le second jam-
bage vertical, se trouve un angle ouvert en haut qui présente plusieurs par-
ticularités :
Cet angle est creusé comme d'un godet assez profond. Dans ce godet, on
trouve d'abord des rudiments d'écaillés ou de bractées de forme peu dis-
tincte, de nature indéterminée. Mais plus loin voici une fleur où l'on trouve
deux bractées parfaitement développées, montant parallèlement dans la ri-
gole que forme le corps de la dent médiane, et représentant complètement
une enveloppe florale de Graminée, avec une bractée uninerviée constituée
par le corps de la dent et une bractée binerviée représentée par ces deux
organes appendiculaires. Mais cette glumelle offre ceci de remarquable
que les deux moitiés qui devraient former, parleur soudure, l'écaillé biner-
viée, restent complètement séparées, comme cela a lieu, dans le jeune âge,
pour les fleurs normales.
J'ai souvent trouvé des organes sexuels au milieu de ce périauthe, avec
tous les degrés imaginables de développement : Ici un ovaire ; ici une ou
deux étamines; là, avec l'ovaire, des vestiges de paléoles; là, trois étamines
sans ovaire ; là, une fleur hermaphrodite parfaite. Une autre fleur n'a pas d'é-
tamines mais des paléoles énormes ; une autre deux ovaires bien distincts.
Enfin, j'en ai représenté une qui porte à la fois deux ovaires, des paléoles,
une étamine naturelle et une étamine à quatre anthères. Toujours plus jeunes
que la fleur normale, ces fleurs se développent très bien. Les ovaires sont
plus globuleux que les ovaires normaux, et souvent ils ne présentent pas de
sillon longitudinal, ce qui pourrait s'expliquer pour quelques auteurs, par-
ce fait qu'ils échappent, vu leur situation, à l'action de toute compression.
On voit ici une bractée uninerviée qui, se repliant, sur elle-même, entre
dans la composition de deux fleurs. Là ne s'arrête pas toujours l'effort de la
végétation. Le dernier jambage vertical de l'N prend, dans quelques fleurs,
SÉANCE DU 26 JUILLET lS5/j. 189
un plus grand développement. Il s'élargit, devientmembraneux, et enveloppe
alors une ou plusieurs écailles formant avec lui un troisième périanthe,
daus l'intérieur duquel on ne trouve, cette fois, que des tubercules ou écailles
tout à fait rudimentaires.
Dans ses études sur les Graminées, M. Raspail cite des faits analogues
observés clans des Lolium, dans YAira caneseens, et surtout dans un Pa-
nicum viride « portant une fleur véritable, puis une seconde fleur herma-
phrodite située sur la bractée et insérée à sa base. » Mais dans les faits
que j'ai observés, l'insertion a lieu, comme on voit, bien plus loin sur la
bractée. Ils sont donc plus propres que les faits de M. Raspail à appuyer la
loi qu'il a ainsi formulée : « Toute nervure médiane peut devenir axe ou
pédoncule florifère. » Mais je n'en veux tirer que les remarques suivantes :
1° Les divisions que subit la feuille représentée par la bractée uninerviée
peuvent servir à expliquer celles de la feuille carpellaire elle-même (Payer).
2° L'écaillé binerve de la glumelle, que l'étude organogénique montre
formée par la soudure des deux portions primitivement distinctes (Payer),
peut ici conserver l'entière indépendance de ces deux portions, parfaitement
développées.
3° La bractée uninerviée peut, qu'il y ait ou non accolement d'un rameau
floriflère, porter, en apparence du moins, d'autres fleurs que celle qui se
développe à son aisselle.
h" La bractée uninerve prend part à la formation de la glumelle de ces
fleurs, dont elle constitue alternativement la portion externe ou inférieure et
la portion interne ou supérieure.
M. Fermond fait à la Société la communication suivante :
ÉTUDES SUR LE DÉVELOPPEMENT DES MÉRITHALLES OU ENTRE-NŒUDS DES TIGES,
par M. CH. I EIOIOXD. (Première partie.)
Ce mémoire a pour but de faire connaître des observations et des expé-
riences sur le développement des mérithalles, parties du végétal assez peu
étudiées jusqu'à ce jour, pour que nous ayons cru devoir en faire un sujet
d'études spéciales.
Dans cette première partie, nous nous sommes proposé de faire connaître
et de généraliser les déplacements sur les mérithalles que présentent très
fréquemment les organes appendiculaires de la nutrition.
I. — Déplacement vertical ou longitudinal.
A. — Organes de la végétation partant plusieurs d'un même plan.
1" Feuilles opposées. — Le nombre des feuilles opposées qui subissent
des déplacements est très considérable. Dans quelques espèces ces déplace»
t. i. 13
190 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
ments sont si prononcés qu'ils semblent établir le passage des feuilles op-
posées aux feuilles alternes : c'est ce que l'on observe dans les Helianthus,
les Verbesina, les Veronica, les Lythrum, les Tagetes, etc., qui ont des
espèces à feuilles opposées et des espèces à feuilles alternes ou héli-
coïdées (1).
Il y a même des espèces chez lesquelles l'alternance devient si prononcée
que dans certaines tiges on ne retrouve plus le caractère de l'opposition.
Nous possédons des échantillons de Phlox paniculata, de Ligustrum vul-
gare et de Lythrum Salicaria, chez lesquels l'opposition a disparu pour
faire place à la disposition quinconciale. Plusieurs Veronica sont dans le
même cas.
L'exemple du Benthamia acuminata qui se trouve actuellement à l'école
de botanique du Muséum d'histoire naturelle de Paris est extrêmement re-
marquable sous ce rapport et mérite d'être particulièrement signalé. L'axe
principal a été enlevé; mais de la courte partie qui reste au-dessus du ni-
veau du sol partent deux tiges opposées. L'une d'elles a ses feuilles toutes
opposées, tandis que l'autre a ses feuilles alternes, et ce qu'il y a de plus
curieux à considérer, c'est que les feuilles des rameaux de la première tige
tendent à l'alternance par déplacement; au contraire, celles des rameaux
de la tige à feuilles alternes sont opposées.
Parmi les monocotylédones nous ne connaissons que le genre Dioscorea
qui présente des espèces à feuilles opposées. Cette curieuse exception à
l'alternance générale des feuilles de cette grande division des végétaux a dû
attirer notre attention. Il ne nous a pas fallu longtemps pour reconnaître
que toutes les espèces offrent des feuilles alternes, qui semblent être un
retour au type général de la phyllotaxie des mouocotylédones.
2° Feuilles verticillées. — Les Fuchsia , les Veronica , les Helianthus ,
les Sedum, etc., dont les feuilles affectent souvent le verticillisme, présen-
tent des déplacements de parties nombreux et considérables qui vont jusqu'à
7 et 8 centimètres ( Helianthus tuberosus ) au-dessous du point d'exsertion
du verticille dont elles devaient faire partie. Les Silphium ternatum et
trifoliatum présentent un déplacement de leurs feuilles qui semble conduire
aux feuilles essentiellement alternes des Silphium lociniatum , dissec-
tum, etc. Il en est de même du Lysimachia vulgaris qui semble être sous
ce rapport l'intermédiaire des Lysimachia verticillata et dubia.
Trois exemples remarquables de déplacements nous sont offerts par le
(1) Le mot hélice nous paraît plus exact que celui de spirale. La spirale est,
géométriquement, une courbe décrite sur un plan, et qui fait une on plusieurs
révolutions autour d'un point où elle commence, et dont elle s'écarte toujours de
plus en plus. L'hélice, au contraire, est, géométriquement, une ligne tracée en
forme de vis autour d'un cylindre. Chaque tour peut prendre le nom (Vhélicule,el
correspondre à la spire de la spirale.
SÉANCE DU 26 JUILLET 185&. 191
Leptandra virginica , le Polygonatum verticillatum et le Zinnia verticil-
lata. Les verticilles du premier abandonnent souvent au-dessous d'eux sur
le mérithalle une ou deux feuilles qui font évidemment partie du verticille
supérieur. Celui-ci, incomplet , présente la place des feuilles qui sont pour
ainsi dire restées en chemin. Le Polygonatum verticillatum est peut-être
plus remarquable encore par une partie de verticille qui se trouve arrêtée
juste au milieu du mérithalle limité inférieurement par un verticille complet
et supérieurement par le verticille incomplet, laissant directement au-dessus
des parties restées en chemin un intervalle dans lequel elles auraient dû se
placer. Il semble que la tige ait été divisée longitudinalementendeux parties
inégales que l'on aurait rapprochées satisfaire coïncider les organes qui de-
vaient constituer le verticille. Le Zinnia verticillata que nous possédons
a cela de particulier, qu'aucun de ses verticilles n'est complet, mais il est
toujours facile de le compléter par des parties restées en dessous sur le mé-
rithalle ou portées plus haut par l'inégalité de sa croissance.
B. — Organes de la végétation ne partant pas d'ordinaire plusieurs d'un même
plan.
Feuilles alternes ou hélicoidées. — Les feuilles alternes, bien souvent, se
rapprochent assez pour qu'elles puissent faire croire à l'opposition. Nous
avons souvent vérifié ce fait sur le Lycium barbarum, le Carpinus orientalis,
le Carthamus tinctorius, le Cydonia vulgaris, etc.
Le Specularia perfoliata offre une disposition qui nous a semblé bien
propre à démontrer le passage des feuilles alternes aux feuilles opposées.
On trouve, en effet, souvent, un mérithalle très court entre deux méri-
thalles plus longs, de sorte que, tout d'abord, on pourrait croire à l'opposi-
tion des feuilles.
Les Actinomeris alternifolia et oppositifolia sont curieux à étudier en ce
sens que Y alternifolia devient oppositifolia, et réciproquement ce dernier
passe à l'état d' 'alternifolia , quant a la disposition de leurs feuilles, bien
entendu.
Nous avous conservé deux rameaux de Cydonia vulgaris , où le passage
de l'alternance a l'opposition est manifeste. Dans l'un, les deux feuilles ne
sont pas sur le même plan, mais le mérithalle qu'elles limitent est si court
(1 millimètre environ) qu'il conduit évidemment à la quasi-opposition des
deux feuilles de l'autre rameau, lesquelles feuilles partent du même plan.
Ici l'on pourrait croire à un dédoublement, mais nous croyons plutôt à
l'avortement du mérithalle d'après le peu de distance qui sépare les deux
feuilles de l'exemple précédent.
Le retour au verticillisme n'est pas moins manifeste. Dans les Asparagus,
on rencontre des rameaux formant des verticilles qu'a la vérité nous n'avons
trouvés complets que dans Y Asparagus capensis. De plus, il n'est pas rare de
192 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
trouver, dans les Lilium candidwn et croceum, 3 ou k feuilles très voisines
indiquant une tendance à la verticillarité, et cette tendance est bien pins
marquée dans les Fritillaria, particulièrement l' impérial is , où il semble
qu'elles iudiquent le passage des feuilles alternes des monocotylédones aux
feuilles verticillées des Lilium Martagon et superbum, du Polygonatum
vcrticillatum ou à celles qui forment une sorte d'involucre aux fleurs d'Als-
trœmeria.
D'ailleurs, Ad. de Jussieu a observé un Buplevrum falcatum, chez lequel
les hélices des feuilles s'étaient transformées en verticilles parfaitement régu-
liers, et M. Moquin-Tandon, dans ses Eléments de tératologie végétale, dit
avoir vu, dans l'herbier de ce savant, un rameau de saule dont les feuilles
de l'extrémité étaient verticillées.
Ainsi, tandis que les feuilles opposées s'écartent de leur position habi-
tuelle pour arrivera l'alternance, nous voyons, au contraire, les feuilles dites
alternes tendre à revenir à l'opposition ou à la verticillarité.
Les déplacements sont bien plus fréquents encore dans les folioles des
feuilles composées; très souvent les paires de folioles deviennent alternes
et le petit nombre de folioles alternes rentrent fréquemment dans l'oppo-
sition.
II. — DÉPLACEMENT HORIZONTAL OU LATÉRAL.
Lorsque le déplacement des feuilles opposées est peu prononcé et lorsque
le retour à l'opposition arrive immédiatement, il est difficile de constater
autre chose qu'un déplacement longitudinal. Mais quand ce déplacement
est très marqué, et qu'il se produit souvent sur le même axe, comme dans les
Veronica, alors le déplacement latéral se prononce aussi, et non-seulement
l'alternance en est la suite, mais encore la disposition quinconciale ou une
disposition d'un ordre plus compliqué.
Il n'y a, à notre connaissance, que le Potamogeton densus qui soit à
feuilles opposées distiques, et les Globulea obvallata et Ajuga genevensis
dont les feuilles forment deux paires d'hélices, dans chacune desquelles la
sixième vient au-dessus de la première. Toutes les autres paires de feuilles
sont en croix ou à angles droits les unes avec les autres. Si donc, comme
dans ce dernier cas, on suppose que les deux feuilles qui sont opposées
font partie de deux hélices marchant parallèlement, puisqu'elles sont en
croix, il est évident que dans une des hélices régulières, la feuille qui viendra
se placer sur la première ne pourra être que la cinquième, et cette disposition
n'est exprimée par aucune formule. Si dans les exemples de déplacement de
feuilles opposées que nous avons cités, nous avons constaté la disposition
quinconciale, il est clair qu'il faut que les feuilles aient dévié latéralement
de leur position première pour que ce ne soit plus la cinquième qui vienne
se placer sur la première, mais bien la sixième. Or, ce fait de disposition
SÉANCE 1)L 20 JUILLET 1854. 193
quinconciale par déplacement de feuilles opposées a été parfaitement ob-
servé par Dutrochet, et nous-même l'avons constaté sur les tiges du Phlox
paniculata, du Ligustrum vulgare, du Lythrum Salicaria et de plusieurs
Veronica.
L'exemple le plus remarquable de ce déplacement latéral nous a été
fourni par le Paliurus aculeatus. Ce petit arbrisseau porte des axes secon-
daires étalés, évidemment tous à feuilles alternes distiques, mais l'axe prin-
cipal, bien vertical, présente la disposition hélicoïdale exprimée par 3/8;
c'est-à-dire que le neuvième rameau est \e\m se placer sur le premier.
Mais les bourgeons sont axillaires : il a donc fallu que, dans le premier axe
les organes appendiculaires qui auraient dû être distiques fussent déplacés
pour donner lieu à la disposition exprimée plus haut.
D'ailleurs, ce n'est pas le seul exemple de ce genre de déplacement que
nous puissions citer, car les Hedera hibernica, Regaoriana et Hélix
digitata, à feuilles distiques, nous ont offert fréquemment des exemples de
disposition quinconciale.
Si nous ne nous abusons, nous croyons avoir démontré daus la première
partie de ce travail :
1° Que les déplacements des organes appendiculaires sont beaucoup plus
fréquents qu'on ne l'a cru jusqu'à ce jour;
2° Que les déplacements ont lieu tantôt verticalement, tantôt horizon-
talement ;
3° Que l'alternance et l'opposition sont des caractères quelquefois trom-
peurs, puisque l'opposition passe facilement à l'alternance dans les Vero-
nica, Lythrum, Phlox, etc.; que l'alternance revient souvent a l'oppo-
sition dans les Lycium, Cydonia, etc., et que les Actinomeris oppositifolia
et altérai folia changent réciproquement la disposition de leurs feuilles.
M. Decaisnc annonce que dimanche dernier, 23 juillet, à l'herbo-
risation dirigée par M. Chatin dans la foret de Fontainebleau, le
Goodyera repetis, R. Bi\, a été découvert en grande abondance sous
des plantations de pins et dans leur voisinage. Les premiers échan-
tillons ont été trouvés par M. Ramey entre le Mail d'Henri IV et les
rochers de Bouligny. Cette espèce est entièrement nouvelle pour la
dore parisienne (1).
M. Gay ajoute que cette plante, qui croît dans diverses régionsde
(1) Elle a depuis été retrouvée en immense quantité par M. J. Groenland, à droite
de la rouie qui monte de la grille de Mainleiion au Mail d'Henri IV. {Note com-
muniquée par M. Gay.)
19/1 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
la France et de l'Europe, mais toujours dans des bois d'arbres verts,
s'est également rencontrée sous une plantation de pins peu ancienne,
dans le domaine de Duhamel du Monceau, département du Loiret (1).
Conformément au paragraphe 2 de l'article hï du règlement , le
procès-verbal ci-dessus a été soumis, le 2 août, au Conseil d'admi-
nistration, qui en a approuvé la rédaction.
(1) J'étais bien loin de croire le Satyriwn repens aussi près de nous, lorsque
je l'ai vu , il y a six ou sept ans, dans les grands bois qu'a plantés Duhamel à
huit lieues environ d'ici (c'est-à-dire d'Orléans), au nord-est, sur la route de Fon-
tainebleau. {Extrait d'une lettre écrite à M. Gaij par M. Pelletier, d'Orléans,
le 24 janvier 1829.)
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE,
PHYSIOLOGIE VEGETAL E.
Dissertation sur l'influence qu'exerce tlans les plantes
la tliflerence îles sexes sur le reste de l'organisation,
suivie de l'examen des deux sortes de diclinismes , par le docteur
D. Clos. [Mémoires de l'Académie des sciences de Toulouse; tirage à part
en brochure in-8° de 34 pages.)
Quelques botanistes ont déjà cherché à reconnaître si la différence, des
sexes dans les plantes en amène d'autres dans l'ensemble de l'organisation,
et les recherches qu'ils ont faites à ce sujet les ont conduits à des conclusions
affirmatives pour les uns, négatives pour les autres. M. Clos a repris cette
question et l'a traitée avec beaucoup de développements. Son mémoire est
divisé en deux parties que le titre indique déjà. Dans la première partie, il
examine successivement l'influence de la sexualité sur les caractères de vé-
gétation et sur les divers organes floraux. Cette portion de son travail con-
tient l'énumération de tous les faits dont il a trouvé l'indication dans les
auteurs, et dont plusieurs ont été vérifiés par lui. Elle est, comme il le dit
très bien, une sorte de statistique de la question. Elie le conduit à des con-
clusions que nous reproduisons textuellement, et qui, comme on va le voir,
viennent à l'appui de l'idée qu'il existe dans les plantes des différences
sexuelles, seulement moins prononcées que chez les animaux.
1° La floraison est plus hâtive pour les pieds mâles que pour les pieds
femelles.
2° Soit dans les inflorescences androgynes, soit dans les inflorescences de
sexe différent, les fleurs mâles sont en plus grand nombre que les fleurs
femelles : les mâles sont pédonculées et les femelles sessiles , ou bien
les premières sont portées sur des pédoncules plus longs que les secondes;
aussi est-ce un caractère à peu près général de l'inflorescence mâle d'être
plus lâche, plus étalée que l'inflorescence femelle.
3° La loi posée par Linné que, dans les plantes monoïques, les fleurs
mâles sont placées au-dessus des femelles, ne présente que peu d'exceptions.
U" Contrairement à l'assertion exprimée par Henschel, Schelveret H. de
Cassini, la fleur femelle n'est pas toujours plus petite que la fleur njâîe.
5° Aux fleurs mâles appartiennent ordinairement les couleurs les plus
brillantes.
1U6 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
6° Lorsqu'une des deux sortes de fleurs unisexuées est dépourvue de pé-
rianthe, ou n'a pour enveloppe florale qu'un seul verticille d'organes, la
fleur maie est toujours la mieux partagée, comme si les fonctions si impor-
tantes dévolues aux fleurs femelles étaient, pour elles, une compensation
suffisante. Toujours aussi le périanthe des fleurs femelles s'éloigne plus par
sa forme de la régularité et de la symétrie typiques.
7° Le caractère tiré soit de la profondeur relative des divisions du pé-
rianthe dans les deux sortes de fleurs unisexuées, soit du plus ou moins de
fixité dans le nombre de ces divisions, ne se prête jusqu'ici à aucune déduc-
tion générale.
8° Enfin, la présence du nectaire parait plus intimement liée à l'existence
des organes mâles qu'à celle des organes femelles.
Dans la seconde partie de son mémoire, M. Clos examines'i! est vrai que,
comme l'admet Jussieu dans l'introduction de son Gênera, il existe des di-
clines fausses ou par avortement, dont la place serait à côté des hermaphro-
dites, et des diclines vraies ou typiques. Il conclut de la discussion à
laquelle il se livre a ce sujet « que les expressions si généralement usitées de
fleurs unisexuelles ou diclines par avortement n'ont pas leur raison d'être,
car toutes les diclines le sont au même titre; seulement, dans les unes, il
reste quelques traces des organes avortés, tandis que les autres en sont dé-
pourvues. Lorsqu'on voudra préciser ces caractères d'un avortement complet
ou incomplet, on pourra se servir des termes flores abortu toto, abortu dimi-
diato monoici ml dioici, masculi vel fœminci. »
BOTANIQUE DESCRIPTIVE.
Esquisse «l'eine sïi«ii4>$j:i'»B»liic «les* Aralinrécs , par
MM. J. Decaisne et Planchon. (Bévue horde, n° du 16 mars 1854,
p. 104-109.)
Ce travail est destine par ses auteurs à faire connaître les genres qu'ils
admettent dans la famille des Araliacées et à signaler les espèces qui, pour
eux, composent ces genres. 1" Aralia. Ce genre comprend des arbrisseaux
et des herbes des régions tempérées de l'hémisphère boréal, a feuilles dé-
composées, quelquefois digitées, dentées irrégulièrement ; a fleurs polyga-
mes, caractérisées par un calice à 5 dents, des pétales imbriqués et 2 à
5 styles libres. Il se divise en Aralia vrais , à feuilles décomposées et à
5 styles, et Ginsengs, a feuilles digitées et à 2-3 .-ty les. 2° Stylbocarpa,
Dne et Plane, groupe établi comme section par M. Hooker, élevé au rang
de genre par les deux auteurs, pour Y Aralia polaris, Hmbr. et Jacq.,
plante antarctique 1res anomale. 3" Echinopanax , Dne et Plane, crée
pour le Panax horridum, de l'Amérique du Nord, h" Fatsia, Une et Plane. :
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 197
ce genre est établi pour Y Aralia japonica, Thunb., dont le calice est entier
et qui a 5 styles ; son faciès le distingue aussi des Aralia. 5° Panax, Dne
et Plane. [Panax, Lin., Maralia, Du Pet.-Th., Polyscias, Forst., Aralia
sp.): ce genre, dans sa circonscription modifiée , est caractérisé par ses
fleurs polygames articulées avec le pédicelle, par ses pétales libres, caducs,
valvaires; par ses 2-5 styles libres et son fruit charnu, arrondi et son al-
bumen non ruminé. 6° Uedera, Lin., partim : ce genre se réduit maintenant
à VU. Hélix; il a des fleurs hermaphrodites, à pétales valvaires, à style
simple, un fruit charnu et un albumen ruminé. 1" Le Trevesia, Visia. , est
conservé pour le Gastonia palmata, Hort. 8° Le Brassaia, Endl., fondé
sur une espèce de la Nouvelle-Hollande, en reçoit encore une cultivée dans
les jardins sous le nom de Sciodaphyllum palmatum, Bl. 9° Brassaiopsis,
Dne et Plane, genre formé sur le Gastonia longifolia, a Heurs hermaphro-
dites, non articulées sur le pédicule, ayant le calice à 5 dents, 5 pétales
valvaires, un disque épigyne très épais à 5 sillons, 2 styles très courts. La
tige est épineuse et les feuilles digitées. 10° Le Cussonia, L., reste intact,
distingué surtout par son inflorescence. 11° Le genre nombreux Paratropia,
DC, appartient à l'ancien continent et à ses parties tempérées. Il se distin-
gue : à ses feuilles digitées , à ses fleurs unisexuées, dont les pétales sont
libres et valvaires, les filets allongés, et les 5 stigmates ponctiformes au
sommet d'un cône. 12" Les Sciodaphyllum, P. Br., ont même feuillage,
mais ils sont d'Amérique et leur corolle est calyptrée. Aux espèces connues
les deux auteurs en ajoutent huit nouvelles des collections de M. Linden.
13° Sous le nom de Dendropanax, INI M. Decaisne et Planchon forment un
genre pour des plantes des hautes régions de l'Amérique équinoxiale, dont
les fleurs polygames, réunies à l'extrémité dilatée des pédoncules, ont le
calice à 5 dents aiguës, les pétales libres et valvaires, les styles soudés à la
base sur un fruit charnu et globuleux ; les feuilles à contour entier ont les
pétioles très inégaux. Ils y rapportent V Aralia arl/orea, Lin., et douze au-
tres espèces, dont sept nouvelles. 1U" Le Gilibertia, Buiz et Pav., voisin
du précédent par le port, a de grosses fleurs hermaphrodites, généralement
7 pétales et des stigmates ponctiformes sessiles. 15° Le genre Oreopanax,
Dne et Plane, propre aux hautes régions de l'Amérique tropicale, a des
fleurs dioiques, sessiles, en capitules paniculés ; son calice entier, ses pé-
tales libres et valvaires, ses 3 à 7 styles libres, sa baie globuleuse et lisse,
ses feuilles entières, palmées ou rarement digitées, le distinguent nette-
ment. Jl comprend la plupart des Hedera américains de De Candolle; les
deux auteurs en signalent cinquante espèces dont trente-deux nouvelles,
très belles plantes recueillies a la Nouvelle-Grenade, par M. Linden. 16° Le
Didymopanax, Dne et Plane, genre très distinct, comprend des plantes de
l'Amérique tropicale, a feuilles digitées, a fleurs hermaphrodites, non arti-
culées, en ombelles pau;culées, dans lesquelles le calice est a 5 dents, les
198 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
pétales sont libres et valvaires, les étamines courtes, les 2 styles fortement
arqués et persistants ; le fruit, comprimé, a des nervures arquées. Sur huit
espèces signalées, quatre sont nouvelles. 17° VArthropkyllum, Bl., de l'ar-
chipel Malayen, a les feuilles pinnées ou bipinnées et un fruit mouosperme.
18° Le Cuphocarpus, Dne et Plane, créé pour le Gastonia aculeata, Du Pet.-
Th., de Madagascar, a la fleur articulée, tétramère, avec un seul style ; sa
corolle est calyptrée et son fruit raonosperme est gibbeux. 19° Enfin, le
genre Gastonia, Comm., comprend des arbres de Madagascar. Maurice et
Bourbon, à feuilles pinnées, à grosses fleurs distinguées par les trois ner-
vures saillantes de leurs pétales, par leurs quinze étamines à anthères re-
courbées et par leurs ovaires multiloculaires, avec 7-10 styles.
Systema lâcliemsin Germaniie. Die Flechten Deutschlands (insbe-
sondere Schlesiens) systématise!» geordnet und characteristich berchrieben,
par le docteur G. W. Kœrber. Breslau, 1854, in-8 de 96 p. lre livr.).
Nous nous contenterons d'indiquer les matières traitées dans cette pre-
mière livraison de l'ouvrage de M. Kœrber.
Les Lichens, considérés comme une classe, y sont divisés en ordres et en
familles. La première livraison qui vient de paraître renferme l'histoire du
premier ordre auquel M. Kœrber donne le nom de Lichenes thamnoblasti,
et une partie de celle du second ordre nommé par le même auteur Lichenes
phylloblasti. Le premier ordre se subdivise en quatre familles ; Usneaceœ,
Eschw. entend.; Cladoniaceœ, Zenk. ; Ramalineœ, Fée, emend.; Sphœro-
phoreœ, Fr. Quant au second ordre, il n'a pas trouvé place entièrement dans
la livraison publiée, qui contient seulement l'histoire complète de la famille
des Peltideaceœ, Fée, de celle des Parmeliaceœ, Hook., et le commence-
ment de celle des Untbilicarieœ, Fée, entend.
Gruiidriss «1er systematisclieia Botaitik fur akatlemisclie
VorlestBiigen [Abrégé de botanique systématique, etc.), par M. A.
Grisebach. Gottingen, 1854, in-8 de 180 pages (2 fr. 75 c).
Dans cet ouvrage, M. Grisebach s'est proposéde condenser le plus de faits
possible dans un espace restreint, et son objet principal a été d'exposer les
caractères essentiels des familles de manière très concise et assez analogue
à de simples formules. Son livre est divisé en deux parties très inégales
d'étendue et d'importance. La première partie renferme, en cinquante-six
pages seulement, une courte préface et un résumé succinct de morphologie
végétale ; la seconde partie forme tout le reste du livre et comprend le ta-
bleau et les caractères des familles. Les végétaux y sont divisés en classes,
sous-classes, séries et en nexus, au nombre de cinquante-six, correspondants
aux classes d'Endlicher et de plusieurs autres botanistes, aux alliances de
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 199
M. Lindley, etc. Les caractères de chaque famille sont réduits à ce qu'on
pourrait nommer une courte diagnose indiquant l'organisation de la fleur
et du fruit. La structure florale est exprimée, non par des mots, mais par de
simples chiffres et des signes qui désignent le nombre des parties de chaque
verticille floral. Lorsque ces parties sont distinctes les unes des autres dans
un même verticille ou d'un verticille au suivant, les chiffres qui les repré-
sentent ne sont accompagnés d'aucun signe particulier ; lorsque, au con-
traire, elles sont unies entre elles, leur chiffre est surmonté d'un petit arc
horizontal ; enfin, lorsque celles d'un verticille sont unies à celles d'un ver-
ticille voisin, les chiffres des unes et des autres sont embrassés par un cro-
chet qui indique leur soudure. Les exceptions a l'organisation typique sont
signalées entre parenthèses. A cette courte caractéristique est jointe l'indi-
cation également succincte des propriétés des plantes les plus remarquables
de la famille, ainsi que celle de la distribution géographique du groupe lui-
même considéré dans son ensemble.
BOTANIQUE APPLIQUÉE.
I/Igname-Batate , Dioscorea Batatas , Dne. [Revue horticole, n° du
1er juillet 185i, p. 2^3-253, avec 2 figures sur bois.)
L'introduction en Europe d'une nouvelle plante alimentaire capable non
de remplacer la Pomme de terre, mais d'occuper à côté d'elle un rang dis-
tingué dans nos cultures en grand, serait à la fois un fait d'une haute im-
portance, et, pourrait -on dire, un événement des plus heureux. Aussi
l'attention publique se préoccupe-t-elle vivement d'un article publié récem-
ment par M. Decaisne dans la Revue horticole au sujet d'une plante qu'il
croit appelée à occuper désormais une place élevée dans la liste de nos es-
pèces alimentaires. Cette plante est une Igname qui a été envoyée de Chine
il y a peu d'années, et qui a été d'abord regardée à tort comme le Dioscorea
japonica.
En la comparant soigneusement aux Dioscoréesdéjà connues, M. Decaisne
a reconnu qu'elle constitue une espèce nouvelle à laquelle il donne le nom
de Igname-Batate, Dioscorea Batatas, et dont il figure un rameau fleuri.
Les premiers essais qui avaient été faits à Paris et à Versailles pour la cul-
ture de cette plante en avaient fait assez mal augurer; mais, sans se laisser
rebuter par le peu de succès obtenu par divers horticulteurs, M. Decaisne
a continué ses expériences au Jardin des plantes, et il est arrivé à constater
que la rusticité de cette espèce, sous notre climat, et ses qualités nutritives,
« ne laissent rien à désirer. »
L'Igname-Batate « est vivace par ses racines, ou, pour parler plus exac-
tement, dit M. Decaisne, par ses rhizomes gorgés de fécule et légèrement
laiteux, véritables tiges souterraines qui, au lieu de s'élever ou de ramper
200 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
sous la surface du sol, s'y enfoncent perpendiculairement à la profondeur
de 1 mètre ou quelquefois davantage... Les tiges proprement dites acquiè-
rent de 1 à 2 mètres de longueur... Quand on les abandonne à elles-mêmes,
elles s'étalent sur la terre et s'y enracinent, avec une extrême facilité. Les
feuilles sont en général opposées... » Elles sont triangulaires-cordiformes ,
acuminées, à lobes basilaires arrondis, à 7-9 nervures principales conver-
gentes, lisses et brillantes, d'un vert foncé. Les fleurs sont dioïques, en
petites grappes spiciformes, axillaires ; on ne connaît que les mâles, qui
sont très petites et de couleur livide, bexandres, sans rudiment de pistil.
Dans les cas ordinaires, les rhizomes de cette Igname ont la forme de
massues, et leur plus grande épaisseur égale celle du poignet. Leur épi-
derme, d'un brun fauve ou de couleur café au lait, est percé de nombreuses
radicelles. Sous lui se trouve un parenchyme d'un blanc opalin, très friable,
gorgé de fécule et accompagné d'un liquide laiteux et mucilagineux; les
fibres ligneuses y sont à peine apparentes. « Par la cuisson, ce tissu s'at-
tendrit encore et s'assèche, comme celui de la Pomme de terre, dont il rap-
pelle l'insipidité, au point qu'il serait facile à une personne qui n'en aurait
pas été prévenue de le confondre avec celui de ce tubercule. Une même
plante, peut donner naissance à plusieurs de ces rhizomes, bien qu'elle n'en
produise souvent que deux ou trois. » Leur poids moyen varie de 300 à
600 grammes, et leur longueur de 0"',50 à 1 mètre, ou peut-être davan-
tage. Au Jardin des plantes, on en a obtenu du poids de 1 kilogramme.
M. Decaisne ne croit pas qu'il y ait aucune objection sérieuse à faire à
ce nouveau produit, au point de vue des usages économiques. Au point de
vue de l'agriculture, peut-être la profondeur considérable a laquelle s'en-
foncent les tubercules de l'Igname paraitrait-elle devoir faire naitre des dif-
ficultés pour l'arrachage. Mais d'abord les agriculteurs chinois ne se laissent
pas arrêter par cette difficulté, puisqu'ils cultivent cette plaute sur une
grande échelle, comme nous l'apprend une note communiquée par M. de
Montigny, consul a Chang-Hai ; ensuite il existe déjà dans nos cultures des
plantes, la Garance par exemple, qui pénètrent profondément dans le sol, et
l'on ne voit pas que. les agriculteurs reculent, dans ce cas, devant les diffi-
cultés de l'arrachage.
L'article intéressant de M. Decaisne se termine par divers extraits de
livres chinois sur l'agriculture, relatifs soità i'Igname-Batate, soit à quelques
autres espèces, selon toutes les apparences, extraits qui ont été traduits par
M. Stanislas Julien.
Note communiquée par M. Duchartre. — Il ne sera peut-être pas hors de
propos d'ajouter à la note dont on vient de lire l'analyse quelques résultats
d'observations que j'ai eu occasion de faire en 1852.
J'ai fait en 1352, au jardin de botanique de l'Institut agronomique de Versailles,
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 201
quelques expériences et observations sur l'Igname-Batate que je regrette d'avoir dû
laisser forcément incomplètes, mais dont les principaux résultats me paraissent
avoir quelque intérêt.
1° Pour reconnaître s"il serait facile de multiplier cette plante, j'ai coupé deux
tubercules, l'un en douze, l'autre en dix-huit morceaux formant cbacun une ron-
delle épaisse d'un ou deux centimètres. Ces morceaux ont été plantés au commen-
cement du printemps, à une faible profondeur en terre, dans des terrines qui ont
été tenues en serre. Tous, sans une seule exception, ont donné en peu de temps,
sur un de leurs côtés, un nouveau pied dont l'accroissement a été d'une rapidité
remarquable. Comme ces nouveaux pieds ont été produits par de simples bour-
geons advenlifs qui paraissent pouvoir naître indifféremment sur tous les points
des tubercules, il en résulte que la multiplication de la plante ne reconnaît presque
aucune limite, et n'est pas circonscrite par le nombre des yeux ou bourgeons, comme
pour la pomme de terre.
2° L'Igname-Batate possède encore un mode particulier de propagation ; elle
produit à l'aisselle de ses feuilles des bulbilles qui, mis en terre, donnent cbacun
en peu de temps un nouveau pied. C'est de bulbilles envoyées deCbine qu'on a ob-
tenu les pieds de cette plante qui ont été cultivés pendant trois ans par M. Hardy,
au potager de Versailles.
3° L'étude du développement des jeunes pieds obtenus dans l'expérience que
je viens de rapporter, l'examen des pieds vigoureux que j'ai pu cultiver pendant
l'été de 1852 au jardin de l'Institut agronomique, me font penser que les tuber-
cules de l'Igname-Batate sont purement et simplement des racines renflées et gor-
gées de fécule, entièrement semblables à celles qui forment les tubercules de la
vraie Batate, et non des rhizomes doués de la singulière faculté de se développer
de haut en bas jusqu'à une profondeur d'un mètre ou même davantage. Le vrai
rhizome de la Dioscorée me paraît être une partie toujours très raccourcie sur les
pieds de l'année, qui sert de point de départ à tous les tubercules en même temps
qu'aux tiges aériennes.
h" Les tubercules de l'Igname-Batate possèdent la qualité précieuse de se con-
server très longtemps sans s'altérer. J'en conserve depuis deux ans, et tous les
changements qu'ils ont subis consistent en ce qu'ils ont diminué de volume par la
dessiccation. Dans cet état, ils sont très bons à manger crus, et probablement leur
saveur, après une cuisson convenable, ne différerait pas de celle qu'ils ont à l'état
frais. Ainsi desséchés, ils paraissent en état de se conserver indéfiniment.
5" J'avais reconnu dans l'hiver de 1851 à 1852 la résistance au froid dont sont
doués les pieds du Dioscorea Batatas Dne. J'en avais en effet conservé quatre en
pot, à Versailles, dans une chambre où une grande quantité d'eau conservée en
même temps s'était congelée en une seule masse, et tous ces pieds avaient ensuite
parfaitement poussé au printemps suivant. Mais j'avais vu aussi que les extrémités
de cette plante sont sensibles au froid, puisque les premières gelées d'automne
avaient suffi pour les tuer et les noircir.
Je me contente de consigner ici en termes concis ces faits qui me semblent avoir
une certaine valeur, même après le travail important de M. Decaisne, à l'analyse
duquel ils m'ont semblé se rattacher naturellement.
MELANGES ET NOUVELLES.
Sur la plante «lout on aire le panier île Riz, par M. Fortune.
— Extrait du Gardener's Chronîcle, 19 août 185i.
Dans la matinée du 20 avril dernier, dit M. Fortune, le vapeur sur lequel
j'étais passager jeta l'ancre dans une des rivières du nord-est de Formose.
C'était la première visite que je faisais à celte jolie île, je m'empressai donc
d'aller à terre. Avant de quitter le navire, j'avais aperçu, au moyen d'une
longue-vue, quelques grandes fleurs blanches sur les coteaux voisins, et je me
dirigeai de leur côté. C'étaient de superbes spécimens de Liliumjaponicum,
les plus grands et les plus vigoureux que j'eusse vus de ma vie. Pendant que
j'admirais ces belles plantes, qui croissaient là avec autant de profusion que
les Primevères dans nos bois, un autre objet de bien plus d'intérêt attira
mon attention ; ce n'était rien moins que la plante qui produit le fameux pa-
pier de Riz des Chinois, et à laquelle sir W. Hooker a donné le nom de Aralia
papyrifera.
Elle paraissait sauvage, mais l'endroit où elle croissait pouvait bien être
le site de quelque ancienne plantation, envahie aujourd'hui par les buissons
et les mauvaises herbes. Les plus grands échantillons que je vis avaient 5 à
6 pieds de hauteur et 6 à 8 pouces de circonférence a la hase de la tige
et même dans presque tout le reste de sa longueur. Les tiges étaient, pour la
plupart, nues jusqu'au sommet, où elles portaient une couronne de grandes
et belles feuilles palmées à long pétiole qui lui donnaient une physionomie
frappante.
Le dessous de chaque feuille, son pétiole et la partie supérieure de la
tige, que les pétioles embrassaient étroitement, étaient revêtus d'une couche
épaisse de duvet d'une belle couleur brune et fort caduque.
Je n'ai rencontré dans mes excursions aucune plante en fleurs ; il paraît
probable que celles-ci se montrent très tard ; mais il y avait un grand nombre
de jeunes plants qui perçaient la terre çà et là. Ceux-ci-furent relevés avec
soin par un soldat chinois et sont aujourd'hui en sûreté dans le jardin de
M. Beale, a Shanghae. La proportion de moelle que renferment les tiges
est très forte, surtout vers le sommet des plus vigoureuses, et c'est avec
cette matière, du blanc le plus pur, que l'on prépare l'article nommé fort
à tort « papier de Riz. »
Les Chinois nomment cette plante Tung-tsaou. Elle est cultivée en grand
dans plusieurs parties de l'île Formose, et y constitue, avec le riz et le
camphre, un des principaux articles d'exportation. Selon M. Bowring,
les provinces de Canton et de Fokien en sont les plus grands consommateurs,
MÉLANGES ET NOUVELLES. 203
la seule ville de Foo-Chow en prenant annuellement pour une somme
d'environ 30,000 dollars. Le bas prix auquel le papier de Riz se vend en
Chine suffit, ainsi que le fait remarquer M. Bowring, pour donner une idée
de l'abondance de la plante qui le produit, ainsi que du bon marché de
la main-d'œuvre. On est étonné de savoir que 100 feuilles de cette matière
(chacune formant un carré d'environ 3 pouces) ne se vendent guère que
12 à 15 centimes. Les feuilles de plus grandes dimensions, telles que celles
dont se servent les peintres de fleurs à Cauton, sont vendues au prix de 15 cen-
times chacune.
Si le Tung-tsaou supporte notre climat, son beau feuillage le fera beau-
coup apprécier par les horticulteurs; mais à en juger parla température
de l'île Formose, il est à craindre qu'il ne prospère pas hors de l'orangerie.
Comme les plants en sont déjà arrivés au jardin de Kew, on saura bientôt
à quoi s'en teuir.
Gescliichte «1er Itotanik. Stuclien (Histoire de la Botanique.
Études), par M. Ernst. H. -F Meyer, t. I, Kœnigsberg, chez les frères
Borntraeger, 185&, in-8° de x et ^06 pages.
Voici, dit M. M. Schlechtendal, une œuvre importante et sérieuse, des
recherches sur l'histoire ancienne de la Botanique qui attestent une étude
approfondie de toutes ses origines. Ce premier volume sera suivi de trois
autres qui conduiront le lecteur jusqu'au temps présent , jusqu'à Rob.
Brown. I; importance de son contenu est indiqué par les titres de ses prin-
cipaux chapitres que nous allons faire connaître.
L'auteur croit devoir se justifier, dans la préface, d'avoir, en racontant
les premiers âges de la Botanique , mentionné beaucoup de noms qui
ne se rattachent peut-être à rien de bien important pour l'histoire de
cette science, mais qu'il n'eût pas été juste d'omettre tout à fait, et qui,
d'ailleurs, servent comme de jalons chronologiques, indiquent des transitions
plus ou moins évidentes entre des noms plus significatifs.
M. Meyer avertit ensuite qu'il a évité, autant que possible, toute discus-
sion ou dissertation relative à l'interprétation des plantes des anciens, par
la raison fort juste que ce sujet appartient à peine à l'histoire de la Botanique,
qu'il doit être étudié a part, pour l'intelligence complète des auteurs, et
qu'enfin il comportait trop de développements pour pouvoir être traité con-
curremment avec l'histoire proprement dite de la Botanique. Le tome pre-
mier du livre de M. Meyer contient les chapitres ainsi désignés : I. Ori-
gines de la Botanique chez les Grecs. — 11. Apogée de la Botanique chez les
Grecs. — III. Décadence de la Botanique en Grèce, jusqu'à l'établissement
de la domination romaine sous Auguste. — IV. Essais de Botanique chez les
Romains avant Auguste et pendant son règne. (Botan. Zeitung).
20/j SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
NÉCROLOGIE.
Nous avons la douleur d'annoncer la perte immense que vient de faire la
Botanique dans la personne de M. Philippe Barker - Webb, membre de la
Société botanique de France, mort à Paris après une courte maladie dans
laquelle le médecin qui lui a donné ses soins a cru reconnaître les caractères
du choléra. Dans l'un des prochains numéros du Bulletin, nous essaierons de
faire connaître la vie et les travaux de cet homme à jamais regrettable, qui a
su se montrer à la fois botaniste éminent, profond érudit, littérateur dis-
tingué, et chez qui le cœur était au niveau de l'intelligence.
— Nous devons également annoncer la mort de l'une des illustrations de
la botanique française au dix-neuvième siècle. M. de Brisseau-Mirbel vient
de succomber, plus qu'octogénaire, à une longue et cruelle maladie qui, de-
puis plusieurs années, l'avait entièrement éloigné de la science. Le prochain
numéro du Bulletin, renfermera une notice sur la vie et les travaux de cet
habile observateur qui a certainement contribué plus que tout autre parmi
nous aux progrès de l'anatomie et de la physiologie végétales, et qui possé-
dait le mérite troprarejde décrire en littérateur et de dessiner en artiste les
résultats des recherches faitesjpar l'œil exercé du savant.
La mort de M. de Mirbel laisse aujourd'hui l'illustre président de la So-
ciété botanique de France seul représentante l'Académie des sciences de la
section de botanique, telle qu'elle existait il y a deux ans à peine!
Dans le numéro de la Bévue horticole du 1er janvier 1854, M. Jacques
annonce que le Pterocarya caucasica Kunth a ileuri et fructifié à Ver-
sailles, dans les pépinières de Trianon, en 1853, de même que le Gincko
biloba ou Salisburia adianthifolia. Quant à ce dernier arbre, on sait qu'il
fructifie annuellement à Montpellier depuis un assez grand nombre d'années,
mais M. Jacques ne croit pas que ses fleurs se fussent encore montrées sous
le climat de Paris. Il croit aussi que la floraison du Pterocarya de Ver-
sailles est la première qu'on ait encore observée en France.
BIBLIOGRAPHIE.
Plantes cryptogames de France, par J.-B.-H.J. Desmazières ; fascicules 3 et 4.
ln-Zi de 2 feuilles et pi. 101 à 200. Leleux, à Lille.
Mémoires sur quelques hybrides de la famille des orchidées, par B. Timbal-La-
grave, etc. In-8 de 2 feuilles plus deux planches. Chauvin, à Toulouse.
Pfiris, — Imprimerie <ie L. Martinet, rue Mi°non, 2.
SOCIÉTÉ BOTANIQUE
DE FRANCE.
SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1854.
PRÉSIDENCE DE M. AD. BRONGNIART.
La Société se réunit à sept heures et demie du soir, rue du Vieux-
Colombier, 24, dans le local que le bureau de la Société Géologique
a bien voulu lui céder pour la tenue de ses séances.
Sur la présentation du Bureau , la Société admet au nombre de
ses membres :
MM. Acard (A.), pharmacien à Rugles (Eure);
Balansa (B.), rue Suger, 1, à Paris;
Baudry (Frédéric), ancien bibliothécaire de l'Institut agrono-
mique, rue de la Paroisse, 12, à Versailles;
Boissier (Edmond), à Genève (Suisse);
Bonafos père, docteur en médecine, rue Porte-de-1'Assaut, 2,
à Perpignan ;
Bouteiller (Ed.), professeur à Provins (Seine-et-Marne);
Brou (l'abbé), curé à Oulins, par Anet (Eure-et-Loir);
Caventou (Eugène), rue Gaillon, 20, à Paris;
Chavin (l'abbé), curé à Compesières, près Genève (Suisse);
Choisy, professeur, à Genève (Suisse) ;
Crouan, pharmacien, rue de la Fraternité, 6, à Brest;
Daenen (l'abbé), aumônier de la chapelle Saint-Louis, à Dreux
(Eure-et-Loir);
Darracq (Ulysse), pharmacien à Saint-Esprit (Landes);
De Candolee (Alphonse), à Genève (Suisse);
t. i. \k
206 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
31)1. Delondre (Auguste), à Graville- Havre (Seine-Inférieure);
Duhamel, employé au ministère de la guerre, rue Saint-
Honoré, 301, à l*n ris ;
Faivre, docteur en médecine, professeur au collège Stanislas,
rue Bonaparte, 72, à Paris ;
Féraud (Hippolyte), percepteur des contributions, à Gar-
pentras (Vaucluse) ;
Gentilhomme (E.), pharmacien, à Plombières-les-Bains
(Vosges) ;
Godron, doyen de la Faculté des sciences, rue de la Monnaie,
û, à Nancy;
Grenier, professeur à la Faculté des sciences, rue de la
Préfecture, 14, à Besançon;
Guidi (Louis), à Pesaro (Etat de l'Eglise);
Guyot-Ressigeac (Charles), capitaine d'artillerie, à Grenoble-,
Héricart-Ferrand (le vicomte), rue Sainte-Catherine-d'En-
fer, 1, à Paris;
Howard (John-Elliot), à Tottenham, près Londres;
Jacquel (l'abbé), curé à Liezey, canton de Gérardmer
(Vosges) ;
Jordan (Alexis), rué Basseville, 10, a Lyon;
Jouvin, professeur à l'Ecole de médecine navale, rue Saint-
Louis, 88, à Rochefort-sur-mer (Charente-Inférieure) ;
Laisné (A.-M.), ancien principal du collège, à Avranches
(Manche) ;
Lambertye (le comte Léonce de) à Chaltrait, par Montmort
(Marne) ;
Lèvent, ancien pharmacien, place du Palais de justice, 16,
à Reims (Marne) ;
Lombard (F.), place d'Armes, II, à Dijon ;
Lort-Mialhè (de), à Narbonne (Aude);
Marullï (de), garde général des forets, à Compiègne (Oise);
Marsv (de), procureur impérial, à Vervins (Aisne);
Martins (Charles), professeur a la Faculté de médecine de
Montpellier;
Martrin-Donos (le comte Victor de), Grande rue, à Montauban ;
Marulaz (V), inspecteur des forêts, à Toul (Meurthe) ;
Massot (Aimé), docteur en médecine, rue Saint-Jean, 9, à
Perpignan ;
SÉANCE DU 4 0 NOVEMBRE 185/j. 207
MM. Mathieu (Auguste), inspecteur des forêts, professeur d'his-
toire naturelle à l'École impériale forestière, rue Sta-
nislas, /i0, à Nancy ;
Parlatore, professeur de botanique au Musée grand-ducal
d'histoire naturelle de Florence (Toscane) ;
Penchinat (Charles), docteur en médecine, à Port-Vendres
(Pyrénées-Orientales) ;
Perrottet, à Pondichéry (à Paris, rue Montmartre, 172) ;
Petit (V.), docteur en médecine, à Hermonville, près Reims
(Marne) ;
Peujade (Ulysse), docteur en médecine, à Najac (Aveyron) ;
Rambur (P.), docteur en médecine à Saint-Christophe-sur-le-
Nais. par Neuillé- Pont-Pierre (Indre-et-Loire);
Rascon (Martin-Jose), à Mexico. — (Correspondant à Paris :
M. O'Brien, rue Mogador, !i.)
Ratier (l'abbé), professeur au petit séminaire, rue de l'Es-
quille, 1, à Toulouse;
Raulin (Victor), professeur à la Faculté des sciences, rue
Croix de Seguey, 87, à Bordeaux;
Rev fils, à Saint-Amand-Montrond (Cher);
Roumeguère (Casimir), secrétaire en chef de la sous-préfec-
ture, rue du faubourg Saint-Etienne, 29, à Toulouse;
Saintine (X.-B.), rue Cadet, 3, à Paris ;
Savatier (Alexandre), de Chéray (Ile d'Oléron), docteur en
médecine, à Reauvais-sur-Matha, par Malha (Charente-
Inférieure);
Savatier (Ludovic), de Saiut-Georges (Ile d'Oléron), chirur-
gien de la marine, au port de Rochefort-sur-mer (Charente-
Inférieure);
Tocquaine (Adolphe), à Remiremont (Vosges) ;
Watelet (Ad.), professeur, oiïicier d'Académie, à Soissons
(Aisne);
Wegmann (Fernandde), garde général des forêts, à Laruns
(Basses-Pyrénées) ;
Weiss-Schlumberger , à Mulhouse (Haut-Rhin);
M. le Président déclare que l'admission des nouveaux membres
sera dorénavant soumise aux formalités prescrites par l'article h du
règlement.
205 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
MM. Clos et de Lort-Mialhe, membres de la Société, sont proclamés
membres à vie, sur la déclaration faite par M. le trésorier qu'ils ont
rempli la condition à laquelle l'article ïh des statuts soumet l'ob-
tention de ce titre.
M. le président annonce la mort de MM. Bernard, ancien pbar-
macien à Malesherbes, et P. Barker Webb, membres de la Société,
décédés ta Paris les 20 et 31 août dernier (1).
Dons faits à la Société :
l°ParM. Godron :
Catalogue des plantes cellulaires du département de la Meurthe.
Revue des Trèfles de la section Chronoseinium.
Note sur une nouvelle espèce d'Byssope.
Considérations sur les migrations des végétaux.
Florula Juvenalis.
Quelques notes sur la Flore de Montpellier.
2° Par M. Trécul :
Origine et composition des fibres ligneuses et des fibres du liber, 1852.
Reproduction du bois et de l'écorce à la surface de l'aubier décortiqué,
1852.
Études anatomiques et organogéniques sur la Victoria regia , et struc-
ture comparée du Nelumbium, du Nuphar et de la Victoria, 1852.
Végétation du Nelumbium codophyllum, et disposition anomale de ses
feuilles et de ses stipules, 185/i.
3° Par M. E. Cosson :
Notes sur quelques plantes critiques rares et nouvelles, et additions à
la Flore des environs de Paris, fascicules 1 à U, 18^8-1852.
Rapport sur un voyage botanique en Algérie, d'Oran au Chott-el-
Chergui, 1853.
Description de deux nouveaux genres de la Flore algérienne , par
MM. Cosson et Durieu de Maisonneuve , 1853.
(1) Pendant son long séjour à Malesherbes, M. Bernard a exploré avec soin cette
riclie localité jusque là peu connue, et rendu ainsi à la fois des services à la flore
parisienne et à la flore du centre de la France auxquelles Malesherbes appartient.
Depuis quelques années, M. Bernard était attaché à la maison Vilmorin, à Paris. Il
est mort à Page de quarante-neuf ans.
La perle que la science a faite dans la personne de M. Webb a déjà élé annoncée
par le Bulletin aux membres de la Société, voy. p. '20/i.
SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 185/j. 209
Catalogue des plantes observées en Syrie et en Palestine par MM. de
Saulcy et Michon, rédigé par MM. E. Cosson et Kralik, 1854-
ha De la part de la famille de M. Emile Desvaux :
Gramineœ chilenses , auctore Em. Desvaux, 1 vol. iu-8° et 1 atlas de
planches m-h", 1853.
Cyperaceœ chilenses, auctore Em. Desvaux, 1 vol. iu-8° et 1 atlas de
planches. in-4°, 1853.
5° De la part de M. Kirschleger; de Strasbourg :
Flore d'Alsace, Livraisons 1 à 20.
6° De la part de M. Ch. Contejean, de Montbéliard :
Énumération des plantes vasculaires des environs de Montbéliard ,
Besançon, 1854.
7° De la part de MM. Bazin, duMesnil Saint-Firmin :
Maladies des plantes (extrait du Cosmos), 1854.
8° De la part de 31. Léon Faye, de Poitiers :
Rabelais botaniste.
9" De la part de 31. Clos, de Toulouse :
Ebauche de la Rhizotaxie , thèse pour le doctorat es sciences, Paris ,
1841.
Deuxième mémoire sur la Rhizotaxie.
Etude organogrnphique de la Ficaire.
Dissertation sur l'influence qu'exerce dans les plantes la différence des
sexes sur le reste de l'organisation.
10° De la part de 31. Belhomme :
De la germination.
11° De la part de 31. Titubai Lagrave, de Toulouse :
Note sur une espèce nouvelle du genre Senecio.
Mémoire sur quelques hybrides de la famille des Orchidées.
12° De la part de 31. Noulet, de Toulouse :
Rapport sur un Mémoire de M. Timbal- Lagrave.
13° De la part de 31. L. de Brondeau, d'Agen :
Examen microscopique de deux cryptogames de la France,
ïh° De la part de 31. Delicata, de Malte :
Flora Melitensis, 1853,
210 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
15* De la part de M. Personne, de Paris :
Histoire chimique et naturelle du Lupulin, 185i.
16° De la part de la Société impériale d'Horticulture de Paris et
centrale de France :
Annales de la Société , tome XLV, 185i (en échange du Bulletin de
. la Société Botanique de France).
17° De la part de la Société d'Horticulture de la Seine :
Bulletin des travaux de la Société, tomes 2 à 12, 1865-185^ (en
échange du Bulletin de la Société Botanique de France).
M. le Président communique à la Société une lettre qu'il a reçue,
le 3 août dernier, de M. le Préfet de police , qui autorise la consti-
tution légale de la Société Botanique de France.
MM. les Secrétaires donnent lecture des communications suivantes
adressées par des membres résidant dans les départements :
NOTE RELATIVE A UN CARACTÈRE DU GENRE MAMILLARIA DE LA FAMILLE DES CACTÉES ,
par M. J. LABOLRET.
(Rufiec, juillet US54.)
Les travaux qui ont eu pour but de classer la famille des Cactées s'ac-
cordent généralement à la partager en sept groupes : Melocacteœ, Echino-
cacteœ, Cereastreœ, Phyllocacteœ, Rhipsalideœ, Opuntias et Peireskiœ.
Ces groupes, élevés au rang de tribus par les uus, c'est l'opinion de
M. le prince de Salm-Dyck, ont été maintenus au rôle de genres par d'au-
tres; c'est l'opinion que j'ai émise dans l'essai de monographie qui a été
publié par notre confrère M. Dusacq ; mais les uns et les autres, ne trou-
vant pas de différences suffisamment tranchées dans les organes de la fleur,
ont été obligés de tenir compte du port et de l'ensemble de la végétation
dans la diagnose de ces groupes. Parmi ces derniers caractères, le plus im-
portant est relatif aux tubercules dont les nombreuses spires entourent la
tige, ils portent deux bourgeons, l'un florifère, l'autre aculéifère, distincts
et séparés l'un de l'autre dans le genre Mamillaria, et alors le premier est
axillaire, le second apicillaire, tandis (pie dans le plus grand nombre de
cas ces deux bourgeons sont juxtaposés et apicillaires.
Lorsque le bourgeon florifère est apicillaire, l'ovaire se montre émer-
gent. On avait cru reconnaître jusqu'ici que dans le cas où il est axillaire,
il était immergé Partant de là, la diagnose de la première tribu Melocacteœ
avait été formulée de la manière suivante : Ovaire inclus, lisse, fleurs
SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 185Û. 211
axillaires (Anhalonium, Pelecgphora, Mamillaria) : ou se développant sur
un Cephalium particulier (Melocactus).
Quelques observateurs ayant étudié avec soin les sections Glanduliferœ
et Àulacothelœ du genre Mamillaria, ont pense qu'elles devaient être sépa-
rées du genre, parce que, dans les espèces qui les composent, la baie est
émergente. Les uns ont proposé à tort de les réunir au genre Echinocactus,
les autres, MM. Demonville et le prince de Salin, ont pensé avec plus de
raison qu'elles doivent former un genre nouveau.
Désireux de faire reposer la formation de ce nouveau genre sur des ca-
ractères nettement établis, et de vérifier jusqu'à quel point le caractère
d'émergence de la baie que j'avais cru remarquer sur des Mamillaires ap-
partenant a d'autres groupes, était fondé, j'ai repris la série de ces groupes
un à un, et j'ai chercbé successivement sur plusieurs plantes de chacun
d'eux à reconnaître la réalité du caractère entrevu.
Pour cela, quand je l'ai pu, j'ai coupé les plantes suivant leur axe, de
manière a bien voir la position de l'ovaire, par rapport à la surface formée
par le prolongement des bases des mamelons ; d'autres fois, lorsque le
manque de double échantillon m'empêchait de sacrifier une plante, je cher-
chais, a l'aide du scalpel, à détacher les fleurs eu les coupant juste au ni-
veau de cette surface, au point où la surface du tube floral se sépare de
celle de la plante.
L'ovaire n'étant pas réduit à un point matériel, il y a des transitions
entre le cas où le sommet, c'est-à-dire le point où la base du style commu-
nique avec l'ovaire, se trouve au-dessous de la surface en question, c'est le
cas d'immersion complète ; et le cas où l'ovaire est exsert, ce qui est le cas
où tous les ovules se trouvent au-dessus de cette surface.
Chaque fois que la section montrait, outre la base du style, quelques-
uns des ovules contenus dans l'ovaire, j'ai regarde la baie comme émer-
gente; chaque fois, au contraire, où cette section coupait le style ou ne
montrait que sa base sans aucun ovule, j'ai regardé l'ovaire comme im-
mergé.
En procédant ainsi, j'ai reconnu que le caractère d'émergence était pro-
pre aux sections suivantes : Longimammœ, Crinitœ, Pohjacantiiœ, Serosœ
heterochlorœ, Centrispinœ, Angulosœ tetragonœ et macrothelce, Glanduli-
ferœ, et Aulacothelœ; que le caractère d'immersion est propre aux sections
suivantes: Setosœ leucacantltœ et chrysacanthœ, Stelligerœ, Cenlrispinœ,
Conothelœ, Angulosœ tetragonœ et polyedrœ, Phymatothelœ.
L'ensemble de ces observations se trouve consigne dans le tableau suivant
sur lequel je transcris les noms spécifiques des plantes sur lesquelles elles
ont été faites.
212
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DU FlUNCE.
Résumé des observations relatives à la note précédente.
NOMS DES SECTIONS NOMS SPÉCIFIQUES.
et
CROUPES DU GENRE. OVAIRE IMMERGÉ. OVAIRE ÉMERGENT.
Loi.gimamiiiic uberiformis, DC.
( multiceps, Engelm. ; pusilla,
Crinit;c < DC; Schelhasii, Pfr.;spino-
( sissima,Lera.; rosea, Galeot.
/bicolor, Lehm. ; acantho-
/ Leucacanthee . j plegma, Lehm.; crucigera,
\ Mart.; formosa, Schdw.
/curvispina, Monv.; hatnata,
Heterochlora? j Lehm.; ancistroides, Lem.;
\ Haageana, Pfr.
Setosa?.
rhodantha , LK. et Otto;
Stelligcra? .
Centrispin.e
Conothela?.
hodeocentra, Lem.
Vchrysacanthaî. •{' odieriana, Leni.
[gracilis, Pfr.; subcrocea,
( DC.
( simplex , Ilaw. ; Caracas- \
i sana, Otto )
fpolythele, Mart.; quadri-
< spina , Mart. ; dolicho-
( centra, Lem.
( uncinata , Zucc. ; Kar- c Caput médusa', Otto.; croci-
'I winskiana, Mart t data, Lem. ;Sempervivi,DC.
,■ xanthotricha, Scheidw.;
| polyedra, Mart.; anisa-
') cantha, Hort.; polygona,
^ Salm.
r magnimamma , Haw. ; arie-
] tina . Lem.; pentacantha ,
V Pfr.
Phymatolhela? Ludwigii, Ehrenb.
t macrothele , Mart. ; Leh-
* \ manni, Pfr.
rcornifera, DC; Elephanti-
t dens, Lem.
Angulosa?.
Tetragona\
Polycdra?.
.Macrotliela?.
Glanduliferœ
Aulacothcl;c.
La tribu des Melocacteœ renferme trois autres genres : le genre Meloeac-
tus et le genre Anhalonium u'ont pu être observés ; je manquais de plantes
les représentant. Quant au troisième, le genre Pelecyphora, mon observa-
tion ne me laisse aucun doute : dans la seule espèce connue en Kurope,
le Pelecyphora asclliformis, l'ovaire est immergé dans toute l'acception
du mot.
Il me semble résulter très nettement de ces observations que le genre
Mamillaria doit être partagé en deux genres, et pour cela j'avais tenté
un essai de classification de toute la tribu des Melocacteœ, dans laquelle
j'étais obligé de tenir compte du port et du mode de végétation des plantes,
lorsque M. Cels m'a annoncé un nombre considérable de plantes nouvelles
qu'il vient d'introduire en France, parmi lesquelles se trouvent quelques
Echinocactes offrant des caractères inobservés ou mal décrits. Comme je
pense que l'étude de ces plantes viendra confirmer quelques présomptions
qui me portaient à reviser les caractères des trois premiers groupes : Melo-
SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 185/j. 213
cacteœ, Echinocacteœ, Cereastreœ, je crois qu'il ne faut pas se hâter de mo-
difier ce qui a été fait, qu'il faut modifier le caractère de la première tribu
en substituant ovaire immergé ou émergent aux mots ovaire immergé dès
le principe, et. conserver ce .qui. a, été fait, comme un canevas sur lequel
viendront se ranger nos observations ultérieures, qui détermineront proba-
blement une nouvelle classification.
C'est l'étude dont je m'occupe et qui fera le sujet d'une prochaine note.
DE LA NÉCESSITÉ DE DISTINGUER DEUX SORTES D'OVAIRES, LES OVAIRES PLEINS
ET LES OVAIRES CREUX , par M. D. CLOS.
(Toulouse, août 1854.)
Les auteurs de traités généraux sur la Botanique professent que toujours
l'ovaire est creux au début, offrant une ou plusieurs loges; on s'est même
autorisé de ce caractère pour établir une distinction absolue entre les ovaires
et les arcbégones ou représentants d'ovaires chez les yEthéogames (1), ces
archégones étant toujours pleins à l'origine. Plusieurs faits s'élèvent contre
cette déduction, et prouvent que l'on doit admettre dans les Phanérogames
deux sortes d'ovaires: les ovaires primitivement creux, les ovaires primitive-
ment pleins ; mais il faut bien le reconnaître, ces derniers sont en très petit
nombre.
Dès 1839, M. Decaisne s'exprimait ainsi daus son très beau mémoire sur
le Gui, p. 22 : « Quelque soin, quelque délicatesse que l'on apporte dans la
dissection de l'ovaire, on le trouve toujours d'un tissu homogène et sans la
moindre apparence de cavité intérieure que l'on puisse comparer à une
loge. » (Voir aussi la planche II, fig. 3, qui accompagne ce mémoire.) En
1847, je constatais un fait analogue dans le genre Lepidoceras appartenant,
comme le Gui, à la famille des Loranthacées : Ovarium in flore juniore
oblongo-obconicum , lœve , farctum, rarius subexcavatum , exovulatum
(Flora Chilena, III, p. 163).
Le Rafflesia offre encore une disposition du même genre ; mais c'est une
plante si exceptionnelle, a tous égards, qu'on ne doit guère la faire entrer,
sous ce rapport, en ligne de compte. En ce qui concerne les deux Loran-
thacées précitées, on pouvait attribuer quelque part dans la production de
ce phénomène, à la soudure du calice avec l'ovaire. Mais cette objection ne
saurait s'appliquer au Flacourtia, dont les espèces ont l'ovaire parfaitement
libre, et cependant toujours plein à l'origine, se creusant bientôt de deux
(1) Il nous semble qu'aujourd'hui, grâce à la découverte d'organes sexuels et
d'une sorte de fécondation, chez la plupart des plantes appelées par Linné Cryp-
togames , le nom d\Ethéogames (c'est-à-dire à noces insolites), proposé par
Palisot de Beauvois, serait préférable au premier.
21/j SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
cercles de cavités superposées destinées à loger les ovules (1). Voilà donc
plusieurs cas bien avères d'ovaires pleins au début; cesovaires seraient-ils
de nature purement tigellaire? Cette question nous est suggérée par ce fait
que leurs parois ont une structure ^hificriimft:»pohît*<î^piêa#pe',1de,#néso-
carpeou d'endocarpe, mais bien un tissu continu. Cependant, chez plusieurs
espèces de Flacourtia,'\& formation des ovules semble imprimer aux parties
qui les environnent une activité vitale qui amène le développement de
nombieuses couches a l'intérieur des cellules, et les transforme en tissu
osseux.
Enfin, une troisième espèce d'ovaires intermédiaire, en quelque sorte,
entre les deux premières, est celle d'ovaires primitivement creux, et chez
lesquels l'endocarpe prend entre chaque ovule un développement plus ou
moins considérable, et leur forme ainsi de petites logettes. Les Lardizaba-
lées ont offert un bel exemple de ce phénomène à (VI. Decaisne qui en a si-
gnalé les diverses modifications [Arch. du Muséum, I, p. 176). La science
a du reste déjà enregistré plusieurs faits du même genre.
NOTE SUR UNE NOUVELLE ESPÈCE DU GENRE GALEOPSIS, par M. TIMB4L-LAGRAVE.
(Toulouse, 2 novembre 1854.)
Galeopsis Filholiana, 1\ob. — Plante annuelle ; tige de 1 à 2 décimètres,
ascendante dressée, non gonflée sous les nœuds, pubescente avec quelques
poils glanduleux sous lés rameaux; feuilles opposées, lancéolées, pubes-
centes ou hérissées, insensiblement atténuées en pétiole court, régulièrement
dentées aux trois quarts supérieurs, dents arrondies au sommet, décur-
rentes sur le limbe; feuilles florales comme les caulinaires, mais plus
étroites, réfléchies après l'anthèse; bractées linéaires-lancéolées, subulées,
épineuses, égalant le calice (au moins les extérieures) ; calice non visqueux,
à nervures saillantes, strié, couvert dans sa jeunesse de quelques poils ap-
pliqués et de poils plus longs terminés par une. glande noire, tube très
élargi à la gorge à la maturité, dents subulées, terminées par une épine
blanchâtre très longue, égales, si ce n'est l'inférieure qui est un peu plus
courte; corolle petite, hérissée et pubescente en dehors, tube droit, une
(1) Cette conformation de l'ovaire, bien que semblable en apparence à celle du
fruit (balauste) du Grenadier (Punica Granatum, L.), en diffère totalement quant
au mode de formation. Dans les deux, il y a sans doute un double rang de loges
superposées ; mais dans le Grenadier, d'après l'observation de M. Lindley [Nat.
syst, p. 44), confirmée depuis par MM. Le Maout, Payer, Lestiboudois, cette
organisalion résulte de l'existence primitive d'un double rang de carpelles dont
l'extérieur a chevauché sur le supérieur, tandis que le phénomène est tout autre,
on vient de le voir, dans les Flacourtia. Les fruits lomentacés, et ceux dans les-
quels se forment de fausses cloisons transversales, constituent un troisième ordre
de fruits à loges superposées.
SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1854. 215
fo;s plus long que le calice, à peine élargi a la gorge, lèvre supérieure con
cave entière, l'inférieure, étalée, a trois lobes chiffonnés et légèrement émar-
gées aux bords; graines ovales brunes ou grisâtres sombres, un peu cha-
grinées, à trois angles obtus ; fleurs et verticilles rapprochés, de moyenne
grandeur, d'un blanc jaunâtre, avec la lèvre supérieure bleutée.
Il habite les Pyrénées centrales a une grande hauteur. Il fleurit en sep-
tembre; je l'ai observé au Port de Venasque (Pyr. centr.).
Il diffère :
Du Galeopsis intermedia, Vili., par ses fleurs d'un blanc jaunâtre plus
petites, par la lèvre supérieure concave, par les calices couverts de poils
terminés par une glande noire, et dont le tube est élargi en entonnoir
après l'anthese, et les dents plus longuement subulées épineuses ; par ses
bractées plus étroites et plus longues; par ses feuilles insensiblement atté-
nuées en pétiole court, dentées a dents obtuses et décurrentes sur Je limbe;
enfin, par ses tiges ascendantes, très grêles ordinairement, ou devenant très
développées par exception.
Du G. dubia, Leers, par ses bractées égalant le calice; celui-ci n'est pas
couvert de poils mous appliqués, surtout après l'épanouissement des fleurs,
mais, au contraire, de quelques longs poils termines par une glande noire;
par les dents du calice plus longuement subulées épineuses a épines plus
longues; par sa corolle, moitié plus petite, d'un blanc sale, et non jaune ou
purpurine; enfin, par ses feuilles à peine hispidesou hérissées, et par leurs
nervures moins saillantes et glabres.
Le Galeopsis dubia, leers, est couvert dans toutes ses parties d'une vil-
losite abondante qui n'existe pas dans le G. Filholiana.
II emprunte au Galeopsis Tetrahit, L. , la forme du calice, et la gran-
deur de la corolle, mais les nervures du calice sont, dans notre plante, moins
prononcées; la couleur des fleurs est plus pâle; elle en diffère, en outre,
par tous les autres caractères, tirés des feuilles, des bractées, des tiges, du
faciès, du port, etc.
H a des rapports beaucoup plus éloignés avec les Galeopsis angustifolia,
Ehrh.; canescens, Schultz; pyrenaica, Barn.
Les «raines du Galeopsis Filholiana, Nob., entraînées par la fonte des
neiges et les pluies, descendent dans les vallées où quelques-unes lèvent;
les individus qui proviennent de ces graines prennent un plus grand déve-
loppement; leur tige s'élève de 2 à h décimètres, elle est ascendante dressée,
forme une espèce de panicule régulière; les rameaux sont opposés, axil-
laires, ceux du bas de la tige sont plus longs; enfin, l'axe central est ter-
miné par deux verticilles de fleurs rapprochés ; les autres caractères ne
changent pas. Dans cet état, le port et le faciès de cette plante sont tout à
fait changés; on dirait a priori une autre espèce; mais l'étude des carac-
tères essentiels ne laisse aucun doute sur leur identité.
216 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANGE.
Je l'ai trouvé ainsi aux bords des torrents devant l'hospice de Luchon et
an ruisseau qui vient de la cascade des Demoiselles dans la vallée de Vé-
nasque près Bagnères de Luchon.
Je dédie cette curieuse espèce à mon savant ami M. le professeur Filhol
qui a trouvé cette plante avec moi en septembre 18/i9, et dans la localité
où je l'ai récoltée cette année 185/t.
Cette note est accompagnée de quelques échantillons desséchés
quî sont présentés à la Société.
M. Gay fait remarquer qu'il est très surprenant que cette plante
se trouve sur les pelouses des montagnes , ainsi que l'indique
M. Timbal-Lagrave. Quant à lui, il n'a jamais vu de Galcopsis que
dans des lieux cultivés ou dont la terre avait été remuée depuis peu.
M. Cosson ajoute que l'apparition des Galcopsis aux environs de
l'hospice de Luchon et du port de Vénasque résulte probablement de
l'existence d'une habitation à la première de ces localités et du
passage fréquent des voyageurs.
Une lettre de M. V. Marulaz, de Toul (10 août 1854) fait con-
naître les résultats d'un calcul auquel il s'est livré, pour rechercher
quelle serait la quantité de bois que pourrait produire le Welling-
tonia giganlca (1).
Voici ces résultats :
1° Un Wellingtonia de 100 mètres de hauteur peut, avec toutes les
branches qu'on est en droit de lui supposer, produire &,/u>0 stères de bois,
tandis que les plus grands arbres de nos forets ne fournissent que 6 à
7 stères.
2e Dans une forêt où les Wellingtonia seraient distribués d'une manière
régulière et la plus avantageuse à la production, l'espace que chacun occu-
perait étant d'environ 20 à 22 mètres de diamètre, il en pourrait tenir
23 sur l'étendue d'un hectare, et cet hectare produirait alors 102,350 stères
de bois, représentant pour nous une valeur de plus d'un million de francs.
Une lettre de M. Miergues, d'Anduze (1er septembre 1854), rend
compte des usages auxquels on emploie le Paliurus aculeatus dans
le département du Gard.
Cet arbrisseau, dit M. Miergues, croit dans nos terrains calcaires, et plus
particulièrement dans le calcaire oxibrdien et les alluvions d'eau douce ; je
ne l'ai jamais rencontré dans les terrains granitiques ni dans le trias. — Nos
(1) Voy., au sujet de cet arbre gigantesque, le Bulletin, p. 39 et 71,
SÉANCE HU 10 NOVEMBRE 185/j. 217
agriculteurs le plantent et le taillent en haies. Ses tiges les plus droites,
séchées avec l'écorce, polies et vernies, fournissent des cannes très solides.
On suspend les branches sous des hangars pour faire sécher des figues en
les accrochant à leurs aiguillons. La décoction du fruit écrasé est d'une
grande efficacité contre les diarrhées chroniques. Je me sers depuis long-
temps des graines de Paliure pour le pansement des cautères. Ces graines
n'ont presque jamais besoin d'être renouvelées et entretiennent, pendant
plusieurs années , une suppuration suffisante.
M. Weddell fait à la Société une communication dont voici le
résumé :
SUR LES CYSTOLITHES OU CONCRÉTIONS CALCAIRES DES URTICÉES ET D'AUTRES PLANTES,
yar M. AVEUHELL.
Les feuilles de la plupart des Urticées, celles de nos Pariétaires, par
exemple, examinées à la loupe, offrent une ponctuation assez analogue à celle
des feuilles du Millepertuis, des Myrtes et de beaucoup d'autres végétaux.
Mais, chez ceux-ci, la transparence est due aux glandes dont le tissu des
feuilles est parsemé ; tandis que chez les Urticées, elle est causée par la pré-
sence, dans certaines cellules très développées de l'epiderme, de corpuscules
globuleux oblongs ou linéaires, d'apparence cristalline, qui ont déplacé des
portions plus opaques du parenchyme. Ce sont ces corps, étudiés successive-
ment par MM. Meyen, Payen, Schleiden et Scbacbt, auxquels M. Weddell
donna, il y a quelques années, le nom de cystolithes (1), voulant ainsi les
distinguer de toutes les autres sécrétions minérales des tissus végétaux et,
en particulier, des cristaux proprement dits (raphides et autres), avec les-
quels ces corps ont été surtout, et bien à tort, confondus.
Le développement des cystolithes sur un pédicule homogène , formé de
cellulose pure et né de la paroi des cellules dans lesquelles ils se développent,
leur composition mixte de cellulose et de carbonate de chaux déposés sous
forme de couches concentriques, enfin leur présence constante et presque
générale dans certaines familles de plantes (Urticées et Acanthacées), suf-
fisent pour les caractériser. Pour faire ressortir l'utilité qu'il y a à les
désigner d'une manière plus claire qu'on ne le fait en général , il suffit
de citer le rôle assez important qu'ils jouent dans la physionomie des
végétaux où ils se rencontrent, surtout quand ceux-ci ont été desséchés
pour être placés dans nos herbiers. Par la dessiccation, les cystolithes sont,
en effet, comme rejetés au dehors, grâce au retrait du tissu environnant,
et apparaissent à la surface des organes sous forme de petits corps blan-
châtres, saillants, ponctiformes ou plus ou moins allongés, et souvent tout
(1) De fcû<m« et Xîfloç (pierre développée dans une vésicule).
•2\a SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
à t'ait linéaires, simulant, dans ce dernier cas, si exactement des poils adnés
que c'est comme tels qu'ils ont été décrits par la plupart des botanistes qui
ont eu occasion d'en faire mention.
La l'orme linéaire ou oblongue des cystolithes est très rare dans les Urti-
cées d'Europe; il n'y a guère que la petite Pariétaire de Corse (Helxine
Soleïrolii, Keq.), où elle se présente. Toutes les autres Pariétaires et presque
toutes les Orties ont des cystolithes plus ou moins globuleux qui se montrent
sur la plante desséchée, sous forme de simples points élevés.
Sous le rapport de leur structure générale, on serait presque tenté dédire
aussi de leur rôle physiologique , ces singuliers corpuscules sont com-
parables aux calculs vesicaux des animaux. Certains cystolithes des Fi-
guiers, vus au microscope, ressemblent, presque à s'y méprendre, aux
calculs muraux de la vessie humaine.
M. Trécul fait remarquer que dans les Ruellia les feuilles pré-
sentent souvent des taches blanches qui sont peut-être dues au sou-
lèvement de l'épiderme par des cystolithes.
M. Planchon fait à la Société la communication suivante :
SUR LA VÉGÉTATION SPÉCIALE DES D0L0MIES DANS LES DÉPARTEMENTS DU GARD
ET DE L'HÉRAULT, par M. J.-E. PLANCHON.
ha corrélation intime entre la nature du sol et celle des végétaux qu'il
nourrit ne saurait être méconnue. C'est une vérité de toute évidence poul-
ie botaniste a qui les plantes de la campagne sont familières, vérité nette-
ment formulée dans le code immortel de notre science, le Philosophia bota-
nica de Linné :
« Dignoscitur sic ex sola inspectione plantarum subjecta terra et solum.»
Linné, op. cit., § 33i.
Mais, a quel titre le terrain influe-t-il sur la végétation? Est-ce mécani-
quement, en quelque sorte, par son état spécial d'agrégation et de capa-
cité pour les liquides? Est-ce par la nature des éléments mineralogiques ou
chimiques dont il se compose? Est-ce par sa position relative dans l'échelle
des formations géologiques? Serait-ce, enfin, par toutes ces causes diver-
sement combinées?
Ici des opinions contraires se produisent sous l'autorité des noms les plus
justement respectés : Pour la théorie de l'action exclusivement ou principa-
lement mécanique, Davy, De Candolle, Wahleuberg, Watson, et plus ré-
cemment l'auteur de Y Essai de Phytostatique appliquée à la chaîne de Jura,
M. Thurmann. qui, par l'importance et le mérite de son œuvre, représente
surtout cette première théorie.
Pour la théorie opposée, les autorités sont bien plus nombreuses et la
SÉANCE DU JO NOVEMBRE 1854. 219
plupart non moins graves : Théodore de Saussure, Karl Sprengel, parmi
les chimistes; de Caumont, Nérée Boubée, ejitre les géologues; Bose,
Puvis, de Gasparin, de Tristan, parmi nos savants agronomes ; une foule
de botanistes, telsque Link, de Brébisson, Unger, Grisebach, Schnizlein et
Frickhinger, Bogenhard, Boreau, Dunal, Ch. Desmoulins, Al. Jordan, Go-
dron, Lecoq et Lamotte, Lecoq (dans ses Études de géographie botanique
de l'Europe), et pour citer un livre remarquable où se résume l'expression
de cette seconde opinion, l'ouvrage de M. 0. Sendtner, intitule: Die Végé-
tations Verkaeltnisse Sùdbayerns (Mùnchen, 185ft, in-8°).
INous laisserons de côte la troisième théorie, celle .qui regarderait surtout
a l'âge ou a la position géologique des terrains; car, jusqu'ici tout semble
prouver que les diversités de ce genre ne se traduisent sur la végétation
qu'en raison de la nature minéralogique des formations dans un espace
donné, nature essentiellement variable pour des formations du même
ordre.
Restent donc en présence la théorie de l'action minéralogique et celle de
l'action mécanique des terrains, théories inexactes l'une et l'antre, tant
qu'elles restent trop exclusives, et qui gagnent à se faire des concessions
mutuelles, ce qu'elles ont fait, du reste, chez la plupart des auteurs que
nous avons cites dans les deux camps.
De part et d'autre, en effet, on reconnaît l'influence mécanique et l'in-
fluence minéralogique du sol comme deux facteurs nécessaires dans l'ap-
préciation du problème très complexe de ia dispersion des végétaux sur le
globe. On sait que l'état d'agrégation des terrains est le plus souvent lié à
la nature minéralogique des éléments qui les constituent. De là, très sou-
vent, l'identité des résultats dans l'application de principes en apparence
opposés : de la cette facilite avec laquelle M. Thurmann a pu trouver
dans les ouvrages mêmes de ses adversaires des exemples à l'appui de sa
théorie.
Est-ce à dire néanmoins que les deux causes, minéralogique et mécani-
que, aient une importance égale? I. 'influence minéralogique n'est-elle pas
en somme prépondérante? L'affirmative me parait ressortir évidemment
de l'ensemble des faits publies, autant que de mes observations personnelles
sur la végétation de divers points de l'Europe, et notamment sur la flore
des départements du Gard et de l'Hérault.
Mais, pour donner a cette opinion son caractère de vérité, il faut aussi
lui donner une mesure : ne distinguer qu'un petit nombre de terrains à vé-
gétation spéciale, indiquer avec prudence les plantes caractéristiques de
chaque terrain ; ne pas vouloir étendre, sans preuves, à de grands espaces
des observations faites dans une région bornée; admettre un grand nombre
de plantes, comme étant communes aux terrains les plus opposés; enfin, ne
pas juger sur de simples apparences la nature minéralogique d'un terrain
220 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
donné, surtout lorsque ce terrain présente, clans sa végétation, des ca-
ractères inconciliables avec la constitution qu'on lui supposerait à pre-
mière vue.
C'est par des erreurs de ce dernier genre que les adversaires de la théorie
minéralogique ont cru pouvoir y signaler de flagrantes contradictions : c'est
en dévoilant ces erreurs, en ramenant à la loi normale des exceptions appa-
rentes, que M. Bogenhard et M. Dunal , entre autres, ont porté le coup le
plus décisif à la théorie mécanique.
Qu'il me soit permis de citer à cette occasion les faits piquants rapportés
dans un travail trop peu connu de M. Dunal (1).
On avait dit (c'est DeCandolle, je crois), que le Châtaignier, arbre essen-
tiellement caractéristique de la silice, croissait pourtant en plein calcaire,
dans le voisinage de Saint-Guilhem-le-T)ésert, localité très remarquable au
point de vue archéologique et pittoresque, située sur les bords de l'Hérault,
à peu de distance de Montpellier. Frappé de cette prétendue exception
aux faits connus, M. Dunal veut se rendre compte du phénomène et de ses
causes. H se transporte sur les lieux , en compagnie de deux excellents
géologues, MM. Émilien Dumas et de Rouville. Le Châtaignier, en effet, ap-
paraît, bien peu florissant du reste , sur un point restreint de la formation
oolithique. Mais dans le calcaire compacte qui forme le fond de ce terrain,
nos observateurs reconnaissent aisément la présence de petits nodules sili-
ceux, enclavés dans la pierre même, et dont l'effet, à peu près nul, pour
modifier l'état physique du terratn, se trahissait néanmoins par la produc-
tion d'une plante spéciale à la silice.
Des observations analogues, pour lesquelles je renvoie au Mémoire de
M. Dunal, expliquent aussi la localisation de certaines plantes de la flore
des environs immédiats de Montpellier, sur des points où le calcaire tertiaire
est simplement couvert à sa surface, soit des galets siliceux du diluvium
alpin, soit des débris de poudingues, en partie formés de petits cailloux de
quartz.
Si l'on fait abstraction des terrains imprégnés de sei marin ou croissent
des plantes si spéciales, des terrains imprégnés de nitrates ou de suhstances
ammoniacales, dans lesquels prospèrent les végétaux appelées rudcrales ;
si l'on retranche encore la tourbe et l'humus dont les matières organiques
forment la base; si l'on néglige comme éléments probablement très secon-
daires dans leur action, de nombreux corps métalliques (1), ou autres peu
(1) Mémoires de l'Académie des sciences et lettres de Montpellier, I8/18,
p. 173.
(2) Il serait, à la rigueur, possible que le fer, en raison de son abondance dans
certains terrains, et de son action bien connue sur les végétaux, déterminât sur
quelques points la présence de plantes particulières. C'est ce que ferait soupçonner
une intéressante observation d'Auguste de Saint-Hilaire. D'après ce savant voya-
SÉANCE DU 10 NOVEMBRE J 8 5 /| . ^'21
répandus clans la nature, et dont l'influence sur la végétation ne saurait
s'étendre au loin, il ne reste que les éléments terreux par excellence, la
chaux, la silice, l'alumine et la magnésie
Jusqu'à ce jour, c'est entre les terrains à base calcaire et ceux à base sili-
ceuse (granits, gneiss, micaschistes, schistes talqueux, etc.), qu'on a surtout
reconnu des différences notables, quant à la végétation. C'est la double di-
vision admise par le plus grand nombre d'auteurs dans le classement des
terres à ce point de vue spécial. L'alumine, a l'état d'argile, est entrée en
ligne décompte, dans certains de ces travaux, mais sans que nous puissions
jusqu'ici bien reconnaître si l'influence de cet agent esl surtout chimique
ou mécanique (1).
Quel est le rôle du quatrième élément terreux, de la magnésie? Là-des-
sus nous ne trouvons aucun renseignement positif*. Le reproche vague fait
par divers agronomes à l'influence pernicieuse de la magnésie, dans les
terrains où cette substance se rencontre, ce reproche exagéré, si nous en
croyons les observations récentes citées par M. de Gasparin (terrains agri-
coles), ne regarde qu'un petit nombre de végétaux de grande culture.
Quant à l'action de la magnésie sur la végétation spontanée, je ne l'ai vue
geur et botaniste, les Remijia, qui sont les Quinquinas du Brésil, ne se trouve-
raient que dans les localités de ce pays où le 1er existe en proportion notable dans
le sol. Il serait bien curieux de vérifier si le fait est général pour toutes les espèces
de Remijia 'celles de la Guyane et de la Nouvelle-Grenade, aussi bien que celles
du Brésil), et de voir si c'est en réalité le fer auquel on doit attribuer la coïncidence
signalée par Aug. de Saint-Hilaire.
(1) Voici comment MM. Schnizlein et Frickhinger (cités et suivis par M. Bo-
genhard et par M. Sendtner) classent les plantes de leur région (bassins du Woernitz
et de l'Altmiïhl en Bavière) suivant leur rapport avec la nature minéralogique du
sol :
1. Plantes qui appartiennent principalement aux sols riches en calcaire.
(Kalkzeiger = Kz.)
2. Plantes qui aiment la chaux, sans que cette substance forme l'élément prin-
cipal du sol. (Kalkdeuter = Kd.)
3. Plantes dont le sol est siliceux (généralement quartz), avec quelque mélange
de soude, potasse, chaux, magnésie, oxyde de fer, alumine et acide phosphorique.
(KlESELZEIGER — Kl'Z.)
h, Plantes qui demandent au moins un peu de silice, subordonnée à d'autres
éléments, dans le sol où elles végètent. (Kieseldecter = Kid.)
5. Plantes qui demandent un sol tenace de nature argileuse.
(THOXDEL'TENnE = Td.)
6. Plantes qui aiment une terre végétale riche, tendre et humide.
(HlMUSDEUTENDE ~ Hd.)
7. Plantes qui viennent indifféremment sur le calcaire, la silice et l'argile.
(BODENSCHWAMK = ScllW.)
T. I. 15
222 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
jusqu'ici spécialement signalée dans aucun ouvrage de botanique (1). C'est
à combler, en partie, cette lacune, à diriger sur cette question inexplorée
l'attention des observateurs, que cette note est principalement destinée.
Mes remarques, du reste, porteront, non pas sur la magnésie isolée, mais
bien sur la combinaison naturelle de cette base avec la cbaux et l'acide
carbonique, sous la forme de carbonate double de chaux et de magnésie,
autrement dit de calcaire magnésien ou dolomie.
Très répandue dans les calcaires jurassiques, soit oolithiques, soit oxfor-
diens, soit coralliens des départements du Gard et de l'Hérault, la dolomie
s'y présente en masses isolées, plus souvent en longues traînées formant des
crêtes saillantes, des remparts irrégulièrement crénelés, occupant le flanc
ouïe faite des montagnes, particulièrement au pourtour des grands plateaux
calcaires appelés coasses. L'aspect noirâtre de la roche et les formes de
pyramides, de menhirs naturels, qu'elle prend d'ordinaire en se délitant au
contact de l'air, la font reconnaître de très loin, et lui donnent un rôle très
important dans le paysage de la contrée. Beaucoup de ces masses rocheuses
déchiquetées portent même dans l'idiome languedocien des noms expres-
sifs de leur forme, tels que Rouquets (petits rochers), Capoaladous (petites
têtes?), Poatotos (poupées). On les désigne en quelques endroits sous le
nom de Roc bru (roc brun) par allusion à leur couleur.
Ces masses dolomitiques sont , du reste, toujours un accident dans l'en-
semble de la formation calcaire qui les renferme. Interrompues sur bien
des points, elles forment souvent des ilôts au milieu des calcaires purs et
parfois au sommet d' des calcaires enclavées dans le terrain talqueux de transi-
tion. Cette circonstance est très favorable pour eu dévoiler l'influence sur
la végétation dont elle se pare.
Le botaniste qui visite ces roches dolomitiques sur des points souvent très
espacés, dans les départements du Gard et de l'Hérault, de la Lozère et de
l'Aveyron, ne tarde pas à voir reparaître, juste dans les stations spéciales,
certaines plantes qui manquent aux calcaires purs, aussi bien qu'aux ter-
rains siliceux. Il suffit parfois de quelques fragments de dolomie, répandue
sur du calcaire ordinaire, pour déterminer la présence de ces espèces. Tel
est surtout le cas pour YArenaria hispida, Y JEthionema saxatile, VArenaria
tetraquetra (aggreyata) et le Kernera saxatilis.
Dans la région qui nous occupe, ces plantes sont aussi spéciales à la do-
lomie que le Châtaignier, la Digitale pourprée, Y Anarrhinum bellidifoliam,
le Sarotkamnus scoparius , YAdenocarpus cebennensis, et bien d'autres en-
core le sont aux terrains siliceux.
Les espèces suivantes viennent aussi toujours sur les rochers dolomitiques
(1) Sauf une observation de M. Dunal {Mém, cit.) relative au Buplevrum fruti-
cosum. (En extrait dans le journal l'Institut, 1848.)
SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 185/|. 223
en question , mais je n'oserais les indiquer avec la même certitude comme
caractéristiques deladoiomie: les unes parce qu'elles sont moins répandues
sur des points différents, les autres, parce que se trouvant très loin en dehors
de nos départements méridionaux, elles pourraient bien habiter ailleurs des
terrains non magnésiens.
Daphne alpina, charmant arbuste , nullement alpin comme semblerait
l'indiquer son nom, observé dans les rochers dolomitiques de l'Hérault, du
Gard et de la Lozère.
Rhamnus alpinus, presque toujours associé au précédent, et tout aussi
peu alpin que lui, dans notre région,
Buplevrum fruticosum. Dans la dolomie , près de Gignac et de Saint-
Guilhem-le-Désert, sur le cours inférieur de l'Hérault, dans une région
moins élevée que les deux arbustes précédents. M. Dunal, qui a le premier
signalé la prédilection de cette espèce pour les terrains magnésiens, l'indique
à la fois dans les dolomies oolithiques des bords de l'Hérault, dans les do-
lomies oxfordiennes de la montagne de Cette, sur les roches lacustres de
Montredon près de Sommières, et sur d'autres roches de nature diverse,
mais qui sont toutes plus ou moins magnésiennes (1).
Globularia Alypum. Entre la localité dite Capouladous etSaint-Guilhem-
le-Désert, sur le cours inférieur de l'Hérault. Aussi dans le bois de Salbous,
près de Campestre (département du Gard), toujours dans la dolomie.
Draba aizoides. Bois de Salbous, sur les rochers dolomitiques, et pas
ailleurs à ma connaissance, dans la région que j'étudie.
Iberis saxatilis. Dolomies , près de Ganges (Hérault), sur un seul point
dit las Poutotos.
POTENTILLA CAULESCENS, AqUILEGIA VISCOSA, PhYTEUMA SCHEUCHZERI,
Hieracium amplexicaule. Quatre plantes, généralement associées, croissant
dans les fissures des rochers dolomitiques coupés à pics. Je ne voudrais
nullement garantir qu'elles ne viennent pas sur d'autres rochers, hors de la
région à laquelle se borne cette étude.
Chrysanthemum graminifolium. Dolomies du Gard, de l'Hérault, de la
Lozère.
Hieracium saxatile. Rare dans notre région. Observé sur le pic d'An-
geau (Gard), près de Saint- Laurent-le-Minier.
Campanula speciosa. Magnifique plante, toujours observée sur les escar-
pements dolomitiques de l'Hérault et du Gard.
Erinus alpinus. Bords du Vis, au-dessus de Saint-Laureut-le-Miuier.
Apparaît avec les premières traces de dolomie. Croit peut-être sur d'autres
roches delà région ici étudiée.
(1) Nous citons ceci d'après l'analyse du travail, publiée dans le journal l'Insti-
tut, faute d'avoir pu consulter le mémoire original.
224 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Athamaintha cretensis. Sur les dolomies du voisinage de Meyrueis
(Lozère), associé au Saxifraga pubescens , qui se retrouve sur le cal-
caire oxfordien pur (?), au sommet du pic de Saint-Loup, près de Mont-
pellier.
Sedum anopetalom. Sur beaucoup de points clans la dolomie. Je l'ai
vu pourtant près du Vigan, sur des calcaires anciens, renfermant de la
silice, et peut être de la magnésie, ce qui reste à vérifier. M. Dunal croit se
rappeler avoir vu la même plante ailleurs que sur la dolomie, sur quelques
points de la limite de la légion de l'Olivier, dans nos départements méridio-
naux.
Aster alpinus. En général sur la dolomie, dans la région ici étudiée.
M. Schiraper me dit l'avoir vu ailleurs dans du calcaire arénacé (de quelle
nature?).
Poa aepina, var. badensis. Dolomies de Saint-.Tean-de-Bruel. C'est la
cinquième plante, dans cette liste, qui porte à tort le nom d'alpine. Il y en
a quatre dans le nombre qui portent l'épithète saxatilis ou saxatile, ce qui
se conçoit mieux, si l'on considère la station qu'elles occupent.
Pikus Salzmanm, Dunal. Cette intéressante espèce, peut-être particu-
lière aux basses Cévennes, forme une grande forêt sur les hauteurs de la
rive droite de l'Hérault, qui dominent Saint-Guilhem. Je ne l'ai vue là que
dans le terrain dolomitique, qui s'y trouve fort développé. Les hauteurs de
la Sérane, dont les montagnes où croit le pin ne sont que des contreforts ou
des chaînons latéraux, sont constituées par de l'oxfordien pur, ne formant
pas, comme la dolomie, un sable léger et pailleté, mais compacte, dur, et
entremêle de terre forte colorée en rouge par de l'oxyde de fer hydraté.
M. Lecoq {Géograpk. bot., 1, p. 400) indique apparemment la même
plante sous le nom de P. pyrenaica, Lap., sur les grèshouillersdu Bessège,
près de Saint-Ambroix. Je regrette de ne pas avoir visité cette localité,
pour reconnaître et la plante et la nature chimique du terrain.
Lavaxdula vera. Observé sur trois points assez éloignés de l'Hérault et
du Caïd, toujours dans la dolomie. Le Lavandula Spica croit d'ordinaire
isole du vera sur le calcaire pur. J'ai pourtant vu les deux espèces entre-
mêlées dans le terrain dolomitique du pic d'Angeau (Gard).
Le Lavandula Stœchas est une plante de la région chaude de la flore de
Montpellier, qui vient toujours dans les terrains dont le fond calcaire est
mêlé d'éléments siliceux (galets, graviers de quartz).
Pimpixella Tragium,Poa serotina. Ajoutés à cette liste des plantes de
la dolomie, sur la foi de mon savant maitre, M. Dunal, que je dois associer
a ce travail pour tout ce qu'il peut renfermer d'exact.
Quelques faits encore trop incomplètement observés me portent à croire
que, dans certains cas, des plantes abondantes dans les terrains siliceux et
manquant absolument aux calcaires purs, peuvent se rencontrer çà et la dans
SEANCE DU 10 NOVEMBRE 1854. 225
la dolomie. C'est ainsi que j'ai vu sur le monticule dolomitique de Fressac,
dans le département du Gard, le Cistus salvifolius, espèce d'ordinaire très
caractéristique de la silice.
Les observations qui précèdent, fruit de longues et nombreuses herbori-
sations dans la région des Cévennes, aussi bien que dans le rayon de la
ilore de Montpellier, pourraient, je l'ai déjà dit, ne pas se trouver parfaite-
ment applicables à d'autres contrées. Cette réserve faite, j'ai d'autant plus lieu
d'en garantir l'exactitude relative , que je puis les appuyer, en grande
partie, sur l'autorité de M. Dunal , et sur les recherches aussi intelligentes
qu'actives des aimables compagnons de mes promenades botaniques, M. le
Dr Diomède Tuskiewicz, M. Louis de Montesquiou, M. Léon Mares,
M. Jules de Seynes, M. Armand Sabatier et mon frère M. Gustave Planchon.
31. le comte Jaubert donne lecture de la notice suivante :
NOTICE SUR LA VIE ET LES TRAVAUX DE BOIVIN, par M. le comte JAUBERT.
Un botaniste d'un mérite reconnu, mais qui n'a presque rien publié, qui
a mené une vie laborieusement obscure et qui est mort prématurément,
d'un caractère honorable, mais dont la bizarrerie a découragé la plupart de
ses protecteurs, pourrait sans doute avoir laissé des regrets dans le souvenir
de quelques amis, comme des personnes qui avaient fondé sur lui désespé-
rances dans l'intérêt de leurs communes études, et, cependant ne pas fournir
à un éloge public des matériaux suffisants. Toutefois si, animé d'une ardeur
incessante de savoir, il y a sacrifié ses modestes ressources et la perspective
d'une carrière lucrative, s'il a supporté avec dignité les plus dures priva-
tions , et enfin exécuté dans des contrées lointaines de longs voyages dont
les résultats sont acquis à la Botanique ; si au retour et en mettant le pied
sur la terre natale, il a péri épuisé de fatigue, certes il aura bien mérité de
la science, et son nom devra être sauvé de l'oubli.
Boivin (Louis-Hyacinthe) est né à Compiegne (Oise) , le 27 août 1808.
Son père avait en 1804 épousé à Paris, où il était pharmacien de l'hôpital
de la Charité , la fille de M. Richard , médecin à Compiegne , à la clientèle
duquel il succéda en venant s'établir dans cette dernière ville : il y est
mort en 1812 , laissant trois enfants. Louis-Hyacinthe Boivin était le plus
jeune et n'avait guère plus de seize ans lorsqu'il perdit sa mère. Elle l'avait,
la veille de sa mort, émancipé ainsi que sa soeur a l'effet de gérer leur
petite fortune, avec un frère aine entré, en 1822, a l'école d'architecture de
Paris. L'éducation classique de Boivin était à peine terminée; destiné par
ses parents à la carrière médicale, il prit sa première inscription à la fin de
1826, et successivement toutes celles des deux années suivantes; mais à
partir de 1828 elles deviennent plus rares , et il finit par les abandonner,
226 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
non pas qu'il eût, comme tant d'autres étudiants, cédé au goût de la dissi-
pation, mais c'est qu'une autre vocation s'était déclarée chez lui dès les
premiers temps de son séjour à Paris. La médecine avait cédé le pas à la
botanique. Boiviu était dominé par le charme irrésistible que l'étude des
plantes exerce sur les âmes qui lui sont comme prédestinées. Il avait déjà
fréquenté assidûment le Jardin des Plantes, entendu les dernières leçons de
Desfontaines, notre maître à tous, suivi les premières herborisations d'Adrien
deJussieu, compulse les collections si libéralement ouvertes par l'Etat, par
Benjamin Delessert, par Webb, à quiconque témoigne le désir de s'instruire ;
et sur cette pente si douce il perdait de vue l'état qu'il aurait dû se préparer
dans le monde. Peut-être se sentait-il, lui aussi, assez de capacité pour se
faire dans la botanique une position sinon avantageuse , du moins qui pût
suffire à ses modestes besoins. Il vivait dans sa mansarde, avec une stricte
économie, mais il n'en commençait pas moins a épuiser son mince capital :
les livres, le papier gris, les moyens de locomotion indispensables pour at-
teindre les centres d'herborisation et çà et là quelques achats de plantes aux-
quels on ne peut résister, tout cela est presque du luxe pour qui a besoin de
gagner, et c'est pourtant le nécessaire pour l'élève studieux. Boivin trouvait
encore au fond de sa bourse de quoi obliger un ami plus pauvre que lui :
ce fait, dont nous avons trouvé la trace dans ses papiers , donne un intérêt
touchant aux commencements de ce jeune homme, livré tout entier aux
plaisirs purs de l'intelligence et trop peu soucieux de l'avenir. Vainement
un de ceux qu'il avait si généreusement obligés et qui depuis s'est l'ait un
nom dans l'art de guérir, lui écrivait-il dès le mois de juin 1828 :
« Je ne sais pas si vous vous occupez toujours de botanique à mort ; mais
» je vous conseille de faire comme moi, de mettre tous les projets ambitieux
» de côté et de vous faire recevoir le plus promptement possible pour aller
» exercer dans une petite ville ou même un village. Si vous vous étiez autant
» occupé de médecine que de botanique , depuis que vous prenez des in-
» scriptions, je suis sûr que dans la position de votre frère, vous pourriez
» déjà commencer une bonne clientèle, qui vaut mieux qu'un herbier. »
Vers 1830, Boivin, étranger aux vaines préoccupations dont la jeunesse
était alors agitée, était allé visiter dans la Lozère son frère alors architecte
de ce département, et leur sœur qui s'était retirée auprès de l'aîné de la
famille. A cette époque, existait a Mende un de ces botanistes excellents
qui ont tant contribué aux progrès de la flore française, un de ces hommes
aussi modestes que savants, qui n'ont pas recherché la célébrité et qu'elle
est allée trouver dans leur retraite, dont la maison était toujours ouverte au
naturaliste en tournée , hospitalité cordiale dont nous avous éprouvé les
charmes dans notre jeunesse ; aimables patrons des débutants , prodigues
pour eux de leur temps et de leurs conseils, généreux distributeurs de leurs
récoltes, correspondants infatigables : tel est encore et depuis plus de qua-
SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 185Z|. 227
ranteans le vénérable M. Mougeot dans les Vosges; tel était dans le midi
Requien , bienfaiteur si mal récompensé de sa ville natale ; tel aux débuts
de Boivin était M. Prost, à Mende , qui consacrait à la botanique ce que
pouvait lui laisser de loisirs la place de directeur des postes. M. Prost ac-
cueillit Boivin avec empressement, lui fit les honneurs de ses montagnes
qu'il connaissait si bien, lui fit part de ses découvertes, l'initia à l'étude de
la cryptogamie, qu'à l'exemple de son ami, M. Mougeot, il cultivait avec un
grand succès. Le temps passé de cette manière au sein de la famille, auprès
de M. Prost, fut sans doute le plus beureux de la vie de Boivin.
Il s'était fait aimer et estimer à Mende : de retour a Paris, il resta tou-
jours en relation avec M. Prost, il lui rendait avec zèle et exactitude les
services qui dépendaient de lui ; il lui fournissait des plantes, achetait pour
lui des livres, lui transmettait une foule de renseignements utiles. Les
lettres de M. Prost, en même temps qu'elles témoignent des bonnes qualités
de Boivin, signalent chez lui un défaut qui deviendra plus tard une véritable
infirmité et qui lui sera fatal. C'était une incroyable répugnance à écrire ;
non pas que l'instruction lui manquât ; quand il le voulait , il écrivait pu-
rement et même avec une certaine élégance; mais il s'y décidait rarement.
Dans une lettre où M. Prost lui rendait compte d'une excursion sur les
bords du Tarn, on lit : « Bépondons à la charmante lettre que vous
» m'avez écrite. Comment avez-vous fait pour mettre la plume à la main ?
» Sommes-nous au temps des miracles? » Notons, en passant, qu'il est
question dans cette lettre d'un autre botaniste déjà connu par de bons tra-
vaux, mais dont M. Prost déplorait dès lors les tendances politiques, en
s'écriant : « Ne ferait-il pas mieux de continuer ses observations sur les
» Graminées? » — A une autre époque, nous avons entendu M. de Mirbel
nous dire sur lui-même : « Quand on s'est accoutumé aux liqueurs fortes,
» on a de la peine à se remettre au régime du laitage. » Et pourtant il ne
s'agissait cette fois que d'une politique honnête et régulière, qui, heureu-
sement pour M. de Mirbel et pour la science, ne l'a détourné que pendant
un temps assez court de sa brillante carrière.
Pendant que d'autres désertaient la botanique , Boivin y avait fait de
notables progrès. Il commençait à être recherché par plusieurs savants :
le cryptogamiste Persoon était entré en rapport avec le jeune élève de
M. Prost, et l'avait jugé assez instruit, assez bien pourvu pour lui remettre
son desiderata. Plus tard, M. Webb proposa à Boivin des fonctions pour
lesquelles il lui avait reconnu une véritable aptitude, celles de conservateur
de ce magnifique herbier qui, à notre grand regret, sera bientôt perdu pour
Paris. Nous ignorons pourquoi cette proposition si convenable ne fut pas
acceptée. Toujours est-il que venant d'un homme tel que M. Webb, elle
constituait un précieux certificat de capacité. Le refus de Boivin n'altéra
nullement ses rapports avec M. Webb.
228 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Il avait acquis avec le sentiment profond de la méthode naturelle cette
habileté, ce tact remarquable dans la détermination des piaules, qui , pour
ne parler que des botanistes qui ont disparu récemment de nos rangs, dis-
tinguaient, par exemple, si éminemment notre ami Guillemin. Le dia-
gnostic était chez Boivin une faculté très développée; mais l'art de traiter
un sujet, de le mener à bonne fin, de produire enfin au profit du public ses
vastes connaissances, lui a toujours manqué ; soit défiance de ses forces,
et je ne sais quelle terreur de se voir imprimé et livré aux jugements de
tous, soit plutôt parce que le temps qu'il aurait employé à écrire, il le
croyait perdu pour l'accroissement de son instruction. Erreur manifeste :
la composition est comme une gymnastique de l'esprit; on ne s'est assimilé
véritablement une idée qu'à la condition de s'être exercé à la faire com-
prendre par autrui.
Boivin était en rapport avec tous les botanistes de Paris ; il en est peu
dont nous ne trouvions dans ses papiers des lettres flatteuses ; plusieurs
d'entre eux avaient désiré sa collaboration à leurs ouvrages. On lui proposa
maintes fois de prendre part a des publications importantes. Il aurait pu
trouver, dans un pareil emploi de ses connaissances , une ressource qui
n'était pas à dédaigner, et il y avait consenti ; mais auteurs et éditeurs
perdirent leur temps a l'attendre. C'est ainsi que les choses se passèrent pour
les plantes de l'ile de Cuba (de Ramon de la Sagra et d'Achille Richard),
pour un Traité d'histoire naturelle qui devait se publier par une Société
de naturalistes, pour le voyage en Perse de M. Bellanger, enfin pour la Flore
des Canaries, de M. Webb lui-même. En fait de recherches patientes dans
les bibliothèques et les collections, de déterminations précises, de rappro-
chements ingénieux, on obtenait tout ce que l'on voulait de Boivin; le
secours oral de son érudition ne faisait jamais défaut : mais c'était à
grand peine qu'on obtenait de lui ce qu'en terme d'imprimerie ou appelle
de la copie. « De grâce, lui écrivait M. Webb (avec une formule qui trahis-
» sait le latiniste): Per te Deos oro! Apportez-moi, s'il est possible, un peu
» de copie demain. » Cette malheureuse copie n'arrivait jamais. Aussi les
travaux de Boivin sont-ils restés confondus avec ceux des auteurs titulaires
qui du reste ont toujours proclamé l'utilité de ses services. Il avait apporté
force matériaux à l'édifice, il en avait taillé artistement beaucoup de pierres,
mais son nom devait manquer au frontispice.
D'autres entreprises plus assorties à ses habitudes de travail lui procu-
rèrent à diverses reprises quelques avantages ; il s'occupa ainsi de la mise
en ordre et de la distribution de plusieurs collections de plantes rapportées
par les voyageurs, par exemple de celles qui avaient été formées au cap de
Bonne-Espérance, par M. Verreaux. Nous avons eu i'oecasion d'apprécier
dans ces fascicules la sûreté de ses déterminations. Mais tout cela était loin
de valoir la place tranquille et assurée que M. Webb lui avait offerte; la
SÉANCE 1)1 10 NOVEMBRE 1854. 229
gêne se faisait sentir. Dans la position précaire où Boivin se trouvait, il
avait été obligé de renoncer à un mariage qui lui promettait le bonheur.
Ses chagrins s'accrurent par une autre déception : il avait été question de
l'adjoindre à la commission scientifique de l'Algérie. la nomination n'eut
pas lieu, et Bory de Saint-Vincent lui en témoigne son regret par une lettre
datée d'Alger, en juillet 1840, en lui faisant part des découvertes déjà faites
par les naturalistes de la commission. « L'Afrique, ajoute Bory, est bien
u plus riche qu'on ne se l'était imaginé. » MM. Durieu de Maisonneuve et
Cosson se sont chargés de le prouver. Tant d'occasions manquées avaient
réduit Boivin à de dures privations. Sans doute il devait se les imputer en
grande partie à lui-même ; toutefois des témoignages dignes de foi consta-
tent à son honneur que son dévouement à sa famille et les sacrifices qu'il
avait faits pour elle, pouvaient être comptés parmi les causes de sa détresse.
Quoi qu'il en soit, son genre de vie, triste et solitaire, devait à la fin réagir
d'une manière fâcheuse sur son caractère naturellement bienveillant ; le
malheur l'avait aigri; autrefois si communicatif dans ses découvertes , il en
était devenu jaloux, et il s'éloignait de plus en plus de ses anciens compa-
gnons d'étude.
Ce fut au milieu de ces extrémités qu'il fut consolé et en quelque sorte
recueilli par un botaniste éminent qui nous a été enlevé cette année même
et dont une polémique malheureuse ne doit pas obscurcir les services.
M. Gaudichaud avait depuis longtemps remarqué le mérite de Boivin : vive-
ment ému de sa détresse, il ne songea plus qu'à l'en tirer en le mettant à
portée d'exercer enfin ses talents avec profit. Une expédition, concertée de-
puis longtemps entre les ministères du Commerce et de la Marine, devait
prochainement faire voile de l'île de Bourbon vers la côte orientale d'Afrique
et la visiter depuis la baie de Lagoa jusqu'au cap Gardafui, et de Jà jusqu'à
Mascate ; le navire qui avait reçu cette destination était le Ducouédic ; il
avait déjà quitté les rivages de la France ; c'était au commencement de 18/(6.
Nous voyons dans les documents relatifs à cette affaire qu'il avait été autre-
fois question d'adjoindre Gulllemin à cette expédition ; mais Guillemin
n'était plus. M. Gaudichaud pensa à le faire remplacer par Boivin.
Personne plus que M. Gaudichaud n'avait le droit déjuger les qualités re-
quises dans Un voyageur naturaliste : car, au dire de tous les officiers avec
lesquels il a fait trois fois le tour du monde, son dévouement à la science
fut sans égal , son activité, son courage au-dessus de tout éloge. Aussi la
plus belle récompense qu'un savant puisse ambitionner, sa nomination à
l'Académie des sciences, était-elle allée au-devant de lui jusqu'en Chine.
Pour atteindre le but qu'il s'était proposé, M. Gaudichaud s'adressa à toutes
les personnes qu'il croyait en position de l'y aider : a ce titre , nous
fûmes mis en réquisition avec une chaleur si grande, un tel éloge du mérite
de Boivin, que nous ne négligeâmes aucun des moyens qu'un reste de crédit
230 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
auprès du gouvernement d'alors pouvait laisser à un député émérite déjà à
peu près retiré des affaires. D'autres amis de la science dont le concours
était toujours assuré pour de pareilles démarches , Benjamin Delessert et
M. Antoine Passy ne tardèrent pas à se joindre à nous. M. Gaudichaud nous
guidait, et, quoi qu'il en dît, la meilleure recommandation auprès des mi-
nistres était la sienne. « Comme vous avez déjà pu le reconnaître , nous
» écrivait-il , je suis de tous les hommes de France et de Navarre le plus
» étranger aux formes et aux choses du monde , surtout a celles de l'admi-
» nistratiou. Je ne comprends absolument rien aux affaires. Hors de la
» sphère de mes plantes et de mes bois, j'allais dire mes bûches, je n'ai plus
» de tête; et quand je sollicite quelque chose, je suis forcé de le faire avec
» le cœur. » Au témoignage si compétent qu'il rendait sur l'aptitude de
Boivin , M. Gaudichaud avait, dans sa demande écrite, ajouté de hautes
considérations sur la part qui, en France comme en Angleterre, est dévolue
aux naturalistes dans les conquêtes dont la patrie s'euorgueillit.
Nous frappions à toutes les portes pour réunir les ressources nécessaires.
La Marine se montra bien disposée; nous avions demandé que Boivin fût
reçu à bord du Ducouédic, et subsidiairement autorisé a prendre passage
sur les divers navires de la station de Bourbon, qui touchent fréquemment
à divers points de la côte de Madagascar, aux iles Comores, aux Sey-
chelles, etc. Nous demandions aussi un traitement fixe, mais la chose n'était
pas possible pour le moment, et la bonne volonté de M. l'amiral de Mackau
fut réduite à nous accorder le passage à bord de la corvette de charge
l'Oise, se reudant à Bourhon, et ensuite l'embarquement avec admission
gratuite à la table de l'état-major, à bord soit du Ducouédic, soit des autres
bâtiments de la division, dont les missions seraient susceptibles de se prêter
aux explorations et aux études de Boivin. Au ministère du Commerce, nous
trouvions encore le budget de l'année arrêté. M. Cunin-Gridaiue ne put
accorder de subvention que sur l'exercice de 1847. Le ministre de l'Instruc-
tion publique, M. de Salvandy, en accorda une autre ; le Muséum d'histoire
naturelle y contribua de son côté ; en outre, nous avions formé, entre nous
et avec M. Webb, une première souscription dont le montant devait être
remboursé par Boivin en plantes de son voyage. Toutes ces mesures avaient
été improvisées en quinze jours. Nous étions d'ailleurs persuadés que plus
tard, quand on aurait plus de temps devant soi, et quand les résultats du
voyage auraient commencé à être connus à Paris, nous obtiendrions plus
facilement une subvention fixe de la Marine, et le renouvellement de celles
du Commerce, de l'Instruction publique et du Muséum. Ces espérances de-
vaient, comme tant d'autres, être emportées par la révolution de 1848, ou
rendues vaines, il faut le dire, par la négligence de Boivin lui-même.
Il partit de Paris le 29 mars 1846, et attendit près d'un mois à Toulon le
départ de l'Oise, Ce temps fut employé eu herborisations aux environs si
SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 185Ù. 231
connus d'ailleurs de cette ville. L'Oise mit à la voile le 1k avril. Sa première
relâche fut à Sainte-Croix de Ténériffe. Boivin possédait d'avance à fond
toute la flore des Canaries; ses récoltes furent abondantes, mais MM. Ber-
thelot, Webbet Bourgeau ne lui avaient laissé rien de nouveau à y décou-
vrir. L'Oise aborda ensuite au Sénégal ; Boivin était muni de toutes les
données fournies par les ouvrages de Guillemin et de Perrottet. Le séjour de
l'Oise au Sénégal fut assez court. On s'arrêta plus longtemps au cap de
Bonne-Espérance ; là encore, Boivin était en pays de connaissance ; il savait
d'avance, parles collections de M. Verreaux, tout ce qu'il devait y trouver ;
aussi herborisait-il pour ainsi dire a coup sûr. Cependant il ne recueillit
guère que des plantes déjà connues, faute d'avoir eu le temps de pénétrer
dans l'intérieur du pays. Enfin, on aborda à Bourbon le 19 août : le Du-
couédic y était encore en rade de Saint-Denis ; mais le commandant n'ayant
pas eu à temps connaissance officielle de l'adjonction de Boivin à souexpé-
pédition, n'avait pas pu prendre les dispositions nécessaires pour le rece-
voir à bord. Boivin dut donc renoncer à faire avec le Ducouédic la première
partie de la campagne. Ii se décida a attendre a Bourbon et à Madagascar
le premier retour de ce navire, qui devait avoir lieu au commencement
de l'année suivante. Toutefois, le commandant de la division navale dans
ces parages, M. Romain-Desfossés, avait été invité par une dépêche mi-
nistérielle, en date du 20 mars, à faciliter les recherches de Boivin, et il
fut d'abord convenu que notre voyageur s'embarquerait prochainement
sur la corvette le Berceau qui devait visiter plusieurs points de l'ile de
Madagascar.
Boivin, forcément retenu à Bourbon, y mit autant que possible à profit
son séjour pour y recueillir toutes sortes de renseignements et se préparer
complètement à ses recherches ultérieures. L'île de Bourbon, si riche d'ail-
leurs par elle-même en productions de la nature, lui offrait des ressources
précieuses par ses bibliothèques et son jardin botanique : le directeur de ce
dernier établissement, M. Richard, son gendre M. le docteur Bernier, chi-
rurgien de la Marine, correspondant zélé du Muséum, et M. le docteur
Viuchon, accueillirent Boivin en frère. A dater de ce moment, il logea tou-
jours chez M. Bernier, et cette respectable famille devintpour lui comme une
seconde Providence. Bourbon, centre de nos possessions, hélas! bien ré-
duites, dans les mers de l'Inde, et d'une station navale, offrait, comme
M. Gaudichaud l'avait prévu, de fréquentes occasions de se transporter sur
tous les points; nous voyons, en effet, par les notes de Boivin que dans le
cours de six années il a mis dix fois à la voile de la rade de Saint- Denis.
Dans les intervalles de ses navigations multipliées, il pouvait à la fois épuiser
tous les recoins de l'ile, et préparer les cadres où devaient entrer successi-
vement toutes ses découvertes dans les autres contrées. C'est ce qu'il exé-
cuta, en effet, avec une patience admirable. Pour chaque relâche prévue,
232 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
il eut ses notes prêtes et ses extraits volumineux des auteurs qui l'avaient
précédé : le tout constamment rangé dans l'ordre du Gênera plantarum
d'Endlicher, qu'il ne perdait jamais de vue. Il écrivait l'année suivante à
M. Febvrier-Despointes, successeur de M. Romain -Desfossés dans le com-
mandement de la division navale : « Mon temps n'aura pas été employé
» d'une manière moins utile que si j'avais suivi le Ducouédic dès le com-
» mencement de l'expédition. J'ai recueilli à Bourbon plus de plantes que
» ne l'avaient fait mes devanciers, et après quelques courses encore dans les
» quartiers au Vent et dans les hauts, j'aurai réuni tous les éléments de la
" publication d'une statistique et d'une topographie végétale qui aura un
» grand intérêt pour la géographie botanique. J'ai , en outre, commencé
» des études sur la maladie de la Canne. Elles pourront avoir des résultats
» utiles au pays: mais j'ai besoin, pour lever tous mes doutes et les changer
» en une certitude physique, de reprendre ces études à la fin de l'hivernage,
» lors de la réapparition de la maladie, et de faire quelques expériences. »
Sur ces entrefaites, la corvette le Berceau était partie. Boivin aurait pu,
dès le mois de novembre, profiter d'une première occasion de départ pour
Madagascar. A cette époque, en effet, on avait commencé à concevoir de
sérieuses inquiétudes sur le sort du Berceau, et M. Romain-Desfossés
partit en toute bâte de l'île de France à sa recherche; il n'avait fait que
toucher à Bourbon. Boivin était alors en course dans l'intérieur de l'Ile, et
ne put le rejoindre; ce ne fut qu'au commencement de mars 1847 qu'il
put profiter, pour se rendre à Sainte-Marie de Madagascar, du départ de
l' Archimbde qui devait rallier h Berceau vers la fin de décembre. Le chan-
gement qui avait eu lieu dans la marche de Boivin lors du départ du Ber-
ceau, lui avait sauvé cette fois la vie; car on ne tarda pas à désespérer du
sort de cette corvette qui passe pour avoir péri corps et biens, on ne sait
dans quelle partie des mers voisines. Le bruit se répandit peu après à
Paris que Boivin avait disparu dans ce naufrage; et cela paraissait assez
vraisemblable, puisqu'en effet nous avons vu que dans le principe il avait
dû s'embarquer sur le Berceau; depuis, il n'avait, selon son habitude, écrit
à persoune.
Boivin était enfin armé de toutes pièces, et VArchirnède fit voile vers
Madagascar le 9 mars 1847 : on abordaitlel2 à Sainte-Marie; c'était à peu
près l'époque où le Ducouédic devait s'y trouver, mais le commandant de
ce brick avait eu, par le contre-amiral Cécille, avis qu'il allait être momen-
tanément détourné de sa mission et envoyé à Mayotte pour y procéder au
rachat de noirs esclaves : or le logement que le commandant avait d'abord
destiné à Boivin sur le brick était occupé par un autre fonctionnaire atta-
ché à la mission temporaire pour Mayotte. Boivin dut donc encore attendre
une autre occasion pour aller rejoindre le Ducouédic, ce qui n'eut lieu que
cinq mois plus tard, après une série de courses, d'ailleurs très fructueuses,
SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1854. 233
dans les parages de Madagascar. « Je pus enfin, a écrit plus tard Boivin,
» prendre à bord du Ducouédic la position et jouir des avantages dont on
« avait compté en France me faire profiter aussitôt après mon arrivée à
» Bourbon. »
Il resta seize mois avec le Ducouédic, visitant successivement les Co-
mores, les Seychelles, Madagascar, et, sur la côte occidentale d'Afrique,
Zanzibar, Montbaze, Brava, Magadoxa, etc. Il avait séjourné aussi à l'île
de France. Nous lisons dans une lettre de M. Bichard a M. Gaudichaud,
en date du 25 janvier 18^8, écrite à la suite, d'une relâche à Bourbon :
« M. Boivin vient de partir, il y a une vingtaine de jours, pour les îles
» Seychelles et les côtes d'Afrique, nous ne le reverrons probablement qu'au
» mois de mai prochain. Il a déjà visité la plus grande partie de nos bois.
» Il a vu Sainte-Marie de Madagascar, Nossibé, Mayotte, Anjouan ,
» Mohely, la grande Comme, les Seychelles où il retourne en ce moment,
?> et Zanzibar. Il a envoyé des plantes en France. Il vous aura sans
» doute écrit avant de s'embarquer. Il était en bonne santé et toujours
» intrépide. »
A la fin de 18A8, la campagne du Ducouédic était terminée, et ce navire
allait rentrer en France. Boivin n'avait reçu de Paris aucune allocation
nouvelle, et il avait été, dit-il quelque part, obligé, pour subsister, de
recourir à l'obligeance de ses amis, sans doute de MM. Bernier, Bichard et
Vinchon. Il écrivit alors a M. Febvrier-Despointes que, s'il n'était pas aidé
par l'administration locale, il serait obligé de retourner en France, « malgré
» le désir qu'il avait, disait-il, de compléter les travaux qu'il croyait impor-
» tants pour la science et susceptibles d'applications utiles. -> M. Febvrier-
Despointes, ému de la situation de Boivin, dit une dépêche de ce comman-
dant, consentit à faire au malheureux voyageur une avance, qui, plus tard,
fut approuvée par M. Bomain-Desfossés, alors ministre. Il n'y avait rien
d'étonnant à ce que Boivin u'eùt rien reçu de Paris : une révolution y avait
éclaté et les bureaux, qui n'avaient reçu de Boivin aucun rapport, l'avaient
oublié ; il n'avait écrit à personne, pas même à M. Gaudichaud qui, depuis
les nouvelles indirectes qu'il avait reçues par M. Bichard, en était réduit
comme nous à des conjectures sur son sort. Cependant un premier envoi de
ses plantes, contenant ce qu'il avait recueilli dans les relâches de l'Oise
jusqu'à Bourbon, avait été reçu à Paris en avril 18i7; un second envoi
arriva en décembre 18Zi8, contenant des plantes de Bourbon, mais sans
aucune explication. « J'ai vu au Muséum, nous écrivait alors M. Gaudi-
» chaud, le second envoi de plantes de notre silencieux botaniste. ■> En
juillet 1849, réception d'un troisième envoi, cette fois en plantes de Mada-
gascar. Boivin n'avait donc pas péri avec le Berceau! Cette certitude ra-
nima le zèle de ses amis de Paris. De vagues renseignements avaient appris
qu'il séjournait souvent à Bourbon, fort gêné, et qu'il avait été très malade
23A SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
par suite de ses fatigues. Nous trouvons, en effet, dans un brouillon de lettre
qu'il avait préparé le 31 juillet 1849, pour l'administration du Muséum :
« Je suis revenu de mon voyage dans un état de santé déplorable ; un sé-
» jour de plus de trois mois à Bourbon ne m'a remis que très imparfaite-
» ment. Le commission de santé avait reconnu que le changement d'air et
» un voyage à Salazie étaient nécessaires à mon complet, rétablissement. »
Salazie est un canton de l'île Bourbon, où existe un établissement médical
du gouvernement. Boivin ajoute que la faveur d'y être admis lui fut refusée
parce que sa qualité d'employé de l'État n'était pas suffisamment démon-
trée. Le séjour charmant de Salazie aurait probablement exercé sur sa santé
une heureuse influence. On lit dans une notice trouvée dans les papiers de
Boivin : « Depuis quelques années un nouveau quartier s'est formé au centre
» de l*île: il est entouré de hautes montagnes comme d'un rempart naturel
» et inaccessible ; le sol y est remarquablement fertile, l'air y est très sa n.
» Une source, d'eau thermale a été découverte dans ce vaste cirque.
» L'hiver y est plus doux que celui de Toulon, et l'été y ressemble à celui
» de Bordeaux. »
Boivin s'était pourtant rétabli tant bien que mal. En janvier 1850, un
magnifique envoi de Nossibé, de la côte nord-est de Madagascar et de
Mayotte nous rassura de nouveau sur son existence. Nous fîmes alors de
nom elles démarches. Le ministère du Commerce promit d'abord d'accor-
der les fonds nécessaires pour la continuation du voyage, mais se 'borna
ensuite à tenir compte au ministère de la Marine de l'avance faite par
M. Febvrier-Despointes. De son côté, le Muséum, sur la demande de
M. Brongniart, accorda une nouvelle subvention. Enfin un ami fidèle de
Boivin s'efforçait de réunir les débris de son avoir eu France pour lui en
faire passer la valeur.
Il était aisé de juger, par le chiffre seul des numéros d'ordre épars dans
les envois de Boivin au Muséum et à ses premiers souscripteurs, de l'impor-
tance des récoltes qu'il s'éiait réservées. On pouvait concevoir légitimement
l'espérance de compléter les notions qu'on avait déjà sur la végétation des
îles australes de l'Afrique, et dont M. Lasègue a présenté le tableau dans
son précieux ouvrage sur le musée Delessert. Madagascar surtout avait
excité l'enthousiasme de tous les hotanistes qui y avaient abordé. Dupetit-
Thouars, sur 800 espèces qu'il y avait récoltées, en avait signalé 500 alors
nouvelles, et ses successeurs n'avaient eu, pour ainsi dire, qu'à se baisser
pour en rapporter d'autres nouveautés. Nous avions déjà remarqué, dans
plusieurs familles des plantes de Boivin, des formes et des détails d'organi-
sation d'un grand intérêt, par exemple dans les Bubiacées, dans les Bixacées
et beaucoup d'autres ; la petite famille des Homalinées présentait à elle
seule plusieurs types nouveaux bien tranchés : que serait-ce quand toute
la récolte de Boivin serait rassemblée? Aucun de ses devanciers, en effet,
SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 185/|. 235
Flacourt, Commerson, Dupetit-Thouars, Bory de Saint-Vincent; aucun de
ses contemporains, Pervillé, Hilsinger, Bojer, n'avait vu plus de localités
différentes et ne les avait revues plus souvent. Aucun, si ce n'est Dupetit-
Thouars, n'y avait séjourné aussi longtemps. En effet, dans l'espace de six
années, Boivin a abordé et séjourne plus ou moins longtemps, savoir : à
Madagascar et ses dépendances, 18 fois, dont Nossibé, 8 ; Sainte-Marie, 7 ;
Port-Lewen, 1 ; baie de Rigny, 1 ; baie de Diego-Suarez, 1 : aux Comores,
18 fois, dont Mayotte, 11; Anjouan, S; Moely, 3 ; Angazija ou grande Co-
more, 1 : aux Seychelles, 2 fois; sur la côte d'Afrique, 5 fois; a l'île de
France, 2 fois; à Bourbon, son quartier général, 11 fois.
Qu'elle est pénible cette vie du naturaliste voyageur ! Nous avons autrefois,
à propos des travaux du grand collecteur de l'Orient, d'Aucher Éloy, dé-
crit « la tâche que s'impose le pauvre naturaliste, réduit à un mince pécule,
» obligé d'économiser pour la moindre dépense, et de suppléer par une ac-
» tivité incessante et des efforts presque surhumains aux ressources qui lui
» manquent. » La plupart des misères qui attendent le voyageur s'enfon-
çant résolument au sein d'un vaste continent à demi barbare, et luttant
contre un climat dévorant, Boivin les a subies pendant six ans. Mais de
plus, le naturaliste, devenu marin pour visiter les îles d'un immense archi-
pel et les côtes qui l'avoisinent, est assujetti à des épreuves particulières. Il
partage à peu de chose près les dangers du matelot, mais le mouillage n'est
pas pour lui le temps du repos. Le voilà sur cette plage si désirée ! il s'en-
gage dans ces vallées, sur ces montagnes dont il a rêvé la dépouille ; la mul-
tiplicité des objets l'éblouit; il voudrait tout recueillir et il n'a que ses deux
mains, et tout au plus celles d'un matelot de bonne volonté qui le suit. Quel-
ques heures sont a peine écoulées, et il est déjà encombré; que sera-ce
au bout de quelques jours? Cependant le capitaine ne lui a accordé qu'un
temps limité, et de loin la discipline mêle sa voix sévère au murmure
des forêts. Il faut songer a retourner a bord : mais comment s'arracher à
tant d'objets attrayants ! Encore cette Orchidée si extraordinaire, qui
brille au milieu des rochers, cette plante aquatique d'une nature mysté-
rieuse à retirer du bassin où elle s'étale, encore cette liane à détacher, qui
a logé sa pauicule de ileurs au sommet des grands arbres. Mais le soleil a
baissé, le naturaliste aura a peine le temps de regagner le canot qui doit
l'attendre dans la crique. Un coup de canon l'avertit que la patience du ca-
pitaine se lasse, ou que l'inconstance des vents le force à mettre à la voile.
Sera-t-il abandonne comme un autre Robinson? Chargé de son butin, il
arrive enfin tout haletant, il est hisse a bord, et alors commence pour lui
une nouvelle série de travaux. Il faut qu'il prépare les plantes qu'il vient
de rapporter, qu'il remanie les anciennes, qu'il combatte par des soins inces-
sants l'inlluence destructive de l'humidité et les ravages des insectes. Tout
à l'heure, il était embarrasse de l'espace: à présent, qu'il en aurait tant be-
236 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
soin, on le lui mesure forcément avec parcimonie ; il a aussi ses observa-
tions à compléter par l'analyse que la rapidité de l'herborisation ne lui
avait pas permis de faire, ses notes à prendre, sou catalogue à tenir, et cette
besogne, il faut l'accomplir sur un sol mobile, au bruit de la manœuvre, en
dépit des éléments. Telle est la botanique à la mer.
Toutes ces difficultés, inséparables d'ailleurs de la position, furent adou-
cies, autant que possible, pour Boivin, par la bienveillance, la sympathie
intelligente, que ne cessaient de lui témoigner les commandants et les autres
officiers de la Marine, qui le reçurent successivement à leur bord. Trop
pauvre pour s'écarter longtemps de la table de l'état-major, il y était traité
comme un naufragé avec tous les égards qu'une politesse délicate sait ac-
corder au malheur.
Une pareille existence ne pouvait pas se prolonger plus longtemps. En six
années, Boivin avait achevé l'exploration des iles ; pour pénétrer plus avant,
par exemple dans l'intérieur de Madagascar, ou de la côte de Mozambique,
il lui aurait fallu d'autres moyens. D'ailleurs, sa constitution, autrefois si
vigoureuse, était profondément ébranlée , et il prit passage avec toutes ses
collections à bord du Chandernagor, navire de la station de Madagascar.
Son état ne fit qu'empirer pendant la traversée, et le 7 décembre 1852,
quelques jours seulement après l'entrée du Chandernugor en rade de Brest,
il expira dans cette ville, à l'hôpital de la Marine.
L'amirauté fit dresser l'inventaire de tout ce qu'il avait rapporté : les
ohjets à son usage personnel étaient bien peu de chose; il n'y avait point
d'argent, mais le bagage scientifique se composait de douze énormes caisses.
Eu l'absence de renseignements sur ses héritiers, le tout fut expédié par le
préfet maritime au ministère de la Marine, et de là acheminé vers le Mu-
séum, vaste dépôt, ouvert à toutes les épaves de la science. M. Adolphe
Biongniart en prit immédiatement connaissance , et voulut bien nous en
confier la mise en ordre.
La partie zoologique, composée d'oiseaux empaillés, d'insectes, etc.,
n'avait pas une grande importance, et fut envoyée au département des ga-
leries qu'elle concernait.
La partie botanique comprenait :
1° Des collections locales réunies en flores ou autrement ;
2° Des doubles;
3° Une collection de fruits, graines, etc. ;
h" Des manuscrits.
Le tout fut placé sous la garde de notre savant ami M. Spach , si digne
de présider, dans les galeries du Muséum, aux accroissements continuels
du trésor de la Botanique ; un cabinet spécial a reçu tout l'héritage que
Boivin nous a laissé.
Les flores locales sont celles de Bourbon , de l'île de France, de Mada-
SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1854. 237
gascar et ses dépendances, de l'archipel des Co mores, des Seychelles, et de
la côte orientale d'Afrique. Elles étaient en grande partie rangées par fa-
milles et genres, dans l'ordre du Gênera plantarum d'Endlicher; les
numéros d'ordre répondaient à ceux des envois faits précédemment au
Muséum. En outre, quelques paquets provenant de dons ou d'échanges et
où nous avons remarqué le nom de Pervillé, étaient exclusivement relatifs
aux environs de Bombay, à l'Abyssinie, à l'entrée du golfe Persique. Eufin,
le jardin botanique de Bourbon, promenade habituelle de Boivin, est repré-
senté par un nombre considérable de plantes.
Les doubles forment à eux seuls 6i paquets; à mesure que nous en fai-
sions l'ouverture, nous leur donnions un numéro d'ordre provisoire , et le
tout a été remanié ensuite dans l'ordre définitif des provenances, par
exemple : pour Madagascar, de 1 à 8; Nossibé, 9 à 13; Bourbon, \U à
29 (bis), etc. Dans les cas douteux, nous nous sommes aides de divers in-
dices; c'est ainsi que nous avons reconnu plus tard que les numéros 61 et
62 provenaient des iles Comores.
Une portion notable des doubles est rangée dans le même ordre que les
flores locales, où il sera en conséquence facile de les répartir ultérieurement
dans une certaine proportion. Ils étaient si nombreux, excédaient tellement
les besoins même d'échange du Muséum, que M. Brongniart, constitué juge
entre les droits de l'État et ceux de la famille Boivin , nous a autorisés à
retirer en faveur de ceux-ci la moitié des doubles dans chaque paquet,
travail minutieux a la suite duquel les collections particulières qui en pro-
venaient ont été sous-distribuees par les soins de M. Graves, entre divers
acheteurs, tels que MM. Webb, Fenzl , Boissier, Parlatore (pour l'herbier
du grand-duc de Toscane/, de Franqueville, comte de Rayneval, ambassa-
deur à Borne, Klotzsch (pour l'herbier de Berlin), Hooker (a Kew), Maille,
Buchinger, Mougeot, Lenormand, Delaunay et nous-mêmes. Evidemment
Boivin avait compté sur la vente de ces doubles , et il en aurait tiré un
parti bien autrement avantageux , s'il avait pu les étiqueter lui-même.
Une observation générale qui s'applique à la fois aux collections locales,
aux doubles, comme aux envois , c'est que les échantillons de Boivin sont
tous bien récoltés, bien préparés et dans un état de conservation qui
étonne, lorsqu'on songe aux circonstances défavorables au milieu desquelles
il a si souvent opéré.
La collection des fruits et graines remplira quelques lacunes de la galerie
carpologique qui a reçu de si beaux développements par les soins de
MM. Brongniart et Decaisne : nous avons connu le temps ou toute la car-
pologie du Jardin des plantes tenait dans deux petites armoires. On remarque
parmi les échantillons de Boivin , une série de fruits de la famille des Pan-
danées, et un assez grand nombre de préparations, pour l'analyse, de fleurs
d'Orchidées dans l'esprit-de-vin.
t. i. 16
238 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Les manuscrits se composent d'itinéraires, de listes, d'étiquettes et notes
et de fragments de flores locales.
Une liste générale comprend plus de 5,000 numéros, y compris les bis,
ter, etc.; il y existe quelques lacunes ; nous essaierons plus tard d'y remé-
dier. Les listes seront alors à l'instar de celles que nous devons à la patiente
érudition de M. Graves , pour tant d'autres grandes collections , copiées
pour l'usage des botanistes qui fréquentent les galeries et de ceux qui pos-
sèdent des séries de plantes de Boivin.
Beaucoup d'étiquettes et de notes éparses, qu'il faudra répartir plus tard
dans les collections , contiennent des indications variées et même des des-
criptions détaillées dont plusieurs sont malheureusement écrites au crayon
et presque effacées ; elles ont été faites évidemment sur place. C'est la que
l'on reconnaît le vrai botaniste ; il est en face de la nature , il faut qu'elle
l'inspire et qu'il tire de son propre fond tous les moyens de la décrire di-
gnement. Sa mémoire, enrichie de longue main, est le seul arsenal qui lui
soit ouvert. Plus de livres : il faut savoir tout lire dans la plante elle-même ;
plus d'appuis: il faut, marcher seul et marcher vite. Aussi Boivin ne res-
sent-il plus d'hésitation ; il écrit, sans rature, il est sur son véritable ter-
rain. Matériaux précieux ! combien ne doit-on pas regretter qu'il ne lui
ait pas été donné de les mettre lui-même en œuvre ! Il avait commencé à
tracer le plan d'une Flore générale des îles australes de ï Afrique ; nous
voyons par la suscription de plusieurs de ses paquets destinés, dit-il, à la
publication, qu'il y avait sérieusement songé : il existe, même dans ses pa-
piers plusieurs fragments importants de cette Flore où sont traitées des fa-
milles de prédilection, telles que les Fougères, les Orchidées, les Rubiacées;
il se proposait d'y travailler après son retour en France, à loisir, dans une
position tranquille, à l'abri du besoin , et qui n'aurait pu lui être refusée.
Si, pour mettre la dernière main a ce grand ouvrage qui devait, enfin,
fonder sa réputation, il avait fallu que Boivin retournât encore une fois sur
le théâtre de ses pénibles explorations, il n'aurait pas hésité à reprendre
encore pour quelque temps, mais cette fois mieux secondé, le bâton et la
boite du voyageur naturaliste.
Il ne lui a pas été donné de réaliser ce beau rêve : ce qu'il n'a pas pu faire
un des maîtres de la science le fera sans doute un jour. En attendant, nous
essayerons de donner aux botanistes une idée exacte des travaux de Boivin
en publiant successivement, sous le nom de Beliquiœ, la nomenclature de
toutes ses plantes, selon l'ordre d'Kndlicber. A cet effet, nous rapproche-
rons les parties correspondantes de ces diverses collections. Toutes les indi-
cations et les descriptions de la main de Boivin y seront soigneusement
consignées: on peut le dire d'avance, nous aurons rarement l'occasion de
proposer des doutes ou des rectifications. Tout ce que Boivin avait réservé
à une détermination ultérieure, nous le soumettrons à un examen attentif,
SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 185/j. 239
et nous n'userons qu'a la dernière extrémité du privilège accordé au premier
descripteur d'imposer des noms nouveaux aux êtres qui lui paraissent tels.
Si nous étions aidés, nous pourrions peut-être en même temps achever la
mise en bon ordre du cabinet des îles Australes, attenant à la grande galerie.
Ce serait une question de savoir, et MM. les professeurs avec M. Spach la
décideraient, s'il convient d'y fondre les collections de Boivin.
Qu'il nous soit permis, en finissant, de nous associer au vœu souvent
émis, qui tend à ce que des crédits plus larges soient ouverts au Muséum
pour subventionner les voyages, et pour en préparer méthodiquement le
succès. Nous voudrions qu'un bureau spécial fût organisé à l'effet de ras-
sembler, de classer et de tenir constamment à jour tous les renseignements
relatifs à l'histoire naturelle des contrées que le voyageur devrait parcourir,
de compulser les ouvrages de nomenclature pour en extraire par contrées
et par séries naturelles des listes de tout ce qu'il doit y rencontrer, ce que
Boivin n'a pas manqué de faire, autant qu'il l'a pu, a Bourbon pour son
usage; de centraliser, enfin, les desiderata des divers professeurs. Le voya-
geur, au moment de son départ, recevrait, avec sa feuille de route et l'assu-
rance d'une subvention régulière, le cahier du bureau spécial, et il est aisé
de comprendre combien ses travaux en seraient facilités.
Tl faut le dire pourtant : quels que soient les secours que la prévoyance
de l'État et celle des particuliers peut rassembler, la profession du voyageur
naturaliste restera toujours ingrate. Combien peu ont pu revoir leur patrie,
et jouir en paix d'une aisance, d'une considération si chèrement acquises!
Elle est lamentable la liste de ces martyrs de la science : Aucber Eloy,
Douglas et tant d'autres! Tu ne sera pas oublié non plus, cher Jacquemont,
compagnon de nos premières courses dans la légion des oliviers et dans les
montagnes !
Sans doute, Boivin n'a rempli que bien imparfaitement la mission qu'il
avait reçue du ministre du Commerce; mais il a largement servi les intérêts
de la Botanique : ses collections sont la pour témoigner de son courage et
de sa persévérance ; il a fait faire un grand pas à la flore si désirée des iles
australes de l'Afrique. On excusera quelques travers dans son caractère; on
plaindra ses malheurs, et il aura droit en particulier aux hommages de ceux
qui, comme nous, au sein d'une vie facile, sont désormais appelés à profiter
de ses travaux.
M. Fermond fait la communication suivante :
ÉTUDES SUR LE DÉVELOPPEMENT DES MÉRITH ALLES OU ENTP.E-NŒUDS DES TIGES,
par M. Cil. FERMOND. (Deuxième partie.)
Dans la première partie de ce mémoire, nous avons cherché à démontrer
que les organes de la nutrition subissent des déplacements très fréquents
«J^O SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
qui peuvent donner à la plante une physionomie ou des caractères diffé-
rents de ceux qu'ils ont d'ordinaire. Nous pourrions nous borner a généra-
liser les déplacements qui se montrent sur les axes florifères ; mais, comme
de l'examen de ces déplacements peuvent résulter des explications faciles
de quelques anomalies particulières à certaines inflorescences, nous avons
cru utile d'entrer à ce sujet dans quelques développements.
1. — PLANTES A FEUILLES OPPOSÉES OU VERTICILLEES.
Chez les Phlox, Veronica, Antirrhinum, Lythrum, Hydrangca, etc., à
feuilles opposées, l'opposition des axes floraux est plutôt l'exception et n'est
sans doute que la conséquence, de l'alternance qui arrive fort souvent dans
les feuilles. Dans le Lysimachia vulgaris, les axes floraux sont ordinaire-
ment hélieoïdes, bien que la disposition générale des feuilles soit le verti-
eillismeou l'opposition.
Les plantes à feuilles verticillées dont les axes floraux sont pareillement
"verticillés, présentent aussi, dans ces derniers, de nombreux déplacements
faciles à constater sur les Nerium, les Eupatorium [cannabimm, purpu-
reurn, agerotoides), etc. Un grand nombre de plantes se trouvant dans le
même cas, nous avons cru inutile, d'insister sur ces déplacements que nous
dirons être généralement plus fréquents qu'on ne l'avait supposé.
Parmi les inflorescences, celles qui nous ont paru être les plus propres à
démontrer l'importance de ces déplacements sont, sans contredit, celles des
Sambucus, Viburnum, Cornus, etc.
Dans le Sambucus nigra, l'inflorescence constitue une «me (1) formée par
quatre axes floraux verticillés autour d'un axe central. Cette disposition
présente plusieurs anomalies. Ainsi parfois l'axe principal en s'allongeant,
laisse au-dessous de lui un ou plusieurs axes secondaires, de sorte que la
tète de l'inflorescence n'est plus formée, outre le pédicule central, que de
deux pédoncules opposés ; mais on retrouve au-dessous deux autres axes
floraux opposés, qui sont évidemment ceux qui appartiennent au verticille
incomplet supérieur. En continuant d'appeler mérithalle ou entre-nœud la
portion d'axe qui sépare les axes florifères, on reconnaît ici qu'il s'est formé
un mérithalle qui n'existe pas dans la fleur normale. Or ce cas, qui est
l'exception pour le .S', nigra, devient la forme normale de l'inflorescence du
S. Ebulus. Au contraire, chez cette dernière espèce, nous avons trouvé ce
mérithalle si court, que l'inflorescence revenait a celle du S. nigra. Les
Viburnum Lantana, acuminatum et Tinus nous ont offert un phénomène
analogue.
Chez les Cornus l'inflorescence se fait d'ordinaire par opposition alter-
nante des axes floraux ; il en résulte une cime analogue à celle du S. Ebu-
(1) Nous conservons ici l'ancienne dénomination de celte sorte d'inflorescence.
SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 185/j. '2!\1
lus, mais quelquefois le premier mérithalle floral avorte, et l'on retrouve la
cime de quatre rayons verlicillés du S. niyra. Quelque chose de semblable
se passe clans les inflorescences des Hydrangea.
Ainsi l'inflorescence des Sambucus. Viburnum, Cornus et Hydrangea nous
parait appartenir à un mêmemode déformation : aussi les modifications té-
ratologiques que l'on voit chez l'un peuvent-elles se retrouver chez les autres.
En effet, dans le Sambucus nigra, le verticille floral est quelquefois de trois
rayons: alors, ou bien l'on retrouve à la place de celui qui manque un
tubercule indiquant l'atrophie du quatrième ; ou bien encore la place reste va-
cante, maison trouve en dessous un axe solitaire qui est évidemment celui qui
aurait du se porter plus haut/pour compléter le verticille floral. D'autres fois,
l'un des deux axes floraux inférieurs, dans le cas où les axes se séparent du
verticille, au lieu de se développer en fleurs, se développe en feuilles, de
sorte ques'il arrivait que l'axe floral opposé se développât aussi en feuilles, on
pourrait croire à l'avortement de ces deux axes floraux, alors qu'ils se se-
raient arrêtés en chemin et transformés en feuilles. Il en est de même du
Cornus alba. L'explication de ce phénomène nous parait très simple. En res-
tant au-dessous du point où ils auraient dû se trouver pour constituer le
verticille, ces deux axes floraux ont obéi chacun a une force vitale diffé-
rente : l'un a la plus énergique qui forme la feuille, l'autre a la plus faible
qui forme les fleurs.
II. PLAXTES A FEUILLES ALTERNES OU 11ÉLICOÏDÉES.
r
Au contraire de ce que nous venons de voir chez les végétaux à feuilles
opposées ou verticillées, nous trouvons ici les axesfloraux qui d'alternes
qu'ils sont d'ordinaire, se rapprochent et forment des mérithalles très courts
a côté d'autres beaucoup plus allonges; souvent même plusieurs axes se
groupent pour commencer un verticille qui se complète quelquefois. C'est
ce que nous avons pu constater sur les Aconitum Napellus, Lycoctonum et
hebegynum ; le Delphinium Rc'qulenii ; les Reseda alba, lutea, luteola et
odorata ; les Campanula bononiensis etpyramidalis, etc. L'inflorescence des
Lupinus présente ces déplacements à un plus haut degré. En effet, celle du
L. mutabilis peut être considérée ou comme verticillaire avec déplacement,
ou comme alterne arrivant fréquemment au verticillisme. Cette disposition
est bien plus prononcée et plus souvent répétée dans le L. nanus, chez lequel
les verticilles sont à la fois complets et incomplets; mais alors on retrouve
souvent au-dessus ou au-dessous les parties séparées qui manquent au ver-
ticille.
Cette tendance au verticillisme peut être facilement constatée dans les
Ombellifères et les Araliacées. Ordinairement, indépendamment de l'om-
belle terminale, de l'aisselle des feuilles s'élève un pédoncule qui porte \u\
11x1 SOCIÉTÉ KOTANIQUE DE FRANCE.
système de fleurs en ombelles; mais chez quelques individus, ces axes llo-
raux se rapprochent en verticille plus ou moins complet, pour constituer
une ombelle gigantesque. Chez les Heracleum angystifolium et flavescens
nous avons trouvé trois et quatre de ces axes floraux partant d'un même
plan et placés autour de l'axe primaire. Il était aisé de voir alors que deux
ou trois de ces axes étaient portés d'un même côté, tandis qu'un autre seul
leur était, pour ainsi dire, opposé. Le verticille était incomplet, mais on
pouvait reconnaître directement au-dessous les axes floraux qui s'étaient
arrêtés en chemin et qui auraient dû occuper les places vacantes du verticille.
Le Molopospermum cicutarium, dans un cas, nous a présenté deux axes
floraux placés en haut de chaque côté de l'axe qui porte l'ombelle centrale et
partant d'un même plan et, au-dessous, quatre autres axes floraux formant
un verticille incomplet, mais se complétant parfaitement par les deux axes
précédents. Dans un autre exemple, nous avons trouvé, partant du même
plan autour de l'axe central, trois axes floraux formant un verticille incom-
plet, mais dont le complément se trouvait dans trois axes floraux étages les
uns au-dessus des autres et séparés par des mérithalles plus ou moins courts,
de sorte qu'en les élevant en ligne droite, par la pensée, le verticille se trou-
vait très régulièrement complété. Une variété du même Molopospermum
nous a offert un verticille incomplet formé par cinq axes floraux, que deux
autres axes presque opposés et placés plus bas pouvaient, en s'élevant, ve-
nir compléter.
Des observations analogues nous ont été offertes par le Levisticum offici-
nale, le Ferula glauca, YAngelica sylvestris, Y Archangelica officinal is. et
par les Laserpitium. Dans le Ferula communis, nous avons trouvé des ver-
ticilles complets formés de cinq axes floraux, mais le verticillisme, qui est
ici l'exception, devient, au contraire, la règle dans les Ferula Ferulago,
Opopanax Chironium, Peucedanum verticillare. Dans les Aralia, cette ten-
dance au verticillisme nous a paru manifeste. D'hélicoidés que sont plus
particulièrement les axes floraux dans V Aralia japonica, ils sont plus sou-
vent opposés ou verticillésdans Y Aralia rcteemosa et presque toujours ver-
ticillés dans l'A. edulis.
L'étude des axes floraux des Euphorbia fait reconnaître que, tandis que
YE. Helioscopia n'offre que cinq axes floraux disposés en une ombelle ter-
minale, les Euphorbia sylvatica, hyberna, virgata, valentina, etc., présen-
tent, à part l'ombelle terminale, im grand nombre d'axes secondaires héli-
coïdés qui semblent conduire au verticillisme en passant par YE. Paralias
chezjequel ces axes, indépendamment du verticille terminal, sont souvent
rapprochés en verticilles incomplets.
Parmi les monocotylédones, nous avons trouvé cette tendance au verti-
cillisme, particulièrement chez les Graminées , les Alstrœmeria, les Vera-
trum, les Yucca, etc.
SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1854 . 243
Enfin, les verticilles floraux eux-mêmes ne sont pas exempts de déplace-
ments comme le prouvent certains exemples deLilium candidum, de Tulipa
Gesneriana, de Roses prolifères et de Juliennes, chez lesquels l'axe floral,
plus allongé que d'ordinaire, portait, disposés en hélice, les organes floraux
plus ou moins modifiés. M. Moquin-Tandon (Eléments de tératologie végé-
tale) cite aussi le fait ohservé par Boivin, d'un Arenaria trtraquetra , dans
lequel tous les verticilles floraux étaient changés en spirales imparfaites.
Ces exemples ne sont que le passage exceptionnel des verticilles floraux des
espèces précitées à la disposition hélicoïdale normale des parties de la
fleur : calice des Camellia, étamines et carpelles des Liriodendron, des
Magnolia, etc.
Mais si les organes appendiculaires passent de l'alternance au verticil-
lisme ou à l'opposition et réciproquement de l'opposition ou du verticil-
lisme à l'alternance, il nous semble qu'il doit y avoir une différence entre
les mérithalles de l'un ou de l'autre cas. Par exemple, nous rappellerons
l'anomalie du Polygonatum verticillatum , dans lequel deux feuilles du
verticille supérieur sont restées en chemin au milieu du mérithalle nette-
ment délimité par le verticille supérieur et le verticille inférieur. Si l'on
nomme entre-nœud ou mérithalle l'espace compris entre les deux verticilles,
il nous semble juste de ne pas donner le même nom à chacune des parties
du mérithalle qui sont séparées par les deux feuilles arrêtées ainsi en che-
min. Comme l'opposition ou le verticillisme détermine souvent des nodo-
sités très prononcées aux extrémités des mérithalles , et pour n'employer
que les mots déjà en usage, il nous a semblé que l'on pourrait nommer
entre-nœuds les portions de tige comprises entre les organes appendicu-
laires opposés ou verticilles, et reserver le nom de mérithalles pour celles
qui sont comprises entre deux organes appendiculaires consécutifs, lorsque
ces organes sont alternes ou hélicoïdés. Mais alors quelle est la quantité de
mérithalles qui correspondrait à l'entre-nœud ?
Pour des considérations que nous développerons ultérieurement, et d'ail-
leurs nous nous écartons peu des idées reçues, il nous semble que le type
normal de la verticillarite est le nombre 3, et que par conséquent chaque
hélicule, composé de trois organes appendiculaires, doit être considéré
comme l'équivalent de l'entre-nœud. En effet , supposons que le Nerium
Oleandrr, dont les organes appeudiculaires sont verticilles par 3, change de
forme par le déplacement hélicoïdal de ces parties. Pourvu que ce chan-
gement ait lieu toujours dans le même ordre, n'est-il pas clair que nous ar-
riverions à la disposition 2/6, c'est-à-dire qu'après deux helicules ou tours
d'hélice, la septième feuille se trouverait en ligne droite placée sur la pre-
mière prise comme base de l'observation? Mais nous avons vu que les dépla-
cements peuvent aussi avoir lieu latéralement, et la disposition 2/6 s'écarte
peu de la forme 2/5 ou quincouciale. De plus, nous avous vu encore que la
'Illà SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
décussation, par un déplacement analogue, conduisait pareillement à l'ordre
quinconcial : par conséquent, nous pensons que la disposition quinconciale
des organes appendiculaires pourrait bien ne devoir être regardée que comme
un état intermédiaire entre l'opposition et le verticillisme par 3, mais avec
déplacement longitudinal et latéral. Or la forme quinconciale esta peu près
celle qui domine dans la disposition hélicoïdale des organes appendiculaires;
donc nous devons croire que, dans la pluralité des cas, 3 mérithalles d'or-
ganes hélicoidés sont l'équivalent d'un entre-nœud.
Si nous ne nous abusons, nous croyons avoir démontré dans cette seconde
partie :
1° Que les axes florifères sont capables de déplacements tout aussi fré-
quents que les organes de la nutrition ;
2° Que l'on pourrait aisément ramener au verticillisme, avec déplace-
ment, les axes secondaires d'un grand nombre d'inflorescences, particuliè-
rement de celles des Ombellifères, des Arolia, des Euphorbia, etc.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
PHYSIOLOGIE VEGETALE.
Formation «les vaisseaux [filets radiculaires de quelques auteurs)
au-dessous «les bourgeons soit adventifs , soit nor-
maux, isolés par des décortications, etc., par M. A. Trécul.
{Annales des sciences natur., Botan. , Ue série, t. Ier, p. M-64, tab. 7-9.)
L'étude anatomique et la formation des filets radiculaires ou griffes radi-
culaires de MM. Du Petit-Thouars et Gaudichaud, qui se développent nu-
dessous des bourgeons adventifs ou des bourgeons normaux isolés de tous
les autres par des décortications ou autrement, a paru a M. Trécul un des
phénomènes les plus propres à éclairer les points en litige de l'accroissement
en diamètre des végétaux dicotylédones ligneux. Ce botaniste s'est donc livré
à ces recherches après avoir étudié la production des divers éléments du
bois.
C'est avec des matériaux fournis par M. Gaudichaud lui-même, et avec
ceux que l'auteur a obtenus d'expériences faites au Jardin des Plantes de
Paris, qu'il a cherché à démontrer que les organes regardés par MM. Du
Petit-Thouars et Gaudichaud comme des fibres radiculaires descendant des
bourgeons, ne sont pas des racines, mais des vaisseaux d'une composition
toute spéciale développés sous l'influence des circonstances toutes particu-
lières dans lesquelles les plantes ont été placées par l'expérience.
M. Trécul avait déjà vu, en 1846, que des vaisseaux précèdent l'appa-
rition de tout organe foliacé, dans la formation des bourgeons adventifs;
il constate de nouveau ce fait dans son travail, et il en conclut que ces vais-
seaux, qui se prolongent dans les feuilles nées plus tard, ne sont pas envoyés
par celles-ci pour accroître le diamètre du tronc. Ces vaisseaux se multi-
plient à mesure, que le bourgeon grandit; ils sont étendus dans toutes les
directions à la base des bourgeons, dont ils semblent réellement descendre.
Ce sont des vaisseaux de même nature qui simulent aussi des racines sous
la lame d'écorce ménagée, quand on fait une décortication en hélice autour
d'un tronc, ou quand on fait à un arbre des incisions horizontales profondes
qui modifient le cours des sucs descendants, en traversant, de cellule en
cellule, les jeunes tissus corticaux. Les cellules dont ceux-ci sont formés,
nourries de la sorte, s'étendent horizontalement, suivant le rayon de la
2/16 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
plante, puis se divisent verticalement en plusieurs qui constitueront les divers
éléments du bois.
C'est aux dépens de ces jeunes éléments ligneux que sont produits ces
vaisseaux sinueux qui ont été pris pour des racines descendant des feuilles.
Ce sont de telles fibres ligneuses, plus ou moins avancées dans leur dévelop-
pement, qui se sont métamorphosées en vaisseaux, qui se sont vascularisées.
C'est pourquoi, si l'expérience a été faite lorsque ces cellules avaient acquis
déjà un accroissement considérable, on trouve les vaisseaux formés de longues
cellules ligneusesdevenuesponctuéesou réticulées, et conservant leur forme et
leur position verticale, quelle que soit la direction du vaisseau. Elles se sont
quelquefois plus ou moins dilatées et sont traversées par la cavité vasculaire,
de haut en bas, dans les parties où le vaisseau est vertical, et transversale-
ment, là où il est horizontal. Si, au contraire, l'opération a été pratiquée
lorsque toutes les cellules étaient fort jeunes, les vaisseaux sont composés de
cellules ordinaires non encore allongées en fibres ligneuses ; mais, dans tous
les cas, les éléments des vaisseaux dont il est ici question sont semblables,
par leur forme, aux cellules du tissu environnant.
Les utricules qui se sont vascularisées ont acquis plus de consistance que
celles qui les entourent; aussi se contractent-elles moins qu'elles par la
dessiccation, quand, par la macération, on enlève l'écorce pour voir ce qui
s'est passé. C'est alors, après la contraction des cellules voisines, que ces
cellules vascularisées apparaissent comme des racines rampant à la surface
du corps ligneux.
M. Trécul cite et figure des exemples variés à l'appui de sa démonstration.
Ce mémoire contient en outre une théorie de la greffe.
Partant encore d'une expérience de M. Gaudichaud, dans laquelle une
racine de Peuplier avait été déterrée dans sa partie moyenne et entiè-
rement coupée transversalement, puis les deux parties, maintenues vis-à-vis
l'une de l'autre au moyen d'attelles, entourées de mousses et recouvertes
ensuite de terre, il décrit, la manière dont la soudure s'est opérée.
Un bourrelet considérable s'était formé au bord de la plaie supérieure, un
autre, moins fort, au bord de la plaie inférieure, et les deux moitiés de la
racine s'étaient greffées. Suivant les partisans des racines descendantes , ce
sont les filets radiculaires venant des feuilles, qui, arrivés au contact du
tronçon inférieur, ont pénétré entre le bois et l'écorce de celui-ci, ont con-
tinué leur marche descendante dans la partie inférieure de la racine, et qui
ont ainsi opéré la greffe.
Suivant M. Trécul, les tissus utriculaires des bourrelets produits aux
bords de chacune des plaies, arrivés en contact, se soudent sur tout le pour-
tour ou sur une partie seulement de la circonférence. Cette greffe, opérée
par le tissu utriculaires, se consolide par la transformation d'une partie des
cellules nouvelles en cléments fibro-vasculaires. transformation que l'auteur
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 2/»7
a vue s'effectuer aussi daus des lames d'écorce et dans les excroissances qui
naissent sur le bois décortiqué.
Les greffes ordinaires s'expliquent de la même manière. Dans la greffe
en fente, par exemple, des bourrelets se forment sur les bords de la fente
du sujet, il s'en développe aussi sur les bords des jeunes tissus ou couche
génératrice de la greffe; ces bourrelets, formés de tissus naissants, se sou-
dent; des vaisseaux et des libres ligneuses naissent dans leur intérieur. Les
nouvelles productions ligneuses et corticales recouvrent ensuite peu à peu la
troncature du sujet, qui, au bout de quelques années, n'est manifestée à
l'extérieur que par un renflement qui existe ordinairement en cet endroit.
La reprise de la greffe en ecusson ne diffère des deux précédentes qu'en
ce que les cellules génératrices de la greffe sont mises en contact plus immé-
diat avec les cellules génératrices du sujet. La soudure s'opère absolument
de la même manière, et le développement ultérieur est identique; c'est celui
d'un bourgeon adventif.
Mémoire sur la germination «le quelques Hépatiques $
par M. Johannes Graenland, d'Altona. (Annal, desscien. natur., Botan.,
Ziesér., t. I,n° 1, p. 5-29, pi. I à VI.)
L'auteur de ce mémoire intéressant donne d'abord l'historique des essais
qui ont été faits pour obtenir et pour étudier la germination de diverses
Hépatiques; il rappelle les travaux que uous devons sur ce sujet à Hedwig,
Nées d'Esenbeck, Bischoff, Corda, Mirbel, Schleiden, Gottsche et Hof-
meister, travaux qui sont bien loin, il faut le dire, d'avoir épuisé la matière,
et parmi lesquels les plus complets sont ceux de M. Gottsche sur le Pellia
epiphylla, le Blasia pusilla, le Preissia commutata, le Jungermannia bi-
crenata, et de M. Hofmeister sur le Pellia, le Frullania, le /{adula, les
Jungermannia bicuspidata et divaricata, le Lophocolea heterophylta et le
Iliccia glauca. Il expose ensuite la méthode qu'il a suivie pour ses propres
expériences et recherches. Il faisait ses semis, pour chaque espèce, séparé-
ment 1" dans le sol naturel humecté, 2° dans du sable blanc mouillé, j° sur
du papier brouillard humide; il couvrait ensuite d'une cloche de verre pour
entretenir constamment humide l'atmosphère sous l'influence de laquelle
se trouvaient les spores semées. En comparant entre elles les plantules ob-
tenues dans ces différentes conditions, il a constaté que la germination avait
lieu de la même manière. Les espèces dont il décrit la germination sont les
suivantes : Sarcoscyphus Funckii N. ah E., Alicularia scalaris Corda,
Jungermannia crenulata Sm. , J. bicuspidata Lin. , Radula complanata Dum. ,
Pellia epiphylla N. ab E. , Blasia pusilla Lin., Lunularia vul g ari s Mich. ,
Marchant ia polymorpha Lin., Preissia commutata N. ab E., Anthoceros
lœuis Lin. Voici les résultats généraux de ces intéressantes recherches.
'2!\H SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
« Si nous comparons entre elles les diverses observations ci-dessus rap-
portées, nous verrons que, dans tous les cas, il se forme dès le principe un
corps cellulaire qui sert de base à la jeune plante sans qu'il y ait parité
entre leurs formes respectives, ni métamorphose lente de l'un dans l'autre,
ni le même rapport entre eux qu'entre un axe et les feuilles qu'il porte. Chez
les Jungermanniées frondiformes et les Marchantiacées, cette formation
initiale ne se distingue pas aussi exactement de la plante qui en procède
plus tard que chez les Jungermanniées foliifères; elle y est cependant tou-
jours reconnaissable. Je ne voudrais pas donner au même corps le nom de
proembryon. Un proembryon, selon moi, est une formation primitive qui
porte des organes particuliers appelés archégones, et dans lesquels s'en-
gendrent de jeunes plantes parfaitement semblables à la plante mère,
comme nous le voyons chez les Equisétacées, les Lycopodiacées, les Fou-
gères, etc. Il me semble préférable d'appliquer le nom déjà usité de Pro-
tonema htoutes, les formations primordiales qui, chez les autres Cryptogames
phyllophores, servent de base à la jeune plante sans, au préalable, produire
d'archégones. ... On pourrait, d'après le mode de leur germination, grouper
les Hépatiques dont j'ai parlé et leurs analogues de la manière suivante :
» 1° Alicularia scalaris et Jungermannia crenulata Lin. Les spores de
ces espèces se transforment en petites masses de tissu cellulaire de forme
globuleuse ou ovoïde et à surface tuberculeuse, qui, longtemps, eu général,
avant toute apparence de formation axile, donnent naissance à plusieurs
radicules. Les feuilles des plantes adultes sont entières.
» 2° Sarcoscyphus Funckii, Jungermannia bicrenata Ldbg, J. bicuspi-
data, J. divaricata Engl. Bot., Lophocolea heterophylla. Ces espèces com-
mencent par un protonema formé de fds cloisonnés longs et ramifiés, c'est-
à-dire qui ressemble d'une manière frappante à celui des Mousses. Il n'y a
point production de radicules avant la formation de l'axe de la jeune plante.
Les individus adultes ont des feuilles plus ou moins découpées.
» 3° Radula complanata et Frullania dilatata. Le protonema de ces Hé-
patiques affecte la forme d'un disque ou d'une lentille, et donne naissance
vers son extrémité à deux feuilles opposées, tandis que sa face inférieure
émet des radicules courtes à membrane très épaisse. Ces espèces ont entre
elles, à l'état adulte, une grande ressemblance, et croissent l'une et l'autre
sur l'écorce des arbres.
» h° Pelliaepiphylla, Blasia pusilla et Jungermannia frondosa N. abE.,
Lunularia vulgaris, Marchanda polymorpha, Preissia commutata et Mar-
chantiaceœ universœ, Anthoceros lœvis. La germination de toutes ces Hépa-
tiques a lieu par le fait de la métamorphose du corps même de la spore en
protonema, ou bien celui-ci se développe dans l'extrémité d'un tube qui ré-
sulte de l'élongation de l'endospore. »
IVJ. Groenland termine son mémoire par quelques réflexions sur l'importance
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 2/jO
qu'aurait pour la science la culture des Hépatiques dans les jardins bota-
niques. L'expérience lui a prouvé que cette culture ne présente aucune
difficulté : qu'il suffit de recueillir a la campagne des gazons encore mé-
diocrement avancés dans leur développement, et de les cultiver avec soin
dans son cabinet en les plaçant dans des boites de fer-blanc vitrées, un peu
plates, dans lesquelles il est facile d'entretenir une humidité constante. On
peut même se faire expédier de très loin des Hépatiques vivantes, sans avoir
à craindre qu'elles périssent dans le voyage. Déjà des essais heureux ont
été faits au Jardin des plantes de Paris, et il serait aisé et peu coûteux d'en
entreprendre ailleurs.
Sur la possibilité «le féconder «les ovules après l'enlè-
vement «In stigmate, par le docteur J.-D. Hooker (Gardener's
Chronicle, 30 septembre 1854).
L'été passé, dit le docteur Hooker, je fus porté à faire quelques expé-
riences sur la possibilité d'effectuer la fécondation chez des plantes phané-
rogames, sans l'intervention du stigmate; en d'autres termes, à essayer de
fertiliser les ovules enfermées dans un ovaire, par l'application directe
du pollen sur le micropyle. Après divers essais de cette nature qui fail-
lirent aussitôt par suite du dessèchement rapide des ovules au contact de
l'air, il me vint à l'idée que j'atteindrais plus facilement, le but en provo-
quant la nature elle-même à agir dans cette voie. Je choisis donc trois
espèces qui, à cause de leurs ovaires à larges cavités, leurs ovules nom-
breux, et la disposition favorable de leur périanthe, me semblaient offrir le
plus de chances de succès. C'étaient trois Papavéracees : le Pavot ordinaire,
Y Eschsclioltzia et le Meconopsis carnbvica. J'ouvris avec soin les fleurs de
ces plantes dix à douze jours avant leur épanouissement, au moyen d'une
incision longitudinale, et après m'ètre assuré que le pollen n'était pas encore
formé, j'enlevai les stigmates du pavot, les stigmates et les styles du Meco-
nopsis et de Y Eschsclioltzia ; puis, j'ouvris l'ovaire par une fente longitudi-
nale. Cela fait, je laissai l'expérience marcher toute seule. L'incision, qui
traversait le périanthe, se referma aussitôt (sans soudure, bien entendu), et
toutes les fleurs s'épanouirent au temps voulu. Les pétales montraient à
peine quelques traces de lésion, et les anthères, parfaitement développées,
étaient remplies de bon pollen; mais les ovaires étaient tous plus ou moins
malades; ceux du Pavot étaient le moins affectés, mais les incisions que je
leur avais faites s'étaient si complètement recollées, grâce à l'opium, que
le pollen n'avait pu y pénétrer, et chaque fois que je tentais de renouveler
ces incisions, le flux de suc laiteux des parois et du placenta empêchait en-
core le contact du pollen. L'expérience manqua donc complètement.
Les fleurs de. Y Eschsclioltzia se trouvaient dans un état non moins favo-
•250 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
rable, et l'ovaire, par suite du développement inégal de ses faces, avait ac-
quis une certaine courbure qui fit bâiller l'incision, et exposa largement les
Ovules à l'action du pollen. Cependant tous ces ovules se flétrirent peu
après l'épanouissement de la fleur et l'ovaire lui-même, par suite de la min-
ceur de ses parois, se dessécha également. Cette seconde expérience manqua
donc comme la première. Le Meconopsis promit davantage, bien que les
pétales épanouis portassent plus de traces de mutilation que ceux du pavot
et de VEschscholtzia. Les ovaires étaient tous verts, leurs cavités étaient
ouvertes, grâce à une courbure analogue à celle qui avait eu lieu cbez
'VEschscholtzia; la plupart des ovules étaient bien remplis et verts, et le
pollen s'y était répandu abondamment. Toutes les fleurs étaient épanouies
dans la troisième semaine de juin, environ douze à quatorze jours après la
résection des stigmates. Pendant les six jours suivants, je les vis se bien
porter, mais me voyant alors obligé de m'absenter, je priai qu'on recueillit
les capsules après leur mort ou à leur maturité, et qu'on me les envoyât.
Le 19 juillet, je reçus cinq capsules mûres : trois d'entre elles étaient
petites, ratatinées et remplies d'ovules flétris, dont quelques-uns s'étaient
enflés beaucoup. Les deux autres étaient bien plus grandes, et renfermaient
une profusion d'ovules enflés (la moitié environ du nombre total) parmi les-
quels j'en ai rencontré une quantité peu considérable (un ou deux sur vingt
ou trente) avec toute l'apparence d'une maturité parfaite, c'est-à-dire pour-
vus d'un périsperme bien développé et d'un embryon parfait. Un des objets
que je m'étais proposé en faisant ces expériences, c'était de déterminer l'im-
portance physiologique de la gymnospermie chez les Conifères. J'ai tou-
jours regardé les gymnospermes comme des membres du grand groupe des
Dicotylédones, quel que soit le nom dont on se serve pour désigner ces
dernières; et il m'a toujours semblé que l'existence, cbez ces plantes, d'un
ovaire très rudimentaire, quelle que soit d'ailleurs la valeur physiologique
et anatomique de ce fait, n'était pas d'une valeur suffisante pour qu'on en
fût autorisé à faire des gymnospermes une classe particulière, équivalente
aux autres grandes divisions du règne végétal. Je me confirmerai davan-
tage dans cette opinion, s'il vient à être démontré que d'autres phanéro-
games peuvent être fécondées sans l'intervention du tissu stigmatique; fait
qui diminuerait la valeur du caractère au point de vue physiologique, sans
cependant l'affecter au point de vue anatomique et morphologique.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. "251
BOTANIQUE DESCRIPTIVE.
Note sur une espèce nouvelle du genre Senecio , par
MM. E. Mazuc et E. Timbal-Lagrave (lue à la Société des lettres,
sciences et arts de l'Aveyron, séance du 23 juillet 1854). Br. in-8,
6 pages, avec 1 planche. Rodez.
Cette espèce de Senecio, à laquelle les auteurs donnent le nom de
S. ruthenensis, a été découverte, en 1833, sur le calcaire jurassique des
environs de Rodez , par M. H. de Barrau, et signalée par lui sous le nom
de S. Doronicum (Mém. Soc. lett. se. Aveyr., t. I, part. 2, p. 80). Elle a
été retrouvée dans une autre localité du même département par M. l'abbé
Revel.
Voici les principaux caractères de cette espèce proposée comme nouvelle :
Souche vivaee, horizontale, éeailleuse; plante couverte, dans sa jeunesse,
de poils longs, blancs, mous, qui disparaissent en partie avec l'âge; tige de
3 ou Zidécim., rameuse au sommet, glabre dans son tiers supérieur, ou
hérissée de quelques poils écartés, sillonnée, assez feuillée; calathid.es de
3 à 10, encorymbe presque régulier, très longuement pédonculêes ;péricline
pubescent, à folioles lancéolées, acuminées; calicule à nombreuses écailles
linéaires, plus courtes que le péricline ; achaines plus courts que l'aigrette;
feuilles minces, irrégulièrement et faiblement dentées, à dents écartées,
les supérieures lancéolées, aiguës, demi-embrassantes, glabrescentes ; les
inférieures atténuées en long pétiole, oblongues , obtuses, couvertes, ainsi
que le bas des tiges, de poils blancs crépus. Fleurs jaunes.
MM. Mazuc et Timbal-Lagrave indiquent ensuite les caractères princi-
paux par lesquels ils distinguent cette espèce du S. Doronicum, L., du
S. Darrelieri, Gouan, du S. Gérard i, Gr. et Godr. , et du S. lanatus, Scopoli.
Cette notice est accompagnée d'une planche représentant la plante de
grandeur naturelle.
EniiiiK'i'atioii «les plantes intéressantes «les cantons «le
Betz et «le Crépy en Valois {Mémoires de la Société acadé-
mique de l'Oise, t. II, p. 460 - 475).
M. l'abbé Questier, bien connu par ses recherches botaniques aux envi-
rons de Villers-Cotterets, a déjà publié trois listes des plantes remarquables
qu'il a pu observer dans le Valois. Cette nouvelle énumération, qui est une
continuation des précédentes, comprend un supplément des premières sé-
ries, et le catalogue des végétaux monocotylédonés et acotylédonés.
On y remarque une localité nouvelle, dans la vallée de l'Ourcq, pour
252 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
YAconitum Napellus ; ainsi, cette plante observée depuis quarante années
près de Crépy en Valois, et dont l'existence aux environs de Paris était
cependant révoquée en doute, s'étend dans le nord de la flore parisienne
depuis le canton de Marines jusqu'à Mareuil-sur-Ourcq. M. Questier signale
aussi la présence d'une autre plante rare, Veronica montana, dans le parc
du Plessis-snr-Autheuil.
Le Maiantkemum bifolium, autre rareté de la flore parisienne, a été trouvé
à Lévignen et dans quelques lieux voisins. On peut encore citer parmi cette
liste le Cephalanthera ensifolia, recueilli près de Ronville .; Potamogeton
oblongwn, dans le marais de Ruty; Zanichellia palustris, près de Vau-
ciennes; Eriophorum gracile, dans le marais de Resmont ; Leersiaory-
zoides, vallée de l'Ourcq ; Carex Davaliiana, à Mareuil-sur-Ourcq ; Bromus
commutatus, Schrad, à Thury et Lévignen, nouveau pour la flore parisienne;
Lolium italicum, àTrumilly et àCuvergnon; Ceterach o f fi 'c inar um, àBour-
sonnes. Le nombre total des plantes citées est de cent trente-deux, plus
douze espèces déjà mentionnées et reproduites à raison de localités nou-
velles.
M. Questier rappelle qu'il a trouvé plus de quatre cents plantes rares
ou intéressantes dans un pays dont l'étendue est restreinte et dont la super-
ficie présente un aspect uniforme, et il émet le vœu que l'exemple de ces
herborisations locales approfondies trouve des imitateurs. On ne peut que
s'associer à un pareil désir, et le succès de cet habile explorateur doit encou-
rager les botanistes des départements.
M. Questier fait espérer une nouvelle série de son catalogue, pour la
cryptogamie.
Compte vendu «les travaux «le la Société Ilallerieiine
(1853 à 185h), in-8 de 76 pages. Genève, Carey.
L'association fondée pour l'avancement de la botanique suisse sous le nom
de Société Hallerienne vient de publier et de distribuer son deuxième bul-
letin, contenant le résumé des communications qui ont été faites dans les
diverses réunions.
On y trouve rémunération d'un certain nombre de plantes nouvellement
observées en Suisse, et, en plus grande quantité , des localités nouvelles
pour des espèces déjà connues.
Il y a aussi l'indication d'espèces regardées comme inédites, accompa-
gnées, la plupart, de diagnoses en latin ou en français. Nous devons les
signaler à l'attention des botanistes.
1° Arabis Cenisia, Reuter, recueillie, comme son nom l'indique, sur le
Mont-Cenis.
2° TMaspi Lereschii , Reut, trouvée clans la vallée de Château-d'Âîx ,
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. "253
ainsi que dans les vallées de Joux et de Travas, et près de Thoin. Il res-
semble au Th. brachypetalum , Jordan, voisin lui-même du Th. alpestre,
Gain! in.
3° Iberis ceratophylla, Reut. , recueillie auprès de la Dôle. M. Reuter la
dit intermédiaire entre les /. amnra et pinnata.
U° Capsella rubella, Reut., trouvée mélangée avec le Bursa pastoris près
de Genève.
5° Alchemilla subsericea, Reut., très voisine de VA. alpina; elle a été
recueillie sur plusieurs points des Alpes schisteuses et granitiques.
6° Scleranthus biennis, Reut., environs de Genève.
7° Hieracium melanotricltum, Reut. On a trouvé sur le Salève un seul
pied de cette plante, que JYI. Reuter croit appartenir au groupe des Pre-
nanthoides.
8° Galeopsis Reickenbachii, Reut. (G. tetrahit, Reichb. . pi. 877), que
M. Reuter distingue du G. tetrahit, Lin. Vient dans la montagne, tandis
que l'autre appartient aux plaines.
A cette occasion, M. Reuter exprime l'opinion que l'on a confondu sous
le nom de Ladanum trois espèces de Galeopsis : 1" angastifolia, Ehr.;
2° Ladanum, Lin.; 3° intermedia, Villars. Cependant on ne peut pas pré-
senter comme une confusion la réunion volontaire de formes auxquelles
M. Reuter attribue une valeur spécifique. C'est une autre appréciation ,
mais non une erreur.
9° Androsace obtusifolio-glacialis , Reut., hybride recueillie au mont
Saint-Bernard.
10° Potentilla vallesiaea, Huet, intermédiaire entre le P. frigida et gran-
diflora, cueillie sur le Rafel, près de Zermatt.
11° Cardans deflorato-nutans, H. Christ, hybride aux environs de Râle.
12° Lecanora (Placodium) Dubyi, J. Millier, trouvée sur le granité au
col de Seigne. Ce Lichen est voisin des Lecanora orcina, Acb., et car phi -
nea, Fries.
Le cahier est terminé par une note de M. Théobald sur le développement
des Zygnémées, suivie du catalogue des Algues recueillies par l'auteur dans
les environs de Genève, au nombre de cent six. Toutes ces espèces sont
déjà connues, à l'exception d'un Chœlophora, que M. Théobald nomme
Ch. crispa , qui a la forme du Ch. endiviœfolia et les ramifications du
Ch. tuberculosa, A g.
&itifjno8e& i*f«<nta»'utèi oi*ientfiliu»n t»<»t'<ti'»f*e»., n° 13,
auctore E. Boissier. Neocomi , 1853, in-8, 114 pages. (Ce cahier est daté
de 1854 sur la couverture.)
Ce fascicule termine la première série des Diagnosesde plantes orientales,
t. r. 17
'Ibh SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
commencée par l'auteur en 1842; il renferme la description d'un grand
nombre d'espèces appartenant aux principales familles monoeotylées. Parmi
ces espèces, les unes, quoique déjà connues par les collections de
MM. Kotschy, de Heldreich, etc., n'avaient pas encore été décrites; les
autres sont entièrement inédites.
M. Boissier ayant découvert à Gaza une Graminée voisine du Dactylis
pungens, Schreb., a été conduit à créer pour ces deux espèces un genre nou-
veau, qu'il appelle Ammochloa.
Ce genre diffère, dit l'auteur, du Sesleria par le port, par les épillets non
distiques, les floscules non aigus, la paillette inférieure non coriace ni tron-
quée-pluridentée ; de VOreochloa, Ljnk, par les floscules carénés-compri-
més, par le port et les glumes. Enfin il s'éloigne beaucoup du Dactylis par
plusieurs caractères, notamment par les stigmates qui sortent de la base
des floscules. Les deux espèces qui le composent sont : Ammochloa pun-
gens, Boiss., A. palœstina, Boiss.
L'auteur publie, dans ce dernier numéro de la première série, une table
générale qui permet de retrouver avec facilité la page du fascicule où chaque
espèce a été décrite. Il donne, en outre, un index alphabétique des espèces
qu'il a décrites dans les Annales des sciences naturelles, d'après les collec-
tions de plantes orientales d'Aucber-Eloy.
niagnases giuantut-intt orientathim ttotwrtf m , additis
nonnuilis europœis et boréal i-africanis. Séries 2a, n° 1, auctore E. Bois-
sier. Neocomi, 1853, in-8, 120 pages. (Ce cahier est daté de 1854 sur la
couverture.)
L'auteur décrit, dans ce premier numéro de la seconde série de ses
Diaguoses , non-seulement des plantes d'Orient, mais aussi un grand nombre
d'espèces d'Algérie , d'Espagne, etc., d'après ses propres récoltes et celles
de MM. Reuter, Balansa, Bourgeau, etc. Les familles représentées dans ce
fascicule appartiennent toutes (sauf les Bésédacees et les Bhamnées) aux
Thalamiflores de de Candolle. On y remarque deux genres nouveaux de la
famille des Crucifères, crées sur deux plantes récoltées dans le Caboul, et
faisant partie des collections de W. Grifflth. L'uu d'eux, nommé Strigo-
sella, est voisin du genre Morettia, DC. , duquel il diffère par sasiliquenon
septulée et ses gaines bisériées : son espèce type est le Str. Caùulica, Boiss.;
l'autre, nomme Pyramidium , se rapproche des genres Lonchophora, Du
Rieu, et Lachnoloma, Bunge. Il prend place parmi les Notorhizées Lomen-
tacces, parmi lesquelles il se fait distinguer par son port et par sa silique
non Inarticulée. Son espèce type est le Pyr. Griffîthianum, Boiss.
REVUE IÎIBL10GRAPHIQUE. 255
Revue «le la famille «les Urticées, par M. H. -A. Weddell.
[Annales des sciences naturelles, he série, t. I, p. 173.)
Pendant longtemps les Urticées n'ont été l'objet d'aucune étude suivie.
Ces plantes déliant par la petitesse de leurs fleurs un examen superficiel,
étaient, à quelques exceptions près, jetées, au fur et à mesure de leur dé-
couverte, dans le genre Urtica qui devint à la longue un vrai « caphar-
naum » (1). Gaudiehaud entreprit le premier d'établir l'ordre parmi ces
éléments disparates et, s'il eût mené sou travail à bout, il eût sans doute
laissé peu à faire après lui. Seulement « la plupart des genres établis par-
ce botaniste ont été, dit M. Weddell, si brièvement décrits, qu'il est sou-
vent très difficile de les reconnaître; et si quelques-uns d'entre eux ont été
illustrés avec soin , il faut en cbercber les ligures dans des ouvrages peu
répandus. On ne doit donc pas être surpris que leur légitimité ait été quel-
quefois méconnue. Je m'empresse cependant de le dire : les sections établies
dans la famille des Urticées par le naturaliste éminent dont nous déplorons
la perte récente sont pour la plupart très naturelles, et plus d'une fois j'ai
pu me convaincre de la netteté du coup d'œil qui l'avait guidé dans la clas-
sification de ces plantes. » Distrait, malheureusement, par d'autres études,
il ne publia qu'une simple ébauche de monographie, avec quelques belles
planches formant partie des publications des voyages de VUranie et de la
Bonite. La rareté de ces ouvrages a retardé la publicité complète d'une
partie de ces fragments et a donné lieu à quelques doubles emplois.
Quelques nouveaux genres publiés isolément sont venus successivement
s'ajouter à ceux qu'avait fondés Gaudiehaud ; mais l'atteute du travail
complet de ce naturaliste a empêché qu'il se produisit aucun autre
travail d'ensemhle sur la famille, jusqu'à celui que nous avons eu ce
moment sous les yeux. La Revue de la famille des Urticées ne parait être
d'ailleurs qu'un court résumé des études de M. Weddell sur cette matière
et constitue sans doute le prodrome d'un ouvrage plus complet sur ces plantes
remarquables. Elle comprend un aperçu des tribus eu lesquelles l'auteur
propose de diviser la famille, la diagnose des 34 genres qui la constituent
et enfin l'éuumération des espèces qu'il a pu y rapporter avec quelque cer-
titude. Le tableau suivant servira a donner une idée de l'ensemble des
genres parmi lesquels sept sont dus à M. Weddell.
(1) Sur les 300 espèces d'Urtica énumérées par Steudel dans son, Repertorium,
le genre actuel n'en a retenu que 25.
256
SOCIETE BOTANIQUE T)E FRANCE.
URT1CACE/E, Endlich.
(Urticece staminibus sub anthesin elastice prosilientibus ; ovuloorthotropo.)
' Stirpes pilis uren-
tibus armai,!1.
-
c
-
en
W
es
h-;
h
Stirpes inermes.
Trib. I. OREREiE.
Perigonium fl. J liberum, 4-7
pliyllum v. 4-7 lobum; stigma
elongatum, v. capitato-peni-
cillatum. stipula- axillares,
interpètiolares vel liberae.
/ Trib. II. LEflANTHEE.
Perigonium 11. J liberum, vulgo
3-v.-B-phyllum aut -parti-
tum ; stigma plerumque pe-
nicillatum. Stipulcu axilla-
res, rarius libéras, rarissime
subnullae.
Trib. III. BOEHMERIE.E.
iPerigonium 11. J millum vel
tubuloso-ventricosum libe-
rumque aut ovario adnatum,
on; integro aut 2-4-dentato;
stigma varium , imiiqnam
penicillatum ; bracteae sca- ,
riosœ. Stipulée axillares, sub-j
axillaresve, libéra' v. rariusf
interpètiolares.
\Gen. t. Urera, Gaudich.
2. Obetia, Gaudich.
3. Urtica, Gaudich.
4. Girardinia, Gaudich.
5. Laportea, Gaudich.
6. Fhiirya, Gaudich.
I
Gen.
Gen
7. Pilea, Lindley.
8. Lecanthus, Wedd.
9. Elatostema, Forster.
10. Pellionia, Gaudich.
11. Touchardia, Gaudich.
12. Phenax, Wedd.
13.. Myriocarpa, Benth.
14. Maoulia, Wedd.
15. Missicssya, Gaudich.
l(i. Pipturus, Wedd.
17. T'illebrunca, Gaudich.
18. Neraudia, Gaudich.
19. Sarcochlamys, Gaudich.
20. Laurea, Gaudich.
2t. Cypholophus , Wedd.
22. Boehmeria, Jacquin.
23. Margarocarpus , Wedd.
24. Pouzolzia, Gaudich.
25. Chamabainia, Wight.
26. Didymogyne, Wedd.
Trib. IV. I'AniET,\l;lEE.
\
Perigonium 11. 5 liberum 4-iGen.27.
dentatum v. -partitum ; stig- F 28,
ma filiforme v. capitato-peni- V 29,
cillatum; bracteae herbaceae L 30
post anthesin nonnunquatn 1 31
induratae. Stipulae libéra; v. 1
prorsus nullae.
Gesnouinia, Gaudich.
Hemistylis, Benth.
Rousselia, Gaudich.
Parietaria , Linn.
II el. fine, Req.
FLORES çf MO-
NANDKl.
Trib. V. FottSkAHLE.E.
Perigonium fl. $ uullum v. tu-
buloso-ventricosum liberum-
que, ore 2-4-dentato. Sti-
pulae libéras
Gen. 32. Australina, Gaudich.
33. Forskahlea, Linn.
34. Droguetia, Gaudich.
Les espèces signalées par M. Weddell, dans sa revue, s'élèvent en tout à
environ 650; une centaine d'entre elles s'y trouvent mentionnées pour la
première fois. L'auteur nous donne, d'ailleurs, à entendre qu'il en a omis
un grand nombre faute d'avoir pu les; vérifier. [Tl pense, en effet, que le
REVUE BIBLIOGKAPHIQIK. 257
nombre des espèces de vraies Urticées existant dans les herbiers seulemeut
s'élève à près de six cents.
Die Flerltteii Etiro|»»s in £4*trock.neten microsBiopiscl»
■ iiiiitrr.xtirEitcii Exemplareu sesï< ESescBireibung uiid
Abl»il«I«sng ilirer Sporen [Les Lichens d'Europe en échantillons
desséchés, examinés au microscope, avec description et figure de leurs
spores), publiés par Ph. Hepp, d.-m. Zurich, 1853, h vol. in-^°, carton-
nés, du prix de 12 fr. chaque volume.
Les Lichens, depuis quelques aimées, ont singulièrement attiré l'atten-
tion des botanistes , et le savaut mémoire de M. ïulasne sur ces plantes (1)
nous en fournit la preuve par les détails aussi curieux qu'instructifs inscrits
dans ce grand travail , où l'auteur récapitule et analyse les découvertes les
plus récentes.
On étudiait et l'on classait, il y a quelques aimées encore, les Lichens
d'après les caractères tirés de leurs formes extérieures, puisés dans la
foliaison (le thalle) et la fructification (apothécie). Depuis Acharius, l'apo-
thécie avait acquis une plus grande importance en ce que cette partie ren-
ferme les principaux organes de la reproduction, les paraphyses , les
thèques avec leurs spores, recouverts par l'hymenium.
C'est à rechercher la structure, les formes, les couleurs, le contenu des
spores au moyen de grossissements microscopiques, que M. le docteur
Hepp, aidé de son ami le docteur Naegeli, a consacré plusieurs années avec
cette patience, cette dextérité qu'exigent ces sortes d'observations. La
diversité des spores, qui se rencontre non-seulement dans une même apo-
thécie, mais aussi dans une même thèque, a obligé le docteur Hepp à mul-
tiplier les figures de ces organes, afin de mieux représenter leurs cloisons,
les couleurs de la matière contenue entre ces cloisons, ce qui l'a conduit à
nous les faire connaître aussi complètement que possible. C'est avec un
instrument d'Oberhaeuser, produisant des grossissements de 300 à 1000
diamètres, qu'ont été exécutées les observations de JM. Hepp , ce savant
ayant eu soin de se servir, pour indiquer les dimensions des spores, d'un
micromillimètre = 0,001 millimètre.
Les quatre volumes des Lichens d'Europe dont il est ici question ren-
ferment 233 espèces. Les échantillons sont bien choisis, bien préparés, et
presque tous pourvus d'apothécies (2), accompagnés d'une étiquette litho-
graphiée indiquant une nomenclature rigoureuse, la localité d'où provient
(1) Mémoire sur les Lichens {Annales des sciences naturelles, 3e série, t. XVII,
p. 5 et 153).
(2) M. Hepp donnera plus tard de nouveaux échantillons fructifies, à ajouter à
ceux qu'il n'a pu fournir d'abord dans ce dernier état.
258 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
l'échantillon, la description, les dimensions et les figures des spores. Ces
recherches étaient d'autant plus minutieuses que les spores des Lichens ont
entre elles la plus grande analogie de forme, de structure, etc., etc.; qu'il
a fallu multiplier les observations microscopiques, en saisir toutes les diffé-
rences apparentes et appréciables pour arriver à les faire ressortir suffi-
samment. Les grossissements microscopiques n'ont pas été les seuls moyens
employés pour établir ces différences; M. Hepp a aussi mis en usage les
réactifs chimiques, liode plus particulièrement, sur les matières muqueuses
ou amylacées que renferment les spores; il a eu soin également de noter la
présence du fluide oléagineux chaque fois qu'il l'a rencontré dans les spores.
Toutes ces recherches sont fort étendues , consciencieuses, et les lichéno-
graphes sauront bien certainement les apprécier. On peut espérer de ce
moyen d'investigation des Lichens par les spores, en l'ajoutant à l'examen
de toutes les autres parties de ces végétnux , qu'il contribuera à leur con-
naissance plus complète, à la stabilité des groupes, genres et espèces restés
douteux, enfin à l'établissement d'un système de classification plus parfait.
C'est dans l'ouvrage que nous annonçons qu'il faut suivre les investiga-
tions de M. Hepp, qui a su mettre à profit les travaux des lichénographes
de notre époque , en même temps qu'il a eu la patience de soumettre au
microscope les collections d'échantillons desséchés des Lichens d'Europe
publiées depuis plus de cinquante ans, ainsi que de plusieurs autres col-
lections particulières (1), afin d'étudier de plus en plus l'organisation des
spores.
Pour régulariser, dans chaque volume, la série des Lichens qui s'y trou-
vent, MM. Hepp etNaegeli ont placé en tête du premier volume un système
de classification en forme de tableau , que nous croyons devoir retracer ici.
Ce système, comme nous venons de le faire pressentir, est basé sur les
formes extérieures, et il tire ses dénominations de celles des genres que
renferme chaque groupe.
Ces quatre premiers volumes sont accompagnés d'une table alphabétique
des genres et des espèces, et M. Hepp nous avertit que son premier volume
forme le quatrième (des nos 651-706) des Lichenes Helvetici exsiccati de
Schœrer, dont il continue séparément la publication. Aussi chaque volume
des Lichens d'Europe est fabriqué comme ceux de la collection de Schœrer.
(1) Nous citerons seulement les collections publiées par Schrader, Schleicher,
Mougeot, Nestler, Schimper, Funck, Schœrer, Leighton, puis tous les Lichens de
l'herbier de Schœrer où se trouvent les échantillons-types des espèces décrites par
Acharius, Borrer, Delise, Flotow, Florke, Fries , Garovaglio, Hooker, Reichenbach,
Dufour, etc., etc.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
259
Système de classification d'après lequel sont disposés les Lichens contenus
dans la collection des Lichens d'Europe par M. Hepp, arrangement des
familles et des genres adopté conjointement avec M. Naegeli.
A. — CLADO.NIACEiE.
I. Cladonie^e.
1. Cladonia.
II. Stereocaule^e.
2. Stereocaulon.
B. — LECIDEACEjE.
III. Umbilicarie^e.
1. Gyrophora.
2. Umbilicaria.
IV. BlATOREiE.
3. Bœomyces.
h. Biatora.
5. Gyalecta.
6. Myriosperma.
7. Lecidea.
C. — CALICIACEtE.
V. Calicie.e.
1. Conyocibe.
2. Thyphelium.
3. Calicium.
D. — OPEGRAPHACE/E.
VI. OpEGRAPHEjE.
4. Opegrapha.
E. — PARMELIACE/E.
VIL Usne*:.
1. Usnea.
2. Evernia.
3. Ramalina.
h. Roccella.
5. Borrera.
6. Physcia.
VIII. Cetrarie.e.
7. Cetraria.
IX. PELTIGERE.E.
8. Heppia.
9. Solorina.
10. Nephroma.
11. Peltigera.
X. Imbricarie.e.
12. Imbricaria.
13. Sticta.
1k. Parmelia.
15. Lobaria.
XL Lecanore.*:.
16. Amphiloma.
17. Myriospora.
18. Lecanora.
19. Placodium.
20. Patellaria.
21. Psnra.
22. Urceolaria,
XII. COLLEME.E.
23. Collema.
24. Synalissa (Fries).
25. Synechoblastus (Tievhan.)
F. — SPH/EROPHORACE.Il.
XIII. Spilerophore.e.
1. Sphœrophoron.
XIV. Lichine/e,
2. Lichina.
G. — VERRUCARIACE/E.
XV. VerrdcariEjE.
1. Endocarpon.
2. Pertusaria.
3. Verrucaria.
h. Sagedia.
5. Phacospora.
G. Thelotrema.
XVL PYRENULEiE.
7. Pyrenula.
2(50 SOCIÉTÉ BOTANIQUE OE FRANCE.
Histoire et ileseriot ion «l'un C'iiagngtigaaon parasite . le
Mérule destructeur ( MetrviMiws tiestfwewts , l'ers.) qui
s'attaque aux bois employés dans les constructions et qui les détruit,
grand in-8°, pp. 12, avec une lith. color., par J.-L. Hénon, D. M.
L'auteur donne d'abord la synonymie et une description détaillée du
Mérule destructeur ; il s'occupe ensuite de sa station. Il parle des divers
caractères qu'il présente suivant l'âge et les lieux, et des ravages dont il est
la cause. Il examine si les Merulius destruens, vastator, et le Boletus des-
fructor doivent être envisagés comme espèces distinctes, ainsi que le
proposent plusieurs auteurs.
Les gouvernements français et anglais, pour obvier aux ravages que le
Mérule fait dans les constructions navales, ont provoqué des expériences
dans le but de se préserver de son invasion ou pour s'en débarrasser; mal-
heureusement , on n'a encore rien trouvé d'efficace.
Ce Champignon acquiert souvent des dimensions énormes ; il prend aussi
des formes bizarres et décrit des figures qui ressemblent à celles que l'on
voit dans les nuages ou dans la flamme, c'est-à-dire tout ce que l'on veut.
L'apparition d'un champignon de cette espèce dans la salle de la Société
d'agriculturede Douai produisit un grand émoi dans les esprits superstitieux.
Quelques-uns voyaient, dans le réceptacle rouge brun, un fragment de la
robe d'un saint homme, mort capucin et enterré dans ce lieu avant la révo-
lution. D'autres se rappelèrent qu'il avait existé jadis, sur cet emplacement,
une chapelle dédiée à la Vierge et distinguaient dans le Mérule les uns,
l'image du Christ, les autres, celle d'un Enfant-Jésus emmaillotté. Les zones
concentriques et les plis formaient à leurs yeux des rayons de gloire.
BOTANIQUE GÉOGRAPHIQUE.
ISannort sur un voyage botanique «lans le gouvernement
tle Saint-PétersBjooBrg , par M. Ruprecht. (Ballet, de l'Acad.
impér. des sciences de Saint-Pétersbourg, t. XII, n°l/i, colon. 210-224.)
Le voyage de M. Ruprecht a été fait pendant l'été de 1853, dans le but
de compléter les matériaux d'après lesquels ce botaniste publie une. nou-
velle flore de l'Ingrie, ou du gouvernement de Saint-Pétersbourg. Il a duré
la seconde moitié du mois de mai , les mois de juin , de juillet et une partie
du mois d'août.
M. Ruprecht fait observer que Saint-Pétersbourg et ses environs immé-
diats sont aujourd'hui la partie la mieux connue au point de vue de la bota-
nique de tout l'empire russe. Depuis 128 ans, des botanistes de presque
toutes les nations civilisées en ont fait l'objet de leurs explorations, et leur
flore a fourni la matière de publications en sept langues différentes, fait
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 261
peut-être unique dans la science. Du reste, la végétation y présente une
variété et une richesse vraisemblablement supérieures à celles des autres
parties du même gouvernement. La nouvelle exploration que M. Ruprecht
vient de faire de toute l'Ingrie ajoute beaucoup de matériaux nouveaux et
importants à ceux qu'on possédait déjà. Voici en résumé les principaux faits
signalés dans son rapport qu'il a limité aux phanérogames.
La spontanéité duRerberis vulgaris dans l'Ingrie est aujourd'hui un fait
positif, bien qu'il eût été révoqué en doute antérieurement par M. Ruprecht
lui-même. Cet arbuste se trouve sur les bords de la Narowa, près de Narwa,
point remarquable par sa rare richesse. C'est aussi sur le bord de cette ri-
vière que croit V Heliantkemum Cordi (vulgarè); mais s'il couvre toutes les
hauteurs exposées au soleil sur la rive qui appartient à l'Esthouie, toutes
les recherches faites pour le découvrir sur la rive qui appartient à l'Ingrie
sont restées infructueuses. Il est donc encore très douteux que cette espèce
appartienne à l'Ingrie, quoiqu'elle y ait été indiquée anciennement.
Le Thymus Chamœdrys est une nouvelle espèce pour le gouvernement
de Saint-Pétersbourg; il abonde sur les deux rives de la Narowa. Le Pru-
nus s pinosa [coœtanea) s'y trouve aussi, mais non sur la rive ingrique.
Avec lui et avec le Berberis se montre assez communément sur la rive
gauche le Cratœgus monogyna, dont INI. Ruprecht n'a rencontré qu'un seul
pied sur la rive droite ou ingrique. Au contraire, sur la rive gauche, et en-
core près de Narwa, croissent deux arbrisseaux que ce botaniste a pu ajouter
à la flore de l'Ingrie, savoir : le Rhamnus catharticus et le Cotoneaster vul-
garis.
Sur ces mêmes rives il a trouvé les espèces suivantes, nouvelles pour sa
flore : Saxifraga tridactylites, à feuilles entières et très petites (S. minuta,
Poil.), Carex prœcox, Anémone sylvestris , toujours uniflore (subbiflora,
Pritzel), Daucus Carota, Géranium Robert ianum, Avenu pratensis, F)-agaria
collina, Anthyllis Vulneraria. Parmi ces plantes, le Daucus manque seul
sur la rive de l'Ingrie.
L'Arabis arenosa est une des plantes les plus communes sur les bords de
la Narowa; mais il ne parait pas s'avancer plus loin vers l'est. M. Ruprecht
l'a vu toujours avec des fleurs blanches et un calice jaunâtre, ce qui le
rapproche du Sisymbrium arenosum.
Enfin, ce botaniste cite aux environs de Narwa et sur la rive droite ou
ingrique de la Narowa , comme nouvelles et très rares pour sa flore, les
espèces suivantes : Asperugo procumbens, Sisymbrium Loeselii, Maruta
Cotula, Astragalus glycyphyllos, Portulaca oleracea, Ribes Grossularia par-
faitement naturalisé sinon réellement spontané, enfin Fchinospermum patu-
lum probablement apporté avec des vêtements.
Le Pulsatilla pratensis qui croit dans l'Ingrie et dans la Karélie méri-
dionale diffère de celui qu'on trouve dans le milieu et le sud de l'Allemagne
par la couleur des fleurs qui fournit ici un caractère constant et sans tran-
262 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
sition. Dans la plante méridionale, la fleur est colorée en violet-noir tant en
dehors qu'en dedans ; c'est là la véritable plante officinale. Dans celle de
l'Ingrie, la fleur, pendant et un peu avant l'ouverture des anthères, est en
dehors d'un rouge-pourpre qu'une villosité gris-cendrée fait paraître terne;
en dedans, elle est, à tout âge, incolore. Vraisemblablement le Puhatilla
pratensisde la Lithuanie, du nord de l'Allemagne, etc., est la même plante.
En Ingrie elle croit toujours sur le sable. Joh. Breyn est le premier qui ait
distingué cette plante comme nouvelle. En 1719, il en avait envoyé une
figure et une description à Helwing qui, dans sa monographie, la désigna
par les mots Puhatilla flore clauso obsoleto, petalis reflexis. Mais elle
était passée inaperçue depuis cette époque. M. Ruprecht la rétablit aujour-
d'hui sous le nom de Puhatilla Breynii.
Ce botaniste a porté son attention d'une manière particulière sur le
Nymphéa blanc. Il l'a trouvé beaucoup moins répandu qu'il n'avait présumé.
Tous ceux des environs de Saint-Pétersbourg appartiennent au Nymphœa
biradiata de Sommerauer qu'il regarde comme très distinct du N. alba.
Le Senecio paludosus de Saint-Pétersbourg est la véritable plante de Linné ;
il n'était connu qu'à l'embouchure de la Newa; M. Ruprecht en a décou-
vert deux nouvelles localités. Le Senecio campestris glabratus DC. est nou-
veau pour l'Ingrie ; mais ce botaniste n'en a trouvé qu'un seul pied. Il a
trouvé aussi pour la première fois dans l'Ingrie le Salix acutifolia, le Posa
tomentosa, le Torilis Anthriscus et le Lithospermum officinale, celui-ci à
fruits, non pas blancs comme d'ordinaire, mais d'un gris bleuâtre, avec
une tache d'un brun jaunâtre sur leur côté ventral.
Enfin nous citerons comme des raretés remarquables pour la flore de
l'Ingrie, et plus de la moitié comme nouvelles pour elle, les plantes suivantes:
Çynoglossum officinale, Carex tenuiflora et rcmola, Potentilla reptans,
Petasites spurius Retz., Sempervivum soboliferum, Scleranthus perennis,
Herniaria glabra, Gypsophila fastigiata, Jasione montana, Dianthus arena-
rius, Kœleria glauca, Festuca glauca, Silène nutans et 5. chlorantha, Ve-
ronica spicata, Hieracium echioides, Helichrysum arenarium, Triodia
decumbens.
Le pommier sauvage croit çà et là et rarement dans le gouvernement de
Saint-Pétersbourg. Il est rarement en arbre; ses fruits sont acerbes et de
grosseur un peu variable. M. Ruprecht en distingue cinq formes.
Enfin les dernières raretés de la flore de l'Ingrie, signalées avec quelques
détails par ce botaniste, sont les espèces suivantes : Acoj^us calamus, Rubus
inermis et R. cœsius, Betida fruticosa abondant, tandis que le B. nana est
d'une rareté remarquable; Senecio Jacobœa trouvé seulement autrefois;
Béton ica officinale [stricto), Dianthus superbus, Nasturtium sylvestre ,
Hanunculus reptans, Potamogeton marinus, Lathyrus pisiformis qui n'a
que deux localités.
MÉLANGES ET NOUVELLES.
Sur les produits «lu Grand-Soleil, HeliamthMS iimhuih.
(Gardeners Chronicle, 16 septembre 1854.)
Le Soleil se propage de graines. Il croit avec rapidité et épuise le sol à la
manière du tabac, étant très propre, par cette raison , à former une pre-
mière récolte dans les terrains de forêts nouvellement défrichées, où le blé
se développerait d'une manière trop luxuriante pour bien fructifier. Deux
livres et demie de graines suffisent pour ensemencer un arpent qui donnera,
dit-on , une tonne et demie de graine , deux tonnes de tiges et brandies
(produisant une tonne et demie de fibres soyeuses et une tonne de fibres
ordinaires), enfin deux tonnes de feuilles. La tonne et demie de grain éplu-
ché produira 840 livres d'huile propre à l'usage de la table ou à l'éclairage,
ainsi qu'aux besoins manufacturiers ; elle est si pure et si exempte de par-
ticules aqueuses qu'elle peut même être utilisée pour l'horlogerie. Le grain
est également précieux comme comestible, car de sa farine on peut faire du
pain et diverses espèces de pâtisseries. Les fibres les plus fines de la tige
peuvent être converties en papier, et les plus grosses servent à la confection
de cordages, de paillassons, de canevas, etc. Enfin, les feuilles vertes con-
stituent un fourrage de première qualité, et les tourteaux résultant de la
pression du grain peuvent être employés à engraisser le bétail.
Sur l'Abricotier du Japon, (Gardeners Chronicle, 17 août 1854.)
Nous apprenons que les Hollandais ont réussi à faire fructifier l'Abrico-
tier du Japon, nommé par les botanistes Prunus (ou Armeniaca) Mumé.
Une figure coloriée donnée par le Tuinbouw Flora donne une bonne idée de
cette plante qui constitue indubitablement une espèce distincte et qui mérite
par sa rusticité d'appeler l'attention. Kœmpfer est le premier qui nous ait
parlé de cet arbre fruitier oriental ; il l'appelle Bai ou Umê et Umé bos. Il
dit que c'est un prunier épineux:, à gros fruits, et ajoute que ces fruits con-
servés dans le Saeki, ou bière du Japon, sont exportés dans l'Inde et à la
Chine. En 1830, Siébold et Zuccarini, dans leur ouvrage sur les plantes du
Japon, sont entrés dans des détails circonstanciés sur cet arbre. Ils l'appel-
lent Manié, Bai étant son nom chinois Le Mumé, disent-ils, se trouve
dans toute l'étendue de l'empire japonais ; mais il prospère surtout dans
les parties septentrionales où il atteint une hauteur de 15 à 20 pieds, et
~ltr>!\ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
ressemble beaucoup a un Abricotier d'Europe. A l'état sauvage, ou planté
en haies, il forme un arbuste touffu, haut de 8 à 12 pieds. On le cultive
beaucoup pour ses ileurs ainsi que pour ses fruits. Quand la saison est
favorable, l'arbre est en fleur au commencement de février; il sert alors à
décorer les autels et les habitations des Japonais, comme un symbole
du retour du printemps. Les fleurs du sauvageon sont blanches ; celles
de l'arbre cultivé varient du rose au rouge et au blanc verdâtre ou
jaunâtre. Les variétés les plus estimées sont celles à fleurs doubles dont on
se sert pour la production de variétés naines. Le goût des Japonais pour les
plantes naines est bien connu, et le Mumé est une des plantes qu'ils rédui-
sent le plus souvent à cet état. En 1826 un marchand en mit en vente un
échantillon fleuri qui n'avait que trois pouces de haut. Cette merveille de
jardinage croissait dans une petite caisse rouge vernie, à trois comparti-
ments ou étages. L'étage supérieur était occupé par le petit Mumé, le moyen
par un sapin tout aussi diminutif, et l'inférieur par un bambou haut d'un
pouce et demi.
Les fruits du Mumé mûrissent en juin ; ils sont alors insipides ; on les
sale pour cette raison, lorsqu'ils sont encore verts, comme on le fait pour les
cornichons, et on les mange en guise de légumes avec du riz et du poisson.
Quelque grand, cependant, que soit le goût des Japonais pour ces fruits,
les Européens s'accoutument difficilement à leur goût à la fois sur et amer.
On les colore ordinairement en rouge, quand on les sale, par l'addition des
feuilles de i'Ocymum crispum ou Basilic crépu. Le jus du fruit vert est
donné comme boisson rafraîchissante dans les fièvres, et on le regarde
comme indispensable à la préparation de la belle teinture rouge que l'on
tire du Cartbame.
On peut voir par ce récit que l'on ne doit pas compter l'abricot du Japon
parmi les fruits de dessert, a moins que ce ne soit sous forme d'une pré-
paration analogue à celle de l'olive qu'il semble, en effet, remplacer chez
les Japonais.
QHmensioiis «le ii««el«|ues Vignes (Journal de la Société
d'horticulture de Londres).
Pline fait mention d'une vigne qui ombrageait, aux portiques de Livie,
toute l'étendue qui yservaitde promenade, et qui livrait annuellement vingt-
deux amphores (700 litres) de vin ; le même auteur dit avoir vu, à Populo-
nia, une statue de Jupiter sculptée dans le tronc d'une vigne, et il ajoute
que les colonnes du temple de Junon, à Métapontus, et les marches du
temple de Diane d'Ephèse étaient également de bois de vigne. Dans des
temps plus modernes, Sodenini parle d'une vigne, à Portico di Romagua,
qui couvrait une étendue de 1,000 brasses.
MÉLANGES ET NOUVELLES. 265
Dans les mémoires de l'Académie de Paris, pour l'année 1737, il est
question d'une Vigne Muscat, à Balançon, qui, à l'âge de vingt ans, pro-
duisit W206 grappes de raisins.
Giovanni Targioni-Tozzetti, grand-père du professeur de Florence, en a
fait connaître une qui croissait dans les bois près de Montebamboli, et dont
deux bommes ne pouvaient embrasser le tronc. Sanli en rencontra une
autre, clans les Maremmes, déracinée par l'ouragan de 1787, et dont en
conserve le tronc au jardin botanique de Pise ; il n'a pas moins de 5 1/2 pieds
de circonférence. Enfin, M. le professeur Targioni, lui-même, a cité l'exem-
ple de deux vignes près de Figlini,dans le val d'Arno, dont les troncs
ont 5 pieds de tour. Les portes de la cathédrale de Ravenne sont faites de
ce bois.
— La plupart des journaux se sont occupés depuis quelques mois de
ïHolcus saccharatus, sur lequel une communication faite à la Société cen-
trale d'agriculture par M. Louis Vilmorin, le 20 janvier dernier, avait
appelé leur attention. Nous trouvons même dans l'un des derniers numéros
de la Botanische Zeitung une note dans laquelle M. Scblecbtendal résume
ce qu'on a dit de plus saillant à ce sujet, et a laquelle ce savant botaniste
ajoute entre parenthèses qu'il ne partage pas les espérances qu'on a conçues
relativement au rendement en sucre de cette plante. Nous croyons donc
qu'il sera bon de reproduire ici les chiffres réels de ce rendement tels qu'ils
ont été donnés par M. Vilmorin dans le Journal de Saint-Quentin posté-
rieurement à la communication faite par lui à la Société centrale d'agri-
culture. Une tige d' Holcus saccharatus pesant ^50 grammes lui a donné
150 grammes d'un jus clair, limpide et sucré. Ce jus a rendu 10,8 p. 100
de son poids de sucre. Un autre essai au sacebarimètre a indiqué des quan-
tités de sucre variant de lu, 6 à 13,8 pour 100 de jus. Le sucre se trouvait
en proportion décroissante du bas vers le haut des tiges. M. L. Vilmorin
évalue le rendement probable de cette culture à 3 kilog. de jus par mètre
carré, ou 30,000 kilog. de jus par hectare, ce qui, à raison de 10 de sucre
pour 100 de jus, donnerait le total de 3,000 kilog. de sucre à l'hectare, pro-
duit bien supérieur à la moyenne de celui que donne la betterave. Mais
avec la prudence qui distingue cet agronome distingué, M. L. Vilmorin se
garde bien de donner ces résultats comme définitifs, et il dit qu'il faudra
sans doute encore quelques années d'étude avant qu'on puisse savoir si l'in-
troduction de ÏHolcus saccharatus dans nos cultures doit être regardée
comme un événement industriel.
266 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
BIBLIOGRAPHIE.
FlorulaJuvenalis, ou Énumération des plantes étrangères qui croissent naturel-
lement au port Juvénal, près de Montpellier, précédée de considérations sur
les migrations des végétaux, par D.-A. Godron, etc., 2e édit. In-8 de 7 feuilles 1/û.
Raybois, à Nancy.
Étude sur les classifications, et en particulier sur la méthode naturelle, par
L. Hébert, maître en pharmacie. ln-6 de 5 feuilles. Witlersheim, à Paris.
Histoire chimique et naturelle du ïupulin, par J. Personne, pharmacien en chef
de l'hôpital du Midi. In-8 de 2 demi-feuilles, plus 1 planche. Thunot, à Paris.
basîndividum der Pflanze in seinem Verhaeltniss zur Species, Générations folge,
Generationswechsel und Generationstheilung der Pflanze, par le Dr Alexandre
Braun. Berlin, 1853, in-6° de 105 pages et 6 planches. {Extrait des mémoires
de l'Académie des sciences de Berlin, pour l'année 1853.)
Nous croyons devoir annoncer cet ouvrage important par son sujet comme par le
nom de son auteur, quoique la date qu'il porte soit antérieure à 1856. Au reste, il
est probable que celte date n'indique pas l'époque réelle de la publication de ce
tirage à part.
Les plantes herbacées d'Europe el leurs insectes, par J. Maquart. T. I, in-8° de
16 feuilles 1/2. Danel, à Lille.
Traité élémentaire des champignons comestibles et vénéneux, par A. Dupuis,
professeur à Grignon. 1 vol. in-18, plus 8 planches. Goin, à Paris.
Untersuchungen uber den Bau und die Bildund der Pflanzenzelle (Recherches sur
la structure et la formation de la cellule végétale), par le docteur N. Pringsheim.
lre partie : Fondements d'une théorie de la cellule végétale. In-/j° de 92 pages
et 6 planches lithogr. Berlin, 1856, Aug. Hirschwald. — 8 fr.
Bemerkungen uber die Gattung Nemerocallis und der en Art en (Remarques sur le
genre Jlemerocallis et ses espèces), par ie docteur D. F. L. von Schechtendal.
ln-4° de 18 pag. Halle, 1854, H. W. Schmidt. — 2 fr. 50 c.
Betrachtungen uber die Zwergmandeln und die Gattung Amygdalus uberhaupt
(Considérations sur Y Amygdalus nana, Lin., et sur le genre Amygdalus en gé-
néral), par le docteur D. F. L. von Schlechtendal. In-6° de 30 pag. Halle, 1856,
H. W. Schmidt. — 2 fr.
Beitraege zur vergleichenden Morphologie der Pflanzen, h Abhandlungen (Notes
relatives à la morphologie comparée des plantes, 6 Mémoires), par M. Thilo
lrmisch. In-6° de 50 png. et 8 pi. lithogr. Halle, 1856, H. Schmidt. — 8 fr.
Beitrag zur Naturgeschichte der einheimischen Valeriana-Jr/c» insbesondere der
Valeriana officinalis und dioica (Notes sur l'histoire naturelle des espèces indi-
gènes de Valeriana, particulièrement des Valeriana officinalis et dioica), par
M. Thilo lrmisch. In-Zi" de l\k pag. et 6 pi. Extrait des Mémoires de la Société
d'histoire naturelle de Halle. Halle, 1856, H. W. Schmidt. — 5 fr. 25 c.
BIBLIOGRAPHIE. 267
Beitraege zur Anatomie und Entwicklungsgeschichte der Algengattung Lemanea
(Notes sur l'anatomie et l'organogénie du genre d'Algues Lemanea), par le doc-
teur B. Warlmann. In-4° de 28 pag. et 4 pi. Saint-Gall, 1854, Scheillin et Zol-
likofer. — 2 fr. 75 c.
Denkschriften der kaiserlichen Akademie der Wissenschaften (Mémoires de l'Aca-
démie impériale des sciences de Vienne, classe des mathématiques et sciences
naturelles), septième volume publié le 20 mai 1854. In-4° de 296 et 66 pag.,
56 pi. imprimées les unes en noir, les autres en couleur. — 64 IV.
Ce volume est divisé en deux parties : la première, de 296 pag., renferme les
mémoires écrits par les membres de l'Académie ; la seconde, de 66 pag., contient
des mémoires de savants étrangers à l'Académie. Dans la première se trouvent
deux mémoires de botanique, l'un et l'autre par M. Unger : 1° Die fossile Flora
von Gleichenbetg (Flore fossile de Gleichenberg), pag. 157-184, 8 pi.; 2° Beitraege
zur Kenntniss der niedersten Algenformen, nebst Versuchen ihre Entstehuhg
betreffend (Faits relatifs à la connaissance des Algues inférieures, avec des recher-
ches sur leur origine), pag. 185-196, 1 pi.
Die Farnpflanzen der Geivaechshaeuser. Eine Anleitung zur systematischen Bes-
l timmung dervorzuglichsten auslaendischen Arten, etc. (Les Fougères des serres.
Guide pour la détermination systématique des principales espèces exotiques de
celte famille, destiné aux propriétaires de jardins et aux jardiniers), par le doc-
teur A. Schnizlein. In-8" de 38 pag. (Extrait de l'ouvrage de E. Berger, Die,
Bestimmung der Gartenpflanzen auf systematischen Wege.) Erlangen, 185/j,
J. J. Palm et Ernst Enke. — 1 fr. 25 c.
The Ferns of Great Britain illustrated, etc. (Fougères de la Grande-Bretagne,
illustrées par M. John E. Sowerby ; les descriptions et la synonymie par M. Ch.
Johnson). In-8°, Londres, 1854.
L'ouvrage aura huit livraisons; deux ont déjà paru : elles contiennent, la pre-
mière, 6, la seconde, 5 planches ; dans chacune se trouvent 8 pag. de texte. Chaque
livraison coûte, entièrement coloriée, 3 shillings ou 3 fr. 75 c, coloriée partielle-
ment, 1 sh. 6 den. ou 1 fr. 90 c.
Flora bristoliensis, par M. Edward Horace Swete. In-8° de xxvi et 138 pag.,
avec une carte et 2 pi. Londres, 1854, Hamilton et Adams. — 5 fr. cartonné.
The micrographie dictionary; a guide to the examinât ion and investigation of
the structure and nature of microscopiç objects (Dictionnaire micrographique;
guide pour l'examen et l'investigation de la structure et de la nature des objets
microscopiques), par M. J. W. Grifiith et Arthur Henfrey. In-8°, Londres, 1854.
Il en a paru deu\ livraisons contenant une introduction de XL pag., 32 pag. de
texte, et 8 pi. La livraison coûte 2 shil. 6 den., ou 3 fr. 10 c.
Die Végétât ions -Verhaeltnisse Sudbayerns (Circonstances de la végétation de la
Bavière méridionale, d'après les principes de la géographie botanique et dans
ses rapports avec l'agriculture), par M. Otto Sendtner. In-8° de 910 pag., avec
18 lig. sur bois, 9 tableaux et une carte. Munich, 1854. — 20 fr., cartonné.
268 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Die Lebènsdauer der durch ungeschlechtliche Vermehrung erhaltenen Gewaechse
besonders der Kulturpflanzen (Durée de la vie des végétaux obtenus par multi-
plication non sexuelle, particulièrement des plantes cultivées), par M. Fr. Jac.
Pochnahl. In-8" de 136 pag. Berlin, 1854, Karl Wiegandt. — 2 fr. 75 c.
Catalogue des fiantes observées en Syrie et en Palestine de décembre 1850 «
avril 1851, par MM. de Saulcy et Michon, rédigé par MM. F. Cosson et Kralik.
ln-Zl" de 20 pag. Paris, 1854, Gide et J. Baudry.
Handbueh aller bekannten Obstsorten , etc. (Manuel de tous les arbres fruitiers
connus, disposés par ordre alphabétique d'après l'époque de leur maturité, avec
indication aussi complète que possible de leurs noms allemands et étrangers,
scientifiques et vulgaires), par M. Ferd. de Biedenfeld. Premier volume conte-
nant les Poiriers, gr. in-8" de 168 pag. Iena, 1854, Fr. Frommann.
Das Leben in der Natur. Bildungs-und Entwickelungsstufen desselben inPjlanze,
Thier und Mensch (La vie dans la nature. Phases de sa formation et de son dé-
veloppement chez la plante, l'animal et l'homme), par M. Hinrichs. In-1'2 de
271 pag. Halle, H. W. Schmidl. — 3 fr. 25 c.
llortus dendrologicus. Indices in usum botanicorum, hortulanorum atque saltua-
riorum, et systematice et alphabelice compositi arborurri, fruticumet suffruti-
cum in Europa, in Asia boreali et média, in Himalayœ montibus neenon in Ame-
rica boreali sponte nascentium et in Europa média sub divo forte colendarum,
adjectis synonymis locisque natalibus, auct. Carolo Koch, sect. 2->, pag. 195-354,
gr. in-8°. Berlin, 1854, F. Schneider. — 4 fr. 80 c.
The flowering plants and Ferns of Great Britain (Plantes phanérogames et Fou-
gères de la Grande-Bretagne), par Anne l'ratt. 1er volume, in-8Q de 288 pag.,
et 47 pi. color. , Londres, 1854. (Imprimé pour la Société for promoting Chris-
tian Knowledge.) — 15 fr.
Der Banni. Betrachtangen ïtber Gestalt und Lebensgeschichte der Holzgewaechse
(L'Arbre. Considérations sur les formes et la physiologie des végétaux ligneux),
par M. Albert Wigand. In-8° de 256 pag. et 2 pi. Brunswig, 1854, Fr. Vieweg
et fils. — 6 fr.
Systeinatisches Verzeichniss der im indischen Archipel in den Jahren 1843-1848
gesammelten so voie der aus Japon empfangenen Pflanzen (Tableau systéma-
tique des plantes recueillies dans l'archipel des Indes en 18431848, ou reçues
du Japon), publié par M. IL Zollinger. 1" cahier, in-8° de 8 pag. Zurich, 1854,
E. Riesling. — 6 fr. 25 c.
Butanische Untersuchungen (Recherches botaniques), par le D' Albert Wigand.
In-8° de 168 pag. et G pi. Brunswig, 1854, Fr. Vieweg et fils. — 6 fr.
Cet ouvrage est la réunion de cinq mémoires : 1" Notes sur la tératologie, p. 1-30 ;
— 2° Nouvelles observations sur la germination des Fougères, p. 31-66 ; — 3° Sur
la substance inlercellulaire et la cuticule, p. 67-82 ; — 4" Morphologie et organo-
génie de la fleur des Graminées, p. 83-130 ; — 5° Recherches sur la direction des
plantes à la germination, p. 131-168.
Paris,, «~ Imprimerie de T.. Mmîtinet. rue Mignon, i2.
SOCIÉTÉ BOTANIQUE
DE FRANCE.
SÉANCE DU 2/i NOVEMBRE 1854.
PRÉSIDENCE DE M. AD. BROJNGNIAP.T.
M. de Schœneielcl, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de
la séance du 10 novembre, dont la rédaction est adoptée.
M. le Président annonce trois présentations.
Dons faits à la Société :
1° Par M. Lasègue :
Musée bot ani que de M. Benjamin Delessert, Paris, 1842.
Xotice sur la vie et les travaux de Guillemin, Paris, 1842.
Caroli Linnœi Classes -plant arum , Halle, 1747.
C. P. Thunberg, Flora capensis, Stuttgard, 1823.
A.-L. de Jussieu, Gênera plantarum, Paris, 1789. .
2° Par M. Weddell :
Voyage dans le sud de la Bolivie, Paris, 1851.
Voyage dans le nord de la Bolivie et dans les parties voisines du
Pérou, ou Visite au district aurifère de Tipuani, Paris, 1853.
3" De la part de M. Cboisy, de Genève :
Description des Guttifères de l Inde recueillies par le docteur Wallich,
précédée d'observations générales sur cette famille.
k° De la part de M. Mougeot, de Bruyères :
Rapport sur les objets concernant l'histoire naturelle déposés au Musée
vosgien pendant l'année 1853.
5° De la part de M. Labouret, de Rulléc :
Note sur le Cereus Martini, Lab.
t. i. 18
'270 SOCIÉTÉ BOTANIQUE ]>K FRANCE.
MM. les Secrétaires donnent lecture des communications suivantes
adressées par des membres résidant dans les départements :
OBSERVATIONS SUR UNE PRODUCTION FONGOIDE ANALOGUE AUX RHIZOMORPHES
DES ANCIENS AUTEURS, par M. L. I»E «RONDEAU.
(Reignac, près Agcn, 15 novembre lS5i.)
M. L.-R. Tulasne, dons son magnifique ouvrage sur les Champignons
hypogés, a représente un Rhizomorpha terrestris, dont quelques ramifica-
tions se dilataient en membranes, portant quelques pores semblables à ceux
des Polypores; dès lors ce savant observateur soupçonna que cette produc-
tion était analogue au mycélium des Champignons à organisation plus
complexe.
Une circonstance heureuse m'a mis à même de l'aire sur un autre Cham-
pignon une observation qui semble confirmer celle de ce savant. Ayant vu,
dans l'intérieur d'une souche de Chêne en décomposition, une production
fongoïde formée de ramifications nombreuses, planes ou cylindriques, ram-
pant dans le terreau de cette souche, je suivis attentivement ses développe-
ments successifs; ces ramifications parvenues a I air libre, s'épanouirent à
la surface de la souche en chapeaux dimidiés, garnis en dessous de pores
nombreux.
J'acquis donc la certitude que ces ramifications fongoides étaient le pre-
mier développement d'un Polypore.
Peut-on conclure de la (pie toutes les Rhizomorphes soient simplement, le
mycélium de différents Champignons? L'état actuel de la science ne permet
pas de le décider.
A l'occasion de cette lecture, M. Weddell fait remarquer que
M. Tulasne n'a jamais dit que les Rhizomorphes lussent des mycé-
lium de Polypores. Il serait à désirer que M. de Brondeau voulût
bien envover à la Société quelques échantillons du Champignon qu'il
a observé.
M. Trécul dit qu'il a vu des Rhizomorphes dont les fructifications
ressemblaient à celles d'une Sphérie, et qui étaient disposées avec
une grande régularité.
M. Gubler dit avoir vu des Rhizomorphes portant des productions
telles que vient de les indiquer M. Trécul. Mais il croit que ces pro-
ductions ne sont pas des fructifications, mais bien des ramules non
développés, ressemblant à des bourgeons et munis d'une ostiole.
M. Brongniarl ajoute qu'il a constaté, lui aussi , ces productions
des Rhizomorphes, mais qu'elles lui ont paru dépourvues d'ostiole.
SÉANCE DU %h NOVEMBRE 185/|. '271
Une lettre de M. V. Personnat, de Béziers (11 novembre 1854),
annonce qu'il a découvert, en juillet dernier, XQEnothera biennis dans
les sables maritimes de Roque-haute, commune de Portiragnes,
près Béziers.
M. Gay donne lecture d'une première partie de sa notice sur la
vie et les travaux de M. Ph. Barker Webb, comprenant sa jeunesse,
ses études à l'université d'Oxford, son voyage en Orient, et aboutis-
sant à la publication de ses observations sur la topographie ancienne
et moderne de la Troade.
M. Trécul fait a la Société la communication suivante :
EXTRAIT D'UN MÉMOIRE INÉDIT SUR LES FORMATIONS SECONDAIRES DANS LES CELLULES
VÉGÉTALES, ETC., par M. A. TRÉCl'L.
Dans la séance du 28 juin 1856, j'ai eu l'honneur de faire connaître à la
Société le résultat de mes études sur les formations spirales, annulaires et
réticulées des Cactées et du Cucurbita Pcpo. La Société se rappelle sans
doute que j'ai trouvé que les spiricules, les réticulations et les anneaux des
organes dont il s'agit, ne sont point dus a des dépôts de matières abandon-
nées par les liquides contenus dans les cellules, ainsi qu'on le croit généra-
lement ; elle sait que j'ai reconnu que ces spiricules, ces réticulations et ces
anneaux sont sécrétés par la membrane primaire de la cellule elle-même,
et qu'ils ont une structure toute différente de celle qu'on leur attribue (1).
Aujourd'hui, je prie la Société de me permettre de lui communiquer des
observations qui viennent confirmer l'opinion que j'ai émise. Elles ont été
faites sur des plantes très diverses et sur des organes élémentaires diffé-
rents. Partout où j'ai trouvé des spiricules suffisamment grosses, des an-
neaux assez volumineux, partout, dis-je, j'ai vu une cavité centrale, ren-
fermant tantôt un liquide, tantôt une matière de consistance gélatineuse,
quelquefois même tout à fait solide, suivant l'âge de l'organe que l'on
examine.
Parmi soixante espèces environ sur lesquelles j'ai déjà vérifié ces phéno-
mènes, voici les plantes sur lesquelles j-'ai trouvé l'observation la plus
facile : Impatiens fut va, I. Balsamina, P/iytolacca découdra, Atropa Bel-
ladona, Nicotiana Taèacum, Datura Stramonium , Lycopersicum esculentum,
Solarium tuberosiwi, Sambucus nigra, Pkarbitis violacea, Batatas edulis,
AUium Cepa, JËsculus Hippocastanum, Rheum Rkaponticum, Betavulgaris,
Phaseolus multiflorus , Althœa officinalis, Lavatera arborea, Helianthus
annuus, Hieracium murorum, Cuphea, lanceolata, etc., etc.
L' Impatiens fidva est particulièrement favorable à ce genre de recher-
(1) Vby. Bulletin dp la Société Botanique de France, p. 67 et suiv.
272 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
chés. Ses vaisseaux spiraux, soit déroulables, soit munis d'une membrane,
m'ont donné des coupes sur lesquelles j'ai pu reconnaître avec facilité la
structure que je viens de signaler. Très souvent la spiricule des trachées de.
cette plante étant cassée, j'ai pu voir un petit cylindre solide sortant de la
cavité de la spiricule. J'ai aussi très fréquemment aperçu une goutte de.
liquide recouvrir l'extrémité du tube, ou s'épancher au milieu de l'eau
placée sur le porte-objet.
Pour reconnaître plus aisément la membrane tubuleuse qui constitue la
spiricule, je choisis des coupes longitudinales minces des rameaux de ['Im-
patiens fulva, dans lesquelles les spiricules ou les anneaux sont coupés
transversalement; je les place dans de la teinture hydro-alcoolique d'iode
préparée comme il suit: teinture alcoolique d'iode saturée, 1 partie; eau,
5 parties. Il se fait un précipité d'iode qui maintient la liqueur à l'état de
saturation. Après que les coupes sont restées quelques instants en contact
avec cette solution, j'ajoute de l'acide sulfurique concentré, en quantité
variable, suivant celle de la liqueur aqueuse préalablement employée, et
suivant l'état ou l'âge de la membrane utriculairc de la spirale ou de l'an-
neau. L'acide dilate ces organes, dont les parois ont été colorées en jaune
d'or ou en brun par l'iode, et l'on voit très distinctement alors une cavité
assez large entourée par une membrane nettement caractérisée.
Il est très bon aussi d'isoler les vaisseaux par la macération dans l'eau
pendant quelques jours. On les dégage du tissu cellulaire qui les environne,
on les fragmente le plus possible, et on les soumet ensuite au traitement de
l'iode et de l'acide sulfurique. Après quelques moments, on les place sous
le microscope, et il n'est pas rare de voir quelques extrémités des fragments
présentant de face leur cassure, et montrant de la manière la plus nette
l'ouverture de la cavité de la spiricule.
Quand celle-ci est ainsi gonflée, on peut même reconnaître aisément la
tubulure par transparence, à travers la membrane, en plaçant le vaisseau
de manière que le plan qui passe par son axe soit au f.iyer de l'instru-
ment. On a, dans ce cas, l'image d'une coupe longitudinale, et l'on distingue
avec précision la paroi interne et la paroi externe du tube spiral.
Bien que ce moyen ne laisse aucun doute pour l'observateur exercé, il
faut cependant voir une section transversale de l'hélice afin d'obtenir une
certitude parfaite de n'avoir pas été dupe d'une simple apparence. On peut
juger de la même manière de la structure des anneaux.
J'ai signalé, dans ma première communication, des vaisseaux réticulés
qui ont une structure analogue. J'ai suivi, depuis, le développement de
plusieurs de ces organes, et j'ai reconnu qu'il présente des phénomènes sem-
blables a celui des vaisseaux spiraux et des libres ligneuses des Conifères
que je décrirai plus loin. C'est de. même la membrane primaire qui sécrète
les réticulations. Voici les modifications que l'on observe : tantôt cette
SÉANCE DU 2/j MA'EMBKE 1854. '273
membrane s'épaissit de manière que les renflements donnent lieu a un ré-
seau ; dans ces parties renflées, la membrane se dédouble, et une substance
d'aspect gélatineux s'interpose entre les deux pellicules résultant du dédou-
blement; tandis que dans les points non épaissis la membrane reste simple,
et est souvent résorbée plus tard. Ce sont ces parties non épaissies ou ré-
sorbées qui figurent des fentes ou les mailles du réseau. [Impatiens fut-vâ,
Echinocactus Brpngniartii. )
Dans d'autres vaisseaux, si la résorption de la membrane n'a pas lieu
dans les endroits non tuméfiés, le dédoublement de cette membrane se con-
tinue dans ces parties minces de la paroi vasculaire, et il y a ou non épan-
chement de la matière gélatineuse intermédiaire.
Les membranes ainsi dédoublées et la substance interposée ont pour base
la cellulose. Or, il n'y en a pas dans le liquide contenu dans la cavité cel-
lulaire; il faut donc que la membrane primaire ait emprunté à ce liquide
les éléments de cette cellulose, et qu'elle les ait élaborés de manière à la
constituer ; elle la dépose ensuite dans les parties où elle s'est épaissie et
dédoublée. Il est donc indubitable, dans le cas présent, aussi bien que dans
celui de la formation des spiricules, décrit dans la séance du 28 juin, que
c'est la membrane primaire qui sécrète la cellulose au moyen de laquelle
elle s'épaissit. Mais il est des cas dans lesquels, après avoir sécrété cette, der-
nière substance, elle la rejette en quelque sorte a l'extérieur pour former de
la matière intercellulaire, ou à l'intérieur pour donner lieu aux couches
ou membranes secondaires proprement dites (1). Alors ces formations se--
condaires, soit externes, soit internes, ont, de même que le contenu des
spiricules, du réseau ou des anneaux, une apparence, une teinte un peu dif-
férentes de celles de la membrane primaire ou génératrice , dans le jeune
âge au moins, et fort souvent à toutes les époques de la vie. Cet aspect dif-
férent a contribué à faire croire à la plupart des anatomistes de notre époque
que les couches secondaires n'étaient que des dépôts effectués par les li-
quides renfermés dans les cellules; mais, je. le répète, ces liquides ne
contiennent pas de cellulose, et n'en peuvent par conséquent déposer.
Je regrette que l'espace ne me permette pas de donner plus d'étendue à
la description de ces phénomènes, mais on les trouvera exposés avec plus
de détail et accompagnés de figures, dans les Annales des sciences natu
relies, !\e série, t. Il, où ce mémoire va être publié.
Ces phénomènes compris, on concevra aisément la constitution et le dé-
veloppement des fibres ligueuses des Conifères, sur lesquels on a tant dis-
(1) Je ne veux point dire ici que toutes les couches secondaires quelque nom-
breuses qu'elles soient, aienl pour origine immédiate la membrane primaire ; je
veux seulement dire que l'ensemble de ces couches a eu pour point de dépari
relie membrane primaire.
27/l SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FKAÏSCE.
cuté, Je parlerai ici seulement de la structure et de la formation de ces
organes chez le Taxas baccata dont l'organisation est la plus compliquée.
Toutes les fibres ligueuses naissantes sont disposées en séries horizontales,
rayonnant du centre à la circonférence, et les cavités des fibres contiguès
sont séparées, a leur origine, par une membrane simple de laquelle naissent
les autres membranes de chacune d'elles. Par les progrès de la végétation,
cette membrane simple s'épaissit, puis se dédouble en sécrétant de la ma-
tière intercellulaire, de laquelle elle n'est pas tout d'abord distincte, se con-
fondant avec elle dans le principe. Le dédoublement commence entre les
séries rayonnantes des jeunes fibres, et ensuite il s'effectue entre les fibres
qui composent chacune de ces séries. Ce n'est quelquefois que beaucoup
plus tard que le dédoublement s'opère dans ce dernier sens; d'autres fois
aussi il a lieu de très bonne heure.
Mais cette disjonction ou ce dédoublement ne se fait pas avec uniformité
sur toute l'étendue de. la membrane. Quand la plante est en pleine végéta-
tion, si l'on fait dans la couche génératrice des coupes minces perpendicu-
lairement aux rayons médullaires, on voit, d'abord dans les coupes les plus
externes, que les cellules des deux séries adjacentes n'ont qu'une paroi
commune, mince, rectiligne ; sur des coupes situées un peu plus profon-
dément, on voit la membrane commune se renfler par places, de manière à
simuler une série de nodosités alternant avec des parties contractées, ou
plutôt non épaissies. Les parties renflées sont de longueur variable. On verra
souvent que, dans ces renflements, la membrane est encore simple comme
dans les endroits non tuméfiés; mais un peu plus tard on reconnaît que ces
renflements se partagent longitudinalement en trois parties ou bandes, deux
latérales minces qui sont les membranes primaires particulières à chaque
cellule fibreuse, lesquelles s'isolent en ce moment de la matière intercellu-
laire qui a été sécrétée évidemment par la membrane primitivement simple.
Cette matière intercellulaire extérieure aux deux membranes primaires voi-
sines, entre lesquelles elle est interposée, pourrait être appelée formation
secondaire externe par opposition aux formations secondaires internes, qui,
comme nous l'avons vu plus haut, ont une origine semblable. J'ai suivi dans
d'autres plantes le développement de cette matière intercellulaire, et j'ai
été conduit aux mêmes conclusions. La description de ces exemples ne peut
trouver place ici, à cause du peu d'étendue accordé à cet extrait.
Pendant que la formation de cette matière intercellulaire s'opère à l'exté-
rieur avec le dédoublement de la membrane cellulaire, ou souvent a une
époque un peuplustardive, la paroi interne de chaque jeune fibre se tapisse
d'une substance plus claire, dont la densité augmente bientôt vers le bord libre,
du côté de la cavité cellulaire, par conséquent. Il est donc bien évident
aussi, par l'accroissement de densité de ce côté, que cette production secon-
daire n'est pas formée par un dépôt des matières liquides renfermées dans
SÉANCE LU! 24 NOVE.MBHE 1854. *275
la cellule. De plus, cette pellicule n'a pas, dans le principe, une égale
épaisseur sur toute l'étendue de la cavité cellulaire ; elle apparaît sur le côté
de la cellule qui regarde la moelle avant de se montrer sur le côté qui re-
garde l'écorce. C'est là ce que l'on observe sur des coupes longitudinales
parallèles aux rayons médullaires ; si l'on étudie, au contraire, des coupes
longitudinales perpendiculaires à ces mômes rayons, on voit quelquefois le
même phénomène dans une autre direction. Dans dételles coupes tangen-
tielles, toutes les jeunes fibres ligneuses ne sont pas également avancées
dans leur développement. II arrive souvent que de chaque côte d'une libre
à peu près parfaite il s'en trouve une autre dont les couclies secondaires ne
font qu'apparaître. Eh bien, c'est toujours sur le côte contigu à la libre
parfaite que nait d'abord la formation secondaire ; elle s'étend ensuite dans
la direction opposée. Cela ne pourrait avoir lieu, suivant la théorie des
dépôts, dont les couebes doivent être uniformes sur tous les côtés de la cel-
lule, puisqu'elles sont formées, dit-on, par des courants qui auraient lieu
autour de la cavité utriculaire.
Quand cette zone interne est arrivée à peu près à l'épaisseur qu'elle doit
avoir, elle se divise en deux membranes ; le bord libre, plus dense, qui
entoure immédiatement lacavité, forme l'intérieure; elle se revêt de linéa-
ments le plus fréquemment eu hélice, quelquefois annulaires, qui naissent
comme les spiricules et les anneaux des Cactées, etc., dont j'ai entretenu la
Société.
La paroi propre à chaque cellule fibreuse est donc composée, à cette
époque, d'une membrane primaire, d'une formation secondaire externe
(matière intercellulaire), et de deux zones de formation secondaire interne.
la plus âgée de ces dernières est la plus intérieure, c'est la ptychode de
M. Hartig ; la seconde, interposée entre celle-ci et la membrane primaire,
est Yastathe du même auteur ; la membrane primaire, après son dédouble-
ment, ne parait pas avoir été aperçue par M. Hartig, qui appelle eustathe
la matière intercellulaire ; mais cette dernière est souve.it /esorbée, alors
les fibres voisines ne sont plus unies par cette membrane commune ou
eustathe ; et cependant, dans ce cas-là même, il y a encore entre deux
cavités cellulaires plus de membranes que n'en a trouvé M. Hartig ; il y en
a trois poui* chaque cellule ou fibre, ce qui fait six ; et M. Hartig n'en
compte jamais que cinq, quand ce qu'il regarde comme la membrane com-
mune ou eustathe existe. Si l'on examine avec beaucoup d'attention des
coupes transversales dont les libres sont parfaitement développées, dont
la membrane primitive d'abord commune aura été dédoublée sur tout le
pourtour des cellules, on trouvera sept couebes si la matière intercellulaire
existe.
Les libres ligneuses du Tu. eus bnecata et des autres Conifères présentent
des sortes de ponctuations aréolées, qui ont été regardées comme des parties
2?0 SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE.
sur lesquelles il Lie s'est pas opéré de dépôts secondaires à la surface
nterne de la membrane primaire, en sorte que, suivant M. Hugo Mohl et
es anatomistes qui admettent la même opinion, il n'y a pas de perforation,
de communication immédiate entre les deux cellules fibreuses adjacentes.
Que ces botanistes mettent de côté toute idée théorique, et qu'ils examinent
avec attention cette partie de la cellule, ils reconnaîtront qu'il y a réelle-
ment perforation, qu'il n'existe pas de membrane obturatrice dans les fibres
ligneuses du Taxus baccata, du Pinuspicea, du Giuko biloba, etc., dont
on a souvent parlé. Ils s'apercevront, en outre, que la membrane externe
de chaque fibre est parfaitement continue, à travers ces ouvertures, avec sa
membrane interne ; il semble, à cette époque, qu'elles ne soient formées
que par le dédoublement d'une même membrane et qu'entre les parties dé-
doublées se soit déposée une substance médiane comme celle que j'ai signalée
dans certains vaisseaux réticulés, etc. Voilà ce que l'on observe dans des
fibres adultes ; mais si l'on étudie des fibres plus jeunes, on découvrira que
non-seulement la membrane externe et l'interne d'une même cellule sont
reunies, mais encore on verra qu'il y a aussi continuité entre les membranes
nternes de deux cellules ou fibres adjacentes. Ce n'est que postérieurement
qu'il s'établit une solution de continuité entre les membranes d'une fibre
et celles de l'autre. C'est, en effet, au pourtour de ces ouvertures que la
scission entre deux fibres s'opère en dernier lieu ; et c'est là probablement
ce qui a fait croire à M. Schacht que les espaces lenticulaires qui se trou-
vent ici sont des cellules munies d'une membrane propre.
Ces vacuoles lenticulaires m'ont paru contenir, à leur début, une matière
d'apparence gazeuse, ainsi que l'a dit M. Schleiden, et non un liquide ren-
fermant des granules, ainsi que le pense M. Scbacht. Cette substance gra-
nuleuse se montre dans l'épaisseur de la membrane pendant que celle-ci se
résorbe pour produire les ouvertures ou perforations que je viensde décrire.
Si ces perforations sont assez souvent précédées de l'apparition de ces
vacuoles lenticulaires, il n'est pas exact, cependant, de penser, avec
M. Schleiden, que ces dernières soient nécessaires à la formation des ponc-
tuations ou parties de la membrane sur lesquelles il ne s'est pas fait de dépôt
secondaire, ce qui lui donne l'apparence ponctuée, parce qu'il est une mul-
titude de cas dans lesquels les canalicules qui donnent lieu à l'apparence
de ponctuations ne sont pas accompagnés de ces vacuoles. Le Taxus
baccata lui-même offre assez fréquemment des perforations qui ne sont pas
pourvues de ces espaces lenticulaires.
i\I. Duchartre demande si M. Trécul s'est assuré de l'absence de
membrane obturatrice entre les cellules des Conifères autrement que
par des coupes très minces.
SEANCE DU 'là NOVEMBRE 18ÔA. "277
M. Trécul répond qu'il y est parvenu au moyeu de la teinture
d'iode.
M. Brongniart dit que , d'après ses propres expériences, il croit
pouvoir admettre dans le jeune âge l'existence de la membrane
obturatrice qui disparaît à l'état adulte. Il a constaté, il y a plusieurs
années, l'existence de perforation complète, en taisant passer de
l'huile d'une cellule dans l'autre à travers les pores.
M. Trécul maintient son opinion à l'égard des Conifères, tout en
reconnaissant que, dans beaucoup d'autres cas, il existe dans le
jeune âge des membranes obturatrices qui peuvent se résorber plus
tard.
M. Parlatore fait à la Société la communication suivante :
NOTE SUR QUELQUES FAITS D'ORGANOGRAPHIE OBSERVÉS DANS LES PLANTES
MONOGOTYLÉDONÉES , par M. PII. PARLATORE.
En m'occupant pour ma Flore d'Italie des plantes monocotyledonees
italiennes, que j'ai étudiées autant qu'il m'a été possible sur le vivant, j'ai
été à même de noter quelques petits faits d'organographie végétale dont je
vous soumets, Messieurs, quelques-uns, seulement dans le but de rendre
bommage à cette Société qui , quoique récemment fondée, est déjà prospère,
grâce aux honorables membres qui la composent et à l'illustre président qui
la dirige; car je ne puis en ce moment vous présenter un travail réellement
digne de vous, étant venu à Paris sans y être préparé et n'ayant pas avec
moi tous les manuscrits de mes observations.
Je noterai d'abord que dans certaines espèces de Luzula on voit les grains du
pollen réunis quatre à quatre comme on les trouve dans plusieurs Orchidées.
Cette disposition du pollen n'est pas d'ailleurs particulière aux Orchidées, car
on la connaît déjà dans le Periploca grœca ainsi que dans un petit nombre
d'autres plantes dicotylédonées, et je me rappelle l'avoir trouvée moi-même
dans quelques Bruyères. Cela s'explique facilement par le développement
du pollen, qui, au commencement, est formé, comme on le sait, par quatre
granules réunis entre eux.
J'ai observé, en outre, la présence des raphides avec le pollen, en dedans
des loges des anthères, dans plusieurs plantes de la famille des biliacées,
telles le Lachenalia tricolor, le Muscari racemosum, le Bel levai ia ro-
mana, etc. Les raphides réunies en faisceau comme on les trouve ordinaire-
ment ou dispersées, étaient mêlées aux grains du pollen. Je n'ai pu observer
la cellule particulière qui d'ordinaire renferme chaque groupe de ces ra-
phides, mais je crois qu'elle avait été déchirée, ce qui avait permis la sortie
des raphides. Tout le monde sait que Delile a observé des cristaux salins
"278 SOCIETE BOTANIQUE !>E FKANCE.
cubiques mêlés avec les grains du pollen du Caladium bicolor. Les obser-
vations que je viens d'enregistrer démontrent que la simultanéité des cris-
taux salins avec le pollen , au moins dans les plantes monocotylédonées,
n'est pas un fait aussi rare qu'on le pense, et je ne doute pas qu'on ne trouve
ces raphides mêlées avec le pollen chez plusieurs plantes, si cela n'a pas été
déjà observé par d'autres botanistes, ce que j'ignore quant à présent.
Les Luzula m'ont présenté un t'ait qui, quoique entrevu par M. de la
Harpe et par Kunlh, n'a pas été, à mon avis, bien étudié jusqu'ici. Dans une
section des Luzula qui renferme les espèces à graines non appendiculées,
on trouve dans les graines, a l'époque de la maturité, plusieurs filaments
blancs, longs, élastiques, qui, de la base de ces graines, vont s'insérer au
placenta, à la base de la capsule qui, dans ces plantes, comme on le sait
bien, est uniloculaire. Ces filaments ont élé vus dans deux espèces seule-
ment par Kuntl), qui ne s'occupa pas de leur valeur organographique, et
ils ont été observés dans plusieurs espèces par M. de la Harpe, qui ne les a
pas bien décrits en disant qu'à la base des graines de ces Luzula, à l'époque
de leur maturité, on voit un pinceau de poils laineux dans lequel on recon-
naît plusieurs vaisseaux en spirale déroulée. Ces filaments tiennent certaine-
ment d'un côté au hile situé à la base des graines, et de l'autre au placenta
qui est à la base de la capsule, car en tenant les capsules renversées, les
graines ne tombent pas, quoiqu'elles soient assez grosses; ils sont formés
par des cellules allongées, unies bouta bout, comme les cellules de certains
poils ou de certaines Conferves , et sont souvent plies en zigzag, ce qui
explique leur élasticité ou pour mieux dire leur facilité à s'étendre. Je
les considère comme des restes du funicule ombilical, les vaisseaux spiraux
ayant ordinairement disparu ou ayant été déchirés par l'allongement des
cellules environnantes, car le funicule ombilical entier est d'abord court et
épais. C'est un fait a peu près semblable à ce qu'on voit dans quelques
genres de Maguoliacées et surtout dans le genre Magnolia, où le funicule
ombilical très long tient les graines suspendues; cependant dans les Luzula,
ce funicule se sépare pour former, après la destruction des vaisseaux, des
filaments isolés.
Dans l'intérieur de la capsule des Asphodelus et des Asphodeline j'ai
observé un tissu utriculaire, lâche, rempli d'un liquide jaune ou jaunâtre
qui a l'apparence de la gélatine : ce tissu est plus ou moins abondant, selon
que la grosseur des graines laisse plus ou moins d'espace vide dans la
cavité des capsules ; ainsi il est moins abondant dans les Asphodelus albus et
ramosus, dont les graines sont assez grosses, et au contraire il est très déve-
loppe dans Y Asphodeline lutea dont les graines sont plus petites. Cette
matière pulpeuse ou gélatineuse rappelle en quelque manière celle que l'on
observe dans l'intérieur de l'ovaire des Aroïdées, lorsque dans celles-ci elle
se montre comme une substance pulpeuse ou gélatineuse : cependant , il
SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 185/|. 279
faut noter que celle des Aroïdées est formée par des filaments confervoides,
c'est-à-dire par des filaments composés de cellules placées bout à bout, qui
varient selon les genres, étant tantôt courts, tantôt longs, de manière à rem-
plir en tout ou en partie la cavité de l'ovaire, tandis que dans les Aspho-
delus et les Asphodeline, le tissu utriculaire, rempli d'un liquide jaune ou
jaunâtre, est formé par des cellules hexagones ou presque sphériques réunies
en masses et non pas en filaments. Du reste, l'origine de ces matières est
différente dans ces plantes, car chez les Aroïdées c'est le tissu conducteur
même qui les forme en pullulant au delà de son canal dans l'intérieur de la
loge, et il est très développé dans l'ovaire; tandis que chez les Asphodelus
et les Asphodeline c'est à l'endocarpe qu'on doit, à mon avis, la matière
pulpeuse qui se développe dans les loges des capsules. A propos des Aspho-
delus, j'aurais maintenant noté la présence d'un arille dans les graines de ces
plantes, si déjà M. Ad. Brongniart ne l'avait pas fait connaître, il y a peu
de temps, dans une des séances de cette Société : je suis heureux de
dire ici que j'avais fait les mêmes observations que lui, et je me félicite de
me trouver aussi souvent d'accord avec les observations et la manière
de voir de ce savant distingué dont je m'honorerai toujours d'avoir été
l'élève.
Je noterai, enfin, une disposition particulière de l'ovule anatrope que j'ai
observée dans quelques espèces A'Erythronium et de Gatanthus. Les ovules
de V Eryihfonium Dens canis, longifolium, etc., sont anatropes, comme on
le sait, presque horizontaux et comme penchés et ils présentent au sommet,
(base anatomique de l'ovule) un prolongement acuminé et courbé en forme
de hameçon ou de crochet. En observant ces ovules au microscope, on voit
qu'ils sont anatropes, et que ce prolongement est formé seulement par les
téguments (la primine et la secondine) sans que le noyau y entre pour la
moindre part. On observe à peu près le même fait dans les ovules des
Galanthus qui sont aussi anatropes, mais qui n'ont pas le sommet aussi
courbé que ceux des Erythronium.
M. Chatin l'ait à la Société la communication suivante :
RECHERCHE DES RAPPORTS ENTRE L'ORDRE DE NAISSANCE ET L'ORDRE DE bÉHISCENCE
DES ÉÏAM1NÈS, par M. AD. CHAUX
Je viens soumettre à la Société les observations que j'ai faites sur les
rapports qui existent entre l'ordre de naissance et l'ordre de maturation ou
de déhiscence des étamines.
Il est peu de botanistes qui n'aient fait souvent la remarque que les éta-
mines d'une même fleur n'ouvrent pas leurs anthères simultanément, ni
même à des intervalles toujours et irrégulièrement rapprochés, mais qu'il
280 SOCIÉTÉ BOTAMQLiE DE FRANGE.
existe au contraire un temps plus ou moins long entre la déhiscence des
diverses étamines, en même temps qu'un certain ordre préside à cette déhis-
cence. Chez les fleurs diplqstémones, telles que celles des Caryophyllées,
des Rutacées et des Onagrariées, on constate presque toujours que l'un des
veiticilles de l'androcée, ordinairement celui dont les étamines ont le plus
de longueur, a complété la déhiscence de ses anthères avant que le verlicille
des petites étamines ait commencé à ouvrir les siennes. Dans heaucoup de
plantes, les étamines, qu'elles forment deux veiticilles comme dans les
Rhododendrons, ou un seul comme chez les Azalées et les Scrophulacees,
ordonnent leur déhiscence de la bractée vers l'axe, de telle sorte que celles
du côté inférieur de la fleur sont ordinairement plus tôt mûres (et plus lon-
gues) que celles du côté supérieur. Un ordre d'évolution inverse de celui
qui précède peut être observé dans un assez grand nombre de Liliacées,
famille dans laquelle on trouve d'ailleurs toutes les combinaisons entre la
déhiscence par veiticilles distincts, la déhiscence procédant de l'axe vers la
bractée et la déhiscence simultanée des étamines des deux veiticilles. Enfin,
chez quelques plantes , telles que les Tropéolées et un assez grand nombre
d'espèces appartenant pour la plupart a l'alliance des Malpighinées de
M. Ad. Rrongniart (alliance dans laquelle j'ai proposé de comprendre les
Tropéolées), les étamines mûrissent successivement, et comme au hasard,
sur les deux côtes de la fleur et vers ses parties supérieure et inférieure;
mais, sous ce désordre apparent, on peut reconnaître avec certitude, par la
place qu'occupent les étamines relativement à chacun des sépales et des
pétales, que leur évolution s'opère d'après des règles invariables.
Si Vorganographie montre que les étamines d'une même fleur diffèrent
souvent entre elles, vers l'époque de leur maturation, et par leur longueur
et par le moment précis de leur déhiscence, 1 'organogénie apprend à son
tour que ces étamines ne naissent pas toujours à la fois; et si l'on vient à
comparer d'une manière générale l'ordre de maturation à l'ordre de nais-
sance des étamines, on arrive a reconnaître que ces deux états ou âges sont
lies entre eux par des rapports de trois sortes, qui peuvent être ainsi ex-
primés :
1» Il y a rapport direct ou parallélisme entre l'ordre de naissance et
l'ordre de maturation des étamines. (Coriariacées , Caryophyllées, Gérania-
cces, Malvacées, Mimosées, Rutacées, Saxifragées, Crassulacées , Mélas-
tomacees, Onagrariées, Rosacées, Myrtacees, Monotropées, Dioscorees,
Mélanthacées, Tradescantiees, Hypoxidées, Asparaginees, Asphodélées,
Liliacées, Amaryllidees, etc.)
2° L'ordre de déhiscence est plus ou moins indépendant de l'ordre de
naissance, des étamines (quelques Renonculacées et Rutacées, Papiliona-
cées (?) Rhododendrées , Scrophulacees, Rignoniacees , Acanthacées, Ver-
benacées, Orobanchees, quelques Liliacées et Amaryllidees. etc.)
SÉANCE Dl 'lh NOVEMBRE 1854. 2S1
3° Il y a rapport inverse entre l'ordre de maturation et l'ordre de nais-
sance des etamiries. Je n'ai vu encore avec certitude ce dernier rapport que
dans les Cassia et surtout dans YOxalis Deppii, duquel se rapproche
YO. rosacea qui ouvre à peu près simultanément ses deux verticilles d'éta-
mines. Il est inutile de dire que chez ces Oxalis , comme dans les autres
espèces du genre , les ëtamines placées devant les sépales naissent toujours
les premières, ainsi que l'a vu M. Payer.
Une remarque qui se présente tout d'abord à l'esprit , c'est que si le pre-
mier rapport ou le rapport direct eût seul existé, l'organogénîe de l'androcée
eût pu se faire fort aisément sans ouvrir un seul bouton , dont le jeune âge
eût été fidèlement traduit par l'état relatif des étamines développées. Alors
on eût pu dire avec raison que l'organogénîe ne sert qu'a faire voir difficile-
ment et incerlainement au travers de verres grossissants ce qu'un peu plus
tard on distinguerait aisément et sûrement à l'œil nu. Mais on a vu qu'il
n'en est rien, et que le botaniste qui voudrait faire ainsi de l'organogénîe en
déduisant les rapports de naissance des rapports qu'ont entre elles les par-
ties développées tomberait dans de grossières erreurs.
M. Balansa fait à la Société la communication suivante :
NOTE SUR UN NOUVEAU RUMEX DE L'ASIE MINEURE, par M. B. BALANSA.
Dans le voyage que je viens de faire en Asie Mineure, j'ai récolté un
Rumex qui m'a fourni l'occasion de faire quelques observations dont le
résultat ne sera peut-être pas sans intérêt pour la Société.
L'extrême ressemblance de ce Rumex avec la variété multifide du Rumex
Acetosella me faisait espérer que je ne tarderais pas à en reconnaître le nom ;
mais mon attente a été trompée, quoique son extrême vulgarité en Orient
donnât lieu de penser qu'il n'avait point échappé à l'attention des bota-
nistes. Voici quels sont les motifs qui m'ont amené à ce résultat négatif.
Linné, dans la seconde édition du Species plantarum, décrit, d'après
un échantillon imparfait, sous le nom de Rumex multifidus, une plante
croissant dans l'Italie méridionale et en Orient et que la plupart des bota-
nistes ont rapportée depuis au Rumex Acetosella. Malgré toutes mes recher-
ches, il ne m'a pas été possible de vider complètement cette question, et de
me convaincre qu'en établissant le Rumex multifidus Linné ait eu en vue
l'espèce que j'ai récoltée en Asie Mineure, car le caractère sur lequel il a
fondé ce RumexiYtx qu'une importance secondaire, et est, d'ailleurs, commun
à une variété du Rumex Acetosella et à la plante qui fait le sujet de cette
communication. Linné lui-même semble avoir rendu cette question tout à
fait insoluble en faisant dans son Rumex Acetosella une variété pour la-
quelle il cite la phrase et. la ligure de Boeeone qu'il a attribuées également à
282 SOCIÉTÉ BOTANIQUE 1)1. FRANCE.
son Rumex multifidus. Dans cet état de choses, j'ai cru qu'il était nécessaire
de ranger le Rumex multifidus de Linné au nombre des variétés du Rumex
Acetosella, et d'élever au rang d'espèce, sous le nom de Rumex acetosel-
loides, la plante que j'ai récoltée en Asie Mineure.
Les études que j'ai été obligé de faire pour cette dernière espèce m'ont
aussi fourni l'occasion de constater dans le Rumex Acetosella un caractère
qui parait avoir échappé jusqu'à présent à l'observation, et qui forcera
de créer une nouvelle section pour cette espèce et de modifier les caractères
génériques des Rumex.
Dans le Rumex Acetosella, les trois divisions intérieures du périgone
sont en effet intimement soudées avec l'akène jusqu'au sommet ouvert seu-
lement pour laisser passer les styles. Campdera, dans sa Monographie des
Rumex, publiée en 1819, a entrevu cette soudure. Décrivant les divisions
intérieures du périgone des fleurs femelles du Rumex Acetosella, il s'ex-
prime ainsi : Sepala interiora erecta plana ovata et acutiuscula ut cariop-
sidis faciès quibus contigua, sœpeque adherentia, extus sublœvia interdum
abortiva ? Mais ces derniers mots interdum abortiva rapprochés de ceux-ci
sœpeque adherentia n'expriment pas d'une manière suffisamment nette et
précise l'adhérence intime des divisions intérieures du périgone du Rumex
Acetosella avec son akène. Les botanistes descripteurs qui ont écrit après
Campdera n'ont pas remarqué non plus cette adhérence. Les uns ont décrit
ces divisions comme caduques, les autres se bornent à dire qu'elles sont
dressées et qu'elles égalent l'akène.
Campdera, et après lui Endlicher, placent cette plante dans la section
ùesAcetosœ. Le Rumex Acetosa, type de cette section, ayant les akènes li-
bres, il est indispensable de créer dans le genre une nouvelle section qui,
sous le nom d' Acetosella, renfermera seulement le Rumex Acetosella. Cette
section serait surtout caractérisée ainsi : Perigonii foliola interiora extus
lœvia achœnio adnata.
Ainsi que je l'ai dit précédemment, le Rumex acetoselloides ressemble
tellement par le port a la variété multifidedu Rumex Acetosella, que, sans
l'examen du fruit, il est difficile, pour ne pas dire impossible, de l'en
distinguer. Il parait être très répandu en Orient ; il ne serait pas étonnant
qu'on le rencontrât dans des régions plus occidentales et peut-être même en
France. Cette espèce se distingue facilement du Rumex Acetosella par les
trois divisions intérieures du périgone un peu plus longues que l'akène et
n'ayant aucune adhérence avec lui.
En voici la description :
Rumex acetoselloides, Balansa pi. or. exsicc. n. 351 (1854).
Rumex pereonis; caudice in radicem tenuem elongatam producto; cau-
libus erectis vel subdiffusis ; foliis glabris, petiolatis, bastatis, auriculis
multipartitis sa>pe divaricatis rarius indivisis; ochreis pellucidissublaceris,
SÉANCE DU 2/| NOVEMBRE 185/|. "283
elongatis ; panieula terminali, thyrsoidea, verticellastris midis paueifloris ;
floribqs dioicis, pedunculatis, peduneulo apice articulato demum reflexo ;
in floribus maseulis perigonii laciniis exterioribus oblongo-laneeolatis ,
erectis, interiora ovata subaequantibus ; antheris ovato-rotundis; laciniis
perigonii fructiferi exterioribus parvis erectis, interioribus ovato-suborbi-
culatis obtusis granulo destitutis integerrimis venosis mernbranaceis eon-
niventibus exteriora triplo superantibus ; aebaeniis triquetris Isevibus ni-
tidis, liberis, segmenta exteriora subœquantibus ; stylis longiusculis ;
stigmatibus complanatis, ambitu suborbiculatis, multifidis.
Crescit prope Smyrnam, in Sipylo supra Magnesiam, ad Bozdagb in
Tmolo occidentali, et verosi militer in multis aliis locis.
M. Payer expose à la Société les résultats généraux de ses recher-
ches orgânôgèniques sur les étamines périgynes et sur les ovaires
infères :
Dans toutes les fleurs a étamines périgynes, le réceptacle est d'abord co-
nique, comme dans les fleurs à étamines hypogynes ; mais tandis que, dans
celles-ci, ce cône persiste, et que sasurface latérale produit successivement,
de bas en haut, les sépales, les pétales, les étamines et le pistil, dans celles-
là cette forme conique disparait promptement, et le réceptacle prend l'as-
pect d'une coupe plus ou moins évasée, sur les bords de laquelle les sépales,
les pétales, les étamines et les feuilles carpellaires prennent successivement
naissance de haut eu bas. Les fleurs à étamines hypogynes peuvent donc
être considérées comme des arrêts de développement des (leurs à étamines
périgynes.
Lorsque l'ovaire de ces fleurs à étamines périgynes doit être supère comme
dans les Roses, le fond de la coupe receptaculaire porte les carpelles ; lors-
qu'au contraire l'ovaire doit être infère, les feuilles carpellaires naissent à
mi-hauteur sur les parois de la coupe receptaculaire sur un même cercle
horizontal, deviennent connées entre elles, et forment au-dessus du fond de
cette coupe receptaculaire une sorte de dôme. Il s'ensuit que l'ovaire infère
se compose de deux parties principales : l'une axile, la coupe receptaculaire ;
l'autre appendiculaire, le dôme.
Résumant ensuite les diverses modifications que les ovaires infères lui ont
présentées, M. Payer distingue :
i " Des ovaires infères avec placenta central, comme dans les Composées,
ou l'ovaire a la forme d'une cupule, dont la partie supérieure est recou-
verte par une sorte d'opercule formé par deux feuilles carpellaires connées,
et dont le fond est occupé par un ovule anatrope et dense ;
2° Des ovaires infères avec placentas pariétaux : ces placentas pariétaux
peuvent être alternes avec les feuilles carpellaires comme dans les Loasées,
:>8/( SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
ou superposés a ces feuilles carpellaires comme dans la Scabieuse , ou
l'ovaire infère se compose d'une cupule axile surmontée d'un cône formé
par une feuille carpellaire dont les bords se sont rapprochés et soudés , et
d'un placenta superpose a cette feuille carpellaire , placenta qui produit un
seul ovule anatrope et suspendu ;
3° Des ovaires infères avec placentas qui, étant pariétaux a l'origine,
s'avancent vers le centre de la cavité , s'y rencontrent et s'y soudent de fa -
çon à partager cette cavité en autant de compartiments : comme exemple
de ces ovaires infères, M. Payer cite les Cucurbita ;
h° Des ovaires infères où les loges se forment par des sortes de puits qui
se creusent au pied des feuilles carpellaires (ex. : Mesembryanthemum) ;
5° Des ovaires infères ou les loges se forment, dans leur partie inférieure
par des sortes de puits qui se creusent au pied des feuilles carpellaires
comme dans les Mesembryanthemum, et dans leur partie supérieure par des
cloisons qui, partant des parois, viennent se réunir au centre comme dans
les Cucurbita : un grand nombre d'ovaires infères se rangent dans cette divi-
sion. M. Payer cite entre autres les Symphortcarpos, qui présentent en outre
ce fait singulier que, à l'origine comme à l'état adulte, deux loges sont
monospermes et deux loges sont polyspermes.
Quant au disque, quelle que soit sa forme, il ne représente point, comme
le croient la plupart des botanistes, un ou plusieurs verticilles dont les di-
verses parlies ont avorté et sont devenues glanduliferes, mais bien un gon-
flement du réceptacle qui se produit longtemps après l'apparition du pistil.
M. Duchartre fait remarquer que la théorie que vient d'exposer
M. Payer comme résultant de ses observations, est identique avec
celle déjà développée depuis longtemps par M. Schleiden.
M. Payer répond que son travail est différent de celui de M. Schlei-
den, surtout en ce sens qu'il a, le premier, basé sa théorie des
ovaires infères sur un principe qui n'avait pas été émis avant lui et
qu'il a prouvé par des faits. Ce principe, c'est que les parties sur
lesquelles se produisent des organes appendiculaires sont toujours de
nature axile. Il en résulte que les ovaires infères sont de cette na-
ture, puisque c'est de la partie qui les forme que naissent les organes
plus extérieurs de la fleur (1).
(1)11 est bien vrai que M. Schleiden, revenant aux idées anciennes, admet qu'il
y a dans les ovaires infères une partie axile et une partie appendiculahe, et que,
par conséquent, les expressions de ovaire infère et ovaire supère doivent être sub-
stituées aux expressions de ovaire adhérent et ovaire inadhérent proposées par
De Candolle, et adoptées par tous les botanistes modernes. Mais comme M. Schlei-
den n'indique pas de règles pour déterminer ces deux parties axile ei appendi-
SÉANCE DU 2ll NOVEMBRE 1 8 5 Z| . 285
M. Duchartre répond à sou tour que ce principe est précisément
celui sur lequel M. Schleiden a basé sa théorie des ovaires infères.
M. Chatin ajoute que, chez les plantes à ovaire infère, et en par-
ticulier chez les Mélastomacçes , il a vu la cupule dont a parlé
M. Payer. Les disques ne sont pas non plus pour lui des organes ap-
pendiculaires, mais parfois ils naissent avec une si grande régula-
rité, qu'on serait tenté de les considérer comme tels.
M. Trécul rappelle qu'il a dit, lui aussi, que les ovaires infères sont
axiles, mais qu'il a été amené à cette conviction par des motifs dif-
férents, et surtout par l'analogie de la structure de l'ovaire avec
relie de la lige chez les Prismatocarpus .
M. Bâillon fait à la Société la communication suivante :
SUR LE MODE DE FÉCONTiÂTIO.N DU CATASETUM LURIDVM (Lindley), par M. II. IS.4iBJ.OV
La disposition des organes sexuels dans le Catasetum luriâum et dans
ses variétés est telle que, comme dans beaucoup d'autres plantes de cette
curieuse famille, il semble, à première vue, difficile, sinon impossible, que
le pollen arrive au contact des papilles stigmatiques, sans l'intervention
d'une, influence extérieure.
culaire, et comme, dans la détermination de ces deux parties dans les diverses
familles, il s'est le plus souvent trompé (ex.: Légumineuses, Orchidées, etc.), son
opinion n'a pas été adoptée, et les expressions d'ovaire adhérent et inadhérent ont
été conservées.
La comparaison du mode de développement delà partie commune, à la corolle
et aux élamines des Solanées, où il y a adhérence, avec le mode de développement
du bord de la coupe réceptaculaire de la (leur des Grenadiers, bord sur la paroi
interne duquel apparaissent successivement tous les organes floraux , a permis à
.M. Payer de démontrer d'une manière précise que dans les ovaires infères la partie
inférieure est toujours axile. En effet, lorsque, comme pour la corolle et les éta-
mines des Solanées, la partie commune aux deux organes est appendiculaire, ces
deux organes naissent séparément, quoique successivement, sur le réceptacle, et ce
n'est que plus lard qu'ils sont soulevés par la partie commune. Lorsqu'au con-
traire, comme pour le calice, la corolle et les élamines des Roses, la partie commune
apparaît d'abord suus la forme d'une coupe, et que les organes floraux naissent
successivement sur sa paroi interne, cette partie commune est nécessairement
axile. C'est, comme on le voit, l'application aux organes de la fleur, de ce principe
si fécond eu conséquences pour les organes de la végétation, et qui a permis de îe-
connaître que, dans le Buscus, les parties aplaties que l'on prenait pour des feuilles
sont des rameaux, principe qui se résume ainsi : Tout organe qui donne naissance
a un autre est nécessairement axile. (Note cominuniquée après la séance par
M. Payer.)
t. i. 19
!>8() SOCIÉTÉ BÔTAMftlli DE FRANCK.
En effet, si l'on pratique une coupe médiane et longitudinale du gyno-
stème, pour bien montrer les rapports de position du clinandre et du stig-
mate, on voit que les niasses polliniques sont séparées de l'antre stigma-
tique par un long prolongement horizontal, sous lequel les papilles de
l'organe femelle sont profondément enfouies. Le pollen ne peut donc, en
aucune façon, tomber sur elles par son propre poids.
Cette sorte de barrière existe dans bien d'autres plantes de la même fa-
mille. L'élasticité du caudieule y remédie de diverses manières; grâce à
elle, le pollen, projeté avec forée, arrive, de façon ou d'autre, au stigmate.
Dans les Mormodes, dans beaucoup de Heurs de la tribu des Validées, dans
la plupart des espèces de ce même genre Catasetum, le petit appareil con-
stitué par les masses polliniques, leur caudieule et leur rétinacle glanduleux,
au moment de sa projection, se courbe sur lui-même en vertu de son élas-
ticité, à peu près de la même manière que les valves du fruit de la Balsa-
mine. Dans certains eas alors, ce petit appareil, grâce a sa nouvelle forme,
peut, en restant en pla.ee, par sa partie inférieure , aller porter son autre
extrémité, celle où se trouve le pollen, vers l'orifice stigmatique, tandis
que, dans d'autres eas, il se détache tout entier; mais il est lancé alors si
loin de la Heur dont il provient, qu'on ne peut douter que, dans bien des
cas, il ne serve, non à la fécondation de cette fleur elle-même, mais a celle de
fleurs plus ou moins éloignées, de la même plante ou des pieds voisins.
Tel n'est pas le l'ait de l'espèce qui nous occupe. Avant l'époque de l'an-
thèse, le caudieule est appliqué contre le gynostème à la façon d'un arc
courbé. Lors de la projection, il se redresse comme l'arc détendu, il devient
parfaitement rectiligne. En se détendant, il détache le couvercle de l'anthère,
puis il [tait comme un trait, son extrémité la plus lourde en avant; c'est
celle où est le rétinacle qui entraîne le caudieule et après lui les masses
polliniques avec une grande rapidité.
Le rétinacle est a ce moment tout chargé du suc visqueux sécrété par sa
substance glanduleuse, suc qui se dessèche très rapidement et maintient les
masses polliniques solidement collées au point où se fixe la glande ainsi pro-
jetée. Ce point peut varier considérablement dans les diverses espèces d'Or-
chidées, ici il y a cela de remarquable, qu'il est constamment le même. La
glande, traverse horizontalement la cavité de la ileur, et va toujours se fixer
au point le plus concave du labelle qui fait face au gynostème, exactement
sur sa ligne médiane, [ci ce labelle n'affecte pas les formes singulières
qu'on lui voit dans tant de plantes de la famille. C'est simplement un sépale
concave, sans appendice, et c'est au sommet de la voûte formée par ce sé-
pale que s'attache invariablement le corps glanduleux.
Dans cette nouvelle position du rétinacle, on voit facilement que le petit
appareil pollinique esl tellement disposé que les masses fécondantes se trou-
vent justement présentées en face de V infundibulum stigmatique et à une
SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1854. 287
petite distance de lui. À la faveur de celle nouvelle position, on conçoit que
l'imprégnation est devenue désormais possible, quand on connaît l'espèce
d'avidité avec laquelle le tissu stigmatique happe pour ainsi dire les gra-
nules poliiniques placés en face de lui, comme cela se voit si bien dans la
fécondation artificiellement pratiquée des Orchidées de nos séries, et, entre
autres, de la Vanille. Si, toutefois, quoique placées sur la ligne médiane,
les masses poliiniques se trou vent un peu trop haut ou trop bas, elles peu-
vent encore changer de place dans le sens vertical, par suite de la très
grande mobilité que leur donne, mais seulement dans ce sens, l'articulation
de l'extrémité du caudicule avec le rétinaclc.
Voilà le phénomène tel qu'il se passe spontanément. Mais alors nous n'en
voyons que les résultats, c'est-a-dire la position qu'occupent les masses
poliiniques après leur projection. Il est toutefois en notre pouvoir de
prendre la nature sur le fait; la projection peut se produire par une excita-
tion artificielle. En touchant avec la pointe d'une épingle le rétinacle ou le
couvercle de l'anthère, ou en secouant la plante, on quelquefois en souf-
flant fortement dans la fleur, on voit le phénomène se produire brusque-
ment, et j'en ai rendu témoins beaucoup de personnes.
Kn somme, le fait vraiment particulier à cette espèce , c'est la constance
du but qu'atteint toujours le rétinacle; et je pense que l'on peut en trouver
les causes dans la disposition même des organes. Ce sont :
D'abord, la rectitude du petit appareil considère dans sa masse, qui fait
qu'il traverse la fleur suivant une ligne qui est sensiblement droite, vu son
peu d'étendue, pour aller gagner la concavité du labellc.
Kn second lieu, la forme du labelle lui-même recevant le pollen dans sa
concavité; dans les espèces où cette forme de cupule disparait, le pollen est
lancé bien loin hors de la fleur.
Enfin, la forme de la cavité du clinandre me parait surtout le point im-
portant. Ses bords latéraux s'avancent très loin en avant, comme on peut
s'en convaincre par une coupe horizontale du gynosteme a ce niveau. Les
masses poliiniques maintenues, au moment de leur départ, entre ces deux
murs latéraux et parallèles ne peuvent s'incliner d'un côté ou de l'autre;
elles se dirigent forcément selon la ligne médiane. Elles ne peuvent non
plus être projetées trop en liant, à cause de la saillie formée au-dessus
d'elles par le bec du sommet du gynosteme, ni trop en bas, à cause de la
cloison horizontale qui les sépare de l'orifice du stigmate; elles ne peuvent
s'échapper que, par un point, directement en avant.
Tel est le petit fait physiologique qui a pour résultat d'amener en présence
du stigmate la matière fécondante, résultat obtenu dans la fleur qui nous
occupe par des procèdes particuliers, mais qui rappelle ici, comme ailleurs,
le mot de I.eibnitz : Unité dans la variété.
288 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
M. de Schœnefeld, secrétaire, donne lecture delà notice suivante,
qui a été adressée à la Société par M. Perrottef :
NOTICE SUR LA FÉCONDATION ARTIFICIELLE DU DATTIER, PHŒNIX DACTYLIFERA,
par M. PERROTTET.
(Pari?, 20 août 1854.)
En lisant, tout récemment, clans la Revue horticole du 15 avril dernier,
t. III, k'livr., p. 160, un article relatif à la fécondation du Chamœrops
humilis, par M. Audibert, je me suis rappelé un procédé remarquable de
fécondation artificielle que j'avais vu employer à la Guadeloupe en 1841, et
dont je fus à portée de constater le résultat.
M. Barrau, propriétaire, habitant le Petit-Bourg près la Pointe-à-Pitre,
possédait dans son jardin, depuis longtemps déjà, deux Dattiers {P/tœnix
dactylifera) qu'il avait semés lui-même à une petite distance l'un de
l'autre, afin que la fécondation put avoir lieu. Il attendait avec une vive
impatience la floraison de ces deux palmiers, qui se trouvaient forts, grands
et avaient plus de dix-huit ans d'âge; il les visitait souvent afin d'épier
cette floraison. Enfin, un jour il remarqua sur l'un d'eux des spadices
aplatis qui sortaient de l'aisselle des feuilles , et bientôt ces spadices
s'ouvrirent et laissèrent voir leurs fleurs. M. Barrau reconnut que ces fleurs
étaient mâles sans aucun mélange de fleurs femelles. Il se rendit immédiate-
ment auprès de l'autre arbre et s'attacha à rechercher si des spadices de
fleurs semblables ne s'apercevraient pas dans les mêmes endroits, c'est-à-
dire dans les aisselles des feuilles ; mais à son grand étonnement , il ne vit
rien. Il se passa plusieurs semaines sans qu'aucun indice de floraison se
manifestât sur ce Dattier. En attendant, et ce qui était fâcheux, les fleurs
mâles se desséchaient à vue d'œil et tombaient emportées par le vent au
grand regret de M. Barrau , qui voyait ainsi la fructification de ses arbres
manquée, peut-être sans retour. Ce ne fut que trois mois après qu'il vit
enfin apparaître les premières fleurs de son second Dattier. Ces fleurs se
trouvaient être toutes femelles. Malheureusement les fleurs mâles n'existaient
plus: elles étaient, ainsi que je viens de le dire, desséchées et disséminées
au loin. Des lors il ne put y avoir de fécondation. Ce contre-temps désap-
pointa singulièrement M. Barrau, qui se voyait privé du produit de ses
arbres. Toutefois l'espoir ne l'abandonna pas tout à fait: comme c'était la
première lois qu'il les voyait fleurir, il pensa que l'année suivante ou celle
d'après ils pourraient peut-être bien fleurir ensemble et en même temps.
Il se résigna donc et attendit, avec cette patience qui ne doit jamais aban-
donner le cultivateur, le retour de leur floraison ; mais malheureusement
cette fois encore il y eut anomalité dans la floraison, c'est-à-dire qu'il y eut
SÉANCE DU ï!\ NOVEMBRE 185/|. 289
une lacune de plus de trois mois entre la floraison de l'individu mâle et celle
de l'individu femelle. Plus d'espoir, pensa tout d'abord M. Barrau décon-
certe , jamais ces deux, palmiers ne fleuriront ensemble ! Si cependant, se
disait-il encore, je parvenais à conserver la matière fécondante de mes fleurs
mâles jusqu'au retour de l'apparition des fleurs femelles, peut-être arri-
verais-je à faire fructifier ce maudit Dattier. Il se rappelait avoir lu quelque
part qu'on était parvenu a féconder artificiellement certains végétaux,
stériles par privation d'un des sexes, et en avoir obtenu de bons résultats ;
mais c'était, il est vrai, avec des fleurs fraîches, nouvellement écloses et
dont le pollen n'était point desséche et puis d'ailleurs à proximité des fleurs
femelles. M. Barrau se décida donc, malgré tout cela, à tenter un essai qui,
d'ailleurs, en cas de non-réussite, ne devait entraîner aucun inconvénient.
L'année suivante ses Dattiers refleurirent , et, comme à l'ordinaire, le mâle
le premier. Aussitôt que les panicules de fleurs de ce dernier furent épa-
nouies et que leurs anthères commencèrent à s'ouvrir, M. Barrau les
coupa toutes et les transporta dans un appartement sec et bien aéré,
où elles furent suspendues avec soin ; il les laissa là jusqu'au moment de
la floraison du Dattier femelle, qui, cette année comme les précédentes,
n'eut lieu que trois mois après ceile de l'individu mâle. 31. Barrau s'em-
pressa alors de décrocher les panicules de ses fleurs mâles, dont la pous-
sière fécondante, jaune comme du safran, se répandait partout, et d'aller
les attacher sur les grappes serrées des fleurs femelles bien épanouies.
Il eut le soin, de loin en loin, de frapper légèrement avec une petite ba-
guette les petits rameaux des panicules de fleurs mâles, afin d'en faire
tomber tout le pollen , qui se trouvait ain: i reçu par les stigmates directe-
ment en contact avec lui. De la sorte pas un ovaire ne resta stérile. Tous ,
sans exception, se développèrent, grandirent , et devinrent des fruits d'une
rare beauté, qui avaient un goût parfait, sans aucune fadeur, .le puis affir-
mer qu'en Egypte, où j'ai passé deux fois depuis , je n'ai trouvé d'aussi
bonnes datles , d'un goût aussi agréable, quoique mangées fraîches cueillies
sur l'arbre même, comme chez M. Barrau, au Petit-Bourg. Dans aucun
jardin fruitier ou verger de ce curieux pays, je n'ai vu non plus sur les
Dattiersdes régimes de fruits aussi volumineux, aussi serrés et aussi pesants
que ceux dont était chargé le Dattier unique de M. Barrau ; ils ne laissaient
rien à désirer à aucun égard.
Depuis ce premier essai, qui, comme on vient de le voir, a si bien réussi,
M. Barrau n'a jamais manqué une année de féconder son Dattier, devenu
ainsi précieux , lequel fleurit presque régulièrement deux mois et demi à
trois mois après l'individu mâle, et toujours il en obtient des résultats satis-
faisants.
Cet exemple de fécondation artificielle n'avait pas encore, si je ne me
trompe, été signalé. Mais combien de temps le pollen du Dattier peut-il con-
290 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
server sa propriété fécondante? ("est ce que l'on ne sait peut-être pas, et ce
qui serait assurément bien intéressant de rechercher. M. Barrau, à la Gua-
deloupe, s'en est servi fructueusement au bout de trois mois : au delà de ce
terme y a-t-il eu des expériences faites , et, dans ce cas, ont-elles été consi-
gnées quelque part? Le pollen pourrait-il, par exemple, se conserver d'une
année à l'autre , ce qui serait d'une immense importance? Nous adressons
ces questions aux botanistes-voyageurs, à ceux qui pourraient trouver l'oc-
casion de se livrer à ces intéressantes expériences. Quant à nous, nous ne
négligerons rien pour arriver, s'il est possible, à leur solution ; peut-être en
Irouverons-nous bientôt l'occasion.
Il est probable que le Cocotier (Cnros nucifera) et les autres genres de
Palmiers offrent, dans le pollen de leurs fleurs , des propriétés semblables,
et que, conservé, ce pollen féconderait de nombreux ovaires à tout jamais
improductifs par suite de l'absence d'un des sexes. C'est un point, ce me
semble, qu'il ne seraitpas difficile d'éclaircir dans les contrées où ces arbres
croissent à l'état sauvage ou se trouvent cultivés. Nous appelons encore ici
l'attention des botanistes-voyageurs et celle des habitants des contrées tro-
picales , qui , ce me semble , ne peuvent rester indifférents à un objet qui
doit les intéresser à un si haut degré.
Ne pourrait-on pas également, par la même raison, employer ce procédé
pour féconder les dicotylédones diclines, telles que Myristica, Artocar-
pus, etc., arbres qui restent perpétuellement improductifs par suite de
l'éloignement des sexes ou de leur absence totale au moment opportun de
la fécondation? Rien, ce me semble encore, ne serait plus facile que de
conserver au besoin , dans des boites ou des caisses couvertes de toile, les
extrémités ou même les rameaux de ces arbres chargés de fleurs mâles, et
de les transporter, lors de l'épanouissement des fleurs femelles, sur les in-
dividus de ce dernier sexe; la fécondation s'opérerait d'elle-même et sans
autres soins. On remédierait de la sorte à un très grave inconvénient, a
celui de ne pouvoir jamais reconnaître les sexes sur les jeunes individus,
lorsqu'on établit des plantations de ces arbres, ce qui occasionne une perte
de temps considérable. J'ai vu dans les colonies des plantations de Musca-
diers [Myristica aromatica) qui ne produisaient que des fleurs femelles,
par conséquent jamais de fruits, parce qu'elles n'étaient pas fécondées. Il
n'est pas douteux qu'un ou deux individus mâles auraient pu fournir une
quantité de pollen suffisante pour féconder artificiellement tous les indivi-
dus femelles de ces plantations. C'est, assurément, un point très important,
auquel les habitants des colonies ne devraient pas rester étrangers. A l'île de
la Réunion, on féconde déjà artificiellement la Vanille, qui, comme on
sait, ne produit, autrement, que bien rarement, par-ci par-la, quelques
fruits : aujourd'hui, on y obtient chaque année d'abondantes récoltes de ce
précieux aromate, par suite de l'emploidece procède naguère ignoré.
séance du 2/i xovkmbk:-; I8.V1. 99 j
Knfiu, dans dos climats tempérés de l'Kurope, ne pourrait-on pris aussi,
en beaucoup de cas, user du même expédient ? Pour nos nrlms fruitiers,
par exemple, pour ceux surtout élevés en espaliers et la Vigne même, 1 1<_*
pourrait-on pas, artificiellement, suppléer au défaut de fécondation natu-
relle, défaut qui a lieu souvent, dans q elques localités, par suite d'un
temps peu favorable? Il me semble qu'ici encore i! n'y aurait pas impos-
sibilité. On transporte bien de nos jours, ce qui parait bien autrement diffi-
cile, a des distances considérables, le frai de poisson pour en peupler les
rivières, les lacs, les ruisseaux, les bassins, etc., qui en sont dépourvus,
ce qui constitue la pisciculture naguère ignorée de tous. La comparaison
ici, je le reconnais, n'est pas, sans doute, d'une rigoureuse exactitude ;
néanmoins le frai et le pollen peuvent conserver leur faculté reproductrice
ou fécondante pendant un temps assez long pour être conservés et trans-
portés à des distances considérables. Ce sont des moyens que la nature a
mis à notre disposition et don! nous devons savoir tirer parti.
M. Chatin, qui a fait aussi des recherches sur le pollen, dit avoir
constaté que des grains de pollen conservés depuis plusieurs années
peuvent encore émettre dans l'eau des boyaux polliniques.
M. Duchartre rappelle que M. Lecoq, dans son travail sur l'hybri-
dation, a indiqué la manière de conserver le pollen pour l'employer
à des fécondations artificielles,
M. Moquin-Tandon présente à la Société une Betterave qui oifre
une excroissance rugueuse d'une dimension considérable. Celte
excroissance se trouvant sur une des deux lignes de radicelles, et
étant fixée seulement par une sorte de pédicule grêle, M. Moquin-
Tandon est porté à croire qu'elle n'est autre chose que l'hypertrophie
d'une branche radicale.
SÉANCE DU S DECEMBRE 1854.
PRÉSIDENCE DE M. AD. BRONGNIART.
M. de Schœnefeld, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de
la séance du 24 novembre, dont la rédaction est adoptée.
Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le
président proclame l'admission de :
MM. Ball (John), membre du parlement britannique , Stephens-
Green, à Dublin (Irlande), présenté par MM. Cosson et de
Schœnefeld.
Bourgeau (Emile), naturaliste voyageur, rue Saint-Claude, au
Marais, 14, à Paris, présenté par MM. Cosson etLasègue.
Soutigny, garde général des Forêts, à Lourdes (Hautes-Py-
rénées), présenté par MM. Moquin-Tandon et Puel.
M. le président annonce en outre deux nouvelles présentations.
Dons faits à la Société.
1° Par M. Godron :
Monographie des Silène de l'Algérie (1).
2* Par M. Planchon :
Histoire botanique et horticole des plantes dites Azalées de l'Inde.
Enumération succincte des espèces de la famille des Nymphéacées.
3° De la part de M. Zuchold:
Bibliotheca his/orico-na/uralis. Vierter Jahrgung, Erstes Heft.
4° De la part de M. J. Delbos :
Recherches sur le mode de répartition des végétaux dans le dépar-
tement de la Gironde, thèse présentée à la Faculté des sciences de
Paris.
5° De la part de M. Ch. Martins, de Montpellier :
Index seminum horti Monspeliensis, anno 185/r.
6° De la part de M. Ch. Des Moulins, de Bordeaux :
Etudes organiques sur les Cuscutes.
(1) Cet ouvrage a été offert à la Société par M. Godron, dans la séance du 10 no-
vembre. C'est par erreur qu'il n'a pas été mentionné dans le compte rendu de
celte séance.
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 185/|. '293
Une lettre de M. Gauja, ancien préfet, demande à la Société des
renseignements sur les végétaux qui fournissent le caoutchouc.
M. Weddell est prié et veut bien se charger de faire quelques recher-
ches sur ce sujet.
M. J. Gay présente le mémoire de M. Cli. Des Moulins sur les
Cuscutes ; cet ouvrage est accompagné de la note suivante :
RECTIFICATION D'UN NOM GÉNÉRIQUE, par M. Cil. DES MOULINS.
(Bordeaux, 2 décrmlirr 1854.)
Le nom générique Cassutha, qu'en 1852 je suis allé chercher dans
J. Bauhin, ce nom, dis-je, est né sous de malheureux auspices. A tous les
instants de sa courte durée, il aura constamment porté la peine de l'illé-
gitimité de sa naissance.
Cette illégitimité, du reste, n'atteint que lui et ne touche en rien à la con-
stitution du genre qu'il était destiné à représenter. Ce genre est solide ,
excellent, et j'ai le bonheur de pouvoir le dire bien haut, de pouvoir le pro-
clamer avec une pleine confiance, car, en tant que genre, ce n'est pas moi
qui l'ai fait. J'avais tout simplement destiné le mot Cassuthah tenir la place
des noms génériques Engelmannia et Pfeifferia, successivement proposés
pour un démembrement des Cuscutes, et justement rejetés parce qu'ils
n'étaient plus disponibles ; je ne me doutais assurément pas qu'il ne pourrait,
non plus qu'eux, demeurer attaché au beau groupe des Cuscutacées dont
j'avais désiré qu'il devint la synthèse nominale.
Immédiatement au-dessus de la table oùj'écrivais mes Éludes organiques
sur les Cuscutes, un vieil in-quarto sommeillait sur les rayons de ma biblio-
thèque et cachait silencieusement, dans ses flancs inexplorés, un nom qui,
mis au jour depuis soixante-quatre ans, avait condamné à la fois et d'avance
à rentrer dans le néant Engelmannia, qui ne vécut qu'un an, Pfeifferia,
qui ne vécut qu'un jour, et Cassutha, qui crut vivre pendant deux années.
Ce n'est pas que les attaques aient ete épargnées a ce dernier pendant son
existence éphémère. M. J. Gay, a qui je ne l'avais probablement pas com-
muniqué avant l'impression de mes Etudes, le trouva trop étroitement ho-
mologue (ou plutôt homophone) du nom générique linnéen Cassyta ou
Cassytha (genre de Laurinées « a port de Cuscute, grêle, parasite et sans
feuilles, évidemment ainsi nommé pour rappeler l'analogie du port! »
[J. Gay in litt., 26a, septembre 1853]). Il m'engageait vivement à remplacer
ce nom par un autre.
Maisquel que soit mon affectueux respect pour les opinions de cet ami, je
ne crus pas devoir embrasser celle-ci. Trop d'exemples s'offraient à moi
dans la nomenclature actuellement en vigueur, — soit sous le rapport de
l'identité des racines, soit sous celui de l'analogie des sons, — pour que je
29A SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANGE.
me crusse oblige à surcharger encore la synonymie et à refaire un siège dont
aucun droit ni aucun fuit n'infirmait absolument la régularité,
Je le croyais du moins !... Mais l'infortuné Cassutha, justement frappé
de réprobation des avant sa naissance, allait expirer sous des coups a la lois
légitimes et redoubles.
Mes I: tiules furent adressées, entre aulres, a M. le docteur F. Schultz, à
Wissembourg, et ce savant botaniste m'écrh it aussitôt, le 1 1 octobre 1853 :
« Le Cuscuûa suaveolens dont vous venez de faire un genre nouveau, a été
déjà établi comme tel dans les journaux d'histoire naturelle de l'Allemagne
sous le noni de Buchingera, mais il appartient a un genre qui a été créé il
y a longtemps dans une. Flore eochinehinoise, — au genre Grammica. » —
Kt un peu plus tard, le h janvier 18.")/;, M. Schultz m'écrivit encore, de
Wissembourg : « Le genre Buchingeraa été établi en I8Z16, mais le P>. sua-
veolens appartient au genre Grammica, Loureiro. L'espèce eochinehinoise
n'a pas encore été trouvée en Europe. »
Evidemment il résultait de là :
En premier lieu, que l'auteur allemand de 1846 (j'ignore son nom) avait
voulu rendre hommage, par cette dédicace, aux travaux alors tout récents
île M. Buchinger sur les Cuscutes, — travaux publiés dans les Annales des
sciences naturelles, — en donnant son nom a un genre nécessaire et qui ne
pouvait conserver ni l'un ni l'autre des noms Engelmannia et Pfeifferia.
Cet auteur avait l'ait, a mon insu (1), ce que je voulais faire moi-même, et
pas plus (pie i\I. Pfeiffer, pas plus que .M. Buchinger, pas plus que les ré-
dacteurs des Annules, qui avaient déclare inadmissible le Pfeifferiaùe ce
dernier, pas plus enfin que moi-même, il ne s'était avisé d'aller fouiller dans
le livre dd vénérable missionnaire portugais pour y trouver la diagnose fort
délicate d'une coupe générique dont, avant Loureiro, Linné, et après lui
Gœrtner, n'avaient pas aperçu l'opportunité.
En second lieu, il résultait de laque M. Choisy, dans le tome IX du Pvodro-
uius de ; De Candolle, avait donné le Grammica, l.our. comme genre ramené
par lui au Cuscuta, Tournef., ainsi qu'il l'a fait pour le Lepidanche d'En-
gelmann, et que j'avais eu le tort de voir, dans ce Grammica, un synonyme
pur et simple au genre entier des Cuscutes, au lieu de recourir aux sources
et de chercher si celte coupe ne conviendrait pas spécialement à quelque
démembrement aujourd'hui générique du vieux groupe qui forme aujour-
d'hui la famille des Cuscutacées. J'avoue que je ne songeai pas même à l'aire
cette recherche, puisque deux botanistes éclairés, MM. Pfeiffer et Buchin-
ger, avaient passé par la sans se douter qu'ils eussent affaire a autre chose
qu'a une observation entièrement nouvelle.
(1) Mon ignorance de l'allemand nie prive de m'abonner à des journaux écrits
••n cette langue.
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1S5Z|. 295
Cette omission m'est donc commune avec mes trois prédécesseurs, y
compris l'auteur du Buchingera, et tous trois nous en portons la peine (1).
Jl me fallut donc recourir au vieil in-quarto de ma bibliothèque, témoin
muet delà création malencontreuse du Cassutha, et j'y trouvai ce qui suit;
je transcris, parce que l'ouvrage du père Jean de Loureiro n'est pas sous la
main de tout le monde.
Pentandria dîgynia. — f Genus LXXIX. Grammica..
Dcscriptio naturalis.
Cal. Perianthiuminferum,ui'ceolatum,5-fidum : laciniisacutis, coloratis,
earnosis.
Cor. Campanulata, membranacea, 1-petala: tubo globoso, calyciœquali:
limbo brevi, 5-fido, laciniis rotundatis, patentibus.
Stam. Filamenta 5, subulata, corollœ aequalia, tubo iusistentia. Antberœ
ovatae, incumbentes.
Pist. Germen subrotundatum. Styli 2, eequales staminibus. Stigmate
compresso-rotundo.
Pbbic. Bacea membranacea, subrotunda, /j -loba, 1-Iocularis, ft-sperma.
Sem. Subrotunda.
Nom. (ypaufjuxbç, linearis) a forma plantée lineari (2).
Char. Gêner. Corolla campanulata, inféra: tubo globoso. Barra 1-lo-
cularis, fr-sperma. (Grammica apkyila est le nom de l'espèce unique décrite
par Loureiro, qui explique nettement qu'elle est parasite sur les plantes
basses des lieux cultivés en Cocbincbine. )
(1) Resterait à savoir si le Grammica aphylla, Loin., présente des écailles
liypostaminales, et se rapporte au Cuscuta carinata, R. Brown (Choisy, in DC.
Prodr., t. IX, p. 460, a" 39), ou s'il n'en a pas, ce qui le ferait rapporter par
Ilooker et Arnott à leur C. Millettii (Choisy, ibid., n° hO). Mais je pense que cela
n'influerait en rien sur la solution de la question générique, puisque MM. Grenier
et Godron ont constaté, — et moi-même après eux, — que ces écailles manquent
très souvent dans les fleurs du Cuscuta europœa.
On pourrait se demander encore si la capsule du Grammica aphylla est vérita-
blemenl et régulièrement quadrilobée, ce qui ne permettrait plus actuellement
de la laisser génériquement confondue avec celle de mes Cassutha, qui se déchire
au sommet sans régularité (j'ai dit apice dehiscens, n'ayant rien de plus précis à
dire). A cette question je répondrais que R. Brown a vu des échantillons de la
plante dans l'herbier de sir J. Banks, et qu'ils ne l'ont pas conduit à la séparer
génériquement des autres espèces du même groupe. Il est donc présumable que
cette quadrilobation n'a rien de tranché, et qu'il n'y a pas lieu d'en tenir compte.
(2) Ce nom est malheureusement choisi, tant à cause de sa signification adjec-
tive, qu'à cause de l'idée fausse qu'il présente à l'esprit habitué à la nomenclature
linnéenne, à laquelle la science devait déjà, au temps de Loureiro, la fixation rigou-
reuse de la valeur des mots linearis, capillaris et fîliformis.
296 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
On peut se demander maintenant en quoi le genre de Loureiro diffère,
d'après sa description, du Cuscuta de Tournefort et de Linné. Il n'est pas
probable, en effet, que le botaniste portugais, qui a soin de marquer, à la
page x de son Introduction, les divers degrés d'utilité qu'il a retirés de l'étude
des ouvrages de ces deux auteurs, ait méconnu leur genre Cuscuta, si vulgaire
en Europe, et qu'il ait cru trouver une forme nouvelle quand il le ren-
contra en Cocbincbine. Et d'ailleurs, il a eu soin de faire précéder son genre
nouveau d'une croix -j* dont il précise la signification vers le bas de la
page xni de cette même Introduction : « Gênera et Species bujus Flora;
» signo -f- notata non omnia nova esse pr.e:sum<). Tantummodo indicare
» volui eas plantas vel in operibus celeb. Linnaei non inveniri, vel ita a
» meisobservatis discrepantes, ut pro diversis aut novishaberi possint. Circa
» novas species, aut gênera eonstituenda non omnibus idem est judicium.
» Itaque hœc nostra in dato loco maneant donec Doctorum Virorum con-
» sensu, cui non repugno in meliorem transferantnr. »
La modestie des prétentions du P. de Loureiro a failli être à jamais fatale
à son genre. Personne n'a songé à relever le mérite de celui-ci, et n'était
l'indication que M. Schultz a bien voulu me donner, nous continuerions
tous, sans le moindre scrupule, a voler le bon missionnaire.
Voyons cependant (car nous ne sommes pas tenus de rendreà César plus
qu'il ne lui est dû), voyons quels caractères ont pu faire penser à Loureiro
que la plante cocbincbinoise diffère génériquement des Cuscutes de Tour-
nefort et de Linné; ces caractères, les voici, et ce sont les seuls qui ne
soient pas identiques ou équivalents dans les trois diagnoses génériques.
Tournefort, qui ne connaissait que les deux Cuscutes major et minor
de Baubin, dit, en parlant de leur fruit: « postica parte L (Instit., t. III,
pi. !\T1) perforata incumbente capsula- M, quae fundum calycis D occupât. »
[Instit., t. 1, Appeud., p. 652.)
Cette description, assez obscure et qui ne s'entend bien qu'a l'aide des
figures citées et fort médiocres elles-mêmes, il faut, l'avouer, cette descrip-
tion est pour ainsi dire traduite avec beaucoup plus de précision et de net-
teté par Linné {Gênera plantarum, deuxième édition, 17/i2, p. 53, Tetran-
dria digynià) : « Pericarpium horizontaeiter dehiscens. » (Testée que
De Candolle a appelé quelquefois '< s'ouvrir en boite à savonette. » C'est
aussi ce qu'on appelle actuellement capsula circumscissa, expression que j'ai,
trop servilement peut-être, mais brevitatis causa, traduite par capsule cir-
concise.
Loureiro ne voyait rien de semblable dans sa plante, rien d'insolite dans
le mode de debiscence de sa capsule; aussi la décrit-il en ces termes : Bwcu
membranacea, subrotunda, h-loba, 1-locularis, u-sperma.
Voilà qui est clair : Uacca £i-eora est opposé à Pericarpium horizon-
talitkr oEHiscKNs, et le genre Grammica, ce genre carpologique, ce genre
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1 8 5 Z| . 297
doué d'une valeur gœrtnérienne, était créé par Loureiro entre les deux
époques de publication (1789 et 1791) des deux volumes du grand ouvrage
de Gsertner, ou plutôt Loureiro rendait hommage aux principes institués
par le vieux Tournefort, en donnant un pendant à la distinction des Antir-
rhinum et des Linaria, et en sautant à pieds joints par-dessus le grand Linné,
trop séduit, cette fois, par la symétrie de la méthode systématique.
Fondé sous l'impression de ce seul caractère, le genre Grammica demeu-
rerait déjà inattaquable aux yeux de tous les sectateurs d'une méthode vrai-
ment naturelle. Il va plus loin, et, en sus du premier, il offre encore un
autre caractère différentiel, mais d'une importance secondaire. Le voici :
Linné dit de son genre Cuscuta : Stigmata simplicia.
Loureiro dit de son genre Grammica : Stigmate compresse) rotundo.
Voila un caractère tiré d'ailleurs que du fruit et qui complète la diagnose
d'un genre vraiment organique gœrntnérien, tel que M. Pfeiffer avait cru le
créer en 18^5 sous le nom d'Engelmannia.
Il y a bien encore quelques observations à noter, mais elles sont sans im-
portance générique.
1° Linné place les Cuscutes dans la Tétrandrie digynie, et Loureiro place
le Grammica dans la Pentandrie digynie. Tournefort avait pris soin d'avance
de les mettre d'accord en écrivant fore multifido, et en donnant dans la
planche 1x1*1 autant de figures pentamères que de ligures tétrameres. Linné,
fidèle a la donnée du Système, voulait que le nombre des divisions lût con-
stamment double de celui des styles, car il dit : Si flos sexfidus évadât, fit
stylus triplex ; mais j'ai vu plusieurs fois trois styles, sans que le nombre des
divisions dépassât h ou 5.
2° Linné dit du Cuscuta : Pericarpium carnosum, parce que, sans doute,
il a l'ait sa description sur le frais et qu'il a tenu compte du mode de déchi-
rement filandreux qu'on obtient alors avec quelque peine.
Tournefort pour les Cuscuta, et Loureiro pour le Grammica, disent : fructus
membranaceus bacca membranacea, et Linné ne manque pas de men-
tionner cette différence insignifiante entre l'appréciation de Tournefort et la
sienne.
3° Linné donne à son genre deux semences; Loureiro en donne quatre au
sien ; Tournefort n'en mentionne pas le nombre, susceptible en effet de varier
par avortement.
k° Enfin, le fruit des Cuscutes, pour Linné, est biloculaire, et pour Lou-
reiro, celui du Grammica est uniloculaire. Ceci aurait de l'importance, si
nous ne savions que le fruit de toutes les Cuscutacéesest à deux loges incom-
plètes , puisque la cloison n'est pas soudée aux parois du péricarpe et
s'arrête môme, dans XEpinella, à la moitié de la fauteur de la capsule
(Pfeiffer!).
Des f ils mentionnés dans cette note, il résulte que le P. de Loureiro,
298 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
bien que sous une forme modestement dubitative, a réellement démembré
ùu vieux Heure Cuscute un très bon genre organique, Grammica, lequel
a été méconnu depuis 1790 jusqu'en 1853, et qui doit aujourd'hui re-
prendre son nom parce qu'il n'y a pas de prescription contre le droit.
En m'inclinant devant celui que s'est acquis le P. de l.oureiro, je prie
instamment tous les botanistes de considérer comme non avenu le mot Cas-
sutha et de lui substituer partout le mot Grammica. J'ai le bonheur, fort
apprécié par plusieurs, de ne perdre à cette affaire que ce seul Noms,
car aucune des espèces que j'ai décrites dans mes Etudes sous le nom de
Cassutha n'avait été établie par moi. Voici les noms qu'elles doivent
porter :
IN0 1 (p. 66). Grammica suaveolens (sub Cuscuta), Serin ge.
N" 2 (p. 7o). Grammica americana (sub Cuscuta), [.inné.
N° 3 (p. 71). Grammica chrysocoma (sub Cuscuta), Welwitsch.
\" 4 (p. 72). Grammica arabica (sub Cuscuta), Fresen.
M. Ducbartre, secrétaire, donne lecture de la communication sui-
vante adressée à la Société :
CONSIDÉRATIONS SUB LA NATURE DU PRÉTENDU CALICULE OU INVOLUCRE
DES MALVACÉES, par SI. ». «'LOS.
(Toulouse, novembre 1854.)
De toutes les parties de la science des végétaux, la Morphologie est. peut-
être celle qui a fait le plus de progrès, et celle aussi qui se prête le mieux
aux considérations philosophiques. Et cependant de nombreuses questions
restent encore à éelaircir. L'organe ou la réunion d'organes, qui dans les
iMalvacées a reçu le nom de calicule, nous semble ne pas avoir ete l'objet
d'un examen suffisant.
De. Candolle s'exprimait ainsi en 1823, à propos de Yinvolucre des Walli-
chiées : « On ne peut lui refuser le nom sous lequel je le désigne, et d'un
autre côté la grande ressemblance de ces plantes avec les autres Buttné-
riacées et les Malvacées me semble démontrer que ce qu'on appelle calice
externe dans les Malvacées est un véritable involuere uni flore : opinion qui
se confirme par l'inconstance de l'existence, du nombre et des formes des
folioles de cet involuere, comparée a la constance des sépales du calice (1) ».
Kn 1827, il était moins explicite ; après avoir parlé de plusieurs involucres,
il ajoute: « La question est plus délicate dans les Malvacées.». les uns les
nomment (les folioles du calicule) calice externe, parce qu'elles prennent
naissance de la base du calice; il en est qui les ont considérées comme les
(1) Mémoire* du Muséum d'histoire naturelle, t. X. p. 101.
SÉANCE DU S DÉCEMBRE 185A-. 299
représentants des stipules des feuilles calicinales; quelques-uns les croient
des involucres uniflores, en se fondant sur l'irrégularité de leur présence,
de leur nombre, de leur position et de leur forme (1) ». Àug. de Saint-Hi-
laîre, sans se prononcer sur la véritable nature du calicule des Malvacées,
s'est efforcé de prouver que les stipules n'entraient pour rien dans sa com-
position (2). La présente note a pour objet de démontrer l'opinion contraire.
Quelques exemples suffiront a dévoiler la nature stipulaire de ce calicule.
le Malva mosckata a ses feuilles d'autant plus divisées qu'elles sont plus
élevées sur la tige ; aux inférieures crénelées ou lobées succèdent les palma-
tifides, a celles-ci les palmatipartites et enfin les bipalmatipartites. Les plus
voisines des ileurs, celles a l'aisselle desquelles sont les pédoncules inférieurs
de l'inflorescence, ont conservé ce haut degré de. division et sont encore pé-
tiolées : ce dernier caractère nous a paru général dans toute la famille. Deux
stipules accompagnent chacune de ces feuilles, de forme spatulée-laneéolée,
inéquilatères, longuement ciliées, entières ou offrant une ou deux dents.
Vers le sommet de la plante les feuilles disparaissent, ne laissant que les
stipules, dont chaque paire s'unit en une seule ordinairement bifide ou tri—
lide ; et c'est de l'aisselle de ces stipules que partent les pédoncules les plus
élevés sur l'axe. Enfin on voit sur certains de ces pédoncules des sortes de
bractées qui établissent une transition manifeste entre les stipules et les
folioles du calicule. Cette identité des stipules et des folioles du calicule se
vérifie dans plusieurs autres plantes de la même famille : dans le Malva
Creeana qui a ces deux sortes d'organes subulés-scarieux, dans le.)/. Alcea,
espèce si voisine du moschata, dans les M. virgata et capensis, le M. Belloa (3),
le Pavonia spinifex, les Althœa officinal is et hirsuta, etc.
Le genre Pterospermum vient encore nous offrir un des plus forts argu-
ments à l'appui de notre thèse. De Candolle l'a divisé en deux sections :
l'une caractérisée par l'absence, l'autre par la présence d'un involucre. À
la première appartient, le P. lanceœfolium , dont les stipules sont fort petites
et tombent de bonne heure. La seconde n'est formée que par le P. semi-
sagittatum, dont les stipules, au rapport de De Candolle, sont grandes, très
déchiquetées en lobes étroits et aigus fort semblables aux folioles de l'invo-
lucre. Ce savant a caractérisé cette seconde section par ces mots : involu-
crum triphyllum, foliolis maximis, cordato-rolundatis, fimbrlato-laceris.
Un simple coup d'oeil jeté sur la planche IX du tome Xe des Mémoires du
Muséum, qui représente cette dernière espèce, ne laissera plus de doutes sur
l'identité de ces deux organes.
L'Héritier avait déjà saisi cette ressemblance entre les bractées et les sti-
(1) Organographie végétale, t. f. p. txliS.
(2) Leçons de botanique, ou Morphologie végétale, p. 372.
.,3) Voy. C. Gay, Flora Chilena, allas, lab. Vil.
300 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
pules chez les Malvacées. On lit, eu effet, dans la description de son
Hibiscus Solandra (Lagunea lobata des modernes) : Bracteœ duœ instar sti-
pularum guibus conformes ad latera singuli pedunculi (1).
Dans la plupart des espèces du genre Hibiscus, et particulièrement chez
les H. syriacus, palustris et roseus, la similitude de formes est frappante
entre les stipules et les parties du calicule ; mais le grand nombre de ces
parties, qui est de 10 à Ik, soulève une difficulté sérieuse, et qui a même
paru à Aug. de Saint-Hilaire un argument suffisant pour combattre la na-
ture stipulaire du calicule ('2). L'examen du Kitaibelia vitifolia permet de
répondre à cette grave objection.
L'inflorescence de cette plante est très allongée ; les feuilles les plus éle-
vées sont encore longuement pétiolées; mais vers le milieu de l'inflorescence,
elles disparaissent subitement. Les deux grandes stipules qui les accompa-
gnaient et qui jusque-là étaient restées entièrement libres, se soudent en une
large membrane bi-tri-quadrifide (3). Plus haut, ces divisions deviennent
plus profondes et plus nombreuses, et revêtent tout à fait l'apparence des
parties du calicule. Ces stipules, ici comme dans le Malva moschata, occu-
pent la place des bractées, car c'est à leur aisselle que naissent les pédon-
cules; elles sont en demi-cercle, et si elles étaient verticillées, elles ne diffé-
reraient en rien des calicules. Il n'est cependantpas inutile d'ajouter, car ce
fait vient encore en aide à cette explication, que les stipules du calicule sont
seulement tri-quinque-nerviées, tandis que les stipules de la tige ont cha-
cune de 13 à 15 nervures. Certaines inflorescences de YAlthœa rosea offrent
aussi a leur sommet avortement complet des feuilles et persistance des sti-
pules qui auraient dû les accompagner.
Ce fait de la présence des stipules en l'absence de leurs feuilles a été
récemment constate chez le Nelumbium codophyllum, où l'on voit trois sti-
pules auprès d'une même feuille (4). Il avait depuis longtemps été reconnu
chez les bourgeons du Hêtre, du Saule, du Tilleul. Celui qui fait l'objet de
cette note permet d'établir un lien de plus entre les bourgeons foliaires et
floraux. La loi du développement relatif des stipules et des feuilles, les pre-
mières précédant ordinairement les secondes dans l'ordre d'apparition,
donne une explication satisfaisante de la présence des unes eu l'absence des
(1) Stirpes novee, I, p. 103.
(2) « On pourrait croire, dit cet auteur, que, dans les Malvacées..., ce qu'on a
appeléjun calice extérieur... esl également formé par des stipules ; mais il n'en est
réellement pas ainsi. » {Morphol, p. 372.) Et à la page 778, il déclare que « ce
prétendu calice n'est formé que par des bractées ; c'est un véritable calicule. »
(o) Nous avons déjà signalé plus haut cette soudure des deux stipules d'une
feuille en l'absence de celle-ci chez le Malva moschata.
(Zi) Voy., à ce sujet, dans le Bulletin de la Société Botanique, t. I. p. '22 et 63,
les recherches de M. Trécul et les remarques de M. Ad. Brongniart.
SÉANCE ni 8 DÉCEMBRE 185/j. 301
autres. Le développement des parties du calicule compare aux parties de
la fleur qu'elles accompagnent n'est pas moins significatif. Dans son beau
mémoire sur I'organogénie des Malvacées , M. Duchartre a constaté que :
les bractées sont déjà bien dessinées et assez saillantes là oit toute la. fleur
n'est encore représentée que par un très petit mamelon celluleux homogène,
duquel ne se dégage encore aucun organe appartenant à la fleur proprement
dite (1).
Tout prouve donc que les parties du calicule des Malvacées sont des
stipules; on peut ajouter encore un argument en faveur de cette déduction :
c'est qu'on n'a jamais observé, du moins à notre connaissance, de cas de
transformation des parties de ce calicule en feuilles, et M. Moquin-Tandon
n'en signale pas dans sa Tératologie végétale.
Toutefois, nous ne devons pas taire deux objections que des recherches
ultérieures permettront sans doute de soulever: 1° DanslesZayateraet sur-
tout dans les L. trimestris et punctata, les stipules sont très petites, et ce-
pendant l'invoiucre est grand, monophylle, trifide. La différence entre ces
deux ordres d'organes est encore plus marquée chez les espèces du genre
Gossypium (2). 2° Dans la tribu des Sidees, les feuilles sont stipulées en
l'absence de calicule : la caducité et le peu de développement des stipules
dans nombre de plantes de ce groupe, peuvent rendre peut-être raison de ce
fait: on remarque en effet que dans deux génies des Buttnériacées {Dom-
beya et Ruizia), le calicule et les stipules sont caducs : ailleurs, dans les
genres Ridleia et Pterospermum,\& calicule existe, ou manque selon les
espèces; ailleurs, dans le genre Broiera, il est tantôt unilatéral, tantôt cir-
culaire. Enfin, dans la plupart des genres de la tribu des Lasiopétalees, il
est réduit à trois petits appendices linéaires et semblables, placés d'un seul
côte de la fleur (3). Faut-il voir en eux trois feuilles modifiées ou trois sti-
pules, ou ce qui est plus probable, une feuille avec ses deux stipules ?
Si les faits et les raisonnements exposés dans cette note sont exacts , et si
l'on admet avec tous les auteurs que les bractées sont des feuilles modifiées,
et qu'un involucre est une réunion de bractées, on est forcement conduit a
cette conclusion, diamétralement opposée, à celle de De Candolle, que dans
les Malvacées, il n'y a ni bractées ni involucre, la place de ces organes étant
occupée par des stipules que l'on pourra qualifier de bractéales ou d'involu-
crales. C'est avec juste raison qu'Kndlichcr caractérise sous ce rapport le
genre Hibiscus, par ces mots : floribus stipulaceo-bracteatis {h). Il suit en -
(1) Voy. Ann. des \<\ nul., 1S4Ô, p. 125.
(2) Dans ce genre, les siipules florales sont, luciniées, bien que les caulinaires
soienL entières. Mais le Melampyrum cristatum ifoil're-t-il pas aussi avec des
feuilles entières des bradées de'chiquelées?
(;),, Voy. .T. Gay, Monographie des Lasiopétalees, 1821, pi. 13, 19, 20 cl 21.
{!}) Gênera plantarum.
t. i. 20
302 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
core de ces considérations, que le nom de calice extérieur ou colicule,
préconisé par Aug. de Saint-Hilaire, ne saurait convenir à cette réunion de
stipules, car celles-ci n'appartiennent réellement pas à la fleur. Ce nom de
calicule devra être réservé aux calices extérieurs formés de feuilles modi-
fiées, et n'entourant qu'une seule Heur, comme c'est le cas pour le genre
Dianthus. Aussi croyons-nous devoir proposer le mot de StipuliUm, pour
désigner ces verticilles de stipules florales chez les Malvacées. Le rôle que
jouent les stipules chez les Malvacées ne semble-t-il pas devoir donner a
ces organes un plus haut degré d'importance, pour la caractéristique de la
famille? Toutefois il n'est peut-être pas inutile de remarquer que les Rosa-
cées montrent, sous ce rapport, quelque analogie avec les Malvacées, car de
l'aveu d'Aug. de Saint-Hilaire, « il est impossible de ne pas reconnaître
pour des stipules, les folioles calicinales les plus petites des Fraisiers... des
Potenlilles (1) », et, d'un autre côte, M. Kirsehleger a considéré l'urcéolc
de la Rose, comme produit par l'adhérence des stipules des feuilles calici-
nales (2).
La présence de stipules, en l'absence des feuilles adjacentes, semble peu
favorable à l'opinion exprimée par Aug. de Saint-Hilaire, que les stipules
latérales ne sont qu'un dédoublement de la feuille (3). Pour qu'un organe
puisse se dédoubler, ne doit-il pas avoir une énergie supérieure à celle qui
lui permet d'atteindre son développement complet, et, à ce point de vue,
le mot de dédoublement n'est-il pas synonyme de superfétation ? Ce fait
s'élève encore contre cette idée émise par plusieurs botanistes, et notamment
par MM. Lestiboudois (U) et Alph. De Candolle, que les stipules sont des
accessoires des feuilles (5) , et confirme celle de M. Lindley, que ce sont
réellement des feuilles accessoires (6). 11 autorise à conclure avec Astaix, que
la feuille nest pas une de pendanee primitive delà stipule, et que la stipule
n est pas non plus une dépendance de la feuille (7).
Enfin l'organisation du Malva moschata suggère une dernière réflexion.
On a vu que chez cette plante, les feuilles qui accompagnent les Heurs infé-
rieures (les fleurs terminales n'ayant auprès d'elles que des stipules), sont
plus divisées que les feuilles sous-jacentes. Or, comment concilier ce fait
(1) Morphologie, p. 371. ,M. llœper avait déjà émis la même opinion en 1827.
(Voy. le journal Linnœa de cette même année.)
(2) Voy. Mémoires de la Société d'histoire naturelle de Strasbourg, t. 111.
1" livraison.
(3) Morphologie, p. 189.
(_V V«>y. Bulletin de lu Société Botaniquede France, t. !, p. 22.
(5) lntrod. à la Botan., t. 1, p. 104.
Mi) lntrod. lo Botany, T édit., p. 121.
|7) Essai sur la théorie des stipules, thèse de l'École de pharmacie de t'aiis*
18-tl, p. 25.
SÉANCE DU S DÉCEMBRE 185/4. 303
avec l'opinion professée par le savant auteur de la Morphologie, que la pro-
duction de la fleur est un symptôme de faiblesse et d'épuisement, et au con-
traire, la division des feuilles un signe de vigueur (1) ?
M. Germain de Saint-Pierre fait à la Société la communication
suivante :
CONSIDÉRATIONS MORPHOLOGIQUES SUR LES OVAIRES ADHÉRENTS,
l>ar M. E. CiElOIAI* DE SAIV2'-PIERKE (2 .
Dans un article très sommaire ayant pour titre : Sur la signification
morphologique, du placentaire (voy. Ann. se. nat., '2e série, t. Xlf.p. 373),
M. Schleiden s'exprimait ainsi : « Le véritable ovaire infère n'est nulle-
» ment formé par des feuilles carpellaires, mais purement et simplement
» par l'axe qui se comporte à peu pies comme dans le Ficus. Les feuilles
> carpellaires, dans ces cas, ne servent qu'a former le style et le stigmate; le
» plus souvent même, la cavité ovarienne de ces plantes est déjà assez com-
» plétement formée avant qu'on ne puisse découvrir la moindre trace des
» feuilles carpellaires. — A cette catégorie se rapportent : Asarinées,
» Ombellifères, Onagraires, Composées, [ridées, Amaryllidées, Hydroeha-
» ridées. — L'épigynie des Rosacées est très différente de celle dont il vient
» d'être question : dans ces plantes, les ovaires sont constitués par de vé-
» rilables feuilles carpellaires. »
Celle opinion, que les parois de l'ovaire infère appartiennent à l'axe, ne
fut point adoptée, et l'on continua à considérer les parois de l'ovaire infère
comme résultant de la soudure des sépales avec les feuilles carpellaires.
L'observation de divers faits tératologiques m'a conduit à des conclusions
analogues, dans certaines limites, à celles de M. Schleiden. Mais bien loin de
trouver, comme cet babilc observateur, un système de structure différent
chez ies Rosacées de celui des autres plantes à ovaires adhérents, je regarde
le groupe des Rosacées comme celui chez lequel la structure axile du tube
peut le plus facilement être démontrée.
En effet, chez les Amygdalées et les Potentillées, le tube dit tube cali-
cinal est déjà un organe complexe; il se compose des éléments du calice, de
la corolle et des étamines. Chez les Rosées et les Àgrimoniées, la structure
(1) Morphologie, p. 30 et 31.
(2) Dans la dernière séance (à laquelle j'ai le regret de n'avoir pu assister;, un
de nos confrères, M. Payer, a communiqué à la Société le résultat de ses observa-
lions sur la structure des ovaires infères ou adhérents. Comme je me suis occupé
d'études relatives au même sujet, je crois devoir exposer brièvement à la Société
le résultai de mes propres observations. Ces observations seront publiées in extenso
dans mon Traité de Tératologie végétale.
ûUZl SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
reste à peu pies la même, seulement le tube dit calicinal se rétrécit a la
gorge et embrasse étroitement le carpelle ou les carpelles libres dont les
styles ou les stigmates sont seulement exserts. Enfin, chez les Pomacées,
le tube dit calicinal se compose des mêmes éléments que dans les cas pré-
cédents, et, de plus, de l'élément carpellaire. aussi intimement uni aux pré-
cédents que ces éléments l'étaient entre eux.
Or, ce tube dit calicinal, et qui est composé chez les ovaires adhérents des
éléments de. tous les organes appendiculaires de la fleur, ce tube, dis je,
constitue, selon moi, un organe de nature axile ; un axe étant, selon une
théorie dont je cherche à démontrer l'exactitude, le résultat des productions
inférieures ou décurrences des feuilles, décurrences unies entre elles par une
masse de tissu cellulaire gui remplit les interstices et se produit dans tous
les sens , tandis que les productions vasculaires qui prolongent les feuilles
pour constituer une partie de l'axe se produisent de haut en bas.
Cette manière d'envisager la nature de Y ovaire adhérent est une sorte de
trait d'union entre l'opinion admise et qui consiste à considérer le tube
comme appartenant au calice, et l'opinion qui consisterait à voir dans le
tube un axe, abstraction faite des éléments appendiculaires de la fleur.
Déjà, en 1852, à l'article Calice de mon Dictionnaire de Botanique, j'ai
insisté sur l'analogie qui existe entre le tube de la fleur, dans la disposition
perigynique, et le tube de la fleur au niveau de l'ovaire dans la disposition
épigynique (analogie si évidente chez les plantes à ovaire dit semi-infère
ou semi-adhérent), et, considérant ce tube comme de nature axile, j'ai été
conduit à admettre que l'insertion des pétales et des étamines sur le tube
dans les cas de périgynie est une insertion réelle et non une insertion seu-
lement apparente.
Il y a pi us, poussant le même principe jusqu'à ses extrêmes conséquences,
j'ai dû regarder comme une tendance à la formation axile l'union isolée
des étamines et des pétales, considérant comme tendant a constituer un
axe toutes les parties qui résultent de la soudure face contre face des ver-
ticilles concentriques d'organes appendiculaires.
.l'exposerai brièvement ici quelques-unes des observations sur lesquelles
j'ai base mon opinion. Le genre llosa m'a fourni plusieurs faits concluants.
Dans une première anomalie assez fréquente, les sépales qui surmontent le
tube sont constitués comme des feuilles caulinaires foliacées complètes, et
le tube conserve la forme normale et le volume ordinaire; il est évident
([ue, dans ce cas, le tube n'est point forme par le calice proprement dit, et
rien ne s'oppose à ce qu'il soit considéré comme un ensemble résultant de
la décurrence du calice, de la corolle et des étamines.
Dans une deuxième anomalie, qu'il n'est pas rare de rencontrer, la fleur
p Tigyne du Rosier revêt les caractères d'une Heur hypogyne : les sépale
sou! généralement transformés dans ce cas en véritables feuilles foliacées,
SÉANCE DL 8 DÉCEMBRE 185/j. 305
les pétales et les étamines naissent a la hase des sépales foliacés et, les
carpelles constituent un eapitulesaillant comme celui d'un Potentilla. Dans
ce cas (Jtypogynie) te tube n'a pas sa raison d'être ; en effet, la décurrence
s'effectue alors comme chez les erres feuilles ordinaires, c'est-à-dire autour
du tissu cellulaire axile central . — Dans les cas de périgynie et d'épigynie,
au contraire, A/ décurrence a lieu au-dessus du point d'arrêt de ce tissu cel-
lulaire axile, lequel est alors épanché seulement cuire les couches décurrentes
auxquelles il sert de moyen d'union, mais ne /emplit [tas le vide central; de
cette disposition résulte te tube dit calicinal qui remplace ou continue alors
le cylindre plein caulinaire.
Dans une troisième anomalie, des feuilles bractéales ou des sépales sur-
numéraires sont insérés à diverses hauteurs sur le tube: on peut en con-
clure que le tube participe à la nature axile, car, à de bien rares exceptions
près, les feuilles naissent sur des axes.
Dans une quatrième anomalie fort curieuse (dont je présente la figure a
la Société), le calice n'est pour rien dans la formation du tube, car le tube
est supérieur à l'insertion des pièces calicinales. Le tube, qui, dans ce cas,
est évidemment une prolongation de l'axe du pedicelle, dont le sommet
constitue une sorte de godet, m'a paru constitué par les décurrences des
pétales, des étamines et des carpelles unies par le tissu cellulaire axile.
Or, si l'examen de ces diverses anomalies démontre que, chez le Rosier,
le tube dit calicinal peut appartenir partiellement nu ne pas appartenir au
calice et qu'il est le résultat des décurrences réunies des divers organes
appendiculaires de la fleur soudées entre elles par le tissu cellulaire axile, on
ne peut, selon nous, se refuser a admettre que, dans les autres cas de péri-
gynie et dans le cas d'épigynie, le tube dit calicinal présente la même
structure.
Une autre série d'observations (1) faites chez les Pomacées m'ont con-
duit au même résultat; j'ai plusieurs fois rencontré, et d'autres botanistes
ont pu également observer des poires dites prolifères, c'est-à-dire dont le
sommet donne naissance à un second fruit. Dans d'autres cas, la poire pro-
lifère se termine par une rosette de feuilles ou même par un rameau feuille.
Si, dans ces différents cas on pratique une coupe longitudinale du fruit, on
peut constater que la poire inférieure ne présente point de loges, en d'autres
termes qu'elle ne renferme point de carpelles; quelquefois le fruit supé-
rieur est presque normalement constitué et renferme des carpelles; dans
d'autres cas où l'anomalie a plus d'intensité, le fruit supérieur tend lui-
même à la prolilication, et il ne présente pas de carpelles.
(1) Je n'expose dans cet article que les faits tératologiques qui me paraissent
pouvoir servir ù éclairer la question de la structure de l'ovaire adhérent ; dans un
travail plus général, je ferai intervenir les considérations tirées des faits normaux.
oO(> SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE IRANCE.
Le 1 r ii ; t inférieur ne diffère en rien d'une ti<j;e charnue; cette tige char-
mie, après avoir produit le verticille de feuilles correspondant aux feuilles
calicinales, au lieu de se concentrer, comme chez les fleurs normales, pour
produire presque au même niveau, les autres verticilles floraux, s'est allongée
et a donné naissance, soit à une nouvelle Heur plus ou moins complète, soit
a une production intermédiaire entre la Heur et le rameau. — Dans un cas
que j'ai recueilli récemment (et dont je présente la figure à la Société), il
existe trois de ces fruits superposés, les deux inférieurs tiennent du fruit et
de la rosette foliacée; le troisième et supérieur est un fruit presque normal.
Or, si le renflement charnu généralement attribué au tube calcinai est si
évidemment de nature axile dans les cas que je présente à la Société, ne doit-
on pas admettre que, dans les cas d'épigynie analogues, le tube ovarien est de
la même nature?
M. Planchon appuie l'opinion qui vient d'être présentée sur la
nature axile de l'ovaire infère, du moins quant à sa partie externe ;
mais il ne peut partager la manière de voir de M. Germain de Saint-
Pierre relativement à la nature à la l'ois appendiculaire et axile du
tube dit calicinal. M. Planchon eile à cette occasion les idées émises
par M. Gasparrini sur l'ovaire des Cactées et en môme temps ce qu'il
a publié lui-même sur les Nymphéacées, dans son travail sur le Vic-
toria regia.
M. Brongniart demande à M. Germain de Saint-Pierre s'il admel,
dans la constitution des ovaires infères, la participation d'une paroi
carpellaire ou s il pense que l'axe lui-môme forme foute la paroi.
M. Germain de Saint-Pierre répond que, suivant lui, les éléments
des feuilles carpellaires entrent dans la composition du tube calicinal
au même titre que les éléments des autres feuilles ou organes appen-
diculaires de la Heur. En d'autres termes, le tube est constitué par
la fusion des décurrences de tous les organes appendiculaires de la
Heur, y compris les feuilles carpellaires. C'est ce tube formé des
décurrences des feuilles de la Heur que M. Germain de Saint-Pierre
considère comme étant de nature axile. Chez les fleurs à ovaire infère
les placentas sont une dépendance de ce tube axile, et les carpelles
proprement dits sont représentés par la partie libre, supérieure au
tube, partie réduite parfois au style et au stigmate.
M. Trécul rapporte à cette occasion qu'il a observé au Texas
['Opuntia fragilis. Cette plante présente souvent une succession
d'ovaires (parfois au nombre de cinq) qui se surmontent et s'allon-
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 185Û. 307
genl en rameaux atteignant jusqu'à 2 décimètres. Ces rameaux
offrent quelquefois la trace des cavités ovariennes et conservent
toujours leur couleur rouge. Si les ovaires tombent à terre, ils
poussent des racines adventives et reproduisent la plante comme des
boutures (1).
M. Trécul ajoute qu'il a donné au Muséum des greffes d'un
Pommier qui croit aux environs de Mondoubleau (Loir-et-Cher) , où
il est nommé Pommier sans fleurs, et qui paraît ressembler au Pom-
mier de Saint-Valéry. Néanmoins cet arbre fleurit, mais ses pétales
restent verts comme des sépales. Les étamines, réduites à dix, sont
toutes transformées en carpelles qui contiennent un ovule souvent'
imparfait. Ces carpelles surnuméraires forment un verticille au-
dessus des carpelles normaux. La fécondation s'opérant sans doute
par le pollen d'arbres voisins, on voit alors deux rangées de carpelles
superposées, constituant un fruit double, à deux séries de loges.
M. .1. Gay dit que la description que vient de donner M. Trécul
se rapporte exactement au fruit du Pommier de Saint-Valéry, qu'il a
observé lui-même, il y a une vingtaine d'années. C'est le Pyrus
dioica, Willd.
M. Fermond fait à la Société la communication suivante :
ÉTUDES SUR LE DÉVELOPPEMENT DES MKI'.ITUAUES OU ENTRE-NŒUDS DES TIGES,
par M. CU. FFIt VIOM» (Troisième partie.)
Dans son mémoire sur îa phytonomie, Cassini fait un raisonnement sur
lequel il s'appuie pour démontrer que les mérithalles ne doivent s'accroître
que par le bas, ce qui ne l'empêche pourtant pas d'admettre trois cas bien
distincts d'accroissement: 1° celui où le mérithalle s'accroît par le bas;
2" celui où l'accroissement se fait par toutes les parties à la fois; ?>° celui
où cet accroissement a lieu particulièrement par le haut. D'un autre côté,
des expériences de Duhamel semblent indiquer que l'accroissement se fait
plutôt par le haut. C'est parce qu'il nous a semblé que rien n'était parfai-
(1) M. Trécul ne prétend pas que ce soit là un phénomène ordinaire. Les bou-
tures qu'il a vues avaient été produites par des ovaires jeunes, encore de couleur
verle, et qui avaient été détachés sans doute accidentellement. Jamais tous les
ovaires de la série ne s'allongent à la fois , et ce n'est que dans quelques cas rares
que l'inférieur, et plus rarement encore celui qui est immédiatement au-dessus,
acquièrent une longueur anormale. (Note communiquée , après la séance, par
M. Trécul.)
308 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
ternent prouve dans cette question, que nous avons entrepris les expériences
suivantes.
A l'aide d'un compas, nous avons pratiqué des points sur déjeunes mé-
rithalles, de manière a les diviser en deux, trois ou quatre parties égales.
Nos observations ont été faites sur des plantes de familles très différentes,
et les résultats ont été assez trajfichés pour que nous ayons pu reconnaître
que les mérithalles s'allongeaient proportionnellement plus tantôt par le haut
et tantôt par le bas; d'autres l'ois l'accroissement s'est fait d'une manière
à peu près égale. Voici les tableaux de ces différences d'accroissement :
1° Mérithalles s' allongeant proportionnellement plus par le haut.
Aristolochîa Siplio.
Clematis Vitalba.
Sambucus nigra.
Cucurbita Melopepo.
Meliaiilhus major.
Ilelianthus tuberosus.
Angelica sylvestris.
Ficus Carica.
Dipsacus sylvestris.
Papaver somnifenim.
Lonicera Caprifolium.
Polygonum acetosa>folium.
Rumex polygonifolius.
Fœniculum vulgare.
Rieinus viridis.
— minor.
Vitis vinifera.
Rubus idaeus.
Syringa vulgaris.
Ki'! ria japonica.
Monarda didyma.
l'haseolus multiflorus.
Jasminum officinale.
Lycbnis chalcedonia.
Silène Armeria.
— exaltata.
— polypbylla.
Gladiolus psiltacinus.
gandavensis.
A 111 uni Ca-pa.
Alstrœmeria aurantiaca.
2° Mérithalles sali 'on géant à peu près également partout.
Aralia edulis.
Hydrangea Hortensia.
Rosa canina.
Ginko biloba.
Polygonum cymosum.
Rumex Lunaria.
Aucuba japonica.
3° Mérithalles Rallongeant proportionnellement plus par le bas.
Album Csepa.
Rumex montevidensis.
Penicillaria spicata.
Polygonum orientale.
Polygonum tinctorium.
Tripsacum dactyloides.
Andropogon halepensis.
Dianthus Caryophyllus.
Avena saliva.
Gypsophila scorzoneraefolia.
Ampelygonum cliinense.
Rumex abyssiniens,
Sur des mérithalles, jeunes encore, à'Aristolochia Sipho, de Fœniculum
vulgare, de Clematis Vitalba, de. Sambucus nigra et d' Helianthus tuberosus^
nous avons fait cinq points de manière à diviser le mérithalle en quatre
parties égales et, quinze jours ou un mois après, nous avons reconnu que
l'allongement des parties, en allant de bas en haut, s'était fait proportion-
nellement; c'est-à-dire que si l'on désigne par /// la différence d'accroisse-
ment des diverses parties du mérithalle que l'on pourrait appeler coeffi-
cient d'élongation ou ^'accroissement en les prenant de bas en haut, on avait,
après la croissance, la progression arithmétique suivante :
— ?/?. m', m", m'".
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1854. 300
Ki) choisissant, en effet , dans les plantes précitées , des mérithalles de
2 centimètres de développement et les divisant en quatre parties égales, on
pouvait, reconnaître que la première partie M du mérithalle s'était allongée
de 1 ; la seconde, .M', de 1 + 1 m ; la troisième, M", de l-f-2 m; et la qua-
trième, M'", de 1 + 3 m. M représentant, en général, une partie quelconque
du mérithalle après son élongation.
Mais M = l a la lin de l'expérience n'était, au début, que de T'lT, c'est-
à-dire que chaque division qui n'était que 1/2 centimètre était de 5 cen-
timètres après la croissance de M; 5 centimètres + 1 = 6 centimètres,
après la croissance de M'; 5 centimètres + 2 =7, pour M"; 5 centimètres
+ 3 = 8 centimètres pour M'", de sorte que les mérithalles avaient, en gé-
néral, 23 a 1k centimètres environ après leur croissance.
Pareillement, sur les Polygonûm orientale et tinctorium , le Dianthus
Caryophyllus, V Andropogon halepensis, nous avons fait quatre divisions aux
jeunes mérithalles et nous avons pu constater un coefficient d'elongatiou
proportionnel, mais en sens inverse; de sorte qu'en désignant chacune des
parties par les mêmes lettres, on avait, en procédant, de bas en haut, M'" =
1+3 m; M" = 1+2 m ; M'= 1+1 m; .Al =1 ; d'où la progression arith-
métique suivante :
m'" . m", ih' . m.
Nous avons admis que toutes les causes qui s'opposent a l'évaporation
des liquides du mérithalle ou qui entretiennent sa mollesse sont favo-
rables a son élongation, et que c'était pour cela que la croissance se faisait
plutôt par le bas que par le haut chez les Polygonées, les Graminées et
quelques Caryophyllees dont la base du mérithalle est enveloppée soit par
un ochrea, soit par les gaines des feuilles, soit par la base des feuilles oppo-
sées elles-mêmes.
Mais il nous fallait la preuve expérimentale que cette manière de penser
était juste. Nous l'avons cherchée dans plusieurs Polygonées dont les
ochrea, plus ou moins développés et plus ou moins épais, nous permet-
taient de faire des observations capables d'éclairer cette partie de la ques-
tion. Les Polygonûm orientale, cymosum, Persicaria, tinctorium et les
Rumex Lunaria et poiygonifolius ont été choisis dans ce but. Nous avons
divisé, en partant de la base, les jeunes mérithalles en trois et, quatre parties
égales qui, examinées quinze jours après, ont donné les résultats suivants :
Dans le Polygonûm orientale, le coefficient d'élongation de la division du
bas est à celui de la division du haut : 5. 1. Chez le Polygonûm cymosum,
l'excès d'accroissement de la division du bas est très peu marqué. I.e Poly-
gonûm Persicaria nous a donné un excès d'accroissement dans la division
inférieure dont le rapport était : 1 1/2. 1. Dans le Polygonûm tinctorium,
le coefficient d'élongation de la partie inférieure était dans le rapport
de k. 1 sur celui de la division supérieure. Le Rumex Lunaria a offert une
310 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
croissance à peu près égale partout. Enfin le Rumex polygonifoliw a donné
au contraire un accroissement plus considérable dans la division do. haut,
dont le coefficient d'élongalion était a celui de la division du bas dans le
l'apport de 2. 1.
Les observations font reconnaître que les ocbrea, qui n'ont pas tous la
même épaisseur et la mê.i.e longueur relativement au méritballe, exercent
un rôle plus ou moins actif dans l'accroissement de ses diverses parties,
Chez les Polygonum orientale et tinctorium, l'ochiea est épais et bien en-
gainant. Voilà pourquoi, l'évaporation se faisant moins bien, la base du
méritballe conserve une mollesse favorable à l'accroissement par le bas. Dans
le Polygonum Persicaria, l'ochreaest épais, mais le méritballe reste court,
de sorte que, pour faire l'expérience, on est obligé de prendre un méritballe
relativement déjà très développé; il eu résulteque la différence entre l'accrois-
sement delà division du liant et celui de la division du bas n'est pas très
marquée. Quant au Polygonum eymosum, dont l'excès d'allongement se
prononce à peine vers le bas, nous avons reconnu que l'ocbrea était mince
et s'opposaitpeu a l'évaporation. Enfin, dans le Rumex Lunaria, l'ocbrea est
mince et court, de sorte que, par sa présence, il entretient juste la mollesse
nécessaire a la base du méritballe pour que l'accroissement s'y fasse aussi
bien qu'a la partie supérieure. Au contraire, chez le Rumex polygonifolius,
l'ochiea mince et très long, protège presque de la même manière le bas
et le haut du méritballe, d'où il suit que le phénomène se passe comme si
cet organe n'existait réellement pas.
Pour acquérir la certitude absolue que les choses se passaient bien
comme nous venons de le dire, nous avons fait les expériences comparatives
suivantes : sur les Ampelygonum chinense, Rumex abyssinien* et monte-
vidensis, nous avons pratiqué des divisions (gales a des merithalles prives
de leur ocbrea et a des merithalles les possédant encore. Au bout de huit
jours, ceux qui étaient prives de leur ocbrea ont présenté une croissance a
peu pies égale dans toutes les divisions, tandis que les merithalles qui en
restaient recouverts ont offert un excès décroissance très prononcé dans les
divisions inférieures. Le Rumex montevidensis surtout offrait un excès de
croissance dans la division du bas double de celui de la division moyenne.
C'est qu'ici le méritballe est maintenu dans un grand état de mollesse par
la présence d'une assez forte proportion d'une matière gommeuse liquide
qui se trouve contenue entre le méritballe et l'ocbrea.
Enfin, ce qui justifie le mieux cette idée théorique, c'est la différence
d'accroissement des diverses parties du méritballe chez certaines Graminées
à feuilles très engainantes (Tripsacum dactyloïdes et Penicillaria spieata),
chez lesquelles le coefficient d'élongalion nous a paru suivre les termes
d'une progression géométrique. Si, en effet, on pratique sur un méritballe
de ces Graminées, cinq ponctuations à égales distances et en partant de la
SÉANCE DLT 8 DÉCEMBRE 1854. 31]
base, on trouve, au bout d'une quinzaine de jours, que la division du haut
a conservé à peu près la même grandeur = 6 millimètres; que la seconde,
en descendant, présente un excès de croissance sur la première = 1 (6 mil-
limètres + 3); que la troisième division offre un excès de croissance = 2
(6 millimètres -j- 6); que la quatrième division a un excès de croissance
s=û (6 millimètres -{-12), d'où la progression géométrique suivante :
m'" ' m" '. m' ; m.
m'", m", m' représentant les coefficients d'élongation des divisions du
mérithalle sur m.
Il est arrivé quelquefois (Penicillaria spicata, Avenu saliva) que nous
n'avions fait que trois divisions au lieu de quatre, et la croissance était
encore eu progression géométrique, de sorte que l'on avait :
m1' : m' ; m.
Il est probable que beaucoup de Graminées ont un même mode d'ac-
croissement; mais l'expérience n'est pas encore venue sanctionner cette
opinion.
Enfin il y a quelques cas rares ou la croissance doit se faire à la fois par
le bas et par le haut, alors que le milieu du mérithalle reste à peu près sta-
tionnais : c'est ce que nous avons observé sur V Allium Cœpa. Peut-être les
mérithalles allongés que l'on désigne sous le nom de hampes des Liliacées et
de quelques autres plantes sont-ils dans le même cas.
Nous croyons avoir démontré dans cette troisième partie : 1e que l'accrois-
sement de chaque mérithalle se fait proportionnellement plus tantôt, par le
haut, tantôt parle bas. Plus rarement il se fait également dans toute sa lon-
gueur; 2" que l'excès d'accroissement qui en résulte, examiné sur trois ou
quatre divisions du mérithalle, suit les termes d'une progression arithmé-
tique, et que chez quelques Graminées cet excès d'accroissement suit les
termes d'une progression géométrique ; 3y qu'il doit y avoir des plantes chez
lesquelles les mérithalles (hampes) doivent avoir une croissance par le bas et
par le haut, tandis que le milieu reste stationnaire (Allium Cœpa); /rque
toutes les causes qui s'opposent à l'évaporation des liquides du mérithalle
ou qui entretiennent sa mollesse sont favorables à son élongation. Voila
pourquoi la croissance se fait plutôt par le bas que par le haut chez les
Polygonécs , les Graminées et quelques Caryophyllées dont la hase des mé-
rithalles est enveloppée soit par un ochrea, soit par les gaines des feuilles,
soit par la base des feuilles opposées elles-mêmes.
M. ïrécul fait remarquer que les considérations présentées par
M. Fermond ont déjà été publiées par Sleinheil dans son mémoire
sur l'accroissement des feuilles. Sleinheil a prouvé par des exemples
312 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
nombreux que certains axes s'accroissent bien plus par le bas que
par le haut. M. Trécul ajoute qu'il a lui-même déjà indiqué l'action
des feuilles enveloppantes sur le développement de la partie infé-
rieure des feuilles enveloppées, notamment chez les Palmiers.
M. Fermond répond qu'il connaît le mémoire qui vient d'être cité,
et dont les conclusions lui semblent différer notablement des siennes.
Pour lui, en effet, l'accroissement n'a pas lieu plutôt par le basque
parle haut, mais bien d'une manière proportionnelle, soumise à une
loi et suivant une progression régulière, tantôt arithmétique, tantôt
géométrique.
M. Cosson, vice-secrétaire, donne lecture d'une communication
adressée à la Société par M. E. Michalet, sur un Alisma observé par
lui dans les mares et les lieux humides des bords du Doubs et de
l'Orain, près de Chaussin, arrondissement de Dole (Jura).
M. Michalet distingue sa plante de V Alisma Plantago et propose pour
elle le nom (VA. arcuatum, en demandant toutefois l'opinion de la Société
sur la valeur des caractères distinetifs signalés par lui.
Voici le résumé de ces caractères :
« Le port de l'A. arcuatum est très remarquable, quoiqu'il varie beaucoup
selon que l'eau se retire plus ou moins rapidement. Les tiges qui croissent
dans l'eau se recourbent, ainsi que les rameaux, dès qu'elles s'élèvent au-
dessus de la surface et simulent alors assez bien les branches d'un parapluie
ouvert; celles qui croissent hors de l'eau sont au contraire couchées sur le
sol et. s'enterrent parfois tout entières sans cependant y prendre jamais ra-
cine. Vu en masse, l'A. arcuatum offre un aspect un peu glauque; il est
plus aquatique que VA. Plantago. Sa taille varie de 5 à 50 centimètres ; il
y a des échantillons dont les feuilles courtes et très étroites rappellent, tout
à fait le Littorella lacustris; dans d'autres, au contraire, le limbe atteint
2 centimètres de largeur. — La souche de VA. arcuatum, qui se laisse arra-
cher très facilement, tandis que celle de l'A. Plantago est très tenace,
fournit des différences entre les deux plantes. Cette souche, qui présente
au collet un renflement constituant un véritable bulbe, n'est guère plus
grosse qu'une noisette ordinaire dans l'A. arcuatum et elle ne nourrit la
plante que pendant un an, tandis que dans l'A. Plantago elle atteint sou-
vent la grosseur d'un œuf de poule et persiste pendant deux ans. — Dans
l'A. arcuatum, les carpelles se touchent par leurs bords internes de ma-
nière a former un capitule obscurément trigone ne présentant aucun vide
a l'intérieur, leur dos est muni d'une côte médiane saillante naissant du
style et de deux autres côtes latérales. — Dans l'A. Plantago les carpelles
sont disposés obliquement sur le réceptacle et ne se touchent que par leur
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 185A. 313
base, de sorte que le capitule présente un vide à l'intérieur. Sur le dos
ce n'est pas une côte, mais au conti aire un sillon qui part de la base du style;
quelquefois ce sillon se bifurque de manière à simuler trois côtes, mais leur
disposition différente se reconnaît facilement, et la médiane dans ce cas
n'est jamais saillante. »
M. Cosson, après avoir déposé sur le bureau les échantillons et les
dessins dont M. Michaleta accompagné sa notice, fait remarquer que
les caractères, signalés du reste avec exactitude, ne lui paraissent
pas permettre de distinguer comme espèce VA. arcuatum. En effet,
le développement de la côte dorsale des carpelles ne lui semble
se lier d'une manière constante avec aucun autre caractère impor-
tant. Déjà, dans la Flore des environs de Paris, il a, avec M. Ger-
main, constaté que les carpelles de VA. Plantago présentent indiffé-
remment sur le dos un ou deux sillons, sans toutefois avoir
mentionné la cause de ce fait ; M. Michalet en donne nettement l'ex-
plication : dans les carpelles où la côte dorsale est saillante, le dos
présente deux sillons latéraux; lorsque, au contraire, cette même
côte ne s'est pas développée, le dos du carpelle n'offre qu'un sillon
médian. Quant aux caractères tirés de la plus ou moinsgrande obli-
quité des carpelles sur le réceptacle, du port de la plante, du volume
et de la durée de la souche, ils ne paraissent pas non plus à M. Cosson
constituer des différences spécifiques suffisantes, en raison de leur
variabilité dans les diverses espèces du genre.
31. Gay ajoute que dans plusieurs espèces du genre Potamogeton
la côte dorsale des carpelles est indifféremment à peine saillante ou,
au contraire, très développée sous forme de carène.
M. Cosson fait ensuite à la Société la communication suivante :
NOTES SUR QUELQUES GRAMINÉES D'ALGÉRIE ,
par MM. E. COSSON et Dl RIEE DE M.USONIVEEl'E I
Leersia hexandra Swartz. — L. australis R. Br. — L. Mexicana
Kunth. — L. Mauritanien Salzm.! — L. B rasiliensis Spreng. — L. con-
tracta Nées. — L. glaberrima Trin. - L. Triniana Sieb. - L. Abyssi-
nien Hochst.!
[n paludosis Algeriœ orientalis prope La Callel, imprimis in sylvaticis
uliginosis et in palude Bou-Merchen ad lacum Houberal
! Ces notes .son! exlrailcs de la première livraison de la partie plianéroganu'que
de la Flore d'AUjerie acluclleincnl sous pres>e.
ûlZl SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
In Qtriusque hemîsphaerii regione intertropica, rarius extra occurrens: ad
Tingidem (Salzmann); in Egypto (Odile, Sieber); Abyssinia (Schirapér);
ad promontorium Bonse Spei (Drège, Eckion) ; in Bengalia (Grif(itbs) ; Ne-
palia (Wallich); insula Taprobana (Walker); insulis Philippinis (Cuming);
Florida (Chapman) ; Nouvelle-Orléans (Drummond); Texas, Iiio-Brazos
(Drummond) ; Mexico (ex Kunth) : in Guyana gallica (Poiteau, Leprieur);
Pernambueo (Gardner); in Nova Hollandia (ex R. Br.).
D'après l'examen d'un grand nombre d'échantillons authentiques et
l'étude comparative des descriptions, nous avons pu nous convaincre de
l'identité1 spécifique des plantes qui ont été décrites sous les divers noms
dont nous avons donné rénumération synonymique. — Les seules diffé-
rences que nous ayons observées consistent dans la scabrité plus ou moins
prononcée des gaines des feuilles, dans la longueur plus ou moins grande de
la ligule, dans la présence ou l'absence de poils sétuliformes sur les nervures
intermédiaires et sur ltjs faces des glumelles inférieures, et aucun de ces
caractères n'est même assez constant pour permettre de distinguer des va-
riétés. — Le L. hexandra se distingue du L, oryzoides par un port plus
grêle, les feuilles plus étroites, la panicule moins ample, moins ouverte, les
epillets plus petits, ovales oblongs, les glumelles inférieures naviculaires à
nervures intermédiaires saillantes et non pas eomprimée-~-ap!nties à ner-
vures intermédiaires a peine saillantes, et surtout par les étamines au
nombre de 6 et non pas au nombre de '.'>. — Ou nombre des stations où la
plante a été observée, il ressort qu'elle n'occupe pas dans la zone inter-
tropicale une aire moins vaste que le L. oryzoides dans la zone tempérée, et
qu'elle ne se rencontre dans la zone tempérée que par exception.
Panicum obtusifolium Odile, var. obtusifoliwn.
In paludosis nquaticis prope La Callem] lacum HouberaX
In yEgypto ad Tamiatim et ruinas urbis Son (ex Odile', prope Cairtim
(l)elile, Bovéin berb. Mus. Par.).
La plante d'Algérie diffère de celle d'Egypte par les feuilles moins larges,
généralement ncuminees, et non pas presque obtuses au sommet, et par
les epillets un peu plus petits; mais le port et les autres caractères étant
identiques dans cesdeux plantes, nous n'avons pas cru pouvoir lesdistinguer
spécifiquement, d'autant plus que, d'après Poiret, la forme des feuilles du
P. obtusifolium est variable, et que le volume des epillets n'est pas assez
constant dans les espèces de ce groupe pour qu'on puisse le considérer
comme un caractère distinctif suffisant. — Le P. obtusifoliwn est très
voisin du P. paspaloides Pers., dont nous avons vu dans les herbiers de
nombreux échantillons recueillis en Egypte, aux îles Canaries, dans l'Inde,
au Pérou, au Brésil, etc., et doit par cela même être range parmi les es-
pèces à type intertropical.
SÉANCE ni S DÉCEMBRE J85/L 315
Panicum numidianum Lnik., Desf. — P. leiogonum Sieb.lyV. ^Egypt.
exsicc. — P. muticum I.inkex Kunth.
Ta pascuis, in arenosis humidis prope La Callel (l)esf.j adlaeum Hoc-
hera ! haut! infrequens.
In iEgypto (Sieber); Brasilia1 provincia Bahia (Sieber, pi. exsicc. sub
nominc /'. equinum); in sylvis ad flumen Amazomiin (ex Nées).
Cette espèce, comme les précédentes, appartient à la région intertropicale
et présente en Algérie sa station la plus septentrionale.
Digitabia debii.is Willd. — Paspalum débile Poiret ! — Panicum dé-
bile Desf. !
In pascuis, in arenosis humidis : La Calle (Poiret, Desf.) ; in val!e/a-
btdlah ! prope La Calle promiscue cum I). sanguinali.
In Lusitania prope Olisiponem promiscue cum D. sanguinali (AVel-
witscli); Galicia propre Cerquido, D. sanguinalis socia (Lange); in Pyre-
lucis humilioribus, verosimiliter prope Orthcz (Garnier) ; agro î\eapo!ilano
{ A. Richard in herb. Gav).
Cette espèce, qui déjà a été observée à une localité du midi de la France,
sera probablement retrouvée sur d'autres points alors qu'elle sera mieux
connue des botanistes. — Par le port et la glume inférieure à peine distincte
elle se rapproche beaucoup du D. filiformis Kœl., mais on l'en distingue
facilement par les épillets oblongs-lancéolés acuminés et non pas ovales-
oblongs, par la glume supérieure et la glumelledela fleur neutre acuminées
inégales dépassani toutes deux la fleur hermaphrodite, et enfin par les glu-
melles de la fleur hermaphrodite blanchâtres a la maturité et non pas d'un
pourpre luisant.
Digitaiua commutata Sclmlt. — Panicum commutatum Nées, — ])i-
gitaria nodosa Parlât. — Panicum Palatorei Steud.
In arenosis de^erti ad limites, prope Biskra, loco dicto Montagne de
sable (Balansa).
In insula Canaria (Webb) ; Gorgonum insula S. Nicolas (Bolle) ; ad pro-
montorium Botfae Spei (Lcklon, Drège, Verreaux in herb. Webb).
La longueur des épis, le volume des épillets, la longueurde la glume su-
périeure par rapport a celle de la fleur hermaphrodite sont variables dans
cette espèce dont nous avons été a même d'examiner d'assez nombreux
échantillons; aussi croyons-nous devoir lui rapporter comme synonyme le
l>. nodosa Parlât., qui diffère a peine de la plante du Cap par les épis or-
dinairement plus courts, les épillets un peu plus petits et par la glume su-
périeure plus courte que la fleur hermaphrodite.
Pennisetum orientale BJch ., Kunth. — P. fasciculatum Trin. —
P. Sinaicwn Decaisac.
310 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
lu rupestribus montanis deserti ad limites : in vallefluminis Oued-Abdi
propre Beni-Souik ! in montium Aurasiorura regionecalida.
lu Armenia orientali (Hohenacker) ; Syria(LabilI.) ; monte Sinaï (Schim-
per); Lyeaonia (Heldreich) ; Persia (Aucher-Eloy).
Andropogon annulatus Forsk., Vahl , Delile. — Lipiocercis annulata
Nées.
Hab. In giareosis, ad ripas, in fossis œstate exsiccatis Algerise australio-
ris : Biskra ! (Jamin, Balansa). Loco dicto El-Ouar ad meridiem urbis
Bis/ira (Hénon).
In -Egypte (Delile , Sieber, Aucher-Éloy) ; Syria (ex Delile) ; Nubia
(Kralik); Kordofan (Kotseby) ; Persia (Aucher-Éloy) ; insulis Gorgonibus
(Bolle); ad promontorium Bonœ Spei (Drège); India orientali (ex Vahl);
insida Timor.
Andropoc.on i.aniger Desf. — A. eriophorus Willd. — A. circinatus
Hochst. et Steud. in Schimper jd. Arab. exsicc. (1837). — Cymbopogon
circinatus, Hochst. ! in Schimper pi. Arab. fel. éd. 2 (1843). — Andro-
pogon Olivier! Boiss. !
[naprieis saisis solo argillosovel arenaceo, in giareosis, deserti ad limites:
ad Laghouat (Bonduelle) ; in Algeria orientali australiore ab El-Outaia !
(Gallerand) ad Biskra 1 (Jamin) haud infrequens.
In deserto Tunetano (Desf.) ; /Egypto (Bové) ; Arabia felici (Schimper);
Mesopotamia (Aucher-Eloy).
Les fibres radicales de VA. laniger exhalent une odeur aromatique assez
pénétrante qui rappelle celles qu'elles présentent chez deux espèces voisines
propres aux Indes, les A. lwarrancusa (Blaue, Boxb.) et schœnanthus (L.,
Boxb., Wallich). L'infusion préparée avec cette dernière plante est usitée
aux Indes comme succédanée de celle du thé, et on lui attribue des pro-
priétés stimulantes et toniques; il est probable que l'espèce algérienne
pourrait être employée de la même manière avec succès.
Arthratherum ciltatum Nées, .Taub. et Spach. — Aristida plumosa
Desf. ! AtL — Aristida ciliata Desf. in Schrad. Journ. — Aristida Schini-
peri Hochst. et Steud. — Arthratherum Schimperi Nées.
In apricis petrosis vel rupestribus deserti : in ditione Laghouat (Bondu-
elle); ad Biskra ! et locis proximis haud infrequens (Jamin).
In regno Tunetano (Desf.); ^Egyplo (Delile) ; Arabia (Bové) ; Africa aus-
traliore (Drège).
Arthratherum obtlsum Nées, Jaub. et Spach. — Aristida obtvsa
Delile. — Stipagrostis obtusa Nées in Linnœa, Kuntb.
SÉANCE M 8 DÉCEMBRE 185/t. 317
tnapricisdeserti, solo argilloso, petroso vel arenaceo: ad Biskra ! et in
locis proximishaud infrequens (Jamin, Balansa).
In ^Egypto (Delile) ; Arabia (Schimper, Botta); ad promontorium Bonœ
Spei (Drège).
Dactyloctenuim jEgyptiacum Willd. — Cynosurm /Egyptius L. —
Eleusine sEgyptia Desf. ! — Eleusine cruciata Lmk. — Dactyloctenium
mucronatum Willd. — D. prostration Willd.
In arvis arenosis prope La Colle ! abundc crescens.
In Europaaustraliore : Calabria (Tenore), Sicilia (Guss. ,Tineo), Grsecia;
in ^Egypto (Sieber); Arabia, Nubia (Kotschy) ; Abyssinia (Schimper); ad
promontorium Bonae Spei (Drège) ; Madagascar (Bernier) ; India oiientali
(Wight) ; insulis Philippinis (Caming) ; insula Java (Labill.) ; Nouvelle-
Orléans, Saint-Louis (Drnmmond); Guyana (Leblond) ; Brasilia (Claussen).
Pappophokum scabbum Kunth. — Enneapogon scaber Lehm., Nées.
In declivibus apricis, deserti ad limites : prope Biskra (Jamin, Balansa).
Ad promontorium Boiuc Spei (Drège).
Ammochloa sobacaulis Balansa (sub Sesleria) in pi. Alger, exsicc.
n. 709 (1853). — A. Palœstina Boiss. Diagn. pi. or. (1854).
Planta annua, saepius caespitosa, plerumque subacaulis spicis inter folia
radicalia sessilibus, varias caulescens caulibus crassiusculis foliis brevio-
ibus; foliis planis, glabris, omnibus linearibus angustis; ligula glabra,
dentato-lacera ; spicis subglobosis, basi glumisspicularum int'eriorum sub-
involucratis; spiculis in quaque spica pluribus, dense congestis, oblongis,
8-14-floris; glumella inferiore ovata, sensim acutata, mucronata; antheris
minutis, oblongis; stylorum basi accrescente complanato-membranacea, de-
mum ovario longiore. ®. Martio-Aprili.
In arenosis deserti ad limites : propre liishra (Balansa).
In regni Tunetani insula Djerba propre Gabès (Kralik) ; in Hispania
oiientali ad Barcinonem (Pourret, in berb. Delessert sub nom. ined. Poa
cyperoides) et australiorebaud procul a promontorio L'abo de Gâta (E. Bour-
geau) ; indesertis Palœstina; australis (ex Boiss.)
L'A. subacaulis constitue, avec VA. pungens Boiss. (Dactylis pungens
Scbreb. — Sesleria ecbinata Lmk.), un genre nouveau, décrit sous le nom
à' Ammochloa, par M. Boissier (Diagn. pi. or. fasc XIII, mai 1854) et presque
en même temps par nous sous le nom de Cephalochloa (in Coss. Cat. Oran
in Ann. se. nat., juin 1854). — Le genre Ammochloa diffère du genre
Sesleria par V inflorescence, par les épillets à Heurs nombreuses, par les
glumes à carène ailée-membraneuse, par les glumelles inférieures presque
coriaces entières au sommet, et non pas membraneuses dentées-laciniées,
t. i. 21
/
M8 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCK.
par les squamules milles, ei non pas 3-5-dentées à dents inégales. — \JA.
subacaulis est très voisin de l'A. pxiugens par la plupart de ses caractères;
il s'en distingue par son port remarquable, la plante étant subacaule ou
présentant à la fois des tiges très courtes et d'autres tiges plus longues très
robustes relativement a leur longueur et dépassées par les feuilles; il en
diffère surtout par les épillets composés ordinairement d'un plus grand
nombre de fleurs, paries glumelles inférieures plus insensiblement acuminées
et brièvement mucronées et non pas mucronées-aristées, par les anthères
très petites oblongucs, et non pas assez grandes linéaires-oblongues, et par
la base acerescenle des styles, comprimée, presque membraneuse, plus lon-
gue que l'ovaire.
Avena macrostachya Balansa in pi. Alger, exsicc. n. 718.
Caudice ca^pitoso fasciculos foliorum stériles emitten te; foins plants,
glabris vel pubescentibus, supra scabris, rigidulis, nervo marginali scabro
sparsepilisaeuleiformibus subeiliato; vaginis teretibus; ligulabre\i, trun-
cata, sublacera, glabra ; panicula laxa, secunda, ramis spiculam unicamsat-
pius gerentibus, inferioribus elongatis 1-h rarius solitariis , superiorièus
saepius solitari is ; spiculis magnis, pendulis, ^-j-iloris; glumis inœqualibus,
inferiore saepius sul)dimi(liobrevioresubtrinervia,SM/;«,«ore7-9-n6'?,y2'atlori-
bus paulo breviore; raehi ad basim florum pilosa: floribus omnibus cum
rachi articulatis demum deciduis, in callumbrevem pilosum attenuatis,pilis
flore multo brevioribw ; glumella inferiore glabra nitida superne scariosa,
upice dentato-bifîdo , ad médium dorsi aristata, arista geniculata interne
laxiuscule tortili. %. Junio-Julio.
In paseuis regionis montanae : Djebel-Tougour prope Butna ! usque ad
2000 metra ascendeus (Balansa exsicc.). In valle Feudj-Guersa ! ad basim
montis Djebel-Mahmel in montibus Aurasiis, et ad cacumen montis ejusdem
(Balansa). In monte Djurjura ! supra Bordj-Boghni.
Cette belle espèce n'a de rapport qu'avec la forme à épillets pluriflores de
l'A. pratensis, dont elle se distingue par la ligule des feuilles supérieures
courte tronquée, par les rameaux de la panieule allongés ne portant ordi-
nairement qu'un seul epillet, par les épillets pendants après la floraison,
par les giumes plus inégales, et par la glumelle inférieure ordinairement
bidentée ou bifide au sommet et non pas irrégulièrement denticulée.
Cvnosubus Balansje Coss. et DU. FI. Alger. — C. echinatus var. peren-
nis Balansa pi. Alger, exsicc n. 715.
Planta pereunis, ceespitosa, caudice crassiusculo obliquo subrepente; cau-
libus erectis, rigidulis; foliis late linearibus, planis, rigidulis; ligula
oblonga ; panicula oblonga, rarius ovato-oblonga, secunda, laxiuscula,
demum su beoDt racla, ramis ramuiisque longiusculis ; spiculis fertilibus
KKANŒ |)U 8 DÉCEMBRE I8Ô/|. 319
2-3-tloris cum rudimento pedicelliformi (loris superioris, glumis tenuiter
membrapaceo-scariosis laneeolatis apice sensim attenuato-subulatis, floribus
demum oblongo-lanceolatis, glumella inferiore scabrida apice bidentata
longe aristata ; spiculnrum sterilium glumellis lîncaribus vel laneeolatis su-
perne subulato-aristatis, inferioribus distantibus longe aristatis, superiori-
bus approximatis hrevius aristatis. rif. Junio-Julio.
In pascuis regionis montanœ subtus Cedros , ad 1300-2000 ruetra: In
declivitate septentrional] montis Djtbel-Tougour prope B atna (Balansa); in
sylvaticis supra Lambèse (Balansa); in cedreto prope Teniet-el-Haad !
INousavons cru devoir dédier celte espèce à M. Balansa qui l'a recueillie le
premier en Algérie et en a reconnu le caractère principal, tiré de la souche
oblique et vivace pour la distinguer du C. echinatus. Seulement il ne lui avait
pas été donne de constater l'invariabilité de ce caractère d'une manière
suffisante. Ayant été à même d'observer la plante a une nouvelle localité, où
elle croit en grande abondance mêlée avec le C. elegans, nous ne l'avons
vue présenter aucune variation.
M. de Schœnefeld secrétaire, donne lecture <lo la communication
suivante adressée à la Société :
SUR LES FASCICULES DE LICHENS D'EUROPE PUBLIÉS PAU M. LE I)r HEPP.
OBSERVATIONS CRITIQUES par M. le Dp XV. NIXANDER.
( Paris, novembre i 854.)
Les quatre fascicules de lichens que M. Hepp vient de publier (1) sont une
continuation des Lichenes Helvetici exsiccati de Schœrer, la plus répandue,
et la plus riche collection de ces végétaux qui ait paru jusqu'à présent, car
elle ne contient pas moins de 650 numéros. La nouvelle série de i\i. Hepp
renferme 233 numéros, qui s'appliquent à des espèces dont une grand»;
partie se trouve déjà distribuée dans les fascicules de Schœrer, mais en
échantillons souvent inexactement déterminés et non sans confusion des es-
pèces entre elles, de telle sorte que, sous le même numéro, dans des exem-
plaires divers de cette collection, on rencontrait quelquefois des espèces
différentes. M. Hepp a rectifié ces erreurs, en donnant séparément les formes
confondues par Schœrer. C'tst ainsi qu'il publie des espèces ou des variétés
critiques et un certain nombre de formes qui manquent aux Lichenes Hel-
vetici exsiccali. L'étiquette de chaque numéro contient une notice synony-
mique, des figures lithographiées des spores, et une description de ces spores
(1) Die Flechten Europas in getrockneten mikroskopisch untersuchten Exem-
plarenmit Beschreibung und Abbildung ihrer Sporen, von Philipp Hepp, p. M,
Zurich, 1853.
320 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DR FRANCE.
en allemand. Le tout, relativement à la collection de Schaerèr, réalise un
progrès incontestable, notamment sous le rapport de l'exactitude des déter-
minations. On pourrait seulement reprocher a l'auteur d'avoir, à force de
distinctions subtiles, trop fractionné ses espèces, el par cela même de les
avoir rendues très difficiles à reconnaître. Les figures des spores, ajoutées
aux échantillons, seront sans doute d'une grande utilité et ne peuvent man-
quer d'engager les lichenologues a faire un usage plus fréquent du micros-
cope dans l'étude des lichens. Cependant il faut, à notre avis, se garder
d'attacher une importance trop exclusive aux caractères plus ou moins
constants que peuvent, offrir les sports, et ne pas vouloir fonder sur eux les
bases principales de la classification ou de la distinction des genres et des
espèces. Le microscope nous montre effectivement dans les lichens bien
d'autres éléments de classification et de délimitation spécifique; le fruit, le
thalle et les spermogonies, ne sont pas moins dignes d'attention que les
spores. Tous ces appareils organiques peuvent offrir a la fois des caractères
importants et méritent également d'être examinés et pris en considération,
sans cela on s'exposerait quelquefois a des erreurs considérables. Cela est
surtout vrai pour les lichens d'un ordre inférieur, comme les Collema, Le-
cidea, Verrucaria. D'après notre manière de voir, ce n'est dans l'état actuel
de la science, qu'au moyen de l'analyse microscopique de toutes les parties
essentielles, jointe à des études attentives faites dans la campagne, qu'on
peut arriver à se familiariser avec les formes si variables des lichens, et à
savoir les rapporter avec certitude à leurs types spécifiques respectifs, qui
— pour le dire en passant — sont en réalité moins nombreux qu'il ne semble
au premier abord.
Nous croyons être utile à la science des lichens autant qu'à la collection
même de INI. Hepp, en exposant les quelques observations qui vont suivre,
lesquelles ont pour but, tant de rectifier ou de simplifier la nomenclature
suivie par cet auteur que d'indiquer des synonymes importants qui, à ce
qu'il parait, lui ont échappé.
FASCICULE T. (N0> 1-56.)
3. Biatora olivacea Hepp. — Lecidea parasema var. elœockroma Ach.
Meth. p. 275. Nyl. Alger. (1), p. 330.
k. B. Laureri Hepp. — Lecidea parasema var. apotheciis cœsio-prui-
nosis. Le n° 205 de Zw. Lich. exs. {L. parasema Ach., pro max. p.,
Nyl.) offre quelques apothécies un peu saupoudrées de blanc, et établit un
passage à la variété Laureri de i\L Hepp. Le L. parasema est beaucoup
plus abondant dans le nord de l'Europe que le A. disciformis Yv. Nyl.
(■1) Études sur les Lichens de l'Algérie, dans tes Mémoires de la Soéiété des
sciences naturelles de Cherbourg, l. IL P- 305-3 Vi.
SÉANCE 1>1 8 DÉCEMBRE 185/|. 331
5. B. Wiilfenii Hepp. — Lecidea parasema Nyl.
7. B. rupestris y rufescens Rai). — Lecanora cerina var. pyracea
(Ach.) saxicola. Les Lecidea luteoalba Ach. et rupestris (Ach.) n'en dif-
fèrent pas essentiellement, à notre avis.
8. B. ÏURicENSis Hepp. — Lecanora athroocarpa Dub., forme à spores
simples ou a une cloison.
9. B. corallinoides Rab. et
10. B. coRALLiiNomEs var. fusca Hepp. — Pannaria triptophylla var.
nigra (Ach.), Nyl. Alger, p. 323.
11. B. fusca Nœg. — B. vernalis Fr. Sum. Veg. Scand. obscurior.
12. B. holomeljEna Nœg. — B. vernalis var. anomala (Ach.) Nyl.,
Alger, p. 313, saxicola. Ce n'est pas le L. holomelœna Flk. Fw. (Mass.),
qui coustitue une modification lécidéine du B. luteola Fr. &m»î. Fe^. Scand.
13. B. holomelœna var. chalybeia (Borr.). — Lecidea chalybeia
Borr.
14. B. synothea Naeg. — B. vernalis, var. anomala.
15. B. synothea var. chalybeia Hepp. — Lecidea chalybeia Borr.
16. B. olobulosa Rab. — B. anomala Fr. L. S. exs. 350. h. e. var.
Biatorœ vernalis Fr.
17. B. minuta Nœg. — Une petite modification du précèdent.
18. B. aixomaLa iNa-.g. — B. vernalis var. anomala.
19. B. Nœgelii ilepp. et
20. B. ligniaria Hepp. — Lecidea milliaria Fr.., c'est-à-dire une
forme lécidéine du Biatora vernalis.
21. B. cinerea (Schaer.) Nœg. — B. luteola Fr. var.
22. B. cesia Nœg. — Lecidea cœsia Duf. pi\ p., qui est peut-être uu
état calcaire du L. holomelœna Flk. Zw. exs. 197. Mais le L. cœsia Duf.
hb. pr. max. p. [L. nigrocœsia Nyl. Call. Gall. mer. Pyren. p. 11),
appartient à une modification analogue du Pannaria triptopàyllavav. nigra.
23. B. atrosaïnguinea (3 Hegetscuweilkri Hepp. — Lecidea vermifera
Nyl. O/js. Lich. Holm., h. e. var. Biatorœ luteola; ¥v.
24. B. effusa Hepp. — B. luteola Fr.
25. B. pezizoidea Nseg. — B. luteola var. tnuscorum (FI. H.) Nyl.
Aucunement le Lecidea pezizoidea Ach. (J/eterothecium Fw. in Bot. Zeit.
1850, p. 553, L. muscicola Smrf. Cr. Norv. n. 45). Le L. incompta Borr.
ne diffère pas du L. muscorum FI. D.
26. B. atrogrisea Hepp. — Patellaria Laurocerasî Dub. Bot. Gall.
p. 653, h. e. B. luteola var. fuscella Fr. S. V. Se.
28. Lecidea dispora Naeg. — L. geminata Fw. in Zw. exs. 199 et
200.
31. L. coracina Hepp. — L. atroalba Fw. Sous le nom de L. coracina
se trouve dans l'herbier d'Achaiïus le L. tenebrosa Fw. Zw. exs. 134.
322 société Botanique de France.
Mais le L. coracina Mou». St. Vog. n. ^62 est une autre espèce qui se
rapproche du L. atroalba Fw.
32. L. badioatra f3 fuscoatra Naeg. — L. atroalba Fw.
33. L. spuria Schœr. — L. atroalba Fw. var.
34. L. confervotdes y glaucèscens Nseg. — L, atroalba Fw. var.
35. L. confervoides S polycarpa Hepp. — L . atroalba Fw .
3(3. L. atroalba a AMBiGiiA Nœg. — L. petrœa Fw.
37. L. atroalba (3 vera Nseg. — L.' petrœa Fw.
38. L. atroalba y amphibia Nseg. — L, petrœa Fw., non le Z. a»/,-
pkibiaFr. qui n'est qu'une légère modification du />. geminaia Fw.
39. L. insignis Nœg. — /,. disciformis (Fr.) Nyl.
AO. L. insignis (3 muscorum Hepp. — L. disciformis.
41. L. punctiformis Hepp. — L. myriocarpa (OC), L. chloropolia
Fr. L. S. exs. 353, Zw. ex s. 126 B.
42. L. punctiformis Q tumidula Hepp. — L. myriocarpa.
43. L. microspora Nseg. — L. nigritula Nyl. Obs. Lich.Holm. 2, 16,
Zw. exs. 126 A.
48. Opegrapha thureth Hepp. — 0. varia f. notha Fr. miuor.
49. Heppia urceolata Nseg. — Pannaria adglutinata (Kphbr.) Nyl.
Alger, p. 324. Fe nom spécifique de M. Krempelhubër a incontestablement
la priorité.
56. Myiuospora rufescens Hepp. — Lecanora cervina Ach. Ses sper-
mogonies, comme celles de ses alliés parmi ses congénères, tels que les
Lecanora endocarpea (Fr.), Schleicheri (Ach.), chlorophana Ach. (Fr.), con-
tiennent des spermaties ellipsoïdes très petites, portées sur des sterigmates
assez courts et simples.
FASCICUFF 11. (lV9 57-111.)
57. Myriospora Heppii Nseg. — Lecanora cervina Ach.
58. M. macrospora Hepp. — Lecanora cervina var. macrospora. Il se
peut que le L. oligospora Nyl. Coll. p. 14, ne soit lui-même qu'une
variété du L. cervina, à spores beaucoup plus grandes (longues de 0,012-
18 mm., épaisses de 0,005-9 mm.), et beaucoup moins nombreuses dans
les thèques (32-8).
61. Lecanora Sommerfeltiana Hepp. — L. subfusca Ach. modifica-
tion, non différente du crenulata (Dicks.).
62. F. cenisia Hepp. — L. subfusca Ach. non différent du n. 63.
68. L. maculiformis Naeg. — L. varia var. symmicta (Ach.)
69. L. aitema Hepp. — L. varia var. aitema Schaer.
73. Placodium luteoalbum y holocarpum Hepp. — Lecanora c&'ïna
var. pyracea (Ach. .
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1854. 323
75. Patellaria Kabenhorstii Hepp. — Lecanora erysibe (Ach. Meth.
Fr. sub Biatora).
76. P. foscella Naeg. — Lecanora athroocarpa Dub.
80. Psora Trevisani Hepp.— Lecanora sophodes Ach. Nyl.
81. Ps. Bischoffii Hepp. — Lecidea disciformis f. st i g matea (Ach.)
Nyl.
86. Collema plicatii.e Hepp. — C. pulposum Ach.
87. G. MULTiFLoruM Hepp. — C pulposum Ach.
89. Synaussa Acharii Trevis. — S. lichenophila DIS.
90. Verrucaria glaucina Ach. et
91. V. vibidula (Schrad.) — Varietàtës I". nigrescentis Pers. (1).
92. V. Flotowiapîa Hepp. — V. lectissima (Fr.) Nyl.
93. V. submersa Hepp. — V. rupeêtris Fr.
94. V. chlorotica Hepp. — V. œthiobola Ach. C'est une modification
du suivant.
95. V. Leightom Hepp. — V. margacea Whlnb.
96. Sagedia Zwackhii Hepp. — Verrucaria pyrenophorû Acb. pr. p.,
qui n'est encore qu'une modification du V. margacea. Ses spores sont tan-
tôt simples, tantôt à 1-3 cloisons.
99. Thelotrema qdinque-septatum Hepp. — Ne parait non plus dis-
tinct du V. pyrenophora (n. 98).
100. Th. Sch^ereri Hepp. — Endôcarpon pcdlidum var. Garovaglii
(Mont.).
101. Th. clopimum Hepp. — Verrucaria umbrina var. clopima (Whlnb.).
102. Th. clopimum var. porphyrium Hepp. — Eadem obscurior.
103. Th. fissum Hepp. Verrucaria umbrina F Y.
104 [2]. Sph^ria mastoidea Hepp. — Sph. umbrina DN. (Verrucaria
cavata Ach.).
105-107. Pyrenula punctiformts Hepp. — Verrucaria epidermidis
Fr. minor.
(1) M. Hepp a tort d'attribuer aux tlièques la coloration rougeàtre produite par
l'iode sur l'hyménium de celte Verrucaire et d'autres formes voisines. Leurs tlièques
ne subissent aucune coloration particulière sous l'influence de ce réactif, ou jau-
nissent légèrement; la gélatine hyméniale, au contraire, qui les entoure est la
partie qui se colore en cette circonstance, et prend une leinle vineuse. Il n'est
peut-être pas inutile de rappeler que l'effet de l'iode à cet égard varie un peu selon
la force de la solution qu'on emploie. Par exemple, chez les Lecanora rubra et
Lecidea cinereovirens, l'hyménium se colore sous l'influence d'une très faible so-
lution d'iode en bleu clair ou presque point, au contraire avec une solution plus
forte en vineux très vif, précédé d'une teinte bleue. La solution dont nous nous
servons est de : iode. 5 cenligr.; iodure de potassium. 15 centigr.; eau distillée,
125 grammes.
3*2/| SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
108. P. biformis Hepp. — Verrucaria cinerella Fw. (in Z\v. exs. 217,
110, 37 B.).
109. Embolus ochreatus Hepp. — Ne s'accorde pas avec la description
donnée par M. De Notaris.
110. Pyrenothea vermiceu.ifeha Fi*. — Spermogonies du Biatora
lufeo/a Fr.
111. Thbombium sticticom Sçhaer. -- Les mêmes organes deYOpegra-
pha varia Fr.
FASCICULE III. (N" 112-172.)
127. BlA'iORA ENTEROLEUCA Hepp. el
128. B. enteroleuga var. rugulosa Hepp. — Lecidea parasema var.
enteroleuca (Acb.) Nyl. Zw. exs. 128. A cette variété se rapporte le Pa-
tellaria leptoderma Du h.
129. B. goniophila Hepp. — Lecidea parasema Ach. Nyl. (1).
130. B. crustulata Hepp. — Lecidea parasema.
133. B. sabuletorum (3 coniops Hepp. — Lecidea parasema [coniops
Ach.). Le L. contigua var. diffracta Schser. Enum. p. 120, n'en diffè-
rent pas essentiellement. \.Arthonia parasemoides Nyl. Alger, p. 330, est
un parasite qui envahit l'hyménium de cette Lécidée. Nous l'avons ren-
contré aussi sur la l'orme coniops de Norwége.
13/i. B. BUPFSTius (3 calva Hepp. — Lecanora cerina f. calva (Dicks).
135. B. Heeuii Hepp. — Identique avec les B. mixta Fr. Leight.
Scutula Wallrothii Tul. (2). Il est impossible de séparer ce lichen du
B. vernalis Fr. ; le plus souvent on ne peut même pas le distinguer comme
variété, car sur le même thalle ou la même fronde de Peltigera, on trouve
des apothécies noires entremêlées avec d'autres jaunes ou de coloration in-
termédiaire. Le//, anomala Fr. et le Lecidea turgidula Fr. L. S. exs. 25,
Zw. exs. 125, ne peuvent par la même raison être admis que comme des
variétés peu distinctes du Biatora vernalis.
136. B. muscorum Leight. Hepp. — B. vernalis (muscorum Schacr.).
139. B. dolosa Hepp. — B. vernalis var. (3), identique avec Fr. L.
S. exs. 217. Les cloisons des spores varient de 0-9.
(1) Le Lecidea parasema se distingue du L. disciformn delà même manière
que le Lecanora subfusca du L. sophodes, aussi sous le rapport des spermaties.
LeLecidea contigua Fr., qu'il est quelquefois difficile de distinguer du L. para-
sema, a des spermaties droites et plus courtes que ce dernier.
(2) Le Slirtis lichen/cola Fr. Mont. (Annales tirs sciences natur., 2e série,
. V, p. 281, t. 13, f. 3) n'est de même (prune forme de VUrceolaria scruposa
Ach», dépourvue de thalle propre, et dont les apothécies croissent en parasites sur
e thalle du Cladonia pyxidata var. pocillum Ach.
(ui Le Biatora fuscescens .Nyl. Obs. Lich. Holm. (Bol, Motis., 1&52, p. 179;,
sLanci; ui 8 uéciîmbre 185A. 3*25
140. B. abietina Naeg. — Platygropha periclea Nyl. (Parmelia Ach.
Meth. p. 156, Lecidea dolosa Fr. non >Yhlnb. ). Les spermogonies consti-
tuent le Pyrenothea stictica Fr. pr. p. L. S. ex s. 22. Le L. abietina Leight.
Lich. Brit. exs. 124 (non Ach. Flk.) appartient au L. premnea Ach., Fr.
S. V. Se, mais le Patellaria premnea Dub. (Schaer. pr. p. L. leucoplaca
Fr. S. V. Se. et L. S. e.\s. 26, Leight. I ich. Brit exs. 125, Mont. Chil. 8,
p. 179) est le L. grossa Vers, in lib. Mougcot. Le vrai P. leucoplaca
DC. Cbev. n'est qu'une modification de notre L. parasema.
161. B. rubella Bab. — B. luteola Fr. S. V. Se.
143. Mviuosperma pruinosa Hepp. — Lecanora icervina f. glaucoçarpa
Schaer. ecrustacea, lecideina.
lU5. Lecidka saxatilis Hepp. — L. mieraspis Smrf., Zw. exs. 140.
147. L. cai.caria Hepp. — /,. petrœa var. umbilicata (Ram. Desmoul.).
150. L. punctata (3 saprophila Schaer. — L. disciformis ecrustacea.
Acharius confondait sous le nom de L.parasema var. saprophila des états
analogues, dépourvus de croûtes, des L. disciformis etparasema.
FASCICULE IV. (N* 173-233.)
174. Amphiloma hypnobum Hepp. — Pannariu brunnea Mass. Les
aspérités dont sont entourées les spores, sur les figures de ce numéro, dépen-
dent de débris de protoplasma qui leur adhèrent quelquefois accidentelle-
ment, sans offrir rien de constant ni d'essentiel.
175. Mvriospoba SMARAGour.A Hepp. — Lecanora cervina Ach. com-
munis.
179. Lecanora lentigera Naeg. — L. crassa Ach. minor. Le vrai
L. lentigera (Ach. Hampe Lich. dec. 1, n° 3) est plus petit et pius blanc.
180. L. galactina Hepp. — L. galactina var. dispersa Ach. h. e.
L. subfusca mu ralis, dealbala.
185. L. hypnorum Naeg. — L. subfusca Ach. , muscicola.
187. L. pallida a albella Schaer. — L. subfusca \[\w albella (Fr. } cor-
ticola. Nous sommes convaincu que le L. glaucoma Ach. (Hepp. Flecht.
n° 60, cf. Desmaz. Cr. Fr. éd. 2, n" 49, Fr. L. S. exs. 159, Zw. exs. 75),
n'en présente qu'une forme saxicole.
191. L. maculiformis (i denigkata Hepp. — L. caria Ach. minor,
obscurior. Le Biotora denigrata Fr. est encore une des nombreuses mo-
difications du B. vernalis. Celles-ci, à cause d-e leur inconstance, ne méritent
guère d'être désignées par des noms particuliers.
192. L. A.TKOCINEBEA Hepp. — L. caria var. sœpincola (Fr.).
appartient au même, tl ne faut pas le confondre avec le vrai B. fuscescens (Smrf.
Cr. norv. n" h'j), une espèce bien distincte, à spores spliériques, et voisine du
H. resinœ [Pez-iza Fr.), laquelle dernière a des ihèques polyspores.
326 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
197. Placodium callopismum Hepp. — Lecanora murorum Ach. (non
callopisma Ach.).
199. P. arenakium Nœg. — Lecanora ferruginea (Huds.) var. arenaria
(Pers.). Le Lecidea erythrocarpia Ach. {L. Lallavei Clem.) en est une
variété calcaire, comme l'a très bien remarqué déjà Meyer (Nebenst. 1,
p. 218). 1-e /,. teieholyta Ach. est une tout autre espèce.
200. P. sinapispkkmum Hepp. — Lecanora ferruginea (Huds.) muscicola
201. P. festivum Hepp. — Lecanora ferruginea (Huds.) saxicola , avec
une coloration qui le fait beaucoup ressemblerai! L. cerina (rupestris Ach.)
202. P. lijteoalbum a. pf.rsooniainum Hepp. — Lecanora cerina Ach.
Le n" 203 n'en diffère pas, à ce que nous voyons.
207. Psora exigua Hepp. — Lecanora sophodes (Ach.) Nyl. Alger.
p. 325.
208. Ps. c.œsiella Hepp. — Lecanora sophodes dans notre sens, Zw.
ex s. 190 (L. atra var. confragosa Ach.).
211. Collema ATROCŒBiiLEUM S tenuissimum Schser. — Leptogium
subtile (Ach.) Nyl., L. minutissimum (Flk.), Zw., exs. 175, non Moug.
St. Vog. 1239, qui est une petite variété du L. lacerum Fr. [Collema
atrocœruleum var. minutissimum Hepp. Flecht. n"212).
225. VerrUcaria Grimselama Hepp. — Ce n'est aucunement une Ver-
rucaire, mais un Lecanora (ou un Lecidea à apothécies un peu enchatounées
par le thalle) qui se rapproche, a notre avis, peut-être trop du Lecidea
coarctata (Ach.). Quoi qu'il en soit, on doit lui conserver le nom dispersa,
donné par Sehœrer. Le L. glebulosus E. B. t. 1955 (non F. Zw. exs. 78)
n'en diffère pas spécifiquement.
228. Thrombium corrugatum Scheer. — Spermogonies du Biatora
Elrrhartiana Fw. in Zw. exs. 91.
229. Thr. byssaceum Schser. — Spermogonies de VArthonia pruinosa
Ach.
231. Lecidea Lightfootii (3 commutata Schser. pr. p. — Peziza
Neesii Fw. ex Zw. exs. 71 (simul cum Calicio eusporo Nyl.).
D'après l'opinion de M. Hepp sur les « Pyrenothea, Thrombium, Cliosto-
mum », les spermogonies seraient des champignons vivant en parasites sur
les thalles des lichens. Cette manière de voir ne saurait plus être admise,
car, outre les arguments physiologiques par lesquels M. Tulasne, première
autorité sur ce sujet, a démontré que les spermogonies constituaient réelle-
ment des appareils mi generis, propres aux lichens, il y a encore une raison
très puissante, qui prouve que ces appareils ne peuvent être des productions
étrangères à l'organisation particulière des lichens, nous voulons parler des
ressemblances manifestes qui s'offrent dans la structure des spermogonies,
chez les espèces et les groupes analogues ou voisins dans la série naturelle.
SEAiNCE DU 8 DÉCEMBRE 185 A. 3*27
Effectivement les atïmites ou les analogies des lichens entre eux nous ont
constamment semblé justifiées ou déclarées, non moins par la conformité de
leurs spermaties respectives et des stérigmates, que par tous ies autres ca-
ractères. Cette circonstance parait soumise à une loi trop générale, pour ne
pas exclure absolument l'idée d'un parasitisme quelconque. Les spermo<m-
nies offrent ainsi un critérium nouveau et très précieux pour la classifica-
tion et l'arrangement méthodique des espèces, ce qui est la partie la plus
ardue de notre science.
II est regrettable que M. Mepp n'ait pas compris l'importance de ces or-
ganes et que les échantillons de sa collection n'en soient pas plus souvent
pourvus.
Nous nous permettrons encore une remarque concernant la place que
MM. Naegeli et Hepp ont donnée au genre Lichina, à côté des Spœropho-
ron, dans le tableau de classification contenu au premier fascicule. Cette
place nous semble d'autant moins naturelle qu'il n'y a aucune ressemblance
réelle entre les diverses espèces de ces deux genres, ni pour la structure du
thalle, ni pour celle du fruit. Les Sphérophorées se distinguent tout de suite
parleur médulle filamenteuse, feutrée, blanche, se colorant un peu en bleu
avec l'iode (surtout dans V Acroscyphus Lév.) et par leurs spores noires, qui,
à leur maturité, forment une poussière à la surface des fruits, comme chez
les Calicium. Les Lichina ne présentent rien de semblable. Leur thalle,
comme celui des Collema, montre sous le scalpel une coupe luisante, homo-
gène, foncée; examiné au microscope, sa structure est celluleuse et à peu
près identique avec celle de l' Ephebe pubescens Fr. Born. (1); la fructifica-
tion est presque celle du Synalissa DR. Kn un mot, rien de sérieusement
comparable n'existe entre les Spœrophoron et les lichina, sinon une ana-
(1) M. Bornet, dans son travail sur V Ephebe pubescens, inséré dans les Annales
des sciences naturelles, t. XVIII, cah. 3, dit, page 5 : « La partie centrale ou mé-
dullaire manque chez les très jeunes rameaux; dans les rameaux plus âgés, on la
trouve composée de cellules incolores de consistance gélatineuse, il régulières, très
petites et mal définies au centre, plus grandes et arrondies à la périphérie.» Et
plus bas, page l/i : « Thallo-cellulis centralibus gelatinosis minoribus confusïsi »
Cette description ne nous parait pas tout à fait exacte. Nous avons toujours trouvé
l'intérieur de la tige de cet Ephebe tonné par un tissu de grosses cellules allongées,
très distinctes, à peu près comme chez le Leptogium muscicola Fr. Chez les
Lichina ce tissu est plus fin, ses cellules constitutives sont plus étroites, plus
allongées, disposées plus régulièrement et parallèles entre elles. La figure 8 dû tra-
vail remarquable de M. Bornet ne présente évidemment que la partie extérieure
du thalle de V Ephebe pubescens. Les jeunes rameaux ont une structure beaucoup
plus simple et semblable à celle des Sirosiphon (ex. gr. S. saxicola), de même
que \eGonionema bèluiïntifa (Smrf. Cr. norv. n' 71) ressemble parfaitement à
certains Scxjtonema, tels que le Se. flexuosum Men.
328 SOCIÉTÉ BOTANIQUE l>K FRANCE.
logie éloignée dans la forme extérieure. Nous croyons aujourd'hui qu'il faut
réunir dans la même famille des Collemaceœ, les Lichinacées et les Collema-
cées de notre Essai d'une nouvelle classification des Lichens, p. 8 (1) ; elles
y figureraient comme des tribus, sous les noms de Lichineœ (scil. gênera:
Gonionema Nyl.t Ephebe Fr., Born., Lichina Ag., Pterygium Nyl.) et
de Collemeœ. Les Phylliscées (/. c, p. 9), peut-être trop pauvrement repré-
sentées par le genre Phylliscum Nyl., seraient réunies à cette dernière tribu.
Notre genre Pterygium constitue un nouveau lien entre les Lichina, dont il
emprunte la structure thalline, et certains Collema (ex gr. C. multipartitum
Sm.), dont il affecte la forme extérieure. La seule espèce connue de ce genre
est le Parmelia filiformis Garov. (Nyl. Collect. p. 16), dont nous nous
voyons obligé de changer le nom spécifique, à cause de sa place nouvelle
parmi des espèces beaucoup plus filiformes que lui. Nous l'appellerons donc
Pterygium centrifugum, et nous demandons la permission d'en ajouter ici
la diagnose générique.
PTEUYGIUM, novum genus.
Thaï. us adpressus laciniato-multifidus, laciniis radiose expansis, satisfra-
gilis, apothecia ignota (verisimiliter lecanorina) , spermatia sterigmatibus
crassis elongatis breviter articulatis adfixa. Textura thalli medio et ad
maximum partent ictus e cellulis parai lele-longitudinalibus, distinctis for-
mata, versus superfîciem superam strato gonidiorum crassiusculo, versus
inférai gonidiis parcis infraque eadem thallus cœruleo-tinctus, longitudi-
naliter cellulosus. .Gonidia vel rectius granula gonima dilute vel pallide vi-
rescentia, satis magna (minora tamen quam in Ephebe), saepe plura moni-
liformiter concreta (nec ut in Collematibus plurimis solum adhaerentia,
interposito inter singula septulo tenuissimo diaphano adglutinante).
M. de Schœnefeld , secrétaire , donne lecture de quelques frag-
ments d'une communication de M. Perrotlet , sur la maladie de la
Pomme de terre , que son étendue ne permet pas d'insérer au
Bulletin.
Dans ce Mémoire daté de Paris, 25 septembre 1854, M. Perrottet rap-
porte qu'aux environs de Lausanne (Suisse), dans des champs de pommes de
terre ou la maladie commençait à se manifester, il a constaté, sur les tiges
et les feuilles attaquées, mais encore vertes, la présence d'un insecte micros-
copique qui lui parait appartenir à l'ordre des Hémiptères, et qui, à l'état
de larve aussi bien qu'à l'état parfait, exerce des ravages assez considérables,
pour qu'on puisse les regarder comme la cause principale de la maladie.
(1) Voy. les Mémoires de la Société des sciences naturelles de Cherbourg, t. II,
SÉANCE 1)1' S DÉCEMBRE 185/|. 329
Pour M. Perrottet, la Mucédinée à laquelle ou a souvent attribué cette
maladie n'en serait nullement la cause, mais au contraire le résultat; car
cette Mucédinée ne se produirait, suivant lui , que sur les parties mortes et
déjà en décomposition par suite même de la maladie.
Les véritables causes de la maladie seraient pour lui :
1° Les ravages produits par les insectes dont il a constaté la présence en
innombrable quantité.
2° Peut-être aussi l'affaiblissement de la vitalité cbez ceriaines espèces
de végétaux cultivés, par suite de multiplications successives trop nom-
breuses, effectuées non pas par graines, comme le veut la nature, mais uni-
quement par gemmes, c'est-à-dire sans renouvellement réel de l'individu.
M. Perrottet n'indique qu'un seul moyen d'arrêter les ravages des in-
sectes. C'est de couper, dès leur invasion dans un champ, les feuilles et les
tiges atteintes, sans attendre qu'elles soient mortes et desséchées, et de les
brûler immédiatement ou de les enterrer profondement.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
PHYSIOLOGIE VEGETALE.
ISeitraege seiif A n»tiomi«» amtl Physiologie lier Gewaeclise
{Mélanges relatifs à l'anatomie et à la physiologie des végétaux), par
M. le docteur Hermann Schacht. Berlin, 185&; in-8de VIII et 328 pag.,
9 pi. in-/i lithog. et plusieurs fig. s vu- bois intercalées dans le texte.
M. le docteur H. Schacht, qui, depuis peu d'années, a publié plusieurs
importants ouvrages, vient de consigner dans le nouveau volume que nous
allons analyser rapidement les résultats de ses observations sur différents
points de l'anatomie et de la physiologie des plantes. Dans une courte pré-
face, l'auteur nous apprend que, pour composer son livre, il a choisi, parmi
les nombreux matériaux qu'il a reunis pendant plusieurs années d'études et
de recherches, les sujets qui lui ont paru avoir le plus d'intérêt général.
Nous donnerons les litres des mémoires dont la réunion constitue le nou-
veau livre de M. Schacht , et toutes les fois que cela nous sera possible,
nous indiquerons succinctement les résultats généraux qui en découlent.
I. Sur Vorganogénie des feuilles (p. 1-27, pi. 1). — Les recherches de
M. IL Schacht étaient terminées, et ce chapitre de son ouvrage était déjà
imprimé, lorsque les Comptes rendus de l'Académie des sciences ont publié
le résume des observations de M. Trécul sur le même sujet. Mais le savant
allemand dit que son travail l'a conduit à des résultats en général analogues
à ceux qui ont été constatés par M. Trécul. Comme conclusion générale de
ses études, il énonce les deux propositions suivantes : 1" La lige est ter-
minée par un cône végétatif qui n'est pas revêtu de couches de cellules
moites, et qui dès lors peut donner naissance a des feuilles; 2° la feuille
n'est pas terminée par un cône végétatif; dès lors elle ne peut donner
naissance à des feuilles ; son sommet cesse de très bonne heure tout déve-
loppement.
IL. Sur l' or ganogé nie des ampoules de /'Utricularia vulgaris (p. 28-32,
pi. Il, fig. 22-29). — Ces ampoules paraissent à M. H. Schacht, en raison
de leur situation à l'aisselle d'une feuille, pouvoir être regardées comme
des rameaux façonnés en utricule, qui s'accroissent d'abord par multi-
plication de cellules au bord de leur orifice, et qui ne développent pas de
feuilles.
BEVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 331
III. (Jrganogénie florale des Cupulifères et des Bétulinées (p. 33-53,
pi. III et IV). — Les conséquences les plus générales des faits exposés dans
ce chapitre sont énoncées par l'auteur de la manière suivante: « l.e mode de
développement de la cupule du Chêne et du Hêtre m'a montré une forma-
tion caulinaire d'un caractère entièrement nouveau, savoir, un organe cau-
linaire en forme de coupe, dont le bord, pareil au cône végétatif, produit
des feuilles au-dessous de lui et sur sa face externe. L'organogénie de
l'ovaire du Charme, du Noisetier, de l'Aune et du Bouleau, m'ont amené à
distinguer des placentaires fertiles et d'autres stériles. Enfin le résultat gé-
néral de mes recherches comparatives est qu'on a tort de ranger les Carpi-
nus et les Corylus parmi les Cupulifères, et que ces genres ont une affinité
beaucoup plus marquée avec les Bétulinées. » A ce propos, il rappelle que
M. Al. Braun a déjà détaché ces deux genres des Cupulifères, et que
M. Doell en a fait les types d'une famille particulière, celle des Carpinées.
D'après M. H. Schacht, tandis que la cupule des Chênes, des Hêtres, des
Châtaigniers, est un organe axile développant de nombreuses feuilles, celle
des Charmes et des Noisetiers n'est que la première feuille de la fleur pro-
prement, dite avec ses stipules.
IV. Sur l'organogénie du Monotropa Hypopitys, Lin. (p. 54-65, pi. V).
— Les résultats des observations de M. H. Schacht ne sont pas tous nou-
veaux ; en voici cependant les principaux: 1" Le Monotropa Hypopitys
n'est pas parasite; du moins, eu tant que plante développée, il n'a aucune
connexion organique avec une plante mère quelconque; 2° sa racine ram-
pante est vivace et se ramifie plusieurs fois; 3° les tiges florifères sont an-
nuelles et naissent sur la racine, de bourgeons accessoires, rarement de
bourgeons axillaires.
V. Sur l'organogénie de ta /leur du Stylidium adnatum (p. 65-69,
pi. II, fig. 30-38). — Les observations exposées dans ce chapitre ne consti-
tuent pas une histoire organogénique complète de la fleur du Stylidium;
mais elles font connaître des faits intéressants que l'auteur présente, autant
que possible, comparativement a ce qu'on observe dans la fleur des Orchi-
dées. La principale conséquence qu'il en tire, c'est que l'ovaire de ces deux
familles est de nature axile.
VI . Sur l'organogénie comparée de l'ovaire et des placentaires (p. 70-1 OU,
pi. VI). — M. H. Schacht tire de ses observations les conclusions générales
suivantes : A. L'ovaire supère peut être formé de deux manières: 1° d'une
ou plusieurs véritables feuilles carpellaires d'abord ouvertes et séparées, se
soudant plus tard entre elles; comme chez les Alismacées, Butomées, Be-
uonculacées, Bosacées, Pomacées, Asclépiadees et vraisemblablement aussi
chez les Papavéracées et les Nymphéacées; 2" d'une production qui s'élève
en gobelet ou en tube, qui apparaît après le dernier verticille d'anthères,
et qui porte les stigmates. Un tel ovaire peut être uniloculaireou plurilocu-
332 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DK. FRANCE.
laire; ses loges naissent jusqu'à un certain point par union des placentaires
pariétaux avec la columelle. Exemples des uniloculaires chez les Violariées,
Résédacées, le Cleorne, etc. ; des pluiiloculaires chez les Monotropées, Py-
rolacées, Labiées, Scrophularinées, Tiliacées, Bétulinées, etc. On peut re-
garder cette sorte d'ovaire comme de nature foliaire. B. L'ovaire infère
résulte de l'élongation et du développement de la portion du bourgeon floral
qui est inférieure au calice, a la corolle et à l'androcée. L'ovaire infère
doit être regardé dans tous les cas comme un organe axile.
VIL Sur la germination du Noyer (p. 105-1 H, pi. VIII, fig. 9 -17). —
Voici les conséquences les plus importantes qui découlent des observations
de M. H. Schacht : 1° L'écorce primaire externe du pivot du Noyer se
divise en une portion interne et une portion externe ; sa portion externe
meurt de très bonne heure, tandis que l'interne reste vivante. Au contraire,
l'écorce primaire de la jeune tige ne se divise pas en externe et interne, et
son épiderme reste vivant, tant que sous lui il ne se développe pas de liège.
Cette différence anatomique entre la racine et la tige détermine sur la
plantule une limite nette entre les deux. Ces deux mêmes couches corti-
cales se distinguent également dans les racines adventives. 2° Dans le pivot
du Noyer, les faisceaux vasculaires, ébauchés dès avant la germination,
restent d'abord indivis, tandis que ceux de la tige se subdivisent plusieurs
fois de manière à donner promptement naissance a une couche ligneuse
continue.
A la fin de ce chapitre, M. H. Schacht étend a la germination en géné-
ral les conséquences qui lui semblent découler de la comparaison des faits
offerts par le Noyer avec ceux dont on a déjà connaissance chez d'autres
espèces.
VI1L Sur la multiplication des Orchidées d'Allemagne par leurs, tuber-
cules'^. 115-147, pi. Vil et VIII, fig- 1-8). —Les observations contenues
dans ce travail ont été faites en même temps que celles de M. Thilo Irmisch,
mais a un point de vue un peu différent et d'après une autre méthode. En
voici les conclusions : La multiplication des Orchidées d'Allemagne par
production de bourgeons se fait d'après trois types différents : 1° multipli-
cation par bourgeons caulinaires simples, se présentant en bourgeons axil-
laires, et restant longtemps attachés à la plante mère chez les genres
Cypripedium, Epipaetis, Cep/ta lant liera, S turmia, Malaxis, Spirant/ies ;
2° multiplication par bulbilles qui se séparent bientôt de la plante mère:
les bourgeons axillaires sur les rejetons de V Fpipoyum ; 3° multiplication
par tubercules, c'est-à-dire par formation d'un bourgeon axillaire qui se dé-
veloppe eu un corps commun ou en tubercule avec l'extrémité d'une racine
adventive: ce tubercule peut être indivis, Ophrys, Herminium et beau-
coup A'Orchis, ou divisé, Orrhis maculata, 0. latifolia, ffabenaria, Gymna-
denia, etc.
REM F. BIBLIOGRAPHIQUE. 333
IX. Sur l'organisation du pollen des Conifères (p. 148-155, pi. II,
lig. 1-21). — M. H. Schacht termine ce chapitre par les propositions sui-
vantes : Ie Les Conifères et les Cycadées possèdent des ovules nus, c'est-à-
dire que leurs ovules naissent sur une écaille carpellaire étalée, taudis que
ceux de toutes les autres plantes se trouvent dans l'intérieur d'un organe
particulier ou dans la cavité ovarienne. 2° Le sac embryonnaire des Coni-
fères et des Cycadées forme des corpuscules, c'est-à-dire plusieurs cellules
de l'albumen plus grandes que les autres, en nombre non déterminé, situées
au sommet du sac, dans lesquelles pénètre le boyau pollinique, pour se di-
later dans l'une d'elles et former ainsi les premières cellules de l'embryon.
Chez toutes les autres plantes, les corpuscules manquent, le boyau polli-
nique pénètre simplement dans le sac embryonnaire et y forme les pre-
mières cellules de l'embryon. 3° Le boyau pollinique des Conifères et des
Cycadées n'est pas, comme chez les autres phanérogames, un prolongement
de la cellule pollinique proprement dite, ou intérieure, mais bien une exten-
sion de la cellule terminale d'un petit corps composé de plusieurs cellules
qui naît dans l'intérieur de la cellule pollinique, et dont le contenu sert a la
formation de ce boyau.
X. Sur Vorganogénie des racines (réimpression d'un travail imprimé
dans le n°17 de la Flora de 1853, p. 1.56-164, pi. IX;.— Voici les conclu-
sions déduites par l'auteur de ses observations. 1° La racine peut naître ou
se multiplier de trois manières différentes : a) de la radiculede l'embryon ib)\
toute racine latérale ou branche de racine vient d'un bourgeon de racine
latéral : c) ; la racine de quelques plantes se ramifie à son extrémité par divi-
sion de son point végétatif terminal. Le pivot et les racines latérales ne dif-
fèrent pas entre eux anatomiquemeut. 2' L'extrémité d'une racine est ton-
jours pourvue d'une coiffe ; elle a des lors un point végétatif couvert, et par
suite elle ne peut développer âei feuilles. 3" La racine des dicotylédons pos-
sède comme, la tige une moelle centrale, une zone de faisceaux vasculaires
et une écorce. L'eeorce externe meurt régulièrement plus tôt que sur la
tige, h" Les Cycadées et l'Aune glutineux présentent des excroissances radi-
cales particulières qui proviennent de bourgeons radicellaires dont le point
végétatif se divise une ou plusieurs fois. 5" Les matières nourricières ne
sont absorbées que par la partie de la racine qui possède une ecorce externe
en état d'activité. De la vient la haute importance de la portion la plus jeune
des racines pour la nutrition. L'écorce externe qui revêt les parties plus
âgées des mêmes racines est généralement morte.
XL Sur les végétaux parasites et leurs rapports avec les plantes mères
(p. 165-181. Réimpression d'un travail qui remonte a 1853).
XII. Organogénie du bourgeon foliaire et floral de quelques Conifères et
son développement en branche ou en fleur (p. 182-220 ave,1 plusieurs ligures
intercalées). — M. Schacht résume son mémoire en dix-huit alinéas, dont
t. t. 22
•)
334 SOCIÉTÉ BOTANIQUE 1>K FRANCE.
il nous serait impossible de donner la traduction sans dépasser les limites
obligées de cet article.
XIII. Sur le mode d'épaississement de la paroi cellulaire (p. 221-264).
— Dans ce long chapitre de son livre, M. H. Schacht discute successive-
ment trois questions : 1° Comment se forment les couches d'épaississement ?
est-ce par des fibres primitives juxtaposées ou par des couches successives ?
Il se prononce pour ce dernier mode d'accroissement, et il explique l'appa-
rence fibreuse de certaines couches par des inégalités d'épaisseur ; 2° les
couches d'épaississement se déposent-elles sur la paroi externe ou sur la
paroi interne de la membrane cellulaire primitive? Des développements
dans lesquels il entre à ce sujet, il tire la conclusion suivante: La membrane
descellulesépaissit par formation de nouvelles couches de cellulose qui se dé-
posent sur la membrane primitive toujours imperforée. Ce dépota lieu de
telle sorte que la couche secondaire la plus ancienne repose sur la membrane
primaire, tandis que la plus jeune circonscrit la cavité delà cellule; 3° Les
formes des couches d'épaississement, rubans spiraux, anneaux, etc., doi-
vent-elles être considérées comme étant uniquement la conséquence des
phénomènes vitaux, c'est-à-dire des faits chimico-physiques qui se passent
dans l'intérieur des cellules, ou bien sont-elles en même temps sous l'in-
fluence des phénomènes généraux d'accroissement de l'organe? La réponse
a cette question se résume sneccinctement de la manière suivante: Le mode
d'épaississement de la membrane cellulaire dépend : a) des phénomènes
vitaux : b)\ des influences que les cellules voisines exercent réciproquement
l'une sur l'autre.
XIV. Sur l'état actuel du microscope (p. 265-283; .
additions au chapitre 1Y, Sur l'organisation du pollen des Conifères.
Ueïier Sameia, BÂeiaBaMMjE, Spe&'iesa «ua«ï fts«BBi*g»tlaiBxeii «!«*!c
Orobtiitcheeii {Sur la graine, la germination, les espèces et les plantes
nourricières des Orobanchées) , par M. le docteur Robert Caspary. Flora,
1854, n0a 37 et 38.
L'auteur commence par passer en revue les descriptions que les diffé-
rents auteurs qui se sont occupés de cette famille ont données de la graine,
les uns la disant acotylédone, les autres dicotylédone, allant même jusqu'à
figurer ces cotylédons. Les expériences directes de l'auteur sur la germina-
tion dans cette famille et les observations qui en ont été la suite sur les
premiers développements du Phelipœa ramosa et de VOrobanche minor,
que M. Caspary est parvenu à cultiver de graines, l'autorisent à dire que
ces plantes sont dépourvues de cotylédons.
M. Caspary donne une description détaillée de la graine et des parties
qui la constituent, testa, bile, micropyle, endosperme, embryon, chalaze,
BEVUE BIBLIOGRAPHIQUE. .">35
représentées en mitre par des ligures. Un moyen bien simple et bien pra-
tique a permis a l'auteur de l'aire ses délicates analyses de la graine si fine
des Orobapchées. Il a pétri une certaine quantité de graines dans une masse
semi-liquide de gomme arabique, qu'il a coupée ensuite en tranches après
dessiccation. Ce procède lui adonné des sections de graines très nettes dans
tous les sens et de toute grandeur. Un autre fait important pour la diaguose
des genres Orobanche et Phelipœa résulte encore de ses observations. Les
parois des cellules du testa sont poreuses dans les Orobancbes, tandis
qu'elles sont épaissies en réseau, a mailles plus ou moins grandes dans le
Phelipœa.
M. Caspary a t'ait semer simultanément dans une même cloebe de verre
des graines de Chanvre et de Phelipœa ramosa. A quelle date ces semis ont
eu lieu, c'est ce que l'auteur n'indique pas. Au 7-9 juillet, époque des
observations, le chanvre avait acquis un développement de 0m,5(). et
les graines du Pkelipceq avaient commencé leur germination. L'auteur
avoue qu'il doit renvoyer a des recherches ultérieures ia solution delà ques-
tion : l'inlluence des racines de la plante nourricière est-elle indispensable,
à la germination des graines des Orobancbées? Néanmoins ses observations
tendent a etablirdès à présent le fait, pourle Phelipœa ramosa du moins, que
la graine des Orobancbées n'a pas besoin, pour sa germination, d'un contact
immédiat avec les racines de la plante nourricière, mais que ce premier
développement a lieu indépendamment de toute influence extérieure. Car
l'auteur dit, et ses ligures le prouvent, que, dans ce premier âge de la
plante, l'extrémité radiculaire s'allonge jusqu'à la rencontre d'une jeune
racine de la plante nourricière; que, jusqu'à ce moment, le germe vivait de
sa vie propre, libre et indépendante. Au moment ou la radicule se trouve
en contact avec une racine nourricière commence son second âge. L'extré-
mite radiculaire désorganise alors par sa pression et perce le parenchyme
cortical de la racine nourricière et s'implante dans le faisceau vasculaire.
Aussitôt le point d'adhésion grossit et commence a émettre des racines
adventives, qui latentes d'abord, pour ainsi dire, et a l'état de rendements
obtus, rayonnent bientôt dans toutes les directions. Ces deux âges de la
jeune plante sont aussi représentes par plusieurs ligures.
Désormais l'étrangère est chez elle, et son développement ultérieur est
assure.
M. Caspary donne enfin une classification des Orobancbées par plantes
nourricières, dont yoiii les résultats :
31 espèces d'Orobanchees ne vivent que sur une seule espèce de plantes;
2 espèces d'Orobanchees vivent sur plusieurs espèces d'un même genre ;
20 espèces d'Orobanchees vivent sur divers genres d'une même famille;
12 espèces d'Orobanchees vivent sur des plantes appartenant a diverses
familles.
33(3 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCK.
D'un autre côté aussi, une même espèce de plantes est susceptible de
nourrir plusieurs Orobanchées différentes.
Il y a 120 plantes nourricières appartenant à 21 familles différentes. Sili-
ces 120 plantes, /i3 appartiennent aux Légumineuses, 28 aux Composées,
11 aux Ombellifères, S aux Labiées.
Recliertlftes sus* ia végétation es%êa«e|Bs*i»es «lases le but
d'examiner si i«°!*< plantes fixent dans leur organisme
l'azote qui est à l'étal a,-s»y.«*uv. dans 1 atmosplaère ; par
M. Boussingault [Annales des se. nat., he sér., I, 1854, p. 241-294,
pi. XVI).
Tous les physiologistes se rappellent les belles expériences faites en 1837
et 1838, par M. Boussingault, dans le but de reconnaître si des plantes
cultivées dans un sol entièrement dépourvu de substances azotées, arrosées
d'eau distillée, fixent dans leur substance de l'azote emprunté à l'air. Ces
expériences montrèrent : 1° que, cultivées dans un sol absolument prive
d'engrais d'origine organique, sous les seules influences de l'air et de l'eau,
le Trèfle et le Pois avaient acquis, indépendamment du carbone, de l'hy-
drogène et de l'oxygène, une quantité d'azote appréciable par l'analyse ;
2o que le Froment, dans les mêmes conditions, avait pris à l'air et a l'eau
du carbone, de l'hydrogène et de l'oxygène; mais qu'on n'avait pu consta-
ter chez lui ni un gain ni une perte en azote. Ces expériences n'avaient
seulement rien appris quant a la question de savoir si l'azote assimilé avait
été pris directement à l'air, ou s'il provenait de la décomposition des va-
peurs ammoniacales dont l'atmosphère n'est jamais entièrement privée.
Pour résoudre cette question du plus haut intérêt et sur laquelle les tra-
vaux modernes ont conduit, dit M. Boussingault, à des résultats contradic-
toires, ce savant chimiste a fait, en 1851, 1852 et 1853, de nouvelles
expériences avec de nouveaux appareils et d'après une nouvelle méthode.
Pour des motifs qu'il expose, il a cru devoir faire vivre les plantes sur les-
quelles il expérimentait dans une atmosphère confinée et non renouvelée,
dépourvue d'ammoniaque, mais mélangée artificiellement de quelques
centièmes d'acide carbonique. En 1851 et 1852, cette atmosphère était
contenue dans une grande cloche de 35 litres renversée sur une grande
cuvette où se trouvait de l'eau assez fortement acidulée d'acide sulfurique,
et dans laquelle deux tubes recourbés permettaient d'introduire à volonté
de l'eau et de l'acide carbonique, ainsi que de retirer une portion de l'air
contenu pour en déterminer la composition. En 1853, la grande cloche a
été remplacée par un immense ballon de Si) litres de capacité, fermé supé-
rieurement par un bouchon que traversait le col d'un matrasde (i ou 7 Mires,
renversé et plein d'acide carbonique. Dans l'un ci l'autre cas, les graines
lïi;\LL lilliLlOl.l; Vl'HIOl K.
00/
ont ete semées dans de la ponce concassée, lavée et calcinée, a laquelle on
ajoutait des cendres de fumier de ferme et de graines semblables à celles
sur lesquelles portait l'expérience. On humectait avec de l'eau exempte
d'ammoniaque. Le principe fondamental de la méthode employée a été de
déterminer la quantité d'azote contenue dans les «raines, et ensuite la
quantité d'azote contenue dans la plante provenue d'une graine semblable
la végétation s'étant d'ailleurs accomplie dans de telles conditions, que tout
concours de substances organiques azotées eût été sévèrement éloigné.
L'analyse montrait de la sorte si la récolte contenait une proportion d'azote
égale ou supérieure à celle que renfermait la semence.
Le tableau suivant résume de la manière la plus concise et la plus com-
mode les résultats des expériences de M. Boussingault.
NOMS
DES PLANTES.
Haricot nain. .
Avoine
Haricot flageolet.
Id
Avoine
Lupin blanc. . .
Id
Itl
Id
Id
Haricot nain. .
Id
Cresson alénois.
Id
Lupin blanc . .
Id
DUREE
de
la végétation.
NOMBRE
de
graines
semées.
POIDS
de
la se-
mence
2 mois
2 mois
3 mois
3 mois
2 1/2 mois.. .
6 semaines. . .
2 mois
7 semaines. . .
6 semaines. . .
6 semaines. . .
2 mois
2 1/2 mois. . .
2 1 /a mois. . .
comme engrais.
3 mois
comme engrais.
1
lit
1
I
lt.780
0.377
0.53(1
O. GIS
0.139
0.825
2.202
0.600
0.343
0.686
0.792
0.665
0.008?
0.026(
0.627?
2.512^
POIDS
de la
plante
récoltée
sèchi
1,87
0.54
0.89
1.13
0.44
1.82
6.73
1.95
1.05
1.53
2.35
2.80
0.65
5.76
AZOTE
dans
les
semen-
ces.
g1-
0.0349
0.0078
0.0210
0.0245
0.0031
0.0480
0.1282
0.0349
O.O200
0.0399
0.0354
0.0298
0.0013
0.1827
Azotf:
dans la
recolle
et dans
le sn|.
0.0340
0.006 7
0.0189
0.0226
0.0030
0.0483
0.1246
0.0339
0.0204
0.0397
0.0360
0.0277
0.0013
0.1697
GAIN
ou perle
en azote
pendant la
végétation.
S1'-
— 0.0009
—0.0011
— 0.002d
— 0.0019
— 0.000 1
+0.0003
— 0.0036
— 0.001 0
-j-0.0004
0.0002
+0.0006
-0.0021
0.0000
— 0.0130
La conclusion générale déduite par M, Boussingault de l'ensemble de
ses expériences est que le gaz azote de l'air n'a pas été assimilé pendant la
végétation des Haricots, de l'Avoine, du Cresson et des Lupins.
BOTANIQUE DESCRIPTIVE.
.\otiee sur deux pituites nouvelles «le Fiance, par M. Alexis
Jordan {Archives de Flore, p. 1-3).
Seseli brevicaule, Jord.
S. umbellarum radiis 1*2-20 subaqualibus intus puberulis, involucro
338 société 60TAntl(iUE de Franck.
nullo, mvolucelM fôlidlis lineari-lanceolatis acuminatis margine lato-mem-
branaceis ciliato-hispidulis umbellulam superantibus, sfylis mox divëPgêfi-
tibusstylopodioconvexo duplo longioribus, fructil)usovoidcis glabris, jugis
tenuibus, valleculis. obsolète 1-vittatis, foliis radicalibus caulinisque infe-
rioribus eircumseriptione oblongo-ovatis tripennatisectis breviterpetiolatis,
petiolo canaliculato, laciniis brevibus linearibus planis basi paulo angustatis
vel subœqualibus apice acutis, caule abbreviato in ramos puberulos vi rides
erecto-patulos plerumque apice fastigiàtos fere a basi soluto, caudice sim-
plici perpendiculari bienni vel trienni:
Pâturages secs des montagnes du Bugêy, pies de Lyon, à lnnimont (Ain).
Cette espèce peut être rapprochée du Sëseli coloratum, Ehrh.: mais elle s'en
distingue par son port plus grêle, par sa taille toujours beaucoup moindre,
surtout par sa tige verte et non colorée, dont les ramifications partent presque
toutes de sa base, par ses fleurs plus petites, très blanches, et non d'un blanc
rosé, à sa floraison, plus précoce d'un mois, enfin, aux autres caractères in-
diqués dans la diagnose
Sàusiurea leucantha, jord.
S. capitulis breviter pedunculatis dense eorymboso-fastigiatis, involucri
foliolis adpressis cinereo-viridibus, exlerioribus tomentoso-pubescentibus
ovatis apice breviter acuminatis , interioribus lanceolatis dense villosis,
floribusrt/6/rf«sodoratis, stigmatibùs demum patulis, àchœhiis fuscis glabris,
radiis pappi exterioris caeteris subtriplo breviorîbus, foliis subtus canis
dense tomentosîs supra canescentibus subarachnoïdeo-tomentosis demum
"vix denudatis leviter margine dehtatis, radicalibus caulinisque inferioribus
ovato- lanceolatis basi rotundatis inpetiolum alatum contractis, superioribus
lanceolatis basi angustatis sessilibus caule tomentoso incurvato ascendente
basi squamato usque ad apicem imum foliis patulis approximatisdecrescen-
tibuscorymbum haud superantibus onusto, caule nigrèseente surcûlis ramosis
elongatis squamatis aucto.
Alpes du Dauphinc; montagne des Trois-Évéchés, près du Villard-
d'Arène (Hautes-Alpes), dans les déclivités pierreuses de la région alpine,
en société avec le S. depressa, Gren. — alpina, Vill., dont elle est très
voisine, dont elle a le port, mais dont elle est tout a fait distincte, dit l'au-
teur, par ses involucres un peu plus gros, a folioles plus larges, nullement
rembrunies; par ses corolles blanches, par le corps de ses anthères, plus
gros, moins saillant, blanchâtre et non bleu; par ses acbaines, plus gros et
plus allongés, a aigrette extérieure plus courte; par ses feuilles, générale-
ment plus larges et plus blanchâtres en dessus, plus superficiellement dentées,
lessuperieures plus courtes et bien moins acuminees, ordinairement dépassées
par le corymbe des fleurs.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 339
Aiimnerkiiingar oui de skaiartinaviska arterna af slceg-
tet Botrychium {Observations sur les espèces Scandinaves du genre
Botrychium, avec une planche (1)), par M. Joli. Angstrœm. (Nya Bo-
taniska Notiser, numéros 5 et (i. Stockholm, 1854.)
Daus ce travail, l'auteur présente un examen critique des formes, variétés
ou espèces du genre Botrychium observées dans la région naturelle scandi-
navienne, c'est-à-dire dans la péninsule suedo-norwégienne, le Danemark et îa
Finlande, examen qu'il fait précéder de quelques observations générales. —
On attribue généralement, dit-il, aux Botrychium une vernatioo dressée
(vernatio erecta), tandis que le sommet des frondes est constamment plus
ou moins infléchi durant cette période de leur vie. — Peu de plantes, fait-il
observer plus loin, offrent autant de formes que les Botrychium, relative-
ment au petit nombre d'espèces et d'individus. Cette variabilité dépend de ce
que chaque individu, sans dépasser les limites de son type, produit chaque
année, dans des circonstances favorables, une fronde plus développée et
plus divisée. Chez un individu de Botrychium Lunaria, par exemple, dont
la fronde épanouie ne présente que U pinnules, outre le lobe terminal, on
trouve que la fronde en bouton destinée à se développer l'année suivante,
en offre 5. — Enfin, dit-il, si quelquefois on trouve un Botrychium pourvu
a la fois de deux et plus rarement de trois frondes stériles, il n'y en a
jamais qu'une qui soit le produit de l'année ; les autres résultent d'une vé-
gétation antérieure.
Les espèces sur lesquelles portent les observations de M. Angstrœm sont
les suivantes :
BOTRYCHIUM, S\v.
A. Pinnato-venata.
1. B. Virginianum, var. europœurn.
B. virginianum, S\v., Syn. Fil., p. 171? Kupr., Symb. hist. geogr.
pi. rossic. , p. 101.
Ressemble au suivant par sa fronde mince et peu luisante (subnitida),
mais se distingue facilement par sa nervation a ramification pinnée.
B. Flabellato-venata.
2. B. lanceolatum (Gmel.).
Rupr. , L c, p. 101 (excl. syn. Roep.). Osmunda lanceolata, Gmel. , Com-
ment, n. Petropol., 12, t. II, f. 2. B. palmalùm, Presl. Suppl. Tent. Pterid.,
p. 43. Osm. Lunaria, FI. Dan., t. XVIII, f. dextr. (excl. syn. Breyn.).
Diffère du précédent, dont il est voisin, par la forme des divisions de la
fronde et la ramification de ses nervures ; et du B. matricariccfolium, Breyn. ,
avec lequel l'ont confondu tous les auteurs, excepte Presl, par son aspect
(1) Fig. l-.'i : B. tenellum, Angstr. - - Fig. 5-12 : B. simplex, Hitchcock.—
Fig. lj : /?. rUtâceuni, Sw.
340 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DK FRANCK.
plus luisant, el sa plus grande ténuité, enfin par la forme concave de sa fronde
stérile, qui, dans l'état vivant, est dressée et s'appuie par sou sommet in-
fléchi sur la fronde fructifère. A l'état sec, celte fronde est triangulaire.
3. B. tenellum, sp. nov. ?
Fronde stérile insérée immédiatement au-dessous de la fructification,
pétiolée, ovale ou obovée, avec une ou deux incisions plus ou moins pro-
fondes des deux côtés ; lobes et sommet obtus.
M. Angstrcem est tenté de croire que ce n'est qu'une forme de première
année du précédent.
4- B. matïicariœfolium f Breyn. ; Al. Braun in Dœll. Rhein. Flor.,
p. 24. Lunaria racemosa matricariœfolia, Breyn., Cent, pi., p. 184, t. 94.
Moris.,Hist. III, p. 594, sect. 14, t. 5, f. 3. Osm. Lunaria, FI.D., t. 18. f.
média. B. rutaceum, Willd. Spec. pi., V, p. 62 (excl. syn. Sw.). B. Lu-
naria et rutœfolium, Bœp. , Flor. Mecklemb. , I, p. 111. Stremp. Fil.
berol., f. 5-8.
Distinct du B. lanceolatum, Gmel., par sa fronde stérile, ovale, épaisse,
d'un vert sale, à lobes plus larges et plus obtus.
5. B. lunaria, L.
Var. adianthifolium, Breyn., /. c, p. 184, f. 93. Pinnae subcordata?,
plus minus pinnatifidœ.
Var. rhombeum. B. simplex, Hook. et Grev., Tcon. Filic, pr. p., t. 82,
f. sin. Pinnas rhombeae parce incisse.
6. B. simplex, Hitclicock in Sillim. Journ. of science and arts, Bot ,
vol. VT (1823), p. 103, pi. S. Hook et Grev., /. c, pr. p., t. 82 f. dextr.
Bupr., l.c, p. 216, pr. p. B. Kannenbergii, Klinsm. in Bot. Zeit. , 10e an.,
p. 377, t. 6.
La plupart des auteurs regardent cette espèce comme une variété du
B. Lunaria ou au moins comme en étanttrès voisine. M. Angstrœm, se fon-
dant sur l'insertion constante de la fronde stérile près de la base dustipe, lui
attribue, au contraire, une affinité intime avec \eB. rutaceum, Sw. Eu exa-
minant les formes diverses du B. simplex, on en trouve qui se rapprochent
de quelques formes a frondes peu divisées du B. rutaceum, Sw., dont il
croit que le premier pourrait bien ne constituer qu'une modification de la
première année.
7. B. rutaceum, Sw., Syn. Fil., p. 171 (excl. syn. plerisqueet var.) B.
ntatricarioides, Willd., Spec. pi., V, p. 62.
Frondibus subsolitariis bipinnatis, pinuis ovatis incisis. Sw . (Ex spec.
typ. auct.)
Synopsis s>f<i»aëfifitsn €mltttèittc<pt>*'UM, par V.. G. Steudel.
Fascîcul. VI et VII (voy. ci-dessus, p. 145).
La sixième livraison, comprenant 7'i page.», complète le premier volume
l'.I.Ylh BIKUOGUÀPHIQI !.. *^ 1
de l'ouvrage et la famille des Graminées. On y trouve toute la tribu des
Andropogonees, sauf toutefois le genre Anclropogon précédemment publie
dans le cinquième fascicule, et de plus le titre, la préface, une table alpha-
bétique des genres et espèces, enfin un supplément de 130 espèces.
Cette livraison publie pour la première fois une partie des Graminées rap-
portées de Madagascar et des Comores par Boivin, celles des collections de
l.echler et Philippi, recueillies au Chili, les plantes récoltées par Jungbun à
Java ainsi qu'aux Philippines, et encore un certain nombre d'espèces qui
n'étaient mentionnées que par un simple numéro dans l'herbier célèbre du
docteur Wallich.
Les Graminées recensées par M. Steudel s'élèvent au chiffre de 5668;
c'est 2644 de plus que dans VEnumeratio plantarum de Kunth. Les genres
sont au nombre de 310, ce qui établit une augmentation de 65 par compa-
raison avec Y Emaner atio.
Les nouvelles coupes, ainsi que les espèces, appartiennent, pour la plu-
part, au manuscrit de M. ïNees d'Esenbeck.
La famille des Cyperacées commence avec le septième fascicule compo-
sant 80 pages du deuxième volume La tribu des Cypérees, forte aujourd'hui
de \k genres, y est comprise en entier. Le nombre des Cyperus s'élève à
673, c'est-à-dire 300 de plus que Kunth n'eu avait énumére. Les Mariseus
sont montes de même de 42 a 89, les Kyllingia de 29 à 57. Le fascicule
s'arrête dans la tribu des Scirpees au milieu du genre Eleocharis dénombre
jusqu'au n° 82.
BOTANIQUE GÉOGRAPHIQUE.
Ifiai»gp»a*t suit* mi vojase E»oa;»i»«<gsa«> «n Algérie, «l'Oran
ata Clsoti-el-t'Bîer-Eaïi, entrepris en 1852, sous le patronage du mi-
nistère de la guerre; par M. E. Cosson. [Ann. des se. nat.,k' sér. , 1, 1854,
p. 220-241.)
Cette portion du rapport de M. Cosson comprend six listes de plantes
algériennes. 1° Plantes les plus remarquables ou caractéristiques de la vé-
gétation des environs d'Oran. % Plantes les plus remarquables observées
aux environs de Saint-Denis du-Sig. Elle a été rédigée d'après les communi-
cations de M, Durando. 3° Plantes les plus remarquables observées aux en-
virons de Mascara et dans la plaine d'Egbris. 4" Plantes les plus remarqua-
bles observées depuis la limite méridionale de la plaine d'Egbris jusqu'à la
limite septentrionale des hauts plateaux à Saïda. 5° Plantes observées dans
la région des hauts plateaux. 6° Espèces observées dans la région des Chotts,
au bord du Chott-el-Chergui, entre Sidi-lvhalifaet Khrider. et dans la plaine
qui précède le Chott.
3A2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
BOTANIQUE APPLIQUÉE.
Des ertei» i8e l'hiver de 1*5:5 à 1 «51 dan 8 le jardin des
!»l»»tes de JVIoEBflgti'Ilicr, par M. Martins [Revue horticole , du
16 août 185/i, p. 307-316).
Les observations consignées dans ce mémoire mettent en évidence ce fait
important que l'action physique dû froid sur les plantes est fort différente
dans le midi et dans le nord de la France. Cette différence d'action s'expli-
que très bien par celle qui existe dans la repartition du froid à ces deux ex-
trémités de notre pays. Dans le midi, particulièrement à Montpellier, le
ciel est habituellement serein, l'air est transparent et sec, ce qui amène un
refroidissement considérable par rayonnement pendant la nuit et un ré-
chauffement intense pendant le jour par le soleil. Il en résulte des consé-
quences importantes : 1" à des gelées quelquefois intensessuccèdentdes jour-
nées chaudes, à tel point que, pendant l'hiverde 1853-1854, le nombre des
gelées s'etant élevé jusqu'à 53 à Montpellier, et le thermomètre étant des-
cendu à — 10°, & en décembre, à — 7°,0 en janvier, à — 12" en février,
on n'a pas vu une seule fois le thermomètre au-dessous de 0 à midi. De
là les plantes sont soumises à des alternatives très brusques de froid et de
chaleur qui doivent nécessairement agir de manière fâcheuse sur un grand
nombre d'entre elles. 2° Les mêmes alternatives de refroidissement et de
réchauffement empêchent que l'action du froid ne s'exerce profondément
sur les végétaux. Refroidis pendant la nuit ils se réchauffent pendant le
jour; et il est difficile qu'ils gèlent jusqu'à la moelle. Aussi, dit M. Mar-
tins, les abris exercent-ils une influence immense; un mur, un toit pré-
servent à la fois le végétal du rayonnement nocturne, de la gelée blanche
et d'un réchauffement trop rapide dans la matinée. Il est bon encore de faire
remarquer que les abaissements de température sont également sous la dé-
pendance directe des vents. Les vents du nord très froids soufflent généra-
lement par un temps clair et un ciel découvert; aussi donnent-ils des froids
intenses; ceux du sud-est et du sud chargent, au contraire, l'atmosphère
de vapeurs et sont eux-mêmes beaucoup moins froids ; aussi leur arrivée
met toujours fin aux gelées nocturnes. On peut ajouter qu'à Montpellier la
neige couvre très rarement les campagnes, et que, par suite, les plantes
sont soumises sans la moindre protection à l'influence de la température.
A Paris et dans les départements qui l'entourent, on n'observe pas ces
grandes différences de température entre le jour et la nuit. De là quand le
froid est rigoureux, dit l'auteur, il est continu et règne de jour comme de
nuit. Aussi la plante s'en pénètre lentement, mais inévitablement, quelles
que soient les enveloppes qui l'entourent : la température de tous ses tissus
finit par s'équilibrer avec celle de l'air, et de même qu'un homme peut ré-
('
REVUE BIBLIOGKAPHIUUE. 3/|3
sisteràun froid intense, mais momentané, et succomberait a un froid moin-
dre, mais plus prolongé, de même la vitalité de certaines plantes s'accom-
mode de ces transitions journalières, mais ne résiste pas à un froid continu
et prolongé. Les abris ont beaucoup moins d'efficacité dans le nord que dans
le midi, par suite de la durée des froids.
Ces différences importantes entre les hivers du midi et du nord de la
France nous semblent être les plus intéressants d'entre les faits nombreux
consignés dans le mémoire de M. Martins.
Parmi les végétaux qui à Montpellier ont résisté sans abri au long et ri-
goureux hiver de 1853-54, nous citerons VAsiminû tri/oba, les Pittosporum
sinenseel Tobiru, \eSterculiaplatanifolia, le Camellia, l'Acacia Jtdibrizin,
le Poinciana Gilliesii, le Lagerstroemia indica, Y Eriobotrya japonica, le
Benthamia fragifera, le Fabiana imbricata, V Araucaria brasiliana, le
Sabal Adansonii, le Chamœrops humilis, et en fait d'espèces aquatiques :
le Thalia dealbata, Nelumbium asperifolium, Aponogeton distachyum, Litn-
nocharis Humboltii, Pontederia cordata, Jussiœa grand iflora, etc.
Quant aux espèces qui, après avoir supporté 6 degrés et même près de
8 degrés de froid en 1851 et 1852 ont succombé à des froids de 10 et 12 de-
grés en 185/i, en plein air et sans abri, ce sont les suivantes: Myoporum
lœtum, Fabrkia lœvigata, Casuarina equisetifolia, Acacia longifolia, deal-
bata et acant/wcarpa, Citrus Aurantium, Echites stuweolens, Capparis spi-
nosa, Eugeniaaustrulis, Calonyct ion grandi florum.
M. Martins tire encore de ses observations cette conséquence importante
que, dans le midi, des murs et des bâtiments sont de meilleurs abris poul-
ies végétaux délicats que toutes les enveloppes extérieures, telles que des
paillassous, des toits, etc. Ainsi entre quatre Dattiers, dont un placé en
plein air avait été lié, entouré de nattes et couvert d'un toit en pyramide,
dont deux autres placés devant une maison avaient été entourés seulement
de paillassons, dont le dernier loge dans un angle forme par deux murs
élevés, à l'exposition du sud-ouest, n'avait été protégé par aucune couver-
ture, celui-ci a le moins souffert, et le premier n'a conservé que le cœur ;
les deux autres sont restés dans un état intermédiaire a celui du premier
et du quatrième.
Enfin, M. Martins fait remarquer que les végétaux qui s'accommodent
le mieux du climat variable de Montpellier, *ont ceux du Japon, du Népaul,
de l'Himalaya pour la pleine terre, et ceux de la Nouvelle-Hollande pour
l'orangerie.
okh SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE KKAM.K.
C'àilH-e «Be Sorglao ; Fabrication au moyen du Sorgho sucré (Sorghum
saccharatum), d'une liqueur fermentée non distillée pouvant remplacer le
vin ou le cidre.
Sous ce titre, M. L. Vilmorin a publié dans la Revue horticole du 16 no-
vembre 1854, une noie intéressante sur une application du Sorghum saccha-
ratum qui, dans les circonstances actuelles, pourrait avoir une haute impor-
tance. En effet, les tiges de celte plante, dépouillées de leurs feuilles et
coupées par fragments de 0"',20 au plus, peuvent être facilement soumises
à l'action du tour d'un pressoir à cidre ordinaire, et elles donnent alors une
quantité de jus sucré qui, dans une expérience faite sur 200 kilogrammes
de tiges, s'est élevée à 55 pour 100 du poids de celles-ci. Ce liquide donne
par la fermentation une liqueur alcoolique dont la saveur, sans addition
d'aromates, a la plus grande analogie avec celle du cidre de pommes un peu
faible, te! que celui que donnent les pommes douces à couteau. Seulement
comme ce jus extrait de plantes cultivées sous le climat de Paris n'a qu'une
densité de 1050 à 1070, et ne renferme que U 1/2 à 5 1/2 d'alcool
pour 100, il faut en augmenter la richesse, en exposant les tiges au soleil
pendant quelques jours avant de les écraser, ou en les plaçant quelque temps
dans un four après la cuisson du pain, ou enfin en concentrant le suc par
évaporation à la sortie du pressoir. Dans ce dernier cas, ou fait bouillir le
liquide en y ajoutant 200 grammes de copeaux de chêne par hectolitre,
jusqu'à ce qu'il soit réduit de moitié; on le dépouille ainsi d'un goût de
vert qu'il conserve avec assez de persistance lorsqu'on le fait fermenter
tout cru. On peut aussi soumettre à la distillation le jus de Sorgho fermenté
pour en obtenir de l'alcool.
Les mêmes procédés peuvent être employés pour obtenir du vin et de
l'alcool de maïs avec le jus obtenu des tiges de cette plante. Seulement la
défécation préalable de ce jus par ébullition avec des copeaux de chêne est
indispensable pour enlever le goût de vert qu'il possède à un haut degré. Les
variétés les plus tardives sont les plus avantageuses pour cette fabrication ;
en outre, le sucre ne commence à se montrer un peu abondamment dans les
tiges de Maïs qu'au moment où ses Heurs mâles s'épanouissent.
Sur l'Indigo île 1' J?«cf9atot*£tcMt lievigatuwn.
La Revue horticole du 1" décembre 1854 ^p. A57), renferme uue note
intéressante de M. Hardy, chef des pépinières de l'Algérie, sur VFupatorium
lœviyatum, du Brésil, et sur l'indigo que contiennent ses feuilles. Cet ar-
brisseau est une des importations de Guillemin au jardin des Plantes. Un
pied eu ayant été envoyé de Paris a la pépinière centrale d'Alger, avec
l'indication de ses propriétés tinctoriales, M. Hardy s'est occupé avec soin
REVIT: BIBLIOGRAPHIQUE. 'UÔ
de sa culture dans le but d'extraire de ses feuilles la matière colorante qu'elles
contiennent. Mais la plante est restée d'abord languissante pendant plusieurs
années, et elle n'a commencé à végéter avec vigueur que lorsqu'elle a été
plantée en pleine terre où elle s'est du reste montrée suffisamment rustique
pour supporter les hivers de l'Algérie.
Une première expérience faite sur une poignée de feuilles donna une
petite quantité d'un bleu d'une belle nuance. Une seconde expérience fut
faite quelque temps après sur une plus grande échelle et avec plus de mé-
thode. Cinq kilogrammes de feuilles ft Eupatôrium lœvigatum furent soumis
à sept heures de macération dans l'eau à une température d'environ 25 de-
grés centigrades. Le liquide fut ensuite soutiré, et agité pendant une heure au
contact de l'air. D'abord d'un vert jaune clair, dit M. Hardy, il devint
bientôt trouble ; puis il prit une nuance gris foncé, mêlé de teintes bleuâtres.
On abandonna le liquide au repos jusqu'au lendemain matin, et alors on
trouva, au fond du vase, un précipité d'un b'eu superbe. Au-dessus de ce
précipité surnageait une eau parfaitement limpide, de laquelle une addition
d'eau de chaux ne précipita plus de matière bleue. Le précipité bleu obtenu
dans cette expérience fut desséché ; il forma 10 grammes d'un indigo du
plus bel aspect, ce qui donne la proportion de 1 de cette précieuse matière
tinctoriale pour 500 de feuilles.
" Nous ne croyons donc pas nous montrer trop hardi, dit l'auteur de cette
note, en affirmant que l'arbuste qui nous occupe l'emporte sur tous les in-
digofèresque nous avons soumis a l'expérience, car la proportion de matière
colorante qu'il contient est égale, sinon supérieure, à celle que l'on trouve
dans les vrais Indigotiers ; la qualité de l'indigo qu'il produit peut, sous
tous les rapports, entier en comparaison avec celui qu'on obtient des der-
niers. »
En outre, Y Eupalorium l&vigatum aurait un grand avantage en ce qu'il peut
vivre douze ou quinze ans, peut-être davantage, et qu'il donne dans l'année
plusieurs récoltes de feuilles. On peut, après chaque récolte, le tailler, et il
repousse ensuite vigoureusement. On n'aurait donc à peu près que les pre-
miers frais d'installation et de plantation ; après quoi il n'y aurait plus qu'à
récolter presque sans dépenses d'entretien.
MÉLANGES ET NOUVELLES.
fcoHKMt ùot<nëSe(»s'8ez39 Fuelfor toeMtjfefSssitaitis [Noms
des plantes phanérogames et des Fougères figurées dans les ouvrages de
botanique et d'horticulture du xv u\K et du \ixe siècle, etc.), par G.-A.
Pritzel; première partie. Berlin, Nicolaï, 1854.
M. G. Pritzel, auquel on est redevable de la plus récente et de la plus
complète bibliographie botanique , vient d'entreprendre, sous le titre rap-
porté plus haut, la publication du catalogue de toutes les espèces de plantes
figurées depuis cent cinquante années. Cette première partie forme un vo-
lume grand in-8 de (i07 pages, imprimé sur deux colonnes, dans le goût du
.Xomenclotar botanicus de Steudel. Les genres y sont disposés en ordre al-
phabétique ainsi que les espèces dans chaque genre. Un signe particulier
indique les figures d'analyse ou d'anatomie, et un autre signe les planches
qui représentent des monstruosités. La série s'étend jusqu'au genre Knappia.
Ln pareil ouvrage a exigé beaucoup de temps et de persévérance, et il con-
tribuera au\ progrès de la science en épargnant aux botanistes la plus
grande partie des recherches auxquelles M. Pritzel a dû se livrer pour réunir
les éléments de sa compilation. Toutefois, il nous semble que l'auteur aurait
pu rendre son livre encore plus utile, sans augmenter beaucoup l'étendue
de ses recherches.
Ainsi la préface dit qu'on s'est borné a faire un choix parmi les planches
qui ont paru avant le siècle de Linné. Il eût été très avantageux pour les
botanistes que l'ouvrage eût embrasse la totalité des figures publiées depuis
la renaissance des lettres. Le nombre n'en est pas très considérable, com-
paré à l'immensité des matériaux que M. Pritzel a dû compulser, et l'on
aurait eu un index complet de l'iconographie botanique.
Nous regrettons aussi que M. Pritzel ait cédé a l'ancien usage de séparer
les plantes cryptogames de la masse du règne végétal. Cette exclusion di-
minue nécessairement l'importance de l' Index, et elle est d'autant plus à
regretter que, toute proportion gardée, le nombre des figures, et même des
bonnes figures de Cryptogames, est beaucoup plus considérable que celui
des planches consacrées aux plantes désordres supérieurs. M. Pritzel a
cru ne devoir excepter que les Fougères de l'exclusion dont il a frappé l'en-
semble des Cryptogames.
Nous nous permettrons encore une autre observation. M. Pritzel a évité
soigneusement toute .synonymie, et son catalogue peut jusqu'à un certain
point être regardé comme la réunion de toutes les tables des ouvrages enri-
chis de figures dont il a pu faire le dépouillement. Il résulte de la que la
même espèce est insérée dans V Index autant de fois qu'elle a été gravée sous
MELANGES ET N0IJVELLE.S. 'Mil
des noms différents. Malheureusement rien n'avertit le lecteur qu'une
même plante est indiquée sous plusieurs dénominations. C'est là, ce nous
semble, une lacune regrettable, qui peut amener des inconvénients. Si l'on
prend, par exemple, le premier nom inscrit dans \' Index, Abacopteris, la
citation de la figure apprend que c'est un genre institué récemment par
M. Fée dans la famille des Fougères ; mais si le genre est nouveau la plante
est ancienne, car elle a été décrite clans le Journal de Londres, il y a douze
ans, sous le nom de Nephrodium latifolium, J. Smith. Cependant on ne la
trouvera pas à la liste des Nephrodium , parce qu'elle n'a pas été figurée
sous ce nom. Il suit de là que le lecteur est exposé à prendre \' Abacopteris
pour une plante nouvelle, et a croire que le Nephrodium latifolium n'a ja-
mais été figuré. Un renvoi d'un genre à l'autre aurait eu l'avantage de faire
trouver les figures d'une même plante sous quelques noms qu'elles aient été
publiées et par cette méthode l'auteur aurait rendu un immense service aux
botanistes en leur épargnai)! les recherches souvent longues qu'ils auront à
faire pour découvrir la vérité.
Malgré ces lacunes, l'ouvrage de M. Pritzel est éminemment utile, si
utile même que l'auteur sera certainement conduit à en faire de nouvelles
éditions; s'il en est ainsi, les observations que nous venons de présenter
pourront avoir quelque opportunité et nous les déférons bien volontiers à
son examen.
L'Index permet de comparer le rapport actuel de l'iconographie botanique
avec le nombre des plantes décrites, et l'on trouve que malgré toutes les
grandes et nombreuses publications illustrées , les Jardins, les Magasins,
Recueils, etc., l'iconographie est fort eu retard. Quelques rapprochements
pris au hasard le prouveront de reste. Le dernier recensement du genre
Acacia, inséré par M. lientham dans le Lundon Journal of Botany del8/.2,
contient A01 espèces. M. Pritzel n'a pu en citer que 158 et encore dans ce
nombre il y a des doubles emplois, à cause des noms multiples de plusieurs
plantes. L1 Enumeratio plantarum de kuuth comprend «$73 Cyperus, dont
90 simplement ont ete figurés. Le même ouvrage indique 159 JJioscorea,
parmi lesquels 24 seulement ont ete reproduits par la gravure. Le travail
de Vogel sur le genre Cassia en signale 304, dont 93 seulement sont figu-
rés. Dans le Prodromus, ou peut compter "282 Ipomœa, pour 119 figures,
94 Gomphrena pour 28, 171 Cestrum pour 33. Le Synopsis Glumacearum
de M. Steudel, en cours de publication, énumère 459 espèces du genre
Andropogon, pour lesquelles M. Pritzel n'a trouve que 42 figures. Il compte
143 Bromus , dont 73 seulement sont illustres; 105 Dantkonia, dont
20 mentionnés dans Y Index, etc. Il est a remarquer que les genres les plus
nombreux sont les moins riches en figures, et cependant ce sont ceux
pour l'étude desquels le secours île l'iconographie est en quelque sorte in-
dispensable.
o/|8 SOCIÉTÉ BOTANIQUE HE FIÏANV.E.
— L'Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse,
propose pour sujet de prix de l'année 1857 la question suivante :
« Faire connaître, à l'aide de bonnes descriptions et de figures, les Mousses
et les Lichens qui croissent dans un des départements du bassin sous-pyrénéen. »
Le prix sera une médaille d'or de la valeur de 500 francs (1).
— M. A. Huet du Pavillon, déjà connu des botanistes par les riches her-
borisations qu'il a faites en Arménie en 1853, et en Sardaigne en 1854, se
propose d'exécuter, cette année, un voyage en Sicile et dans les montagnes
des Abruzzes. Ce voyage promet d'importants résultats, M. A. Huet du Pa-
villon devant être secondé dans ses recherches par son frère, également fa-
miliarisé avec les voyages d'exploration botanique, et se proposant de re-
cueillir principalement les plantes rares ou spéciales aux pays qu'il doit
parcourir. MM. Huet du Pavillon doivent commencer leurs herborisations
en Sicile dès le mois de mars, afin de pouvoir recueiller les espèces même
les plus printanieres , et l'été sera consacré par eux a l'exploration des
Abruzzes, qui ne peuvent être visitées a une époque plus favorable. — Le
patronage qui est accordé à ces botanistes par M. Boissierest un sûr garant
du soin avec lequel seront formées leurs collections, qui doivent être com-
posées d'échantillons de choix, et l'accueil qu'ils trouveront auprès des
Botanistes italiens, et particulièrement auprès de MM. Gussone, Tinio et,
Todaro les mettra a même de récolter un grand nombre d'espèces rares dans
les herbiers et de contribuer ainsi à faire mieux connaître la végétation des
contrées les plus riches de la Flore italienne (2).
— Les collections suivantes, provenant de l'herbier de M. Soleiroi ont
été déposées chez M. Bourgeau, rue Saint-Claude, l'i (au Marais).
350 espèces de la Nouvelle-Hollande, provenant, pour la plupart, des
collections de Sieber, 100 fr.
117 espèces de l'Afrique méridionale et en particulier du Cap de Bonne-
Espérance, provenant, pour la plupart, des collections de Sieber, 35 ïi\
180 espèces de Y lie de Terre-Neuve, U0 IV.
1020 espèces de France, de diverses origines, 100 IV.
182 espèces de France représentées par plusieurs échantillons; le prix
d'une centaine de plantes de cette collection, prises au choix, est de 25 ïv.
(1) Adresser les Mémoires avant le 1*' janvier 1837, francs de port, à M. Urbain
Vitry, secrétaire perpétuel de l'Académie, allée Louis-Napoléon, 3.
(2) MM. Huet du Pavillon oui fixé le prix de leurs plantes à 20 francs par cen-
turie pour les botanistes qui paieront à l'avance une somme de 50 francs. Le prix
sera de 25 francs pour ceux qui ne feront pas ce premier versement. — Celte somme
peut être adressée à M. A. Huet du Pavillon, à Genève, nie Verdaine, 266, par
un bon sur les Messageries impériales, ou être remise entre les mains de M. Joseph
Despierres, négociant, à Paris, rue Vieille-du-Teinple, 75.
Paris. — Imprimerie Je !.. Martinet, nie Mignon, 2.
SOCIÉTÉ BOTANIQUE
DE FRANCE.
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 185/».
PRÉSIDENCE DE M. AD. BRONGNIART.
M. de Schœnefeld, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de
la séance du U novembre, dont la rédaction est adoptée.
Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. 'le
Président proclame l'admission de :
MM. Calmeil, médecin en chef de la Maison impériale de Cliaren-
ton, présenté par MM. E. Cosson et Duchartre.
Kirschleger, professeur à l'École supérieure de Pharmacie
de Strasbourg, présenté par MM. J. Gay et Puel.
M. le Président annonce en outre une nouvelle présentation.
Dons faits à la Société.
1° Par M. A. Passy :
Statistique du département de l'Eure, publiée par la Société libre
d'agriculture, sciences, arts et belles-lettres du département. —
Botanique. Évreux, 1846.
Catalogue des plantes du département de l'Eure, par Brouard
Évreux, 1820.
2° Par M. Duchartre :
Tentamen methodicœ divisionis gencris Arislolochia; additis descrip-
tumibus complurium novarum 'specierum novique generis Ho-
lostvlis.
Expériences sur des boutures droites et renversées.
3° De la part de M. Alph. de Candolle, de Genève :
Sur l'origine des Datura Stramoniura et espèces voisines.
T- '• 23
350 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
h° De la part de M. Ch. Martins, de Montpellier :
Des effets observés pendant l'hiver de 1853 à 185/i, dans le Jardin des
Plantes de Montpellier , et de leurs conséquences pour la naturalisa-
tion des végétaux.
5° De la part de la Société impériale d'horticulture :
Annales de la Société. — Numéro de novembre 185ù.
M. Weddell présente le rapport qui lui avait été demandé dans la
dernière séance, sur l'extraction du caoutchouc. Ce rapport est ainsi
conçu :
SUR L'EXTRACTION DU CAOUTCHOUC, par M. H.-A. WEDDELL (1).
Beaucoup d'arbres à suc laiteux fournissent, on le sait, la matière appelée
caoutchouc, mais ceux qui le renferment assez abondamment pour qu'il y
ait bénéfice à le retirer sont peu nombreux. Ils appartiennent, soit à la
famille des Artocarpées, soit à celle des Apocynées ou des Euphorbiacées,
et habitent tous les parties les plus chaudes du globe. Dans le premier de
ces groupes, je pourrais citer, avec le Castilloa elastica Cerv., du Mexique,
et le Cecropia peltata L., également de l'Amérique tropicale, un assez
grand nombre de Figuiers de l'Asie et du nouveau monde. Je me conten-
terai de nommer le Ficus elastica L. , source principale du caoutchouc des
Indes orientales.
Parmi les Apocynées, on remarque surtout YUrceola elastica Roxb. ,
dont on retire le caoutchouc, à Bornéo et à Sumatra [caoutchouc de Sinya-
pore, ouPulo'Penangàu commerce), le Vahea gummifera Foir., qui nous
donue le caoutchouc de Madagascar, et le Hancornia speciosa Gomez, dont
j'ai vu moi-même, retirer cette substance dans les parties centrales du
Brésil. Enfin, à la famille des Euphorbiacées appartient l'arbre connu de
tout le monde sous le nom de Siphonia elastica Pers., ou de Hevea guianen-
sis Aubl., dont on extrait la plus grande partie du caoutchouc que l'on
rencontre dans le commerce ; on l'appelle caoutchouc du Para, du nom d'un
port de l'Amazone d'où il est habituellement exporté.
Cet arbre, dont l'habitat correspond, on peut le dire, à presque tout le
(1) Les matériaux de cette noie ont élé puisés, les uns (c'est le plus petit
nombre) dans mes propres souvenirs, d'autres clans plusieurs articles peu connus
sur cette matière, dus à la plume de divers voyageurs modernes; enfin je suis
redevable de renseignements importants sur ce même sujet, à noire confrère,
M. Howard, qui a bien voulu, en outre, nie faire parvenir, pour être mise sous les
yeux de la Société, une collection très intéressante d'échantillons de caoutchouc
de diverses provenances.
SÉANCE 1)1 '2'2 DÉCEMBRE JS5/|. 351
bassiu de l'Orénoqueet à celui de l'Amazone et de ses affluents supérieurs,
est aussi le seul dont je m'occuperai ici.
Le Sïpkonia elastica, ou Syringa (1) des Brésiliens, s'élève à une hauteur
d'environ 20 mètre-, son tronc en ayant ordinairement 12 à 15, avant la
naissance des premiers rameaux, et un diamètre de 8 à 10 décimètres. Ces
dimensions, il les possède sans doute en commun avec beaucoup d'autres
habitants de ces forêts; mais les caractères tirés de ses feuilles composées
de trois folioles allongées et de la présence d'un suc laiteux abondant, per-
mettent de le distinguer sans peine de tous les arbres avec lesquels il croit
entremêlé.
Rieu de plus facile que l'extraction du suc du Gomme-élastiquier. L'ou-
vrier se rend de grand matin a la forêt, muni d'un pic, d'une calebasse, et
d'une provision d'argile détrempée. Arrivé au pied d'un Sïpkonia, il y
colle une petite capsule de glaise, façonnée séance tenante à l'instar d'un
nid d'hirondelle, puis, d un coup de pic, il entame l'écorce immédiatement
au-dessus. Le lait coule aussitôt dans le petit vase disposé pour le recevoir.
L'homme passe alors à un antre arbre, auquel il l'ait subir la même opéra-
tion ; de là a un autre, et ainsi successivement, jusqu'à ce qu'il en ait saigne
le nombre voulu. Enfin, reprenant le même chemin, du premier arbre atta-
qué au dernier, il passe la revue de ses opérés, vide toutes les petites cap-
sules dans un récipient commun, et rentre au logis avec son butin.
La quantité de suc fourni par un seul arbre, à la suite d'une de ces sai-
gnées, varie nécessairement; mais on peut dire que vingt arbres en laissent
égoutter, en moyenne, environ 1 litre; et, pour peu qu'on les ménage, ces
mêmes individus peuvent continuer, pendant plusieurs mois, d'en donner
journellement la même quantité. Un voyageur raconte que s'étant arrêté un
jour sur l'Amazone, dans la case d'un individu occupe de la fabrication du
caoutchouc, il le vit rentrer, vers midi, avec une calebasse qui ne contenait
pas moins de 5 litres de lait de Siphonia qu'il venait de recueillir, quantité
suffisante pour la confection de dix paires de souliers. Ses filles, moins
(1) L'étymologie de ce nom est donnée dans VHistoire de l'Académie royale de
sciences, ann. 1751, p. 18: voici ce qu'on y lit: « L'usage que fait de cette
» résine la nation des Omaguas, située au milieu du continent de l'Amérique, sur
» les bords de l'Amazone, est encore plus singulier: ils en construisent des bou-
» teilles en forme de poires, au goulot desquelles ils attachent une canule de bois;
"en les pressant, on en fait sortir par la canule la liqueur qu'elles conliennent,
»el, par ce moyen, ces bouteilles deviennent de véritables seringues. Ce serait,
» chez eux, une espèce d'impolitesse de manquer à présenter, avant le repas, à
» chacun de ceux que l'on a priés a manger, un pareil instrument rempli d'eau
« chaude, duquel il ne manque pas de faire usage avant de se mettre à table.
«Cette bizarre coutume a fait nommer par les Portugais l'arbre qui produit celle
» résine, l'an de xiringa ou bois de seringue. »
352 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
exercées que lui, en recueillaient cependant, assurait-il, plus de 2 litres
dans leur matinée; c'est la, à ce qu'il parait, la récolte d'un ouvrier ordi-
naire du pays.
J'ai parlé de souliers; c'est en effet sous cette forme, ou bien sous celle
de bouteilles globuleuses ou ovoïdes, de tubes, de feuilles ou de planchettes,
que l'on exporte, même aujourd'hui, une grande partie du caoutchouc du
Brésil. Les bouteilles sont obtenues en trempant une boule d'argile placéeau
bout d'un bâton dans le suc frais du Gomme-élastiquier, et en le plongeant
aussitôt après dans la fumée épaisse résultant de la combustion d'une graine
oléagineuse. La mince couche de suc qui mouillait le moule ne s'y est pas
plutôt coagulée sous cette influence, qu'on en applique une seconde, qui est
traitée de même, et ainsi de suite, jusqu'à ce que l'on ait obtenu l'épaisseur
voulue. Les souliers se façonnent par le même procédé, si ce n'est que le
moule d'argile, qu'on ne peut retirer qu'en le détruisant, est remplacé par
une forme de bois, barbouillée, cependant, d'un peu d'argile, pour empêcher
l'adhérence. Dix minutes suffisent, dit-on, à un ouvrier intelligent pour appli-
quer les huit, dix ou douze couches nécessaires à la constitution d'une chaus-
sure complète. Il est cependant bon de dire que le caoutchouc ne durcit pas
immédiatement après sa coagulation sur le moule, par l'action de la fumée;
il faut, pour obtenir ce résultat, ainsi que la couleur qu'on lui connaît,
l'exposer aussi pendant quelque temps a l'air et au soleil. C'est sans doute
ce qui a fait penser qu'il serait possible, à la rigueur, de transporter le
caoutchouc encore liquide dans nos pays civilisés. Ce transport, tenté plu-
sieurs fois, et encore tout récemment, à ce que je viens d'apprendre, n'a pas
donné, jusqu'ici, de résultats satisfaisants; les vases, hermétiquement clos,
dans lesquels il s'était effectue, n'ayant présenté, lors de leur ouverture,
qu'une masse de caoutchouc solide baignée par un liquide séreux.
Par quelques expériences faites sur les lieux, mais impossibles ici, on
arriverait peut-être à faire dans cette voie quelque découverte à la fois
utile et profitable. Toujours est-il qu'abandonné a lui-même après son
extraction, le suc du Siphonia se sépare assez promptement en deux par-
ties, à peu près comme le lait lui-même, avec lequel il n'a pas seulement
ce rapport, puisque, avec l'apparence de ce liquide, il en a encore un peu le
goût, et, bien que ses qualités nutritives soient au moins douteuses, on le
boit fréquemment sans qu'il s'ensuive aucun effet nuisible. Quant à la
saison la plus favorable à l'extraction du suc, l'expérience des gens du pays
s'est déjà prononcée : c'est la saison sèche, c'est-à-dire d'avril en octobre ou
novembre. Pendant les mois pluvieux, en effet, non-seulement le travail
dans les forêts est rendu très difficile par certains obstacles physiques, mais
il a été reconnu que la récolte était bien moins profitable ; il est, en effet,
assez vraisemblable que le suc doit être alors moins riche en matière coagu-
lable. il faut ajouter a ces raisons la nécessité de donner aux arbres en
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 185/|. 35o
exploitation le temps de se reposer. Les blessures faites au tronc par le pic,
blessures qui doivent se répéter journellement, se guérissent d'ailleurs
promptement, le suc qui s'en écoule étant lui-même très propre à en favo-
riser la cicatrisation. Mais il se développe quelquefois a leur place des tissus
anormaux, des sortes d'exostoses qui ne peuvent manquer, on le comprend
bien, de gêner la marcbe descendante du suc cortical dans les points qui en
sont le siège. Une piqûre faite au-dessous d'un obstacle semblable devra
donc, à ce qu'il semble, être suivie d'un écoulement moins abondant que si
elle était pratiquée au-dessus. De là une règle que j'établis ici, à tout hasard :
c'est de pratiquer toujours les saignées le plus bas possible, afin de laisser,
autant que faire se peut, un champ libre aux opérations futures.
Les données précédentes suffisent pour démontrer que le mode d'exploi-
tation en usage chez les nègres et les Indiens de l'Amérique du sud est non-
seulement très simple, mais en même temps très efficace ; si bien que je
doute qu'il y ait de grands perfectionnements à lui apporter.
Un dernier fait constaté par l'expérience, c'est qu'il en est des caoutchou-
quiers comme des bonnes vaches laitières : plus on tire leur lait, plus ils en
donnent, il n'est, je pense, aucun détail de l'histoire de cette extraclion
qui soit plus propre à stimuler l'activité d'un exploitant intelligent, ni qui
puisse mieux nous rassurer sur l'avenir d'un des rameaux les plus intéres-
sants du commerce américain.
M. Trécul dit à cette occasion quelques mots sur l'Arbre à la vache
(Galactodendron), qui produit un suc recherché des nègres et qui les
fait engraisser. On ne connaît pas jusqu'ici avec certitude les affinités
de cet arbre. Au retour de M. de Castelnau, M. Trécul trouva dans
ses collections une plante ressemblant au Galactodendron , mais à
feuilles plus petites. Par les stipules et les fleurs il reconnut que
c'était un Brosimum. De là on a conclu que le Galactodendron de-
vait être voisin de ce genre. Le Galactodendron de l'herbier de
M. Hooker est certainement un Brosimum.
M. Weddell rappelle que M. Boussingault à constaté par l'analyse
que le lait de l'Arbre à la vache diffère complètement des sucs qui
produisent le caoutchouc.
M. Planchon ajoute qu'il existe dans le bassin du fleuve des Ama-
zones plusieurs Siphonia, décrits récemment par M. Bentham dans
le journal de M. Hooker, et qui tous contribuent vraisemblablement
h fournir le caoutchouc répandu clans le commerce.
35/| SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
M. Planchon fait ensuite à la Société la communication suivante :
SUR LA VÉGÉTATION DES TERRAINS SILICEUX, DANS LES DÉPARTEMENTS DU GARD
JET DE L'HÉRAULT, par M. J.-E. PLANCIION.
Dans une communication récente, j'ai tâché de fixer l'attention des bota-
nistes sur des plantes qui semblent être spéciales aux terrains dolomitiques
ou magnésiens. À cette occasion, ont dû se trouver en présence deux théo-
ries qui s'autorisent de noms très respectables, l'une attribuant à l'état phy-
sique, l'autre à la nature chimique du sol, la principale influence sur la
diversité manifeste de végétation qu'on observe entre les terrains à base
purement calcaire, et ceux dans lesquels la silice entre comme élément
essentiel ou tout au moins accessoire. Des observations piquantes de
M. Dunal et de M. Bogenhard nous ont prévenu contre le danger de con-
fondre avec les sols exclusivement calcaires, ceux dans lesquels un peu de
silice est plus ou moins dissimulée, ne trahissant sa présence qu'a l'examen
attentif du chimiste ou du minéralogiste, el pourtant, décelée au botaniste
par certains végétaux caractéristiques, tels que le Châtaignier ou le Lecidea
geographica.
Nul doute que la plupart des arguments allégués contre la théorie de l'ac-
tion chimique du sol, notamment à l'égard du Châtaignier et de la Digitale
pourprée, ne reposent sur une erreur primordiale quant à la nature du ter-
rain. Il est impossible de rien affirmer sur ce dernier point, sans une inspec-
tion attentive, au lieu même où croissent les plantes; car, on le sait, dans
une même formation géologique, dans une même couche, la composition
du sol varie, et l'on ne saurait affirmer sans preuve qu'elle est identique sur
deux points très rapprochés dont on ne connaît qu'un seul.
A cet égard et comme introduction à l'objet spécial de cette note, qu'il
me soit permis de citer deux faits.
La forêt de Fontainebleau passe pour une localité très essentiellement
siliceuse. Un botaniste qui n'en connaîtra que ce caractère général sera tout
surpris d'y trouver des plantes qu'il sait être ailleurs spéciales aux terrains
calcaires. Ainsi je le fus, lorsque dans une herborisation, je vis sur la hauteur
du Mail d'Henri IV, le Rosaspinosissima, le Cnicus acaulis, Y Helianthemwn
vulgare (1). Je foulais alors du calcaire, dissimulé dans une couche très
(1) On me fait observer que VHelianthemum vulgare, croît, aux environs de Paris,
dans les terrains où la silice est abondante. Ceci prouve que, selon toute apparence,
c'est une plante parfois indifférente sur le choix du sol ; mais ailleurs, elle préfère
habituellement les terrains calcaires. Tel est le cas pour la région que j'étudie.
M. Unger range cette espèce parmi celles du calcaire, M. Bogenhard parmi les
Kalkdeuter, c'est-à-dire au nombre de celles qui aiment le calcaire, sans y être
absolument attachées. Telle est aussi l'opinion de M. Sendtner. Quant aux Heiion-
SÉANCE nu 22 DÉCEMBRE J S 5 Z| . 355
milice de silice (1), comme j'en avais foulé, sans m'en douter, sur d'autres
points de la forêt, où croit également le Jiosa spinosissima.
Le second fait regarde les dunes humides des environs de Nieuport dans
la Flandre occidentale. La végétation commune des plaines des Flandres,
presque exclusivement siliceuse et par cela même singulièrement différente
de la végétation calcaire de Bruxelles, s'avance jusqu'à l'étroite lisière de
littoral que caractérise la végétation des terrains salés ou des sables mari-
times, entre Ostende et le voisinage de Nieuport. Mais, tout à coup, avant
d'arriver à cette dernière localité, on rencontre entre les monticules des
dunes, des espaces plats et humides, dans lesquels apparaissent les trois plantes
dont j'ai déjà signalé la présence simultanée au Mail d'Henri IV, savoir :
le Rosa spinosissima, le Cnicus acaulis et Y Helianthemum vulgare. En sup-
posant, ce que j'admets volontiers d'après les observations bienveillantes de
plusieurs membres de cette assemblée (M. Brongniart, M. de Schœuefeld,
etc.) ; en supposant, dis-je, que X Helianthemum vulgare ne soit pas con-
stamment caractéristique des calcaires, toujours est-il que les plantes signalées
semblent dénoter l'influence de ce terrain. Elles m'ont paru manquer toutes
trois aux terrains siliceux du sud de la France, des environs de Kevv en
Angleterre, des Flandres belges, de la forêt de Fontainebleau ; je les ai vues,
tout au contraire, associées dans les calcaires de l'Hérault et du Gard, des
environs de Dorking dans le comté de Surrey, du Mail d'Henri IV a Fon-
tainebleau, enfin dans les dunes humides de Nieuport, où les détritus de
coquilles me paraissent représenter l'élément calcaire qu'elles affectionnent.
L'idée que je hasarde ici, sous toutes réserves, relativement au rôle des dé-
tritus de coquilles, est partagée par un homme dont l'opinion a beaucoup
de poids, par M. Schimper, de Strasbourg, qui m'a dit avoir observé dans
ses voyages, particulièrement en Scandinavie, des faits analogues à celui
que je viens de mentionner.
On ne saurait, du reste, trop hautement le reconnaître : il est des plantes
tout à fait ou à peu près indifférentes à la nature du sol, comme il en est,
en moins grand nombre, qui s'accommodent de presque tous les climats et de
toutes les altitudes. Le Chêne vert, l'Olivier, le Digitalis parviflora, le Cen-
themum apenninum et œlandicum, presque tout le monde s'accorde à les consi-
dérer comme exclusivement parqués dans la flore du calcaire.
(1) J'ai cité ceci sur la foi de mon savant ami M. Decaisne. On a d'abord paru
douter de l'exactitude du fait, contre lequel plaident les seules apparences. Mais
M. Decaisne, en maintenant l'observation, ajoute ici à la liste des plantes caracté-
ristiques de ce calcaire dissimulé, les espèces suivantes: Helianthemum Fumuna,
Vincetoxicum officinale, Serapias microphylla, Inula hirta, Linum tenuifolium.
M. Cosson, confirmant de son côté les assertions de M. Decaisne, me signale
surtout comme caractéristiques du calcaire du Mail d'Henri IV, le Sesleria cœrulea,
VOnonis Columnœ et VEuphorbia Esula.
356 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
taurea pectinata, le Cistus Monspeliensis (pour nous en tenir à quelques
exemples de la flore dont il est ici question), habitent à la fois des localités
à sols calcaires, et d'autres à sols siliceux. Mais ces faits d'ubiquité, si nom-
breux qu'ils soient, n'infirment en rien les faits avères d'élection d'autres
végétaux pour des sols d'une nature déterminée.
Ces principes posés et ces réserves faites, j'arrive à l'objet spécial de cette
note, l'esquisse de la végétation caractéristique des terrains siliceux des
départements du Gard et de l'Hérault, végétation variée par les influences
combinées du climat et de la nature du sol.
Depuis l'embouchure de l'Hérault, dans le voisinage d'Agde, jusqu'au
sommet de l'Aigoual, à 1,568 mètres d'altitude, c'est-à-dire sur un espace
compris entre environ /|3° 16' et hk" 8' lat. N., on peut, en allant du sud au
nord, tracer dans le bassin de l'Hérault trois zones principales de végéta-
tion, dont une méditerranéenne et deux exclusivement cébenniques.
1° La région du Chêne vert [Quercus Ilex) ; d'autant plus chaude et plus
caractérisée qu'elle est plus voisine de la mer. Ses limites septentrionales,
dans les bassins de l'Hérault et du Vidourle, sont un peu au delà de Ganges
et de Saint-Hippolyte-le-Fort. Sur cette étendue, comprenant plus des
huit dixièmes de la largeur totale de la région ici étudiée, le fond des for-
mations géologiques est essentiellement calcaire : on y trouve successive-
ment, en procédant du sud au nord, les terrains tertiaires marins et lacustres,
les terrains néocomiens, les divers étages de la formation jurassique, les
marnes et les grès du trias. C'est là proprement la région de l'Olivier (1),
des Lavandes, du Thymus vulgoris et autres Labiées aromatiques, des grandes
Ombellifercs (Ferula, Thapsia, Cachrys, Loserpitium Silcr et gallicùm,
Molopospermum) , de YAphyllanthes monspeliensis, des Dorycnium, du
Genista Scorpius, de nombreux Helianthemum, etc. Le Pin maritime, le
Pin d'Alep et le Pinus Salzmanni ne s'y montrent que sur des espaces cir-
conscrits ; les Phyllirea, les Pistacia, le Quercus coccifera, le Viburnwn
Tinus y sont répandus; le Myrte, au contraire, et le Laurier, très rares à
l'état spontané, ne comptent pour rien dans le paysage. Le point culminant
de cette zone (la Sérane) ne dépasse pas 915 mètres, et, bien qu'à partir
de 400 mètres l'Olivier ait disparu, la région conserve néanmoins dans toute
(1) La zone du Cliène vert (qui est à pou près celle du Buis) pourrait être subdi-
visée au moins en deux, dont l'inférieure, entre 0'" et /iOO"1, serait caractérisée par
la culture de l'Olivier. C'est dans la portion la plus chaude de celte sous-région que
croissent les plantes les plus éminemment méditerranéennes (Quercus coccifera,
Lavandula Stœchas, Sparlmm junceum, Anagyris fœtida, Cneorum tricoccon,
Daphne Gnidium, Lavatera maritima, Myrtus communis, etc.); dans la sous-
zone supérieure, les plantes suivantes atteignent les plus hautes sommités (Daphne
alpina, Rhamnus alpina, Potentilla caulescens, Silène Saxifraga, Saxifraga
pubescens, Anthyllis montana, etc.).
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1854. 357
son étendue verticale, les caractères saillants de la flore méditerranéenne.
2° La seconde zone pourrait se nommer zone du Châtaignier, à cause de
la prédominance de ce bel arbre sur tout le reste des cultures. Cette zone
comprend des schistes talqueux de transition ou des granits de texture va-
riée, ou même des calcaires anciens renfermant de la silice. Ses limites
s'étendent en hauteur depuis 200 mètres jusqu'au point où le Hêtre succède
généralement au Châtaignier, c'est-à-dire vers 1,000 mètres d'altitude.
C'est la région spéciale de Y Adenocarpus cebennensis et du Sarothamnus
scoparius.
3° La troisième zone, déterminée surtout par l'altitude, tandis que la pré-
cédente l'est surtout par la nature du sol, pourrait s'appeler zone du Hêtre.
Toujours siliceuse, à peu près exclusivement granitique, elle comprend des
sommités et des ravins où la neige séjourne parfois de la fin de l'automne
jusqu'à la fin de mai. Ses limites approximatives sont entre 1,000 et
1,550 mètres.
Ainsi donc, en résumé, nos trois zones sont à la fois définies par l'alti-
tude, le climat, la nature du terrain et la prédominance de certaines plantes :
Zone inférieure ou du Chêne vert, toute calcaire, sauf les accidents de
détail qui vont être signalés : 1 à 900 m. (Olivier cultive jusque vers /4OO m.).
Zone moyenne ou du Châtaignier, toute siliceuse à part quelques points
où la silice pourtant se mêle encore au calcaire : 200 à 1,000 m.
Zone supérieure ou du Hêtre, exclusivement siliceuse et presque entiè-
rement granitique : 1,000 à 1,550 m.
Telles sont les divisions générales de notre région méditerranéenne-cében-
nique. Par le résumé suivant, nous allons introduire dans ce cadre des
subdivisions plus spécialement fondées sur les diverses nuances des terrains
où se rencontre la silice.
VARIÉTÉS DE TERRAINS SILICEUX DANS LA RÉGION ÉTUDIÉE.
1° Terrain diluvien, renfermant de nombreux galets de quartz.
Environs de Montpellier (Grammont, Saint-Georges, Doscare, etc.).
Altitude inférieure à 100 mètres. Portion chaude et sèche de la rénion
des Oliviers. (Etage inférieur de la région du Chêne vert.)
Plantes caractéristiques : Lavandula Stœchas, Cistus salvifolius, Calluna
vulgaris, Helianthemum guttatum , Jasione montana, Tolpis barbota,
Andryala sinuata, Briza major, Thymus Serpyllum, Châtaignier (rare).
2° Bordures des terrains lacustres, renfermant des débris de poudingties
en partie siliceux.
Montarnaud, près de Montpellier; Pinède de Sommières, près de Mont-
pellier; bord du petit plateau volcanique de Roque-Haute, prèsd'Agde.
358 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Altitude inférieure à 100 mètres, Portion chaude et sèche de la région de
l'Olivier.
Plantes caractéristiques : Cistus crispus, Cistus salvifolius, Helianthe-
mum guttatum, Jasione montana, Erica cinerea, Calluna vulgaris, Spartium
junceum,
3° Calcaire oolithique avec nodules siliceux.
Gorge de Font-Valès, près de Murviels ; gorge de Verdus, près de Saint-
Guil hem -le- Désert (Hérault) (1).
Région de l'Olivier, au-dessous de 300 mètres.
Plantes caractéristiques; à Font-Valès: Cistus lauri fol ius, Cistus Ledon,
Cistus salvifolius, Spartium junceum, Veronica. officinaiis , Anarrhi-
num bellidifolium, Châtaignier (rare); à la gorge de Verdus, Châtaignier
(peu abondant et peu vigoureux).
lx° Calcaire du lias avec filons de quartz.
Montagnes de la Fage, entre Sumèneet Saint-Hippolyte (Gard).
Région du Châtaignier ; mais cet arbre y prospère bien moins que sur les
schistes. En général, la végétation est très pauvre sur ce terrain.
5" Calcaire métamorphique ancien, renfermant de la silice dans sa tex-
ture intime.
Montagnes de Roquedur, entre le Vigan, Saint-Laurent-le-Minier et
Saint-Julien, etc.
Région du Châtaignier. On y trouve beaucoup des plantes qui accom-
pagnent cet arbre : Sarotliamnus scoparius, Digitalis purpurea, Teucrium
Scorodonia, Ornithopus perpusillus, Silène Armoria, etc.
6° Schistes talqueux (de transition).
Localités nombreuses de la région des Cévennes, entre Sumène et Saint-
Martial, entre Sumène, le Vigan et Valleraugue, etc.
C'est ici la vraie station du Châtaignier dont les fruits forment, avec le
Seigle, l'aliment principal du paysan des Cévennes.
Plantes caractéristiques : Castanea vesca, Sarotliamnus scoparius, Ade-
nocarpus cebennensis, Teucrium Scorodomia, Anarrhinum bellidifolium,
Veronica officinaiis, Erica cinerea, Erica arborea, Cistus salvifolius, Cistus
laurifolius, Helianthemum guttatum, Jasione montana, Digitalis purpurea,
Silène Armeria, Dianthus Armer ia, etc.
7° Granits de texture variée, souvent délités.
Masse centrale et culminante des hautes Cévennes.
L'Aigoual (1508 mètres), Colognac, la Rouvière, etc.
(1) Voy. Dunal, Sur l'influence minéralogique du sol {Mémoires de l'Académie
des sciences de Montpellier, I8/18).
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 185/j. 359
Région du Châtaignier dans la partie basse, du Hêtre dans la partie liante,
des prairies tourbeuses dans les vallons élevés, des pâturages d'été sur les
sommets dénudés.
Plantes caractéristiques : dans la région du Châtaignier, les plantes ci-
avant énumérées, et en outre le Scleranthus pérennisai V Astrocarpus sesa-
moides; dans la région du Hêtre ou un peu hors de ses limites : Sarothamnus
purgans, Alchemilla alpina, Genista sagittaiis, Anthémis montana, Jasione
perennis, Trifolium alpestre, Phyteuma hemisphœricum, Saxifraga Aizoon,
Saxifraga Prostii, Sternb. , Arnica montana, Drosera rotundifolia, Arabis
cebennensis, etc.
Une étude attentive des listes de plantes qui précèdent, dans leurs rap-
ports, d'une part, avec les altitudes, d'autre part, avec la nature du sol,
peut donner lieu à quelques déductions générales.
D'abord on voit certaines plantes, telles que le Châtaignier, le Cistus
salvifolius, YErica cinerea, Y Helianthemum guttatum, végéter à la fois
dans la zone inférieure et dans la zone moyenne, à la seule condition d'y
irouver de la silice. Ici donc, c'est moins le climat que le sol dont la nature
détermine la présence de ces végétaux.
D'autres espèces, telles que le Lavandula Stœchas, le Cistus crispus,\e
Cistus Ledon, le Spartium junceum, paraissent être spéciales aux terrains
siliceux de la région inférieure ou de l'Olivier; d'autres, au contraire, telles
que !e Sarothamnus purgans, le Trifolium alpestre, le Phyteuma hemi-
sphœricum, toujours des terrains siliceux, dans les Cévennes, du moins, se
maintiennent dans la zone du Hêtre, où montent beaucoup des espèces de la
zone du Châtaignier.
Une recherche intéressante serait de constater la distribution des espèces
d'un même genre ou d'un même groupe (section de genre ou famille), dans
les divers terrains de la région étudiée. Mais pour qu'un pareil travail puisse
s'étendre avec le soin et la précision convenables à tous les genres de la
fllore de ces contrées, il faut encore de longues et consciencieuses études.
M. Dunal en possède à peu près tous les éléments dans sa double expérience
de botaniste et de géologue, surtout pour ce qui regarde la portion médi-
terranéenne ou la circonscription de Montpellier. Quant à la région eében-
nique, j'espère la voir explorée au point de vue que je signale, par mes
élèves, MM. Jules de Seyne, Armand Sabatier et Gustave Planchon. Ceci
n'est donc, à vrai dire, qu'un programme de recherches, le tracé d'un plan,
l'annonce seule du travail que promet à la science l'intelligente activité de
ces jeunes botanistes.
.le termine cette esquisse par le tableau de distribution sur les terrains
spéciaux de quelques formes très caractéristiques des deux groupes des
Cistinees et des Génistées.
360 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
CISTINÉES.
Helianthemum vulgare. . | Calcaire (dans la région étudiée).
Cistus monspeliensis. . . j Calcaire et silice (abonde dans les terrains siliceux de
* ( de la Corse).
Cistus Ledon ' Ca'c;iHC siliceilx de la région chaude des Oliviers.
Cistus salvifolius (Calcaire siliceux de la région des Oliviers. Schiste et
Cistus laurifolius j granits de la région des Châtaigniers.
LÉGUMNEUSES-GÉNISTÉES.
Genista Scornius (Calcaire de la région des oliviers, au-dessous de
' ( 300 mètres.
Spart iumjunceum. . . . j Caj5,aire silice"x- Parlie chaude de la région des
J ( Oliviers, au-dessous de 100 mètres.
Sarothamnus scoparius. . ( Schistes, granits, calcaires siliceux de la région du
Adenocarpus cebennensis. { Châtaignier (200— 1000 mètres environ).
Sarothamnus purgans. . j Granits et scliisles dans les limites et au-dessus des
r y ( limites du Châtaignier (900 — 1300 mètres environ).
Genista sagittalis Prairies à fond granitique (1150 - 1300 mètres
J J environ).
M. Brongniart dit qu'il est surpris d'entendre citer V Helianthemum
vulgare comme une plante des terrains calcaires. Il abonde dans la
Sologne, où le calcaire manque, et croît aux environs de Paris dans
des terrains siliceux.
M. de Schœnefel dajoute que cette plante couvre les sables du bois
de Boulogne et de la plaine du Vésinet.
M. Chatin fait observer que dans la forêt de Fontainebleau la silice
est presque partout plus ou moins mélangée de calcaire. Il ajoute
qu'il a rencontré généralement les Châtaigniers dans les terrains sili-
ceux. Néanmoins, dans la vallée de l'Isère, sur les calcaires néoco-
miens et sur la craie, ces arbres réussissent assez bien.
M. Puel dit que dans le département du Lot, où legranit est con-
tigu au calcaire jurassique, le premier de ces deux terrains est con-
stamment caractérisé par la présence du Châtaignier, et le second par
celle du Chêne pédoncule, et que, partout où les collines de la grande
oolithe présentent à leur sommet quelques bouquets de Châtaigniers,
on est sûr de rencontrer un terrain de transport, de nature siliceuse.
M. Moquin-Tandon ajoute que dans la Corse il a toujours vu le
Châtaignier sur les terrains siliceux. La Digitale pourprée est à son
avis aussi une espèce exclusivement propre à la silice. Cette plante
ne pouvait être cultivée dans le jardin botanique de Toulouse, et
SÉANCE DU '2'2 DÉCEMBRE 1854. 361
M. Moquin-Tandon réussit à l'y faire croître dans un mélange de
schistes décomposés rapportés des Pyrénées, des environs du lacd'Oo.
M. Ménière rapporte que les magnifiques Châtaigniers du Craonais
(Maine-et-Loire) croissent sur les schistes ardoisiers.
31. Chatin fait à la Société la communication suivante :
SUR L'ANATOMIE DU VALLISNERIA SPIRALIS, par M. AD. CHATIN.
Au risque de matérialiser quelque peu le poétique Vallisneria, j'ai com-
pris dans mes études anatomiques cette plante submergée et dioique qui a
été si souvent chantée en de beaux vers. Mes observations ont porté sur les
racines, sur la tige, sur les feuilles, sur les stolones, et, je u'ai pas besoin
de le dire, sur les pédoncules ou tiges florales, siège des admirables phéno-
mènes qui se produisent vers l'époque fixée pour la fécondation [\).
Racines. — Membrane épidermoïdale formée par un seul rang de cellules
vides. — Parenchyme lacuneux à cellules de la partie interne contenant de
la fécule. Lacunes généralement grandes et assez régulièrement disposées.
— Système ligneux composé d'un seul faisceau central. Fibres ténues.
Vaisseaux nuls.
Rhizome ou tige foliifère. — Membrane épidermoïdale constituée par un
seul rang de cellules vides. — Parenchyme à cellules, même celles du de-
hors, remplies de fécule. Lacunes petites, irrégulières, toutes périphériques.
— Système fibreux formé de faisceaux irrégulièrement groupés dans la
partie axile et entremêlés de tissus parenchymateux. Vaisseaux nuls.
Stolones. — Membrane épidermoïdale formée par un rang de petites
cellules. — Parenchyme a cellules de la circonférence vides, les moyennes
et les intérieures remplies de fécule. Lacunes disposées à peu près en un seul
(1) Ou nous saura gré, sans doule, de remplacer la description cpie nous pour-
rions tracer en prose par celle, presque aussi exacte qu'elle est élégante, donnée
par Castel dans son Poème des plantes:
Le Rhône impétueux, dans son onde écumante,
Pendant neuf mois entiers nous dérobe une [liante,
Dont la tige s'allonge en la saison d'amour,
Monte au-dessus des flots, et brille aux yeux du jour.
Les maies jusqu'alors dans le fond immobiles,
De leurs liens trop courts brisent les nœuds débiles,
Voguent vers leur amante, et, libres dans leurs feux,
Lui forment sur le fleuve un cortège amoureux.
On dirait d'une fête où le dieu d'Hyménée
Promène sur les flots sa pompe fortunée.
Mais les temps de Vénus une fois accomplis,
La tige se retire en rapprochant ses plis,
Et va mûrir sous l'eau sa semence féconde.
362 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
rang au-dessous du troisième ou du deuxième rang des cellules du paren-
chyme, qui tend à les envahir, en même temps que la fécule est résorbée
dans les organes vieillis. — Système fibreux composé de trois faisceaux
assez irréguliers disposés en un cercle incomplet (1). Fibres d'un assez grand
diamètre et passant successivement, de la circonférence au centre de chacun
des faisceaux, à l'état de fibres-cellules par la production de grains de fécule
dans leur cavité. Vaisseaux nuls (2).
Pédoncule des fleurs mâles. — Membrane épidermoïdale formée par
un seul rang de petites cellules. — Parenchyme à cellules pleines de fécule,
les plus extérieures exceptées (3). Lacunes assez grandes, sur un rang. —
Système fibreux à un seul faisceau central. Vaisseaux nuls.
Pédicelle de la fleur femelle. — Membrane épidermoïdale à un seul
rang de petites cellules pareilles à celles qui forment la même membrane,
dans le pédoncule des fleurs mâles. — Parenchyme semblable à celui du
pédoncule des fleurs mâles, mais plus pauvre en fécule. Lacunes aussi sur
un seul rang. — Diaphragmes perforés très rares ou distants. — Système
fibreux formé : l°par un gros faisceau central répondant au faisceau unique
du pédoncule des fleurs mâles; 2° par un petit faisceau excentrique qui
occupe le côté concave des anneaux de la spire décrite par le pédicelle. A sa
base, vers le point où il se sépare du Rhizome et à son sommet sous l'ovaire,
le pédicelle a son petit faisceau excentrique réuni au faisceau central. Fibres
minces à diamètre variable. Vaisseaux nuls.
En poursuivant vers l'ovaire le faisceau formé par la réunion du gros
faisceau axile et du petit faisceau latéral du pédicelle de la fleur femelle, on
le voit prendre une forme triangulaire à la base de la fleur ou de l'ovaire
infère, puis se partager en trois branches qui s'élèvent dans l'épaisseur de
la paroi parenchymateuse de celui-ci (h). La figure 19 représente un cas
(1) Des trois faisceaux formant, dans le stolone, un cercle ouvert; l'un répond
au milieu de la feuille à l'aisselle de laquelle est le stolone, les deux autres sont
latéraux ; la portion ouverte du cercle fibreux est tournée vers l'axe de la tige,
comme cela a lieu pour les pétioles des feuilles, dans lesquels les faisceaux sont
disposés en un cercle incomplet. Nous retrouverons celte organisation dans les slo-
lones d'autres plantes.
(2) J'ai vu une seule fois, sur l'un des pieds de Vallisneria du jardin botanique
du Muséum, une petite trachée à tours distants.
(3) Le nombre des cellules vides augmente dans les pédoncules vers le moment
de Panthèse.
(4) Contrairement à l'opinion admise, les ovules du Vallisneria (iig. 17, 18, 19)
sont droits (orlholropes) et non réfléchis (anatropes). La coupe longitudinale delà
piïmine de l'un d'eux très grossie (Iig. 19) montre celte membrane formée par un
seul rang d'utricules et permet de reconnaître la même structure chez la secon-
dine; le nucelle est de couleur jaunâtre et contient des granules dont l'iode fonce
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 185/l. 363
tératologique (1) dans lequel le faisceau s'est divisé en quatre branches,
auxquelles est subordonnée une fleur tétramère (2).
Feuilles. — Faisceaux fibreux au nombre de cinq : vaisseaux nuls. —
Gaine incolore, fécuiifère. — Lame à rangée extérieure des cellules conte-
nant de la chlorophylle comme le reste du parenchyme. — Lacunes assez
régulières. — • Diaphragmes non très distants. — Poils courts et roides ou
plutôt, petites dents marginales terminées par une cellule épaissie et un peu
crochue, comme dans le Caulinia minor.
Vallisneria œthiopica, Fenzl.
Sur cette espèce naine qui croit au Sennaar et fait partie des riches col-
lections que M. Delessert met si généreusement à la disposition des bota-
nistes, j'ai pu étendre mes observations touchant les points suivants : 1° ab-
sence de l'élément vasculaire; 2° existence du petit faisceau fibreux sur
l'un des côtés du faisceau central du pédoncule, replié en spirale, de la fleur
femelle. — J'ai vu les mêmes faits sur un pied de Vallisneria des Philip-
pines. {Collection de M. F. Delessert.)
Remarques. — Le Vallisneria offre trois points d'anatomie dignes d'in-
térêt, savoir :
Absence ordinairement complète de vaisseaux (3) ;
la couleur sans les bleuir (granules azotés). On reconnaît aisément que les ovules
n'ayant pas été fécondés (nous manquons à Paris d'individus mâles), ont, au moment
de notre observation, la seeondinc et le nucelle flasques et rétractés. — J'ai vu rare-
ment trois placentas doubles caractérisés par une légère saillie dans la cavité ova-
rienne et plus ou moins symétriquement disposés sur les côtés de chacun des
faisceaux flbreux. Le plus souvent, aucun relief n'indique les lignes placentaires, et
l'on compte entre le double rang d'ovules placé à peu près sur les côtés des fais-
ceaux un grand nombre de papilles irrégulièrement disposées, qui ne sont autre
chose que des ovules rudimentaires, dont plusieurs arrivent à un développement
complet.
(1) Les figures mentionnées dans cet article accompagneront le mémoire que
nous nous proposons de publier bientôt in extenso.
(2) La plupart des cellules de la membrane épidermoïdale de la base de l'ovaire,
et quelques-unes de celles du parenchyme, se remplissent d'un liquide rouge que
l'on retrouve aussi à la base du pédicelle.
(3) Des vaisseaux ont été signalés par M. Schultz, qui les compare à ceux de
YHydrocharis, les dit peu nombreux et d'une nature particulière telle qu'ils n'ab-
sorbent pas les liquides colorés. VHydrocharis m'a cependant présenté de grandes
et nombreuses trachées que je n'ai point retrouvées dans le Vallisneria. A cet
égard, je dois peut-être mentionner que, lorsqu'on traite les tissus par une longue
macération, suivant la méthode générale, pour isoler les vaisseaux du latex, on
voit les cellules* et surtout les libres, se marquer de stries transversales qui poui-
364 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Passage des libres à l'état de fibres-cellules;
Existence d'un petit faisceau ou d'une petite corde fibreuse latérale et
asymétrique, qui se détache du faisceau fibreux axiledu pédoncule femelle
à l'extrême base de celui-ci et se confond avec lui à son sommet. L'existence
tout exceptionnelle de cette corde fibreuse et sa position dans la courbure,
ou la partie la plus courte de la spirale décrite par le pédoncule, portent à
admettre qu'elle joue un rôle actif dans le phénomène de la formation de la
spirale, encore bien que chez d'autres plantes la disposition spiralée des
organes (vrilles des Passiflorées et des Légumineuses, pédoncules de VEnha-
lus acoroides et du Ruppia spiralis? (1) etc.) soit produite par une orga-
nisation différente.
Le peu d'épaisseur des fibres est aussi une condition favorable au déploie-
ment et à l'enroulement de la spire des pédicelles.
Guidé par les observations de M. le professeur Schleiden sur le Lemna,
j'ai cherché, mais inutilement, des vaisseaux dans le jeune ovaire du Val'
lisneria.
M. Moquin-Tandon fait observer ta M. Cliatin que le pédoncule des
fleurs femelles se présente successivement dans trois états différents,
avant, pendant et après la floraison. Comment la disposition du cor-
don qui produit l'allongement de la hampe peut-elle en amener le
retrait?
M. Cliatin répond qu'il ne se rend pas encore bien compte de la
cause qui amène le retrait de la hampe. Il n'a d'ailleurs voulu que
présenter les faits anatomiques qu'il a observés, sans en tirer des con-
clusions absolues.
M. Trécul dit que le Vallisneria, qui n'avait été indiqué jusqu'ici
que dans l'eau douce, a été trouvé par lui dans la haie de Bihoxi
(golfe de Mexique) en des états divers, suivant la profondeur de l'eau.
raient faire prendre celles-ci pour des vaisseaux annelés ou trachéens. Le même
effet est produit par les acides et par la potasse, quand on ajoute ces substances
pour dissoudre la fécule. A un autre point de vue, ces stries, comparables à celles
que Ton voit ou que l'on peut développer sur les grains d'amidon, n'indiquent-elles
pas que les cellules et les libres (et les vaisseaux) se forment par couches ou assises?
(1) Je me plais à remercier M. le docteur R. Cosson, qui a appelé mon attention
sur la spirale décrite par les pédoncules du Ruppia spiralis, et a mis à ma dispo-
sition des échantillons de cette plante, ainsi que les pieds mâles de Vallisneria,
faisant partie de son bel herbier. Je remercie aussi MM. les professeurs, Ch. Main-
tins, de Montpellier, Clos et Kilhol, de Toulouse, pour leur empressement à m'en-
voyer des Vallisneria. — Je me réserve de revoir, sur le frais, l'anatomie du
Ruppia cl du Vallisneria (Ilcurs mâles).
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1 8 5 Zl . 365
M. Planchon ajoute qu'il pense que la plante d'Amérique est iden-
tique avec celle d'Europe. Elle se trouve aussi dans l'Inde, où elle a
été indiquée par Roxburgh.
MM. Balansa et Groenland l'ont à la Société la communication
suivante :
CONSIDÉRATIONS SUP. LA STRUCTURE DE QUELQUES ESPÈCES DU GENRE HOLCUS,
par MM. B. BALWS.% et J. «,6î«i \l t\Bt>
M. Groenland, il y a déjà quelque temps, constatait, à la base du pédi-
cellequi supporte la tleur inférieure de YHolcus lanatus, un petit appendice
recourbé au sommet, et superposé, comme cette fleur, à la glume inférieure.
Il désira se rendre compte de la nature de cet appendice, et il voulut bien,
des le commencement de ses études, m'associer à ses travaux. Nos recherches
ne tardèrent pas à avoir un champ plus vaste ; de nouveaux faits se présen-
tèrent à nous, et peu à peu nous fûmes amenés à étudier, sous tous ses
aspects, la structure des épillets des Holcus. Ce sont les résultats obtenus
par nos études communes que je viens aujourd'hui soumettre à la Sociclé.
Les observations que nous avons faites serviront peut-être à jeter quelque
jour sur la structure de quelques fleurs de Graminées.
On avait regardé jusqu'à présent les épillets multiflores des Graminées
comme composés de fleurs alternes distiques insérées sur un axe unique.
Le genre Holcus semble contredire cette manière de voir. Si l'on prend,
en effet, un epillet d' Holcus lanatus dont les caryopses soient arrivés
à leur maturité, on voit, en écartant les glumes, le pédicelle coudé et
appendiculé qui supporte la tleur inférieure se diviser longitudinalement
en deux. Celle de ces divisions qui est opposée à la glume supérieure est la
plus épaisse et la plus robuste; elle ne porte aucune des fleurs de l'épillet.
La seconde de ces divisions, celle qui regarde la glume inférieure et qui se
prolonge à la base en un appendice, est au contraire flexible et d'une très
grande ténuité. Elle est surmontée de deux floscules qui, par leur propre
poids, courbent leur grêle filament, et contribuent à déchirer jusqu'au
sommet l'appendice dont nous avons parlé.
Dès le commencement de nos études, nous voulûmes nous rendre compte
de la nature de cet appendice. Ce ne pouvait être une fleur avortée, puisque
la fleur inférieure de l'épillet n'alternait pas avec lui. Les études microsco-
piques que nous finies à son sujet ne tardèrent pas a nous en dévoiler l'ori-
gine. Il n'était forme que d'un tissu compose de cellules allongées, et par
son insertion, il était évident que ce n'était qu'une excroissance latérale,
ou, si l'on veut, un éperon formé par l'axe florifère.
INous eûmes plus de peine à nous rendre compte du dédoublement de
l'axe. Nous n'aurions jamais pu, peut-être, trouver une explication satis-
t. i. ^
366 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
faisante de ce phénomène, si nous n'avions étudié l'organisation de VHolcus
setiger.
VHolcus setiger est une plante du cap de Bonne-Espérance, réunie ré-
cemment par M. Steudel, mais bien a tort, à VHolcus annuus. C'est un nouvel
exemple qui prouve que deux espèces peuvent avoir un port, un faciès
presque identiques, et cependant présenter dans leur structure intime des
différences telles qu'on puisse les ranger dans deux genres différents. Cet
Holcus setiger a, comme VHolcus lanatus, mais d'une manière moins appa-
rente, la fleur hermaphrodite de ses épillets supportée par un axeappendi-
culé à la base, et se dédoublant a la maturité des caryopses ; mais la division
opposée à la glume supérieure, au lieu d'être nue, comme dans VHolcus
lanatus, porte à son sommet une fleur mâle dont la glumelle inférieure est
bicarénée et regarde la glume supérieure, de sorte que dans le même épillet
on a deux fleurs naissant presque au même niveau et ayant toutes deux les
mêmes rapports avec la glume inférieure.
Pour expliquer le diagramme de cet épillet, il faut admettre que laglume
supérieure de cet Holcus a émis à sa base un axe secondaire terminé par une
Heur mâle, et soudé plus ou moins intimement avec l'axe primaire. Cette ma-
nière de voir nous parait seule expliquer le diagramme de Y Holcus setiger,
car elle est en tout conforme a la loi qui règle la disposition des feuilles sur
la tige des Graminées.
Supposons, eu effet, que de l'aisselle d'une feuille de Gramiuée parte un
axe secondaire. La première feuille qui naîtra sur cet axe sera tournée du
même côté que la feuille qui, sur l'axe principal, alterne, en lui étant
superposée, avec la feuille de l'aisselle de laquelle est né cet axe secon-
daire lui-même. Nous voyons que dans ce cas, il y a la plus grande analogie
avec ce qui se passe dans V Holcus setiger. L'axe secondaire est la division
qui supporte la fleur mâle; la glumelle inférieure de cette fleur représente
la préfeuille; elle regarde la feuille-mère du rameau (la glume supérieure),
et tourne par conséquent sou dos a l'axe principal de l'épillet.
Si, dans V Holcus setiger, on est forcément amené à considérer le pédicelle
qui supporte les deux fleurs inférieures de l'épillet comme formé de la réunion
et de la soudure de l'axe primaire et d'un axe secondaire, par la même raison,
il faut considérer le pédicelle de la fleur inférieure de V Holcus lanatus, de
VHolcus annuus, et d'autres espèces du même genre, comme composé de
deux axes ; seulement la fleur mâle, qui devrait se trouver au sommet de
l'axe secondaire, aurait avorté. On croirait eu effet difficilement que les
fleurs d'espèces aussi voisines que VHolcus setiger et V Holcus annuus aient
été formées sur deux types différents.
C'est la première fois que, dans les d'aminées, on observe un axe secon-
daire partant de l'aisselle de la glume supérieure.
Cette observation peut être riche en résultats; elle servira sans doute à
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 185/j. 367
expliquer de nombreux diagrammes anormaux observés dans les Grami-
nées, surtout dans les tribus des Andropogohées et des RottbffilHoeées.
li est bon de remarquer que, dans la Heur mâle de Y Holcûs sodger, la
préfeuille est réprésentée par la glumelle inférieure, au lieu de l'être, comme
dans presque toutes les fleurs des Graminées, par la glumelle supérieure.
Cette préfeuille ou glumelle inférieure est bicarénée, par la pression sans
doute que l'axe de la fleur hermaphrodite a exercée sur elle, pression ana-
logue à celle qui rend si méconnaissable la glumelle supérieure de la fleur
des Graminées, ce qui a fait dire à plusieurs organographes q l'elle était
formée de la soudure de deux feuilles, opinion en désaccord avec la phyliti-
taxie de ces plantes et l'analogie existant entre la structure des épillets et
celle des rameaux (1).
M. Planchon fait observer que chez les Marantacées, notamment
dans le genre Calathea, les bractées présentent la môme structure et
les mêmes nervures que chez les Graminées.
M. Ménièré fait à la Société la communication suivante :
NOTE SUR LA FÉCONDATION DES ORCHIDÉES, par M. 9IÉXIKRE.
Dans la séance du 1k novembre 1854 (voy. le Bulletin, page 285),
M. Bâillon, membre de la Société, a communiqué à l'assemblée quelques
observations relatives au mode de fécondation du Catasetum luridwn, l.indl.
D'après M. Bâillon, il aurait constaté le phénomène suivant :
Par suite de la position du labelle à l'égard du pynostème, le rétinacle
se détachant tout à coup du sommet de la cavité du stigmate, irait, en vertu
du ressort du caudieule recourbé, s'attacher au labelle en entraînant avec
lui les deux masses polliniques. Ainsi placé, cet appareil se trouverait dans
des conditions telles, que ces masses en contact avec le stigmate, opéreraient
la fécondation.
M. Bâillon a constaté dans cette espèce un fait qu'il n'entend pas géné-
raliser ; il pense que les mêmes fonctions peuvent s'accomplir d'une manière
différente, que la nature multiplie les moyens d'arriver a un même résultat,
la propagation de l'espèce.
J'ai examiné avec soin le Cataselum luridum, ainsi que plusieurs autres,
et tout récemment encore, le semiapertum, sans pouvoir reconnaître la
(1) Pendant que cet article était sous presse, M. Groenland a eu l'occasion d'exa-
miner plusieurs échantillons (FÈôtëus setigèr envoyés de Hambourg par M. le
docteur Sonder. Il compte communiquer à la Société, dans une prochaine séance,
le résultat de ses observations, d'après lesquelles la fleur mâle supplémentaire,
dont la présence a été constatée sur quelques échantillons d'Holcus sétiger, ne
serait qu'une anomalie.
368 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
possibilité du fait indiqué par M. Bâillon. Il m'a semblé impossible d'éta-
blir un rapport exact entre la longueur ordinaire de l'appareil génital mâle
de cette Orchidée et la distance qui sépare le labelle de l'organe femelle.
L'écartement qui existe entre ces deux parties essentielles n'est pas propor-
tionnel à la longueur des pollinia, du caudicule qui les porte et du réti-
nacle qui termine celui-ci.
Il m'a semblé, d'ailleurs, que l'appareil génital mâle ne se comportait pas
comme l'indique M. Bâillon. Tout le monde sait que les Catasetum présentent
ce phénomène particulier de lancer, quand on les touche, leurs masses pol-
I iniques avec leurs appendices, à une distance quelquefois très considérable,
par exemple, un mètre et même davantage. Or, comment se fait cette sépa-
ration si brusque, en vertu de quoi ces organes sont-ils ainsi projetés tout a
coup et vont-ils adhérer aux corps voisins? Quand on étudie la disposition
de cet appareil singulier, on remarque que les pollinia très allongés, sont
couchés dans l'espèce de cavité superficielle qui termine le gynostème, ce
que Cl. Richard appelle le clinandre. Ces masse sfécondantes sont recouvertes
par un opercule très grand, et dont le sommet se prolonge presque jusqu'à
l'extrémité de l'apophyse qui termine le gynostème. Cet opercule est faci-
lement déhiscent ; il suffit de toucher la fleur, de la comprimer un peu pour
que ce corps se détache des points avec lesquels il est en contact, et dès
lois les masses polliniques sont libres. Voici alors ce qui se passe :
Les deux pollinia sont attachés à un caudicule commun, sorte de lame
épaisse, formée d'un tissu éminemment élastique, de couleur brune plombée;
ce corps est recourbé sur le bord supérieur du stigmate, et le rétinacle qui
termine son extrémité libre, vient s'attacher à la partie supérieure de la ca-
vité constituant le siège de la fécondation. I! y a la, comme on le voit, une
disposition très remarquable, assez rare parmi les Orchidées, et qui en-
traine, comme conséquence, le fait suivant :
Quand, par le décollement de l'opercule, les pollinia sont abandonnés à
eux-mêmes, l'élasticité du caudicule est mise enjeu; le plus souvent, cette
action est si énergique, que tout l'appareil détaché, violemment, s'élance au
loin. Les pollinia et le rétinacle sont arrachés et lancés contre les corps voi-
sins auxquels ils adhèrent fortement, car le rétinacle, enduit d'une matière
blanche très visqueuse, se colle à tout ce qu'il touche, et si bien qu'on a de
la peine à l'en séparer, même quand cette adhérence existe entre ce corps
et une surface lisse, comme l'ongle.
Ce phénomène a été observé par tous ceux qui s'occupent d'Orchidées ;
il a pu arriver que cet appareil ainsi lancé, se soit attaché au labelle, mais
doit-on considérer ce fait comme normal, et l'observateur qui l'a constaté
a-t-il véritablement découvert un des procédés à l'aide desquels la nature
produit la fécondation de cette Orchidée? En cherchant à vérifier cette opi-
nion, j'ai place l'appareil génital mâle dans les conditions les plus favora-
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1S5ZI. 369
blés à ce résultat, et jamais je n'ai remarqué qu'il y eût contact entre les
pollinia et le stigmate.
J'ai vu autre chose, et voici ce que j'ai vu. Dans quelques cas où la dé-
hiscence de l'opercule s'était opérée spontanément, j'ai trouvé que le réti-
nacle avait conservé sa position, que l'élasticité du caudicule avait entraîné
les masses polliniques vers son point d'attache, et que ces organes se trou-
vaient ainsi très rapprochés du stigmate. J'ai cru que le caudicule doue
d'une élasticité considérable pouvait, en vertu de cette rétraction progres-
sive, amener les pollinia dans la cavité même de l'organe femelle, et pro-
duire ainsi la fécondation. Ce fait, que j'ai rencontré plusieurs fois, m'a
paru le vrai moyen de rapprochement entre les deux appareils génitaux du
Catasetum, et j'ai cru être arrivé au but. Mais voyons si je ne me suis pas
trompé.
Adoptant l'idée si juste de la multiplicité des moyens destinés à l'accom-
plissement d'un phénomène unique, j'ai bien vu qu'à la rigueur, le fait con-
staté dans le genre Catasetum pouvait suffire pour expliquer la fécondation ;
mais trouve-t-on dans les autres Orchidées, des faits analogues, des disposi-
tions capables de justifier cette manière de voir? Car, si, comme on le dit,
la nature ne fait pas de sauts, s'il y a toujours une série de faits intermé-
diaires pour combler les lacunes trop grandes, il faudrait que l'observation
vint appuyer ces résultats, qui diffèrent tant de ce que l'on observe dans la
famille si naturelle des Orchidées.
lit d'abord que dit-on en général du mode de fécondation des Orchidées?
J'ai sous les yeux, sous la main, lacollection importante du Jardin botanique
de la Faculté de médecine, et là, grâce à la bienveillance de M. le professeur
Moquin-Tandon,grâceau concours empressé de deux excellents jardiniers,
MM. Baptiste et Auguste, tous deux habitués a la culture des Orchidées
exotiques depuis dix-huit ans, j'ai pu voir, étudier, dessiner un grand
nombre de ces belles plantes en fleur. Lejardindu Muséum avec ses nouvelles
serres, s'est enrichi, depuis peu de temps il est vrai, d'une collection d'Or-
chidées qui s'accroit chaque jour, et là encore j'ai trouvé toutes les facilités
désirables pour recueillir des observations concluantes. De riches amateurs,
comme M. Pescatore, M. Guibert, ouvrent leurs serres à qui veut les vi-
siter; des horticulteurs de profession, comme MM. Thibaut et Ketleer,
M. Chantin,ne se montrent pas moins libéraux à l'égard de ceux qui, comme
moi, étudient les plantes que ceux-ci font venir à grands frais de la Belgique
et de l'Angleterre.
Il n'est aucune des personnes que je viens de désigner qui n'ait été in-
terrogée par moi, à l'effet de savoir comment s'opère la fécondation des
Orchidées, et toutes m'ont répondu que jamais les ovaires ne se développent
après l'anthèse, à moins qu'on n'ait introduit artificiellement dans le stig-
mate la matière pollinique. De sorte que j'ai dû en conclure que la féconda-
370 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
tion de ces plantes ne se faisait pas spontanément:, n'arrivait pas sans l'in-
tervention de quelque agent extérieur. Toutes les fois que l'on a vu un
ovaire grossir, si des recherches suffisantes ont été faites, il a été constaté
que quelque personne avait opéré le rapprochement nécessaire, ou bien que
quelque insecte avait été vu se transportant d'une Heur a l'autre, et par
conséquent était devenu la cause directe du phénomène.
Ainsi, l'observation la plus attentive prouve que dans une famille natu-
relle très riche en genres et en espèces, la fécondation des ovules ne s'opère
pas de la manière habituelle, le pollen ne pouvant arriver a se trouver en
contact avec le stigmate. C'est la un (ait considérable dans la physiologie
végétale, mais qui diminue d'importance en raison des moyens succédanés
dont use la nature pour arriver à ses tins. Les Orchidées se reproduisent par
d'autres procèdes, les racines, les souches traçantes, les pseudo-bulbes des
tiges, les appendices qui se développent avec un si grand luxe sur toutes
les parties du végétal, assurent surabondamment la propagation de l'espèce,
en multipliant les individus. La fécondation des ovaires est moins utile, et
cependant celle-ci arrive fréquemment, ainsi qu'on peut le voir sur nos
espèces indigènes.
Mais quelle est la cause la plus ordinaire de cette fécondatiou directe? Il
parait que certains insectes qui sucent la matière sucrée que sécrètent les
stigmates, sont le moyen de transport du pollen qui repose sur le clinandre
jusqu'au stigmate; ce fait a été constaté plusieurs fois avec une précision
qui ne laisse rien à désirer. Des observateurs, dont personne ne peut sus-
pecter la bonne foi, ont vu s'effectuer ce transport des pollinia, on a saisi
des abeilles et d'autres insectes sur la tète desquels adhéraient des masses
polliniques et qui, promenant ces masses d'une fleur à l'autre, devenaient
ainsi l'agent direct d'une fécondation efficace. Ce fait a été observé, il y a
déjà longtemps, il a été publié dans différents recueils, de sorte que la chose,
est acquise, et si bien, que. M. Ad. Brongniart n'hésite pas à la regarder
comme normale. Suivant ce professeur, ce mode de fécondation doit être
considéré, comme spontané: c'est là le moyen ordinaire que la nature em-
ploie pour féconder les ovules des Orchidées.
Le premier volume des Annales de la Société linnéenne d'Angers contient,
page 101, une note intéressante de M. le docteur Guépin (1) sur des faits
(1) f)ans le courant de janvier 1855, j'ai vu à Angers, dans le cabinet de cet
honorable maître, un certain nombre d'abeilles (recueillies par M. Courtillier, de
Saumur) dont la tête était chargée de ces masses polliniques fortement adhérentes,
et donnant à ces insectes une physionomie très singulière. J'ajoute que plusieurs
apiculteurs ont remarqué pareil phénomène, et que, par exemple, un de ceux-ci,
voisin du jardin de la Faculté, s'est plaint de ce que les abeilles, revenant de butiner
chez nous, avaient la tète chargée de ces corps jaunes, dont elles ne pouvaient se
débarrasser.
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1 8 5 /| . 371
analogues. Ce savant botaniste psnse même que l'intervention habituelle des
insectes dans ce phénomène de fécondation des Orchidées, est la cause réelle
de certaines hybridations observées clans cette famille. Je sais que M. Neu-
mann fils a tenté au jardin du Muséum des croisements de ce genre: il a
fécondé certaines espèces avec le pollen d'espèces voisines, surtout dans le
genre Cattleya, mais je ne connais pas les résultats obtenus.
Quoi qu'il en soit, le mode de fécondation des Orchidées offre cette parti-
cularité remarquable, que les niasses polliniques ne peuvent se trouver
spontanément en contact, avec le stigmate et, par conséquent, que sans
l'intervention d'un agent extérieur, leurs ovules restent stériles. J'ai étudié la
position des pollinia dans un grand nombre d'Orchidées à toutes les phases
du développement de la fleur, j'ai vu très souvent que le caudicule était élas-
tique, que les pollinia étaient enlevés au clinandre lorsque l'opercule se dé-
tachait spontanément on accidentellement, mais que ce changement de po-
sition ne mettait jamais en rapport les deux appareils sexuels de la fleur.
Dans le genre Oncidium, cette élasticité du caudicule est très apparente,
mais l'appareil reste vertical sur le rostellum qui termine en avant le cli-
nandre, et tout contact entre les deux appareils est impossible. A plus forte
raison ce rapprochement ne peut-il s'effectuer dans les Malaxidées, là où
l'absence de caudicule est un obstacle invincible. Dans les Neottiees qui ont
l'anthère dorsale, dans les Cypripédiées qui l'ont latérale, il n'y a aucun rap-
port possible entre celle-ci et le stigmate qui est supérieur aux anthères dans
ce dernier genre, et beaucoup au-dessous d'elles dans quelques autres espèces.
La consistance pulvérulente du pollen dans les Ophrydées et les Aréthusées
serait une condition favorable à la fécondation ordinaire, c'est-à-dire à la
dispersion de cette matière prolifique et à son transport sur le stigmate par
l'air agité, mais il faudrait pour cela que les enveloppes de cette poussière
se rompissent comme cela se voit dans tant d'autres familles. Or l'observa-
tion directe et attentive n'a jamais constaté ce mode de fécondation, personne
n'en a vu la preuve, on peut donc admettre qu'elle ne s'effectue pas ainsi.
Quand au contraire le pollen est gras, comme la cire, ainsi que cela se ren-
contre dans les Epidendrées et les Vandées, il est évident que nos précé-
dentes remarques s'appliquent rigoureusement à ces plantes et que la fécon-
dation ne peut arriver que grâce a l'intervention des causes extérieures,
matérielles, mécaniques, telles que nous les avons indiquées.
M. Moquin-Tandon rapporte qu'il a examiné deux Catasetum.
L'explication présentée par M. Bâillon dans l'avant- dernière séance
lui paraît difficile à admettre, car il a vu le rétinacle adhérent, et la
courbure du caudicule en sens opposé à celui qu'a indiqué M. Bâillon.
M. Trécul dit avoir constaté les mêmes faits.
372 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
M. Planchon ajoute que le chef de culture de M. Van-Houte lui a
dit avoir l'ait grossir des ovaires d'Orchidées, en appliquant sur le
stigmate soit le pollen d'une autre espèce, soit même un corps étran-
ger quelconque.
M. Brongniart fait ohserver que M. Neumann fils a obtenu dans
les serres du 3Iuséum des germinations d'Orchidées, notamment de
YÂnsellia africana. Plusieurs espèces ont également germé. La fécon-
dation des Orchidées a lieu souvent spontanément dans les serres,
en particulier chez les genres Neottia, Spiranthes, Malaxis, etc.
M. Ménière a pu constater tout récemment, sur le Zygopetalum
Mackaii, que les caudicules des pollinia sont tellement élastiques,
qu'en saisissant ces masses avec une pince, on peut les porter jusque
dans la cavité du stigmate, sans que le rétinacle abandonne la partie
antérieure du clinandre où il adhère. Dès le lendemain de ce contact
des pollinia, on voit l'espèce de collerette qui entoure le clinandre
se replier en dedans, et dès lors l'ovaire fécondé imprime à la fleur
un caractère de flétrissure qui ne laisse pas de doute sur le succès
de l'opération.
Trois communications écrites , adressées au secrétariat par
MM. Clos, Ch. Martins et E. Robert, sont, vu l'heure avancée,
ajournées à la prochaine séance.
Le 8 novembre dernier, MM. Brongniarl et Decaisne ont lu à la
Société impériale et centrale d'Agriculture deux notices biogra-
phiques sur MM. A. Richard et A. de Jussieu. La Société. Botanique
de France a pensé qu'il lui appartenait de s'associer à cet hommage
rendu à la mémoire de deux hommes illustres qui ont su ajouter un
nouvel éclat à des noms déjà glorieux, et, par un vote unanime,
elle a décidé que les éloges de MM. A. Richard et A. de Jussieu
seraient reproduits en entier dans son Bulletin.
NOTICE HISTORIQUE SUR M. ACHILLE RICHARD,
Par M. ADOLPHE BRONGNIART.
Les hommes qui se consacrent aux sciences se proposent presque tou-
jours, dans la carrière qu'ils parcourent, deux buts différents : étendre la
science et approfondir ses mystères par des recherches nouvelles; la pro-
pager par l'enseignement et par les publications générales qui s'y rap-
portent.
Dans les siècles précédents, ces deux voies furent souvent parcourues
d'une manière distincte. Grew, Duhamel, Bonnet, Réaumur, de Saussure,
Ruffon, qui firent faire de si grands pas aux diverses branches des sciences
naturelles, restèrent étrangers à l'enseignement.
D'autres, qui brillèrent par un enseignement plein d'éclat, laissèrent un
nom moins connu, parce qu'il ne nous est pas transmis par ces preuves
écrites qui passent à la postérité et perpétuent le souvenir du talent de
leurs auteurs, semblables a ces acteurs éminents, à ces avocats brillants qui
firent l'admiration de leurs contemporains et que nous ue pouvons juger
que sur le témoignage d'autrui.
Peu d'hommes ont réuni ces deux qualités à un titre éminent, ont attiré
la foule par l'éclat de leur enseignement et sont passés à la postérité par des
découvertes remarquables ; ce partage est surtout fréquent pendant le xvne
et le xvme siècle, où les plus importantes découvertes sont dues à des
savants étrangers à l'enseignement, et que rien ne détournait de leurs in-
vestigations.
Depuis un demi-siècle, en France surtout, cette double direction des
travaux de recherches et de l'enseignement a presque toujours été suivie
par les mêmes hommes. Quelques-uns ont acquis une brillante réputation
17/j SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
sous ces deux rapports, mais ce sont des exceptions ; et la science a-t-elle
généralement recueilli un véritable profit de cette obligation , pour les
savants, de parcourir ainsi deux voies différentes? C'est une question qu'il
serait trop long d'approfondir ici. Bornons-nous à constater que la science
est devenue, pour presque tous les hommes qui la cultivent, une carrière
dont le professorat est à peu près la seule rémunération ; que notre état
social, en réduisant le nombre des hommes qui peuvent se livrer, sans préoc-
cupa! ion de leur avenir, aux travaux de l'intelligence, a fait presque dispa-
raître cette classe de savants qui pouvaient consacrer tous leurs moments à
l'avancement de la science.
En France, les Réaumur, les Duhamel, les Buffon, les Lavoisier ont
presque disparu, ou du moins les hommes de loisir se livrant avec passion
et avec profondeur, d'une manière exclusive et avec cette indépendance
que donne la fortune, à l'étude des sciences, sont actuellement des exceptions
bien rares.
Presque tous les savants de notre époque doivent donc réunir, quoique
d'une manière souvent inégale, la qualité de professeur et celle d'investiga-
teur; ils doivent partager leur temps et leurs études entre l'enseignement et
les travaux de recherche, et, si plusieurs ont su allier à un haut degré ces
deux genres de talent, chez plusieurs l'une des deux qualités est devenue
prépondérante et a surtout contribué à leur réputation.
Le savant confrère dont nous avons à vous entretenir aujourd'hui avait
su reunir, a un égal degré, ces deux qualités : excellent professeur, il savait
captiver un nombreux auditoire et attacher a l'étude des sciences naturelle-;
une jeunesse que la perspective d'une carrière sérieuse devait souvent
entraîner vers d'autres travaux; savant profond, il a consigné dans des
ouvrages importants et nombreux les résultats de recherches qui ont étendu
le domaine si vaste de la botanique.
C'est à ces deux points de vue que nous considérons la vie d'Achille
Richard.
Né en 179/i, fils de Louis-Claude Richard, professeur à la Faculté de
médecine de Paris et v.n des botanistes les plus profonds de son époque,
Achille Richard fut, pour ainsi dire, introduit par son père dans le sanctuaire
de la science, et, dirigé par lui dès ses premiers pas : il fut toujours plein de
vénération et de confiance pour les principes qu'il avait puisés a une source
si digne de son respect.
Des études littéraires et scientifiques sérieuses et variées l'avaient, du
reste, également prépare à se servir de l'ensemble des sciences pour étendre
celle à laquelle il devait su consacrer plus spécialement, et a traiter avec
facilité, avec clarté et élégance tous les sujets qu'il devait aborder plus tard.
Jamais la rédaction d'un mémoire, d'un rapport, d'un ouvrage même ne
fut pour lui une œuvre pénible; son esprit méthodique, son style simple
NOTICE SIR M. A. RICHARD. 375
et d'une élégante clarté se prêtaient parfaitement à la nature de ses travaux.
Laborieux, persévérant, doué d'une grande facilite pour le travail, il sut
unir d'excellentes études médicales à celles des sciences naturelles; et on ne
saurait douter que, si la botanique ne l'eût réclamé dés sa jeunesse, il eût
été un médecin de beaucoup de talent.
Elevé au sein de cette illustre Faculté de médecine, dont son père était,
par son profond savoir, un des professeurs les plus éminer.ts, il fut lié, dès
sa première jeunesse, avec les professeurs les plus distingués de celte école,
et, jeune encore, une beureuse union le fit entrer dans la famille d'Ant.
Dubois, et lui donna pour beaux-frères Béclard et M. Paul Dubois.
Initie à la botanique par son père, et répondant dignement à l'impulsion
d'un tel maître, introduit par ses études et par toutes ses relations au sein de
la Faculté de médecine, tout le monde le considérait d'avance comme le
successeur naturel de L.-C. Richard; sa place semblait marquée dans cette
chaire, parfaitement appropriée à la nature de son talent, et, si les circon-
stances politiques s'opposèrent à ce qu'il succédât immédiatement à son
père en 1821, personne, parmi ses condisciples et ses émules, ne pensa, plus
lard, à lui disputer cet héritage qu'il avait si bien mérité par ses ouvrages
et par son enseignement libre.
En effet, dès 1817, et n'étant encore qu'étudiant en médecine, il avait
été attaché, comme aide-démonstrateur, au cours de botanique de la Faculté
de médecine, et il ouvrait à ce titre, dans les amphithéâtres de l'école pra-
tique, un cours public qui complétait et suppléait en partie celui de son
père, souvent interrompu par suite de l'âge et de l'affaiblissement de la
santé du professeur. Il poursuivit avec un grand succès cette sorte d'ensei-
gnement collatéral a celui de la Faculté, lorsque, après la mort de son père,
en 1821, la chaire de botanique, à laquelle, malgré sa grande jeunesse, il
avait des titres nombreux, était confiée successivement à des hommes bien
moins dignes que lui de. l'occuper.
Aussi, en 1831, lorsque les événements politiques vinrent modifier ce
que la politique avait fait en 1821 et en 1823 a la Faculté de médecine
de Paris, A. Richard fut appelé, sans contestation, a la chaire de bota-
nique; aucun compétiteur ne se présenta pour la lui disputer au concours
ouvert à cette époque.
Pendant vingt ans, il attira, à un cours que beaucoup d'étudiants sont
portés à considérer comme accessoire a leurs études médicales ou chirur-
gicales, autant d'auditeurs qu'aux cours les plus suivis d'anatomie, de mé-
decine ou de chirurgie. C'est que non-seulement sa parole était facile,
claire, élégante; mais il savait parfaitement approprier son enseignement a
la nature de ses auditeurs. Il leur disait ce qui leur était utile, sans aller
au delà, en se maintenant toujours dans la mesure de ce qui était néces-
saire à l'éducation du jeune médecin.
376 société rotanique de France.
En effet, ce cours, sans approfondir toutes les questions si difficiles de
l'anatomie et de la physiologie végétale, était toujours au niveau des dé-
couvertes récentes les plus importantes; et s'il ne voulait pas faire d'un
cours nécessairement assez élémentaire, puisque chaque année il devait y
exposer l'ensemble de la science, une arène pour des discussions académi-
ques, il cherchait cependant toujours à y exposer d'une manière bien com-
plète les vérités que la science moderne lui paraissait avoir mises hors de
toute contestation.
Ses Eléments de Botanique, publiés en premier en 1819, lorsqu'il n'était
encore qu'étudiant en médecine, et qui ont atteint, en 1847, leur septième
édition, peuvent être considérés comme la reproduction, avec des modifi-
cations dans l'étendue des développements, de ses leçons, soit dans ses cours
libre?, soit comme professeur de la faculté.
On peut suivre, dans les éditions successives de cet ouvrage, les amé-
liorations apportées par Richard dans son enseignement, et résultant en
même temps des progrès de la science et du développement même des idées
de l'auteur. C'est ainsi que l'anatomie et la physiologie, qui n'occupaient
d'abord qu'une place très restreinte, y prirent de plus en plus d'extension,
et firent donner a l'ouvrage, dès sa seconde édition, le titre de Nouveaux élé-
ments de Botanique et de Physiologie végétale. Richard avait toujours tenu
cependant à conserver à cet ouvrage le caractère d'un ouvrage élémentaire
dont on doit écarter les sujets d'une importance secondaire et les résultats
encore obscurs et douteux. Jamais il ne prétendit en faire un traité spécial
de physiologie végétale, dans lequel toutes les opinions encore en litige
eussent été exposées et discutées.
S'il s'est quelquefois écarté de cette, règle, ce n'était que pour éviter le
reproche de rester indifférent à des discussions qui retentissaient journelle-
ment aux oreilles des élevés, et sur lesquelles il devait nécessairement, dans
ses leçons et dans l'ouvrage qui les reproduisait, exprimer son opinion, et
chercher à prémunir ses jeunes auditeurs contre l'entraînement vers des
idées nouvelles qui ne lui paraissaient pas fondées sur des bases solides.
Si le jeune homme qui commence l'étude de la botanique, si le médecin
pour lequel cette étude n'est presque toujours qu'accessoire ne peuvent con-
sidérer dans l'organisation et dans les phénomènes de la vie des végétaux
que les faits les plus essentiels et les mieux constatés, à plus forte raison ne
peuvent-ils pas chercher à connaître ce nombre infini de plantes diverses
qui, de toutes les régions du globe, arrivent dans nos collections et s'ins-
crivent dans les ouvrages systématiques; ils ne peuvent même pas s'appli-
quer à l'examen de tous les groupes naturels, genres ou familles, qui servent
a les rapprocher, et dont les botanistes de profession abordent si difficile-
ment l'étude complète. L'étudiant qui commence, le médecin qui est obligé
de borner ses connaissances en histoire naturelle, doit apprendre à con-
NOTICE SUR M. A. RICHARD. 377
naître un nombre limité de plantes qui lui servent comme de jalons répartis
de dislance en distance dans la série des groupes naturels, et ce sont les
plantes employées en médecine et dans l'économie domestique qui, de pré-
férence, devront naturellement lui fournir ces exemples; car ces plantes, il
serait honteux pour lui d'ignorer leur structure, leurs rapports naturels, et
de ne pas pouvoir les reconnaître lorsqu'il doit journellement ordonner leur
emploi ou combattre leur action dangereuse.
C'est pour atteindre ce but que Richard, dès 1823, publiait sa Botanique
médicale, qui, plus tard, embrassant un champ plus vaste, reçut le titre
de Traité d'Histoire naturelle médicale, et qui eut successivement cinq
éditions.
Il y réunissait la description de tous les végétaux, et ensuite même de
toutes les productions naturelles qui sont employées en médecine, distri-
buées par familles et par genres, de manière à habituer l'étudiant en méde-
cine à l'emploi de la méthode naturelle, à lui faire connaître les caractères des
principales familles, des genres les plus importants, à l'exercer au style des-
criptif que Richard a cherché à rendre, dans cet ouvrage, aussi simple que
possible en en écartant tous les détails qu'il supposait inutiles au but qu'il
se proposait, d'initier le jeune médecin à la connaissance des plantes dont
le nom vient chaque jour sous sa plume.
Achille Richard, formé à l'école de son père, puisa dans la direction et
dans l'étude des travaux de cet excellent observateur l'habitude de bien
voir, de bien décrire, et de rendre avec précision et élégance par son pin-
ceau ce qu'il avait observé, qualités éminentes qu'on retrouve dans tous ses
ouvrages; mais le juste respect qu'il avait pour les travaux de son premier
maître donne à tous ces ouvrages un autre rapport avec ceux de son père,
dans l'emploi, pour quelques parties de la botanique, d'une terminologie,
introduite par L.-C. Richard, plus correcte et plus expressive, peut-être,
que celle qui est généralement admise, mais qui a l'inconvénient de ne pas
être habituellement adoptée, et de faire parler deux langues différentes à
ceux qui étudient la même science.
C'est à ce respect et à cette admiration si naturelle et si bien fondée,
qu'Achille Richard portait aux travaux de son père, que nous devons la pu-
blication d'ouvrages importants que L.-C. Richard avait presque entière-
ment terminés, mais qu'il avait laissés inédits.
L'amour de la perfection, le sentiment si naturel dans le véritable scru-
tateur de la nature, de tout ce qu'il y a d'incomplet dans les recherches si
bornées de l'homme; l'espérance de compléter et d'améliorer des travaux
dont il voyait les lacunes, avaient empêché L.-C. Richard, dans les der-
nières années de sa vie, de publier deux ouvrages dont il réunissait depuis
longtemps les matériaux, l'un sur les Conifères et les Cycadées, l'autre sur
la famille des Musacées ou Bananiers.
378 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Les dessins, les gravures même étaient exécutés, les descriptions analy-
tiques des diverses espèces étaient rédigées ; mais il restait a coordonner ces
matériaux, à en déduire des caractères généraux, à combiner, en un mot,
les observations en un corps d'ouvrage; c'est ce que fit Achille Richard
avec le talent d'un botaniste, consommé et avec la réserve d'un fils qui ne
veut, être que l'éditeur de l'œuvre de son père.
Mous venons de voir A. Richard consacrant une partie de sa vie, depuis
l'âge de vingt-trois ans, à l'enseignement de la botanique a la Faculté de
médecine de Paris, et a la publication d'ouvrages généraux destinés
surtout a faciliter l'étude de la botanique a la jeunesse des écoles de méde-
cine, ainsi qu'à constater les liens intimes qui unissent les sciences natu-
relles et les études médicales : nous l'avons vu aussi enrichissant la science
des admirables travaux laissés par son père, et puisant, sans aucun doute,
dans leur étude un nouveau stimulant pour ses propres recherches; mais
il n'avait pas attendu ce moment pour fournir a la botanique les résultats
de ses propres investigations et pour étendre le domaine de la science par
des ouvrages spéciaux dont l'importance a toujours été en s'accroissant, à
mesure que l'âge et l'expérience lui ont permis d'aborder des sujets plus
variés et plus étendus.
Ce fut encore par un travail qui intéressait essentiellement la médecine
qu'il débuta dans ses recherches, et son premier mémoire, d'abord publié
en 1818 dans les Mémoires de la Société de la Faculté de médecine de
Paris, devint plus tard, sous le titre A' Histoire naturelle et médicale des
différentes espèces d'Jpécacuanka, la thèse qu'il soutint en 1820 pour obte-
nir le grade de docteur en médecine.
Cette thèse, excellente dissertation de botanique médicale, avait pour
objet comme son titre l'indique, l'étude des diverses sortes d'Ipécacuanha,
sujet très obscur alors, parce qu'en effet des plantes très diverses, appar-
tenant a des familles fort éloignées les unes des autres, jouissant de pro-
priétés émétiques analogues, sont employées, dans différentes contrées, aux
mêmes usages que l'ipécacuanha des pharmacies d'Europe, et que quelques-
unes de ces racines ont même été introduites à diverses époques et comme
véritable Ipécacuanha dans le commerce de la droguerie.
Richard distingua avec soin ces diverses sortes de racines émétiques, fit
connaître leurs caractères, leur origine, et fixa avec précision la nature du
véritable Ipécacuanha du Brésil, le seul qui ait porté primitivement ce
nom et celui qui, presque seul depuis longtemps, est employé dans la phar-
macie européenne.
Son attention, portée déjà par cette étude sur la famille des Rubiacées,
a laquelle appartient la plante qui fournit la racine émétique du Brésil et
quelques autres qui donnent des lpécacuanhas moins estimés, s'étendit
bientôt à toute cette famille intéressante a tant de titres pour le botaniste.
NOTICE SUR M. A. RICHARD. 379
le médecin et le pharmacien, qui donne, entre autres, à la matière médicale
les Quinquinas, a l'industrie le Café et la Garance.
Quoiqu'elle eût été déjà l'objet des travaux des botanistes les plus emi-
nents, d'A.-L. de Jussieu et de De Gandolle, les nombreux matériaux reunis
dans les collections avaient besoin d'un examen plus approfondi, auquel
A. Richard se consacra avec persévérance, et qui eut pour résultat, en
18'29, une monographie importante, fruit de recherches étendues, présen-
tant, pour cette époque, l'exposé le plus complet de la classiiication et des
caractères des genres si nombreux de cette grande famille.
D'autres travaux monographiques moins importants avaient déjà exercé
Richard à cette étude comparative des formes des organes, qui fait la base
de la botanique descriptive; telles étaient sa monographie du genre Hy-
drocutyle et celles qu'il publia successivement des Orchidées des iles de
France et de Bourbon, et des Orchidées des Nilgherries dans les Indes orien-
tales, travaux que nous ne pouvons que sigualer ici, malgré les difficultés
qu'ils offraient et leur intérêt pour le botaniste.
Il est presque impossible, lorsqu'on étudie avec ardeur l'ensemble du
règne végétal dans les grandes collections recueillies sur tous les points du
globe par les voyageurs, de ne pas être pris de cette passion des voyages
si fréquente dans la jeunesse, mais si naturelle surtout chez le naturaliste,
qui, voyant dans un état imparfait tant d'êtres divers réunis dans les col-
lections, brûle du désir de les voir pleins de vie dans leurs contrées natales,
et de les étudier dans toutes leurs parties, a toutes les époques de leur
développement, dans leurs relations et leurs associations avec les autres
êtres qui les environnent, afin de mieux saisir leurs rapports naturels et leur
distribution géographique.
Achille Richard, possesseur du bel herbier réuni par son père, conser-
vateur des vastes collections de M. Benjamin Delessert, puis aide-naturaliste
au Muséum d'histoire naturelle, sentait, à la vue de toutes ces richesses,
cette passion se développer de plus en plus, et il fut sur le point de suc-
comber à ce besoin de voir dans leurs stations naturelles ces belles formes
de la végétation tropicale qu'il observait si incomplètes et si altérées dans
les herbiers. Il résista cependant a cet entraînement; il était marié et père
de trois jeunes enfants; sa vie ne lui appartenait plus, il devait a sa fa-
mille le sacrifice d'un projet formé depuis longtemps; il le sentit et se
résigna à ne voir la végétation des contrées éloignées que dans les collec-
tions des voyageurs.
A dater de ce moment, il multiplia de plus en plus ses relations avec les
botanistes qui, plus heureux que lui, visitaient les régions lointaines; il
profitait de sa position de professeur a la Faculté de médecine pour encou-
rager les études botaniques de ces jeunes médecins qui, des pays les plus
éloignes, viennent compléter leurs connaissances scientifiques à Paris; il
380 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
eut ainsi des correspondants pleins de zèle et de reconnaissance, au Brésil,
au Chili, dans les Antilles; il fut en rapport avec tous les médecins de la
marine française qui parcouraient les mers dans nos grandes expéditions,
ou qui se trouvaient fixés dans nos colonies. Il devint souvent leur colla-
borateur dans la publication de leurs voyages, et fut ainsi l'auteur de plu-
sieurs Flores importantes dont les matériaux lui avaient été confiés par les
voyageurs qui les avaient recueillis.
La première Flore a laquelle il concourut d'une manière active fut celle
de la Sénégambie. Malgré les établissements français fondés depuis long-
temps sur les bords du Sénégal et ceux que les Anglais possédaient à l'em-
bouchure de la Gambie, la végétation de cette partie occidentale de l'Afrique
était à peine connue.
Adanson, dans la relation de son voyage, n'avait signalé que quelques-
uns des végétaux les plus remarquables des bords du Sénégal, et depuis lui
aucun naturaliste n'y avait fait un séjour prolongé, lorsque, de 1824 à
1829, deux botanistes pleins d'ardeur et d'instruction, M. Le Prieur, phar-
macien de la marine, et M. Perrottet, directeur du jardin du gouvernement
au Sénégal, se trouvèrent. réunis dans celte colonie, et l'explorèrent simul-
tanément, et avec un grand succès, depuis les côtes jusqu'à une grande
distance de l'embouchure du fleuve.
De nombreuses collections, accompagnées de toutes les notes nécessaires
pour aider à leur étude, furent le résultat de leurs longs voyages. Elles
pouvaient fournir les matériaux d'une Flore qui manquait complètement à
la science et donner des renseignements précieux sur les productions d'une
colonie française; mais ces deux botanistes, attachés au service actif de la
marine, ne pouvaient pas prolonger leur séjour à Paris et poursuivre une
longue publication. MM. Richard et Guillemin s'associèrent à eux, et sous le
patronage généreux deBenjaminDelessert commencèrent, en 1830, ia publi-
cation de \aFlorede Sénégambie, dont le premier volume seul a été terminé.
La mort de Guillemin, en 1842, suspendit cette publication ; celle de
Benjamin Delessert, puis celle de Richard empêchèrent qu'elle ne fut re-
prise, interruption doublement regrettable, car cet ouvrage, que les explo-
rations plus récentes et encore plus étendues du malheureux Heudelot
auraient rendu plus complet, intéressait également la botanique et la colonie
qui entêtait l'objet.
Les travaux divers que nous venons de rappeler, le succès de son en-
seignement et de ses ouvrages généraux signalaient depuis longtemps
Richard parmi les jeunes botanistes les plus distingués de cette époque;
aussi, en 1834, l'Institut l'admit au nombre de ses membres à la place de-
venue vacante par la mort de Labillardière.
De nouveaux ouvrages plus importants que les précédents vinrent bientôt
confirmer ce choix.
NOTICE SUR M. A. RICHARD. 381
Au retour des grands voyages de circumnavigation, les officiers ou les
médecins de la marine, chargés exclusivement, depuis quarante ans, des
recherches scientifiques pendant ces expéditions, n'ont pas toujours pu se
consacrer entièrement à la publication des collections qu'ils avaient réunies ;
la nature de leurs fonctions, qui les avait tenus le plus habituellement
éloignés des grands centres scientifiques, leur permettait difficilement d'en-
treprendre avec succès des publications qui exigent les connaissances les
plus variées et l'érudition la plus étendue de la part du naturaliste. Jlsônt
dû souvent chercher des collaborateurs parmi les naturalistes sédentaires.
Richard, lié depuis longtemps avec Dumont-d'Urville, fut ainsi chargé,
au retour du premier voyage de circumnavigation dirigé par ce célèbre
marin, de publier les précieuses collections botaniques réunies par lui et par
M. l.essou, un des médecins de l'expédition.
Ces matériaux , recueillis pour la plupart pendant de courtes relâches,
ne pouvaient en général offrir, sur la végétation de chacun de ces points,
que des données très incomplètes ; cependant quelques-unes des stations
du voyage, plus longuement et plus complètement explorées, pouvaient
offrir un ensemble intéressant pour la géographie botanique. Sur d'autres
points, malgré la rapidité des recherches, des objets nouveaux et intéres-
sants s'étaient offerts aux voyageurs, et devaient être extraits d'un ensemble
de plantes vulgaires, communes au littoral de la plupart des contrées visitées
pendant le voyage de /' Astrolabe.
La Nouvelle-Zélande était dans le premier cas; de nombreuses collec-
tions avaient été réunies sur plusieurs points de ces iles, par MM. d'Urville
et Lesson. Les résultats des recherches des naturalistes qui avaient visité
plus anciennement cette contrée, si remarquable par sa position géogra-
phique, étaient dispersés dans divers ouvrages; aucun ne nous faisait
connaître l'ensemble de la végétation de ce pays. Richard résolut de réunir
toutes ces données anciennes, sur lesquelles les collections et les bibliothè-
ques de Paris lui fournissaient des documents précieux, aux matériaux
qu'il avait entre les mains et du tout il forma son Essai d'une Flore de la
Nouvelle-Zélande , ouvrage qui permit, pour la première fois, d'apprécier
les caractères particuliers de la végétation de ces iles. Une seconde partie
de la publication botanique du voyage de l'Astrolabe comprit, sous le titre
de Sertum astrolabianiwi, un choix de végétaux remarquables et la plupart
nouveaux, extraits des collections réunies dans les autres stations visitées
par cette grande expédition.
Les collections recueillies par des voyageurs français ne furent pas les
seules dont la publication lui fut confiée. Un des savants dont l'Espagne
s'honore le plus, M. Ramon de laSagra, avait, pendant un long séjour dans
l'île de Cuba, réuni sur cette ile, la première des Antilles par son étendue
et son importance, des matériaux également précieux pour son histoire, sa
t. i. 25
382 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE,
géographie, sa statistique et ses productions naturelles. La variété des sujets
que comportait cette histoire générale ne permettait pas au même homme
de les embrasser tous. M. Ramon de la Sagra pria A. Richard de se charger
de l'étude et de la publication de la Flore de Cuba pour ce qui concerne
les plantes phanérogames (1), travail considérable auquel notre confrère a
consacré bien des moments, et dont il a eu le bonheur de terminer la ré-
daction peu de temps avant sa mort, mais dont l'édition française n'est pas
encore complètement imprimée, et qui, par cette raison, est à peine connu
des botanistes.
Ses travaux sur la Flore de Cuba ne l'empêchèrent pas d'entreprendre,
quelques années après, une publication plus importante peut-être, pour la
science, par le pays qui en était l'objet, et qu'il considérait comme une
dette contractée envers deux jeunes voyageurs, ses élèves, dont il avait
encouragé et dirigé les recherches , et qui étaient morts tous deux ,
pendant leur exploration de l'Abyssinie , victimes de leur amour pour la
science.
MM. Richard Quartin-Dillon et Petit, tous deux médecins et naturalistes
instruits, élèves d'Achille Richard, le premier s'occupant plus spécialement
de botanique, le second de zoologie, unirent leurs efforts pour faire con-
naître, par un long voyage, cette partie de l'Afrique à peine explorée à
l'époque de leur départ. Au point de vue de l'histoire naturelle surtout,
l'Abyssinie avait été à peine entrevue jusqu'alors; quelques-unes de ses
productions seulement avaient été signalées par Bruce et par Sait. De pré-
cieux envois adressés par nos jeunes compatriotes, tant à Richard qu'au
Muséum d'histoire naturelle, auquel ils étaient attachés comme voyageurs-
naturalistes, donnaient déjà sur ce pays de précieux renseignements, et
annonçaient tout ce qu'on pouvait attendre de recherches plus prolongées,
lorsque tous deux succombèrent, presque en même temps, aux dangers du
voyage ou à l'insalubrité du pays. Leur ancien professeur, qui les avait
suivis avec un intérêt tout paternel pendant ce long voyage, dont l'afflic-
tion, à la nouvelle de leur mort, était encore augmentée par les encoura-
gements qu'il avait donnés à leur projet, considéra presque comme un devoir
envers ses jeunes amis, et comme un héritage qu'ils lui avaient légué,
l'obligation de faire connaître au monde savant les collections précieuses
qu'ils avaient déjà recueillies, et qui pouvaient, chaque jour, perdre une
partie de leur nouveauté, par suite de recherches faites dans cette même
contrée par d'autres naturalistes dont les résultats étaient publiés, en Alle-
magne, d'une manière souvent très incomplète, mais rapide.
Richard entreprit de réunir dans un même ouvrage tout ce que les docu-
(1) La partie relative aux plantes cryptogames avait été confiée à notre savant
confrère M. Montagne, qui en a terminé la publication depuis plusieurs années.
NOTICE Si R M. A. RICHARD. 383
ments fournis par les anciens voyageurs et les collections des explorateurs
plus récents pouvaient nous faire connaître sur la végétation de ce curieux
pays; il composa de cet ensemble son Tentamen Flora1 abyssinœ, titre mo-
deste pour un ouvrage en deux volumes accompagné d'un atlas de cent
planches in-folio, mais juste cependant, car Richard savait bien que ce
n'était encore qu'une ébauche de la flore de l'Abyssinie et que les produc-
tions si variées de cette vaste contrée étaient loin de nous être connues
complètement.
Cet ouvrage, dans lequel on trouve la précision et la clarté qui caracté-
risent le talent de Richard, est, sans aucun doute, le plus important qui
soit sorti de sa plume, et l'un des plus intéressants pour la botanique systé-
matique et géographique.
L'Abyssinie, si peu connue jusqu'à ce jour, n'est pas un de ces pays dont
la végétation se fait remarquer par un caractère insolite et tout particu-
lier, comme la Nouvelle-Hollande ou l'Afrique australe; ce qui frappe, au
contraire, le botaniste qui étudie avec soin l'ensemble de ses productions, ce
sont les rapports de sa végétation avec celle de contrées très diverses et très
éloignées.
Sa position géographique la range parmi les régions les plus chaudes de
l'Afrique equatoriale, l'élévation des montagnes et des plateaux qui occu-
pent une partie de sa surface assimile souvent son climat à celui des régions
tempérées ; aussi l'Abyssinie. réunit, dans un espace assez circonscrit, des
végétaux analogues et souvent mêmes identiques à ceux des parties les plus
chaudes de l'Inde, de l'Arabie et. du Sénégal, et les formes qui caracté-
risent les contrées tempérées des bords de la Méditerranée ou de l'Afrique
australe.
Ces caractères singuliers de la végétation de l'Abyssinie, qu'on pouvait
à peine soupçonner d'après les documents si incomplets qu'on possédait il
y a dix ans seulement, ressortent d'une manière évidente de la Flore publiée,
par Richard, d'après l'ensemble des matériaux recueillis par les voyageurs
modernes.
Ce grand travail a été le dernier auquel il se soit livré ; commencé vers
18u5, le second volume, qui complète la partie relative aux plantes pha-
nérogames, n'a été terminé qu'en 1852, peu de temps avant la mort de notre
confrère.
Dès le début de ses études botaniques, A. Richard n'avait jamais sé-
paré l'examen purement scientifique des végétaux des recherches sur
leurs applications aux besoins de l'homme, et la nature de son enseigne-
ment, en dirigeant son attention plus spécialement sur leur emploi mé-
dical, le conduisait aussi à considérer leur usage comme aliment ou dans
l'industrie.
L'agriculture est liée d'une manière si intime à l'appréciation des qualités
38/l SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
et des variétés botaniques des végétaux d'une part, et de l'autre aux con-
naissances exactes des phénomènes physiologiques, qu'il est difficile au
botaniste qui veut embrasser l'ensemble de la science qu'il cultive de ne
pas prendre un vif intérêt à toutes les questions agricoles.
L'agriculture et l'horticulture sont comme un vaste champ d'expériences
qui, bien appréciées, peuvent jeter une vive lumière sur bien des points
obscurs de la physiologie, de même que la physiologie végétale est le guide
le plus sûr pour la plupart des essais agricoles.
Sous tous ces rapports, Richard avait des titres incontestables pour être
un des représentants de la botanique dans le sein de la Société impériale
et centrale d'agriculture, et notre seul regret est de l'avoir vu, pendant si
peu d'années, siéger parmi nous.
11 y a cependant marqué son passage par quelques travaux spéciaux et
par sa participation fréquente à nos discussions.
Ses recherches sur t'A/iios tuberosa, sur l'utilité qu'on pourrait retirer de
ses tubercules amylacés pour l'alimentation de l'homme ou des animaux,
sur le mode de culture que cette plante exigerait, ont montré l'intérêt qu'il
prenait à cette grande question de la recherche des plantes propres à sup-
pléer la Pomme de terre dans nos cultures européennes, question restée
encore sans solution jusqu'à ce jour.
C'est à son admission parmi nous que nous devons aussi attribuer esseu-
tiellement l'ouvrage étendu et important, résultat de l'association de Richard
et d'un de nos honorables confrères (M. Payen), qui, unissant les sciences
diverses auxquelles ils avaient plus spécialement consacré leurs études, la
botanique et la chimie, les mirent toutes deux à contribution dans leurs ap-
plications à l'agriculture, pour exposer dans un Précis d' Agriculture théo-
rique et pratique les principes de la science agricole, tels que les progrès
des sciences permettent de les tracer à notre époque.
Nous venons de rappeler les nombreux travaux qui, pendant trente-cinq
ans, ont rempli toute l'existence d'Achille Richard, du savant se consacrant
en même temps à l'enseignement de la jeunesse par ses cours et ses ou-
vrages généraux, et à l'avancement de la science par ses mémoires mono-
graphiques et ses flores de contrées si varices.
On peut dire que ce fut la toute sa vie : pour le savant qui est toujours
resté uniquement l'homme de la science, qui n'a eu d'autre ambition que
de parcourir la carrière que la nature de ses études et de son mérite lui
assignent, que des événements étrangers ne sont pas venus détourner de
cette carrière, l'histoire de sa vie se trouve presque entièrement renfermée
dans celle de ses travaux ; pour Richard elle s'est écoulée presque sans
interruption entre son herbier, sa bibliothèque et le jardin de la Faculté de
médecine, dont il eut la direction pendant tant d'années.
Aussi devions-nous considérer essentiellement le confrère que nous re-
NOTICE SL K M. A. HICIIAlil). 385
grettons, au point de vue de la science et de ses travaux ; mais l'intelligence
ne constitue pas seule cette partie immatérielle de l'homme dont nous
devons ici conserver et transmettre le souvenir; le caractère, les affections,
tout ce. que l'on considère plus spécialement comme les attributs du cœur,
doivent compléter cette peinture de l'homme que nous voulons faire con-
naître a ceux qui n'ont pas vécu dans son intimité, et personne, plus que
Richard, ne mérite que nous rappelions les qualités qui l'avaient fait aimer
de tous ceux qui l'approchaient.
Fort jeune encore, il devint le centre et l'appui de sa famille; uni a une
femme que sa grâce et son caractère rendaient digne de toute sa tendresse,
père de trois jeunes enfants qui repondaient si bien aux exigences de son
cœur et de son orgueil paternel, il fut également heureux et dans son jeune
ménage et lorsque, plus tard, il voyait ses deux fils suivre, avec tant de
distinction, la voie dans laquelle sa famille s'était illustrée.
Ce bonheur il le devait non-seulement aux heureuses qualités de ceux
qu'il chérissait, mais aussi à son propre caractère. Plein de franchise et de
loyauté, d'une humeur gaie et toujours égale, même au milieu des souf-
frances et des inquiétudes que lui faisait éprouver une santé souvent altérée
et menaçante, il rendait aux autres le bonheur qu'il en recevait. Les amis
de sa jeunesse sont restés ceux de toute sa vie ; les rivalités qu'amène sou-
vent la lutte entre ceux qui suivent une même carrière n'altérèrent jamais
pour lui ces liens qu'elles ébranlent souvent; à trente ans d'intervalle on
retrouvait chez le professeur de la Faculté de médecine, ceux que des
études communes réunissaient en 1820 chez le jeune démonstrateur de
botanique.
Cependant notre excellent confrère avait eu sa part des peines et des cha-
grins de la vie.
Il avait souffert de l'injustice des hommes, lorsqu'il avait pu craindre d6
voir sa carrière brisée par une nomination qui semblait l'éloigner pour
toujours de cette chaire de la Faculté de médecine a laquelle il avait tant
de droits, et qui avait été le but de tous ses travaux.
Il avait cru pendant longtemps son existence menacée par une affection
terrible qui l'avait obligé plusieurs fois à aller chercher le rétablissement
de sa santé dans le climat plus doux de l'Italie.
Il fut enfin frappé, presque en même temps, de deux coups affreux, par
la perte d'une petite-Fille chérie qui faisait la joie de ses grands parents, et,
peu de temps après, par celle de la compagne qui, depuis près de trente
ans, était associée à son existence.
Au milieu de ces inquiétudes et de ces chagrins, il montrait cette sou-
mission calme aux décrets de la Providence qui n'empêche pas les profonds
déchirements du cœur, mais qui fait chercher dans l'amitié et le travail un
adoucissement aux coups qui nous ont frappés.
38(5 SOCIÉTÉ llii'IA.Mntli l>E t'KAJNCE.
Les amis de Richard avaient vu avec bonheur se dissiper, il y a quelques
années, les craintes qu'avait longtemps données la faiblesse de sa poitrine;
il semblait reprendre plus de force et supporter sans fatigue les fonctions,
souvent pénibles pour lui, du professorat, lorsqu'une autre affection non
moins grave vint menacer son existence. Il résista longtemps, ne se lais-
sant pas abattre par la douleur et la faiblesse, et remplissant, avec un
courage auquel ses forces ne répondaient pas toujours, les devoirs que ses
fonctions lui imposaient.
Mais malgré les soins si éclairés et si dévoues qui l'entouraient de toute
part, il appréciait la gravité du mal, et vit, avec calme et sans se faire
illusion, approcher le terme fatal (1), regrettant sans doute les années qu'il
aurait pu encore donner à sa famille, à ses amis, à des travaux qu'il laissait
inachevés, mais éprouvant du moins cette dernière et douce satisfaction de
laisser, après lui, un nom aimé et respecté dont ses travaux devaient trans-
mettre le souvenir, et deux iils qui sauraient porter ce nom avec honneur
et ajouter leur part à l'héritage scientifique que deux générations leur
léguaient.
NOTICE HISTORIQUE SUR M. ADRIEN DE JUSSIEU.
Par M. J. BSCAISNE.
MESSiruns,
En commençant à tracer cette notice sur la vie et les travaux de
M. Adrien de Jussieu , une pensée se présente d'abord à moi. Pour les
contemporains comme pour la postérité, elle me parait donner, en quelque
sorte, la raison providentielle de l'existence scientifique de notre illustre
collègue, en même temps qu'elle explique et justifie nos regrets.
Dans les sciences, comme dans toutes les voies ouvertes a l'activité hu-
maine, le mérite reste presque toujours individuel, et rarement il se trans-
met du père aux iils ; il semble que la noblesse même de l'intelligence, que.
nous sommes tous si disposés à reconnaître et qui ne s'impose que par des
services, soit soumise cependant, comme tous les palriciats, à ces alterna-
tives et à ces revers qui nous rappellent à l'égalité de notre nature. Si, par
une rare exception, on voit de loin en loin le génie se perpétuer dans plu-
sieurs générations successives, grandir même en s'éloignant de son point
d'origine, l'éclat et la durée ne s'en éternisent jamais : il a, comme toutes
les choses d'ici-bas, sa limite fatalement. marquée; il s'éteint, et le nom
(1) M. A. [Ucliard est mort le 5 octobre 1852.
NUT1CE SLR M. A. DE .TlSSlhX. 387
qu'il a entouré d'une auréole glorieuse n'est plus qu'un héritage lègue, comme
un souvenir, a la piété des familles.
Les de Jnssieu nous apparaissent comme une des races privilégiées du
monde intellectuel : a eux seuls ils occupent un siècle et demi dans l'histoire
de la botanique, depuis l'époque de Tournefort jusqu'à la nôtre. Les noms
d'Antoine, de Joseph, de Bernard et d'Antoine-Laurent de Jussieu sont po-
pulaires parmi nous; ces grands hommes sont une de nos gloires nationales
les plus incontestables, et nous pouvons en être fiers quand nous voyons
quelle influence ont exercée leurs travaux sur les progrès de l'Histoire na-
turelle tout entière. A ces noms illustres vient s'ajouter celui du dernier
représentant de la famille, Adrien de Jussieu, digne continuateur des pères
de la méthode naturelle, et dont la mort récente a été un deuil pour le
monde scientifique tout entier. Vous m'avez désigné, Messieurs, comme
son élève le plus direct, pour vous retracer les principaux traits d'une
vie qui nous a été chère a tous; j'essaierai de répondre à votre confiance
et de payer une partie de la dette de reconnaissance dont je ne m'acquitterai
jamais.
Adrien de Jussieu est né au Muséum le 23 décembre 1797. Sa santé dé-
licate ne permit point d'assujettir son eufance aux exercices réguliers de la
vie de collège : il fut élevé au sein de sa famille, et ses parents furent ses
premiers instituteurs. Sa mère elle-même, jalouse de contribuer au déve-
loppement de cette jeune intelligence, ne recula point devant une étude à
laquelle son sexe reste généralement étranger ; elle apprit le latin et voulut
en enseigner les premiers éléments a sou fils. Mais bientôt la santé d'Adrien
se raffermit ; on put, sans danger, le faire participer aux avantages de
l'instruction en commun ; il entra comme demi-pensionnaire au lycée Na-
poléon, où de. fortes études achevèrent l'éducation commencée sous le toit
paternel. A dix-sept ans, en 1814, le jeune de Jussieu remportait le prix
d"honneur au grand concours, préludant ainsi aux succès que lui réservait
l'avenir.
Maître de suivre ses goûts, Adrien de Jussieu se fût peut-être livre aux
études littéraires. Une connaissance approfondie des deux langues que nous
a léguées l'antiquité, un vif sentiment de la grandeur des idées, de la beauté
du langage dans les auteurs qui avaient été ses compagnons d'enfance, la
tournure de son esprit, peut-être une pointe de scepticisme qui, comme
celui d'Erasme, le poussait moins a la rigueur de la conclusion qu'elle ne
l'attachait au plaisir de la discussion élégante, ses triomphes universi-
taires eux-mêmes, tout le portait a la littérature. Mais il comprit vite que
noblesse oblige ; fils, pelit-neveu de grands botanistes, il sentit qu'il y avait
devoir pour lui à accepter le glorieux héritage de sa famille autrement que
sous bénéfice d'inventaire. Sans rompre avec ses livres favoris, il aborda
vaillamment l'étude de l'Histoire naturelle, et ses premiers pas dans cette
3S8 SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE.
carrière nouvelle tirent augurer du lustre qu'il ajouterait un jour au nom
déjà si grand qu'il portait.
C'est au milieu des champs et des bois, dans ces riants paysages qui en-
cadrent Paris et qu'il devait, plus tard, visiter tant de fois au milieu de
ses élevés, que le jeune botaniste prit solitairement ses premières leçons.
Mais un usage que l'expérience a justifié voulut que, a l'exemple de ses
prédécesseurs, il commençât sa carrière de savant par l'étude de la méde-
cine. On n'imaginait pas alors que le titre de botaniste put être séparé de
celui de docteur, et le jeune de Jussieu suivit les cours de la Faculté. C'est
à cette époque de sa vie qu'il se lia étroitement, avec Achille Richard et
avec M. Ad. Brongniart. d'une amitié dont la conformité d'études ne fit que
resserrer les liens.
La thèse par laquelle l'étudiant couronna, en 1826, ses études médicales
fut aussi le début du botaniste, il prit pour sujet la famille des Euphor-
biacées, dont il discuta les propriétés médicales et les affinités botaniques
les unes liées aux autres, comme l'indique l'épigraphe mise en tète du mé-
moire : « Plantœ que génère conveniunt etiam virtute conveniùnt quee
online naturali continenlur etiam virtute propius accédant. » Cette thèse
fut soutenue en latin, audace déjà rare a cette époque, et avec un talent
qui justifia l'audace : l'honneur de la séance fut, dit-on, du côté du jeune
récipiendaire.
Chacun de nous, Messieurs, en entrant dans cette vie, apporte son indi-
vidualité morale avec son individualité physique; mais nos aptitudes, nos
tendances, notre disposition particulière à adopter telles idées plutôt que
telles autres subissent cependant l'action de notre entourage, et nos facultés
natives prennent toujours plus ou moins l'empreinte du milieu dans lequel
elles grandissent. Adrien de Jussieu ne pouvait échapper, plus qu'un autre,
à ces influences, et il eut le bonheur de ne trouver autour de lui que des
intelligences d'élite. Ce furent d'abord L.-C. Richard, Ampère et Desfon-
taines, amis intimes de la famille ; ce fut aussi, presque en même temps,
Ch.-Sigismond Kunth, botaniste habile, que la similitude de l'âge fit son
compagnon de travail, et avec qui il prit de bonne heure l'habitude des
analyses botaniques rigoureuses. Un peu plus tard, lorsque déjà Antoine-
Laurent de Jussieu s'affaiblissait sous le poids des années, M. Rceper vint
imprimer à l'esprit d'Adrien de Jussieu une nouvelle impulsion vers les
idées morphologiques. Ces recherches du botaniste allemand sur les inflo-
rescences, son Essai de monographie des Euphorbes ne pouvaient manquer
d'exercer une certaine action sur les travaux analogues d'Adrien de
Jussieu qui embrassaient les mêmes sujets; mais cette rencontre de deux
hommes eminents dans la même voie, loin d'être pour eux un motif
de rivalité, ne servit, au contraire, qu'a cimenter davantage leur étroite
amitié.
NOTICE SIK M. A. îii: JUSSIEU. 389
Ce fut en 1826, après avoir rempli depuis 1770, c'est-à-dire pendant
cinquante-six ans, les fonctions de professeur de botanique, qu'Antoine-
Laurent de Jussieu songea enfiu à la retraite. Sur sa proposition, l'assem-
blée des professeurs du Muséum nomma son fils Adrien professeur de
botanique rurale; honneur accorde, un siècle auparavant, à son grand-oncle
Bernard. A cette époque, qui n'est pas bien éloignée de nous, l'étude des
plantes indigènes était encore regardée comme une partie essentielle delà
botanique, et les herborisations avaient dans l'esprit de tous, professeurs et
élèves, une importance qui n'avait pas besoin d'être démontrée. On n'avait
pas songe encore à considérer comme peu scientifique, presque comme
inutile, la distinction des espèces, et comme presque perdu le temps qu'on
emploie a ce difficile travail ; on n'était pas arrive a cette étrange contra-
diction, dans laquelle tombent des savants du jour, de proscrire, au nom
de ce qu'on appelle la pratique, l'étude qui familiarise le mieux avec les
faits, et fournit aux applications utiles la base la plus solide et la moins
trompeuse. Il importe, Messieurs, de faire justice d'une erreur qui serait
funeste à la véritable science, si elle, devait se propager, funeste aussi à
l'agriculture qui cherche à distinguer, avec raison, les plus légers carac-
tères de races ou de variétés entre les espèces qu'elle cultive. N'oublions pas
que c'est dans les herborisations qu'on acquiert les premières et les princi-
cipales notions de l'habitude des plantes et de leur organographie ; que
c'est là qu'on arrive à se former une idée nette du caractère des espèces,
des races, des variétés, point de départ de toutes les classifications ; que
c'est là, enfin, qu'on apprend à observer et que la vocation du naturaliste
se révèle. De combien de savants distingues, non-seulement comme bota-
nistes, mais comme zoologistes ou géologues, la France et l'Europe n'eus-
sent-elles point été privées, si quelqu'une de ces excursions si attrayantes
a tous les âges de la vie ne fut venue, en éveillant chez eux des jjoùts et
des facultés qu'ils ne soupçonnaient pas encore, leur indiquer la voie qu'ils
avaient désormais à suivre ?
Adrien de Jussieu avait l'esprit trop droit pour ne pas comprendre l'im-
portance des fonctions qui lui étaient confiées ; il s'agissait d'instruire des
commençants et de décider peut-être quelqu'une de ces vocations qui font
les hommes utiles. Son rôle n'était pas cependant tout entier à créer :
Antoine-Laurent de Jussieu, Bernard de Jussieu et Sébastien Vaillant, tous
trois démonstrateurs de botanique au Muséum, avaient glorieusement frayé
la route; M. Adrien de Jussieu n'avait qu'a marcher sur leurs traces et à
suivre les traditions.
Tous ceux qui ont fréquenté les herborisations savent avec quel dévoue-
ment il s'est acquitte de devoirs qui n'étaient pas exempts de fatigues. Sans
parler des marches pénibles et prolongées, des orages qui, sous notre ciel
inconstant, viennent si inopinément jeter le trouble dans une excursion à la
390 SOCIÉTÉ BOTAMQUE UE FRANCE.
campagne, et Caire courir des risques à la santé, c'est déjà une tâche labo-
rieuse que d'avoir a répondre a toutes les questions qui peuvent être
adressées à un professeur par de nombreux élèves : il faut une patience à
toute épreuve, une grande présence d'esprit, beaucoup de douceur, un cer-
tain enjouement qui ne dégénère point en familiarité; il faut surtout une
connaissance approfondie des formes variées de la végétation, et une mé-
moire tellement sûre, que le professeur ne puisse être arrêté devant une
difficulté soulevée à l'improviste. Toutes ces qualités, déjà si rares isolées,
Adrien de Jussieu les possédait réunies, et chacun de ses élèves peut attes-
ter, comme moi qui ai eu si longtemps l'honneur de partager ses travaux,
que jamais elles ne se sont affaiblies, même lorsque, déjà atteint de la cruelle
maladie qui l'a enlevé, il sentait les leçons de botanique rurale aggraver à
chaque fois de continuelles souffrances.
Des herborisations, quels que soient le talent et le charme qu'on y déploie,
ne suffisent pas pour faire la réputation d'un savant, et d'ailleurs il y avait
obligation pour M. de Jussieu a contribuer, d'une manière plus directe et
plus durable, au développement de la science. Une série de Mémoires,
modèles du genre, et auxquels les progrès sans cesse croissants de la bota-
nique n'ont rien eu à modifier, placent Adrien de Jussieu au rang des pre-
miers botanistes de l'Europe. J'ai dit tout à l'heure quelques mots de sa
Monographie des Euphorb lacées. Se plaçant, comme c'était alors Pusage,
au seul point de vue des divisions génériques, il révélait déjà, dans ce pre-
mier essai, la sagacité et la justesse de ses aperçus. Un an plus tard (1825),
il livrait a la publicité la Monographie générique des Rutacées, faite sur le
modèle de la première, dont elle rappelle les qualités, mais où l'on voit
poindre cette heureuse innovation des diagrammes, développée depuis
lors dans les travaux de botanique descriptive, et qui rendent avec
tant de simplicité et de fidélité la position relative des divers organes de
la fleur.
En 4830, une troisième monographie, celle des Méliacées, plus complète
que les précédentes, puisqu'elle contient les caractères spécifiques de toutes
Ses espèces de la famille, s'annonce comme le prélude d'un travail plus
vaste et plus parfait, la Monographie des Malpighiacées, l'œuvre capitale de
M. A. de Jussieu, et a laquelle il travailla pies de quatorze années consé-
cutives. Ce ne fut, en effet, que dans le cours de 1843 que ce beau mémoire
vit le jour ; a lui seul il aurait suffi pour assurer la réputation de son auteur.
Les plus hautes questions d'anatomie et de physiologie y sont abordées, et
paraissent résolues ; telles sont celles de la symétrie florale, des anomalies,
de la fécondation, de la structure si remarquable des lianes en général. Aux
planches destinées à faire connaître les caractères des genres, M. de Jussieu
a adapté un système de signes qui consiste, comme R. Brown l'avait déjà
essayé dans ses Illustrationes plantarum Novœ-Hollandiœ, à désigner
NOTICE SUR M. A. 1>E .IISSIEL'. 391
toujours le même organe par la même combinaison de lettres ou de signes.
Mais ce que peu de botanistes peut-être ont remarqué, et ce qui me semble
tout a fait digne d'attention, c'est le tableau final par lequel il a essayé
d'exprimer les affinités multiples des genres, et qui est conçu de manière à
prouver que l'ordre naturel n'est pas, comme on l'a cru si longtemps, et
comme quelques personnes le professent encore, la série linéaire. Ce serait
sortir du cadre dans lequel je dois m'enfermer ici, que de cbereber à vous
expliquer ce nouveau point de vue ; je me borne à dire que j'y vois le
germe d'une idée féconde que l'avenir développera, et qui peut-être donnera
naissance à des aperçus philosophiques d'une haute portée. Cette Monogra-
phie des Malpighiacées, cette œuvre qui a marque la maturité de son talent,
accuse chez Adrien de Jussieu un prodigieux savoir botanique, une critique
aussi sûre, une sagacité aussi pénétrante que celles de ses illustres parents,
Antoine-Laurent et Bernard de Jussieu eux-mêmes.
Je ne vous signalerai pas d'autres Mémoires importants de M. de Jussieu ;
cette citation de titres ne saurait donner une idée de la valeur d'un savant.
C'est surtout dans les travaux d'analyse ou de botanique descriptive, dans
les circonscriptions des groupes et l'application de leurs caractères, là où
une large part est faite au libre arbitre du savant, qu'il est facile de se faire
illusion sur la valeur d'un homme. Le public ne voit que l'extérieur du
livre; son contenu est pour lui lettre close, et, ne pouvant faire mieux, il
mesure le mérite de l'auteur à l'épaisseur et au nombre des volumes. Mais
brisez le sceau, et pénétrez dans ce labyrinthe de détails où s'enferme la
caractéristique des genres et des espèces, et bientôt vous reconnaîtrez, à la
touche de l'écrivain, si la nature l'a marqué du signe de ses élus, si elle lui
a départi, avec le don de l'observation, le sentiment des rapports si néces-
saire pour établir les analogies et faire ressortir les différences. Eh bien !
c'est par ces traits surtout que se distinguait le talent de M. A. de Jussieu.
Depuis bien des années, il soumettait avec une rigueur de plus en plus
sévère ses travaux d'analyse à la loi de l'unité scientifique. L'étude des
rapports des familles entre elles était devenue son occupation principale :
c'était pour lui comme l'héritage le plus direct qu'il avait reçu de ses pères ;
il y concentrait toutes les forces de son intelligence.
Je ne puis passer ici sous silence un article de Taxonomie botanique
publié, en 18^8, dans le Dictionnaire universel des sciences naturelles, et
qui, on le comprend à peine, y est resté presque totalement oublié. Cet
opuscule, de près de soixante-dix pages, est, à mon avis, un des meilleurs
morceaux de philosophie botanique qui aient été publiés depuis l'époque
de Linné ; l'auteur y passe en revue les différents systèmes qui ont cours
depuis l'époque de Rivin et de Ray. C'est une véritable histoire de la bota-
nique, mais une histoire critique où les systèmes sont jugés avec cette supé-
riorité de talent et cette finesse d'esprit qu'Adrien possédait au plus haut
392 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
degré. On sent, en le lisant, que le jeune littérateur n'a pas complètement
disparu sous le savant consommé, et que ces sujets, presque autant litté-
raires que scientifiques, sont ceux auxquels l'auteur s'abandonne le plus
volontiers. Os goûts littéraires, légués par sa jeunesse à son âge mûr, M. de
Jussieu sut les faire tourner au profit de la science. Personne n'était initié,
comme lui, a la littérature botanique; il connaissait et possédait, dans
l'immense bibliothèque commencée par ses aïeux, presque tous les écrits,
même les plus anciens, qui ont trait a cette science, et sous ce rapport il
était érudit dans toute la rigueur du mot. Une. histoire de la botanique
devait couronner ses longues études et le personnifier tout entier; depuis
longtemps il réunissait les matériaux d'un ouvrage qui manque a la science,
et que lui seul, en France, était capable de composer, lorsque la mort est
venue l'enlever prématurément a ses travaux
Tl a cependant laisse u\\ livre qui a popularisé son nom parmi la jeu-
nesse des écoles : son Traité élémentaire de botanique, ouvrage simplement
et élégamment écrit, méthodique et clair, où la plupart des questions im-
portantes de la science sont traitées avec assez de détails pour satisfaire les
savants, et assez de simplicité pour être intelligibles aux commençants. Il
me suffira, pour démontrer combien cet ouvrage a été apprécié, de vous
dire qu'il est arrivé a sa septième édition; c'est a peu près trente mille
exemplaires qui ont été vendus dans l'espace de dix ans; il a, d'ailleurs, été
traduit dans les principales langues de l'Europe.
Je viens, Messieurs, d'essayer de vous faire connaître M. A. de Jussieu
commesavant; il me reste a le considérer comme professeur, comme membre
de l'Académie des sciences, comme administrateur, et à vous rappeler la
part trop courte qu'il a prise à vos travaux.
C'est eu 1845 qu'il fut appelé asuppléer M. Augustede Saint-Hilaire, en
qualité de professeur d'organographie végétale a la Faculté des sciences; il
était alors dans la maturité de son talent. Sa réputation, l'espèce de popu-
larité que ses herborisations lui avaient acquise, la simplicité et la netteté
de sa diction, attirèrent autour de lui un auditoire sérieux où l'homme d'Etat
et le littérateur vinrent plus d'une fois, comme aux herborisations, se mêler
à la jeunesse des écoles, lui montant les degrés de sa chaire, M. Adrien de
Jussieu s'était promis d'éviter les inutilités brillantes du langage, de rester
a la fois sérieux, simple et concis, très méthodique surtout, afin d'arriver
à toutes les intelligences de portée si inégale, qui sont appelées à recueillir
les leçons du maître. Je ne puis mieux caractériser son enseignement,
malheureusement trop court, qu'en vous disant qu'il a constamment été
l'application des principes développés dans sou exposition de la taxonomie
végétale. Le but sans cesse présent à son esprit et auquel il coordonnait tous
ses aperçus, c'était de faire ressortir la grande influence de la méthode na-
NOTICE SUR M. A. DE JUSSIEU. 393
turellesur les progrès des sciences de l'observation ; il voulait rendre palpable
à tous le sens profond de ces mots de Cuvier : « La méthode naturelle est la
science réduite à sa plus simple expression. »
Rarement il s'animait; le calme était dans ses habitudes comme la timi-
dité dans son caractère, et il aimait à trouver, chez ceux qui venaient
l'entendre, les dispositions qu'il apportait lui-même devant son auditoire:
la placidité, l'attention, le respect. Pour retrouver cet aimable laisser-aller,
cette spirituelle causerie qui attiraient à ses herborisations, il lui fallait
l'indépendance de la promenade au grand air, ou la liberté d'allures que
reprend le professeur quand sa leçon est. achevée. Alors il se sentait dégagé
de l'immense responsabilité, de l'enseignement public: il commençait un
enseignement privé, il repondait avec enjouement aux diverses questions
qui lui étaient adressées, et il n'était pas rare qu'en s'abandonnant au
charme d'une savante causerie il répétât sa leçon tout entière. Tel était
l'attrait de ces entretiens, que les auditeurs non-seulement en provoquaient
la continuation dans la cour de la Sorbonne, mais accompagnaient bien
souvent le professeur jusqu'à son domicile, afin de les prolonger encore.
M. de Jussieu continuait la tradition, aujourd'hui interrompue, des vieux
professeurs, amis de leurs élevés ; il s'associait à leurs efforts, les encou-
rageait, applaudissait, avec toute la sincérité de son âme, à leurs
succès, et se faisait un bonheur de guider leur inexpérience par de pater-
nels conseils.
Reçu membre de l'Académie des sciences en 1831, M. de Jussieu eut
souvent à exprimer son opinion sur les travaux soumis à l'appréciation de
cette savante compagnie ; il le fit toujours d'une manière bienveillante et
propre, à encourager les jeunes botanistes. Ses divers rapports, parmi les-
quels je citerai celui sur le grand prix des sciences physiques qui avait
pour objet l'étude des mouvements des corps reproducteurs ou spores
des algues zoosporées, etc., sont des modèles d'analyse et d'élégante expo-
sition.
Nommé trois fois directeur du Muséum, M. de Jussieu déploya, dans
ces nouvelles fonctions, une parfaite connaissance des hommes et des
choses, une sagesse si grande, une appréciation si juste des intérêts du
grand établissement qui l'avait vu naître, que son souvenir reste attaché à
une multitude de mesures administratives don! l'expérience a démontré
l'utilité. Doué d'une grande fermeté, qu'il savait tempérer par beaucoup
de douceur, il ne sut jamais faiblir dans l'accomplissement d'un devoir.
Durant nos troubles civils, il se montra à la hauteur des circonstances; par
son calme, son sang-froid et sa présence d'esprit, il parvint à placer le
Muséum sur un terrain neutre, et a détourner ainsi le danger qui pouvait
menacer le plus riche dépôt de nos richesses scientifiques.
39& SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
A la mort de M. Desfontaines, il fut investi des fonctions de directeur
de l'herbier, qu'il partagea plus tard avec son ami, M. Ad. Brongniart. Sa
nomination eut pour résultat la création d'un herbier de. la flore française,
ainsi qu'une collection spéciale des espèces d'Europe. M. de Jussieu com-
prenait toute l'importance de cette immense collection, dont la nomencla-
ture nécessite un travail considérable et de tous les instants ; il v consacrait
tous les moments de liberté que lui laissaient les devoirs de son adminis-
tration ou de son professorat. Je me rappelle avec bonheur les discussions
qui s'élevaient en présence des échantillons remarquables par leurs anoma-
lies ou en face d'un genre inconnu; M. de Jussieu déployait alors toutes
ses qualités solides et aimables, et stimulait, chacun pour arriver le plus
sûrement au but.
Nommé membre de la Société centrale d'Agriculture, M. de Jussieu ne
cessa de prendre part à vos travaux ; vous n'avez pas oublie, Messieurs,
l'éloge d'Augustin Sageret, qu'il vous a lu d'une voix déjà affaiblie par la
maladie, et qui restera dans vos souvenirs comme une oeuvre où la finesse
du talent de l'écrivain s'allie à la rigueur de l'analyse des faits par le savant
et à l'expression délicate, des sentiments de l'homme de cœur.
Je suis ainsi conduit à vous parler de l'homme privé , a rappeler ces
vertus qui font le grand citoyen, le bon père de famille, l'ami sincère,
l'honnête homme en un mot. M. Adrien de Jussieu était fait pour la vie
d'intérieur, et c'était la, en compagnie d'amis intimes, parmi lesquels je
dois nommer MM. .1.-1 . Ampère et le docteur Roulin, qu'il s'abandonnait,
sans contrainte et sans restriction, à la bonhomie de son caractère, à la
vivacité de ses sentiments affectueux.
Une cousine tendrement aimée, Mademoiselle Félicie de Jussieu, auprès
de laquelle il avait passé son enfance dans une propriété de son oncle, M. de
Senneviers, au centre des montasses du Lyonnais, lui fut plus tard attachée
par des liens à la fois plus doux et plus forts; il l'épousa le f> septembre
1827, et cette, union fut pour tous deux la source d'un bonheur que la nais-
sance successive, de deux enfants devait bientôt accroître. M. de Jussieu
semblait n'avoir plus rien à désirer sur la terre, quand, par un arrêt du
ciel, dont tous nous avons à subir à notre heure la sévérité, l'édifice de son
bonheur fut détruit ; deux jours s'étaient à peine écoulés depuis la naissance
de son second enfant, que celte compagne de toute sa vie lui était violem-
ment enlevée par la mort. Il est des douleurs que la parole ne peut retracer;
celle de M. de Jussieu fut du nombre, et, pour ne pas y succomber, il dut
faire appel aux sentiments virils qu'il avait reçus de la nature, et surtout à
cette espérance consolatrice d'une vie meilleure qui vit au fond de toutes
les consciences, et qui avait encore été fortifiée, chez lui, par les ensei-
gnements et les exemples de la famille. Séparé de celle à laquelle il avait
voué une inaltérable/tendresse, il reporta l'exubérance de ses affections sur
NOTICE SUR M. A. DE JUSSIEU. 395
scs deux filles, dont l'avenir devint sa préoccupation constante. A peine
avait-il assuré leur bonheur et rempli ainsi sa dernière tache, que le ciel
l'enlevait lui-même à déjeunes familles dont il eût été l'idole.
Adrien de Jussieu avait reçu de la nature toutes les qualités qui font
accepter un talent supérieur et qui en éloignent l'envie , un caractère
ferme et bienveillant, un cœur droit et dévoué, une âme sensible; il faisait
naitre et goûtait les joies délicieuses de l'intimité, dont le vulgaire des
hommes ignore le charme.
Son extérieur était modeste, et, en l'abordant pour la première fois, on
aurait pu se former de l'homme une idée bien éloignée de la vérité : sa phv-
sionomie peu mobile et une certaine étrangeté dans le regard qui tenait, en
grande partie, a la petitesse de ses yeux, imprimaient une sorte de froideur
à son accueil ; son extrême timidité l'empêchait, d'ailleurs, de se mettre à
l'aise, et était maladroite à y mettre les autres. Mais les premières paroles
de M. de Jussieu changeaient bientôt cette impression: sa conversation
fine, spirituelle, colorée, bienveillante, toujours nourrie d'une quantité
d'anecdotes piquantes et placées à propos, achevait vite la conversion, et
l'on emportait, pour ne plus l'oublier, la double image qui peignait l'homme
tout entier.
Je l'ai dit en commençant, M. de Jussieu était né sans ambition; il a
cultivé la botanique avec éclat, par devoir et par goût, en restant fidèle
aux traditions de sa famille et à celles de la science; la renommée et les
emplois publics lui vinrent par surcroit. La passion du bruit et de la gloire,
qui, comme toutes les autres, a le malheur de ne dédommager que faible-
ment des tourments qu'elle cause, n'a point agité la vie de M. de Jussieu :
il appartient a cette grande génération des hommes de science qui ont
enfermé leur activité dans le cercle utile de leurs nobles travaux et qui ont
cru que les actes de la vie publique la plus sage ne peuvent, pour la durée
se comparer aux moindres services rendus aux sciences.
Depuis longtemps M. de Jussieu ressentait les atteintes du mal qui devait
le conduire au tombeau, mais il n'en soupçonnait ni l'origine ni la gravité.
Le travail de la digestion lui occasionnait de vives souffrancesqui l'obligeaient
à rester, après ses repas, étendu dans son fauteuil pendant plusieurs heures.
C'est dans ces moments de vie en apparence inactive qu'il se livrait soit à
la lecture, soit à la méditation. Durant ces veilles prolongées, sa bibliothèque
restait éclairée bien avant dans la nuit; sa lampe était devenue, pour les
babitauts du Muséum, ce qu'était pour le peuple deMeaux la lumière mati-
nale deBossuet, l'étoile de Monseif/new, comme on l'appelait : l'emblème
de l'assiduité, de la ténacité au travail.
Les secours de la médecine furent impuissants. Dès la fin de 1852, on
reconnut avec douleur que l'illustre savant était atteint d'une de ces mala-
dies incurables dont aucune puissance humaine ne peut ralentir la marche.
390) SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCK.
Seul, au milieu de nous, M. de Jussieu semblait ne pas comprendre la
gravité de sa position. Il se croyait lié par les mêmes obligations qui lui
étaient si légères quand il jouissait de la plénitude de la santé, et, presque
accablé déjà par l'excès de la souffrance, l'habitude du devoir le ramenait
encore à l'exercice de ses fonctions de professeur. On eût dit qu'il voulait,
comme l'empereur Marc-Aurèle, mourir debout; mais bientôt ses forces
trahirent sa volonté, et il fut contraint d'abandonner tout travail.
C'est dans ses longues heures d'agonie qu'il eut besoin de toute la force
de caractère, dont la nature l'avait doué. Quelque violents que fussent les
accès du mal, on ne l'entendit jamais se plaindre; de même qu'il avait été
fort contre les enivrements de la prospérité, il le fut aussi contre la dou-
leur. Qu'il me soit permis de rappeler ici, avec reconnaissance, les soins
touchants qui lui furent prodigues, au milieu de sa famille eplorée par son
cendre, M. Ramond, qui se montra ce qu'eût été pour un père, un fils
tendre et dévoué.
M. de Jussieu expira le 29 juin 1853.
Sa mort fut un deuil général.
Le. Muséum et l'Institut perdaient une de leurs illustrations; la Faculté
des sciences, un de ses professeurs les plus renommes; la Société centrale.
d'Aericulture, un de ses membres les plus distingués ; la France, un nom
glorieux et populaire, étroitement lie aux grands noms de Buffon et de
Cuvier. Cette gloire repose entièrement sur la science ; elle n'emprunte rien
a la majesté du style, à la hardiesse des vues comme celle de Buffon; elle
ne parle pas a l'imagination comme celle de Cuvier, qui nous a fait assister
à la résurrection d'un monde perdu ; mais elle s'appuie sur des découvertes
non moins importantes, elle a pour base des vérités non moins éternelles,
la subordination des caractères dans les êtres organisés, et leur distribution
en Familles naturelles, auxquelles restera pour toujours attaché le nom
illustre des de Jussieu.
Liste des ouvrages ou mémoires de M. Adrien de Jussieu.
Revue drs genres cl des espèces de la famille des Ternstroemiacées (Ami. scienc.
nat., trcsér., Il, p. '270).
Description d'un genre nouveau nommé Icacina (Mém. Soc. hist. nat. Paris, 1822,
IV, p. 17U. c. icon.).
De Euphorbiacearum generibus medicinisque earumdem viribus Tentamm.
Paris, in-Zi, 118 p., 18 lab.
Considérations sur la famille des Euphorbiacées (Mém. Mus. hist. nat., X).
Mémoire sur les Uutacéks, ou Considérations sur ce groupe de plantes, suivies de
l'exposition des genres qui le composent (M ('-m. Mus. hist. nat. , XII, c. icon., 16).
Monographie du genre Puebalium (Mém. Soc hist, nat., II, cum icon.,).
(Les dessins dos planches 11 et 12. sans nom de dessinateur, ont été exécutés par
mademoiselle Félicie de Jussieu.)
NOTICE SUR M. A. DE JUSSIEU. 397
Mémoire sur le groupe, des Méliacées (Mém. Mus. hist. nat., XIX, cura icon. 12
et mappa).
Note sur TOncostemum, nouveau genre de la famille des Ardisiacées (Méra. Mus.
liist. nat., XIX, c. icon.).
Description des Malvacées (in Flora Brasilia méridional., 1821).
Malpighiacearum synopsis mimographicœmox edendœ Prodromus (Ann. scienc.
nat., 2eséi\, vol. XIII).
Monographie de la famille des Malpighiacées, examen des tiges de ces plantes,
et comparaison de leurs lianes avec celles d'autres familles (Compt. rend.,
vol. XII, p. 5Zi5j.
Sur les tiges de diverses Lianes, et particulièrement sur celles de la famille des
Malpighiacées (Ann. scienc. nat., 2e série, vol. XV, p. 167).
Monographie des Malpighiacées, ou exposition des caractères de cette famille de
plantes, des genres et des espèces qui la composent; accompagnée de 23 plan-
ches (Arch. du Mus., vol. III).
■Note sur quatre espères cTHydrostachys (Deless. icon., vol. III, 3).
Note sur la famille des Pkn.kacées (Ann. scienc. natur., 3e série, VI, 15, cura
icon.).
Note sur les fleurs monstrueuses d'une espère d'Érable (Ann. scienc. nat.,2esérie,
vol. XV, cum icon.).
Mémoire sur 1rs Embryons monocotylédonés (Ann. scienc. nat., 2e série,
vol. XI).
Recherches sur les Embryons monocotylédonés (Compt. rend, des séances de
l'Acad. des scienc, vol. IX, p. 15).
Mémoire sur les Embryons monocotylédonés (Ann. scienc. nat., 2e série, XI,
341, cum icon.).
Cours élémentaire d'Histoire naturelle, à l'usage des collèges et des maisons
d'éducation, rédigé conformément au programme de l'Université du 14 septem-
bre 1840. Partie Botanique. lie édition, 1842, 728 pages. Précédé d'une note
de l'auteur.
Observations sur quelques plantes du Chili (Ann. scienc. nat., l'e série, XXV,
cum icon.).
(Cette notice renferme les caractères de la famille des Francoacées, des remarques
sur quelques EupLorhiacées, la description des genres Eveilla, Villaresia, Dccostea,
Gayophytum, Chiropetalum, Adenopellis, ainsi que des remarques sur le Synzygan-
thera, que M. de Jussieu rapporte au Lacistema).
Note sur le genre Francoa (Ann. scienc. nat., Ve série, H, p. 192, cum icon.).
Note sur le genre Xapoleona (Ann. scienc. nat., 3" série, vol. II, p. 222,
cum icon.).
Note sur le Cheirostemon platanoides (Van Houtte, Flore des serres, vol. VII,
p. 7, cum ta)).).
Rapport sur la partie botanique du voyage de M. Claude Gay au Chili, fait à
l'Académie des sciences de l'Institut, le 1er juillet 1833 (Archives de botan.,
vol. II, p. 17(i).
t. i. 26
398 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DR FRANCE.
Rapport s>tr un mémoire de M. Pazzitii, ayant pour titre : Nouvelle théorie sur
l'origine des Champignons (Compt. rend., vol. X, p. 80/i\
Rapport sur un mémoire de M. Decaisne, concernant le développement du pollen
dans le Gui, les changements que présentent ses ovules, ceux du Thesium; et en
général ceux des Santalacées (Compt. rend., vol. X, p. 80/t ; — Ann. se. nal ,
2e série, vol. XIII, p. 292\
Rapport sur le Rumphia de M. C.-L. Blume, directeur du Musée de Leyde (Ann.
se. nat.,3e série, XIV, 367).
Rapport sur une note de M. Louis Vilmorin, concernant une variété non épineuse
de l'Ajonc (Compt. rend., XXX, p. 193).
Rapport sur le voyage de M. Roche! d'Héricourt (Compt. rend., XXII, p. 810).
Rapport sur le. troisième voyage de M. Roche) d'il ni court en Abyssinie (Compt.
rend., XXXII, p. 227).
Ce rapport renferme la diagnose de trois espèces nouvelles décrites par A. Richard ;
ce sont : Leucospermum Rochciianum , Combrelum Rochetianum et Combretum?
lepidolum.
Rapport sur an mémoire de M. Solier, ayant pour litre : Sur deux Algues zoo-
sporées devant former un nouveau genre (XXIII, p. 1126).
Rapport fait au nom de lu commission chargée d" examiner les pièces adressées
au concours pour le grand prix des sciences naturelles de 18/i7 (Compt. rend.,
XXX, p 11,217).
Rapport sur un mémoire relatif aa Papyrus des anciens cl sur le Papyrus de
Sicile (Ann. se. nat., 3e série, XV III, p. 295).
Rapport sur la partie botanique d'un ouvrage de M. Claude Gay, ayant pour titres
Historia (isica y politica de Chile (Compt. rend., XIV, p. 11/|5).
Rapport sur un mémoire de M. Duchartre, ayant pour titre: Observations sur
Porganogénie de la fleur des Malvacées (Compt. rend., XXI, p. Zii7).
Rapport sur un mémoire de AL le docteur Weddell, intitulé Histoire naturelle des
Quinquinas (Compt. rend., XXVIII, p. 729).
Rapport sur une note de M. Chatin, ayant pour titre : Nouvelle distribution des
Crucifères (Compt. rend., XXX, p. 191).
Rapport sur un mémoire de M. Alphonse de Candolle, ayant pour titre : De la
naturalisation des plantes (Compt. rend., XXXI, p. 358).
Instruction pour un nouveau voyage de M. Rocket d'Héricourt en Abyssinie
(Compt. rend., XXV, p. 250).
Instructions demandées pour le voyage de M. d'Escayrac dans les régions de
Tunis et de Tripoli (Compt. rend., XXVIII, p. 546).
Instructions pour le voyage en Perse de M. Cloquet et pour le voyage a Mada-
gascar de M. Leguillou (Compt. rend., XXII, p. 199, 203).
Coup d'œil sur la Flore des îles Canaries, tracl. de l'allem. de M. JLéopold de
Buch (Archiv. de bot., v. I, p. 289 et A81).
Article Taxonomie végétale (Dict. unîv. scienc. nat.).
Article Géographie botanique (Dict. univ. scienc. nat.).
NOTICE SUR M. A. DE 11 SSIKC. 399
Lettre à MM. les rédacteurs des Annales des sciences naturelles Èiir un point de
l'histoire de labotanique I \nn. se. nal., vol. II).
Notice sur la vie et 1rs ouvrages de Charles-Sigismond Kunth, professeur de bo-
tanique à Berlin (Ann. se. nnL, 3e série, XIV, p. 76).
Notice sur Augustin Suurret (Mém. Soc. centr. d'agriculture de Paris, 1853).
La nomination de M. de Jussieu aux fonctions de directeur de l'herhierdu
Muséum eut pour résultat la création d'un herbier spécial de la Flore fran-
çaise, auquel il donna pour base la collection offerte à l'établissement par
M. De Candolle, qui l'accompagna de la lettre suivante, restée inédite et
conservée dans les galeries botaniques.
« L'herbier de France, que j'ai l'honneur d'offrir au Muséum d'histoire naturelle
-de Paris, comprend toutes les espèces de la Flore, française dont je me suis trouvé
des doubles dans ma propre collection.
» Il est distribué, non dans Tordre de la Flore française, niais dans celui de la
seconde édition du Synopsis, qui paraîtra dans peu sous le nom de Botanicon
gallicum. C'est pourquoi chaque espèce y est désignée par l'abréviation B. G., qui
y fait allusion. En attendant que cet ouvrage ait paru, on retrouvera facilement les
objets de cette collection, en sachant qu'ils y sont rangés 1" pour la classe des
Thalamiflores, d'après Tordre suivi dans ce qui a paru ou va paraître du Systèma
universale ou du Prodromus regni vegetabilis ; 2" pour le reste , dans Tordre
admis dans la Théorie élémentaire. Chaque espèce est indiquée par une désigna-
tion de localité qui n'est relative qu'à l'échantillon. C'est dans l'ouvrage lui-même
qu'il faut chercher l'énuméraiion détaillée des lieux divers où se trouve chaque
espèce ; celle qui est au bas de l'étiquette indique seulement le lieu où l'échantillon
a été cueilli ou par moi-même, ou par quelque autre botaniste dont le nom est
aussi indiqué. Lorsqu'il n'y a point de désignation, c'est (pie l'origine de l'échan-
tillon ne m'est pas suffisamment connue ; dans les cas où je n'ai pas eu d'échan-
tillons disponibles en France, j'y ai suppléé ou par des plantes du jardin, ou
par celles des pays les plus voisins, collalionnés avec ceux qui ont servi de t\pe
à la Flore.
>■ Il manque encore quelques espèces à cette collection; j'en ai gardé une note
exacte pour les fournir au .Muséum, à mesure que j'aurai pu me les procurer.
Parmi les plantes qui manquent, il en est de plusieurs sortes : les premières,
comme le Dipsacus sylvestris ., tellement communes que j'avais négligé de les
dessécher en double ; les secondes, comme le Cyclamen linearifolium, tellement
rares que je n'ai pu m'en procurer encore qu'un seul échantillon; les troisièmes,
comme les Champignons charnus, tellement difficiles à dessécher qu'elles man-
quent dans tous les herbiers, h" Il est encore quelques espèces qui manquent,
parce que je ne les possède pas moi-même et que je les ai décrites d'après des
échantillons conservés dans les herbiers des autres botanistes. Celte cause d'omis-
sion est particulièrement applicable aux Lichens, famille que, à l'époque de la
rédaction de la Flore française, j'ai principalement étudiée dans l'herbier de M. Léon
IlOO SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Dufour. 5" Enfin je n'ai pas cru devoir comprendre dans cette collection quelques
espèces propres au Piémont, qui avaient été placées dans la Flore à l'époque de sa
publication, mais qui ne se trouveront pas dans le Botanicon, soit parce qu'elles
croissent dans une autre démarcation politique, soit surtout parce qu'elles font
partie d'une autre région botanique; j'y ai conservé, au contraire, celle des
points, tels que ÎNice , par exemple, qui, bien que situés aujourd'hui hors de
France , sont tellement rapprochés de la frontière , qu'il est impossible de croire
que les plantesqui y ont été trouvées ne se rencontrent pas sur le territoire fiançais
contigu.
» Sans m'astreindre à placer dans cette collection toutes les variétés mentionnées
dans la Flore, j'en ai cependant mis un certain nombre, en les choisissant surtout
parmi les variétés sauvages qui pourraient avoir été, ou être à l'avenir, considérées
comme des espèces.
» Je n'achèverai point cette note, destinée à faire partie permanente de l'herbier
de France, sans dire que plusieurs des plantes qui y sont disposées ont été re-
cueillies dans les voyages botaniques que j'ai exécutés dans les départements, par
ordre du gouvernement, dans les années 1806, 1807, 1808, 1809, 1810 et 1811,
et sans y consigner le témoignage de mon admiration et de ma reconnaissance
pour le Muséum d'histoire naturelle de Paris ; c'est dans cet établissement que j'ai
puisé mes premières connaissances sur l'art d'étudier les productions naturelles,
et, si mes travaux peuvent mériter (pie le Muséum veuille en conserver le souve-
nir, je désire que l'on sache combien je m'honore d'en avoir été l'élève et d'y
compter des amis. »
A. -P. Pe Candolle,
Professeur a l'Académie de Genève, correspondant de l'Académie
îles sciences de l'Institut de France, elc.
Genève, 17 juin 1822.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
PHYSIOLOGIE VEGETALE.
Mémoire sur la formation des stomates dans l'épidémie
des feuilles de l'Ephémère des jardins, et sur l'évolu-
tion des cellules qui les avoisinent ; par le docteur Garreau
(Ann. des se. natur., Uc sér. , I, 1854, p. 213-211), planche XV).
Ce mémoire ajoute quelques faits nouveaux a ceux que l'on possédait
déjà relativement a la formation des stomates. L'auteur a vu que, lorsque
la cellule-mère du stomate se divise en deux par un diaphragme médian et
longitudinal, « au lieu d'un diaphragme simple il s'en fait un double, et
que cette double membrane n'est autre chose que les faces latérales des deux
cellules nouvellement développées par les deux petits amas de matière vi-
vante, cellules qui se joignent, pour ainsi dire, en naissant, et donnent l'ap-
parence d'une cloison simple aux seules parties de leur membrane qu'il nous
soit donne d'apercevoir, et qui se disjoignent ensuite pour former l'orifice
stomatique. » Généralisant ses observations sur la part que prend la matière
azotée des courants intracellulaires et du noyau ou nucléus à la formation
des nouvelles cellules, il dit que « la paroi cellulosienne prend naissance au
pourtour de la matière azotée, qui s'est probablement dédoublée en plusieurs
amas distincts. » Il ajoute : « Au lieu de regarder ce noyau comme devant
concourir directement, par sa substance, à développer la paroi cellulaire,
nous le croyons lié, par sa nature et ses fonctions, à la membrane primor-
diale, siège de la sécrétion cellulosienne, puisque ses filaments ou les cou-
rants plastiques qui les remplacent, se confondent avec cette même mem-
brane, seule partie de ce petit organisme qui soit en rapport apparent avec
la paroi cellulaire proprement dite. »
Ueber die Nervation «1er Blaetter uiul blattartigen Or-
gane bel den Eiaphorhiaceen, mit besonderer linck-
siebt auf «lie vorweltlicben Formen (Sur la nervation des
feuilles et des organes foliacés chez les Euphorb lacées, eu égard particu-
lièrement aux formes fossiles), par le docteur Constantin d'Kttinghausen.
Sitzungsberichte ou Comptes rendus des séances de l'Académie impér. des
402 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
sciences de Vienne', cahier de janv. 1854, XII, p. 138. Tiré a part en
brocli. in-8° de 19 pages et 8 planches (1).
M. d'Ettingshausen établit parmi les modes de nervation que présentent
les Euphorbiacées la classification suivante :
A. Feuilles simples.
1. Nervation dirigée vers les bords (Raudlaeufige Nervation; Nervatio
craspedodroma). Nervures secondaires simples, le plus souvent rapprochées,
(1) Les planches qui accompagnent ce mémoire ont été exécutées au moyen du
procédé inventé récemment par M. Louis Auer, directeur de l'imprimerie impériale
et royale de cour et d'État, à Vienne. Les nervures et les veines des feuilles y sont
reproduites avec une perfection et une fidélité qui n'ont d'égales que celles des
épreuves photographiques. Les avantages et le but du procédé qui a servi à les exé-
cuter sont indiqués dans le titre d'une brochure écrite en français et publiée à
Vienne en 1853. Nous croyons devoir, pour ce motif, reproduire ce titre en entier.
« Découverte de l'impression naturelle ou invention du moyen de produire, de la
manière la plus prompte et la plus simple, d'après l'original même, des formes
d'impression pour des collections entières de plantes, pour des étoffes, des dentelles,
et en général pour toutes sortes d'objets originaux et de copies, quelques minces
que puissent être leurs reliefs et leurs cavités, moyennant laquelle méthode on est
à même tant de tirer des imprimés et d'empreindre en blanc sur fond colorié, que
d'obtenir en couleurs naturelles, sur papier blanc, des copies identiquement égales
à l'original, sans qu'on ait besoin d'un dessin ou d'une gravure faits par main
d'homme, de la manière usitée jusqu'à présent; exposition lue dans la classe de
mathématiques et d'histoire naturelle de l'Académie impériale des sciences, ;'i Vienne,
par Louis Auer. »
La brochure que nous avons sous les yeux ne donne pas les détails du procédé
employé pour l'impression naturelle des plantes, mais elle contient l'indication
précise de la même méthode appliquée à la reproduction des dentelles, méthode
qui paraît être semblable. Nous croyons donc faire plaisir aux abonnés du Bulletin
en reproduisant littéralement cet exposé.
« On enduit le coupon original de dentelle destiné à être copié d'une mixture
d'eau-de-vie et de térébenthine vénitienne, et on le pose tendu sur une planche
de cuivre ou d'acier bien polie. On y superpose ensuite une seconde lame de plomb
pur, également polie, et l'on fait glisser, à l'aide d'une presse chalcographique, les
deux planches renfermant l'échantillon de dentelle, entre deux cjlindres qui exer-
cent momentanément une pression de S00 à 1000 quintaux. Aussitôt qu'on a dé-
taché les planches, on découvre que le tissu de la dentelle s'est empreint dans la
lame de plomb; on l'en écarte avec circonspection, et le dessin se montre en creux
sur ladite lame.
» Or, voulant obtenir, dans le but d'en tirer des imprimés, une planche de la
composition plus dure de métal à fondre, des caractères, on emploie le procédé or-
dinaire de stéréotypie ou de galvanisation, par lesquels on peut multiplier, comme
on le suit, à l'infini, le nombre des planches destinées à l'impression.
;;
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. /((Jo
se dirigeant en ligne droite ou seulement par des ares 1res ouverts vers le
bord ou elles se terminent brusquement.
Cette nervation est très développée chez les Cupulifèreset les Uimaeées;
on ne la trouve que ça et là chez les Euphorbiacées, surtout dans les inflo-
rescences feuillees des Phyllanthus, dans ies feuilles de quelques espèces
d' Oiaulanthus et de Bridelia.
'2. Nervation apicilaire (Spitzlaeufige Nervation; Nervatio acrodroma).
Deux ou plusieurs nervures parties du bas de la feuille se dirigent vers son
sommet entre la nervure médiane et le bord: Jatropha, Alc/wrnea, Hippo-
mune et Sarcococca.
3. Nervation arquée (Bogeniaeufige Nervation; Nervatio camptodroma).
Nervures secondaires fortes, marchant en arc vers le bord pour s'y anasto-
moser avec la nervure adjacente et antérieure, naissant le plus souvent à de
grandes distances les unes des autres : Styloceras, Hura, Stillingia,
Plucknetia, Botryanthe, Hecatea, Mabea, Gelonium.
h. Nervation entrelacée (Schlinglaeutige Nervation; Nervatio brochido-
droma). Nervures secondaires fines, assez distantes, naissant sous des an-
gles peu aigus et marchant presque en ligne droite jusqu'au milieu de la
moitié de la feuille, ou peu au delà, pour y former avec les deux nervures
adjacentes de même nom un entrelacement qui, de son côté dirigé vers le
bord, émet des nervures tertiaires ou des nervures réticulées plus fortes.
Cette nervation est assez répandue chez les Euphorbiacées : Maprounea,
Excœcaria, Sebastiania, Sarothrostachys, Stillingia, Mabea, Baloqhia,
Phyllanthus.
5. Nervation réticulée (Netziaeutige Nervation; Nervatio dictyodroma) .
Nervures secondaires fines, généralement rapprochées, plus ou moins si-
nueuses, passant, après un court trajet, à un réseau délicat.
Cette nervation est la plus fréquente soit dans les feuilles des dicotylé-
dones en gênerai, soit dans celles des Euphorbiacées en particulier : Eu-
phorbia, Anthostema, Colliyuaja, Excœcaria, Styloceras, Hippomane,
Omalanthus, Stillingia, Gelonium, Phyllanthus, etc.
6. Nervation rayonnée (Strahlenlaeufige Nervation; Nervatio actino-
droma). Deux ou plusieurs nervures basilaires partent du point d'attache
de la lame au pétiole, et se dirigent en divergeant vers les extrémités des
divisions et des lobes de la feuille.
Cette nervation est très répandue chez les Euphorbiacées : Dalechampia
Pachystemon, Tragia, Mappa, Macaranga, Aleurites, Elœococca, Jatro-
pha, Curcas, Cnidoscolus, Manihot, Ricinus, Andriana.
7. Nervation perdue dans le tissu (Geweblaeufige Nervation ; Nervatio
hyphodroma). Nervures secondaires manquant ou se montraut à peine :
Pedilanthus, Euphorbia, fticinocarpus, Amperea.
B. Feuilles composées.
ZlO/| SOCIÉTÉ BOTANIQUE 1>K FRANCE.
Ces feuilles ne se montrent qu'exceptionnellement chez les Euphorbia-
cées et seulement chez les genres Siphonia et Anda.
Le reste du mémoire est consacré à la description détaillée des feuilles
des Euphorhiacées.
IV Im b* die Nervation tlei* Blaetter der Papilionaeeeii [Sur
la nervation dès feuilles des Papilionacées), par le docteur C. d'Kttings-
hausen. Comptes rendus de l'Acad. des sciences de Vienne, classe des
mathématiques et de l'histoire naturelle; avril 1854, vol. XII, p. 600.
Tirage à part en brochure in-8° de 06 pages, et 22 planch. exécutées
comme celles du mémoire précédent.
Ce mémoire n'est qu'une application aux feuilles des Papilionacées de la
classification adoptée par l'auteur pour les nervations des Euphorhiacées.
Les nervations des Papilionacées sont divisées en 8 catégories qui corres-
pondent aux 6 premières admises pour les Euphorhiacées, la première et la
quatrième de celles-ci étant subdivisées chacune en deux, dont l'une est
nommée parfaite et l'autre imparfaite. Cet exposé, tout de détails, n'est nul-
lement susceptible d'analyse, et doit être étudie dans le mémoire original
lui-même.
Ziir EBitwickelMMgsgescliiclite des Collema bulbosum, Achar.
{Sur l'organogénie'du Collema bulbosum, Achar.); par M. Julius Sachs.
Botan. Zeitung, du 5 janvier 1855, col. 1-9, plane. I.
Ce travail a été entrepris dans le but de reconnaître si l'analogie que plu-
sieurs botanistes ont supposé rapprocher les Nostochinées des Collémacées
existe réellement. Depuis trois ans, M. Sachs avait observé une quantité
surprenante de Collema entre Prague et Kuchelbad ; le Collema bulbosum
s'y montrait particulièrement abondant. Grâce à l'humidité exceptionnelle
du printemps de 1854, il a pu suivre, pendant les mois de mai et de juin,
un nombre considérable d'états intermédiaires entre le Nostoc commune et
le Collema bulbosum ; d'où il a été conduit à conclure que ces deux végé-
taux ont une même origine. L'étude micoscopique a confirmé de la manière
la plus formelle ce résultat remarquable. Voici en résumé les principaux
faits observés par l'auteur dans ses recherches sur l'organogénie du Collema
bulbosum.
1° Des gonidies naît, par une série de divisions opérées dans une direc-
tion unique, un cordon celluleux qu'entoure la cellulose gélatineuse des
petites cellules continente en une enveloppe commune. 2° Dans ces iiles de
cellules semblables à un collier de perles se montrent maintenant, à des in-
tervalles déterminés, des cellules brunâtres plus grosses, de sorte que le>
cordons se conforment en chapelets. 3° L'entrelacement et la multiplication
REVUE BiBLIOGlUl'HIQl K. &05
continuelle des cordons, ainsi que le durcissement de la couche externe de
la gélatine commune en membrane d'une certaine consistance, donnent
naissance à un petit corps nettement circonscrit de tous les côtés, qui est le
Nostoc commuai', h" La petite masse de Nostoc qui a pris ainsi naissance
peut maintenant, selon les circonstances extérieures, suivre deux voies phy-
siologiques différentes : (a) ou bien cette formation devient indépendante;
elle grossit considérablement et périt, plus tard, a l'état de Nostoc ; (b) ou
bien, sous l'influence de circonstances favorables, les cellules des cordons
se développent en filaments incolores, qui s'enchevêtrent en feutre serré, et
qui finissent ainsi par former le thalle d'un Collema bulbosum ; dans ce cas,
lorsque apparaît ce nouvel élément intérieur, l'aspect extérieur change
aussi, et la petite masse du Nostoc se fronce de rides qui deviennent ensuite
les lames du thalle.
M. Sachs avoue que, pour compléter l'organogéuie du Collema bulbosum,
il lui manque une observation importante, puisqu'il ne l'a pas vu naître de
la spore, et il ajoute qu'il n'espère guère avoir désormais l'occasion de com-
bler cette lacune.
BOTANIQUE DESCRIPTIVE.
Folia orcliitlacea. An enuBiierntioia of tlie known Spe-
eies of Orcliids {JE numération des espèces connues d'Orchidées), par
le professeur ,1. Lindley. Londres, 1852 a 1854.
M. Lindley, dont les beaux et nombreux travaux sur les Orchidées ont
tant contribué a éclairer et à étendre l'histoire de cette vaste famille, a en-
trepris, depuis le mois d'octobre 1852, la publication d'un ouvrage qui
manquait aujourd'hui à la science. En effet, quoique son Gênera and Species
of Orchidaceous plants n ait été terminéqu'en 18/i0, pendant quatorze ans qui
se sont écoulés depuis cette époque, le nombre des nouvelles espèces d'Or-
chidées qui ont été importées en Europe soit sèches, soit vivantes, est déjà
très considérable. Or, la description de toutes ces plantes est dispersée dans
plusieurs collections, en général anglaises, et toutes d'un prix assez élevé
pour qu'on ne les trouve, que dans un petit nombre de bibliothèques, telles
que le Botanical Magazine, le Botanical Begister, le Magazine of botany de
M. Paxton, le Floiver Gardenùe MM. Lindley et Paxton, et aussi dans les
Annales de M. Morren, dans la Flore des serres de M. Van Houtle etc.
enfin dans quelques ouvrages splendides, tels que le Sertum orchidaceum
de M. Lindley, le gigantesque ouvrage de M. Batemau sur les Orchidées
du Mexique et du Guatemala, le Pescatorea actuellement en cours de pu-
blication, les Xenia orchidacea de M. Ueichenbach fils, etc. Réunir en les
élaborant et les complétant encore ces nombreux documents, faire, en un
mot, une nouvelle élaboration de son synopsis monographique des Orchi-
A<>(5 SOCIÉTÉ BOTANIQUE l>K FRANCE.
dees, était un travail que M. Liiidley pouvait faire mieux que personne, et
les botanistes doivent se féliciter vivement qu'il l'ait entrepris.
La marche adoptée par M. Lindley pour ses Folia orchidacea lui laisse
toute la liberté d'allure désirable Au lieu de publier ses monographies gé-
nériques dans un ordre méthodique, il les livre a l'impression sans ordre et
selon que les circonstances l'ont amené à terminer l'une plutôt que l'autre.
Aussi la pagination est distincte et séparée pour chaque genre; et les petits
genres qui n'occupent que très peu d'espace sont imprimés sur un feuillet
à eux propre. Il en résulte que, lorsque l'ouvrage sera terminé, on pourra
en disposer les parties dans l'ordre que l'on préférera.
Jusqu'à ce jour, 5 parties ou cahiers ont été publies : la première partie
est datée d'octobre 1852; la 2e, de janvier 1853; la 3e, de lévrier 1853; la
h\ d'avril 1853; la 5e, de février 1854. On y trouve les Monographies de
plusieurs petits genres, et, parmi ceux qui sont plus riches en espèces, celles
des genres Stankopea, Odontoglossum, Epidendrum, Vanda, Brassia, So-
bralia et Cœlogyne. Le genre Epidendrum occupe a lui seul une grande
portion de la 2e, de la k" partie, et la 3" tout entière. Il ne renferme pas
moins de 310 espèces, taudis qu'il en comptait seulement 71 dans le Gênera
and Species.
Les Cœlogyne se sont élevés au nombre de 61 espèces, les Sobralia a
celui de 2k, les Odontugloaston a. (57 au lieu de 21, h et 5 espèces dont on
trouvait le signalement dans le même ouvrage. Ces chiffres permettent de se
faire une idée de l'énorme accroissement qu'a pris la famille des Orchidées
pendant les vingt dernières années.
Leguminosse quredam Australasiœ novte, Auctore C. F. Meis-
ner, prof. Basileensi. liotan. Zeituny, 5 janv. 1855, col. 9-13, 12 janv.
col. 25-32.
Les plantes, objet de ce travail, ont été recueillies toutes, a l'exception
d'une seule, par l'infatigable collecteur James Drummond, en 1850-1851,
dans la partie occidentale de l'Australie, au nord et à l'est deSwau-River.
Les Acacia qui y sont compris sont tous phyllodinés. Voici les noms de ces
espèces nouvelles : 1. Acacia iPungentes) retrorsa; Dru m. Collée. VI, n° h.
— 2. A. (Imngentes? v. Brachybotryae?) cocklocarpa ; Drum. Coll. VI,
n" 6. — 3. A. ( Calamiformes ) scirpi folia ; Drum. Coll. VI, n° 5. —
k. A. (Latifoliae 1-nerviœ) falcinella ; leg. Cl. Latroche. — 5. A. subfalcata;
bruni. Coll. VI, n° 1. —6. A. daphnifolia ; Drum. Coll. VI, n° 2. — 7. La-
bichea tephrosiœ folia ; Drum. Coll. VI, n" 7. — 8. Oxylobium nervosum;
Drum. Coll. VI, n" 21. -- 9. 0 .? genistoides ; Drum. Coll. VI, n° 9. —
10. Goiupholubiuai Drummondii; Drum. Coll. VI, n° 10. — 11. Jacksonia
carduacea; Drum. Coll. VI, n" IU. — 12. ./. rnacrocalyx ; Drum. Coll. VI,
KEVUE BIBLIOGRAPHIQUE. A07
il" 15. — 13. J. ulicina; Drum. Coll. VI, n° 13. — \h. J. stricta; Drum.
Coll. VI, n° 12. — 15. J. cupulifera; Drum. Coll. VI, n° 11. — 16. Da-
viesiu Epiphyllum; Drum. Coll. VI, n° 18. — 17. Sphœrolobium crassira-
rneum; Drum. Coll. VI, n" 20. — 18. S. pulchellum; Drum. Coll. VF,
u° 19. — 19. Gastrolobium verticillatum ; Drum. Coll. VI, n° 1k. — 20. G.
axillare;Dnun. Coll. VI, n°22. — 21. G. bidens; Drum. Coll. VI, n° 23.
— 22. G. lineare; Drum. Coll. VI, u° 25. — 23. Hovea ulicina; Drum.
Coli. VI, n" 26. — 2Zi. Bossiœa nervosa; Drum. Coll. VI, u° 29.-25. Pso-
ralea Drummondii ; Drum. Coll. VI, n° 33.
BOTANIQUE GÉOGRAPHIQUE .
Mémoire sur la coloration de la mer «le Chine ; par
M. Camille Dareste. (Ann. dessc. natur., h' série, I, 1854, p. 81-91.)
M. C. Dareste a eu occasion d'examiner attentivement le dépôt laissé par
une petite quantité d'eau de la mer de Chine qui avait été puisée dans une
partie où la mer était colorée en rouge. Il y a reconnu l'existence du Tri-
chodesmum erythrœum, Ehrenb., qui, comme l'ont montré MM. Ehrenberg
et Montagne, colore souvent l'eau de la mer Rouge. Il est porté a penser que
les parties jaunes de la mer de Chine peuvent bien devoir leur coloration
à l'existence de la même Algue microscopique ; mais il n'a pu vérifier ce t'ait
par lui-même.
Il donne ensuite des citations qui prouvent que ces petites algues ont été
déjà aperçues, mais que les observateurs en ont méconnu la nature et
origine.
BOTANIQUE APPLIQUEE.
Iles application* de la botanique à la pharmacie, par
M. J.-L. Soubeiran. Paris, 1855, in-8° de 88 pages.
Ce mémoire a été présenté comme thèse a l'École de pharmacie de Taris
dans un concours pour l'agrégation. L'auteur y développe successivement
quatre propositions : 1° Les connaissances botaniques ont contribue a en-
richir la matière médicale de nouveaux médicaments; elles peuvent servir
de guide dans les recherches de même nature. L'auteur se livre a une dis-
cussion circonstanciée pour reconnaître le degré d'exactitude du principe
linneen : Plantœ quœ génère conveniunt, etiam virtute conveniunt, etc. 11
soumet à un examen particulier les familles des Légumineuses, Euphor-
biacées, Renonculacées, Ombellifères, Scrophularinées, Solanées, Rubia-
cées, Liliacées, Champignons, et il arrive a cette conclusion que l'analogie
entre les propriétés médicinales et les caractères botauiques est évidente
chez les Rubiacées, générale, quoique soumise a des exceptions, chez les
408 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Légumineuses, les tëuphorbiacées, les Renonculacées, les Solanéesj dou-
teuse chez les Scrophularinées, encore difficile à établir chez les Liliacées,
au moins obscure chez les Champignons.
2° Les caractères botaniques éclairent les substitutions à faire d'une plante
a une autre ou d'un produit fourni par une plante a des produits retirés de
plantes différentes. De nombreux exemples sont cités par l'auteur à l'appui
de cette proposition.
3° Les caractères botaniques peuvent servir à reconnaître diverses falsi-
fications que l'on fait subir aux médicaments. Les substitutions frauduleuses
de parties d'une plante à des parties analogues d'une autre plante sont mal-
heureusement nombreuses. M. Soubeiran en cite un grand nombre, et il
montre qu'on peut généralement les reconnaître sans recourir à d'autres
moyens d'investigation que ceux que fournit la botanique.
4° Les connaissances botaniques ont une application directe à la prépa-
ration des médicaments; elles ont servi et peuvent servir a éclairer cer-
taines parties de la pharmacie pratique. Après avoir signalé les erreurs des
anciens médecins qui attribuaient des vertus particulières a certaines plantes
selon l'époque a laquelle elles avaient été cueillies, selon leur ressemblance
réelle ou imaginaire avec différentes parties du corps humain, M. Soubeiran
examine les diverses conditions de localité, de culture et de spontanéité,
d'âge, etc., qui doivent guider dans la récolte des plantes médicinales. Il
montre ensuite qu'on doit ajouter à ces premières considérations celles qui
se rattachent aux parties des plantes qui en déterminent l'emploi en méde-
cine, des parties différentes possédant ordinairement leur plus grande vertu
à des époques de l'année et dans des conditions également différentes.
Ce mémoire est terminé par un résumé dans lequel sont condensés en
peu de mots les principaux résultats déduits par l'auteur des faits rapportes
par lui.
MÉLANGES.
Deiiksclii'iften «1er liaiserlieiteii Akatlemie dei* Wisseu-
scïfinft«*B> (Mémoires de l'Académie impériale des sciences de Vienne;
classe des mathématiques et de l'histoire naturelle). 8e volume, publié le
18 décembre 1854, gr. in-4° de 214 et 14 pag.; 31 plane.
Cette collection, commencée dans le format petit in-folio, se continue
dans le format in-4°. Chaque volume se divise en deux parties : !" mémoires
des membres de l'Académie ; 2° mémoires des personnes étrangères à l'Aca-
démie. Celle-ci ne se compose que de 14 pages dans le volume qui vient
de paraître. Voiei l'indication des mémoires relatifs à la botanique qui se
trouvent dans le volume entier.
1. Die Eocene Flora des monte Promina; Flore éocèue du mont Promina
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 409
(au nord-ouest de Sebenico, en Dalmatie), par le professeur-docteur Con-
stantin d'Ettingshausen. Pag. 17-44; 14 planches.
2. Cyperus Jacquini Schrad., prolixm Kunth u nd Comostemum monte -
vidense N. ab Esenb. Ein Beitrag zur naeheren Kenntniss des relativen
Werthes der Differential-Charaktere (1er Arten der Gattung Cyperus
[Cyperus Jacquini Schrad., etc. Note sur l'appréciation de la valeur relative
des caractères différentiels des espèces dans le genre Cyperus). Par le profes-
seur et directeur Dr Edouard Fenzl. Pag. 45-64, avec 3 planches.
Tableau de l'aecroissement tle quelques Conifères
eu pleine terre à Fromoiit, près «le Cherbourg ,
par M. Herpin.
Nous empruntons à la Revue horticole (n° du 16 novembre 1854, p. 428)
un tableau qui a été publié sans le moindre développement, mais qui fournit
des documents précieux sur l'accroissement de plusieurs Conifères de pleine
terre, près des côtes de l'océan Atlantique.
Date Hauteur Hauteur Circonférence
NOMS des ARBRFS. (Je la plantation, à cette date. actuelle. à 1 mèlre de terre.
m. m m.
Pinus australis 1837 0,50 8,00 0,54
— palula 1846 0,66 7,88 0,58
— insignis 1849 0,33 5,00 0,28
— pyrenaica 1849 0,33 2,11 0,10
' — cembro 1849 0,50 2,22 0,14
Abies Webbiana 1849 0,-36 3,44 0,20
— religiosa 1849 0,36 2,65 0,06
— Pinsapo 1849 0,50 2,57 0,14
— Morinda 1853 0,50 1,50 »
Cedrus Libani 1842 0,50 8,33 0,56
— Deodara 1845 0,50 6,32 0,31
Séquoia sempervivens . . 1849 0,33 5,yo 0,26
Taxodium disiichum . . . 1829 1,00 11,33 0,61
Glyptostrobus pendulus. . 1837 0,66 4,44 0,13
Cryptomeria japonica. . . 1851 0,33 3,77 0,15
Cupressus lusitanica . . . 1848 0,30 4,66 0,32
Araucaria brasiliensis. . . 1853 4,7o 5,11 0,15
- imbricata . . . 1845 0,33 3,00 0,18
Cunninghamia sinensis. . 1848 0.50 3,80 0,27
410 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
BIBLIOGRAPHIE.
liimitea, ein Journal fur «lie ltotaiiik in ihrem i^aiizeii
1 nifange [Linnœa, journal de Botanique, etc., publié à Halle, par
M. D.-F.-L. de Schlechtendal) (1).
Sommaire des deux premiers numéros du volume de 1853 (publies en février
et en avril 1854).
Synopsis Stackhousiacearum, elaboravit Th.Schuchart, p. l.(Voy. Bullet.
de la Soc. botan. de France, 1854, p. 95).
Die Gattung Bouvardia und ihre bis jetzt bekannt gewordenen Arten,
alphabetisch geordnet und in naehere Betrachtung gezogen von D. F.L.
Schlechtendal (Le genre Bouvardia et ses espèces connues jusqu'à pré-
sent, etc.; p. 43. (Voy. Bulle/, de la Soc. bot. de France, 1854, p. 92.)
Planta? Wagenerianœ. Continuatio. Monocotylese , exceptis Orchideis a
doctore Reichenbach definitis, auctore 1). F. L. de Schlechtendal, p. 127.
Die Gesneraceen des Koenigl. Herbariums und derGaerten zu Berlin, nebst
Beobaehtungen liber die Familie im ganzen, von Dr Jobannes Hanstein.
(Les Gesnéracées de l'herbier royal et des jardins de Berlin, avec des
remarques sur l'ensemble de la famille.)
Stirpium novarum Sylloge, edidit F. A. G. Miquel.
Kxeerpta observationum de Rafflesia Bochussenii femina editarum, cum
annotatione epicritica, auctore F. \. G. Miquel, p. 224.
Planta1 Muellerianœ.
— Orebideae, auctore Lindley.
— Junceae, auctore. E. Meyer.
— Epacrideœ, auctore Sonder.
Rotaitisrlie Zeituns; [Journal botanique publié par MM. Hugo de
Mohl, professeur à Tubingue, et D.-F.-L. de Schlechtendal, professeur à
Halle) (2).
Articles originaux publiés en 1854. (Be jauvier à septembre.)
Ilurtiq. — Ueber Bildungund Entwickelung der sogenannteu Knospenwur-
(1) Ce recueil, fondé en 1826. parait par cahiers in-8", et forme chaque année
un volume de 7 a 800 pages, du prix de 24 francs.
2; Ce journal, fondé en 1843, s'imprime à Halle el se publie à Berlin, au prix
di' 22 fr. par an. Il paraît tons les vendredis, par numéros de 8 à 12 pages pelit
in-4°, el renferme, outre les articles originaux que nous mentionnons ici, de nom-
breux articles critiques sur les publications récentes, des nouvelles et des annonces
relatives à la science et aux botanistes de tons les pays.
BIBLIOGRAPHIE. Ml
zelu (Sur la formation et le développement des prétendues racines de
bourgeons!, p. 1 et. 27.
Hartig. — Ueber die Querscheidewaende zwischenden einzelnen Gliedern
der Siebroehren in Cucurbita Pepo (Sur les cloisons transversales qui
séparent les articles des vaisseaux ponctués du Cucurbita Pepo), p. 51.
Crùger. — Westindische Fragmente (Fragments envoyés des Indes Occi-
dentales). — 1. Ueber Periodicitaet in der Pflanze (Sur les phénomènes
périodiques chez les plantes) , p. 8. — 2. Montrichardia, eine neue
Aroideengattunii [Montrichardia, nouveau genre d'Aroïdées), p. 25. —
'■'>. Beitrag zur Staerkemehlkunde (Sur la Fécule), p. h\. — h. Die Pri-
mitivfaser (La Fibre primitive), p. 57, 73 et 89.
Itzigsohn et Hertsck. — Ueber einen Xanthium-Bastard (Sur un hybride du
genre Xanthium), p. 34.
Irmisch. — Notiz ùber Artemisia Tourne fortiana, Hchb. (Note sur YArte-
misia Tourne for tiana, Rchb.), p. 61.
Itzigsohn. — Zur Frageùber die Abgrenzung der niederen Gewaeehsklassen
(Sur la délimitation des classes inférieures des végétaux), p. 76.
Hatka. — Ueber Senna (Sur le Séné), p. 105.
Oudemans. — Einiges ùberdas Amylum von Alpinia Galanga, Sw. (Sur la
fécule de Y Alpinia Galanga, Sw.), p. 121.
fiœckcler. — Ueber Symphytum coccineum (Sur le Symphytum coccùmtm),
p. 124.
Schlechtendal.— Eine \nfrage.;Sur les variations du Cratœgus Crus galli),
p. 125.
H. de Mohl. — Ueher die Traubenkrankheit, dritter Artikel (Sur la maladie
de la Vigne, troisième article), p. 137.
Schlechtendal. — Wunderweizen, Wunderroggen, und andere Wunder-
graeser (Blé de miracle, Seigle de miracle et autres Graminées analogues),
p. 153.
Klinzmann. — Botanische Notizen (Notes sur diverses espèces), p. 158.
Milde. — Ueber einige Equiseten des Herbarium normale von Fries (Sur
quelques Prèles de Y Herbarium normale de Fries), p, 169.
Pfeiffer. — Ueber einige deutsche Nymplueen (Sur quelques JNymphœa
d'Allemagne), p. 172.
Schlechtendal. — Bemerkungen uber Stenotaphrum (Observations sur le
genre Stenotaphrum), p. 175.
Speerschneider. — Zur Anatomie und Entwickelungsgeschichte der Usnea
barbota dasypoga, Fr. (Anatomie et histoire du développement de Y Usnea
barbota dasypoga, Fr.), p. 193, 209 et 233.
Hoffmann. Spermatien bei einem Fadenpiize (Spermaties observées chez un
Champignon Irichosporé), p. 249 et 265.
Schlechtendal. — Kritische Bemerkungen ùber G raser Garnotta, Brongn.
(Observations critiques sur les Graminées Garnotia, Brongn.), p. 270.
Irmisch. — Bemerkung ûber Hippuris vulgaris, L. (Observation sur VHip-
puris vulgaris, L.), p. 281.
De Klingrœff. — Ueber Pflanzenverbreilung und Pflanzengrenzen in der
lli'2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Provinz Preussen (Sur la distribution et les limites des plantes dans la
province de Prusse), p. 297.
K. Millier. — Bryologische Beitraege zu einer Flor der Pyreneeen des
noerdlichen und dessûdiichen Spaniens (Matériaux bryoloyiques pour la
Flore des Pyrénées et de l'Espagne du nord et du sud), p. 133.
Scldechtendal et Garcke. — Die Walperschen Sammelwerke, etc. (Obser-
vations sur les travaux de compilation de Walpers), p. 329.
Rud. Neumann. — Ueber Anlherse anticœ und postiez und deren Ueber-
i^aenge in einander (Sur les Anthères introrses et extrorses et sur les tran-
sitions des unes aux autres), p. 353, 371 et 399
Schuchardt. — Beitraege z\w Entwickelungsgeschichte der Saamenknospe
der Gattung Tetratheca, Sm. (Sur le développement de l'ovule dans le
genre Tetratheca, Sm.), p. 393 et /i09.
DeBary. — Ueber die Entwickelung und den Zusamraenhang von Asper-
gillus glaucus und Eurotium (Sur le développement et la connexion de
V Asper gillus glaucus et de I' Eurotium), p, i25, IxUl et /i65.
Speer 'Schneider. — Zur Anatomie und Entwickelungsgeschichte der Parme-
lia Acetabulum, Fr. (Anatomie et histoire du développement du Parmelia
Acetabulum, Fr.), p. /j81 et Zi97.
Itzigsohn. — Wie verbaelt sich Collema zu Nostoc und zu den Nostochineen ?
(Quels sont les rapports du Collema avec le Nostoc et avec les Nostochi-
nées?), p. 521.
Itzigsohn. — Nachtraegliche Bemerkuugen ùber die Spcrmatozoiden der
Vaucheria (Nouvelles observations sur les Spermatozoïdes du Vaucheria),
p. 527.
C. Millier. Einige Worte liber die Bedeutung des Zellenbaues fur die Rlassi-
fication, nebst Besehreibung sechs neuer Arten der Farrngattung Vit-
taria (Sur l'importance de la structure des cellules pour la classification,
et description de six nouvelles espèces de Fougères appartenant au genre
1 ittaria), p. 537.
Ilartig. — Chlorogen (Chlorogène), p. 553.
C. Mi'dler. — Musci Neilgherrenses, p. 556, 569.
Hartig. — Ueber die FunktionendesZellenkerns (Sur les fonctions du noyau
ou nucleus de la cellule), p. 57&.
Speerschneider. — Anatomie der Hagenia ciliaris, Escln\ . (Anatomie de
VHagenia ciliaris, Eschw.), p. 593, 609 et 625.
Itzigsohn. — DieGlœocapsen und Chroococcus Diamorphose (La diamorphose
du Glœocapsa et du Chroococcus), p. 6il.
Schlechtendal. — Ueber eine neue Mahonia, nebst Bemerkuugen ùber
einige aeltere (Sur une nouvelle espèce du genre Mahonia et plusieurs
autres anciennes espèces du même genre), p. 641.
Gaspary. — Aulïallende Eisbildung auf Pflanzen (Singulière formation
de glace sur certaines plantes), p. 665 et 681.
Irmisch. — Notiz ùber Gentiana Pneumonanthe . (Note sur le Gentiana
Pneumonanthe), p. 690.
FIN DU TOME PREMIER.
Paris.— Imprimerie dr i, mahtinet, 2. vue Mignon.
TABLE ALPHABÉTIQUE
DES
MATIÈRES CONTENUES DANS LE TOME PREMIER.
N. B. — Les numéros indiquent les pages. — Tous les noms de genre ou d'espèce rangés par ordre
alphabétique sont les noms lutins des piaules. Ainsi, pour trouver Dattier, cherchez Phxnix, elc.
\
Accroissement «Je quelques Conifères, 409.
.Egilops Iriticoides, Req. (Origine de 1'), 66.
Agraphis campanulata, Link (Bulbe de 1'),
165.
Alais (Espèces du genre Euphorbia qui crois-
sent dans l'arrondissement d'), 161.
Algérie (Flore d') : Avena, 14, 15. — Gra-
minées, 313. — Végétation du Djur-
djura, 163. — Voyez (daus la table de la
Revue bibl.) Cosson.
Alisma arcuatum, Micbalet, 312.
Allium (Appareil nectarifère des), 79.
Ammochloa, Boiss., 25 i. — subacaulis,
Bal., 317.
Aualomiedu Vallisneria spiralis, 30 1.
Andropogon annula tus, Forsk, 316. — la-
niger, Desf., 316.
Annonces, voyez Mélanges.
Annulaires (Formations), 67.
Anomalies, voyez Monstruosités.
Ansellia af ricana, Lindl., 372.
Appareil nectarifère des Allium, 79.
Aralia papyrifera, Hook., 202.
Arcachon (loslera nana découvert dans le
bassin d'), 156.
Arille de quelques Liliacées, 128.
Aristolochia (Prétendues stipules des), 56.
Armeniaca Munie, Sieb. et Zucc. (Abricotier
du Japou), 263.
Arthratherum cUiatum, Nées, 316. — ob-
tusum, Nées, 316.
Asie-Mineure (Nouveau Rumex de F), 281.
Asphodeline et Asphodelus. Tissu particulier
dans leur capsule, 278.
Allalca Pi inceps, Mart. , 27.
Avena (Classification des espèces du genre)
du groupe de VA. saliva, 11. — brevis,
Rotb , 13. — clauda, DR., 15. — erian-
tha, DR., 14. — fatua, L., 15. ■ — hir-
sula, Roth., 15. — longiglumis, DR., 15.
— macrostachya, Bal., 318. — nuda, L.,
T. I.
1 3. — orientalis, Srhreb., 13. — salira.
L , 13. — sleriiis, L., li. — strigosa,
Schreb., 1 3. — ventricosa, Bal. , 1 4 .
B
Bâillon (H.). Sur VHordeum trifurcalum,
187.— Sur la fécondation du Catasetum
luridum, 285.
Balansa (B.). Sur un nouveau Rumex de
l'Asie-Mineure (R. acetoselluides), 281 . —
et J. Groenland. Sur la structure de-
quelques espèces du genre Holcus, 365.
Bernard. Sa mort, 208.
Bêla Râpa, Dum., monstrueux, 291.
Béziers [OEnothera biennis découvert près
de), 271.
Bibliographie, 108, 156, 204, 266, 410.
Bibliographique (Revue), 28, 81, 130, 195,
2i5, 330, 401.
Boivin (L. H.). Notice sur sa vie et ses tra-
vaux, 225.
Botrychium. Espèces Scandinaves, 339.
Boutures droites et renversées, 17 4.
Brondeau (L. de). Sur une production fon-
goide analogue aux Rhizomorphes des
anciens auteurs, 270.
Brongniart (Ad.), président de la Société.
Discours d'ouverture, 6. — Des glandes
nectarifères dans diverses familles de
Mouocotylédones, 7 5. — Sur l'existence
d'un arille dans quelques genres de Li-
liacées, 128. — Notice historique, sur
Achille Richard, 373. — Obs. 17, 22,
53, 63, 70, 124, 169, 173, 187, 270,
277, 306, 360, 372.
Bulbe de V Agraphis campanulata, 165.
Bureau de la Société pour 1854. i.
C
Cactées (Formations spirales annulaires et
réticulées des), 67.
/ll/l
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Caillette de l'Hervil-liers, trésorier de la
Société, transmet les comptes de la si-
tuation financière, 158.
Calcaires (Concrétions) des Drticées, etc.,
217.
Calicule (Prétendu) des Malvacées, 298.
Californie (Conifères gigantesques de la),
39, 70, 210.
Caoutchouc. Son extraction, 350.
Capsule des Âsphodeline et des Asphodelus,
278.
Cassutha, nom générique remplacé par
celui de Grammica, 293.
Castanea vulgaris, Lam. (Chatons du),
173.
Calaselum luridum, Lindl. Son mode de
fécondation, 285.
Cellules végétales (Formations secondaires
dans les), 271.
Centrifuges (Inflorescences), 178.
Chamcecyparis Boursieri, Dcue., 70.
Chatin (Ad.). Des rapports entre Tordre de
naissance et l'ordre de déhiscence des
étamines, 279. — Sur l'anatomie du
Vallimeria spiralis, 3G1. — Obs., 285,
'291, 360, 36 i.
Chatons du Castanea vulgaris, 173.
Clos [D.), membre à vie, 208. — De la
nécessité de distinguer deux sortes d'o-
vaires, les pleins et les creux, 213. -
Sur le prétendu calicule ou involucre
des Malvacées, 298.
Commission du Bulletin pour 1854, 45.
Concrétions calcairesdesllrticées, etc., 217.
Conifères (Accroissement de quelques),
409. — gigantesques de la Californie,
39, 70, 216.
Conseil d'administration de la Société
pour 1854, 4.
Convolvulus sepium, L., désigné par Vir-
gile sous le nom de Ligustrum, 159.
Cosson (E.). Classification des espèces du
genre Avena du groupe de VA. saliva,
et considérations sur la composition et
la structure de l'épillet des Graminées,
j i . Lettre sur la végétation du Djur-
djura, 163.— Obs. 17, 18, 27, 216, 313.
et Dcrieu de Maisonneuve. Notes sur
quelques Graminées d'Algérie, 313.
Cucurbita Pepo, L. (Formations spirales
annulaires et réticulées du), 67.
Cynosurus Balansœ, Coss. et DR-, 318.
CysColilhes des Urticées, etc., 217.
D
Dactyloctenium Œgypliacum,W\\\à, 317.
lumens (Ombellulc et fleur dite centrale
des), 121.
Décaisse (J.) . Sur quelques Conifères gigan-
tesques de la Californie, 70 — Noticr
historique sur Adrien de Jussieu, 380,
- Obs., 193.
De Candolle (A. -P.). Lettre adressée an
Muséum d'histoire naturelle au sujet de
l'herbier de France, 399.
Déhiscence (Ordre de) des étamines, 279
Des Moulins (Ch.). Rectification d'un nom
générique {Grammica substitué à Cas-
sutha) 293.
Desvaux (Emile), sa mort, 6
Dianthus Carthusianorum, L. var. herba-
veus, V. Pers., 160.
Digilaria commutata, Schult , 315. — de-
bilis, Willd. 315.
Dioscorea Batatas, Dcne. (Observ. sur le),
200.
Discours d'ouverture de M. Ad.Brongniart,
président de la Société, 6.
Djurdjura (Lettre sur la végétation du),
163.
Dolomies (Végétation spéciale des), 218.
Dons faits à la Société, 5, 45, 56, 65, 109,
158, 208, 269, 292, 349.
Dorstenia (Inflorescence des), 178.
Doumet (E.). Obs., 27.
Dlchartre (P.). Sur les prétendues stipules
des Aristoloches, 56. — Expériences sur
des boutures droites et renversées, 174.
— Observations sur l'Igname Batate, 200.
— Obs. 22, 53, 276, 284, 285, 29 ! .
Dumolin (J.-B.) Sur les plantes désignées
par Virgile sous les noms de Ligustrum
et de Vaccinium, 159
DniiEf de Maisonneuve, voyez Cosson.
Entre-nœuds des tiges. Leur développement ,
189, 239, 307.
Epillet des Graminées, 11, 48.
Erythronium (Ovule des), 279.
Etamines (Rapport entre l'ordre de nais-
sance et l'ordre de déhiscence des), 279.
— périgynes (Organogénie des) 283.
Euphorbia. Espèces qui croissent dans l'ar-
rondissement d'Alais, 161.
Europe (Sur les Lichens d') publiés par
M. Hepp, 319.
!
Fécondation du Calaselum luridum, 285.
— des Orchidées, 367.— des ovules
après l'enlèvement du stigmate, 249.—-
artilïciclle du Dattier, 2SS.
lïiiuoND (Ch.) lit une note sur la symétrie
dans le règne inorganique, 80 — De la
TABLE' ALPHABETIQUE DES MATIERES.
/il 5
symétrie végétale, î09. — Études sur
le développement des mérithalles ou en-
tre-nœuds des tiges, 180, 239, 307. —
Obs., 312.
Feuilles (Disposition des) du [Nelumbium
codophyllum, 18, 60. — des Rubiacées,
72.
Ficus (Inflorescence des), 178.
Filaments dans les graines des Luzula,
278.
Fischer (F. E. L.), sa mort, 105. — Ses
travaux, 106.
Fleur des Graminées, 11 . 48. — dite cen-
trale des Daucus, 121.
Flore d'Algérie, voyez Algérie. — de France,
voyez France.
Fondation de la Société, 3.
Fongoïde (Production) analogue aux Uhizo-
morphes, 270.
Fontainebleau (Goodyera repcns découvert
dans la forêt de), 108, 193.
Formations secondaires dans les cellules
végétales, 271. — spirales, annulaires
et réticulées, 67.
France (Flore de): Lettre de A. -P. De Can-
dolle adressée au Muséum, 399. — Vé-
gétation des Dolomies dans les départe-
ments du Gard et de l'Hérault, 218. —
Végétation des terrains siliceux dans les
mêmes départements, 3.">4. — .ï'giloi>s
triticoides, 66. — Alismaarcualunt, 312.
— Avenu, 11. — Dianthus Carthusiano-
rum, var. herbaceus, V. Pers. 160. —
Euphorbia, 161 . — Galeopsis Filholiana,
Timb.-Lagr., 214. — Goodyera repens,
108, 193. — Lemna arrhiza, 54. —
OEnothera biennis, 21\. — Potamogeton
trichoirfes, 46. — Primula elatior, var.
macrocalyx, V. Pers., 160. — Pyrola
rotundifolia, var., 162. — Pyrtis dioica,
Willd, 307. — lihizomorpha, 270. -
Saussurea leucantha, Jord., 338. — Se-
necio ruthenensh, Maz. et Timb -Lagr.,
25 1 . — Seseli brevicaule, 337 . — Zostera
nana, 156. — Voyez (dans la table de
la Revue bibliogr.) : Bossu, Contejean,
Crouan, Godron, Grenier, Hénon, Jor-
dan, Lecoq , Lloyd, Mazuc, Michalet,
(Jueslier, Tburet, Timbal-Lagrave.
(.
Galactodendron. Arbre à la Vache, 353.
Galanthus (Ovule des), 279.
Galeopsis Filholiana, Timb.-Lagr. 21 ï.
Gard (Végétation des Dolomies du dépar-
tement du), 218. — (Végétation des ter-
rains siliceux du département du), 354.
Gav i.I.). Sur le Polamogeton trichoides,
Cham. , 46. — Sur le WolfHa Michelii,
56 (en note). — De l'appareil nectarifère.
des Allium, 79. — Lit une première
partie de sa notice sur M. Ph. B. Webb,
271. - Obs., 18, 27, 54, 60, 63, 193.
216, 307, 313.
Germain de Saint-Pierre (E.). Sur lastrur-
turc de l'épillet et de la fleur des Grami-
nées, 4S. — Sur un échantillon mons-
trueux de Polygonalum multiflorum,
62. — Sur un individu anormal de Tu-
lipa Gesneriana, 63. — Sur la disposi-
tion des feuilles des Rubiacées, 7 2. —
Sur la structure de l'ombellule et de la
fleur dite centrale des Daucus, 121. —
De la structure du bulbe de VAgraphis
campanulata, 165. — Considérations
morphologiques sur les ovaires adhé-
rents, 303. -Obs., 21, 53, 54,63, 71),
124, 169, 173, 186, 306.
Germination des Orchidées, 372.
Ginkgo biloba, L., a fructifié à Trianon,
204.
«'■landes nectarifères des Monocotylédones,
75.
Godron. Sur l'origine de V.F.gilops tri: avi-
des, 66.
Goodyera repens, IL Br., découvert dans la
forêt de Fontainebleau, 108, 193.
Graine des Luzula, 278.
Graminées (Composition et structure de
l'épillet des), 11, 48. — d'Algérie, 14,
313.
Grammica. Nom générique substitue à
Cassuiha. 295.
Groenland (J.). Voyez Balansa.
Gublki! lit les conclusions de sou mémoire
sur le nanisme dans le règne végétal,
56. — Obs., 270.
Il
Helianthus annuus, L., ses produits, 263.
Hepp (Sur les fascicules de Lichens d'Eu-
rope publiés par le docteur), 319.
Hérault (Végétation des Dolomies du dé-
parlement de 1'), 218. — Végétation des
terrains siliceux du départ, de 1"), 35',..
Herbier (sur 1') de la Société botanique
d'Edimbourg, 104.
Herpin. Accroissement de quelques Coni-
fères aux environs de Cherbourg, 409.
Hotcus (Sur la structure de quelques espèces
du genre), 365. — saccharatus, L. , 263.
— setiger, Nées, 366.
Hooker (J.D.). De la fécondation des
ovules après l'enlèvement du stigmate,
2i9.
Hordcum trifurcalum, Jacq., 187.
ai (5
SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE.
I
Inflorescence des Daucus, 121. — des Gra-
minées, 11, 48. — des Sanguisorba, 185
(en note). — du Sedum Telephium, 17 1
(en note). — du Sempervirum tectorum,
170. — centrifuge du Figuier, du Dois-
tenia, de la Monarde, etc., 178. — uni-
latérale du Trifoliv/m Lupinaster, 125.
Involucrc des Malvacées, 298.
Iris germanica, L., désigné par Virgile sous
le nom de Vaccinium, 159.
Jardin des plantesde Montpellier, 102, 342.
Jaubert (Le comte). Notice sur la vie et les
travaux de Boivin, 225.
Jussieu (Adrien de). Notice sur sa vie et ses
travaux, 386.
K
Kralik (L.). Lettres sur la végélation de la
régence de Tunis, 23, 116.
Labouret (J.). Sur un caractère du genre
Mamillaria, 210.
Lagnii, ou lait de Palmier. Son extraction,
26, 27.
Lecoq(H.). Lettre d'adhésion à la Société,
64. — Membre à vie, 65.
Leersia hexandra, S\v., 313.
Lemna arrhiza, L., découvert à Tours, 54.
— (Note sur le), 54.
Lestiboudois (Th.). Obs.,22, 169.
Lichens. Leurs propriétés tinctoriales, 154.
— d'Europe (Sur les fascicules de), pu-
bliés par le docteur llepp, 319.
Ligustrum. Plante désignée par Virgile sous
ce nom, 159.
Liliacées (Arille de quelques), 128. —
(Raphides des), 277.
Lort-Mialhe (de) membre à vie, 20S.
Luzula. Filaments qui se trouvent dans
leurs graines, 278. — (Pollen des), 277.
M
Maladie de la Pomme de terre, 328.
Malvacées. Leur prétendu calicule ou in-
volucrc, 298.
Mainillaria (Sur un caractère du genre),
210.
Marclaz (V.). Calcul de la quantité de bois
que pourrait produire le Wellingtonia
gigantea, 2H>.
Mélanges, nouvelles et annonces, 39, 102,
156, 202, 263, 346, 108.
Mélicocq (Le baron de). Sur une variété du
Pyrola rotundifolia, 162.
Menière (P.). Sur la fécondation des Or-
chidées, 367. — Obs., 361, 372.
Mérithalles. Leur développement, 189,
239, 307.
Michalet (E.). Sur une nouvelle espèce du
genre Alisma (A. arcuatum), 312.
Miergues. Espèces du genre Euphorbia,
croissant dans l'arrondissement d'Alais,
161. — Usages du Paliurus aculeatus,
216.
Mirbel (de Brisseau-). Sa mort, 204.
Uonardadidyma, L. Son inflorescence, 182.
Monocotylédones (Quelques faits d'orga-
nographie observés dans les), 277. —
(Glandes uectarifères dans diverses fa-
milles de), 75.
Monstruosités : de la Betterave, 291. — de
V Opuntia fragilis, 306. — du Polygona-
tum multiflorum, 62.- — du Tulipa Ges-
neriana, 63. — Pommier sans fleurs,
Pommierde Saint-Valéry, 307. — Plantes
vivipares, 102. Voy. (dans la table de
la Revue bibliogr.) Germain de Saint-
Pierre et Ilooker.
Montpellier (Jardin des plantes de), 102,
342.
Moquin-Tandon (A ), présente une Bette-
rave monstrueuse, 291. — Obs., 360,
364, 371.
Moricand (Stefano). Sa mort, 106. ■ — Ses
travaux. 106.
Morphologiques (Considérations) sur les
ovaires adhérents, 303.
N
Naissance (Ordre de) des Étamines, 279.
Nectarifère (Appareil) des Allium, 79.
Nectarifères (Glandes) des Monocotylédones,
73.
Nelumbium codophyllum, Raf. (Disposition
des stipules et des feuilles du), et vegé-
lation singulière de cette plante, 18, 60.
Nouvelles. Voy. Mélanges.
Nyi.ander (W.). Sur les fascicules de Li-
chens d'Europe publiés par le docteur
Hepp, 319. — Nouveau genre de Lichens
(Plerygium), 328.
0
I ...
découvert près de
Sa structure, 1 21 .
OEnolhera biennis,
Béziers, 27 1.
Ombellule des Daucus.
Ophioglossum lusitanicum, L. , découvert
dans l'île de Guernesey, 30.
Opunh'a/rct(7iits,NuU.(AnomaliedeF),306.
Orchidées. Leur germination, 372.
Leur fécondation, 367.
TABLE
Ordre de naissance et ordre de déhiseence
des étamines, 279.
Organogénie des étamines périgyues et des
ovaires infères, 283.
Organographie (Quelques faits d') observés
dans les Mouocotylédones, 277.
Ovaires adhérents (Considérations morpho-
logiques sur les), 303. — infères (Orga-
nogénie des), 283. — pleins et ovaires
creux, 213.
Ovules des Galanthus et des Erythronium,
279. — (Fécondation des) après l'enlève-
ment du stigmate, 249.
ALPHABÉTIQUE DKS MATIÈRES. 417
Propriétés tinctoriales des Lichens, loi.
Pterocarya caucasica, Kth., a fructifié à
Trianon, 204.
Pterygium, Nyl. Nouveau genre de Lichens,
328.
Pcel (T.). Sur un échantillon monstrueux
de Polygonatum mulliflorum, 02. —
Obs., 360.
Pyramidium, Boiss., 254.
Pyrola rotundifolia, L., var., 162.
Pyrus dioica, Willd. (Pommier saus fleurs.
P. de Saint-Valéry), 307.
Paliurus aculeatus, I.am. (Usages du), 216
Palmiers ( Extraction du Lagmi ou lait
des), 26, 27.
Panicum numidianum, Lnik. , 315. —
obtusifolium , Delile, var. acutifolium ,
314.
Papier dit de riz. Plante qui sert à sa fabri-
cation, 202.
Pappophorum scabrum, Kth., 317.
Parlatore (Ph.). Sur quelques faits d'or-
ganographie observés dans les Mouoco-
tylédones, 277.
Pavia (Fruit de), 7 I .
Payer. Recherches organogéuiques sur les
étamines périgynes et les ovaires infères,
283. —Obs., 129, 284.
Pennisetum orientale, Rich., 315.
Perhottet. Sur la fécondation artificielle du
Dattier, 288. — Sur la maladie de la
Pomme de terre, 328.
Personnat(V.). Sur deux variétés nouvelles
du Dianthus Carthusianorum et du Pri-
mulaelatior, 160. — Annonce la décou-
verte de YOEnothera biennis , près de
Béziers, 271.
Phœnix dactylifera, L. Sa fécondation ar-
tificielle, 288.
Pi.anchon (J.-E.) Sur la végétation spéciale
des Dolomies dans les départements du
Gard et de l'Hérault, 218. — Sur la vé-
gétation des terrains siliceux dans les
mêmes départements, 354. — Obs., 306,
353, 365, 367, 372.
Plantes vivipares, 102.
Pollen des Luzula, 277.
Polygonatum mulliflorum, Desf. , mon-
strueux, 62.
Potamogelori trichoides, Cham. Ses carac-
tères essentiels, 46.
Président de la Société. Voy. Brongniart.
Primula elatior, Gr. et Godr., var. macro-
calyx, V. Pers., 160.
Produits du Grand-Soleil, 263.
Bibliogra-
R
Raphides des Liliacées, 277.
Réticulées (Formations), 67.
Revue bibliographique. Voy.
phique.
Rhhomorpha (Production fongoïde ana-
logue aux), 270.
Richard (Achille). Notice historique sur sa
vie et ses travaux, 373.
Riz (Papier dit de). Voy. Papier.
Rubiacées. Disposition de leurs feuilles,
72.
Rumex acetoselloides, Bal., 282.
Sanguisorba (Inflorescence des) , 185 (en
note).
Saussurea leucantha, .lord., 338.
Schoenefeld (W. de). Sur l'inflorescence du
Sempervivum teelorum, 170. — Pré-
sente dos chatons de Châtaignier, 173.
— Obs., 360.
Secondaires (Formations) dans les cellules
végétales, 271.
Sedum Telephium, L. (Inflorescence du),
17 1 (en note).
Sempervivum teelorum, L. (Inflorescence
du), 170.
Senecio ruthenensis, Mazuc et Timb.-Lagr.,
251.
Séquoia gigantea, Endl., 39, 70, 216. —
sempervirens, Endl., 7 0.
Seseli brevicaule, Jord., 337.
Siliceux (Végétation des terrains) dans les
départements du Gard et de l'Hérault,
354.
Société botanique d'Edimbourg (Sur l'her-
bier de la), 104.
Société Botanique de France. Procès-verbal
de la réunion préparatoire, 1. — Procès-
verbal de la séance de fondation, 2. — -
Composition du Bureau et du Conseil
pour 1851, i. — Commission du Bulle-
tin pour 1S54, 45.
A 18
SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE.
Solarium luberosnm, L. (Maladie du), 328.
Spirales (Formations), 67.
Stigmate (Fécondation des ovules après l'en-
lèvement du), 249.
Stipules (Disposition des) du Nelumbium
codophyllum, 18, 60. — (Sur les pré-
tendues) des Aristoloches, 56.
Strigosella, Boiss., 254.
Symétrie végétale, 109.
Taxodium Montezumœ, Dcue., 71.
Tératologie. Voyez Monstruosités.
Terrains siliceux (Végétation des) dans les
départements du (Jard et de l'Hérault,
354.
Tiges (Développement des entre-nœuds
des), 189, 239, 307.
Timbal-Lagbave. Sur une nouvelle espèce
du genre Galeopsis(G. Filholiana), 21 4.
Tinctoriales (Propriétés) des Lichens, 154.
Tissu particulier dans la capsule des As-
phodelus et Asphodelme, 278.
Tours (Lemna arrhiza découvert près de),
M.
Trécul (A.). Disposition des stipules et des
feuilles du Nelumbium codophyllum, et
végétation singulière de cette plante, 18,
60. — Sur les formations spirales, annu-
laires et réticulées des Cactées, du Cu-
curbila Pepo, etc., 67. — Sur l'inflores-
cence unilatérale du Trifolium Lupinas-
ter, 125. — Des inflorescences centrifuges
du Figuier, du Dorslenia , de la Mo-
narde, etc., 178. — Sur les formations
secondaires dans les cellules végétales,
27!. _ Ohs., 22, 70, 169, 173, 187,
218, 270, 277, 285, 306, 307, 311,
353, 364, 371.
Trésorier de la Société. Voy. Caillette de
l'Hervilliers.
Trifolium Lupinaster, L. (Inflorescence uni-
latérale du), 125.
Tulipa Gesneriana, L. (Anomalie du), 63.
Tunis. Lettres sur la végétation de la ré-
gence de), 23, 1 16.
I
Unilatérale (Inflorescence), 125.
Usages du Paliurus aculealus, 216.
Urticées ( Concrétions calcaires ou Cys-
tolithes des), 217.
Vaccinium. Plaute désignée par Virgile
sous ce nom, 159.
Vallisneria spiralis, L. (Anatomie du), 36 1 -
— œlhiopica, Feuzl., 363.
Végétation des terrains siliceux dans les
départements du Gard et de l'Hérault,
354. — spéciale des Dolomies dans les
mêmes départements, 218. — du Djur-
djura, 163. — de la régence de Tunis,
23, 116.
Vilis vinifera, L. Dimensions de quelques
Vignes, 264.
Virgile (Plantes désignées par) sous les
noms de Ligustrum et de Vaccinium,
159.
Vivipares (Plantes), 102.
W
Wallich (Nathaniel). Sa mort, 41. — No-
tice sur sa vie, 41.
Webb (Philippe Barker). Sa mort, 20 i,
208.
Weddell (H. A.) Sur le Wolffia Michelii,
54. — Sur les Cystolithes ou concré-
tions calcaires des Urticées et d'autres
plantes, 217. — Sur l'extraction du
caoutchouc, 350. — Ohs., 27, 56, 270,
353.
Wellinglonia gigantea, Lindl., 39,70, 216.
Wolffia Michelii. Schleiden, 54.
/
Zoslera voua, Roth, découvert dans le
bassin d'Arcachon, 156.
Zygopetalum Mackaii, Hook., 372.
TABLE
PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE DES NOMS D AUTEURS
DES PUBLICATIONS
ANALYSÉES DA.MS LA REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
Académie impériale des sciences de Vienne
(Mémoires de I'), 8« vol., 408.
Ancstroem (J.). Sur les espèces Scandinaves
du genre Botrychium, 339.
Bary (A. de). Développement et connexion
de VAspergillus glaucuseldcVEurotium,
131. — Voy. Braun.
Bentham (G.). Florula Hong-Kongensis, 32.
Berkeley (M. J.). Décades de Champi-
gnons, 34.
Huissier (E.). Diagnoses plantarum orien-
talium novarum (n" 13), 253. ^séries
2, n" 1), 254.
Bossu (A.). Traité des plantes médicinales
indigènes, 153.
BoianischeZeitung. (Journal de botanique).
Liste des articles originaux, 410.
Bouciiardat (A.). Voy. Delondre.
Boussingault. Recherches sur la végétation
relatives à la fixation de l'azote, 336.
Boutelou (E.). Voy. Colmeiro.
Braun (AI.), Rob. Caspary et A. de Bary.
Maladies déterminées chez les plantes
par des Champignons, 84.
Buchenau (Fr.). Organogénie florale de
quelques Dipsacées, Valérianées et Com-
posées, i3i.
Caspary (R.). Sur la germination, les es-
pèces, etc., des Orobanchées, 334. —
Voyez Braun.
Chatin (Ad.). Sur la famille des Tropéolécs
146.
Clarke (J.). Parasitisme et action nuisible
du Rhinanthus Crista-Gal/i, 100.
Clos (D.). De l'influence qu'exerce sur les
plantes la différence des sexes, 195.
Colmeiro (M.) etE. Boutelou. Exameu des
Chênes-verts et autres Chênes de la Pé-
ninsule, etc., 141.
Contejean (Ch.). Énumération des plantes
vasculaires des environs de Moutbéliard
137.
Cosson (E.). Rapport sur un voyage bota-
nique en Algérie, 341.
Croijan lïères. Sur le genre Spirulina,
Uni p. , 147.
Dareste (G.). Sur la coloration de la mer de
Chine, 407.
Decaisne (J.). L'Igname Batate, 199.— et
J.-E. Plancuon. Esquisse d'une monogra-
phie des Araliacées, 196.
Delondre (Aug.) et A. Bouciiardat. Quino-
logie, ou des Quinquinas et des ques-
tions qui s'y rattachent, 36.
Engelmann (G.) Nouvelles notes sur le
Cereus giganteus, 90.
Ettingshausen (C. d'). Nervation des feuilles
des Euphorbiacées, 401. — Nervation
des feuilles des Papilionacées, 401.
Carreau. Formation des stomates des
feuilles de l'Ephémère, 401.
Gérard (Fr.). Nouvelle Flore usuelle et mé-
dicale, 101.
Germain de Saint-Pierre (E.). De la divul-
sion chez les végétaux, 134.
Giralt (J. Planellas). Essai d'une Flore pha-
nérogamique de la Galice, 31.
Godron. Voyez Grenier.
Gosse (P. -H.). Sur la végétation des Algues
marines, 100.
Graells. Indicalio plantarum novarum mit
nondum recte cognitanm, etc., 140.
Gray (Asa). Caractères de quelques nou-
veaux genres, la plupart de la Polynésie,
94.
Grenier et Godron. Notices botaniques, 29.
Grisebach (A.). Abrégé de botanique systé-
matique, 198.
Groenland (J.). Sur la germination de quel-
ques Hépatiques, 247.
Hardy. Sur Fiudigo de VEupatorium lœ-
vigatum, Si- 4.
Harvey (W.-H.). Caractères de trois nou-
velles Algues des cotes de Ceylan, 35.
Hénon (J.-L.). Histoire et description du
Merulius destruens, Pers., 260.
Hepp Les Lichens d'Europe en échantil-
lons desséchés, 4 vol., 257.
Hooker (sir W.). Musée «lu jardin de Kew,
35. — Icônes plantarum (nouv série
vol. 6), SX.
/|20
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE
Hooker(J.-D.). Exostoses sur les racines
des Conifères, 83. — Flore de la Nou-
velle-Zélande (5e partie), 33. — Histoire
et statistique de la Flore de la Nouvelle-
Zélande, 103. — Journal d'un voyage
dans l'Himalaya, 147. — Structure et
affinités du Trigonocarpon, 98.
Jordan (Al.). Sur deux nouvelles plantes de
France, 337.
Koerber (G.-W.). Systenta Lichenum Ger-
tnaniœ (lre livr.), 198.
Lawson (Ci.). Sur la matière colorante des
fleurs du Slrelitzia Reginœ, 82.
Lebel. Du bourgeon dans le genre Lythrum,
28.
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