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Full text of "Bulletin de la Socit botanique de France"

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BBR       m. 


Bibliothèque  botanique 

EMILE    BURNAT 


Catalogue  M" 


Provient  de 


Livres  provenant  de  la  bibliothèque  botanique 
d'Emile  Burnat  i  1828-4920),  insérés  eu  octobre  1920 
dans  la  bibliothèque  du  Conservatoire  botanique  de 
Genève,  conformément  à  l'Acte  de  donation  d'Emile 
Burnat  en  date  des  21  et  25  janvier  1914,  §  V. 


SU  COM8EKV  *'■»-— 


iiiiisEVS 


SOCIÉTÉ   BOTANIQUE 


DE  FRANCE. 


Paiis.  —  Imprimerie  île  L,  Martinet,  iuo  Mignon,  2 


BULLETIN 


DE     LA 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE 


DE  FRANCE 


FONDEE^ LE  23  AVBiL  185/» 


» 

TOME   PREMIER 

LIBRARr 

NEW  YOKK 

BOTANICAL 

OAKDEN 

.    JPLICi 

DU  CONSERVATOIRE  botanique  de  gei- 

YENJPÏJ  EN  1922 

PARIS 

AU   BUREAU   DE   LA   SOCIÉTÉ 

RUE    DU    VIEUX-COLOMBIER  ,     24 

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STATUTS  ET  REIiLEHE\T  ADHIMSTIUTIF 

DE  LA 

SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE  l 


CHAPITRE  PREMIER. 

Constitution  de  la  Société. 

Article  1  1 1].  La  Société  prend  le  titre  de  Société  Botanique  de  France. 

Art.  2  [II].  Elle  a  pour  objet  : 

1°  De  concourir  mu;  progrès  de  la  Botanique  et  des  sciences  qui  s'y  rat- 
tachent. 

2°  De  faciliter,  par  tous  les  moyens  dont  elle  peut  disposer,  les  études 
et  les  travaux  de  ses  membres. 

Art.  3  [Ulj.  Le  nombre  des  membres  de  la  Société  est  illimité. 

Les  Français,  quel  que  soit  le  lieu  de  leur  résidence,  et  les  étrangers 
peuvent  également  et  au  même  titre,  en  faire  partie. 

Art.  h.  Pour  faire  partie  de  la  Société,  il  faut  s'être  fait  présenter  dans 
une  de  ses  séances  par  deux  membres  qui  auront  signé  la  présentation, 
et  avoir  été  proclame  dans  la  séance  suivante  par  le  Président. 


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^ 


CHAPITRE  II. 

Administration  de  la  Société. 

\  Art.  5  [IV].  L'Administration  de  la  Société  est  confiée  à  un  Bureau  et  à 
tgi  Conseil,  dont  le  Bureau  fait  essentiellement  partie. 

'  Art.  6  [VIII].  Les  membres  du  Conseil  et  ceux  du  Bureau,  sauf  le  Pré- 
sident, sont  élu*  à  la  majorité  absolue. 

(1)  Les  articles  des  statuts  sont  imprimés  en  italique. 

t    i.  a. 


]J  SOCIETE    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

Art.  7.  L'élection  de  chaque  ordre  de  fonctionnaires  se  fait  au  scrutin 
secret  sur  un  seul  bulletin. 

Si  un  second  tour  de  scrutin  est  nécessaire,  l'élection  a  lieu  non  plus 
à  la  majorité  absolue,  mais  à  la  pluralité  des  suffrages. 

Art.  8.  Aucune  décision  administrative  ne  peut  être  prise  par  la  Société 
lorsque  le  nombre  des  membres  présents  est  moindre  que  le  quart  des 
membres  résidents. 


CHAPITRE  III. 

Du  Bureau. 

Art.  9  [V  |.  Le  Bureau  est  compost'  : 
D'un  Président, 
De  quatre  Vice-Présidents, 
De  deux  Secrétaires,  ' 
De  deux  Vice-Secrétaires, 
D'un  Trésorier, 
D'un  Archiviste. 

Art.  10  [VI].  Le  Président  et  les  Vice-Présidents  sont  élus  pour  une 
année  ; 

Les  Secrétaires,  les  Vice-Secrétaires,  le  Trésorier  et  l'Archiviste  pour 
quatre  années  ;  ces  deux  derniers  sont  seuls  réêligibles. 

L,e  Secrétariat  est  renouvelé  pur  moitié  tous  les  deux  ans. 

Art.  11  [IX].  Le  Président  est  choisi ,  à  la  pluralité,  parmi  les  quatre 
Vice-Présidents  de  l'année  précédente. 

Tous  les  membres  sont  appelés  «  participer  à  son  élection  directement  ou 
par  correspondance. 

Art.  12.  Pour  l'élection  du  Président,  tout  membre  qui  ne  peut  assister 
à  la  réunion  électorale  doit  envoyer  au  Secrétariat,  avant  la  séance  de  jan- 
vier, son  suffrage  individuel  dans  un  bulletin  cacheté  et  enfermé  dans  une 
lettre  signée  de  lui. 

Art.  13.  Le  Président  sortant  ne  peut  être  immédiatement  élu  Vice- 
Président. 

Art.  \h.  Le  Président  distribue  entre  les  membres  du  Secrétariat  les  tra- 
vaux du  Bureau  et  de  la  correspondance  avec  la  France  et  l'étranger. 

Art.  15.  Les  Secrétaires,  et  au  besoin  les  Vice-Secrétaires,  sont  chargés: 

1"  De  rédiger  les  procès-verbaux  des  séances  de  la  Société  et  du  Conseil  ; 

2°  De  diriger  l'impression  du  Bulletin  et  en  général  toutes  les  publications 
scientifiques  et  administratives  de  la  Société,  conformément  aux  décisions 
des  Commissions  de  publication,  dont  ils  font  nécessairement  partie; 

3°  De  correspondre,  sous  la  direction  du  Président,  avec  toutes  personnes 


STATUTS   ET    RÈGLEMENT.  11J 

eu  France  et  à  l'étranger,  pour  ce  qui  concerne  les  travaux  et  les  affaires  de 
la  Société,  autres  que  les  affaires  de  finance  ; 

U°  De  convoquer  la  Société,  le  Conseil  et  les  Commissions  quand  il  en 
est  besoin; 

5°  De  préparer  les  ordres  du  jour; 

6°  De  veiller,  avec  le  Président,  à  l'exécution  du  règlement. 

Art.  16.  L'Archiviste  est  chargé  de  la  garde  des  propriétés  delà  Société; 
il  en  dresse  un  inventaire. 

Il  a  sous  sa  direction  la  Bibliothèque  ;  il  en  forme  le  catalogue  et  il  tient 
un  registre  des  manuscrits  envoyés. 

Enfin  il  a  sous  sa  garde  tous  les  documents  et  titres  appartenant  à  la 
Société. 

Art.  17.  Les  Secrétaires  ont  seuls  le  droit  d'emporter  des  livres  delà 
Bibliothèque  hors  du  local  de  la  Société.  Tls  ne  le  peuvent  faire  toutefois 
sans  en  laisser  un  reçu  sur  le  registre  tenu  à  cet  effet  par  l'Archiviste,  et  ils 
doivent  les  rapporter  dans  la  quinzaine. 

Art.  18.  Le  Trésorier  est  chargé  du  recouvrement  des  sommes  dues  à  la 
Société  et  des  sommes  provenant  de  legs  ou  donations. 

Il  tient  un  registre  des  recettes  et  dépenses,  que  tous  les  membres  ont 
droit  de  consulter. 

Art.  19.  Le  Trésorier  ne  peut  faire  aucun  emploi  extraordinaire  des 
fonds  de  la  Société,  sans  une  délibération  spéciale  du  Conseil. 

Art.  20.  Tous  les  trois  mois  le  Trésorier  présente  l'état  des  recettes  et  des 
dépenses. 


CHAPITRE  IV. 

llu  Conseil  et  des  Commissions. 

Art.  21  [VII].  Le  Conseil  est  formé  de  douze  membres,  dont  quatre  sont 
remplacés  chaque  année. 

Art.  22.  Le  Président  fait  convoquer  le  Conseil  toutes  les  fois  que  les 
affaires  de  la  Société  le  demandent. 

Dans  tous  les  cas,  il  est  tenu  de  le  réunir  sur  l'invitation  signée  de  trois 
membres  du  Conseil. 

Art.  23.  A  chaque  reunion  du  Conseil,  ses  membres  constatent  leur  pré- 
sence par  l'apposition  de  leur  signature  sur  un  registre  à  ce  destiné. 

Tout  membre  du  Conseil,  qui  n'y  assiste  pas  pendant  trois  séances  consé- 
cutives est  censé  démissionnaire.  Apres  avoir  été  averti ,  il  est  remplacé, 
s'il  ne  présente  des  excuses  valables. 

Art.  2k.  Le  Conseil  ne  peut  prendre  de  décision  s'il  ne  reunit  au  moins 
sept  de  ses  membres. 


iv  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

Sur  la  proposition  de  trois  membres,  le  vote  peut  avoir  lieu  au  scrutin 

secret. 

Art.  25.  Sur  la  demande  de  trois  membres  du  Conseil,  il  peut  être  fait 
appel  à  la  Société  des  décisions  qui  n'auraient  pas  été  prises  aux  deux  tiers 

des  voix. 

Art.  26.  Les  procès-verbaux  des  séances  du  Conseil  doivent  être  trans- 
crits sur  un  registre  coté  et  paraphé  par  un  des  Secrétaires.  Ils  doivent  être 
écrits  à  la  suite,  sans  aucun  blanc  ni  intervalle,  et  signés  parle  Président  et 
par  le  Secrétaire  qui  a  tenu  la  plume.  Les  renvois  doivent  être  paraphés  et 
les  mots  rayés  doivent  être  approuvés. 

Art.  27.  Le  Conseil  se  réunit  dans  la  dernière  quinzaine  de  décembre 
pour  examiner  l'état  des  affaires  de  la  Société  et  nommer  la  commission  de 
comptabilité  chargée  spécialement  de  vérifier  la  gestion  du  trésorier  et  la 
commission  des  Archives,  chargée  de  vérifier  celle  de  l'Archiviste. 

Ces  deux  commissions  ne  peuvent  être  composées  de  moins  de  trois  mem- 
bres et  elles  font  leur  rapport  dans  la  dernière  séance  de  janvier. 

Ar.T.  28.  Le  Conseil  élit  annuellement,  à  la  même  époque,  deux  commis- 
sions permanentes  d'impression  ,  chacune  de  trois  membres  ,  l'une  pour  la 
publication  du  bulletin  et  l'autre  pour  l'impression  des  mémoire». 

Les  nominations  sont  proclamées  dans  la  première  séance  de  janvier. 

Art.  29.  La  commission  de  publication  du  bulletin  prononce  sur  l'inser- 
tion textuelle  ou  par  extrait  ou  analyse,  dans  le  bulletin,  des  mémoires  ou 
notes  lus  etdes  communications  verbales  faites  à  la  Société.  Klle  vcilleà  ce 
qu'il  ne  s'y  introduise  rien  d'étranger  à  l'intérêt  de  la  science. 

Art.  30.  La  Commission  d'impression  des  mémoires  fait  les  rapports 
qui  lui  sont  demandés  par  le  Conseil,  sur  les  manuscrits  dont  l'impression 
est  proposée.  Elle  veille  à  ce  que  les  auteurs  des  mémoires  admis  se  ren- 
ferment dans  les  limites  fixées  par  le  Conseil,  pour  le  nombre  de  feuilles  de 
texte,  le  nombre  et  l'importance  des  planches  et  a  ce  qu'ils  n'y  introdui- 
sent rien  d'étranger  a  l'intérêt  de  la  science. 

Art.  31.  Dans  le  cas  ou  l'un  des  membres  de  la  Commission  d'impres- 
sion des  mémoires  aurait  lui-même  un  mémoire  en  cours  de  publication, 
il  ne  pourra  prendre  part  aux  travaux  de  cette  commission,  tant  que  du- 
rera l'impression  de  son  travail.  Le  Secrétaire  qui  se  trouverait  dans  le 
même  cas,  sera  remplacé ,  durant  ce  temps ,  dans  la  Commission  ,  par  l'un 
des  Vice-Secrétaires. 

Art.  32.  Les  membres  sortant  des  Commissions  d'impression  ne  peuvent 
être  réélus  immédiatement  membres  de  la  même  Commission,  après  trois 
ans  consécutifs  d'exercice. 

Art.  33.  Les  membres  des  Commissions  peuvent  être  pris  indistincte- 
ment dans  la  Société  ou  dans  le  Conseil. 

Art.  V\.  Tout  membre  d'une  Commission  qui  n'a  pas  assisté  a  ses  réu- 


STATUTS    ET    REGLEMENT.  V 

nions  pendant  trois  séances  consécutives ,  est  censé  démissionnaire.  Après 
avoir  été  averti,  il  est  remplacé,  s'il  ne  présente  des  excuses  valables. 


CHAPITRE  V. 

Ile  la  tenue  des  Séance», 

Art.  35  [X].  La  Société  tient  ses  séances  habituelles  à  Paris,  du  premier 
novembre  à  la  fin  de  juillet. 

Art.  36.  La  Société  se  réunit  deux  fois  par  mois.  Il  y  a  par  exception 
trois  séances  dans  le  mois  de  janvier.  La  première  est  consacrée  spéciale- 
ment aux  élections  pour  le  remplacement  des  membres  sortants  du  bureau 
et  du  Conseil. 

Le  tableau  des  jours  de  réunion  est  imprimé  sur  la  couverture  du 
bulletin. 

Une  carte  nominative,  contenant  les  mêmes  indications  est  envoyée  chaque 
année  à  tous  les  membres  de  la  Société. 

Art,  37.  Les  membres  sont  convoques  à  domicile  pour  la  première 
séance  de  novembre,  les  séances  d'élections  et  celles  des  compte  rendus  de 
l'année. 

Art.  38.  Pour  assister  aux  séances,  les  personnes  étrangères  à  la  Société 
doivent  être  présentées  chaque  fois  par  un  de  ses  membres. 

Art.  39.  La  présence  du  Président  ou  d'un  des  Vice-Présidents,  assisté 
d'un  des  Secrétaires  ou  Vice-Secrétaires,  suffit  pour  constituer  le  bureau  à 
chaque  séance. 

En  cas  d'absence  du  Président  et  des  Vice-Présidents,  le  Trésorier  ou  à 
son  défaut  l'Archiviste  occupe  le  fauteuil;  et  en  cas  d'absence  des  Secré- 
taires et  Vice-Secrétaires,  le  Président  du  jour  désigne  un  des  membres  du 
Conseil  pour  en  remplir  les  fonctions. 

En  cas  d'absence  de  tous  les  membres  du  bureau,  les  fonctions  de  Prési- 
dent sont  remplies  par  le  plus  âgé  des  membres  du  Conseil  présents  à  la 
séance  et  celles  de  Secrétaire  par  le  plus  jeune. 

Art.  40.  Les  procès-verbaux  des  séances  sont  rédigés  dans  l'intervalle 
d'une  séance  à  l'autre. 

Art.  41.  Chaque  séance  commence  par  la  lecture  du  procès-verbal  de  la 
séance  précédente  et  de  l'ordre  du  jour. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  qui  précède  les  vacances  de  la  Société,  est 
soumis  seulement  à  l'approbation  du  Conseil. 

Les  lectures  faites  par  les  membre  de  la  Société  ont  lieu  dans  l'ordre  de 
leur  inscription  et  les  communications  des  personnes  étrangères  à  la  Société 


vi  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE   0K    FRANCE. 

après  celles  des  membres,  sauf  les  cas  d'urgence,  qui  seront  appréciés  par 

le  bureau. 

Art.  42.  Les  membres  de  la  Société  ne  peuvent  lire  devant  elle  aucun 

ouvrage  déjà  imprimé. 

Art.  43.  Les  membres  qui  ont  fait  des  communications  verbales  ou  pris 
part  aux  discussions  peuvent  remettre  des  notes  au  Secrétaire  pour  la  ré- 
daction du  procès-verbal. 

Art.  44.  Aucune  communication  ou  discussion  ne  peut  avoir  lieu  sui- 
des objets  étrangers  à  la  Botanique  ou  aux  sciences  qui  s'y  rattachent. 

Art.  45.  Dans  les  séances  ordinaires  il  n'est  question  d'aucun  objet  relatif 
à  l'administration  qu'à  la  demande  du  Conseil. 

Toutes  les  observations  relatives  à  l'administration  sont  adressées  par 
écrit  au  Président  qui  en  réfère  au  Conseil  à  sa  plus  prochaine  réunion. 


CHAPITRE  VI. 

Mes  réunions  extraordinaires. 

Art.  46  [XI].  La  Société  pourra  tenir  des  séances  extraordinaires  sur 
des  points  de  la  France  qui  auront  été  préalablement  déterminés. 

Un  bureau  sera  spécialement  organisé  par  tes  membres  présents  à  ces 

réunions. 

Art.  47.  Le  lieu  de  ces  réunions  sera  indiqué,  d'après  une  délibération 
du  Conseil  soumise  à  l'approbation  de  la  Société. 


CHAPITRE  VII. 

Des  publications. 

Art.  48.  La  Société  contribue  aux  progrès  de  la  Botanique,  par  la  pu- 
blication de  son  bulletin  et  par  celle  de  collections  de  mémoires. 

Art.  49  [XII].  Le  bulletin  des  travaux  de  la  Société  est  délivré  gratuite- 
ment à  chaque  membre. 

Art.  50.  Ce  bulletin  contient  les  procès-verbaux  des  séances  de  la 
Société,  une  analyse  des  communications  qui  lui  sont  faites  ou  adressées  dans 
ces  mêmes  séances  et  les  décisions  du  Conseil  qui  peuvent  être  d'un  intérêt 
général  pour  la  Société. 

'  Il  comprend,  en  outre,  une  Revue  bibliographique  des  publications  rela- 
tives à  la  Botanique  qui  parviennent  à  la  connaissance  de  la  Société. 


STATUTS    ET    RÈGLEMENT  .  Vlj 

Art.  51.  Le  Bulletin  est  imprimé  aux  frais  de  la  Société  dans  le  format 
m-8".  Il  peut  être  échangé  contre  d'autres  publications  scientifiques  et  ne 
peut  être  vendu  aux  personnes  étrangères  à  la  Société,  qu'au  prix  de  la  co- 
tisation annuelle. 

Art.  52.  Le  Bulletin  parait,  autant  que  possible,  au  commencement  de 
chaque  mois,  par  cahier  de  deux  à  trois  feuilles. 

Art.  53.  LaBevue  bibliographique  est  faite  avec  la  collaboration  de  tous 
les  membres  de  la  Société  qui  voudront  bien  répondre  à  l'appel  de  la  Com- 
mission du  Bulletin. 

Cette  Commission  règle  la  nature  et  l'étendue  des  articles  dont  ses  colla- 
borateurs sont  chargés. 

Art.  54.  Les  articles  de  la  Bévue  bibliographique  ne  portent  pas  de  signa- 
ture. Leurs  auteurs  n'y  exprimeront  aucune  opinion  sur  le  mérite  des  ou- 
vrages dont  ils  doivent  simplement  et  brièvement  rendre  compte. 

Art.  55.  Les  articles  de  critique  scientifique  ne  peuvent  être  reçus  qu'à 
titre  de  communications  et  sont  publiés,  sous  la  responsabilité  personnelle 
de  leurs  auteurs,  dans  la  première  partie  du  Bulletin. 

Art.  56.  Les  communications  verbales  dont  les  auteurs  ne  donnent  pas 
une  analyse  écrite  dans  les  huit  jours  qui  suivent  la  séance  où  elles  ont  été 
faites,  ne  sont  que  signalées  dans  le  procès-verbal  d'après  les  notes  prises 
par  les  Secrétaires. 

Art.  57.  Les  membres  n'ont  droit  de  recevoir  que  les  volumes  des  an- 
nées du  Bulletin  pour  lesquelles  ils  ont  payé  leur  cotisation.  Toutefois  les 
volumes  correspondant  aux  années  antérieures  à  leur  entrée  dans  la  Société, 
leur  sont  cédés  moyennant  une  indemnité  déterminée  par  le  Conseil. 

Art.  58.  Les  auteurs  des  notes  ou  mémoires  insères  au  Bulletin  et  cou- 
tenant  au  moins  un  quart  de  feuille,  peuvent  obtenir  la  remise  gratuite  de 
quatre  épreuves  de  ces  communications,  en  en  faisant,  avant  l'impression, 
la  demande  au  Secrétariat. 

Art.  59.  Quelle  que  soit  la  longueur  des  notes  ou  mémoires  insérés  au 
Bulletin,  les  auteurs  pourront  en  faire  faire,  à  leurs  frais,  un  tirage  à  part  de 
cinquante  exemplaires  au  plus. 

L'exercice  de  cette  faculté  est  soumis  aux  conditions  suivantes  : 

1°  L'auteur  qui  voudra  en  profiter  devra  en  faire  la  déclaration  expresse, 
et  par  écrit,  en  tête  de  son  manuscrit. 

2°  Il  devra  s'entendre  directement  avec  l'imprimeur  pour  le  remaniement 
de  la  composition  et  le  paiement. 

3°  Le  tirage  a  part  devra  rester  entièrement  conforme  au  texte  du  bul- 
letin. Il  ne  pourra  être  remis  à  l'auteur  que  huit  jours  après  la  publication 
de  la  partie  du  Bulletin  contenant  le  Mémoire. 

k"  Le  faux  titre  devra  porter  :  Extrait .du  Bulletin  de  la  Société  bota- 
nique de  France. 


VI ij  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

Art.  60.  Les  mémoires  de  la  Société  paraîtront,  soit  séparément,  soit 
par  volumes  ou  demi-volumes  in-/i°. 

Un  règlement  particulier  en  fixera  le  mode  de  publication. 


CHAPITRE  VIII. 

Des  propriétés,  «les  revenus  et  «les  dépenses 

«le  In  Société. 

Art.  61  [XIII].  Les  dons  faits  à  la  Société  sont  inscrits  au  Bulletin  avec 
les  noms  (les  donateurs. 

Art.  62.  Les  échantillons  envoyés  à  l'appui  des  mémoires,  sont  consi- 
dérés, par  ce  fait  seul, comme  donnés  à  la  Société,  qui  en  disposera  comme 
elle  le  jugera  convenable,  à  moins  que  les  auteurs  n'aient  exprimé  formel- 
lement, lors  de  l'envoi,  une  volonté  contraire. 

Art.  63.  Les  membres  qui  cessent  de  faire  partie  de  la  Société  ne  peuvent 
réclamer  aucune  part  dans  ses  propriétés. 

Art.  6^  [XIV].  Chaque  membre  paie  une  cotisation  annuelle  de  30  //•. 

Cette  cotisation  annuelle  peut,  au  choix  de  chaque  membre,  être  remplacée 
par  une  somme  de  300  fr.  une  fois  payée. 

Art.  65.  La  cotisation  annuelle  est  due  par  les  membres  de  la  Société 
jusqu'au  jour  où  ils  ont  reçu  le  Bulletin  sans  envoyer  leur  démission. 

Dans  le  cas  où,  après  un  avis  du  Trésorier,  un  membre  se  trouverait 
débiteur  au  1er  janvier,  d'une  année  de  cotisation,  s'il  réside  en  France,  et 
de  deux  années  s'il  réside  à  l'étranger,  le  Bulletin  cessera  de  lui  être 
envoyé. 

Si,  sur  un  nouvel  avis  du  Trésorier,  qui  lui  sera  adressé  dans  le  courant  de 
l'année  suivante,  il  ne  satisfait  pas  au  paiement,  il  cessera  de  faire  partie  de 
la  Société  et  sera  rayé  de  la  liste  des  membres. 

Art.  66  [XV].  La  Société  régie  annuellement  le  budget  de  ses  dépenses. 

Dans  la  première  séance  de  chaque  année,  le  compte  détaillé  des  receltes 
et  des  dépenses  est  soumis  à  l'approbation  de  la  Société. 

Ce  compte  est  publié  dans  le  Bulletin. 

Art.  67.  Les  dépenses  sont  divisées  en  ordinaires  et  extraordinaires. 

Les  dépenses  ordinaires  se  composent  du  loyer,  des  contributions,  des 
frais  de  bureau  et  d'impression,  des  frais  d'entretien  des  meubles  et  du 
local,  et  du  port  des  lettres  et  paquets  adressés  à  la  Société. 

Les  dépenses  extraordinaires  sont  votées  par  la  Société,  sur  la  proposition 
du  Conseil. 

Art.  68.  La  Société  se  charge  de  l'envoi  gratuit  du  Bulletin,  de  l'affran- 


STATUTS    ET   RÈGLEMENT.  1* 

chissement  des  lettres  relatives  aux  publications,  des  lettres  de  convocation 
et  des  avis  imprimés. 
Art.  69.  La  Société  ne  s'engage  jamais  dans  aucune  dépense  excédant 


•s 

son  avoir. 


Aht.  70  [XVI].  En  cas  de  dissolution,  tous  tes  membres  de  la  Société 
sont  appelés  à  décider  sur  la  destination  qui  sera  donnée  à  ses  propriétés. 

Disposition  transitoire.  —  Ne  seront  pas  soumis  aux  formalités  pres- 
crites par  l'art,  h,  les  nouveaux  membres  qui  donneront  leur  adhésion  aux 
Statuts  de  la  Société  ,  moins  d'un  mois  après  l'expédition  du  premier 
numéro  du  Bulletin,  lequel  sera  envoyé  à  tous  les  botanistes  résidant  en 
France. 


LISTE  DES  MEMBRES 


DE   LA 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE 

au  15  juin  1854. 


AMBLARD  (Louis),  rue  Duguay-Trouin,  17,  à  Paris. 
AVICE  DE  LA  VILLEJAN,  rue  du  Bac,  3/t,  à  Paris. 


BAILLON  (H.),  interne  à  l'hôpital  de  la  Pitié,  à  Paris. 

BARAT,  professeur  au  lycée  Impérial  d'Alger. 

BABKAU  (Adolphe  de),  à  Carcenac,  près  Rodez  (Aveyron). 

BEAUTEMPS-BEAUPRÉ  (Charles),  substitut  du  procureur  impérial,  à  Cherbourg 
(Manche). 

BONHOMME  (Jules),  naturaliste,  à  Milhau  (Aveyron). 

BORDÈRE.  instituteur  primaire,  à  Gèdres,  près  Luz  (Hautes-Pyrénées). 

BORNET  (Edouard),  rue  Napoléon,  18,  à  Cherbourg  (Manche). 

BOUCHARDAT,  professeur  à  la  Faculté  de  médecine,  à  l'Hôtel-Dieu,  à  Paris. 

ROUDIER,  pharmacien,  à  Montmorency  (Seine-et-Oise). 

BOUIS  (de),  docteur  en  médecine,  rue  Saint-Louis,  hk,  au  Marais,  à  Paris. 

ROULOUMIÉ  (louis),  rue  du  Vieux-ttaisin,  26,  à  Toulouse. 

BOURGUIGNAT,  préparateur  à  la  chaire  de  paléontologie  du  Muséum,  rue  Saint- 
Guillaume,  2,  à  Paris. 

BOUTEILLE,  à  Magny-en-Vexin  (Seine-et-Oise). 

BRICE  (Georges),  chef  de  bureau  au  ministère  de  la  maison  de  l'Empereur,  rue 
des  Écuries-d'Artois,  13,  à  Paris. 

BRIMONT  (le  baron  de),  rue  de  Grenelle -Saint-Germain,  53,  à  Paris. 

BRONDEAU  (Louis  de),  à  Reignac,  commune  de  Moirax,  près  Agen  (Lot-et- 
Garonne). 

BRONGNIART  (Adolphe),  membre  de  l'Académie  des  sciences,  etc.,  au  Jardin  des 
Plantes,  à  Paris. 

RRUTELETTE  (B.  de),  à  Abbeville  (Somme). 

BUREAU  (Edouard),  rue  Madame,  40,  à  Paris. 


XJj  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    I>K    FRANCE. 

CADET  DE  CIIAillBINF  (Edmond),  rue  Saint-Joseph,  12,  à  Paris. 
CAILLETTE  DE  L'IIERVILLIERS,  membre  de  l'Institut  historique  de  France, 

rue  Vavin,  6,  à  Paris. 
CALLAY  (A),  pharmacien,  au  Chêne  (Ardennes). 
CARON  (Henri),  à  Bulles  (Oise). 

CHASTAIVET  (A.),  rue  du  Port-Saint-Ouen,  19,  à  Balignolles,  près  Paris. 
CHATIN   (A.) ,  professeur   à   l'École   de  pharmacie ,   rue    du    faubourg   Saint- 

Ilonoré,  208,  à  Paris. 
CHEVALLIER,  chef  d'institution,  rue  Villeneuve,  12,  à  la  Bochelle. 
CLOS  (D.),  professeur  à  la  Faculté  des  sciences  de  Toulouse. 
COMAR  (Ferdinand),  à  Gisors  (Eure). 

COSSOM  (Ernest),  docteur  en  médecine,  rue  du  Grand-Chantier,  12,  a  Paris. 
COURTAUT  (Henri),  rue  de  l'Ouest,  35,  à  Paris. 


DARRIEUY  (Arsène),  docteur  en  médecine,   maire  de  Saint-Jean-Picd-dc-Port 
(Basses-Pyrénées). 

DAUDIIV  (H.),  propriétaire,  à  Pouilly,  par  Méru  (Oise). 

DECAISSE  (J),  membre  de  l'Académie  des  sciences,  etc.,  au  Jardin  des  Plantes,  à 
Paris. 

DELASTRE,  rue  de  l'Hospice,  23,  à  Poitiers. 

DELAUNAY,  manufacturier,  à  Tours. 

DELESSERT  (François),  membre  de   l'Académie  des  sciences,  etc.,  rue  Mont- 
martre, 172,  à  Paris. 

DEROUET,  membre  du  conseil  général  d'Indre-et-Loire,  rue  des  Fossés-Sainl- 
Georges,  h,  à  Tours,  et  rue  Chabannais,  1,  à  Paris. 

DES  MOULINS  (Ch.),  membre  de  plusieurs  académies,  rue  et  hôtel  de  Gourgues, 
à  Bordeaux. 

DOUMET  (E.),  député  au  corps  législatif,  maire  de  Cette  (Hérault). 

DOYERGNE,  pharmacien,  à  Hesdin  (Pas-de-Calais). 

DUROC  (Edouard),  ruedesGobelins,  27,  Ingouville,  au  Havre  (Seine-Inférieure). 

DUCHARTRE  (P.),  docteur  es  sciences,  rue  de  Sèvres,  1/|,  à  Paris. 

DUFOUR  (Léon),  à  Saint-Sever-sur-Adour  (Landes). 

DUMOLIN  (J.-B.),  à  Saint-Maurin,  par  Puymirol  (Lot-et-Garonne). 

DUIVAL  (Félix),  piofesseur  à  la  Faculté  des  sciences  de  Montpellier. 

DUPUY  (l'abbé),  professeur  d'histoire  naturelle  au  petit  séminaire  d'Auch  (Gers). 

DURIEU  DE  MAISONNEUVE,  directeur  du  nouveau  Jardin  des  Plantes,  allée 
des  Noyers,  29,  à  Bordeaux. 

DUSACQ,  libraire-éditeur,  rue  Jacob,  26,  à  Paris. 

DUVAL-JOUVE,  inspecteur  de  l'Académie  d'Alger. 

ÉLOY  DE  VICQ  (Léon),  place  de  la  Placette,  à  Abbeville  (Somme). 


FABRE,  professeur  d'histoire  naturelle  au  lycée  d'Avignon. 
FAYE  (Léon),  conseiller  à  la  Cour  impériale  de  Poitiers. 


LISTE    DES    MEMBRES.  Xllj 

FÉE,  professeur  d'histoire  naturelle  à  la  Faculté  de  médecine  de  Strasbourg. 
FOVILLE  (Achille),  interne  des  hôpitaux,  à  la  Salpêtrière,  à  Paris. 
FRANQEEVILLE  (Albert  deI,  rue  Palatine,  5,  à  Paris. 


GAY  (Jacques),  rue  de  Vaugirard,  36,  à  Paris. 

GERMAIN  DE  SAEVÏ-PIERRE,  docteur  en  médecine,  rue  Pavée-Saint-André,  3, 

à  Paris. 
GIDE  (Casimir),  libraire-éditeur,  rue  Bonaparte,  5,  à  Paris. 
GIRAUDY,  boulevard  Chave,  90,  à  Marseille. 
GOGOT,  docteur  en  médecine,  rue  des  Trois-Pavillons,  h,  à  Paris. 
GONTIER,  docteur  en  médecine,  rue  Saint-Honoré,  36/i,  à  Paris. 
GRAVES,  directeur  général  des  forêts,  rue  de  Verneuil,  51,  à  Paris. 
GROENLAND  (Jean),  quai  Bourbon,  25,  île  Saint-Louis,  à  Paris. 
GEBLER,  agrégea  la  Faculté  de  médecine,  rue  de  Seine,  12,  à  Paris. 
GEÉPIN,  docteur  en  médecine,  rue  des  Lices,  11,  à  Angers  (Maine-et-Loire). 
GlIILLON  (Anatole),  contrôleur  des  contributions  indirectes,  rue  de  la  Tour,  71, 

à  Passy,  près  Paris. 

IIÉNON,  interprèle  militaire,  à  Biskra  (Algérie). 

HENNECART,  ancien  député,  rue  Neuve-des-Matburins,  il,  à  Paris. 

HÉRÉTIEE,    inspecteur    des    contributions   directes,    à    Montauban    (Tarn-et- 

Garonne). 
HÉRINCQ,  attaché  au   Muséum   d'histoire  naturelle,  rue  Guy  de  la  Brosse,  11,  à 

Paris. 
IIERLING  (A.),  rue  des  Deux-Portes-Saint-Sauveur,  21,  à  Paris. 
HEBERT,  pharmacien,  à  Brest  (Finistère). 
HUGEENIN  (Auguste\  à  Chambéry  (Savoie). 

IRAT  (Albert),  substitut  du  procureur  impérial,  à  Cahors  (Lot). 

.IAMAIN  (A.),  docteur  en  médecine,  rue  de  Savoie,  13,  à  Paris. 
JAEBERT  (le  comte),  ancien  ministre,  rue  Saint-Dominique,  67,  à  Paris. 
JOEFFROY-GOESANS  (M.  de),  rue  de  la  préfecture,  20,  à  Besançon. 
JELLIEN-CROSNIER,  conservateur  du  Jardin  des  Plantes,  rue  d'Illiers,  54  bis, 
à  Orléans. 

KRESZ,  docteur  en  médecine,  rue  des  Bourdonnais,  l/i,  à  Paris. 


LABOERET  (J.),  hôtel  de  l'ancienne  sous-préfecture,  à  l'.ulTec  (Cbarente). 
LACROIX  (l'abbé  de),  à  Saint-P.omain-sur-Vienne,  par  les  Ormes  (Vienne). 
LAGRANGE,  docteur  en   médecine,  rue  des  Francs-Bourgeois,  1/j,  au  Marais,  à 
Paris. 


XIV  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

LAMIABLE  (G.),  rue  Soufflot,  21,  à  Paris. 

LAMOTTE  (M.),  pharmacien,  à  Riom  (Puy-de-Dôme). 

LA  PERRALD1ÈRE  (Henri  de),  i ue  du  Cornet,  1k,  à  Angers. 

LA  PORTE  (Edmond),  boulevard  de  l'Étoile,  38,  aux  Thèmes,  près  Paris. 

LARAMBERGLE  (Henri  de),  ù  Castres  (Tarn). 

LAREVELL1ÈRE-LÉPEAUX,  au  Gué  du  Berger,  à  Thouarcé  (Deux-Sèvres). 

LASÈGL'E  (A.),  conservateur  des  collections  botaniques  de  M.  François  Delessert, 

rue  Montmartre,  172,  à  Paris. 
LAVAU  (de). 
LEBLAîVC,  ancien  ingénieur  en  chef  des  ponts  et  chaussées,  rue  du  Oindre,  1,  à 

Paris. 
LEKEEF  (Ferdinand),  pharmacien,  à  Rayonne  (Basses-Pyrénées). 
LEGRAND  (de  l'Oise),  ancien  député,  rue  Richepanse,  7,  à  Paris. 
LEMAOET,  docteur  en  médecine,  quai  de  la  Tournelle,  33,  à  Paris. 
LENOEMANT  (François),  rue  Neuve-des-Pelits-Cliamps,  l/i,  à  Paris. 
LE  PRÉVOST  (Auguste),  membre  de  l'Institut,  à  Bernay  (Eure). 
LEROUX  DE  BRETAGNE,  avocat,  rue  des  Saints-Pères,  61,  à  Paris. 
LESPIALLT  (M.),  peintre  d'histoire  naturelle,  à  Néiac  (Lot-et-Garonne). 
LESPINASSE  (Gustave),  agent  de  change,  rue  de  l'Intendance,  9,  à  Bordeaux. 
LESTIBOLDOIS,  conseiller  d'État,  rue  de  la  Victoire,  92,  à  Paris. 
LOYSEL  'Charles),  rue  Mazarine,  3,  à  Paris, 


MAILLARD  (Auguste),  rue  Sainl-Sulpice,  1,  à  Paris. 

MAILLE  (Alphonse),  rue  Madame,  1,  à  Paris. 

MANESCAE,  ancien  représentant,  à  Pau  (Basses-Pyrénées). 

MARES  (P.),  docteur  en  médecine,  rue  Blanche,  10,  à  Paris. 

MARJOLIN,  docteur  en  médecine,  rue  Neuve-Saint-Augustin,  69,  à  Paris. 

MARTIN  (Emile),  juge,  à  Romoranlin  (Loir-et-Cher). 

MASSON  (Victor),  libraire-éditeur,  place  de  l'École-de-Médecine,  à  Paris. 

MATIGNON  (E.),  à  Fontainebleau  (Seine-et-Marne). 

MALGERET,  inspecteur  du  télégraphe,  à  Tarbes  (Hautes-Pyrénées). 

MELICOQ  (le  baron  de  Lafons  de),  rue  Royale,  84  bis,  à  Lille. 

MÉN1ÈRE  (le  docteur),  médecin  de  l'établissement  des  sourds-muets,  à  Paris. 

MICHALET  (Eugène),  rue  Férou,  11,  à  Paris. 

MILLET  (C),  inspecteur  des  forèls,  rue  Casliglione,  lZj,  à  Paris. 

MONIN,  docteur  en  médecine,  à  Blois  (Loir-et-Cher). 

MONTAGNE  (Camille),  membre  de  l'Académie  des  sciences,  etc.,  rue  des  Beaux- 
Arts,  12,  à  Paris. 

MOQUIN-TANDON,  membre  de  l'Académie  des  sciences,  etc.,  rue  de  l'Est,  i, 
Paris. 

MUNBV  (G.),  àOran  (Algérie). 


NOÉ  (le  vicomte  de),  rue  du  Bac,  102,  à  Paris. 

NOELET,  professeur  à  l'École  de  médecine,  rue  du  Lycée,  8,  à  Toulouse. 


LISTE    DES    MEMBRES.  XV 

PARISOT  (Louis),  à  Belfort  (Haut-Rhin). 

PARSEVAL  (Jules),  aux  Perrières,  près  Màcon  (Saône-et-Lohe). 

PASSY  (Antoine),  ancien  député,  rue  Pigale,  6,  à  Paris. 

PAYER,  professeur  à  la  Faculté  des  sciences,  rue  Madame,  28,  à  Paris. 

PERRIO  (Francisque),  à  Napoléonville  (Morbihan). 

PERSONNAT  (Camille),  rue  d'Étigny,  20,  à  Aucli  (Gers). 

PERSOiYNAT   (Victor),    employé  des  contributions  indirectes,  à    Saint-Flour 

(Cantal). 
PETIT  (Guillaume),  membre  du  conseil  général  de  l'Eure,  à  Louviers  (Eure). 
PEANCHON  (J.-E.),  professeur  suppléant  à  la  Faculté  des  sciences  de  Montpellier. 
POYOlARET  (E.  de),  à  Agen  (Lot-et-Garonne). 

POUCIIET  (Eugène),  à  Saint-Micliel-de-la-tlaie,  par  Bourgachard  (Eure). 
PRILLIEUY  (Edouard),  rue  de  la  Ville-l'Évêque,  hk,  à  Paris. 
PLEL  (Timothée),  docteur  en  médecine,  boulevard  Beaumarchais,  72,  à  Paris. 


QUESTIER  (l'abbé),  curé,  à  Tbury  en  Valois,  par  Betz  (Oise). 

RAROTIN,  pharmacien,  à  Fontainebleau  (Seine-et-Marne). 

RAMOND,  directeur  des  douanes,  au  Havre  (Seine-Inférieure). 

REVELIÈRE  (Eugène),  rue  des  Payens,  à  Saumur  (Maine-et-Loire). 

RORERT  (Eugène),  docteur  en  médecine,  à  Bellevtie,  près  Meudon  (Seine-et- 

Oise). 
RORIN,  ancien  inspecteur  divisionnaire  des  ponts  et  chaussées,  rue  de  la  Chaussée- 

d' An  lin,  27  bis,  ?»  Paris. 
ROUSSEL,  ancien  pharmacien  du  Val-de-Gràce,  rue  des  Fossés-Saint-Jacques,  26, 

à  Paris. 


SAUBIXET  aine,  membre  de  l'Académie  impériale  de  Reims  (Marne). 
SALLCY(de),  membre  de  l'Institut,  etc.,  place  Saint-Thomas-d'Aquin,  à  Paris. 
SAU7.É    (C),  docteur  en    médecine,  à  la  Mothe-Saint-Heraye  (Deux-Sèvres). 
SCHlillPER  (W.-P.),  conservateur  du  Musée  d'histoire  naturelle  de  Strasbourg. 
SCIIOEYEFELD  (\V.  de),  rue  de  Seine,  72,  à  Paris. 
SERINGE,  professeur  à  la  Faculté  des  sciences  de  Lyon. 
SERRES  (Hector),  pharmacien,  à  Dax  (Landes). 
SOUREIRAN  (Léon),  quai  de  la  Tournelle,  Zi7,  à  Paris. 


TCIIÎIIATCHEFF  (P.  de),  membre  de  l'Académie  des  sciences  de  Berlin,  etc., 

rue  de  la  Paix,  hôtel  Mirabeau,  à  Paris. 
THURET  (Gustave),  rue  Napoléon,  18,  à  Cherbourg  (Manche). 
TILLETTE  DE  CLERMONT,  député  au  corps  législatif,  à  Abbeville  (Somme). 
TIMRAL-LAGRAVE,  pharmacien,  rue  Pargaminière,  8Zi,  à  Toulouse. 
TISSEUR  (l'abbé),  missionnaire,  aux  Chartreux,  à  Lyon. 
T1TON,  interne  des  hôpitaux,  à  l'hôpital  Saint-Louis,  à  Paris. 


xvj  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE    DE   FRANCE. 

TRAC  Y  (de),  ancien  ministre,  rue  d'Anjou-Saint-IIonoré,  Z|8,  à  Paris. 

TRÉCUL  (A.),  rue  Cuvier,  20,  à  Paris. 

TLLASME  (L.-R.),  membre  de  V Académie  des  sciences,  etc.,  rue  de  Vaugirard,  73, 

à  Paris. 


VANDERMARQ,  rue  Neuve-Saint-Auguslin,  75,  à  Paris. 

VILLIERS  DU  TERRAGE  (le  vicomte  de),  ancien  pair  de  France,  rue  Racine,  8, 

à  Tours. 
VILMORIN  (L.),  quai  de  la  Mégisserie,  28,  à  Paris. 


WERB  (Philippe  Barker),  avenue  Marbœuf,  15,  à  Paris. 
UEDDELL  (II.-A.),  docteur  en  médecine,  aide-natnralisle  au  Muséum,  vue  de 
Poissy,  \,  à  Paris. 


FONDATION 


DE    LA 


SOCIÉTÉ 


B'roci^-ïci'iiiiin  de  la  réunion  préparatoire  du  t  2  niais 
vt  de  la  séance  dm    2.1  aircl   î*S5-8. 

Le  douze  mars  mil  huit  cent  cinquante-quatre,  les  personnes  dont 
les  noms  suivent  se  sont  réunies  à  Paris,  chez  M.  Antoine  Passy,  rue 
Pigale,  n°  6. 

Étaient  présents:  MM.  Brongniart,  Decaisne ,  Moquin-Tandon, 
membres  de  l'Académie  des  sciences,  comte  Jaubert,  Graves,  vicomte 
de  Noé,  Puel,  Robin,  Maille,  Cosson,  Duchartre,  de  Schœnefeld,  de 
Bouis,  Germain  de  Saint-Pierre. 

L'Assemblée  s'étant  formée  à  une  heure,  sous  la  présidence  de 
M.  Brongniart,  M.  Passy  a  dit  que  la  réunion  avait  été  convoquée 
d'après  le  désir  exprimé  par  la  plupart  des  personnes  présentes, 
d'examiner  s'il  ne  conviendrait  pas  d'organiser  à  Paris  une  société 
centrale,  qui  se  proposerait  pour  objet  de  contribuer  aux  progrès  de 
la  Botanique,  et  de  multiplier,  en  les  régularisant,  des  relations 
utiles  à  la  science. 

Après  une  discussion  approfondie,  l'Assemblée  décide,  à  l'unani- 
nimité,  la  création  d'une  Société  Botanique  de  France. 

M.  Passy  dit  ensuite  que  la  Société  Géologique,  fondée  depuis 
vingt-quatre  ans,  et  qui  n'a  cessé  de  s'accroître  depuis  son  origine, 
parait  devoir  sa  prospérité  aux  heureuses  combinaisons  de  son  règle- 
ment constitutif.  Il  propose  donc  de  prendre  dans  le  règlement 
actuel  de  la  Société  Géologique  les  bases  principales  des  statuts  à 
imposer  à  l'association  projetée. 

L'Assemblée  entend  la  lecture,  du  règlement  dont  il  s'agit,  en  dis- 
cute les  articles,  et  en  adopte-  la  plupart  des  dispositions. 

T.    T  1 


2  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

D'après  les  décisions  prises,  le  nombre  des  membres  de  la  Société 
sérail  illimité,  et  il  n'y  aurait  aucune  distinction  entre  eux.  Toutes 
les  fonctions  seraient  données  par  l'élection  et  n'auraient  qu'une 
durée  déterminée.  La  Société  publierait  un  bulletin  périodique,  qui 
serait  envoyé  à  chaque  membre,  en  échange  de  la  cotisation  annuelle, 
dont  le  taux  serait  fixé  à  trente  francs  payables  d'avance. 

L'Assemblée  n'adopte  pas  la  proposition  d'exiger,  comme  à  la 
Société  Géologique,  le  payement  d'un  droit  d'entrée.  Elle  réserve, 
pour  un  examen  ultérieur,  la  question  de  savoir  si  la  Société  Bota- 
nique tiendra  des  séances  hors  de  Paris,  et  si  elle  organisera  des 
collections  et  une  bibliothèque. 

L'Assemblée  décide  qu'il  sera  fait  appel  à  toutes  les  personnes  ré- 
sidant à  Paris,  et  qui,  à  un  litre  quelconque,  peuvent  s'intéresser  à  la 
création  de  la  Société  Botanique,  pour  les  inviter  à  joindre  leurs  efforts 
aux  siens.  On  adressera  ensuite  une  circulaire,  signée  de  tous  les 
adhérents,  aux  professeurs  et  amateurs  des  sciences  naturelles  habi- 
tant les  départements,  pour  provoquer  leurs  souscriptions.  Lorsque 
les  réponses  seront  parvenues,  l'Assemblée  se  réunira  de  nouveau, 
afin  de  constater,  avec  certitude,  quelles  chances  de  succès  et  de 
durée  doit  résulter,  pour  la  Société  projetée,  du  nombre  de  souscrip- 
tions obtenues.  On  statuera  alors  sur  l'organisation  la  plus  conve- 
nable a  donner  à  la  Société.  Jusqu'à  ce  moment  les  décisions  prises 
n'auront  qu'un  caractère  provisoire  et  n'obligeront  personne. 

Enfin  l'Assemblée  nomme  une  commission  composée  de  MM.  Passy, 
Graves  et  de  Schœnefeld,  pour  assurer  l'exécution  des  mesures  qui 
viennent  d'être  votées,  et  pour  convoquer  de  nouveau,  lorsque  le 
moment  sera  venu,  les  personnes  présentes  et  celles  qui  auront  fait 
connaître  ieur  adhésion. 


Le  vingt-trois  avril  mil  huit  cent  cinquante-quatre  ,  sur  une  con- 
vocation de  MM.  les  Commissaires  provisoires,  nommés  dans  la  réu- 
nion préparatoire  du  12  mars  dernier  ,  les  personnes  qui  ont  donné 
leur  adhésion  au  projet  de  Statuts  annexes  à  la  circulaire  datée  égale- 
ment du  12  mars,  se  sont  réunies  à  Paris,  rue  Taranne  ,  n°  12,  à 
l'effet  d'organiser  la  Société  Botanique  de  France. 

Sur  la  demande  des  Commissaires  provisoires  ,  M.  le  Préfet  de 
Police  avait  bien  voulu  autoriser  cette  réunion,  par  une  lettre  adressée 
à  M.  Graves,  en  date  du  22  avril. 


FONDATION    DE    LA    SOCIÉTÉ.  3 

M.  Adolphe  Brongniart,  conformément  au  vœu  unanime  de  l'As- 
semblée, occupe  le  fauteuil  et  ouvre  la  séance  à  midi  et  demi, 

MM.  Graves  et  A.  Passy,  commissaires,  se  placent  au  bureau  au- 
près de  31.  le  Président.  M.  de  Schœnefeld  ,  troisième  commissaire, 
est  chargé  de  la  rédaction  du  procès-verbal. 

M .  Graves  lit  le  procès-verbal  de  la  réunion  préparatoire  du  12  mars, 
qu'il  a  bien  voulu  rédiger.  Ce  procès-verbal  est  adopté  par  l'Assemblée. 

M.  A.  Passy  donne  lecture  a  l'Assemblée  du  rapport  des  Commis- 
saires, qui  rend  compte  de  la  mission  dont  ils  ont  été  chargés.  Ce 
rapport  conclut  à  l'adoption  par  l'Assemblée  des  quatre  propositions 
suivantes  : 

1°  La  Société  Botanique  de  France  est  fondée.  Les  Statuts  publiés  sont  la 
base  de  sou  organisation. 

2°  Il  va  être  procédé  immédiatement  à  l'élection  des  membres  du  Bureau 
et  du  Conseil  d'Administration. 

3"  Il  sera  donné  au  Bureau  et  au  Conseil  toute  autorisation  pour  arrêter  un 
règlement  administratif  conforme  aux  Statuts  proposés. 

h"  Le  Bureau  et  le  Conseil  sont  chargés  de  rédiger  et  de  publier  le  pre- 
mier numéro  du  recueil  qui  contiendra  les  Statuts,  la  composition  du 
Bureau  et  du  Conseil  et  la  liste  des  membres. 

Avant  de  mettre  aux  voix  ces  propositions,  M.  le  Président  invite 
M.  de  Schœnefeld  à  lire  la  liste  des  personnes  qui  ont  déjà  donné 
leur  adhésion  à  la  Société. 

L'Assemblée  est  appelée  ensuite  à  voter  l'adoption  de  la  première 
des  quatre  propositions  du  rapport  de  la  Commission.  Sur  les  obser- 
vations présentées  par  quelques-unes  des  personnes  présentes,  il  est 
déclaré  bien  entendu  que  l'Assemblée  se  réserve  le  droit,  dans  une 
prochaine  réunion  et  sur  la  proposition  du  futur  Conseil  d'adminis- 
tration, de  modifier  les  Statuts  de  la  Société  en  tout  ce  qu'ils  n'ont 
point  d'essentiel  et  dans  le  sens  des  observations  qui  pourraient 
arriver  à  ce  sujet  des  départements 

Cette  réserve  faite,  l'Assemblée  déclare  unanimement  que  la  Société 
Botanique  de  France  est  fondée. 

La  seconde  proposition  du  rapport  de  la  Commission  est  également 
mise  aux  voix  et  adoptée  par  la  Société. 

La  Société  est  donc  appelée  à  élire  immédiatement  les  membres 
du  Bureau,  par  scrutin  de  liste  et  à  la  majorité  absolue  des  suffrages. 


h  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

Sont  proclamés  ,  comme  Membres  du  Bureau  ,  ayant  obtenu  la 
majorité  des  suffrages  : 

Président  :  M.  Ad.  BRONGMART. 

Vice-Présidents:    MM.   DECAISNE. 

J.  GAY. 

F.  DELESSERT. 
MOQUIN-TANDON. 

Secrétaires  :  MM.   DE  SCHOENEFELD. 

DUCHARTRE. 

Vice-Secrétaires:  MM.    PUEL. 

COSSON. 

Trésorier  :  M.  CAILLETTE  DE  L'HERVILLIERS. 

Archiviste  :  M.  DE  BOUIS. 

Après  avoir  ainsi  constitué  son  Bureau,  la  Société  procède  à  l'élec- 
tion des  douze  membres  du  Conseil  d'administration,  également  par 
scrutin  de  liste,  à  la  majorité  absolue  des  suffrages. 

Sont  proclamés,  comme  Membres  du  Conseil  d'administration, 
ayant  obtenu  la  majorité  des  suffrages  : 

MM.   GRAVES. 
A.  PASSY. 
CIIATIN. 
MONTAGNE. 
Vicomte  DE  NOÉ. 
WEDDELL. 
Comte  JAUBERT. 
BOUC1IARDAT. 
L.-R.  TULASNE. 
GERMAIN  DE  SAINT-PIERRE. 
Baron  DE  BRIMOiNT. 
MAILLE. 

Les  troisième  et  quatrième  propositions  qui  terminent  le  rapport 
de  la  Commission  sont  successivement  mises  aux  voix  et  adoptées 
par  la  Société. 

La  séance  est  levée,  à  trois  beures  et  demie,  sans  qu'on  ait  iixé  le 
jour  de  la  prochaine  réunion.  —  La  Société  sera  convoquée  aussitôt 
que  le  Conseil  aura  préparé  le  projet  de  règlement. 


SOCIÉTÉ    BOTANIQUE 


DE   FRANCE. 


SÉANCE   DU   24   MAI   1854. 

PRÉSIDENCE   DE    M.    AD.    BRONGNIART- 

La  Société  se  réunit  à  sept  heures  et  demie  du  soir,  rue  du  Vieux- 
Colombier,  2/i,  dans  le  local  que  le  bureau  de  la  Société  Géologique 
a  bien  voulu  lui  céder  pour  la  tenue  de  ses  séances. 

M.  de  Schœnefeld,  secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de 
la  séance  du  23  avril,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Dons  faits  à  la  Société. 

1°  Par  M.  Ad.  Brongniart,  président  : 

Annales  des  sciences  naturelles,  partie  botanique,  quatrième  série, 
t.  Ier  (1854),  nos  1  et  2  (1). 

Enumération  des  genres  de  plantes  cultivées  au  Muséum  d'histoire  na- 
turelle, deuxième  édition,  1850. 

2°  Par  M.  Puel  : 

Catalogue  des  plantes  vasculaires  qui  croissent  dans  le  département  du 

Lot.  1  vol.  Cahors,  1845-53. 
INote  sur  YArenaria  Gouffeia,  Chaub. 

3°  Par  MM.  Puel  et  Maille  : 

Catalogue  de  l'herbier  de  Sgrie,  publié  par  MM.  T.  Blanche  et 
C  Gaillardot. 

(1)  M.  le  président  annonce  en  outre,  le  don  qu'il  veut  bien  faire  à  la  Société 
de  la  collection  complète  des  deuxième  et  troisième  séries  de  la  partie  botanique 
des  Annales  des  sciences  naturelles,  formant  quarante  volumes.  Cette  collec- 
tion sera  remise  à  la  Société  aussitôt  que  son  local  sera  disposé. 


6  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE   FRANCE. 

h°  Par  M.  Léon  Soubeiran  : 
Etudes  microscopiques  sur  quelques  fécules,  thèse  présentée  à  l'Ecole 
de  pharmacie. 

5°  De  la  part  de  M.  Timbal-Lagrave,  de  Toulouse  : 

Etudes  sur  la  Flore  d' Aquitaine,  Fasc.  1. 

6°  Dr  la  part  de  M.  Ch,  Des  Moulins,  de  Bordeaux  : 

Lettre  sur  la  maladie  de  la  vigne  adressée  à  ML  le  docteur  Montagne. 

7°  De  la  part  de  M.  Léon  Faye,  de  Poitiers  : 

Catalogue  des  plantes   vasculaires   du   département   fie  la  Charente- 
Inférieure. 

Trente-deux  adhésions  nouvelles,  reçues  par  le  Conseil  depuis  la 
dernière  séance,  sont  communiquées  à  la  Société.  Les  nouveaux 
adhérents  sont  proclamés  membres  de  la  Société  1 1 .). 

M.  de  Schœnefeld  annonce  la  perte  bien  regrettable  de  M.  Emile 
Desvaux,  membre  de  la  Société,  décédé  le  13  de  ce  mois,  à  l'âge  de 
vingt-quatre  ans,  et  qui  s'était  déjà  l'ait  connaître  par  un  travail 
remarquable  sur  les  Graminées  et  les  Cypéracées  du  Chili. 

M.  le  Président  prononce  ensuite  le  discours  suivant  : 

Messieurs, 

Depuis  longtemps  la  Botanique  reclamait  en  France  un  centre  auquel 
pussent  venir  aboutir  les  efforts  de  tous  ceux  qui,  dans  notre  pays,  s'appli- 
quent à  étendre  son  domaine,  et  qui  pût  mettre  en  rapport  tous  les  hommes 
qui,  avec  un  but  différent,  s'occupent  de  son  étude. 

Les  pertes  cruelles  que  la  Botanique  a  éprouvées  depuis  deux  ans  dans 
ses  chefs  les  plus  illustres,  nous  privent  du  concours  précieux  que  nous 
aurions  trouvé  dans  des  savants  qui  étaient,  pour  la  plupart  d'entre  nous, 
des  amis  et  des  maîtres;  dont  les  noms  enregistres  depuis  plusieurs  généra- 
tions dans  les  fastes  de  la  science,  auraient  donné  tant  d'éclat  a  notre  jeune 
Société  et  dont  un  surtout,  véritable  personnification  de  la  Botanique  fran- 
çaise depuis  plus  d'un  siècle,  aurait  si  bien  présidé  à  son  inauguration. 

Mais  c'est  peut-être  le  moment  de  resserrer  le  faisceau  des  amis  dispersés 
de  notre  science,  de  ranimer  leur  zèle,  d'aider  leurs  études,  d'en  faire  con- 
naître  les  résultats,  de  remplacer  pour  plusieurs  d'entre  eux  l'appui  bien- 
veillant qu'ils  auraient  trouvé  dans  les  savants  dont  nous  regrettons  si  vive- 
ment la  perte  prématurée. 

(1)  Leurs  noms  sont  compris  dans  la  lisle  placée  à  la  suite  du  Règlement. 


SÉANCE    !>li    'lk    MAI    1 S 5 Z| .  7 

Espérons  que  laci'éation  de  la  Société  Botanique  de  France  aura  ce  résultat. 

L'utilité  des  Sociétés  spéciales  fondées  sur  la  large  hase  de  l'association 
de  tous  ceux  qui,  à  un  titre  quelconque,  prennent  intérêt  à  la  culture  et  à 
l'avancement  d'une  branche  des  connaissances  humaines,  déjà  constatée  an- 
ciennement en  Angleterre,  est  également  bien  reconnue  en  France. 

Fa  idéographie,  la  géologie,  la  météorologie,  l'horticulture  possèdent  des 
Sociétés  fondées  sur  ce  principe,  qui  prospèrent  et  contribuent  par  leurs 
travaux  aux  progrès  et  a  la  diffusion  des  sciences. 

11  était  temps  que  la  Botanique  qui,  sur  tous  les  points  de  notre  sol,  offre 
tant  de  personnes  qui  se  consacrent  à  son  étude  d'une  manière  plus  ou  moins 
spéciale,  constituât,  comme  ces  diverses  sciences,  une  Société  particulière, 
qui  devînt  un  lien  commun  entre  tous  ceux  qui  la  cultivent. 

C'est  là  le  but  que  se  sont  proposé  les  fondateurs  de  la  Société  Botanique 
de  France;  l'adhésion  qu'ils  ont  reçue  immédiatement  de  la  part  d'un  grand 
nombre  de  botanistes,  tant  à  Paris  que  dans  les  départements,  l'espoir  que 
nous  avons  d'en  voir  un  plus  grand  nombre  encore  s'unir  à  nous  pour  en 
répandre  le  goût  et  la  culture,  lorsqu'ils  connaîtront  mieux  notre  but  et 
notre  organisation,  nous  prouvent  que  nous  ne  nous  étions  pas  trompés  en 
considérant  la  fondation  de  cette  Société  comme  un  besoin  senti  par  la  gé- 
néralité des  personnes  qui  aiment  et  cultivent  la  Botanique. 

La  Société,  forte  de  ce  concours  immédiat  de.  plus  de  cent  personnes  dé- 
vouées à  la  science  à  laquelle  elle  se  consacre,  s'est  déclarée  constituée;  elle 
a  admis  comme  base  de  son  organisation  les  Statuts  qui  avaient  été  pré- 
sentés à  l'adhésion  des  personnes  qui  se  sont  ralliées  au  premier  noyau  de  ses 
fondateurs;  elle  a  nommé  son  Bureau  et  son  Conseil  d'administration  con- 
formément à  ces  Statuts  et  a  chargé  trois  commissions  de  compléter  son 
règlement,  de  rég!er  le  mode  de  publication  de  son  bulletin  et  de  fixer  ses 
dépenses.  Depuis  cette  première  séance  d'installation,  ces  questions  ont  été 
l'objet  d'un  examen  approfondi  de  la  part  de  votre  Conseil.  Les  mesures 
qu'il  a  adoptées  vont  vous  être  communiquées,  et  nous  pourrons  dès  aujour- 
d'hui nous  consacrer  sans  plus  de  retard  aux  travaux  scientifiques  qui  sont 
l'objet  de  la  création  de  la  Société. 

En  m'appelant  à  l'honneur  de  la  présider  pendant  la  première  année  de 
son  existence,  la  Société  m'a  donné  un  témoignage,  auquel  j'ai  été  très  sen- 
sible, de  la  confiance  qu'elle  avait  dans  mon  dévouement  pour  une  science 
qui  a  fait  l'objet,  des  études  de  toute  ma  vie  et  dans  mon  zèle  pour  la  nou- 
velle institution  qui  doit  contribuer  à  ses  progrès;  j'espère  que  nos  efforts 
réunis  assureront  son  succès.  Mais  permettez-moi,  Messieurs, en  commençant 
ces  fonctions  et  pour  répondre  a  votre  confiance,  de  vous  exposer  en  quel- 
ques mots  comment  je  comprends  le  but  et  la  direction  de  nos  travaux  ; 
j'espère  que  ces  vues  seront  conformes  aux  vôtres  et  qu?  nous  pourrons  en 
commun  en  poursuivre  la  réalisation. 


8  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    1>K    KRANCE. 

Si,  dans  l'état  actuel  des  sciences,  des  Sociétés  spéciales,  dans  lesquelles 
on  peut  discuter  avec  fruit  des  questions  intéressantes  seulement  pour  les 
personnes  déjà  initiées,  par  leurs  études,  aux  connaissances  particulières 
qu'elles  supposent,  sont  devenues  indispensables  pour  le  progrès  de  chaque 
science,  ces  Sociétés  cependant  doivent  embrasser  un  champ  assez  vaste 
pour  ne  pas  isoler  les  unes  des  au  1res  les  diverses  branches  d'une  même 
science,  qui  doivent  à  chaque,  instant  se  prêter  un  mutuel  appui;  aussi,  en 
ce  qui  nous  concerne,  la  Société  a  compris  qu'elle  devait  embrasser  toutes 
les  parties  diverses  de  l'étude  du  règne  végétal,  depuis  l'examen  minu- 
tieux des  diverses  formes  d'une  espèce  ou  d'un  genre,  qui  peuvent  souvent 
jeter  plus  de  jour  qu'on  ne  le  croirait  sur  des  questions  plus  élevées  et 
plus  générales,  jusqu'aux  études  les  plus  approfondies  de  l'anatomie  ou  de  la 
physiologie  végétales  ;  qu'elle  devait  aussi  comprendre  dans  ses  attributions 
les  applications  de  la  Botanique  a  la  culture,  à  l'industrie  et  à  la  médecine; 
enfin,  toutes  les  questions  qui  intéressent  la  distribution  géographique  des 
végétaux  et  l'histoire  du  règne  végétal  pendant  les  périodes  géologiques. 

En  embrassant  ainsi  les  études  de  toute  nature  qui  ont  pour  objet  le 
règne  végétal,  la  Société  s'adresse  à  l'universalité  des  hommes  que  ces 
études  intéressent ,  elle  réclame  leur  concours,  leurs  communications; 
elle  espère  intéresser  également  a  ses  travaux  le  botaniste  qui,  isolé 
dans  la  campagne,  suit  avec  persévérance  le  développement,  et  compare,  les 
caractères  de  quelques-uns  des  végétaux  de  nos  contrées,  qui  dresse  le  cata- 
logue et  reconnaît  les  stations  des  plantes  de  ses  environs,  et  prépare  ainsi 
les  éléments  de  la  géographie  botanique  de  la  France,  et  celui  qui,  ayant  à 
sa  disposition  des  matériaux  plus  nombreux,  préparera  la  monographie  d'un 
genre  ou  d'une  famille  peu  connue,  ou  la  flore  d'une  contrée  éloignée;  elle 
doit  espérer  que  des  expériences  intéressantes  pour  la  physiologie  végétale 
ou  des  recherches  anatomiques  que  rendent  chaque  jour  plus  précises  les 
perfectionnements  du  microscope,  lui  seront  souvent  communiquées,  et  que 
les  discussions  qu'elles  amèneront  dans  la  Société  jetteront  de  nouvelles 
lumières  sur  ces  questions  importantes. 

Klle  réclamera  avec  instance  le  concours  des  hommes  éclairés  que  pos- 
sèdent maintenant  l'agriculture  et  l'horticulture  etdont  les  observations  peu- 
vent si  puissamment  contribuer  aux  progrès  de  la  physiologie  végétale,  de 
la  connaissance  des  maladies  des  plantes  et  de  bien  d'autres  parties  obscures 
de  la  Botanique. 

Enfin,  les  sciences  médicales  ne  nous  feront  pas  défaut,  car  sans  compter 
beaucoup  de  médecins  et  de  pharmaciens  pour  lesquels  la  botanique  est 
une  étude  accessoire  et  une  agréable  distraction,  les  recherches  relatives  à 
la  matière  médicale,  à  l'étude  et  a  l'origine  des  substances  médicamenteuses 
du  règne  végétal ,  constitueront  une  partie  intéressante  des  travaux  de  la 
Société. 


SÉANCE    1)1    2/l    MAI    185/|.  il 

Kspérons  aussi  que  les  géologues  nous  feront  participer  a  leurs  décou- 
vertes et  a  leurs  observations  en  ce  qui  concerne  les  végétaux  fossiles. 
L'étude  des  végétaux  des  anciennes  créations  est  inséparable  de  celle  des 
végétaux  actuels,  et  leur  comparaison  peut  souvent  devenir,  dans  le  sein  de 
notre  Société,  l'objet  de  discussions  pleines  d'intérêt. 

JNous  avons  l'assurance  qu'avec  un  cbamp  aussi  vaste  ,  nos  séances  ne 
manqueront  pas  de  communications  variées  et  intéressantes.  Nous  les  ap- 
pelons de  la  part  de  nus  confrères  et  de  la  part  aussi  des  botanistes  qui 
n'appartiennent  pas  encore  à  la  Société. 

JNous  espérons  surtout  que  le  concours  de  nos  confrères  des  départements 
amènera  à  chaque  séance  des  communications  utiles  pour  le  perfectionne- 
ment de  la  Flore  française,  soit  en  apportant  plus  de  critique  dans  la  dis- 
tinction des  espèces  ou  même  en  en  faisant  connaître  qui  auraient  échappé 
jusqu'à  ce  jour  aux  recherches  des  botanistes,  soit  en  étudiant  avec  plus  de 
soin  leur  distribution  géographique  et  leur  mode  d'existence. 

Le  Bulletin  de  la  Société,  en  joignant  au  procès-verbal  des  séances  un 
résumé  plus  ou  moins  étendu  de  ces  communications,  les  fera  parvenir  ra- 
pidement à  la  connaissance  de  tous  les  membres  de  la  Société  et  facilitera 
ainsi  leurs  propres  études;  cette  partie  relative  aux  travaux  propres  de  la 
Société  s'étendra,  non  seulement  d'après  1  importance  de  ces  communica- 
tions, mais  aussi  d'après  les  moyens  de  publication  dont  la  Société  pourra 
disposer. 

Mais,  en  nous  bornant  à  enregistrer  et  à  répandre  les  travaux  inédits  qui 
nous  seront  communiqués ,  nous  pensons  que  la  Société  n'atteindrait  pas 
complètement  le  but  qu'elle  doit  se  proposer  ,  celui  de  faciliter  les  études 
de  ceux  de  ses  membres  qui,  éloignés  des  grands  centres  scientifiques,  restent 
le  plus  souvent  et  à  leur  grand  regret,  étrangers  aux  publications  de  Bota- 
nique si  nombreuses  et  si  variées  qui  se  font  sur  tous  les  points  du  globe,  et 
dont  la  connaissance  est  cependant  indispensable  à  celui  qui  veut  étudier 
et  surtout  publier  le  résultat  de  ses  recherches. 

Aussi  rien  à  mes  yeux  ne  sera  plus  utile  aux  progrès  de  toutes  les  bran- 
ches de  la  Botanique  en  France  et  plus  digue  par  cette  raison  des  efforts  de 
la  Société,  que  la  publication,  à  la  suite  du  bulletin  de  ses  séances  et  des 
travaux  de  ses  membres,  d'une  Bévue  analytique  des  ouvrages,  mémoires  ou 
notices  de  Botanique  de  toute  nature  publiés  tant  en  France  qu'a  l'Etranger. 
Pour  rendre  cette  Bévue  aussi  complète  que  possible,  la  Société  doit  né- 
cessairement réclamer  le  concours  de  beaucoup  de  ses  membres  ;  son  éten- 
due dépendra  de  leur  zèle  et  des  moyens  dont  la  Société  pourra  disposer 
pour  l'impression  de  cet  utile  travail;  mais  le  Conseil,  pour  donner  une 
grande  variété  à  cette  Bévue,  a  cru  devoir  donner  aune  commission  de  pu- 
blication le  droit  de  maintenir  chacun  des  articles  dans  une  juste  mesure  et 
en  exclure  toute  discussion  critique,  réservant  pour  des  communications 


10  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE  FRANCE. 

faites  à  la  Société  elle-même,  les  examens  plus  approfondis  que  quelques- 
uns  de  ses  membres  voudraient  faire,  sous  leur  propre  responsabilité,  d'ou- 
vrages d'une  plus  grande  importance. 

La  Société  n'offrirait  pas  alors  dans  son  Bulletin  seulement  l'analyse  de 
ses  propres  travaux,  mais  celle  de  tous  les  travaux  de  Botanique  qui  auraient 
pu  parvenir  à  sa  connaissance;  elle  ferait  ainsi  participer  les  membres  les 
plus  éloignés  du  lieu  de  ses  séances  ,  aux  moyens  d'étude  qui  s'y  trouve- 
raient réunis,  et  chercherait  par  ce  moyen  à  procurer  à  tous  ses  membres 
des  avantages  égaux,  comme  elle  leur  donne  les  mêmes  droits  et  leur  im- 
pose les  mêmes  obligations. 

Pour  atteindre  ce  même  but,  la  Société  aura  sans  doute  souvent  à  renvoyer 
a  des  commissions  composées  de  quelques-uns  de  ses  membres,  les  questions 
qui  pourraient  lui  être  adressées  par  ceux  de  ses  membres  qui,  éloignés  de 
Paris,  n'ont  pas  à  leur  disposition  les  moyens  d'étude  qui  sont  réunis  clans 
ce  grand  centre  scientifique  ;  ce  ne  seront  pas  des  jugements  académiques 
que  ces  commissions  auront  à  porter,  mais  des  avis  et  des  renseignements 
propres  à  éclairer  les  membres  éloignés  du  lieu  de  ses  séances  sur  des  points 
obscurs  dont  ils  auraient  sollicité  l'examen. 

En  établissant  ainsi  des  liens  permanents  entre  tous  les  hommes  qui,  en 
France  et  même  à  l'Étranger,  s'occupent  des  mêmes  études,  en  leur  fournis- 
sant dans  la  capitale  un  lieu  commun  de  réunion  ou,  à  des  jours  déterminés, 
les  botanistes  des  extrémités  opposées  de  la  France  pourront  se  rencontrer 
et  se  mettre  immédiatement  en  relation  avec  tous  les  hommes  qui,  à  Paris, 
se  livrent  à  des  recherebes  du  même  genre  qu'eux,  la  Société  Botanique 
de  France  contribuera,  sans  aucun  doute,  d'une  manière  très  efficace  aux 
progrès  d'une  science  également  utile  et  agréable,  qui  fournit  une  distrac- 
tion charmante  à  celui  qui  ne  veut  l'étudier  que  superficiellement,  qui 
élève  l'âme  et  l'intelligence  de  celui  qui  cherche  à  en  pénétrer  les  lois  et  à  en 
découvrir  les  mystères. 

Les  modifications,  apportées  aux  Statuts  provisoires  par  le  Conseil, 
sont  soumises  à  la  Société  et  adoptées  par  elle.  Les  Statuts  de  la 
Société  se  trouvent  ainsi  définitivement  arrêtés. 

La  Société  décide,  sur  la  proposition  du  Conseil,  que  pour  l'exer- 
cice 185/i,  lequel,  devant  être  clos  le  31  décembre  prochain,  n'aura 
qu'une  durée  effective  de  huit  mois,  la  cotisation  des  membres  sera 
réduite  à  20  francs. 

M.  de  Schœnefeld  donne  ensuite  lecture  du  règlement  adminis- 
tratif arrêté  par  le  Conseil.  Ce  règlement  deviendra  immédiatement 
exécutoire;  il  sera  imprimé,  avec  la  liste  des  membres,  en  tète  du 
premier  numéro  du  Bulletin. 


SÉANCE    DU    '2I\    MAI    185Z|.  11 

M.  E.  Cosson  l'ait  à  la  Société  une  communication  dont  voici  le 
résumé  : 

CLASSIFICATION  DES  ESPÈCES  DU  GENRE  AVENA  DU  GROUPE  DE  VAVENA  SATIVA  {Avena, 
sect.  Avenatypus),  ET  CONSIDÉRATIONS  SUR  LA  COMPOSITION  ET  LA  STRUCTURE  DE 
L'ÉPILLET  DANS  LA  FAMILLE  DES  GRAMINÉES,  par  M.  K.  C'OSSOX. 

M.  Durieu  de  Maisonneuve  a  publié,  en  1845  (Duchartre,  lie  eue  botanique, 
1. 1,  p.  359),  trois  espèces  nouvelles  du  genre  Avena  (A.  longiglumis,  clauda, 
eriantha)  du  groupe  de  VA.  sativa;  dans  la  description  de  ces  espèces  se 
trouve  déjà  indiquée  l'articulation  du  rachis  de  l'épillet,  particularité  de 
structure  qui  n'avait  pas  encore  été  signalée  par  les  auteurs.  Les  études 
auxquelles  M.  Durieu  et  moi  nous  nous  sommes  livrés,  depuis  cette  époque, 
nous  ont  amenés,  par  l'examen  de  nombreux  échantillons  spontanés  et  cul- 
tivés des  diverses  espèces  du  groupe,  à  distinguer  ces  plantes  par  des  carac- 
tères assez  remarquables  pour  que  je  pense  devoir  en  faire  l'objet  d'une 
communication  ù  la  Société.  Nous  devons  adresser  ici  des  remerciments  à 
M.  filialisa,  qui,  ayant  été  également  à  même  d'étudier  à  Oran,  où  elles  se 
trouvent  réunies,  toutes  les  espèces  algériennes  voisines  de  VA. sativa,  a  bien 
voulu  nous  communiquer  le  résultat  de  ses  recherches  et  nous  fournir  les 
plus  utiles  renseignements. 

Nous  croyons  donner  plus  d'intérêt  à  la  communication  que  nous 
avons  l'honneur  de  faire  à  la  Société,  en  faisant  suivre  l'exposé  des 
caractères  des  espèces,  de  quelques  considérations  sur  la  composition  et 
la  structure  de  l'épillet  dans  la  famille  des  Graminées.  Ces  considérations 
feront,  du  reste,  mieux  comprendre  les  caractères  que  nous  aurons  indi- 
qués, et  donneront,  de  la  disposition  des  parties,  une  idée  plus  exacte  que 
celle  qui  résulte  des  phrases  descriptives;  dans  nos  descriptions,  en  effet, 
nous  avons  cru  devoir,  pour  plus  de  clarté,  conserver  les  dénominations 
généralement  admises,  bien  qu'elles  ne  présentent  pas  la  précision  rigou- 
reuse qu'exige  le  langage  organograpbique. 

Voici  l'exposé  sommaire  des  caractères  du  genre  Avena  et  de  ceux  des 
espèces  de  la  section  Avenatypus  : 

AVENA  L.  ex  parte. 

Épillets  2-3  flores  ou  pluriflores,  à  fleurs  hermaphrodites  espacées,  arti- 
culées ou  non  avec  le  rachis,  la  supérieure  ordinairement  stérile  rudimen- 
taire.  Giumes  2  ,  membraneuses  ou  herbacées-membraneuses,  concaves, 
mutiques,  égalant  ou  dépassant  les  fleurs,  rarement  plus  courtes,  presque 
égales  on  inégales,  l'inférieure  plus  courte,  à  7-9  nervures  ou  à  1-3  ner- 
vures. Glumelle  inférieure  atténuée  à  la  base  en  un  callus  plus  ou  moins 
allongé,  ordinairement  velu,  concave,  membraneux,  devenant  ordinaire- 


12  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    OE    H4AJNCE. 

ment  coriace  a  la  maturité,  ordinairement  terminé  au  sommet  par  deux 
dents,  deux  pointes  ou  deux  arêtes,  donnant  naissance,  sur  sou  dos,  a 
une  arête  ordinairement  genouillée  et  tordue  au-dessous  du  genou , 
l'arête  quelquefois  nulle  par  avortement ;  glumelle  supérieure  bicarénée, 
ordinairement  biiide  au  sommet.  Squamules  2,  étamines  3,  stigmates  2, 
subsessiles,  terminaux,  plumeux,  sortant  vers  la  partie  inférieure  de  la  fleur. 
Caryopse  allongé,  presque  cylindrique,  creusé  du  côté  intérieur  d'un  sillon 
longitudinal  dont  le  fond  est  occupé  par  une  macule  hilaire  linéaire,  poilu, 
au  moins  dans  sa  partie  supérieure,  libre!  mais  étroitement  renfermé  entre 
les  glumelles  devenues  coriaces,  plus  rarement  lâchement  recouvert  par 
les  glumelles  qui  sont  restées  membraneuses.  —  Epillets  souvent  assez 
grands,  en  panicule  rameuse. 

Obs.  —  Le  genre  Avena,  ainsi  limité,  s'éloigne  du  genre  Aira  par  les  fleurs  es- 
pacées et  non  pas  presque  sessiles,  par  les  glumes  ordinairement  à  plusieurs 
nervures  et  non  pas  a  une  seule  nervure,  par  le  caryopse  libre,  et  surtout 
par  un  port  totalement  différent.  —  Il  ne  se  distingue  du  genre  Tri- 
setum  que  par  le  caryopse  muni  d'un  sillon  et  velu,  et  non  pas  dé- 
pourvu de  sillon  et  glabre.  Malgré  le  peu  de  valeur  de  ces  caractères  dif- 
férentiels, nous  avons  été  amenés  à  séparer  génériquement  les  Trisetum 
des  Avena,  car,  ainsi  que  JM.  Emile  Desvaux  (Gramineœ  Chilenses)  l'a 
très  bien  reconnu,  les  Trisetum  sont  encore  plus  distincts  des  Avena 
qu'ils  ne  le  sont  des  Kœleria ;  et  si,  avec  cet  observateur  distingué,  on 
doit  réunir  les  Kœleria  aux  Trisetum,  on  ne  saurait  néanmoins  former 
un  vaste  genre  de  l'agglomération  disparate  des  véritables  Avena,  des 
Trisetum  et  des  Kœleria,  car  la  plupart  des  auteurs  l'apportent  ces 
deux  derniers  genres  à  des  divisions  différentes  de  la  famille,  rattachant 
les  Trisetum  aux  Avcneœ  et  les  Kœleria  aux  Festuceœ.  —  Nous  n'avons 
observé  de  caryopse  adhérent  dans  aucune  des  espèces  du  genre  Avena 
que  nous  avons  observées;  du  reste,  la  villosité  de  ce  caryopse  s'oppose 
à  sa  soudure  avec  les  glumelles.  Nous  croyons  donc  que  si  la  plupart 
des  auteurs  ont  décrit  le  caryopse  comme  adhérent,  ce  n'est  que  par 
suite  d'une  erreur  d'observation  résultant  de  la  consistance  des  glumelles. 
—  Nous  devons  appeler  l'attention  sur  les  caractères  tirés  de  la  présence 
d'une  macule  hilaire  linéaire  et  colorée  au  fond  du  sillon  du  caryopse; 
AI.  Emile  Desvaux  [loc.  cit.)  a,  le  premier,  signalé  toute  l'importance  que 
présente  cette  macule  correspondant  au  bile,  c'est-à-dire  à  la  soudure 
primitive  de  la  jeune  graine  et  du  péricarpe.  Cette  macule,  dans  quelques 
genres  voisins,  est  réduite  à  un  point,  situé  vers  la  partie  inférieure  du 
côté  intérieur  du  caryopse. 

SECTION  —  AYENATYPUS,  Coss.  et  Germ.  FI.  par.  636. 

Plantes  annuelles  à  feuillesplanes.  Epillets  atteignantgénéralementd'assez 


SÉANCE    DU    24    MAI    1S5/|.  13 

grandes  proportions,  pendants,  au  moins  après  la  floraison.  Glumes  à 
7-11  nervures. 

Obs.  —  Les  autres  espèces  du  genre  appartiennent  à  la  section  Avenas- 
trum  (Koch,  Synops.,  éd.  2,  918),  caractérisée  par  la  souche  vivace 
émettant  des  fascicules  de  feuilles  stériles,  par  les  épillets  non  pen- 
dauts,  par  les  glumes  à  1-3  nervures. 

Sous-section  I.  Sativœ.  < —  Fleurs  non  articulées  sur  le  rachis  de  l'épillet, 
et  ne  se  détachant  que  par  la  fracture  du  rachis  lui-même. 

1.  A.  sativa  (L,  sp.  118).  Panicule  a  rameaux  étalés  dans  tous  les 
sens;  glumes  presque  égales  ;  fleur  inférieure  suhsessile;  glumelle 
inférieure  2-3  dentée  ou  brièvement  bifide  au  sommet,  à  arête 
tordue  inférieurement.  —  Très  fréquemment  cultivé  en  grand  , 
quelquefois  subspontané. 

2.  A.  oiuENTALis  (Schreb.,  Spicil.  52). —  Panicule  étroite,  uni- 
latérale ;  glumes  presque  égales;  fleur  inférieure  subsessile  ;  glu- 
melle inférieure  2-3  dentée  ou  brièvement  bifide  au  sommet,  à  arête 
flexueuse  non  tordue  inférieurement.  —  Cultivé  en  grand  comme 
l'espèce  précédente,  rarement  subspontané. 

3.  A.  strigosa  (Schreb.,  Spicil.  52).  —  Glumes  un  peu  inégales, 
dépassant  un  peu  les  fleurs;  fleur  inférieure  stipitée;  glumelle  infé- 
rieure bifide  au  sommet,  à  lobes  prolongés  en  arêtes  allongées, 
glabre  ou  plus  ou  moins  poilue  sur  le  dos,  à  arête  tordue  inférieu- 
rement. —  Cultive  et  subspontané  çà  et  là. 

h.  A.  brevis  (Roth,  Abhandl.  42,  et  Tent.  fl.  Gcrta.,  1,401  — Glumes 
un  peu  inégales,  égalant  environ  la  longueur  des  fleurs;  fleur  infé- 
rieure stipitée;  glumelle  inférieure  bidentée  au  sommet,  glabre  ou 
plus  ou  moins  poilue  sur  le  dos,  à  arête  tordue  inférieurement.  — 
Rarement  cultivé,  çà  et  là  dans  les  moissons  en  Allemagne  (Koch, 
Syno/ts.). 

Obs.  —  \:A.  unifiora  (Parlât., ap.  Webb,  Phyt.  Can.,  sect.  III,  401, 
t.  248)  ne  nous  parait  être  qu'une  forme  uniflore  (c'est-à-dire  à 
une  seule  fleur  fertile)  de  cette  espèce  assez  variable  du  reste. 
Si  notre  manière  de  voir  doit  être  admise,  les  iles  Canaries  seraient 
la  véritable  patrie  de  l'A.  brevis. 

5.  A.  nuda  (L.,  sp.  118).  —  Glumes  plus  courtes  que  les  fleurs; 
fleur  inférieure  subsessile,  les  supérieures  longuement  stipitées; 
glumelle  inférieure  membraneuse  a  9-11  nervures  très  marquées 
comme  dans  les  glumes,  ne  devenant  pas  coriace,  comme  dans  les 


\JX  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

autres  espèces  de  la  section ,  pour    enfermer   étroitement  le    ca- 
ryopse.  —  Cultivé  çàet  là,  et  rarement  subspontané. 

Sous-section  II.  Agrestes. —  Fleur  inférieure  articulée  avec  le  rachis  de 
l'épillet  et  s'en  détachant  très  facilement  à  la  maturité,  a  callus  sou- 
vent atténué  en  forme  d'éperon  (1),  présentant,  après  la  chute  de  la 
fleur,  une  cicatrice  (empreinte  inserlionnelle)  très  nettement  tranchée 
et  de  la  même  forme  que  la  portion  du  rachis  qui  persiste  entre  les 
glumes. 

O^s.  —  Il  résulte  de  l'organisation  même  de  l'épillet  des  espèces  de  cette 
section  qu'aucune  d'entre  elles  ne  saurait  être  cultivée  en  grand, 
car  on  ne  pourrait  en  faire  la  récolte  sans  déterminer  la  chute  des 
fleurs. 

§  1.  Biformes.  —  Fleurs  de  deux  sortes  :  l'inférieure  seule  arti- 
culée avec  le  rachis  de  l'épillet,  a  callus  présentant  une  cicatrice 
très  nettement  tranchée;  les  supérieures  non  articulées  ne  se  dé- 
tachant que  par  la  fracture  du  rachis. 

6.  A.  vEisTiucosA  (Balansa,  pi.  Alger,  exsicc,  n.  557).  —  Glumes 
un  peu  inégales,  glumelle  inférieure  de  la  fleur  inférieure  atténuée 
en  un  callus  en  forme  d'éperon  subulé  à  cicatrice  linéairetrès  étroite. 
—  Lieux  incultes  de  l'Algérie  occidentale. 

7.  A.  stemms  (L.,  sp.  118). —  Glumes  presque  égales;  glumelle 
inférieure  de  la  fleur  inférieure  à  callus  court  présentant  une  cica- 
trice large,  ovale,  ou  suborbiculaire. — Répandu  dans  toute  la  région 
méditerranéenne. 

8.  A.  erianthv  (DR.,  ap.  Duchartre,  Rev.  bot.,  I,  360,  et  in  Expl. 
se.  Alger.,  t.  M,f.  3).—  Glumes  inégales,  l'inférieure  presque  de 
moitié  plus  courte;  glumelle  inférieure  de  la  fleur  inférieure  atténuée 
en  un  callus  en  forme  d'éperon  subulé  à  cicatrice  linéaire-elliptique, 
velue  et  bifide  au  sommet,  a  lobes  obtus.  —  Lieux  incultes  de  l'Al- 
gérie occidentale  et  orientale. 

var.  aeuminata.  —  Glumelle  inférieure  glabrescente  au  sommet  et 
terminée  par  deux  longues  arêtes. 

§  2.  Conformes.  —  Fleurs  toutes  conformes,  articulées  avec  le  ra- 
chis de  l'épillet,  à  callus  présentant  une  cicatrice  très  nettemeut 
tranchée. 

(1)  Pour  étudier  avec  plus  de  facilité  le  mode  d'insertion  des  fleurs  et  la  forme 
de  la  cicatrice,  il  est  utile  d'enlever,  avec  précaution,  au  moyen  d'un  instrument 
tranchant,  les  poils  qui  se  trouvent,  en  plus  ou  moins  grande  abondance,  sur  le 
callus  de  la  plupart  des  espèces. 


SÉANCE   DU   2/l   MAI    185/i.  15 

9.  A.  longiglumis  (DR.,  ap.  Duehartre,  Rev.  bot.,  T,  359,  et  in 
Expl.  se.  Alger.,  t.  M,  f.  1).  —  Glumes  presque  égales,  dépassant 
longuement  les  fleurs;  glumelle  inférieure  atténuée  en  un  callus  en 
forme  d'éperon  subuié  à  cicatrice  linéaire,  bifide  au  sommet,  à  lobes 
prolongés  en  arêtes  allongées. —  Espagne  australe,  Algérie  occi- 
dentale. 

10.  A.  cxauda  (DR.,  in  Duehartre,  Rev.  bot.,  t.  360,  excl.  syn.  et 
mExpl.sc.  AUj<'r.,  t.  l\2,  f-  2). —  Glumes  inégales,  l'inférieure 
presque  de  moitié  plus  courte;  glumelle  inférieure  atténuée  en  un 
callus  linéaire  presque  obtus  à  cicatrice  linéaire  elliptique,  bifide 
au  sommet,  à  lobes  prolonges  eu  arêtes.  —  Algérie,  Grèce. 

var.  eriantka.  —  Glumelle  inférieure  velue  au  sommet. 

Obs.  —  Cette  variété  simule  l'A.  criant/ta,  dont  on  la  distinguera  fa- 
cilement par  les  caractères  tirés  de  l'articulation  des  fleurs  avec 
le  rachis  de  l'épillet. 

11.  A.  htrsuta  (Roth.  eut.  —  A.  barbata,  Rrot. —  A  hirtula,  La- 
gasc.  —  A.  atherantba,  Presl.).  —  Glumes  presque  égales,  dépas- 
sant peu  les  fleurs;  glumelle  inférieure  a  callus  linéaire  assez 
court  presque  obtus  à  cicatrice  linéaire-oblongue,  bifide  au  som- 
met, à  lobes  ordinairement  prolonges  en  arêtes  allongées.  —  Ré- 
pandu dans  toute  la  région  méditerranéenne,  plus  rare  dans  l'Europe 
centrale. 

12.  A.  fatua  (L. ,  sp.  118).  —  Glumes  presque  égales  ,  dépassant 
peu  les  fleurs  ;  glumelle  inférieure  à  callus  court  à  cicatrice  oblongue 
ou  ovale  suborbiculaire,  bidentée  ou  brièvement  bifide  au  sommet. 
—  Ça  et  là  dans  les  moissons  de  l'Europe  centrale  et  australe.  Cau- 
case. Sibérie.  Orient.  Abyssinie.  Amérique  australe,  ou  il  a  été  pro- 
bablement introduit. 

var.  glabrescens(A.  bybrida,  Peterm.,  ap.  Koch,  Synops.  fl.  Germ., 
éd.  2,  917.  —  A.  Byzantina  C.  Kocb).  —  Glumelle  inférieure 
glabre,  à  l'exception  du  callus,  ou  à  peine  poilue  sur  le  dos. 

Si  l'on  examine  attentivement  l'insertion  de  la  glumelle  inférieure  dans 
les  fleurs  non  articulées  avec  le  rachis  de  l'épillet,  on  voit  que  cette  glu- 
melle s'insère  presque  horizontalement  sur  le  rachis,  et  que  son  callus 
est  a  peine  distinct.  —  Si,  au  contraire,  on  étudie  l'insertion  de  la  glu- 
melle inférieure  dans  une  fleur  articulée  avec  le  rachis,  on  peut  voir 
facilement  que  cette  glumelle  est  insérée  plus  ou  moins  obliquement,  et 
qu'elle  est  atténuée  en  un  callus  d'une  longueur  variable,  passant  de  la 
forme  ovale  ou  oblongue  a  la  forme  subulée,  la  cicatrice,  c'est-à-dire  l'em- 


16  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE   DE    FRANCE. 

preinte  insertionnelle,   s'allongeant  proportionnellement  au  callus.  —  Les 

intermédiaires  que  l'on  rencontre,  entre  les  cicatrices  à  forme  ovalaire  et 
celles  a  forme  linéaire,  démontrent,  d'une  manière  péremptoire,  que  ces 
formes  ne  sont  que  des  modifications  d'un  même  type  et  qu'elles  pro- 
viennent de  la  plus  ou  moins  grande  obliquité  du  callus.  Le  fragment  du 
rachis,  qui  persiste  entre  les  glumes  après  la  chute  de  la  fleur  inférieure  et 
qui  présente  la  même  forme  et  la  même  longueur  que  la  cicatrice  elle- 
même,  prouve  encore  que  la  désarticulation  a  lieu  au  niveau  de  l'insertion 
de  la  giumelle  inférieure. 

Que  la  Heur  soit  articulée  ou  non,  les  bords  de  la  giumelle  inférieure 
sont  soudés  dans  leur  partie  inférieure  et  constituent  un  canal  tubuleux, 
plus  ou  moins  long,  traversé  par  le  rachis  de  l'épillet. —  Le  point  où  s'in- 
sère  la  giumelle  inférieure  et  où  a  lieu  la  désarticulation  ne  pouvant  être 
qu'un  nœud,  il  en  résulte  que  le  callus  est  composé  de  la  gaine  de  la  giu- 
melle inférieure,  qui  renferme  le  rachis  de  l'épillet  et  l'axe  propre  de  la 
fleur.  —  La  séparation  du  callus  et  du  reste  de  la  giumelle  est  indiquée  par 
un  changement  dans  l'apparence  du  tissu,  analogue  à  celui  qu'on  remarque 
vers  le  point  de  jonction  de  la  gaine  des  feuilles  et  de  leur  limbe. 

Pour  se  servir,  dans  la  dénomination  des  parties  constitutives  de  l'épillet, 
d'un  langage  plus  rigoureusement  exact,  il  faudrait  désigner  également 
sous  le  nom  de  glumes,  les  bractées  qui  portent  habituellement  ce  nom, 
et  aussi  celle  qui  est  appelée  giumelle  inférieure  et  qui  s'insère  sur  le 
rachis  commun  de  l'épillet;  dans  cette  nomenclature  plus  précise,  la  giu- 
melle supérieure,  portée  par  l'axe  qui  se  termine  par  la  fleur,  c'est-a-dire 
par  le  perianthe  (squamules)  et  les  organes  sexuels,  devrait  conserver  seule 
le  nom  de  giumelle. 

Si  nous  comparons  l'épillet,  ainsi  envisagé  comme  une  inflorescence, 
avec  une  tige  de  Gramiuée  munie  d'un  rameau,  nous  verrons  l'analogie 
frappante  qui  existe  dans  la  disposition  des  parties:  en  effet,  les  deux 
feuilles  insérées  sur  la  tige,  inférieurement  a  celle  qui  donne  à  son  aisselle 
naissance  au  rameau,  sont  les  analogues  des  glumes  ;  la  feuille  à  l'aisselle  de 
laquelle  naît  le  rameau,  représente  la  troisième  glume  (giumelle  inférieure); 
enfin  la  feuille  inférieure  du  rameau,  située  entre  la  tige  et  le  rameau ,  doit 
être  assimilée  à  la  giumelle  (giumelle  supérieure).  —  Cette  dernière  feuille, 
en  raison  de  fétroitesse  de  la  gaine  de  la  feuille  caulinaire,  qui  renferme 
la  base  du  rameau,  se  trouve  serrée  entre  la  tige  et  le  rameau,  et  s'ap- 
plique, par  une  concavité,  sur  la  tige,  tandis  qu'elle  enveloppe  la  base  du 
rameau  par  une  concavité  en  sens  opposé.  La  concavité  qui  embrasse  le 
rameau  est  le  résultat  du  développement  de  deux  nervures  latérales,  les 
autres  nervures  latérales,  ainsi  que  la  nervure  moyenne  de  la  feuille,  ayant 
ordinairement  disparu  sous  l'influence  de  la  pression  exercée  par  les  parties 
voisines.  Nous  devons  ajouter  que.  cette  même  feuille  est  généralement  bifide 


SÉANCE  DU  24   MAI    185/L  17 

au  sommet;  la  présence  de  deux  nervures  latérales  très  développées  et  l'ab- 
sence de  nervure  moyenne  rappellent  encore,  d'une  manière  évidente,  la 
structure  de  la  glumelle. 

Pour  nous  donc,  la  glumelle,  quoique  bicarénée,  n'est  composée  que 
d'une  seule  pièce  comme  la  feuille  qu'elle  représente,  et  l'absence  de  sa 
nervure  moyenne  serait  due  à  des  causes  analogues  (1). 

Bien  qu'il  ne  faille  pas  chercher  dans  les  glnmes  ou  la  glumelle  l'ana- 
logue d'un  calice  ou  d'une  corolle,  la  plupart  des  Graminées  ne  seraient 
pas,  selon  nous,  dépourvues  d'enveloppes  florales;  car  nous  sommes  amené, 
avec  plusieurs  auteurs  modernes,  à  considérer  comme  un  véritable  pé- 
rianthe  les  écailles  membraneuses  ou  cbarnues  (squamules)  qui  entourent 
les  étamines  alternant  avec  elles,  et  nous  sommes  porté  à  admettre  que 
l'avortement  fréquent  de  la  troisième  squamule  adjacente  à  la  glumelle 
serait  le  résultat  de  causes  analogues  à  celles  qui  déterminent  l'avortement 
de  la  nervure  moyenne  de  cette  glumelle  elle-même  (2). 

M.  Brongniart  fait  observer  que  Turpin  [Mémoire  sur  l'inflores- 
cence des  Graminées  et  des  Cypérées,  Paris,  1819)  avait  déjà  émis 
une  opinion  analogue  sur  la  composition  de  l'épillet  des  Graminées, 
et  comparé  la  glumelle  supérieure  aux  bractées  des  Iridées,  et  par- 
ticulièrement des  Glaïeuls. 

M.  Cosson  reconnaît  que  plusieurs  auteurs  ont  déjà  signalé  l'ana- 
logie de  l'épillet  des  Graminées  avec  une  véritable  inflorescence,  et 
que,  depuis  longtemps,  on  a  distingué  les  deux  axes  différents  sur 
lesquels  s'insèrent  les  glumelles  supérieure  et  inférieure  (3).  Aussi  le 
but  de  sa  communication  était-il  seulement  d'insister  sur  la  nature  du 

(1)  On  observe  quelquefois  une  nervure  moyenne  dans  la  glumelle  de  certaines 
Graminées  :  nous  nous  bornerons  à  ciler  ici  le  genre  Coix  où  la  glumelle  (glumelle 
supérieure)  de  la  fleur  inférieure  des  épillels  mâles  présente  cette  disposition. 
Quelques  espèces  du  genre  Crypsis  ont  également  la  glumelle  uninerviée. 

(2)  Il  est  bon  de  faire  remarquer  que  lorsque  deux  des  trois  étamines  avortent, 
ce  sont  celles  qui  sont  le  plus  rapprochées  de  la  glumelle  bicarénée. 

(3)  Turpin  (Mémoire  sur  l'inflorescence  des  Graminées  et  des  Cypérées,  etc.,  dans 
les  Mémoires  du  Muséum,  t.  V)  avait  déjà  indiqué  très  nettement  que  les  glumelles 
inférieure  et  supérieure  s'insèrent  sur  deux  axes  différents,  et  que  par  conséquent 
on  ne  devrait  pas  leur  donner  un  même  nom,  et  encore  moins  les  assimiler  collec- 
tivement à  un  calice.  Dans  le  même  mémoire,  cet  habile  observateur  a  également 
signalé  la  position  remarquable  de  l'écaillé  inférieure  des  bourgeons  dans  la  famille 
des  Graminées  et  dans  un  grand  nombre  de  monocolylédones  :  «  celte  écaille  ou 
feuille  rudimentaire  extérieure  étant  interposée  entre  le  bourgeon  qui  la  porte  et  la 
tige  de  la  plante  à  laquelle  elle  s'adosse.  »  Il  fait  remarquer  en  outre  que  celte 

T.    I.  2 


18  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DR    FRANCK. 

calliis  et  sur  ce  fait,  qu'il  croit  avoir  Suffisamment  établi,  que  la 
glumelle  supérieure  est  composée  d'une  seule  pièce  et  est  tout  à  fait 
l'analogue  de  la  feuille  bicanaliculéedes  rameaux,  le  véritable  périantbe 
étant  représenté  par  les  squamules. 

M.  J.  Gay  pense  que  c'est  à  tort  que  M.  Cosson  attribue  une 
aussi  grande  influence  à  la  compression,  et,  selon  lui,  l'absence  de 
la  nervure  moyenne  dans  les  feuilles  bicanaliculées  doit  être  rapportée 
à  des  causes  toutes  différentes. 

M.  Cosson  admet  que  la  compression  peut  n'être  pas  la  cause 
unique  de  cette  disparition  de  la  nervure  moyenne,  mais  il  a  reconnu, 
dans  un  grand  nombre  de  cas,  rinlluence  delà  compression  exercée, 
sur  la  glumelle  supérieure,  par  l'axe  de  l'épillet  ou  par  les  bords  de 
la  glumelle  inférieure. 

M.  Trécul  présente  à  la  Société  la  communication  suivante  : 

DISPOSITION   HES   STIPULES  ET   DES    FEUILLES    DU    MIUÈBIUM  CODOPHYLUJM 
ET  VÉGÉTATION"  SINGULIÈRE  DE  CETTE  PLANTE,  par  1M.  A.  TRÉCUL. 

• 

Je  prie  la  Société  de  vouloir  bien  me  permettre  de  l'entretenir  de  la  dis- 
position remarquable  que  présentent  les  stipules  du  N'elumbium  codopkyl- 
lum,  disposition  qui  est  en  rapport  avec  la  manière  de  vivre  non  moins 
intéressante  de  cette  belle  plante. 

Les  stipules  sont  rangées  par  les  botanistes  en  deux  catégories,  suivant 
qu'elles  sont  axillaircs  ou  latérales.  Quand  elles  sont  latérales  et  libres  de 
toute  adhérence  avec  le  pétiole,  elles  protègent  leur  propre  feuille;  quand 
elles  sontaxillairesou  latcral<>$-p<Hiolaires,  elles  recouvrent  les  feuilles  pla- 

mème  «  écaille  est  bicarénée,  que  ses  carènes  sont  munies  de  longs  poils,  que  ses 
bords  sont  rentrante,  et  qu'enfin  elle  a  tous  les  caractères  d'une  spathelle  »  (glu- 
melle supérieure  des  auteurs). —  Seulement,  et  c'est  en  cela  que  son  opinion  est 
très  éloignée  de  la  nôtre,  il  considère  les  écailles  inférieures  des  bourgeons  et  la 
glumelle  comme  formées  de  deux  pièces  soudées,  dont  les  nervures  moyennes 
constitueraient  les  deux  carènes  latérales;  tandis  que,  pour  nous,  la  glumelle,  de 
même  que  l'écaillé  des  bourgeons  et  la  feuille  inférieure  des  rameaux,  n'est  consti- 
tuée que  par  une  seule  feuille  modifiée  dans  sa  structure,  en  grande  partie  à  cause 
de  l'absence  de  lumière  due  à  sa  position,  et  en  raison  des  pressions  exercées  sur 
elle  par  les  organes  voisins.  La  disposition  distique  des  feuilles,  dans  la  famille  des 
Graminées,  est  une  preuve  à  l'appui  de  notre  manière  de  voir,  car  nous  n'avons 
pas  besoin  d'admettre,  comme  Turpin,  pour  la  glumelle,  une  déviation  à  l'arrange- 
ment symétrique  des  autres  feuilles.  Enfin  Turpin  appelle  phycoslème  (disque)  les 
squamules  qui,  poumons,  constituent  un  véritable  périantbe.  {Note  cotntinuniquét 
par  M.  (  'osson.) 


SÉANCE    DU    2/1    MAI    ISbli.  [Q 

* 

cées  plus  haut  qu'elles  sur  la  tige,  plus  jeunes  qu'elles  par  conséquent.  Les 
stipules  pëtiolairesdes  Oxalis  bulbifères  font  exception  à  cette  dernière  loi, 
car  elles  protègent,  pendant  son  développement,  le  limbe  de  leur  propre 
feuille,  qui  est  recourbé  sur  la  face  antérieure,  sous  les  stipules  infléchies 
elles-mêmes  pour  le  recouvrir. 

Cbez  toutes  les  plantes  munies  de  stipules,  on  n'en  a  sisnalé  qu'une  ou 
deux  à  la  base  de  chaque  feuille.  Dans  le  Nelumbium  codopfiyllum  adulte, 
il  y  en  a  trois;  l'une  d'elles  est  axillairè  et  jouit  des  caractères  propres  à 
cette  classe  de  stipules  ;  les  deux  autres  ne  présentent  aucune  des  propriétés 
que  je  viens  de  signaler  ;  elles  ue  sont  ni  axillaires  ni  latérales;  elles  sont 
ce  que  j'ai  appelé,  dans  mon  Mémoire  sur  la  formation  des  feuilles,  extrafo- 
liaires. Chacune  d'elles  a  des  fonctions  spéciales;  car,  tandis  que  l'une,  qui 
est  insérée  derrière  une  feuille  donnée,  enveloppe  cette  feuille  complète- 
ment et  l'enveloppe  seule,  l'autre,  placée  sur  le  côté  opposé  du  rhizome, 
embrasse  le  bourgeon  terminal  et  la  feuille  précédente  avec  sa  stipule.  La 
stipule  axillairè  de  cette  feuille  revêt,  comme  à  l'ordinaire,  le  bourgeon 
terminal.  Ainsi,  nous  avons  un  organe  protecteur  pour  le  bourgeon,  un 
autre  pour  la  feuille  en  particulier  ;  enfin,  une  stipule  enveloppant  tous  ces 
organes  à  la  fois. 

Mais  telle  n'est  pas  la  disposition  des  stipules  à  tous  les  âges  de  la  plante. 
La  première  feuille  n'en  a  pas  ;  les  quelques  feuilles  suivantes  en  ont  une 
seule,  qui  est  axillairè  ;  ce  n'est  qu'à  partir  de  la  cinquième  ou  de  la  sixième 
feuille  que  l'on  en  observe  trois  à  la  base  de  chacun  de  ces  organes.  Quelle 
peut  être  la  cause  de  ce  singulier  changement?  C'est  que  les  circonstances  de 
la  végétation  de  la  plante  se  modifient  avec  l'âge. 

Si  la  Société  veut  bien  me  le  permettre,  je  vais  lui  exposer  succincte- 
ment les  diverses  phases  de  cette  végétation  ;  mais  auparavant,  il  sera  bon, 
je  crois,  de  donner  une  description  de  la  graine,  ou  mieux  du  fruit,  dont 
toutes  les  parties,  du  reste,  ne  sont  pas  bien  connues. 

Ce  fruit  est  à  peu  près  globuleux,  indéhiscent  et  de  la  grosseur  d'une 
noisette  moyenne.  Son  péricarpe,  de  consistance  presque  cornée,  ne  ren- 
ferme qu'une  seule  graine  renversée.  Celle-ci,  dépourvue  de  périsperme, 
contient  un  embryon  dont  les  cotylédons  sont  fort  épais,  presque  hémi- 
sphériques-; ils  cachent,  d'un  côté,  sous  une  sorte  de  prolongement  cellulaire, 
la  radicule,  qui,  pour  cela,  a  été  méconnue  de  quelques  botanistes  ;  de 
l'autre  côté,  ils  recouvrent  une  gemmule  très  développée,  ayant  une  tige 
très  courte,  deux  feuilles  dont  les  pétioles  assez  longs  sont  recourbés  sur 
eux-mêmes,  et  dont  le  limbe  est  enroulé  de  chaque  côté  sur  la  l'ace  supé- 
rieure. Entre  ces  deux  feuilles  est  un  bourgeon  terminal. 

11  y  a,  de  plus,  dans  cette  L'raine,  une  membrane  très  mince,  transpa- 
rente, hyaline,  qui  embrasse  toute  la  gemmule,  et  qui  a  été  l'objet  de  diverses 
interprétations.  Elle  a  été  considérée  comme  une  stipule  par  quelques  hota- 


20  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

pistes  et  c'est  pour  cela  surtout,  et  pour  la  disposition  de  la  radicule,  que 
j'ai  cru  devoir  entrer  dans  quelques  détails  sur  la  structure  de  la  graine. 
Cette  membrane,  cependant,  n'est  point  de  nature  stipulaire,  car  elle  con- 
siste en  une  substance  homogène,  au  milieu  de  laquelle  sont  épars  des  gra- 
nules très  ténus,  et  un  nombre  considérable  de  cristaux  aciculaires.  Je  la 
crois  formée  par  la  concrétion  d'une  matière  d'aspect  gélatineux,  comme 
celle  qui  enduit  les  jeunes  feuilles  dans  les  ochrea  de  certaines  Polygonées. 
Telle  est  la  structure  de  cette  graine.  Si  on  la  fait  germer  (en  la  plaçant  en 
terre  et  sous  l'eau,  dans  une  serre  chaude  pour  faciliter  l'opération),  le  péri- 
carpe se  fend  longitudinalement  a  partir  de  l'extrémité  opposée  à  la  radi- 
cule, La  gemmule  s'allonge,  sort  par  cette  fente,  tandis  que  la  radicule,  qui 
ne  se  développe  pas,  reste  enfermée  dans  les  enveloppes  de  la  graine  et  dans 

le  péricarpe. 

Bientôt  les  deux  premières  feuilles  redressent  leur  pétiole  et  ne  tardent 
pas  à  étendre  leur  limbe.  Ces  deux  premières  feuilles  n'ont  pas  eu  besoin  de 
la  protection  des  stipules,  étant  nées  dans  la  graine,  sous  les  enveloppes  de 
celles-ci,  entre  les  cotylédons,  et  au  milieu  de  cette  pellicule  dont  j'ai  parlé  ; 
c'est  pourquoi  on  n'observe  des  stipules  ni  au-dessous  de  la  première  feuille, 
ni  à  son  aisselle  pour  protéger  la  seconde.  Mais  le  bourgeon  qui  termine  le 
rhizome,  une  fois  sorti  de  la  graine,  a  besoin  d'organes  protecteurs  ;  n'étant 
point  défendu  par  les  feuilles  plus  anciennes,  comme  cela  a  lieu  dans  une 
multitude  de  bourgeons,  il  lui  faut  des  stipules;  aussi  y  en  a-t-il  une  à  l'ais- 
selle de  la  deuxième  feuille  ;  elle  enveloppe  le  bourgeon  et  s'ouvre  du  côté 
oppose  a  cette  feuille,  quand  celui-ci  vient  a  se  développer.  On  aperçoit 
alors  un  court  mérithalle  terminé  par  une  feuille  nouvelle,  munie  d'une 
stipule  également  axillaire  qui  embrasse  un  autre  bourgeon.  Ces  premiers 
entre-noeuds  restent  assez  courts,  les  suivants  s'allongent  davantage  ;  nous 
verrons  plus  loin  pourquoi.  Donc,  tant  qu'ils  demeurent  courts,  la  stipule 
axillaire  suffit  a  la  protection  du  mérithalle  et  à  celle  de  la  feuille  et  du 
bourgeon  qui  le  terminent. 

La  graine  germe  près  de  la  surface  du  sol  ;  mais  peu    a  peu  le  rhizome 
s'enfonce  dans  la  vase;  il   arrive    même  jusqu'à  une   profondeur  de  30  à 
U0  centimètres;  c'est  alors,  c'est-à-dire  quand  il  commence  a  s'enfoncer, 
que  les  entre-nœuds  s'allongent,  avant  même  que  chaque   feuille  qui  les 
termine  ait  acquis  assez  de  consistance  pour  résister  à  l'action   des  agents 
extérieurs.  A  cette  époque,  la  stipule  axillaire  est  insuffisante;  elle  ne  couvre 
plus  que  la  partie  inférieure  de  l'entre-nœud,  et  cependant  la  feuille  et  le 
bourgeon  ne  peuvent  demeurer  sans  défense  au  milieu  de  la  vase  où  fer- 
mentent des   matières  organiques  en  décomposition.  La  nature  a  prévenu 
leur  altération  en  plaçant  à  l'extrémité  supérieure  de  chaque  entre-nœud, 
deux  stipules  supplémentaires,  et  elle  les  a  disposées  de  telle  manière  que 
l'une  est  placée,  comme  je  l'ai  dit  déjà,  derrière  la  feuille  qu'elle  enveloppe 


SÉANCE  Dl    24  MAI   Ï85A.  "21 

tout  entière,  et  qu'elle  protège  pendant  son  développement,  en  grandissant 
avec  elle.  C'était  là  une  précaution  indispensable,  cette  feuille  ayant  a  tra- 
verser une  couche  épaisse  de  sol  vaseux.  L'autre  stipule,  insérée  sur  la  tige 
du  côté  opposé  à  la  feuille,  revêt  le  bourgeon  terminal,  qui  semble  être  à  son 
aisselle,  et  la  feuille  elle-même  avec  sa   stipule;  elle   sert   d'enveloppe 

générale. 

Malgré  la  présence  de  ces  deux  stipules  extra-foliaires,  il  y  en  a  une  à 
l'aisselle  même  de  la  feuille,  aussi  bien  qu'à  celle  des  feuilles  les  premières 
développées,  de  celles  qui  sont  nées  près  de  la  surface  de  la  terre;  en  sorte 
que  l'on  a:  1°  une  stipule  axillaire  pour  le  bourgeon  terminal;  2°  une  sti- 
pule derrière  la  feuille,  pour  cette  feuille  en  particulier;  3°  une  stipule  pour 
tous  ces  organes  à  la  fois. 

Ainsi,  les  deux  stipules  extra-foliaires  sont  dues  :  1°  la  plus  externe,  celle 
qui  sert  d'enveloppe  générale,  à  ce  que  les  entre-nœuds  du  Neluinbiwn,  au 
lieu  de  rester  raccourcis,  comme  dans  les  autres  plantes,  jusqu'à  ce  que  les 
feuilles  aient  acquis  une  consistance  assez  grande  pour  résister  à  l'action 
désorganisatiïce  des  corps  environnants,  de  manière  à  être  protégés,  soit 
parles  stipules  des  feuilles  précédentes,  soit  par  ces  feuilles  elles-mêmes; 
l'existence  de  cette  stipule  externe  est  nécessitée,  dis-je,  par  rallongement 
des  entre-nœuds,  a  la  suite  duquel  la  feuille  et  le  bourgeon  qui  les  ter- 
minent sont  placés  hors  de  la  portée  de  la  stipule  axillaire  qui  les  revêtait 
d'abord,  et  privés  prématurément  de  sa  protection  ;  2°  la  seconde  stipule 
extra-foliaire  était  nécessaire  pour  protéger  la  feuille  pendant  son  dévelop- 
pement au  milieu  de  la  vase. 

Maintenant,  quel  est  l'artifice  que  la  nature  a  employé  pour  donnera  ces 
stipules  une  disposition  si  curieuse?  Ce  sera  là  le  sujet  d'une  autre  com- 
munication a  la  séance  prochaine. 


M.  Germain  de  Saint-Pierre,  qui  a  aussi  étudié  le  Nelumbium, 
reconnaît  l'exactitude  des  observations  de  M.  Tïécul,  mais  il  ne 
s'accorde  pas  avec  lui,  relativement  au  nom  à  appliquer  aux  parties 
que  M.  Trécul  désigne  sous  la  dénomination  collective  de  stipules. 
M.  Germain  de  Saint-Pierre  ne  considère  comme  stipules,  dans  cette 
plante,  que  les  organes  situés  à  l'aisselle  des  feuilles.  Les  autres 
organes,  situés  sur  un  autre  plan  que  la  feuille  munie  de  stipules 
dont  il  vient  d'être  question,  ne  sauraient,  suivant  lui,  être  regardés 
comme  d'autres  stipules  de  celte  même  feuille.  Il  pense  qu'ils  doi- 
vent plutôt  être  considérés  comme  des  bractées  (ou  écailles  d'appa- 
rence bractéale),  et  insiste  sur  ce  point,  qu'une  bractée  ou  une  écaille 
étant  une  feuille,    doit  toujours  occuper  la   place   d'une  feuille.   Il 


22  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

rappelle  que  la  situation  d'un  organe  a  beaucoup  plus  d'importance 
que  sa  forme,  au  point  de  vue  de  la  détermination  de  cet  organe. 

Pour  M.  Trécul,  au  contraire,  les  trois  folioles  du  Nelumbiurn  sonl 
bien  des  stipules,  car  elles  sont  insérées  sur  un  même  plan  vertical. 
Seulement  deux:  d'entre  elles,  étant  extra-axillaïres,  se  présentent 
dans  une  position  exceptionnelle. 

M.  Lestiboudois  dit  que,  pour  décider  si  les  stipules  font  partie 
intégrante  de  la  feuille,  il  faut  les  étudier  anatomiquement.  Or  il  a 
vu  dans  d'autres  plantes  que  ce  sont  les  mêmes  faisceaux  iibro-vas- 
culairesqui  se  distribuent  à  la  fois  à  la  feuille  et  aux  stipules.  Donc 
les  stipules  doivent  être  considérées  comme  des  dépendances  delà 
feuille. 

M.  Trécul  répond  que  la  communauté  d'origine  des  faisceaux  ne 
prouve  pas  toujours  que  les  organes  soient  liés  entre  eux.  Ainsi, 
chez  les  Nymphéacées  en  germination  ,  dans  la  tigelle  et  dans  la 
radicule  ,  il  n'y  a  qu'un  seul  faisceau  central  ,  duquel  naissent 
tous  ceux  qui  se  distribuent  aux  racines  adventives  et  aux  feuilles, 
et  cependant  on  ne  saurait  admettre,  bien  que  le  même  faisceau 
leur  donne  naissance,  que  les  racines  adventives  soient  des  dépen- 
dances des  feuilles. 

31.  Duchartre  l'ait  observer  qu'il  lui  semble  impossible  de  considérer 
comme  les  stipules  d'une  même  feuille  trois  organes  situés  à  trois 
niveaux  différents. 

31.  Brongniart  ajoute  qu'il  ne  regarde  pas  les  organes  qui  font 
l'objet  de  la  discussion  comme  étant  tous  trois  les  stipules  d'une 
même  feuille.  11  ne  les  appellera  pas  non  plus  bractées,  comme 
31.  Germain  de  Saint-Pierre.  Il  considère  comme  plus  probable  que 
l'origine  de  ces  trois  organes  n'est  pas  identique,  qu'ils  représen- 
tent les  stipules  de  trois  feuilles  distinctes  et  appartiennent  à  des 
méritballes  différents.  L'organe  axillaire  serait  la  stipule  de  la  feuille 
développée,  les  deux  autres  représenteraient  les  stipules  amplexi- 
caules  de  deux  feuilles  avortées.  Cette  disposition  rappelle  celle  de 
certains  bourgeons,  où  les  écailles  résultent  des  stipules  de  feuilles 
dont  le  pétiole  et  le  limbe  ont  également  avorté. 

31.  Duchartre  donne  lecture  de  l'extrait  suivant  d'une  lettre 
adressée  à  31.  Webb  par  31.  L.  Kralik,  qui  a  entrepris  un  voyage 
d'exploration  botanique  dans  la  partie  la  plus  méridionale  de  la  ré- 
gence de  Tunis  : 


SÉANCE   DU    '2ll    MAI   1854.  23 

LETTRE  DE  M.   KRALIK. 

Gabès,  10  mars  185ù. 

Je  commence  ma  lettre,  mon  cher  monsieur  Webb,  sans  savoir  quand  je 
la  terminerai,  ni  quand  elle  partira  et  vous  rejoindra  n'importe  où.  Je  vous 
ai  écrit  la  veille  de  mon  départ  pour  Gabès.  Je  vous  ai  dit  que  tout  s'était 
arrangé  de  la  manière  la  plus  heureuse,  cjue  je  faisais  ce  voyage  avec  un 
négociant  de  Sfax,  M.  Andréa  Mattei,  dont  le  frère  ïommaso  avait  accom- 
pagné pendant  plusieurs  mois  Ai.  Pélissier  dans  ses  explorations  et  péré- 
grinations. M.  Pélissier,  du  reste,  m'avait  aussi  donné  une  lettre  pour 
M.  Tommaso  Mattei.  Mais  je  ne  saurais  jamais  conseiller  à  aucun  collec- 
teur de  faire  une  exploration  en  caravane.  Il  n'est  pas  plus  son  maître  que 
s'il  voyageait  en  diligence  ou  en  chemin  de  fer.  Il  ne  peut  pas,  a  chaque 
instant,  sauter  de  son  mulet  ou  de  son  chameau,  pour  récolter  ou  examiner 
une  plante  qu'il  aperçoit  a  distance  ou  même  sur  le  bord  de  son  chemin, 
sans  finir  par  se  trouver  isolé  ou  sans  retarder  la  caravane  entière.  Passe 
encore  lorsqu'on  est  bien  familiarisé  avec  la  végétation  d'un  pays  ou  qu'on 
ne  se  propose  que  de  faire  un  relevé  de  ses  productions.  Mais  lorsqu'on  ne 
les  connaît  pas  suffisamment,  et  qu'en  outre  on  veut  récolter,  une  pareille 
manière  de  voyager  devient  on  ne  peut  plus  pénible.  Notre  caravane,  du 
reste,  était  des  plus  modestes,  et  prouve  qu'on  peut  parfaitement  circuler 
sur  ces  côtes  avec  une  entière  sécurité.  On  pourrait  voyager  avec  la  même 
sécurité  dans  l'intérieur,  sans  certaines  circonstances  spéciales  et  locales 
dont  je  vous  parlerai  plus  loin. 

Donc,  notre  voyage  s'est  organisé,  et  effectué  de  la  manièrela  plus  prompte 
et  la  plus  heureuse  pour  moi.  Aussitôt  que  nous  eûmes  atteint  la  côte 
orientale,  et  des  le  premier  jour,  le  temps  changea  et  la  pluie  journalière  de 
Tunis  cessa;  mais  le  temps  n'en  resta  pas  moins  très  frais.  Nous  couchâmes 
la  première  nuit  dans  un  grand  caravansérail,  appelé  ici  fondoupk,  près  de 
Hammamat,  sur  la  côte  orientale.  Le  lendemain,  mercredi  au  soir,  nous 
arrivâmes  à  Sfax,  où  l'hospitalité  nous  accueillit  au  consulat  français.  Nous 
y  primes  une  journée  de  repos.  Pendant  la  seconde  journée,  notre  voyage 
fut  des  plus  monotones.  Notre  route  se  déroulait  entre  les  dunes  de  la  côte 
et  un  long  lac,  que  M.  Pélissier  n'a  sans  doute  vu  que  pendant  l'été,  car  il 
l'indique  a  peine,  et  qui  s'étend  depuis  Hammamat  jusqu'au  delà  de  Her- 
glea.  Déjà  les  eaux  de  ce  lac  avaient  considérablement  baissé  ;  mais  lout  le 
terrain  qu'elles  avaient  laissé  à  sec  était  d'une  nudité  complète. 

J'ai  pu,  pendant  notre  journée  de  halte,  faire  deux  herborisations.  J'y  ai 
fait  ample  récolte  de  Nonnea  pulla,  d'un  Euphorbîa  annuel,  peut-être 
tout  bonnement  le  nicœensis.  .l'ai  trouvé  aussi  le  Fumaria  agraria ,  le 
Fagonia  cretica,  deux  ou  trois  Linaria,  etc.  Mais  toute  cette  récolte  a  souf- 


(lk  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

fert  pendant  les  deux  jours  du  voyage  de  Souza  à  Sfax,  et  la  encore  je  n'ai 
pu  la  soigner  convenablement. 

A  Souza,  nous  avons  quitté  la  eôle  et  piqué  droit  à  travers  terre  sur 
Sfax,  en  passant  par  El-Djem,  où  nous  avons  couché  dans  une  misérable 
butte  arabe.  Nous  sommes  partis  avant  le  jour.  Je  n'ai  pu  ainsi  visiter, 
comme  je  l'aurais  désiré,  un  vaste  amphithéâtre  romain  encore  assez  bien 
conservé,  et  que  je  n'ai  fait  qu'entrevoir  à  la  nuit  tombante.  Toute  la  roule 
de  Souza  à  Sfax  est  déserte;  pas  un  seul  village,  à  l'exception  d'EI-Djem. 
Çà  et  là  se  trouvaient  quelques  douars,  où  habitaient  momentanément,  sous 
des  tentes,  quelques  tribus  arabes  qui  venaient  là  faire  paitre  leurs  trou- 
peaux ,  sauf  à  s'en  aller  le  lendemain.  Aussi  l'eau  manque-t- elle  déjà 
presque  complètement  maintenant. 

Nous  arrivâmes  enfin,  de  jour  encore,  à  Sfax,  où  je  fus  reçu  dans  la  mai- 
son Mattei.  J'y  ai  fait  la  connaissance  de  M.  Espina,  gendre  de  M.  Tom- 
maso  Mattei,  et  consul  fiançais  à  Sfax...  M.  Espina  est.  un  peu  botaniste; 
il  a  fait  ses  études  à  Paris  ;  il  est  bachelières  lettres  et  es  sciences.  Je  l'ai 
fortement  engagé  à  faire  bonne  récolte  cet  été,  pour  qu'à  mon  passage  à 
Sfax,  je  puisse  juger  de  la  végétation.  Il  m'a  promis  de  le  faire....  J'ai  fait 
avec  lui  deux  petites  courses  assez  fructueuses  aux  environs  immédiats  de 
la  ville. 

J'aurais  pu  rn'arrêter  avec  fruit  quelques  jours  à  Sfax,  car  la  végétation  y 
était  plus  avancée  de  quatre  ou  cinq  semaines  qu'à  Tunis;  mais  j'avais 
hâte  de  me  rendre  le  plus  tôt  possible  à  Gahès.  Arrivé  a  Sfax,  samedi  25  fé- 
vrier, j'en  suis  reparti  mardi  28.  J'ai  dû  m'embarquer  avant  la  chute  du 
jour;....  mais  nous  ne  sommes  partis  qu'à  trois  heures  du  matin.  Les 
barques  qui  font  le  service  entre  Sfax  et  Gabès  sont  petites  et  non  pontées. 
La  côte  est  fort  basse,  et  de  plus,  il  y  a  dans  le  golfe  de  Gabès  des  marées 
de  quatre  à  six  pieds.  Ces  marées  se  font  sentir  depuis  Hammamat.  jusqu'au 
delà  de  la  petite  Syrte,  en  face  de  l'île  de  Djerba  (l'ancienne  Lotopbagitis). 
Nous  sommes  arrivés  à  Gabès  à  trois  heures  de  l'après-midi. 

A  mon  arrivée  à  Gabès,  et  déjà  le  long  de  la  côte,  ma  première  impres- 
sion, comme  botaniste,  ne  fut  pas  favorable  au  pays,  et  je  fus  au  moment 
de  regretter  de  n'être  pas  resté  à  Souza  ou  à  Sfax.  Entre  la  mer  et  lei^roupe 
de  divers  villages  qui,  ensemble,  forment  Gabès,  s'étendent  des  pâturages. 
Derrière  les  villages  s'allonge  une  ligne  de  palmiers  de  plusieurs  lieues  de 
longueur,  et,  dit-on,  de  plus  de  deux  lieues  de  profondeur.  Je  fis,  le  soir 
même  de  mon  arrivée,  avec  M.  Mattei,  une  petite  promenade  sous  ces  pal- 
miers qui  forment  presque  forêt.  Toute  cette  partie  du  territoire  de  Gabès 
est  cultivée  avec  le  plus  grand  soin.  Quoique  les  palmiers  soient  très  touf- 
fus, il  y  a  encore  surabondance  d'air,  de  chaleur  et  de  lumière.  Tout  y  est 
aussi  disposé  pour  des  rigoles  d'irrigation,  auxquelles  l'eau  vient  de  l'oued 
Gabès,  qui  côtoie  ces  terres  au  midi.  J'ai  donc  vu  dès  le  premier  soir  que, 


séance  nu  24  mai  185/i.  25 

de  ce  côté,  mes  récolles  se  borneraient  aux  mauvaises  herbes  des  cultures. 
D'un  autre,  côté,  j'avais  vu  que  toute  la  plaine,  entre  la  mer  et  les  villages, 
était  pâturée  par  les  moutons.  Dans  cette  plaine  dominent  Astragalus Stella? 
ou  cruciatus?  Trigonellamaritima,  Anacyclus  alexandrinus,  Zygophyllum 
album,  des  Salsolacées,  et  surtout  le  Traganum  nudatum.  Je  me  couchai 
donc  ce  jour-là  assez  désappointé  de  voir  mon  champ  d'opération  si  maigre, 
et  même,  comme  je  le  croyais  alors,  presque    nul.  Le  lendemain,    une 
pluie  fine  tomba,  la  majeure  partie  de  la  journée,  et  je  ne  pus  que  monter 
sur  la  terrasse  de  la  maison  pour  m'orienter.  De  là,  je  reconnus  avec  satis- 
faction que  le  sud  et  le  sud-ouest  étaient  libres  et  ouverts;  que  la  ligne  de 
palmiers  finissait,  ou  plutôt  fléchissait  vers  le  sud-ouest,  et  qu'au  delà,  il 
n'en  restait  plus  que  quelques  groupes  épars.  De  ce  côté-la  était  donc  ma 
principale,  presque  mon  unique  ressource.  A  une  petite  lieue  de  distance,  de 
légères  ondulations  de  terrain  limitaient  l'horizon  dans  cette  direction.  Les 
colliues  paraissaient,  à  cette  distance,  totalement  nues.    C'est  donc  de   ce 
côte  que  je  dirigeai  mes  pérégrinations,  et,  dès  le  premier  jour,  je  pus  me 
rassurer  sur  l'éventualité  de  mes  récoltes  futures.  Dès  ce  premier  jour,  je 
reconnus  que  ce  côté- là  me  donnerait  à  lui  seul  suffisamment  de  besogne 
pour  toute  ma  saison.  Six  fois  déjà  j'étais  sorti  avec  l'intention  d'arriver  à 
ces  collines  nues,  toujours  j'avais  été  arrêté  par  l'abondance  des  récoltes 
faites  avant  d'y  arriver.  Ce  n'est  qu'aujourd'hui,  17  mars,  à  ma  septième 
course,  que  j'y  suis  enfin  arrivé,  et  j'ai  reconnu  que  ces  collines  nues  et  tout 
ce  qui  s'étendait  derrière  elles  étaient...  .    le  désert! —  J'y  ai  retrouvé 
immédiatement  quelques-unes  de  mes  vieilles  connaissances  des  déserts 
de  l'Egypte,  un  Helianthernum,  Linaria  œgyptiaca,  Gymnocarpus  decan- 
drus,  etc.  Je  pourrai,  à  mesure  que  la  saison  avancera,  y  retrouver  beau- 
coup d'autres  plantes,  dont  j'ai  reconnu  quelques-unes  en  herbe.  Bref,  ce 
côté  de  Gabès  me  promet  de  fort  belles  récoltes. 

Depuis  que  je  suis  ici,  j'ai  appris  avec  regret  que  le  camp,  qui  va  annuel- 
lement percevoir  les  impôts  dans  le  Djérid  (j'ai  trouvé  ce  camp  sur  son 
retour,  campé  sous  les  murs  de  Souza),  avait  été  fort  mal  accueilli  dans 
l'intérieur  ;  que  les  tribus  étaient  très  indisposées  contre  le  gouvernement 
tunisien,  aigries  qu'elles  sont,  en  outre,  par  suite  des  mauvaises  récoltes  de 
l'an  passé  et  des  ouragans  de  l'hiver,  qui  ont  emporté  et  détruit,  en  ma- 
jeure partie,  la  récolte  de  dattes  ;  de  plus,  que  les  deux  tribus  des  Beni-Zid 
et  des  Hamema  étaient  en  guerre  ouverte  (vous  trouverez,  sur  la  carte 
de  M.  Pélissier,  les  Beni-Zid  à  l'ouest  de  Gabès,  et  les  Hamema  à  l'est  de 
Gafsa).  Ce  sont  deux  tribus  qui  vivent  sous  des  tentes  qu'elles  vont  planter 
là  où  elles  trouvent  des  pâturages  à  leurconvenance.  Nous  avons  appris,  il 
y  a  deux  jours,  que  les  Béni  Zid  avaient  fait  une  razzia  sur  quelques  douars 
des  Hamema;  que  l'affaire  avait  été  très  sanglante;  que  l'irritation  est 
grande  chez  les  Hamema,  qui  se  concentrent  pour  prendre  leur  revanche. 


26  SOCIETE   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

Dans  ces  circonstances,  le  Djérid  et  l'intérieur  de  la  régence  sont  inacces- 
sibles. Des  caravanes  ont  même  été  attaquées  et  pillées.  Je  verrai  l'un  de  ces 
jours  ce  qu'il  y  a  derrière  notre  ligne  de  palmiers  ;  plus  tard,  s'il  est  pos- 
sible, je  profiterai  d'une  bonne  circonstance  pour  pousser  jusqu'à  Haro  ma. 
Si  la  chose  n'est  pas  possible,  je  me  limiterai  à  Gabès  et  à  l'île  de  Djerba, 
qui  fourniront  assez  de  besogne  pour  la  saison. 

A  Gabès,  le  vin  est  chose  inconnue;  il  est  remplacé  par  le  lagmi,  ou 
lait  de  palmier.  C'est  la  sève  du  dattier  que  l'on  obtient,  en  enlevant  circu- 
lairement  la  couronne  de  feuilles,  en  ménageant  toutefois  ie  cœur,  et  en 
ravivant  chaque  jour  la  blessure.  Un  dattier  ainsi  soigné  donne  jusqu'à  Set 
10  litres  par  vingt-quatre  heures,  et  cela  pendant  trois  ou  quatre  mois.  On 
laisse  ensuite  la  plaie  se  cicatriser,  et  l'arbre  continue  de  vivre  et  de  se  bien 
porter;  toutefois,  il  ne  fructifie  pas  l'année  où  il  a  été  ainsi  mis  en  perce. 
Pans  deux  ans,  on  peut  lui  faire  subir  encore  la  même  opération.  J'ai  vu  des 
dattiers  qui  l'ont  subie  jusqu'à  trois  fois.  On  les  reconnaît  facilement  au 
rétrécissement  de  la  tige,  ainsi  qu'a  son  extérieur  lisse  et  dégarni  de  tron- 
çons de  feuilles.  Quant  au  lagmi,  c'est  une  boisson  fort  agréable,  très  douce, 
et  qui  se  vend  ici  presque  pour  rien. ... 

Dimanche,  19  mars. 

Le  courrier  qui  devait  prendre  ma  lettre...  ne  part  plus  que  demain,  et 
j'en  profite  pour  vous  ajouter  quelques  mots. 

J'ai  fait  aujourd'hui  la  course  à  travers  les  palmiers;  ils  n'ont  pas  deux 
lieues  de  profondeur,  comme  on  me  l'avait  dit,  mais  seulement  une  bonne 
demi-lieue...  Au  delà  est  encore  le  désert,  caractérise,  a  très  peu  de  ebose 
près,  par  la  même  végétation  que  celui  au  sud  de  Gabès.  Les  plantes  actuel- 
lement en  état  ou  commençant  à  fleurir,  sont  :  Anthyllis  tragacanthoides, 
Gymnocarpus  decandr us,  trois  Helianthemum,  Linaria  œgyptiaca,  Erodium 
glaucophyllum  et  asplenioides,  un  Astragalus,  qui  descend,  du  reste,  dans 
les  lieux  incultes  de  Gabès,  Echiochilon  fruticosum,  etc.,  etc.  Cette  partie 
du  désert,  voisine  des  palmiers,  est  profondément  ravinée  par  les  pluies  tor- 
rentielles qui  sont  tombées  l'hiver  passé;  les  berges  de  ces  ravins  sont  par- 
fois infrancbissables,  tant  ils  sont  profonds;  ces  ravins,  qui  ont  conservé 
plus  d'humidité  que  le  reste  de  la  plaine,  et  qui  sont,  en  partie  au  moins, 
ombragés  par  leurs  berges  abruptes,  demandent  à  être  explorés  en  détail  et 
pourront  plus  tard  donner  de  bonnes  plantes.  Beaucoup  de  plantes  des  lieux 
cultivés  s'y  retrouvent  aussi.  Le  terrain,  en  général,  est  plat;  son  inclinai- 
son vers  la  mer  est  très  faible,  et  son  élévation  au-dessus  de  la  mer  ne  doit 
pas  dépasser  50  mètres;  a  deux  lieues  plus  loin  s'allonge  une  ebainc  de 
basses  montagues. 

Après  avoir  ainsi  aujourd'hui  reconnu  cette  partie  de  mon  terrain,  j'ai 
coupe  obliquement  à  travers  le  désert,  vers  l'extrémité  méridionale  de  la 


SÉAiNCE    Dl     2/i    MAI    1854.  27 

ceinture  de  palmiers,  et  je  suis  arrivé  aux  étangs  où  sont  les  sources  de 
l'oued  Gabès.  Les  étangs  et  leur  voisinage  ne  m'ont,  à  ma  grande  sur- 
prise, offert  rien  d'intéressant  pour  le  moment.  Le  Samoius  Valerandi  s'y 
retrouve.  C'est  une  localité  à  revoir  plus  tord.  De  là  nous  sommes  revenus, 
mon  nègre  et  moi,  à  Gabès,  en  longeant  la  droite  de  l'oued  Gabès  par  des 
terrains  tantôt  cultives.tantotincultes.il  ne  me  reste  plus  maintenant, pour 
connaître  tout  mon  terrain,  qu'à  faire  vers  le  nord  une  tournée  analogue  à 
celle  que  j'ai  faite  aujourd'hui  vers  le  sud. 

M.  J.  Gay  fait  observer  que  la  ville  de  Gabès  est  située  sous  une 
latitude  plus  méridionale,  de  près  d'un  degré ,  que  les  points 
extrêmes  de  l'occupation  française,  dans  la  province  de  Conslautine. 

M.  Cosson  croit,  devoir  appeler  l'attention  de  la  Société  sur  le 
mode  d'extraction  du  lagmi  dans  les  oasis  des  Ziban.  D'après 
M.  Guyon  (Voyage  aux  Ziban),  ce  procédé  serait  le  suivant  :  La 
cime  du  dattier  est  coupée,  et  la  surface  de  la  section  est  creusée 
d'une  cavité  où  la  sève  vient  se  réunir,  et  d'où  plusieurs  rigoles  con- 
duisent le  liquide  dans  des  vases  disposes  pour  le  recevoir.  Cet  écou- 
lement de  la  sève  a  lieu  pendant  six  semaines  ou  deux  mois,  mais  en 
diminuant  de  quantité  chaque  jour. 

31.  Cosson  considère  ce  procédé,  qui  entraine  nécessairement  la 
mort  de  l'arbre,  comme  bien  inférieur  à  celui  qui  est  signalé  dans  la 
lettre  de  M.  Kralik. 

M.  Doumet  fait  remarquer  qu'Adanson  ,  son  aïeul  maternel,  a 
déjà  décrit  le  mode  d'extraction  de  la  sève  des  palmiers. 

M.  Weddell  ajoute  que,  dans  son  voyage  dans  l'Amérique  du  Sud, 
il  a  vu,  au  Brésil,  employer  un  procédé  qui  rappelle  celui  des  Ziban. 
UAttaleaprinceps,  Mart.,  palmier  à  tige  courte  et  épaisse,  est  tronqué 
au-dessous  de  la  couronne  de  feuilles ,  et  la  surface  coupée  est 
creusée  au  moyen  de  bâtons  avec  lesquels  on  déprime  les  fibres.  La 
cavité  en  forme  d'entonnoir  qu'on  a  ainsi  obtenue,  se  remplit  de 
sève.  On  la  puise  dans  des  vases  et  elle  se  renouvelle  pendant  un 
certain  temps. 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


PHYSIOLOGIE  VEGETALE. 

Du  bourgeon  dans  le  genre  Lythrum,  par  le  docteur  Lebel. 
(Mémoires  de  la  Société  d'histoire  naturelle  de  Cherbourg,  vol.  II,  liv-  2, 
1854,  p.  179-193.) 

M.  Godroi)  avait  observé  chez  deux  espèces  de  Lythrum  de  la  flore  fran- 
çaise le  phénomène  assez  rare  de  deux  bourgeons  superposés  dans  une  même 
aisselle,  l'intérieur  ordinairement  développé  en  rameau  feuille  ou  en  inflo- 
rescence, l'extérieur  rudimentaire  ou  plus  rarement  florifère.  Cela  avait  été 
vu  par  M.  Godron  dans  les  Lythrum  bibracteatum  et  thymifolia,  et  l'au- 
teur, se  taisant  d'ailleurs  sur  les  autres  espèces,  ajoutait  seulement  que  rieu 
de  semblable  n'existait  dans  les  Lythrum  Grae/J'eri  et  hyssopifolia.  M.  Lebel 
a  eu  la  curiosité  d'examiner  sous  ce  rapport  les  quatre  espèces  dont  il  vient 
d'être  question,  plus  le  geminiflorum  (qu'il  ne  connaît  pourtant  que  par  les 
descriptions  et  par  une  figure),  plus  le  Salicaria,  c'est-à-dire  toutes  les 
espèces  qu'embrasse  la  flore  française,  et  il  a  trouvé  que  le  phénomène 
du  double  bourgeon  axillaire  est  partout  le  même,  sauf  quelques  nuances 
qu'explique  suffisamment  la  diversité  des  espèces.  Il  décrit  en  détail  chacune 
de  ces  nuances,  et  il  se  résume  en  ces  termes  : 

<>  Nous  venons  de  passer  en  revue  toutes  les  espèces  françaises  de  Lythrum, 
»  et  sur  chacune  d'elles  nous  avons  vu  le  bourgeon  géminé.  Le  bourgeon  infé- 
»  rieur  est  de  seconde  génération,  relativement  au  supérieur  :  c'est  là  sans 
»  doute  ce  qui  explique  la  fréquence  plus  grande  de  ses  avortements,  les 
»  arrêts  et  les  retards  de  son  développement.  Le  bourgeon  supérieur  esttou- 
»  jours  floral  sur  les  espèces  dont  les  fleurs  naissent  à  l'aisselle  des  feuilles, 
»  le  long  de  la  tige  (geminiflorum,  hyssopifolia,  thymifolia,  Graefferi, 
»  bibracteatum).  Il  est  raméal,  en  dessous  de  l'inflorescence,  sur  notre  unique 
»  espèce  à  fleurs  en  épi  (Salicaria).  Le  bourgeon  inférieur  est  tantôt  cou- 
»  stamment  floral  sur  une  même  espèce  (geminiflorum  et  Salicaria),  tantôt 

«constamment   raméal    (thymifolia,  Graefferi,  bibracteatum) Quel- 

»  quefois  ie  bourgeon  inférieur  se  développe  indifféremment  en  fleur  ou  en 
»  ramule  (hyssopifolia),  etc. ,  etc. 

L'auteur  parle  aussi  de  la  manière  dont  se  forment,  dans  le  genre  Lythrum, 
les  8,  10  ou  12  lobes  du  limbe  calycinal,  et  des  caractères  que  peuven 


REVUE    BIBLIOGRAPHIQUE.  29 

fournir,  pour  la  distinction  des  espèces,  les  différents  modes  de  disposition 
des  feuilles  sur  l'axe  caulinaire,  lesquels  entraînent  d'autres  différences  dans 
le  nombre  des  anales  ou  côtes  dont  la  tige  est  marquée. 


BOTANIQUE  DESCRIPTIVE. 

Notices  botaniques,  par  MM.  Grenier  et  Godron  ,  lues  le  22  mars 
\$5k,  a  la  Société  d'émulation  du  Doubs,  par  M.  Grenier.  — Besançon  , 
b.r.  in-8°,  U  pages. 

Cet  opuscule  est  un  emprunt  fait  par  MM.  Grenier  et  Godron,  au  troi- 
sième volume  de  la  Flore  de  France,  actuellement  sous  presse.  Il  a  pour 
but  de  démontrer  que  certaines  plantes  linnéennes,  qui  avaient  été  consi- 
dérées jusqu'à  ce  jour  comme  occupant  «  une  aire  immense  »  de  géographie 
botanique,  sont  «  des  êtres  complexes,  des  espèces  multiples  qui  vent  se 
relayant,  ou  se  substituant  l'une  à  l'autre.  » 

MM.  Grenier  et  Godron  citent  comme  exemples  les  espèces  suivantes: 
Melica  ciliata,  L. ,  Asphodelus  ramosus,  L. ,  et  Fritillaria  Meleagris,  L.  Ils 
conservent  le  nom  de  M.  ciliata,  I ..,  à  la  plante  suédoise,  qui  s'étend  de 
Stockholm  et  de  l'île  d'Aland  aux  collines  calcaires  de  l'Alsace,  en  traver- 
sant la  Saxe  et  le  Palatinat,  et  qui  est  caractérisée  par  des  «  cariopses 
ridés  sur  tonte  leur  surface.  »  La  plante  des  Vosges  et  de  la  Lorraine ,  qui  a 
les  «  cariopses  très  lisses  sur  le  dos,  mais  finement  chagrinés  sur  la  face 
interne  »  est  le  M.  nebrodensis,  Pari. ,  qu'on  retrouve  à  Besançon,  à  Langres, 
et  plus  loin  à  Tours,  dans  les  Deux-Sèvres,  la  Dordogne,  les  Pyrénées,  etc.... 
En  outre,  MM.  Godron  et  Grenier  décrivent  sous  le  nom  de  M.  Magnolii , 
Godr.  et  Gren.  (Gramen  montanum  avenaceum  lanuginosum  MagnoL,  Bot. 
Monsp.),  une  espèce  nouvelle,  à  «  cariopses  très  lisses,  »  dont  le  centre  de 
végétation  est  dans  la  région  des  oliviers,  et  qui  se  retrouve  notamment  à 
Mende,  a  Castellane,  à  Lyon  ,  à  Montbrison  ,  dans  la  Limagne  d'Auvergne, 
à  Bagnères-de-Luchon  ,  etc. . . . 

Des  études  analogues  sur  les  genres  Asphodelus  et  Fritillaria  ont  conduit 
MM.  Grenier  et  Godron  a  proposer  comme  espèces  nouvelles  : 

Asphodelus  delphinensis ,  Gren.  et  Godr.,  qui  n'a  encore  été  signalé  que 
dans  les  Alpes  du  Dauphiné; 

A.  sphœrocorpus,  Gren.  et  Godr. ,  décrit  d'après  des  échantillons  récoltés 
dans  le  département  des  Deux-Sèvres  ; 

Fritillaria  tubœformis,  Gren.  et  Godr.,  plante  alpine,  indiquée  dans  les 
Hautes-Alpes  du  Dauphiné,  à  Gap,  àGlaix,  à  Séuse,  à  l'Arche,  au  mont 
Viso,  au  Lautaret,  et  à  Luzette-en-Luz,  dans  la  Drôme. 


30  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

JVotice  snr  quelques  plantes  récemment  observées  tlans 
le  département  «lu  Jura  et  le  pays  de  Gex,  par  INI.  Eugène 
Michalet,  de  Dôle  (Jura).  — Besancon,  185fr,  br.  gi\  in-8°,  16  pages. 

La  Flore  du  Jura  a  déjà  été  étudiée  avec  soin  par  MM.  Grenier,  Thur- 
mann,  Godet,  Babey,  Beuter,  etc....  A  son  tour,  M.  Michalet  ayant  par- 
couru les  parties  de  cette  chaîne  comprises  dans  le  département  du  Jura  et 
du  pays  de  Gex  ,  a  présenté  dans  la  notice  qui  fait  le  sujet  de  cet  article,  le 
résultat  de  ses  explorations. 

1°  Il  a  signalé  un  grand  nombre  de  localités  nouvelles  pour  des  plantes 
qui  figurent  déjà  dans  les  ouvrages  antérieurs  ;  or  parmi  ces  plantes,  il  en 
est  plusieurs  qui  étaient  à  peine  indiquées  dans  le  Jura  méridional,  telles 
sont  :  Androsacelactea,  L.,  Arabîs  muralis,  Bert.,  etc.... 

2°  Il  a  fait  connaître  comme  appartenant  à  la  Flore  du  Jura ,  plusieurs 
espèces  qui  avaient  échappé  aux  recherches  des  autres  botanistes  :  nous 
citerons  comme  exemples,  Adenocarpus  complicatus,  Gay ,  Epilobium 
Duriœi,  Gay,  Liparis  Loeselii,  Bich.,  Elatine  triandra,  Schkuhr,  Alche- 
milla  Pyrenaka,  L.  Duf.,  Gnaphalium  supinum,  L.,  Petasites  niveus, 
Bauing. ,  etc.... 

3°  M.  Michalet  a  décrit  une  espèce  nouvelle  de  Bidensh  laquelle  il  donne, 
le  nom  de  B.  fastigiata. 

U"  Fnfm  il  a  porté  particulièrement  son  attention  sur  les  hybrides  des 
genres  Cirsium,  Carduus  et  Scutellaria,  dont  il  a  décrit  plusieurs  formes 
nouvelles. 

Note  sur  l'Ophioglossum  lusitanieum,  Linn.,  communiquée 

à  la  Soc.  linn.  de  Londres. 

Un  botaniste  anglais,  M.  Wolsay,  a  fait,  cette  année,  la  découverte  de 
cette  petite  plante  dans  l'île  de  Guernesey,  sur  les  rochers  qui  bordent  la 
baie  du  petit  port.  On  sait  que  cette  fougère  se  rencontre  a  Brest  et  sur 
plusieurs  autres  points  des  côtes  de  la  France  ainsi  que  de  la  péninsule 
Hispanique,  et  en  général,  dans  toute  la  région  méditerranéenne.  Son 
habitat  s'étend  au  sud,  jusqu'aux  îles  Canaries  et  à  Madère. 

Dernièrement,  M.  T.  Moore,  en  rendant  compte  de  la  découverte  de 
M.  Wolsay,  a  fait  remarquer  qu'un  des  traits  les  plus  caractéristiques  de 
l'histoire  de  cette  plante  curieuse,  c'est  la  précocité  de  son  développement. 
M.  Wolsay  l'a  rencontrée  en  pleine  fructification  dès  le  milieu  de  janvier, 
et  il  a  vu  ses  frondes  se  détruire  peu  après.  Étant  avertis  de  cette  particu- 
larité, les  botanistes  en  feront  peut-être  la  découverte  dans  des  localités  où, 
jusqu'ici,  on  n'en  a  pas  soupçonné  l'existence. 


REVUE    BIBLIOGRAPHIQUE.  31 

Ensayo  tic  ah  usa  Flora  faiiei'ogamica  £-alIe%-a,  ampliatla 
eon  ■ii(lieacioiie.«;  aeerea  los  «asos  meriicos  de  las 
especies  que  se  «îescriweii  (  Essai  d'une  Flore  phanérogamique 
de  la  Galice),  par  don  José  Planellas  Giralt.  1  vol.  in-8  de  652  pages; 
Santiago,  1852. 

Sous  ce  titre,  l'auteur  donne  une  description  succincte  des  plantes  qui 
croissent  spontanément  en  Galice,  ainsi  que  de  celles  qui  y  sont  le  plus 
fréquemment  cultivées,  avec  l'indication,  quand  il  y  a  lieu,  de  leur  emploi 
en  médecine  et  dans  les  arts  ou  l'économie  domestique.  La  partie  descrip- 
tive est  précédée  d'une  introduction  assez  étendue  dans  laquelle  on  trouve 
un  résumé  des  travaux  botaniques  faits  en  Galice,  un  tableau  de  la  géo- 
graphie physique  de  cette  région,  et  enfin  un  aperçu  de  la  distribution  gé- 
nérale des  végétaux  qui  composent  sa  Flore,  et  que  l'auteur  compare  à 
celle  des  pays  voisins. 

Icônes  et  «ieseriptiones  plasitantm  novarum  eritieartim 
et  s'arioeum  Europa?  aiistro-occidenlalis,  pra*eipue 
Hispanise ,  auctore  Mauritio  Willkomm.  Tomus  primus,  fascic.  I-V. 
Lipsiœ,  1852-1856 ,  in-4. 

La  publication,  qui  date  déjà  de  quelques  années,  du  bel  ouvrage  de 
M.  Boissier,  intitulé  :  Voyage  botanique  dans  le  midi  de  l'Espagne,  a 
appelé  l'attention  sur  la  flore  de  ce  pays.  Plusieurs  découvertes  ont  été  faites 
dans  ces  dernières  années  en  Espagne,  en  Portugal  et  en  France.  On  a 
trouvé  dans  ces  pays,  et  particulièrement  dans  le  sud-ouest  de  la  France  et 
en  Corse,  un  nombre  considérable  de  plantes  nouvelles  qui,  pour  la  plu- 
part n'ont  pas  encore  été  figurées  et  dont  il  n'existe  (de  même  que  pour  les 
plantes  découvertes  en  Espagne)  qu'un  petit  nombre  d'échantillons  dans  les 
herbiers  de  France  et  de  Suisse.  La  rareté  et  souvent  l'importance  botanique 
de  ces  espèces,  les  rendaient  plus  dignes  d'être  décrites  et  figurées  que  bien 
des  plantes  d'une  autre  partie  de  l'Europe. 

Aon  seulement  M.  Willkomm  se  propose,  de  figurer  ces  plantes  dans 
l'ouvrage  qu'il  fait  paraître  sous  le  titre  à" Icônes,  etc.,  mais  il  veut  y  ajouter 
encore  les  descriptions  et  les  figures,  d'après  des  échantillons  originaux,  de 
certaines  espèces  qui  n'ont  jamais  été  publiées  ou  qui  ont  été  illustrées  d'une 
manière  inexacte,  dans  des  ouvrages  rares  et  particulièrement  par  les  anciens 
botanistes  espagnols  et  portugais,  tels  que  Ortega,  Asso  ,  Cavanilles,  Bou- 
telou,  Clémente,  Lagasca,  Brotero ,  l'abbé  Lourret ,  etc.  M.  Willkomm 
annonce  dans  le  prospectus  d'où  sont  extraits  les  détails  qui  précèdent,  que, 
parmi  les  nouvelles  découvertes  qui  trouveront  place  dans  les  Icônes,  il  petit 
mentionner  les  suivantes:  1°  Les  espèces  nouvelles  trouvées  par  M.  Léon 
Du  four  dans  la  Valence,  l'Aragon  et  la  Navarre;  par  M.  Durieu  de  Maison- 


32  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

neuve  dans  les  Asturies;  par  M.  Webb  dans  le  midi  de  l'Espagne  et  en 
Portugal;  par  le  comte  Hoffmannsegg  et  MM.  Link,  Welwitsch,  etc.,  en 
Portugal  ;  2°  les  espèces  nouvelles  trouvées  par  M.  Boissier  ,  en  Espagne,  et 
qui  n'ont  pas  été  publiées  dans  sonVoyage  ;  par  M.  Reuter  dans  la  Nouvelle- 
Cnstille  et  dans  les  montagnes  de  Guadarrama,  en  1841,  et  par  lui-même 
dans  ses  voyages  en  Espagne  et  en  Portugal  ;  3°  les  plantes  du  docteur  Funk, 
de  M.  Bourgeau ,  les  espèces  nouvelles  du  Pugillus  de  MM.  Boissier  et 
Reuter,  de  la  Flore  française  de  MM.  Grenier  et  Godron;  les  plantes 
décrites  par  M.  Jordan  ,  appartenant  au  midi  de  la  France,  et  celles  que 
pourrait  publier  M.  Moquin-Tandon  dans  sa  Flore  de  la  Corse. 

Les  Icônes  de  M.  Willkomra  sont  arrivés  à  leur  cinquième  fascicule  qui 
renferme  les  planches  29-35.  Ces  planches,  du  format  in-4,  comme  le  texte, 
et  souvent  dessinées  dans  le  format  in-folio  et  pliées  en  deux  ,  sont  gravées 
et  coloriées  de  même  que  dans  le  Voyage  de  M.  Boissier.  LesThalamiflores, 
groupe  des  Sileneœ,  commencent,  l'ouvrage,  et  les  fascicules  publiés  jusqu'à 
présent  sont  consacrés  aux  genres  Dianthus ,  Melandrium ,  Eudyanthe , 
Pelrocoptis,  Gypsophila  t  Saponaria  et  à  une  partie  du  genre  Silène.  Aucune 
espèce  absolument  nouvelle  ne  se  trouve  décrite,  dans  les  cinq  livraisons 
qui  font  l'objet  de  cet  article. 

Florula  IBonu  Koiigeiisis  (Floride  de  Hong-kong).  ( Hooker's 
Journal  of  Botany,  vol.  VI,  1854,  p.  1.) 

M.  George  Bentham  continue,  dans  cet  article,  rénumération  des  plantes 
recueillies  dans  l'ile  de  Hong-kong  par  le  major  J.-G.  Champion.  Cet  offi- 
cier, qui  a  séjourné  pendant,  trois  ans  dans  cette  île,  est  revenu  en  Europe 
en  1850,  avec  une  collection  de  cinq  à  six  cents  plantes  phanérogames, 
comprenant,  à  quelques  exceptions  près,  toutes  les  espèces  déjà  trouvées 
dans  l'île  par  M.  Hinds,  et  un  nombre  considérable  de  plantes  tout  à  fait 
nouvelles  ou  qui  n'avaient  pas  encore  été  rencontrées  sur  la  côte  chinoise. 
M.  Champion  a  remis  une  collection  de  ces  plantes  à  M.  Bentham,  qui  a 
revu  le  tout  et  dans  l'herbier  duquel  sont  déposés  les  échantillons  originaux 
des  espèces  qu'il  décrit  dans  le  Journal  of  Botany. 

Depuis  l'année  1851,  M.  Benlham  publie  les  déterminations  de  ces  plantes, 
et  le  premier  cahier  de  1854  du  Journal  of  Botany  présente  la  suite  de  ce 
travail.  L'article  dont  il  est  ici  question  est  consacré  à  la  famille  des  Eu- 
phorbiaciées,  et  renferme,  dans  ses  neuf  pages  d'impression,  un  genre  nou- 
veau (Stipellaria)  composé  de  cinq  espèces  ainsi  dénommées  :  £.  trewioides, 
mollis,  villosa,  tiliœfolia  et  parviflora,  et  trois  autres  espèces  également 
nouvelles  appartenant,  à  trois  genres  différents,  savoir:  Stillingia  discolor, 
Croton  lachnocarpum  et.  Glochidion  eriocarpum. 


REVUE   BIBLIOGRAPHIQUE.  33 

Flora  of  Neiv-Zealand  [Flore  de  la  Nouvelle-Zélande),  par 
J.-l).  Hooker,  part.  V.  In-h  de  80  pages,  avec  20  planches. 
Londres,  185/u 

Cette  livraison  commence  le  deuxième  volume  de  la  Flore  de  la  Nou- 
velle-Zélande,  qui  elle-même  constitue  la  troisième  partie  du  Botany  of 
the  antarctic  voyage,  publiée  par  l'infatigable  voyageur  et  botaniste 
M.  Joseph  Dalton  Hooker. 

Elle  comprend  les  ordres  ou  familles  des  Fougères,  des  Lycopodiacées. 
des  Marsiléacées,  des  Characees  et  le  commencement  de  la  famille  des 
Mousses. 

Les  Fougères  décrites  sont  au  nombre  de  cent  cinq.  Le  recensement  publié 
en  1846,  par  M.  Raoul  {Choix  de  plantes  de  la  Nouvelle-Zélande) ,  en  a 
compté  cent  quatre;  on  peut  donc  admettre  avec  probabilité  que  la  Nouvelle- 
Zélande  n'eu  renferme  pas  beaucoup  plus  de  cent  espèces.  II  est  vrai  que 
M.  Dalton  Hooker  réunit  sous  un  même  nom,  notamment  dans  les  genres 
Gleichenia,  ffymenophyllum,  Cheilanlhes ,  Asplenium,  Opkioglossum,  des 
plantes  que  MM.  Robert  Rrown,  Hooker  père,  Kunze,  etc.,  considèrent 
comme  des  espèces  distinctes.  M.  D.  Hooker  regarde  comme  simples  va- 
riétés de  V Opkioglossum  vulgare,  les  0.  eostatum,  Rr.,  0.  gramineinn, 
Willdi,  et  YO.  lusitfinicum ,  ce  qui  pourra  devenir  un  sujet  d'étonnement 
pour  les  botanistes  européens.  Mais  à  côté  de  ces  réunions,  l'auteur  fait 
connaître  sept  espèces  nouvelles,  savoir  :  Cyathea  Cunninghamï,  Cyathea 
Smithii,  figuré,  tab.  72.  Alsophila  Colensoi ,  Hymenophyllum  Lyalli , 
Tricltomanes  Colensoi,  Lomaria  Banhsii ,  figuré  tab.  76,  Asplenium  Ri- 
chardi. 

Les  Lycopodiacées  comptent  treize  espèces,  toutes  déjà  connues.  Les 
Marsiléacées  sont  représentées  par  YAzolla  rubra,  Br.,  et  les  Characees  par 
la  Nitella  Hookeri,  Alex.  Braun. 

La  livraison  comprend  quatre-vingt-treize  Mousses,  dans  les  tribus  des 
Andréacées,  Sphagnacées  et  Rryacées,  et  sur  ce  nombre  les  planches  en 
représentent  cinquante-trois,  avec  les  grossissements  convenables. 

Les  espèces  nouvelles  sont  :  Phnsann  apieulatum;  —  Weissia  floripes; 
Fissulens  rigidulus  ,  brevifolîus,  œruginosus,  tenellus,  pallidus,  oblongi- 
folius,  ligulatus,  dealbatus ;  —  Campylopus  pallidus,  —  Trichostomum 
hngulalum,  phœum  ,  setosum,  fusceseens  ;  —  Didymodon  papillatus  ;  — 
Ortliotrichum  calvum.  —  Toutes  ces  plantes  sont  figurées.  Le  nombre  des 
nouveautés  serait  plus  grand,  si  déjà  une  certaine  quantité  n'avait  été 
signalée  dans  la  première  partie  de  la  Flora  antarctica',  relative  aux  iles 
Campbell  et  Auckland. 

La  Nouvelle-Zélande  produit  aussi  des   Mousses  réputées  européennes, 
entre  autres  les  Sphagnumcymbifolium,  compnctùm  et.  cuspidatum,  Weissia 
t.    i.  » 


34  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

controversa,  plusieurs  Fissidensel  Dicranum,  le  Tortula c/doronotos,  Brid., 
propre  jusqu'à  présent  à  la  zone  méditerranéenne,  le  Ceratodon  purpu- 
reus,  etc.  On  y  trouve  en  outre  le  Conomitriwn  Dillenii ,  Montag.,  plante 
américaine  jusqu'à  ce  moment. 

Les  livraisons  suivantes  seront  très  prochainement  publiées,  l'ouvrage 
entier  étant  terminé. 

Cyneracerc  Ciimingianrc  [Insularum  Philippinensium)  Herbarii 
Lindleyani ,  auctore  Neesio  ab  Esenbeck,  1849.  [Journal  of  Rotany^ 
vol.  VI,  1854,  p.  27.) 

Cet  article,  communiqué  par  M.  Lindley,  est  consacré  à  la  détermination 
de  trente-neuf  espèces  de  Cyp^racées,  dont  six  nouvelles,  avec  les  numéros 
correspondant  à  ceux  des  échantillons  de  cette  collection.  Voici  les  nu- 
méros et  les  noms  de  ces  six  espèces  :  K°  2437.  Cyperus  (Pycreus)  lampro- 
carpus  ;  n°  w2372.  Mariscus  irroratus;  932.  Baumea  falcata;  807.  Remirea 
wightiana;  1764.  Carex  cirrhulosa  ;  1795.  C.  oliyostachya. 

Notices  of  sonie  new  species  of  ]?Iosses  froiu  f  lie  Pacific 

Islands ,  in  the  Collection  of  the  United  States  exploring  expédition 
under  captain  Wilkes  [Notices  sur  quelques  nouvelles  espèces  de  Mousses 
des  îles  de  l'Océan  pacifique),  par  M.  William  S.  Sullivant.  Cambridge, 
janv.  1854,  12  p.  in-8. 

Les  Mousses  décrites  dans  cette  notice  ont  été  ainsi  présentées  pour 
assurer  a  l'expédition  la  priorité  de  ses  découvertes.  Des  notices  semblables 
sur  de  nouvelles  Mousses  et  Hépatiques  de  la  Terre  de  feu  et  de  l'Orégon, 
et  appartenant  à  la  même  collection,  ont  déjà  paru  dans  le  second  volume 
du  Journal  of  Rotany  de  sir  W .-.T.  Hooker,  vol.  II,  1850. 

Vingt-quatre  espèces  nouvelles  de  Mousses,  y  compris  une  espèce  rap- 
portée avec  doute  au  genre  Hypnum,  se  trouvent  décrites,  chacune  assez 
longuement,  dans  les  douze  pages  de  cette  brochure.  Ces  douze  espèces  sont 
rapportées  aux  sept  genres  suivants  :  Hypnum  (16  espèces),  Hookeria  (3), 
Mniadelphm  (1),  Pilotrichwn  (1),  Cryphœa  (1),  Neckera  (1)  et  Rhizo- 
gonium  (1). 

Décades  de  Champignons,  parle  rév.  M.-J.  Berkeley.  (Hooker's 
Journal  of  Rotany,  vol.  VI,  1854,  p.  129-143.) 

Le  numéro  de  mai  du  Hooker's  Journal  of  Rotany,  renferme  les  décades 
41-43  des  Champignons  publiés  par  le  révérend  M.-J.  Berkeley.  Ces  trois 
décades  donnent  le  signalement  et  la  description  des  espèces  rapportées  de 
l'Himalaya  et  de  la  péninsule  indienne  par  les  docteurs  Hooker  et  Thomson 
ou  envoyées  de  Ceylan  par  M.  Thwaites.  Sur  ce  nombre  de  30  espèces,  on 


ItEVIE    BIBLIOGRAPHIQUE.  30 

compte  3  Agarics,  1  Lactarius:,  3  Lentinus,  1  Xerotw,  3  Lénzites,  3  Bolets 
et  16  Polypores. 

Voici  l'indication  de  ces  espèces  nouvelles  :  1.  Agoricus  (f.epiota)  mon- 
tosns;  2.  A.  (Naucoria)  A7iasiensis;  3.  A.  (Psailiota)  fulviceps ;  h.  Lacta- 
rius  slramineus ;  5.  Lentinus  nepalensis  ;  6.  L.  prœrigidus ;  7.  L.  inqui- 
ntms ;  8.  A'erotus  lobatus;  9.  Lenzites  oèàrophylius ;  10.  /..  eximia; 
11.  L.  subferruginea;  12.  Boletus  flavipes ;  13.  B.  pusillus;  14.  B.  verru- 
carius;  15.  Polyporus  (Mesopus)  nodipes  ;  16,  P.  (Mesopus)  florideus; 
17  /'.  (Pleuropus)  versi forints  ;  1$.  P.  (Pleuropus)  pudens ;  19.  P.  (Pleu- 
ropus) vallatus;  20.  P.  (Pleuropus)  squnma'formis;  21.  P.  (Merisma) 
flmumans;  22.  /\  (Anodermei)  digitalis;  23.  /*.  (Anodermei)  vivax; 
1h.  P.  (Anodermei)  elat irais  ;  25.  P.  (Placodermei)  medullaris  ;  26.  P. 
(Placodermei)  adamantinus  ;  27.  /'.  (Placodermei)  endop/tœus  ;  28.  /J.  (Pla- 
codermei)  Tkoinsoni ;  29.  /J.  (Placodermei)  scoptdosus;  30.  /'.  (Placo- 
dermei) sernitostus. 

Sltoi»t  cliaraeters  of  titrée  new  Algrc  front  tlte  sltores 
of  Ceylatt  [Caractères  succincts  de  trois  nouvelles  A/ gués  des  côtes  de 
Ceyluu,  par  M.  W.-H.  Harvey).  (Hooker's  Journal  of  Botany,  vol.  VI, 
185Zi,p.  U3-ia5,  pi.  V,  VI.) 

M.  W.-H.  Harvey,  qui  exécute  en  ce  moment  un  grand  voyage  bota- 
nique, a  déjà  adressé  de  Ceylan  à  sir  William  Hooker,  une  petite  notice 
sur  trois  magnifiques  thalassiophytes ,  découvertes  par  lui  sur  les  côtes  de 
cette  île.  Ces  Algues  appartiennent  à  la  tribu  des  Floridées  qui  renferme  les 
genres  Claudea,  Martensia,  Dictyurus,  et  l'une  d'elles  vient  ajoutera  cette 
tribu  un  nouveau  genre  sous  le  nom  de  Vanvoorstia  spectabilis  (tab.  V.). 
Les  deux  autres  sont  un  Claudea  multifida  (tab.  VI.),  et  un  Martensia 
fragilis. 

BOTANIQUE  APPLIQUÉE. 

Kew  Garden  IVIusettm  [Musée  du  jardin  de  Kew).  (Hooker's 
Journal  of  Botany,  vol.  VI,  185&,  p.  10.) 

Sir  W.-J.  Hooker  s'est  proposé  de  donner,  dans  une  série  d'articles, 
dont  le  premier  a  paru  en  1853,  une  notice  sur  l'origine  du  Musée  de 
Botanique  économique  attaché  au  jardin  royal  de  Kew,  et  sur  quelques- 
uns  des  produits  végétaux  qu'il  renferme.  On  sait  que  sir  W.  Hooker, 
directeur  du  jardin  de  Kew,  a  créé  ce  musée  dans  le  but  de  rendre  ser- 
vice non  seulement  aux  botanistes,  mais  encore  aux  marchands,  aux 
manufacturiers,  aux  médecins,  aux  droguistes,  aux  charpentiers,  etc., 
qui  peuvent  y  trouver  les  matériaux  employés  dans  leurs  diverses  proies- 


r>(5  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DR   FRANCE. 

sions,  correctement  nommés,  et  accompagnés  d'une  note  sur  leur  origine, 
sur  leur  histoire,  etc.,  soit  attachée  aux  échantillons,  soit  rappelée  dans  un 
catalogue  populaire. 

L'article  que  nous  annonçons  ici  est  consacré  aux  Papavéracées.  Il  ren- 
ferme un  rapport  très  intéressant  sur  le  système  de  culture  du  Papaver  som- 
niferum,  et  la  préparation  de  ïopiwu  dans  l'établissement  de  Benares, 
extrait  des  Archives  du  gouvernement  du  Bengale. 

Quinologie,  ou  Mes  Quinquinas  et  des  questions  qui, 
tlans  l'état  présent  de  la  scienee  et  du  commerce,  s'y 
rattachent  avec  le  plus  d'actualité,  1  vol.  \n-h,  avec  23  pi. 
Chez  Germer  Baîllièfe,  rue  de  l'École-de-Médecine,  17. 

MM.  Aug.  Delondre  et  A.  Bouchardat  viennent  de  puhlier  sous  ce  titre 
un  ouvrage  dont  le  sujet  est  lié  à  la  Botanique  par  des  liens  trop  intimes 
pour  que  nous  ue  croyions  pas  devoir  en  donner  ici  l'analyse.  Dans  ce  tra- 
vail, qui  présente  une  iconographie  presque  complète  des  Quinquinas  du 
commerce  européen,  les  auteurs  paraissent  avoir  eu  pourohjet  essentiel  de 
réhabiliter  dans  l'esprit  public  les  écorces  de  la  Nouvelle-Grenade,  ces  pro- 
duits ayant  été  affectés  pendant  longtemps  d'un  discrédit  qu'ils  regardent 
comme  peu  mérité.  Les  lignes  suivantes,  qui  forment  l'épigraphe  du  livre  de 
MM.  Delondre  et  Bouchardat,  disent  quels  sont  les  caractères  qui  devraient 
selon  eux,  être  employés  de  préférence  dans  la  classification  des  écorces  du 
quinquina:  «  Il  en  a  été  de  même  jusqu'à  nos  jours  de  tous  les  Quinquinas  ; 
»  chacun  a  fourni  sa  dénomination  particulière,  et,  à  la  suite  de  tant  de  dis- 
»  eussions  sur  la  classification  botanique  des  espèces  et  sur  leur  efficacité, 
»  il  est  né  une  confusion  que  l'analyse  seule,  à  notre  avis,  peut  faire  cesser, 
»  en  présentant  les  écorces  sous  le  nom  de  leur  provenance  et  avec  leur  va- 
»  leur  en  alcaloïdes.  D'après  cette  manière  de  voir,  nous  avons  eu  pour  but 
»  de  faire  plutôt  un  traité  pratique  qu'un  ouvrage  de  science.  » 

Le  côté  botanique  de  la  question  des  Quinquinas  est,  en  effet,  presque 
complètement  laissé  de  côté  dans  l'ouvrage  tout  pratique  que  nous  exami- 
nons ;  le  passage  suivant,  que  nous  citons  aussi  textuellement,  étant  le  seul, 
pour  ainsi  dire,  qui  l'effleure:  «  Outre  la  certitude  que  nous  avons  acquise 
»  de  la  valeur  thérapeutique  de  chaque  écorce,  grâce  aux  travaux  immor- 
■>  tels  de  Pelletier  et  Caventou,  il  nous  a  été  permis  d'étudier  les  feuilles  des 
»  quinquinas  de  la  Nouvelle-Grenade,  recueillies  dans  diverses  parties  des 
»  montagnes,  et  qui  ne  nous  paraissent  pas  différer  des  feuilles  que  nous 
»  avons  vues  dans  les  forêts  de  Santa-Ana  (1)  et  de  celles  qui  proviennent 
»  de  notre  première  expédition  en  Bolivie.  Cette  collection  ,  composée  de 

(1)  Village  du  Pérou  situé  au  nord  de  Cuzco. 


REVUE    BIBLIOGRAPHIQUE.  37 

»  trente  spécimens,  qui  nous  a  ete  donnée  pardon  Kafaei  Duque  Uribe,  de 
»  Bogota,  est  jointe  aux  échantillons  de  toutes  les  écorces  de  quinquina  que 
)>  nous  avons  décrites  et  que  nous  avons  réunies  pour  les  offrir  au  Muséum 
»  d'histoire  naturelle.  » 

Le  texte  du  volume  de  MM.  Détendre  et  Bouchardat  comprenant  environ 
Zi8  pages,  est  divisé  en  quatre  parties  :  La  première  (Aperçu  historique  des. 
Quinquinas,  p.  3  à  p.  15),  contient  une  revue  des  explorations  entreprises 
dans  les  régions  où  croit  l'arbre  du  quinquina  et  l'exposé  des  faits  relatifs  à 
la  découverte  de  ses  propriétés.  Tout  ce  qui  touche  à  la  vie  de  Mutis,  l'un 
de  ceux  à  qui  l'on  doit  la  découverte  du  quinquina  dans  les  forêts  de  la 
Nouvelle-Grenade,  y  est  traité  avec  une  sorte  de  prédilection.  Quelques  au- 
teurs, on  le  sait,  ont  disputé  au  célèbre  directeur  de  l'expédition  botanique 
de  laNouvelle-Greiuide,  une  partie  de  ses  titres  à  l'admiration  de  la  posté- 
rité ;  MM.  Détendre  et  Bouchardat  ont  cherché,  de  leur  côté,  à  le  réhabiliter 
et  à  prouver  qu'il  méritait  bien  ce  titre  pompeux,  bien  qu'un  peu  vide,  de 
Phytologorum  americanorum  princeps  que  se  plaisait  à  lui  donner  Linné. 
Les  auteurs  du  livre  que  nous  parcourons,  attachent  une  grande  importance 
à  démontrer  que  le  nombre  de  quatre  espèces  de  quinquina  découvertes  par 
Mutis  des  l'année  1792,  était  arrive  a  sept  en  1800;  car  ils  pensent  avoir  re- 
trouvé dans  le  commerce  d'aujourd'hui  ces  mêmes  variétés  dont  Mutis 
s'était  plu  a  constater  et  à  louer  les  propriétés  bienfaisantes. 

Nous  passerons  la  seconde  partie  de  l'ouvrage  (Episode  du  voyage  de 
M.  Aug.  Delondre  dans  tes  mers  du  Sud,  p.  16  à  p.  22),  pour  arriver  à  la 
troisième  partie  ou  Description  des  Quinquinas,  m  suivant  la  chaîne  des 
Andes  depuis  la  Bolivie  jusqu'à  la  Nouvelle-Grenade.  Ainsi  que  l'a  donné 
à  entendre  une  des  citations  faites  plus  haut,  les  ecorces  commerciales  se 
trouvent  ici  décrites  dans  l'ordre  de  la  station  géographique  des  arbres  qui 
les  fournissent,  en  commençant  par  le  quinquina  Calisayade  la  Bolivie  et  en 
finissant  par  le  quinquina  de  Maracaybo,  à  la  suite  duquel  sont  énurnerés 
quelques  quinquinas  de  qualité  inférieure  et  plusieurs  autres  écorces  sans 
valeur  (1  )  confondues  à  diverses  époques  avec  le  produit  des  arbres  du  genre 
Cinchona. 

Des  ligures  coloriées,  lithographiees  avec  beaucoup  de  soin,  par  M.  Bion, 
sont  jointes  aux  descriptions,  et  les  auteurs  ont  eu  soin  d'indiquer  eu  marge 
de  chacune  des  planches,  d'après  les  analyses  faites  en  fabrique,  par  l'un 


(J)  Un  fait  très  remarquable,  signalé  par  MM.  Delondre  et  Bouchardat  au  sujet 
des  faux  quinquinas,  c'est  la  présence  dans  deux  d'entre  eux  des  alcaloïdes  que 
plusieurs  auteurs  ont  cru  jusqu'ici  être  l'apanage  des  seules  espèces  du  genre  Cin- 
chona. L'une  de  ces  deux  écorces  est  le  quinquina  blanc  de  Mutis,  produit  par  une 
espèce  du  genre  Cascarilla,  Wedd.  ;  l'autre  est  le  quinquina  des  îles  Lagos,  écorce 
importée  des  côtes  de  l'Afrique,  et  dont  on  ignore  complètement  l'origine  botanique. 


38  KEYTE    BIBLIOGRAPHIQUE. 

d'eux  (M.  Aug.  Delondre),  les  quantités  relatives  de  quinine  et  de  cmcho- 
nine  contenues  dans  chacune  des  écorces  qui  s'y  trouvent  représentées. 

L'espace  nous  manque  pour  suivre  les  auteurs  au  milieu  des  détails  rela- 
tifs à  chaque  espèce  commerciale.  Nous  ne  pouvons  cependant  omettre  de 
faire  remarquer  que  relativement  à  l' identification  de  l'écorce  à  laquelle 
Mutis  appliquait  le  nom  de  quinquina  rouge,  MM.  Delondre  et  Bouchardat 
émettent  une  opinion  différente  de  celle  des  auteurs  qui  les  ont  précédés. 
Pour  ces  derniers,  le  quinquina  rouge  de  Mutis  serait  une  écorce  sans  valeur 
produite  par  un  arbre  étranger  au  genre  cinchona  (Cascarilla  magni folia , 
Wedd.),  tandis  que  pour  MM.  Delondre  et  Bouchardat  le  quinquina  rouge 
de  Mutis  ne  serait  autre  que  la  variété  d'écorce  du  Cinchona  lanci folia  dont 
on  a  retiré  si  particulièrement  dans  ces  derniers  temps  l'alcaloïde  connu 
sous  le  nom  de  quinidine,  mais  que  ces  auteurs  ne  considèrent  que  comme 
un  état  particulier  d'hydratation  de  la  quinine. 

Enfin,  un  point  de  l'examen  purement  chimique  des  écorces  a  également 
attiré  notre  attention.  Il  semhle,  d'après  les  expériences  de  M.  Delondre, 
qu'il  y  aurait  dans  certains  cas  conversion  réciproque  des  alcaloïdes  des 
quinquinas  et  notamment  de  la  cinchonine  en  quinine.  Telles  écorces,  en 
effet,  qui,  traitées  séparément,  fournissent  des  proportions  déterminées  de 
quinine  et  de  cinchonine,  donnent,  étant  traitées  en  mélange,  des  proportions 
différentes  de  ces  mêmes  alcaloïdes;  la  proportion  de  la  quinine  augmen- 
tant en  raison  de  la  diminution  de  la  cinchonine. 

Les  Quinquinas  les  plus  riches  en  quinine,  d'après  les  analyses  de 
M.  Delondre,  sont  le  Calisaya  de  Bolivie  et  le  Calisaya  de  Santa-Fé  (Nou- 
velle-Grenade), qui  produiraient  tous  les  deux  de  30  à  32  grammes  de  sul- 
fate de  quinine  par  kilogramme,  le  rouge  vif  de  l'équateur  et  le  Pitayo 
(Nouvelle-Grenade) ,  qui  fourniraient  20  à  25  grammes  du  même  sel. 
L'espèce  qui  contiendrait  la  plus  grande  proportion  (30  grammes  par  kilo- 
gramme d'écorce)  de  cinchonine  serait  le  jaune  de  Guayaquil.  Ces  chiffres 
parlent  très  éloquemment,  il  faut  le  reconnaître,  en  faveur  de  la  zone  sep- 
tentrionale de  la  région  des  quinquinas. 

MM.  Delondre  et  Bouchardat  terminent  leur  traité  par  un  chapitre 
(4e  partie.  —  Déductions  pratiques,  p.  43  à  45)  où  ils  appellent  l'attention 
des  médecins  sur  l'emploi  de  la  cinchonine,  oubliée  par  beaucoup  d'entre 
eux,  malgré  son  efficacité  reconnue,  au  profit  de  quelques  prétendus  succé- 
danés dont  les  vertus  sont  tout  au  moins  fort  problématiques'. 


MELANGES  ET  NOUVELLES. 


Sur  le  Welliiigtonia  gigantea.  (Gardener's  Chronicle,  numéros 
des  2k  décembre  1853,  \k  janvier  et  10  juin  185/t.) 

Il  n'est  guère  de  journal  où  il  n'ait  été  question  dans  ces  derniers  temps 
de  l'arbre  immense  décrit  récemment  en  Angleterre,  sous  le  nom  de  Welling- 
tonia  gigantea.  Voici  quelques  détails  sur  cet  arbre,  tirés  essentiellement 
des  articles  écrits  à  ce  sujet  par  M.  Lindley  dans  le  Gardener's  Chronicle 
(numéros  des  2k  décembre  1853,  \k  janvier  et  10  juin  185/r). 

L'infortuné  Douglas,  lors  de  son  dernier  voyage  en  Californie,  écrivait  à 
sir  William  Hooker  :  «  L'arbre  qui  imprime  à  la  végétation  de  la  Californie 
»  le  plus  beau  cachet  est  une  espèce  de  Taxodium  ;  il  donne  aux  montagnes 
»  un  aspect  tout  spécial  (j'allais  dire  imposant)  qui  nous  dit  clairement 
»  que  nous  ne  sommes  pas  en  Europe.  J'en  ai  mesuré  quelques  individus, 
»  dont  la  longueur  était  de  270  pieds  (82m,350)  et  la  circonférence  de 
»  32  pieds  (9m,760),  à  3  pieds  du  sol.  Quelques-uns  ont  même  plus  de 
»  300  pieds  du  haut  (91n,,500);  mais  chez  aucun,  l'épaisseur  du  tronc  ne 
»  surpasse  celle  que  j'ai  indiquée.  » 

Quel  était  cet  arbre?  c'est  ce  que  l'on  n'a  pas  pu  savoir  exactement. 
M.  Lindley  a  d'abord  pensé  et  quelques  autres  personnes  pensent  encore 
qu'il  pourrait  bien  être  le  même  que  celui  dont  il  est  question  dans  une  note 
envoyée  à  M.  Veitch  d'Exeter  par  son  habile  collecteur  M.  W.  Lobb,  mais 
il  parait  aujourd'hui  probable  que  l'arbre  de  Douglas  [Séquoia  gigantea, 
Kndlich.)  n'est  autre  que  le  Séquoia  sempervirens  (1). 
Voici  la  note  de  M.  Lobb  sur  le  Wellingtonia  : 

«  Ce  magnifique  arbre  vert,  dit-il, mérite  bien  par  ses  dimensions  extraor- 
»  dinaires  le  titre  de  monarque  des  forêts  californiennes.  Il  habite  un  district 
»  écarté,  sur  les  pentes  élevées  de  la  Sierra-Nevada ,  près  des  sources  des 
»  rivières  de  Stanislas  et  de  San-Antonio,  par  30°  lat.  N  et  120°10' 
»  long.  (2)  O.,  à  une  élévation  d'environ  5,000  pieds  au-dessus  du  niveau  de  la 
»  mer.  Il  en  existe  de  8(1  à  90  individus  se  rencontrant  tous  dans  une  étendue 
»  d'environ  un  mille  carré  et  variant  pour  la  hauteur  de  250  à  320  pieds 

(1)  Voyez,  à  ce  sujet,  une  lettre  de  M.  Lobb,  dans  le  numéro  2  du  Gard.  Chrun.. 
1854. 

(2)  De  l'observatoire  de  Greenwïch. 


/]()  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    l)E    ii'.A.NCK. 

»  (76"',250  a  97'", (500),  et,  pour  le  diamètre  du  tronc-,  de  lOu  20  pieds  (3'", 50 
»  à  6m,100).  Leur  mode  de  végétation  ressemble  beaucoup  à  celui  du 
»  Séquoia  (  Taxodium)  sempervirens  ;  les  uns  sont  solitaires,  d'autres  croissent 
»  par  paires  et  assez  souvent  en  groupes  de  3  ou  h  individus.  Le  tronc  d'un 
»  arbre  récemment  abattu  avait  environ  300  pieds  de  long  (91'", 500),  et  un 
»  diamètre  de  29  pieds  2  pouces  (18"\N96),  en  y  comprenant  l'écorce,  à 
»  5  pieds  de  terre  ;  à  18  pieds  de  terre,  le  diamètre  était  de  \h  pieds  6  pouces 
»  {h"',hT2)  ;  à  une  hauteur  de  100  pieds,  il  était  de  1  U  pieds  6  pouces  (V,270); 
»  enfin,  à  200  pieds  de  terre,  son  épaisseur  était  encore  de  5  pieds  5  pouces 
»  (im,652).  L'écorce,  dont  la  couleur  est  à  peu  près  celle  de  là  cannelle,  a 
»  une  épaisseur  de  12  à  15  pouces.  Les  rameaux  sont  cylindriques,  un  peu 
»  pendants  et  ressemblent  un  peu  à  ceux  d'un  cyprès  ou  d'un  genévrier.  Les 
»  feuilles  sont  d'un  vert  pâle  ;  celles  des  plus  jeunes  arbres  sont  étalées  et  se 
»  terminent  en  pointe  aiguë  et  acuminée.  Les  cônes  ont  une  longueur  de 
»  2  pouces  et  demi  et  un  diamètre  de  2  pouces  dans  leur  partie  la  plus 
»  épaisse.  Le  tronc  de  l'arbre  dont  je  parlais  plus  haut  était  sain  dans  toute 
»  ses  parties;  son  âge,  à  en  juger  par  le  nombre  des  cercles  concentriques 
»  qu'il  présentait,  devait  être  de  trois  mille  ans  ;  son  bois  est  léger,  tendre  et 
»  d'une  teinte  rougeâtre,  comme  celui  du  Taxodium  sempervirens.  L'écorce 
»  de  ce  végétal  monstre  en  a  été  retirée  jusqu'à  la  hauteur  de  21  pieds,  pour 
«  être  exposée  à  San-Fiancisço ,  où  elle  forme  (les  morceaux  ayant  été 
»  rajustés)  une  chambre  spacieuse,  tapissée  et  contenant  un  piano  et  des 
»  sièges  pour  40  personnes.  Un  jour,  140  enfants  y  ont  tenu  sans  se 
»  gêner  (1).  » 

Un  autre  récit  relatif  au  même  sujet  et  probablement  de  même  date 
(juillet  1853),  a  paru  plus  récemment  dans  le  même  journal;  mais  il  ajoute 
peu  aux  détails  donnés  par  M.  Lobb, 

Voici  maintenant  les  caractères  génériques  du  genre  Wellington^  tels 
qu'ils  sont  donnes  par  M.  Lindley:  —  Strobilus  oblongus  liguais;  squamis 
numerosis,  cuneatïs,  truncatis,  per  apophysin  transverse  (ob  bracteam  wqui- 
longam  omninè  adnatam)  sulcatis,  mucronc  in  medio.  Semina  7  cuique 
squamœ,  supra  médium pendulfl,  compressa,  utrinque  alata.  —Foi ta  alterna, 
juniperina.  Le  Wellingtonia  giganteuesl  un  arbre  a  feuilles  squamiformes 
et  imbriquées  comme  celles  de  certains  genévriers;  elles  sont  attachées  au 
rameau  par  une  base  large,  et  quand,  ainsi  que  cela  arrive  dans  les  pousses 
vigoureuses,  elles  acquièrent  un  plus  grand  développement,  ce  sont  encore 
des  corps  sessiles,  à  coupe  triangulaire,  ne  tendant  jamais  enfin  à  former  un 
limbe  plan.  Elles  sont  alternes  et  non  opposées.  Dans  les  genres  Séquoia  et 

(1)  Nous  apprenons  que  Ton  est  sur  le  point  de  transporter  ce  cylindre  colossal 
d'écorce  en  Angleterre,  où  il  prendra  place  parmi  les  curiosités  du  palais  de  cristal, 
à  Sydenham. 


NOUVELLES    ET    MÉLANGES.  Zjl 

Sciadopitys,  les  feuilles  sont  également  alternes:  ees  feuilles  prennent  un 
développement  analogue  à  celui  qui  s'observe  chez  les  Taxus  et  les  Podo- 
carpus. 

Pour  les  dimensions  et  la  forme,  les  cônes  sont  comme  ceux  du  Sciado- 
pitys; mais  les  bractées,  au  lieu  d'être  demi-libres,  sont  si  complètement 
soudées  aux  écailles,  qu'elles  ne  forment  avec  eux  qu'un  seul  corps  dont 
la  double  nature  n'est  perceptible  que  sur  une  section  transversale  pratiquée 
au  milieu  de  leur  extrémité  tronquée,  ou  par  la  présence  d'un  mucron  dépen- 
dant évidemment  de  la  bractée  et  qui  s'élève  du  milieu  du  sillon,  ou  enfin 
par  la  double  couche  de  matière  ligneuse  qui  constitue  chaque  écaille.  Sous 
ce  dernier  rapport,  le  genre  Wellingtonia  se  rapproche,  il  faut  le  dire,  du 
Séquoia;  mais  les  écailles  strobilaires  sont  en  petit  nombre  chez  ce  dernier, 
elles  sont  onguiculées  et  presque  peltées,  et  ne  tiennent  que.  faiblement  a  l'axe 
qui  est  assez  grêle.  Dans  le  Wellingtonia,  au  contraire,  les  écailles  forment 
de  véritables  coins  dont  la  double  partie  ligneuse  intérieure  se  lie  à 
un  axe  si  dur  et  si  épais  qu'il  ne  faut  rien  moins  qu'un  bon  ciseau  et  un  fort 
coup  pour  les  séparer.  Les  graines  du  Wellingtonia  se  rapportent  bien  à  la 
figure  et  a  la  description  données  par  Zuccarini  de  celles  de  Sciadopitys, 
soit  par  leur  forme,  soit  par  leur  nombre  et  leur  point  d'insertion  sur  les 
écailles.  Les  graines  du  Séquoia  en  différent  en  ce  qu'elles  sont  bien  plus 
minces  et  que  leur  aile  est  plutôt  subéreuse  que  membraneuse,  en  ce  qu'elles 
sont  en  plus  petit  nombre  et  qu'elles  s'insèrent  presque  au  bord  des  écailles 
onguiculées. 

Ces  considérations,  dit  M.  Lindley,  ne  permettent  guère  de  douter  que 
cette  forme  de  conifères  ne  soit  entièrement  nouvelle  ;  et  il  est  possible  que 
ses  fleurs  mâles  fournissent  encore  de  nouveaux  caractères  pour  la  distin- 
guer. Quoi  qu'il  en  soit,  l'introduction  en  Kurope  d'un  arbre  comme  celui- 
là,  dont  la  rusticité  n'est  guère  douteuse,  et  dont  toutes  les  graines  importées 
en  Angleterre  ont  déjà  donné  de  jeunes  pieds  vigoureux,  est  d'une  impor- 
tance facile  à  comprendre.  S'il  est  vrai  surtout  que  l'espèce  n'est  repré- 
sentée en  Californie  que  par  un  assez  petit  nombre  d'individus,  menacés 
encore  de  destruction  par  la  hache  des  spéculateurs,  il  est  heureux  de 
pouvoir  espérer  que  ce  «  roi  des  conifères  »  continuera  parmi  nous  son 
règne  paisible. 

NÉCROLOGIE. 

WALLICB 

Aux  pertes  si  nombreuses  que  la  Botanique  a  souffertes  dans  ces  derniers 
temps  est  venue  s'ajouter  celle  d'un  autre  de  ses  représentants  les  plus  popu- 
laires, et  dont  le  nom  a  acquis  dans  le  monde  une  célébrité  des  plus  méri- 
tées. Nous  voulons  parler  du  docteur  Natbaniel  Wallich,  mort  à  Londres  le 


W2  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE  DE   FRANCE. 

20  du  mois  d'avril  dernier,  à  l'âge  de  soixante-huit  ans.  Les  travaux  de  ce 
botaniste  infatigable  sur  la  flore  de  l'Inde  sont  trop  connus  pour  qu'il  soit 
nécessaire  d'en  faire  l'éloge.  Nous  nous  contenterons  de  résumer  ici,  d'après 
un  article  du  Gardeners  Chronicle  (1),  les  traits  les  plus  saillants  de  sa 
carrière  si  bien  remplie. 

Danois  d'origine,  le  docteur  Wallich  fut  admis  de  bonne  heure  comme 
médecin  au  service  de  sa  mère  patrie,  et  fut  attaché  en  1807,  en  qualité  de 
chirurgien  ,  à  la  colonne   danoise  de  Sérampore  ,   aux  Indes  orientales. 
Lorsque  cette  place  tomba  au  pouvoir  des  Anglais,  plusieurs  officiers  danois 
entrèrent  au  service  de  la  compagnie  des  Indes,  et  parmi  eux  le  docteur 
Wallich.  Sa  profonde  connaissance  du  règne  végétal  ne  tarda  pas  à  fixer 
l'attention  du  gouvernement  des  Indes,  et  lorsque   le  docteur    Hamilton 
donna,  en  1815,  sa  démission  du  poste  de  directeur  du  Jardin  de  Botanique 
de  Calcutta,  Wallich  fut  désigne  pour  ie  remplacer.  A  partir  de  ce  moment, 
l'activité  qu'il  déploya  a  réunir  desplantes  de  toutes  les  parties  de  l'Empire 
des  Indes,  à  les  décrire,  a  les  faire  dessiner,  et  en  expédier  des  individus 
vivants  à  sa  patrie  adoptive,  fut  sans  exemple. 

De  1818  a  1828,  il  y  avait  à  peine  en  Angleterre  un  jardin  d'une  certaine 
importance  qui  ne  lui  dût  quelqu'une  de  ses  richesses.  En  1820,  il  com- 
mença, de  concert  avec  le  docteur  Caiey,  la  publication  du  Flora  indica 
de  Roxburgh,  qui  se  trouva  considérablement,  augmenté  par  ses  propres 
découvertes  ;  et  dès  que  le  nouvel  art  de  la  lithographie  put  être  utilisé 
dans  l'Inde,  il  en  profita  pour  porter  à  la  connaissance  du  monde  la  llore 
du  Népaul.  Le  Tentamen  florœ  Nepolensis,  ouvrage  in-folio,  avec  planches, 
vit  alors  lejour.  C'était  la  mise  en  œuvre  de  nombreux  matériaux  recueillis 
par  Wallich  durant  l'examen  officiel  qu'il  avait  fait  de  cette  partie  de  l'Inde 
en  1820.  En  1825,  le  gouvernement  le  chargea  de  l'étude  des  forets  de 
bois  de  construction  de  l'Hiudouslan  occidental.  Enfin,  en  1826  et  1827,  il 
fit  un  voyage  dans  le  district  d'Ara  et  dans  les  territoires  nouveaux  récem- 
ment acquis  de  ce  même  côte. 

Vers  cette  époque,  la  santé  déjà  altérée  du  docteur  Wallich  rendit  néces- 
saire sou  retour  en  Europe,  où  il  apporta  de  nouvelles  preuves  de  son  zèle  in- 
cessant pour  la  science.  Huit  mille  espèces  de  plantes  recueillies  par  lui,  ainsi 
qu'un  nombre  prodigieux  d'échantillons,  arrivèrent  en  bon  état  à  Londres, 
et  furent  promptement  distribués,  sur  sa  recommandation,  dans  les  herbiers 
publics  de  l'Europe  et  de  l'Amérique.  La  compagnie  des  Indes  donna  noble- 
ment son  appui  à  cette  grande  opération,  et  en  prit  tous  les  frais  à  sa  charge. 
Pendant  ce  temps,  le  grand  ouvrage  de  Wallich,  Plantœ  Asiaticœ 
rariores,  était  en  voie  d'impression;  il  forma,  en  1833,  trois  volumes  in- 
folio, avec  300  planches  coloriées. 

(1)  Numéro  du  6  niai. 


NOUVELLES   ET   MÉLANGES.  A3 

Lorsque  *VYallich  fut  de  retour  dans  l'Inde,  on  lui  confia  la  direction  d'une 
expédition  scientifique  chargée  d'explorer  la  province  d'Assam,  nouvellement 
acquise,  au  point  de  vue  de  la  culture  du  thé  que  l'on  disait  s'y  rencontrer. 
Sa  santé  continuait  malheureusement  de  faiblir,  et  après  une  visite  au 
cap  de  Bonne-Espérance  et  une  nouvelle  lutte  contre  un  climat  qui  s'était 
toujours  montré  son  plus  grand  ennemi,  il  fit  ses  derniers  adieux  à  l'Inde, 
et  regagna  l'Angleterre  avec  sa  famille,  en  1847,  pour  ne  jouir  que  pen- 
dant un  temps  bien  court  des  honneurs  et  du  repos  acquis  au  prix  de  tant 
de  travaux. 


—  Tous  les  botanistes,  mais  surtout  ceux  qui  s'occupent  de  l'étude  des 
Algues,  connaissent  les  beaux  travaux  de  M.  Harvey  sur  cette  classe  de  vé- 
gétaux. Ce  que  peu  de  personnes  savent,  c'est  que  ce  savant  est  parti  l'année 
dernière  dans  le  but  d'explorer  la  mer  Rouge,  les  côtes  de  Ceylan,  Singa- 
pour, Batavia,  les  parties  occidentales  et  orientales  de  l'Australie,  Van 
Diemen,  et  les  côtes  de  l'Amérique  méridionale  baignées  par  l'océan  Paci- 
fique. Il  consacrera  un  an  ou  deux  à  cette  exploration,  et  l'on  peut  être 
assuré  que,  habile  et  expérimenté  comme  il  l'est  en  phycologie,  il  rap- 
portera des  mers  qu'il  va  visiter,  des  collections  intéressantes  et  sans  doute 
beaucoup  de  nouveautés.  Ces  collections,  dont  il  a  supposé  que  les  plus 
complètes  se  composeraient  de  cinq  à  six  centuries,  il  les  distribuera  à 
son  retour,  et  après  les  avoir  bien  étudiées,  à  ses  nombreux  souscripteurs 
au  nombre  desquels  nous  savons  qu'on  peut  compter  chez  nous  le  Muséum 
d'histoire  naturelle,  ÎNIM.  Delessert,  Montagne,  Thuret,  le  comte  de 
Tillette  de  Clermout  et  Duby  de  Genève.  Chaque  centurie  sera  livrée  aux 
souscripteurs  au  prix  de  55  francs.  Avant  de  partir  d'Angleterre,  M.  Harvey 
avait  réuni  80  souscriptions. 

—  M.  Bourgeau,  que  ses  magnifiques  collections  de  plantes  des  Canaries 
et  du  midi  de  l'Europe  ont  fait  connaître  très  avantageusement  des  bota- 
nistes, exécute  en  ce  moment  son  sixième  et  dernier  voyage  en  Espagne. 
Cette  fois  le  cercle  de  ses  explorations  est  la  Nouvelle-Castille,  et  il  se  pro- 
pose de  visiter  avec  soin  plusieurs  chaînes  peu  connues  et  cependant  très 
intéressantes  du  centre  de  la  péninsule,  telles  que  la  sierra  de  Guacîarrama, 
la  sierra  de  Grédos,  les  montagnes  de  Tolède  ,  etc.  Dans  cette  exploration, 
dont  on  doit  attendre  d'excellents  résultats  ,  M.  Bourgeau  marche  sur  les 
traces  de  M.  Reuter;  mais  il  a  l'avantage  d'être  parti  de  Paris  muni  d'ins- 
tructions précises  qui  lui  permettront  de  résoudre  quclques-imes  des  questions 
soulevées  par  les  récoltes  et  les  recherches  de  son  savant  prédécesseur.  C'est 
en  avril  que  notre  zélé  collecteur  a  commencé  son  voyage.  Pour  cette  explo- 
ration de  la  Nouvelle-Castille,  il  est  patronné  par  le  docteur  Graells,  profes- 
seur de  zoologie  à  Madrid,  qui,  à  sa  profonde  science  dans  la  branche  de 


kk  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

l'histoire  naturelle  dont  l'enseignement  lui  est  confié,  joint  une  connaissance 
complète  de  la  végétation  de  son  pays.  Le  docteur  Graells  travaille  à  un 
catalogue  des  productions  zoologiques  de  sa  province,  et,  dans  ce  but,  il  est 
obligé  d'y  faire  de  fréquentes  excursions.  M.  Bourgeau  doit  l'accompagner 
dans  plusieurs  de  ses  voyages,  et  il  trouvera  certainement  de  grands  avan- 
tages à  parcourir  cette  partie  de  l'Espagne  en  compagnie  d'un  naturaliste  si 
savant  et  si  expérimenté. 

—  Les  botanistes  apprendront  avec  satisfaction  que  M.  Balansa,  l'un  de 
nos  plus  zélés  et  de  nos  plus  habiles  collecteurs  ,  se  trouve  en  ce  moment  à 
Smyrne  pour  en  explorer  attentivement  les  environs.  Cette  partie  de  l'Asie- 
Mineure  est  un  champ  d'exploration  d'un  haut  intérêt.  Depuis  Tournefort 
jusqu'à  nos  jours,  il  a  été  visité  par  un  assez  grand  nombre  de  voyageurs; 
mais  tous  n'ont  fait  à  peu  pies  qu'y  passer  pour  se  rendre  ensuite  dans  l'in- 
térieur du  pays  ou  dans  les  parties  plus  méridionales  de  la  Turquie  d'Asie. 
Seul  parmi  tous  ces  botanistes,  Shérard ,  consul  général  d'Angleterre  à 
Smyrne,  a  fait  un  long  séjour  dans  cette  riche  contrée,  et  en  a  récolté  avec 
soin  les  productions  végétales.  L'herbier  qui  contient  les  produits  de  ses 
explorations  fait  partie  des  précieuses  collections  du  Musée  britannique,  à 
Londres.  En  outre,  il  existe  au  Muséum  de  Paris  un  assez  grand  nombre 
de  plantes  récoltées  par  le  célèbre  botaniste  anglais.  Aujourd'hui  M.  Balansa 
se  propose  de  consacrer  six  mois  à  des  herborisations  dans  les  environs  de 
Smyrne,  et  de  faire  ainsi  pour  notre  temps,  autant  qu'il  lui  sera  possible,  ce 
que  fit  Shérard  au  commencement  du  siècle  dernier.  Depuis  son  arrivée  en 
Asie,  il  a  déjà  donné  des  nouvelles  qui  permettent  d'espérer  qu'il  obtiendra 
un  plein  succès  dans  son  entreprise.  Non  content  d'explorer  les  environs 
immédiats  de  Smyrne,  il  se  propose  de  visiter  encore  les  côtes  voisines  de 
Téos.  Vurla,  Tschesmè,  etc.,  le  mont  Sipyle  et  plusieurs  autres  localités 
d'un  grand  intérêt. 

M.  Balansa  est  arrivé  à  Smyrne  au  commencement  du  mois  de  mars, 
lorsque  toutes  les  montagnes  voisines  étaient  encore  couvertes  de  neige.  Il 
a  vu  ainsi  la  végétation  à  son  réveil,  et  il  a  pu  récolter  un  grand  nombre 
d'espèces  printanières  qui  ont  dû  échapper  a  la  plupart  de  ceux  qui  ont 
exploré  le  pays  avant  lui. 

—  Dans  une  lettre  adressée  a  M.  le  docteur  Puel ,  en  date  du  22  mai 
185&,  M.  Liudeberg,  de  Gotheborg  (Suède),  annonce  qu'il  partira  le  17  juin 
pour  aller  explorer  les  Alpes  de  Dover  ou  Dovre  (Norvvége). 

Il  se  propose  de  récolter  les  plantes  spéciales  à  cette  partie  intéressante 
de  la  région  Scandinave  ,  et  d'en  former  des  collections  qui  seront  mises  à 
la  disposition  des  botanistes  souscripteurs,  dès  que  son  voyage  sera  terminé. 


Paris  —  Imprimerie  de  L.  Maktinet,  rue  Mignon,  2. 


SOCIÉTÉ    BOTANIQUE 


DE  FRANCE. 


SÉANCE   DU    14   JUIN   1854. 

PRÉSIDENCE    DE    M.    AD.    BRONGNIARÏ. 

M.  de  Schœnefeld,  secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de 
la  séance  du  2/i  mai,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Dons  faits  à  la  Société. 

1°  Par  M.  Auguste  Maillard  : 

Catalogue  des  graines  récoltées  en  1848 au  jardin  botanique  de  Dijon, 
suivi  d'Adnotationes  ob  Alexis  Jordan  digestœ. 

2°  Par  M.  Ménière  : 

Détermination  d'un  herbier  attribué  à,  J.-J.  Rousseau. 

3°  Par  M.  Gubler: 

Observations  sur  quelques  plantes  naines,  suivies  de  remarques  géné- 
rales sur  le  nanisme  dans  le  régne  végétal,  Mémoire  lu  en  18^i8  à 
ta  Société  de  Biologie. 

Seize  adhésions  nouvelles,  reçues  au  Secrétariat  depuis  la  dernière 
séance,  sont  communiquées  à  la  Société.  Les  nouveaux  adhérents 
sont  proclamés  membres  de  la  Société  (1). 

Conformément  à  l'article  28  du  Règlement,  M.  le  président  l'ait 
connaître  à  la  Société  les  noms  des  membres  de  la  Commission  du 
Bulletin,  élus  par  le  Conseil  dans  sa  séance  du  26  mai. 

Cette  commission  se  compose,  pour  l'année  185/i,  de  Î\I3I.  J.  Gay, 

(1)  Leurs  noms  sont  compris  dans  la  liste  publiée  dans  le  premier  numéro  du 
Bulletin. 

T.     I.  k 


ll(\  SOCIETE    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

Lasègue  et  Weddell,  auxquels  soui  adjoints  MM.  les  secrétaires  el 
les  vice-secrétaires. 

La  Société  ne  pouvant,  dès  cette  aimée,  s'occuper  de  la  publica- 
tion d'un  recueil  de  Mémoires,  le  Conseil  n'a  pas  cru  nécessaire  d<> 
désigner  une  commission  chargée  de  ce  soin. 

M.  J.  Gay  présente  à  la  Société  la  communication  suivante  : 

NOTE  SUR  LES  CARACTÈRES  ESSENTIELS  DU  POTAMOGETON   TMCHGIDES,  Chara., 

par  M.  J.  GAY. 

Les  plantes  qui  paraissent  les  plus  insignifiantes  ne  sont  pas  toujours 
celles  dont  l'étude  offre  le  moins  d'intérêt.  C'est  ce  que  prouverait,  au 
besoin,  un  Potamot  de  la  Flore  française,  que  j'ai  suivi  avec  curiosité 
pendant  de  longues  années,  et  dans  lequel  j'ai  successivement  découvert 
plusieurs  caractères  qui  en  font  une  des  espèces  les  plus  remarquables  du 
genre.  Je  veux  parler  de  l'espèce  qu'eu  raison  d'un  de  ces  caractères,  je 
nommai  autrefois  Potamogeton  monogynus,  mais  que  j'ai  reconnue,  depuis 
être  le  P.  trickoides  de  Chamisso,  sur  lequel  j'avais  pu  me  tromper  d'autant 
plus  facilement  qu'il  avait  été  décrit  par  l'auteur  dans  l'ignorance  com- 
plète de  la  plupart  de  ses  principaux  caractères.  Ces  caractères  sont  au 
nombre  de  quatre,  et  je  vais  les  exposer  dans  l'ordre  où  ils  se  présentent 
naturellement  lorsqu'on  étudie  la  plante  de  bas  en  haut. 

Dans  tout  vrai  Potamot ,  la  tige  se  revêt  d'abord  de  feuilles  alternes, 
plus  ou  moins  nombreuses  et  disposées  sur  deux  rangs,  avec  un  bourgeon 
dans  chacune  de  leurs  aisselles.  Généralement  ce  bourgeon  se  développe  en 
un  seul  rameau,  précédé  de  deux  feuilles  rudimentaires ,  ou  préfeuilles, 
qui,  toutes  deux  ,  sont  stériles,  et  qui  s'ouvrent  en  sens  oppose,  la  première 
ou  inférieure  du  côté  de  la  feuille  mère.  C'est  ce  qu'on  voit  dans  le  plus 
grand  nombre  des  espèces;  mais  il  eu  est  trois,  à  ma  connaissance,  qui  font 
exception.  Ce  sont  les  P.  trickoides,  peçtinatus  et  filiformis,  chez  lesquels 
une  même  aisselle  donne  naissance  a  deux,  trois  ou  quatre  rameaux  .  pré- 
cédés d'un  nombre  double  de  feuilles  rudimentaires,  ou  préfeuilles.  Etudie 
sur  de  jeunes  tiges  et  à  l'état  frais  sur  le  P.  trickoides,  ce  phénomène  m'a 
présenté  les  caractères  suivants: 

il  n'y  a  qu'un  bourgeon  dans  l'aisselle.  Ln  axe  rudimentaire ,  indéter- 
miné et  long  d'à  peine  un  millimètre,  lui  sert  de  base.  Sur  ce  rudiment 
d'axe,  quatre,  six  ou  huit  feuilles  rudimentaires  (réduites  à  leur  stipule), 
sont  insérées,  étroitement  embrassées  les  unes  par  les  autres,  disposées  sur 
deux  rangs  opposes  ,  et  alternativement  ouvertes  en  sens  inverse,  la  pre- 
mière, la  troisième ,  la  cinquième  et  la  septième  du  côté  de  la  feuille  mère, 
les  autres  du  côté  de  l'axe  primaire.  Les  feuilles  rudimentaires  de  cette 
dernière  série  sont  toutes  stériles.    Celles  de  la  première  ont  toutes  un 


SÉANCE    DU    lll   JUIN    1854.  /j7 

rameau  dans  leur  aisselle,  un  véritable  rameau  qui  peut  s'allonger,  se 
revêtir  de  feuilles  vertes  et  se  ramifier  lui-même.  Les  deux,  trois  ou  quatre 
rameaux  du  bourgeon  sont  doue  superposés  les  uns  aux  autres,  dans  une 
même  série,  sur  un  même  côté  de  l'axe  rudimentaire,  sur  le  côté  qui  regarde 
l'axe  primaire,  etil  est  à  remarquer  qu'ils  sont  d'autant  plus  développés  qu'ils 

ris.  2. 


Coupe  transversale  du  nœud  fotiai 
1,  la    feuillu  mère    (a  de    la  figure  I);  2, 
0,  7,  feuilles  mdimentuires  du  bourg 


des   mêmes    chiffres   dans    lu   li 
;  b.  c,  </,  les  rameaux 


que'es 

.r,  l'axe  primaire,  . 

geou    (marqués   dus  mêmes  lettres, 

l'axe  primaire,  dans  la  ligure  I   . 


'in     in. h 
;tiri'    I    : 

lll    l'Util 

tisi   qui 


appartiennent  à  des  feuilles  rudimenlaires  plus  inférieures  et  plus  éloignées 
de  la  feuille  mère.  Le  rameau  inférieur  rivalise  quelquefois  en  longueur 
avec  l'axe  primaire,  tandis  que  le  supérieur  n'est  souvent  reconnaissablc 
qu'aux  rudiments  de  feuilles  vertes  dont  il  est  accompagné.  C'est  dans  ce 
même  ordre  que  se  développent  les  bourgeons  doubles  ou  triples  qu'on 
observe  dans  quelques  plantes;  mais  il  n'y  a  ici  qu'un  bourgeon,  et  le  phé- 
nomène qu'il  présente  ne  peut  être  comparé  qu'à  ces  bourgeons,  jusqu'ici 
peu  étudiés,  mais  sans  doute  très  fréquents,  dont  les  écailles  inférieures 
jouent  le  rôle  de  feuilles  mères  et  produisent  ainsi  des  rameaux  fasci- 
cules. 

\pres  les  feuilles  alternes  viennent,  sur  la  tige  de  tout  Potamot,  deux 
feuilles  opposées,  entre  lesquelles  l'axe  inférieur  se  termine  par  une  inflo- 
rescence spicil'orme,  deux  feuilles  opposées  dont  l'une  est  pourtant  sensi- 
blement inférieure  a  l'autre.  Ces  deux  feuilles  ont  leur  rameau  axillaire, 
dont  l'un,  plus  fort  et  plus  développé  que  l'autre,  semble  continuer  l'axe 
inférieur,  jusqu'à  une  seconde  dichotomie,  où  le  même  procédé  pourra 
continuer  encore  l'axe  qui  l'a  précédé,  de  manière  à  former  ce  sembant 
d'axe  qui  est  en  réalité  formé  de  rameaux  ajustés  bout  à  bout,  et  auquel 
on  a  donné  le  nom  de  sympode.  Or,  c'est  le  rameau  supérieur  favorise  qui, 
dans  la  généralité  des  Potamots,  forme  la  charpente  du  symnode.  Mais  il 
n'en  est.  point  ainsi  de  toutes  les  espèces,  et  l'exception  porte  encore  ici  sur 
les  trois  espèces  que  j'ai  déjà  citées  pour  leurs  rameaux  fascicules,  /'.  tri- 
eh&ides,  l\  pectinatusti  P.  fdi forints.  Dans  ces  trois  espèces,  chose  remar- 


/|8  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

quable,  c'est  le  rameau  inférieur  qui  est  favorisé  et  cjui  fournit  les  éléments 

do  sympode. 

Un  dernier  caractère  essentiel  à  noter  dans  le  Potamogeton  trichoides,  est 
celui  en  raison  duquel  j'avais  autrefois  proposé  le  nom  de  P.  monogynus,  alors 
que  je  croyais  avoir  affaire  à  une  espèce  nouvelle.  Le  P.  trichoides  est,  en 
effet,  le  seul  Potamot  qui ,  avec  un  périanthe  et  un  androcée  tétramères, 
ait  le  gynécée  réduit  à  un  seul  ovaire.  Ce  n'est  point,  comme  dans  beau- 
coup de  Potamots,  la  suite  d'un  avortement  tardif  qui  arrête  dans  leur 
développement  quelques-uns  des  quatre  ovaires,  eu  conservant  leurs  rudi- 
ments sur  le  réceptacle  de  la  fleur.  Non  ,  l'avortement  est  ici  congénital  et 
l'ovaire  normalement  unique,  quoique  toujours  excentrique ,  comme  il 
convient  à  une  fleur  destinée  à  quatre  ovaires.  Ce  caractère  est  tellement 
constant  qu'après  avoir  examiné  plusieurs  centaines  de  fleurs,  fraîches  et 
sèches,  et  dans  tous  les  états,  même  dans  le  plus  jeune  bouton  ,  je  n'ai  pu 
enregistrer  un  seul  exemple  de  fleur  quadri-  ou  même  tri-ovariée.  Trois 
exemples  de  fleur  bi-ovariée  ont  été  le  seul  fruit  de  la  chasse  que  je  fais 
depuis  vingt-deux  ans  aux  anomalies  florales  du  P.  trichoides. 

Il  résulte  de  ce  qui  précède  que  le  P.  trichoides  diffère  profondément 
du  P.  pusillusy  dont  il  a  le  port  et  à  côté  duquel  Chamisso  le  plaçait.  Il  en 
diffère  par  ses  rameaux  fascicules  à  l'aisselle  des  feuilles  alternes,  par  ses 
dichotomies  où  c'est  le  rameau  inférieur  qui  est  favorisé ,  et  enfin  par  ses 
fleurs  mouogynes.  Ce  dernier  caractère  le  distingue  en  même  temps  de  tous 
les  Potamots  connus  de  moi.  Les  deux  autres  lui  sont  communs  avec  les 
P.  pectinatus  et  filiformis,  dont  pourtant  il  s'éioigue  beaucoup  par  ses 
stipules  axillaires ,  libres  en  apparence  et  non  pas  longuement  soudées 
avec  le  limbe  de  la  feuille. 

Dans  le  fruit  du  P.  trichoides,  une  bosse  très  sensible  se  fait  remarquer 
a  la  base  de.  l'angle  axile.  C'est  encore  là  un  caractère  essentiel  de  notre 
plante  et  le  seul  dont  Chamisso  ait  eu  connaissance. 

M.  Germain  de  Saint-Pierre  t'ait  à  la  Société  la  communication 
suivante  : 

SUR  LA  STRUCTURE  DE  L'ÉPILLET  ET  DE  LA  FLEUR  DANS  LA  FAMILLE  DES  GRAMINÉES, 
par  M.  E.  GERMAIN  DE  SAINT-PIERRE. 

Il  suffit  saus  doute  pour  qu'un  fait  ou  l'explication  d'un  fait  soient  acquis 
à  la  science,  que  ce  fait  ait  été  signalé  et  décrit,  que  cette  explication  soit 
juste  et  ait  été  clairement  exposée  ;  mais  il  ne  suffit  pas  toujours  qu'un  fait 
soit  acquis  à  la  science  pour  qu'il  ait  cours  dans  la  science.  Bien  souvent,  au 
contraire,  soit  routine,  soit  indifférence,  l'observation  signalée  passe  ina- 
perçue, et  l'on  n'en  tire  aucun  avautage,  jusqu'à  ce  que  de  nouveaux  obser- 


SÉANCE    DU    l/l    JUIN    1854 .  A9 

vateurs,  arrivant  au  même  résultat,  développent  les  mêmes  idées,  les  ap- 
puient de  nouvelles  preuves  et  les  lassent  enfin  passer  dans  le  domaine  public. 
Jusqu'à  Turpin,  la  structure  de  l'épillet  chez  les  Graminées  avait  été 
inexactement  interprétée.  Dans  son  mémoire  sur  l'inflorescence  des  Grami- 
nées (Mém.  du  Mus.  dldst.  nat.,  vol.  V,  p.  426),  cet  ingénieux  observateur 
démontra  que  l'écaillé  inférieure,  attribuée  avant  lui  à  l'axe  de  la  fleur,  ap- 
partient à  l'axe  de  l'épillet.  Cette  opinion  a  reçu  depuis  la  sanction  impo- 
sante de  Kunth  (1)  ;  cependant  nous  voyons  encore  la  plupart  des  descrip- 
teurs toujours  pénétrés  de  cette  idée  que  la  glumelle  inférieure  est  une 
dépendance  de  la  fleur  et  appartient  au  même  axe  qu'elle.  Nous  voyons 
d'autre  part  les  maîtres  de  la  science  qui  ont  résumé  les  opinions  des  organo- 
graphes  admettre  (Auguste  de  Saint-Hilaire,  Morphologie  végétale,  p.  289), 
par  exemple,  que  chez  les  épillets  pluriflores,  il  existe  des  axes  de  deux 
degrés,  mais  que  chez  les  épillets  unifiores,  il  n'existe  qu'un  seul  et  même 
axe  pour  les  glumes  et  pour  la  fleur.  Nous  voyons  M.  Adr.  de  Jussieu  (Cours 
élémentaire,  p.  568)  assimiler  aux  glumes  les  glumelles  inférieure  et  supé- 
rieure, comparer  leur  ensemble  à  un  involucre,  puis  déclarer  que  la  réunion 
des  deux  glumelles  constitue,  avec  les  organes  sexuels  qu'elles  renferment, 
une  vraie  fleur.  Nous  voyons,  d'autre  part,  Endlicber,  dans  son  Enchiri- 
dion  (postérieur  à  son  Gênera),  considérer  l'axe  de  l'épillet  comme  complè- 
tement dépourvu  de  bractées;  selon  cet  illustre  phytologue,  d'ordinaire  si 
judicieux,  les  fleurs  s'insèrent  sans  bractée  sur  l'axe  de  l'épillet,  et  chaque 
fleur  est  pourvue  sur  son  axe  propre  de  deux  bractées  (glumelles  inférieure 
et  supérieure,  qu'il  nomme  paillettes,  paleœ)  ;  il  pense  que  les  deux  glumes 
situées  à  la  base  de  l'épillet  sont  de  la  même  nature  que  les  glumelles,  mais 
il  regarde  chacune  comme  une  fleur  stérile  réduite  à  une  seule  glumelle  ou 
paillette  (2). 

(1)  Et  celle  de  M.  Hugo  Mohl.  —  Kunth,  dans  le  travail  [Eandbuch  der  Botanik. 
Berlin  ,  1831)  où  il  admet  l'opinion  de  Turpin  sur  la  nature  de  la  glumelle 
infériem'e,  présente  relativement  aux  glumellules  une  idée  qui  ne  paraît  pas 
devoir  être  adoptée;  il  considère  les  glumellules  comme  étant  une  ligule  bifide 
appartenant  à  la  glumelle  supérieure.  L'existence  de  trois  glumellules  chez  cer- 
taines Graminées  semble  rendre  cette  opinion  inadmissible  ;  Kunth  pense  cependant 
pouvoir  expliquer  ce  fait  par  un  dédoublement.  —  Turpin  considérait  à  tort  les 
glumellules  comme  n'étant  autre  chose  que  des  ovaires  abortifs. 

(2)  Endlicber  s'exprime  ainsi  (Enrhirid.  bot.,  p.  55)  :  «  ...  Flores...  infimi... 
stériles...  ad  bracteam  anticam  communem  spicidœ  spatham  (glumam)  consti- 
tuentem  redacti.  »  l'our  appeler  les  glumes  inférieures  fleurs  stériles,  il  faut  con- 
sidérer ces  glumes  comme  faisant  partie  de  la  fleur  ;  sans  cela,  au  lieu  de  /leurs 
stériles,  il  faudrait  dire  bractées  stériles,  fleurs  nulles.  Or,  si  ces  bractées  appar- 
tiennent à  la  fleur,  elles  ne  sauraient  appartenir  à  l'axe  de  l'épillet  qui  porte  les 
fleurs;  et  cet  a\e  se  trouve  dépourvu  de  bractées.  Telle  est  la  conclusion  qui  me 
semble  ressortir  de  la  description  d'Endlicher. 


fit)  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

L'étude  attentive  d'un  grand  nombre  d'épillets  chez  les  Graminées  qui  se 
présentent  accidentellement  à  l'état  anormal,  dit  état  prolifère,  m'a  démontre 
que,  chez  tous  les  épillets,  qu'ils  soient  uni  flores  ou  qu'ils  soient  plurillores, 
il  existe  des  axes  de  deux  degrés  ;  que  la  glumelle  inférieure  de  chaque 
Heur  appartient  à  l'axe  de  l'épillet  au  même  titre  que  les  glumes  stériles  qui 
occupent  la  base  de  l'épillet;  que  chaque  fleur  naît  sur  l'axe  de  l'épillet  à 
l'aisselle  d'une  bractée,  qui  est  précisément  cette  glumelle  inférieure  :  enfin, 
que  l'axe  de  chaque  Heur  ne  porte  que  la  glumelle  supérieure  (dite  glu- 
melle bicarénée),  les  glumellules,  et  les  organes  de  la  fructification  (l). 

Déjà,  dans  mon  Dictionnaire  raisonné  de  Botanique  (article  Glumf, 
I»  602),  j'ai  abordé  la  question  de  lastructurede  la  fleur  chez  les  Grami- 
nées. ,ie  me  propose  de  donner  ici  quelque  développement  aux  mêmes  idées 
par  l'exposition  du  phénomène  qui  se  présente  chez  les  épillets  vivipares. 
■ —  .le  laisse  en  dehors  de  cet  examen  la  nature  de  la  glumelle  bicarénée:  je 
démontrerai  seulement  que,  dans  tous  les  cas,  cette  pièce  n'appartient  point 
a  l'axe  de  l'épillet  et  appartient  a  l'axe  de  1 1  Heur.  Doit-on  la  nommer 
bractée  ou  calice  incomplet?  je  n'attache  que  peu  d'importance  a  l'adoption 
de  l'une  ou  de  l'autre  de  ces  deux  dénominations  ("2).  —  L'épillet  vivipare 
chez  le  Poa  alpina,  par  exemple  (3),  se  compose  d'un  axe  indéfini  chargé 

(1)  Les  axes  floraux  étant  en  général  1res  fragiles  au  niveau  de  cerlaines  inser- 
tions chez  les  Graminées,  il  en  résulte  (pie  chaque  fleur  entraîne  une  portion  de 
l'axe  de  l'épillet,  ci  sur  ce  fragment  1res  court  de  l'axe,  la  bractée  à  l'aisselle  de 
laquelle  est  située  la  fleur.  Le  pédicelle  de  la  fleur  étant  lui-même  d'une  extrême 
brièveté,  il  en  résulte  que  la  bractée  ou  le  sépale  (glumelle  bicarénée)  appartenant 
à  la  Heur,  se  trouve  situé  à  peine  plus  haut  que  la  bractée  insérée  sur  le  fragment 
d'axe  de  l'épillet  et  en  face  de  cette  bractée.  Ce  rapprochement  des  diverses  partie-. 
cl  celle  caducité  de  l'ensemble  constitué  par  un  fragment  (l'épillet  et  une  fleur, 
expliquent  très  bien  que  cet  ensemble  ait  dû  être  pris  pour  une  fleur,  et  que  l'on 
ail  considéré  comme  les  doux  valves  d'un  même  système  de  bractées  ces  feuilles 
d'axes  différents.  Mais  l'erreur  reconnue  doit  être  rectifiée  dans  le  langage  comme 
dans  la  théorie. 

(2-)  Dans  une  communication  précédente,  M.  le  docteur  E.  Cosson  a  exposé  des 
faits  pleins  d'intérêt  relatifs  à  la  structure  de  la  glumelle  bicarénée  qu'il  considère 
comme  une  seule  et  même  pièce  bifide,  et  non  comme  le  résultat  de  la  soudure  de 
deux  pièces  collatérales.  Kuntb  [Inc.  cil.)  a  émis  la  même  opinion  sur  la  structure 
de  la  glumelle  bicarénée,  dont  il  considérait  aussi  les  deux  nervures  comme  une 
même  nervure  divisée  originairement  par  la  pression  exercée  par  l'axe  contre  la 
glumelle. 

(u)  ha  transformation  des  épillets  en  rameaux  ou  bourgeons  foliacés,  qui  constitue 
die/,  les  Graminées  i'état  dit  vivipare,  s'observe  fréquemment  dans  le  genre  l'un. 
Le  /'.  bulbosu,  commun  aux  enviions  de  Paris,  présente  presque  constamment  cef 
♦'fat  anormal.  J'ai  rencontré  particulièrement  encore  à  cet  état  le  /'.  alpina  pi  le 
/'.  ucnntriilis. 


SÉANCE    DU    l/l    JUIN    1854.  51 

de  feuilles  échelonnées  en  une  spirale,  plus  ou  moins  comprimée.  Les  deux 
feuilles  les  plus  inférieures  de  cette  spirale  sont  de  consistance  scarieuse  et 
ne  prennent  pas  la  forme  foliacée  ;  elles  n'émettent  pas  de  bourgeon  à  leur 
aisselle.  Les  deux  feuilles  qui  continuent  immédiatement  la  spirale  au- 
dessus  des  précédentes  sont  demi-scarieuses,  demi-herbacées;  elles  présen- 
tent chacune  une  (leur  à  leur  aisselle.  Les  feuilles  situées  au-dessus  de  ces 
feuilles  fertiles,  et  qui  continuent  toujours  la  même  spirale,  sont  complète- 
ment herbacées  et  ne  diffèrent  en  rien  des  feuilles  d'une  jeune  tige;  elles  ne 
présentent  pas  de  Heur  à  leur  aisselle.  Enfin  les  feuilles  les  plus  supérieures 
de  la  spirale,  déplus  en  plus  jeunes,  constituent,  à  l'extrémité  de  l'axe,  un 
bourgeon  terminal  destiné  à  l'accroissement  indéfini  du  rameau  ;  cet  épillet- 
rameau,  s'il  est  placé  dans  de  bonnes  conditions  (c'est-à-dire  dans  un  milieu 
humilie),  produira  des  racines  à  sa  base,  et  si,  par  le  fait  de  sa  désarticula- 
tion ou  de  la  situation  couchée  de  la  tige  mère,  il  se  trouve  en  contact  avec 
le  sol,  il  deviendra  une  plante  distincte  qui,  l'année  suivante,  se  terminera 
par  une  inflorescence. 

Dans  les  deux  feuilles  scarieuses  qui  occupent  la  base  de  notre  épillet 
vivipare,  il  est  facile  de  reconnaitre  les  deux  bractées  stériles  que  nous 
avons  mentionnées  sous  le  nom  de  glumes.  —  Cependant,  d'après  l'opinion 
émise  par  Kncllieher  sur  la  structure  de  l'epillet  normal,  l'axe  de  l'épillet 
non  vivipare  ne  porte  pas  de  bractée;  les  Heurs  naissent  sans  bractée  de 
l'axe  de  l'épillet.  Si  cette  opinion  était  l'expression  de  la  vérité,  comment 
trouverions-nous  l'axe  de  l'épillet  vivipare  chargé  d'une  spirale  de  feuilles 
qui  continue  la  spirale  commencée  par  les  deux  glumes?  Serait-ce  donc 
que  des  feuilles,  latentes  a  l'état  normal,  auraient  fait,  apparition  dans  ce 
cas  tératologique?  On  pourrait  le  penser,  si  les  fleurs  situées  à  l'aisselle  de 
ces  feuilles  avaient  le  même  nombre  de  parties  que  l'ensemble  appelé  lleur 
par  Kndlicher  chez  un  épillet  non  vivipare;  mais  l'examen  des  fleurs  si- 
tuées à  l'aisselle  des  feuilles  de  l'épillet  vivipare  va  nous  démontrer  qu'il 
n'en  est  pas  ainsi. 

Isolons  l'une  de  ces  Heurs,  et  nous  allons  voir  que  lorsque  nous  aurons 
laissé  sur  l'axe  de  l'épillet  la  feuille  à  l'aisselle  de  laquelle  cette  Heur  s'est 
développée,  au  lieu  de  deux  glumelles,  elle  n'en  présente  qu'une,  qui  est  la 
glumelle  supérieure  diteglumelle  bicarénée.  Qu'est  donc  devenue  la  glu- 
melle  inférieure  ou  externe  dite  glumelle  unicarénée?  On  l'a  déjà  compris, 
e'est  la  bractée  à  demi  transformée  en  feuille,  à  l'aisselle  de  laquelle  la  Heur 
est  située  manifestement.  Cette  bractée,  au  lieu  d'appartenir  à  l'axe  de  la 
lleur,  appartient  donc  à  l'axe  de  l'épillet. 

Les  bractées  foliacées,  ou  feuilles  situées  plus  haut  sur  l'axe  de  l'épillet 
prolifère,  sont  stériles  ;  la  fleur  que  chacune  de  ces  bractées  aurait  portée  a 
son  aisselle,  si  l'épillet  eût  été  normal,  ne  s'est  pas  développée  (ainsi  qu'il 
arrive  du  reste  normalement  pour  la  fleur  terminale  chez  un  grand  nombre 


52  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

de  genres);  par  compensation  ou  balancement  organique  et  par  surabon- 
dance d'énergie,  les  bractées,  au  lieu  d'être  courtes,  scarieuses,  réduites  à 
la  partie  qui  représente  la  gaine  de.la  feuille,  sont  devenues  foliacées  et  sont 
pourvues  d'un  limbe,  et  l'axe  de  l'épillet,  au  lieu  de  se  terminer  par  épui- 
sement, s'est  prolongé  en  un  rameau  feuille. 

Chez  les  Graminées  dites  vivipares,  c'est  donc  l'épillet  qui  est  vivipare, 
et  non  la  fleur.  Loin  de  prendre  de  l'extension  et  de  subir  la  transforma- 
tion foliacée,  les  fleurs  sont  aborlives  ou  nulles,  et  ne  participent  au  phéno- 
mène que  négativement  par  le  fait  de  leur  avortement  (1). 

D'après  ces  considérations  sur  les  épillets  vivipares,  considérations  forti- 
fiées par  l'examen  d'une  série  d'épillets  chez  lesquels  l'anomalie,  d'abord 
nulle,  puis  à  peine  sensible,  acquiert  ensuite  son  plus  haut  degré  d'intensité; 
d'après  ces  considérations,  nous  uous  croyons  fondé  à  considérer  comme 
en  dehors  de  la  fleur  laglume  inférieure  ou  externe,  et  à  réserver  exclusi- 
vement le  nom  de  fleur  à  l'ensemble  des  pièces  qui  sont  situées  sur  les  axes 
secondaires  nés  à  l'aisselle  des  bractées,  ensemble  floral  dont  la  pièce  infé- 
rieure est  la  glumelle  bicarénée.  —  De  ces  considérations,  il  résulte  aussi 
que  chez  les  Graminées  qui  manquent  de  glumes  stériles,  on  ne  doit  pas 
voir  des  organes  de  moins,  mais  des  organes  de  plus;  en  effet,  chez  les 
Lolium,  il  existe  une  seule  glume  stérile,  non  pas  parce  que  l'autre  glume  a 
avorté,  mais  parce  que  cette  glume  est  devenue  fertile  en  produisant  une 
fleur  à  son  aisselle. 

Voilà  donc  un  élément  de  plus  à  décrire  à  l'occasion  de  l'axe  de  l'épillet 
et  un  élément  de  moins  à  décrire  à  l'occasion  de  la  fleur.  —  Ce  qu'on  en- 
tendait par  glumelles  renfermant  des  organes  de  deux  ordres  bien  distincts 
et  appartenant  à  deux  axes  différents,  le  nom  de  glumelle  ne  saurait  être 
conservé,  à  moins  qu'on  ne  l'applique  exclusivement  à  ce  qui  constitue  la 
glumelle  bicarénée. 

Quant  à  l'ancienne  glumelléVinférieure,  externe  ou  unicarénée,  que  nous 
savons  maintenant  être  une  bractée  insérée  directement  sur  l'axe  de  l'épillet, 
et  qui  émet  la  fleur  à  son  aisselle,  on  ne  peut,  si  l'on  conserve  l'ancienne 
nomenclature,  que  lui  appliquer  le  nom  de  glume  fertile,  par  opposition  au 
nom  de  glumes  basilaires  stériles  donné  aux  deux  bractées  stériles  de  la 
base  de  l'épillet. 

Mais  au  lieu  de  modifier  encore  l'ancienne  synonymie  (2)  des  parties  de 

(1)  La  phrase  par  laquelle  on  caractérise  le  fait  dans  les  ouvrages  descriptifs 
(Koeh.,  Flor.  Germ.):  «  ...  Floribus  in  gemmas  foliaceàs  mutatis,»  doit  être 
remplacée  par  celle-ci  :  Spiculis  in  gemmas  foliaceàs  mutatis,  floribus  abortivis. 

(2)  Il  est  regrettable  que  la  connaissance  de  celte  synonymie  si  confuse  soit  né- 
cessaire pour  l'intelligence  des  divers  auteurs  qui  ont  décrit  les  Graminées.  Je  n'ai 
employé  à  dessein  dans  cet  article  que  les  expressions  de  (ilumes,  Glumelles  et 


SÉANCE  Dl'   14   JUIN    1854.  53 

l'épillet  et  de  la  fleur,  déjà  si  chargée  dans  la  famille  des  Graminées,  syno- 
nymie qui  date  d'une  époque  ou  une  différence  de  forme  et  de  consistance 
suffisait  pour  prétexter  des  noms  dissemblables  attribués  à  des  organes  de 
nature  identique,  ne  vaudrait-il  pas  mieux  renoncer  à  toute  cette  nomen- 
clature spéciale,  et  appliquer  les  termes  généraux  de  bractées  inférieures  ou 
basilaires  stériles,  ou  bractées  involucrales  inférieure  et  supérieure,  poul- 
ies deux  glumes,  bractée  fertile  ou  bractée  florale  pour  l'ancienne  glumelie 
inférieure  ou  externe,  et  bractées  supérieures  stériles  pour  les  bractées  ter- 
minales ne  portant  pas  de  fleur  à  leur  aisselle  (anciennement  :  fleurs  rudi- 
mentaires).  —  Le  nom  de  calice  peut  être  adopté  sans  inconvénient  pour  la 
glumelie  bicarénée,  —  et  le  nom  de  corolle  pour  les  glumellules.  —  On 
éviterait  aiusi  sur  ce  point  toute  confusion  à  l'avenir,  et  la  description  des 
plantes  de  la  famille  des  Graminées  deviendrait  aussi  logique  qu'intelli- 
gible. 

M.  Duchartre  fait  observer  que  M.  Hugo  Mohl  a  déjà  publié  en 
1845,  dans  Le  Botanische  Zeitung  ,  un  mémoire  sur  la  forme  vivipare 
du  Poa  alpina,  et  est  arrivé  à  des  conclusions  semblables  à  celles  de 
M.  Germain  de  Saint-Pierre. 

M.  Germain  de  Saint-Pierre  répond  qu'il  croit  avoir  bien  fait  de 
communiquer  à  la  Société  le  résultat  de  ses  observations,  attendu  que 
plusieurs  auteurs  ont  persisté  à  admettre  des  idées  contraires  à  celles 
qu'il  vient  d'exposer,  même  depuis  la  publication  du  travail  de 
M.  Mohl,  dont  d'ailleurs  il  n'avait  pas  connaissance.  Il  s'estime  heu- 
reux de  s'être  rencontré,  dans  ses  conclusions,  avec  ce  savant  phy- 
siologiste. 

M.  Brongniart  dit  qu'une  opinion  analogue  à  celle  que  M.  Germain 
de  Saint-Pierre  vient  d'exprimer  lui  paraît  être  généralement  admise 
par  les  botanistes  qui  n'ont  pas  envisagé  les  Graminées  seulement 
au  point  de  vue  delà  description.  L'erreur  que  M.  Germain  de  Saint- 
Pierre  combat  a  été  commise  surtout  parles  botanistes  descripteurs, 

Glumellules,  qui  étaient  les  plus  rationnelles  d'après  l'idée  que  l'on  se  faisait  de  la 
structure  de  l'épillet  et  de  la  fleur.  Cette  terminologie  est  celle  de  notre  Flore  ries 
environs  de  Paris. 

Les  Glumes  ont  été  désignées  par  divers  auteurs  sous  le  nom  collectif  de  Glume 
et  de  Lépicène,  et  leurs  deux  pièces  sous  le  nom  de  valve  inférieure  et  de  valve 
supérieure.  —  Les  C.lumellcs  (notre  glume  fertile  et  la  glumelie  bicarénée)  ont  été 
désignées  sous  le  nom  collectif  de  Baie,  de  Glume  (lîich.)  et  de  Calice  (Lin.),  et  les 
deux  pièces  sous  le  nom  de  Paillettes.  —  Les  Glumellules  ont  été  désignées  sous  le 
nom  collectif  de  Corolle  (Linn.),  et  les  deux  ou  les  trois  pièces  sous  le  nom  de  f'.i- 
léoles  (Rien.),  Squamules,  et  Lodicules. 


hli  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

et  d'ailleurs  il  peut  être  bon  de  conserver  les  dénominations  en  usage, 
pourvu  que  l'on  s'entende  bien  sur  le  sens  qu'il  faut  y  attacher. 

M.  Gay  ajoute  que  ce  n'est  pas  chez  les  descripteurs  que  l'on 
doit  chercher  la  solution  des  questions  d'organôgraphie  et  de  phy- 
siologie. 

M.  Germain  de  Saint-Pierre  répond  que  plusieurs  organographes 
éininents  sont  arrivés  à  des  conclusions  différentes  des  siennes,  et 
que,  quant  aux  auteurs  de  Flores,  leur  manière  de  décrire  et  les 
termes  qu'ils  emploient  sont  loin  d'être  indifférents.  Un  ne  saurait 
trop;  en  effet,  s'efforcer  de  donner  aux  ouvrages  descriptifs  la  plus 
grande  précision  organographique,  et,  dans  le  cas  dont  il  s'agit,  il 
est  à  désirer  que  l'on  cesse  d'attribuer  la  même  valeur  à  la  bractée, 
à  l'aisselle  de  laquelle  naît  la  (leur,  et  à  la  bractée  ou  même  au  calice 
inséré  sur  le  pédieelle  de  la  Heur. 

M.  Weddell  donne  lecture  de  la  note  suivante  : 

NOTE  SUR  LE  WOLFFIA  MICHELII,  Schleiden  (Lemna  arrhisa,  1..),  par  M.  WEDDELL. 

Un  de  nos  confrères,  M.  Tulasne,  m'a   communiqué  dernièrement  des 

échantillons  de  Lemna  arrhiza  recueillis  par  lui  aux  environs  de  Tours, 
dans  le  vieux  lit  du  Cher.  La  découverte,  d'une  localité  nouvelle  et  d'une 
étendue  considérable,  pour  la  plus  rare  de  nos  plantes  aquatiques,  m'a  sem- 
blé digne  d'être  signalée  a  la  Société,  puisqu'en  permettant  d'étudier  cette 
espèce  dans  des  conditions  plus  variées  peut-être  qu'on  ne  l'a  fait  jusqu'ici, 
elle  nous  donne  lieu  d'espérer  qu'on  pourra  compléter  son  histoire  par  l'ob- 
servation de  ses  (leurs.  Cette  circonstance  seule  suffirait  sans  doute  pour 
appeler  l'attention  sur  le  Lemna  arrhiza  ;  niais  je  puis  ajouter  ici  que,  de 
quelque  côté  que  l'on  envisage  ce  singulier  petit  végétal,  on  découvre  dans 
sa  manière  d'être  quelque  chose  d'exceptionnel.  Que  l'on  considère,  par 
exemple,  sa  taille,  on  la  trouve  inférieure  de  beaucoup  à  celle  de  la  plus 
petite  plante  phanérogame  de  la  Flore  européenne.  Qu'on  l'étudié  organo- 
grapbiquement  ,  on  verra  qu'au  milieu  de  cent  mille  plantes  obligées  de 
pourvoir,  par  elles  seules,  a  leur  nutrition,  elle  seule,  pour  ainsi  dire,  ne 
présente  jamais  de  traces  de  racines.  Qu'on  l'examine  enfin  anatomique- 
ment,  et  l'on  trouvera  que,  tout  en  siégeant  parmi  les  plantes  dites  vaseu- 
laires,  elle  ne  contient,  aucune  trace  de  vaisseaux.  C'est,  bien  la  plante 
phanérogame  réduite  a  sa  plus  simple  expression;  et  il  serait  difficile  peut- 
être  de  trouver  où  mieux  placer  (pie  dans  ce  point  végétant  le  trait  d'union 
des  végétaux  supérieurs  avec  les  plantes  cellulaires  proprement  dites. 

Le  peu  que  je  viens  de  dire  du  Lemna  arrhiza  explique  comment  il  a 
passé,  aux  yeux  de  tant  de  botanistes,  pour  un  être  incomplet  ou  pour  un 


SÉANCE    DU    IA    JUJN    LSÔ/l.  55 

état  rudimentaire  de  quelque  autre  espèce  de  Lemnacées.  Il  suffit  cependant 
de  jeter  un  coup  d'œil  sur  son  mode  particulier  de  végétation,  pour  acqué- 
rir   la  conviction  qu'il   constitue  bien   une  entité.   C'est  ce  qu'avait  fait 
Micheli  dès  le  commencement  du  siècle  dernier;  aussi,  dans  le  Nova  plan- 
tarum  gênera  de  cet  auteur,  trouvons-nous  la  plante  qui  nous  occupe 
figurée  comme  une  espèce  particulière,  sous  le  nom  de   Lenticula  omnium 
minima.  Dans  ce  siècle  enfin,  plusieurs  mémoires  étendus  sur  l'anatomie  et 
le  développement  du  Lemna  arrhiza  ont  levé,  chez  ceux  qui  en   ont  pris 
connaissance,  tous  les  doutes  qui  subsistaient  encore  sur  ce  sujet.  Il  y  a 
plus  :  Khrenberg  ayant  rapporté  d'Egypte  une  nouvelle    Lemnaeée  sans 
racines  comme  la  nôtre,  mais  pourvue  de  fleurs,  M.   Scbleiden,  auquel  les 
échantillons  en  furent  communiqués,  ne  tarda  pas  à  reconnaître  en  elle  le 
type  d'un  nouveau  genre  qu'il  appela   Wolffia,   et  auquel   il  rattacha  le 
Lemna  arrhiza  sous  le  nom  de  Wolffia  Michelii.  Les  observations  que  j'ai 
publiées  en  1849,  sur  une  troisième  espèce  de  Wolffia,  observée  par  moi  au 
Brésil,  confirment  pleinement  les  vues  de  M.  Schleiden  relativement  à  la 
place  qui  doit  être  assignée  au    Lenticula  omnium  minima  de  Mieheli.  .le 
dirai  ici  que  les  figures  que  j'ai  données  du  Wolf/ia  brésilien,  dont  la  taille 
est  environ  de  moitié  plus  petite  que  celle  du  Wolffia  d'Europe,  ayant  ete 
faites  sur  des  individus  desséchés  auxquels  j'ai  dû  rendre  de  la  souplesse  par 
l'immersion  dans  l'eau  bouillante,  laissent  un  peu  a  désirer  sous  le  rapport 
de  la  connexion  dès  cellules;  c'est  ce  dont  je  crois  m'être convaincu  par 
l'étude  récente  que  j'ai  faite  du    11.  Michelii.  Les  points  essentiels  de   la 
structure  de  la   plante  y    sont  cependant  fidèlement  retracés.   Le  tissu  du 
Wolffia  brasiliensis  m'a  présenté  un    caractère   remarquable:  toutes  ses 
cellules  sont  gorgées  de   fécule  qui   disparaît   avec   le  développement   du 
fruit,  auquel  ce  tissu  forme,  pour  ainsi  dire,  une  sorte  de  périsperme  sup- 
plémentaire. Je  pensais  qued'autres  espèces  de  Lemnacées,  et  en  particulier 
le  Wolffia  Michelii,  pourraient  également  contenir  de  la  fécule,  maisje  me 
suis  convaincu  du  contraire.  Ce  caractère  remarquable  semble  être  particu 
lier  à  l'espèce  brésilienne. 

Ceux  qui  voudraient  se  faire  une  idée  complète  du  mode  de  développe- 
ment et  des  organes  reproducteurs  du  Wolffia,  et  en  particulier  des  espèces 
qui  font  le  sujet  de  cette  communication,  devront  consulter  le  mémoire  du 
docteur  J.-F.  Hoffmann,  dont  il  aétédonné  une  traduction  dans  le  XIV  vo- 
lume de  la  deuxième  série  des  Annales  tics  sciences  naturelles,  et  la  mono- 
graphie de  cette  famille  publiée  dans  le  volume  précédent,  ainsi  que  mes 
observations  sur  le  Wolffia  brasiliensis,  insérées  dans  le  XIIe  volume  de  la 
troisième  série  du  même  recueil. 

Pour  terminer,  je  ferai  remarquer  que  les  individus  du  II  olffia  Miche- 
lii, recueillis  par  Ri.  Tulasue,  croissaient  en  société  avec  les  Lemna  minor 
et  trisulca  et  le  Lemna  (Spirodela)  polyrrhiza.  Hoffmann,  dont  les  études 


56  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE   FRANCE. 

sur  cette  plante  ont  été  faites  en  Hollande,  a  constaté  en  effet  qu'elle  se  pré- 
sente toujours  flottant  au  milieu  d'individus  d'autres  espèces  de  la  même 
famille.  Il  ajoute  que  le  Lemna  minpr  est  la  seule  des  Lemnacées  que  l'on 
rencontre  quelquefois  entièrement  seule,  mais  je  ne  puis  être  de  son  avis  sur 
ce  point,  car  il  n'est  pas  une  seule  des  quatre  espèces  qui  croissent  habi- 
tuellement aux  environs  de  Paris,  que  je  n'aie  eu  occasion  d'y  trouver  na- 
geant sans  mélange  dans  les  eaux  qui  la  nourrissaient.  Cela  est  surtout  vrai 
pour  les  Lemna  minor  et  trisulca  et  pour  le  Lemna  (Telmatophace)  gibba. 
Dans  l'Amérique  du  Sud,  où  j'ai  observé  trois  Lemnacées,  je  ne  les  ai  ja- 
mais vues  non  plus  mélangées.  Quant  au  Wolffia  Michelii ,  on  peut  sup- 
poser qu'étant  dépourvu  des  racines  qui  permettent  aux  autres  espèces  de 
résister,  jusqu'à  un  certain  point,  à  l'action  des  vents,  il  ait  besoin  de  l'ap- 
pui qui  peut  lui  être  prêté  par  les  autres  plantes.  Aussi,  quand,  aux  appro- 
ches de  l'hiver,  les  frondes  des  autres  espèces  se  trouvent  privées  de  leurs 
racines,  les  voit-on  halayées  de  la  surface  des  mares  ou  bien  être  préci- 
pitées au  fond,  lorsque  l'organe  qui  leur  sert  en  quelque  sorte  de  quille 
vient  à  manquer  sous  elles  (1). 

M.  Weddell  ajoute  quelques  détails  sur  les  caractères  distinetifs 
des  genres  Wolffia,  Lemna  et  Telmatophace. 

M.  Gubler  présente  à  la  Société  son  Mémoire  sur  le  nanisme  dans 
le  règne  végétal,  publié  dans  les  Comptes  rendus  de  la  Société  biolo- 
gique, et  donne  communication  des  conclusions  auxquelles  il  est 

arrivé. 

M.  Duchartre  fait  à  la  Société  la  communication  suivante  : 

SUR  LES  PRÉTENDUES  STIPULES  DES  ARISTOLOCHES,  par  M.  P.  DUCHARTRE. 

Plusieurs  espèces  d'Aristoloches  présentent,  à  l'aisselle  de  leurs  feuilles, 
un  organe  foliacé  que  les  botanistes  ont  regardé  comme  une  stipule  intra- 
foliacée.  Je  crois  que  cette  feuille  axillaire  n'est  pas  une  stipule,  et  l'examen 
de  ce  qui  existe  chez  Y Aristolochia  Sipho  va  me  permettre,  j'ose  l'espérer, 
d'établir  sur  des  faits  précis  mon  opinion,  a  l'appui  de  laquelle  l'étude  de 
plusieurs  autres  espèces  me  fournira  de  nouveaux  arguments. 

(1)  Le  Wolffia  Michdii  a  été  trouvé  par  M.  Sagol,  en  1851,  dans  une  mare  près 
la  Perrière  ,  commune  de  Brosses ,  arrondissement  d'Avallon,  département  de 

l'Yonne. 

La  même  plante  a  été  découverte  depuis  1847  en  quatre  localités  des  environs 
de  Breslau,  en  Silésie,  par  un  botaniste  de  celte  ville,  le  docteur  Milde  ;  elle  a  aussi 
été  récoltée  par  Welwitsch  à  Villa-Nova  et  à  Arentella,  dans  l'Estramacmïe  portu- 
gaise. (Note  communiquée  par  M.  Gay.) 


SÉANCE   DU   lk    JUIN    1854.  07 

A  l'aisselle  des  feuilles  de  V  Aristolochia  Sipho,  L'Herit. ,  il  existe  plusieurs 
bourgeons  rangés  en  file  les  uns  au-dessus  des  autres.  J'en  ai  vu  le  plus 
ordinairement  trois,  quelquefois  deux  seulement,  souvent  quatre  ou  cinq, 
et  jusqu'à  six  sur  des  pieds  vigoureux.  Ces  bourgeons  sont  coniques,  chargés 
de  poils  blancs.  Ils  se  cachent  d'abord  sous  la  base  très  élargie  du  pétiole; 
ensuite  cette  base,  écartant  les  deux  côtés  de  son  sillon  médian,  en  laisse 
sortir  l'extrémité  blanche  de  poils  ,  et  la  feuille  en  s'étalant  en  augmente  la 
saillie.  Quand  la  feuille  est  tombée,  les  bourgeons  axillaires  se  montrent 
totalement  à  nu,  sur  une  petite  console  entourée  par  la  cicatrice  de  la  feuille. 
Ils  sont  alors  inégaux  :  le  supérieur  est  le  plus  gros,  l'inférieur  est  le  plus 
petit,  et  les  intermédiaires  en  position  le  sont  également  en  grosseur.  Les 
bourgeons  supérieurs  doivent  donner  des  rameaux  feuilles;  celui  ou  ceux 
placés  plus  bas  produiront  chacun  une  fleur.  Quelquefois  trois  bourgeons  se 
développent  dans  une  même  aisselle;  on  y  voit  alors  :  tantôt  deux  pédon- 
cules superposés,  terminés  chacun  par  une  fleur,  avec  un  rameau  feuille 
superposé  à  ces  pédoncules;  tantôt  un  pédoncule  et  deux  rameaux  super- 
posés. Souvent  il  ne  se  développe  qu'un  pédoncule  florifère  avec  un  rameau 
feuille,  vigoureux  au-dessus  de  lui  ;  dans  ce  cas,  le  pédoncule  sort  tantôt  du 
bourgeon  inférieur,  tantôt  de  l'intermédiaire.  On  retrouve  facilement  celui 
qui  est  resté  endormi.  Enfin,  les  productions  qui  naissent  dans  la  même 
aisselle  peuvent  être  nombreuses.  Ainsi ,  dans  un  cas,  j'ai  vu  se  succéder, 
du  bas  vers  le  haut,  ou  de  la  feuille  mère  vers  l'axe  :  1°  un  bourgeon 
conique  non  ouvert;  2°  deux  pédoncules  florifères  superposés;  3°  un 
bourgeon  conique  assez  gros,  mais  fermé;  6°  un  rameau  feuille  resté  très 
court,  mais  portant  une  grande  feuille  et  un  bourgeon  terminal;  5°  un  se- 
cond rameau  feuille  très  vigoureux.  Il  avait  donc  existé  à  cette  aisselle  six 
bourgeons  dont  quatre  s'étaient  développés,  tandis  que  les  autres  étaient 
restés  fermés. 

Il  peut  arriver  que  la  branche  qui  a  donné  ces  diverses  productions  a 
l'aisselle  de  ses  feuilles  continue  de  végéter  et  de  s'allonger,  ou  bien 
qu'affamée  par  la  vigueur  d'un  rameau  axillaire,  elle  s'arrête  et  s'oblitère 
entièrement.  Dans  le  premier  cas,  on  voit  une  fausse  dichotomie  formée  par 
la  branche  mère  et  le  rameau  axillaire  ;  sous  celui-ci  se  montrent  la  fleur 
ou  les  fleurs,  et  enfin  la  feuille  mère.  Dans  le  deuxième  cas,  le  rameau 
axillaire  forme,  mais  un  peu  angulairement,  la  continuation  de  la  branche, 
et  il  semble  n'exister  sur  ce  point  qu'une  fleur  axillaire;  mais,  à  la  base  de 
cette  fausse  continuation,  du  côté  opposé  de  la  fleur,  une  cicatrice  arrondie 
révèle  l'usurpation  opérée  par  le  rameau,  au  détriment  de  la  branche  dont  il 
a  déterminé  la  mort. 

Les  pédoncules  de  Y  Aristolochia  Sipho  méritent  d'être  examinés  avec 
attention.  Chacun  d'eux  se  présente  ordinairement  comme  un  rameau  grêle 
pourvu  d'une  feuille  et  terminé  par  une  fleur.  Cette  feuille  est  une  bractée 


58  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FKAKCE. 

sessilé,  sèche  cl  presque  scarieuse,  toujours  opposée  a  la  branche  mère, 
c'est-à-dire  placée  sur  le  côte  externe  du  pédoncule,  ou,  en  d'autres  termes, 
superposée  à  la  feuille  mère,  dans  l'aisselle  de  laquelle  celui-ci  a  pris 
naissance. 

Les  prétendues  stipules  de  plusieurs  Aristoloches  sont  situées  à  l'aisselle 
même  des  feuilles.  Je  ne  sache  pas  qu'on  ait  signalé  rien  de  tel  chez  VArië- 
tolochiu  Sipho*  Cependant,  lorsqu'on  examine  la  hase  même  du  pédoncule 
de  celle-ci,  on  remarque  à  son  côté  interne  ou  tourné  vers  la  branche,  une 
petite  feuille  sessile,  scarieuse,  uervée  longitudinalement,  velue,  ployée  en 
gouttière  vers  l'extérieur.  Seulement  cette  petite  feuille  se  dessèche  de 
bonne  heure,  après  quoi  elle  se  détache  par  sa  base  et  tombe  le  plus  souvent. 

Le  pédoncule  de  VAristoiockia  Sipho  est  donc  un  rameau  florifère, 
pourvu  de  deux  petites  feuilles  distiques,  l'une  basilaire  et  interne,  l'autre 
élevée  de  "1  ou  3  centimètres  et  externe  ou  située  au-dessus  de  la  feuille 
mère. 

Quant  aux  rameaux  feuilles,  ils  présentent  des  faits  semblables:  la  feuille 
qui  termine  leur  premier  entre-nœud  apparent  est  externe  comme  l'est  la 
grande  bractée  du  pédoncule;  mais,  a  la  base  du  rameau,  et  dans  l'angle 
formé  par  lui  avec  la  branche  mère,  se  montre  une  petite  feuille  entière- 
ment semblable  à  celle  que  j'ai  signalée  à  la  base  même  du  pédoncule. 

Les  rameaux  axillaires  feuilles  se  comportent  donc  comme  les  pédoncules; 
ils  ont  également  une  feuille  basilaire  adossée  à  l'axe,  et  leurs  feuilles 
étant  distiques,  la  seconde  se  trouve  du  côte  externe  ou  se  montre  super- 
posée a  la  feuille  mère. 

Ceci  établi  pour  l'Aristoloche  Siphon ,  il  me  semble  facile  d'en  déduire 
quelle  est  la  vraie  nature  des  prétendues  stipules  qu'offrent  certaines 
Aristoloches.  Ce  n'est  et  ce  ne  peut  être,  je  crois,  que  la  première  feuille 
d'un  rameau  nxillaire  ;  et,  comme  cette  feuille  occupe  toujours  le  côté  de  ce 
rameau  qui  regarde  l'axe,  cette  prétendue  stipule  se  trouve  nécessairement 
dans  Fais  elle  même,  c'est-à-dire  qu'elle  est  intiaaxillaire  ou  inlrn-foliacéc. 
Il  ne  faut  donc  pas  s'étonner  de  la  voir  souvent  séparée  de  la  feuille  par 
l'interposition  d'un  ou  plusieurs  rameaux  soit  fleuris ,  soit  feuilles.  Cette 
situation,  qui  serait  si  singulière  pour  une  vraie  stipule,  est,  au  contraire, 
toute  naturelle  avec  plusieurs  bourgeons  dans  chaque  aisselle,  et  avec  la 
place  a  laquelle  nous  avons  vu  la  première  ou  les  deux  premières  leuilles 
des  rameaux  produits  par  ces  bourgeons. 

Beaucoup  d'espèces  d'Aristoloches,  la  plupart  même,  manquent  absolu- 
ment de  toute  production  foliacée  axillaire.  Même  chez  des  espèces  ou  les 
prétendues  stipules  existent  d'ordinaire,  on  les  voit  ou  varier  de  grandeur 
ou  manquer  assez  souvent.  Cette  absence  tient  à  deux  causes  :  1u  tantôt 
la  petite  feuille  basilaire  du  rameau  avorte  complètement  :  ce  fait  est  alors 
analogue  a  celui  des  plantes  chez  lesquelles  le  pédoncule  est  constamment 


séance  Di    14  .il;ja    L85/i.  59 

dépourvu  de  bractée  ;  *2"  tantôt  le  premier  entre-nœud  du  rameau  axillaire, 
dont  l'extrême  brièveté  rend  cette  feuille  basilaire  dans  la  plupart  des  cas,  s'al- 
longe notablement:  alors  on  ne  voit  plus  de  feuille  basilaire,  mais  seulement 
une  bractée  plus  ou  moins  élevée  sur  le  pédoncule  et  située  sur  celui-ci,  du 
côté  qui  regarde  l'axe,  ou  s'il  s'agit  d'un  rameau  feuille,  on  voit  la  première 
feuille  située  du  même  côté,  et  supportée  par  un  entre-nœud  plus  ou  moins 
développé.  C'est  ainsi  (pie,  chez  Y Aristoloclria  bracieata,  on  a  nommé 
bractée  une  petite  feuille  de  même  configuration  que  les  feuilles  caiilinaîres, 
et  qui  est  attachée  au  pédoncule  de  la  fleur  solitaire  a  la  hauteur  de  quelques 
millimètres.  Mais  c'est  là  seulement  la  première  feuille  d'un  rameau  florifère, 
car  elle  est  placée  du  côté  qui  regarde  la  branche,  comme  l'est  habituelle- 
ment la  première  feuille  des  rameaux  axiliaires  des  Aristoloches;  en  outre, 
sur  un  échantillon  de  l'herbier  de  De  Candolle,  j'ai  vu  deux  fois  ce  pédon- 
cule devenir  un  vrai  rameau  à  deux  entre-uœuds  pourvus  l'un  et  l'autre  de 
leur  feuille  el  de  leur  fleur. 

Les  Aristoloches,  chez  lesquelles  on  voit  les  prétendues  stipules  prendre 
le  plus  grand  développement,  sont  celles  du  beau  groupe  américain  à  très 
grande  fleur  bilabiée,  ainsi  que  celles  également  américaines  que  distin- 
guent des  feuilles  trilobées  et  une  fleur  prolongée  au  sommet  en  une  très 
longue  queue. 

Ainsi,  chez  V  Aristolochia  macroura,  Gomez,  on  voit,  pour  chaque  ais- 
selle et  de  dehors  en  dedans  :  i°  une  grande  feuille  mère  trilobée;  2°  le 
pédoncule  de  la  fleur;  3°  un  tout  petit  ramuledans  lequel  on  distingue  nette- 
ment deux  ou  plusieurs  petites  feuilles  déjà  trilobées;  4°  la  grande  foliole 
réniforme  qualifiée  de  stipule,  adossée  contre  la  branche.  Le  développement 
de  la  fleur  a  probablement  entravé  et  arrête  celui  du  rameau;  car,  sur 
certains  échantillons,  aux  aisselles  où  il  ne  s'est  pas  produit  de  fleur, 
un  rameau  s'est  développé  avec  force,  et  la  première  feuille,  restée 
basilaire,  a  conservé  la  configuration  ainsi  que  la  place  de  la  prétendue 
stipule.  Ailleurs  on  voit  le  bourgeon  à  fleur  avorter  ou  rester  rudimentairc; 
le  bourgeon  du  rameau  lui-même  ne  prend  qu'un  faible  développement; 
mais  sa  feuille  basilaire  occupe  la  place  qui  lui  appartient  et  prend  à  peu 
près  ses  dimensions  ordinaires.  Ce  fait  n'a  rien  qui  doive  étonner;  j'ai  vu, 
en  effet,  un  rameau  axillaire  de  Y  Aristolochia  Sipho  développer  une  grande 
feuille  longue  et  large  d'environ  10  centimètres,  tout  en  restant  lui-même 
très  raccourci  et  atteignant  à  peine  un  centimètre  de  longueur  totale.  Sur  un 
seul  échantillon  d'Ai'isto/.oc/iia  macfowa,  Gomez  ,  j'ai  observe  deux  feuilles 
axiliaires  reniformes,  très  inégales,  reproduisant  par  conséquent  un  carac- 
tère assigné  par  Gomez  à  son  espèce.  .Mais,  entre  ces  deux  fausses  sti- 
pules, on  voyait  le  bourgeon  du  rameau  qui  était  resté  très  petit,  quoique 
pourvu  de  plusieurs  petites  feuilles  trilobées. 

•l'ai  observé  une  disposition  analogue  a  celte  dernière  dans  toutes  les 


fiO  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

aisselles  d'un  échantillon  cT AristoloCkia  ri/ujens.  Des  deux  feuilles  axil- 
laires  et  réniformes,  très  inégales,  qui  s'y  trouvaient,  la  plus  grande  était 
adossée  à  la  bronche  mère  ,  entre  celle-ci  et  le  pédoncule;  la  plus  petite  se 
trouvait  placée  plus  extérieurement ,  entre  le  pédoncule  et  la  feuille,  et  elle 
naissait  à  un  niveau  un  peu  plus  élevé.  Il  me  semble  naturel  d'admettre 
que  ces  deux  feuilles  appartenaient  au  rameau-pédoncule,  et  qu'elles  repro- 
duisaient exactement  ce  qu'on  voit  chez  Y Aristolochia  Sipho. 

Je  pourrais  multiplier  ces  exemples  et  montrer  que,  comme  me  l'a  appris 
une  étude  attentive,  toutes  les  Aristoloches,  déjà  publiées  ou  inédites,  chez 
lesquelles  il  existe  des  feuilles  axillaires,  donnent  lieu  à  des  observations 
entièrement  semblables.  Mais  cet  examen  détaillé  m'entraînerait  beaucoup 
trop  loin,  et  n'aurait  pour  résultat  que  d'ajouter,  peut-être  sans  néces- 
sité, de  nouveaux  arguments  à  une  démonstration  qui  me  paraît  déjà 
complète. 

Je  crois  donc  pouvoir  énoncer  comme  un  fait  général  :  que  la  feuille  des 
Aristoloches  n'est  jamais  accompagnée  d'une  stipule,  et  que  la  prétendue 
stipule  intrafoliacée  de  ces  plantes  n'est  rien  autre  chose  que  la  première 
feuille  soit  d'un  rameau-pédoncule,  soit  d'un  rameau  feuille,  soit  enfin  d'un 
axe  d'inflorescence. 

Je  ne  dois  pas  oublier  de  dire  ici  que  M.  de  Collegno  a  énonce,  dès  1838, 
une  opinion  analogue  à  celle  que  je  viens  de  développer  (Thèse  botanique,, 
in-^i",  de  3  pages),  mais  sans  l'appuyer  sur  une  démonstration  organogra- 
pbique,  comme  j'ai  essayé  de  le  faire  moi-même. 

M.  Gay  fait  remarquer,  à  cette  occasion,  que  M.  Lebel  (de  Valo- 
gues)  vient  de  publier,  dans  les  Mémoires  de  la  Société  des  sciences 
naturelles  de  Cherbourg,  un  travail  relatif  à  des  bourgeons  super- 
posés (notamment  chez  les  Lythrum)  analogues  à  ceux  qui  se  ren- 
contrent chez  les  Aristolochiées. 

M.  Trécul  présente  à  la  Société  la  communication  suivante,  qui 
complète  celle  qu'il  a  déjà  faite  dans  la  dernière  séance  : 

DISPOSITION   DES   STIPULES  ET  DES  FEUILLES    DU  NELUMBIUM  CODOPHYLLUM  ET 
VÉGÉTATION  SINGULIÈRE  DE  CETTE  PLANTE,  par   M.  A.  TRÉCUL  (suite). 

Dans  la  dernière  séance,  j'ai  eu  l'honneur  d'entretenir  la  Société  de  mes 
observations  sur  la  disposition  si  curieuse  des  stipules  du  Nelumbiun  codo- 
pkyllum;  mais  je  n'ai  rien  dit.  encore  d'un  phénomène  non  moins  intéres- 
sant qui  s'y  rattache  intimement,  et  qui  en  explique  l'anomalie.  Je  veux 
parler  de  la  disposition  des  feuilles  particulière  à  cette  plante.  Cette  distri- 
bution des  feuilles,  toute  bizarre  qu'elle  parait  à  la  première  vue,  donne  la 
clef  de  la  singulière  organisation  que  j'ai  décrite,  quand  on  a  à  la  fois  sous 


SÉANCE   DU    1/»   JUIN    185/j.  61 

les  yeux  des  piaules  jeunes  et  des  plantes  adultes.  Si  l'on  examine  d'abord 
ces  dernières,  ou  voit  que  toutes  leurs  feuilles  sont  unilatérales  ;  toutes,  en 
effet,  sont  insérées  a  la  face  supérieure  du  rhizome.  C'est  assurément  là  une 
anomalie  non  moins  surprenante  que  la  disposition  de  leurs  stipules.  Mais 
si  l'on  porte  son  attention  sur  des  plantes  âgées  seulement  de  quelques 
mois,  on  reconnaît  que  les  feuilles  supérieures,  c'est-à-dire  les  plus 
jeunes,  sont  unilatérales  comme  celles  des  plantes  adultes,  et  qu'elles  sont 
munies  des  trois  stipules  mentionnées  dans  la  séance  précédente.  En  prolon- 
geant son  examen  du  sommet  du  rhizome  vers  sa  partie  inférieure,  vers  le 
fruit  qui  lui  est  encore  attaché,  on  arrive  à  des  feuilles  qui  De  sont  plus 
unilatérales  comme  les  supérieures,  mais  distiques;  elles  ont  seulement  la 
stipule  axillaire;  les  deux  extra-foliaires  manquent.  C'est  là  que  nous 
devons  trouver  l'explication  du  phénomène  si  remarquable  que  nous  offre 
le  Nelumbium. 

Les  feuilles  les  plus  âgées  (au  nombre  de  quatre,  peut-être  quelquefois 
plus)  sont  distiques,  ai-je  dit;  les  autres  sont  unilatérales  :  il  y  a  donc,  où 
elles  sont  unilatérales,  défaut  de  développement,  avortement  d'une  partie 
des  feuilles.  Quelles  sont  celles  qui  ont  avorté?  Quand  les  feuilles  sont  dis- 
tiques, elles  n'ont  qu'une  stipule  axillaire;  quand  elles  sont  unilatérales, 
elles  ont  chacune  trois  stipules,  dont  deux  sont  placées  sur  la  tige  plus  bas 
que  la  feuille  près  de  laquelle  elles  sont  insérées.  Ces  deux  dernières  stipules, 
dont  la  position  est  anormale,  dépendent  donc  de  feuilles  avortées.  Telle  est 
au  moins  l'hypothèse  probable.  Mais  ces  deux  feuilles  sont-elles  les  seules 
qui  ne  soient  pas  développées?  Pour  nous  en  assurer,  comptons  les  organes, 
ou  plutôt  plaçons  par  la  pensée  une  feuille  au-dessous  de  chacune  des  stipules 
extra-foliaires,  de  manière  à  en  faire  des  stipules  axillaires;  et  voyons  si 
nous  aurons  un  nombre  suffisant  pour  obtenir  des  feuilles  distiques,  Des 
deux  stipules  extra-foliaires,  la  plus  élevée  sur  l'axe  est  celle  qui  est  placée 
derrière  la  feuille;  il  y  aura  donc,  dans  notre  hypothèse,  deux  feuilles 
placées  immédiatement  l'une  après  l'autre,  sans  feuille  alternant  avec  elles 
sur  le  côté  opposé  du  rhizome.  Il  manque  donc ,  au  point  intermédiaire, 
à  la  face  inférieure   de    celui-ci ,  au-dessus  de   la  stipule  extra- foliaire 
qui  est  de  ce  côté  de  la  tige,  non  seulement  une  feuille,   mais  sa  stipule 
axillaire. 

Aucune  des  feuilles  de  la  face  inférieure,  vers  le  sommet  du  rhizome,  ne 
s' étant  développée,  on  comprend  que  cette  feuille  n'existe  pas;  mais  pour- 
quoi l'avortement  de  sa  stipule?  C'est  que  sa  présence  eût  été  nuisible.  En 
effet,  alternant  avec  la  feuille  et  la  stipule  qui  est  derrière,  elle  eût  été, 
dans  le  bourgeon,  interposée  entre  la  feuille  et  cette  stipule.  Cette  dernière, 
ne  pouvant  alors  envelopper  cette  feuille,  ne  l'aurait  pas  protégée  pendant 
son  accroissement  au  milieu  de  la  vase,  en  grandissant  autour  d'elle.  La 
stipule  supposée,  au  contraire,  n'existant  pas,  la  stipule  extra-foliaire  supé- 
t.  i.  5 


()2  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE   FRANCK. 

rieure  peut  s'appliquer  immédiatement  sur  la  feuille,  l'embrasser  et  la  pro- 
téger après  qu'elle  est  sortie  du  bourgeon. 

Ces  considérations  semblent  démontrer  clairement  que  les  stipules  extra- 
foliaires  du  Nelumbium  codophyllum  sont  les  stipules  axillaires  de  deux 
feuilles  avortées,  l'une  à  la  face  supérieure  du  rhizome,  l'autre  à  la  face 
inférieure;  mais  que,  de  plus,  une  autre  feuille  et  sa  stipule  ont  aussi 
manqué  de  se  développer  à  cette  même  face  inférieure  de  la  tige  ,  au-dessus 
de  la  stipule  qui  existe  de  ce  côté.  Le  rétablissement  de  ces  trois  feuilles 
supposées  avortées  donne  ,  en  effet,  des  feuilles  distiques,  comme  elles  le 
sont  dans  les  plantes  résultant  de  germinations  récentes. 

Il  suit  de  là  que  la  moitié  des  feuilles  de  la  face  supérieure  du  rhizome 
manquent,  et  que  toutes  celles  du  côté  opposé  ne  se  sont  pas  développées. 

Si ,  comme  la  discussion  de  tous  ces  faits  semble  le  constater,  ces  trois 
feuilles  ont  réellement  avorté,  chaque  méiïthalle,  en  apparence  simple, 
serait  en  fait  quadruple;  il  serait  composé  de  quatre  mérithalles,  l'un  infé- 
rieur très  long,  quelquefois  épais  et  charnu,  et  de  trois  autres  excessive- 
ment raccourcis,  correspondant  aux  interstices  qui  séparent  les  stipules  et 
la  feuille.  Le  dernier,  le  plus  rapproché  de  celle-ci ,  ne  serait  même  pas 
accusé  au  dehors,  puisqu'il  n'existe  de  trace  ni  de  la  feuille,  ni  de  la  stipule 
que  ce  mérithalle  devrait  surmonter. 

Toutes  ces  anomalies  que  présente  le  Nelumbium  codophyllum,  loin 
d'infirmer  les  lois  de  la  phyllotaxie,  en  sont  donc  ,  au  contraire,  la  confir- 
mation. 

M.  Puel  présente  à  la  Société  un  échantillon  dePolygowlum  nud- 
liflorum  qu'il  a  trouve  dans  les  bois  de  Meudon,  et  chez  lequel  la 
troisième  feuille  caulinaire  est  le  siège  d'une  curieuse  anomalie  : 

Les  bords  de  cette  feuille  sont  soudés  de  telle  sorte  que  la  feuille  pré- 
sente l'aspect  d'un  sac  ou  d'une  utricule,  et  Délaisse  au  sommet  qu'une  pe- 
tite ouverture  circulaire,  à  travers  laquelle  passent  les  extrémités  des  feuilles 
terminales  renfermées  dans  le  sac.  Sur  cette  feuille  toutes  les  nervures 
sont  égales,  la  nervure  moyenne  ne  présentant  pas  plus  de  saillie  que  les 
autres. 

M,  Germain  de  Saint-Pierre,  à  qui  31.  Puel  a  confié  l'examen  de 
cette  anomalie,  expose  : 

Qu'ayant  coupé  transversalement  la  feuille  à  bords  soudes,  exactement 
décrite  par  M.  Puel,  il  a  trouvé  la  portion  de  la  tige  renfermée  dans  le  sac 
à  l'état  suivant  :  la  feuille  (quatrième  de  la  tige),  qui  se  présente  après  la 
feuille  a  bords  soudés  ,  est  une  feuille  normale  à  bords  libres,  puis,  chose 
bizarre,  la  feuille  suivante  (cinquième  delà  tige),  à  part  sa  taille  moins 


SEANCE    DL    lll    JUIN    1854.  0)3 

grande,  est  semblable  a  la  feuille  extérieure  anormale.  Ses  bords  sont  .sou- 
cies de  la  même  manière,  et  elle  renferme  à  son  tour  la  continuation  du 
bourgeon.  Cette  seconde  feuille  anormale  contient  la  sixième  feuille,  ainsi 
que  la  septième  et  dernière.  Ces  deux  feuilles,  qui  occupent  la  partie  supé- 
rieure de  la  tige  sont  planes.  Voila  donc  une  curieuse  alternance  de 
feuilles  à  bords  soudés  et  de  feuilles  normales.  Les  feuilles  étant  presque 
distiques  chez  cette  plante,  il  en  resuite  que  les  deux  feuilles  à  bords  sou- 
dés sont  insérées  du  même  côté  de  la  tige.  Les  feuilles  ne  présentaient  pas 
de  Heur  à  leur  aisselle. 

M.  Gay  demande  pourquoi  il  ne  s'agirait  pas  de  feuilles  soudées 
deux  à  deux  et  non  d'une  feuille  à  bords  réunis. 

M.  Brongniart  dit  que  la  solution  de  cette  question  se  trouve  dans 
la  disposition  relative  des  feuilles  supérieures  et  inférieures  aux 
feuilles  soudées. 

M.  Germain  de  Saint-Pierre  répond  qu'il  se  fonde  en  efïet  sur  celle 
disposition  relative  des  feuilles,  pour  admettre  une  feuille  à  bords 
soudés  et  non  deux  feuilles  situées  sur  un  même  plan  et  soudées 
entre  elles.  Dans  l'échantillon  en  question,  la  feuille  libre  située 
au-dessous  d'une  feuille  soudée  et  la  feuille  libre  située  au-dessus 
de  cette  même  feuille  sont  situées  au-dessus  l'une  de  l'autre; 
or,  les  feuilles  du  Polygonatum  étant  distiques,  entre  deux  feuilles 
immédiatement  superposées,  il  ne  peut  se  trouver  qu'une  seule 
feuille  qui  alterne  avec  elles,  et  cette  feuille. unique  est  précisément 
la  feuille  a  bords  soudés  en  forme  de  sac  ou  d'utricule. 

M.  Germain  de  Saint-Pierre  rapporte,  à  cette  occasion,  l'observa- 
tion qu'il  a  faite  récemment  d'un  individu  anormal  de  Tulipa  Gesnc- 
riana  qui  s'est  développé  dans  une  plate-bande,  parmi  des  pieds 
normaux,  au  jardin  du  Luxembourg  : 

Chez  cette  plante,  la  feuille  caulinaire,  précédant  la  (leur,  avait  les  bords 
entièrement  soudés;  cette  feuille  semblait  circulaire  et  présentait  la  même 
forme  générale  que  les  feuilles  en  forme  d'utricule  du  Polygonatum  dont  il 
vieut  d'être  question.  Il  arriva  que,  la  tige  continuant  à  s'allonger,  et  le 
bouton  delà  fleur  ne  pouvant  se  faire  jour  à  travers  la  feuille  à  borda  sou- 
dés, cette  feuille  se  rompit  transversalement  par  l'effort  progressif  et  continu 
de  la  tige  qu'elle  renfermait.  Cette  tige  présentait  alors  une  gaine  circulaire 
formée  par  la  base  de  la  feuille  brisée,  et  le  boulon  qui  la  terminait  etail 
coiffe  comme  d'un  éteignoir  par  la  partie  supérieure  entraînée  de  la  même 
feuille:  celle  forme  accidentelle  rappelait  complètement  la  disposition  do 
Çalyptra  qui  recouvre  l'urne  des  Mousses. 


64  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANGE. 

SÉANCE   DU    -28    JUIN    1854. 

PRÉSIDENCE   DE    H.    AU.    BRONGN1ART. 

M.  de  Schœnefeld,  secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de 
la  séance  du  14  juin,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Sur  la  présentation  du  Bureau,  la  Société  admet  au  nombre  de 
ses  membres  : 

MM.  Masson  (Victor),  libraire-éditeur,  place  de  l'Ecole-de-Médc- 
cine,  à  Paris  ; 

Legoq  (H.),  professeur  d'histoire    naturelle    de   la  ville  de 
Clermont-Ferrand  (Puy-de-Dôme)  ; 

Permond,  pharmacien  en  chef  de  la  Salpètrière,  à  Paris; 

Leguay  (Léon),  inspecteur  des  jardins  impériaux ,  rue  du 
Cherche-Midi,  17,  à  Paris; 

Carlel  (Théodore),  au  Musée  d'histoire  naturelle  de  Florence 
(Toscane). 

M.  de  Schœnefeld  donne  lecture  de  la  lettre  suivante  qui  est 
parvenue  au  Secrétariat  : 

Clermont-Ferrand,  17  juin  1854. 
Monsieur  , 

Pendant  un  court  séjour  que  je  lis  à  Paris,  au  mois  d'avril  dernier, 
M.  Passy  m'a  entretenu  du  projet  d'une  Société  Botanique  qui  devait  être 
établie  sur  les  bases  de  la  Société  Géologique.  Depuis  cette  époque  je  n'ai 
plus  entendu  parler  d'une  association  à  laquelle  je  donnai  alors  verbale- 
ment pleine  et  entière  adhésion.  Une  lettre  obligeante  de  M.  Pue!  m'ap- 
prend aujourd'hui  que  la  Société  est  constituée,  et  il  veut  bien  m'exprimer 
le  regret  de  ne  pas  voir  mon  nom  sur  la  liste  des  personnes  adhérentes. 
Quelle  que  soit  la  cause  qui  m'ait  privé  de  recevoir  les  avis  et  les  Statuts 
de  la  Société,  je  viens  vous  prier,  Monsieur,  de  m'insciïre  parmi  ses  mem- 
bres; et  comme  je  suppose  que  le  règlement  est  le  même  que  ceux  des 
Sociétés  Géologique  et  Météorologique,  dont  j'ai  l'honneur  de  faire  partie, 
je  vous  demande  le  titre  de  membre  à  vie,  et  je  vous  adresserai  prochaine- 
ment le  mandat  de  trois  cents  francs,  si ,  comme  je  le  présume,  le  règlement 
ne  met  pas  d'opposition  à  ce  mode  de  cotisation  si  commode  pour  ceux 
qui  sont  éloigués  de  Paris.  Enfin,  Monsieur,  je  vous  prie  encore  de  vouloir 
bien  insérer  cette  lettre  au  Bulletin,  afin  que  mes  honorables  collègues 
soient  bien  persuadés  de  mon  empressement  a  m'associer  à  leurs  travaux 


séance  ni    28  juin  1 8 5 /| .  65 

et  à  contribuer,  par  tous  les  moyens  qui  sont  en  mon  pouvoir,  aux  progrès 
de  la  branche  importante  des  sciences  naturelles,  qui  a  pour  objet  l'étude 
des  végétaux. 

Recevez,  etc.,  H.  Lecoq, 

Professeur  d'histoire  naturelle  de  la  ville  de  Clërmont-Ferrand. 

Conformément  au  désir  exprimé  par  M.  Lecoq,  il  est  proclamé 
membre  à  vie,  et  sa  lettre  sera  insérée  au  Bulletin. 

Dons  faits  à  la  Société  : 

1°  De  la  part  de  la  famille  de  feu  M.  Adrien  de  Jussieu  : 

Epistolœ  Caroli  a  Linné  ad Bernardum  de  Jussieu,  ineditœ  et  mutuce 
Bernardi  ad  Linnœum,  curante  Adriano  de  Jussieu.  Cantabrigise, 
Novae-Angliœ,  1854. 

Une  médaille  de  bronze  récemment  frappée  en  mémoire  des  botanistes 
de  la  famille  de  Jussieu. 

2°  Par  M.  Duchartre  : 

Hevue  botanique,  années  1845  à  18/|7,  2  volumes. 

Observations  sur  la  fleur  et  plus  particulièrement  sur  l'ovaire   de 

/'OEnothera  suaveolens,  1847. 
Observations  sur  l'embryogénie  de  la  fleur,  et  en  particulier  de  l'ovaire 

chez  les  plantes  à  placenta  central  libre,  1844. 
Note  sur  l'anatomie  de  /'Orobanche  Eryngii,  1845. 
Observations  sur  la  Clandestine  d'Europe  (Lathraea  Clandestina,  L.), 

18/(3. 
Observations  anatomiques  et  organogéniques  sur  la  Clandestine  d'Eu- 
rope, 1847. 
Note  sur  deux  faits  de  tératologie  végétale,  1844. 
Note  sur   une  monstruosité   du   Narcissus   Corbuiaria   tubeeformis, 

Durieu,  1846. 
Note  sur  /'Hypopitys  multiflora,  Scop.,  1846. 
Observations  sur  l'organogénie  florale  des  Cary  ophy  liées,  1846. 
Observations  sur  l'organogénie  de  la  fleur  dans  les  plantes  de  la  famille 

des  Malvacées,  1 845. 
Observai  ions  siœ  V  organagénie  florale  et  sur  l'embryogénie  des  Nycta- 

ginées,  1848. 
Mémoire  sur  les  embrgons  qui  ont  été  décrits  comme polycotylés. 
Note  sur  les  feuilles  ramifèrPS  des  Tomates. 


66  SOGIÊTÉ    ïtOTAMOlE    DE    FRANCK. 

>  Par  M.  Trécul! 

Nouvelles  observations  relatives  à  l'accroissement  en  diamètre  des 
arbres  dicotylédones,  1853. 

Formation  des  vaisseaux  (filets  radiculaires  de  quelques  auteurs)  au- 
dessous  des  bourgeons,  soit  adventifs,  soit  normaux,  isolés  par  des 
décor t  i  cations ,  1 S  5  3 . 

Mémoire  sur  le  développement  des  Loupes  et  des  Broussins  envisages 
au  point  de  vue  de  l'accroissement  en  diamètre  des  arbres  dicoty- 
lédones. 

Mémoire  sur  la  formation  des  perforations  (pie  présentent  le*  feuilles 
de  quelques  Aroïdées. 

Mémoire  sur  la  formation  des  feuilles. 

h    Par  M.  Eugène  Michalet,  de  Dole  : 

Noté  sur  quelques  plantes  récemment  observées  dans  te  département  du 
Jura  et  le  pays  de  Gex.  Besançon,  l85ft. 

5°  Par  M.  Léon  Soubeiran  : 

Une  lettre  autographe  de  feu  l'ose,  son  aïeul  maternel,  en  date  du 
11  août  1818. 

(V1  De  la  part  de  M.  II.  Lecoq,  de  Clermont-Ferrand  : 

/{tudes  sur  la  géographie  botanique  de  l'Europe,  et  en  particulier  sur 
la  végétation  du  plateau  central  de  la  France,   tome  I,  1854. 

M.  le  Président  donne  lecture  de   l'extrait  suivant  d'une  lettre 
qu'il  a  reçue  de  M.  Godron,  recteur  de  l'Académie  du  Doubs  : 

Besançon,  l/i  juin  185/|. 

Monsieur. Pendant,  votre  séjour  à  Besançon,  vous  m'avez  hiâiiifesté 

l'intérêt  que  vous  portiez  aux  expériences  que  j'ai  entreprises  dans  le  luit 
•  le  reproduire,  par  la  fécondation  artificielle,  WFgilops,  triticoides,  et  de 
donner  le  caractère  d'une  démonstration  complète  à  l'opinion  que  j'ai 
émise  sur  l'origine  de  cette  plante.  Aussi  je  me  fais  un  devoir  de  nous 
annoncer  que  ces  expériences  ont  parfaitement  réussi.  Je  suis  parvenu,  en 
lecondaut  WEgilups  ovata  par  le  pollen  du  Blé  barbu  et  du  Blé  sans  barbes, 
a  reproduire  les  deux  formes  d\F.  triticoides  que  j'ai  observées  dans  le 
Midi.  J'ai  obtenu  également  deux  formes  hybrides  nouvelles,  l'une  qui 
résulte  de  la  fécondation  de  Y.  F.  ovata  par  le  Triticiim  Speltù,  l'autre  de 
I'  /'.  triaristata  par  le  Triticum  duruni. 


SÉANCE  DU   28  JUIN  1854.  07 

M.  Trécul  t'ait  la  communication  suivante  : 

EXTRAIT   D'UN    MÉMOIRE    INÉDIT    SUR   LES    FORMATIONS  SPIRALES,    ANNULAIRES   ET 
RÉTICULÉES  DES  CACTÉES,  DU  CUCURBITA  PEPO,  ETC.,  par  M.  A.  TRÉCUL. 

Les  Cactées ,  dout  les  formes  sont  généralement  si  remarquables,  ont  un 
système  fibro-vasculaire  qui ,  à  la  première  vue,  semble  ne  pas  différer 
de  celui  des  autres  végétaux  dicotylédones;  mais  les  espèces  qui  ont  la  tige 
courte  ou  globuleuse,  principalement,  comme  les  Echinocactus,  les  Matnil- 
laria.,  les  Melocactus,  etc.,  ont  une  structure  qui  n'a  pas  d'analogue  chez 
les  autres  végétaux.  Les  fibres  ligneuses  ordinaires  y  sont  presque  toujours 
remplacées  par  des  cellules  oblongues,  à  parois  minces,  transparentes,  qui 
renferment  tantôt  une  lame  spirale  contournée  comme  un  escalier  à  vis, 
tantôt  des  anneaux  ou  des  disques  percés  d'un  trou  au  milieu,  et  placés  a 
des  intervalles  réguliers  en  travers  de  ces  utricules.  Ces  éléments  divers 
sont  mélangés  dans  la  même  plante  avec  des  vaisseaux  spiraux,  qui  s'en 
distinguent  surtout  par  leur  spiricule  plus  étroite. 

Cette  curieuse  structure  a  été  connue  de  Meyen,  de  R.  Brownj  mais 
MM.  Brongniart  et  Scbleiden  l'ont  étudiée  simultanément  avec  beaucoup  de 
détail.  Ils  ont  donné  d'excellentes  figures  de  ces  organes,  dont  je  complé- 
terai l'étude  en  décrivant  leur  mode  de  développement  et  leur  structure 
plus  intime.  Cet  examen  jettera  un  jour  tout  nouveau  sur  la  formation  des 
vaisseaux  spiraux,  des  vaisseaux  annulaires,  des  réticulés  et  même  de  cer- 
tains vaisseaux  ponctués,  sur  la  production  desquels  il  règne  encore  beau- 
coup d'obscurité.  En  effet,  la  spiricule  est-elle  un  vaisseau  roulé  en  hélice 
autour  d'un  tube  membraneux  contenant,  de  l'air,  comme  le  pensait  Hedwig; 
ou  bien  ne  sont-elles  que  le  résultat  d'une  découpure  en  spirale  d'une 
membrane  utriculahe,  ainsi  que  le  croyait  M.  de  Mirbel?  ou  bien  encore, 
cette  découpure  en  spirale  ne  s'est-elle  opérée  qu'après  que  des  dépôts  en 
hélice  se  sont  faits  à  la  surface  interne  de  la  membrane  utriculaire,  comme 
le  pensent  MM.  H.  Mohl ,  Scbleiden  et  avec  eux  presque  tous  les  botanistes 
de  notre  époque,  qui  croient,  aussi  que  ce  sont  de  tels  dépôts  qui  donnent 
lieu  aux  réticulations ,  aux  anneaux,  etc.,  que.  présentent  la  plupart 
des  vaisseaux?  La  description  des  faits  nous  dira  ce  que  l'on  doit  penser  de 
ces  théories. 

En  cherchant  l'origine  des  fibres  ligneuses  spirales  et  annulaires  des 
Cactées,  j'ai  vu  qu'elles  naissent  absolument  comme  les  fibres  ligneuses 
ordinaires.  Dans  de  jeuues  Mamillaria  quadrispina,  Echinocactus  Cou- 
rant i.i  ,  elles  étaient  disposées  dans  la  couche  génératrice  en  séries  horizon- 
tales rayonnantes,  sous  la  forme  de  cellules  oblongues,  à  parois  minces  et 
transparentes.  Dans  les  plus  rapprochées  du  cylindre  fibro-vasculaire,  je 
visse  dessiner  une  ligne  spirale  sur  la  membrane  qui  était  d'abord  lisse. 


(38  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

Cette  spiricule,  à  peine  perceptible,  d'une  teinte  plus  claire  que  le  reste  de 
la  membrane  ,  a  ses  tours  de  spire  écartés  dès  le  principe;  et  ses  bords, 
primitivement  diffus,  se  dessinent  bientôt  avec  netteté.  Une  étude  attentive 
fait  voir  qu'elle  occupe  une  partie  de  l'épaisseur  de  la  membrane,  dont 
elle  est  évidemment  une  dépendance,  et  non  un  simple  dépôt  formé  à  sa 
face  interne.  Quand  la  spiricule  est  bien  définie,  la  membrane  de  la  cellule, 
qui  croît  plus  vite  qu'elle,  se  renfle  dans  les  intervalles  qui  séparent  ses 
tours  de  spire,  en  sorte  qu'à  cette  éqoque  un  sillon  suit  à  l'extérieur  de  la 
cellule  les  contours  de  l'hélice  ;  mais  la  spiricule,  en  continuant  son  accrois- 
sement, efface  peu  à  peu  ce  sillon,  et  finit  même  par  faire  saillie  à  son 
tour.  D'abord  simple  linéament  à  la  face  interne  de  l'utricule,  elle  s'élargit 
au  point  d'occuper  fréquemment  presque  tout  le  rayon  de  la  cellule;  c'est 
alors  qu'elle  figure  une  lame  contournée  comme  un  escalier  à  vis.  Cette 
spiricule  ne  s'accroît  donc  pas  par  des  dépôts  successifs  de  la  matière  con- 
tenue dans  la  cellule;  elle  s'accroit  par  intussusception. 

Tous  les  phénomènes  que  je  viens  de  décrire  se  retrouvent  dans  la 
formation  des  fibres  annulaires  du  Mamillaria  quadrispina;  seulement  ce 
sont  des  anneaux  qui  naissent  tout  d'abord  au  lieu  de  la  spiricule.  A  la 
forme  annulaire  près,  c'est  le  même  aspect  au  début,  la  même  dilatation 
successive  de  la  membrane  et  des  anneaux.  Quand  la  membrane  est  plus 
dilatée,  il  serait  impossible  de  s'imaginer  qu'il  y  a  là  une  simple  cellule, 
si  on  ne  l'avait  pas  vue  se  modifier;  ou  plutôt  elle  a  tout  l'aspect  d'une 
cellule  mère  qui  s'est  partagée  par  des  cloisons  pour  produire  plusieurs 
autres  cellules. 

La  spiricule  et  les  anneaux,  aussi  minces  que  la  membrane  de  leur 
cellule  mère,  à  leur  origine,  se  dilatent  dans  tous  les  sens,  prennent  une 
épaisseur  plus  grande  que  la  sienne,  car  elle  conserve  à  peu  près  la  même 
ténuité  à  tous  les  âges  ;  c'est  pourquoi  les  anneaux  et  la  spiricule,  ayant  plus 
de  consistance  que  les  parois  utriculaires,  les  refoulent  vers  l'axe  de  chaque 
cellule  adjacente.  Cependant  la  compression  que  les  cellules  exercent  les 
unes  sur  les  autres,  a  pour  effet  de  faire  prendre  souvent  aux  anneaux  et 
aux  spiricules  des  formes  variées  ;  leur  contour  est  alors  marqué  de  quel- 
ques échancrures  plus  ou  moins  profondes. 

Tels  sont  les  phénomènes  qui  accompagnent  l'évolution  de  ces  organes. 
Jusque-là,  tous  les  tissus  que  composaient  ces  jeunes  cellules  étaient  trans- 
parents, celles-ci  ne  contenant  que  des  liquides;  mais  quand  leur  accrois- 
sement est  terminé,  les  tissus  s'imprégnant  de  gaz,  une  opacité  complète 
succède  à  la  Irausparence  primitive.  C'est  alors  que  commence  une  autre 
période,  qui  mériterait  peut-être  d'être  appelée  période  physiologique,  la 
précédente  ne  me  paraissant  être  que  la  période  d'évolution. 

La  similitude  qui  existe  entre  la  structure  et  le  développement  des  fibres 
ligneuses  spirales  et   des  trachées ,  la  présence  des  gaz  dans  l'un  et  dans 


SÉANCE    DU   28   JUIN   1854.  69 

l'autre  cas,  ne  semblent-ils  pas  engager  à  considérer  les  tissus  qui  sont 
composés  de  ces  fibres  spirales  et  annulaires,  comme  une  exagération  du 
système  trachéen  aux  dépens  du  système  fibreux,  de  même  que  j'ai  montré 
ailleurs  le  système  des  vaisseaux  ponctués  et  réticulés  se  formant  aux 
dépens  du  même  système  fibreux,  lorsque  les  besoins  de  la  plante  le  néces- 
sitent^). Est-il  doue  rationnel  de  supposer  que  toute  action  physiologique 
cesse  pour  ces  éléments  spiraux  et  annulaires,  qui  constituent  presque  tout 
le  corps  ligneux  des  Mamillaria,  etc.,  et  pour  les  trachées,  à  l'époque  de 
l'apparition  des  gaz,  c'est-à-dire  au  moment  où  leur  développement 
s'achève,  quand  ils  semblent  être  arrivés  à  leur  état  de  perfection.  Ce 
sont  là  des  considérations  que  je  soumets  à  la  critique  des  physiolo- 
gistes. 

Je  n'ai  rien  dit  encore  d'un  point  très  important  de  la  structure  des 
organes  dont  je  viens  d'esquisser  révolution.  La  découverte  de  ce  phéno- 
mène a  eu  pour  résultat  de  me  conduire  à  d'autres  observations  du  plus 
haut  intérêt.  J'ai  vu,  en  effet,  d'abord  dans  des  fibres  ligneuses  spirales 
qui  avaient  macéré,  ensuite  dans  des  organes  frais,  que  la  spiricule,  qui  était 
considérée  comme  formée  d'une  substance  homogène  déposée  sur  la  mem- 
brane par  le  liquide  contenu  dans  la  cellule,  j'ai  vu,  dis-je ,  que  cette  spiri- 
cule est  composée  de  deux  substances  :  1°  d'un  tube  creux,  à  parois  minces 
bien  définies,  d'une  cellule  spirale  enfin  ;  2°  d'une  matière  gélatineuse  que 
celle-ci  renferme,  qui  a  une  couleur  différente  et  une  consistance  variable. 
Pour  les  apercevoir  plus  aisément,  il  faut  avoir  une  section  ou  une  cassure 
bien  perpendiculaire  à  l'axe  de  la  spiricule. 

Les  anneaux  ont  la  même  structure.  J'ai  reconnu  aussi  cette  composition 
dans  les  vaisseaux  du  Cucurbita  Pepo.  J'ai  même  observé  dans  les  vaisseaux 
réticulés  de  cette  plante  et  dans  ceux  des  Cactées,  que  les  mailles  du 
réseau  qui  constituent  les  parties  déprimées,  le  sont  en  dehors  aussi  bien 
qu'au  dedans,  ce  qui  exclut  l'idée  de  dépôt  secondaire  effectué  à  l'intérieur 
pour  produire  les  réticulations;  j'ai  vu  également  que  le  réseau  formé  par 
les  parties  renflées  est  creux  comme  les  spiricules  et  contient  comme  elles 
une  substance  gélatineuse.  Ce  sont  les  vaisseaux  réticulés,  dont  les  dépres- 
sions ne  sont  que  linéaires  et  les  réticulations  très  larges,  qu'il  faut  choisir 
pour  mieux  apercevoir  ces  cavités. 

Les  formations  spirales,  les  annulaires  et  les  réticulées,  ne  sont  pas  les 
seules  qui  offrent  cette  structure;  certains  vaisseaux  ponctués,  certaines 
cellules  ponctuées  peuvent  aussi  la  présenter.  J'ai  rencontré  assez  souvent 
de  ces  vaisseaux  ,  moins  souvent  de  ces  cellules,  dont  les  ponctuations 

(1)  Voyez,  Annales  des  sciences  naturelles,  [\e  série,  t.  I,  mon  Mémoire  sur  la 
formation  des  ruisseaux  (filets  radiculaires  de  quelques  auteurs)  au-dessous 
des  bourgeons,  suit  adventifs,  suit  normaux,  isolés  par  des  décortications,  etc. 


70  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE   FRANCE. 

étaient  dues  à  des  cavités  analogues  existant  dans  l'épaisseur  même  de  la 
membrane  de  ces  organes,  sans  communication  directe  avec  l'intérieur  de 
la  cellule  ou  du  vaisseau. 

Je  dois  ajouter  tout  de  suite  que  j'ai  observé  aussi,  comme  tous  les  ana- 
tomistes,  des  ponctuations  qui  ont  une  autre  origine.  Je  dirai  également 
que  beaucoup  d'entre  elles  ne  sont  point  dues  à  l'épaississement  de  la 
membrane  au  moyen  d'incrustrations  qui  se  déposent  à  l'intérieur  de  la 
cellule,  laissant,  à  des  intervalles  réguliers,  des  points  où  ces  dépôts  ne 
s'effectuent  pas;  dans  une  multitude  de  cas,  ces  épaississements  ont  lieu 
par  l'interposition  d'une  matière  intercellulaire  qui  refoule  la  membrane 
primaire  vers  le  centre  de  la  cellule,  la  où  ces  interpositions  sont  faites  ;  et 
ce  sont  les  points  où  elles  ne  se  font  pas,  qui,  dans  les  cas  dont  je  parle  en 
ce  moment,  ont  l'aspect  de  ponctuations 

Tous  ces  faits  prouvent  que  les  théories  fondées  sur  des  dépôts  formes 
à  l'intérieur  des  utricules  ne  sont  pas  aussi  générales  qu'on  le  pense  com- 
munément. 

M.  Germain  de  Saint-Pierre  demande  comment  M.  Trécul  a  pu  se 

convaincre  que  la  spirieule  est,  creuse.  Il  a  plusieurs  fois  vainement 
essayé  de  constater  ce  l'ait. 

M.  Trécul  affirme  de  nouveau  que  la  cavité  dont  il  a  parlé  est  1res 
visible. 

M.  Brongniart  ajoute  que  les  spiricules  des  Cactées  sont  particu- 
lièrement favorables  à  cette  élude,  et  que  M.  Trécul  lui  a  fait  voir 
les  faits  tels  qu'il  vient  de  les  exposer.  Ces  faits,  (railleurs,  ne  s'ap- 
pliquent peut-être  pas  aux  trachées  ordinaires  chez  les  autres 
\égéfîiux. 

M.  Decaisne  présente  des  échantillons  de  plusieurs  Conifères 
gigantesques  de  la  Californie,  récoltés  et  envoyés  au  Muséum  par 
M.  Boursier  de  la  Rivière,  agent  consulaire  de  France  : 


L'un  de  ces  échantillons  se  rapporte  a  un  Çhamœcyparis,  auquel  M.  De- 
caisne donne  le  nom  de  C.  Boursieri;  cette  espèce  se  distingue  de  ses  con- 
génères parla  brièveté  de  ses  feuilles,  très  étroitement  imbriquées,  ovales, 
acuminées  et  munies  chacune  d'une  glande  à  sa  partie  moyenne  ;  ses  plus 
jeunes  rameaux,  dépourvus  de  cônes,  ressemblent  à  ceux  de  ['Arthrotazis 
zi'laginoidcs. 

Les  autres  échantillons  présentes  par  M.  Decaisne  se  rapportent  aux 
Seqnoia  sempervirens  et  gigantea   II  fait  observer  que  l'existence,  chez  ces 


SÉANCE   DU    28   .JUIN    185/|.  71 

arbres,  de  différentes  formes  de  feuilles,  ne  peut  justifier  l'établissement  du 
genre  Wellingtonia,  que  M.  Lindley  a  cru  pouvoir  baser  sur  cette  particu- 
larité. En  effet,  les  Conifères  présentent  toutes  ce  caractère  à  un  degré  plus 
ou  moins  remarquable,  et  en  lui  accordant  la  valeur  que  lui  assigne 
M.  Lindley,  on  se  trouverait  conduit  a  séparer  génériquement  chacune  des 
espèces  du  groupe  des  Entassa. 

M.  Decaisne  ajoute  que  le  Séquoia  sempervirens  présente  souvent  sur  le 
même  rameau  des  feuilles  imbriquées  et  des  feuilles  distiques,  comme  cela 
se  rencontre  chez  plusieurs  Dacrydium,  Podocarpus,  etc..  cl  parmi  les 
Conifères  fossiles,  dans  le  Voltziù  hierophylla,  etc. —  Passant  ensuite  à  la 
structure  des  fruits  et  des  graines,  il  démontre  que  leur  identité  est  parfaite 
dans  les  Séquoia  sempervirens  et  gigantea,  et  qu'il  n'existe  a  cet  égard 
qu'une  simple  différence  de  grosseur  dans  les  cônes  :  le  nombre  et  la  forme 
des  écailles,  leur  insertion  sur  l'axe,  tout  est  semblable  de  part  et  d'autre, 
et  rien  n'y  rappelle  la  structure  du  Sciadûpitys,  au  fruit  duquel  M.  Lindley 
compare  celui  de  son  genre  Wellingtonia.  Il  en  est  de  même  pour  les 
graines,  qui  sont  toutes  semblables  quant  à  la  forme,  et  qui  se  trouvent  au 
nombre  de  cinq  sur  chaque  écaille. 

Enfin,  pour  prouver  plus  complètement  encore  l'identité  générique  de 
ces  deux  arbres  gigantesques,  M.  Decaisne  fait  remarquer  qu'ils  renferment 
l'un  et  l'autre  une  substance  colorante  rouge,  solnbledans  l'eau  et  qui  a  fait 
donner  au  S.  sempervirens  le  nom  de  red  /rond  (bois  rouge)  par  les  Anglo- 
Américains. 

Eh  terminant,  le  même  membre  rappelle  que  l'on  connaît  actuellement 
au  Mexique  ou  sur  la  côte  occidentale  de  l'Amérique  du  Nord  plusieurs 
espèces  d'arbres  gigantesques  :  le  Thuia  gigantea  (figuré  dans  la  tew 
horticole,  185'i),  le  Séquoia  sempervirens,  dont  le  tronc  atteint  jusqu'à 
5  mètres  de  diamètre,  le  S',  gigantea  qui  a  jusqu'à  100  mètres  de  hauteur 
et  S  à  9  mètres  de  diamètre;  le  Chamœcyparis  Boursier!,  qui  rivalise  avec 
ce  dernier,  le  TaxbdiWn  d'Oaxaca  ('/'.  Montèzwnœ,  Decaisne)  (l),  confondu 
avec  le  Taxodimn  distiehum  de  la  Louisiane,  et  enfin  le  Ptnus  f.mu- 
bertianà. 

M.  Decaisne  présente  déplus  à  la  Société  un  fruit  de  Paria,  également 
originaire  de  la  Californie;  ce  fruit  mesure  8  centimètres  de  longueur  et  le 
marron  qu'il  contient  en  a  21  de  circonférence.  Malheureusement  lorsqu'on 
l'a  reçu,  ce  marron  était  complètement  ^àté.  il  eût  été  intéressant  de  savoir 
si  cette  espèce  possède  les  qualités  alimentaires  des  graines  du  Pavia  ma- 
cfostachya. 

(1)  M.  Decaisne  a  donné  à  eelto  espère  le  nom  de  TaxodiuM  MoftiezUmce,  afin  de 
rappeler  que  cel  arbre  était  déjà  célèbre  par  ses  énormes  dimensions,  à  l'époque  de 
la  conquête  du  Mexique  par  t'ernand  Gortez, 


72  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

M.Germain  de  Saint-Pierre  fait  à  la  Société  la  communication 
suivante  : 

SUR  LA   DISPOSITION   DES  FEUILLES  DANS   LA   FAMILLE  DES    RUBIACÉES , 
par  M.  E.  GERMAIN  DE  SAINT-PIERRE. 

Les  botanistes  considèrent  généralement  les  feuilles  verticillées  de  nos 
Rubiacées  indigènes  (dites  Stellatœ  ou  Étoilées)  comme  étant  le  résultat  du 
développement  normal  de  stipules  foliacées  situées  entre  des  feuilles  opposées, 
et  présentant  la  même  forme  et  la  même  dimension  que  ces  feuilles.  Ils  ont 
été  conduits  à  cette  explication  de  la  disposition  exceptionnelle  des  feuilles 
dans  cette  tribu  de  la  famille  si  naturelle  des  Rubiacées,  par  la  comparaison 
et  par  l'analogie  de  la  structure  et  de  la  disposition  des  feuilles  chez  les 
autres  tribus  de  cette  nombreuse  famille,  où  les  feuilles  sont,  comme  on  le 
sait,  généralement  opposées  et  munies  de  stipules. 

En  effet,  les  plantes  de  la  tribu  des  Rubiacées-étoilées  présentant,  au 
premier  abord,  un  organe  important  de  moins  que  les  plantes  des  autres 
tribus  :  les  stipules,  et  présentant  un  organe  important  de  plus  :  les  feuilles 
surnuméraires;  d'autre  part,  ces  feuilles  surnuméraires  étant  privées  de 
bourgeon  à  leur  aisselle,  tandis  que  les  feuilles  essentielles,  alternativement 
opposées,  se  distinguent,  dans  le  verticille,  par  la  présence  de  leur  bourgeon , 
on  avait  dû  être  porté  à  voir  dans  les  feuilles  surnuméraires,  qui  complètent 
le  verticille,  les  organes  manquant  en  apparence,  c'est-à-dire  les  stipules. 

Un  fait  intéressant  quej'ai  observé  en  comparant  entre  elles  nos  Rubiacées 
indigènes,  afin  de  m' éclairer  sur  les  lois  qui  président  à  la  transformation 
des  stipules  en  feuilles,  pourra  peut-être  faire  passer  à  l'état  de  certitude  la 
probabilité  de  cette  transformation. 

J'ai  trouvé  cbez  le  Galium  linifolium,  Lam.,  plante  des  Alpes  françaises, 
de  véritables  stipules  sétiformes  et  aciculées,  absolument  semblables  à 
celles  qui  existent  chez  un  grand  nombre  de  Rubiacées  à  feuilles  opposées; 
ces  stipules  occupent  la  place  qu'occuperait  l'une  des  feuilles  du  ver- 
ticille. Tantôt  l'une,  tantôt  l'autre,  quelquefois  une  seule,  quelquefois  plu- 
sieurs des  feuilles  revêtent  cette  apparence  stipulaire  ;  aucune  régularité  de 
disposition  ne  préside  à  cette  importante  modification. 

On  ne  saurait  méconnaître,  dans  ces  stipules  tendant  ainsi  à  remplacer 
toutes  les  feuilles  surnuméraires  des  verticilles  supérieurs,  les  feuilles  sur- 
numéraires elles-mêmes,  excessivement  réduites  dans  leur  volume  par 
suite  de  l'appauvrissement  ou  de  l'épuisement  qui  a  lieu  dans  les  ramifica- 
tions terminales  de  la  plante.  Or,  la  consistance  et  la  forme  des  stipules 
dans  la  famille  des  Rubiacées  étant  le  plus  généralement  la  consistance 
membraneuse  et  la  forme  subulée,  on  doit  en  conclure  que,  dans  la  section 
des  Stellatœ,  une  sorte  d' hypertrophie  normale  rend  les  stipules  amples 


SÉANCE   DL    28  JUIN    185/i.  73 

et  foliacées,  et  que,  chez  le  Galium  linifoUum,   les  stipules  retournent 
a  la  forme  subulée  (théoriquement  normale)  par  une  atrophie  anormale. 

Je  me  suis  assuré,  par  l'examen  d'un  grand  nombre  de  tiges,  que  les 
organes  subulés,  qui  me  semblent  pouvoir  être  appelés  du  nom  de  stipules, 
n'occupent  jamais  la  place  de  l'une  des  deux  feuilles  opposées  qui  présentent 
des  bourgeons  ou  des  rameaux  à  leur  aisselle,  ces  organes  occupant  tou- 
jours la  place  de  l'une  des  feuilles  supplémentaires  situées  dans  les  deux 
intervalles  qui  séparent  les  feuilles  normales. 

Or,  si  les  feuilles  supplémentaires  de  ce  Galium  retournent  à  l'état  de 
stipules  dans  les  verticilles  supérieurs,  les  feuilles  larges  des  autres  verticilles 
qui  présentent  la  même  disposition  sont  également  des  stipules.  La  même 
conséquence  peut  et  doit  s'étendre  aux  autres  espèces  du  même  genre  et  aux 
autres  genres  de  la  même  tribu,  dont  le  système  phyllotaxique  présente  la 
même  disposition. 

Un  autre  fait,  que  j'ai  recueilli  en  continuant  les  mêmes  recherches,  m'a 
conduit  au  même  résultat:  Chez  Y Asperula  arvensis,  le  verticille  deuxième 
de  la  plante  (celui  qui  suit  immédiatement  le  premier  qui  n'est  compose 
(juc  des  deux  feuilles  cotylédonaires)  est  composé  généralement  de  quatre 
feuilles;  deux  de  ces  feuilles,  celles  qui  alternent  avec  les  feuilles  cotylé- 
donaires, présentent  des  bourgeons  à  leur  aisselle  et  sont  les  véritables 
feuilles;  des  deux  autres  feuilles,  alternes  avec  les  précédentes  (et  situées 
au-dessus  des  cotylédons),  l'une  est  souvent  le  siège  d'un  dédoublement 
qui  fait  passer  les  feuilles  de  ce  verticille  du  nombre  quatre  au  nombre 
cinq.  Ce  dédoublement  incomplet  nous  donne  l'explication  de  ce  qui  a  lieu 
lorsque  le  verticille  présente  un  plus  ou  moins  grand  nombre  de  feuilles; 
l'augmentation  est  due  au  retour  à  l'état  libre  des  stipules,  qui  sont 
confondues  deux  en  une  seule  lorsque  le  verticille  ne  présente  que  quatre 
feuilles;  qui  sont  libres  lorsque  le  verticille  présente  six  feuilles;  qui  sont 
confondues  par  deux  sur  un  des  côtés  de  la  tige,  et  libres  de  l'autre  côté, 
lorsque  le  verticille  (comme dans  le  cas  décrit)  est  à  cinq  feuilles;  qui  sont, 
enfin,  [plus  ou  moins  dédoublées  lorsque  le  verticille  est  à  plus  de  six 
feuilles. 

Notre  collègue  M.  le  docteur  Weddell,  qui  s'est  occupe  avec  tant  de 
succès  de  la  tribu  des  Cinchoneœ  (Quinquinas) ,  m'a  fait  remarquer  que,  dans 
certaines  divisions  de  cette  tribu  à  feuilles  opposées,  il  existe  des  genres  chez 
lesquels  laplupart  des  espèces  sont  à  feuilles  verticillées  :  tel  est,  par  exemple, 
le  genre  Bouvardia  (qui  renferme  principalement  des  plantes  du  Mexique). 
—  Ayant  examiné  les  espèces  de  ce  genre,  qui  font  partiede  la  collectioudu 
Muséum,  j'ai  trouvé,  chez  l'une  d'elles,  les  rameaux  principaux  à  feuilles 
verticillées  par  quatre,  et  les  rameaux  secondaires  à  feuilles  opposées 
{B.  leiantha);  chez  un  autre  (B.  Jacquini),  j'ai  trouvé  les  rameaux  prin- 
cipaux à  feuilles  verticillées  par  trois,  et  les  rameaux  secondaires  à  feuilles 


1k  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE   DE    FRANCE. 

opposées.  Chez  d'autres,  toutes  les  feuilles  sout  verticillées  par  trois  ou  par 
quatre;  chez  d'autres  enfin,  le  nombre  des  feuilles  du  verticille  varie:  il  est 
d'autant  plus  considérable  que  le  verticille  occupe  la  partie  la  plus  vigou- 
reuse du  rameau,  c'est-à-dire  la  partie  moyenne. 

Or,  chez  ces  Rubiacées  à  feuilles  verticillées,  il  existe  constamment  des 
stipules  subulées,  alternes  avec  les  feuilles,  tant  avec  les  feuilles  qui  corres- 
pondent aux  feuilles  opposées  qu'avec  les  feuilles  supplémentaires.  Il  ne 
fallait  donc  pas  chercher  dans  ces  tribus  l'explication  de  l'augmentation  du 
nombre  des  feuilles  dans  une  transformation  foliacée  des  stipules,  ainsi  que 
chez  les  Rubiacées-étoilées.  J'en  voyais  l'explication  dans  un  dédoublement 
des  feuilles  normales,  analogue  au  dédoublement  qui  fait  passer  si  fréquem- 
ment le  Lysimachia  vulgaris  de  la  forme  normale  à  feuilles  opposées,  à  la 
forme  anormale  fréquente  à  feuilles  verticillées  par  trois  et  pur  quatre. 
Mais  je  désirais  vivement  trouver  un  fait  démonstratif  de  cette  théorie 
chez  les  Rubiacées  elles-mêmes,  lorsqu'un  hasard  inespéré  m'a  fait  rencon- 
trer, parmi  les  spécimens  de  l'herbier  du  Muséum,  un  /Jouvardia  [ /J. 
uugustifolia)  chez  lequel  une  feuille  de  l'un  des  verticilles  présentait  l'état 
intermédiaire  entre  une  feuille  et  deux  feuilles.  Cette  feuille  bifide  ou  incom- 
plètement dédoublée  latéralement,  qui  m'a  permis  de  prendre  en  quelque 
sorte  la  nature  sur  le  fait,  fournit  la  preuve  la  plus  irrécusable  du  mode  de 
multiplication  des  feuilles  par  dédoublement  chez  les  Rubiacées,  à  feuilles 
opposées  et  à  stipules,  des  tribus  exotiques. 

Chez  nos  Rubiacées-etoilees,  la  question  de  multiplication  des  feuilles 
par  transformation  des  stipules  peut  se  compliquer  du  dédoublement  des 
véritables  feuilles  que  nous  avons  observé  chez  les  Rubiacées  à  feuilles 
franchement  opposées.  —  Chez  les  espèces  du  genre  Jlubiu  (Garance),  par 
exemple,  les  véritables  feuilles  et  les  rameaux  qui  naissent  à  leur  aisselle 
sont,  comme  chez  les  autres  genres,  alternativement  opposes,  mais  il  arrive 
néanmoins  assez  fréquemment  qu'un  même  verticille  présente  trois  bour- 
geons ou  trois  rameaux,  et,  dans  ce  cas,  on  doit  voir,  dans  la  feuille  qui 
donne  naissance  au  bourgeon  supplémentaire,  plutôt  le  résultat  d'un  dédou- 
blement d'une  feuille  véritable,  que  le  résultat  de  la  transformation  foliacée 
d'une  stipule/ lui  effet,  si  le  bourgeon  supplémentaire  appartenait  à  une  sti- 
pule, il  occuperait  la  partie  moyenne  de  l'un  des  deux  côtés  qui  séparent 
les  bourgeons  des  deux  feuilles  normales  :  les  trois  bourgeons  seraient  donc 
inégalement  espacés;  or,  c'est  ce  qui  n'est  pas  :  les  trois  bourgeons  ou  les 
trois  rameaux  que  présentent  ces  tiges  de  Hubia  sont  également  espacés  et 
forment  un  verticille  parfaitement  régulier;  j'en  conclus  qu'ils  naissent  à 
l'aisselle,  l'un  d'une  feuille  normale,  et  les  deux  autres  des  deux  feuilles  qui 
résultent  du  dédoublement  de  l'autre  feuille  normale.  Je  présenterai,  plus 
tard,  des  faits  d'après  lesquels  on  peut  établir  cette  loi,  que  les  feuilles  qui 
résultent  d'un  dédoublement  (et  les  rameaux  qui   naissent  a  leur  aisselle) 


SÉANCE   DU    2$    JUIN    J85/|.  75 

partagent  symétriquement  la  circonférence  de  la  tige  avec  les  feuilles  nor- 
males. Ces  feuilles  normales  se  trouvent  par  conséquent  déplacées  (dans 
une  série  de  veiticilles  successifs),  par  le  fait  du  dédoublement  de  l'une 
d'elles,  et  entrent  dans  une  nouvelle  combinaison  symétrique. 

.M.  Brongniart  présente  la  communication  suivante  : 


DES  GLANDES  NECTARIFERES  DANS  DINEUSES  FAMILLES  DE   PLANTES  MONOCOTYLEDQNE& 

par  91.  A».  BROXGM.iRl . 

L'origine  du  lluide  ordinairement  visqueux  et  sucré,  quelquefois  presque 
aqueux,  qu'on  observe  au  fond  de  beaucoup  de  Heurs  et  qui  constitue  ce 
qu'on  a  nomme  le  nectar  des  fleurs,  est  loin  d'avoir  été  bien  constatée 
dans  la  plupart  des  plantes. 

Si,  dans  plusieurs  cas,  on  a  observé  des  organes  glanduleux  extérieurs 
soit  autour  de  la  base  de  l'ovaire,  soit  vers  la  base  des  étamines  ou  des 
pétales  auxquels  on  a  pu  attribuer  cette  sécrétion,  il  est  d'autres  cas  fort 
nombreux  où  l'on  n'a  rien  observé  de  semblable  et  où  l'on  a  du  considérer  le 
fond  du  tube  de  la  corolle  ou  la  base  de  l'ovaire  comme  l'organe  sécréteur 
lui-même. 

La  plupart  des  Liliacées,  des  Amaryllideeset  des  Broméliacées  paraissaient 
dans  ce  cas;  car  à  l'exception  des  Fritillaires  et  d'un  petit  nombre  d'autres 
genres,  ou  n'y  avait  pas  observé  d'organes  sécréteurs  extérieurs,  et  cependant 
presque  toutes  ces  plantes  offrent  au  fond  de  leurs  fleurs  un  liquide  abon- 
dant au  moment  de  la  floraison. 

II  y  a  déjà  fort  longtemps  que,  cherchant  à  vérifier  une  hypothèse  mise 
en  avant  sur  la  composition  du  pistil  de  diverses  familles  de  monoeotylé- 
dones,  et  d'après  laquelle  les  carpelles  ou  parties  constituantes  du  pistil  ne 
correspondraient  pas  aux  loges  mais  aux  valves  qui  alternent  avec  elles,  et  la 
cloison  ne  serait  qu'un  repli  du  milieu  de  cet  organe  (1),  j'ai  étudié  la 
constitution  des  cloisons  qui  séparent  ces  loges,  pour  chercher  à  reconnaître 
si  dans  leur  système  vasculaire  ou  dans  quelque  point  de  leur  organisation 
on  trouverait  une  preuve  ou  de  leur  simplicité  ou  de  leur  formation  par 
l'adossement  des  parties  latérales  des  carpelles. 

Cet  examen  me  montra  que  dans  beaucoup  de  Liliacées,  la  cloison  qui 
sépare  les  loges  de  l'ovaire  présentait,  dans  son  milieu  et  dans  une  étendue 
plus  ou  moins  considérable,  un  dédoublement  et  une  cavité  étroite  dont  les 
parois  étaient  généralement  appliquées  l'une  contre  l'antre  ,  mais  n'étaient 
cependant  nullement  adhérentes. 

I.a  cloison  est  ainsi  partagée,  dans  une  étendue  plus  ou   moins  grande. 

(I)  Mémoire  de  M.  Steinhei),  Annales  'les  sciences  naturelles,  deuxième  série, 
t.  I,  p.  99  (iSoli). 


76  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

en  deux  feuillets  qui  appartiennent  à  chaque  carpelle  et  qui  ne  sont  reunis 
que  vers  l'axe  et  vers  la  surface  externe. 

Le  tissu  qui  forme  cette  partie  non  adhérente  de  la  cloison  et  qui  tapisse 
ainsi  cette  cavité  à  parois  contigués  est  plus  dense  que  celui  du  reste  de 
l'ovaire;  il  est  composé  de  cellules  plus  petites,  d'une  forme  différente  et 
ordinairement  colorées  en  jaune,  tandis  que  le  reste  de  la  cloison,  comme 
les  parois  externes  de  l'ovaire,  est  formé  d'un  tissu  cellulaire  plus  lâche, 
spongieux,  incolore  ou  souvent  rempli  de  matière  verte. 

L'aspect  du  tissu  qui  tapisse  ces  cavités  me  porta  presque  immédiate- 
ment à  le  considérer  comme  un  tissu  glanduleux,  et,  en  effet,  en  examinant 
avec  soin  la  disposition  de  cette  sorte  de  fente  ou  de  dédoublement  de  la 
cloison,  je  vis  que,  fermée  du  côté  central  de  l'ovaire  par  l'adhérence  et  la 
continuité  de  la  partie  de  la  cloison  qui  correspond  aux  placenta,  fermée 
également  du  côté  extérieur  par  l'union  des  deux  carpelles  juxtaposés, 
elle  se  prolongeait  cependant  vers  l'extérieur,  soit  dans  sa  partie  inférieure, 
soit  dans  sa  partie  moyenne,  soit  plus  rarement,  du  moins  dans  les  Liliacées, 
vers  le  haut,  en  un  canal  étroit  qui  venait  aboutir  à  la  surface  de  l'ovaire 
dans  le  fond  du  sillon  qui  indique  presque  toujours  au  dehors  la  ligue  de 
jonction  des  carpelles. 

Souvent,  par  ce  petit  orifice  extérieur  formant  une  fossette  à  peine 
distincte,  et  lorsque  la  sécrétion  ne  remplit  pas  encore  le  fond  de  la  fleur 
ou  lorsqu'on  l'a  enlevée  avec  soin,  on  voit  s'épancher  une  gouttelette  de 
liquide  (1). 

On  ne  saurait  donc  douter  que  ces  cavités  à  parois  appliquées  l'une  contre 
l'autre  ne  soient  des  cavités  sécrétantes  tapissées  par  un  tissu  glanduleux, 
et  destinées  à  fournir  à  la  fleur  le  liquide  qu'on  observe  en  effet  le  plus 
souvent  autour  de  la  base  de  l'ovaire.  Je  désignerai  maintenant  ces  glandes 
sous  le  nom  de  glandes  septales  de  l'ovaire;  elles  constituent  une  forme 
des  organes  sécréteurs  bien  rare  dans  le  règne  végétal  ;  car,  dans  presque 
tous  les  cas  connus,  ces  organes  sont  extérieurs,  représentant  le  plus  sou- 
vent une  sorte  de  cupule  qui,  à  un  moment  donné  de  la  vie  du  végétal,  se 
couvre  d'un  liquide  plus  ou  moins  abondant,  sécrété  par  sa  surface.  C'est 
ce  qu'on  observe  dans  les  glandes  pétiolaires  de  beaucoup  de  végétaux,  et 
dans  ces  sortes  de  scutelles  sécrétantes  placées  à  la  base  des  pétales  des 
Fritillaires  et  de  plusieurs  autres  Liliacées,  organes  qu'on  retrouve  avec  des 
formes  diverses  dans  beaucoup  d'autres  fleurs  de  diverses  familles. 

Dans  d'autres  cas  très  fréquents,  la  sécrétion  s'opère  dans  une  cavité 
close  de  toute  part,  formée  par  le  tissu  cellulaire  sécréteur,  et  qui  ne  laisse 

(1)  Cette  petite  fossette  avait  été  observée  par  Steinlieil  sur  l'ovaire  des  Scilles, 
mais  il  Pavait  considérée  comme  l'organe  sécréteur  lui-même,  et  clans  ie  caractère 
du  genre  Urginea,  il  dit  :  Ovarium  tripartitum  apice  glanduloso  nectariferum. 
—  Annales  des  sciences  naturelles,  deuxième  série,  t.  VI,  p.  276  (1836). 


SÉANCE    DL    28   JUIN    185/1 .  77 

échapper  le  liquide  qui  s'accumule  clans  cette  cavité  que  par  transsudation 
ou  par  le  déchirement  artificiel  de  son  tissu.  C'est  ainsi  que  sont  constituées 
les  cavités  glanduleuses  si  apparentes  de  la  peau  de  l'orange  ou  du  citron, 
et  celles,  plus  petites  mais  bien  plus  fréquentes,  des  feuilles  de  beaucoup 
de  végétaux. 

Mais  je  ne  sache  pas  qu'on  ait  déjà  reconnu  dans  le  règne  végétal  des 
cavités  sécrétantes  bien  définies,  à  parois  formées  par  un  tissu  glanduleux 
propre,  et  possédant  un  conduit  excréteur  régulier,  comparable,  jusqu'à 
un  certain  point ,  à  ceux  des  organes  glanduleux  ,  ou  surtout  de  certains 
cryptes  des  animaux. 

Le  désir  de  voir  jusqu'à  quel  point  ces  organes  pouvaient  fournir,  par 
leur  absence  ou  leur  présence,  et  par  leurs  modifications  de  forme,  des  ca- 
ractères naturels,  m'a  fait  longtemps  tarder  à  publier  mes  observations  à  ce 
sujet;  mais,  sans  être  encore  parvenu  à  les  multiplier  autant  que  je  l'aurais 
désiré,  je  crois  cependant  leur  avoir  donné  assez  d'extension  pour  qu'elles 
offrent  quelque  intérêt;  car  j'ai  reconnu  l'existence  de  ces  organes  sécré- 
teurs dans  des  plantes  appartenant  à  cinq  des  familles  les  plus  importantes 
parmi  les  Monocotylédones,  savoir  :  les  Liliacées,  les  Amaryllidées,  les 
Broméliacées,  les  Cannées  et  les  Musacées. 

Dans  les  Liliacées,  les  plantes  qui  les  montrent  de  la  manière  la  plus  ap- 
parente, et  dans  lesquelles  je  les  ai  particulièrement  étudiées,  sont  :  Aspho- 
delus  luteus,  Scilla  amœna  etperuviana,  Albuca  major,  Phalangium  Lilias- 
trum,  Ornithogalum  umbellatum,  Hyacinthus  serotînus,  Aloe  tubcrculata 
et  nigricans,  Yucca  glor iosa,  diverses  espèces  d'Allium  (A.  ursinum, 
subhirsutum,  Moly,  scorzonérœfolium),  dans  lesquels  ces  glandes  occupent 
particulièrement  le  gynobase,  et  s'ouvrent  à  la  base  de  l'ovaire  (1). 

Ces  glandes  deviennent  très  peu  étendues  dans  les  Asparagus  et  les  Pofy- 
gonatum ;  elles  me  paraissent  manquer  complètement  dans  beaucoup  d'Às- 
paragées  [Convallaria  majalis ,  Smilacina  racemosa,  Danaida  racemosa  , 
Smilax  herbacea),  et  dans  plusieurs  Liliacées  d'autres  tribus  :  Fritillaria 
imperialis,  Lilium  candidum,  Eremurus,  Notoscordum  gramineum  et  fra- 
grans,  Streptopusroseus,  ErythroniumDens-canis,  Peliosanthes  Teta.  Ce  qui 
semble  indiquer  que,  si  la  présence  ou  l'absence  de  ces  organes  peut  concourir 
a  fournir  de  bons  caractères  génériques,  leur  valeur  ne  s'élève  pas  au  rang 
de  caractères  de  tribus  ou  de  familles. 

Mais  ces  organes,  que  j'ai  d'abord  observés  dans  les  Liliacées,  ne  sont 

(1)  M.  Gay,  dans  son  Mémoire  sur  quelques  es})èces  d'Allium  (Annales  des 
sciences  naturelles,  troisième  série,  t.  VIII,  p.  185,  1847),  avait  déjà  observé 
cette  position  des  organes  nectarifères  ;  mais  je  crois,  d'après  les  descriptions  qu'il 
en  donne,  qu'il  n'avait  observé  que  leurs  orifices  extérieurs  sans  reconnaître  la 
vraie  surface  sécrétante  intérieure. 


78  SOCIÉTÉ    BOTAÏVIOJJ!';    DE    I  KANGE. 

pas  limites  a  cette  famille;  ils  acquièrent  même  un  plus  grand  développe- 
ment dans  d'autres  groupes  de  Monocotylédones. 

Ces  glandes  septales  paraissent  exister,  avec  des  dimensions  variables, 
dans  presque  toutes  les  vraies  Amaryllidées.  Je  lésai  observées  occupant  une 
grande  étendue  dans  les  cloisons  qui  séparent  les  loges  de  l'ovaire  des 
Amaryllis,  des  Pancratium  et  des  Crinum,  du  Clivia  nobiiis,  de  plusieurs 
Agave.  Dans  toutes  ces  plantes,  elles  viennent  s'ouvrir  au  sommet  de  l'ovaire, 
au  fond  du  tube  du  périantbe,  autour  ou  dans  la  base  même  du  style,  et 
leurs  trois  orifices  se  montrent  d'une  manière  très  apparente,  quand  ou 
coupe  le  tube  du  périantbe  très  près  de  la  surface  supérieure  de  l'ovaire, 
sous  forme  de  trois  petits  pores  correspondant  aux  cloisons  de  l'ovaire. 

Dans  le  Crinum  taïtense,  on  observe  un  fait  qui  se  présente  plus  fréquem- 
ment dans  les  Broméliacées,  c'est  la  confluence  de  ces  trois  fentes  glandu- 
leuses vers  la  base  de  l'ovaire  et  au-dessous  des  loges  qui  le  partagent. 

Dans  les  Narcisses,  ces  organes  disparaissent  presque:  ils  m'ont  paru  ne 
former  que  trois  petits  canalicules  étroits  peu  étendus,  qui  s'ouvrent  cepen- 
dant comme  ceux  des  autres  Amaryllidées.  Enfin  dans  le  Galanthus nivalis 
et  dans  plusieurs  Alstrœmeria,  je  n'en  ai  trouvé  aucune  trace;  les  [ridées 
m'en  paraissent  constamment  dépourvues,  je  n'en  ai  du  moins  vu  aucune 
trace  dans  plusieurs  Iris  et  Ixia. 

Ces  glandes  me  paraissent,  au  contraire  se  montrer  d'une  manière  presque 
constante  dans  les  Broméliacées,  où  elles  acquièrent  généralement  un  très 
grand  développement  ;  elles  m'ont  paru  cependant  manquer  dans  une  nou- 
velle espèce  de  Gttsmannia ,  et  je  n'ai  pas  pu  encore  constater  leur  présence 
dans  les  Tillandsia  et  les  genres  voisins. 

Mais  c'est  surtout  dans  les  Broméliacées  à  ovaire  adhérent  ou  semi-adbe- 
rent  qu'elles  sont  très  développées.  —  Lorsque  l'ovaire  est  complètement 
adhérent,  comme  dans  les  genres  Bromelia,  BillOergiu,  Aeckmea ,  ces 
glandes  s'ouvrent  de  même  que  chez  les  Amaryllidées,  sur  le  sommet  de 
l'ovaire,  au  fond  du  tube  formé  par  la  partie  libre  du  calice;  elles  sont  sou- 
vent conlluentes  vers  le  centre  et  offrent  des  replis  nombreux  qui  augmentent 
la  surface  sécrétante. 

Dans  les  genres  dont  l'ovaire  adhère  seulement  par  sa  base  au  lube  du 
calice,  tels  que  les  Pitcairnia,  les  Pwja  et  mon  nouveau  genre  Melinonia, 
c'est  dans  cette  partie  inférieure  que  ces  glandes  se  développent  presque 
uniquement;  elles  y  sont  conllueutes  au  centre,  très  sinueuses  et  comme  ra- 
mifiées, et  s'ouvrent  au-dessus  de  cette  partie  adhérente,  entre  les  car- 
pelles, profondément  séparées  dans  la  partie  qui  n'adhère  pas  au  calice. 

tîn  nouveau  genre  à  ovaire  complètement  libre,  que  je  ferai  connaître 
sous  le  nom  de  Pogospernium  {Tillandsia  nutans,  Swartz,  et  Tillandsia 
nitida,  llook.),  offre,  dans  ses  cloisons,  des  glandes  plus  petites  et  non  con- 
tinentes, comme  chez  les  l.iliacées. 


SÉANCE   Dl    28   JUIN    1854.  79 

Il  y  a  enfin  deux  autres  familles  dans  lesquelles  j'ai  également  observe  ces 
organes  sécréteurs;  mais  jusqu'à  ce  moment,  mes  observations  ne  portent 
que  sur  un  genre  de  chacune  de  ces  familles,  ce  sout  les  Canna,  dans  la 
famille  des  Cannées,  et  les  Strelitzia,  dans  celle  des  Musacées. 

Dans  les  Canna,  ces  glandes  sont  étroites,  placées  près  de  l'axe,  au  bord 
interne  des  cloisons,  entre  les  faisceaux  vasculaires  placentaires,  dont  elles 
se  distinguent  facilement  par  la  nature  de  leur  tissu,  qui  ressemble  presque 
à  celui  de  l'hyménium  d'un  champignon  thécasporé,  et  qui  tapisse  la  cavité 
étroite  à  parois  contiguès  de  ces  trois  glandes,  parfaitement  distinctes  dans 
toute  leur  étendue,  et  s'ouvrant  par  trois  pores,  au  fond  du  tube  du  pé- 
rianthe. 

Dans  le  Strelitzia  ovata,  ces  cavités  glanduleuses  sont  très  développées 
dans  la  partie  moyenne  de  l'ovaire,  où  elles  occupent  presque  toute  la 
largeur  des  cloisons  et  sont  plissées  longitudinalement,  de  manière  a  pré- 
senter une  ligne  sinueuse  sur  la  coupe  transversale.  Ces  cavités,  complète- 
ment séparées  au  centre,  ne  s'étendent  pas  jusqu'à  la  base  de  l'ovaire; 
supérieurement  elles  se  prolongent  chacune  en  un  canal  étroit,  mais  très 
long,  et  toutes  trois  s'ouvrent  sur  le  sommet  de  l'ovaire  adhérent ,  par 
trois  orifices  bien  distincts  autour  de  la  base  du  style,  en  face  de  chacun 
des  pétales. 

Les  détails  daus  lesquels  je  viens  d'entrer  montrent  que  ces  organes  sé- 
créteurs se  présentent  avec  une  forme  presque  identique  dans  des  familles 
de  Monocotylédones  très  diverses;  les  principales  différences  qu'ils  offrent 
consistent  : 

I"  Dans  le  point  où  viennent  s'ouvrir  leurs  canaux  excréteurs,  dont  la 
position  varie  surtout  suivant  que  l'ovaire  est  libre  ou  adhérent. 

2"  Dans  l'étendue  qu'ils  occupent  dans  les  cloisons,  et  dans  leur  con- 
fluence vers  le  centre  en  une  seule  cavité  sinueuse  et  a  paroi  plissée  et  fort 
étendue,  comme  on  l'observe  surtout  dans  les  Broméliacées. 

M.Gaydit: 

Qu'il  a  écouté  avec  un  grand  intérêt  l'exposé  que  vient  de  faire  M.  Brou- 
gniart,  et  qui  se  rapporte  a  un  sujet  qu'il  a  lui-même  effleuré,  il  y  a  plu- 
sieurs années,  dans  un  travail  relatif  a  plusieurs  espèces  algériennes  du 
genre  Allium  (Ann.  des  se.  nat.,  3e  série,  tome  Vllf,  is;(7,  p.  195-228  . 
Dans  ce  travail.  M.  Cay  décrivait  avec  soin  l'appareil  nectarifère  de  huit 
espèces  d'ail,  en  avançant  que  le  même  appareil  devait  se  retrouver,  sous 
différentes  formes,  dans  toutes  les  espèces  du  genre,  a  condition  d'en  ex- 
clure le  Notoscordum ,  qui  lui  paraissait  dépourvu  de  pores  nectatïferes  et 
qui  différait  d'ailleurs  des  vrais  Allium  par  son  ovaire  non  gynobasique, 
comme   M.   Cay  le  faisait  dès  lors  remarquer  après  Auguste  de  Saint- 


80  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

Hilaire.  Par  l'expose  qu'il  vient  de  faire,  M.  Brongniart  ajoute  beaucoup 
au  travail  de  son  prédécesseur  ;  il  appuie  ses  observations  sur  des  recherches 
anatomiques  dont  M.  Gny  ne  s'était  pas  occupé,  et  il  étend  à  un  grand 
nombre  de  genres,  ainsi  qu'à  plusieurs  familles  monocotylédonees,  ce  que 
M.  G;iy  avait  signalé  dans  un  seul  de  ces  genres.  C'est  un  travail  d'en- 
semble, un  commencement  de  monographie  d'un  organisme  jusqu'ici  très 
peu  étudié,  surtout  anatomiquement.  M.  Gay  en  félicite  M.  Brongniart,  et 
il  ajoute  que,  le  11  juin,  une  lettre  de  Florence  lui  annonçait  la  publication 
très  prochaine  d'un  Mémoire  de  M.  Parlatore  sur  plusieurs  genres  et  espèces 
nouvelles  de  Monocotylédones  ,  et  sur  l'organe  qui,  dans  ces  plantes,  sé- 
crète la  liqueur  nectarine.  C'est  précisément  le  sujet  dont  M.  Brongniart 
vient  d'entretenir  la  Société,  et  il  est  a  présumer  que  les  deux  auteurs  se 
sont  rencontrés  sur  plusieurs  points.  Mais  le  procès-verbal  de  la  séance  de 
ce  jour  assurera  à  notre  honorable  président,  si  ce  n'est  peut-être  l'antério- 
rité, du  moins  la  propriété  des  observations  et  des  faits  dont  nous  venons 
d'entendre  la  lecture. 

M.  Fermond  présente  quelques  considérations  générales  sur  la 
symétrie  dans  le  règne  inorganique,  servant  d'introduction  à  une 
communication  sur  la  symétrie  chez  les  végétaux  qu'il  compte  faire 
dans  la  prochaine  séance. 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


PHYSIOLOGIE  VEGETALE. 

Ueber  «las  Verhaeltiiiss  «les  amorphe»  Pliosphors  zur 
Végétation  (Action  du  phosphore  amorphe  sur  la  végétation),  par 
M.  Vogel.  (Gelehrte  Anzeigen  der  A",  bayer.  Akademie  d.  Wissensch^ 
12  avril  185Z»,  n°  kh,  col.  553.) 

M.  Vogel  a  lu  à  l'Académie  des  sciences  de  Munich,  dans  la  séance 
du  11  février  dernier,  une  note  relative  aux  résultats  qu'il  a  obtenus  en 
essayant  de  faire  germer  des  graines  de  Cresson  alénois  sur  du  phosphore 
amorphe. 

Ou  sait  que  le  phosphore  cristallisé  agit  sur  les  animaux  comme  un 
poison  violent,  tandis  que  le  phosphore  amorphe  n'exerce  pas  sur  eux 
d'action  nuisible.  M.  de  Bry  a  montré  qu'on  peut  en  prendre  à  l'intérieur 
des  doses  assez  considérables  sans  qu'il  en  résulte  un  empoisonnement. 
M.  Vogel  a  voulu  voir  si  ce  phosphore  amorphe  n'aurait  pas  non  plus 
d'influence  nuisible  sur  la  germination.  Ses  expériences  lui  ont  montré  que 
cette  substance  agit  de  manière  beaucoup  plus  défavorable  sur  les  végétaux 
que  sur  les  animaux. 

Pour  ces  expériences  il  a  employé  le  phosphore  amorphe  à  l'état  de 
poudre  rouge,  tel  qu'on  le  trouve  ordinairement  dans  le  commerce.  La 
substance  a  été  humectée  d'eau  distillée  jusqu'à  former  une  pâte  claire 
dans  laquelle  on  a  semé  des  graines  de  Cresson  alénois,  en  les  espaçant  assez 
pour  que  chacune  en  fût  entourée.  Après  plusieurs  jours,  on  n'a  pas 
reconnu  le  moindre  développement  dans  l'embryon,  tandis  que  dans  le 
même  temps  des  graines  semées  comparativement  dans  du  quartz  pulvérisé, 
avaient  parfaitement  germé.  L'eau  qui  avait  été  en  contact  avec  le  phos- 
phore avait  alors  une  réaction  fortement  acide;  et  le  phosphore  lui-même 
avait  de  son  côté  une  réaction  analogue,  très  vive,  qu'il  devait  à  de  l'acide 
phosphorique  et  à  de  l'acide  phosphoreux.  Une  portion  de  ce  même  phos- 
phore amorphe  fut  alors  lavée  à  l'eau  distillée,  jusqu'à  ce  qu'elle  ne  roujjit 
plus  le  tournesol.  La  substance  ainsi  lavée  ne  s'acidifie  plus,  même  après 
un  assez  long  contact  avec  l'eau.  Or,  de  nouvelles  graines  de  Cresson  alénois 
semées  sur  ce  phosphore  lavé  ne  présentèrent  non  plus  aucun  signe  de 
uermination. 


82  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

Ce  phosphore  absorbe  l'eau  avec  une  telle  avidité  que  ,  délayé  a  l'état  de 
bouillie,  il  forme  bientôt  un  corps  assez  dur  pour  opposer  un  obstacle 
mécanique  à  la  germination.  M.  Vogel,  pensant  que  c'était  là  probablement 
la  cause  de  l'insuccès  de  ses  tentatives,  modifia  son  appareil.  Afin  de  ne 
donner  que  l'humidité  nécessaire,  il  étendit  du  phosphore  amorphe  lave 
sur  du  papier  a  filtrer  qu'il  posa  sur  une  soucoupe  remplie  d'eau,  et  il  sema 
les  graines  sur  celte  couche  ainsi  constamment  humectée  par  imbibition. 
Il  obtint  de  la  sorte  quelques  germinations,  mais  seulement  après  six  jours  ; 
tandis  que,  dans  les  circonstances  ordinaires,  vingt-quatre  heures  suffisent 
pour  l'aire  germer  le  Cresson  alénois. 

«  On  doit  conclure  de  là,  dit  M.  Vogel,  que  le  phosphore  amorphe, 
qui  n'est  pas  nuisible  a  la  vie  animale,  exerce  une  influence  défavorable  sur 
là  végétation,  et,  dans  tous  les  cas,  retarde  considérablement  la  germi- 
nation. » 

sur    la    matière    colorante    de»    fleurs     «lu     Strelitein 
Reffintt? ,  par  M.  G.  La w son. 

Une  communication  sur  ce  sujet  a  été  faite  a  la  Société  botanique 
d'Edimbourg,  le  13  avril  dernier,  par  M.  (1.  I.awson,  qui  a  mis  en  même 
temps  sous  les  yeux  de  la  Société  des  préparations  et  des  dessins  à  l'appui  de 
ses  observations. 

Déjà  M.  H.  Mohl  avait  signale  {Grundz.d.  Anat.  u.  Physiol.  <l.  vegetab. 
Zelle,  p.  !\1,)  le  fait  curieux  que  présentent  les  fleurs  de  cette  plante,  la 
matière  colorante  bleue  s'y  présentant  à  l'état,  non  de  solution  dans  le  suc  cel- 
lulaire, mais  de  granules  solides.  M.  G.  Lawson  présente  quelques  détalis 
sur  ce  sujet.  D'après  lui.  la  magnifique  couleur  bleue  ou  bleu  violacé 
d'une  partie  du  périanthe  du  Strelitzia  consiste  entièrement  eu  granules 
sphériques  d'un  bleu  foncé  ou  d'un  bleu  tirant  sur  le  violet;  quelquefois, 
parmi  les  cellules  qui  contiennent  ces  granules  ,  on  en  trouve  d'autres  qui 
renferment  des  granules  d'un  rouge  vif.  Tous  les  granules  d'une  même 
cellule  paraissent  avoir  constamment  la  même  teinte.  Lorsque  la  Heur  est 
arrivée  à  l'état  parfait,  ses  cellules  sont  souvent  tellement  remplies  de 
granules  bleus,  que  leur  contenu  a  l'apparence  d'une  matière  homogène  et 
continue  qui  aurait,  cette  nuance.  M.  G.  Lawson  pense  qu'il  y  aurait  intérêt 
à  suivre  le  développement  de  cette  matière  colorante. 

Quant  à  la  partie  jaune  des  fleurs  du  Strelitzia  Reginœ,  sa  matière 
colorante  se  présente  avec  de  tout  autres  caractères.  Au  lieu  de  granules 
sphériques,  on  y  voit  des  filaments  grêles,  plus  ou  moins  tordus  en  spirale 
et  enroulés  de  diverses  manières  dans  l'intérieur  des  cellules,  de  manière  a 
ressembler  aux  spiricules  délicates  qu'offrent  les  cellules  externes  des  racines 
des  Orchidées  épiphvtes.  Assez  souvent  aussi  ces  filaments  forment  des  sortes 


REVUE   BIBLIOGRAPHIQUE i  83 

de  pelotes  arrondies  qui  ont  le  contour  de  globules.  Parfois  encore  on  y 
observe  quelques  vrais  globules.  Les  cellules  qui  renferment  ces  filaments 
jaunes  sont  généralement  plus  grandes  et  plus  allongées  que  celles  qui 
contiennent  les  globules  bleus  ou  rouges. 

On  some  reinarkahle  exostoses  «leveloped  on  tlie  roots 
of  varions  sneeies  of  Conifera?  (Sur  des  exostoses  remarquables 

développées  sur  les  racines  de  diverses  Conifères),  communication  faite  a 
la  Société  linnéenne  de  Londres,  le 20  juin  dernier,  par  M.  J.-D.  Hooker. 

M.  J.-L).  Hooker  a  observé  ces  curieux  développements  sur  les  racines 
d'échantillons  de  Podocarpus  dacrydioides  envoyés  de  la  Nouvelle-Zélande 
par  M.  Colenso;  il  les  a  retrouvés  ensuite  sur  un  si  grand  nombre  d'autres 
Conifères  qu'il  est  porté  à  les  regarder  comme  existant  généralement  chez 
toules  les  plantes  de  ce  vaste  groupe  naturel,  il  les  a  observés  chez  plu- 
sieurs espèces  à' Araucaria,  de  Podocarpus,  Taxodium,  Dacrydium,  Thuia, 
(  upressus,  Phyllocladus  et  Cunninghania.  C'est  le  Podocarpus  dawydioides 
que  M.  J.-D.  Hooker  a  choisi  pour  l'étude  approfondie  de  ces  exostoses. 

Dans  cet  arbre,  les  racines  et  les  radicelles  présentent  d'espace  a  autre 
des  corps  sphéiïques  dont  le  diamètre  varie  entre  ljt\0  et  1/60  de  pouce 
anglais,  et  qui  sont  tantôt  portés  sur  un  court  pédicule,  tantôt  sessiles, 
tantôt  enfin  enfoncés  dans  l'écorce.  Ces  corps  sont  faciles  à  détacher  et  l'on 
voit  alors  une  petite  cicatrice  tant  sur  la  racine  que  sur  leur  propre  sur- 
face. Ils  sont  spongieux,  lisses,  d'un  rouge  pâle.  Sur  une  coupe  verticale  on 
voit  qu'ils  sont  formés,  sous  un  épidémie  délicat,  d'une  masse  de  tissu  cel- 
lulaire spongieux,  entourant  un  axe  vasculaire,  étendu  du  bois  de  la  racine 
au  centre  de  la  petite  sphère.  Les  cellules   de  ce  parenchyme   mou   sont 
marquées  sur  chaque  face  de  lignes  transversales  délicates,  dues,  selon 
toutes  les  apparences,  a  des  dépôts  de  matière  sur  la  paroi  interne.  Elles 
sont  toujours  remplies  de  liquide,  mais  sans  chlorophylle.  Quant  a  l'axe 
vasculaire,  il  est  formé  de  tissu  ligneux  pourvu  des  mêmes  ponctuations 
aréolées  que  le  bois  des  autres  parties  de  l'arbre,  et  il  est  entouré  d'un  étui 
délicat  de  cellules  libériennes. 

M.  J.-D.  Hooker  regarde  ces  petits  corps  comme  n'étant  que  des  fibrilles 
radicellaires  transformées;  mais  il  n'est  pas  fixé  sur  leurs  fonctions,  quoi- 
qu'il présume  qu'ils  peuvent  bien  servir  au  choix  des  matières  nutritives. 
Le  Podocarpus  dacrydioides  croit  naturellement  dans  les  marais  de  la 
Nouvelle-Zélande;  mais  il  présente  des  exostoses  tout  aussi  abondantes  sur 
les  raciuesdes  pieds  cultivés  à  Kew  dans  une  terre  assez  sèche. 

En  terminant  sa  note,  M.  J.-D.  Hooker  fait  remarquer  qu'il  existe  une 
analogie  morphologique  remarquable  entre  ces  exostoses  et  les  tubercules 
des  Balanophora  parasites  sur  des  racines 


SA  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE   DR   FRANCE. 

Délier  eini$e  neiie  oiler  i»<'iiiï,«i    bekannte  Mraiiklieiten 
der    Pflaiizeii,    welclie    durcit    Pilze    erzeugt    werden 

{De  quelques  maladies  nouvelles  ou  peu  connues,  déterminées  chez  les 
plantes  par  des  Champignons),  par  MM.  Alex.  Braun,  Rob.  Caspary 
et  Ant.  de  Bary.  [Mémoires  de  la  Société  pour  l 'avancement  de  l'horti- 
culture dans  les  Etats  prussiens,  nouvelle  série,  première  année.  Berlin, 
1852,  grand  in-8°.) 

Les  plantes  exposées  au  plus  grand  nombre  de  maladies  sont  celles  que 
l'homme  a  arrachées  à  leur  vie  sauvage  pour  les  soumettre  à  la  culture.  Un 
fait  singulier,  c'est  que  presque  toutes  les  maladies  de  ces  végétaux  culti- 
vés, celles  en  particulier  dont  l'invasion  récente  a  été  si  désastreuse,  pa- 
raissent reconnaître  pour  cause  des  Champignons  parasites.  A  la  vérité  beau- 
coup de  physiologistes  se  demandent  encore  si  ces  parasites  sonteffectivement 
les  auteurs  des  maladies  qu'on  leur  attribue,  ou  si  ces  dernières  ne  seraient 
pas  plutôt  l'occasion  de  leur  développement.  La  génération  spontanée  de  ces 
productions  cryptogamiques  n'a  plus  guère  de  partisans  ;  car  les  innom- 
brables graines  dont  elles  sont  pourvues  ne  leur  ont  point  été  données  sans 
dessein,  et  les  belles  expériences  de  MM.  Montagne  et  Audouinsur  la  mus- 
cardine  ont  montré  avec  quelle  facilité  ces  mêmes  graines  propagent  la 
plante  qui  les  a  produites.  Une  opinion  plus  vraisemblable  suppose  que  les 
parasites  dont  il  s'agit  n'attaquent  que  les  végétaux  déjà  malades  et  prédis- 
posés par  là,  non  seulement  à  les  souffrir,  mais  encore  à  les  nourrir:  ainsi 
elle  admet  que  l'apparition  d'un  Erysiphe  sur  les  feuilles  ou  les  tiges  d'une 
plante  quelconque  est  précédée  par  un  état  maladif  de  ces  organes  accom- 
pagné d'une  sorte  d'excrétion  à  leur  surface;  elle  croit  également  que  les 
fanes  de  la  Pomme  de  terre  sont  déjà  malades  et  maculées  de  brun  quand 
survient  le  Botmjtis  infestons,  dont  le  développement  ne  serait  qu'un  fait 
accidentel  ou  sans  lien  nécessaire  avec  la  maladie  de  la  plante.  Relativement 
à  cette  dernière  manière  de  voir,  on  doit  poser  d'abord  une  distinction  im- 
portante. Un  grand  nombre  de  Champignons  vivent  sur  des  corps  organisés, 
soit  tout  à  fait  privés  de  vie,  soit  mourants,  sans  qu'il  soit  possible  de  les 
accuser  de  la  mort  ou  de  la  maladie  de  leurs  hôtes,  parce  que  ceux-ci 
éprouvent  fréquemment  de  telles  vicissitudes  en  l'absence  de  toute  végéta- 
tion parasite.  C'est  ainsi  que  les  tubercules  de  la  Pomme  de  terre  malade 
donnent  naissance,  pendant  qu'ils  se  corrompent,  à  une  multitude  de  moi- 
sissures différentes,  dont  aucune  ne  saurait  être  justement  rendue  respon- 
sable de  la  maladie  de  la  plante.  De  même  le  Tricothecium  roseum  qui  en- 
vahit les  grappes  de  raisin  gâtées,  comme  tant  d'autres  corps  en  décomposi- 
tion, n'a  absolument  rien  à  faire  avec  la  maladie  actuelle  de  la  Vigne. 

Mais  il  y  a  aussi  un  antre  groupe  de  Champignons  qui  végètent  essentiel- 


REVUE    BIBLIOGRAPHIQUE.  85 

lement  aux'  dépens  des  plantes  vivantes,  et  qui  causent  en  elles,  soit  des 
affections  locales  et  des  déformations  diverses,  soit  un  état  pathologique 
général  que  termine  une  mort  plus  ou  moins  rapide.  Ce  groupe  comprend  la 
nombreuse  famille  desUrédinées  et  des  Ustilaginées,  dont  les  espèces  sont  bien 
connues  des  cultivateurs,  à  cause  du  préjudice  souvent  considérable  qu'elles 
causent  aux  moissons.  Leur  genre  de  vie  entophyte  est  partagé  aussi  par 
Y  Ergot,  ce  parasite  singulier  des  Glumacées,  que  des  observations  récentes 
ont  rapporté  à  une  sorte  de  Sphérie.  Les  Erysiphe,  et  celui  déjà  Vigne  en 
particulier,  ainsi  que  M.  Mohl  l'a  fait  voir,  sont  fixés,  au  début  de  leur  vé- 
gétation, sur  des  tissus  parfaitement  sains  et  qui  ne  s'altèrent  qu'ultérieu- 
rement sous  l'influence  continuée  du  parasite.  Pour  ce  qui  est.  de  la  maladie 
de  la  Pomme  de  terre,  on  ne  saurait  nier  son  analogie  avec  celle  de  la  Vigne, 
en  ce  sens  du  moins  que  le  Botrytis  infestans  précède  toujours  par  sa  pré- 
sence les  taches  brunes  qui  la  caractérisent,  de  sorte  qu'il  y  a  réellement 
lieu  de  les  attribuer  au  développement  de  la  fatale  moisissure. 

Après  ces  réflexions  générales  et  d'autres  considérations  que  nous  omet- 
tons ici,  M.  Braun  fait  une  énumération  assez  étendue  des  Champignons 
parasites  les  plus  intéressants  à  connaître,  soit  à  cause  de  leur  organisation 
propre,  soit  en  raison  des  ravages  qu'ils  font  dans  nos  cultures  ;  puis  il  dé- 
crit avec  beaucoup  de  soin  quatre  espèces  nouvelles  de  ces  végétaux. 

Le  premier  est  le  Septosporium  curvatum,  Rabenh.  (Herb.  myc, 
n°  1779).  Au  mois  de  juin  1852,  un  membre  du  conseil  supérieur  des 
finances  de  Prusse,  M.  Kerll,  fit  remarquer  à  M.  Braun  de  jeunes  Faux-Aca- 
cias, qui  déjà  commençaient  à  se  dépouiller  de  leurs  feuilles.  Des  taches  ar- 
rondies ou  allongées,  de  dimensions  variables,  d'abord  jaunâtres,  puis  brunes, 
se  montraient  çà  et  là  sur  les  folioles,  quoique  la  teinte  générale  de  celles-ci 
fût  encore  d'un  beau  vert.  Les  taches  récemment  formées  montraient  a  leur 
face  inférieure  de  petites  protubérances  qui  s'ouvraient  pour  laisser  échap- 
per une  matière  blanche  peu  visible.  Aidé  de  son  microscope,  M.  Braun  re- 
connut dans  ces  corps  un  Champignon  (le  Septosporium  curvatum,  Rabenh.) 
à  spores  cylindriques-allongées,  partagées  en  deux  ou  trois  loges,  et  naissant 
isolément  de  très  courts  pédicelles  distribués  le  long  des  filaments  du 
mycélium. 

Sous  le  nom  d' Acrosporium  Cerasi,  Rabenh.  (in  Litt.),  M.  Al.  Braun 
signale  en  second  lieu  un  Champignon  très  simple  dans  son  organisation  et 
qui  se  voit,  dès  le  commencemeutde  juin,  sur  les  fruits  encore  verts  des  Ce- 
risiers. Ces  fruits  présentent  alors  des  taches  arrondies,  d'une  ligne  de  dia- 
mètre au  plus,  d'un  gris  brunâtre  et  légèrement  proéminentes  ;  ils  semblent 
encore  pleins  de  vie,  mais  ils  cessent  bientôt  de  grossir,  et,  au  temps  de  la 
maturité  des  cerises  saines,  ils  sont  tout  desséchés,  brunis,  et  pendent  en  cet 
état  misérable  aux  rameaux  du  Cerisier.  Sous  la  loupe,  les  taches  semblent 
veloutées  ou  poudreuses.  Le  microscope  montre  à  leur  surface  une  végétation 


86  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE   DE    FRANCE. 

fongine  composée  d'une  forêt  de  petits  pédicelles  dressés  qui  sont  couverts 
de  spores  acrogènes.  Celles-ci  sont  elliptiques-allongées,  obtuses  aux  extré- 
mités, lisses,  presque  incolores  et  assez  volumineuses  ;  leurs  stérigmates  sont 
généralement  un  peu  plus  longs  et  plus  étroits  qu'elles,  simples,  avec  ou  sans 
cloison  vers  la  base  et  à  peine  colorés  en  brunâtre  ;  ils  semblent  procéder 
d'un  mycélium  épipbléode,  dont  les  filaments,  étroitement  entrelacés,  imitent 
une  fine  membrane.  M.  Braun  fait  observer  que  ce  Champignon  n'a  rien  de 
commun  avec  le  genre  Acrosporiûm  de  Nées  d'Esénbeck  et  qu'il  ne  lui  parait 
pas  devoir  figurer  plus  légitimement  parmi  les  Acrosporiûm  de  M.  Bonordên. 

Le  savant  professeur  de  Berlin  passe  ensuite  à  la  description  du  Stem- 
phylium  ericoctonum,  Br.  et  Bary,  dont  il  doit  la  connaissance  détaillée  au 
docteur  A.  de  Bary,  de  tïancfort-sur-le-Mein.  Les  Bruyères  exotiques,  qui 
sont  cultivées  dans  les  jardins  de  l'Allemagne  septentrionale,  sont  sujettes  à 
plusieurs  maladies  caractérisées  par  le  développement  parasite  de  divers 
Champignons  jusqu'à  présent,  très  peu  connus.  L'un  de  ces  Champignons, 
le  Stemphy Hum  ericoctonum,  apparaît  en  hiver  et  communique  aux  feuilles 
des  Bruyères  cultivées  en  serre  une  teinte  brune  qui  lui  a  valu  de  la  part 
des  jardiniers  le  nom  impropre  de  rouille.  Les  sujets  qu'il  envahit  se 
flétrissent  ;  les  feuilles  de  leurs  jeunes  pousses  jaunissent  ou  se  tachent  de 
rouge  ;  les  feuilles  plus  âgées  deviennent  brunes  et  se  détachent  avant  le 
temps  des  rameaux  qui  les  portent,  de  façon  que,  si  l'on  secoue  un  peu  l'ar- 
brisseau, il  se  dépouille  presque  entièrement  et  ne  conserve  que  de  rares 
bouquets  de  feuilles  au  sommet  de  ses  scions  à  moitié  desséchés.  Les  hivers 
doux  et  humides  favorisent  surtout  le  développement  de  cet  Hyphomycète 
parasite;  ses  filaments  constitutifs  sont  d'une  extrême  ténuité,  incolores  ou 
très  faiblement  colorés  en  jaune  brunâtre,  et  ce  n'est  qu'à  l'aide  d'une  bonne 
loupe  qu'on  peut  les  voir  ramper  comme  des  fils  d'araignée  sur  l'épiderme 
des  rameaux  et  des  feuilles,  ou  se  distribuer  entre  les  cils  dont  les  bords  de 
ces  dernières  sont  souvent  pourvus.  Ce  mycélium  reste  ordinairement  à  la 
surface  des  tissus  qui  le  nourrissent  ;  cependant  on  en  voit  parfois  pénétrer 
quelques  fils  dans  leur  intérieur,  a  la  faveur  des  stomates  qui  leur  livrent 
passage.  Les  corps  reproducteurs  du  Champignon  consistent  en  cellules 
acrogènes  et  solitaires,  de  formes  et  de  volumes  très  divers;  les  plus  simples 
sont  ovales  ou  linéaires-oblongs,  très  pâles,  continus  ou  biloculaires  ;  d'au- 
tres sont  ellipsoïdes  ou  globuleux,  très  bruns  et  peuvent  être  partagés  en  un 
nombre  considérable  de  cellules  aptes  à  germer. 

I  .e  Steirochaete  Malvarum,  Br.  et.  Casp. ,  est  le  type  d'un  nouveau  genre  de 
moisissures  parasites  qui  paraît  voisin  des  Chloridium  de  Link.  Il  a  été  ob- 
servé à  la  fin  de  juillet  1853  sur  la  plupart  des  Mauves  cultivées  en  pleine 
terre  dans  le  jardin  botanique  de  Berlin.  Sa  présence  produit  sur  les  tiges  de 
ces  plantes,  principalement  vers  la  base  de  leurs  feuilles,  des  taches  irré- 
gulières et  déprimées,  d'abord  d'un  vert  noirâtre,  puis  d'une  teinte  brune 


REVUE    BIBLIOGRAPHIQUE.  &? 

plombée  :  la  dessiccation  prématurée  des  organes  foliacés  et  celle  des  liges 
elles-mêmes  témoignent  de  son  action  destructive.  Les  premiers  commence- 
ments de  ce  Champignon  n'ont  pu  être  étudiés  ;  M.  Caspary  est  porté  à 
croire  qu'il  s'implante  d'abord  sur  les  tiges,  pour  ensuite  se  propager  a  la 
surface  des  feuilles  ;  mais  il  n'a  pu  constater  sûrement  que  son  mycélium 
existât  au  sein  des  tissus  qu'il  décolore.  Ses  spores  sont  elliptiques,  brunâ- 
tres, primitivement  concaténées,  a  ce  qu'il  semble,  et  réunies  en  petits  pul- 
vinules  que  hérissent  des  soies  brunes,  simples  et  dressées. 

Deux  planches  lithographiées  contiennent  l'analyse  anatomique  des  quatre 
Champisnons  parasites  nouveaux  décrits  dans  le  mémoire  de  M,  AI.  Braun. 


BOTANIQUE  DESCRIPTIVE: 

Herhai'iuiii  «1er  rlieimsclien  Pentium   [Herbier  des  menthes 
rhénanes),  par  Ph.  Wirtgen,  Fascicules  1  et  2,  n°'l—  60.  Coblent/. 

Sous  ce  titre,  M.  Wirtgen  publie  une  collection  qui  constitue  une  véri- 
table monographie  des  Menthes  de  la  Flore  rhénane;  car  la  svnonymie  de 
chaque  espèce,  variété,  forme  ou  hybride,  est  suivie  d'une  description  suc- 
cincte. Les  60  numéros  qui  forment  les  deux  premiers  fascicules  de  cette 
publication  se  rapportent  à  "Ji  espèces,  dont  la  plupart  sont  représentées 
par  plusieurs  de  leurs  formes  ou  variétés.  Lorsqu'il  s'agit  de  formes  qui 
avaient  été  élevées  au  rang  d'espèce  par  des  auteurs  antérieurs,  M.  A\  irtgen 
indique  avec  soin  cette  synonymie,  tout  en  les  rabaissant  au  rang  qu'il  croit 
devoir  leur  assigner.  --  Les  hybrides  que  présente  ce  genre  si  litigieux  ont 
été  étudiées  avec  soin  :  il  y  en  a  un  assez  grand  nombre  d'indiquées  dans  la 
publication  de  M.  Wirtgen;  mais  deux  seulement  ne  sont  pas  suivies  d'un 
point  de  doute,  ce  sont  le  Mentha  àquatica-arvensis,  Wirtg. ,  et  le  1/.  ar- 
vense-rubra,  W  irtg. 

Sous  le  titre  de  Plantes  rares,  critiques  ou  hybrides  de  la  Flore  rhénane, 
\l.  Wirtgen  publie  d'autres  fascicules  qui  méritent  l'attention  des  bota- 
nistes. T.a  publication  répond  très  bien  à  son  titre  ;  il  nous  suffit,  pour  le 
prouver,  de  citer  les  espèces  suivantes  prises  parmi  les  60  qui  ont  déjà  paru  : 
Batrachium  Bachi,  Wirtg.,  Fumaria  Wirtgeni,  Koch,  Seseli  ffippomo- 
vathrum,  L.,  Galium  glaucn-mollugo,  Wirtg. ,  Hierarium  acvtifnh'um, 
Griseb.,  Scroplndaria  Neesii,  Wirtg.,  etc.,  etc. 

Flora  «1er  Gefaesse-Fflaiizeii  des  Grosslierxogtlàtinis 
Hessen  [Flore  des  plantes  vasculaires  du  grand-duché  de  Messe),  par 
(i-.F.  Schnittspahn.  .V  édir.,  Dafmstadt,  1853,  1  vol.  in- 12,  :;50  pages, 

Cette  troisième  édition  de  la  Flore  du  grand-duché  de  Hesse  a  paru 


88  SOCIÉTÉ   BOTAN1QI  E    DE    FRANCE. 

en  1854.  Elle  a  pris  rang  parmi  les  ouvrages  en  grand  nombre  que  l'Alle- 
magne consacre  à  la  botanique  de  ses  provinces  et  même  de  ses  petites 
villes. 

L'auteur  a  pu  ajouter  quelques  nouveaux  genres,  plusieurs  nouvelles 
espèces  et  quelques  stations  qui  ne  se  trouvent  pas  dans  les  éditions  pré- 
cédentes. 

La  Flore  du  grand-duché  de  Hcsse  se  compose  de  1308  espèces  appar- 
tenant à  489  genres  et  104  familles.  Ou  compte  351  espèces  annuelles, 
75  bisannuelles,  773  vivaces  et  109  arbres  et  arbrisseaux.  La  famille  des 
Composées  est  la  plus  nombreuse  en  genres  (50)  comme  en  espèces  (134). 

Les  plantes  de  la  Flore  sont  rangées  dans  l'ordre  des  familles  naturelles 
et  précédées  d'un  tableau  des  genres  classés  d'après  le  système  liunéen. 
Les  descriptions  sont  toutes  en  langue  allemande. 

Icônes  plaiitarum ,  or  figures  vith  brie f  descriptive  characters  and 
remarks  of  new  or  -rare  plants,  selected  from  the  author's  herbarimu, 
par  sir  William  Jackson  Hooker.  vol.  VI,  nouvelle  série,  ou  vol.  X  de 
l'ouvrage  entier.  Londres,  185^1,  in-8. 

Sir  W.-J.  Hooker  termine  par  ce  volume  le  recueil  de  planches  dont  il 
poursuivait  la  publication  depuis  l'année  1837.  Il  a  ainsi  figuré  dans  cet 
espace  de  temps  1000  espèces  de  plantes  de  divers  pays  et  appartenant  à 
plus  de  500  genres  différents. 

Chaque  planche  est  accompagnée  d'une  page  de  texte.  On  y  trouve  les 
caractères  de  l'espèce  figurée,  ses  synonymes,  son  origine  et  quelques  obser- 
vations botaniques. 

Les  planches  lithographiées  ont  été  dessinées  par  M.  Fitch,  avec  l'ha- 
bileté qu'on  lui  connaît.  Plusieurs  espèces  de  Fougères  se  trouvent  décrites 
et  figurées  ça  et  là  dans  le  cours  de  l'ouvrage,  mais  le  tome  dixième  annoncé 
ici  est  consacré  tout  entier  aux  plantes  de  cette  famille,  et  contient  une 
série  contiuue  de  100  espèces,  à  partir  du  n°  901  jusqnes  et  y  compris 
le  n°  1000. 

Tlie  Botany  of  tlie  Voyage  of  H.  ]?I.  S.   Herald  [Botanique 

du  voyage  du  navire  de  S.  M.  B.  Herald),  rédigée  par  Berthold  Seemann, 
part.  h.  Londres,  in-^°,  20  pages  avec  10  planches. 

La  quatrième  livraison  de  cet  ouvrage,  dont  la  publication  a  été  entreprise 
en  1852,  vient  de  paraître  ;  elle  contient  la  continuation  de  la  Flore  de 
l'isthme  de  Panama,  commencée  dans  le  fascicule  précèdent.  On  y  trouve 
les  familles  des  Lythrariées  ,  Mélastomacées,  Myrtacées,  avec  les  Barring- 
toniées  et  Lécythidées,  Cucurbitacées,  suivies  des   lîégoniaeées  et  Papaya- 


KEVUE    BIBLIOGRAPHIQUE.  89 

cees,  Passiflorées,  Loasées,  Portulaeées,  Cactées,  Ombelliferes,  Araliacées, 
Loranthacees,  Lonicérées,  Rubiacées,  et  une  partie  des  Composées. 

Les  espèces  indiquées  ou  décrites  sont  au  nombre  de  239.  Une  certaine 
quantité  de  ces  espèces  a  déjà  été  publiée  pat-  hunth  dans  les  Nova  gênera 
et  species,  etc.,  et  par  M.  Bentham  ,  dans  tbe  Botany  of  Sulphur  ;  d'autres 
proviennent  des  récoltes  faites  à  la  Nouvelle-Grenade  par  Hartweg  et  Gou- 
dot,  et  à  Panama  par  M.  Ducbassaing,  et  de  la  collection  de  Chagres,  dis- 
tribuée en  1851  par  Fendler.  L'auteur  a  compris  dans  son  énumération  les 
plantes  cultivées,  et  il  a  pris  soin  de  rapporter  les  noms  vulgaires  du  pays. 

Les  Lytbrariées  comptent  7  espèces,  dont  une  nouvelle,  Cuphca  rivula- 
ris,  Seetn. 

La  liste  des  Mélastomacées  comprend  38  plantes  rangées  d'après  l'ordre 
institué  dans  la  monographie  récente  de  M.  Naudin.  M.  Seemann  y  réunit 
par  conséquent  le  Mouriria.  Il  admet  aussi  le  genre  Bellucïa  fondé  par 
M.  Naudin  pour  le  Blackea  qùinquenervia,  Aubl.  Il  transporte  YHeeria 
eupheoides,  Benth.,  au  genre Pteroyastra,  \eChœtogastra  ferruginea,  Hook., 
au  genre  Oreocosmus,  et  le  Clidemia  fenestrata  au  Staphidium. 

Le  relevé  des  Myrtacées  se  compose  de  11  espèces,  parmi  lesquelles  le 
Jambosier  et  le  Grenadier  ne  peuvent  être  considérés  comme  indigènes. 
L'auteur  réunit  avec  Raddi,  sous  le  nom  de  Psidiwn  Guiava,  \esPsid.  pyri- 
ferum  et  pomiferum,  Linn. 

Les  Barringtoniées  sont  représentées  par  le  Gustavia  anyustifolia,  Bentb., 
et  le  Grias  Fendler/,  Seem,  plante  remarquable  recueillie  par  Fendler 
(n"  185)  aux  environs  de  Chagres. 

La  liste  des  Lécythidées  est  limitée  a  2  espèces,  celle  des  Cucurbitacées 
a  15,  y  compris  les  Layenaria,  Melons,  Concombres,  Potirons  cultives 
dans  les  jardins,  ainsi  que  le  Chayote  [Sictjus  edule,  Sw.)  venu  des  An- 
tilles, et  \eLuffa  acutanyula,  DC. ,  originaire  de  la  Chine,  devenu  commun 
autour  de  Panama. 

M.  Seemann  signale  8  espèces  de  Beyonia,  déjà  connues,  et  2  Caricay 
dont  un  nouveau,  mais  sans  nom  et  sans  description,  indiqué  d'après  son 
fruit  qualifié  de  Papayo  cimaron,  c'est-à-dire  papayer  sauvage. 

Viennent  ensuite  13  espèces  pour  la  famille  des  Passiflorées,  a  laquelle 
M.  Seemann  réunit  celle  des  Turneracées,  par  l'intermédiaire  d'un  nouveau 
genre  dédié  à  M.  Erblich,  directeur  du  jardin  royal  de  Hanovre  (Erblichia 
odorat  a,  tab.  27). 

Les  7  familles  suivantes  (jusqu'aux  Lonicérées)  comprennent  une  ving- 
taine de  plantes  toutes  connues.  On  y  remarque  YErynyium  fœtidum,  Lin., 
qui  n'avait  été  recueilli  jusqu'ici  qu'à  la  Jamaïque  et  dans  l'Amérique  mé- 
ridionale ;  l'auteur  dit  que  celte  herbe  nauséabonde  est  considérée  à  Panama 
comme  un  ingrédient  culinaire  indispensable  et  qu'elle  entre  dans  la  prépa- 
ration des  potages. 


PO  SOCIETE    BOTANIQUE    DE    FRANGE. 

La  belle  famille  des  Rubiaeées,  si  nombreuse  dans  les  climats  intertropi- 
caux, compte  dans  la  flore  de  Panama  56  espèces,  la  plupart  appartenant 
aux  groupes  des  Cinclionacees  et  des  Cofféacées. 

M.  Seemano  développe  et  rectifie  les  caractères  du  genre  Pentagoma, 
Benth.  Il  y  ajoute  deux  espèces  nouvelles:  P.  Tinajita  (pi.  28)  et  P.  pin- 
natifida,  déjà  indiquées  dans  le  London  Journ.  of  Bot.  Les  autres  nouveau- 
tés signalées  par  des  diagnoses  sont  :  Sîpanea  palustris,  —  Malanea  erecta 
de  l'Ile  Taboga,  —  Morlnda  panamensis,  de  Chagres  (Fendler,  n"  148),  — 
Cephœlis  psychotriœfolia  (de  la  section  Callicocca). 

Les  Composées  ont  été  traitées  par  M.  Steetz;  le  quatrième  fascicule  eu 
comprend  65,  dont  L3  de  la  tribu  des  Yemoniacées,  parmi  lesquelles  une 
seule  inédite  :  Vemonia  Seemanniana,  Steetz. 

La  tribu  des  Eupatoriées  commence  par  un  nouveau  genre  nomme  Tube- 
rostylis,  voisin  de  YAlomica,  Kunth.  Le  Tuberostylis  RhizopkorcB,  Steetz 
^pl.  29),  croit  sur  les  racines  aériennes  d'un  Rbizopbora.  La  liste  comprend 
13  Eupatorium,  parmi  lesquels  sont  décrits  pour  la  première  fois  \'E.  crito- 
nioides,  Steetz,  E.  stenolepis,  Steetz,  E.  elatum,  Steetz. 

On  remarque  parmi  les  Mikania  l'espèce  dite  Guaeo,  Kunth,  nom  qu'elle 
partage  avec  plusieurs  plantes  de  familles  différentes.  Celle-ci  a  été  préco- 
nisée sous  le  nom  de  Huacoçomme  spécifique  contre  le  cholera-morbus. 

Les  Asterées  comptent  6  plantes  déjà  connues. 

Les  Séiiécionees  décrites  comme  nouvelles  sont  :  Clibadiwn  leioearpum, 
Steetz,  -—  Unxia  digyna,  Steetz  (tab.  'M)),  ■ —  Melananthera  microphyllu, 
Steetz,  —  Gymnopsis  vulcanica,  Steetz,  —  Chrysanthellum  infegrifoltum, 
Steetz. 

L'auteur  rectifie  le  caractère  du  genre  Unxia,  et  réunit  le  Scolospermum, 
Less. ,  au  Baltimora. 

Les  espèces  données  comme  nouvelles  ont  ete  recueillies,  pour  la  plupart, 
sur  le  volcan  de  Chiriqui,  province  de  Vreraguas. 

Fui*tlier  notes  oh  Uereus  f/igunteun  of  Sontheastern 
California ,  with  a  short  accouiit  of  anotliei*  allieiS 
species   in    Sonora  (Nouvelles  votes  sur  le  Cereus  giganteus  du 

md-est  de  la  Californie,  etc.),  par  le  docteur  George  Kngelmann,  de 
Saint-Louis,  Missouri.  (The  American  Journal  of  scie  née  and  arts,  by 
Silliman,  etc.,  2e  série,  t.  XVII,  n"  50,  mars  1854,  p.  231-235.) 

Cet  article  complète  celui  que  M.  Kngelmann  avait  déjà  publie  dans  le 
même  journal,  eu  novembre  1852  (t.  XIV,  p.  3,'55),  sur  son  Cereus  gigan- 
teus. Les  nouveaux  faits  qu'il  renferme  ont.  été  puises  dans  les  échantillons 
de  Heurs  et  de  fruits  ainsi  que  dans  les  notes  et  les  dessins  qui  ont  ete  com- 
muniqués par  M.  George  Thurber.  L'auteur  donne  d'abord  la  description 


REVUE    BIBLIOGRAPHIQUE.  Ol 

latine  de.  la  plante  remarquable  qui  constitue  réellement  le  géant  du  genre 
Cerem,  auquel  elle  appartient.  Sa  description  nous  apprend  que  la  tige  de 
ce  Ceretis  s'élève  droite  et  simple  ou  seulement  avec  quelques  branches  plus 
courtes,  de  telle  sorte  que  le  tout  ressemble  à  un  gigantesque  candélabre; 
le  bas  de  cette  tige  présente  environ  12  côtes  droites  et  obtuses,  tandis 
que,  vers  son  extrémité  supérieure,  on  en  compte  de  18  à  20  ;  les  aréoles 
proéminentes  qui  s'élèvent  sur  ces  côtes  sont  cotonneuses,  à  l'état  jeune; 
elles  portent  12-16  aiguillons  droits,  très  renflés  à  leur  base,  blanchâtres  et 
finalement  grisâtres,  inégaux  entre  eux,  les  (i  du  centre  étant  très  forts,  le 
plus  bas  de  tous  très  long,  très  robuste  et  déjeté,  les  2  supérieurs  plus 
courts. 

Celte  espèce  de  Cereus  s'étend  de  la  rivière  de  (iila,  au  nord,  jusque  dans 
la  Sonora,  au  sud,  et  presque  certainement  aussi  dans  la  presqu'île  de  la 
Californie.  Elle  fleurit  en  mai  et  juin  et  mûrit  son  fruit  en  juillet  et  août. 
Les  pieds  les  plus  jeunes  observés  par  M.  Thurber  avaient  3  ou  4  pieds 
(anglais)  de  hauteur  ;  les  plus  petites  plantes  fleuries  mesuraient  environ 
12  pieds  de  haut,  et  les  individus  les  plus  grands  qu'il  ait  rencontrés  ne 
s'élevaient  pas  a  moins  de  !y5  ou  50  pieds  f<15'",250).  Les  faisceaux  ligneux 
de  ces  tiges  gigantesques  correspondent  aux  cannelures  longitudinales  et 
non  aux  côtes,  comme,  du  reste,  chez  toutes  les  Cactées  cannelées.  Des 
libres  ligneuses  naissent  d'entre  ces  faisceaux  pour  se  porter  horizontalement 
vers  les  côtes,  en  particulier  vers  les  aréoles. 

A  la  base  de  la  tige,  les  côtes  sont  larges  et  obtuses,  séparées  par  des  can- 
nelures larges  et  profondes;  plus  haut,  elles  deviennent  lin  peu  triangu- 
laires, arrondies  ou  obtuses,  laissant  entre  elles  des  cannelures  profondes 
et  aiguës;  enfin,  vers  le  sommet  de  la  plante,  elles  sont  également  obtuses, 
mais  tout  a  fait  comprimées,  les  cannelures  se  montrant  profondes  et 
étroites. 

Les  aréoles  qui  s'élèvent  sur  les  côtes  sont  longues  de  7  lignes,  larges  de 
(i,  et  généralement  espacées  d'un  pouce.  Les  U  épines  centrales  inférieures 
de  chacun  des  faisceaux  portes  par  ces  aréoles  sont  longues  de  20  à  30  li- 
gnes ;  les  2  centrales  supérieures  mesurent  de  15  à  18  lignes.  Les  épines  les 
plus  fortes  ont  1  ligne,  d'épaisseur  et  au  moins  deux  fois  ce  diamètre  a  leur 
base  bulbeuse.  Ces  épines  tombent  avec  l'aréole  entière,  en  commençant 
généralement  par  les  (i  du  centre. 

Les  fleurs  naissent  près  i\v.  sommet  de  la  plante,  a  6-12  pouces  duquel 
se  trouve  ordinairement  le  fruit.  Sèches,  elles  avaient  3  pouces  de  long, 
mais  un  dessin  de  M.  Thurber  leur  donne  'i  bons  pouces  de  longueur  et  de 
largeur.  I.e  tube  a  I  pouce  de  iong  dans  sa  portion  inférieure  et  nue,  3/4  de 
pouce  dans  sa  portion  supérieure  et  staminifère,  qui  est  fort  élargie.  Les 
sépales  supérieurs  sont  charnus,  d'un  blanc  verdàtre  .  longs  de  3/4  de 
pouce,  sur  une  largeur  de  2  lignes  dans  le  bas,  de  4  lignes  daus  le  haut. 


92  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE    DE   FRANCE. 

Les  pétales  sont  d'un  jaune  de  crème  clair,  longs  de  1  pouce,  larges  de  6-7 
lignes,  très  épais  et  charnus.  Les  filets  sont  d'un  jaune  clair  et  les  anthères 
linéaires  sont  échancrées  aux  deux  extrémités.  Un  dessin  de  M.  Thurber 
représente  de  15  à  20  stigmates  longs  de  1/2  pouce  et  verts.  Les  fleurs 
paraissent  rester  ouvertes  le  jour  et  la  nuit,  probablement  plusieurs  jours 
de  suite. 

Un  fruit  conservé  dans  l'alcool  se  montre  obové,  long  de  2  1/2  pouces, 
large  de  1/2  pouce,  relevé  d'environ  30  écailles  entièrement  sans  épines, 
mais  ces  dimensions  sont  exceptionnelles;  ordinairement  ce  fruit  a  2  à 
3  pouces  sur  1  1/2  à  2  ;  il  est  vert,  rougeâtre  vers  le  sommet,  terminé  par 
une  cicatrice  large  et  convexe  laissée  par  la  chute  de  la  fleur.  Le  péricarpe  a 
la  consistance  d'un  concombre  encore  vert,  et  son  épaisseur  est  de  2  lignes. 
Sur  la  plante,  il  s'ouvre  en  3-4  valves  irrégulières,  rouges  intérieurement, 
qui,  étalées,  ressemblent  à  une  fleur  rouge,  ce  qui  a  fait  attribuer  à  tort  une 
fleur  de  cette  couleur  à  ce  Cereits.  La  pulpe  rouge  et  un  peu  insipide  de  ce 
fruit  a  la  consistance  d'une  figue  mûre  ;  les  naturels  la  recueillent  en  la  ra- 
massant en  boules  et  ils  la  conservent  ainsi  plusieurs  mois,  ou  bien  ils  en 
retirent,  par  expression,  le  jus  sucré  qu'elle  renferme.  Les  graines  sont  in- 
nombrables et  longues  de  0,7  ou  0,8  de  ligne. 

M.  Engelmann  nomme  Cereus  Tkurberi  une  autre  espèce  très  voisine  de 
la  précédente,  qui  a  été  trouvée  par  M.  Thurber,  en  juin  1851,  dans  le 
nord  de  la  Sonora,  et  dont  la  tige  ne  s'élève  qu'à  12  pieds.  Ces  2  espèces, 
mais  surtout  la  première,  se  rapprochent  beaucoup  des  Pilocereus  par 
leur  taille,  par  le  tube  de  leurs  fleurs,  qui  est  court  et  ventru,  par  leurs 
pétales  épais,  mais  elles  s'en  éloignent  à  plusieurs  égards. 

Ifie  Gatlmi£  Botsvtti'tUn  uud  ilire  B»âs  jetzt  heltaitiit 
gewortlenen,  Arten,  etc.  (Le  genreBouxavdiaet  ses  espèces  connues 
jusqu'à  ce  jour,  disposées  par  ordre  alphabétique  et  soumises  à  une  étude 
détaillée) ,  par  D.-F.-L.  Schlechtendal.  Linnœa,t.  X,  cah.  1  (publié  en 
février  185k),  p.  ^3-126. 


Le  genre  Bouvardia  a  déjà  dans  nos  jardins  plusieurs  représentants  d'une 
rare  élégance,  et  la  plupart  de  ses  autres  espèces,  ou  même  toutes  mériteraient 
d'y  prendre  place.  Mais  l'histoire  de  ces  plantes  est  très  obscure,  et  c'est 
pour  dissiper  l'obscurité  qui  l'entoure  que  M.  Schlechtendal  a  écrit  le  Mé- 
moire dont  il  s'agit  ici.  Son  travail  renferme  deux  parties  distinctes  :  Dans 
la  première,  après  quelques  détails  historiques  sur  l'établissement  du  genre 
Bouvardia,  il  en  expose  les  caractères  en  les  développant  et  en  les  soumet- 
tant à  une  discussion  étendue;  dans  la  seconde,  il  reproduit,  en  les  accom- 
pagnant souvent  d'observations  ou  de  discussions,  les  descriptions  données 
par  divers  auteurs  des  espèces  déjà  connues,  au  nombre  de  30.  11  change 


REVUE    BIBLIOGRAPHIQUE.  93 

en  Bouvardia  terni folia  le  nom  du  B.  coccinéa ,  Link  et  Hortul  (Ixora 
americana,  Jacq. ,  lxora  terni  folia,  Cavan),  l'espèce  la  pins  anciennement 
cultivée  et  la  plus  répandue  clans  nos  jardins. 

Dans  un  appendice  a  son  Mémoire,  M.  de  Schlechtendal  décrit  trois 
nouvelles  espèces,  deux  à  corolle  hérissée,  la  troisième  à  corolle  glabre; 
celle-ci  reçoit  le  nom  de  Bouvardia  rosea.  Quant  aux  deux  premières, 
l'une  est  nommée  B.  viperalis  ;  pour  l'autre,  l'auteur  propose  le  nom  de 
B.  microphytla,  dans  le  cas  où  elle  ne  se  rapporterait  pas  au  B.  multiflora, 
Schult. 

On  tlte  Gémis  Lycàum  (Sur  le  genre  Lycium),  par  iVl.  John  Aliers. 
(Armais  and  Magazine  of  natural  History,  série  2.  vol.  XIV,  juillet 
1854,  p.  1.) 

M.  iMiers  a  entrepris  de  refaire  le  genre  Lycium,  et  de  reviser  toutes  les 
espèces  qu'il  a  pu  voir.  On  sait  combien  ce  genre  si  cosmopolite,  puisqu'on 
le  trouve  abondamment  en  Europe,  en  Asie,  en  Afrique  et  en  Amérique, 
présente  de  difficultés  pour  la  distinction  des  espèces  dont  les  caractères 
sont  extrêmement  variables.  Dans  ce  travail,  M.  Miers  n'adople  pas  les 
sections  par  lesquelles  M.  Dunal  a  divisé  les  espèces  de  ce  genre  dans  la 
première  partie  du  tome  A III  du  Prodromus  de  M.  de  Candolle.  Selon 
M.  Miers,  le  nombre  des  espèces  de  Lycium  serait  aujourd'hui  de  70,  outre 
celles  qui  sont  douteuses;  et  la  monographie  de  M.  Dunal  n'en  porte  le 
nombre  qu'à  ko,  en  y  comprenant  (5  espèces  incertaines.  Des  70  espèces 
décrites  par  M.  Miers,  33  appartiennent  a  l'ancien  et  37  au  nouveau 
monde.  Il  résulte  de  cette  distribution  que  près  d'un  quart  des  espèces  au- 
jourd'hui connues  se  trouve  dans  l'Afrique  méridionale,  et  un  autre  quart 
sur  les  deux  côtés  des  Andes  dans  les  latitudes  du  Chili. 

M.  Miers  ne  pense  pas  que  le  genre  Lycium  doive  être  rangé  dans  les 
Solanées,  a  cause  de  l'estivation  très  imbriquée  des  segments  de  la  corolle, 
idée  déjà  émise,  il  y  a  longtemps,  par  M.  de  Schlechtendal.  Sa  place  serait 
dans  la  famille  des  Atropacees,  tribu  des  Atropeœ,  et  près  du  genre  Mandra- 
gora.  Quant  aux  divisions  du  genre,  M.  Miers  le  partage  en  trois  sections 
nouvelles  fondées  simplement  sur  la  profondeur  relative  des  incisions  de  la 
corolle,  savoir  :  1.  Brachycope,  où  les  lobes  du  bord  sont  un  tiers  (ou  moins) 
de  la  longueur  entière  de  la  corolle;  2.  Mesocope,  où  les  segments  sont  plus 
longs,  mais  n'excèdent  pas  la  longueur  du  tube;  3.  Macrocope,  où  les  divi- 
sions de  la  corolle  excédent  en  longueur  celle  du  tube.  Dans  ce  dernier  cas, 
les  étamines  sont  fixées  dans  la  gorge  du  tube,  et  sont  d'autant  plus  exsertes 
que  le  bord  s'étend  davantage. 

Après  avoir  caractérisé  selon  ses  vues  le  genre  Lycium,  M.  Miers  arrive 
a  la  description  des  espèces,  qu'il  fait  suivre  chacune  de  courtes  observa- 
t.  i.  7 


<)/l  SOCIÉTÉ    BOTAMOl  I.    DE    IT.AM  !.. 

tions.  Nous  Lie  pouvons  ici  qu'indiquer  sommairement  ces  espèces  clans 
l'ordre  des  divisions  adoptées  par  l'auteur. 

I.  BRACHYCOPE.  A.  Gerontoci:  e. 

*   Filon  tenta  lœvia,  sp.  1  ad  S. 

Lycium  sœvum  (n.  sp.)  ;  europœum,  L.  ;  indicum,  II.  Wight;  uxy- 
carpum, Dun. ;  intricatum,  Boissier;  halophyllum,  Welw.,  Mss.  (n.sp.); 
orientale  (n.  sp.)  ;  persicum  (n.  sp.). 

**  Filamenta  basi  hirsuta,  sp.  V)  ad  l/i. 

/..  austrinum  (n.  sp.);  hirsutum,  Dun.;  arenicolum  (n.  sp.);  oxycladum 
(u.  sp.);  roridum  (n.  sp.);  acutifolium,  E.  Meyer. 

***  Filamenta,  paulo  supra  basin  glabra,  inox  globulis  pilorwn  donala, 
sp.  1 5  ad  22 . 

£.  Afrum,  !..  ;  carttositm,  Poir-et;  glaucum  (n.  sp.)  ;  eckinatmn,  Dun.; 
tetrandrum,  Thunb.;  terae,  Willd.;  cinereum,  Thunb.;  et  pendulinum 
(n.  sp.). 

Ici  s'arrête  dans  les  Armais  and  Magazine  ofnatural  History  la  première 
partie  du  travail  de  M.  Miers,  qui  sera  repris  dans  les  livraisons  suivantes, 
et  que  nous  continuerons  d'analyser  au  fur  et  à  mesure  de  sa  publication. 

Deseri ntion  of  some  new  gênera  ami  suecies  of  Ceylon 
olanls  {Description  de  quelques  nouveaux  genres  et  espèces  de  plantes 
de  Ceylan),  par  M.  G.  H.  K.  Thwaites.  (  Hoohers  Journal  of  Botmiy, 
mars  1854,  page  65.) 

L'auteur  donne  dans  cet  article  les  caractères  de  six  genres  nouveaux  et 
d'une  espèce  nouvelle,  savoir  :  1°  Genres:  Campnosperma  (Anacardiacées); 
espèce  :  C.  Zeylanicum.  2°  Ptcridopyllum  (même  famille);  espèce  :  l* .  de- 
cipiens  (lihus  decipiens,  Wight  et  Arn.)  Selon  l'auteur,  cette  plante  doit 
être  retirée  du  genre  Rhus,  dont  elle  diffère  sous  plusieurs  points  impor- 
tants. 3°  Aximandra  (Lythrariées  Trib.  Lagerstromiees)  ;  espèce  :  A.  Zeg- 
lanica.  L\°  Stemonoporus  (  Dipterocarpées),  5  espèces  :  S.  Gardneri , 
affinis,  lanceo/atus,  oblongifolius  et  rigidus.  5°  Monoporandra  (  même 
famille);  2  espèces  :  M.  elegans  et  cordifolia.  6°  Terpnophyllum  (Clu- 
siacées,  Trib.  Garciniées)  ;  esp.  T.  Zeylanicum,  7°  Une  espèce  nouvelle  du 
genre  Garcinia  :  G .  echinocarpa. 

Cliaraeters  of  some  new  gênera  of  plants,  inosllj  fron» 
Polynesia,/»  the  Collection  of  the  United  S  tuf  es  exploring  expédi- 
tion, under  Captairï  Wilkes  (Caractères  de  quelques  nouveaux  genres  de 
plantes,  la  plupart  de  la  Polynésie),  par  M.  Asa  Gray.  Cambridge,  1853, 
S  pages  in- S". 
Ces  nouveaux  genres,  publies  dans  les  Prvceedinys  of  the  American 


BEVUE    BIBLIOGRAPHIQUE.  95 

Acudeiny  o[  arts  and  sciences,  vol.  III,  en  un  mémoire  dont  il  a  été  l'a  l  un 
tirage  séparé,  appartiennent  à  onze  familles  différentes.  En  voici  rémunéra- 
tion :  Diclidocarpus  (Tiliacese)  ;  espèce  :  D.  Rickii — Draytonia  (Ternslrœ- 
miaceœ)  ;  T.  rubicunda  —  Rhytidandra  (Olacaeeœ)  ;  //.  vitiensis —  Pelea 
(Rutaceae);  P.  auriculœfolia,  oblongifolia,  rotundifolia,  volcanica,  et  P.  ? 
lucida — Amaroria  (Simarubaceae)  ;  A.  suulameoides  —  Brackenridgea 
(Ochnaeeœ);  B.  niiida  — Oncocarpw  (  Anacardiacese);  0.  vitiensis  — 
Streptodermia  (Legum.  Hedysareœ);  S.  canescens — Luma  (Myrtaceaej; 
Astronidiwn  (Melastomacese)  ;  A.  parviflorum  —  Pleiochiton,  Naudin,  Mss. 
(Melastomaceae)  ;  P.  crassifolia,  Naud.,  Mss., —  ffaplopetalon  (Legno- 
tidese)  ;  H.  Ilichii. 

A  la  suite  de  ces  genres  nouveaux  se  trouvent  décrites  deux  espèces 
nouvelles  du  genre  Sicyos,  Linn.,  Subgen.  Sicyocaria  :  S.  macrophyllus  cl 
cucumerinus. 

Synopsis  Stackliousiacearum ,  par  M.  Th.  Schuchardt.  Lùinœo, 
I.  X,  can.  T  (publié  en  février  1854),  p.  1-42. 

La  petite  famille  des  (Stackhousiacées ,  circonscrite  tout  entière  dans 
l'Australie,  ne  comptait  que  les  deux  genres  Stackhousia,  Smith,  ci 
Tripterococcus ,  Endl.  M.  Schuchardt  en  établit  un  troisième  auquel  il 
donne  le  nom  de  Plokiostigma,  pour  une  plante  recueillie  par  Preiss  en 
1831),  près  du  lac  de  l'ile  Rottenest,  et  distribué,  par  ce  botaniste,  sous  le 
numéro  1364.  Cette  espèce,  encore  unique,  est  le  Plokiostigma  Lehmanni, 
Schuch. 

L'auteur  de  cette  petite  monographie  ajoute  encore  quatre  Stackhou- 
siacées nouvelles  a  celles  qui  avaient  été  publiées  avant  lui  ;  ce  sont  trois 
Stakhousia  nommés  par  lui  S.  aspericocca^S.  Muelleri,  S.  dorypetalo,  qui 
élèvent  à  quatorze  le  nombre  des  espèces  connues  de  ce  petit  genre,  cl  un 
Tripterococcus  qu'il  nomme  T.  brachysfîgma,  et  qui  devient  le  cinquième 
de  ce  groupe  générique.  Au  total,  la  monographie  de  M.  Schuchardt  ren- 
ferme la  description  étendue  de  vingt  espèces  ;  mais  elle  est  réduite  exclu- 
sivement à  cette  partie  descriptive. 

Keitiarks  ou  Passifloracea;  antl  l'iiriieracea»  (  Remarques 
sur  les  Passifloracées  et  les  Turnéracées),  par  M.  Berthold  Seemann. 
(Hooker  s  Journal  of  Botany,  février  1854,  p.  53.) 

La  découverte  du  genre  américain  Erblichia  figuré  par  M.  Seemann  dans 
la  Botany  of  H.  M.  S.  Herald ,  et  l'examen  de  plusieurs  Turnéracées.  oui 
conduit  l'auteur  a  cette  conclusion  que  les  Turnéracées  et  les  Passiflorées 
sont  tellement  alliées  entre  elles  que  les  différences  qui  les  distinguent  sont 
purement  imaginaires,  et  qu'elles  ne  constituent  en  fait  qu'une  seule  et 


96  SOCIÉTÉ    BOTAMQCE    HE    FRANCE. 

même,  famille.  La  petite  note  insérée  dans  le  Journal  of  Botany  a  pour  but 
d'éclairer  ce  t'ait,  il  est  évident,  d'après  M.  Seemann,  que  la  découverte  de 
X  Erblichia  et  l'union,  qui  en  est  la  conséquence,  des  Turnéracées  et  des 
Passiflorées  jette  une  nouvelle  lumière  sur  plusieurs  points  contestés  con- 
cernant l'enveloppe  florale  de  cette  dernière  famille,  et  corrobore  les  vues 
de  M.  Lindley,  qui  regarde  l'enveloppe  florale  extérieure  comme  un  calice, 
l'intérieure  comme  une  corolle,  et  la  couronne  comme  une  espèce  particu- 
lière de  pétales. 

Types  de  chaque  famille  et  des  principaux  genres  de 
plantes  croissant  spontanément  en  France ,  exposition 
détaillée  et  complète  de  leurs  caractères  et  de  l'embryologie,  par  F.  Plée, 
livraisons  83-88,  in-/-i°,  Paris,  1854. 

M.  Plée  poursuit  avec  persévérance  la  publication  de  ce  travail,  com- 
mencé ii  y  a  plusieurs  années.  Chaque  livraison,  de  format  petit  in -W,  se 
compose  d'une  plante  dessinée  et  peinte  d'après  nature,  gravée  et  coloriée, 
et  d'un  texte  descriptif  et  explicatif. 

Toutes  les  figures  accompagnées  d'analyses  sont  remarquables  par  leur 
exécution;  la  gravure  et  le  coloriage  en 'sont  extrêmement  soignés. 

Les  six  livraisons  annoncées  ici  renferment  des  figures  de  plantes  appar- 
tenant a  cinq  familles  :  Plumbaginées ,  Ombelliferes ,  Scrophulariuées  , 
Composées  et  Champignons.  Voici  l'indication  des  espèces  qui  ont  été 
prises  pour  types  de  ces  familles  :  Statice  maritima,  Helosciadium  repens, 
Linaria  Cymbalaria,  Sonchus  oleraceus,  Hellis  perennis,  et  Morchella 
esculenta. 

BOTANIQUE  GÉOGRAPHIQUE. 

Etudes  de  géographie  botanique  de  l'Europe,  et  en  parti- 
culier sur  la  végétation  du  plateau  central  de  la  France  ;  par  Henri 
Lecoq.  Tome  Ier,  in-8°,  521  pages.  Paris,  1854. 

Ce  livre,  ainsi  que  l'indique  son  titre,  n'est  que  le  premier  volume  d'un 
ouvrage  plus  étendu,  qui  embrassera  la  géographie  botanique  de  l'Europe 
entière;  l'auteur  a  développé  dans  une  introduction  l'ensemble  du  plan 
qu'il  s'est  tracé,  mais  nous  nous  bornerons  a  indiquer  les  sujets  des  quinze 
chapitres  dont  se  compose  le  volume  actuel. 

Dans  le  premier  chapitre,  M.  Lecoq  rappelle  que  c'est  en  grande  partie 
a  la  végétation  qu'une  contrée  doit  sa  physionomie.  Il  sépare,  comme  l'a 
déjà  fait  M.  Thurmann,  la  Flore  proprement  dite  du  tapis  végétal,  c'est- 
à-dire  le  nombre,  des  espèces,  du  nombre  et  de  la  proportion  des  individus 
de  telle  espèce,  de  tel  genre,   ou  d'un  groupe  quelconque.  Il  dit  ensuite 


REVUE    BIBLIOGRAPHIQUE.  97 

quelques  mots  sur   les  centres  de  création  ou   Paradis  des  espèces  et  sur 
l'irradiation  de  celles-ci  autour  de.  ce  centre. 

Le  chapitre  2  traite  de  la  température  et  des  causes  qui  la  font  varier, 
telles  que  l'élévation  ou  altitude,  la  direction  des  chaînes  de  monta- 
gnes, etc. 

Le  chapitre  3  comprend  les  faits  qui  dépendent  de  l'action  de  la  lumière 
et  de  l'électricité. 

Le  chapitre  k,  relatif  à  l'influence  de  l'eau,  considère  cet  agent,  l°à 
l'état  de  vapeur,  sous  forme  de  nuages  et  de  brouillards;  2°  à  l'état  de 
liquide,  sous  forme  de  pluie,  ainsi  que  dans  les  lacs,  les  étangs,  les  ruis- 
seaux, les  rivières  et  les  marais  d'eau  douce  ou  d'eau  salée  ;  3°  à  l'état 
solide,  sous  forme  de  neige  et  de  glace. 

Le  chapitre  5  est  relatif  a  l'influence  des  corps  gazeux  sur  la  végétation  : 
on  y  trouve  des  considérations  intéressantes  sur  l'origine  de  l'acide  carbo- 
nique et  de  l'ammoniaque  contenus  dans  l'air  atmosphérique  et  sur  l'action 
particulière  des  courants  d'air  et  des  vents. 

Le  chapitre  6  c'ontient  rémunération  des  nombreux  moyens  de  transport 
que  les  végétaux  doivent  aux  migrations  ou  aux  déplacements  des  ani- 
maux, et  surtout  à  l'action  de  l'homme. 

Dans  le  chapitre  7,  l'auteur  termine  les  considérations  générales  par 
l'étude  des  causes  géologiques  et  par  la  détermination  des  stations  diverses 
que  les  plantes  affectionnent. 

Les  quatre  chapitres  suivants  sont  consacrés  à  l'examen  de  l'intéressante 
question  de  la  fixité  des  espèces  dans  le  règne  organique.  M.  Lecoq  admet 
l'espèce  avec  des  caractères  constants,  et  sa  permanence,  tant  que  les  con- 
ditions extérieures  ne  changent  pas  et  que  la  période  géologique  reste  la 
même.  Il  ne  reconnaît  qu'une  seule  création  primitive,  et  il  regarde  les 
espèces  actuelles  comme  dérivées  par  voie  de  filiation  des  espèces  per 
dues.  Pour  lui,  les  espèces  peuvent  donc  encore  se  créer  et  se  désarticuler, 
pour  ainsi  dire,  des  souches  existantes,  mais  à  la  condition  d'être  de  jeunes 
espèces  qui  n'ont  pas  encore  acquis  la  stabilité.  Ces  considérations  four- 
nissent à  l'auteur  la  matière  d'un  chapitre  tout  entier,  dans  lequel  il  traite 
de  la  jeunesse  de  l'espèce  et  de  son  passage  à  travers  les  temps  géologiques. 
En  un  mot,  pour  M.  Lecoq,  l'espèce  est  une  succession  d'individus  offrant 
des  caractères  semblables  et  constants  pendant  la  même  période  géologique, 
cequi  exclut  toute  idée  d'espèces  absolument  permanentes.  Les  deuxgrandes 
divisions  du  règne  organique  sont  confondues  dans  ces  dissertations,  et 
l'auteur  cite,  a  l'appui  de  ses  idées  sur  la  transmutation  des  espèces,  des 
faits  nombreux  relatifs  à  l'histoire  des  vers  intestinaux.  On  voit,  que 
M.  Lecoq  appartient  à  l'école  de  Goethe  et  de  Geoffroy  Saint-Hilaire,  car  il 
admet  en  partie  leurs  doctrines  sur  l'unité  de  composition,  le  balancement 
des  organes  et  leur  métamorphose. 


98  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE   DE    FRANCE. 

M.  Lecoq,  s' étant  proposéd'embrasser  dans  ses  études  la  géographie  bota- 
nique de  l'Europe  entière,  avait  besoin  d'un  point  de  repère  pour  comparer 
entre  elles  les  Flores  des  diverses  régions,  et  il  a  naturellement  donné  la 
préférence  au  pays  qu'il  connaît  le  mieux.  Depuis  longtemps  familiarise' 
avec  l'histoire  naturelle  de  J'Auvergue,  il  n'avait  qu'à  coordonnera  son 
nouveau  point  de  vue  les  matériaux  rassemblés  dès  \St\l  dans  le  Catalogua 
des  plantes  vasculàires  du  plateau  central  île  lu  France,  qu'il  a  publié  en 
collaboration  avec  M.  Lamotte. 

Les  quatre  derniers  chapitres  sont  consacrés  a  l'élude  de  ce  plateau  central. 
Après  avoir  exposé  quelques  généralités  indispensables  sur  sa  constitu- 
tion géologique  et  sur  les  révolutions  qu'il  a  subies,  l'auteur  considère  la 
distribution  nouvelle  des  végétaux  à  la  surface  du  sol.  il  distingue  trois  ré- 
gions principales:  1°  Région  dît  nord  ou  de  la  plaine,  2°  /légion  méridio- 
nale, 3°  /légion  des  montagnes,  auxquelles  il  ajoute  U"  /légion  aquatique, 
qui  n'est  que  la  réunion  de  la  végétation  aquatique  des  précédentes. 

L'auteur  ne  traite  dans  ce  volume  que  des  trois  premières  régions;  il 
donne  pour  chacune  d'elles  la  liste  des  espèces  particulières  à  chaque  sta- 
tion, mais  comme  ce  genre  de  travail  échappe  a  toute  analyse,  nous  nous 
bornerons  à  faire  remarquer  ici  que  cette  série  de  tableaux  représente  les 
diverses  associations  des  plantes  dans  les  forêts,  les  taillis,  les  haies,  les 
buissons,  les  prairies,  les  bords  des  champs,  des  chemins ,  et  des  ri- 
vières, etc.,  etc. 

BOTANIQUE  GÉOLOGIQUE. 

On  tlie  structure  antl  affiuitles  of  Ti'igonocarpoii  (Sur 
la  structure  et  les  affinités  du  Trigonocarpon),  par  (M.  Joseph  I).  Hooker 
Communication  faite  à  la  Société  royale  de  Londres,  le  30  mars  185/r. 

Depuis  longtemps  déjà,  M.  I).  Hooker  avait  cherché  a  déterminer  la 
structure  et  les  affinités  de  certains  fruits  fossiles  qui  appartiennent  à  la 
formation  houillère,  et  qui  ont  reçu  le  nom  de  Trigonocarpon.  Ces  fruits 
sont  extrêmement  abondants,  au  point  qu'en  certaines  localités  on  peut  les 
recueillir  à  boisseaux;  en  outre,  on  les  trouve  dans  à  peu  près  toutes  les 
couches  de  la  formation  houillère. 

C'est  seulement  depuis  son  retour  des  Indes,  que  ce  botaniste  distingue 
a  réussi  à  se  procurer  de  bons  échantillons  de  ces  fruits,  qui  lui  ont  ele 
communiques  par  M.  Binney,  de  Manchester.  Il  en  a  l'ait  préparer  de 
nombreuses  coupes  en  lames  minces,  et,  parmi  ces  préparations,  cinq  lui 
ont  révélé  les  détails  suivants. 

Les  téguments  du  fruit  de  Trigonocarpon  ont  tous  une  structure  spé- 
ciale; ils  ne  sont  que  des  modifications  des  différentes  enveloppes  d'un 


REVUE   BIBLIOGRAPHIQUE.  99 

ovule,  et  leur  nombre  est  précisément  celui  des  téguments  qu'on  observe 
dans  les  ovules  des  plantes  actuellement  vivantes. 

Le  nombre,  la  structure  et  la  superposition  de  ces  téguments  indiquent 
nettement  que  les  Trigônocarpon  ont  appartenu  à  la  section  des  Conifères 
aujourd'hui  existantes,  que  distinguent  des  fruits  charnus,  solitaires,  en 
place  de  cônes,  et  ils  accusent  une  très  grande  ressemblance  avec  le  fruit 
du  genre  chinois  Solisburia.  Sur  les  cinq  échantillons  les  plus  parfaits  on 
voit  des  indices  plus  ou  moins  évidents  de  quatre  téguments  distincts,  avec 
une  grande  cavité  centrale  remplie  chez  tous  de  carbonate  de  chaux  et  de 
magnésie.  M.D.  Hooker  présume  que  ces  minéraux  ont  remplace  l'albumen 
et  l'embryon  de  la  graine. 

Le  fruit  parfait  est  ovoïde,  allongé,  un  peu  plus  gros  qu'une  noisette;  a 
son  extrémité  inférieure,  qui  est  la  plus  large,  se  trouve  le  point  d'attache, 
tandis  que  son  extrémité  supérieure  ,  qui  est  la  plus  étroite,  se  prolonge  en 
un  bec  droit,  conique,  tronque,  percé  d'un  canal  longitudinal  et  droit.  Le 
tégument  externe  est  très  épais  et  cellulaire,  et  sans  nul  doute  il  était  autre- 
lois  charnu  ;  lui  seul  se  prolonge  au  delà  de  la  graine  pour  former  le  bec. 
M.  Hooker  pense  que  son  extrémité  était  celle  de  la  primine  de  l'ovule,  et  que 
la  cavité  de  cette  extrémité  était  l'exostome.  Le  second  tégument  parait 
avoir  été  beaucoup  plus  mince,  mais  en  même  temps  dur  et  ligneux  ou 
osseux.  Il  n'est  pas  perforé  au  sommet.  Il  est  également  ovoide,  et  il  est 
sessile  par  sa  large  base  dans  le  tégument  externe  ,  auquel  il  adhérait  peut- 
être  partout,  excepté  au  sommet.  Il  est  marque  de  trois  angles  ou  saillies;  et 
comme,  à  cause  de  sa  dureté,  il  s'est  conservé  seul  à  l'état  fossile,  il  a 
motive  la  dénomination  de  7'rigonocarpon.  Plus  intérieurement  se  trouvent 
le  troisième  et  le  quatrième  téguments,  qui  sont  l'un  et  l'autre  des  membranes 
très  délicates;  l'un  parait  avoir  été  intimement  applique  contre  la  paroi 
interne  du  deuxième  tégument;  l'autre  entourait  probablement  l'albumen. 
Mais  maintenant  ils  sont  écartes  l'un  de  l'autre,  par  suite  du  raccornisse- 
meut  qu'a  subi  le  contenu  de  la  cavité  interne  et  de  l'infiltration  d'eau 
chargée  de  matières  minérales  qui  se  sont  déposées  entre  eux.  Ces  deux 
membranes  peuvent  être  dues  a  la  séparation  d'une  seule  en  deux  lames; 
s'il  en  est  ainsi,  le  tégument  primitif  était  formé  de  plusieurs  assises  de 
cellules. 

Jusqu'à  présent,  M.  D.  Hooker  n'a  pu  reconnaître  rien  d'organisé  dans 
lu  cavité  du  fruit,  d'où  il  résulte  que  la  nature  réelle  de  cette  cavité  reste 
entièrement  douteuse  pour  lui.  C'est  seulement  sur  la  grande  ressemblance 
qui  existe  entre  la  structure  ,  l'aspect  et  la  superposition  des  téguments  du 
Trigùnôcarpon  avec  ceux  des  Conifères  Ta  xi  nées,  qu'il  se  base  pour  ad- 
mettre la  grande  affinité  de  ce  fruit  avec  celui  de  ces  végétaux. 

M.  D.  Hooker  fait  remarquer  que  les  caractères  sur  lesquels  il  base 
l'affinité  qui  lui  parait  exister  entre  le  Trigônocarpon  et  les  Conifères  se 


100  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

retrouvent  également  dans  les  fruits  des  Cycadées,  et  que  M.  Brongniart  a 
déjà  rapporté  à  cette  dernière  famille  le  genre  Noggerathia  et  quelques 
genres  voisins,  qui  ne  sont  probablement  que  des  Trigonoearpon  mutilés. 
Les  feuilles  des  Noggerathia  sont  encore  les  seules  que  l'on  connaisse, 
et  déjà  M.  LinJley,  en  publiant  la  figure  de  celles  d'une  espèce,  a  fait 
remarquer  leur  grande  ressemblance  avec  celles  du  Salisbitria. 


BOTANIQUE  APPLIQUÉE. 

On  tlie  growtli  of  Sea-Weeds  (Sur  la  végétation  des  Algues 
marines),  par  M.  P.  H.  Gosse.  (Annal s  and  Magaz.  of  natural  His- 
tory,  juin  1854,  p.  488-491.) 

Jusqu'à  ce  jour  on  n'avait  réussi  à  conserver  vivantes  et  à  cultiver,  si 
l'on  peut  le  dire,  que  les  Algues  marines  colorées  en  vert.  Les  essais  de 
cette  culture  qui  ont  été  faits  dans  les  bassins  de  la  Société  zoologique  de 
Londres  ont  été  couronnés  d'un  plein  succès,  et  l'on  voit  aujourd'hui  dans 
ce  magnifique  établissement  des  Ulva,  Enteromorpha,  Conferva,  Bryopsis, 
végéter  avec  autant  de  vigueur  que  dans  le  sein  même  de  l'Océan.  Mais  les 
Algues  marines  rouges  avaient  résisté  aux  essais  de  culture,  dont  elles 
avaient  été  l'objet.  Aussi  M.  Gosse  s'empresse-t-il  d'annoncer  qu'il  a  été 
plus  heureux  qu'on  ne  l'avait  été  jusqu'à  lui ,  et  qu'il  a  vu  se  développer 
parfaitement  dans  ses  bassins  le  Gracilaria  eonfervoides,  le  Chondrus  crispas, 
le  Rhodymenia  jtibota,  un  Ceramium ,  un  Callithamnion  (probablement 
C.  Rothii),  le  Phyllophora  rubens.  Ainsi,  dit  M.  Gosse,  «  les  faits  rapportés 
ci-dessus  suffisent  pour  montrer  que  la  nature  des  Rbodospermes  ne  s'op- 
pose nullement  à  ce  qu'on  les  cultive  dans  de  petits  espaces,  et  que  leur 
culture  est  même  beaucoup  plus  facile  que  celle  d'un  grand  nombre  de 
plantes  terrestres  qui  exigent  de  la  part  des  horticulteurs  beaucoup  d'ha- 
bileté et  de  persévérance.  » 

Observations  on  the  parasitic  lianàts  of  nttinttntitws 
Cristn-galli,  and  its  injurious  e/fecfs  on  the  growth  of  Rarley  [Ob- 
servations sur  le  parasitisme  du  Rbinantbus  Crista-galli,  et  son  action 
nuisible  sur  la  végétation  de  l'Orge),  par  M.  Josbua  Clarke.  (Annals  and 
Magazine  of  natural  ffistory,  mai  1854,  p.  422.) 

Ces  observations,  lues  a  la  Société  linnéenne  de  Londres,  le  1"  novembre 
1853,  ont  été  faites  à  Debden,  dans  le  comté  d'Esses.  Le  champ,  d'une 
contenance  de  quatre  acres,  était  planté  en  orge  ;  le  sol  était  une  argile 
compacte. 

Le  Rhinanthus  se  montrait  par  places,  sur  différentes  parties  du  champ,  et 


REVUE    BIBLIOGRAPHIQUE.  101 

il  occupait  au  moins  la  moitié  de  la  surface  totale  ;  deux  acres  d'orge 
avaient  été  complètement  détruits,  et  le  reste  de  la  récolte  se  trouvait  très 
endommagé. 

Sur  l'étendue  totale  de  30  acres  d'orge  que  contenait  la  ferme,  10  environ 
avaient  été  détruits  par  le  parasite. 

Pour  expliquer  le  mode  d'action  du  Rhinanthus  dans  cette  circonstance, 
M.  Clarke  établit  que  les  fibres  de  ses  racines  s'attachent  aux  radicelles  de 
l'orge,  sur  lesquelles  elles  forment  de  petits  tubercules  arrondis,  ou  ce  qu'on 
pourrait  peut-être  plus  proprement  appeler  des  spongioles,  qui  embrassent 
les  fibres  si  fortement  qu'elles  attirent  le  suc  de  la  plante  de  manière  à  l'af- 
famer, et  le  plus  souvent  à  finir  par  la  faire  périr.  Ces  spongioles  sont 
formées  de  tissu  cellulaire. 

Nouvelle  Flore  usuelle  et  médicale,  ou  Histoire  et  descrip- 
tion de  tous  les  végétaux  utiles,  tant  indigènes  qu exotiques ,  avec  leur 
application  à  l'agriculture,  aux  arts,  à  l'industrie,  à  la  médecine  et  à 
l'horticulture,  par  M.  Frédéric  Gérard  ;  Paris,  1851-1854,  în-8°. 

Cet  ouvrage,  arrivé  en  ce  moment  à  sa  180e  livraison,  se  compose  de 
U  volumes  divisés  en  8  tomes  grand  in-8°,  et  sera  accompagné  de  ZiOOplan- 
ches  gravées  sur  acier.  Comme  le  titre  l'indique,  l'auteur  s'est  proposé  de 
faire  connaître  l'histoire  de  toutes  les  plantes  utiles;  il  annonce  qu'il  mettra 
à  profit  les  découvertes  les  plus  récentes  et  qu'il  fera  disparaître  les 
croyances  ridicules  fondées  sur  des  préjugés  ou  sur  des  observations  super- 
ficielles. 

La  première  partie  du  premier  volume  est  entièrement  publiée  depuis 
quelque  temps.  Elle  forme  un  volume  de  près  de  400  pages  comprenant 
les  familles  naturelles  des  Uenonculacées,  Dilléniacées,  Magnoliacées,  Ano- 
nacées,  Zchizandracées,  Lardizabalées  et  Menispermacées. 

M.  Frédéric  Gérard  a  interrompu  la  série  des  familles  pour  rédiger  et 
publier  une  introduction  à  sa  Flore  usuelle.  Cette  introduction,  divisée  en 
deux  parties,  dont  la  première  est  achevée,  est  destinée  à  faciliter  la  lecture 
de  l'ouvrage  qu'elle  précédera.  Cette  première  partie  forme  un  cours  de 
Botanique  générale;  la  seconde,  consacrée  à  la  botanique  appliquée,  et 
dont  il  a  déjà  paru  vingt  livraisons  ,  contiendra  des  notions  générales 
d'agriculture,  d'horticulture,  de  médecine  et  de  pharmacie,  et  sera  suivie 
d'un  vocabulaire  étendu  de  botanique  et  de  médecine. 

Cet  ouvrage  se  publie  par  livraisons  qui  paraissent  régulièrement.  Il  est 
imprimé  avec  soin  et  l'auteur  y  fait  preuve  de  connaissances  très  étendues  et 
très  variées. 


MÉLANGES   KT   NOUVELLES. 


Plantes  \  i%  i|>areg. 

Le  Gardeners  Chronicité  du  J  7  juin  dernier  publie  un  fait  curieux  de 
viviparité.  Quelques  pieds  de  Pernettya  mucronata  furent  placés,  est-il  dit 
dans  ce  journal,  dans  une  atmosphère  chaude  et  humide  qui  leur  permit  de 
mûrir  leurs  baies.  En  ouvrant  quelques-unes  de  celles-ci,  on  fut  surpris 
de  voir  que  toutes  les  graines  qu'elles  renfermaient  avaient  germé  dans  leur 
intérieur,  de  telle  sorte  que  chacune  d'elles  renfermait  une  masse  déjeunes 
plantes.  Ces  graines  germées  furent  retirées  avec  soin;  mises  en  terre,  elles 
continuèrent  leur  développement.  A  l'extérieur,  les  baies  dans  lesquelles 
ces  germinations  avaient  eu  lieu  ne  différaient  en  rien  de  celles  qui  étaient 
venues  à  l'air  libre  ;  elles  étaient  seulement  peut-être  un  peu  plus  volumi- 
neuses et  plus  pâles. 

Il  est  bon  de  faire  remarquer  que  ce  fait  intéressant  est  moins  rare  qu'on 
ne  serait  tenté  de  le  croire.  Il  se  présente  fréquemment  dans  les  fruits 
charnus  des  régions  a  la  fois  chaudes  et  humides;  ainsi ,  M.  Perrotet  nous 
assure  l'avoir  observé  fréquemment  à  la  Guyane.  Même  dans  nos  climats, 
il  est  assez  commun  dans  lesoranges  et  dans  les  fruits  de  quelques  Cucurbi- 
tacées.  Enfin  nous  rappellerons  qu'il  a  etéobservé  et  signalé  par  M.  Decaisne 
chez  le  Psammisia penduliflora.  (Voyez  Rev.  hortic,  numéro  du  1èr  jan- 
vier 185/i,  page  6.) 

lie  Jardin  ries  Plantes  de  Montpellier.  Essai  historique 
et  descriptif,  accompagné  de  9  planches,  par  Charles  Martins,  professeur 
de  botanique  et  d'histoire  naturelle  médicale  à  la  Faculté  de  médecine 
de  Montpellier  et  directeur  de  ce  jardin.  Montpellier,  1854.  90  pages 
in-V. 

L'importance  du  jardin  botanique  de  Montpellier  ne  saurait  être  mise  en 
doute.  Créé  vers  la  fin  du  \\v  siècle,  il  est  regardé  comme  le  plus  ancien 
de  France  et  sa  position  le  rend  éminemment  propre  à  l'acclimatation  des 
végétaux  étrangers.  M.  Charles  Martins,  directeur  actuel  de  ce  jardin,  a 
entrepris  d'en  donner  l'histoire  et  la  description.  Il  a  divisé  son  travail  en 
trois  périodes,  dans  lesquelles  il  indique  les  transformations  successives 
qu'a  subies  le  Jardin  des  Plantes  de  Montpellier,  depuis  l'époque  de  sa  fon- 
dation jusqu'à  présent.  Ces  trois  périodes  correspondent  aux  trois  siècles  a 
compter  depuis  la  création  de  cet  établissement    Ainsi  la  première  période, 


MÉLANGES    ET    NOUVELLES.  103 

qui   part  de  la   fondation    du   jardin,   renferme  son  histoire   pendant   le 
xvne  siècle,  de  1593  à  1697,  ou  depuis  Richer  de  Belleval  jusqu'à  Pierre 
Magnol  :  la  deuxième,  de  1698  à  1803,  comprend  le  xvine  siècle,  ou  de- 
puis François  Chicoyneau  jusqu'à  Gouan;  et  la  troisième,  qui  s'arrête  à  1854, 
contient  la  première  moitié  du  xixe  siècle,  ou  d'Auguste  Broussonnet  jusqu'à 
nos  jours.  Toute  cette  partie,  remplie  de  détails  curieux  sur  les  différents 
personnages  qui  ont  figuré  dans  l'histoire  du  Jardin  de  Montpellier,   se  fait 
lire  avec  beaucoup  d'intérêt.  On  sait  que  de  l'École  de  Montpellier  sortirent 
la  plupart  des  hommes  qui  professèrent  la  science  des  végétaux  dans  les 
universités;  l'auteur  les  fait  passer  sous  nos  yeux  dans  son  introduction. 
Parmi  eux  se  retrouvent  Léonard  Fuchs,  Charles  de  I  Ecluse,    Lobel,  les 
deux  Bauhin,  etc.  Parmi  les  hommes  appelés  à  diriger  le  Jardin  des  Plantes 
de  Montpellier,  apparaissent  encore  des  noms  bien  connus  :  «  Créé  deux  fois 
par  Pierre  Richer  de  Belleval,  dit  l'auteur,  il  languit  sous  son  neveu  et  sous 
la   longue  dynastie  des  Chicoyneau  :   Magnol    et  Sauvages   lui  redonnent 
quelque   vie  pendant  leur  direction.   Imbert  et  Barthez,  continuellement 
en  lutte  entre  eux,  sont  impuissants  pour  l'améliorer.  Gouan  devient  direc- 
teur, mais  à  un  âge  où  l'activité  ne  répond  pas  a  la  bonne  volonté.  C'est  de 
Broussonnet  que  date  sa  résurrection  :  de  Candolle  l'agrandit,  et  Delile  l'en- 
richit d'un  grand  nombre  de  plantes.  » 

A  la  suite  de  tous  ces  renseignements  historiques,  M.  Martins  nous 
donne  la  description  détaillée  du  Jardin  qu'il  fait  suivre  de  neuf  planches 
lithographiées  représentant  des  portraits  et  des  vues.  I.a  planche  «  entre 
autres,  far  simile  réduit  de  moitié  d'une  estampe  a  l'eau  forte  attribuée  à 
Richer  de  Belleval  et  conservée  dans  la  bibliothèque  du  Jardin,  donne  une 
vue  perspective  du  Jardin  des  Plantes  de  Montpellier  en  1596. 

Histoire   et    statistique    «Je     la    Flore    de    la    Nouvelle- 
Zélande  (Flora of  Néiv-Zealand  .  d'après  M.  Jos.  DaltonHooker. 

I.e  nombre  des  espèces  signalées  par  M.  Jos.  JJ.  Ilooker  dans  sa  Flore  </<■ 
ta  Snuvelk-Zelande  est  de  2000,  parmi  lesquelles  figurent  un  peu  plus  de 
100  Cryptogames  inférieures  dont  les  échantillons  étaient  trop  imparfaits 
pour  permettre  une  détermination  rigoureuse.  C'est  plus  que  le  double  de 
eelles  qu'indiquait,  en  1846,  le  catalogue  de  M.  Raoul.  En  effet,  cette 
énumûation  comprenait  seulement ,920  espèces  qui,  dit  M.  D.  Hooker,  se 
réduisent  a  770  lorsqu'on  retranche  celles  qui  sont  naturalisées  ou  indi- 
quées par  erreur.  En  1838,  Cunningham  donnait  640  espèces  qu'il  faut  ré- 
duite à  570;  en  1832,  A.  Richard  en  signalait  350  dans  sa  liste.  Le  Pro- 
dromvs  de  Forster  en  contient  154  ;  enfin  on  en  trouve  426  dans  les  collée 
lections  de  Banks  et  Solander. 

Cet  accroissement  rapide  de  la  Flore  de  la  Nouvelle-Zélande,  qui  a  quin 


104  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

tuplé  en  vingt  ans,  est  dû  principalement  au  soin  avec:  lequel  on  s'est  attaché 
à  recueillir  les  Cryptogames.  En  effet,  tandis  que  le  chiffre  des  Phanéro- 
games surpasse  celui  des  Cryptogames  dans  les  premiers  catalogues,  il  l'égale 
seulement  dans  la  liste  de  M.  Raoul.  Bien  plus,  dans  l'ouvrage  de.  M.  .1.  ]). 
Hooker,  le  rapport  est  renversé,  et  les  Phanérogames  ne  sont,  relativement 
aux  Cryptogames,  que  dans  le  rapport  de  1  à  1,6  ou  à  peu  près  de  2  à  3. 

Jusqu'à  ce  jour,  trente-cinq  botanistes  au  moins  ont  herborisé  dans  la  Nou- 
velle-Zélande. La  Flore  de  Pile  septentrionale  a  été  assez  bien  recherchée, 
quant  aux  Phanérogames  ;  il  reste  cependant  beaucoup  à  y  faire  sur  la  côte 
occidentale,  notamment  dans  les  environs  du  Mont-Egmont.  Ledocteur  Lyall 
est  le  seul  qui  ait  recueilli  des  plantes  dans  Pile  méridionale  et  sur  la  côte 
occidentale  de  Dusky-Bay.  L'ile  du  milieu  a  été  visitée  par  un  petit  nombre 
d'explorateurs,  et  seulement  sur  ses  côtes  septentrionale  et  orientale;  il 
reste  beaucoup  à  espérer  de  l'exploration  de  sa  côte  occidentale  et  de  ses 
montagnes. 

En  exceptant  les  parties  qui  viennent  d'être  indiquées,  M.  D.  Hooker 
espère  peu  de  découvertes,  en  fait  de  Phanérogames,  des  explorations  ulté- 
rieures de  la  Nouvelle-Zélande,  mais  il  en  attend  beaucoup,  au  contraire, 
pour  les  Cryptogames.  D'après  ce  qu'on  possède  aujourd'hui,  et  par  com- 
paraison avec  des  contrées  plus  connues,  ce  botaniste  présume  que  la  Nou- 
velle-Zélande ne  renferme  pas  plus  de  4000  espèces,  dont  1000  Phané- 
rogames. C'est,  comme  on  le  voit,  une  Flore  très  pauvre,  surtout  en 
Phanérogames,  comparativement  a  d'autres  payssitues  sous  la  même  latitude. 

Ainsi  la  Grande-Bretagne,  qui  a  presque  la  même  étendue,  possède  plus 
de  1400  Phanérogames,  et  la  Tasmanie  en  a  déjà  fourni  1000,  bien  qu'elle 
ait  été  imparfaitement  explorée,  et  qu'elle  n'ait  qu'une  surface  trois  t'ois 
moindre.  Par  compensation,  la  Nouvelle-Zélande  est  très  riche  en  Crypto- 
cames, dans  un  sens  non  seulement  relatif,  mais  encore  absolu.  Ainsi  la 
Grande-Bretagne,  dont  les  productions  cryptogamiques  ont  été  recherchées 
avec  la  plus  grande  attention  depuis  cinquante  ans,  ne  contient  que  50  Fou- 
gères; la  Tasmanie  en  a  seulement  64,  tandis  que  la  liste  de  M.  D.  Hooker, 
pour  cette  famille,  contient  (les  Lycopodiacés  comprises)  au  moins  114  es- 
pèces, après  réduction  à  l'état  de  simples  variétés  pour  un  nombre  à  peu 
près  égal  d'espèces  nominales. 

Sur  l'herbier  tle  la  Société  botanique  tl'Édimbourg. 

Dans  sa  séance  du  12  janvier  dernier,  la  Société  a  entendu  le  rapport  qui 
lui  a  été  fait  sur  l'état  de  ses  collections  botaniques  par  M.  le  docteur 
Anderson,  conservateur  de  l'herbier.  Nous  avons  extrait  les  détails  suivants 
du  compte  rendu  de  cette  séance,  inséré  dans  les  Anna/a  and  Magazine  of 
natuval  History,  mars  1854,  p.  235. 


MÉLANGES  ET  NOUVELLES.  105 

L'automne  dernier,  les  armoires  et  tout  ce  qu'elles  contenaient,  a  l'excep- 
tion des  plantes  de  la  Grande  Bretagne,  ont  été  transportées  dans  le  nouveau 
Muséum  du  jardin  botanique. 

La  collection  de  plantes  de  la  Grande-Bretagne,  qui  reste  encore  dans  les 
galeries  de  la  Société  à  l'Université,  se  trouve  maintenant  dans  un  état  par- 
fait, et  pourra  être  d'une  grande  utilité  aux  personnes  qui  étudient  les 
espèces  critiques  ou  la  distribution  géographique  des  plantes  dans  les  îles 
britanniques.  L'herbier  d'Europe  n'est  pas  encore  entièrement  arrangé. 
Cette  collection  est  très  étendue,  et  renferme  des  plantes  de  presque  toutes 
les  contrées  de  l'Europe.  Elle  s'est  enrichie,  dans  ces  dernières  années,  de 
plantes  d'Espagne  et  de  Portugal,  et  d'une  série  complète  de  plantes  de  la 
Scandinavie  provenant  du  professeur  Blytt,  de  Christiania.  La  partie  asia- 
tique de  la  collection  est  la  plus  étendue  et  peut-être  la  plus  précieuse  de 
l'herbier.  Elle  est  composée  principalement  de  plantes  des  Indes  orientales, 
de  quelques  espèces  de  l'Arabie  et  de  la  Syrie,  dont  une  partie  provient  des 
plantes  laissées  à  la  Société  par  M.  Christy.  Les  plantes  de  l'Inde  ont  été 
recueillies  par  Boxburgh,  Wallich  et  M.  Wight,  par  la  comtesse  Dalhousie, 
par  le  docteur  Cleghorn,  le  capitaine  Campbell,  et  le  docteur  Jameson,  de 
Saharunpoor. 

La  collection  de  la  Société  est  riche  en  plantes' africaines,  dont  un 
nombre  considérable  d'espèces  a  été  recueilli  au  Cap  de  Bonne- Espérance  ; 
quelques-unes  sont  nommées,  mais  la  plus  grande  partie  est  indéterminée. 
La  Société  possède  aussi  une  grande  et  bonne  collection  de  plantes  d'Amé- 
rique, principalement  de  l'Amérique  septentrionale,  du  docteur  Gavin 
Watson,  de  Philadelphie.de  M.  James  M'Nab  et  du  docteur  Philippe 
Maclagan. 

Il  n'existe  qu'un  petit  nombre  de  plantes  de  l'Amérique  méridionale.  La 
Société  a  fait  dans  ces  derniers  temps  l'acquisition  d'une  collection  consi- 
dérable de  plantes  de  l'Australie. 


NECROLOGIE. 

La  science  vient  de  perdre  l'un  de  ses  représentants  les  plus  illustres  en 
Russie;  M.  Friedrich-Ernst-Ludwig  Fischer  vient  de  mourir  dans  un  âize 
très  avancé  (soixante-dix-sept  ou  soixante-dix-huit  ans).  Pendant  une  très 
longue  suite  d'années,  M.  Fischer  a  rempli  d'une  manière  très  profitable  a 
la  science  les  fonctions  importantes  de  directeur  du  jardin  impérial  de 
Petersbourg,  et  ce  n'est  que  depuis  trois  ou  quatre  ans  qu'il  était  rentré 
dans  la  vie  privée  pour  jouir  du  repos  auquel  sa  longue  et  glorieuse  car- 
rière lui  donnait  des  droits,  et  dont  sa  vieillesse  avancée  lui  faisait  une 
nécessité.  M.  Fischer  a  rendu  de  grands  services  à  la  Botanique,  non  seule- 


106  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

ment  par  ses  ouvrages,  mais  encore  et  surtout  peut-être  par  la  générosité 
avec  laquelle  il  a  répandu,  dans  tous  les  jardins  botaniques,  des  graines  de 
plantes  propres  aux  contrées  les  moins  connues  et  les  moins  abordables  de 
l'empire  russe,  telles  surtout  que  celles  du  Caucase,  de  l'Ibértë  et  de  la 
Sibérie.  Il  a  ainsi  enrichi  les  collections  scientifiques  et  même  celles  de 
simple  agrément  d'un  grand  nombre  d'espèces  qui  leur  sont  maintenant  défi- 
nitivement acquises  et  dont  plusieurs  figurent  avec  distinction  parmi  les  or- 
nements habituels  de  nos  parterres. 

Voici  la  liste  des  ouvrages  qu'a  publics  M.  Fischer,  soit  seul,  soit  en  col- 
laboration avec  Karl  Anton  Meyer  : 

Spécimen  de  vegetabiliwn  imprimis  Filicum propagatiône.  —  fiai»,  1806,  iu-8", 

60  p.,  1  lab. 
Beitrag  zur  botanischen  Sysleinatik,  il  if  Existenz  der  Monokotyledonen,  a.  der 

Polycotyledonen  betreffend.—  Zurich,  1812,  in-6°,  32  p.,  3  tab. 
Catalogiiè  du  Jardin  des  plantes  du  comte  Alexis  de  Razoumoffsky,  à  Gorenky, 

près 'de  Moscou,  1808,  in-8",  163  p. 
Index  nlantarumanno  1826,  in  horto  imperiali  botanîco  Petropolitano  vigenbium, 

—  Peti-opoli,  182Z|,  in-8°,  76  p. 
Avec  karl  A n Ion  Meyer  :  Index  seminwn  horti  Petropolitani,  n"  1-9.  —  Petro- 

poli,  1835-1862,  in-8".  Suppl.  1863,  25  1». 
Avec  le  même  :  Bericht  iiber  die  Getreidearten,  welcheim  Jahr  183(3  im  Kaiserl. 

Botanischen  Garten  zû  Saint-Petersburg  gebaui  wurden.  —  l'étersb  ,  1837, 

in-6%  11  p. 
Avec  le  même  :  Enumeratio  (primo  et  altéra)  piaulai,  novar.   n  il.  Schrenh 

lectarum.  -  Pelropoli,  1861-1862,8.  (I  .  1861,  vu,  113  p.,  2  lab.  -  II.    1862, 

m,  77  p.) 

Outre  ces  ouvrages,  indiqués  dans  le  Thésaurus  de  Al.  Priizel,  nous  citerons  une 
monographie  du  genre  Adënophora  (Campanulacées). 

On  annonce  la  mort  récente  de  M.   Stefano  Moricainh  a  Genève.  Ce 

botaniste,  a  qui  M.  De  Candolle  a  dédie  un  genre  de  Crucifères,  a  rempli 
pendant  longtemps  les  fonctions  d'administrateur  du  Musée  académique  de 
Genève.  Il  a  laisse  une  Flore  de  Venise  et  quelques  mémoires  sur  des  plantes 
nouvelles  d'Amérique,  publiés  pour  la  plupart  dans  la  collection  des  mémoires 
de  la  Société  de  physique  et  d'histoire  naturelle  de  Genève.  Voici  les  titres 
e\acts  de  ces  ouvrages  : 

Floravmetd,  seu  enum.  plantai:  circa  Venetiam  nascentium  sécundum  methodum 
Linnœanam  disposita,  vol.  [,  Phanérog.  —  Gcnevœ,  1820,  in-8",  639  pages. 
Le  volume  relatif  à  la  Cryplogamie  n'a  pas  été  publié. 

Plantœ  americanœ  rariores  desçriptce  et  tconibi  illustrâtes.  —  Genève,  1830,  in- 
fol.,  8  p.,  tab.  1-10. 


MÉLANGES  ET  NOUVELLES.  107 

Plantes  nouvelles  d'Amer,.  —  Genève,  grand  in-Zf,  IV,  17<>  p.,  100  lab. 

11  en  a  paru,  parmi  les  mémoires  de  la  Société  de  physique  el  d'histoire  naturelle 
de  Genève,  dix  fascicules  qui  ont  été  tirés  à  part. 

Depuis  plusieurs  années,  M.  Moricand  avait  a  peu  près  abandonne  la 
botanique  pour  s'occuper  de  zoologie,  particulièrement  de  conchyliologie. 
Il  a  publie,  sur  ce  dernier  sujet,  quelques  mémoires  qui  se  trouvent  dans 
la  collection  qui  renfermait  déjà  ses  fascicules  de  plantes  nouvelles  d'Amé- 
rique. 


se 


—  MM.  Blauche  et  Gaillardot,  lixes  depuis  plusieurs  années  en  Syrie 
proposent  de  publier  une  série  de  fascicules  de  plantes  récoltées  dans  cette 
région  classique  de  l'Orient  :  ils  se  sont  attaches  spécialement  à  rechercher 
les  espèces  découvertes  par  les  anciens  voyageurs,  tels  que  Rauwolf, 
Russel,  Hasselquist,  Olivier  et  Labillardjère ,  et  celles  décrites  récemment 
par  MM.  Decaisne  et  Boissier. 

Les  types  du  voyage  d'Olivier  sont  déposes  dans  l'herbier  du  Muséum,  el 
ceux  de  Labîllaidière  dans  l'herbier  de  M.  Webb  :  les  plantes  récoltées  par 
MM.  Blauche  et  Gaillardot  ont  été  comparées  avec  ces  types  précieux.  Les 
autres  plantes  ont  été  soumises  au  visa  de  MM.  Decaisne  ,  Webb  et  particu- 
lièrement de  M.  Boissier. 

Celte  collection  porte  le  titre  de  :  Herbier  de  Syrie.  Le  prix  de  chaque 
fascicule,  composé  de  51)  espèces,  est  de  15  francs.  MM.  Puel  et  Maille, 
boulevard  Beaumarchais,  72,  sont  les  dépositaires  de  ces  plantes. 

—  L'herbier  de  Lichens  de  feu  le  pasteur  Schœrer  vient  d'être  acheté  par 
M.  Edmond  Boissier,  de  Genève.  Mais  il  reste  encore  à  vendre  les  collec- 
tions qui  ont  fourni  déjà  les  matériaux  des  Lichenes  helvetici  exsiccati  du 
même,  botaniste.  Ces  collections  comprennent  environ  650  espèces  ou 
variétés  représentées  chacune,  a  peu  d'exceptions  près,  par  10  à  50  échantil- 
lons. Elles  ont  été  évaluées  par  MM.  Shottleworth  etGuthnick  à  1500  francs, 
prix  que  ces  botanistes  regardent  comme  bien  inférieur  à  leur  valeur  réelle, 
et  sur  lequel  cependant  on  obtiendrait  encore,  selon  toute  apparence,  une 
légère  diminution. 

—  Nous  avons  annoncé  dans  le  dernier  Bulletin  le  voyage  entrepris  par 
M.  Balansa,  qui  a  pour  objet  l'exploration  botaniquedes  environs  de  Smyrnc. 
Une  lettre  du  voyageur,  adressée  a  M.  G;iy  sous  la  date  du  7  juillet,  con- 
firme les  heureux  présages  que  les  nouvelles  précédemment  reçues  avaient 
l'ail  concevoir.  M.  Balansa  avait  fait,  au  milieu  de  juin,  une  excursion  a 
Maenésie  et  au  mont  Sipvle,  et  les  résultats  avaient  dépasse  son  attente. 
Il  devait  partir  le  20  juillet  pour  aller  visiter  la  chaîne  du  ïmolus,  a  une 
assez  grande  distance  au  sud-est  de  Smyrne  ;  et,  d'après  la  tranquillité  qui 


108  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

régnait  à  Smyrne,  il  espérait  pouvoir  accomplir  ce  voyage  en  toute  sécurité. 
Un  fait  important  de  géographie  botanique  résulterait  déjà  de  sa  course  au 
Sipyle.  Il  aurait  trouvé  le  froment  de  nos  moissons,  le  Triticum  sativum, 
dans  des  circonstances  où  il  était  impossible  de  ne  pas  le  croire  parfaitement 
spontané. 

—  M.  Chatin,  a  son  herborisation  du  23  juillet,  a  trouvé  en  grande 
abondance  le  Goodyera  repens  près  du  Mail  d'Henri  IV,  dans  la  foret  de 
Fontainebleau. 


BIBLIOGRAPHIE. 

Études  'physiologiques  sur  lés  animalcules  des  infusions  végétales,  comparés  aux 
organes  élémentaires  des  végétaux,  par  Laurent  (Paul),  t.  I  Des  infusions; 
in-Zf  de  22  feuilles  avec  22  planches  lithographiées.  —  Dard,  Nancy. 

De  la  maladie  de  la  vigne,  par  Cazalis  (Frédéric),  docteur  en  médecine,  in-8" 
d'une  feuille.  — Grollier,  Montpellier. 

Catalogue  des  graines  récoltées  au  Muséum  d'histoire  naturelle  de.  Paris  en  1853; 
in-W  de  2  feuilles. 

Chimie  agricole.  Analyses  comparatives  des  cendres  d'un  grand  nombre  de  végé- 
taux, suivies  de  l'analyse  des  différentes  terres  végétales,  par  P.  Berthier;  in-8" 
de  8  feuilles.  —  Bouchard-Huzard,  Paris. 

Fragmenta  florulœ  ethiopico-cegyptiœ ,  ex  plantis  prœcipue  ab  A.  Figari 
Musœo  J.-B.  Florentino  missis,  auctore  Ph.-B.  VVebb;  in-8°  de  !\  feuilles  3/4. 

—  Martinet,  Paris. 

Notice  pomologique.  Description  succinte  de  quelques  fruits  inédits,  nouveaux  ou 
très  peu  répandus,  par  de  Liron  d'Airoles;  in-8°  de  2  feuilles,  plus  l\  planches. — 
Masseau,  Nantes. 

Flore,  du  département  du  Rhône  ;  in-8°  de  3  feuilles.  —  Dumoulin,  Lyon. 

Recherches  expérimentales  sur  la  végétation,  par  Ville  (Georges)  ;  in-ZT  de  9  feuilles 
ï/4.  —  Martinet,  Paris. 

Recherches  sur  l'absorption  et  l'exhalation  des  surfaces  aériennes  des  plantes,  par 
Garreau  ;  in-8"  de  2  feuilles  1/Zi.  —  Leleux,  Lille. 

Glossologie  botanique,  ou  Vocabulaire  donnant  la  définition  des  mots  techniques 
usités  dans  renseignement,  etc.,  par  F.  Plée  ;  in-12  de  3  feuilles. —  Martinet, 
Paris. 

Quelques  notes  sur  la  Flore  de  Montpellier, par  D.-A.  Godron;  in-8°  de  2  feuilles. 

—  Oulhenin-Chalandre,  Besançon. 

Etude  des  fleurs,  botanique  élémentaire,  descriptive  et  usuelle,  par  L.  Chirat  ; 
2e  édition,  entièrement  revue  et  considérablement  augmentée  par  l'abbé  Cariol  ; 
t.  I  et  II  ;  in-12  de  l\!\  feuilles.  —  Girard,  Lyon. 


Piiiis.   —   Imprimerie  de  L,  MaiiTINET,  l'île  Mignon,'.' 


SOCIÉTÉ    BOTANIQUE 


DE  FRANCE. 


SÉANCE   DU    12   JUILLET   1854. 

PRÉSIDENCE   DE    M.    AD.    BRONGNIART. 

M.  de  Schœnefeld,  secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de 
la  séance  du  28  juin,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Sur  la  présentation  du  Bureau  ,  la  Société  admet  au  nombre  de 
ses  membres  : 

MM.  Bernard,  quai  delà  Mégisserie,  30,  à  Paris; 

Réveil,  agrégé  de  l'École  de  pharmacie,  à  l'hôpital  de  Lour- 

cine,  à  Taris  ; 
Hooker  (Sir  William),  directeur  du  jardin  royal  de  Botanique 

de  Kew  (Angleterre)  ; 
Durv  (le  Pasteur),  à  Genève  (Suisse); 
Lvyernelle  (Oscar  de),  hôtel  de  la  Préfecture,  à  Besançon 

(Doubs). 

Don  fait  à  la  Société. 

De  la  part  de  M.  H.  Lecoq,  de  Clermont-Ferrand  : 
Etudes  sur  la  géographie  botanique  de  V Europe,  et  en  particulier  sur 
la  végétation  du  plateau  central  de  la  Erance,  t.  Il,  185&. 

M.  Fermond  donne  lecture  d'un  Mémoire  dont  voici  le  résumé  : 

DE  LA  SYMÉTRIE  VÉGÉTALE  ,  pur  M.  CH.  FERMOND. 

Les  naturalistes  ont  admis  avec  raison  une  symétrie  chez  les  animaux, 
les  végétaux  et  les  minéraux,  mais  sans  distinguer  l'espèce  de  symétrie  qui 
appartient  à  chacun  des  grauds  règnes  de  la  nature. 

t.  i  S 


110  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

En  botanique,  ce  mot  a  été  employé  d'une  manière  assez  vague  par 
Linné,  puis  par  Correa  de  Serra.  Il  faut  arriver  jusqu'aux  savants  de  notre 
siècle,  pour  trouver  au  mot  symétrie,  employé  dans  la  science,  un  sens  plus 
précis;  et  encore  les  botanistes  ne  sont-ils  pas  nettement  d'accord  sur  sa  si- 
gnification, Ainsi  De  Candolle  donne  le  nom  de  symétrie  à  cette  régula/ i/r 
non  géométrique  que  l'on  rencontre  dans  une  fleur  dont  les  péta/es  ne  sont 
même  pus  égaux  ou  dans  une  feuille  dont  les  deux  côtés  ne  sont  pas  mathé- 
matiquement semblables.  Mais,  en  fixant  son  attention  sur  ses  écrits,  on  re- 
connaît bientôt  que  c'est  moins  la  division  possible,  en  deux  moitiés  égales, 
d'un  organe  ou  d'une  série  d'organes,  que  le  développement  intégral  de 
toutes  ses  parties,  qui  doit  servir  de  base  à  la  symétrie.  [Théorie  élément., 
1813,  p.  IO'i.)  Selon  Aug.  de  Saint-Jlilaire,  la  symétrie  est  l'orbe  respectif 
suivant  lequel  les  organes  latéraux  sont  placés  sur  la  plante.  Ainsi,  pour  ce 
savant,  la  disposition  spirale  constitue  la  symétrie  des  organes  de  la 
végétation,  tandis  que  l'alternance  constitue  celle  des  organes  de  la  fructi- 
fication. 

Enfin,  pour  Ad.  de  Jussieu,  la  symétrie  consiste  dans  cette  régularité 
qui  permet  de  faire  passer  un  plan  par  le  centre  d'une  Heur  de  manière  à  la 
diviser  en  deux  moitiés  exactement  semblables. 

Tous  ceux  qui  commenteront  les  écrits  de  ces  trois  auteurs  reconnaîtront 
que  les  idées  d' Aug.  deSaint-Hilaire  sur  la  symétrie  sont  bien  différentes  de 
celles  de  De  Candolle  et  d'Ad.  de  Jussieu,  et  que  celles  de  ce  dernier  savant 
se  distinguent  aussi  des  idées  de  l'illustre  botaniste  de  Genève. 

Nous  croyons  que  ces  dissidences  d'opinion  tiennent  a  ce  que  la  symé- 
trie n'a  pas  été  convenablement  définie,  et  qu'on  la  confond  avec  d'autres 
propriétés,  et,  en  botanique  particulièrement,  avec  l'alternance,  la  régula- 
rité et  la  repétition  des  parties  végétales.  C'est  que  la  définition  que  l'on 
donne  généralement  de  ce  mot  ne  repose  sur  aucun  principe,  aucune  règle 
fixes;  aussi  se  ressent-elle  de  ce  défaut  de  base  et  ne  laisse-t-elle  à  l'esprit 
rien  de  net,  rien  de  précis.  C'est  afin  de  fixer  les  idées  sur  cette  propriété 
des  corps,  que  nous  avons  cru  devoir  faire  connaître  nos  idées  sur  la  symétrie 
et  que  nous  avons  dû  lui  chercher  une  définition  plus  en  harmonie  avec  les 
exigences  de  la  science. 

La  symétrie  est  la  disposition  particulière  départies  similaires  ou  homo- 
logues placées  à  égales  distances  ou  hauteurs  de  chèque  côté  d'un  point, 
d'une  ligne  ou,  d'un  plan,  et  dont  un  des  côtés,  quoique  en  sens  contraire,  re- 
présente assez  exactement  le  côté  opposé. 

Partant  de  cette  définition,  il  faut  commencer  par  considérer  les  parties 
constituantes  de  la  symétrie  et  le  centre  par  rapport  auquel  ces  parties  sont 
ordonnées.  Ce  centre  peut  être  un  point,  une  ligne  ou  un  plan,  et  nous  di- 
rons de  suite  que  la  symétrie  ordonnée  par  rapport  a  un  point  nous  a 
semblé  être  celle  qui  appartient  aux    minéraux  ;    la    symétrie  ordonnée 


SÉANCE    DU    12    .IL1LLET   1854.  111 

par  rapport  a  une  ligne,  celle  qui  appartient  aux  végétaux  ,  et  la  symétrie 
ordonnée  par  rapport  à  un  plan,  celle  qui  appartient  aux  animaux. 

La  symétrie  végétale,  étant,  comme  nous  venons  de  le  dire,  celle  chez 
laquelle  les  parties  similaires  sont  ordonnées  par  rapport  à  une  ligne  que  la 
géométrie'nous  apprend  être  formée  par  la  superposition  de  points,  il  s'agit, 
avant  de  le  démontrer,  d'établir  quelques  exemples  de  cette  symétrie. 

1°  Cette  symétrie  existe  quand  les  parties  homologues  ou  similaires 
sont  placées  à  égales  distances  et  opposées  chacune  à  chacune,  de  chaque 
côté  d'une  ligne  ou  axe. 

2°  Les  parties  n'ont  pas  besoin  d'être  opposées  pour  former  symétrie,  car 
il  suffit  qu'elles  soient  disposées  alternativement  à  égales  distances  et  sur 
deux  lignes  opposées  pour  constituer  une  autre  symétrie. 

3°  Les  parties  semblables  peuvent  encore  être  disposées  toutes  d'après  un 
ordre  tel  que  la  quatrième  ou  toute  autre  partie  arrivera  toujours  périodi- 
quement se  placer  sur  la  première,  prise  comme  base  de  l'observation  ,  de 
telle  sorte  que  le  nombre  des  parties  compris  entre  ces  deux  parties  consé- 
cutives prises  sur  une  droite  parallèle  à  l'axe,  sera  toujours  le  même. 

Pour  distinguer  ces  symétries,  on  pourrait  les  nommer  la  première  oppo- 
sitive,  la  seconde  alternative,  la  troisième  hélicoïdale,  parce  que  toutes  les 
parties  étant  à  égales  distances  de  Taxe,  et  également  distantes  entre  elles, 
il  faut,  de  toute  nécessité,  qu'elles  soient  disposées  suivant  les  spires  d'une 
hélice  qui  se  développerait  autour  de  l'axe. 

Dans  le  cas  de  symétrie  oppositive,  au  lieu  de  deux  parties,  il  peul  ar- 
river qu'il  y  en  ait  trois,  quatre  ou  un  plus  grand  nombre  qui  soient  opposées. 
Comme  cette  symétrie  représente  une  disposition  fréquente  en  botanique, 
disposition  qui  est  connue  sous  le  nom  de  verticillarité ,  on  pourrait  la 
nommer  verticillaire. 

Voyons  maintenant  si  la  symétrie  végétale  se  rapporte  à  cette  symétrie 
par  rapport  à  un  point  ou  à  un  plan. 

1°  Si  nous  prenons  une  plante  à  feuilles  opposées,  nous  remarquons  que 
les  feuilles  sont  d'autant  plus  petites  et  par  conséquent  plus  jeunes  que  nous 
les  examinons  plus  haut  sur  la  tige.  Rigoureusement,  quoique  ces  parties 
aient  le  même  nom,  on  voit,  pourtant,  qu'elles  ne  sont  pas  homologues  ou 
similaires,  puisque  celles  du  bas  sont  plus  âgées  et  souvent  d'une  autre 
forme  que  celles  du  haut. 

Chacune  de  ces  paires  de  feuilles,  prise  séparément,  pourrait  être  consi- 
dérée comme  appartenant  à  la  symétrie  par  rapport  à  un  point,  puisque 
l'on  peut  toujours  supposer,  au  centre  de  la  tige,  un  point  par  lequel  passe- 
rait une  droite  qui  irait  aboutir  à  des  parties  de  même  nom,  comme  le  sont 
les  extrémités  des  deux  feuilles,  par  exemple,  ou  bien  leurs  côtés  ou  leurs 
nervures.  Dans  ce  cas,  l'assemblage  de  ces  deux  feuilles  s'ordonne  évidem- 
ment par  rapport  a  un  point,  et  si  nous  n'avions  que  cette  seule  paire  de 


112  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANGE. 

feuilles  ?\  considérer,  rien,  symétriquement,  ne  la  différencierait  de  la  sy- 
métrie des  minéraux.  Mais,  aussitôt  que  nous  venons  à  supposer  un  ou 
plusieurs  autres  assemblages  de  feuilles  placés  au-dessus  de  ce  premier, 
l'idée  de  symétrie  par  rapport  à  une  ligne  nous  arrive,  car,  mathématique- 
ment, la  superposition  des  points  est  justement  la  condition  de  la  formation 
d'une  ligne,  et  alors  on  pourrait  reconnaître  que.  toute  droite  qui  ne  lui  se- 
rait pas  perpendiculaire  irait  évidemment  rencontrer  des  parties  de  diverses 
natures.  Par  exemple,  une  droite  qui  passerait  assez  obliquement  par  l'axe 
d'un  arbre,  irait  rencontrer  d'un  côté  les  branches,  les  feuilles  et  les  fleurs, 
de  l'autre  les  racines,  choses  que  rigoureusement  l'on  ne  peut  pas  considérer 
comme  similaires. 

Ainsi,  ce  seul  exemple  suffit  pour  nous  démontrer  que  la  symétrie  végé- 
tale ne  saurait  être  celle  qui  a  pour  centre  un  point.  Voyons  actuellement 
si  elle  peut  être  rapportée  à  celle  qui  a  un  plan  pour  centre. 

Comme  nous  ne  voulons  pas  nous  étendre  ici  sur  la  symétrie  des  animaux, 
nous  dirons  simplement  que,  si  nous  supposons  un  plan  coupant  en  deux 
moitiés  égales  un  chien,  par  exemple,  on  peut  toujours  reconnaître  qu'une 
droite  prise  au  hasard  dans  les  lignes  qui  circonscrivent  l'animal  et  per- 
pendiculairement au  plan,  va  traverser  des  parties  similaires  situées,  cha- 
cune à  chacune,  a  des  distances  égales  du  plan.  Toute  autre  ligne  qui  ne 
serait  pas  perpendiculaire  irait  joindre  des  parties  très  différentes.  C'est 
ainsi  que  la  droite  qui  passerait  par  l'œil,  l'oreille  gauches,  etc.,  pourvu 
qu'elle  soit  perpendiculaire  au  plan  qui  divise  l'animal  en  deux  moitiés 
égales,  passerait  aussi  par  l'œil,  l'oreille  droits,  etc. 

'2°  Pour  reconnaître  si  la  symétrie  des  végétaux  a  un  plan  pour  centre, 
nous  n'avons  qu'a  supposer  ce  plan  coupant  par  le  milieu  deux  feuilles  op- 
posées de  l'assemblage  des  feuilles  verticillées  du  Rubia  tinctorum,  par 
exemple,  à  mener  des  droites  perpendiculaires  au  plan  et  à  voir  si  les  parties 
rencontrées  sont  similaires.  Dans  le  cas  dont  il  s'agit,  on  voit  qu'une  droite 
perpendiculaire  au  plan  et  passant  par  le  centre  d'une  des  feuilles  divisées 
parce  plan  rencontre  des  parties  qui  tout  d'abord  paraissent  similaires: 
mais  alors,  si  nous  concevons  une  autre  droite  perpendiculaire  au  plan  et 
touchant  l'autre  paire  de  feuilles  par  le  côté,  nous  arrivons  à  trouver  encore 
des  parties  qui  semblent  similaires  et  dont  la  recherche  et  l'origine  sont 
différentes,  puisque,  dans  le  premier  cas,  les  parties  homologues  appartien- 
nent a  la  même  feuille,  taudis  que,  dans  le  second,  elles  appartiennent  à 
deux  feuilles. 

Cet  exemple  suffirait  pour  démontrer  l'incertitude  où  l'on  serait  de  savoir 
quelles  sont,  dans  ce  cas,  les  parties  rigoureusement  similaires,  et  rien, 
jusqu'à  présent,  ne  nous  l'indique. 

Pour  arriver  à  savoir  au  juste  quelles  sont  les  parties  similaires  de  deux 
feuilles  opposées,  nous  choisirons  de  préférence  l'exemple  des  feuilles  du 


séance  nr  12  JUILLET  1S5A.  413 

Rochon  falcata,  dont,  pour  plus  de  simplicité,  nous  supposerons  les  feuilles 
opposées.  Dans  ce  cas,  une  droite  qui  serait  appliquée  sur  le  côté  des  deux 
feuilles  dans  le  sens  de  leur  longueur  correspondrait  à  des  parties  évidem- 
ment de  nature  différente,  puisque,  chez  l'une,  ce  serait  la  convexité  que 
toucherait  la  droite,  tandis  que  chez  l'autre,  ce  serait  la  concavité.  Or,  cette 
droite  peut  être  perpendiculaire  à  un  plan  qui  diviserait  la  tige  de  manière 
que  chaque  feuille  en  emportât  une  égale  quantité.  Au  contraire,  si  la 
droite  passe  par  le  centre  de  la  tige,  quelle  que  soit  sa  direction,  pourvu 
qu'elle  soit  dans  le  périmètre  de  l'une  des  deux  feuilles,  on  reconnaît  que 
de  part  et  d'autre  elle  va  joindre  des  parties  similaires,  puisque,  si  elle  passe 
par  l'extrémité  et  la  concavité  de  l'une  des  feuilles,  elle  passe  également 
par  la  concavité  et  l'extrémité  de  l'autre.  Donc  c'est  par  le  centre  de  la  tige 
qu'il  faut  faire  passer  les  droites  qui  doivent  conduire  aux  parties  simi- 
laires, et  par  conséquent  la  symétrie  végétale  n'est  pas  ordonnée  par  rapport 
à  un  plan. 

A  la  vérité  les  Bégonia  Fvansùma,  nitida,  argyrostigma,  etc. ,  présentent 
dans  leurs  feuilles  une  forme  et  une  disposition  qui  semblent  peu  se  prêter 
à  cette  symétrie,  puisque  les  côtés  les  plus  étroits  ou  les  plus  petits  se  re- 
gardent, et  qu'alors  une  droite  passant  par  le  centre  de  la  tige  correspon- 
drait à  des  parties  qui  ne  seraient  pas  similaires.  Dans  ce  cas  nous  pour- 
rions admettre  que  ces  plantes  échappent  à  la  loi  de  symétrie  ;  mais  comme 
la  symétrie  végétale  revêt  des  formes  très  diverses,  nous  avons  espéré,  pou- 
voir en  trouver  une  qui  fût  applicable  aux  feuilles  dont  il  s'agit;  et  voici, 
selon  nous,  comment  on  peut  envisager  cette  symétrie. 

Pour  rendre  l'exposition  plus  claire,  nous  raisonnerons  sur  les  feuilles 
distiques  du  Tilia  europœa,  que  nous  supposerons  opposées,  comme  dans 
l'exemple  du  Rocheo.  Et  d'abord  nous  fixerons  l'attention  sur  celte  espèce 
de  feuilles,  de  manière  à  rappeler  que  tandis  que  dans  les  feuilles  ordinaires 
le  plan  de  leur  limbe  est  ordinairement  en  croix  avec  l'axe  de  la  tige,  ici, 
au  contraire,  le  plan  lui  est  plutôt  parallèle.  Il  résulte  de  cette  disposition 
que  l'un  des  côtés  de  la  feuille  est  aussi  voisin  et  l'autre  aussi  éloigné  que 
possible  de  l'axe.  Dans  cette  position,  le  côté  le  plus  voisin  prend  un  peu 
moins  d'accroissement  que  l'autre,  de  sorte  que.  la  feuille  devient  inéqui- 
latérale. 

Si,  dans  cet  assemblage  de  feuilles,  nous  avions  à  rechercher  les  parties 
des  deux  feuilles  qui  seraient  rigoureusement  similaires,  nousn'aurionsqu'à 
tirer  une  droite  perpendiculaire  a  l'axe  de  la  tige  et  comprise  en  même 
temps  dans  le  plan  des  deux  feuilles;  alors,  conformément  a  notre  défini- 
tion, cette  droite  rencontrerait,  a  des  distances  égales,  les  points  des  deux 
feuilles  qui  devraient  être  considérés  comme  les  parties  similaires,  ce  que 
l'œil,  au  reste,  reconnaît  aussitôt.  Donc  ici,  la  symétrie  parait  parfaite  et 
ordonnée  par  rapport  à  une  ligne. 


114  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

C'est  de  cette  façon  qu'il  faut  considérer  la  disposition  des  feuilles  du 
Bégonia,  et  cette  symétrie  nous  parait  plus  rationnelle  que  celle  qui  con- 
sisterait à  la  faire  naître  d'une  ligne  ou  d'un  plan  qui  couperait  la  feuiile 
dans  le  sens  de  la  nervure  principale. 

Pour  ces  exemples  nous  avons  supposé  l'opposition  des  feuilles,  tandis 
qu'elles  sont  alternes.  Dans  ce  cas,  nous  avons  eu  une  symétrie  oppositive 
pour  mieux  faire  saisir  notre  pensée;  mais,  en  restituant  à  la  disposition  des 
feuilles  l'alternance  qui  leur  est  particulière,  nous  rentrons  dans  le  cas  de 
symétrie  alternative. 

Voyons  maintenant  si,  par  une  autre  méthode,  nous  ne  pourrons  pas  ar- 
river à  démontrer  que  la  symétrie  des  plantes  a  véritablement  une  ligne 
pour  centre. 

Ad.  de  Jussieu  a  parfaitement  reconnu  qu'en  faisant  passer  un  plan  au 
milieu  d'une  Heur  et  parallèlement  à  l'axe  qui  la  porte  avec  son  pédicelle, 
on  peut  voir  que  ses  deux  moitiés  se  ressemblent.  De  cette  façon  on  serait 
tenté  de  croire  à  une  symétrie  par  rapport  à  un  plan,  mais  alors  il  faudrait 
admettre  autant  de  plans  différents  qu'il  y  a  de  Heurs,  et  tandis  que  la  sy- 
métrie minérale  n'admettrait  qu'un  seul  point  et  la  symétrie  animale  qu'un 
seul  plan,  les  végétaux,  au  contraire,  seraient  symétriques,  tantôt  suivant 
un  point,  tantôt  suivant  une  ligne,  tantôt  suivant  un  plan.  Telle  ne  peut  être 
notre  manière  de  voir,  et  d'ailleurs,  en  poursuivant  notre  raisonnement, 
nous  arrivons,  même  avec  l'usage  des  plans,  à  reconnaître  que  la  sy- 
métrie qui  nous  occupe  n'est  véritablement  ordonnée  que  par  rapport  à  une 


ligne. 


Eu  effet,  les  fleurs  comme  les  feuilles  sont  placées  sur  la'tige,  soit  en  for- 
mant des  verticilles,  soit  en  décrivant  une  hélice.  Dans  les  deux  cas  il  est 
aisé  de  voir  que  tous  les  plans  qui  diviseraient  les  fleurs  en  deux  moitiés 
égales,  s'ils  étaient  suffisamment  prolongés  vers  l'axe  de  l'inflorescence, 
iraient  se  joindre  tous  au  centre  de  l'axe,  puisque  nous  les  supposons  pa- 
rallèles à  cet  axe  et  coupant  la  fleur  par  son  centre;  de  sorte  que  le  lieu  de 
leur  rencontre  ou  leurs  points  d'intersection  constitueraient  une  ligne  par 
rapport  à  laquelle  tous  ces  plans  seraient  ordonnés,  et  par  conséquent  ils 
seraient  eux-mêmes  symétriques  par  rapport  à  une  ligne.  Donc  toutes  les 
(leurs  sont  symétriques  par  rapport  ta  une  ligne,  et  cette  symétrie  est  par- 
ticulière aux  végétaux. 

Le  même  raisonnement  peut  être  appliqué  aux  feuilles  et  à  tous  les  autres 
organes  appendiculaires. 

Voici  maintenant  quelques  applications  plus  directes  : 

Si  nous  examinons   un  arbre  superficiellement,  nous  lui  trouvons  un 

tronc  ou  axe  principal  à  l'une  des  extrémités  duquel  est  une  tète  composée 

de  branches,  de  feuilles,  de  fleurs,  etc.,  tandis  qu'à  l'autre  extrémité  se 

trouve  la  racine.  Or,  si  nous  supposons  des  plans  parallèles  à  l'axe  du 


SÉANCE   W   12   JUILLET    185Ô.  115 

tronc,  passant  par  cet  axe  et  se  coupant  tous,  quel  que  soit  le  plan  que  l'on 
considère,  on  divise  toujours  l'arbre  en  deux  moitiés  à  peu  près  égales. 
Mais  les  parties  similaires  de  la  tète,  en  haut,  sont  bien  différentes  des  parties 
similaires  de  la  racine,  en  bas,  et  celles  du  tronc  se  trouvent  au  milieu; 
mais  tous  les  plans  que  nous  avons  supposé  diviser  l'arbre  en  deux,  forment, 
par  leurs  points  d'intersection,  une  ligne  qui  est  au  centre  de  l'arbre,  d'où 
il  faut  conclure  que  la  symétrie  de  l'arbre  est  ordonnée  par  rapport  a  une 
ligne. 

A.  Feuilles.  —  Toutes  les  feuilles  opposées  des  Labiées,  Caryophy liées, 
Caprifoliacées,  etc.,  appartiennent  évidemment  à  la  symétrie  opposilive, 
et  les  bourgeons  qui  naissent  à  leur  aisselle  n'infirment  en  rien  la  loi  de  sy- 
métrie. 

Toutes  les  feuilles  dites  verticillées,  telles  que  celles  des  Rubiaeées,  de  la 
section  des  (Huilées,  appartiennent  à  la  symétrie  verticillaire ;  celles  des 
Tilleuls,  des  Ormes,  des  Noisetiers,  etc.,  a  la  symétrie  alternative.  Toutes 
les  autres  dispositions  de  feuilles  rentrent  invariablement  dans  la  sv- 
métrie  hélicoïdale;  mais,  par  des  considérations  que  nous  ferons  ultérieu- 
rement, connaître,  nous  regardons  cette  symétrie  comme  anomale. 

B.  Ramifications.  —  Les  rameaux  foliifères  ou  florifères  n'étant  que  le 
résultat  du  développement  des  bourgeons,  qui  d'ordinaire  sont  axillaires, 
il  est  évident  qu'ils  doivent  présenter  la  même  symétrie  que  les  feuilles; 
qu'ainsi  la  ramification  est  oppositive  dans  le  Lilas,  verticillaire  dans  le 
Laurier-Rose,  alternative  dans  le  Tilleul,  et  hélicoïdale  dans  l'Asperge. 

C.  Fleurs.  — Pour  ramener  toutes  les  fleurs  a  la  loi  de  symétrie  ayant 
une  ligne  pour  centre,  il  faut  que  cette  ligne  coïncide  avec  l'axe  de  l'inflo- 
rescence. Si  nous  la  faisions  passer  au  centre  même  de  chaque  fleur,  nous 
pourrions  sans  doute  admettre  une  symétrie  verticillaire  ou  hélicoïdale; 
mais  alors  il  y  aurait  des  parties  de  grandeur  et  de  formes  différentes,  ou 
bien  des  parties  dégénérées  ou  même  avortées,  et  l'esprit  ne  concevrait 
qu'une  symétrie  imparfaite  qui  le  satisferait  peu.  \u  contraire,  si  nous 
ordonnons  la  symétrie  par  rapport  a  une  ligne  pissant  au  centre  de  toute 
l'inflorescence,  nous  rentrons  dans  la  symétrie  la  plus  parfaite,  quelles  que 
soient  les  modifications  ou  les  irrégularités  de  la  fleur. 

Pour  s'assurer  que  les  fleurs  irrégulières,  telles  que  celles  d'Orchidées, 
de  l.ohiées,  de  Renonculacêés,  de  Papilionacées,  etc.,  sont  bien  symétriques 
par  rapport  a  l'axe  central  de  l'inflorescence,  il  suffit  de  les  supposer  en 
opposition  deux  a  deux,  de  tracer  leur  diagramme  de  chaque  coté  d'un 
point  représentant,  la  section  de  l'axe,  et  l'on  pourra  voir  que  toute  droite 
qui  passe  par  l'axe  et  qui  atteint  une  des  parties  d'une  fleur,  va  joindre 
dans  la  fleur  opposée  une  partie  similaire.  Si  les  diagrammes  sont  ceux 
d'une  Orchidée,  par  exemple,  la  droite  qui  passe  par  l'une  des  élamines 
avortées  et  par  l'ave  de  l'inflorescence  va  rencontrer  dans  l'autre  le  même 


116  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE   FRANCE. 

organe;  tandis  que  si  elle  part  de  l'étamine  anthérifère,  tout  en  passant  par 
le  même  axe,  elle  va  trouver  l'étamine  anthérifère  de  l'autre  fleur. 

Toutes  les  fleurs  irrégulières  peuvent  être  ramenées  à  une  semblable  sy- 
métrie; seulement  il  faut  observer  que  nous  l'avons  faite  oppositive,  alors 
que  le  plus  souvent  elle  est  alternative  ou  hélicoïdale. 

Si  la  symétrie  qui  a  une  ligne  pour  centre  existe  pour  les  fleurs  irrégu- 
lières, à  plus  forte  raison  doit-elle  exister  pour  les  fleurs  régulières.  Seule- 
ment ici,  en  raison  même  de  cette  régularité,  elle  semble  indépendante  de 
la  ligne  par  rapport  ù  laquelle  nous  l'avons  fait  naître  dans  les  exemples  pré- 
cédents ;  tandis  que  c'est  véritablement  le  même  ordre  qu'il  faut  voir  et  la 
même  méthode  qu'il  faut  suivre,  pour  déterminer  les  parties  rigoureusement 
similaires  de  ces  fleurs. 

Enfin,  pour  peu  que  l'on  examine  la  disposition  des  carpelles  et  des  graines, 
on  voit  aisément  qu'il  est  toujours  possible  de  la  ramener  à  la  symétrie  par 
rapport  à  une  ligne,  soit  par  opposition  ou  verticillarité,  soit  par  alternance 
ou  par  disposition  hélicoïdale. 

Si  donc  toutes  les  parties  sont  démontrées  placées  symétriquement  autour 
ou  de  chaque  côté  d'une  ligne,  il  est  vrai  de  dire  d'une  manière  générale 
que  la  symétrie  par  rapporta  une  ligne  est  essentiellement  la  symétrie  véyé- 
tale,  laquelle  se  distingue  nettement  de  la  symétrie,  minérale  et  de  la  symé- 
trie animale. 

Mais,  comme  si  la  nature  s'était  plu  à  confondre  ou  plutôt  à  rapprocher 
les  êtres  les  plus  simples  de  chaque  règne,  à  quelque  point  de  vue  que  l'on 
se  place,  nous  trouvons  des  végétaux  dont  la  symétrie  a  de  l'analogie  avec 
celle  des  minéraux.  A  la  vérité,  ils  sont  en  très  petit  nombre,  et  ne  détrui- 
sent en  rien  la  loi  générale;  car  si  nous  trouvons  en  effet,  parmi  les  algues 
de  la  tribu  des  Zoosporées,  des  végétaux  qui,  ne  consistant  qu'en  une  seule 
vésicule,  semblent  se  rapportera  la  symétrie  par  rapport  à  un  point,  dès  que 
dans  la  même  tribu  nous  voyons  plusieurs  vésicules  réunies  ensemble,  aus- 
sitôt nous  retrouvons  les  conditions  de  symétrie  par  rapport  à  une  ligue. 

M.  Duchartre  donne  lecture  de  l'extrait  suivant  d'une  nouvelle 
lettre  adressée  à  M.  Webb  par  M.  L.  Kralik  : 

NOUVELLE  LETTRE  DE  M.  KP.ALIK. 

Sfax,  le  .'(juin  185/|. 

IMON   CHER  MONSIEUR  WEBB, 

Voilà  déjà  trois  mois  passés  à  Gabès.  C'est  long,  bien  long  même,  pense- 

rez-vous,  pour  une  seule  localité J'en  avais  jugé  comme  vous;  et, 

quoique,   à   mesure  que   le  cercle   de  mes  herborisations  s'élargissait,  je 
trouvasse,  à  chaque  course,  quelques  plantes  nouvelles  pour  mes  collée- 


SÉANCE    DU    12   JUILLET    185/1.  117 

tions,  j'avais  eu  le  dessein  de  quitter,  pour  quinze  jours  ou  trois  semaines,  le 
district  de  Gabès,  afin  d'explorer  l'île  de  Djerba  et  la  côte  opposée  de  Zerziz. 
Mais  l'homme  propose,  et  souvent  les  circonstances  disposent.  C'est  ce  qui 
est  arrivé  relativement  à  mes  projets. 

J'avais  passé  la  majeure  partie  de  ces  trois  mois  ,  moi  seul  Européen,  ù 
Gabès.  Des  affaires  de  famille  avaient  forcé  M.  Henri  Mattei  de  se  rendre 
chez  ses  parents  àSfax,  et  il  n'est  revenu  qu'après  les  fêtes  de  Pâques,  vers 
la  fin  d'avril.  Alors  s'est  ouvert  pour  le  botaniste  un  nouvel  et  vaste  champ 
d'exploration  qui  a  fait  sans  peine  ajourner  l'excursion  à  Djerba.  C'était  le 
moment  de  la  tonte  des  brebis;  M.  Mattei  était  appelé   par  ses  affaires 
chez  les  Beni-Zid,'dont  il  avait  acheté  les  laines  ;  il  me  proposa  de  l'accom- 
pagner et  j'acceptai  son  offre  avec  le  plus  vif  empressement.  Les  Beni-Zid 
qui,  comme  je  vous  l'ai  écrit  dans  ma  dernière  lettre,  sont  en  guerre  conti- 
nuelle avec  la  tribu  des  Hamema,  étaient  alors  campés  à  cinq  lieues  envi- 
ron à  l'ouest  de  Gabès,  au  delà  de  la  chaine  nommée  Djebel  Keroua  ,  sur  la 
carte  de  M.  Pélissier.  Quoique  cette  chaîne  soit  d'une  médiocre  altitude, 
2000  pieds  au  plus,  et  que  le  col  par  lequel  nous  l'avons  traversée  n'ait  que 
le  quart  environ  de  cette  hauteur,  nous  voyions  néanmoins  la  presque  tota- 
lité de  la  végétation  changer  à  vue  d'oeil .  Aux  éternels  Helianthemum,  Echio- 
chilon  fruticosum,  Linoria  œgyptiaca,  \Erodium  glaucophyllum,  Anthyllis 
tragacanthoides,  etc.,  etc.,  qui  couvrent  d'une  désolante  uniformité  toute  la 
plaine  du  désert  située  entre  les  palmiers  de  Gabès  et  la  montagne,  succé- 
daient :  YErucaria  aleppica  ;  un  autre  Erucoria,  à  article  supérieur  de  la 
silique  terminé   en  long  bec  arqué ,  et  que  je  crois  me  rappeler  avoir  été 
nommé  récemment  par  M.  Cossou  ;  le  Neurada  procumbens;  un  Culyco- 
tome;  un  Chrysanthemum  annuel,  dont  la  forme  varie  beaucoup  selon  qu'il 
occupe  une  station  plus  ou  moins  bonne  sur  le  flanc  de  ces  montagnes  ;  un 
Teucrium  frutescent,  à  petites  fleurs  blanches  disposées  en  un  long  épi  : 
un  Carduncellus,  le  Gymnarrltena  micrantha  ,  le  Sonchns  quercifolius ,  un 
Reseda.  Ces  deux  dernières  plantes  sont  des  compagnes  inséparables  l'une 
de  l'autre,  en  ce  sens  que,  sur  tout  le  parcours  où  j'ai  observé  le  tteseda, 
le  Sonchus  quercifolius  se  montrait  aussi^et  en  telle  abondance,  qu'on  voyait 
bien  que  ce  devait  être  là  sa  station  naturelle  et  normale.  Toutefois,  la  dis- 
position particulière  de  ses  fruits,  qui  leur  permet  de  se  transporter  à  de 
grandes  distances  et  de  se  disperser  dans  toutes  les  directions  sous  l'action 
des  vents,  fait  que  cette  plante  se  trouve  encore  ailleurs  par-ci  par-là , 
qu'elle  s'avance  dans  la  plaine  jusqu'à  peu  de  distance  des  palmiers,  et 
qu'elle  descend  surtout  de    la  montagne  dans  les  Ouadis  ;  mais  ,  dans  ces 
divers  lieux  ,  elle  est  isolée  ;  on  n'y  en  trouve  que  de  rares  individus  çà  et  là  ; 
bref,  on  reconnaît  immédiatement  que  sa  vraie  station  n'est  pas  là ,  mais 
sur  la  montagne.  Là  ces  deux  plantes,  à  partir  du  col  où  je  les  avais  d'a- 
bord observées,  contournent  la  montagne  à  mi-hauteur,  manquant  complé- 


118  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

tement  à  la  hase  et  sur  le  plateau.  Cette  particularité  et,  en  outre,  le 
Reseda  en  lui-même  qui  m'était  entièrement  nouveau  ,  m'ont  déterminé  à 
prendre  des  fragments  des  roches  qui  forment  la  montagne.  Je  renonce  à 
vous  donner  une  idée  de  ce  Reseda,  à  vous  et  à  M.  Gay  qui  êtes  l'un  et 
l'autre  des  connaisseurs  spéciaux  de  la  famille,  vu  que,  sans  analyse,  il  est 
impossihle  d'en  rien  dire  de  satisfaisant.  Je  me  contenterai  de  vous  en  dé- 
peindre le  port,  de  souvenir  :  Racine  annuelle  ;  tige  droite,  roide,  virgata, 
comme  dans  le  //.  ail/a,  mais  heaucoup  plus  grêle;  fleurs  beaucoup  plus 
lâchement  disposées  sur  l'épi,  et  plus  petites  elles-mêmes;  les  feuilles  infé- 
rieures sont  entières,  en  cœur,  épaisses,  les  supérieures  à  divisions  linéai- 
res ;  toute  la  plante,  feuilles  et  tige,  est  d'un  rouge  foncé.  Au  premier 
aspect,  cette  plante  m'a  paru  si  étrange,  que  je  ne  l'ai  pas  tout  d'abord 
reconnue  pour  un  Resoda  ;  mais  la  vue  du  fruit,  semblable  à  ceux  de  Yalba, 
ne  m'a  bientôt  plus  laissé  de  doute  sur  sa  détermination.  Dans  une  autre 
excursion  dans  la  montagne,  je  n'ai  plus  retrouvé  ce  Reseda  qui  me  parait 
entièrement  localisé  et  renfermé  dans  une  zone  fort  étroite. 

Comme  vous  le  voyez,  ces  résultats  d'une  première  excursion  dans  la 
montagne  étaient  de  nature  à  m'engager  à  y  retourner  et  à  retarder  mon 
voyage  à  Djerba,  dont  le  pays  plat  devait  m'offrir  une  végétation  peu  dif- 
férente de  celle  de  la  plaine  de.  Gabès.  J'étais  d'ailleurs  désormais  l'hôte 
des  Beni-Zict;  j'avais  goûté  de  leur  conscoussou  et  dormi  sous  leurs  tentes  ; 
j'avais  même  donné  des  consultations  et  prescrit  des  tisanes;  je  pouvais 
donc,  avec  une  entière  sécurité,  battre  la  plaine  et  la  montagne  de  leur 
district 

C'était  les  27  et  28  avril  que  j'avais  fait  cette  excursion  chez  les  Beni- 
Zid.  Le  1er  mai,  je.  lis  une  autre  course  vers  la  montagne  ;  mais  cette  fois 
je  me  trouvai  séparé  de  l'âne  qui  portait  mon  papier  et  quelques  provisions, 
et  j'eus  le  regret  de  revenir  le  soir  avec  une  récolte  tronquée.  Toutefois,  je 
découvris  ce  jour-là  une  localité  des  plus  intéressantes  où  je  trouvai,  à  ma 
grande  surprise,  quantité  d'espèces  des  basses  montagnes  du  bassin  médi- 
terranéen, telles  que  Sidcritis  romana,  Campanula  Erinus ,  AnthyUîs 
tetraphyila,  Psora/ea  bituminosa,  etc.,  etc.,  qui  n'arrivent  pas  jusqu'à  la 
plaine  de  Gabès.  C'était  un  grand  Ouadi,  que  j'explorai  plus  en  détail  les 
/i  et  18  mai  suivants,  cet  Ouadi  me  présenta  un  mélange  des  plus  curieux 
de  plantes  provençales  et  africaines. 

Le  h  mai  ,  je  poussai  mon  excursion,  en  remontant  l'Ouadi,  jusqu'au 
sommet  le  plus  élevé  du  Djebel  Keroua.  Celte  montagne,  appelée  Zemla  la 
Duaria,  me  donna  :  un  Helichrysum  inconnu  qui,  à  ce  que  je  crois,  ne 
peut  se  rapporter  à  aucune  des  espèces  méditerranéennes,  un  Perip/oca, 
un  Soae/ius,  le  Lacellia  lybica,  Viv.  FI.  lyb.,  p.  58,  tab.  22  f.  2.  Viviani 
compare  l'habitus  de  cette  plante  à  celui  du  Centaurea  Cyanus ;  elle  est 
bien  plus  voisine,  sous  ce  rapport,  de  VAviberboa  Lippii.  Je  retrouvai,  le 


SÉANCE   DU    12    JUILLET   185/i.  119 

\k  mai,  cette  même  plante  dans  la  plaine  qui  s'étend  du  Djebel  Aziza,  au 
nord,  jusqu'aux  montagnes  des  Matmala  ,  au  sud.  La  plante  de  la  monta- 
gne était  plus  petite  et  plus  grêle  que  celle  de  la  plaine  ;  du  reste,  identité 
entre  les  deux.  Je  trouvai  en  outre  :  un  Scabiosa  que  M,  Balansa  a  déjà 
récolté;  YOn'ganum  creticum?  ;  deux  nouvelles  localités  du  Gymnârrhena, 
un  Brctssica,  siliquis  pendulinis,  un  Efythrœa,  au  sommet  de  la  mon- 
tagne, entre  les  blocs  de  roches  ;  deux  Hippocrepis  que  je  n'avais  pas  en- 
core trouvés  dans  la  plaine;  l'un  doit  être  tout  bonnement  le  multisiliquosa  ; 
deux  Antirrhinum;  un  seul  petit  échantillon  d'un  Specularia;  de  même  un 
seul  pied  de  Callipeltis  cucullaria;  je  le  retrouvai,  mais  encore  en  un  seul 
pied,  le  1A  mai,  dans  un  Ouadi,  au  pied  du  Djebel  Aziza  ;  un  Erodium 
assez  semblable  au  gl.aucophyllum,  mais  très  distinct  par  le  calice  et  surtout 
par  le  fruit;  une  grande  quantité  d'un  Linaria  très  petit,  très  grêle,  à  tige 
tlexueuse;  un  Umbilicus,  etc.,  etc.  Cette  excursion  me  donna  également  le 
seul  Capsella  Bursa-pasto?is  que  j'aie  vu  jusqu'à  présent. 

Le  12  mai  je  fis,  avec  M.  lYIattei  cette  fois,  une  autre  excursion  chez  d'au- 
tres douars  des  Beni-Zid,  qui  étaient  campés  à  douze  lieues  environ  au  sud- 
ouest  de  Gabès  ,  dans  une  vaste  plaine  de  six  ou  sept  lieues  carrées,  limitée 
au  nord  par  le  Djebel  Aziza, à  l'ouest  parle  Djebel  Melâb,  qui  n'est  plus  indi- 
qué sur  la  cartede  Ai.  Pélissier,  au  sud  par  les  montagnes  de  Matmala.  J'y 
passai  les  journées  des  13  et  l'i  mai.  Le  Djebel  Aziza,  que  je  visitai  le  1.°», 
quoique  plus  élevé  que  la  Zembla  la  Duaria,  n'ajouta  que  peu  d'espèces  à 
celles  que  j'avais   récoltées  précédemment    sur  la   montagne.    Mais   j'y 
reconnus   de  nouvelles  localités  pour   quelques  espèces  intéressantes.    Le 
Gymnarrhena  ,  entre  autres,   s'y  retrouva  encore.   Pour  me  rendre  à   la 
montagne,  j'avais  à  faire  trois  bonnes  lieues  dans  la  plaiue.  Toute  cette 
plaine  était  ravagée  et  dévorée  par  les  moutons  ;  mais,  au  milieu,  se  trou- 
vait un  grand  espace  ensemencé  en  orge  non  encore  moissonnée  et  du  voi- 
sinage de  laquelle  les  troupeaux  avaient  toujours  été  soigneusement  écartés. 
Je  fis,  le  14,  le  tour  de  cette  orge,  et  cette  zone  me  donna  à  peu  près  l'idée 
de  la  végétation  de   la  plaine  entière.   Je  retrouvai   là  en   abondance  un 
Reseda  voisin  du  Phytéuma  (peut-être  même  n'est-ce  que  lui?)  que  j'avais 
déjà  trouvé  plusieurs  fois  dans  lesdéserts  voisins  de  Gabès,  mais  toujours  iso- 
lement, ainsi  que  plusieurs  autres  espèces  intéressantes  ,  telles  qu'un  Echi- 
nospej"inum,  un  Delphinium,  Je  pus  faire  dans  cette  plaine  ample  provision 
d'une  Euphorbe  dont  je  n'avais   trouvé  qu'un  ou  deux  échantillons  en 
Egypte,  et  qui  n'avait  été  que  fort  rarement  observée  par  M.  Durieu  en 
Algérie.  Je  l'avais  déjà  récoltée  par-ci  par-là  dans  quelques  Ouadis,  mais 
toujours  par  pieds  isolés.  ... 

Vous  voyez ,  par  cette  légère  esquisse  de  la  végétation  de  ces  montagnes, 
combien  cette  région  offre  de  plantes  intéressantes,  et  vous  conviendrez 
avec  moi  qu'il  valait  mieux  profiter  de  la  bonne  occasion  qui  s'offrait  d'ac- 


120  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 
quérir  droit  de  bourgeoisie  chez  une  des  tribus  les  plus  importantes  de  ces 
régions,  et  cela  sous  le  patronage  de  l'agent  consulaire,  que  de  faire  immé- 
diatement le  voyage  de  Djerba.  Seulement,  ce  que  vous  regretterez  avec 
moi,  c'est  que  l'absence  prolongée  de  M.  Mattei  ne  m'ait  permis  de  par- 
courir cette  région  que  fort  tard Cette  même  circonstance  a  fâcheuse- 
ment écorné  un  beau  projet  de  voyage  dans  l'intérieur,  qui  aurait  pu  se 
réaliser,  malgré  les  fâcheuses  querelles  entre  deux  tribus  voisines  et  puis- 
santes, j'en  ai  l'intime  conviction,  aujourd'hui  que  j'ai  hanté  l'Arabe  sous 

sa  tente Je  crois  que  mon  isolement  même  aurait  été  ma  sauvegarde,  et 

que  mes  occupations,  ainsi  que  l'idée  de  médecine  qui  en  est  inséparable  aux 

yeux  de  l'Arabe,  auraient  suffi  pour  me  faire  respecter Mais  ce  qui  est 

passé  est  passé,  et  il  est  aujourd'hui  inutile  d'insister  sur  ce  point Du 

reste ,  pour  explorer  convenablement  toute  la  partie  méridionale  de  la 
régence  depuis  Gafsa  jusqu'à  Tozzer  et  Nefzaoua,  il  ne  faudrait  rien  moins 
qu'une  campagne  entière 

D'après  les  indications  précédentes,  vous  serez  peut-être  porté  à  croire 
que  j'ai  beaucoup  de  nouveautés.  Mais,  quoique,  faute  de  moyens  suffisants 
de  détermination,  je  ne  connaisse  qu'un  petit  nombre  des  espèces  que  j'ai 

récoltées,  je  crois  néanmoins  que  j'en  ai  fort  peu  de  nouvelles Bref,  je 

l'avoue,  je  m'attendais  à  trouver,  dans  un  coin  reculé  comme  Gabès,  des 
plantes  plus  curieuses  et  plus  spéciales 

Je  suis  ici  à  Sfax,  pour  ainsi  dire,  malgré  moi.  Le  22  mai,  j'avais  tout  em- 
barqué pour  aller  à  Djerba;  mais,  pendant  deux  jours  entiers,  le  vent  fut 

contraire Ce  vent  pouvait  durer  encore  longtemps.  De  dépit  ,  je  promis 

un  léger  supplément  au  patron  de  la  barque  que  j'avais  frétée,  et  je  fis 
mettre  le  cap  sur  Sfax....,  et  voilà  comment  je  me  trouve  ici  maintenant. 
J'ai  fait  ici  quelques  petites  courses.  Sfax  est  dans  une  vaste  plaine  comme 

Gabès,  et    la  végétation  est  peu  différente J'ai  profité  d'un  bâtiment 

marseillais  qui  chargeait  des  laines  à  Gabès,  pour  vous  envoyer  toutes  mes 
récoltes  gabésiennes.  Elles  forment  quarante  paquets  de  la  dimension  des 

plus  gros  de  l'herbier Ces  quarante  paquets  sont  réunis  huit  par  huit 

dans  cinq  nattes  rembourrées  de  paille Il  m'a  été  impossible  à  Gabès  de 

me  procurer  des  caisses,  ni  même  des  planches  pour  en  faire... 

Je  pars  ce  soir,  mercredi  7  juin,  pour  Djerba.  Le  temps  est  fort  beau,  bon 
vent  du  nord,  et  j'espère  être  demain  matin  à  Djerba.  Je  sais  d'avance  que 
le  gros  de  la  végétation  à  Djerba  et  à  Zerziz,  sur  la  côte  opposée,  que  je 
compte  aussi  visiter,  sera  passé.  Je  récolterai  les  espèces  litigieuses  en 
quelque  état  qu'elles  soient;  pour  les  espèces  bien  connues,  je  me  bor- 
nerai aies  inscrire;  je  pense  arriver  ainsi  à  avoir  un  aperçu  aussi  exact  que 
possible  de  toute  la  végétation.  Je  ne  m'arrêterai  a  Djerba  que  le  moins  de 
temps  possible le  n'y  ferai  que  deux  ou  trois  excursions;  puis,  je  tra- 
verserai à  pied  toute  l'île,  du  nord  au  sud,  je  m'embarquerai   a  Bordji  cl- 


SÉANCE   DU    12   JUILLET    185/|.  121 

Kantara  pour  passer  le  détroit  et  je  continuerai  mou  voyage  par  terre  sur 
Zerziz.  J'espère  que  cette  course  ue  me  prendra  que  de  quinze  à  vingt  jours. 
Je  suis  décidé  a  économiser  sévèrement  le  temps  qui  me  reste,  pour  en  avoir 
le  plus  possible  à  donner  au  Djebel-Zaghouan.  Je  resterai  dans  cette  chaîne 
de  moutagnes  tant  que  la  végétation  sera  bonne.  Or,  comme  d'après  les 
renseignements  que  j'ai  pris,  l'eau  y  abonde,    j'espère    bien  y  trouver  de 

l'occupation  jusqu'à  la  mi-aoùt Voilà  mon  itinéraire  pour  le  reste  de  la 

la  campagne. 

M.  Germain  de  Saint-Pierre  fait  à  la  Société  la  communication 
suivante  : 

OBSERVATIONS  SUR  LA  STRUCTURE  DE  L'OMBELLULE  ET  DE  LA  FLEUR  DITE  CENTRALE 
DANS  LE  GENRE  D.WCL'S ,  ET  PARTICULIÈREMENT  CHEZ  LE  DAUCUS  CAHOTA,  par 
M.  E.  GERMAIN  UE  SAINT-PIERRE. 

A  l'occasion  de  mes  recherches  de  Tératologie  végétale,  j'ai  été  conduit 
a  examiner  avec  attention  la  valeur  organographique  de  la  fleur  dite  cen- 
trale de  l'ombelle  des  Daucus,  que  sa  coloration  pourpre  exceptionnelle  a 
fait  remarquer,  même  des  gens  du  monde,  chez  la  Carotte  sauvage  si  com- 
mune dans  nos  prairies. 

La  découverte  de  plusieurs  faits  tératologiques  dignes  d'intérêt  a  été  le 
résultat  de  cet  examen  renouvelé  à  plusieurs  reprises  dans  différentes  loca- 
lités. J'ai  dû,  en  même  temps,  déterminer  jusqu'à  quel  point  les  formes 
insolites  que  j'ai  rencontrées  appartenaient  à  l'état  normal  ou  devaient  être 
considérées  comme  étant  du  domaiue  de  la  tératologie.  —  Il  est  en  effet, 
dans  la  nature,  des  anomalies  fréquentes  ou  même  presque  constantes,  qui 
sont  sur  la  limite  qui  sépare  les  faits  normaux  des  faits  anormaux,  et  l'état 
fréquent  de  la  partie  centrale  de  l'ombelle  des  Daucus  me  semble  dans  cette 
catégorie. 

Il  n'y  a,  à  proprement  parler,  ni  ombellule  centrale  dans  une  ombelle, 
ni  fleur  centrale  dans  une  ombellule.  En  effet,  les  rayons  d'une  ombelle  sont 
disposés  en  une  spirale  très  raccourcie  et  indéfinie;  le  dernier  rayon  qui  se 
rapproche  le  plus  du  sommet  ou  du  centre,  n'est  le  dernier  que  parce  que 
l'axe  épuisé  n'a  pu  en  produire  un  plus  grand  nombre  qui  eussent  continué 
la  même  spirale;  aussi,  chez  les  plantes  vigoureuses,  la  spire  se  compose- 
t-elle  de  beaucoup  plus  de  rayons  que  chez  les  plantes  maigres.  Les  rayons 
du  premier  tour  despire  naissent  à  l'aisselle  des  bractées  qui  constituent  l'in- 
volucre  ;  les  rayous  suivants  manquent  de  feuilles  axillantcs  (1).  Les  rayons 
de  l'involucelle  sont  exactement  disposés  comme  ceux  de  l'ombelle;  une  om- 

(1)  Feuille  axillantc  :  feuille  à  l'aisselle  de  laquelle  naît  un  rameau  axillaire  : 
bourgeon,  rameau,  inflorescence  unillore  ou  pluriflore. 


i-1'2  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

bellule  ne  présente  donc  pas  normalement  de  fleur  centrale  :  la  dernière 
fleur  est  seulement  la  plus  rapprochée  du  centre. 

On  sait  que,  chez  les  inflorescences  indéfinies,  les  axes  latéraux  tendent 
d'autant  plus  à  s'appauvrir  qu'ils  sont  insérés  plus  près  de  l'extrémité  de 
l'axe  général  qui  les  produit  ;  cet  appauvrissement  se  traduit  dans  les  om- 
belles et  dans  les  omhellules  des  espèces  du  genre  Danois,  par  divers  carac- 
tères de  nombre,  de  forme  et  de  coloration;  ces  caractères  peuvent  se  pré- 
senter simultanément  dans  une  même  ombelle  ou  une  même  ombellule,  ou 
se  présenter  isolément. 

C'est  à  cet  appauvrissement  normal  et  aux  formes  qui  en  sont  la  consé- 
quence également  normale,  que  viennent  se  joindre  fréquemment  des  acci- 
dents tératologiqucs  variés,  mais  qui  consistent  généralement  en  une  multi- 
plication par  divulsion  (fasciation  ou  dédoublement)  du  nombre  des  car- 
pelles ;  cette  multiplication  n'entraîne  pas  la  stérilité:  les  fruits  composés  de 
carpelles  multipliés  mûrissent  et  se  développent  complètement.  Cet  état 
d'hypertrophie  avec  augmentation  de  parties  pourrait  être  considéré  comme 
une  sorte  de  compensation  organique,  chez  une  ombellule  réduite  a  sa  plus 
simple  expression  (une  fleur  unique  surmontant  un  rayon  de  l'ombelle);  le 
dédoublement  semble  résulter,  dans  ce  cas,  d'un  effort  suprême  plus  ou 
moins  désordonné  que  fait  la  nature  à  l'instant  où  sa  force  va  complètement 
s'épuiser  (1). 

Après  avoir  acquis  la  conviction  qu'il  n'existe  de  fleur  centrale  qu'en 
apparence  dans  les  omhellules,  et  particulièrement  dans  l'ombellule  la  plus 
voisine  du  centre  de  l'ombelle,  j'ai  remarqué  que,  chez  un  très  grand  nombre 
d'ombelles  de  Daucus,  toutes  les  ombelles  sont  conformes  les  unes  aux 
autres  :  toutes  pluriflores,  a  fleurs  également  blanches  ou  rosées,  les  om- 
hellules les  plus  voisines  du  centre  étant  seulement  un  peu  pauciflores;  j'ai 
remarqué,  en  second  lieu,  que,  chez  un  grand  nombre  d'autres  ombelles, 
l'ombellule  qui  parait  occuper  le  centre,  bien  que  pluriflore  et  à  fleurs 
blanches,  présente  certaines  anomalies;  enfin,  que  sur  une  quantité déter- 

(1)  Le  pédicelle  de  la  fleur  à  carpelles  multiples  présente  loujoiifs  des  indices  de 
fasciation^  et  j'ai  démontré  que  les  phénomènes  de  la  fasciation  des  tiges  et  du  dé- 
doublement des  organes  appendiculaires  constituent  deux  modes  d'un  même  phé^- 
nomène  que  j'ai  nommé  phénomène  il''  lu  divulsion.  .Néanmoins,  dans  le  cas  où 
l'involucelle  est  à  plusieurs  bradées,  cl  où  les  fruits  adhérents  parlent  de  niveaux 
différents»  et  semblent  terminer  des  pédicelles  distincts,  on  peut  invoquer  l'inter- 
vention du  phénomène  de  la  soudure  entre  plusieurs  pédicelles;  Mais  il  ne  faut  pas 
perdre  de  vue  qu'un  axe  soumis  au  phénomène  de  la  divulsion  peut  se  dédoubler 
en  plusieurs  axes,  qui  peuvent  atteindre  des  longueurs  très  inégales  et  se  terminer 
par  des  fleurs  isolées;  et  aussi  que  les  axes  provenant  de  la  divulsion  d'un  même 
axe  peuvent  rester  à  demi  confondus,  el  présenter  l'aspect  d'une  soudure,  lors- 
qu'il s'agit  en  réalité  d'un  dédoublement  incomplet. 


SÉANCE   DU   12   JUILLET    185/i.  123 

minée  d'ombelles,  le  nombre  de  celles  qui  présentent  vers  le  centre  une  Heur 
pourpre  est  assez  restreint. 

Voici  la  proportion  relative  d'ombelles  normales  et  d'ombelles  plus  ou 
moins  anormales  que  m'a  fournie  une  récolte  faite  au  bois  de  Boulogne.  J'ai 
recueilli  au  hasard  314  ombelles  dans  des  stations  variées  :  pelouses  sèches, 
lieux  herbeux  découverts,  lieux  herbeux  ombrages,  etc.  ;  plantes,  les  unes 
maigres  et  rabougries,  les  autres  robustes,  quelques-unes  ayant  repoussé 
après  avoir  été  broutées. 

Sur  ces  3'1/r  ombelles  que  j'ai  examinées  avec  soin,  150,  e'est-a-dire  moitié 
environ,  ne  différaient  en  rien  des  ombelles  normales  dans  les  autres  genres  : 
les  ombellules  les  plus  voisines  du  centre  étaient,  comme  les  autres,  pluri- 
flores  et  a  fleurs  blanches. 

De  ces  3 1  ^i  ombelles,  3/i  seulement,  c'est-à-dire  environ  une  sur  dix,  pré- 
sentaient l'aspect  général  conforme  à  la  description  des  auteurs  :  fleur  du 
centre  de  l'ombelle  de  couleur  pourpre. 

On  pouvait  répartir  les  autres  ombelles  de  la  manière  suivante  :  ombel- 
lule  centrale  composée  de  deux  à  quatre  fleurs  pourpres,  2.  —  Ombellule 
centrale  pluriflore  à  fleurs,  les  unes  blanches,  les  autres  rouges  ou  pana- 
chées, h.  —  Deux  à  neuf  ombellules  uniflores  à  fleur  blanche,  petite;  ce 
groupe  d'ombellules  uniflores  occupant  la  partie  centrale  de  l'ombelle,  57. 
—  Même  disposition,  en  fruits  couleur  des  fleurs  inconnue),  9.  —  Une 
seule  ombellule  uniflore,  à  fleur  blanche,  petite,  33.  —  Même  disposition, 
en  fruits  (couleur  de  la  Heur  inconnue),  S.  —  Ombellules  du  centre  abor- 
tives  ou  complètement  avortées,  réduites  à  un  fdet  stérile  ou  a  un  petit  tu- 
bercule, ou  a  un  involucelle  sessile,  13.  —  Ombellule  centrale  uniflore  ou 
biJlore,  présentant  un  ovaire  dédoublé  et  lascié,  a  quatre  carpelles,  fleurs 
blanches  ou  roses,  U. 

Dans  les  diverses  catégories  que  nous  venons  de  passer  en  revue,  nous 
avons  remarqué  un  assez  grand  nombre  d'ombellules  subcentrales  uniflores, 
a  fleur  soit  blanche,  soit  rouge  (les  fleurs  blanches  en  plus  grande  propor- 
tion) ;  la  fleur  de  cette  ombellule  uniflore  a  complètement  l'aspect  d'une 
fleur  centrale  ou  terminale,  et  ne  diffère  pas  en  apparence  d'une  inflores- 
cence définie  uniflore  ;  mais  les  lois  de  l'analogie  doiveut  ici  nous  guider  : 
les  transitions  qui  existent  entre  cette  ombellule  uniflore  et  les  ombellules 
pluriflores,  transitions  qui  consistent  en  des  ombellules  biflores  et  triilores, 
nous  démontrent  que  la  Heur  de  l'ombellule  uniflore  est  réellement  axillaire 
de  l'une  des  bractées  ou  de  la  bractée  de  l'involucelle. 

Ces  ombellules  uniflores  paraissent  quelquefois  dépourvues  d'inVoluceileSj 
mais,  si  l'on  examine  la  base  du  pédieelle  de  leur  fleur,  on  y  remarque  une 
bractée;  or  cette  bractée  représente  un  involucelle  réduit  à  l'imité  de  bractée, 
appartenant  a  un  rayon  d'ombelle  abortif;  le  résultat  est  une  ombellule 
acaule  réduite  à  une  bractée  et  à  une  fleur  pédicellée. 


124  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    1)L    FRANCE. 

Quant  a  la  couleur,  elle  ne  présente  rien  non  plus  d'absolument  caracté- 
ristique: en  effet,  l'ombellule  dite  centrale  peut  être  pluriflore  et  blanche  ou 
rosée,  ou  uniflore  à  fleur  blanche,  rosée  ou  pourpre,  enfin  à  fleur  panachée, 
on  rencontre,  en  effet,  fréquemment  vers  le  centre  des  ombelles,  des  fleurs 
ayant  deux  a  trois  pétales  blancs  et  deux  à  trois  pétales  rouges. 

Reste  le  caractère  de  fleur  abortive,  donné  par  plusieurs  auteurs  à  la 
fleur  rouge,  dite  centrale:  ce  prétendu  caractère  est  complètement  inexact  ; 
les  ombellules  du  centre  peuvent  être  abortives  ;  les  fleurs  centrales  de  l'om- 
bellule dite  centrale,  peuvent  être  abortives  et  stériles,  ainsi  que  cela  arrive 
généralement  à  l'extrémité  des  iufloresceuces  indéfinies  ;  mais  cet  avortement 
ne  coïncide  pas  plus  avec  la  couleur  rouge  qu'avec  la  couleur  blanche  de  la 
fleur;  il  y  a  plus,  la  fleur  rouge  est  généralement  plus  vigoureuse  que  les 
fleurs  blanches  qui  l'entourent  immédiatement,  et  est  presque  toujours  fer- 
tile. La  fleur  rouge,  quand  elle  existe,  est  souvent,  mais  non  toujours,  plus 
large  que  les  (leurs  voisines  ;  ses  pétales  sont  en  général  plies  et  dressés,  et 
son  pedicelle  est  plus  long  ;  de  sorte  que  cette  fleur  dépasse  alors  les  autres: 
c'est  là  le  commencement  de  ce  balancement  organique  dont  j'ai  parlé  plus 
haut,  balancement  qui,  porté  à  son  maximum  d'intensité,  donne  lieu  aux 
fleurs  à  ovaire  multiple  qu'il  n'est  pas  rare  de  rencontrer. 

Le  dédoublement  de  la  corolle  ne  coïncide  pas  généralement  avec  le  dédou- 
blement carpellaire,  les  pétales  sont  seulement  plus  grands,  leur  couleur  est 
indifféremment  blanche  ou  rouge.  —  Dans  un  cas  où  une  fleur  m'a  offert 
six  pétales,  l'ovaire  n'était  qu'à  deux  carpelles.  —  Les  étamines  sont  aussi 
en  nombre  normal,  quelquefois  elles  sont  abortives  et,  dans  ce  cas,  la  fécon- 
dation s'opère  par  le  pollen  des  fleurs  voisines. 

J'ai  rencontré  des  fruits  à  quatre,  à  six  et  à  huit  carpelles  :  ces  carpelles 
se  disposent  symétriquement  ou  irrégulièrement  ;  ils  peuvent  être  associés 
par  deux  ou  plougés  isolément  dans  la  masse  commune  ;  ils  sont,  ains'  que 
je  l'ai  dit,  parfaitement  susceptibles  d'atteindre  la  maturité  ;  leur  coupe 
transversale  met  en  évidence  la  parfaite  conformation  de  la  graine. 

La  vigueur  de  la  plante  et  la  force  de  l'ombelle  influent,  comme  je  l'ai  dit, 
sur  le  nombre  des  ombellules  et  sur  le  nombre  des  fleurs  de  ces  ombellules, 
mais  l'état  plus  ou  moins  vigoureux  de  l'ombelle  ne  m'a  pas  paru  avoir  une 
influence  marquée  sur  la  production  d'uue  ombellule  subcentrale  uniflore 
ni  sur  le  mode  de  coloration  de  la  fleur. 

M.  le  Président  demande  à  M.  Germain  de  Saint-Pierre  s'il  a  ren- 
contré des  fruits  à  5  carpelles. 

M.  Germain  de  Saint- Pierre  répond  qu'il  les  a  toujours  trouves 
en  nombres  pairs.  Pour  lui,  il  s'agit  d'une  multiplication  par  dédou- 
blement qui  ne  pourrait  amener  qu'accidentellement  le  retour  an 


SÉANCE    DU    12    JUILLET    1854 .  125 

nombre  quinaire.  La  disposition  des  carpelles  varie  beaucoup  :  quel- 
quefois ils  constituent  deux  paires  alternes,  et  tendent  à  la  disposi- 
tion circulaire;  ils  sont  parfois  comme  alignés;  ailleurs  on  rencontre 
jusqu'à  huit  carpelles,  disposés  sans  ordre  appréciable.  Ces  fleurs  à 
carpelles  multiples  présentent  généralement  des  pétales  et  des  exa- 
mines en  nombre  normal. 

M.  Trécul  présente  la  communication  suivante  : 

NOTE  SLR  L'INFLORESCENCE  UNILATÉRALE   DU   TRIFOLIUM  LUPINASTER, 
par  M.  A.  TRÉCUL. 

Tous  les  trèfles  ont  une  inflorescence  indéfinie,  ordinairement  resserrée 
en  un  élégant  capitule,  qui  s'allonge  quelquefois  sensiblement;  mais  sur 
toutes  les  espèces  qui  affectent  cette  forme,  les  fleurs  sont  régulièrement 
distribuées  autour  d'un  axe  eylindracé,  de  manière  à  présenter  une  ligure 
symétrique.  Une  seule  espèce  parmi  celles  que  j'ai  observées,  qui  ont  un 
pédoncule  cylindrique  ou  seulement  strié,  présente  une  certaine  irrégularité 
dans  la  disposition  de  ses  fleurs:  c'est  le  Trifolium  Wormskioldii,  Don. 
Le  sommet  organique  de  son  inflorescence  est  un  peu  excentrique,  ses 
fleurs  étant  notablement  moins  nombreuses  du  côté  qui  regarde  l'axe  de  la 

tige. 

Mais,  le  Trifolium  Lupinaster,  dont  je  veux  entretenir  la  Société,  est 
bien  plus  remarquable  encore.  Ses  Heurs,  au  lieu  d'être  symétriquement 
reparties  autour  d'un  axe  central,  constituent  une  inflorescence  unilatérale. 
Ce  trèfle  n'a  pas,  en  effet,  comme  les  autres,  le  pédoncule  cylindrique; 
celui-ci  est  profondement  déprimé  sur  la  face  antérieure  ;  il  est  couronné  par 
un  involucre  membraneux,  denté,  qui  parait  unilatéral  à  la  première  vue, 
mais  qui  se  prolonge  tout  autour  de  la  base  de  l'inflorescence,  dont  il  suit 
les  sinuosités.  Cet  involucre,  du  côté  externe,  a  la  forme  d'un  fer  à  cbeval 
dont  la  courbure  répond  au  sommet  géométrique  du  pédoncule.  C'est  donc 
sur  la  face  antérieure  de  ce  réceptacle  que  sont  insérées  les  fleurs,  qui  sont 
pédicellées  à  l'état  adulte. 

Si  l'on  étudie  l'évolution  de  cette  inflorescence,  on  la  trouve  formant,  à 
l'aisselle  des  jeunes  feuilles,  une  sorte  d'écaillé  à  l'extrémité  supérieure  de 
laquelle  apparaissent  les  rudiments  de  l'involucre  et  ceux  des  premières 
fleurs.  Celles-ci  sont  disposées  de  telle  manière  que  la  plus  âgée  et  la  plus 
avancée  dans  son  accroissement  est  terminale;  les  deux  qui  sont  immédia- 
tement à  côté  d'elle,  sont  un  peu  moins  développées;  celles  qui  viennent 
ensuite  a  droite  et  à  gauche,  en  suivant  toujours  de  haut  en  bas  le  bord  de 
l'écaillé,  sont  d'autant  moins  avancées  qu'elles  sont  placées  plus  bas  sur  le 
réceptacle.  Pendant  que  cette  première  série  périphérique  de  fleurs  se  forme, 
il  en  nait  une  deuxième  immédiatement  au-dessous  d'elle  et  concentrique- 

t.   i.  ^ 


126  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE   FRANCE. 

meut.  La  première  fleur  de  celle-ci  est  également  la  plus  élevée  de  la  série; 
les  autres  apparaissent  successivement  de  chaque  côté  et  aussi  de  haut  en 
bas.  Avant  que  les  dernières  fleurs  de  la  deuxième  rangée  soient  visibles, 
les  premières  d'un  troisième  rang  sont  apparentes;  elles  naissent  dans  le 
même  ordre  que  les  fleurs  des  séries  précédentes.  Une  quatrième  rangée  et 
une  cinquième  sont  produites  de  la  même  manière;  mais  comme  les  pre- 
mières Heurs  d'une  série  naissent  avant  les  dernières  de  quelques-unes  des 
séries  qui  ont  précède,  il  eu  résulte  un  peu  de  confusion  quand  un  grand 
nombre  de  fleurs  existent  déjà;  cependant  on  remarque  toujours  que  les 
dernières  formées  sont  le  plus  bas  placées  sur  le  réceptacle. 

Quand  celui-ci  est  couvert  de  toutes  ces  jeunes  Heurs,  i'inllorescence  res- 
semble à  une  calathidetrès  fortement  déprimée,  qui  aurait  été  coupée  ver- 
ticalement en  deux  parties  égales. 

Il  est  à  peine  nécessaire  d'ajouter  que  l'épanouissement  des  fleurs  s'effectue 
dans  le  sens  suivant  lequel  elles  sont  apparues;  que  ce  sont,  par  conséquent, 
les  plus  élevées  sur  l'axe  qui  étendent  les  premières  leurs  jolis  pétales  roses  : 
la  première  fleur,  puis  ses  deux  collatérales  et  leurs  deux  voisines,  c'est-à- 
dire  les  premières  de  la  série  la  plus  externe,  celles  enfin  qui  sont  au  sommet 
géométrique  de  I'inllorescence,  s'épanouissent  d'abord;  celles  qui  sont  plus 
bas  dans  la  même  série  s'ouvrent  en  même  temps  que  les  premières  {leurs  de 
la  deuxième  rangée.  L'épanouissement  s'étend  ainsi  progressivement  de 
haut  en  bas  d'un  rang  a  l'autre,  et  de  Heur  en  fleur  dans  chaque  série,  à 
mesure  que  l'on  descend  sur  l'axe,  ou  plutôt  a  mesure  que  l'on  s'approche 
de  la  base  géométrique  du  réceptacle.  Je  dis  géométrique ,  parce  que 
cette  base  apparente  est  en  réalité  le  sommet  organique  de  I'inllorescence; 
en  sorte  que  cette  dernière  est  indéfinie  comme  les  capitules  ou  grappes 
contractées  des  autres  trèfles.  Il  y  a  donc  ici  une  anomalie  seulement  dans 
la  forme. 

L'étude  anatomique  achèvera  de  mettre  cette  manière  de  voir  en  évidence. 

Si  l'on  fait  une  coupe  transversale  du  pédoncule  canaliculé,  on  trouve  que 
les  faisceaux  iibro-vasculaires  y  sont  isoles  les  uns  des  autres  et  distribués 
autour  d'un  centre  médullaire.  Ceux  qui  sont  situés  près  de  la  face  interne 
du  pédoncule  sont  notablement  plus  faibles  que  ceux  de  la  face  externe  ;  ce 
sont  aussi  ces  derniers  principalement  qui  fournissent  aux  fleurs  les  vais- 
seaux qu'elles  renferment.  En  effet,  si  l'on  examine  des  coupes  longitudi- 
nales, on  voit  les  faisceaux  de  la  face  externe  se  prolonger  dans  les  fleurs  de 
la  première  série,  mais  auparavant  ils  émettent  des  ramifications  qui  se 
rendent  dans  les  fleurs  des  séries  subséquentes  ;  et  cette  division  s'opère  de 
manière  à  produire,  d'arrière  en  avant,  des  fascicules  de  différents  degrés. 
Ces  fascicules  ou  ramifications  vasculaires  du  premier  degré,  iraient  dans  les 
fleurs  de  la  deuxième  série;  leurs  subdivisions  se  rendraient  dans  les  fleurs 
de  la  troisième,  etc.  Ainsi,  ces  fleurs  reçoivent  des  ramifications  des  faisceaux 


SÉANCE    DU    12    JUILLET    1854.  127 

primitifs  d'un  degré  d'autant  plus  élevé  que  ces  fleurs  sont  insérées  plus 
bas  sur  l'axe.  Les  faisceaux  de  la  face  interne  du  pédoncule  ne  donnent  de 
vaisseaux  qu'aux  fleurs  les  dernières  développées.  Il  est  donc  bien  évident 
que  !e  sommet  organique  de  l'inflorescence  du  Trifolium  Lupinaster  corres- 
pond à  sa  base  géométrique. 

On  se  rappelle  sans  doute  que  j'ai  décrit  [Comptes  rendus  des  séances  de 
V Académie  des  sciences,  1853,  t.  XXXVII,  p.  i86, et  Annales  des  sciences 
nat.,  3e  série,  t.  XX)  dans  une  Note  sur  la  formation  des  feuilles,  note  qui 
fait  suite  a  mon  mémoire  sur  la  même  question;  on  se  rappelle,  dis-je,  que 
j'ai  décrit  des  inflorescences  basifuges  ou  se  développant  de  bas  en  haut, 
des  inflorescences  basipètes  ou  de  haut  en  bas,  et  des  inflorescences 
mixtes,  c'est-à-dire  dont  les  rameaux  primaires  naissent  de  haut  en  bas,  et 
les  rameaux  secondaires,  ou  les  fleurs,  de  bas  en  haut.  Je  comparais  ces 
trois  sortes  d'inflorescences  aux  types  de  même  nom  que  j'ai  signalés  pour 
le  développement  des  feuilles  (1). 

Chaque  série  des  fleurs  de  l'inflorescence  du  Trifolium  Lupinaster  se  dé- 
veloppe dans  le  même  ordre  que  les  folioles  des  feuilles  digitées,  ou  que 
les  nervures  principales  des  feuilles  digitinerviées,  qui,  toutes,  appartien- 
nent au  type  de  formation  basipète;  c'est  pourquoi  j'avais  cru  d'abord  que 
l'inflorescence  de  ce  trèfle  me  donnerait  l'explication  de  ce  développement 
basipète  des  feuilles.  Je  me  disais  :  Voici  une  inflorescence  évidemment  in- 
définie; les  fleurs  de  chaque  rangée,  prises  a  part,  naissent  en  s'avançant  de 
la  face  externe  du  pédoncule  vers  sa  face  interne  ;  ne  serait- il  pas  logique 
de  considérer  les  fleurs  d'une  même  rangée,  les  plus  rapprochées  de  cette 
face  interne,  comme  les  plus  voisines  du  sommet  organique,  puisqu'elles 
naissent  les  dernières?  Ceci  admis,  je  pensai  que  ce  raisonnement  pouvait 
être  appliqué  au  développement  des  feuilles  basipètes,  c'est-à-dire  à  celui 
des  feuilles  digitées,  des  digitinerviées  et  des  pennées-basipètes,  dont  les 
folioles  ou  les  lobes  ont  assurément  le  même  ordre  d'apparition.  En  effet, 
chaque  série  de  l'inflorescence  du  Trifolium  Lupinaster  se  développe  ahso- 
lument  dans  le  même  ordre  que  les  folioles  des  jEsculus,  des  Pavia,  des 
Carolinea,  etc.,  et  comme  les  lobes  ou  les  nervures  principales  digitées 
des  feuilles  du  Ricinus  communis,  du  Ficus  Carica,  du  Géranium  pratense, 
du  Tropœolum  mojus,  etc.,  dont  la  formation  appartient  au  type  basipète. 
Dans  ces  feuilles,  c'est  la  foliole  ou  le  lobe  médian  qui  naît  le  premier,  puis 
ses  deux  voisins  immédiats,  ensuite  la  seconde  paire,  et  ainsi  des  autres,  de 
haut  en  bas  et  d'arrière  en  avant.  Il  semble  par  là  que,  de  tous  les  fais- 
ceaux du  pétiole,  le  médian  de  la  face  externe,  qui  se  prolonge  dans  la  fo- 
liole terminale,  soit  le  plus  âgé,  et  que  les  autres  soient  d'autant  plus  jeunes 

(1)  Voyez  mon  Mémoire  sur  la  formation  des  feuilles  (Annales  des  sciences 
naturelles,  3e  série,  t.  XX). 


T28  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

qu'ils  sont  plus  rapproches  de  la  face  interne  du  pétiole,  de  même  que  les 
folioles  ou  les  lobes  auxquels  ils  correspondent.   Ces  faisceaux  de  la  face 
interne  étant  les  derniers  formés,  il  me  paraissait  rationnel   de  les  regarder 
comme  les  plus  voisins  du  sommet  organique.  Ces  feuilles  rentraient  alors 
dans  le  type  de  formation  basifuge;  et  de  la  je  croyais  pouvoir  conclure 
qu'en  général  les  folioles  les  dernières  formées  devaient  recevoir  les  fais- 
ceaux les  plus  rapprochés  de  la  face  interne  du  pétiole.  Cette  théorie  était 
séduisante  comme   beaucoup  d'autres;  elle  était  aussi   erronée,  et  je  dus 
l'abandonner.  Je  n\m  parle  ici  que  pour  montrer  combien  il  est  aisé  de  se 
laisser  tromper,  en  généralisant  trop  vite  quelques  faits  particuliers.  J'ou- 
bliais, en  effet,  des  dissections  que  j'avais  faites  antérieurement  (car  nous 
sommes  toujours  très  disposes  a  oublier  les  phénomènes  qui  contrarient  nos 
opinions  favorites),  mais  de  nouvelles  études  très  multipliées  me  persuadè- 
rent qu'il  est  beaucoup  de  feuilles  dont  les  faisceaux  antérieurs  du  pétiole 
se  rendent  dans  les  folioles  ou  dans  les  lobes  inférieurs,  mais  qui  sont, 
dans  ce.  cas,  les  premiers  nés,  et  dont  les  faisceaux  postérieurs  du  même 
pétiole  vont  à  des  folioles  d'autant  plus  jeunes  et  plus  élevées  sur  le  rachis 
qu'ils  sont  plus  rapprochés  du  faisceau  dorsal  médian,   qui  se  prolonge 
dans  la  foliole  terminale,  dans  la  formation  basii'uge  comme  dans  la  forma- 
tion basipète. 

Il  y  a  doue  là  une  lacune  a  combler,  une  loi  naturelle  a  découvrir,  loi  qui, 
jusqu'à  ce  jour,  s'est  soustraite  à  mes  investigations. 

Telle  est  la  structure  de  l'inflorescence  du  Trifolium  Lupinaster,  quand 
elle  est  simple;  mais  il  arrive  quelquefois  qu'elle  est  prolifère,  c'est-à-dire 
que,  d'entre  ses  fleurs",  partent  d'autres  rameaux  dont  le  sommet  est  aussi 
revêtu  de  fleurs.  Ces  inflorescences  partielles  ont  une  structure  et  un  déve- 
loppement identiques  avec  ceux  de  l'inflorescence  que  je  viens  de  décrire. 
Comme  chez  elle,  le  pédoncule  est  canaliculé  sur  la  face  interne,  l'inflo- 
rescence est  unilatérale,  et  les  fleurs  y  naissent  et  s'épanouissent  de  haut 
en  bas. 

M.  Brongniarl  l'ail  à  la  Société  la  communication  suivante  : 

NOTE  SUR  L'EXISTENCE  D'UN  ARILLE  DANS  01  ELQUES  GENRES  HE  LILIACÉES 
par  n.  AD.  BKO\(i\UKT. 

Des  productions  analogues  à  un  arille,  du  moins  quant  à  leur  position 
autour  de  la  graine  mûre,  ont  été  déjà  signalées  dans  les  Ravenala  de  la 
famille  des  Musacées,  et  les  graines  des  Hedyckium  sont  accompagnées  de 
filaments  nombreux  et  légèrement  charnus  qui  paraissent  de  même  nature; 
dans  les  plantes  de  la  famille  des  Liliacées,  la  présence  <\\m  arille  n'a 
été  indiquée  que  très  sommairement  et  avec  doute  par  Kunth  dans  son 
Enumeratio  plantarum  (18/i 3) ,  à  l'occasion  des  genres  Asphodelus^  Ere- 


SÉANCE    DU   12   JUILLET    185/j.  129 

murus  et  Aloe,  sur  lesquels  il  ne  parait  pas  en  avoir  étudié  le  dévelop- 
pement. Cependant,  dès  1841,  je  remarquais  que  quelques  genres  de 
cette  famille  ont  autour  de  leurs  graines  une  enveloppe  supplémentaire  dont 
le  développement  est  tout  à  fait  celui  des  vrais  arilles,  quoique  sa  consis- 
tance ne  soit  pas  charnue  comme  dans  les  arilles  ordinaires. 

J'ai  d'abord  observé  ce  tégument  accessoire  dans  les  Asphodelus  lutens  et 
ramosus.   Ici  les  ovules  collatéraux  et  sessiles  ont  leur  micropyle  dirigé 
inférieurement,  et  le  hile  latéral  est  très  rapproché  de  la  chalaze  ;  ces  ovules 
offrent  les  deux  téguments  habituels  parfaitement  distincts.  A  l'époque  de 
la  floraison,  ils  sont  en  outre  entourés,  à  la  base  et  au-dessus  de  leur  point 
d'attache,  par  une  enveloppe  courte  et  incomplète,  en  forme  de  capuchon, 
qui  nait  de  tout  le  pourtour  du  hile,  mais  surtout  du  côté  supérieur,  et  re- 
couvre d'abord  la  chalaze;  bientôt  elle  s'étend  en  couvrant  le  micropyle, 
et  ses  bords,  se  rapprochant  sur  la  face  externe  de  la  graine,  deviennent 
contigus  et  forment,  vers   la    partie  inférieure  de  la  face  externe,   une 
fente  et  comme  une  cicatrice  linéaire  assez  courte.  C'est  tout  à  fait  le  mode 
de  développement  des  arilles  ;  mais  cet  arille  n'est  pas  charnu,  il  est  sec, 
presque  crustacé,  noir,  et  ressemble  au  testa  de  beaucoup  de  graines  de  cette 
même  famille. 

Le  même  mode  de  développement  de  ce  tégument  accessoire  se  présente 
dans  V Ercmurm  aliaicus,  dont  chaque  loge  de  l'ovaire  renferme  quatre 
ovules. 

J'ai  observe  une  membrane  extérieure  semblable,  quant  à  son  origine, 
dans  divers  Alo'è ;  dans  ces  plantes   (Aloë  nigricans  et    A.  subtubercn- 
lata),  les  ovules,  très  nombreux  et  bisériés  dans  chaque  loge  de  l'ovaire, 
sont  dirigés  presque  horizontalement  et  sont  insérés  par  un  funicule  très 
court  et  latéral  à  l'angle  interne  des  loges  ;  ils  sont  donc  comme  couchés 
parallèlement  au  hile.  C'est  ce  funicule  qui  produit  un  rebord  en  forme  de 
coupe  ovale  qui  embrasse  la  moitié  de  l'ovule  correspondant  au  placenta, 
depuis  la  chalaze  jusqu'au  micropyle,  qui   n'est  pas  recouvert  par  lui  a 
l'époque  de  la  fécondation  et  jusqu'au  moment  où  l'on  voit  les  tubes  polli- 
niques  pénétrer  par  le  micropyle  jusqu'au    nucelle;  plus  tard  cette  sorte 
de  coupe  s'accroit,  ses  bords  s'avancent,  recouvrent  peu  a  peu  la  jeune 
graine,  et  se  rapprochent  sur  sa  face  externe,  comme  dans  les  Asphodèles. 
Les  Aloï  et    les  Kniphofta  sont  les  seuls  genres  de   ce    groupe  dans 
lesquels  Kunlh  indique  un  arille  sans  y  joindre  de  point  de  doute ,  mais 
le  nom  de  ce  tégument  de   la  graine  est  si  souvent   mal  appliqué,  qu'il 
m'a  paru   utile  de  décrire  son  développement  et  d'établir  ainsi  sa  nature 
réelle. 

M.  Payer  annonce  qu'il  a,  lui  aussi,  récemment  constaté,  sur  les 
Asphodèles,  les  faits  que  M.  Brongniart  vient  d'exposer. 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


PHYSIOLOGIE  VEGETALE. 

Ilelier  die  gestielten  Traiibeiikorper  im  Blatte  vielei* 
lirticeen  «nul  nebei*  ilnieii  iiali  verwantlte  lSildiingeii 
Iiei  einigen  Acantliaeeen.  (Sur  les  corps  en  grappe  pédicules  qui 

se  trouvent  dans  les  feuilles  de  beaucoup  d' Urticées,  et  sur  des  formations 
très  voisines  de  celles-ci  qui  se  trouvent  chez  quelques  Acanthacées),  par 
M.  Hermann  Schacht  (Abhandlungen  herausgeg.  v.  d.  Senekenbergis- 
chen  naturforsch.  Gesellschaft.  Ier  vol.,  lre  liv.  Francfort-sur-le-Mein, 
1854,  in-4°,  p.  133-153,  tab.  vu). 

Meyen  a  écrit  un  mémoire  remarquable  sur  les  singulières  masses  pédi- 
cnlées  qu'il  avait  observées  dans  la  feuille  du  Ficus  elastica ,  et  qu'il  re- 
gardait comme  étant  une  concrétion  gommeuse.  M.  Scbleiden  et  M.  Payen 
ont  repris  ces  observations  qu'ils  ont  étendues  à  un  assez  grand  nombre 
d'autres  plantes  du  groupe  des  Urticées  considéré  dans  son  acception  la 
plus  large.  On  se  rappelle  que  le  dernier  de  ces  savants  avait  vu  dans  ces 
corps  une  agglomération  de  cristaux  enfermés  dans  des  cellules.  A  son  tour, 
M.  Hermann  Scbacbt  vient  de  s'occuper  de  ce  sujet,  et  le  mémoire  dont  il 
est  question  ici  renferme  les  résultats  de  ses  recherches.  Il  serait  impossible 
de  donner  de  ce  travail  important  un  meilleur  résumé  que  celui  qu'en  pré- 
sente l'auteur  lui-même  dans  ses  conclusions,  que,  pour  ce  motif,  nous 
nous  contenterons  de  traduire  : 

1°  Les  corps  en  grappe  pédicules  que  l'on  connaît  chez  quelques  Urticées 
(Urtica,  Cannabis,  Humulus,  Ficus)  doivent  leur  naissance  a  un  épaissis- 
sement  particulier  de  la  paroi  de  la  cellule;  ainsi  que  le  pédicule  qui  les 
supporte,  ils  sont  formés  de  couches  de  cellulose  superposées.  Le  pédicule 
ne  contient  pas  de  traces  du  carbonate  de  chaux  qui  existe  en  grande  quan- 
tité dans  les  couches  du  corps  en  grappe  lui-même. 

2°  Ces  corps  ne  sont  pas  propres  aux  Urticées  ;  les  productions  en  forme 
de  bélemniteset  de  broches,  découvertes  par  M.  Gottsche  dans  l'intérieur  de 
certaines  cellules  particulières  des  Ruellia,  possèdent  absolument  la  même 
structure  et  la  même  composition  chimique.  Des  corps  du  même  genre  se 
trouvent  chez  beaucoup  d'Acanthacées  (Justicia,  Ruellia,  Barlcria,  Belo- 
perone),  ainsi  que  chez  une  Urticée  (Pilea  urticœfolia). 


REVUE   BIBLIOGRAPHIQUE.  131 

3°  On  ne  peut  considérer  ces  formations  comme  appartenant  uniquement 
à  i'épiderme;  elles  se  montrent  encore  fréquemment  clans  les  tissus  inté- 
rieurs, même  dans  la  moelle  [Justicia  sanguinea,  Pilea  urticœfolia). 

h°  La  configuration  et  la  grosseur  de  ces  corps  se  règlent  sur  celles  de 
la  cellule  dans  laquelle  ils  prennent  uaissance  ,  et  ils  croissent ,  à  ce  qu'il 
parait,  avec  cette  cellule. 

5"  La  présence  de  sels  particuliers  dans  une  cellule  se  rattache  à  des  mo- 
difications également  particulières  dans  la  vie  de  cette  cellule. 

(i°  La  formation  de  ces  corps  se  lie  ,  à  ce  qu'il  parait ,  à  la  présence  du 
carbonate  de  chaux  dans  la  cellule. 

IVlM'M'alie  BliktlieiieiitYiiekliiiig  cinigei*  ïlijisaceeii,  "Vale- 
rimieeii  iiik!  Compositen.  [Sur  l'organogénie  florale  de  quelques 
Dipsadées,  Valérianées  et  Composées) ,  par  le  docteur  Franz  Buchenau. 
[Abhandl.  herausgeg,  v.  d.  Senckenbergischen  naturforschenden  Gesells- 
chaft,  Ier  vol.,  lre  livr.,  1854,  in-4,  p.  106-132,  tab.  v  et  vi.) 

Dans  l'impossibilité  d'analyser  succinctement  ce  long  mémoire,  rempli 
nécessairement  de  détails  minutieux,  nous  indiquerons  le  résultat  principal 
auquel  l'auteur  a  été  conduit  par  ses  observations.  D'après  lui ,  l'aigrette 
des  Composées  et  ce  qu'on  a  nommé  le  calice  intérieur  dans  les  Dipsacées 
ne  doivent  pas  être  considérés  comme  des  organes  foliaires  indépendants  , 
mais  seulement  comme  des  formations  accessoires.  «  Si,  dit  M.  Buchenau, 
je  conteste  l'existence  d'un  calice  chez  la  plupart  des  Composées,  je  ne  veux 
pas  dire  par  là  que  cet  organe  ne  se  montre  chez  aucun  membre  de  cette 
vaste  famille.  Il  me  parait  plutôt  vraisemblable  qu'il  se  trouve  souvent  dans 
celles  de  ces  plantes  qu'on  a  décrites  comme  ayant  des  capitules  unillores  ; 
l'enveloppe  de  ces  capitules  (correspondant  au  calice  extérieur  des  Dipsa- 
cées) est  un  vrai  calice  ,  et  il  me  parait  nécessaire  de  soumettre  ces  plantes 
(particulièrement  le  Lagascea  et  ses  voisins)  à  un  examen  particulier  et 
approfondi.  » 

Uelier  die  F.Baimvipk.elant^;  n.  «les»  KassstHiKtteiiïiaiig  vosa  .18- 

jieffjilltfs  fftfisfctes  u.  Ettt'»Sin»n  (Sur  le  développement  et  la 

connexion  de  Z'Aspergillus  glaucus  et  de  riDurotium),  par  M.  Ant.  de 
Bary,  professeur  de  Botanique  à  Tubingue.  —  (Botanische  Zeitung  de 
Berlin,  12e  ann.  (1854),  cah.  des  23  et  30  juin  et  7  juillet,  planche  xr.) 

L'intérêt  principal  de  ce  mémoire  consiste  en  ce  qu'il  renferme  une  nou- 
velle preuve  de  la  polymorphie  singulière  des  Champignons.  L'espèce  d'Eu- 
rotium  dont  il  y  est  parlé  diffère  très  peu  de  Y E.  herbariorum  Lk.  ;  elle  a 
coutume  de  vivre  en  compagnie  de  VAspergillns  glaucus  Lk. ,  et  ses  innom- 
brables conceptacles  globuleux,  à  peine  visibles  a  l'œil  nu,  recouvrent  comme 


132  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

d'une  poussière  d'or,  les  corps  divers  aux  dépens  desquels  elle  se  nourrit. 
Là  où  l' Aspergillus  croit  avec  le  plus  de  vigueur,  YEurotium  n'est  encore 
que  médiocrement  fructifié;  mais  les  progrès  du  développement  de  celui-ci 
déterminent  en  apparence  un  affaiblissement  proportionné  dans  la  végéta- 
tion de  Y  Aspergillus.  Quelque  soin  qu'on  apporte  à  l'examen  comparatif 
des  éléments  du  mycélium  commun  à  l'une  et  a  l'autre  de  ces  productions, 
il  est  impossible  de  découvrir  des  différences  appréciables  entre  les  fila- 
ments qui  engendrent  directement  les  fruits  de  YEurotium,  et  ceux  dont 
certains  rameaux  dressés  portent  les  capitules  fertiles  de  ['Aspergillus.  D'ail- 
leurs les  lils  dont  se  compose  la  portion  rampante  de  ce  mycélium  ne  sont 
point  uniformes;  il  y  en  a  de  très  déliés  qui  mesurent  au  plus  1/600  de 
ligne  en  diamètre,  et  sont  privés  de  cloisons  intérieures;  d'autres  dont  le 
diamètre  est  deux  à  trois  fois  plus  considérable,  ont  leur  cavité  divisée  en 
une  multitude  de  logettes  ou  cellules  distinctes;  mais,  outre  ces  formes  si 
différentes,  on  en  observe  une  foule  d'intermédiaires  qui  les  unissent  les 
unes  aux  autres,  et  ne  permettent  pas  de  douter  un  instant  qu'elles  n'appar- 
tiennent toutes  à  un  seul  et  même  mycélium. 

Les  tiges  fructifères  de  Y  Aspergillus  sont  généralement  plus  volumineuses 
que  les  filaments  dont  elles  procèdent  ;  elles  sont  simples;  leur  cavité  est 
continue,  et  l'iode  joint  à  l'acide  sulfurique  ne  colore  point  en  bleu  leur 
membrane  hyaline.  Quand  leur  sommet  renflé  prend  la  forme  d'une  vési- 
cule globuleuse,  il  attire  à  lui  les  parties  les  plus  solides  de  la  matière  grenue 
qui  les  remplit,  et  c"est  aux  dépens  de  ces  matériaux  riches  en  protéine  que 
se  forment  très  rapidement  à  la  surface  du  capitule  les  processus  sporifères. 
Ceux-ci  sont  ellipsoïdes-allongés;  un  étranglement  qui  se  forme  au-dessous 
de  leur  sommet,  dessine  la  première  spore  ;  une  seconde  la  suit  bientôt, 
puis  une  troisième,  et  d'autres  encore,  engendrées  de  la  même  manière;  et 
les  jeunes  spores  restant  unies  par  des  isthmes  très  étroits,  constituent  des 
chapelets  dont  le  grain  extrême  ou  le  plus  éloigné  du  capitule  est  toujours 
le  plus  avancé  dans  son  développement.  Les  spores  mûres  sont  finement 
hérissées,  et  d'un  brun  pâle,  quand  elles  sont  vues  isolées  et  dans  l'eau  ; 
leur  multitude  communique  au  capitule  qui  les  porte  une  teinte  générale 
d'un  gris  bleuâtre  ou  verdâtre,  et  parfois  presque  noire.  A  ces  spores  nor- 
males, il  s'en  joint  quelquefois  d'autres  plus  petites,  dont  la  membrane  est 
lisse  et  presque  incolore,  et  qui  cependant  ne  sont  pas  moins  aptes  à  germer 
que  les  premières. 

Pendant  la  formation  de,  ces  corps  reproducteurs  acrogènes,  on  voit  des 
filaments  déliés  et  continus  du  mycélium  de  Y  Aspergillus  décrire  des  cir- 
convolutions irregulières,  ou  imiter  exactement  le  mouvement  spiral  d'une 
vrille  ou  d'un  tire-bouchon.  Ce  phénomène  se  produit  généralement  a 
l'extrémité  antérieure  des  iilaments,  bien  plus  rarement  en  un  point  quel- 
conque de  leur  longueur.  Il  n'est  arrive  qu'une  fois  à  M.  de  Bary  de  voir 


REVUE    BIBLIOGRAPHIQUE.  133 

deux  filaments  distincts  concourir  à  la  formation  d'un  même  corps  spiral. 
Ces  fils,  contournés  d'une  façon  si  remarquable,  sortent  d'ailleurs  des  mêmes 
brandies  que  les  rameaux  dressés  (sporopbores)  et  l'on  ne  saurait  un  seul 
instant  les  croire  étrangers  au  mycélium  de  VAspergillus.  Les  spires  nor- 
males rappellent  les  vrilles  de  beaucoup  de  Phanérogames,  celles,  par 
exemple,  de  la  Bryone  quand  elles  manquent  d'appui.  D'abord  assez  lâches, 
leurs  tours  se  rapprochent  peu  à  peu  et  finissent  par  s'appliquer  intimement 
les  uns  sur  les  autres.  Six  tours  de  spire,  plus  rarement  sept  ou  huit,  se 
rapprochent  ainsi  sans  laisser  entre  eux  d'intervalle,  et  forment  un  cylindre 
court  ou  un  tronc  de  cône,  dont  la  cavité  plus  ou  moins  spacieuse  n'a  bientôt 
plus  d'issue.  Ces  constructions  spirales  sont,  suivant  M.deBary,  la  première 
ébauche  d'autant  de  fruits  d' Eurotium  ;  mais  il  est  fort  difficile,  ajoute-l-il, 
de  se  rendre  un  compte  satisfaisant  de  toutes  les  modifications  qu'elles  ont 
à  subir  pour  atteindre  leur  but  final.  Aussitôt  achevées  néanmoins,  elles 
se  métamorphosent,  sans  perdre  leur  forme,  en  une  masse  cellulaire  d'un 
moindre  volume  et  dont  les  éléments  globuleux  rappellent  par  leur  dispo- 
sition symétrique  le  mouvement  du  filament  générateur  de  la  spire  :  s'il  eu 
est  ainsi,  cela  tient  évidemment  à  ce  que  ces  éléments  ou  cellules  résultent  de 
la  division  du  contenu  plastique  de  ce  filament.  En  même  temps,  selon  toute 
apparence,  l'espace  circonscrit  par  la  spire  originaire  se  remplit  de  la  sub- 
stance destinée  a  former  bientôt  les  sporanges  et  les  spores  ;  mais  l'opacité 
du  nouveau  peridium,  et  sou  volume  trop  exigu  pour  en  permettre  la  dis- 
section, empêchent  de  suivre  les  progrès  de  ces  développements.  Le  fruit 
parvenu  à  sa  maturité  est  assez  régulièrement  globuleux,  et  son  diamètre 
varie  entre  1/20  et  1/15  de  ligne.  Dans  chacun  des  innombrables  conceptacles 
qu'il  a  renfermés,  ont  mûri  huit  spores  globuleuses  à  peine  colorées,  el  dont 
le  nucleus  n'a  jamais  joué  le  rôle  de  cytoblaste  ;  ce  qu'on  peut  dire  égale- 
ment du  nucleus  des  spores  de  beaucoup  d'Algues.  Une  circonstance  assez 
singulière  à  signaler  chez  les  spores  endotheques  de  Y  Eurotium,  c'est  que 
leur  épispore  se  divise  fréquemment  en  deux  parts,  et  laisse  à  nu  l'endospore 
qui,  par  suite,  semble  flanqué  de  deux  écailles.  Lors  de  la  germination, 
cette  cellule  interne  se  gonfie  un  peu  et  s'allonge  en  un  filament  qui  se  ra- 
mifie bientôt  et  engendre  un  mycélium  tout  a  fait  pareil  à  celui  qu'on  a  vu 
naître  des  spores  de  VAspergillus. 

La  conclusion  principale  que  tire  naturellement  M.  de  Bary  de  l'expose 
de  tous  ces  faits,  c'est  que  VAspergillus  et  V Eurotium,  quoique  distingues 
génériquement  par  les  mycologues,  ne  sont  que  des  formes  fructifères  dif- 
férentes d'un  seul  et  même  Champignon.  Et  bien  que  des  spores  de  VAsper- 
gillus comme  de  celles  de  V Eurotium,  cet  observateur  eût  vu  sortir  un 
même 'mycélium,  parfaitement  identique  avec  celui  qui  porte  à  la  fois  les  deux 
sortes  d'organes  reproducteurs  ainsi  qualifiés,  il  a  dû  se  demander  si  les 
mêmes  spores  aerogènes  et  endotheques  avaient  une  égale  faculté  de  repro- 


13/|  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE   DE   FRANCE. 

(luire  l'intégrité  du  Champignon.  Ses  expériences  à  cet  égard  n'ont  pas  eu 
un  succès  complet  ;  il  a  obtenu  facilement  et  à  plusieurs  reprises  VAspergil- 
lus  ou  l'appareil  de  fructification  acrogène,  tant  des  spores  produites  par  cet 
appareil,  que  des  spores  endothèques,  engendrées  dans  les  conceptacles  dorés 
de  Y  Eurotium;  mais  il  n'a  pu  voir  naître  ces  derniers  d'aucun  de  ses  se- 
mis. Les  circonstances  qui  déterminent  la  formation  de  ces  fruits  ne  sau- 
raient être  précisées;  mais  tout  porte  à  croire  qu'ils  n'apparaissent  qu'après 
YAspergillus,  et  quand  cette  forme  de  fructification  s'est  produite  seule  à  la 
surface  du  mycélium  depuis  un  laps  de  temps  plus  ou  moins  considérable. 

En  terminant  son  intéressant  travail,  l'auteur  fait  remarquer  qu'il  est 
facile  de  découvrir  plus  d'une  analogie  entre  ses  observations  et  celles  dont 
les  Erysiphe  ont  été  récemment  l'objet;  mais  il  ajoute  qu'il  n'a  jamais  dé- 
couvert de  pycnides  chez  les  Eurotium,  de  sorte  que  si,  jusqu'en  ces  derniers 
temps,  les  spores  de  ces  Champignons  étaient  regardées  comme  nues  ou  pri- 
vées de  thèques,  cette  opinion  ne  reposait  vraisemblablement  que  sur  des 
observations  inexactes. 


ftuv  le  phénomène   aïe  la  tlivulsioii  citez  les  végétaux  , 

mémoire    présenté    à    l'Académie  des  sciences  le  10  juillet  1N5/i,  par 
M.  Germain,  de  Saint-Pierre. 

Dans  ce  travail,  l'auteur  s'est  proposé  de.  démontrer  que  la  fasciation  des 
tiges  et  le  dédoublement  des  feuilles  considérés,  jusqu'à  ce  jour,  comme 
deux  phénomènes  essentiellement  distincts,  constituent  deux  phases  ou  deux 
modes  d'un  même  phénomène  qu'il  désigne  sous  le  nom  dedivulsion.  Il  pense 
cire  parvenu  à  établir:  1°  que  l'axe  de  la  fleur  est  fréquemment  (comme  les 
autres  axes)  le  siège  du  phénomène  de  la  fasciation;  2°  que  les  organes  ap- 
pendiculaires  de  la  fleur  augmentent  en  nombre  en  raison  directe  de  l'inten- 
sité du  phénomène  de  la  fasciation  ;  3°  que  cette  multiplication  des  organes 
appendiculaires  de  la  fleur  s'opère,  ainsi  que  la  multiplication  des  feuilles 
caulinaires,  en  vertu  d'un  dédoublement  congénial,  analogue  à  celui  qui  dé- 
termine un  axe  à  se  diviser  ou  a  s'épanouir  en  plusieurs  rameaux.  Relati- 
vement au  mode  de  dédoublement  que  présentent  les  feuilles,  M.  Germain, 
de  Saint-Pierre,  signale  les  faits  suivants:  —  Si,  dit-il,  les  feuilles  étaient 
simplement  fendues  selon  la  nervure  médiane,  il  n'y  aurait  pas  multiplica- 
tion, il  y  aurait  simplement  division  ;  mais  les  feuilles  dédoublées  sont  com- 
plétées du  côté  dimidié  en  vertu  d'un  curieux  phénomène,  qu'il  n'a  trouvé 
signalé  nulle  part,  et  qu'il  désigne  sous  le  nom  de  phénomène  ou  loi  de  com- 
plémentation. Dans  les  feuilles  penninerviées,  la  complémentation  s'effectue 
par  la  production,  au  côté  dimidié,  d'une  moitié  de  feuille  semblable  à  la 
moitié  normale.  Dans  les  feuilles  palnainerviées ,  le  lobe  médian  seul  se 


REVUE    BIBLIOGRAPHIQUE.  135 

complète.  Enfin,  dans  les  feuilles  composées,  le  dédoublement  et  lacomplé- 
tation  ne  lui  ont  paru  intéresser  que  la  foliole  terminale. 

BOTANIQUE  DESCRIPTIVE. 

Flore  de  l'ouest  €le  la  France  [Charente-Inférieure,  Deux-Sèvres, 
Vendée,  Loire-Inférieure,  Morbihan,  Finistère,  Côtes-du-Nord,  Illc-ct- 
Vilaine),  par  M.  James  Lloyd.  Nantes,  1854,  1  vol.  in-12  de  7f>0  pag. 

M.  .T.  Lloyd,  auteur  de  la  Flore  de  la  Loire-Inférieure  (18M),  vient 
de  publier  une  Flore  de  l'Ouest  de  la  France  (plantes  phanérogames).  Cet 
ouvrage  est  exécuté  sur  le  même  plan  que  la  Flore  de  la  Loire-Inférieure, 
dont  il  constitue  une  seconde  édition,  considérablement  augmentée  par  l'ad- 
dition de  nombreuses  espèces  étrangères  à  la  Loire- Inférieure,  et  qui  ont 
été  observées  dans  les  départements  voisins. 

L'auteur  présente  sommairement  les  caractères  des  familles  et  des  genres, 
et  caractérise  les  espèces  par  une  diagnose  courte,  mais  suffisante  pour  les 
distinguer  entre  elles.  Il  s'est  proposé  de  présenter  le  catalogue  exact  et 
raisonne  des  plantes  de  l'une  des  régions  les  plus  riches  et  les  plus  intéres- 
santes de  la  France;  et  il  énumère  pour  toutes  les  plantes  non  triviales  les 
localités  de  chaque  département  où  les  espèces  ont  été  observées,  soit  par 
lui-même,  soit  (et  après  l'inspection  des  échantillons)  par  ses  nombreux 
correspondants. 

L'examen  le  plus  scrupuleux  et  une  longue  expérience  pratique  ont  pré- 
sidé à  la  détermination  des  espèces,  et  à  l'adoption  ou  au  rejet  des  espèces 
proposées  dans  ces  derniers  temps  comme  nouvelles.  L'ordre  adopté,  est 
celui  du  Synopsis  de  Kocb,  deuxième  édition.  Le  nombre  des  espèces  dé- 
crites s'élève  environ  à  1700. 

Sous  le  titre  d'Introduction,  M.  Lloyd  consacre  120  pages  à  d'intéres- 
santes remarques  sur  la  distribution  des  espèces  dans  les  diverses  parties 
des  départements  compris  dans  la  circonscription  de  sa  Flore.  Des  listes 
d'espèces  groupées  par  terrains  permettent  d'embrasser  d'un  coup  d'œil 
l'aspect  de  la  végétation  de  ces  riches  contrées,  et  donnent  aux  botanistes 
explorateurs  un  aperçu  exact  de  l'association  des  espèces,  ainsi  que  des 
récoltes  sur  lesquelles  ils  peuvent  compter. 

La  Flore  de  l'Ouest  de  la  France  comprend  la  majeure  partie  de  cette 
région  maritime  si  intéressante  par  la  présence  d'un  grand  nombre  de 
plantes  méridionales,  qui,  à  la  faveur  de  la  douce  température  qui  règne 
dans  le  voisinage  de  la  mer,  remontent  vers  le  nord  à  des  latitudes  sous  les- 
quelles la  végétation  des  mêmes  espèces  est  impossible  ailleurs.  Cette  région, 
signalée  depuis  longtemps  par  De  Candolle,  et  qui  s'étend  de  Bayonne  en 
Irlande,  rentre  dans  la  Flore  de  l'Ouest,  d'Angoulème  à  Brest. 


13(3  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCK. 

«  Il  est  intéressant,  dit  M.  Lloyd,  de  suivre  la  manière  dont  chacune  de 
ces  espèces  méridionales  est  distribuée,  et  comment  quelques-unes  remon- 
tent un  peu  loin  dans  le  nord,  a  la  faveur  de  la  température  modérée  qui 
règne  au  bord  de  la  mer  et  surtout  dans  les  iles.  On  remarquera  qu'en 
s'éloignant  de  la  Gironde,  peu  a  peu  quelqu'une  d'entre  elles  nous  aban- 
donne; et  si  le  nombre  d'espèces  de  plus  en  plus  restreint  ne  nous  faisait 
pas  apercevoir  le  changement  de  climat,  nous  le  sentirions  facilement  dans 
la  végétation  moins  robuste  chez  les  mêmes  espèces.  »  Voici  la  liste  de  ces 
plantes  méridionales  : 

Ranunculus  trilobus;  H.  rnuricatus.  Nigclla  damascena;  N.  gallica. 
Delpkinium  cardiopetalum.  Rœmeria  hybride,.  Hypecoum  pendulum.  Si- 
symbrium  austriacum;  S.  Columnœ.  Matthiola  incana.  Bunias  Erucago. 
Alyssumcampestre.  Cistus  salvifolius.  Polygalamonspeliaca.  Silène  T/torei; 
S.  brachypetala  ;  S.  portensis.  Arenaria  controversa.  Linum  strict  uni  ; 
L.  corymbulosum.  Mal  va  mamillosa;  M.  nicœensis.  Althœa  cannabina 
Acer  monspessulanum.  E radium  malacoides.  Tribulus  terrestris.  Ononis 
striata;  0.  reclinata.  Medicago  littoralis.  Trigonella  gladiata.  Melilotus 
snlcata;  M.  parviflora.  Trifolium  lappaceum  ;  T.  Bocconi.  Dorycnium 
suffruticosum.  Lupinus  reticulatus.  Astragalus  purpureus;  A.  hamosus; 
A.  baijonensis.  Coronilla  scorpioides.  Ornithopus  roseus.  Vicia  bithynica. 
Ervum  cassabicum.  Pisum  granulation.  Lathyrus  latifolius.  Rasa  semper- 
virens.  Sedum  Marichalii ;  S.  anopetalum.  Buplevrum  affine.  Bifora  testi- 
cu/ata.  Ammi  Visnaga.  Asperula  galioides.  Crucianella  angustifolia.  Vale- 
rianella  pumila.  Pallenis  spiuosa.  Inula  squarrosa.  Chrysanthemum 
graminifolium.  Senecio  Doronicum.  Centaurea  aspera.  Crupina  vulgaris. 
Xeranthemum  inaperturn.Scohjmus  /rispanicus.  Catananche  cœrulea.  Toi  pis 
wnbellata.  Scorzonera  hirsuta.  Lactuca  chondrillœflora.  Crépis  nicœensis; 
C.  suffreniana;  C.  bulbosa.  Andryala  integrifolia.  Campamda  Erinus. 
Arbutus  Unedo.  Phyllirea  média  ;  P.  angustifolia.  Cynanchum  acutum. 
Chlora  imperfoliata.  Erythrœa  spicala.  Convolvulus  lineatus  ;  C  Canta- 
brica.  Echium  pyramidale;  E.  grand  i/ïorum.  Lithospermum  apulum. 
(hiosma  echioides.  Verbascum  sinuatum.  L  inaria  commutata  ;  L.  sparlea; 
L.tlnj  mi  folio.  Trixagoapula.  Odontites  lutea.  Salvia  pallidiflora.  Stachys 
heraclea.  Sideritis  Injssopifolia;  S.  scordioides;  S.  romana.  Prune/ la  hys- 
sopifolia.  Lysimachia  Linum-stellatum.  Androsace  maxime  Cyclamen 
neapolitanum.  Rwnex  bucephalop/torus.  Polygonum  Bellardi.  Daphne 
Gnidium;  D.  Cneorum.  Osyris  alba.  Cytinus  Hypocistis.  Aristolochia  ro- 
tundu;  A.  longa.  Euphorbia  serrata.  Urtica  membranacea.  Quercus  Cerris; 
O.  Ili'x.  Triglochin  Barrelieri.  Serapias  Lingua;  S.  cordigera;S.  triloba. 
Iris  sparia.  Allium  roseum.  Cyperus  Monti.  Scirpus  Holoschœnus  ;  S.  Mi- 
chelianus.  Phalaris  paradoxa.  Echinaria  capital  a.  Kœleria  phleoïdes.  Aira 
média.  Airopsis  globosa.  Avena  sulcata;  A.  longifolia.   /Egilops  ouata; 


REVUE    BIBLIOGRAPHIQUE.  137 

AU.  triuncialis.  Lepturus  cylindricus.  Ophioglossum  lusitanicum.  Gram- 
mitis  leptophylla.  Adianthum  Capillus-veneris. 

Quelques-unes  de  ces  plantes  s'avancent  dans  l'intérieur  de  la  France  jus- 
qu'au niveau  de  Lyon,  mais  ne  vont  guère  plus  loin  vers  le  nord;  telles  sont 
les  Sideritis,  le  Cyperus  Monti,  et  plusieurs  autres.  D'autres  plantes  méri- 
dionales, que  nous  avons  omises  à  dessein,  pénètrent  beaucoup  plus  loin, 
telles  sont  :  Xeranthemum  inapertum  (qui  se  trouve  dans  l'Allier,  la  Nièvre, 
le  Cher,  etc. ),  Ylnula  montana  (dans  le  Cher,  l'Indre,  l'Yonne,  la  Côte- 
d'Or,  etc.),  Isatis  tinctoria,  Ononis  Columnœ,  Astragalus  monspessulanus, 
I  icia  servatifolia,  et  Tragus  racemosus,  qui  s'avancent  jusqu'aux  environs 
ou  même  au  delà  de  Paris. 

Le  Cistus  hirsutus,  plante  d'Espagne  et  de  Portugal  trouvée  aux  environs 
de  Landernau,  parait  à  M.  Lloyd  provenir  d'un  parc  voisin  où  elle  est 
cultivée;  cette  plante  serait  donc  à  rayer  de  la  Flore  de  Bretagne  et  par 
conséquent  de  celle  de  France.  La  naturalisation  de  cette  plante  méridio- 
nale est  néanmoins  un  fait  digne  d'intérêt. 

«  L'ouest  de  la  France,  dit  M.  Lloyd  ,  offre  deux  llores  distinctes  :  la 
flore  maritime  et  celle  de  l'intérieur. 

»  Le  sol  de  la  Charente-Inférieure  est  presque  entièrement  calcaire...; 
le  bocage  des  Deux-Sèvres,  celui  de  la  Vendée,  et  le  midi  de  la  Loire-Infé- 
rieure, sont  presque,  entièrement  formés  de  terrains  primitifs.  Au  nord  de 
la  Loire,  la  Bretagne  se  compose  de  deux  chaînes  de  terrains  primitifs,  l'une 
au  sud,  l'autre  au  nord... 

»  La  Flore  de  l'Ouest  de  la  France  se  trouve  limitée  par  la  Flore  de  la 
Vienne,  de  M.  Delastre;  celle  de  Maine-et-Loire,  par  MM.  Bastard,  Des- 
vaux et  Guepin  ;  la  Flore  de  la  Sarthe  et  de  la  Mayenne,  par  M.  Desportes; 
celle  de  la  Normandie,  par  M.  de  Brebisson.  » 


^numération  des  plantes  vascnlaires  des  environs  de 
flontbéliard,  par  Ch.  « ontejeaii  — Besauçou,  1854,  gr.  in-8", 
'lk  7  pages,  avec  une  carte  géographique  et  physostatique.  [Extrait  des 
mémoires  de  la  Société  d'émulation  du  Doubs  ,  années  1853  et  185/i.) 

L'auteur  s'est  propose  un  double  but:  faire  connaître  en  détail  la  végé- 
tation des  environs  de  Montbéliard  ;  montrer  le  rapport  qui  existe  entre  la 
constitution  mécanique  des  roches  sous-jacentes  et  la  dispersion  des  plantes 
dans  le  rayon  qu'il  embrasse. 

M.  Contejean  fait  précéder  son  travail  d'une  notice  historique  sur  les  bo- 
tanistes de  Montbéliard  ,  et  ceux  qui  ont  herborise  dans  ses  environs.  On 
remarque  parmi  eux  les  Bauhin  ,  Cherler ,  etc.  Pour  l'intelligence  des  faits 
de  dispersion  des  plantes  qu'il  signale,  il  fait  une  description  étendue  de  la 


138  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE   DE    FRANCE. 

contrée ,  sous  les  rapports ,  soit  géologique ,  soit  orographique  ,  et  il  y  joint 
des  observations  climatologiques. 

Il  distribue  ensuite  ies  plantes  de  sa  région  suivant  plusieurs  listes  cor- 
respondantes à  des  natures  et  à  des  compositions  de  terrains  différentes,  afin 
d'arriver  à  son  second  point ,  sur  lequel  il  convient  n'avoir  aucune  loi  ni 
conclusion  nouvelle  à  apporter;  mais  en  revanche,  M.  Contejean  présente 
un  ensemble  de  faits  nombreux  pour  appuyer  les  tbéories  de  M.  Thurmann, 
qu'il  déclare  accepter  complètement. 

L'énumération  proprement  dite  remplit  la  seconde  partie ,  et  ne  fait  guère 
que  reproduire  dans  un  autre  ordre  les  faits  signalés  dans  la  première. 

Elle  comprend  environ  1,200  espèces  indigènes,  dont  les  noms  sont  ac- 
compagnés de  remarques  critiques  sur  la  station,  les  roches  sous-jacentes, 
le  mode  de  dispersion  ,  etc.,  et ,  enfin ,  de  quelques  diagnoses  pour  des  es- 
pèces douteuses. 

Flore  seBiérale  de  fBeEgiciiie  ,  contenant  la  description  de  toutes 
les  plantes  qui  croissent  dans  ce  jiai/s  ,  par  E.  Mathieu  ,  membre  de  plu- 
sieurs Sociétés  savantes  ,  ouvrage  publié  sous  le  patronage  de  S.  M.  le  roi 
des  Belges  ;  Bruxelles,  185i  ,  2  volumes  in-8"  ;  tome I ,  Phanérogamie, 
G55  pages;  tome  IF,  Cryptogamie ,  561  pages. 

La  délimitation  géographique  de  cette  Flore  n'est  pas  exactement  celle 
que  les  traités  ont  donnée  à  la  Belgique.  L'auteur  y  a  compris  les  parties 
du  Luxembourg  et  du  Limbourg,  qui  en  ont  été  détachées,  ainsi  que  le 
Brabant  septentrional.  Ces  parties  du  territoire  sont ,  suivant  lui,  absolu- 
ment belges  par  leurs  productions  et  par  leur  aspect  géologique. 

M.  E.  Matbieu,  dans  une  courte  introduction,  exprime  une  opinion  peu 
favorable  sur  les  travaux  de  ses  devanciers.  «  Tout  ce  qui  a  été  publié 
«jusqu'à  ce  jour ,  dit-il  ,  sur  la  flore  de  la  Belgique  ,  laisse  tant  à  désirer. 
«qu'on  peut  le  regarder  comme  nul.  »  Néanmoins,  il  cite  avec  éloge  la 
Flore  des  environs  de  Spa  de  Lejeune,  les  travaux  de  M.  Tiuant,  sur  la 
flore  de  Luxembourg,  et,  à  l'occasion  des  Graminées,  un  ouvrage  récent 
de  M.  Demoor ,  d'Alost. 

.M.  Mathieu  ajoute  que  «  quarante  années  d'herborisation  dans  toutes 
»  les  provinces  belges ,  dont  il  a  exploré  avec  soin  les  parties  les  plus  recu- 
;>  lées,  l'ont  mis  en  position  de  vérifier  par  lui-même,  et  sur  place,  les  espèces 
»  annoncées  comme  existantes  dans  telle  ou  telle  localité  ,  d'en  rejeter  plu- 
»  sieurs  ,  et  au  contraire  d'en  admettre  quelques  autres,  non  comprises 
«  dans  les  catalogues  qui  ont  précédé  son  travail.  » 

«  Je  n'ai,  dit-il,  négligé  aucune  source  de  lumière,  j'ai  tout  vu  et  tout 
»  vérifié.  J'ai  pu  me  tromper  $  comme  tout  autre  ,  mais  je  l'ai  fait  île  bonne 
»  foi,  et  j'inviterai  mes  confrères  en  science  à  m'iudiquer  franchement  les 
»  erreurs  que  j'ai  involontairement  commises.  » 


REVUE    BIBLIOGRAPHIQUE.  139 

M.  Mathieu  termine  son  introduction  en  faisant  remarquer  que  la  Cryplo- 
gamie  de  la  Belgique  ,  si  riche  et  si  intéressante,  n'a  jamais  été  publiée  en 
corps  d'ouvrage. 

La  Phanérogamie  comprend  1,829  espèces,  rangées  par  familles  natu- 
relles, suivant  l'ordre  adopté  par  De  Candolle.  Toutes  les  diaguoses  sont 
en  français.  L'auteur  n'a  employé  le  Nobis  qu'avec  sobriété.  Il  n'a  ajouté 
son  nom  qu'à  quelques  variétés,  et  seulement  a  trois  espèces  nouvelles, 

* 

nommées  par  lui  :  Biscutella  verna,  Orobanc he  Ilicis  et  Poa  ambigua. 

Voici  la  liste  du  petit  nombre  d'espèces  phanérogames  et  de  quelques 
variétés  que  l'auteur  indique,  avec  plus  ou  moins  de  certitude,  comme 
appartenant  à  la  Belgique  ,  et  qui  ne  sont  pas  comprises  dans  les  Flores 
de  Fiance  : 

Thalictrum  nigricans,  Jacq.  Th.  minus,  var.  dunense,  Nob.  (Th.  dunense,  Dum.) 
Isopyrum  fumarioides,  L.  Epimedium  alpiuum,  L.  Biscutella  veina,  Nob.  (B.  varia, 
Dum.  B.  lœvigata,  Le/.).  Erysimum  altissimum,  Lej.  Viola  montana,  L.  Dianthus 
arrectus,  Dum.  Sagina  .snxalilis,  Lej.  Elaline  syphosperma,  Dum.  ;  E.  majuscula, 
Dum.  Spergula  maxima,  Weihe.  Slcliaria  média,  var.  pallida,  Dum.;  S.  crassifolia, 
Ehrh.  Oxalis  parvîflora,  Lej.  Spiraea  belgica,  Dum.  Geum  rubifolium,  Lej.  Fragaria 
coltina,  var.  flor.  luieis.  Uosa  canina,  var.  Malmumdariensis,  Lej.  Epilobiuin 
liirsiitum,  var.  sparsiflorum,  Nob.  (E.  spavsiflorum,  Dum.).  Epilobium  hirstitum, 
var.  umbrosum,  Nob.  (E.  umbrosum,  Dum.);  E.  montanum,  var.  milans,  Nob. 
(E.  nutans,  Lej.);  E.  decumbens,  Dum.  Ceratophyllum  demersum,  var.  tricuspi- 
datum,  Nob.  (G.  tricuspidaium,  Dum.);  G.  demersum,  var.  unicorne,  Nob.  Ly- 
tbrum  virgatum,  L.  Scdum  reflexum,  var.  fragile,  Dum.  S.  rupestre,  L.  Peuceda- 
ntim  montanum,  Koch.  Aster  lanceolatus,  Lej.  Solidago  minuta,  L.  Achillea  alpiua, 
L.  Car  du  us  polyanlhemos,  L.  Girsium  carminans,  Dum.;  C.  selosum,  Rckb.; 
G.  nemorale,  Ihhb.;  G.  dissectum,  Willd.  Barkhausia  gracilis,  Lej.  Hieracium 
prasinum,  Dum.  II.  rubricaule,  Dum. ;  Hyoscyamus  agrestis,  Schultes.  Digitalis  fer- 
ruginea,L.;D.  purpurascens,  var.  longiflora,  Lej.  (D.  Libertiana,  Dum. ).  Orobanelie 
Ilicis, Nob.  Veronica  paludosa,  Lej.;  V.  laxiflora,  Lej.  Kocbia  tripteris,  Dum.  Cheno- 
podium  mariliinum,  var.  arrectum,  Desmaz.;  Gh.  rubrum,  var.  bliloides,  Lej. 
Atriplex  microsperma,  var.  flavescens,  Dum.;  A.  oblongifolia,  11",  A.  Ilumex  Pa- 
tiemia,  L.  Zanichellia  denlala,  Willd.  Asparagus  prostratus,  Dum.  Gagea  belgica, 
Lej.  Blysmus  rufus,  Panz.  Agrostis  bryoides,  Dum.  Calamagrostis  subulata,  Dum. 
Ammophila  ballica,  Host.  Hierochloa  borealis,  Pries.  Poa  ambigua,  Nob.  Festuca 
glauca,  var.  arduenna,  Nob.  (E.  arduenna,  Dum.).  Bromus  nitidus,  Dum.;  B.  dif- 
fusus,  Dum.  Miebelaria  bromoidea,  Dum.  (Libertia  arduennensis,  Lej.),  Lolium 
decipiens,  l)um.;h.  Rieffelii,  Demoor.  Elymus  geniculatus,  Cuil. 


Nous  croyons  devoir  ajouter  ici  rémunération  de  quelques  espèces  fran- 
çaises, que  nous  avons  été  surpris  de  voir  attribuer  à  la  flore  de  la  Belgique, 
attendu  que,  par  leur  habitat  ordinaire,  elles  appartiennent,  soit  à  la  région 
alpine,  soit  a  la  région  tout  a  fait  méridionale.  Nous  devons  d'ailleurs  faire 


1  Zl 0  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

remarquer  que  ce  n'est  qu'avec  doute  que  M.  Mathieu  mentionne  un  cer- 
tain nombre  de  ces  plantes: 

Kanunculus  platauifolius,  Trollius  europaeus,  Helleborus  niger,  Aconitum  Lycoc- 
tonum,  A.  inlermedium,  Epimedium  alpinum,  Arabis  auriculata,  Lunaria  redivivn, 
L.  biennis,  Thlaspi  alpestre,  Subularia  aquatica,  Dianthus  glacialis,  Potentilla  ru- 
pestris,  Alchemilla  alpina,  Cotoneasler  vulgaris,  Circœa  alpina,  Sempervivum  mon- 
tanum,  Saxifraga  hypnoides,  Meuin  athamanticum,  Asperula  laevigata,  Valerianella 
vesicaria,  Valeriana  l'im,  Cineraria  mariiima,  Arnica  montana,  Gnaphalium  mar- 
garilaceum,  Ecliinops  spliaerocephalus,  Carlina  acaulis,  Gampanula  pusilla,  Gentiana 
acaulis,  Erythraea  linarifolia,  Linaria  simplex,  L.  genistsefolia,  Scrophularia  betoni- 
caefolia,  Nepeta  Nepetella,  Asterolinumstellatum.  Audrosacc  septentrionalis,  ttumex 
scutatas,  Eupliorbia  nicœensis,  E.  Pilhyusa,  E.  Paralias,  Orchis  globosa,  0.  varie- 
gala,  Gymnadenia  albida,  Lilium  bulbiferum,  L.  croceum,  Phalaris  aquatica, 
Pli.  paradoxa,  Pli.  alpina,  Phleum  alpinum,  Agrostis  pungens,  Stipa  Calamagrostis, 
Milium  scabrum,  Briza  maxima,  .Egilops  ovata,  .K.  trkincialis,  Gaudinia  fragilis. 

La  Cryptogamie  comprend  W2,S06  espèces. 

Inclicatio    filantariiiii    îtovaresnt   aut    nomlmii  recte  co- 
giiitai*«im,    qua*    in    pugillo    primo    «lescripsit   icoiii- 

Dmimiim-  illustravit  Graells  ;  Brochure  in-8°  de  30  pages;  Madrid, 
mai  18f)fr. 

Cette  brochure  contient  deux  parties  : 

Dans  la  première,  intitulée  Indicatio  plantarum  novarum,  l'auteur  décrit 
les  espèces  suivantes,  toutes  du  centre,  de  l'Espagne.  :  1.  Genista  Barnadesii, 
Graells  (Spartium  radiatum ,  L.,  Barnades  in  herbario  Cavanillesiano); 
2.  Centaurea  amblensis,  Graells;  3.  C.  Cavanillesiano, ,  Graells  Sp.  n"  3 
{C.  acaulis,  L.,  Cav.  in  herb.);  h.  C.  Lagascana,  Graells  Sp.  n°  3  (C.  acau- 
lis, L.,  Lag.  in  herb.  hor.  reg.  Matri.);5.  Microlonchus  ysernianm,  Gay 
etWebb;6.  Narcissus  (Corbularia)  Graellsii,  Webb  in  litt.  [N.  Bulboco- 
dium,  Botanic);  7.  N.  Corbularia)  nivalis,  Graells  (N.  Bulbocodiumi  Bo- 
tanic);  8.  N.  (Ganymedes)  pallidulus,  Graells. 

L'auteur  ajoute  ensuite  quelques  caractères  a  ceux  qui  ont  été  signales 
par  MM.  Boissier  et  Beuter  dans  la  description  qu'ils  ont  donnée  (Diag. 
plant,  nov.  Hisp.)  de  leur  Narcissus  apodanthus  et  de  leur  Crocus  Cor- 

petanus. 

La  seconde  partie  est  intitulée  Addenda  et  corrigenda  in  catalogo  Col- 
meiroano  Florulœ  Castellanœ.  C'est  une  liste  de  plantes  des  Deux  Castilles 
signalées  les  unes  pour  de  nouvelles  localités  ,  d'autres  parce  qu'elles 
n'avaient  pas  été  signalées  dans  le  catalogue  de  M.  Colmeiro  ,  d'autres  enfin 
parce  qu'elles  ont  été  décrites  comme  espèces  nouvelles  depuis  la  publica- 
tion du  même  catalogue,  soit  par  MM.  Boissier  et  Beuter,  en  commun  ou 
isolément,  soit  par  M.  Willkomm.  Les  plantes  de  cette  dernière  catégorie 


REVUE    BIBLIOGRAPHIQUE.  1/|1 

sont  au  nombre  de  :j6;  celles  de  la  seconde  s'élèvent  au  chiffre  de  b'i  Pha- 
nérogames et  de  20  Cryptogames. 

Examen  «le  las  JEncinas  y  «ïeanas  arlioles  de  la  Peuiu- 
stila  «iue  produceii  liellolas,  eoia  la  designaeioii  «le  los 
«lue  se  Hantait  JKestos  {Examen  des  Chênes verts  et  des  autres  arbres 

rie  la  Péninsule  qui  produisent  des  glands  doux,  avecladésignationde  ceux 
qu'on  nomme  Mestos),  pardon  Miguel  Colmeiro  et  don  Esteban  Boutelou. 
Brochure  in-8"  de  16  pages.  Séville,  1854. 

Le  principal  intérêt  de  ce  travail  consiste  dans  les  documents  qu'il  ren- 
ferme au  sujet  de  la  distribution  géographique  des  Chênes  espagnols,  et  dans 
l'indication  des  noms  vulgaires  par  lesquels  ces  arbres  sont  désignés  dans  les 
parties  diversesde  la  Péninsule.  La  partie  purement  botanique  y  est  peu  déve- 
loppée, chacune  des  espèces  admises  par  les  deux  auteurs  étant  uniquement 
caractérisée  par  une  simple  diagnose.  A  cesdiagnoses  est  jointe  l'indicationdes 
variétés  observées.  Une  question  sur  laquelle  MM.  Colmeiro  et  Boutelou  ont 
porté  spécialement  leur  attention  est  relative  a  la  détermination  botanique 
des  Chênes  désignés  vulgairement  par  les  Espagnols  sous  le  nom  de  Mestos. 
Ces  Chênes  out  ete  l'objet  de  beaucoup  d'écrits  et  d'articles  de  journaux,  à 
cause  surtout  de  l'idée  très  répandue  en  Espagne  que  leur  écorce  est  un 
spécifique  contre  la  rage.  Les  deux  auteurs  pensent  que  le  vrai  Mesto  est  le 
Quercùs  hispanica ,  Lamk;  d'après  eux,  ce  nom  est  encore  applique  a 
d'autres  espèces,  notamment  au  Quercus  Mesto,  Boiss.,  et  au  Q.  pseudo- 
coccifera,  Desf. 

Nous  donnerons  ici  l'indication  des  espèces  sur  lesquelles  porte  le,  travail 
de  MM.  Colmeiro  et  Boutelou  ,  en  y  joignant  le  relevé  de  leur  distribution 
géographique  dans  la  Péninsule,  et  des  noms  vulgaires  sous  lesquels  chacune 
d'elles  est  connue. 

I"  Chênes  à  feuilles  persistantes. 

1.  Quercus Suèer,  Linn.  Noms  vulgaires:  Alcornoque(CdLSli\\é)  ; Sobreiro, 
Sobro  (Portugal)  ;  Sobreira  (Galice)  ;  Alsina  surera,  Arbre  surer,  Surer,  Suro 
(Catalogne). 

Hab.  :  Toutes  les  provinces  de  l'Espagne  et  du  Portugal,  surtout  dans  la 
Catalogne  et  l'Estramadure  ;  on  le  trouve  indifféremment  dans  toutes  les 
natures  de  terres,  dans  les  sables  a  peu  près  stériles,  peu  éloignés  de  la  mer, 
comme  dans  les  sols  fertiles,  sur  les  montagnes  élevées,  presque  dénudées 
de  terre  végétale,  etc. 

2.  Quercus  hispanica,  Lamk  (Q.  pseudo-suber,  Desf.  ;  Q.  œgilopifoliu, 
Pers.  Nom  vulgaire  :  Mesto  (Estram.  et  Andal.) 

Hab.  :  Estramadure,  Sierra  Morena  et  de  Ronda,  parmi  les  Chênes  verts 
et  les  Chênes  lièges;  près  de  Gibraltar;  Navarre  (Willk.),  Algarbes  (Brot). 

T.    I.  10 


lll'I  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

Il  préfère  les  terres  qui  ont  du  fond;  on  ne  le  trouve  pas  en  bois  touffus. 

3.  Q.  avellanœformis,  Colin,  et  Bout.  Nom  vulgaire  :  Mesio  de  beilotas 
comoavellanas. 

Hab.  :  Lstramadure.  Les  deux  auteurs  pensent  qu'il  est  nécessaire  d'en 
examiner  un  plus  grand  nombre  d'individus  pour  reconnaître  la  valeur  des 
caractères  qu'ils  lui  assignent. 

h,  Q.  llex,  Linn.  Noms  vulgaires:  Encina  de  beilotas  amargas,  el,  lors- 
qu'il est  bas  et  ebétif,  Carrasca,  Chaparro  (Cast.);  Azinheira,  Azinho 
(Port.);  Alsina,  Alsinera,  Aulina  (Ca t.)  ;  Auzina  (Bal.);  Carrasca  vent 
(Va'.). 

Hab.  :  Toute  ou  presque  toute  la  Péninsule. 

5.  Q.  Bellota,  Colm.  et  Bout.  (Q.  Ballota,  Desf.  ;  Q.  Alzina,  Lapeyr.). 
Noms  vulgaires  :  Encina  de  beilotas  dulces  (Cast.)  ;  Alsina  glanera  (Cat.). 

Hab.  :  Provinces  centrales,  orientales  et  méridionales,  et  Portugal;  très 
abondant  en  Lstramadure.  Cette  espèce  se  plaît  dans  les  sols  granitiques  ou 
calcaires. 

6.  Q.  Mesto,  Boiss.  iNoms  vulgaires  :  Mesto  et  Coscoja. 

Mal).  :  Près  de  Almojia,  dans  le  Desierto  de  las  iNieves;  près  de  Lisbonne 
(Welwitsch).  Les  deux  auteurs  expriment  du  doute  sur  l'autbenticité  de 
cette  espèce,  qui  pourrait  n'être  qu'une  variété  du  Q.  coecifera,  Linn.,  à 
feuilles  moins  épineuses. 

7.  Q.  coecifera,  Linn.  iNoms  vulgaires:  Coscoja  ou  Coscojo,  Matarubia 
(Cast.);  Currusqueiro,  Carrasco  (Port.);  Cocollis,  Coscoll ,  Garrichs  (Cat.); 
Coscoll  roge,  Coscolla  (Val.). 

Hab.  :  Presque  toute  la  Péninsule,  excepté,  peut-être  les  provinces  du 
nord,  notamment  la  Galice.  Il  aime  les  solslégers  et  sablonneux  ou  calcaires, 
des  parties  montueuses. 

8.  Q.  pseudo -coecifera,  Desf.  Noms  vulgaires  :  Mesto  (à  Higuera  la  Beal)  ; 
Coscoja  (Gren.  et  Val.). 

2°  Chênes  à  feuilles  tombantes. 

9.  Q.lutmilis,  Lamk.  (Q.  fruticosa,  Brot.  ;  Q.  prasina,  Bosc).  Nom  vul- 
gaire :  Carvallio  anaon  (Port.). 

Hab.  :  Terres  sableuses  des  Castilles,  de  l'Andalousie  et  du  Portugal. 

10.  Q.  lusitanica,  Lamk.  Noms  vulgaires:  Quejign  (Cast.);  Carvalho 
cerquinho  de  Bcira  (Port.);  Roure(Va.\.). 

Hab.:  Presque  toute  la  Péniusule,  surtout  dans  les  terres  fertiles  ou  hu- 
mides, aux  bords  des  ruisseaux  ;  moins  commun  dans  le  centre  et  au  nord  : 
on  ne  l'a  pas  trouvé  en  Galice. 

Les  deux  auteurs  présument  qu'il  faudrait  y  rattacher,  comme  variétés, 
les  Q.  ovalifolia,  Boiss.,  Q.  asperata,  Pers.,  Q.  Mirbcckii,  Durieu. 

11.  Q.  alpestris,  Boiss. 

Hab.  :  Entre  Estepoua  et  Iguaiejà,  dans  la  Sierra  de  la  Nievc  (Boiss.). 


REVCE    BIBLIOGRAPHIQUE.  l/lo 

1*2.  Q.  Robur,  Willd.  Noms  vulgaires  :  Roble  (Cast.)  ;  Carvalko  roble 

(Port.). 

Hab.  :  Surtout  les  Pyrénées  et  quelques-unes  des  provinces  du  nord  et 
du  Portugal. 

lo.  Q.  pedunculata ,  Willd.  Noms  vulgaires:  Roble  (Cast.);  Carvalko 
comun  (Port.)  ;  Carballo  (Gai.)  ;  Roure  (Cat.  . 

Hab.  :  Abondant  en  Galice  et  dans  toutes  les  provinces  septentrionales 
de  la  Péninsule  ;  moins  fréquent  dans  les  montagnes  des  Castilles  ou  du  reste 
de  l'Espagne. 

16.  Q.  fastigiata,  Lamk.  Nom  vulgaire  :  Itoblc  acipresado  ou  pyra~ 
i aidai. 

Hab.  :  Pyrénées  et  peut-être  Galice. 

15.  Q.  pubescens,  Willd.  Nom  vulgaire  :  Roble  (Cast.). 

Hab.  :  Surtout  les  Castilles  et  le  nord  de  l'Espagne,  dans  les  endroits 
montueux,  formant  quelquefois  des  forêts  à  lui  seul. 

16.  Q.  Tozza,  Bosc.  [Q.  .  Egilops,  Asso,  vulgo Marojo  ;  Q.  pubescens,  Brot.  ; 
(>.  pyrenaïca,  Willd.  ;  Q.  Tauzin,  PersA  Noms  vulgaires:  Melojo  (Sierra 
deSegura);  Carvalko  par  do  (la  Reira  (Port.);  Cerquino,  Cerqueiro  (Gai.)  ; 
Roble  (Estra.,  Greu.,  Sierra  Morena). 

Hab.  :  Lieux  montueux  et  sablonneux  de  toute  la  Péninsule;  se  tenant 
sur  les  hauteurs  et  sur  les  pentes  septentrionales  ,  dans  les  provinces 
du  sud. 

17.  Q.  Cerris,  Linn.  (O.  jEgilops,  AH.,  non  Linn.,  FI.  Esp.  et  Pal.  . 
Nom  vulgaire  :  Rebollo  (Cast.  et  Arag.). 

Hab.  :  Au  Pardo,  près  de  Madrid,  à  Moncayo,  Sierra  de  Villaroya  et 
autres  de  l'Espagne,  sans  être  commun. 

Icônes  |»Iantai*um  Imliœ  orientalie,  or  figures  <>f  Indian  plants, 

par  B.  Wigbt,  vol.  VI. 

Le  sixième  volume  de  l'ouvrage  monumental  du  docteur  Bobert  Wigbt 
sur  la  tlore  de  l'Inde,  imprimé  à  Madras  en  1853,  n'est  parvenu  en  France 
(lue  depuis  quelques  mois.  Il  comprend  181  planches  litbograpbiées,  depuis 
le  n°  19*21  jusqu'au  n"  2101,  plus  une  planche  (1776  bis)  pour  deux  espèces 
de  la  famille  des  Amarantacéest  décrites  dans  le  volume  précédent. 

Les  planches  représentent  au  trait  257  espèces  dont  un  grand  nombre 
n'avaient  pas  encore  été  iigurées.  L'auteur  donne  pour  chaque  plante  une 
diagnose  ou  une  description  abrégée  avec  l'indication  de  la  localité  et  quel- 
quefois des  observations  critiques. 

Le  volume  commence  par  la  famille  des  Pipéracées,  qui  comprend  25  es- 
pèces réparties  en  6  genres ,  selou  le  système  de  M.  Miquel  ;  ce  sont  toutes 
plantes  déjà  décrites. 


j/l/j  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

Les  Cblorauthacées  qui  suivent  sont  représentées  par  le  Chloranthiis 
indiens,  N\  igbt,  nov.  sp. ,  et  par  le  genre  Sarcandra  que  M.  Gardner  avait 
institue  dans  le  journal  de  Calcutta  ,  mais  qui  est  a  peu  près  inconnu  des 
botanistes  européens.  L'espèce  figurée  tab.  1946  est  le  S .  chloranthoides  , 
(ianln.,  recueilli  d'abord  à  Ceylan  et  ensuite  en  plusieurs  lieux  de  l'Inde 
continentale. 

Après  les  diagnoses  du  Ccdlitriche  Wightiana,  \\  ail.,  et  de  trois  Ceralo- 
phyllum  déjà  connus,  viennent  lô  plantes  de  la  famille  des  /uiphorbiacces, 
v  compris  k  espèces  de  Macaranga  déjà  mentionnées  au  cinquième  volume. 
H.  R.  Wight  décrit  h  espèces  nouvelles  du  genre  Sauropus ,  3  de  l'île  de 
Ceylan,  les  S.  retroversa,  Garneriana,  zeylanica  et  le  .S.  indices.  Il  donne 
une  notice  sur  VEuphorbia  Cattimandoo,  nov.  sp. ,  caulescente,  épineuse  et 
ebarnue,  et  publie  un  nouveau  genre  sous  le  nom  de  Chorisandra  (C.  />m- 
nata,  tab.  199^). 

On  remarque  parmi  les  Artocarpées  V Anticois  saccedora  décrit  par 
M.  Dalzell  dans  le  journal  de  Jvew,  le  Conucephalus niveus,  Wight,  nov.  sp., 
le  Cudrania  Javanensis,  Trécul,  ligure  pour  la  première  fois,  tab.  19(50. 

Les  Ulmacées,  représentées  au  nombre  de  5,  sont  des  espèces  déjà  dé- 
crites par  M.  Planchon. 

Les  Urticacées  sont  traitées  avec  quelques  développements.  L'auteur  suit 
la  division  de  la  famille  présentée  par  M.  Gaudichaud  dans  le  1  oyage  de 
VUranie.  Il  y  ajoute  ,  sous  le  nom  de  Chamabainia ,  un  genre  nouveau 
institué  sur  une  plante  des  .Nilgherries  [C '.  cuspidata ,  t.  1981).  Presque 
toutes  les  Urticées  ligurées  sont  des  espèces  nouvelles. 

Les  Morées  qui  suivent  sont  aussi,  pour  la  plupart,  de  nouvelles 
plantes:  Covellia  guttata,  Dorstenia  indien,  Epicarpurm  zeylanicm , 
Thev.,  etc. 

M.  Wight  institue  près  des  Antidesma,  un  nouveau  genre  qu'il  nomme 
Astylis  {A.  venusta,  tab.  1992), et  qui  a  été  recueilli  dans  les  montagnes  des 
Nilgherries. 

La  suite  de  l'ouvrage  est  consacrée  à  des  familles  monocotylédones.  On 
y  trouve  un  Dioscorm,  le  Roxburghia  gloriusoides,  Dryand.,  5  Smilacées, 
un  senre  nouveau  d'Orchidées  Goviendovia  (G.  nervosa,  \\  igbt,  t.  2090)  , 
20  espèces  deZingiberacées,  entreautres  (tab.  2030),  le Monolophm scaposus , 
Dalzell,  12  Curculigo  elllypuxis,  la  plupart  nouveaux.  On  peut  y  remar- 
quer encore  3  espèces  de  Lilium  qui  doivent  être  des  plantes  superbes,  à 
fleurs  campanulées  :  L.  neilghemmse,  sp.  n.,  L.  tubiflorum  ,  sp.  n.,  et 
L.  Wallichianus ,  Rœm.  La  famille,  des  Commélynacées  compte  3N  es- 
pèces, et  les  nouveaux  genres,   Heterocarpus ,   Dichospermum .,  Dictïo- 

spermum. 

Le  volume  est  termine  par  une  monographie  du  genre  Pouzulzia,  créé 
par  Gaudichaud  sur  le  Parietaria  indien,  Lin.,  et  deux  autres  plantes. 


REVUE    BIBLIOGRAPHIQUE.  \!\î) 

M.  Wight  en  énumère  .">.">  espèces,  toutes  des  contrées  asiatiques  ,  depuis 
l'île  de  Bourbon  jusqu'à  la  Chine  et  à  l'archipel  des  Moluques. 


«*tjnoi»««M    plaiitaiMiisa    gliBiBiaveaiuuii ,  auetore  E.-G.   Steudel, 
Fascicul.  l-V.  ln-/i,  p.  1-40O.  —  Stuttgard,  1854. 

L'auteur  entre  en  matière  dès  la  première  page  ,  la  préface  et  le  titre 
étant  réservés  pour  la  dernière  livraison.  Un  avis  de  l'éditeur,  inséré  sur  la 
couverture,  apprend  que  M.  le  docteur  Steudel  a  travaillé  pendant  plus  de 
dix  années  au  recensement  dont  la  publication  vient  de  commencer,  et 
qu'il  a  pu  ajouter  au  résultat  de  ses  propres  recherches  les  espèces  nou- 
velles décrites  dans  un  mémoire  inédit  de  Nées  d'Esenbeck. 

L'ouvrage  sera  divisé  en  onze  livraisons  comprenant  80  feuilles.  Les 
cinq  fascicules  mis  en  vente  contiennent  déjà  50  feuilles,  toutes  consacrées 
à  la  famille  des  Graminées. 

M.  Steudel  conserve  les  grandes  sections  ou  tribus  adoptées  dans  la  clas- 
sification, a  peu  près  telles  qu'on  les  trouve  exposées  dans  V  Agrostoyraphia 
de  Kunth,  et  dans  le  Gênera  plantarum  d'Kndlicher.  La  série  des  genres  est 
aussi  la  même  dans  son  ensemble,  sauf  quelques  transpositions. 

La  cinquième  livraison  s'arrête  dans  le  genre  Antisthiria,  de  la  dernière 
tribu  des  Graminées. 

Four  les  13  autres  sections ,  le  nombre  des  genres  est  porté  à  271.  C'est 
7U  de  plus  que  clans  Y Enumeratîo  plantarum,  et  cependant  M.  Steudel 
réunit  de  nouveau  des  coupes  génériques  distinguées  par  Kunth  ;  son  genre 
Panicum,  par  exemple,  comprend  les  Urochloa,  Setaria,  Ichnanthus, 
Isachne  et  Oplismenus. 

Quant  au  nombre  des  espèces,  il  s'élève,  pour  les  cinq  livraisons,  a 
5,293.  V Enumeratîo  plantarum  n'en  contient  pour  toute  la  famille  que 
3,024.  Voilà  donc,  dans  l'espace  de  vingt  années,  un  accroissement  de 
2,209  espèces  ,  c'est-à-dire  de  plus  de  sept  dixièmes.  Sans  doute  le  Sy- 
nopsis recèle  des  doubles  emplois  et  des  spécifications  douteuses  ;  de  tels 
inconvénients  sont  désormais  inévitables  dans  les  recensements  généraux. 
Mais  ces  erreurs  probables  doivent  être  compensées,  quant  au  nombre,  par 
les  plantes  omises  dont  M.  Steudel  n'a  pu  avoir  connaissance.  Ainsi  le  Sy- 
nopsis ne  fait  aucune  mention  des  Graminées  du  Chili  ,  rapportées  par 
M.  Claude  Gay  et  décrites  tout  récemment  par  le  regrettable  M.  Desvaux 
(Emile)  ;  on  n'y  trouve  point  les  espèces  comprises  dans  les  deux  dernières 
collections  envoyées  de  Swan  River  par  J)rummond,  ni  les  plantes  en  assez 
grand  nombre  reconnues  nouvelles  par  M.  Desvaux  ,  dans  les  herbiers  que 
Boivin  avait  formés  à  Madagascar,  Mayotte,  etc. 

Si  l'on  concluait  d'une  seule  famille  au  règne  végétal  entier,  il  se  trou- 


146  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

verait  que,  clans  une  période  Irentenaire,  le  nombre  des  plantes  reconnues 
aura  probablement  doublé. 

Les  espèces  du  genre  Paspalum,  portées  par  Kuuth  au  nombre  de  179, 
sont  portées  par  M.  Steudel  à  263. 

Les  Panicum,  avec  les  genres  réunis  qui  figurent  dansKunth  pour  551 
espèces,  s'élèvent  ici  à  852.  Les  Pennisetum  montent  de  26  à  88  ;  les 
Stipa,  de  60  a  105  ;  les  Aristida ,  de  80  à  1^3  ;  les  Agrostis ,  de  90  à  171. 
M.  Steudel  énumère  89  Calamagrostis  au  lieu  de  14.  Il  enregistre  192  Poa 
et  245  Eragrostis,  tandis  que  les  deux  genres  réunis  ne  figurent  dans  Kuntb 
que  pour  279  espèces.  L'Andropogon  ,  auquel  M.  Steudel  rattache  de  nou- 
veau VIschœmum  et  l' Eitonurus ,  s'élève  au  chiffre  énorme  de  459  ,  étant 
ainsi  plus  que  doublé.  H  en  est  de  même  dans  la  plupart  des  autres  grands 
genres. 

Sur  la  famille  des  Tropéolées,  considérée  dan»  son 
organographie ,  son  anatomie,  son  organogénie ,  sa 
tératologie,   ses  propriétés  médicales,   s»   géographie 

botanique  et  ses  affinités,  Mémoire  présenté  à  l'Académie  des 
sciences,  le  10  juillet  1854,  par  M.  Ad.  Cbatin. 

L'auteur  pense  que  les  faits  d'orgauographie  (la  symétrie  florale  surtout), 
d'anatomie,  d'organogénie ,  de  tératologie  et  de  géographie  botanique  qu'il 
signale  dans  ce  mémoire  éloignent  les  Tropéolées  des  Limnantbées  et  les 
rapprochent  plus  de  l'alliance  des  Malpighinées  que  de  celle  des  Géranioïdées. 
«  Si,  »  dit-il ,  «  étant  admises  les  affinités  des  Tropéolées  avec  les  familles 
de  l'alliance  des  Malpighinées,  j'avais  à  signaler  leurs  rapports  divers  avec 
ces  familles,  je  placerais  sur  un  premier  cercle  les  Acériuées  et  les  Ery- 
throxylées;  les  Malpigbiacées ,  les  Sapindacées  et  les  Hippocastanées  for- 
meraient un  cercle  plus  intérieur  dans  lequel  se  trouveraient  les  Tropéolées, 
plus  rapprochées  toutefois  des  Malpigbiacées,  par  la  structure  du  péricarpe, 
l'ovule  unique,  la  chalaze  placée  sur  le  côté  des  cotylédons,  la  présence  et 
la  nature  des  stipules,  les  tiges  et  racines  à  structure  anomale  ;  des  Sapin- 
dacées, par  leurs  fruits  quelquefois  à  une  seule  loge,  quoique  tricarpellaires, 
par  leurs  espèces  herbacées  et  par  quelques  faits  d'organogénie  et  de  téra- 
tologie; des  Malpigbiacées  et  des  Sapindacées,  à  la  fois  par  la  structure 
"énérale  du  fruit  et  de  l'embryon;  des  Hippocastanées, par  la  soudure  et  la 
nature  amylacée  des  gros  cotylédons;  des  Sapindacées  et  des  Hippocasta- 
nées réunies,  par  l'androcée  et  la  largeur  du  bile.  » 


REVUE    BIBLIOGRAPHIQUE.  147 

Note  sur  la  synonymie  îles  Ulva  Fs«cf*€ca  et  ttilisshêia,  L. , 

suivie  de  quelques  remarques  sur  la  tribu  des  Ulvacées,  par  M.  Gustave 
Thuret.  (Mémoires  de  la  Société  des  sciences  naturelles  de  Cherbourg, 
2e  vol.,  1"  livr.,  1854,  p.  17-32.) 

Ainsi  que  le  titre  l'indique,  cette  note  se  compose  de  deux  parties.  Dans 
la  première,  l'auteur  démontre  que  MM.  C.  Agardh  et  Greville  ont  eu  tort 
de  changer  le  nom  d' Ulva Lactuca,  par  lequel  Linné  et  tous  ceux  qui  l'ont 
suivi  désignaient  la  plus  commune  de  nos  (Jlves,  et  d'attribuer  cette  déno- 
mination à  une  espèce  qui  parait  avoir  été  tout  à  fait  inconnue  de  leurs 
prédécesseurs.  A  cette  occasion,  M.  Thuret  fait  observer  que  la  plante  dé- 
crite par  MM.  C.  Agardh  et  Greville  doit  être  placée  dans  le  genre  Entera- 
morpha  à  cause  de  sa  fronde  en  forme  de  sac.  Il  l'appelle  E.  Grevillai;  il 
a  vu  les  zoospores  de  cette  plante  se  mouvoir  encore  au  bout  de  six  jours, 
ce  qui  est  la  plus  longue  durée  de  mouvement  qu'il  lui  ait  été  donné  d'ob- 
server chez  les  zoospores  des  Algues. 

Dans  la  deuxième  partie  de  son  travail,  l'auteur  donne  les  caractères  de 
la  tribu  des  Ulvacées,  qui  comprend  seulement  les  genres  /  Iva,  Entero- 
morpha,  et  un  genre  nouveau,  Monostroma,  dans  lequel  se  réunissent  les 
rives  formées  d'une  seule  couche  de  cellules.  Les  espèces  qui  rentrent  dans 
ce  genre  sont  Y  Ulva  bullosa,  Roth.;  l' Ulva  oxycocca ,  Kutz.,  et  une  espèce 
nouvelle  que  l'auteur  fait  connaître  sous  le  nom  de  Monostroma  laceratum. 

Note  sur  le  geatee  8i»irulinn ,  Turpin  ,  par  MM.  Crouan  frères. 
[Mémoires  de  la  Société  des  sciences  naturelles  de  Cherbourg,  2"  vol., 
1"  livr.,  1854,  p.  38-40.) 

Dans  celte  note,  les  auteurs  donnent  la  diagnosc  de  trois  espèces  nou- 
velles de  Spirulina.  Toutes  trois  sont  marines  :  ce  sont  les  Spirulina 
pseudo-tenuissima,  S.  oceanica  et  .S'.  Thuretii.  Les  deux  premières  ont  été 
publiées  en  nature  dans  les  Algues  marines  du  Finistère,  par  MM.  Crouan, 
sous  les  numéros  323  et  324. 

BOTANIQUE  GÉOGRAPHIQUE. 

Himalayau  jounials,  or  notes  of  a  iiaturalist  in  Beng-al, 
tlie  Sikkii»  anil  Népal  lliiiaalayas,  llie  Kliasia  momi- 
taiiis,  etc.  (Journal  d'un  voyage  dans  V Himalaya,  ou  notes  prises  par 
un  naturaliste  dans  le  Bengale,  l'Himalaya  de  Sikkim  et  du  Népaul, 
dans  les  montagnes  de  Khasia ,  etc.),  par  le  docteur  Joseph  Dalton 
Hooker.  Londres,  1852,  2  vol.  grand  in-8°. 

Dans  son  voyage  avec  sir  James  Ross,  le  docteur   Hooker   n'avait  pu 


148  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

qu'effleurer  l'étude  de  l'histoire  naturelle  des  tropiques:  aussi  le  désir  qu'il 
avait  de  parcourir  quelques-unes  de  ces  terres  promises  du  naturaliste  le 
decida-t-il  à  entreprendre  le  grand  voyage  dont  il  a,  cette  année,  publié  le 
récit. 

Le  docteur  Hooker  partit  d'Angleterre  en  novembre  1847  avec  le  marquis 
de  Dalhousie,  gouverneur  général  de  l'Inde.  Arrivé  à  Calcutta  le  12  jan- 
vier 1848,  il  ne  lit  qu'une  rapide  excursion  dans  l'ouest  du  Bengale.  Il 
s'empressa  ensuite  de  diriger  ses  pas  vers  l'Himalaya  de  Sikkim,  dont  le 
nom  même  était  alors  presque  inconnu  en  Europe.  Il  séjourna  deux  ans 
dans  ce  district  sauvage;  il  réussit  même  à  gagner  le  Thibet  et  à  s'élever 
sur  les  montagnes  jusqu'à  une  hauteur  de  20,000  pieds  (1).  Il  alla  ensuite 
étudier  la  riche  végétation  des  monts Khasia,  dansleSilhet,  et  il  s'emharqua 
enfin  pour  l'Europe  au  mois  de  février  1851. 

L'ouvrage  dans  lequel  M.  Hooker  vient  d'exposer  les  détails  deson  voyage 
renferme  tout  ce  qui  peut  intéresser  le  physicien,  le  géographe  et  le  natura- 
liste; il  est  illustré  par  82  figures  et  2  cartes.  Ne  pouvant  l'analyser  dans 
toutes  ses  parties,  nous  suivrons  le  savant  voyageur  dans  quelques-unes  de 
ses  herborisations  qui  donneront  une  idée  de  la  végétation  des  pays  qu'il  a 
explorés. 

Le  18  mars  48/j7,  le  docteur  Hooker  quitta  Benares  pour  descendre  le 
Gange.  Sur  les  rives  sablonneuses  de  ce  fleuve,  il  récolta  plusieurs  plantes 
européennes,  un  Rumex,  un  NastwHium,  le  Ranunculus  sceîeratus,  la  Fu- 
meterre,  le  Juncus  bufonius,  la  Verveine  commune,  le  Gnaphalium  luteo- 
album  et  le    Veronica  Anagallis.   Sur  les  berges  croissaient  le  Tamarix, 
r Acacia  arabica  (abondant  dans  toute  cette  région)  et  quelques  autres  ar- 
bustes. Le  Blé,  le  Haricot  en  arbre  (Cajanus),  le  Pois  chiche,  le  Carthame, 
la  Vesce  et  le  Riz  étaient  les  principaux  produits  des  cultures  de  cette  partie 
du  pays.  Les  arbustes  y  étaient  en  petit  nombre,  à  l'exception  de  VAdka- 
toda  et  du   Calotropis.  Les  arbres  aussi  y  étaient  rares  et  rabougris  ;  les 
Figuiers,  l'Arbre  à  pain  et  quelques  Légumineuses  étaient   ceux  qui  s'y 
montraient  le  plus  communément.  Il  ne  s'y  trouvait  que  deux  espèces  de 
Palmiers,  le  Palmier  a  éventail   [Borassus  flabelliformis)  et   le  Dattier,  ce 
dernier  caractérisant  les  lieux  arides. 

Plus  bas  et  en  se  rapprochant  de  Patna,  la  scène  changea;  le  voyageur 
avait  laissé  derrière  lui  le  désert  du  nord-ouest  de  l'Inde  et  ses  brises  dessé- 
chantes pour  gagner  des  régions  plus  humides.  Des  bosquets  de  Palmiers, 
des  bouquets  de  Bambous,  des  Orangers,  Y  Acacia  Sissoo,  le  Melia,  le  Guof- 
teria  longifolia,  le  Spondias  mangifera,  VOdina  etplusieurs  espèces  d'Eu- 
phorbes se  montraient  fréquemment  sur  les  bords  du  chemin.  Les  plantes 

(1)  Le  pied  anglais  vaut  0"'.:>or>  :  d'où  1.000  pieds  font  305'",  et  ;>0.000  pieds 
font  G,loûm. 


REVUE    BIBLIOGRAPHIQUE.  1/|9 

cultivées,  parmi  lesquelles  se  faisaient  remarquer  le  Papayer,  le  Manioc,  le 
Cocotier  et  toutes  les  variétés  de  Citronnier  et  d'Oranger,  témoignaient  de 
leur  côté  du  changement  qui  avait  eu  lieu  dans  le  climat. 

Quittant  enfin  le  Gange,  le  docteur  Hooker  se  dirigea  directement  vers 
l'Himalaya,  dont  il  ne  commença,  par  suite  des  brouillards,  à  apercevoir  la 
chaîne  extérieure  que  lorsqu'il  fut  arrivé  à  8  ou  10  kilomètres  de  son  pied. 
Là  commence  un  district,  dont  tous  les  traits  botaniques,  géologiques  ou  zoo- 
logiques sont  différents  de  ceux  de  la  région  que  l'on  vient  de  laisser  en  ar- 
rière. A  une  élévation  de  15,000  pieds  environ,  la  végétation  est  admirable  ; 
les  arbres  y  sont  gigantesques,  et  leurs  troncs,  entrelacés  de  grandes  lianes, 
telles  que  des  Bauhinia  ou  des  ftobinia,  sont  revêtus  d'Orchidées  épiphy  tes, 
de  l'othos,  de  Poivriers,  de  Gnetum,  de  Vignes,  de  Convolvulus  et  de  Bi- 
gnonia. 

Parmi  les  autres  habitants  de  la  forêt,  le  docteur  Hooker  cite  le  Bananier 
sauvage,  un  Pandanus  dont  la  tige  grêle  se  termine  par  une  touffe  de  feuilles 
de  2  à  3  mètres  de  longueur,  diverses  Araliacées,  des  Kuphorbiacées  dont 
les  feuilles  ont  plusieurs  pieds  de  diamètre,  enfin  des  Bambous  géants  et 
vingt  ou  trente  espèces  de  Fougères,  dont  une  arborescente.  Telle  est  la 
végétation  des  forêts  tropicales  de  la  chaîne  extérieure  de  l'Himalaya. 

A  4,800  pieds,  la  Flore  change  complètement  et  rappelle  vivement  celle 
de  l'Europe  centrale.  On  était  alors  au  printemps  ;  un  Chêne  et  un  Bouleau 
commençaient  a  fleurir,  ainsi  qu'une  Violette,  un  Chrysosplenium,  un  Stel- 
laria,  le  Fraisier  sauvage,  un  Érable,  un  Géranium  et  une  Uonce.  Des 
Mousses  et  des  Lichens  tapissaient  le  bord  des  chemins.  Mais  ces  plantes,  il 
faut  le  dire,  étaient  accompagnées  d'un  grand  nombre  de  genres  tropicaux 
qui  montraient  que  l'on  était  encore  bien  au-dessous  de  la  zone  tempérée. 
A.  partir  de  ce  point,  le  chemin  montait  a  travers  une  forêt  magnifique  de 
Châtaigniers,  de  Noyers,  de  Chênes  et  de  Lauriers.  On  pourrait  difficile- 
ment concevoir,  dit  le  docteur  Hooker,  quelque  chose  de  plus  grandiose 
que  la  masse  de  végétation  présentée  par  ces  arbres  élevés,  dont  les  troncs 
disparaissaient  quelquefois  sous  les  fleurs  des  épiphytes  qui  y  avaient  pris 
naissance.  Quelques-uns  des  plus  âgés  n'étaient  plus,  pour  ainsi  dire,  que 
des  faisceaux  de  liaues  entrelacées:  c'étaient  des  Araliacées,  des  Légumi- 
neuses, des  Vignes,  des  Ménispermees,  des  Hydrangea  et  des  Poivriers  dont 
les  rameaux  circonscrivaient  un  creux  occupé  jadis  par  l'arbre  auquel  leur 
étreinte  avait  donne  une  mort  précoce.  Du  sommet  et.  de  tous  les  côtés  de 
ces  piliers  végétants  pendaient  des  branches  flexibles  tantôt  feuillées,  d'au- 
tres fois  nues,  jetées  comme  des  câbles  d'un  arbre  a  un  autre  et  balançant  à  la 
brise  de  grands  bouquets  de  Fougères  ou  d'Orchidées  perches  sur  leurs  anses 
élevées.  Des  Mousses  pendantes  et  des  Lichens  se  rencontraient  aussi  eu 
profusion  dans  cette  forêt,  que  nourrissait  une  humidité  perpétuelle. 

Le  docteur  Hooker  passa  la  saison  pluvieuse  de  1848  dans  l'établissement 


150  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE   DE   FRANCE. 

sanitaire  de  Dorjiling,  dernière  possession  anglaise  dans  le  Sikkim,  à  une 
élévation  d'environ  7,100  pieds  et  en  vue  des  pics  les  plus  élevés  de  l'Hi- 
malaya. Douze  d'entre  eux  s'élevaient  à  plus  de  20,000  pieds,  et  l'un  d'eux, 
le  Kinchinjunga,  atteignait  28,178  pieds  d'altitude;  le  mont  Chumulari, 
autre  géant  (23,928  pieds)  des  Andes  du  Thibet,  était  visible  d'une  éleva- 
lion  voisine  (le  Sinchul),  pendant  l'ascension  de  laquelle  notre  auteur  fit 
connaissance  avec  quelques-uns  des  admirables  Rhododendrons  dont  il  a 
réussi  à  enrichir  nos  jardins.  «  Dans  les  mois  d'avril  cl  de  mai,  dit-il,  quand 
les  Magnolias  et  les  Rhododendrons  sont  en  fleur,  la  végétation  fastueuse  du 
Sinchul  ne  le  cède  en  rien,  sous  certains  rapports,  à  celle  des  tropiques; 
la  beauté  de  l'effet  est  cependant  bien  diminuée  par  la  tristesse  constante  de 
la  saison.  Le  Magnolia  a  fleurs  blanches  (M.  excelsa,  \\  ail.)  est  un  des  ar- 
bres qui  prédominent  à  une  élévation  de  7,000  à  8,000  pieds,  et  en  1848 
il  a  Henri  si  abondamment,  qu'il  semblait  que  sur  les  larges  lianes  du  Sin- 
chul et  d'autres  montagnes  de  la  même  élévation,  on  eût  répandu  de  la 
neige.  L'espèce  à  Heurs  purpurines  {M.  Campbellii)  ne  se  montre  guère  au- 
dessous  de  8,000  pieds;  c'est  un  grand,  mais  bien  vilain  arbre,  à  écoree 
noire  et  à  rameaux  peu  nombreux,  dépourvus  de  feuilles  en  hiver  et  durant 
la  floraison,  mais  émettant  alors  de  leur  extrémité  de  grandes  fleurs  campa- 
nulées  d'un  rose  purpurin,  dont  les  pétales  charnus  couvrent  tout  le  sol 
d'alentour. 

»  Sur  ses  branches  et  sur  celles  des  Chênes  et  des  Lauriers  croit  épiphyti- 
quement  le  Rhododendron  Dalhousiœ,  grêle  arbrisseau  qui  porte  à  l'extrémité 
de  ses  rameaux  trois  à  six  cloches  blanches  à  odeur  de  citron,  d'une  dou- 
zaine de  centimètres  de  largeur.  Le  Rhododendron  à  Heurs  écarlates  est 
1res  rare  dans  ces  bois,  mais  celui-ci  est  bien  surpassé  par  le  fi.  argenteum, 
qui  devient  un  arbre  de  M  pieds,  avec  des  feuilles  magnifiques  de  3  à  h  dé- 
cimètres de  longueur,  d'un  vert  foncé  au-dessus  et  argentées  au-dessous,  et 
des  fleurs  aussi  grandes  que  celles  du  II.  Dalhousiœ.  Rien  n'est  plus  beau 
qu'un  rameau  fleuri  de  II.  argentewn  avec  son  large  feuillage  et  ses  masses 
de  corolles.  Des  Chênes,  des  Lauriers,  des  Érables,  des  Rouleaux,  des  Hy- 
drangea,  une  espèce  de  Figuier  (qui  occupe  le  sommet  même  de  la  mon- 
tagne), et  trois  genres  chinois  et  japonais,  constituent  les  traits  principaux 
de  la  végétation  forestière  de  cette  partie  du  Sinchul. 

'Au-dessous  de  cette  région,  c'est-à-dire  au-dessous  de  Dorjiling,  les 
zones  de  végétation  sont  bien  caractérisées  entre  6,000  et  7,000  pieds  par  : 
1°  Le  Chêne,  le  Châtaignier  et  les  Magnolias,  qui  caractérisent  également  la 
végétation  entre  7,000  et  10,000  pieds;  2"  immédiatement  au-dessous  de 
6,500  pieds  apparaît  une  Fougère  en  arbre  (Alsop/rilagigantea,  Wall.),  es- 
pèce largement  répandue,  commune  a  toute  la  partie  de  l'Himalaya  qui 
s'étend  du  Népaul  vers  l'est,  et  se  retrouvant  dans  la  péninsule  malaise,  a 
Java  et  a  Ceylan;  3°  une  espèce  de  Palmier  du  genre  Calamus  et  un  Plec- 


REVUE    BIBLIOGRAPHIQUE.  151 

tocomia,  Ce  dernier  s'élance  jusqu'aux  cimes  des  plus  hauts  arbres  et  s'étend 
à  travers  la  forêt  jusqu'à  une  distance  de  près  de  kù  mètres  de  sa  souche. 
Jl  se  rencontre  jusqu'à  6,500  pieds,  limite  supérieure  des  Palmiers  dans  le 
Sikkim  Himalaya;  mais  il  est  le  seul  qui  atteigne  à  cette  hauteur.  4°  Enfin, 
un  dernier  trait  caractéristique  est  présenté  par  un  Bananier  sauvage  qui 
s'élève  presque  à  la  même  hauteur  que  la  plante  précédente.  A  des  niveaux 
inférieurs,  cette  espèce  est  remplacée  par  une  autre  un  peu  plus  grande; 
toutes  les  deux  produisent  de  petits  fruits  âpres,  pleins  de  graines  et  nulle- 
ment comestibles.  L'espèce  à  fruits  gros  et  sans  graines,  mais  peu  savou- 
reux, que  l'on  cultive  communément  dans  le  Sikkim  ,  n'est  pas  indigène.  » 
Le  docteur  Hooker  n'obtint  qu'avec  beaucoup  de  peine  des  autorités  in- 
digènes du  Sikkim  la  permission  de  pousser  au  delà  de  Dorjiiing,  et  en  par- 
ticulier de  visiter  les  hautes  passes  de  l'Himalaya  au  Thibet.  Cependant, 
après  bien  des  délais,  cette  permission  lui  fut  enfin  accordée,  et  il  s'équipa 
aussitôt  pour  une  expédition  de  trois  mois  qui  devait  le  porter  aussi  près  que 
possible  de  la  masse  principale  de  Kinchinjunga,  Suivons-le  dans  son  as- 
cension. 

A  8,000  pieds,  il  rencontre  les  premières  Conifères  et  tout  d'abord  VAbies 
brunoniana,  belle  espèce,  affectant  la  forme  d'une  pyramide  obtuse,  avec 
des  branches  étalées  comme  celles  du  Cèdre.  Elle  est  inconnue  dans  la 
chaîne  extérieure,  et  occupe,  sur  l'intérieure,  une  zone  moins  élevée  de 
1,000  pieds  que  celle  du  Sapin  argenté  (A,  Webbiana).  On  rencontre  vers 
ce  niveau  un  assez  grand  nombre  de  plantes  subalpines  des  genres  Leyces- 
teria,  Thalictrum,  Rosa,  Gnaphalium,  Alnus,  Betula,  Ile.r,  Herbert*, 
Hubus,  etc.,  des  Fougères,  des  Anémones,  des  Fraisiers,  le  Bambou  alpin 
et  des  Chênes. 

Plus  haut,  notre  voyageur  vit  des  Genévriers  se  mêler  aux  Sapins  ar- 
gentés, et  ces  arbres  furent  bientôt  remplacés  par  des  Rhododendrons  tou- 
jours verts,  répandus  sur  les  pentes  en  immense  profusion  et  entremêlés  çà 
et  là  de  buissons  de  Rosiers,  de  Spirœa,  de  Genévriers  nains  et  de  petits 
Bouleaux,  de  Saules,  de  Chèvrefeuilles,  d'Epine-vinettes  et  d'une  espèce 
de  Sorbier. 

A  12,000  pieds,  la  végétation  était  presque  uniquement  constituée  par 
une  multitude  d'espèces  de  Rhododendrons  qui  formaient,  sur  les  pentes 
escarpées,  une  zone  continue  de  1,000  pieds  de  largeur.  Un  petit  Andromède 
éricoïde  s'y  faisait  aussi  remarquer,  et,  sur  les  bords  du  chemin,  le  bota- 
niste put  cueillir  deux  plantes  émigrées  de  sa  patrie  lointaine,  le  Poa  annua 
et  la  Bourse  du  pasteur. 

A  13,000  pieds,  le  sol  se  trouva  partout  dur  et  gelé,  et  à  18,000,  laneige 
jonchait  tout  le  flanc  de  la  montagne  et  s'élevait  a  près  d'un  mètre  de 
chaque  côté  du  sentier.  Le  voyageur  atteignit  enfin  le  sommet  de  la  passe, 
situé  a  16,7f)0  pieds  au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  cl  trouva  encore  à  y 


152  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

récolter  plusieurs  espèces  de  Composées,  des  Graminées  el  un  Arenaria, 
L'espèce  la  plus  curieuse  était  le  Saussurea  gossypina,  qui  forme  de  grandes 
massues  revêtues  d'une  laine  blanche  et  liés  douce,  au  toucher,  hautes  de 
o  décimètres  environ.  L'espèce  de  couverture  donnée  par  la  nature  a  cette 
plante  est  à  peu  près  exceptionnelle  dans  l'Himalaya  ;  les  genres  alpins  qui 
y  sont  le  plus  répandus,  tels  que  Arénaires,  Primevères,  Saxifrages,  Fume- 
terres,  Renoncules,  Gentianes,  Graminées  et  Cypéracées,  ayant  un  feuillage 
parfaitement  nu. 

L'année  suivante,  1SA9,  le  docteur  Hooker  entreprit  un  second  voyage  à 
travers  le  cœur  du  Sikkim ,  et  atteignit  des  hauteurs  plus  considérables 
encore  que  celles  auxquelles  il  s'était  élevé  précédemment.  Dans  l'une  de  ses 
excursions  vers  la  frontière  du  Thibet,  sur  une  des  crêtes  de  l'Himalaya 
appelée  Kongra  Lama,  il  recueillit,  au-dessus  de  H, 000  pieds,  200  espèces 
de  plantes,  parmi  lesquelles  se.  trouvaient  10  Crucifères,  20  Composées, 
10  Renonculacées,  0  Alsinées,  10  Astragalées,  S  Potentillées,  12  Graminées, 
15  Pédiculaireset  7  Borraginées. 

Sur  le  sommet  des  hauteurs  qui  surplombent  la  haute  vallée  de  Lachen  , 
et  à  une  altitude  de  17,000  pieds,  notre  voyageur  nous  montre  des  trou- 
peaux de  moutons  broutant  les  touffes  d'uni'  petite  Cypéracée  voisine  de 
notre  Carex  pulicaris,  entremêlées  d'autres  touffes  formées  par  le  Festuca 
ovina.  Sur  ces  sommités  arides,  se  voyaient  encore  plusieurs  plantes  arcti- 
ques naines,  eu  société  du  Rhododendron  nivale,  la  plus  alpine  des 
plantes  ligueuses.  Les  pentes  stériles  donnaient  naissance  à  une  plante 
curieuse  ,  voisine  du  Cherleria  de  nos  hautes  montagnes  ,  V Arenaria  rupi- 
fraga,  Fenzl. ,  qui  forme  sur  le  sol  des  masses  hémisphériques  de  2  ou 
3  décimètres  de  diamètre  ,  et  ressemblant  beaucoup,  pour  le  port,  au 
Bolax  glebaria  des  îles  Falklaud. 

Fnlin  ,  le  9  septembre  1  îS /i 9  ,  notre  botaniste  arriva  a  l'apogée  de  la 
flore  de  l'Himalaya,  en  atteignant  sur  le  mont  Donkia  une  élévation  de 
19,300  pieds.  La  passe  elle-même  est  à  environ  18,500  pieds  ,  et  se  trouve 
située  au-dessous  de  la  limite  inférieure  des  neiges  perpétuelles  que  le 
docteur  Hooker  y  fixe  a  environ  19,000  pieds.  V Arenaria  rupifraga  est  la 
seule  phanérogame  que  l'on  rencontre  encore  a  cette  hauteur  :  le  Festuca 
ovina,  un  Saussurea  (1)  et  une  petite  fougère  (Woodsia),  s'approchent 
cependant  d'assez  près  du  sommet,  ou  l'on  voit  plusieurs  Lichens,  tels  que 
le  Cladoniavermicularis ,  le  Lecidea geographica  (une  des  plantes  les  plus 
universellement  répandues) ,  et  le  /.,  miniatu ,  au  thalle  orange,  ainsi  (pie 
quelques  Mousses  stériles. 

(1)  Un  Saussurea  laineux  à  fleurs  roses,  ci  le  Delphinium  glaciale,  sont  deux  des 
plantes  qui  s'élèvent  le  plus  haut  dans  l'Himalaya,  leur  habitat  étant  entre  17,500 
et  18,000  pieds. 


REVUE    BIBLIOGRAPHIQUE.  153 

\  son  retour;.  Dorjiling,  vers  la  fin  de  l'année  $49,  le  docteur  Hooker 
fat  joint  par  le  docteur  Thompson  .  qui  revenait  de  son  côte  d'une  expé- 
dition dans  le  nord-ouest  de  l'Himalaya  et  le  Thibet.  Ils  passèrent  l'année 
1850  à  voyager  et  à  récolter  ,  et  regagnèrent  ensemble  l'Europe  en  1851. 

Le  docteur  Thompson  ayant  obtenu  du  gouvernement  de  l'Inde  laper- 
mission  de  distribuer  ses  collections  botaniques,  qui  .  pour  l'étendue  et  la 
valeur,  égalent  celles  du  docteur  Hooker,  les  deux  voyageurs  se  sont  dé- 
cides à  les  réunir.  La  collection  ainsi  formée  ,  constitue  un  herbier  de 
6,000  à  7,000  espèces  indiennes,  et  comprend  en  outre  nu  nombre  immense 
d'échantillons  doubles,  que  ces  botanistes  s'occupent  ,  en  ce  moment  ,  a 
nommer,  et  qu'ils  se  proposent  de  distribuer  entre  soixante  des  princi- 
paux herbiers  publies  et  particuliers  de  l'Europe  ,  de  l'Inde  et  des  Etats- 
Unis. 

BOTANIQUE  APPLIQUÉE. 

Traité  des  plantes  médicinales  indigènes ,  précédé  d  un 
Cours  de  botanique,  par  Vutonin  Bossu,  docteur  en  médecine.  Ouvrage 
accompagné  d'un  atlas  de  60  planches  gravées  sur  acier,  représentant 
les  organes  des  végétaux,  les  caractères  de  chaque  famille,  et  270  plantes. 
Paris,  1854,  in-8°. 

L'auteur  annonce  qu'il  n'a  pas  eu  la  prétention  de  publier  un  livre  dans 
lequel  la  science  présentera  quelques  points  de  vue  nouveaux  ;  il  s'applique 
«  a  exposer,  succinctement  les  principes  élémentaires,  les  fondements  théo- 
riques et  les  déductions  pratiques  des  traités  ex  professo,  trop  étendus  pour 
être  lus.  trop  savants  pour  être  compris,  trop  chers  pour  être  achetés  par  le 
commun  des  hommes.  » 

La  première  partie,  de  cet  ouvrage  comprend  les  éléments  de  botanique 
que  l'auteur  a  empruntes  a  plusieurs  sources,  et  particulièrement  au  pro- 
fesseur Achille  Richard.  L'histoire  de  chaque  famille  est  suivie  d'un  examen 
général  très  rapide  des  usages  des  plantes  qui  y  sont  comprises.  La  seconde 
partie,  plus  étendue,  renferme  l'histoire  particulière  des  plantes  médicinales, 
divisées  en  sept  groupes  correspondant  aux  sept  classes  fondamentales  de 
médicaments.  Sous  le  titre  de  Préparation*  et  dovs,  sont  notés  les  divers 
modes  d'administration  des  médicaments  et  les  cas  les  plus  favorables  a 
leur  emploi. 

La  réunion  de  toutes  ces  matières  forme  un  volume  de  840  pages,  non 
compris  l'atlas  du  même  format,  dont  les  planches  laissent  un  peu  a  désirer 
quant  a  leur  exécution  artistique 


Ihll  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

Sur  Bes  propriétés  tinctoriales  «les  l/icliens. 

INI.  Laucler  Lindsay  a  présente  à  la  Société  botanique  d'Edimbourg,  dans 
sa  séance  du  13  avril  dernier,  le  tableau  des  résultats  de  cinq  à  six  cents 
expériences  qu'il  a  faites,  il  y  a  deux  ou  trois  ans,  sur  les  propriétés  tinc- 
toriales des  Lichens. 

Sa  communication  a  pour  but  d'appeler  l'attention  sur  ce  fait,  que  l'Ecosse 
possède  des  Licbens  capables  de  fournir  des  teintures  presque,  sinon  tout  à 
fait  égales  en  beauté  à  celles  qu'on  retire  des  Roccellu  tinctoria  et  fuci- 
formis  et  du  Lecanora  tartarca.  {Armais  and  Magazine  ofnatural  histonj, 
juin  185k,  p.  :>03.) 

Ueber  Kultur  «1er  Orolmiiclien  {Sur  la  culture  des  Orobanches), 
par  JNJ.  G.  Tittelbacb,  attaché  au  Jardin  botanique  de  Schœneberg. 
Brocb.  in-8°  de  5  pages,  récente,  mais  sans  date. 

Les  Orobanches  sont  généralement  vivaces;  cependaut,  quelques-unes 
sont  annuelles ,  et  ce  sont  celles  qui  vivent  sur  des  plantes  annuelles  et 
bisannuelles.  Pour  celles-ci ,  il  est  évident  qu'on  ne  peut  songer  qu'à  la 
multiplication  par  graines  ;  mais  les  expériences  de  M.  Tittelbacb  prouvent 
que  ce  mode  de  propagation  est  aussi  le  seul  qui  soit  possible  pour  les  pre- 
mières. Naturellement  les  graines  qu'on  sème  doivent  être  parfaitement  or- 
ganisées et  mûres,  et  les  insuccès  auxquels  on  est  arrivé  dans  beaucoup  de 
tentatives  de  semis  de  ces  plantes  tiennent  à  ce  qu'on  en  avait  pris  les 
graines  sur  des  échantillons  d'herbier  cueillis  trop  tôt  après  la  floraison. 

On  sème  les  graines  des  Orobanches  annuelles  au  printemps,  en  même 
temps  que  celles  de  l'espèce  qui  doit  les  nourrir,  ou  peu  après  celles-ci  ,  à 
la  même  profondeur  ,  c'est-à-dire  à  environ  1  pouce  en  terre  :  par  exemple, 
ïOrobanche  ramosa  avec  les  graines  du  chanvre,  VO.  pruinosa  avec  les 
fèves,  etc.  Pour  les  espèces  vivaces  ,  on  réussit  surtout  en  en  semant  des 
graines  dès  leur  maturité,  vers  la  fin  de  l'été  ou  en  automne,  sur  des  pieds 
très  vigoureux  ,  des  plantes  nourricières  dont  on  met  à  nu  quelques  raci- 
nes. On  a  reconnu  que  les  très  petites  graines  des  Orobanches  ne  se  déve- 
loppent que  sur  de  très  jeunes  racines,  lu)  semant  a  la  lin  d'août  ou  sep- 
tembre, les  jeunes  plantes  germent  avant  l'hiver  ,  et  ne  produisent  leur  tige 
florifère  que  l'année  suivante.  Si  le  semis  est  fait  sur  une  plante  en  pot,  il 
est  bon  de  répandre  les  graines  vers  la  circonférence,  là  où  se  trouve  la  plus 
grande  quantité  de  racines;  ou  ad'ailleurs  ainsi  l'avantage  de  pouvoir  suivre 
l'évolution  des  jeunes  plantes,  en  retirant  pour  un  moment  la  motte  de  son  pot 
pour  l'examiner.  Pour  éviter  que  la  plante  mère  ne  soit  affamée,  dès  que 
les  jeunes  Orobanches  sortent  de  terre,  on  transplante  le  tout  dans  un  pot 
plus  grand.  Généralement  les  graines  de  ces  parasites  germent  en  peu  de 


REVUE    BIBLIOGRAPHIQUE.  155 

temps;  mais  la  souche  des  jeunes  plantes  est  très  lente  a  croître,  reste 
longtemps  avant  de  se  développer  complètement.  Ainsi  l' Orobanche  Hederœ 
végète  sous  terre  pendant  un  an  et  demi  avant  d'émettre  sa  tige  florifère. 

La  germination  parait  se  faire  de  telle  sorte  que  l'embryon  s'allonge  jus- 
qu'à ce  qu'il  rencontre  une  racine  très  jeune  à  laquelle  il  s'attache.  Alors 
l'extrémité  correspondante  a  la  tige  forme  un  épaississement  tubéroïde  , 
revêtu  d'écaillés,  dans  lequel  s'amasse  l'aliment  pour  la  tige  florifère. 
Pendant  ce  temps ,  des  portions  de  la  souche  qui  entourent  le  point  d'at- 
tache de  l'Orohanche  naissent  dans  tous  les  sens  des  racines  courtes  et 
épaisses,  qui  s'étendent  dans  le  sol,  et  pour  lesquelles  on  ne  sait  si  elles 
absorbent  les  matières  alimentaires  dans  le  sol ,  ou  si  ce  sont  de  simples 
crampons.  Si  la  tige  florifère  se  développe  la  première  année,  le  parasite 
meurt  après  la  floraison  ,  sa  portion  tubéroïde  ,  souterraine  ,  n'ayant  pas  le 
temps  de  se  remplir  de  nouvelles  matières  nutritives  :  cela  se  passe  non- 
seulement  chez  les  espèces  annuelles,  mais  encore  chez  les  vivaces,  ainsi 
que  l'auteur  l'a  vu  plusieurs  fois  chez  Y  Orobanche  tninor. 

M.  Titteibach  a  vu  de  vieux  pieds  de  Lathrœa  squamaria ,  qu'il  avait  mis 
en  pot,  pour  être  certain  qu'ils  n'étaient  plus  nourris  par  les  racines  de  la 
plante  mère,  continuer  a  végéter,  fleurir  au  printemps  suivant,  et  déve- 
lopper des  graines.  I!  a  vu  aussi  le  Lathrœa  clandesttna  végéter  et  fleurir 
parfaitement  dans  un  état  d'isolement  complet.  Cependant  il  n'a  pu  faire 
germer  les  graines  de  la  première  de  ces  espèces  ni  eu  les  jetant  sur  des 
racines  de  jeunes  Chênes,  Marronniers,  Frênes,  Ormes,  ni  en  les  semant 
dans  la  terre. 

N.  B.  Qu'il  nous  soit  permis  de  dire  ,  a  propos  du  travail  dont  on 
vient  de  lire  l'analyse  ,  que  M.  Durieu  de  Maisonneuve  ,  l'un  des  hommes 
les  plus  habiles  que  nous  connaissions  en  matière  desemi^ ,  a  réussi  ,  il  y 
a  déjà  plusieurs  années,  à  faire  germer  des  graines  d'Orobanches  en  les 
répandant  sur  les  racines  des  plantes  qui  nourrissent  habituellement  ces 
parasites.  L'auteur  de  cette  note  doit  à  .M.  Durieu  lui-même  la  communi- 
cation de  ce  renseignement  intéressant.  Il  doit  ajouter  que  lui-même  a 
essayé,  il  y  a  plusieurs  années,  de  faire  germer  des  graines  parfaitement 
mûres  de  Lathrœa  dandestina,  et  que  ses  tentatives  a  ce  sujet  ont  été  in- 
fructueuses comme  celles  que  M.  Titteibach  a  faites  pour  le  Lathrcea  squa* 
maria. 


MÉLANGES   ET   SOl'VULLES. 


Une  découverte  intéressante  pour  la  Flore  française  vient  d'être  faite 
près  de  Bordeaux.  M.  Durieu  de  Maisonneuve,  a  qui  rien  n'échappe  dans 
une  exploration  botanique,  a  trouvé  le  Zostera  nana  croissant  en  grande 
abondance  dans  le  bassin  d'Arcacbon ,  ou  il  reste  a  découvert  lorsque  la 
marée  est  basse.  Cette  plante  est  si  commune  dans  cette  localité,  qu'on  a 
peine  a  s'expliquer  comment  elle  a  échappé  jusqu'à  ce  jour  a  tous  les  re- 
gards; peut-être  ses  petites  dimensions  l'ont-elles  fait  prendre  pour  le  Zos- 
tera marina  encore  très  jeune,  l/hidigénat  de  cette  espèce  intéressante  était 
jusqu'à  présent  un  peu  douteux;  le  seul  botaniste  sur  l'assertion  duquel 
on  l'avait  admise  comme  appartenant  a  notre  flore  était  Delile,  qui  l'avait 
indiquée  comme  croissant  dans  les  eaux  de  la  Méditerranée,  près  de  Mont- 
pellier. 

—  M.  Bourgeau.  dont  les  botanistes  ont  appris,  il  y  a  peu  de  mois,  le 
départ  pour  l'Espagne,  est  de  retour  a  Paris  depuis  quelques  jours.  Bien  qu'il 
n'ait  pu  mettre  entièrement  a  exécution  le  plan  de  voyage  qu'il  s'était  trace, 
et  que  les  circonstances  politiques  au  milieu  desquelles  il  s'est  trouvé  l'aient 
mis  dans  l'impossibilité  d'explorer  la  Sierra  de  Gredos,  ainsi  qu'il  en 
avait  le  projet,  il  a  pu  former  de  belles  collections  préparées  avec  le  soin  et 
l'habileté  qu'on  lui  connaît.  Ces  collections  seront  mises  en  distribution 
lorsque  les  botanistes  distingués  auxquels  on  doit  la  détermination  des  col- 
lections antérieures  du  même  voyageur,  MM.  Gay  et  Cosson.  en  auront  ter- 
miné l'arrangement  et  la  classification.  Les  localités  explorées  cette  année  par 
M.  Boureeau  sont  :  les  environs  de  Madrid,  la  Sierra  de  Guadarrama  et  les 
montagnes  de  Tolède. 

BIBLIOGRAPHIE. 

Flore  (!<■  l'arrondissement  d'Hazebrouck,  ou  Description  dos  plantes  du  nord  delà 
France.  Ouvrage  élémentaire,  méthodique  et  médical,  disposé  selon  le  système 
de  Linné,  avec  la  concordance  des  familles  naturelles  de  Jussumi  :  par  Yandamme 
(Henri),  pharmacien  à  Hazebrouck.  -  Taris  et  Hazebrouck  ,  1856,  i"-8"  de 
'268  pages. 

Considérations  sur  la  in<il<i<lit>  du  pommier  et  sur  sa  plantation  <hu\s  1rs  terrains 
humides,  par  Morrière,  etc.,  1854;  in-16  de  1/2  feuille.  —  Delos,  Gaen. 

Gnmdriss  der  Botanik  fur  Schulen  {Éléments  de  botanique  pour  les  écoles), 
par  M.  le  docteur  J.-Georges  Bill.  Vienne,  1854,  in-8°  de  310  pages,  et  un  grand 
nombre  de  ligures  intercalées  dans  le  texte. 

Paiis.  —  Imprimerie  de  L.  Martinet,  rue  Mignon,  '-' 


SOCIÉTÉ    BOTANIQUE 


DE   FRANCE. 


SÉANCE   DU    26  JUILLET   1851. 

PRÉSIDENCE    DE    M.    AD.    BRONGNIATiT. 

M.  de  Sehœnet'eld ,  secrétaire,  donne  lecture  du  procès- verbal  de 
la  séance  du  12  juillet,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Sur  la  présentation  du  Bureau,  la  Société,  admet  au  nombre  de 
ses  membres  : 

MM.  Blanche  (Isidore),  vice-consul  deFrance  à  Tripoli  (Syrie); 
Contes  (le  baron  Gustave  de),  rue  du  Marché-aux-Herbes,  à 

Saint- Orner  (Pas-de-Calais)  ; 
Cuigneai;  (Th.),  docteur  en  médecine,  allées  Damour,  16,  à 

Bordeaux  ; 
Delondre  (Augustin),  rue  des  Juifs,  20,  à  Paris; 
Dours,  docteur  en  médecine,  à  Péronne  (Somme)  ; 
Duclaux,  vice-président  du  tribunal  civil,  à  Laval  (Mayenne)  ; 
Ducoudray-Bourgailt  (L.-H.),  rue  Cambronne,  2,  à  Nantes; 
Fauchier  (P.),  pharmacien,  à  Nérondes  (Cher)  ; 
Fontes,  docteur  en  médecine,  rue  du  Bouloi,  17,  à  Paris; 
Gaillardot  (C),  docteur  en  médecine,  médecin  de  l'hôpital 

de  Saïda  (Syrie)  ; 
Gueydon  de  Dives,  à  Manzac,  par  Saint-Astier  (Dordogne); 
Lagrèze-Fossat  (Adrien),  avocat,  à  Moissac  (Tarn-et-Garonne)  ; 
Lebel  (E.),  docteur  en  médecine,  h  Valognes  (Manche); 
Lhéritier,  docteur  en   médecine,  rue  de  la    Victoire,  8,   à 

Paris  ; 
Lorière  (Irénée  de),  rue  Chanoinesse,  12,  à  Paris; 
Miergues  (Aug.\  docteur  en  médecine,  à  Andnze  (Gard); 

T.    I.  H 


158  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

MM.  Mon  a  nu  (P.),  docteur  en  médecine,  ancien  médecin  en  chef 
des  armées,  conservateur  du  Jardin  botanique,  rue  des 
Prècheresses,  9,  à  Metz; 

Mougeot  père,  docteur  en  médecine,  à  Bruyères  (Vosges); 

Moura-Bourouïllou,  docteur  en  médecine,  rue  de  la  Fontaine- 
Molière,  33,  à  Paris; 

Roque  de  Saint-Prégnan  ,  sous-inspecteur  des  forêts,  rue 
Godot-de-Maurov,  18,  à  Paris; 

Serres,  colonel  d'artillerie  en  retraite,  a  la  Roche  des 
Arnauds,  près  Gap  (Hautes-Alpes); 

Spach  (Edouard),  garde  de  la  galerie  de  Botanique  du  Muséum 
d'histoire  naturelle,  au  Jardin  des  plantes,  à  Paris; 

Thtbesard,  fondé  de  pouvoirs  du  receveur  général,  à  Laon 
(Aisne). 

M.  le  Président  donne  lecture  d'une  lettre  de  M.  le  Trésorier,  qui, 
conformément  à  l'article  20  du  règlement,  présente  le  compte  rendu 
trimestriel  de  la  situation  financière  de  la  Société  : 

Du  23  avril  au  26  juillet,  les  recettes  se  sont  élevées  a   1 .700  ''  00 r 

et  les  dépenses  à 259     25 

Solde  en  caisse  .   .   .  1,/iAO"  75  e 

M.  de  Schœnefeld  donne  lecture  ; 

1°  D'une  lettre  de  M.  Lagrèze-Fossat  (de  Moissac),  qui,  en  deman- 
dant à  être  admis  parmi  les  membres  delà  Société,  exprime  le  regret 
de  ne  pas  voir  son  nom  figurer  sur  la  première  liste  publiée,  la  pre- 
mière adhésion  qu'il  a  adressée  n'étant  pas  parvenue  au  secrétariat; 

2°  D'un  extrait  d'une  lettre  adressée  à  M.  Graves,  par  M.  le  doc- 
teur Mougeot  ide  Bruyères),  qui  offre  de  récolter  des  plantes  des 
Vosges  pour  l'herbier  de  la  Société.  La  Société  n'ayant  pas  encore 
décidé  si  elle  formera  des  herbiers,  M.  Mougeot  sera  remercié  de  son 
offre  obligeante. 

Deux  autres  lettres  de  AI.  Lecoq  et  de  M.  J.  Bonhomme  sont  ren- 
voyées à  la  commission  du  Bulletin. 

Don  fait  à  la  Société. 
De  la  part  de  M.  James  Lloyd,  de  Nantes  : 
Flore  dp  l'ouest  de  la  France,  1  vol.  in-18.  Nantes,  1854. 


SÉANCE    DU    26    JUILLET    1854.  159 

MM.  les  Secrétaires  donnent  lecture  des  communications  suivantes, 
adressées  par  des  membres  résidant  dans  les  départements  : 

EXTRAIT  D'UNE  LETTRE  DE  M.  J.-B.  EIB  UOI.IV 

Saint-Maurin  (Lot-et-Garronne),  14  juillet  1854. 

Peu  satisfait  des  explications  qui  ont  été  données  jusqu'ici  sur  les  plantes 
difficiles  des  poètes  anciens,  grecs  et  latins,  je  me  suis  appliqué,  depuis 
quelques  années,  à  ce  genre  d'éludés,  assez  négligé.  J'ai  ramassé,  par  de 
pénibles  recherches,  de  précieux  et  nombreux  matériaux  ;  mais,  après  en 
avoir  mis  en  œuvre  une  partie,  ayant  mesuré  d'un  coup  d'oeil  la  longue  car- 
rière que  j'avais  à  parcourir,  je  me  suis  décidé,  pour  délassement  et  comme 
spécimen,  à  faire  un  extrait  de  quelques-unes  de  ces  plantes  poétiques,  pour 
le  livrer  à  l'impression.  J'ai  pris,  comme  de  raison,  parmi  les  moins  connues 
et  les  plus  intéressantes.  Cet  opuscule  sera  donc  un  ouvrage  de  botanique 
appliqué  à  la  littérature.  Il  aura  pour  titre  :  Explication  botanique  et  cri- 
tique du  vers  de  Virgile  :  Alha  ligustra  cadunt,  vaccinia  nigra  leguntur,  et 
des  plante*  de  la  quatrième  idylle  de  Théocrite;  opuscule  où  se  trouve  aussi 
expliqué  le  nom ,  mal  compris ,  de  quelques  nul  ces  plantes  ou  fleurs  de  ces 
deux  poètes,  d'Homère,  Odile,  Martial,  etc.  Il  reste  à  faire  encore  quelque 
chose,  mais  ce  travail  ne  tardera  pas  à  être  terminé. 

Je  ne  crois  pas  que  le  Ligustrum  et  le  Vaccinium  de  Virgile  aient  jamais 
été  rapportés  par  personne  aux  véritables  fleurs  que  cesdeux  mots  désignent. 
Ce  sont  des  noms  purement  poétiques,  dont  la  signification,  comme  telle, 
s'est  perdue  depuis  l'extinction  de  la  langue  latine.  J'en  dirai  autant  de 
VHyacintfius,  cette  fleur  autrefois  si  célèbre. et  maintenant  si  méconnue, 
qui  a  été  chantée,  comme  a  l'envi,  par  tous  les  poètes  anciens,  à  commencer 
par  Homère.  Lexicographes,  traducteurs,  commentateurs,  tous  s'écartent 
du  but  en  expliquant  ces  noms.  Je  compte  avoir,  dans  cet  ouvrage,  jeté 
une  lumière  suffisante  sur  ces  belles  fleurs  si  longtemps  oubliées,  et  avoir 
prouve,  d'une  manière  convaincante,  que  le  Ligustrum  des  poètes  latins  est 
le  grand  Liseron  des  //aies  Coaeol valus  sepium,  Linn.),  et  leur  Vaccinium, 
VIris  germanique  {Iris  germanica,  Linn.).  On  y  verra  que  Virgile  avait  trop 
de  goût  pour  comparer  une  fleur  telle  que  celle  du  Troène  à  une  autre  fleur 
aussi  petite  ou  à  une  baie,  etqu'il  parle  bien  véritablement  de  ces  deux  grandes 
fleurs,  si  dignes  d'être  mises  en  regard  et  d'être  opposées  l'une  à  l'autre  sous 
un  rapport  contraire. 

J'y  prouve  encore  solidement  que  Vacinium  (1)  et  Hyacinthus  sont  le 
même  mot  sous  deux  formes  différentes,  l'une  latine  et  l'autre  grecque,  et 
signifient  absolument  la  même  chose.  V Hyacinthus  des  poètes  est  donc  aussi 

(1)  C'est  ainsi  que  ce  mot  doit  s'écrire  en  prose,  c'est-à-dire  avec  un  seul  c. 


.160  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

Y  Iris  germanique  de  Linné,  el  cette  vérité  y  est  dévoilée  par  une  surabon- 
dance de  preuves  qui  ne  laisse  de  place  à  aucun  doute.  On  retrouvera,  sur 
la  fleur  de  Y  Iris,  et  l'exclamation  grecque  de  douleur  dont  parle  Ovide,  et 
le  nom  d'Ajax,  et  tous  les  autres  caractères,  sans  exception,  que  les  poètes 
anciens  donnent  à  YHyacinthus,  et  dont  la  vue  explique  clairement  une  foule 
de  beaux  passages.  La  démonstration  que  j'en  fais  est  simple  et  naturelle, 
et  j'ai  lieu  d'espérer  qu'on  la  trouvera  d'une  entière  évidence. 

La  quatrième  idylle  de  ïhéocrite,  si  durement  critiquée  par  Fontenelle, 
m'a  paru  mal  jugée,  sous  le  rapport  de  l'esprit  général  qui  en  fait  le  fond,  et 
qui  me  semble  n'être  autre  cbose  qu'une  fine  plaisanterie.  Comme  tout  le 
sel  de  cette  plaisanterie  se  trouve  dans  le  nom  des  plantes  citées  dans  cette 
pièce,  j'ai  cherché  à  faire  connaître  ces  plantes  et  à  justifier  par  là  Théocrile 
des  critiques  injustes  dont  cette  idylle  a  été  l'objet. 

Enfin,  quelques  autres  plantes  poétiques,  ou  difficiles  ou  curieuses,  et  sur 
lesquelles  on  s'était  mépris  jusqu'à  présent,  ont  attiré  mon  attention  et  ter- 
minent cet  opuscule. 

.le  dirai  ici,  en  finissant,  comme  j'ai  fait  dans  l'introduction  de  mon  livre  : 
Si  je  suis  parvenu  à  dégager  quelques  plantes  ou  quelques  fleurs  remar- 
quables, chantées  dans  de  beaux  vers,  des  ombres  épaisses  qui  les  envelop- 
paient, je  serai  suffisamment  récompensé  de  mon  travail,  et,  d'un  autre  côté, 
cette  belle  poésie  des  anciens,  mieux  comprise  et  mieux  appréciée,  en  sera 
plus  belle  encore  et  plus  touchante. 

NOTE  SUR  DEUX  VARIÉTÉS  OBSERVÉES  ET  DÉCRITES  par  j»I.  V.  PEKSOIVNAT. 

(Béziers,  21  juillet  1854.) 

1.  Dianthus  Carthusianorcm  (L  sp.  ")86;  1)C.  FI.  fr.  TV,  7/i0  ;  Gr.  et 
Godr.  FI.  deFr.  1,231). 

Var.  y  herbaceus.  —  Cette  variété  diffère  du  type  par  la  présence  de 
deux  feuilles  florales  opposées,  lancéolées-linéaires,  longuement  acuminées 
[Yacumen  dépassant  souvent  les  écailles  calieinales),  herbacées,  et  adhérant 
ordinairement  par  la  base  aux  bractées  coriaces  qui  entourent  le  capitule 
de  fleurs. 

Elle  se  sépare  de  la  variété  congestus  (Gr.  et  Godr.,  ioc.  cit.)  par  le  petit 
nombre  des  fleurs:  1-h  à  chaque  capitule. 

Cette  variété,  que  je  ne  nomme  herbaceus  qu'en  attendant  que  des  études 
ultérieures  aient  corroboré  mes  observations,  croit,  rare,  sur  les  montagnes 
de  l'Auvergne;  je  l'ai  trouvée  en  août  1853,  sur  des  tertres  arides,  entre 
Saint-Flour  et  Rouère. 

2.  Primula  elatior  (Gr.  et  Godr.  Fl.  de  Fr.  Il,  450). 

Var.  macrocarpa,  —  Cette  plante  a  les  feuilles  du  P.  elatior,  mais  elle 
en  diffère  par  son  calice  (anguleux,  pubescent,  vert  sur  les  angles,  blan- 


SÉANCE    DU    2(5    JUILLET     LS54.  101 

châtre  dans  les  intervalles  large,  enflé  et  atteignant  la  longueur  du  tube  de 
la  corolle,  renflée  dans  sa  moitié  inférieure  à  l'insertion  des  étamines,  tandis 
que,  dans  le  type,  le  calice  atteint  à  peine  la  moitié  du  tube,  et  les  étamines 
sont  insérées  à  la  gorge  renflée  de  la  corolle. 

Ces  deux  caractères  sont  demeurés  constants  sur  prés  de  200  pieds  que 
j'ai  pu  examiner,  croissant  à  diverses  expositions,  dans  les  prairies  humides 
des  environs  de  Saint- Flou r.  Le  calice  enflé  de  cette  plante  devrait  peut-être 
la  faire  regarder  comme  une  espèce  particulière  ;  car,  dans  la  plante  à  calice 
court  (type)  que  j'ai  recueillie  dans  le  Cantal,  cet  organe  se  trouve  égale- 
ment beaucoup  plus  large  que  le  tube,  et  la  couleur  verte  de  ses  angles, 
jointe  a  sa  corolle  d'un  jaune- soufre,  ne  permet  pas  de  rattacher  cette 
variété,  au  P.  officinal is. 

Serait-ce  le  P.  Thomasinii,  Gr.  et  Godr.  ? —  Mais,  dans  ce  cas,  je  ne 
crois  pas  la  plante  un  hybride,  comme  le  suppose  M.  Grenier,  car,  sous  ses 
deux  formes,  elle  règne  seule  aux  environs  de  Saint-Flour. 

LISTE  DES  ESPÈCES  DU  GENRE  /;/ "l'HOHHI  1  ol  I  CROISSENT  DANS  L'AiiUONLUSSE.VlEIST 
RALAIS  (Gard),  par  M.   »S1 1  IC«.  I  I  S .  D.-M.-M. 

(Anduze,  22  juillet  1854.) 

Euphorbia  Helioscopia,  L.  (Lieux  cultivés.  —  Mai-septembre.) 

—  Chamœsyce,  L.  (Champs  à  Mûriers.  — Juin-août.)  Employé 

par  les  paysans  pour  se  débarrasser  des  verrues. 

—  purpurata,  Thuill.  (Terrains  siliceux.  —  Mai-juin.) 

—  papillosa,  (Juin.) 

—  platyphyllos,  L.  (Fosses.  —  Juin.) 

—  segetalis,  L.  (Mai.) 

—  Gerardiana,  Jacq.  (Plateaux  incultes.  —  Avril-juillet.) 

—  palasfris,  L.  (Gardon. —  Juin.) 

—  rerrucosa,  L.  (Lieux  secs.  —  Juin.) 

—  Lathyris,  L.  Sert  de  purgatif  aux  campagnards. 

—  Myrsinites,  L. 

—  Pépias,  L.  (Juillet.) 

—  sylvatica.  L.  (Juillet.) 

—  Characias,  L.  (Plateaux  schisteux.  —  Juin.) 

—  serrata,  L.  (Juin.) 

—  Fsala,  L.  On  s'en  sert  pour  prendre  les  poissons.  Mêlé  à  la 

térébenthine  liquide,  on  en  fait  une  glu  pour  prendre  les 
oiseaux. 

—  Cyparissias,  L.  Employé  par  les  paysans  pour  guérir  la  fièvre 

quarte. 


162  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    LIE    FRANCE. 

OBSERVATIONS  SUR  UNE  VARIÉTÉ  DU  PYROLA   ROTVNDIFOLIA , 
par  M.  le  baron  RF  IMELICOCQ. 

(Lille,  23  juillet  1854.) 

Cette  Pyrole (  Pyrola  arenaria ,  Koch),  mentionnée  comme  variété  par 
MM.  Grenier  et  Godron  (FI.  deFr.  II,  437),  puis  par  M.  Planchon  (Annales 
des  sciences  naturelles,  série  3e,  t.  XVIII,  p.  379,  1842),  et  publiée  dans  la 
belle  collection  de  MM.  Puel  et  Maille  (Herbier  des  Flores  locales  de 
France,  n°  158,  février  1854),  avait  été  signalée  par  moi,  dans  Y  Annuaire 
du  Pas-de-Calais  (1848-49,  p.  223),  sous  le  nom  de  Pyrola  serotina. 

Sa  station  me  parait  aussi  extraordinaire  que  l'époque  de  sa  floraison. 
File  s'est  acclimatée  près  de  Béthune,  sur  les  digues  du  canal  d'Aire -su  r-la- 
Lys  à  la  Bassée,  où  elle  croit  sous  l'ombrage  de  peupliers  très  élevés.  Or 
ces  digues,  aussi  bien  que  le  canal  creuse  au  milieu  d'immenses  marais, 
ne  remontent  qu'aux  premières  années  de  ce  siècle.  Avant  l'existence  de 
cette  levée,  ou  croissait  cette  Pyrole?. Je  l'ai  vainement  cherchée,  a  diverses 
reprises,  dans  un  petit  bois  assez  montueux  situe  a  une  faible  distance,  et 
ce  n'est  qu'à  trois  lieues  de  là  que  j'ai  observé  la  forme  type  du  P.  rotun- 
difolia,  qui  fleurit  à  l'époque  ordinaire  (mai-juin  . 

La  variété  des  digues,  au  contraire,  fleurit  beaucoup  plus  lard;  de  1841 
à  1853,  elle  n'a  jamais  varié  à  cet  égard.  Sa  floraison  dure  plus  de  trois 
mois.  Les  fleurs  des  tiges  les  plus  vigoureuses  commencent  a  s'épanouir  en 
août,  tandis  que  d'autres  tiges  ne  montrent  leurs  (leurs  qu'aux  derniers 
jours  d'octobre,  et  fleurissent  probablement  encore  en  novembre,  quand  le 
temps  est  favorable. 

En  1848,  désireux  de  connaître  l'opinion  de  M.  le  comte  ïillette  de  Cler- 
mont  au  sujet  de  cette  plante,  j'avais  pris  la  confiance  de  lui  en  envoyer 
quelques  échantillons.  Le  12  octobre  de  la  même  année,  ce  savant  naturaliste 
voulait  bien  me  répondre  :  «  Votre  Pyrola,  examiné  avec  attention,  ne  peut 
»  se  rapporter  aux  espèces  connues.  M.  Mérat,  après  l'avoir  compare  à  de 
»  nombreux  échantillons  de  divers  Pyrola,  le  croit  nouveau,  ainsi  que  vous 
»  l'avez  juge.  Ses  feuilles,  ses  larges  bractées,  son  style  allongé  et  son 
»  stigmate  étranglé  le  rapprochent  du  P.  rotundifolia,  mais  il  en  diffère 
»  par  le  style  droit,  au  lieu  d'être  un  peu  recourbé  au  sommet,  par  un  moins 
»  grand  nombre  de  Meurs,  qui  sont  de  couleur  rose  et  non  blanches;  son 
»  style  l'éloigné  aussi  du  P.  chlorantha.  » 

La  Pyrole  qui  croit  sur  les  dunes  de  Saint-Quentin  en  Tourmont,  près 
de  l'embouchure  de  la  Somme,  se  rapproche  beaucoup  de  celle  des  environs 
de  Béthune  (ainsi  que  me  le  faisait  observer,  dans  une  autre  lettre,  M.  Til- 
lelte  de  Clermont),  mais  elle  fleurit  moins  tard,  en  juillet  et  août,  et  amène 
ses  fruits  à  maturité,  tandis  que  celle  de  Béthune  ne  fructifie  que  très  ra- 
rement. 


SÉANCE    DU    2(5    JUILLET    185/|.  163 

MM.  Puel  et  Maille  ont  eu  l'heureuse  pensée  de  publier  en  même  temps 
ces  deux  formes,  de  sorte  que  les  botanistes  pourront  aisément  les  comparer. 

M.  de  Schœnefeld  donne  lecture  de  l'extrait  suivant  d'une  lettre 
adressée  à  M.  Gay  par  M.  E.  Cosson,  <|iii  continue  en  ce  moment  son 
exploration  botanique  de  l'Algérie  : 

LETTRE  DE  M.  E.  COSSON. 

Blidah,  Il  juillet  1854. 

Partis  de  Marseille  le  10  juin,  nous  sommes  arrivés,  le  12,  a  Alger;  la 
journée  du  13  a  été  consacrée  aux  visites  et  aux  préparatifs  de  départ.  Le 
16,  nous  montions  à  dos  de  mulets,  pour  rejoindre  la  colonne  expéditionnaire 
commandée  par  le  Gouverneur,  M.  le  général  Randon,  espérant  pouvoir,  sous 
la  protection  de  ce  corps  d'armée,  explorer  une  partie  de  la  Kabylie  orien- 
tale. Le  15,  nous  arrivions  à  la  belle  ferme  du  Corso,  à  l'entrée  de  la  petite 
Kabylie,  après  avoir  traversé  la  plaine  de  la  Métidja  ;  le  16,  nous  couchions 
au  caravansérail  de  Tisser,  à  Sook-el-Djemma,  après  avoir  fait  une  herbo- 
risation qui  ne  nous  a  guère  offert  que  les  plantes  des  environs  d'Alger  et  de 
la  plaine  de  la  Métidja.  Le  17,  nous  sommes  arrivés  a  Tizi-Quzou,  à  l'extré- 
mité de  la  Kabylie  soumise,  dans  la  riche  vallée  du  Sebaou,  qui,  par  ses  cul- 
tures atteignant  le  sommet  des  montagnes,  par  ses  plantations  d'oliviers  et  de 
figuiers,  est  peut-être  le  point  le  plus  productif  de  l'Algérie. 

Malheureusement  il  ne  devait  pas  nous  être  permis  de  dépasser  Tizi-Ouzou 
sans  imprudence.  La  colonne,  qui  devait  ne  faire  qu'une  promenade  mili- 
taire dans  les  tribus,  avait  rencontré  une  résistance  inattendue  et  très  sé- 
rieuse chez  les  Zaoua,  et  il  était  à  craindre  que  le  paisible  botaniste  ne  fût 
pas  mieux  accueilli  par  eux  que  nos  soldats.  Ne  voulant  pas  néanmoins 
renoncer  a  nos  projets  d'exploration,  nous  avons  cru  devoir  nous  replier  sur 
Dra-el-Mizau,  fort  construit  au  pied  du  Djurdjura  occideutal  soumis  et  maî- 
trisé, depuis  plusieurs  années ,  par  l'habile  et  vigoureuse  direction  de  M.  le 
capitaine  Beauprètre.  De  la  nous  avons  pu,  nous  appuyant  sur  le  goum 
commande  par  cet  officier  et  campé  a  ïizi-ïléta,  gravir  deux  des  sommités 
de  cette  partie  de  la  chaîne,  et  combler  ainsi  l'une  des  lacunes  les  plus  re- 
grettables de  la  flore  algérienne. 

La  vallée  de  Dra-el-Mizan  est  très  riche,  quoique  moins  bien  cultivée 
que  celle  du  Sebaou  ;  des  montagnes  plantées  de  figuiers  ou  d'oliviers,  ou 
couvertes  de  chènes-iiéges,  la  limitent  au  nord;  au  sud  s'élève  le  Djurdjura, 
dont  la  masse  imposante  est  découpée  en  plusieurs  pics.  Les  plus  élevés  de 
ces  pics  atteignent  environ  2000  mètres,  mais  nous  n'avons  pu,  à  cause  de 
la  grande  difficulté  de  l'ascension  des  rochers  qui  les  terminent,  dépasser 
l'altitude  de  1900  mètres,  et  pour  arriver  là,  il  nous  fallait  gravir  près  de 


1(}/|  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    1>E    FRANCE. 

1800  mettes,  en  partant  du  fond  de  la  vallée,  seul  point  où  il  nous  fût  permis 
de  camper.  Il  nous  a  pourtant  été  possible  de  nous  assurer  que  les  sommités 
ne  présentaient  pas  une  végétation  distincte  de  celle  des  points  que  nous 
avons  explorés. 

La  végétation  du  Djurdjura  peut  se  partager  naturellement  en  plusieurs 
zones  : 

1°  Zone  Inférieure,  caractérisée  par  l'Olivier,  le  Figuier  et  le  Frêne 
(Fraxinus  australis,  qui  remplace  là  le  F.  dimorpha  de  l'Aurès). 

2°  Zone  moyenne,  caractérisée  par  la  culture  de  la  Vigne,  par  la  présence 
de  Y  Acer  rnonspessulanum  et  de  Y  A.  neapolùanum,  Tenore  (espèce  nouvelle 
pour  l'Algérie),  et  surtout  par  les  bois  de  Quercus  Ballota,  entremêlés  de 
{).  Mirbeckii.  A  la  limite  de  cette  zone  se  trouve  Yllex  Aquifolium,  dont 
quelques  individus  atteignent  un  mètre  de  circonférence;  on  y  observe  éga- 
lement le  Ruscus  aculeatm. 

3°  Zone  supérieure.  Cette  région  de  la  montagne  est  boisée  dans  toute 
son  étendue  ou  seulement  dans  sa  partie  la  moins  élevée.  Là  se  rencontrent 
les  espaces  couverts  de  Cèdres.  On  y  voit  aussi  quelques  pieds  d'Ifs;  l'un 
de  ces  derniers  arbres,  tronque  il  est  vrai  par  le  vent,  se  ramifiait,  dès  la 
base,  en  trois  troncs,  dont  chacun,  mesuré  à  un  mètre  du  sol,  ne  présentait 
pas  moins  de  4  mètres  80  centimètres  de  circonférence.  On  y  retrouve  Y  Acer 
rnonspessulanum,  qui,  sur  les  sommités,  forme  des  buissons  rabougris. 

La  zone  inférieure  ne  nous  a  guère  offert  que  les  plantes  des  montagnes 
du  Sahel  d'Alger.  Cependant,  à  sa  limite  supérieure,  nous  avons  recueilli 
un  magnifique  Isatis  (voisin  de  1'/.  alpine,  ou  plutôt  d'une  espèce  décrite, 
je  crois,  par  M.  Spacb  dans  les  11 lustrât iones  plantarum  orientalium), 
et  le  Santolina  incana,  Lagasca. 

La  zone  moyenne  est  plus  riche  en  plantes  remarquables,  sans  présenter 
toutefois  un  grand  nombre  d'espèces  nouvelles  pour  l'Algérie. 

A  la  zone  supérieure  appartiennent  les  espèces  les  plus  intéressantes  : 
Berberis  œtnensis,  Juniperus  nana,  Hanunculus  multifidus,  Avenu  macro- 
stachya,  Vicia  glauca  et  onobrychioides,  Paronychia  aurosiaca,  Asphodeline 
lutea,  Amelanchier  vulgaris,  Draba  hispanica,  Buplevrum  spinosum,  Cala- 
mintha  alpina ,  Carduncellus  atractyloides,  Cerastium  brachypetalum ,  un 
Sedum  vivace  à  feuilles  plaues,  etc.  La  plante  la  plus  remarquable  de  ces 
sommités  est  une  Borraginée  appartenant  au  genre  Mattia,  voisin  des  Cyno- 
glossum,  dont  il  diffère  par  le  fruit  lisse,  bordé  d'une  membrane,  et  par  les 
étamines  exsertes.  Je  crois  avoir  vu  cette  plante  ou  une  espèce  voisine  dans 
la  collection  des  plantes  recueillies  en  Orient  par  M.  Kotschy. 

L'exploration  de  nos  montagnes  algériennes  sera  complétée  par  nos  ex- 
cursions dans  le  petit  Atlas  et  dans  l'Ouarsenis.  —  Je  me  vois  forcé,  par 
l'impatience  de  mes  compagnons  de  voyage  (MM.  H.  de  la  Perraudière  et 
Gallerand),  de  renoncer  a  vous  donner  plus  de  détails,  car  il  nous  faut,  dans 


SÉANCE   du   26  JUILLET  1854.  1«55 

quelques  minutes,  monter  à  cheval  pour  visiter  la  montagne  d'Aïn-Telazit. 

Demain  nous  partons  pour  Médéah,  par  les  gorges  de  la  Chiffa;  de  la 
nous  nous  rendrons  à  Milianah,  point  de  départ  de  notre  voyage  dans  l'Ouar- 
senis,  que  nous  commencerons  en  traversant  la  belle  forêt  de  cèdres  de 
Teniet-el-Haad. 

Je  ne  vous  parle  pas  de  notre  santé  ,  car  elle  a  été  parfaite  jusqu'à 
présent  ;  nous  n'avons  pas  eu  à  souffrir  de  la  chaleur,  l'année  étant,  en 
Afrique  comme  en  France,  exceptionnelle  par  la  fréquence  des  pluies. 

M.  Germain  de  Saint-Pierre  fait  à  la  Société  la  communication 
suivante  : 

DE  LA  STRUCTURE  REMARQUABLE  DU  BULBE  CHEZ  VAGRAPHIS  GAMPANULATA, 
par  M.   E.  GERMAIN  DE  S  \  i  \  I  - 1 R  | 

Au  nombre  des  faits  les  plus  remarquables  appartenant  à  la  série 
des  observations  qui  font  l'objet  de  mon  traité  encore  inédit  de  Rhizo- 
graphîe,  ou  histoire  des  tiges  souterraines  et  des  racines,  on  peut  placer  en 
première  ligne  le  mode  de  développement  du  bulbe  de  YAgraphis  campa- 
nulata,  Link [Scillacampanulata,  Ait.). 

Je  suis  redevable  d'avoir  porté  mon  attention  sur  cette  plante,  à  M.  Lloyd 
(auteur  de  la  Flore  de  l'ouest  de  la  France).  Le  28  mars  1851,  M.  Lloyd 
m'adressa  plusieurs  bulbes  de  cette  plante  en  pleine  végétation  :  «  Je  vieus, 
»  m'écrivait  M.  Lloyd ,  de  déplanter  dans  mon  jardin  un  Scilla  (S.  cam- 
»  panulata)  qui  offre  une  végétation  assez  curieuse  :  une  souche  charnue 
»  actuellement  croissante,  en  forme  de  radis  long  ,  horizontale  ou  oblique, 
»  doit  probablement  servir  à  continuer  la  plante  pour  l'année  prochaine  ; 
»  une  semblable  souche  de  l'année  dernière  lui  a  donné  naissance  ;  d'autres 
»  croissent  aussi  quelquefois  sur  celle-ci.  Des  feuilles  et  des  racines  sortent 
»  saus  ordre  de  différents  points  de  la  vieille  souche,  qui  devient  flasque  et 
»  se  dessèche  en  vieillissant.  » 

Cette  description  piqua  vivement  ma  curiosité,  et  la  vue  de  la  plante 
elle-même  ne  lit  qu'accroître  cet  intérêt  pour  un  mode  de  végétation  qui 
me  parut  tout  exceptionnel  et  digne  de  la  plus  scrupuleuse  attention. 

Dans  l'empressement  amical  que  M.  Lloyd  avait  mis  à  me  faire  part  de 
ce  fait  intéressant  de  biologie  végétale,  il  s'était  contenté  de  décrire  l'aspect 
extérieur  du  bulbe.  La  structure  exacte  de  ce  bulbe  se  fût  immédiatement 
révélée  à  cet  habile  et  consciencieux  botaniste,  s'il  en  eût  pratiqué  une 
coupe  longitudinale. 

Ayant,  en  effet,  coupé  longitudinalement,  par  le  centre  de  son  axe,  l'un 
de  ces  singuliers  bulbes,  je  pus  reconnaître  la  structure  et  la  disposition 
suivantes  : 


1(36  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE   DE    FRANGE. 

Un  bulbe  étroit  et  d'une,  longueur  démesurée  relativement  à  sa  largeur, 
a  parois  flasques  et  tendant  à  une  destruction  prochaine ,  renfermait  dans 
une  cavité  centrale  irrégulière  de  jeunes  bulbes  échelonnés  et  superposes 
a  de  longs  intervalles  irréguliers;  les  feuilles  de  ces  jeunes  bulbes,  d'une 
part,  et  leurs  racines,  d'autre  part,  s'étaient  fait  jour  à  travers  les  pa- 
rois de  l'ancien  bulbe,  en  traversant  ces  parois  comme  un  corps  inerte  , 
comme  une  sorte  de  terrain,  qui  ne  présenterait  aucune  résistance. 

Enfin,  un  ou  plusieurs  des  jeunes  bulbes  émettaient  une  sorte  de  racine 
pivotante  dauci forme  et  d'un  blanc  nacré,  charnue,  seule  ou  accompagnée 
d'autres  racines  plus  grêles.  C'est  cette  racine  principale,  qui  m'avait  été 
signalée  comme  une  sorte  de  stolon  destiné  à  continuer  la  végétation  de  la 
plante. 

Je  me  hâte  d'ajouter  que  cette  racine  très  remarquable  présente  tout  à 
fait  l'aspect  de  certains  stolons  ;  j'en  ai  fréquemment  observé  d'analogues 
chez  les  Hyacinthus  et  chez  plusieurs  autres  Liliacées  bulbeuses,  et  j'ai 
cherché  par  de  nombreuses  expériences  (qui  trouveront  place  dans  mon 
Traité  de  Rhizographié)  à  m'assurer  si  ces  racines  dauciformes,  que  je  n'ai 
trouvées  signalées  nulle  part,  ne  seraient  pas  d«s  stolons  rudimentaires, 
susceptibles,  dans  quelques  cas  exceptionnels,  de  se  développer  en  slolons 
bien  caractérisés. 

L'insertion  de  cette  racine  dauciforme  qui  m'a  paru  partir,  en  général,  du 
centre  de  la  base  du  plateau  ,  et  non  de  l'aisselle  d'une  tunique  ,  comme 
cela  aurait  lieu  si  elle  constituait  réellement  une  sorte  de  stolon  ;  l'absence 
complète  de  feuilles  squamiformes  rudimentaires  a  la  surface  de  cet  or- 
gane ;  certains  cas  où  l'on  peut  observer  toutes  les  nuances  entre  ces  racines 
volumineuses  et  les  racines  les  plus  minces,  m'ont  amené  à  conclure  que 
ces  organes  sont  de  véritables  racines,  destinées  par  la  nature  à  constituer 
un  réservoir  de  principes  nutritifs.  En  effet,  lorsque  les  jeunes  bulbes  ne 
trouvent  plus  de  matériaux  nutritifs  dans  les  tuniques  épuisées  du  bulbe 
mère,  ils  paraissent  grossir  aux  dépens  de  leur  racine  dauciforme,  laquelle 
s'épuise  successivement,  se  ride  et  se  flétrit  à  son  tour,  puis  se  détache  en 
laissant  une  large  cicatrice  a  la  base  du  bulbe. 

Après  avoir  constaté  la  structure  réelle  des  bulbes  que  j'avais  sous  les 
yeux  ,  je  les  plantai  en  pots  ,  afin  de  pouvoir  suivre  commodément  et  sans 
crainte  d'erreurs  les  périodes  successives  de  leur  végétation. 

Au  bout  de  peu  de  jours,  les  tuniques  du  bulbe  mère,  complètement 
molles  et  gélatiniformes ,  tombaient  par  lambeaux,  et  marchaient  à  une 
complète  destruction  ;  les  jeunes  bulbes  dépouillés  de  l'enveloppe  mère 
étaient  devenus  libres  et  conservaient  naturellement  entre  eux  la  distance 
qui  les  séparait  dans  le  bulbe  mère  ;  ceux  dont  les  racines  étaient  pe- 
tites se  comportant  absolument  comme  ceux  qui  présentaient  une  racine 
charnue  dauciforme.  Chez  quelques  individus  la  racine  pivotante  présen- 


SÉANCE    DL    2(5    JUILLET    185/1.  167 

tait  déjà  des  plis  transversaux,  indices  d'un  commencement  d'épuisement. 

La  coupe  longitudinale  des  jeunes  bulbes,  alors  subglobuleux  ou  ovoïdes, 
montrait  qu'ils  étaient  formes  d'une  masse  indivise,  les  feuilles  naissant  de 
leur  partie  supérieure.  Au  bout  d'un  certain  temps,  ces  bulbes  s'étaient 
singulièrement  allongés,  leurs  feuilles  s'étaient  détachées  et  leur  racine  pi- 
votante était  complètement  épuisée.  Vers  le  mois  d'août  de  la  même  année, 
ces  mêmes  bulbes  avaient  pris  la  forme  d'un  long  rhizome  quelquefois 
tortueux  :  leur  sommet  tronque  présentait  la  cicatrice  des  feuilles  détruites, 
et  leur  base  présentait  une  cicatrice  circulaire  correspondant  à  la  naissance 
de  la  racine  pivotante  (détruite  ainsi  que  les  autres  racines*. 

La  coupe  longitudinale  des  bulbes  à  cet  elat  était  fort  intéressante  ;  en 
effet,  au  lieu  de  la  masse  solide  de  l'état  précèdent,  on  distinguait  plusieurs 
tuniques  libres,  dans  leur  partie  supérieure,  selon  une  étendue  variable;  et 
au  point  où  chaque  tunique  cessait  d'être  adhérente  on  remarquait  un  petit 
bourgeon  globuleux  et  indivis,  premier  état  d'un  jeune  bulbe  pour  l'année 
suivante;  enfin  le  bulbe  était  tubuleux  jusqu'à  sa  base,  et  la  partie  infé- 
rieure et  dilatée  de  la  cavité  centrale  était  occupée  par  un  bourgeon  foliacé 
assez  développé.  Ce  bourgeon,  destine  à  fleurir  au  printemps  suivant,  était 
le  bourgeon  central  ou  terminal  du  bulbe. 

Ces  bulbes  rhizoraorphes  restèrent  stationnai res  dans  cet  état  pendant 
tout  l'automne,  je  les  sortis  de  terre  le  *2l)  décembre  de  la  même  année; 
des  changements  importants  s'étaient  opères  ;  les  bulbes  présentaient  de 
jeunes  racines  à  leur  base  et  sur  différents  points  de  leur  longueur;  un 
bourgeon  central,  sortant  de  l'intérieur  des  tuniques  tronquées,  s'allongeait 
au  delà  de  ces  tuniques,  et  d'autres  bourgeons  commençaient  a  poindre  de 
distance  en  distance,  en  déterminant  par  leur  éruption  des  déchirures  laté- 
rales dans  les  parois  du  bulbe  mère. 

Des  coupes  longitudinales  me  démontrèrent  alors  que  toutes  les  racines 
de  nouvelle  formation  étaient  émises  par  les  bourgeons  ou  jeunes  bulbes,  et 
non  par  le  bulbe  devenu  bulbe  mère.  Néanmoins,  le  bourgeon  central,  qui 
était  la  continuation  du  bulbe  mère  ,  avait  aussi  émis  des  racines  en  même 
temps  que  les  bourgeons  axillaires;  mais  ce  bourgeon  central,  bien  que  con- 
tinuant l'axe  du  bulbe  mère,  est  doué  d'une  individualité  distincte  aussi 
bien  que  les  bourgeons  latéraux  ,  et  les  racines  qu'il  émet  n'ont  aucun  rap- 
port d'insertion  avec  les  racines  émises  par  le  bulbe  mère  pendant  sa  pre- 
mière période  (racines  depuis  longtemps  détruites) .  Les  racines  nouvelles 
traversent  les  parois  de  la  partie  ancienne  du  bulbe,  comme  elles  traverse- 
raient un  corps  inerte  ,  et  de  la  même  manière  que  les  racines  des  bulbes 
axillaires  traversent  les  mêmes  parois. 

Pendant  les  intervalles  de  gelée  de  l'hiver  suivant,  les  jeunes  bulbes  con- 
tinuèrent à  se  développer;  vers  la  fin  de  mars  les  bulbes  mères  fleurirent  , 
et  vers  le  commencement  d'avril,  les  bulbes  étaient  a  l'état  qui  m'avait  été 


108  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

communiqué  l'année  précédente ,  et  par  l'examen  duquel  j'ai  commencé 
cette  étude. 

Le  bulbe  de  VAgraphis  campanulata  présente  donc  des  tuniques  soudées 
pendant  une  certaine  période  de  son  existence  ,  et  ces  tuniques  deviennent 
libres  plus  tard.  —  Ce  bulbe,  globuleux  dans  son  jeune  âge.  s'allonge  ensuite 
et  prend  la  forme  d'un  rhizome.  —Enfin,  et  j'insiste  spécialement  sur  ce 
point,  les  bourgeons  naissent  non  pas  à  l'aisselle  réelle  des  feuilles,  mais  au 
point  où  ces  feuilles  soudées  entre  elles  deviennent  libres.  Ces  bourgeons  et 
leurs  racines  traitent  le  bulbe  mère  comme  un  corps  inerte,  et  le  traversent 
dans  tous  les  sens  en  déchirant  ses  parois  constituées  par  les  tuniques  libres 
ou  soudées. 

Ce  bulbe,  qui  emprunte  la  forme  d'un  rhizome  ,  ne  semble-t-il  pas  être, 
dans  certaines  limites,  un  exemple  démonstratif  de  la  théorie  de  la  structure 
des  tiges  émise  par  Lahire  et  développée  par  Dupetit-Thouars ,  puis  par 
M.  Gaudichaud ,  théorie  à  l'appui  de  laquelle  j'ai  produit  à  mon  tour  un 
certain  nombre  d'arguments  et  d'observations  nouvelles? 

Ne  pourrait-on  pas,  en  effet,  voir  dans  le  bulbe  solide  un  axe  composé  , 
pendant  une  première  période,  de  feuilles  étroitement  soudées  entre  elles  ; 
puis  cet  axe,  pendant  une  deuxième  période,  pourvu  de  nouveaux  éléments 
qui  résultent  du  développement  de  bourgeons  a  différents  points  de  sa  lon- 
gueur, ces  bourgeons  émettant  des  racines  qui  cheminent  dans  une  certaine 
étendue  à  travers  la  substance  de  cet  axe  décomposé  (que  l'on  pourrait 
nommer  un  rliizo-bulbe)  ? 

Cet  axe  anormal  ne  présente  point  de  canal  médullaire  central  :  cela  ne 
saurait  être  puisqu'il  s'agit  d'une  plante  monocotylée.  La  coupe  transver- 
sale de  ce  rbizo-bulbe  présente  en  réalité  une  sorte  d'analogie  avec  la  coupe 
transversale  d'une  véritable  tige  chez  les  monocotylées  :  indépendamment 
des  faisceaux  fibreux  de  la  première  année  et  qui  appartiennent  aux  feuilles 
soudées,  de  nouveaux  faisceaux  descendent  ultérieurement  des  bourgeons, 
à  travers  les  faisceaux  primitifs  :  ces  nouveaux  faisceaux,  dont  le  centre  pré- 
sente un  cercle  fibro-vasculaire,  sont  des  racines. 

Je  ne  veux  pas  dire  cependant  que  l'apparente  analogie  que  je  signale  dans 
la  structure  de  ces  rhizo-bulbes  ,  et  la  structure  des  tiges  chez  les  monoco- 
tylées, soit  une  analogie  bien  complète  ;  évidemment  la  disposition  des  tissus 
est  différente  chez  les  racines  libres  qui  descendent  des  jeunes  bulbes  à 
travers  la  substance  du  bulbe  mère,  et  chez  les  faisceaux  radiculaires  qui 
descendent  des  bourgeons  chez  les  véritables  tiges  et  font  corps  avec  elles  en 
contribuant  à  l'accroissement  de  son  diamètre;  mais  l'origine  des  deux 
productions  me  parait  être  la  même. 

Un  observateur  attentif  surprend  quelquefois  la  nature  ébauchant  en 
quelque  sorte  un  type  général  dans  la  production  incomplète  ou  approxi- 
mative d'un  type  exceptionnel,  et  loin  de  rejeter  dédaigneusement  ces  faits, 


SÉANCE    DU    26    JUILLET   185/|.  169 

comme  des  jeux  ou  des  caprices  de  la  nature,  il  doit  les  mettre  eu  évidence 
et  en  faire  l'objet  de  ses  méditations,  jusqu'à  ce  qu'il  ait  pu  réussir  à  com- 
prendre l'enseignement  renfermé  dans  cette  anomalie  (1). 

M.  Trécul  necroitpas  que  la  direction,  dans  le  rhizome,  des  racines 
observées  par  M.  Germain  de  Saint-Pierre  soit  un  fait  qui  milite  en 
faveur  de  la  théorie  de  Dupetit-Thouars  et  de  Gaudichaud.  Il  a  vu 
lui-même,  dans  une  pomme  de  terre,  une  racine  partie  de  la  base 
d'un  bourgeon  adventif  traverser  tout  le  tubercule. 

M.  Lesliboudois  ajoute  que  souvent  les  racines  adventives  se  déve- 
loppent dans  des  tissus  qui  ne  contribuent  pas  à  leur  formation.  II  a 
vu  un  Pelargonium  zonale  présenter  une  végétation  très  vigoureuse 
sur  un  tronc  pourri  à  sa  base.  La  partie  supérieure  de  la  plante 
avait  envoyé  des  racines  à  travers  toute  l'écorce  de  la  partie  infé- 
rieure désorganisée.  Cette  marche  des  racines  ne  lui  paraît  pas  non 
plus  une  preuve  en  faveur  de  la  théorie  de  Dupetit-Thouars.  S'il 
est  un  fait,  dit-il,  qui  puisse,  en  apparence,  rendre  cette  théorie 
plausible ,  c'est  le  cours  descendant  de  la  sève  et  la  formation  des 
parties  nouvelles  de  haut  en  bas.  Mais  le  fond  de  cette  théorie  reste 
inadmissible,  parce  que,  dans  toute  leur  étendue,  les  tissus  de  nouvelle 
formation  sont  en  réalité  formés  par  les  tissus  anciens ,  sur  lesquels 
ils  reposent  et  avec  lesquels  ils  sont  continus. 

M.  Germain  de  Saint-Pierre  reconnaît  que  les  faits  qu'il  a  observés 
chez  YAgraphis  campanulata  sont,  en  effet,  analogues  à  ceux  qui 
viennent  d'être  rapportés.  Les  racines  descendent  d'un  bourgeon  à 
travers  un  tissu  inerte  qui  leur  sert  en  quelque  sorte  de  terrain. 
Néanmoins  il  pense  que  ces  faits,  dans  certaines  limites,  viennent  à 
l'appui  de  la  théorie  de  Dupetit-Thouars  et  de  Gaudichaud. 

M.  le  Président  fait  observer  que  cette  théorie  est  ici  hors  de 
cause,  et  que  sa  discussion  entraînerait  beaucoup  trop  loin. 

M.  de  Schœnefeld  présente  à  la  Société  un  échantillon  deSemper- 
vivum  tectorum  en  fleur,  et  donne,  à  cette  occasion,  lecture  de  la 
note  suivante  : 

(1)  VAgraphis  campanulata  n'est  pas  la  seule  espèce  du  genre  qui  présente 
celte  curieuse  structure;  VAgraphis  patula,  et  même  noire  Agraphis  nutans,  pré- 
sentent une  structure  analogue,  mais  les  phénomènes  signalés  plus  haut  s'y  obser- 
vent à  un  bien  moindre  degré,  le  bulbe  restant  souvent  globuleux  chez  ces  espèces, 
malgré  une  certaine  tendance  à  l'élongation. 


170  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

NOTE  SI  li   L'INFLORESCENCE  DU  SEMPERVIVUM   TECTORUM, 
par  M.  W.  DE  M  IKIMIII  ». 

Deux  de  nos  honorables  confrères  ont  récemment  présenté  à  la  Société 
des  observations  pleines  d'intérêt  sur  l'inflorescence  des  Graminées,  el  parti- 
culièrement sur  les  différents  axes  auxquels  doivent  être  rapportées  certaines 
parties  de  l'epillet. 

Je  crois  pouvoir,  à  mon  tour,  saisir  l'occasion  de  signaler,  chez  une, 
plante  très  éloignée  des  Graminées,  quelques  faits  qui  ont  une  certaine 
analogie  avec  les  difficultés  que  présente  la  structure  de  l'epillet,  car  il 
s'agit  aussi  d'axes  de  divers  degrés,  et  de  feuilles  ou  de  bractées  qu'on  est 
tenté,  au  premier  abord,  d'attribuer  a  un  axe  auquel  elles  n'appartiennent  pas 
en  réalité,  .l'ignore  d'ailleurs  entièrement  si  ces  faits  ont  déjà  été  remarqués 
et  publies  quelque  part. 

Voici  un  Sempervivum  tectorum  que  j'ai  cultivé  ou  plutôt  conservé  sur 
une  fenêtre  pendant  plusieurs  années  et  qui  porte  des  fleurs  en  ce  moment. 
Eu  examinant  son  inflorescence,  j'ai  été  frappé  d'un  fait  assez  singulier  et 
qui  est  dû  vraisemblablement  a  l'extrême  rapidité  avec  laquelle  s'est  al- 
longé l'axe  principal.  Les  feuilles  de  cet  axe,  déjà  presque  toutes  fort  déve- 
loppées au  moment  où  ce  brusque  allongement  s'est  effectue,  sont  pour 
ainsi  dire  restées  en  arrière  et  n'ont  pas  complètement  suivi  l'évolution  de 
l'axe.  Il  en  resuite  que  ces  feuilles  se  trouvent  placées  à  une  certaine  dis- 
tance au-dessous  des  points  qu'elles  devraient  occuper,  et  où  les  bourgeons 
ou  rameaux  latéraux,  nés  dans  leur  aisselle,  se  détachent  de  l'axe  princi- 
pal. Cette  distance,  qui  sépare  l'insertion  de  la  feuille  du  point  où  se  détache 
le  rameau  latéral,  est  à  peu  près  nulle  dans  le  bas  de  la  tige,  où  l'on  voit  les 
bourgeons  (avortés)  situés  presque  exactement  dans  l'aisselle  des  feuilles; 
mais  elle  devient  de  plus  en  plus  grande  a  mesure  que  l'on  s'élève  vers  la 
partie  supérieure  de  l'inflorescence.  On  peut  en  suivre  aisément  la  gradation 
successive,  et  quand  on  arrive  presque  au  sommet,  on  voit  le  point  où 
chaque  rameau  florifère  se  détache  de  l'axe,  sépare  de  la  feuille  dans  l'ais- 
selle de  laquelle  il  prend  naissance  par  deux  ou  trois  mérithalles.  dont,  les 
deux  ou  trois  feuilles  sont  situées  dans  I  intervalle,  sur  les  autres  côtés  de 
la  tige.  Enfin,  lorsqu'on  atteint  l'extrémité  de  l'inflorescence,  on  voit  une 
chose  plus  remarquable  encore.  I.e  phénomène  se  reproduit  en  petit  sur  les 
derniers  rameaux  floraux  ou  axes  secondaires,  et  les  feuilles  de  ces  rameaux 
restant,  elles  aussi,  en  arrière,  quelques-unes  de  ces  feuilles  se  trouvent 
placées  non  plus  sur  le  rameau  dont  elles  font  partie,  mais  à  sa  base,  de 
telle  sorte  qu'elles  semblent  être  les  bractées  qui  ont  donné  naissance  à  ces 
rameaux,  tandis  que  les  feuilles,  dans  l'aisselle  desquelles  ces  rameaux  sont 
réellement  nés,  se  trouvent  bien  loin  au-dessous. 

La  réalité  de  ce  que  j'avance  est  prouvée  : 


SÉANCE    1)1     26   JUILLET    IS5/|.  171 

1°  Par  !a  gradation  successive  de  la  distance  qui  sépare  les  feuilles  de 
leurs  rameaux  et  qui  ne  permet  pas  de  se  tromper  lorsqu'on  rattache  les 
rameaux  supérieurs  à  l'aisselle  de  feuilles  fort  éloignées  d'eux. 

2°  Par  une  côte  très  sensible  qui  fait  légèrement  saillie  sur  la  tige,  qui 
est  moins  velue  que  le  reste  de  cette  tige,  et  qui  va  de  l'aisselle  de  chaque 
feuille  au  point  où  se  détache  son  rameau.  Cette  côte,  plus  visible  dans  le 
basque  dans  le  haut  de  l'inflorescence,  est  produite  par  les  faisceaux  fibro- 
vasculaires  qui  constituent  le  rameau,  et  qui,  recouverts  par  l'épiderme  de 
la  tige,  se  trouvent  soudés  avec  cette  tige. 

Je  dois  ajouter  que,  chose  bizarre  et  que  je  ne  m'explique  pas  bien,  cette 
côte  se  prolonge  un  peu  au-dessus  du  rameau.  Constituant  en  effet  la  partie 
inférieure  de  ce  rameau,  elle  ne  devrait  pas,  ce  me  semble,  dépasser  le  point 
où  il  se  détache  de  la  tige.  Ce  prolongement  étrange  est  surtout  très  appa- 
rent dans  le  bas'de  la  tige.  Je  serais  très  heureux  si  ceux  de  nos  confrères 
qui  ont  plus  que  moi  l'habitude  de  l'analyse  anatomique  des  organes  des 
végétaux  voulaient  bien  nons  donner  la  solution  de  cette  difficulté,  sur  la- 
quelleje  n'ose pashasarder  la  moindre  hypothèse.  Cette  explication,  d'ailleurs, 
quelle  qu'elle  puisse  être,  ne  se  rapporte  pas  directement  au  sujet  essentiel 
de  cette  communication. 

Ce  que  je  désire  surtout,  messieurs,  c'est  de  vous  faire  constater  vous- 
mêmes,  sur  l'échantillon  qui  est  devant  vous  : 

1°  Que,  dans  une  inflorescence  rapidement  développée,  les  rameaux  peu- 
vent se  séparer  de  la  tige  plus  ou  moins  loin  de  la  feuille  ou  bractée  dans 
l'aisselle  de  laquelle  ils  naissent  ; 

2°  Que,  par  suite  de  cet  éloignement  anormal  de  deux  points  qui,  nor- 
malement, devraient  se  confondre,  les  feuilles  ou  bractées  d'un  axe  secon- 
daire peuvent  paraître  appartenir  et  l'axe  primaire,  et  que,  par  conséquent, 
une  feuille  ou  bractée  peut  très  bien  su  rencontrer  à  la  base  du  rameau  sur 
lequel  elle  devrait  être,  et  sembler  ainsi  donner  naissance  au  rameau  même 
auquel  elle  appartient  et  dont  elle  émane  en  réalité  (1). 

Je  ne  sais  si  je  me  fais  illusion,  mais  il  me  semble  que  la  constatation 
de  ces  faits  n'est  pas  entièrement  dépourvue  d'intérêt,  et  peut  avoir  des  con- 
séquences qui  ne  sont  pas  sans  quelque  valeur. 

En  effet,  très  probablement  et  bien  que  le  temps  m'ait  manque  pour  m'en 
assurer  d'une  manière  absolue,  très  probablement,  dis-je,  des  faits  de  cette 
nature  doivent  se  rencontrer  dans  beaucoup  d'autres  inflorescences,  surtout 

(1)  Depuis  la  rédaction  de  cette  note,  j'ai  eu  occasion  de  constater  chez  une 
plante  de  la  même  famille  un  phénomène  tout  à  fait  inverse.  Dans  l'inflorescence 
du  Sedum  Telephium  ,  les  derniers  rameaux  entraînent  souvent  avec  eux  les 
feuilles  dans  l'aisselle  desquelles  ils  naissent,  et  ces  feuilles  appartenant  réellement 
à  Taxe  primaire,  semblent  appartenir  à  un  axe  secondaire,  c'est-à-dire  au  rameau 
même  qui  naît  dans  leur  aisselle. 


17*2  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

dans  celles  qui  se  développent  avec  une  certaine  rapidité.  S'il  en  est  ainsi, 
j'ose  croire  que  quelques  points  encore  obscurs  de  la  ramification  des  in- 
florescences et  de  la  disposition  des  bractées,  involucres,  etc.,  pourront  être 
élucidés  d'une  manière  assez  satisfaisante. 

Si  l'approbation  de  la  Société  m'y  encourage,  j'essaierai  de  poursuivre 
cette  petite  étude  chez  quelques  autres  végétaux,  en  particulier  chez  les 
plautes  grimpantes  qui  croissent  très  vite,  et  j'aurai  l'honneur  de  lui  rendre 
compte  du  résultat  de  mes  recherches. 

Puisque  la  Société  m'a  permis  de  l'entretenir  du  Sempervivum  tectorum, 
j'ajouterai  quelques  mots  sur  la  manière  de  végéter  de  cette  plante  curieuse 
a  plus  d'un  titre.  Ce  qui  frappe  surtout  en  elle,  c'est  son  extrême  vitalité. 
J'ai,  sur  uue  assiette  et  sans  un  atome  de  terre  végétale,  des  rosettes  séparées 
de  la  plante  mère  depuis  quatorze  mois  et  qui  sont  encore  parfaitement  vi- 
vantes. Outre  l'air  atmosphérique,  un  seul  agent  vital  est  nécessaire  pour 
qu'elles  se  conservent  ainsi,  c'est  la  lumière;  placées  dans  l'obscurité,  ou 
seulement  à  l'ombre,  les  rosettes  ne  tardent  pas  à  s'allonger,  à  s'étioler  et 
à  périr. 

Durant  un  certain  nombre  d'années,  la  rosette  plantée  en  terre  émet  chaque 
printemps,  vers  le  mois  de  mai,  plusieurs  rejets  qui  forment  de  nouvelles 
rosettes  et  reproduisent  la  plante.  Ces  rejets  prennent  naissance  entre  les 
feuilles  de  la  rosette  mère  qui  se  sont  développées  l'année  précédente,  et  qui 
n'en  produiront  plus  dans  les  années  suivantes.  Le  bourgeon  central  de  la 
rosette  mère  produit  chaque  année  de  nouvelles  feuilles  et  grossit  de  plus 
en  plus,  surtout  si  l'on  a  soin  de  couper  les  rejets. 

Knfin  il  arrive  un  printemps  où  la  plante  n'émet  plus  de  rejets  (un  ou  deux 
très  exceptionnellement).  Par  contre,  le  bourgeon  central  s'allonge  très  ra- 
pidement, et  en  une  quinzaine  de  jours,  l'intloresceuce  atteint  presque  toute 
sa  hauteur. 

Le  développement  de  cette  inflorescence  n'arrive  pas  toujours  exactement 
au  même  âge  de  la  rosette.  La  première  rosette  que  j'ai  cultivée  a  été  cueillie 
par  moi  sur  un  mur,  près  de  Dampierre,  le  Ie'  avril  1850.  Klle  était  déjà 
alors  d'une  certaine  grosseur  et  devait  être  âgée  d'un  an  au  moins.  Cette 
rosette  fleurit  en  ce  moment,  en  même  temps  que  deux  autres  rosettes  qu'elle 
a  produites  en  1851,  que  j'ai  mises  dans  des  pots  séparés  et  qui  sont  au 
moins  de  deux  ans  plus  jeuues  qu'elle.  Le  développement  de  l'inflorescence 
n'est  donc  pas  une  conséquence  nécessaire  d'un  certain  âge  de  la  rosette, 
mais  peut  être  retardé  ou  accéléré  par  les  circonstances  extérieures,  et  sur- 
tout par  la  marche  plus  ou  moins  régulière  des  saisons. 

Au  printemps  de  l'année  actuelle,  le  mois  de  mars  et  presque  tout  le  mois 
d'avril  ont  été  d'une  sécheresse  inaccoutumée.  Mes  trois  Joubarbes,  aban- 
données sur  la  fenêtre  d'une  chambre  inhabitée,  semblaient  souffrir  beau- 
coup de  la  chaleur  précoce  de  ces  deux  mois.  Leurs  feuilles  étaient  devenues 


SÉANCE    M     26    JUILLET    1854.  173 

flasques  et  presque  papyracées.  Je  les  croyais  perdues.  Quelques  arrose- 
ments  ue  suffirent  pas  pour  leur  rendre  la  santé;  mais  les  pluies  torrentielles 
de  mai  et  de  juin  se  chargèrent  de  ce  soin.  Une  réaction  brusque  s'opéra, 
et  je  vis  tout  à  coup  mes  Joubarbes  reprendre  une  vigueur  plus  remarquable 
que  jamais.  Mais  elles  ne  produisirent  pas  de  rejets,  comme  je  m'y  attendais, 
et  leur  bourgeon  central,  par  un  développement  rapide,  devint,  en  peu  de 
semaines,  l'inflorescence  dont  vous  avez  un  exemple  sous  les  yeux.  L'une 
d'elles  a  atteint  une  hauteur  de  62  centimètres  ;  les  premières  fleurs  de 
chacune  des  trois  plantes  se  sont  ouvertes  le  même  jour,  le  17  juillet. 

Ce  simple  récit  peut  offrir  quelque  intérêt  aux  horticulteurs.  Il  serait 
possible,  en  effet,  que  pour  faire  lleurir  promptement  certaines  plantes 
grasses  qui  végètent  de  la  même  manière,  il  fût  bon  de  les  soumettre,  vers 
la  fin  de  l'hiver,  à  une  extrême  sécheresse,  puis,  de  remplacer  brusquement 
ce  jeûne  sévère  par  des  arrosements  très  abondants. 

Quelles  que  soient  les  causes  qui  la  retardent  ou  l'accélèrent,  l'inflores- 
cence est  toujours  le  terme  de  l'évolution  de  la  plante.  Le  suprême  effort 
qui  transforme  une  humble  rosette  en  un  brillant  candélabre  épuise  ses  forces 
et  met  fin  à  sa  vie.  Alors  cette  végétation  luxuriante  s'arrête  ;  alors  cet  or- 
ganisme plein  de  vitalité,  qui  semblait  se  suffire  à  lui-même  et  se  rajeunir 
sans  cesse,  subit  à  son  tour  la  loi  commune.  La  pauvre  Joubarbe  doit  mourir 
et  meurt  en  effet,  en  dépit  du  nom  pompeux  dont  les  botanistes  l'ont  vai- 
nement décorée.  Sic  transit  Sempervivum. 

M.  Germain  de  Saint-Pierre  dit  qu'il  a  vu  plusieurs  exemples  ana- 
logues, notamment  sur  les  tiges  d'une  pomme  de  terre  qui  avaient 
poussé  dans  une  cave.  Un  rameau,  soudé  à  sa  lige,  devenait  libre 
beaucoup  plus  haut  que  la  feuille  dont  l'aisselle  lui  avait  donné 
naissance. 

M.  Brongniart  fait  observer  que  cette  soudure  est  normale  chez 
les  Solanées,  dont  plusieurs  lui  doivent  leurs  feuilles  géminées. 

M.  Trécul  rappelle  le  fait  encore  plus  frappant  de  Y  Erythrochiton 
hijpophyllanthus,  où  le  rameau  floral  est  soudé  jusqu'à  la  nervure  de 
la  feuille  supérieure,  et  semble  naître  de  cette  feuille. 

M.  de  Schœnefeld  présente  un  rameau  de  Châtaignier  qui  porte  à 
son  extrémité  des  chatons  femelles  presque  aussi  longs  et  aussi 
garnis  de  fleurs  que  les  chatons  mâles.  Il  ajoute  que,  dans  la 
châtaigneraie  de  Chambourcy  (Seine-et-Oise),  où  ce  rameau  a  été 
cueilli,  un  grand  nombre  d'arbres  offraient  des  rameaux  sem- 
blables. Ce  fait  a  peut-être  été  occasionné  par  l'extrême  humidité  de 
la  lin  du  printemps. 

t.  i.  12 


17/|  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

31.  Duchartre  présente  la  communication  suivanle  : 

EXPÉRIENCES  SUR  DES  BOUTURES  DROITES  ET  RENVERSÉES,  par  M.  P.   DUCHARTRE. 

Pendant  l'existence  de  quelques  mois  du  jardin  de  l'Institut  agronomique, 
j'avais  institué  plusieurs  séries  d'expériences  sur  divers  points  de  physio- 
logie végétale.  Quoique  restées  forcément  incomplètes  ,  certaines  de  ces 
expériences  m'ont  donné  des  résultats  qui  m'ont  paru  mériter  d'être  pu- 
bliés. Tels  sont  ceux  qui  vont  faire  le  sujet  de  cette  note. 

Je  m'étais  proposé  d'étudier  expérimentalement  diverses  questions  que 
soulève  l'histoire  des  boutures,  et  sur  lesquelles  la  science  possède  des  don- 
nées intéressantes  ,  mais  encore  insuffisantes  pour  amener  à  une  solution 
définitive.  Deux  seulement  d'entre  ces  questions  m'occuperont  ici. 

1°  Influence  de  la  plantation  à  différentes  profondeurs  sur  là  végétation 
des  boutures.  — Un  expérimentateur  ingénieux  de  notre  Midi,  Lardier,  a 
fait  à  ce  sujet  des  expériences  multipliées  qui  lui  ont  paru  mettre  hors  de 
doute  les  avantages  des  boutures  superficielles.  «Les  boutures  exigent ., 
dit-il ,  pour  prospérer,  d'être  plantées  à  7  ou  8  pouces  de  profondeur  tout 
au  plus,  dans  les  terrains  secs  et  chauds,  et  à  6  ou  7  pouces  dans  les  terres 
naturellement  humides  ou  qu'on  arrose.  »  (Voy.  J.-S.  Lardier,  Nouv.  traité 
théor.  et  pratique  sur  les  semis  et  les  plantations  des  arbres,  etc.  Paris,  1828, 
p.  148.)  Les  espèces  sur  lesquelles  cet  observateur  a  opère  sont  :  la  Vigne, 
le  Cognassier,  le  Grenadier,  le  Citronnier,  le  Figuier,  le  Platane,  le  Peuplier 
d'Italie,  etc. 

Pour  vérifier  l'exactitude  de  la  conclusion  générale  que  je  viens  de  re- 
produire, le  22  juin  1852,  j'ai  planté  6  boutures  de  Saule  blanc  formées  de 
branches  de  0m,02  environ  de  diamètre,  dans  une  plate-bande  de  terre  bien 
ameublie  et  engraissée  par  une  culture  jardinière  de  plusieurs  années.  Ces 
boutures  ont  été  enfoncées  :  deux  à  0"',1 62  (6  pouces),  deux  autres  à  0m,32ft 
(1  pied),  les  deux  dernières  à  0"\&86  (18  pouces).  L'expérience  a  été  for- 
cément arrêtée  le  10  octobre  1852.  Les  boutures  avaient  toutes  repris  et 
végété  avec  plus  ou  moins  de  vigueur;  mais  celles  qui  avaient  donné  les 
plus  fortes  productions  étaient  précisément  les  deux  qu'on  avait  plantées  le 
plus  profondément.   L'une  et  l'autre  avaient  développé  une  forte  masse  de 
racines,  dont  plusieurs  étaient  longues  de  5  ou  6  décimètres  et  épaisses  a 
leur  base  de  5-6  millimètres  ou  même  davantage.   Cette  masse  de  racines 
vigoureuses  était  née  exclusivement  dans  la  longueur  du  décimètre  inférieur 
de  la  bouture.  Dans  l'étendue  des  deux  décimètres  supérieurs  à  cette  pre- 
mière partie,  on  ne  voyait  que  des  racines  courtes  et  grêles,  espacées,  au 
nombre  seulement  d'une  douzaine;  enfin  toute  la  portion  supérieure,  encore 
plongée  sous  terre  ,  sur  une  longueur  de  près  de  deux  décimètres  ,  n'avait 
pas  émis  une  seule  racine. 


SÉANCE    ULi    2(3   JUILLET    1854.  175 

Les  quatre  boutures  enfoncées  en  terre  à  0"\324  et  ()m,162  avaient  fourni 
des  productions  sensiblement  plus  faillies.  Les  deux  premières  avaient  dé- 
veloppé plusieurs  fortes  racines  groupées  dans  l'étendue  du  décimètre  infé- 
rieur ou  partant  du  bout  même  de  la  bouture  entre  le  bois  et  l'écorce  ;  la 
partie  moins  enterrée  avait  donné  à  peine  quelques  radicelles  très  grêles  et 
très  courtes  qui  n'avaient  évidemment  aucune  importance  pour  la  nutrition 
des  deux  jeunes  arbres.  Enfin,  les  deux  dernières  boutures,  qui  étaient  les 
plus  superficielles,  n'avaient  produit  qu'une  forte  racine,  et  celle-ci  partait 
de  leur  section  inférieure,  de  manière  à  paraître  les  continuer  dans  une  di- 
rection oblique. 

Ces  six  exemples  parfaitement  concordants  sont  évidemment  en  contra- 
diction formelle  avec  le  principe  général  énoncé  par  Lardier  comme  consé- 
quence de  ses  expériences.  Ils  montrent  que,  du  moins  pour  le  Saule  blanc, 
et  dans  les  conditions  de  mon  expérience,  les  boutures  plantées  profondé- 
ment en  terre  s'enracinent  mieux,  végètent  plus  vigoureusement  que  les 
autres,  et  que  dans  toutes,  quel  que  soit  leur  enfoncement  dans  le  sol,  les 
racines  naissent  ou  uniquement  ou  principalement  clans  la  portion  la  plus 
éloignée  de  la  surface  du  sol.  J'ajouterai  que  les  résultats  de  cette  expérience 
ont  été  confirmés  par  ce  que  j'ai  vu  sur  plusieurs  autres  boutures,  faites 
pour  des  recherchés  d'une  autre  nature. 

2°  Végétation  des boutitres renversé es.  —  Duhamel  me  paraitêtre  le  premier 
qui  ait  fait  des  expériences  dans  cette  direction.  C'est  le  Saule  blanc  qui  lui 
servit  de  sujet  pour  ses  recherches.  Voici  en  peu  de  mots  les  résultats  qu'il 
constata  (Phys.  des  arbres  ,11,  p.  115  et  suiv.  )  :  Les  branches  plantées 
dans  une  direction  renversée  reprirent  en  général  sans  difficulté;  elles 
produisirent  plusieurs  jeunes  branches  qui,  après  avoir  poussé  «  comme  si 
elles  eussent  voulu  gagner  la  terre,  »  se  recourbèrent  bientôt  pour  prendre 
la  direction  ordinaire.  De  leur  côté  ,  les  racines  suivirent  d'abord  une 
direction  telle  que  si  elles  eussent  tendu  à  gagner  la  superficie  du  sol; 
après  quoi  elles  se  recourbèrent  pour  s'enfoncer  en  terre.  Les  tiges  de  ces 
boutures  renversées  se  firent  remarquer  par  la  formation  de  côtes  grosses 
comme  le  doigt  «  qui  semblaient  répondre  à  la  naissance  des  blanches.  »  Il 
se  forma  des  bourrelets  à  l'extrémité  de  la  partie  qui  était  enterre.  Ensuite 
tout  rentra  peu  à  peu  dans  l'ordre  ordinaire;  «  les  tiges  s'arrondirent,  les 
productions  ne  firent  plus  le  crochet,  et  ,  au  bout  de  quelques  années,  ces 
arbres  poussèrent  comme  les  autres.  »  Dans  une  autre  expérience,  Duhamel 
planta  un  jeune  Saule  renversé  et  les  branches  disposées  en  terre  comme  si 
elles  eussent  été  des  racines  ;  il  remarqua,  dans  ce  cas,  que  les  bourgeons  de 
ces  branches  enterrées  s'ouvrirent,  s'allongèrent  de  quelques  lignes  à  peine, 
et  périrent  ensuite. 

Knight  répéta ,  en  1802  ,   les  expériences  de  Duhamel  (Voy.  Knigld's 
hortic.  Papers,  p.  105  et  suiv.).  Pendant  l'automne,  il  planta  hQ  boutures 


176  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

de  Groseillier  à  maquereau  et  autant  de  Groseillier  ordinaire,  la  moitié 
droites  et  la  moitié  renversées.  Les  boutures  renversées  échouèrent  toutes 
pour  le  Groseillier  à  maquereau  ;  au  contraire,  presque  toutes  celles  de  Gro- 
seillier ordinaire  s'enracinèrent.  Il  fit  également  douze  longues  boutures  de 
Saule  Marceau,  une  moitié  droites,  l'autre  moitié  renversées.  Celles-ci  re- 
prirent toutes  en  peu  de  temps  et  poussèrent  avec  vigueur  ;  mais  leurs 
pousses  étaient  d'autant  plus  faibles  et  devinrent  bientôt  d'autant  plus  lan- 
guissantes qu'elles  partaient  de  plus  haut  au-dessus  du  sol.  knight  croyait 
que  ce  fait  avait  échappé  a  Duhamel ,  parce  que  ce  célèbre  physiologiste 
avait  fait  toutes  ses  boutures  trop  courtes.  Son  observation  la  plus  impor- 
tante fut  que  le  bois  nouveau,  développé  par  les  boutures  renversées,  s'ac- 
cumulait constamment  au-dessus  de  la  base  des  pousses  produites  la  pre- 
mière année. 

Désirant  m'éclairer  sur  ces  curieuses  expériences  ,  je  plantai ,  le  22  juin 
1852  ,  dans  la  plate-bande  qui  avait  servi  aux  essais  rapportés  plus  haut , 
30  boutures  de  Saule  blanc,  la  moitié  droites,  l'autre  moitié  renversées. 
Quelques  jours  plus  tard,  je  plantai  au  même  endroit  10  boutures  de  Troène 
par  moitié  droites  et  renversées.  Parmi  ces  10  dernières,  une  seule  réussit, 
et  celle-là  était  précisément  renversée.  Quant  aux  premières  ,  la  plupart 
s'enracinèrent ,  et  cela  en  nombre  à  peu  près  égal  pour  les  deux  catégories 
droite  et  renversée.  Dès  le  25  juillet,  2  boutures  renversées  se  faisaient 
remarquer  par  le  nombre  et  la  vigueur  de  leurs  pousses,  dont  plusieurs 
étaient  déjà  longues  de  20  centimètres  ;  mais  ces  pousses  vigoureuses  nais- 
saient peu  au-dessus  du  sol,  et  les  autres  devenaient  de  plus  en  plus  faibles 
à  mesure  qu'elles  partaient  de  points  plus  élevés.  Ce  fait ,  parfaitement  en 
harmonie  avec  l'observation  de  Knight,  s'est  montré  sur  toutes  les  boutures 
renversées  qui  avaient  une  assez  grande  longueur;  à  la  vérité,  il  s'est  pré- 
senté aussi  sur  de  longues  boutures  droites,  de  telle  sorte  qu'il  n'a  peut-être 
pas  l'importance  que  le  physiologiste  anglais  semble  lui  attribuer.  L'expé- 
rience a  été  terminée  le  10  octobre  1852  ,  lorsque  le  jardin  botanique  de 
l'Institut  agronomique  a  cessé  d'exister  par  suite  de  la  suppression  de  l'éta- 
blissement auquel  il  se  rattachait.  Il  m'a  donc  été  impossible  de  suivre  plus 
longtemps  le  développement  de  mes  boutures;  mais,  à  cette  date  ,  toutes 
celles  qui  avaient  réussi  étaient  encore  en  parfaite  végétation.  Arrachées 
avec  soin  et  examinées  de  près ,  elles  ont  donné  lieu  aux  observations 
suivantes. 

Je  n'ai  pas  vu  que  les  pousses  aériennes  ni  les  racines  eussent  d'abord 
une  direction  horizontale  et  se  recourbassent  plus  tard  en  crochet  pour 
prendre  chacune  la  direction  qui  leur  est  essentielle.  Les  racines  particu- 
lièrement naissent  sur  les  branches-boutures  à  angle  plus  ou  moins  aigu , 
comme  de  coutume,  ainsi  qu'il  est  facile  de  s'en  assurer  par  l'examen  des 
échantillons  que  j'ai  conservés:  d'un  autre  côte  ,  si  l'on  remarque  quelque 


SÉANCE   1)1     26   JUILLET    1854-  1/7 

différence  ,  à  la  naissance  des  branches ,  entre  ces  boutures  renversées  et 
celles  qui  ont  été  plantées  droites,  elle  est  assez  légère  pour  devoir  échap- 
per à  un  observateur  qui  ne  serait  pas  prévenu. 

Les  côtes  que  Duhamel  avait  signalées  sur  la  portion  aérienne  des  bou- 
tures renversées,  sans  en  préciser  la  situation,  ou  le  bois  nouveau  accumulé 
au-dessus  de  la  base  des  pousses,  comme  l'appelait  Knight,  se  sont  montrés 
à  moi  parfaitement  apparents  et  dans  des  conditions  que  je  dois  préciser 
plus  que  ne  l'ont  fait  les  deux  célèbres  physiologistes  dont  il  est  question 
ici.  Ces  émineuces  ligneuses  sont  d'autant  plus  fortes  qu'elles  correspondent 
à  une  pousse  plus  vigoureuse.  Partant  d'un  tronc  commun  situé  du  côté 
opposé  à  celui  d'où  soi  t  la  pousse,  elles  se  séparent  bientôt  pour  venir  se 
rendre,  en  descendant  dans  une  direction  oblique  et  arquée,  à  droite  et  à 
gauche  de  la  base  de  cette  pousse.  Ce  sont ,  si  l'on  peut  s'exprimer  ainsi, 
deux  décurrences  ligneuses  ascendantes  et  venant  se  confondre  du  côté  op- 
posé à  leur  point  de  départ  en  une  seule  qui  s'efface  elle-même  peu  à  peu. 
Dans  certains  cas,  il  résulte  de  leur  présence  un  épaississement  ligneux  qui 
double  presque  l'épaisseur  de  la  branche-bouture  au  niveau  de  la  sortie 
d'une  forte  pousse.  Ce  fait  me  semble  très  curieux,  car  il  ne  peut  guère 
s'expliquer  que  par  l'influence  de  la  pousse  a  laquelle  viennent  se  rattacher 
les  deux  côtes  ligueuses;  or  il  faut  admettre  que  cette  influence  s'est  exer- 
cée de  bas  en  haut,  c'est-à-dire  sur  la  ligne  même  selon  laquelle  elle  aurait 
pu  se  produire  si  la  bouture  était  restée  dans  la  situation  naturelle,  et  non 
en  sens  inverse  de  celle-ci.  Il  est  facile  de  sentir  combien  ce  développe- 
ment ligneux  ascendant,  et,  plus  généralement,  la  végétation  de  ces  boutures 
renversées,  se  concilient  peu  avec  les  théories  qui  expliquent  la  production  du 
bois pardes fibres radiculaires  descendantes. 

L'examen  de  la  portion  enterrée  de  ces  mêmes  boutures  renversées  m'a 
présenté  un  fait  très  curieux  encore  et  que  je  crois  n'avoir  pas  été  observé 
jusqu'à  ce  jour.  Cefait  s'est  montré  à  peu  près  sans  exception  sur  toutes  mes 
boutures  renversées  qui  avaient  réussi,  même  sur  celle  de  Troène;  d'où 
je  suis  porté  à  le  regarder  comme  général.  l\  consiste  en  ce  qu'un  ou  plu- 
sieurs bourgeons,  situés  sur  la  partie  enterrée  et  enracinée,  se  sont  déve- 
loppés sous  terre  et  ont  produit  une  pousse  grêle,  à  entre-nœuds  raccourcis, 
ne  portant  pour  feuilles  que  de  petites  écailles  en  raison  de  leur  situation 
souterraine,  et  qui,  après  avoir  commencé  à  se  développer  de  haut  en  bas, 
s'est  bientôt  et  brusquement  recourbée  en  crochet  sur  elle-même  pour 
prendre  une  direction  verticale  ascendante.  J'ai  vu  certaines  de  ces  pousses 
souterraines  naître  jusqu'à  près  de  2  décimètres  de  profondeur.  Dans  cette 
situation  évidemment  défavorable,  elles  avaient  acquis,  le  10  octobre,  une 
longueur  de  6  ou  7  centimètres.  Lorsque  le  point  d'origine  de  ces  pousses 
était  peu  enfoncé  en  terre,  elles  arrivaient  promptement  à  l'air  et  commen- 
çaient dès  lors  à  végéter  assez  vigoureusement  pour  devenir  bientôt  très 


178  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE   DE    FRANCK. 

fortes;  en  outre,  elles  s'enracinaient  elles-mêmes  vers  leur  base,  et  consti- 
tuaient ainsi  de  véritables  drageons  enracinés.  Je  suis  porté  à  croire  que  , 
quoique  partant  de  beaucoup  plus  bas,  les  autres  pousses  souterraines  au- 
raient également  fini  par  arriver  au  niveau  du  sol ,  et  par  acquérir  dès  cet 
instant  une  grande  vigueur  de  végétation.  Je  regrette  de  n'avoir  pu  prolon- 
ger plus  longtemps  mon  expérience,  pour  voir  si  mes  conjectures  à  cet 
égard  se  seraient  vérifiées. 

Ce  développement  constant  des  bourgeons  souterrains  me  parait  être  un 
des  faits  les  plus  curieux  de  l'histoire  des  boutures  renversées.  11  s'écarte 
du  reste  entièrement  de  ce  qu'avait  vu  Duhamel  sur  son  arbre  à  branches 
enterrées,  puisqu'ici  les  bourgeons  n'avaient  émis  que  des  productions  insi- 
gnifiantes qui  ne  tardèrent  pas  à  périr. 

Quant  aux  bourrelets  que  Duhamel  a  vus  se  produire  à  l'extrémité  infé- 
rieure de  ses  boutures  renversées,  ils  manquaient  dans  toutes  les  miennes, 
comme  il  est  facile  de  s'en  assurer  par  l'examen  des  huit  échantillons  que 
j'ai  conservés  et  que  je  mets  sous  les  yeux  de  la  Société. 

M.  Trécul  fait  à  la  Société  la  communication  suivante  : 

DES  INFLORESCENCES  CENTRIFUGÉS    DU  FIGUIER,  DU  DOliSTENIA  ,  ETC., 
par  M.  A.  TRÉCUL. 

Dans  la  séance  du  12  juillet  dernier,  j'ai  eu  l'honneur  de  décrire  une  in- 
florescence indéfinie  qui,  par  sa  forme  et  par  son  évolution,  l'appelle  une 
calathide  très  fortement  déprimée  qui  aurait  été  coupée  longitudinalement 
par  la  moitié;  elle  est  par  conséquent  unilatérale,  et  ses  fleurs  naissent  de 
haut  en  bas  et  de  la  face  externe  à  la  face  interne,  sur  le  sommet  de  son 
pédoncule,  qui  est  canaliculé  comme  le  pétiole  d'une  feuille.  La  figure  de 
cette  inflorescence  est  telle,  dans  sa  jeunesse,  que  si  l'on  en  suppose  deux 
réunies  par  leur  face  interne,  on  a  quelque  chose  d'assez  semblable  à  une 
calathide  d'Artichaut  ou  de  beaucoup  d'autres  Composées. 

Aujourd'hui  je  désire  entretenir  la  Société  d'inflorescences  que  l'on  a  fré- 
quemment comparées  aux  inflorescences  indéfinies  ou  centripètes  des  Com- 
posées. Je  veux  parler  de  celles  du  Ficus  et  du  Dorstenia.  En  effet,  ces  deux 
inflorescences  ont  été  rangées,  par  tous  les  botanistes,  parmi  ies  indéfinies, 
c'est-à-dire  dont  les  fleurs  s'épanouissent  de  bas  en  haut  ou  de  la  circonfé- 
rence au  centre.  La  figue  surtout,  par  la  singularité  de  sa  forme,  a  attire 
souvent  l'attention  des  botanistes,  mais  aucun  de  ceux  qui  l'ont  étudiée 
u'ayant  eu  l'idée  de  remonter  à  sa  formation,  n'a  pu  arriver  à  son  apprécia- 
tion exacte.  On  l'a  regardée  comme  l'analogue  d'une  calathide  creuse, 
comme  un  rameau  très  contracté  ou  une  inflorescence  indéfinie  dont  le 
sommet  occuperait  le  fond  de  la  cavité  ;  la  base  de  l'inflorescence  serait  par 


SÉANGE    DU    26   JUILLET    185/j.  179 

conséquent  près  ne  l'ouverture  de  la  figue,  et  les  écailles  qui  ferment  celle- 
ci  représenteraient  l'involucre  des  Composées,  c'est-à-dire  les  bractées  in- 
férieures de  leur  inflorescence. 

Une  étude  approfondie  montre  qu'il  n'en  est  point  ainsi  ;  un  examen 
attentif  de  figues  très  jeunes  fait  voir  que  leur  involucre  (folioles  de  l'ori- 
fice) n'est  point  l'analogue  de  celui  de  l'Artichaut,  du  Soleil  ou  de  toute 
autre  Synanthérée  ;  car,  dans  ces  dernières  plantes,  les  folioles  de  l'invo- 
lucre ne  sont,  comme  on  l'a  très  bien  dit,  que  les  fouilles  inférieures  d'un 
rameau  à  entre-nœuds  très  courts;  aussi  est-ce  avec  beaucoup  de  raison 
que  l'on  a  placé  la  calathide  à  côte  de  l'inflorescence  des  Veronica  spicàta, 
spuria,  etc.,  ou  du  capitule  des  Trèfles;  mais  c'est  tomber  dans  une  bien 
grande  erreur  que  de  leur  assimiler  l'inflorescence  du  Ficus  Carica. 

Si  nous  suivons  l'évolution  de  la  figue  dans  toutes  ses  phases,  nous  recon- 
naîtrons que  les  folioles  les  plus  internes  de  l'involucre  sont  réellement  ter- 
minales, et  non  les  feuilles  ou  les  bractées  de  la  base  d'un  rameau  a 
entre-nœuds  raccourcis,  comme  celles  qui  environnent  le  capitule  des 
Composées. 

Prenons  d'abord  une  figue  à  l'époque  de  la  floraison.  Nous  la  trouvons 
munie  d'un  court  pédoncule,  a  la  partie  inférieure  duquel  on  observe  trois 
écailles  :  l'une,  plus  grande,  qui  est  latérale  par  rapport  à  la  feuille  voisine  ; 
une  deuxième,  un  peu  plus  petite  que  la  première,  est  insérée,  en  apparence, 
dans  l'aisselle  de  l'inflorescence;  la  troisième,  qui  est  excessivement  ré- 
duite, est  latérale  comme  le  première  et  fixée  sur  le  côté  opposé.  Au  sommet 
du  pédoncule  sont  trois  autres  écailles  a  peu  près  verticillées  aussi,  et  qui, 
cependant,  se  développent  successivement.  Elles  embrassent  alors  seulement 
la  partie  inférieure  de  la  jeune  figue,  sur  laquelle  s'en  trouve  quelquefois 
une  quatrième,  placée  plus  haut.  Cette  figue,  qui  est  déjà  pyriforme,  est 
couronnée  par  quelques  écailles  qui  en  ferment  l'orifice  et  recouvrent  celles, 
bien  plus  nombreuses,  qui  garnissent  cette  ouverture  a  l'intérieur.  Tout  le 
reste  de  la  cavité  est  tapissé  par  les  fleurs. 

Voilà  ce  que  l'on  observe  quand  la  figue  est  arrivée  à  l'époque  de  l'épa- 
nouissement de  toutes  les  fleurs.  Mais  si  l'on  cherche  à  remonter  vers  son 
origine,  en  étudiant  des  inflorescences  de  plus  en  plusjeunes,  on  s'apercevra 
d'abord  que  les  fleurs  voisines  de  l'orifice  sont  celles  qui  s'épanouissent  les 
dernières,  et  non  celles  du  fond,  comme  le  pensent  les  auteurs  qui  ont  parlé 
de  l'organisation  de  la  figue.  Un  .seul  botaniste  me  parait  s'être  aperçu  de  la 
direction  dans  laquelle  la  floraison  s'effectue.  Ce  botaniste  est  M.  Brongniart, 
notre  président. 

Si  l'on  poursuit  cette  étude  dans  une  inflorescence  plus  jeune,  on  trouvera 
que  les  fleurs  du  fond  seront  déjà  bien  formées,  quand  celles  du  sommet 
seront  incomplètes  ou  même  rudimentaires.  Dans  une  inflorescence  moins 
avancée  encore,  qui  n'avait  que  7  millimètres  à  partir  de  la  base  du  pédon- 


180  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    OC    FRANCE. 

eule,  j'ai  vu  que  toutes  les  fleurs  étaient  réduites  a  des  protubérances  qui 
couvraient  en  grande  partie  les  parois  de  la  cavité  ;  que  les  inférieures 
émettaient  déjà  latéralement  une,  deux  ou  trois  proéminences  inégales, 
rudiments  des  folioles  du  périanthe;  que  celles  qui  étaient  situées  plus  haut 
ne  constituaient  que  de  simples  mamelons  d'autant  moins  saillants  qu'ils 
étaient  plus  rapprochés  de  l'orifice.  Une  inflorescence  moins  âgée  offrait 
une  cavité  moins  profonde  dont  toutes  les  éminences  étaient  uniformes  et 
diminuaient  de  grandeur  en  s'éloignant  du  fond;  la  partie  supérieure  de 
cette  cavité  était  même  dépourvue  de  protubérance.  Une  figue  de  h  milli- 
mètres présentait  une  cavité  à  peine  hémisphérique.  Le  fond  seul  était  oc- 
cupé par  de  très  petites  proéminences,  et  l'on  remarquait  que  les  écailles 
les  plus  internes  n'avaient  point  la  même  teinte  verte  que  les  extérieures; 
elles  étaient  tout  à  fait  incolores,  comme  des  organes  naissants.  Cette  inflo- 
rescence était  entièrement  cachée  sous  les  trois  écailles  du  sommet  du  pé- 
doncule. Il  est  inutile  d'ajouter  que  toutes  celles  que  je  vais  décrire  désor- 
mais, et  qui  étaient  moins  avancées,  en  étaient  aussi  revêtues.  Enfin,  dans 
une  inflorescence  de  2  millimètres,  la  cavité  était  plus  réduite  encore  et 
n'offrait  plus  de  trace  des  rudiments  floraux.  Quelques-unes  des  feuilles  du 
perlais,  les  plus  internes,  ne  formaient  que  de  simples  mamelons  transpa- 
rents. Dans  une  figue  d'un  millimètre  et  demi,  la  cavité  était  presque  nulle, 
et  le  nombre  des  folioles  était  diminué;  il  y  en  avait  néanmoins  encore 
cinq  de  chaque  côté  de  la  coupe  longitudinale,  tandis  que  dans  une  figue 
d'un  millimètre  (toujours  a  partir  de  l'insertion  des  écailles  de  la  base  du 
pédoncule),  la  cavité  floriflère était  tout  à  fait  nulle;  elle  n'était  représentée 
que  par  une  surface  plane,  du  pourtour  de  laquelle  naissaient  les  folioles, 
qui  n'étaient  plus  qu'au  nombre  de  trois  d'un  côté  et  de  deux  de  l'autre 
côté  de  la  coupe.  Cette  inflorescence  provenait  de  l'aisselle  d'une  feuille  de 
5  centimètres  de  longueur,  et  était  encore  couverte  par  les  stipules  de 
cette  feuille  ;  elle  était  enveloppée  aussi,  non-seulement  par  les  écailles  du 
sommet  du  pédoncule,  mais  encore  par  celles  de  sa  base. 

Dans  le  même  bourgeon,  a  l'aisselle  d'une  feuille  de  1  centimètre  seule- 
ment, je  trouvai  une  inflorescence  de  deux  tiers  de  millimètre,  en  la  mesu- 
rant de  la  base  de  ses  écailles  protectrices  inférieures  à  leur  extrémité  supé- 
rieure, ce  qui  réduit  l'inflorescence  proprement  dite  à  un  dixième  de 
millimètre  environ.  Elle  était,  comme  la  précédente,  terminée  par  une  sur- 
face plane  bordée,  de  chaque  côté  de  la  coupe,  par  une  seule  écaille;  ces 
premières  folioles  de  l'orifice  avaient  une  consistance  si  délicate  qu'elles 
semblaient  presque  à  l'état  gélatineux.  J'arrêtai  là  mes  observations.  Il  ne 
me  restait  plus  qu'à  voir  naître  les  écailles  du  sommet  et  celles  de  la  base 
du  pédoncule,  mais  il  m'eût  été  impossible  de  discerner  avec  certitude  si 
j'avais  affaire  aune  inflorescence  ou  a  un  bourgeon  ordinaire. 

En  remontant  cette  échelle  de  l'évolution  des  diverses  parties  qui  consti- 


SÉANCE    hll   '26   JUILLET    185/j.  181 

tuent  l'inflorescence  du  Figuier,  on  verrait  donc  apparaître  successivement, 
de  bas  en  haut,  d'abord  les  organes  protecteurs  de  l'inflorescence  générale, 
c'est-à-dire  les  écailles  de  la  base  et  celles  du  sommet  du  pédoncule,  enfin 
les  folioles  qui  ferment  l'orifice  du  réceptacle.  On  reconnaîtrait  que  la  cavité 
se  creuse  à  mesure  que  celles-ci  naissent  ;  qu'enfin,  lorsque  cette  dernière 
a  acquis  une  certaine  profondeur,  elle  se  garnit  d'abord  au  fond,  puis  sur 
les  parois  et  de  bas  en  haut,  de  proéminences  qui  deviennent  autant  de 
fleurs. 

Il  y  a  donc,  dans  une  inflorescence  du  Figuier,  comme  deux  systèmes  op- 
posés se  développant  dans  le  même  sens,  de  bas  en  haut;  l'un  à  la  face 
externe  du  réceptacle  (il  naît  le  premier),  l'autre  à  la  face  interne.  Le 
premier  est  constitué  par  les  écailles  du  pédoncule  et  par  celles  de  l'ouver- 
ture, le  second  par  les  fleurs.  C'est  là  un  phénomène  extrêmement  remar- 
quable. Je  citerai  bientôt  quelques  autres  exemples  analogues,  mais  aupa- 
ravant je  dois  dire  quelques  mots  de  la  disposition  du  système  vasculaire 
de  la  figue,  pendant  sa  jeunesse  au  moins. 

Comme  celui  de  tous  les  bourgeons  normaux  nés  à  l'aisselle  d'une  feuille, 
il  part  du  système  vasculaire  de  la  tige,  du  pourtour  de  l'espace  laissé  libre 
parla  séparation  de  la  feuille,  en  sorte  qu'il  forme  un  étui  enveloppant  If 
cylindre  médullaire,  lequel  semble  alors  une  déviation,  une  ramification  de 
la  moelle  de  la  tige  ou  du  rameau  qui  lui  a  donné  naissance. 

Cet  étui  fibro-vasculaire,  composé  de  faisceaux  très  rapprochés  les  uns 
des  autres,  se  prolonge  dans  le  pédoncule  en  envoyant  des  fascicules  dans 
les  écailles  que  porte  cet  organe,  puis  il  continue  son  chemin  vers  la  péri- 
phérie du  réceptacle  et  va  se  terminer  dans  les  folioles  de  l'orifice.  Cet  ap- 
pareil de  vaisseaux  appartient  exclusivement  aux  organes  périphériques; 
il  se  rend  clans  les  organes  foliacés  proprement  dits.  Les  fleurs  en  ont  un 
autre  qui  leur  est  aussi  particulier,  et  qui  naît  un  peu  plus  tard.  Il  paraît 
se  séparer  du  premier  vers  la  base  du  pédoncule  et  se  compose  de  faisceaux 
qui  occupent  le  centre  de  celui-ci,  et  qui  se  dirigent  vers  le  fond  de  la  cavité 
florifère.  Il  résulte  de  cette  disposition  que  la  moelle  de  ce  pédoncule  parait 
annulaire  quand  on  l'examine  sur  une  coupe  transversale,  puisqu'elle 
entoure  les  faisceaux  qui  se  rendent  aux  fleurs  et  qui  sont  tout  à  fait 
centraux. 

Des  coupes  longitudinales  déjeunes  figues  montrent  que,  de  ces  derniers, 
les  plus  rapprochés  du  centre  se  rendent,  en  se  bifurquant  plusieurs  fois, 
au-dessous  des  fleurs  centrales,  nées  les  premières  ;  que  les  autres  se  distri- 
buent autour  de  la  cavité  en  émettant  du  côté  interne,  à  mesure  qu'ils  s'élè- 
vent le  long  de  la  paroi  garnie  de  fleurs,  des  ramifications  qui  vont  se 
terminer  dans  celles-ci. 

De  cette  manière,  les  écailles  qui  se  développent,  d'une  part,  sur  la  face 
externe  du  réceptacle,  et  les  fleurs  qui,  de  l'autre  part,  naissent  sur  sa  face 


1$2  SOCIÉTÉ    BOÏAMQUK    DE    FRANCE. 

interne,  ont  leur  système  .vasculaire  séparé  par  une  couche  du  tissu  cellu- 
laire, qui  n'est  autre  chose  que  la  prolongation  de  la  moelle  annulaire  du 
pédoncule.  Ces  deux  systèmes  vasculaires,  qui  paraissent  bien  isolés  dans 
la  jeunesse,  s'unissent  plus  tard  par  des  anastomoses,  surtout  vers  la  partie 
supérieure  de  la  figue. 

Cette  inflorescence  ne  peut  guère  être  comparée,  comme  ou  le  voit,  à  la 
calathide  des  Composées,  puisque,  dans  celles-ci,  les  fleurs  naissent  et 
s'épanouissent  de  la  circonférence  au  centre,  taudis  que  dans  la  figue, 
leur  naissance  et  leur  épanouissement  ont  lieu  du  centre  à  la  circonférence. 

Quelque  bizarre  qu'elle  paraisse,  cette  structure  n'est  pas  exceptionnelle; 
plusieurs  autres  plantes  ont  des  inflorescences  qui  appartiennent  au  même 
type  de  formation.  Celle  du  Dorstenia  contrayerva  parait  être  dans  ce  cas  ; 
mais  je  n'ai  pu  le  constater  nettement,  n'ayant  pas  de  ces  plantes  en  quan- 
tité suffisante  à  ma  disposition.  Tout  ce  que  j'ai  pu  voir,  c'est  que  de  très 
petits  faisceaux  serpentent  au-dessous  des  fleurs;  ils  m'ont  paru  émaner, 
ainsi  que  dans  l'espèce  suivante,  de  l'extrémité  du  pédoncule,  dont  les 
faisceaux  s'étendent  vers  la  périphérie  du  réceptacle,  comme  dans  la  figue. 
Le  Dorstenia  ceratosanthes,  au  contraire,  qui  a  une  inflorescence  fourchue 
(dont  chaque  longue  branche  est  couverte  de  fleurs  sur  sa  face  interne),  est 
bien  plus  favorable  pour  cette  étude.  En  effet,  chez  lui,  de  même  que  dans 
le  Figuier,  la  floraison  s'effectue  de  bas  en  haut,  de  la  naissance  de  la  bifur- 
cation au  sommet  des  branches,  de  sorte  que  si  l'on  suppose  ses  deux 
branches  soudées  par  leurs  bords,  on  a  une  inflorescence  lubuleuse  bien 
comparable  à  celle  du  Figuier. 

Maintenant  qu'il  est  démontré  que  ces  inflorescences  sont  centrifuges, 
cherchons  si  elles  ne  se  rattachent  pas  aux  autres  inflorescences  définies  par 
uu  lien  plus  ou  moins  caché. 

■  L'inflorescence  du  Monarda  didijma  est  assez  propre,  il  me  semble,  à 
fournir  cette  démonstration.  En  effet,  les  fleurs  du  capitule  qui  termine 
cette  belle  Labiée  s'épanouissent  du  centre  à  la  circonférence;  les  corolles 
étalent  déjà  leurs  brillantes  couleurs  quand  les  fleurs  périphériques  sont 
encore  à  l'état  de  rudiment. 

Si  l'on  recherche,  dans  la  structure  de  l'inflorescence,  la  cause  de  ce 
curieux  phénomène,  voici  ce  que  l'on  découvrira.  On  verra  d'abord  qu'il 
n'existe  que  des  fleurs  à  la  face  supérieure  du  réceptacle,  qui  est  plan  ; 
qu'il  n'y  a,  au  contraire,  que  des  bractées  sur  la  face  opposée  ou  inférieure 
du  même  réceptacle  ;  que  les  bractées,  comme  les  fleurs,  diminuent  de  gran- 
deur du  centre  à  la  circonférence,  et  que  le  réceptacle  perd  aussi  de  sou 
épaisseur,  en  s'étendant  a  l'extérieur. 

En  observant  avec  attention  cette  inflorescence  au  moment  où  les  fleurs 
commencent  à  s'épanouir,  on  remarquera  que  c'est  la  fleur  centrale  qui 
s'épanouit  la  première  (quand  elle  n'avorte  pas,  ce  qui  arrive  le  plus  sou- 


SEANCE    DU    2t>    JUILLET    1854.  i8* 

vent)  ;  que  ce  sont  ensuite  deux  fleurs  qui  correspondent  exactement,  par 
leur  position,  aux  deux  grandes  bractées  inférieures,  puis  successivement 
quatre  fleurs  qui  répondent  à  quatre  bractées  disposées  par  paires,  en  appa- 
rence, et  croisant  les  deux  grandes  bractées  précédentes:  on  trouvera  que 
les  fleurs  qui  viennent  ensuite  sontégaiement  vis-à-vis  de  quelques-unes  des 
bractées  principales.  Il  en  est  de  même  pour  toutes  les  autres  fleurs,  mais 
comme  elles  sont  très  multipliées,  ainsi  que  les  bractées,  il  n'est  pas  pos- 
sible, de  les  rapporter  chacune  à  chacune,  avec  exactitude,  par  la  seule 
inspection  de  l'inflorescence  à  l'extérieur  ;  la  disposition  seule  du  système 
iibro-vasculaire,  qui  se  répand  de  la  tige  dans  ces  fleurs  et  dans  ces 
bractées,  prouve  clairement  le  rapport  intime  qui  les  lie  les  unes  aux 
autres. 

Des  coupes  transversales  de  la  tige,  qui  est  carrée  comme  celle  de  toutes 
les  Labiées,  m'ont  fait  voir  quatre  faisceaux  principaux  placés  dans  les 
angles,  et  réunis  par  des  fascicules,  de  manière  à  figurer  une  zone  fibro- 
vasculaire  à  peu  près  continue.  A  l'insertion  des  premières  bractées,  le 
carré  s'allonge  en  un  rectangle  dans  la  direction  des  deux  bractées  infé- 
rieures; de  chacun  des  angles  du  carré  ou  du  rectangle  sort  un  fascicule 
qui  va  se  terminer  dans  ces  dernières  ;  un  peu  plus  haut,  l'étui  vasculaire 
de  la  tige  se  divise  en  deux  branches  larges  et  courtes,  qui  se  bifurquent 
successivement  plusieurs  fois,  suivant  un  plan  horizontal,  de  manière  à 
produire  chacune  environ  huit  rameaux  collatéraux,  qui  portent  les  fleurs 
à  leur  face  supérieure  et  les  bractées  à  leur  face  inférieure.  Le  réceptacle 
est  donc  divise  en  seize  petites  branches  de  longueur  variable  parce  qu'elles 
sont  de  degrés  différents. 

Des  coupes  longitudinales  indiquent  le  rapport  des  organes  qui  naissent 
sur  l'une  et  l'autre  face  du  réceptacle  et  de  ses  ramifications.  Une  coupe 
dirigée  suivant  l'axe  de  la  lige  et  les  nervures  médianes  des  deux  bractées 
principales  fait  voir  le  système  vasculaire  se  terminant  dans  la  fleur  cen- 
trale ou  dans  son  rudiment,  et  de  chaque  côté  les  deux  branches  auxquelles 
il  donne  naissance.  Si  la  coupe  ne  passe  pas  exactement  par  le  plan  vertical 
que  je  viens  d'indiquer,  si  elle  oblique  un  peu  d'un  côté  ou  de  l'autre,  elle 
peut  suivre,  dans  toute  sa  longueur,  un  des  rameaux  de  l'inflorescence.  Ce 
rameau  porte  d'un  côté  une  rangée  de  fleurs,  de  l'autre  une  série  de  bractées. 
Le  nombre  des  unes  et  des  autres  est  le  même,  et  de  plus,  la  moelle  de 
chacun  des  pédoncules  est  opposée  à  la  nervure  médiane  d'une  des  bractées. 
On  reconnaît  ici  la  structure  d'une  véritable  grappe  scorpioïde.  En  effet,  la 
bractée  inférieure  est  évidemment  née  de  la  tige,  de  l'axe  primaire;  n'est-il 
pas  rationnel  de  prendre  :  1"  la  fleur  qui  lui  est  opposée,  et  qui  est  à  côté  de 
la  fleur  centrale,  de  la  prendre,  dis-je,  pour  fleur  axillaire,  de  la  considérer 
comme  terminant  l'axe  secondaire  :  2°  de  regarder  la  bractée  qui  vient 
après,  ou  le  n°  2  de  la  coupe  verticale,  comme  ayant  à  son  aisselle  la  fleur 


18/|  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FKâNGE; 

n°  3,  la  fleur  centrale  étant  le  n°  1  ;  3°  la  fleur  nu  k  comme  axillaire  de  la 
bractée  n"  3,  la  fleur  n"  5  comme  axillaire  de  la  bractée  n°  l\,  la  fleur  n°  6 
comme  naissant  de  l'aisselle  de  la  bractée  n°  5,  la  fleur  n"  7  à  celle  de  la 
bractée  n°  6,  la  fleur  n"  8  a  celle  de  la  bractée  ni°  7.  Cette  dernière 
fleur  était  rudimentaire.  Mais,  de  l'opposition  des  feuilles  du  Monarda 
nait  une  plus  grande  complication  ;  la  base  de  l'inflorescence  est  une  cime 
très  contractée. 

Une  coupe  longitudinale,  comme  celle  que  je  viens  de  décrire,  ferait 
voir  le  système  fibro-vasculaire  comme  divisé  en  deux  zones  séparées  par 
le  tissu  médullaire,  vers  la  base  de  l'inflorescence,  l'une  interne,  qui  appar- 
tiendrait aux  fleurs,  l'autre  externe,  qui  serait  propre  aux  bractées,  abso- 
lument comme  dans  la  figue.  Or,  l'inflorescence  du  Monarda  didyma  est 
composée  d'une  fleur  terminant  l'axe  primaire  et  de  deux  cimes  latérales 
opposées  très  contractées  qui  sont  terminées  par  des  grappes  scorpioïdes. 
Serait-il  donc  bien  étrange  de  considérer  la  ligue  comme  un  ensemble  de 
telles  grappes  scorpioïdes  réunies,  confondues  entre  elles  au  point  de  n'avoir 
plus  qu'une  zone  vasculaire  périphérique  ou  externe,  pour  les  bractées,  et 
une  zone  interne  pour  les  fleurs,  toutes  les  deux  liées  entre  elles  par  des 
anastomoses? Que  l'on  se  figure  encore  tous  les  rameaux  d'une  inflorescence 
de  certaines  Crassulacées,  du  Sedum  réflexion,  par  exemple,  ou  du  Sent- 
[jervivwn  hirsutum,  dont  les  grappes  scorpioïdes  supérieures  sont  presque 
verticillées;  que  l'on  se  figure,  dis-je,  ces  grappes  ou  rameaux  soudés,  on 
aura  encore  une  représentation  assez  exacte  de  la  composition  de  la  ligue  : 
La  zone  externe  des  faisceaux  vasculaires  de  celle-ci  rappellera  le  côté  infé- 
rieur des  rameaux  de  celte  inflorescence  hypothétique  des  Crassulacées, 
et  les  faisceaux  internes  seront  l'équivalent  du  côté  supérieur  de  ces  mêmes 
rameaux. 

Dans  le  Monarda  et  dans  les  Crassulacées  que  je  viens  de  citer,  le  nombre 
des  bractées  est  égal  à  celui  des  fleurs,  et  les  premières  seraient  réparties 
régulièrement  à  la  surface  externe  du  réceptacle,  ce  qui  n'a  pas  lieu  chez 
la  ligue.  C'est  pourquoi  il  ne  faut;  pas  accorder  à  ces  rapprochements  plus 
d'importance  qu'ils  n'en  méritent,  car  ces  considérations,  quelque  ration- 
nelles qu'elles  paraissent,  n'ont  pour  but  que  de  constater  des  ressemblances 
plus  ou  moins  éloignées,  mais  réelles  cependant. 

La  figue  et  les  autres  inflorescences  centrifuges  dont  je  viens  de  parler 
paraissent  offrir  avec  une  autre  classe  d'inflorescences,  avec  celles  que  j'ai 
appelées  basipètes,  une  analogie  en  apparence  assez  manifeste,  car  on  pour- 
rait, à  la  rigueur,  désigner  aussi  ces  dernières  par  l'épithète  de  centrifuges, 
puisque  l'épanouissement  s'opère  du  sommet  à  la  base;  mais  ce  qui  suit 
prouvera  qu'elles  ne  peuvent  être  confondues  avec  les  inflorescences  définies. 
En  effet,  pour  passer  des  unes  aux  autres,  il  suffirait  d'appliquer  à  la  figue, 
à  l'inflorescence  du  Monarda,  etc.,  l'hypothèse  que  l'on  a  souvent  faite  pour 


SÉANCE    DU    26    JUILLET    185£.  185 

passer  de  la  calathide  des  Composées  aux  inflorescences   indéfinies  ordi- 
naires, aux  longs  épis  du  Veronica  spuria,  par  exemple. 

Tout  le  monde  admet  que  l'inflorescence  concave  de  l'Artichaut  donne- 
rait un  rameau  sur  lequel  les  fleurs  seraient  écartées  les  unes  des  autres 
comme  elles  le  sont  sur  l'axe  du  Veronica  que  je  viens  de  citer,  si  elle  était 
susceptible  d'élongation.  Pour  arriver  à  ce  dernier  état,  elle  passerait  néces- 
sairement par  tous  les  intermédiaires;  elle  pourrait  s'arrêter  à  l'état  de  ré- 
ceptacle conique  ou  plus  ou  moins  proéminent  comme  celui  d'un  Anthémis, 
ou  eylindracé,  comme  celui  d'un  Trifolium.  Ce  que  tout  le  monde  admet 
pour  l'inflorescence  des  Composées,  supposons-le  pour  la  figue  ;  reconnais- 
sons qu'elle  puisse  être  refoulée  comme  une  calathide,  et  que  ce  qui  est  le 
fond  de  la  cavité  devienne  le  sommet  d'un  épais  chaton.  Qu'aurons-nous 
dans  ce  cas?  Nous  aurons  une  inflorescence  d' Artocarpus .  L'épanouisse- 
ment des  fleurs  mâles  des  Artocarpus  nitida,  lanceolata,  s'opère  du  sommet 
à  la  base.  Si  j'en  juge  par  un  spécimen  en  assez  mauvais  état,  le  seul  que 
j'aie  pu  examiner,  il  se  fait  de  la  même  manière  dans  V Artocarpus  incisa. 
Il  s'effectue  aussi  dans  le  même  sens  dans  le  Sanguisorba  officinalis  (1), 
le  Polypogon  monspeliensis,  le  Lagurus  ovatus,  le  Triticum  villosum  et 
plusieurs  autres  espèces  de  ce  genre,  etc. 

Dans  les  Triticum  villosum,  rigidum,  farctum,  etc.,  l'épanouissement 
se  fait  d'abord  des  épillets  supérieurs  aux  épillets  inférieurs,  et  ce  sont  les 
fleurs  de  la  base  de  chacun  de  ceux-ci  qui  s'ouvrent  les  premières  ;  l'épa- 
nouissement continue  ensuite  de  bas  en  haut  dans  chacun  de  ceux-ci.  C'est 
là  un  des  types  de  ce  que  j'ai  nommé  inflorescence  mixte. 

L'hypothèse  du  refoulement  de  l'axe  aurait  donc  l'avautage  de  faire 
rentrer  dans  les  inflorescences  centrifuges  la  série  nombreuse  des  inflo- 
rescences basipètes.  Mais  ces  dernières  ont  une  structure  bien  différente 
de  celle  des  inflorescences  définies  (comme  la  cime  ou  la  grappe  scorpioïde); 
leur  organisation  est,  au  contraire,  semblable  à  celle  des  inflorescences 
basifuges  ou  indéfinies. 

Cependant,  comme  je  n'ai  fait  l'anatomie  que  d'un  petit  nombre  de  ces 
inflorescences,  il  serait  possible  que  quelques-unes  d'entre  elles  dussent  leur 
mode  de  formation  au  même  phénomène  que  les  inflorescences  centrifuges  du 
Mon/arda  ou  du  Figuier. 

Je  crois  pourtant  devoir  ajouter  en  terminant  que  chez  les  feuilles  basipètes 
dont  la  dissection  estsouvent  très  facile,  la  disposition  des  faisceaux  est  aussi 
très  fréquemment  absolument  la  même  que  chez  une  multitude  de  feuilles  à 
formation  basifuge,  ainsi  que  je  l'ai  dit  dans  la  dernière  séance.  Il  me  parait 

(1)  Le  Sanguisorba  tenuifolia  paraît  présenter  le  même  phénomène;  dans  le 
S.  dodecandra,  l'épanouissement  commence  par  le  milieu  de  l'épi,  tantôt  un  peu 
pins  haut,  lantôt  un  peu  plus  bas  ;  dans  le  S.  canadensts,  il  se  fait  de  bas  en  haut. 


180  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

hors  de  doute  que  la  multiplication  de  haut  en  has  des  lobes  de  certaines 
feuilles  et  des  rameaux  de  quelques  inflorescences  basipètes  doit  être  at- 
tribuée à  la  même  cause  que  l'élongation ,  par  leur  base,  d'un  pétiole  de 
Palmier  ou  d'une  feuille  de  Carex  et  de  Graminée,  etc.,  c'est-à-dire  à  la 
génération  de  nouveaux  éléments  cellulaires,  fibreux  et  vasculaires  au-dessus 
de  la  gaine  et  dans  l'intérieur  même  de  cet  organe,  alors  que  la  partie  supé- 
rieure de  la  feuille  est  déjà  arrivée  à  son  parfait  développement. 

Une  telle  génération  de  tissus  nouveaux  s'opère  assurément  à  la  base  de 
quelques  inflorescences  basipètes  que  j'ai  étudiées;  et,  dans  ces  inflores- 
cences, j'ai  observé  la  structure  que  présente  la  ramification  normale.  Pour- 
quoi ces  nouvelles  parties  formées  n'auraient-elles  pas  la  faculté  d'émettre 
des  rameaux  comme  le  sommet  des  inflorescences  ordinaires,  sans  pour 
cela  rien  changer  dans  la  disposition  générale  du  système  fibio-vasculaire? 
Je  ne  vois  là  rien  de  contraire  à  la  raison  et  aux  lois  de  l'organogénie  , 
puisque  le  même  mode  de  multiplication  est  reconnu  pour  une  grande 
partie,  des  feuilles.  Il  est  probablement  fréquent  chez  les  inflorescences, 
mais  je  ne  voudrais  pas  le  généraliser,  parce  que  l'on  conçoit  fort  bien, 
comme  je  l'ai  dit  tout  a  l'heure,  que  certaines  inflorescences  basipètes 
puissent  être  dues  au  même  genre  de  ramification  que  les  inflorescences  du 
Figuier  et  des  Monarda. 

il  pourrait  arriver  aussi ,  dans  quelques  cas,  que  les  fleurs  inférieures, 
nées  avant  les  supérieures,  s'épanouissent  cependant,  après  elles,  parce  que 
leur  végétation  aurait  été  plus  tardive  ou  leur  développement  plus  lent, 
comme  cela  se  voit  pour  les  folioles  de  quelques  feuilles,  telles  que  celles 
des  feuilles  pennées  de  certains  Palmiers  (C/iamœdorea  martiana,  etc.), 
dont  les  folioles  supérieures  sont  déjà  presque  a  l'état  adulte  quand  les  in- 
férieures ne  sont  souvent  que  rudimentaires.  et  cependant  celles-ci  sont 
apparues  tout  au  moins  en  même  temps  qu'elles. 

Si  j'en  puis  juger  par  l'évolution  de  quelques  très  petites  inflorescences 
peu  vigoureuses  et  développées  dans  l'arrière-saison,  il  en  serait  ainsi  de 
l'inflorescence  basipete  du  Sanguisorba  ojjicinalis ;  ses  fleurs  inférieures 
seraient  nées  les  premières,  bien  qu'elles  s'épanouissent  les  dernières.  Il  en 
serait  de  même  de  l'inflorescence  du  Dipsacus  sylvestris,  dont  les  fleurs  du 
milieu  s'ouvrent  d'abord  ,  et  dans  laquelle  l'épanouissement  s'effectue  en- 
suite simultanément  de  bas  en  haut  et  de  haut  en  bas.  C'est  là  un  second 
type  d'inflorescences  mixtes.  Je  reprendrai  au  printemps  l'étude  de  ces 
inflorescences  sur  des  sujets  plus  vigoureux. 

il  résulte  de  ce  qui  précède  que  les  inflorescences  du  Ficus  et  du  Dorste- 
nîa  doivent  être  rangées  parmi  les  inflorescences  centrifuges,  et  non  parmi 
les  centripètes,  auxquelles  on  les  a  rapportées  jusqu'à  ce  jour. 

M.  Germain  de    Saint-Pierre  considère  les  faits  présentés   par 


SÉANCE    DU    20    .JUILLET    185/l.  ]  87 

M.  Tréeul,  relativement  à  l'inflorescence  des  Monardes,  comme  ana- 
logues à  ceux  qu'offrent  généralement  toutes  les  Labiées. 

M.  Brongniart  est  à  peu  près  du  même  avis.  La  Monarde  est  pour 
lui  comme  une  autre  Labiée  dont  on  couperait  la  tète  au-dessus 
d'un  des  verticilles  supérieurs. 

M.  Tréeul  présente  quelques  écbantillons  d'inflorescences  de  Tri- 
folium  Lupinaster,  à  l'appui  de  la  communication  qu'il  a  faite  dans 
la  dernière  séance. 

M.  Bâillon  présente  la  communication  suivante  : 

NOTE  SUR  VEORdEUM  TRIFUHCATUM,  Jacq.,  par  M.  II.  BAILLON. 

J'ai  observé  les  particularités  suivantes  sur  VHordeum.  trifurcatnm  cultivé 
cette  année  au  Muséum  : 

Les  trois  épillets  uniflores  qui  se  trouvent  à  chaque  dent  de  l'axe  sont  à 
peu  près  constamment  fertiles,  et  la  bradée  inférieure  ou  uninerviée  de  la 
glumelle  commence  par  être  assez  étroite,  terminée  par  une  soie  courte  et 
unique.  Si  l'on  s'élève  davantage  sur  l'axe,  on  voit  cette  pointe  unique 
s'accompagner,  de  chaque  côté,  d'une  petite  expansion  membraneuse  ana- 
logue à  celle  du  Bromus  auriculatus.  Le  plus  souvent,  ces  expansions  laté- 
rales ont  les  mêmes  dimensions  que  la  dent  terminale,  et  c'est  de  là  que  la 
plante  a  tiré  son  nom  spécifique.  Mais,  la  loi  du  balancement  des  organes 
trouvant  ici  une  application  frappante,  nous  rencontrons,  d'une  paît,  des 
fleurs  où  la  division  médiane  est  considérable,  tandis  que  les  dents  latérales 
sont  rudimentaires,  et,  d'autre  part,  des  bractées  où  la  division  médiane 
est  de  petite  taille,  tandis  que  les  latérales  ou  l'une  d'elles  seulement  se  dé- 
veloppent énormément,  prennent  un  aspect  plumenx  et  se  garnissent  latéra- 
lement de  poils  assez  longs  qui  retiennent  les  grains  de  pollen  lors  de  leur 
dissémination. 

Pour  ceux  qui,  rapprochant  la  feuille  earpellairedes  feuilles  caulinaires, 
admettent,  selon  l'expression  de  M.  Raspail,  qu'elles  «  s'expliquent  l'une 
par  l'autre,  »  la  présence  de  ces  trois  divisions  et  leur  développement,  en 
raison  proportionnellement  inverse,  doit  être  d'un  grand  poids  dans  la  com- 
paraison. Il  arrive  ici  ce  qu'a  démontré  mon  excellent  maitre  M.  Payer,  à 
savoir,  que  la  feuille  earpellairedes  Graminées,  uniquedans  le  principe,  se 
divise  supérieurement  en  trois  portions  stigmatiques,  et  que,  de  ces  trois 
divisions,  ou  aucune  ne  s'arrête  dans  son  développement,  ou  celle  du  milieu 
seule  grandit  pour  former  un  stigmate  unique,  ou  enfin,  ce  qui  est  le  plus 
fréquent,  la  division  moyenne  avorte,  tandis  que  les  deux  latérales  prennent 
un  grand  accroissement. 

La  plus  développée  des  trois  dents  est  généralement  la  médiane.  D'abord 


188  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

elle  coutinue,  par  sa  direction,  celle  de  l'écaillé  qui  la  porte.  Puis,  plus 
elle  se  développe,  plus  elle  s'incline  à  angle  aigu,  sur  le  corps  même  de  la 
bractée  ;  en  même  temps  elle  s'élargit,  se  creuse  d'un  sillon  qui  regarde  en 
dehors  et  en  haut  et  forme  un  canal  semi-cylindrique.  Son  extrémité  libre, 
fermée  en  cul-de-sac,  se  garnit  d'un  prolongement  en  forme  de  crochet 
qui  grandit  lui-même,  et  formant  un  angle  variable  avec  la  dent,  se  termine 
souvent  par  une  soie  plus  ou  moins  longue. 

Les  plus  développées  de  ces  bractées  représentent  assez  exactement  un  N 
majuscule.  L'extrémité  inférieure  du  premier  jambage  vertical  de  l'N  répond 
à  l'insertion  de  la  glumelle  à  l'aisselle  de  la  bractée.  Là  se  trouve  une  fleur 
parfaite  d'Hordeum  avec  une  bractée  binerve  et  un  ovaire  déjà  très  déve- 
loppé à  cette  époque.  A  l'extrémité  supérieure  de  ce  premier  jambage  sont 
les  deux  dents  latérales  et  l'origine  de  la  dent  médiane.  Celle-ci  descend 
obliquement,  de  manière  à  représenter  la  ligne  moyenne  de  l'N.  A  l'autre 
extrémité  de  cette  ligne  oblique,  au  point  où  elle  s'unit  avec  le  second  jam- 
bage vertical,  se  trouve  un  angle  ouvert  en  haut  qui  présente  plusieurs  par- 
ticularités : 

Cet  angle  est  creusé  comme  d'un  godet  assez  profond.  Dans  ce  godet,  on 
trouve  d'abord  des  rudiments  d'écaillés  ou  de  bractées  de  forme  peu  dis- 
tincte, de  nature  indéterminée.  Mais  plus  loin  voici  une  fleur  où  l'on  trouve 
deux  bractées  parfaitement  développées,  montant  parallèlement  dans  la  ri- 
gole que  forme  le  corps  de  la  dent  médiane,  et  représentant  complètement 
une  enveloppe  florale  de  Graminée,  avec  une  bractée  uninerviée  constituée 
par  le  corps  de  la  dent  et  une  bractée  binerviée  représentée  par  ces  deux 
organes  appendiculaires.  Mais  cette  glumelle  offre  ceci  de  remarquable 
que  les  deux  moitiés  qui  devraient  former,  parleur  soudure,  l'écaillé  biner- 
viée, restent  complètement  séparées,  comme  cela  a  lieu,  dans  le  jeune  âge, 
pour  les  fleurs  normales. 

J'ai  souvent  trouvé  des  organes  sexuels  au  milieu  de  ce  périauthe,  avec 
tous  les  degrés  imaginables  de  développement  :  Ici  un  ovaire  ;  ici  une  ou 
deux  étamines;  là,  avec  l'ovaire,  des  vestiges  de  paléoles;  là,  trois  étamines 
sans  ovaire  ;  là,  une  fleur  hermaphrodite  parfaite.  Une  autre  fleur  n'a  pas  d'é- 
tamines   mais  des  paléoles  énormes  ;  une  autre  deux  ovaires  bien  distincts. 
Enfin,  j'en  ai  représenté  une  qui  porte  à  la  fois  deux  ovaires,  des  paléoles, 
une  étamine  naturelle  et  une  étamine  à  quatre  anthères.  Toujours  plus  jeunes 
que  la  fleur  normale,  ces  fleurs  se  développent  très  bien.  Les  ovaires  sont 
plus  globuleux  que  les  ovaires  normaux,  et  souvent  ils  ne  présentent  pas  de 
sillon  longitudinal,  ce  qui  pourrait  s'expliquer  pour  quelques  auteurs,  par- 
ce fait  qu'ils  échappent,  vu  leur  situation,  à  l'action  de  toute  compression. 
On  voit  ici  une  bractée  uninerviée  qui,  se  repliant,  sur  elle-même,  entre 
dans  la  composition  de  deux  fleurs.  Là  ne  s'arrête  pas  toujours  l'effort  de  la 
végétation.  Le  dernier  jambage  vertical  de  l'N  prend,  dans  quelques  fleurs, 


SÉANCE    DU    26   JUILLET    lS5/j.  189 

un  plus  grand  développement.  Il  s'élargit,  devientmembraneux,  et  enveloppe 
alors  une  ou  plusieurs  écailles  formant  avec  lui  un  troisième  périanthe, 
daus  l'intérieur  duquel  on  ne  trouve,  cette  fois,  que  des  tubercules  ou  écailles 
tout  à  fait  rudimentaires. 

Dans  ses  études  sur  les  Graminées,  M.  Raspail  cite  des  faits  analogues 
observés  clans  des  Lolium,  dans  YAira  caneseens,  et  surtout  dans  un  Pa- 
nicum  viride  «  portant  une  fleur  véritable,  puis  une  seconde  fleur  herma- 
phrodite située  sur  la  bractée  et  insérée  à  sa  base.  »  Mais  dans  les  faits 
que  j'ai  observés,  l'insertion  a  lieu,  comme  on  voit,  bien  plus  loin  sur  la 
bractée.  Ils  sont  donc  plus  propres  que  les  faits  de  M.  Raspail  à  appuyer  la 
loi  qu'il  a  ainsi  formulée  :  «  Toute  nervure  médiane  peut  devenir  axe  ou 
pédoncule  florifère.  »  Mais  je  n'en  veux  tirer  que  les  remarques  suivantes  : 

1°  Les  divisions  que  subit  la  feuille  représentée  par  la  bractée  uninerviée 
peuvent  servir  à  expliquer  celles  de  la  feuille  carpellaire  elle-même  (Payer). 

2°  L'écaillé  binerve  de  la  glumelle,  que  l'étude  organogénique  montre 
formée  par  la  soudure  des  deux  portions  primitivement  distinctes  (Payer), 
peut  ici  conserver  l'entière  indépendance  de  ces  deux  portions,  parfaitement 
développées. 

3°  La  bractée  uninerviée  peut,  qu'il  y  ait  ou  non  accolement  d'un  rameau 
floriflère,  porter,  en  apparence  du  moins,  d'autres  fleurs  que  celle  qui  se 
développe  à  son  aisselle. 

h"  La  bractée  uninerve  prend  part  à  la  formation  de  la  glumelle  de  ces 
fleurs,  dont  elle  constitue  alternativement  la  portion  externe  ou  inférieure  et 
la  portion  interne  ou  supérieure. 

M.  Fermond  fait  à  la  Société  la  communication  suivante  : 

ÉTUDES  SUR  LE  DÉVELOPPEMENT  DES  MÉRITHALLES  OU  ENTRE-NŒUDS  DES  TIGES, 
par  M.  CH.   I  EIOIOXD.  (Première  partie.) 

Ce  mémoire  a  pour  but  de  faire  connaître  des  observations  et  des  expé- 
riences sur  le  développement  des  mérithalles,  parties  du  végétal  assez  peu 
étudiées  jusqu'à  ce  jour,  pour  que  nous  ayons  cru  devoir  en  faire  un  sujet 
d'études  spéciales. 

Dans  cette  première  partie,  nous  nous  sommes  proposé  de  faire  connaître 
et  de  généraliser  les  déplacements  sur  les  mérithalles  que  présentent  très 
fréquemment  les  organes  appendiculaires  de  la  nutrition. 

I.  —  Déplacement  vertical  ou  longitudinal. 

A.  —  Organes  de  la  végétation  partant  plusieurs  d'un  même  plan. 

1"  Feuilles  opposées.  —  Le  nombre  des  feuilles  opposées  qui  subissent 
des  déplacements  est  très  considérable.  Dans  quelques  espèces  ces  déplace» 
t.  i.  13 


190  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE   DE   FRANCE. 

ments  sont  si  prononcés  qu'ils  semblent  établir  le  passage  des  feuilles  op- 
posées aux  feuilles  alternes  :  c'est  ce  que  l'on  observe  dans  les  Helianthus, 
les  Verbesina,  les  Veronica,  les  Lythrum,  les  Tagetes,  etc.,  qui  ont  des 
espèces  à  feuilles  opposées  et  des  espèces  à  feuilles  alternes  ou  héli- 
coïdées  (1). 

Il  y  a  même  des  espèces  chez  lesquelles  l'alternance  devient  si  prononcée 
que  dans  certaines  tiges  on  ne  retrouve  plus  le  caractère  de  l'opposition. 
Nous  possédons  des  échantillons  de  Phlox  paniculata,  de  Ligustrum  vul- 
gare  et  de  Lythrum  Salicaria,  chez  lesquels  l'opposition  a  disparu  pour 
faire  place  à  la  disposition  quinconciale.  Plusieurs  Veronica  sont  dans  le 
même  cas. 

L'exemple  du  Benthamia  acuminata  qui  se  trouve  actuellement  à  l'école 
de  botanique  du  Muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris  est  extrêmement  re- 
marquable sous  ce  rapport  et  mérite  d'être  particulièrement  signalé.  L'axe 
principal  a  été  enlevé;  mais  de  la  courte  partie  qui  reste  au-dessus  du  ni- 
veau du  sol  partent  deux  tiges  opposées.  L'une  d'elles  a  ses  feuilles  toutes 
opposées,  tandis  que  l'autre  a  ses  feuilles  alternes,  et  ce  qu'il  y  a  de  plus 
curieux  à  considérer,  c'est  que  les  feuilles  des  rameaux  de  la  première  tige 
tendent  à  l'alternance  par  déplacement;  au  contraire,  celles  des  rameaux 
de  la  tige  à  feuilles  alternes  sont  opposées. 

Parmi  les  monocotylédones  nous  ne  connaissons  que  le  genre  Dioscorea 
qui  présente  des  espèces  à  feuilles  opposées.  Cette  curieuse  exception  à 
l'alternance  générale  des  feuilles  de  cette  grande  division  des  végétaux  a  dû 
attirer  notre  attention.  Il  ne  nous  a  pas  fallu  longtemps  pour  reconnaître 
que  toutes  les  espèces  offrent  des  feuilles  alternes,  qui  semblent  être  un 
retour  au  type  général  de  la  phyllotaxie  des  mouocotylédones. 

2°  Feuilles  verticillées.  —  Les  Fuchsia  ,  les  Veronica  ,  les  Helianthus  , 
les  Sedum,  etc.,  dont  les  feuilles  affectent  souvent  le  verticillisme,  présen- 
tent des  déplacements  de  parties  nombreux  et  considérables  qui  vont  jusqu'à 
7  et  8  centimètres  (  Helianthus  tuberosus  )  au-dessous  du  point  d'exsertion 
du  verticille  dont  elles  devaient  faire  partie.  Les  Silphium  ternatum  et 
trifoliatum  présentent  un  déplacement  de  leurs  feuilles  qui  semble  conduire 
aux  feuilles  essentiellement  alternes  des  Silphium  lociniatum ,  dissec- 
tum,  etc.  Il  en  est  de  même  du  Lysimachia  vulgaris  qui  semble  être  sous 
ce  rapport  l'intermédiaire  des  Lysimachia  verticillata  et  dubia. 

Trois  exemples  remarquables  de  déplacements  nous  sont  offerts  par  le 

(1)  Le  mot  hélice  nous  paraît  plus  exact  que  celui  de  spirale.  La  spirale  est, 
géométriquement,  une  courbe  décrite  sur  un  plan,  et  qui  fait  une  on  plusieurs 
révolutions  autour  d'un  point  où  elle  commence,  et  dont  elle  s'écarte  toujours  de 
plus  en  plus.  L'hélice,  au  contraire,  est,  géométriquement,  une  ligne  tracée  en 
forme  de  vis  autour  d'un  cylindre.  Chaque  tour  peut  prendre  le  nom  (Vhélicule,el 
correspondre  à  la  spire  de  la  spirale. 


SÉANCE    DU    26   JUILLET    185&.  191 

Leptandra  virginica ,  le  Polygonatum  verticillatum  et  le  Zinnia  verticil- 
lata.  Les  verticilles  du  premier  abandonnent  souvent  au-dessous  d'eux  sur 
le  mérithalle  une  ou  deux  feuilles  qui  font  évidemment  partie  du  verticille 
supérieur.  Celui-ci,  incomplet ,  présente  la  place  des  feuilles  qui  sont  pour 
ainsi  dire  restées  en  chemin.  Le  Polygonatum  verticillatum  est  peut-être 
plus  remarquable  encore  par  une  partie  de  verticille  qui  se  trouve  arrêtée 
juste  au  milieu  du  mérithalle  limité  inférieurement  par  un  verticille  complet 
et  supérieurement  par  le  verticille  incomplet,  laissant  directement  au-dessus 
des  parties  restées  en  chemin  un  intervalle  dans  lequel  elles  auraient  dû  se 
placer.  Il  semble  que  la  tige  ait  été  divisée  longitudinalementendeux  parties 
inégales  que  l'on  aurait  rapprochées  satisfaire  coïncider  les  organes  qui  de- 
vaient constituer  le  verticille.  Le  Zinnia  verticillata  que  nous  possédons 
a  cela  de  particulier,  qu'aucun  de  ses  verticilles  n'est  complet,  mais  il  est 
toujours  facile  de  le  compléter  par  des  parties  restées  en  dessous  sur  le  mé- 
rithalle ou  portées  plus  haut  par  l'inégalité  de  sa  croissance. 

B.  —  Organes  de  la  végétation  ne  partant  pas  d'ordinaire  plusieurs  d'un  même 

plan. 

Feuilles  alternes  ou  hélicoidées.  —  Les  feuilles  alternes,  bien  souvent,  se 
rapprochent  assez  pour  qu'elles  puissent  faire  croire  à  l'opposition.  Nous 
avons  souvent  vérifié  ce  fait  sur  le  Lycium  barbarum,  le  Carpinus  orientalis, 
le  Carthamus  tinctorius,  le  Cydonia  vulgaris,  etc. 

Le  Specularia  perfoliata  offre  une  disposition  qui  nous  a  semblé  bien 
propre  à  démontrer  le  passage  des  feuilles  alternes  aux  feuilles  opposées. 
On  trouve,  en  effet,  souvent,  un  mérithalle  très  court  entre  deux  méri- 
thalles  plus  longs,  de  sorte  que,  tout  d'abord,  on  pourrait  croire  à  l'opposi- 
tion des  feuilles. 

Les  Actinomeris  alternifolia  et  oppositifolia  sont  curieux  à  étudier  en  ce 
sens  que  Y  alternifolia  devient  oppositifolia,  et  réciproquement  ce  dernier 
passe  à  l'état  d' 'alternifolia ,  quant  a  la  disposition  de  leurs  feuilles,  bien 
entendu. 

Nous  avous  conservé  deux  rameaux  de  Cydonia  vulgaris ,  où  le  passage 
de  l'alternance  a  l'opposition  est  manifeste.  Dans  l'un,  les  deux  feuilles  ne 
sont  pas  sur  le  même  plan,  mais  le  mérithalle  qu'elles  limitent  est  si  court 
(1  millimètre  environ)  qu'il  conduit  évidemment  à  la  quasi-opposition  des 
deux  feuilles  de  l'autre  rameau,  lesquelles  feuilles  partent  du  même  plan. 
Ici  l'on  pourrait  croire  à  un  dédoublement,  mais  nous  croyons  plutôt  à 
l'avortement  du  mérithalle  d'après  le  peu  de  distance  qui  sépare  les  deux 
feuilles  de  l'exemple  précédent. 

Le  retour  au  verticillisme  n'est  pas  moins  manifeste.  Dans  les  Asparagus, 
on  rencontre  des  rameaux  formant  des  verticilles  qu'a  la  vérité  nous  n'avons 
trouvés  complets  que  dans  Y  Asparagus  capensis.  De  plus,  il  n'est  pas  rare  de 


192  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE   DE   FRANCE. 

trouver,  dans  les  Lilium  candidwn  et  croceum,  3  ou  k  feuilles  très  voisines 
indiquant  une  tendance  à  la  verticillarité,  et  cette  tendance  est  bien  pins 
marquée  dans  les  Fritillaria,  particulièrement  l' impérial is ,  où  il  semble 
qu'elles  iudiquent  le  passage  des  feuilles  alternes  des  monocotylédones  aux 
feuilles  verticillées  des  Lilium  Martagon  et  superbum,  du  Polygonatum 
vcrticillatum  ou  à  celles  qui  forment  une  sorte  d'involucre  aux  fleurs  d'Als- 
trœmeria. 

D'ailleurs,  Ad.  de  Jussieu  a  observé  un  Buplevrum  falcatum,  chez  lequel 
les  hélices  des  feuilles  s'étaient  transformées  en  verticilles  parfaitement  régu- 
liers, et  M.  Moquin-Tandon,  dans  ses  Eléments  de  tératologie  végétale,  dit 
avoir  vu,  dans  l'herbier  de  ce  savant,  un  rameau  de  saule  dont  les  feuilles 
de  l'extrémité  étaient  verticillées. 

Ainsi,  tandis  que  les  feuilles  opposées  s'écartent  de  leur  position  habi- 
tuelle pour  arrivera  l'alternance,  nous  voyons,  au  contraire,  les  feuilles  dites 
alternes  tendre  à  revenir  à  l'opposition  ou  à  la  verticillarité. 

Les  déplacements  sont  bien  plus  fréquents  encore  dans  les  folioles  des 
feuilles  composées;  très  souvent  les  paires  de  folioles  deviennent  alternes 
et  le  petit  nombre  de  folioles  alternes  rentrent  fréquemment  dans  l'oppo- 
sition. 

II.  —  DÉPLACEMENT    HORIZONTAL    OU    LATÉRAL. 

Lorsque  le  déplacement  des  feuilles  opposées  est  peu  prononcé  et  lorsque 
le  retour  à  l'opposition  arrive  immédiatement,  il  est  difficile  de  constater 
autre  chose  qu'un  déplacement  longitudinal.  Mais  quand  ce  déplacement 
est  très  marqué,  et  qu'il  se  produit  souvent  sur  le  même  axe,  comme  dans  les 
Veronica,  alors  le  déplacement  latéral  se  prononce  aussi,  et  non-seulement 
l'alternance  en  est  la  suite,  mais  encore  la  disposition  quinconciale  ou  une 
disposition  d'un  ordre  plus  compliqué. 

Il  n'y  a,  à  notre  connaissance,  que  le  Potamogeton  densus  qui  soit  à 
feuilles  opposées  distiques,  et  les  Globulea  obvallata  et  Ajuga  genevensis 
dont  les  feuilles  forment  deux  paires  d'hélices,  dans  chacune  desquelles  la 
sixième  vient  au-dessus  de  la  première.  Toutes  les  autres  paires  de  feuilles 
sont  en  croix  ou  à  angles  droits  les  unes  avec  les  autres.  Si  donc,  comme 
dans  ce  dernier  cas,  on  suppose  que  les  deux  feuilles  qui  sont  opposées 
font  partie  de  deux  hélices  marchant  parallèlement,  puisqu'elles  sont  en 
croix,  il  est  évident  que  dans  une  des  hélices  régulières,  la  feuille  qui  viendra 
se  placer  sur  la  première  ne  pourra  être  que  la  cinquième,  et  cette  disposition 
n'est  exprimée  par  aucune  formule.  Si  dans  les  exemples  de  déplacement  de 
feuilles  opposées  que  nous  avons  cités,  nous  avons  constaté  la  disposition 
quinconciale,  il  est  clair  qu'il  faut  que  les  feuilles  aient  dévié  latéralement 
de  leur  position  première  pour  que  ce  ne  soit  plus  la  cinquième  qui  vienne 
se  placer  sur  la  première,  mais  bien  la  sixième.  Or,  ce  fait  de  disposition 


SÉANCE    1)L    20    JUILLET    1854.  193 

quinconciale  par  déplacement  de  feuilles  opposées  a  été  parfaitement  ob- 
servé par  Dutrochet,  et  nous-même  l'avons  constaté  sur  les  tiges  du  Phlox 
paniculata,  du  Ligustrum  vulgare,  du  Lythrum  Salicaria  et  de  plusieurs 
Veronica. 

L'exemple  le  plus  remarquable  de  ce  déplacement  latéral  nous  a  été 
fourni  par  le  Paliurus  aculeatus.  Ce  petit  arbrisseau  porte  des  axes  secon- 
daires étalés,  évidemment  tous  à  feuilles  alternes  distiques,  mais  l'axe  prin- 
cipal, bien  vertical,  présente  la  disposition  hélicoïdale  exprimée  par  3/8; 
c'est-à-dire  que  le  neuvième  rameau  est  \e\m  se  placer  sur  le  premier. 
Mais  les  bourgeons  sont  axillaires  :  il  a  donc  fallu  que,  dans  le  premier  axe 
les  organes  appendiculaires  qui  auraient  dû  être  distiques  fussent  déplacés 
pour  donner  lieu  à  la  disposition  exprimée  plus  haut. 

D'ailleurs,  ce  n'est  pas  le  seul  exemple  de  ce  genre  de  déplacement  que 
nous  puissions  citer,  car  les  Hedera  hibernica,  Regaoriana  et  Hélix 
digitata,  à  feuilles  distiques,  nous  ont  offert  fréquemment  des  exemples  de 
disposition  quinconciale. 

Si  nous  ne  nous  abusons,  nous  croyons  avoir  démontré  daus  la  première 
partie  de  ce  travail  : 

1°  Que  les  déplacements  des  organes  appendiculaires  sont  beaucoup  plus 
fréquents  qu'on  ne  l'a  cru  jusqu'à  ce  jour; 

2°  Que  les  déplacements  ont  lieu  tantôt  verticalement,  tantôt  horizon- 
talement ; 

3°  Que  l'alternance  et  l'opposition  sont  des  caractères  quelquefois  trom- 
peurs, puisque  l'opposition  passe  facilement  à  l'alternance  dans  les  Vero- 
nica, Lythrum,  Phlox,  etc.;  que  l'alternance  revient  souvent  a  l'oppo- 
sition dans  les  Lycium,  Cydonia,  etc.,  et  que  les  Actinomeris  oppositifolia 
et  altérai folia  changent  réciproquement  la  disposition  de  leurs  feuilles. 


M.  Decaisnc  annonce  que  dimanche  dernier,  23  juillet,  à  l'herbo- 
risation dirigée  par  M.  Chatin  dans  la  foret  de  Fontainebleau,  le 
Goodyera  repetis,  R.  Bi\,  a  été  découvert  en  grande  abondance  sous 
des  plantations  de  pins  et  dans  leur  voisinage.  Les  premiers  échan- 
tillons ont  été  trouvés  par  M.  Ramey  entre  le  Mail  d'Henri  IV  et  les 
rochers  de  Bouligny.  Cette  espèce  est  entièrement  nouvelle  pour  la 
dore  parisienne  (1). 

M.  Gay  ajoute  que  cette  plante,  qui  croît  dans  diverses  régionsde 

(1)  Elle  a  depuis  été  retrouvée  en  immense  quantité  par  M.  J.  Groenland,  à  droite 
de  la  rouie  qui  monte  de  la  grille  de  Mainleiion  au  Mail  d'Henri  IV.  {Note  com- 
muniquée par  M.  Gay.) 


19/1  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE   DE    FRANCE. 

la  France  et  de  l'Europe,  mais  toujours  dans  des  bois  d'arbres  verts, 
s'est  également  rencontrée  sous  une  plantation  de  pins  peu  ancienne, 
dans  le  domaine  de  Duhamel  du  Monceau,  département  du  Loiret  (1). 

Conformément  au  paragraphe  2  de  l'article  hï  du  règlement ,  le 
procès-verbal  ci-dessus  a  été  soumis,  le  2  août,  au  Conseil  d'admi- 
nistration, qui  en  a  approuvé  la  rédaction. 

(1)  J'étais  bien  loin  de  croire  le  Satyriwn  repens  aussi  près  de  nous,  lorsque 
je  l'ai  vu ,  il  y  a  six  ou  sept  ans,  dans  les  grands  bois  qu'a  plantés  Duhamel  à 
huit  lieues  environ  d'ici  (c'est-à-dire  d'Orléans),  au  nord-est,  sur  la  route  de  Fon- 
tainebleau. {Extrait  d'une  lettre  écrite  à  M.  Gaij  par  M.  Pelletier,  d'Orléans, 
le  24  janvier  1829.) 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE, 


PHYSIOLOGIE  VEGETAL E. 

Dissertation  sur  l'influence  qu'exerce  tlans  les   plantes 
la  tliflerence  îles  sexes  sur  le  reste  de  l'organisation, 

suivie  de  l'examen  des  deux  sortes  de  diclinismes ,  par  le  docteur 
D.  Clos.  [Mémoires  de  l'Académie  des  sciences  de  Toulouse;  tirage  à  part 
en  brochure  in-8°  de  34  pages.) 

Quelques  botanistes  ont  déjà  cherché  à  reconnaître  si  la  différence,  des 
sexes  dans  les  plantes  en  amène  d'autres  dans  l'ensemble  de  l'organisation, 
et  les  recherches  qu'ils  ont  faites  à  ce  sujet  les  ont  conduits  à  des  conclusions 
affirmatives  pour  les  uns,  négatives  pour  les  autres.  M.  Clos  a  repris  cette 
question  et  l'a  traitée  avec  beaucoup  de  développements.  Son  mémoire  est 
divisé  en  deux  parties  que  le  titre  indique  déjà.  Dans  la  première  partie,  il 
examine  successivement  l'influence  de  la  sexualité  sur  les  caractères  de  vé- 
gétation et  sur  les  divers  organes  floraux.  Cette  portion  de  son  travail  con- 
tient l'énumération  de  tous  les  faits  dont  il  a  trouvé  l'indication  dans  les 
auteurs,  et  dont  plusieurs  ont  été  vérifiés  par  lui.  Elle  est,  comme  il  le  dit 
très  bien,  une  sorte  de  statistique  de  la  question.  Elie  le  conduit  à  des  con- 
clusions que  nous  reproduisons  textuellement,  et  qui,  comme  on  va  le  voir, 
viennent  à  l'appui  de  l'idée  qu'il  existe  dans  les  plantes  des  différences 
sexuelles,  seulement  moins  prononcées  que  chez  les  animaux. 

1°  La  floraison  est  plus  hâtive  pour  les  pieds  mâles  que  pour  les  pieds 
femelles. 

2°  Soit  dans  les  inflorescences  androgynes,  soit  dans  les  inflorescences  de 
sexe  différent,  les  fleurs  mâles  sont  en  plus  grand  nombre  que  les  fleurs 
femelles  :  les  mâles  sont  pédonculées  et  les  femelles  sessiles ,  ou  bien 
les  premières  sont  portées  sur  des  pédoncules  plus  longs  que  les  secondes; 
aussi  est-ce  un  caractère  à  peu  près  général  de  l'inflorescence  mâle  d'être 
plus  lâche,  plus  étalée  que  l'inflorescence  femelle. 

3°  La  loi  posée  par  Linné  que,  dans  les  plantes  monoïques,  les  fleurs 
mâles  sont  placées  au-dessus  des  femelles,  ne  présente  que  peu  d'exceptions. 

U"  Contrairement  à  l'assertion  exprimée  par  Henschel,  Schelveret  H.  de 
Cassini,  la  fleur  femelle  n'est  pas  toujours  plus  petite  que  la  fleur  njâîe. 

5°  Aux  fleurs  mâles  appartiennent  ordinairement  les  couleurs  les  plus 
brillantes. 


1U6  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

6°  Lorsqu'une  des  deux  sortes  de  fleurs  unisexuées  est  dépourvue  de  pé- 
rianthe,  ou  n'a  pour  enveloppe  florale  qu'un  seul  verticille  d'organes,  la 
fleur  maie  est  toujours  la  mieux  partagée,  comme  si  les  fonctions  si  impor- 
tantes dévolues  aux  fleurs  femelles  étaient,  pour  elles,  une  compensation 
suffisante.  Toujours  aussi  le  périanthe  des  fleurs  femelles  s'éloigne  plus  par 
sa  forme  de  la  régularité  et  de  la  symétrie  typiques. 

7°  Le  caractère  tiré  soit  de  la  profondeur  relative  des  divisions  du  pé- 
rianthe dans  les  deux  sortes  de  fleurs  unisexuées,  soit  du  plus  ou  moins  de 
fixité  dans  le  nombre  de  ces  divisions,  ne  se  prête  jusqu'ici  à  aucune  déduc- 
tion générale. 

8°  Enfin,  la  présence  du  nectaire  parait  plus  intimement  liée  à  l'existence 
des  organes  mâles  qu'à  celle  des  organes  femelles. 

Dans  la  seconde  partie  de  son  mémoire,  M.  Clos  examines'i!  est  vrai  que, 
comme  l'admet  Jussieu  dans  l'introduction  de  son  Gênera,  il  existe  des  di- 
clines  fausses  ou  par  avortement,  dont  la  place  serait  à  côté  des  hermaphro- 
dites, et  des  diclines  vraies  ou  typiques.  Il  conclut  de  la  discussion  à 
laquelle  il  se  livre  a  ce  sujet  «  que  les  expressions  si  généralement  usitées  de 
fleurs  unisexuelles  ou  diclines  par  avortement  n'ont  pas  leur  raison  d'être, 
car  toutes  les  diclines  le  sont  au  même  titre;  seulement,  dans  les  unes,  il 
reste  quelques  traces  des  organes  avortés,  tandis  que  les  autres  en  sont  dé- 
pourvues. Lorsqu'on  voudra  préciser  ces  caractères  d'un  avortement  complet 
ou  incomplet,  on  pourra  se  servir  des  termes  flores  abortu  toto,  abortu  dimi- 
diato  monoici  ml  dioici,  masculi  vel  fœminci.  » 

BOTANIQUE  DESCRIPTIVE. 

Esquisse    «l'eine     sïi«ii4>$j:i'»B»liic     «les*    Aralinrécs  ,     par 

MM.  J.  Decaisne  et  Planchon.  (Bévue  horde,  n°  du  16  mars  1854, 
p.  104-109.) 

Ce  travail  est  destine  par  ses  auteurs  à  faire  connaître  les  genres  qu'ils 
admettent  dans  la  famille  des  Araliacées  et  à  signaler  les  espèces  qui,  pour 
eux,  composent  ces  genres.  1"  Aralia.  Ce  genre  comprend  des  arbrisseaux 
et  des  herbes  des  régions  tempérées  de  l'hémisphère  boréal,  a  feuilles  dé- 
composées, quelquefois  digitées,  dentées  irrégulièrement  ;  a  fleurs  polyga- 
mes, caractérisées  par  un  calice  à  5  dents,  des  pétales  imbriqués  et  2  à 
5  styles  libres.  Il  se  divise  en  Aralia  vrais  ,  à  feuilles  décomposées  et  à 
5  styles,  et  Ginsengs,  a  feuilles  digitées  et  à  2-3  .-ty les.  2°  Stylbocarpa, 
Dne  et  Plane,  groupe  établi  comme  section  par  M.  Hooker,  élevé  au  rang 
de  genre  par  les  deux  auteurs,  pour  Y  Aralia  polaris,  Hmbr.  et  Jacq., 
plante  antarctique  1res  anomale.  3"  Echinopanax ,  Dne  et  Plane,  crée 
pour  le  Panax  horridum,  de  l'Amérique  du  Nord,  h"  Fatsia,  Une  et  Plane.  : 


REVUE    BIBLIOGRAPHIQUE.  197 

ce  genre  est  établi  pour  Y  Aralia  japonica,  Thunb.,  dont  le  calice  est  entier 
et  qui  a  5  styles  ;  son  faciès  le  distingue  aussi  des  Aralia.  5°  Panax,  Dne 
et  Plane.  [Panax,  Lin.,  Maralia,  Du  Pet.-Th.,  Polyscias,  Forst.,  Aralia 
sp.):  ce  genre,  dans  sa  circonscription  modifiée  ,  est  caractérisé  par  ses 
fleurs  polygames  articulées  avec  le  pédicelle,  par  ses  pétales  libres,  caducs, 
valvaires;  par  ses  2-5  styles  libres  et  son  fruit  charnu,  arrondi  et  son  al- 
bumen non  ruminé.  6°  Uedera,  Lin.,  partim  :  ce  genre  se  réduit  maintenant 
à  VU.  Hélix;  il  a  des  fleurs  hermaphrodites,  à  pétales  valvaires,  à  style 
simple,  un  fruit  charnu  et  un  albumen  ruminé.  1"  Le  Trevesia,  Visia. ,  est 
conservé  pour  le  Gastonia  palmata,  Hort.  8°  Le  Brassaia,  Endl.,  fondé 
sur  une  espèce  de  la  Nouvelle-Hollande,  en  reçoit  encore  une  cultivée  dans 
les  jardins  sous  le  nom  de  Sciodaphyllum  palmatum,  Bl.  9°  Brassaiopsis, 
Dne  et  Plane,  genre  formé  sur  le  Gastonia  longifolia,  a  Heurs  hermaphro- 
dites, non  articulées  sur  le  pédicule,  ayant  le  calice  à  5  dents,  5  pétales 
valvaires,  un  disque  épigyne  très  épais  à  5  sillons,  2  styles  très  courts.  La 
tige  est  épineuse  et  les  feuilles  digitées.  10°  Le  Cussonia,  L.,  reste  intact, 
distingué  surtout  par  son  inflorescence.  11°  Le  genre  nombreux  Paratropia, 
DC,  appartient  à  l'ancien  continent  et  à  ses  parties  tempérées.  Il  se  distin- 
gue :  à  ses  feuilles  digitées ,  à  ses  fleurs  unisexuées,  dont  les  pétales  sont 
libres  et  valvaires,  les  filets  allongés,  et  les  5  stigmates  ponctiformes  au 
sommet  d'un  cône.  12"  Les  Sciodaphyllum,  P.  Br.,  ont  même  feuillage, 
mais  ils  sont  d'Amérique  et  leur  corolle  est  calyptrée.  Aux  espèces  connues 
les  deux  auteurs  en  ajoutent  huit  nouvelles  des  collections  de  M.  Linden. 
13°  Sous  le  nom  de  Dendropanax,  INI  M.  Decaisne  et  Planchon  forment  un 
genre  pour  des  plantes  des  hautes  régions  de  l'Amérique  équinoxiale,  dont 
les  fleurs  polygames,  réunies  à  l'extrémité  dilatée  des  pédoncules,  ont  le 
calice  à  5  dents  aiguës,  les  pétales  libres  et  valvaires,  les  styles  soudés  à  la 
base  sur  un  fruit  charnu  et  globuleux  ;  les  feuilles  à  contour  entier  ont  les 
pétioles  très  inégaux.  Ils  y  rapportent  V Aralia  arl/orea,  Lin.,  et  douze  au- 
tres espèces,  dont  sept  nouvelles.  1U"  Le  Gilibertia,  Buiz  et  Pav.,  voisin 
du  précédent  par  le  port,  a  de  grosses  fleurs  hermaphrodites,  généralement 
7  pétales  et  des  stigmates  ponctiformes  sessiles.  15°  Le  genre  Oreopanax, 
Dne  et  Plane,  propre  aux  hautes  régions  de  l'Amérique  tropicale,  a  des 
fleurs  dioiques,  sessiles,  en  capitules  paniculés  ;  son  calice  entier,  ses  pé- 
tales libres  et  valvaires,  ses  3  à  7  styles  libres,  sa  baie  globuleuse  et  lisse, 
ses  feuilles  entières,  palmées  ou  rarement  digitées,  le  distinguent  nette- 
ment. Jl  comprend  la  plupart  des  Hedera  américains  de  De  Candolle;  les 
deux  auteurs  en  signalent  cinquante  espèces  dont  trente-deux  nouvelles, 
très  belles  plantes  recueillies  a  la  Nouvelle-Grenade,  par  M.  Linden.  16°  Le 
Didymopanax,  Dne  et  Plane,  genre  très  distinct,  comprend  des  plantes  de 
l'Amérique  tropicale,  a  feuilles  digitées,  a  fleurs  hermaphrodites,  non  arti- 
culées, en  ombelles  pau;culées,  dans  lesquelles  le  calice  est  a  5  dents,  les 


198  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

pétales  sont  libres  et  valvaires,  les  étamines  courtes,  les  2  styles  fortement 
arqués  et  persistants  ;  le  fruit,  comprimé,  a  des  nervures  arquées.  Sur  huit 
espèces  signalées,  quatre  sont  nouvelles.  17°  VArthropkyllum,  Bl.,  de  l'ar- 
chipel Malayen,  a  les  feuilles  pinnées  ou  bipinnées  et  un  fruit  mouosperme. 
18°  Le  Cuphocarpus,  Dne  et  Plane,  créé  pour  le  Gastonia  aculeata,  Du  Pet.- 
Th.,  de  Madagascar,  a  la  fleur  articulée,  tétramère,  avec  un  seul  style  ;  sa 
corolle  est  calyptrée  et  son  fruit  raonosperme  est  gibbeux.  19°  Enfin,  le 
genre  Gastonia,  Comm.,  comprend  des  arbres  de  Madagascar.  Maurice  et 
Bourbon,  à  feuilles  pinnées,  à  grosses  fleurs  distinguées  par  les  trois  ner- 
vures saillantes  de  leurs  pétales,  par  leurs  quinze  étamines  à  anthères  re- 
courbées et  par  leurs  ovaires  multiloculaires,  avec  7-10  styles. 

Systema  lâcliemsin  Germaniie.  Die  Flechten  Deutschlands  (insbe- 
sondere  Schlesiens)  systématise!»  geordnet  und  characteristich  berchrieben, 
par  le  docteur  G.  W.  Kœrber.  Breslau,  1854,  in-8  de  96  p.  lre  livr.). 

Nous  nous  contenterons  d'indiquer  les  matières  traitées  dans  cette  pre- 
mière livraison  de  l'ouvrage  de  M.  Kœrber. 

Les  Lichens,  considérés  comme  une  classe,  y  sont  divisés  en  ordres  et  en 
familles.  La  première  livraison  qui  vient  de  paraître  renferme  l'histoire  du 
premier  ordre  auquel  M.  Kœrber  donne  le  nom  de  Lichenes  thamnoblasti, 
et  une  partie  de  celle  du  second  ordre  nommé  par  le  même  auteur  Lichenes 
phylloblasti.  Le  premier  ordre  se  subdivise  en  quatre  familles  ;  Usneaceœ, 
Eschw.  entend.;  Cladoniaceœ,  Zenk.  ;  Ramalineœ,  Fée,  emend.;  Sphœro- 
phoreœ,  Fr.  Quant  au  second  ordre,  il  n'a  pas  trouvé  place  entièrement  dans 
la  livraison  publiée,  qui  contient  seulement  l'histoire  complète  de  la  famille 
des  Peltideaceœ,  Fée,  de  celle  des  Parmeliaceœ,  Hook.,  et  le  commence- 
ment de  celle  des  Untbilicarieœ,  Fée,  entend. 

Gruiidriss  «1er  systematisclieia  Botaitik  fur  akatlemisclie 
VorlestBiigen  [Abrégé  de  botanique  systématique,  etc.),  par  M.  A. 
Grisebach.  Gottingen,  1854,  in-8  de  180  pages  (2  fr.  75  c). 

Dans  cet  ouvrage,  M.  Grisebach  s'est  proposéde  condenser  le  plus  de  faits 
possible  dans  un  espace  restreint,  et  son  objet  principal  a  été  d'exposer  les 
caractères  essentiels  des  familles  de  manière  très  concise  et  assez  analogue 
à  de  simples  formules.  Son  livre  est  divisé  en  deux  parties  très  inégales 
d'étendue  et  d'importance.  La  première  partie  renferme,  en  cinquante-six 
pages  seulement,  une  courte  préface  et  un  résumé  succinct  de  morphologie 
végétale  ;  la  seconde  partie  forme  tout  le  reste  du  livre  et  comprend  le  ta- 
bleau et  les  caractères  des  familles.  Les  végétaux  y  sont  divisés  en  classes, 
sous-classes,  séries  et  en  nexus,  au  nombre  de  cinquante-six,  correspondants 
aux  classes  d'Endlicher  et  de  plusieurs  autres  botanistes,  aux  alliances  de 


REVUE   BIBLIOGRAPHIQUE.  199 

M.  Lindley,  etc.  Les  caractères  de  chaque  famille  sont  réduits  à  ce  qu'on 
pourrait  nommer  une  courte  diagnose  indiquant  l'organisation  de  la  fleur 
et  du  fruit.  La  structure  florale  est  exprimée,  non  par  des  mots,  mais  par  de 
simples  chiffres  et  des  signes  qui  désignent  le  nombre  des  parties  de  chaque 
verticille  floral.  Lorsque  ces  parties  sont  distinctes  les  unes  des  autres  dans 
un  même  verticille  ou  d'un  verticille  au  suivant,  les  chiffres  qui  les  repré- 
sentent ne  sont  accompagnés  d'aucun  signe  particulier  ;  lorsque,  au  con- 
traire, elles  sont  unies  entre  elles,  leur  chiffre  est  surmonté  d'un  petit  arc 
horizontal  ;  enfin,  lorsque  celles  d'un  verticille  sont  unies  à  celles  d'un  ver- 
ticille voisin,  les  chiffres  des  unes  et  des  autres  sont  embrassés  par  un  cro- 
chet qui  indique  leur  soudure.  Les  exceptions  a  l'organisation  typique  sont 
signalées  entre  parenthèses.  A  cette  courte  caractéristique  est  jointe  l'indi- 
cation également  succincte  des  propriétés  des  plantes  les  plus  remarquables 
de  la  famille,  ainsi  que  celle  de  la  distribution  géographique  du  groupe  lui- 
même  considéré  dans  son  ensemble. 

BOTANIQUE  APPLIQUÉE. 

I/Igname-Batate ,  Dioscorea  Batatas ,  Dne.  [Revue  horticole,  n°  du 
1er  juillet  185i,  p.  2^3-253,  avec  2  figures  sur  bois.) 

L'introduction  en  Europe  d'une  nouvelle  plante  alimentaire  capable  non 
de  remplacer  la  Pomme  de  terre,  mais  d'occuper  à  côté  d'elle  un  rang  dis- 
tingué dans  nos  cultures  en  grand,  serait  à  la  fois  un  fait  d'une  haute  im- 
portance, et,  pourrait -on  dire,  un  événement  des  plus  heureux.  Aussi 
l'attention  publique  se  préoccupe-t-elle  vivement  d'un  article  publié  récem- 
ment par  M.  Decaisne  dans  la  Revue  horticole  au  sujet  d'une  plante  qu'il 
croit  appelée  à  occuper  désormais  une  place  élevée  dans  la  liste  de  nos  es- 
pèces alimentaires.  Cette  plante  est  une  Igname  qui  a  été  envoyée  de  Chine 
il  y  a  peu  d'années,  et  qui  a  été  d'abord  regardée  à  tort  comme  le  Dioscorea 
japonica. 

En  la  comparant  soigneusement  aux  Dioscoréesdéjà  connues,  M.  Decaisne 
a  reconnu  qu'elle  constitue  une  espèce  nouvelle  à  laquelle  il  donne  le  nom 
de  Igname-Batate,  Dioscorea  Batatas,  et  dont  il  figure  un  rameau  fleuri. 
Les  premiers  essais  qui  avaient  été  faits  à  Paris  et  à  Versailles  pour  la  cul- 
ture de  cette  plante  en  avaient  fait  assez  mal  augurer;  mais,  sans  se  laisser 
rebuter  par  le  peu  de  succès  obtenu  par  divers  horticulteurs,  M.  Decaisne 
a  continué  ses  expériences  au  Jardin  des  plantes,  et  il  est  arrivé  à  constater 
que  la  rusticité  de  cette  espèce,  sous  notre  climat,  et  ses  qualités  nutritives, 
«  ne  laissent  rien  à  désirer.  » 

L'Igname-Batate  «  est  vivace  par  ses  racines,  ou,  pour  parler  plus  exac- 
tement, dit  M.  Decaisne,  par  ses  rhizomes  gorgés  de  fécule  et  légèrement 
laiteux,  véritables  tiges  souterraines  qui,  au  lieu  de  s'élever  ou  de  ramper 


200  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

sous  la  surface  du  sol,  s'y  enfoncent  perpendiculairement  à  la  profondeur 
de  1  mètre  ou  quelquefois  davantage...  Les  tiges  proprement  dites  acquiè- 
rent de  1  à  2  mètres  de  longueur...  Quand  on  les  abandonne  à  elles-mêmes, 
elles  s'étalent  sur  la  terre  et  s'y  enracinent,  avec  une  extrême  facilité.  Les 
feuilles  sont  en  général  opposées...  »  Elles  sont  triangulaires-cordiformes , 
acuminées,  à  lobes  basilaires  arrondis,  à  7-9  nervures  principales  conver- 
gentes, lisses  et  brillantes,  d'un  vert  foncé.  Les  fleurs  sont  dioïques,  en 
petites  grappes  spiciformes,  axillaires  ;  on  ne  connaît  que  les  mâles,  qui 
sont  très  petites  et  de  couleur  livide,  bexandres,  sans  rudiment  de  pistil. 

Dans  les  cas  ordinaires,  les  rhizomes  de  cette  Igname  ont  la  forme  de 
massues,  et  leur  plus  grande  épaisseur  égale  celle  du  poignet.  Leur  épi- 
derme,  d'un  brun  fauve  ou  de  couleur  café  au  lait,  est  percé  de  nombreuses 
radicelles.  Sous  lui  se  trouve  un  parenchyme  d'un  blanc  opalin,  très  friable, 
gorgé  de  fécule  et  accompagné  d'un  liquide  laiteux  et  mucilagineux;  les 
fibres  ligneuses  y  sont  à  peine  apparentes.  «  Par  la  cuisson,  ce  tissu  s'at- 
tendrit encore  et  s'assèche,  comme  celui  de  la  Pomme  de  terre,  dont  il  rap- 
pelle l'insipidité,  au  point  qu'il  serait  facile  à  une  personne  qui  n'en  aurait 
pas  été  prévenue  de  le  confondre  avec  celui  de  ce  tubercule.  Une  même 
plante,  peut  donner  naissance  à  plusieurs  de  ces  rhizomes,  bien  qu'elle  n'en 
produise  souvent  que  deux  ou  trois.  »  Leur  poids  moyen  varie  de  300  à 
600  grammes,  et  leur  longueur  de  0"',50  à  1  mètre,  ou  peut-être  davan- 
tage. Au  Jardin  des  plantes,  on  en  a  obtenu  du  poids  de  1  kilogramme. 

M.  Decaisne  ne  croit  pas  qu'il  y  ait  aucune  objection  sérieuse  à  faire  à 
ce  nouveau  produit,  au  point  de  vue  des  usages  économiques.  Au  point  de 
vue  de  l'agriculture,  peut-être  la  profondeur  considérable  a  laquelle  s'en- 
foncent les  tubercules  de  l'Igname  paraitrait-elle  devoir  faire  naitre  des  dif- 
ficultés pour  l'arrachage.  Mais  d'abord  les  agriculteurs  chinois  ne  se  laissent 
pas  arrêter  par  cette  difficulté,  puisqu'ils  cultivent  cette  plaute  sur  une 
grande  échelle,  comme  nous  l'apprend  une  note  communiquée  par  M.  de 
Montigny,  consul  a  Chang-Hai  ;  ensuite  il  existe  déjà  dans  nos  cultures  des 
plantes,  la  Garance  par  exemple,  qui  pénètrent  profondément  dans  le  sol,  et 
l'on  ne  voit  pas  que.  les  agriculteurs  reculent,  dans  ce  cas,  devant  les  diffi- 
cultés de  l'arrachage. 

L'article  intéressant  de  M.  Decaisne  se  termine  par  divers  extraits  de 
livres  chinois  sur  l'agriculture,  relatifs  soità  i'Igname-Batate,  soit  à  quelques 
autres  espèces,  selon  toutes  les  apparences,  extraits  qui  ont  été  traduits  par 
M.  Stanislas  Julien. 

Note  communiquée  par  M.  Duchartre.  —  Il  ne  sera  peut-être  pas  hors  de 
propos  d'ajouter  à  la  note  dont  on  vient  de  lire  l'analyse  quelques  résultats 
d'observations  que  j'ai  eu  occasion  de  faire  en  1852. 

J'ai  fait  en  1352,  au  jardin  de  botanique  de  l'Institut  agronomique  de  Versailles, 


REVUE    BIBLIOGRAPHIQUE.  201 

quelques  expériences  et  observations  sur  l'Igname-Batate  que  je  regrette  d'avoir  dû 
laisser  forcément  incomplètes,  mais  dont  les  principaux  résultats  me  paraissent 
avoir  quelque  intérêt. 

1°  Pour  reconnaître  s"il  serait  facile  de  multiplier  cette  plante,  j'ai  coupé  deux 
tubercules,  l'un  en  douze,  l'autre  en  dix-huit  morceaux  formant  cbacun  une  ron- 
delle épaisse  d'un  ou  deux  centimètres.  Ces  morceaux  ont  été  plantés  au  commen- 
cement du  printemps,  à  une  faible  profondeur  en  terre,  dans  des  terrines  qui  ont 
été  tenues  en  serre.  Tous,  sans  une  seule  exception,  ont  donné  en  peu  de  temps, 
sur  un  de  leurs  côtés,  un  nouveau  pied  dont  l'accroissement  a  été  d'une  rapidité 
remarquable.  Comme  ces  nouveaux  pieds  ont  été  produits  par  de  simples  bour- 
geons advenlifs  qui  paraissent  pouvoir  naître  indifféremment  sur  tous  les  points 
des  tubercules,  il  en  résulte  que  la  multiplication  de  la  plante  ne  reconnaît  presque 
aucune  limite,  et  n'est  pas  circonscrite  par  le  nombre  des  yeux  ou  bourgeons,  comme 
pour  la  pomme  de  terre. 

2°  L'Igname-Batate  possède  encore  un  mode  particulier  de  propagation  ;  elle 
produit  à  l'aisselle  de  ses  feuilles  des  bulbilles  qui,  mis  en  terre,  donnent  cbacun 
en  peu  de  temps  un  nouveau  pied.  C'est  de  bulbilles  envoyées  deCbine  qu'on  a  ob- 
tenu les  pieds  de  cette  plante  qui  ont  été  cultivés  pendant  trois  ans  par  M.  Hardy, 
au  potager  de  Versailles. 

3°  L'étude  du  développement  des  jeunes  pieds  obtenus  dans  l'expérience  que 
je  viens  de  rapporter,  l'examen  des  pieds  vigoureux  que  j'ai  pu  cultiver  pendant 
l'été  de  1852  au  jardin  de  l'Institut  agronomique,  me  font  penser  que  les  tuber- 
cules de  l'Igname-Batate  sont  purement  et  simplement  des  racines  renflées  et  gor- 
gées de  fécule,  entièrement  semblables  à  celles  qui  forment  les  tubercules  de  la 
vraie  Batate,  et  non  des  rhizomes  doués  de  la  singulière  faculté  de  se  développer 
de  haut  en  bas  jusqu'à  une  profondeur  d'un  mètre  ou  même  davantage.  Le  vrai 
rhizome  de  la  Dioscorée  me  paraît  être  une  partie  toujours  très  raccourcie  sur  les 
pieds  de  l'année,  qui  sert  de  point  de  départ  à  tous  les  tubercules  en  même  temps 
qu'aux  tiges  aériennes. 

h"  Les  tubercules  de  l'Igname-Batate  possèdent  la  qualité  précieuse  de  se  con- 
server très  longtemps  sans  s'altérer.  J'en  conserve  depuis  deux  ans,  et  tous  les 
changements  qu'ils  ont  subis  consistent  en  ce  qu'ils  ont  diminué  de  volume  par  la 
dessiccation.  Dans  cet  état,  ils  sont  très  bons  à  manger  crus,  et  probablement  leur 
saveur,  après  une  cuisson  convenable,  ne  différerait  pas  de  celle  qu'ils  ont  à  l'état 
frais.  Ainsi  desséchés,  ils  paraissent  en  état  de  se  conserver  indéfiniment. 

5"  J'avais  reconnu  dans  l'hiver  de  1851  à  1852  la  résistance  au  froid  dont  sont 
doués  les  pieds  du  Dioscorea  Batatas  Dne.  J'en  avais  en  effet  conservé  quatre  en 
pot,  à  Versailles,  dans  une  chambre  où  une  grande  quantité  d'eau  conservée  en 
même  temps  s'était  congelée  en  une  seule  masse,  et  tous  ces  pieds  avaient  ensuite 
parfaitement  poussé  au  printemps  suivant.  Mais  j'avais  vu  aussi  que  les  extrémités 
de  cette  plante  sont  sensibles  au  froid,  puisque  les  premières  gelées  d'automne 
avaient  suffi  pour  les  tuer  et  les  noircir. 

Je  me  contente  de  consigner  ici  en  termes  concis  ces  faits  qui  me  semblent  avoir 
une  certaine  valeur,  même  après  le  travail  important  de  M.  Decaisne,  à  l'analyse 
duquel  ils  m'ont  semblé  se  rattacher  naturellement. 


MELANGES  ET  NOUVELLES. 


Sur  la  plante  «lout  on  aire  le  panier  île  Riz,  par  M.  Fortune. 
—  Extrait  du  Gardener's  Chronîcle,  19  août  185i. 

Dans  la  matinée  du  20  avril  dernier,  dit  M.  Fortune,  le  vapeur  sur  lequel 
j'étais  passager  jeta  l'ancre  dans  une  des  rivières  du  nord-est  de  Formose. 
C'était  la  première  visite  que  je  faisais  à  celte  jolie  île,  je  m'empressai  donc 
d'aller  à  terre.  Avant  de  quitter  le  navire,  j'avais  aperçu,  au  moyen  d'une 
longue-vue,  quelques  grandes  fleurs  blanches  sur  les  coteaux  voisins,  et  je  me 
dirigeai  de  leur  côté.  C'étaient  de  superbes  spécimens  de  Liliumjaponicum, 
les  plus  grands  et  les  plus  vigoureux  que  j'eusse  vus  de  ma  vie.  Pendant  que 
j'admirais  ces  belles  plantes,  qui  croissaient  là  avec  autant  de  profusion  que 
les  Primevères  dans  nos  bois,  un  autre  objet  de  bien  plus  d'intérêt  attira 
mon  attention  ;  ce  n'était  rien  moins  que  la  plante  qui  produit  le  fameux  pa- 
pier de  Riz  des  Chinois,  et  à  laquelle  sir  W.  Hooker  a  donné  le  nom  de  Aralia 
papyrifera. 

Elle  paraissait  sauvage,  mais  l'endroit  où  elle  croissait  pouvait  bien  être 
le  site  de  quelque  ancienne  plantation,  envahie  aujourd'hui  par  les  buissons 
et  les  mauvaises  herbes.  Les  plus  grands  échantillons  que  je  vis  avaient  5  à 
6  pieds  de  hauteur  et  6  à  8  pouces  de  circonférence  a  la  hase  de  la  tige 
et  même  dans  presque  tout  le  reste  de  sa  longueur.  Les  tiges  étaient,  pour  la 
plupart,  nues  jusqu'au  sommet,  où  elles  portaient  une  couronne  de  grandes 
et  belles  feuilles  palmées  à  long  pétiole  qui  lui  donnaient  une  physionomie 
frappante. 

Le  dessous  de  chaque  feuille,  son  pétiole  et  la  partie  supérieure  de  la 
tige,  que  les  pétioles  embrassaient  étroitement,  étaient  revêtus  d'une  couche 
épaisse  de  duvet  d'une  belle  couleur  brune  et  fort  caduque. 

Je  n'ai  rencontré  dans  mes  excursions  aucune  plante  en  fleurs  ;  il  paraît 
probable  que  celles-ci  se  montrent  très  tard  ;  mais  il  y  avait  un  grand  nombre 
de  jeunes  plants  qui  perçaient  la  terre  çà  et  là.  Ceux-ci-furent  relevés  avec 
soin  par  un  soldat  chinois  et  sont  aujourd'hui  en  sûreté  dans  le  jardin  de 
M.  Beale,  a  Shanghae.  La  proportion  de  moelle  que  renferment  les  tiges 
est  très  forte,  surtout  vers  le  sommet  des  plus  vigoureuses,  et  c'est  avec 
cette  matière,  du  blanc  le  plus  pur,  que  l'on  prépare  l'article  nommé  fort 
à  tort  «  papier  de  Riz.  » 

Les  Chinois  nomment  cette  plante  Tung-tsaou.  Elle  est  cultivée  en  grand 
dans  plusieurs  parties  de  l'île  Formose,  et  y  constitue,  avec  le  riz  et  le 
camphre,  un  des  principaux  articles  d'exportation.  Selon  M.  Bowring, 
les  provinces  de  Canton  et  de  Fokien  en  sont  les  plus  grands  consommateurs, 


MÉLANGES  ET  NOUVELLES.  203 

la  seule  ville  de  Foo-Chow  en  prenant  annuellement  pour  une  somme 
d'environ  30,000  dollars.  Le  bas  prix  auquel  le  papier  de  Riz  se  vend  en 
Chine  suffit,  ainsi  que  le  fait  remarquer  M.  Bowring,  pour  donner  une  idée 
de  l'abondance  de  la  plante  qui  le  produit,  ainsi  que  du  bon  marché  de 
la  main-d'œuvre.  On  est  étonné  de  savoir  que  100  feuilles  de  cette  matière 
(chacune  formant  un  carré  d'environ  3  pouces)  ne  se  vendent  guère  que 
12  à  15  centimes.  Les  feuilles  de  plus  grandes  dimensions,  telles  que  celles 
dont  se  servent  les  peintres  de  fleurs  à  Cauton,  sont  vendues  au  prix  de  15  cen- 
times chacune. 

Si  le  Tung-tsaou  supporte  notre  climat,  son  beau  feuillage  le  fera  beau- 
coup apprécier  par  les  horticulteurs;  mais  à  en  juger  parla  température 
de  l'île  Formose,  il  est  à  craindre  qu'il  ne  prospère  pas  hors  de  l'orangerie. 
Comme  les  plants  en  sont  déjà  arrivés  au  jardin  de  Kew,  on  saura  bientôt 
à  quoi  s'en  teuir. 

Gescliichte  «1er  Itotanik.   Stuclien  (Histoire  de  la  Botanique. 

Études),  par  M.  Ernst.  H. -F  Meyer,  t.  I,  Kœnigsberg,  chez  les  frères 
Borntraeger,  185&,  in-8°  de  x  et  ^06  pages. 

Voici,  dit  M.  M.  Schlechtendal,  une  œuvre  importante  et  sérieuse,  des 
recherches  sur  l'histoire  ancienne  de  la  Botanique  qui  attestent  une  étude 
approfondie  de  toutes  ses  origines.  Ce  premier  volume  sera  suivi  de  trois 
autres  qui  conduiront  le  lecteur  jusqu'au  temps  présent ,  jusqu'à  Rob. 
Brown.  I; importance  de  son  contenu  est  indiqué  par  les  titres  de  ses  prin- 
cipaux chapitres  que  nous  allons  faire  connaître. 

L'auteur  croit  devoir  se  justifier,  dans  la  préface,  d'avoir,  en  racontant 
les  premiers  âges  de  la  Botanique ,  mentionné  beaucoup  de  noms  qui 
ne  se  rattachent  peut-être  à  rien  de  bien  important  pour  l'histoire  de 
cette  science,  mais  qu'il  n'eût  pas  été  juste  d'omettre  tout  à  fait,  et  qui, 
d'ailleurs,  servent  comme  de  jalons  chronologiques,  indiquent  des  transitions 
plus  ou  moins  évidentes  entre  des  noms  plus  significatifs. 

M.  Meyer  avertit  ensuite  qu'il  a  évité,  autant  que  possible,  toute  discus- 
sion ou  dissertation  relative  à  l'interprétation  des  plantes  des  anciens,  par 
la  raison  fort  juste  que  ce  sujet  appartient  à  peine  à  l'histoire  de  la  Botanique, 
qu'il  doit  être  étudié  a  part,  pour  l'intelligence  complète  des  auteurs,  et 
qu'enfin  il  comportait  trop  de  développements  pour  pouvoir  être  traité  con- 
curremment avec  l'histoire  proprement  dite  de  la  Botanique.  Le  tome  pre- 
mier du  livre  de  M.  Meyer  contient  les  chapitres  ainsi  désignés  :  I.  Ori- 
gines de  la  Botanique  chez  les  Grecs.  —  11.  Apogée  de  la  Botanique  chez  les 
Grecs.  —  III.  Décadence  de  la  Botanique  en  Grèce,  jusqu'à  l'établissement 
de  la  domination  romaine  sous  Auguste.  —  IV.  Essais  de  Botanique  chez  les 
Romains  avant  Auguste  et  pendant  son  règne.  (Botan.  Zeitung). 


20/j  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

NÉCROLOGIE. 

Nous  avons  la  douleur  d'annoncer  la  perte  immense  que  vient  de  faire  la 
Botanique  dans  la  personne  de  M.  Philippe  Barker -  Webb,  membre  de  la 
Société  botanique  de  France,  mort  à  Paris  après  une  courte  maladie  dans 
laquelle  le  médecin  qui  lui  a  donné  ses  soins  a  cru  reconnaître  les  caractères 
du  choléra.  Dans  l'un  des  prochains  numéros  du  Bulletin,  nous  essaierons  de 
faire  connaître  la  vie  et  les  travaux  de  cet  homme  à  jamais  regrettable,  qui  a 
su  se  montrer  à  la  fois  botaniste  éminent,  profond  érudit,  littérateur  dis- 
tingué, et  chez  qui  le  cœur  était  au  niveau  de  l'intelligence. 

—  Nous  devons  également  annoncer  la  mort  de  l'une  des  illustrations  de 
la  botanique  française  au  dix-neuvième  siècle.  M.  de  Brisseau-Mirbel  vient 
de  succomber,  plus  qu'octogénaire,  à  une  longue  et  cruelle  maladie  qui,  de- 
puis plusieurs  années,  l'avait  entièrement  éloigné  de  la  science.  Le  prochain 
numéro  du  Bulletin,  renfermera  une  notice  sur  la  vie  et  les  travaux  de  cet 
habile  observateur  qui  a  certainement  contribué  plus  que  tout  autre  parmi 
nous  aux  progrès  de  l'anatomie  et  de  la  physiologie  végétales,  et  qui  possé- 
dait le  mérite  troprarejde  décrire  en  littérateur  et  de  dessiner  en  artiste  les 
résultats  des  recherches  faitesjpar  l'œil  exercé  du  savant. 

La  mort  de  M.  de  Mirbel  laisse  aujourd'hui  l'illustre  président  de  la  So- 
ciété botanique  de  France  seul  représentante  l'Académie  des  sciences  de  la 
section  de  botanique,  telle  qu'elle  existait  il  y  a  deux  ans  à  peine! 


Dans  le  numéro  de  la  Bévue  horticole  du  1er  janvier  1854,  M.  Jacques 
annonce  que  le  Pterocarya  caucasica  Kunth  a  ileuri  et  fructifié  à  Ver- 
sailles, dans  les  pépinières  de  Trianon,  en  1853,  de  même  que  le  Gincko 
biloba  ou  Salisburia  adianthifolia.  Quant  à  ce  dernier  arbre,  on  sait  qu'il 
fructifie  annuellement  à  Montpellier  depuis  un  assez  grand  nombre  d'années, 
mais  M.  Jacques  ne  croit  pas  que  ses  fleurs  se  fussent  encore  montrées  sous 
le  climat  de  Paris.  Il  croit  aussi  que  la  floraison  du  Pterocarya  de  Ver- 
sailles est  la  première  qu'on  ait  encore  observée  en  France. 


BIBLIOGRAPHIE. 

Plantes  cryptogames  de  France,  par  J.-B.-H.J.  Desmazières  ;  fascicules  3  et  4. 

ln-Zi  de  2  feuilles  et  pi.  101  à  200.  Leleux,  à  Lille. 
Mémoires  sur  quelques  hybrides  de  la  famille  des  orchidées,  par  B.  Timbal-La- 

grave,  etc.  In-8  de  2  feuilles  plus  deux  planches.  Chauvin,  à  Toulouse. 


Pfiris,  —  Imprimerie  <ie  L.  Martinet,  rue  Mi°non,  2. 


SOCIÉTÉ    BOTANIQUE 


DE  FRANCE. 


SÉANCE   DU    10   NOVEMBRE   1854. 

PRÉSIDENCE   DE   M.    AD.    BRONGNIART. 

La  Société  se  réunit  à  sept  heures  et  demie  du  soir,  rue  du  Vieux- 
Colombier,  24,  dans  le  local  que  le  bureau  de  la  Société  Géologique 
a  bien  voulu  lui  céder  pour  la  tenue  de  ses  séances. 

Sur  la  présentation  du  Bureau  ,  la  Société  admet  au  nombre  de 
ses  membres  : 

MM.  Acard  (A.),  pharmacien  à  Rugles  (Eure); 

Balansa  (B.),  rue  Suger,  1,  à  Paris; 

Baudry  (Frédéric),  ancien  bibliothécaire  de  l'Institut  agrono- 
mique, rue  de  la  Paroisse,  12,  à  Versailles; 

Boissier  (Edmond),  à  Genève  (Suisse); 

Bonafos  père,  docteur  en  médecine,  rue  Porte-de-1'Assaut,  2, 
à  Perpignan  ; 

Bouteiller  (Ed.),  professeur  à  Provins  (Seine-et-Marne); 

Brou  (l'abbé),  curé  à  Oulins,  par  Anet  (Eure-et-Loir); 

Caventou  (Eugène),  rue  Gaillon,  20,  à  Paris; 

Chavin  (l'abbé),  curé  à  Compesières,  près  Genève  (Suisse); 

Choisy,  professeur,  à  Genève  (Suisse)  ; 

Crouan,  pharmacien,  rue  de  la  Fraternité,  6,  à  Brest; 

Daenen  (l'abbé),  aumônier  de  la  chapelle  Saint-Louis,  à  Dreux 
(Eure-et-Loir); 

Darracq  (Ulysse),  pharmacien  à  Saint-Esprit  (Landes); 

De  Candolee  (Alphonse),  à  Genève  (Suisse); 

t.  i.  \k 


206  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

31)1.  Delondre  (Auguste),  à  Graville- Havre  (Seine-Inférieure); 
Duhamel,   employé  au  ministère  de  la  guerre,  rue   Saint- 

Honoré,  301,  à  l*n  ris  ; 
Faivre,  docteur  en  médecine,  professeur  au  collège  Stanislas, 

rue  Bonaparte,  72,  à  Paris  ; 
Féraud  (Hippolyte),   percepteur  des  contributions,  à  Gar- 

pentras  (Vaucluse)  ; 
Gentilhomme    (E.),    pharmacien,    à     Plombières-les-Bains 

(Vosges)  ; 
Godron,  doyen  de  la  Faculté  des  sciences,  rue  de  la  Monnaie, 

û,  à  Nancy; 
Grenier,  professeur  à  la    Faculté   des   sciences,  rue  de  la 

Préfecture,  14,  à  Besançon; 
Guidi  (Louis),  à  Pesaro  (Etat  de  l'Eglise); 
Guyot-Ressigeac  (Charles),  capitaine  d'artillerie,  à  Grenoble-, 
Héricart-Ferrand  (le  vicomte),  rue  Sainte-Catherine-d'En- 

fer,  1,  à  Paris; 
Howard  (John-Elliot),  à  Tottenham,  près  Londres; 
Jacquel    (l'abbé),    curé    à    Liezey,    canton   de    Gérardmer 

(Vosges)  ; 
Jordan  (Alexis),  rué  Basseville,  10,  a  Lyon; 
Jouvin,  professeur  à  l'Ecole  de  médecine  navale,  rue  Saint- 
Louis,  88,  à  Rochefort-sur-mer  (Charente-Inférieure)  ; 
Laisné  (A.-M.),  ancien   principal   du   collège,  à  Avranches 

(Manche)  ; 
Lambertye  (le  comte  Léonce  de)  à  Chaltrait,  par  Montmort 

(Marne)  ; 
Lèvent,  ancien  pharmacien,  place  du  Palais  de  justice,  16, 

à  Reims  (Marne)  ; 
Lombard  (F.),  place  d'Armes,  II,  à  Dijon  ; 
Lort-Mialhè  (de),  à  Narbonne  (Aude); 
Marullï  (de),  garde  général  des  forets,  à  Compiègne (Oise); 
Marsv  (de),  procureur  impérial,  à  Vervins  (Aisne); 
Martins  (Charles),  professeur  a  la  Faculté  de  médecine  de 

Montpellier; 
Martrin-Donos  (le  comte  Victor  de),  Grande  rue,  à  Montauban  ; 
Marulaz  (V),  inspecteur  des  forêts,  à  Toul  (Meurthe)  ; 
Massot  (Aimé),  docteur  en  médecine,  rue  Saint-Jean,  9,  à 

Perpignan  ; 


SÉANCE    DU    4  0    NOVEMBRE    185/j.  207 

MM.  Mathieu  (Auguste),  inspecteur  des  forêts,  professeur  d'his- 
toire naturelle  à  l'École  impériale  forestière,  rue  Sta- 
nislas, /i0,  à  Nancy  ; 

Parlatore,  professeur  de  botanique  au   Musée  grand-ducal 
d'histoire  naturelle  de  Florence  (Toscane)  ; 

Penchinat  (Charles),  docteur  en  médecine,  à  Port-Vendres 
(Pyrénées-Orientales)  ; 

Perrottet,  à  Pondichéry  (à  Paris,  rue  Montmartre,  172)  ; 

Petit  (V.),  docteur  en  médecine,  à  Hermonville,  près  Reims 
(Marne)  ; 

Peujade  (Ulysse),  docteur  en  médecine,  à  Najac  (Aveyron)  ; 

Rambur  (P.),  docteur  en  médecine  à  Saint-Christophe-sur-le- 
Nais.  par  Neuillé- Pont-Pierre  (Indre-et-Loire); 

Rascon  (Martin-Jose),  à  Mexico.  —  (Correspondant  à  Paris  : 
M.  O'Brien,  rue  Mogador,  !i.) 

Ratier  (l'abbé),  professeur  au  petit  séminaire,  rue  de  l'Es- 
quille, 1,  à  Toulouse; 

Raulin  (Victor),  professeur  à  la  Faculté  des  sciences,  rue 
Croix  de  Seguey,  87,  à  Bordeaux; 

Rev  fils,  à  Saint-Amand-Montrond  (Cher); 

Roumeguère  (Casimir),  secrétaire  en  chef  de  la  sous-préfec- 
ture, rue  du  faubourg  Saint-Etienne,  29,  à  Toulouse; 

Saintine  (X.-B.),  rue  Cadet,  3,  à  Paris  ; 

Savatier  (Alexandre),  de  Chéray  (Ile  d'Oléron),  docteur  en 
médecine,  à  Reauvais-sur-Matha,  par  Malha  (Charente- 
Inférieure); 

Savatier  (Ludovic),  de  Saiut-Georges  (Ile  d'Oléron),  chirur- 
gien de  la  marine,  au  port  de Rochefort-sur-mer  (Charente- 
Inférieure); 

Tocquaine  (Adolphe),  à  Remiremont  (Vosges)  ; 

Watelet  (Ad.),  professeur,  oiïicier  d'Académie,  à  Soissons 
(Aisne); 

Wegmann  (Fernandde),  garde  général  des  forêts,  à  Laruns 

(Basses-Pyrénées)  ; 
Weiss-Schlumberger ,  à  Mulhouse  (Haut-Rhin); 

M.  le  Président  déclare  que  l'admission  des  nouveaux  membres 
sera  dorénavant  soumise  aux  formalités  prescrites  par  l'article  h  du 
règlement. 


205  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

MM.  Clos  et  de  Lort-Mialhe,  membres  de  la  Société,  sont  proclamés 
membres  à  vie,  sur  la  déclaration  faite  par  M.  le  trésorier  qu'ils  ont 
rempli  la  condition  à  laquelle  l'article  ïh  des  statuts  soumet  l'ob- 
tention de  ce  titre. 

M.  le  président  annonce  la  mort  de  MM.  Bernard,  ancien  pbar- 
macien  à  Malesherbes,  et  P.  Barker  Webb,  membres  de  la  Société, 
décédés  ta  Paris  les  20  et  31  août  dernier  (1). 

Dons  faits  à  la  Société  : 

l°ParM.  Godron  : 

Catalogue  des  plantes  cellulaires  du  département  de  la  Meurthe. 

Revue  des  Trèfles  de  la  section  Chronoseinium. 

Note  sur  une  nouvelle  espèce  d'Byssope. 

Considérations  sur  les  migrations  des  végétaux. 

Florula  Juvenalis. 

Quelques  notes  sur  la  Flore  de  Montpellier. 

2°  Par  M.  Trécul  : 

Origine  et  composition  des  fibres  ligneuses  et  des  fibres  du  liber,  1852. 

Reproduction  du  bois  et  de  l'écorce  à  la  surface  de  l'aubier  décortiqué, 
1852. 

Études  anatomiques  et  organogéniques  sur  la  Victoria  regia  ,  et  struc- 
ture comparée  du  Nelumbium,  du  Nuphar  et  de  la  Victoria,  1852. 

Végétation  du  Nelumbium  codophyllum,  et  disposition  anomale  de  ses 
feuilles  et  de  ses  stipules,  185/i. 

3°  Par  M.  E.  Cosson  : 

Notes  sur  quelques  plantes  critiques  rares  et  nouvelles,  et  additions  à 
la  Flore  des  environs  de  Paris,  fascicules  1  à  U,  18^8-1852. 

Rapport  sur  un  voyage  botanique  en  Algérie,  d'Oran  au  Chott-el- 
Chergui,  1853. 

Description  de  deux  nouveaux  genres  de  la  Flore  algérienne ,  par 
MM.  Cosson  et  Durieu  de  Maisonneuve  ,  1853. 

(1)  Pendant  son  long  séjour  à  Malesherbes,  M.  Bernard  a  exploré  avec  soin  cette 
riclie  localité  jusque  là  peu  connue,  et  rendu  ainsi  à  la  fois  des  services  à  la  flore 
parisienne  et  à  la  flore  du  centre  de  la  France  auxquelles  Malesherbes  appartient. 
Depuis  quelques  années,  M.  Bernard  était  attaché  à  la  maison  Vilmorin,  à  Paris.  Il 
est  mort  à  Page  de  quarante-neuf  ans. 

La  perle  que  la  science  a  faite  dans  la  personne  de  M.  Webb  a  déjà  élé  annoncée 
par  le  Bulletin  aux  membres  de  la  Société,  voy.  p.  '20/i. 


SÉANCE    DU    10    NOVEMBRE    185/j.  209 

Catalogue  des  plantes  observées  en  Syrie  et  en  Palestine  par  MM.  de 
Saulcy  et  Michon,  rédigé  par  MM.  E.  Cosson  et  Kralik,  1854- 

ha  De  la  part  de  la  famille  de  M.  Emile  Desvaux  : 

Gramineœ  chilenses ,  auctore  Em.  Desvaux,  1  vol.  iu-8°  et  1  atlas  de 

planches  m-h",  1853. 
Cyperaceœ  chilenses,  auctore  Em.  Desvaux,  1  vol.  iu-8°  et  1  atlas  de 

planches.  in-4°,  1853. 

5°  De  la  part  de  M.  Kirschleger;  de  Strasbourg  : 
Flore  d'Alsace,  Livraisons  1  à  20. 

6°  De  la  part  de  M.  Ch.  Contejean,  de  Montbéliard  : 

Énumération  des  plantes  vasculaires  des  environs  de  Montbéliard , 
Besançon,  1854. 

7°  De  la  part  de  MM.  Bazin,  duMesnil  Saint-Firmin  : 

Maladies  des  plantes  (extrait  du  Cosmos),  1854. 

8°  De  la  part  de  31.  Léon  Faye,  de  Poitiers  : 

Rabelais  botaniste. 

9"  De  la  part  de  31.  Clos,  de  Toulouse  : 

Ebauche  de  la  Rhizotaxie ,  thèse  pour  le  doctorat  es  sciences,  Paris  , 

1841. 
Deuxième  mémoire  sur  la  Rhizotaxie. 
Etude  organogrnphique  de  la  Ficaire. 
Dissertation  sur  l'influence  qu'exerce  dans  les  plantes  la  différence  des 

sexes  sur  le  reste  de  l'organisation. 

10°  De  la  part  de  31.  Belhomme  : 
De  la  germination. 

11°  De  la  part  de  31.  Titubai  Lagrave,  de  Toulouse  : 

Note  sur  une  espèce  nouvelle  du  genre  Senecio. 

Mémoire  sur  quelques  hybrides  de  la  famille  des  Orchidées. 

12°  De  la  part  de  31.  Noulet,  de  Toulouse  : 
Rapport  sur  un  Mémoire  de  M.  Timbal- Lagrave. 

13°  De  la  part  de  31.  L.  de  Brondeau,  d'Agen  : 

Examen  microscopique  de  deux  cryptogames  de  la  France, 
ïh°  De  la  part  de  31.  Delicata,  de  Malte  : 

Flora  Melitensis,  1853, 


210  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

15*  De  la  part  de  M.  Personne,  de  Paris  : 
Histoire  chimique  et  naturelle  du  Lupulin,  185i. 

16°  De  la  part  de  la  Société  impériale  d'Horticulture  de  Paris  et 
centrale  de  France  : 

Annales  de  la  Société ,  tome  XLV,  185i  (en  échange  du  Bulletin  de 
.  la  Société  Botanique  de  France). 

17°  De  la  part  de  la  Société  d'Horticulture  de  la  Seine  : 

Bulletin  des  travaux  de  la  Société,  tomes  2  à  12,  1865-185^  (en 
échange  du  Bulletin  de  la  Société  Botanique  de  France). 

M.  le  Président  communique  à  la  Société  une  lettre  qu'il  a  reçue, 
le  3  août  dernier,  de  M.  le  Préfet  de  police  ,  qui  autorise  la  consti- 
tution légale  de  la  Société  Botanique  de  France. 

MM.  les  Secrétaires  donnent  lecture  des  communications  suivantes 
adressées  par  des  membres  résidant  dans  les  départements  : 

NOTE  RELATIVE  A  UN  CARACTÈRE  DU  GENRE  MAMILLARIA  DE  LA  FAMILLE  DES  CACTÉES , 

par  M.  J.  LABOLRET. 

(Rufiec,  juillet  US54.) 

Les  travaux  qui  ont  eu  pour  but  de  classer  la  famille  des  Cactées  s'ac- 
cordent généralement  à  la  partager  en  sept  groupes  :  Melocacteœ,  Echino- 
cacteœ,  Cereastreœ,  Phyllocacteœ,  Rhipsalideœ,  Opuntias  et  Peireskiœ. 
Ces  groupes,  élevés  au  rang  de  tribus  par  les  uus,  c'est  l'opinion  de 
M.  le  prince  de  Salm-Dyck,  ont  été  maintenus  au  rôle  de  genres  par  d'au- 
tres; c'est  l'opinion  que  j'ai  émise  dans  l'essai  de  monographie  qui  a  été 
publié  par  notre  confrère  M.  Dusacq  ;  mais  les  uns  et  les  autres,  ne  trou- 
vant pas  de  différences  suffisamment  tranchées  dans  les  organes  de  la  fleur, 
ont  été  obligés  de  tenir  compte  du  port  et  de  l'ensemble  de  la  végétation 
dans  la  diagnose  de  ces  groupes.  Parmi  ces  derniers  caractères,  le  plus  im- 
portant est  relatif  aux  tubercules  dont  les  nombreuses  spires  entourent  la 
tige,  ils  portent  deux  bourgeons,  l'un  florifère,  l'autre  aculéifère,  distincts 
et  séparés  l'un  de  l'autre  dans  le  genre  Mamillaria,  et  alors  le  premier  est 
axillaire,  le  second  apicillaire,  tandis  (pie  dans  le  plus  grand  nombre  de 
cas  ces  deux  bourgeons  sont  juxtaposés  et  apicillaires. 

Lorsque  le  bourgeon  florifère  est  apicillaire,  l'ovaire  se  montre  émer- 
gent. On  avait  cru  reconnaître  jusqu'ici  que  dans  le  cas  où  il  est  axillaire, 
il  était  immergé  Partant  de  là,  la  diagnose  de  la  première  tribu  Melocacteœ 
avait  été  formulée  de  la  manière  suivante  :  Ovaire  inclus,   lisse,  fleurs 


SÉANCE    DU    10    NOVEMBRE    185Û.  211 

axillaires  (Anhalonium,  Pelecgphora,  Mamillaria)  :  ou  se  développant  sur 
un  Cephalium  particulier  (Melocactus). 

Quelques  observateurs  ayant  étudié  avec  soin  les  sections  Glanduliferœ 
et  Àulacothelœ  du  genre  Mamillaria,  ont  pense  qu'elles  devaient  être  sépa- 
rées du  genre,  parce  que,  dans  les  espèces  qui  les  composent,  la  baie  est 
émergente.  Les  uns  ont  proposé  à  tort  de  les  réunir  au  genre  Echinocactus, 
les  autres,  MM.  Demonville  et  le  prince  de  Salin,  ont  pensé  avec  plus  de 
raison  qu'elles  doivent  former  un  genre  nouveau. 

Désireux  de  faire  reposer  la  formation  de  ce  nouveau  genre  sur  des  ca- 
ractères nettement  établis,  et  de  vérifier  jusqu'à  quel  point  le  caractère 
d'émergence  de  la  baie  que  j'avais  cru  remarquer  sur  des  Mamillaires  ap- 
partenant a  d'autres  groupes,  était  fondé,  j'ai  repris  la  série  de  ces  groupes 
un  à  un,  et  j'ai  chercbé  successivement  sur  plusieurs  plantes  de  chacun 
d'eux  à  reconnaître  la  réalité  du  caractère  entrevu. 

Pour  cela,  quand  je  l'ai  pu,  j'ai  coupé  les  plantes  suivant  leur  axe,  de 
manière  a  bien  voir  la  position  de  l'ovaire,  par  rapport  à  la  surface  formée 
par  le  prolongement  des  bases  des  mamelons  ;  d'autres  fois,  lorsque  le 
manque  de  double  échantillon  m'empêchait  de  sacrifier  une  plante,  je  cher- 
chais, a  l'aide  du  scalpel,  à  détacher  les  fleurs  eu  les  coupant  juste  au  ni- 
veau de  cette  surface,  au  point  où  la  surface  du  tube  floral  se  sépare  de 
celle  de  la  plante. 

L'ovaire  n'étant  pas  réduit  à  un  point  matériel,  il  y  a  des  transitions 
entre  le  cas  où  le  sommet,  c'est-à-dire  le  point  où  la  base  du  style  commu- 
nique avec  l'ovaire,  se  trouve  au-dessous  de  la  surface  en  question,  c'est  le 
cas  d'immersion  complète  ;  et  le  cas  où  l'ovaire  est  exsert,  ce  qui  est  le  cas 
où  tous  les  ovules  se  trouvent  au-dessus  de  cette  surface. 

Chaque  fois  que  la  section  montrait,  outre  la  base  du  style,  quelques- 
uns  des  ovules  contenus  dans  l'ovaire,  j'ai  regarde  la  baie  comme  émer- 
gente; chaque  fois,  au  contraire,  où  cette  section  coupait  le  style  ou  ne 
montrait  que  sa  base  sans  aucun  ovule,  j'ai  regardé  l'ovaire  comme  im- 
mergé. 

En  procédant  ainsi,  j'ai  reconnu  que  le  caractère  d'émergence  était  pro- 
pre aux  sections  suivantes  :  Longimammœ,  Crinitœ,  Pohjacantiiœ,  Serosœ 
heterochlorœ,  Centrispinœ,  Angulosœ  tetragonœ  et  macrothelce,  Glanduli- 
ferœ, et  Aulacothelœ;  que  le  caractère  d'immersion  est  propre  aux  sections 
suivantes:  Setosœ  leucacantltœ  et  chrysacanthœ,  Stelligerœ,  Cenlrispinœ, 
Conothelœ,  Angulosœ  tetragonœ  et  polyedrœ,  Phymatothelœ. 

L'ensemble  de  ces  observations  se  trouve  consigne  dans  le  tableau  suivant 
sur  lequel  je  transcris  les  noms  spécifiques  des  plantes  sur  lesquelles  elles 
ont  été  faites. 


212 


SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DU    FlUNCE. 


Résumé  des  observations  relatives  à  la  note  précédente. 

NOMS  DES  SECTIONS  NOMS  SPÉCIFIQUES. 

et 

CROUPES  DU  GENRE.  OVAIRE   IMMERGÉ.  OVAIRE   ÉMERGENT. 

Loi.gimamiiiic uberiformis,  DC. 

(  multiceps,  Engelm.  ;  pusilla, 

Crinit;c <    DC;  Schelhasii,  Pfr.;spino- 

(    sissima,Lera.;  rosea,  Galeot. 
/bicolor,    Lehm.  ;  acantho- 
/  Leucacanthee   .  j    plegma,  Lehm.;  crucigera, 
\    Mart.;  formosa,  Schdw. 

/curvispina,  Monv.;  hatnata, 

Heterochlora? j    Lehm.;  ancistroides,  Lem.; 

\    Haageana,  Pfr. 


Setosa?. 


rhodantha  ,   LK.   et   Otto; 


Stelligcra? . 
Centrispin.e 

Conothela?. 


hodeocentra,  Lem. 


Vchrysacanthaî.  •{' odieriana,  Leni. 

[gracilis,    Pfr.;   subcrocea, 

(    DC. 

(  simplex  ,    Ilaw.  ;    Caracas-  \ 

i    sana,  Otto ) 

fpolythele,  Mart.;    quadri- 

<    spina ,    Mart.  ;     dolicho- 

(    centra,  Lem. 

(  uncinata  ,    Zucc.  ;      Kar-  c  Caput  médusa',  Otto.;  croci- 

'I    winskiana,  Mart t    data,  Lem.  ;Sempervivi,DC. 

,■  xanthotricha,      Scheidw.; 
|    polyedra,   Mart.;    anisa- 
')    cantha,  Hort.;  polygona, 
^    Salm. 

r  magnimamma ,  Haw.  ;  arie- 

]    tina  .    Lem.;    pentacantha , 

V   Pfr. 

Phymatolhela? Ludwigii,  Ehrenb. 

t  macrothele  ,     Mart.  ;    Leh- 
*  \    manni,  Pfr. 
rcornifera,    DC;    Elephanti- 
t    dens,  Lem. 


Angulosa?. 


Tetragona\ 


Polycdra?. 


.Macrotliela?. 


Glanduliferœ 

Aulacothcl;c. 


La  tribu  des  Melocacteœ  renferme  trois  autres  genres  :  le  genre  Meloeac- 
tus  et  le  genre  Anhalonium  u'ont  pu  être  observés  ;  je  manquais  de  plantes 
les  représentant.  Quant  au  troisième,  le  genre  Pelecyphora,  mon  observa- 
tion ne  me  laisse  aucun  doute  :  dans  la  seule  espèce  connue  en  Kurope, 
le  Pelecyphora  asclliformis,  l'ovaire  est  immergé  dans  toute  l'acception 
du  mot. 

Il  me  semble  résulter  très  nettement  de  ces  observations  que  le  genre 
Mamillaria  doit  être  partagé  en  deux  genres,  et  pour  cela  j'avais  tenté 
un  essai  de  classification  de  toute  la  tribu  des  Melocacteœ,  dans  laquelle 
j'étais  obligé  de  tenir  compte  du  port  et  du  mode  de  végétation  des  plantes, 
lorsque  M.  Cels  m'a  annoncé  un  nombre  considérable  de  plantes  nouvelles 
qu'il  vient  d'introduire  en  France,  parmi  lesquelles  se  trouvent  quelques 
Echinocactes  offrant  des  caractères  inobservés  ou  mal  décrits.  Comme  je 
pense  que  l'étude  de  ces  plantes  viendra  confirmer  quelques  présomptions 
qui  me  portaient  à  reviser  les  caractères  des  trois  premiers  groupes  :  Melo- 


SÉANCE    DU    10    NOVEMBRE    185/j.  213 

cacteœ,  Echinocacteœ,  Cereastreœ,  je  crois  qu'il  ne  faut  pas  se  hâter  de  mo- 
difier ce  qui  a  été  fait,  qu'il  faut  modifier  le  caractère  de  la  première  tribu 
en  substituant  ovaire  immergé  ou  émergent  aux  mots  ovaire  immergé  dès 
le  principe,  et.  conserver  ce  .qui. a,  été  fait,  comme  un  canevas  sur  lequel 
viendront  se  ranger  nos  observations  ultérieures,  qui  détermineront  proba- 
blement une  nouvelle  classification. 

C'est  l'étude  dont  je  m'occupe  et  qui  fera  le  sujet  d'une  prochaine  note. 

DE  LA  NÉCESSITÉ  DE  DISTINGUER  DEUX  SORTES  D'OVAIRES,  LES  OVAIRES  PLEINS 
ET  LES  OVAIRES  CREUX  ,  par  M.  D.  CLOS. 

(Toulouse,  août  1854.) 

Les  auteurs  de  traités  généraux  sur  la  Botanique  professent  que  toujours 
l'ovaire  est  creux  au  début,  offrant  une  ou  plusieurs  loges;  on  s'est  même 
autorisé  de  ce  caractère  pour  établir  une  distinction  absolue  entre  les  ovaires 
et  les  arcbégones  ou  représentants  d'ovaires  chez  les  yEthéogames  (1),  ces 
archégones  étant  toujours  pleins  à  l'origine.  Plusieurs  faits  s'élèvent  contre 
cette  déduction,  et  prouvent  que  l'on  doit  admettre  dans  les  Phanérogames 
deux  sortes  d'ovaires:  les  ovaires  primitivement  creux,  les  ovaires  primitive- 
ment pleins  ;  mais  il  faut  bien  le  reconnaître,  ces  derniers  sont  en  très  petit 
nombre. 

Dès  1839,  M.  Decaisne  s'exprimait  ainsi  daus  son  très  beau  mémoire  sur 
le  Gui,  p.  22  :  «  Quelque  soin,  quelque  délicatesse  que  l'on  apporte  dans  la 
dissection  de  l'ovaire,  on  le  trouve  toujours  d'un  tissu  homogène  et  sans  la 
moindre  apparence  de  cavité  intérieure  que  l'on  puisse  comparer  à  une 
loge.  »  (Voir  aussi  la  planche  II,  fig.  3,  qui  accompagne  ce  mémoire.)  En 
1847,  je  constatais  un  fait  analogue  dans  le  genre  Lepidoceras  appartenant, 
comme  le  Gui,  à  la  famille  des  Loranthacées  :  Ovarium  in  flore  juniore 
oblongo-obconicum ,  lœve  ,  farctum,  rarius  subexcavatum ,  exovulatum 
(Flora  Chilena,  III,  p.  163). 

Le  Rafflesia  offre  encore  une  disposition  du  même  genre  ;  mais  c'est  une 
plante  si  exceptionnelle,  a  tous  égards,  qu'on  ne  doit  guère  la  faire  entrer, 
sous  ce  rapport,  en  ligne  de  compte.  En  ce  qui  concerne  les  deux  Loran- 
thacées précitées,  on  pouvait  attribuer  quelque  part  dans  la  production  de 
ce  phénomène,  à  la  soudure  du  calice  avec  l'ovaire.  Mais  cette  objection  ne 
saurait  s'appliquer  au  Flacourtia,  dont  les  espèces  ont  l'ovaire  parfaitement 
libre,  et  cependant  toujours  plein  à  l'origine,  se  creusant  bientôt  de  deux 

(1)  Il  nous  semble  qu'aujourd'hui,  grâce  à  la  découverte  d'organes  sexuels  et 
d'une  sorte  de  fécondation,  chez  la  plupart  des  plantes  appelées  par  Linné  Cryp- 
togames ,  le  nom  d\Ethéogames  (c'est-à-dire  à  noces  insolites),  proposé  par 
Palisot  de  Beauvois,  serait  préférable  au  premier. 


21/j  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

cercles  de  cavités  superposées  destinées  à  loger  les  ovules  (1).  Voilà  donc 
plusieurs  cas  bien  avères  d'ovaires  pleins  au  début;  cesovaires  seraient-ils 
de  nature  purement  tigellaire?  Cette  question  nous  est  suggérée  par  ce  fait 
que  leurs  parois  ont  une  structure ^hificriimft:»pohît*<î^piêa#pe',1de,#néso- 
carpeou  d'endocarpe,  mais  bien  un  tissu  continu.  Cependant,  chez  plusieurs 
espèces  de  Flacourtia,'\&  formation  des  ovules  semble  imprimer  aux  parties 
qui  les  environnent  une  activité  vitale  qui  amène  le  développement  de 
nombieuses  couches  a  l'intérieur  des  cellules,  et  les  transforme  en  tissu 
osseux. 

Enfin,  une  troisième  espèce  d'ovaires  intermédiaire,  en  quelque  sorte, 
entre  les  deux  premières,  est  celle  d'ovaires  primitivement  creux,  et  chez 
lesquels  l'endocarpe  prend  entre  chaque  ovule  un  développement  plus  ou 
moins  considérable,  et  leur  forme  ainsi  de  petites  logettes.  Les  Lardizaba- 
lées  ont  offert  un  bel  exemple  de  ce  phénomène  à  (VI.  Decaisne  qui  en  a  si- 
gnalé les  diverses  modifications  [Arch.  du  Muséum,  I,  p.  176).  La  science 
a  du  reste  déjà  enregistré  plusieurs  faits  du  même  genre. 

NOTE  SUR  UNE  NOUVELLE  ESPÈCE  DU  GENRE  GALEOPSIS,  par  M.  TIMB4L-LAGRAVE. 

(Toulouse,  2  novembre  1854.) 

Galeopsis  Filholiana,  1\ob.  —  Plante  annuelle  ;  tige  de  1  à  2  décimètres, 
ascendante  dressée,  non  gonflée  sous  les  nœuds,  pubescente  avec  quelques 
poils  glanduleux  sous  lés  rameaux;  feuilles  opposées,  lancéolées,  pubes- 
centes  ou  hérissées,  insensiblement  atténuées  en  pétiole  court,  régulièrement 
dentées  aux  trois  quarts  supérieurs,  dents  arrondies  au  sommet,  décur- 
rentes  sur  le  limbe;  feuilles  florales  comme  les  caulinaires,  mais  plus 
étroites,  réfléchies  après  l'anthèse;  bractées  linéaires-lancéolées,  subulées, 
épineuses,  égalant  le  calice  (au  moins  les  extérieures)  ;  calice  non  visqueux, 
à  nervures  saillantes,  strié,  couvert  dans  sa  jeunesse  de  quelques  poils  ap- 
pliqués et  de  poils  plus  longs  terminés  par  une.  glande  noire,  tube  très 
élargi  à  la  gorge  à  la  maturité,  dents  subulées,  terminées  par  une  épine 
blanchâtre  très  longue,  égales,  si  ce  n'est  l'inférieure  qui  est  un  peu  plus 
courte;  corolle  petite,  hérissée  et  pubescente  en  dehors,  tube  droit,  une 

(1)  Cette  conformation  de  l'ovaire,  bien  que  semblable  en  apparence  à  celle  du 
fruit  (balauste)  du  Grenadier  (Punica  Granatum,  L.),  en  diffère  totalement  quant 
au  mode  de  formation.  Dans  les  deux,  il  y  a  sans  doute  un  double  rang  de  loges 
superposées  ;  mais  dans  le  Grenadier,  d'après  l'observation  de  M.  Lindley  [Nat. 
syst,  p.  44),  confirmée  depuis  par  MM.  Le  Maout,  Payer,  Lestiboudois,  cette 
organisalion  résulte  de  l'existence  primitive  d'un  double  rang  de  carpelles  dont 
l'extérieur  a  chevauché  sur  le  supérieur,  tandis  que  le  phénomène  est  tout  autre, 
on  vient  de  le  voir,  dans  les  Flacourtia.  Les  fruits  lomentacés,  et  ceux  dans  les- 
quels se  forment  de  fausses  cloisons  transversales,  constituent  un  troisième  ordre 
de  fruits  à  loges  superposées. 


SÉANCE   DU    10    NOVEMBRE    1854.  215 

fo;s  plus  long  que  le  calice,  à  peine  élargi  a  la  gorge,  lèvre  supérieure  con 
cave  entière,  l'inférieure,  étalée,  a  trois  lobes  chiffonnés  et  légèrement  émar- 
gées aux  bords;  graines  ovales  brunes  ou  grisâtres  sombres,  un  peu  cha- 
grinées, à  trois  angles  obtus  ;  fleurs  et  verticilles  rapprochés,  de  moyenne 
grandeur,  d'un  blanc  jaunâtre,  avec  la  lèvre  supérieure  bleutée. 

Il  habite  les  Pyrénées  centrales  a  une  grande  hauteur.  Il  fleurit  en  sep- 
tembre; je  l'ai  observé  au  Port  de  Venasque  (Pyr.  centr.). 
Il  diffère  : 

Du  Galeopsis  intermedia,  Vili.,  par  ses  fleurs  d'un  blanc  jaunâtre  plus 
petites,  par  la  lèvre  supérieure  concave,  par  les  calices  couverts  de  poils 
terminés  par  une  glande  noire,  et  dont  le  tube  est  élargi  en  entonnoir 
après  l'anthese,  et  les  dents  plus  longuement  subulées  épineuses  ;  par  ses 
bractées  plus  étroites  et  plus  longues;  par  ses  feuilles  insensiblement  atté- 
nuées en  pétiole  court,  dentées  a  dents  obtuses  et  décurrentes  sur  Je  limbe; 
enfin,  par  ses  tiges  ascendantes,  très  grêles  ordinairement,  ou  devenant  très 
développées  par  exception. 

Du  G.  dubia,  Leers,  par  ses  bractées  égalant  le  calice;  celui-ci  n'est  pas 
couvert  de  poils  mous  appliqués,  surtout  après  l'épanouissement  des  fleurs, 
mais,  au  contraire,  de  quelques  longs  poils  termines  par  une  glande  noire; 
par  les  dents  du  calice  plus  longuement  subulées  épineuses  a  épines  plus 
longues;  par  sa  corolle,  moitié  plus  petite,  d'un  blanc  sale,  et  non  jaune  ou 
purpurine;  enfin,  par  ses  feuilles  à  peine  hispidesou  hérissées,  et  par  leurs 
nervures  moins  saillantes  et  glabres. 

Le  Galeopsis  dubia,  leers,  est  couvert  dans  toutes  ses  parties  d'une  vil- 
losite  abondante  qui  n'existe  pas  dans  le  G.  Filholiana. 

II  emprunte  au  Galeopsis  Tetrahit,  L. ,  la  forme  du  calice,  et  la  gran- 
deur de  la  corolle,  mais  les  nervures  du  calice  sont,  dans  notre  plante,  moins 
prononcées;  la  couleur  des  fleurs  est  plus  pâle;  elle  en  diffère,  en  outre, 
par  tous  les  autres  caractères,  tirés  des  feuilles,  des  bractées,  des  tiges,  du 
faciès,  du  port,  etc. 

H  a  des  rapports  beaucoup  plus  éloignés  avec  les  Galeopsis  angustifolia, 
Ehrh.;  canescens,  Schultz;  pyrenaica,  Barn. 

Les  «raines  du  Galeopsis  Filholiana,  Nob.,  entraînées  par  la  fonte  des 
neiges  et  les  pluies,  descendent  dans  les  vallées  où  quelques-unes  lèvent; 
les  individus  qui  proviennent  de  ces  graines  prennent  un  plus  grand  déve- 
loppement; leur  tige  s'élève  de  2  à  h  décimètres,  elle  est  ascendante  dressée, 
forme  une  espèce  de  panicule  régulière;  les  rameaux  sont  opposés,  axil- 
laires,  ceux  du  bas  de  la  tige  sont  plus  longs;  enfin,  l'axe  central  est  ter- 
miné par  deux  verticilles  de  fleurs  rapprochés  ;  les  autres  caractères  ne 
changent  pas.  Dans  cet  état,  le  port  et  le  faciès  de  cette  plante  sont  tout  à 
fait  changés;  on  dirait  a  priori  une  autre  espèce;  mais  l'étude  des  carac- 
tères essentiels  ne  laisse  aucun  doute  sur  leur  identité. 


216  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANGE. 

Je  l'ai  trouvé  ainsi  aux  bords  des  torrents  devant  l'hospice  de  Luchon  et 
an  ruisseau  qui  vient  de  la  cascade  des  Demoiselles  dans  la  vallée  de  Vé- 
nasque  près  Bagnères  de  Luchon. 

Je  dédie  cette  curieuse  espèce  à  mon  savant  ami  M.  le  professeur  Filhol 
qui  a  trouvé  cette  plante  avec  moi  en  septembre  18/i9,  et  dans  la  localité 
où  je  l'ai  récoltée  cette  année  185/t. 

Cette  note  est  accompagnée  de  quelques  échantillons  desséchés 
quî  sont  présentés  à  la  Société. 

M.  Gay  fait  remarquer  qu'il  est  très  surprenant  que  cette  plante 
se  trouve  sur  les  pelouses  des  montagnes ,  ainsi  que  l'indique 
M.  Timbal-Lagrave.  Quant  à  lui,  il  n'a  jamais  vu  de  Galcopsis  que 
dans  des  lieux  cultivés  ou  dont  la  terre  avait  été  remuée  depuis  peu. 

M.  Cosson  ajoute  que  l'apparition  des  Galcopsis  aux  environs  de 
l'hospice  de  Luchon  et  du  port  de  Vénasque  résulte  probablement  de 
l'existence  d'une  habitation  à  la  première  de  ces  localités  et  du 
passage  fréquent  des  voyageurs. 

Une  lettre  de  M.  V.  Marulaz,  de  Toul  (10  août  1854)  fait  con- 
naître les  résultats  d'un  calcul  auquel  il  s'est  livré,  pour  rechercher 
quelle  serait  la  quantité  de  bois  que  pourrait  produire  le  Welling- 
tonia  giganlca  (1). 

Voici  ces  résultats  : 

1°  Un  Wellingtonia  de  100  mètres  de  hauteur  peut,  avec  toutes  les 
branches  qu'on  est  en  droit  de  lui  supposer,  produire  &,/u>0  stères  de  bois, 
tandis  que  les  plus  grands  arbres  de  nos  forets  ne  fournissent  que  6  à 
7  stères. 

2e  Dans  une  forêt  où  les  Wellingtonia  seraient  distribués  d'une  manière 
régulière  et  la  plus  avantageuse  à  la  production,  l'espace  que  chacun  occu- 
perait étant  d'environ  20  à  22  mètres  de  diamètre,  il  en  pourrait  tenir 
23  sur  l'étendue  d'un  hectare,  et  cet  hectare  produirait  alors  102,350  stères 
de  bois,  représentant  pour  nous  une  valeur  de  plus  d'un  million  de  francs. 

Une  lettre  de  M.  Miergues,  d'Anduze  (1er  septembre  1854),  rend 
compte  des  usages  auxquels  on  emploie  le  Paliurus  aculeatus  dans 
le  département  du  Gard. 

Cet  arbrisseau,  dit  M.  Miergues,  croit  dans  nos  terrains  calcaires,  et  plus 
particulièrement  dans  le  calcaire  oxibrdien  et  les  alluvions  d'eau  douce  ;  je 
ne  l'ai  jamais  rencontré  dans  les  terrains  granitiques  ni  dans  le  trias. — Nos 

(1)  Voy.,  au  sujet  de  cet  arbre  gigantesque,  le  Bulletin,  p.  39  et  71, 


SÉANCE    HU    10    NOVEMBRE    185/j.  217 

agriculteurs  le  plantent  et  le  taillent  en  haies.  Ses  tiges  les  plus  droites, 
séchées  avec  l'écorce,  polies  et  vernies,  fournissent  des  cannes  très  solides. 
On  suspend  les  branches  sous  des  hangars  pour  faire  sécher  des  figues  en 
les  accrochant  à  leurs  aiguillons.  La  décoction  du  fruit  écrasé  est  d'une 
grande  efficacité  contre  les  diarrhées  chroniques.  Je  me  sers  depuis  long- 
temps des  graines  de  Paliure  pour  le  pansement  des  cautères.  Ces  graines 
n'ont  presque  jamais  besoin  d'être  renouvelées  et  entretiennent,  pendant 
plusieurs  années  ,  une  suppuration  suffisante. 

M.  Weddell  fait  à  la  Société  une  communication  dont  voici  le 
résumé  : 

SUR  LES  CYSTOLITHES  OU  CONCRÉTIONS  CALCAIRES  DES  URTICÉES  ET  D'AUTRES  PLANTES, 

yar  M.  AVEUHELL. 

Les  feuilles  de  la  plupart  des  Urticées,  celles  de  nos  Pariétaires,  par 
exemple,  examinées  à  la  loupe,  offrent  une  ponctuation  assez  analogue  à  celle 
des  feuilles  du  Millepertuis,  des  Myrtes  et  de  beaucoup  d'autres  végétaux. 
Mais,  chez  ceux-ci,  la  transparence  est  due  aux  glandes  dont  le  tissu  des 
feuilles  est  parsemé  ;  tandis  que  chez  les  Urticées,  elle  est  causée  par  la  pré- 
sence, dans  certaines  cellules  très  développées  de  l'epiderme,  de  corpuscules 
globuleux  oblongs  ou  linéaires,  d'apparence  cristalline,  qui  ont  déplacé  des 
portions  plus  opaques  du  parenchyme.  Ce  sont  ces  corps,  étudiés  successive- 
ment par  MM.  Meyen,  Payen,  Schleiden  et  Scbacbt,  auxquels  M.  Weddell 
donna,  il  y  a  quelques  années,  le  nom  de  cystolithes  (1),  voulant  ainsi  les 
distinguer  de  toutes  les  autres  sécrétions  minérales  des  tissus  végétaux  et, 
en  particulier,  des  cristaux  proprement  dits  (raphides  et  autres),  avec  les- 
quels ces  corps  ont  été  surtout,  et  bien  à  tort,  confondus. 

Le  développement  des  cystolithes  sur  un  pédicule  homogène ,  formé  de 
cellulose  pure  et  né  de  la  paroi  des  cellules  dans  lesquelles  ils  se  développent, 
leur  composition  mixte  de  cellulose  et  de  carbonate  de  chaux  déposés  sous 
forme  de  couches  concentriques,  enfin  leur  présence  constante  et  presque 
générale  dans  certaines  familles  de  plantes  (Urticées  et  Acanthacées),  suf- 
fisent pour  les  caractériser.  Pour  faire  ressortir  l'utilité  qu'il  y  a  à  les 
désigner  d'une  manière  plus  claire  qu'on  ne  le  fait  en  général ,  il  suffit 
de  citer  le  rôle  assez  important  qu'ils  jouent  dans  la  physionomie  des 
végétaux  où  ils  se  rencontrent,  surtout  quand  ceux-ci  ont  été  desséchés 
pour  être  placés  dans  nos  herbiers.  Par  la  dessiccation,  les  cystolithes  sont, 
en  effet,  comme  rejetés  au  dehors,  grâce  au  retrait  du  tissu  environnant, 
et  apparaissent  à  la  surface  des  organes  sous  forme  de  petits  corps  blan- 
châtres, saillants,  ponctiformes  ou  plus  ou  moins  allongés,  et  souvent  tout 

(1)  De  fcû<m«  et  Xîfloç  (pierre  développée  dans  une  vésicule). 


•2\a  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

à  t'ait  linéaires,  simulant,  dans  ce  dernier  cas,  si  exactement  des  poils  adnés 
que  c'est  comme  tels  qu'ils  ont  été  décrits  par  la  plupart  des  botanistes  qui 
ont  eu  occasion  d'en  faire  mention. 

La  l'orme  linéaire  ou  oblongue  des  cystolithes  est  très  rare  dans  les  Urti- 
cées  d'Europe;  il  n'y  a  guère  que  la  petite  Pariétaire  de  Corse  (Helxine 
Soleïrolii,  Keq.),  où  elle  se  présente.  Toutes  les  autres  Pariétaires  et  presque 
toutes  les  Orties  ont  des  cystolithes  plus  ou  moins  globuleux  qui  se  montrent 
sur  la  plante  desséchée,  sous  forme  de  simples  points  élevés. 

Sous  le  rapport  de  leur  structure  générale,  on  serait  presque  tenté  dédire 
aussi  de  leur  rôle  physiologique ,  ces  singuliers  corpuscules  sont  com- 
parables aux  calculs  vesicaux  des  animaux.  Certains  cystolithes  des  Fi- 
guiers, vus  au  microscope,  ressemblent,  presque  à  s'y  méprendre,  aux 
calculs  muraux  de  la  vessie  humaine. 

M.  Trécul  fait  remarquer  que  dans  les  Ruellia  les  feuilles  pré- 
sentent souvent  des  taches  blanches  qui  sont  peut-être  dues  au  sou- 
lèvement de  l'épiderme  par  des  cystolithes. 

M.  Planchon  fait  à  la  Société  la  communication  suivante  : 

SUR  LA  VÉGÉTATION  SPÉCIALE  DES  D0L0MIES  DANS    LES  DÉPARTEMENTS  DU  GARD 
ET  DE  L'HÉRAULT,  par  M.  J.-E.   PLANCHON. 

ha  corrélation  intime  entre  la  nature  du  sol  et  celle  des  végétaux  qu'il 
nourrit  ne  saurait  être  méconnue.  C'est  une  vérité  de  toute  évidence  poul- 
ie botaniste  a  qui  les  plantes  de  la  campagne  sont  familières,  vérité  nette- 
ment formulée  dans  le  code  immortel  de  notre  science,  le  Philosophia  bota- 
nica  de  Linné  : 

«  Dignoscitur  sic  ex  sola  inspectione  plantarum  subjecta  terra  et  solum.» 

Linné,  op.  cit.,  §  33i. 

Mais,  a  quel  titre  le  terrain  influe-t-il  sur  la  végétation?  Est-ce  mécani- 
quement, en  quelque  sorte,  par  son  état  spécial  d'agrégation  et  de  capa- 
cité pour  les  liquides?  Est-ce  par  la  nature  des  éléments  mineralogiques  ou 
chimiques  dont  il  se  compose?  Est-ce  par  sa  position  relative  dans  l'échelle 
des  formations  géologiques?  Serait-ce,  enfin,  par  toutes  ces  causes  diver- 
sement combinées? 

Ici  des  opinions  contraires  se  produisent  sous  l'autorité  des  noms  les  plus 
justement  respectés  :  Pour  la  théorie  de  l'action  exclusivement  ou  principa- 
lement mécanique,  Davy,  De  Candolle,  Wahleuberg,  Watson,  et  plus  ré- 
cemment l'auteur  de  Y  Essai  de  Phytostatique  appliquée  à  la  chaîne  de  Jura, 
M.  Thurmann.  qui,  par  l'importance  et  le  mérite  de  son  œuvre,  représente 
surtout  cette  première  théorie. 

Pour  la  théorie  opposée,  les  autorités  sont  bien  plus  nombreuses  et  la 


SÉANCE    DU    JO    NOVEMBRE    1854.  219 

plupart  non  moins  graves  :  Théodore  de  Saussure,  Karl  Sprengel,  parmi 
les  chimistes;  de  Caumont,  Nérée  Boubée,  ejitre  les  géologues;  Bose, 
Puvis,  de  Gasparin,  de  Tristan,  parmi  nos  savants  agronomes  ;  une  foule 
de  botanistes,  telsque  Link,  de  Brébisson,  Unger,  Grisebach,  Schnizlein  et 
Frickhinger,  Bogenhard,  Boreau,  Dunal,  Ch.  Desmoulins,  Al.  Jordan,  Go- 
dron,  Lecoq  et  Lamotte,  Lecoq  (dans  ses  Études  de  géographie  botanique 
de  l'Europe),  et  pour  citer  un  livre  remarquable  où  se  résume  l'expression 
de  cette  seconde  opinion,  l'ouvrage  de  M.  0.  Sendtner,  intitule:  Die  Végé- 
tations Verkaeltnisse  Sùdbayerns  (Mùnchen,  185ft,  in-8°). 

INous  laisserons  de  côte  la  troisième  théorie,  celle .qui  regarderait  surtout 
a  l'âge  ou  a  la  position  géologique  des  terrains;  car,  jusqu'ici  tout  semble 
prouver  que  les  diversités  de  ce  genre  ne  se  traduisent  sur  la  végétation 
qu'en  raison  de  la  nature  minéralogique  des  formations  dans  un  espace 
donné,  nature  essentiellement  variable  pour  des  formations  du  même 
ordre. 

Restent  donc  en  présence  la  théorie  de  l'action  minéralogique  et  celle  de 
l'action  mécanique  des  terrains,  théories  inexactes  l'une  et  l'antre,  tant 
qu'elles  restent  trop  exclusives,  et  qui  gagnent  à  se  faire  des  concessions 
mutuelles,  ce  qu'elles  ont  fait,  du  reste,  chez  la  plupart  des  auteurs  que 
nous  avons  cites  dans  les  deux  camps. 

De  part  et  d'autre,  en  effet,  on  reconnaît  l'influence  mécanique  et  l'in- 
fluence minéralogique  du  sol  comme  deux  facteurs  nécessaires  dans  l'ap- 
préciation du  problème  très  complexe  de  ia  dispersion  des  végétaux  sur  le 
globe.  On  sait  que  l'état  d'agrégation  des  terrains  est  le  plus  souvent  lié  à 
la  nature  minéralogique  des  éléments  qui  les  constituent.  De  là,  très  sou- 
vent, l'identité  des  résultats  dans  l'application  de  principes  en  apparence 
opposés  :  de  la  cette  facilite  avec  laquelle  M.  Thurmann  a  pu  trouver 
dans  les  ouvrages  mêmes  de  ses  adversaires  des  exemples  à  l'appui  de  sa 
théorie. 

Est-ce  à  dire  néanmoins  que  les  deux  causes,  minéralogique  et  mécani- 
que, aient  une  importance  égale?  I. 'influence  minéralogique  n'est-elle  pas 
en  somme  prépondérante?  L'affirmative  me  parait  ressortir  évidemment 
de  l'ensemble  des  faits  publies,  autant  que  de  mes  observations  personnelles 
sur  la  végétation  de  divers  points  de  l'Europe,  et  notamment  sur  la  flore 
des  départements  du  Gard  et  de  l'Hérault. 

Mais,  pour  donner  a  cette  opinion  son  caractère  de  vérité,  il  faut  aussi 
lui  donner  une  mesure  :  ne  distinguer  qu'un  petit  nombre  de  terrains  à  vé- 
gétation spéciale,  indiquer  avec  prudence  les  plantes  caractéristiques  de 
chaque  terrain  ;  ne  pas  vouloir  étendre,  sans  preuves,  à  de  grands  espaces 
des  observations  faites  dans  une  région  bornée;  admettre  un  grand  nombre 
de  plantes,  comme  étant  communes  aux  terrains  les  plus  opposés;  enfin,  ne 
pas  juger  sur  de  simples  apparences  la  nature  minéralogique  d'un  terrain 


220  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE   DE   FRANCE. 

donné,  surtout  lorsque  ce  terrain  présente,  clans  sa  végétation,  des  ca- 
ractères inconciliables  avec  la  constitution  qu'on  lui  supposerait  à  pre- 
mière vue. 

C'est  par  des  erreurs  de  ce  dernier  genre  que  les  adversaires  de  la  théorie 
minéralogique  ont  cru  pouvoir  y  signaler  de  flagrantes  contradictions  :  c'est 
en  dévoilant  ces  erreurs,  en  ramenant  à  la  loi  normale  des  exceptions  appa- 
rentes, que  M.  Bogenhard  et  M.  Dunal  ,  entre  autres,  ont  porté  le  coup  le 
plus  décisif  à  la  théorie  mécanique. 

Qu'il  me  soit  permis  de  citer  à  cette  occasion  les  faits  piquants  rapportés 
dans  un  travail  trop  peu  connu  de  M.  Dunal  (1). 

On  avait  dit  (c'est  DeCandolle,  je  crois),  que  le  Châtaignier,  arbre  essen- 
tiellement caractéristique  de  la  silice,  croissait  pourtant  en  plein  calcaire, 
dans  le  voisinage  de  Saint-Guilhem-le-T)ésert,  localité  très  remarquable  au 
point  de  vue  archéologique  et  pittoresque,  située  sur  les  bords  de  l'Hérault, 
à  peu  de  distance  de  Montpellier.   Frappé  de  cette  prétendue  exception 
aux  faits  connus,  M.  Dunal  veut  se  rendre  compte  du  phénomène  et  de  ses 
causes.   H  se  transporte  sur  les   lieux  ,  en  compagnie  de  deux  excellents 
géologues,  MM.  Émilien  Dumas  et  de  Rouville.  Le  Châtaignier,  en  effet,  ap- 
paraît, bien  peu  florissant  du  reste ,  sur  un  point  restreint  de  la  formation 
oolithique.  Mais  dans  le  calcaire  compacte  qui  forme  le  fond  de  ce  terrain, 
nos  observateurs  reconnaissent  aisément  la  présence  de  petits  nodules  sili- 
ceux, enclavés  dans  la  pierre  même,  et  dont  l'effet,  à  peu  près  nul,  pour 
modifier  l'état  physique  du  terratn,  se  trahissait  néanmoins  par  la  produc- 
tion d'une  plante  spéciale  à  la  silice. 

Des  observations  analogues,  pour  lesquelles  je  renvoie  au  Mémoire  de 
M.  Dunal,  expliquent  aussi  la  localisation  de  certaines  plantes  de  la  flore 
des  environs  immédiats  de  Montpellier,  sur  des  points  où  le  calcaire  tertiaire 
est  simplement  couvert  à  sa  surface,  soit  des  galets  siliceux  du  diluvium 
alpin,  soit  des  débris  de  poudingues,  en  partie  formés  de  petits  cailloux  de 
quartz. 

Si  l'on  fait  abstraction  des  terrains  imprégnés  de  sei  marin  ou  croissent 
des  plantes  si  spéciales,  des  terrains  imprégnés  de  nitrates  ou  de  suhstances 
ammoniacales,  dans  lesquels  prospèrent  les  végétaux  appelées  rudcrales ; 
si  l'on  retranche  encore  la  tourbe  et  l'humus  dont  les  matières  organiques 
forment  la  base;  si  l'on  néglige  comme  éléments  probablement  très  secon- 
daires dans  leur  action,  de  nombreux  corps  métalliques  (1),  ou  autres  peu 

(1)  Mémoires  de  l'Académie  des  sciences  et   lettres   de  Montpellier,  I8/18, 

p.  173. 

(2)  Il  serait,  à  la  rigueur,  possible  que  le  fer,  en  raison  de  son  abondance  dans 
certains  terrains,  et  de  son  action  bien  connue  sur  les  végétaux,  déterminât  sur 
quelques  points  la  présence  de  plantes  particulières.  C'est  ce  que  ferait  soupçonner 
une  intéressante  observation  d'Auguste  de  Saint-Hilaire.  D'après  ce  savant  voya- 


SÉANCE   DU    10    NOVEMBRE    J  8 5 /| .  ^'21 

répandus  clans  la  nature,  et  dont  l'influence  sur  la  végétation  ne  saurait 
s'étendre  au  loin,  il  ne  reste  que  les  éléments  terreux  par  excellence,  la 
chaux,  la  silice,  l'alumine  et  la  magnésie 

Jusqu'à  ce  jour,  c'est  entre  les  terrains  à  base  calcaire  et  ceux  à  base  sili- 
ceuse (granits,  gneiss,  micaschistes,  schistes  talqueux,  etc.),  qu'on  a  surtout 
reconnu  des  différences  notables,  quant  à  la  végétation.  C'est  la  double  di- 
vision admise  par  le  plus  grand  nombre  d'auteurs  dans  le  classement  des 
terres  à  ce  point  de  vue  spécial.  L'alumine,  a  l'état  d'argile,  est  entrée  en 
ligne  décompte,  dans  certains  de  ces  travaux,  mais  sans  que  nous  puissions 
jusqu'ici  bien  reconnaître  si  l'influence  de  cet  agent  esl  surtout  chimique 
ou  mécanique  (1). 

Quel  est  le  rôle  du  quatrième  élément  terreux,  de  la  magnésie?  Là-des- 
sus nous  ne  trouvons  aucun  renseignement  positif*.  Le  reproche  vague  fait 
par  divers  agronomes  à  l'influence  pernicieuse  de  la  magnésie,  dans  les 
terrains  où  cette  substance  se  rencontre,  ce  reproche  exagéré,  si  nous  en 
croyons  les  observations  récentes  citées  par  M.  de  Gasparin  (terrains  agri- 
coles), ne  regarde  qu'un  petit  nombre  de  végétaux  de  grande  culture. 
Quant  à  l'action  de  la  magnésie  sur  la  végétation  spontanée,  je  ne  l'ai  vue 

geur  et  botaniste,  les  Remijia,  qui  sont  les  Quinquinas  du  Brésil,  ne  se  trouve- 
raient que  dans  les  localités  de  ce  pays  où  le  1er  existe  en  proportion  notable  dans 
le  sol.  Il  serait  bien  curieux  de  vérifier  si  le  fait  est  général  pour  toutes  les  espèces 
de  Remijia  'celles  de  la  Guyane  et  de  la  Nouvelle-Grenade,  aussi  bien  que  celles 
du  Brésil),  et  de  voir  si  c'est  en  réalité  le  fer  auquel  on  doit  attribuer  la  coïncidence 
signalée  par  Aug.  de  Saint-Hilaire. 

(1)  Voici  comment  MM.  Schnizlein  et  Frickhinger  (cités  et  suivis  par  M.  Bo- 
genhard  et  par  M.  Sendtner)  classent  les  plantes  de  leur  région  (bassins  du  Woernitz 
et  de  l'Altmiïhl  en  Bavière)  suivant  leur  rapport  avec  la  nature  minéralogique  du 
sol  : 

1.  Plantes  qui  appartiennent  principalement  aux  sols  riches  en  calcaire. 

(Kalkzeiger  =  Kz.) 

2.  Plantes  qui  aiment  la  chaux,  sans  que  cette  substance  forme  l'élément  prin- 
cipal du  sol.  (Kalkdeuter  =  Kd.) 

3.  Plantes  dont  le  sol  est  siliceux  (généralement  quartz),  avec  quelque  mélange 
de  soude,  potasse,  chaux,  magnésie,  oxyde  de  fer,  alumine  et  acide  phosphorique. 

(KlESELZEIGER  —  Kl'Z.) 

h,  Plantes  qui  demandent  au  moins  un  peu  de  silice,  subordonnée  à  d'autres 
éléments,  dans  le  sol  où  elles  végètent.  (Kieseldecter  =  Kid.) 

5.  Plantes  qui  demandent  un  sol  tenace  de  nature  argileuse. 

(THOXDEL'TENnE  =  Td.) 

6.  Plantes  qui  aiment  une  terre  végétale  riche,  tendre  et  humide. 

(HlMUSDEUTENDE  ~  Hd.) 

7.  Plantes  qui  viennent  indifféremment  sur  le  calcaire,  la  silice  et  l'argile. 

(BODENSCHWAMK  =  ScllW.) 
T.    I.  15 


222  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

jusqu'ici  spécialement  signalée  dans  aucun  ouvrage  de  botanique  (1).  C'est 
à  combler,  en  partie,  cette  lacune,  à  diriger  sur  cette  question  inexplorée 
l'attention  des  observateurs,  que  cette  note  est  principalement  destinée. 

Mes  remarques,  du  reste,  porteront,  non  pas  sur  la  magnésie  isolée,  mais 
bien  sur  la  combinaison  naturelle  de  cette  base  avec  la  cbaux  et  l'acide 
carbonique,  sous  la  forme  de  carbonate  double  de  chaux  et  de  magnésie, 
autrement  dit  de  calcaire  magnésien  ou  dolomie. 

Très  répandue  dans  les  calcaires  jurassiques,  soit  oolithiques,  soit  oxfor- 
diens,  soit  coralliens  des  départements  du  Gard  et  de  l'Hérault,  la  dolomie 
s'y  présente  en  masses  isolées,  plus  souvent  en  longues  traînées  formant  des 
crêtes  saillantes,  des  remparts  irrégulièrement  crénelés,  occupant  le  flanc 
ouïe  faite  des  montagnes,  particulièrement  au  pourtour  des  grands  plateaux 
calcaires  appelés  coasses.  L'aspect  noirâtre  de  la  roche  et  les  formes  de 
pyramides,  de  menhirs  naturels,  qu'elle  prend  d'ordinaire  en  se  délitant  au 
contact  de  l'air,  la  font  reconnaître  de  très  loin,  et  lui  donnent  un  rôle  très 
important  dans  le  paysage  de  la  contrée.  Beaucoup  de  ces  masses  rocheuses 
déchiquetées  portent  même  dans  l'idiome  languedocien  des  noms  expres- 
sifs de  leur  forme,  tels  que  Rouquets  (petits  rochers),  Capoaladous  (petites 
têtes?),  Poatotos  (poupées).  On  les  désigne  en  quelques  endroits  sous  le 
nom  de  Roc  bru  (roc  brun)  par  allusion  à  leur  couleur. 

Ces  masses  dolomitiques  sont ,  du  reste,  toujours  un  accident  dans  l'en- 
semble de  la  formation  calcaire  qui  les  renferme.  Interrompues  sur  bien 
des  points,  elles  forment  souvent  des  ilôts  au  milieu  des  calcaires  purs  et 
parfois  au  sommet  d' des  calcaires  enclavées  dans  le  terrain  talqueux  de  transi- 
tion. Cette  circonstance  est  très  favorable  pour  eu  dévoiler  l'influence  sur 
la  végétation  dont  elle  se  pare. 

Le  botaniste  qui  visite  ces  roches  dolomitiques  sur  des  points  souvent  très 
espacés,  dans  les  départements  du  Gard  et  de  l'Hérault,  de  la  Lozère  et  de 
l'Aveyron,  ne  tarde  pas  à  voir  reparaître,  juste  dans  les  stations  spéciales, 
certaines  plantes  qui  manquent  aux  calcaires  purs,  aussi  bien  qu'aux  ter- 
rains siliceux.  Il  suffit  parfois  de  quelques  fragments  de  dolomie,  répandue 
sur  du  calcaire  ordinaire,  pour  déterminer  la  présence  de  ces  espèces.  Tel 
est  surtout  le  cas  pour  YArenaria  hispida,  Y  JEthionema  saxatile,  VArenaria 
tetraquetra  (aggreyata)  et  le  Kernera  saxatilis. 

Dans  la  région  qui  nous  occupe,  ces  plantes  sont  aussi  spéciales  à  la  do- 
lomie que  le  Châtaignier,  la  Digitale  pourprée,  Y  Anarrhinum  bellidifoliam, 
le  Sarotkamnus  scoparius  ,  YAdenocarpus  cebennensis,  et  bien  d'autres  en- 
core le  sont  aux  terrains  siliceux. 

Les  espèces  suivantes  viennent  aussi  toujours  sur  les  rochers  dolomitiques 

(1)  Sauf  une  observation  de  M.  Dunal  {Mém,  cit.)  relative  au  Buplevrum  fruti- 
cosum.  (En  extrait  dans  le  journal  l'Institut,  1848.) 


SÉANCE    DU    10    NOVEMBRE    185/|.  223 

en  question  ,  mais  je  n'oserais  les  indiquer  avec  la  même  certitude  comme 
caractéristiques  deladoiomie:  les  unes  parce  qu'elles  sont  moins  répandues 
sur  des  points  différents,  les  autres,  parce  que  se  trouvant  très  loin  en  dehors 
de  nos  départements  méridionaux,  elles  pourraient  bien  habiter  ailleurs  des 
terrains  non  magnésiens. 

Daphne  alpina,  charmant  arbuste  ,  nullement  alpin  comme  semblerait 
l'indiquer  son  nom,  observé  dans  les  rochers  dolomitiques  de  l'Hérault,  du 
Gard  et  de  la  Lozère. 

Rhamnus  alpinus,  presque  toujours  associé  au  précédent,  et  tout  aussi 
peu  alpin  que  lui,  dans  notre  région, 

Buplevrum  fruticosum.  Dans  la  dolomie  ,  près  de  Gignac  et  de  Saint- 
Guilhem-le-Désert,  sur  le  cours  inférieur  de  l'Hérault,  dans  une  région 
moins  élevée  que  les  deux  arbustes  précédents.  M.  Dunal,  qui  a  le  premier 
signalé  la  prédilection  de  cette  espèce  pour  les  terrains  magnésiens,  l'indique 
à  la  fois  dans  les  dolomies  oolithiques  des  bords  de  l'Hérault,  dans  les  do- 
lomies  oxfordiennes  de  la  montagne  de  Cette,  sur  les  roches  lacustres  de 
Montredon  près  de  Sommières,  et  sur  d'autres  roches  de  nature  diverse, 
mais  qui  sont  toutes  plus  ou  moins  magnésiennes  (1). 

Globularia  Alypum.  Entre  la  localité  dite  Capouladous  etSaint-Guilhem- 
le-Désert,  sur  le  cours  inférieur  de  l'Hérault.  Aussi  dans  le  bois  de  Salbous, 
près  de  Campestre  (département  du  Gard),  toujours  dans  la  dolomie. 

Draba  aizoides.  Bois  de  Salbous,  sur  les  rochers  dolomitiques,  et  pas 
ailleurs  à  ma  connaissance,  dans  la  région  que  j'étudie. 

Iberis  saxatilis.  Dolomies  ,  près  de  Ganges  (Hérault),  sur  un  seul  point 
dit  las  Poutotos. 

POTENTILLA  CAULESCENS,    AqUILEGIA   VISCOSA,   PhYTEUMA   SCHEUCHZERI, 

Hieracium  amplexicaule.  Quatre  plantes,  généralement  associées,  croissant 
dans  les  fissures  des  rochers  dolomitiques  coupés  à  pics.  Je  ne  voudrais 
nullement  garantir  qu'elles  ne  viennent  pas  sur  d'autres  rochers,  hors  de  la 
région  à  laquelle  se  borne  cette  étude. 

Chrysanthemum  graminifolium.  Dolomies  du  Gard,  de  l'Hérault,  de  la 
Lozère. 

Hieracium  saxatile.  Rare  dans  notre  région.  Observé  sur  le  pic  d'An- 
geau  (Gard),  près  de  Saint- Laurent-le-Minier. 

Campanula  speciosa.  Magnifique  plante,  toujours  observée  sur  les  escar- 
pements dolomitiques  de  l'Hérault  et  du  Gard. 

Erinus  alpinus.  Bords  du  Vis,  au-dessus  de  Saint-Laureut-le-Miuier. 
Apparaît  avec  les  premières  traces  de  dolomie.  Croit  peut-être  sur  d'autres 
roches  delà  région  ici  étudiée. 

(1)  Nous  citons  ceci  d'après  l'analyse  du  travail,  publiée  dans  le  journal  l'Insti- 
tut, faute  d'avoir  pu  consulter  le  mémoire  original. 


224  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

Athamaintha  cretensis.  Sur  les  dolomies  du  voisinage  de  Meyrueis 
(Lozère),  associé  au  Saxifraga  pubescens ,  qui  se  retrouve  sur  le  cal- 
caire oxfordien  pur  (?),  au  sommet  du  pic  de  Saint-Loup,  près  de  Mont- 
pellier. 

Sedum  anopetalom.  Sur  beaucoup  de  points  clans  la  dolomie.  Je  l'ai 
vu  pourtant  près  du  Vigan,  sur  des  calcaires  anciens,  renfermant  de  la 
silice,  et  peut  être  de  la  magnésie,  ce  qui  reste  à  vérifier.  M.  Dunal  croit  se 
rappeler  avoir  vu  la  même  plante  ailleurs  que  sur  la  dolomie,  sur  quelques 
points  de  la  limite  de  la  légion  de  l'Olivier,  dans  nos  départements  méridio- 
naux. 

Aster  alpinus.  En  général  sur  la  dolomie,  dans  la  région  ici  étudiée. 
M.  Schiraper  me  dit  l'avoir  vu  ailleurs  dans  du  calcaire  arénacé  (de  quelle 
nature?). 

Poa  aepina,  var.  badensis.  Dolomies  de  Saint-.Tean-de-Bruel.  C'est  la 
cinquième  plante,  dans  cette  liste,  qui  porte  à  tort  le  nom  d'alpine.  Il  y  en 
a  quatre  dans  le  nombre  qui  portent  l'épithète  saxatilis  ou  saxatile,  ce  qui 
se  conçoit  mieux,  si  l'on  considère  la  station  qu'elles  occupent. 

Pikus  Salzmanm,  Dunal.  Cette  intéressante  espèce,  peut-être  particu- 
lière aux  basses  Cévennes,  forme  une  grande  forêt  sur  les  hauteurs  de  la 
rive  droite  de  l'Hérault,  qui  dominent  Saint-Guilhem.  Je  ne  l'ai  vue  là  que 
dans  le  terrain  dolomitique,  qui  s'y  trouve  fort  développé.  Les  hauteurs  de 
la  Sérane,  dont  les  montagnes  où  croit  le  pin  ne  sont  que  des  contreforts  ou 
des  chaînons  latéraux,  sont  constituées  par  de  l'oxfordien  pur,  ne  formant 
pas,  comme  la  dolomie,  un  sable  léger  et  pailleté,  mais  compacte,  dur,  et 
entremêle  de  terre  forte  colorée  en  rouge  par  de  l'oxyde  de  fer  hydraté. 

M.  Lecoq  {Géograpk.  bot.,  1,  p.  400)  indique  apparemment  la  même 
plante  sous  le  nom  de  P.  pyrenaica,  Lap.,  sur  les  grèshouillersdu  Bessège, 
près  de  Saint-Ambroix.  Je  regrette  de  ne  pas  avoir  visité  cette  localité, 
pour  reconnaître  et  la  plante  et  la  nature  chimique  du  terrain. 

Lavaxdula  vera.  Observé  sur  trois  points  assez  éloignés  de  l'Hérault  et 
du  Caïd,  toujours  dans  la  dolomie.  Le  Lavandula  Spica  croit  d'ordinaire 
isole  du  vera  sur  le  calcaire  pur.  J'ai  pourtant  vu  les  deux  espèces  entre- 
mêlées dans  le  terrain  dolomitique  du  pic  d'Angeau  (Gard). 

Le  Lavandula  Stœchas  est  une  plante  de  la  région  chaude  de  la  flore  de 
Montpellier,  qui  vient  toujours  dans  les  terrains  dont  le  fond  calcaire  est 
mêlé  d'éléments  siliceux  (galets,  graviers  de  quartz). 

Pimpixella  Tragium,Poa  serotina.  Ajoutés  à  cette  liste  des  plantes  de 
la  dolomie,  sur  la  foi  de  mon  savant  maitre,  M.  Dunal,  que  je  dois  associer 
a  ce  travail  pour  tout  ce  qu'il  peut  renfermer  d'exact. 

Quelques  faits  encore  trop  incomplètement  observés  me  portent  à  croire 
que,  dans  certains  cas,  des  plantes  abondantes  dans  les  terrains  siliceux  et 
manquant  absolument  aux  calcaires  purs,  peuvent  se  rencontrer  çà  et  la  dans 


SEANCE    DU    10    NOVEMBRE   1854.  225 

la  dolomie.  C'est  ainsi  que  j'ai  vu  sur  le  monticule  dolomitique  de  Fressac, 
dans  le  département  du  Gard,  le  Cistus  salvifolius,  espèce  d'ordinaire  très 
caractéristique  de  la  silice. 

Les  observations  qui  précèdent,  fruit  de  longues  et  nombreuses  herbori- 
sations dans  la  région  des  Cévennes,  aussi  bien  que  dans  le  rayon  de  la 
ilore  de  Montpellier,  pourraient,  je  l'ai  déjà  dit,  ne  pas  se  trouver  parfaite- 
ment applicables  à  d'autres  contrées.  Cette  réserve  faite,  j'ai  d'autant  plus  lieu 
d'en  garantir  l'exactitude  relative  ,  que  je  puis  les  appuyer,  en  grande 
partie,  sur  l'autorité  de  M.  Dunal ,  et  sur  les  recherches  aussi  intelligentes 
qu'actives  des  aimables  compagnons  de  mes  promenades  botaniques,  M.  le 
Dr  Diomède  Tuskiewicz,  M.  Louis  de  Montesquiou,  M.  Léon  Mares, 
M.  Jules  de  Seynes,  M.  Armand  Sabatier  et  mon  frère  M.  Gustave  Planchon. 

31.  le  comte  Jaubert  donne  lecture  de  la  notice  suivante  : 

NOTICE  SUR  LA  VIE  ET  LES  TRAVAUX  DE  BOIVIN,  par  M.  le  comte  JAUBERT. 

Un  botaniste  d'un  mérite  reconnu,  mais  qui  n'a  presque  rien  publié,  qui 
a  mené  une  vie  laborieusement  obscure  et  qui  est  mort  prématurément, 
d'un  caractère  honorable,  mais  dont  la  bizarrerie  a  découragé  la  plupart  de 
ses  protecteurs,  pourrait  sans  doute  avoir  laissé  des  regrets  dans  le  souvenir 
de  quelques  amis,  comme  des  personnes  qui  avaient  fondé  sur  lui  désespé- 
rances dans  l'intérêt  de  leurs  communes  études,  et,  cependant  ne  pas  fournir 
à  un  éloge  public  des  matériaux  suffisants.  Toutefois  si,  animé  d'une  ardeur 
incessante  de  savoir,  il  y  a  sacrifié  ses  modestes  ressources  et  la  perspective 
d'une  carrière  lucrative,  s'il  a  supporté  avec  dignité  les  plus  dures  priva- 
tions ,  et  enfin  exécuté  dans  des  contrées  lointaines  de  longs  voyages  dont 
les  résultats  sont  acquis  à  la  Botanique  ;  si  au  retour  et  en  mettant  le  pied 
sur  la  terre  natale,  il  a  péri  épuisé  de  fatigue,  certes  il  aura  bien  mérité  de 
la  science,  et  son  nom  devra  être  sauvé  de  l'oubli. 

Boivin  (Louis-Hyacinthe)  est  né  à  Compiegne  (Oise)  ,  le  27  août  1808. 
Son  père  avait  en  1804  épousé  à  Paris,  où  il  était  pharmacien  de  l'hôpital 
de  la  Charité  ,  la  fille  de  M.  Richard  ,  médecin  à  Compiegne  ,  à  la  clientèle 
duquel  il  succéda  en  venant  s'établir  dans  cette  dernière  ville  :  il  y  est 
mort  en  1812  ,  laissant  trois  enfants.  Louis-Hyacinthe  Boivin  était  le  plus 
jeune  et  n'avait  guère  plus  de  seize  ans  lorsqu'il  perdit  sa  mère.  Elle  l'avait, 
la  veille  de  sa  mort,  émancipé  ainsi  que  sa  soeur  a  l'effet  de  gérer  leur 
petite  fortune,  avec  un  frère  aine  entré,  en  1822,  a  l'école  d'architecture  de 
Paris.  L'éducation  classique  de  Boivin  était  à  peine  terminée;  destiné  par 
ses  parents  à  la  carrière  médicale,  il  prit  sa  première  inscription  à  la  fin  de 
1826,  et  successivement  toutes  celles  des  deux  années  suivantes;  mais  à 
partir  de  1828  elles  deviennent  plus  rares ,  et  il  finit  par  les  abandonner, 


226  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

non  pas  qu'il  eût,  comme  tant  d'autres  étudiants,  cédé  au  goût  de  la  dissi- 
pation, mais  c'est  qu'une  autre  vocation  s'était  déclarée  chez  lui  dès  les 
premiers  temps  de  son  séjour  à  Paris.  La  médecine  avait  cédé  le  pas  à  la 
botanique.  Boiviu  était  dominé  par  le  charme  irrésistible  que  l'étude  des 
plantes  exerce  sur  les  âmes  qui  lui  sont  comme  prédestinées.  Il  avait  déjà 
fréquenté  assidûment  le  Jardin  des  Plantes,  entendu  les  dernières  leçons  de 
Desfontaines,  notre  maître  à  tous,  suivi  les  premières  herborisations  d'Adrien 
deJussieu,  compulse  les  collections  si  libéralement  ouvertes  par  l'Etat,  par 
Benjamin  Delessert,  par  Webb,  à  quiconque  témoigne  le  désir  de  s'instruire  ; 
et  sur  cette  pente  si  douce  il  perdait  de  vue  l'état  qu'il  aurait  dû  se  préparer 
dans  le  monde.  Peut-être  se  sentait-il,  lui  aussi,  assez  de  capacité  pour  se 
faire  dans  la  botanique  une  position  sinon  avantageuse  ,  du  moins  qui  pût 
suffire  à  ses  modestes  besoins.  Il  vivait  dans  sa  mansarde,  avec  une  stricte 
économie,  mais  il  n'en  commençait  pas  moins  a  épuiser  son  mince  capital  : 
les  livres,  le  papier  gris,  les  moyens  de  locomotion  indispensables  pour  at- 
teindre les  centres  d'herborisation  et  çà  et  là  quelques  achats  de  plantes  aux- 
quels on  ne  peut  résister,  tout  cela  est  presque  du  luxe  pour  qui  a  besoin  de 
gagner,  et  c'est  pourtant  le  nécessaire  pour  l'élève  studieux.  Boivin  trouvait 
encore  au  fond  de  sa  bourse  de  quoi  obliger  un  ami  plus  pauvre  que  lui  : 
ce  fait,  dont  nous  avons  trouvé  la  trace  dans  ses  papiers  ,  donne  un  intérêt 
touchant  aux  commencements  de  ce  jeune  homme,  livré  tout  entier  aux 
plaisirs  purs  de  l'intelligence  et  trop  peu  soucieux  de  l'avenir.  Vainement 
un  de  ceux  qu'il  avait  si  généreusement  obligés  et  qui  depuis  s'est  l'ait  un 
nom  dans  l'art  de  guérir,  lui  écrivait-il  dès  le  mois  de  juin  1828  : 

«  Je  ne  sais  pas  si  vous  vous  occupez  toujours  de  botanique  à  mort  ;  mais 
»  je  vous  conseille  de  faire  comme  moi,  de  mettre  tous  les  projets  ambitieux 
»  de  côté  et  de  vous  faire  recevoir  le  plus  promptement  possible  pour  aller 
»  exercer  dans  une  petite  ville  ou  même  un  village.  Si  vous  vous  étiez  autant 
»  occupé  de  médecine  que  de  botanique ,  depuis  que  vous  prenez  des  in- 
»  scriptions,  je  suis  sûr  que  dans  la  position  de  votre  frère,  vous  pourriez 
»  déjà  commencer  une  bonne  clientèle,  qui  vaut  mieux  qu'un  herbier.  » 

Vers  1830,  Boivin,  étranger  aux  vaines  préoccupations  dont  la  jeunesse 
était  alors  agitée,  était  allé  visiter  dans  la  Lozère  son  frère  alors  architecte 
de  ce  département,  et  leur  sœur  qui  s'était  retirée  auprès  de  l'aîné  de  la 
famille.  A  cette  époque,  existait  a  Mende  un  de  ces  botanistes  excellents 
qui  ont  tant  contribué  aux  progrès  de  la  flore  française,  un  de  ces  hommes 
aussi  modestes  que  savants,  qui  n'ont  pas  recherché  la  célébrité  et  qu'elle 
est  allée  trouver  dans  leur  retraite,  dont  la  maison  était  toujours  ouverte  au 
naturaliste  en  tournée ,  hospitalité  cordiale  dont  nous  avous  éprouvé  les 
charmes  dans  notre  jeunesse  ;  aimables  patrons  des  débutants  ,  prodigues 
pour  eux  de  leur  temps  et  de  leurs  conseils,  généreux  distributeurs  de  leurs 
récoltes,  correspondants  infatigables  :  tel  est  encore  et  depuis  plus  de  qua- 


SÉANCE    DU    10    NOVEMBRE    185Z|.  227 

ranteans  le  vénérable  M.  Mougeot  dans  les  Vosges;  tel  était  dans  le  midi 
Requien  ,  bienfaiteur  si  mal  récompensé  de  sa  ville  natale  ;  tel  aux  débuts 
de  Boivin  était  M.  Prost,  à  Mende  ,  qui  consacrait  à  la  botanique  ce  que 
pouvait  lui  laisser  de  loisirs  la  place  de  directeur  des  postes.  M.  Prost  ac- 
cueillit Boivin  avec  empressement,  lui  fit  les  honneurs  de  ses  montagnes 
qu'il  connaissait  si  bien,  lui  fit  part  de  ses  découvertes,  l'initia  à  l'étude  de 
la  cryptogamie,  qu'à  l'exemple  de  son  ami,  M.  Mougeot,  il  cultivait  avec  un 
grand  succès.  Le  temps  passé  de  cette  manière  au  sein  de  la  famille,  auprès 
de  M.  Prost,  fut  sans  doute  le  plus  beureux  de  la  vie  de  Boivin. 

Il  s'était  fait  aimer  et  estimer  à  Mende  :  de  retour  a  Paris,  il  resta  tou- 
jours en  relation  avec  M.  Prost,  il  lui  rendait  avec  zèle  et  exactitude  les 
services  qui  dépendaient  de  lui  ;  il  lui  fournissait  des  plantes,  achetait  pour 
lui  des  livres,  lui  transmettait  une  foule  de  renseignements  utiles.  Les 
lettres  de  M.  Prost,  en  même  temps  qu'elles  témoignent  des  bonnes  qualités 
de  Boivin,  signalent  chez  lui  un  défaut  qui  deviendra  plus  tard  une  véritable 
infirmité  et  qui  lui  sera  fatal.  C'était  une  incroyable  répugnance  à  écrire  ; 
non  pas  que  l'instruction  lui  manquât  ;  quand  il  le  voulait ,  il  écrivait  pu- 
rement et  même  avec  une  certaine  élégance;  mais  il  s'y  décidait  rarement. 
Dans  une  lettre  où  M.  Prost  lui  rendait  compte  d'une  excursion  sur  les 
bords  du  Tarn,  on  lit  :  «  Bépondons  à  la  charmante  lettre  que  vous 
»  m'avez  écrite.  Comment  avez-vous  fait  pour  mettre  la  plume  à  la  main  ? 
»  Sommes-nous  au  temps  des  miracles?  »  Notons,  en  passant,  qu'il  est 
question  dans  cette  lettre  d'un  autre  botaniste  déjà  connu  par  de  bons  tra- 
vaux, mais  dont  M.  Prost  déplorait  dès  lors  les  tendances  politiques,  en 
s'écriant  :  «  Ne  ferait-il  pas  mieux  de  continuer  ses  observations  sur  les 
»  Graminées?  »  —  A  une  autre  époque,  nous  avons  entendu  M.  de  Mirbel 
nous  dire  sur  lui-même  :  «  Quand  on  s'est  accoutumé  aux  liqueurs  fortes, 
»  on  a  de  la  peine  à  se  remettre  au  régime  du  laitage.  »  Et  pourtant  il  ne 
s'agissait  cette  fois  que  d'une  politique  honnête  et  régulière,  qui,  heureu- 
sement pour  M.  de  Mirbel  et  pour  la  science,  ne  l'a  détourné  que  pendant 
un  temps  assez  court  de  sa  brillante  carrière. 

Pendant  que  d'autres  désertaient  la  botanique  ,  Boivin  y  avait  fait  de 
notables  progrès.  Il  commençait  à  être  recherché  par  plusieurs  savants  : 
le  cryptogamiste  Persoon  était  entré  en  rapport  avec  le  jeune  élève  de 
M.  Prost,  et  l'avait  jugé  assez  instruit,  assez  bien  pourvu  pour  lui  remettre 
son  desiderata.  Plus  tard,  M.  Webb  proposa  à  Boivin  des  fonctions  pour 
lesquelles  il  lui  avait  reconnu  une  véritable  aptitude,  celles  de  conservateur 
de  ce  magnifique  herbier  qui,  à  notre  grand  regret,  sera  bientôt  perdu  pour 
Paris.  Nous  ignorons  pourquoi  cette  proposition  si  convenable  ne  fut  pas 
acceptée.  Toujours  est-il  que  venant  d'un  homme  tel  que  M.  Webb,  elle 
constituait  un  précieux  certificat  de  capacité.  Le  refus  de  Boivin  n'altéra 
nullement  ses  rapports  avec  M.  Webb. 


228  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

Il  avait  acquis  avec  le  sentiment  profond  de  la  méthode  naturelle  cette 
habileté,  ce  tact  remarquable  dans  la  détermination  des  piaules,  qui ,  pour 
ne  parler  que  des  botanistes  qui  ont  disparu  récemment  de  nos  rangs,  dis- 
tinguaient, par  exemple,  si  éminemment  notre  ami  Guillemin.  Le  dia- 
gnostic était  chez  Boivin  une  faculté  très  développée;  mais  l'art  de  traiter 
un  sujet,  de  le  mener  à  bonne  fin,  de  produire  enfin  au  profit  du  public  ses 
vastes  connaissances,  lui  a  toujours  manqué  ;  soit  défiance  de  ses  forces, 
et  je  ne  sais  quelle  terreur  de  se  voir  imprimé  et  livré  aux  jugements  de 
tous,  soit  plutôt  parce  que  le  temps  qu'il  aurait  employé  à  écrire,  il  le 
croyait  perdu  pour  l'accroissement  de  son  instruction.  Erreur  manifeste  : 
la  composition  est  comme  une  gymnastique  de  l'esprit;  on  ne  s'est  assimilé 
véritablement  une  idée  qu'à  la  condition  de  s'être  exercé  à  la  faire  com- 
prendre par  autrui. 

Boivin  était  en  rapport  avec  tous  les  botanistes  de  Paris  ;  il  en  est  peu 
dont  nous  ne  trouvions  dans  ses  papiers  des  lettres  flatteuses  ;  plusieurs 
d'entre  eux  avaient  désiré  sa  collaboration  à  leurs  ouvrages.  On  lui  proposa 
maintes  fois  de  prendre  part  a  des  publications  importantes.  Il  aurait  pu 
trouver,  dans  un  pareil  emploi  de  ses  connaissances  ,  une  ressource  qui 
n'était  pas  à  dédaigner,  et  il  y  avait  consenti  ;  mais  auteurs  et  éditeurs 
perdirent  leur  temps  a  l'attendre.  C'est  ainsi  que  les  choses  se  passèrent  pour 
les  plantes  de  l'ile  de  Cuba  (de  Ramon  de  la  Sagra  et  d'Achille  Richard), 
pour  un  Traité  d'histoire  naturelle  qui  devait  se  publier  par  une  Société 
de  naturalistes,  pour  le  voyage  en  Perse  de  M.  Bellanger,  enfin  pour  la  Flore 
des  Canaries,  de  M.  Webb  lui-même.  En  fait  de  recherches  patientes  dans 
les  bibliothèques  et  les  collections,  de  déterminations  précises,  de  rappro- 
chements ingénieux,  on  obtenait  tout  ce  que  l'on  voulait  de  Boivin;  le 
secours  oral  de  son  érudition  ne  faisait  jamais  défaut  :  mais  c'était  à 
grand  peine  qu'on  obtenait  de  lui  ce  qu'en  terme  d'imprimerie  ou  appelle 
de  la  copie.  «  De  grâce,  lui  écrivait  M.  Webb  (avec  une  formule  qui  trahis- 
»  sait  le  latiniste):  Per  te  Deos  oro!  Apportez-moi,  s'il  est  possible,  un  peu 
»  de  copie  demain.  »  Cette  malheureuse  copie  n'arrivait  jamais.  Aussi  les 
travaux  de  Boivin  sont-ils  restés  confondus  avec  ceux  des  auteurs  titulaires 
qui  du  reste  ont  toujours  proclamé  l'utilité  de  ses  services.  Il  avait  apporté 
force  matériaux  à  l'édifice,  il  en  avait  taillé  artistement  beaucoup  de  pierres, 
mais  son  nom  devait  manquer  au  frontispice. 

D'autres  entreprises  plus  assorties  à  ses  habitudes  de  travail  lui  procu- 
rèrent à  diverses  reprises  quelques  avantages  ;  il  s'occupa  ainsi  de  la  mise 
en  ordre  et  de  la  distribution  de  plusieurs  collections  de  plantes  rapportées 
par  les  voyageurs,  par  exemple  de  celles  qui  avaient  été  formées  au  cap  de 
Bonne-Espérance,  par  M.  Verreaux.  Nous  avons  eu  i'oecasion  d'apprécier 
dans  ces  fascicules  la  sûreté  de  ses  déterminations.  Mais  tout  cela  était  loin 
de  valoir  la  place  tranquille  et  assurée  que  M.  Webb  lui  avait  offerte;  la 


SÉANCE    1)1    10    NOVEMBRE   1854.  229 

gêne  se  faisait  sentir.  Dans  la  position  précaire  où  Boivin  se  trouvait,  il 
avait  été  obligé  de  renoncer  à  un  mariage  qui  lui  promettait  le  bonheur. 
Ses  chagrins  s'accrurent  par  une  autre  déception  :  il  avait  été  question  de 
l'adjoindre  à  la  commission  scientifique  de  l'Algérie.  la  nomination  n'eut 
pas  lieu,  et  Bory  de  Saint-Vincent  lui  en  témoigne  son  regret  par  une  lettre 
datée  d'Alger,  en  juillet  1840,  en  lui  faisant  part  des  découvertes  déjà  faites 
par  les  naturalistes  de  la  commission.  «  L'Afrique,  ajoute  Bory,  est  bien 
u  plus  riche  qu'on  ne  se  l'était  imaginé.  »  MM.  Durieu  de  Maisonneuve  et 
Cosson  se  sont  chargés  de  le  prouver.  Tant  d'occasions  manquées  avaient 
réduit  Boivin  à  de  dures  privations.  Sans  doute  il  devait  se  les  imputer  en 
grande  partie  à  lui-même  ;  toutefois  des  témoignages  dignes  de  foi  consta- 
tent à  son  honneur  que  son  dévouement  à  sa  famille  et  les  sacrifices  qu'il 
avait  faits  pour  elle,  pouvaient  être  comptés  parmi  les  causes  de  sa  détresse. 
Quoi  qu'il  en  soit,  son  genre  de  vie,  triste  et  solitaire,  devait  à  la  fin  réagir 
d'une  manière  fâcheuse  sur  son  caractère  naturellement  bienveillant  ;  le 
malheur  l'avait  aigri;  autrefois  si  communicatif  dans  ses  découvertes  ,  il  en 
était  devenu  jaloux,  et  il  s'éloignait  de  plus  en  plus  de  ses  anciens  compa- 
gnons d'étude. 

Ce  fut  au  milieu  de  ces  extrémités  qu'il  fut  consolé  et  en  quelque  sorte 
recueilli  par  un  botaniste  éminent  qui  nous  a  été  enlevé  cette  année  même 
et  dont  une  polémique  malheureuse  ne  doit  pas  obscurcir  les  services. 
M.  Gaudichaud  avait  depuis  longtemps  remarqué  le  mérite  de  Boivin  :  vive- 
ment ému  de  sa  détresse,  il  ne  songea  plus  qu'à  l'en  tirer  en  le  mettant  à 
portée  d'exercer  enfin  ses  talents  avec  profit.  Une  expédition,  concertée  de- 
puis longtemps  entre  les  ministères  du  Commerce  et  de  la  Marine,  devait 
prochainement  faire  voile  de  l'île  de  Bourbon  vers  la  côte  orientale  d'Afrique 
et  la  visiter  depuis  la  baie  de  Lagoa  jusqu'au  cap  Gardafui,  et  de  Jà  jusqu'à 
Mascate  ;  le  navire  qui  avait  reçu  cette  destination  était  le  Ducouédic  ;  il 
avait  déjà  quitté  les  rivages  de  la  France  ;  c'était  au  commencement  de  18/(6. 
Nous  voyons  dans  les  documents  relatifs  à  cette  affaire  qu'il  avait  été  autre- 
fois question  d'adjoindre  Gulllemin  à  cette  expédition  ;  mais  Guillemin 
n'était  plus.  M.  Gaudichaud  pensa  à  le  faire  remplacer  par  Boivin. 

Personne  plus  que  M.  Gaudichaud  n'avait  le  droit  déjuger  les  qualités  re- 
quises dans  Un  voyageur  naturaliste  :  car,  au  dire  de  tous  les  officiers  avec 
lesquels  il  a  fait  trois  fois  le  tour  du  monde,  son  dévouement  à  la  science 
fut  sans  égal ,  son  activité,  son  courage  au-dessus  de  tout  éloge.  Aussi  la 
plus  belle  récompense  qu'un  savant  puisse  ambitionner,  sa  nomination  à 
l'Académie  des  sciences,  était-elle  allée  au-devant  de  lui  jusqu'en  Chine. 
Pour  atteindre  le  but  qu'il  s'était  proposé,  M.  Gaudichaud  s'adressa  à  toutes 
les  personnes  qu'il  croyait  en  position  de  l'y  aider  :  a  ce  titre  ,  nous 
fûmes  mis  en  réquisition  avec  une  chaleur  si  grande,  un  tel  éloge  du  mérite 
de  Boivin,  que  nous  ne  négligeâmes  aucun  des  moyens  qu'un  reste  de  crédit 


230  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

auprès  du  gouvernement  d'alors  pouvait  laisser  à  un  député  émérite  déjà  à 
peu  près  retiré  des  affaires.  D'autres  amis  de  la  science  dont  le  concours 
était  toujours  assuré  pour  de  pareilles  démarches  ,  Benjamin  Delessert  et 
M.  Antoine  Passy  ne  tardèrent  pas  à  se  joindre  à  nous.  M.  Gaudichaud  nous 
guidait,  et,  quoi  qu'il  en  dît,  la  meilleure  recommandation  auprès  des  mi- 
nistres était  la  sienne.  «  Comme  vous  avez  déjà  pu  le  reconnaître  ,  nous 
»  écrivait-il  ,  je  suis  de  tous  les  hommes  de  France  et  de  Navarre  le  plus 
»  étranger  aux  formes  et  aux  choses  du  monde  ,  surtout  a  celles  de  l'admi- 
»  nistratiou.  Je  ne  comprends  absolument  rien  aux  affaires.  Hors  de  la 
»  sphère  de  mes  plantes  et  de  mes  bois,  j'allais  dire  mes  bûches,  je  n'ai  plus 
»  de  tête;  et  quand  je  sollicite  quelque  chose,  je  suis  forcé  de  le  faire  avec 
»  le  cœur.  »  Au  témoignage  si  compétent  qu'il  rendait  sur  l'aptitude  de 
Boivin ,  M.  Gaudichaud  avait,  dans  sa  demande  écrite,  ajouté  de  hautes 
considérations  sur  la  part  qui,  en  France  comme  en  Angleterre,  est  dévolue 
aux  naturalistes  dans  les  conquêtes  dont  la  patrie  s'euorgueillit. 

Nous  frappions  à  toutes  les  portes  pour  réunir  les  ressources  nécessaires. 
La  Marine  se  montra  bien  disposée;  nous  avions  demandé  que  Boivin  fût 
reçu  à  bord  du  Ducouédic,  et  subsidiairement  autorisé  a  prendre  passage 
sur  les  divers  navires  de  la  station  de  Bourbon,  qui  touchent  fréquemment 
à  divers  points  de  la  côte  de  Madagascar,  aux  iles  Comores,  aux  Sey- 
chelles,  etc.  Nous  demandions  aussi  un  traitement  fixe,  mais  la  chose  n'était 
pas  possible  pour  le  moment,  et  la  bonne  volonté  de  M.  l'amiral  de  Mackau 
fut  réduite  à  nous  accorder  le  passage  à  bord  de  la  corvette  de  charge 
l'Oise,  se  reudant  à  Bourhon,  et  ensuite  l'embarquement  avec  admission 
gratuite  à  la  table  de  l'état-major,  à  bord  soit  du  Ducouédic,  soit  des  autres 
bâtiments  de  la  division,  dont  les  missions  seraient  susceptibles  de  se  prêter 
aux  explorations  et  aux  études  de  Boivin.  Au  ministère  du  Commerce,  nous 
trouvions  encore  le  budget  de  l'année  arrêté.  M.  Cunin-Gridaiue  ne  put 
accorder  de  subvention  que  sur  l'exercice  de  1847.  Le  ministre  de  l'Instruc- 
tion publique,  M.  de  Salvandy,  en  accorda  une  autre  ;  le  Muséum  d'histoire 
naturelle  y  contribua  de  son  côté  ;  en  outre,  nous  avions  formé,  entre  nous 
et  avec  M.  Webb,  une  première  souscription  dont  le  montant  devait  être 
remboursé  par  Boivin  en  plantes  de  son  voyage.  Toutes  ces  mesures  avaient 
été  improvisées  en  quinze  jours.  Nous  étions  d'ailleurs  persuadés  que  plus 
tard,  quand  on  aurait  plus  de  temps  devant  soi,  et  quand  les  résultats  du 
voyage  auraient  commencé  à  être  connus  à  Paris,  nous  obtiendrions  plus 
facilement  une  subvention  fixe  de  la  Marine,  et  le  renouvellement  de  celles 
du  Commerce,  de  l'Instruction  publique  et  du  Muséum.  Ces  espérances  de- 
vaient, comme  tant  d'autres,  être  emportées  par  la  révolution  de  1848,  ou 
rendues  vaines,  il  faut  le  dire,  par  la  négligence  de  Boivin  lui-même. 

Il  partit  de  Paris  le  29  mars  1846,  et  attendit  près  d'un  mois  à  Toulon  le 
départ  de  l'Oise,  Ce  temps  fut  employé  eu  herborisations  aux  environs  si 


SÉANCE    DU    10    NOVEMBRE    185Ù.  231 

connus  d'ailleurs  de  cette  ville.  L'Oise  mit  à  la  voile  le  1k  avril.  Sa  première 
relâche  fut  à  Sainte-Croix  de  Ténériffe.  Boivin  possédait  d'avance  à  fond 
toute  la  flore  des  Canaries;  ses  récoltes  furent  abondantes,  mais  MM.  Ber- 
thelot,  Webbet  Bourgeau  ne  lui  avaient  laissé  rien  de  nouveau  à  y  décou- 
vrir. L'Oise  aborda  ensuite  au  Sénégal  ;  Boivin  était  muni  de  toutes  les 
données  fournies  par  les  ouvrages  de  Guillemin  et  de  Perrottet.  Le  séjour  de 
l'Oise  au  Sénégal  fut  assez  court.  On  s'arrêta  plus  longtemps  au  cap  de 
Bonne-Espérance  ;  là  encore,  Boivin  était  en  pays  de  connaissance  ;  il  savait 
d'avance,  parles  collections  de  M.  Verreaux,  tout  ce  qu'il  devait  y  trouver  ; 
aussi  herborisait-il  pour  ainsi  dire  a  coup  sûr.  Cependant  il  ne  recueillit 
guère  que  des  plantes  déjà  connues,  faute  d'avoir  eu  le  temps  de  pénétrer 
dans  l'intérieur  du  pays.  Enfin,  on  aborda  à  Bourbon  le  19  août  :  le  Du- 
couédic  y  était  encore  en  rade  de  Saint-Denis  ;  mais  le  commandant  n'ayant 
pas  eu  à  temps  connaissance  officielle  de  l'adjonction  de  Boivin  à  souexpé- 
pédition,  n'avait  pas  pu  prendre  les  dispositions  nécessaires  pour  le  rece- 
voir à  bord.  Boivin  dut  donc  renoncer  à  faire  avec  le  Ducouédic  la  première 
partie  de  la  campagne.  Ii  se  décida  a  attendre  a  Bourbon  et  à  Madagascar 
le  premier  retour  de  ce  navire,  qui  devait  avoir  lieu  au  commencement 
de  l'année  suivante.  Toutefois,  le  commandant  de  la  division  navale  dans 
ces  parages,  M.  Romain-Desfossés,  avait  été  invité  par  une  dépêche  mi- 
nistérielle, en  date  du  20  mars,  à  faciliter  les  recherches  de  Boivin,  et  il 
fut  d'abord  convenu  que  notre  voyageur  s'embarquerait  prochainement 
sur  la  corvette  le  Berceau  qui  devait  visiter  plusieurs  points  de  l'ile  de 
Madagascar. 

Boivin,  forcément  retenu  à  Bourbon,  y  mit  autant  que  possible  à  profit 
son  séjour  pour  y  recueillir  toutes  sortes  de  renseignements  et  se  préparer 
complètement  à  ses  recherches  ultérieures.  L'île  de  Bourbon,  si  riche  d'ail- 
leurs par  elle-même  en  productions  de  la  nature,  lui  offrait  des  ressources 
précieuses  par  ses  bibliothèques  et  son  jardin  botanique  :  le  directeur  de  ce 
dernier  établissement,  M.  Richard,  son  gendre  M.  le  docteur  Bernier,  chi- 
rurgien de  la  Marine,  correspondant  zélé  du  Muséum,  et  M.  le  docteur 
Viuchon,  accueillirent  Boivin  en  frère.  A  dater  de  ce  moment,  il  logea  tou- 
jours chez  M.  Bernier,  et  cette  respectable  famille  devintpour  lui  comme  une 
seconde  Providence.  Bourbon,  centre  de  nos  possessions,  hélas!  bien  ré- 
duites, dans  les  mers  de  l'Inde,  et  d'une  station  navale,  offrait,  comme 
M.  Gaudichaud  l'avait  prévu,  de  fréquentes  occasions  de  se  transporter  sur 
tous  les  points;  nous  voyons,  en  effet,  par  les  notes  de  Boivin  que  dans  le 
cours  de  six  années  il  a  mis  dix  fois  à  la  voile  de  la  rade  de  Saint- Denis. 
Dans  les  intervalles  de  ses  navigations  multipliées,  il  pouvait  à  la  fois  épuiser 
tous  les  recoins  de  l'ile,  et  préparer  les  cadres  où  devaient  entrer  successi- 
vement toutes  ses  découvertes  dans  les  autres  contrées.  C'est  ce  qu'il  exé- 
cuta, en  effet,  avec  une  patience  admirable.  Pour  chaque  relâche  prévue, 


232  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

il  eut  ses  notes  prêtes  et  ses  extraits  volumineux  des  auteurs  qui  l'avaient 
précédé  :  le  tout  constamment  rangé  dans  l'ordre  du  Gênera  plantarum 
d'Endlicher,  qu'il  ne  perdait  jamais  de  vue.  Il  écrivait  l'année  suivante  à 
M.  Febvrier-Despointes,  successeur  de  M.  Romain -Desfossés  dans  le  com- 
mandement de  la  division  navale  :  «  Mon  temps  n'aura  pas  été  employé 
»  d'une  manière  moins  utile  que  si  j'avais  suivi  le  Ducouédic  dès  le  com- 
»  mencement  de  l'expédition.  J'ai  recueilli  à  Bourbon  plus  de  plantes  que 
»  ne  l'avaient  fait  mes  devanciers,  et  après  quelques  courses  encore  dans  les 
»  quartiers  au  Vent  et  dans  les  hauts,  j'aurai  réuni  tous  les  éléments  de  la 
"  publication  d'une  statistique  et  d'une  topographie  végétale  qui  aura  un 
»  grand  intérêt  pour  la  géographie  botanique.  J'ai ,  en  outre,  commencé 
»  des  études  sur  la  maladie  de  la  Canne.  Elles  pourront  avoir  des  résultats 
»  utiles  au  pays:  mais  j'ai  besoin,  pour  lever  tous  mes  doutes  et  les  changer 
»  en  une  certitude  physique,  de  reprendre  ces  études  à  la  fin  de  l'hivernage, 
»  lors  de  la  réapparition  de  la  maladie,  et  de  faire  quelques  expériences.  » 

Sur  ces  entrefaites,  la  corvette  le  Berceau  était  partie.  Boivin  aurait  pu, 
dès  le  mois  de  novembre,  profiter  d'une  première  occasion  de  départ  pour 
Madagascar.  A  cette  époque,  en  effet,  on  avait  commencé  à  concevoir  de 
sérieuses  inquiétudes  sur  le  sort  du  Berceau,  et  M.  Romain-Desfossés 
partit  en  toute  bâte  de  l'île  de  France  à  sa  recherche;  il  n'avait  fait  que 
toucher  à  Bourbon.  Boivin  était  alors  en  course  dans  l'intérieur  de  l'Ile,  et 
ne  put  le  rejoindre;  ce  ne  fut  qu'au  commencement  de  mars  1847  qu'il 
put  profiter,  pour  se  rendre  à  Sainte-Marie  de  Madagascar,  du  départ  de 
l' Archimbde  qui  devait  rallier  h  Berceau  vers  la  fin  de  décembre.  Le  chan- 
gement qui  avait  eu  lieu  dans  la  marche  de  Boivin  lors  du  départ  du  Ber- 
ceau, lui  avait  sauvé  cette  fois  la  vie;  car  on  ne  tarda  pas  à  désespérer  du 
sort  de  cette  corvette  qui  passe  pour  avoir  péri  corps  et  biens,  on  ne  sait 
dans  quelle  partie  des  mers  voisines.  Le  bruit  se  répandit  peu  après  à 
Paris  que  Boivin  avait  disparu  dans  ce  naufrage;  et  cela  paraissait  assez 
vraisemblable,  puisqu'en  effet  nous  avons  vu  que  dans  le  principe  il  avait 
dû  s'embarquer  sur  le  Berceau;  depuis,  il  n'avait,  selon  son  habitude,  écrit 
à  persoune. 

Boivin  était  enfin  armé  de  toutes  pièces,  et  VArchirnède  fit  voile  vers 
Madagascar  le  9  mars  1847  :  on  abordaitlel2  à  Sainte-Marie;  c'était  à  peu 
près  l'époque  où  le  Ducouédic  devait  s'y  trouver,  mais  le  commandant  de 
ce  brick  avait  eu,  par  le  contre-amiral  Cécille,  avis  qu'il  allait  être  momen- 
tanément détourné  de  sa  mission  et  envoyé  à  Mayotte  pour  y  procéder  au 
rachat  de  noirs  esclaves  :  or  le  logement  que  le  commandant  avait  d'abord 
destiné  à  Boivin  sur  le  brick  était  occupé  par  un  autre  fonctionnaire  atta- 
ché à  la  mission  temporaire  pour  Mayotte.  Boivin  dut  donc  encore  attendre 
une  autre  occasion  pour  aller  rejoindre  le  Ducouédic,  ce  qui  n'eut  lieu  que 
cinq  mois  plus  tard,  après  une  série  de  courses,  d'ailleurs  très  fructueuses, 


SÉANCE    DU    10   NOVEMBRE    1854.  233 

dans  les  parages  de  Madagascar.  «  Je  pus  enfin,  a  écrit  plus  tard  Boivin, 
»  prendre  à  bord  du  Ducouédic  la  position  et  jouir  des  avantages  dont  on 
«  avait  compté  en   France  me  faire  profiter  aussitôt  après  mon  arrivée  à 

»  Bourbon.  » 

Il  resta  seize  mois  avec  le  Ducouédic,   visitant  successivement  les  Co- 
mores,  les  Seychelles,  Madagascar,  et,  sur  la  côte  occidentale  d'Afrique, 
Zanzibar,  Montbaze,  Brava,  Magadoxa,  etc.  Il  avait  séjourné  aussi  à  l'île 
de  France.  Nous  lisons  dans  une  lettre  de  M.  Bichard  a  M.    Gaudichaud, 
en   date  du  25  janvier  18^8,  écrite  à  la  suite,  d'une  relâche  à  Bourbon  : 
«  M.  Boivin  vient  de  partir,  il  y  a  une  vingtaine  de  jours,  pour  les  îles 
»  Seychelles  et  les  côtes  d'Afrique,  nous  ne  le  reverrons  probablement  qu'au 
»  mois  de  mai  prochain.  Il  a  déjà  visité  la  plus  grande  partie  de  nos  bois. 
»  Il  a   vu   Sainte-Marie    de    Madagascar,    Nossibé,    Mayotte,  Anjouan , 
»  Mohely,  la  grande  Comme,  les  Seychelles  où  il  retourne  en  ce  moment, 
?>  et  Zanzibar.  Il  a   envoyé  des  plantes  en   France.    Il   vous  aura  sans 
»  doute  écrit  avant  de  s'embarquer.  Il   était  en   bonne   santé  et  toujours 
»  intrépide.  » 

A  la  fin  de  18A8,  la  campagne  du  Ducouédic  était  terminée,  et  ce  navire 
allait  rentrer   en   France.  Boivin  n'avait  reçu   de  Paris  aucune  allocation 
nouvelle,  et  il  avait  été,    dit-il  quelque   part,   obligé,   pour  subsister,  de 
recourir  à  l'obligeance  de  ses  amis,  sans  doute  de  MM.  Bernier,  Bichard  et 
Vinchon.  Il  écrivit  alors  a  M.  Febvrier-Despointes  que,  s'il  n'était  pas  aidé 
par  l'administration  locale,  il  serait  obligé  de  retourner  en  France,  «  malgré 
»  le  désir  qu'il  avait,  disait-il,  de  compléter  les  travaux  qu'il  croyait  impor- 
»  tants  pour  la  science  et  susceptibles  d'applications  utiles.  ->  M.  Febvrier- 
Despointes,  ému  de  la  situation  de  Boivin,  dit  une  dépêche  de  ce  comman- 
dant, consentit  à  faire  au  malheureux  voyageur  une  avance,  qui,  plus  tard, 
fut  approuvée  par  M.  Bomain-Desfossés,  alors  ministre.  Il  n'y  avait  rien 
d'étonnant  à  ce  que  Boivin  u'eùt  rien  reçu  de  Paris  :  une  révolution  y  avait 
éclaté  et  les  bureaux,  qui  n'avaient  reçu  de  Boivin  aucun  rapport,  l'avaient 
oublié  ;  il  n'avait  écrit  à  personne,  pas  même  à  M.  Gaudichaud  qui,  depuis 
les  nouvelles  indirectes  qu'il  avait  reçues  par  M.  Bichard,  en  était  réduit 
comme  nous  à  des  conjectures  sur  son  sort.  Cependant  un  premier  envoi  de 
ses  plantes,  contenant  ce  qu'il  avait  recueilli  dans  les  relâches  de  l'Oise 
jusqu'à  Bourbon,  avait  été  reçu  à  Paris  en  avril  18i7;  un  second  envoi 
arriva  en  décembre  18Zi8,  contenant  des  plantes  de  Bourbon,   mais  sans 
aucune  explication.  «  J'ai  vu  au  Muséum,  nous  écrivait  alors  M.  Gaudi- 
»  chaud,  le  second  envoi  de  plantes  de  notre  silencieux  botaniste.  ■>  En 
juillet  1849,  réception  d'un  troisième  envoi,  cette  fois  en  plantes  de  Mada- 
gascar. Boivin  n'avait  donc  pas  péri  avec  le  Berceau!  Cette  certitude  ra- 
nima le  zèle  de  ses  amis  de  Paris.  De  vagues  renseignements  avaient  appris 
qu'il  séjournait  souvent  à  Bourbon,  fort  gêné,  et  qu'il  avait  été  très  malade 


23A  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE   DE    FRANCE. 

par  suite  de  ses  fatigues.  Nous  trouvons,  en  effet,  dans  un  brouillon  de  lettre 
qu'il  avait  préparé  le  31  juillet  1849,  pour  l'administration  du  Muséum  : 
«  Je  suis  revenu  de  mon  voyage  dans  un  état  de  santé  déplorable  ;  un  sé- 
»  jour  de  plus  de  trois  mois  à  Bourbon  ne  m'a  remis  que  très  imparfaite- 
»  ment.  Le  commission  de  santé  avait  reconnu  que  le  changement  d'air  et 
»  un  voyage  à  Salazie  étaient  nécessaires  à  mon  complet,  rétablissement.  » 
Salazie  est  un  canton  de  l'île  Bourbon,  où  existe  un  établissement  médical 
du  gouvernement.  Boivin  ajoute  que  la  faveur  d'y  être  admis  lui  fut  refusée 
parce  que  sa  qualité  d'employé  de  l'État  n'était  pas  suffisamment  démon- 
trée. Le  séjour  charmant  de  Salazie  aurait  probablement  exercé  sur  sa  santé 
une  heureuse  influence.  On  lit  dans  une  notice  trouvée  dans  les  papiers  de 
Boivin  :  «  Depuis  quelques  années  un  nouveau  quartier  s'est  formé  au  centre 
»  de  l*île:  il  est  entouré  de  hautes  montagnes  comme  d'un  rempart  naturel 
»  et  inaccessible  ;  le  sol  y  est  remarquablement  fertile,  l'air  y  est  très  sa  n. 
»  Une  source,  d'eau  thermale  a  été  découverte  dans  ce  vaste  cirque. 
»  L'hiver  y  est  plus  doux  que  celui  de  Toulon,  et  l'été  y  ressemble  à  celui 
»  de  Bordeaux.  » 

Boivin  s'était  pourtant  rétabli  tant  bien  que  mal.  En  janvier  1850,  un 
magnifique  envoi  de  Nossibé,  de  la  côte  nord-est  de  Madagascar  et  de 
Mayotte  nous  rassura  de  nouveau  sur  son  existence.  Nous  fîmes  alors  de 
nom  elles  démarches.  Le  ministère  du  Commerce  promit  d'abord  d'accor- 
der les  fonds  nécessaires  pour  la  continuation  du  voyage,  mais  se 'borna 
ensuite  à  tenir  compte  au  ministère  de  la  Marine  de  l'avance  faite  par 
M.  Febvrier-Despointes.  De  son  côté,  le  Muséum,  sur  la  demande  de 
M.  Brongniart,  accorda  une  nouvelle  subvention.  Enfin  un  ami  fidèle  de 
Boivin  s'efforçait  de  réunir  les  débris  de  son  avoir  eu  France  pour  lui  en 
faire  passer  la  valeur. 

Il  était  aisé  de  juger,  par  le  chiffre  seul  des  numéros  d'ordre  épars  dans 
les  envois  de  Boivin  au  Muséum  et  à  ses  premiers  souscripteurs,  de  l'impor- 
tance des  récoltes  qu'il  s'éiait  réservées.  On  pouvait  concevoir  légitimement 
l'espérance  de  compléter  les  notions  qu'on  avait  déjà  sur  la  végétation  des 
îles  australes  de  l'Afrique,  et  dont  M.  Lasègue  a  présenté  le  tableau  dans 
son  précieux  ouvrage  sur  le  musée  Delessert.  Madagascar  surtout  avait 
excité  l'enthousiasme  de  tous  les  hotanistes  qui  y  avaient  abordé.  Dupetit- 
Thouars,  sur  800  espèces  qu'il  y  avait  récoltées,  en  avait  signalé  500  alors 
nouvelles,  et  ses  successeurs  n'avaient  eu,  pour  ainsi  dire,  qu'à  se  baisser 
pour  en  rapporter  d'autres  nouveautés.  Nous  avions  déjà  remarqué,  dans 
plusieurs  familles  des  plantes  de  Boivin,  des  formes  et  des  détails  d'organi- 
sation d'un  grand  intérêt,  par  exemple  dans  les  Bubiacées,  dans  les  Bixacées 
et  beaucoup  d'autres  ;  la  petite  famille  des  Homalinées  présentait  à  elle 
seule  plusieurs  types  nouveaux  bien  tranchés  :  que  serait-ce  quand  toute 
la  récolte  de  Boivin  serait  rassemblée?  Aucun  de  ses  devanciers,  en  effet, 


SÉANCE    DU    10    NOVEMBRE    185/|.  235 

Flacourt,  Commerson,  Dupetit-Thouars,  Bory  de  Saint-Vincent;  aucun  de 
ses  contemporains,  Pervillé,  Hilsinger,  Bojer,  n'avait  vu  plus  de  localités 
différentes  et  ne  les  avait  revues  plus  souvent.  Aucun,  si  ce  n'est  Dupetit- 
Thouars,  n'y  avait  séjourné  aussi  longtemps.  En  effet,  dans  l'espace  de  six 
années,  Boivin  a  abordé  et  séjourne  plus  ou  moins  longtemps,  savoir  :  à 
Madagascar  et  ses  dépendances,  18  fois,  dont  Nossibé,  8  ;  Sainte-Marie,  7  ; 
Port-Lewen,  1  ;  baie  de  Rigny,  1  ;  baie  de  Diego-Suarez,  1  :  aux  Comores, 
18  fois,  dont  Mayotte,  11;  Anjouan,  S;  Moely,  3  ;  Angazija  ou  grande  Co- 
more,  1  :  aux  Seychelles,  2  fois;  sur  la  côte  d'Afrique,  5  fois;  a  l'île  de 
France,  2  fois;  à  Bourbon,  son  quartier  général,  11  fois. 

Qu'elle  est  pénible  cette  vie  du  naturaliste  voyageur  !  Nous  avons  autrefois, 
à  propos  des  travaux  du  grand  collecteur  de  l'Orient,  d'Aucher  Éloy,  dé- 
crit «  la  tâche  que  s'impose  le  pauvre  naturaliste,  réduit  à  un  mince  pécule, 
»  obligé  d'économiser  pour  la  moindre  dépense,  et  de  suppléer  par  une  ac- 
»  tivité  incessante  et  des  efforts  presque  surhumains  aux  ressources  qui  lui 
»  manquent.  »  La  plupart  des  misères  qui  attendent  le  voyageur  s'enfon- 
çant  résolument  au  sein  d'un  vaste  continent  à  demi  barbare,  et  luttant 
contre  un  climat  dévorant,  Boivin  les  a  subies  pendant  six  ans.  Mais  de 
plus,  le  naturaliste,  devenu  marin  pour  visiter  les  îles  d'un  immense  archi- 
pel et  les  côtes  qui  l'avoisinent,  est  assujetti  à  des  épreuves  particulières.  Il 
partage  à  peu  de  chose  près  les  dangers  du  matelot,  mais  le  mouillage  n'est 
pas  pour  lui  le  temps  du  repos.  Le  voilà  sur  cette  plage  si  désirée  !  il  s'en- 
gage dans  ces  vallées,  sur  ces  montagnes  dont  il  a  rêvé  la  dépouille  ;  la  mul- 
tiplicité des  objets  l'éblouit;  il  voudrait  tout  recueillir  et  il  n'a  que  ses  deux 
mains,  et  tout  au  plus  celles  d'un  matelot  de  bonne  volonté  qui  le  suit.  Quel- 
ques heures  sont  a  peine  écoulées,  et  il  est  déjà  encombré;  que  sera-ce 
au  bout  de  quelques  jours?  Cependant  le  capitaine  ne  lui  a  accordé  qu'un 
temps  limité,  et  de  loin  la  discipline  mêle  sa  voix  sévère  au  murmure 
des  forêts.  Il  faut  songer  a  retourner  a  bord  :  mais  comment  s'arracher  à 
tant  d'objets  attrayants  !  Encore  cette  Orchidée  si  extraordinaire,  qui 
brille  au  milieu  des  rochers,  cette  plante  aquatique  d'une  nature  mysté- 
rieuse à  retirer  du  bassin  où  elle  s'étale,  encore  cette  liane  à  détacher,  qui 
a  logé  sa  pauicule  de  ileurs  au  sommet  des  grands  arbres.  Mais  le  soleil  a 
baissé,  le  naturaliste  aura  a  peine  le  temps  de  regagner  le  canot  qui  doit 
l'attendre  dans  la  crique.  Un  coup  de  canon  l'avertit  que  la  patience  du  ca- 
pitaine se  lasse,  ou  que  l'inconstance  des  vents  le  force  à  mettre  à  la  voile. 
Sera-t-il  abandonne  comme  un  autre  Robinson?  Chargé  de  son  butin,  il 
arrive  enfin  tout  haletant,  il  est  hisse  a  bord,  et  alors  commence  pour  lui 
une  nouvelle  série  de  travaux.  Il  faut  qu'il  prépare  les  plantes  qu'il  vient 
de  rapporter,  qu'il  remanie  les  anciennes,  qu'il  combatte  par  des  soins  inces- 
sants l'inlluence  destructive  de  l'humidité  et  les  ravages  des  insectes.  Tout 
à  l'heure,  il  était  embarrasse  de  l'espace:  à  présent,  qu'il  en  aurait  tant  be- 


236  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

soin,  on  le  lui  mesure  forcément  avec  parcimonie  ;  il  a  aussi  ses  observa- 
tions à  compléter  par  l'analyse  que  la  rapidité  de  l'herborisation  ne  lui 
avait  pas  permis  de  faire,  ses  notes  à  prendre,  sou  catalogue  à  tenir,  et  cette 
besogne,  il  faut  l'accomplir  sur  un  sol  mobile,  au  bruit  de  la  manœuvre,  en 
dépit  des  éléments.  Telle  est  la  botanique  à  la  mer. 

Toutes  ces  difficultés,  inséparables  d'ailleurs  de  la  position,  furent  adou- 
cies, autant  que  possible,  pour  Boivin,  par  la  bienveillance,  la  sympathie 
intelligente,  que  ne  cessaient  de  lui  témoigner  les  commandants  et  les  autres 
officiers  de  la  Marine,  qui  le  reçurent  successivement  à  leur  bord.  Trop 
pauvre  pour  s'écarter  longtemps  de  la  table  de  l'état-major,  il  y  était  traité 
comme  un  naufragé  avec  tous  les  égards  qu'une  politesse  délicate  sait  ac- 
corder au  malheur. 

Une  pareille  existence  ne  pouvait  pas  se  prolonger  plus  longtemps.  En  six 
années,  Boivin  avait  achevé  l'exploration  des  iles  ;  pour  pénétrer  plus  avant, 
par  exemple  dans  l'intérieur  de  Madagascar,  ou  de  la  côte  de  Mozambique, 
il  lui  aurait  fallu  d'autres  moyens.  D'ailleurs,  sa  constitution,  autrefois  si 
vigoureuse,  était  profondément  ébranlée ,  et  il  prit  passage  avec  toutes  ses 
collections  à  bord  du  Chandernagor,  navire  de  la  station  de  Madagascar. 
Son  état  ne  fit  qu'empirer  pendant  la  traversée,  et  le  7  décembre  1852, 
quelques  jours  seulement  après  l'entrée  du  Chandernugor  en  rade  de  Brest, 
il  expira  dans  cette  ville,  à  l'hôpital  de  la  Marine. 

L'amirauté  fit  dresser  l'inventaire  de  tout  ce  qu'il  avait  rapporté  :  les 
ohjets  à  son  usage  personnel  étaient  bien  peu  de  chose;  il  n'y  avait  point 
d'argent,  mais  le  bagage  scientifique  se  composait  de  douze  énormes  caisses. 
Eu  l'absence  de  renseignements  sur  ses  héritiers,  le  tout  fut  expédié  par  le 
préfet  maritime  au  ministère  de  la  Marine,  et  de  là  acheminé  vers  le  Mu- 
séum, vaste  dépôt,  ouvert  à  toutes  les  épaves  de  la  science.  M.  Adolphe 
Biongniart  en  prit  immédiatement  connaissance ,  et  voulut  bien  nous  en 
confier  la  mise  en  ordre. 

La  partie  zoologique,  composée  d'oiseaux  empaillés,  d'insectes,  etc., 
n'avait  pas  une  grande  importance,  et  fut  envoyée  au  département  des  ga- 
leries qu'elle  concernait. 

La  partie  botanique  comprenait  : 

1°  Des  collections  locales  réunies  en  flores  ou  autrement  ; 

2°  Des  doubles; 

3°  Une  collection  de  fruits,  graines,  etc.  ; 

h"  Des  manuscrits. 

Le  tout  fut  placé  sous  la  garde  de  notre  savant  ami  M.  Spach  ,  si  digne 
de  présider,  dans  les  galeries  du  Muséum,  aux  accroissements  continuels 
du  trésor  de  la  Botanique  ;  un  cabinet  spécial  a  reçu  tout  l'héritage  que 
Boivin  nous  a  laissé. 

Les  flores  locales  sont  celles  de  Bourbon  ,  de  l'île  de  France,  de  Mada- 


SÉANCE    DU    10    NOVEMBRE    1854.  237 

gascar  et  ses  dépendances,  de  l'archipel  des  Co  mores,  des  Seychelles,  et  de 
la  côte  orientale  d'Afrique.  Elles  étaient  en  grande  partie  rangées  par  fa- 
milles et  genres,  dans  l'ordre  du  Gênera  plantarum  d'Endlicher;  les 
numéros  d'ordre  répondaient  à  ceux  des  envois  faits  précédemment  au 
Muséum.  En  outre,  quelques  paquets  provenant  de  dons  ou  d'échanges  et 
où  nous  avons  remarqué  le  nom  de  Pervillé,  étaient  exclusivement  relatifs 
aux  environs  de  Bombay,  à  l'Abyssinie,  à  l'entrée  du  golfe  Persique.  Eufin, 
le  jardin  botanique  de  Bourbon,  promenade  habituelle  de  Boivin,  est  repré- 
senté par  un  nombre  considérable  de  plantes. 

Les  doubles  forment  à  eux  seuls  6i  paquets;  à  mesure  que  nous  en  fai- 
sions l'ouverture,  nous  leur  donnions  un  numéro  d'ordre  provisoire  ,  et  le 
tout  a  été  remanié  ensuite  dans  l'ordre  définitif  des  provenances,  par 
exemple  :  pour  Madagascar,  de  1  à  8;  Nossibé,  9  à  13;  Bourbon,  \U  à 
29  (bis),  etc.  Dans  les  cas  douteux,  nous  nous  sommes  aides  de  divers  in- 
dices; c'est  ainsi  que  nous  avons  reconnu  plus  tard  que  les  numéros  61  et 
62  provenaient  des  iles  Comores. 

Une  portion  notable  des  doubles  est  rangée  dans  le  même  ordre  que  les 
flores  locales,  où  il  sera  en  conséquence  facile  de  les  répartir  ultérieurement 
dans  une  certaine  proportion.  Ils  étaient  si  nombreux,  excédaient  tellement 
les  besoins  même  d'échange  du  Muséum,  que  M.  Brongniart,  constitué  juge 
entre  les  droits  de  l'État  et  ceux  de  la  famille  Boivin  ,  nous  a  autorisés  à 
retirer  en  faveur  de  ceux-ci  la  moitié  des  doubles  dans  chaque  paquet, 
travail  minutieux  a  la  suite  duquel  les  collections  particulières  qui  en  pro- 
venaient ont  été  sous-distribuees  par  les  soins  de  M.  Graves,  entre  divers 
acheteurs,  tels  que  MM.  Webb,  Fenzl ,  Boissier,  Parlatore  (pour  l'herbier 
du  grand-duc  de  Toscane/,  de  Franqueville,  comte  de  Rayneval,  ambassa- 
deur à  Borne,  Klotzsch  (pour  l'herbier  de  Berlin),  Hooker  (a  Kew),  Maille, 
Buchinger,  Mougeot,  Lenormand,  Delaunay  et  nous-mêmes.  Evidemment 
Boivin  avait  compté  sur  la  vente  de  ces  doubles  ,  et  il  en  aurait  tiré  un 
parti  bien  autrement  avantageux  ,  s'il  avait  pu  les  étiqueter  lui-même. 

Une  observation  générale  qui  s'applique  à  la  fois  aux  collections  locales, 
aux  doubles,  comme  aux  envois ,  c'est  que  les  échantillons  de  Boivin  sont 
tous  bien  récoltés,  bien  préparés  et  dans  un  état  de  conservation  qui 
étonne,  lorsqu'on  songe  aux  circonstances  défavorables  au  milieu  desquelles 
il  a  si  souvent  opéré. 

La  collection  des  fruits  et  graines  remplira  quelques  lacunes  de  la  galerie 
carpologique  qui  a  reçu  de  si  beaux  développements  par  les  soins  de 
MM.  Brongniart  et  Decaisne  :  nous  avons  connu  le  temps  ou  toute  la  car- 
pologie  du  Jardin  des  plantes  tenait  dans  deux  petites  armoires.  On  remarque 
parmi  les  échantillons  de  Boivin  ,  une  série  de  fruits  de  la  famille  des  Pan- 
danées,  et  un  assez  grand  nombre  de  préparations,  pour  l'analyse,  de  fleurs 
d'Orchidées  dans  l'esprit-de-vin. 

t.  i.  16 


238  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

Les  manuscrits  se  composent  d'itinéraires,  de  listes,  d'étiquettes  et  notes 
et  de  fragments  de  flores  locales. 

Une  liste  générale  comprend  plus  de  5,000  numéros,  y  compris  les  bis, 
ter,  etc.;  il  y  existe  quelques  lacunes  ;  nous  essaierons  plus  tard  d'y  remé- 
dier. Les  listes  seront  alors  à  l'instar  de  celles  que  nous  devons  à  la  patiente 
érudition  de  M.  Graves  ,  pour  tant  d'autres  grandes  collections ,  copiées 
pour  l'usage  des  botanistes  qui  fréquentent  les  galeries  et  de  ceux  qui  pos- 
sèdent des  séries  de  plantes  de  Boivin. 

Beaucoup  d'étiquettes  et  de  notes  éparses,  qu'il  faudra  répartir  plus  tard 
dans  les  collections  ,  contiennent  des  indications  variées  et  même  des  des- 
criptions détaillées  dont  plusieurs  sont  malheureusement  écrites  au  crayon 
et  presque  effacées  ;  elles  ont  été  faites  évidemment  sur  place.  C'est  la  que 
l'on  reconnaît  le  vrai  botaniste  ;  il  est  en  face  de  la  nature  ,  il  faut  qu'elle 
l'inspire  et  qu'il  tire  de  son  propre  fond  tous  les  moyens  de  la  décrire  di- 
gnement. Sa  mémoire,  enrichie  de  longue  main,  est  le  seul  arsenal  qui  lui 
soit  ouvert.  Plus  de  livres  :  il  faut  savoir  tout  lire  dans  la  plante  elle-même  ; 
plus  d'appuis:  il  faut,  marcher  seul  et  marcher  vite.  Aussi  Boivin  ne  res- 
sent-il plus  d'hésitation  ;  il  écrit,  sans  rature,  il  est  sur  son  véritable  ter- 
rain. Matériaux  précieux  !  combien  ne  doit-on  pas  regretter  qu'il  ne  lui 
ait  pas  été  donné  de  les  mettre  lui-même  en  œuvre  !  Il  avait  commencé  à 
tracer  le  plan  d'une  Flore  générale  des  îles  australes  de  ï  Afrique  ;  nous 
voyons  par  la  suscription  de  plusieurs  de  ses  paquets  destinés,  dit-il,  à  la 
publication,  qu'il  y  avait  sérieusement  songé  :  il  existe,  même  dans  ses  pa- 
piers plusieurs  fragments  importants  de  cette  Flore  où  sont  traitées  des  fa- 
milles de  prédilection,  telles  que  les  Fougères,  les  Orchidées,  les  Rubiacées; 
il  se  proposait  d'y  travailler  après  son  retour  en  France,  à  loisir,  dans  une 
position  tranquille,  à  l'abri  du  besoin  ,  et  qui  n'aurait  pu  lui  être  refusée. 
Si,  pour  mettre  la  dernière  main  a  ce  grand  ouvrage  qui  devait,  enfin, 
fonder  sa  réputation,  il  avait  fallu  que  Boivin  retournât  encore  une  fois  sur 
le  théâtre  de  ses  pénibles  explorations,  il  n'aurait  pas  hésité  à  reprendre 
encore  pour  quelque  temps,  mais  cette  fois  mieux  secondé,  le  bâton  et  la 
boite  du  voyageur  naturaliste. 

Il  ne  lui  a  pas  été  donné  de  réaliser  ce  beau  rêve  :  ce  qu'il  n'a  pas  pu  faire 
un  des  maîtres  de  la  science  le  fera  sans  doute  un  jour.  En  attendant,  nous 
essayerons  de  donner  aux  botanistes  une  idée  exacte  des  travaux  de  Boivin 
en  publiant  successivement,  sous  le  nom  de  Beliquiœ,  la  nomenclature  de 
toutes  ses  plantes,  selon  l'ordre  d'Kndlicber.  A  cet  effet,  nous  rapproche- 
rons les  parties  correspondantes  de  ces  diverses  collections.  Toutes  les  indi- 
cations et  les  descriptions  de  la  main  de  Boivin  y  seront  soigneusement 
consignées:  on  peut  le  dire  d'avance,  nous  aurons  rarement  l'occasion  de 
proposer  des  doutes  ou  des  rectifications.  Tout  ce  que  Boivin  avait  réservé 
à  une  détermination  ultérieure,  nous  le  soumettrons  à  un  examen  attentif, 


SÉANCE    DU    10    NOVEMBRE    185/j.  239 

et  nous  n'userons  qu'a  la  dernière  extrémité  du  privilège  accordé  au  premier 
descripteur  d'imposer  des  noms  nouveaux  aux  êtres  qui  lui  paraissent  tels. 
Si  nous  étions  aidés,  nous  pourrions  peut-être  en  même  temps  achever  la 
mise  en  bon  ordre  du  cabinet  des  îles  Australes,  attenant  à  la  grande  galerie. 
Ce  serait  une  question  de  savoir,  et  MM.  les  professeurs  avec  M.  Spach  la 
décideraient,  s'il  convient  d'y  fondre  les  collections  de  Boivin. 

Qu'il  nous  soit  permis,  en  finissant,  de  nous  associer  au  vœu  souvent 
émis,  qui  tend  à  ce  que  des  crédits  plus  larges  soient  ouverts  au  Muséum 
pour  subventionner  les  voyages,  et  pour  en  préparer  méthodiquement  le 
succès.  Nous  voudrions  qu'un  bureau  spécial  fût  organisé  à  l'effet  de  ras- 
sembler, de  classer  et  de  tenir  constamment  à  jour  tous  les  renseignements 
relatifs  à  l'histoire  naturelle  des  contrées  que  le  voyageur  devrait  parcourir, 
de  compulser  les  ouvrages  de  nomenclature  pour  en  extraire  par  contrées 
et  par  séries  naturelles  des  listes  de  tout  ce  qu'il  doit  y  rencontrer,  ce  que 
Boivin  n'a  pas  manqué  de  faire,  autant  qu'il  l'a  pu,  a  Bourbon  pour  son 
usage;  de  centraliser,  enfin,  les  desiderata  des  divers  professeurs.  Le  voya- 
geur, au  moment  de  son  départ,  recevrait,  avec  sa  feuille  de  route  et  l'assu- 
rance d'une  subvention  régulière,  le  cahier  du  bureau  spécial,  et  il  est  aisé 
de  comprendre  combien  ses  travaux  en  seraient  facilités. 

Tl  faut  le  dire  pourtant  :  quels  que  soient  les  secours  que  la  prévoyance 
de  l'État  et  celle  des  particuliers  peut  rassembler,  la  profession  du  voyageur 
naturaliste  restera  toujours  ingrate.  Combien  peu  ont  pu  revoir  leur  patrie, 
et  jouir  en  paix  d'une  aisance,  d'une  considération  si  chèrement  acquises! 
Elle  est  lamentable  la  liste  de  ces  martyrs  de  la  science  :  Aucber  Eloy, 
Douglas  et  tant  d'autres!  Tu  ne  sera  pas  oublié  non  plus,  cher  Jacquemont, 
compagnon  de  nos  premières  courses  dans  la  légion  des  oliviers  et  dans  les 
montagnes  ! 

Sans  doute,  Boivin  n'a  rempli  que  bien  imparfaitement  la  mission  qu'il 
avait  reçue  du  ministre  du  Commerce;  mais  il  a  largement  servi  les  intérêts 
de  la  Botanique  :  ses  collections  sont  la  pour  témoigner  de  son  courage  et 
de  sa  persévérance  ;  il  a  fait  faire  un  grand  pas  à  la  flore  si  désirée  des  iles 
australes  de  l'Afrique.  On  excusera  quelques  travers  dans  son  caractère;  on 
plaindra  ses  malheurs,  et  il  aura  droit  en  particulier  aux  hommages  de  ceux 
qui,  comme  nous,  au  sein  d'une  vie  facile,  sont  désormais  appelés  à  profiter 
de  ses  travaux. 

M.  Fermond  fait  la  communication  suivante  : 

ÉTUDES  SUR  LE  DÉVELOPPEMENT  DES  MÉRITH ALLES  OU  ENTP.E-NŒUDS  DES  TIGES, 
par  M.  Cil.   FERMOND.  (Deuxième  partie.) 

Dans  la  première  partie  de  ce  mémoire,  nous  avons  cherché  à  démontrer 
que  les  organes  de  la  nutrition  subissent  des  déplacements  très   fréquents 


«J^O  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE   DE    FRANCE. 

qui  peuvent  donner  à  la  plante  une  physionomie  ou  des  caractères  diffé- 
rents de  ceux  qu'ils  ont  d'ordinaire.  Nous  pourrions  nous  borner  a  généra- 
liser les  déplacements  qui  se  montrent  sur  les  axes  florifères  ;  mais,  comme 
de  l'examen  de  ces  déplacements  peuvent  résulter  des  explications  faciles 
de  quelques  anomalies  particulières  à  certaines  inflorescences,  nous  avons 
cru  utile  d'entrer  à  ce  sujet  dans  quelques  développements. 

1.  —  PLANTES  A    FEUILLES   OPPOSÉES    OU   VERTICILLEES. 

Chez  les  Phlox,  Veronica,  Antirrhinum,  Lythrum,  Hydrangca,  etc.,  à 
feuilles  opposées,  l'opposition  des  axes  floraux  est  plutôt  l'exception  et  n'est 
sans  doute  que  la  conséquence,  de  l'alternance  qui  arrive  fort  souvent  dans 
les  feuilles.  Dans  le  Lysimachia  vulgaris,  les  axes  floraux  sont  ordinaire- 
ment hélieoïdes,  bien  que  la  disposition  générale  des  feuilles  soit  le  verti- 
eillismeou  l'opposition. 

Les  plantes  à  feuilles  verticillées  dont  les  axes  floraux  sont  pareillement 
"verticillés,  présentent  aussi,  dans  ces  derniers,  de  nombreux  déplacements 
faciles  à  constater  sur  les  Nerium,  les  Eupatorium  [cannabimm,  purpu- 
reurn,  agerotoides),  etc.  Un  grand  nombre  de  plantes  se  trouvant  dans  le 
même  cas,  nous  avons  cru  inutile,  d'insister  sur  ces  déplacements  que  nous 
dirons  être  généralement  plus  fréquents  qu'on  ne  l'avait  supposé. 

Parmi  les  inflorescences,  celles  qui  nous  ont  paru  être  les  plus  propres  à 
démontrer  l'importance  de  ces  déplacements  sont,  sans  contredit,  celles  des 
Sambucus,  Viburnum,  Cornus,  etc. 

Dans  le  Sambucus  nigra,  l'inflorescence  constitue  une  «me  (1)  formée  par 
quatre  axes  floraux  verticillés   autour  d'un  axe  central.   Cette  disposition 
présente  plusieurs  anomalies.  Ainsi  parfois  l'axe  principal  en  s'allongeant, 
laisse  au-dessous  de  lui  un  ou  plusieurs  axes  secondaires,   de  sorte  que  la 
tète  de  l'inflorescence  n'est  plus  formée,  outre  le  pédicule  central,  que  de 
deux  pédoncules  opposés  ;  mais  on  retrouve  au-dessous  deux   autres  axes 
floraux  opposés,  qui  sont  évidemment  ceux  qui  appartiennent  au  verticille 
incomplet  supérieur.  En  continuant  d'appeler  mérithalle  ou  entre-nœud  la 
portion  d'axe  qui  sépare  les  axes  florifères,  on  reconnaît  ici  qu'il  s'est  formé 
un  mérithalle  qui  n'existe  pas  dans   la  fleur  normale.  Or  ce  cas,    qui   est 
l'exception  pour  le  .S',  nigra,  devient  la  forme  normale  de  l'inflorescence  du 
S.  Ebulus.  Au  contraire,  chez  cette  dernière  espèce,  nous  avons  trouvé  ce 
mérithalle  si  court,  que  l'inflorescence  revenait  a  celle  du  S.  nigra.  Les 
Viburnum  Lantana,  acuminatum  et  Tinus  nous  ont  offert  un  phénomène 

analogue. 

Chez  les  Cornus  l'inflorescence  se  fait  d'ordinaire  par  opposition  alter- 
nante des  axes  floraux  ;  il  en  résulte  une  cime  analogue  à  celle  du  S.  Ebu- 

(1)  Nous  conservons  ici  l'ancienne  dénomination  de  celte  sorte  d'inflorescence. 


SÉANCE    DU    10    NOVEMBRE    185/j.  '2!\1 

lus,  mais  quelquefois  le  premier  mérithalle  floral  avorte,  et  l'on  retrouve  la 
cime  de  quatre  rayons  verlicillés  du  S.  niyra.  Quelque  chose  de  semblable 
se  passe  clans  les  inflorescences  des  Hydrangea. 

Ainsi  l'inflorescence  des  Sambucus.  Viburnum,  Cornus  et  Hydrangea  nous 
parait  appartenir  à  un  mêmemode  déformation  :  aussi  les  modifications  té- 
ratologiques  que  l'on  voit  chez  l'un  peuvent-elles  se  retrouver  chez  les  autres. 
En  effet,  dans  le  Sambucus  nigra,  le  verticille  floral  est  quelquefois  de  trois 
rayons:  alors,  ou  bien  l'on  retrouve  à  la  place  de  celui  qui  manque  un 
tubercule  indiquant  l'atrophie  du  quatrième  ;  ou  bien  encore  la  place  reste  va- 
cante, maison  trouve  en  dessous  un  axe  solitaire  qui  est  évidemment  celui  qui 
aurait  du  se  porter  plus  haut/pour  compléter  le  verticille  floral.  D'autres  fois, 
l'un  des  deux  axes  floraux  inférieurs,  dans  le  cas  où  les  axes  se  séparent  du 
verticille,  au  lieu  de  se  développer  en  fleurs,  se  développe  en  feuilles,  de 
sorte  ques'il  arrivait  que  l'axe  floral  opposé  se  développât  aussi  en  feuilles,  on 
pourrait  croire  à  l'avortement  de  ces  deux  axes  floraux,  alors  qu'ils  se  se- 
raient arrêtés  en  chemin  et  transformés  en  feuilles.  Il  en  est  de  même  du 
Cornus  alba.  L'explication  de  ce  phénomène  nous  parait  très  simple.  En  res- 
tant au-dessous  du  point  où  ils  auraient  dû  se  trouver  pour  constituer  le 
verticille,  ces  deux  axes  floraux  ont  obéi  chacun  a  une  force  vitale  diffé- 
rente :  l'un  a  la  plus  énergique  qui  forme  la  feuille,  l'autre  a  la  plus  faible 
qui  forme  les  fleurs. 

II.  PLAXTES    A    FEUILLES   ALTERNES    OU    11ÉLICOÏDÉES. 

r 

Au  contraire  de  ce  que  nous  venons  de  voir  chez  les  végétaux  à  feuilles 
opposées  ou  verticillées,  nous  trouvons  ici  les  axesfloraux  qui  d'alternes 
qu'ils  sont  d'ordinaire,  se  rapprochent  et  forment  des  mérithalles  très  courts 
a  côté  d'autres  beaucoup  plus  allonges;  souvent  même  plusieurs  axes  se 
groupent  pour  commencer  un  verticille  qui  se  complète  quelquefois.  C'est 
ce  que  nous  avons  pu  constater  sur  les  Aconitum  Napellus,  Lycoctonum  et 
hebegynum  ;  le  Delphinium  Rc'qulenii  ;  les  Reseda  alba,  lutea,  luteola  et 
odorata  ;  les  Campanula  bononiensis  etpyramidalis,  etc.  L'inflorescence  des 
Lupinus  présente  ces  déplacements  à  un  plus  haut  degré.  En  effet,  celle  du 
L.  mutabilis  peut  être  considérée  ou  comme  verticillaire  avec  déplacement, 
ou  comme  alterne  arrivant  fréquemment  au  verticillisme.  Cette  disposition 
est  bien  plus  prononcée  et  plus  souvent  répétée  dans  le  L.  nanus,  chez  lequel 
les  verticilles  sont  à  la  fois  complets  et  incomplets;  mais  alors  on  retrouve 
souvent  au-dessus  ou  au-dessous  les  parties  séparées  qui  manquent  au  ver- 
ticille. 

Cette  tendance  au  verticillisme  peut  être  facilement  constatée  dans  les 
Ombellifères  et  les  Araliacées.  Ordinairement,  indépendamment  de  l'om- 
belle terminale,  de  l'aisselle  des  feuilles  s'élève  un  pédoncule  qui  porte  \u\ 


11x1  SOCIÉTÉ    KOTANIQUE    DE    FRANCE. 

système  de  fleurs  en  ombelles;  mais  chez  quelques  individus,  ces  axes  llo- 
raux  se  rapprochent  en  verticille  plus  ou   moins  complet,  pour  constituer 
une  ombelle  gigantesque.  Chez  les  Heracleum  angystifolium  et  flavescens 
nous  avons  trouvé  trois  et  quatre  de  ces  axes  floraux  partant  d'un   même 
plan  et  placés  autour  de  l'axe  primaire.  Il  était  aisé  de  voir  alors  que  deux 
ou  trois  de  ces  axes  étaient  portés  d'un  même  côté,  tandis  qu'un  autre  seul 
leur  était,  pour  ainsi  dire,  opposé.  Le  verticille  était  incomplet,  mais  on 
pouvait  reconnaître  directement  au-dessous  les  axes  floraux  qui  s'étaient 
arrêtés  en  chemin  et  qui  auraient  dû  occuper  les  places  vacantes  du  verticille. 
Le  Molopospermum  cicutarium,  dans  un  cas,  nous  a  présenté  deux  axes 
floraux  placés  en  haut  de  chaque  côté  de  l'axe  qui  porte  l'ombelle  centrale  et 
partant  d'un  même  plan  et,  au-dessous,  quatre  autres  axes  floraux  formant 
un  verticille  incomplet,  mais  se  complétant  parfaitement  par  les  deux  axes 
précédents.  Dans  un  autre  exemple,  nous  avons  trouvé,  partant  du  même 
plan  autour  de  l'axe  central,  trois  axes  floraux  formant  un  verticille  incom- 
plet, mais  dont  le  complément  se  trouvait  dans  trois  axes  floraux  étages  les 
uns  au-dessus  des  autres  et  séparés  par  des  mérithalles  plus  ou  moins  courts, 
de  sorte  qu'en  les  élevant  en  ligne  droite,  par  la  pensée,  le  verticille  se  trou- 
vait très  régulièrement  complété.    Une   variété  du   même  Molopospermum 
nous  a  offert  un  verticille  incomplet  formé  par  cinq  axes  floraux,  que  deux 
autres  axes  presque  opposés  et  placés  plus  bas  pouvaient,  en  s'élevant,  ve- 
nir compléter. 

Des  observations  analogues  nous  ont  été  offertes  par  le  Levisticum  offici- 
nale, le  Ferula  glauca,  YAngelica  sylvestris,  Y  Archangelica  officinal is.  et 
par  les  Laserpitium.  Dans  le  Ferula  communis,  nous  avons  trouvé  des  ver- 
ticilles  complets  formés  de  cinq  axes  floraux,  mais  le  verticillisme,  qui  est 
ici  l'exception,  devient,  au  contraire,  la  règle  dans  les  Ferula  Ferulago, 
Opopanax  Chironium,  Peucedanum  verticillare.  Dans  les  Aralia,  cette  ten- 
dance au  verticillisme  nous  a  paru  manifeste.  D'hélicoidés  que  sont  plus 
particulièrement  les  axes  floraux  dans  V Aralia  japonica,  ils  sont  plus  sou- 
vent opposés  ou  verticillésdans  Y  Aralia  rcteemosa  et  presque  toujours  ver- 
ticillés  dans  l'A.  edulis. 

L'étude  des  axes  floraux  des  Euphorbia  fait  reconnaître  que,  tandis  que 
YE.  Helioscopia  n'offre  que  cinq  axes  floraux  disposés  en  une  ombelle  ter- 
minale, les  Euphorbia  sylvatica,  hyberna,  virgata,  valentina,  etc.,  présen- 
tent, à  part  l'ombelle  terminale,  im  grand  nombre  d'axes  secondaires  héli- 
coïdés  qui  semblent  conduire  au  verticillisme  en  passant  par  YE.  Paralias 
chezjequel  ces  axes,  indépendamment  du  verticille  terminal,  sont  souvent 
rapprochés  en  verticilles  incomplets. 

Parmi  les  monocotylédones,  nous  avons  trouvé  cette  tendance  au  verti- 
cillisme, particulièrement  chez  les  Graminées  ,  les  Alstrœmeria,  les  Vera- 
trum,  les  Yucca,  etc. 


SÉANCE    DU    10    NOVEMBRE    1854 .  243 

Enfin,  les  verticilles  floraux  eux-mêmes  ne  sont  pas  exempts  de  déplace- 
ments comme  le  prouvent  certains  exemples  deLilium  candidum,  de  Tulipa 
Gesneriana,  de  Roses  prolifères  et  de  Juliennes,  chez  lesquels  l'axe  floral, 
plus  allongé  que  d'ordinaire,  portait,  disposés  en  hélice,  les  organes  floraux 
plus  ou  moins  modifiés.  M.  Moquin-Tandon  (Eléments  de  tératologie  végé- 
tale) cite  aussi  le  fait  ohservé  par  Boivin,  d'un  Arenaria  trtraquetra ,  dans 
lequel  tous  les  verticilles  floraux  étaient  changés  en  spirales  imparfaites. 
Ces  exemples  ne  sont  que  le  passage  exceptionnel  des  verticilles  floraux  des 
espèces  précitées  à  la  disposition  hélicoïdale  normale  des  parties  de  la 
fleur  :  calice  des  Camellia,  étamines  et  carpelles  des  Liriodendron,  des 
Magnolia,  etc. 

Mais  si  les  organes  appendiculaires  passent  de  l'alternance  au  verticil- 
lisme  ou  à  l'opposition  et  réciproquement  de  l'opposition  ou  du  verticil- 
lisme  à  l'alternance,  il  nous  semble  qu'il  doit  y  avoir  une  différence  entre 
les  mérithalles  de  l'un  ou  de  l'autre  cas.  Par  exemple,  nous  rappellerons 
l'anomalie  du  Polygonatum  verticillatum  ,  dans  lequel  deux  feuilles  du 
verticille  supérieur  sont  restées  en  chemin  au  milieu  du  mérithalle  nette- 
ment délimité  par  le  verticille  supérieur  et  le  verticille  inférieur.  Si  l'on 
nomme  entre-nœud  ou  mérithalle  l'espace  compris  entre  les  deux  verticilles, 
il  nous  semble  juste  de  ne  pas  donner  le  même  nom  à  chacune  des  parties 
du  mérithalle  qui  sont  séparées  par  les  deux  feuilles  arrêtées  ainsi  en  che- 
min. Comme  l'opposition  ou  le  verticillisme  détermine  souvent  des  nodo- 
sités très  prononcées  aux  extrémités  des  mérithalles  ,  et  pour  n'employer 
que  les  mots  déjà  en  usage,  il  nous  a  semblé  que  l'on  pourrait  nommer 
entre-nœuds  les  portions  de  tige  comprises  entre  les  organes  appendicu- 
laires opposés  ou  verticilles,  et  reserver  le  nom  de  mérithalles  pour  celles 
qui  sont  comprises  entre  deux  organes  appendiculaires  consécutifs,  lorsque 
ces  organes  sont  alternes  ou  hélicoïdés.  Mais  alors  quelle  est  la  quantité  de 
mérithalles  qui  correspondrait  à  l'entre-nœud  ? 

Pour  des  considérations  que  nous  développerons  ultérieurement,  et  d'ail- 
leurs nous  nous  écartons  peu  des  idées  reçues,  il  nous  semble  que  le  type 
normal  de  la  verticillarite  est  le  nombre  3,  et  que  par  conséquent  chaque 
hélicule,  composé  de  trois  organes  appendiculaires,  doit  être  considéré 
comme  l'équivalent  de  l'entre-nœud.  En  effet ,  supposons  que  le  Nerium 
Oleandrr,  dont  les  organes  appeudiculaires  sont  verticilles  par  3,  change  de 
forme  par  le  déplacement  hélicoïdal  de  ces  parties.  Pourvu  que  ce  chan- 
gement ait  lieu  toujours  dans  le  même  ordre,  n'est-il  pas  clair  que  nous  ar- 
riverions à  la  disposition  2/6,  c'est-à-dire  qu'après  deux  helicules  ou  tours 
d'hélice,  la  septième  feuille  se  trouverait  en  ligne  droite  placée  sur  la  pre- 
mière prise  comme  base  de  l'observation?  Mais  nous  avons  vu  que  les  dépla- 
cements peuvent  aussi  avoir  lieu  latéralement,  et  la  disposition  2/6  s'écarte 
peu  de  la  forme  2/5  ou  quincouciale.  De  plus,  nous  avous  vu  encore  que  la 


'Illà  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

décussation,  par  un  déplacement  analogue,  conduisait  pareillement  à  l'ordre 
quinconcial  :  par  conséquent,  nous  pensons  que  la  disposition  quinconciale 
des  organes  appendiculaires  pourrait  bien  ne  devoir  être  regardée  que  comme 
un  état  intermédiaire  entre  l'opposition  et  le  verticillisme  par  3,  mais  avec 
déplacement  longitudinal  et  latéral.  Or  la  forme  quinconciale  esta  peu  près 
celle  qui  domine  dans  la  disposition  hélicoïdale  des  organes  appendiculaires; 
donc  nous  devons  croire  que,  dans  la  pluralité  des  cas,  3  mérithalles  d'or- 
ganes hélicoidés  sont  l'équivalent  d'un  entre-nœud. 

Si  nous  ne  nous  abusons,  nous  croyons  avoir  démontré  dans  cette  seconde 
partie  : 

1°  Que  les  axes  florifères  sont  capables  de  déplacements  tout  aussi  fré- 
quents que  les  organes  de  la  nutrition  ; 

2°  Que  l'on  pourrait  aisément  ramener  au  verticillisme,  avec  déplace- 
ment, les  axes  secondaires  d'un  grand  nombre  d'inflorescences,  particuliè- 
rement de  celles  des  Ombellifères,  des  Arolia,  des  Euphorbia,  etc. 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


PHYSIOLOGIE  VEGETALE. 

Formation  «les  vaisseaux  [filets  radiculaires  de  quelques  auteurs) 
au-dessous  «les  bourgeons  soit  adventifs ,  soit  nor- 
maux, isolés  par  des  décortications,  etc.,  par  M.  A.  Trécul. 

{Annales  des  sciences  natur.,  Botan.  ,  Ue  série,  t.  Ier,  p.  M-64,  tab.  7-9.) 

L'étude  anatomique  et  la  formation  des  filets  radiculaires  ou  griffes  radi- 
culaires de  MM.  Du  Petit-Thouars  et  Gaudichaud,  qui  se  développent  nu- 
dessous  des  bourgeons  adventifs  ou  des  bourgeons  normaux  isolés  de  tous 
les  autres  par  des  décortications  ou  autrement,  a  paru  a  M.  Trécul  un  des 
phénomènes  les  plus  propres  à  éclairer  les  points  en  litige  de  l'accroissement 
en  diamètre  des  végétaux  dicotylédones  ligneux.  Ce  botaniste  s'est  donc  livré 
à  ces  recherches  après  avoir  étudié  la  production  des  divers  éléments  du 
bois. 

C'est  avec  des  matériaux  fournis  par  M.  Gaudichaud  lui-même,  et  avec 
ceux  que  l'auteur  a  obtenus  d'expériences  faites  au  Jardin  des  Plantes  de 
Paris,  qu'il  a  cherché  à  démontrer  que  les  organes  regardés  par  MM.  Du 
Petit-Thouars  et  Gaudichaud  comme  des  fibres  radiculaires  descendant  des 
bourgeons,  ne  sont  pas  des  racines,  mais  des  vaisseaux  d'une  composition 
toute  spéciale  développés  sous  l'influence  des  circonstances  toutes  particu- 
lières dans  lesquelles  les  plantes  ont  été  placées  par  l'expérience. 

M.  Trécul  avait  déjà  vu,  en  1846,  que  des  vaisseaux  précèdent  l'appa- 
rition de  tout  organe  foliacé,  dans  la  formation  des  bourgeons  adventifs; 
il  constate  de  nouveau  ce  fait  dans  son  travail,  et  il  en  conclut  que  ces  vais- 
seaux, qui  se  prolongent  dans  les  feuilles  nées  plus  tard,  ne  sont  pas  envoyés 
par  celles-ci  pour  accroître  le  diamètre  du  tronc.  Ces  vaisseaux  se  multi- 
plient à  mesure,  que  le  bourgeon  grandit;  ils  sont  étendus  dans  toutes  les 
directions  à  la  base  des  bourgeons,  dont  ils  semblent  réellement  descendre. 
Ce  sont  des  vaisseaux  de  même  nature  qui  simulent  aussi  des  racines  sous 
la  lame  d'écorce  ménagée,  quand  on  fait  une  décortication  en  hélice  autour 
d'un  tronc,  ou  quand  on  fait  à  un  arbre  des  incisions  horizontales  profondes 
qui  modifient  le  cours  des  sucs  descendants,  en  traversant,  de  cellule  en 
cellule,  les  jeunes  tissus  corticaux.  Les  cellules  dont  ceux-ci  sont  formés, 
nourries  de  la  sorte,  s'étendent  horizontalement,  suivant  le  rayon  de  la 


2/16  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

plante,  puis  se  divisent  verticalement  en  plusieurs  qui  constitueront  les  divers 
éléments  du  bois. 

C'est  aux  dépens  de  ces  jeunes  éléments  ligneux  que  sont  produits  ces 
vaisseaux  sinueux  qui  ont  été  pris  pour  des  racines  descendant  des  feuilles. 
Ce  sont  de  telles  fibres  ligneuses,  plus  ou  moins  avancées  dans  leur  dévelop- 
pement, qui  se  sont  métamorphosées  en  vaisseaux,  qui  se  sont  vascularisées. 
C'est  pourquoi,  si  l'expérience  a  été  faite  lorsque  ces  cellules  avaient  acquis 
déjà  un  accroissement  considérable,  on  trouve  les  vaisseaux  formés  de  longues 
cellules  ligneusesdevenuesponctuéesou  réticulées,  et  conservant  leur  forme  et 
leur  position  verticale,  quelle  que  soit  la  direction  du  vaisseau.  Elles  se  sont 
quelquefois  plus  ou  moins  dilatées  et  sont  traversées  par  la  cavité  vasculaire, 
de  haut  en  bas,  dans  les  parties  où  le  vaisseau  est  vertical,  et  transversale- 
ment, là  où  il  est  horizontal.  Si,  au  contraire,  l'opération  a  été  pratiquée 
lorsque  toutes  les  cellules  étaient  fort  jeunes,  les  vaisseaux  sont  composés  de 
cellules  ordinaires  non  encore  allongées  en  fibres  ligneuses  ;  mais,  dans  tous 
les  cas,  les  éléments  des  vaisseaux  dont  il  est  ici  question  sont  semblables, 
par  leur  forme,  aux  cellules  du  tissu  environnant. 

Les  utricules  qui  se  sont  vascularisées  ont  acquis  plus  de  consistance  que 
celles  qui  les  entourent;  aussi  se  contractent-elles  moins  qu'elles  par  la 
dessiccation,  quand,  par  la  macération,  on  enlève  l'écorce  pour  voir  ce  qui 
s'est  passé.  C'est  alors,  après  la  contraction  des  cellules  voisines,  que  ces 
cellules  vascularisées  apparaissent  comme  des  racines  rampant  à  la  surface 
du  corps  ligneux. 

M.  Trécul  cite  et  figure  des  exemples  variés  à  l'appui  de  sa  démonstration. 

Ce  mémoire  contient  en  outre  une  théorie  de  la  greffe. 

Partant  encore  d'une  expérience  de  M.  Gaudichaud,  dans  laquelle  une 
racine  de  Peuplier  avait  été  déterrée  dans  sa  partie  moyenne  et  entiè- 
rement coupée  transversalement,  puis  les  deux  parties,  maintenues  vis-à-vis 
l'une  de  l'autre  au  moyen  d'attelles,  entourées  de  mousses  et  recouvertes 
ensuite  de  terre,  il  décrit,  la  manière  dont  la  soudure  s'est  opérée. 

Un  bourrelet  considérable  s'était  formé  au  bord  de  la  plaie  supérieure,  un 
autre,  moins  fort,  au  bord  de  la  plaie  inférieure,  et  les  deux  moitiés  de  la 
racine  s'étaient  greffées.  Suivant  les  partisans  des  racines  descendantes ,  ce 
sont  les  filets  radiculaires  venant  des  feuilles,  qui,  arrivés  au  contact  du 
tronçon  inférieur,  ont  pénétré  entre  le  bois  et  l'écorce  de  celui-ci,  ont  con- 
tinué leur  marche  descendante  dans  la  partie  inférieure  de  la  racine,  et  qui 
ont  ainsi  opéré  la  greffe. 

Suivant  M.  Trécul,  les  tissus  utriculaires  des  bourrelets  produits  aux 
bords  de  chacune  des  plaies,  arrivés  en  contact,  se  soudent  sur  tout  le  pour- 
tour ou  sur  une  partie  seulement  de  la  circonférence.  Cette  greffe,  opérée 
par  le  tissu  utriculaires,  se  consolide  par  la  transformation  d'une  partie  des 
cellules  nouvelles  en  cléments  fibro-vasculaires.  transformation  que  l'auteur 


REVUE    BIBLIOGRAPHIQUE.  2/»7 

a  vue  s'effectuer  aussi  daus  des  lames  d'écorce  et  dans  les  excroissances  qui 
naissent  sur  le  bois  décortiqué. 

Les  greffes  ordinaires  s'expliquent  de  la  même  manière.  Dans  la  greffe 
en  fente,  par  exemple,  des  bourrelets  se  forment  sur  les  bords  de  la  fente 
du  sujet,  il  s'en  développe  aussi  sur  les  bords  des  jeunes  tissus  ou  couche 
génératrice  de  la  greffe;  ces  bourrelets,  formés  de  tissus  naissants,  se  sou- 
dent; des  vaisseaux  et  des  libres  ligneuses  naissent  dans  leur  intérieur.  Les 
nouvelles  productions  ligneuses  et  corticales  recouvrent  ensuite  peu  à  peu  la 
troncature  du  sujet,  qui,  au  bout  de  quelques  années,  n'est  manifestée  à 
l'extérieur  que  par  un  renflement  qui  existe  ordinairement  en  cet  endroit. 

La  reprise  de  la  greffe  en  ecusson  ne  diffère  des  deux  précédentes  qu'en 
ce  que  les  cellules  génératrices  de  la  greffe  sont  mises  en  contact  plus  immé- 
diat avec  les  cellules  génératrices  du  sujet.  La  soudure  s'opère  absolument 
de  la  même  manière,  et  le  développement  ultérieur  est  identique;  c'est  celui 
d'un  bourgeon  adventif. 

Mémoire  sur  la  germination  «le  quelques  Hépatiques  $ 

par  M.  Johannes  Graenland,  d'Altona.  (Annal,  desscien.  natur.,  Botan., 
Ziesér.,  t.  I,n°  1,  p.  5-29,  pi.  I  à  VI.) 

L'auteur  de  ce  mémoire  intéressant  donne  d'abord  l'historique  des  essais 
qui  ont  été  faits  pour  obtenir  et  pour  étudier  la  germination  de  diverses 
Hépatiques;  il  rappelle  les  travaux  que  uous  devons  sur  ce  sujet  à  Hedwig, 
Nées  d'Esenbeck,  Bischoff,  Corda,  Mirbel,  Schleiden,  Gottsche  et  Hof- 
meister,  travaux  qui  sont  bien  loin,  il  faut  le  dire,  d'avoir  épuisé  la  matière, 
et  parmi  lesquels  les  plus  complets  sont  ceux  de  M.  Gottsche  sur  le  Pellia 
epiphylla,  le  Blasia  pusilla,  le  Preissia  commutata,  le  Jungermannia  bi- 
crenata,  et  de  M.  Hofmeister  sur  le  Pellia,  le  Frullania,  le  /{adula,  les 
Jungermannia  bicuspidata  et  divaricata,  le  Lophocolea  heterophylta  et  le 
Iliccia  glauca.  Il  expose  ensuite  la  méthode  qu'il  a  suivie  pour  ses  propres 
expériences  et  recherches.  Il  faisait  ses  semis,  pour  chaque  espèce,  séparé- 
ment 1"  dans  le  sol  naturel  humecté,  2°  dans  du  sable  blanc  mouillé,  j°  sur 
du  papier  brouillard  humide;  il  couvrait  ensuite  d'une  cloche  de  verre  pour 
entretenir  constamment  humide  l'atmosphère  sous  l'influence  de  laquelle 
se  trouvaient  les  spores  semées.  En  comparant  entre  elles  les  plantules  ob- 
tenues dans  ces  différentes  conditions,  il  a  constaté  que  la  germination  avait 
lieu  de  la  même  manière.  Les  espèces  dont  il  décrit  la  germination  sont  les 
suivantes  :  Sarcoscyphus  Funckii  N.  ah  E.,  Alicularia  scalaris  Corda, 
Jungermannia crenulata  Sm. ,  J.  bicuspidata  Lin. ,  Radula  complanata  Dum. , 
Pellia  epiphylla  N.  ab  E. ,  Blasia  pusilla  Lin.,  Lunularia  vul g  ari s  Mich. , 
Marchant ia  polymorpha  Lin.,  Preissia  commutata  N.  ab  E.,  Anthoceros 
lœuis  Lin.  Voici  les  résultats  généraux  de  ces  intéressantes  recherches. 


'2!\H  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

«  Si  nous  comparons  entre  elles  les  diverses  observations  ci-dessus  rap- 
portées, nous  verrons  que,  dans  tous  les  cas,  il  se  forme  dès  le  principe  un 
corps  cellulaire  qui  sert  de  base  à  la  jeune  plante  sans  qu'il  y  ait  parité 
entre  leurs  formes  respectives,  ni  métamorphose  lente  de  l'un  dans  l'autre, 
ni  le  même  rapport  entre  eux  qu'entre  un  axe  et  les  feuilles  qu'il  porte.  Chez 
les  Jungermanniées  frondiformes  et  les  Marchantiacées,  cette  formation 
initiale  ne  se  distingue  pas  aussi  exactement  de  la  plante  qui  en  procède 
plus  tard  que  chez  les  Jungermanniées  foliifères;  elle  y  est  cependant  tou- 
jours reconnaissable.  Je  ne  voudrais  pas  donner  au  même  corps  le  nom  de 
proembryon.  Un  proembryon,  selon  moi,  est  une  formation  primitive  qui 
porte  des  organes  particuliers  appelés  archégones,  et  dans  lesquels  s'en- 
gendrent de  jeunes  plantes  parfaitement  semblables  à  la  plante  mère, 
comme  nous  le  voyons  chez  les  Equisétacées,  les  Lycopodiacées,  les  Fou- 
gères, etc.  Il  me  semble  préférable  d'appliquer  le  nom  déjà  usité  de  Pro- 
tonema htoutes,  les  formations  primordiales  qui,  chez  les  autres  Cryptogames 
phyllophores,  servent  de  base  à  la  jeune  plante  sans,  au  préalable,  produire 
d'archégones. ...  On  pourrait,  d'après  le  mode  de  leur  germination,  grouper 
les  Hépatiques  dont  j'ai  parlé  et  leurs  analogues  de  la  manière  suivante  : 

»  1°  Alicularia  scalaris  et  Jungermannia  crenulata  Lin.  Les  spores  de 
ces  espèces  se  transforment  en  petites  masses  de  tissu  cellulaire  de  forme 
globuleuse  ou  ovoïde  et  à  surface  tuberculeuse,  qui,  longtemps,  eu  général, 
avant  toute  apparence  de  formation  axile,  donnent  naissance  à  plusieurs 
radicules.  Les  feuilles  des  plantes  adultes  sont  entières. 

»  2°  Sarcoscyphus  Funckii,  Jungermannia  bicrenata  Ldbg,  J.  bicuspi- 
data,  J.  divaricata  Engl.  Bot.,  Lophocolea  heterophylla.  Ces  espèces  com- 
mencent par  un protonema  formé  de  fds  cloisonnés  longs  et  ramifiés,  c'est- 
à-dire  qui  ressemble  d'une  manière  frappante  à  celui  des  Mousses.  Il  n'y  a 
point  production  de  radicules  avant  la  formation  de  l'axe  de  la  jeune  plante. 
Les  individus  adultes  ont  des  feuilles  plus  ou  moins  découpées. 

»  3°  Radula  complanata  et  Frullania  dilatata.  Le  protonema  de  ces  Hé- 
patiques affecte  la  forme  d'un  disque  ou  d'une  lentille,  et  donne  naissance 
vers  son  extrémité  à  deux  feuilles  opposées,  tandis  que  sa  face  inférieure 
émet  des  radicules  courtes  à  membrane  très  épaisse.  Ces  espèces  ont  entre 
elles,  à  l'état  adulte,  une  grande  ressemblance,  et  croissent  l'une  et  l'autre 
sur  l'écorce  des  arbres. 

»  h°  Pelliaepiphylla,  Blasia  pusilla  et  Jungermannia  frondosa  N.  abE., 
Lunularia  vulgaris,  Marchanda polymorpha,  Preissia  commutata  et  Mar- 
chantiaceœ  universœ,  Anthoceros  lœvis.  La  germination  de  toutes  ces  Hépa- 
tiques a  lieu  par  le  fait  de  la  métamorphose  du  corps  même  de  la  spore  en 
protonema,  ou  bien  celui-ci  se  développe  dans  l'extrémité  d'un  tube  qui  ré- 
sulte de  l'élongation  de  l'endospore.  » 

IVJ.  Groenland  termine  son  mémoire  par  quelques  réflexions  sur  l'importance 


REVUE   BIBLIOGRAPHIQUE.  2/jO 

qu'aurait  pour  la  science  la  culture  des  Hépatiques  dans  les  jardins  bota- 
niques. L'expérience  lui  a  prouvé  que  cette  culture  ne  présente  aucune 
difficulté  :  qu'il  suffit  de  recueillir  a  la  campagne  des  gazons  encore  mé- 
diocrement avancés  dans  leur  développement,  et  de  les  cultiver  avec  soin 
dans  son  cabinet  en  les  plaçant  dans  des  boites  de  fer-blanc  vitrées,  un  peu 
plates,  dans  lesquelles  il  est  facile  d'entretenir  une  humidité  constante.  On 
peut  même  se  faire  expédier  de  très  loin  des  Hépatiques  vivantes,  sans  avoir 
à  craindre  qu'elles  périssent  dans  le  voyage.  Déjà  des  essais  heureux  ont 
été  faits  au  Jardin  des  plantes  de  Paris,  et  il  serait  aisé  et  peu  coûteux  d'en 
entreprendre  ailleurs. 

Sur  la  possibilité  «le  féconder  «les  ovules  après  l'enlè- 
vement «In  stigmate,  par  le  docteur  J.-D.  Hooker  (Gardener's 
Chronicle,  30  septembre  1854). 

L'été  passé,  dit  le  docteur  Hooker,  je  fus  porté  à  faire  quelques  expé- 
riences sur  la  possibilité  d'effectuer  la  fécondation  chez  des  plantes  phané- 
rogames, sans  l'intervention  du  stigmate;  en  d'autres  termes,  à  essayer  de 
fertiliser  les  ovules  enfermées  dans  un  ovaire,  par  l'application  directe 
du  pollen  sur  le  micropyle.  Après  divers  essais  de  cette  nature  qui  fail- 
lirent aussitôt  par  suite  du  dessèchement  rapide  des  ovules  au  contact  de 
l'air,  il  me  vint  à  l'idée  que  j'atteindrais  plus  facilement,  le  but  en  provo- 
quant la  nature  elle-même  à  agir  dans  cette  voie.  Je  choisis  donc  trois 
espèces  qui,  à  cause  de  leurs  ovaires  à  larges  cavités,  leurs  ovules  nom- 
breux, et  la  disposition  favorable  de  leur  périanthe,  me  semblaient  offrir  le 
plus  de  chances  de  succès.  C'étaient  trois  Papavéracees  :  le  Pavot  ordinaire, 
Y  Eschsclioltzia  et  le  Meconopsis  carnbvica.  J'ouvris  avec  soin  les  fleurs  de 
ces  plantes  dix  à  douze  jours  avant  leur  épanouissement,  au  moyen  d'une 
incision  longitudinale,  et  après  m'ètre  assuré  que  le  pollen  n'était  pas  encore 
formé,  j'enlevai  les  stigmates  du  pavot,  les  stigmates  et  les  styles  du  Meco- 
nopsis et  de  Y  Eschsclioltzia  ;  puis,  j'ouvris  l'ovaire  par  une  fente  longitudi- 
nale. Cela  fait,  je  laissai  l'expérience  marcher  toute  seule.  L'incision,  qui 
traversait  le  périanthe,  se  referma  aussitôt  (sans  soudure,  bien  entendu),  et 
toutes  les  fleurs  s'épanouirent  au  temps  voulu.  Les  pétales  montraient  à 
peine  quelques  traces  de  lésion,  et  les  anthères,  parfaitement  développées, 
étaient  remplies  de  bon  pollen;  mais  les  ovaires  étaient  tous  plus  ou  moins 
malades;  ceux  du  Pavot  étaient  le  moins  affectés,  mais  les  incisions  que  je 
leur  avais  faites  s'étaient  si  complètement  recollées,  grâce  à  l'opium,  que 
le  pollen  n'avait  pu  y  pénétrer,  et  chaque  fois  que  je  tentais  de  renouveler 
ces  incisions,  le  flux  de  suc  laiteux  des  parois  et  du  placenta  empêchait  en- 
core le  contact  du  pollen.  L'expérience  manqua  donc  complètement. 

Les  fleurs  de.  Y  Eschsclioltzia  se  trouvaient  dans  un  état  non  moins  favo- 


•250  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

rable,  et  l'ovaire,  par  suite  du  développement  inégal  de  ses  faces,  avait  ac- 
quis une  certaine  courbure  qui  fit  bâiller  l'incision,  et  exposa  largement  les 
Ovules  à  l'action  du  pollen.  Cependant  tous  ces  ovules  se  flétrirent  peu 
après  l'épanouissement  de  la  fleur  et  l'ovaire  lui-même,  par  suite  de  la  min- 
ceur de  ses  parois,  se  dessécha  également.  Cette  seconde  expérience  manqua 
donc  comme  la  première.  Le  Meconopsis  promit  davantage,  bien  que  les 
pétales  épanouis  portassent  plus  de  traces  de  mutilation  que  ceux  du  pavot 
et  de  VEschscholtzia.  Les  ovaires  étaient  tous  verts,   leurs  cavités  étaient 
ouvertes,  grâce  à   une  courbure  analogue  à  celle  qui  avait  eu  lieu   cbez 
'VEschscholtzia;  la  plupart  des  ovules  étaient  bien  remplis  et  verts,  et  le 
pollen  s'y  était  répandu  abondamment.  Toutes  les  fleurs  étaient  épanouies 
dans  la  troisième  semaine  de  juin,  environ  douze  à  quatorze  jours  après  la 
résection  des  stigmates.  Pendant  les  six  jours  suivants,  je  les  vis  se  bien 
porter,  mais  me  voyant  alors  obligé  de  m'absenter,  je  priai  qu'on  recueillit 
les  capsules  après  leur  mort  ou  à  leur  maturité,  et  qu'on  me  les  envoyât. 

Le  19  juillet,  je  reçus  cinq  capsules  mûres  :  trois  d'entre  elles  étaient 
petites,  ratatinées  et  remplies  d'ovules  flétris,  dont  quelques-uns  s'étaient 
enflés  beaucoup.  Les  deux  autres  étaient  bien  plus  grandes,  et  renfermaient 
une  profusion  d'ovules  enflés  (la  moitié  environ  du  nombre  total)  parmi  les- 
quels j'en  ai  rencontré  une  quantité  peu  considérable  (un  ou  deux  sur  vingt 
ou  trente)  avec  toute  l'apparence  d'une  maturité  parfaite,  c'est-à-dire  pour- 
vus d'un  périsperme  bien  développé  et  d'un  embryon  parfait.  Un  des  objets 
que  je  m'étais  proposé  en  faisant  ces  expériences,  c'était  de  déterminer  l'im- 
portance physiologique  de  la  gymnospermie  chez  les  Conifères.  J'ai  tou- 
jours regardé  les  gymnospermes  comme  des  membres  du  grand  groupe  des 
Dicotylédones,  quel  que  soit  le  nom  dont  on  se  serve  pour  désigner  ces 
dernières;  et  il  m'a  toujours  semblé  que  l'existence,  cbez  ces  plantes,  d'un 
ovaire  très  rudimentaire,  quelle  que  soit  d'ailleurs  la  valeur  physiologique 
et  anatomique  de  ce  fait,  n'était  pas  d'une  valeur  suffisante  pour  qu'on  en 
fût  autorisé  à  faire  des  gymnospermes  une  classe  particulière,  équivalente 
aux  autres  grandes  divisions  du  règne  végétal.  Je  me  confirmerai  davan- 
tage dans  cette  opinion,  s'il  vient  à  être  démontré  que  d'autres  phanéro- 
games  peuvent  être  fécondées  sans  l'intervention  du  tissu  stigmatique;  fait 
qui  diminuerait  la  valeur  du  caractère  au  point  de  vue  physiologique,  sans 
cependant  l'affecter  au  point  de  vue  anatomique  et  morphologique. 


REVUE   BIBLIOGRAPHIQUE.  "251 


BOTANIQUE  DESCRIPTIVE. 

Note  sur  une  espèce   nouvelle   du   genre    Senecio ,  par 

MM.  E.  Mazuc  et  E.  Timbal-Lagrave  (lue  à  la  Société  des  lettres, 
sciences  et  arts  de  l'Aveyron,  séance  du  23  juillet  1854).  Br.  in-8, 
6  pages,  avec  1  planche.  Rodez. 

Cette  espèce  de  Senecio,  à  laquelle  les  auteurs  donnent  le  nom  de 
S.  ruthenensis,  a  été  découverte,  en  1833,  sur  le  calcaire  jurassique  des 
environs  de  Rodez  ,  par  M.  H.  de  Barrau,  et  signalée  par  lui  sous  le  nom 
de  S.  Doronicum  (Mém.  Soc.  lett.  se.  Aveyr.,  t.  I,  part.  2,  p.  80).  Elle  a 
été  retrouvée  dans  une  autre  localité  du  même  département  par  M.  l'abbé 
Revel. 

Voici  les  principaux  caractères  de  cette  espèce  proposée  comme  nouvelle  : 

Souche  vivaee,  horizontale,  éeailleuse;  plante  couverte,  dans  sa  jeunesse, 
de  poils  longs,  blancs,  mous,  qui  disparaissent  en  partie  avec  l'âge;  tige  de 
3  ou  Zidécim.,  rameuse  au  sommet,  glabre  dans  son  tiers  supérieur,  ou 
hérissée  de  quelques  poils  écartés,  sillonnée,  assez  feuillée;  calathid.es  de 
3  à  10,  encorymbe  presque  régulier,  très  longuement pédonculêes ;péricline 
pubescent,  à  folioles  lancéolées,  acuminées;  calicule  à  nombreuses  écailles 
linéaires,  plus  courtes  que  le  péricline  ;  achaines  plus  courts  que  l'aigrette; 
feuilles  minces,  irrégulièrement  et  faiblement  dentées,  à  dents  écartées, 
les  supérieures  lancéolées,  aiguës,  demi-embrassantes,  glabrescentes ;  les 
inférieures  atténuées  en  long  pétiole,  oblongues ,  obtuses,  couvertes,  ainsi 
que  le  bas  des  tiges,  de  poils  blancs  crépus.  Fleurs  jaunes. 

MM.  Mazuc  et  Timbal-Lagrave  indiquent  ensuite  les  caractères  princi- 
paux par  lesquels  ils  distinguent  cette  espèce  du  S.  Doronicum,  L.,  du 
S.  Darrelieri,  Gouan,  du  S.  Gérard i,  Gr.  et  Godr. ,  et  du  S.  lanatus,  Scopoli. 

Cette  notice  est  accompagnée  d'une  planche  représentant  la  plante  de 
grandeur  naturelle. 

EniiiiK'i'atioii  «les  plantes   intéressantes  «les  cantons  «le 

Betz  et  «le  Crépy  en  Valois   {Mémoires  de  la  Société  acadé- 
mique de  l'Oise,  t.  II,  p.  460  -  475). 

M.  l'abbé  Questier,  bien  connu  par  ses  recherches  botaniques  aux  envi- 
rons de  Villers-Cotterets,  a  déjà  publié  trois  listes  des  plantes  remarquables 
qu'il  a  pu  observer  dans  le  Valois.  Cette  nouvelle  énumération,  qui  est  une 
continuation  des  précédentes,  comprend  un  supplément  des  premières  sé- 
ries, et  le  catalogue  des  végétaux  monocotylédonés  et  acotylédonés. 

On  y  remarque  une  localité  nouvelle,  dans  la  vallée  de  l'Ourcq,  pour 


252  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

YAconitum  Napellus ;  ainsi,  cette  plante  observée  depuis  quarante  années 
près  de  Crépy  en  Valois,  et  dont  l'existence  aux  environs  de  Paris  était 
cependant  révoquée  en  doute,  s'étend  dans  le  nord  de  la  flore  parisienne 
depuis  le  canton  de  Marines  jusqu'à  Mareuil-sur-Ourcq.  M.  Questier  signale 
aussi  la  présence  d'une  autre  plante  rare,  Veronica  montana,  dans  le  parc 
du  Plessis-snr-Autheuil. 

Le  Maiantkemum  bifolium,  autre  rareté  de  la  flore  parisienne,  a  été  trouvé 
à  Lévignen  et  dans  quelques  lieux  voisins.  On  peut  encore  citer  parmi  cette 
liste  le  Cephalanthera  ensifolia,  recueilli  près  de  Ronville .;  Potamogeton 
oblongwn,  dans  le  marais  de  Ruty;  Zanichellia  palustris,  près  de  Vau- 
ciennes;  Eriophorum  gracile,  dans  le  marais  de  Resmont  ;  Leersiaory- 
zoides,  vallée  de  l'Ourcq  ;  Carex  Davaliiana,  à  Mareuil-sur-Ourcq  ;  Bromus 
commutatus,  Schrad,  à  Thury  et  Lévignen,  nouveau  pour  la  flore  parisienne; 
Lolium  italicum,  àTrumilly  et  àCuvergnon;  Ceterach  o f fi 'c inar um,  àBour- 
sonnes.  Le  nombre  total  des  plantes  citées  est  de  cent  trente-deux,  plus 
douze  espèces  déjà  mentionnées  et  reproduites  à  raison  de  localités  nou- 
velles. 

M.  Questier  rappelle  qu'il  a  trouvé  plus  de  quatre  cents  plantes  rares 
ou  intéressantes  dans  un  pays  dont  l'étendue  est  restreinte  et  dont  la  super- 
ficie présente  un  aspect  uniforme,  et  il  émet  le  vœu  que  l'exemple  de  ces 
herborisations  locales  approfondies  trouve  des  imitateurs.  On  ne  peut  que 
s'associer  à  un  pareil  désir,  et  le  succès  de  cet  habile  explorateur  doit  encou- 
rager les  botanistes  des  départements. 

M.  Questier  fait  espérer  une  nouvelle  série  de  son  catalogue,  pour  la 
cryptogamie. 

Compte   vendu  «les  travaux   «le    la    Société  Ilallerieiine 

(1853  à  185h),  in-8  de  76  pages.  Genève,  Carey. 

L'association  fondée  pour  l'avancement  de  la  botanique  suisse  sous  le  nom 
de  Société  Hallerienne  vient  de  publier  et  de  distribuer  son  deuxième  bul- 
letin, contenant  le  résumé  des  communications  qui  ont  été  faites  dans  les 
diverses  réunions. 

On  y  trouve  rémunération  d'un  certain  nombre  de  plantes  nouvellement 
observées  en  Suisse,  et,  en  plus  grande  quantité ,  des  localités  nouvelles 
pour  des  espèces  déjà  connues. 

Il  y  a  aussi  l'indication  d'espèces  regardées  comme  inédites,  accompa- 
gnées, la  plupart,  de  diagnoses  en  latin  ou  en  français.  Nous  devons  les 
signaler  à  l'attention  des  botanistes. 

1°  Arabis  Cenisia,  Reuter,  recueillie,  comme  son  nom  l'indique,  sur  le 
Mont-Cenis. 

2°  TMaspi  Lereschii ,  Reut,  trouvée  clans  la  vallée  de  Château-d'Âîx , 


REVUE    BIBLIOGRAPHIQUE.  "253 

ainsi  que  dans  les  vallées  de  Joux  et  de  Travas,  et  près  de  Thoin.  Il  res- 
semble au  Th.  brachypetalum ,  Jordan,  voisin  lui-même  du  Th.  alpestre, 
Gain!  in. 

3°  Iberis  ceratophylla,  Reut. ,  recueillie  auprès  de  la  Dôle.  M.  Reuter  la 
dit  intermédiaire  entre  les  /.  amnra  et  pinnata. 

U°  Capsella  rubella,  Reut.,  trouvée  mélangée  avec  le  Bursa  pastoris  près 
de  Genève. 

5°  Alchemilla  subsericea,  Reut.,  très  voisine  de  VA.  alpina;  elle  a  été 
recueillie  sur  plusieurs  points  des  Alpes  schisteuses  et  granitiques. 

6°  Scleranthus  biennis,  Reut.,  environs  de  Genève. 

7°  Hieracium  melanotricltum,  Reut.  On  a  trouvé  sur  le  Salève  un  seul 
pied  de  cette  plante,  que  JYI.  Reuter  croit  appartenir  au  groupe  des  Pre- 
nanthoides. 

8°  Galeopsis  Reickenbachii,  Reut.  (G.  tetrahit,  Reichb. .  pi.  877),  que 
M.  Reuter  distingue  du  G.  tetrahit,  Lin.  Vient  dans  la  montagne,  tandis 
que  l'autre  appartient  aux  plaines. 

A  cette  occasion,  M.  Reuter  exprime  l'opinion  que  l'on  a  confondu  sous 
le  nom  de  Ladanum  trois  espèces  de  Galeopsis  :  1"  angastifolia,  Ehr.; 
2°  Ladanum,  Lin.;  3°  intermedia,  Villars.  Cependant  on  ne  peut  pas  pré- 
senter comme  une  confusion  la  réunion  volontaire  de  formes  auxquelles 
M.  Reuter  attribue  une  valeur  spécifique.  C'est  une  autre  appréciation  , 
mais  non  une  erreur. 

9°  Androsace  obtusifolio-glacialis ,  Reut.,  hybride  recueillie  au  mont 
Saint-Bernard. 

10°  Potentilla  vallesiaea,  Huet,  intermédiaire  entre  le  P.  frigida  et  gran- 
diflora,  cueillie  sur  le  Rafel,  près  de  Zermatt. 

11°  Cardans  deflorato-nutans,  H.  Christ,  hybride  aux  environs  de  Râle. 

12°  Lecanora  (Placodium)  Dubyi,  J.  Millier,  trouvée  sur  le  granité  au 
col  de  Seigne.  Ce  Lichen  est  voisin  des  Lecanora  orcina,  Acb.,  et  car phi  - 
nea,  Fries. 

Le  cahier  est  terminé  par  une  note  de  M.  Théobald  sur  le  développement 
des  Zygnémées,  suivie  du  catalogue  des  Algues  recueillies  par  l'auteur  dans 
les  environs  de  Genève,  au  nombre  de  cent  six.  Toutes  ces  espèces  sont 
déjà  connues,  à  l'exception  d'un  Chœlophora,  que  M.  Théobald  nomme 
Ch.  crispa ,  qui  a  la  forme  du  Ch.  endiviœfolia  et  les  ramifications  du 
Ch.  tuberculosa,  A  g. 

&itifjno8e&  i*f«<nta»'utèi  oi*ientfiliu»n  t»<»t'<ti'»f*e».,  n°  13, 
auctore  E.  Boissier.  Neocomi ,  1853,  in-8,  114  pages.  (Ce  cahier  est  daté 
de  1854  sur  la  couverture.) 

Ce  fascicule  termine  la  première  série  des  Diagnosesde  plantes  orientales, 
t.  r.  17 


'Ibh  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE   FRANCE. 

commencée  par  l'auteur  en  1842;  il  renferme  la  description  d'un  grand 
nombre  d'espèces  appartenant  aux  principales  familles  monoeotylées.  Parmi 
ces  espèces,  les  unes,  quoique  déjà  connues  par  les  collections  de 
MM.  Kotschy,  de  Heldreich,  etc.,  n'avaient  pas  encore  été  décrites;  les 
autres  sont  entièrement  inédites. 

M.  Boissier  ayant  découvert  à  Gaza  une  Graminée  voisine  du  Dactylis 
pungens,  Schreb.,  a  été  conduit  à  créer  pour  ces  deux  espèces  un  genre  nou- 
veau, qu'il  appelle  Ammochloa. 

Ce  genre  diffère,  dit  l'auteur,  du  Sesleria  par  le  port,  par  les  épillets  non 
distiques,  les  floscules  non  aigus,  la  paillette  inférieure  non  coriace  ni  tron- 
quée-pluridentée  ;  de  VOreochloa,  Ljnk,  par  les  floscules  carénés-compri- 
més, par  le  port  et  les  glumes.  Enfin  il  s'éloigne  beaucoup  du  Dactylis  par 
plusieurs  caractères,  notamment  par  les  stigmates  qui  sortent  de  la  base 
des  floscules.  Les  deux  espèces  qui  le  composent  sont  :  Ammochloa  pun- 
gens, Boiss.,  A.  palœstina,  Boiss. 

L'auteur  publie,  dans  ce  dernier  numéro  de  la  première  série,  une  table 
générale  qui  permet  de  retrouver  avec  facilité  la  page  du  fascicule  où  chaque 
espèce  a  été  décrite.  Il  donne,  en  outre,  un  index  alphabétique  des  espèces 
qu'il  a  décrites  dans  les  Annales  des  sciences  naturelles,  d'après  les  collec- 
tions de  plantes  orientales  d'Aucber-Eloy. 

niagnases  giuantut-intt  orientathim  ttotwrtf m ,  additis 
nonnuilis  europœis  et  boréal i-africanis.  Séries  2a,  n°  1,  auctore  E.  Bois- 
sier. Neocomi,  1853,  in-8,  120  pages.  (Ce  cahier  est  daté  de  1854  sur  la 
couverture.) 

L'auteur  décrit,  dans  ce  premier  numéro  de  la  seconde  série  de  ses 

Diaguoses  ,  non-seulement  des  plantes  d'Orient,  mais  aussi  un  grand  nombre 

d'espèces  d'Algérie  ,  d'Espagne,  etc.,  d'après  ses  propres  récoltes  et  celles 

de  MM.  Reuter,  Balansa,  Bourgeau,  etc.  Les  familles  représentées  dans  ce 

fascicule  appartiennent  toutes  (sauf  les  Bésédacees  et  les  Bhamnées)  aux 

Thalamiflores  de  de  Candolle.  On  y  remarque  deux  genres  nouveaux  de  la 

famille  des  Crucifères,  crées  sur  deux  plantes  récoltées  dans  le  Caboul,  et 

faisant  partie  des  collections  de  W.  Grifflth.  L'uu  d'eux,  nommé  Strigo- 

sella,  est  voisin  du  genre  Morettia,  DC. ,  duquel  il  diffère  par  sasiliquenon 

septulée  et  ses  gaines  bisériées  :  son  espèce  type  est  le  Str.  Caùulica,  Boiss.; 

l'autre,  nomme  Pyramidium ,  se  rapproche  des  genres  Lonchophora,  Du 

Rieu,  et  Lachnoloma,  Bunge.  Il  prend  place  parmi  les  Notorhizées  Lomen- 

tacces,  parmi  lesquelles  il  se  fait  distinguer  par  son  port  et  par  sa  silique 

non  Inarticulée.  Son  espèce  type  est  le  Pyr.  Griffîthianum,  Boiss. 


REVUE    IÎIBL10GRAPHIQUE.  255 

Revue  «le  la  famille  «les  Urticées,  par  M.  H. -A.  Weddell. 
[Annales  des  sciences  naturelles,  he  série,  t.  I,  p.  173.) 

Pendant  longtemps  les  Urticées  n'ont  été  l'objet  d'aucune  étude  suivie. 
Ces  plantes  déliant  par  la  petitesse  de  leurs  fleurs  un  examen  superficiel, 
étaient,  à  quelques  exceptions  près,  jetées,  au  fur  et  à  mesure  de  leur  dé- 
couverte, dans  le  genre  Urtica  qui  devint  à  la  longue  un  vrai  «  caphar- 
naum  »  (1).  Gaudiehaud  entreprit  le  premier  d'établir  l'ordre  parmi  ces 
éléments  disparates  et,  s'il  eût  mené  sou  travail  à  bout,  il  eût  sans  doute 
laissé  peu  à  faire  après  lui.  Seulement  «  la  plupart  des  genres  établis  par- 
ce botaniste  ont  été,  dit  M.  Weddell,  si  brièvement  décrits,  qu'il  est  sou- 
vent très  difficile  de  les  reconnaître;  et  si  quelques-uns  d'entre  eux  ont  été 
illustrés  avec  soin  ,  il  faut  en  cbercber  les  ligures  dans  des  ouvrages  peu 
répandus.  On  ne  doit  donc  pas  être  surpris  que  leur  légitimité  ait  été  quel- 
quefois méconnue.  Je  m'empresse  cependant  de  le  dire  :  les  sections  établies 
dans  la  famille  des  Urticées  par  le  naturaliste  éminent  dont  nous  déplorons 
la  perte  récente  sont  pour  la  plupart  très  naturelles,  et  plus  d'une  fois  j'ai 
pu  me  convaincre  de  la  netteté  du  coup  d'œil  qui  l'avait  guidé  dans  la  clas- 
sification de  ces  plantes.  »  Distrait,  malheureusement,  par  d'autres  études, 
il  ne  publia  qu'une  simple  ébauche  de  monographie,  avec  quelques  belles 
planches  formant  partie  des  publications  des  voyages  de  VUranie  et  de  la 
Bonite.  La  rareté  de  ces  ouvrages  a  retardé  la  publicité  complète  d'une 
partie  de  ces  fragments  et  a  donné  lieu  à  quelques  doubles  emplois. 

Quelques  nouveaux  genres  publiés  isolément  sont  venus  successivement 
s'ajouter  à  ceux  qu'avait  fondés  Gaudiehaud  ;  mais  l'atteute  du  travail 
complet  de  ce  naturaliste  a  empêché  qu'il  se  produisit  aucun  autre 
travail  d'ensemhle  sur  la  famille,  jusqu'à  celui  que  nous  avons  eu  ce 
moment  sous  les  yeux.  La  Revue  de  la  famille  des  Urticées  ne  parait  être 
d'ailleurs  qu'un  court  résumé  des  études  de  M.  Weddell  sur  cette  matière 
et  constitue  sans  doute  le  prodrome  d'un  ouvrage  plus  complet  sur  ces  plantes 
remarquables.  Elle  comprend  un  aperçu  des  tribus  eu  lesquelles  l'auteur 
propose  de  diviser  la  famille,  la  diagnose  des  34  genres  qui  la  constituent 
et  enfin  l'éuumération  des  espèces  qu'il  a  pu  y  rapporter  avec  quelque  cer- 
titude. Le  tableau  suivant  servira  a  donner  une  idée  de  l'ensemble  des 
genres  parmi  lesquels  sept  sont  dus  à  M.  Weddell. 

(1)  Sur  les  300  espèces  d'Urtica  énumérées  par  Steudel  dans  son,  Repertorium, 
le  genre  actuel  n'en  a  retenu  que  25. 


256 


SOCIETE   BOTANIQUE    T)E    FRANCE. 


URT1CACE/E,  Endlich. 
(Urticece  staminibus  sub  anthesin  elastice  prosilientibus  ;  ovuloorthotropo.) 


'  Stirpes  pilis  uren- 
tibus  armai,!1. 


- 
c 

- 


en 

W 

es 

h-; 

h 


Stirpes  inermes. 


Trib.  I.   OREREiE. 

Perigonium  fl.  J  liberum,  4-7 
pliyllum  v.  4-7  lobum;  stigma 
elongatum,  v.  capitato-peni- 
cillatum.  stipula-  axillares, 
interpètiolares  vel  liberae. 

/  Trib.  II.  LEflANTHEE. 

Perigonium  11.  J  liberum,  vulgo 
3-v.-B-phyllum  aut  -parti- 
tum  ;  stigma  plerumque  pe- 
nicillatum.  Stipulcu  axilla- 
res, rarius  libéras,  rarissime 
subnullae. 


Trib.  III.    BOEHMERIE.E. 

iPerigonium  11.  J  millum  vel 
tubuloso-ventricosum  libe- 
rumque  aut  ovario  adnatum, 
on;  integro  aut  2-4-dentato; 
stigma  varium  ,  imiiqnam 
penicillatum  ;  bracteae  sca- , 
riosœ.  Stipulée  axillares,  sub-j 
axillaresve,  libéra'  v.  rariusf 
interpètiolares. 


\Gen.    t.  Urera,  Gaudich. 

2.  Obetia,  Gaudich. 

3.  Urtica,  Gaudich. 

4.  Girardinia,  Gaudich. 

5.  Laportea,  Gaudich. 

6.  Fhiirya,  Gaudich. 


I 


Gen. 


Gen 


7.  Pilea,  Lindley. 

8.  Lecanthus,  Wedd. 

9.  Elatostema,  Forster. 

10.  Pellionia,  Gaudich. 

11.  Touchardia,  Gaudich. 


12.  Phenax,  Wedd. 
13..  Myriocarpa,  Benth. 

14.  Maoulia,  Wedd. 

15.  Missicssya,  Gaudich. 
l(i.  Pipturus,  Wedd. 

17.  T'illebrunca,  Gaudich. 

18.  Neraudia,  Gaudich. 

19.  Sarcochlamys,  Gaudich. 

20.  Laurea,  Gaudich. 
2t.  Cypholophus ,  Wedd. 

22.  Boehmeria,  Jacquin. 

23.  Margarocarpus ,  Wedd. 

24.  Pouzolzia,  Gaudich. 

25.  Chamabainia,  Wight. 

26.  Didymogyne,  Wedd. 


Trib.  IV.   I'AniET,\l;lEE. 


\ 


Perigonium   11.   5   liberum   4-iGen.27. 

dentatum  v.  -partitum  ;  stig-  F  28, 

ma  filiforme  v.  capitato-peni-  V  29, 

cillatum;  bracteae  herbaceae  L  30 

post  anthesin  nonnunquatn  1  31 
induratae.  Stipulae  libéra;  v.  1 
prorsus  nullae. 


Gesnouinia,  Gaudich. 
Hemistylis,  Benth. 
Rousselia,  Gaudich. 
Parietaria ,  Linn. 

II el.  fine,  Req. 


FLORES  çf  MO- 
NANDKl. 


Trib.  V.   FottSkAHLE.E. 

Perigonium  fl.  $  uullum  v.  tu- 
buloso-ventricosum liberum- 
que,  ore  2-4-dentato.  Sti- 
pulae  libéras 


Gen.  32.  Australina,  Gaudich. 

33.  Forskahlea,  Linn. 

34.  Droguetia,  Gaudich. 


Les  espèces  signalées  par  M.  Weddell,  dans  sa  revue,  s'élèvent  en  tout  à 
environ  650;  une  centaine  d'entre  elles  s'y  trouvent  mentionnées  pour  la 
première  fois.  L'auteur  nous  donne,  d'ailleurs,  à  entendre  qu'il  en  a  omis 
un  grand  nombre  faute  d'avoir  pu  les;  vérifier.  [Tl  pense,  en  effet,  que  le 


REVUE    BIBLIOGKAPHIQIK.  257 

nombre  des  espèces  de  vraies  Urticées  existant  dans  les  herbiers  seulemeut 
s'élève  à  près  de  six  cents. 

Die    Flerltteii  Etiro|»»s   in  £4*trock.neten   microsBiopiscl» 

■  iiiiitrr.xtirEitcii     Exemplareu     sesï<      ESescBireibung    uiid 

Abl»il«I«sng  ilirer  Sporen  [Les  Lichens  d'Europe  en  échantillons 
desséchés,  examinés  au  microscope,  avec  description  et  figure  de  leurs 
spores),  publiés  par  Ph.  Hepp,  d.-m.  Zurich,  1853,  h  vol.  in-^°,  carton- 
nés, du  prix  de  12  fr.  chaque  volume. 

Les  Lichens,  depuis  quelques  aimées,  ont  singulièrement  attiré  l'atten- 
tion des  botanistes ,  et  le  savaut  mémoire  de  M.  ïulasne  sur  ces  plantes  (1) 
nous  en  fournit  la  preuve  par  les  détails  aussi  curieux  qu'instructifs  inscrits 
dans  ce  grand  travail ,  où  l'auteur  récapitule  et  analyse  les  découvertes  les 
plus  récentes. 

On  étudiait  et  l'on  classait,  il  y  a  quelques  aimées  encore,  les  Lichens 
d'après  les  caractères  tirés  de  leurs  formes  extérieures,  puisés  dans  la 
foliaison  (le  thalle)  et  la  fructification  (apothécie).  Depuis  Acharius,  l'apo- 
thécie  avait  acquis  une  plus  grande  importance  en  ce  que  cette  partie  ren- 
ferme les  principaux  organes  de  la  reproduction,  les  paraphyses ,  les 
thèques  avec  leurs  spores,  recouverts  par  l'hymenium. 

C'est  à  rechercher  la  structure,  les  formes,  les  couleurs,  le  contenu  des 
spores  au  moyen  de  grossissements  microscopiques,  que  M.  le  docteur 
Hepp,  aidé  de  son  ami  le  docteur  Naegeli,  a  consacré  plusieurs  années  avec 
cette  patience,  cette  dextérité  qu'exigent  ces  sortes  d'observations.  La 
diversité  des  spores,  qui  se  rencontre  non-seulement  dans  une  même  apo- 
thécie, mais  aussi  dans  une  même  thèque,  a  obligé  le  docteur  Hepp  à  mul- 
tiplier les  figures  de  ces  organes,  afin  de  mieux  représenter  leurs  cloisons, 
les  couleurs  de  la  matière  contenue  entre  ces  cloisons,  ce  qui  l'a  conduit  à 
nous  les  faire  connaître  aussi  complètement  que  possible.  C'est  avec  un 
instrument  d'Oberhaeuser,  produisant  des  grossissements  de  300  à  1000 
diamètres,  qu'ont  été  exécutées  les  observations  de  JM.  Hepp ,  ce  savant 
ayant  eu  soin  de  se  servir,  pour  indiquer  les  dimensions  des  spores,  d'un 
micromillimètre  =  0,001  millimètre. 

Les  quatre  volumes  des  Lichens  d'Europe  dont  il  est  ici  question  ren- 
ferment 233  espèces.  Les  échantillons  sont  bien  choisis,  bien  préparés,  et 
presque  tous  pourvus  d'apothécies  (2),  accompagnés  d'une  étiquette  litho- 
graphiée  indiquant  une  nomenclature  rigoureuse,  la  localité  d'où  provient 

(1)  Mémoire  sur  les  Lichens  {Annales  des  sciences  naturelles,  3e  série,  t.  XVII, 
p.  5  et  153). 

(2)  M.  Hepp  donnera  plus  tard  de  nouveaux  échantillons  fructifies,  à  ajouter  à 
ceux  qu'il  n'a  pu  fournir  d'abord  dans  ce  dernier  état. 


258  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

l'échantillon,  la  description,  les  dimensions  et  les  figures  des  spores.  Ces 
recherches  étaient  d'autant  plus  minutieuses  que  les  spores  des  Lichens  ont 
entre  elles  la  plus  grande  analogie  de  forme,  de  structure,  etc.,  etc.;  qu'il 
a  fallu  multiplier  les  observations  microscopiques,  en  saisir  toutes  les  diffé- 
rences apparentes  et  appréciables  pour  arriver  à  les  faire  ressortir  suffi- 
samment. Les  grossissements  microscopiques  n'ont  pas  été  les  seuls  moyens 
employés  pour  établir  ces  différences;  M.  Hepp  a  aussi  mis  en  usage  les 
réactifs  chimiques,  liode  plus  particulièrement,  sur  les  matières  muqueuses 
ou  amylacées  que  renferment  les  spores;  il  a  eu  soin  également  de  noter  la 
présence  du  fluide  oléagineux  chaque  fois  qu'il  l'a  rencontré  dans  les  spores. 
Toutes  ces  recherches  sont  fort  étendues ,  consciencieuses,  et  les  lichéno- 
graphes  sauront  bien  certainement  les  apprécier.  On  peut  espérer  de  ce 
moyen  d'investigation  des  Lichens  par  les  spores,  en  l'ajoutant  à  l'examen 
de  toutes  les  autres  parties  de  ces  végétnux  ,  qu'il  contribuera  à  leur  con- 
naissance plus  complète,  à  la  stabilité  des  groupes,  genres  et  espèces  restés 
douteux,  enfin  à  l'établissement  d'un  système  de  classification  plus  parfait. 

C'est  dans  l'ouvrage  que  nous  annonçons  qu'il  faut  suivre  les  investiga- 
tions de  M.  Hepp,  qui  a  su  mettre  à  profit  les  travaux  des  lichénographes 
de  notre  époque  ,  en  même  temps  qu'il  a  eu  la  patience  de  soumettre  au 
microscope  les  collections  d'échantillons  desséchés  des  Lichens  d'Europe 
publiées  depuis  plus  de  cinquante  ans,  ainsi  que  de  plusieurs  autres  col- 
lections particulières  (1),  afin  d'étudier  de  plus  en  plus  l'organisation  des 
spores. 

Pour  régulariser,  dans  chaque  volume,  la  série  des  Lichens  qui  s'y  trou- 
vent, MM.  Hepp  etNaegeli  ont  placé  en  tête  du  premier  volume  un  système 
de  classification  en  forme  de  tableau  ,  que  nous  croyons  devoir  retracer  ici. 
Ce  système,  comme  nous  venons  de  le  faire  pressentir,  est  basé  sur  les 
formes  extérieures,  et  il  tire  ses  dénominations  de  celles  des  genres  que 
renferme  chaque  groupe. 

Ces  quatre  premiers  volumes  sont  accompagnés  d'une  table  alphabétique 
des  genres  et  des  espèces,  et  M.  Hepp  nous  avertit  que  son  premier  volume 
forme  le  quatrième  (des  nos  651-706)  des  Lichenes  Helvetici  exsiccati  de 
Schœrer,  dont  il  continue  séparément  la  publication.  Aussi  chaque  volume 
des  Lichens  d'Europe  est  fabriqué  comme  ceux  de  la  collection  de  Schœrer. 

(1)  Nous  citerons  seulement  les  collections  publiées  par  Schrader,  Schleicher, 
Mougeot,  Nestler,  Schimper,  Funck,  Schœrer,  Leighton,  puis  tous  les  Lichens  de 
l'herbier  de  Schœrer  où  se  trouvent  les  échantillons-types  des  espèces  décrites  par 
Acharius,  Borrer,  Delise,  Flotow,  Florke,  Fries ,  Garovaglio,  Hooker,  Reichenbach, 
Dufour,  etc.,  etc. 


REVUE   BIBLIOGRAPHIQUE. 


259 


Système  de  classification  d'après  lequel  sont  disposés  les  Lichens  contenus 
dans  la  collection  des  Lichens  d'Europe  par  M.  Hepp,  arrangement  des 
familles  et  des  genres  adopté  conjointement  avec  M.  Naegeli. 


A.  —  CLADO.NIACEiE. 
I.  Cladonie^e. 

1.  Cladonia. 

II.  Stereocaule^e. 

2.  Stereocaulon. 

B.  —  LECIDEACEjE. 

III.  Umbilicarie^e. 

1.  Gyrophora. 

2.  Umbilicaria. 

IV.  BlATOREiE. 

3.  Bœomyces. 
h.  Biatora. 

5.  Gyalecta. 

6.  Myriosperma. 

7.  Lecidea. 

C.  —  CALICIACEtE. 

V.  Calicie.e. 

1.  Conyocibe. 

2.  Thyphelium. 

3.  Calicium. 

D.  —  OPEGRAPHACE/E. 

VI.    OpEGRAPHEjE. 

4.  Opegrapha. 

E.  —  PARMELIACE/E. 

VIL  Usne*:. 

1.  Usnea. 

2.  Evernia. 

3.  Ramalina. 
h.  Roccella. 

5.  Borrera. 

6.  Physcia. 

VIII.  Cetrarie.e. 

7.  Cetraria. 


IX.    PELTIGERE.E. 

8.  Heppia. 

9.  Solorina. 

10.  Nephroma. 

11.  Peltigera. 

X.  Imbricarie.e. 

12.  Imbricaria. 

13.  Sticta. 
1k.  Parmelia. 

15.  Lobaria. 

XL  Lecanore.*:. 

16.  Amphiloma. 

17.  Myriospora. 

18.  Lecanora. 

19.  Placodium. 

20.  Patellaria. 

21.  Psnra. 

22.  Urceolaria, 

XII.  COLLEME.E. 

23.  Collema. 

24.  Synalissa  (Fries). 

25.  Synechoblastus  (Tievhan.) 

F.  —  SPH/EROPHORACE.Il. 

XIII.  Spilerophore.e. 

1.  Sphœrophoron. 

XIV.  Lichine/e, 

2.  Lichina. 

G.  —  VERRUCARIACE/E. 
XV.  VerrdcariEjE. 

1.  Endocarpon. 

2.  Pertusaria. 

3.  Verrucaria. 
h.  Sagedia. 

5.  Phacospora. 
G.   Thelotrema. 

XVL    PYRENULEiE. 

7.  Pyrenula. 


2(50  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    OE    FRANCE. 

Histoire    et   ileseriot ion  «l'un  C'iiagngtigaaon  parasite  .    le 

Mérule  destructeur  ( MetrviMiws  tiestfwewts ,  l'ers.)  qui 
s'attaque  aux  bois  employés  dans  les  constructions  et  qui  les  détruit, 
grand  in-8°,  pp.  12,  avec  une  lith.  color.,  par  J.-L.  Hénon,  D.  M. 

L'auteur  donne  d'abord  la  synonymie  et  une  description  détaillée  du 
Mérule  destructeur  ;  il  s'occupe  ensuite  de  sa  station.  Il  parle  des  divers 
caractères  qu'il  présente  suivant  l'âge  et  les  lieux,  et  des  ravages  dont  il  est 
la  cause.  Il  examine  si  les  Merulius  destruens,  vastator,  et  le  Boletus  des- 
fructor  doivent  être  envisagés  comme  espèces  distinctes,  ainsi  que  le 
proposent  plusieurs  auteurs. 

Les  gouvernements  français  et  anglais,  pour  obvier  aux  ravages  que  le 
Mérule  fait  dans  les  constructions  navales,  ont  provoqué  des  expériences 
dans  le  but  de  se  préserver  de  son  invasion  ou  pour  s'en  débarrasser;  mal- 
heureusement ,  on  n'a  encore  rien  trouvé  d'efficace. 

Ce  Champignon  acquiert  souvent  des  dimensions  énormes  ;  il  prend  aussi 
des  formes  bizarres  et  décrit  des  figures  qui  ressemblent  à  celles  que  l'on 
voit  dans  les  nuages  ou  dans  la  flamme,  c'est-à-dire  tout  ce  que  l'on  veut. 
L'apparition  d'un  champignon  de  cette  espèce  dans  la  salle  de  la  Société 
d'agriculturede  Douai  produisit  un  grand  émoi  dans  les  esprits  superstitieux. 
Quelques-uns  voyaient,  dans  le  réceptacle  rouge  brun,  un  fragment  de  la 
robe  d'un  saint  homme,  mort  capucin  et  enterré  dans  ce  lieu  avant  la  révo- 
lution. D'autres  se  rappelèrent  qu'il  avait  existé  jadis,  sur  cet  emplacement, 
une  chapelle  dédiée  à  la  Vierge  et  distinguaient  dans  le  Mérule  les  uns, 
l'image  du  Christ,  les  autres,  celle  d'un  Enfant-Jésus  emmaillotté.  Les  zones 
concentriques  et  les  plis  formaient  à  leurs  yeux  des  rayons  de  gloire. 

BOTANIQUE   GÉOGRAPHIQUE. 

ISannort  sur  un  voyage  botanique  «lans  le  gouvernement 
tle  Saint-PétersBjooBrg  ,  par  M.  Ruprecht.  (Ballet,  de  l'Acad. 
impér.  des  sciences  de  Saint-Pétersbourg,  t.  XII,  n°l/i,  colon.  210-224.) 

Le  voyage  de  M.  Ruprecht  a  été  fait  pendant  l'été  de  1853,  dans  le  but 
de  compléter  les  matériaux  d'après  lesquels  ce  botaniste  publie  une.  nou- 
velle flore  de  l'Ingrie,  ou  du  gouvernement  de  Saint-Pétersbourg.  Il  a  duré 
la  seconde  moitié  du  mois  de  mai ,  les  mois  de  juin ,  de  juillet  et  une  partie 
du  mois  d'août. 

M.  Ruprecht  fait  observer  que  Saint-Pétersbourg  et  ses  environs  immé- 
diats sont  aujourd'hui  la  partie  la  mieux  connue  au  point  de  vue  de  la  bota- 
nique de  tout  l'empire  russe.  Depuis  128  ans,  des  botanistes  de  presque 
toutes  les  nations  civilisées  en  ont  fait  l'objet  de  leurs  explorations,  et  leur 
flore  a  fourni  la  matière  de  publications  en  sept  langues  différentes,  fait 


REVUE    BIBLIOGRAPHIQUE.  261 

peut-être  unique  dans  la  science.  Du  reste,  la  végétation  y  présente  une 
variété  et  une  richesse  vraisemblablement  supérieures  à  celles  des  autres 
parties  du  même  gouvernement.  La  nouvelle  exploration  que  M.  Ruprecht 
vient  de  faire  de  toute  l'Ingrie  ajoute  beaucoup  de  matériaux  nouveaux  et 
importants  à  ceux  qu'on  possédait  déjà.  Voici  en  résumé  les  principaux  faits 
signalés  dans  son  rapport  qu'il  a  limité  aux  phanérogames. 

La  spontanéité  duRerberis  vulgaris  dans  l'Ingrie  est  aujourd'hui  un  fait 
positif,  bien  qu'il  eût  été  révoqué  en  doute  antérieurement  par  M.  Ruprecht 
lui-même.  Cet  arbuste  se  trouve  sur  les  bords  de  la  Narowa,  près  de  Narwa, 
point  remarquable  par  sa  rare  richesse.  C'est  aussi  sur  le  bord  de  cette  ri- 
vière que  croit  V  Heliantkemum  Cordi  (vulgarè);  mais  s'il  couvre  toutes  les 
hauteurs  exposées  au  soleil  sur  la  rive  qui  appartient  à  l'Esthouie,  toutes 
les  recherches  faites  pour  le  découvrir  sur  la  rive  qui  appartient  à  l'Ingrie 
sont  restées  infructueuses.  Il  est  donc  encore  très  douteux  que  cette  espèce 
appartienne  à  l'Ingrie,  quoiqu'elle  y  ait  été  indiquée  anciennement. 

Le  Thymus  Chamœdrys  est  une  nouvelle  espèce  pour  le  gouvernement 
de  Saint-Pétersbourg;  il  abonde  sur  les  deux  rives  de  la  Narowa.  Le  Pru- 
nus s  pinosa  [coœtanea)  s'y  trouve  aussi,  mais  non  sur  la  rive  ingrique. 
Avec  lui  et  avec  le  Berberis  se  montre  assez  communément  sur  la  rive 
gauche  le  Cratœgus  monogyna,  dont  INI.  Ruprecht  n'a  rencontré  qu'un  seul 
pied  sur  la  rive  droite  ou  ingrique.  Au  contraire,  sur  la  rive  gauche,  et  en- 
core près  de  Narwa,  croissent  deux  arbrisseaux  que  ce  botaniste  a  pu  ajouter 
à  la  flore  de  l'Ingrie,  savoir  :  le  Rhamnus  catharticus  et  le  Cotoneaster  vul- 
garis. 

Sur  ces  mêmes  rives  il  a  trouvé  les  espèces  suivantes,  nouvelles  pour  sa 
flore  :  Saxifraga  tridactylites,  à  feuilles  entières  et  très  petites  (S.  minuta, 
Poil.),  Carex  prœcox,  Anémone  sylvestris ,  toujours  uniflore  (subbiflora, 
Pritzel),  Daucus  Carota,  Géranium  Robert ianum,  Avenu pratensis,  F)-agaria 
collina,  Anthyllis  Vulneraria.  Parmi  ces  plantes,  le  Daucus  manque  seul 
sur  la  rive  de  l'Ingrie. 

L'Arabis  arenosa  est  une  des  plantes  les  plus  communes  sur  les  bords  de 
la  Narowa;  mais  il  ne  parait  pas  s'avancer  plus  loin  vers  l'est.  M.  Ruprecht 
l'a  vu  toujours  avec  des  fleurs  blanches  et  un  calice  jaunâtre,  ce  qui  le 
rapproche  du  Sisymbrium  arenosum. 

Enfin,  ce  botaniste  cite  aux  environs  de  Narwa  et  sur  la  rive  droite  ou 
ingrique  de  la  Narowa ,  comme  nouvelles  et  très  rares  pour  sa  flore,  les 
espèces  suivantes  :  Asperugo  procumbens,  Sisymbrium  Loeselii,  Maruta 
Cotula,  Astragalus  glycyphyllos,  Portulaca  oleracea,  Ribes  Grossularia  par- 
faitement naturalisé  sinon  réellement  spontané,  enfin  Fchinospermum  patu- 
lum  probablement  apporté  avec  des  vêtements. 

Le  Pulsatilla  pratensis  qui  croit  dans  l'Ingrie  et  dans  la  Karélie  méri- 
dionale diffère  de  celui  qu'on  trouve  dans  le  milieu  et  le  sud  de  l'Allemagne 
par  la  couleur  des  fleurs  qui  fournit  ici  un  caractère  constant  et  sans  tran- 


262  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

sition.  Dans  la  plante  méridionale,  la  fleur  est  colorée  en  violet-noir  tant  en 
dehors  qu'en  dedans  ;  c'est  là  la  véritable  plante  officinale.  Dans  celle  de 
l'Ingrie,  la  fleur,  pendant  et  un  peu  avant  l'ouverture  des  anthères,  est  en 
dehors  d'un  rouge-pourpre  qu'une  villosité  gris-cendrée  fait  paraître  terne; 
en  dedans,  elle  est,  à  tout  âge,  incolore.  Vraisemblablement  le  Puhatilla 
pratensisde  la  Lithuanie,  du  nord  de  l'Allemagne,  etc.,  est  la  même  plante. 
En  Ingrie  elle  croit  toujours  sur  le  sable.  Joh.  Breyn  est  le  premier  qui  ait 
distingué  cette  plante  comme  nouvelle.  En  1719,  il  en  avait  envoyé  une 
figure  et  une  description  à  Helwing  qui,  dans  sa  monographie,  la  désigna 
par  les  mots  Puhatilla  flore  clauso  obsoleto,  petalis  reflexis.  Mais  elle 
était  passée  inaperçue  depuis  cette  époque.  M.  Ruprecht  la  rétablit  aujour- 
d'hui sous  le  nom  de  Puhatilla  Breynii. 

Ce  botaniste  a  porté  son  attention  d'une  manière  particulière  sur  le 
Nymphéa  blanc.  Il  l'a  trouvé  beaucoup  moins  répandu  qu'il  n'avait  présumé. 
Tous  ceux  des  environs  de  Saint-Pétersbourg  appartiennent  au  Nymphœa 
biradiata  de  Sommerauer  qu'il  regarde  comme  très  distinct  du  N.  alba. 
Le  Senecio paludosus  de  Saint-Pétersbourg  est  la  véritable  plante  de  Linné  ; 
il  n'était  connu  qu'à  l'embouchure  de  la  Newa;  M.  Ruprecht  en  a  décou- 
vert deux  nouvelles  localités.  Le  Senecio  campestris  glabratus  DC.  est  nou- 
veau pour  l'Ingrie  ;  mais  ce  botaniste  n'en  a  trouvé  qu'un  seul  pied.  Il  a 
trouvé  aussi  pour  la  première  fois  dans  l'Ingrie  le  Salix  acutifolia,  le  Posa 
tomentosa,  le  Torilis  Anthriscus  et  le  Lithospermum  officinale,  celui-ci  à 
fruits,  non  pas  blancs  comme  d'ordinaire,  mais  d'un  gris  bleuâtre,  avec 
une  tache  d'un  brun  jaunâtre  sur  leur  côté  ventral. 

Enfin  nous  citerons  comme  des  raretés  remarquables  pour  la  flore  de 
l'Ingrie,  et  plus  de  la  moitié  comme  nouvelles  pour  elle,  les  plantes  suivantes: 
Çynoglossum  officinale,  Carex  tenuiflora  et  rcmola,  Potentilla  reptans, 
Petasites  spurius  Retz.,  Sempervivum  soboliferum,  Scleranthus  perennis, 
Herniaria  glabra,  Gypsophila  fastigiata,  Jasione  montana,  Dianthus  arena- 
rius,  Kœleria  glauca,  Festuca  glauca,  Silène  nutans  et  5.  chlorantha,  Ve- 
ronica  spicata,  Hieracium  echioides,  Helichrysum  arenarium,  Triodia 
decumbens. 

Le  pommier  sauvage  croit  çà  et  là  et  rarement  dans  le  gouvernement  de 
Saint-Pétersbourg.  Il  est  rarement  en  arbre;  ses  fruits  sont  acerbes  et  de 
grosseur  un  peu  variable.  M.  Ruprecht  en  distingue  cinq  formes. 

Enfin  les  dernières  raretés  de  la  flore  de  l'Ingrie,  signalées  avec  quelques 
détails  par  ce  botaniste,  sont  les  espèces  suivantes  :  Acoj^us  calamus,  Rubus 
inermis  et  R.  cœsius,  Betida  fruticosa  abondant,  tandis  que  le  B.  nana  est 
d'une  rareté  remarquable;  Senecio  Jacobœa  trouvé  seulement  autrefois; 
Béton  ica  officinale  [stricto),  Dianthus  superbus,  Nasturtium  sylvestre , 
Hanunculus  reptans,  Potamogeton  marinus,  Lathyrus  pisiformis  qui  n'a 
que  deux  localités. 


MÉLANGES  ET  NOUVELLES. 


Sur  les  produits  «lu  Grand-Soleil,  HeliamthMS  iimhuih. 

(Gardeners  Chronicle,  16  septembre  1854.) 

Le  Soleil  se  propage  de  graines.  Il  croit  avec  rapidité  et  épuise  le  sol  à  la 
manière  du  tabac,  étant  très  propre,  par  cette  raison  ,  à  former  une  pre- 
mière récolte  dans  les  terrains  de  forêts  nouvellement  défrichées,  où  le  blé 
se  développerait  d'une  manière  trop  luxuriante  pour  bien  fructifier.  Deux 
livres  et  demie  de  graines  suffisent  pour  ensemencer  un  arpent  qui  donnera, 
dit-on  ,  une  tonne  et  demie  de  graine  ,  deux  tonnes  de  tiges  et  brandies 
(produisant  une  tonne  et  demie  de  fibres  soyeuses  et  une  tonne  de  fibres 
ordinaires),  enfin  deux  tonnes  de  feuilles.  La  tonne  et  demie  de  grain  éplu- 
ché produira  840  livres  d'huile  propre  à  l'usage  de  la  table  ou  à  l'éclairage, 
ainsi  qu'aux  besoins  manufacturiers  ;  elle  est  si  pure  et  si  exempte  de  par- 
ticules aqueuses  qu'elle  peut  même  être  utilisée  pour  l'horlogerie.  Le  grain 
est  également  précieux  comme  comestible,  car  de  sa  farine  on  peut  faire  du 
pain  et  diverses  espèces  de  pâtisseries.  Les  fibres  les  plus  fines  de  la  tige 
peuvent  être  converties  en  papier,  et  les  plus  grosses  servent  à  la  confection 
de  cordages,  de  paillassons,  de  canevas,  etc.  Enfin,  les  feuilles  vertes  con- 
stituent un  fourrage  de  première  qualité,  et  les  tourteaux  résultant  de  la 
pression  du  grain  peuvent  être  employés  à  engraisser  le  bétail. 

Sur  l'Abricotier  du  Japon,  (Gardeners  Chronicle,  17  août  1854.) 

Nous  apprenons  que  les  Hollandais  ont  réussi  à  faire  fructifier  l'Abrico- 
tier du  Japon,  nommé  par  les  botanistes  Prunus  (ou  Armeniaca)  Mumé. 
Une  figure  coloriée  donnée  par  le  Tuinbouw  Flora  donne  une  bonne  idée  de 
cette  plante  qui  constitue  indubitablement  une  espèce  distincte  et  qui  mérite 
par  sa  rusticité  d'appeler  l'attention.  Kœmpfer  est  le  premier  qui  nous  ait 
parlé  de  cet  arbre  fruitier  oriental  ;  il  l'appelle  Bai  ou  Umê  et  Umé  bos.  Il 
dit  que  c'est  un  prunier  épineux:,  à  gros  fruits,  et  ajoute  que  ces  fruits  con- 
servés dans  le  Saeki,  ou  bière  du  Japon,  sont  exportés  dans  l'Inde  et  à  la 
Chine.  En  1830,  Siébold  et  Zuccarini,  dans  leur  ouvrage  sur  les  plantes  du 
Japon,  sont  entrés  dans  des  détails  circonstanciés  sur  cet  arbre.  Ils  l'appel- 
lent Manié,  Bai  étant  son  nom  chinois  Le  Mumé,  disent-ils,  se  trouve 
dans  toute  l'étendue  de  l'empire  japonais  ;  mais  il  prospère  surtout  dans 
les  parties  septentrionales  où  il  atteint  une  hauteur  de  15  à  20  pieds,  et 


~ltr>!\  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

ressemble  beaucoup  a  un  Abricotier  d'Europe.  A  l'état  sauvage,  ou  planté 
en  haies,  il  forme  un  arbuste  touffu,  haut  de  8  à  12  pieds.  On  le  cultive 
beaucoup  pour  ses  ileurs  ainsi  que  pour  ses  fruits.  Quand  la  saison  est 
favorable,  l'arbre  est  en  fleur  au  commencement  de  février;  il  sert  alors  à 
décorer  les  autels  et  les  habitations  des  Japonais,  comme  un  symbole 
du  retour  du  printemps.  Les  fleurs  du  sauvageon  sont  blanches  ;  celles 
de  l'arbre  cultivé  varient  du  rose  au  rouge  et  au  blanc  verdâtre  ou 
jaunâtre.  Les  variétés  les  plus  estimées  sont  celles  à  fleurs  doubles  dont  on 
se  sert  pour  la  production  de  variétés  naines.  Le  goût  des  Japonais  pour  les 
plantes  naines  est  bien  connu,  et  le  Mumé  est  une  des  plantes  qu'ils  rédui- 
sent le  plus  souvent  à  cet  état.  En  1826  un  marchand  en  mit  en  vente  un 
échantillon  fleuri  qui  n'avait  que  trois  pouces  de  haut.  Cette  merveille  de 
jardinage  croissait  dans  une  petite  caisse  rouge  vernie,  à  trois  comparti- 
ments ou  étages.  L'étage  supérieur  était  occupé  par  le  petit  Mumé,  le  moyen 
par  un  sapin  tout  aussi  diminutif,  et  l'inférieur  par  un  bambou  haut  d'un 
pouce  et  demi. 

Les  fruits  du  Mumé  mûrissent  en  juin  ;  ils  sont  alors  insipides  ;  on  les 
sale  pour  cette  raison,  lorsqu'ils  sont  encore  verts,  comme  on  le  fait  pour  les 
cornichons,  et  on  les  mange  en  guise  de  légumes  avec  du  riz  et  du  poisson. 
Quelque  grand,  cependant,  que  soit  le  goût  des  Japonais  pour  ces  fruits, 
les  Européens  s'accoutument  difficilement  à  leur  goût  à  la  fois  sur  et  amer. 
On  les  colore  ordinairement  en  rouge,  quand  on  les  sale,  par  l'addition  des 
feuilles  de  i'Ocymum  crispum  ou  Basilic  crépu.  Le  jus  du  fruit  vert  est 
donné  comme  boisson  rafraîchissante  dans  les  fièvres,  et  on  le  regarde 
comme  indispensable  à  la  préparation  de  la  belle  teinture  rouge  que  l'on 
tire  du  Cartbame. 

On  peut  voir  par  ce  récit  que  l'on  ne  doit  pas  compter  l'abricot  du  Japon 
parmi  les  fruits  de  dessert,  a  moins  que  ce  ne  soit  sous  forme  d'une  pré- 
paration analogue  à  celle  de  l'olive  qu'il  semble,  en  effet,  remplacer  chez 
les  Japonais. 

QHmensioiis  «le  ii««el«|ues   Vignes  (Journal  de  la  Société 

d'horticulture  de  Londres). 

Pline  fait  mention  d'une  vigne  qui  ombrageait,  aux  portiques  de  Livie, 
toute  l'étendue  qui  yservaitde  promenade,  et  qui  livrait  annuellement  vingt- 
deux  amphores  (700  litres)  de  vin  ;  le  même  auteur  dit  avoir  vu,  à  Populo- 
nia,  une  statue  de  Jupiter  sculptée  dans  le  tronc  d'une  vigne,  et  il  ajoute 
que  les  colonnes  du  temple  de  Junon,  à  Métapontus,  et  les  marches  du 
temple  de  Diane  d'Ephèse  étaient  également  de  bois  de  vigne.  Dans  des 
temps  plus  modernes,  Sodenini  parle  d'une  vigne,  à  Portico  di  Romagua, 
qui  couvrait  une  étendue  de  1,000  brasses. 


MÉLANGES  ET  NOUVELLES.  265 

Dans  les  mémoires  de  l'Académie  de  Paris,  pour  l'année  1737,  il  est 
question  d'une  Vigne  Muscat,  à  Balançon,  qui,  à  l'âge  de  vingt  ans,  pro- 
duisit W206  grappes  de  raisins. 

Giovanni  Targioni-Tozzetti,  grand-père  du  professeur  de  Florence,  en  a 
fait  connaître  une  qui  croissait  dans  les  bois  près  de  Montebamboli,  et  dont 
deux  bommes  ne  pouvaient  embrasser  le  tronc.  Sanli  en  rencontra  une 
autre,  clans  les  Maremmes,  déracinée  par  l'ouragan  de  1787,  et  dont  en 
conserve  le  tronc  au  jardin  botanique  de  Pise  ;  il  n'a  pas  moins  de  5  1/2  pieds 
de  circonférence.  Enfin,  M.  le  professeur  Targioni,  lui-même,  a  cité  l'exem- 
ple de  deux  vignes  près  de  Figlini,dans  le  val  d'Arno,  dont  les  troncs 
ont  5  pieds  de  tour.  Les  portes  de  la  cathédrale  de  Ravenne  sont  faites  de 
ce  bois. 


—  La  plupart  des  journaux  se  sont  occupés  depuis  quelques  mois  de 
ïHolcus  saccharatus,  sur  lequel  une  communication  faite  à  la  Société  cen- 
trale d'agriculture   par  M.  Louis  Vilmorin,   le  20  janvier  dernier,  avait 
appelé  leur  attention.  Nous  trouvons  même  dans  l'un  des  derniers  numéros 
de  la  Botanische  Zeitung  une  note  dans  laquelle  M.  Scblecbtendal  résume 
ce  qu'on  a  dit  de  plus  saillant  à  ce  sujet,  et  a  laquelle  ce  savant  botaniste 
ajoute  entre  parenthèses  qu'il  ne  partage  pas  les  espérances  qu'on  a  conçues 
relativement  au  rendement  en  sucre  de  cette  plante.  Nous  croyons  donc 
qu'il  sera  bon  de  reproduire  ici  les  chiffres  réels  de  ce  rendement  tels  qu'ils 
ont  été  donnés  par  M.  Vilmorin  dans  le  Journal  de  Saint-Quentin  posté- 
rieurement à  la  communication  faite  par  lui  à  la  Société  centrale  d'agri- 
culture. Une  tige  d' Holcus  saccharatus  pesant  ^50  grammes  lui  a  donné 
150  grammes  d'un  jus  clair,  limpide  et  sucré.  Ce  jus  a  rendu  10,8  p.  100 
de  son  poids  de  sucre.  Un  autre  essai  au  sacebarimètre  a  indiqué  des  quan- 
tités de  sucre  variant  de  lu, 6  à  13,8  pour  100  de  jus.  Le  sucre  se  trouvait 
en  proportion  décroissante  du  bas  vers  le  haut  des  tiges.  M.  L.  Vilmorin 
évalue  le  rendement  probable  de  cette  culture  à  3  kilog.  de  jus  par  mètre 
carré,  ou  30,000  kilog.  de  jus  par  hectare,  ce  qui,  à  raison  de  10  de  sucre 
pour  100  de  jus,  donnerait  le  total  de  3,000  kilog.  de  sucre  à  l'hectare,  pro- 
duit bien  supérieur  à  la  moyenne  de  celui  que  donne  la  betterave.  Mais 
avec  la  prudence  qui  distingue  cet  agronome  distingué,  M.  L.  Vilmorin  se 
garde  bien  de  donner  ces  résultats  comme  définitifs,  et  il  dit  qu'il  faudra 
sans  doute  encore  quelques  années  d'étude  avant  qu'on  puisse  savoir  si  l'in- 
troduction de  ÏHolcus  saccharatus  dans  nos  cultures  doit  être  regardée 
comme  un  événement  industriel. 


266  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

BIBLIOGRAPHIE. 

FlorulaJuvenalis,  ou  Énumération  des  plantes  étrangères  qui  croissent  naturel- 
lement au  port  Juvénal,  près  de  Montpellier,  précédée  de  considérations  sur 
les  migrations  des  végétaux,  par  D.-A.  Godron,  etc.,  2e  édit.  In-8  de  7  feuilles  1/û. 
Raybois,  à  Nancy. 

Étude  sur  les  classifications,  et  en  particulier  sur  la  méthode  naturelle,  par 
L.  Hébert,  maître  en  pharmacie.  ln-6  de  5  feuilles.  Witlersheim,  à  Paris. 

Histoire  chimique  et  naturelle  du  ïupulin,  par  J.  Personne,  pharmacien  en  chef 
de  l'hôpital  du  Midi.  In-8  de  2  demi-feuilles,  plus  1  planche.  Thunot,  à  Paris. 

basîndividum  der  Pflanze  in  seinem  Verhaeltniss  zur  Species,  Générations  folge, 
Generationswechsel  und  Generationstheilung  der  Pflanze,  par  le  Dr  Alexandre 
Braun.  Berlin,  1853,  in-6°  de  105  pages  et  6  planches.  {Extrait  des  mémoires 
de  l'Académie  des  sciences  de  Berlin,  pour  l'année  1853.) 
Nous  croyons  devoir  annoncer  cet  ouvrage  important  par  son  sujet  comme  par  le 

nom  de  son  auteur,  quoique  la  date  qu'il  porte  soit  antérieure  à  1856.  Au  reste,  il 

est  probable  que  celte  date  n'indique  pas  l'époque  réelle  de  la  publication  de  ce 

tirage  à  part. 

Les  plantes  herbacées  d'Europe  el  leurs  insectes,  par  J.  Maquart.  T.  I,  in-8°  de 
16  feuilles  1/2.  Danel,  à  Lille. 

Traité  élémentaire  des  champignons  comestibles  et  vénéneux,  par  A.  Dupuis, 
professeur  à  Grignon.  1  vol.  in-18,  plus  8  planches.  Goin,  à  Paris. 

Untersuchungen  uber  den  Bau  und  die  Bildund  der  Pflanzenzelle  (Recherches  sur 
la  structure  et  la  formation  de  la  cellule  végétale),  par  le  docteur  N.  Pringsheim. 
lre  partie  :  Fondements  d'une  théorie  de  la  cellule  végétale.  In-/j°  de  92  pages 
et  6  planches  lithogr.  Berlin,  1856,  Aug.  Hirschwald.  —  8  fr. 

Bemerkungen  uber  die  Gattung  Nemerocallis  und  der  en  Art  en  (Remarques  sur  le 
genre  Jlemerocallis  et  ses  espèces),  par  ie  docteur  D.  F.  L.  von  Schechtendal. 
ln-4°  de  18  pag.  Halle,  1854,  H.  W.  Schmidt.  —  2  fr.  50  c. 

Betrachtungen  uber  die  Zwergmandeln  und  die  Gattung  Amygdalus  uberhaupt 
(Considérations  sur  Y  Amygdalus  nana,  Lin.,  et  sur  le  genre  Amygdalus  en  gé- 
néral), par  le  docteur  D.  F.  L.  von  Schlechtendal.  In-6°  de  30  pag.  Halle,  1856, 
H.  W.  Schmidt.  —  2  fr. 

Beitraege  zur  vergleichenden  Morphologie  der  Pflanzen,  h  Abhandlungen  (Notes 
relatives  à  la  morphologie  comparée  des  plantes,  6  Mémoires),  par  M.  Thilo 
lrmisch.  In-6°  de  50  png.  et  8  pi.  lithogr.  Halle,  1856,  H.  Schmidt.  —  8  fr. 

Beitrag  zur  Naturgeschichte  der  einheimischen  Valeriana-Jr/c»  insbesondere  der 
Valeriana  officinalis  und  dioica  (Notes  sur  l'histoire  naturelle  des  espèces  indi- 
gènes de  Valeriana,  particulièrement  des  Valeriana  officinalis  et  dioica),  par 
M.  Thilo  lrmisch.  In-Zi"  de  l\k  pag.  et  6  pi.  Extrait  des  Mémoires  de  la  Société 
d'histoire  naturelle  de  Halle.  Halle,  1856,  H.  W.  Schmidt.  —  5  fr.  25  c. 


BIBLIOGRAPHIE.  267 

Beitraege  zur  Anatomie  und  Entwicklungsgeschichte  der  Algengattung  Lemanea 
(Notes  sur  l'anatomie  et  l'organogénie  du  genre  d'Algues  Lemanea),  par  le  doc- 
teur B.  Warlmann.  In-4°  de  28  pag.  et  4  pi.  Saint-Gall,  1854,  Scheillin  et  Zol- 
likofer.  —  2  fr.  75  c. 

Denkschriften  der  kaiserlichen  Akademie  der  Wissenschaften  (Mémoires  de  l'Aca- 
démie impériale  des  sciences  de  Vienne,  classe  des  mathématiques  et  sciences 
naturelles),  septième  volume  publié  le  20  mai  1854.  In-4°  de  296  et  66  pag., 
56  pi.  imprimées  les  unes  en  noir,  les  autres  en  couleur.  —  64  IV. 

Ce  volume  est  divisé  en  deux  parties  :  la  première,  de  296  pag.,  renferme  les 
mémoires  écrits  par  les  membres  de  l'Académie  ;  la  seconde,  de  66  pag.,  contient 
des  mémoires  de  savants  étrangers  à  l'Académie.  Dans  la  première  se  trouvent 
deux  mémoires  de  botanique,  l'un  et  l'autre  par  M.  Unger  :  1°  Die  fossile  Flora 
von  Gleichenbetg  (Flore  fossile  de  Gleichenberg),  pag.  157-184,  8  pi.;  2°  Beitraege 
zur  Kenntniss  der  niedersten  Algenformen,  nebst  Versuchen  ihre  Entstehuhg 
betreffend  (Faits  relatifs  à  la  connaissance  des  Algues  inférieures,  avec  des  recher- 
ches sur  leur  origine),  pag.  185-196,  1  pi. 

Die  Farnpflanzen  der  Geivaechshaeuser.  Eine  Anleitung  zur  systematischen  Bes- 
l  timmung  dervorzuglichsten  auslaendischen  Arten,  etc.  (Les  Fougères  des  serres. 
Guide  pour  la  détermination  systématique  des  principales  espèces  exotiques  de 
celte  famille,  destiné  aux  propriétaires  de  jardins  et  aux  jardiniers),  par  le  doc- 
teur A.  Schnizlein.  In-8"  de  38  pag.  (Extrait  de  l'ouvrage  de  E.  Berger,  Die, 
Bestimmung  der  Gartenpflanzen  auf  systematischen  Wege.)  Erlangen,  185/j, 
J.  J.  Palm  et  Ernst  Enke.  —  1  fr.  25  c. 

The  Ferns  of  Great  Britain  illustrated,  etc.  (Fougères  de  la  Grande-Bretagne, 
illustrées  par  M.  John  E.  Sowerby  ;  les  descriptions  et  la  synonymie  par  M.  Ch. 
Johnson).  In-8°,  Londres,  1854. 

L'ouvrage  aura  huit  livraisons;  deux  ont  déjà  paru  :  elles  contiennent,  la  pre- 
mière, 6,  la  seconde,  5  planches  ;  dans  chacune  se  trouvent  8  pag.  de  texte.  Chaque 
livraison  coûte,  entièrement  coloriée,  3  shillings  ou  3  fr.  75  c,  coloriée  partielle- 
ment, 1  sh.  6  den.  ou  1  fr.  90  c. 

Flora  bristoliensis,  par  M.  Edward  Horace  Swete.  In-8°  de  xxvi  et  138  pag., 
avec  une  carte  et  2  pi.  Londres,  1854,  Hamilton  et  Adams.  — 5  fr.  cartonné. 

The  micrographie  dictionary;  a  guide  to  the  examinât  ion  and  investigation  of 
the  structure  and  nature  of  microscopiç  objects  (Dictionnaire  micrographique; 
guide  pour  l'examen  et  l'investigation  de  la  structure  et  de  la  nature  des  objets 
microscopiques),  par  M.  J.  W.  Grifiith  et  Arthur  Henfrey.  In-8°,  Londres,  1854. 

Il  en  a  paru  deu\  livraisons  contenant  une  introduction  de  XL  pag.,  32  pag.  de 
texte,  et  8  pi.  La  livraison  coûte  2  shil.  6  den.,  ou  3  fr.  10  c. 

Die  Végétât  ions -Verhaeltnisse  Sudbayerns  (Circonstances  de  la  végétation  de  la 
Bavière  méridionale,  d'après  les  principes  de  la  géographie  botanique  et  dans 
ses  rapports  avec  l'agriculture),  par  M.  Otto  Sendtner.  In-8°  de  910  pag.,  avec 
18  lig.  sur  bois,  9  tableaux  et  une  carte.  Munich,  1854.  —  20  fr.,  cartonné. 


268  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

Die  Lebènsdauer  der  durch  ungeschlechtliche  Vermehrung  erhaltenen  Gewaechse 
besonders  der  Kulturpflanzen  (Durée  de  la  vie  des  végétaux  obtenus  par  multi- 
plication non  sexuelle,  particulièrement  des  plantes  cultivées),  par  M.  Fr.  Jac. 
Pochnahl.  In-8"  de  136  pag.  Berlin,  1854,  Karl  Wiegandt.  —  2  fr.  75  c. 

Catalogue  des  fiantes  observées  en  Syrie  et  en  Palestine  de  décembre  1850  « 
avril  1851,  par  MM.  de  Saulcy  et  Michon,  rédigé  par  MM.  F.  Cosson  et  Kralik. 
ln-Zl"  de  20  pag.  Paris,  1854,  Gide  et  J.  Baudry. 

Handbueh  aller  bekannten  Obstsorten ,  etc.  (Manuel  de  tous  les  arbres  fruitiers 
connus,  disposés  par  ordre  alphabétique  d'après  l'époque  de  leur  maturité,  avec 
indication  aussi  complète  que  possible  de  leurs  noms  allemands  et  étrangers, 
scientifiques  et  vulgaires),  par  M.  Ferd.  de  Biedenfeld.  Premier  volume  conte- 
nant les  Poiriers,  gr.  in-8"  de  168  pag.  Iena,  1854,  Fr.  Frommann. 

Das  Leben  in  der  Natur.  Bildungs-und  Entwickelungsstufen  desselben  inPjlanze, 
Thier  und  Mensch  (La  vie  dans  la  nature.  Phases  de  sa  formation  et  de  son  dé- 
veloppement chez  la  plante,  l'animal  et  l'homme),  par  M.  Hinrichs.  In-1'2  de 
271  pag.  Halle,  H.  W.  Schmidl.  —  3  fr.  25  c. 

llortus  dendrologicus.  Indices  in  usum  botanicorum,  hortulanorum  atque  saltua- 
riorum,  et  systematice  et  alphabelice  compositi  arborurri,  fruticumet  suffruti- 
cum  in  Europa,  in  Asia  boreali  et  média,  in  Himalayœ  montibus  neenon  in  Ame- 
rica boreali  sponte  nascentium  et  in  Europa  média  sub  divo  forte  colendarum, 
adjectis  synonymis  locisque  natalibus,  auct.  Carolo  Koch,  sect.  2->,  pag.  195-354, 
gr.  in-8°.  Berlin,  1854,  F.  Schneider.  —  4  fr.  80  c. 

The  flowering  plants  and  Ferns  of  Great  Britain  (Plantes  phanérogames  et  Fou- 
gères de  la  Grande-Bretagne),  par  Anne  l'ratt.  1er  volume,  in-8Q  de  288  pag., 
et  47  pi.  color. ,  Londres,  1854.  (Imprimé  pour  la  Société  for  promoting  Chris- 
tian Knowledge.)  — 15  fr. 

Der  Banni.  Betrachtangen  ïtber  Gestalt  und  Lebensgeschichte  der  Holzgewaechse 
(L'Arbre.  Considérations  sur  les  formes  et  la  physiologie  des  végétaux  ligneux), 
par  M.  Albert  Wigand.  In-8°  de  256  pag.  et  2  pi.  Brunswig,  1854,  Fr.  Vieweg 
et  fils.  —  6  fr. 

Systeinatisches  Verzeichniss  der  im  indischen  Archipel  in  den  Jahren  1843-1848 
gesammelten  so  voie  der  aus  Japon  empfangenen  Pflanzen  (Tableau  systéma- 
tique des  plantes  recueillies  dans  l'archipel  des  Indes  en  18431848,  ou  reçues 
du  Japon),  publié  par  M.  IL  Zollinger.  1"  cahier,  in-8°  de  8  pag.  Zurich,  1854, 
E.  Riesling.  —  6  fr.  25  c. 

Butanische  Untersuchungen  (Recherches  botaniques),  par  le  D'  Albert  Wigand. 

In-8°  de  168  pag.  et  G  pi.  Brunswig,  1854,  Fr.  Vieweg  et  fils.  —  6  fr. 

Cet  ouvrage  est  la  réunion  de  cinq  mémoires  :  1"  Notes  sur  la  tératologie,  p.  1-30  ; 
—  2°  Nouvelles  observations  sur  la  germination  des  Fougères,  p.  31-66  ;  —  3°  Sur 
la  substance  inlercellulaire  et  la  cuticule,  p.  67-82  ;  —  4"  Morphologie  et  organo- 
génie  de  la  fleur  des  Graminées,  p.  83-130  ;  —  5°  Recherches  sur  la  direction  des 
plantes  à  la  germination,  p.  131-168. 


Paris,,  «~  Imprimerie  de  T..  Mmîtinet.  rue  Mignon,  i2. 


SOCIÉTÉ    BOTANIQUE 

DE   FRANCE. 


SÉANCE    DU    2/i    NOVEMBRE   1854. 

PRÉSIDENCE    DE    M.    AD.    BROJNGNIAP.T. 

M.  de  Schœneielcl,  secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de 
la  séance  du  10  novembre,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 
M.  le  Président  annonce  trois  présentations. 

Dons  faits  à  la  Société  : 

1°  Par  M.  Lasègue  : 

Musée  bot ani que  de  M.  Benjamin  Delessert,  Paris,  1842. 
Xotice  sur  la  vie  et  les  travaux  de  Guillemin,  Paris,  1842. 
Caroli  Linnœi  Classes  -plant arum ,  Halle,  1747. 
C.  P.  Thunberg,  Flora  capensis,  Stuttgard,  1823. 
A.-L.  de  Jussieu,  Gênera plantarum,  Paris,  1789.     . 

2°  Par  M.  Weddell  : 

Voyage  dans  le  sud  de  la  Bolivie,  Paris,  1851. 
Voyage  dans  le  nord  de  la  Bolivie  et  dans  les  parties  voisines  du 
Pérou,  ou  Visite  au  district  aurifère  de  Tipuani,  Paris,  1853. 

3"  De  la  part  de  M.  Cboisy,  de  Genève  : 

Description  des  Guttifères  de  l  Inde  recueillies  par  le  docteur  Wallich, 
précédée  d'observations  générales  sur  cette  famille. 

k°  De  la  part  de  M.  Mougeot,  de  Bruyères  : 

Rapport  sur  les  objets  concernant  l'histoire  naturelle  déposés  au  Musée 
vosgien  pendant  l'année  1853. 

5°  De  la  part  de  M.  Labouret,  de  Rulléc  : 
Note  sur  le  Cereus  Martini,  Lab. 

t.   i.  18 


'270  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    ]>K    FRANCE. 

MM.  les  Secrétaires  donnent  lecture  des  communications  suivantes 

adressées  par  des  membres  résidant  dans  les  départements  : 

OBSERVATIONS  SUR  UNE  PRODUCTION  FONGOIDE  ANALOGUE  AUX  RHIZOMORPHES 
DES  ANCIENS  AUTEURS,   par  M.   L.   I»E  «RONDEAU. 

(Reignac,  près  Agcn,  15  novembre  lS5i.) 

M.  L.-R.  Tulasne,  dons  son  magnifique  ouvrage  sur  les  Champignons 
hypogés,  a  représente  un  Rhizomorpha  terrestris,  dont  quelques  ramifica- 
tions se  dilataient  en  membranes,  portant  quelques  pores  semblables  à  ceux 
des  Polypores;  dès  lors  ce  savant  observateur  soupçonna  que  cette  produc- 
tion était  analogue  au  mycélium  des  Champignons  à  organisation  plus 
complexe. 

Une  circonstance  heureuse  m'a  mis  à  même  de  l'aire  sur  un  autre  Cham- 
pignon une  observation  qui  semble  confirmer  celle  de  ce  savant.  Ayant  vu, 
dans  l'intérieur  d'une  souche  de  Chêne  en  décomposition,  une  production 
fongoïde  formée  de  ramifications  nombreuses,  planes  ou  cylindriques,  ram- 
pant dans  le  terreau  de  cette  souche,  je  suivis  attentivement  ses  développe- 
ments successifs;  ces  ramifications  parvenues  a  I  air  libre,  s'épanouirent  à 
la  surface  de  la  souche  en  chapeaux  dimidiés,  garnis  en  dessous  de  pores 
nombreux. 

J'acquis  donc  la  certitude  que  ces  ramifications  fongoides  étaient  le  pre- 
mier développement  d'un  Polypore. 

Peut-on  conclure  de  la  (pie  toutes  les  Rhizomorphes  soient  simplement,  le 
mycélium  de  différents  Champignons?  L'état  actuel  de  la  science  ne  permet 
pas  de  le  décider. 

A  l'occasion  de  cette  lecture,  M.  Weddell  fait  remarquer  que 
M.  Tulasne  n'a  jamais  dit  que  les  Rhizomorphes  lussent  des  mycé- 
lium de  Polypores.  Il  serait  à  désirer  que  M.  de  Brondeau  voulût 
bien  envover  à  la  Société  quelques  échantillons  du  Champignon  qu'il 
a  observé. 

M.  Trécul  dit  qu'il  a  vu  des  Rhizomorphes  dont  les  fructifications 
ressemblaient  à  celles  d'une  Sphérie,  et  qui  étaient  disposées  avec 
une  grande  régularité. 

M.  Gubler  dit  avoir  vu  des  Rhizomorphes  portant  des  productions 
telles  que  vient  de  les  indiquer  M.  Trécul.  Mais  il  croit  que  ces  pro- 
ductions ne  sont  pas  des  fructifications,  mais  bien  des  ramules  non 
développés,  ressemblant  à  des  bourgeons  et  munis  d'une  ostiole. 

M.  Brongniarl  ajoute  qu'il  a  constaté,  lui  aussi ,  ces  productions 
des  Rhizomorphes,  mais  qu'elles  lui  ont  paru  dépourvues  d'ostiole. 


SÉANCE    DU    %h    NOVEMBRE    185/|.  '271 

Une  lettre  de  M.  V.  Personnat,  de  Béziers  (11  novembre  1854), 
annonce  qu'il  a  découvert,  en  juillet  dernier,  XQEnothera  biennis  dans 
les  sables  maritimes  de  Roque-haute,  commune  de  Portiragnes, 
près  Béziers. 

M.  Gay  donne  lecture  d'une  première  partie  de  sa  notice  sur  la 
vie  et  les  travaux  de  M.  Ph.  Barker  Webb,  comprenant  sa  jeunesse, 
ses  études  à  l'université  d'Oxford,  son  voyage  en  Orient,  et  aboutis- 
sant à  la  publication  de  ses  observations  sur  la  topographie  ancienne 
et  moderne  de  la  Troade. 

M.  Trécul  fait  a  la  Société  la  communication  suivante  : 

EXTRAIT  D'UN  MÉMOIRE  INÉDIT  SUR  LES  FORMATIONS  SECONDAIRES  DANS  LES  CELLULES 
VÉGÉTALES,  ETC.,  par  M.  A.  TRÉCl'L. 

Dans  la  séance  du  28  juin  1856,  j'ai  eu  l'honneur  de  faire  connaître  à  la 
Société  le  résultat  de  mes  études  sur  les  formations  spirales,  annulaires  et 
réticulées  des  Cactées  et  du  Cucurbita  Pcpo.  La  Société  se  rappelle  sans 
doute  que  j'ai  trouvé  que  les  spiricules,  les  réticulations  et  les  anneaux  des 
organes  dont  il  s'agit,  ne  sont  point  dus  a  des  dépôts  de  matières  abandon- 
nées par  les  liquides  contenus  dans  les  cellules,  ainsi  qu'on  le  croit  généra- 
lement ;  elle  sait  que  j'ai  reconnu  que  ces  spiricules,  ces  réticulations  et  ces 
anneaux  sont  sécrétés  par  la  membrane  primaire  de  la  cellule  elle-même, 
et  qu'ils  ont  une  structure  toute  différente  de  celle  qu'on  leur  attribue  (1). 
Aujourd'hui,  je  prie  la  Société  de  me  permettre  de  lui  communiquer  des 
observations  qui  viennent  confirmer  l'opinion  que  j'ai  émise.  Elles  ont  été 
faites  sur  des  plantes  très  diverses  et  sur  des  organes  élémentaires  diffé- 
rents. Partout  où  j'ai  trouvé  des  spiricules  suffisamment  grosses,  des  an- 
neaux assez  volumineux,  partout,  dis-je,  j'ai  vu  une  cavité  centrale,  ren- 
fermant tantôt  un  liquide,  tantôt  une  matière  de  consistance  gélatineuse, 
quelquefois  même  tout  à  fait  solide,  suivant  l'âge  de  l'organe  que  l'on 
examine. 

Parmi  soixante  espèces  environ  sur  lesquelles  j'ai  déjà  vérifié  ces  phéno- 
mènes, voici  les  plantes  sur  lesquelles  j-'ai  trouvé  l'observation  la  plus 
facile  :  Impatiens  fut  va,  I.  Balsamina,  P/iytolacca  découdra,  Atropa  Bel- 
ladona,  Nicotiana  Taèacum,  Datura  Stramonium ,  Lycopersicum  esculentum, 
Solarium  tuberosiwi,  Sambucus  nigra,  Pkarbitis  violacea,  Batatas  edulis, 
AUium  Cepa,  JËsculus  Hippocastanum,  Rheum  Rkaponticum,  Betavulgaris, 
Phaseolus  multiflorus ,  Althœa  officinalis,  Lavatera  arborea,  Helianthus 
annuus,  Hieracium  murorum,  Cuphea,  lanceolata,  etc.,  etc. 

L' Impatiens  fidva  est  particulièrement  favorable  à  ce  genre  de  recher- 

(1)  Vby.  Bulletin  dp  la  Société  Botanique  de  France,  p.  67  et  suiv. 


272  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE   FRANCE. 

chés.  Ses  vaisseaux  spiraux,  soit  déroulables,  soit  munis  d'une  membrane, 
m'ont  donné  des  coupes  sur  lesquelles  j'ai  pu  reconnaître  avec  facilité  la 
structure  que  je  viens  de  signaler.  Très  souvent  la  spiricule  des  trachées  de. 
cette  plante  étant  cassée,  j'ai  pu  voir  un  petit  cylindre  solide  sortant  de  la 
cavité  de  la  spiricule.  J'ai  aussi  très  fréquemment  aperçu  une  goutte  de. 
liquide  recouvrir  l'extrémité  du  tube,  ou  s'épancher  au  milieu  de  l'eau 
placée  sur  le  porte-objet. 

Pour  reconnaître  plus  aisément  la  membrane  tubuleuse  qui  constitue  la 
spiricule,  je  choisis  des  coupes  longitudinales  minces  des  rameaux  de  ['Im- 
patiens fulva,  dans  lesquelles  les  spiricules  ou  les  anneaux  sont  coupés 
transversalement;  je  les  place  dans  de  la  teinture  hydro-alcoolique  d'iode 
préparée  comme  il  suit:  teinture  alcoolique  d'iode  saturée,  1  partie;  eau, 
5  parties.  Il  se  fait  un  précipité  d'iode  qui  maintient  la  liqueur  à  l'état  de 
saturation.  Après  que  les  coupes  sont  restées  quelques  instants  en  contact 
avec  cette  solution,  j'ajoute  de  l'acide  sulfurique  concentré,  en  quantité 
variable,  suivant  celle  de  la  liqueur  aqueuse  préalablement  employée,  et 
suivant  l'état  ou  l'âge  de  la  membrane  utriculairc  de  la  spirale  ou  de  l'an- 
neau. L'acide  dilate  ces  organes,  dont  les  parois  ont  été  colorées  en  jaune 
d'or  ou  en  brun  par  l'iode,  et  l'on  voit  très  distinctement  alors  une  cavité 
assez  large  entourée  par  une  membrane  nettement  caractérisée. 

Il  est  très  bon  aussi  d'isoler  les  vaisseaux  par  la  macération  dans  l'eau 
pendant  quelques  jours.  On  les  dégage  du  tissu  cellulaire  qui  les  environne, 
on  les  fragmente  le  plus  possible,  et  on  les  soumet  ensuite  au  traitement  de 
l'iode  et  de  l'acide  sulfurique.  Après  quelques  moments,  on  les  place  sous 
le  microscope,  et  il  n'est  pas  rare  de  voir  quelques  extrémités  des  fragments 
présentant  de  face  leur  cassure,  et  montrant  de  la  manière  la  plus  nette 
l'ouverture  de  la  cavité  de  la  spiricule. 

Quand  celle-ci  est  ainsi  gonflée,  on  peut  même  reconnaître  aisément  la 
tubulure  par  transparence,  à  travers  la  membrane,  en  plaçant  le  vaisseau 
de  manière  que  le  plan  qui  passe  par  son  axe  soit  au  f.iyer  de  l'instru- 
ment. On  a,  dans  ce  cas,  l'image  d'une  coupe  longitudinale,  et  l'on  distingue 
avec  précision  la  paroi  interne  et  la  paroi  externe  du  tube  spiral. 

Bien  que  ce  moyen  ne  laisse  aucun  doute  pour  l'observateur  exercé,  il 
faut  cependant  voir  une  section  transversale  de  l'hélice  afin  d'obtenir  une 
certitude  parfaite  de  n'avoir  pas  été  dupe  d'une  simple  apparence.  On  peut 
juger  de  la  même  manière  de  la  structure  des  anneaux. 

J'ai  signalé,  dans  ma  première  communication,  des  vaisseaux  réticulés 
qui  ont  une  structure  analogue.  J'ai  suivi,  depuis,  le  développement  de 
plusieurs  de  ces  organes,  et  j'ai  reconnu  qu'il  présente  des  phénomènes  sem- 
blables a  celui  des  vaisseaux  spiraux  et  des  libres  ligneuses  des  Conifères 
que  je  décrirai  plus  loin.  C'est  de.  même  la  membrane  primaire  qui  sécrète 
les  réticulations.    Voici  les  modifications  que  l'on  observe  :  tantôt  cette 


SÉANCE    DU    2/j    MA'EMBKE    1854.  '273 

membrane  s'épaissit  de  manière  que  les  renflements  donnent  lieu  a  un  ré- 
seau ;  dans  ces  parties  renflées,  la  membrane  se  dédouble,  et  une  substance 
d'aspect  gélatineux  s'interpose  entre  les  deux  pellicules  résultant  du  dédou- 
blement; tandis  que  dans  les  points  non  épaissis  la  membrane  reste  simple, 
et  est  souvent  résorbée  plus  tard.  Ce  sont  ces  parties  non  épaissies  ou  ré- 
sorbées qui  figurent  des  fentes  ou  les  mailles  du  réseau.  [Impatiens  fut-vâ, 
Echinocactus  Brpngniartii.  ) 

Dans  d'autres  vaisseaux,  si  la  résorption  de  la  membrane  n'a  pas  lieu 
dans  les  endroits  non  tuméfiés,  le  dédoublement  de  cette  membrane  se  con- 
tinue dans  ces  parties  minces  de  la  paroi  vasculaire,  et  il  y  a  ou  non  épan- 
chement  de  la  matière  gélatineuse  intermédiaire. 

Les  membranes  ainsi  dédoublées  et  la  substance  interposée  ont  pour  base 
la  cellulose.  Or,  il  n'y  en  a  pas  dans  le  liquide  contenu  dans  la  cavité  cel- 
lulaire; il  faut  donc  que  la  membrane  primaire  ait  emprunté  à  ce  liquide 
les  éléments  de  cette  cellulose,  et  qu'elle  les  ait  élaborés  de  manière  à  la 
constituer  ;  elle  la  dépose  ensuite  dans  les  parties  où  elle  s'est  épaissie  et 
dédoublée.  Il  est  donc  indubitable,  dans  le  cas  présent,  aussi  bien  que  dans 
celui  de  la  formation  des  spiricules,  décrit  dans  la  séance  du  28  juin,  que 
c'est  la  membrane  primaire  qui  sécrète  la  cellulose  au  moyen  de  laquelle 
elle  s'épaissit.  Mais  il  est  des  cas  dans  lesquels,  après  avoir  sécrété  cette,  der- 
nière substance,  elle  la  rejette  en  quelque  sorte  a  l'extérieur  pour  former  de 
la  matière  intercellulaire,  ou  à  l'intérieur  pour  donner  lieu  aux  couches 
ou  membranes  secondaires  proprement  dites  (1).  Alors  ces  formations  se-- 
condaires,  soit  externes,  soit  internes,  ont,  de  même  que  le  contenu  des 
spiricules,  du  réseau  ou  des  anneaux,  une  apparence,  une  teinte  un  peu  dif- 
férentes de  celles  de  la  membrane  primaire  ou  génératrice  ,  dans  le  jeune 
âge  au  moins,  et  fort  souvent  à  toutes  les  époques  de  la  vie.  Cet  aspect  dif- 
férent a  contribué  à  faire  croire  à  la  plupart  des  anatomistes  de  notre  époque 
que  les  couches  secondaires  n'étaient  que  des  dépôts  effectués  par  les  li- 
quides renfermés  dans  les  cellules;  mais,  je.  le  répète,  ces  liquides  ne 
contiennent  pas  de  cellulose,  et  n'en  peuvent  par  conséquent  déposer. 

Je  regrette  que  l'espace  ne  me  permette  pas  de  donner  plus  d'étendue  à 
la  description  de  ces  phénomènes,  mais  on  les  trouvera  exposés  avec  plus 
de  détail  et  accompagnés  de  figures,  dans  les  Annales  des  sciences  natu 
relies,  !\e  série,  t.  Il,  où  ce  mémoire  va  être  publié. 

Ces  phénomènes  compris,  on  concevra  aisément  la  constitution  et  le  dé- 
veloppement des  fibres  ligueuses  des  Conifères,  sur  lesquels  on  a  tant  dis- 

(1)  Je  ne  veux  point  dire  ici  que  toutes  les  couches  secondaires  quelque  nom- 
breuses qu'elles  soient,  aienl  pour  origine  immédiate  la  membrane  primaire  ;  je 
veux  seulement  dire  que  l'ensemble  de  ces  couches  a  eu  pour  point  de  dépari 
relie  membrane  primaire. 


27/l  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FKAÏSCE. 

cuté,  Je  parlerai  ici  seulement  de  la  structure  et  de  la  formation  de  ces 
organes  chez  le  Taxas  baccata  dont  l'organisation  est  la  plus  compliquée. 

Toutes  les  fibres  ligueuses  naissantes  sont  disposées  en  séries  horizontales, 
rayonnant  du  centre  à  la  circonférence,  et  les  cavités  des  fibres  contiguès 
sont  séparées,  a  leur  origine,  par  une  membrane  simple  de  laquelle  naissent 
les  autres  membranes  de  chacune  d'elles.  Par  les  progrès  de  la  végétation, 
cette  membrane  simple  s'épaissit,  puis  se  dédouble  en  sécrétant  de  la  ma- 
tière intercellulaire,  de  laquelle  elle  n'est  pas  tout  d'abord  distincte,  se  con- 
fondant avec  elle  dans  le  principe.  Le  dédoublement  commence  entre  les 
séries  rayonnantes  des  jeunes  fibres,  et  ensuite  il  s'effectue  entre  les  fibres 
qui  composent  chacune  de  ces  séries.  Ce  n'est  quelquefois  que  beaucoup 
plus  tard  que  le  dédoublement  s'opère  dans  ce  dernier  sens;  d'autres  fois 
aussi  il  a  lieu  de  très  bonne  heure. 

Mais  cette  disjonction  ou  ce  dédoublement  ne  se  fait  pas  avec  uniformité 
sur  toute  l'étendue  de.  la  membrane.  Quand  la  plante  est  en  pleine  végéta- 
tion, si  l'on  fait  dans  la  couche  génératrice  des  coupes  minces  perpendicu- 
lairement aux  rayons  médullaires,  on  voit,  d'abord  dans  les  coupes  les  plus 
externes,  que  les  cellules  des  deux  séries  adjacentes  n'ont  qu'une  paroi 
commune,  mince,  rectiligne  ;  sur  des  coupes  situées  un  peu  plus  profon- 
dément, on  voit  la  membrane  commune  se  renfler  par  places,  de  manière  à 
simuler  une  série  de  nodosités  alternant  avec  des  parties  contractées,  ou 
plutôt  non  épaissies.  Les  parties  renflées  sont  de  longueur  variable.  On  verra 
souvent  que,  dans  ces  renflements,  la  membrane  est  encore  simple  comme 
dans  les  endroits  non  tuméfiés;  mais  un  peu  plus  tard  on  reconnaît  que  ces 
renflements  se  partagent  longitudinalement  en  trois  parties  ou  bandes,  deux 
latérales  minces  qui  sont  les  membranes  primaires  particulières  à  chaque 
cellule  fibreuse,  lesquelles  s'isolent  en  ce  moment  de  la  matière  intercellu- 
laire qui  a  été  sécrétée  évidemment  par  la  membrane  primitivement  simple. 
Cette  matière  intercellulaire  extérieure  aux  deux  membranes  primaires  voi- 
sines, entre  lesquelles  elle  est  interposée,  pourrait  être  appelée  formation 
secondaire  externe  par  opposition  aux  formations  secondaires  internes,  qui, 
comme  nous  l'avons  vu  plus  haut,  ont  une  origine  semblable.  J'ai  suivi  dans 
d'autres  plantes  le  développement  de  cette  matière  intercellulaire,  et  j'ai 
été  conduit  aux  mêmes  conclusions.  La  description  de  ces  exemples  ne  peut 
trouver  place  ici,  à  cause  du  peu  d'étendue  accordé  à  cet  extrait. 

Pendant  que  la  formation  de  cette  matière  intercellulaire  s'opère  à  l'exté- 
rieur avec  le  dédoublement  de  la  membrane  cellulaire,  ou  souvent  a  une 
époque  un  peuplustardive,  la  paroi  interne  de  chaque  jeune  fibre  se  tapisse 
d'une  substance  plus  claire,  dont  la  densité  augmente  bientôt  vers  le  bord  libre, 
du  côté  de  la  cavité  cellulaire,  par  conséquent.  Il  est  donc  bien  évident 
aussi,  par  l'accroissement  de  densité  de  ce  côté,  que  cette  production  secon- 
daire n'est  pas  formée  par  un  dépôt  des  matières  liquides  renfermées  dans 


SÉANCE    LU!    24    NOVE.MBHE    1854.  *275 

la  cellule.  De  plus,  cette  pellicule  n'a  pas,  dans  le  principe,  une  égale 
épaisseur  sur  toute  l'étendue  de  la  cavité  cellulaire  ;  elle  apparaît  sur  le  côté 
de  la  cellule  qui  regarde  la  moelle  avant  de  se  montrer  sur  le  côté  qui  re- 
garde l'écorce.  C'est  là  ce  que  l'on  observe  sur  des  coupes  longitudinales 
parallèles  aux  rayons  médullaires  ;  si  l'on  étudie,  au  contraire,  des  coupes 
longitudinales  perpendiculaires  à  ces  mômes  rayons,  on  voit  quelquefois  le 
même  phénomène  dans  une  autre  direction.  Dans  dételles  coupes  tangen- 
tielles,  toutes  les  jeunes  fibres  ligneuses  ne  sont  pas  également  avancées 
dans  leur  développement.  II  arrive  souvent  que  de  chaque  côte  d'une  libre 
à  peu  près  parfaite  il  s'en  trouve  une  autre  dont  les  couclies  secondaires  ne 
font  qu'apparaître.  Eh  bien,  c'est  toujours  sur  le  côte  contigu  à  la  libre 
parfaite  que  nait  d'abord  la  formation  secondaire  ;  elle  s'étend  ensuite  dans 
la  direction  opposée.  Cela  ne  pourrait  avoir  lieu,  suivant  la  théorie  des 
dépôts,  dont  les  couebes  doivent  être  uniformes  sur  tous  les  côtés  de  la  cel- 
lule, puisqu'elles  sont  formées,  dit-on,  par  des  courants  qui  auraient  lieu 
autour  de  la  cavité  utriculaire. 

Quand  cette  zone  interne  est  arrivée  à  peu  près  à  l'épaisseur  qu'elle  doit 
avoir,  elle  se  divise  en  deux  membranes  ;  le  bord  libre,  plus  dense,  qui 
entoure  immédiatement  lacavité,  forme  l'intérieure;  elle  se  revêt  de  linéa- 
ments le  plus  fréquemment  eu  hélice,  quelquefois  annulaires,  qui  naissent 
comme  les  spiricules  et  les  anneaux  des  Cactées,  etc.,  dont  j'ai  entretenu  la 
Société. 

La  paroi  propre  à  chaque  cellule  fibreuse  est  donc  composée,  à  cette 
époque,  d'une  membrane  primaire,  d'une  formation  secondaire  externe 
(matière  intercellulaire),  et  de  deux  zones  de  formation  secondaire  interne. 

la  plus  âgée  de  ces  dernières  est  la  plus  intérieure,  c'est  la  ptychode  de 
M.  Hartig  ;  la  seconde,  interposée  entre  celle-ci  et  la  membrane  primaire, 
est  Yastathe  du  même  auteur  ;  la  membrane  primaire,  après  son  dédouble- 
ment, ne  parait  pas  avoir  été  aperçue  par  M.  Hartig,  qui  appelle  eustathe 
la  matière  intercellulaire  ;  mais  cette  dernière  est  souve.it  /esorbée,  alors 
les  fibres  voisines  ne  sont  plus  unies  par  cette  membrane  commune  ou 
eustathe  ;  et  cependant,  dans  ce  cas-là  même,  il  y  a  encore  entre  deux 
cavités  cellulaires  plus  de  membranes  que  n'en  a  trouvé  M.  Hartig  ;  il  y  en 
a  trois  poui*  chaque  cellule  ou  fibre,  ce  qui  fait  six  ;  et  M.  Hartig  n'en 
compte  jamais  que  cinq,  quand  ce  qu'il  regarde  comme  la  membrane  com- 
mune ou  eustathe  existe.  Si  l'on  examine  avec  beaucoup  d'attention  des 
coupes  transversales  dont  les  libres  sont  parfaitement  développées,  dont 
la  membrane  primitive  d'abord  commune  aura  été  dédoublée  sur  tout  le 
pourtour  des  cellules,  on  trouvera  sept  couebes  si  la  matière  intercellulaire 
existe. 

Les  libres  ligneuses  du  Tu. eus  bnecata  et  des  autres  Conifères  présentent 
des  sortes  de  ponctuations  aréolées,  qui  ont  été  regardées  comme  des  parties 


2?0  SOCIETE    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

sur  lesquelles  il  Lie  s'est  pas  opéré  de  dépôts  secondaires  à  la  surface 
nterne  de  la  membrane  primaire,  en  sorte  que,  suivant  M.  Hugo  Mohl  et 
es  anatomistes  qui  admettent  la  même  opinion,  il  n'y  a  pas  de  perforation, 
de  communication  immédiate  entre  les  deux  cellules  fibreuses  adjacentes. 
Que  ces  botanistes  mettent  de  côté  toute  idée  théorique,  et  qu'ils  examinent 
avec  attention  cette  partie  de  la  cellule,  ils  reconnaîtront  qu'il  y  a  réelle- 
ment perforation,  qu'il  n'existe  pas  de  membrane  obturatrice  dans  les  fibres 
ligneuses  du  Taxus  baccata,  du  Pinuspicea,  du  Giuko  biloba,  etc.,  dont 
on  a  souvent  parlé.  Ils  s'apercevront,  en  outre,  que  la  membrane  externe 
de  chaque  fibre  est  parfaitement  continue,  à  travers  ces  ouvertures,  avec  sa 
membrane  interne  ;  il  semble,  à  cette  époque,  qu'elles  ne  soient  formées 
que  par  le  dédoublement  d'une  même  membrane  et  qu'entre  les  parties  dé- 
doublées se  soit  déposée  une  substance  médiane  comme  celle  que  j'ai  signalée 
dans  certains  vaisseaux  réticulés,  etc.  Voilà  ce  que  l'on  observe  dans  des 
fibres  adultes  ;  mais  si  l'on  étudie  des  fibres  plus  jeunes,  on  découvrira  que 
non-seulement  la  membrane  externe  et  l'interne  d'une  même  cellule  sont 
reunies,  mais  encore  on  verra  qu'il  y  a  aussi  continuité  entre  les  membranes 
nternes  de  deux  cellules  ou  fibres  adjacentes.  Ce  n'est  que  postérieurement 
qu'il  s'établit  une  solution  de  continuité  entre  les  membranes  d'une  fibre 
et  celles  de  l'autre.  C'est,  en  effet,  au  pourtour  de  ces  ouvertures  que  la 
scission  entre  deux  fibres  s'opère  en  dernier  lieu  ;  et  c'est  là  probablement 
ce  qui  a  fait  croire  à  M.  Schacht  que  les  espaces  lenticulaires  qui  se  trou- 
vent ici  sont  des  cellules  munies  d'une  membrane  propre. 

Ces  vacuoles  lenticulaires  m'ont  paru  contenir,  à  leur  début,  une  matière 
d'apparence  gazeuse,  ainsi  que  l'a  dit  M.  Schleiden,  et  non  un  liquide  ren- 
fermant des  granules,  ainsi  que  le  pense  M.  Scbacht.  Cette  substance  gra- 
nuleuse se  montre  dans  l'épaisseur  de  la  membrane  pendant  que  celle-ci  se 
résorbe  pour  produire  les  ouvertures  ou  perforations  que  je  viensde  décrire. 
Si  ces  perforations  sont  assez  souvent  précédées  de  l'apparition  de  ces 
vacuoles  lenticulaires,  il  n'est  pas  exact,  cependant,  de  penser,  avec 
M.  Schleiden,  que  ces  dernières  soient  nécessaires  à  la  formation  des  ponc- 
tuations ou  parties  de  la  membrane  sur  lesquelles  il  ne  s'est  pas  fait  de  dépôt 
secondaire,  ce  qui  lui  donne  l'apparence  ponctuée,  parce  qu'il  est  une  mul- 
titude de  cas  dans  lesquels  les  canalicules  qui  donnent  lieu  à  l'apparence 
de  ponctuations  ne  sont  pas  accompagnés  de  ces  vacuoles.  Le  Taxus 
baccata  lui-même  offre  assez  fréquemment  des  perforations  qui  ne  sont  pas 
pourvues  de  ces  espaces  lenticulaires. 

i\I.  Duchartre  demande  si  M.  Trécul  s'est  assuré  de  l'absence  de 
membrane  obturatrice  entre  les  cellules  des  Conifères  autrement  que 
par  des  coupes  très  minces. 


SEANCE    DU    'là    NOVEMBRE    18ÔA.  "277 

M.  Trécul  répond  qu'il  y  est  parvenu  au  moyeu  de  la  teinture 
d'iode. 

M.  Brongniart  dit  que ,  d'après  ses  propres  expériences,  il  croit 
pouvoir  admettre  dans  le  jeune  âge  l'existence  de  la  membrane 
obturatrice  qui  disparaît  à  l'état  adulte.  Il  a  constaté,  il  y  a  plusieurs 
années,  l'existence  de  perforation  complète,  en  taisant  passer  de 
l'huile  d'une  cellule  dans  l'autre  à  travers  les  pores. 

M.  Trécul  maintient  son  opinion  à  l'égard  des  Conifères,  tout  en 
reconnaissant  que,  dans  beaucoup  d'autres  cas,  il  existe  dans  le 
jeune  âge  des  membranes  obturatrices  qui  peuvent  se  résorber  plus 
tard. 

M.  Parlatore  fait  à  la  Société  la  communication  suivante  : 

NOTE  SUR  QUELQUES  FAITS  D'ORGANOGRAPHIE  OBSERVÉS  DANS  LES  PLANTES 
MONOGOTYLÉDONÉES ,  par  M.   PII.   PARLATORE. 

En  m'occupant  pour  ma  Flore  d'Italie  des  plantes  monocotyledonees 
italiennes,  que  j'ai  étudiées  autant  qu'il  m'a  été  possible  sur  le  vivant,  j'ai 
été  à  même  de  noter  quelques  petits  faits  d'organographie  végétale  dont  je 
vous  soumets,  Messieurs,  quelques-uns,  seulement  dans  le  but  de  rendre 
bommage  à  cette  Société  qui ,  quoique  récemment  fondée,  est  déjà  prospère, 
grâce  aux  honorables  membres  qui  la  composent  et  à  l'illustre  président  qui 
la  dirige;  car  je  ne  puis  en  ce  moment  vous  présenter  un  travail  réellement 
digne  de  vous,  étant  venu  à  Paris  sans  y  être  préparé  et  n'ayant  pas  avec 
moi  tous  les  manuscrits  de  mes  observations. 

Je  noterai  d'abord  que  dans  certaines  espèces  de  Luzula  on  voit  les  grains  du 
pollen  réunis  quatre  à  quatre  comme  on  les  trouve  dans  plusieurs  Orchidées. 
Cette  disposition  du  pollen  n'est  pas  d'ailleurs  particulière  aux  Orchidées,  car 
on  la  connaît  déjà  dans  le  Periploca  grœca  ainsi  que  dans  un  petit  nombre 
d'autres  plantes  dicotylédonées,  et  je  me  rappelle  l'avoir  trouvée  moi-même 
dans  quelques  Bruyères.  Cela  s'explique  facilement  par  le  développement 
du  pollen,  qui,  au  commencement,  est  formé,  comme  on  le  sait,  par  quatre 
granules  réunis  entre  eux. 

J'ai  observé,  en  outre,  la  présence  des  raphides  avec  le  pollen,  en  dedans 
des  loges  des  anthères,  dans  plusieurs  plantes  de  la  famille  des  biliacées, 
telles  le  Lachenalia  tricolor,  le  Muscari  racemosum,  le  Bel  levai  ia  ro- 
mana,  etc.  Les  raphides  réunies  en  faisceau  comme  on  les  trouve  ordinaire- 
ment ou  dispersées,  étaient  mêlées  aux  grains  du  pollen.  Je  n'ai  pu  observer 
la  cellule  particulière  qui  d'ordinaire  renferme  chaque  groupe  de  ces  ra- 
phides, mais  je  crois  qu'elle  avait  été  déchirée,  ce  qui  avait  permis  la  sortie 
des  raphides.  Tout  le  monde  sait  que  Delile  a  observé  des  cristaux  salins 


"278  SOCIETE    BOTANIQUE    !>E    FKANCE. 

cubiques  mêlés  avec  les  grains  du  pollen  du  Caladium  bicolor.  Les  obser- 
vations que  je  viens  d'enregistrer  démontrent  que  la  simultanéité  des  cris- 
taux salins  avec  le  pollen  ,  au  moins  dans  les  plantes  monocotylédonées, 
n'est  pas  un  fait  aussi  rare  qu'on  le  pense,  et  je  ne  doute  pas  qu'on  ne  trouve 
ces  raphides  mêlées  avec  le  pollen  chez  plusieurs  plantes,  si  cela  n'a  pas  été 
déjà  observé  par  d'autres  botanistes,  ce  que  j'ignore  quant  à  présent. 

Les  Luzula  m'ont  présenté  un  t'ait  qui,  quoique  entrevu  par  M.  de  la 
Harpe  et  par  Kunlh,  n'a  pas  été,  à  mon  avis,  bien  étudié  jusqu'ici.  Dans  une 
section  des  Luzula  qui  renferme  les  espèces  à  graines  non  appendiculées, 
on  trouve  dans  les  graines,  a  l'époque  de  la  maturité,  plusieurs  filaments 
blancs,  longs,  élastiques,  qui,  de  la  base  de  ces  graines,  vont  s'insérer  au 
placenta,  à  la  base  de  la  capsule  qui,  dans  ces  plantes,  comme  on  le  sait 
bien,  est  uniloculaire.  Ces  filaments  ont  élé  vus  dans  deux  espèces  seule- 
ment par  Kuntl),  qui  ne  s'occupa  pas  de  leur  valeur  organographique,  et 
ils  ont  été  observés  dans  plusieurs  espèces  par  M.  de  la  Harpe,  qui  ne  les  a 
pas  bien  décrits  en  disant  qu'à  la  base  des  graines  de  ces  Luzula,  à  l'époque 
de  leur  maturité,  on  voit  un  pinceau  de  poils  laineux  dans  lequel  on  recon- 
naît plusieurs  vaisseaux  en  spirale  déroulée.  Ces  filaments  tiennent  certaine- 
ment d'un  côté  au  hile  situé  à  la  base  des  graines,  et  de  l'autre  au  placenta 
qui  est  à  la  base  de  la  capsule,  car  en  tenant  les  capsules  renversées,  les 
graines  ne  tombent  pas,  quoiqu'elles  soient  assez  grosses;  ils  sont  formés 
par  des  cellules  allongées,  unies  bouta  bout,  comme  les  cellules  de  certains 
poils  ou  de  certaines  Conferves  ,  et  sont  souvent  plies  en  zigzag,  ce  qui 
explique  leur  élasticité  ou  pour  mieux  dire  leur  facilité  à  s'étendre.  Je 
les  considère  comme  des  restes  du  funicule  ombilical,  les  vaisseaux  spiraux 
ayant  ordinairement  disparu  ou  ayant  été  déchirés  par  l'allongement  des 
cellules  environnantes,  car  le  funicule  ombilical  entier  est  d'abord  court  et 
épais.  C'est  un  fait  a  peu  près  semblable  à  ce  qu'on  voit  dans  quelques 
genres  de  Maguoliacées  et  surtout  dans  le  genre  Magnolia,  où  le  funicule 
ombilical  très  long  tient  les  graines  suspendues;  cependant  dans  les  Luzula, 
ce  funicule  se  sépare  pour  former,  après  la  destruction  des  vaisseaux,  des 
filaments  isolés. 

Dans  l'intérieur  de  la  capsule  des  Asphodelus  et  des  Asphodeline  j'ai 
observé  un  tissu  utriculaire,  lâche,  rempli  d'un  liquide  jaune  ou  jaunâtre 
qui  a  l'apparence  de  la  gélatine  :  ce  tissu  est  plus  ou  moins  abondant,  selon 
que  la  grosseur  des  graines  laisse  plus  ou  moins  d'espace  vide  dans  la 
cavité  des  capsules  ;  ainsi  il  est  moins  abondant  dans  les  Asphodelus  albus  et 
ramosus,  dont  les  graines  sont  assez  grosses,  et  au  contraire  il  est  très  déve- 
loppe dans  Y  Asphodeline  lutea  dont  les  graines  sont  plus  petites.  Cette 
matière  pulpeuse  ou  gélatineuse  rappelle  en  quelque  manière  celle  que  l'on 
observe  dans  l'intérieur  de  l'ovaire  des  Aroïdées,  lorsque  dans  celles-ci  elle 
se  montre  comme  une  substance  pulpeuse  ou  gélatineuse  :  cependant ,  il 


SÉANCE    DU    24    NOVEMBRE    185/|.  279 

faut  noter  que  celle  des  Aroïdées  est  formée  par  des  filaments  confervoides, 
c'est-à-dire  par  des  filaments  composés  de  cellules  placées  bout  à  bout,  qui 
varient  selon  les  genres,  étant  tantôt  courts,  tantôt  longs,  de  manière  à  rem- 
plir en  tout  ou  en  partie  la  cavité  de  l'ovaire,  tandis  que  dans  les  Aspho- 
delus  et  les  Asphodeline,  le  tissu  utriculaire,  rempli  d'un  liquide  jaune  ou 
jaunâtre,  est  formé  par  des  cellules  hexagones  ou  presque  sphériques  réunies 
en  masses  et  non  pas  en  filaments.  Du  reste,  l'origine  de  ces  matières  est 
différente  dans  ces  plantes,  car  chez  les  Aroïdées  c'est  le  tissu  conducteur 
même  qui  les  forme  en  pullulant  au  delà  de  son  canal  dans  l'intérieur  de  la 
loge,  et  il  est  très  développé  dans  l'ovaire;  tandis  que  chez  les  Asphodelus 
et  les  Asphodeline  c'est  à  l'endocarpe  qu'on  doit,  à  mon  avis,  la  matière 
pulpeuse  qui  se  développe  dans  les  loges  des  capsules.  A  propos  des  Aspho- 
delus, j'aurais  maintenant  noté  la  présence  d'un  arille  dans  les  graines  de  ces 
plantes,  si  déjà  M.  Ad.  Brongniart  ne  l'avait  pas  fait  connaître,  il  y  a  peu 
de  temps,  dans  une  des  séances  de  cette  Société  :  je  suis  heureux  de 
dire  ici  que  j'avais  fait  les  mêmes  observations  que  lui,  et  je  me  félicite  de 
me  trouver  aussi  souvent  d'accord  avec  les  observations  et  la  manière 
de  voir  de  ce  savant  distingué  dont  je  m'honorerai  toujours  d'avoir  été 
l'élève. 

Je  noterai,  enfin,  une  disposition  particulière  de  l'ovule  anatrope  que  j'ai 
observée  dans  quelques  espèces  A'Erythronium  et  de  Gatanthus.  Les  ovules 
de  V Eryihfonium  Dens  canis,  longifolium,  etc.,  sont  anatropes,  comme  on 
le  sait,  presque  horizontaux  et  comme  penchés  et  ils  présentent  au  sommet, 
(base  anatomique  de  l'ovule)  un  prolongement  acuminé  et  courbé  en  forme 
de  hameçon  ou  de  crochet.  En  observant  ces  ovules  au  microscope,  on  voit 
qu'ils  sont  anatropes,  et  que  ce  prolongement  est  formé  seulement  par  les 
téguments  (la  primine  et  la  secondine)  sans  que  le  noyau  y  entre  pour  la 
moindre  part.  On  observe  à  peu  près  le  même  fait  dans  les  ovules  des 
Galanthus  qui  sont  aussi  anatropes,  mais  qui  n'ont  pas  le  sommet  aussi 
courbé  que  ceux  des  Erythronium. 

M.  Chatin  l'ait  à  la  Société  la  communication  suivante  : 

RECHERCHE  DES  RAPPORTS  ENTRE  L'ORDRE  DE  NAISSANCE  ET  L'ORDRE  DE  bÉHISCENCE 
DES  ÉÏAM1NÈS,  par    M.  AD.   CHAUX 

Je  viens  soumettre  à  la  Société  les  observations  que  j'ai  faites  sur  les 
rapports  qui  existent  entre  l'ordre  de  naissance  et  l'ordre  de  maturation  ou 
de  déhiscence  des  étamines. 

Il  est  peu  de  botanistes  qui  n'aient  fait  souvent  la  remarque  que  les  éta- 
mines d'une  même  fleur  n'ouvrent  pas  leurs  anthères  simultanément,  ni 
même  à  des  intervalles  toujours  et  irrégulièrement  rapprochés,  mais  qu'il 


280  SOCIÉTÉ    BOTAMQLiE    DE    FRANGE. 

existe  au  contraire  un  temps  plus  ou  moins  long  entre  la  déhiscence  des 
diverses  étamines,  en  même  temps  qu'un  certain  ordre  préside  à  cette  déhis- 
cence. Chez  les  fleurs  diplqstémones,  telles  que  celles  des  Caryophyllées, 
des  Rutacées  et  des  Onagrariées,  on  constate  presque  toujours  que  l'un  des 
veiticilles  de  l'androcée,  ordinairement  celui  dont  les  étamines  ont  le  plus 
de  longueur,  a  complété  la  déhiscence  de  ses  anthères  avant  que  le  verlicille 
des  petites  étamines  ait  commencé  à  ouvrir  les  siennes.  Dans  heaucoup  de 
plantes,  les  étamines,   qu'elles  forment  deux  veiticilles  comme  dans  les 
Rhododendrons,  ou  un  seul  comme  chez  les  Azalées  et  les  Scrophulacees, 
ordonnent  leur  déhiscence  de  la  bractée  vers  l'axe,  de  telle  sorte  que  celles 
du  côté  inférieur  de  la  fleur  sont  ordinairement  plus  tôt  mûres  (et  plus  lon- 
gues) que  celles  du  côté  supérieur.  Un  ordre  d'évolution  inverse  de  celui 
qui  précède  peut  être  observé  dans  un  assez  grand  nombre  de  Liliacées, 
famille  dans  laquelle  on  trouve  d'ailleurs  toutes  les  combinaisons  entre  la 
déhiscence  par  veiticilles  distincts,  la  déhiscence  procédant  de  l'axe  vers  la 
bractée  et  la  déhiscence  simultanée  des  étamines  des  deux  veiticilles.  Enfin, 
chez  quelques  plantes  ,  telles  que  les  Tropéolées  et  un  assez  grand  nombre 
d'espèces  appartenant  pour  la    plupart   a  l'alliance  des  Malpighinées  de 
M.  Ad.  Rrongniart  (alliance  dans  laquelle  j'ai  proposé  de  comprendre  les 
Tropéolées),  les  étamines  mûrissent  successivement,  et  comme  au  hasard, 
sur  les  deux  côtes  de  la  fleur  et  vers  ses  parties  supérieure  et  inférieure; 
mais,  sous  ce  désordre  apparent,  on  peut  reconnaître  avec  certitude,  par  la 
place  qu'occupent  les  étamines  relativement  à  chacun  des  sépales  et  des 
pétales,  que  leur  évolution  s'opère  d'après  des  règles  invariables. 

Si  Vorganographie  montre  que  les  étamines  d'une  même  fleur  diffèrent 
souvent  entre  elles,  vers  l'époque  de  leur  maturation,  et  par  leur  longueur 
et  par  le  moment  précis  de  leur  déhiscence,  1 'organogénie  apprend  à  son 
tour  que  ces  étamines  ne  naissent  pas  toujours  à  la  fois;  et  si  l'on  vient  à 
comparer  d'une  manière  générale  l'ordre  de  maturation  à  l'ordre  de  nais- 
sance des  étamines,  on  arrive  a  reconnaître  que  ces  deux  états  ou  âges  sont 
lies  entre  eux  par  des  rapports  de  trois  sortes,  qui  peuvent  être  ainsi  ex- 
primés : 

1»  Il  y  a  rapport  direct  ou  parallélisme  entre  l'ordre  de  naissance  et 
l'ordre  de  maturation  des  étamines.  (Coriariacées  ,  Caryophyllées,  Gérania- 
cces,  Malvacées,  Mimosées,  Rutacées,  Saxifragées,  Crassulacées ,  Mélas- 
tomacees,  Onagrariées,  Rosacées,  Myrtacees,  Monotropées,  Dioscorees, 
Mélanthacées,  Tradescantiees,  Hypoxidées,  Asparaginees,  Asphodélées, 
Liliacées,   Amaryllidees,  etc.) 

2°  L'ordre  de  déhiscence  est  plus  ou  moins  indépendant  de  l'ordre  de 
naissance,  des  étamines  (quelques  Renonculacées  et  Rutacées,  Papiliona- 
cées  (?)  Rhododendrées ,  Scrophulacees,  Rignoniacees ,  Acanthacées,  Ver- 
benacées,  Orobanchees,  quelques  Liliacées  et  Amaryllidees.  etc.) 


SÉANCE    Dl    'lh    NOVEMBRE    1854.  2S1 

3°  Il  y  a  rapport  inverse  entre  l'ordre  de  maturation  et  l'ordre  de  nais- 
sance des  etamiries.  Je  n'ai  vu  encore  avec  certitude  ce  dernier  rapport  que 
dans  les  Cassia  et  surtout  dans  YOxalis  Deppii,  duquel  se  rapproche 
YO.  rosacea  qui  ouvre  à  peu  près  simultanément  ses  deux  verticilles  d'éta- 
mines.  Il  est  inutile  de  dire  que  chez  ces  Oxalis ,  comme  dans  les  autres 
espèces  du  genre ,  les  ëtamines  placées  devant  les  sépales  naissent  toujours 
les  premières,  ainsi  que  l'a  vu  M.  Payer. 

Une  remarque  qui  se  présente  tout  d'abord  à  l'esprit ,  c'est  que  si  le  pre- 
mier rapport  ou  le  rapport  direct  eût  seul  existé,  l'organogénîe  de  l'androcée 
eût  pu  se  faire  fort  aisément  sans  ouvrir  un  seul  bouton  ,  dont  le  jeune  âge 
eût  été  fidèlement  traduit  par  l'état  relatif  des  étamines  développées.  Alors 
on  eût  pu  dire  avec  raison  que  l'organogénîe  ne  sert  qu'a  faire  voir  difficile- 
ment et  incerlainement  au  travers  de  verres  grossissants  ce  qu'un  peu  plus 
tard  on  distinguerait  aisément  et  sûrement  à  l'œil  nu.  Mais  on  a  vu  qu'il 
n'en  est  rien,  et  que  le  botaniste  qui  voudrait  faire  ainsi  de  l'organogénîe  en 
déduisant  les  rapports  de  naissance  des  rapports  qu'ont  entre  elles  les  par- 
ties développées  tomberait  dans  de  grossières  erreurs. 

M.  Balansa  fait  à  la  Société  la  communication  suivante  : 

NOTE  SUR  UN  NOUVEAU  RUMEX  DE  L'ASIE  MINEURE,  par  M.  B.   BALANSA. 

Dans  le  voyage  que  je  viens  de  faire  en  Asie  Mineure,  j'ai  récolté  un 
Rumex  qui  m'a  fourni  l'occasion  de  faire  quelques  observations  dont  le 
résultat  ne  sera  peut-être  pas  sans  intérêt  pour  la  Société. 

L'extrême  ressemblance  de  ce  Rumex  avec  la  variété  multifide  du  Rumex 
Acetosella  me  faisait  espérer  que  je  ne  tarderais  pas  à  en  reconnaître  le  nom  ; 
mais  mon  attente  a  été  trompée,  quoique  son  extrême  vulgarité  en  Orient 
donnât  lieu  de  penser  qu'il  n'avait  point  échappé  à  l'attention  des  bota- 
nistes. Voici  quels  sont  les  motifs  qui  m'ont  amené  à  ce  résultat  négatif. 

Linné,  dans  la  seconde  édition  du  Species  plantarum,  décrit,  d'après 
un  échantillon  imparfait,  sous  le  nom  de  Rumex  multifidus,  une  plante 
croissant  dans  l'Italie  méridionale  et  en  Orient  et  que  la  plupart  des  bota- 
nistes ont  rapportée  depuis  au  Rumex  Acetosella.  Malgré  toutes  mes  recher- 
ches, il  ne  m'a  pas  été  possible  de  vider  complètement  cette  question,  et  de 
me  convaincre  qu'en  établissant  le  Rumex  multifidus  Linné  ait  eu  en  vue 
l'espèce  que  j'ai  récoltée  en  Asie  Mineure,  car  le  caractère  sur  lequel  il  a 
fondé  ce  RumexiYtx  qu'une  importance  secondaire,  et  est,  d'ailleurs,  commun 
à  une  variété  du  Rumex  Acetosella  et  à  la  plante  qui  fait  le  sujet  de  cette 
communication.  Linné  lui-même  semble  avoir  rendu  cette  question  tout  à 
fait  insoluble  en  faisant  dans  son  Rumex  Acetosella  une  variété  pour  la- 
quelle il  cite  la  phrase  et.  la  ligure  de  Boeeone  qu'il  a  attribuées  également  à 


282  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    1)1.    FRANCE. 

son  Rumex  multifidus.  Dans  cet  état  de  choses,  j'ai  cru  qu'il  était  nécessaire 
de  ranger  le  Rumex  multifidus  de  Linné  au  nombre  des  variétés  du  Rumex 
Acetosella,  et  d'élever  au  rang  d'espèce,  sous  le  nom  de  Rumex  acetosel- 
loides, la  plante  que  j'ai  récoltée  en  Asie  Mineure. 

Les  études  que  j'ai  été  obligé  de  faire  pour  cette  dernière  espèce  m'ont 
aussi  fourni  l'occasion  de  constater  dans  le  Rumex  Acetosella  un  caractère 
qui  parait  avoir  échappé  jusqu'à  présent  à  l'observation,  et  qui  forcera 
de  créer  une  nouvelle  section  pour  cette  espèce  et  de  modifier  les  caractères 
génériques  des  Rumex. 

Dans  le  Rumex  Acetosella,  les  trois  divisions  intérieures  du  périgone 
sont  en  effet  intimement  soudées  avec  l'akène  jusqu'au  sommet  ouvert  seu- 
lement pour  laisser  passer  les  styles.  Campdera,  dans  sa  Monographie  des 
Rumex,  publiée  en  1819,  a  entrevu  cette  soudure.  Décrivant  les  divisions 
intérieures  du  périgone  des  fleurs  femelles  du  Rumex  Acetosella,  il  s'ex- 
prime ainsi  :  Sepala  interiora  erecta  plana  ovata  et  acutiuscula  ut  cariop- 
sidis  faciès  quibus  contigua,  sœpeque  adherentia,  extus  sublœvia  interdum 
abortiva  ?  Mais  ces  derniers  mots  interdum  abortiva  rapprochés  de  ceux-ci 
sœpeque  adherentia  n'expriment  pas  d'une  manière  suffisamment  nette  et 
précise  l'adhérence  intime  des  divisions  intérieures  du  périgone  du  Rumex 
Acetosella  avec  son  akène.  Les  botanistes  descripteurs  qui  ont  écrit  après 
Campdera  n'ont  pas  remarqué  non  plus  cette  adhérence.  Les  uns  ont  décrit 
ces  divisions  comme  caduques,  les  autres  se  bornent  à  dire  qu'elles  sont 
dressées  et  qu'elles  égalent  l'akène. 

Campdera,  et  après  lui  Endlicher,  placent  cette  plante  dans  la  section 
ùesAcetosœ.  Le  Rumex  Acetosa,  type  de  cette  section,  ayant  les  akènes  li- 
bres, il  est  indispensable  de  créer  dans  le  genre  une  nouvelle  section  qui, 
sous  le  nom  d' Acetosella,  renfermera  seulement  le  Rumex  Acetosella.  Cette 
section  serait  surtout  caractérisée  ainsi  :  Perigonii  foliola  interiora  extus 
lœvia  achœnio  adnata. 

Ainsi  que  je  l'ai  dit  précédemment,  le  Rumex  acetoselloides  ressemble 
tellement  par  le  port  a  la  variété  multifidedu  Rumex  Acetosella,  que,  sans 
l'examen  du  fruit,  il  est  difficile,  pour  ne  pas  dire  impossible,  de  l'en 
distinguer.  Il  parait  être  très  répandu  en  Orient  ;  il  ne  serait  pas  étonnant 
qu'on  le  rencontrât  dans  des  régions  plus  occidentales  et  peut-être  même  en 
France.  Cette  espèce  se  distingue  facilement  du  Rumex  Acetosella  par  les 
trois  divisions  intérieures  du  périgone  un  peu  plus  longues  que  l'akène  et 
n'ayant  aucune  adhérence  avec  lui. 
En  voici  la  description  : 

Rumex  acetoselloides,  Balansa  pi.  or.  exsicc.  n.  351  (1854). 
Rumex  pereonis;  caudice  in  radicem  tenuem  elongatam  producto;  cau- 
libus  erectis  vel  subdiffusis  ;   foliis  glabris,  petiolatis,  bastatis,  auriculis 
multipartitis  sa>pe  divaricatis  rarius  indivisis;  ochreis  pellucidissublaceris, 


SÉANCE   DU   2/|    NOVEMBRE    185/|.  "283 

elongatis  ;  panieula  terminali,  thyrsoidea,  verticellastris  midis  paueifloris  ; 
floribqs  dioicis,  pedunculatis,  peduneulo  apice  articulato  demum  reflexo  ; 
in  floribus  maseulis  perigonii  laciniis  exterioribus  oblongo-laneeolatis , 
erectis,  interiora  ovata  subaequantibus  ;  antheris  ovato-rotundis;  laciniis 
perigonii  fructiferi  exterioribus  parvis  erectis,  interioribus  ovato-suborbi- 
culatis  obtusis  granulo  destitutis  integerrimis  venosis  mernbranaceis  eon- 
niventibus  exteriora  triplo  superantibus  ;  aebaeniis  triquetris  Isevibus  ni- 
tidis,  liberis,  segmenta  exteriora  subœquantibus  ;  stylis  longiusculis  ; 
stigmatibus  complanatis,  ambitu  suborbiculatis,  multifidis. 

Crescit  prope  Smyrnam,  in  Sipylo  supra  Magnesiam,  ad  Bozdagb  in 
Tmolo  occidentali,  et  verosi militer  in  multis  aliis  locis. 

M.  Payer  expose  à  la  Société  les  résultats  généraux  de  ses  recher- 
ches orgânôgèniques  sur  les  étamines  périgynes  et  sur  les  ovaires 
infères  : 

Dans  toutes  les  fleurs  a  étamines  périgynes,  le  réceptacle  est  d'abord  co- 
nique, comme  dans  les  fleurs  à  étamines  hypogynes  ;  mais  tandis  que,  dans 
celles-ci,  ce  cône  persiste,  et  que  sasurface  latérale  produit  successivement, 
de  bas  en  haut,  les  sépales,  les  pétales,  les  étamines  et  le  pistil,  dans  celles- 
là  cette  forme  conique  disparait  promptement,  et  le  réceptacle  prend  l'as- 
pect d'une  coupe  plus  ou  moins  évasée,  sur  les  bords  de  laquelle  les  sépales, 
les  pétales,  les  étamines  et  les  feuilles  carpellaires  prennent  successivement 
naissance  de  haut  eu  bas.  Les  fleurs  à  étamines  hypogynes  peuvent  donc 
être  considérées  comme  des  arrêts  de  développement  des  (leurs  à  étamines 
périgynes. 

Lorsque  l'ovaire  de  ces  fleurs  à  étamines  périgynes  doit  être  supère  comme 
dans  les  Roses,  le  fond  de  la  coupe  receptaculaire  porte  les  carpelles  ;  lors- 
qu'au contraire  l'ovaire  doit  être  infère,  les  feuilles  carpellaires  naissent  à 
mi-hauteur  sur  les  parois  de  la  coupe  receptaculaire  sur  un  même  cercle 
horizontal,  deviennent  connées  entre  elles,  et  forment  au-dessus  du  fond  de 
cette  coupe  receptaculaire  une  sorte  de  dôme.  Il  s'ensuit  que  l'ovaire  infère 
se  compose  de  deux  parties  principales  :  l'une  axile,  la  coupe  receptaculaire  ; 
l'autre  appendiculaire,  le  dôme. 

Résumant  ensuite  les  diverses  modifications  que  les  ovaires  infères  lui  ont 
présentées,  M.  Payer  distingue  : 

i  "  Des  ovaires  infères  avec  placenta  central,  comme  dans  les  Composées, 
ou  l'ovaire  a  la  forme  d'une  cupule,  dont  la  partie  supérieure  est  recou- 
verte par  une  sorte  d'opercule  formé  par  deux  feuilles  carpellaires  connées, 
et  dont  le  fond  est  occupé  par  un  ovule  anatrope  et  dense  ; 

2°  Des  ovaires  infères  avec  placentas  pariétaux  :  ces  placentas  pariétaux 
peuvent  être  alternes  avec  les  feuilles  carpellaires  comme  dans  les  Loasées, 


:>8/(  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

ou  superposés  a  ces  feuilles  carpellaires  comme  dans  la  Scabieuse ,  ou 
l'ovaire  infère  se  compose  d'une  cupule  axile  surmontée  d'un  cône  formé 
par  une  feuille  carpellaire  dont  les  bords  se  sont  rapprochés  et  soudés  ,  et 
d'un  placenta  superpose  a  cette  feuille  carpellaire  ,  placenta  qui  produit  un 
seul  ovule  anatrope  et  suspendu  ; 

3°  Des  ovaires  infères  avec  placentas  qui,  étant  pariétaux  a  l'origine, 
s'avancent  vers  le  centre  de  la  cavité ,  s'y  rencontrent  et  s'y  soudent  de  fa  - 
çon  à  partager  cette  cavité  en  autant  de  compartiments  :  comme  exemple 
de  ces  ovaires  infères,  M.  Payer  cite  les  Cucurbita  ; 

h°  Des  ovaires  infères  où  les  loges  se  forment  par  des  sortes  de  puits  qui 
se  creusent  au  pied  des  feuilles  carpellaires  (ex.  :  Mesembryanthemum)  ; 

5°  Des  ovaires  infères  ou  les  loges  se  forment,  dans  leur  partie  inférieure 
par  des  sortes  de  puits  qui  se  creusent  au  pied  des  feuilles  carpellaires 
comme  dans  les  Mesembryanthemum,  et  dans  leur  partie  supérieure  par  des 
cloisons  qui,  partant  des  parois,  viennent  se  réunir  au  centre  comme  dans 
les  Cucurbita  :  un  grand  nombre  d'ovaires  infères  se  rangent  dans  cette  divi- 
sion. M.  Payer  cite  entre  autres  les  Symphortcarpos,  qui  présentent  en  outre 
ce  fait  singulier  que,  à  l'origine  comme  à  l'état  adulte,  deux  loges  sont 
monospermes  et  deux  loges  sont  polyspermes. 

Quant  au  disque,  quelle  que  soit  sa  forme,  il  ne  représente  point,  comme 
le  croient  la  plupart  des  botanistes,  un  ou  plusieurs  verticilles  dont  les  di- 
verses parlies  ont  avorté  et  sont  devenues  glanduliferes,  mais  bien  un  gon- 
flement du  réceptacle  qui  se  produit  longtemps  après  l'apparition  du  pistil. 

M.  Duchartre  fait  remarquer  que  la  théorie  que  vient  d'exposer 
M.  Payer  comme  résultant  de  ses  observations,  est  identique  avec 
celle  déjà  développée  depuis  longtemps  par  M.  Schleiden. 

M.  Payer  répond  que  son  travail  est  différent  de  celui  de  M.  Schlei- 
den, surtout  en  ce  sens  qu'il  a,  le  premier,  basé  sa  théorie  des 
ovaires  infères  sur  un  principe  qui  n'avait  pas  été  émis  avant  lui  et 
qu'il  a  prouvé  par  des  faits.  Ce  principe,  c'est  que  les  parties  sur 
lesquelles  se  produisent  des  organes  appendiculaires  sont  toujours  de 
nature  axile.  Il  en  résulte  que  les  ovaires  infères  sont  de  cette  na- 
ture, puisque  c'est  de  la  partie  qui  les  forme  que  naissent  les  organes 
plus  extérieurs  de  la  fleur  (1). 

(1)11  est  bien  vrai  que  M.  Schleiden,  revenant  aux  idées  anciennes,  admet  qu'il 
y  a  dans  les  ovaires  infères  une  partie  axile  et  une  partie  appendiculahe,  et  que, 
par  conséquent,  les  expressions  de  ovaire  infère  et  ovaire  supère  doivent  être  sub- 
stituées aux  expressions  de  ovaire  adhérent  et  ovaire  inadhérent  proposées  par 
De  Candolle,  et  adoptées  par  tous  les  botanistes  modernes.  Mais  comme  M.  Schlei- 
den n'indique  pas  de  règles  pour  déterminer  ces  deux  parties  axile  ei   appendi- 


SÉANCE    DU    2ll    NOVEMBRE    1 8 5 Z| .  285 

M.  Duchartre  répond  à  sou  tour  que  ce  principe  est  précisément 
celui  sur  lequel  M.  Schleiden  a  basé  sa  théorie  des  ovaires  infères. 

M.  Chatin  ajoute  que,  chez  les  plantes  à  ovaire  infère,  et  en  par- 
ticulier chez  les  Mélastomacçes ,  il  a  vu  la  cupule  dont  a  parlé 
M.  Payer.  Les  disques  ne  sont  pas  non  plus  pour  lui  des  organes  ap- 
pendiculaires,  mais  parfois  ils  naissent  avec  une  si  grande  régula- 
rité, qu'on  serait  tenté  de  les  considérer  comme  tels. 

M.  Trécul  rappelle  qu'il  a  dit,  lui  aussi,  que  les  ovaires  infères  sont 
axiles,  mais  qu'il  a  été  amené  à  cette  conviction  par  des  motifs  dif- 
férents, et  surtout  par  l'analogie  de  la  structure  de  l'ovaire  avec 
relie  de  la  lige  chez  les  Prismatocarpus . 

M.  Bâillon  fait  à  la  Société  la  communication  suivante  : 

SUR  LE  MODE  DE  FÉCONTiÂTIO.N  DU  CATASETUM  LURIDVM  (Lindley),  par  M.  II.  IS.4iBJ.OV 

La  disposition  des  organes  sexuels  dans  le  Catasetum  luriâum  et  dans 
ses  variétés  est  telle  que,  comme  dans  beaucoup  d'autres  plantes  de  cette 
curieuse  famille,  il  semble,  à  première  vue,  difficile,  sinon  impossible,  que 
le  pollen  arrive  au  contact  des  papilles  stigmatiques,  sans  l'intervention 
d'une,  influence  extérieure. 

culaire,  et  comme,  dans  la  détermination  de  ces  deux  parties  dans  les  diverses 
familles,  il  s'est  le  plus  souvent  trompé  (ex.:  Légumineuses,  Orchidées,  etc.),  son 
opinion  n'a  pas  été  adoptée,  et  les  expressions  d'ovaire  adhérent  et  inadhérent  ont 
été  conservées. 

La  comparaison  du  mode  de  développement  delà  partie  commune,  à  la  corolle 
et  aux  élamines  des  Solanées,  où  il  y  a  adhérence,  avec  le  mode  de  développement 
du  bord  de  la  coupe  réceptaculaire  de  la  (leur  des  Grenadiers,  bord  sur  la  paroi 
interne  duquel  apparaissent  successivement  tous  les  organes  floraux  ,  a  permis  à 
.M.  Payer  de  démontrer  d'une  manière  précise  que  dans  les  ovaires  infères  la  partie 
inférieure  est  toujours  axile.  En  effet,  lorsque,  comme  pour  la  corolle  et  les  éta- 
mines  des  Solanées,  la  partie  commune  aux  deux  organes  est  appendiculaire,  ces 
deux  organes  naissent  séparément,  quoique  successivement,  sur  le  réceptacle,  et  ce 
n'est  que  plus  lard  qu'ils  sont  soulevés  par  la  partie  commune.  Lorsqu'au  con- 
traire, comme  pour  le  calice,  la  corolle  et  les  élamines  des  Roses,  la  partie  commune 
apparaît  d'abord  suus  la  forme  d'une  coupe,  et  que  les  organes  floraux  naissent 
successivement  sur  sa  paroi  interne,  cette  partie  commune  est  nécessairement 
axile.  C'est,  comme  on  le  voit,  l'application  aux  organes  de  la  fleur,  de  ce  principe 
si  fécond  eu  conséquences  pour  les  organes  de  la  végétation,  et  qui  a  permis  de  îe- 
connaître  que,  dans  le  Buscus,  les  parties  aplaties  que  l'on  prenait  pour  des  feuilles 
sont  des  rameaux,  principe  qui  se  résume  ainsi  :  Tout  organe  qui  donne  naissance 
a  un  autre  est  nécessairement  axile.  (Note  cominuniquée  après  la  séance  par 
M.  Payer.) 

t.  i.  19 


!>8()  SOCIÉTÉ  BÔTAMftlli    DE    FRANCK. 

En  effet,  si  l'on  pratique  une  coupe  médiane  et  longitudinale  du  gyno- 
stème, pour  bien  montrer  les  rapports  de  position  du  clinandre  et  du  stig- 
mate, on  voit  que  les  niasses  polliniques  sont  séparées  de  l'antre  stigma- 
tique  par  un  long  prolongement  horizontal,  sous  lequel  les  papilles  de 
l'organe  femelle  sont  profondément  enfouies.  Le  pollen  ne  peut  donc,  en 
aucune  façon,  tomber  sur  elles  par  son  propre  poids. 

Cette  sorte  de  barrière  existe  dans  bien  d'autres  plantes  de  la  même  fa- 
mille. L'élasticité  du  caudieule  y  remédie  de  diverses  manières;  grâce  à 
elle,  le  pollen,  projeté  avec  forée,  arrive,  de  façon  ou  d'autre,  au  stigmate. 
Dans  les  Mormodes,  dans  beaucoup  de  Heurs  de  la  tribu  des  Validées,  dans 
la  plupart  des  espèces  de  ce  même  genre  Catasetum,  le  petit  appareil  con- 
stitué par  les  masses  polliniques,  leur  caudieule  et  leur  rétinacle  glanduleux, 
au  moment  de  sa  projection,  se  courbe  sur  lui-même  en  vertu  de  son  élas- 
ticité, à  peu  près  de  la  même  manière  que  les  valves  du  fruit  de  la  Balsa- 
mine. Dans  certains  eas  alors,  ce  petit  appareil,  grâce  a  sa  nouvelle  forme, 
peut,  en  restant  en  pla.ee,  par  sa  partie  inférieure  ,  aller  porter  son  autre 
extrémité,  celle  où  se  trouve  le  pollen,  vers  l'orifice  stigmatique,  tandis 
que,  dans  d'autres  eas,  il  se  détache  tout  entier;  mais  il  est  lancé  alors  si 
loin  de  la  Heur  dont  il  provient,  qu'on  ne  peut  douter  que,  dans  bien  des 
cas,  il  ne  serve,  non  à  la  fécondation  de  cette  fleur  elle-même,  mais  a  celle  de 
fleurs  plus  ou  moins  éloignées,  de  la  même  plante  ou  des  pieds  voisins. 

Tel  n'est  pas  le  l'ait  de  l'espèce  qui  nous  occupe.  Avant  l'époque  de  l'an- 
thèse,  le  caudieule  est  appliqué  contre  le  gynostème  à  la  façon  d'un  arc 
courbé.  Lors  de  la  projection,  il  se  redresse  comme  l'arc  détendu,  il  devient 
parfaitement  rectiligne.  En  se  détendant,  il  détache  le  couvercle  de  l'anthère, 
puis  il  [tait  comme  un  trait,  son  extrémité  la  plus  lourde  en  avant;  c'est 
celle  où  est  le  rétinacle  qui  entraîne  le  caudieule  et  après  lui  les  masses 
polliniques  avec  une  grande  rapidité. 

Le  rétinacle  est  a  ce  moment  tout  chargé  du  suc  visqueux  sécrété  par  sa 
substance  glanduleuse,  suc  qui  se  dessèche  très  rapidement  et  maintient  les 
masses  polliniques  solidement  collées  au  point  où  se  fixe  la  glande  ainsi  pro- 
jetée. Ce  point  peut  varier  considérablement  dans  les  diverses  espèces  d'Or- 
chidées, ici  il  y  a  cela  de  remarquable,  qu'il  est  constamment  le  même.  La 
glande,  traverse  horizontalement  la  cavité  de  la  ileur,  et  va  toujours  se  fixer 
au  point  le  plus  concave  du  labelle  qui  fait  face  au  gynostème,  exactement 
sur  sa  ligne  médiane,  [ci  ce  labelle  n'affecte  pas  les  formes  singulières 
qu'on  lui  voit  dans  tant  de  plantes  de  la  famille.  C'est  simplement  un  sépale 
concave,  sans  appendice,  et  c'est  au  sommet  de  la  voûte  formée  par  ce  sé- 
pale que  s'attache  invariablement  le  corps  glanduleux. 

Dans  cette  nouvelle  position  du  rétinacle,  on  voit  facilement  que  le  petit 
appareil  pollinique  esl  tellement  disposé  que  les  masses  fécondantes  se  trou- 
vent justement  présentées  en  face  de  V infundibulum  stigmatique  et  à  une 


SÉANCE    DU    24    NOVEMBRE    1854.  287 

petite  distance  de  lui.  À  la  faveur  de  celle  nouvelle  position,  on  conçoit  que 
l'imprégnation  est  devenue  désormais  possible,  quand  on  connaît  l'espèce 
d'avidité  avec  laquelle  le  tissu  stigmatique  happe  pour  ainsi  dire  les  gra- 
nules poliiniques  placés  en  face  de  lui,  comme  cela  se  voit  si  bien  dans  la 
fécondation  artificiellement  pratiquée  des  Orchidées  de  nos  séries,  et,  entre 
autres,  de  la  Vanille.  Si,  toutefois,  quoique  placées  sur  la  ligne  médiane, 
les  masses  poliiniques  se  trou  vent  un  peu  trop  haut  ou  trop  bas,  elles  peu- 
vent encore  changer  de  place  dans  le  sens  vertical,  par  suite  de  la  très 
grande  mobilité  que  leur  donne,  mais  seulement  dans  ce  sens,  l'articulation 
de  l'extrémité  du  caudicule  avec  le  rétinaclc. 

Voilà  le  phénomène  tel  qu'il  se  passe  spontanément.  Mais  alors  nous  n'en 
voyons  que  les  résultats,  c'est-a-dire  la  position  qu'occupent  les  masses 
poliiniques  après  leur  projection.  Il  est  toutefois  en  notre  pouvoir  de 
prendre  la  nature  sur  le  fait;  la  projection  peut  se  produire  par  une  excita- 
tion artificielle.  En  touchant  avec  la  pointe  d'une  épingle  le  rétinacle  ou  le 
couvercle  de  l'anthère,  ou  en  secouant  la  plante,  on  quelquefois  en  souf- 
flant fortement  dans  la  fleur,  on  voit  le  phénomène  se  produire  brusque- 
ment, et  j'en  ai  rendu  témoins  beaucoup  de  personnes. 

Kn  somme,  le  fait  vraiment  particulier  à  cette  espèce  ,  c'est  la  constance 
du  but  qu'atteint  toujours  le  rétinacle;  et  je  pense  que  l'on  peut  en  trouver 
les  causes  dans  la  disposition  même  des  organes.  Ce  sont  : 

D'abord,  la  rectitude  du  petit  appareil  considère  dans  sa  masse,  qui  fait 
qu'il  traverse  la  fleur  suivant  une  ligne  qui  est  sensiblement  droite,  vu  son 
peu  d'étendue,  pour  aller  gagner  la  concavité  du  labellc. 

Kn  second  lieu,  la  forme  du  labelle  lui-même  recevant  le  pollen  dans  sa 
concavité;  dans  les  espèces  où  cette  forme  de  cupule  disparait,  le  pollen  est 
lancé  bien  loin  hors  de  la  fleur. 

Enfin,  la  forme  de  la  cavité  du  clinandre  me  parait  surtout  le  point  im- 
portant. Ses  bords  latéraux  s'avancent  très  loin  en  avant,  comme  on  peut 
s'en  convaincre  par  une  coupe  horizontale  du  gynosteme  a  ce  niveau.  Les 
masses  poliiniques  maintenues,  au  moment  de  leur  départ,  entre  ces  deux 
murs  latéraux  et  parallèles  ne  peuvent  s'incliner  d'un  côté  ou  de  l'autre; 
elles  se  dirigent  forcément  selon  la  ligne  médiane.  Elles  ne  peuvent  non 
plus  être  projetées  trop  en  liant,  à  cause  de  la  saillie  formée  au-dessus 
d'elles  par  le  bec  du  sommet  du  gynosteme,  ni  trop  en  bas,  à  cause  de  la 
cloison  horizontale  qui  les  sépare  de  l'orifice  du  stigmate;  elles  ne  peuvent 
s'échapper  que,  par  un  point,  directement  en  avant. 

Tel  est  le  petit  fait  physiologique  qui  a  pour  résultat  d'amener  en  présence 
du  stigmate  la  matière  fécondante,  résultat  obtenu  dans  la  fleur  qui  nous 
occupe  par  des  procèdes  particuliers,  mais  qui  rappelle  ici,  comme  ailleurs, 
le  mot  de  I.eibnitz  :  Unité  dans  la  variété. 


288  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE   DE   FRANCE. 

M.  de  Schœnefeld,  secrétaire,  donne  lecture  delà  notice  suivante, 
qui  a  été  adressée  à  la  Société  par  M.  Perrottef  : 

NOTICE  SUR  LA  FÉCONDATION  ARTIFICIELLE  DU  DATTIER,  PHŒNIX  DACTYLIFERA, 

par  M.  PERROTTET. 

(Pari?,  20  août  1854.) 

En  lisant,  tout  récemment,  clans  la  Revue  horticole  du  15  avril  dernier, 
t.  III,  k'livr.,  p.  160,  un  article  relatif  à  la  fécondation  du  Chamœrops 
humilis,  par  M.  Audibert,  je  me  suis  rappelé  un  procédé  remarquable  de 
fécondation  artificielle  que  j'avais  vu  employer  à  la  Guadeloupe  en  1841,  et 
dont  je  fus  à  portée  de  constater  le  résultat. 

M.  Barrau,  propriétaire,  habitant  le  Petit-Bourg  près  la  Pointe-à-Pitre, 
possédait  dans  son  jardin,  depuis  longtemps  déjà,  deux  Dattiers  {P/tœnix 
dactylifera)  qu'il   avait  semés  lui-même  à   une  petite  distance    l'un    de 
l'autre,  afin  que  la  fécondation  put  avoir  lieu.  Il  attendait  avec  une  vive 
impatience  la  floraison  de  ces  deux  palmiers,  qui  se  trouvaient  forts,  grands 
et  avaient  plus  de  dix-huit  ans  d'âge;   il  les  visitait  souvent  afin  d'épier 
cette  floraison.   Enfin,   un  jour  il  remarqua  sur  l'un  d'eux  des  spadices 
aplatis  qui   sortaient  de  l'aisselle   des   feuilles  ,    et  bientôt  ces  spadices 
s'ouvrirent  et  laissèrent  voir  leurs  fleurs.  M.  Barrau  reconnut  que  ces  fleurs 
étaient  mâles  sans  aucun  mélange  de  fleurs  femelles.  Il  se  rendit  immédiate- 
ment auprès  de  l'autre  arbre  et  s'attacha  à  rechercher  si  des  spadices  de 
fleurs  semblables  ne  s'apercevraient  pas  dans  les  mêmes  endroits,  c'est-à- 
dire  dans  les  aisselles  des  feuilles  ;   mais  à  son  grand  étonnement ,  il  ne  vit 
rien.  Il  se  passa  plusieurs  semaines   sans  qu'aucun  indice  de  floraison  se 
manifestât  sur  ce  Dattier.  En  attendant,  et  ce  qui  était  fâcheux,  les  fleurs 
mâles  se  desséchaient  à  vue  d'œil  et  tombaient  emportées  par  le  vent  au 
grand  regret  de  M.  Barrau  ,  qui  voyait  ainsi  la  fructification  de  ses  arbres 
manquée,  peut-être  sans  retour.  Ce  ne  fut  que  trois  mois  après  qu'il  vit 
enfin  apparaître  les  premières  fleurs  de  son  second  Dattier.   Ces  fleurs  se 
trouvaient  être  toutes  femelles.  Malheureusement  les  fleurs  mâles  n'existaient 
plus:  elles  étaient,  ainsi  que  je  viens  de  le  dire,  desséchées  et  disséminées 
au  loin.  Des  lors  il  ne  put  y  avoir  de  fécondation.  Ce  contre-temps  désap- 
pointa singulièrement  M.  Barrau,  qui   se  voyait  privé  du  produit  de  ses 
arbres.  Toutefois  l'espoir  ne  l'abandonna  pas  tout  à  fait:  comme  c'était  la 
première  lois  qu'il  les  voyait  fleurir,  il  pensa  que  l'année  suivante  ou  celle 
d'après  ils  pourraient  peut-être  bien  fleurir  ensemble  et  en  même  temps. 
Il  se  résigna  donc  et  attendit,  avec  cette  patience  qui  ne  doit  jamais  aban- 
donner le  cultivateur,  le  retour  de  leur  floraison  ;  mais  malheureusement 
cette  fois  encore  il  y  eut  anomalité  dans  la  floraison,  c'est-à-dire  qu'il  y  eut 


SÉANCE    DU    ï!\    NOVEMBRE    185/|.  289 

une  lacune  de  plus  de  trois  mois  entre  la  floraison  de  l'individu  mâle  et  celle 
de  l'individu  femelle.  Plus  d'espoir,  pensa  tout  d'abord  M.  Barrau  décon- 
certe ,  jamais  ces  deux,  palmiers  ne  fleuriront  ensemble  !  Si  cependant,  se 
disait-il  encore,  je  parvenais  à  conserver  la  matière  fécondante  de  mes  fleurs 
mâles  jusqu'au  retour  de  l'apparition  des  fleurs  femelles,  peut-être  arri- 
verais-je  à  faire  fructifier  ce  maudit  Dattier.  Il  se  rappelait  avoir  lu  quelque 
part  qu'on  était  parvenu  a  féconder  artificiellement  certains  végétaux, 
stériles  par  privation  d'un  des  sexes,  et  en  avoir  obtenu  de  bons  résultats  ; 
mais  c'était,  il  est  vrai,  avec  des  fleurs  fraîches,  nouvellement  écloses  et 
dont  le  pollen  n'était  point  desséche  et  puis  d'ailleurs  à  proximité  des  fleurs 
femelles.  M.  Barrau  se  décida  donc,  malgré  tout  cela,  à  tenter  un  essai  qui, 
d'ailleurs,  en  cas  de  non-réussite,  ne  devait  entraîner  aucun  inconvénient. 
L'année  suivante  ses  Dattiers  refleurirent ,  et,  comme  à  l'ordinaire,  le  mâle 
le  premier.  Aussitôt  que  les  panicules  de  fleurs  de  ce  dernier  furent  épa- 
nouies et  que  leurs  anthères  commencèrent  à  s'ouvrir,  M.  Barrau  les 
coupa  toutes  et  les  transporta  dans  un  appartement  sec  et  bien  aéré, 
où  elles  furent  suspendues  avec  soin  ;  il  les  laissa  là  jusqu'au  moment  de 
la  floraison  du  Dattier  femelle,  qui,  cette  année  comme  les  précédentes, 
n'eut  lieu  que  trois  mois  après  ceile  de  l'individu  mâle.  31.  Barrau  s'em- 
pressa alors  de  décrocher  les  panicules  de  ses  fleurs  mâles,  dont  la  pous- 
sière fécondante,  jaune  comme  du  safran,  se  répandait  partout,  et  d'aller 
les  attacher  sur  les  grappes  serrées  des  fleurs  femelles  bien  épanouies. 
Il  eut  le  soin,  de  loin  en  loin,  de  frapper  légèrement  avec  une  petite  ba- 
guette les  petits  rameaux  des  panicules  de  fleurs  mâles,  afin  d'en  faire 
tomber  tout  le  pollen  ,  qui  se  trouvait  ain:  i  reçu  par  les  stigmates  directe- 
ment en  contact  avec  lui.  De  la  sorte  pas  un  ovaire  ne  resta  stérile.  Tous  , 
sans  exception,  se  développèrent,  grandirent ,  et  devinrent  des  fruits  d'une 
rare  beauté,  qui  avaient  un  goût  parfait,  sans  aucune  fadeur,  .le  puis  affir- 
mer qu'en  Egypte,  où  j'ai  passé  deux  fois  depuis  ,  je  n'ai  trouvé  d'aussi 
bonnes  datles  ,  d'un  goût  aussi  agréable,  quoique  mangées  fraîches  cueillies 
sur  l'arbre  même,  comme  chez  M.  Barrau,  au  Petit-Bourg.  Dans  aucun 
jardin  fruitier  ou  verger  de  ce  curieux  pays,  je  n'ai  vu  non  plus  sur  les 
Dattiersdes  régimes  de  fruits  aussi  volumineux,  aussi  serrés  et  aussi  pesants 
que  ceux  dont  était  chargé  le  Dattier  unique  de  M.  Barrau  ;  ils  ne  laissaient 
rien  à  désirer  à  aucun  égard. 

Depuis  ce  premier  essai,  qui,  comme  on  vient  de  le  voir,  a  si  bien  réussi, 
M.  Barrau  n'a  jamais  manqué  une  année  de  féconder  son  Dattier,  devenu 
ainsi  précieux  ,  lequel  fleurit  presque  régulièrement  deux  mois  et  demi  à 
trois  mois  après  l'individu  mâle,  et  toujours  il  en  obtient  des  résultats  satis- 
faisants. 

Cet  exemple  de  fécondation  artificielle  n'avait  pas  encore,  si  je  ne  me 
trompe,  été  signalé.  Mais  combien  de  temps  le  pollen  du  Dattier  peut-il  con- 


290  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

server  sa  propriété  fécondante?  ("est  ce  que  l'on  ne  sait  peut-être  pas,  et  ce 
qui  serait  assurément  bien  intéressant  de  rechercher.  M.  Barrau,  à  la  Gua- 
deloupe, s'en  est  servi  fructueusement  au  bout  de  trois  mois  :  au  delà  de  ce 
terme  y  a-t-il  eu  des  expériences  faites ,  et,  dans  ce  cas,  ont-elles  été  consi- 
gnées quelque  part?  Le  pollen  pourrait-il,  par  exemple,  se  conserver  d'une 
année  à  l'autre  ,  ce  qui  serait  d'une  immense  importance?  Nous  adressons 
ces  questions  aux  botanistes-voyageurs,  à  ceux  qui  pourraient  trouver  l'oc- 
casion de  se  livrer  à  ces  intéressantes  expériences.  Quant  à  nous,  nous  ne 
négligerons  rien  pour  arriver,  s'il  est  possible,  à  leur  solution  ;  peut-être  en 
Irouverons-nous  bientôt  l'occasion. 

Il  est  probable  que  le  Cocotier  (Cnros  nucifera)  et  les  autres  genres  de 
Palmiers  offrent,  dans  le  pollen  de  leurs  fleurs  ,  des  propriétés  semblables, 
et  que,  conservé,  ce  pollen  féconderait  de  nombreux  ovaires  à  tout  jamais 
improductifs  par  suite  de  l'absence  d'un  des  sexes.  C'est  un  point,  ce  me 
semble,  qu'il  ne  seraitpas  difficile  d'éclaircir  dans  les  contrées  où  ces  arbres 
croissent  à  l'état  sauvage  ou  se  trouvent  cultivés.  Nous  appelons  encore  ici 
l'attention  des  botanistes-voyageurs  et  celle  des  habitants  des  contrées  tro- 
picales ,  qui ,  ce  me  semble ,  ne  peuvent  rester  indifférents  à  un  objet  qui 
doit  les  intéresser  à  un  si  haut  degré. 

Ne  pourrait-on  pas  également,  par  la  même  raison,  employer  ce  procédé 
pour  féconder  les  dicotylédones  diclines,  telles  que  Myristica,  Artocar- 
pus,  etc.,  arbres  qui  restent  perpétuellement  improductifs  par  suite  de 
l'éloignement  des  sexes  ou  de  leur  absence  totale  au  moment  opportun  de 
la  fécondation?  Rien,  ce  me  semble  encore,  ne  serait  plus  facile  que  de 
conserver  au  besoin  ,  dans  des  boites  ou  des  caisses  couvertes  de  toile,  les 
extrémités  ou  même  les  rameaux  de  ces  arbres  chargés  de  fleurs  mâles,  et 
de  les  transporter,  lors  de  l'épanouissement  des  fleurs  femelles,  sur  les  in- 
dividus de  ce  dernier  sexe;  la  fécondation  s'opérerait  d'elle-même  et  sans 
autres  soins.  On  remédierait  de  la  sorte  à  un  très  grave  inconvénient,  a 
celui  de  ne  pouvoir  jamais  reconnaître  les  sexes  sur  les  jeunes  individus, 
lorsqu'on  établit  des  plantations  de  ces  arbres,  ce  qui  occasionne  une  perte 
de  temps  considérable.  J'ai  vu  dans  les  colonies  des  plantations  de  Musca- 
diers [Myristica  aromatica)  qui  ne  produisaient  que  des  fleurs  femelles, 
par  conséquent  jamais  de  fruits,  parce  qu'elles  n'étaient  pas  fécondées.  Il 
n'est  pas  douteux  qu'un  ou  deux  individus  mâles  auraient  pu  fournir  une 
quantité  de  pollen  suffisante  pour  féconder  artificiellement  tous  les  indivi- 
dus femelles  de  ces  plantations.  C'est,  assurément,  un  point  très  important, 
auquel  les  habitants  des  colonies  ne  devraient  pas  rester  étrangers.  A  l'île  de 
la  Réunion,  on  féconde  déjà  artificiellement  la  Vanille,  qui,  comme  on 
sait,  ne  produit,  autrement,  que  bien  rarement,  par-ci  par-la,  quelques 
fruits  :  aujourd'hui,  on  y  obtient  chaque  année  d'abondantes  récoltes  de  ce 
précieux  aromate,  par  suite  de  l'emploidece  procède  naguère  ignoré. 


séance  du  2/i  xovkmbk:-;  I8.V1.  99 j 

Knfiu,  dans  dos  climats  tempérés  de  l'Kurope,  ne  pourrait-on  pris  aussi, 
en  beaucoup  de  cas,  user  du  même  expédient  ?  Pour  nos  nrlms  fruitiers, 
par  exemple,  pour  ceux  surtout  élevés  en  espaliers  et  la  Vigne  même,  1 1<_* 
pourrait-on  pas,  artificiellement,  suppléer  au  défaut  de  fécondation  natu- 
relle, défaut  qui  a  lieu  souvent,  dans  q  elques  localités,  par  suite  d'un 
temps  peu  favorable?  Il  me  semble  qu'ici  encore  i!  n'y  aurait  pas  impos- 
sibilité. On  transporte  bien  de  nos  jours,  ce  qui  parait  bien  autrement  diffi- 
cile, a  des  distances  considérables,  le  frai  de  poisson  pour  en  peupler  les 
rivières,  les  lacs,  les  ruisseaux,  les  bassins,  etc.,  qui  en  sont  dépourvus, 
ce  qui  constitue  la  pisciculture  naguère  ignorée  de  tous.  La  comparaison 
ici,  je  le  reconnais,  n'est  pas,  sans  doute,  d'une  rigoureuse  exactitude  ; 
néanmoins  le  frai  et  le  pollen  peuvent  conserver  leur  faculté  reproductrice 
ou  fécondante  pendant  un  temps  assez  long  pour  être  conservés  et  trans- 
portés à  des  distances  considérables.  Ce  sont  des  moyens  que  la  nature  a 
mis  à  notre  disposition  et  don!  nous  devons  savoir  tirer  parti. 

M.  Chatin,  qui  a  fait  aussi  des  recherches  sur  le  pollen,  dit  avoir 
constaté  que  des  grains  de  pollen  conservés  depuis  plusieurs  années 
peuvent  encore  émettre  dans  l'eau  des  boyaux  polliniques. 

M.  Duchartre  rappelle  que  M.  Lecoq,  dans  son  travail  sur  l'hybri- 
dation, a  indiqué  la  manière  de  conserver  le  pollen  pour  l'employer 
à  des  fécondations  artificielles, 

M.  Moquin-Tandon  présente  à  la  Société  une  Betterave  qui  oifre 
une  excroissance  rugueuse  d'une  dimension  considérable.  Celte 
excroissance  se  trouvant  sur  une  des  deux  lignes  de  radicelles,  et 
étant  fixée  seulement  par  une  sorte  de  pédicule  grêle,  M.  Moquin- 
Tandon  est  porté  à  croire  qu'elle  n'est  autre  chose  que  l'hypertrophie 
d'une  branche  radicale. 


SÉANCE    DU    S    DECEMBRE   1854. 

PRÉSIDENCE    DE    M.    AD.    BRONGNIART. 

M.  de  Schœnefeld,  secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de 
la  séance  du  24  novembre,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Par  suite  des  présentations  faites  dans  la  dernière  séance,  M.  le 
président  proclame  l'admission  de  : 

MM.  Ball  (John),  membre  du  parlement  britannique ,  Stephens- 
Green,  à  Dublin  (Irlande),  présenté  par  MM.  Cosson  et  de 
Schœnefeld. 
Bourgeau  (Emile),  naturaliste  voyageur,  rue  Saint-Claude,  au 
Marais,  14,  à  Paris,  présenté  par  MM.  Cosson  etLasègue. 
Soutigny,  garde  général  des   Forêts,  à  Lourdes  (Hautes-Py- 
rénées), présenté  par  MM.  Moquin-Tandon  et  Puel. 
M.  le  président  annonce  en  outre  deux  nouvelles  présentations. 

Dons  faits  à  la  Société. 
1°  Par  M.  Godron  : 

Monographie  des  Silène  de  l'Algérie  (1). 

2*  Par  M.  Planchon  : 

Histoire  botanique  et  horticole  des  plantes  dites  Azalées  de  l'Inde. 
Enumération  succincte  des  espèces  de  la  famille  des  Nymphéacées. 

3°  De  la  part  de  M.  Zuchold: 

Bibliotheca  his/orico-na/uralis.  Vierter  Jahrgung,  Erstes  Heft. 

4°  De  la  part  de  M.  J.  Delbos  : 

Recherches  sur  le  mode  de  répartition  des  végétaux  dans  le  dépar- 
tement de  la  Gironde,  thèse  présentée  à  la  Faculté  des  sciences  de 
Paris. 

5°  De  la  part  de  M.  Ch.  Martins,  de  Montpellier  : 
Index  seminum  horti  Monspeliensis,  anno  185/r. 

6°  De  la  part  de  M.  Ch.  Des  Moulins,  de  Bordeaux  : 

Etudes  organiques  sur  les  Cuscutes. 

(1)  Cet  ouvrage  a  été  offert  à  la  Société  par  M.  Godron,  dans  la  séance  du  10  no- 
vembre. C'est  par  erreur  qu'il  n'a  pas  été  mentionné  dans  le  compte  rendu  de 
celte  séance. 


SÉANCE    DU    8    DÉCEMBRE    185/|.  '293 

Une  lettre  de  M.  Gauja,  ancien  préfet,  demande  à  la  Société  des 
renseignements  sur  les  végétaux  qui  fournissent  le  caoutchouc. 
M.  Weddell  est  prié  et  veut  bien  se  charger  de  faire  quelques  recher- 
ches sur  ce  sujet. 

M.  J.  Gay  présente  le  mémoire  de  M.  Cli.  Des  Moulins  sur  les 
Cuscutes  ;  cet  ouvrage  est  accompagné  de  la  note  suivante  : 

RECTIFICATION  D'UN  NOM  GÉNÉRIQUE,  par  M.  Cil.  DES   MOULINS. 

(Bordeaux,  2  décrmlirr  1854.) 

Le  nom  générique  Cassutha,  qu'en  1852  je  suis  allé  chercher  dans 
J.  Bauhin,  ce  nom,  dis-je,  est  né  sous  de  malheureux  auspices.  A  tous  les 
instants  de  sa  courte  durée,  il  aura  constamment  porté  la  peine  de  l'illé- 
gitimité de  sa  naissance. 

Cette  illégitimité,  du  reste,  n'atteint  que  lui  et  ne  touche  en  rien  à  la  con- 
stitution du  genre  qu'il  était  destiné  à  représenter.  Ce  genre  est  solide  , 
excellent,  et  j'ai  le  bonheur  de  pouvoir  le  dire  bien  haut,  de  pouvoir  le  pro- 
clamer avec  une  pleine  confiance,  car,  en  tant  que  genre,  ce  n'est  pas  moi 
qui  l'ai  fait.  J'avais  tout  simplement  destiné  le  mot  Cassuthah  tenir  la  place 
des  noms  génériques  Engelmannia  et  Pfeifferia,  successivement  proposés 
pour  un  démembrement  des  Cuscutes,  et  justement  rejetés  parce  qu'ils 
n'étaient  plus  disponibles  ;  je  ne  me  doutais  assurément  pas  qu'il  ne  pourrait, 
non  plus  qu'eux,  demeurer  attaché  au  beau  groupe  des  Cuscutacées  dont 
j'avais  désiré  qu'il  devint  la  synthèse  nominale. 

Immédiatement  au-dessus  de  la  table  oùj'écrivais  mes  Éludes  organiques 
sur  les  Cuscutes,  un  vieil  in-quarto  sommeillait  sur  les  rayons  de  ma  biblio- 
thèque et  cachait  silencieusement,  dans  ses  flancs  inexplorés,  un  nom  qui, 
mis  au  jour  depuis  soixante-quatre  ans,  avait  condamné  à  la  fois  et  d'avance 
à  rentrer  dans  le  néant  Engelmannia,  qui  ne  vécut  qu'un  an,  Pfeifferia, 
qui  ne  vécut  qu'un  jour,  et  Cassutha,  qui  crut  vivre  pendant  deux  années. 

Ce  n'est  pas  que  les  attaques  aient  ete  épargnées  a  ce  dernier  pendant  son 
existence  éphémère.  M.  J.  Gay,  a  qui  je  ne  l'avais  probablement  pas  com- 
muniqué avant  l'impression  de  mes  Etudes,  le  trouva  trop  étroitement  ho- 
mologue (ou  plutôt  homophone)  du  nom  générique  linnéen  Cassyta  ou 
Cassytha  (genre  de  Laurinées  «  a  port  de  Cuscute,  grêle,  parasite  et  sans 
feuilles,  évidemment  ainsi  nommé  pour  rappeler  l'analogie  du  port!  » 
[J.  Gay  in  litt.,  26a,  septembre  1853]).  Il  m'engageait  vivement  à  remplacer 
ce  nom  par  un  autre. 

Maisquel  que  soit  mon  affectueux  respect  pour  les  opinions  de  cet  ami,  je 
ne  crus  pas  devoir  embrasser  celle-ci.  Trop  d'exemples  s'offraient  à  moi 
dans  la  nomenclature  actuellement  en  vigueur,  —  soit  sous  le  rapport  de 
l'identité  des  racines,  soit  sous  celui  de  l'analogie  des  sons,  —  pour  que  je 


29A  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANGE. 

me  crusse  oblige  à  surcharger  encore  la  synonymie  et  à  refaire  un  siège  dont 
aucun  droit  ni  aucun  fuit  n'infirmait  absolument  la  régularité, 

Je  le  croyais  du  moins  !...  Mais  l'infortuné  Cassutha,  justement  frappé 
de  réprobation  des  avant  sa  naissance,  allait  expirer  sous  des  coups  a  la  lois 
légitimes  et  redoubles. 

Mes  I: tiules  furent  adressées,  entre  aulres,  a  M.  le  docteur  F.  Schultz,  à 
Wissembourg,  et  ce  savant  botaniste  m'écrh  it  aussitôt,  le  1 1  octobre  1853  : 
«  Le  Cuscuûa  suaveolens  dont  vous  venez  de  faire  un  genre  nouveau,  a  été 
déjà  établi  comme  tel  dans  les  journaux  d'histoire  naturelle  de  l'Allemagne 
sous  le  noni  de  Buchingera,  mais  il  appartient  a  un  genre  qui  a  été  créé  il 
y  a  longtemps  dans  une.  Flore  eochinehinoise,  —  au  genre  Grammica.  »  — 
Kt  un  peu  plus  tard,  le  h  janvier  18.")/;,  M.  Schultz  m'écrivit  encore,  de 
Wissembourg  :  «  Le  genre  Buchingeraa  été  établi  en  I8Z16,  mais  le  P>.  sua- 
veolens appartient  au  genre  Grammica,  Loureiro.  L'espèce  eochinehinoise 
n'a  pas  encore  été  trouvée  en  Europe.  » 

Evidemment  il  résultait  de  là  : 

En  premier  lieu,  que  l'auteur  allemand  de  1846  (j'ignore  son  nom)  avait 
voulu  rendre  hommage,  par  cette  dédicace,  aux  travaux  alors  tout  récents 
île  M.  Buchinger  sur  les  Cuscutes,  —  travaux  publiés  dans  les  Annales  des 
sciences  naturelles,  —  en  donnant  son  nom  a  un  genre  nécessaire  et  qui  ne 
pouvait  conserver  ni  l'un  ni  l'autre  des  noms  Engelmannia  et  Pfeifferia. 
Cet  auteur  avait  l'ait,  a  mon  insu  (1),  ce  que  je  voulais  faire  moi-même,  et 
pas  plus  (pie  i\I.  Pfeiffer,  pas  plus  que  .M.  Buchinger,  pas  plus  que  les  ré- 
dacteurs des  Annules,  qui  avaient  déclare  inadmissible  le  Pfeifferiaùe  ce 
dernier,  pas  plus  enfin  que  moi-même,  il  ne  s'était  avisé  d'aller  fouiller  dans 
le  livre  dd  vénérable  missionnaire  portugais  pour  y  trouver  la  diagnose  fort 
délicate  d'une  coupe  générique  dont,  avant  Loureiro,  Linné,  et  après  lui 
Gœrtner,  n'avaient  pas  aperçu  l'opportunité. 

En  second  lieu,  il  résultait  de  laque  M.  Choisy,  dans  le  tome  IX  du  Pvodro- 
uius  de ;  De  Candolle,  avait  donné  le  Grammica,  l.our.  comme  genre  ramené 
par  lui  au  Cuscuta,  Tournef.,  ainsi  qu'il  l'a  fait  pour  le  Lepidanche  d'En- 
gelmann,  et  que  j'avais  eu  le  tort  de  voir,  dans  ce  Grammica,  un  synonyme 
pur  et  simple  au  genre  entier  des  Cuscutes,  au  lieu  de  recourir  aux  sources 
et  de  chercher  si  celte  coupe  ne  conviendrait  pas  spécialement  à  quelque 
démembrement  aujourd'hui  générique  du  vieux  groupe  qui  forme  aujour- 
d'hui la  famille  des  Cuscutacées.  J'avoue  que  je  ne  songeai  pas  même  à  l'aire 
cette  recherche,  puisque  deux  botanistes  éclairés,  MM.  Pfeiffer  et  Buchin- 
ger, avaient  passé  par  la  sans  se  douter  qu'ils  eussent  affaire  a  autre  chose 
qu'a  une  observation  entièrement  nouvelle. 

(1)  Mon  ignorance  de  l'allemand  nie  prive  de  m'abonner  à  des  journaux  écrits 
••n  cette  langue. 


SÉANCE    DU    8    DÉCEMBRE    1S5Z|.  295 

Cette  omission  m'est  donc  commune  avec  mes  trois  prédécesseurs,  y 
compris  l'auteur  du Buchingera,  et  tous  trois  nous  en  portons  la  peine  (1). 

Jl  me  fallut  donc  recourir  au  vieil  in-quarto  de  ma  bibliothèque,  témoin 
muet  delà  création  malencontreuse  du  Cassutha,  et  j'y  trouvai  ce  qui  suit; 
je  transcris,  parce  que  l'ouvrage  du  père  Jean  de  Loureiro  n'est  pas  sous  la 
main  de  tout  le  monde. 

Pentandria  dîgynia.  —  f  Genus  LXXIX.  Grammica.. 

Dcscriptio  naturalis. 

Cal.  Perianthiuminferum,ui'ceolatum,5-fidum  :  laciniisacutis,  coloratis, 
earnosis. 

Cor.  Campanulata,  membranacea,  1-petala:  tubo  globoso,  calyciœquali: 
limbo  brevi,  5-fido,  laciniis  rotundatis,  patentibus. 

Stam.  Filamenta  5,  subulata,  corollœ  aequalia,  tubo  iusistentia.  Antberœ 
ovatae,  incumbentes. 

Pist.  Germen  subrotundatum.  Styli  2,  eequales  staminibus.  Stigmate 
compresso-rotundo. 

Pbbic.  Bacea  membranacea,  subrotunda,  /j -loba,  1-Iocularis,  ft-sperma. 

Sem.  Subrotunda. 

Nom.  (ypaufjuxbç,  linearis)  a  forma  plantée  lineari  (2). 

Char.  Gêner.  Corolla  campanulata,  inféra:  tubo  globoso.  Barra  1-lo- 
cularis, fr-sperma.  (Grammica  apkyila  est  le  nom  de  l'espèce  unique  décrite 
par  Loureiro,  qui  explique  nettement  qu'elle  est  parasite  sur  les  plantes 
basses  des  lieux  cultivés  en  Cocbincbine.  ) 

(1)  Resterait  à  savoir  si  le  Grammica  aphylla,  Loin.,  présente  des  écailles 
liypostaminales,  et  se  rapporte  au  Cuscuta  carinata,  R.  Brown  (Choisy,  in  DC. 
Prodr.,  t.  IX,  p.  460,  a"  39),  ou  s'il  n'en  a  pas,  ce  qui  le  ferait  rapporter  par 
Ilooker  et  Arnott  à  leur  C.  Millettii  (Choisy,  ibid.,  n°  hO).  Mais  je  pense  que  cela 
n'influerait  en  rien  sur  la  solution  de  la  question  générique,  puisque  MM.  Grenier 
et  Godron  ont  constaté,  —  et  moi-même  après  eux,  —  que  ces  écailles  manquent 
très  souvent  dans  les  fleurs  du  Cuscuta  europœa. 

On  pourrait  se  demander  encore  si  la  capsule  du  Grammica  aphylla  est  vérita- 
blemenl  et  régulièrement  quadrilobée,  ce  qui  ne  permettrait  plus  actuellement 
de  la  laisser  génériquement  confondue  avec  celle  de  mes  Cassutha,  qui  se  déchire 
au  sommet  sans  régularité  (j'ai  dit  apice  dehiscens,  n'ayant  rien  de  plus  précis  à 
dire).  A  cette  question  je  répondrais  que  R.  Brown  a  vu  des  échantillons  de  la 
plante  dans  l'herbier  de  sir  J.  Banks,  et  qu'ils  ne  l'ont  pas  conduit  à  la  séparer 
génériquement  des  autres  espèces  du  même  groupe.  Il  est  donc  présumable  que 
cette  quadrilobation  n'a  rien  de  tranché,  et  qu'il  n'y  a  pas  lieu  d'en  tenir  compte. 
(2)  Ce  nom  est  malheureusement  choisi,  tant  à  cause  de  sa  signification  adjec- 
tive,  qu'à  cause  de  l'idée  fausse  qu'il  présente  à  l'esprit  habitué  à  la  nomenclature 
linnéenne,  à  laquelle  la  science  devait  déjà,  au  temps  de  Loureiro,  la  fixation  rigou- 
reuse de  la  valeur  des  mots  linearis,  capillaris  et  fîliformis. 


296  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

On  peut  se  demander  maintenant  en  quoi  le  genre  de  Loureiro  diffère, 
d'après  sa  description,  du  Cuscuta  de  Tournefort  et  de  Linné.  Il  n'est  pas 
probable,  en  effet,  que  le  botaniste  portugais,  qui  a  soin  de  marquer,  à  la 
page  x  de  son  Introduction,  les  divers  degrés  d'utilité  qu'il  a  retirés  de  l'étude 
des  ouvrages  de  ces  deux  auteurs,  ait  méconnu  leur  genre  Cuscuta,  si  vulgaire 
en  Europe,  et  qu'il  ait  cru  trouver  une  forme  nouvelle  quand  il  le  ren- 
contra en  Cocbincbine.  Et  d'ailleurs,  il  a  eu  soin  de  faire  précéder  son  genre 
nouveau  d'une  croix  -j*  dont  il  précise  la  signification  vers  le  bas  de  la 
page  xni  de  cette  même  Introduction  :  «  Gênera  et  Species  bujus  Flora; 
»  signo  -f-  notata  non  omnia  nova  esse  pr.e:sum<).  Tantummodo  indicare 
»  volui  eas  plantas  vel  in  operibus  celeb.  Linnaei  non  inveniri,  vel  ita  a 
»  meisobservatis  discrepantes,  ut  pro  diversis  aut  novishaberi  possint.  Circa 
»  novas  species,  aut  gênera  eonstituenda  non  omnibus  idem  est  judicium. 
»  Itaque  hœc  nostra  in  dato  loco  maneant  donec  Doctorum  Virorum  con- 
»  sensu,  cui  non  repugno  in  meliorem  transferantnr.  » 

La  modestie  des  prétentions  du  P.  de  Loureiro  a  failli  être  à  jamais  fatale 
à  son  genre.  Personne  n'a  songé  à  relever  le  mérite  de  celui-ci,  et  n'était 
l'indication  que  M.  Schultz  a  bien  voulu  me  donner,  nous  continuerions 
tous,  sans  le  moindre  scrupule,  a  voler  le  bon  missionnaire. 

Voyons  cependant  (car  nous  ne  sommes  pas  tenus  de  rendreà  César  plus 
qu'il  ne  lui  est  dû),  voyons  quels  caractères  ont  pu  faire  penser  à  Loureiro 
que  la  plante  cocbincbinoise  diffère  génériquement  des  Cuscutes  de  Tour- 
nefort et  de  Linné;  ces  caractères,  les  voici,  et  ce  sont  les  seuls  qui  ne 
soient  pas  identiques  ou  équivalents  dans  les  trois  diagnoses  génériques. 

Tournefort,  qui  ne  connaissait  que  les  deux  Cuscutes  major  et  minor 
de  Baubin,  dit,  en  parlant  de  leur  fruit:  «  postica  parte  L  (Instit.,  t.  III, 
pi.  !\T1)  perforata  incumbente  capsula-  M,  quae  fundum  calycis  D  occupât.  » 
[Instit.,  t.  1,  Appeud.,  p.  652.) 

Cette  description,  assez  obscure  et  qui  ne  s'entend  bien  qu'a  l'aide  des 
figures  citées  et  fort  médiocres  elles-mêmes,  il  faut,  l'avouer,  cette  descrip- 
tion est  pour  ainsi  dire  traduite  avec  beaucoup  plus  de  précision  et  de  net- 
teté par  Linné  {Gênera  plantarum,  deuxième  édition,  17/i2,  p.  53,  Tetran- 
dria  digynià)  :  «  Pericarpium  horizontaeiter  dehiscens.  »  (Testée que 
De  Candolle  a  appelé  quelquefois  '<  s'ouvrir  en  boite  à  savonette.  »  C'est 
aussi  ce  qu'on  appelle  actuellement  capsula  circumscissa,  expression  que  j'ai, 
trop  servilement  peut-être,  mais  brevitatis  causa,  traduite  par  capsule  cir- 
concise. 

Loureiro  ne  voyait  rien  de  semblable  dans  sa  plante,  rien  d'insolite  dans 
le  mode  de  debiscence  de  sa  capsule;  aussi  la  décrit-il  en  ces  termes  :  Bwcu 
membranacea,  subrotunda,  h-loba,  1-locularis,  u-sperma. 

Voilà  qui  est  clair  :  Uacca  £i-eora  est  opposé  à  Pericarpium  horizon- 
talitkr  oEHiscKNs,  et  le  genre  Grammica,  ce  genre  carpologique,  ce  genre 


SÉANCE    DU    8    DÉCEMBRE    1 8 5 Z| .  297 

doué  d'une  valeur  gœrtnérienne,  était  créé  par  Loureiro  entre  les  deux 
époques  de  publication  (1789  et  1791)  des  deux  volumes  du  grand  ouvrage 
de  Gsertner,  ou  plutôt  Loureiro  rendait  hommage  aux  principes  institués 
par  le  vieux  Tournefort,  en  donnant  un  pendant  à  la  distinction  des  Antir- 
rhinum  et  des  Linaria,  et  en  sautant  à  pieds  joints  par-dessus  le  grand  Linné, 
trop  séduit,  cette  fois,  par  la  symétrie  de  la  méthode  systématique. 

Fondé  sous  l'impression  de  ce  seul  caractère,  le  genre  Grammica  demeu- 
rerait déjà  inattaquable  aux  yeux  de  tous  les  sectateurs  d'une  méthode  vrai- 
ment naturelle.  Il  va  plus  loin,  et,  en  sus  du  premier,  il  offre  encore  un 
autre  caractère  différentiel,  mais  d'une  importance  secondaire.  Le  voici  : 

Linné  dit  de  son  genre  Cuscuta  :  Stigmata  simplicia. 

Loureiro  dit  de  son  genre  Grammica  :  Stigmate  compresse)  rotundo. 

Voila  un  caractère  tiré  d'ailleurs  que  du  fruit  et  qui  complète  la  diagnose 
d'un  genre  vraiment  organique  gœrntnérien,  tel  que  M.  Pfeiffer  avait  cru  le 
créer  en  18^5  sous  le  nom  d'Engelmannia. 

Il  y  a  bien  encore  quelques  observations  à  noter,  mais  elles  sont  sans  im- 
portance générique. 

1°  Linné  place  les  Cuscutes  dans  la  Tétrandrie  digynie,  et  Loureiro  place 
le  Grammica  dans  la  Pentandrie  digynie.  Tournefort  avait  pris  soin  d'avance 
de  les  mettre  d'accord  en  écrivant  fore  multifido,  et  en  donnant  dans  la 
planche  1x1*1  autant  de  figures  pentamères  que  de  ligures  tétrameres.  Linné, 
fidèle  a  la  donnée  du  Système,  voulait  que  le  nombre  des  divisions  lût  con- 
stamment double  de  celui  des  styles,  car  il  dit  :  Si  flos  sexfidus  évadât,  fit 
stylus  triplex  ;  mais  j'ai  vu  plusieurs  fois  trois  styles,  sans  que  le  nombre  des 
divisions  dépassât  h  ou  5. 

2°  Linné  dit  du  Cuscuta  :  Pericarpium  carnosum,  parce  que,  sans  doute, 
il  a  l'ait  sa  description  sur  le  frais  et  qu'il  a  tenu  compte  du  mode  de  déchi- 
rement filandreux  qu'on  obtient  alors  avec  quelque  peine. 

Tournefort  pour  les  Cuscuta,  et  Loureiro  pour  le  Grammica,  disent  :  fructus 
membranaceus bacca  membranacea,  et  Linné  ne  manque  pas  de  men- 
tionner cette  différence  insignifiante  entre  l'appréciation  de  Tournefort  et  la 
sienne. 

3°  Linné  donne  à  son  genre  deux  semences;  Loureiro  en  donne  quatre  au 
sien  ;  Tournefort  n'en  mentionne  pas  le  nombre,  susceptible  en  effet  de  varier 
par  avortement. 

k°  Enfin,  le  fruit  des  Cuscutes,  pour  Linné,  est  biloculaire,  et  pour  Lou- 
reiro, celui  du  Grammica  est  uniloculaire.  Ceci  aurait  de  l'importance,  si 
nous  ne  savions  que  le  fruit  de  toutes  les  Cuscutacéesest  à  deux  loges  incom- 
plètes ,  puisque  la  cloison  n'est  pas  soudée  aux  parois  du  péricarpe  et 
s'arrête  môme,  dans  XEpinella,  à  la  moitié  de  la  fauteur  de  la  capsule 
(Pfeiffer!). 

Des  f  ils  mentionnés  dans  cette  note,  il  résulte  que  le  P.  de  Loureiro, 


298  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

bien  que  sous  une  forme  modestement  dubitative,  a  réellement  démembré 
ùu  vieux  Heure  Cuscute  un  très  bon  genre  organique,  Grammica,  lequel 
a  été  méconnu  depuis  1790  jusqu'en  1853,  et  qui  doit  aujourd'hui  re- 
prendre son  nom  parce  qu'il  n'y  a  pas  de  prescription  contre  le  droit. 

En  m'inclinant  devant  celui  que  s'est  acquis  le  P.  de  l.oureiro,  je  prie 
instamment  tous  les  botanistes  de  considérer  comme  non  avenu  le  mot  Cas- 
sutha  et  de  lui  substituer  partout  le  mot  Grammica.  J'ai  le  bonheur,  fort 
apprécié  par  plusieurs,  de  ne  perdre  à  cette  affaire  que  ce  seul  Noms, 
car  aucune  des  espèces  que  j'ai  décrites  dans  mes  Etudes  sous  le  nom  de 
Cassutha  n'avait  été  établie  par  moi.  Voici  les  noms  qu'elles  doivent 
porter  : 

IN0  1  (p.  66).  Grammica  suaveolens  (sub  Cuscuta),  Serin ge. 

N"  2  (p.  7o).  Grammica  americana  (sub  Cuscuta),  [.inné. 

N°  3  (p.  71).   Grammica  chrysocoma  (sub  Cuscuta),  Welwitsch. 

\"  4  (p.  72).  Grammica  arabica  (sub  Cuscuta),  Fresen. 

M.  Ducbartre,  secrétaire,  donne  lecture  de  la  communication  sui- 
vante adressée  à  la  Société  : 

CONSIDÉRATIONS  SUB  LA  NATURE    DU  PRÉTENDU  CALICULE  OU  INVOLUCRE 
DES  MALVACÉES,  par  SI.    ».  «'LOS. 

(Toulouse,  novembre  1854.) 

De  toutes  les  parties  de  la  science  des  végétaux,  la  Morphologie  est.  peut- 
être  celle  qui  a  fait  le  plus  de  progrès,  et  celle  aussi  qui  se  prête  le  mieux 
aux  considérations  philosophiques.  Et  cependant  de  nombreuses  questions 
restent  encore  à  éelaircir.  L'organe  ou  la  réunion  d'organes,  qui  dans  les 
iMalvacées  a  reçu  le  nom  de  calicule,  nous  semble  ne  pas  avoir  ete  l'objet 
d'un  examen  suffisant. 

De.  Candolle  s'exprimait  ainsi  en  1823,  à  propos  de  Yinvolucre  des  Walli- 
chiées  :  «  On  ne  peut  lui  refuser  le  nom  sous  lequel  je  le  désigne,  et  d'un 
autre  côté  la  grande  ressemblance  de  ces  plantes  avec  les  autres  Buttné- 
riacées  et  les  Malvacées  me  semble  démontrer  que  ce  qu'on  appelle  calice 
externe  dans  les  Malvacées  est  un  véritable  involuere  uni  flore  :  opinion  qui 
se  confirme  par  l'inconstance  de  l'existence,  du  nombre  et  des  formes  des 
folioles  de  cet  involuere,  comparée  a  la  constance  des  sépales  du  calice  (1)  ». 
Kn  1827,  il  était  moins  explicite  ;  après  avoir  parlé  de  plusieurs  involucres, 
il  ajoute:  «  La  question  est  plus  délicate  dans  les  Malvacées.».  les  uns  les 
nomment  (les  folioles  du  calicule)  calice  externe,  parce  qu'elles  prennent 
naissance  de  la  base  du  calice;  il  en  est  qui  les  ont  considérées  comme  les 

(1)  Mémoire*  du  Muséum  d'histoire  naturelle,  t.  X.  p.  101. 


SÉANCE    DU    S    DÉCEMBRE    185A-.  299 

représentants  des  stipules  des  feuilles  calicinales;  quelques-uns  les  croient 
des  involucres  uniflores,  en  se  fondant  sur  l'irrégularité  de  leur  présence, 
de  leur  nombre,  de  leur  position  et  de  leur  forme  (1)  ».  Àug.  de  Saint-Hi- 
laîre,  sans  se  prononcer  sur  la  véritable  nature  du  calicule  des  Malvacées, 
s'est  efforcé  de  prouver  que  les  stipules  n'entraient  pour  rien  dans  sa  com- 
position (2).  La  présente  note  a  pour  objet  de  démontrer  l'opinion  contraire. 
Quelques  exemples  suffiront  a  dévoiler  la  nature  stipulaire  de  ce  calicule. 

le  Malva  mosckata  a  ses  feuilles  d'autant  plus  divisées  qu'elles  sont  plus 
élevées  sur  la  tige  ;  aux  inférieures  crénelées  ou  lobées  succèdent  les  palma- 
tifides,  a  celles-ci  les  palmatipartites  et  enfin  les  bipalmatipartites.  Les  plus 
voisines  des  ileurs,  celles  a  l'aisselle  desquelles  sont  les  pédoncules  inférieurs 
de  l'inflorescence,  ont  conservé  ce  haut  degré  de.  division  et  sont  encore  pé- 
tiolées  :  ce  dernier  caractère  nous  a  paru  général  dans  toute  la  famille.  Deux 
stipules  accompagnent  chacune  de  ces  feuilles,  de  forme  spatulée-laneéolée, 
inéquilatères,  longuement  ciliées,  entières  ou  offrant  une  ou  deux  dents. 
Vers  le  sommet  de  la  plante  les  feuilles  disparaissent,  ne  laissant  que  les 
stipules,  dont  chaque  paire  s'unit  en  une  seule  ordinairement  bifide  ou  tri— 
lide  ;  et  c'est  de  l'aisselle  de  ces  stipules  que  partent  les  pédoncules  les  plus 
élevés  sur  l'axe.  Enfin  on  voit  sur  certains  de  ces  pédoncules  des  sortes  de 
bractées  qui  établissent  une  transition  manifeste  entre  les  stipules  et  les 
folioles  du  calicule.  Cette  identité  des  stipules  et  des  folioles  du  calicule  se 
vérifie  dans  plusieurs  autres  plantes  de  la  même  famille  :  dans  le  Malva 
Creeana  qui  a  ces  deux  sortes  d'organes  subulés-scarieux,  dans  le.)/.  Alcea, 
espèce  si  voisine  du  moschata,  dans  les  M.  virgata  et  capensis,  le  M.  Belloa  (3), 
le  Pavonia  spinifex,  les  Althœa  officinal  is  et  hirsuta,  etc. 

Le  genre  Pterospermum  vient  encore  nous  offrir  un  des  plus  forts  argu- 
ments à  l'appui  de  notre  thèse.  De  Candolle  l'a  divisé  en  deux  sections  : 
l'une  caractérisée  par  l'absence,  l'autre  par  la  présence  d'un  involucre.  À 
la  première  appartient,  le  P.  lanceœfolium ,  dont  les  stipules  sont  fort  petites 
et  tombent  de  bonne  heure.  La  seconde  n'est  formée  que  par  le  P.  semi- 
sagittatum,  dont  les  stipules,  au  rapport  de  De  Candolle,  sont  grandes,  très 
déchiquetées  en  lobes  étroits  et  aigus  fort  semblables  aux  folioles  de  l'invo- 
lucre.  Ce  savant  a  caractérisé  cette  seconde  section  par  ces  mots  :  involu- 
crum  triphyllum,  foliolis  maximis,  cordato-rolundatis,  fimbrlato-laceris. 
Un  simple  coup  d'oeil  jeté  sur  la  planche  IX  du  tome  Xe  des  Mémoires  du 
Muséum,  qui  représente  cette  dernière  espèce,  ne  laissera  plus  de  doutes  sur 
l'identité  de  ces  deux  organes. 

L'Héritier  avait  déjà  saisi  cette  ressemblance  entre  les  bractées  et  les  sti- 

(1)  Organographie  végétale,  t.  f.  p.  txliS. 

(2)  Leçons  de  botanique,  ou  Morphologie  végétale,  p.  372. 
.,3)  Voy.  C.  Gay,  Flora  Chilena,  allas,  lab.  Vil. 


300  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

pules  chez  les  Malvacées.  On  lit,  eu  effet,  dans  la  description  de  son 
Hibiscus  Solandra  (Lagunea  lobata  des  modernes)  :  Bracteœ  duœ  instar  sti- 
pularum  guibus  conformes  ad  latera  singuli  pedunculi  (1). 

Dans  la  plupart  des  espèces  du  genre  Hibiscus,  et  particulièrement  chez 
les  H.  syriacus,  palustris  et  roseus,  la  similitude  de  formes  est  frappante 
entre  les  stipules  et  les  parties  du  calicule  ;  mais  le  grand  nombre  de  ces 
parties,  qui  est  de  10  à  Ik,  soulève  une  difficulté  sérieuse,  et  qui  a  même 
paru  à  Aug.  de  Saint-Hilaire  un  argument  suffisant  pour  combattre  la  na- 
ture stipulaire  du  calicule  ('2).  L'examen  du  Kitaibelia  vitifolia  permet  de 
répondre  à  cette  grave  objection. 

L'inflorescence  de  cette  plante  est  très  allongée  ;  les  feuilles  les  plus  éle- 
vées sont  encore  longuement  pétiolées;  mais  vers  le  milieu  de  l'inflorescence, 
elles  disparaissent  subitement.  Les  deux  grandes  stipules  qui  les  accompa- 
gnaient et  qui  jusque-là  étaient  restées  entièrement  libres,  se  soudent  en  une 
large  membrane  bi-tri-quadrifide  (3).  Plus  haut,  ces  divisions  deviennent 
plus  profondes  et  plus  nombreuses,  et  revêtent  tout  à  fait  l'apparence  des 
parties  du  calicule.  Ces  stipules,  ici  comme  dans  le  Malva  moschata,  occu- 
pent la  place  des  bractées,  car  c'est  à  leur  aisselle  que  naissent  les  pédon- 
cules; elles  sont  en  demi-cercle,  et  si  elles  étaient  verticillées,  elles  ne  diffé- 
reraient en  rien  des  calicules.  Il  n'est  cependantpas  inutile  d'ajouter,  car  ce 
fait  vient  encore  en  aide  à  cette  explication,  que  les  stipules  du  calicule  sont 
seulement  tri-quinque-nerviées,  tandis  que  les  stipules  de  la  tige  ont  cha- 
cune de  13  à  15  nervures.  Certaines  inflorescences  de  YAlthœa  rosea  offrent 
aussi  a  leur  sommet  avortement  complet  des  feuilles  et  persistance  des  sti- 
pules qui  auraient  dû  les  accompagner. 

Ce  fait  de  la  présence  des  stipules  en  l'absence  de  leurs  feuilles  a  été 
récemment  constate  chez  le  Nelumbium  codophyllum,  où  l'on  voit  trois  sti- 
pules auprès  d'une  même  feuille  (4).  Il  avait  depuis  longtemps  été  reconnu 
chez  les  bourgeons  du  Hêtre,  du  Saule,  du  Tilleul.  Celui  qui  fait  l'objet  de 
cette  note  permet  d'établir  un  lien  de  plus  entre  les  bourgeons  foliaires  et 
floraux.  La  loi  du  développement  relatif  des  stipules  et  des  feuilles,  les  pre- 
mières précédant  ordinairement  les  secondes  dans  l'ordre  d'apparition, 
donne  une  explication  satisfaisante  de  la  présence  des  unes  eu  l'absence  des 

(1)  Stirpes  novee,  I,  p.  103. 

(2)  «  On  pourrait  croire,  dit  cet  auteur,  que,  dans  les  Malvacées...,  ce  qu'on  a 
appeléjun  calice  extérieur...  esl  également  formé  par  des  stipules  ;  mais  il  n'en  est 
réellement  pas  ainsi.  »  {Morphol,  p.  372.)  Et  à  la  page  778,  il  déclare  que  «  ce 
prétendu  calice  n'est  formé  que  par  des  bractées  ;  c'est  un  véritable  calicule.  » 

(o)  Nous  avons  déjà  signalé  plus  haut  cette  soudure  des  deux  stipules  d'une 
feuille  en  l'absence  de  celle-ci  chez  le  Malva  moschata. 

(Zi)  Voy.,  à  ce  sujet,  dans  le  Bulletin  de  la  Société  Botanique,  t.  I.  p.  '22  et  63, 
les  recherches  de  M.  Trécul  et  les  remarques  de  M.  Ad.  Brongniart. 


SÉANCE    ni    8    DÉCEMBRE    185/j.  301 

autres.  Le  développement  des  parties  du  calicule  compare  aux  parties  de 
la  fleur  qu'elles  accompagnent  n'est  pas  moins  significatif.  Dans  son  beau 
mémoire  sur  I'organogénie  des  Malvacées  ,  M.  Duchartre  a  constaté  que  : 
les  bractées  sont  déjà  bien  dessinées  et  assez  saillantes  là  oit  toute  la.  fleur 
n'est  encore  représentée  que  par  un  très  petit  mamelon  celluleux  homogène, 
duquel  ne  se  dégage  encore  aucun  organe  appartenant  à  la  fleur  proprement 
dite  (1). 

Tout  prouve  donc  que  les  parties  du  calicule  des  Malvacées  sont  des 
stipules;  on  peut  ajouter  encore  un  argument  en  faveur  de  cette  déduction  : 
c'est  qu'on  n'a  jamais  observé,  du  moins  à  notre  connaissance,  de  cas  de 
transformation  des  parties  de  ce  calicule  en  feuilles,  et  M.  Moquin-Tandon 
n'en  signale  pas  dans  sa  Tératologie  végétale. 

Toutefois,  nous  ne  devons  pas  taire  deux  objections  que  des  recherches 
ultérieures  permettront  sans  doute  de  soulever:  1°  DanslesZayateraet  sur- 
tout dans  les  L.  trimestris  et punctata,  les  stipules  sont  très  petites,  et  ce- 
pendant l'invoiucre  est  grand,  monophylle,  trifide.  La  différence  entre  ces 
deux  ordres  d'organes  est  encore  plus  marquée  chez  les  espèces  du  genre 
Gossypium  (2).  2°  Dans  la  tribu  des  Sidees,  les  feuilles  sont  stipulées  en 
l'absence  de  calicule  :  la  caducité  et  le  peu  de  développement  des  stipules 
dans  nombre  de  plantes  de  ce  groupe,  peuvent  rendre  peut-être  raison  de  ce 
fait:  on  remarque  en  effet  que  dans  deux  génies  des  Buttnériacées  {Dom- 
beya  et  Ruizia),  le  calicule  et  les  stipules  sont  caducs  :  ailleurs,  dans  les 
genres  Ridleia  et  Pterospermum,\&  calicule  existe,  ou  manque  selon  les 
espèces;  ailleurs,  dans  le  genre  Broiera,  il  est  tantôt  unilatéral,  tantôt  cir- 
culaire. Enfin,  dans  la  plupart  des  genres  de  la  tribu  des  Lasiopétalees,  il 
est  réduit  à  trois  petits  appendices  linéaires  et  semblables,  placés  d'un  seul 
côte  de  la  fleur  (3).  Faut-il  voir  en  eux  trois  feuilles  modifiées  ou  trois  sti- 
pules, ou  ce  qui  est  plus  probable,  une  feuille  avec  ses  deux  stipules  ? 

Si  les  faits  et  les  raisonnements  exposés  dans  cette  note  sont  exacts  ,  et  si 
l'on  admet  avec  tous  les  auteurs  que  les  bractées  sont  des  feuilles  modifiées, 
et  qu'un  involucre  est  une  réunion  de  bractées,  on  est  forcement  conduit  a 
cette  conclusion,  diamétralement  opposée,  à  celle  de  De  Candolle,  que  dans 
les  Malvacées,  il  n'y  a  ni  bractées  ni  involucre,  la  place  de  ces  organes  étant 
occupée  par  des  stipules  que  l'on  pourra  qualifier  de  bractéales  ou  d'involu- 
crales.  C'est  avec  juste  raison  qu'Kndlichcr  caractérise  sous  ce  rapport  le 
genre  Hibiscus,  par  ces  mots  :  floribus  stipulaceo-bracteatis  {h).  Il  suit  en - 

(1)  Voy.  Ann.  des  \<\  nul.,  1S4Ô,  p.  125. 

(2)  Dans  ce  genre,  les  siipules  florales  sont,  luciniées,  bien  que  les  caulinaires 
soienL  entières.  Mais  le  Melampyrum  cristatum  ifoil're-t-il  pas  aussi  avec  des 
feuilles  entières  des  bradées  de'chiquelées? 

(;),,  Voy.  .T.  Gay,  Monographie  des  Lasiopétalees,  1821,  pi.  13,  19,  20  cl  21. 
{!})  Gênera  plantarum. 

t.  i.  20 


302  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

core  de  ces  considérations,  que  le  nom  de  calice  extérieur  ou  colicule, 
préconisé  par  Aug.  de  Saint-Hilaire,  ne  saurait  convenir  à  cette  réunion  de 
stipules,  car  celles-ci  n'appartiennent  réellement  pas  à  la  fleur.  Ce  nom  de 
calicule  devra  être  réservé  aux  calices  extérieurs  formés  de  feuilles  modi- 
fiées, et  n'entourant  qu'une  seule  Heur,  comme  c'est  le  cas  pour  le  genre 
Dianthus.  Aussi  croyons-nous  devoir  proposer  le  mot  de  StipuliUm,  pour 
désigner  ces  verticilles  de  stipules  florales  chez  les  Malvacées.  Le  rôle  que 
jouent  les  stipules  chez  les  Malvacées  ne  semble-t-il  pas  devoir  donner  a 
ces  organes  un  plus  haut  degré  d'importance,  pour  la  caractéristique  de  la 
famille?  Toutefois  il  n'est  peut-être  pas  inutile  de  remarquer  que  les  Rosa- 
cées montrent,  sous  ce  rapport,  quelque  analogie  avec  les  Malvacées,  car  de 
l'aveu  d'Aug.  de  Saint-Hilaire,  «  il  est  impossible  de  ne  pas  reconnaître 
pour  des  stipules,  les  folioles  calicinales  les  plus  petites  des  Fraisiers...  des 
Potenlilles  (1)  »,  et,  d'un  autre  côte,  M.  Kirsehleger  a  considéré  l'urcéolc 
de  la  Rose,  comme  produit  par  l'adhérence  des  stipules  des  feuilles  calici- 
nales (2). 

La  présence  de  stipules,  en  l'absence  des  feuilles  adjacentes,  semble  peu 
favorable  à  l'opinion  exprimée  par  Aug.  de  Saint-Hilaire,  que  les  stipules 
latérales  ne  sont  qu'un  dédoublement  de  la  feuille  (3).  Pour  qu'un  organe 
puisse  se  dédoubler,  ne  doit-il  pas  avoir  une  énergie  supérieure  à  celle  qui 
lui  permet  d'atteindre  son  développement  complet,  et,  à  ce  point  de  vue, 
le  mot  de  dédoublement  n'est-il  pas  synonyme  de  superfétation  ?  Ce  fait 
s'élève  encore  contre  cette  idée  émise  par  plusieurs  botanistes,  et  notamment 
par  MM.  Lestiboudois  (U)  et  Alph.  De  Candolle,  que  les  stipules  sont  des 
accessoires  des  feuilles  (5) ,  et  confirme  celle  de  M.  Lindley,  que  ce  sont 
réellement  des  feuilles  accessoires  (6).  11  autorise  à  conclure  avec  Astaix,  que 
la  feuille  nest  pas  une  de pendanee primitive  delà  stipule,  et  que  la  stipule 
n  est  pas  non  plus  une  dépendance  de  la  feuille  (7). 

Enfin  l'organisation  du  Malva  moschata  suggère  une  dernière  réflexion. 
On  a  vu  que  chez  cette  plante,  les  feuilles  qui  accompagnent  les  Heurs  infé- 
rieures (les  fleurs  terminales  n'ayant  auprès  d'elles  que  des  stipules),  sont 
plus  divisées  que  les  feuilles  sous-jacentes.  Or,  comment  concilier  ce  fait 

(1)  Morphologie,  p.  371.  ,M.  llœper  avait  déjà  émis  la  même  opinion  en  1827. 
(Voy.  le  journal  Linnœa  de  cette  même  année.) 

(2)  Voy.  Mémoires  de  la  Société  d'histoire  naturelle  de  Strasbourg,  t.  111. 
1"  livraison. 

(3)  Morphologie,  p.  189. 

(_V  V«>y.  Bulletin  de  lu  Société  Botaniquede  France,  t.  !,  p.  22. 
(5)  lntrod.  à  la  Botan.,  t.  1,  p.  104. 
Mi)   lntrod.  lo  Botany,  T  édit.,  p.  121. 

|7)  Essai  sur  la  théorie  des  stipules,  thèse  de  l'École  de  pharmacie  de  t'aiis* 
18-tl,  p.  25. 


SÉANCE    DU    S    DÉCEMBRE   185/4.  303 

avec  l'opinion  professée  par  le  savant  auteur  de  la  Morphologie,  que  la  pro- 
duction de  la  fleur  est  un  symptôme  de  faiblesse  et  d'épuisement,  et  au  con- 
traire, la  division  des  feuilles  un  signe  de  vigueur  (1)  ? 

M.  Germain  de  Saint-Pierre  fait  à  la  Société  la  communication 
suivante  : 

CONSIDÉRATIONS  MORPHOLOGIQUES  SUR  LES  OVAIRES  ADHÉRENTS, 
l>ar  M.  E.  CiElOIAI*  DE  SAIV2'-PIERKE  (2  . 

Dans  un  article  très  sommaire  ayant  pour  titre  :  Sur  la  signification 
morphologique,  du  placentaire  (voy.  Ann.  se.  nat.,  '2e  série,  t.  Xlf.p.  373), 
M.  Schleiden  s'exprimait  ainsi  :  «  Le  véritable  ovaire  infère  n'est  nulle- 
»  ment  formé  par  des  feuilles  carpellaires,  mais  purement  et  simplement 
»  par  l'axe  qui  se  comporte  à  peu  pies  comme  dans  le  Ficus.  Les  feuilles 
>  carpellaires,  dans  ces  cas,  ne  servent  qu'a  former  le  style  et  le  stigmate;  le 
»  plus  souvent  même,  la  cavité  ovarienne  de  ces  plantes  est  déjà  assez  com- 
»  plétement  formée  avant  qu'on  ne  puisse  découvrir  la  moindre  trace  des 
»  feuilles  carpellaires.  —  A  cette  catégorie  se  rapportent  :  Asarinées, 
»  Ombellifères,  Onagraires,  Composées,  [ridées,  Amaryllidées,  Hydroeha- 
»  ridées.  —  L'épigynie  des  Rosacées  est  très  différente  de  celle  dont  il  vient 
»  d'être  question  :  dans  ces  plantes,  les  ovaires  sont  constitués  par  de  vé- 
»  rilables  feuilles  carpellaires.  » 

Celle  opinion,  que  les  parois  de  l'ovaire  infère  appartiennent  à  l'axe,  ne 
fut  point  adoptée,  et  l'on  continua  à  considérer  les  parois  de  l'ovaire  infère 
comme  résultant  de  la  soudure  des  sépales  avec  les  feuilles  carpellaires. 

L'observation  de  divers  faits  tératologiques  m'a  conduit  à  des  conclusions 
analogues,  dans  certaines  limites,  à  celles  de  M.  Schleiden.  Mais  bien  loin  de 
trouver,  comme  cet  babilc  observateur,  un  système  de  structure  différent 
chez  ies  Rosacées  de  celui  des  autres  plantes  à  ovaires  adhérents,  je  regarde 
le  groupe  des  Rosacées  comme  celui  chez  lequel  la  structure  axile  du  tube 
peut  le  plus  facilement  être  démontrée. 

En  effet,  chez  les  Amygdalées  et  les  Potentillées,  le  tube  dit  tube  cali- 
cinal  est  déjà  un  organe  complexe;  il  se  compose  des  éléments  du  calice,  de 
la  corolle  et  des  étamines.  Chez  les  Rosées  et  les  Àgrimoniées,  la  structure 

(1)  Morphologie,  p.  30  et  31. 

(2)  Dans  la  dernière  séance  (à  laquelle  j'ai  le  regret  de  n'avoir  pu  assister;,  un 
de  nos  confrères,  M.  Payer,  a  communiqué  à  la  Société  le  résultat  de  ses  observa- 
lions  sur  la  structure  des  ovaires  infères  ou  adhérents.  Comme  je  me  suis  occupé 
d'études  relatives  au  même  sujet,  je  crois  devoir  exposer  brièvement  à  la  Société 
le  résultai  de  mes  propres  observations.  Ces  observations  seront  publiées  in  extenso 
dans  mon  Traité  de  Tératologie  végétale. 


ûUZl  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

reste  à  peu  pies  la  même,  seulement  le  tube  dit  calicinal  se  rétrécit  a  la 
gorge  et  embrasse  étroitement  le  carpelle  ou  les  carpelles  libres  dont  les 
styles  ou  les  stigmates  sont  seulement  exserts.  Enfin,  chez  les  Pomacées, 
le  tube  dit  calicinal  se  compose  des  mêmes  éléments  que  dans  les  cas  pré- 
cédents, et,  de  plus,  de  l'élément  carpellaire.  aussi  intimement  uni  aux  pré- 
cédents que  ces  éléments  l'étaient  entre  eux. 

Or,  ce  tube  dit  calicinal,  et  qui  est  composé  chez  les  ovaires  adhérents  des 
éléments  de.  tous  les  organes  appendiculaires  de  la  fleur,  ce  tube,  dis  je, 
constitue,  selon  moi,  un  organe  de  nature  axile ;  un  axe  étant,  selon  une 
théorie  dont  je  cherche  à  démontrer  l'exactitude,  le  résultat  des  productions 
inférieures  ou  décurrences  des  feuilles,  décurrences  unies  entre  elles  par  une 
masse  de  tissu  cellulaire  gui  remplit  les  interstices  et  se  produit  dans  tous 
les  sens ,  tandis  que  les  productions  vasculaires  qui  prolongent  les  feuilles 
pour  constituer  une  partie  de  l'axe  se  produisent  de  haut  en  bas. 

Cette  manière  d'envisager  la  nature  de  Y  ovaire  adhérent  est  une  sorte  de 
trait  d'union  entre  l'opinion  admise  et  qui  consiste  à  considérer  le  tube 
comme  appartenant  au  calice,  et  l'opinion  qui  consisterait  à  voir  dans  le 
tube  un  axe,  abstraction  faite  des  éléments  appendiculaires  de  la  fleur. 

Déjà,  en  1852,  à  l'article  Calice  de  mon  Dictionnaire  de  Botanique,  j'ai 
insisté  sur  l'analogie  qui  existe  entre  le  tube  de  la  fleur,  dans  la  disposition 
perigynique,  et  le  tube  de  la  fleur  au  niveau  de  l'ovaire  dans  la  disposition 
épigynique  (analogie  si  évidente  chez  les  plantes  à  ovaire  dit  semi-infère 
ou  semi-adhérent),  et,  considérant  ce  tube  comme  de  nature  axile,  j'ai  été 
conduit  à  admettre  que  l'insertion  des  pétales  et  des  étamines  sur  le  tube 
dans  les  cas  de  périgynie  est  une  insertion  réelle  et  non  une  insertion  seu- 
lement apparente. 

Il  y  a  pi  us,  poussant  le  même  principe  jusqu'à  ses  extrêmes  conséquences, 
j'ai  dû  regarder  comme  une  tendance  à  la  formation  axile  l'union  isolée 
des  étamines  et  des  pétales,  considérant  comme  tendant  a  constituer  un 
axe  toutes  les  parties  qui  résultent  de  la  soudure  face  contre  face  des  ver- 
ticilles  concentriques  d'organes  appendiculaires. 

.l'exposerai  brièvement  ici  quelques-unes  des  observations  sur  lesquelles 
j'ai  base  mon  opinion.  Le  genre  llosa  m'a  fourni  plusieurs  faits  concluants. 
Dans  une  première  anomalie  assez  fréquente,  les  sépales  qui  surmontent  le 
tube  sont  constitués  comme  des  feuilles  caulinaires  foliacées  complètes,  et 
le  tube  conserve  la  forme  normale  et  le  volume  ordinaire;  il  est  évident 
([ue,  dans  ce  cas,  le  tube  n'est  point  forme  par  le  calice  proprement  dit,  et 
rien  ne  s'oppose  à  ce  qu'il  soit  considéré  comme  un  ensemble  résultant  de 
la  décurrence  du  calice,  de  la  corolle  et  des  étamines. 

Dans  une  deuxième  anomalie,  qu'il  n'est  pas  rare  de  rencontrer,  la  fleur 
p  Tigyne  du  Rosier  revêt  les  caractères  d'une  Heur  hypogyne  :    les   sépale 
sou!  généralement  transformés  dans  ce  cas  en  véritables  feuilles  foliacées, 


SÉANCE    DL    8    DÉCEMBRE    185/j.  305 

les  pétales  et  les  étamines  naissent  a  la  hase  des  sépales  foliacés  et,  les 
carpelles  constituent  un  eapitulesaillant  comme  celui  d'un  Potentilla.  Dans 
ce  cas  (Jtypogynie)  te  tube  n'a  pas  sa  raison  d'être  ;  en  effet,  la  décurrence 
s'effectue  alors  comme  chez  les  erres  feuilles  ordinaires,  c'est-à-dire  autour 
du  tissu  cellulaire  axile  central .  —  Dans  les  cas  de  périgynie  et  d'épigynie, 
au  contraire,  A/  décurrence  a  lieu  au-dessus  du  point  d'arrêt  de  ce  tissu  cel- 
lulaire axile,  lequel  est  alors  épanché  seulement  cuire  les  couches  décurrentes 
auxquelles  il  sert  de  moyen  d'union,  mais  ne  /emplit  [tas  le  vide  central;  de 
cette  disposition  résulte  te  tube  dit  calicinal  qui  remplace  ou  continue  alors 
le  cylindre  plein  caulinaire. 

Dans  une  troisième  anomalie,  des  feuilles  bractéales  ou  des  sépales  sur- 
numéraires sont  insérés  à  diverses  hauteurs  sur  le  tube:  on  peut  en  con- 
clure que  le  tube  participe  à  la  nature  axile,  car,  à  de  bien  rares  exceptions 
près,  les  feuilles  naissent  sur  des  axes. 

Dans  une  quatrième  anomalie  fort  curieuse  (dont  je  présente  la  figure  a 
la  Société),  le  calice  n'est  pour  rien  dans  la  formation  du  tube,  car  le  tube 
est  supérieur  à  l'insertion  des  pièces  calicinales.  Le  tube,  qui,  dans  ce  cas, 
est  évidemment  une  prolongation  de  l'axe  du  pedicelle,  dont  le  sommet 
constitue  une  sorte  de  godet,  m'a  paru  constitué  par  les  décurrences  des 
pétales,  des  étamines  et  des  carpelles  unies  par  le  tissu  cellulaire  axile. 

Or,  si  l'examen  de  ces  diverses  anomalies  démontre  que,  chez  le  Rosier, 
le  tube  dit  calicinal  peut  appartenir  partiellement  nu  ne  pas  appartenir  au 
calice  et  qu'il  est  le  résultat  des  décurrences  réunies  des  divers  organes 
appendiculaires  de  la  fleur  soudées  entre  elles  par  le  tissu  cellulaire  axile,  on 
ne  peut,  selon  nous,  se  refuser  a  admettre  que,  dans  les  autres  cas  de  péri- 
gynie et  dans  le  cas  d'épigynie,  le  tube  dit  calicinal  présente  la  même 
structure. 

Une  autre  série  d'observations  (1)  faites  chez  les  Pomacées  m'ont  con- 
duit au  même  résultat;  j'ai  plusieurs  fois  rencontré,  et  d'autres  botanistes 
ont  pu  également  observer  des  poires  dites  prolifères,  c'est-à-dire  dont  le 
sommet  donne  naissance  à  un  second  fruit.  Dans  d'autres  cas,  la  poire  pro- 
lifère se  termine  par  une  rosette  de  feuilles  ou  même  par  un  rameau  feuille. 
Si,  dans  ces  différents  cas  on  pratique  une  coupe  longitudinale  du  fruit,  on 
peut  constater  que  la  poire  inférieure  ne  présente  point  de  loges,  en  d'autres 
termes  qu'elle  ne  renferme  point  de  carpelles;  quelquefois  le  fruit  supé- 
rieur est  presque  normalement  constitué  et  renferme  des  carpelles;  dans 
d'autres  cas  où  l'anomalie  a  plus  d'intensité,  le  fruit  supérieur  tend  lui- 
même  à  la  prolilication,  et  il  ne  présente  pas  de  carpelles. 

(1)  Je  n'expose  dans  cet  article  que  les  faits  tératologiques  qui  me  paraissent 
pouvoir  servir  ù  éclairer  la  question  de  la  structure  de  l'ovaire  adhérent  ;  dans  un 
travail  plus  général,  je  ferai  intervenir  les  considérations  tirées  des  faits  normaux. 


oO(>  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    IRANCE. 

Le  1  r  ii  ;  t  inférieur  ne  diffère  en  rien  d'une  ti<j;e  charnue;  cette  tige  char- 
mie,  après  avoir  produit  le  verticille  de  feuilles  correspondant  aux  feuilles 
calicinales,  au  lieu  de  se  concentrer,  comme  chez  les  fleurs  normales,  pour 
produire  presque  au  même  niveau,  les  autres  verticilles  floraux,  s'est  allongée 
et  a  donné  naissance,  soit  à  une  nouvelle  Heur  plus  ou  moins  complète,  soit 
a  une  production  intermédiaire  entre  la  Heur  et  le  rameau.  —  Dans  un  cas 
que  j'ai  recueilli  récemment  (et  dont  je  présente  la  figure  à  la  Société),  il 
existe  trois  de  ces  fruits  superposés,  les  deux  inférieurs  tiennent  du  fruit  et 
de  la  rosette  foliacée;  le  troisième  et  supérieur  est  un  fruit  presque  normal. 

Or,  si  le  renflement  charnu  généralement  attribué  au  tube  calcinai  est  si 
évidemment  de  nature  axile  dans  les  cas  que  je  présente  à  la  Société,  ne  doit- 
on  pas  admettre  que,  dans  les  cas  d'épigynie  analogues,  le  tube  ovarien  est  de 
la  même  nature? 


M.  Planchon  appuie  l'opinion  qui  vient  d'être  présentée  sur  la 
nature  axile  de  l'ovaire  infère,  du  moins  quant  à  sa  partie  externe  ; 
mais  il  ne  peut  partager  la  manière  de  voir  de  M.  Germain  de  Saint- 
Pierre  relativement  à  la  nature  à  la  l'ois  appendiculaire  et  axile  du 
tube  dit  calicinal.  M.  Planchon  eile  à  cette  occasion  les  idées  émises 
par  M.  Gasparrini  sur  l'ovaire  des  Cactées  et  en  môme  temps  ce  qu'il 
a  publié  lui-même  sur  les  Nymphéacées,  dans  son  travail  sur  le  Vic- 
toria regia. 

M.  Brongniart  demande  à  M.  Germain  de  Saint-Pierre  s'il  admel, 
dans  la  constitution  des  ovaires  infères,  la  participation  d'une  paroi 
carpellaire  ou  s  il  pense  que  l'axe  lui-môme  forme  foute  la  paroi. 

M.  Germain  de  Saint-Pierre  répond  que,  suivant  lui,  les  éléments 
des  feuilles  carpellaires  entrent  dans  la  composition  du  tube  calicinal 
au  même  titre  que  les  éléments  des  autres  feuilles  ou  organes  appen- 
diculaires  de  la  Heur.  En  d'autres  termes,  le  tube  est  constitué  par 
la  fusion  des  décurrences  de  tous  les  organes  appendiculaires  de  la 
Heur,  y  compris  les  feuilles  carpellaires.  C'est  ce  tube  formé  des 
décurrences  des  feuilles  de  la  Heur  que  M.  Germain  de  Saint-Pierre 
considère  comme  étant  de  nature  axile.  Chez  les  fleurs  à  ovaire  infère 
les  placentas  sont  une  dépendance  de  ce  tube  axile,  et  les  carpelles 
proprement  dits  sont  représentés  par  la  partie  libre,  supérieure  au 
tube,  partie  réduite  parfois  au  style  et  au  stigmate. 

M.  Trécul  rapporte  à  cette  occasion  qu'il  a  observé  au  Texas 
['Opuntia  fragilis.  Cette  plante  présente  souvent  une  succession 
d'ovaires  (parfois  au   nombre  de  cinq)  qui  se  surmontent  et  s'allon- 


SÉANCE    DU    8    DÉCEMBRE    185Û.  307 

genl  en  rameaux  atteignant  jusqu'à  2  décimètres.  Ces  rameaux 
offrent  quelquefois  la  trace  des  cavités  ovariennes  et  conservent 
toujours  leur  couleur  rouge.  Si  les  ovaires  tombent  à  terre,  ils 
poussent  des  racines  adventives  et  reproduisent  la  plante  comme  des 
boutures  (1). 

M.  Trécul  ajoute  qu'il  a  donné  au  Muséum  des  greffes  d'un 
Pommier  qui  croit  aux  environs  de  Mondoubleau  (Loir-et-Cher) ,  où 
il  est  nommé  Pommier  sans  fleurs,  et  qui  paraît  ressembler  au  Pom- 
mier de  Saint-Valéry.  Néanmoins  cet  arbre  fleurit,  mais  ses  pétales 
restent  verts  comme  des  sépales.  Les  étamines,  réduites  à  dix,  sont 
toutes  transformées  en  carpelles  qui  contiennent  un  ovule  souvent' 
imparfait.  Ces  carpelles  surnuméraires  forment  un  verticille  au- 
dessus  des  carpelles  normaux.  La  fécondation  s'opérant  sans  doute 
par  le  pollen  d'arbres  voisins,  on  voit  alors  deux  rangées  de  carpelles 
superposées,  constituant  un  fruit  double,  à  deux  séries  de  loges. 

M.  .1.  Gay  dit  que  la  description  que  vient  de  donner  M.  Trécul 
se  rapporte  exactement  au  fruit  du  Pommier  de  Saint-Valéry,  qu'il  a 
observé  lui-même,  il  y  a  une  vingtaine  d'années.  C'est  le  Pyrus 
dioica,  Willd. 

M.  Fermond  fait  à  la  Société  la  communication  suivante  : 

ÉTUDES  SUR  LE  DÉVELOPPEMENT  DES  MKI'.ITUAUES  OU  ENTRE-NŒUDS  DES  TIGES, 
par  M.  CU.  FFIt  VIOM»   (Troisième  partie.) 

Dans  son  mémoire  sur  îa  phytonomie,  Cassini  fait  un  raisonnement  sur 
lequel  il  s'appuie  pour  démontrer  que  les  mérithalles  ne  doivent  s'accroître 
que  par  le  bas,  ce  qui  ne  l'empêche  pourtant  pas  d'admettre  trois  cas  bien 
distincts  d'accroissement:  1°  celui  où  le  mérithalle  s'accroît  par  le  bas; 
2"  celui  où  l'accroissement  se  fait  par  toutes  les  parties  à  la  fois;  ?>°  celui 
où  cet  accroissement  a  lieu  particulièrement  par  le  haut.  D'un  autre  côté, 
des  expériences  de  Duhamel  semblent  indiquer  que  l'accroissement  se  fait 
plutôt  par  le  haut.  C'est  parce  qu'il  nous  a  semblé  que  rien  n'était  parfai- 

(1)  M.  Trécul  ne  prétend  pas  que  ce  soit  là  un  phénomène  ordinaire.  Les  bou- 
tures qu'il  a  vues  avaient  été  produites  par  des  ovaires  jeunes,  encore  de  couleur 
verle,  et  qui  avaient  été  détachés  sans  doute  accidentellement.  Jamais  tous  les 
ovaires  de  la  série  ne  s'allongent  à  la  fois ,  et  ce  n'est  que  dans  quelques  cas  rares 
que  l'inférieur,  et  plus  rarement  encore  celui  qui  est  immédiatement  au-dessus, 
acquièrent  une  longueur  anormale.  (Note  communiquée ,  après  la  séance,  par 
M.  Trécul.) 


308  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

ternent  prouve  dans  cette  question,  que  nous  avons  entrepris  les  expériences 
suivantes. 

A  l'aide  d'un  compas,  nous  avons  pratiqué  des  points  sur  déjeunes  mé- 
rithalles,  de  manière  a  les  diviser  en  deux,  trois  ou  quatre  parties  égales. 
Nos  observations  ont  été  faites  sur  des  plantes  de  familles  très  différentes, 
et  les  résultats  ont  été  assez  trajfichés  pour  que  nous  ayons  pu  reconnaître 
que  les  mérithalles  s'allongeaient  proportionnellement  plus  tantôt  par  le  haut 
et  tantôt  par  le  bas;  d'autres  l'ois  l'accroissement  s'est  fait  d'une  manière 
à  peu  près  égale.  Voici  les  tableaux  de  ces  différences  d'accroissement  : 

1°  Mérithalles  s' allongeant  proportionnellement  plus  par  le  haut. 


Aristolochîa  Siplio. 
Clematis  Vitalba. 
Sambucus  nigra. 
Cucurbita  Melopepo. 
Meliaiilhus  major. 
Ilelianthus  tuberosus. 
Angelica  sylvestris. 
Ficus  Carica. 
Dipsacus  sylvestris. 
Papaver  somnifenim. 
Lonicera  Caprifolium. 


Polygonum  acetosa>folium. 
Rumex  polygonifolius. 
Fœniculum  vulgare. 
Rieinus  viridis. 
—     minor. 
Vitis  vinifera. 
Rubus  idaeus. 
Syringa  vulgaris. 
Ki'!  ria  japonica. 
Monarda  didyma. 
l'haseolus  multiflorus. 


Jasminum  officinale. 
Lycbnis  chalcedonia. 
Silène   Armeria. 

—  exaltata. 

—  polypbylla. 
Gladiolus  psiltacinus. 

gandavensis. 
A 111  uni  Ca-pa. 
Alstrœmeria  aurantiaca. 


2°  Mérithalles  sali 'on  géant  à  peu  près  également  partout. 


Aralia  edulis. 
Hydrangea  Hortensia. 


Rosa  canina. 
Ginko  biloba. 

Polygonum  cymosum. 


Rumex  Lunaria. 

Aucuba  japonica. 


3°  Mérithalles  Rallongeant  proportionnellement  plus  par  le  bas. 


Album  Csepa. 
Rumex  montevidensis. 
Penicillaria  spicata. 
Polygonum  orientale. 


Polygonum  tinctorium. 
Tripsacum  dactyloides. 
Andropogon  halepensis. 
Dianthus  Caryophyllus. 


Avena  saliva. 

Gypsophila  scorzoneraefolia. 
Ampelygonum  cliinense. 
Rumex  abyssiniens, 


Sur  des  mérithalles,  jeunes  encore,  à'Aristolochia  Sipho,  de  Fœniculum 
vulgare,  de  Clematis  Vitalba,  de.  Sambucus  nigra  et  d' Helianthus  tuberosus^ 
nous  avons  fait  cinq  points  de  manière  à  diviser  le  mérithalle  en  quatre 
parties  égales  et,  quinze  jours  ou  un  mois  après,  nous  avons  reconnu  que 
l'allongement  des  parties,  en  allant  de  bas  en  haut,  s'était  fait  proportion- 
nellement; c'est-à-dire  que  si  l'on  désigne  par  ///  la  différence  d'accroisse- 
ment des  diverses  parties  du  mérithalle  que  l'on  pourrait  appeler  coeffi- 
cient d'élongation  ou  ^'accroissement  en  les  prenant  de  bas  en  haut,  on  avait, 
après  la  croissance,  la  progression  arithmétique  suivante  : 


—  ?/?.  m',  m",  m'". 


SÉANCE  DU  8  DÉCEMBRE  1854.  300 

Ki)  choisissant,  en  effet ,  dans  les  plantes  précitées ,  des  mérithalles  de 
2  centimètres  de  développement  et  les  divisant  en  quatre  parties  égales,  on 
pouvait,  reconnaître  que  la  première  partie  M  du  mérithalle  s'était  allongée 
de  1  ;  la  seconde,  .M',  de  1  +  1  m  ;  la  troisième,  M",  de  l-f-2  m;  et  la  qua- 
trième, M'",  de  1  +  3  m.  M  représentant,  en  général,  une  partie  quelconque 
du  mérithalle  après  son  élongation. 

Mais  M  =  l  a  la  lin  de  l'expérience  n'était,  au  début,  que  de  T'lT,  c'est- 
à-dire  que  chaque  division  qui  n'était  que  1/2  centimètre  était  de  5  cen- 
timètres après  la  croissance  de  M;  5  centimètres  +  1  =  6  centimètres, 
après  la  croissance  de  M';  5  centimètres  +  2  =7,  pour  M";  5  centimètres 
+  3  =  8  centimètres  pour  M'",  de  sorte  que  les  mérithalles  avaient,  en  gé- 
néral, 23  a  1k  centimètres  environ  après  leur  croissance. 

Pareillement,  sur  les  Polygonûm  orientale  et  tinctorium ,  le  Dianthus 
Caryophyllus,  V Andropogon  halepensis,  nous  avons  fait  quatre  divisions  aux 
jeunes  mérithalles  et  nous  avons  pu  constater  un  coefficient  d'elongatiou 
proportionnel,  mais  en  sens  inverse;  de  sorte  qu'en  désignant  chacune  des 
parties  par  les  mêmes  lettres,  on  avait,  en  procédant,  de  bas  en  haut,  M'"  = 
1+3  m;  M"  =  1+2  m  ;  M'=  1+1  m;  .Al  =1  ;  d'où  la  progression  arith- 
métique suivante  : 


m'" .  m",  ih'  .  m. 


Nous  avons  admis  que  toutes  les  causes  qui  s'opposent  a  l'évaporation 
des  liquides  du  mérithalle  ou  qui  entretiennent  sa  mollesse  sont  favo- 
rables a  son  élongation,  et  que  c'était  pour  cela  que  la  croissance  se  faisait 
plutôt  par  le  bas  que  par  le  haut  chez  les  Polygonées,  les  Graminées  et 
quelques  Caryophyllees  dont  la  base  du  mérithalle  est  enveloppée  soit  par 
un  ochrea,  soit  par  les  gaines  des  feuilles,  soit  par  la  base  des  feuilles  oppo- 
sées elles-mêmes. 

Mais  il  nous  fallait  la  preuve  expérimentale  que  cette  manière  de  penser 
était  juste.  Nous  l'avons  cherchée  dans  plusieurs  Polygonées  dont  les 
ochrea,  plus  ou  moins  développés  et  plus  ou  moins  épais,  nous  permet- 
taient de  faire  des  observations  capables  d'éclairer  cette  partie  de  la  ques- 
tion. Les  Polygonûm  orientale,  cymosum,  Persicaria,  tinctorium  et  les 
Rumex  Lunaria  et  poiygonifolius  ont  été  choisis  dans  ce  but.  Nous  avons 
divisé,  en  partant  de  la  base,  les  jeunes  mérithalles  en  trois  et,  quatre  parties 
égales  qui,  examinées  quinze  jours  après,  ont  donné  les  résultats  suivants  : 

Dans  le  Polygonûm  orientale,  le  coefficient  d'élongation  de  la  division  du 
bas  est  à  celui  de  la  division  du  haut  :  5.  1.  Chez  le  Polygonûm  cymosum, 
l'excès  d'accroissement  de  la  division  du  bas  est  très  peu  marqué.  I.e  Poly- 
gonûm Persicaria  nous  a  donné  un  excès  d'accroissement  dans  la  division 
inférieure  dont  le  rapport  était  :  1  1/2.  1.  Dans  le  Polygonûm  tinctorium, 
le  coefficient  d'élongation  de  la  partie  inférieure  était  dans  le  rapport 
de  k.  1  sur  celui  de  la  division  supérieure.  Le  Rumex  Lunaria  a  offert  une 


310  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

croissance  à  peu  près  égale  partout.  Enfin  le  Rumex  polygonifoliw  a  donné 
au  contraire  un  accroissement  plus  considérable  dans  la  division  do.  haut, 
dont  le  coefficient  d'élongalion  était  a  celui  de  la  division  du  bas  dans  le 
l'apport  de  2.  1. 

Les  observations  font  reconnaître  que  les  ocbrea,  qui  n'ont  pas  tous  la 
même  épaisseur  et  la  mê.i.e  longueur  relativement  au  méritballe,  exercent 
un  rôle  plus  ou  moins  actif  dans  l'accroissement  de  ses  diverses  parties, 
Chez  les  Polygonum  orientale  et  tinctorium,  l'ochiea  est  épais  et  bien  en- 
gainant. Voilà  pourquoi,  l'évaporation  se  faisant  moins  bien,  la  base  du 
méritballe  conserve  une  mollesse  favorable  à  l'accroissement  par  le  bas.  Dans 
le  Polygonum  Persicaria,  l'ochreaest  épais,  mais  le  méritballe  reste  court, 
de  sorte  que,  pour  faire  l'expérience,  on  est  obligé  de  prendre  un  méritballe 
relativement  déjà  très  développé;  il  eu  résulteque  la  différence  entre  l'accrois- 
sement delà  division  du  liant  et  celui  de  la  division  du  bas  n'est  pas  très 
marquée.  Quant  au  Polygonum  eymosum,  dont  l'excès  d'allongement  se 
prononce  à  peine  vers  le  bas,  nous  avons  reconnu  que  l'ocbrea  était  mince 
et  s'opposaitpeu  a  l'évaporation.  Enfin,  dans  le  Rumex  Lunaria,  l'ocbrea  est 
mince  et  court,  de  sorte  que,  par  sa  présence,  il  entretient  juste  la  mollesse 
nécessaire  a  la  base  du  méritballe  pour  que  l'accroissement  s'y  fasse  aussi 
bien  qu'a  la  partie  supérieure.  Au  contraire,  chez  le  Rumex  polygonifolius, 
l'ochiea  mince  et  très  long,  protège  presque  de  la  même  manière  le  bas 
et  le  haut  du  méritballe,  d'où  il  suit  que  le  phénomène  se  passe  comme  si 
cet  organe  n'existait  réellement  pas. 

Pour  acquérir  la  certitude  absolue  que  les  choses  se  passaient  bien 
comme  nous  venons  de  le  dire,  nous  avons  fait  les  expériences  comparatives 
suivantes  :  sur  les  Ampelygonum  chinense,  Rumex  abyssinien*  et  monte- 
vidensis,  nous  avons  pratiqué  des  divisions  (gales  a  des  merithalles  prives 
de  leur  ocbrea  et  a  des  merithalles  les  possédant  encore.  Au  bout  de  huit 
jours,  ceux  qui  étaient  prives  de  leur  ocbrea  ont  présenté  une  croissance  a 
peu  pies  égale  dans  toutes  les  divisions,  tandis  que  les  merithalles  qui  en 
restaient  recouverts  ont  offert  un  excès  décroissance  très  prononcé  dans  les 
divisions  inférieures.  Le  Rumex  montevidensis  surtout  offrait  un  excès  de 
croissance  dans  la  division  du  bas  double  de  celui  de  la  division  moyenne. 
C'est  qu'ici  le  méritballe  est  maintenu  dans  un  grand  état  de  mollesse  par 
la  présence  d'une  assez  forte  proportion  d'une  matière  gommeuse  liquide 
qui  se  trouve  contenue  entre  le  méritballe  et  l'ocbrea. 

Enfin,  ce  qui  justifie  le  mieux  cette  idée  théorique,  c'est  la  différence 
d'accroissement  des  diverses  parties  du  méritballe  chez  certaines  Graminées 
à  feuilles  très  engainantes  (Tripsacum  dactyloïdes  et  Penicillaria  spieata), 
chez  lesquelles  le  coefficient  d'élongalion  nous  a  paru  suivre  les  termes 
d'une  progression  géométrique.  Si,  en  effet,  on  pratique  sur  un  méritballe 
de  ces  Graminées,  cinq  ponctuations  à  égales  distances  et  en  partant  de  la 


SÉANCE    DLT    8    DÉCEMBRE    1854.  31] 

base,  on  trouve,  au  bout  d'une  quinzaine  de  jours,  que  la  division  du  haut 
a  conservé  à  peu  près  la  même  grandeur  =  6  millimètres;  que  la  seconde, 
en  descendant,  présente  un  excès  de  croissance  sur  la  première  =  1  (6  mil- 
limètres +  3);  que  la  troisième  division  offre  un  excès  de  croissance  =  2 
(6  millimètres  -j- 6);  que  la  quatrième  division  a  un  excès  de  croissance 
s=û  (6  millimètres  -{-12),  d'où  la  progression  géométrique  suivante  : 


m'"  '  m"  '.  m'  ;  m. 


m'",  m",  m'   représentant   les   coefficients   d'élongation  des  divisions  du 
mérithalle  sur  m. 

Il  est  arrivé  quelquefois  (Penicillaria  spicata,  Avenu  saliva)  que  nous 
n'avions  fait  que  trois  divisions  au  lieu  de  quatre,  et  la  croissance  était 
encore  eu  progression  géométrique,  de  sorte  que  l'on  avait  : 


m1'  :  m'  ;  m. 


Il  est  probable  que  beaucoup  de  Graminées  ont  un  même  mode  d'ac- 
croissement; mais  l'expérience  n'est  pas  encore  venue  sanctionner  cette 
opinion. 

Enfin  il  y  a  quelques  cas  rares  ou  la  croissance  doit  se  faire  à  la  fois  par 
le  bas  et  par  le  haut,  alors  que  le  milieu  du  mérithalle  reste  à  peu  près  sta- 
tionnais :  c'est  ce  que  nous  avons  observé  sur  V  Allium  Cœpa.  Peut-être  les 
mérithalles  allongés  que  l'on  désigne  sous  le  nom  de  hampes  des  Liliacées  et 
de  quelques  autres  plantes  sont-ils  dans  le  même  cas. 

Nous  croyons  avoir  démontré  dans  cette  troisième  partie  :  1e  que  l'accrois- 
sement de  chaque  mérithalle  se  fait  proportionnellement  plus  tantôt,  par  le 
haut,  tantôt  parle  bas.  Plus  rarement  il  se  fait  également  dans  toute  sa  lon- 
gueur; 2"  que  l'excès  d'accroissement  qui  en  résulte,  examiné  sur  trois  ou 
quatre  divisions  du  mérithalle,  suit  les  termes  d'une  progression  arithmé- 
tique, et  que  chez  quelques  Graminées  cet  excès  d'accroissement  suit  les 
termes  d'une  progression  géométrique  ;  3y  qu'il  doit  y  avoir  des  plantes  chez 
lesquelles  les  mérithalles  (hampes)  doivent  avoir  une  croissance  par  le  bas  et 
par  le  haut,  tandis  que  le  milieu  reste  stationnaire  (Allium  Cœpa);  /rque 
toutes  les  causes  qui  s'opposent  à  l'évaporation  des  liquides  du  mérithalle 
ou  qui  entretiennent  sa  mollesse  sont  favorables  à  son  élongation.  Voila 
pourquoi  la  croissance  se  fait  plutôt  par  le  bas  que  par  le  haut  chez  les 
Polygonécs  ,  les  Graminées  et  quelques  Caryophyllées  dont  la  hase  des  mé- 
rithalles est  enveloppée  soit  par  un  ochrea,  soit  par  les  gaines  des  feuilles, 
soit  par  la  base  des  feuilles  opposées  elles-mêmes. 

M.  ïrécul  fait  remarquer  que  les  considérations  présentées  par 
M.  Fermond  ont  déjà  été  publiées  par  Sleinheil  dans  son  mémoire 
sur  l'accroissement  des  feuilles.  Sleinheil  a  prouvé  par  des  exemples 


312  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

nombreux  que  certains  axes  s'accroissent  bien  plus  par  le  bas  que 
par  le  haut.  M.  Trécul  ajoute  qu'il  a  lui-même  déjà  indiqué  l'action 
des  feuilles  enveloppantes  sur  le  développement  de  la  partie  infé- 
rieure des  feuilles  enveloppées,  notamment  chez  les  Palmiers. 

M.  Fermond  répond  qu'il  connaît  le  mémoire  qui  vient  d'être  cité, 
et  dont  les  conclusions  lui  semblent  différer  notablement  des  siennes. 
Pour  lui,  en  effet,  l'accroissement  n'a  pas  lieu  plutôt  par  le  basque 
parle  haut,  mais  bien  d'une  manière  proportionnelle,  soumise  à  une 
loi  et  suivant  une  progression  régulière,  tantôt  arithmétique,  tantôt 
géométrique. 

M.  Cosson,  vice-secrétaire,  donne  lecture  d'une  communication 
adressée  à  la  Société  par  M.  E.  Michalet,  sur  un  Alisma  observé  par 
lui  dans  les  mares  et  les  lieux  humides  des  bords  du  Doubs  et  de 
l'Orain,  près  de  Chaussin,  arrondissement  de  Dole  (Jura). 

M.  Michalet  distingue  sa  plante  de  V Alisma  Plantago  et  propose  pour 
elle  le  nom  (VA.  arcuatum,  en  demandant  toutefois  l'opinion  de  la  Société 
sur  la  valeur  des  caractères  distinetifs  signalés  par  lui. 

Voici  le  résumé  de  ces  caractères  : 

«  Le  port  de  l'A.  arcuatum  est  très  remarquable,  quoiqu'il  varie  beaucoup 
selon  que  l'eau  se  retire  plus  ou  moins  rapidement.  Les  tiges  qui  croissent 
dans  l'eau  se  recourbent,  ainsi  que  les  rameaux,  dès  qu'elles  s'élèvent  au- 
dessus  de  la  surface  et  simulent  alors  assez  bien  les  branches  d'un  parapluie 
ouvert;  celles  qui  croissent  hors  de  l'eau  sont  au  contraire  couchées  sur  le 
sol  et.  s'enterrent  parfois  tout  entières  sans  cependant  y  prendre  jamais  ra- 
cine. Vu  en  masse,  l'A.  arcuatum  offre  un  aspect  un  peu  glauque;  il  est 
plus  aquatique  que  VA.  Plantago.  Sa  taille  varie  de  5  à  50  centimètres  ;  il 
y  a  des  échantillons  dont  les  feuilles  courtes  et  très  étroites  rappellent,  tout 
à  fait  le  Littorella  lacustris;  dans  d'autres,  au  contraire,  le  limbe  atteint 
2  centimètres  de  largeur. —  La  souche  de  VA.  arcuatum,  qui  se  laisse  arra- 
cher très  facilement,  tandis  que  celle  de  l'A.  Plantago  est  très  tenace, 
fournit  des  différences  entre  les  deux  plantes.  Cette  souche,  qui  présente 
au  collet  un  renflement  constituant  un  véritable  bulbe,  n'est  guère  plus 
grosse  qu'une  noisette  ordinaire  dans  l'A.  arcuatum  et  elle  ne  nourrit  la 
plante  que  pendant  un  an,  tandis  que  dans  l'A.  Plantago  elle  atteint  sou- 
vent la  grosseur  d'un  œuf  de  poule  et  persiste  pendant  deux  ans.  —  Dans 
l'A.  arcuatum,  les  carpelles  se  touchent  par  leurs  bords  internes  de  ma- 
nière a  former  un  capitule  obscurément  trigone  ne  présentant  aucun  vide 
a  l'intérieur,  leur  dos  est  muni  d'une  côte  médiane  saillante  naissant  du 
style  et  de  deux  autres  côtes  latérales.  —  Dans  l'A.  Plantago  les  carpelles 
sont  disposés  obliquement  sur  le  réceptacle  et  ne  se  touchent  que  par  leur 


SÉANCE    DU    8    DÉCEMBRE    185A.  313 

base,  de  sorte  que  le  capitule  présente  un  vide  à  l'intérieur.  Sur  le  dos 
ce  n'est  pas  une  côte,  mais  au  conti  aire  un  sillon  qui  part  de  la  base  du  style; 
quelquefois  ce  sillon  se  bifurque  de  manière  à  simuler  trois  côtes,  mais  leur 
disposition  différente  se  reconnaît  facilement,  et  la  médiane  dans  ce  cas 
n'est  jamais  saillante.  » 

M.  Cosson,  après  avoir  déposé  sur  le  bureau  les  échantillons  et  les 
dessins  dont  M.  Michaleta  accompagné  sa  notice,  fait  remarquer  que 
les  caractères,  signalés  du  reste  avec  exactitude,  ne  lui  paraissent 
pas  permettre  de  distinguer  comme  espèce  VA.  arcuatum.  En  effet, 
le  développement  de  la  côte  dorsale  des  carpelles  ne  lui  semble 
se  lier  d'une  manière  constante  avec  aucun  autre  caractère  impor- 
tant. Déjà,  dans  la  Flore  des  environs  de  Paris,  il  a,  avec  M.  Ger- 
main, constaté  que  les  carpelles  de  VA.  Plantago  présentent  indiffé- 
remment sur  le  dos  un  ou  deux  sillons,  sans  toutefois  avoir 
mentionné  la  cause  de  ce  fait  ;  M.  Michalet  en  donne  nettement  l'ex- 
plication :  dans  les  carpelles  où  la  côte  dorsale  est  saillante,  le  dos 
présente  deux  sillons  latéraux;  lorsque,  au  contraire,  cette  même 
côte  ne  s'est  pas  développée,  le  dos  du  carpelle  n'offre  qu'un  sillon 
médian.  Quant  aux  caractères  tirés  de  la  plus  ou  moinsgrande  obli- 
quité des  carpelles  sur  le  réceptacle,  du  port  de  la  plante,  du  volume 
et  de  la  durée  de  la  souche,  ils  ne  paraissent  pas  non  plus  à  M.  Cosson 
constituer  des  différences  spécifiques  suffisantes,  en  raison  de  leur 
variabilité  dans  les  diverses  espèces  du  genre. 

31.  Gay  ajoute  que  dans  plusieurs  espèces  du  genre  Potamogeton 
la  côte  dorsale  des  carpelles  est  indifféremment  à  peine  saillante  ou, 
au  contraire,  très  développée  sous  forme  de  carène. 

M.  Cosson  fait  ensuite  à  la  Société  la  communication  suivante  : 

NOTES  SUR  QUELQUES  GRAMINÉES  D'ALGÉRIE  , 
par  MM.  E.  COSSON  et  Dl  RIEE  DE  M.USONIVEEl'E    I 

Leersia  hexandra  Swartz.  —  L.  australis  R.  Br.  —  L.  Mexicana 
Kunth.  —  L.  Mauritanien  Salzm.!  —  L.  B rasiliensis  Spreng.  —  L.  con- 
tracta Nées.  —  L.  glaberrima  Trin.  -  L.  Triniana  Sieb.  -  L.  Abyssi- 
nien Hochst.! 

[n  paludosis  Algeriœ  orientalis  prope  La  Callel,  imprimis  in  sylvaticis 
uliginosis  et  in  palude  Bou-Merchen  ad  lacum  Houberal 

!  Ces  notes  .son!  exlrailcs  de  la  première  livraison  de  la  partie  plianéroganu'que 
de  la  Flore  d'AUjerie  acluclleincnl  sous  pres>e. 


ûlZl  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

In  Qtriusque  hemîsphaerii  regione  intertropica,  rarius  extra  occurrens:  ad 
Tingidem  (Salzmann);  in  Egypto  (Odile,  Sieber);  Abyssinia  (Schirapér); 
ad  promontorium  Bonse  Spei  (Drège,  Eckion)  ;  in  Bengalia  (Grif(itbs)  ;  Ne- 
palia  (Wallich);  insula  Taprobana  (Walker);  insulis  Philippinis  (Cuming); 
Florida  (Chapman)  ;  Nouvelle-Orléans  (Drummond);  Texas,  Iiio-Brazos 
(Drummond)  ;  Mexico  (ex  Kunth)  :  in  Guyana  gallica  (Poiteau,  Leprieur); 
Pernambueo  (Gardner);  in  Nova  Hollandia  (ex  R.  Br.). 

D'après  l'examen  d'un  grand  nombre  d'échantillons  authentiques  et 
l'étude  comparative  des  descriptions,  nous  avons  pu  nous  convaincre  de 
l'identité1  spécifique  des  plantes  qui  ont  été  décrites  sous  les  divers  noms 
dont  nous  avons  donné  rénumération  synonymique.  —  Les  seules  diffé- 
rences que  nous  ayons  observées  consistent  dans  la  scabrité  plus  ou  moins 
prononcée  des  gaines  des  feuilles,  dans  la  longueur  plus  ou  moins  grande  de 
la  ligule,  dans  la  présence  ou  l'absence  de  poils  sétuliformes  sur  les  nervures 
intermédiaires  et  sur  ltjs  faces  des  glumelles  inférieures,  et  aucun  de  ces 
caractères  n'est  même  assez  constant  pour  permettre  de  distinguer  des  va- 
riétés. —  Le  L.  hexandra  se  distingue  du  L,  oryzoides  par  un  port  plus 
grêle,  les  feuilles  plus  étroites,  la  panicule  moins  ample,  moins  ouverte,  les 
epillets  plus  petits,  ovales  oblongs,  les  glumelles  inférieures  naviculaires  à 
nervures  intermédiaires  saillantes  et  non  pas  eomprimée-~-ap!nties  à  ner- 
vures intermédiaires  a  peine  saillantes,  et  surtout  par  les  étamines  au 
nombre  de  6  et  non  pas  au  nombre  de  '.'>.  —  Ou  nombre  des  stations  où  la 
plante  a  été  observée,  il  ressort  qu'elle  n'occupe  pas  dans  la  zone  inter- 
tropicale une  aire  moins  vaste  que  le  L.  oryzoides  dans  la  zone  tempérée,  et 
qu'elle  ne  se  rencontre  dans  la  zone  tempérée  que  par  exception. 

Panicum  obtusifolium  Odile,  var.  obtusifoliwn. 

In  paludosis  nquaticis  prope  La  Callem]  lacum  HouberaX 

In  yEgypto  ad  Tamiatim  et  ruinas  urbis  Son  (ex  Odile',  prope  Cairtim 
(l)elile,  Bovéin  berb.  Mus.  Par.). 

La  plante  d'Algérie  diffère  de  celle  d'Egypte  par  les  feuilles  moins  larges, 
généralement  ncuminees,  et  non  pas  presque  obtuses  au  sommet,  et  par 
les  epillets  un  peu  plus  petits;  mais  le  port  et  les  autres  caractères  étant 
identiques  dans  cesdeux  plantes,  nous  n'avons  pas  cru  pouvoir  lesdistinguer 
spécifiquement,  d'autant  plus  que,  d'après  Poiret,  la  forme  des  feuilles  du 
P.  obtusifolium  est  variable,  et  que  le  volume  des  epillets  n'est  pas  assez 
constant  dans  les  espèces  de  ce  groupe  pour  qu'on  puisse  le  considérer 
comme  un  caractère  distinctif  suffisant.  —  Le  P.  obtusifoliwn  est  très 
voisin  du  P.  paspaloides  Pers.,  dont  nous  avons  vu  dans  les  herbiers  de 
nombreux  échantillons  recueillis  en  Egypte,  aux  îles  Canaries,  dans  l'Inde, 
au  Pérou,  au  Brésil,  etc.,  et  doit  par  cela  même  être  range  parmi  les  es- 
pèces à  type  intertropical. 


SÉANCE    ni    S    DÉCEMBRE    J85/L  315 

Panicum  numidianum  Lnik.,  Desf.  —  P.  leiogonum  Sieb.lyV.  ^Egypt. 
exsicc.  —  P.  muticum  I.inkex  Kunth. 

Ta  pascuis,  in  arenosis  humidis  prope  La  Callel  (l)esf.j  adlaeum  Hoc- 
hera !  haut!  infrequens. 

In  iEgypto  (Sieber);  Brasilia1  provincia  Bahia  (Sieber,  pi.  exsicc.  sub 
nominc  /'.  equinum);  in  sylvis  ad  flumen  Amazomiin  (ex  Nées). 

Cette  espèce,  comme  les  précédentes,  appartient  à  la  région  intertropicale 
et  présente  en  Algérie  sa  station  la  plus  septentrionale. 

Digitabia  debii.is  Willd.  —  Paspalum  débile  Poiret  !  —  Panicum  dé- 
bile Desf.  ! 

In  pascuis,  in  arenosis  humidis  :  La  Calle  (Poiret,  Desf.)  ;  in  val!e/a- 
btdlah  !  prope  La  Calle  promiscue  cum  I).  sanguinali. 

In  Lusitania  prope  Olisiponem  promiscue  cum  D.  sanguinali  (AVel- 
witscli);  Galicia  propre  Cerquido,  D.  sanguinalis  socia  (Lange);  in  Pyre- 
lucis  humilioribus,  verosimiliter  prope  Orthcz  (Garnier)  ;  agro  î\eapo!ilano 
{  A.  Richard  in  herb.  Gav). 

Cette  espèce,  qui  déjà  a  été  observée  à  une  localité  du  midi  de  la  France, 
sera  probablement  retrouvée  sur  d'autres  points  alors  qu'elle  sera  mieux 
connue  des  botanistes.  —  Par  le  port  et  la  glume  inférieure  à  peine  distincte 
elle  se  rapproche  beaucoup  du  D.  filiformis  Kœl.,  mais  on  l'en  distingue 
facilement  par  les  épillets  oblongs-lancéolés  acuminés  et  non  pas  ovales- 
oblongs,  par  la  glume  supérieure  et  la  glumelledela  fleur  neutre  acuminées 
inégales  dépassani  toutes  deux  la  fleur  hermaphrodite,  et  enfin  par  les  glu- 
melles  de  la  fleur  hermaphrodite  blanchâtres  a  la  maturité  et  non  pas  d'un 
pourpre  luisant. 

Digitaiua  commutata  Sclmlt. —  Panicum  commutatum  Nées,  —  ])i- 
gitaria nodosa  Parlât.  —  Panicum  Palatorei  Steud. 

In  arenosis  de^erti  ad  limites,  prope  Biskra,  loco  dicto  Montagne  de 
sable  (Balansa). 

In  insula  Canaria  (Webb)  ;  Gorgonum  insula  S.  Nicolas  (Bolle)  ;  ad  pro- 
montorium  Botfae  Spei  (Lcklon,  Drège,  Verreaux  in  herb.  Webb). 

La  longueur  des  épis,  le  volume  des  épillets,  la  longueurde  la  glume  su- 
périeure par  rapport  a  celle  de  la  fleur  hermaphrodite  sont  variables  dans 
cette  espèce  dont  nous  avons  été  a  même  d'examiner  d'assez  nombreux 
échantillons;  aussi  croyons-nous  devoir  lui  rapporter  comme  synonyme  le 
l>.  nodosa  Parlât.,  qui  diffère  a  peine  de  la  plante  du  Cap  par  les  épis  or- 
dinairement plus  courts,  les  épillets  un  peu  plus  petits  et  par  la  glume  su- 
périeure plus  courte  que  la  fleur  hermaphrodite. 

Pennisetum  orientale  BJch .,  Kunth.  —  P.  fasciculatum  Trin.  — 
P.  Sinaicwn  Decaisac. 


310  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

lu  rupestribus  montanis  deserti  ad  limites  :  in  vallefluminis  Oued-Abdi 
propre  Beni-Souik  !  in  montium  Aurasiorura  regionecalida. 

lu  Armenia  orientali  (Hohenacker)  ;  Syria(LabilI.)  ;  monte  Sinaï  (Schim- 
per);  Lyeaonia  (Heldreich)  ;  Persia  (Aucher-Eloy). 

Andropogon  annulatus  Forsk.,  Vahl  ,  Delile.  — Lipiocercis  annulata 
Nées. 

Hab.  In  giareosis,  ad  ripas,  in  fossis  œstate  exsiccatis  Algerise  australio- 
ris  :  Biskra  !  (Jamin,  Balansa).  Loco  dicto  El-Ouar  ad  meridiem  urbis 
Bis/ira  (Hénon). 

In  -Egypte  (Delile ,  Sieber,  Aucher-Éloy)  ;  Syria  (ex  Delile)  ;  Nubia 
(Kralik);  Kordofan  (Kotseby)  ;  Persia  (Aucher-Éloy)  ;  insulis  Gorgonibus 
(Bolle);  ad  promontorium  Bonœ  Spei  (Drège);  India  orientali  (ex  Vahl); 
insida  Timor. 

Andropoc.on  i.aniger  Desf.  —  A.  eriophorus  Willd.  — A.  circinatus 
Hochst.  et  Steud.  in  Schimper  jd.  Arab.  exsicc.  (1837).  —  Cymbopogon 
circinatus,  Hochst.  !  in  Schimper  pi.  Arab.  fel.  éd.  2  (1843).  — Andro- 
pogon  Olivier!  Boiss.  ! 

[naprieis  saisis  solo  argillosovel  arenaceo,  in  giareosis,  deserti  ad  limites: 
ad  Laghouat  (Bonduelle)  ;  in  Algeria  orientali  australiore  ab  El-Outaia  ! 
(Gallerand)  ad  Biskra  1  (Jamin)  haud  infrequens. 

In  deserto  Tunetano  (Desf.)  ;  /Egypto  (Bové)  ;  Arabia  felici  (Schimper); 
Mesopotamia  (Aucher-Eloy). 

Les  fibres  radicales  de  VA.  laniger  exhalent  une  odeur  aromatique  assez 
pénétrante  qui  rappelle  celles  qu'elles  présentent  chez  deux  espèces  voisines 
propres  aux  Indes,  les  A.  lwarrancusa  (Blaue,  Boxb.)  et  schœnanthus  (L., 
Boxb.,  Wallich).  L'infusion  préparée  avec  cette  dernière  plante  est  usitée 
aux  Indes  comme  succédanée  de  celle  du  thé,  et  on  lui  attribue  des  pro- 
priétés stimulantes  et  toniques;  il  est  probable  que  l'espèce  algérienne 
pourrait  être  employée  de  la  même  manière  avec  succès. 

Arthratherum  ciltatum  Nées,  .Taub.  et  Spach.  —  Aristida  plumosa 
Desf.  !  AtL  —  Aristida  ciliata  Desf.  in  Schrad.  Journ.  — Aristida  Schini- 
peri  Hochst.  et  Steud.  —  Arthratherum  Schimperi  Nées. 

In  apricis  petrosis  vel  rupestribus  deserti  :  in  ditione  Laghouat  (Bondu- 
elle); ad  Biskra  !  et  locis  proximis  haud  infrequens  (Jamin). 

In  regno Tunetano  (Desf.);  ^Egyplo  (Delile)  ;  Arabia  (Bové)  ;  Africa  aus- 
traliore (Drège). 

Arthratherum  obtlsum  Nées,  Jaub.  et  Spach.  — Aristida  obtvsa 
Delile.  —  Stipagrostis  obtusa  Nées  in  Linnœa,  Kuntb. 


SÉANCE    M     8    DÉCEMBRE   185/t.  317 

tnapricisdeserti,  solo  argilloso,  petroso  vel  arenaceo:  ad  Biskra  !  et  in 
locis  proximishaud  infrequens  (Jamin,  Balansa). 

In  ^Egypto  (Delile)  ;  Arabia  (Schimper,  Botta);  ad  promontorium  Bonœ 
Spei  (Drège). 

Dactyloctenuim  jEgyptiacum  Willd.  —  Cynosurm  /Egyptius  L.  — 
Eleusine  sEgyptia  Desf.  !  —  Eleusine  cruciata  Lmk.  —  Dactyloctenium 
mucronatum  Willd.  —  D.  prostration  Willd. 

In  arvis  arenosis  prope  La  Colle  !  abundc  crescens. 

In  Europaaustraliore  :  Calabria  (Tenore),  Sicilia  (Guss.  ,Tineo),  Grsecia; 
in  ^Egypto  (Sieber);  Arabia,  Nubia  (Kotschy)  ;  Abyssinia  (Schimper);  ad 
promontorium  Bonae  Spei  (Drège)  ;  Madagascar  (Bernier)  ;  India  oiientali 
(Wight)  ;  insulis  Philippinis  (Caming)  ;  insula  Java  (Labill.)  ;  Nouvelle- 
Orléans,  Saint-Louis  (Drnmmond);  Guyana  (Leblond)  ;  Brasilia  (Claussen). 

Pappophokum  scabbum  Kunth.  —  Enneapogon  scaber  Lehm.,  Nées. 
In  declivibus  apricis,  deserti  ad  limites  :  prope  Biskra  (Jamin,  Balansa). 
Ad  promontorium  Boiuc  Spei  (Drège). 

Ammochloa  sobacaulis  Balansa  (sub  Sesleria)  in  pi.  Alger,  exsicc. 
n.  709  (1853).  —  A.  Palœstina  Boiss.  Diagn.  pi.  or.  (1854). 

Planta  annua,  saepius  caespitosa,  plerumque  subacaulis  spicis  inter  folia 
radicalia  sessilibus,  varias  caulescens  caulibus  crassiusculis  foliis  brevio- 
ibus;  foliis  planis,  glabris,  omnibus  linearibus  angustis;  ligula  glabra, 
dentato-lacera  ;  spicis  subglobosis,  basi  glumisspicularum  int'eriorum  sub- 
involucratis;  spiculis  in  quaque  spica  pluribus,  dense  congestis,  oblongis, 
8-14-floris;  glumella  inferiore  ovata,  sensim  acutata,  mucronata;  antheris 
minutis,  oblongis;  stylorum  basi  accrescente  complanato-membranacea,  de- 
mum  ovario  longiore.  ®.  Martio-Aprili. 

In  arenosis  deserti  ad  limites  :  propre  liishra  (Balansa). 

In  regni  Tunetani  insula  Djerba  propre  Gabès  (Kralik)  ;  in  Hispania 
oiientali  ad  Barcinonem  (Pourret,  in  berb.  Delessert  sub  nom.  ined.  Poa 
cyperoides)  et  australiorebaud  procul  a  promontorio  L'abo  de  Gâta  (E.  Bour- 
geau)  ;  indesertis  Palœstina;  australis  (ex  Boiss.) 

L'A.  subacaulis  constitue,  avec  VA.  pungens  Boiss.  (Dactylis  pungens 
Scbreb.  —  Sesleria  ecbinata  Lmk.),  un  genre  nouveau,  décrit  sous  le  nom 
à' Ammochloa,  par  M.  Boissier  (Diagn.  pi.  or.  fasc  XIII,  mai  1854)  et  presque 
en  même  temps  par  nous  sous  le  nom  de  Cephalochloa  (in  Coss.  Cat.  Oran 
in  Ann.  se.  nat.,  juin  1854).  —  Le  genre  Ammochloa  diffère  du  genre 
Sesleria  par  V inflorescence,  par  les  épillets  à  Heurs  nombreuses,  par  les 
glumes  à  carène  ailée-membraneuse,  par  les  glumelles  inférieures  presque 
coriaces  entières  au  sommet,  et  non  pas  membraneuses  dentées-laciniées, 
t.  i.  21 


/ 


M8  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCK. 

par  les  squamules  milles,  ei  non  pas  3-5-dentées  à  dents  inégales.  —  \JA. 
subacaulis  est  très  voisin  de  l'A.  pxiugens  par  la  plupart  de  ses  caractères; 
il  s'en  distingue  par  son  port  remarquable,  la  plante  étant  subacaule  ou 
présentant  à  la  fois  des  tiges  très  courtes  et  d'autres  tiges  plus  longues  très 
robustes  relativement  a  leur  longueur  et  dépassées  par  les  feuilles;  il  en 
diffère  surtout  par  les  épillets  composés  ordinairement  d'un  plus  grand 
nombre  de  fleurs,  paries  glumelles  inférieures  plus  insensiblement  acuminées 
et  brièvement  mucronées  et  non  pas  mucronées-aristées,  par  les  anthères 
très  petites  oblongucs,  et  non  pas  assez  grandes  linéaires-oblongues,  et  par 
la  base  acerescenle  des  styles,  comprimée,  presque  membraneuse,  plus  lon- 
gue que  l'ovaire. 

Avena  macrostachya  Balansa  in  pi.  Alger,  exsicc.  n.  718. 

Caudice  ca^pitoso  fasciculos  foliorum  stériles  emitten te;  foins  plants, 
glabris  vel  pubescentibus,  supra  scabris,  rigidulis,  nervo  marginali  scabro 
sparsepilisaeuleiformibus  subeiliato;  vaginis  teretibus;  ligulabre\i,  trun- 
cata,  sublacera,  glabra ; panicula  laxa,  secunda,  ramis  spiculam  unicamsat- 
pius  gerentibus,  inferioribus  elongatis  1-h  rarius  solitariis ,  superiorièus 
saepius  solitari is  ;  spiculis  magnis,  pendulis,  ^-j-iloris;  glumis  inœqualibus, 
inferiore  saepius sul)dimi(liobrevioresubtrinervia,SM/;«,«ore7-9-n6'?,y2'atlori- 
bus  paulo  breviore;  raehi  ad  basim  florum  pilosa:  floribus  omnibus  cum 
rachi  articulatis  demum  deciduis,  in  callumbrevem  pilosum  attenuatis,pilis 
flore  multo  brevioribw ;  glumella  inferiore  glabra  nitida  superne  scariosa, 
upice  dentato-bifîdo ,  ad  médium  dorsi  aristata,  arista  geniculata  interne 
laxiuscule  tortili.  %.  Junio-Julio. 

In  paseuis  regionis  montanae  :  Djebel-Tougour  prope  Butna  !  usque  ad 
2000  metra  ascendeus  (Balansa  exsicc.).  In  valle  Feudj-Guersa  !  ad  basim 
montis  Djebel-Mahmel  in  montibus  Aurasiis,  et  ad  cacumen  montis  ejusdem 
(Balansa).  In  monte  Djurjura  !  supra  Bordj-Boghni. 

Cette  belle  espèce  n'a  de  rapport  qu'avec  la  forme  à  épillets  pluriflores  de 
l'A.  pratensis,  dont  elle  se  distingue  par  la  ligule  des  feuilles  supérieures 
courte  tronquée,  par  les  rameaux  de  la  panieule  allongés  ne  portant  ordi- 
nairement qu'un  seul  epillet,  par  les  épillets  pendants  après  la  floraison, 
par  les  giumes  plus  inégales,  et  par  la  glumelle  inférieure  ordinairement 
bidentée  ou  bifide  au  sommet  et  non  pas  irrégulièrement  denticulée. 

Cvnosubus  Balansje  Coss.  et  DU.  FI.  Alger.  — C.  echinatus  var.  peren- 
nis  Balansa  pi.  Alger,  exsicc   n.  715. 

Planta pereunis,  ceespitosa,  caudice crassiusculo  obliquo  subrepente;  cau- 
libus  erectis,  rigidulis;  foliis  late  linearibus,  planis,  rigidulis;  ligula 
oblonga  ;  panicula  oblonga,  rarius  ovato-oblonga,  secunda,  laxiuscula, 
demum   su beoDt racla,   ramis  ramuiisque  longiusculis ;  spiculis  fertilibus 


KKANŒ    |)U    8    DÉCEMBRE    I8Ô/|.  319 

2-3-tloris  cum  rudimento  pedicelliformi  (loris  superioris,  glumis  tenuiter 
membrapaceo-scariosis  laneeolatis  apice  sensim  attenuato-subulatis,  floribus 
demum  oblongo-lanceolatis,  glumella  inferiore  scabrida  apice  bidentata 
longe  aristata  ;  spiculnrum  sterilium  glumellis  lîncaribus  vel  laneeolatis  su- 
perne  subulato-aristatis,  inferioribus  distantibus  longe  aristatis,  superiori- 
bus  approximatis  hrevius  aristatis.  rif.  Junio-Julio. 

In  pascuis  regionis  montanœ  subtus  Cedros ,  ad  1300-2000  ruetra:  In 
declivitate  septentrional]  montis  Djtbel-Tougour  prope  B atna  (Balansa);  in 
sylvaticis  supra  Lambèse  (Balansa);  in  cedreto  prope  Teniet-el-Haad  ! 

INousavons  cru  devoir  dédier  celte  espèce  à  M.  Balansa  qui  l'a  recueillie  le 
premier  en  Algérie  et  en  a  reconnu  le  caractère  principal,  tiré  de  la  souche 
oblique  et  vivace  pour  la  distinguer  du  C.  echinatus.  Seulement  il  ne  lui  avait 
pas  été  donne  de  constater  l'invariabilité  de  ce  caractère  d'une  manière 
suffisante.  Ayant  été  à  même  d'observer  la  plante  a  une  nouvelle  localité,  où 
elle  croit  en  grande  abondance  mêlée  avec  le  C.  elegans,  nous  ne  l'avons 
vue  présenter  aucune  variation. 

M.  de  Schœnefeld  secrétaire,  donne  lecture  <lo  la  communication 
suivante  adressée  à  la  Société  : 

SUR    LES   FASCICULES   DE    LICHENS    D'EUROPE    PUBLIÉS   PAU  M.    LE    I)r   HEPP. 
OBSERVATIONS  CRITIQUES  par  M.  le  Dp  XV.  NIXANDER. 

(  Paris,  novembre  i  854.) 

Les  quatre  fascicules  de  lichens  que  M.  Hepp  vient  de  publier  (1)  sont  une 
continuation  des  Lichenes  Helvetici  exsiccati  de  Schœrer,  la  plus  répandue, 
et  la  plus  riche  collection  de  ces  végétaux  qui  ait  paru  jusqu'à  présent,  car 
elle  ne  contient  pas  moins  de  650  numéros.  La  nouvelle  série  de  i\i.  Hepp 
renferme  233   numéros,  qui  s'appliquent  à  des  espèces  dont  une  grand»; 
partie  se  trouve  déjà  distribuée  dans  les  fascicules  de  Schœrer,  mais  en 
échantillons  souvent  inexactement  déterminés  et  non  sans  confusion  des  es- 
pèces entre  elles,  de  telle  sorte  que,  sous  le  même  numéro,  dans  des  exem- 
plaires divers  de  cette  collection,  on  rencontrait  quelquefois  des  espèces 
différentes.  M.  Hepp  a  rectifié  ces  erreurs,  en  donnant  séparément  les  formes 
confondues  par  Schœrer.  C'tst  ainsi  qu'il  publie  des  espèces  ou  des  variétés 
critiques  et  un  certain  nombre  de  formes  qui  manquent  aux  Lichenes  Hel- 
vetici exsiccali.  L'étiquette  de  chaque  numéro  contient  une  notice  synony- 
mique,  des  figures  lithographiées  des  spores,  et  une  description  de  ces  spores 

(1)  Die  Flechten  Europas  in  getrockneten  mikroskopisch  untersuchten  Exem- 
plarenmit  Beschreibung  und  Abbildung  ihrer  Sporen,  von  Philipp  Hepp,  p.  M, 
Zurich,  1853. 


320  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DR    FRANCE. 

en  allemand.  Le  tout,  relativement  à  la  collection  de  Schaerèr,  réalise  un 
progrès  incontestable,  notamment  sous  le  rapport  de  l'exactitude  des  déter- 
minations. On  pourrait  seulement  reprocher  a  l'auteur  d'avoir,  à  force  de 
distinctions  subtiles,  trop  fractionné  ses  espèces,  el  par  cela  même  de  les 
avoir  rendues  très  difficiles  à  reconnaître.  Les  figures  des  spores,  ajoutées 
aux  échantillons,  seront  sans  doute  d'une  grande  utilité  et  ne  peuvent  man- 
quer d'engager  les  lichenologues  a  faire  un  usage  plus  fréquent  du  micros- 
cope dans  l'étude  des  lichens.  Cependant  il  faut,  à  notre  avis,  se  garder 
d'attacher  une  importance  trop  exclusive  aux  caractères  plus  ou  moins 
constants  que  peuvent,  offrir  les  sports,  et  ne  pas  vouloir  fonder  sur  eux  les 
bases  principales  de  la  classification  ou  de  la  distinction  des  genres  et  des 
espèces.  Le  microscope  nous  montre  effectivement  dans  les  lichens  bien 
d'autres  éléments  de  classification  et  de  délimitation  spécifique;  le  fruit,  le 
thalle  et  les  spermogonies,  ne  sont  pas  moins  dignes  d'attention  que  les 
spores.  Tous  ces  appareils  organiques  peuvent  offrir  a  la  fois  des  caractères 
importants  et  méritent  également  d'être  examinés  et  pris  en  considération, 
sans  cela  on  s'exposerait  quelquefois  a  des  erreurs  considérables.  Cela  est 
surtout  vrai  pour  les  lichens  d'un  ordre  inférieur,  comme  les  Collema,  Le- 
cidea,  Verrucaria.  D'après  notre  manière  de  voir,  ce  n'est  dans  l'état  actuel 
de  la  science,  qu'au  moyen  de  l'analyse  microscopique  de  toutes  les  parties 
essentielles,  jointe  à  des  études  attentives  faites  dans  la  campagne,  qu'on 
peut  arriver  à  se  familiariser  avec  les  formes  si  variables  des  lichens,  et  à 
savoir  les  rapporter  avec  certitude  à  leurs  types  spécifiques  respectifs,  qui 
—  pour  le  dire  en  passant  —  sont  en  réalité  moins  nombreux  qu'il  ne  semble 
au  premier  abord. 

Nous  croyons  être  utile  à  la  science  des  lichens  autant  qu'à  la  collection 
même  de  INI.  Hepp,  en  exposant  les  quelques  observations  qui  vont  suivre, 
lesquelles  ont  pour  but,  tant  de  rectifier  ou  de  simplifier  la  nomenclature 
suivie  par  cet  auteur  que  d'indiquer  des  synonymes  importants  qui,  à  ce 
qu'il  parait,  lui  ont  échappé. 

FASCICULE  T.   (N0>  1-56.) 

3.  Biatora  olivacea  Hepp.  —  Lecidea parasema  var.  elœockroma  Ach. 

Meth.  p.  275.  Nyl.  Alger.  (1),  p.  330. 

k.  B.  Laureri  Hepp.  — Lecidea  parasema  var.  apotheciis  cœsio-prui- 
nosis.  Le  n°  205  de  Zw.  Lich.  exs.  {L.  parasema  Ach.,  pro  max.  p., 
Nyl.)  offre  quelques  apothécies  un  peu  saupoudrées  de  blanc,  et  établit  un 
passage  à  la  variété  Laureri  de  i\L  Hepp.  Le  L.  parasema  est  beaucoup 
plus  abondant  dans  le  nord  de  l'Europe  que  le  A.  disciformis  Yv.  Nyl. 

(■1)  Études  sur  les  Lichens  de  l'Algérie,  dans  tes  Mémoires  de  la  Soéiété  des 
sciences  naturelles  de  Cherbourg,  l.  IL  P-  305-3 Vi. 


SÉANCE    1>1     8    DÉCEMBRE    185/|.  331 

5.  B.  Wiilfenii  Hepp.  —  Lecidea  parasema  Nyl. 

7.  B.  rupestris  y  rufescens  Rai).  —  Lecanora  cerina  var.  pyracea 
(Ach.)  saxicola.  Les  Lecidea  luteoalba  Ach.  et  rupestris  (Ach.)  n'en  dif- 
fèrent pas  essentiellement,  à  notre  avis. 

8.  B.  ÏURicENSis  Hepp.  —  Lecanora  athroocarpa  Dub.,  forme  à  spores 
simples  ou  a  une  cloison. 

9.  B.  corallinoides  Rab.  et 

10.  B.  coRALLiiNomEs  var.  fusca  Hepp.  —  Pannaria  triptophylla  var. 
nigra  (Ach.),  Nyl.  Alger,  p.  323. 

11.  B.  fusca  Nœg.  —  B.  vernalis  Fr.  Sum.  Veg.  Scand.  obscurior. 

12.  B.  holomeljEna  Nœg.  —  B.  vernalis  var.  anomala  (Ach.)  Nyl., 
Alger,  p.  313,  saxicola.  Ce  n'est  pas  le  L.  holomelœna  Flk.  Fw.  (Mass.), 
qui  coustitue  une  modification  lécidéine  du  B.  luteola  Fr.  &m»î.  Fe^.  Scand. 

13.  B.  holomelœna  var.  chalybeia  (Borr.).  —  Lecidea  chalybeia 
Borr. 

14.  B.  synothea  Naeg.  —  B.  vernalis,  var.  anomala. 

15.  B.  synothea  var.  chalybeia  Hepp.  —  Lecidea  chalybeia  Borr. 

16.  B.  olobulosa  Rab.  —  B.  anomala  Fr.  L.  S.  exs.  350.  h.  e.  var. 
Biatorœ  vernalis  Fr. 

17.  B.  minuta  Nœg.  —  Une  petite  modification  du  précèdent. 

18.  B.  aixomaLa  iNa-.g.  —  B.  vernalis  var.  anomala. 

19.  B.  Nœgelii  ilepp.  et 

20.  B.  ligniaria  Hepp.  —  Lecidea  milliaria  Fr..,  c'est-à-dire  une 
forme  lécidéine  du  Biatora  vernalis. 

21.  B.  cinerea  (Schaer.)  Nœg.  —  B.  luteola  Fr.  var. 

22.  B.  cesia  Nœg.  —  Lecidea  cœsia  Duf.  pi\  p.,  qui  est  peut-être  uu 
état  calcaire  du  L.  holomelœna  Flk.  Zw.  exs.  197.  Mais  le  L.  cœsia  Duf. 
hb.  pr.  max.  p.  [L.  nigrocœsia  Nyl.  Call.  Gall.  mer.  Pyren.  p.  11), 
appartient  à  une  modification  analogue  du  Pannaria  triptopàyllavav. nigra. 

23.  B.  atrosaïnguinea  (3  Hegetscuweilkri  Hepp.  —  Lecidea  vermifera 
Nyl.  O/js.  Lich.  Holm.,  h.  e.  var.  Biatorœ  luteola;  ¥v. 

24.  B.  effusa  Hepp.  —  B.  luteola  Fr. 

25.  B.  pezizoidea  Nseg.  —  B.  luteola  var.  tnuscorum  (FI.  H.)  Nyl. 
Aucunement  le  Lecidea  pezizoidea  Ach.  (J/eterothecium  Fw.  in  Bot.  Zeit. 
1850,  p.  553,  L.  muscicola  Smrf.  Cr.  Norv.  n.  45).  Le  L.  incompta  Borr. 
ne  diffère  pas  du  L.  muscorum  FI.  D. 

26.  B.  atrogrisea  Hepp.  —  Patellaria  Laurocerasî  Dub.  Bot.  Gall. 
p.  653,  h.  e.  B.  luteola  var.  fuscella  Fr.  S.  V.  Se. 

28.  Lecidea  dispora  Naeg.  —  L.  geminata  Fw.  in  Zw.  exs.   199  et 

200. 

31.  L.  coracina  Hepp.  —  L.  atroalba  Fw.  Sous  le  nom  de  L.  coracina 
se  trouve  dans  l'herbier  d'Achaiïus  le  L.  tenebrosa  Fw.  Zw.   exs.  134. 


322  société  Botanique  de  France. 

Mais  le  L.   coracina  Mou».  St.  Vog.   n.  ^62  est   une  autre  espèce  qui  se 
rapproche  du  L.  atroalba  Fw. 

32.  L.  badioatra  f3  fuscoatra  Naeg.  —  L.  atroalba  Fw. 

33.  L.  spuria  Schœr.  —  L.  atroalba  Fw.  var. 

34.  L.  confervotdes  y  glaucèscens  Nseg.  —  L,  atroalba  Fw.  var. 

35.  L.  confervoides  S  polycarpa  Hepp.  —  L .  atroalba  Fw . 
3(3.   L.  atroalba  a  AMBiGiiA  Nœg.  —  L.  petrœa  Fw. 

37.  L.  atroalba  (3  vera  Nseg.  —  L.' petrœa  Fw. 

38.  L.  atroalba  y  amphibia  Nseg.  —  L,  petrœa  Fw.,  non  le  Z.  a»/,- 
pkibiaFr.  qui  n'est  qu'une  légère  modification  du  />.  geminaia  Fw. 

39.  L.  insignis  Nœg.  —  /,.  disciformis  (Fr.)  Nyl. 
AO.  L.  insignis  (3  muscorum  Hepp.  —  L.  disciformis. 

41.  L.  punctiformis  Hepp.  —  L.  myriocarpa  (OC),  L.  chloropolia 
Fr.  L.  S.  exs.  353,  Zw.  ex  s.  126  B. 

42.  L.  punctiformis  Q  tumidula  Hepp.  —  L.  myriocarpa. 

43.  L.  microspora  Nseg.  — L.  nigritula  Nyl.  Obs.  Lich.Holm.  2,  16, 
Zw.  exs.  126  A. 

48.  Opegrapha  thureth  Hepp.  —  0.  varia  f.  notha  Fr.  miuor. 

49.  Heppia  urceolata  Nseg.  —  Pannaria  adglutinata  (Kphbr.)  Nyl. 
Alger,  p.  324.  Fe  nom  spécifique  de  M.  Krempelhubër  a  incontestablement 
la  priorité. 

56.  Myiuospora  rufescens  Hepp.  —  Lecanora  cervina  Ach.  Ses  sper- 
mogonies,  comme  celles  de  ses  alliés  parmi  ses  congénères,  tels  que  les 
Lecanora endocarpea  (Fr.),  Schleicheri (Ach.),  chlorophana  Ach.  (Fr.),  con- 
tiennent des  spermaties  ellipsoïdes  très  petites,  portées  sur  des  sterigmates 
assez  courts  et  simples. 

FASCICUFF  11.  (lV9  57-111.) 

57.  Myriospora  Heppii  Nseg.  —  Lecanora  cervina  Ach. 

58.  M.  macrospora  Hepp.  — Lecanora  cervina  var.  macrospora.  Il  se 
peut  que  le  L.  oligospora  Nyl.  Coll.  p.  14,  ne  soit  lui-même  qu'une 
variété  du  L.  cervina,  à  spores  beaucoup  plus  grandes  (longues  de  0,012- 
18  mm.,  épaisses  de  0,005-9  mm.),  et  beaucoup  moins  nombreuses  dans 
les  thèques  (32-8). 

61.  Lecanora  Sommerfeltiana  Hepp.  —  L.  subfusca  Ach.  modifica- 
tion, non  différente  du  crenulata  (Dicks.). 

62.  F.  cenisia  Hepp.  —  L.  subfusca  Ach.  non  différent  du  n.  63. 

68.  L.  maculiformis  Naeg.  —  L.  varia  var.  symmicta  (Ach.) 

69.  L.  aitema  Hepp.  —  L.  varia  var.  aitema  Schaer. 

73.  Placodium  luteoalbum  y  holocarpum  Hepp.  —  Lecanora  c&'ïna 
var.  pyracea  (Ach.  . 


SÉANCE    DU    8    DÉCEMBRE    1854.  323 

75.  Patellaria  Kabenhorstii  Hepp.  —  Lecanora  erysibe  (Ach.  Meth. 
Fr.  sub  Biatora). 

76.  P.  foscella  Naeg.  —  Lecanora  athroocarpa  Dub. 

80.  Psora  Trevisani  Hepp.—  Lecanora  sophodes  Ach.  Nyl. 

81.  Ps.  Bischoffii  Hepp.  —  Lecidea  disciformis  f.   st i g matea  (Ach.) 

Nyl. 

86.  Collema  plicatii.e  Hepp.  —  C.  pulposum  Ach. 

87.  G.  MULTiFLoruM  Hepp.  —  C  pulposum  Ach. 

89.  Synaussa  Acharii  Trevis.  —  S.  lichenophila  DIS. 

90.  Verrucaria  glaucina  Ach.  et 

91.  V.  vibidula  (Schrad.)  —  Varietàtës  I".  nigrescentis  Pers.  (1). 

92.  V.  Flotowiapîa  Hepp.  —  V.  lectissima  (Fr.)  Nyl. 

93.  V.  submersa  Hepp.  —  V.  rupeêtris  Fr. 

94.  V.  chlorotica  Hepp.  —  V.  œthiobola  Ach.  C'est  une  modification 
du  suivant. 

95.  V.  Leightom  Hepp.  —  V.  margacea  Whlnb. 

96.  Sagedia  Zwackhii  Hepp.  —  Verrucaria  pyrenophorû  Acb.  pr.  p., 
qui  n'est  encore  qu'une  modification  du  V.  margacea.  Ses  spores  sont  tan- 
tôt simples,  tantôt  à  1-3  cloisons. 

99.  Thelotrema  qdinque-septatum  Hepp.  —  Ne  parait  non  plus  dis- 
tinct du  V.  pyrenophora  (n.  98). 

100.  Th.  Sch^ereri  Hepp.  —  Endôcarpon  pcdlidum  var.  Garovaglii 
(Mont.). 

101.  Th.  clopimum  Hepp.  —  Verrucaria  umbrina  var.  clopima  (Whlnb.). 

102.  Th.  clopimum  var.  porphyrium  Hepp.  —  Eadem  obscurior. 

103.  Th.  fissum  Hepp.        Verrucaria  umbrina  F Y. 

104  [2].  Sph^ria  mastoidea  Hepp.  —  Sph.  umbrina  DN.  (Verrucaria 
cavata  Ach.). 

105-107.  Pyrenula  punctiformts    Hepp.  —  Verrucaria    epidermidis 

Fr.  minor. 

(1)  M.  Hepp  a  tort  d'attribuer  aux  tlièques  la  coloration  rougeàtre  produite  par 
l'iode  sur  l'hyménium  de  celte  Verrucaire  et  d'autres  formes  voisines.  Leurs  tlièques 
ne  subissent  aucune  coloration  particulière  sous  l'influence  de  ce  réactif,  ou  jau- 
nissent légèrement;  la  gélatine  hyméniale,  au  contraire,  qui  les  entoure  est  la 
partie  qui  se  colore  en  cette  circonstance,  et  prend  une  leinle  vineuse.  Il  n'est 
peut-être  pas  inutile  de  rappeler  que  l'effet  de  l'iode  à  cet  égard  varie  un  peu  selon 
la  force  de  la  solution  qu'on  emploie.  Par  exemple,  chez  les  Lecanora  rubra  et 
Lecidea  cinereovirens,  l'hyménium  se  colore  sous  l'influence  d'une  très  faible  so- 
lution d'iode  en  bleu  clair  ou  presque  point,  au  contraire  avec  une  solution  plus 
forte  en  vineux  très  vif,  précédé  d'une  teinte  bleue.  La  solution  dont  nous  nous 
servons  est  de  :  iode.  5  cenligr.;  iodure  de  potassium.  15  centigr.;  eau  distillée, 
125  grammes. 


3*2/|  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

108.  P.  biformis  Hepp.  —  Verrucaria  cinerella  Fw.  (in  Z\v.  exs.  217, 
110,  37  B.). 

109.  Embolus  ochreatus  Hepp.  —  Ne  s'accorde  pas  avec  la  description 
donnée  par  M.  De  Notaris. 

110.  Pyrenothea  vermiceu.ifeha  Fi*.  —  Spermogonies  du  Biatora 
lufeo/a  Fr. 

111.  Thbombium  sticticom  Sçhaer.  --  Les  mêmes  organes  deYOpegra- 
pha  varia  Fr. 

FASCICULE  III.   (N"  112-172.) 

127.  BlA'iORA   ENTEROLEUCA  Hepp.  el 

128.  B.  enteroleuga  var.  rugulosa  Hepp.  — Lecidea  parasema  var. 

enteroleuca  (Acb.)  Nyl.  Zw.  exs.  128.  A  cette  variété  se  rapporte  le  Pa- 
tellaria  leptoderma  Du  h. 

129.  B.  goniophila  Hepp.  —  Lecidea  parasema  Ach.  Nyl.  (1). 

130.  B.  crustulata  Hepp.  —  Lecidea  parasema. 

133.  B.  sabuletorum  (3  coniops  Hepp.  —  Lecidea  parasema  [coniops 
Ach.).  Le  L.  contigua  var.  diffracta  Schser.  Enum.  p.  120,  n'en  diffè- 
rent pas  essentiellement.  \.Arthonia  parasemoides  Nyl.  Alger,  p.  330,  est 
un  parasite  qui  envahit  l'hyménium  de  cette  Lécidée.  Nous  l'avons  ren- 
contré aussi  sur  la  l'orme  coniops  de  Norwége. 

13/i.  B.  BUPFSTius  (3  calva  Hepp.  —  Lecanora  cerina  f.  calva  (Dicks). 

135.  B.  Heeuii  Hepp.  —  Identique  avec  les  B.  mixta  Fr.  Leight. 
Scutula  Wallrothii  Tul.  (2).  Il  est  impossible  de  séparer  ce  lichen  du 
B.  vernalis  Fr.  ;  le  plus  souvent  on  ne  peut  même  pas  le  distinguer  comme 
variété,  car  sur  le  même  thalle  ou  la  même  fronde  de  Peltigera,  on  trouve 
des  apothécies  noires  entremêlées  avec  d'autres  jaunes  ou  de  coloration  in- 
termédiaire. Le//,  anomala  Fr.  et  le  Lecidea  turgidula  Fr.  L.  S.  exs.  25, 
Zw.  exs.  125,  ne  peuvent  par  la  même  raison  être  admis  que  comme  des 
variétés  peu  distinctes  du  Biatora  vernalis. 

136.  B.  muscorum  Leight.   Hepp.  —  B.   vernalis  (muscorum  Schacr.). 
139.  B.  dolosa  Hepp.  —  B.   vernalis  var.  (3),  identique  avec  Fr.  L. 

S.  exs.  217.  Les  cloisons  des  spores  varient  de  0-9. 

(1)  Le  Lecidea  parasema  se  distingue  du  L.  disciformn  delà  même  manière 
que  le  Lecanora  subfusca  du  L.  sophodes,  aussi  sous  le  rapport  des  spermaties. 
LeLecidea  contigua  Fr.,  qu'il  est  quelquefois  difficile  de  distinguer  du  L.  para- 
sema, a  des  spermaties  droites  et  plus  courtes  que  ce  dernier. 

(2)  Le  Slirtis  lichen/cola   Fr.  Mont.    (Annales  tirs  sciences  natur.,  2e  série, 
.  V,  p.  281,  t.  13,  f.  3)  n'est  de   même  (prune  forme  de  VUrceolaria  scruposa 

Ach»,  dépourvue  de  thalle  propre,  et  dont  les  apothécies  croissent  en  parasites  sur 
e  thalle  du  Cladonia  pyxidata  var.  pocillum  Ach. 
(ui  Le  Biatora  fuscescens  .Nyl.  Obs.  Lich.  Holm.  (Bol,  Motis.,  1&52,  p.  179;, 


sLanci;  ui   8  uéciîmbre  185A.  3*25 

140.  B.  abietina  Naeg.  — Platygropha  periclea  Nyl.  (Parmelia  Ach. 
Meth.  p.  156,  Lecidea  dolosa  Fr.  non  >Yhlnb.  ).  Les  spermogonies  consti- 
tuent le  Pyrenothea  stictica  Fr.  pr.  p.  L.  S.  ex  s.  22.  Le  L.  abietina  Leight. 
Lich.  Brit.  exs.  124  (non  Ach.  Flk.)  appartient  au  L.  premnea  Ach.,  Fr. 
S.  V.  Se,  mais  le  Patellaria  premnea  Dub.  (Schaer.  pr.  p.  L.  leucoplaca 
Fr.  S.  V.  Se.  et  L.  S.  e.\s.  26,  Leight.  I  ich.  Brit  exs.  125,  Mont.  Chil.  8, 
p.  179)  est  le  L.  grossa  Vers,  in  lib.  Mougcot.  Le  vrai  P.  leucoplaca 
DC.  Cbev.   n'est  qu'une  modification  de  notre  L.  parasema. 

161.  B.  rubella  Bab.  —  B.  luteola  Fr.  S.  V.  Se. 

143.  Mviuosperma  pruinosa  Hepp.  —  Lecanora icervina  f.  glaucoçarpa 
Schaer.  ecrustacea,  lecideina. 

lU5.  Lecidka  saxatilis  Hepp.  —  L.  mieraspis  Smrf.,  Zw.   exs.  140. 

147.   L.  cai.caria  Hepp.  —  /,.  petrœa  var.  umbilicata (Ram.  Desmoul.). 

150.  L.  punctata  (3  saprophila  Schaer.  —  L.  disciformis  ecrustacea. 
Acharius  confondait  sous  le  nom  de  L.parasema  var.  saprophila  des  états 
analogues,  dépourvus  de  croûtes,  des  L.  disciformis  etparasema. 

FASCICULE  IV.  (N*  173-233.) 

174.  Amphiloma  hypnobum  Hepp.  —  Pannariu  brunnea  Mass.  Les 
aspérités  dont  sont  entourées  les  spores,  sur  les  figures  de  ce  numéro,  dépen- 
dent de  débris  de  protoplasma  qui  leur  adhèrent  quelquefois  accidentelle- 
ment, sans  offrir  rien  de  constant  ni  d'essentiel. 

175.  Mvriospoba  SMARAGour.A  Hepp.  —  Lecanora  cervina  Ach.  com- 
munis. 

179.  Lecanora  lentigera  Naeg.  —  L.  crassa  Ach.  minor.  Le  vrai 
L.  lentigera  (Ach.  Hampe  Lich.  dec.  1,  n°  3)  est  plus  petit  et  pius  blanc. 

180.  L.  galactina  Hepp.  —  L.  galactina  var.  dispersa  Ach.  h.  e. 
L.  subfusca  mu ralis,  dealbala. 

185.   L.  hypnorum  Naeg.  — L.  subfusca  Ach. ,  muscicola. 

187.  L.  pallida  a  albella  Schaer.  —  L.  subfusca  \[\w  albella  (Fr. } cor- 
ticola.  Nous  sommes  convaincu  que  le  L.  glaucoma  Ach.  (Hepp.  Flecht. 
n°  60,  cf.  Desmaz.  Cr.  Fr.  éd.  2,  n"  49,  Fr.  L.  S.  exs.  159,  Zw.  exs.  75), 
n'en  présente  qu'une  forme  saxicole. 

191.  L.  maculiformis  (i  denigkata  Hepp.  —  L.  caria  Ach.  minor, 
obscurior.  Le  Biotora  denigrata  Fr.  est  encore  une  des  nombreuses  mo- 
difications du  B.  vernalis.  Celles-ci,  à  cause  d-e  leur  inconstance,  ne  méritent 
guère  d'être  désignées  par  des  noms  particuliers. 

192.  L.  A.TKOCINEBEA  Hepp.  —  L.  caria  var.  sœpincola  (Fr.). 

appartient  au  même,  tl  ne  faut  pas  le  confondre  avec  le  vrai  B.  fuscescens  (Smrf. 
Cr.  norv.  n"  h'j),  une  espèce  bien  distincte,  à  spores  spliériques,  et  voisine  du 
H.  resinœ  [Pez-iza  Fr.),  laquelle  dernière  a  des  ihèques  polyspores. 


326  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

197.  Placodium  callopismum  Hepp.  —  Lecanora  murorum  Ach.  (non 
callopisma  Ach.). 

199.  P.  arenakium  Nœg.  —  Lecanora  ferruginea  (Huds.)  var.  arenaria 
(Pers.).  Le  Lecidea  erythrocarpia  Ach.  {L.  Lallavei  Clem.)  en  est  une 
variété  calcaire,  comme  l'a  très  bien  remarqué  déjà  Meyer  (Nebenst.  1, 
p.  218).  1-e  /,.  teieholyta  Ach.  est  une  tout  autre  espèce. 

200.  P.  sinapispkkmum  Hepp.  —  Lecanora  ferruginea  (Huds.)  muscicola 

201.  P.  festivum  Hepp.  — Lecanora  ferruginea  (Huds.)  saxicola  ,  avec 
une  coloration  qui  le  fait  beaucoup  ressemblerai!  L.  cerina  (rupestris  Ach.) 

202.  P.  lijteoalbum  a.  pf.rsooniainum  Hepp.  —  Lecanora  cerina  Ach. 
Le  n"  203  n'en  diffère  pas,  à  ce  que  nous  voyons. 

207.  Psora  exigua  Hepp.  —  Lecanora  sophodes  (Ach.)  Nyl.  Alger. 
p.  325. 

208.  Ps.  c.œsiella  Hepp.  —  Lecanora  sophodes  dans  notre  sens,  Zw. 
ex  s.  190  (L.  atra  var.  confragosa  Ach.). 

211.  Collema  ATROCŒBiiLEUM  S  tenuissimum  Schser.  —  Leptogium 
subtile  (Ach.)  Nyl.,  L.  minutissimum  (Flk.),  Zw.,  exs.  175,  non  Moug. 
St.  Vog.  1239,  qui  est  une  petite  variété  du  L.  lacerum  Fr.  [Collema 
atrocœruleum  var.  minutissimum  Hepp.  Flecht.  n"212). 

225.  VerrUcaria  Grimselama  Hepp.  — Ce  n'est  aucunement  une  Ver- 
rucaire,  mais  un  Lecanora  (ou  un  Lecidea  à  apothécies  un  peu  enchatounées 
par  le  thalle)  qui  se  rapproche,  a  notre  avis,  peut-être  trop  du  Lecidea 
coarctata  (Ach.).  Quoi  qu'il  en  soit,  on  doit  lui  conserver  le  nom  dispersa, 
donné  par  Sehœrer.  Le  L.  glebulosus  E.  B.  t.  1955  (non  F.  Zw.  exs.  78) 
n'en  diffère  pas  spécifiquement. 

228.  Thrombium  corrugatum  Scheer.  —  Spermogonies  du  Biatora 
Elrrhartiana  Fw.  in  Zw.  exs.  91. 

229.  Thr.  byssaceum  Schser.  —  Spermogonies  de  VArthonia  pruinosa 
Ach. 

231.  Lecidea  Lightfootii  (3  commutata  Schser.  pr.  p.  —  Peziza 
Neesii  Fw.  ex  Zw.  exs.  71  (simul  cum  Calicio  eusporo  Nyl.). 

D'après  l'opinion  de  M.  Hepp  sur  les  «  Pyrenothea,  Thrombium,  Cliosto- 
mum  »,  les  spermogonies  seraient  des  champignons  vivant  en  parasites  sur 
les  thalles  des  lichens.  Cette  manière  de  voir  ne  saurait  plus  être  admise, 
car,  outre  les  arguments  physiologiques  par  lesquels  M.  Tulasne,  première 
autorité  sur  ce  sujet,  a  démontré  que  les  spermogonies  constituaient  réelle- 
ment des  appareils  mi  generis,  propres  aux  lichens,  il  y  a  encore  une  raison 
très  puissante,  qui  prouve  que  ces  appareils  ne  peuvent  être  des  productions 
étrangères  à  l'organisation  particulière  des  lichens,  nous  voulons  parler  des 
ressemblances  manifestes  qui  s'offrent  dans  la  structure  des  spermogonies, 
chez  les  espèces  et  les  groupes  analogues  ou  voisins  dans  la  série  naturelle. 


SEAiNCE    DU    8    DÉCEMBRE    185 A.  3*27 

Effectivement  les  atïmites  ou  les  analogies  des  lichens  entre  eux  nous  ont 
constamment  semblé  justifiées  ou  déclarées,  non  moins  par  la  conformité  de 
leurs  spermaties  respectives  et  des  stérigmates,  que  par  tous  ies  autres  ca- 
ractères. Cette  circonstance  parait  soumise  à  une  loi  trop  générale,  pour  ne 
pas  exclure  absolument  l'idée  d'un  parasitisme  quelconque.  Les  spermo<m- 
nies  offrent  ainsi  un  critérium  nouveau  et  très  précieux  pour  la  classifica- 
tion et  l'arrangement  méthodique  des  espèces,  ce  qui  est  la  partie  la  plus 
ardue  de  notre  science. 

II  est  regrettable  que  M.  Mepp  n'ait  pas  compris  l'importance  de  ces  or- 
ganes et  que  les  échantillons  de  sa  collection  n'en  soient  pas  plus  souvent 
pourvus. 

Nous  nous  permettrons  encore  une  remarque  concernant  la  place  que 
MM.  Naegeli  et  Hepp  ont  donnée  au  genre  Lichina,  à  côté  des  Spœropho- 
ron,  dans  le  tableau  de  classification  contenu  au  premier  fascicule.  Cette 
place  nous  semble  d'autant  moins  naturelle  qu'il  n'y  a  aucune  ressemblance 
réelle  entre  les  diverses  espèces  de  ces  deux  genres,  ni  pour  la  structure  du 
thalle,  ni  pour  celle  du  fruit.  Les  Sphérophorées  se  distinguent  tout  de  suite 
parleur  médulle  filamenteuse,  feutrée,  blanche,  se  colorant  un  peu  en  bleu 
avec  l'iode  (surtout  dans  V  Acroscyphus  Lév.)  et  par  leurs  spores  noires,  qui, 
à  leur  maturité,  forment  une  poussière  à  la  surface  des  fruits,  comme  chez 
les  Calicium.  Les  Lichina  ne  présentent  rien  de  semblable.  Leur  thalle, 
comme  celui  des  Collema,  montre  sous  le  scalpel  une  coupe  luisante,  homo- 
gène, foncée;  examiné  au  microscope,  sa  structure  est  celluleuse  et  à  peu 
près  identique  avec  celle  de  l' Ephebe pubescens  Fr.  Born.  (1);  la  fructifica- 
tion est  presque  celle  du  Synalissa  DR.  Kn  un  mot,  rien  de  sérieusement 
comparable  n'existe  entre  les  Spœrophoron  et  les  lichina,  sinon  une  ana- 

(1)  M.  Bornet,  dans  son  travail  sur  V Ephebe  pubescens,  inséré  dans  les  Annales 
des  sciences  naturelles,  t.  XVIII,  cah.  3,  dit,  page  5  :  «  La  partie  centrale  ou  mé- 
dullaire manque  chez  les  très  jeunes  rameaux;  dans  les  rameaux  plus  âgés,  on  la 
trouve  composée  de  cellules  incolores  de  consistance  gélatineuse,  il  régulières,  très 
petites  et  mal  définies  au  centre,  plus  grandes  et  arrondies  à  la  périphérie.»  Et 
plus  bas,  page  l/i  :  «  Thallo-cellulis  centralibus  gelatinosis  minoribus  confusïsi  » 
Cette  description  ne  nous  parait  pas  tout  à  fait  exacte.  Nous  avons  toujours  trouvé 
l'intérieur  de  la  tige  de  cet  Ephebe  tonné  par  un  tissu  de  grosses  cellules  allongées, 
très  distinctes,  à  peu  près  comme  chez  le  Leptogium  muscicola  Fr.  Chez  les 
Lichina  ce  tissu  est  plus  fin,  ses  cellules  constitutives  sont  plus  étroites,  plus 
allongées,  disposées  plus  régulièrement  et  parallèles  entre  elles.  La  figure  8  dû  tra- 
vail remarquable  de  M.  Bornet  ne  présente  évidemment  que  la  partie  extérieure 
du  thalle  de  V Ephebe  pubescens.  Les  jeunes  rameaux  ont  une  structure  beaucoup 
plus  simple  et  semblable  à  celle  des  Sirosiphon  (ex.  gr.  S.  saxicola),  de  même 
que  \eGonionema  bèluiïntifa  (Smrf.  Cr.  norv.  n'  71)  ressemble  parfaitement  à 
certains  Scxjtonema,  tels  que  le  Se.  flexuosum  Men. 


328  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    l>K    FRANCE. 

logie  éloignée  dans  la  forme  extérieure.  Nous  croyons  aujourd'hui  qu'il  faut 
réunir  dans  la  même  famille  des  Collemaceœ,  les  Lichinacées  et  les  Collema- 
cées  de  notre  Essai  d'une  nouvelle  classification  des  Lichens,  p.  8  (1)  ;  elles 
y  figureraient  comme  des  tribus,  sous  les  noms  de  Lichineœ  (scil.  gênera: 
Gonionema  Nyl.t  Ephebe  Fr.,  Born.,  Lichina  Ag.,  Pterygium  Nyl.)  et 
de  Collemeœ.  Les  Phylliscées  (/.  c,  p.  9),  peut-être  trop  pauvrement  repré- 
sentées par  le  genre  Phylliscum  Nyl.,  seraient  réunies  à  cette  dernière  tribu. 
Notre  genre  Pterygium  constitue  un  nouveau  lien  entre  les  Lichina,  dont  il 
emprunte  la  structure  thalline,  et  certains  Collema  (ex  gr.  C.  multipartitum 
Sm.),  dont  il  affecte  la  forme  extérieure.  La  seule  espèce  connue  de  ce  genre 
est  le  Parmelia  filiformis  Garov.  (Nyl.  Collect.  p.  16),  dont  nous  nous 
voyons  obligé  de  changer  le  nom  spécifique,  à  cause  de  sa  place  nouvelle 
parmi  des  espèces  beaucoup  plus  filiformes  que  lui.  Nous  l'appellerons  donc 
Pterygium  centrifugum,  et  nous  demandons  la  permission  d'en  ajouter  ici 
la  diagnose  générique. 

PTEUYGIUM,  novum  genus. 

Thaï. us  adpressus  laciniato-multifidus,  laciniis  radiose  expansis,  satisfra- 
gilis,  apothecia  ignota  (verisimiliter  lecanorina) ,  spermatia  sterigmatibus 
crassis  elongatis  breviter  articulatis  adfixa.  Textura  thalli  medio  et  ad 
maximum  partent  ictus  e  cellulis  parai lele-longitudinalibus,  distinctis  for- 
mata, versus  superfîciem  superam  strato  gonidiorum  crassiusculo,  versus 
inférai  gonidiis  parcis  infraque  eadem  thallus  cœruleo-tinctus,  longitudi- 
naliter  cellulosus.  .Gonidia  vel  rectius  granula  gonima  dilute  vel  pallide  vi- 
rescentia,  satis  magna  (minora  tamen  quam  in  Ephebe),  saepe  plura  moni- 
liformiter  concreta  (nec  ut  in  Collematibus  plurimis  solum  adhaerentia, 
interposito  inter  singula  septulo  tenuissimo  diaphano  adglutinante). 

M.  de  Schœnefeld  ,  secrétaire  ,  donne  lecture  de  quelques  frag- 
ments d'une  communication  de  M.  Perrotlet ,  sur  la  maladie  de  la 
Pomme  de  terre ,  que  son  étendue  ne  permet  pas  d'insérer  au 
Bulletin. 

Dans  ce  Mémoire  daté  de  Paris,  25  septembre  1854,  M.  Perrottet  rap- 
porte qu'aux  environs  de  Lausanne  (Suisse),  dans  des  champs  de  pommes  de 
terre  ou  la  maladie  commençait  à  se  manifester,  il  a  constaté,  sur  les  tiges 
et  les  feuilles  attaquées,  mais  encore  vertes,  la  présence  d'un  insecte  micros- 
copique qui  lui  parait  appartenir  à  l'ordre  des  Hémiptères,  et  qui,  à  l'état 
de  larve  aussi  bien  qu'à  l'état  parfait,  exerce  des  ravages  assez  considérables, 
pour  qu'on  puisse  les  regarder  comme  la  cause  principale  de  la  maladie. 

(1)  Voy.  les  Mémoires  de  la  Société  des  sciences  naturelles  de  Cherbourg,  t.  II, 


SÉANCE    1)1'    S    DÉCEMBRE    185/|.  329 

Pour  M.  Perrottet,  la  Mucédinée  à  laquelle  ou  a  souvent  attribué  cette 
maladie  n'en  serait  nullement  la  cause,  mais  au  contraire  le  résultat;  car 
cette  Mucédinée  ne  se  produirait,  suivant  lui ,  que  sur  les  parties  mortes  et 
déjà  en  décomposition  par  suite  même  de  la  maladie. 

Les  véritables  causes  de  la  maladie  seraient  pour  lui  : 

1°  Les  ravages  produits  par  les  insectes  dont  il  a  constaté  la  présence  en 
innombrable  quantité. 

2°  Peut-être  aussi  l'affaiblissement  de  la  vitalité  cbez  ceriaines  espèces 
de  végétaux  cultivés,  par  suite  de  multiplications  successives  trop  nom- 
breuses, effectuées  non  pas  par  graines,  comme  le  veut  la  nature,  mais  uni- 
quement par  gemmes,  c'est-à-dire  sans  renouvellement  réel  de  l'individu. 

M.  Perrottet  n'indique  qu'un  seul  moyen  d'arrêter  les  ravages  des  in- 
sectes. C'est  de  couper,  dès  leur  invasion  dans  un  champ,  les  feuilles  et  les 
tiges  atteintes,  sans  attendre  qu'elles  soient  mortes  et  desséchées,  et  de  les 
brûler  immédiatement  ou  de  les  enterrer  profondement. 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


PHYSIOLOGIE  VEGETALE. 

ISeitraege  seiif  A  n»tiomi«»  amtl  Physiologie  lier  Gewaeclise 

{Mélanges  relatifs  à  l'anatomie  et  à  la  physiologie  des  végétaux),  par 
M.  le  docteur  Hermann  Schacht.  Berlin,  185&;  in-8de  VIII  et  328  pag., 
9  pi.  in-/i  lithog.  et  plusieurs  fig.  s  vu-  bois  intercalées  dans  le  texte. 

M.  le  docteur  H.  Schacht,  qui,  depuis  peu  d'années,  a  publié  plusieurs 
importants  ouvrages,  vient  de  consigner  dans  le  nouveau  volume  que  nous 
allons  analyser  rapidement  les  résultats  de  ses  observations  sur  différents 
points  de  l'anatomie  et  de  la  physiologie  des  plantes.  Dans  une  courte  pré- 
face, l'auteur  nous  apprend  que,  pour  composer  son  livre,  il  a  choisi,  parmi 
les  nombreux  matériaux  qu'il  a  reunis  pendant  plusieurs  années  d'études  et 
de  recherches,  les  sujets  qui  lui  ont  paru  avoir  le  plus  d'intérêt  général. 
Nous  donnerons  les  litres  des  mémoires  dont  la  réunion  constitue  le  nou- 
veau livre  de  M.  Schacht  ,  et  toutes  les  fois  que  cela  nous  sera  possible, 
nous  indiquerons  succinctement  les  résultats  généraux  qui  en  découlent. 

I.  Sur  Vorganogénie  des  feuilles  (p.  1-27,  pi.  1).  —  Les  recherches  de 
M.  IL  Schacht  étaient  terminées,  et  ce  chapitre  de  son  ouvrage  était  déjà 
imprimé,  lorsque  les  Comptes  rendus  de  l'Académie  des  sciences  ont  publié 
le  résume  des  observations  de  M.  Trécul  sur  le  même  sujet.  Mais  le  savant 
allemand  dit  que  son  travail  l'a  conduit  à  des  résultats  en  général  analogues 
à  ceux  qui  ont  été  constatés  par  M.  Trécul.  Comme  conclusion  générale  de 
ses  études,  il  énonce  les  deux  propositions  suivantes  :  1"  La  lige  est  ter- 
minée par  un  cône  végétatif  qui  n'est  pas  revêtu  de  couches  de  cellules 
moites,  et  qui  dès  lors  peut  donner  naissance  a  des  feuilles;  2°  la  feuille 
n'est  pas  terminée  par  un  cône  végétatif;  dès  lors  elle  ne  peut  donner 
naissance  à  des  feuilles  ;  son  sommet  cesse  de  très  bonne  heure  tout  déve- 
loppement. 

IL.  Sur  l' or ganogé nie  des  ampoules  de  /'Utricularia  vulgaris  (p.  28-32, 
pi.  Il,  fig.  22-29). —  Ces  ampoules  paraissent  à  M.  H.  Schacht,  en  raison 
de  leur  situation  à  l'aisselle  d'une  feuille,  pouvoir  être  regardées  comme 
des  rameaux  façonnés  en  utricule,  qui  s'accroissent  d'abord  par  multi- 
plication de  cellules  au  bord  de  leur  orifice,  et  qui  ne  développent  pas  de 
feuilles. 


BEVUE    BIBLIOGRAPHIQUE.  331 

III.  (Jrganogénie  florale  des  Cupulifères  et  des  Bétulinées  (p.  33-53, 
pi.  III  et  IV).  —  Les  conséquences  les  plus  générales  des  faits  exposés  dans 
ce  chapitre  sont  énoncées  par  l'auteur  de  la  manière  suivante:  «  l.e  mode  de 
développement  de  la  cupule  du  Chêne  et  du  Hêtre  m'a  montré  une  forma- 
tion caulinaire  d'un  caractère  entièrement  nouveau,  savoir,  un  organe  cau- 
linaire  en  forme  de  coupe,  dont  le  bord,  pareil  au  cône  végétatif,  produit 
des  feuilles  au-dessous  de  lui  et  sur  sa  face  externe.  L'organogénie  de 
l'ovaire  du  Charme,  du  Noisetier,  de  l'Aune  et  du  Bouleau,  m'ont  amené  à 
distinguer  des  placentaires  fertiles  et  d'autres  stériles.  Enfin  le  résultat  gé- 
néral de  mes  recherches  comparatives  est  qu'on  a  tort  de  ranger  les  Carpi- 
nus  et  les  Corylus  parmi  les  Cupulifères,  et  que  ces  genres  ont  une  affinité 
beaucoup  plus  marquée  avec  les  Bétulinées.  »  A  ce  propos,  il  rappelle  que 
M.  Al.  Braun  a  déjà  détaché  ces  deux  genres  des  Cupulifères,  et  que 
M.  Doell  en  a  fait  les  types  d'une  famille  particulière,  celle  des  Carpinées. 
D'après  M.  H.  Schacht,  tandis  que  la  cupule  des  Chênes,  des  Hêtres,  des 
Châtaigniers,  est  un  organe  axile  développant  de  nombreuses  feuilles,  celle 
des  Charmes  et  des  Noisetiers  n'est  que  la  première  feuille  de  la  fleur  pro- 
prement, dite  avec  ses  stipules. 

IV.  Sur  l'organogénie  du  Monotropa  Hypopitys,  Lin.  (p.  54-65,  pi.  V). 
—  Les  résultats  des  observations  de  M.  H.  Schacht  ne  sont  pas  tous  nou- 
veaux ;  en  voici  cependant  les  principaux:  1"  Le  Monotropa  Hypopitys 
n'est  pas  parasite;  du  moins,  eu  tant  que  plante  développée,  il  n'a  aucune 
connexion  organique  avec  une  plante  mère  quelconque;  2°  sa  racine  ram- 
pante est  vivace  et  se  ramifie  plusieurs  fois;  3°  les  tiges  florifères  sont  an- 
nuelles et  naissent  sur  la  racine,  de  bourgeons  accessoires,  rarement  de 
bourgeons  axillaires. 

V.  Sur  l'organogénie  de  ta  /leur  du  Stylidium  adnatum  (p.  65-69, 
pi.  II,  fig.  30-38). —  Les  observations  exposées  dans  ce  chapitre  ne  consti- 
tuent pas  une  histoire  organogénique  complète  de  la  fleur  du  Stylidium; 
mais  elles  font  connaître  des  faits  intéressants  que  l'auteur  présente,  autant 
que  possible,  comparativement  a  ce  qu'on  observe  dans  la  fleur  des  Orchi- 
dées. La  principale  conséquence  qu'il  en  tire,  c'est  que  l'ovaire  de  ces  deux 
familles  est  de  nature  axile. 

VI .  Sur  l'organogénie  comparée  de  l'ovaire  et  des  placentaires  (p.  70-1  OU, 
pi.  VI).  —  M.  H.  Schacht  tire  de  ses  observations  les  conclusions  générales 
suivantes  :  A.  L'ovaire  supère  peut  être  formé  de  deux  manières:  1°  d'une 
ou  plusieurs  véritables  feuilles  carpellaires  d'abord  ouvertes  et  séparées,  se 
soudant  plus  tard  entre  elles;  comme  chez  les  Alismacées,  Butomées,  Be- 
uonculacées,  Bosacées,  Pomacées,  Asclépiadees  et  vraisemblablement  aussi 
chez  les  Papavéracées  et  les  Nymphéacées;  2"  d'une  production  qui  s'élève 
en  gobelet  ou  en  tube,  qui  apparaît  après  le  dernier  verticille  d'anthères, 
et  qui  porte  les  stigmates.  Un  tel  ovaire  peut  être  uniloculaireou  plurilocu- 


332  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DK.   FRANCE. 

laire;  ses  loges  naissent  jusqu'à  un  certain  point  par  union  des  placentaires 
pariétaux  avec  la  columelle.  Exemples  des  uniloculaires  chez  les  Violariées, 
Résédacées,  le  Cleorne,  etc.  ;  des  pluiiloculaires  chez  les  Monotropées,  Py- 
rolacées,  Labiées,  Scrophularinées,  Tiliacées,  Bétulinées,  etc.  On  peut  re- 
garder cette  sorte  d'ovaire  comme  de  nature  foliaire.  B.  L'ovaire  infère 
résulte  de  l'élongation  et  du  développement  de  la  portion  du  bourgeon  floral 
qui  est  inférieure  au  calice,  a  la  corolle  et  à  l'androcée.  L'ovaire  infère 
doit  être  regardé  dans  tous  les  cas  comme  un  organe  axile. 

VIL  Sur  la  germination  du  Noyer  (p.  105-1  H,  pi.  VIII,  fig.  9  -17).  — 
Voici  les  conséquences  les  plus  importantes  qui  découlent  des  observations 
de  M.  H.  Schacht  :  1°  L'écorce  primaire  externe  du  pivot  du  Noyer  se 
divise  en  une  portion  interne  et  une  portion  externe  ;  sa  portion  externe 
meurt  de  très  bonne  heure,  tandis  que  l'interne  reste  vivante.  Au  contraire, 
l'écorce  primaire  de  la  jeune  tige  ne  se  divise  pas  en  externe  et  interne,  et 
son  épiderme  reste  vivant,  tant  que  sous  lui  il  ne  se  développe  pas  de  liège. 
Cette  différence  anatomique  entre  la  racine  et  la  tige  détermine  sur  la 
plantule  une  limite  nette  entre  les  deux.  Ces  deux  mêmes  couches  corti- 
cales se  distinguent  également  dans  les  racines  adventives.  2°  Dans  le  pivot 
du  Noyer,  les  faisceaux  vasculaires,  ébauchés  dès  avant  la  germination, 
restent  d'abord  indivis,  tandis  que  ceux  de  la  tige  se  subdivisent  plusieurs 
fois  de  manière  à  donner  promptement  naissance  a  une  couche  ligneuse 
continue. 

A  la  fin  de  ce  chapitre,  M.  H.  Schacht  étend  a  la  germination  en  géné- 
ral les  conséquences  qui  lui  semblent  découler  de  la  comparaison  des  faits 
offerts  par  le  Noyer  avec  ceux  dont  on  a  déjà  connaissance  chez  d'autres 
espèces. 

VI1L  Sur  la  multiplication  des  Orchidées  d'Allemagne  par  leurs,  tuber- 
cules'^. 115-147,  pi.  Vil  et  VIII,  fig-  1-8).  —Les  observations  contenues 
dans  ce  travail  ont  été  faites  en  même  temps  que  celles  de  M.  Thilo  Irmisch, 
mais  a  un  point  de  vue  un  peu  différent  et  d'après  une  autre  méthode.  En 
voici  les  conclusions  :  La  multiplication  des  Orchidées  d'Allemagne  par 
production  de  bourgeons  se  fait  d'après  trois  types  différents  :  1°  multipli- 
cation par  bourgeons  caulinaires  simples,  se  présentant  en  bourgeons  axil- 
laires,  et  restant  longtemps  attachés  à  la  plante  mère  chez  les  genres 
Cypripedium,  Epipaetis,  Cep/ta lant liera,  S turmia,  Malaxis,  Spirant/ies  ; 
2°  multiplication  par  bulbilles  qui  se  séparent  bientôt  de  la  plante  mère: 
les  bourgeons  axillaires  sur  les  rejetons  de  V  Fpipoyum  ;  3°  multiplication 
par  tubercules,  c'est-à-dire  par  formation  d'un  bourgeon  axillaire  qui  se  dé- 
veloppe eu  un  corps  commun  ou  en  tubercule  avec  l'extrémité  d'une  racine 
adventive:  ce  tubercule  peut  être  indivis,  Ophrys,  Herminium  et  beau- 
coup A'Orchis,  ou  divisé,  Orrhis  maculata,  0.  latifolia,  ffabenaria,  Gymna- 
denia,  etc. 


REM  F.    BIBLIOGRAPHIQUE.  333 

IX.  Sur  l'organisation  du  pollen  des  Conifères  (p.  148-155,  pi.  II, 
lig.  1-21).  —  M.  H.  Schacht  termine  ce  chapitre  par  les  propositions  sui- 
vantes :  Ie  Les  Conifères  et  les  Cycadées  possèdent  des  ovules  nus,  c'est-à- 
dire  que  leurs  ovules  naissent  sur  une  écaille  carpellaire  étalée,  taudis  que 
ceux  de  toutes  les  autres  plantes  se  trouvent  dans  l'intérieur  d'un  organe 
particulier  ou  dans  la  cavité  ovarienne.  2°  Le  sac  embryonnaire  des  Coni- 
fères et  des  Cycadées  forme  des  corpuscules,  c'est-à-dire  plusieurs  cellules 
de  l'albumen  plus  grandes  que  les  autres,  en  nombre  non  déterminé,  situées 
au  sommet  du  sac,  dans  lesquelles  pénètre  le  boyau  pollinique,  pour  se  di- 
later dans  l'une  d'elles  et  former  ainsi  les  premières  cellules  de  l'embryon. 
Chez  toutes  les  autres  plantes,  les  corpuscules  manquent,  le  boyau  polli- 
nique pénètre  simplement  dans  le  sac  embryonnaire  et  y  forme  les  pre- 
mières cellules  de  l'embryon.  3°  Le  boyau  pollinique  des  Conifères  et  des 
Cycadées  n'est  pas,  comme  chez  les  autres  phanérogames,  un  prolongement 
de  la  cellule  pollinique  proprement  dite,  ou  intérieure,  mais  bien  une  exten- 
sion de  la  cellule  terminale  d'un  petit  corps  composé  de  plusieurs  cellules 
qui  naît  dans  l'intérieur  de  la  cellule  pollinique,  et  dont  le  contenu  sert  a  la 
formation  de  ce  boyau. 

X.  Sur  Vorganogénie  des  racines  (réimpression  d'un  travail  imprimé 
dans  le  n°17  de  la  Flora  de  1853,  p.  1.56-164,  pi.  IX;.—  Voici  les  conclu- 
sions déduites  par  l'auteur  de  ses  observations.  1°  La  racine  peut  naître  ou 
se  multiplier  de  trois  manières  différentes  :  a)  de  la  radiculede l'embryon ib)\ 
toute  racine  latérale  ou  branche  de  racine  vient  d'un  bourgeon  de  racine 
latéral  :  c)  ;  la  racine  de  quelques  plantes  se  ramifie  à  son  extrémité  par  divi- 
sion de  son  point  végétatif  terminal.  Le  pivot  et  les  racines  latérales  ne  dif- 
fèrent pas  entre  eux  anatomiquemeut.  2'  L'extrémité  d'une  racine  est  ton- 
jours  pourvue  d'une  coiffe  ;  elle  a  des  lors  un  point  végétatif  couvert,  et  par 
suite  elle  ne  peut  développer  âei  feuilles.  3"  La  racine  des  dicotylédons  pos- 
sède comme,  la  tige  une  moelle  centrale,  une  zone  de  faisceaux  vasculaires 
et  une  écorce.  L'eeorce  externe  meurt  régulièrement  plus  tôt  que  sur  la 
tige,  h"  Les  Cycadées  et  l'Aune  glutineux  présentent  des  excroissances  radi- 
cales particulières  qui  proviennent  de  bourgeons  radicellaires  dont  le  point 
végétatif  se  divise  une  ou  plusieurs  fois.  5"  Les  matières  nourricières  ne 
sont  absorbées  que  par  la  partie  de  la  racine  qui  possède  une  ecorce  externe 
en  état  d'activité.  De  la  vient  la  haute  importance  de  la  portion  la  plus  jeune 
des  racines  pour  la  nutrition.  L'écorce  externe  qui  revêt  les  parties  plus 
âgées  des  mêmes  racines  est  généralement  morte. 

XL  Sur  les  végétaux  parasites  et  leurs  rapports  avec  les  plantes  mères 
(p.  165-181.  Réimpression  d'un  travail  qui  remonte  a  1853). 

XII.  Organogénie  du  bourgeon  foliaire  et  floral  de  quelques  Conifères  et 
son  développement  en  branche  ou  en  fleur  (p.  182-220  ave,1  plusieurs  ligures 
intercalées). —  M.  Schacht  résume  son  mémoire  en  dix-huit  alinéas,  dont 
t.  t.  22 


•) 


334  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    1>K    FRANCE. 

il  nous  serait  impossible  de  donner  la  traduction  sans  dépasser  les  limites 
obligées  de  cet  article. 

XIII.  Sur  le  mode  d'épaississement  de  la  paroi  cellulaire  (p.  221-264). 
—  Dans  ce  long  chapitre  de  son  livre,  M.  H.  Schacht  discute  successive- 
ment trois  questions  :  1°  Comment  se  forment  les  couches  d'épaississement  ? 
est-ce  par  des  fibres  primitives  juxtaposées  ou  par  des  couches  successives  ? 
Il  se  prononce  pour  ce  dernier  mode  d'accroissement,  et  il  explique  l'appa- 
rence fibreuse  de  certaines  couches  par  des  inégalités  d'épaisseur  ;  2°  les 
couches  d'épaississement  se  déposent-elles  sur  la  paroi  externe  ou  sur  la 
paroi  interne  de  la  membrane  cellulaire  primitive?  Des  développements 
dans  lesquels  il  entre  à  ce  sujet,  il  tire  la  conclusion  suivante:  La  membrane 
descellulesépaissit  par  formation  de  nouvelles  couches  de  cellulose  qui  se  dé- 
posent sur  la  membrane  primitive  toujours  imperforée.  Ce  dépota  lieu  de 
telle  sorte  que  la  couche  secondaire  la  plus  ancienne  repose  sur  la  membrane 
primaire,  tandis  que  la  plus  jeune  circonscrit  la  cavité  delà  cellule;  3°  Les 
formes  des  couches  d'épaississement,  rubans  spiraux,  anneaux,  etc.,  doi- 
vent-elles être  considérées  comme  étant  uniquement  la  conséquence  des 
phénomènes  vitaux,  c'est-à-dire  des  faits  chimico-physiques  qui  se  passent 
dans  l'intérieur  des  cellules,  ou  bien  sont-elles  en  même  temps  sous  l'in- 
fluence des  phénomènes  généraux  d'accroissement  de  l'organe?  La  réponse 
a  cette  question  se  résume  sneccinctement  de  la  manière  suivante:  Le  mode 
d'épaississement  de  la  membrane  cellulaire  dépend  :  a)  des  phénomènes 
vitaux  :  b)\  des  influences  que  les  cellules  voisines  exercent  réciproquement 
l'une  sur  l'autre. 

XIV.  Sur  l'état   actuel  du  microscope  (p.  265-283; . 
additions  au  chapitre  1Y,  Sur  l'organisation  du  pollen  des  Conifères. 


Ueïier  Sameia,  BÂeiaBaMMjE,  Spe&'iesa  «ua«ï  fts«BBi*g»tlaiBxeii  «!«*!c 
Orobtiitcheeii  {Sur  la  graine,  la  germination,  les  espèces  et  les  plantes 
nourricières  des  Orobanchées) ,  par  M.  le  docteur  Robert  Caspary.  Flora, 
1854,  n0a  37  et  38. 

L'auteur  commence  par  passer  en  revue  les  descriptions  que  les  diffé- 
rents auteurs  qui  se  sont  occupés  de  cette  famille  ont  données  de  la  graine, 
les  uns  la  disant  acotylédone,  les  autres  dicotylédone,  allant  même  jusqu'à 
figurer  ces  cotylédons.  Les  expériences  directes  de  l'auteur  sur  la  germina- 
tion dans  cette  famille  et  les  observations  qui  en  ont  été  la  suite  sur  les 
premiers  développements  du  Phelipœa  ramosa  et  de  VOrobanche  minor, 
que  M.  Caspary  est  parvenu  à  cultiver  de  graines,  l'autorisent  à  dire  que 
ces  plantes  sont  dépourvues  de  cotylédons. 

M.  Caspary  donne  une  description  détaillée  de  la  graine  et  des  parties 
qui  la  constituent,  testa,  bile,  micropyle,  endosperme,   embryon,  chalaze, 


BEVUE    BIBLIOGRAPHIQUE.  .">35 

représentées  en  mitre  par  des  ligures.  Un  moyen  bien  simple  et  bien  pra- 
tique a  permis  a  l'auteur  de  l'aire  ses  délicates  analyses  de  la  graine  si  fine 
des  Orobapchées.  Il  a  pétri  une  certaine  quantité  de  graines  dans  une  masse 
semi-liquide  de  gomme  arabique,  qu'il  a  coupée  ensuite  en  tranches  après 
dessiccation.  Ce  procède  lui  adonné  des  sections  de  graines  très  nettes  dans 
tous  les  sens  et  de  toute  grandeur.  Un  autre  fait  important  pour  la  diaguose 
des  genres  Orobanche  et  Phelipœa  résulte  encore  de  ses  observations.  Les 
parois  des  cellules  du  testa  sont  poreuses  dans  les  Orobancbes,  tandis 
qu'elles  sont  épaissies  en  réseau,  a  mailles  plus  ou  moins  grandes  dans  le 
Phelipœa. 

M.  Caspary  a  t'ait  semer  simultanément  dans  une  même  cloebe  de  verre 
des  graines  de  Chanvre  et  de  Phelipœa  ramosa.  A  quelle  date  ces  semis  ont 
eu  lieu,  c'est  ce  que  l'auteur  n'indique  pas.  Au    7-9  juillet,  époque  des 
observations,    le  chanvre  avait  acquis   un    développement   de   0m,5().    et 
les  graines  du   Pkelipceq  avaient    commencé    leur  germination.    L'auteur 
avoue  qu'il  doit  renvoyer  a  des  recherches  ultérieures  ia  solution  delà  ques- 
tion :  l'inlluence  des  racines  de  la  plante  nourricière  est-elle  indispensable, 
à  la  germination  des  graines  des  Orobancbées?  Néanmoins  ses  observations 
tendent  a  etablirdès  à  présent  le  fait,  pourle  Phelipœa  ramosa  du  moins,  que 
la  graine  des  Orobancbées  n'a  pas  besoin,  pour  sa  germination,  d'un  contact 
immédiat  avec  les  racines  de  la  plante  nourricière,    mais  que  ce  premier 
développement  a  lieu  indépendamment  de  toute  influence  extérieure.  Car 
l'auteur  dit,  et  ses   ligures  le  prouvent,    que,  dans  ce   premier  âge   de   la 
plante,  l'extrémité  radiculaire  s'allonge  jusqu'à  la  rencontre  d'une  jeune 
racine  de  la  plante  nourricière;  que,  jusqu'à  ce  moment,  le  germe  vivait  de 
sa  vie  propre,  libre  et  indépendante.  Au   moment  ou  la  radicule  se  trouve 
en  contact  avec  une  racine  nourricière  commence  son  second  âge.  L'extré- 
mite  radiculaire  désorganise  alors  par  sa  pression  et  perce  le  parenchyme 
cortical  de  la  racine  nourricière  et  s'implante  dans  le  faisceau  vasculaire. 
Aussitôt   le  point  d'adhésion  grossit  et  commence   a  émettre   des  racines 
adventives,  qui  latentes  d'abord,  pour  ainsi  dire,  et  a  l'état  de  rendements 
obtus,  rayonnent  bientôt  dans  toutes  les  directions.  Ces   deux    âges  de  la 
jeune  plante  sont  aussi  représentes  par  plusieurs  ligures. 

Désormais  l'étrangère  est  chez  elle,  et  son  développement  ultérieur  est 
assure. 

M.  Caspary  donne  enfin  une  classification  des  Orobancbées  par  plantes 
nourricières,  dont  yoiii  les  résultats  : 

31  espèces  d'Orobanchees  ne  vivent  que  sur  une  seule  espèce  de  plantes; 

2  espèces  d'Orobanchees  vivent  sur  plusieurs  espèces  d'un  même  genre  ; 

20  espèces  d'Orobanchees  vivent  sur  divers  genres  d'une  même  famille; 

12  espèces  d'Orobanchees  vivent  sur  des  plantes   appartenant  a  diverses 
familles. 


33(3  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCK. 

D'un  autre  côté  aussi,  une  même  espèce  de  plantes  est  susceptible  de 
nourrir  plusieurs  Orobanchées  différentes. 

Il  y  a  120  plantes  nourricières  appartenant  à  21  familles  différentes.  Sili- 
ces 120  plantes,  /i3  appartiennent  aux  Légumineuses,  28  aux  Composées, 
11  aux  Ombellifères,  S  aux  Labiées. 

Recliertlftes  sus*  ia  végétation  es%êa«e|Bs*i»es  «lases  le  but 
d'examiner  si  i«°!*<  plantes  fixent  dans  leur  organisme 
l'azote   qui   est   à  l'étal   a,-s»y.«*uv.  dans    1  atmosplaère  ;  par 

M.  Boussingault  [Annales  des  se.  nat.,   he  sér.,  I,   1854,  p.    241-294, 

pi.  XVI). 

Tous  les  physiologistes  se  rappellent  les  belles  expériences  faites  en  1837 
et  1838,  par  M.  Boussingault,  dans  le  but  de  reconnaître  si  des  plantes 
cultivées  dans  un  sol  entièrement  dépourvu  de  substances  azotées,  arrosées 
d'eau  distillée,  fixent  dans  leur  substance  de  l'azote  emprunté  à  l'air.  Ces 
expériences  montrèrent  :  1°  que,  cultivées  dans  un  sol  absolument  prive 
d'engrais  d'origine  organique,  sous  les  seules  influences  de  l'air  et  de  l'eau, 
le  Trèfle  et  le  Pois  avaient  acquis,  indépendamment  du  carbone,  de  l'hy- 
drogène et  de  l'oxygène,  une  quantité  d'azote  appréciable  par  l'analyse  ; 
2o  que  le  Froment,  dans  les  mêmes  conditions,  avait  pris  à  l'air  et  a  l'eau 
du  carbone,  de  l'hydrogène  et  de  l'oxygène;  mais  qu'on  n'avait  pu  consta- 
ter chez  lui  ni  un  gain  ni  une  perte  en  azote.  Ces  expériences  n'avaient 
seulement  rien  appris  quant  a  la  question  de  savoir  si  l'azote  assimilé  avait 
été  pris  directement  à  l'air,  ou  s'il  provenait  de  la  décomposition  des  va- 
peurs ammoniacales  dont  l'atmosphère  n'est  jamais  entièrement  privée. 

Pour  résoudre  cette  question  du  plus  haut  intérêt  et  sur  laquelle   les  tra- 
vaux modernes  ont  conduit,  dit  M.  Boussingault,  à  des  résultats  contradic- 
toires, ce  savant  chimiste  a    fait,  en   1851,    1852  et  1853,    de  nouvelles 
expériences  avec  de  nouveaux  appareils  et  d'après  une  nouvelle  méthode. 
Pour  des  motifs  qu'il  expose,  il  a  cru  devoir  faire  vivre  les  plantes  sur  les- 
quelles il  expérimentait  dans  une  atmosphère  confinée  et  non  renouvelée, 
dépourvue  d'ammoniaque,    mais  mélangée  artificiellement   de    quelques 
centièmes  d'acide  carbonique.    En  1851  et   1852,  cette  atmosphère  était 
contenue  dans  une  grande   cloche  de  35    litres  renversée  sur  une  grande 
cuvette  où  se  trouvait  de  l'eau  assez  fortement  acidulée  d'acide  sulfurique, 
et  dans  laquelle  deux   tubes   recourbés  permettaient  d'introduire  à  volonté 
de  l'eau  et  de  l'acide  carbonique,  ainsi  que  de  retirer  une  portion  de   l'air 
contenu  pour  en   déterminer  la  composition.  En  1853,   la  grande  cloche  a 
été  remplacée  par  un  immense  ballon  de  Si)  litres  de  capacité,  fermé  supé- 
rieurement par  un  bouchon  que  traversait  le  col  d'un  matrasde  (i  ou  7  Mires, 
renversé  et  plein  d'acide  carbonique.  Dans   l'un   ci  l'autre  cas,  les  graines 


lïi;\LL    lilliLlOl.l;  Vl'HIOl  K. 


00/ 


ont  ete  semées  dans  de  la  ponce  concassée,  lavée  et  calcinée,  a  laquelle  on 
ajoutait  des  cendres  de  fumier  de  ferme  et  de  graines  semblables  à  celles 
sur  lesquelles  portait  l'expérience.  On  humectait  avec  de  l'eau  exempte 
d'ammoniaque.  Le  principe  fondamental  de  la  méthode  employée  a  été  de 
déterminer  la  quantité  d'azote  contenue  dans  les  «raines,  et  ensuite  la 
quantité  d'azote  contenue  dans  la  plante  provenue  d'une  graine  semblable 
la  végétation  s'étant  d'ailleurs  accomplie  dans  de  telles  conditions,  que  tout 
concours  de  substances  organiques  azotées  eût  été  sévèrement  éloigné. 
L'analyse  montrait  de  la  sorte  si  la  récolte  contenait  une  proportion  d'azote 
égale  ou  supérieure  à  celle  que  renfermait  la  semence. 

Le  tableau  suivant  résume  de  la  manière  la  plus  concise  et  la  plus  com- 
mode les  résultats  des  expériences  de  M.  Boussingault. 


NOMS 

DES  PLANTES. 


Haricot  nain.     . 

Avoine 

Haricot  flageolet. 

Id 

Avoine 

Lupin   blanc. .   . 

Id 

Itl 

Id 

Id 

Haricot  nain.    . 

Id 

Cresson   alénois. 

Id 

Lupin  blanc  .   . 

Id 


DUREE 
de 

la  végétation. 


NOMBRE 

de 

graines 
semées. 


POIDS 

de 

la  se- 
mence 


2    mois 

2  mois 

3  mois 

3   mois 

2    1/2   mois..   . 

6  semaines.  .  . 
2  mois 

7  semaines.  .  . 
6  semaines.  .  . 
6  semaines.  .   . 

2   mois 

2    1/2  mois.  .   . 

2  1  /a  mois.  .  . 
comme  engrais. 

3  mois 

comme  engrais. 


1 
lit 

1 
I 


lt.780 

0.377 

0.53(1 

O. GIS 

0.139 

0.825 

2.202 

0.600 

0.343 

0.686 

0.792 

0.665 

0.008? 

0.026( 

0.627? 

2.512^ 


POIDS 

de  la 

plante 

récoltée 

sèchi 


1,87 
0.54 
0.89 
1.13 
0.44 
1.82 
6.73 
1.95 
1.05 
1.53 
2.35 
2.80 

0.65 

5.76 


AZOTE 

dans 

les 

semen- 
ces. 


g1- 
0.0349 
0.0078 

0.0210 
0.0245 
0.0031 
0.0480 
0.1282 
0.0349 
O.O200 
0.0399 
0.0354 
0.0298 

0.0013 
0.1827 


Azotf: 
dans    la 

recolle 
et    dans 

le  sn|. 


0.0340 
0.006  7 
0.0189 
0.0226 
0.0030 
0.0483 
0.1246 
0.0339 
0.0204 
0.0397 
0.0360 
0.0277 

0.0013 
0.1697 


GAIN 

ou  perle 

en   azote 

pendant  la 

végétation. 


S1'- 

—  0.0009 
—0.0011 

—  0.002d 

—  0.0019 
— 0.000 1 
+0.0003 

—  0.0036 

—  0.001  0 
-j-0.0004 

0.0002 
+0.0006 
-0.0021 

0.0000 
— 0.0130 


La  conclusion  générale  déduite  par  M,  Boussingault  de  l'ensemble  de 
ses  expériences  est  que  le  gaz  azote  de  l'air  n'a  pas  été  assimilé  pendant  la 
végétation  des  Haricots,  de  l'Avoine,  du  Cresson  et  des  Lupins. 

BOTANIQUE  DESCRIPTIVE. 


.\otiee  sur  deux  pituites  nouvelles  «le  Fiance,  par  M.  Alexis 
Jordan  {Archives  de  Flore,  p.  1-3). 

Seseli  brevicaule,  Jord. 

S.  umbellarum   radiis  1*2-20  subaqualibus  intus  puberulis,  involucro 


338  société  60TAntl(iUE  de  Franck. 

nullo,  mvolucelM  fôlidlis  lineari-lanceolatis  acuminatis  margine  lato-mem- 
branaceis  ciliato-hispidulis  umbellulam  superantibus,  sfylis  mox  divëPgêfi- 
tibusstylopodioconvexo  duplo  longioribus,  fructil)usovoidcis  glabris,  jugis 
tenuibus,  valleculis.  obsolète  1-vittatis,  foliis  radicalibus  caulinisque  infe- 
rioribus  eircumseriptione  oblongo-ovatis  tripennatisectis  breviterpetiolatis, 
petiolo  canaliculato,  laciniis  brevibus  linearibus  planis  basi  paulo  angustatis 
vel  subœqualibus  apice  acutis,  caule  abbreviato  in  ramos  puberulos  vi  rides 
erecto-patulos  plerumque  apice  fastigiàtos  fere  a  basi  soluto,  caudice  sim- 
plici  perpendiculari  bienni  vel  trienni: 

Pâturages  secs  des  montagnes  du  Bugêy,  pies  de  Lyon,  à  lnnimont  (Ain). 
Cette  espèce  peut  être  rapprochée  du  Sëseli  coloratum,  Ehrh.:  mais  elle  s'en 
distingue  par  son  port  plus  grêle,  par  sa  taille  toujours  beaucoup  moindre, 
surtout  par  sa  tige  verte  et  non  colorée,  dont  les  ramifications  partent  presque 
toutes  de  sa  base,  par  ses  fleurs  plus  petites,  très  blanches,  et  non  d'un  blanc 
rosé,  à  sa  floraison,  plus  précoce  d'un  mois,  enfin,  aux  autres  caractères  in- 
diqués dans  la  diagnose 

Sàusiurea  leucantha,  jord. 

S.  capitulis  breviter  pedunculatis  dense  eorymboso-fastigiatis,  involucri 
foliolis  adpressis  cinereo-viridibus,  exlerioribus  tomentoso-pubescentibus 
ovatis  apice  breviter  acuminatis ,  interioribus  lanceolatis  dense  villosis, 
floribusrt/6/rf«sodoratis,  stigmatibùs  demum  patulis,  àchœhiis  fuscis  glabris, 
radiis  pappi  exterioris  caeteris  subtriplo  breviorîbus,  foliis  subtus  canis 
dense  tomentosîs  supra  canescentibus  subarachnoïdeo-tomentosis  demum 
"vix  denudatis  leviter  margine  dehtatis,  radicalibus  caulinisque  inferioribus 
ovato- lanceolatis  basi  rotundatis  inpetiolum  alatum  contractis,  superioribus 
lanceolatis  basi  angustatis  sessilibus  caule  tomentoso  incurvato  ascendente 
basi  squamato  usque  ad  apicem  imum  foliis  patulis  approximatisdecrescen- 
tibuscorymbum  haud  superantibus  onusto,  caule  nigrèseente  surcûlis  ramosis 
elongatis  squamatis  aucto. 

Alpes  du  Dauphinc;  montagne  des  Trois-Évéchés,  près  du  Villard- 
d'Arène  (Hautes-Alpes),  dans  les  déclivités  pierreuses  de  la  région  alpine, 
en  société  avec  le  S.  depressa,  Gren.  —  alpina,  Vill.,  dont  elle  est  très 
voisine,  dont  elle  a  le  port,  mais  dont  elle  est  tout  a  fait  distincte,  dit  l'au- 
teur, par  ses  involucres  un  peu  plus  gros,  a  folioles  plus  larges,  nullement 
rembrunies;  par  ses  corolles  blanches,  par  le  corps  de  ses  anthères,  plus 
gros,  moins  saillant,  blanchâtre  et  non  bleu;  par  ses  acbaines,  plus  gros  et 
plus  allongés,  a  aigrette  extérieure  plus  courte;  par  ses  feuilles,  générale- 
ment plus  larges  et  plus  blanchâtres  en  dessus,  plus  superficiellement  dentées, 
lessuperieures  plus  courtes  et  bien  moins  acuminees,  ordinairement  dépassées 
par  le  corymbe  des  fleurs. 


REVUE    BIBLIOGRAPHIQUE.  339 

Aiimnerkiiingar  oui  de  skaiartinaviska  arterna  af  slceg- 

tet  Botrychium  {Observations  sur  les  espèces  Scandinaves  du  genre 

Botrychium,  avec  une  planche  (1)),  par  M.  Joli.  Angstrœm.  (Nya  Bo- 

taniska  Notiser,   numéros  5  et  (i.  Stockholm,  1854.) 

Daus  ce  travail,  l'auteur  présente  un  examen  critique  des  formes,  variétés 
ou  espèces  du  genre  Botrychium  observées  dans  la  région  naturelle  scandi- 
navienne,  c'est-à-dire  dans  la  péninsule  suedo-norwégienne,  le  Danemark  et  îa 
Finlande,  examen  qu'il  fait  précéder  de  quelques  observations  générales. — 
On  attribue  généralement,  dit-il,  aux  Botrychium  une  vernatioo  dressée 
(vernatio  erecta),  tandis  que  le  sommet  des  frondes  est  constamment  plus 
ou  moins  infléchi  durant  cette  période  de  leur  vie.  —  Peu  de  plantes,  fait-il 
observer  plus  loin,  offrent  autant  de  formes  que  les  Botrychium,  relative- 
ment au  petit  nombre  d'espèces  et  d'individus.  Cette  variabilité  dépend  de  ce 
que  chaque  individu,  sans  dépasser  les  limites  de  son  type,  produit  chaque 
année,  dans  des  circonstances  favorables,  une  fronde  plus  développée  et 
plus  divisée.  Chez  un  individu  de  Botrychium  Lunaria,  par  exemple,  dont 
la  fronde  épanouie  ne  présente  que  U  pinnules,  outre  le  lobe  terminal,  on 
trouve  que  la  fronde  en  bouton  destinée  à  se  développer  l'année  suivante, 
en  offre  5.  —  Enfin,  dit-il,  si  quelquefois  on  trouve  un  Botrychium  pourvu 
a  la  fois  de  deux  et  plus  rarement  de  trois  frondes  stériles,  il  n'y  en  a 
jamais  qu'une  qui  soit  le  produit  de  l'année  ;  les  autres  résultent  d'une  vé- 
gétation antérieure. 

Les  espèces  sur  lesquelles  portent  les  observations  de  M.  Angstrœm  sont 
les  suivantes  : 

BOTRYCHIUM,  S\v. 

A.   Pinnato-venata. 

1.  B.   Virginianum,  var.  europœurn. 

B.  virginianum,  S\v.,  Syn.  Fil.,  p.  171?  Kupr.,  Symb.  hist.  geogr. 
pi.  rossic. ,  p.  101. 

Ressemble  au  suivant  par  sa  fronde  mince  et  peu  luisante  (subnitida), 
mais  se  distingue  facilement  par  sa  nervation  a  ramification  pinnée. 

B.  Flabellato-venata. 

2.  B.  lanceolatum  (Gmel.). 

Rupr. ,  L  c,  p.  101  (excl.  syn.  Roep.).  Osmunda  lanceolata,  Gmel. ,  Com- 
ment, n.  Petropol.,  12,  t.  II,  f.  2.  B.  palmalùm,  Presl.  Suppl.  Tent.  Pterid., 
p.  43.  Osm.  Lunaria,  FI.  Dan.,  t.  XVIII,  f.  dextr.  (excl.  syn.  Breyn.). 

Diffère  du  précédent,  dont  il  est  voisin,  par  la  forme  des  divisions  de  la 
fronde  et  la  ramification  de  ses  nervures  ;  et  du  B.  matricariccfolium,  Breyn. , 
avec  lequel  l'ont  confondu  tous  les  auteurs,  excepte  Presl,  par  son  aspect 

(1)  Fig.  l-.'i  :  B.  tenellum,  Angstr.  -  -  Fig.  5-12  :  B.  simplex,  Hitchcock.— 
Fig.  lj  :  /?.  rUtâceuni,  Sw. 


340  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DK    FRANCK. 

plus  luisant,  el  sa  plus  grande  ténuité,  enfin  par  la  forme  concave  de  sa  fronde 
stérile,  qui,  dans  l'état  vivant,  est  dressée  et  s'appuie  par  sou  sommet  in- 
fléchi sur  la  fronde  fructifère.  A  l'état  sec,  celte  fronde  est  triangulaire. 

3.  B.  tenellum,  sp.  nov.  ? 

Fronde  stérile  insérée  immédiatement  au-dessous  de  la  fructification, 
pétiolée,  ovale  ou  obovée,  avec  une  ou  deux  incisions  plus  ou  moins  pro- 
fondes des  deux  côtés  ;  lobes  et  sommet  obtus. 

M.  Angstrcem  est  tenté  de  croire  que  ce  n'est  qu'une  forme  de  première 
année  du  précédent. 

4-  B.  matïicariœfolium  f  Breyn.  ;  Al.  Braun  in  Dœll.  Rhein.  Flor., 
p.  24.  Lunaria  racemosa  matricariœfolia,  Breyn.,  Cent,  pi.,  p.  184,  t.  94. 
Moris.,Hist.  III,  p.  594,  sect.  14,  t.  5,  f.  3.  Osm. Lunaria,  FI.D.,  t.  18.  f. 
média.  B.  rutaceum,  Willd.  Spec.  pi.,  V,  p.  62  (excl.  syn.  Sw.).  B.  Lu- 
naria et  rutœfolium,  Bœp. ,  Flor.  Mecklemb. ,  I,  p.  111.  Stremp.  Fil. 
berol.,  f.  5-8. 

Distinct  du  B.  lanceolatum,  Gmel.,  par  sa  fronde  stérile,  ovale,  épaisse, 
d'un  vert  sale,  à  lobes  plus  larges  et  plus  obtus. 

5.  B.  lunaria,  L. 

Var.  adianthifolium,  Breyn.,  /.  c,  p.  184,  f.  93.  Pinnae  subcordata?, 
plus  minus  pinnatifidœ. 

Var.  rhombeum.  B.  simplex,  Hook.  et  Grev.,  Tcon.  Filic,  pr.  p.,  t.  82, 
f.  sin.  Pinnas  rhombeae  parce  incisse. 

6.  B.  simplex,  Hitclicock  in  Sillim.  Journ.  of  science  and  arts,  Bot  , 
vol.  VT  (1823),  p.  103,  pi.  S.  Hook  et  Grev.,  /.  c,  pr.  p.,  t.  82  f.  dextr. 
Bupr.,  l.c,  p.  216,  pr.  p.  B.  Kannenbergii,  Klinsm.  in  Bot.  Zeit. ,  10e  an., 
p.  377,  t.  6. 

La  plupart  des  auteurs  regardent  cette  espèce  comme  une  variété  du 
B.  Lunaria  ou  au  moins  comme  en  étanttrès  voisine.  M.  Angstrœm,  se  fon- 
dant sur  l'insertion  constante  de  la  fronde  stérile  près  de  la  base  dustipe,  lui 
attribue,  au  contraire,  une  affinité  intime  avec  \eB.  rutaceum,  Sw.  Eu  exa- 
minant les  formes  diverses  du  B.  simplex,  on  en  trouve  qui  se  rapprochent 
de  quelques  formes  a  frondes  peu  divisées  du  B.  rutaceum, Sw.,  dont  il 
croit  que  le  premier  pourrait  bien  ne  constituer  qu'une  modification  de  la 
première  année. 

7.  B.  rutaceum,  Sw.,  Syn.  Fil.,  p.  171  (excl.  syn.  plerisqueet  var.)  B. 
ntatricarioides,  Willd.,  Spec.  pi.,  V,  p.  62. 

Frondibus  subsolitariis  bipinnatis,  pinuis  ovatis  incisis.  Sw .  (Ex  spec. 
typ.  auct.) 

Synopsis    s>f<i»aëfifitsn    €mltttèittc<pt>*'UM,  par   V..   G.  Steudel. 
Fascîcul.  VI  et  VII  (voy.  ci-dessus,  p.  145). 

La  sixième  livraison,  comprenant  7'i  page.»,  complète  le  premier  volume 


l'.I.Ylh    BIKUOGUÀPHIQI  !..  *^  1 

de  l'ouvrage  et  la  famille  des  Graminées.  On  y  trouve  toute  la  tribu  des 
Andropogonees,  sauf  toutefois  le  genre  Anclropogon  précédemment  publie 
dans  le  cinquième  fascicule,  et  de  plus  le  titre,  la  préface,  une  table  alpha- 
bétique des  genres  et  espèces,  enfin  un  supplément  de  130  espèces. 

Cette  livraison  publie  pour  la  première  fois  une  partie  des  Graminées  rap- 
portées de  Madagascar  et  des  Comores  par  Boivin,  celles  des  collections  de 
l.echler  et  Philippi,  recueillies  au  Chili,  les  plantes  récoltées  par  Jungbun  à 
Java  ainsi  qu'aux  Philippines,  et  encore  un  certain  nombre  d'espèces  qui 
n'étaient  mentionnées  que  par  un  simple  numéro  dans  l'herbier  célèbre  du 
docteur  Wallich. 

Les  Graminées  recensées  par  M.  Steudel  s'élèvent  au  chiffre  de  5668; 
c'est  2644  de  plus  que  dans  VEnumeratio  plantarum  de  Kunth.  Les  genres 
sont  au  nombre  de  310,  ce  qui  établit  une  augmentation  de  65  par  compa- 
raison avec  Y  Emaner  atio. 

Les  nouvelles  coupes,  ainsi  que  les  espèces,  appartiennent,  pour  la  plu- 
part, au  manuscrit  de  M.  ïNees  d'Esenbeck. 

La  famille  des  Cyperacées  commence  avec  le  septième  fascicule  compo- 
sant 80  pages  du  deuxième  volume  La  tribu  des  Cypérees,  forte  aujourd'hui 
de  \k  genres,  y  est  comprise  en  entier.  Le  nombre  des  Cyperus  s'élève  à 
673,  c'est-à-dire  300  de  plus  que  Kunth  n'eu  avait  énumére.  Les  Mariseus 
sont  montes  de  même  de  42  a  89,  les  Kyllingia  de  29  à  57.  Le  fascicule 
s'arrête  dans  la  tribu  des  Scirpees  au  milieu  du  genre  Eleocharis  dénombre 
jusqu'au  n°  82. 

BOTANIQUE  GÉOGRAPHIQUE. 

Ifiai»gp»a*t    suit*  mi   vojase  E»oa;»i»«<gsa«>   «n  Algérie,    «l'Oran 

ata  Clsoti-el-t'Bîer-Eaïi,  entrepris  en  1852,  sous  le  patronage  du  mi- 
nistère de  la  guerre;  par  M.  E.  Cosson.  [Ann.  des  se.  nat.,k'  sér. ,  1, 1854, 
p.  220-241.) 

Cette  portion  du  rapport  de  M.  Cosson  comprend  six  listes  de  plantes 
algériennes.  1°  Plantes  les  plus  remarquables  ou  caractéristiques  de  la  vé- 
gétation des  environs  d'Oran.  %  Plantes  les  plus  remarquables  observées 
aux  environs  de  Saint-Denis  du-Sig.  Elle  a  été  rédigée  d'après  les  communi- 
cations de  M,  Durando.  3°  Plantes  les  plus  remarquables  observées  aux  en- 
virons de  Mascara  et  dans  la  plaine  d'Egbris.  4"  Plantes  les  plus  remarqua- 
bles observées  depuis  la  limite  méridionale  de  la  plaine  d'Egbris  jusqu'à  la 
limite  septentrionale  des  hauts  plateaux  à  Saïda.  5°  Plantes  observées  dans 
la  région  des  hauts  plateaux.  6°  Espèces  observées  dans  la  région  des  Chotts, 
au  bord  du  Chott-el-Chergui,  entre  Sidi-lvhalifaet  Khrider.  et  dans  la  plaine 
qui  précède  le  Chott. 


3A2  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

BOTANIQUE  APPLIQUÉE. 

Des  ertei»  i8e  l'hiver  de  1*5:5  à  1  «51  dan 8  le  jardin  des 
!»l»»tes  de  JVIoEBflgti'Ilicr,  par  M.  Martins  [Revue  horticole ,  du 
16  août  185/i,  p.  307-316). 

Les  observations  consignées  dans  ce  mémoire  mettent  en  évidence  ce  fait 
important  que  l'action  physique  dû  froid  sur  les  plantes  est  fort  différente 
dans  le  midi  et  dans  le  nord  de  la  France.  Cette  différence  d'action  s'expli- 
que très  bien  par  celle  qui  existe  dans  la  repartition  du  froid  à  ces  deux  ex- 
trémités de  notre  pays.  Dans  le  midi,  particulièrement  à  Montpellier,  le 
ciel  est  habituellement  serein,  l'air  est  transparent  et  sec,  ce  qui  amène  un 
refroidissement  considérable  par  rayonnement  pendant  la  nuit  et  un  ré- 
chauffement intense  pendant  le  jour  par  le  soleil.  Il  en  résulte  des  consé- 
quences importantes  :  1"  à  des  gelées  quelquefois  intensessuccèdentdes jour- 
nées  chaudes,  à  tel  point  que,  pendant  l'hiverde  1853-1854,  le  nombre  des 
gelées  s'etant  élevé  jusqu'à  53  à  Montpellier,  et  le  thermomètre  étant  des- 
cendu à  —  10°, &  en  décembre,  à  —  7°,0  en  janvier,  à  — 12"  en  février, 
on  n'a  pas  vu  une  seule  fois  le  thermomètre  au-dessous  de  0  à  midi.  De 
là  les  plantes  sont  soumises  à  des  alternatives  très  brusques  de  froid  et  de 
chaleur  qui  doivent  nécessairement  agir  de  manière  fâcheuse  sur  un  grand 
nombre  d'entre  elles.  2°  Les  mêmes  alternatives  de  refroidissement  et  de 
réchauffement  empêchent  que  l'action  du  froid  ne  s'exerce  profondément 
sur  les  végétaux.  Refroidis  pendant  la  nuit  ils  se  réchauffent  pendant  le 
jour;  et  il  est  difficile  qu'ils  gèlent  jusqu'à  la  moelle.  Aussi,  dit  M.  Mar- 
tins, les  abris  exercent-ils  une  influence  immense;  un  mur,  un  toit  pré- 
servent à  la  fois  le  végétal  du  rayonnement  nocturne,  de  la  gelée  blanche 
et  d'un  réchauffement  trop  rapide  dans  la  matinée.  Il  est  bon  encore  de  faire 
remarquer  que  les  abaissements  de  température  sont  également  sous  la  dé- 
pendance directe  des  vents.  Les  vents  du  nord  très  froids  soufflent  généra- 
lement par  un  temps  clair  et  un  ciel  découvert;  aussi  donnent-ils  des  froids 
intenses;  ceux  du  sud-est  et  du  sud  chargent,  au  contraire,  l'atmosphère 
de  vapeurs  et  sont  eux-mêmes  beaucoup  moins  froids  ;  aussi  leur  arrivée 
met  toujours  fin  aux  gelées  nocturnes.  On  peut  ajouter  qu'à  Montpellier  la 
neige  couvre  très  rarement  les  campagnes,  et  que,  par  suite,  les  plantes 
sont  soumises  sans  la  moindre  protection  à  l'influence  de  la  température. 

A  Paris  et  dans  les  départements  qui  l'entourent,  on  n'observe  pas  ces 
grandes  différences  de  température  entre  le  jour  et  la  nuit.  De  là  quand  le 
froid  est  rigoureux,  dit  l'auteur,  il  est  continu  et  règne  de  jour  comme  de 
nuit.  Aussi  la  plante  s'en  pénètre  lentement,  mais  inévitablement,  quelles 
que  soient  les  enveloppes  qui  l'entourent  :  la  température  de  tous  ses  tissus 
finit  par  s'équilibrer  avec  celle  de  l'air,  et  de  même  qu'un  homme  peut  ré- 


(' 


REVUE    BIBLIOGKAPHIUUE.  3/|3 

sisteràun  froid  intense,  mais  momentané,  et  succomberait  a  un  froid  moin- 
dre, mais  plus  prolongé,  de  même  la  vitalité  de  certaines  plantes  s'accom- 
mode de  ces  transitions  journalières,  mais  ne  résiste  pas  à  un  froid  continu 
et  prolongé.  Les  abris  ont  beaucoup  moins  d'efficacité  dans  le  nord  que  dans 
le  midi,  par  suite  de  la  durée  des  froids. 

Ces  différences  importantes  entre  les  hivers  du  midi  et  du  nord  de  la 
France  nous  semblent  être  les  plus  intéressants  d'entre  les  faits  nombreux 
consignés  dans  le  mémoire  de  M.  Martins. 

Parmi  les  végétaux  qui  à  Montpellier  ont  résisté  sans  abri  au  long  et  ri- 
goureux hiver  de  1853-54,  nous  citerons  VAsiminû  tri/oba,  les  Pittosporum 
sinenseel  Tobiru,  \eSterculiaplatanifolia,  le  Camellia,  l'Acacia  Jtdibrizin, 
le  Poinciana  Gilliesii,  le  Lagerstroemia  indica,  Y Eriobotrya  japonica,  le 
Benthamia  fragifera,  le  Fabiana  imbricata,  V Araucaria  brasiliana,  le 
Sabal  Adansonii,  le  Chamœrops  humilis,  et  en  fait  d'espèces  aquatiques  : 
le  Thalia  dealbata,  Nelumbium  asperifolium,  Aponogeton  distachyum,  Litn- 
nocharis  Humboltii,  Pontederia  cordata,  Jussiœa  grand  iflora,  etc. 

Quant  aux  espèces  qui,  après  avoir  supporté  6  degrés  et  même  près  de 
8  degrés  de  froid  en  1851  et  1852  ont  succombé  à  des  froids  de  10  et  12  de- 
grés en  185/i,  en  plein  air  et  sans  abri,  ce  sont  les  suivantes:  Myoporum 
lœtum,  Fabrkia  lœvigata,  Casuarina  equisetifolia,  Acacia  longifolia,  deal- 
bata et  acant/wcarpa,  Citrus  Aurantium,  Echites  stuweolens,  Capparis  spi- 
nosa,  Eugeniaaustrulis,  Calonyct ion  grandi florum. 

M.  Martins  tire  encore  de  ses  observations  cette  conséquence  importante 
que,  dans  le  midi,  des  murs  et  des  bâtiments  sont  de  meilleurs  abris  poul- 
ies végétaux  délicats  que  toutes  les  enveloppes  extérieures,  telles  que  des 
paillassous,  des  toits,  etc.  Ainsi  entre  quatre  Dattiers,  dont  un  placé  en 
plein  air  avait  été  lié,  entouré  de  nattes  et  couvert  d'un  toit  en  pyramide, 
dont  deux  autres  placés  devant  une  maison  avaient  été  entourés  seulement 
de  paillassons,  dont  le  dernier  loge  dans  un  angle  forme  par  deux  murs 
élevés,  à  l'exposition  du  sud-ouest,  n'avait  été  protégé  par  aucune  couver- 
ture, celui-ci  a  le  moins  souffert,  et  le  premier  n'a  conservé  que  le  cœur  ; 
les  deux  autres  sont  restés  dans  un  état  intermédiaire  a  celui  du  premier 
et  du  quatrième. 

Enfin,  M.  Martins  fait  remarquer  que  les  végétaux  qui  s'accommodent 
le  mieux  du  climat  variable  de  Montpellier,  *ont  ceux  du  Japon,  du  Népaul, 
de  l'Himalaya  pour  la  pleine  terre,  et  ceux  de  la  Nouvelle-Hollande  pour 
l'orangerie. 


okh  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    KKAM.K. 

C'àilH-e  «Be  Sorglao  ;  Fabrication  au  moyen  du  Sorgho  sucré  (Sorghum 
saccharatum),  d'une  liqueur  fermentée  non  distillée  pouvant  remplacer  le 
vin  ou  le  cidre. 

Sous  ce  titre,  M.  L.  Vilmorin  a  publié  dans  la  Revue  horticole  du  16  no- 
vembre 1854,  une  noie  intéressante  sur  une  application  du  Sorghum  saccha- 
ratum qui,  dans  les  circonstances  actuelles,  pourrait  avoir  une  haute  impor- 
tance. En  effet,  les  tiges  de  celte  plante,  dépouillées  de  leurs  feuilles  et 
coupées  par  fragments  de  0"',20  au  plus,  peuvent  être  facilement  soumises 
à  l'action  du  tour  d'un  pressoir  à  cidre  ordinaire,  et  elles  donnent  alors  une 
quantité  de  jus  sucré  qui,  dans  une  expérience  faite  sur  200  kilogrammes 
de  tiges,  s'est  élevée  à  55  pour  100  du  poids  de  celles-ci.  Ce  liquide  donne 
par  la  fermentation  une  liqueur  alcoolique  dont  la  saveur,  sans  addition 
d'aromates,  a  la  plus  grande  analogie  avec  celle  du  cidre  de  pommes  un  peu 
faible,  te!  que  celui  que  donnent  les  pommes  douces  à  couteau.  Seulement 
comme  ce  jus  extrait  de  plantes  cultivées  sous  le  climat  de  Paris  n'a  qu'une 
densité  de  1050  à  1070,  et  ne  renferme  que  U  1/2  à  5  1/2  d'alcool 
pour  100,  il  faut  en  augmenter  la  richesse,  en  exposant  les  tiges  au  soleil 
pendant  quelques  jours  avant  de  les  écraser,  ou  en  les  plaçant  quelque  temps 
dans  un  four  après  la  cuisson  du  pain,  ou  enfin  en  concentrant  le  suc  par 
évaporation  à  la  sortie  du  pressoir.  Dans  ce  dernier  cas,  ou  fait  bouillir  le 
liquide  en  y  ajoutant  200  grammes  de  copeaux  de  chêne  par  hectolitre, 
jusqu'à  ce  qu'il  soit  réduit  de  moitié;  on  le  dépouille  ainsi  d'un  goût  de 
vert  qu'il  conserve  avec  assez  de  persistance  lorsqu'on  le  fait  fermenter 
tout  cru.  On  peut  aussi  soumettre  à  la  distillation  le  jus  de  Sorgho  fermenté 
pour  en  obtenir  de  l'alcool. 

Les  mêmes  procédés  peuvent  être  employés  pour  obtenir  du  vin  et  de 
l'alcool  de  maïs  avec  le  jus  obtenu  des  tiges  de  cette  plante.  Seulement  la 
défécation  préalable  de  ce  jus  par  ébullition  avec  des  copeaux  de  chêne  est 
indispensable  pour  enlever  le  goût  de  vert  qu'il  possède  à  un  haut  degré.  Les 
variétés  les  plus  tardives  sont  les  plus  avantageuses  pour  cette  fabrication  ; 
en  outre,  le  sucre  ne  commence  à  se  montrer  un  peu  abondamment  dans  les 
tiges  de  Maïs  qu'au  moment  où  ses  Heurs  mâles  s'épanouissent. 

Sur  l'Indigo  île  1' J?«cf9atot*£tcMt  lievigatuwn. 

La  Revue  horticole  du  1"  décembre  1854  ^p.  A57),  renferme  uue  note 
intéressante  de  M.  Hardy,  chef  des  pépinières  de  l'Algérie,  sur  VFupatorium 
lœviyatum,  du  Brésil,  et  sur  l'indigo  que  contiennent  ses  feuilles.  Cet  ar- 
brisseau est  une  des  importations  de  Guillemin  au  jardin  des  Plantes.  Un 
pied  eu  ayant  été  envoyé  de  Paris  a  la  pépinière  centrale  d'Alger,  avec 
l'indication  de  ses  propriétés  tinctoriales,  M.  Hardy  s'est  occupé  avec  soin 


REVIT:    BIBLIOGRAPHIQUE.  'UÔ 

de  sa  culture  dans  le  but  d'extraire  de  ses  feuilles  la  matière  colorante  qu'elles 
contiennent.  Mais  la  plante  est  restée  d'abord  languissante  pendant  plusieurs 
années,  et  elle  n'a  commencé  à  végéter  avec  vigueur  que  lorsqu'elle  a  été 
plantée  en  pleine  terre  où  elle  s'est  du  reste  montrée  suffisamment  rustique 
pour  supporter  les  hivers  de  l'Algérie. 

Une  première  expérience  faite  sur  une  poignée  de  feuilles  donna  une 
petite  quantité  d'un  bleu  d'une  belle  nuance.  Une  seconde  expérience  fut 
faite  quelque  temps  après  sur  une  plus  grande  échelle  et  avec  plus  de  mé- 
thode. Cinq  kilogrammes  de  feuilles  ft  Eupatôrium  lœvigatum  furent  soumis 
à  sept  heures  de  macération  dans  l'eau  à  une  température  d'environ  25  de- 
grés centigrades.  Le  liquide  fut  ensuite  soutiré,  et  agité  pendant  une  heure  au 
contact  de  l'air.  D'abord  d'un  vert  jaune  clair,  dit  M.  Hardy,  il  devint 
bientôt  trouble  ;  puis  il  prit  une  nuance  gris  foncé,  mêlé  de  teintes  bleuâtres. 
On  abandonna  le  liquide  au  repos  jusqu'au  lendemain  matin,  et  alors  on 
trouva,  au  fond  du  vase,  un  précipité  d'un  b'eu  superbe.  Au-dessus  de  ce 
précipité  surnageait  une  eau  parfaitement  limpide,  de  laquelle  une  addition 
d'eau  de  chaux  ne  précipita  plus  de  matière  bleue.  Le  précipité  bleu  obtenu 
dans  cette  expérience  fut  desséché  ;  il  forma  10  grammes  d'un  indigo  du 
plus  bel  aspect,  ce  qui  donne  la  proportion  de  1  de  cette  précieuse  matière 
tinctoriale  pour  500  de  feuilles. 

"  Nous  ne  croyons  donc  pas  nous  montrer  trop  hardi,  dit  l'auteur  de  cette 
note,  en  affirmant  que  l'arbuste  qui  nous  occupe  l'emporte  sur  tous  les  in- 
digofèresque  nous  avons  soumis  a  l'expérience,  car  la  proportion  de  matière 
colorante  qu'il  contient  est  égale,  sinon  supérieure,  à  celle  que  l'on  trouve 
dans  les  vrais  Indigotiers  ;  la  qualité  de  l'indigo  qu'il  produit  peut,  sous 
tous  les  rapports,  entier  en  comparaison  avec  celui  qu'on  obtient  des  der- 
niers. » 

En  outre,  Y Eupalorium  l&vigatum  aurait  un  grand  avantage  en  ce  qu'il  peut 
vivre  douze  ou  quinze  ans,  peut-être  davantage,  et  qu'il  donne  dans  l'année 
plusieurs  récoltes  de  feuilles.  On  peut,  après  chaque  récolte,  le  tailler,  et  il 
repousse  ensuite  vigoureusement.  On  n'aurait  donc  à  peu  près  que  les  pre- 
miers frais  d'installation  et  de  plantation  ;  après  quoi  il  n'y  aurait  plus  qu'à 
récolter  presque  sans  dépenses  d'entretien. 


MÉLANGES   ET   NOUVELLES. 


fcoHKMt  ùot<nëSe(»s'8ez39  Fuelfor  toeMtjfefSssitaitis  [Noms 
des  plantes  phanérogames  et  des  Fougères  figurées  dans  les  ouvrages  de 
botanique  et  d'horticulture  du  xv u\K  et  du  \ixe  siècle,  etc.),  par  G.-A. 
Pritzel;  première  partie.  Berlin,  Nicolaï,  1854. 

M.  G.  Pritzel,  auquel  on  est  redevable  de  la  plus  récente  et  de  la  plus 
complète  bibliographie  botanique  ,  vient  d'entreprendre,  sous  le  titre  rap- 
porté plus  haut,  la  publication  du  catalogue  de  toutes  les  espèces  de  plantes 
figurées  depuis  cent  cinquante  années.  Cette  première  partie  forme  un  vo- 
lume grand  in-8  de  (i07  pages,  imprimé  sur  deux  colonnes,  dans  le  goût  du 
.Xomenclotar  botanicus  de  Steudel.  Les  genres  y  sont  disposés  en  ordre  al- 
phabétique ainsi  que  les  espèces  dans  chaque  genre.  Un  signe  particulier 
indique  les  figures  d'analyse  ou  d'anatomie,  et  un  autre  signe  les  planches 
qui  représentent  des  monstruosités.  La  série  s'étend  jusqu'au  genre  Knappia. 
Ln  pareil  ouvrage  a  exigé  beaucoup  de  temps  et  de  persévérance,  et  il  con- 
tribuera au\  progrès  de  la  science  en  épargnant  aux  botanistes  la  plus 
grande  partie  des  recherches  auxquelles  M.  Pritzel  a  dû  se  livrer  pour  réunir 
les  éléments  de  sa  compilation.  Toutefois,  il  nous  semble  que  l'auteur  aurait 
pu  rendre  son  livre  encore  plus  utile,  sans  augmenter  beaucoup  l'étendue 
de  ses  recherches. 

Ainsi  la  préface  dit  qu'on  s'est  borné  a  faire  un  choix  parmi  les  planches 
qui  ont  paru  avant  le  siècle  de  Linné.  Il  eût  été  très  avantageux  pour  les 
botanistes  que  l'ouvrage  eût  embrasse  la  totalité  des  figures  publiées  depuis 
la  renaissance  des  lettres.  Le  nombre  n'en  est  pas  très  considérable,  com- 
paré à  l'immensité  des  matériaux  que  M.  Pritzel  a  dû  compulser,  et  l'on 
aurait  eu  un  index  complet  de  l'iconographie  botanique. 

Nous  regrettons  aussi  que  M.  Pritzel  ait  cédé  a  l'ancien  usage  de  séparer 
les  plantes  cryptogames  de  la  masse  du  règne  végétal.  Cette  exclusion  di- 
minue nécessairement  l'importance  de  l' Index,  et  elle  est  d'autant  plus  à 
regretter  que,  toute  proportion  gardée,  le  nombre  des  figures,  et  même  des 
bonnes  figures  de  Cryptogames,  est  beaucoup  plus  considérable  que  celui 
des  planches  consacrées  aux  plantes  désordres  supérieurs.  M.  Pritzel  a 
cru  ne  devoir  excepter  que  les  Fougères  de  l'exclusion  dont  il  a  frappé  l'en- 
semble des  Cryptogames. 

Nous  nous  permettrons  encore  une  autre  observation.  M.  Pritzel  a  évité 
soigneusement  toute .synonymie,  et  son  catalogue  peut  jusqu'à  un  certain 
point  être  regardé  comme  la  réunion  de  toutes  les  tables  des  ouvrages  enri- 
chis de  figures  dont  il  a  pu  faire  le  dépouillement.  Il  résulte  de  la  que  la 
même  espèce  est  insérée  dans  V Index  autant  de  fois  qu'elle  a  été  gravée  sous 


MELANGES    ET    N0IJVELLE.S.  'Mil 

des  noms  différents.  Malheureusement  rien  n'avertit  le  lecteur  qu'une 
même  plante  est  indiquée  sous  plusieurs  dénominations.  C'est  là,  ce  nous 
semble,  une  lacune  regrettable,  qui  peut  amener  des  inconvénients.  Si  l'on 
prend,  par  exemple,  le  premier  nom  inscrit  dans  \' Index,  Abacopteris,  la 
citation  de  la  figure  apprend  que  c'est  un  genre  institué  récemment  par 
M.  Fée  dans  la  famille  des  Fougères  ;  mais  si  le  genre  est  nouveau  la  plante 
est  ancienne,  car  elle  a  été  décrite  clans  le  Journal  de  Londres,  il  y  a  douze 
ans,  sous  le  nom  de  Nephrodium  latifolium,  J.  Smith.  Cependant  on  ne  la 
trouvera  pas  à  la  liste  des  Nephrodium ,  parce  qu'elle  n'a  pas  été  figurée 
sous  ce  nom.  Il  suit  de  là  que  le  lecteur  est  exposé  à  prendre  \' Abacopteris 
pour  une  plante  nouvelle,  et  a  croire  que  le  Nephrodium  latifolium  n'a  ja- 
mais été  figuré.  Un  renvoi  d'un  genre  à  l'autre  aurait  eu  l'avantage  de  faire 
trouver  les  figures  d'une  même  plante  sous  quelques  noms  qu'elles  aient  été 
publiées  et  par  cette  méthode  l'auteur  aurait  rendu  un  immense  service  aux 
botanistes  en  leur  épargnai)!  les  recherches  souvent  longues  qu'ils  auront  à 
faire  pour  découvrir  la  vérité. 

Malgré  ces  lacunes,  l'ouvrage  de  M.  Pritzel  est  éminemment  utile,  si 
utile  même  que  l'auteur  sera  certainement  conduit  à  en  faire  de  nouvelles 
éditions;  s'il  en  est  ainsi,  les  observations  que  nous  venons  de  présenter 
pourront  avoir  quelque  opportunité  et  nous  les  déférons  bien  volontiers  à 
son  examen. 

L'Index  permet  de  comparer  le  rapport  actuel  de  l'iconographie  botanique 
avec  le  nombre  des  plantes  décrites,  et  l'on  trouve  que  malgré  toutes  les 
grandes  et  nombreuses  publications  illustrées  ,  les  Jardins,  les  Magasins, 
Recueils,  etc.,  l'iconographie  est  fort  eu  retard.  Quelques  rapprochements 
pris  au  hasard  le  prouveront  de  reste.  Le  dernier  recensement  du  genre 
Acacia,  inséré  par  M.  lientham  dans  le  Lundon  Journal of  Botany  del8/.2, 
contient  A01  espèces.  M.  Pritzel  n'a  pu  en  citer  que  158  et  encore  dans  ce 
nombre  il  y  a  des  doubles  emplois,  à  cause  des  noms  multiples  de  plusieurs 
plantes.  L1 Enumeratio  plantarum  de  kuuth  comprend  «$73  Cyperus,  dont 
90  simplement  ont  ete  figurés.  Le  même  ouvrage  indique  159  JJioscorea, 
parmi  lesquels  24  seulement  ont  ete  reproduits  par  la  gravure.  Le  travail 
de  Vogel  sur  le  genre  Cassia  en  signale  304,  dont  93  seulement  sont  figu- 
rés. Dans  le  Prodromus,  ou  peut  compter  "282  Ipomœa,  pour  119  figures, 
94  Gomphrena  pour  28,  171  Cestrum  pour  33.  Le  Synopsis  Glumacearum 
de  M.  Steudel,  en  cours  de  publication,  énumère  459  espèces  du  genre 
Andropogon,  pour  lesquelles  M.  Pritzel  n'a  trouve  que  42  figures.  Il  compte 
143  Bromus ,  dont  73  seulement  sont  illustres;  105  Dantkonia,  dont 
20  mentionnés  dans  Y  Index,  etc.  Il  est  a  remarquer  que  les  genres  les  plus 
nombreux  sont  les  moins  riches  en  figures,  et  cependant  ce  sont  ceux 
pour  l'étude  desquels  le  secours  île  l'iconographie  est  en  quelque  sorte  in- 
dispensable. 


o/|8  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    HE    FIÏANV.E. 

—  L'Académie  des  sciences,  inscriptions  et  belles-lettres  de  Toulouse, 
propose  pour  sujet  de  prix  de  l'année  1857  la  question  suivante  : 

«  Faire  connaître,  à  l'aide  de  bonnes  descriptions  et  de  figures,  les  Mousses 
et  les  Lichens  qui  croissent  dans  un  des  départements  du  bassin  sous-pyrénéen.  » 
Le  prix  sera  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  500  francs  (1). 

—  M.  A.  Huet  du  Pavillon,  déjà  connu  des  botanistes  par  les  riches  her- 
borisations qu'il  a  faites  en  Arménie  en  1853,  et  en  Sardaigne  en  1854,  se 
propose  d'exécuter,  cette  année,  un  voyage  en  Sicile  et  dans  les  montagnes 
des  Abruzzes.  Ce  voyage  promet  d'importants  résultats,  M.  A.  Huet  du  Pa- 
villon devant  être  secondé  dans  ses  recherches  par  son  frère,  également  fa- 
miliarisé avec  les  voyages  d'exploration  botanique,  et  se  proposant  de  re- 
cueillir principalement  les  plantes  rares  ou  spéciales  aux  pays  qu'il  doit 
parcourir.  MM.  Huet  du  Pavillon  doivent  commencer  leurs  herborisations 
en  Sicile  dès  le  mois  de  mars,  afin  de  pouvoir  recueiller  les  espèces  même 
les  plus  printanieres  ,  et  l'été  sera  consacré  par  eux  a  l'exploration  des 
Abruzzes,  qui  ne  peuvent  être  visitées  a  une  époque  plus  favorable.  —  Le 
patronage  qui  est  accordé  à  ces  botanistes  par  M.  Boissierest  un  sûr  garant 
du  soin  avec  lequel  seront  formées  leurs  collections,  qui  doivent  être  com- 
posées d'échantillons  de  choix,  et  l'accueil  qu'ils  trouveront  auprès  des 
Botanistes  italiens,  et  particulièrement  auprès  de  MM.  Gussone,  Tinio  et, 
Todaro  les  mettra  a  même  de  récolter  un  grand  nombre  d'espèces  rares  dans 
les  herbiers  et  de  contribuer  ainsi  à  faire  mieux  connaître  la  végétation  des 
contrées  les  plus  riches  de  la  Flore  italienne  (2). 

—  Les  collections  suivantes,  provenant  de  l'herbier  de  M.  Soleiroi  ont 
été  déposées  chez  M.  Bourgeau,  rue  Saint-Claude,  l'i  (au  Marais). 

350  espèces  de  la  Nouvelle-Hollande,  provenant,  pour  la  plupart,  des 
collections  de  Sieber,  100  fr. 

117  espèces  de  l'Afrique  méridionale  et  en  particulier  du  Cap  de  Bonne- 
Espérance,  provenant,  pour  la  plupart,  des  collections  de  Sieber,  35  ïi\ 

180  espèces  de  Y  lie  de  Terre-Neuve,  U0  IV. 

1020  espèces  de  France,  de  diverses  origines,  100  IV. 

182  espèces  de  France  représentées  par  plusieurs  échantillons;  le  prix 
d'une  centaine  de  plantes  de  cette  collection,  prises  au  choix,  est  de  25  ïv. 

(1)  Adresser  les  Mémoires  avant  le  1*'  janvier  1837,  francs  de  port,  à  M.  Urbain 
Vitry,  secrétaire  perpétuel  de  l'Académie,  allée  Louis-Napoléon,  3. 

(2)  MM.  Huet  du  Pavillon  oui  fixé  le  prix  de  leurs  plantes  à  20  francs  par  cen- 
turie pour  les  botanistes  qui  paieront  à  l'avance  une  somme  de  50  francs.  Le  prix 
sera  de  25  francs  pour  ceux  qui  ne  feront  pas  ce  premier  versement. — Celte  somme 
peut  être  adressée  à  M.  A.  Huet  du  Pavillon,  à  Genève,  nie  Verdaine,  266,  par 
un  bon  sur  les  Messageries  impériales,  ou  être  remise  entre  les  mains  de  M.  Joseph 
Despierres,  négociant,  à  Paris,  rue  Vieille-du-Teinple,  75. 


Paris.  —  Imprimerie  Je  !..  Martinet,  nie  Mignon,  2. 


SOCIÉTÉ    BOTANIQUE 

DE  FRANCE. 

SÉANCE   DU   22   DÉCEMBRE   185/». 

PRÉSIDENCE   DE    M.    AD.    BRONGNIART. 

M.  de  Schœnefeld,  secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de 
la  séance  du  U  novembre,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Par  suite  des  présentations  faites  dans  la  dernière  séance,  M. 'le 
Président  proclame  l'admission  de  : 

MM.  Calmeil,  médecin  en  chef  de  la  Maison  impériale  de  Cliaren- 
ton,  présenté  par  MM.  E.  Cosson  et  Duchartre. 
Kirschleger,  professeur  à  l'École  supérieure  de  Pharmacie 
de  Strasbourg,  présenté  par  MM.  J.  Gay  et  Puel. 

M.  le  Président  annonce  en  outre  une  nouvelle  présentation. 

Dons  faits  à  la  Société. 
1°  Par  M.  A.  Passy  : 

Statistique  du  département  de  l'Eure,  publiée  par  la  Société  libre 
d'agriculture,  sciences,  arts  et  belles-lettres  du  département.  — 
Botanique.  Évreux,  1846. 

Catalogue    des  plantes   du  département  de  l'Eure,  par  Brouard 
Évreux,  1820. 

2°  Par  M.  Duchartre  : 

Tentamen  methodicœ  divisionis  gencris  Arislolochia;  additis  descrip- 
tumibus  complurium  novarum  'specierum  novique  generis  Ho- 
lostvlis. 

Expériences  sur  des  boutures  droites  et  renversées. 
3°  De  la  part  de  M.  Alph.  de  Candolle,  de  Genève  : 
Sur  l'origine  des  Datura  Stramoniura  et  espèces  voisines. 

T-  '•  23 


350  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

h°  De  la  part  de  M.  Ch.  Martins,  de  Montpellier  : 

Des  effets  observés  pendant  l'hiver  de  1853  à  185/i,  dans  le  Jardin  des 
Plantes  de  Montpellier ,  et  de  leurs  conséquences  pour  la  naturalisa- 
tion des  végétaux. 

5°  De  la  part  de  la  Société  impériale  d'horticulture  : 
Annales  de  la  Société.  —  Numéro  de  novembre  185ù. 

M.  Weddell  présente  le  rapport  qui  lui  avait  été  demandé  dans  la 
dernière  séance,  sur  l'extraction  du  caoutchouc.  Ce  rapport  est  ainsi 
conçu  : 

SUR  L'EXTRACTION  DU  CAOUTCHOUC,  par  M.  H.-A.  WEDDELL  (1). 

Beaucoup  d'arbres  à  suc  laiteux  fournissent,  on  le  sait,  la  matière  appelée 
caoutchouc,  mais  ceux  qui  le  renferment  assez  abondamment  pour  qu'il  y 
ait  bénéfice  à  le  retirer  sont  peu  nombreux.  Ils  appartiennent,  soit  à  la 
famille  des  Artocarpées,  soit  à  celle  des  Apocynées  ou  des  Euphorbiacées, 
et  habitent  tous  les  parties  les  plus  chaudes  du  globe.  Dans  le  premier  de 
ces  groupes,  je  pourrais  citer,  avec  le  Castilloa  elastica  Cerv.,  du  Mexique, 
et  le  Cecropia  peltata  L.,  également  de  l'Amérique  tropicale,  un  assez 
grand  nombre  de  Figuiers  de  l'Asie  et  du  nouveau  monde.  Je  me  conten- 
terai de  nommer  le  Ficus  elastica  L. ,  source  principale  du  caoutchouc  des 
Indes  orientales. 

Parmi  les  Apocynées,  on  remarque  surtout  YUrceola  elastica  Roxb. , 
dont  on  retire  le  caoutchouc,  à  Bornéo  et  à  Sumatra  [caoutchouc  de  Sinya- 
pore,  ouPulo'Penangàu  commerce),  le  Vahea  gummifera  Foir.,  qui  nous 
donue  le  caoutchouc  de  Madagascar,  et  le  Hancornia  speciosa  Gomez,  dont 
j'ai  vu  moi-même,  retirer  cette  substance  dans  les  parties  centrales  du 
Brésil.  Enfin,  à  la  famille  des  Euphorbiacées  appartient  l'arbre  connu  de 
tout  le  monde  sous  le  nom  de  Siphonia  elastica  Pers.,  ou  de  Hevea  guianen- 
sis  Aubl.,  dont  on  extrait  la  plus  grande  partie  du  caoutchouc  que  l'on 
rencontre  dans  le  commerce  ;  on  l'appelle  caoutchouc  du  Para,  du  nom  d'un 
port  de  l'Amazone  d'où  il  est  habituellement  exporté. 

Cet  arbre,  dont  l'habitat  correspond,  on  peut  le  dire,  à  presque  tout  le 

(1)  Les  matériaux  de  cette  noie  ont  élé  puisés,  les  uns  (c'est  le  plus  petit 
nombre)  dans  mes  propres  souvenirs,  d'autres  clans  plusieurs  articles  peu  connus 
sur  cette  matière,  dus  à  la  plume  de  divers  voyageurs  modernes;  enfin  je  suis 
redevable  de  renseignements  importants  sur  ce  même  sujet,  à  noire  confrère, 
M.  Howard,  qui  a  bien  voulu,  en  outre,  nie  faire  parvenir,  pour  être  mise  sous  les 
yeux  de  la  Société,  une  collection  très  intéressante  d'échantillons  de  caoutchouc 
de  diverses  provenances. 


SÉANCE    1)1     '2'2    DÉCEMBRE    JS5/|.  351 

bassiu  de  l'Orénoqueet  à  celui  de  l'Amazone  et  de  ses  affluents  supérieurs, 
est  aussi  le  seul  dont  je  m'occuperai  ici. 

Le  Sïpkonia  elastica,  ou  Syringa  (1)  des  Brésiliens,  s'élève  à  une  hauteur 
d'environ  20  mètre-,  son  tronc  en  ayant  ordinairement  12  à  15,  avant  la 
naissance  des  premiers  rameaux,  et  un  diamètre  de  8  à  10  décimètres.  Ces 
dimensions,  il  les  possède  sans  doute  en  commun  avec  beaucoup  d'autres 
habitants  de  ces  forêts;  mais  les  caractères  tirés  de  ses  feuilles  composées 
de  trois  folioles  allongées  et  de  la  présence  d'un  suc  laiteux  abondant,  per- 
mettent de  le  distinguer  sans  peine  de  tous  les  arbres  avec  lesquels  il  croit 
entremêlé. 

Rieu  de  plus  facile  que  l'extraction  du  suc  du  Gomme-élastiquier.  L'ou- 
vrier se  rend  de  grand  matin  a  la  forêt,  muni  d'un  pic,  d'une  calebasse,  et 
d'une  provision  d'argile  détrempée.  Arrivé  au  pied  d'un  Sïpkonia,  il  y 
colle  une  petite  capsule  de  glaise,  façonnée  séance  tenante  à  l'instar  d'un 
nid  d'hirondelle,  puis,  d  un  coup  de  pic,  il  entame  l'écorce  immédiatement 
au-dessus.  Le  lait  coule  aussitôt  dans  le  petit  vase  disposé  pour  le  recevoir. 
L'homme  passe  alors  à  un  antre  arbre,  auquel  il  l'ait  subir  la  même  opéra- 
tion ;  de  là  a  un  autre,  et  ainsi  successivement,  jusqu'à  ce  qu'il  en  ait  saigne 
le  nombre  voulu.  Enfin,  reprenant  le  même  chemin,  du  premier  arbre  atta- 
qué au  dernier,  il  passe  la  revue  de  ses  opérés,  vide  toutes  les  petites  cap- 
sules dans  un  récipient  commun,  et  rentre  au  logis  avec  son  butin. 

La  quantité  de  suc  fourni  par  un  seul  arbre,  à  la  suite  d'une  de  ces  sai- 
gnées, varie  nécessairement;  mais  on  peut  dire  que  vingt  arbres  en  laissent 
égoutter,  en  moyenne,  environ  1  litre;  et,  pour  peu  qu'on  les  ménage,  ces 
mêmes  individus  peuvent  continuer,  pendant  plusieurs  mois,  d'en  donner 
journellement  la  même  quantité.  Un  voyageur  raconte  que  s'étant  arrêté  un 
jour  sur  l'Amazone,  dans  la  case  d'un  individu  occupe  de  la  fabrication  du 
caoutchouc,  il  le  vit  rentrer,  vers  midi,  avec  une  calebasse  qui  ne  contenait 
pas  moins  de  5  litres  de  lait  de  Siphonia  qu'il  venait  de  recueillir,  quantité 
suffisante  pour  la  confection  de  dix  paires  de  souliers.  Ses  filles,  moins 

(1)  L'étymologie  de  ce  nom  est  donnée  dans  VHistoire  de  l'Académie  royale  de 
sciences,  ann.  1751,  p.  18:  voici  ce  qu'on  y  lit:  «  L'usage  que  fait  de  cette 
»  résine  la  nation  des  Omaguas,  située  au  milieu  du  continent  de  l'Amérique,  sur 
»  les  bords  de  l'Amazone,  est  encore  plus  singulier:  ils  en  construisent  des  bou- 
»  teilles  en  forme  de  poires,  au  goulot  desquelles  ils  attachent  une  canule  de  bois; 
"en  les  pressant,  on  en  fait  sortir  par  la  canule  la  liqueur  qu'elles  conliennent, 
»el,  par  ce  moyen,  ces  bouteilles  deviennent  de  véritables  seringues.  Ce  serait, 
»  chez  eux,  une  espèce  d'impolitesse  de  manquer  à  présenter,  avant  le  repas,  à 
»  chacun  de  ceux  que  l'on  a  priés  a  manger,  un  pareil  instrument  rempli  d'eau 
«  chaude,  duquel  il  ne  manque  pas  de  faire  usage  avant  de  se  mettre  à  table. 
«Cette  bizarre  coutume  a  fait  nommer  par  les  Portugais  l'arbre  qui  produit  celle 
»  résine,  l'an  de  xiringa  ou  bois  de  seringue.  » 


352  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

exercées  que  lui,  en  recueillaient  cependant,  assurait-il,  plus  de  2  litres 
dans  leur  matinée;  c'est  la,  à  ce  qu'il  parait,  la  récolte  d'un  ouvrier  ordi- 
naire du  pays. 

J'ai  parlé  de  souliers;  c'est  en  effet  sous  cette  forme,  ou  bien  sous  celle 
de  bouteilles  globuleuses  ou  ovoïdes,  de  tubes,  de  feuilles  ou  de  planchettes, 
que  l'on  exporte,  même  aujourd'hui,  une  grande  partie  du  caoutchouc  du 
Brésil.  Les  bouteilles  sont  obtenues  en  trempant  une  boule  d'argile  placéeau 
bout  d'un  bâton  dans  le  suc  frais  du  Gomme-élastiquier,  et  en  le  plongeant 
aussitôt  après  dans  la  fumée  épaisse  résultant  de  la  combustion  d'une  graine 
oléagineuse.  La  mince  couche  de  suc  qui  mouillait  le  moule  ne  s'y  est  pas 
plutôt  coagulée  sous  cette  influence,  qu'on  en  applique  une  seconde,  qui  est 
traitée  de  même,  et  ainsi  de  suite,  jusqu'à  ce  que  l'on  ait  obtenu  l'épaisseur 
voulue.  Les  souliers  se  façonnent  par  le  même  procédé,  si  ce  n'est  que  le 
moule  d'argile,  qu'on  ne  peut  retirer  qu'en  le  détruisant,  est  remplacé  par 
une  forme  de  bois,  barbouillée,  cependant,  d'un  peu  d'argile,  pour  empêcher 
l'adhérence.  Dix  minutes  suffisent,  dit-on,  à  un  ouvrier  intelligent  pour  appli- 
quer les  huit,  dix  ou  douze  couches  nécessaires  à  la  constitution  d'une  chaus- 
sure complète.  Il  est  cependant  bon  de  dire  que  le  caoutchouc  ne  durcit  pas 
immédiatement  après  sa  coagulation  sur  le  moule,  par  l'action  de  la  fumée; 
il  faut,  pour  obtenir  ce  résultat,  ainsi  que  la  couleur  qu'on  lui  connaît, 
l'exposer  aussi  pendant  quelque  temps  a  l'air  et  au  soleil.  C'est  sans  doute 
ce  qui  a  fait  penser  qu'il  serait  possible,  à  la  rigueur,  de  transporter  le 
caoutchouc  encore  liquide  dans  nos  pays  civilisés.  Ce  transport,  tenté  plu- 
sieurs fois,  et  encore  tout  récemment,  à  ce  que  je  viens  d'apprendre,  n'a  pas 
donné,  jusqu'ici,  de  résultats  satisfaisants;  les  vases,  hermétiquement  clos, 
dans  lesquels  il  s'était  effectue,  n'ayant  présenté,  lors  de  leur  ouverture, 
qu'une  masse  de  caoutchouc  solide  baignée  par  un  liquide  séreux. 

Par  quelques  expériences  faites  sur  les  lieux,  mais  impossibles  ici,  on 
arriverait  peut-être  à  faire  dans  cette  voie  quelque  découverte  à  la  fois 
utile  et  profitable.  Toujours  est-il  qu'abandonné  a  lui-même  après  son 
extraction,  le  suc  du  Siphonia  se  sépare  assez  promptement  en  deux  par- 
ties, à  peu  près  comme  le  lait  lui-même,  avec  lequel  il  n'a  pas  seulement 
ce  rapport,  puisque,  avec  l'apparence  de  ce  liquide,  il  en  a  encore  un  peu  le 
goût,  et,  bien  que  ses  qualités  nutritives  soient  au  moins  douteuses,  on  le 
boit  fréquemment  sans  qu'il  s'ensuive  aucun  effet  nuisible.  Quant  à  la 
saison  la  plus  favorable  à  l'extraction  du  suc,  l'expérience  des  gens  du  pays 
s'est  déjà  prononcée  :  c'est  la  saison  sèche,  c'est-à-dire  d'avril  en  octobre  ou 
novembre.  Pendant  les  mois  pluvieux,  en  effet,  non-seulement  le  travail 
dans  les  forêts  est  rendu  très  difficile  par  certains  obstacles  physiques,  mais 
il  a  été  reconnu  que  la  récolte  était  bien  moins  profitable  ;  il  est,  en  effet, 
assez  vraisemblable  que  le  suc  doit  être  alors  moins  riche  en  matière  coagu- 
lable.  il  faut  ajouter  a  ces  raisons  la  nécessité  de  donner  aux  arbres  en 


SÉANCE    DU    22    DÉCEMBRE    185/|.  35o 

exploitation  le  temps  de  se  reposer.  Les  blessures  faites  au  tronc  par  le  pic, 
blessures  qui  doivent  se  répéter  journellement,  se  guérissent  d'ailleurs 
promptement,  le  suc  qui  s'en  écoule  étant  lui-même  très  propre  à  en  favo- 
riser la  cicatrisation.  Mais  il  se  développe  quelquefois  a  leur  place  des  tissus 
anormaux,  des  sortes  d'exostoses  qui  ne  peuvent  manquer,  on  le  comprend 
bien,  de  gêner  la  marcbe  descendante  du  suc  cortical  dans  les  points  qui  en 
sont  le  siège.  Une  piqûre  faite  au-dessous  d'un  obstacle  semblable  devra 
donc,  à  ce  qu'il  semble,  être  suivie  d'un  écoulement  moins  abondant  que  si 
elle  était  pratiquée  au-dessus.  De  là  une  règle  que  j'établis  ici,  à  tout  hasard  : 
c'est  de  pratiquer  toujours  les  saignées  le  plus  bas  possible,  afin  de  laisser, 
autant  que  faire  se  peut,  un  champ  libre  aux  opérations  futures. 

Les  données  précédentes  suffisent  pour  démontrer  que  le  mode  d'exploi- 
tation en  usage  chez  les  nègres  et  les  Indiens  de  l'Amérique  du  sud  est  non- 
seulement  très  simple,  mais  en  même  temps  très  efficace  ;  si  bien  que  je 
doute  qu'il  y  ait  de  grands  perfectionnements  à  lui  apporter. 

Un  dernier  fait  constaté  par  l'expérience,  c'est  qu'il  en  est  des  caoutchou- 
quiers  comme  des  bonnes  vaches  laitières  :  plus  on  tire  leur  lait,  plus  ils  en 
donnent,  il  n'est,  je  pense,  aucun  détail  de  l'histoire  de  cette  extraclion 
qui  soit  plus  propre  à  stimuler  l'activité  d'un  exploitant  intelligent,  ni  qui 
puisse  mieux  nous  rassurer  sur  l'avenir  d'un  des  rameaux  les  plus  intéres- 
sants du  commerce  américain. 

M.  Trécul  dit  à  cette  occasion  quelques  mots  sur  l'Arbre  à  la  vache 
(Galactodendron),  qui  produit  un  suc  recherché  des  nègres  et  qui  les 
fait  engraisser.  On  ne  connaît  pas  jusqu'ici  avec  certitude  les  affinités 
de  cet  arbre.  Au  retour  de  M.  de  Castelnau,  M.  Trécul  trouva  dans 
ses  collections  une  plante  ressemblant  au  Galactodendron ,  mais  à 
feuilles  plus  petites.  Par  les  stipules  et  les  fleurs  il  reconnut  que 
c'était  un  Brosimum.  De  là  on  a  conclu  que  le  Galactodendron  de- 
vait être  voisin  de  ce  genre.  Le  Galactodendron  de  l'herbier  de 
M.  Hooker  est  certainement  un  Brosimum. 

M.  Weddell  rappelle  que  M.  Boussingault  à  constaté  par  l'analyse 
que  le  lait  de  l'Arbre  à  la  vache  diffère  complètement  des  sucs  qui 
produisent  le  caoutchouc. 

M.  Planchon  ajoute  qu'il  existe  dans  le  bassin  du  fleuve  des  Ama- 
zones plusieurs  Siphonia,  décrits  récemment  par  M.  Bentham  dans 
le  journal  de  M.  Hooker,  et  qui  tous  contribuent  vraisemblablement 
h  fournir  le  caoutchouc  répandu  clans  le  commerce. 


35/|  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

M.  Planchon  fait  ensuite  à  la  Société  la  communication  suivante  : 

SUR  LA  VÉGÉTATION  DES  TERRAINS  SILICEUX,  DANS  LES  DÉPARTEMENTS  DU  GARD 
JET  DE  L'HÉRAULT,  par  M.   J.-E.    PLANCIION. 

Dans  une  communication  récente,  j'ai  tâché  de  fixer  l'attention  des  bota- 
nistes sur  des  plantes  qui  semblent  être  spéciales  aux  terrains  dolomitiques 
ou  magnésiens.  À  cette  occasion,  ont  dû  se  trouver  en  présence  deux  théo- 
ries qui  s'autorisent  de  noms  très  respectables,  l'une  attribuant  à  l'état  phy- 
sique, l'autre  à  la  nature  chimique  du  sol,  la  principale  influence  sur  la 
diversité  manifeste  de  végétation  qu'on  observe  entre  les  terrains  à  base 
purement  calcaire,  et  ceux  dans  lesquels  la  silice  entre  comme  élément 
essentiel  ou  tout  au  moins  accessoire.  Des  observations  piquantes  de 
M.  Dunal  et  de  M.  Bogenhard  nous  ont  prévenu  contre  le  danger  de  con- 
fondre avec  les  sols  exclusivement  calcaires,  ceux  dans  lesquels  un  peu  de 
silice  est  plus  ou  moins  dissimulée,  ne  trahissant  sa  présence  qu'a  l'examen 
attentif  du  chimiste  ou  du  minéralogiste,  el  pourtant,  décelée  au  botaniste 
par  certains  végétaux  caractéristiques,  tels  que  le  Châtaignier  ou  le  Lecidea 
geographica. 

Nul  doute  que  la  plupart  des  arguments  allégués  contre  la  théorie  de  l'ac- 
tion chimique  du  sol,  notamment  à  l'égard  du  Châtaignier  et  de  la  Digitale 
pourprée,  ne  reposent  sur  une  erreur  primordiale  quant  à  la  nature  du  ter- 
rain. Il  est  impossible  de  rien  affirmer  sur  ce  dernier  point,  sans  une  inspec- 
tion attentive,  au  lieu  même  où  croissent  les  plantes;  car,  on  le  sait,  dans 
une  même  formation  géologique,  dans  une  même  couche,  la  composition 
du  sol  varie,  et  l'on  ne  saurait  affirmer  sans  preuve  qu'elle  est  identique  sur 
deux  points  très  rapprochés  dont  on  ne  connaît  qu'un  seul. 

A  cet  égard  et  comme  introduction  à  l'objet  spécial  de  cette  note,  qu'il 
me  soit  permis  de  citer  deux  faits. 

La  forêt  de  Fontainebleau  passe  pour  une  localité  très  essentiellement 
siliceuse.  Un  botaniste  qui  n'en  connaîtra  que  ce  caractère  général  sera  tout 
surpris  d'y  trouver  des  plantes  qu'il  sait  être  ailleurs  spéciales  aux  terrains 
calcaires.  Ainsi  je  le  fus,  lorsque  dans  une  herborisation,  je  vis  sur  la  hauteur 
du  Mail  d'Henri  IV,  le  Rosaspinosissima,  le  Cnicus  acaulis,  Y Helianthemwn 
vulgare  (1).  Je  foulais  alors  du  calcaire,  dissimulé  dans  une  couche  très 

(1)  On  me  fait  observer  que  VHelianthemum  vulgare,  croît,  aux  environs  de  Paris, 
dans  les  terrains  où  la  silice  est  abondante.  Ceci  prouve  que,  selon  toute  apparence, 
c'est  une  plante  parfois  indifférente  sur  le  choix  du  sol  ;  mais  ailleurs,  elle  préfère 
habituellement  les  terrains  calcaires.  Tel  est  le  cas  pour  la  région  que  j'étudie. 
M.  Unger  range  cette  espèce  parmi  celles  du  calcaire,  M.  Bogenhard  parmi  les 
Kalkdeuter,  c'est-à-dire  au  nombre  de  celles  qui  aiment  le  calcaire,  sans  y  être 
absolument  attachées.  Telle  est  aussi  l'opinion  de  M.  Sendtner.  Quant  aux  Heiion- 


SÉANCE  nu  22  DÉCEMBRE  J  S 5 Z| .  355 

milice  de  silice  (1),  comme  j'en  avais  foulé,  sans  m'en  douter,  sur  d'autres 
points  de  la  forêt,  où  croit  également  le  Jiosa  spinosissima. 

Le  second  fait  regarde  les  dunes  humides  des  environs  de  Nieuport  dans 
la  Flandre  occidentale.  La  végétation  commune  des  plaines  des  Flandres, 
presque  exclusivement  siliceuse  et  par  cela  même  singulièrement  différente 
de  la  végétation  calcaire  de  Bruxelles,  s'avance  jusqu'à  l'étroite  lisière  de 
littoral  que  caractérise  la  végétation  des  terrains  salés  ou  des  sables  mari- 
times, entre  Ostende  et  le  voisinage  de  Nieuport.  Mais,  tout  à  coup,  avant 
d'arriver  à  cette  dernière  localité,  on  rencontre  entre  les  monticules  des 
dunes,  des  espaces  plats  et  humides,  dans  lesquels  apparaissent  les  trois  plantes 
dont  j'ai  déjà  signalé  la  présence  simultanée  au  Mail  d'Henri  IV,  savoir  : 
le  Rosa  spinosissima,  le  Cnicus  acaulis  et  Y Helianthemum  vulgare.  En  sup- 
posant, ce  que  j'admets  volontiers  d'après  les  observations  bienveillantes  de 
plusieurs  membres  de  cette  assemblée  (M.  Brongniart,  M.  de  Schœuefeld, 
etc.)  ;  en  supposant,  dis-je,  que  X Helianthemum  vulgare  ne  soit  pas  con- 
stamment caractéristique  des  calcaires,  toujours  est-il  que  les  plantes  signalées 
semblent  dénoter  l'influence  de  ce  terrain.  Elles  m'ont  paru  manquer  toutes 
trois  aux  terrains  siliceux  du  sud  de  la  France,  des  environs  de  Kevv  en 
Angleterre,  des  Flandres  belges,  de  la  forêt  de  Fontainebleau  ;  je  les  ai  vues, 
tout  au  contraire,  associées  dans  les  calcaires  de  l'Hérault  et  du  Gard,  des 
environs  de  Dorking  dans  le  comté  de  Surrey,  du  Mail  d'Henri  IV  a  Fon- 
tainebleau, enfin  dans  les  dunes  humides  de  Nieuport,  où  les  détritus  de 
coquilles  me  paraissent  représenter  l'élément  calcaire  qu'elles  affectionnent. 
L'idée  que  je  hasarde  ici,  sous  toutes  réserves,  relativement  au  rôle  des  dé- 
tritus de  coquilles,  est  partagée  par  un  homme  dont  l'opinion  a  beaucoup 
de  poids,  par  M.  Schimper,  de  Strasbourg,  qui  m'a  dit  avoir  observé  dans 
ses  voyages,  particulièrement  en  Scandinavie,  des  faits  analogues  à  celui 
que  je  viens  de  mentionner. 

On  ne  saurait,  du  reste,  trop  hautement  le  reconnaître  :  il  est  des  plantes 
tout  à  fait  ou  à  peu  près  indifférentes  à  la  nature  du  sol,  comme  il  en  est, 
en  moins  grand  nombre,  qui  s'accommodent  de  presque  tous  les  climats  et  de 
toutes  les  altitudes.  Le  Chêne  vert,  l'Olivier,  le  Digitalis  parviflora,  le  Cen- 

themum  apenninum  et  œlandicum,  presque  tout  le  monde  s'accorde  à  les  consi- 
dérer comme  exclusivement  parqués  dans  la  flore  du  calcaire. 

(1)  J'ai  cité  ceci  sur  la  foi  de  mon  savant  ami  M.  Decaisne.  On  a  d'abord  paru 
douter  de  l'exactitude  du  fait,  contre  lequel  plaident  les  seules  apparences.  Mais 
M.  Decaisne,  en  maintenant  l'observation,  ajoute  ici  à  la  liste  des  plantes  caracté- 
ristiques de  ce  calcaire  dissimulé,  les  espèces  suivantes:  Helianthemum  Fumuna, 
Vincetoxicum  officinale,  Serapias  microphylla,  Inula  hirta,  Linum  tenuifolium. 

M.  Cosson,  confirmant  de  son  côté  les  assertions  de  M.  Decaisne,  me  signale 
surtout  comme  caractéristiques  du  calcaire  du  Mail  d'Henri  IV,  le  Sesleria  cœrulea, 
VOnonis  Columnœ  et  VEuphorbia  Esula. 


356  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE   DE    FRANCE. 

taurea  pectinata,  le  Cistus  Monspeliensis  (pour  nous  en  tenir  à  quelques 
exemples  de  la  flore  dont  il  est  ici  question),  habitent  à  la  fois  des  localités 
à  sols  calcaires,  et  d'autres  à  sols  siliceux.  Mais  ces  faits  d'ubiquité, si  nom- 
breux qu'ils  soient,  n'infirment  en  rien  les  faits  avères  d'élection  d'autres 
végétaux  pour  des  sols  d'une  nature  déterminée. 

Ces  principes  posés  et  ces  réserves  faites,  j'arrive  à  l'objet  spécial  de  cette 
note,  l'esquisse  de  la  végétation  caractéristique  des  terrains  siliceux  des 
départements  du  Gard  et  de  l'Hérault,  végétation  variée  par  les  influences 
combinées  du  climat  et  de  la  nature  du  sol. 

Depuis  l'embouchure  de  l'Hérault,  dans  le  voisinage  d'Agde,  jusqu'au 
sommet  de  l'Aigoual,  à  1,568  mètres  d'altitude,  c'est-à-dire  sur  un  espace 
compris  entre  environ  /|3°  16'  et  hk"  8'  lat.  N.,  on  peut,  en  allant  du  sud  au 
nord,  tracer  dans  le  bassin  de  l'Hérault  trois  zones  principales  de  végéta- 
tion, dont  une  méditerranéenne  et  deux  exclusivement  cébenniques. 

1°  La  région  du  Chêne  vert  [Quercus  Ilex)  ;  d'autant  plus  chaude  et  plus 
caractérisée  qu'elle  est  plus  voisine  de  la  mer.  Ses  limites  septentrionales, 
dans  les  bassins  de  l'Hérault  et  du  Vidourle,  sont  un  peu  au  delà  de  Ganges 
et  de  Saint-Hippolyte-le-Fort.   Sur  cette  étendue,   comprenant  plus  des 
huit  dixièmes  de  la  largeur  totale  de  la  région  ici  étudiée,  le  fond  des  for- 
mations géologiques  est  essentiellement  calcaire  :  on  y  trouve  successive- 
ment, en  procédant  du  sud  au  nord,  les  terrains  tertiaires  marins  et  lacustres, 
les  terrains  néocomiens,  les  divers  étages  de  la  formation  jurassique,  les 
marnes  et  les  grès  du  trias.  C'est  là  proprement  la  région  de  l'Olivier  (1), 
des  Lavandes,  du  Thymus  vulgoris  et  autres  Labiées  aromatiques,  des  grandes 
Ombellifercs  (Ferula,  Thapsia,  Cachrys,  Loserpitium  Silcr  et  gallicùm, 
Molopospermum) ,  de  YAphyllanthes  monspeliensis,  des  Dorycnium,  du 
Genista  Scorpius,  de  nombreux  Helianthemum,  etc.  Le  Pin  maritime,  le 
Pin  d'Alep  et  le  Pinus  Salzmanni  ne  s'y  montrent  que  sur  des  espaces  cir- 
conscrits ;  les  Phyllirea,  les  Pistacia,  le  Quercus  coccifera,  le  Viburnwn 
Tinus  y  sont  répandus;  le  Myrte,  au  contraire,  et  le  Laurier,  très  rares  à 
l'état  spontané,  ne  comptent  pour  rien  dans  le  paysage.  Le  point  culminant 
de  cette  zone  (la  Sérane)  ne  dépasse  pas  915  mètres,  et,  bien  qu'à  partir 
de  400  mètres  l'Olivier  ait  disparu,  la  région  conserve  néanmoins  dans  toute 

(1)  La  zone  du  Cliène  vert  (qui  est  à  pou  près  celle  du  Buis)  pourrait  être  subdi- 
visée au  moins  en  deux,  dont  l'inférieure,  entre  0'"  et  /iOO"1,  serait  caractérisée  par 
la  culture  de  l'Olivier.  C'est  dans  la  portion  la  plus  chaude  de  celte  sous-région  que 
croissent  les  plantes  les  plus  éminemment  méditerranéennes  (Quercus  coccifera, 
Lavandula  Stœchas,  Sparlmm  junceum,  Anagyris  fœtida,  Cneorum  tricoccon, 
Daphne  Gnidium,  Lavatera  maritima,  Myrtus  communis,  etc.);  dans  la  sous- 
zone  supérieure,  les  plantes  suivantes  atteignent  les  plus  hautes  sommités  (Daphne 
alpina,  Rhamnus  alpina,  Potentilla  caulescens,  Silène  Saxifraga,  Saxifraga 
pubescens,  Anthyllis  montana,  etc.). 


SÉANCE    DU    22    DÉCEMBRE    1854.  357 

son  étendue  verticale,  les  caractères  saillants  de  la  flore  méditerranéenne. 

2°  La  seconde  zone  pourrait  se  nommer  zone  du  Châtaignier,  à  cause  de 
la  prédominance  de  ce  bel  arbre  sur  tout  le  reste  des  cultures.  Cette  zone 
comprend  des  schistes  talqueux  de  transition  ou  des  granits  de  texture  va- 
riée, ou  même  des  calcaires  anciens  renfermant  de  la  silice.  Ses  limites 
s'étendent  en  hauteur  depuis  200  mètres  jusqu'au  point  où  le  Hêtre  succède 
généralement  au  Châtaignier,  c'est-à-dire  vers  1,000  mètres  d'altitude. 
C'est  la  région  spéciale  de  Y  Adenocarpus  cebennensis  et  du  Sarothamnus 
scoparius. 

3°  La  troisième  zone,  déterminée  surtout  par  l'altitude,  tandis  que  la  pré- 
cédente l'est  surtout  par  la  nature  du  sol,  pourrait  s'appeler  zone  du  Hêtre. 
Toujours  siliceuse,  à  peu  près  exclusivement  granitique,  elle  comprend  des 
sommités  et  des  ravins  où  la  neige  séjourne  parfois  de  la  fin  de  l'automne 
jusqu'à  la  fin  de  mai.  Ses  limites  approximatives  sont  entre  1,000  et 
1,550  mètres. 

Ainsi  donc,  en  résumé,  nos  trois  zones  sont  à  la  fois  définies  par  l'alti- 
tude, le  climat,  la  nature  du  terrain  et  la  prédominance  de  certaines  plantes  : 

Zone  inférieure  ou  du  Chêne  vert,  toute  calcaire,  sauf  les  accidents  de 
détail  qui  vont  être  signalés  :  1  à  900  m.  (Olivier  cultive  jusque  vers  /4OO  m.). 

Zone  moyenne  ou  du  Châtaignier,  toute  siliceuse  à  part  quelques  points 
où  la  silice  pourtant  se  mêle  encore  au  calcaire  :  200  à  1,000  m. 

Zone  supérieure  ou  du  Hêtre,  exclusivement  siliceuse  et  presque  entiè- 
rement granitique  :  1,000  à  1,550  m. 

Telles  sont  les  divisions  générales  de  notre  région  méditerranéenne-cében- 
nique.  Par  le  résumé  suivant,  nous  allons  introduire  dans  ce  cadre  des 
subdivisions  plus  spécialement  fondées  sur  les  diverses  nuances  des  terrains 
où  se  rencontre  la  silice. 

VARIÉTÉS    DE    TERRAINS    SILICEUX    DANS    LA    RÉGION    ÉTUDIÉE. 

1°  Terrain  diluvien,  renfermant  de  nombreux  galets  de  quartz. 

Environs  de  Montpellier  (Grammont,  Saint-Georges,  Doscare,  etc.). 

Altitude  inférieure  à  100  mètres.  Portion  chaude  et  sèche  de  la  rénion 
des  Oliviers.  (Etage  inférieur  de  la  région  du  Chêne  vert.) 

Plantes  caractéristiques  :  Lavandula  Stœchas,  Cistus  salvifolius,  Calluna 
vulgaris,  Helianthemum  guttatum ,  Jasione  montana,  Tolpis  barbota, 
Andryala  sinuata,  Briza  major,  Thymus  Serpyllum,  Châtaignier  (rare). 

2°  Bordures  des  terrains  lacustres,  renfermant  des  débris  de  poudingties 
en  partie  siliceux. 

Montarnaud,  près  de  Montpellier;  Pinède  de  Sommières,  près  de  Mont- 
pellier; bord  du  petit  plateau  volcanique  de  Roque-Haute,  prèsd'Agde. 


358  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

Altitude  inférieure  à  100  mètres,  Portion  chaude  et  sèche  de  la  région  de 
l'Olivier. 

Plantes  caractéristiques  :  Cistus  crispus,  Cistus  salvifolius,  Helianthe- 
mum  guttatum,  Jasione  montana,  Erica  cinerea,  Calluna  vulgaris,  Spartium 
junceum, 

3°  Calcaire  oolithique  avec  nodules  siliceux. 

Gorge  de  Font-Valès,  près  de  Murviels  ;  gorge  de  Verdus,  près  de  Saint- 
Guil  hem -le- Désert  (Hérault)  (1). 

Région  de  l'Olivier,  au-dessous  de  300  mètres. 

Plantes  caractéristiques;  à  Font-Valès:  Cistus  lauri fol ius,  Cistus  Ledon, 
Cistus  salvifolius,  Spartium  junceum,  Veronica.  officinaiis ,  Anarrhi- 
num  bellidifolium,  Châtaignier  (rare);  à  la  gorge  de  Verdus,  Châtaignier 
(peu  abondant  et  peu  vigoureux). 

lx°  Calcaire  du  lias  avec  filons  de  quartz. 
Montagnes  de  la  Fage,  entre  Sumèneet  Saint-Hippolyte  (Gard). 
Région  du  Châtaignier  ;  mais  cet  arbre  y  prospère  bien  moins  que  sur  les 
schistes.  En  général,  la  végétation  est  très  pauvre  sur  ce  terrain. 

5"  Calcaire  métamorphique  ancien,  renfermant  de  la  silice  dans  sa  tex- 
ture intime. 

Montagnes  de  Roquedur,  entre  le  Vigan,  Saint-Laurent-le-Minier  et 
Saint-Julien,  etc. 

Région  du  Châtaignier.  On  y  trouve  beaucoup  des  plantes  qui  accom- 
pagnent cet  arbre  :  Sarotliamnus  scoparius,  Digitalis  purpurea,  Teucrium 
Scorodonia,  Ornithopus  perpusillus,  Silène  Armoria,  etc. 

6°   Schistes  talqueux  (de  transition). 

Localités  nombreuses  de  la  région  des  Cévennes,  entre  Sumène  et  Saint- 
Martial,  entre  Sumène,  le  Vigan  et  Valleraugue,  etc. 

C'est  ici  la  vraie  station  du  Châtaignier  dont  les  fruits  forment,  avec  le 
Seigle,  l'aliment  principal  du  paysan  des  Cévennes. 

Plantes  caractéristiques  :  Castanea  vesca,  Sarotliamnus  scoparius,  Ade- 
nocarpus  cebennensis,  Teucrium  Scorodomia,  Anarrhinum  bellidifolium, 
Veronica  officinaiis,  Erica  cinerea,  Erica  arborea,  Cistus  salvifolius,  Cistus 
laurifolius,  Helianthemum  guttatum,  Jasione  montana,  Digitalis  purpurea, 
Silène  Armeria,  Dianthus  Armer ia,  etc. 

7°  Granits  de  texture  variée,  souvent  délités. 
Masse  centrale  et  culminante  des  hautes  Cévennes. 
L'Aigoual  (1508  mètres),  Colognac,  la  Rouvière,  etc. 

(1)  Voy.  Dunal,  Sur  l'influence  minéralogique  du  sol  {Mémoires  de  l'Académie 
des  sciences  de  Montpellier,  I8/18). 


SÉANCE    DU    22    DÉCEMBRE   185/j.  359 

Région  du  Châtaignier  dans  la  partie  basse,  du  Hêtre  dans  la  partie  liante, 
des  prairies  tourbeuses  dans  les  vallons  élevés,  des  pâturages  d'été  sur  les 
sommets  dénudés. 

Plantes  caractéristiques  :  dans  la  région  du  Châtaignier,  les  plantes  ci- 
avant  énumérées,  et  en  outre  le  Scleranthus  pérennisai  V Astrocarpus  sesa- 
moides;  dans  la  région  du  Hêtre  ou  un  peu  hors  de  ses  limites  :  Sarothamnus 
purgans,  Alchemilla  alpina,  Genista  sagittaiis,  Anthémis  montana,  Jasione 
perennis,  Trifolium  alpestre,  Phyteuma  hemisphœricum,  Saxifraga  Aizoon, 
Saxifraga  Prostii,  Sternb. ,  Arnica  montana,  Drosera  rotundifolia,  Arabis 
cebennensis,  etc. 

Une  étude  attentive  des  listes  de  plantes  qui  précèdent,  dans  leurs  rap- 
ports, d'une  part,  avec  les  altitudes,  d'autre  part,  avec  la  nature  du  sol, 
peut  donner  lieu  à  quelques  déductions  générales. 

D'abord  on  voit  certaines  plantes,  telles  que  le  Châtaignier,  le  Cistus 
salvifolius,  YErica  cinerea,  Y  Helianthemum  guttatum,  végéter  à  la  fois 
dans  la  zone  inférieure  et  dans  la  zone  moyenne,  à  la  seule  condition  d'y 
irouver  de  la  silice.  Ici  donc,  c'est  moins  le  climat  que  le  sol  dont  la  nature 
détermine  la  présence  de  ces  végétaux. 

D'autres  espèces,  telles  que  le  Lavandula  Stœchas,  le  Cistus  crispus,\e 
Cistus  Ledon,  le  Spartium  junceum,  paraissent  être  spéciales  aux  terrains 
siliceux  de  la  région  inférieure  ou  de  l'Olivier;  d'autres,  au  contraire,  telles 
que  !e  Sarothamnus  purgans,  le  Trifolium  alpestre,  le  Phyteuma  hemi- 
sphœricum, toujours  des  terrains  siliceux,  dans  les  Cévennes,  du  moins,  se 
maintiennent  dans  la  zone  du  Hêtre,  où  montent  beaucoup  des  espèces  de  la 
zone  du  Châtaignier. 

Une  recherche  intéressante  serait  de  constater  la  distribution  des  espèces 
d'un  même  genre  ou  d'un  même  groupe  (section  de  genre  ou  famille),  dans 
les  divers  terrains  de  la  région  étudiée.  Mais  pour  qu'un  pareil  travail  puisse 
s'étendre  avec  le  soin  et  la  précision  convenables  à  tous  les  genres  de  la 
fllore  de  ces  contrées,  il  faut  encore  de  longues  et  consciencieuses  études. 
M.  Dunal  en  possède  à  peu  près  tous  les  éléments  dans  sa  double  expérience 
de  botaniste  et  de  géologue,  surtout  pour  ce  qui  regarde  la  portion  médi- 
terranéenne ou  la  circonscription  de  Montpellier.  Quant  à  la  région  eében- 
nique,  j'espère  la  voir  explorée  au  point  de  vue  que  je  signale,  par  mes 
élèves,  MM.  Jules  de  Seyne,  Armand  Sabatier  et  Gustave  Planchon.  Ceci 
n'est  donc,  à  vrai  dire,  qu'un  programme  de  recherches,  le  tracé  d'un  plan, 
l'annonce  seule  du  travail  que  promet  à  la  science  l'intelligente  activité  de 
ces  jeunes  botanistes. 

.le  termine  cette  esquisse  par  le  tableau  de  distribution  sur  les  terrains 
spéciaux  de  quelques  formes  très  caractéristiques  des  deux  groupes  des 
Cistinees  et  des  Génistées. 


360  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

CISTINÉES. 
Helianthemum  vulgare.  .  |  Calcaire  (dans  la  région  étudiée). 

Cistus  monspeliensis.  .  .  j  Calcaire  et  silice   (abonde  dans  les  terrains  siliceux  de 

*  (      de  la  Corse). 

Cistus  Ledon  '    Ca'c;iHC  siliceilx  de  la  région  chaude  des  Oliviers. 

Cistus  salvifolius (Calcaire  siliceux  de  la  région  des  Oliviers.  Schiste  et 

Cistus  laurifolius j     granits  de  la  région  des  Châtaigniers. 

LÉGUMNEUSES-GÉNISTÉES. 

Genista  Scornius  (Calcaire    de    la    région   des  oliviers,   au-dessous  de 

'       (      300  mètres. 

Spart iumjunceum.  .  .  .  j  Caj5,aire  silice"x-    Parlie    chaude    de  la   région    des 
J  (     Oliviers,  au-dessous  de  100  mètres. 

Sarothamnus  scoparius.  .  (  Schistes,  granits,   calcaires  siliceux  de  la   région  du 
Adenocarpus  cebennensis.  {     Châtaignier  (200—  1000  mètres  environ). 

Sarothamnus  purgans.  .  j  Granits  et  scliisles    dans  les  limites  et  au-dessus  des 
r     y  (      limites  du  Châtaignier (900  — 1300  mètres  environ). 

Genista  sagittalis Prairies  à    fond  granitique    (1150  -  1300   mètres 

J  J      environ). 

M.  Brongniart  dit  qu'il  est  surpris  d'entendre  citer  V Helianthemum 
vulgare  comme  une  plante  des  terrains  calcaires.  Il  abonde  dans  la 
Sologne,  où  le  calcaire  manque,  et  croît  aux  environs  de  Paris  dans 
des  terrains  siliceux. 

M.  de  Schœnefel  dajoute  que  cette  plante  couvre  les  sables  du  bois 
de  Boulogne  et  de  la  plaine  du  Vésinet. 

M.  Chatin  fait  observer  que  dans  la  forêt  de  Fontainebleau  la  silice 
est  presque  partout  plus  ou  moins  mélangée  de  calcaire.  Il  ajoute 
qu'il  a  rencontré  généralement  les  Châtaigniers  dans  les  terrains  sili- 
ceux. Néanmoins,  dans  la  vallée  de  l'Isère,  sur  les  calcaires  néoco- 
miens  et  sur  la  craie,  ces  arbres  réussissent  assez  bien. 

M.  Puel  dit  que  dans  le  département  du  Lot,  où  legranit  est  con- 
tigu  au  calcaire  jurassique,  le  premier  de  ces  deux  terrains  est  con- 
stamment caractérisé  par  la  présence  du  Châtaignier,  et  le  second  par 
celle  du  Chêne  pédoncule,  et  que,  partout  où  les  collines  de  la  grande 
oolithe  présentent  à  leur  sommet  quelques  bouquets  de  Châtaigniers, 
on  est  sûr  de  rencontrer  un  terrain  de  transport,  de  nature  siliceuse. 

M.  Moquin-Tandon  ajoute  que  dans  la  Corse  il  a  toujours  vu  le 
Châtaignier  sur  les  terrains  siliceux.  La  Digitale  pourprée  est  à  son 
avis  aussi  une  espèce  exclusivement  propre  à  la  silice.  Cette  plante 
ne  pouvait  être  cultivée  dans  le  jardin  botanique  de  Toulouse,  et 


SÉANCE  DU  '2'2    DÉCEMBRE  1854.  361 

M.  Moquin-Tandon  réussit  à  l'y  faire  croître  dans  un  mélange  de 
schistes  décomposés  rapportés  des  Pyrénées,  des  environs  du  lacd'Oo. 

M.  Ménière  rapporte  que  les  magnifiques  Châtaigniers  du  Craonais 
(Maine-et-Loire)  croissent  sur  les  schistes  ardoisiers. 

31.  Chatin  fait  à  la  Société  la  communication  suivante  : 

SUR  L'ANATOMIE  DU   VALLISNERIA  SPIRALIS,  par  M.   AD.   CHATIN. 

Au  risque  de  matérialiser  quelque  peu  le  poétique  Vallisneria,  j'ai  com- 
pris dans  mes  études  anatomiques  cette  plante  submergée  et  dioique  qui  a 
été  si  souvent  chantée  en  de  beaux  vers.  Mes  observations  ont  porté  sur  les 
racines,  sur  la  tige,  sur  les  feuilles,  sur  les  stolones,  et,  je  u'ai  pas  besoin 
de  le  dire,  sur  les  pédoncules  ou  tiges  florales,  siège  des  admirables  phéno- 
mènes qui  se  produisent  vers  l'époque  fixée  pour  la  fécondation  [\). 

Racines.  —  Membrane  épidermoïdale  formée  par  un  seul  rang  de  cellules 
vides.  —  Parenchyme  lacuneux  à  cellules  de  la  partie  interne  contenant  de 
la  fécule.  Lacunes  généralement  grandes  et  assez  régulièrement  disposées. 

—  Système  ligneux  composé  d'un  seul  faisceau  central.  Fibres  ténues. 
Vaisseaux  nuls. 

Rhizome  ou  tige  foliifère.  —  Membrane  épidermoïdale  constituée  par  un 
seul  rang  de  cellules  vides.  —  Parenchyme  à  cellules,  même  celles  du  de- 
hors, remplies  de  fécule.  Lacunes  petites,  irrégulières,  toutes  périphériques. 

—  Système  fibreux  formé  de  faisceaux  irrégulièrement  groupés  dans  la 
partie  axile  et  entremêlés  de  tissus  parenchymateux.  Vaisseaux  nuls. 

Stolones.  —  Membrane  épidermoïdale  formée  par  un  rang  de  petites 
cellules.  —  Parenchyme  a  cellules  de  la  circonférence  vides,  les  moyennes 
et  les  intérieures  remplies  de  fécule.  Lacunes  disposées  à  peu  près  en  un  seul 

(1)  Ou  nous  saura  gré,  sans  doule,  de  remplacer  la  description  cpie  nous  pour- 
rions tracer  en  prose  par  celle,  presque  aussi  exacte  qu'elle  est  élégante,  donnée 
par  Castel  dans  son  Poème  des  plantes: 

Le  Rhône  impétueux,  dans  son  onde  écumante, 

Pendant  neuf  mois  entiers  nous  dérobe  une  [liante, 

Dont  la  tige  s'allonge  en  la  saison  d'amour, 

Monte  au-dessus  des  flots,  et  brille  aux  yeux  du  jour. 

Les  maies  jusqu'alors  dans  le  fond  immobiles, 

De  leurs  liens  trop  courts  brisent  les  nœuds  débiles, 

Voguent  vers  leur  amante,  et,  libres  dans  leurs  feux, 

Lui  forment  sur  le  fleuve  un  cortège  amoureux. 

On  dirait  d'une  fête  où  le  dieu  d'Hyménée 

Promène  sur  les  flots  sa  pompe  fortunée. 

Mais  les  temps  de  Vénus  une  fois  accomplis, 

La  tige  se  retire  en  rapprochant  ses  plis, 

Et  va  mûrir  sous  l'eau  sa  semence  féconde. 


362  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

rang  au-dessous  du  troisième  ou  du  deuxième  rang  des  cellules  du  paren- 
chyme, qui  tend  à  les  envahir,  en  même  temps  que  la  fécule  est  résorbée 
dans  les  organes  vieillis.  —  Système  fibreux  composé  de  trois  faisceaux 
assez  irréguliers  disposés  en  un  cercle  incomplet  (1).  Fibres  d'un  assez  grand 
diamètre  et  passant  successivement,  de  la  circonférence  au  centre  de  chacun 
des  faisceaux,  à  l'état  de  fibres-cellules  par  la  production  de  grains  de  fécule 
dans  leur  cavité.  Vaisseaux  nuls  (2). 

Pédoncule  des  fleurs  mâles.  —  Membrane  épidermoïdale  formée  par 
un  seul  rang  de  petites  cellules.  —  Parenchyme  à  cellules  pleines  de  fécule, 
les  plus  extérieures  exceptées  (3).  Lacunes  assez  grandes,  sur  un  rang.  — 
Système  fibreux  à  un  seul  faisceau  central.   Vaisseaux  nuls. 

Pédicelle  de  la  fleur  femelle.  —  Membrane  épidermoïdale  à  un  seul 
rang  de  petites  cellules  pareilles  à  celles  qui  forment  la  même  membrane, 
dans  le  pédoncule  des  fleurs  mâles.  —  Parenchyme  semblable  à  celui  du 
pédoncule  des  fleurs  mâles,  mais  plus  pauvre  en  fécule.  Lacunes  aussi  sur 
un  seul  rang.  —  Diaphragmes  perforés  très  rares  ou  distants.  —  Système 
fibreux  formé  :  l°par  un  gros  faisceau  central  répondant  au  faisceau  unique 
du  pédoncule  des  fleurs  mâles;  2°  par  un  petit  faisceau  excentrique  qui 
occupe  le  côté  concave  des  anneaux  de  la  spire  décrite  par  le  pédicelle.  A  sa 
base,  vers  le  point  où  il  se  sépare  du  Rhizome  et  à  son  sommet  sous  l'ovaire, 
le  pédicelle  a  son  petit  faisceau  excentrique  réuni  au  faisceau  central.  Fibres 
minces  à  diamètre  variable.  Vaisseaux  nuls. 

En  poursuivant  vers  l'ovaire  le  faisceau  formé  par  la  réunion  du  gros 
faisceau  axile  et  du  petit  faisceau  latéral  du  pédicelle  de  la  fleur  femelle,  on 
le  voit  prendre  une  forme  triangulaire  à  la  base  de  la  fleur  ou  de  l'ovaire 
infère,  puis  se  partager  en  trois  branches  qui  s'élèvent  dans  l'épaisseur  de 
la  paroi  parenchymateuse  de  celui-ci  (h).  La  figure  19  représente  un  cas 

(1)  Des  trois  faisceaux  formant,  dans  le  stolone,  un  cercle  ouvert;  l'un  répond 
au  milieu  de  la  feuille  à  l'aisselle  de  laquelle  est  le  stolone,  les  deux  autres  sont 
latéraux  ;  la  portion  ouverte  du  cercle  fibreux  est  tournée  vers  l'axe  de  la  tige, 
comme  cela  a  lieu  pour  les  pétioles  des  feuilles,  dans  lesquels  les  faisceaux  sont 
disposés  en  un  cercle  incomplet.  Nous  retrouverons  celte  organisation  dans  les  slo- 
lones  d'autres  plantes. 

(2)  J'ai  vu  une  seule  fois,  sur  l'un  des  pieds  de  Vallisneria  du  jardin  botanique 
du  Muséum,  une  petite  trachée  à  tours  distants. 

(3)  Le  nombre  des  cellules  vides  augmente  dans  les  pédoncules  vers  le  moment 
de  Panthèse. 

(4)  Contrairement  à  l'opinion  admise,  les  ovules  du  Vallisneria  (iig.  17, 18,  19) 
sont  droits  (orlholropes)  et  non  réfléchis  (anatropes).  La  coupe  longitudinale  delà 
piïmine  de  l'un  d'eux  très  grossie  (Iig.  19)  montre  celte  membrane  formée  par  un 
seul  rang  d'utricules  et  permet  de  reconnaître  la  même  structure  chez  la  secon- 
dine;  le  nucelle  est  de  couleur  jaunâtre  et  contient  des  granules  dont  l'iode  fonce 


SÉANCE    DU    22    DÉCEMBRE    185/l.  363 

tératologique  (1)  dans  lequel   le  faisceau  s'est  divisé  en  quatre  branches, 
auxquelles  est  subordonnée  une  fleur  tétramère  (2). 

Feuilles.  —  Faisceaux  fibreux  au  nombre  de  cinq  :  vaisseaux  nuls.  — 
Gaine  incolore,  fécuiifère.  —  Lame  à  rangée  extérieure  des  cellules  conte- 
nant de  la  chlorophylle  comme  le  reste  du  parenchyme.  —  Lacunes  assez 
régulières.  —  •  Diaphragmes  non  très  distants.  —  Poils  courts  et  roides  ou 
plutôt,  petites  dents  marginales  terminées  par  une  cellule  épaissie  et  un  peu 
crochue,  comme  dans  le  Caulinia  minor. 

Vallisneria  œthiopica,  Fenzl. 

Sur  cette  espèce  naine  qui  croit  au  Sennaar  et  fait  partie  des  riches  col- 
lections que  M.  Delessert  met  si  généreusement  à  la  disposition  des  bota- 
nistes, j'ai  pu  étendre  mes  observations  touchant  les  points  suivants  :  1°  ab- 
sence de  l'élément  vasculaire;  2°  existence  du  petit  faisceau  fibreux  sur 
l'un  des  côtés  du  faisceau  central  du  pédoncule,  replié  en  spirale,  de  la  fleur 
femelle.  —  J'ai  vu  les  mêmes  faits  sur  un  pied  de  Vallisneria  des  Philip- 
pines. {Collection  de  M.  F.  Delessert.) 

Remarques.  —  Le  Vallisneria  offre  trois  points  d'anatomie  dignes  d'in- 
térêt, savoir  : 

Absence  ordinairement  complète  de  vaisseaux  (3)  ; 

la  couleur  sans  les  bleuir  (granules  azotés).  On  reconnaît  aisément  que  les  ovules 
n'ayant  pas  été  fécondés  (nous  manquons  à  Paris  d'individus  mâles),  ont,  au  moment 
de  notre  observation,  la  seeondinc  et  le  nucelle  flasques  et  rétractés.  — J'ai  vu  rare- 
ment trois  placentas  doubles  caractérisés  par  une  légère  saillie  dans  la  cavité  ova- 
rienne et  plus  ou  moins  symétriquement  disposés  sur  les  côtés  de  chacun  des 
faisceaux  flbreux.  Le  plus  souvent,  aucun  relief  n'indique  les  lignes  placentaires,  et 
l'on  compte  entre  le  double  rang  d'ovules  placé  à  peu  près  sur  les  côtés  des  fais- 
ceaux un  grand  nombre  de  papilles  irrégulièrement  disposées,  qui  ne  sont  autre 
chose  que  des  ovules  rudimentaires,  dont  plusieurs  arrivent  à  un  développement 
complet. 

(1)  Les  figures  mentionnées  dans  cet  article  accompagneront  le  mémoire  que 
nous  nous  proposons  de  publier  bientôt  in  extenso. 

(2)  La  plupart  des  cellules  de  la  membrane  épidermoïdale  de  la  base  de  l'ovaire, 
et  quelques-unes  de  celles  du  parenchyme,  se  remplissent  d'un  liquide  rouge  que 
l'on  retrouve  aussi  à  la  base  du  pédicelle. 

(3)  Des  vaisseaux  ont  été  signalés  par  M.  Schultz,  qui  les  compare  à  ceux  de 
YHydrocharis,  les  dit  peu  nombreux  et  d'une  nature  particulière  telle  qu'ils  n'ab- 
sorbent pas  les  liquides  colorés.  VHydrocharis  m'a  cependant  présenté  de  grandes 
et  nombreuses  trachées  que  je  n'ai  point  retrouvées  dans  le  Vallisneria.  A  cet 
égard,  je  dois  peut-être  mentionner  que,  lorsqu'on  traite  les  tissus  par  une  longue 
macération,  suivant  la  méthode  générale,  pour  isoler  les  vaisseaux  du  latex,  on 
voit  les  cellules*  et  surtout  les  libres,  se  marquer  de  stries  transversales  qui  poui- 


364  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

Passage  des  libres  à  l'état  de  fibres-cellules; 

Existence  d'un  petit  faisceau  ou  d'une  petite  corde  fibreuse  latérale  et 
asymétrique,  qui  se  détache  du  faisceau  fibreux  axiledu  pédoncule  femelle 
à  l'extrême  base  de  celui-ci  et  se  confond  avec  lui  à  son  sommet.  L'existence 
tout  exceptionnelle  de  cette  corde  fibreuse  et  sa  position  dans  la  courbure, 
ou  la  partie  la  plus  courte  de  la  spirale  décrite  par  le  pédoncule,  portent  à 
admettre  qu'elle  joue  un  rôle  actif  dans  le  phénomène  de  la  formation  de  la 
spirale,  encore  bien  que  chez  d'autres  plantes  la  disposition  spiralée  des 
organes  (vrilles  des  Passiflorées  et  des  Légumineuses,  pédoncules  de  VEnha- 
lus  acoroides  et  du  Ruppia  spiralis?  (1)  etc.)  soit  produite  par  une  orga- 
nisation différente. 

Le  peu  d'épaisseur  des  fibres  est  aussi  une  condition  favorable  au  déploie- 
ment et  à  l'enroulement  de  la  spire  des  pédicelles. 

Guidé  par  les  observations  de  M.  le  professeur  Schleiden  sur  le  Lemna, 
j'ai  cherché,  mais  inutilement,  des  vaisseaux  dans  le  jeune  ovaire  du  Val' 
lisneria. 

M.  Moquin-Tandon  fait  observer  ta  M.  Cliatin  que  le  pédoncule  des 
fleurs  femelles  se  présente  successivement  dans  trois  états  différents, 
avant,  pendant  et  après  la  floraison.  Comment  la  disposition  du  cor- 
don qui  produit  l'allongement  de  la  hampe  peut-elle  en  amener  le 
retrait? 

M.  Cliatin  répond  qu'il  ne  se  rend  pas  encore  bien  compte  de  la 
cause  qui  amène  le  retrait  de  la  hampe.  Il  n'a  d'ailleurs  voulu  que 
présenter  les  faits  anatomiques  qu'il  a  observés,  sans  en  tirer  des  con- 
clusions absolues. 

M.  Trécul  dit  que  le  Vallisneria,  qui  n'avait  été  indiqué  jusqu'ici 
que  dans  l'eau  douce,  a  été  trouvé  par  lui  dans  la  haie  de  Bihoxi 
(golfe  de  Mexique)  en  des  états  divers,  suivant  la  profondeur  de  l'eau. 

raient  faire  prendre  celles-ci  pour  des  vaisseaux  annelés  ou  trachéens.  Le  même 
effet  est  produit  par  les  acides  et  par  la  potasse,  quand  on  ajoute  ces  substances 
pour  dissoudre  la  fécule.  A  un  autre  point  de  vue,  ces  stries,  comparables  à  celles 
que  Ton  voit  ou  que  l'on  peut  développer  sur  les  grains  d'amidon,  n'indiquent-elles 
pas  que  les  cellules  et  les  libres  (et  les  vaisseaux)  se  forment  par  couches  ou  assises? 
(1)  Je  me  plais  à  remercier  M.  le  docteur  R.  Cosson,  qui  a  appelé  mon  attention 
sur  la  spirale  décrite  par  les  pédoncules  du  Ruppia  spiralis,  et  a  mis  à  ma  dispo- 
sition des  échantillons  de  cette  plante,  ainsi  que  les  pieds  mâles  de  Vallisneria, 
faisant  partie  de  son  bel  herbier.  Je  remercie  aussi  MM.  les  professeurs,  Ch.  Main- 
tins, de  Montpellier,  Clos  et  Kilhol,  de  Toulouse,  pour  leur  empressement  à  m'en- 
voyer  des  Vallisneria.  —  Je  me  réserve  de  revoir,  sur  le  frais,  l'anatomie  du 
Ruppia  cl  du  Vallisneria  (Ilcurs  mâles). 


SÉANCE    DU    22    DÉCEMBRE    1  8 5 Zl .  365 

M.  Planchon  ajoute  qu'il  pense  que  la  plante  d'Amérique  est  iden- 
tique avec  celle  d'Europe.  Elle  se  trouve  aussi  dans  l'Inde,  où  elle  a 
été  indiquée  par  Roxburgh. 

MM.  Balansa  et  Groenland  l'ont  à  la  Société  la  communication 
suivante  : 

CONSIDÉRATIONS  SUP.  LA  STRUCTURE  DE  QUELQUES  ESPÈCES  DU  GENRE  HOLCUS, 
par  MM.  B.  BALWS.%  et  J.  «,6î«i  \l  t\Bt> 

M.  Groenland,  il  y  a  déjà  quelque  temps,  constatait,  à  la  base  du  pédi- 
cellequi  supporte  la  tleur  inférieure  de  YHolcus  lanatus,  un  petit  appendice 
recourbé  au  sommet,  et  superposé,  comme  cette  fleur,  à  la  glume  inférieure. 
Il  désira  se  rendre  compte  de  la  nature  de  cet  appendice,  et  il  voulut  bien, 
des  le  commencement  de  ses  études,  m'associer  à  ses  travaux.  Nos  recherches 
ne  tardèrent  pas  à  avoir  un  champ  plus  vaste  ;  de  nouveaux  faits  se  présen- 
tèrent à  nous,  et  peu  à  peu  nous  fûmes  amenés  à  étudier,  sous  tous  ses 
aspects,  la  structure  des  épillets  des  Holcus.  Ce  sont  les  résultats  obtenus 
par  nos  études  communes  que  je  viens  aujourd'hui  soumettre  à  la  Sociclé. 
Les  observations  que  nous  avons  faites  serviront  peut-être  à  jeter  quelque 
jour  sur  la  structure  de  quelques  fleurs  de  Graminées. 

On  avait  regardé  jusqu'à  présent  les  épillets  multiflores  des  Graminées 
comme  composés  de  fleurs  alternes  distiques  insérées  sur  un  axe  unique. 
Le  genre  Holcus  semble  contredire  cette  manière  de  voir.  Si  l'on  prend, 
en  effet,  un  epillet  d' Holcus  lanatus  dont  les  caryopses  soient  arrivés 
à  leur  maturité,  on  voit,  en  écartant  les  glumes,  le  pédicelle  coudé  et 
appendiculé  qui  supporte  la  tleur  inférieure  se  diviser  longitudinalement 
en  deux.  Celle  de  ces  divisions  qui  est  opposée  à  la  glume  supérieure  est  la 
plus  épaisse  et  la  plus  robuste;  elle  ne  porte  aucune  des  fleurs  de  l'épillet. 
La  seconde  de  ces  divisions,  celle  qui  regarde  la  glume  inférieure  et  qui  se 
prolonge  à  la  base  en  un  appendice,  est  au  contraire  flexible  et  d'une  très 
grande  ténuité.  Elle  est  surmontée  de  deux  floscules  qui,  par  leur  propre 
poids,  courbent  leur  grêle  filament,  et  contribuent  à  déchirer  jusqu'au 
sommet  l'appendice  dont  nous  avons  parlé. 

Dès  le  commencement  de  nos  études,  nous  voulûmes  nous  rendre  compte 
de  la  nature  de  cet  appendice.  Ce  ne  pouvait  être  une  fleur  avortée,  puisque 
la  fleur  inférieure  de  l'épillet  n'alternait  pas  avec  lui.  Les  études  microsco- 
piques que  nous  finies  à  son  sujet  ne  tardèrent  pas  a  nous  en  dévoiler  l'ori- 
gine. Il  n'était  forme  que  d'un  tissu  compose  de  cellules  allongées,  et  par 
son  insertion,  il  était  évident  que  ce  n'était  qu'une  excroissance  latérale, 
ou,  si  l'on  veut,  un  éperon  formé  par  l'axe  florifère. 

INous  eûmes  plus  de  peine  à  nous  rendre  compte  du  dédoublement  de 
l'axe.  Nous  n'aurions  jamais  pu,  peut-être,  trouver  une  explication  satis- 

t.  i.  ^ 


366  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE    DE   FRANCE. 

faisante  de  ce  phénomène,  si  nous  n'avions  étudié  l'organisation  de  VHolcus 
setiger. 

VHolcus  setiger  est  une  plante  du  cap  de  Bonne-Espérance,  réunie  ré- 
cemment par  M.  Steudel,  mais  bien  a  tort,  à  VHolcus  annuus.  C'est  un  nouvel 
exemple  qui  prouve  que  deux  espèces  peuvent  avoir  un  port,  un  faciès 
presque  identiques,  et  cependant  présenter  dans  leur  structure  intime  des 
différences  telles  qu'on  puisse  les  ranger  dans  deux  genres  différents.  Cet 
Holcus  setiger  a,  comme  VHolcus  lanatus,  mais  d'une  manière  moins  appa- 
rente, la  fleur  hermaphrodite  de  ses  épillets  supportée  par  un  axeappendi- 
culé  à  la  base,  et  se  dédoublant  a  la  maturité  des  caryopses  ;  mais  la  division 
opposée  à  la  glume  supérieure,  au  lieu  d'être  nue,  comme  dans  VHolcus 
lanatus,  porte  à  son  sommet  une  fleur  mâle  dont  la  glumelle  inférieure  est 
bicarénée  et  regarde  la  glume  supérieure,  de  sorte  que  dans  le  même  épillet 
on  a  deux  fleurs  naissant  presque  au  même  niveau  et  ayant  toutes  deux  les 
mêmes  rapports  avec  la  glume  inférieure. 

Pour  expliquer  le  diagramme  de  cet  épillet,  il  faut  admettre  que  laglume 
supérieure  de  cet  Holcus  a  émis  à  sa  base  un  axe  secondaire  terminé  par  une 
Heur  mâle,  et  soudé  plus  ou  moins  intimement  avec  l'axe  primaire.  Cette  ma- 
nière de  voir  nous  parait  seule  expliquer  le  diagramme  de  Y  Holcus  setiger, 
car  elle  est  en  tout  conforme  a  la  loi  qui  règle  la  disposition  des  feuilles  sur 
la  tige  des  Graminées. 

Supposons,  eu  effet,  que  de  l'aisselle  d'une  feuille  de  Gramiuée  parte  un 
axe  secondaire.  La  première  feuille  qui  naîtra  sur  cet  axe  sera  tournée  du 
même  côté  que  la  feuille  qui,  sur  l'axe  principal,  alterne,  en  lui  étant 
superposée,  avec  la  feuille  de  l'aisselle  de  laquelle  est  né  cet  axe  secon- 
daire lui-même.  Nous  voyons  que  dans  ce  cas,  il  y  a  la  plus  grande  analogie 
avec  ce  qui  se  passe  dans  V Holcus  setiger.  L'axe  secondaire  est  la  division 
qui  supporte  la  fleur  mâle;  la  glumelle  inférieure  de  cette  fleur  représente 
la  préfeuille;  elle  regarde  la  feuille-mère  du  rameau  (la  glume  supérieure), 
et  tourne  par  conséquent  sou  dos  a  l'axe  principal  de  l'épillet. 

Si,  dans  V Holcus  setiger,  on  est  forcément  amené  à  considérer  le  pédicelle 
qui  supporte  les  deux  fleurs  inférieures  de  l'épillet  comme  formé  de  la  réunion 
et  de  la  soudure  de  l'axe  primaire  et  d'un  axe  secondaire,  par  la  même  raison, 
il  faut  considérer  le  pédicelle  de  la  fleur  inférieure  de  V Holcus  lanatus,  de 
VHolcus  annuus,  et  d'autres  espèces  du  même  genre,  comme  composé  de 
deux  axes  ;  seulement  la  fleur  mâle,  qui  devrait  se  trouver  au  sommet  de 
l'axe  secondaire,  aurait  avorté.  On  croirait  eu  effet  difficilement  que  les 
fleurs  d'espèces  aussi  voisines  que  VHolcus  setiger  et  V Holcus  annuus  aient 
été  formées  sur  deux  types  différents. 

C'est  la  première  fois  que,  dans  les  d'aminées,  on  observe  un  axe  secon- 
daire partant  de  l'aisselle  de  la  glume  supérieure. 

Cette  observation  peut  être  riche  en  résultats;  elle  servira  sans  doute  à 


SÉANCE    DU    22    DÉCEMBRE    185/j.  367 

expliquer  de  nombreux   diagrammes  anormaux  observés  dans  les  Grami- 
nées, surtout  dans  les  tribus  des  Andropogohées  et  des  RottbffilHoeées. 

li  est  bon  de  remarquer  que,  dans  la  Heur  mâle  de  Y Holcûs  sodger,  la 
préfeuille  est  réprésentée  par  la  glumelle  inférieure,  au  lieu  de  l'être,  comme 
dans  presque  toutes  les  fleurs  des  Graminées,  par  la  glumelle  supérieure. 
Cette  préfeuille  ou  glumelle  inférieure  est  bicarénée,  par  la  pression  sans 
doute  que  l'axe  de  la  fleur  hermaphrodite  a  exercée  sur  elle,  pression  ana- 
logue à  celle  qui  rend  si  méconnaissable  la  glumelle  supérieure  de  la  fleur 
des  Graminées,  ce  qui  a  fait  dire  à  plusieurs  organographes  q  l'elle  était 
formée  de  la  soudure  de  deux  feuilles,  opinion  en  désaccord  avec  la  phyliti- 
taxie  de  ces  plantes  et  l'analogie  existant  entre  la  structure  des  épillets  et 
celle  des  rameaux  (1). 

M.  Planchon  fait  observer  que  chez  les  Marantacées,  notamment 
dans  le  genre  Calathea,  les  bractées  présentent  la  môme  structure  et 
les  mêmes  nervures  que  chez  les  Graminées. 

M.  Ménièré  fait  à  la  Société  la  communication  suivante  : 

NOTE  SUR  LA  FÉCONDATION  DES  ORCHIDÉES,  par  M.   9IÉXIKRE. 

Dans  la  séance  du  1k  novembre  1854  (voy.  le  Bulletin,  page  285), 
M.  Bâillon,  membre  de  la  Société,  a  communiqué  à  l'assemblée  quelques 
observations  relatives  au  mode  de  fécondation  du  Catasetum  luridwn,  l.indl. 
D'après  M.  Bâillon,  il  aurait  constaté  le  phénomène  suivant  : 

Par  suite  de  la  position  du  labelle  à  l'égard  du  pynostème,  le  rétinacle 
se  détachant  tout  à  coup  du  sommet  de  la  cavité  du  stigmate,  irait,  en  vertu 
du  ressort  du  caudieule  recourbé,  s'attacher  au  labelle  en  entraînant  avec 
lui  les  deux  masses  polliniques.  Ainsi  placé,  cet  appareil  se  trouverait  dans 
des  conditions  telles,  que  ces  masses  en  contact  avec  le  stigmate,  opéreraient 
la  fécondation. 

M.  Bâillon  a  constaté  dans  cette  espèce  un  fait  qu'il  n'entend  pas  géné- 
raliser ;  il  pense  que  les  mêmes  fonctions  peuvent  s'accomplir  d'une  manière 
différente,  que  la  nature  multiplie  les  moyens  d'arriver  a  un  même  résultat, 
la  propagation  de  l'espèce. 

J'ai  examiné  avec  soin  le  Cataselum  luridum,  ainsi  que  plusieurs  autres, 
et  tout  récemment  encore,  le  semiapertum,  sans  pouvoir  reconnaître   la 

(1)  Pendant  que  cet  article  était  sous  presse,  M.  Groenland  a  eu  l'occasion  d'exa- 
miner plusieurs  échantillons  (FÈôtëus  setigèr  envoyés  de  Hambourg  par  M.  le 
docteur  Sonder.  Il  compte  communiquer  à  la  Société,  dans  une  prochaine  séance, 
le  résultat  de  ses  observations,  d'après  lesquelles  la  fleur  mâle  supplémentaire, 
dont  la  présence  a  été  constatée  sur  quelques  échantillons  d'Holcus  sétiger,  ne 
serait  qu'une  anomalie. 


368  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

possibilité  du  fait  indiqué  par  M.  Bâillon.  Il  m'a  semblé  impossible  d'éta- 
blir un  rapport  exact  entre  la  longueur  ordinaire  de  l'appareil  génital  mâle 
de  cette  Orchidée  et  la  distance  qui  sépare  le  labelle  de  l'organe  femelle. 
L'écartement  qui  existe  entre  ces  deux  parties  essentielles  n'est  pas  propor- 
tionnel à  la  longueur  des  pollinia,  du  caudicule  qui  les  porte  et  du  réti- 
nacle  qui  termine  celui-ci. 

Il  m'a  semblé,  d'ailleurs,  que  l'appareil  génital  mâle  ne  se  comportait  pas 
comme  l'indique  M.  Bâillon.  Tout  le  monde  sait  que  les  Catasetum  présentent 
ce  phénomène  particulier  de  lancer,  quand  on  les  touche,  leurs  masses  pol- 
I iniques  avec  leurs  appendices,  à  une  distance  quelquefois  très  considérable, 
par  exemple,  un  mètre  et  même  davantage.  Or,  comment  se  fait  cette  sépa- 
ration si  brusque,  en  vertu  de  quoi  ces  organes  sont-ils  ainsi  projetés  tout  a 
coup  et  vont-ils  adhérer  aux  corps  voisins?  Quand  on  étudie  la  disposition 
de  cet  appareil  singulier,  on  remarque  que  les  pollinia  très  allongés,  sont 
couchés  dans  l'espèce  de  cavité  superficielle  qui  termine  le  gynostème,  ce 
que  Cl.  Richard  appelle  le  clinandre.  Ces  masse  sfécondantes  sont  recouvertes 
par  un  opercule  très  grand,  et  dont  le  sommet  se  prolonge  presque  jusqu'à 
l'extrémité  de  l'apophyse  qui  termine  le  gynostème.  Cet  opercule  est  faci- 
lement déhiscent  ;  il  suffit  de  toucher  la  fleur,  de  la  comprimer  un  peu  pour 
que  ce  corps  se  détache  des  points  avec  lesquels  il  est  en  contact,  et  dès 
lois  les  masses  polliniques  sont  libres.  Voici  alors  ce  qui  se  passe  : 

Les  deux  pollinia  sont  attachés  à  un  caudicule  commun,  sorte  de  lame 
épaisse,  formée  d'un  tissu  éminemment  élastique,  de  couleur  brune  plombée; 
ce  corps  est  recourbé  sur  le  bord  supérieur  du  stigmate,  et  le  rétinacle  qui 
termine  son  extrémité  libre,  vient  s'attacher  à  la  partie  supérieure  de  la  ca- 
vité constituant  le  siège  de  la  fécondation.  I!  y  a  la,  comme  on  le  voit,  une 
disposition  très  remarquable,  assez  rare  parmi  les  Orchidées,  et  qui  en- 
traine, comme  conséquence,  le  fait  suivant  : 

Quand,  par  le  décollement  de  l'opercule,  les  pollinia  sont  abandonnés  à 
eux-mêmes,  l'élasticité  du  caudicule  est  mise  enjeu;  le  plus  souvent,  cette 
action  est  si  énergique,  que  tout  l'appareil  détaché,  violemment,  s'élance  au 
loin.  Les  pollinia  et  le  rétinacle  sont  arrachés  et  lancés  contre  les  corps  voi- 
sins auxquels  ils  adhèrent  fortement,  car  le  rétinacle,  enduit  d'une  matière 
blanche  très  visqueuse,  se  colle  à  tout  ce  qu'il  touche,  et  si  bien  qu'on  a  de 
la  peine  à  l'en  séparer,  même  quand  cette  adhérence  existe  entre  ce  corps 
et  une  surface  lisse,  comme  l'ongle. 

Ce  phénomène  a  été  observé  par  tous  ceux  qui  s'occupent  d'Orchidées  ; 
il  a  pu  arriver  que  cet  appareil  ainsi  lancé,  se  soit  attaché  au  labelle,  mais 
doit-on  considérer  ce  fait  comme  normal,  et  l'observateur  qui  l'a  constaté 
a-t-il  véritablement  découvert  un  des  procédés  à  l'aide  desquels  la  nature 
produit  la  fécondation  de  cette  Orchidée?  En  cherchant  à  vérifier  cette  opi- 
nion, j'ai  place  l'appareil  génital  mâle  dans  les  conditions  les  plus  favora- 


SÉANCE    DU    22    DÉCEMBRE    1S5ZI.  369 

blés  à  ce  résultat,  et  jamais  je  n'ai  remarqué  qu'il  y  eût  contact  entre  les 
pollinia  et  le  stigmate. 

J'ai  vu  autre  chose,  et  voici  ce  que  j'ai  vu.  Dans  quelques  cas  où  la  dé- 
hiscence  de  l'opercule  s'était  opérée  spontanément,  j'ai  trouvé  que  le  réti- 
nacle  avait  conservé  sa  position,  que  l'élasticité  du  caudicule  avait  entraîné 
les  masses  polliniques  vers  son  point  d'attache,  et  que  ces  organes  se  trou- 
vaient ainsi  très  rapprochés  du  stigmate.  J'ai  cru  que  le  caudicule  doue 
d'une  élasticité  considérable  pouvait,  en  vertu  de  cette  rétraction  progres- 
sive, amener  les  pollinia  dans  la  cavité  même  de  l'organe  femelle,  et  pro- 
duire ainsi  la  fécondation.  Ce  fait,  que  j'ai  rencontré  plusieurs  fois,  m'a 
paru  le  vrai  moyen  de  rapprochement  entre  les  deux  appareils  génitaux  du 
Catasetum,  et  j'ai  cru  être  arrivé  au  but.  Mais  voyons  si  je  ne  me  suis  pas 
trompé. 

Adoptant  l'idée  si  juste  de  la  multiplicité  des  moyens  destinés  à  l'accom- 
plissement d'un  phénomène  unique,  j'ai  bien  vu  qu'à  la  rigueur,  le  fait  con- 
staté dans  le  genre  Catasetum  pouvait  suffire  pour  expliquer  la  fécondation  ; 
mais  trouve-t-on  dans  les  autres  Orchidées,  des  faits  analogues,  des  disposi- 
tions capables  de  justifier  cette  manière  de  voir?  Car,  si,  comme  on  le  dit, 
la  nature  ne  fait  pas  de  sauts,  s'il  y  a  toujours  une  série  de  faits  intermé- 
diaires pour  combler  les  lacunes  trop  grandes,  il  faudrait  que  l'observation 
vint  appuyer  ces  résultats,  qui  diffèrent  tant  de  ce  que  l'on  observe  dans  la 
famille  si  naturelle  des  Orchidées. 

lit  d'abord  que  dit-on  en  général  du  mode  de  fécondation  des  Orchidées? 
J'ai  sous  les  yeux,  sous  la  main,  lacollection  importante  du  Jardin  botanique 
de  la  Faculté  de  médecine,  et  là,  grâce  à  la  bienveillance  de  M.  le  professeur 
Moquin-Tandon,grâceau  concours  empressé  de  deux  excellents  jardiniers, 
MM.  Baptiste  et  Auguste,  tous  deux  habitués  a  la  culture  des  Orchidées 
exotiques  depuis  dix-huit  ans,  j'ai  pu  voir,  étudier,  dessiner  un  grand 
nombre  de  ces  belles  plantes  en  fleur.  Lejardindu  Muséum  avec  ses  nouvelles 
serres,  s'est  enrichi,  depuis  peu  de  temps  il  est  vrai,  d'une  collection  d'Or- 
chidées qui  s'accroit  chaque  jour,  et  là  encore  j'ai  trouvé  toutes  les  facilités 
désirables  pour  recueillir  des  observations  concluantes.  De  riches  amateurs, 
comme  M.  Pescatore,  M.  Guibert,  ouvrent  leurs  serres  à  qui  veut  les  vi- 
siter; des  horticulteurs  de  profession,  comme  MM.  Thibaut  et  Ketleer, 
M.  Chantin,ne  se  montrent  pas  moins  libéraux  à  l'égard  de  ceux  qui,  comme 
moi,  étudient  les  plantes  que  ceux-ci  font  venir  à  grands  frais  de  la  Belgique 
et  de  l'Angleterre. 

Il  n'est  aucune  des  personnes  que  je  viens  de  désigner  qui  n'ait  été  in- 
terrogée par  moi,  à  l'effet  de  savoir  comment  s'opère  la  fécondation  des 
Orchidées,  et  toutes  m'ont  répondu  que  jamais  les  ovaires  ne  se  développent 
après  l'anthèse,  à  moins  qu'on  n'ait  introduit  artificiellement  dans  le  stig- 
mate la  matière  pollinique.  De  sorte  que  j'ai  dû  en  conclure  que  la  féconda- 


370  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

tion  de  ces  plantes  ne  se  faisait  pas  spontanément:,  n'arrivait  pas  sans  l'in- 
tervention de  quelque  agent  extérieur.  Toutes  les  fois  que  l'on  a  vu  un 
ovaire  grossir,  si  des  recherches  suffisantes  ont  été  faites,  il  a  été  constaté 
que  quelque  personne  avait  opéré  le  rapprochement  nécessaire,  ou  bien  que 
quelque  insecte  avait  été  vu  se  transportant  d'une  Heur  a  l'autre,  et  par 
conséquent  était  devenu  la  cause  directe  du  phénomène. 

Ainsi,  l'observation  la  plus  attentive  prouve  que  dans  une  famille  natu- 
relle très  riche  en  genres  et  en  espèces,  la  fécondation  des  ovules  ne  s'opère 
pas  de  la  manière  habituelle,  le  pollen  ne  pouvant  arriver  a  se  trouver  en 
contact  avec  le  stigmate.  C'est  la  un  (ait  considérable  dans  la  physiologie 
végétale,  mais  qui  diminue  d'importance  en  raison  des  moyens  succédanés 
dont  use  la  nature  pour  arriver  à  ses  tins.  Les  Orchidées  se  reproduisent  par 
d'autres  procèdes,  les  racines,  les  souches  traçantes,  les  pseudo-bulbes  des 
tiges,  les  appendices  qui  se  développent  avec  un  si  grand  luxe  sur  toutes 
les  parties  du  végétal,  assurent  surabondamment  la  propagation  de  l'espèce, 
en  multipliant  les  individus.  La  fécondation  des  ovaires  est  moins  utile,  et 
cependant  celle-ci  arrive  fréquemment,  ainsi  qu'on  peut  le  voir  sur  nos 
espèces  indigènes. 

Mais  quelle  est  la  cause  la  plus  ordinaire  de  cette  fécondatiou  directe?  Il 
parait  que  certains  insectes  qui  sucent  la  matière  sucrée  que  sécrètent  les 
stigmates,  sont  le  moyen  de  transport  du  pollen  qui  repose  sur  le  clinandre 
jusqu'au  stigmate;  ce  fait  a  été  constaté  plusieurs  fois  avec  une  précision 
qui  ne  laisse  rien  à  désirer.  Des  observateurs,  dont  personne  ne  peut  sus- 
pecter la  bonne  foi,  ont  vu  s'effectuer  ce  transport  des  pollinia,  on  a  saisi 
des  abeilles  et  d'autres  insectes  sur  la  tète  desquels  adhéraient  des  masses 
polliniques  et  qui,  promenant  ces  masses  d'une  fleur  à  l'autre,  devenaient 
ainsi  l'agent  direct  d'une  fécondation  efficace.  Ce  fait  a  été  observé,  il  y  a 
déjà  longtemps,  il  a  été  publié  dans  différents  recueils,  de  sorte  que  la  chose, 
est  acquise,  et  si  bien,  que.  M.  Ad.  Brongniart  n'hésite  pas  à  la  regarder 
comme  normale.  Suivant  ce  professeur,  ce  mode  de  fécondation  doit  être 
considéré,  comme  spontané:  c'est  là  le  moyen  ordinaire  que  la  nature  em- 
ploie pour  féconder  les  ovules  des  Orchidées. 

Le  premier  volume  des  Annales  de  la  Société  linnéenne  d'Angers  contient, 
page  101,  une  note  intéressante  de  M.  le  docteur  Guépin  (1)  sur  des  faits 

(1)  f)ans  le  courant  de  janvier  1855,  j'ai  vu  à  Angers,  dans  le  cabinet  de  cet 
honorable  maître,  un  certain  nombre  d'abeilles  (recueillies  par  M.  Courtillier,  de 
Saumur)  dont  la  tête  était  chargée  de  ces  masses  polliniques  fortement  adhérentes, 
et  donnant  à  ces  insectes  une  physionomie  très  singulière.  J'ajoute  que  plusieurs 
apiculteurs  ont  remarqué  pareil  phénomène,  et  que,  par  exemple,  un  de  ceux-ci, 
voisin  du  jardin  de  la  Faculté,  s'est  plaint  de  ce  que  les  abeilles,  revenant  de  butiner 
chez  nous,  avaient  la  tète  chargée  de  ces  corps  jaunes,  dont  elles  ne  pouvaient  se 
débarrasser. 


SÉANCE  DU  22  DÉCEMBRE  1  8 5 /| .  371 

analogues.  Ce  savant  botaniste  psnse  même  que  l'intervention  habituelle  des 
insectes  dans  ce  phénomène  de  fécondation  des  Orchidées,  est  la  cause  réelle 
de  certaines  hybridations  observées  clans  cette  famille.  Je  sais  que  M.  Neu- 
mann  fils  a  tenté  au  jardin  du  Muséum  des  croisements  de  ce  genre:  il  a 
fécondé  certaines  espèces  avec  le  pollen  d'espèces  voisines,  surtout  dans  le 
genre  Cattleya,  mais  je  ne  connais  pas  les  résultats  obtenus. 

Quoi  qu'il  en  soit,  le  mode  de  fécondation  des  Orchidées  offre  cette  parti- 
cularité remarquable,  que  les  niasses  polliniques  ne  peuvent  se  trouver 
spontanément  en  contact,  avec  le  stigmate  et,  par  conséquent,  que  sans 
l'intervention  d'un  agent  extérieur,  leurs  ovules  restent  stériles.  J'ai  étudié  la 
position  des  pollinia  dans  un  grand  nombre  d'Orchidées  à  toutes  les  phases 
du  développement  de  la  fleur,  j'ai  vu  très  souvent  que  le  caudicule  était  élas- 
tique, que  les  pollinia  étaient  enlevés  au  clinandre  lorsque  l'opercule  se  dé- 
tachait spontanément  on  accidentellement,  mais  que  ce  changement  de  po- 
sition ne  mettait  jamais  en  rapport  les  deux  appareils  sexuels  de  la  fleur. 
Dans  le  genre  Oncidium,  cette  élasticité  du  caudicule  est  très  apparente, 
mais  l'appareil  reste  vertical  sur  le  rostellum  qui  termine  en  avant  le  cli- 
nandre, et  tout  contact  entre  les  deux  appareils  est  impossible.  A  plus  forte 
raison  ce  rapprochement  ne  peut-il  s'effectuer  dans  les  Malaxidées,  là  où 
l'absence  de  caudicule  est  un  obstacle  invincible.  Dans  les  Neottiees  qui  ont 
l'anthère  dorsale,  dans  les  Cypripédiées  qui  l'ont  latérale,  il  n'y  a  aucun  rap- 
port possible  entre  celle-ci  et  le  stigmate  qui  est  supérieur  aux  anthères  dans 
ce  dernier  genre,  et  beaucoup  au-dessous  d'elles  dans  quelques  autres  espèces. 
La  consistance  pulvérulente  du  pollen  dans  les  Ophrydées  et  les  Aréthusées 
serait  une  condition  favorable  à  la  fécondation  ordinaire,  c'est-à-dire  à  la 
dispersion  de  cette  matière  prolifique  et  à  son  transport  sur  le  stigmate  par 
l'air  agité,  mais  il  faudrait  pour  cela  que  les  enveloppes  de  cette  poussière 
se  rompissent  comme  cela  se  voit  dans  tant  d'autres  familles.  Or  l'observa- 
tion directe  et  attentive  n'a  jamais  constaté  ce  mode  de  fécondation,  personne 
n'en  a  vu  la  preuve,  on  peut  donc  admettre  qu'elle  ne  s'effectue  pas  ainsi. 
Quand  au  contraire  le  pollen  est  gras,  comme  la  cire,  ainsi  que  cela  se  ren- 
contre dans  les  Epidendrées  et  les  Vandées,  il  est  évident  que  nos  précé- 
dentes remarques  s'appliquent  rigoureusement  à  ces  plantes  et  que  la  fécon- 
dation ne  peut  arriver  que  grâce  a  l'intervention  des  causes  extérieures, 
matérielles,  mécaniques,  telles  que  nous  les  avons  indiquées. 

M.  Moquin-Tandon  rapporte  qu'il  a  examiné  deux  Catasetum. 
L'explication  présentée  par  M.  Bâillon  dans  l'avant- dernière  séance 
lui  paraît  difficile  à  admettre,  car  il  a  vu  le  rétinacle  adhérent,  et  la 
courbure  du  caudicule  en  sens  opposé  à  celui  qu'a  indiqué  M.  Bâillon. 

M.  Trécul  dit  avoir  constaté  les  mêmes  faits. 


372  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

M.  Planchon  ajoute  que  le  chef  de  culture  de  M.  Van-Houte  lui  a 
dit  avoir  l'ait  grossir  des  ovaires  d'Orchidées,  en  appliquant  sur  le 
stigmate  soit  le  pollen  d'une  autre  espèce,  soit  même  un  corps  étran- 
ger quelconque. 

M.  Brongniart  fait  ohserver  que  M.  Neumann  fils  a  obtenu  dans 
les  serres  du  3Iuséum  des  germinations  d'Orchidées,  notamment  de 
YÂnsellia  africana.  Plusieurs  espèces  ont  également  germé.  La  fécon- 
dation des  Orchidées  a  lieu  souvent  spontanément  dans  les  serres, 
en  particulier  chez  les  genres  Neottia,  Spiranthes,  Malaxis,  etc. 

M.  Ménière  a  pu  constater  tout  récemment,  sur  le  Zygopetalum 
Mackaii,  que  les  caudicules  des  pollinia  sont  tellement  élastiques, 
qu'en  saisissant  ces  masses  avec  une  pince,  on  peut  les  porter  jusque 
dans  la  cavité  du  stigmate,  sans  que  le  rétinacle  abandonne  la  partie 
antérieure  du  clinandre  où  il  adhère.  Dès  le  lendemain  de  ce  contact 
des  pollinia,  on  voit  l'espèce  de  collerette  qui  entoure  le  clinandre 
se  replier  en  dedans,  et  dès  lors  l'ovaire  fécondé  imprime  à  la  fleur 
un  caractère  de  flétrissure  qui  ne  laisse  pas  de  doute  sur  le  succès 
de  l'opération. 

Trois  communications  écrites ,  adressées  au  secrétariat  par 
MM.  Clos,  Ch.  Martins  et  E.  Robert,  sont,  vu  l'heure  avancée, 
ajournées  à  la  prochaine  séance. 


Le  8  novembre  dernier,  MM.  Brongniarl  et  Decaisne  ont  lu  à  la 
Société  impériale  et  centrale  d'Agriculture  deux  notices  biogra- 
phiques sur  MM.  A.  Richard  et  A.  de  Jussieu.  La  Société.  Botanique 
de  France  a  pensé  qu'il  lui  appartenait  de  s'associer  à  cet  hommage 
rendu  à  la  mémoire  de  deux  hommes  illustres  qui  ont  su  ajouter  un 
nouvel  éclat  à  des  noms  déjà  glorieux,  et,  par  un  vote  unanime, 
elle  a  décidé  que  les  éloges  de  MM.  A.  Richard  et  A.  de  Jussieu 
seraient  reproduits  en  entier  dans  son  Bulletin. 


NOTICE  HISTORIQUE  SUR  M.   ACHILLE  RICHARD, 

Par  M.  ADOLPHE  BRONGNIART. 

Les  hommes  qui  se  consacrent  aux  sciences  se  proposent  presque  tou- 
jours, dans  la  carrière  qu'ils  parcourent,  deux  buts  différents  :  étendre  la 
science  et  approfondir  ses  mystères  par  des  recherches  nouvelles;  la  pro- 
pager par  l'enseignement  et  par  les  publications  générales  qui  s'y  rap- 
portent. 

Dans  les  siècles  précédents,  ces  deux  voies  furent  souvent  parcourues 
d'une  manière  distincte.  Grew,  Duhamel,  Bonnet,  Réaumur,  de  Saussure, 
Ruffon,  qui  firent  faire  de  si  grands  pas  aux  diverses  branches  des  sciences 
naturelles,  restèrent  étrangers  à  l'enseignement. 

D'autres,  qui  brillèrent  par  un  enseignement  plein  d'éclat,  laissèrent  un 
nom  moins  connu,  parce  qu'il  ne  nous  est  pas  transmis  par  ces  preuves 
écrites  qui  passent  à  la  postérité  et  perpétuent  le  souvenir  du  talent  de 
leurs  auteurs,  semblables  a  ces  acteurs  éminents,  à  ces  avocats  brillants  qui 
firent  l'admiration  de  leurs  contemporains  et  que  nous  ue  pouvons  juger 
que  sur  le  témoignage  d'autrui. 

Peu  d'hommes  ont  réuni  ces  deux  qualités  à  un  titre  éminent,  ont  attiré 
la  foule  par  l'éclat  de  leur  enseignement  et  sont  passés  à  la  postérité  par  des 
découvertes  remarquables  ;  ce  partage  est  surtout  fréquent  pendant  le  xvne 
et  le  xvme  siècle,  où  les  plus  importantes  découvertes  sont  dues  à  des 
savants  étrangers  à  l'enseignement,  et  que  rien  ne  détournait  de  leurs  in- 
vestigations. 

Depuis  un  demi-siècle,  en  France  surtout,  cette  double  direction  des 
travaux  de  recherches  et  de  l'enseignement  a  presque  toujours  été  suivie 
par  les  mêmes  hommes.  Quelques-uns  ont  acquis  une  brillante  réputation 


17/j  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

sous  ces  deux  rapports,  mais  ce  sont  des  exceptions  ;  et  la  science  a-t-elle 
généralement  recueilli  un  véritable  profit  de  cette  obligation  ,  pour  les 
savants,  de  parcourir  ainsi  deux  voies  différentes?  C'est  une  question  qu'il 
serait  trop  long  d'approfondir  ici.  Bornons-nous  à  constater  que  la  science 
est  devenue,  pour  presque  tous  les  hommes  qui  la  cultivent,  une  carrière 
dont  le  professorat  est  à  peu  près  la  seule  rémunération  ;  que  notre  état 
social,  en  réduisant  le  nombre  des  hommes  qui  peuvent  se  livrer,  sans  préoc- 
cupa! ion  de  leur  avenir,  aux  travaux  de  l'intelligence,  a  fait  presque  dispa- 
raître cette  classe  de  savants  qui  pouvaient  consacrer  tous  leurs  moments  à 
l'avancement  de  la  science. 

En  France,  les  Réaumur,  les  Duhamel,  les  Buffon,  les  Lavoisier  ont 
presque  disparu,  ou  du  moins  les  hommes  de  loisir  se  livrant  avec  passion 
et  avec  profondeur,  d'une  manière  exclusive  et  avec  cette  indépendance 
que  donne  la  fortune,  à  l'étude  des  sciences,  sont  actuellement  des  exceptions 
bien  rares. 

Presque  tous  les  savants  de  notre  époque  doivent  donc  réunir,  quoique 
d'une  manière  souvent  inégale,  la  qualité  de  professeur  et  celle  d'investiga- 
teur; ils  doivent  partager  leur  temps  et  leurs  études  entre  l'enseignement  et 
les  travaux  de  recherche,  et,  si  plusieurs  ont  su  allier  à  un  haut  degré  ces 
deux  genres  de  talent,  chez  plusieurs  l'une  des  deux  qualités  est  devenue 
prépondérante  et  a  surtout  contribué  à  leur  réputation. 

Le  savant  confrère  dont  nous  avons  à  vous  entretenir  aujourd'hui  avait 
su  reunir,  a  un  égal  degré,  ces  deux  qualités  :  excellent  professeur,  il  savait 
captiver  un  nombreux  auditoire  et  attacher  a  l'étude  des  sciences  naturelle-; 
une  jeunesse  que  la  perspective  d'une  carrière  sérieuse  devait  souvent 
entraîner  vers  d'autres  travaux;  savant  profond,  il  a  consigné  dans  des 
ouvrages  importants  et  nombreux  les  résultats  de  recherches  qui  ont  étendu 
le  domaine  si  vaste  de  la  botanique. 

C'est  à  ces  deux  points  de  vue  que  nous  considérons  la  vie  d'Achille 
Richard. 

Né  en  179/i,  fils  de  Louis-Claude  Richard,  professeur  à  la  Faculté  de 
médecine  de  Paris  et  v.n  des  botanistes  les  plus  profonds  de  son  époque, 
Achille  Richard  fut,  pour  ainsi  dire,  introduit  par  son  père  dans  le  sanctuaire 
de  la  science,  et,  dirigé  par  lui  dès  ses  premiers  pas  :  il  fut  toujours  plein  de 
vénération  et  de  confiance  pour  les  principes  qu'il  avait  puisés  a  une  source 
si  digne  de  son  respect. 

Des  études  littéraires  et  scientifiques  sérieuses  et  variées  l'avaient,  du 
reste,  également  prépare  à  se  servir  de  l'ensemble  des  sciences  pour  étendre 
celle  à  laquelle  il  devait  su  consacrer  plus  spécialement,  et  a  traiter  avec 
facilité,  avec  clarté  et  élégance  tous  les  sujets  qu'il  devait  aborder  plus  tard. 
Jamais  la  rédaction  d'un  mémoire,  d'un  rapport,  d'un  ouvrage  même  ne 
fut  pour  lui  une  œuvre  pénible;  son  esprit  méthodique,  son  style  simple 


NOTICE    SIR    M.    A.    RICHARD.  375 

et  d'une  élégante  clarté  se  prêtaient  parfaitement  à  la  nature  de  ses  travaux. 

Laborieux,  persévérant,  doué  d'une  grande  facilite  pour  le  travail,  il  sut 
unir  d'excellentes  études  médicales  à  celles  des  sciences  naturelles;  et  on  ne 
saurait  douter  que,  si  la  botanique  ne  l'eût  réclamé  dés  sa  jeunesse,  il  eût 
été  un  médecin  de  beaucoup  de  talent. 

Elevé  au  sein  de  cette  illustre  Faculté  de  médecine,  dont  son  père  était, 
par  son  profond  savoir,  un  des  professeurs  les  plus  éminer.ts,  il  fut  lié,  dès 
sa  première  jeunesse,  avec  les  professeurs  les  plus  distingués  de  celte  école, 
et,  jeune  encore,  une  beureuse  union  le  fit  entrer  dans  la  famille  d'Ant. 
Dubois,  et  lui  donna  pour  beaux-frères  Béclard  et  M.  Paul  Dubois. 

Initie  à  la  botanique  par  son  père,  et  répondant  dignement  à  l'impulsion 
d'un  tel  maître,  introduit  par  ses  études  et  par  toutes  ses  relations  au  sein  de 
la  Faculté  de  médecine,  tout  le  monde  le  considérait  d'avance  comme  le 
successeur  naturel  de  L.-C.  Richard;  sa  place  semblait  marquée  dans  cette 
chaire,  parfaitement  appropriée  à  la  nature  de  son  talent,  et,  si  les  circon- 
stances politiques  s'opposèrent  à  ce  qu'il  succédât  immédiatement  à  son 
père  en  1821,  personne,  parmi  ses  condisciples  et  ses  émules,  ne  pensa,  plus 
lard,  à  lui  disputer  cet  héritage  qu'il  avait  si  bien  mérité  par  ses  ouvrages 
et  par  son  enseignement  libre. 

En  effet,  dès  1817,  et  n'étant  encore  qu'étudiant  en  médecine,  il  avait 
été  attaché,  comme  aide-démonstrateur,  au  cours  de  botanique  de  la  Faculté 
de  médecine,  et  il  ouvrait  à  ce  titre,  dans  les  amphithéâtres  de  l'école  pra- 
tique, un  cours  public  qui  complétait  et  suppléait  en  partie  celui  de  son 
père,  souvent  interrompu  par  suite  de  l'âge  et  de  l'affaiblissement  de  la 
santé  du  professeur.  Il  poursuivit  avec  un  grand  succès  cette  sorte  d'ensei- 
gnement collatéral  a  celui  de  la  Faculté,  lorsque,  après  la  mort  de  son  père, 
en  1821,  la  chaire  de  botanique,  à  laquelle,  malgré  sa  grande  jeunesse,  il 
avait  des  titres  nombreux,  était  confiée  successivement  à  des  hommes  bien 
moins  dignes  que  lui  de.  l'occuper. 

Aussi,  en  1831,  lorsque  les  événements  politiques  vinrent  modifier  ce 
que  la  politique  avait  fait  en  1821  et  en  1823  a  la  Faculté  de  médecine 
de  Paris,  A.  Richard  fut  appelé,  sans  contestation,  a  la  chaire  de  bota- 
nique; aucun  compétiteur  ne  se  présenta  pour  la  lui  disputer  au  concours 
ouvert  à  cette  époque. 

Pendant  vingt  ans,  il  attira,  à  un  cours  que  beaucoup  d'étudiants  sont 
portés  à  considérer  comme  accessoire  a  leurs  études  médicales  ou  chirur- 
gicales, autant  d'auditeurs  qu'aux  cours  les  plus  suivis  d'anatomie,  de  mé- 
decine ou  de  chirurgie.  C'est  que  non-seulement  sa  parole  était  facile, 
claire,  élégante;  mais  il  savait  parfaitement  approprier  son  enseignement  a 
la  nature  de  ses  auditeurs.  Il  leur  disait  ce  qui  leur  était  utile,  sans  aller 
au  delà,  en  se  maintenant  toujours  dans  la  mesure  de  ce  qui  était  néces- 
saire à  l'éducation  du  jeune  médecin. 


376  société  rotanique  de  France. 

En  effet,  ce  cours,  sans  approfondir  toutes  les  questions  si  difficiles  de 
l'anatomie  et  de  la  physiologie  végétale,  était  toujours  au  niveau  des  dé- 
couvertes récentes  les  plus  importantes;  et  s'il  ne  voulait  pas  faire  d'un 
cours  nécessairement  assez  élémentaire,  puisque  chaque  année  il  devait  y 
exposer  l'ensemble  de  la  science,  une  arène  pour  des  discussions  académi- 
ques, il  cherchait  cependant  toujours  à  y  exposer  d'une  manière  bien  com- 
plète les  vérités  que  la  science  moderne  lui  paraissait  avoir  mises  hors  de 
toute  contestation. 

Ses  Eléments  de  Botanique,  publiés  en  premier  en  1819,  lorsqu'il  n'était 
encore  qu'étudiant  en  médecine,  et  qui  ont  atteint,  en  1847,  leur  septième 
édition,  peuvent  être  considérés  comme  la  reproduction,  avec  des  modifi- 
cations dans  l'étendue  des  développements,  de  ses  leçons,  soit  dans  ses  cours 
libre?,  soit  comme  professeur  de  la  faculté. 

On  peut  suivre,  dans  les  éditions  successives  de  cet  ouvrage,  les  amé- 
liorations apportées  par  Richard  dans  son  enseignement,  et  résultant  en 
même  temps  des  progrès  de  la  science  et  du  développement  même  des  idées 
de  l'auteur.  C'est  ainsi  que  l'anatomie  et  la  physiologie,  qui  n'occupaient 
d'abord  qu'une  place  très  restreinte,  y  prirent  de  plus  en  plus  d'extension, 
et  firent  donner  a  l'ouvrage,  dès  sa  seconde  édition,  le  titre  de  Nouveaux  élé- 
ments de  Botanique  et  de  Physiologie  végétale.  Richard  avait  toujours  tenu 
cependant  à  conserver  à  cet  ouvrage  le  caractère  d'un  ouvrage  élémentaire 
dont  on  doit  écarter  les  sujets  d'une  importance  secondaire  et  les  résultats 
encore  obscurs  et  douteux.  Jamais  il  ne  prétendit  en  faire  un  traité  spécial 
de  physiologie  végétale,  dans  lequel  toutes  les  opinions  encore  en  litige 
eussent  été  exposées  et  discutées. 

S'il  s'est  quelquefois  écarté  de  cette,  règle,  ce  n'était  que  pour  éviter  le 
reproche  de  rester  indifférent  à  des  discussions  qui  retentissaient  journelle- 
ment aux  oreilles  des  élevés,  et  sur  lesquelles  il  devait  nécessairement,  dans 
ses  leçons  et  dans  l'ouvrage  qui  les  reproduisait,  exprimer  son  opinion,  et 
chercher  à  prémunir  ses  jeunes  auditeurs  contre  l'entraînement  vers  des 
idées  nouvelles  qui  ne  lui  paraissaient  pas  fondées  sur  des  bases  solides. 

Si  le  jeune  homme  qui  commence  l'étude  de  la  botanique,  si  le  médecin 
pour  lequel  cette  étude  n'est  presque  toujours  qu'accessoire  ne  peuvent  con- 
sidérer dans  l'organisation  et  dans  les  phénomènes  de  la  vie  des  végétaux 
que  les  faits  les  plus  essentiels  et  les  mieux  constatés,  à  plus  forte  raison  ne 
peuvent-ils  pas  chercher  à  connaître  ce  nombre  infini  de  plantes  diverses 
qui,  de  toutes  les  régions  du  globe,  arrivent  dans  nos  collections  et  s'ins- 
crivent dans  les  ouvrages  systématiques;  ils  ne  peuvent  même  pas  s'appli- 
quer à  l'examen  de  tous  les  groupes  naturels,  genres  ou  familles,  qui  servent 
a  les  rapprocher,  et  dont  les  botanistes  de  profession  abordent  si  difficile- 
ment l'étude  complète.  L'étudiant  qui  commence,  le  médecin  qui  est  obligé 
de  borner  ses  connaissances  en  histoire  naturelle,  doit  apprendre  à  con- 


NOTICE    SUR    M.    A.    RICHARD.  377 

naître  un  nombre  limité  de  plantes  qui  lui  servent  comme  de  jalons  répartis 
de  dislance  en  distance  dans  la  série  des  groupes  naturels,  et  ce  sont  les 
plantes  employées  en  médecine  et  dans  l'économie  domestique  qui,  de  pré- 
férence, devront  naturellement  lui  fournir  ces  exemples;  car  ces  plantes,  il 
serait  honteux  pour  lui  d'ignorer  leur  structure,  leurs  rapports  naturels,  et 
de  ne  pas  pouvoir  les  reconnaître  lorsqu'il  doit  journellement  ordonner  leur 
emploi  ou  combattre  leur  action  dangereuse. 

C'est  pour  atteindre  ce  but  que  Richard,  dès  1823,  publiait  sa  Botanique 
médicale,  qui,  plus  tard,  embrassant  un  champ  plus  vaste,  reçut  le  titre 
de  Traité  d'Histoire  naturelle  médicale,  et  qui  eut  successivement  cinq 
éditions. 

Il  y  réunissait  la  description  de  tous  les  végétaux,  et  ensuite  même  de 
toutes  les  productions  naturelles  qui  sont  employées  en  médecine,  distri- 
buées par  familles  et  par  genres,  de  manière  à  habituer  l'étudiant  en  méde- 
cine à  l'emploi  de  la  méthode  naturelle,  à  lui  faire  connaître  les  caractères  des 
principales  familles,  des  genres  les  plus  importants,  à  l'exercer  au  style  des- 
criptif que  Richard  a  cherché  à  rendre,  dans  cet  ouvrage,  aussi  simple  que 
possible  en  en  écartant  tous  les  détails  qu'il  supposait  inutiles  au  but  qu'il 
se  proposait,  d'initier  le  jeune  médecin  à  la  connaissance  des  plantes  dont 
le  nom  vient  chaque  jour  sous  sa  plume. 

Achille  Richard,  formé  à  l'école  de  son  père,  puisa  dans  la  direction  et 
dans  l'étude  des  travaux  de  cet  excellent  observateur  l'habitude  de  bien 
voir,  de  bien  décrire,  et  de  rendre  avec  précision  et  élégance  par  son  pin- 
ceau ce  qu'il  avait  observé,  qualités  éminentes  qu'on  retrouve  dans  tous  ses 
ouvrages;  mais  le  juste  respect  qu'il  avait  pour  les  travaux  de  son  premier 
maître  donne  à  tous  ces  ouvrages  un  autre  rapport  avec  ceux  de  son  père, 
dans  l'emploi,  pour  quelques  parties  de  la  botanique,  d'une  terminologie, 
introduite  par  L.-C.  Richard,  plus  correcte  et  plus  expressive,  peut-être, 
que  celle  qui  est  généralement  admise,  mais  qui  a  l'inconvénient  de  ne  pas 
être  habituellement  adoptée,  et  de  faire  parler  deux  langues  différentes  à 
ceux  qui  étudient  la  même  science. 

C'est  à  ce  respect  et  à  cette  admiration  si  naturelle  et  si  bien  fondée, 
qu'Achille  Richard  portait  aux  travaux  de  son  père,  que  nous  devons  la  pu- 
blication d'ouvrages  importants  que  L.-C.  Richard  avait  presque  entière- 
ment terminés,  mais  qu'il  avait  laissés  inédits. 

L'amour  de  la  perfection,  le  sentiment  si  naturel  dans  le  véritable  scru- 
tateur de  la  nature,  de  tout  ce  qu'il  y  a  d'incomplet  dans  les  recherches  si 
bornées  de  l'homme;  l'espérance  de  compléter  et  d'améliorer  des  travaux 
dont  il  voyait  les  lacunes,  avaient  empêché  L.-C.  Richard,  dans  les  der- 
nières années  de  sa  vie,  de  publier  deux  ouvrages  dont  il  réunissait  depuis 
longtemps  les  matériaux,  l'un  sur  les  Conifères  et  les  Cycadées,  l'autre  sur 
la  famille  des  Musacées  ou  Bananiers. 


378  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

Les  dessins,  les  gravures  même  étaient  exécutés,  les  descriptions  analy- 
tiques des  diverses  espèces  étaient  rédigées  ;  mais  il  restait  a  coordonner  ces 
matériaux,  à  en  déduire  des  caractères  généraux,  à  combiner,  en  un  mot, 
les  observations  en  un  corps  d'ouvrage;  c'est  ce  que  fit  Achille  Richard 
avec  le  talent  d'un  botaniste,  consommé  et  avec  la  réserve  d'un  fils  qui  ne 
veut,  être  que  l'éditeur  de  l'œuvre  de  son  père. 

Mous  venons  de  voir  A.  Richard  consacrant  une  partie  de  sa  vie,  depuis 
l'âge  de  vingt-trois  ans,  à  l'enseignement  de  la  botanique  a  la  Faculté  de 
médecine  de  Paris,  et  a  la  publication  d'ouvrages  généraux  destinés 
surtout  a  faciliter  l'étude  de  la  botanique  a  la  jeunesse  des  écoles  de  méde- 
cine, ainsi  qu'à  constater  les  liens  intimes  qui  unissent  les  sciences  natu- 
relles et  les  études  médicales  :  nous  l'avons  vu  aussi  enrichissant  la  science 
des  admirables  travaux  laissés  par  son  père,  et  puisant,  sans  aucun  doute, 
dans  leur  étude  un  nouveau  stimulant  pour  ses  propres  recherches;  mais 
il  n'avait  pas  attendu  ce  moment  pour  fournir  a  la  botanique  les  résultats 
de  ses  propres  investigations  et  pour  étendre  le  domaine  de  la  science  par 
des  ouvrages  spéciaux  dont  l'importance  a  toujours  été  en  s'accroissant,  à 
mesure  que  l'âge  et  l'expérience  lui  ont  permis  d'aborder  des  sujets  plus 
variés  et  plus  étendus. 

Ce  fut  encore  par  un  travail  qui  intéressait  essentiellement  la  médecine 
qu'il  débuta  dans  ses  recherches,  et  son  premier  mémoire,  d'abord  publié 
en  1818  dans  les  Mémoires  de  la  Société  de  la  Faculté  de  médecine  de 
Paris,  devint  plus  tard,  sous  le  titre  A' Histoire  naturelle  et  médicale  des 
différentes  espèces  d'Jpécacuanka,  la  thèse  qu'il  soutint  en  1820  pour  obte- 
nir le  grade  de  docteur  en  médecine. 

Cette  thèse,  excellente  dissertation  de  botanique  médicale,  avait  pour 
objet  comme  son  titre  l'indique,  l'étude  des  diverses  sortes  d'Ipécacuanha, 
sujet  très  obscur  alors,  parce  qu'en  effet  des  plantes  très  diverses,  appar- 
tenant a  des  familles  fort  éloignées  les  unes  des  autres,  jouissant  de  pro- 
priétés émétiques  analogues,  sont  employées,  dans  différentes  contrées,  aux 
mêmes  usages  que  l'ipécacuanha  des  pharmacies  d'Europe,  et  que  quelques- 
unes  de  ces  racines  ont  même  été  introduites  à  diverses  époques  et  comme 
véritable  Ipécacuanha  dans  le  commerce  de  la  droguerie. 

Richard  distingua  avec  soin  ces  diverses  sortes  de  racines  émétiques,  fit 
connaître  leurs  caractères,  leur  origine,  et  fixa  avec  précision  la  nature  du 
véritable  Ipécacuanha  du  Brésil,  le  seul  qui  ait  porté  primitivement  ce 
nom  et  celui  qui,  presque  seul  depuis  longtemps,  est  employé  dans  la  phar- 
macie européenne. 

Son  attention,  portée  déjà  par  cette  étude  sur  la  famille  des  Rubiacées, 
a  laquelle  appartient  la  plante  qui  fournit  la  racine  émétique  du  Brésil  et 
quelques  autres  qui  donnent  des  lpécacuanhas  moins  estimés,  s'étendit 
bientôt  à  toute  cette  famille  intéressante  a  tant  de  titres  pour  le  botaniste. 


NOTICE    SUR    M.    A.    RICHARD.  379 

le  médecin  et  le  pharmacien,  qui  donne,  entre  autres,  à  la  matière  médicale 
les  Quinquinas,  a  l'industrie  le  Café  et  la  Garance. 

Quoiqu'elle  eût  été  déjà  l'objet  des  travaux  des  botanistes  les  plus  emi- 
nents,  d'A.-L.  de  Jussieu  et  de  De  Gandolle,  les  nombreux  matériaux  reunis 
dans  les  collections  avaient  besoin  d'un  examen  plus  approfondi,  auquel 
A.  Richard  se  consacra  avec  persévérance,  et  qui  eut  pour  résultat,  en 
18'29,  une  monographie  importante,  fruit  de  recherches  étendues,  présen- 
tant, pour  cette  époque,  l'exposé  le  plus  complet  de  la  classiiication  et  des 
caractères  des  genres  si  nombreux  de  cette  grande  famille. 

D'autres  travaux  monographiques  moins  importants  avaient  déjà  exercé 
Richard  à  cette  étude  comparative  des  formes  des  organes,  qui  fait  la  base 
de  la  botanique  descriptive;  telles  étaient  sa  monographie  du  genre  Hy- 
drocutyle  et  celles  qu'il  publia  successivement  des  Orchidées  des  iles  de 
France  et  de  Bourbon,  et  des  Orchidées  des  Nilgherries  dans  les  Indes  orien- 
tales, travaux  que  nous  ne  pouvons  que  sigualer  ici,  malgré  les  difficultés 
qu'ils  offraient  et  leur  intérêt  pour  le  botaniste. 

Il  est  presque  impossible,  lorsqu'on  étudie  avec  ardeur  l'ensemble  du 
règne  végétal  dans  les  grandes  collections  recueillies  sur  tous  les  points  du 
globe  par  les  voyageurs,  de  ne  pas  être  pris  de  cette  passion  des  voyages 
si  fréquente  dans  la  jeunesse,  mais  si  naturelle  surtout  chez  le  naturaliste, 
qui,  voyant  dans  un  état  imparfait  tant  d'êtres  divers  réunis  dans  les  col- 
lections, brûle  du  désir  de  les  voir  pleins  de  vie  dans  leurs  contrées  natales, 
et  de  les  étudier  dans  toutes  leurs  parties,  a  toutes  les  époques  de  leur 
développement,  dans  leurs  relations  et  leurs  associations  avec  les  autres 
êtres  qui  les  environnent,  afin  de  mieux  saisir  leurs  rapports  naturels  et  leur 
distribution  géographique. 

Achille  Richard,  possesseur  du  bel  herbier  réuni  par  son  père,  conser- 
vateur des  vastes  collections  de  M.  Benjamin  Delessert,  puis  aide-naturaliste 
au  Muséum  d'histoire  naturelle,  sentait,  à  la  vue  de  toutes  ces  richesses, 
cette  passion  se  développer  de  plus  en  plus,  et  il  fut  sur  le  point  de  suc- 
comber à  ce  besoin  de  voir  dans  leurs  stations  naturelles  ces  belles  formes 
de  la  végétation  tropicale  qu'il  observait  si  incomplètes  et  si  altérées  dans 
les  herbiers.  Il  résista  cependant  a  cet  entraînement;  il  était  marié  et  père 
de  trois  jeunes  enfants;  sa  vie  ne  lui  appartenait  plus,  il  devait  a  sa  fa- 
mille le  sacrifice  d'un  projet  formé  depuis  longtemps;  il  le  sentit  et  se 
résigna  à  ne  voir  la  végétation  des  contrées  éloignées  que  dans  les  collec- 
tions des  voyageurs. 

A  dater  de  ce  moment,  il  multiplia  de  plus  en  plus  ses  relations  avec  les 
botanistes  qui,  plus  heureux  que  lui,  visitaient  les  régions  lointaines;  il 
profitait  de  sa  position  de  professeur  a  la  Faculté  de  médecine  pour  encou- 
rager les  études  botaniques  de  ces  jeunes  médecins  qui,  des  pays  les  plus 
éloignes,  viennent  compléter  leurs  connaissances  scientifiques  à  Paris;  il 


380  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE   DE    FRANCE. 

eut  ainsi  des  correspondants  pleins  de  zèle  et  de  reconnaissance,  au  Brésil, 
au  Chili,  dans  les  Antilles;  il  fut  en  rapport  avec  tous  les  médecins  de  la 
marine  française  qui  parcouraient  les  mers  dans  nos  grandes  expéditions, 
ou  qui  se  trouvaient  fixés  dans  nos  colonies.  Il  devint  souvent  leur  colla- 
borateur dans  la  publication  de  leurs  voyages,  et  fut  ainsi  l'auteur  de  plu- 
sieurs Flores  importantes  dont  les  matériaux  lui  avaient  été  confiés  par  les 
voyageurs  qui  les  avaient  recueillis. 

La  première  Flore  a  laquelle  il  concourut  d'une  manière  active  fut  celle 
de  la  Sénégambie.  Malgré  les  établissements  français  fondés  depuis  long- 
temps sur  les  bords  du  Sénégal  et  ceux  que  les  Anglais  possédaient  à  l'em- 
bouchure de  la  Gambie,  la  végétation  de  cette  partie  occidentale  de  l'Afrique 
était  à  peine  connue. 

Adanson,  dans  la  relation  de  son  voyage,  n'avait  signalé  que  quelques- 
uns  des  végétaux  les  plus  remarquables  des  bords  du  Sénégal,  et  depuis  lui 
aucun  naturaliste  n'y  avait  fait  un  séjour  prolongé,  lorsque,  de  1824  à 
1829,  deux  botanistes  pleins  d'ardeur  et  d'instruction,  M.  Le  Prieur,  phar- 
macien de  la  marine,  et  M.  Perrottet,  directeur  du  jardin  du  gouvernement 
au  Sénégal,  se  trouvèrent. réunis  dans  celte  colonie,  et  l'explorèrent  simul- 
tanément, et  avec  un  grand  succès,  depuis  les  côtes  jusqu'à  une  grande 
distance  de  l'embouchure  du  fleuve. 

De  nombreuses  collections,  accompagnées  de  toutes  les  notes  nécessaires 
pour  aider  à  leur  étude,  furent  le  résultat  de  leurs  longs  voyages.  Elles 
pouvaient  fournir  les  matériaux  d'une  Flore  qui  manquait  complètement  à 
la  science  et  donner  des  renseignements  précieux  sur  les  productions  d'une 
colonie  française;  mais  ces  deux  botanistes,  attachés  au  service  actif  de  la 
marine,  ne  pouvaient  pas  prolonger  leur  séjour  à  Paris  et  poursuivre  une 
longue  publication.  MM.  Richard  et  Guillemin  s'associèrent  à  eux,  et  sous  le 
patronage  généreux  deBenjaminDelessert  commencèrent,  en  1830,  ia  publi- 
cation de  \aFlorede  Sénégambie,  dont  le  premier  volume  seul  a  été  terminé. 

La  mort  de  Guillemin,  en  1842,  suspendit  cette  publication  ;  celle  de 
Benjamin  Delessert,  puis  celle  de  Richard  empêchèrent  qu'elle  ne  fut  re- 
prise, interruption  doublement  regrettable,  car  cet  ouvrage,  que  les  explo- 
rations plus  récentes  et  encore  plus  étendues  du  malheureux  Heudelot 
auraient  rendu  plus  complet,  intéressait  également  la  botanique  et  la  colonie 
qui  entêtait  l'objet. 

Les  travaux  divers  que  nous  venons  de  rappeler,  le  succès  de  son  en- 
seignement et  de  ses  ouvrages  généraux  signalaient  depuis  longtemps 
Richard  parmi  les  jeunes  botanistes  les  plus  distingués  de  cette  époque; 
aussi,  en  1834,  l'Institut  l'admit  au  nombre  de  ses  membres  à  la  place  de- 
venue vacante  par  la  mort  de  Labillardière. 

De  nouveaux  ouvrages  plus  importants  que  les  précédents  vinrent  bientôt 
confirmer  ce  choix. 


NOTICE    SUR    M.    A.    RICHARD.  381 

Au  retour  des  grands  voyages  de  circumnavigation,  les  officiers  ou  les 
médecins  de  la  marine,  chargés  exclusivement,  depuis  quarante  ans,  des 
recherches  scientifiques  pendant  ces  expéditions,  n'ont  pas  toujours  pu  se 
consacrer  entièrement  à  la  publication  des  collections  qu'ils  avaient  réunies  ; 
la  nature  de  leurs  fonctions,  qui  les  avait  tenus  le  plus  habituellement 
éloignés  des  grands  centres  scientifiques,  leur  permettait  difficilement  d'en- 
treprendre avec  succès  des  publications  qui  exigent  les  connaissances  les 
plus  variées  et  l'érudition  la  plus  étendue  de  la  part  du  naturaliste.  Jlsônt 
dû  souvent  chercher  des  collaborateurs  parmi  les  naturalistes  sédentaires. 
Richard,  lié  depuis  longtemps  avec  Dumont-d'Urville,  fut  ainsi  chargé, 
au  retour  du  premier  voyage  de  circumnavigation  dirigé  par  ce  célèbre 
marin,  de  publier  les  précieuses  collections  botaniques  réunies  par  lui  et  par 
M.   l.essou,  un  des  médecins  de  l'expédition. 

Ces  matériaux ,  recueillis  pour  la  plupart  pendant  de  courtes  relâches, 
ne  pouvaient  en  général  offrir,  sur  la  végétation  de  chacun  de  ces  points, 
que  des  données  très  incomplètes  ;  cependant  quelques-unes  des  stations 
du  voyage,  plus  longuement  et  plus  complètement  explorées,  pouvaient 
offrir  un  ensemble  intéressant  pour  la  géographie  botanique.  Sur  d'autres 
points,  malgré  la  rapidité  des  recherches,  des  objets  nouveaux  et  intéres- 
sants s'étaient  offerts  aux  voyageurs,  et  devaient  être  extraits  d'un  ensemble 
de  plantes  vulgaires,  communes  au  littoral  de  la  plupart  des  contrées  visitées 
pendant  le  voyage  de  /' Astrolabe. 

La  Nouvelle-Zélande  était  dans  le  premier  cas;  de  nombreuses  collec- 
tions avaient  été  réunies  sur  plusieurs  points  de  ces  iles,  par  MM.  d'Urville 
et  Lesson.  Les  résultats  des  recherches  des  naturalistes  qui  avaient  visité 
plus  anciennement  cette  contrée,  si   remarquable  par  sa  position  géogra- 
phique,  étaient  dispersés  dans  divers  ouvrages;  aucun  ne  nous   faisait 
connaître  l'ensemble  de  la  végétation  de  ce  pays.  Richard  résolut  de  réunir 
toutes  ces  données  anciennes,  sur  lesquelles  les  collections  et  les  bibliothè- 
ques de  Paris  lui   fournissaient  des  documents  précieux,  aux  matériaux 
qu'il  avait  entre  les  mains  et  du  tout  il  forma  son  Essai  d'une  Flore  de  la 
Nouvelle-Zélande ,  ouvrage  qui  permit,  pour  la  première  fois,  d'apprécier 
les  caractères  particuliers  de  la  végétation  de  ces  iles.  Une  seconde  partie 
de  la  publication  botanique  du  voyage  de  l'Astrolabe  comprit,  sous  le  titre 
de  Sertum  astrolabianiwi,  un  choix  de  végétaux  remarquables  et  la  plupart 
nouveaux,  extraits  des  collections  réunies  dans  les  autres  stations  visitées 
par  cette  grande  expédition. 

Les  collections  recueillies  par  des  voyageurs  français  ne  furent  pas  les 
seules  dont  la  publication  lui  fut  confiée.  Un  des  savants  dont  l'Espagne 
s'honore  le  plus,  M.  Ramon  de  laSagra,  avait,  pendant  un  long  séjour  dans 
l'île  de  Cuba,  réuni  sur  cette  ile,  la  première  des  Antilles  par  son  étendue 
et  son  importance,  des  matériaux  également  précieux  pour  son  histoire,  sa 
t.  i.  25 


382  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE   DE    FRANCE, 

géographie,  sa  statistique  et  ses  productions  naturelles.  La  variété  des  sujets 
que  comportait  cette  histoire  générale  ne  permettait  pas  au  même  homme 
de  les  embrasser  tous.  M.  Ramon  de  la  Sagra  pria  A.  Richard  de  se  charger 
de  l'étude  et  de  la  publication  de  la  Flore  de  Cuba  pour  ce  qui  concerne 
les  plantes  phanérogames  (1),  travail  considérable  auquel  notre  confrère  a 
consacré  bien  des  moments,  et  dont  il  a  eu  le  bonheur  de  terminer  la  ré- 
daction peu  de  temps  avant  sa  mort,  mais  dont  l'édition  française  n'est  pas 
encore  complètement  imprimée,  et  qui,  par  cette  raison,  est  à  peine  connu 
des  botanistes. 

Ses  travaux  sur  la  Flore  de  Cuba  ne  l'empêchèrent  pas  d'entreprendre, 
quelques  années  après,  une  publication  plus  importante  peut-être,  pour  la 
science,  par  le  pays  qui  en  était  l'objet,  et  qu'il  considérait  comme  une 
dette  contractée  envers  deux  jeunes  voyageurs,  ses  élèves,  dont  il  avait 
encouragé  et  dirigé  les  recherches  ,  et  qui  étaient  morts  tous  deux , 
pendant  leur  exploration  de  l'Abyssinie ,  victimes  de  leur  amour  pour  la 
science. 

MM.  Richard  Quartin-Dillon  et  Petit,  tous  deux  médecins  et  naturalistes 
instruits,  élèves  d'Achille  Richard,  le  premier  s'occupant  plus  spécialement 
de  botanique,  le  second  de  zoologie,  unirent  leurs  efforts  pour  faire  con- 
naître, par  un  long  voyage,  cette  partie  de  l'Afrique  à  peine  explorée  à 
l'époque  de  leur  départ.  Au  point  de  vue  de  l'histoire  naturelle  surtout, 
l'Abyssinie  avait  été  à  peine  entrevue  jusqu'alors;  quelques-unes  de  ses 
productions  seulement  avaient  été  signalées  par  Bruce  et  par  Sait.  De  pré- 
cieux envois  adressés  par  nos  jeunes  compatriotes,  tant  à  Richard  qu'au 
Muséum  d'histoire  naturelle,  auquel  ils  étaient  attachés  comme  voyageurs- 
naturalistes,  donnaient  déjà  sur  ce  pays  de  précieux  renseignements,  et 
annonçaient  tout  ce  qu'on  pouvait  attendre  de  recherches  plus  prolongées, 
lorsque  tous  deux  succombèrent,  presque  en  même  temps,  aux  dangers  du 
voyage  ou  à  l'insalubrité  du  pays.  Leur  ancien  professeur,  qui  les  avait 
suivis  avec  un  intérêt  tout  paternel  pendant  ce  long  voyage,  dont  l'afflic- 
tion, à  la  nouvelle  de  leur  mort,  était  encore  augmentée  par  les  encoura- 
gements qu'il  avait  donnés  à  leur  projet,  considéra  presque  comme  un  devoir 
envers  ses  jeunes  amis,  et  comme  un  héritage  qu'ils  lui  avaient  légué, 
l'obligation  de  faire  connaître  au  monde  savant  les  collections  précieuses 
qu'ils  avaient  déjà  recueillies,  et  qui  pouvaient,  chaque  jour,  perdre  une 
partie  de  leur  nouveauté,  par  suite  de  recherches  faites  dans  cette  même 
contrée  par  d'autres  naturalistes  dont  les  résultats  étaient  publiés,  en  Alle- 
magne, d'une  manière  souvent  très  incomplète,  mais  rapide. 

Richard  entreprit  de  réunir  dans  un  même  ouvrage  tout  ce  que  les  docu- 

(1)  La  partie  relative  aux  plantes  cryptogames  avait  été  confiée  à  notre  savant 
confrère  M.  Montagne,  qui  en  a  terminé  la  publication  depuis  plusieurs  années. 


NOTICE    Si  R    M.    A.    RICHARD.  383 

ments  fournis  par  les  anciens  voyageurs  et  les  collections  des  explorateurs 
plus  récents  pouvaient  nous  faire  connaître  sur  la  végétation  de  ce  curieux 
pays;  il  composa  de  cet  ensemble  son  Tentamen  Flora1  abyssinœ, titre  mo- 
deste pour  un  ouvrage  en  deux  volumes  accompagné  d'un  atlas  de  cent 
planches  in-folio,  mais  juste  cependant,  car  Richard  savait  bien  que  ce 
n'était  encore  qu'une  ébauche  de  la  flore  de  l'Abyssinie  et  que  les  produc- 
tions si  variées  de  cette  vaste  contrée  étaient  loin  de  nous  être  connues 
complètement. 

Cet  ouvrage,  dans  lequel  on  trouve  la  précision  et  la  clarté  qui  caracté- 
risent le  talent  de  Richard,  est,  sans  aucun  doute,  le  plus  important  qui 
soit  sorti  de  sa  plume,  et  l'un  des  plus  intéressants  pour  la  botanique  systé- 
matique et  géographique. 

L'Abyssinie,  si  peu  connue  jusqu'à  ce  jour,  n'est  pas  un  de  ces  pays  dont 
la  végétation  se  fait  remarquer  par  un  caractère  insolite  et  tout  particu- 
lier, comme  la  Nouvelle-Hollande  ou  l'Afrique  australe;  ce  qui  frappe,  au 
contraire,  le  botaniste  qui  étudie  avec  soin  l'ensemble  de  ses  productions,  ce 
sont  les  rapports  de  sa  végétation  avec  celle  de  contrées  très  diverses  et  très 
éloignées. 

Sa  position  géographique  la  range  parmi  les  régions  les  plus  chaudes  de 
l'Afrique  equatoriale,  l'élévation  des  montagnes  et  des  plateaux  qui  occu- 
pent une  partie  de  sa  surface  assimile  souvent  son  climat  à  celui  des  régions 
tempérées  ;  aussi  l'Abyssinie.  réunit,  dans  un  espace  assez  circonscrit,  des 
végétaux  analogues  et  souvent  mêmes  identiques  à  ceux  des  parties  les  plus 
chaudes  de  l'Inde,  de  l'Arabie  et.  du  Sénégal,  et  les  formes  qui  caracté- 
risent les  contrées  tempérées  des  bords  de  la  Méditerranée  ou  de  l'Afrique 
australe. 

Ces  caractères  singuliers  de  la  végétation  de  l'Abyssinie,  qu'on  pouvait 
à  peine  soupçonner  d'après  les  documents  si  incomplets  qu'on  possédait  il 
y  a  dix  ans  seulement,  ressortent  d'une  manière  évidente  de  la  Flore  publiée, 
par  Richard,  d'après  l'ensemble  des  matériaux  recueillis  par  les  voyageurs 
modernes. 

Ce  grand  travail  a  été  le  dernier  auquel  il  se  soit  livré  ;  commencé  vers 
18u5,  le  second  volume,  qui  complète  la  partie  relative  aux  plantes  pha- 
nérogames, n'a  été  terminé  qu'en  1852,  peu  de  temps  avant  la  mort  de  notre 
confrère. 

Dès  le  début  de  ses  études  botaniques,  A.  Richard  n'avait  jamais  sé- 
paré l'examen  purement  scientifique  des  végétaux  des  recherches  sur 
leurs  applications  aux  besoins  de  l'homme,  et  la  nature  de  son  enseigne- 
ment, en  dirigeant  son  attention  plus  spécialement  sur  leur  emploi  mé- 
dical, le  conduisait  aussi  à  considérer  leur  usage  comme  aliment  ou  dans 
l'industrie. 

L'agriculture  est  liée  d'une  manière  si  intime  à  l'appréciation  des  qualités 


38/l  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

et  des  variétés  botaniques  des  végétaux  d'une  part,  et  de  l'autre  aux  con- 
naissances exactes  des  phénomènes  physiologiques,  qu'il  est  difficile  au 
botaniste  qui  veut  embrasser  l'ensemble  de  la  science  qu'il  cultive  de  ne 
pas  prendre  un  vif  intérêt  à  toutes  les  questions  agricoles. 

L'agriculture  et  l'horticulture  sont  comme  un  vaste  champ  d'expériences 
qui,  bien  appréciées,  peuvent  jeter  une  vive  lumière  sur  bien  des  points 
obscurs  de  la  physiologie,  de  même  que  la  physiologie  végétale  est  le  guide 
le  plus  sûr  pour  la  plupart  des  essais  agricoles. 

Sous  tous  ces  rapports,  Richard  avait  des  titres  incontestables  pour  être 
un  des  représentants  de  la  botanique  dans  le  sein  de  la  Société  impériale 
et  centrale  d'agriculture,  et  notre  seul  regret  est  de  l'avoir  vu,  pendant  si 
peu  d'années,  siéger  parmi  nous. 

11  y  a  cependant  marqué  son  passage  par  quelques  travaux  spéciaux  et 
par  sa  participation  fréquente  à  nos  discussions. 

Ses  recherches  sur  t'A/iios  tuberosa,  sur  l'utilité  qu'on  pourrait  retirer  de 
ses  tubercules  amylacés  pour  l'alimentation  de  l'homme  ou  des  animaux, 
sur  le  mode  de  culture  que  cette  plante  exigerait,  ont  montré  l'intérêt  qu'il 
prenait  à  cette  grande  question  de  la  recherche  des  plantes  propres  à  sup- 
pléer la  Pomme  de  terre  dans  nos  cultures  européennes,  question  restée 
encore  sans  solution  jusqu'à  ce  jour. 

C'est  à  son  admission  parmi  nous  que  nous  devons  aussi  attribuer  esseu- 
tiellement  l'ouvrage  étendu  et  important,  résultat  de  l'association  de  Richard 
et  d'un  de  nos  honorables  confrères  (M.  Payen),  qui,  unissant  les  sciences 
diverses  auxquelles  ils  avaient  plus  spécialement  consacré  leurs  études,  la 
botanique  et  la  chimie,  les  mirent  toutes  deux  à  contribution  dans  leurs  ap- 
plications à  l'agriculture,  pour  exposer  dans  un  Précis  d' Agriculture  théo- 
rique et  pratique  les  principes  de  la  science  agricole,  tels  que  les  progrès 
des  sciences  permettent  de  les  tracer  à  notre  époque. 

Nous  venons  de  rappeler  les  nombreux  travaux  qui,  pendant  trente-cinq 
ans,  ont  rempli  toute  l'existence  d'Achille  Richard,  du  savant  se  consacrant 
en  même  temps  à  l'enseignement  de  la  jeunesse  par  ses  cours  et  ses  ou- 
vrages généraux,  et  à  l'avancement  de  la  science  par  ses  mémoires  mono- 
graphiques et  ses  flores  de  contrées  si  varices. 

On  peut  dire  que  ce  fut  la  toute  sa  vie  :  pour  le  savant  qui  est  toujours 
resté  uniquement  l'homme  de  la  science,  qui  n'a  eu  d'autre  ambition  que 
de  parcourir  la  carrière  que  la  nature  de  ses  études  et  de  son  mérite  lui 
assignent,  que  des  événements  étrangers  ne  sont  pas  venus  détourner  de 
cette  carrière,  l'histoire  de  sa  vie  se  trouve  presque  entièrement  renfermée 
dans  celle  de  ses  travaux  ;  pour  Richard  elle  s'est  écoulée  presque  sans 
interruption  entre  son  herbier,  sa  bibliothèque  et  le  jardin  de  la  Faculté  de 
médecine,  dont  il  eut  la  direction  pendant  tant  d'années. 

Aussi  devions-nous  considérer  essentiellement  le  confrère  que  nous  re- 


NOTICE    SL  K    M.    A.    HICIIAlil).  385 

grettons,  au  point  de  vue  de  la  science  et  de  ses  travaux  ;  mais  l'intelligence 
ne  constitue  pas  seule  cette  partie  immatérielle  de  l'homme  dont  nous 
devons  ici  conserver  et  transmettre  le  souvenir;  le  caractère,  les  affections, 
tout  ce.  que  l'on  considère  plus  spécialement  comme  les  attributs  du  cœur, 
doivent  compléter  cette  peinture  de  l'homme  que  nous  voulons  faire  con- 
naître a  ceux  qui  n'ont  pas  vécu  dans  son  intimité,  et  personne,  plus  que 
Richard,  ne  mérite  que  nous  rappelions  les  qualités  qui  l'avaient  fait  aimer 
de  tous  ceux  qui  l'approchaient. 

Fort  jeune  encore,  il  devint  le  centre  et  l'appui  de  sa  famille;  uni  a  une 
femme  que  sa  grâce  et  son  caractère  rendaient  digne  de  toute  sa  tendresse, 
père  de  trois  jeunes  enfants  qui  repondaient  si  bien  aux  exigences  de  son 
cœur  et  de  son  orgueil  paternel,  il  fut  également  heureux  et  dans  son  jeune 
ménage  et  lorsque,  plus  tard,  il  voyait  ses  deux  fils  suivre,  avec  tant  de 
distinction,  la  voie  dans  laquelle  sa  famille  s'était  illustrée. 

Ce  bonheur  il  le  devait  non-seulement  aux  heureuses  qualités  de  ceux 
qu'il  chérissait,  mais  aussi  à  son  propre  caractère.  Plein  de  franchise  et  de 
loyauté,  d'une  humeur  gaie  et  toujours  égale,  même  au  milieu  des  souf- 
frances et  des  inquiétudes  que  lui  faisait  éprouver  une  santé  souvent  altérée 
et  menaçante,  il  rendait  aux  autres  le  bonheur  qu'il  en  recevait.  Les  amis 
de  sa  jeunesse  sont  restés  ceux  de  toute  sa  vie  ;  les  rivalités  qu'amène  sou- 
vent la  lutte  entre  ceux  qui  suivent  une  même  carrière  n'altérèrent  jamais 
pour  lui  ces  liens  qu'elles  ébranlent  souvent;  à  trente  ans  d'intervalle  on 
retrouvait  chez  le  professeur  de  la  Faculté  de  médecine,  ceux  que  des 
études  communes  réunissaient  en  1820  chez  le  jeune  démonstrateur  de 
botanique. 

Cependant  notre  excellent  confrère  avait  eu  sa  part  des  peines  et  des  cha- 
grins de  la  vie. 

Il  avait  souffert  de  l'injustice  des  hommes,  lorsqu'il  avait  pu  craindre  d6 
voir  sa  carrière  brisée  par  une  nomination  qui  semblait  l'éloigner  pour 
toujours  de  cette  chaire  de  la  Faculté  de  médecine  a  laquelle  il  avait  tant 
de  droits,  et  qui  avait  été  le  but  de  tous  ses  travaux. 

Il  avait  cru  pendant  longtemps  son  existence  menacée  par  une  affection 
terrible  qui  l'avait  obligé  plusieurs  fois  à  aller  chercher  le  rétablissement 
de  sa  santé  dans  le  climat  plus  doux  de  l'Italie. 

Il  fut  enfin  frappé,  presque  en  même  temps,  de  deux  coups  affreux,  par 
la  perte  d'une  petite-Fille  chérie  qui  faisait  la  joie  de  ses  grands  parents,  et, 
peu  de  temps  après,  par  celle  de  la  compagne  qui,  depuis  près  de  trente 
ans,  était  associée  à  son  existence. 

Au  milieu  de  ces  inquiétudes  et  de  ces  chagrins,  il  montrait  cette  sou- 
mission calme  aux  décrets  de  la  Providence  qui  n'empêche  pas  les  profonds 
déchirements  du  cœur,  mais  qui  fait  chercher  dans  l'amitié  et  le  travail  un 
adoucissement  aux  coups  qui  nous  ont  frappés. 


38(5  SOCIÉTÉ    llii'IA.Mntli    l>E    t'KAJNCE. 

Les  amis  de  Richard  avaient  vu  avec  bonheur  se  dissiper,  il  y  a  quelques 
années,  les  craintes  qu'avait  longtemps  données  la  faiblesse  de  sa  poitrine; 
il  semblait  reprendre  plus  de  force  et  supporter  sans  fatigue  les  fonctions, 
souvent  pénibles  pour  lui,  du  professorat,  lorsqu'une  autre  affection  non 
moins  grave  vint  menacer  son  existence.  Il  résista  longtemps,  ne  se  lais- 
sant pas  abattre  par  la  douleur  et  la  faiblesse,  et  remplissant,  avec  un 
courage  auquel  ses  forces  ne  répondaient  pas  toujours,  les  devoirs  que  ses 
fonctions  lui  imposaient. 

Mais  malgré  les  soins  si  éclairés  et  si  dévoues  qui  l'entouraient  de  toute 
part,  il  appréciait  la  gravité  du  mal,  et  vit,  avec  calme  et  sans  se  faire 
illusion,  approcher  le  terme  fatal  (1),  regrettant  sans  doute  les  années  qu'il 
aurait  pu  encore  donner  à  sa  famille,  à  ses  amis,  à  des  travaux  qu'il  laissait 
inachevés,  mais  éprouvant  du  moins  cette  dernière  et  douce  satisfaction  de 
laisser,  après  lui,  un  nom  aimé  et  respecté  dont  ses  travaux  devaient  trans- 
mettre le  souvenir,  et  deux  iils  qui  sauraient  porter  ce  nom  avec  honneur 
et  ajouter  leur  part  à  l'héritage  scientifique  que  deux  générations  leur 
léguaient. 


NOTICE  HISTORIQUE  SUR  M.  ADRIEN  DE  JUSSIEU. 

Par  M.  J.  BSCAISNE. 

MESSiruns, 

En  commençant  à  tracer  cette  notice  sur  la  vie  et  les  travaux  de 
M.  Adrien  de  Jussieu  ,  une  pensée  se  présente  d'abord  à  moi.  Pour  les 
contemporains  comme  pour  la  postérité,  elle  me  parait  donner,  en  quelque 
sorte,  la  raison  providentielle  de  l'existence  scientifique  de  notre  illustre 
collègue,  en  même  temps  qu'elle  explique  et  justifie  nos  regrets. 

Dans  les  sciences,  comme  dans  toutes  les  voies  ouvertes  a  l'activité  hu- 
maine, le  mérite  reste  presque  toujours  individuel,  et  rarement  il  se  trans- 
met du  père  aux  iils  ;  il  semble  que  la  noblesse  même  de  l'intelligence,  que. 
nous  sommes  tous  si  disposés  à  reconnaître  et  qui  ne  s'impose  que  par  des 
services,  soit  soumise  cependant,  comme  tous  les  palriciats,  à  ces  alterna- 
tives et  à  ces  revers  qui  nous  rappellent  à  l'égalité  de  notre  nature.  Si,  par 
une  rare  exception,  on  voit  de  loin  en  loin  le  génie  se  perpétuer  dans  plu- 
sieurs générations  successives,  grandir  même  en  s'éloignant  de  son  point 
d'origine,  l'éclat  et  la  durée  ne  s'en  éternisent  jamais  :  il  a,  comme  toutes 
les  choses  d'ici-bas,  sa  limite  fatalement. marquée;  il  s'éteint,  et  le  nom 

(1)  M.  A.  [Ucliard  est  mort  le  5  octobre  1852. 


NUT1CE    SLR    M.    A.    DE    .TlSSlhX.  387 

qu'il  a  entouré  d'une  auréole  glorieuse  n'est  plus  qu'un  héritage  lègue,  comme 
un  souvenir,  a  la  piété  des  familles. 

Les  de  Jnssieu  nous  apparaissent  comme  une  des  races  privilégiées  du 
monde  intellectuel  :  a  eux  seuls  ils  occupent  un  siècle  et  demi  dans  l'histoire 
de  la  botanique,  depuis  l'époque  de  Tournefort  jusqu'à  la  nôtre.  Les  noms 
d'Antoine,  de  Joseph,  de  Bernard  et  d'Antoine-Laurent  de  Jussieu  sont  po- 
pulaires parmi  nous;  ces  grands  hommes  sont  une  de  nos  gloires  nationales 
les  plus  incontestables,  et  nous  pouvons  en  être  fiers  quand  nous  voyons 
quelle  influence  ont  exercée  leurs  travaux  sur  les  progrès  de  l'Histoire  na- 
turelle tout  entière.  A  ces  noms  illustres  vient  s'ajouter  celui  du  dernier 
représentant  de  la  famille,  Adrien  de  Jussieu,  digne  continuateur  des  pères 
de  la  méthode  naturelle,  et  dont  la  mort  récente  a  été  un  deuil  pour  le 
monde  scientifique  tout  entier.  Vous  m'avez  désigné,  Messieurs,  comme 
son  élève  le  plus  direct,  pour  vous  retracer  les  principaux  traits  d'une 
vie  qui  nous  a  été  chère  a  tous;  j'essaierai  de  répondre  à  votre  confiance 
et  de  payer  une  partie  de  la  dette  de  reconnaissance  dont  je  ne  m'acquitterai 
jamais. 

Adrien  de  Jussieu  est  né  au  Muséum  le  23  décembre  1797.  Sa  santé  dé- 
licate ne  permit  point  d'assujettir  son  eufance  aux  exercices  réguliers  de  la 
vie  de  collège  :  il  fut  élevé  au  sein  de  sa  famille,  et  ses  parents  furent  ses 
premiers  instituteurs.  Sa  mère  elle-même,  jalouse  de  contribuer  au  déve- 
loppement de  cette  jeune  intelligence,  ne  recula  point  devant  une  étude  à 
laquelle  son  sexe  reste  généralement  étranger  ;  elle  apprit  le  latin  et  voulut 
en  enseigner  les  premiers  éléments  a  sou  fils.  Mais  bientôt  la  santé  d'Adrien 
se  raffermit  ;  on  put,  sans  danger,  le  faire  participer  aux  avantages  de 
l'instruction  en  commun  ;  il  entra  comme  demi-pensionnaire  au  lycée  Na- 
poléon, où  de.  fortes  études  achevèrent  l'éducation  commencée  sous  le  toit 
paternel.  A  dix-sept  ans,  en  1814,  le  jeune  de  Jussieu  remportait  le  prix 
d"honneur  au  grand  concours,  préludant  ainsi  aux  succès  que  lui  réservait 
l'avenir. 

Maître  de  suivre  ses  goûts,  Adrien  de  Jussieu  se  fût  peut-être  livre  aux 
études  littéraires.  Une  connaissance  approfondie  des  deux  langues  que  nous 
a  léguées  l'antiquité,  un  vif  sentiment  de  la  grandeur  des  idées,  de  la  beauté 
du  langage  dans  les  auteurs  qui  avaient  été  ses  compagnons  d'enfance,  la 
tournure  de  son  esprit,  peut-être  une  pointe  de  scepticisme  qui,  comme 
celui  d'Erasme,  le  poussait  moins  a  la  rigueur  de  la  conclusion  qu'elle  ne 
l'attachait  au  plaisir  de  la  discussion  élégante,  ses  triomphes  universi- 
taires eux-mêmes,  tout  le  portait  a  la  littérature.  Mais  il  comprit  vite  que 
noblesse  oblige  ;  fils,  pelit-neveu  de  grands  botanistes,  il  sentit  qu'il  y  avait 
devoir  pour  lui  à  accepter  le  glorieux  héritage  de  sa  famille  autrement  que 
sous  bénéfice  d'inventaire.  Sans  rompre  avec  ses  livres  favoris,  il  aborda 
vaillamment  l'étude  de  l'Histoire  naturelle,  et  ses  premiers  pas  dans  cette 


3S8  SOCIETE    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

carrière  nouvelle  tirent  augurer  du  lustre  qu'il  ajouterait  un  jour  au  nom 
déjà  si  grand  qu'il  portait. 

C'est  au  milieu  des  champs  et  des  bois,  dans  ces  riants  paysages  qui  en- 
cadrent Paris  et  qu'il  devait,  plus  tard,  visiter  tant  de  fois  au  milieu  de 
ses  élevés,  que  le  jeune  botaniste  prit  solitairement  ses  premières  leçons. 
Mais  un  usage  que  l'expérience  a  justifié  voulut  que,  a  l'exemple  de  ses 
prédécesseurs,  il  commençât  sa  carrière  de  savant  par  l'étude  de  la  méde- 
cine. On  n'imaginait  pas  alors  que  le  titre  de  botaniste  put  être  séparé  de 
celui  de  docteur,  et  le  jeune  de  Jussieu  suivit  les  cours  de  la  Faculté.  C'est 
à  cette  époque  de  sa  vie  qu'il  se  lia  étroitement,  avec  Achille  Richard  et 
avec  M.  Ad.  Brongniart.  d'une  amitié  dont  la  conformité  d'études  ne  fit  que 
resserrer  les  liens. 

La  thèse  par  laquelle  l'étudiant  couronna,  en  1826,  ses  études  médicales 
fut  aussi  le  début  du  botaniste,  il  prit  pour  sujet  la  famille  des  Euphor- 
biacées,  dont  il  discuta  les  propriétés  médicales  et  les  affinités  botaniques 
les  unes  liées  aux  autres,  comme  l'indique  l'épigraphe  mise  en  tète  du  mé- 
moire :  «  Plantœ  que  génère  conveniunt  etiam  virtute  conveniùnt  quee 
online  naturali  continenlur  etiam  virtute  propius  accédant.  »  Cette  thèse 
fut  soutenue  en  latin,  audace  déjà  rare  a  cette  époque,  et  avec  un  talent 
qui  justifia  l'audace  :  l'honneur  de  la  séance  fut,  dit-on,  du  côté  du  jeune 
récipiendaire. 

Chacun  de  nous,  Messieurs,  en  entrant  dans  cette  vie,  apporte  son  indi- 
vidualité morale  avec  son  individualité  physique;  mais  nos  aptitudes,  nos 
tendances,  notre  disposition  particulière  à  adopter  telles  idées  plutôt  que 
telles  autres  subissent  cependant  l'action  de  notre  entourage,  et  nos  facultés 
natives  prennent  toujours  plus  ou  moins  l'empreinte  du  milieu  dans  lequel 
elles  grandissent.  Adrien  de  Jussieu  ne  pouvait  échapper,  plus  qu'un  autre, 
à  ces  influences,  et  il  eut  le  bonheur  de  ne  trouver  autour  de  lui  que  des 
intelligences  d'élite.  Ce  furent  d'abord  L.-C.  Richard,  Ampère  et  Desfon- 
taines, amis  intimes  de  la  famille  ;  ce  fut  aussi,  presque  en  même  temps, 
Ch.-Sigismond  Kunth,  botaniste  habile,  que  la  similitude  de  l'âge  fit  son 
compagnon  de  travail,  et  avec  qui  il  prit  de  bonne  heure  l'habitude  des 
analyses  botaniques  rigoureuses.  Un  peu  plus  tard,  lorsque  déjà  Antoine- 
Laurent  de  Jussieu  s'affaiblissait  sous  le  poids  des  années,  M.  Rceper  vint 
imprimer  à  l'esprit  d'Adrien  de  Jussieu  une  nouvelle  impulsion  vers  les 
idées  morphologiques.  Ces  recherches  du  botaniste  allemand  sur  les  inflo- 
rescences, son  Essai  de  monographie  des  Euphorbes  ne  pouvaient  manquer 
d'exercer  une  certaine  action  sur  les  travaux  analogues  d'Adrien  de 
Jussieu  qui  embrassaient  les  mêmes  sujets;  mais  cette  rencontre  de  deux 
hommes  eminents  dans  la  même  voie,  loin  d'être  pour  eux  un  motif 
de  rivalité,  ne  servit,  au  contraire,  qu'a  cimenter  davantage  leur  étroite 
amitié. 


NOTICE    SIK    M.    A.     îii:    JUSSIEU.  389 

Ce  fut  en  1826,  après  avoir  rempli  depuis  1770,  c'est-à-dire  pendant 
cinquante-six  ans,  les  fonctions  de  professeur  de  botanique,  qu'Antoine- 
Laurent  de  Jussieu  songea  enfiu  à  la  retraite.  Sur  sa  proposition,  l'assem- 
blée des  professeurs  du  Muséum  nomma  son  fils  Adrien  professeur  de 
botanique  rurale;  honneur  accorde,  un  siècle  auparavant,  à  son  grand-oncle 
Bernard.  A  cette  époque,  qui  n'est  pas  bien  éloignée  de  nous,  l'étude  des 
plantes  indigènes  était  encore  regardée  comme  une  partie  essentielle  delà 
botanique,  et  les  herborisations  avaient  dans  l'esprit  de  tous,  professeurs  et 
élèves,  une  importance  qui  n'avait  pas  besoin  d'être  démontrée.  On  n'avait 
pas  songe  encore  à  considérer  comme  peu  scientifique,  presque  comme 
inutile,  la  distinction  des  espèces,  et  comme  presque  perdu  le  temps  qu'on 
emploie  a  ce  difficile  travail  ;  on  n'était  pas  arrive  a  cette  étrange  contra- 
diction, dans  laquelle  tombent  des  savants  du  jour,  de  proscrire,  au  nom 
de  ce  qu'on  appelle  la  pratique,  l'étude  qui  familiarise  le  mieux  avec  les 
faits,  et  fournit  aux  applications  utiles  la  base  la  plus  solide  et  la  moins 
trompeuse.  Il  importe,  Messieurs,  de  faire  justice  d'une  erreur  qui  serait 
funeste  à  la  véritable  science,  si  elle,  devait  se  propager,  funeste  aussi  à 
l'agriculture  qui  cherche  à  distinguer,  avec  raison,  les  plus  légers  carac- 
tères de  races  ou  de  variétés  entre  les  espèces  qu'elle  cultive.  N'oublions  pas 
que  c'est  dans  les  herborisations  qu'on  acquiert  les  premières  et  les  princi- 
cipales  notions  de  l'habitude  des  plantes  et  de  leur  organographie  ;  que 
c'est  là  qu'on  arrive  à  se  former  une  idée  nette  du  caractère  des  espèces, 
des  races,  des  variétés,  point  de  départ  de  toutes  les  classifications  ;  que 
c'est  là,  enfin,  qu'on  apprend  à  observer  et  que  la  vocation  du  naturaliste 
se  révèle.  De  combien  de  savants  distingues,  non-seulement  comme  bota- 
nistes, mais  comme  zoologistes  ou  géologues,  la  France  et  l'Europe  n'eus- 
sent-elles point  été  privées,  si  quelqu'une  de  ces  excursions  si  attrayantes 
a  tous  les  âges  de  la  vie  ne  fut  venue,  en  éveillant  chez  eux  des  jjoùts  et 
des  facultés  qu'ils  ne  soupçonnaient  pas  encore,  leur  indiquer  la  voie  qu'ils 
avaient  désormais  à  suivre  ? 

Adrien  de  Jussieu  avait  l'esprit  trop  droit  pour  ne  pas  comprendre  l'im- 
portance des  fonctions  qui  lui  étaient  confiées  ;  il  s'agissait  d'instruire  des 
commençants  et  de  décider  peut-être  quelqu'une  de  ces  vocations  qui  font 
les  hommes  utiles.  Son  rôle  n'était  pas  cependant  tout  entier  à  créer  : 
Antoine-Laurent  de  Jussieu,  Bernard  de  Jussieu  et  Sébastien  Vaillant,  tous 
trois  démonstrateurs  de  botanique  au  Muséum,  avaient  glorieusement  frayé 
la  route;  M.  Adrien  de  Jussieu  n'avait  qu'a  marcher  sur  leurs  traces  et  à 
suivre  les  traditions. 

Tous  ceux  qui  ont  fréquenté  les  herborisations  savent  avec  quel  dévoue- 
ment il  s'est  acquitte  de  devoirs  qui  n'étaient  pas  exempts  de  fatigues.  Sans 
parler  des  marches  pénibles  et  prolongées,  des  orages  qui,  sous  notre  ciel 
inconstant,  viennent  si  inopinément  jeter  le  trouble  dans  une  excursion  à  la 


390  SOCIÉTÉ    BOTAMQUE    UE    FRANCE. 

campagne,  et  Caire  courir  des  risques  à  la  santé,  c'est  déjà  une  tâche  labo- 
rieuse que  d'avoir  a  répondre  a  toutes  les  questions  qui  peuvent  être 
adressées  à  un  professeur  par  de  nombreux  élèves  :  il  faut  une  patience  à 
toute  épreuve,  une  grande  présence  d'esprit,  beaucoup  de  douceur,  un  cer- 
tain enjouement  qui  ne  dégénère  point  en  familiarité;  il  faut  surtout  une 
connaissance  approfondie  des  formes  variées  de  la  végétation,  et  une  mé- 
moire tellement  sûre,  que  le  professeur  ne  puisse  être  arrêté  devant  une 
difficulté  soulevée  à  l'improviste.  Toutes  ces  qualités,  déjà  si  rares  isolées, 
Adrien  de  Jussieu  les  possédait  réunies,  et  chacun  de  ses  élèves  peut  attes- 
ter, comme  moi  qui  ai  eu  si  longtemps  l'honneur  de  partager  ses  travaux, 
que  jamais  elles  ne  se  sont  affaiblies,  même  lorsque,  déjà  atteint  de  la  cruelle 
maladie  qui  l'a  enlevé,  il  sentait  les  leçons  de  botanique  rurale  aggraver  à 
chaque  fois  de  continuelles  souffrances. 

Des  herborisations,  quels  que  soient  le  talent  et  le  charme  qu'on  y  déploie, 
ne  suffisent  pas  pour  faire  la  réputation  d'un  savant,  et  d'ailleurs  il  y  avait 
obligation  pour  M.  de  Jussieu  a  contribuer,  d'une  manière  plus  directe  et 
plus  durable,  au  développement  de  la  science.  Une  série  de  Mémoires, 
modèles  du  genre,  et  auxquels  les  progrès  sans  cesse  croissants  de  la  bota- 
nique n'ont  rien  eu  à  modifier,  placent  Adrien  de  Jussieu  au  rang  des  pre- 
miers botanistes  de  l'Europe.  J'ai  dit  tout  à  l'heure  quelques  mots  de  sa 
Monographie  des  Euphorb lacées.  Se  plaçant,  comme  c'était  alors  Pusage, 
au  seul  point  de  vue  des  divisions  génériques,  il  révélait  déjà,  dans  ce  pre- 
mier essai,  la  sagacité  et  la  justesse  de  ses  aperçus.  Un  an  plus  tard  (1825), 
il  livrait  a  la  publicité  la  Monographie  générique  des  Rutacées,  faite  sur  le 
modèle  de  la  première,  dont  elle  rappelle  les  qualités,  mais  où  l'on  voit 
poindre  cette  heureuse  innovation  des  diagrammes,  développée  depuis 
lors  dans  les  travaux  de  botanique  descriptive,  et  qui  rendent  avec 
tant  de  simplicité  et  de  fidélité  la  position  relative  des  divers  organes  de 
la  fleur. 

En  4830,  une  troisième  monographie,  celle  des  Méliacées,  plus  complète 
que  les  précédentes,  puisqu'elle  contient  les  caractères  spécifiques  de  toutes 
Ses  espèces  de  la  famille,  s'annonce  comme  le  prélude  d'un  travail  plus 
vaste  et  plus  parfait,  la  Monographie  des  Malpighiacées,  l'œuvre  capitale  de 
M.  A.  de  Jussieu,  et  a  laquelle  il  travailla  pies  de  quatorze  années  consé- 
cutives. Ce  ne  fut,  en  effet,  que  dans  le  cours  de  1843  que  ce  beau  mémoire 
vit  le  jour  ;  a  lui  seul  il  aurait  suffi  pour  assurer  la  réputation  de  son  auteur. 
Les  plus  hautes  questions  d'anatomie  et  de  physiologie  y  sont  abordées,  et 
paraissent  résolues  ;  telles  sont  celles  de  la  symétrie  florale,  des  anomalies, 
de  la  fécondation,  de  la  structure  si  remarquable  des  lianes  en  général.  Aux 
planches  destinées  à  faire  connaître  les  caractères  des  genres,  M.  de  Jussieu 
a  adapté  un  système  de  signes  qui  consiste,  comme  R.  Brown  l'avait  déjà 
essayé   dans  ses  Illustrationes  plantarum  Novœ-Hollandiœ,  à  désigner 


NOTICE    SUR    M.    A.    1>E    .IISSIEL'.  391 

toujours  le  même  organe  par  la  même  combinaison  de  lettres  ou  de  signes. 
Mais  ce  que  peu  de  botanistes  peut-être  ont  remarqué,  et  ce  qui  me  semble 
tout  a  fait  digne  d'attention,  c'est  le  tableau  final  par  lequel  il  a  essayé 
d'exprimer  les  affinités  multiples  des  genres,  et  qui  est  conçu  de  manière  à 
prouver  que  l'ordre  naturel  n'est  pas,  comme  on  l'a  cru  si  longtemps,  et 
comme  quelques  personnes  le  professent  encore,  la  série  linéaire.  Ce  serait 
sortir  du  cadre  dans  lequel  je  dois  m'enfermer  ici,  que  de  cbereber  à  vous 
expliquer  ce  nouveau  point  de  vue  ;  je  me  borne  à  dire  que  j'y  vois  le 
germe  d'une  idée  féconde  que  l'avenir  développera,  et  qui  peut-être  donnera 
naissance  à  des  aperçus  philosophiques  d'une  haute  portée.  Cette  Monogra- 
phie des  Malpighiacées,  cette  œuvre  qui  a  marque  la  maturité  de  son  talent, 
accuse  chez  Adrien  de  Jussieu  un  prodigieux  savoir  botanique,  une  critique 
aussi  sûre,  une  sagacité  aussi  pénétrante  que  celles  de  ses  illustres  parents, 
Antoine-Laurent  et  Bernard  de  Jussieu  eux-mêmes. 

Je  ne  vous  signalerai  pas  d'autres  Mémoires  importants  de  M.  de  Jussieu  ; 
cette  citation  de  titres  ne  saurait  donner  une  idée  de  la  valeur  d'un  savant. 
C'est  surtout  dans  les  travaux  d'analyse  ou  de  botanique  descriptive,  dans 
les  circonscriptions  des  groupes  et  l'application  de  leurs  caractères,  là  où 
une  large  part  est  faite  au  libre  arbitre  du  savant,  qu'il  est  facile  de  se  faire 
illusion  sur  la  valeur  d'un  homme.  Le  public  ne  voit  que  l'extérieur  du 
livre;  son  contenu  est  pour  lui  lettre  close,  et,  ne  pouvant  faire  mieux,  il 
mesure  le  mérite  de  l'auteur  à  l'épaisseur  et  au  nombre  des  volumes.  Mais 
brisez  le  sceau,  et  pénétrez  dans  ce  labyrinthe  de  détails  où  s'enferme  la 
caractéristique  des  genres  et  des  espèces,  et  bientôt  vous  reconnaîtrez,  à  la 
touche  de  l'écrivain,  si  la  nature  l'a  marqué  du  signe  de  ses  élus,  si  elle  lui 
a  départi,  avec  le  don  de  l'observation,  le  sentiment  des  rapports  si  néces- 
saire pour  établir  les  analogies  et  faire  ressortir  les  différences.  Eh  bien  ! 
c'est  par  ces  traits  surtout  que  se  distinguait  le  talent  de  M.  A.  de  Jussieu. 
Depuis  bien  des  années,  il  soumettait  avec  une  rigueur  de  plus  en  plus 
sévère  ses  travaux  d'analyse  à  la  loi  de  l'unité  scientifique.  L'étude  des 
rapports  des  familles  entre  elles  était  devenue  son  occupation  principale  : 
c'était  pour  lui  comme  l'héritage  le  plus  direct  qu'il  avait  reçu  de  ses  pères  ; 
il  y  concentrait  toutes  les  forces  de  son  intelligence. 

Je  ne  puis  passer  ici  sous  silence  un  article  de  Taxonomie  botanique 
publié,  en  18^8,  dans  le  Dictionnaire  universel  des  sciences  naturelles,  et 
qui,  on  le  comprend  à  peine,  y  est  resté  presque  totalement  oublié.  Cet 
opuscule,  de  près  de  soixante-dix  pages,  est,  à  mon  avis,  un  des  meilleurs 
morceaux  de  philosophie  botanique  qui  aient  été  publiés  depuis  l'époque 
de  Linné  ;  l'auteur  y  passe  en  revue  les  différents  systèmes  qui  ont  cours 
depuis  l'époque  de  Rivin  et  de  Ray.  C'est  une  véritable  histoire  de  la  bota- 
nique, mais  une  histoire  critique  où  les  systèmes  sont  jugés  avec  cette  supé- 
riorité de  talent  et  cette  finesse  d'esprit  qu'Adrien  possédait  au  plus  haut 


392  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

degré.  On  sent,  en  le  lisant,  que  le  jeune  littérateur  n'a  pas  complètement 
disparu  sous  le  savant  consommé,  et  que  ces  sujets,  presque  autant  litté- 
raires que  scientifiques,  sont  ceux  auxquels  l'auteur  s'abandonne  le  plus 
volontiers.  Os  goûts  littéraires,  légués  par  sa  jeunesse  à  son  âge  mûr,  M.  de 
Jussieu  sut  les  faire  tourner  au  profit  de  la  science.  Personne  n'était  initié, 
comme  lui,  a  la  littérature  botanique;  il  connaissait  et  possédait,  dans 
l'immense  bibliothèque  commencée  par  ses  aïeux,  presque  tous  les  écrits, 
même  les  plus  anciens,  qui  ont  trait  a  cette  science,  et  sous  ce  rapport  il 
était  érudit  dans  toute  la  rigueur  du  mot.  Une.  histoire  de  la  botanique 
devait  couronner  ses  longues  études  et  le  personnifier  tout  entier;  depuis 
longtemps  il  réunissait  les  matériaux  d'un  ouvrage  qui  manque  a  la  science, 
et  que  lui  seul,  en  France,  était  capable  de  composer,  lorsque  la  mort  est 
venue  l'enlever  prématurément  a  ses  travaux 

Tl  a  cependant  laisse  u\\  livre  qui  a  popularisé  son  nom  parmi  la  jeu- 
nesse des  écoles  :  son  Traité  élémentaire  de  botanique,  ouvrage  simplement 
et  élégamment  écrit,  méthodique  et  clair,  où  la  plupart  des  questions  im- 
portantes de  la  science  sont  traitées  avec  assez  de  détails  pour  satisfaire  les 
savants,  et  assez  de  simplicité  pour  être  intelligibles  aux  commençants.  Il 
me  suffira,  pour  démontrer  combien  cet  ouvrage  a  été  apprécié,  de  vous 
dire  qu'il  est  arrivé  a  sa  septième  édition;  c'est  a  peu  près  trente  mille 
exemplaires  qui  ont  été  vendus  dans  l'espace  de  dix  ans;  il  a,  d'ailleurs,  été 
traduit  dans  les  principales  langues  de  l'Europe. 

Je  viens,  Messieurs,  d'essayer  de  vous  faire  connaître  M.  A.  de  Jussieu 
commesavant;  il  me  reste  a  le  considérer  comme  professeur,  comme  membre 
de  l'Académie  des  sciences,  comme  administrateur,  et  à  vous  rappeler  la 
part  trop  courte  qu'il  a  prise  à  vos  travaux. 

C'est  eu  1845  qu'il  fut  appelé  asuppléer  M.  Augustede  Saint-Hilaire,  en 
qualité  de  professeur  d'organographie  végétale  a  la  Faculté  des  sciences;  il 
était  alors  dans  la  maturité  de  son  talent.  Sa  réputation,  l'espèce  de  popu- 
larité que  ses  herborisations  lui  avaient  acquise,  la  simplicité  et  la  netteté 
de  sa  diction,  attirèrent  autour  de  lui  un  auditoire  sérieux  où  l'homme  d'Etat 
et  le  littérateur  vinrent  plus  d'une  fois,  comme  aux  herborisations, se  mêler 
à  la  jeunesse  des  écoles,  lui  montant  les  degrés  de  sa  chaire,  M.  Adrien  de 
Jussieu  s'était  promis  d'éviter  les  inutilités  brillantes  du  langage,  de  rester 
a  la  fois  sérieux,  simple  et  concis,  très  méthodique  surtout,  afin  d'arriver 
à  toutes  les  intelligences  de  portée  si  inégale,  qui  sont  appelées  à  recueillir 
les  leçons  du  maître.  Je  ne  puis  mieux  caractériser  son  enseignement, 
malheureusement  trop  court,  qu'en  vous  disant  qu'il  a  constamment  été 
l'application  des  principes  développés  dans  sou  exposition  de  la  taxonomie 
végétale.  Le  but  sans  cesse  présent  à  son  esprit  et  auquel  il  coordonnait  tous 
ses  aperçus,  c'était  de  faire  ressortir  la  grande  influence  de  la  méthode  na- 


NOTICE    SUR    M.    A.    DE   JUSSIEU.  393 

turellesur  les  progrès  des  sciences  de  l'observation  ;  il  voulait  rendre  palpable 
à  tous  le  sens  profond  de  ces  mots  de  Cuvier  :  «  La  méthode  naturelle  est  la 
science  réduite  à  sa  plus  simple  expression.   » 

Rarement  il  s'animait;  le  calme  était  dans  ses  habitudes  comme  la  timi- 
dité dans  son  caractère,  et  il  aimait  à  trouver,  chez  ceux  qui  venaient 
l'entendre,  les  dispositions  qu'il  apportait  lui-même  devant  son  auditoire: 
la  placidité,  l'attention,  le  respect.  Pour  retrouver  cet  aimable  laisser-aller, 
cette  spirituelle  causerie  qui  attiraient  à  ses  herborisations,  il  lui  fallait 
l'indépendance  de  la  promenade  au  grand  air,  ou  la  liberté  d'allures  que 
reprend  le  professeur  quand  sa  leçon  est.  achevée.  Alors  il  se  sentait  dégagé 
de  l'immense  responsabilité,  de  l'enseignement  public:  il  commençait  un 
enseignement  privé,  il  repondait  avec  enjouement  aux  diverses  questions 
qui  lui  étaient  adressées,  et  il  n'était  pas  rare  qu'en  s'abandonnant  au 
charme  d'une  savante  causerie  il  répétât  sa  leçon  tout  entière.  Tel  était 
l'attrait  de  ces  entretiens,  que  les  auditeurs  non-seulement  en  provoquaient 
la  continuation  dans  la  cour  de  la  Sorbonne,  mais  accompagnaient  bien 
souvent  le  professeur  jusqu'à  son  domicile,  afin  de  les  prolonger  encore. 
M.  de  Jussieu  continuait  la  tradition,  aujourd'hui  interrompue,  des  vieux 
professeurs,  amis  de  leurs  élevés  ;  il  s'associait  à  leurs  efforts,  les  encou- 
rageait,  applaudissait,  avec  toute  la  sincérité  de  son  âme,  à  leurs 
succès,  et  se  faisait  un  bonheur  de  guider  leur  inexpérience  par  de  pater- 
nels conseils. 

Reçu  membre  de  l'Académie  des  sciences  en  1831,  M.  de  Jussieu  eut 
souvent  à  exprimer  son  opinion  sur  les  travaux  soumis  à  l'appréciation  de 
cette  savante  compagnie  ;  il  le  fit  toujours  d'une  manière  bienveillante  et 
propre,  à  encourager  les  jeunes  botanistes.  Ses  divers  rapports,  parmi  les- 
quels je  citerai  celui  sur  le  grand  prix  des  sciences  physiques  qui  avait 
pour  objet  l'étude  des  mouvements  des  corps  reproducteurs  ou  spores 
des  algues  zoosporées,  etc.,  sont  des  modèles  d'analyse  et  d'élégante  expo- 
sition. 

Nommé  trois  fois  directeur  du  Muséum,  M.  de  Jussieu  déploya,  dans 
ces  nouvelles  fonctions,  une  parfaite  connaissance  des  hommes  et  des 
choses,  une  sagesse  si  grande,  une  appréciation  si  juste  des  intérêts  du 
grand  établissement  qui  l'avait  vu  naître,  que  son  souvenir  reste  attaché  à 
une  multitude  de  mesures  administratives  don!  l'expérience  a  démontré 
l'utilité.  Doué  d'une  grande  fermeté,  qu'il  savait  tempérer  par  beaucoup 
de  douceur,  il  ne  sut  jamais  faiblir  dans  l'accomplissement  d'un  devoir. 
Durant  nos  troubles  civils,  il  se  montra  à  la  hauteur  des  circonstances;  par 
son  calme,  son  sang-froid  et  sa  présence  d'esprit,  il  parvint  à  placer  le 
Muséum  sur  un  terrain  neutre,  et  a  détourner  ainsi  le  danger  qui  pouvait 
menacer  le  plus  riche  dépôt  de  nos  richesses  scientifiques. 


39&  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

A  la  mort  de  M.  Desfontaines,  il  fut  investi  des  fonctions  de  directeur 
de  l'herbier,  qu'il  partagea  plus  tard  avec  son  ami,  M.  Ad.  Brongniart.  Sa 
nomination  eut  pour  résultat  la  création  d'un  herbier  de.  la  flore  française, 
ainsi  qu'une  collection  spéciale  des  espèces  d'Europe.  M.  de  Jussieu  com- 
prenait toute  l'importance  de  cette  immense  collection,  dont  la  nomencla- 
ture nécessite  un  travail  considérable  et  de  tous  les  instants  ;  il  v  consacrait 
tous  les  moments  de  liberté  que  lui  laissaient  les  devoirs  de  son  adminis- 
tration ou  de  son  professorat.  Je  me  rappelle  avec  bonheur  les  discussions 
qui  s'élevaient  en  présence  des  échantillons  remarquables  par  leurs  anoma- 
lies ou  en  face  d'un  genre  inconnu;  M.  de  Jussieu  déployait  alors  toutes 
ses  qualités  solides  et  aimables,  et  stimulait,  chacun  pour  arriver  le  plus 
sûrement  au  but. 

Nommé  membre  de  la  Société  centrale  d'Agriculture,  M.  de  Jussieu  ne 
cessa  de  prendre  part  à  vos  travaux  ;  vous  n'avez  pas  oublie,  Messieurs, 
l'éloge  d'Augustin  Sageret,  qu'il  vous  a  lu  d'une  voix  déjà  affaiblie  par  la 
maladie,  et  qui  restera  dans  vos  souvenirs  comme  une  oeuvre  où  la  finesse 
du  talent  de  l'écrivain  s'allie  à  la  rigueur  de  l'analyse  des  faits  par  le  savant 
et  à  l'expression  délicate,  des  sentiments  de  l'homme  de  cœur. 

Je  suis  ainsi  conduit  à  vous  parler  de  l'homme  privé  ,  a  rappeler  ces 
vertus  qui  font  le  grand  citoyen,  le  bon  père  de  famille,  l'ami  sincère, 
l'honnête  homme  en  un  mot.  M.  Adrien  de  Jussieu  était  fait  pour  la  vie 
d'intérieur,  et  c'était  la,  en  compagnie  d'amis  intimes,  parmi  lesquels  je 
dois  nommer  MM.  .1.-1 .  Ampère  et  le  docteur  Roulin,  qu'il  s'abandonnait, 
sans  contrainte  et  sans  restriction,  à  la  bonhomie  de  son  caractère,  à  la 
vivacité  de  ses  sentiments  affectueux. 

Une  cousine  tendrement  aimée,  Mademoiselle  Félicie  de  Jussieu,  auprès 
de  laquelle  il  avait  passé  son  enfance  dans  une  propriété  de  son  oncle,  M.  de 
Senneviers,  au  centre  des  montasses  du  Lyonnais,  lui  fut  plus  tard  attachée 
par  des  liens  à  la  fois  plus  doux  et  plus  forts;  il  l'épousa  le  f>  septembre 
1827,  et  cette,  union  fut  pour  tous  deux  la  source  d'un  bonheur  que  la  nais- 
sance successive,  de  deux  enfants  devait  bientôt  accroître.  M.  de  Jussieu 
semblait  n'avoir  plus  rien  à  désirer  sur  la  terre,  quand,  par  un  arrêt  du 
ciel,  dont  tous  nous  avons  à  subir  à  notre  heure  la  sévérité,  l'édifice  de  son 
bonheur  fut  détruit  ;  deux  jours  s'étaient  à  peine  écoulés  depuis  la  naissance 
de  son  second  enfant,  que  celte  compagne  de  toute  sa  vie  lui  était  violem- 
ment enlevée  par  la  mort.  Il  est  des  douleurs  que  la  parole  ne  peut  retracer; 
celle  de  M.  de  Jussieu  fut  du  nombre,  et,  pour  ne  pas  y  succomber,  il  dut 
faire  appel  aux  sentiments  virils  qu'il  avait  reçus  de  la  nature,  et  surtout  à 
cette  espérance  consolatrice  d'une  vie  meilleure  qui  vit  au  fond  de  toutes 
les  consciences,  et  qui  avait  encore  été  fortifiée,  chez  lui,  par  les  ensei- 
gnements et  les  exemples  de  la  famille.  Séparé  de  celle  à  laquelle  il  avait 
voué  une  inaltérable/tendresse,  il  reporta  l'exubérance  de  ses  affections  sur 


NOTICE    SUR    M.    A.    DE   JUSSIEU.  395 

scs  deux  filles,  dont  l'avenir  devint  sa  préoccupation  constante.  A  peine 
avait-il  assuré  leur  bonheur  et  rempli  ainsi  sa  dernière  tache,  que  le  ciel 
l'enlevait  lui-même  à  déjeunes  familles  dont  il  eût  été  l'idole. 

Adrien  de  Jussieu  avait  reçu  de  la  nature  toutes  les  qualités  qui  font 
accepter  un  talent  supérieur  et  qui  en  éloignent  l'envie  ,  un  caractère 
ferme  et  bienveillant,  un  cœur  droit  et  dévoué,  une  âme  sensible;  il  faisait 
naitre  et  goûtait  les  joies  délicieuses  de  l'intimité,  dont  le  vulgaire  des 
hommes  ignore  le  charme. 

Son  extérieur  était  modeste,  et,  en  l'abordant  pour  la  première  fois,  on 
aurait  pu  se  former  de  l'homme  une  idée  bien  éloignée  de  la  vérité  :  sa  phv- 
sionomie  peu  mobile  et  une  certaine  étrangeté  dans  le  regard  qui  tenait,  en 
grande  partie,  a  la  petitesse  de  ses  yeux,  imprimaient  une  sorte  de  froideur 
à  son  accueil  ;  son  extrême  timidité  l'empêchait,  d'ailleurs,  de  se  mettre  à 
l'aise,  et  était  maladroite  à  y  mettre  les  autres.  Mais  les  premières  paroles 
de  M.  de  Jussieu  changeaient  bientôt  cette  impression:  sa  conversation 
fine,  spirituelle,  colorée,  bienveillante,  toujours  nourrie  d'une  quantité 
d'anecdotes  piquantes  et  placées  à  propos,  achevait  vite  la  conversion,  et 
l'on  emportait,  pour  ne  plus  l'oublier,  la  double  image  qui  peignait  l'homme 
tout  entier. 

Je  l'ai  dit  en  commençant,  M.  de  Jussieu  était  né  sans  ambition;  il  a 
cultivé  la  botanique  avec  éclat,  par  devoir  et  par  goût,  en  restant  fidèle 
aux  traditions  de  sa  famille  et  à  celles  de  la  science;  la  renommée  et  les 
emplois  publics  lui  vinrent  par  surcroit.  La  passion  du  bruit  et  de  la  gloire, 
qui,  comme  toutes  les  autres,  a  le  malheur  de  ne  dédommager  que  faible- 
ment des  tourments  qu'elle  cause,  n'a  point  agité  la  vie  de  M.  de  Jussieu  : 
il  appartient  a  cette  grande  génération  des  hommes  de  science  qui  ont 
enfermé  leur  activité  dans  le  cercle  utile  de  leurs  nobles  travaux  et  qui  ont 
cru  que  les  actes  de  la  vie  publique  la  plus  sage  ne  peuvent,  pour  la  durée 
se  comparer  aux  moindres  services  rendus  aux  sciences. 

Depuis  longtemps  M.  de  Jussieu  ressentait  les  atteintes  du  mal  qui  devait 
le  conduire  au  tombeau,  mais  il  n'en  soupçonnait  ni  l'origine  ni  la  gravité. 
Le  travail  de  la  digestion  lui  occasionnait  de  vives  souffrancesqui  l'obligeaient 
à  rester,  après  ses  repas,  étendu  dans  son  fauteuil  pendant  plusieurs  heures. 
C'est  dans  ces  moments  de  vie  en  apparence  inactive  qu'il  se  livrait  soit  à 
la  lecture,  soit  à  la  méditation.  Durant  ces  veilles  prolongées,  sa  bibliothèque 
restait  éclairée  bien  avant  dans  la  nuit;  sa  lampe  était  devenue,  pour  les 
babitauts  du  Muséum,  ce  qu'était  pour  le  peuple  deMeaux  la  lumière  mati- 
nale deBossuet,  l'étoile  de  Monseif/new,  comme  on  l'appelait  :  l'emblème 
de  l'assiduité,  de  la  ténacité  au  travail. 

Les  secours  de  la  médecine  furent  impuissants.  Dès  la  fin  de  1852,  on 
reconnut  avec  douleur  que  l'illustre  savant  était  atteint  d'une  de  ces  mala- 
dies incurables  dont  aucune  puissance  humaine  ne  peut  ralentir  la  marche. 


390)  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCK. 

Seul,  au  milieu  de  nous,  M.  de  Jussieu  semblait  ne  pas  comprendre  la 
gravité  de  sa  position.  Il  se  croyait  lié  par  les  mêmes  obligations  qui  lui 
étaient  si  légères  quand  il  jouissait  de  la  plénitude  de  la  santé,  et,  presque 
accablé  déjà  par  l'excès  de  la  souffrance,  l'habitude  du  devoir  le  ramenait 
encore  à  l'exercice  de  ses  fonctions  de  professeur.  On  eût  dit  qu'il  voulait, 
comme  l'empereur  Marc-Aurèle,  mourir  debout;  mais  bientôt  ses  forces 
trahirent  sa  volonté,  et  il  fut  contraint  d'abandonner  tout  travail. 

C'est  dans  ses  longues  heures  d'agonie  qu'il  eut  besoin  de  toute  la  force 
de  caractère,  dont  la  nature  l'avait  doué.  Quelque  violents  que  fussent  les 
accès  du  mal,  on  ne  l'entendit  jamais  se  plaindre;  de  même  qu'il  avait  été 
fort  contre  les  enivrements  de  la  prospérité,  il  le  fut  aussi  contre  la  dou- 
leur. Qu'il  me  soit  permis  de  rappeler  ici,  avec  reconnaissance,  les  soins 
touchants  qui  lui  furent  prodigues,  au  milieu  de  sa  famille  eplorée  par  son 
cendre,  M.  Ramond,  qui  se  montra  ce  qu'eût  été  pour  un  père,  un  fils 
tendre  et  dévoué. 

M.  de  Jussieu  expira  le  29  juin  1853. 

Sa  mort  fut  un  deuil  général. 

Le.  Muséum  et  l'Institut  perdaient  une  de  leurs  illustrations;  la  Faculté 
des  sciences,  un  de  ses  professeurs  les  plus  renommes;  la  Société  centrale. 
d'Aericulture,  un  de  ses  membres  les  plus  distingués  ;  la  France,  un  nom 
glorieux  et  populaire,  étroitement  lie  aux  grands  noms  de  Buffon  et  de 
Cuvier.  Cette  gloire  repose  entièrement  sur  la  science  ;  elle  n'emprunte  rien 
a  la  majesté  du  style,  à  la  hardiesse  des  vues  comme  celle  de  Buffon;  elle 
ne  parle  pas  a  l'imagination  comme  celle  de  Cuvier,  qui  nous  a  fait  assister 
à  la  résurrection  d'un  monde  perdu  ;  mais  elle  s'appuie  sur  des  découvertes 
non  moins  importantes,  elle  a  pour  base  des  vérités  non  moins  éternelles, 
la  subordination  des  caractères  dans  les  êtres  organisés,  et  leur  distribution 
en  Familles  naturelles,  auxquelles  restera  pour  toujours  attaché  le  nom 
illustre  des  de  Jussieu. 

Liste  des  ouvrages  ou  mémoires  de  M.  Adrien  de  Jussieu. 

Revue  drs  genres  cl  des  espèces  de  la  famille  des  Ternstroemiacées  (Ami.  scienc. 

nat.,  trcsér.,  Il,  p.  '270). 
Description  d'un  genre  nouveau  nommé  Icacina  (Mém.  Soc.  hist.  nat.  Paris,  1822, 

IV,  p.  17U.  c.  icon.). 
De  Euphorbiacearum   generibus  medicinisque  earumdem  viribus   Tentamm. 

Paris,  in-Zi,  118  p.,  18  lab. 
Considérations  sur  la  famille  des  Euphorbiacées  (Mém.  Mus.  hist.  nat.,  X). 
Mémoire  sur  les  Uutacéks,  ou  Considérations  sur  ce  groupe  de  plantes,  suivies  de 

l'exposition  des  genres  qui  le  composent  (M ('-m.  Mus.  hist.  nat. ,  XII,  c.  icon.,  16). 
Monographie  du  genre  Puebalium  (Mém.  Soc  hist,  nat.,  II,  cum  icon.,). 

(Les  dessins  dos  planches  11  et  12.  sans  nom  de  dessinateur,  ont  été  exécutés  par 
mademoiselle  Félicie  de  Jussieu.) 


NOTICE    SUR    M.    A.    DE    JUSSIEU.  397 

Mémoire  sur  le  groupe,  des  Méliacées  (Mém.  Mus.  hist.  nat.,  XIX,  cura  icon.  12 
et  mappa). 

Note  sur  TOncostemum,  nouveau  genre  de  la  famille  des  Ardisiacées  (Méra.  Mus. 

liist.  nat.,  XIX,  c.  icon.). 
Description  des  Malvacées  (in  Flora  Brasilia  méridional.,  1821). 
Malpighiacearum  synopsis  mimographicœmox  edendœ  Prodromus  (Ann.  scienc. 

nat.,  2eséi\,  vol.  XIII). 
Monographie  de  la  famille  des  Malpighiacées,  examen  des  tiges  de  ces  plantes, 

et  comparaison  de  leurs  lianes  avec  celles  d'autres  familles  (Compt.   rend., 

vol.  XII,  p.  5Zi5j. 
Sur  les  tiges  de  diverses  Lianes,  et  particulièrement  sur  celles  de  la  famille  des 

Malpighiacées  (Ann.  scienc.  nat.,  2e  série,  vol.  XV,  p.  167). 
Monographie  des  Malpighiacées,  ou  exposition  des  caractères  de  cette  famille  de 

plantes,  des  genres  et  des  espèces  qui  la  composent;  accompagnée  de  23  plan- 
ches (Arch.  du  Mus.,  vol.  III). 
■Note  sur  quatre  espères  cTHydrostachys  (Deless.  icon.,  vol.  III,  3). 
Note  sur  la  famille  des  Pkn.kacées  (Ann.  scienc.  natur.,  3e  série,  VI,  15,  cura 

icon.). 
Note  sur  les  fleurs  monstrueuses  d'une  espère  d'Érable  (Ann.  scienc.  nat.,2esérie, 

vol.  XV,  cum  icon.). 

Mémoire  sur  1rs  Embryons  monocotylédonés  (Ann.  scienc.  nat.,  2e  série, 
vol.  XI). 

Recherches  sur  les  Embryons  monocotylédonés  (Compt.  rend,  des  séances  de 
l'Acad.  des  scienc,  vol.  IX,  p.  15). 

Mémoire  sur  les  Embryons  monocotylédonés  (Ann.  scienc.  nat.,  2e  série,  XI, 
341,  cum  icon.). 

Cours  élémentaire  d'Histoire  naturelle,  à  l'usage  des  collèges  et  des  maisons 
d'éducation,  rédigé  conformément  au  programme  de  l'Université  du  14  septem- 
bre 1840.  Partie  Botanique.  lie  édition,  1842,  728  pages.  Précédé  d'une  note 
de  l'auteur. 

Observations  sur  quelques  plantes  du  Chili  (Ann.  scienc.  nat.,  l'e  série,  XXV, 

cum  icon.). 

(Cette  notice  renferme  les  caractères  de  la  famille  des  Francoacées,  des  remarques 
sur  quelques  EupLorhiacées,  la  description  des  genres  Eveilla,  Villaresia,  Dccostea, 
Gayophytum,  Chiropetalum,  Adenopellis,  ainsi  que  des  remarques  sur  le  Synzygan- 
thera,  que  M.  de  Jussieu  rapporte  au  Lacistema). 

Note  sur  le  genre  Francoa  (Ann.  scienc.  nat.,  Ve  série,  H,  p.  192,  cum  icon.). 
Note  sur  le  genre  Xapoleona  (Ann.  scienc.  nat.,   3"    série,   vol.   II,   p.    222, 

cum  icon.). 
Note  sur  le  Cheirostemon  platanoides  (Van  Houtte,  Flore  des  serres,  vol.  VII, 

p.  7,  cum  ta)).). 

Rapport  sur  la  partie  botanique  du  voyage  de  M.  Claude  Gay  au  Chili,  fait  à 
l'Académie  des  sciences  de  l'Institut,  le  1er  juillet  1833  (Archives  de  botan., 
vol.  II,  p.  17(i). 

t.   i.  26 


398  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DR    FRANCE. 

Rapport  s>tr  un  mémoire  de  M.  Pazzitii,  ayant  pour  titre  :  Nouvelle  théorie  sur 

l'origine  des  Champignons  (Compt.  rend.,  vol.  X,  p.  80/i\ 
Rapport  sur  un  mémoire  de  M.  Decaisne,  concernant  le  développement  du  pollen 

dans  le  Gui,  les  changements  que  présentent  ses  ovules,  ceux  du  Thesium;  et  en 

général  ceux  des  Santalacées  (Compt.  rend.,  vol.  X,  p.  80/t  ;  —  Ann.  se.  nal  , 

2e  série,  vol.  XIII,  p.  292\ 
Rapport  sur  le  Rumphia  de  M.  C.-L.  Blume,  directeur  du  Musée  de  Leyde  (Ann. 

se.  nat.,3e  série,  XIV,  367). 
Rapport  sur  une  note  de  M.  Louis  Vilmorin,  concernant  une  variété  non  épineuse 

de  l'Ajonc  (Compt.  rend.,  XXX,  p.  193). 
Rapport  sur  le  voyage  de  M.  Roche!  d'Héricourt  (Compt.  rend.,  XXII,  p.  810). 
Rapport  sur  le.  troisième  voyage  de  M.  Roche)  d'il  ni  court  en  Abyssinie  (Compt. 

rend.,  XXXII,  p.  227). 

Ce  rapport  renferme  la  diagnose  de  trois  espèces  nouvelles  décrites  par  A.  Richard  ; 
ce  sont  :  Leucospermum  Rochciianum ,  Combrelum  Rochetianum  et  Combretum? 
lepidolum. 

Rapport  sur  an  mémoire  de  M.  Solier,  ayant  pour  litre  :  Sur  deux  Algues  zoo- 

sporées  devant  former  un  nouveau  genre  (XXIII,  p.  1126). 
Rapport  fait  au  nom  de  lu  commission  chargée  d" examiner  les  pièces  adressées 

au  concours  pour  le  grand  prix  des  sciences  naturelles  de  18/i7  (Compt.  rend., 

XXX,  p    11,217). 
Rapport  sur  un  mémoire  relatif  aa  Papyrus  des  anciens  cl  sur  le  Papyrus  de 

Sicile  (Ann.  se.  nat.,  3e  série,  XV III,  p.  295). 
Rapport  sur  la  partie  botanique  d'un  ouvrage  de  M.  Claude  Gay,  ayant  pour  titres 

Historia  (isica  y  politica  de  Chile  (Compt.  rend.,  XIV,  p.  11/|5). 
Rapport  sur  un  mémoire  de  M.  Duchartre,  ayant  pour  titre:  Observations  sur 

Porganogénie  de  la  fleur  des  Malvacées  (Compt.  rend.,  XXI,  p.  Zii7). 
Rapport  sur  un  mémoire  de  AL  le  docteur  Weddell,  intitulé  Histoire  naturelle  des 

Quinquinas  (Compt.  rend.,  XXVIII,  p.  729). 
Rapport  sur  une  note  de  M.  Chatin,  ayant  pour  titre  :  Nouvelle  distribution  des 

Crucifères  (Compt.  rend.,  XXX,  p.  191). 
Rapport  sur  un  mémoire  de  M.  Alphonse  de  Candolle,  ayant  pour  titre  :  De  la 

naturalisation  des  plantes  (Compt.  rend.,  XXXI,  p.  358). 

Instruction  pour  un  nouveau  voyage  de  M.  Rocket  d'Héricourt  en  Abyssinie 
(Compt.  rend.,  XXV,  p.  250). 

Instructions  demandées  pour  le  voyage  de  M.  d'Escayrac  dans  les  régions  de 
Tunis  et  de  Tripoli  (Compt.  rend.,  XXVIII,  p.  546). 

Instructions  pour  le  voyage  en  Perse  de  M.  Cloquet  et  pour  le  voyage  a  Mada- 
gascar de  M.  Leguillou  (Compt.  rend.,  XXII,  p.  199,  203). 

Coup  d'œil  sur  la  Flore  des  îles  Canaries,  tracl.  de  l'allem.  de  M.  JLéopold  de 
Buch  (Archiv.  de  bot.,  v.  I,  p.  289  et  A81). 


Article  Taxonomie  végétale  (Dict.  unîv.  scienc.  nat.). 
Article  Géographie  botanique  (Dict.  univ.  scienc.  nat.). 


NOTICE    SUR    M.    A.    DE    11  SSIKC.  399 

Lettre  à  MM.  les  rédacteurs  des  Annales  des  sciences  naturelles  Èiir  un  point  de 
l'histoire  de  labotanique  I  \nn.  se.  nal.,  vol.  II). 

Notice  sur  la  vie  et  1rs  ouvrages  de  Charles-Sigismond  Kunth,  professeur  de  bo- 
tanique à  Berlin  (Ann.  se.  nnL,  3e  série,  XIV,  p.  76). 

Notice  sur  Augustin  Suurret  (Mém.  Soc.  centr.  d'agriculture  de  Paris,  1853). 


La  nomination  de  M.  de  Jussieu  aux  fonctions  de  directeur  de  l'herhierdu 
Muséum  eut  pour  résultat  la  création  d'un  herbier  spécial  de  la  Flore  fran- 
çaise, auquel  il  donna  pour  base  la  collection  offerte  à  l'établissement  par 
M.  De  Candolle,  qui  l'accompagna  de  la  lettre  suivante,  restée  inédite  et 
conservée  dans  les  galeries  botaniques. 

«  L'herbier  de  France,  que  j'ai  l'honneur  d'offrir  au  Muséum  d'histoire  naturelle 
-de  Paris,  comprend  toutes  les  espèces  de  la  Flore,  française  dont  je  me  suis  trouvé 
des  doubles  dans  ma  propre  collection. 

»  Il  est  distribué,  non  dans  Tordre  de  la  Flore  française,  niais  dans  celui  de  la 
seconde  édition  du  Synopsis,  qui  paraîtra  dans  peu  sous  le  nom  de  Botanicon 
gallicum.  C'est  pourquoi  chaque  espèce  y  est  désignée  par  l'abréviation  B.  G.,  qui 
y  fait  allusion.  En  attendant  que  cet  ouvrage  ait  paru,  on  retrouvera  facilement  les 
objets  de  cette  collection,  en  sachant  qu'ils  y  sont  rangés  1"  pour  la  classe  des 
Thalamiflores,  d'après  Tordre  suivi  dans  ce  qui  a  paru  ou  va  paraître  du  Systèma 
universale  ou  du  Prodromus  regni  vegetabilis  ;  2"  pour  le  reste  ,  dans  Tordre 
admis  dans  la  Théorie  élémentaire.  Chaque  espèce  est  indiquée  par  une  désigna- 
tion de  localité  qui  n'est  relative  qu'à  l'échantillon.  C'est  dans  l'ouvrage  lui-même 
qu'il  faut  chercher  l'énuméraiion  détaillée  des  lieux  divers  où  se  trouve  chaque 
espèce  ;  celle  qui  est  au  bas  de  l'étiquette  indique  seulement  le  lieu  où  l'échantillon 
a  été  cueilli  ou  par  moi-même,  ou  par  quelque  autre  botaniste  dont  le  nom  est 
aussi  indiqué.  Lorsqu'il  n'y  a  point  de  désignation,  c'est  (pie  l'origine  de  l'échan- 
tillon ne  m'est  pas  suffisamment  connue  ;  dans  les  cas  où  je  n'ai  pas  eu  d'échan- 
tillons disponibles  en  France,  j'y  ai  suppléé  ou  par  des  plantes  du  jardin,  ou 
par  celles  des  pays  les  plus  voisins,  collalionnés  avec  ceux  qui  ont  servi  de  t\pe 
à  la  Flore. 

>■  Il  manque  encore  quelques  espèces  à  cette  collection;  j'en  ai  gardé  une  note 
exacte  pour  les  fournir  au  .Muséum,  à  mesure  que  j'aurai  pu  me  les  procurer. 
Parmi  les  plantes  qui  manquent,  il  en  est  de  plusieurs  sortes  :  les  premières, 
comme  le  Dipsacus  sylvestris  .,  tellement  communes  que  j'avais  négligé  de  les 
dessécher  en  double  ;  les  secondes,  comme  le  Cyclamen  linearifolium,  tellement 
rares  que  je  n'ai  pu  m'en  procurer  encore  qu'un  seul  échantillon;  les  troisièmes, 
comme  les  Champignons  charnus,  tellement  difficiles  à  dessécher  qu'elles  man- 
quent dans  tous  les  herbiers,  h"  Il  est  encore  quelques  espèces  qui  manquent, 
parce  que  je  ne  les  possède  pas  moi-même  et  que  je  les  ai  décrites  d'après  des 
échantillons  conservés  dans  les  herbiers  des  autres  botanistes.  Celte  cause  d'omis- 
sion est  particulièrement  applicable  aux  Lichens,  famille  que,  à  l'époque  de  la 
rédaction  de  la  Flore  française,  j'ai  principalement  étudiée  dans  l'herbier  de  M.  Léon 


IlOO  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

Dufour.  5"  Enfin  je  n'ai  pas  cru  devoir  comprendre  dans  cette  collection  quelques 
espèces  propres  au  Piémont,  qui  avaient  été  placées  dans  la  Flore  à  l'époque  de  sa 
publication,  mais  qui  ne  se  trouveront  pas  dans  le  Botanicon,  soit  parce  qu'elles 
croissent  dans  une  autre  démarcation  politique,  soit  surtout  parce  qu'elles  font 
partie  d'une  autre  région  botanique;  j'y  ai  conservé,  au  contraire,  celle  des 
points,  tels  que  ÎNice ,  par  exemple,  qui,  bien  que  situés  aujourd'hui  hors  de 
France  ,  sont  tellement  rapprochés  de  la  frontière ,  qu'il  est  impossible  de  croire 
que  les  plantesqui  y  ont  été  trouvées  ne  se  rencontrent  pas  sur  le  territoire  fiançais 

contigu. 

»  Sans  m'astreindre  à  placer  dans  cette  collection  toutes  les  variétés  mentionnées 
dans  la  Flore,  j'en  ai  cependant  mis  un  certain  nombre,  en  les  choisissant  surtout 
parmi  les  variétés  sauvages  qui  pourraient  avoir  été,  ou  être  à  l'avenir,  considérées 
comme  des  espèces. 

»  Je  n'achèverai  point  cette  note,  destinée  à  faire  partie  permanente  de  l'herbier 
de  France,  sans  dire  que  plusieurs  des  plantes  qui  y  sont  disposées  ont  été  re- 
cueillies dans  les  voyages  botaniques  que  j'ai  exécutés  dans  les  départements,  par 
ordre  du  gouvernement,  dans  les  années  1806,  1807,  1808,  1809,  1810  et  1811, 
et  sans  y  consigner  le  témoignage  de  mon  admiration  et  de  ma  reconnaissance 
pour  le  Muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris  ;  c'est  dans  cet  établissement  que  j'ai 
puisé  mes  premières  connaissances  sur  l'art  d'étudier  les  productions  naturelles, 
et,  si  mes  travaux  peuvent  mériter  (pie  le  Muséum  veuille  en  conserver  le  souve- 
nir, je  désire  que  l'on  sache  combien  je  m'honore  d'en  avoir  été  l'élève  et  d'y 
compter  des  amis.  » 

A. -P.  Pe  Candolle, 

Professeur  a  l'Académie  de  Genève,  correspondant  de  l'Académie 
îles  sciences  de  l'Institut  de  France,  elc. 

Genève,  17  juin  1822. 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


PHYSIOLOGIE  VEGETALE. 

Mémoire  sur  la  formation  des  stomates  dans  l'épidémie 
des  feuilles  de  l'Ephémère  des  jardins,  et  sur  l'évolu- 
tion des  cellules  qui  les  avoisinent  ;  par  le  docteur  Garreau 
(Ann.  des  se.  natur.,  Uc  sér. ,  I,  1854,  p.  213-211),  planche  XV). 

Ce  mémoire  ajoute  quelques  faits  nouveaux  a  ceux  que  l'on  possédait 
déjà  relativement  a  la  formation  des  stomates.  L'auteur  a  vu  que,  lorsque 
la  cellule-mère  du  stomate  se  divise  en  deux  par  un  diaphragme  médian  et 
longitudinal,  «  au  lieu  d'un  diaphragme  simple  il  s'en  fait  un  double,  et 
que  cette  double  membrane  n'est  autre  chose  que  les  faces  latérales  des  deux 
cellules  nouvellement  développées  par  les  deux  petits  amas  de  matière  vi- 
vante, cellules  qui  se  joignent,  pour  ainsi  dire,  en  naissant,  et  donnent  l'ap- 
parence d'une  cloison  simple  aux  seules  parties  de  leur  membrane  qu'il  nous 
soit  donne  d'apercevoir,  et  qui  se  disjoignent  ensuite  pour  former  l'orifice 
stomatique.  »  Généralisant  ses  observations  sur  la  part  que  prend  la  matière 
azotée  des  courants  intracellulaires  et  du  noyau  ou  nucléus  à  la  formation 
des  nouvelles  cellules,  il  dit  que  «  la  paroi  cellulosienne  prend  naissance  au 
pourtour  de  la  matière  azotée,  qui  s'est  probablement  dédoublée  en  plusieurs 
amas  distincts.  »  Il  ajoute  :  «  Au  lieu  de  regarder  ce  noyau  comme  devant 
concourir  directement,  par  sa  substance,  à  développer  la  paroi  cellulaire, 
nous  le  croyons  lié,  par  sa  nature  et  ses  fonctions,  à  la  membrane  primor- 
diale, siège  de  la  sécrétion  cellulosienne,  puisque  ses  filaments  ou  les  cou- 
rants plastiques  qui  les  remplacent,  se  confondent  avec  cette  même  mem- 
brane, seule  partie  de  ce  petit  organisme  qui  soit  en  rapport  apparent  avec 
la  paroi  cellulaire  proprement  dite.  » 

Ueber  die  Nervation  «1er  Blaetter  uiul  blattartigen  Or- 
gane bel  den  Eiaphorhiaceen,  mit  besonderer  linck- 
siebt  auf  «lie  vorweltlicben  Formen  (Sur  la  nervation  des 
feuilles  et  des  organes  foliacés  chez  les  Euphorb lacées,  eu  égard  particu- 
lièrement aux  formes  fossiles),  par  le  docteur  Constantin  d'Kttinghausen. 
Sitzungsberichte  ou  Comptes  rendus  des  séances  de  l'Académie  impér.  des 


402  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

sciences  de  Vienne',  cahier  de  janv.  1854,  XII,  p.  138.  Tiré  a  part  en 
brocli.  in-8°  de  19  pages  et  8  planches  (1). 

M.  d'Ettingshausen  établit  parmi  les  modes  de  nervation  que  présentent 
les  Euphorbiacées  la  classification  suivante  : 

A.  Feuilles  simples. 

1.  Nervation  dirigée  vers  les  bords  (Raudlaeufige  Nervation;  Nervatio 
craspedodroma).  Nervures  secondaires  simples,  le  plus  souvent  rapprochées, 

(1)  Les  planches  qui  accompagnent  ce  mémoire  ont  été  exécutées  au  moyen  du 
procédé  inventé  récemment  par  M.  Louis  Auer,  directeur  de  l'imprimerie  impériale 
et  royale  de  cour  et  d'État,  à  Vienne.  Les  nervures  et  les  veines  des  feuilles  y  sont 
reproduites  avec  une  perfection  et  une  fidélité  qui  n'ont  d'égales  que  celles  des 
épreuves  photographiques.  Les  avantages  et  le  but  du  procédé  qui  a  servi  à  les  exé- 
cuter sont  indiqués  dans  le  titre  d'une  brochure  écrite  en  français  et  publiée  à 
Vienne  en  1853.  Nous  croyons  devoir,  pour  ce  motif,  reproduire  ce  titre  en  entier. 
«  Découverte  de  l'impression  naturelle  ou  invention  du  moyen  de  produire,  de  la 
manière  la  plus  prompte  et  la  plus  simple,  d'après  l'original  même,  des  formes 
d'impression  pour  des  collections  entières  de  plantes,  pour  des  étoffes,  des  dentelles, 
et  en  général  pour  toutes  sortes  d'objets  originaux  et  de  copies,  quelques  minces 
que  puissent  être  leurs  reliefs  et  leurs  cavités,  moyennant  laquelle  méthode  on  est 
à  même  tant  de  tirer  des  imprimés  et  d'empreindre  en  blanc  sur  fond  colorié,  que 
d'obtenir  en  couleurs  naturelles,  sur  papier  blanc,  des  copies  identiquement  égales 
à  l'original,  sans  qu'on  ait  besoin  d'un  dessin  ou  d'une  gravure  faits  par  main 
d'homme,  de  la  manière  usitée  jusqu'à  présent;  exposition  lue  dans  la  classe  de 
mathématiques  et  d'histoire  naturelle  de  l'Académie  impériale  des  sciences,  ;'i  Vienne, 
par  Louis  Auer.  » 

La  brochure  que  nous  avons  sous  les  yeux  ne  donne  pas  les  détails  du  procédé 
employé  pour  l'impression  naturelle  des  plantes,  mais  elle  contient  l'indication 
précise  de  la  même  méthode  appliquée  à  la  reproduction  des  dentelles,  méthode 
qui  paraît  être  semblable.  Nous  croyons  donc  faire  plaisir  aux  abonnés  du  Bulletin 
en  reproduisant  littéralement  cet  exposé. 

«  On  enduit  le  coupon  original  de  dentelle  destiné  à  être  copié  d'une  mixture 
d'eau-de-vie  et  de  térébenthine  vénitienne,  et  on  le  pose  tendu  sur  une  planche 
de  cuivre  ou  d'acier  bien  polie.  On  y  superpose  ensuite  une  seconde  lame  de  plomb 
pur,  également  polie,  et  l'on  fait  glisser,  à  l'aide  d'une  presse  chalcographique,  les 
deux  planches  renfermant  l'échantillon  de  dentelle,  entre  deux  cjlindres  qui  exer- 
cent momentanément  une  pression  de  S00  à  1000  quintaux.  Aussitôt  qu'on  a  dé- 
taché les  planches,  on  découvre  que  le  tissu  de  la  dentelle  s'est  empreint  dans  la 
lame  de  plomb;  on  l'en  écarte  avec  circonspection,  et  le  dessin  se  montre  en  creux 
sur  ladite  lame. 

»  Or,  voulant  obtenir,  dans  le  but  d'en  tirer  des  imprimés,  une  planche  de  la 
composition  plus  dure  de  métal  à  fondre,  des  caractères,  on  emploie  le  procédé  or- 
dinaire de  stéréotypie  ou  de  galvanisation,  par  lesquels  on  peut  multiplier,  comme 
on  le  suit,  à  l'infini,  le  nombre  des  planches  destinées  à  l'impression. 


;; 


REVUE    BIBLIOGRAPHIQUE.  /((Jo 

se  dirigeant  en  ligne  droite  ou  seulement  par  des  ares  1res  ouverts  vers  le 
bord  ou  elles  se  terminent  brusquement. 

Cette  nervation  est  très  développée  chez  les  Cupulifèreset  les  Uimaeées; 
on  ne  la  trouve  que  ça  et  là  chez  les  Euphorbiacées,  surtout  dans  les  inflo- 
rescences feuillees  des  Phyllanthus,  dans  ies  feuilles  de  quelques  espèces 
d' Oiaulanthus  et  de  Bridelia. 

'2.  Nervation  apicilaire  (Spitzlaeufige  Nervation;  Nervatio  acrodroma). 
Deux  ou  plusieurs  nervures  parties  du  bas  de  la  feuille  se  dirigent  vers  son 
sommet  entre  la  nervure  médiane  et  le  bord:  Jatropha,  Alc/wrnea,  Hippo- 
mune  et  Sarcococca. 

3.  Nervation  arquée  (Bogeniaeufige  Nervation;  Nervatio  camptodroma). 
Nervures  secondaires  fortes,  marchant  en  arc  vers  le  bord  pour  s'y  anasto- 
moser avec  la  nervure  adjacente  et  antérieure,  naissant  le  plus  souvent  à  de 
grandes  distances  les  unes  des  autres  :  Styloceras,  Hura,  Stillingia, 
Plucknetia,  Botryanthe,  Hecatea,  Mabea,  Gelonium. 

h.  Nervation  entrelacée  (Schlinglaeutige  Nervation;  Nervatio  brochido- 
droma).  Nervures  secondaires  fines,  assez  distantes,  naissant  sous  des  an- 
gles peu  aigus  et  marchant  presque  en  ligne  droite  jusqu'au  milieu  de  la 
moitié  de  la  feuille,  ou  peu  au  delà,  pour  y  former  avec  les  deux  nervures 
adjacentes  de  même  nom  un  entrelacement  qui,  de  son  côté  dirigé  vers  le 
bord,  émet  des  nervures  tertiaires  ou  des  nervures  réticulées  plus  fortes. 

Cette  nervation  est  assez  répandue  chez  les  Euphorbiacées  :  Maprounea, 
Excœcaria,  Sebastiania,  Sarothrostachys,  Stillingia,  Mabea,  Baloqhia, 
Phyllanthus. 

5.  Nervation  réticulée  (Netziaeutige  Nervation;  Nervatio  dictyodroma) . 
Nervures  secondaires  fines,  généralement  rapprochées,  plus  ou  moins  si- 
nueuses, passant,  après  un  court  trajet,  à  un  réseau  délicat. 

Cette  nervation  est  la  plus  fréquente  soit  dans  les  feuilles  des  dicotylé- 
dones en  gênerai,  soit  dans  celles  des  Euphorbiacées  en  particulier  :  Eu- 
phorbia,  Anthostema,  Colliyuaja,  Excœcaria,  Styloceras,  Hippomane, 
Omalanthus,  Stillingia,  Gelonium,  Phyllanthus,  etc. 

6.  Nervation  rayonnée  (Strahlenlaeufige  Nervation;  Nervatio  actino- 
droma).  Deux  ou  plusieurs  nervures  basilaires  partent  du  point  d'attache 
de  la  lame  au  pétiole,  et  se  dirigent  en  divergeant  vers  les  extrémités  des 
divisions  et  des  lobes  de  la  feuille. 

Cette  nervation  est  très  répandue  chez  les  Euphorbiacées  :  Dalechampia 
Pachystemon,  Tragia,  Mappa,   Macaranga,  Aleurites,  Elœococca,  Jatro- 
pha, Curcas,  Cnidoscolus,  Manihot,  Ricinus,  Andriana. 

7.  Nervation  perdue  dans  le  tissu  (Geweblaeufige  Nervation  ;  Nervatio 
hyphodroma).  Nervures  secondaires  manquant  ou  se  montraut  à  peine  : 
Pedilanthus,  Euphorbia,  fticinocarpus,  Amperea. 

B.  Feuilles  composées. 


ZlO/|  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    1>K    FRANCE. 

Ces  feuilles  ne  se  montrent  qu'exceptionnellement  chez  les  Euphorbia- 
cées  et  seulement  chez  les  genres  Siphonia  et  Anda. 

Le  reste  du  mémoire  est  consacré  à  la  description  détaillée  des  feuilles 
des  Euphorhiacées. 

IV Im  b*  die  Nervation  tlei*  Blaetter  der  Papilionaeeeii  [Sur 
la  nervation  dès  feuilles  des  Papilionacées),  par  le  docteur  C.  d'Kttings- 

hausen.  Comptes  rendus  de  l'Acad.  des  sciences  de  Vienne,  classe  des 
mathématiques  et  de  l'histoire  naturelle;  avril  1854,  vol.  XII,  p.  600. 
Tirage  à  part  en  brochure  in-8°  de  06  pages,  et  22  planch.  exécutées 
comme  celles  du  mémoire  précédent. 

Ce  mémoire  n'est  qu'une  application  aux  feuilles  des  Papilionacées de  la 
classification  adoptée  par  l'auteur  pour  les  nervations  des  Euphorhiacées. 
Les  nervations  des  Papilionacées  sont  divisées  en  8  catégories  qui  corres- 
pondent aux  6  premières  admises  pour  les  Euphorhiacées,  la  première  et  la 
quatrième  de  celles-ci  étant  subdivisées  chacune  en  deux,  dont  l'une  est 
nommée  parfaite  et  l'autre  imparfaite.  Cet  exposé,  tout  de  détails,  n'est  nul- 
lement susceptible  d'analyse,  et  doit  être  étudie  dans  le  mémoire  original 
lui-même. 

Ziir  EBitwickelMMgsgescliiclite  des  Collema  bulbosum,  Achar. 
{Sur  l'organogénie'du  Collema  bulbosum,  Achar.);  par  M.  Julius Sachs. 
Botan.  Zeitung,  du  5  janvier  1855,  col.  1-9,  plane.  I. 

Ce  travail  a  été  entrepris  dans  le  but  de  reconnaître  si  l'analogie  que  plu- 
sieurs botanistes  ont  supposé  rapprocher  les  Nostochinées  des  Collémacées 
existe  réellement.  Depuis  trois  ans,  M.  Sachs  avait  observé  une  quantité 
surprenante  de  Collema  entre  Prague  et  Kuchelbad  ;  le  Collema  bulbosum 
s'y  montrait  particulièrement  abondant.  Grâce  à  l'humidité  exceptionnelle 
du  printemps  de  1854,  il  a  pu  suivre,  pendant  les  mois  de  mai  et  de  juin, 
un  nombre  considérable  d'états  intermédiaires  entre  le  Nostoc  commune  et 
le  Collema  bulbosum  ;  d'où  il  a  été  conduit  à  conclure  que  ces  deux  végé- 
taux ont  une  même  origine.  L'étude  micoscopique  a  confirmé  de  la  manière 
la  plus  formelle  ce  résultat  remarquable.  Voici  en  résumé  les  principaux 
faits  observés  par  l'auteur  dans  ses  recherches  sur  l'organogénie  du  Collema 
bulbosum. 

1°  Des  gonidies  naît,  par  une  série  de  divisions  opérées  dans  une  direc- 
tion unique,  un  cordon  celluleux  qu'entoure  la  cellulose  gélatineuse  des 
petites  cellules  continente  en  une  enveloppe  commune.  2°  Dans  ces  iiles  de 
cellules  semblables  à  un  collier  de  perles  se  montrent  maintenant,  à  des  in- 
tervalles déterminés,  des  cellules  brunâtres  plus  grosses,  de  sorte  que  le> 
cordons  se  conforment  en  chapelets.  3°  L'entrelacement  et  la  multiplication 


REVUE    BiBLIOGlUl'HIQl  K.  &05 

continuelle  des  cordons,  ainsi  que  le  durcissement  de  la  couche  externe  de 
la  gélatine  commune  en  membrane  d'une  certaine  consistance,  donnent 
naissance  à  un  petit  corps  nettement  circonscrit  de  tous  les  côtés,  qui  est  le 
Nostoc  commuai',  h"  La  petite  masse  de  Nostoc  qui  a  pris  ainsi  naissance 
peut  maintenant,  selon  les  circonstances  extérieures,  suivre  deux  voies  phy- 
siologiques différentes  :  (a)  ou  bien  cette  formation  devient  indépendante; 
elle  grossit  considérablement  et  périt,  plus  tard,  a  l'état  de  Nostoc  ;  (b)  ou 
bien,  sous  l'influence  de  circonstances  favorables,  les  cellules  des  cordons 
se  développent  en  filaments  incolores,  qui  s'enchevêtrent  en  feutre  serré,  et 
qui  finissent  ainsi  par  former  le  thalle  d'un  Collema  bulbosum  ;  dans  ce  cas, 
lorsque  apparaît  ce  nouvel  élément  intérieur,  l'aspect  extérieur  change 
aussi,  et  la  petite  masse  du  Nostoc  se  fronce  de  rides  qui  deviennent  ensuite 
les  lames  du  thalle. 

M.  Sachs  avoue  que,  pour  compléter  l'organogéuie  du  Collema  bulbosum, 
il  lui  manque  une  observation  importante,  puisqu'il  ne  l'a  pas  vu  naître  de 
la  spore,  et  il  ajoute  qu'il  n'espère  guère  avoir  désormais  l'occasion  de  com- 
bler cette  lacune. 

BOTANIQUE  DESCRIPTIVE. 

Folia  orcliitlacea.  An  enuBiierntioia  of  tlie  known  Spe- 
eies  of  Orcliids  {JE numération  des  espèces  connues  d'Orchidées),  par 
le  professeur  ,1.  Lindley.  Londres,  1852  a  1854. 

M.  Lindley,  dont  les  beaux  et  nombreux  travaux  sur  les  Orchidées  ont 
tant  contribué  a  éclairer  et  à  étendre  l'histoire  de  cette  vaste  famille,  a  en- 
trepris, depuis  le  mois  d'octobre  1852,  la  publication  d'un  ouvrage  qui 
manquait  aujourd'hui  à  la  science.  En  effet,  quoique  son  Gênera  and  Species 
of  Orchidaceous  plants  n ait  été  terminéqu'en  18/i0,  pendant  quatorze  ans  qui 
se  sont  écoulés  depuis  cette  époque,  le  nombre  des  nouvelles  espèces  d'Or- 
chidées qui  ont  été  importées  en  Europe  soit  sèches,  soit  vivantes,  est  déjà 
très  considérable.  Or,  la  description  de  toutes  ces  plantes  est  dispersée  dans 
plusieurs  collections,  en  général  anglaises,  et  toutes  d'un  prix  assez  élevé 
pour  qu'on  ne  les  trouve,  que  dans  un  petit  nombre  de  bibliothèques,  telles 
que  le  Botanical  Magazine,  le  Botanical  Begister,  le  Magazine  of  botany  de 
M.  Paxton,  le  Floiver  Gardenùe  MM.  Lindley  et  Paxton,  et  aussi  dans  les 
Annales  de  M.  Morren,  dans  la  Flore  des  serres  de  M.  Van  Houtle  etc. 
enfin  dans  quelques  ouvrages  splendides,  tels  que  le  Sertum  orchidaceum 
de  M.  Lindley,  le  gigantesque  ouvrage  de  M.  Batemau  sur  les  Orchidées 
du  Mexique  et  du  Guatemala,  le  Pescatorea  actuellement  en  cours  de  pu- 
blication, les  Xenia  orchidacea  de  M.  Ueichenbach  fils,  etc.  Réunir  en  les 
élaborant  et  les  complétant  encore  ces  nombreux  documents,  faire,  en  un 
mot,  une  nouvelle  élaboration  de  son  synopsis  monographique  des  Orchi- 


A<>(5  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    l>K    FRANCE. 

dees,  était  un  travail  que  M.  Liiidley  pouvait  faire  mieux  que  personne,  et 
les  botanistes  doivent  se  féliciter  vivement  qu'il  l'ait  entrepris. 

La  marche  adoptée  par  M.  Lindley  pour  ses  Folia  orchidacea  lui  laisse 
toute  la  liberté  d'allure  désirable  Au  lieu  de  publier  ses  monographies  gé- 
nériques dans  un  ordre  méthodique,  il  les  livre  a  l'impression  sans  ordre  et 
selon  que  les  circonstances  l'ont  amené  à  terminer  l'une  plutôt  que  l'autre. 
Aussi  la  pagination  est  distincte  et  séparée  pour  chaque  genre;  et  les  petits 
genres  qui  n'occupent  que  très  peu  d'espace  sont  imprimés  sur  un  feuillet 
à  eux  propre.  Il  en  résulte  que,  lorsque  l'ouvrage  sera  terminé,  on  pourra 
en  disposer  les  parties  dans  l'ordre  que  l'on  préférera. 

Jusqu'à  ce  jour,  5  parties  ou  cahiers  ont  été  publies  :  la  première  partie 
est  datée  d'octobre  1852;  la  2e,  de  janvier  1853;  la  3e,  de  lévrier  1853;  la 
h\  d'avril  1853;  la  5e,  de  février  1854.  On  y  trouve  les  Monographies  de 
plusieurs  petits  genres,  et,  parmi  ceux  qui  sont  plus  riches  en  espèces,  celles 
des  genres  Stankopea,  Odontoglossum,  Epidendrum,  Vanda,  Brassia,  So- 
bralia  et  Cœlogyne.  Le  genre  Epidendrum  occupe  a  lui  seul  une  grande 
portion  de  la  2e,  de  la  k"  partie,  et  la  3"  tout  entière.  Il  ne  renferme  pas 
moins  de  310  espèces,  taudis  qu'il  en  comptait  seulement  71  dans  le  Gênera 
and  Species. 

Les  Cœlogyne  se  sont  élevés  au  nombre  de  61  espèces,  les  Sobralia  a 
celui  de  2k,  les  Odontugloaston  a.  (57  au  lieu  de  21,  h  et  5  espèces  dont  on 
trouvait  le  signalement  dans  le  même  ouvrage.  Ces  chiffres  permettent  de  se 
faire  une  idée  de  l'énorme  accroissement  qu'a  pris  la  famille  des  Orchidées 
pendant  les  vingt  dernières  années. 

Leguminosse  quredam  Australasiœ  novte,  Auctore  C.  F.  Meis- 
ner,  prof.  Basileensi.  liotan.  Zeituny,  5  janv.  1855,  col.  9-13,  12  janv. 
col.  25-32. 

Les  plantes,  objet  de  ce  travail,  ont  été  recueillies  toutes,  a  l'exception 
d'une  seule,  par  l'infatigable  collecteur  James  Drummond,  en  1850-1851, 
dans  la  partie  occidentale  de  l'Australie,  au  nord  et  à  l'est  deSwau-River. 
Les  Acacia  qui  y  sont  compris  sont  tous  phyllodinés.  Voici  les  noms  de  ces 
espèces  nouvelles  :  1.  Acacia  iPungentes)  retrorsa;  Dru  m.  Collée.  VI,  n°  h. 
—  2.  A.  (Imngentes?  v.  Brachybotryae?)  cocklocarpa ;  Drum.  Coll.  VI, 
n"  6.  —  3.  A.  (  Calamiformes  )  scirpi folia  ;  Drum.  Coll.  VI,  n°  5.  — 
k.  A.  (Latifoliae  1-nerviœ)  falcinella ;  leg.  Cl.  Latroche.  — 5.  A.  subfalcata; 
bruni.  Coll.  VI,  n°  1.  —6.  A.  daphnifolia  ;  Drum.  Coll.  VI,  n°  2.  —  7.  La- 
bichea  tephrosiœ folia  ;  Drum.  Coll.  VI,  n"  7.  —  8.  Oxylobium  nervosum; 
Drum.  Coll.  VI,  n"  21.  --  9.  0 .?  genistoides ;  Drum.  Coll.  VI,  n°  9.  — 
10.  Goiupholubiuai  Drummondii;  Drum.  Coll.  VI,  n°  10.  —  11.  Jacksonia 
carduacea;  Drum.  Coll.  VI,  n"  IU.  —  12.  ./.  rnacrocalyx ;  Drum.  Coll.  VI, 


KEVUE    BIBLIOGRAPHIQUE.  A07 

il"  15.  —  13.  J.  ulicina;  Drum.  Coll.  VI,  n°  13.  —  \h.  J.  stricta;  Drum. 
Coll.  VI,  n°  12.  —  15.  J.  cupulifera;  Drum.  Coll.  VI,  n°  11.  —  16.  Da- 
viesiu  Epiphyllum;  Drum.  Coll.  VI,  n°  18.  —  17.  Sphœrolobium  crassira- 
rneum;  Drum.  Coll.  VI,  n"  20.  —  18.  S.  pulchellum;  Drum.  Coll.  VF, 
u°  19.  —  19.  Gastrolobium  verticillatum  ;  Drum.  Coll.  VI,  n°  1k. —  20.  G. 
axillare;Dnun.  Coll.  VI,  n°22.  —  21.  G.  bidens;  Drum.  Coll.  VI,  n°  23. 
—  22.  G.  lineare;  Drum.  Coll.  VI,  u°  25.  —  23.  Hovea  ulicina;  Drum. 
Coli.  VI,  n"  26.  —  2Zi.  Bossiœa  nervosa;  Drum.  Coll.  VI,  u°  29.-25.  Pso- 
ralea  Drummondii ;  Drum.  Coll.  VI,  n°  33. 

BOTANIQUE  GÉOGRAPHIQUE . 

Mémoire    sur    la   coloration    de  la    mer   «le   Chine  ;    par 

M.  Camille  Dareste.  (Ann.  dessc.  natur.,  h'  série,  I,  1854,  p.  81-91.) 

M.  C.  Dareste  a  eu  occasion  d'examiner  attentivement  le  dépôt  laissé  par 
une  petite  quantité  d'eau  de  la  mer  de  Chine  qui  avait  été  puisée  dans  une 
partie  où  la  mer  était  colorée  en  rouge.  Il  y  a  reconnu  l'existence  du  Tri- 
chodesmum  erythrœum,  Ehrenb.,  qui,  comme  l'ont  montré  MM.  Ehrenberg 
et  Montagne,  colore  souvent  l'eau  de  la  mer  Rouge.  Il  est  porté  a  penser  que 
les  parties  jaunes  de  la  mer  de  Chine  peuvent  bien  devoir  leur  coloration 
à  l'existence  de  la  même  Algue  microscopique  ;  mais  il  n'a  pu  vérifier  ce  t'ait 
par  lui-même. 

Il  donne  ensuite  des  citations  qui  prouvent  que  ces  petites  algues  ont  été 
déjà  aperçues,   mais  que  les  observateurs  en  ont  méconnu   la  nature  et 


origine. 


BOTANIQUE  APPLIQUEE. 

Iles    application*  de  la  botanique    à  la   pharmacie,  par 

M.  J.-L.  Soubeiran.  Paris,  1855,  in-8°  de  88  pages. 

Ce  mémoire  a  été  présenté  comme  thèse  a  l'École  de  pharmacie  de  Taris 
dans  un  concours  pour  l'agrégation.  L'auteur  y  développe  successivement 
quatre  propositions  :  1°  Les  connaissances  botaniques  ont  contribue  a  en- 
richir la  matière  médicale  de  nouveaux  médicaments;  elles  peuvent  servir 
de  guide  dans  les  recherches  de  même  nature.  L'auteur  se  livre  a  une  dis- 
cussion circonstanciée  pour  reconnaître  le  degré  d'exactitude  du  principe 
linneen  :  Plantœ  quœ  génère  conveniunt,  etiam  virtute  conveniunt,  etc.  11 
soumet  à  un  examen  particulier  les  familles  des  Légumineuses,  Euphor- 
biacées,  Renonculacées,  Ombellifères,  Scrophularinées,  Solanées,   Rubia- 
cées,  Liliacées,  Champignons,  et  il  arrive  a  cette  conclusion  que  l'analogie 
entre  les  propriétés  médicinales  et  les  caractères  botauiques  est  évidente 
chez  les  Rubiacées,  générale,  quoique  soumise  a  des  exceptions,  chez  les 


408  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

Légumineuses,  les  tëuphorbiacées,  les  Renonculacées,  les  Solanéesj  dou- 
teuse chez  les  Scrophularinées,  encore  difficile  à  établir  chez  les  Liliacées, 
au  moins  obscure  chez  les  Champignons. 

2°  Les  caractères  botaniques  éclairent  les  substitutions  à  faire  d'une  plante 
a  une  autre  ou  d'un  produit  fourni  par  une  plante  a  des  produits  retirés  de 
plantes  différentes.  De  nombreux  exemples  sont  cités  par  l'auteur  à  l'appui 
de  cette  proposition. 

3°  Les  caractères  botaniques  peuvent  servir  à  reconnaître  diverses  falsi- 
fications que  l'on  fait  subir  aux  médicaments.  Les  substitutions  frauduleuses 
de  parties  d'une  plante  à  des  parties  analogues  d'une  autre  plante  sont  mal- 
heureusement nombreuses.  M.  Soubeiran  en  cite  un  grand  nombre,  et  il 
montre  qu'on  peut  généralement  les  reconnaître  sans  recourir  à  d'autres 
moyens  d'investigation  que  ceux  que  fournit  la  botanique. 

4°  Les  connaissances  botaniques  ont  une  application  directe  à  la  prépa- 
ration des  médicaments;  elles  ont  servi  et  peuvent  servir  a  éclairer  cer- 
taines parties  de  la  pharmacie  pratique.  Après  avoir  signalé  les  erreurs  des 
anciens  médecins  qui  attribuaient  des  vertus  particulières  a  certaines  plantes 
selon  l'époque  a  laquelle  elles  avaient  été  cueillies,  selon  leur  ressemblance 
réelle  ou  imaginaire  avec  différentes  parties  du  corps  humain,  M.  Soubeiran 
examine  les  diverses  conditions  de  localité,  de  culture  et  de  spontanéité, 
d'âge,  etc.,  qui  doivent  guider  dans  la  récolte  des  plantes  médicinales.  Il 
montre  ensuite  qu'on  doit  ajouter  à  ces  premières  considérations  celles  qui 
se  rattachent  aux  parties  des  plantes  qui  en  déterminent  l'emploi  en  méde- 
cine, des  parties  différentes  possédant  ordinairement  leur  plus  grande  vertu 
à  des  époques  de  l'année  et  dans  des  conditions  également  différentes. 

Ce  mémoire  est  terminé  par  un  résumé  dans  lequel  sont  condensés  en 
peu  de  mots  les  principaux  résultats  déduits  par  l'auteur  des  faits  rapportes 
par  lui. 

MÉLANGES. 

Deiiksclii'iften  «1er  liaiserlieiteii  Akatlemie  dei*  Wisseu- 

scïfinft«*B>  (Mémoires  de  l'Académie  impériale  des  sciences  de  Vienne; 
classe  des  mathématiques  et  de  l'histoire  naturelle).  8e  volume,  publié  le 
18  décembre  1854,  gr.  in-4°  de  214  et  14  pag.;  31  plane. 

Cette  collection,  commencée  dans  le  format  petit  in-folio,  se  continue 
dans  le  format  in-4°.  Chaque  volume  se  divise  en  deux  parties  :  !"  mémoires 
des  membres  de  l'Académie  ;  2°  mémoires  des  personnes  étrangères  à  l'Aca- 
démie. Celle-ci  ne  se  compose  que  de  14  pages  dans  le  volume  qui  vient 
de  paraître.  Voiei  l'indication  des  mémoires  relatifs  à  la  botanique  qui  se 
trouvent  dans  le  volume  entier. 

1.  Die  Eocene  Flora  des  monte  Promina;  Flore  éocèue  du  mont  Promina 


REVUE    BIBLIOGRAPHIQUE.  409 

(au   nord-ouest  de  Sebenico,  en  Dalmatie),  par  le  professeur-docteur  Con- 
stantin d'Ettingshausen.  Pag.  17-44;  14  planches. 

2.  Cyperus  Jacquini  Schrad.,  prolixm  Kunth  u  nd  Comostemum  monte - 
vidense  N.  ab  Esenb.  Ein  Beitrag  zur  naeheren  Kenntniss  des  relativen 
Werthes  der  Differential-Charaktere  (1er  Arten  der  Gattung  Cyperus 
[Cyperus  Jacquini  Schrad.,  etc.  Note  sur  l'appréciation  de  la  valeur  relative 
des  caractères  différentiels  des  espèces  dans  le  genre  Cyperus).  Par  le  profes- 
seur et  directeur  Dr  Edouard  Fenzl.  Pag.  45-64,  avec  3  planches. 

Tableau     de     l'aecroissement     tle     quelques     Conifères 
eu     pleine     terre     à     Fromoiit,      près     «le    Cherbourg  , 

par  M.  Herpin. 

Nous  empruntons  à  la  Revue  horticole  (n°  du  16  novembre  1854,  p.  428) 
un  tableau  qui  a  été  publié  sans  le  moindre  développement,  mais  qui  fournit 
des  documents  précieux  sur  l'accroissement  de  plusieurs  Conifères  de  pleine 
terre,  près  des  côtes  de  l'océan  Atlantique. 

Date  Hauteur  Hauteur  Circonférence 

NOMS  des  ARBRFS.  (Je  la  plantation,     à  cette  date.  actuelle.        à  1  mèlre  de  terre. 

m.  m  m. 

Pinus  australis 1837  0,50  8,00  0,54 

—  palula 1846  0,66  7,88  0,58 

—  insignis 1849  0,33  5,00  0,28 

—  pyrenaica 1849  0,33  2,11  0,10 

'  —    cembro 1849  0,50  2,22  0,14 

Abies  Webbiana 1849  0,-36  3,44  0,20 

—  religiosa 1849  0,36  2,65  0,06 

—  Pinsapo 1849  0,50  2,57  0,14 

—  Morinda 1853  0,50  1,50  » 

Cedrus  Libani 1842  0,50  8,33  0,56 

—  Deodara 1845  0,50  6,32  0,31 

Séquoia  sempervivens  .  .  1849  0,33  5,yo  0,26 

Taxodium  disiichum .  .  .  1829  1,00  11,33  0,61 

Glyptostrobus  pendulus.  .  1837  0,66  4,44  0,13 

Cryptomeria  japonica.  .  .  1851  0,33  3,77  0,15 

Cupressus  lusitanica  .  .  .  1848  0,30  4,66  0,32 

Araucaria  brasiliensis.  .  .  1853  4,7o  5,11  0,15 

-       imbricata  .  .  .  1845  0,33  3,00  0,18 

Cunninghamia  sinensis.  .  1848  0.50  3,80  0,27 


410  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

BIBLIOGRAPHIE. 

liimitea,  ein  Journal  fur  «lie  ltotaiiik  in  ihrem  i^aiizeii 
1  nifange  [Linnœa,  journal  de  Botanique,  etc.,  publié  à  Halle,  par 
M.  D.-F.-L.  de  Schlechtendal)  (1). 

Sommaire  des  deux  premiers  numéros  du  volume  de  1853  (publies  en  février 

et  en  avril  1854). 

Synopsis  Stackhousiacearum,  elaboravit  Th.Schuchart,  p.  l.(Voy.  Bullet. 
de  la  Soc.  botan.  de  France,  1854,  p.  95). 

Die  Gattung  Bouvardia  und  ihre  bis  jetzt  bekannt  gewordenen  Arten, 
alphabetisch  geordnet  und  in  naehere  Betrachtung  gezogen  von  D.  F.L. 
Schlechtendal  (Le  genre  Bouvardia  et  ses  espèces  connues  jusqu'à  pré- 
sent, etc.;  p.  43.  (Voy.  Bulle/,  de  la  Soc.  bot.  de  France,  1854,  p.  92.) 

Planta?  Wagenerianœ.  Continuatio.  Monocotylese ,  exceptis  Orchideis  a 
doctore  Reichenbach  definitis,  auctore  1).  F.  L.  de  Schlechtendal,  p.  127. 

Die  Gesneraceen  des  Koenigl.  Herbariums  und  derGaerten  zu  Berlin,  nebst 
Beobaehtungen  liber  die  Familie  im  ganzen,  von  Dr  Jobannes  Hanstein. 
(Les  Gesnéracées  de  l'herbier  royal  et  des  jardins  de  Berlin,  avec  des 
remarques  sur  l'ensemble  de  la  famille.) 

Stirpium  novarum  Sylloge,  edidit  F.  A.  G.  Miquel. 

Kxeerpta  observationum  de  Rafflesia  Bochussenii  femina  editarum,  cum 
annotatione  epicritica,  auctore  F.  \.  G.  Miquel,  p.  224. 

Planta1  Muellerianœ. 

—  Orebideae,  auctore  Lindley. 

—  Junceae,  auctore.  E.  Meyer. 

—  Epacrideœ,  auctore  Sonder. 

Rotaitisrlie  Zeituns;  [Journal  botanique  publié  par  MM.  Hugo  de 
Mohl,  professeur  à  Tubingue,  et  D.-F.-L.  de  Schlechtendal,  professeur  à 

Halle)  (2). 

Articles  originaux  publiés  en  1854.  (Be  jauvier  à  septembre.) 
Ilurtiq.  —  Ueber  Bildungund  Entwickelung  der  sogenannteu  Knospenwur- 

(1)  Ce  recueil,  fondé  en  1826.  parait  par  cahiers  in-8",  et  forme  chaque  année 
un  volume  de  7  a  800  pages,  du  prix  de  24  francs. 

2;  Ce  journal,  fondé  en  1843,  s'imprime  à  Halle  el  se  publie  à  Berlin,  au  prix 
di'  22  fr.  par  an.  Il  paraît  tons  les  vendredis,  par  numéros  de  8  à  12  pages  pelit 
in-4°,  el  renferme,  outre  les  articles  originaux  que  nous  mentionnons  ici,  de  nom- 
breux articles  critiques  sur  les  publications  récentes,  des  nouvelles  et  des  annonces 
relatives  à  la  science  et  aux  botanistes  de  tons  les  pays. 


BIBLIOGRAPHIE.  Ml 

zelu  (Sur  la  formation  et  le  développement  des  prétendues  racines  de 
bourgeons!,  p.  1  et.  27. 

Hartig.  —  Ueber  die  Querscheidewaende  zwischenden  einzelnen  Gliedern 
der  Siebroehren  in  Cucurbita  Pepo  (Sur  les  cloisons  transversales  qui 
séparent  les  articles  des  vaisseaux  ponctués  du  Cucurbita  Pepo),  p.  51. 

Crùger.  —  Westindische  Fragmente  (Fragments  envoyés  des  Indes  Occi- 
dentales). —  1.  Ueber  Periodicitaet  in  der  Pflanze  (Sur  les  phénomènes 
périodiques  chez  les  plantes)  ,  p.  8.  —  2.  Montrichardia,  eine  neue 
Aroideengattunii  [Montrichardia,  nouveau  genre  d'Aroïdées),  p.  25.  — 
'■'>.  Beitrag  zur  Staerkemehlkunde  (Sur  la  Fécule),  p.  h\. —  h.  Die  Pri- 
mitivfaser  (La  Fibre  primitive),  p.  57,  73  et  89. 

Itzigsohn  et  Hertsck.  —  Ueber  einen  Xanthium-Bastard  (Sur  un  hybride  du 
genre  Xanthium),  p.  34. 

Irmisch. —  Notiz  ùber  Artemisia  Tourne  fortiana,  Hchb.  (Note  sur  YArte- 
misia  Tourne for tiana,  Rchb.),  p.  61. 

Itzigsohn. —  Zur  Frageùber  die  Abgrenzung  der  niederen  Gewaeehsklassen 

(Sur  la  délimitation  des  classes  inférieures  des  végétaux),  p.  76. 
Hatka.  —  Ueber  Senna  (Sur  le  Séné),  p.  105. 

Oudemans.  —  Einiges  ùberdas  Amylum  von  Alpinia  Galanga,  Sw.  (Sur  la 
fécule  de  Y  Alpinia  Galanga,  Sw.),  p.  121. 

fiœckcler.  —  Ueber  Symphytum  coccineum  (Sur  le  Symphytum  coccùmtm), 
p.  124. 

Schlechtendal.—  Eine  \nfrage.;Sur  les  variations  du  Cratœgus  Crus  galli), 
p.  125. 

H.  de  Mohl.  —  Ueher  die  Traubenkrankheit,  dritter  Artikel  (Sur  la  maladie 
de  la  Vigne,  troisième  article),  p.  137. 

Schlechtendal.  —  Wunderweizen,  Wunderroggen,  und  andere  Wunder- 
graeser  (Blé  de  miracle,  Seigle  de  miracle  et  autres  Graminées  analogues), 
p.  153. 

Klinzmann.  —  Botanische  Notizen  (Notes  sur  diverses  espèces),  p.  158. 

Milde.  —  Ueber  einige  Equiseten  des  Herbarium  normale  von  Fries  (Sur 
quelques  Prèles  de  Y  Herbarium  normale  de  Fries),  p,  169. 

Pfeiffer. —  Ueber  einige  deutsche  Nymplueen  (Sur  quelques  JNymphœa 
d'Allemagne),  p.  172. 

Schlechtendal.  —  Bemerkungen  uber  Stenotaphrum  (Observations  sur  le 
genre  Stenotaphrum),  p.  175. 

Speerschneider.  —  Zur  Anatomie  und  Entwickelungsgeschichte  der  Usnea 
barbota  dasypoga,  Fr.  (Anatomie  et  histoire  du  développement  de  Y  Usnea 
barbota  dasypoga,  Fr.),  p.  193,  209  et  233. 

Hoffmann.  Spermatien  bei  einem  Fadenpiize  (Spermaties  observées  chez  un 
Champignon  Irichosporé),  p.  249  et  265. 

Schlechtendal.  —  Kritische  Bemerkungen  ùber  G  raser  Garnotta,  Brongn. 
(Observations  critiques  sur  les  Graminées  Garnotia,  Brongn.),  p.  270. 

Irmisch.  —  Bemerkung  ûber  Hippuris  vulgaris,  L.  (Observation  sur  VHip- 
puris  vulgaris,  L.),  p.  281. 

De  Klingrœff. — Ueber  Pflanzenverbreilung  und  Pflanzengrenzen  in  der 


lli'2  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

Provinz  Preussen  (Sur  la  distribution  et  les  limites  des  plantes  dans  la 
province  de  Prusse),  p.  297. 

K.  Millier.  —  Bryologische  Beitraege  zu  einer  Flor  der  Pyreneeen  des 
noerdlichen  und  dessûdiichen  Spaniens  (Matériaux  bryoloyiques  pour  la 
Flore  des  Pyrénées  et  de  l'Espagne  du  nord  et  du  sud),  p.  133. 

Scldechtendal  et  Garcke.  —  Die  Walperschen  Sammelwerke,  etc.  (Obser- 
vations sur  les  travaux  de  compilation  de  Walpers),  p.  329. 

Rud.  Neumann. —  Ueber  Anlherse  anticœ  und  postiez  und  deren  Ueber- 
i^aenge  in  einander  (Sur  les  Anthères  introrses  et  extrorses  et  sur  les  tran- 
sitions des  unes  aux  autres),  p.  353,  371  et  399 

Schuchardt.  —  Beitraege  z\w  Entwickelungsgeschichte  der  Saamenknospe 
der  Gattung  Tetratheca,  Sm.  (Sur  le  développement  de  l'ovule  dans  le 
genre  Tetratheca,  Sm.),  p.  393  et  /i09. 

DeBary.  — Ueber  die  Entwickelung  und  den  Zusamraenhang  von  Asper- 
gillus  glaucus  und  Eurotium  (Sur  le  développement  et  la  connexion  de 
V Asper gillus  glaucus  et  de  I' Eurotium),  p,  i25,  IxUl  et  /i65. 

Speer 'Schneider.  —  Zur  Anatomie  und  Entwickelungsgeschichte  der  Parme- 
lia  Acetabulum,  Fr.  (Anatomie  et  histoire  du  développement  du  Parmelia 
Acetabulum,  Fr.),  p.  /j81  et  Zi97. 

Itzigsohn. — Wie  verbaelt  sich  Collema  zu  Nostoc  und  zu  den  Nostochineen  ? 

(Quels  sont  les  rapports  du  Collema  avec  le  Nostoc  et  avec  les  Nostochi- 

nées?),  p.  521. 
Itzigsohn.  —  Nachtraegliche  Bemerkuugen  ùber  die  Spcrmatozoiden  der 

Vaucheria  (Nouvelles  observations  sur  les  Spermatozoïdes  du  Vaucheria), 

p.  527. 
C.  Millier.  Einige  Worte  liber  die  Bedeutung  des  Zellenbaues  fur  die  Rlassi- 

fication,  nebst  Besehreibung  sechs  neuer  Arten  der  Farrngattung  Vit- 

taria  (Sur  l'importance  de  la  structure  des  cellules  pour  la  classification, 

et  description  de  six  nouvelles  espèces  de  Fougères  appartenant  au  genre 

1  ittaria),  p.  537. 
Ilartig.  —  Chlorogen  (Chlorogène),  p.  553. 
C.  Mi'dler.  —  Musci  Neilgherrenses,  p.  556,  569. 
Hartig. — Ueber  die  FunktionendesZellenkerns  (Sur  les  fonctions  du  noyau 

ou  nucleus  de  la  cellule),  p.  57&. 
Speerschneider. —  Anatomie  der  Hagenia  ciliaris,    Escln\ .  (Anatomie  de 

VHagenia  ciliaris,  Eschw.),  p.  593,  609  et  625. 
Itzigsohn.  —  DieGlœocapsen  und  Chroococcus  Diamorphose  (La  diamorphose 

du  Glœocapsa  et  du  Chroococcus),  p.  6il. 
Schlechtendal.  —  Ueber  eine  neue  Mahonia,    nebst   Bemerkuugen    ùber 

einige  aeltere  (Sur   une  nouvelle  espèce  du  genre  Mahonia  et  plusieurs 

autres  anciennes  espèces  du  même  genre),  p.  641. 
Gaspary.  —  Aulïallende  Eisbildung  auf   Pflanzen  (Singulière  formation 

de  glace  sur  certaines  plantes),  p.  665  et  681. 
Irmisch. —  Notiz   ùber  Gentiana   Pneumonanthe .  (Note  sur  le   Gentiana 

Pneumonanthe),  p.  690. 


FIN    DU    TOME    PREMIER. 


Paris.—  Imprimerie  dr  i,  mahtinet,  2.  vue  Mignon. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE 


DES 


MATIÈRES  CONTENUES  DANS  LE  TOME  PREMIER. 

N.  B.  — Les  numéros  indiquent  les  pages. —  Tous  les   noms  de  genre   ou  d'espèce  rangés  par  ordre 
alphabétique  sont  les  noms  lutins  des  piaules.  Ainsi,  pour  trouver  Dattier,  cherchez  Phxnix,  elc. 


\ 


Accroissement  «Je  quelques  Conifères,  409. 
.Egilops  Iriticoides,  Req.  (Origine de  1'),  66. 
Agraphis  campanulata,  Link  (Bulbe  de  1'), 

165. 
Alais  (Espèces  du  genre  Euphorbia  qui  crois- 
sent dans  l'arrondissement  d'),  161. 
Algérie  (Flore  d')  :  Avena,  14,  15.  —  Gra- 
minées, 313.   —  Végétation   du  Djur- 
djura,  163.  —  Voyez  (daus  la  table  de  la 
Revue  bibl.)  Cosson. 
Alisma  arcuatum,  Micbalet,  312. 
Allium  (Appareil  nectarifère  des),  79. 
Ammochloa,  Boiss.,    25 i.  —   subacaulis, 

Bal.,  317. 
Aualomiedu  Vallisneria  spiralis,  30 1. 
Andropogon  annula  tus,  Forsk,  316.  —  la- 

niger,  Desf.,  316. 
Annonces,  voyez  Mélanges. 
Annulaires  (Formations),  67. 
Anomalies,  voyez  Monstruosités. 
Ansellia  af ricana,  Lindl.,  372. 
Appareil  nectarifère  des  Allium,  79. 
Aralia  papyrifera,  Hook.,  202. 
Arcachon  (loslera  nana  découvert  dans  le 

bassin  d'),  156. 
Arille  de  quelques  Liliacées,  128. 
Aristolochia  (Prétendues  stipules  des),  56. 
Armeniaca  Munie,  Sieb.  et  Zucc.  (Abricotier 

du  Japou),  263. 
Arthratherum  cUiatum,  Nées,  316.  —  ob- 

tusum,  Nées,  316. 
Asie-Mineure  (Nouveau  Rumex  de  F),  281. 
Asphodeline  et  Asphodelus.  Tissu  particulier 

dans  leur  capsule,  278. 
Allalca  Pi  inceps,  Mart. ,  27. 
Avena  (Classification  des  espèces  du  genre) 
du  groupe  de  VA.  saliva,  11.  —  brevis, 
Rotb  ,  13. — clauda,  DR.,  15. —  erian- 
tha,  DR.,  14.  — fatua,  L.,  15.  ■ —  hir- 
sula, Roth.,  15. —  longiglumis,  DR.,  15. 
—  macrostachya,  Bal.,  318. — nuda,  L., 

T.    I. 


1  3.  —  orientalis,  Srhreb.,  13.  —  salira. 
L  ,  13.  —  sleriiis,  L.,  li.  — strigosa, 
Schreb.,  1 3.  —  ventricosa,  Bal. ,  1 4 . 


B 


Bâillon  (H.).  Sur  VHordeum  trifurcalum, 
187.—  Sur  la  fécondation  du  Catasetum 
luridum,  285. 

Balansa  (B.).  Sur  un  nouveau  Rumex  de 
l'Asie-Mineure  (R.  acetoselluides),  281 . — 
et  J.  Groenland.  Sur  la  structure  de- 
quelques  espèces  du  genre  Holcus,  365. 

Bernard.  Sa  mort,  208. 

Bêla  Râpa,  Dum.,  monstrueux,  291. 

Béziers  [OEnothera  biennis  découvert  près 
de),  271. 

Bibliographie,  108,  156,  204,  266,  410. 

Bibliographique  (Revue),  28,  81,  130,  195, 
2i5,  330,  401. 

Boivin  (L.  H.).  Notice  sur  sa  vie  et  ses  tra- 
vaux, 225. 

Botrychium.  Espèces  Scandinaves,  339. 

Boutures  droites  et  renversées,  17  4. 

Brondeau  (L.  de).  Sur  une  production  fon- 
goide  analogue  aux  Rhizomorphes  des 
anciens  auteurs,  270. 

Brongniart  (Ad.),  président  de  la  Société. 
Discours  d'ouverture,  6.  —  Des  glandes 
nectarifères  dans  diverses  familles  de 
Mouocotylédones,  7  5.  —  Sur  l'existence 
d'un  arille  dans  quelques  genres  de  Li- 
liacées, 128.  —  Notice  historique,  sur 
Achille  Richard,  373.  —  Obs.  17,  22, 
53,  63,  70,  124,  169,  173,  187,  270, 
277,  306,  360,  372. 

Bulbe  de  V Agraphis  campanulata,  165. 

Bureau  de  la  Société  pour  1854.  i. 


C 


Cactées  (Formations  spirales  annulaires  et 
réticulées  des),  67. 


/ll/l 


SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 


Caillette  de  l'Hervil-liers,  trésorier  de  la 
Société,  transmet  les  comptes  de  la  si- 
tuation financière,  158. 

Calcaires  (Concrétions)  des  Drticées,  etc., 
217. 

Calicule  (Prétendu)  des  Malvacées,  298. 

Californie  (Conifères  gigantesques  de  la), 
39,  70,  210. 

Caoutchouc.  Son  extraction,  350. 

Capsule  des  Âsphodeline  et  des  Asphodelus, 
278. 

Cassutha,  nom  générique  remplacé  par 
celui  de  Grammica,  293. 

Castanea  vulgaris,   Lam.    (Chatons    du), 

173. 
Calaselum  luridum,  Lindl.  Son  mode  de 

fécondation,  285. 
Cellules  végétales  (Formations  secondaires 

dans  les),  271. 
Centrifuges  (Inflorescences),   178. 
Chamcecyparis  Boursieri,  Dcue.,  70. 
Chatin  (Ad.).  Des  rapports  entre  Tordre  de 
naissance  et  l'ordre  de  déhiscence  des 
étamines,  279.  —  Sur  l'anatomie    du 
Vallimeria  spiralis,  3G1.  —  Obs.,  285, 
'291,  360,  36 i. 
Chatons  du  Castanea  vulgaris,  173. 
Clos  [D.),  membre  à   vie,  208.  —  De  la 
nécessité  de  distinguer  deux  sortes  d'o- 
vaires, les  pleins  et  les  creux,  213.  - 
Sur  le  prétendu   calicule  ou   involucre 
des  Malvacées,  298. 
Commission  du  Bulletin  pour  1854,  45. 
Concrétions calcairesdesllrticées, etc.,  217. 
Conifères  (Accroissement    de   quelques), 
409. — gigantesques  de   la  Californie, 

39,  70,  216. 
Conseil    d'administration    de    la    Société 

pour  1854,  4. 
Convolvulus  sepium,  L.,  désigné  par  Vir- 
gile sous  le  nom  de  Ligustrum,  159. 
Cosson  (E.).  Classification  des  espèces  du 
genre  Avena  du  groupe  de  VA.  saliva, 
et  considérations  sur  la  composition  et 
la  structure  de  l'épillet  des  Graminées, 

j  i . Lettre  sur  la  végétation  du  Djur- 

djura,  163.— Obs.  17, 18,  27,  216, 313. 

et  Dcrieu  de  Maisonneuve.   Notes  sur 

quelques  Graminées  d'Algérie,  313. 
Cucurbita  Pepo,  L.   (Formations  spirales 

annulaires  et  réticulées  du),  67. 
Cynosurus  Balansœ,  Coss.  et  DR-,  318. 
CysColilhes  des  Urticées,  etc.,  217. 

D 


Dactyloctenium  Œgypliacum,W\\\à,  317. 
lumens  (Ombellulc  et  fleur   dite  centrale 
des),  121. 


Décaisse  (J.) .  Sur  quelques  Conifères  gigan- 
tesques de  la  Californie,   70    —  Noticr 
historique  sur  Adrien  de  Jussieu,  380, 
-  Obs.,  193. 
De  Candolle  (A. -P.).   Lettre    adressée  an 
Muséum  d'histoire  naturelle  au  sujet  de 
l'herbier  de  France,  399. 
Déhiscence  (Ordre  de)  des  étamines,  279 
Des  Moulins  (Ch.).  Rectification  d'un  nom 
générique  {Grammica  substitué  à  Cas- 
sutha)   293. 
Desvaux  (Emile),  sa  mort,  6 
Dianthus  Carthusianorum,  L.  var.  herba- 

veus,  V.  Pers.,  160. 
Digilaria  commutata,  Schult  ,  315.  —  de- 

bilis,  Willd.  315. 
Dioscorea  Batatas,  Dcne.  (Observ.  sur  le), 

200. 
Discours  d'ouverture  de  M.  Ad.Brongniart, 

président  de  la  Société,  6. 
Djurdjura  (Lettre  sur    la  végétation  du), 

163. 
Dolomies  (Végétation  spéciale  des),  218. 
Dons  faits  à  la  Société,  5,  45,  56,  65,  109, 

158,  208,  269,  292,  349. 
Dorstenia  (Inflorescence  des),   178. 
Doumet  (E.).  Obs.,  27. 
Dlchartre  (P.).  Sur  les  prétendues  stipules 
des  Aristoloches,  56.  —  Expériences  sur 
des  boutures  droites  et  renversées,  174. 


—  Observations  sur  l'Igname  Batate,  200. 

—  Obs.  22,  53,  276,  284,  285,  29  ! . 
Dumolin  (J.-B.)  Sur  les  plantes  désignées 

par  Virgile  sous  les  noms  de  Ligustrum 
et  de  Vaccinium,  159 
DniiEf  de  Maisonneuve,  voyez  Cosson. 


Entre-nœuds  des  tiges.  Leur  développement , 
189,  239,  307. 

Epillet  des  Graminées,  11,  48. 

Erythronium  (Ovule  des),  279. 

Etamines  (Rapport  entre  l'ordre  de  nais- 
sance et  l'ordre  de  déhiscence  des),  279. 
—  périgynes  (Organogénie  des)  283. 

Euphorbia.  Espèces  qui  croissent  dans  l'ar- 
rondissement d'Alais,  161. 

Europe  (Sur  les  Lichens  d')  publiés  par 
M.  Hepp,  319. 


! 


Fécondation  du   Calaselum  luridum,   285. 

—  des    Orchidées,    367.—  des   ovules 

après  l'enlèvement  du  stigmate,  249.—- 

artilïciclle  du  Dattier,  2SS. 
lïiiuoND  (Ch.)  lit  une  note  sur  la  symétrie 

dans  le  règne  inorganique,  80  — De  la 


TABLE'    ALPHABETIQUE    DES    MATIERES. 


/il  5 


symétrie  végétale,  î09.  —  Études  sur 
le  développement  des  mérithalles  ou  en- 
tre-nœuds des  tiges,  180,  239,  307.  — 
Obs.,  312. 

Feuilles  (Disposition  des)  du  [Nelumbium 
codophyllum,  18,  60.  —  des  Rubiacées, 
72. 

Ficus  (Inflorescence  des),  178. 

Filaments  dans  les  graines  des  Luzula, 
278. 

Fischer  (F.  E.  L.),  sa  mort,  105.  —  Ses 
travaux,  106. 

Fleur  des  Graminées,  11 .  48.  —  dite  cen- 
trale des  Daucus,  121. 

Flore  d'Algérie,  voyez  Algérie. — de  France, 
voyez  France. 

Fondation  de  la  Société,  3. 

Fongoïde  (Production)  analogue  aux  Uhizo- 
morphes,  270. 

Fontainebleau  (Goodyera  repcns  découvert 
dans  la  forêt  de),  108,  193. 

Formations  secondaires  dans  les  cellules 
végétales,  271.  — spirales,  annulaires 
et  réticulées,  67. 

France  (Flore de):  Lettre  de  A. -P.  De  Can- 
dolle  adressée  au  Muséum,  399.  —  Vé- 
gétation des  Dolomies  dans  les  départe- 
ments du  Gard  et  de  l'Hérault,  218.  — 
Végétation  des  terrains  siliceux  dans  les 
mêmes  départements,  3.">4.  —  .ï'giloi>s 
triticoides,  66. — Alismaarcualunt,  312. 
—  Avenu,  11.  —  Dianthus  Carthusiano- 
rum,  var.  herbaceus,  V.  Pers.  160.  — 
Euphorbia,  161 . — Galeopsis  Filholiana, 
Timb.-Lagr.,  214.  — Goodyera  repens, 
108,  193. —  Lemna  arrhiza,  54. — 
OEnothera  biennis,  21\.  —  Potamogeton 
trichoirfes,  46. —  Primula  elatior,  var. 
macrocalyx,  V.  Pers.,  160.  — Pyrola 
rotundifolia,  var.,  162. —  Pyrtis  dioica, 
Willd,  307.  —  lihizomorpha,  270.  - 
Saussurea  leucantha,  Jord.,  338. —  Se- 
necio  ruthenensh,  Maz.  et  Timb  -Lagr., 
25 1 . —  Seseli  brevicaule,  337 .  —  Zostera 
nana,  156. —  Voyez  (dans  la  table  de 
la  Revue  bibliogr.)  :  Bossu,  Contejean, 
Crouan,  Godron,  Grenier,  Hénon,  Jor- 
dan, Lecoq ,  Lloyd,  Mazuc,  Michalet, 
(Jueslier,  Tburet,  Timbal-Lagrave. 


(. 


Galactodendron.  Arbre  à  la  Vache,  353. 

Galanthus  (Ovule  des),  279. 

Galeopsis  Filholiana,  Timb.-Lagr.  21  ï. 

Gard  (Végétation  des  Dolomies  du  dépar- 
tement du),  218.  —  (Végétation  des  ter- 
rains siliceux  du  département  du),  354. 

Gav  i.I.).    Sur  le   Polamogeton   trichoides, 


Cham. ,  46.  —  Sur  le  WolfHa  Michelii, 
56  (en  note). —  De  l'appareil  nectarifère. 
des  Allium,  79.  —  Lit  une  première 
partie  de  sa  notice  sur  M.  Ph.  B.  Webb, 
271.  -  Obs.,  18,  27,  54,  60,  63,  193. 
216,  307,  313. 

Germain  de  Saint-Pierre  (E.).  Sur  lastrur- 
turc  de  l'épillet  et  de  la  fleur  des  Grami- 
nées, 4S.  — Sur  un  échantillon  mons- 
trueux de  Polygonalum  multiflorum, 
62.  — Sur  un  individu  anormal  de  Tu- 
lipa  Gesneriana,  63.  —  Sur  la  disposi- 
tion des  feuilles  des  Rubiacées,  7  2.  — 
Sur  la  structure  de  l'ombellule  et  de  la 
fleur  dite  centrale  des  Daucus,  121.  — 
De  la  structure  du  bulbe  de  VAgraphis 
campanulata,  165.  —  Considérations 
morphologiques  sur  les  ovaires  adhé- 
rents, 303. -Obs.,  21,  53,  54,63,  71), 
124,  169, 173, 186, 306. 

Germination  des  Orchidées,  372. 

Ginkgo  biloba,  L.,  a  fructifié  à  Trianon, 
204. 

«'■landes  nectarifères  des  Monocotylédones, 
75. 

Godron.  Sur  l'origine  de  V.F.gilops  tri: avi- 
des, 66. 

Goodyera  repens,  IL  Br.,  découvert  dans  la 
forêt  de  Fontainebleau,  108,  193. 

Graine  des  Luzula,  278. 

Graminées  (Composition  et  structure  de 
l'épillet  des),  11,  48.  —  d'Algérie,  14, 
313. 

Grammica.  Nom  générique  substitue  à 
Cassuiha.  295. 

Groenland  (J.).  Voyez  Balansa. 

Gublki!  lit  les  conclusions  de  sou  mémoire 
sur  le  nanisme  dans  le  règne  végétal, 
56.  —  Obs.,  270. 

Il 

Helianthus  annuus,  L.,  ses  produits,  263. 

Hepp  (Sur  les  fascicules  de  Lichens  d'Eu- 
rope publiés  par  le  docteur),  319. 

Hérault  (Végétation  des  Dolomies  du  dé- 
parlement de  1'),  218.  — Végétation  des 
terrains  siliceux  du  départ,  de  1"),  35',.. 

Herbier  (sur  1')  de  la  Société  botanique 
d'Edimbourg,  104. 

Herpin.  Accroissement  de  quelques  Coni- 
fères aux  environs  de  Cherbourg,  409. 

Hotcus  (Sur  la  structure  de  quelques  espèces 
du  genre),  365.  —  saccharatus,  L. ,  263. 
—  setiger,  Nées,  366. 

Hooker  (J.D.).  De  la  fécondation  des 
ovules  après  l'enlèvement  du  stigmate, 
2i9. 

Hordcum  trifurcalum,  Jacq.,  187. 


ai  (5 


SOCIETE    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 


I 


Inflorescence  des  Daucus,  121. —  des  Gra- 
minées, 11,  48.  — des  Sanguisorba,  185 
(en  note).  —  du  Sedum  Telephium,  17  1 
(en  note). —  du  Sempervirum  tectorum, 
170.  —  centrifuge  du  Figuier,  du  Dois- 
tenia,  de  la  Monarde,  etc.,  178.  —  uni- 
latérale du  Trifoliv/m  Lupinaster,  125. 

Involucrc  des  Malvacées,  298. 

Iris  germanica,  L.,  désigné  par  Virgile  sous 
le  nom  de  Vaccinium,  159. 


Jardin  des  plantesde  Montpellier,  102,  342. 
Jaubert  (Le  comte).  Notice  sur  la  vie  et  les 

travaux  de  Boivin,  225. 
Jussieu  (Adrien  de).  Notice  sur  sa  vie  et  ses 

travaux,  386. 

K 

Kralik  (L.).  Lettres  sur  la  végélation  de  la 
régence  de  Tunis,  23,  116. 


Labouret  (J.).  Sur  un  caractère  du   genre 

Mamillaria,  210. 
Lagnii,  ou  lait  de  Palmier.  Son  extraction, 

26,  27. 
Lecoq(H.).  Lettre  d'adhésion  à  la  Société, 

64.  —  Membre  à  vie,  65. 
Leersia  hexandra,  S\v.,  313. 
Lemna arrhiza,  L.,  découvert  à  Tours,  54. 

—  (Note  sur  le),  54. 
Lestiboudois  (Th.).  Obs.,22,  169. 
Lichens.  Leurs  propriétés  tinctoriales,  154. 

—  d'Europe  (Sur  les  fascicules  de),  pu- 
bliés par  le  docteur  llepp,  319. 

Ligustrum.  Plante  désignée  par  Virgile  sous 

ce  nom,  159. 
Liliacées  (Arille    de    quelques),    128.    — 

(Raphides  des),  277. 
Lort-Mialhe  (de)  membre  à  vie,  20S. 
Luzula.   Filaments  qui  se  trouvent  dans 

leurs  graines,  278.  —  (Pollen  des),  277. 


M 


Maladie  de  la  Pomme  de  terre,  328. 

Malvacées.  Leur  prétendu  calicule  ou  in- 
volucrc, 298. 

Mainillaria  (Sur  un  caractère  du  genre), 
210. 

Marclaz  (V.).  Calcul  de  la  quantité  de  bois 
que  pourrait  produire  le  Wellingtonia 
gigantea,  2H>. 

Mélanges,  nouvelles  et  annonces,  39,  102, 
156,  202,  263,  346,  108. 


Mélicocq  (Le  baron  de).  Sur  une  variété  du 
Pyrola  rotundifolia,  162. 

Menière  (P.).  Sur  la  fécondation  des  Or- 
chidées, 367.  —  Obs.,  361,  372. 

Mérithalles.  Leur  développement,  189, 
239,  307. 

Michalet  (E.).  Sur  une  nouvelle  espèce  du 
genre  Alisma  (A.  arcuatum),  312. 

Miergues.  Espèces  du  genre  Euphorbia, 
croissant  dans  l'arrondissement  d'Alais, 
161.  — Usages  du  Paliurus  aculeatus, 
216. 

Mirbel  (de  Brisseau-).  Sa  mort,  204. 

Uonardadidyma,  L.  Son  inflorescence, 182. 

Monocotylédones  (Quelques  faits  d'orga- 
nographie  observés  dans  les),  277.  — 
(Glandes  uectarifères  dans  diverses  fa- 
milles de),  75. 

Monstruosités  :  de  la  Betterave,  291. —  de 
V Opuntia  fragilis,  306.  — du  Polygona- 
tum  multiflorum,  62.- —  du  Tulipa  Ges- 
neriana,  63.  —  Pommier  sans  fleurs, 
Pommierde  Saint-Valéry,  307. — Plantes 
vivipares,  102.  Voy.  (dans  la  table  de 
la  Revue  bibliogr.)  Germain  de  Saint- 
Pierre  et  Ilooker. 

Montpellier  (Jardin  des  plantes  de),  102, 
342. 

Moquin-Tandon  (A  ),  présente  une  Bette- 
rave monstrueuse,  291.  —  Obs.,  360, 
364,  371. 

Moricand  (Stefano).  Sa  mort,  106.  ■ — Ses 
travaux.  106. 

Morphologiques  (Considérations)  sur  les 
ovaires  adhérents,  303. 

N 

Naissance  (Ordre  de)  des  Étamines,  279. 

Nectarifère  (Appareil)  des  Allium,  79. 

Nectarifères  (Glandes)  des  Monocotylédones, 
73. 

Nelumbium  codophyllum,  Raf.  (Disposition 
des  stipules  et  des  feuilles  du),  et  vegé- 
lation  singulière  de  cette  plante,  18,  60. 

Nouvelles.  Voy.  Mélanges. 

Nyi.ander  (W.).  Sur  les  fascicules  de  Li- 
chens d'Europe  publiés  par  le  docteur 
Hepp,  319.  —  Nouveau  genre  de  Lichens 
(Plerygium),  328. 


0 

I ... 


découvert  près  de 
Sa  structure,  1 21 . 


OEnolhera  biennis, 

Béziers,  27  1. 
Ombellule  des  Daucus. 
Ophioglossum  lusitanicum,  L. ,  découvert 

dans  l'île  de  Guernesey,  30. 
Opunh'a/rct(7iits,NuU.(AnomaliedeF),306. 
Orchidées.     Leur    germination,    372. 

Leur  fécondation,  367. 


TABLE 


Ordre  de  naissance  et  ordre  de  déhiseence 
des  étamines,  279. 

Organogénie  des  étamines  périgyues  et  des 
ovaires  infères,  283. 

Organographie  (Quelques  faits  d')  observés 
dans  les  Mouocotylédones,  277. 

Ovaires  adhérents  (Considérations  morpho- 
logiques sur  les),  303.  —  infères  (Orga- 
nogénie des),  283.  —  pleins  et  ovaires 
creux,  213. 

Ovules  des  Galanthus  et  des  Erythronium, 
279.  —  (Fécondation  des)  après  l'enlève- 
ment du  stigmate,  249. 


ALPHABÉTIQUE    DKS    MATIÈRES.  417 

Propriétés  tinctoriales  des  Lichens,  loi. 
Pterocarya  caucasica,  Kth.,  a  fructifié  à 

Trianon,  204. 
Pterygium,  Nyl.  Nouveau  genre  de  Lichens, 

328. 
Pcel  (T.).  Sur  un  échantillon  monstrueux 

de  Polygonatum  mulliflorum,    02.  — 

Obs.,  360. 
Pyramidium,  Boiss.,  254. 
Pyrola  rotundifolia,  L.,  var.,  162. 
Pyrus  dioica,  Willd.  (Pommier  saus  fleurs. 

P.  de  Saint-Valéry),  307. 


Paliurus  aculeatus,  I.am.  (Usages  du),  216 

Palmiers  (  Extraction  du  Lagmi  ou  lait 
des),  26,  27. 

Panicum  numidianum,  Lnik. ,  315.  — 
obtusifolium ,  Delile,  var.  acutifolium , 
314. 

Papier  dit  de  riz.  Plante  qui  sert  à  sa  fabri- 
cation, 202. 

Pappophorum  scabrum,  Kth.,  317. 

Parlatore  (Ph.).  Sur  quelques  faits  d'or- 
ganographie  observés  dans  les  Mouoco- 
tylédones, 277. 

Pavia  (Fruit  de),  7  I . 

Payer.  Recherches  organogéuiques  sur  les 
étamines  périgynes  et  les  ovaires  infères, 
283.  —Obs.,  129,  284. 

Pennisetum  orientale,  Rich.,  315. 

Perhottet.  Sur  la  fécondation  artificielle du 
Dattier,  288.  —  Sur  la  maladie  de  la 
Pomme  de  terre,  328. 

Personnat(V.).  Sur  deux  variétés  nouvelles 
du  Dianthus  Carthusianorum  et  du  Pri- 
mulaelatior,  160. —  Annonce  la  décou- 
verte de  YOEnothera  biennis  ,  près  de 
Béziers,  271. 

Phœnix  dactylifera,  L.  Sa  fécondation  ar- 
tificielle, 288. 

Pi.anchon  (J.-E.)  Sur  la  végétation  spéciale 
des  Dolomies  dans  les  départements  du 
Gard  et  de  l'Hérault,  218.  —  Sur  la  vé- 
gétation des  terrains  siliceux  dans  les 
mêmes  départements,  354.  —  Obs.,  306, 
353,  365,  367,  372. 

Plantes  vivipares,  102. 

Pollen  des  Luzula,  277. 

Polygonatum  mulliflorum,  Desf. ,  mon- 
strueux, 62. 

Potamogelori  trichoides,  Cham.  Ses  carac- 
tères essentiels,  46. 

Président  de  la  Société.  Voy.  Brongniart. 

Primula  elatior,  Gr.  et  Godr.,  var.  macro- 
calyx,  V.  Pers.,  160. 

Produits  du  Grand-Soleil,  263. 


Bibliogra- 


R 


Raphides  des  Liliacées,  277. 

Réticulées  (Formations),  67. 

Revue    bibliographique.    Voy. 
phique. 

Rhhomorpha  (Production    fongoïde   ana- 
logue aux),  270. 

Richard  (Achille).  Notice  historique  sur  sa 
vie  et  ses  travaux,  373. 

Riz  (Papier  dit  de).  Voy.  Papier. 

Rubiacées.   Disposition  de   leurs   feuilles, 
72. 

Rumex  acetoselloides,  Bal.,  282. 


Sanguisorba  (Inflorescence  des) ,  185  (en 
note). 

Saussurea  leucantha,  .lord.,  338. 

Schoenefeld  (W.  de).  Sur  l'inflorescence  du 
Sempervivum  teelorum,  170.  —  Pré- 
sente dos  chatons  de  Châtaignier,  173. 
—  Obs.,  360. 

Secondaires  (Formations)  dans  les  cellules 
végétales,  271. 

Sedum  Telephium,  L.  (Inflorescence  du), 
17  1  (en  note). 

Sempervivum  teelorum,  L.  (Inflorescence 
du),  170. 

Senecio  ruthenensis,  Mazuc  et  Timb.-Lagr., 
251. 

Séquoia  gigantea,  Endl.,  39,  70,  216.  — 
sempervirens,  Endl.,  7  0. 

Seseli  brevicaule,  Jord.,  337. 

Siliceux  (Végétation  des  terrains)  dans  les 
départements  du  Gard  et  de  l'Hérault, 
354. 

Société  botanique  d'Edimbourg  (Sur  l'her- 
bier de  la),  104. 

Société  Botanique  de  France.  Procès-verbal 
de  la  réunion  préparatoire,  1. —  Procès- 
verbal  de  la  séance  de  fondation,  2.  — - 
Composition  du  Bureau  et  du  Conseil 
pour  1851,  i.  — Commission  du  Bulle- 
tin pour  1S54,  45. 


A 18 


SOCIETE   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 


Solarium  luberosnm,  L.  (Maladie  du),  328. 

Spirales  (Formations),  67. 

Stigmate  (Fécondation  des  ovules  après  l'en- 
lèvement du),  249. 

Stipules  (Disposition  des)  du  Nelumbium 
codophyllum,  18,  60.  —  (Sur  les  pré- 
tendues) des  Aristoloches,  56. 

Strigosella,  Boiss.,  254. 

Symétrie  végétale,  109. 


Taxodium  Montezumœ,  Dcue.,  71. 

Tératologie.  Voyez  Monstruosités. 

Terrains  siliceux  (Végétation  des)  dans  les 
départements  du  (Jard  et  de  l'Hérault, 
354. 

Tiges  (Développement  des  entre-nœuds 
des),  189,  239,  307. 

Timbal-Lagbave.  Sur  une  nouvelle  espèce 
du  genre  Galeopsis(G.  Filholiana),  21 4. 

Tinctoriales  (Propriétés)  des  Lichens,  154. 

Tissu  particulier  dans  la  capsule  des  As- 
phodelus  et  Asphodelme,  278. 

Tours  (Lemna  arrhiza  découvert  près  de), 
M. 

Trécul  (A.).  Disposition  des  stipules  et  des 
feuilles  du  Nelumbium  codophyllum,  et 
végétation  singulière  de  cette  plante,  18, 
60.  —  Sur  les  formations  spirales,  annu- 
laires et  réticulées  des  Cactées,  du  Cu- 
curbila  Pepo,  etc.,  67.  —  Sur  l'inflores- 
cence unilatérale  du  Trifolium  Lupinas- 
ter,  125. — Des  inflorescences  centrifuges 
du  Figuier,  du  Dorslenia ,  de  la  Mo- 
narde,  etc.,  178.  — Sur  les  formations 
secondaires  dans  les  cellules  végétales, 
27!.  _  Ohs.,  22,  70,  169,  173,  187, 
218,  270,  277,  285,  306,  307,  311, 
353, 364,  371. 

Trésorier  de  la  Société.  Voy.  Caillette  de 

l'Hervilliers. 
Trifolium  Lupinaster,  L.  (Inflorescence  uni- 
latérale du),  125. 
Tulipa  Gesneriana,  L.  (Anomalie  du),  63. 

Tunis.  Lettres  sur  la  végétation  de  la  ré- 
gence de),  23,  1 16. 


I 


Unilatérale  (Inflorescence),  125. 
Usages  du  Paliurus  aculealus,  216. 
Urticées    (  Concrétions   calcaires   ou    Cys- 
tolithes  des),  217. 


Vaccinium.  Plaute    désignée  par    Virgile 

sous  ce  nom,  159. 
Vallisneria  spiralis,  L.  (Anatomie  du),  36 1  - 

—  œlhiopica,  Feuzl.,  363. 
Végétation  des  terrains  siliceux  dans  les 

départements  du  Gard  et  de  l'Hérault, 

354.  —  spéciale  des  Dolomies  dans  les 

mêmes  départements,  218. —  du  Djur- 

djura,  163.  —  de  la  régence  de  Tunis, 

23, 116. 
Vilis  vinifera,  L.  Dimensions  de  quelques 

Vignes,  264. 
Virgile  (Plantes  désignées    par)    sous  les 

noms  de  Ligustrum  et  de    Vaccinium, 

159. 
Vivipares  (Plantes),  102. 


W 


Wallich  (Nathaniel).  Sa  mort,  41.  — No- 
tice sur  sa  vie,  41. 

Webb  (Philippe  Barker).  Sa  mort,  20 i, 
208. 

Weddell  (H.  A.)  Sur  le  Wolffia  Michelii, 
54.  —  Sur  les  Cystolithes  ou  concré- 
tions calcaires  des  Urticées  et  d'autres 
plantes,  217.  —  Sur  l'extraction  du 
caoutchouc,  350.  —  Ohs.,  27,  56,  270, 
353. 

Wellinglonia gigantea,  Lindl.,  39,70,  216. 

Wolffia  Michelii.  Schleiden,  54. 


/ 


Zoslera  voua,    Roth,   découvert   dans   le 

bassin  d'Arcachon,  156. 
Zygopetalum  Mackaii,  Hook.,  372. 


TABLE 

PAR  ORDRE  ALPHABÉTIQUE  DES  NOMS  D  AUTEURS 

DES   PUBLICATIONS 

ANALYSÉES    DA.MS    LA    REVUE    BIBLIOGRAPHIQUE. 


Académie  impériale  des  sciences  de  Vienne 
(Mémoires  de  I'),  8«  vol.,  408. 

Ancstroem  (J.).  Sur  les  espèces  Scandinaves 
du  genre  Botrychium,  339. 

Bary  (A.  de).  Développement  et  connexion 
de  VAspergillus  glaucuseldcVEurotium, 
131.  —  Voy.  Braun. 

Bentham  (G.).  Florula  Hong-Kongensis,  32. 

Berkeley  (M.  J.).  Décades  de  Champi- 
gnons, 34. 

Huissier  (E.).  Diagnoses  plantarum  orien- 

talium  novarum  (n"  13),  253. ^séries 

2,  n"  1),  254. 

Bossu  (A.).  Traité  des  plantes  médicinales 
indigènes,  153. 

BoianischeZeitung.  (Journal  de  botanique). 
Liste  des  articles  originaux,  410. 

Bouciiardat  (A.).  Voy.  Delondre. 

Boussingault.  Recherches  sur  la  végétation 
relatives  à  la  fixation  de  l'azote,  336. 

Boutelou  (E.).  Voy.  Colmeiro. 

Braun  (AI.),  Rob.  Caspary  et  A.  de  Bary. 
Maladies  déterminées  chez  les  plantes 
par  des  Champignons,  84. 

Buchenau  (Fr.).  Organogénie  florale  de 
quelques  Dipsacées,  Valérianées  et  Com- 
posées, i3i. 

Caspary  (R.).  Sur  la  germination,  les  es- 
pèces, etc.,  des  Orobanchées,  334.  — 
Voyez  Braun. 

Chatin  (Ad.).  Sur  la  famille  des  Tropéolécs 

146. 
Clarke  (J.).  Parasitisme  et  action  nuisible 

du  Rhinanthus  Crista-Gal/i,  100. 
Clos  (D.).  De  l'influence  qu'exerce  sur  les 

plantes  la  différence  des  sexes,  195. 
Colmeiro  (M.)  etE.  Boutelou.  Exameu  des 

Chênes-verts  et  autres  Chênes  de  la  Pé- 
ninsule, etc.,  141. 
Contejean  (Ch.).  Énumération  des  plantes 

vasculaires  des  environs  de  Moutbéliard 

137. 

Cosson  (E.).  Rapport  sur  un  voyage  bota- 
nique en  Algérie,  341. 

Croijan  lïères.  Sur  le  genre  Spirulina, 
Uni  p. ,  147. 


Dareste  (G.).  Sur  la  coloration  de  la  mer  de 
Chine,  407. 

Decaisne  (J.).  L'Igname  Batate,  199.—  et 

J.-E.  Plancuon.  Esquisse  d'une  monogra- 
phie des  Araliacées,  196. 

Delondre  (Aug.)  et  A.  Bouciiardat.  Quino- 
logie,  ou  des  Quinquinas  et  des  ques- 
tions qui  s'y  rattachent,  36. 

Engelmann  (G.)  Nouvelles  notes  sur  le 
Cereus  giganteus,  90. 

Ettingshausen  (C.  d').  Nervation  des  feuilles 
des  Euphorbiacées,  401.  —  Nervation 
des  feuilles  des  Papilionacées,  401. 

Carreau.  Formation  des  stomates  des 
feuilles  de  l'Ephémère,  401. 

Gérard  (Fr.).  Nouvelle  Flore  usuelle  et  mé- 
dicale, 101. 

Germain  de  Saint-Pierre  (E.).  De  la  divul- 
sion  chez  les  végétaux,  134. 

Giralt  (J.  Planellas).  Essai  d'une  Flore  pha- 
nérogamique  de  la  Galice,  31. 

Godron.  Voyez  Grenier. 

Gosse  (P. -H.).  Sur  la  végétation  des  Algues 
marines,   100. 

Graells.  Indicalio  plantarum  novarum  mit 
nondum  recte  cognitanm,  etc.,  140. 

Gray  (Asa).  Caractères  de  quelques  nou- 
veaux genres,  la  plupart  de  la  Polynésie, 
94. 

Grenier  et  Godron.  Notices  botaniques,  29. 

Grisebach  (A.).  Abrégé  de  botanique  systé- 
matique, 198. 

Groenland  (J.).  Sur  la  germination  de  quel- 
ques Hépatiques,  247. 

Hardy.  Sur  Fiudigo  de  VEupatorium  lœ- 
vigatum,  Si- 4. 

Harvey  (W.-H.).  Caractères  de  trois  nou- 
velles Algues  des  cotes  de  Ceylan,  35. 

Hénon  (J.-L.).  Histoire  et  description  du 
Merulius  destruens,  Pers.,  260. 

Hepp  Les  Lichens  d'Europe  en  échantil- 
lons desséchés,  4  vol.,  257. 

Hooker  (sir  W.).  Musée  «lu  jardin  de  Kew, 
35.  —  Icônes  plantarum    (nouv    série 

vol.   6),  SX. 


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SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE 


Hooker(J.-D.).  Exostoses  sur  les  racines 
des  Conifères,  83.  —  Flore  de  la  Nou- 
velle-Zélande (5e  partie),  33.  —  Histoire 
et  statistique  de  la  Flore  de  la  Nouvelle- 
Zélande,  103.  —  Journal  d'un  voyage 
dans  l'Himalaya,  147.  —  Structure  et 
affinités  du  Trigonocarpon,  98. 

Jordan  (Al.).  Sur  deux  nouvelles  plantes  de 
France,  337. 

Koerber  (G.-W.).  Systenta  Lichenum  Ger- 
tnaniœ  (lre  livr.),  198. 

Lawson  (Ci.).  Sur  la  matière  colorante  des 

fleurs  du  Slrelitzia  Reginœ,  82. 
Lebel.  Du  bourgeon  dans  le  genre  Lythrum, 

28. 
Lecoq  (H.).  Études  de  géographie  botanique 

de  l'Europe,  96. 
Lindley  (J.).  Folia  orchidacea.  Euuméra- 

tion  des  espèces  d'Orchidées  connues, 405. 
Linnœa  (Journal).  Sommaire,  410. 
Lloyd  (J.).  Flore  de  l'ouest  de  la  France, 

135. 

Martins  (Ch.).  Le  Jardin  des  plantes  de 
Montpellier,  102.  — DeselTets  de  l'hiver 
dans  le  jardin  des  plantes  de  Montpel- 
lier, 342. 

Mathieu  (E.).  Flore  générale  de  Belgique, 
138. 

Mazuc  et  E.  Timbal-Lagraye.  Sur  un  nou- 
veau Senecio,  231. 

Meissner  (C.-F.  ).  Leguminosœ  quœdam  Aus- 
tralasiœ  novœ,  406. 

Meyer(E.-H.-F.).  Histoire  de  la  Botanique, 
tome  Ier,  203. 

Micualet  (E.).  Notice  sur  quelques  plantes 
observées  dans  le  Jura  et  le  pays  de  Gex, 
30. 

Miers  (J.).  Sur  le  genre  Lycium,  93. 

Mohl(H.de)  et  D.  F.  L.  de  Schlechtendal 
(Botanische  Zeitung.  Journal  de  bota- 
nique publié  par).  Liste  des  articles  ori- 
ginaux, 410. 

Neesd'Esenbeck.  Cyperaceœ  Cumingianœ, 
34. 


IlUPREC.nr.  Rapport  sur  un  voyage  botanique 
dans  le  gouvernement  de  Saint-Péters- 
bourg, 260. 

Sachs  (J.).  Organogéuie  du  Collema  bulbo- 
sum,  404. 

Schacht  (H.).  Corps  en  grappe  pédicules 
dans  les  feuilles  des  Urticées,  et  forma- 
tions analogues  chez  les  Acanthacées, 
130.  —  Mélanges  relatifs  à  l'auatomie 
et  à  la  physiologie  des  végétaux,  330. 

Schlechtendal  (D.  F.  L.  de).  Le  Genre  Bou- 
vardia  et  ses  espèces,  92.  —  (Linnœa, 
journal  publié  par).  Sommaire,  410.  — 
Voyez  Mohl. 

Schnittspahn-  (G.  F.).  Flore  du  grand-duché 
de  Hesse,  87. 

Schucuardt  (Th.).  Synopsis  Stakhousiacea- 
rum,  95. 

Seemann  (B.).  Botanique  du  voyage  de  V He- 
rald, 4e  partie,  88.  —  Remarques  sur 
les  Passiflorées  et  les  Turuéracées,  95. 

Société  Hallerienne.  (Compte  rendu  des 
travaux  de  la),  1853-54,  252. 

Soubkiran  (J.-L.).  Des  applications  de  la 
Botanique  à  la  pharmacie,  407. 

Steidel  (E.-G.).  Synopsis  planlarum  Glu- 
macearum  (fasc.  1-5),  145. — (fasc  6-7), 
340. 

Sullivant  (W.-S.).  Sur  quelques  nouvelles 
Mousses  des  îles  de  l'Océan  pacifique,  34. 

Thuret  (G.).  Synonymie  des  Vlva  Lactuca 
et  lalissima,  et  remarques  sur  les  Ulva- 
cées,  147. 

Thwaites  (G.  H.  K.).  Nouveaux  genres  et 
espèces  de  plantes  deCeylan,  94. 

Timbal-Lagrave  (E.).  Voyez  Mazuc. 

Tittelbach  (G.).  Sur  la  culture  des  Oro- 
banches,  154. 

Trécil  (A.).  Formation  des  vaisseaux  au- 
dessous  des  bourgeons  isolés  par  des  dé- 
cortications,  245. 

Vilmorin.  Cidre  de  Sorgho  (Sorgltum  sac- 
char  atum),  344. 

Vogel.  Action  du  phosphore  amorphe  sur 
la  végétation,  81. 


Planciion  (J.-E.).  Voyez  Decaisue. 

Plee  (F.).  Types  de  chaque  famille  et  des 

principaux  genres  de  France,  96. 
Pritzel  (G. -A.).  Iconum  bolaniearum  index 

locupletissimus  [Ve  partie),  346. 

Questier.  Énumération  des  plantes  inté-  | 
ressantes  des  cantons  de  Betz  et  de  j 
Crépy-en-Valois,  251. 


Weddell  (H. -A.).  Revue  de  la  famille  des 
Urticées,  255. 

Wight  ;R.).  Icônes  plantarum  Indice  orien- 
talis  (tome  6),  143. 

Willkomm  (M.).  Icônes  et  descripliones  plan- 
tarum novarum,  etc.  Europœ  occident a- 
lis,  prœcipuc  Hispaniœ  (t.  Ie' ),  31. 

Wirtgen  (Ph.).  Herbier  des  Menthes  rhé- 
nanes (fasc.  1  et  2),  87. 


Paris.  —  Imprimerie  de  L.  Martinet,   2,  rue  Mignon. 


New  York  Botanical  Garden   Library