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BULLETIN
SOdËTË SCIENTIFIQUE, HISTORIQUE
BT
SB
.LÀ GORRÈZE
■6c
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BULLETIN
DE LA
SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE. HISTORIQUE
^ ET
ARCHÉOLOGIQUE
DB
LA CORRÈZE
SIÈGE A BRIVE
TOME NEUVIÈME
IIVBC PLAKCHB8 BT PZ0URB8 DANS LB TBXTB
BRIVE
MARCEL ROCHE, IMPRIMEUR DE LA. SOCIETE
1887
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LISTE
DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ
BUREAU
Président d^honnenr :
M. le comte Robert de LASTEYRIE, *, I P 0, à Paris.
Préddent :
U. Ernest RXJPTN. A O, h Brive.
Vice* Président s :
M. rabbé LOUBIGNAG, à Brive,
M. Gaston de LÉPINAY, k Moriolle, près Brive.
Secrétaire-Général :
M, Philibert LALANDE, A ||, à Brive.
Trésorier :
M. M. Jeak-Baptistb BOSREDON, k Brive.
Bibliothécaires :
M* Alfred MAS, à Brive.
M, Joseph SOULTNGEAS, à Brive.
Memlrf^es du Bureau :
M. Élie m ASSENAT, A ||, à Malemort, près Brive,
M. Louis BONNAY, à Brive.
M, Eugène BORÏE. *. â Brive.
M, PaulBRUEL, a Brive.
I
— 6 —
MEMBRES FONDATEURS ET TITULAIRES
MM.
1. Artknsec de Vernedil (Paul d'), receveur de Ten-
registrement, à Brive.
2. AssELiNBAu (Charles), notaire, à Brive.
3. AuBERT (Louis), A 0> ancien professeur, à Sainte-
Féréole (Corrèze).
4. AuvARD (Jules), propriétaire, à Puy-la-Vaysse, can-
ton d'Ayen.
5. Barbes (Raymond), négociant, GrandTlace, à Brive.
6. Barbier de Montault (Mgr), prélat de la maison de
Sa Sainteté, 37, me Saint-Denis, à Poitiers.
7. Bardon (Henri), architecte du département, 80, rue
de la Barrière, à Tulle.
8. Bardon (Télèphe), avocat, au Saillant, par AUassac.
9. Barthélémy (Anatole de), îjfe, secrétaire de Tancien
Comité des travaux historiques et scientifiques
(section d^histoire, d'archéologie et de philologie),
9, rue d'Anjou-Saint-Honoré, à Paris.
10. Baudot (de), 4jfc, architecte, 153, rue de Rennes, à
Paris.
11. Beaudbt (François), avenue des Casernes, à Brive.
12. Bel (rabbé), professeur au Collège d'Ussel (Corrèze).
13. BéON (le comte de), 16, avenue Kléber, à Paris.
14. BàRONiE, juge de paix, à Brive.
15. Bertrand (Eugène), maison Canteloube, à Roanne
(Loire).
16. Bbssou (l'abbé), chanoine honoraire, supérieur du
Collège catholique d'Ussel (Corrèze).
17. Beynié (Jean-Baptiste), photographe, à Brive.
18. Billot (le général), GO*, sénateur de la Corrèze,
28, avenue du Trocadéro, à Paris.
19. Blanc (Antoine), juge de paix, à Ayen.
20. Blanc-Chambon, négociant, à Brive, place Latreille.
21. Blanc (Jean), juge de paix, à Mansac, canton de
liarche.
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22, Blus5iOn, a O, maire de Larche*
23, Blusson (Fernand), docteur en droit, procureur de
la République, à Tulle,
24. BoMBAL (Eusèbe), A II, à Argentat (Corréze),
25. BoN^'AV (Louis), architecte, à Bdve,
20, BoNNEFOK (Frédéric), ancien chef de section du che-
min de fer^ à Brive,
27, BosxEVAL» maire, à Bilhac, par Beaulieu (Corrèze].
28, BoaiE (Eugène), *, commandant au 92»* régiment
de l'armée territoriale, à Brive.
29, BoRiE (Léopold), *, procureur de la République, à
Orléans,
30, BosREDOM (Alexandre de), #, ancien sénateur, au
château de la Fauconnie, par Terrasson,
3L BosREDON (Jean-Baptiste), rue de THôtel-de- Ville, à
Biïve,
32. BosREDDN (Philippe de), C *, ancien conseiller
d'Étal» 4, rue du Général-Foy, à Paris.
33 < BosBEDON (René), oégociant, rue des Échevins, à
Brive.
34, BosnHDOT^ (Zachane), pharmacien, à Brive*
35, BouiiNEix {l*abbé), curé de Nonards, par Beaulieu,
36, Bouygues [Georges), *, à Bétaillej caniou de Vayrac
(Lot), et 4, avenue du Crucifix, à Limoges.
37, Beanbely (l'abbé), curé de Sornac (Corrèze).
38, Breton (rabbé), chanoine honoraire, supérieur du
Petit-Séminaire, à Brive,
39, Bbeuil (Élïe), vétérinaire, membre du Conseil muni-
cipal, à Brive.
40, Buel-il (Victor), liquoriste, à Brive.
41, Broiïilhet (Louis), receveur des finances, à Lod^v^
(Hérault).
42, BrtuBL (Paul), directeur de la Société Générale, ^^^.^
levard du Salan, à Brive, ^'
43 i BiiUGEiLLEs (Louis), député de la Corrèze et iie^rw.^
du Conseil général, 7, avenue du Trocad^ V>^
Paris. ^sx^"^
— 8 —
44. BRuaÂRB (Ernest), ancien notaire, entrepreneur de la
Manufacture d'armes, maire à Tulle.
45. Brunet (Joseph), O ^, I P ||i ancien sénateur, avo-
cat à la Cour d'appel, 41, rue de Vaugirard, à Paris.
46. Cabanis (Paul), banquier, à Objat.
47. Cars (le duc des), 95, rue de TUniversité, à Paris.
48. Cercle de V Union, à Brive.
49. Chabau (rabbé), chanoine honoraire, aumônier de la
Visitation, à Aurillac (Cantal).
50. Chabrerie (Louis), A 9, Principal du Collège de
Treignac (Corrèze).
51. Chamaillard (Auguste de), propriétaire, à Brive.
52. Chambourdon, I P <J>, Principal du Collège de Brive.
53. Chahp (Arthur du), ancien magistrat, au château du
Verdier, par Ste-Fortunade (Corrèze), et à Moissac
(Tarn-et-Garonne) .
54. Chaupbval (Jean-Baptiste), avocat, à Figeac.
55. Chantalat-Delaurier (Théodore), à la Bouvie, près
de Brive.
56. Chauvbron (Audoin de), juge d'instruction au Tri-
bunal de 1" instance, à Neufchâtel (Seine-Infé").
57. Chauviniat, 4)i(, A Oi avocat, à Brive.
58. Chetnier, inspecteur du service des Postes et des
Télégraphes, à Poitiers.
59. Chiroux, vérificateur des poids et mesures, à Ussel
(Corrèze).
60. Choumeils de Saint-Germain (Louis), directeur des
Domaines, à La Rochelle.
61. Choumeils de Saint-Germain (Paul), greffier du Tri-
bunal de 1** instance, à Brive.
62. Clédat (Gaston de), à Murât, par Objat (Corrèze).
63. Clochard, ébéniste, à Brive.'
64. CoRBiER (Luc de), sous-inspecteur des Domaines, à
Saint- Amand (Cher).
65. CosNAG (le comte Jules de), ^y membre du Conseil
de THistoire de France, au château du Pin, par
Salon-la-Tour (Corrèze), et 37, rue Vaneau, à Paris.
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— 9 —
66. CosNAC (rabbé Médéric de), vicaire à Saint-Louis-
des-Français, chanoine honoraire de Mohilew, à
Moscou (Russie).
67. CosNAC (le baron Paul de), au château de Fryac, par
Meyssac.
68. Costa (le baron Gaston de), à Beaulieu.
69. CouDERT, propriétaire, à Objat.
70. CouLiÉ, notaire et maire, au Soulier-de-Chasteaux,
par Larche.
71. Crouchet (Vabbé), curé de Malemort, près Brive.
72. David, pharmacien, à Objat.
73. Davoust (Emile), attaché à la Direction du Musée
historique, à Saint- Vincent-Orléans.
74. Decoux-Lagoutte (Edouard), A y, ancien magistrat,
16, rue d'Angouléme, à Périgueux.
75. Delierre (Auguste), artiste peintre, 204, boulevard
Saint-Germain, à Paris.
76. Delisle, 0 îjfe, directeur de la Bibliothèque natio-
nale, rue Richelieu, à Paris.
77. Deloche (Maximin), G ^, I P Oi membre de Tlns-
titut, 60, avenue de Gravelle, à 8t-Maurice (Seine).
78. Delpeuch (l'abbé), aumônier au Collège de Brive.
79. Delpy (Pierre), négociant, à Brive.
80. Denoix (Élie), menuisier, à Brive.
81. Denoix (Paul), propriétaire, à Larche.
82. Deschamps (Philippe), propriétaire, avenue Charles-
Rivet, à Brive.
83. Desnoyers (l'abbé), vicaire-général à Orléans, prési-
dent de la Société archéologique et historique de
rOrléanais.
84. Devillegoureix , propriétaire, à Pomiers, près de
Larche (Corrèze).
85. DoussAUD (Emile), notaire, à Lubersac.
86. Dubousquet-Laborderie, docteur-médecin, 39, ^uC
de Paris, à Saint-Ouen (Seine).
87. DucouRTiEux, A Qy libraire-éditeur, rue des A.t*è^
à Limoges. ^
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— 10 —
88. Dumas (André), avocat, à Brive.
89. DuNAiGRE (Yves), A y, Préfet d'Oran (Algérie).
90. DupUY (Joseph), négociant, boulevard des Sœurs, à
Brive.
91 . DussoL (Félix), avocat, à Brive.
92. DuTHEiLLKT de Lamothe, à Caramija, par Lubersac.
93. Eyssartier, pharmacien, ancien maire, à Uzerche.
94. Fage (René), avocat, A ||i 25, boulevard Gambetta,
à Limoges.
95. Fauqueux (Charles), *, ancien Sous-Préfet, à la
Côte, par Vigeois, ou à Paris, 157, boulevard
Haussmann.
96. Ferrière (Gilbert), à Chamboulive (Corrèze).
97. FoNTENiLLEs (Paul dc), A Q, inspecteur général de
la Société française d'archéologie, 16, boulevard
Nord, à Cahors.
98. Fraysse (Antoine), avoué, à Brive.
99. Froïdefond (de), îjfe, trésorier-payeur général, à La
Rochelle.
100. Gaston (Frédéric), ingénieur, directeur de la Com-
pagnie des Ardoisières, à Brive.
101. Gay (Victor), 17, quai Voltaire, à Paris.
102. Génis (Henri de Beaupuy de), à Brive.
103. Gilbert (Antoine), expert-géomètre, à Auliac, par
Saignes (Cantal).
104. Girard (Aimé), directeur des usines de la Cascade,
près Bort.
105. GiRODOLLE, docteur-médecin, à Objat (Corrèze).
106. GoNDiNET (François), I P O, Principal honoraire du
Collège de Brive.
107. GoRSSE, avocat, à Tulle.
108. GouYON (Jean), avocat, à Brive.
109. GouYON (Marcel), notaire, membre du Conseil géné-
ral, à Juillac.
110. Grandjacquot (Paul), lieutenant détaché au recrute-
ment, au Havre (Seine-Inférieure).
111. Greil (Louis), boulevard Sud, à Cahors (Lot).
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— 11 —
112. Gritty (Charles), 8, boulevard Saint-Marcel, à Paris.
113. Grossouvre (de), ingénieur, à Bourges.
114. GuiBERT (Louis), A if, agent principal de la Com-
pagnie d'Assurances générales, 8, rue Sainte-
Catherine, à Limoges.
115. GuiLLOT (Sylvain), entrepreneur, à Brive.
116. GuiLLOT (Jean-Baptiste), propriétaire, à La Geneste,
commune de Naves, par Tulle.
117. Gyoux, docteur en médecine et en chirurgie, 143,
rue Fondaudège, à Bordeaux.
118. Hbrmite (Louis de 1'), à Lampre, par Champagnac-
les-Mines (Cantal).
119. Imbeault (Jules), à Brive.
120. JouLOT (Alfred), à Brive, rue Mialet, et à Crabanac,
canton de Féniers (Creuse).
121. JouvENEL (le baron Raoul de), O îjfe, ancien Préfet,
au château de Castel-Novel, par Varetz (Corrèze),
ou 15 bis, rue Marignan, à Paris.
122. Juge (Abel), à Donzenac.
123. Juin-Demontbil (Gaston), notaire, à Dampniat, par
Obasine (Corrèze).
124. Julien, professeur à la Faculté des sciences de
Clermont-Ferrand.
125. KuHN, A O, propriétaire, 10, rue d*Amboise, à Cler-
mont-Ferrand.
126. Labbsse (comte de), au château de Chabrignac, par
Juillac.
127. Labrousse (Michel), *, A O, docteur-médecin, dé-
puté de la Corrèze, membre du Conseil général,
35, avenue Marceau, à Paris.
128. Labrunie-Laprade (André), à Souillac (Lot).
129. Lacarrière (Henri), 12, rue du Havre, à Paris.
130. Lachapelle (de), propriétaire, au Mazeau, par
Meyssac.
131. Lachaud (Edouard), docteur-médecin, à Brive.
132. Lacombe (Oscar), A O, juge suppléant, anct^
chiviste de la Préfecture, à Tulle. ^ ï^*"
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— 12 —
133. Lacoste (Emile), avocat, conseiller général, à Brive.
134. Lacroix, notaire, à Meyssac.
135. Lacroix (Léon), conservateur des hypothèques, à
Saint- Pons (Hérault).
136. Lafarge (Aimé), notaire, à Lagraulière, par Seilhac
(Corrèze).
137. Lafarge (Eugène), peintre décorateur, à Mauriac
(Cantal).
138. Laffont (Georges), docteur-médecin, à la Varenne-
Saint-Hilaire (Seine).
139. Laffont (Marc), docteur-médecin, préparateur à la
Sorbonne, lauréat de la Faculté de médecine de
Paris, 245, rue Saint-Honoré, à Paris.
140. Lafond de Saint-Mur (le baron), 0 ejfc, I PO, séna-
teur de la Corrèze, 69, rue Sainte-Anne, à Paris.
141. Lafond de Saint-Mur (Léon), ^, conservateur des
hypothèques, 114, rue Nollet, à Paris.
142. Laganb (Élie), pharmacien, à Brive.
143. Lagane (Fabbé), curé de Bort (Corrèze).
144. Lalande (Norbert) aîné, négociant, à Brive.
145. Lalande (Philibert), A O, receveur des Hospices,
à Brive.
146. Lalauze (Adolphe), aqua-fortiste, 29, quai Bourbon,
à Paris.
147. Lamberterie (Albéric de), directeur du Dépôt de
mendicité, 95, rue Terre-Nègre, à Bordeaux.
148. Lamorelle (Alexis-Philippe), ejfc, colonel du 14"' de
ligne, à Brive.
149. Langlade (Eugène), négociant, 8, rue Monsieur-le-
Prince, à Paris.
150. Lapetitie (Marcel), pharmacien, à Meyssac.
151 . Laroche (Hippolyte), Sous-Préfet de Tarrondissement
de Brive.
152. Laroche (Paul), imprimeur, 43, rue d^Amiens, à
Arras.
153. Laporte (Antoine), agent- voyer, chef de compta-
bilité, à Tulle.
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168.
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— 14 —
175. Marbeau (Eugène), 0 ^^ ancien conseiller d'État,
27, rue de Londres, à Paris.
176. Marchât (Hector), ingénieur des chemins de fer de
l'État, à Brive.
177. Marche (l'abbé Adolphe), curé d'AUassac (Corrèze).
178. Marmier (Gaston), conseiller général de la Dor-
dogne, 15, rue Paul-Louis Courrier, à Paris.
179. Marquessac (comte Raoul de), C ^, contre-amiral,
commandant en chef de la Division navale du
Levant.
180. Martine (François), *Jfe, ancien maire. Président du
Tribunal de commerce de Brive.
181 . Mas (Alfred), boulevard des Sœurs, à Brive.
182. Mas (Marcel), pharmacien, à Brive.
183. Massénat-Déroche (Octave), avocat à la Cour de cas-
sation, 132, boulevard Saint-Germain, à Paris.
184. Massénat (Élie), A Q, manufacturier, maire de
Malemort (Corrèze).
185. Massénat (Paul), notaire, à Brive.
186. Mathis, régisseur du Domaine national, à Pompa-
dour (Corrèze).
187. Mayjurou de Lagorsse (Eugène), maire de Turenne,
avocat, à Brive.
188 . Maynard (baron Marc de), à Gopeyre, par Martel (Lot).
189. Maza (Henri), *)fe, avoué de l"** instance, 220, rue de
Rivoli, à Paris.
190. Mazeaud (Paul), boulevard du Salan, à Brive.
191. Mazeyrac, membre du Conseil général, à Beaulieu
(Corrèze).
192. Melon de Pradou (Charles), A Q, Président de la
Société des lettres, sciences et arts de la Corrèze,
à Tulle.
193. Méric de Bellefon (de), ancien magistrat, 26, rue
Léon de Malleville, à Montauban.
194. MiGNOT, industriel, à Anuonay (Ardèche).
195. MiLLEvoYE (Lucien), ancien substitut du procureuii-
général, à Saint-Pardoux, par Donzenac.
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— 15 —
196. MoLiNiER (Emile), attaché au Musée du Louvre, palais
du Louvre, et 21, quai Sainl-Michel, à Paris.
197. MoNJAUZE, ancien notaire, faubourg Le Clere, à Brive.
198. MoNTAiGNAC (marquis Louis-Raymond de), G 0 ^,
contre -amiral, sénateur, ancien ministre de la
marine, 52, me de Grenelle, à Paris.
199. MoREAU (Frédéric) père, à Fère-en-Tardenois (Aisne).
200. MoRELLY, docteur-médecin, à Argentat (Corrèze).
201 . MoRTiLLET (Gabriel de), ^, professeur à TÉcole d'an-
thropologie, député de Seine-et-Oise e^ maire de
Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise).
202. MouRET (Georges), ingénieur des ponts et chaussées,
à Périgueux.
203. Nauche (Auguste), avoué, 24, rue Mont-Thabor, à
Paris.
204. Nauche de Leymarie (Alfred), propriétaire, à Brive.
205. NiNAUD (Victor), négociant, à Saint-Quentin (Aisne).
206. NoAiLLES (le comte de), au château de Buzet, par
Buzet (Lot-et-Garonne).
207. NouviON (Baptiste), 0 *Jfe, ancien Préfet, rue de
THôtel-de- Ville, à Brive.
208. Pailler (l'abbé), chanoine honoraire, curé-doyen de
Beaulieu (Corrèze).
209. Pau (Tabbé Jules), chanoine honoraire, aumônier
des Fabriques de la Cascade, à Borl (Corrèze).
210. Pauzat (Henri), naturaliste, 180, rue de Rome, à
Marseille.
211. Péronne (Prosper), avocat à la Cour d'appel, 32, rue
des Mathurins, à Paris.
212. Perrier (Edmond), *Jfe, I P <j>, professeur-adminis-
trateur au Muséum, 28, rue Gay-Lussac, à Paris.
213. PiNAUD (François), négociant, à Brive.
214. Pomarel (Léon), docteur-médecin, à Brive.
215. PoNCHET, docteur-médecin, conseiller d'arrondisç^^-
meut et maire à Collonges, par Meyssac.
216. Poulbrière (l'abbé), inspecteur de la Société ç^
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— 16 —
çaise d'archéologie, directeur du Petit-Séminaire
de Servières (Corrèze).
217. Prioleau (Léonce), interne à Thôpital de Bicêtre,
à Paris.
218. Rebière-Laborde (Alfred), chef de section de la Com-
pagnie d'Orléans, à Bort (Corrèze).
219. RiBiER (René de), membre du Conseil général du
Cantal, maire de Champagnac-les-Mines.
220. Richard, propriétaire, à Saint- Robert, canton d'Ayen
(Corrèze).
221 . Rivet (M"** Elvire), née de Jugeals, à Brive.
222. Rivet (Marcy), receveur des Finances, à Castel-
Sarrazin (Tarn-et-Garonne).
223. Rivière des Borderies (Gustave), négociant, à Brive.
224. Robert (Charles), C *îfe, membre de l'Institut, 25,
boulevard de La Tour-Maubourg, à Paris.
225. Roche (Emile), docteur en droit, avoué, 6, boulevard
Beaumarchais, à Paris. *
226. Roche (Marcelin), négociant, maire de Brive.
227. Roche (Marcel), imprimeur, conseiller municipal, à
Brive.
228. RoFFiGNAc (le comte Octave de), au château de Sou-
rie, par Objat (Courèze).
229. RoGEMOND, architecte, à Brive.
230. Roque (Gustave), banquier,xà Brive.
231. Roque, docteur-médecin, à Juillac.
232. RoucHAUD- Nemours, percepteur, à Brive.
233. RouDAUD (René), avoué, à Saint- Yrieix (Hte- Vienne).
234. Roujou (Anatole), professeur de sciences, à Chama-
lières, près Clermont-Ferrand.
235. Roussarie (Paul), place Saint-Julien, 10, à Tulle.
236. Rupin (Ernest), A O, à Brive.
237. Sainte-Fortunade (comte Albert de Lavaur de), au
château de Sainte-Fortunade (Corrèze).
238. Saint-Bonnet, avocat, à Sexcles (Corrèze).
239. Sal (de), sénateur, membre du Conseil général de
la Corrèze, 147, boulevard Saint-Germain, à Paris.
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— 17 —
240. Salvandy (le comte Paul de), A Q, ancien député,
18, rue Cassette, à Paris.
241. Seguin (Ferdinand), propriétaire, au château d'Ayen
(Corrèze).
242. Seingeot (Eugène), capitaine adjudant-major au H"*
de ligne, à Brive.
243. Selve de Sarran (de), #, banquier, ancien receveur
des Finances, à La Ganne, près Ussel (Corrèze).
244. Simon (Clément), ^, ancien procureur-général, avo-
cat, 7, rue Rouget-de-risle, à Paris.
245. Siou (Charles), manufacturier, à Laumeuil, par Lar-
che (Corrèze).
246. SiREY (Jean), à Objat (Corrèze).
247. Sol-Lalande (Ernest), notaire, au Pescher, par
Beynat.
248. Soulïngeas (Joseph), rue Dubois, à Brive (Corrèze).
249. SouLiÉ, conducteur des ponts et chaussées, à Ar-
gentat (Corrèze).
250. SouLLiER (Fabbé Martial), secrétaire-général de Tévê-
ché et chanoine de la cathédrale, à Tulle.
251 . Talamon, 64, rue Richelieu, à Paris.
252. Tandeau de Marsac (l'abbé), chanoine honoraire, 2,
place Fournier, à Limoges.
253. Tandeau de Marsac, notaire, 25, place Dauphine, à
Paris.
254. Thalamy, maître d'hôtel, adjoint au maire, à Brive.
255. Teyssier, A Q, ancien juge de paix, notaire, à
Pérols, par Bugeat (Corrèze).
256. Teyssieu (Léopold de), notaire, à Beaulieu.
257. Treuil, ancien notaire, à Ussel (Corrèze).
258. Turenne d'AYNAC (le marquis de), ^, 26, rue de
Berri, à Paris.
259. Vachal (Joseph), ancien député, à Argentat (Corrèze).
260. Valat (Julien), à Souillac (Lot).
261 . Valéry, libraire, conseiller municipal, rue Toulzac,
à Brive.
262. Valette, ex-notaire, àChamboulive (Corrèze).
T TX. l_j
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— 18 —
263. Valon (Ludovic de), sous-chef de section, à Brive.
264. Vayssiêre, A O, archiviste de TAUier, à Moulins.
265. Verlhac (Pierre), imprimeur, à Brive.
266. Verlhac, docteur-médecin, à Brive.
267. Verninac (Charles de), sénateur du Lot, au château
de Croze, par les Quatre-Routes (Lot).
268. Vicant (Ernest), propriétaire, à En val, près Brive.
269. Vignes, chef de section du chemin de fer de TÉtat,
: à Brive.
MEMBRES CORRESPONDANTS
Instituteurs.
270. BuGE (Léon), horticulteur et professeur à TÉcole
normale, à Tulle.
271. Chammard, instituteur, à Mansac, par Larche (Cor-
rèze).
272. Colas (Pabbé Joseph), rue du Pont, à Maringues
(Puy-de-Dôme).
273. Delmond, instituteur, à Beaulieu.
274. DuPUY (Pierre), instituteur, à Juillac.
275. Ferrier, a <|t instituteur, à Brive.
276. FouRNiAL, instituteur, à Chamberet.
277. Gabriel (le Frère), dii'ecteur de TÉcole chrétienne,
à Brive.
278. Georges (le Frère), directeur de FÉcole chrétienne,
à Ussel.
279. Helvert (le Frère), sous-directeur de TÉcole chré-
tienne, à Limoges.
280. Hospicius (le Frère), directeur de TÉcole chrétienne,
à Tulle.
281 . Lagane, inztituteur, à Saint-Solve, par Vignols.
282. Lavialle (Ernest), instituteur, à Larochette, par
Douzenac (Corrèze).
283. Noël (le Frère), directeur du pensionnat St-Joseph,
à Meyssac.
284. Pouillange, instituteur, à Pompadour.
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-«^
— 19 —
285. Prat, professeur à TÉcole communale de dessin, à
Brive.
286. SouLrf, professeur à TÉcole communale de dessin,
à Tulle.
287. TouRNADOUR, instituteur, à Malemort (Corrèze).
SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES
Échange de Bulletins.
1 . Société nationale des Antiquaires de France, à Paris.
2. Société française d'archéologie {Bulletin Monumental),
directeur : le comte de Marsy, à Compiègne (Oise).
3. Société nationale d'agriculture de France, 18, rue de
Bellechasse, à Paris.
4. Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres,
.à Toulouse.
5. Société d'histoire naturelle, 28, rue Saint-Rome, à
Toulouse.
6. Société des Antiquaires de l'Ouest, à Poitiers.
7. Société archéologique et historique du Limousin, à
Limoges.
8. Société des lettres, sciences et arts de la Corrèze, à
Tulle.
9. Société historique et archéologique du Périgord, à
Périgueux.
10. Société des sciences naturelles et archéologiques de
la Creuse, à Guéret.
11. Société de Borda, à Dax (Landes).
12. Société archéologique du Tarn-et-Garonne, à Mon-
tauban.
13. Société archéologique d'Eure-et-Loir, à Chartres.
14. Société Dunoise, à Châteaudun.
15. Société archéologique de Bordeaux, 67, rue de la
Rousselle.
16. Académie d'Hippône, à Bone (Algérie).
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— ?0 -
17. Société botanique et horticole de Provence, place
Saint-Michel, 12, à Marseille.
18. Société des lettres, sciences et arts, à Nice.
19. Société des études littéraires, scientifiques et artis-
tiques du département du Lot, à Gahors.
20. Société d'agriculture, sciences et arts de Vesoul (Hte-
Saône).
21 . Société des Antiquaires de Picardie, à Amiens.
22. Société florimontane d'Annecy.
23. Société archéologique et historique de l'Orléanais, à
Orléans.
24. Société archéologique de Nantes et de la Loire-Infé-
rieure, à Nantes.
25. Société archéologique du Maine, au Mans.
26. Société archéologique et historique de la Charente, à
Angouleme.
27. Société d'agriculture, sciences, arts et belles-lettres
de l'Eure, à Évreux.
28. Commission des Antiquités de la Côte-d'Or, à Dijon.
29. Société des Antiquaires du Centre, à Bourges.
30. Académie des sciences, belles-lettres et arts de Cler-
mont-Ferrand.
31 . Académie des sciences, lettres et arts d'Arras.
32. Commission des Antiquités départementales du Pas-
de-Calais, à Arras.
33. Société archéologique d'Alais (Gard).
34. Société des sciences naturelles de la Charente-Infé-
rieure, à La Rochelle.
35 . Société de géographie de l'Est, 1 bis^ rue de la Prairie,
à Nancy.
36. Société littéraire, historique et archéologique de Lyon
(M. Vachez, bibliothécaire, 24, rue de la Charité, à
Lyon).
REVUES (échanges).
37. Bulletin d*Histoi7*e ecclésiastique et d'Archéologie religieuse
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— 21 —
(M. l'abbé Ulysse Chevalier, directeur, à Romans)
(Drôme).
38. Reims de Géographie (M. Delagrave, 15, rue Soufflot,
à Paris.)
39. Feuille des jeunes Naturalistes, par M. A. DoUfus, 35,
rue Pierre-Cîharron, à Paris.
40. Le Feu-Follet, à Tulle.
41. Annales du Musée Guiinet (direction : 30, avenue du
Trocadéro, à Paris.)
42. Journal d'Histoire naturelle de Bordeaux et du Sud'Ouest,
15, cours de l'Intendance, à Bordeaux.
43. L'Auvergne illustrée (M. Ambroise Tardieu, directeur,
à Herment (Puy-de-Dôme).
44. Le Gay-Lussac, revue des sciences et de leurs appli-
cations, 23, avenue Foucaud, à Limoges.
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HANAP EN ÉMAIL
Peint en grisaille, par Pierre Reymond, de Limoges.
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HANAP
EN ÉMAIL DE LIMOGES
Dans un de nos précédents Bulletins (1), nous
avons donné la reproduction d'une œuvre de
Pierre Raymond, en faisant suivre cette repro-
duction de quelques lignes biogi-aphiques sur cet
éniailleur limousin.
Nous donnons aujourd'hui le dessin d'un hanap
émaillé par le même artiste, et dont l'original
appartient à M. le baron Alphonse de Rothschild.
M. le directeur de VArt ornemental a bien voulu
nous autoriser à nous servir de la gravure parue
dans le numéro 142 de cette publication que nous
recommandons une fois de plus aux lecteurs du
Bulletin, tant à cause de la modicité de son prix
que des nombreuses illustrations qui l'accom-
pagnent (2).
Ce hanap « est peint en grisaille. Sa forme est
singulière, mais fort élégante; sa décoration très
intéressante. Le sujet principal est une allégorie
mythologique qui représente Mars avec des Amours.
Deux gros cordons de lauriers coupent le vase. Le
(1) Bulletin de la Société, année 1885, tome VII, p. 25.
(2) L'Art ornemental, paraissant tous les samedis. Paris, ^^
d'Anlin; prix : 6 francs par an. x ^>^fe
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— 24 —
médaillon à l'antique accosté de cygnes, la tête
d'ange au-dessus d'une guirlande de fruits, qui
constituent les ornements de la frise, rentrent
dans les motifs les plus gracieux du xvi* siècle.
Cette petite pièce est, de tous points, l'une des
plus propres à caractériser le style le plus dis-
tingué de son auteur et la douce gravité de la
peinture en grisaille. »
E. R.
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JOURNAL
PIERRE VACHERIE
l'RÉTRE r>L' t»[OCÊKf DE LliOGSS, NÉ k Umi-fîmit (CURaÈZE)
GKKFFIEH nS CùWFlGlKUTà Dk URIVE
PUSLii mT HMItllTâ FJIK
Paul BRUEL
DIRECTEUR DE LA « SOCIÉTÉ GÉNÉRALE n A DHIVE
Membre k li Scciété bi^tonqne ^ mM^\t\m k k Corrtt6
E hasard, qui a été appelé
quelque part T homme d'af-
fabes de Diftu, et qui est
souvent aussi celui des cher-
cheurs ou des archéologues,
nous a permis de présenter
aux Limousins soucieux de rancionne histoire de
leur province, le journal inédit de Tabbé Pierre
Vacherie, qiii naquit à Sainte-Féréole (Gorrèze) en
1595 et qui, en 1652, dirigeait encore la cure d^
Condat, près d'Uzerche*
Son père, Jean Vacherie, mourut en 1611
régie avec TÉglise; sa mèrei Marie Verlhac^ ^^
vit son mari dans la tombe en 1631* Elle ^^^Kif
perdu, à l'âge de 7 ans, un frère aîné de ^"^v ^'ïw
— 26 —
abbé; mais elle lui laissa deux ou trois sœurs
qui, par leur esprit processif et tracassier, mirent
à répreuve son humeur charitable et débonnaire.
A la mort de son aîné, sa mère avait fait
« vœu à Dieu que s'il luy donnait encore un
enfent masle, elle le ferait homme d'esglise. »
Dans son journal. Vacherie s'étend sur ses étu-
des classiques qui, de Sainte-Féréole, le jnenèrent
à Tulle et à Périgueux. Formé par les Domi-
nicains et les Jésuites, il se rendit à Limoges en
1620, et après avoir été consacré prêtre aux Car-
mélites de cette ville, il fut nommé directeur
des Ursulines par Tévêque Raimond de La Mar-
thonie, et docteur en théologie de Limoges en
1620. Il alla prendre ces mêmes titres à Gahors
en 1647. Vacherie, quoique au début de sa
carrière ecclésiastique, est alors à son aise; il
prend à sa charge son neveu et filleul Pierre
SauUe, prête de l'argent à M. Amarzit, ancêtre
des Sahuguet, élu de Brive, fait réparer la mai-
son paternelle à Ste-Féréole et y acquiert même
des immeubles. Aussi ne nous étonnerons-nous
pas de le voir dédier à l'église de son village
natal un tableau de la « sacrée Vierge, mon
éternelle advocate. » Il poursuivait des bénéfices
et obtint successivement le prieuré de St-Amand-
Jartondey, la vicairie de La Joannie, le greffe
de lofficialité de Brive, la cure de Saint- Yrieix-
la-Montagne. Néanmoins il continuait de diriger
les Ursulines de Limoges; il les accompagna à
Eymoutiers, lors de la peste de 1631 à 1632,
comme il les avait installées à Gahors en 1625.
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— 27 —
Cependant les malheurs de la province n'empê-
chent, pas Vacherie de prospérer en ses petites
affaires. Il échange la cure de St-Yrieix contre
celle de Saint- Jean-Ligoure et, vers 1634, fait
acquisition d'une montre, d'une chasuble, d'un
calice. Enfin le voici curé de Châlus (1635); il
y demeure jusqu'en juillet 1643, où il est nommé
à la cure de Condat, près d'Uzerche. Sa pre-
mière maladie grave l'atteignit en 1650; il se
rendit aux eaux de Vicq en 1651; ce fut inutile,
car il mourut en 1652, année où s'interrompt
son journal.
Vacherie paraît avoir été doux et humble, et
de cœur, comme le veut l'Évangile; il pratiquait
toutes les vertus chrétiennes, autant par convic-
tion que par devoir professionnel; malgré l'âge
et l'expérience, il se laissait encore duper en
1652 par les Mazent de Condat qui, grâce à des
dehors hypocrites, lui avaient extorqué de l'ar-
gent et des certificats d'honnêteté. Un gentil-
homme de la cour de Pessiéras le menaçait
d'un assassinat; mais Vacherie n'en persistait pas
moins à interdire l'accès de la sainte table aux
maltresses de ce libertin. Les joies et la tran-
quillité lui étaient cependant parcimonieusement
mesurées par Dieu; il eut à sa charge et dut
élever ses neveux Verlhac et Saulle; il fut pov\i-
suivi de réclamations par sa sœur Jacquette «n
point de regretter la condition où il s'était
gagé, a 0 que la condition des prestres est ^
sérable, quand ilz ont des proches sans ^^ ^^S^''
qui n'attendent que leur despouiUe, ne ^^^v '\>
.^
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— 28 —
jamaiz : c'est assez. » Ayant souscrit de nom-
breuses obligations, Vacherie n'avait, pour y suf-
fire, que le revenu de ses dîmes qui lui était
payé en nature, non en argent. Aussi le voyons-
nous se transformer en marchand de blé, prêter
à celui-ci, vendre à celui-là, agir presque en usu-
rier et avancer du seigle pour les semailles à un
laboureur contre la garantie d'un bassin ou d'un
linceul usé. Cependant, il s'indigne contre les
guerres continuelles, le pillage des soldats, la
dureté du cardinal de Richelieu; mais ses sœurs
le menacent de procès; ses neveux ont besoin
d'être habillés, nourris, instruits; il réclame donc
impitoyablement ses dîmes, gémit de leur dimi-
nution et contribue, sans le savoir, à cette géné-
rale misère qu'il déplore.
Le journal de Vacherie, tenu dans des inten-
tions toutes pratiques, ne satisfera pas les ama-
teurs de mémoires littéraires.' Il était pourtant
latiniste, prédicateur et poète à ses heures. Il
s'essaie en vers latins, à la manière d'Ovide, à
résumer sa vie; il déplore en vers élégants, que
ne désavouerait pas un disciple de Malherbe, la
mort d'un jeune neveu. Peut-être quelques Li-
mousins songeront, en les lisant, aux troubadours
d'autrefois et croiront que Vacherie a été inspiré
ce jour-là par Èble et Bernard de Ventadour. Il
semble avoir fait de fortes études classiques et
rédige en un latin suffisant des vœux à la Vierge
et au sanctuaire de Roc-Amadour.
Enfin, quand il s'emporte contre les ivrognes.
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— 29 —
contre les vices de son époque, îl est à la fois
plein d'onction et d9. simplicité; Ll nous montre
que les défauiâ relevés par M. Jacquînet dans
les prédicateurs avant Bossuct étaient loin d*êlre
généraux; les prêtres des campagnes, charges de
diriger les humbles et les pauvres, s'abaissent
au niveau de leurs âmes naïves et laissent » par
leurs paroles comme par leur conduite, a venir
à eux les petits enfants, ^
Cet ignorant dans Tart de bien dire, comme
dît Bossuet de lapôtre saint Paul, aidera môme
rhisloîre traditionnelle à réformer ses jugements,
au début du règne de Louis XIV, lorsqu'il passe
en revue le ministère de Richelieu. Il lui échappe
sur la mort de ce Tibère, de cet atrabilaire qui
voulait régner, de ce Jupiter massacreur (Guy
Patin), un jugement bien lourd à porter devant
la postérité : « Les prisons ont esté pleines de
ses pauvres gens pour la solidarité, ou la plus-
pari sont mortx de faim et de misères, et les
autres ont quitté tout leur bien pour vivre en
paix. Car la pauvreté a esté Tunique paix de
ce règne, )>
Ainsi, seuls les mendiants ont joui de la tran-
quillité sous le terrible cardinal; encore les va-
nu-pieds de Normandie poursuivis, jugés en hâte
et pendus sans appel, pourraient s'inscrire ^xv
faux. Ce fut une triste époque pour le P^x^rAç^,
des campagnes que le grand siècle; et si ^ ^
les manants qui broutaient l'herbe au revex* ^^^^
fossés et mouraient de faim, enfouis dan^ ^ "^
fumiers pour y retrouver un peu de
^"^^1
^M
r
!le
— 30 —
pouvaient ressusciter et prendre la parole, ils
rabattraient de beaucoup notre enthousiasme à
Tendroit des Colbert, des Louvois, des Richelieu,
qui n'ont fait de grandes choses qu'à Taide de
grandes injustices; ils nous inviteraient à plus
de reconnaissance envers saint François-de-Sales
et saint Vincent-de-Paul, qui pleuraient avec eux
et compatissaient à leur misère.
Paul Bruel.
Brivé, 1*' janvier 1887.
JOURNAL DE PIERRE VACHERIE
I
Naissance de Vacherie. — Mort de ses parents. — Sa jeunesse, ses
études. — Naissance de Pierre Saule, son neveu et filleul. —
Retour au pays natal. — Départ pour Limoges. — Ses études
dans cette ville. — Mort de sa mère. — Discussions avec le mari
de sa sœur aînée. — Travaux à la maison de Vacherie à Sainte-
Féréole (1624).
papier contenant mes affaires
Vacherie.
L'an mille cinq cens quatre vingtz quinze, sellon le
raport de mes parentz, car la négligence des presbres a
esté si grande que je n'ay jamaiz treuvé de babtistaire,
je nasquis, et fus babtisé la veilhe de Nostre Dame de
febvrier, 3 ou 4 jours après ma naiscence; mon parain
fut Pierre Vivenac, presbre, gardien du couvent de Don-
zenac(l); ma marraine, Antoynete Terrier, femme de
M. Jean Vivenac. Dieu veuille que se soit pour le louez
Dieu dans le ciel. Amen.
L'an mil six cent onse, le II febvrier, deceda Jehan
(1) Aujourd'hui chef-lieu de canton, arrondissement de Brive
(Gorrèze).
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— 31 —
Vacherie, mon pére, après avoyr receu tous les sacre-
mentz de Tesclize et ce d'une plereusie, aagé au plus
près de 55 ans.
L'an 1621, le 9^ febvrier deceda aussy ma mère Marie
Verlhac, après avoyr receu tous les sacrementz de Fes-
glize, et ce d'une maladie d'ydropisie, âgée au plus
près de 60 ans. Car ayant prins la fiebvre quarte en
aoust, elle la rendit enflée et mena dans le tumbeau.
Je demeurois pour Ihors à Luymoges et m'en allé la
voir. Gontrainct pourtant de m'en retourner je n'eus
point le bien de luy fayre ses funérailles chés nous.
Dieu leur face paix!
J'avoys un frère plus aagé de dix agfs que moy, qui
mourut à 7 ans, scachant escrire et lire, et ma mère
fit vœu à Dieu que s'il luy donneit encore un enfent
masle elle le feroit homme d'esglize.
Je nasquis quelque temps aprez et mes parentz, quoy
que non guierre opulentz, mais gens de bien toutes foys,
estant un peu grand, me firent aller à l'eschoUe soubz
M* Jehan Vertougy, vicayre de Sainte-FereoUe (1), ou
j'apprins bien tost à lire, puis m'envoyèrent à Ussac (2),
soubz un régent apellé Jousseaume, de là à Donzenac,
de Donzenac à Brive, ou je fis ma première soubz les
pères Jacobins, et de là je m'en allay à Tulle et fis là
dix mois de rethorique à la première (3), soubz un régent
séculier. De Tulle, désireux du progrès de mes estudes,
ayant ma mère veuve je m'en allay à Perigueux, ville
très noble, très humaine et très bonne pour les estudes,
la ou estant sans condition durant quelque temps, mon
beau-frère Denis Saulle me vint voyr, chargé de vivres
et argent nécessaire. Dieu me face la grâce de randre à
son enfent, Pierre Saule, mon filheul, qui nasquit l'an
(1) Aujourd'hui commune, canton de Donzenac (Gorrèze).
(2) Aujourd'hui commune, canton de Brive.
(3) C'est encore le nom de la rhétorique dans les gymnases
allemands.
N
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- 32 -
1613, le jour de Saint-Michel, la revenche de ce béné-
fice que son père me conféra!
De Perigueux ayant faict toutes mes classes soubz les
pères Jésuites et ma philosophie achevée, je quitay le
logis de M. Dauriac, procureur, là ou j'ai receu toute
sorte de courtoysie durant quatre ans, estant en condi-
tion franche et gaignant encore un habit par an à en-
seigner ses enfens Pierre et Jehan (Faîne est recoUect
et le puisné procureur). Et m'en vins chès nous, ou je
demeuray un an sans rien fayre. Et n'estant né à l'oy-
sivetô je resouUus d'aller à Lymoges pour me faire
prestre et acconplir le vœu de ma mère au mois de
mars l'an 1620. 4'excequtay donc mon dessain. Et estant
audict Limoges, Dieu me gratifia d'une condition ou je
gaignois cent livres. C'est chez Bauge; la je prinz mes
ordres et dis ma première messe dans le couvent des
mères Garmelittes (1) dudict Limoges le 21, jour du mois
de juing de l'an 1621, estant prestre, et servant les dictes
Carmélites religieuses sans gages. Mgr de Limoges me
bailha la direction des religieuses de Sainte-Ursule (2),
(1) Le monastère des Carmélites fut fondé à Limoges au mois
de décembre 1618, par la mère Isabelle des Anges (une des six
qui étaient venues d'Espagne en 1604), qui emmena avec elle trois
religieuses de Toulouse et deux de Bordeaux.
Elles furent reçues par M"* la générale Benoist, personne de
grand mérite, qui vint au-devant d'elles, les fît placer dans son
carrosse et les conduisit à la grande église pour y recevoir la
bénédiction de Mgr Tévôque.
Les Carmélites habitèrent la maison de Pierre Descordes, sieur
de Balesis, devant Tarbre de Beauvais; mais la trouvant fort in-
commode pour des Carmélites qui font profession d'une grande
retraite, elles furent contraintes d'aller loger devant les Pères
Dominicains, au bout du faubourg Manigne. En 1678, elles y firent
construire une église qui fut consacrée par Mgr d'Urfé, évoque de
Limoges.
(2) En 1611, sous Louis XIII, on fonda à Paris des religieuses
sous le nom de Sainte-Ursule. La bienheureuse Augèle de Bresse,
en 1572, sous- Grégoire XIII, à la prière de saint Charles Bor-
romée, avait érigé une pareille Société sous le titre de Sainte-
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— oo
moyenant cent livres de pension par an, pour les con-
fesser et leur dire messe tous les jours et leur fayre des
prédications, nostre Dieu Payant inspiré à cella.
Durait le temps que je demeuray audict Limoges, j'es-
tudiay un an en théologie scholastique aux Jacobins, et
deux en théologie morale aux Jésuites, et à Thoneur de
la canonization des S. S. Ignape et Xavier je soustins les
thèses des dites théologies, les ayant dédiées à Mgr Ray-
mond de la Martonie, mon très honoré prélat et evesque
de Limousin, qui m'en sceut bon gré.
Le temps pendant que je demeurois à Limoges, ma
pauvre et bonne mère deceda; alors qu'elle estoit au lict
de la mort, Gibauld Verlhac, mon beau^ère, luy envoya
un sergent pour luy faire, à ce qu'il disoit, rendre conte
de je ne scay quoy. Cella tira des yeux mourentz de ma
bonne mère mille larmes et de mon cœur mille souspirs,
me voyant pour lors privé de moyens et de fortune de
salisfayre audict Gibauld Verlhac, segond mari de ma
sœur aînée.
Néantmoins^ après mille rodomontades et après avoyr
faict une déplorable revente de la terre de la Fon au
notayre de Saint-Germain, nostre insatiable voysin et
boute fœu de ceste révolte, je fus contrainct, un an après,
de m'accorder avec mon dict beau frère et de luy fayre
la somme de cent escus, faisant quitez a ma seur tous
les droictz qu'elle peut demender chés nous. Je n'avois
pour Ihors que dix escus, qui estoit tout l'argent que
ma mère m'avait laissé. Néantmoins Dieu me fit la grâce
que deux ans après je l'eus tout paie. Jehan Verlhac,
notaire de Cérou, a le con tract et quitence de cella; ^^
j'ay apprins en ceste occasion que celluy qui nv^ ^^VO^^
supporter me fut plus contraire, disant qu*il q^^ ^\\^
Ursule. En 1620, ces religieuses arrivèrent en la vill^
et se logèrent dans la maison de M. Martial Dupeyr^^^Y^
où elles demeurèrent depuis le mois de novembre j^^
de mars, pour se retirer près le Landeys du vieux ï^ ^^^^
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— 34 —
plustot tout. Mais je lui pardonne d^un bon cœur et
proteste pour l'amour de Dieu de ne m'en venger jamaiz.
Après le payemant faict audict Gibault je changay un
méchant bassin et deux aultres petitz tous ronpus laissés
par ma mère avec nostre grand bassin et randis dix livres
de mon argent que j'envoyay à M. Gourssac.
De plus, Tan 1624, ma maison estant comble de pailhe,
j'ay donné charge, demeurant à Limoges, chez madame
de May ou aultrement PouUalie, ou nostre seigneur m'a
fort favorisé de la couvrir de tuille. Cella m'a cousté
quarante et cinq livres.
Saule, mon filheul, fils de Denis Saule, premier marry
de ma sœur, n^ esté donné en charge estans tenu de
le nourlr jusques à vingt cinq ans, prenant le revenu
de son peu de bien. Mon cousin Maistre Jehan Gourssac
et ma sœur Jacquette ont, durant ma résidence à Li-
moges, demeuré dans ma maison jusques à ce que je
l'amenai, et jouy de tout.
Le contract de la revente de la terre de La Belle
est chès le notaire de Fage, et celluy del Peuch Escpi-
noux chés Mercier.
L'an 1623, j'ay mené Pierre Verlhac, filz de Paschal
Verlhac, à Limoges, et ay franchi (?) ses quartiers à mon
lougis, son père bailhant l'argent à Sainte-FéreoUe, à
ceux que je debvois.
II
Prêt à M. Amarzit, élu de Brive (1623). — Acquisition d'immeubles
à Sainte-Féréole. — Première prédication de Vacherie en 1621. —
Achat de tableaux en 1624. — Incendie à Sainte-Féréole en 1624.
Poursuite d'un bénéfice. — Note relative à la décharge d'un créan-
cier. — Restauration de l'église de Sainte-Féréole. — Retour sur
l'histoire de la paroisse, depuis Charles IX. — Ruine de la tour
de l'église.
L'an 1623, j'ay le 20 de martz preste vingt escus à
Monsieur Amarzit, esleu en l'élection de Brives.
Maistre Jehan Gourssac me doibt par ceduUe trente et
cinq livres (solives au bastiment de ma maison). J'ay
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— 35 —
prins charge des Ursellines le 22 novembre de Tan 1622;
ay esté payé jusques au 22 febvrier de l'an 1624 (1)
et an 1631, plus jusques au 22 nov. 1631.
Ma mère recognut le boix de TOradour à Mons' Mey-
nard, qui me donna les arreyrages de ce que nous avions
jouy jusques au 20 septembre de l'an 1622. Du depuis
M« Gourssac a joui et promis de paier tailles et rente.
Il a les quitances.
Le contract d'achept de nostre vigne est passe par Lau-
mond de Brives, et celluy de l'accord de mon père et
de ma tante, touchant le droict qu'elle demendoit sur
nostre maison, par Dupuy del Peuch, et celluy d'accord
entre mon beau frère et moy, par Verlhac de Cerou.
L'an 1621, je commensay à prêcher, et ma première
prédication fut le jour de l'Asomption de la Vierge, à
Condat, près Limoges, puis au Pont Saint-Martial, et les
vaquances conséquentes m'en estant allé avec Autier, mon
disciple, à Saint-Bonnet la Rivière (2), j'y préchay, et de
la à Sainte-FèreoUe, puis après aux Ursellines, etc.
L'an 1624, j'ai achepté un cofre ou bahu la somme
de trois escus, et deux tableaux, un de la sacrée Vierge,
mon éternelle advocate, et l'aultre de sainte Magdelayne,
4 1. Celluy de la Vierge je l'ay donné à l'autel de Nostre-
Dame, à Sainte-Fèreolle, votorum compos.
Le mesme an que dessus, 1624, j'ai impetré comme
tiers le prieuré-cure de Saint-Amand-Jartondeix (3) sur
un Polier et Soumy, et ce le 2° d'avril, le procès estant
pendant à Paris, et j'ay envoyé aujourd'huy, 8 avril
1624 (4), mes pièces à Paris à M'* Bridon, procureur,
pour intervenir.
Le premier jour avril 1624, estant le lundy de la
(1) Énumération de millésimes supprimée.
(2) Aujourd'hui commune, canton de Juillac (Gorrèze).
(3) Aujourd'hui commune, canton de Bourganeuf (Creuse).
(4) Note marginale :
2* aprilis, albo noietur lapillo.
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- 36 -
sepmeyne sainte, ce bruUa 23 granges ou maisons et
un homme avec une sienne filhe (il s'apelloit Rouques),
et un enfent de Caddenon, le tout à Sainte-FéreoUe et
dans un quart-d'hure, commensant à la maison de Cad-
denon, dict de la Rousigue, et finissant à celle d'Antoyne
Mercier. Force bestial se perdit, et les bleds mesme par
les champs se bruUoit; ces nouvelles me furent portées
à Limoges 3 jours après. Je remercie Dieu de ce qu'il
conserva la mienne.
Le 17 may 1624, j'ay envoyé Mons^ Gourssac, prestre,
mon cousin, à Paris, poursuivre un prieuré apellé Saint-
Amand, près de St-Léonard. Il en est revenu le 2 juilhet,
n'ayant peu obtenir arrest à son voyage. J'y bailhay cent
livres, et enfin voyant les difficultés du procès et à com-
bien d'accidentz je m'hazardois, sollicité par mes amis,
j'ay cédé mon droict à PoUier, dévolutaire, lequel pour
mes fraictz m'a faict un présent sellon la conséquence
d'iceux en 500 1.
J'ay dans mes papiers quelques obliges de Poynatore :
je veux que on ne luy en demende rien, sinon en cas
qu'il en tournast encore broulhier quelque chose en la
terre de la Fay. Ma mère m'en charga, et je veux gar-
der se commendement.
L'an mil six cens vingt et quatre, on a fait restaurer
l'esglise de Sainte-Féreolle après avoir esté ruinée l'es-
pace de cinquante ans ou fort près; auquel temps on a
dict messe dans les vieilles masures avec grand désordre.
Dieu c'est servy de M' Paschal Verlhac pour cest efiTect,
qui, par zelle, armé, de courage et de prudence, a mené
l'oevre comme scindic en Testât ou elle est, et aujour-
d'huy, 20 aoust 1631, on m'a mandé qu'il la faict lem-
brisser d'aix à ses despens; les maistres massons ont
demeuré dans ma maison en la bastissant et couvrant.
La ruine de l'esglise vint de celle de la tour, car les
huguenotz (1) s'en estant emparés par la traison d'une
(1) Sainte-Féréole. Le protestantisme, au xvi* siècle, poussa de
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— 37 —
femme de la, Arnaud Digos, méchante trahistresse (et
comme on a vouUu dire de Peyronne, juge, femme de
Jacques Treulh, ce qui n'est pourtant venu à parfaicte
évidence), ils tindrent longtemps la dicte tour et faisoit
estable (irreverance endiablée!) de Tesglise. Et les curés
furent si nonch^alentz que ne couvrant la dicte esglise,
la voûte de pierre s'abreva, et enfin presque tout fut
acrevanté à l'aide du lierre qui, s'estant saisy des mu-
ralhes, les persa en plusieurs endroictz (1).
Les huguenotz, par quelque paix et à Taide du sieur
Traslaigne de Saint-Antoine, brave et courageux vis se-
neschal, estant chassés de la tour, M. le gouverneur,
qui estoit de la maison d'Autefort (2) , fut d'ad vis, pour
esviter senblables accidentz qui survenoit au pais par
profondes racines dans la commune. Les protestants prirent le
château en 1587. Il fut immédiatement repris par le seigneur
d'Hautefort, et l'un des consuls de Brive, Mailhard, le fit dé-
manteler. Peu après les calvinistes occupèrent les ruines, s'y
retranchèrent, ruinèrent six maisons du bourg qui n'appartenaient
pas à leurs coreligionnaires.
La seigneurie était sous la juridiction de Tévêque de Limoges.
(1) Malgré les rigueurs de M. de Lestang, lieutenant-général
au siège de Brive, le calvinisme s'établit à Argentat, Beaulieu,
Uzerche. Henri de La Tour, duc de Bouillon, appela dans le pays
Biron, Coligny. Henri de Navarre. Les troupes d'Henri campèrent
à Juillac, Lubersac, Saint-Bonnet-la-Rivière , tandis que Coligny
occupait Faye-la-Vineuse et Ussel. De là, il s'avança jusqu'à
Uzerche, Beaulieu, Brive, qui furent saccagées. Sous Henri III,
les catholiques reprirent Voutezac, Sainte-Féréole, Beynat, Lissac;
mais, en 1587, ils pillèrent Tulle que délivra enfin le baron de
Montagnac.
(2) René d'Hautefort, chevalier, seigneur de Teil, vi^Qtnie de
Cheylone, gentilhomme de la Chambre du roi (1583), d^vv^s SÊfi^'
verneur du Puy et conseiller du roi en ses conseils d'Ê^-^ \ ptW^
(1614). Il ne vivait plus en 1622. Il épousa Marie de j ^ tV?,^^'
vicomtesse de Lestranges, Cheylone, Bologne et Saint-'\*^^^ . ^o^
fils fut Claude d'Hautefort, vicomte de Lestranges, gç. ^s>.cp*^ <> v>^
Puy-en-Velay, décapité à Toulouse en septembre 16:^^:NV\ aC^ ^qV^
suivi le parti de Gaston d'Orléans. "^ vÇ)> ^
(Nadaud; Nobiliaire, P. P. Leci
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— 38 —
la forteresse du lieu, d'abbatre la tour, ce qu'on fit en
sappant les cartiers en les apuyant avec des pilotis de
boix qu'on brulla, puis après et ainsi cette masse tomba
sur la maison de Jacques Roubbier, dict Pestoural, qu'elle
abbatit. Ce fut environ l'an mille cinq cens quatre
vingt (1).
III
Un filleul de Vacherie, charpentier. — Vœux à la Vierge et au
sanctuaire de Roc-Amadour (1624) pour l'obtention d'un bénéfice.
— Stances en vers français. — Règlement d'affaires particulières.
— Dot de sa sœur. — Installation des Ursulines de Limoges. —
Vœu de Vacherie de ne plus se laisser aller au jeu. — Procès
relatif au bénéfice de Saint- Amand, près Saint-Léonard (1626). —
Affaires particulières. — Mention de M. Amarzit, ancêtre des
Sahuguet.
L'an 1624, estant à Sainte-Férreole, j'ay mis Pierre
Gourssac (il s'est marié en 1631), mon filheul, avec
Guilhaume Queyrie de Coulher, et l'aprandre le mestier
de charpentier; et pour ses fins j'ay donné pour luy
unze livres 15 solz.
J'ay envoyé un paire de landriers chés nous qui
m'ont cousté cinq livres onze sols, le 15 novembre 1624.
VOTUM.
Ego voveo Deiparœ Virgini me profecturum ad œdem Rupis
(1) Lorsque les protestants, maîtres de Sainte-Féréole (1587), ap-
prirent la prise du château de Voutezac, craignant le châtiment
infligé à la garnison, effrayés aussi de l'arrivée du seigneur d'Au-
tefort, lieutenant du Limousin, ils quittèrent le château. Après leur
départ, Mailhard, le courageux consul de Brive, entra dans la place
et fit démolir les murailles ; « C'était grande joie, dit un manus-
crit du temps écrit par un ligueur, de voir jeter aux vents par les
soldats catholiques les murs de la forteresse féodale, ou avaient si
longtemps banqueté les hérétiques. »
Le château dépendait du domaine de l'évêque de Tulle.
(Marvaud, Histoire du Bas-Limousin, II, 357.)
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- 39 -
amatoris intra annum et daturum elemosinam pawperihus
quos reperivero in illo loco; jejunare poUiceor proficiscendo
et sacrum facere aut curare fieri, modo perpétua illa mea
patrona me liberaverit a lite, quam incurrere possem ratione
beneficii Sancii-Amandi; hoc est effecerit ut nullam amplius
litem habeam de hoc re, et retuderit inpetus inimicorumy ita
ut mihi non nocere queant; hoc potest tam proepotens regina
prœstare et obtinere a summo rerum omnium moderatore;
hoc ego spero, plurimis in rcbus magni mommenti ejus auxi-
lium expertus; faxit Filii Matrisque misericordia ut votorum
compos servare possim promissa. — Vacherie.
Beatœ Virgini confidens hœc vovidie 10^'" II* i62k.
Traduction :
Voeu.
Je fais vœu à la Mère de Dieu de partir pour Roc-
Amadour avant un an, d'y faire Taumône aux pauvres
que je trouverai en ce lieu. Je promets de jeûner en
partant, et de célébrer la messe ou de la faire célébrer,
pourvu que mon éternelle patronne me délivre du procès
que je pourrais avoir au bénéfice de M. Saint-Amand,
de manière à ce que je n'aie plus de procès à ce sujet;
qu'elle réduise à néant les efforts de mes ennemis pour
qu'ils ne puissent pas me nuire. Cela est au pouvoir
d'une Reine si puissante qui peut l'obtenir du souverain
maître de toutes choses. Je l'espère, car dans plusieurs
affaires très importantes, j'ai ressenti l'effet de son se-
cours. Fasse la miséricorde du fils et de la mère que
je puisse observer mon vœu et ne pas manquer à ma
parole.
Vacherie.
Ayant confiance en la Sainte- Vierge, j'ai fait ce vœu.
Aliud.
deo omnipotenti, Deiparœ Virgini cœterisque cœlestibus men-
tibus quibus ego magis confido, voveo décimas partes mei
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— 40 —
redditits cujmcumque^ sit sive parti, sive pariendi; acquisiti
et acquirendi, quas décimas dabo singulis diebtts vitœ meœ
sive pauperibus, sive ecclesiiSj sed inagis pauperibtis^ modo
effecerit Deus ut nullam litem habeam amplius de jure, ego
polliceor^ et evadam incolumis, tum a lite
[nullo damno sublalo), tum ab inpetu hostium, virgo felicis-
simay tibi semper fidens hœc ego vovi; noli, amabo, Regina
universi, ut mea fiant irrita vota; recordare mei servi tui;
et tu y dulcissime Jesu^ miserere mei peccatoris, et cum de
tribulatione mea ad te conclamo a pâtre œterno^ tuo m^oque
creatorCf peccatorum meorum veniam obtine^ meque votorum
meorum conficere compotem; cum tua voluerit clementia, hoc
ego habebo. Ita spero ut nullam unquam habiturus sim dubi^
tationem. Amen. — Vacherie. — Hcbc vovi mœrore confectvs
ob timorem litis, die 29^ januarii anno 1625, Cum obtinu^ro
postulata, recordabor hœc volvendo a quali me Deus meu^s
liberaverit stultitia.
Voveo etiam me ad Divi Leonardi sedes peregrinaturum,
celebraturumj et daturum 9 aces (1) pauperibu^, tum décimas
mei redditus quandiu vixero pauperibus aut allis piis operibus
daturum ut supra, si a catenis meœ litis quibus astringor.
Deus ejus meritis me liberaverit. — Vacherie.
Traduction :
Autre voeu.
Je fais vœu de donner à Dieu tout-puissant, à la Ste-
Vierge, mère de Dieu, et aux autres esprits célestes en
qui j'ai le plus confiance, la dixième partie de mon
revenu quel qu'il soit, soit acquis, soit à acquérir, lequel
dixième je le donnerai chaque jour de ma vie soit aux
pauvres, soit aux églises, mais surtout aux pauvres,
pourvu que Dieu fasse que je n'aie plus aucun procès
et que, j'en fais la promesse, je sorte indemne soit de
(1) Lire asses.
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— 41 —
mon procès, soit des attaques de mes ennemis. Vierge
bienheureuse, j'ai toujours eu confiance en toi, et je te
fais ce vœu; ne veuilles pas, je' t'en prie, ô reine du
monde, que mes vœux soient sans eflFet, souviens-toi de
moi qui suis ton serviteur, et toi, mon doux Jésus, aie
pitié de moi, pauvre pécheur, et lorsque je t'implore au
sujet de mes souffrances, obtiens-moi du Père éternel,
ton créateur et le mien, que mes péchés soient par-
donnés et mes vœux exaucés. Si ta clémente le veut,
je serai satisfait. J'espère donc que je n'aurai jamais
à l'avenir aucune anxiété. Ainsi-soit-il. — Vacherie.
J'ai fait ce vœu accablé de chagrins et rempli de
crainte pour un procès, le 29 janvier 1625. Quand j'aurai
obtenu ce que je demande, je me souviendrai, en repas-
sant ce que je viens d'écrire, de quelle folie mon Dieu
m'a délivré.
Je fais vœu aussi de faire un pèlerinage à la chapelle
de saint Léonard, d'y célébrer la messe et de donner
9 aux pauvres, puis le dixième de mon revenu, ma
vie durant, aux pauvres ou à d'autres œuvres pies, conune
ci-dessus, si grâce à lui Dieu me délivre des chaînés
de mon procès.
Vacherie.
J'ai été exaucé.
STANCES
Hellas, mon doux Jésus, avec quelle allégresse
Diray je a mes amis la bonté qui vous faict
Exaucer les miens vœux, et chasser en effect
Ce que je redoutois avec tant de tristesse;
Avec conbien d'ardeur diray je vostre nom?
Avoir gardé mon bien, mon honneur, mon renom.
Vous qui de vos esleus aves la souvenance,
Souvenés vous de moy. Rédempteur des humains.
Et si des affligés les souspirs et les mains
Esmeuvent, vous priant, l'insigne Providence,
T. DC. ^^
\
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— 42 —
Ayès pitié de moy privé de tout secours,
Fors de vous, mon Sauveur, à qui seul j*ay recours.
Je charge vos autels de plusieurs sacrifices,
Je vous fais les trois vœux et vous prie en pleurant,
D*exaucer la clameur d'un pouvre supliant
Et de ne le punir à Tesgal de ses vices ;
Mes divins advocatz que j'ay choisis aux cieux,
Faictes que au premier jour j'accomplisse mes vœux.
Amen.
Le 27 juillet 1625, j'ay demeuré quitte avec Monsieur
Verlhac, toute sorte de contes faictz, pourveu qu'il paye
à Jehan Mons, mon beau frère, deux cens quinse livres
d'un costé et quatre vingtz livres d'un autre pour luy
acheter des bœufs, car je luy ay laissé la dicte somme
sans en retirer de promesse. Il m'en doit bailher qui-
tance valable.
J'ay bailhé premièrement pour mondit beaufrere ce
que dessus, plus 20 livres pour leur lict, plus cinq 1.
à son tuteur, plus 3 paires de manches à ses sœurs,
plus quatorse livres pour une robe, et une paire de
manches, plus 9 1. pour ses hardes à Brive, plus sept
livres que les bœufs ont cousté plus que des quatre
vingtz. Et leur restent sept vingtz moins un franc; je
les ay bailhés à la femme de Sevene, si bien que je
ne leur doibs rien, grâce a Dieu.
Ma sœur en a porté six linceulz, six servietes, 3 napes,
3 ou quatre assietes, un ou deux platz, un saloir, un
chandelier et un pourceau valant 12 livres.
Le 19 juillet 1625, je suis party de Limoges pour aider
à installer les M. Ursulines à Gaors, ville capitale de
Quercy, ou Mons' de La Gapelle Marival les fondoit.
J'en portay assurance des consulz et.de Tevesque, si
bien qu'elles partirent un mois après et s'installèrent
audict Cahors. En revenant, je passay à Sainte-Fereolle
ou je mariay ma sœur Jaquete . avec Jehan Mons ; le
contract se passa le 27 juillet, an que dessus, par Be-
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— 40 —
rangier. Je luy constituay quatre cens cinquante livres
content, outre le lict et robes et autres choses, qui monte
à plus de cinq cens livres. La charité m'obligea à cella.
Je les fis expouser le mercredy après 30 juilhet. Dieu
les face prospérer par sa saincte bénédiction. Amen.
Le 2*> jour de novembre de Tan 1627 est née leur
première fille. J*ay mendé à Saule de la porter en mon
nom. Obiit.
PoUicear Deo me non lusurum foliis quin prius annu$
elabatur, eo quod Detis ludendo offensifs fuerit^ extra vero
urbem potero sine peccato, modo cum Demay et Malhard non
ludam, Actum et pollicitum Lemovicœ^ die sacra divo Matheo
an, dom, 1625, — Vacherie.
Traduction :
Je promets à Dieu de ne plus jouer aux cartes
avant un an, parce que en jouant j'ai oflfensé Dieu.
Pourtant, je pourrais jouer sans pécher en dehors de
la ville, pourvu que ce ne soit pas avec Demay et
Malhard. Fait et promis à Limoges, le jour sacré de
Saint-Mathieu, Tan de grâce 1625.
Le quatriesme octobre, Monsieur PoUier de Bourga-
neuf, auquel j'avoys résigné mon droict au bénéfice de
Saint-Amand, mourut laissant le procès indécis et évo-
qué au ptivé Conseil, ce qui faict que je suis hors de
peyne pour ce costé, veu que, le confident estant aussy
mort, le père recteur des Jésuistes en a faict la nomi-
nation à un tiers, et par ce moyen le procès demeure
mort, les parties estant mortes. J*ay la promesse dudicl
PoUier du garde d'omage. (Est entre les mains de M^^ot
Pinot, recteur.) Je rends grâces à N.-S. pour ma ^ .,
vrance, veu que je pouvois encourre quelque dotv^^*
mais mon Sauveur m'a esté sauveur, et plust J^ ^^??'
que le pouvre P( "' " ^
par autre moien.
que le pouvre PoUier fut en vie, et qu'U m'eut ^ ^^^^"^
^
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— 44 —
Du depuis, j'ay encore donné le droict qui me p'ou-
voit estre escheu à Ghanbon, le luy ayant resigné en
cour de Rome; il m*a bailhé un garde d'omage qui est
entre les mains du père Bonneventure, recollet, résident
a présent à Tulle (1).
Ledict Ghanbon m*a promis d'avoir mes letres de prê-
trise. Je luy ay faict ceste faveur tant pour ne vouloir
plaider une chose trop incertaine que pour obliger la
lieutenente et ses fauteurs, chès lesquels il demeure, à
ne me nuire. Dieu me garantisse de mal, et le puisse je
toujour servir sellon la sainte volonté. Amen.
En Pan 1626.
J'ay bailhé à mon beau frère de Mons 12 brebis à
chaptal montant douse livres six qui estoit de nostre
creu, et six acheptées. Monsieur de Velhac me garda
une obligation de Denis Amarzit qui me doibt deux
cens moins dix livres; il m'a aussy la quitance de sou-
tien pour la somme de deux cent quinse livres payés
en déduction du mariage de ma sœur, comme aussy le
chaptal de mes brebis.
IV
Tremblement de terre en Espagne. — Intempéries; pluies fré-
quentes suivies de chaleurs excessives durant l'année 1626. ~
Miracles de saint Martial de Limoges. — Mort de Tévêque de
Limoges (1627). — Vacherie acquiert la vicairie de La Joanie. —
Legs d'une lampe à l'église de Sainte-Féréole. — Prise de La
Rochelle (1628). — Famines de 1626 à 1628. — Mauvaises récoltes.
Le jour de Saint-Fabien et Saint-Sebastien, survint
environ la minuict une telle ravine d*eaux et desbor-
dement de mer qu*il se noya deux fameuses villes d'Hes-
pagiie, scavoir Seville et Salamanque (2) ; Teau y monta
(1) En marge :
Je l'ay dans mon coffre, car le père estant mort on me l*g^ 4vv.
(2) On lit an Dictionnaire géographique de l'Espagne, v^ ^^ ^-
cual Madoz, t. XIV, Madrid, 1849. in-4*, p. 428, col. 1, art. ^^^ \^*
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.Çoogl^
— 45 —
sur les plus autz clochers. Haetenus res inaudita et eo
miralnlior, car presque tous les habitans furent attrapés,
et ce fut par le desbordement d'un fleuve apellé en leur
lengue Guadalcadir, et par les anciens, Bilbilis. Martial,
grand poète, en parlant, dict :
Nostrum videbia Bilbilim
Armis et equis nobilem. (t)
J*ay faict fere la muraille de nostre jardin à Sainte-
Fereolle, qui n'en avoit poinct. et m'a cousté 10 escus.
Geste mesme année 1626, la fréquente gresle a tellement
assommé les moissons, que la troisiesme partie de la
France en a esté portée, et Dieu, justement irrité contre
les péchés de son peuple, a tellement changé les saisons
que depuis le mois de mars jusques au vingt et quas-
a A ultimos de 1595 sufrio una grande avenida del Guadalquivir
que hizo mucho dano; y otra que en 1626 dure 40 dias, arruino
3,000 casas, con muerte de innumerables gentes y ganados. »
Au môme ouvrage, t. XIII, p. 667, col. 2, on lit à l'article Sala-
MAHQUB :
« Il ano 1626 fue muy funesto para Salamanca; pues se dice que
Saliendro demadre el rio Tormes derribo 500 casas y 12 yglezias. »
(1) M. V. Martialis. Épigrammaton libriÇEd, Leubner, 186, p. 22).
Liv. I, épigr. 49. Vir celtiberis non tacende gentibus nostrœque
laus Hispaniœ, videbis altam, Liciniane, Bilbilion, Equis et
armis nobilem. Les tremblements de terre paraissent avoir été
fréquents à cette époque. Dans une note marginale et manuscrite
de l'Histoire généalogique de Bretagne, par du Paz, conservée à
la Bibl. nat. de Paris (!'• partie, p. 174), on lit :
« Le mardy, dernier jour d'avril l'an 1619, un peu avant neuf
heures du soir, la saison estant pluvieuse, et ceste journée la
fort nubileuse, sans avoir esté esclairée des rayons et lumière du
soleil, fut ouy subitement en ceste ville, fauxbourgs et environs
de Rennes, et trois ou quatre lieues à la ronde, selon ce qu'il est
venu à ma connoissance, un bruit sombre comme de chariots, cha-
rettes et carrosses, avec un vent aussi sombre, et subitement
après fut fait un tremble terre assez espouventable et effroyable. »
Les 23 et 26 janvier 1579, un tremblement de terre se produisit
en Limousin à 6 heures du matin, sans avoir été précédé de coups
de vent ou de tonnerre. Les chroniques de Grandmont en rappor-
tent un autre arrivé à Grandmont, le jour de saint Laurent, le
10 août, qui dura une heure et causa tant de frayeur à ceux qui
assistaient à la grande messe, qu'ils se mirent en fuite, croyant
être en danger de mort. P. B.
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— 46 —
trieme juillet, il ne c'est passé jour qu'il n'est pieu,
excepté au mois de may, sur la fin, trois ou quatre,
et ce avec une telle violence que nuict ny jour on ne
pouvait sortir des maisons; mais particullierement le
mois de juin et juillet, si bien que les espies du bled
coupé estoit presque tous germes, et ceux qui n'estoit
pas coupés, une partie germes et l'autre j)ourrie par la
trop fréquente pluie. Et pour appaiser Tire de Dieu,
on a imposé des jeusnes au peuple faict tous les jours
processions et particuUieres et généralles, ou Ton a porté
les reliques de nostre grand apostre saint Martial, par
l'intercession duquel tout aussy tost on a veu resse-
rener l'air, desloger la pluie, et les chaleurs accoustu-
mées revenir. ' Ce miracle est attribué au grand saint
Martial par la voix de tous, et je le signeroy de mon
sang tant il est véritable; aussy Dieu est admirable en
ses sainctz, dict la Sainte-Escriture; à jamaiz soit il bénit.
Aujour d'huy 29 juillet, nous jouissons d'un désijré beau
temps, «i bien que on recueille le reste des bleds aus-
quels on n'esperoit rien plus, on fauche les prés et
laboure t'on les terres. Dieu nous face miséricorde, à
Limoges, ce 29 juillet 1626. — Vacherie.
Après la suitte de ceste grande pluie, il a faict de
grandes chaleurs 3 mois consequtifs, ce qui a gasté les
chastaignes, mais en revenche on a apresté les terres
pour de bonnes semailles; les maladies pourtant ont bien
vaqué à cause de deux principes de corruption, le trop
grand chaut et le trop humide.
En l'an 1627.
Le XIP jour de janvier de l'an 1627 deceda Mon-
seigneur Raymond de la Martonie, evesque de Limoges,
mon très honoré prélat (1).
(1) Il fut enseveli dans Téglise de Saint-Ëtienne, devant le grand-
autel, auprès de son oncle qui l'avait précédé en Tévéché. î^ous
lisons, en effet, dans VHistoire de saint Martial, que HetxxV ^^
Lamartonie, évoque de Limoges, ayant occupé le siège p^ ^^t^t
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g|^"
— 47 —
J*ay ce jourd'huy, 14 mars, obtenu un visa pour
Mons' Gourssac touchant la vicairie de La Joannie, et
ce sur une signature de Rome, car ayant jouy Pes-
pace de 10 ou 12 ans de ladicte vicairie, sans aultre
tiltre que de la collation du patron, elle vaquoit, et jus
erat resolutwm ad summum pontificum, pour ne sestre
pourveu dans quatre mois après la nomination devant
Tevesque; car si dans quatre mois après on n'a le
tiltre de Tevesque, telles pièces vaquent, et si Ton veut
estre assuré, il faut en avoir une signature et puis un
visa, veu que pour lors le droict s'en va au pape, c'est-
à-dire quand on passe quatre mois sans s'en faire pour-
veoir à l'esvéque. — Vacherie.
Si je decedoys sans fere testament, je donne, pour
entretenir une lampe devant lé saint et adorable sacre-
ment, la somme de soixante livres une fois paies, et ce
dans Tesglise parrochiale de Sainte FereoUe.
Le vingt huitiesme octobre 1628 a esté prinse La Ro-
chelle (1), asile des malheureux huguenotz, par nostre
trente-et-un ans, tomba malade et mourut le 10 octobre 1618. Son
corps, après avoir passé par les faubourgs Manigne et Boucherie,
accompagné des paroisses et des religieux mendiants, fut porté
dans Téglise cathédrale de Saint-Étienne,. et y fut enseveli. Ray-
mond de Lamartonie, son neveu, qui était évoque de Calcédoine et
coadjuteur de son oncle depuis l'année 1515, fut son successeur et
assista aux honneurs funèbres.
(1) Le siège de La Rochelle avait commencé dès Tannée 1627.
Les insultes des Rochellois envers le roi, les secours en armes,
en vivres, et les gens qu'ils envoyaient aux autres huguenots de
France, firent résoudre Louis XIII, sur les conseils du cardinal
de Richelieu, à assiéger cette viUe et à mettre fin à ces rébellions.
Il la bloqua par mer et par terre, ce qui occasionna une très
grande dépense. Les Anglais vinrent deux fois à La Rochelle
pour la secourir et faire lever le siège : une première fois, au
mois de mai, sous la conduite du comte d'Emby, qui ne fit que
se montrer, et disparut comme un rêve sans avoir fait aucun
exploit; une seconde fois sous les ordres de l'amiral Boukingham
qui, pensant efiPacer la honte de la première flotte, en dressa une
Y
s,
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— 48 —
très courageux, magnanime et digne Roy Louis 13, après
avoir esté assiégée par luy l'espace de quinse mois, si
estroictemcnl par mer et par terre qu'il n'i a de tout ce
temps entré aucuns vivres, bien qu'une floute des Anglois
de 200 voilles ait faict plusieurs fois son effort : c'est
un escheq si grand pour l'heresie, et un advantage si
favorable pour nous, qu'il en faut bénir éternellement
nostre bon Dieu, tuteur et conducteur des armes de
nostre Roy; leur rage a tenu jusqu'au dernier souspir,
et la disette et famine y a esté si grande que la teste
d'un cheval y a vallu trante escus, un mois ou deux
devant que se rendre. Benedictus dominus Deus Israël quia
visitant et fecit redemptionem plebi stiœ (1).
Depuis l'an 1626 jusques en Tan 1629, les saisons ont
tellement enjambé l'une sur l'autre que l'hyver a esté
presque en esté et l'esté en hyver, le bled a esté gran-
dement cher, et l'an 1628 les pauvres ont grandement
souffert; durant trois années conséqutives, il n'y a heu
de chastaignes à cause que le germe ne naissoit qu'au
autre de 140 voitos, ou étaient Soubise, Laval et d'autres Fran-
çais rebelles qu'il voulait conduire. Mais un certain Feltan, noble
Écossais, l'ayant tué dans son propre lit; un autre chef prit sa
place et vint en octobre. La flotte combattit deux fois avec les
vaisseaux du roi, et deux fois vaincue en porta les nouvelles en
Angleterre. Les misérables Rochellois, se voyant sans secours et
réduits à la famine, qui avait déjà moissonné 13 ou 14,000 habi-
tants, implorèrent la clémence du roi, qu'ils avaient méprisé, et
se mirent à sa discrétion. Louis XIII reçut leur soumission le
29 octobre et entra triomphant dans La Rochelle le jour de Tous-
saint ; il fit chanter un Te Deum à l'église Sainte-Marguerite, où
il s'était rendu directement, et fit faire le lendemain une proces-
sion solennelle. Il fit démolir les murailles de La Rochelle, la
priva de ses privilèges, ôta les armes aux habitants et les soumit
à la taille. On fit à Limoges, sur la grand'place des Bancs, le 12
novembre, un feu de joie pour fêter la conquête de La Rochelle.
(1) Vacherie ne parait pas avoir eu connaissance d'un n\QUve'
ment protestant qui agita le Limousin en 1628; Beaulieu, t^^rM^»
chassa les religieux de son abbaye.
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— 4»-
mois de septembre, et outre ce une flevre pestilentielle
a ravagé tout le Limousin et la peste a ruiné plusieurs
villes : dans Lion il est mort quatre vingt mille; Gaors
a esté tout quitté, Bourges aussy,* Bourdeaux, Tolose
aussi, et plusieurs lieux de la campaigne. L'an 1630 et
1631 ont esté pires. Miserere mei^ Deus, secundum^ magnam
misericordiam tuam.
Envoi d'une lampe à Sainte-Féréole (1629). — Réparation de la
maison qu'il avait en cette bourgade (1630). — Peste, famine,
lourdeur des impôts.
1629.
Le 18 février, revenant de Cahors ou il a visité
Tevêque, Vacherie arrive à Sainte-FéreoUe et y règle
son procès avec Bezangier, curé de Vanarsal (1).
» Le 20 dudict février an 1629, j'ay envoie une lampe
de cuivre à Tesglise de Saincte-FéréoUe, elle m'a cousté
sept livres; mon nom y est gravé. J'ay aussy loué ma
maison pour un an à M' Yerlhac de Ceron moiennant
la somjne de neuf livres; je l'ay faicte paver et donné
charge de la hlanchir. »
Mons' Âmarzit, advocat, me doit une pistole et un pis-
tolet d'or (2) montant à onse livres sept solz. M' Goiirssac
en a la cedule.
(1) Venarsal, bourg sur une colline boisée» dans le canton de
Donzenac.
(2) Pistolet ou pistole est le nom d'une monnaie d'Espagne ou
dltalie d'une valeur intrinsèque de 10 1.; vers 1628, cette monnaie
courait en France pour 14 livres.
Dictionnaire de Lacurne de Sainte-Palaye, P. P. Favre et Pajot
(VIII, 318, col. 1) : Pistolet, demi-pistole : Changer des escus au
soleil contre des escus pistoletz. — Vos escus au soleil ne vous
vaudraient ici, non plus que des pistolets. (Desperiers, Conteê, 164.)
Nous voyons aujourd'hui en la France plus de doublons qu'il n'y
avoit, il y a cinquante ans, de petits pistolets, (Brantôme, cap
fr. III, p. 201.) Depuis encore on appelle les escus d'Espagne pU^
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— 50 —
1630.
L'an mil six cent trante, la famine a esté générale
en France, et la peste presque partout; les tailles trop
fréquentes ont miné le peuple, et la guerre dltalie entre
le roy Louis 13, l'Empereur, l'Espagnol et le Savoyard
ont espuisé toute la monoie de France; aujourd'huy, 12
novembre, le bled se vend 6 livres et 10 solz à Limoges,
ou la contagion comence à ravager, après avoir ruiné
Tholose, Lion, Bourdeaux, Gaors, Rouen et presque toute
la France. Et après l'an 1631, tout le plat pais du Li-
mousin a esté presque perdu (1).
Seigneur, qui avés créé le ciel et la terre, c'est vous
mon Dieu, cher amour de mon ame, que nous avons
offencé et contrainct de nous punir de la sorte. 0 Mon-
seigneur, parmy les excès de vos plus sévères justices,
vous n'obliés pas vos miséricordes. Souvenès vous donc
de l'affliction de vostre peuple. L'ouvrage de vos mains,
qui accablé soubz le faictz de vos très justes rigueurs,
vous crie mille pardons. Il est vray que eux et moy
plus malheureusement vous avons, o mon tout, trop
oflfencé. Et nos ingratitudes vous ont mis les verges aux
mains; mais, cher amour, miséricorde; je vous crie mi-
séricorde et vous faictz, le regret au cœur, amande ho-
norable, protestant devant le ciel et la terre, les anges
et les honunes que j'ay tort. Et pour cest eflfect vous
en faictz encore un coup amende honorable en vous
suppliant de me pardonner et à vostre t)euple afflegé (2).
— Vachbrib.
tolets, pour ce qu'ils sont plus petits que les autres, et comme
dit Henry Estienne, quelque temps viendra qu'on appellera les
petits hommes pistolets et les petites femmes pistolettes. (Des
Accords, Bigarrures, p. 89.)
(1) Il est mort à Limoges, dans un an, 24,000 personnes.
(2) Les années qui suivirent la Fronde (1648), disent ^^ ^e
MM. Bordier et Charton {Histoire de France, II, 242), ^ ^ ^
bien autrement terribles, et l'histoire n'aura jamais assez d^^^d*^
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— 51 — . -?^^
VI
Achat du greffe de rofficialité de Brive (1629). — Peste en Li-
mousin (1630). — Famine; disparition de l'argent — Mention d'un
Amarzit, ancêtre des Sahuguet. — Testament de Vacherie (1631).
Famine (1631); peste. — Les Ursulines de Limoges se retirent à
Eymou tiers. — Échange et obtention de bénéfices. — Gelée; di«
sette de ch&taignes (1631). — Peste en Limousin.
L'an 1630.
Le 16 décembre 1629, j'achetay le greffe de l'officialité
lédictions contre cette noblesse élégante» spirituelle et perverse
qui, pour détourner au profit de ses intérêts égoïstes un mouve-
ment inspiré d'abord par la compassion pour les pauvres, avait
ravivé et aurait volontiers prolongé une situation dont voici quel-
ques tableaux. — Ce sont de charitables prêtres, envoyés de Paris
avec quelques secours en vivres et en argent, rassemblés par le
zèle de saint Yincent-de-Paul pour soulager les habitants de la
Picardie, de la Champagne, de la Lorraine, et même des environs
de la capitale, qui dans leurs rapports s'expriment ainsi :
« Hiver de 1650 à 1651. Guise, Laon, La Fère, Yervins et autres
lieux. En quatre mois, il est mort plus de quatre mille pauvres,
faute d'assistance. C'est pitié de voir les malades, les uns couverts
de gale, les autres tachetés de pourpre ou couverts d'apostèmes.
La cause de ces maux est leur mauvaise nourriture, n'ayant mangé
toute l'année que des racines d'herbe et de méchants fruits, et du
pain de son tel que les chiens à peine le pourraient manger. —
Reims, Rethel, Sainte-Menehould, Chftlons. En arrivant de Paris
dès le premier jour de nos visites, il n'y a point de langue qui
puisse dire, point de plume qui puisse exprimer, point d'oreille
qui puisse entendre ce que nous avons vu. — Picardie. La misère
est telle qu'ayant déjà mangé le peu de grains qu'ils avaient pu
ramasser çà et là, ils se jettent sur les chiens et les chevaux
après que les loups y ont fait leur carnage... Dans le village de
Héry, près de Guise, une personne déterra un chien après trois
jours pour en assouvir sa faim. La petite noblesse a aussi besoin
de secours, n'ayant pas moins souffert que les autres, et se voyant
sans pain, sans argent, sans couverture et réduite sur la paille,
elle souffre encore la honte de n'oser mendier de porte en porte,
et d'ailleurs à qui pourrait-elle demander puisque la guerre a mis
l'égalité partout, l'égalité de la misère t.. — En Champagne le se-
cours de 1,000 livres a été une goutte d'eau dans un océan de
misères... Il y a quarante lieues de pays à l'abandon. Dans la
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•. — 52 —
du Bas-Limousin estably à Brive, et en donnay à Mon-
seigneur François de la Fayette (1) cent pistoUes à 7 fr. 18
la piesse. Le premier jour de janvier, en 1630, M' de
Yerlhac me l'afferma à M' Rignac pour un an, à soixante
Thierrache, la plupart des habitants sont morts de faim; les plus
aisés, depuis deux mois en sont réduits à du pain de son d'orge;
la nourriture des autres consiste en lézards, grenouilles et herbes
des champs. — Bazoches, Fismes, Laon. A tant de misères se joi-
gnent les archers du sel, qui prennent aux pauvres jusqu'à leurs
chemises et leurs pots de terre. Est-ce pas chose étonnante que
Ton contraigne à prendre du sel ceux qui n'ont pas un morceau
de pain ? Car à présent ils ne mangent que des grenouilles et des
limaçons, ce qui les fait devenir enflés, si faibles et débiles qu'ils
ne peuvent travailler, pas môme marcher... Il est à craindre qu'ils
ne déterrent les corps morts.
« 165M652. Champagne, Picardie. La famine est teUe que nous |
voyons les pauvres mourir, mangeant la terre, broutant l'herbe, j
arrachant l'écorce des arbres, déchirant les méchants haillons dont I
ils sont couverts pour les avaler. Ce que nous n'oserions dire si ;
nous ne l'avions vu et qui fait horreur, ils se mangent les mains |
et les bras, et meurent dans ce désespoir. Il ne se passe point
de jour qu'il ne meure plus de deux cents personnes de faim dans
les deux provinces. La Lorraine est dans un état pire que la '
Picardie et la Champagne. — Environs de Paris (été de 1652), ^
Chartres et Beauce. Les villages sont déserts; les habitants, ré- \
«fugiés dans les bois, y meurent de faim. ^ Ëtampes. Cette ville '
est entourée de corps' morts. — Corbeil. Malades ensevelis dans i
le fumier, d'autres mourant sur des cloaques où leurs mains les
conduisoient. — Lagny de môme. L'inhumanité des armées enne-
mies a été à tel point, que nous avons appris qu'au village de
Tally un enfant fut jeté tout vif dans un feu ardent, et qu'un mari
et une femme furent tellement fouettés avec des épines qu'ils sont
morts par ce supplice ; qu'au village de Daumat, un pauvre mar-
guillier fut mutilé en tous ses membres, eut le ventre ouvert, et
ses entrailles lui furent mises entre les mains, pour l'obliger à
déclarer où étaient les ornements des églises; nous ne parlons
pas des violences des femmes. — Ailleurs. Les uns ont été vus
enfouis la nuit dans des fumiers, comme des hôtes, et s'exposant
le jour au soleil pour en recevoir la chaleur, déjà tout remplis
et pénétrés de vers, et morts auparavant que de mourir; l'on en
a amené cinquante à l'Hôtel-Dieu (de Paris) qui à peine ont pu
survivre deux ou trois jours; ils étaient tellement infectés que les
bateliers ne s'en voulurent charger qu'après de très pressantes
prières des prôtres de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, qui leur ten-
daient leur assistance charitable. »
(1) fivôque de Limoges de 1626 à 1676.
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— 53 —
cinq livres, de quoy j*ay receu par advanse de la pré-
sente année soixante livres; il me reste cinq livres...
{Suivent deux noteA sur la ferme du bien de son /illml et
^ la location de sa maison.)
Le troisième jour de mars 1630 est decedé M' Jean
Quay bonnet (1), curé de Saint-Yrieys [2), près de Val-
. lieres» et le septiesme^ Monseigneur de Limoges m'a con-
féré ledict bénéfice de Saint-Yrieys. Et parce que je
craignais quelque conteste à cause de la mort ignorée
dudict Quaybonnet, M^ de Limoges a faict arresler à
son secretere une datte du 16 mars en faveur de M^ Col-
leté, son ausmonier, et ce à ma requeste, affin que si
j'estoy chicané pour la mort inférieure à la collation,
je sois deffendu par la 2* du 16. J'eu ai pris possession
le 11 mars. — (Il s'arrange au sujet des revenus de cette
paroisse avec un prêtre de la Rochette et du Praredon;
en loue la métairie 90 1. Suit un vœu rédigé en latin;
il promet ^ me daturum lampadem, picturum labârnaculum,
usui ecçlesiw Sancti-Àredii (Saint-Yrieix) » si ce nouveau
bénéfice ne lui attire aucun procès; il ira en pèlerinage
à Rocamadour. En outre, si la peste s'éloigne du pays,
il montera les degrés du sanctuaire, une corde au cou). —
Sudrie, de Brive, me faicl assigner sur requeste à Bour-
deaux pour le greffe, y prétendant quelque droici. M' Mai-
llard, sacristain et chanoine, a pris nos causes pour nous
accorder... Ce jour d'huy, 17 a ou si 1630, j'ay apris que
le présidial de Brive est fermé, craignant la contagion (3)
(t) Vacherie, cura de Saint-Yrieix.
(2) Saint-Yrioix -la- Montagne, canton de Felletin (Creuse),
(3) En I5t>3, Limoges avait eu à supporter la peste et une grande
disette. Les chanoines de Saint-Étiennc s'étaient retiras de la villa
en n'y laissant que treize locataires et trois ciioristos poar fair^
le divin service en leur église. En I5ât, Bouthiu, marchand 4«
Limoges, venant de Lyon, y prit la peate et la porta à Liniog^*.
En IÔ85, les habitants de Limoges revinrent dos champs, 'jUc^iç-, *
la peste fut encore en quelques endroits de la ville et au fauVjç. ^^
des Arènes, En IsSB, le Limousin et les pays circoavûiaiûs tvi^Vo
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— 54 —
qui ravage Allassac (1) et Pandon, Agac, Aien (2) et lieux
circonvoisins. Fiat misericordia tua^ Domine^ sv^er nos y
quoniam speravimm in te. Le bled ce vend atijour d'huy
cinq livres après quatre ans tous entiers de famine, sans
comprendre ceste année. La guerre que le Roy faict en
Italie a espuisé la France de monoie, si bien qu'on n'en
trouve point du tout.
Gilbert Amarzit a resigné la vicairie de Chaumond ad
missarum commissionem in parochiali ecclesia Sancti-Martini
de Sainte-Ferreolla a Pierre Amarzit, dict premiers prestre...
Le jour de tous les Sainctz, en 1630, j'ay envoie à
Sainte-Fereolle, par Bernaudet de la BouUie, à cause de
la contagion, 2 cofres ou sont mes livres les meilleurs,
et quelques bardes.
J'ai faict un testament solennel au mois de février
ou environ (1631), et l'ay laissé entre les mains de
Mons' Moulinard, notaire royal à la rue de la Manigne,
à Limoges. (Je l'ai retiré et il est dans mon coflfre : je
l'ay bruUé.)
L'an 1631.
Au mois de mars, le bled a vallu à Limoges huict
livres et demy le sestier, et la famine a esté extrême
par toute la France; on dict qu'à Bourdeaux, c'est mangé
de la cber humaine; l'emine de chastaignes, 25 solz; le
bled noir 9 1. et 10 s.; le froment 12 livres le sestier à
Limoges.
J'ay esté le jour des Rameaux à Saint- Yrieix, et j'ay
prêché et faict le mardy la Passion...
Le 23 avril, j'ay pris possession de la vicairie de Peu-
chagier; M' Gourssac a les tiltres; et estant retourné de
affligés de la famine et de la peste. Les consuls logèrent les pes-
tiférés au-delà de la Vienne, du côté du pont Saint-Martial. Les
ponts étaient gardés pour que les soldats n'entrassent pas dans la
ville.
(1) Aujourd'hui commune, canton de Donzenac (Gorrèze).
(2) Aujourd'hui cheMieu de canton, arrondissement de Brive.
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A
— 55 —
Sainte-Fereolle à Limoges le 26, je trouvay toute la viUe
en allarme à cause de la peste, et le 29 je fis retirer
26 religieuses à Brochât (1), et de la en diverses fois,
avec grand paine, nous nous sommes retirés à Esmou-
tiez (2) le 15 may; et ce jour d'huy, 20 may, j'ay loué
proche du couvent une chambre seze livres, et j'ay ad-
vencé une pistoUe qui est jusques au 21 novembre. Et
de la en ors il faut paier par quartier (j'ay paie jusques
au 21 may 1632).
— Cette partie du journal de Vacherie présente peu d'in-
térêt. Le 15 juin 1631, Févéque de Limoges, François de
la Fayette, lui donne la cure de Sadroc (Corrèze, can-
ton de Donzenac), dont le titulaire avait été tué par la
foudre le jour de Saint-Barnabe. Le 20 août 1631 il
achète, par l'intermédiaire de son filleul, une chenevière
située sous la fenêtre de sa maison, à Sainte-FéréoUe.
Le 29 août, il échange avec Léonard de Goutanegues la
cure de Saint- Yrieix contre celle de Saint-Jean-Ligoure
(Haute-Vienne, canton de Pierrebuffière). —
.L'avant- veille et veille de tous les sainctz, 1631, a tel-
lement gelé que les chastaignes qui estoit encore toutes
presque deors se sont gelées, qui a faict enchérir le bled
tout aussi tost de dix solz; et la gïace fut telle que les
chevaux passoit dessus sans rompre.
Geste année la peste a ravagé Limoges, ou il est mort
dans 4 mois vingt mille personnes : Tulle, Brive, Don-
zenac et presque tout le Limousin a esté infect, excepté
Esmoutiers, où nous sommes réfugié, et Uzerche, qui
n'ont encore de mal. Dieu veuille, par la saincte misé-
ricorde, rendre l'autre année plus heureuse (3).
(1) Commune d'Allassac (Corrèze).
(2} Arrondissement de Limoges (Haute- Vienne).
(3) Nous lisons dans VHisioire de saint Martial que la con-
tagion commença à Limoges sur la fin de septembre 1630, vers
le faubourg des Arènes, et devint plus intense au printemps de
Tannée 1631. Les habitants furent forcés de se retirer à la cam-
\
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L
— 56 —
VII
Retour des Ursulines d'Eymoutiers à Limoges (1632). — Naissance
d'un enfant de Jacquette, sœur de Vacherie (1634). — Achat d'un
lit de plume. — Grands-Jours de Poitiers (1634). — Achat d'une
montre, chasuble, etc. — Mort de l'abbesse des Ursulines. — Achat
d'un calice. — Vacherie, curé de Châlus-Ghabrol (Haute- Vienne).
— Réparations à l'église de Lageyrac. ^ Doléances sur la lour-
deur des impôts et les exactions des soldats (1638). — Voyage à
Sainte- Féréole. — Résumé de la vie de Vacherie en vers latins
et prose latine.
1632.
Le 26 jour de janvier, j*ay esté à Ambazac et ay prê-
ché en nostre église; j'ay aussy affermé mon revenu a
M*^ Tardieu, procureur.
J'ay aussy mis pour vicaire M'~ Chastenet et Mazandon,
et leur laisse le baise main
Le 20 may, j'ay achevé de ramener nos religieuses
d'Ësmoutiers à Limoges, le mal ayant, par la miséri-
corde de Dieu, cessé
J'ay esté à Ambazac (1) aux festes de Pasques, le
27 mars 1633; j*ay prins de mon vicaire neuf livres cinq
solz; il me restera le 10 juin cinq livres quinze solz.
J'ai achepté six platz d'estain un 27 solz la pièce.
1634.
Ce mesme jour (9 mars) il (M' Gourssac) m*a mandé
pagne, où ils demeurèrent jusqu'à Noël. La peste fut si furieuse
et maligne qu'elle moissonna dans la ville, ou aux environs, plus
de 20,000 personnes. Les consuls mirent si bon ordre tant à la
garde de la ville par Penicaud, capitaine, avec ses soldats, qu*à la
nourriture des pauvres, qu'il ne se commit aucun désordre ni vio-
lence dans les maisons des particuliers.
Les malades étaient logés dans des huttes, et les morts ensevelis
à Saint-Gessadre et au cimetière de Saint-Paul. Les habitants,
avant leur retraite, furent taxés afin de subvenir aux frais des
nécessités publiques. La violence du mal cessa vers la fête de
Saint-Roch, qui a été depuis solennisée avec grande dévotion.
(1) Arrondissement de Limoges (Haute- Vienne).
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— 57 —
que ma sœur Jacquette est acouchée d'un enfent depuis
le cinquiesme de mars, an susdit 1634, et qu'on me
faisoit parain. Il est mort de la pignole le mois de
septembre ensuivant. Le 25 may, j'ay faict instituer la
confrérie du Saint-Rosaire à Ambazac.
Ce 2 jour de juin, j'ay achepté de Madame Sordellier
un lict de quatre vingtz et six livres de plume à six
solz la livre, coette et tout, et des rideaux et tour de
lict verd brun, moienant quarante cinq livres dix solz.
J'ay esté 4 jours à Ambazac, depuis le 14 aoust jus-
ques au 19, ou j'ay prêché 4 fois au jubilé que j'y ay
mis, concédé par nostre S. P. le pape Urbain 8.
La grelle a ruiné ceste année, 1634, ma vicairie (de
Peuchagier), et il n'y a heu que deux muids de vin.
Les Grands -Jours sont venus à Poictiers au mois
d'aost 1634, Louys 13, nostre Roy, les ayant envoyés (1).
(1) Les Grands* Jours étaient des assises extraordinaires que des
commissaires désignés par le roi, et choisis parmi les membres
des parlements et les maîtres des requêtes, allaient tenir dans leS
provinces où la justice ordinaire était impuissante, et qui, par leur
éloignement. échappaient un peu à Faction du pouvoir central. Les
Grands-Jours furent tenus" à Poitiers (1454), à Thouars (1455), à
Bordeaux (1456 et 1459), à Montferrand (1481). Sous François 1" on
en trouve douze, de 1519 à 1547. Son successeur Henri II, et plus
tard Catherine de Médicis et le chancelier de THôpital, eurent sou-
vent recours à cette juridiction extraordinaire. Sous Henri II, les
Grands- Jours furent tenus à Tours (1547) et à Moulins (1550); sous
Charles IX à Poitiers (1567); sous Henri III à Poitiers (1579) et à
Clermont-Ferrand (1582), à Lyon (1596).
A mesure que Tordre et Tautorité monarchique s'affermirent en
France, l'exécution des lois devint plus facile et on recourut de
moins en moins aux Grands-Jours. On n'en trouve que peu
d'exemples au xvii* siècle. Ils furent tenus à Poitiers en 1634,
après les troubles religieux et politiques qui avaient agité plu-
sieurs provinces, du centre et du midi de la France. Ils y sié-
gèrent pendant quatre mois, sous la présidence du chancelier
Pierre Seguier. Les Grands-Jours les plus illustres sont ceux
d'Auvergne, tenus à Clermont en 1665, dont Fléchier nous a laissé
le récit. Ceux de 1634, que Richelieu fit tenir à Poitiers, produi-
T. IX. 1-C
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— 58 —
J'ay achepté une monstre quatre pistoUes, de M' Li-
mousin
J'ay achepté une chasuble sept escus. J*ay aujourd'huy
de conte faict, fourny pour Jean Verihac, mon neveu,
douze escus, tant pour habitz, souliers, livres et autres
choses nécessaires que je luy ay baillé depuis deux ans
et quelques mois qu'il est avec moy et entre en classe,
à la troisiesme, ayant auparavant demuré un an à la
cinquiesme et autant à la quatriesme. La mère de Ste-
Ursule, qui m*a servy de mère 12 ans, est allée à Dieu
le 2 jour de Tan 1635.
Le 8 may 1635, j'ay achepté un calice d'argent doré
pesant deux marcs, une once douze deniers, à neuf escus
le marc, et ce moyenant cinquante neuf livres que j'ay
paies contant à l'orfèvre Mouret.
Le 20 juin 1635, il prend possession de la cure de
Lageyrac avec son annexe, la ville basse de Ghàslus.
1636.
J'ay prêché ceste année l'advent et caresme à Chaslus
fort heureusement, grâces à N. S.
Le 27 juillet 1636, j'ay payé les maistres qui m'ont
faict la voûte de l'esglise de Lageyrac et la blanchis-
sure, et leur ay baillé dix huict livres restant des douse
escus promis par contract, qui est avec l'acquit chès
Louys de Villevalleys, notaire.
J'ay aussy faict marché avec Martial Joyeux de refaire
la voûte du clocher et la blanchir moyennant 7 livres,
et de fornir la chaux, les bois et matériaux; j'ay tout
payé. J'ay encore faict marché avec ledit Jouyoux de
sirent lé meilleur effet en Poitou, Touraine, Anjou, Maine, An-
goumois, Aunis, « y ayant un nombre de vilains pendus et deux
» cent trente-trois gentilshommes ou puissants personnages dé-
» crétés de corps et de biens, ce qui leur donna occasion, comme
» dit Richelieu lui-môme, de s'aller promener ailleurs. »
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— 60 —
{Chaslus)
Me docuit; Lucii (1) est jam mihi cura gregis
Debeo quid patriœ? Petrochorœ debeo plura;
Debentur castœ plurima Lemovicœ,
Illœ quandoquidem mortalia pauca dedere
Ista mihi prœsens cœlica multa dédit.
Vacherie.
vive Jésus!
P. Vacherie, doctor theologm, rector ecclesiarum Lageyraci
et de Chasltix, id est Castri Lucii, vicarit^ de Peuchagier et
scriba offlcialatus Brivensis, grates immortales immortali Deo
creatori et infinito benefaetori quantas potest refert.
J'ay prêché à Chaslus le troisiesme caresme, à la plus
grand gloire de Dieu; ait reussy mon travail; c'est en
Tan 1639
VIII
Doléances de Vacherie sur l'avidité de sa famille. — Voyage à Sainte-
Féréole, Roc-Amadour. — Synode à Limoges (1640). — Cherté du
vin, attribuée par Vacherie à Tivrognerie incorrigible de ses pa-
roissiens. — Lourdeur des impôts. — Vacherie se démet de sa
charge de greffier de Tofficialité de Brive (1641). — Détails inté-
ressant Saînte-Féréole. — Mariage de son neveu Saule avec Mar-
guerite Chouly. — L'élu Amarzit intervient au contrat (1643).
1639.
Ma sœur m'a faict encore escrire par M^ Verlhac qu'elle
vouloit estre payée de ses peynes en mon bastiment; soit
mémoire qu'elle est plus que payée et que si je conte
les jouissences et le vin, elle me devroit beaucoup.
Enfin, pour avoir paix avec son esprit et son mary,
il m'a fallu encore bailler quatre vingt dix livres, toute
(1) Suivant certains étymologistes, Châlus-Chabrol tirerait son
origine et son nom d'une forteresse fondée en ce lieu par Lucius
Capreolus, proconsul d'Aquitaine sous Auguste, mais cette hypo-
thèse bizarre est contredite par les faits. On voit que Richard-
Gœur*de-Lion trouva la mort devant le château de cette ville (1199).
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— 61 —
leur colère venant de ce qu'ilz pretendoit demurer chez
moy tousjours. 0 que la condition des prestres est misé-
rable quand ilz ont des proches sans esprit, qui n'atten-
dent que leur despouille, ne disent jamaiz : c'est assez,
comme le feu, l'eau, la mer.
J'ay esté à Sainte-FereoUe le 14 octobre 1640, et estant
allé à Rochamadour ay demuré 15 jours et suis revenu
à Chaslus du synode de Limoges le 26; il y a eu douse
muids de vin à Peuchagier en tout, y compris le mes-
tayer
J'ay laissé mon vin entre les mains de SauUe; nota
que le vin avoit esté partout à foulle, depuis l'an 1630
jusques à 1640, auquel temps la barrique est venue à
trante livres. Et aujourd'huy, le 28 octobre 1640, le nou-
veau se vend 25 livres et huict solz la pinte à Chaslus,
4 à Sainte-FereoUe, qui ne valloit auparavant qu'un ou
deux solz la pinte et moins encore. Les années passées,
les coquins ne vouloit que du meilleur, et les fré-
quentes yvrogneries et blasphèmes ont tellement aigry
nostre bon Dieu que lors qu'on n'y pensoit pas, ce qui
estoit si abbondant s'est rendu extrêmement cher. Geste
année 1640 a esté fort sterille en fruictz, vins, bleds,
et poinct du tout de chastaignes qui se sont gelées les
26, 27 et 28 octobre, la glace ayant esté espèse sur
l'eau 2 doigtz, mesme dans les benittiers de nostre es-
glise, et le jour de Saint-Symon et Judde, ensuitte de
ceste glace a extrêmement negé; outre la perte des chas-
taignes est arrivé ce malheur qu'on n'avoit guiére pu
semer à cause des pluyes continuelles. D'où est venu
que le bled, qui se vendoit à Chaslus 30 ou 40 solz,
est monté aujourd'huy à 3 livres 10 solz; des fréquentes
pluyes et trop vitte gelée est venu ce malheur, ou plustot
de l'ire de Dieu justement irrité.
Les tailles ont esté extrêmes, outre les subsistances,
a moytié ou plus de la taille, les manque de fons,
autre taille et impositions ont fouUé le peuple jusques
V
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— 62 —
aujourd'huy (1), et le soldat a exercé pour lever cella
mille cruautés; car pour faire payer on envoyé des re-
gimentz sans régime, excepté celluy d'une extrême rigueur
et desespoir du pauvre peuple. Dieu nous donne la paix.
J'ay esté à Sainte-FeréoUe presque tout le mois de
febvrier, et ce, pour me desmetre de mon greffe de Tof-
ficialité de Brive, ce que j'ay faict en faveur de Chas-
taing de Brive, prestre. Il m'a baillé cinq centz livres,
et à monseigneur pour agréer ma démission cent cin-
quante livres. Cella estoit périssable, et c'est pourquoy
je m'en suis desmis.
Le jour de Saint-Luc 1641, je suis revenu de Sainte-
PereoUe après y avoir demuré 5 semaines et faict ven-
denges.
J'ay esté à Limoges le 18 décembre 1641 prendre les
provisions de la cure de Couseyx (2), que Mon' Tardieu
a gardées. Il m'en faut demetre dans un an sur peyne
de faire vaquer l'un et l'autre bénéfice; je Tay resigné
le 24 octobre 1642, en faveur de Léonard Gareau, M' Tar-
dieu, notaire
1642.
Le 18 juillet, je suis revenu de Sainte-FereoUe après
y avoir demuré 3 semaines.
Estant à Sainte-FereoUe, j'ay tenu sur les fonds babtis-
(1) £n 1581, les habitants du Limousin furent tellement chargés
d'impôts qu'ils ne purent les payer. Ceux de Limoges créèrent un
syndicat général pour présenter une requdte au roi pour leur dé-
charge; mais sans avoir égard à leur requôle, il envoya un com-
missaire pour lever un écu, sur chaque tonneau ; personne ne vou-
lut payer, et la commission devint inutile. En 1582, il y eut aussi
de grandes oppressions sur le peuple en vertu des commissions
royales. On imposa sur les hôtes des champs six écus, et deux
cents sur ceux de la ville. Plusieurs habitants furent contraints
de vendre leurs biens pour satisfaire au paiement des impôts,
vingt-deux fois réclamés à cause du grand nombre d'officiers nom-
més à Limoges ou dans les autres villes.
(2) Gouzeix, commune de Limoges (Haute- Vienne).
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— 63 —
maux un enfent de Pierre de Gourssac, mon filleul, aagé
de 3 mois. Il fut babtisé le jour de SainWean 1642. J'ay
mené de Sainte-FereoUe et au voyage susdit Jean Ver-
Ihac, mon neveu, son père m'ayant prié de l'enseigner
et nourrir (obiit miser ilk)
1643.
Le 4 janvier 1643, mons' Féleu Amarzit, mons' de Ver-
Ihac et moy avons esté caution à Saulle de quatorze centz
cinquante livres envers Pierre Chouly, et ce pour le dot
de Marguerite CShouly, desquels nous avons receu con-
tant et termoyé les 450 1. trois ans, moienant 20 1. de
rante par an, payable par Chouly
Le 28 janvier 1643 nasquit Martial SauU^ filz à Pierre
et Marguerite Qiouly, environ midy, le jour que Tes-
glise feste Agnetis secundo. Il fut babtisé le mardy 24 fé-
vrier, jour de Saint-Mathias; son parin fut Martial Segne
de Ghaylus, et sa marene ma sœur aînée.
IX
Mort de Louis XIII. — Appréciation de son règne. — Dureté des
soldats. — Appréciation du ministère de Richelieu. — Miracle
aux environs de Pageas : source de sang (1643). — Famine en
Limousin.
Du 20 may 1643.
Le 14 jour de may mil six cent quarante trois, deceda
Louis XIII du nom, Roy de France, aagé de 42 ans,
au mesme jour que le grand Henry 4 son père fut
assassiné malheureusement par Ravaillac, Tan 1610 et le
14 may. Ledit Roy Louys, à ce qu'on dict, a esté em-
poisonné, comme on a cognu après sa mort qui a esté
toute chrestienne et digne de la resignacion d'un Roy
très chrestien. Aussy estoit il bon de son naturel; mais
les ministres desquels il s'est servy durant son règne
ont rendu la France un théâtre de malheurs causé par
la guerre continuelle avec l'Espagne, qui a produict mille
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— 64 —
monstres diflFormes qu'on apelle partisaChs, qui ont tout
pillé par les subsides de tailles, subsistences, solz pour
livre, manque de fonds, aisés, soulz aisés, impotz,
crues, etc., que les sargens qui tranchoit des Roys ont
levé à leur fantasie, et sellon leur ordinaire charité,
prenant soliderement les solvables pour toute une pa-
roisse, et metant par ce moyen tout à blanc (1), le pau-
vre peuple qui a heu et a encore plus de charges que
tout son revenu ne valloit. Les prisons ont esté pleines
de ses pauvres gens pour la solidarité, ou la pluspart
sont mortz de faim et de misères, et les autres ont
quitté tout leur bien pour vivre en paix. Car la pau-
vreté a esté Tunique paix de ce règne. L'autre malheur
qui a suivy le peuple a esté le continuel, ou du moins
le fréquent logement des soldats impitoyables chez les
paisans, avec tant d'insolence que les Turcs n'ussent pas
esté si cruels; ils tuoit, pilloit, bruloit, violoit, decou-
vroit les maisons, rançonnoit, etc., sans que personne y
mit d'ordre.
Il y avait en chasque province un ou deux commis-
saires ou intendantz ayant autant de pouvoir que le
Roy mesme, tant leurs commissions estoit amples; mais
s'estoit seuUement pour piller, et non pour soulager les
provinces; on a créé tant de noveaux ofiRces et ofRciers
que le nombre en est incognu, quoy que les maux qui
en sont provenus ne soit que trop cognus; aussy tient
on que durant ce règne de sang, de fer et de cruauté,
on a plus exigé de sommes sur les peuples de France
qu'il ne s'en estoit levé depuis l'érection de la monar-
chie et Pharamond, la pluspart de ses finances s'estant
employées à rendre les partisans et mignons ou mi-
nistres d'estat si extrangement et prodigieusement riches
que la postérité s'en estonnera un jour. Entre tous, le
cardinal de Richelieu, qui deceda au mois de décembre
1642, a gouverné Testât absolument 14 ans, disposé de
(1) C'est-à-dire saignant à blanc.
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— 65 —
tout, chassé, bany, tué tout ce qui s'est opposé à sa
grandeur eminentissime; on dict qu'il n'a jamaiz par-
donné à personne et qu'il estoit cardinal sans tiltre,
evesque sans troupeau et subjectz sans Roy, parce qu'il
estoit roy en efltect. Il a laissé tant de trésors, d'offices
et d'ediffices, que ce sont des prodiges; son but estoit
la grandeur humaine, et de s'eslever au dessus de toutes
les puissences souveraines par leur débris. Il luy a fallu
enfin mourir et comparoistre devant Dieu pour rendre
conte de ses œuvres, violences, tyrannyes et cruautés.
Aujourd'huy on nous advertit que Monseigneur le daufin
est couronné et apellé Louys 14 Dieudonné, et que la
bonne Reyne est déclarée régente. Plaise à la divine
bonté que son règne soit heureux et plus doux que
celluy du Roy son père; qu'il soit Dieu donné, et donné
de Dieu pour sa gloire et repos de ses peuples, avec
des longues et pacifiques années. Amen.
Du 20 may 1643.
Le 20 jour de may, an 1643, s'est veu un prodige
estrange au village de Lautrefé, paroisse de Pageas, terre
de Ghaslus et en distant une demy lieu, en la maison
de Jean Nadau Dardier, dudit village; lequel le jeudy
20 dudit mois de may 1643, sur le soir, venant de son
travail et lavant ses pies, se vid tout couvert de sang (1)
qui naissoit du pavé de sa maison, et pensant l'essuer
et sécher avec un linge le vid tout ensanglanté. Sa
femme, y courant, vid aussy le sang qui naissoit à gros
bouillons du sol de la maison, qui ensenglanta toute
sa robe; et, s'estant remués, le sang les suivoit par tout
et jaUissoit contre les murailles; si bien qu'estorn^èâ 4^
se prodige et criant aux voisins, quelques uns v. q^qwt
rurent qui virent le mesme. sang jallir par tout, J^ * .-^
bas et hautz de chausses tous sanglentz, saut^ ^ -lU
(1) Il s'agit ici du jaillissement soudain de quelque ^
mittente et ferrugineuse.
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— 66 —
sang tout chaut dans leurs sabotz. Une voisine print
un balay pour ballier et estancher ce sang avec des
cendres, mais ce fut en vain, car tant plus il naiscoit
de la terre. Il s*y assembla 3 ou 4 chiens suivant leurs -
maistres dudit village, qui lechoit avidement ce sang
et le mangoit. Les paisans furent d'advis de faire sortir
de la maison ledit Nadaud et d'en sortir eux-mêmes; j]
ce qu'estant exequté et s'en allant, le sang les suivit . |
jusques à une autre maison du village, ensenglantant les :
murailles des jardins proches ou ilz passoit, et ne s'ar-
resta que la porte de la maison ou ilz s'estoit reffùgiés
ne fut fermée, ce qui dura environ demy heure; le sieur
expert lieutenant de Chaslus, avec le procureur d'office
et un bon nombre de personnes avec lesquels j'estois, s'y
acheminèrent 2 jours après ou ils virent le tout et en i
firent leur verbal, après avoir avéré tout ce qui s'estoit
passé, par les paisans de tout le vilage. Ils firent cruser
le pavé de la maison pour voir que cella pouvoit estre,
mais hors de la superficie il n'y paraissoit poinct de
sang. J'ay esté présent au procès verbal et signé, veu
les marques du sang au pavé, portes et armoires de
la maison, veu le linge, robe, chausses et meubles tout
couvertz de sang fort vermeil, et ayant interrogé un cart
d'heure le dit Nadau à part, je n'ay rien pu connoistre ^
de la cause de ce prodige qui l'avoit tellement espou- |
vanté que la nuict mesme il envoya quérir nostre gref-
fier ChaflFaud, prestre, pour le confesser et conununier.
Je ne scay si le temps nous fera cognoistre ou tend ce
prodige, et si c'est pour nous advertir de quelques mal-
heurs, lesquels le bon Dieu ne veuille permetre, ou si
c'est pour la punition particulliére dudit Nadau et autres,
ou bien si c'est quelque prestige de sorciers; quoy qu'il
en soit, c'est une chose bien espouventable. Plaise a la
bonté de N" Seigneur Jésus Christ de nous faire misé-
ricorde et ne nous priver pas de la grâce. Amen. —
Vacherie, curé de Lageyrac et Chaslus, pour avoir ouy
et veu ce que dessus.
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!
— 67 —
Le bruict commun disoit et la vérité estoit telle qu'ayant
faict plaider 45 1. à une pauvre veufve à laquelle il les
devoit, le bled estant fort cher ceste année, ceste pauvre
veufve estant tumbée mallade et n'ayant pu estre payée,
à cause de la chicanne dudit Nadau et longueur des
procès, comme elle fut à la mort, envoya dans une
extrême disette luy demender du secours, mais devent
que recevoir un peu de pein qu'il luy envoyoié. Elle
trespassa et peut estre de faim, de sorte que d'abbord
que le messager luy vint annoncer sa mort, ce prodige
de "sang l'environna. — Vacherie.
Le 27 may 1643, Nostre bon Dieu a tellement puny
son peuple (1) (que le segle qu'on avoit foullé un ou
2 ans auparavant aux pieds, le faisant manger aux
pourceaux, et qui ne se vendoit que 40 ou 50 solz),
qu'aujourd'huy il vaut le sestier à Chaslus 13 ou 14
livres, et on n'en peut pas treuver; mesmes touttes les
villes de campagne n'en veullent laisser sortir, si bien
que nous avons cent cinquante ou 200 pauvres ordinai-
rement aux portes; cella est venu outre la punition très
juste de la divine justice, de ce que l'année passée
1642 il n'y a pas heu de chastagnes et que les bleds
l'an 1641 ne purent pas naistre à cause des gelées et
de l'eau continuelle; après que le pauvre peuple a heu
(1) Une trentaine d'années auparavant, aux mois de mars, avril»
mai, juin et juillet 1614, il y eut une si grande disette de blé dans
toute la province et les pays circonvoisins qu'une foule extraor-
dinaire de pauvres, non-seulement du Limousin, mais encore de
La Marche et du Périgord, se retirèrent à Limoges. Les habitants
furent contraints de prendre chez eux et de nourrir les pauvres de
la ville et des paroisses voisines, et de se taxer pour faire une
aumône générale aux étrangers, qui était chaque jour distribuée
au couvent des Gordeliers à plus de 2,000 personnes. Cette aumône
fut continuée pendant trois mois. La disette fut si grande et si
épouvantable que les consuls envoyèrent chercher du blé à Bor-
deaux, que Ton recevait d'Allemagne ou d'Angleterre. Le setier
de seigle valait 6 francs. Cette ancienne mesure de grains con-
tenait 156 litres.
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— 68 —
mangé les raves, il s'est pris aux rubes ou rabiaux qui
croiscent parmy les bleds, et de la aux maulnes et pa-
reilles, les faisant bouillir, et meurt enfin de malle faim
si le bon Dieu n'y met ordre.
X
Vacherie curé de Condat (Corrèzè). — Obtention de foires et mar-
chés à Sainte-Féréole (1643). — Formule de remède. — Répara-
tions à l'église de Condat. — Hiver précoce en Limousin (1644). —
Vacherie entre dans sa cinquantième année (1645). — Copie d'un
tableau de la cathédrale de Tulle pour Téglisfr de Condat. — In-
ventaire du mobilier de Vacherie, à Condat. — Voyage à Cahors
et à Roc-Amadour (1647). — Mort de son neveu Jean Saule. —
Vers sur ce jeune enfant (1650). — Maladie de Vacherie (1650). —
Ses ennemis à Condat (1652).
Le 7 jour de juillet 1643, j'ay permute la cure de
Lageyrac, et Chaslus son annexe, avec le bénéfice de
Condat (1), près Uzerche. Dieu me face la grâce de Ty
servir fidellement. Amen.
Vacherie.
Le jour de la Transfiguration, la grelle a ravagé ma
vigne de fond en comble.
Dominus dederat^ Doininus abstulit.
Geste année, à Sainte-FereoUe , ont obtenu du Roy
quatre foyres Tan : la première le jour de Sainte-
Fereolle, 19 septembre; la 2"« le jour de Sainte- Viviane,
2 décembre; la S"® le jour de Sainte- Agnès; la 4"® le
jour de TAparition, Saint-Michel, 8 may, et tous les
jeudys de Tan un marché. Ma maison a baillé pour
cest effect, ou pour payer 50 escus au seigneur evesque,
vingt livres, à quoy nous avons esté taxés.
Le 25 juillet 1643, je suis venu d^Emery à Condat,
et cinq jours après me suis retiré en la maison du juge,
vaquante par le moien de M' de La Salle, où j'ay faict
(1) Condat est baigné par les affluents du Bradascou et a quel-
ques bonnes prairies.
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— 69 —
inven taire dey-dui Besse^ greffier, et M" Pierre Dunac,
notaire, du meuble qui est dedans, qu'esi trois chaslitz,
deux huffetz, trois tables, cinq barriques punaiies et deux
charettées de bois,....
Le disme de Condat se levé en telle Taçon que m'es-
laut acordé avec les part prenans, je prends six viuglz
sestiers segle par preciptit, et tout le reste je partage
en telle façon que les ditz part prenantK prenent la
moitié et moy l'autre du tout, soit segle, froment ou
avoine ceste annéOi si bien que j'ay heu six vingtz ses-
tiet'S, plus que de la moy lié.
J'ay esté 15 jours à Sainte-Fereolle et faict les tristes
vendenges à la vicairic. ou il n'a heu que cinq muîds
de vin du tout, et à cause de la gresle^ qui le gasta le
jour de la Transfiguration.
Nota que j'ay ^iccoustumé de prendre 2 fois Tan le
remède suivant ; cinq ou six dragmes de senne, un
scrupule d'agaric j 4 scrupules rubarbe avec leur cor-
rectif, le lout infusé et un peu boully dans la décoction
de chicorée, vi nette, buglosse ou bourachej pinpenelle
et fumeterret ou j'arljouite une once de manne et une
once cirot rosat, et demy dragme d'anis crUn
Vive Jésus I
Le 3 février 1044, noslre eglîze de Condat estant aussy
bien despavée que descou verte pai' Ta varice des prece-
denlz curés qui n'ont songé qu'à prendre, j'ay faict
contract avec les paveurs de La Borderie de la paver
et faire porter la matière, et ce moienunt 7 1. et un
seslier segle. J*ay baillé le segle et payé le tout.
Le 12 may (1G44) j'ay délivré au vallet de Mons^ de
Ghaleysil) et à son mandement trois sestiers segle, lu y
ayant renvoyù une pîstole courte qu'il a voit envoyé.
Dk i° febritark, anno IGh^K incipiam œlatis meœ anmim
qulnquagmmum pnfcetQ anno quadragesimo nom, ad ma-
jorem Dn met ghrinm pcrftciatur et inciplat Iwc te7)ipiis.
{[) Chalais.
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— 70 —
Le 26 octobre 1644 (1), il negea si extremens en Li-
mosin que le quart des arbres fut renversé par terre
à cause du poids de la neige qui, s'estant amoncellée
sur les feuilles, crevoit tout de son horrible poids.
0 que Dieu a de moiens pour chastiers nos malices.
J'estoys dehors et passant à travers les bois a cheval;
sa bonté me préserva de la cheutte de mille branches
d'arbres qui tumboit et embarassoit les chemins avec un
horrible fracas ; les chastaigners et chesnes surtout furent
brisés à cause du poids des chastaignes, glandes, feuilles,
que la neige surcharga.
Après tout mon ame dira tousjours : Benedicite^ glacies
et niveSy Domino.
Le 2 jour de novembre 1645 nasquit Marie Saule,
fille à Pierre Saule, mon neveu, et Marguerite Chouly,
d'environ neuf heures du matin.
Le 14 février (1646) j'ai envoyé par Masalaigne, à
Saule, 2 aulnes de toille de 41 1. pour avoir le
tableau de la Sain te- Vierge, que j'ay faict faire à Tulle;
le tableau est dans l'église (coûte le tableau cinquante
livres en tout).
Madamoizelle de La Salle m'a laissé un noble à la
rose, engagé pour dix livres que j'ay baillé au tableau
pour elle; je le luy rendray quand elle me portera les
dix livres.
MEMOIRE DES MEUBLES QUE j'aY CEANS
MAISON DE BABTISTE BISSE
J'y ay un lict de plume avec son cuissin, matteras,
(1) Le Limousin a eu à subir, en 1564, un hiver beaucoup plus
rigoureux à cause des orages, gelées, glaces et neiges, et de mé-
moire d'homme on n'en avait vu de plus âpre. Durant deux mois,
les fleuves glacés donnaient libre passage aux charriots, quoique
bien chargés. Plusieurs voyageurs perdirent les oreilles et les
narines, qui leur tombèrent par la violence du froid. Spondan
assure que cette rigueur de l'hiver fut universelle dans le monde,
selon les historiens de divers pays.
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— 71 —
et deux couvertes et les rideaux, un tapis verd, 12 assietes,
cinq platz, une chopine, une vinaigrette, une huiliére,
tout d'estein, un chandelier, un chauffelict, 2 bassins;
Tautre vaisselle est de Borde, comme aussy son lict et
couchette de bois, et une chaize perséè avec 2 coffres
et autres hardes à sa sœur (retiré une partie).
La Toine Bisse a céans un lict de plume avec la cou-
verte ou couche le garçon (retiré), un grand escabeau
et un petit sont du juge. J'ay faict faire une table ronde
qui est à moy, plus j'ay aussy le lict du juge qui m'a
cousté 21 1., et il est à moy.
L'autre grand lict de la chambre m'est engagé du
S' juge pour 4 sestiers seigle J'ay aussy céans mon
fusil, les landiers, une table neufve avec ces 2 tiroirs,
deux bans et une chaize de bois tout neuf que j'ay faict
faire, et mon coffre que j'acheptay de Masalaigne; j'y ay
mon calice, 2 aubes, un sui'pelis, une chape, 14 linceulx
fins et 3 grossiers.
Tout l'autre meuble de bois, soit chalis ou tables gros-
sières, sont de la maison.
Le 12 juin 1647, j'ay esté à Rocamadour rendre mes
vœux à la très saincte Vierge, et de la je suis allé à
Caors ou j'ay receu mes grades en théologie et despendu
du tout trante escus, sans 3 livres du louage du cheval,
plus 3 1. pour controoller à Bourdeaux.
Au mesme temps (août 1647) ou peu auparavant, j'ay
faict plancher et blanchir l'église de Condat à mes des-
pens, qui revient à plus de 15 1.
Calcullé ce que je puis avoir fourny pour les répa-
rations de l'église de Condat, soit à couvrir le cœur,
paver toute la nef, plancher le tout, blanchir tout ce
qui s'y voit, monte quarante cinq livres, sans y com-
prendre le tabernacle, les 2 tableaux du grand autel,
ny l'autel de Nostre Dame avec son tableau et ballustre,
qui monte encore tout cella plus de cent livres.
Les jour des saints Simon et Jude, 28 octol^^û \641i
un lundy, environ six heures du soir, nasq^>^. i^g^u
\
\
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— 72 —
SauUe, segond enfent de Pierre SauUe et Marguerite
Chouly.
Le 4 de juillet, un lundy, à 8 heures du soir, le
pauvre petit Jean, duquel la naiscence est cottée plus
ault, est decedé a Condat, le 4 juillet 1650, ou on Tavoit
porté aagé de deux ans huict mois, un mois aprez l'y
avoir porté. C'estoit un très bel enfent et d'un esprit
ravissant; nous avons porté son petit corps au tumbeau
de mon père et de ma mère, non sans des larmes et
douleurs bien grandes. Bénit soit le Dieu qui Tavoit
créé, et qui Ta retiré au ciel de tant de misères hu- '
maines. Ma douleur luy a dicté ces vers pour épitaphe :
Tu t'envolles, mon petit ange,
Au ciel, ton bienheureux séjour,
Mes yeux ne t'avoit veu qu'un jour
Quand, d'une cruaulté estrange,
La mort, pour enrichir les cieux,
T'enleva de ces tristes lieux.
Dieu qui, te tirant du non eslre,
T'avoit faict si charmant et doux,
Ne t'a délaissé parmy nous
Qu'un peu pour t'y faire connoistre,
Deux ans et huict mois seullement
Qui ne nous semblent qu'un momment.
Ainsin la vermeillette roze,
Reyne des plus parfaictes fleurs,
Estallant ses vives couleurs,
Se void morte aussitost qu'escloze;
Et la terre n'a rien de beau
Qui ne courre viste au tumbeau.
Repose donc, mon petit auge.
Dans le sein de l'éternité
Que Jesus-Christ l'a mérité,
Et chante a jamaiz sa louange ;
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- 73 -
Bénis, en ne bégayant plus,
Mignardement, Nana (1), Jésus.
Et si, dans le sphère adorable
De tant de cœlestes clartés,
Tu cognois nos nécessités.
Prie Dieu, père pitoyable,
Pour ceux qui plorent icy bas
Ton trop presmaturé trespas (2).
Vacherie.
Le 12 septembre 1650 j*ay esté attaqué, après une
diarrhée de cinq jours, d'une colique venteuze et bi-
lieuze; on m'a donné deux lavementz, deux médecines
et saigné; on a couru mon benefïice me croyant mort,
et le prieur avoit, pour la nomination, six cent escus :
a Judica me, Deus et discerne caitsam meam de gente non
sancta et simoniaca. » Mon Jésus ne leur a pas voullu
donner ce détestable plaisir de vendre encore son patri-
moine. Qu'il soit éternellement bénit.
Le 20 juillet 1651, je suis party de Condat pour aller
(1) En marge : Il ne sçavait pas dire Maria, mais Nana.
(2) Ces vers, qui par le sentiment et l'harmonie ne dépareraient
pas Tœuvre de Malherbe, ne rappellent- ils pas le passage suivant
de Parny :
Son âge échappait à l'enfance
Riante comme l'innocence.
Elle avait les traits de l'Amour.
Quelques mois, quelques jours encore.
Dans ce cœur pur et sans détour,
Le sentiment allait éclore.
Mais le ciel avait au trépas
Condamné ses jeunes appas.
Au ciel elle a rendu sa vie.
Et doucement s'est endormie
Sans murmurer contre ses lois.
Ainsi le sourire s'efface;
Ainsi meurt, sans laisser de trace.
Le chant d'un oiseau dans les bois.
T, IX 1-0
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— 74 —
aux eaux mineralles de Vicq (1) ; y a demeuré et beu
15 jours.
1652.
Le bon Dieu m'a faict commencer ceste année par
les croix et persequtions , dont j'adore sa saincte pro-
vidence qui me conduict par le chemin royal et frayé
par luy mesme.
Les Mazent de Condat, un père et deux filz, tous trois
ingratz, perfides, vindicatifs, calomniateurs, ont abbaye
en chiens ou urlé en loup garroux contre mon inno-
cence. Je ne venois que de les servir, le père en luy
prestant de mon bien, le cadet insolent et sans Dieu en
luy baillant lettres pour son mariage, et luy espargnant
les estriviéres que M. Delage luy alloit faire bailler, et
ce beau premier jour Tun me paya d'un rien et l'autre
de calomnies. Dieu les convertisse! J'escris cessy pour
me servir de mémoire éternelle de ne leur prester jamaiz
chose aucune et de leur parler en aucune façon, mais
les salluer simplement et fuir leur abbord comme de la
peste.
Ils m'ont embarrassé cent fois par leurs discours; que
je m'en souvienne donc, de peur par ma facilité de re-
tumber, en les fréquentant, dans les mesmes accidentz.
L'autre perseqution est de La Tour, filz de M' de
Peyssieras, une ame perdue qui vit dans le libertinage
et inceste, et pour refuser ses garces à la confession (car
il est incestueux), il me menasse de poignarder et tuer
ou il me rencontrera.
{Les dernières pages du journal ont été arrachées,)
(1) Commune de Saint-Germain-les-Belles (Haute-Vienne).
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LES
FOUS LITTÉRAIRES
DU QUERCY
pTUDBS |il8TORIQ,UB8
Pap Louis GREIL
^^ E fantaisiste et spirituel bibliophile Charles
^^^ Nodier, il y a une cinquantaine d'années,
disait : S'il y a encore un livre curieux à faire
en bibliographie, c'est la bibliographie des fous,
et s'il y a une bibliothèque piquante, curieuse
et instructive à composer, c'est celle de leurs
ouvrages. Et en effet, quelques années après, il
publiait au sujet des écrivains aliénés ou excen-
triques, deux notices qui furent jointes aux nu-
méros» 21 et 23 du Bulletin du Bibliophile.
Plus tard deux autres auteurs. Octave Delepierre
et Gustave Brunet, composèrent sur ce même
sujet deux ouvrages ayant pour titre, l'un : His-
toire littéraire des Fous; l'autre : Les Fous
littéraires, essais bibliographiques sur la lit-
térature excentrique, les illuminés, les vision-
naires, etc.; le premier fut édité à Londres en
1860, le second à Bruxelles en 1880.
Ces différentes publications eurent le mérite
d'attirer l'attention d'un de nos compatriotes,
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— 76 —
chercheur infatigable, M. Louis Greil, qui à son
tour inséra dans la Revue des Bibliophiles {l)y
quelques notes relatives à quatre écrivains excen-
triques du département du Lot : François De-
lestre, François Marmiesse, Soubira et Paul La-
coste.
Les notes de M. Louis Greil ont eu un succès
mérité, et Tauteur vient de refondre son ouvrage
et de le publier dans le Réformateur du Lot (2).
Il y a ajouté deux autres toqués : Glavel et Del-
bosc. Nous ne pouvons mieux faire, pour donner
une idée du mémoire de M. Greil, que de trans-
crire une de ses biographies. Nous choisirons
celle de Victor Glavel. La vie de cet original,
au cerveau fêlé, ne ressemble point à celles de
ses autres compatriotes, qui se croyaient tous
envoyés du Messie et étaient convaincus de leur
mission; Victor Glavel se rattache un peu au
Limousin; il est né sur les limites du Lot et
de la Gorrèze, et pendant quelque temps il a
été professeur au collège de Tulle.
CNote de la Rédaction^
(1) Louis Greil. Notes pour servir de supplément aux Fous
littéraires. — Sauveterre, Ghollet imprimeur, 1881.
(2) Louis Greil. Les Fous littéraires du Quercy. — Gahors,
Girma libraire, 1886. Tirage à part à 100 exemplaires.
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A.-M.-V. CLAVEL
Glavel, Alexandre-Malhieu*Victor, nacpiit le 22 sep-
tembre 1755, h MayraCi village de la commune de
Souillac. arrondissement de Gourdon, département du
LoL II fît ses premières études au collège de Gahors;
il alla ensuite étudier à Toulouse, et ce dut être un
bon élève et un précoce savant, car, en 1772. par con-
séquent à rage de 17 ans, il fut sous-professeur au
collège royal dudit Toulouse. £brsgu'il quitta cet éta-
blissement, il alla professer à Tulle et ensuite à Paris.
A Tulle il fit comiaissance avec Cabanis, qui Taida
de son crédit. A Paris il eut, paraît-il, des élèves qui
sont devenus célèbres; il en nomme uii certain nombre,
entre autres Talma, dont il dit : ^
A quatorze ana Talma,
Supérieurement devant moi déclama.
Clavel, qui avait Tesprit ciiangeaut, abandonna le pro-
fessorat, se fit recevoir médecin, puis entra dans Tad-
mioistration des Postes où il fut nommé vérificateur.
Gomme il a mené une vie très accidentée, nous n'énu-
mérerons pas toutes les situations où il s'est trouvé;
nous dirons cependant quil s'était créé sous Montmartre
un ermitage, auquel il avait donné le nom de Philomèlie'
d^HanrimontUi qu'en 1814 et 1815 les alliés le dévastèrent
et que cette dévastation a été un des plus grands cha-
grins de sa vie,
Clavel a publié deux petits volumes, dont voici le
titre général :
Enkiridiôn des mélanges Philosophiques^ Morati^ i Uihf^^^^^
et Politiques du phUantrope mmx eî^mite de *\m^^^^^'
d'HaurimofiU, mt bas de 3f ont martre; ûûûpiiisê ^ KW" ^^Mi
houspillé^ démoli, ruiné par les saints-alliés des ^ *- XM"^^^ ■ if ^^'
rentrés en iSi^ et 1815. Dédié aux improstiti^ ^\ \W^ ^nV^!^
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— 78 —
pur$, sincères amis des libertés publiques et des imprescrip"
tibles droits de tous les citoyens utiles à tous les bienfaits du
progrès vers les améliorations sociales que la presse indépen^
dante réclame chez tous les peuples au nom de l'égalité natU'
relie et civile. Analectes inédits^ ornés de vignettes^ d'une
planche en taille douce et de 2 portraits,
Paris^ chez l'auteur, rue du Bouloy, n** i2, et chez tous
les Marchands de Nouveautés littérai7*es, 183^^ 2 vol, in''î2.
Ces deux volumes sont un recueil de poésies de diffé-
rents genres, françaises et latines, de quelques pièces
en prose, datées de lieux et de dates divers, la plus
ancienne de l'année 1773, la plus récente de 1834, pagi-
nées séparément.
Au premier volume est jointe la planche en taille-
douce. Elle est de format in-folio, encadrée de deux
branches de laurier, d'attributs de médecine et de poésie ;
elle contient Tacrostiche des noms et des titres de Clavel.
Il s'y peint comme on va lire :
► u milieu du siècle dix-huit,
t^'an d'heur cinquante et cinquième,
Hn France, dans humble réduit,
>< romain double et deuxième,
>\x mois de septembre l'on dit,
^ommmé Mathieu, le neuvième,
Ou giron maternel sortit
^ ien il n'était quand il naquit,
tQt rien longtemps il fut de môme.
Sais à trois lustres accomplis
t> près avoir dans bonne éoole,
Hraduit, en langue de Paris,
Worace et le grec protocole,
hhI commenta Loke et Leybnis,
Wt s'affublant de mince étoffe,
dn peu se rendit philosophe.
-<îoyages sur terre et sur l'eau,
HiDSpections académiques,
«ultures, écrits de bureaux,
Hhé&tre, jeux, mathématiques.
Objet de l'art médicinal
Remplirent son destin fatal.
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f>mour fit longtemps son supplice,
-«Vainement il ne soupira :
t^uterpe assez lui fut propice;
t^a musique le consola.
d'une prétention frivole
Seureux de n'avoir point l'orgueil,
f>vare du temps qui s'envole;
cjn sage voit tout de môme œil.
{x^iant de toute alarme folle,
hhI ne connut jamais le deuil.
Mathieu de tout temps fit d|»môme ;
Oncques de rien ne i^uqHB
î2îom fameux, Puissance suPrême,
H résors, Naissance, Diadème,
cour rien son cœur ne se fixa.
O u sort en vain le dur caprice
Obstinément le tourmenta;
c^omptant pour rien son injustice,
Houjours tranquille il s'en moqua,
t^n bonne et sinistre occurrence,
Csant de ses droits de chevance,
{x^ien jamais ne l'inquiéta.
Wpicurien, franc stoïque,
Î25 arguant l'engeance séraphique,
Maudissant surtout les cagots;
t^nnemi du célibataire
Oont l'autorité mensongère
i^st la source des plus grands maux,
Contre l'odieux Fanatisme
H-il se déchaîna èans détour;
î^e crut qu'au vrai Patriotisme,
tQt «craignant Dieu, perdit le jour.
Composé à Paris, le 21 juillet i78o
Natus 22 sept, 1755, Mayraci.
Obiit die Mens. — An 183,., --•^
Nous croyons que Clavel n'a pas été
disant avoir composé cet acrostiche en
oisani avoir compose cet acrostiche en -^ ^^ g,
date, il lui était impossible de savoir toi^ "^O^ /^ or A
de M. ^V^v#^îî'
V
|.ç'
À
oogle
— 80 —
Parmi ses poésies il y en a de charmantes; quelques-
unes sont un tableau très réussi de la ville de Cahors;
d'autres une juste critique de certaines de ses mœurs
dans les trente premières années de ce siècle; mais nous
n'en citerons aucune, parce que nous nous sommes pro-
posés de faire connaître seulement les excentricités litté-
raires de notre auteur, qui a mis au commencement de
sa publication la préface suivante :
Très originale cédule
D'analectes introductifs
A prétenUon ridicule
De tirer un riche pécule
D'ingrédiens improductifs ;
Mais bous à dorer la pillule.
LECTEUR
AVENT-PROPOS? Fi-donc!
AVERTISSEMENT? Non.
D'opuscule cocasse
A franche dédicace
Il est urgent, dit-on,
Gomme paradicton,
De coudre une préface
En style de haut ton ;
Sans quoi Tauteur trépasse ;
De la lire on se lasse
Et Tœuvre du démon
Est la part de Pluton.
Gela peu m'embarasse
J'ai, pour y faire face,
Des sorciers le Daron,
Des devins le Patron ;
De sa large besace
Un rare échantillon
Qui n'est pas un Centon
A faire la grimace ;
Mais riche rogaton.
Trésor de paperasse
Qui du qu'en dira-t-on ?
Méprise la menace.
MÊME AU NOIR FEUILLETON
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— 81 —
Caméléons ! à bas : dans la rouille et la crasse
Rentrez. Au pilori reprenez votre place,
Ou plutôt à Bicôtre au cul d'un cabanon
Quoi qu'on dise et qu'on fasse
La voilà ma préface :
Bien qu'en prose, de ton,
De finesse et de grâce.
Même aux yeux du Parnasse,
Elle ne manque pas, et je dis : c'est du bon I
La prose de Glavel est aussi originale que sa poésie;
nous allons en donner un aperçu. Dans un opuscule de
12 pages qui a pour titre :
GargantiM.
, Panurge.
Gulliver.
Les Mirmidons
Progrès.
Statu quo.
Colosse.
Pygmée.
se trouvent des phrases dans le genre de celle-ci :
« Je connais la mystérieuse cache, inconnue des pro-
» fanes gobe-loups du fisc dévorateur des trois afifama-
» toires de Tutile travailleur prolétaire, cachette recelant
0 divers inappréciables rouleaux ficelés, carottés de dou-
D ble, métriques feuilles réservées de tabac, odorantes
» manoques de L. V , de cette majestueuse plante,
» originaire des climats babelliques aux temps fabuleux,
» ports déluviens, antérieurs de quarante révolutions hé-
» liotiques, séculaires pyramidales de la féconde Egypte,
» savante institutrice, par ses mages voyageurs de Noé-
» Bacchus, gai planteur du bois tortu, vignifère bien-
» faisant lait des vieillards comme nous , cylindres à
» la nanan dont je te ferai bonne, amicale, fraternelle,
» gratuite part plantureuse, si, dans les doctes recherches
n des phénomènes abstrus des sensations mères des idées,
» de Fintelligence et du jugement du canard bipède, rai-
» sonnable fou sans plumes, du cynique rouleur de tonne .
» demi-culiaire. Diogène, sage fou, qui, lanterne aXVoïttèe \
» en main, cherchait en plein midi un hoitxjvv , ♦tO^X" ^ V
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— 82 —
» vable comme chez nous, au sein des corruptions mi-
» nistérielles, secondées par leur co-partageans des turpi-
» ludes, exactions et larcins tolérés, avoués et préconisés
» dans les haut lieux des bassesses officielles, au moins
» autant qyx^ officieuses y si, dis-je, tu as pu te procurer
» le nichoir occulte de quelque vieux moulin proscrit
» par Tombrageux monopole nasical, toujours hérissé de
» procès-verbaux, de confiscations, d'amendes, d'arresta-
» tions pour fraudes et maltôtes inquisitoriales, dont
» nous devons très peu nous inquiéter, vu Toriginô
» sur-antique, indépendante du privilège oppressif et vil
» des agens fiscaux que nous pourrions bravement ren-
» voyer aux calendes grecques, voire même aux puans
» annotateurs éphéméridiques hébreux du Talmoud ra-
» binique, régulateur du Sanhédrin de la religion ma»
» trice des cultes extérieurs temporels, sinon spirituels,
» modèles inaltérés malgré les dislocations, les servi-
» tudes, les fléaux destructeurs, les années de vaines
» courses, d'apostasies, de massacres du peuple dlsraél
» sous la monarchique domination d'Allah, dans les brû-
» lantes solitudes sans issue du désert restauré par la
» manne céleste aux plaines immenses de la Mésopo-
» tamie avant la lointaine apparition de cette terre de-
» puis si longtemps promise, si poétiquement préconisée
» par la puissante voix d'Habacuc, des sublimes mora-
» lités du jeune Daniel , des admirables prédictions
» positives d'Isaïe, et les touchantes élégies du mélo-
D dramaturge antique Jérémie!!! »
Cette phrase est une des plus longues de la prose
de notre auteur, mais il y en a beaucoup d'autres qui
ne le sont pas moins.
Clavel a beaucoup voyagé; il a résidé à Cahors à
diverses époques; mais il a habité Paris plus longtemps,
et il y est mort en 1835 ou 1836. Il est douteux que
sa famille ait fait mettre sur sa tombe l'épitaphe qu'il
avait composée et que voici :
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^ 83 -
VŒU SUPRÊME
Au poids des aas
Quand pauvre vieillard siiccombei
Pieux parons
Dôivenl graver sur s& tombe
Ces mots toachans :
Témoins do Iriste hécatombe,
Prie^ pour ie ci-devant
MalhicM Ctoei, bon vivant,
Ami fidèle et fervcnti
Docteur pou médicïusuxt;
Mais qui rimailla souvent
Travailla péniblement,
Et mourut philosophant.
Pour adieux, hymne gaiment
Sur sa harpe modulant,
Lui-même il creusa sa tombe
Pleurs superflus !
SU laisse lorsqu'il y tombe,
El qu'il u'est plus,
L'exemple de ses vertus.
Béni soit par toi^ passant.
L'homme probe» là gisant,
Dont te cceur franc, obllgeautp
Simple, doux, compati ssaut.
Fléau de Tin tolérant.
Brava des erreurs la trombe.
Et, plus sage, en vieillissant,
Aux bienfaits reconnaissant,
Aima Dieu par sentiment I
Nous pensons que ce que nous venons de dire per-
mettra de juger le talent littéraire de ClaveL Ce ne fut
pas un monomane comme plusieurs de ses compatriotes,
ce n'était qu'un frondeur extravagant 1
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MEYHAC ET SON ABBAYE
ÉTUDES HISTORIQUES
CHAPITRE V
Gomment se percevaient les dîmes. — Les dîmes de la .paroisse
de Saint- Sulpice-les-Bois. — Turgot en Limousin. — La corvée.
— Les routes. — Ëtat de l'administration de la commune de Mey-
mac. — Organisation par Turgot d'un bureau de bienfaisance à
Meymac. — Luttes locales. — La disette de 1770. — Turgot vient
au secours des pauvres de Meymac. — Lettre de Turgot au roi
demandant des secours pour notre pays. — Fondations de la Gène
et de la Chandeleur. — Discussions. — Le grand Gonseil renvoie
les parties devant Turgot. — Le syndic des pauvres. — Mémoire
produit par le syndic. — Mémoire fourni par les religieux. — Le
!•' consul Treich. — Des Farges. — Mémoire présenté par les
consuls et annotations de M. Turgot. — Jugement rendu par
Turgot.
g I-
""^ PRÈS le partage des biens de Tabbaye, les
s4L abbés, ainsi que les religieux, continuèrent
®e^ à exercer rigoureusement leurs droits; mais
ces derniers ne s'éloignèrent pas, à l'exemple de
leur chef, du pays qui les enrichissait. Chaque
jour en contact avec les habitants, les moines
s'imprégnèrent de leurs habitudes, connurent leurs
besoins, et, par l'aumône qu'ils firent, par l'hos-
pitalité qu'ils donnèrent, par l'instruction qu'ils
répandirent dans toutes les classes, ils surent jus-
tifier jusqu'à un certain point les privilèges que
leur assurait l'ancien régime. Quant aux abbés,
pasteurs sans troupeaux, ils avaient rompu les
liens qui les unissaient autrefois au couvent, et
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Tautorité claustrale s'était concentrée entre les
mains du prieur, qui Texerçait sous la surveillance
et le contrôle du directeur général de l'ordre. Le
monastère avait été pour la ville de Meymac une
cause réelle de prospérité : les commerçants y
étaient nombreux; les artisans habiles jouissaient
d'un bien-être relatif; les listes des pauvres n'ac-
cusaient pas un trop grand nombre de malheu-
reux; par le fermage des dîmes presque toujours
concédées à des membres du tiers-état, la bour-
geoisie avait vu accroître et son aisance et sa for-
tune. Quant à l'instruction publique, elle était
libéralement distribuée puisque, déjà en 1726,
plus de deux cents habitants de la ville avaient
pu apposer leur signature au bas d'une requête
présentée au conseil du roi par la communauté,
à l'occasion du procès des moines.
L'usage d'affermer les dîmes n'avait pas peu
contribué à rendre leur perception odieuse et dif-
ficile. Obligé de livrer à l'abbé et aux moines
de l'argent ou du grain, le fermier, pour se cou-
vrir des frais et pour réaliser un bénéfice, usait
souvent d'arbitraire et se montrait toujours ri-
goureux dans l'exercice de son droit. De là des
difficultés et des contestations nombreuses. La
défiance instinctive qu'a toujours eue le paysan
contre l'habitant des villes a pour cause le sou-
venir de l'ancienne oppression qui pesa jadis sur
l'habitant des campagnes, presque seul astreint
à la dîme, soumis à la corvée et aux dilapida-
tions des anciens seigneurs et des gens de guerre.
Mais le paysan appartient à une forte et vigou-
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rCÏU^^ llVU^y If ^191» 1 U1#I1.1IA11? UU 19(#l|
par tous les sentiments. La rigueur du climat ^
les peines de la vie, le travail infécond, rien ne
rebute sa constance; il a Tespoir, et dans le grain
qui germe et dans Theibe qui croltj il reconnaît
la main du céleste ouvrier. Son corps s'est en-
durci sous les feux du soleil; son cœur s'est Ibr-
tiûè au contact de la souffrance; il ignore le
doute et ces désirs non satisfaits, ces désespoirs
sans fin qui s'imposent comme une torture au
cœur des élus d'une civilisation plus raffinée. Les
émotions chex lui sont passagères; il est étranger
aux élans généreux de Tàme qui engendrent les
grands sacrificest car, meurtri depuis des siècles,
il se défie de la fortune; mais sous cette rude
enveloppe rintelligence vit; seul de nos jours il
s'enrichit par Tépargno, il sait maîtriser ses désirs,
il sait plier sans rompre et parait moins compter
sur la violence que sur le temps pour atteindre
son but : la possession du sol.
Pour bien juger d'une époque il faut en con-
naître les usages, de môme que pour apprécier
le mérite et la portée d'une institution il est né-
cessaire de saisir sur Ui vif les moyens pratiques
qui servent à la faire fonctionner et les consé-
quences qui en découlent. Nous savons déjà ce
qu'était la dlme, sur qui en retombait le povAâi
à quels privilégiés elle était due. Il nou^ .^^ie
à indiquer le mode d après lequel elle él^* ^^
çue, et quelques-unes des ditficultés auxcj^^ W ^^v
perception donnait naissance. ^vwtv^"^
Cet impôt ecclésiastique grossissait souv,
mesure les revenus de certains hauts dignitaires
de rÉglise et des titulaires de grandes abbayes,
tandis qu'il laissait dans la pauvreté, quelquefois
même dans la misère, le prêtre des paroisses où
la population était rare et la culture négligée.
Ne recevant de TÉtat aucune subvention, le curé
de village en était réduit à son casuel, à quel-
ques sacs de blé ou à des rentes minimes, pro-
duit de pieuses fondations, et tout était subordonné
aux conditions climatériques, aux sentiments reli-
gieux des paroissiens, à leur aisance ou à leur
misère, à leur bon ou à leur mauvais vouloir.
De nos jours, la situation du clergé inférieur est
plus indépendante, son existence est mieux assurée
et son autorité morale plus complète.
La grosse dîme, ou dlme de grain, était qué-
rable : Le paysan prévenait le décimateur que la
récolte était coupée, que la gerbe était liée, pour
qu'il vînt prélever son droit. Ce dernier alors se
rendait au champ, et sur chaque tas de dix gerbes
il en choisissait une. Si la dîme était affermée,
il en était donné avis au prône de la paroisse
pendant les trois dimanches qui précédaient la
moisson, et les assujettis étaient autorisés à se
libérer entre les mains du fermier qu'on leur dé-
signait. Mais comme le producteur ne pouvait
rentrer sa récolte avant la perception de la dîme,
il se trouvait soumis au bon plaisir du collecteur,
et souvent, par la négligence de ce dernier, les
grains et les pailles s'avariaient dans les champs
à la suite de pluies ou d'orages. Le laboureur
opérait-il l'enlèvement de sa récolte avant la per-
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-^ 90 —
Les tenanciers obéissent à cette sommation et
répondent qu'il est vrai que chacun d'eux a
fermé ses gerbes de blé-seigle et n'avoir cru
être tenu d'appeler le dit seigneur, prieur ni
ses préposés, qu'ils sont en usage de les fer-
mer, dont ils offrent de coniÀ/nuer le paie-
ment, au moyen de quoi ils n'entendent déli-
vrer aucune dime ni la présente année, ni
celles à venir. A la suite de cette réponse le
prieur proteste, un procès-verbal est dressé, une
instance s'engage, et les habitants de Seringoux
sont condamnés à payer la dîme.
Les conflits de cette nature étaient fréquents,
et toujours apparaissait chez le décimateur la
ferme volonté de faire triompher son droit en
la forme et au fond, tandis que le cultivateur
essayait de le transformer et de le convertir en
une redevance en argent qu'il consentait à payer.
On peut juger par là des désirs de chaque partie
et du but opposé que l'une et l'autre voulaient
atteindre. Ces aspirations diverses peuvent se ré-
sumer en deux mots : l'émancipation du sol ou
son asservissement.
Des contestations d'une autre nature naissaient
à l'occasion de la perception des dîmes, et sou-
vent les habitants d'un même village se trou-
vaient en présence de plusieurs prétendants, qui
tous réclamaient le même droit. Les faits de ce
genre sont nombreux; nous nous bornerons à en
citer un seul.
Le 15 novembre 1760, M. Bernard Lachaze, curé
de Saint-Germain-la-Volps, se rendit, assisté d'un
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— 91 —
notaire, au village de La Combe, dépendant du
prieuré d'Endevaisse, dont le titulaire était encore
un moine de Meymac, pour faire sommation à
Antoine Cloup, à Léger Couzelas et à Léonard
Tridoux, de lui délivrer la dîme du froment, du
seigle, du blé noir et de l'avoine qu'ils avaient
pu récolter dans le tènement de La Chassagnole,
paroisse de Saint- Germain-la- Volps. Les tenanciers
répondirent qu'ils ne reconnaissaient pour sei-
gneur de leur village et de ses dépendances
que le prieur d'Endevaisse, entre les mains du-
quel ils ont coutume d'acquitter chaque année
la dîme, et qu'ils la refusent au curé{i).
Enfin voici un dernier fait relatif aux tendances
qu'avaient certains décimateurs de se substituer;
il est extrait des registres de l'état-civil de la
paroisse de Saint-Sulpice-les-Bois, où sont rela-
tées les acquisitions successives faites par le curé
de cette paroisse. Ce document est l'œuvre de
M. Malpertuis, vicaire; il porte la date du 18 oc-
tobre 1779; nous en donnons la copie textuelle :
a Duchassaing se démit en 1763 de la cure de Saint-
Sulpice en faveur de M. Mary, de Meymac, qui était
pour lors curé de Monestier-Merlines, et qui n'était pas
même son parent, pour la pension annuelle de 300 livres.
Ce Mary en prit possession au mois de mai, je crois, le
10 de la susdite année. M. Duchassaing se retira à Mey-
mac, où il mourut cinq à six ans après sa retraite. Des
(1) Cet acte est le seul où soit mentionné la dîme du blé noir;
nulle part ailleurs il n'a été question de ce produit. Le procès-verbal
est du 15 novembre 1760, reçu Lespinasse. En 177C les parties plai-
daient encore devant le Parlement de Bordeaux.
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— 92 —
raisons particulières Tobligèrent à quitter son curé; il
s'approchait cependant de soixante-cinq ans quand il le
quitta. On peut dire que c*est lui qui a fait ce bénéfice;
auparavant il était un bénéfice commun. Il réunit à la
dîme qu*il avait de toute la paroisse celle de la moitié
du village de La Rigaudie où Ton emporte la paille,
compris les agneaux qui appartenaient autrefois à la
commanderie de Bellechassagne.
Voici comment il a pu s'emparer d'un droit qui était
à la commanderie bien incontestablement, c'est que deux
ou trois de ses prédécesseurs avaient toujours affermé,
mais seulement de parole verbale, ces dîmes de La
Rigaudie et du tènement susdit des fermiers de ladite
commanderie. Ce Monsieur refusa de remplir les con-
ventions de ses prédécesseurs, ignorant qu'ils en eussent
fait aucune; il y a procès. Les tenanciers furent assi-
gnés à déposer qu'ils n'avaient jamais vu d'autre déci-
mateur que leur curé, et cela paraît être vrai, ce qu'ils
affirmèrent. Ainsi M. le curé fut maintenu par là dans
sa possession. Il est cependant sûr que la commanderie
en avait joui auparavant.
Il a aussi exclu les Bénédictins de Saint-Angel pour
un certain usage où ils étaient, de prélever sur le corps
du village de Cisterne six setiers par an de dîme. Je ne
sais comment il s'y prit. Il a aussi fait la convention
qui subsiste encore, avec les Bénédictins de Meymac,
de recevoir d'eux soixante livres tous les ans pour la
desserte de Freyte, sans comprendre le casuel. Ainsi il
a rendu cette cure maîtresse de toutes les dîmes ordi-
naires et en a fait une cure fort gracieuse; mais il eut
le malheur de n'en pas jouir à son gré »
L'impôt de la dîme, en garantissant au clergé
certains revenus annuels, lui donnait une grande
influence sur les populations rurales. Avec ce titre
de créancier perpétuel et de co- partageant, il pou-
vait contrôler tous les produits de la terre, faire
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— 93 -
sentir son action incessante et sinitier à tout.
Ce droit, consacré par Tusage, par la loi et par
la religion, était représenté comme supérieur à
tous les autres, et devant son application, le
châtelain slnclinait aussi bien . que le vassal.
Cependant on ne peut se dissimuler que les
vexations imposées par les intermédiaires, régis-
seurs ou fermiers, rendirent odieuse la perception
des dîmes, et qu'à chaque saison nouvelle le
laboureur maudissait des usages et des abus dont
tout le poids retombait sur lui. Pour abolir ces
vieilles coutumes, pour briser ces liens séculaires,
il fallait une révolution sociale; elle eut lieu,
elle fut terrible et souvent implacable dans ses
colères.
§11
Les causes qui avaient contribué autrefois à
fonder la fortune des monastères avaient disparu
longtemps avant le xviii' siècle, qui devait em-
porter la royauté absolue et briser sans retour
Fancien édifice social. On sait le triste état de
la France vers les dernières années du règne de
Louis XV, de ce roi fatigué de plaisirs qui laissa
tomber sa couronne aux pieds d'une courtisane,
la fille Vaubernier, devenue comtesse Du Barry.
La noblesse, en général, n'était pas hostile au
mouvement des idées philosophiques; la disso-
lution des parlements avait interrompu le cours
de la justice, les finances étaient en désarroi,
l'autorité de la religion était amoindrie, le peuple
mourait de faim sous l'étreinte cruelle du pacte
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— 94 —
de famine, et rien ne pouvait faire revivre une
société démoralisée, chancelante, dont toutes les
croyances étaient ébranlées. Cette époque, néfaste
à plus d'un titre, vit cependant surgir un homme
d'État, un philosophe, dont les idées, si elles
eussent été appliquées et mieux comprises, au-
raient inauguré un régime nouveau et transi-
toire entre le passé, qui s'en allait, et l'avenir,
qui voulait naître. Cet homme est Turgot. Sa
retraite, sous le règne de Louis XVI, fut un
malheur pour la royauté qui sombra, pour la
Révolution, dont la marche immodérée tacha de
sang la France, et pour la société qui n'était
pas prête à supporter toutes les réformes qui
lui furent imposées.
Parler de Turgot, en écrivant une étude sur
Meymac et son abbaye, parait être un hors-
d'œuvre; mais l'amour que nous avons pour la
vérité historique nous en fait une loi, car bientôt
nous le verrons mêlé aux actes de l'adminis-
tration locale; et puisque ses bienfaits et son
nom sont gravés dans nos annales^ nous ne
pouvons passer sans mot dire et sans nous in-
cliner devant ces souvenirs.
Anne -Robert -Jacques Turgot fut nommé, en
1761, intendant de la généralité de Limoges. Il
appartenait à une famille dont plusieurs mem-
bres avaient occupé de hautes fonctions adminis-
tratives (1); il n'interrompit point cette tradition.
(1) Son père, Michel-Etienne Turgot, avait été conseiller d'État
et président du grand Conseil du roi. Son aïeul avait exercé les
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— 95 —
La généralité de Limoges comprenait trois pro-
vinces : le Limousin, TAngoumois et une partie
de la Marche. M. Turgot fit donc son appren-
tissage d'administrateur pratique au milieu de
populations inconnues, oubliées, et c'est en par-
courant lui-môme les contrées les plus désertes
qu'il conçut les projets des routes que nous pos-
sédons aujourd'hui; c'est en visitant les chau-
mières du pauvre, les hameaux et les villages
qu'il apprit à connaître les souffrances du peuple
et qu'il songea aux moyens de les adoucir.
M. Turgot fut nommé intendant de la géné-
ralité du Limousin à l'âge de trente-quatre ans,
époque de la vie où l'ardeur de la jeunesse est
tempérée par la raison, qui se fortifie et se com-
plète au maniement des grandes affaires. Son
élévation à cette dignité fut un événement heu-
reux pour notre province, dont la réputation de
pauvreté, d'ignorance et de misère était prover-
biale, et en assumant les charges de l'adminis-
tration, le nouvel intendant, malgré son énergie,
éprouva du doute pour le succès de son entre-
prise. Cette première impression fut passagère;
le jeune magistrat prit confiance en voyant ces
populations aux mœurs douces, honnêtes, rési-
gnées. Sa volonté se roidit, il l'opposa aux obs-
tacles, et son cœur eut pitié de tant d'ignorance,
de tant de misère. Ce dernier sentiment de Tur-
fonctions d'intendant des généralités de Metz et de Tours. Turgot,
intendant du Limousin, avait été d'abord maître des requêtes au
Conseil du roi.
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— 96 —
got pour les habitants du Haut-Limousin, et qui
implique Tidée d'un ardent amour de justice,
nous tenons à le mettre en relief parce qu'il
lui donna la force, le dévouement et l'autorité
nécessaires pour soulager de grandes infortunes,
amoindrir l'effet des disettes, relever les courages
et rendre cette province presque l'égale des plus
heureuses et des plus favorisées.
Dès son arrivée à Limoges, Turgot voulut être
renseigné sur l'état de sa généralité, sur les faits
agricoles, scientifiques ou économiques, et il
s'adressa aux curés des paroisses en leur disant
a qu'ils pourraient rendre de grands services aux
arts et à l'agriculture, puisque seuls ils étaient à
portée de faire une foule d'observations qui échap-
paient inévitablement aux habitants des villes
En attendant, c'est d'eux qu'il compte obtenir
les renseignements pour rendre une justice plus
exacte. Il les invite à lui faire connaître ce qu'ils
croiraient de nature à l'éclairer dans l'intérêt
d'une administration qui ne veut que le bien,
et qui le veut dans toute l'étendue possible. Il
les prie de lui signaler les événements considé-
rables qui pourraient se produire, les maladies
contagieuses,.... et de lui faire parvenir directe-
ment les requêtes de leurs paroissiens afin de
leur épargner les frais de déplacement et la perte
d'un temps précieux. »
Le peuple des campagnes était alors traité avec
rigueur; les gouvernants s'appuyaient sur la force
pour être obéis, et Turgot, en se préoccupant
des intérêts du plus grand nombre, en prévoyant
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— 97 -
leurs besoins, voulait associer l'autorité de fait
qu'exerce le pouvoir, à l'autorité morale qui lui
est indispensable pour inspirer la confiance et le
respect. Ses réformes administratives, si l'on tient
compte de l'esprit qui présida à leur inaugura-
tion, eurent en général le caractère de réformes
sociales et tendirent à relever le peuple de son
état d'infériorité par l'instruction, par une répar-
tition plus équitable des charges publiques, et
par l'émancipation du travail et de l'industrie.
Au lieu de la misère il voulait voir le bien-
être répandu dans les masses, car l'une de ses
maximes favorites était : Ce qui enrichit Vin*
dividu enrichit également l'État.
Connaissant tous les abus que faisait naître la
perception des tailles dans les campagnes, Tur-
got cherche à les prévenir, et de nouveau il
s'adresse aux curés et les prie d'informer leurs
paroissiens qu'ils ne sont obligés de rien payer
à titre de frais que sur présentation d'une taxe
faite par le subdélégué de l'intendant. Il les
charge aussi de les instruire de la manière dont
ils doivent s'y prendre pour faire réformer les
erreurs qui pourraient se glisser dans leur cote
de taille Il leur recommande instamment la
propagation de l'instruction populaire, a Cet excès
d'ignorance dans le peuple, dit-il, me parait un
grand mal. J'exhorte MM. les curés à s'occuper
des moyens de répandre un peu plus d'instruc-
tion dans les campagnes, et à me présenter ceux
qu'ils jugeront surtcwftt efficaces pour y parvenir. »
Enfin, dans les nombreuses instructions qu'il
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— 98 —
adresse à ses subdélégués, il ne cesse de leur
recommander de recueillir tous les faits qui peu-
vent se produire sous le rapport agricole, com-
mercial et industriel, de lui fournir des états
statistiques, d'intéresser à Tadministration les per-
sonnes les plus marquantes de chaque localité,
de s'entourer du concours de tous afin de trouver
un remède aux maux qui existent, aux abus qui
se commettent et qu'il entend réprimer.
Tel est le début de Turgot dans la carrière
administrative. Avant d'agir il veut connaître;
dès qu'il voit le mal il le signale; il groupe
les faits, il les classe et procède ensuite aux ré-
formes qu'il juge convenable d'appliquer. L'im-
pôt, la corvée et les travaux publics; l'agricul-
ture, le commerce et l'industrie; la disette et la
bienfaisance préoccupèrent son esprit, et, sans
ressources extraordinaires, par sa seule autorité
morale, par la puissance de sa volonté, il put
résoudre ces questions et transformer les pro-
vinces de sa généralité.
Ses idées, en matière d'impôt, différaient de
celles qui sont admises de nos jours, car, dans
son opinion, il ne devrait y avoir qu'un impôt
unique, l'impôt foncier. Mais en cette matière,
tout est subordonné aux faits existants ou pro-
chains. Quel était alors l'état de la France? Le
sol était divisé en terres nobles et en terres non
nobles, et les hommes étaient classés comme le
sol. Les premières étaient exemptes de charges,
et les secondes devaient l'impôt. L'établissement
d'un impôt foncier égal pour tous aurait constitué
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- 99 -
une réforme sociale, puisque Tapplication de ce
système, en effaçant Tinégalité territoriale, pla-
çait au même rang tous les détenteurs du sol,
et, en leur donnant des droits égaux, leur im-
posait les mêmes devoirs et les soumettait aux
mêmes charges.
Turgot repoussait en principe les taxes indus-
trielles et il avait raison, car, à l'époque où il
vivait, l'industrie était à peine née, et au lieu
d'entraves il lui fallait des encouragements. Du
reste, la manière dont il envisageait cette ques-
tion était spécieuse, et si l'on n'avait à tenir
compte des nécessités financières qui s'imposent
aux États, des règlements adoptés par les autres
nations, du prix de la main-d'œuvre ou des ma-
tières premières, on serait tenté de partager son
avis, fût-on même peu partisan du libre-échange.
« L'homme industrieux, disait-il, n'a pour ca-
pital que son travail; forcé par les taxes d'aban-
donner une partie de son profit, il fera payer ce
travail plus cher ou consommera moins, et le pro-
priétaire du sol perdra plus qu'il n'aura gagné. »
Ce raisonnement parait irréprochable, si on met
uniquement en présence le produit du travail de
l'artisan d'une ville avec le produit du proprié-
taire de la même ville, et c'est en ce sens que
l'entendait Turgot, puisqu'il exprimait cette idée
à l'occasion des taxes locales et en s'adressant à
ses subdélégués.
La routine, voie commode et facile où s'exerce
le cœur; le laisser-aller, ennemi complaisant du
progrès; la violence, qui trop souvent est la
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— 100 -
raison du plus fort, répugnaient également à son
esprit. Il réformait sagement les abus; il inno-
vait avec prudence, et au lieu d'imposer sa vo-
lonté par la menace, il cherchait à voiler son
pouvoir et à convaincre : il arrivait au succès
par la persuasion et par la confiance qu'il savait
inspirer. Il exigeait de ses subordonnés Tappli-
cation des règles qu'il s'imposait à lui-même, et
dès qu'il leur trace la ligne de conduite qu'ils
doivent tenir vis-à-vis des plus pauvres, il leur
écrit ces mots que tous les agents de l'autorité
devraient avoir gravés dans la mémoire : a Je
ne puis trop vous prier de travailler, de con-
cert avec moi, à inspirer confiance au peuple,
non-seulement en rendant une exacte justice, mais
encore en traitant les paysans avec douceur, en
vous préoccupant de leurs intérêts, de leurs be-
soins, et en me mettant à portée de les soulager. »
Au mérite de l'homme d'État éminent, M. Tur-
got savait allier les plus nobles qualités du cœuj:*.
Comme tous ses actes portaient l'empreinte d'une
haute raison et d'un dévouement absolu à ses
devoirs et à sa province, il était infatigable dans
ses démarches, obstiné dans ses réclamations et
n'éprouvait ni lassitude ni répugnance à solli-
citer de l'État, en faveur des contrées les plus
malheureuses de sa généralité, des dégrèvements
d'impôt ou des secours en cas d'épizooties, de
grêle, de gelée, de sécheresse, d'inondation ou
d'incendies. Les demandes de cette nature, qu'il
adressa au gouvernement durant son séjour à
Limoges, s'élevèrent à- six millions deux cent
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— 101 —
cinquante mille francs. Il obtint trois millions,
deux cent quatre-vingt-un mille trois cent cin-
quante-sept francs. Ce succès légitime est unique
sans doute dans les annales administratives de
répoque (1).
La corvée imposée aux classes les plus pauvres
attira naturellement l'attention de cet esprit sé-
rieux, qui savait soumettre à une rigoureuse ana-
lyse toutes les questions se rattachant de près
ou de loin aux réformes utiles et au bien-être
du peuple. Il existait, au xviii* siècle; deux es-
pèces de corvée : Tune imposait aux habitants
des pays traversés par des corps de troupes,
l'obligation d'effectuer les transports militaires;
l'autre les assujettissait à exécuter les travaux
d'ouverture et d'entretien des routes.
La première de ces charges engendrait les plus
révoltants abus : injures, mauvais traitements,
spoliation violente étaient imposés aux habitants
des campagnes par une soldatesque brutale, qui
les considérait comme taillables et corvéables
à merci,
La seconde, quoique moins impopulaire peut-
être, était subie plutôt qu'acceptée. L'éloigne-
ment de la famille, la suspension des travaux,
les peines encourues en cas d'absence, le défaut
d'intérêt immédiat transformaient ce devoir en
une lourde servitude pour ceux qui y étaient
soumis. Pour mieux faire apprécier cette ancienne
pratique, nous donnons la formule d'un ordre de
(1) Les chiffres que nous indiquons sont exacts et officiels.
\
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— 102 —
corvée aux habitants de Gentioux, paroisse de la
Marche située sur les limites du Limousin :
« De par le roi, il est ordonné au syndic de la pa-
roisse de Gentioux de commander et conduire lui-même
le 3 du mois de novembre 1767, au matin, sur la grande
route de Clermont à Limoges, au lieu dit Felletin (la
distance de Gentioux à Felletin est d'environ 30 kilo-
mètres), tous les manœuvres de la paroisse, avec pics,
peUes, pioches, bêches, hoyaux et autres instruments
dont ils se servent pour remuer la terre, pour travailler
à la confection de la grande route, et faire la tâche
qui leur sera donnée par le sous-ingénieur, auquel ils
obéiront
Enjoignons au syndic de remettre, en arrivant, une
liste exacte de tous les manœuvres de sa paroisse et de
se conformer à nos ordonnances sous les peines y por-
tées. Le syndic répondra en son propre et privé nom des
outils qui seront prêtés à la paroisse, s*il y en a de
perdus ,
Le syndic est prévenu de ne se charger, en argent
ni en nature, de la tâche d'aucun corvéable sous tel
prétexte que ce soit, sous peine d'être puni rigoureu-
sement
Et tous les habitants doivent être prévenus qu'ils ne
trouveront sur les ateliers aucun entrepreneur de tâches,
et que ceux qui ne voudront pas travailler par eux-
mêmes seront tenus de conduire l'ouvrier par lequel ils
voudront se faire remplacer, sous peine d'être punis
comme manquants.
15 septembre 1767.
L'Intendant de la généralité de Moulins,
Signé : Dupont (1).
(1) Turgot avait aboli la corvée dans sa généralité, qui no com-
prenait qu'une partie de la Marche. Les lieux indiqués plus haut
dépendaient de la généralité de Moulins.
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— 103 —
Ces rigueurs, auxquelles nul ne pouvait se sous-
traire même à prix d'argent, jetaient le trouble
dans les paroisses, alarmaient les familles et
froissaient tous les intérêts. Empreintes du vieil
esprit féodal, elles mettaient au rang des bêtes
de somme une classe nombreuse qui donnait
à la société son travail manuel, pour laquelle
on était sans pitié, et qui ne devait espérer
dans l'avenir aucune réhabilitation, aucun chan-
gement à sa destinée. Turgot, qui avait à cœur
de détruire les abus, d'établir l'égalité territoriale
et civile, sans secousse et pacifiquement, abolit
la corvée dans la généralité de Limoges; et pour
ne pas laisser en souffrance les grands intérêts
de l'État, que cette mesure pouvait atteindre, il
substitua au mode d'exécution directe le mode
d'entreprise, et fit exécuter les transports mili-
taires et les travaux des routes par des entre-
preneurs spéciaux, aux frais de la province. On
ne vit plus, en Limousin, ces troupeaux d'hommes
poussés par les syndics des paroisses, franchir
de longues distances, souffrir de la faim et du
froid, sans abH pour reposer leur corps, aller
remplir leur tâche servile. Turgot fit le travail
libre; il accomplit une réforme sociale utile à
l'agriculture, à l'État, aux populations.
Les projets de Turgot quant à la direction
des routes, destinés à répandre le progrès agri-
cole et commercial dans sa généralité, furent si
habilement étudiés que rien de plus parfait n'a
été conçu depuis cette époque. Les conditions
économiques se sont modifiées; un nouveau et
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— 104 —
puissant moteur a transformé Tart de la loco-
motion; rimpossible est devenu réalisable,, et ce-
pendant les jalons qu'il a posés sont debout et
peuvent résister aux critiques, parce que ses idées,
basées sur la justice, étaient vraies et qu'elles
reposaient sur une profonde connaissance des in-
térêts généraux et du besoin des populations.
Nous ne parlerons pas de tous les travaux pu-
blics dont il conçut les plans ou qu'il fit exécuter
dans sa généralité; bornons-nous à ceux qui con-
cernent notre pays, et n'oublions pas que nous
lui devons les routes de Paris à Toulouse, de
Lyon à Bordeaux, de Limoges à Bort et de Tulle
à Aubusson, qui toutes traversent le territoire de
la Corrèze. S'agissait-il de choisir une direction,
au désir de bien faire il joignait une activité
merveilleuse : lui-même il visitait les lieux, cor-
rigeait et amendait les projets; il se rendait
compte des besoins à satisfaire, des intérêts à
sauvegarder, et donnait toujours à une œuvre
locale un but d'utilité publique. Les faits sim-
ples, les détails minutieux, rien n'échappait à son
appréciation, car, afin d'assurer l'entretien et la
sécurité des routes, il les dota de cantonniers
chargés de surveiller une distance de trois lieues.
En agriculture, Turgot professait les mêmes
idées que Sully et disait : a Le pâturage et le
labourage sont les deux mamelles de l'État. » Le
développement du progrès agricole fut sa cons-
tante préoccupation, et, dans les réformes qu'il
introduisit à l'occasion de la perception de l'im-
pôt, de la corvée et de l'exécution des routes.
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— 105 —
il eut en vue Tintérôt de cette classe nombreuse
d'hommes, dont le labeur journalier fournit les
objets nécessaires à la vie de tous. Du reste, là
ne se bornèrent pas ses efforts; et entrevoyant
déjà l'influence que devait avoir sur les produits
agricoles la production des fourrages, il introduisit
dans sa généralité la culture des prairies artifi-
cielles, fit des distributions gratuites de graines,
et mit chaque année au concours, pour les faire
discuter, les questions qui dans cet ordre d'idées
lui paraissaient utiles et pratiques.
Ce résumé suffit à faire connaître le caractère
élevé et la haute intelligence de Turgot. Par
hasard, dans un coin ignoré de la Corrèze, nous
avons trouvé la trace des pas de cet adminis-
trateur éminent; ses actes sont sous nos yeux;
la preuve de ses bienfaits existe depuis son dé-
part. Depuis un siècle, condamnés à l'oubli, nous
devons encore nous montrer reconnaissants et sa-
luer la mémoire du grand homme qui nous fit
du bien(l).
§ III
Une lettre du 9 novembre 1731, émanée du se-
crétaire des commandements du prince de Rohan
de Ventadour, seigneur de Meymac, indiquera en
peu de mots, et mieux que pourrait le faire une
copie des délibérations municipales, l'ancienne or-
(1) Depuis que ces lignes sont écrites, le déparlement de la Cor-
rèze est traversé par plusieurs lignes de chemins de fer, et les
désirs manifestés par Turgot se trouvent aiMi réalisés.
T. IX. i-ô
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— 106 —
ganisation administrative de la ville. Cette lettre,
que nous reproduisons textuellement, est adressée
à rintendant de la généralité de Limoges :
« Monseigneur le prince de Rohan, auquel j'ai commu-
niqué la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire
au sujet du consulat de Meymac, me charge, Monsieur,
de vous témoigner sa très sensible reconnaissance de vos
attentions pour lui.
» Permettez-moi de vous observer qu'il est en posses-
sion de nommer chaque année, pour consul de Meymac,
tel sujet que bon lui semble dans le nombre des douze
qui lui sont présentés par l'assemblée de ville, en trois
classes différentes, dont l'un est premier consul et l'autre
second. Sur la part qu'il donne de ce choix, l'assemblée
nomme les troisième et quatrième consuls. Ce droit est
nécessaire pour le maintien de l'autorité seigneuriale que
les corps de ville s'attachent d'exercer le plus qu'ils
peuvent.
» Auparavant la création des mains en titre d'ofBce,
le juge du prince recueillait les voix en assemblée de
ville, conjointement avec le premier consul en place. Ce
juge s'est abstenu de cette prérogative à l'établissement
des maires; mais justement, après leur suppression, il
a repris l'ancienne possession. Tel est l'usage constant
dans toutes les provinces de droit écrit où le prince a
des terres, même en Artois, et à l'égard de son droit de
choix, il en a toujours été et en est actuellement en
pleine possession.
» Il vous sera très obligé. Monsieur, si vous voulez
bien n'y pas donner atteinte »
On retrouve en effet, sur les anciens registres
de la commune de Meymac, la transcription de
l'ordonnance annuelle du seigneur, conférant les
fonctions de premier et de second consul à deux
habitants notabl«| présentés par l'assemblée de
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— 107 —
ville, et qui prêtaient serment entre les mains
du juge de la châtellenie ou du procureur le
plus ancien. Pendant le xviii* siècle, ces assem-
blées de ville laissèrent elles-mêmes tomber en
désuétude le droit qu'elles avaient de nommer
les troisième et quatrième consuls, et, par le
fait, le pouvoir exécutif de la commune ne fut
exercé que par le premier ou le second consul.
Ce renouvellement annuel du premier magistrat
de la cité devait nuire à l'esprit de suite qui
doit caractériser les actes de tout administrateur;
il était aussi un stimulant, trop vif peut-être,
pour ceux qui ambitionnaient les honneurs mu-
nicipaux; mais ces inconvénients étaient en par-
tie corrigés par la faculté qu'avait le seignem^
de maintenir en charge les anciens titulaires,
faculté dont il usait souvent.
Avant l'édit de 1767, les assemblées de ville
se composaient de tous les habitants, qui avaient
le droit d'exprimer leur avis et de prendre part
aux délibérations. Après cet édit, le corps de ville
fut représenté par six notables et trois conseillers
seulement. Comme chefs de la commune, les con-
suls délibéraient avec l'assemblée, ils faisaient exé-
cuter ses décisions, ils prenaient des arrêtés de
police et infligeaient des amendes aux contreve-
nants. Ils percevaient les revenus communaux et
acquittaient les charges de ville à peu près sans
aucun contrôle de la part de l'autorité centrale
et supérieure. Cette liberté sans correctif dans
l'emploi des deniers publics, loin d'être une sau-
vegarde, exposa certains consuls 4 des critiq^^S)
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— 108 —
à des soupçons immérités sans doute, mais qui
laissèrent une tache sur leur vie.
Le mode de perception des impôts était le plus
vicieux de tous les systèmes qu'on pût appliquer.
A tour de rôle, un habitant de chaque paroisse
était désigné pour remplir le rôle de collecteur
responsable; et, si dans Texercice de cette charge
il échappait à la ruine en pressurant les con-
tribuables, le plus souvent il y perdait Thonneur.
Cette organisation vicieuse du recouvrement de
l'impôt, compromettante pour les intérêts de
rÉtat et pour ceux des particuliers, ne put
échapper à Tiu'got, qui jeta dans sa généralité
le germe de l'institution des percepteurs en réu-
nissant plusieurs paroisses en agrégations sou-
mises à un agent salarié, qui seul y percevait
la taille.
Les divisions administratives ne ressemblaient
pas à celles qui existent de nos jours. Au bas
de l'échelle était la commune; plus haut l'ad-
ministration provinciale, placée sous la direction
d'un intendant, dont l'autorité s'étendait sur plu-
sieurs provinces réunies qui prenaient le nom de
généralité. Afin de faciliter les services publics,
chaque intendant divisait les provinces en sub-
délégations, origine des arrondissements actuels.
Les titulaires d'une subdélégation portaient le
nom de subdélégués; ils étaient désignés par
l'intendant, et leur mission principale consistait
à faire exécuter ses ordres et à lui indiquer les
besoins et les vœux des populations.
Meymac fut érigé en subdélégation le 6 juillet
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i770j et les habitants peuvent regretter que les
anciennes subdélégations ou divisions adminis-
tratives formées par Turgot n'aient pas été main-
tenues ^ malgré les efforts qui furent faits, car,
au lieu d'être un chef-lieu de canton, cette ville
potuTait avoir le titre de chef-lieu d'arrondis-
sement (i).
L'organisation administrative actuelle de la
France n'est pas le produit spontané de la Ré-
volution, elle est Tœuvre du temps, de Texpé-
rîence et de la nation elle-même qui a compris
que, sans unité administrative, Tunité nationale
n*était qu'un rêve. De ce besoin d'unité est née
la centralisation qui, par ses mille liens, rat-
tache à rÉtat la commune et le département.
Ce puissant mécanisnie, qui dispose aujourd'hui
d'instruments invisibles, produits merveilleur de
la science, nuit sans doute au mouvement, à la
liberté d^allures des divisions administratives in-
férieures, mais leurs intérêts privés et ceux du
pays en général ne peuvent en souffrir, parce
(I) La subdélégation do Meymac se composait des paroisses dont
les noms auîrent ; Meymàc, Ambrugcac* Barsanges^ Cdavatix,
Combressol, Darnels, Davignac, Le Bos (enclave de aaiat*Setiers)|
Malpouge (enclave de Sornac), Maussac, Minevaches, N6gariouj£
(enclave de Peyrelcvade), Peret, Peyrel évade, Baint-Setieràj Saint-
Dionis, 8aiût-Germain*la-Yûlps, Saint-Germain-le*Lièvr©, Baint-
Merd'lea^Oussines, Saint-Sulpice-los-Bois, Beringoux SouÀQ^^^^^i
Sornac, Rochefort. (ExtraiL des délibérations du Uvt^ a s\V^^ ^^
Meymac, séance du G juillet t770.)
AxO^
à.^
Les religieuï n'avaient pas dû être étrangers k \ . g,,
cette aubdéJégation, car on remarque que pre8qu<^ ^^t^^ \%^'*^
compris dans l'éuumération qui précède leur P^yai^w^^^ \^ AtSV^
ou des rentes. *\\^^Vs ^S*
2»,
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— 110 —
que Tautorité supérieure juge sans passion et ne
subit pas Tinfluence des coteries locales, dont
Faction se fait d'autant plus sentir que le champ
où elles s'exercent est plus restreint.
De nos jours, chacun se croit apte à fonder
un système gouvernemental; quelques-uns pen-
sent que le salut de la société ne peut être
garanti que par un régime d'autorité absolue,
excessive, tandis que d'autres veulent atteindre
au même but par une application plus complète
des pratiques de la liberté. Les premiers voient
en toute chose l'esprit d'indiscipline et de rébel-
lion se produire; à leur sens il faut briser les
volontés pour mieux les assouplir. Pour les se-
conds, le pays se meurt sous les étreintes du
pouvoir central, et afin de lui redonner la vie,
il faut émanciper la commune et le département
en leur laissant le soin de se régir eux-mêmes.
La vérité n'est pas dans l'excès, et l'application
radicale de l'un ou de l'autre de ces systèmes
conduirait au même résultat.
Parmi les institutions du passé, il en est une
dont on attribue, sans raison, le mérite aux ad-
ministrateurs modernes : nous voulons parler des
bureaux de bienfaisance. Avant 1769, les notables
de chaque paroisse du Limousin étaient dans
l'usage de dresser une liste des pauvres et de
taxer chaque habitant aisé en lui imposant l'obli-
gation de nourrir pendant un temps déterminé
un certain nombre de malheureux. Ce système,
que nous ne jugeons pas, était d'une application
difficile; il donnait souvent lieu à des réclama-
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— 111 —
tlons, à des reproches d'arbitraire qui! était dif-
ficile d'éviter; il constituait une taxe des pauvres,
mais il était tou-uhant et patriarchal.
Ceux qu'épouvante Taspect d'un malheureux,
ceux pour qui la vue de la misère est un hi*-
deux spectacle indigne du luxe de nos villes,
pourront nous contredire sans nous convaincre;
nous croyons que la vue d'un malheureux ne
froisse la dignité de personne, quelle est pour
Tâme une épreuve salutaire, une cause de saines
émotions, et que le contact de celui qui n*a rien
avec celui qui a, en faisant presque oublier leur
inégalité, développe en eux de nobles sentiments.
Pendant rannée 1769, la récolte des céréales
avait fait défaut, et au commencement de I770|
une idée toute philanthropique depuis longtemps
patronnée par Turgot, et à laquelle s^ètait associé
sans réserve M. Dudon, procureur-général au Par-
lement de Bordeaux, se répandit dans la géné-
ralité dti Limousin : il s'agissait de secourir les
populations qu'allait éprouver cruellement une
affreuse disette. Un arrêt du Parlement de Bor-
deaux du 17 janvier 1770, provoqué par le pro-
cureur-général, ordonna que dans toute la géné-
ralité du Limousin et dans le Périgord, il serait
établi des buremix de bienfawmice au chef-
lieu de chaque paroisse*
Le 10 février suivant, Turgot adressa aux curés
et aux corps municipaux une longue circulaire
dans laquelle il développait l'organisatir^n de ces
bureaux, le but qu'ils devaient poux^^ 'vt^i ^^^
moyens qu'ils devaient employer. Il ^^ ^ K^^^""
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— 112 —
il, (Va^^wrer la subsistance des pauvres men-
diants et des pauvres honteux.
Il avait entrevu tout le bien qu'on peut tirer
de .rassociation en l'appliquant à la bienfaisance,
et il se hâtait de vulgariser cette idée, en exci-
tant par tous les moyens qui étaient en son pou-
voir le zèle municipal et le dévouement de ceux
qui, par leur position, pouvaient pratiquer la
charité.
Le 27 du même mois, les notables de Meymac
se réunirent en assemblée de ville pour délibérer,
conformément aux lettres de M. l'intendant,
^ur la question des pauvres, et on décida
qyfun kareau de charité était fondé pour
pourvoir à la subsistance des pauvres hon^
teuxy dont la liste serait dressée par M, Dou-
lièrCj curé, chargé de leur distribuer les se^
cours; qu'il gérait dressé un état des pauvres
rjfisridiantSj qu'on les placerait chez les pro-
priétaires tenus de leur fournir la soupe et
le pain.
Cette délibération, coipme on peut le voir, di-
vine les pauvres en deux catégories : pauvres
IxQpteux, qui recevront un secours anonyme, et
pauvre? mendiants, qui, d'après l'ancien usage,
seripnt disséminés chez les habitants. Pour les
premiers, on cherchait à ménager leur suscepti-
l)ilité; pour les seconds, on n'avait pas à le faire;
on ne songeait pas encore à diminuer ou à
supprimer la mendicité, on ne la considérait
pas corpine un acte honteux ou répréhensible.
jp'^jlleurs la disette éta^ menaçante, et il s'agis-
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— 113 —
sait moins de bâtir des théories que d'assurer de
nomLreux secours (1).
L'impalsion, comme on le voit, était donnée;
la pensée de Turgot était comprise, et les mem-
bres du bureau de charité se réunirent de nou-
veau le 3 mars afin de former la liste des pauvres
mendiants, qui fut arrêtée à cent trente-six, ré-
partis entre les propriétaires les plus aisés : M. le
prince de Soubise, eu égard aux cenSj î'entes
et autres revenus qu'il percevait dans la loca-
lité^ fut chargé de nounir seize pauvres; M. Fabbé
de Meymac, par les 7némes motifs, fut taxé au
même nombre; et MM. les religieux durent en
recevoir dix, etc. L'assemblée délibère en outre
qu'indépendamment des offrandes que feraient les
membres du bureau de charité et autres per-
sonnes bien faisantes j elle emploierait au soulage-
ment des pauvres honteux vingt-cinq se tiers de
blé -seigle, dus par Tabbé et les religieux pour la
fondation dite de la Cène.
Les consuls, le clergé, les notables, tous avaient
concouru à la fondation du bureau de charité;
mais comme il s'agissait d'appliquer une insti-
(1) Voici les noms des pfÊmiers fondateurs de ce bureau de cha-
rité. Ils sool P3t traita du livre de viîle : Bouîîère, curé de Meymac ^
De Segon^ac; Lacliaud» avocat on la cour; Poisson, avocat en la
cour; Giron^ vicaire; Lespiiiasse; Mary; Gloup; Artaud; Treich;
Vacher; Savandy; Lafarge; Les religieux; M. le juge de Me^tnac;
Duboudierufi des Muiïouî, avocat eo la cour; Mary ^\^ son Bs;
La<?haud; Binet de Laveur; Dii)enafl.tin et M* sott f^i _ r\iB.\^tott;
Cliambori; Chuufour; M, le gendarme; De Guain; "Jx ,^§otv^^^'»
Chèze; Beyiiel; Barlet; Périer; Labease; Mas de J^Vl i^^^^'i^iV
MM. les consuls, ^>ia'&i
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— 114 —
tution nouvelle et sans précédents, Tesprit local,
les susceptibilités personnelles vinrent troubler les
débuts de cette bonne œuvre.
Il est trop vrai que dans les petites villes, nul
ne veut s'incliner devant son égal. S'il est fonc-
tionnaire, il nous semble que l'autorité qu'il
exerce nous a été enlevée à nous-môme, et que
nous' n'en jouissons pas, précisément parce qu'il
en jouit. S'il exerce, comme nous, une profession
libérale, ses succès nous affligent et constituent
pour nous des revers. Le milieu dans lequel vit
l'homme exerce sur ses idées, sur sa conduite,
sur ses passions une énorme influence, et des
faits simples et ici sans portée se tranforment
ailleurs en gros événements. Ce défaut ne vient
pas seulement de la mobilité de notre esprit,
de son excessive susceptibilité, il tient au lieu,
à la scène sur laquelle s'exercent nos rapports
sociaux et nos facultés intellectuelles. Les grandes
cités n'ont pas le privilège de procurer à leurs
habitants le calme de la vie, le repos, la richesse;
mais les idées y sont plus larges, les luttes plus
loyales, et les haines invétérées n'y déchirent pas
le cœur. Dans les petites villes, au contraire,
l'esprit, rétréci, s'alimente de petites choses, de
faits insignifiants que grossit l'imagination, et le
succès des uns fait le malheur des autres.
Réunis pour atténuer les maux que devait en-
gendrer la terrible disette de 1770, les membres
du bureau de charité de Meymac auraient dû
oublier tout sentiment d'amour-propre et ne son-
ger qu'au but qu'ils poursuivaient. La charité est
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— 115 —
une terre neutre où chacun peut se rencontrer
pour combattre l'ennemi commun : la misère.
Pour de mesquines rivalités, pour de puériles ran-
cunes, on ne doit pas oublier ceux qui souffrent
et rendre moins fécondes les sources de la bien-
faisance.
Ces réflexions nous sont inspirées par les faits
qui suivirent et par une protestation du 17 mars
1770, transcrite sur le livre de ville par ordre
de M. Lachau, premier consul, et où sont rela-
tées les causes du dissentiment qui se produisit
entre les membres de Tassociation charitable.
Voici cette protestation :
« Le 17 mars, MM. les consuls et notables étant assem-
blés sur la réquisition de M. Joseph Lachau, premier
consul, pour délibérer sur le placement de sept pauvres
qui se sont présentés depuis les dernières délibérations,
2> Et après que la dite communauté a eu examiné les
dites délibérations et vu par icelles qu'on n'avait .placé
qu'un seul pauvre chez le sieur Gérôme Mary, bour-
geois, et le sieur Antoine Mary, son gendre, propriétaire
de quatre gros domaines, qu'en considération du grand
nombre qu'il y en a, on a été obligé d'en placer chez
plusieurs artisans qui ont peine à se nourrir eux-mêmes ;
la dite communauté voulant délibérer sur le nombre des
pauvres qu'on placerait de nouveau chez le sieur Mary,
pour lors M* Poisson, avocat en la cour, sieur Antoine
Mary, procureur d'office et beau-frère du dit Mary, et
M* Jean-Baptiste Lespinasse, procureur ancien de cette
juridiction et dont la bru est sœur du dit Mary, s'y
seraient fortement opposés, prenant un tox^ vfjvoè^^^^^
auraient troublé, l'assemblée.
» Sur les représentations qui auraient ^ ,.^g> ^^"^
le dit sieur Lachau, consul, au dit M« Prv^ ^^ ^ iVV ^^
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— 116 —
lui convenait point d'avoir formé une cabale de ses frère
et beaux-frères pour troubler la présente assemblée, ainsi
qu'il avait fait dans toutes les autres délibérations dans
lesquelles, par un effet de la dite cabale, des pauvres
auraient été placés indistinctement chez le pauvre comme
chez le riche, sans garder aucun niveau, et suivant son
caprice, par Tascendant qu'il a sur ceux qui composent
cette cabale à lui afiBdée, raison pourquoi le dit conseil
n'avait voulu signer les précédentes délibérations, il priait
en conséquence le dit M* Poisson de se tenir tranquille
et de ne point troubler l'assemblée.
» Sur quoy le dit M« Mary et le dit M* Poisson se
sont avisés de contester la qualité du premier consul,
quoique établie tant par provisions du 22 décembre der-
nier, dont son altesse le prince de Rohan-Soubise l'aurait
honoré, que par sa prestation de serment du 10 janvier
dernier, et aurait prétendu présider l'assemblée en qua-
lité de gradué, ce qui aurait causé un trouble qui aurait
porté la plupart de ceux qui la composaient à se retirer.
Les dits Poisson, Mary et Lespinasse s'étant aussi retirés
pour placer seuls les pauvres à leur gré et convenance
par un procès-verbal qu'ils ont dit vouloir faire.
» De tout quoi, nous consul, avons dressé notre procès-
verbal pour valoir et servir ce que de raison. — Signé :
Lachau, premier consul. Par commandement, Perribr,
greffier-secrétaire (1). d
Si Ton doit applaudir aux sentiments de jus-
tice, d'équité et de dignité personnelle qui pous-
sèrent M. Joseph Lachau, premier consul, à pro-
tester contre Tinéquitaile répartition des pauvres
qui avait été faite, contre l'atteinte qu'on por-
tait à son caractère en contestant sa qualité de
consul, on peut blâmer aussi la vivacité des ter-
Ci) Extrait du livre des délibérations de la commune de Meymac.
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— 117 —
mes qu'il employait, non moins que les person-
nalités, qu'il n'épargnait pas à ses adversaires.
Pour être homme public, pour exercer un man-
dat quelconque, qu'il émane de l'autorité ou des
concitoyens, il faut oublier les rancunes, étouffer
les sentiments agressifs, emprisonner, si c'est pos-
sible, le trait railleur ou blessant, toujours suivi
de représailles, car dans une assemblée où se
débattent les intérêts généraux, il faut savoir
accorder aux autres ce qu'on est en droit d'exiger
pour soi-même : du respect et de la modération.
On peut discuter les idées, combattre les opinions,
approuver ou improuver les actes sans s'attaquer
à la personne; à ce prix seul la vie publique
est possible.
Le 24 mars suivant, l'assemblée fut de nou-
veau convoquée. M. Joseph Lachau, premier con-
sul, n'assistait pas à la réunion et s'était fait
remplacer par M. Materre des Raux, second con-
sul, qui déclara, au début de la séance, a que
parmi- les membres présents, M. Boulière, curé,
M* Antoine Mary, procureur d'office, et lui-même,
étaient les seuls qui eussent voix délibératrices. »
Cette opinion si radicale du second consul pa-
raît,- au premier abord, injustifiable et ne peut
s'expliquer que par l'opinion fausse que se fai-
sait M. Materre des Raux de la constitution du
bureau de charité, auquel il attribuait un carac-
tère purement religieux et municipal, ne recon-
naissant aux membres qui en faisaient partie, en
dehors du clergé et de la municipalité, d'autre
droit que celui de faire une offrande.
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— 118 —
M. Poisson, l'un des membres présents, pro-
testa contre cette interprétation et demanda à
soumettre son avis, que partageaient plusieurs
autres personnes. Il soutint « que tous les no-
» tables habitants réunis dans cette assemblée
» avaient voix délibérative au sujet du place-
» ment des pauvres. S'il s'agissait de délibérer
» sur des affaires concernant uniquement la com-
» mune, il n'y aurait que six notables, deux
» consuls et trois conseillers, suivant la dernière
» déclaration; mais s'agissant de l'exécution de
» l'arrêt de la cour, relatif aux bureaux de cha-
j> rite, tous les notables et prud'hommes inté-
» ressés ont droit de délibérer. Et requiert acte,
» le dit M* Poisson, de ce que le sieur des Raux
» s'est formellement opposé à ce que son avis
» fût reçu, et de ce que, en exécution de la dite
» opposition, le dit M* Poisson et autres notables
» habitants, savoir : Antoine Mary, ancien gen-
» darme du roi, qui s'étaient rendus pour déli-
» bérer, se sont présentement retirés pour ne
» point troubler l'assemblée, sous protestation
» d'irrégularité de tout ce qui serait fait. »
Le second consul répondit à M* Poisson « qu'il
» n'est pas fondé à avoir voix délibérative au-
» jourd'hui, quoiqu'il y ait eu un procès- verbal
» du 10 du courant fait en la maison de ville,
» au sujet de la subsistance des pauvres, qui a
» été autorisée par l'assemblée du 10 du dit
» mois, conjointement avec les sieurs Lespinasse
» et Cloup, attendu que MM. les consuls se trou-
V valent absents, et comme il était nécessaire de
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' F"»entaient, rassemblée 'nom n.T"" "^^ ^'
» nommés pour cette Z ? ™^ ^^' ^'-^«ssus
' ?"e le sieur des Raux ^^ r^"' ''''' '^'^-^^
» J^érer sur ia pourvoyanl i ^'''''''' ^« ^é-
' ««' dit en termes eirT ' P'"^^*^^' «ï^^i
» qu-eJle sera faite LsTht' P'^: '^ ^^' ^'^^t,
« officiers de justice et de nnï '^'^'"'^^ ^^^
■^ tant« îue ceux drSl^f? "«^^^^^^ ial>i-
* °« l'ayant pas tailiis^e , •'"' ^' ''''' ^^^
'^ ««^ne voix délibérât ve ni n''"' ^ ^™^^ «u-
« est probable. ;XeleT"' <^^- »
'-^"cune mention, que eeUe l ^^'^^'^ "'^" ^^««e
"^ ^"^ pas uniquernf 12"" '" '' ^^-
finies et modérés sur V^n?'^^ ^'^ "^^^ ^^^l^^ts
^" 1^ Janvier; et ;Ve?r^^^"'^«^'-^^
personnes s'y prodniJi^t linï '^"'' "^""^^^ ^«^
rons bientôt. ' *''''' •!"« nous le ver-
tan
'«"on. Au «ou de sCir r ""^ "' '" Popi"
«"nt au ai.„ ,„ """ ' pour rtsisier em „
»•". M. L^^"^ «^ Pf^anoe. et lo p„„^f^t 4^»
prés ia cour et le p!T '■"' P™'=™i. ■ % Cfl'^'
'"^"^■"'"«"•■'"toMm,,,».
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— 120 —
d'avoir des éclaircissements sur l'esprit et la por-
tée de l'arrêt du 17 janvier 1770. Ce magistrat
répondit au premier consul une lettre 'que nous
reproduisons, et qui est transcrite sur le livre
des délibérations de la commune :
a Bordeaux, 17 mars 1770.
» En Tabsence du juge, Monsieur, c'est à vous, en
qualité de premier consul, qu'appartient le droit de pré-
sider aux assemblées qui doivent être tenues, en exécu-
tion de Tarrêt du 17 janvier, concernant la subsistance
des pauvres. Vous pouvez faire savoir au postulant
(M* Poisson) qui a voulu suppléer aux fonctions de juge
en cette circonstance, qu'il n'a aucun droit à cet égard,
et vous pouvez même, si cela est nécessaire, lui montrer
ma lettre, pour qu'il ait à s'abstenir de cette présidence.
» Je suis, Monsieur, votre affectionné serviteur.
» DUDON, »
Cette réponse indique que le premier consul
n'avait consulté le procureur-général qu'au sujet
de la question de la présidence de l'assemblée
de charité, sans lui demander son avis sur la
part que devaient prendre à cette assemblée les
membres qui ne rentraient pas dans la catégorie
des officiers de justice et de police. Quoi qu'il
en soit, cette lettre fît cesser les prétentions de
M"* Poisson à la présidence, sans ramener la
bonne harmonie. Le procureur, syndic de la
commune, fut contraint, à la suite de ces évé-
nements, de cesser ses fonctions; le secrétaire-
greffier fut remplacé, et le corps municipal or-
donna à son successeur de présentement biffer
et bâtonner un paraphe ne varietur apposé par
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— 121 —
le sieur Lespinasse à la page neuf du livre de
ville, etc., etc.
Ces petites exécutions sommaires n'étaient pas
de nature à concilier les esprits. Ceux qui en
furent victimes étaient des parents ou des amis
de M* Poisson qui, voulant à son tour exercer
une petite vengeance, se rappela que dans la
réunion du 24 mars, M. Materre des Raux avait
prononcé contre lui des injures. Sans perdre de
temps il réunit ses preuves, fît citer le second
consul devant le sénéchal de Ventadour, et obtint
contre lui une condamnation.
Cette sentence mit en émoi une partie du
corps municipal qui, par délibération du 14 avril,
décida a que le jugement du sénéchal rendait
impossibles les fonctions des officiers et des no-
tables, et qu'on adresserait à Mgr le procureur-
général un placet expositif, en lui demandant de
faire cesser les troubles qui existent, et de faire
défense à M® Poisson et à ses parents de s'im-
miscer à l'avenir dans l'assemblée de bienfai-
sance. » M. Materre des Raux, qui était le plus
intéressé à l'affaire, reçut mandat de l'assemblée
de se transporter à Bordeaux et de présenter ce
placet à la cour.
Nous ne savons si la mission du délégué mu-
nicipal fut couronnée de succès; nous ignorons
si elle fut remplie, mais il résulte de ogs î^ills
un triste enseignement et la preuve qu\ c^^^*
mité publique, qui ne peut être conaK^^ aVNfô
par l'union de tous, est quelquefois iv>. a\N^^ <v\&
T. IX ^^"^ ,^C,*^^
'X;<:'
t
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— 122 —
à imposer silence aux passions et au mauvais
esprit des coteries locales.
Et pourtant, le bien-être et le calme ne ré-
gnaient pas dans la cité.
Les bourgeois possesseurs de domaines, con-
traints d'alimenter leurs colons qui menaçaient
de déserter leurs terres, ayant épuisé leurs gre-
niers et toutes leurs ressources, annonçaient que
bientôt ils ne pourraient suffire aux charges qui
leur étaient imposées.
Les artisans les plus aisés, qui jusqu'alors
avaient contribué, proportionnellement à leur
avoir, à l'œuvre d'assistance commune (quelques-
uns s'étaient chargés de nourrir la moitié d'un
pauvre), faisaient entendre leurs plaintes et di-
saient qu'ils ne pouvaient plus fournir d'ali-
ments aux autres^ impuissants à s'en pro-
curer pour eux-mêmes.
Le pain de son était taxé à quatre sous la
livre; la misère et les privations excessives en-
gendraient des maladies; chaque jour de nou-
veaux malheureux se faisaient inscrire sur les
listesj demandant à manger.
Les sources de l'existence semblaient taries pour
l'enfant au berceau, car le sein des mères tor-
turées par la faim n'obéissait plus aux lois de
la nature, et, à l'âge de quinze mois et de deux
ans, ces pauvres petits êtres étaient classés sur le
livre des pauvres.
Afin d'accroître les secours, la municipalité
avait décidé l'emploi de dix setiers de blé-seigle
provenant d'une rente destinée à rénaunérer le
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— 123 —
prédicateur de TAvent, et de vingt-cinq setiers
dûs par les religieux pour la fondation de la
Cène. Mais la première de ces ressources était
par elle-même insuffisante, et il était devenu im-
possible de toucher à la seconde, car les paysans
de la paroisse avaient fait pratiquer une saisie-
arrêt de ces blés entre les mains des religieux,
avec défense de les livrer à la municipalité. Au
début du fléau toutes les classes avaient rivalisé
de zèle; un grand nombre d'habitants s'étaient
hâtés de soulager la misère des autres, sans
penser qu'à leur tour la misère viendrait les
atteindre; et, soit frayeur, soit lassitude, soit im-
puissance, il se produisit un temps d'arrêt dans
l'exercice des bonnes œuvres, et aux approches
de la moisson chacun se crut exposé à mourir
de faim.
Ce tableau des souffrances qu'imposa à notre
pays la disette de 1770 n'a rien d'exagéré; tout
est vrai. Les couleurs vives, les épisodes drama-
tiques dont la tradition a conservé le souvenir,
nous les avons négligés afin de reproduire sim-
plement le résumé des faits consignés dans les
délibérations de la commune. Pour peindre les
grands désastres il faut de simples paroles; la
fantaisie sert à voiler la vérité.
Turgot ne fut pas insensible aux maux et aux
douleurs de ses administrés; il ne fut pas inactif
en présence du fléau, et malgré toutes sortes
d'entraves et de difficultés financières, il parvint
à relever la confiance et à atténuer les horreurs
de la famine en luttant pied à pied, corps à
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— 124 —
corps. Une partie de sa fortune et ses épargnes
particulières furent livrées au monstre. Mais avec
quelle sagesse, avec quel discernement il sut em
ployer ses ressources! Là sont entretenus des ate
liers de charité, où chacun peut trouver du travail
Ailleurs des dégrèvements d'impôt sont accordés
ici, des secours en aliments, en grains sont dis
tribués; et devant tous ces efforts, devant ce bon
vouloir et cette immense charité, les populations
étouffent leurs plaintes et acclament le nom de
leur bienfaiteur.
Le 6 juillet 1770, Turgot nomme M. Dubou-
cheron des Manoux sùbdélégué de Tintendance à
Meymac, et ce dernier, dans la séance de son
installation, communique au corps municipal,
comme présent de bienvenue, une lettre de l'in-
tendant annonçant l'envoi de 765 livres de fèves
et de 209 livres de riz pour la ville de Meymac.
Sa Grandeur, dit le procès- verbal, « annonce qu'elle
» renvoie un certain nombre d'imprimés d'une
» instruction sur les différentes manières de pré-
» parer le riz, et que de plus il sera envoyé, pour
» les paroisses de la subdélégation, quarante-deux
y> setiers de fèves; elle exhorte les notables à ne
» pas perdre de temps à faire profiter les pauvres
» de ces aumônes et de celles qui suivront (1). »
Rien n'échappe au contrôle de cet esprit vigi-
lant : le riz est une denrée nouvelle dont l'usage
est inconnu dans le Haut-Limousin; et pour que
(1) Extrait des délibérations de la commune de Meymac du 16
juillet 1770.
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— 125 —
le bienfait soit entier, pour que l'ignorance ne
vienne pas dénaturer un produit d'alimentation,
il entre dans des détails minutieux et indique les
différentes manières de le convertir en un mets
agréable et substantiel.
Rarement en temps de calme et au milieu du
développement régulier de la vie nationale, un
administrateur parvient à s'élever fort au-dessus
de ses contemporains, tandis que durant une
époque agitée la gloire est quelquefois d'un accès
plus facile, et peut être acquise par un effort
suprême ou par un événement heureux. Turgot
fut l'homme de toutes les situations, et il eut
deux gloires qu'on trouve rarement associées : celle
que donnent les travaux de la paix et celle qu'on
voit éclore durant les époques de lutte. Du reste,
les événements semblèrent accumuler devant lui
comme à plaisir des difficultés insurmontables.
La province du Limousin était pauvre et privée
d'industrie; l'État ne fournissait point de travaux
aux classes laborieuses; les réserves particulières
étaient épuisées; une disette réelle, accrue par
une disette factice créée en quelque sorte par
ceux qui auraient pu atténuer les effets de la
première, jetait partout l'alarme et la désola-
tion; rien n'était prêt pour combattre le fléau; l
il fallait organiser à la hâte et improviser, ^^
quelque sorte, les moyens d'action en Ix^^wtlaiv^
les usages et les préjugés anciens, emp^ v^g^^ \fô
vagabondage et ces rassemblements d'horx;^ ^ ^fe-
guenillés et hâves qui parcouraient aix^t. ^ • a ^
pays en demandant du pain, étouffer ^^^^ aO"^
%>
V
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— 126 —
germe Témeute qui grondait au sein des masses
dévoyées par la souffrance et la terreur, main-
tenir malgré elles et dans leur intérêt la libre
circulation des céréales; il fallait, en un mot,
calmer toutes les passions qui peuvent naître
chez ceux qui croient mourir de faim. Turgot
fut au niveau de cette tâche difficile et glo-
rieuse, et son génie ne fut surpassé que par
sa bienfaisance.
Gomment au milieu de pareilles épreuves le
nom de Turgot a-t-il pu rester populaire? Pour-
quoi son souvenir est-il encore béni? Parce qu'il
fut en même temps un homme de bien et un
homme d'action, sans défaillance. L'ingratitude
est un défaut individuel que les masses ne con-
naissent pas; elles savent toujours rendre justice
à ceux qui s'occupent de leur sort et de leur
bien-être. Aussi le nom des bienfaiteurs de l'hu-
manité vieillit et traverse les siècles; et lorsque au
départ de Turgot les paysans limousins s'écriaient
en pleurant : c'est bien fait au roi de le prendre,
mais c'est bien triste à nous de le perdre, ils
glorifiaient par ces simples paroles ses actes et sa
vie, ils rehaussaient l'éclat de son nom, ils pré-
voyaient l'oubli dans lequel ils allaient tomber (1).
La fin d'un grand désastre ne fait pas cesser
(1) La désolation que causa, en Limousin, le départ de Turgot
appelé au ministère est un fait presque unique dans l'histoire des
peuples. On ne voyait dans les campagnes que des larmes et des
sanglots, on n'entendait que des cris de détresse. On faisait des
prières publiques dans toutes les paroisses, et la cloche des églises
tintait des glas funèbres.
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- 127 —
aussitôt les maux qu'il a produits; il faut guérir
les plaies, réparer, reconstruire, et c'est par là
que Turgot s'efforça de compléter son œuvre en
s'adressant au roi. Dans un mémoire simple et
trop vrai, où les élans du cœur sont comprimés
par le respect dû au souverain, il traça le tableau
des misères imposées à notre pays par la disette
de 1770. Il disait :
a On ne peut penser sans frémir au sort qui
» menace les habitants de cette partie de la pro-
» vince, déjà si cruellement éprouvés par les
i> malheurs de Tannée dernière (1).
» De quoi vivront les bourgeois, et des paysans
» qui ont vendu leurs meubles, leurs bestiaux,
» leurs vêtements pour subsister? Avec quoi les
» secourront, avec quoi subsisteront eux-mêmes
» des propriétaires qui n'ont rien recueilli, qui
» ont même pour la plupart acheté de quoi semer
» et qui, l'année précédente, ont consommé au-
» delà de leur revenu pour nourrir leur famille,
3> leurs colons et leurs pauvres? On annonce que
» plusieurs domaines, dans ce canton désolé, n'ont
» point été ensemencés faute de moyens.
» Comment les habitants de ces malheureuses
» paroisses pourront-ils payer des impôts, com-
» ment pourront-ils ne pas mourir de faim?
» Telle est pourtant leur situation, sans exagé-
» ration. Nous nous bornons à mettre sous les
» yeux du roi Tétat, nous osons dire désespéré.
(1) En i769| la récolte, dans nos contrées, avait été mauvaise
le déficit était de moitié.
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— 128 —
» d'une partie de ses enfants et le calcul non
» pas de leurs besoins, mais de ce qu'il paraît
» nécessairement indispensable de les soulager.
» Ce calcul, que nous avons fait en toute ri-
» gueur, monte à neuf cent mille livres. Le
» reste du Limousin est lui-même dans la disette
» et paie les subsistances à un prix exorbitant.
» Ce prix sera encore augmenté par les frais
» de transport pour arriver à ce canton monta-
» gneux, enfoui dans les terres et où, pendant
» l'hiver, la neige met encore un obstacle invin-
» cible aux communications déjà difficiles par
» elles-mêmes. »
Il est triste de le dire, mais ce cri de détresse
ne fut pas entendu, la province ne fut pas dé-
grevée, et Turgot, le simple intendant, écrivit à
l'abbé Terray, alors ministre, cette fière réponse
pleine d'amertume et d'indignation : <t Je n'au-
rais jamais pensé qu'après vous avoir mis sous
les yeux des raisons aussî fortes, vous eussiez
laissé subsister sur les contribuables une charge
de .60,000 livres plus forte qu'en 1760. »
Turgot avait raison et il eut tort; ainsi va
quelquefois la balance de la vie.
§ IV
Il a été souvent question, durant le cours de
ce récit, de deux fondations désignées sous les
noms de Cène et de Chandeleur^ dont le pro-
duit était payé par les religieux aux consuls de
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^ 129 ^
Meymac, qui l'employaient à acquitter les charges
de ville.
Aux XVII* et XVIII* siècles, Torigine de ces deux
redevances était soupçonnée sans être parfaite-
ment connue, ce qui donna lieu à de nombreuses
difficultés dont les curieux détails ont été con-
servés. L'intérêt qu'offrent ces débats n'est pas
à dédaigner, même au point de vue de l'his-
toire générale; les arguments contraires, les sub-
tilités réciproques sur lesquels chaque partie s'ap-
puyait pour voir triompher sa cause, sont une
peinture mouvementée de l'ancienne vie des com-
munes, de leurs usages et de leurs abus qui se
commettaient quelquefois sous l'empire des libertés
administratives. Nous verrons enfin le pouvoir
central intervenir, imposer son autorité, et Tur-
got aux prises avec ce procès, l'étudier sous tous
ses aspects, en ayant soin, durant ce travail, de
noter ses impressions personnelles. Ces derniers
détails nous initieront à sa vie intime, à la forme
sérieuse du labeur journalier de l'illustre inten-
dant et au soin qu'il mettait à préparer la solu-
tion des affaires qui lui étaient confiées.
Les consuls de Meymac voulurent, en 1770,
appliquer au soulagement des pauvres, ainsi que
nous l'avons déjà dit, le blé provenant de la fon-
dation de la Cène, et ils en furent empêchés
par une saisie-arrêt qu'avaient fait pratiquer les
paysans de la paroisse.
Ces derniers n'avaient sans doute pas agi
d'après leur propre inspiration. Cette mesure, nui-
sible aux intérêts immédiats des pauvres, sem-
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^ 130 —
blaît inopportune dans les circonstances difficiles
que la municipalité avait à traverser. Mais avant
de juger, nous rappellerons que les religieux
avaient toujours soutenu que la fondation de la
Cène était une aumône, et que c'était sans droit
que les consuls en avaient disposé depuis long-
temps dans un sens opposé.
Les ravages du fléau de 1770 avaient fait im-
pression, et beaucoup d'hommes, à l'exemple de
Turgot, avaient compris la nécessité d'organiser
la charité publique sur des bases solides. En con-
sentant à distribuer aux malheureux les vingt-
cinq setiers de blé de la Gène pendant l'année
1770, les consuls n'avaient entendu en faire
qu'une affectation accidentelle et temporaire, tan-
dis que leurs adversaires voulaient que l'emploi
de cette ressource servît toujours à alimenter ceux
qui manquaient de pain, et que le produit de
cette fondation fût converti en un fonds de se-
cours permanents. Cette affaire de la Cène^ très
simple en apparence, se compliqua et prit des
proportions inattendues. Harcelé d'avis, de lettres,
de mémobes, Turgot, rigide surveillant des de-
niers publics, en référa au ministre, et ce der-
nier, à son tour, soumit la question au Conseil
d'État. Le 26 avril 1771, la haute assemblée,
présidée par le roi, rendit un arrêt dans lequel
on lit les dispositions suivantes :
« Toutes les questions nées ou à naître pour la pro-
priété, paiement et distribution des rentes dites de la
Cène et de la Chandeleur, seront portées devant l'inten-
dant de la généralité de Limoges, auquel sa Majesté en
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- 131 -
attribue la connaissance privativement à tous autres,
avec défense aux parties de se pourvoir ailleurs sous
peine de nullité et de 500 livres d'amende. Autorise
l'intendant de la généralité de Limoges à nommer pour
syndic des pauvres de la paroisse de Meymac telle per-
sonne qu'il jugera à propos, à l'effet de former pour la
propriété des dites redevances toutes les demandes néces-
saires. Charge le syndic d'exercer des poursuites contre
tous détenteurs, et de contraindre au paiement des arré-
rages les religieux bénédictins par la saisie même de
leurs dîmes, lesquels arrérages seront distribués aux pau-
vres de la ville de Meymac et des hameaux en dépen-
dant; ordonne que les anciens comptables présenteront
à l'intendance leurs comptes de gestion, avec pièces jus-
tificatives et à l'appui, etc., etc. »
Le 17 mai 1771, Turgot rendit une ordon-
nance et nomnia pour syndic des pauvres le sieur
Treich. Ces diverses décisions furent comniuni-
quées au corps municipal le 2 juin suivant. Ces
dispositions préalables remplies, le syndic des
pauvres ajourna devant l'intendant de la géné-
ralité les consuls, et en leur personne les habi-
tants de la ville, les religieux bénédictins et
M. Materre des Raux, débiteur d'une rente for-
mée par les arrérages échus de la fondation de la
Chandeleur.
Chaque partie produisit ses moyens développés
dans des mémoires. Nous résumerons les faits
principaux qu'ils contiennent et qui ont trait
soit à l'objet du litige, soit à l'histoire locale;
mais avant, nous indiquerons la portée et le
but de ces diverses fondations appelées de la
Cène et de la Chandeleur.
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— 132 —
La fondation de la Gène constituait le monas-
tère de Meymac débiteur de vingt-cinq setiers de
blé-seigle, exigibles le jeudi-saint de chaque année.
Pendant le xv" siècle et antérieurement à cette
époque, ce blé était converti en pain, distribué le
jour du jeudi-saint aux chefs de famille proprié-
taires, et le pain était plus ou moins grand, selon
la -qualité ou la fortune de celui qui le recevait.
Les mendiants et les locataires étaient exclus de
cette distribution. Pendant une partie des xvi* et
XVII* siècles ces usages furent modifiés, et les con-
suls de Meymac perçurent seuls ce tribut et l'em-
ployèrent à leur gré. Nous avons déjà vu que
l'arrêt du grand Conseil du 20 janvier 1734 avait
condamné les religieux à payer les arrérages échus
de cette fondation, et qu'ils firent un traité avec
la municipalité.
Quant au produit de la fondation de la Chan-
deleur, il consistait en une somme de soixante
livres, avec laquelle on achetait anciennement de
la cire, et, le jour de la fètê de la Purification
de Notre-Dame, les religieux, également débiteurs
de cette rente, distribuaient aux curé, vicaires,
officiers, bourgeois et propriétaires, un cierge plus
ou moins grand, selon l'état ou la position so-
ciale de ceux auxquels on l'offrait. Ces fonda-
tions, évidemment faites dans un but pieux et
charitable, avaient été dénaturées, puisque nous
voyons, durant le xviii* siècle, les consuls de
Meymac en revendiquer les produits comme pro-
priété communale.
Dans les divers mémoires présentés à Turgot
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— 133 —
se trouvent plusieurs intéressants détails sur Mey-
mac, sur son ancienne administration, et, sans
efforts d'intelligence, on aperçoit très nettement
la tactique de chaque partie et une certaine habi-
leté de discussion.
Le défenseur des pauvres, dans l'intérêt de sa
cause, cherche à diminuer l'importance de sa ville
natale pour arriver à conclure qu'autrefois, et sans
le secours des fondations de la Cène et de la
Chandeleur^ elle a suffi à ses charges et qu'elle
ne peut aujourd'hui se montrer plus exigeante.
Malgré le peu de sympathie qu'il a pour la mu-
nicipalité, il émousse ses traits et rappelle sur-
tout les abus anciens pour fixer l'esprit sur les
abus présents. Comme il s'agit d'une peinture
toute locale, nous reproduirons ses paroles sans
toucher à la forme ou au fond. Voici ce qu'il
écrit à Turgot :
a Ce qu'on appelle la ville de Meymac est une petite
bourgade composée d'environ deux cent cinquante feux,
et ce qu'on appelle la paroisse de Meymac fait environ le
même nombre de feux, dans trente ou quarante hameaux
et villages répandus dans les campagnes de la montagne
la plus stérile du Limousin. Il y a plusieurs de ces vil-
lages qui sont à plus d'une lieue de ce qu'on appelle la
ville; ce tout forme la même paroisse, la même collecte,
la même communauté. !
» C'est une châtellenie dépendant du duché de Ven- \
tadour, dont les seigneurs nomment les deux premiers jj
consuls sur un certain nombre de sujets que la ville \
leur présentait annuellement. Ces deux consuls eu choi- ■
sissaient autres deux dans une assemblée général^ nxx'ïVs
convoquaient ensuite, et l'on chargeait de la 1^^ . ^^^
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- 134 - •
impôts royaux celui que bon semblait de ces quatre
consuls.
» Les consuls exerçaient la police dans la ville et pa-
roisse de Meymac, à l'exclusion du juge. Le premier
consul la faisait seul, les autres n'étaient que ses assis-
tants au besoin.
» Plus tard, sa Majesté ayant exigé des tableaux pour
la levée des impôts royaux, il en fut fait un dans la com-
munauté de Meymac de trois collecteurs chaque année,
et il y eut divers particuliers qui furent compris dans
les trois colonnes de ce tableau, et qui en conséquence
ont fait la levée des impôts. Comme les fonctions de
collecteur ne concernaient que la levée des impôts, on
continua toujours de s'adresser à son altesse Mgr le
maréchal prince de Soubise comme duc de Ventadour,
pour la nomination annuelle des deux consuls.
j> L'édit de 1767 ayant paru, on a formé un corps
municipal dont son altesse a continué de nommer les
deux premiers Xîonsuls. C'est alors que la place de pre-
mier consul a été fort recherchée. Cette place a tant de
prérogatives qu'on la sollicite et qu'on cabale pour la
faire verser sur la tête de qui l'on veut; ce qui est si
vrai que le corps municipal n'est composé à peu près
que de la même famille.
» A la faveur du pouvoir accordé aux officiers muni-
cipaux de délibérer et de présider dans les assemblées
publiques, ils se sont arrogé celui de disposer arbi-
trairement, non-seulement des revenus de la ville, mais
encore de tout ce qui concerne les habitants de la com-
mune en particulier. Ce despotisme a rendu désertes les
assemblées, qu'ils font sonner; elles ne sont ordinaire-
ment composées que du corps municipal; et s'ils ont
besoin d'un plus grand nombre de signataires, ils font
souscrire à gens de leur parti, ou à d'autres qui ne
savent ce qu'ils signent ou qui n'y ont aucun intérêt.
Tel est l'usage.
» Les consuls ne jouissaient anciennement que d'un
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— 135 —
droit de hallage, poids et mesures appelé courtage et d'un
droit appelé le fort^ qui consistait en huit pintes de vin
parisiennes qu'ils se faisaient payer annuellement par
chaque cabaretier vendant vin, qui étaient toujours au
nombre de plus de vingt.
» Il y a quelques années que ce droit de fort a été
supprimé. La ferme de celui de courtage a souvent varié,
mais, dans tous les temps, elle a été chargée de donner
un fromage d'Auvergne de quarante à cinquante livres au
premier consul chaque année.
» Les anciens consuls avaient un secrétaire-greffier pour
les délibérations ; ils avaient un valet de ville qui servait
gratis pour la levée des impôts, et les consuls qui répar-
tissaient arbitrairement les impositions en exemptaient
leur valet de ville. Dès qu'il y eut des collecteurs, les
fonctions de valet de ville furent bornées à mettre à
exécution les ordonnances de police.
» Il ne parait pas que ces anciens consuls jouissent
jamais des redevances dont s'agit (de la Cène et de la
Chandeleur) ; s'il y avait quelque nécessité publique, ils
demandaient le consentement du corps des habitants pour
y employer les dites redevances. Les habitants de la pa-
roisse, s'apercevant que les officiers municipaux dispo-
saient arbitrairement de ces redevances, firent divers
mouvements et voyages auprès de Votre Grandeur pour
avoir eux seuls la main-levée des dites redevances; leurs
pièces et requêtes doivent être dans le dépôt de l'inten-
dance. La disette et calamité étant survenues, Votre Gran-
deur, par un effet de sa charité paternelle pour le sou-
lagement des pauvres et voulant d'ailleurs mettre fin à
tant de contestations, détermina l'arrêt du Conseil d'État
du 26 avril 1771.
» Les consuls prétendent que l'adjudication dont s'agit
en faveur des pauvres devrait être appuyée d'un droit
ou réel, ou apparent, ou d'une utilité publique.
» Ce droit se produit sous ces trois circonstances ;
» La redevance dont s'agit est de sa nature une au-
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— 136 —
mône; elle ne peut être appliquée qu'à ceux qui en
ont le plus besoin, et elle sera d'une utilité publique
dès qu'elle tournera au soulagement des membres les
plus nécessiteux.
» L'arrêt de 1734 ne prononce pas la condamnation
des dites redevances, taxativement, en faveur des offi-
ciers, bourgeois et habitants de la ville, et n'a point
regardé leurs prétentions comme celles de la communauté
puisqu'il n'a condamné aux dépens que les seuls signa-
taires des délibérations y mentionnées
» Ce considéré, il vous plaise. »
Voici le résumé des considérations que les re-
ligieux soumirent à M. Turgot sur le même sujet :
a Les suppliants n'ont jamais contesté la demande qui
leur est faite; ils ne la contestent pas encore et seront
toujours prêts à y différer, pourvu qu'ils soient vala-
blement déchargés envers les consuls de la ville de
Meymac, qui prétendent s'arroger les dites aumônes et
rentes et qui en ont exigé le paiement pendant plusieurs
années.
» Il est cependant quelques observations à faire contre
leurs prétentions.
» Il est à remarquer que chaque jeudi-saint on lavait
autrefois les pieds à soixante pauvres, auxquels on dis-
tribuait en pain et étoffe pour la somme de cent quatre-
vingt-seize deniers. Les suppliants le trouvent ainsi noté
dans leur livre d'obiit, page 45, n^ A.-B.-C; ibidem page
46, n<» N.-A.; ibidem page 47, n*> N.-A; ce qui est demeuré
dans cet état jusqu'au 5 septembre 1640, où Mgr de
Levy, archevêque de Bourges et abbé de Meymac, dé-
clara devoir pour le jeudi-saint : seigle, vingt-cinq se-
tiers au plus, et à chaque maison de la ville et paroisse
une chandelle de cire.
» Il est à noter :
» 1*» Que les fermiers de l'abbaye faisaient faire des
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jours Dananr ne fa mm, pots cfiacrof en prenait nn et
^remportait. Cela est ainsi porté lians Yéini gôaéral du
revenu des dits religieux du 22 janvier 1674, et dans
leurs livres-journaux tenus coin nie fermiers de la dite
abbaye de 1690, 1691, 1692 et 1093;
/> 2'' Que dans un grand rouîeau ou sont détaillées
toutes les fondations et cérémonies de l'abbaye, il est
dit que M. raîd>é doit à chacun des religieux et des
pretreîï s^*culiers un cierge pour le jour de la Purili-
catiou, OH il n*est fait aucune mention ni de MM. les
cousu-ls et bourf-^eois, ni d'ourune paroisse ;
» 3"* Que la chandelle de cire «jue MM. les consuls,
bourgeois et paroissiens de Meymac prétendent leur être
due a été évaluée à la somme de soixante livres, même
avant le traité qu'ils passèrent avec Tabbe de Maschatiii,
le 3 août 1693, devant Couvreur, notaire à Paris;
» 4** Que ce n'est que depuis ce traité qne MM. les
consuls oiH donné quitiance des dits blé et argent, et
que sans le consentemenl de M, Tévêque, de Mgr Tin-
lendant et de ceux à qui cette prestation est si légiti-
mement due ils en ont changé la destination, et que,
d'une prestation religieuse et pieuse, ils ont fait nue
prestation profane eu l'employant à la pooi'suite des
procès où leurs pères se sont témérairement engagés,
au au salaire d'un postillon (c*élait le porteur dos dé-
pêches), du fontainier, de l'horloger et de leur valet
de ville, ou enfin à l'entretien de leur robe coivsulîi^^^-
» Il serait donc 1res à propos de suivre l'ii^,^* ^ncW^^
des fondateurs, qui serait de laver les pieds k ■ ^*^\^^^
pauvres auxquels ou distribuerait, par égale ^ %^ ^
les \ingt-cinq setiers de blé-seigle et vingt écvY^HxÀV*^ ^^^*
Les suppliants n'entendent cependant pas è>-^^ ^-^ A^*^
discussion; ils seront toujours prêts à arqui|*/ \x >^ ^ *^
doiveut. X^^^ ^^'
Ce considéré, Monseigneur, il voue plai^
T. m.
^ V
— 138 —
M. Lachau, consul en 1770, avait continué
d'exercer ses fonctions en 1771; mais, au mois
de janvier 1772, il fut remplacé par M. Treich
des Farges, qui devait joindre, si on s'en rap-
porte aux archives municipales, une grande ac-
tivité à une entente complète des affaires admi-
nistratives. Au début de son administration, il
réglemente la police locale et prend divers arrêtés
relatifs à la taxe du pain, au ramonage des
cheminées, à l'enlèvement des immondices, à la
vérification des poids et mesures et à la régle-
mentation des débits de boisson (1).
Le dernier de ces arrêtés mérite d'être repro-
duit; il mérite aussi d'être comparé aux docu-
ments de même nature émanés de nos admi-
nistrateurs modernes quand ils ont voulu, dans
l'intérêt des familles et de la morale publique,
imposer un règlement aux auberges, cafés et ca-
barets (2).
(1) Extrait du livre de ville (arrêtés des 15 février 1772 et 5 mars
suivant).
(2) Voici les principales dispositions de l'arrêt relatif à la police
des auberges :
« Nous défendons à tous hôtes, cabaretiers, taverniers et autres
vendeurs de vin et d'eau-de-vie, de donner à boire et recevoir per-
sonne chez eux les jours de fête et dimanche pendant le service
divin, c'est-à-dire la grand'messe et vêpres.
» Leur défendons de donner à boire à d'autres qu'à des étran-
gers et des voyageurs, après 9 heures du soir, depuis le 1" no-
vembre jusqu'au {•' avril, et depuis le 1" avril jusqu'au i*' no-
vembre, après 10 heures du soir.
» Leur défendons également de donner à jouer dans leur cabaret.
» Défendons à tous les habitants de la ville de banlieue autres
que les aubergistes, de loger, recevoir des passants étrangers non
connus et sans aveu.
» Enjoignons aux aubergistes qui recevront chez eiïx de ces
espèces de gens de s'informer de leur nom et domicile, et de
venir nous en faire le rapport. »
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— 139 —
Ces règlements ne constituèrent pas Tœuvre
principale de la nouvelle administration, car
M. Treich des Farges avait accepté la gestion
des affaires de la commune dans un moment
où les ressources financières étaient absorbées
par les dépenses antérieures imposées par la
disette. Les produits des fondations de la Cène
et de la Chandeleur lui étant contestés, il dut
convoquer le corps municipal, afin qu'il prît des
mesures capables de faire sortir la commune d'un
état si précaire; il résuma la situation à peu
près en ces termes :
0 La disette des années précédentes a absorbé toutes
les ressources de la communauté. Les poids et les ba-
lances de ville ont besoin d'être refaits; la charpente de
la tour de Thorloge et celle des halles tombent en ruine;
les fontaines publiques ne jaillissent plus; les gages du
messager qui facilite le commerce et ouvre les commu-
nications avec les villes voisines sont dus depuis plu-
sieurs années ; il en est de même du salaire du receveur-
syndic, du greflBer-secrétaire , du valet de ville et du
tambour. Enfin, les robes des consuls ont dépéri, et sans
elles ces magistrats ne peuvent assister aux cérémonies
publiques, ni vaquer aux fonctions de la police, ni se
présenter avec décence devant le seigneur intendant dès
qu'il passera dans la ville. Il est donc urgent de recher-
cher les moyens d'acquitter les dépenses anciennes et
subvenir aux dépenses courantes. Le produit des rede-
vances de la Gène et de la Chandeleur pourrait suffire
à combler le déficit, mais la solution des difficultés qui
existent à ce sujet entre la communauté, les religieux et
le syndic des pauvres a été confiée, par arrêt du 26 avril
1771, à Mgr l'intendant, et sa décision n'est pas encore
rendue, etc., etc. »
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— 140 —
A la -suite de cet exposé sommaire, le corps
municipal décida, à Tunanimité, que le produit
des fondations de la Gène et de la Chandeleur
serait employé à acquitter les charges anciennes
et nouvelles, et qu'il priait Tintendant de la
généralité d'approuver cette délibération et d'en
assurer les conséquences.
§ V
Nous avons transcrit dans les pages qui pré-
cèdent plusieurs fragments des mémoires produits
par le syndic des pauvres et par les -religieux,
à l'occasion de l'affaire de la Gène et de la Chan-
deleur. Nous mettons maintenant sous les yeux
du lecteur la contre-partie de ces mémoires, ou
le résumé fait par Turgot des divers arguments
qu'invoquaient les consuls de Meymac. Ce manus-
crit, que nous croyons autographe, où figurent
les annotations de l'intendant, ses réflexions per-
sonnelles, contient le projet écrit de la décision
qu'il avait à rendre, qu'il rendit en effet, mais
qui n'a pas été transcrite, conformément à l'usage
de l'époque, sur le registre des délibérations de
la municipalité, quoiqu'il y en soit fait mention.
Nous ne changerons rien au fond de ce travail;
nous en respecterons la forme en plaçant dans
une colonne le résumé des motifs qu'invoquaient
les consuls, et en regard les critiques et les réfu-
tations de Turgot :
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— Ul —
EXTRAITS DU MÉHOTKB
DES CONSULS
Les deux redevances de
la Cène et de la Chandeleur
sont dues non pas aux pau-
vres, qui en sont au con-
traire exclus, mais uuitjue-
meot aux bourgeois, pro-
priétaires et habitants de la
ville et paroisse de Meymac,
La preuve s'en trouve con-
signée dims un arrêt du 20
janvier 1734 , rendu entre
les curés et prêtres de Mey-
mac d'une parti les oïïiciers,
bourgeois et habitants de
la môme villei le pdnce de
Rohan, le sieur évéque de
Limoges et les prieurs et
religieux de Tabbaye de
Me\TnaCj par lequel ces
derniers sont condamnés à
payer aux dUs officiers, bour-
geois el h^ibita?Uii, 00 livres
pour la Chiindeleur, et 25
setiers de ble-seigle pour la
Cène.
ANNOTATIONS DE T13FG0T
Les termes soulignés ne
sont point dans Tarrêt^ et
en le lisant on ne peut
guère penser que cette con-
damna tion ait été prononcée
en faveur de la ville :
1" Parce que lors de cet
arrêta la généralité des ha-
bitants n'a j^oint été regar-
dée comme étant en cause,
puisque/ par cet arrêt, ceux
qui procédaient* sous la dé-
nomination d'officiers^ hour-
geojs et habitantST ont été
condamnés personnellement
aux trois quarts des dépens,
S*" Parce rjue ce même
arrêt ne prononce aucune
condamnation ni contre la
ville, ni en sa faveur,
3° Parce que s'il con-
damne les Bénédictins au
paiement des rentes eu ques-
tion, c'est par une disposi-
tion qui prononce d*autres
■ condamnations qui^ par leur
nature, ne peuvent pas être
en faveur de la ville* « Con-
damnons, est-il dit, les re-
ligîcujt à payer par chacun
an, 30 livres pour pain, v\xx
et luminaire, 60 livres povj^.^
la Cène et 2b setiers de h\^^
seigle, fl La fourniture "^
pain el du vin pour c^^
\
^
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142 —
On voit par des délibé-
rations du 29 mars 1699,
13 mars 1701, l"^ juin 1704,
17 avril 1711, 20 mars 1712,
25 janvier et 9 mars 1750,
que ces mêmes redevances
ont toujours été perçues par
les officiers, bourgeois et
habitants de la ville, et
quelquefois employées à
l'acquit des charges* de la
communauté, ou distribuées
aux pauvres dans les temps
de grande misère, sans tirer
à conséquence. Que cet
usage ainsi prouvé fait pré-
sumer le titre tel, suivant
cette règle de droit : Talis
presumitur titulus qualis est
usus. Qu'on ne rapporte au-
cun titre en faveur des
pauvres, qu'on ne peut pas
même leur en présumer,
que la redevance de 60
livres de cire, fixée ensuite
en argent, étant destinée
brer la messe ne peut pas
concerner la ville; elle n'in-
téresse que le curé, et ce
n'est pas à la ville que
l'arrêt adjuge les rentes en
question; il est bien plus
vraisemblable que c'est au
curé qui, en sa qualité, est
chargé de veiller par état
aux intérêts des pauvres.
Mais du prix de la cire,
ils pouvaient se nourrir!
C'est ordinairement aux
processions que les pauvres
figurent. Ceux de Limoges,
représentés par l'hôpital, as-
sistent à toutes les proces-
sions générales. Celui qui
est dans l'aisance doit y
aller gratuitement. Les fon-
dations qui existent à cet
effet, et qui accordent une
rétribution quelconque, ne
peuvent concerner que les
pauvres.
Pour tout autre, il est
honteux que l'appât d'un
bénéfice puisse être pris
pour le principe d'une ac-
tion dévote.
Il est d'ailleurs à présu-
mer qu'une fondation pieuse
a été déterminée moins en
vue de rendre une proces-
sion brillante que par un
principe de charité.
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— 143 —
pour rornement d'une pro-
cession, n'était pas pour les
pauvres puisqu'ils ne figu-
rent pas à la procession et
qu'on ne les nourrissait pas
de cire.
La distribution qui leur
avait été faite, en 1699, en
vertu d'une délibération ex-
presse des habitants, prouve
que les pauvres n'y avaient
aucun droit, puisque, autre-
ment, le consentement des
habitants n'aurait pas été
nécessaire à cet effet. A ces
titres exclusifs, les habi-
tants pourraient joindre une
quittance par eux donnée
aux Bénédictins le 23 mars
1697, où il était dit, parlant
des redevances en question,
qu'elles étaient dues et dis-
tribuables à tous les habi-
tants, en conséquence d'un
traité passé entre eux et le
sieur abbé le 3 avril 1694,
devant Couvreur, notaire à
Paris. La quittance qui
énonce ce traité suffit pour
en assurer l'existence. En
vain on opposerait une dé-
claration fournie en 1694,
portant que la ville ne pos-
sédait aucuns biens patri-
moniaux, attendu que ces re-
devances n'étaient pas dues
Si ces redevances ne for-
maient pas des biens patri-
moniaux, si elles n'étaient
pas dues à la communauté,
si c'était seulement à cha-
cun des membres, les con-
suls, qui ne représentent
point les habitants pour les
droits qui profitent à cha-
cun d'eux en particulier,
seraient sans droit, en leur
qualité de consuls, pour ré-
clamer la propriété de ces
mêmes redevances.
Chaque habitant en par-
ticulier ayant une portion
dans ces redevances, il en
résulterait que cette portion
serait plus ou moins forte,
à raison du plus ou moins
d'habitants, et que ce qui
ne serait pas reçu pas une
partie de ces habitants ne
serait pas dans le cas de
pouvoir être exigé par les
autres.
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— 144 —
en commun, mais à un cha-
cun. Ainsi, elles ne peuvent
pas être considérées comme
bien patrimoniaux.
Propriétaires de ces deux
redevances, ils sont maîtres
d'en disposer à leur gré. Les
pauvres étant à leur charge,
il doit leur être libre de les
assister de la manière qu'ils
le jugeront à propos.
Par l'arrêt de 1734, les
religieux ont été condamnés
au paiement des redevances
vis-à-vis de ceux qui étaient
partie au procès, et par con-
séquent vis-à-vis des con-
suls, bourgeois et habitants.
La redevance de vingt-
cinq setiers de seigle, mal-
gré la dénomination de
Cène, ne regarde que les
habitants uniquement pro-
priétaires de maisons. L'u-
sage était qu'elle se distri-
buait non par tête, mais
Un mot répond à cette
observation : c'est que les
ateliers de charité prouvent
que les pauvres que les con-
suls conviennent être à leur
charge ne sont pas secourus
par eux ni par les autres
habitants en état de le faire.
Bon si les consuls eussent
été seuls partie au procès.
Mais M. le prince de Rohan
était aussi partie au procès ;
il représente le fondateur de
l'abbaye de Meymac, et il
est à présumer que c'est en
conséquence d'une des clau-
ses de cette fondation que
les Bénédictins ont été con-
damnés au paiement de l'au-
mône dont il s'agit (1).
Suivant un mémoire pré-
senté à M. l'intendant en
1749, et certifié par le sieur
des Manoux, ancien curé de
Meymac, les seigneurs de
Ventadour, fondateurs de
l'abbaye de Meymac, ont
chargé cette abbaye d'une ■
(1) Cette supposition de Turgot est inexacte.
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— 145 —
aumône, chaque année, de
25 setiers de blé-seigle et de
60 livres d'argent pour être
distribués aux pauvres de
la ville et de la paroisse de
Meymac le jeudi-saint et le
jour de la Purification.
(Cette pièce est dans la liasse D.)
par souche de maison. Quoi-
que le titre primordial ne
parût pas, il était sensible
que les abbés et religieux
ne s'obligèrent au paiement
de cette redevance qu'à rai-
son de quelque concession
de dîmes ou de fonds com-
muns, que si c'eût été une
aumône elle eût été arbi-
traire.
Voici la décision provisoire que rendit Turgot
dans cette affaire; écrite à la suite des docu-
ments qui précèdent, elle forme avec eux un tout
complet :
<c Nous Anne-Robert-Jacques Turgot, etc., etc.,
» Ordonnons que la requête des consuls de Meymac
sera communiquée au sieur Treich, et que celle des reli-
gieux bénédictins sera aussi communiquée, tant au dit
sieur Treich qu'aux consuls, pour y fournir réponse dans
quinzaine, et attendu les besoins pressants des pauvres,
nous ordonnons que les arrérages actuellement dus et
échus des deux rentes de soixante livres et de vingt-cinq
setiers de blé, seront payés dans le jour de la notifi-
cation de notre présent jugement au syndic des pauvres
et sur ses simples quittances, lequel, en cas de refus,
pourra y faire contraindre les débiteurs par toutes voies
dues et raisonnables, et les religieux bénédictins par la
saisie même de leurs dîmes et autres revenus temporels.
» Ordonnons qu'après le paiement des dits arrérages en
tout ou en partie, ils seront distribués aux pauvres de
la ville et paroisse de Meymac et hameaux en dépendant,
eu égard à leurs besoins respectifs et sur l'état qui sera
arrêté à cet eflFet, tant par le syndic, le curé, le prin-
cipal officier de justice et notre subdélégué au dit Mey-
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— 146 —
mac, et un des religieux bénédictins de la dite ville,
dans lequel état ne pourront être compris aucuns pauvres
honteux ou autres personnes qui ne seront pas notoire-
ment connues pour être dans le besoin et hors d'état
de se procurer leur subsistance par le travail; et sera
notre présent jugement exécutoire, nonobstant toutes
oppositions ou appellations quelconques.
» Fait à Limoges, le 26 juin 1772. »
Par ce jugement préparatoire, Turgot semble se
ranger à Tavis du syndic des pauvres qui repo-
sait, il faut le dire, plutôt sur des présomptions
vraisemblables que sur des faits rigoureusement
démontrés; mais l'extrême sagacité de l'intendant
lui fait entrevoir la vérité au milieu des nom-
breuses erreurs qui semblent l'obscurcir ; d'ailleurs
ses idées personnelles au sujet des anciennes fon-
dations étaient radicales et tranchées; il les con-
sidérait en général comme le produit d'un senti-
ment excessif d'orgueil et de vanité, et voici
comment il s'exprimait à cet égard : ce De quelque
utilité que puisse être une fondation, elle porte
en elle-même un vice irrémédiable et qu'elle tient
de sa nature : l'impossibilité d'en maintenir l'exé-
cution. Le temps amène de nouvelles révolutions,
qui font disparaître l'utilité qu'elle pouvait avoir
à l'origine et qui peuvent même la rendre nui-
sible. Aucun ouvrage de l'homme n'est fait pour
l'immortalité, etc., etc. »
L'origine de cette fondation de la Gène, in-
connue au xviii^ siècle, était l'œuvre d'un abbé
de Meymac, Pierre del Poch ou Dupuy, qui fit
abandon d'un capital au monastère^ à condition
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— 147 —
que les religieux laveraient les pieds d'un cer-
tain nombre de pauvres et leur feraient une dis-
tribution de pain le jeudi-saint de chaque année
(1348) (1).
Le mémoire, présenté à Turgot par les reli-
gieux, rappelle cet usage sans en indiquer la
source et sans mentionner le nom de Fauteur de
cette fondation, nom qu'ils ignoraient sans doute,
car ils n'auraient pas manqué de l'opposer aux
consuls pour refuser de leur délivrer chaque année
les vingt-cinq setiers de blé qu'ils appliquaient
aux dépenses communales.
Quant à la fondation de la Chandeleur, nous
n'avons trouvé nulle part la trace de son origine.
La décision de Turgot remplissait donc le but
que s'était proposé d'atteindre le pieux fondateur
de la Cène; les moyens seuls étaient différents.
Mais si on envisage la question au point de vue
où se plaçaient les consuls, on est frappé de la
force et de la valeur de leurs raisonnements.
Sans contester l'origine de cette rente, ils s'ap-
puyaient, pour en conserver le produit, sur les
anciens usages, sur une jouissance presque cen-
tenaire, sur des titres intervenus entre eux et
un ancien abbé. Enfin, ils invoquaient l'arrêt de
1734 qui, malgré l'opinion contraire manifestée
par Turgot dans ses annotations, avait bien réel-
lement condamné les religieux à payer aux offi-
ciers, bourgeois et habitants le montant de ces
redevances. En effet, la demande en paiement
(1) Gallia christiana.
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— 148 —
des arrérages de la fondation de la Cène n'avait
été formulée ni par le curé, ni par le duc de
Ventadour simplement mis en cause, mais bien
par les consuls, officiers, bourgeois et habitants.
A qui devait profiter la condamnation? Évidem-
ment à ceux qui l'avaient requise. Aussi la sen-
tence de Turgot est dénuée de motifs, et il lui
aurait été difficile de Tétayer de considérations et
d'arguments juridiques capables de la justifier.
(A suivre.)
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LA a DE SAINT HIIBiRT
A CHABRIGNAC
(corrèze)
Le grand saint Hubert n'est pas seulement le
patron des chasseurs; il est aussi le protecteur
des malheureux attaqués de la rage. Dans bien
des localités, des clefs consacrées au saint avaient
la réputation de guérir de cette affreuse maladie.
Au siècle dernier, le petit village de Chabrignac
possédait un de ces talismans merveilleux, et nous
voyons que la sollicitude du saint s'étendait sur
les animaux comme sur les hommes.
Le 19 mars 1788, au village de Laumonerie,
paroisse de Saint-Solve, une vache et une vêle
sont mordues par un chien enragé; vêle et vache
sont immédiatement conduites à Chabrignac; l'on
applique la clef à la vache, entre les jambes; on
ne sait trop pourquoi, mais la même précaution
n'est point prise pour la vêle. On vend cette
dernière et, quelques jours après, elle est atteinte
par le terrible mal. Une enquête est faite à ce
sujet, mais le juge-enquêteur oublie de nous faire
connaître si la vache avait retrouvé une guérison
complète. Malgré cette lacune regrettable, .nous
reproduisons son procès-verbal tel que nous le
retrouvons aux Archives de la préfecture de Tulle,
série B, n^ 264.
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— 150 —
ENQUETTE faite par nous Pierre de Chiniac, seigneur
du Claux et de la Bastide, coseigneur de la ville et paréage
d'AUassac, honnoraire de l'Académie des Belles-lettres de
Montauban, conseiller du roy, lieutenant-général civil et
de police en la sénéchaussée d'Uzerche, en exécution de
notre appointement de contrarite en date du vingt trois
juin dernier, et à la requette de Antoine Moussour,
vigneron, demandeur, contre François Page, défendeur,
à laquelle requette avons procédé ainsi que suit :
Du 3 juillet 1788.
1° Est comparu devant nous Pierre Chassent, cardeur
de laine, habitant au village de Laumonerie, paroisse de
Saint-Solve (1), lequel après serment par luy fait de
dire vérité, nous a dit être âgé d'environ vingt trois ans,
n'être parent, alié, serviteur ny domestique d'aucune des
parties et nous a présenté la coppie de l'exploit d'assi-
gnation à luy donnée par Frangne, huissier royal, le jour
d'hier pour déposer cejourd'huy.
Dépose sur les faits mentionnés en notre app* dud. jour,
vingt trois juin dernier, duquel luy avons fait faire lec-
ture, que le dix neuf mars dernier, jour de saint Joseph,
il fut chez le métayer du sieur Fage et demanda à sa
femme ou étoit son mary nommé Martial; elle luy dit
qu'il arrivoit bien des malheurs, que la veille il avoit
passé un chien enragé qui avoit mordu une vache et une
velle, qu'en conséq** son mary et le domestique du sieur
Fage avoient mené cette vache et cette velle au bourg
de Chabrignac (2) pour lui faire appliquer la clef de saint
Hubert, que quelques jours après le départ étant retourné
dans le domaine du sieur Fage, la femme luy dit qu'on
avoit appliqué la clef à la vache, mais qu'on n'avoit pas
cru devoir l'appliquer à la velle, que le déposant est
(1) Saint-Solve, canton de Juillac, arrondissement de Brive.
(2) Canton de Juillac.
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— 151 —
instruit que lad. velle a été vendue au nommé Moussour,
que le déposant averti led. Moussour de ce que la mé-
tayère du sieur Fage luy avoit dit, qu'au retour de la
lune la rage pris a lad. velle, et le déposant allant à
vêpres vit lad. velle dans un champ et s'aperçu qu'elle
avoit des baves des deux cottes de la bouche grosses
comme le poing et fut en avertir led. Moussour, et deux
ou trois jours après ledit Moussour fut obligé de faire
tuer lad. velle, que est tout ce qu'il a dit scavoir.
Lecture à luy faite de sa déposition, a dit icelle con-
tenir vérité, y a persisté et a déclarer ne scavoir signer,
de ce enquis, et ayant requis taxe, lui avons taxé trente
six sols.
2* Est aussi comparu Jean Masniaux, marguillier, ha-
bitant au bourg de Chabrignac, lequel, après serment
par luy fait de dire vérité, nous a dit être âgé d'environ
quarante ans et n'être parent, allié, serviteur, ny do-
mestique des parties, et nous a représenté la coppie de
l'exploit d'assignation à luy donnée par ledit Franges le
jour d'hier, pour déposer ce jourd'huy.
Dépose sur les faits mentionnés en notre susdt app',
duquel lui avons fait faire lecture que le jour de saint
Joseph, dix neuf du mois de mars dernier, le métayer
et le domestique du sieur Fage conduisant au bourg de
Chabrignac une vache et une velle qui disoient avoir
été mordues par un chien enragé, que sur leur réqui-
sition le déposant appliqua la clef de saint Hubert entre
les jambes de la vache, mais qu'ils ne voulurent qu'il
l'apliqua à la velle, qui conduisirent le lendemain la
velle à la foire de Juilhac, a ce qu'on a dit au dépo-
sant, que cependant ils ne la vendirent point, mais que
l'on a dit au déposant que quelques jours après l'on
l'avoit vendue aud. Moussour, qu'aux fêtes de la Pente-
cotes dernières, led. Moussour vient prier le déposant
d'aller à saint Solve avec luy pour voir s'il reconnoitrait
le métayer dud. s' Fage pour avoir mené la vache et la
velle à la clef, que le déposant s'y rendit et reconnu
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— 152 —
très bien led. métayer qui étoit venu le jour de saint
Joseph mener lad. vache et lad. velle à la clef, que led.
métayer commença dabord par nier le fait, mais que le
déposant luy ayant soutenu que le fait étant véritable,
alors le métayer baissa le ton et dit aud. Moussour de
ne pas tant crier pour raison de la velle, et qu'ils n'au-
roient que deux mots ensemble, qui est tout ce qu'il a
dit scavoir.
Lecture a luy faite de sa déposition, a dit icelle con-
tenir vérité, y a persisté et a déclaré ne scavoir signer,
de ce enquis, et ayant requis taxe, luy avons taxé qua-
rante cinq sols.
3° Est aussi comparu Jean Giron, domestique, demeu-
rant au bourg de Chabrignac, lequel, après serment par
luy fait de dire vérité, nous a dit être âgé d'environ vingt
cinq ans et n'être parent, allié, sci'viteur, ny domestique
des parties, et nous présenté la coppie de l'exploit d'assi-
gnation a luy donnée le jour d'hier par led. Frange, pour
déposer cejourdhuy.
Dépose les faits mentionnés en notre susdit app* duquel
lui avons fait faire lecture, que le jour de saint Joseph,
dix neuf mars dernier, le métayer et le domestique du
sieur Fage conduisirent une vache et une velle, qui
avoient été mordues par un chien enragé, au bourgt de
Chabrignac, pour lui faire appliquer la clef de saint
Hubert, qu'en présence du déposant, le marguilhier de
Chabrignac appliqua la clef entre les jambes de la vache,
mais on ne voulu pas laisser appliquer la clef à la velle,
et ce fut le domestique du sieur Fage qui paya le mar-
guilhier; le lendemain, le déposant fut à la foire de
Juliac, et il vit le métayer du sieur Fage qui avoit
conduit la velle pour la vendre. Le déposant dit audit
métayer qu'il étoit étonné qu'il eut conduit cette velle
en foire; ledit métayer luy répondit qu'il étoit bien aisé
de la vendre, qu'il en avoit assez de sa mère, qui est
tout ce qu'il a dit scavoir.
Lecture à luy faite de sa déposition, a dit icelle con-
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— 153 —
tenir vérité, y a persisté et a déclaré ne scavoir signer,
de ce enquis, et ayant requis taxe, luy avons taxé qua-
rante cinq sols.
4* Est aussi comparu François Sicard, cardeur de laine,
habitant au village de Laumonnerie, paroisse de Saint-
Solve, lequel, après serment par luy fait de dire vérité,
nous a dit être âgé d*environ quarante cinq ans, n'être
parent, allié, serviteur, ny domestique des parties, et
nous a représenté la coppie de l'exploit d'assignation a
luy donnée le jour d'hier par led. Frangne, pour déposer
cejourdhuy.
Dépose sur tous les faits mentionnés en notre susd*
appS duquel luy avons fait faire lecture, que le jour de
saint Joseph dernier, le déposant fut chez le métayer
du sieur Fage et demanda à la femme ou étoit son
mary, qu'elle luy dit que la veille un chien noir avoit
manqué de mordre un de leurs enfans, qu'il avoit sauté
sur une velle et l'avoit mordue, que son mary et le
domestique du sieur Fage avoietit mené la vache et la
velle au bourgt de Chabrignac pour leur fiire appliquer
la clef de saint Hubert; le lendemain sur le choir, le
déposant, étant avec plusieurs de ses voisins, vit passer
le métayer avec une vache et une velle. Quelqu'un luy
demanda d'où il venoit, et il dit qu'il venoit de la foire
de Juillac. Un dimanche d'après, au retour de la lune,
le déposant, allant aux vêpres, entendit une velle qui
meuglait considérablement et qui avoit des baves des deux
cottes de la bouche; le déposant demanda à une femme
si le nommé Mousour, à qui la velle appartenoit, y étoit;
on luy dit qu'il avoit été cherché le nommé Borie meige
pour la traiter; le déposant dit de dire aud. Moussour
de prendre garde, parce que la femme du métayer du
sieur Fage avoit dit au déposant qu'elle avoit été mordue
par un chien la veille de saint Joseph, qui est tout ce
qu'il a dit scavoir.
Lecture à luy faite de sa déposition, a dit icelle con-
tenir vérité, y a persisté et a déclarer ne scavoir signer,
T. IX. 1-11
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— 154 —
de ce enquis, et ayant requis taxe, luy avons taxé trente
six sols.
Fait à Uzerche, le près' jour, 3 juillet 1788.
Db Ghiniag, lient, général.
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SIMPLES NOTIONS
D'miEM GiOGB4PHIE BAS-UNOOSINE
Avec leur application, soil aux Cartulaires de Me et de Vigeois
soit au Cartulaire de Beaulieu
MAIS PLUS PARTICULIÈREMENT POUR CE DERNIER, AUX
IDBNTIFICATIONS DE M. DELOCHE, DE l'INSTITUT
Suite (1).
Termenosa, curtis dominicaria in vicaria asnago. D. Tre-
menouse (Saint- Vincent-près-Saint-Ceré). — C. Pour être
conséquent avec son hypothèse sus-indiquée de transpo-
sition de PaguSj il eût dû s'en tenir au territoire cor-
rézien avoisinant le Puy-d'Arnac, au lieu de nous donner
à penser qull a supposé une erreur inverse de la pre-
mière. Un Termenous, ou l'équivalent, est à retrouver
auprès d'Aynac, et non de Saint-Ceré, assez éloigné
d'Aynac quant à lui, et placé par notre éminent érudit
en la vicairie à'Exitum sur sa carte géographique.
Flavinus. D. 0. — G. Saint-Jean-de-las-Gostas (Ga-
rennac), 1470. Nous observerons qu'à la table latine des
identifications, M. Deloche ajoute sans preuve dependente
dans le sous-titre : « Capella de vico Carendenaco » depen--
dente. Au contraire, si elle eût fait partie du bourg, on
(1) Voir Bulletin, tome VIII, p. 685.
Nous rappelons que la majuscule D désignera par abréviation la
conjecture de M. Deloche, la majuscule G devant être lue Gham-
peval dans ce dialogue figuré, où O signifie que l'interlocuteur ne
propose aucune identification.
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— 156 —
n*en eût point parlé, la jugeant comprise dans les omnia
ad se pertinentia, de même qu'on ne nous dissèque et
détaille pas les manses de ce bourg.
Elle pouvait en dépendre, et cela est fort probable,
pour le patronage ecclésiastique et au point de vue du
lien politique. Il nous paraît certain qu'elle ét^it en
dehors de l'agglomération des habitations composant le
bourg, c'est-à-dire distincte géographiquement; c'est pour-
quoi on a préféré s'en expliquer, surtout à raison de ce
qu'en ce point il y avait une chapelle, d'où, pour elle,
présomption d'indépendance de tout autre lieu religieux
voisin.
CHARTE XLIX. — Rundenario. D. 0. — G. Le Rou-
dinier (Beaulieu).
Adémar rend à l'abbaye de Tulle, outre l'église dédiée
à saint Martin, in loco vocitato ad illa Agenna. D. O. —
C. Laguenne, patron saint Martin, ce qui est conforme
au même testament plus développé dans le Cartulaire
de Tulle (Baluze) : reddo sancto Martino (de Tulle), ecclesiam
Sancti' Martini de Laguena. La présente charte XLIX® n'en
est ici qu'un extrait plein de variantes.
Ampulliaco. d. O. — C. O. Mais autour de Saint-Michel,
et probablement en Quercy.
TuRREM-FoLio.suM. D. — Foulioux (Sérillac). G. En con-
férant la charte XLIX® avec le testament {vide Bahizium)^
on place le Castrum Foliosum in vicaria caziliacensi.
Cambonem. d. Le Ghambon (Tulle). — G. Il y eut un
endroit habité, nommé les Gambous, près Puybrun (Lot),
et le chemin du dit à Mas-del-Pouch (minutes Lacoste,
notaire à Bétaille, aujourd'hui en dépôt chez M* Bon-
neval, à Beaulieu). Nous préférons, eu effet, le chercher,
ainsi que Faia (identifié La Page d'Albussac, par M. D.),
vers Notre-Dame de Maceriis, lequel n'est pas Boneviole
(Macerias-Boneviole ayant été dédié à saint Pierre, puis
à saint Gilles), ni Mazières, alias Sadraueys, prévôté dé-
pendant de Yigeois (1550), patron inconnu (Donzenac),
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^ 157 -
donné à Vigeois par Garsenda (1040). Maceriis pourrait
être?... Téglise qui dépendit plus tard de Dalon, sous
le titre de Notre-Dame-de-la-Grange (1722), près Puybrun.
Il y eut un MazeyroUes, à Bétaille, qui suppose le positif
Mazières.
BuLciAco. D. Boussac (Comiac). — G. A retrouver près
Saint-Michel, de la vicairie de Cazillac, et vers Vayrac :
pour ne pas proposer Boussac, commune du canton de
Livernon. Tous ces lieux donnés semblent devoir être
cherchés entre Martel, Gressensac, Saint-Palavy et Puy-
brun, d'après les indices tirés du testament in extenso
dans Baluze.
Matrona, où église. D. — Meyrone, village de la com-
mune de Saint-Sozy. — G. Mayronne, en eifet, mais il est
encore paroisse sur la rive opposée de la Dordogne, patron
saint Sulpice, ayant (1586) un château, résidence favorite
des évêques de Tulle (archives de la dite préfecture). Le
manuscrit Gosta dit Meyronne, en marge. Vitraco. D. Vi-
trac (Branceilles), ou celui près Gorrèze? — G. Gherchons
encore vers Mayronne, bien que Vitrac, du canton de
Gorrèze, patron saint Martin, ait été possédé par Tabbaye
de Tulle comme membre de sa prévôté de Glergoux.
VoGARiONUM. D. — Bougeirou (Lacave, Lot). — G. Oui,
Bougueyrou : paroisse Saint-Pierre-de-Lacave, alias le
Bougueyrou, à collation de Tévôque de Tulle (1580),
(pouillé Longnon, publié). — Bougayrou, en marge du
manuscrit Gosta.
LoNGORBM. D. — Longour (Argentat). — G. Oui, à côté
de Gurteiolum (Argentat, près le Glaux), tènement de
Gourtéjol, Goustèjoux (1615-1591), sur lequel nous avons
pu mettre la main, grâce à notre procédé de petit détail
topographique qui nous a fait retrouver Cantedunus dans
Ghantahu, Ghanteyno, 1522, Ghanteix, et le bourg de
Saint-Sanlin, paroissial en 1317 [en Saintrie, près Alboy,
(Saint-Julien d'Albois) et Saint-Pierre des Estourocs].
MoLLB. D. — Toujours Moulé (Saint-Michel-Loubejou.)
— G. Mois déjà proposé. Quant à Gintraco, M. D. ne le
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- 158 -
fait figurer que pour son nom latin aux tables latines,
et pas du tout aux françaises. Il n'est point traduit, ni
par conséquent identifié, étant de plus omis sur sa carte.
Gintrac est une paroisse du canton de Bretenoux, dtmée
(1722) par Dalon, dont elle dépendait. (Ex meis notulis, et
série D, n*' 1182, préfecture de Limoges.)
Salle. D. — La Salle (Bio). — G. Les minutes de
M* Lacoste notent le Port-de-Sal, près Puybrun et Gin-
trac. Ce Sal répond bien au masculin Salle. Laures-
tanicas, Lostanges, en effet, car le testament, dans Ba-
luze, porte la contraction Laustanicas. — Maisiracum,
D. G. Baluze écrit Maisir, ainsi que le manuscrit de
Costa. Madriniacum. D. Mayrinhac, canton de Saint-
Ceré. — G. Celui-ci est surnommé Lentour. Ne doit-on
pas lui préférer Meyrignac-le-Francowa/ (1), patron saint
Martin, près de Roc-Amadour, à la collation de Tabbé
dudit, lui-même dépendant de Tulle? Il y a aussi un
village de Meyrignac, près Cressensac, au nord-est de
Gignac.
Padriacum. d. — Peyrat (Curemonte). — G. Aucune
église n'ayant été mentionnée dans le Peyrat ci-dessus,
Payrac (Lot), chef-lieu de canton, est préférable.
ExcEPTO Vernias. d. 0. — G. Ce mot n*est pas ici sim-
plement un terme générique, synonyme d'aunaie ; il est
de plus habité et désigne peut-être La Vergue (Lot), près
Gramat, patron saint Gilles ; coUateur, Tabbé de la Cou-
ronne, vers 1600.
Mbspolium. d. Mespoulet (Cahus), ou celui de Calviac
près Latronquière. — G. O. On eût pu encore proposer
Mespoulié (Sousceyrac), Mespoulet (Saint-Caprais, près
Freyssinet-le-Gélat), en supposant que ces noms dérivent
(1) Il était sur le grand chemin (aujourd'hui voie ferrée Paris-
Toulouse) de Saint-Jacques et de Roquemadour en France» Nous
avons noté divers manses appelés France assis de même sur des
routes de poste : la France à Blanchefort (Lagraulière), et d'autres
ailleurs.
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— 159 —
d'une forme MespoUum, ce gui est faux. Mespoulet, dimi-
nutif de Mespoul, appelle forcément MespoUtum.
GiLSSANiAS (qui appartient à Figeac). D. ne le donne
pas même à la table des noms de lieux, le considérant
peut-être comme un terme générique, malgré la majus-
cule qu'il lui a donnée -dans le texte. Répondre en dési-
gnant la Gassagnolle (Figeac), ancien prieuré (1) dépendant
de cette abbaye Saint-Sauveur, serait tomber dans Ferre-
ment du précédent paragraphe. Nous proposerons donc
Gassagnes, du doyenné de Loupiat en 1580, aujourd'hui
en Rouergue.
CHARTE L. — NiGRO ourgite. D. Grour-Nègre, entre
Beaulieu et Liourdre. G. Gomme s'il ne fallait pas sup-
poser à l'abbaye une portion de Dordogne aussi en amont
de Beaulieu, au moins jusqu'au dessus du moulin Abba-
diol (abbatial) pour la prise d'eau. Or (sans même re-
monter jusqu'au tènement de Gour-Nègre (Monceaux),
relaté en 1584), nous pouvons citer, plus bas encore,
le Port-du-Gour-Nègre (1787), dépendant de Brivezac, sur
la Dordogne, prés la Vitraque. (Papiers de famille de
M"** Ghauvac de Laplace, à Beaulieu.)
Et la Vitraque touche Gharluc (1773). Et le Gharluc
(Bassignac-le-Bas} est près le bourg susdit et chemin du
Gour-Nègre à la Vitraque. Voilà donc la position déter-
minée. (L'atlas de Lépinay donne du reste Gour-Nègre en
aval de la Champagne.)
GHARTE LI. — Sanctos-Bonitus, in vicaria Sateme^
en Auvergne. D. 0. Gar il ne traduit pas, ni ne le porte
à la table française, et dit à la table latine que Saint-
Bonnet est in villa Lacu, comme l'y autorise la charte
CLXXIIP.
G. Gette charte indiquant assez que l'église et la villa
ne faisaient qu'un seul et même lieu, Lacus, plus tard
(1) Patron saint BIai8e> en 1580. (Pouillé Massabie.)
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— 160 —
pleinement débaptisé par le vocable Saint-Bonnet, il ne
faut donc point aller chercher Lacus à Fontanges, à plus
de deux lieues de Saint-Bonnet et à 500 mètres de Fon-
tanges, auquel, en sa qualité de bourg, on voudra bien
reconnaître celle de villa. Les villas n'étaient ni d'un
périmètre si étendu (première hypothèse), ni d'un si
faible rayon (deuxième cas).
Il ne peut être ici question que du Saint-Bonnet ^de
Salers, car il n'y a que lui par là. Est-ce l'appellation
de Salers qui aura fait craindre à M. D. que ce Saint-
Bonnet n'ait jamais pu se rattacher politiquement à
Salins? Mais Salers, bailliage et châtellenie au siècle
dernier, a pu devenir postérieurement assez important
pour comprendre Saint-Bonnet.
CHARTE LU. — Saint Julien, martyr. D. (Saint-Julien-
aux-Bois.) C. Notre Saint-Julien-d'Alboy, ainsi nommé
non à cause de ses bois, mais bien de sa châtellenie
d'Alboy, ne fête pas saint Julien, martyr (9 janvier),
mais saint Julien-de-Brioude par une ballade fixée en-
core au 28 août. Pour rester au même pagus, nous pro-
poserions Saint-Julien-de-Pauliac (1580), en l'archiprôtré
de Thégra, s'il n'était in vicaria pauliacensû Saint-Julien-
de-Fraissinhes, ayant pour annexe en 1580 Lentillac-près-
Saint-Ceré, nous laisse in vicaria exidense, préférablement
encore à Cardaillac et à Yssendolus, dédiés aussi à Saint-
Julien.
Seoonciacus. d. Segonzac, près Autoire. G. Segonzac
(Loubressac), fourni par un acte notarié de 1751.
Ad illa Brucia. D. Labrousse (Freyssinhe-près-Saint-
Géré). G. O. Le Labrousse ci-dessus proposé doit avoir
eu un certain nombre d'habitations, puisqu'il s'est main-
tenu jusqu'à ce jour. Le La Brousse du texte semble au
contraire peu important, soit dit sans y insister.
M. D. n'a pu tirer de nulle part (au Gartulaire) que
de la charte LU, ce qu'il nous apprend (Introd., p. 169)
touchant Saint-Julien-aux-Bois, à savoir qu'avant d'être
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I
— 161 —
lui-même chef-lieu d'une vicairie, il fit partie de celle
de Roufiac. Cela fait passer entière en Auvergne une
paroisse demeurant néanmoins séparée de cette province
(vers Roufiac) par d'autres paroisses restées limousines.
Revoyons cette charte LIP. Si on convient de ce point,
que la phrase : ipsas res jam superius dictas quae sunt in
pago lemovicino in vicaria Rofiacense sive exidense, indique
Tordre des attributions de pays à faire, nous mettrons
Saint-Julien en Limousin, puis Vernejoux et Neocioni
en la vicairie de Roufiac, et enfin la casa dominicaria
(innommée) en la valle altorense.
Or, pour Vernejoux (Cornac) et Segonzac (Loubressac),
qui se retrouvent, le texte (se corrigeant par dérogation
aux indices d'attribution ci-dessus) dit en second lieu
formellement : près d'Autoire; et les vignes ne deman-
dent pas à être de l'altitude de Roufiiac. Selon nous, le
similiter in alio loco in vicaria exidense n'autorise pas le
lecteur à changer de pays pour Saint- Julien, mais seu-
lement de vicairie. Ce n'est qu'à propos de la casa domi'
nicaria qu'on l'avertit et qu'on lui énumère l'attribution
à faire, en commençant par les pays des lieux les der-
niers nommés et en remontant de proche en proche.
C'est ainsi que cette casa se placerait, quoiqu'en Li-
mousin, en la vicairie de Roufiac, et c'est pourquoi on
redouble la mention in pago lemov. in vicar. S'il n'eut
pas dû y avoir exception au non-enjambement des grands
pagi par vicairies, on eût dit in vicariis Rofiacense seu
exidense,
La vicairie de Roufiac venait prendre, en Limousin,
Septaubres et Peyrous, qui sont de Goulles, ont gardé
une importance en rapport avec leur ancien titre de villa,
et ne peuvent être supplantées par deux homonymes qu'on
leur chercherait en Auvergne. On dit du reste : in pago
lemovicino in vicaria Rofiacense,
Il est certain, par la charte CLX*, que Saint- Julien (de
Garriga, aujourd'hui Saint-Julien-Momont), près Meyssac,
avait aussi, et encore pour patron saint Julien, martyr.
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— 162 —
Mais nous n'aurons raison que si Saint-Julien-de-Freys-
sinhes, ou un Saint-Julien (Quercynois) voisin est sous
le vocable de saint Julien le martyr, — La charte CXXVI*
place un saint Julien en Quercy, in exitense, et ce doit
être celui-là.
Similiter a pour but de nous retenir en Quercy et en
la vicairie exitensis, quoiqu'on ne dise formellement ni
le pagus, ni la vicairie, supposant assez indiquée l'as-
siette d'une église, par voie d'exclusion. Placez en effet
la casa dominicaria à la fois en Limousin et en la vicairie
de Rouflac, il ne restera de place pour le reste qu'en
Vexitensis. SanctUStephani ne doit pas être Ijiourdres, car
on eût de préférence donné pour confins la Dordogne, qui
est bonne limite.
Revenons maintenant à Saint-Julien-au-Bois, d'abord
membre d'une vicairie auvergnate, selon M. Deloche
(Introd.), puis lui-même vicairie limousine, et cela sur
une douteuse interprétation de ces quelques lignes très
vagues. L'empiétement de quelques villages aurait moins
d'importance, mais l'attribution à l'Auvergne de la pa-
roisse de Saint-Julien, qui en est séparée, fût-ce au plus
près, vers Rouflac, par la Maronne! et la paroisse dis-
parue de Saint-Xantin, au sud-est de Malesse, — et plus
bas par celles de Saint-Geniès, Saint-Girgue et Goulles,
serait une grave infraction à cette règle de Guérard, à
laquelle, il est vrai, M. Deloche est moins favorable,
à savoir : que le diocèse ancien représente la cité, la
nation gauloise, le pagus.
Un mot de digression : L'Église (1) fut toujours très
sévère contre les usurpations de diocèses. Innocent !•'
s'opposa fortement à l'entreprise de l'empereur Valens,
(i) L*Églis6, par ses apôtres, qui divisèrent le détroit des églises
patriarcales et des diocèses à Tinstar des provinces romaines, avait
continué Tœuvre de Dieu : Quando dividebat Altisaimus gentes :
quando sep^rabat filios Adam, constitua terminos populorum
Juxta numerum filiorum IsraeL (Deutér., chap. XXXII, versets.
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— 163 —
qui, en haine de saint Basile, avait ôté à Téglise d'An-
tioche une partie de la Gappadoce pour la donner à
Tévêché de Tyr : Non vims est, dit-il, ai mobilitatem mun-
danam dei ecclesiam commutari nec divisiones perpetL (Gré-
goire Naz., orat. 20.)
Joignez-y le concile d'Éphèse, canon 7, et celui de
Constantinople. dans lequel Tempereur Marcien rétracta
volontairement la division que son prédécesseur avait
faite de la Phénicie au préjudice de Tévêque de Byr,
pour favoriser celui de Béryte.
Pour les défenses faites aux évêques d'empiéter ou de
se laisser usurper, voyez M. Deloche (Introd., p. 132).
Mais toutes ces prohibitions étant au contraire, à ses
yeux, la preuve la plus formelle des usurpations com-
mises entre eux, on s'attendrait à quelque preuve de plus
que la lettre à Cronope.
Agésilas répondait au sujet de ses limites : Quousque
vibrata lancea potest pertingere. Agésilas n'était pas évéque,
ni n'accommodait son ambition au goût Spartiate.
D'autre part, les populations se seraient-elles prêté à
ce qu'on les dépaysât ainsi, surtout au temps où étaient
plus tranchées les différences de races, de costume, de
langage, de législation, puisque M. Deloche nous recon-
naît entourés de peuples différents? A mesure que ces
premières divergences tombaient, surgissaient d'autres
obstacles qui les tenaient isolés. Prenons pour exemple,
en 1750, les villages des Nadaux et La Grange, séparés
par un simple filet d'eau, le ruisseau de la Loube.
Paroisse de Bort.
Sénéchaussée de Tulle.
Élection de Tulle.
Les Nadaux • . • . / Province du Limousin.
Diocèse de Limoges.
Parlement de Bordeaux.
(Droit écrit.)
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— 164 —
Lanobre.
Riom.
Clermont.
La Grange { Auvergne.
Diocèse de Clermont.
Parlement Paris.
(Droit coutumier et écrit.)
CHARTE LIV. — Vallis. D. Laval (Sérilhac? ou Lqs-
tanges?). — C. 1** Laval-de-Sérilhac, avec ses doublures
jadis de Laval-Meyrinche et de Laval-de-las-Razas (Sé-
rilhac), près Pauliac et La Croix (1639) (papiers de M* Sol-
Lalande, notaire au Pescher, à Tobligeance duquel nous
devons d*autres communications intéressantes), doit être
écarté pour laisser la vicairie de Sérilhac comprendre sa
paroisse entière.
2® Laval de Lostanges. Il n'y. en a pas. M. D. a con-
fondu avec Tudeils; mais il eût fallu citer, en outre,
Laval, de Nonards, ce dernier Laval ancien fief. Tous
deux, quoique celui de Nonards en soit plus près, rem-
plissent les conditions de proximité de la terra Sancti^
Stephani, qui doit 'être plutôt Saint-Étienne du Puy-
d*Arnac que Saint-Étienne d'Astaillac. L'abbaye eut des
possessions nombreuses autour de sa prévôté de Tudeils.
Le manuscrit de Costa porte en marge : De uno gleygo
que se apelo vallis^ et au-dessous, en français : vaulx. On
le francisait donc couramment vaulx, ce qui nous ferait
préférer Val de Tudeils, écrit deux fois Veaulx sur Tatlas,
— assez éloigné de son chef-lieu pour justifier la pré-
sence d'une église, — bien qu'il y ait eu dans Astaillac
même Sainte-Marie de Donriette (prieuré, 1586. CoUa-
teur, l'abbé de Beaulieu). Ad illam rocam est un hameau
qui demandait une majuscule comme Panteo, son voi-
sin, le texte original les omettant fréquemment, comme
il l'a fait ici pour vallis.
Parmi les innombrables variantes entre le texte donné
par M. Deloche et celui de Costa, texte officiel de notre
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— 165 —
abbaye, nous citerons celle-ci : Costa : Terram sancti
Pétri et ad praedictos monachos^ dé fronte subteriori terram
David, de tertio latus (sic) vineam Fulcradi (1). — En marge,
date 860 (M. Deloche, 861). En présence de copies diver-
gentes, nous serions facilement porté à signaler, sinon à
prendre toujours pour bon, ce que chacune contient de
plus que l'autre , la tendance des copistes étant d'écourter.
Ad illa Campania. — D. La Champagne (Bassignac-le-
Bas). — Or, il n'y en a pas, mais à Brivezac, ce qui nous
laisse en la même vicairie, au lieu d'aller en celles du
Vert ou d'Altillac.
Et en effet, à la Champagne de Brivezac nous préfé-
rerons la Champagne, encore existant à Nonards, car on
eût probablement dit et in alio loco s'il eut fallu seule-
ment passer l'eau, et il se pourrait même que ce fût
un Campania disparu, plus près encore de Vaux.
CHARTE LV. — Dinachus et tout le reste en Limousin,
et en la vicairie de Bar, dit la charte. Retenons cela.
A l'inverse de M. Deloche, qui va disséminer ces lieux
donnés, de Chamboulive à Cahus (Lot) et de Souillac à
Meyssac et Saint-Ceré, nous allons les montrer groupés
en majeure partie, ne sortant pas des limites vraisem-
blables de la vicairie. Il s'agit de notre canton de Cor-
rèze, non moins étudié que les autres.
DiNACHiJS. D. Saint-Salvadour, ce qui le met, malgré
sa carte, in vicaria CamboUvensL C. Dignac (Bar). Castel-
lucius. D. Châtau (Seilhac), près Dignac. C. Il n'y a pas
de lieu de ce nom à Seilhac, mais à côté; car M. D. a
mal lu Chalaux (Chamboulive), à un quart, de lieue de
Dignac. Ce nom se rapproche de Castellucius, mais il est
in CamboUvensL II faudra persister à le chercher au con-
tact immédiat du Dignac (de Bar), dont il fut peut être
(1) Deloche : Terram sancti Pétri, de subteriori terram David,
de tertio vineam.
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— 166 —
le château même, quoique Ghalaox ait été villa et même
petite seigneurie.
Une objection qui a sa valeur, c'est que nous avons
ramassé avec soin les noms et qualités de tous nos Cor-
réziens, du noble au bourgeois, qui se sont titrés d*un
nom de lieu, ne fût-ce qu'avec Tépithèle de sieur. C'est
ainsi que nous avons, pour Ghamboulive, les Serre de
Bazaugour, les de Fénis de Suzanges et de la Pardul-
pherie, les Lavialle du Masmorel, les Leygonie de la
Rue, etc., et des familles d'un rang inférieur, comme les
Laserre de Berlandeix et MaurioUes, etc.; jamais aucun
sieur de Dignac. En 1592, Pierre Comte, de Monceaux
(Viam), a des rentes en fondalité sur Dignac (Chambou-
live) et ne s'en titre pas, alors qu'il se titre de la Fau-
rie (Saint-Hilaire-les-Courbes) et du Peyr (Lestars), etc.
Du Dignac de Bar nul ne s'en titra, mais par la bonne
raison que l'abbaye de Tulle le posséda longtemps, et
qu'il n'a pu qu'assez tard venir aux mains des nobles
Boussac d'Hublanges, déjà encombrés de fiefs à énumé-
rer. Les seigneuries qu'on ne nomme pas sont tacite-
ment comprises dans la formule ridiculisée : seigneur de
(Boussac, Hublanges, le Vert) et... autres lieiuv. L'expres-
sion est plus juste qu'on ne croit. Ce sont là autant de
lieux, d'anciens groupes temporaires quasi -paroissiaux
(durant la période d'hostilités), plus tard chefs-lieux de
collectes fiscales, sièges d'enclaves inexplicables sans
cette idée. Nos campagnards, d'instinct, comme s'ils de-
vaient encore y trouver et y fournir assistance (et plût
à Dieu que ce patronage social, avec mutuel échange de
secours s'y exerçât encore!), appellent toujours château
le bâtiment, si mutilé ou transformé soit-il, ayant servi
de repaire, et en titrent toujours le maître, disant comme
malgré eux, par exemple, du possesseur de l'ancien châ-
teau des de Selve : M. Dubois de Bity (Sarran), — M. Val
du Cher, quoique le Cher n'ait pas conservé son habi-
tation seigneuriale.
Chaque repaire avait, disons-nous, sa chapelle, indispen-
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— 167 —
sable puisque les tenanciers voisins levants et couchants
du dit repaire y affluaient nombreux, à un signal donnée
et que dans ce sauve-qui-peut d*enlants, de femmes et
d'hommes fuétables, on n'avait pas moins besoin de
recourir à Dieu qu'à l'habileté du capitaine-gentilhomme,
en tout temps occupé à se faire la main à la défense
commune par la chasse et les chevauchées. Aussi avons-
nous applaudi aux réflexions sévères par lesquelles le
regrettable abbé Roy-Pierrefltte termine la longue liste
des chapelles castrales, interdites en 1741 par l'évéque
de Limoges, et cependant si nécessaires, quoique déla-
brées, à entretenir l'édification dans les villages.
Autour du Dignac de Bar, le plan cadastral ne donne
d'autres noms significatifs de parcelles que le Bois^du^
Prince, appellation sur laquelle nous ne faisons pas grand
fondement. Il y eut le tènement de La Boissière (1), 1598.
CuLFURNO. D., à la table latine d'identifications, ren-
voie à faux à la charte LX®, qui ne parle pas de cet
endroit, et à la table française indique Chauffeur, canton
de Meyssac, malgré la charte CLXVI% conflrmative de
celle-ci pour retenir le lecteur en la vicairie de Bar.
Dès qu'on sort de la vicairie assignée, ce Chauffeur de
Meyssac, qui dépendait de Brivezac, n'a guère plus de
droits que Chauffeur de Nonards ou d'autres.
Penziaco. D. dit Pinsac, canton de Souillac (Lot), et
incline à croire que le Penziacus de la charte LV* est
le môme que celui de la charte CLXVI*. C. Oui, sans
hésitation, car elle énonce dans le même ordre les
mêmes lieux; mais nous proposerons Peyzac (commune
de Corrèze), terme collectif encore usité par nos paysans
pour désigner une section de cette commune en arrière
(1) Arrière-fief titrant une branche des Fônis. Ce nom, tiré de
buxus, buis, arbuste affectionné des Romains, marque souvent
une ancienne villa agraria ou de plaisance gallo-romaine. Le
R. P. de La Croix, avec lequel nous avions naguère la bonne
fortune d'excursionner, vers Sanxay, a vérifié aussi la justesse
de cette remarque.
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— 168 —
de Maleret, En Peyzaty en patois. Il y a mieux : les
titres de la famille de Braquillanges du Bech nous ont
révélé la Borie-de-Peyzac, sise 1587, près Puynède et
les Combes, tous de Corrèze. Cette borie, -qui suppose
forcément le lieu habité aussi de Peyzac, dont elle était
le membre, fit partie de la baronnie de Gimel.
RiNiACO. D. Reignac (Lostanges). C. Il n*y en a pas.
M. D. a probablement entendu signaler la Reynie, ou
la Rinie, de Tudeils, plus limitrophe de Nonards que
de Lostanges. C. Reignac (Corrèze), bien préférable à
Rignac, seigneurie de Grandsaignes, aux de Moreaux,
puis aux de Souris. Reignac, près Corrèze, était Rignacus
en latin (1451) (reconnaissances féodales à M"® de Vyers,
papiers du château de Vyers, ex meis),
QuADRis. D. O. — C. Cayres (Corrèze), aujourd'hui 37
âmes.
Crispinianicas. d. Crépignac (Saint-Julien-Maumont).
C. Crespianges (Corrèze), dont l'évêque de Tulle, vers le
xvi« siècle, aliéna les dîmes inféodées. On sait que les
terminaisons : ange, proviennent d*un thème icm^ Ca-
nonge de canonicus, Domenge dominicus,
Patriciago. d. Pétrissac (Reygades). C. Étymologique-
ment ce Peyrissac, fief aux Clare, répondrait bien à
patriciago^ même sans la forme archaïque Pétrissac qu'on
lui donne ici; mais il est certain qu'il s'agit de Pey-
rissac (Corrèze), partition du village d'Auliac encore con-
nue des vieux de ce village, connue aussi par ailleurs,
ainsi qu'il suit :
Par acte reçu W François Plasse, no""® à Corrèze, le
20® janvier 1541, noble François de Mirambel, sgr du dit
et de la Noaille, vend à noble Charlote de Lascoux, relicte
(mot charmant, délaissée, veuve), de feu noble Jacques de
Bar, seigneur du dit, des rentes en fondalité sur le Tou-
rondel (Saint- Augustin), comme aussy le villaige d'Auliac
et fassion de Peyrissac, parroisse de Corrèze et tènement
d'iceux. (Papiers de Vyers et de M. de Selve.)
Nous pourrions citer encore deux actes, plus une liève,
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— 169 —
attestant Texisteuce (ie ce Peyrissac, mais nous ne devons
pas abuser de l'hospitalité qu'on nous accorde si libéra-
lement dans ce bulletin.
Mercarijp D. propose presque Miguiral (Cahus). C. O.
Pour ne mettre en avant ni Mercour, tènement seigneu-
rial, Rosiers-d'Égletons et St-Yrieix-le-Déjalat, ni Meiou
(Sarfan), dépendant du Puy à Varges (1683), ni Mier
(Corrèze), pour le Megurio de la charte CLXVI. Il est
vrai que M. D. transcrivant Meill notre Miers actuel, ce qui
doit être conforme à la réalité, place à Mieis (1) (Corrèze
(1) A 20 kilomètres des limites actuelles de la paroisse de Gimel.
et Meyrignac) le Meill, villa in parochia Sancti-Perdulfi
de Gimel, du Gartulaire de Tulle de Baluze (Géographie
historique de M. Deloche). A propos de ce Saint-Pardoux-
de-Gimel, M. D. ajoute : « Il existe trois localités du
nom de Gimel : Saint-Martial-de-Gimel, Saint-Priest-de-
Gimel, et enfin Gimel. » M. D. voulait sans doute dire
que Gimel se divisait en deux paroisses : Saint-Étienne
et Saint-Pardoux,. comme Tulle et Brive, chacune en
deux paroisses. Quant à Saint-Martial et à Saint-Priest,
ils sont à une certaine distance de Gimel, mais en son
ancien archiprêtré, et on ne voulait pas exprimer autre
chose quand on disait de même Saint-Merd-en-Gimel
pour Saint-Merd-de-Lapleau, Vitrac-en-Gimel, en par-
lant de Vitrac du canton de Corrèze.
Matriniaco. d. Meyrignac-près-Saint-Ceré. C. Meyri-
gnac-FÉglise, canton de Corrèze.
Sanciago. d. Sensac-de-Marmiesse (Cantal). — C. pro-
bablement Censac (Orliac-de-Bar, 1755, terrier de la ba-
ronnie de Corrèze et Boussac), près Boussac,^ les Cuizines,
Lestrade, Sarlat.
Jovis. D. O. — C. Vraisemblablement Janjou (Corrèze),
près Reignac, en supposant la prosthèse jan pour en,
ce qui est fréquent, comme on dit Enval pour Val.
Valus. D. propose dubitativement Laval de Sérilhac
ou de Lostanges. C. Mieux Enval de Corrèze qu'Enval
de Serran. Pinsac, près Souillac, fut paroisse Saint-
T. IX \—13
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— 170 —
Pierre en 1500 (Bibl. nat., fonds latin m" n*» 11819,
fol. 322, communication de M. Tabbé Marche) et dépendit
de Souillac. La charte l'eût qualifié de villa.
Chercher des identifications en dehors des environs de
Bar, c'est, vouloir courir les risques de quatre hypo-
thèses invraisemblables : 1* Supposer que dans les deux
chartes LV* et CLXVI*, on a fait erreur de pagus et
de vicairie; 2« qu'Hermenric, donateur, avait, comme
le puissant Âdhémar des Échelles, son bien de tous
côtés; 3® qu'il les donne disséminés à la même abbaye;
4* enfin que les homonymes n'étaient guère nombreux,
tandis qu'ils abondaient au contraire, si on songe que
chaque corps d'exploitation a eu son nom distinct, et
que cela peut aller jusqu'à 60,000 lieux habités pour
notre seul petit et pauvre département.
CHARTE LVIII. — Monte mediano^ in vicaria Asnacense.
D. Miegemont (Altillac) qui, de l'aveu de sa carte, est
in vicaria AUiliacensi^ car ce Miegemont, ancienne sei-
gneurie, est trop en aval de Beaulieu pour avoir pu
être encadré infra décos dans les limites du territoire de
Beaulieu, en tant que bourgade.
L'une de ces croix-limites, au xv« siècle, et on peut
bien les supposer à peu près telles un siècle après la
fondation de l'abbaye, s'étendait jusques auprès de Daulie
(Altillac). Même Vellinus étant un port, dût avoir comme
dépendance une petite partie de la rive droite, ainsi que
nous l'observons pour Astaillac, ayant main mise sur
Thézels par delà la Dordogne; Beaulieu sur ses îles et
quelques adjàcences de la rive opposée; Brivezac, sur
un important lambeau de territoire; Monceaux et Ar-
gentat, de même ; Glénic empiétant sur la rive adverse ;
Bort et le Port-Dieu bien davantage : tous évidemment
à titre de ports, par un droit qui s'impose.
Cette considération n'amènera-t-elle aucun de nos lec-
teurs à se demander si nos vicairies limousines, et pagus
et diocèse, étaient aussi correctement limités, notamment
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— 171 —
par le fleuve Dordogne, que le voudraient les lisérés rose,
violet et vert de la carte de M. Deloche? Nous préférons,
quant à nous, ne supposer à cette carte, d'ailleurs pleine
de difficultés très heureusement surmontées, d'autre inten-
tion que de figurer sommairement le terrain pour Tintel-
ligence du Cartulaire. Le savant académicien en fournit
une preuve en l'introduction, page 145, où il fait passer
la limite ancienne entre Granges et les Nadaux, de façon
à faire souhaiter d'autres exemples.
Miégemont n'est donc pas dans la vicairie exigée, et
de plus ojffre une inversion, ayant eu vraisemblablement
pour but de le distinguer de Montmajou (Altillac), 1643
(papiers de M. Farges cadet, à Beaulieu). Le Cartulaire
de Costa (1) dit en marge Asnacum, puis Mommeia, puis
encore la date 943. Tout ce qu'il nous apprend par là,
c'est que la forme Monuneia avait persisté et qu'il faut
trouver ce lieu en la paroisse du Puy-d'Arnac, où nous
avions, en effet, déjà relevé Montmège, en 1642 (papiers
de M. l'abbé Bourneix, curé de Nonards, auquel nous
serons toujours fort reconnaissant aussi de ses bien-
veillantes leçons de Servières).
CHARTE LIX. — Flbsco. D. 0. — C. JJous pourrions
citer Fleix, encore existant (Beaulieu); mais à cause de
sa connexité avec la charte LXXXIX*, il est plus sûr
de le placer à Fleix de St-Basile-de-Meyssac, car Etienne
donne des biens situés là-bas. Yella vignea.
CHARTE LX. — Monte. D. Montai (Saint-Ceré) ou
Montberd, canton de Saint-Ceré. C. Lieu à chercher dans
la dépression de terrain formant bassin qui part d'Exitum.
Montai devait se dire de Monte alto^ en latin. Le manus-
(1) M. le baron de Costa, avec une obligeance dont nous tenons
à le remercier ici, vient de nous prêter le manuscrit original. Nous
le confrontons avec la publication de &f. Deloche, en donnant les
rares identifications portées en marge, et cependant inaperçues de
M. Deloche.
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— 172 —
crit Costa a mieux traduit : Mons. Ce point est facile à
retrouver, à la condition d'étendre aux abords quercynois
de Beaulieu (ce que nous avons entrepris depuis trop
peu d'années) le procédé de reconstitution des villages
par voie de tènement et même de territoire.
In illa Calme. D. Le Champs? (Lostanges). — C. Le
texte exprime formellement in villa Beliaco; une villa en
pays riche ne va pas môme à deux kilomètres, tant s'en
faut. Or, D., note 5, insiste en répétant par une variante :
in arode (1) villa Beliaco. — Billac a pu être divisé en deux
villas> dont l'une serait la villa de Bilhac-La Rode, que
le diminutif Rouane, près le bourg, achèverait de faire
supposer. Il y eut un mas, la Beliague, à Astaillac ou
à Sioniac.
Calme, sans exception, s'est francisé, en limousin, en
chaux, au féminin, terrains « fraux, n incultes, légère-
ment marécageux, la plupart du temps communaux;
tandis que champ, au masculin, provient toujours d'un
thème latin campus. Nous nous en tiendrons donc à Las
Chaux (Billac), près le moulin de la Force et le chemin
de Queyssac à Puybrun, indiqué en 1761 à la suite du
terrier de Puymerle. (Archives de la maison de Corn, au
château du Jayle, Malemort.) Ce Calme est distinct de
celui de la charte LXIX*
In Villa Valle. D. (Sérillac ou Lostanges.) C. Tudeils
ou Nonards, pour nous tenir le plus possible in Asna'
censi, comme nous y invite encore Barennac.
CHARTE LXI. — Petraficta. D. Saint-Silvain. C.
Saint-Paul, tout à côté, car Saint-Silvain n'en a pas.
CHARTE LXII. — Alla Costa. D. (Lostanges ou Saint-
Basile-de-Meyssac.) C. Nous le placerions volontiers vers
Saint-Basile-de-Meyssac, comme à la charte LIX*.
Voici les communes voisines possédant un La Coste, en-
(l) Arode trouvera son mot d'explication à la charte CXLVII*.
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— 173 —
core habité (Le-Puy-d'Arnac, 8aint-Basile-de-Meyssac,
Saint- Julien-Maumont, Tudeils, Végennes) : disparu, (Sio-
niac) près El Salinier et chemin du Moulin-Abadiol à
Fleys, 1739. — (Beaulieu), 1659, près le Batut, le Moulin
de la Treille, Roc-Chastang. — Las Costas (Brivezac),
1685, près las Tournilles et la Papetie.
CHARTE LXIII. — Falgarias. Ici encore les additions
en marge du manuscrit de Costa nous donnent raison
pour la charte XVIIP, en écrivant Falguières. Plus loin
on y lit Biars et Glane. Biars du Lot ayant appartenu
au doyen de Beaulieu, et se trouvant sur la rive droite
de la Cère, il nous répugne moins d'admettre ce Biars
en la vicairie Vertedensis, en Limousin, à la date de
893, que d'y comprendre, de Toutre-Cère, Glanne et Ga-
gnac. — Glanne (qui a pu avoir un homonyme, rive droite),
sur la foi de cet unique passage, — Gagnac — sans au-
cune preuve directe. M. Deloche traduit mal Gimpnhacus,
Gignac, siège d'archiprêtré, dit de Gimpnhaco (Pouillé,
ex meis, 1500, et cahier de minutes de Cressensac, 1486,
communiqué par M. de Lépinay, notre distingué vice-
président, provenant de la mairie de Lissac), par le
mot français Gagnac (à propos du témoin de la charte
CXCV*). Gagnac n'est pas cité au Cartulaire; ce fut
une châtellenie hommageant aux Turenne, en latin
Gaunhaco (Chartrier de M"** de La Grénerie, au château
de ce nom, Gagnac, Lot).
Sancti-Salvatoris. D. 0. — C. Il s'agit sans doute
d'une vigne appartenant, selon l'usage du temps, à quel-
que confrérie Saint-Sauveur, ou peut-être à l'église Saint-
Sauveur de Pleaux.
Vadecia. D. Vaysse (Biars). Non loin de Biars il y a
bien deux La Vaysse, mais ils sont de Gagnac.
CHARTE LXIV. — Ad illo Salbnte. D. Le Saillant
(Voutezac). C. Mieux le Saillant- Fi^ua; (Allassac), car le
Saillant du canton de Juillac étant in centena Vinogilo,
était rattaché à la vicairie de Luberaac, et point à celle
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— 174 —
d'Uzerche ici exigée : Les termes in pago Exandonense et
in vicaria Usercense Tindiquent assez.
CHARTE LXV. — Vblia Fonte n'est pas de Sainte-
Féréole, comme le dit M. D., mais seigneurie en la pa-
roisse de Saint-Hilaire-le-Peyroux, lequel Saint-Hilaire
fut en Tarchiprêtré de Brive, vers 1450. (Papiers de
!!• Sol-Lalande, notaire au Pescher.)
Poio ALDRico. Le manuscrit Costa identifie : Mas de
Pexaldric. Néanmoins, cela paraît être le Puy-d'Ayre,
de M. Deloche.
CHARTE LXVL — Bonavallis. D. (Nonards ou La-
Chapelle-aux-Saints.) M. Deloche joue de malheur. Bon-
neval n'est point de Nonards, mais du Puy-d'Arnac. On
en pourrait citer un autre d'Astaillac. Celui de La-
Chapelle-aux-Siaints semble préférable (à cause de sa
plus grande proximité de Turenne, pour satisfaire au
pago tamensi) à celui du Puy d'Arnac, de prime abord
plus favorable à la confrontation avec terra vicarialis;
mais rien n'empêche que TofiBcier de justice du district
du Puy-d'Arnac ait été doté au moyen d'une terre un
peu éloignée du siège de son ofOlce. L'abbaye, pour se
mieux garder, aurait eu intérêt à le salarier en terrain-
frontière, de même qu'il nous paraîtrait résulter de l'en-
semble des chartes des Cartulaires de la région, que
chaque donateur donne plutôt comme des rognures de
son bien : ce qui s'éloigne le plus du vol du chapon.
C'est assez dans la nature humaine de retenir jusque
après trépas le noyau de ses possessions, le jaune de
l'œuf ^ selon un mot bien limousin de nos paysans :
lou bougioû.
A ce propos, M. Deloche se demande si par hasard
cet Immon ne serait pas le môme qu'Immon de Caunac,
donateur à Saint-Martin-de-TuUe d'une villa en la vicairie
de Naves, à peu d'années d'intervalle, vers 924. Nous
aurions à poser une autre question. Les Nobiliaires sont-
ils dûment autorisés, dans leur attribution à la généa-
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— 175 —
logie des Gosnac (Gothnac), de Cosnac près Brive, de cet
Immon de Gat^nac (Galnaco, Gaunaco), quand de sérieux
indices semblent lui donner pour berceau le lieu de
Ghaunac (Naves), jadis paroissial, et assiette d'une forte
châtellenie sur la grande voie antique? La maison de
Gosnac possède assez d'illustration pour se passer de cet
ancêtre.
Donnons place à un membre de phrase, resté inédit,
du Gartulaire de Gosta. Après les mots : ubi Solius vism
est manere^ (adde) et alium mansum ubi Constavulus visus
est manere^ (avant ceux-ci) et in ipso loco. — G'est un nom
de tenancier en plus, à ranger à VIndex onomastieus man*
cipiarum, à côté de Costabulm de la charte GIX*.
GHARTE LXVII. — Ajoutez à M. Deloche les mots
suivants du manuscrit Gosta. Après Belliloeensis^ mettez
cenobiL Après Genestinas^ écrivez : iM visi sunt manere
Amaldus et Stephanus, Et est ipse mansw in, etc.
Gbnbstinas. D. Genestines (Moustier-Ventadour), par
confusion encore avec Darnets, commune contiguê, seule
en possession par là d'un village de ce nom. Ge Genes-
tines a l'inconvénient grave d'être in vicaria rosariensi,
d% l'aveu même de la carte Deloche. G. Il y eut, en
1692, un tènement, la Genestina, près le repaire du
Pouget-La-Tour, de Saint-Martial-de-Gimel (papiers Jon-
dot, au château de Pouymas-Bas, minutes Soubrane), et
mieux encore un village de Genestinas Sobranas et So-
tranas (Espagnac), 1417 (papiers de H. Lafont, gendre
Lespinasse, de l'ancien repaire noble du Pouget-Pignol,
Espagnac, compulsés en juillet 1885}.
GHARTE LXVIII. — Ad illa vabbr, in lbmovicino, in
AicB Vertbdbnse. D. Lavaur (Saint-Girque-la-Roche, can-
ton de Servière) (sic), lequel Saint-Girgue-la-Loutre est
inscrit sur sa propre carte en la vicairie de Saint-Julien-
aux-Bois. En marge du manuscrit de Gosta, l'annotateur
a écrit vab, faute d'avoir su lire l'abréviation portant sur
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— 176 —
le b final, nouvelle preuve (après quelques autres passim)
que ses identifications demandent un contrôle rigoureux.
M. D. eût pu tout aussi facilement mettre en ligne :
Lavaur (Gaignac), Vaur (Sexcles), Vaur-las-Costas {Saint-
Geniès-ô-Merle), Lavaur-d'El-Bos (Cahus), Vauret (Mer-
cœur), supposant Vaur, Lavaur (Goulles), dépendant de
Teulet, 1764.
G. Vaur (Bassignac-le-Bas), préférablement, car la
phrase suivante passe en Quercy en termes qui sentent
la migration.
Manuscrit Costa. — En marge, en face de genitor meus
Rotbertus est écrit : Rodulphm ejus pater nomine Rotbertus.
CHARTE LXIX. — Ad illa Calme. D. et C. Mêmes ob-
servations opposées qu'en la charte LX*. C. Mais comme
on nous dit Calme adjacent aux bodinas subttts Barentenaco^
loin d'aller vers Lostanges ou Billac, nous affirmerons un
Lacam, disparu au moins de nom, près Barennac de
Sioniac.
Monte mediano. G. et D. Gomme au numéro 58.
CHARTE LXX. — Manuscrit Costa. Additions en
marge : date, vers 967, — Aouriols. — B. Raynier fait
miracle.
Voici les variantes. Costa, in urbe lemovicino in vie,
(avec le signe abréviatif) daraciacense, — Deloche, cum
magna felicitate, — Costa, cum magna velocitate, — Deloche,
in eadem ratione ad ipsum jam dictum venerabilem offero, —
Costa, 171 eadem ratione ipsum jam dictum venerabili Rai"
nerii offero, — Ipsum^ et le datif barbare Rainerii, mon-
trent mieux que c'est l'adolescent miraculé qui est donné
à Rainier.
AoRiOLS. D. 0. — G. Sûrement Orjol (paroisse de Da-
razac), tènement situé près Glanne, le Bos, Léonac, 1776.
.(Chartrier de M. le comte de Noailles, au château de
Noailles. Acte d'emphyléose consenti par les siens comme
châtelains de Servières.)
Rappelons que le tènement est, selon nous, la plus
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— 177 —
petite unité de fief, mais unité, ancien lieu habité (1). Le
vicomte de Gourgues, pour n'avoir pas soupçonné ce fait,
gros de conséquences cependant, a omis une foule de
noms de lieux dans son remarquable Dictionnaire topo^
graphique de la Dordogne. Nous n'en voulons pour preuve
que le petit nombre, par lui cité, de Bordes, de Bor-
deries, de Malaudies, de Bachelleries, de Mas, de Fauries
ou Farges, etc. 11 n'y donne entrée de faveur à quelques
tènements qu'à titre de lieu-dit, c'est-à-dire de simples
parcelles homonymes accolées, alors qu'elles avaient une
cohésion extraordinaire dont une prochaine dissertation
démontrera la force (2).
CHARTE LXXII. — Falgarias. C. Toujours Falguières
(Altillac).
CHARTE LXXIII. — Albiaco. D. AlWac, commune,
canton de Lacapelle-Marival. G. A maîntetiir non loin
de Scalucia, et point à 18 kilomètres. Pour atteindre
Albiac de Lacapelle, il faut même dépasser la vicairie
d'Aynac, tenue, à la vérité, pour non avenue par M. D.,
qui avait donc toute facilité pour citer de plus Albiac,
commune d'Aynac (Lot).
Sancti-Boniti. d. g. — C. Ce put être Saint-Bonnet
(Lot), près Gignac, ce qui nous rapproche d'Estival, pos-
session de Beaulieu, bien qu'on trouve au xv* siècle
Saint-Bonnet (en Tarchiprêtré de Gignac), de la dispo-
sition de révéque de Cahors. {Bulletin de la Société des
Études du Lot^ tome XI, 3™« fascicule, année 1886, et
Pouillé, manuscrit Massabie.)
Saint-Bonnet de Cahus, de Cahutio — où, 1515, le sei-
gneur doyen de Beaulieu, noble frère François de Cure-
monte, investit au village de Brugale et lève des rentes
à la mesure de Beaulieu (collection de M. de Veyrières),
(1) Eq Limousin, du moins, et en principe.
(2) Ce Dictionnaire a eu, en 1863, Je prix du Ministère.
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— 178 —
tandis que le chambrier de la même abbaye y est sei-
gneur foncier direct sur le tènement et village de No-
gueyrol, — doit encore primer Saint-Bonnet-près-Gignac,
malgré les suggestions de modifications de vicairies que
fait naître Vin aliis mcariis, pour la rive gauche de la
Gère, en amont de Gagnac.
MoNTiLio. D. Monteil? (Meyssac). — G. Or, Monteil est
de GoUonges, non de Meyssac. Que ne cite-t-il aussi Mon-
teil, de La-Ghapelle-Saint-Géraud? Notre choix porterait
sur Monteil (Saint-Vincent-près-Saint-Ceré). On dit bien
in aliis vicariis, mais on ne change de pagi^ que quand
on en prévient, pour Lauberteso, oublié à VIndex gene^
ralis^ et qui pourrait être le tènement de Loubertye ou
Lombertye, alias Font-Grande, 1653, 1681 (Perpezac-le-
Blanc), près le bourg. (Papiers Richard-d'Amarzid, à
Saint-Robert, et de M. Seguin, au château de la Gha-
broulie (Ayen-Bas). Loubertie peut provenir aussi de Al'
beritis, Atidiiiertus.
CHARTE LXXIV. — Barbntennaco. Le manuscrit Gosta
identifie en marge : Barennac. Il est naturel que ses iden-
tifications soient plus sûres à mesure qu'elles se rappro-
chent davantage soit de nos temps, soit du vieux mous-
tier Sancti*Petri clavigeris uranici^ plus tardivement démuni
des biens qui Tavoisinaient.
GHARTE LXXV. — In vicaria Argentado, en Limousin.
Scorbenerius. D. 0. — G. Escourbanier (Monceau), 34 ha-
bitants, conforme à Tannotation (tard venue pour nous)
du manuscrit Gosta, disant Scorbanies, Verjiiolas, Noa-
Ihars, en patois.
Vkrniolas. d. 0. — G. Vergnolles, ancienne baronnie
(Monceau), 176 âmes, côte-à-côte d'Escourbanier. Noaliaco.
D. 0. — G. Il y eut, 1592, un Noailhac (Neuville) près
Tétang du Liven et Négreval et la Renaudie. (Papiers de
M. le doctpur Morelly, d'Argentat, et Ghartrier de M. le
comte de Sartiges, du château de Soulages, à Saint-
Ghamans.) Or, Négreval est au sud-ouest de Soulages,
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. — 179 —
et le Négreval de Neuville est signalé, 1592 et 1672,
lii^itrophe des tènements de Dou et de la Genebrière.
Il se peut qu'un Noailhac concurrent reste à décou-
vrir au voisinage de VernioUes. Les simples trouvailles
ci-dessus obligent à modifier la carte Deloche : 1^ Assu"
rément pour ce qui de Monceaux-rive-gauche figure à tort
in vertedensi, au lieu de Vargentadensi, tels que VernioUes,
Escourbanier; 2« probablement dans le sens d'un refoule-
ment de, la vicairie Beennatensis au-delà de Neuville, à
l'ouest; 3® sûrement aussi pour la repousser de Monceau
au profit d'Argentat.
CHARTE LXXVI. — Curtbm Tbrmbnonus in cbntbna
Crbnono in pago rodinico. D. En Rouergue? C La com-
mune de Campagnac, près Milhau, offre un village de
Termenous (Aveyron).
Monte-Maximino, en Quercy et in exidense. D. Miau-
mars? près le Vern (St-Ceré). — C. Plus inacceptable que
Montanio-Grando, fourni par le manuscrit Costa, si tou-
tefois l'annotateur a voulu traduire par là Monte-Maxi-
mino : il dit : de hun xnas qne se apelo Uountanho^Grando,
Ad illa Prata et ad illum Fontbm. D. 0. — C. Un
Laprade et un Lafont, dépendants de Monte-Maximino.
CHARTE LXXVIIL — Sulciaco. D. Sourzac (Saint-
Chamans) ou Sieussac (Martel). — C. Il n'y a pas de
Sourzac à Saint-Chamans, ni rien d'approchant, sauf
Cissac à Saint-Silvain. C. Sourzat d'Estival ou celui de
Saint-Hilaire-le-Peyrou, dans lesquelles paroisses l'ab-
baye fut possessionnée. Mieux encore Sieussac, près
Cressensac.
Damiaco. d. 0. — C. La charte CVIIP parle d'un Da-
miago, en Limousin, en les pagus et vicairie de Turenne.
Ce doit être celui-là, disparu.
Calmonte. d. Caumon (Creysse). — C. Il y en eut un
près du Périer (Puy-d'Arnac). La charte CLIV* parle
d'un Calimonte in vicaria Caziliacensi, Sigalaris, D. 0. —
C. Ligneyrac et Noaillac ont vu disparaître chacune
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— 180 —
d'elles un Ségalar (minutes, 17* siècle, en Tétude de
M* Tournadour, notaire à Turenne). Mercœur, Bétaille
et Gramat en ont aujourd'hui.
CHARTE LXXIX. — Cumba. D. La Combe (Sainte-
Feréole). C. Oui, ce la Combe, naguère seigneurie, se
rapprochant de Saint-Hilaire et Chameyrat, par préfé-
rence à Las Combas, fief noble également (Venarsal),
écarté à cause du pluriel, et à La Combe (Malemort),
mentionné en 1342 (papiers de M. de Nussac, de Brive,
fonds Treilhard), et au village actuel de La Combe
(Brive), 52 habitants, arrière-fief.
CHARTE LXXXL — Vkntagiole. D. Ventejol (Mar-
cillac-la-Croze). C. En effet, mieux que Collonge.
CHARTE LXXXIL — Paiazaco, Vetula-Vinea et ses
borderies. C. Probablement St-Basile-de-Meyssac, comme
à la charte LXIP; car les trois borderies dépendaient
de Vieille- Vigne, de même que le^'manse innommé. Con-
trairement au texte, M. Deloche glane de ci, de là : La
Croux à Chauffbur, La Boiss«, à Saint- Vincent-de-Saint-
Ceré, quand il faudrait un masculin Al Boiss.
Droceleno. dit Drogoleno dans le manuscrit Costa, ne
saurait être le même qu'Arcolent, puisqu'on les nomme
tous deux dans la même donation. Dercoleno est même
répété, charte CXLVII*, et mis en la vicairie d'Asnac.
Passons à ce qui est forcément de Neuville et environs.
Boscus, villa, peut bien être le Mas-d'el-Bos (Albussac),
qui, postérieurement à la perte de sa qualité de villa,
fut vraisemblablement baptisé mas, s'il n'est plutôt arrivé
que l'exploitation dite le Mas, partition du Bosc, a pré-
dominé sur lui. Le mas donné est en effet le fief de Fol-
cher de Noallac, Voyons Noaillaco.
In villa Noaliaco, umim mansum qui vocatur allas Bordas.
M. Deloche, selon son habitude, sacrifie leur contiguité,
obligatoire cependant, au souci de se procurer des homo-
nymes, mariant successivement Noaillac, chef-lieu pa-
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— 181 —
roissial du cauton de Meyssac, avec les Bordes de Cornil,
puis les mêmes Bordes de Cornil (dans le court inter-
valle d'une table à l'autre) au Noaillac de Ste-Fortunade,
à 6 kilomètres Fun de Tautre. (Voir avec soin les tables
latine et française de Touvrage de M. Deloche, pour suivre
nos objections.
Il a noté (Index generalis) Noaliacum, en ajoutant villa
— ubi — mansiLS allas bordas et bordariae plures. Dès lors,
pourquoi chercher les Bordes loin de Noaillac?
Neuville eut un village appelé Noaillac, 1631, vers
Saint-Ghamans (papiers de M. Albert Laqueille de Matho,
à Goulles, parmi les titres de la seigneurie de la Marque
qui existait alors à Argentat). — Jaorzaco. D. O. —
C. Jourzac (Neuville). Salzis. D. 0. — C. Salgues (Neu-
ville). Margualgas. D, Magnagues, Miers (Lot). — G. Mar-
galzes, tènement trouvé en 1584 au bourg même de Neu-
ville, confrontant au Sirieix, Las Boyges. (Lambeaux du
terrier de Neuville, au château du Gibanel, de M. le
comte de Combarel, commune de St-Martial-Entraygues.)
Arcolent, identifié Arche (Nonars) par M. D., qui
renvoie à la charte GXIV, où il n'en est pas question,
doit être le Coulin, ar pour aly article (Espagnac), dont
partie fut jadis baptisée le Goulen-Lioubert. Ne pas per-
dre de vue que c'est Adémar de la Roche qui donne,
en 1059. Espagnac était, au xvii® siècle, de la baronnie
de La Roche (témoin M. Bombai, Bulletin de Tulle), et
les seigneurs de La Roche-de-Saint-Maur (puis Ganillac)
eurent des rentes nombreuses, vers 1480, disséminées
dans le demi-circuit, au nord d' Argentat.
Le prieuré des Bénédictines de Saillac-las-Mongeas
compta parmi ses biens un tènement d'Arcolenia (Saillac,
canton de Meyssac) répondant à peu près à Drocoleno,
mais la charte CXLVIP nous retient en la vicaria asna'-
censiy où Saillac ne fut pas encadrée, selon toute appa-
rence.
Fraisinias. d. Freyssin^î (Sexcles). G. Freyssinges (For-
gés?) et non un diminutif. Mansum Gauzbert Paoliaco.
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— 182 —
D. place Gaubert à Loubressac et Pauliac en la com-
mune de Tauriac ou de Bretenoux. Nouveau divorce.
Or, mansum Guazbert de Margualgas signifie le manse
appelé Gazbert, dépendant du lieu ou de la villa de
Margualgas, autrement dit situé soit dans Margualgas,
soit immédiatement autour de lui, toujours dans le péri-
mètre de son commandement. Un caporal a ses quatre
hommes dans sa main, à sa portée. Le cap-manse, chef-
manse (devenu chez nous chammas, chamard, parfois
chimor, — en Quercy capmas, cammas), a de même au-
tour de lui ses manses ou mas, mayne, ceux-ci à leur
tour assortis de leurs seconds, lesquels, saufs la borie
(postérieurement du moins plus importante que le mas),
sont tous des variantes diminutives du Mas, sous le nom
de bachellerie, borde, borderie, Mesnil, Maynial, Mey-
niel — Magnaux? Le tout est compris dans la villa (ayant
parfois son diminutif le Vialard), elle-même dominée par
la cap-villa, chavialle, chivialle, cheyvialle, etc. (i).
Déterminer la position de Pauliac c'est donc, à 1,500
mètres près, fixer aussi celle de son subordonné, le manse
Gauzbert, auquel on ne peut assigner une paroisse dif-
férente. Nous pensons qu'on a ici en vue Pauliac (Sé-
rilhac).
Sbrruz. D. 0. — G. Seruch (Sérillac), ou mieux Seruch,
de Lostanges, disparu. Saulleiras. D. 0. — G. Saulières
(Monceau), bien mieux que la Saulière (Marcillac-la-
Croizille), ou La Saulière, 1473, près la Borderie de
Beynat (papiers de Nussac, liasse d'Obazine).
Cambono. g. Probablement Monceau. Bauduzono, pro-
bablement Boudigou. D. Ghambon (Laguenne, Favars ou
Monceau). Bodessou (Gornac, Lot).
Jadaliaco. d. g. — G. Gauliac (Sérilhac), pouvant, au
contraire, avoir même provenance que le mot patois
gauïlle, flaque d'eau. GaiUac (Altillac), 1672, tènement
(1) Voir aussi les pages CI à GIIl de Tlntrod. de M. Deloche.
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— 183 ^
près du Sagrier (papiers de M. de Veyrières). Jaulhac,
près Artiges de Saint-Privat (minutes de 1708, détenues
par M. Hourtoule, propriétaire à La Besse (Saint-Julien-
au-Bois).
Betalia. D. Bétaille, commune du Lot. — C. Bétaille
(Sain t-Bonnet-el- Vert), mieux que la Bétalie, siège d'un
fief de la maison de Costa, dans une île près de
Liourdre. Voici les autres concurrents : 1517. La Be-
tholie, manse dans Ghampagnac-près-La-Roche, La Bé-
taille (Nonars), dépendant de Lestrade, La Bétaille (Al-
tillac), 1672, près le Queyrou, enfin la Bétaille, affar
(ïfetaillac), près le chemin du dit à Beaulieu, 1740. Tous
exprimant Tidée de bouleau, comme Betugum, Betuc.
Maisse. g. Lostanges. D. Maisse (Végennes ou Ma-
cheix). Il n'y en a pas à Chenaliers^Mascheix, mais à
côté, à Lostanges.
(CHARTE LXXXIIL — En marge de vicariam, suivi
de S. Gozfredi et Folcussal, signifiant : Signum Gozfredi
et F. Tannotateur anonyme du manuscrit de Gosta a
écrit : D'uno terro que es in la vicario de San Gozfredi.
Autre grosse preuve de son inaptitude à lire, et nouvelle
invitation à ne tenir compte de ses essais d'identification
qu'avec la plus grande réserve.
GHARTE LXXXIV. — Genebreria. D. La Genevrière
( Saint -Ghamans). G. Mieux, la Ginebrière, encore de
Turenne. Il y eut, en outre, La Genebrière, 1748 (Tu-
renne), sise dans Gondre, et la Genebrière, 1600 (Li-
gneyrac) — [Chartrier de M. le marquis de Gosnac, au
château de Gosnac, cotés : biens de Turenne]. — Plus
la Genebrière (paroisse de Beaulieu-Notre-Dame), tène-
ment dépendant d'el Batut, 1601 [Minutes de l'étude de
M« Bonneval, à Beaulieu].
Nous ne proposerons pas Genebra (Noailhac), 1517, près
les Mazeaux-Las Ginebras, in parochia de Vallibus (Lot),
1486, près des Quatre-Routes (papiers de Lépinay).
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— 184 —
Damiaco. D. 0. — C. In vicaria Torncnse, selon les do-
nations n~ 78 et 108.
(A suivre.)
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MEYMAC ET SON ABBAYE
ÉTUDES HISTORIQUES
CHAPITRE VI
L'instruction publique. •— La poste. — Arrêtés des consuls. — La
commune poursuit l'annulation de la sentence de Turgot. — .
Démission des consuls. — Nouvelle administration. — Hommage
rendu à Turgot par la commune. — Arrêt du grand Conseil sur
l'emploi du produit des fondations de la Gène et de la Chan-
deleur. — M. Thomas, député aux États généraux. — La com-
mune de Meymac s'unit aux communes de Tulle et d'Uzerche. —
Une députation de la ville de Tulle à Meymac. — L'émeute de
Favars. — Lutte entre Tulle et Brive pour obtenir le titre de
chef-lieu de département; entre Ussel et Meymac pour obtenir
le titre de chef-lieu du district. •— Le premier juge de paix de
Meymac. — La route départementale n" 1. — M. Barlet, curé
constitutionnel. — Retour de M. Thomas, ancien curé. — Le dé-
cret sur la constitution civile du clergé jugé par les membres
du district d'Ussel. — L'inventaire du mobilier des biens dis-
tincts. — La châsse de saint Léger, patron de la ville. — Le
dernier Bénédictin de Meymac.
§1
N rendant une décision provisoire dans l'af-
faire de la Cène et de la Chandeleur, Tur-
^^ got .avait eu en vue l'apaisement des esprits.
Il espérait que le temps et la réflexion amène-
raient la municipalité de Meymac à reconnaître
que sa sentence était équitable au fond, et que
si elle diminuait les ressources dont l'adminis-
tration locale pouvait disposer, elle constituait un
patrimoine destiné aux pauvres, capable d'alléger
la charge imposée de ce chef à tous les habi-
tants. Ces prévisions, en 1772 et durant le cours
de Tannée 1773, semblèrent se réaliser, et toute
T. IX. • 8-1
* ^
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— 186 —
Tactivité des consuls se porta sur les réformes
et sur les institutions administratives de la cité.
L'instruction publique, le service de la poste, la
police locale, etc., etc., furent réorganisés et ré-
glementés de nouveau. Il paraît qu'à cette époque
les écoles du monastère étaient fermées, ou qu'un
appel avait été fait à un étranger, puisque, dans
une délibération du 1*" novembre 1772, l'assem-
blée communale, désireuse de procurer aux
enfants et à la jeunesse les moyens de s'ins-
truirej accueille comme régent de la commune
le sieur Nicolas Rambur, natif de la ville de
Blois, sur les attestations de bonnes vie, mœurs
et capacité dont il est porteur.
La commune de Meymac possédait depuis long-
temps un capital de quinze cents livres, placé
chez MM. Ghabrerie et Ghassaing de Bonnefond,
uniquement affecté à l'instruction publique, mais
iûsuffisant à doter convenablement le service au-
quel il était destiné. Qu'on soit homme ou qu'on
soit commune, l'esprit devient inventif lorsqu'il
est aux prises avec une difficulté, et les anciens
consuls de Meymac raisonnèrent comme on rai-
sonne à notre époque et dirent : « La commune
paiera à l'instituteur soixante -quinze livres par
an, produit de l'intérêt des quinze cents livres
affectées à l'instruction publique. Gette somme
étant insuffisante comme rémunération, les éco-
liers qui voudront apprendre le latin seront tenus
de payer au régent trente sols, et les commen-
çants dix sols. » Ils fixèrent la rétribution sco-
laire à laquelle seraient soumis les enfants qui
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— 187 —
fréquenteraient Técole, et à Texœption de la liste
des indigents nouvellement introduite, ils prati-
quèrent le système actuellement suivi : subven-
tion communale d'une part, rétribution indivi-
duelle de Fautre. Il paraît que la ville était
privée d'instituteur depuis un certain temps, car
la même délibération porte que les arrérages du
capital destiné à l'instruction publique seront
employés à payer les gages restés dûs au pos-
tillon (1).
En principe, les frais de distribution des let-
tres étaient une charge imposée à la commune;
mais lorsque les ressources étaient épuisées, le
corps municipal usait, dans son omnipotence,
d'un moyen énergique et sûr : il grevait d'un
droit, payé par le destinataire, chaque lettre
arrivant* au bureau de Meymac (2).
On devine les graves inconvénients que devaient
engendrer les prérogatives que s'attribuaient les
corps municipaux, en matière de taxes locales.
L'arbitraire n'était pas le seul défaut qu'on pût
(1) Porteur des dépêches.
(2) La preuve du fait que nous avançons résulte des termes de
la délibération que prit la municipalité le 1" novembre 1772; elle
est ainsi conçue :
« Gomme les deux sols ci-devant taxés en sus du montant de
chaque lettre qui parvient à ce bureau, destinés au paiement du
gage du postillon, sont de beaucoup insuffisants, et qu'il n'y a
point d'autre revenu de ville pour suppléer ce manquement, la
communauté délibère que toutes les lettres qui parviendront au
bMgau de Meymac paieront trois sols au lieu de deux sols, en
•iflHe la taxe ordinaire, desquels trois sols le postillon sera tenu
^wfm contenter pour le paiement de ses gages, à partir du 1*' jau*
vier prochain. »
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— 188 —
reprocher à ceux qui prenaient la responsabilité
de semblables actes; il existait un danger plus
grave, c'était de laisser les populations exposées
à Timprévoyance, au caprice ou à Timpéritie de
leurs administrateurs, alors même que ces der-
niers n'auraient eu d'autre but que de donner
satisfaction aux intérêts publics.
Si nous comparons ces anciens usages aux pra-
tiques actuelles, et, pour ne pas sortir de notre
sujet, à l'organisation du service des postes, de
ce chef nous n'aurons rien à envier au passé.
Peu de communes en France, si elles étaient
livrées à leurs propres ressources, pourraient
subvenir aux frais du transport des dépêches, à
moins d'une élévation considérable dans le prix
de la taxe, ce qui nuirait aux intérêts privés et
aux intérêts généraux du pays. Mais, par une
application sage des principes de mutualité, les
villages, les conmiunes ou les départements sont
unis entre eux, et les excédants de recette per-
çus sur un point servent à combler le déficit qui
se produit ailleurs, en généralisant les bienfaits
de cette grande et féconde institution. Quel que
soit le produit des recettes d'une localité, le
service se fait, la dépêche parvient frappée d'une
taxe uniforme, et, sans accroître la charge des
plus riches, les plus pauvres sont secourus. De
tous les impôts indirects, le plus juste, celui qui
peut le moins donner lieu aux critiques est in-
contestablement l'impôt qui grève le transçïort
des dépêches. Il est juste parce qu'il représente
le prix d'un service rendu et immédiatement
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— 189 -
appréciable; il ne peut être critiqué parce qu'il
n'atteint que celui qui profite de ce service, et
qu'on peut lui appliquer le proverbe : à donnant
donnant. Il serait à désirer que dans un grand
nombre de *caSj notamment dans l'exécution des
travaux publics, les mêmes principes de justice
distributive fussent appliqués, et que Timpôt re-
vint sous une forme ou sous une autre aux po-
pulations qui l'ont payé. L'homme d'État qui
tenterait d'agir de la sorte éloignerait des cen-
tres populeux les habitants des campagnes qui
y accourent, et il serait aussi logique que peut
l'être le propriétaire intelligent d'un domaine,'
qui ne néglige aucun de ses héritages et cherche
à les rendre tous également fertiles. L'augmen-
tation des produits qu'il obtient ne tarde pas à
le dédommager des sacrifices qu'il a pu momen-
tanément s'imposer, et, sans grand effort de génie,
sa fortune s'accroît par la simple pratique des
règles du bon sens et de la prévoyance la plus
vulgaire.
Nous avons dit ailleurs que la nomination du
premier et du second consuls de la commune
de Meymac était faite par le seigneur. En 1773,
la charge de second consul fut confiée, par le
prince de Soubise, à M. Dupuy de la Farge,
qui prêta serment entre les mains du juge de
la châtellenie et fut installé le 24 février 1773 (1).
(1) Gomme il s*agit d'une coutume locale, nous donnons ci-après
le texte de Tordonnance rendue par le seigneur de Meymac :
« Charles de Rohan, prince de Soubise, duc de Roban et de
Ventadour, pair et maréchal de France, etc., etc., A tous ceux
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— 190 —
Aussitôt après cette installation, les deux con-
suls prirent de nouveaux arrêtés relatifs à la
salubrité publique^ à la tenue des marchés et
aux heures où il serait permis aux étrangers
de s'y approvisionner. Quelques-uns de ces règle-
ments figurent encore avec avantage sur le re-
gistre des arrêtés de nos édiles modernes, pour
témoigner qu'à toutes les époques le besoin de
la réglementation s'est fait sentir et s'est imposé
comme une nécessité.
Quelques jours après, les consuls fixèrent le
prix du pain et de la -viande. Le pain de fro-
ment fut taxé à quatre sols la livre, le pain
de seigle à deux sols, et il fut fait défense aux
aubergistes de vendre la livre de pain plus de
deux liards au-dessus de la taxe.
Quant à la viande, les prix en furent réglés
comme il suit : le bon bœuf, trois sols la livre;
qui ces présentes lettres verront, salut, savoir faisons que : Vu
la délibération des consuls, communauté des habitants de la ville
de Meymac du 13 du présent mois, par' laquelle la dite commu-
nauté a désigné trois des dits habitants, parmi lesquels nous avons
6 droit d'en choisir un pour exercer l'office de second consul, et
sur le bon rapport qui nous a été fait de la personne du sieur
Dupuy de la Farge et de ses bonnes vie et mœurs, religion catho-
lique, apostolique et romaine, probité, capacité et expérience, nous
l'avons nommé et nommons, par ces présentes, pour exercer le dit
office de second consul pendant l'année 1773, aux honneurs, privi-
lèges et prérogatives y attachés, et en jouir comme en ont joui,
ou dû jouir, ceux qui ont été précédemment pourvus du dit office.
» Mandons au juge général de notre duché, au juge particulier
de notre châtellenie de Meymac, et à tous nos officiers, qu'après
avoir pris du sieur Jean Dupuy de la Farge le serment en tel cas
requis, ils aient à le recevoir et installer au dit office et aux habi"
tants de notre ville de Meymac de le reconnaître en la dite qualité.
» Donné à Paris, le 20 décembre 1772. »
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- 191 —
les bons endroits ^ trois sols et demi; la vêle
et la vache, deux sols six deniers la livre, avec
injonction aux bouchers de vendre la viande en
détail, de n'abattre d'animaux que le samedi
matin, à partir du mois de septembre, d'en tuer
pendant Tété deux fois par semaine, et de ne
livrer aucune viande provenant d'animaux atteints
de maladie (1).
, L'usage des arrêtés de police n'est donc pas
nouveau, et l'ancienne autorité locale cherchait
à protéger la population, en ce qui concerne la
vente des objets de première nécessité, contre
l'exagération des prix qu'auraient pu exiger leâ
divers fournisseurs. D'autres idées, basées sur le
principe de la liberté commerciale, semblent avoir
prévalu de nos jours : on a pensé que le déve-
loppement de la concurrence contribuerait à éta-
blir dans les prix un niveau équitable, que l'abo-
lition du privilège, la pratique de l'offre libre
et de la demande libre suffiraient à sauvegarder
tous les droits. L'expérience se fait, et l'avenir
dira si l'application de ce système est utile ou
nuisible à la masse des consommateurs.
En 1774, M. Treich des Farges cessa ses fonc-
tions de premier consul; il fut remplacé par
M. Joseph Treich des Farges, son fils, aux ter-
mes d'une ordonnance du prince de Soubise du
14 décembre 1773. L'arrivée aux affaires de ce
nouveau magistrat vint réveiller la question de la
(1) Arrêtés des 24 février 1773, 21 mars 1773 et 7 avril de la
même année. (Extrait du livre de ville.)
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— 192 —
Cène et de la Chandeleur, assoupie depuis quel-
que temps. La poursuite d'une solution définitive
préoccupa les esprits, et tous les efforts, toute
Ténergie de l'administration se tournèrent de ce
côté. En effet, le 16 janvier 1774, le corps mu-
nicipal prend une délibération par laquelle, après
avoir reproduit les arguments que nous connais-
sons, il charge le premier consul d'appuyer ces
nouvelles réclamations auprès de l'intendant, et
de faire triompher le droit de la commune, mé-
connu par la décision provisoire. Cette tentative
fut sans résultat puisque, quelque temps après,
nous voyons le premier consul convoquer en la
maison de ville une assemblée populaire, à la-
quelle se rendirent le juge de la châtellenie,
les conseillers et les notables habitants. Le pre-
mier consul fit un exposé sommaire de l'état
des affaires locales; il rappela que tous les ser-
vices publics étaient en souffrance, que sans
revenu il n'était pas possible de pourvoir aux
charges publiques, et qu'à tout prix il fallait
créer des ressources. Il pria ensuite l'assemblée
de formuler son avis et d'indiquer les moyens
qu'elle croirait propres à faire sortir la commune
de cette situation. Alors, dans une délibération
générale et unanime, les habitants déclarèrent
repousser l'établissement d'un impôt extraordi-
naire, vu l'impossibilité où était la population
de pouvoir payer même Timpôt royal; implorer
la justice de l'intendant pour qu'il lui plaise,
en attendant sa décision au fond, attribuer pro-
visoirement à la commune et aux consuls en
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-T- 193 —
charge le produit des redevances des fondations
de la Cène et de la Chandeleur, pour être em-
ployé aux réparations indispensables et aux ser-
vices les plus urgents.
Le tableau, peut-être exagéré, des souffrances
de la population et les plaintes de rassemblée
populaire, n*étaient sans doute que le prélude
de moyens plus énergiques auxquels les consuls
allaient avoir recours. En effet, au moment où
l'assemblée réclamait l'attribution provisoire du
produit des deux fondations en litige, la sentence
définitive de M. Turgot était rendue depuis longr
temps. Les consuls n'avaient pu ignorer cette cir-
constance, et, sans doute, ils avaient tenu secrète
la décision de l'intendant, qui leur était défe-t
vorable, afin d'agir sur l'opinion publique, et de
s'en faire un point d'appui dans la lutte que
probablement ils avaient résolu d'entreprendre.
Ces appréciations, vraies ou fausses, ne modi-
fient point les faits, et, le 15 août 1774, le pre-
mier consul fit donner lecture à la communauté
du jugement définitif, rendu par Turgot le 27
mars précédent, par lequel le produit des rede-
vances de la Cène et de la Chandeleur était
attribué aux pauvres, en attendant qu'il en fût
fait par le dit intendant un emploi d'une utir
Uté constante pour les malheureux, k la suite
de cette* communication, l'assemblée prit la ré-
solution suivante :
« Considérant que, malgré les vues de bien public
qui ont déterminé le jugement du dit seigneur inten-»
dant, la commune ne peut souscrire à son exécution
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— 194 —
sans porter un préjudice considérable à ses intérêts, elle
a unanimement délibéré de se pourvoir au Conseil d'État
de sa Majesté pour obtenir la conservation des dites
redevances dont elle se trouve privée, et éviter des im-
positions extraordinaires que la disette publique rendrait
aussi funestes qu'elles sont inévitables dans la situation
présente de ses affaires.
» A ces fins, elle supplie sa Grandeur de vouloir bien
rautoriser à lui permettre de faire appel de son juge-
ment, pénétrée du plus profond respect pour ses déci-
sions et de la plus vive reconnaissance pour les bien-
faits qu'elle en a reçus dans tous les temps. Elle ose
lui certifier que la nécessité seule et le besoin la for-
cent à la démarche qu'elle fait. »
La netteté et le laconisme de cette délibération,
les sentiments qui y sont exprimés, honorent les
appelants aussi bien que le juge, dont ils vou-
laient faire réformer la sentence, car Turgot
accueillit leur demande et permit que la cause
fût déférée au Conseil d'État du roi, alors qu'il
aurait pu s'y opposer et faire punir les consuls
de cinq cents livres d'amende en s'appuyant sur
l'arrêt du Conseil du 26 avril 1771, qui l'avait
chargé de juger cette question définitivement et
sans appel. Mais les sentiments de justice et la
droiture qui présidaient à ses actes, l'ampleur de
ses idées le rendaient supérieur à ces hommes
vulgaires qu'afflige tout contrôle et qui croient à
leur infaillibilité.
Le jugement de M. Turgot fut inspiré par des
motifs bien différents de ceux qui faisaient agir
les consuls. A ses yeux, les redevances de la Cène
et de la Chandeleur avaient été établies dans un
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— 195 —
but charitable, et les diverses applications qui
avaient été faites du produit de ces rentes ne
leur faisaient point perdre leur caractère primitif
et la destination qu'avait eue en vue le fondateur.
Il voyait d'ailleurs dans ces ressources Télément
d'une fondation future, puisqu'il se réservait d'en
faire un emploi d'une utilité constante pour
les malheureux. Les consuls, au contraire, n'en-
visageant que les besoins urgents et journaliers
de l'administration, l'impossibilité où ils étaient
de faire face aux services publics, et leur jouis-
sance, longtemps prolongée, s'appuyaient sur l'ar-
rêt de 1734, qui, de ce chef, leur avait donné
gain de cause et constituait leur droit juridi-
quement.
L'étude de la vie municipale, au sein même
d'une petite localité, n'est pas sans intérêt; et,
si dans ces assemblées communales le sentiment
individuel domine, on y voit aussi l'explosion de
la plus douce et de la plus aimée des patries :
la patrie de la famille et du clocher. Il fallait
que les habitants de Meymac eussent une con-
fiance absolue dans la justice de leur cause,
pour tenter une lutte inégale contre l'homme
dont l'impartialité et les lumières étaient indis-
cutables, et duquel la population avait reçu de
nombreux bienfaits. Pour des questions de per-
sonnes, pour de futiles intérêts, ils ne se seraient
pas exposés à manquer aux lois de la reconnais-
sance envers celui qui les avait secourus durant
les temps d'épreuve, qui avait cherché à re-
lever leur pays, à améliorer les institutions et
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— 196 —
à faire disparaître les abus. Ils se trompaient
peut-être, mais leur erreur môme était excusable
s'ils croyaient obéir à la loi du devoir,
§11
La résolution extrême prise par le corps mu-
nicipal n'empêcha pas cette assemblée de re-
prendre à nouveau la question de l'instruction
publique, précédemment confiée au sieur Ram-
bur, qui cessa ses fonctions le 23 octobre 1774.
Une délibération eut lieu à cet effet et décida
que les Bénédictins seraient priés de se charger
de l'éducation des enfants, et qu'un placet serait
présenté dans ce but au directeur général de leur
ordre. Dans la même réunion, les consuls se plai-
gnirent de la disparition des papiers publics et
des titres de la ville; ils firent ressortir l'im-
portance que pouvait avoir pour la commune la
conservation d'une foule de documents anciens, et
l'utilité qu'il y avait à en maintenir le dépôt
intact. L'assemblée, s'associant unanimement à
ces idées, ordonna qu'on rechercherait partout
où il serait nécessaire les papiers de la ville,
disséminés chez un grand nombre de partie
culiers. Enfin il fut résolu, dans la même
séance, d'adresser une supplique au contrôleur
général, pour que les marchés, qui n'avaient lieu
à Meymac que depuis le l*"" décembre jusqu'à
la fin du carême, fussent tenus à l'avenir, durant
toute l'année, le jeudi de chaque semaine.
La Révolution seule n'a pas fait disparaître des
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— 197 —
archives de la commune les vieux titres qui cons-
tituaient rhistoire ancienne de la ville. Il est
probable qu'il existait une foule de documents
d'un intérêt réel et sérieux, parmi lesquels quel-
ques-uns devaient rappeler le souvenir du pas-
sage des Anglais dans nos contrées. Ces enva-
hisseurs ont en effet passé trop près de notre
ville, qu'entouraient des murailles, pour n'être
pas venus jusqu'à elle, et s'ils n'ont pas foulé
le sol natal, ils ont dû en avoir le désir et au
moins inquiéter le pays.
Dès la fin de l'année 1774, le premier consul
était convaincu que l'appel formé contre la sen-
tence de Turgot serait sans résultat, et, dans une
réunion tenue par le corps municipal, il exposa
qu'en vain il s'était donné tout le mouvement
possible pour conserver à la communauté la pro-
priété des redevances de la Cène et de la Chan-
deleur, qu'il se voyait contraint ou de prêter son
concours à l'établissement d'un impôt extraordi-
naire, ou de voir dépérir sous son administration
tous les édifices publics; qu'il suppliait, en con-
séquence, l'assemblée de présenter à Son Altesse
le prince de Soubise des sujets pour faire nom-
mer un premier consul à sa place (1).
Le corps municipal, tout en appréciant les mo-
tifs qui inspiraient la détermination prise par le
premier consul, refusa de faire droit à sa de-
mande, et usa d'un moyen dilatoire en déclarant
« qu'il était à sa connaissance qu'aucun membre
(1) Extrait du livre de ville, séance du 18 décembre 1774.
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— 198 —
de rassemblée, non plus que les autres particu-
liers de la ville, n'étaient décidés à accepter la
charge de consul, et qu'avant de présenter un
nouveau candidat, il était utile d'adresser un mé-
moire au prince de Soubise, seigneur de Mey-
mac, pour lui exposer les besoins de la ville,
lui rappeler les témoignages de bienveillance
qu'elle avait reçus de lui, et le prier d'accorder
à la commune sa protection dans la poursuite
de l'appel qu'elle avait fait du jugement de
M. Turgot. »
Il y avait quelque courage à soutenir et à
poursuivre une lutte aussi disproportionnée, car
Turgot était alors ministre de Louis XVI et
presque tout-puissant dans les conseils du roi.
Mais cette résistance, en quelque sorte déses-
pérée, ne s'appuyait pas sur une opinion indi-
viduelle, sur un parti local, elle avait un carac-
tèj:e plus avouable et plus noble, elle avait sa
source dans une confiance absolue en la justice
et dans un amour profond pour les intérêts du
pays.
Le prince de Soubise ne put utilement inter-
venir dans la question ou il refusa son concours
au corps municipal, car durant quelques mois la
commune fut privée d'administration.
Les conseillers et les notables, convoqués au
siège de la municipalité, s'abstinrent d'assister
aux réunions, et le 2 avril 1775, les consuls
ayant fait une dernière tentative pour former une
assemblée communale, se voyant seuls et isolés,
dressèrent un procès-verbal dans lequel on lit :
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— 199 —
a La réformation du jugement de M. Turgot
n'ayant pas chance de réussir, ils déclarent se
démettre de leurs fonctions (1), »
MM. Treich des Farges et Dupuy de la Farge,
pour ne pas laisser en suspens Tadministration
de la ville, et, quoique privés du concours de
leurs collaborateurs, présentèrent au prince de
Soubise, comme candidats aux fonctions de pre-
mier et de second consuls, MM. Mary, Ghabrerie,
Dinematin, Boucheron, Ghaize et Beynel. Les
membres présentés n'acceptèrent pas immédia-
tement la candidature aux fonctions de consuls.
Les résistances se prolongèrent, et M. Poisson,
juge de la châtellenie, fut obligé d'intervenir et
d'user de son influence personnelle pour amener
M. Michel Mary et M. Boucheron, du Mas de
Beyne, à accepter la charge qui leur était offerte
d'administrer la commune de Meymac. Ces mes-
sieurs se dévouèrent enfin, et, le 19 juin 1775,
la nouvelle administration fut composée.
Les nouveaux élus eurent à lutter contre les
mêmes difficultés qu'avaient rencontrées leurs pré-
décesseurs. A chaque réunion se produisaient les
doléances que nous avons vu se produire. Il
existait un moyen qui aurait permis de sortir
de cette situation précaire et de faire face aux
dépenses, c'était l'impôt extraordinaire; mais cha-
cun le repoussait énergiquement, et nul ne vou-
lait accepter la responsabilité de le créer. Pressés
par le besoin et croyant échapper à la respon-
(l) Extrait du livre de ville, séance du 2 avril 1775.
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— 200 —
sabilité individuelle de leurs actes, les membres
de la commune, oubliant que Têtre moral, quel
qu'il soit, doit veiller aussi à son honneur, tour-
nèrent dans un cercle vicieux et délibérèrent
pendant près de deux années sur les procès qu'il
y aurait lieu d'intenter contre les héritiers de
M. Duboucheron des Manoux, ancien curé de
Meymac, et contre ceux de M. Dapeyrou, ancien
consul. On reprochait au premier d'avoir laissé
dépérir, à défaut d'entretien, le presbytère qu'il
avait habité et qui était une propriété commu-
nale. On accusait le second de n'avoir jamais
rendu compte des revenus de la commune qu'il
avait longtemps administrée. La fortune publique
est aussi inviolable que peut l'être la fortune
privée, et, si après la cessation des fonctions
qu'exerçaient ces deux personnages, des poursuites
justes et légitimes eussent été faites contre eux,
nul n'aurait eu le droit de s'en étonner. Mais
qu'après un laps de trente ou de quarante ans,
une commune vienne demander aux héritiers
d'un prêtre ou d'un administrateur le compte
de son usufruit, ou d'une gestion qu'on sup-
pose avoir été infidèle, cela dépasse la limite de
ce qui est juste et de ce qui est permis, pût-on
invoquer comme excuse les nécessités qu'impose
souvent le besoin.
Malgré cet état de gêne et les difficultés, mal-
gré ces récriminations posthumes et les regrets
que cause une perte matérielle, on vit jaillir du
sein de toutes ces misères, du choc de toutes
ces passions, un éclair de justice et de recon-
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— 201 —
naissance pour l'adversaire que Ton combattait.
Le 31 mars 1777, Turgot n'était plus le soutien
du trône, ni le conseiller d'un roi qu'il avait
voulu sauver; il était éloigné des affaires, en
disgrâce, et le désir de flatter un puissant était
étranger à l'hommage que lui rendirent nos pères
dans une délibération qui mérite d'être repro-
duite et qui fut adressée à M. de Beaulieu, son
successeur à l'intendance de la généralité de Li-
moges. Voici un des passages qui figurent dans ce
document, où il est question du remboursement
du don gratuit qu'on réclamait à la commune :
a La communauté de Meymac, réduite à souffrir des
impositions extraordinaires pour les dépenses qu'exige
l'entretien de ses monuments publics, épuisée par une
suite d'années de disette, écrasée sous le poids des impôts,
privée de toute espèce de commerce soit à raison de sa
situation dans les montagnes les plus froides, soit à raison
de l'infertilité du terrain, pourra-t-elle payer une somme
de cinq mille cent livres?
» Le recouvrement difficile des tailles atteste l'état d'in-
digence où elle est réduite. Si elle existe encore, si la terre
n'est pas inculte^ elle le doit atix aumônes et à la distri'
bution des grains que lui procura M. Turgot : c'est à lui
qu'elle doit son existence. Instruit de son état, il avait
arrêté les poursuites et le paiement de ce don gratuit.
// avait commencé à ouvrir des routes qui laissaient entre"
voir l'espérance de commercer, mais ces routes ne s'achèvent
pas, et la communauté est sans ressources, d
Ces souvenirs du passé, ces espérances qu'avaient
fait naître les projets de voies commerciales, mis
à exécution par Turgot et laissés en suspens de-
puis son départ par M. de Beaulieu son succes-
T. IX »-«
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— 202 —
seur; le paternel appui que l'ancien intendant
avait prêté à la communauté à Toccasion du rem-
boursement de cette somme de cinq mille livres;
tous ces faits, rapprochés et opposés aux faits
présents, avaient le double caractère d'éloge pour
les actes de l'un, et de critique pour l'inertie
de l'autre.
Après une nouvelle année d'attente et de dé-
marches probablement infructueuses, le corps mu-
nicipal, prévoyant que la sentence de M. Turgot
serait maintenue, accepta une solution inspirée
sans doute par l'administration supérieure, et dont
le résultat est consigné dans un arrêt rendu par
le Conseil d'État, sans qu'il en soit fait aucune
mention dans le livre de ville. Cependant une
délibération fut prise; elle est résumée dans
l'arrêt en ces termes :
0 Les consuls et les habitants de Meymac, en présence
des rehgieux bénédictins et des administrateurs de Thos-
pice, ont reconnu que les redevances de la Cène et de
la Chandeleur seraient abandonnées à Thôpital de la ville
de Meymac, à condition que tous les pauvres malades
et infirmes domiciliés dans la ville, banlieue et paroisse
seraient reçus, nourris, traités et entretenus dans l'hô-
pital. »
Les administrateurs de l'établissement hospita-
lier acceptèrent l'abandon qui leur fut fait aux
charges indiquées, et l'arrêt du Conseil d'État du
18 juin 1778 intervint seulement pour constater
l'accord et homologuer les termes de la délibé-
ration municipale, dont nous n'avons pu retrouver
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— 203 — ^
Toriginal, et qui consacrait le triomphe des idées
de Turgot.
Tel fut le dénoûment de cette affaire qui avait
passionné les esprits pendant de longues années.
L'objet du litige, sans être considérable, n'était
cependant pas à dédaigner; mais l'intérêt capital
qui s'y rattache naît surtout de la part que prit
Turgot à l'étude de cette question, car l'un des
privilèges du génie est de mettre en relief et
de marquer d'une empreinte profonde les faits
les moins saillants, dés qu'ils touchent à un sys-
tème de réforme générale.
L'hospice de Meymac ne put jouir longtemps
de cet accroissement de ressources. Avec la sup-
pression des ordres monastiques s'évanouirent les
redevances imposées aux couvents, aussi bien que
les rentes créées à leur profit.
Depuis 1778 jusqu'à 1790, il existe une lacune
dans la tenue du registre des délibérations de la
commune de Meymac, ou plutôt le volume qui
les contenait a disparu des archives; ce n'est
qu'à partir de cette dernière époque que le livre
de ville reproduit les délibérations successive-
ment prises par la municipalité. Durant cette
période de douze années, que se passa-t-il d'im-
portant, quelles sont les occupations qui agitèrent
nos ancêtres, dans quel esprit s'accomplirent les
élections aux États généraux? L'absence de do-
cuments officiels ne nous permet pas de faire
une réponse rigoureusement exacte, mais nous
aurons recours à des souvenirs traditionnels par-
faitement conservés; ils nous éclaireront suffi-
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— 204 —
samment sur Tétat général de Topinion publique
à cette époque.
M. Thomas, ancien curé de Darnets, devenu
curé de Meymac, fut député aux États généraux.
Il recueillit des suffrages nombreux, et fut porté
surtout par ceux qui étaient hostiles au déve-
loppement de l'esprit féodal, et qui désiraient
Fabolition des ordres monastiques. Les luttes ar-
dentes entre le clergé séculier et le clergé régu-
lier avaient cessé, ou plutôt elles n'avaient plus
lieu au grand jour, car l'église avait été séparée
par une balustrade qui laissait aux religieux
l'usage du chœur, tandis que la nef était des-
tinée au service de la paroisse. Mais le souvenir
de ces luttes avait survécu, et M. Thomas lui-
même, homme religieux et éclairé, n'occupant
dans l'église que le second rang, se croyait op-
primé par les moines. Au moment de son dé-
part pour les États généraux, il prononça ces
paroles qui ont été conservées : « Je ne ren-
trerai à Meymac que pour voir renverser les
barrières qui m'interdisent l'accès du chœur de
mon église. » Au début de la Révolution, la
majorité du clergé finançais ne s'opposa pas à
l'élan populaire, et dans toutes les classes les
mêmes aspirations, les mêmes besoins, les mêmes
désirs de réforme s'annoncèrent sans contrainte,
se montrèrent au grand jour, et tous les cœurs
s'unirent dans une commune espérance. Après le
décret sur la constitution civile du clergé, la
balustrade qui divisait l'église de Meymac fut
mise en pièces, sur l'ordre du procureur de la
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— 205 —
commune. M. Thomas revint; il vit son église
entière libre d'obstacles à Tintérieur, nivelée, et
d'autres idées l'assaillirent alors; mais il était
trop tard. Les digues, devenues impuissantes,
permirent au fleuve de rouler dans ses flots
les droits et les abus, l'erreur et la vérité.
Un décret de l'Assemblée constituante du 15
janvier 1790 partagea la France en départements,
subdivisés eux-mêmes en districts, 'cantons et'
communes. Ce même décret constitua les mu-
nicipalités et créa des maires chargés de rem-
plir les fonctions attribuées autrefois aux consuls.
Le premier maire de Meymac fut M. Poisson,
ancien oflBcier judiciaire du prince de Soubise et
juge de la châtellenie.
Par la nouvelle organisation, l'emploi de pro-
cureur de la commune fut maintenu. Le rôle de
ce fonctionnaire, qui assistait aux délibérations
du corps municipal sans y prendre part, se bor-
nait anciennement à signaler les besoins, à indi-
quer les mesures de police qu'il était nécessaire
de prendre, et à requérir les condamnations aux
amendes encourues par les contrevenants.
Aux époques les plus sombres de notre his-
toire, le procureur de la commune apparaît
comme l'agent révolutionnaire par excellence. Il
agite les esprits, il indique parfois des périls
imaginaires, il pousse aux résolutions extrêmes
et il accuse. Les hommes, les choses, les idées,
les actes, les désirs, les consciences, tout semble
soumis à sa loi, et son droit d'investigation pa-
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— 206 —
rait sans limites, car il est sans responsabilité,
exempt de tout contrôle.
La première assemblée municipale issue de la
loi nouvelle fut composée de membres qui tous
appartenaient à la classe bourgeoise, et qui sem-
blaient avoir accepté sans contrainte Tordre de
choses inauguré en 1789. Nous aurons à enre-
gistrer quelques actes importants se rattachant à
la politique, et des délibérations prises par le
corps municipal, qui eurent un caractère original
et plein de naïveté. Le 23 février 1790, la mu-
nicipalité décide, sur le réquisitoire du procureur
de la commune, qu'on mettrait aux enchères pu-
bliques le droit exclusif de vendre de la viande
pendant le carême. Par la même délibération,
il fut interdit aux fermiers des fours banaux de
faire cuire le pain pendant la nuit, sous
peine d'amende. Enfin, et pour clore cette séance
laborieuse, le procureur de la commune exposa
que la cherté des grains et des comestibles en
maigre était excessive, et qu'il était urgent
d'adresser une supplique à Mgr l'évêque de Li-
moges, afin que la commune fkt autorisée à
faire gras pendant le restant du carême. L'as-
semblée, convaincue du mérite de ces observa-
tions, chargea personnellement le procureur de la
commune de rédiger la supplique et de l'adresser
à Mgr l'évêque de Limoges. Pour que la muni-
cipalité s'occupât de ces détails minutieux, il
fallait que les esprits ne fussent pas encore do-
minés par de sérieuses et pressantes préoccupa-
tions. Cependant on songeait déjà peut-être aux
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— 207 —
épreuves que pourrait imposer Tavenir, et l'au-
torité locale, dès cette époque même, faisait des
démarches afin d'obtenir l'établissement d'une
maréchaussée sédentaire à Meymac. L'ordre sem-
blait régner à la surface, et un immense espoir
de régénérafion, de vie nouvelle, débordait de
toutes les âmes; le sentiment politique social
était inoculé aux masses par la publication ré-
gulière des actes et des faits accomplis dans les
hautes sphères du pouvoir.
Ghacjue dimanche, le prêtre, du haut de sa
chaire, donnait lecture des décrets de l'Assemblée
constituante, des discours du roi ou de la reine,
et des harangues prononcées par les principaux
orateurs. Partout, le droit de la nation était re-
connu et l'heure de la réparation était annoncée.
Cet immense mouvement de joie et d'amour uni-
versel, modéré par l'instinct de la conservation,
se fit sentir généralement en France et porta les
communes à s'associer entre elles, soit pour dé-
fendre le nouvel ordre de choses, soit pour main-
tenir la tranquillité publique. La municipalité de
Meymac, après avoir reçu des adresses fraternelles
de la part des municipalités de Tulle et d'Uzerche,
déclara qu'elle se faisait un honneur d'adhérer
et de s'unir aux villes de Tulle et d'Uzerche, de
coeur, d'esprit, de force et de sentiment pour
l'intérêt commun de la province, et que dès ce
moment elle faisait coalition avec elles (1).
Ces rapports affectueux et officiels de commune
(1) Délibération municipale du 17 février 1790.
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— 208 —
à commune, ces adhésions de cœur, d'esprit, de
force, de sentiment, c'était le début d'un rêve
éblouissant; c'était aussi l'éclair pâle et lointain
qui précède l'orage avant l'éclat de la tempête.
g m
Le 13 mars 1790, le procureur de la commune
annonça aux officiers municipaux que, la veille,
étaient arrivés à Meymac trois députés de la ville
do Tulle : MM. Villeneuve, Sclafer de Chabriniac
et Leyx, pour faire au corps municipal une com-
munication intéressante.
Pareil honneur devait surprendre; il n'en fut
rien pourtant. La joie du triomphe obtenu sur
les anciennes classes dirigeantes dominait les
âmes, et chacun se croyait appelé à vivre sous
le régime de la fraternité. D'ailleurs, la flatterie
toujours est douce quand elle vient d'un grand;
il semble qu'elle efface les inégalités; elle blesse
souvent et on l'aime; elle est un charme qui
fascine l'esprit en subjuguant le cœur. Mais ce
n'est là qu'un détail, et nous constaterons, pour
être véridique, que MM. Villeneuve, de Chabriniac
et Leyx furent chaleureusement accueillis dans
notre cité hospitalière. En effet, aussitôt qu'est
connue la nouvelle de l'arrivée de cette dépu-
tation, la commune, extraordinairement convo-
quée, se réunit en toute hâte, se déclare en
permanence et délègue trois commissaires auprès
des envoyés de Tulle pour les inviter à se rendre
au sein de la municipalité, qui avait hâte de
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— 209 —
les recevoir. Après leur introduction dans la salle
des séances, Tun des trois députés, prenant la
parole au nom de ses collègues, s'exprima en
ces termes : « L'objet principal de notre mission
est d'assurer la commune de Meymac de la re-
connaissance de celle de Tulle, pour la délibé-
ration qu'elle a prise et pour ses offres de ser-
vice. Nous sommes chargés de prier la commune
de Meymac d'accorder à celle de Tulle son estime
et son amitié. De son côté, cette dernière fera
tous ses efforts pour y répondre et lui donne
l'assurance de ses sentiments les plus fraternels. »
Après ces paroles, accueillies sans doute par
un murmure approbateur, l'assemblée, d'une voix
unanime, vote des remerciements à la ville de
Tulle pour le témoignage (Tiniérét qu^elle
donne à celle de Meymac, et pour son dé^
vouement à la chose publique.
La démarche faite par les députés de la ville
de Tulle avait-elle pour but d'accomplir un acte
de courtoisie, ou d'exprimer à une sœur plus
faible des sentiments fraternels .et de pure ami-
tié? Il est difiBcile de le croire. Le genre senti-
mental est ordinairement banni des assemblées
délibérantes où se discutent les intérêts locaux
ou les intérêts généraux du pays. Les assemblées
municipales avaient, à cette époque, un caractère
politique.
Les députés de la ville de Tulle n'étaient donc
pas venus porter à la commune de Meymac un
unique témoignage de reconnaissance, ou lui don-
ner un gage de douce et tendre fraternité; ils
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— 210-
avaient un autre but que ne mentionne pas l'en-
trevue ofiBcielle, mais dont nous trouverons la
trace dans les événements qui vont suivre.
Après le départ des députés de Tulle, le corps
municipal se réunit de nouveau le 15 mars, et
le procureur de la commune, après avoir entre-
tenu l'assemblée de deux personnes de la ville
de Brive, qui avaient fait imprimer dans la
feuille les Annales^ n"" 155, une lettre relative
aux troubles qui avaient eu lieu dans le Bas-
Limousin, s'écrie dans son indignation : « Dans
l'exposé de cette lettre, tous les faits sont dé-
guisés avec l'artifice ordinaire aux malintentionnés,
ennemis du repos public et de la nouvelle Cons-
titution. Nous croirions manquer à notre devoir,
qui nous prescrit de veiller à l'intérêt général,
si nous ne dénoncions à votre sagesse une lettre
aussi incendiaire, afin qu'il vous plaise d'aviser
aux moyens d'arrêter le mauvais effet qu'elle
pourrait produire dans l'esprit du peuple de la
province. »
Il était alors question, ainsi qu'on va le voir,
d'un triste événement, d'une affaire sanglante,
qu'on appela l'émeute de Favars, et dont aucun
parti ne voulait accepter la responsabilité.
Le fait auquel faisait allusion le procureur de
la commune de Meymac, lui inspira un langage
que devait lui interdire sa situation modeste et
celle de l'assemblée où il siégeait. Mais il est
probable qu'il exprima plutôt le sentiment des
députés de Tulle que son sentiment propre, et
qu'il fut, dans ce curieux réquisitoire, l'écho
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— 211 —
fidèle de leurs pensées sans pouvoir éviter Texa-
gération, qui est un des traits particuliers de
Tétat des esprits à cette époque. Après avoir
pris connaissance de l'article incriminé, la com-
mune ordonna que, sans désemparer, le récit
des événements survenus dans le Bas-Limousin
serait reporté sur le registre où allait être trans-
crite sa délibération.
La longueur de ce document ne nous permet
pas d'en reproduire le texte en entier; nous en
donnons quelques extraits où les faits sont suffi-
samment exposés (1) :
a Cette lettre incendiaire renferme dans ses détails les
plus grandes faussetés; elle contient les calomnies les
plus atroces et n'a pu être imaginée que par les ennemis
de la Constitution, du bien, du repos et de la tranqmllité
publique. Les détails qu'elle contient sur les événements
survenus pendant le mois dernier, dans le Bas-Limousin,
sont faux et mensongers, car il est de notoriété publique
que les insurgés, dont la troupe grossissait chaque jour,
avaient déjà pillé plusieurs châteaux, ouvert des étangSj
enlevé le poisson, saccagé plusieurs petites villes et
bourg3, ne se bornant pas à piller les maisons des nobles
et des privilégiés, mais encore celles des bourgeois et des
gros propriétaires.
» Ils avaient planté des potences en différents lieux,
pour pendre, disaient-ils, ceux qui refuseraient de les
suivre et de coopérer au pillage. Cette troupe d'insurgés,
forte de six cents hommes, armée de fusils, lances, four-
ches en fer, haches et faulx, menaçait de tout mettre
au pillage.
» Voulant prévenir ces tristes événements, vingt mem-
■I III I ■-■. I I ■ ■ Il I iji ■
(1) La lettre publiée dana les Annales n'est pas reproduite.
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— 212 —
bres de la municipalité de Tulle, ne consultant que leur
courage et leur patriotisme, soutenus par les maréchaus-
sées d'alentour que commandait leur brave officier, mon-
tèrent à cheval, tandis que cent hommes de la milice
nationale de la même ville marchèrent à pied.
9 La cavalerie, parvenue la première sur les lieux,
rencontra cette troupe de brigands à Favars. Alors Toffl-
cier de la maréchaussée représenta amicalement à tous
ces hommes que les attroupements étaient interdits, et
qu'il s'était rendu auprès d'eux pour s'informer de leurs
griefs et y faire droit. En même temps il leur donna
lecture, avec douceur, de la loi martiale
» Â ces amicales représentations, ces effrénés, animés
par leur chef, répondirent par deux coups de fusil qu'ils
tirèrent sur l'officier commandant, qui fut- grièvement
blessé. Un autre insurgé lui porta xin coup de fourche,
et ce ne fut qu'à la suite de cette attaque inconsidirie
que l'officier et sa troupe, pour défendre leur vie, firent
feu
9 Comment les auteurs de la lettre publiée dans les
Annales ont-ils pu dire que les insurgés étaient sans
armes, qu'ils n'avaient commis aucun pillage, qu'ils
n'étaient réunis que pour se réjouir de la liberté, planter
des mais, et que, désarmés, ils avaient été attaqués par
la milice nationale de Tulle, qui en avait tué une tren-
taine et en avait arrêté soixante? Gomment ont-ils pu
écrire que le tribunal de la prévôté de Tulle en avait
déjà fait exécuter deux, flétrir d'autres, et se proposait
encore de faire de sanglantes exécutions? Il n'est pas
juste de donner à entendre que ceux qui ont arrêté l'in-
surrection sont des coupables; il est révoltant de voir
insinuer que le tribunal de Tulle a usé de cruauté en
condamnant, d'après une légitime procédure et les preuves
légales des plus complètes, les auteurs de ces excès et
de ces infractions
» Ce considéré, la municipalité de Meymac délibère, à
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— 213 —
runanimitô, qu'il sera présenté à FÂssemblée nationale
une respectueuse adresse pour la supplier d'ordonner au
tribunal de la prévôté de Tulle d'instruire le procès des
coupables, et de veiller à la tranquillité et à la sûreté
de la province. »
L'affaire de Favars dévint un champ clos où
s'exercèrent les passions politiques des partis, et
la lettre insérée dans les Annales par deux ha-
bitants de Brive fut un acte accentué de résis-
tance, une énergique protestation contre la con-
duite tenue en cette circonstance par les hommes
qui dirigeaient à Tulle le mouvement révolu-
tionnaire. L'opinion publique était si divisée au
sujet de cette émeute de Favars, que M. Brival,
procureur du roi au siège de Tulle, adressa à
l'Assemblée nationale une pétition qui fut lue
le 30 mai 1790, dans laquelle il accusait les oflS-
ciers de la prévôté de Tulle de prévarication au
sujet des jugements qui avaient été prononcés
dans cette affaire.
La députation de Tulle ne vint donc pas à Mey-
mac pour y remplir une mission sentimentale et
fraternelle; ceux qui la composaient avaient un
autre but, et en échange des promesses d'estime
et d'amitié qu'ils apportèrent, ils reçurent l'adhé-
sion municipale dont ils avaient besoin. Il est
incontestable que la commune de Meymac accepta
la responsabilité du récit des événements de Fa-
vars tel qu'il existe sur le livre des délibérations,
mais nous devons dire aussi que la rédaction de
ce document ne nous semble pas avoir été
l'œuvre individuelle ou collective des membres
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— 214 —
qui la composaient, et que la majorité de ce
corps aurait repoussé certainement quelques-unes
des idées qu'on y voit figurer, notamment celle-
ci : « Les insurgés ne se bornant pas à piller
les maisons des nobles et des privilégiés, mais
encore celles de bourgeois et des gros pro^
priétaires. » Le pillage de la maison d'un noble
ou d'un privilégié était-il un acte moins cou-
pable que le pillage de la maison d'un bour-
geois? Y avait-il deux droits et deux justices?
Lorsque de pareilles idées sont intentionnelle-
ment proclamées et qu'elles sont admises, c'est
un signe d'aberration ou de dépravation morale,
et l'on peut commencer à désespérer de la société.
Que dire enfin de cette lecture de la loi mar-
tiale, donnée avec douceur par l'ofiBcier de la
maréchaussée, alors que les armes sont prêtes
et que la mort va faucher dans tous les rangs?
C'est une horrible naïveté, ou c'est de l'hypo-
crisie de bourreau.
Un autre motif d'intérêt local avait aussi pro-
bablement décidé la commune de Tulle a en-
voyer une députation à Meymac. La loi sur les
nouvelles divisions administratives de la France
allait être généralement appliquée, et la ville de
Brive faisait de puissants efforts pour se faire
attribuer le titre de chef-lieu du département de
la Gorrèze. Cette prétention rivale inspira aux
habitants de Tulle une inquiétude fort naturelle;
ils cherchèrent à rattacher à la cause qu'ils sou-
tenaient des adhésions nombreuses, qu'ils provo-
quèrent au sein des municipalités intéressées à
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— 215 —
voir Tulle devenir chef- lieu. La - commune de
Meymac, en cette circonstance, se montra dé-
vouée aux intérêts de Tulle et délibéra, le 16
mars 1790, qu'elle adresserait une supplique aux
représentants du peuple pour les prier, confor-
mément aux vœux unanimes de la province, de
placer le siège du tribunal et le chef-lieu admi-
nistratif du département dans la ville de Tulle.
La réorganisation administrative de la France
soulevait de nombreuses compétitions parmi les
localités qui par leur état, leur importance ou
leur situation topographique, croyaient pouvoir
prétendre au droit de devenir le siège d'une
autorité judiciaire et administrative de premier
ou de second ordre, et, pendant que Brive s'ef-
forçait d'obtenir le titre de chef-lieu du dépar-
tement, que d'anciens droits semblaient lui assu-
rer, Meymac élevait des prétentions pour se faire
attribuer celui de chef- lieu du district ou de
chef-lieu d'arrondissement.
A cette époque où se produisirent tant d'idées
réalisées aujourd'hui, et un si grand nombre de
rêves et d'utopies irréalisables, vivait à Meymac
M. Pierre Treich des Farges, fils et frère des deux
consuls qui portèrent ce nom. Intelligent et actif,
d'une nature ardente et impressionnable, M. Treich
des Farges, jeune encore quand éclata la Révo-
lution, suivit avec entraînement les idées et les
principes de rénovation sociale inaugurés en 1789.
Reçu d'abord avocat, il délaissa cette carrière pour
se livrer à l'étude de la médecine, et fut incor-
poré plus tard comme sous-aide-major sur un
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— 216 —
bâtiment de l^tat qui faisait voile pour Saint-
Domingue. Rentré en France au début de la
Révolution, il se retira à Meymac auprès de sa
famille, et fut nommé, au mois de juin 1790,
l'un des administrateurs au département dé la
Gorrèze. Dès cette époque il entreprit de faire
transporter à Meymac le siège du district d'Ussel,
et ses efforts, dit-on, auraient été couronnés de
succès, sans l'opposition inexplicable que fit à
cette mesure M. Thomas, curé de Meymac, député
aux États généraux (1).
Les démarches sérieuses et incessantes que fit
M. Treich des Farges lui suscitèrent des adver-
saires et des inimitiés parmi les habitants d'Ussel,
et, à la suite de critiques réciproques, écrits ou
propos échangés, le corps de la garde nationale
d'Ussel formula une plainte contre lui et le dé-
nonça au conseil général de la commune de
Meymac. Afin de laisser à cette affaire sa phy-
sionomie particulière et originale, nous transcri-
vons, à titre de peinture de mœurs locales, les
motifs qui figurent dans la délibération prise à
ce sujet :
« Considérant que la commune^e Meymac cherchera
toujours avec empressement à cimenter Tunion et la con-
corde avec ses frères MM. de la municipalité et de la
garde nationale d'Ussel, avec lesquels la présente com-
munauté se fait un honneur d'être confédérée;
(1) En énonçant ce dernier fait, nous ne nous portons pas garant
de son exactitude» nous nous faisons simplement Técho d'une opi-
nion qui eut cours dans la localité.
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— 217 —
» Considérant encore que la municipalité, le conseil
général et la garde nationale d'Ussel sont des corps res-
pectablest très dignes de Testime de la municipalité de
cette ville, qui se fera toujours un plaisir d'en rendre
le témoignage le plus éclatant;
» Considérant que ces deux corps paraissent inculpés
par le post-scriptum et la lettre du sieur des Farges, et
que la municipalité et commune de cette ville improuvera
toujours toute imputation qui pourrait être, faite contre
la municipalité et la garde nationale d'Ussel;
» Mais considérant, d'un autre côté, que les inculpa-
tions du sieur Treich des Farges contre ces deux corps
respectables ont été faites par pure inadvertance, étant
trop honnête citoyen pour y avoir mis de la malice ou
de la méchanceté ; »
j> Considérant, d'après cette présomption, que le sieur
des Farges ne se fera pas une peine de déclarer, dans
un écrit signé de sa main, qu'il n'a pas entendu inculper
ces deux corps, qu'il les honore et les estime;
» Considérant enfin que le conseil général et la mu-
nicipalité sont incompétents pour procéder à un juge-
ment dans cette cause, que le présent arrêté a été fait
pour mettre au jour les véritables sentiments de cette
assemblée, et combien elle désire que le sieur des Farges
donne à ces deux coi'ps la réparation légitime qui leur
est due;
j> A ces fins, sera communiqué le présent arrêté au
sieur des Farges et à MM. de la garde nationale
d'Ussel, qui voudront bien la communiquer à leur mu-
nicipalité (1). »
L'idée de transformer Meymac en chef-lieu de
district fut énergiquement poursuivie. M. des
Farges fit imprimer et distribuer plusieurs mé-
(1) Extrait du livre des délibérations, séance du 4 septembre 1790.
T. 'X. 2-8
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— 218 —
moires, auxquels répondit M. Delmas, procureur
syndic à Ussel. De part et d'autre, des adhésions
furent sollicitées et obtenues des commufies voi-
sines; la ville de Meymac délégua MM. Dubou-
cheron des Manoux, Materre et Fouilloux, pour
aller au siège du département défendre ses inté-
rêts et faire valoir ses droits. Mais toutes ces dé-
marches furent inutiles, et le projet échoua dans
les conseils du gouvernement. La ville d'Ussel,
qui était en possession depuis 1599 du siège de
la justice ducale de Ventadour, conserva le titre
de chef-lieu administratif.
Malgré cet insuccès, M. Treich des Farges con-
tinua ses fonctions d'administrateur du départe-
ment et se trouva mêlé à toutes les affaires de
son pays, jusqu'au jour où la France en armes
courut à la frontière. Alors, soldat improvisé, il
fut élu chef du 3"' bataillon de la Gorrèze et
partit, dans le courant du mois de septembre
1792, pour Tarmèe du Rhin. Le 23 août 1793
il était nommé général de brigade, et après avoir
contribué à la défense de Landau, qu'assiégeaient
les Prussiens, il passa à l'armée des Pyrénées,
où il servit jusqu'à la paix d'Espagne. Le 27 ven-
démiaire an VIII, il fut nommé commandant de
la place de Marseille, alors en état de siège, et
il rentra ensuite dans ses foyers. Ses aptitudes
diverses, ses luttes,* ses succès, ses revers, tout
en lui fut exceptionnellement remarquable. Il eut
le mérite, malgré les occasions nombreuses qui
s'offrirent à lui, de ne pas s'enrichir, et la per-
sistance avec laquelle il dévoila les malversa-
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— 219 —
tîons dont il fut le témoin lui créa de puissants
ennemis.
Jusqu'à la 'fin de Tannée 1790, on ne voit
aucune lutte entre les partis politiques qui pou-
vaient exister à Meymac; le 'choc des passions
populaires ne s'y fait visiblement sentir qu'à par-
tir du 21 décembre. Le pouvoir municipal était
encore aux mains de la bourgeoisie; satisfaite
de voir l'abolition des privilèges, elle se croyait
assez forte et assez intelligente pour dominer la
situation, et ne se rendait pas compte de la
puissance du mouvement révolutionnaire que de-
vaient accélérer les obstacles qu'on chercherait à
lui opposer.
L'assemblée nationale, par un décret du 27 août
1790, avait décidé que dans chaque canton les
juges de paix seraient élus par les citoyens actifs
inscrits sur les listes électorales. La première élec-
tion de ce magistrat populaire donna lieu à une
lutte des plus vives, et à des désordres qui mo-
tivèrent l'envoi à Meymac de commissaires étran-
gers chargés de procéder à une enquête. Le can-
ton de Meymac se composait alors des communes
d'Ambrugeac, Barsanges, St-Sulpice, Bonnefond,
Grandsaigne, Péret, Davignac, Soudeilles, Maus-
sac, Saint-Germain-le-Lièvre, AUeyrat et Darnets.
Tous les citoyens actifs de ces communes furent
invités à se réunir, le 21 (fécembre 1790, dans
l'église de Meymac, transformée en arène élec-
torale, pour y élire le juge de paix (1).
(1) Extrait du livre des délibérations, séance du 4 novembre 1790.
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— 220 —
La chose était nouvelle, et de toutes parts les
électeurs accoururent en grand nombre pour dé-
poser leur vote.
Au début de la séance, M. Gérôme Mary fut
proclamé président d'âge du bureau provisoire,
et trois scrutateurs, MM. Pierre-Jean Treich, Di-
nematin et Feuillade lui furent provisoirement
adjoints.
Le premier électeur inscrit sur la liste était
M. Jean-Baptiste Courtain, prieur des religieux
de Tabbaye. A Tappel de ce nom, M. Treich
des Farges, administrateur au district d*Ussel,
invoquant son titre de citoyen actif de la com-
mune de Meymac, déclare s'opposer à l'émission
du vote de dom Courtain, qui étant religieux
et vivant monastiquement ne peut être con-
sidéré comme citoyen a^tif de la communs.
Dom Courtain lui répondit qu'il a opté de vivre
en particulier et ne vouloir vivre en commu-
nauté, qu'il est simplement fermier de l'abbaye
à la charge de rendre compte au district, sui-
vant la faculté qui lui en a été laissée par l'as-
semblée nationale.
Alors, le président du bureau provisoire invite
MM. Poisson, Materre, Périer et Lachau à se
joindre à lui comme assesseurs, et, après avoir
délibéré, ces messieurs décident que dom Cour-
tain est citoyen actif, régulièrement inscrit, et
ils l'invitent à émettre son vote. M. Treich des
Farges proteste à haute voix contre cette décision;
le premier scrutateur Pierre- Jean Treich, Léonard
et Mathieu Fouilloux, le sieur Lafon, notaire, et
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— 221 —
un grand nombre d'autres qu'il n'est pas j^os-
sible de distingvsr, crient à Tillégalité; le bruit
et le tumulte commencent, le désordre se met
dans l'assemblée, et les bâtons de nombre des
votants, qui en étaient munis malgré la dé-
fen^se faite, et qui les tenaient cachés sous
leurs vêtements, se lèvent, impatients de frapper.
Dom Courtain parvient avec peine à se frayer un
passage à travers la foule qui gronde et s'irrite,
pendant que le président du bureau provisoire,
ses quatre assesseurs et le procureur de la com-
mune, craignant d'être assommés, s'éloignent à
leur tour en déclarant qu'ils ont à dresser pro-
cès-verbal dès qu'ils seront en lieu de sûreté.
Pendant que les membres du bureau s'occu-
pent, dans la demeure de leur président, à dé-
crire les faits tumultueux accomplis dans la réu-
nion électorale, ils entendent sonner les cloches,
battre le tambour, et l'annonce qu'un bureau
provisoire a été formé et qu'on procède dans
l'église à la nomination du juge de paix, vient
frapper leurs oreilles. En effet, le scrutin est
ouvert, les votes sont émis, et, après le dépouille-
ment, M. Treich des Farges est déclaré nommé
juge de paix de Meymac. Cette élection fut con-
testée. Les administrateurs du directoire départe-
mental, par arrêté du 28 décembre 1790, nom-
mèrent deux délégués : MM. Lacaze, de Neuvic,
et Château, de Bort, avec mission de procéder
sur les lieux à une enquête administrative dont
le résultat fut défavorable à M. Treich des Far-
ges, car nous trouvons, dans un procès-verbal
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— 222 —
du 26 mars 1791, la relation de rinstallation de
M. Poisson et sa prestation de serment comme
juge de paix de Meymac, en présence de tout
le corps municipal.
A partir de cette époque, deux coteries locales,
transformées par les circonstances en partis po-
litiques, se trouvèrent en lutte. Le plus avancé
de ces partis, celui dont quelques membres ap-
prouvèrent les mesures révolutionnaires exces-
sives, se divisa en deux fractions, dont Tune
étouffa l'autre. Au nombre des personnes citées
plus haut comme étant favorables à Télection de
M. Treich des Farges, en qualité de juge de
paix du canton de Meymac, figure M. Lafon, no-
taire, qui fut décapité à Meymac en 1793; on
voit donc que dès Tannée 1790, M. Lafon était
lié au parti qui suivait avec le plus d'ardeur la
voie de la Révolution. Nous admettrons qu'il était
moins turbulent, moins avancé peut-être que pou-
vaient l'ôtre certains hommes avec lesquels il était
en relation, mais il ne peut être considéré comme
un défenseur secret ou avoué des idées de l'an-
cien régime. Il dut la mort moins à ses opi-
nions politiques qu'à des inimitiés locales, ins-
pirées par l'influence personnelle qu'il exerçait
sur les habitants des campagnes, et par la jalousie
que fit naître son élection ultérieure aux fonc-
tions de juge de paix de Meymac.
Cette appréciation, dictée par l'examen impar-
tial des faits qui s'accomplirent dans notre loca-
lité en 1793, et sur lesquels il serait inopportun
de s'appesantir aujourd'hui, corroborée en outre
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— 223 —
par Topinion de personnes ténaoins de Thorrible
holocauste qui tacha de sang nos places publiques,
a une certaine importance historique, car elle est
contraire à la manière de voir exprimée par
M. Marvaud. Cet auteur, dans son Histoire du
Bas- Limousin j parait considérer M. Lafon comme
un martyr de sa foi politique, comme une vic-
time trop dévouée aux choses du passé. C'est une
erreur, et une erreur volontaire propagée par ses
ennemis et par ceux qui, directement ou indirec-
tement, contribuèrent à sa perte. La Révolution
ne voulait ni opposants, ni contradicteurs, et,
quoique basée sur les principes de fraternité, elle
se montrait égoïste, jalouse, et il était facile
alors de perdre un homme en Taccusant d'hos-
tilité. Le jour où les paysans d'Ambrugeac, de
Davignac, de Barsanges et de Meymac se soule-
vèrent pour punir les auteurs des profanations
accomplies aux abords de l'église de Meymac et
dans l'église même, la mort de M. Lafon fut
résolue, et on chercha des prétextes pour l'ac-
cuser. Cependant, il était resté étranger aux actes
de ceux qui protestèrent; on ne pouvait même
lui reprocher une complicité morale, et il avait
une si grande conviction de sa propre innocence
qu'il refusa, malgré les instances de ses amis et
alors que cela lui était facile, d'échapper par la
fuite au sort qui l'attendait. Il pouvait devenir
un obstacle et la Révolution le brisa (1).
(1) Les faits auxquels nous faisons allusion (profanation des
objets consacrés au culte) occasionnèrent une émeute. Les paysans
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— 224 —
Revenons à notre récit.
A peu près à la même époque, les habitants
de Meymac se préoccupèrent avec raison d'une
question toute locale, mais fort importante pour
eux. Il s'agissait d'exécuter le projet de Turgot,
c'est-à-dire d'ouvrir la route départementale n^ 1,
de Limoges à Bort, encore à l'état de lacune
aux abords de la ville. Le prix des céréales, fort
élevé pendant l'année 1790, imposait aux classes
laborieuses des souffrances et des privations que
la municipalité, faute de ressources, ne pouvait
alléger. Un premier secours de 1,500 francs, puis
un second de 4,000 francs, furent accordés par
les administrateurs du district pour établir à
Meymac un atelier de charité.
Les discussions prolongées sont inopportunes,
surtout lorsqu'on est en présence d'une disette
ou que des besoins nombreux demandent à être
satisfaits. L'emploi de ces fonds n'aurait dû être
retardé sous aucun prétexte; les circonstances
étaient telles qu'une action prompte, énergique
devenait indispensable, et toute mesure impli-
quant un retard dans l'exécution des travaux était
une faute et devait tourner contre ceux qui la
provoqueraient. Le corps municipal commit cette
faute en s'opposant à l'exécution du tracé adopté
par les ingénieurs, et en demandant que la
route n° 1, au lieu de longer les abords de
se ruèrent chez quelques-uns des auteurs de ces scènes ou chez
ceux qu'on soupçonnait d'être leurs complices. La maison de
M. Lafon fut épargnée, et ce fut un malheur pour lui, car on
le considéra comme pactisant avec la réaction.
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— 225 —
Meymac, traversât l'intérieur de la ville. A l'ap-
pui de cette demande, la commune invoquait les
dix)its acquis aux propriétaires de maisons qui
se trouvaient sur le parcours de l'ancien chemin
de Meymac à Saint-Angel, le déplacement des
intérêts commerciaux, enfin les indemnités ecôor-
bitantes qu'il faudrait payer aux propriétaires
des terrains si fertiles où devait être établie la
nouvelle voie. Plusieurs délibérations municipales
furent prises dans ce sens, et les administra-
teurs du département, sans s'expliquer sur la
modification du tracé réclamé, enjoignirent à
M. Fouilloux, entrepreneur, d'exécuter les tra-
vaux. La municipalité, encore imbue des idées
de liberté communale, avait cru pouvoir résister,
par des oppositions successives, au pouvoir cen-
tral qui avait pris la direction des intérêts géné-
raux; elle s'était étrangement trompée. M. Fouil-
loux, par un moyen énergique, et, disons-le, par
une manifestation passablement révolutionnaire,
eut bientôt brisé les résistances des représentants
bourgeois de la commune. Cet épisode est con-
signé dans une délibération du 5 mars 1791,
dont nous Reproduisons les termes :
<c M. Fouilloux, après avoir prévenu tous les manants,
requit la municipalité de s'assembler extraordinairemeut,
conduisit une troupe de ces manants, au nombre de plus
de cent, jusqu'à la porte de l'audience. Lors, le dit
Fouilloux exhiba l'arrêté du département. Après la lec-
ture qui en fut faite, le corps municipal ne put déli-
bérer, et s'il avait fait des observations à raison de la
dite traversée, il courait le danger d'être maltraité. »
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— 226 —
Ainsi, il ne s'agissait pas de délibérer , mais
de laisser faire le dit Fouilloux (1).
L'opinion que défendait la commune de Mey-
mac était partagée par un grand nombre d'habi-
tants, mais elle était combattue par d'autres, et
la classe ouvrière, rudement éprouvée, réclamait
avec énergie l'ouverture immédiate des travaux
qui devaient lui assurer du pain. En résistant
aux oppositions locales et à l'influence de la
bourgeoisie, M. Fouilloux fit preuve d'habileté et
devint aussitôt le chef du parti populaire qu'il
avait fait triompher dans la séance du 5 mars.
Nous avons dit que le clergé en général, avait,
favorablement accueilli la Révolution, et qu'il ne
l'avait point traitée en ennemie; mais il changea
de conduite dès que l'Assemblée constituante vou-
lut toucher à ce qu'il considérait, à juste titre,
comme ses prérogatives spirituelles. Diverses me-
sures impolitiques jetèrent le trouble dans les
consciences, et fournirent un prétexte aussi bien
aux hommes convaincus qu'à ceux dont le se-
cret désir était de s'opposer au nouvel ordre de
choses. Le refus de considérer la religion catho-
lique comme religion de l'État, la nomination
des curés et des évoques soumise au vote élec-
toral, etc., etc., furent des fautes capitales, alors
surtout que l'union et l'esprit de concorde pou-
vaient seuls sauver la société. Les excès engen-
drent les protestations. Plusieurs évoques firent
acte d'opposition; ils publièrent des mandements,
(1) Extrait du livre de ville, séance du 5 mars 1791.
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— 227 —
et TAssemblée constituante, irritée de ces résis-
tances, décréta, le 27 novembre 1790, que les
ecclésiastiques seraient astreints au serment ci-
vique devant leur commune» et qu'ils y ajoute-
raient celui de maintenir la constitution civile du
clergé.
L'effet de ces décisions passionnées et injustes
se fit sentir jusque dans les plus humbles localités.
Au début de la Révolution^ M. Thomas, curé
de Meymac, avait été nommé député aux États
généraux; il avait Tesprit libéral; il n'aimait
point les privilèges; ses opinions sympathisaient
avec celles de ses concitoyens; mais, après le
décret de 1790, dés qu'il voulut obéir à sa foi
comme chrétien, à son devoir comme prêtre, il
fut, de par la loi civile, dépouillé de ses droits
et de ses titres. Cette étrange confusion des prin-
cipes engendra d'incalculables malheurs. Dans un
réquisitoire du procureur de la commune de
Meymac, nous lisons ces mots caractéristiques :
« M. Thomas, curé, aurait dû adresser depuis
un mois son serment à la municipalité, et il y
a lieu de suppo&r qu'il n'a pas voulu le prê-
ter. La municipalité est tenue, conformément au
décret du 27 novembre 1790, d'en donner avis
aux membres du district d'Ussel. »
Le procés-verbal qui constate ce fait mentionne
en môme temps la comparution de MM. Barlet
et Déchamp, tous les deux vicaires de Meymac,
lesquels ont, après la grand'messe, fait l'un après
l'autre, au conseil général de la commune, en
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— 228 —
présence du peuple, le serment manus ad pectus
prescrit par l'auguste assemblée (1).
M. Thomas fut considéré comme démission-
naire pour refus de serment, et il eut pour suc-
cesseur M. Barlet, son premier vicaire, qui fut
élu le 15 mars 1791 et qui prit possession de
sa cure le 3 avril suivant.
Le môme jour, le procureur de la commune
donna lecture à la municipalité d'une lettre de
M. Thomas^ Ce dernier s'était rendu à Meymac
pour protester sans doute contre l'élection et la
nomination de son successeur, et la délibération
où est mentionné ce fait décide « que la lettre
du ci-devant curé de Meymac restera annexée au
registre. » Cependant cette pièce n'existe pas, et
nous le constatons avec regret, car elle devait
contenir des appréciations intéressantes sur le
décret de l'assemblée, et sur la conduite des
prêtres qui se soumettaient au serment ou qui
refusaient de le prêter. Rien encore n'avait ou-
vertement résisté, à l'intérieur, à la Révolution.
Il convient de remarquer qu'à partir de cette
époque, ceux qui secrètement ^restaient dévoués
à la monarchie, ceux qu'on chassait des cloîtres
et des églises, sans ressources et sans abri, essayè-
rent de réagir contre cette ardeur de démolition
et de reconstruction sociale qui animait l'assem-
blée et la masse générale. Mais les entraves accé-
lérèrent le mouvement qu'on avait en vue d'en-
rayer, et la Révolution suivit impitoyablement
son cours.
(1) Extrait du livre de ville, séance du 27 janvier 1791.
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Si Ton s'en rapporte aux appréciations conte-
nues dans le registre des délibérations de la
commune de Meymac, M. Thomas avait quitté
son poste à l'assemblée et s'était rendu dans nos
murs afin de disposer à la résistance ses anciens
paroissiens. En effet, le 5 avril 1791, la com-
mune, extraordinairement convoquée, reçut de
son procureur la communication suivante :
c M. Thomas, ancien curé de M^grmac, au mépris des
décrets de Tauguste assemblée nationale, dont il était
membre, s'est permis depuis son arrivée de répandre
l'alarme parmi ses concitoyens en leur prêchant de
fausses doctrines. Il a osé dire que ceux qui ajoutaient
foi aux paroles de Vintnts qui l'a remplacé méritaient
l'excommunication; qu'il ne fallait pas assister aux exer-
cices que ferait son successeur dans l'église; que tous les
actes qu'il avait pu accomplir depuis sa prestation de
serment étaient nuls, irréguliers et contraires à la reli-
gion; qu'il avait prêché la même doctrine à ses autres
confrères assemblés, et que toutes ces menées odieuses
tendaient à faire combattre le citoyen contre le citoyen.
Les habitants de la ville et de la campagne n'osent plus
approcher de l'église paroissiale, et il les a décidés à
venir l'entendre dans la chapelle des Pénitents blancs,
où il fait lui-même tes fonctions pastorales. »
Après cet exposé sommaire des faits reprochés
à M. Thomas, le procureur de la commune, afin
de dominer son auditoire, donne un libre cours
à son éloquence ampoulée, et pour la rendre plus
entraînante, il s'écrie : « Quelle pusillanimité si
nous mollissions en face de Tinconduite de cet ex-
pasteur, qui cherche tous les moyens imaginables
pour faire revivre l'ancien régime et pervertir le
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— 230 —
troupeau qui lui était ci-devant confié 1 Peu dé-
licat à se conformer à la loi, il ne craint pas de
devenir réfractaire aux décrets, puisqu'il s'est per-
mis, depuis Tinstallation de son successeur, de
remplir ses fonctions, de faire le catéchisme, de
confesser et de donner la communion, etc., etc. »
Il demande que la commune ordonne que le
sieur Thomas sera relégué en tout autre en-
droit que cette ville (1).
La commune de Meymac, on ne saurait la
blâmer, s'abstint de prononcer la peine de l'exil
contre l'ancien pasteur, que tous aimaient et res-
pectaient. Elle se borna à décider que l'exercice
des fonctions curiales, dans la chapelle des Péni-
tents blancs, était contraire à la loi et au décret
du 27 novembre 1790, qu'en conséquence M. Tho-
mas devait cesser d'exercer son ministère, sous
peine d'être poursuivi.
Cette mise en demeure, dont le caractère bien-
veillant est très remarquable, eu égard à l'époque
où se passaient ces faits, fut sans influence sur
la conduite de l'ancien curé de Meymac. Il ré-
sista aux conseils qui lui étaient donnés et con-
tinua avec courage son œuvre pastorale. Alors la
commune de Meymac enjoignit au recteur des
Pénitents blancs de maintenir close la porte de
sa chapelle, et d'en déposer les clefs entre les
mains du procureur de la commune. Les sen-
timents intimes du prêtre durent souffrir de cette
mesure, mais son honneur était sauf; il avait
(1) Extfait du livre de ville, séance du 5 avril 1791.
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— 231 ~
honorablement succombé dans la lutte; il était
réduit à l'impuissance .
g IV
Partout en France se produisirent des faits sem-
blables à ceux que nous venons de décrire. Les
membres du clergé qui se soumirent aux lois
décrétées par la Révolution furent appelés, dans
les rapports officiels, prêtres constitutionnels;
mais la voix du peuple les désigna par une dé-
nomination plus énergique; elle leur infligea une
épithète qui est synonyme de déshonneur, qui
est une tache d'opprobre, en les nommant les
prêtres jureurs. Leur adhésion aux ordres du
pouvoir temporel, en ce qui concernait la cons-
titution civile du clergé, réprouvée par leurs pairs
et par ceux qui avaient conservé le sentiment ca-
tholique, fut sévèrement jugée, et bien souvent
la déconsidération et l'outrage leur servirent de
cortège, alors même que leur vie privée était
pure.
Quant aux prêtres qui refusèrent de prêter le
serment prescrit par l'Assemblée constituante, plu-
sieurs d'entre eux moururent victimes et martyrs
de leur foi; quelques-uns suivirent la route de
l'exil; d'autres enfin menèreat une vie errante
et pleine de périls, contraints de se cacher et
de vivre de l'aumône que leur tendait une main
charitable.
Il est incontestable que c'est à partir du décret
sur la constitution civile que commença la lutte.
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— 232 —
et que le clergé sépara sa cause de celle du
peuple. Ce fut la cause d'immenses malheurs,
car rÉglise, influente partout et unie au peuple,
aurait pu faire entendre ses conseils et rester le
guide et le pilote de la France affolée.
Les difficultés que fit naître dans notre pays
l'exécution du décret du 27 décembre 1790 sont
parfaitement indiquées dans un rapport adressé,
le 19 novembre 1791, par les administrateurs du
district d'Ussel à leurs collègues de Tulle, à la
suite d'une demande de renseignements émanée
du ministère de l'Intérieur. Cette lettre, toute
confidentielle, et qu'il serait peut-être impossible
de retrouver aux archives départementales, est
presque une page de notre histoire locale; elle
mérite d'être reproduite parce qu'elle contient une
appréciation très exacte de l'état de l'opinion pu-
blique, et qu'elle indique l'effet produit par le
décret sur la constitution civile du clergé; elle
est ainsi conçue :
« Il paraît, suivant la copie de la lettre de M. le mi-
nistre de rintérieur, que vous nous avez adressée le 10 de
ce mois, qu'il désire connaître Texécution des lois rela-
tives au clergé.
» Le ministre demande si Ton s'est occupé de la cir-
conscription des paroisses, du remplacement des curés
non réformistes, et à connaître le nombre des paroisses
et succursales conservées et les églises supprimées. Il
demande combien il existe maintenant de communautés
religieuses, et quel nombre il y en avait ci-devant; il
demande surtout à connaître les dispositions des esprits
pour tout ce qui est relatif à la constitution civile du
clef^é.
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— 233 —
» Vous savez, messieurs, qu'il y a déjà quelque temps
que notre travail sur la réunion et circonscription des
cures est fini. Nous avons formé dans notre district
trente-six paroisses et treize succureales; nous en avons
supprimé quatorze. Tous les curés non assermentés ont
été remplacés. Les nouveaux pourvus jouissent tous de
leur bénéfice, mais non pas de la confiance générale de
leurs paroissiens. Il y avait ci-devant sept communautés^
religieuses de Tun ou de Tautre sexe; il n'y en a qu'u
seule de filles qui n'aie pas voulu profiter du bénéfice
de la loi, elle est située à Ussel. Les biens de ces maisons
religieuses sont en grande partie vendus.
» La constitution est généralement chérie du peuple;
"nous ne devons pas cependant vous dissimuler que le ser^
ment exigé des prêtres a fait paraître beaucoup de mécontents.
Bien des personnes n'assistent pas aux ofiices des curés
constitutionnels. Les curés non conformistes tâchent de
se faire des partisans, et mettent tout en œuvre pour
rendre odieux au public ceux qui ont obéi à la loi.
Nous pensons bien que si les ennemis de la constitution
pouvaient parvenir à la faire renverser, ils devraient le
succès de leur entreprise au serment que l'assemblée a exigé
de prêter.
» Les ci-devant privilégiés ont toujoifrs fait paraître
du mécontentement de la nouvelle constitution, mais ils
n'auraient peut-être rien hasardé si le clergé n'avait été
de leur parti. Il serait donc très intéressant que la légis-
lature, de concert avec le roi, prît un remède prompt et
efficace sur ce serment, afin de ramener l'ordre et la
tranquillité. »
Après le décret qui abolit^ les vœux monas-
tiques, la maison conventuelle de Meymac subit
le sort de toutes les autres abbayes. Cet asile,
autrefois inviolable, où vivaient quelques vieillards,
dût être abandonné par ses hôtes MM. Coiirtain,
Sourtiat, Deschamp, Meilhot et Mauduit. Leurs
T. IX. 8- 4
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— 234 —
meubles ayant été mis sous les scellés, ils adres-
sèrent une pétition à la commune de Meymac,
afin que les membres de cette assemblée se
transportassent dans la cellule de chacun
d'eux pour vérifier Vétat des petits meubles
servant à leur usage personnel, afin qu'il leur
fitt loisible d'en disposer conformément au
décret de la Constituante,
Ces religieux, si fiers autrefois de leurs pré-
rogatives, si jaloux de leurs droits, de leurs
immunités, sont contraints de s'incliner aujour-
d'hui devant les membres de la commune. La
Révolution, en la personne de ses représentants,
a posé le pied sur ce cloître, où tant d'hommes
érudits et vertueux ont vécu, travaillé et prié.
Cette église, si vivement disputée, échappe à leur
domination, et ils voient s'affaisser en un jour
l'œuvre de plusieurs siècles. Ils ont fait du bien,
ils ont aidé aux progrès des sciences, au déve-
loppement de la civilisation; mais la reconnais-
sance des ht)mmes est muette, les bienfaits sein-
blent oubliés tant est vif le délire des passions
qui s'agitent, et ces anciens dominateurs n'ont
plus en perspective que la misère et la pauvreté.
L'inventaire du mobilier des religieux avait été
dressé en 1790 et les scellés y avaient été appo-
sés; mais l'état des meubles, des livres, des
papiers ne se. retrouve pas aux archives de la
commune de Meymac, quoiqu'il en soit fait
mention dans le procès-verbal de récolement
dressé le 27 janvier 1791, d'une manière très
sommaire. La maison conventuelle de Meymac
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— 235 —
échappa au pillage et à la dévastation; cepen-
dant il est probable que les objets les plus pré-
cieux furent détruits ou dénaturés sans discerne-
ment, ou soustraits à la nation qui s'en était
emparée. En général, les officiers municipaux des
communes considérèrent comme inutiles et de
nulle valeur les vieux livres et les vieux titres,
qui constituaient Tune des richesses les plus
réelles des maisons religieuses; ils n'en dres-
sèrent pas même un état. L'autorité centrale,
représentée par le comité de l'administration
eedésiastique , comprit trop tard l'importance
qu'avaient, au point de vue de l'histoire, de la
science et de l'art, ces bibliothèques et ces ar-
chives privées où s'accumulaient, depuis des siè-
cles, les travaux de l'esprit humain, et il de-
manda aux administrateurs du département un
travail sur cet objet. JLes membres du district
d'Ussel, requis de procéder aux études réclamées
par le comité de l'administration ecclésiastique,
firent l'aveu naïf de leur faute et de leiu* igno-
rance, et répondirent qu'en procédant à la vente
du mobilier des communautés religieuses, ils
avaient aussi vendu tous les volumes qu'ils
avaient trouvés, et que si la vente de ces livres
antiques avait produit peu de chose j ils
avaient néanmoins fait le bien de la nation,
car ils étaient plus dignes de la main d'un
épicier que de celle d'ur^ archiviste.
Quelque temps après, le département réclama
encore les livres-journaux des ci-devant Bénédic-
tins de Saint-Angel ej; de Meymac, et les mem-
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— 236 —
bres du district d'Ussel firent cette réponse :
« Quelques recherches que nous ayons faites, nous
n'avons pu retrouver ces livres-journaux. L'état
de confusion où sont les différents papiers de
communautés, par le défaut d'un légiste ou d'un
archiviste, ne nous fait môme pas espérer de les
recouvrer dans le cas où ils sont déposés dans
nos archives. »
Mais le comité d'administration ecclésiastique,
qui sans doute avait à cœur de sauver du nau-
frage quelques débris précieux, insiste de nou-
veau et demande qu'on lui fît connaître le nombre
de liasses ou cartons, et qu'on lui envoyât une
notice des titres et chartes. Les membres du dis-
trict d'Ussel continuent de répondre : a Ces ren-
seignements ne peuvent être fournis que par des
gens exercés à déchiffrer des titres antiques; la
plupart des papiers que nous avons emportés des
maisons ci-devant religieuses sont d'une date très
ancienne et dans une grande confusion; il faut
un homme de l'art pour les remettre en ordre.
Quant aux livres trouvés dans les maisons reli-
gieuses, ce n'étaient que des bouquina ver-^
moulus. »
Enfin le comité, voulant connaître la nature
et la valeur des objets précieux trouvés dans les
églises ou dans les maisons conventuelles, reçoit
des membres du district d'Ussel la réponse sui-
vante, aussi habile peut-être qu'elle était mali-
cieuse : a II est un article dans l'instruction du
comité qui nous paraît embarrassant. L'église des
ci-devant Bénédictins de Meymac possède une
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— 237 —
châsse d'argent massif. Ce monument ne présente
aucune beauté qui parle pour sa conservation. La
ville de Meymac tient singulièrement à sa pos-
session. La bonhomie du peuple et les petits ma-
nèges des ci-devant religieux ont attiré à cette
châsse une grande vénération. Elle gijérit ou pré-
serve, dit-on, de la folie. Nous ne disons pas
que la ville de Meymac ait besoin de la cou-
server; nous ne croyons même plus aux mi-
racles, mais il serait extrêmement périlleux d'em-
porter le grand saint Léger. Ainsi, Messieurs,
si vous jugez à propos de transformer Teffigie du
saint personnage en celle de Louis XVI, vous
pouvez nous envoyer mille à douze cents hommes
pour protéger Tenlèvement. Au sérieux et très
sérieux, la ville de Meymac ne permettrait point
que la châsse fût emportée; la proposition que
nous en fîmes, lors de la vente du mobilier des
ci-devant Bénédictins, causa beaucoup de fermen-
tation (1). »
Sous une forme légère et un peu railleuse,
les administrateurs du district firent une appré-
ciation juste et vraie des sentiments de la popu-
lation de Meymac, en affirmant qu'elle tenait à
conserver l'image du patron de la ville. Mais
leur raisonnement aurait eu plus de force s'ils
eussent ajouté qu'Ussel aussi avait foi aux reli-
ques du saint, et que toujours les habitants de
cette ville avaient été ses plus fervents et ses
plus assidus visiteurs.
(1) Lettres des administrateurs du district d'Ussel des 4 juin»
23 juillet et 8 octobre 1791.
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— 238 —
L'opinion émise par Tautorité locale ne pré-
valut pas; la châsse de saint Léger, en argent
massif, fut convertie en une efj^gie quelconque,
et on lui substitua plus tard une statuette en
bois argenté.
L'exaltation des esprits, et bien souvent l'igno-
rance de ceux qui furent chargés des fonctions
administratives, causèrent d'irréparables pertes,
car la science et l'art ne sont pas seulement
dans le présent, leur berceau repose dans le
passé; chaque siècle est une étape où le tra-
vailleur, en étudiant l'œuvre de ses devanciers,
prépare à son tour l'œuvre de l'avenir.
Nous croyons que les officiers municipaux de
la commune de Meymac se montrèrent peu ri-
goureux, quand ils placèrent sous les scellés le
mobilier des moines; ils comprirent qu'une loi
violente doit être exécutée avec modération. L'ave-
nir, d'ailleurs, était bien sombre pour la plupart
de ces hommes, habitués à la vie conventuelle
et jetés sans ressources au sein d'une société où
bouillonnaient des passions qu'aucun frein ne
pourrait bientôt plus modérer. Victimes des évé-
nements formidables qui marquèrent la fin du
XVIII* siècle, les derniers Bénédictins de l'abbaye
de Meymac quittèrent, le 27 janvier 1791, ce
cloître, fondé d.epuis huit siècles par Archambaud,
vicomte de Comborn. Ils furent témoins de la
chute de leur ordre et de leurs privilèges, de
la vente de leurs cellules et de leur donjon; et
pour que rien ne manquât à l'épreuve qui leur
était imposée, on les sépara de ces vieux meubles
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— 239 —
qui avaient été les témoins et les compagnons
de leur vie.
L'acte du 27 janvier 1791, accompli par la mu-
nicipalité en présence de MM. Courtain, prieur,
Sourtiat, Deschamp, Meilhot et Mauduit, est le
dernier titre authentique de l'histoire de l'abbaye
de Meymac. Trois de ces anciens religieux :
MM. Deschamp, Sourtiat. et Mauduit, ne quit-
tèrent pas la ville, et moururent après avoir
modesteînent vécu, aux portes du vieux cloître
qui longtemps les avait abrités. M. Mauduit, qui
n'avait aucune ressource personnelle, se livra à
l'enseignement et répandit le goût des arts et
de la musique au sein de la nouvelle génération
qui s'élevait : son portrait, peint par lui-même,
et qui existe encore, est la dernière œuvre du
dernier Bénédictin de Meymac.
Nous n'irons pas plus loin : les événements
qui suivirent sont encore trop rapprochés de nous.
Nous laissons à d^autres le soin d'en retracer les
épisodes et d'en écrire le récit. D'ailleurs, l'his-
toire de la Révolution à Meymac est une sombre
et lamentable histoire. Pourrions-nous peindre ces
accès de folie humaine, ces orgies sanglantes qui
épouvantèrent les trois âges : l'enfant, l'homme
fait, le vieillard, avec la froide impartialité de
l'historien? Comment raconter, sans être saisi
d'horreur et sans accuser un parti tout entier,
qui cependant tout entier n'était pas coupable,
ces réquisitions forcées de jeunes enfants réunis
au pied de l'échafaud? Comment expliquer leur
présence en ce lieu? On ne sait, mais ils y
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— 240 —
étaient par ordre; c'est là un rêve de bête fauve.
Les auteurs de ces tristes immolations, plagiaires
des crimes qu'accomplissait la Commune de Paris,
ne purent avoir l'espoir que leurs actes jette-
raient l'effroi et la terreur en France; le théâtre
où s'exerçaient leurs fureurs n'était pas assez
vaste; mais ils montrèrent à quels excès peuvent
conduire la haine et la passion, jusqu'où peut
s'élever la cruauté de l'homme. Ils affirmèrent
la puissance du mal, tandis que les victimes,
sorties des rangs du peuple, simples et modestes
paysans qu'on ne pouvait accuser de projets san-
guinaires, par leur courage et par leur résigna-
tion, épouvantèrent jusqu'à leurs bourreaux.
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LE
PHYLACTÈRE DE CHATEAU-PONSAC
(HAUTE-VIENNE)
B reliquaire n'est ni inconnu ni
inédit. Les archéologues ont pu le
voir quelque temps à Paris entre
les mains de MM. Didron et du
Sommerard, surtout à l'Exposition
universelle de 1867, et à celle de
Limoges en 1886 (1). Les inventaires
de Tabbaye de Grandmont Tont enregistré, en 1567 et
1790, lui consacrant quelques lignes (2), et enfin, après
(1) Catalogue de l'Exposition, partie rétrospective. Orfèvrerie,
p. 16-17.
(2) « Une pièce d'argent doré, en carré, où il y a quatre petits
clochers d'argent et des christallins et perles qui pendent tout
autour d'icelle, garnye de pierreries où il y a du christallin et
une pinne d'argent dorée, par le dessus, bien ouvrée. » (Invent,
de l'abbaye de Grandmont, en 1567. — V. Mém, de la Soc. des
Antiq. de VOuest, an. 1842, p. 341; AnnaL archéologiq,, t. XIII,
p. 329; Dictionn, d'Orfévr,, col. 899.)
« Un reliquaire de vermeil, orné de filagrammes de môme ma-
tière, enrichi de plusieurs pierreries, dont le soubassement porte
une plaque qui le couvre en entier comme une table, aux quatre
coins de laquelle il y avait autrefois quatre petites tourelles, dont
il ne reste plus qu'une entière; une seconde a perdu sa flèche
par le laps du temps (l'ouvrage étant fort ancien et d'un goût
gothique); les autres manquent. Au milieu de cette plaque s'élève
un christal carré et ciselé, qui parait être de christal de roche;
il est surmonté d'un bouquet de feuilles de chône et aussi de
vermeil dont est toute la matière de ce reliquaire, sous le pied
duquel, qui est carré, et sur les quatre faces d'icelui est gravée
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— 242 —
trois courtes mentions (1), feu Tabbé Texier Ta décrit
en détail dans les Annales archiologiqiLes, en ayant soin
d'accompagner son article d'une belle gravure due au
burin de Léon Gaucherel (2), et dans le Dictionnaire d'Or-'
fivrerie (Paris, Migne, 1856, .in-4^ col. 894-900), où la
gravure est détestable (col. 1496).
A la rigueur, on pourrait se contenter de ce qm a
été dit antérieurement. Cependant cette publicité est-elle
réellement suffisante? Je ne le pense pas. Jeune sémi-
nariste, je lisais avec avidité les travaux de l'abbé Texier,
admettant sans conteste une autorité qu'il m'était alors
absolument impossible de contrôler et que j'acceptais
volontiers de confiance. Actuellement, placé à un autre
point de vue, sinon au-dessus au moins au même
niveau, je constate à regret que le zélé archéologue n'a
pas toujours bien vu ou tout vu, qu'il a émis des prin-
cipes sans en tirer des conséquences, et qu'ayant peu
voyagé et par conséquent très peu comparé, les limites
du Limousin ont presque été son horizon, forcément
restreint.
Je reviendrai donc, puisque l'occasion s'en présente,
sur une pièce d'orfèvrerie, dont il ne me semble pas
avoir compris toute la portée archéologique. Pour ceux
qui, avec le poète, n'aiment pas le bis in idem, mon
excuse sera dans des aperçus nouveaux et ma justifi-
cation dans des conclusions différentes (3).
l'inscription suivante en caractères gothiques. » {Inv. de 1790. —
V. Mém, de la Soc, p. 336; Annal, p. 329; Dictionn, d'Orfévr,,
col. 899.) L'abbé Legros, rédacteur de ce second inventaire, a lu
courammentj'inscription ; toutefois, il s'est trompé à protomartire,
qu'il écrit PTBO, ce qui signifierait plutôt preshytero, et à Persie,
qu'il interprète PHE, qui n'a guère d'autre sens que prophète.
(1) Mém. de la Soc. des Antiq. de l'Ouest, an. 1842, p. 238;
an. 1850, p. 170-173. — Annal, arch., t. XV, p. 292.
(2) T. XIII, p. 326-330. Une seconde gravure, sur bois, a été
donnée dans les Annales, t. XIX, p. 37.
(3) Cette année môme, j'ai décrit le reliquaire de Gh&teau-Ponsac
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— 243 —
Je commence par déclarer que la dénomination de
Reliquaire de tous les saints ne peut subsister, car elle
n'est pas exacte. En effet, il ne s'agit pas de tous les
saints, ni même d'un nombre considérable de saints,
pas plus que d'un calendrier, mais seulement de trente-
six reliques, nombre peu considérable relativement au
martyrologe et au bréviaire. De plus, on ne précise pas
de cette façon le lieu qui a l'honneur de le posséder,
ce qu'il importe principalement aux amateurs de savoir,
car c'est là qu'ils devront aller le chercher. Enfin ce
n'est pas un reliquaire ordinaire, puisque une inscrip-
tion gravée sous le pied lui donne un nom particulier,
qu'il est d'autant plus utile de faire ressortir que, jus-
qu'à présent, on ne connaît que de très rares exem-
plaires authentiques des phylactères du moyen-âge.
I
La hauteur totale du phylactère, dans son état actuel
de mutilation, est de 0"*28 centimètres. Le pied mesure,
en largeur, 0"12 centimètres, tandis que le plateau supé-
rieur n'a que 0"085 millimètres.
L'ensemble se constitue ainsi : Une pyramide carrée,
à lignes courbes, sur laquelle est posée par la pointe
ime autre pyramide plus petite, l'une et l'autre séparées
par un nœud. Du plateau, formé par la base de la
seconde pyramide, s'élance une tourelle quadrangulaire,
flanquée de quatre petits clochetons.
La matière est l'argent, doré seulement à l'extérieur.
Le pied est carré, ce qui a permis d'asseoir solide-
ment le reliquaire; mais aussitôt, pour dissimuler la
lourdeur inhérente à cette forme, l'artiste en a percé à
dans Orfèvrerie et Émaillerie limousine^ iii-4* publié en colla-
boration avec M. Léon Palustre. Il figure en phototypie à la
planche XX.
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— 244 —
jour la plinthe, qu'il a oruée d'une série d'arcades
cintrées (1).
Une pyramide guadrangulaire rectiUgne eût manqué
de grâce. Les côtés en ont donc été adoucis par une
courbe, dont toutes les arêtes sont dessinées par une
torsade qui s'harmonise avec les fils, également tors, qui
pourtournent le soubassement. Sur chaque pente courent
des tiges souples, formées par un filigrane léger qui, aux
extrémités, s'arrondit en volute : en quelques endroits,
le fil d'or est double, mais toujours strié sur sa tranche,
soit pour imiter le fil tordu au fuseau, soit pour mieux
le détacher du fond uni.
Le filigrane relie ensemble les pierres précieuses, ré-
gulièrement disposées en orle, et sur une ligne droite, au
nombre de dix-neuf par papneau. Suivant l'usage admis
au moyen-âge, les petites alternent avec les grosses. Toutes
sont montées en bâte, cylindrique pour les petites, irré-
gulière pour les autres, selon la forme même de la pierre.
Le lapidaire employait la gemme telle qu'elle lui était
fournie par le commerce, se contentant de la polir; aussi
y en a-t-il de formes très diverses : rondes, ovales, car-
rées, triangulaires, irrégulières, ce que l'on nomme les
pierres baroques. La taille n'admet que deux variétés : le
cabochon et la table, c'est-à-dire que la surface est tantôt
arrondie et tantôt plane.
Ces pierres se nomment l'améthyste, le saphir, l'éme-
raude, la turquoise, la topaze, la cornaline, le rubis
balai. Parmi elles il faut noter une turquoise pointillée,
une topaze de mauvaise qualité et quelques perles fines,
mais surtout deux pâtes phéniciennes.
J'ai expliqué, à propos du trésor d'Aix-la-Chapelle, où
ils étaient signalés pour la première fois (2), l'usage
(1) Nous retrouvons ces arcades sur la croix filigranée de Téglise
d'Eymoutiers et le reliquaire de Téglise Saint-Michel, à Limoges,
deux pièces remarquables de Torfévrerie du xiii* siècle. — Voir
Orfèvrerie et Émaillerie limousines, pi. XV, XVII.
(2) Bulletin Monumental, 1877, p. 233. A l'Exposition du Trocs-
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— 245 —
de ces émaux assimilés à des gemmes. Peut-être un jour
sera-ce un indice pour la fixation certaine de quelques
ateliers d'orfèvrerie. Plus tard ce genre a été imité à
Venise. Ici les pâtes violacées sont veinées de blanc.
Une pierre surtout doit fixer notre attention, parce
que c'est une intaille antique. Le fond en est d'un bleu
très pâle. La gravure est fine et montre, dans un très
petit espace, un lapin assis sur le train de derrière et
broutant des feuilles entassées dans une corbeille. Une
autre intaille figure un hexagone saillant, chaque pan
incliné arrondi à la hase.
Au milieu de cette constellation de gemmes variées
brillent quatre petits médaillons en émail, un par côté,
montés en bâte comme les pierres. Ce sont des émaux
cloisonnés et translucides. Sur le fond d'un rouge grenat,
contourné de bleu, se détache une croix verte, dont les
bords sont ondulés et qui est marquée, au centre, d'une
petite rose blanche. Sur le quatrième émail, la bordure
est rouge, le fond vert et la croix blanche. Cette croix,
d'un dessin très léger, est trilobée à ses extrémités, can-
tonnée de trèfles rouges et marquée, au centre, d'un
point jaune bordé de bleu. Ces émaux, ce que n'a pas
dit l'abbé Texier, ne peuvent être de fabrication limou-
sine; ils pourraient provenir soit de Byzance, soit d'Italie :
je les croîs d'une époque bien antérieure au reliquaire
et fabriqués à Trêves où, dans le trésor de la cathédrale,
déro, on a beaucoup remarqué la splendide collection de M. Gréau,
qui possède quantité de fragments de ces verroteries et même un
vase intact.
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— 246 —
il en existe de précieux spécimens (1). Dans Tatelier du
lapidaire, ils formaient un fonds commun (2), comme les
pâtes de verre et les intailles antiques; on y puisait
au besoin, sans se préoccuper d'autre chose que d'en-
richir une œuvre qu'il fallait faire belle avant tout.
Le moyen-àge, qui aimait le luxe, prodiguait les
pierres précieuses dans ses œuvres les plus soignées.
Ici ce n'était pas sans raison, car on attachait un sens
mystique à toutes les pierres et on leur faisait signi-
fier, en ne tenant compte que de leur nuance, les diffé-
rents ordres de saints et même certaines individualités
exceptionnelles, telles que celles des apôtres. De la sorte
le pied du phylactère s'harmonisait avec les reliques
qu'il devait supporter : en haut, on vénérait les dé-
pouilles mortelles des saints, et, en bas, on se plaisait
à considérer les gemmes, qui étaient les emblèmes de
leurs vertus (3).
Le symbolisme se maintient au nœud, qui a la forme
d'une boule légèrement aplatie. Il se divise en deux
zones, séparées par un bandeau gemmé où se remar-
quent des émeraudes, des saphirs et des balais. Sur
chacune d'elles s'allongent des dragons ailés, aux yeux
d'émail, à la queue recourbée en volute, et qui s'entre-
(1) Voir dans le Trésor de Trêves, TAutel portatif et l'Étui du
saint clou, qui sont des œuvres de Tarchevôque Egbert.
(2) M. Darcel exprime la même idée à propos d*émaux analogues
constatés par lui à Conques sur TA dit de Gharlemagne : « Les
émaux translucides des médaillons ne peuvent fournir aucune date
positive (pour T&ge du reliquaire), car ils doivent avoir été fabri-
qués en Orient à toutes les époques et envoyés dans tous les
ateliers d'orfèvrerie pour y être montés au gré de chacun, du
vni* au XIV* siècle Rien n'empêche que nos médaillons ne
soient des premières années du ix*. » (Annal, arch,, t. XX,
p. 269.) Cette dernière date convient presque aux émaux de
Ch&teau-Ponsac.
(3) Voir dans les Annales archéologiques, t. V, p. 216, l'article,
plein d'érudition, de M"* Félicie d'Ayzac : Symbolique des pierres
précieuses.
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— 247 —
lacent et se mordillent (1). Une décrétale, citée par le
chanoine Âuber dans son Histoire du Symbolisme, nous
révèle que ces monstres, si fréquents sur les crosses où
souvent ils sont rendus d'une manière plus énergique,
figurent la lutte qui existe sur la terre par suite des
mauvais instincts, combat dans lequel les saints, que
rÉglise propose comme modèles, sont demeurés vain-
queurs. Ces dragons se détachent en fort relief et con-
trastent avec le reste de Tornementation, si délicate et si
fine, dont ils n'ont plus les proportions harmoniques;
aussi pourrait-on peut-être concevoir quelque doute sur
leur authenticité (2). D'ailleurs, il est assez singulier de
faire traverser une tige carrée par une boule, qui aurait
dû être évidée à pans pour maintenir l'équilibre des
lignes (3). Gela est si vrai que, plus haut, l'on n'a pas
osé donner la forme cylindrique au clocheton central,
quoiqu'elle soit plus élégante.
Du nœud émerge la seconde pyramide, filigranée et
gemmée comme celle dont elle est le développement,
mais dans des proportions plus restreintes, car les lois
du goût exigent que le pied soit plus large, parce que
c'est sur lui que repose toute la pièce. De ce plateau
pendaient de petites boules de cristal de roche, traver-
(1) Le moine Théophile, dans sa Diveraarum arlium Schedula,
à propos de Tencensoir^ prescrit de mêler aux fleurs des bêtes
et oiseaux, ainsi que des dragons dont les queues et les cous
s'enlacent : « In quibus sint flores, bestiœ et aviculœ sive dra-
cones concatenati collis et caudis v (cap. lxxiv). Or, Théophile
écrivait cinquante ans au plus avant Texécution du phylactère
limousin.
(2) Je ne veux pas dire pour cela que ce nœud est de fabrication
récente et non du xiii* siècle, mais qu'il n'a pas dû être fait pour
ce reliquaire; néanmoins il trouve son pendant dans les feuillages
de l'amortissement du clocheton.
(3) L'ostensoir de Limoges, dont le pied est rectangulaire, a
modifié esthétiquement la boule de son nœud en la faisant tra-
verser par un filet à pans, qui rétablit à l'œil l'accord des lignes
principales.
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— 248 —
sées par un fll et attachées par un crochet. Il n^en
reste plus que deux (1).
Le plateau se rapetisse par un glacis, bordé d'un orle
de petites gemmes. Un second rang de gemmes sem-
blables décore la plate-forme, qui sert de base au clo-
cheton. De celui-ci il n'y a plus que les amorces, c'est-
à-dire une série d'arcades cintrées. Le plan formé un
losange, cantonné de quatre tourelles ajourées, terminées
par un toit conique, que couronne une petite croix :
une seule de ces tourelles est restée en place (2). De
la galerie à jour, gemmée sur sa corniche, monte une
collerette de feuillages, destinée à emboîter le clocheton,
renforcé de petits arcs-boutants et disposé en carré, de
manière à concorder avec le pied du reliquaire.
Un flacon de verre coulé a remplacé, au xvii* siècle, le
tube de cristal, plus ou moins élancé, dans lequel étaient
renfermées les saintes reliques. On ne pourrait que se
livrer à des conjectures sur sa forme et sa hauteur, quoi-
qu'il soit probable que l'élévation n'a pas dû varier
sensiblement, et qu'il soit au contraire certain, d'après
la base et le couronnement, que le clocheton affectait
la forme rectangulaire. L'amortissement se compose de
quatre étages de feuilles disposées en croix, et dont la
nervure se prolonge en une petite grappe; au sommet
est une pomme de pin, appuyée sur une corolle. Ce
détail est gracieux, quoique un peu lourd.
(1) L'inventaire du château de Nantes, de 1490, qualifie bouton-
nets branlants de petites boules suspendues et non fixes : a Une
esguyère d'albastre, garnye d*or Et à Tenviron dMceluy fretelet
a xij boutonnetz d'or branlans. » Ailleurs, à propos d'une salière
d'or, il dit que : « ou corps d'icelle » sont « seix petites perles
branlantes et ou fretelet une plus grosse perle et cinq petites
perles branlantes. »
(2) Toutes les reliques ne pouvant tenir dans le tube central,
il est probable que Ton en disposa un certain nombre dans les
tourelles, comme il fut fait dans un reliquaire analogue exécuté
en 1223 pour l'abbaye de Glairvaux. (Lalore, Trésor de Clairvaux,
p. 33, 37.)
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— ?49 —
Au point de vue de Testhétique, ce reliquaire laisse
à désirer sous le rapport de la forme, car, comme
lignes, il est d'un dessin médiocre et peu étudié. Ce-
pendant Toriginalité ne lui fait pas défaut, et, quand
on en vient à examiner les détails, on est frappé tout
de suite par sa « remarquable exécution », suivant Tob-
servation judicieuse de Didron (1).
II
Je ne suis pas partisan du symbolisme à outrance.
Cependant je l'admets sans difficulté quand il se fonde
sur une inscription ou que Tinlention de l'artiste est
manifeste. Or, dans le phylactère de Château-Ponsac,
l'évidence saisit au premier abord et la pensée ne peut
se défendre de s'arrêter à l'idée de la Jérusalem céleste,
dont nous avons sous les yeux une quadruple expression
dans le carré, les parois gemmées, les pendeloques et
l'arbre terminal.
La ville sainte est bâtie sur un plan carré : « Ostendit
mihi civitatem sanclam Jérusalem descendentem a cœlo,
habentem claritatem Dei et civitas in quadro posita
est » (Apocalypse, XXI, 11, 16). La clarté divine est ad-
mirablement rendue par le brillant de l'or : « ipsa vero
civitas aurum mundum » (XXI, 18). Les portes, toujours
ouvertes, qui y donnent accès, sont cette galerie à jour
qui forme le soubassement : « Et habebat murum mag-
num et altum, habentem portas et portae ejus non
claudentur » (XXI, 12, 25).
Les murs sont ornés de toutes sortes de pierres pré-
cieuses, parmi lesquelles saint Jean spécifie le saphir,
l'émeraude, la topaze et l'améthyste : « Et fundamenta
mûri civitatis, omni lapide pretioso ornata : ... jaspis, ...
sapphirus, ... chalcedonius, ... smaragdus, ... sardonix, ...
(1) Annal, arch., t. XIII, p. 327.
T. IX 2-6
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— 250 —
sardius, ... chrysolithus, ... beryllus, ... topaziua, ... chry-
soprasus, ... hyacinthus, ... amethystus » (XXI, 19, 20).
L'ofBce de la dédicace, développant le même symbo-
lisme, nous montre les pierres, dont sont formés les
murs, préparées et polies sous le marteau de la souf-
france. « Lapides pretiosi omnes mûri tui, et turres
Jérusalem gemmis sedificabuntur j», dit une antienne des
vêpres, complétée par Thymne :
a Gœlestis urbs Jérusalem,
Beata pacis visio,
Qu» celsa de viventibus
Sazis ad astra tolleris
» Hic margaritis emicant
Patentque cunctis ostia :
Virtute namque praevia
Mortalis illuc ducitur,
Amore Ghristi percitus,
Tormenta quisquis sustinet.
» Scalpri salubris ictibus
Et tunsione plurima
Fabri polita malleo
Hanc saxa molem construunt. »
Dans cet ensemble harmonieux et pacifique, les dra-
gons ne sont pas déplacés. Occupés à se dévorer entre
eux, ils attestent par-là même que les justes scmt désor-
mais à l'abri de leurs morsures. En effet, là où ils
habitaient poussent le jonc et le roseau, si bien expri-
més par les tiges souples et élégantes du filigrane. Ceux
qui ont été délivrés sont les seuls appelés à fouler cette
voie sainte de la nouvelle Sion, où la joie sera éter-
nelle, sans douleurs ni gémissements.
« In cubilibus, in quibus prius dracones habitabant,
orietur viror calami et junci. Et erit ibi semita et via
sancta vocabitur : non transibit per eam pollutus
Et ambulabunt qui liberati fuerint. Et redempti a Domino
convertentur, et venient in Sion cum laude : et Isetitia
isempiterna super caput eorum : gaudium et Isetitiam obti-
nebunt et fugiet dolor et gemitus. » (Isai., XXXV, 7-10.)
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— 251 —
L'office de saint Bernard, composé au xii* siècle, ex-
prime la même idée dans Fantienne du premier noc-
turne : « ViaB viri sancti viae pulchrsB et omnes semit»
ejus pacificsB, quia lignum vitae apprehendit » (Lalore,
Reliq. des trois tambeauoir saints de Clairvatix^ page XI).
De plus, les saints ont vaincu par la foi{l). Or, cette
vertu victorieuse est ici exprimée par le vice qui lui
est contraire et qu'elle a dompté, l'hérésie, qui ne croit
pas et conteste l'autorité enseignante. Le chanoine Âuber,
qui a découvert dans les Décrétales une des sources du
symbolisme chrétien (2) , a bien eu soin de consigner
dans son docte ouvrage ce passage de Grégoire IX qui,
excommuniant et anathématisant tous les hérétiques,
sous quelque nom qu'ils se cachent, les compare à ces
monstres dont la queue repliée est faite pour enlacer et,
comme ils se tiennent tous, dont le lien est la vanité (3).
Ici les dragons ont une queue enroulée, qui dénote
l'aptitude à ces enlacements funestes, et elle s'épanouit
en feuillages stériles, symbole expressif de ce qui est
vain et ne produit rien pour le ciel.
Puis, au milieu du plateau de la cité, s'élève, près
d'un fleuve de cristal, l'arbre de vie, aux fruits nom-
breux et savoureux (4), aux feuilles toujours vertes qui
(i) L'Inventaire de Grandmont, en 1666, admettait parfaitement
ce symbolisme : « Un reliquaire fait en tableau, dont le cadre est
en bois et par-dessus orné d'ivoire et d'ébène, bien travaillé. On
lit, à travers d'une glace, ces mots tout autour du carré : Sancli
per fidem vicerunt régna, opérait aunt, etc., et les noms autour
des reliques dont il est garni » [Dictionn, d'Orfévr,, col. 871).
(2) Hiat. du Symbolisme, t. III, p. 344.
(3) « Excommunicamus et anathematizamus universos hœreticos.
Cathares...^ Pauperes de Lugduno..., Arnaldistas et alios quibus-
cumque censeantur : faciès quidem habentes diversas, sed caudas
ad invicem colligatas, quia de vanitate conveniunt in idipsum »
{Décrétai, lib. V, tit. VII, cap. xv).
(4) Saint Bernard, dans sa vie de saint Malachie, répétée aux
leçons et aux antiennes dès la fin du xii* siècle, fait allusion à
ces fruits spirituels : « Liceat nobis aliquas, te migrante, retinere
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— 252 —
•
doivent guérir les nations : « Et ostendit mihi âuvium
aquœ vitae, splendidum tanquam crystallum, procedenlem
de sede Dei et Agni. In medio plate» ejus lignum
vitœ, afferens fructus duodecim, per menses singulos
reddens fructum suum et folia 4igni ad sanitatem gen-
tium » (XXII, 1, 2).
Enfin, la grâce céleste descendra sur tout germe
comme une rosée bienfaisante, ce que traduisent litté-
ralement les gouttes de cristal tombant du plateau où
coule le ileuve : « Flumen Dei repletura est aquis, pa-
rasti cibum illorum Ri vos ejus inebria, multiplica
genimina ejus; in stillicidiis ejus laetabitur germinans »
(Psalm, LXIV, 10, 11). — « Descendet sicut pluvia in
vellus, et sicut stillicidia stillantia super terram » (Psalm.
LXXI, 6).
Et alors, « le chrétien se conserve dans une éternelle
jeunesse de cœur », suivant l'expression de saint Âm-
broise, qui le compare au pin toujours vert par son
feuillage, incorruptible par son fruit.
Je ne puis mieux faire, après cet exposé rapide, que
d'invoquer le témoignage d'Innocent III. Ce grand pape
du XIII* siècle s'exprimait ainsi à propos des rites litur-
giques : a Toutes ces choses sont pleines de mystères
divins, et chacune abonde en douceur céleste; mais, pour
cela, elles doivent être diligemment examinées par celui
qui sait tirer le miel de la pierre et l'huile du roc le
plus dur (1). »
III
La provenance de ce phylactère est certaine : il a été
reliquias de fructibus spiritualibus quibus onustus ascendis, qui
iii tuo hodie tam delicioso convivio coiigregamur » (Lalore, Reliq.
des trois tombeaux, page XXVIII, XXXVI).
(1) « liaec omnia divinis sunt plena mvsteriis, ac singula cœlesti
dulcediue redundautia; si tamen diligeutem haheaut inspectorem,
qui norit sugere mel de petra oleumque de saxo durissimo. »
(Innocent. III, De sacr. ait, myst.)
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— 253 —
tiré de Grandmonl à la fin du siècle dernier, et Château-
Ponsac Ta obtenu dans la répartition faite à tout le
diocèse des religues de Tabbaye supprimée (1).
A Grandmont, il aurait existé une tradition sur son
origine et sa date; j'éprouve quelque peine à l'accepter,
quoiqu'on la dise consignée à 1» fois dans les inventaires
et les chroniques de Tordre. Les inventaires ne sont pas
toujours des sources sûres, témoi» ce qu'ils rapportent
de la châsse d'Ambazac : d'ailleurs, la citation faite par
l'abbé Texier {Essai sur les argent, et les émaili de Limoges,
p. 117) ne se retrouve pas sur l'original. L'identification
du texte de Bonaventure de Saint-Amable a échappé à
M. Rupin, malgré ses recherches. Le raisonnement croule
donc par la base, et nous avons des doutes sérieux pour
ne pas admettre, sans preuve positive, que le nom de
reliquaire de Saint-Semin tenait, non pas à la destination,
mais uniquement à la commémoration du fait de la do-
nation au xni* siècle. Voici ce qu'en dit l'abbé Texier :
« En 1226, les abbayes de Grandmont, près Limoges, et
de Saint-Sernin de Toulouse, s'affilièrent mutuellement
à la fraternité de leurs ordres. Ce langage, peu intel-
ligible aujourd'hui, signifiait que les deux conununautés
entraient en participation spiritueUe de toutes les bonnes
œuvres qui s'accomplissaient dans chaque monastère.
(1) On ne saurait trop blâmer cette dispersion daffs les églises
rurales, quand il eût été si facile et si sage de conserver à la
cathédrale le trésor tout entier. Il s'en est suivi que nombre de
reliquaires, tenus en mince estime par leurs dépositaires et gar-
diens, ont été aliénés et vendus souvent à vil prix. On est effrayé
de ce qui a ainsi disparu clandestinement, depuis la liste dressée
en 1842 par Tabbé Texier pour les trois départements de la Haute-
Vienne, de la Creuse et de la Corrèze {Mém. de la Soc. desAntiq.
de l'Ouest, an. 1842, p. 237-247). A Tétonnement succède bientôt
une légitime indignation. Sauvons au moins ce qui reste, en fai-
sant intervenir Tautorité ecclésiastique, qui ne doit pas rester in-
différente, et, pour notre compte personnel, décrivons et photo-
graphions ces vénérables survivants, afin d'intér.esser le public eu
leur conservation.
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— 254 —
C'était une mise en fonds commun des mérites parti-
culiers. A cette occasion, ces deux abbayes célèbres
échangèrent des dons affectueux. Saint-Sernin «possède
une châsse émaillée par le procédé limousin, qui pour-
rait bien avoir cette origine. Mais, le fait douteux pour
Saint-Sernin est positif à Grandmont. Les anciens in-
ventaires et Bonaventure de Saint-Amable désignent le
joyau que publient 1«6 Annales comme donné à Gtand-
mont par Saint-Sernin en 1226. Il a d'ailleurs tous les
caractères du commencement, du xin* siècle, si ce n'est
même de la fin du xii« (1). »
Deux conséquences inunédiates découleraient de ce
document, que l'on ne peut considérer conmie officiel
jusqu'à preuve contraire, à savoir la date et le lieu
d'exécution. Que le phylactère en question ait été fa-
briqué dans le prenûer quart du xiii' siècle, l'archéo-
logie n'y contredit pas. Sans doute, la forme générale
est insolite, mais nous trouvons, pour le Limousin, des
similaires dans les arcades du pied et les dragons du
nœud; quant à l'ornementation filigranée et gemmée, elle
est bien celle du temps, quoiqu'elle se prolonge encore
plus avant. Il y en a un beau spécimen contemporain
dans le reliquaire d'Arnac-la-Poste (2).
Si nous sommes fixés sur la date, nous ne le sommes
guère sur le lieu de l'exécution. En effet, il est plus
que probable que les religieux toulousains donnèrent
seulement les reliques et non le reliquaire, quoique la
désignation populaire à Grandmont ait autorisé à croire
le contraire. Les reliques étaient minuscules et secon-
daires, tandis que le reliquaire qui les contenait était
d'une telle richesse qu'il constituait par-là même un
cadeau non ordinaire.
Je reconnais volontiers dans cette œuvre le travail de
l'école limousine, qui est ailleurs aussi délicat et aussi
(1) Ann&L arcfu, t. XIII, p. 326.
(2) Orfèvrerie et Èmaillerie limouêines, pi. XXi
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- 255 —
soigné. Mais si ce n'était pas un produit limousin, le
style devrait permettre de Tattribuer à la France, et,
puisqu'il proviendrait du Midi, probablement à l'école
de Toulouse ou à celle de Montpellier, gui étaient alors
dans tout leur épanouissement et qui jouissaient d'un
juste renom (1). Cette attribution demanderait à se jus-
tifier en comparant cet objet avec d'autres, très authen-
tiques, qui auraient une date et une origine certaines.
La science est-elle assez avancée, de nos jours, pour
pouvoir préciser quel fut le style de chaque atelier ou
de chaque centre industriel?
Dans VOrfivrerie et ÉmaiUerie limoasineSy j'ai posé cette
objection qui a une grande force : « Comment se fait-il
que, parmi tant de reliques, il n'y en ait pas une du
titulaire lui-même, saint Saturnin, et que le donateur,
qui en inscrivait si long sous le pied, n'ait pas ajouté
une ligne de plus pour constater la. fraternité spirituelle
et le don spécial qu'elle provoquait? »
IV
Une inscription, gravée entre deux lignes, énumère
les reliques incluses jadis dans le phylactère. Elle se
divise en quatre sections, occupant chacune un des pans
du dessous du pied. L'ordre suivi dans leur énumération
n'est pas absolu, ainsi que l'avait remarqué M. Didron,
(1) « Dans les villes méridionales^ on ouvrait (travaillait) l'argent
plutôt que Tor, et les orfèvres prenaient le nom de d&ur&ires,
d'argentiers et d'émailleurs... Toulouse et Montpellier, qui avaient
anciennement accueilli l'art limousin dans leurs murs, lui conser*
valent son caractère et ses habitudes; les orfèvres de ces deux
villes étaient donc plutôt des émailleurs et des argentiers... Mont-
pellier et Toulouse étaient renommés pour Targenterie blanche et
dorée. » (Paul Lacroix, Hist. de l'Orfèvrerie, p. 52-53). — Voir
Annal. archéoL, t. YIU, p. 260, 2S3, pour les orfèvres et argen-
tiers de Montpellier.
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— 256 —
car le quatrième compartiment semble revenir sur les
catégories déjà établies (1).
Au premier rang figurent les reliques du Sauveur : Un
de ses cheveux (2), puis des fragments de sa tunique
sans couture, de sa croix, de son sépulcre et de la table
sur laquelle fut posé son corps. On ne saurait préciser
quelle est cette table, car on en compte deux à Jéru-
salem. L'une servit au moment des onctions et de l'em-
baumement, qui précédèrent Tensevelissement (3) ; l'autre,
au sépulcre même, reçut le corps du Christ une fois
embaumé.
La seconde énumération débute par le sépulcre et les
vêtements de la Vierge; ensuite défilent les reliques de
saint Jean-Baptiste, des saints apôtres André, Philippe,
Barthélémy, Thomas et Jacques, probablement le majeur;
enfin les saints Innocents précèdent les évaugélistes saint
Marc et saint Luc.
Dans le troisième compartiment, dqus avons succes-
sivenjupt les martyrs, les évoques et les docteurs, repré-
sentés, les premiers, par saint Etienne, saint Vincent,
saint Laurent, saint Ignace, saint Ëustache, saint Théo-
dore et saint Éleuthère; les seconds par saint Martin,
(1) Annal, arch., t. XIII, p. 328. — Il ne faut pas chercher ha-
bituellement un ordre hiérarchique dans le placement des reliques.
Voir Lalore, Trésor de Clairvaux, p. 19.
(2) « Item une petite relicque ronde de cristal, où il y a : de
pilli8 Domini. » (Inv. de N.-D. de Lens, x\* siècle.)
(3) Voir cette scène sur le bel ivoire du Louvre, qui est du.
XIII* siècle, et que reproduisent les Annales archéologiques, tome
XXV, p. 109. Un voyageur du xvii* siècle, cité par Chateau-
briand dans son Itinéraire de Paris à Jérusalem, distingue la
pierre de l'onction de la table du sépulcre : a £n entrant dans
Téglise, on rencontre la pierre de l'onction, sur laquelle le corps
de Notre- Seigneur fut oint de myrrhe et d'aloès avant que d'être
mis dans le sépulcre Le saint sépulcre est à trente pas de cette
pierre Le dedans du sépulcre est presque carré Il y a une
table solide de la môme pierre qui fut laissée en creusant le
reste Ce fut sur cette table que le corps de Notre-Seigneur
fut mis, ayant la tête vers l'Occident et les pieds à TOrient. »
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— 257 —
saint Nicolas, sainl Hilaire; puis saint Jacques Tintercis,
qui aurait été mieux à sa place parmi les martyrs (1).
Sur quatre docteurs, deux seulement sont mentionnés :
saint Grégoire et saint Jérôme. Ce n'est que bien plus
tard que Boniface VIII. par une décrétale, déclara que
les quatre docteurs de PÉglise latine seraient honorés
pggssaïiffljTgBgppgxfflgg^^
: H!f?Ç-jT,^^
t;-,f.fl_vij
^^klé'.
?^MiOAMrg> jL^iB^g ^0^^ (Dioaai^gat
(1) M. Texier propose de lire « Pisidiss, ou peut-être Pergias,
parce qu'il aurait été martyrisé en Perse. » Cette dernière lecture
est la seule bonne et conforme à la Légende d'or, qui débute ainsi
à propos de ce martyr illustre : « De sancto Jacobo interciso. Ja-
cobus martir, cognomento intercisus, nobilis génère, sed fide nobi-
lior, ex regione Persarum et civitate Elape oriundus fuit » (Le-
genda aurea, édit. Grœsse, p. 799).
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— 258 —
d'un culte spécial, ce qu'atteste encore la belle mosaïque
de Saint-Clément, à Rome, qui était exécutée à Tépoque
même où se prononçait cette déclaration.
Le dernier groupe de reliques comprend saint Zébédée,
le gendre de sainte Anne, le vieillard saint Siméon, sainte
Marie-Madeleine, les deux martyres sainte Euphémie et
sainte Catherine d'Alexandrie, enfin un fragment d'épines
de la sainte Couronne.
« IN HAG PHILEGTERIA 8VNT HE RELIQ'E
QVIDAM PILVS DNI : DE TVNICA INC
0N8VTILI : DE CRVCE dSi : DE S
EPVLCHRO DSI : DE TABVLA
IN QVA FVIT POSITVM COR
PVS DKi :
DE SEPVLGRO BEATE MARIE : DE YESTIMEN
TO : IPSIV8 : (DE (1) fil lOSS bSE : DE SBO ANDREA
DE S : PHILIPPO : DE *§ : BARTHOLOMEO : DE §"
BARNABA DE S TOMA DE § lAGOBO
APLO : DE : INNOGENTIB : DE 5 : MAR
CHO : DE : S : LVGHA EVANGÏ :
DE SGO : STEPSO PTÎEOMARTIRE : DE 5 LAVRENTIO : DE
: B VINGENGIO : DE g : IGNATIO : DE : g : EVSTAGHIO :
: DE : S : THEODORO : DE : S : ELEVTERIO MARTIRIB
DE : S : MARTINO : DE : 5 : NIGHOLAO :
DE ; S : ILARIO : DE : §" lAGOBO PSIE :
DE : S : GREGORIO : DE : S : lERONIMO ?
DE : S ZEBEDEO : DE : §^ : SIMEONE :
DE : g MARIA MAGDALENA : DE : S : EVFEM
lA : DE : S : GATHERINA :
DE SPINI8 GORONE dSI :
J*ai restitué au reliquaire son vrai nom, qui est celui
de phylactère. Essayons de bien préciser le sens de ce
mot qui, jusqu'à ce jour, a plus été étudié d'après les
(1) Efface.
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— 259 —
textes que sur les monuments, et gui ne semble pas
avoir été appliqué d'une manièife suffisamment adéquate
aux objets existants. Mais, avant de me prononcer,
Téquité la plus vulgaire me fait un devoir de citer ce
qui a été imprimé à ce sujet. Je vais rapporter in extenso
Topinion d'un maître en archéologie : c'est le procédé
habituel de saint Thomas-d'Aquin qui, pour mieux éta-
blir sa thèse, a soin d'en écarter toutes les objections et
de déblayer ainsi le terrain. M. Alfred Darcel écrivait
ceci en 1858 dans les Annales archéologiques :
« Si l'on s'en tenait au sens rigoureux du mot phy-
lactère et de sa racine fuXaeraetv (conserver^ garder) y tous
les reliquaires devraient porter ce nom. Mais cette appel-
lation nous semble devoir être plus spécialement réservée
pour désigner les monuments de la nature de celui que
publient aujourd'hui les Annales archéologiques.
» D'après les exemples cités dans l'édition moderne de
Du Gange, au mot Filaterimn, le phylactère désignerait
surtout les croix qui renferment soit des parcelles de
la vraie Croix, soit simplement des reliques. « Âduo-
» valdo régi transmittere Filateria curavimus, id est, cru-
» cem cum ligno S. Crucis », dit saint Grégoire, a Pecit
» igitur illam (redditionem) cum quodam pulcro Filaterio,
» scilicet cruce argentea, in qua sanctorum reliquise con-
» tinebantur x>, trouvons-nous dans une vie des évéques
d'Hagustald. Mais, croix ou non, ces reliquaires sont
éminenmient portatifs, car l'Ordinaire de Saint-Germain
renferme cette prescription : « Hebdomadarius vero missœ
» portabit crucem cum duobus Filateriis, et veniet pro-
» cessionaliter per navem monasterii. »
» De même dans l'ordre de Cluny : « Signa autem
» omnia pulsantur, sicut cum fratres filacteria portant, an-
n tequam egrediantur ab ecclesia, propter reliquias » ; et
plus loin : « Omnis scilicet basilica ornamentis suis ex
» integro decoratur, filacteria appenduntur. » Que ces phy-
lactères aient été portés au cou, il n'y a rien d'impos-
sible à cela, mais rien ne le prouve dans les exemples
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— 2fiO --
cités. Aussi Du Gange ou ses continuateurs ont-ils tort
de dire que le mot Filacterium désigne « une petite boite
» à reliques, qui se portait suspendue au cou par des phy-
x> lactères {filaetenis] ou par des cordons, durant les pro-
» cessions. » Ils ont donné à un accessoire le nom du
reliquaire lui-même, croyant devoir attribuer à ce reli-
quaire tout entier le nom de ce qui, suivant eux, le
partait. Suspendu ou non à des cordons, le reliquaire
devait s'appeler, dans l'origine et d'après sa nature
propre, un phylactère (1). Mais ce nom a pu se res-
treindre à ceux que l'on pouvait porter sur soi, et qui
ressemblaient à ces morceaux de parchemin, couverts de
passages de l'Kcriture sainte, p^t-étre enchâssés dans
de l'orfèvrerie, que les juifs pieux avaient sur le front
ou sur la poitrine.
» C'était naturellement sur la poitrine que l'on tenait
les reliquaires comme ceux qui nous occupent, et nous
en avons la preuve dans l'une des planches du trésor
de Saint-Denys et dans le reliquaire de Saint-Étienne
de Muret lui-même. Aucun des textes que nous avons
donnés jusqu'ici ne prouve avec certitude que l'on dési-
gnât ces reliquaires précisément sous le nom de phy-
lactères; naais nos présomptions se changent en certitude
à la lecture d'un chapitre de 1' « Inventaire du trésor de
Notre-Dame de Laon », publié par M. Ed. Fleury. Mal-
heureusement cet inventaire n'est que de l'année 1523,
et, malgré le défaut de précision que nous y remar-
quons, il nous est impossible de ne pas voir l'analogue
de notre monument dans cette description sommaire de
l'un des sept phylactères que renfermait ce trésor. . .
(1) M. Darcel a eu tort de prendVe pour des « reliquaires d'un
poids léger, qui étaient certainement destinés à être portés sur
la poitrine », autrement dit « des phylactères », là où il n'y a
évidemment, d'après l'inventaire de la métropole d'Avignon en
1511, que des pectoraux ou agrafes de chapes contenant d^s re-
liques, comme il s'en trouve ailleurs des exemples, et entre autres
à Aix-la-Chapelle au xv* siècle {Rev. des Soc. sav., VIP série,
t, I, p. 2fi5).
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— 261 —
» Mais ce reliquaire et les deux autres, dont il' sera
parlé dans un autre article, sont^ils bien des reliquaires
et non de simples plaques d'ornements? Si nous n'avons
là que des ornements, ce sont, en tout cas, des orne-
ments mobiles et pouvant être vus sur Tune et l'autre
face, car l'une et l'autre sont décorées. Si ce sont des
reliquaires, il suffirait de les ouvrir pour s'en assurer.
Mais comme nous ignorons si cette investigation a été
faite, comme de plus il nous est impossible de la tenter,
il nous faut essayer de prouver par analogie ce que nous
avançons. Il y a d'abord une grande ressemblance entre
ces objets et les reliquaires, cités plus haut, du trésor
de Saint-Denys, puis de l'analogie avec d'autres reli-
quaires qui portent des inscriptions précisant leur usage.
» C'est d'abord le phylactère du Musée départemental
d'antiquités, à Rouen. Une double inscription, gravée
sur son revers, indique et les reliques qu'il contient et
par qui il a été commandé. Nous avons aussi vu, à
l'Exposition de Manchester, un phylactère du xiii* siècle
appartenant à lord Hastings et portant sur son plat, en
lettres repoussées, les noms des saints dont il contient
des reliques (1). »
. Tout en reconnaissant les louables efforts faits par
M. Darcel pour arriver à la vérité, il faut reconnaître
qu'il est resté en route, quoiqu'il ait presque atteint la
solution désirée. Revoyons-donc les textes et les monu-
ments, et surtout serrons de plus près la discussion.
D'abord il est nécessaire de distinguer deux sortes de
phylactères : le phylactère de dévotion et le phylactère
liturgique. Le premier se portait au cou, car il était
toujours de petite dimension. Les textes, en le disant
rempli de reliques^ ne manquent pas d'indiquer son usage
tout personnel. « Phy lacté rium a collo usque ad pectus
peudeus, sanctorum reliquiis refertum, quorum patro-
ciuio se in periculis tutuni futurum credol)al. » (Albe-
(l) Annal, arch., t. XVIII, p. 344-346.
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— 262 —
ricus, in Chron.) — « Reliquiariim Phylacteria, tenui ar-
gento fabricata, viligue pallio de coUo suspensa. » (Joan.
Diaconus, in Vita Gregorii Mag.,']ih. IV, cap. 80.) — « Et
pretiosa quidem ligna ab eo sublata supra mensam posuit,
Phylacteria vero in coUo suo suspendit. •» (Histor, Mis--
cella, lib. XX, p. 629.) Phylactère est ici synonyme
à*encolpium (l)..
Le phylactère liturgique, au contraire, ne sert qu'à
réglise. Qu'il soit avec ou sans pied, il est éminemment
portatif, ge qui ne veut pas dire, toutefois, qu'il ait été
jamais suspendu au cou de l'officiant ou de ses ministres,
qui le tenaient dans leurs mains. La rubrique cluni-
sienne philacteria appenduntur s'interprète d'une manière
plus logique et régulière, à l'aide de cet article de l'In-
ven^taire de Lille daté d'environ 1400 : « S'ensuit les
relicques, tant en phillatières comme en bourses, estant
en ung coffret de bos point, qu'on peut au ceur quant
on dresche le candélabre (2). » Si on suspendait ces reli-
(1) Voir ce mot dans le Dictionnaire des Antiquités chrétiennes,
de Mgr Martigny.
(2) V. le Glossaire de M. de Laborde au mot Phillatière, M. de
Montaiglon a signalé dans la Gazette des Beaux-Arts, t. XXf,
2"* période, p. 161, un petit coffret qui pourrait bien n*ôtre qu*u!n
de ces phylactères qui se suspendaient. Voici comment il le décrit,
en parlant du trésor de la cathédrale de Sens :
« Par contre, les châsses sont assez peu importantes. Une, qui
est très commune puisqu'elle est en cuivre et décorée sur un
seul côté par neuf bosses, posées trois par trois, dont sept, reliées
par des lignes saillantes, forment une sorte de marelle incomplète
ou mieux de rai, est particulièrement curieuse et de forme plus
que rare. Elle est plate, étroite, un peu plus large en bas qu'en
haut, et garnie, sur ses deux petits côtés, d'un anneau à* passer
une suspension. C'est un reliquaire de voyage à porter, soit sur
la poitrine, soit au côté à un cordon en bandoulière, comme plus
tard une cartouchière ou une giberne. Dans sa condition toute
vulgaire, la forme insolite de cette petite châsse lui donne un
intérêt très particulier. » Il ne manque à cette description qu'une
seule chose : la date du petit monument.
Un coffret du xni* siècle, conservé à Saint-Maurice d'Agaune et
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- 263 -
guaires, c'est, à n'en pas douter, qu'ils étaient dé-
pourvus de pied, et alors s'expliquent les ornements
sur leurs deux faces.
Je ne suis pas très sûr que le reliquaire de Saint-
Étienne soit un phylactère (1); il doit plutôt être classé
parmi les imagines. J'en dis autant du reliquaire cité
par Dom Félibien (2), auteur trop moderne pour donner
au phylactère un sens se référant à des objets anciens.
Cependant, en ne tenant pas compte du support, diacre
ou donateigr, le médaillon renfermant la relique jourrait,
à la rigueur, avoir été dénommé phylactère, car le phy-
lactère, dans l'Inventaire de Laon de 1502, est dit se
combiner parfois avec l'image : « Tertia imago est major
ceteris, argentea deaurata, tenens coram se phylacterium
esmaillatimi, reliquiis plénum. »
Un texte de 1523> très vague dans sa rédaction, est
par trop insuffisant pour pouvoir établir une compa-
raison avec un objet du xiii* siècle qui n'a pas été visé
par lui. Aussi, après avoir affirmé la certitude de l'attri-
bution, M. Darcel devient-il moins affirmatif quand il
arrive à l'étude des trois objets dont il présente la
gravure (3). Il n'est même plus assuré que ce soient des
reliquaires; donc il est plus que douteux que ce soient
des phylactères, qui supposent nécessairement des re-
Uques, que la gravure ne laisse pas du tout soup-
çonner. Puis il va jusqu'à les appeler simples plaques
d'ornements, et enfin, toute hésitation cessant, la lettre
de la seconde gravure porte phylactères ou agrafes. Les
objets exposés ne peuvent donc être invoqués en témoi-
gnage.
Quant aux phylactères de Rouen ou de Manchester,
dessiné en forme de maison, porte cette inscription qui le qualifie
phylactère : IN HOC PHILTRO Philtro est contracté de
phyl&cterio.
(1) Ann. arch., t. XIII, p. 322.
(2) Ibid., p. 345.
(3) Annal, arch., t. XVIII, p. 345; t. XIX, p. 230.
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— 264 —
leur attribution est moins contestable puisqu'ils portent
des inscriptions désignant^ les reliques (1). Toutefois,
comme je ne les connais ni en original ni en gravure,
je m'abstiens de me prononcer sur le genre d'appel-
lation qui leur convient, et je laisse à M. Darcel la
responsabilité de cette attribution.
Les inventaires d'Angers doivent être spécialement con-
sultés sur la question des phylactères.
« Reliquiae Tanchse virginis in philaterio oblonguo ar-
genteo deaurato, cum figura eju$dem tenenlis caput suum.
Reliquiae beati Eutropii et beatie Brigidœ virginis et
beati Crispini in philaterio cristalino cum pede et coo-
pertorio argenteis. — Reliquiae Agnetis virginis in phi-
laterio cristalino cum pede et coopertorio argenteis. —
Reliquiae beati Ypothemii in philaterio argenteo deau-
rato in figura episcopali. — Os tibiœ beati Beuedicli,
episcopi Andegavensis , sine philaterio, intra scrinium
pictum ligneum. — Item reliquiae beatae Magdalenae iii
philaterio argenteo oblonguo. cum figura argentea deau-
rata ejusdem tenentis libru.ii. — Item continentur in scri-
nio prescripto cum pluiibus figuris deauratis, philaterium
aureum oblongum ornatum gemmis, quoddam continens
camaheu in medio sui cum figura capitis hominis cum
coUo et humeris et quasdam reliquias beati Maurilii et
beati Sebastiani. — Reliquias beati Dyouisii cum phila-
terio argenteo et cristallo in medio. — Item reliquiae beati
Mauricii in philaterio argenteo oblonguo cum quibusdam
gemmis. — Dens beatissimi Juliani, Cenomanensis epis-
copi, in medio philaterii argentei deaurati in figura cru-
els cum quatuor cristallis. — Reliquiae sancti Stephani
in philaterio oblonguo argenteo deaurato cum unico cris-
Ci) Nous savons par les vers du charmant poète du xiii" siècle
Gauthier de Coincy, dans ses Miracles de la Vierge, quô les
phylactères portaient des inscriptions :
« Li filatère de l'église,
Qui riche et bel sunt, à devise, u
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— 265 —
tallo, scilicet capilli ejusdem. — Reliquise beati Blasii in
philaterio quadrato argenteo deaurato cum crislallo in
medio. — Item duo philateria quadrata cum quatuor pe-
dibus, argentea deaurata, cum duobus cristallis positis
in medio. Item quoddam philaterium oblongum argen-
teum deauratum cum grosso cristallo in medio. — Item
aliud philaterium ex una parte argenteum, ex altéra
cum majestate deauratum. — Item aliud philaterium
oblongum argenteum deauratum cum figura episcopi
deaurata et opposita parte cum cristallo. — Item phila-
terium jaspidis cum capitellis argenteis et cathena ar-
gentea. — Item philaterium cristalinum cum capite ar-
genteo deaurato et cathena argentea. » {Inv, de la cath,
d' Angers, 1255.)
« Item philacia cooperta de argento, quae communiter
traduntur et defferuntur in processionibus, in rogatio-
nibus. — Item alia nova cum corpore beati Sereneti —
Item in alio estagio a parte sinistra supra cruces sunt
V philacia cum reliquiis talibus, scilicet beati Mauricii
cum antiquo milite depicto. — Item duo philacia de beato
Stephano. — Item philacia MagdalenjB. — Item duae phi-
laciae rotondae de argento cum baculis coopertis de ar-
gento. — Item magnum scrinium ligneum cum quatuor
philaciis deargentatis, excepta pixide parva quœ est ebur-
nea. » {Inv. de la cath, d'Angers, 1286.)
« Philacterium, in quo repositae sunt plures reliquiœ
et lapides preciosi in cruce desuper et crucifixo. » {Inv,
de la cath, d'Angers, 1505 (1).
Notons ces différents caractères du phylactère, d'après
l'Inventaire de 1255. Il a un cristal pour laisser voir
la relique : « Reliquiae beati Dyonisii cum philaterio
argenteo et cristallo in medio. » Il est oblong et gemmé :
« Item reliquiae beati Mauricii in philaterio argenteo
oblonguo cum quibusdam gemmis. » Il a un pied et un
(1) Ces divers inventaires ont été publiés par M. de Farcy, dans
la Revue de l'Art chrétien.
T. TX. 8-0
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couvercle : « Reliquise beati Eutropii et beatœ Brigidae
virginis et beati Crispini in philaterio cristalino, cum
pede et coopertorio argenteis. » Le saint dont on y dépo-
sait les reliques y était représenté : « Reliquiœ Tanchse
virginis in philaterio oblonguo argenteo deaurato cum
figura ejusdem tenentis caput suum. » On le fait en
carré : « Reliquiae beati Blasii in philaterio quadrato
argenteo deaurato cum cristallo in medio. d
Le phylactère était orné des deux côtés : « Item aliud
philaterium ex una parte argenteum, ex altéra cum ma-
jestate deauratum. Item aliud philaterium oblungum
argenteum deauratum cum figura episcopi deaurata et
opposita parte cum cristallo. » Une chaînette servait à
le suspendre : « Item philaterium jaspidis cum capi-
tellis argenteis et cathena argentea. Item philaterium
cristalinum cum capite argenteo deaurato et cathena ar-
gentea. »
Étudiés isolément, les textes sont scabreux ; confrontés
avec les monuments, ils n'enlèvent pas encore toute
incertitude. Le reliquaire de Château-Ponsac offre, au
contraire, l'incomparable avantage de réunir en lui les
deux éléments de la solution tant cherchée : il nomme
l'objet et le montre.
Cependant tout embarras n'a pas cessé, car ce reli-
quaire ne diffère en rien de ceux que nous nomme-
rions volontiers pyramidaux^ parce qu'ils ont un clo-
cheton monté sur un pied. La signification du mot ne
se trouve donc pas uniquement dans ce rapprochement.
Elle n'est pas évidemment dans la forme, mais plutôt
dans la destination, ainsi que nous l'apprend l'Inven-
taire de Laon. En effet, ce document répartit les reli-
quaires en plusieurs catégories : ce sont d'abord les reli-
quaires majeurs, parmi lesquels je constate deux images,
deux fiertés et une monstrance eucharistique, reliquiaria
majora; les images, imagines; les capsules de cristal
exhaussées sur des piliers, capsule crystalline super qua-
tuor pilarla site; les vases en forme de candélabres, vasa
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— 267 —
instar candelaJbrorum confecta; les reliquaires de cristal
à pied tréflé et clocheton, reliquiaria crysiallinay cum pede
triforiato ac campanili desuper; les reliquaires à pied poly-
lobé, reliquiaria cum pedihus plurium laterum angulorumque
qiMttuor, ut pote quorum pedes nec sunt quadranguli nec
quadrati nec triforiati; les reliquaires à pied carré, reli^
quiaria cum pedihus quadrangulis; les reliquaires à pied
rond, reliquiaria cum pede rotundo; les vases ronds, à
l'instar des Agnus Dei, vasa rotunda instar unius agnus
Dei; les couronnes auxquelles pendent des reliquaires et
des joyaux, corone prime descriptio ac sanctarum reliquia"
rum quitus ipsa decoratur, cum jocalibus in ea appensis;
les cornes et autres vases recourbés, comua et alia vasa
adunca seu recurva; les pyxides, pyxides; les vases de
cuivre, vasa cuprea; les arches ou coffrets, arche, et enfin
les phylactères ou capsules, spécialement destinés aux
menues reliques des saints, philacteria, id est capsule in
quilyus reservantur minute reliquie sanctorum.
Ce texte est extrêmement précieux, car il tranche dé-
finitivement la question. Le phylactère devra donc se
définir rigoureusement : « Un reliquaire, de forme et ma-
tière indéterminées, affecté exclusivement à la conser-
vation des parcelles de reliques. » Que la relique soit
unique ou que plusieurs soient groupées ensemble, cela
ne change pas la dénomination du reliquaire : il suflit
que ces reliques soient minuscules et que ce soient plu-
tôt des fragments que des reliques entières, susceptibles
d'avoir un nom par elles-mêmes, comme seraient un
fémur, un tibia, etc.
Il ne faudrait pas prendre à la lettre le mot capsule^
employé ici comme terme de comparaison, car le rédac-
teur de l'inventaire a déjà eu un article à part pour les
capsule crystalline. La forme n'influe en rien sur la dé-
nomination.
L'Inventaire de l'abbaye de Clairvaux, rédigé en 1741
sur d'anciens documents, me donne pleinement raison
sur la signification que j'attribue au mot phylactère :
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— 268 —
« La table marquée par derrière d'un grand A, a été
faite du temps de dom Radulphe,- XV** abbé de Clair-
vaux. Il a placé dans le milieu de cette table un phi-
lactère, ou reliquaire quarré, couvert d'une lame de
vermeil, laquelle se lève et baisse comme une coulisse.
Dom Artaudus, chevalier du Temple, puis moine et cel-
lérier de Clairvaux, y apporta ce philactère. Il contient
des reliques de saints au nombre de vingt-quatre, sous
vingt-quatre petites cellules. Dans ce philactère il y a
un morceau de bois de la vraie Croix, à nud, sous la
foraie de croix patriarcale à deux croisons, donné par
le môme Dom Artaudus. Dans toute cette table on
comptait, en 1504, cent quarante-huit reliques, et main-
tenant quatre-vingt huit. » [Inv. de Clairvaux; ap. Lalore,
Trésor de Clairvaux^ p. 19.)
L'Inventaire de 1504 porte : « Decimo loco est tabula
que facta fuit tempore domini Radulphi, XV* abbatis, et
nonni Drogonis, sacriste Clarevallis, in cujus medio in-
sertum est philaterium, quod attulit nonnus Artaudus,
in quo continentur reliquie vigenti quatuor sanctorum,
sub viginti quatuor cellulis. Sub eodem philaterio con-
tinetur portio ligni Dominici, quam attulit idem Ar-
taudus. Et continentur in dicta tabula reliquie centum
quadraginta duo. » {Ibid., p. 21.)
Le même Inventaire décrit plusieurs autres phylac-
tères, pleins de petites reliques, qui ont été insérées
comme précédemment dans une table. « In eminentiori
parte posite sunt reliquie que erant in quodam philac-
terio aureo, quod dédit comes Philippus, scilicet; de ligne
Domini, de spongia, de spinis, de presepio, de sepul-
chro, de cunabulo. Hoc philacterium primo fuit domini
Roberti, comitis Flandriœ, qui interfuit captioni Jéru-
salem et Antiochie cum Godefrido de Buillon et aliis
baronibus multis. Super idem philacterium faciebant dic-
tus comes Philippus et predecessores ejus jurare in pre-
cipuis quibusdam causis; super quod cum quidam miles
juraret et pejuraret, videntibus omnibus, dextera ejus
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super illud philacterium extenta diriguit, ita quod re-
trahere non potuit donec confessus est coram omnibus
se perjerasse Unde quotiescumque deferebatur
in medio predictum philacterium, multo timoré et hor-
rore concutiebantur omnes qui super illud jurare habe-
bant. Hoc philacterium, quia conquassatum erat et par-
vnm, conflatum est, et aurum positum in hac tabula, et
reliquie hic collocate. Sub eisdem reliquiis insertum est
philacterium aureum quod dédit domina Mathildis, Flan-
drie comitissa, in quo est portio ligni Domini et capilli
B.M.V., et alie reliquie sicut in carta secundum formam
hujus tabule confecta continetur. In parvis philacteriis
que sunt circa illud continetur : de sanguine D., de
capillis D., sicut in eadem tabula continetur. » (Ibid.,
p. 22-23.) — « Imago Beatae Virginis Pes (infantis
Jesu) decem marchas et novem et duas uncias. Sub cujus
pede in quodam philacterio argenteo et deaurato. qua-
drato, sub crystallino, continentur reliquie sequentes
videlicet : De camisia, de pallio^ de corrigia, de lacté Vir^
ginis Marie; et in qpiatuor angulis sunt duodecim mar-
garete juncte quatuor saphyris. » {Ibid., p. 54.)
« Item in eadem tabula inferius insertum est phila-
terium aureum, divisum in duas partes, quod fuit domini
Eskili, venerabilis archiepiscopi Dacie, postea monachi
Clarevallis, in quo continentur reliquie multorum sanc-
torum. » (Ibid., p. 61.)
L'Inventaire de 1405 signale plusieurs phylactères d'ar-
gent : a Item aliud scrinium deargentatum, plénum reli-
quiis, et plura fllateria de argento. » {Ibid,, p. 98.) Plus
un autre phylactère pour plusieurs reliques : « Unum
filaterium argenteum, deauratum desuper, in quo sunt
plures reliquie. » (Ibid.y p. 100.)
Le Cartulaire de l'abbaye de Saint-'Vaast d^Arras, rédigé
au xn« siècle et publié par le chanoine Van Drivai, men-
tionne, pages 107, 108, 109, des phylactères pleins de
petites parcelles, à en juger par Ténumération qu'il en
donne : « Sunt etiam in ipsa ecclesia philacteria et in
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— 270 —
quibusdam eorum taies legimus titulos : De ligno Do-
mini, de sepulchro Domini Item, reliquie in diversis
philacteriis invente. » Or, ces reliques minuscules sont
au nombre de 112.
Je reviens à llnven taire de Laon. M. Darcel n'y a ren-
contré que sept phylactères. Pourtant il y en a douze
bien comptés, dont cinq sont enregistrés à Tendroit de
la description des deux couronnes auxquelles ils sont
suspendus. Ce texte est capital pour le sujet qui nous
occupe; en conséquence, je crois opportun de le repro-
duire intégralement T
« Septem philacteria, id est capsule, in quibus reser-
vantur minute reliquie sanctorum.
» Philacterium primum est argenteum deauratum, ab una
parte esmaillatum. In cujus circumferentia olim exculpta
fuisse hec duo carmina sequentia tradunt, quibus expri-
mebantur reliquie in eo contente et habet annulum cum
cathena argentea :
« Spongia, criix Domini, cum sindone, cum faciali
» Melacrat, atque tui, genitrix et virgo, capilli. »
» Secundum philacterium habet crystallum in medio et
evangeliste imaginem deauratam a tergo.
» Tertium philacterium habet lapidem crystallinum in
medio.
» Quartum philacterium est esmaillatum, habet quatuor
lapillos in angulis acutis.
» Quintum est perforatum in quattuor locis et continet
sub crytallo os sancti Quintini, martyris.
» Sextum est undecumque argento opertum, et continet
de sanctis Sebastiano, Hippolito, Cucufate, de sepulchro
sancti Martini, et de pulvere sancti Marcelli.
» Septimum ab una parte habet vitrum et a reliquis
partibus est coopertum argento rigato. Et continentur
in eo reliquie sequentes, scilicet : Dens sancti Stephani,
protho-martyris, dens sancte Felicitatis, os sancti Blasii
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— 271 —
episcopi, de petra mense Domini, de virga Aaron, de
comgia Domini (1). »
« Corone prime descriptio ac sanctarum reliquiarum
quibus ipsa decoratur, cum jocalibus in ea appensis. .
» Item philacterium argenteum deauratam, in quo est
imago Crucifixi ab una parte, et ab altéra parte est
lapillus qui vulgo vocatur camahieu. Et continet de cilicio
et coopertorio sancti Thome, martyris, de béate Heli-
sabeth capillis, de ossibus sancti Thome, martyris, de
sancta Dorothea, de beatis Cosma et Damiano, de ca-
pite sancti Sebastiani, et de ossibus sancti Thome
apostoli » (2).
» Dépendent in ciAuitu corone reliquiaria et jocalia
sequentia, et omnia sunt argentea
» Philacteriufn deauratum cum lapillis rubris super
extantibus, et continet de tumba sancte Gatharine cum
alii& » (3).
» Corone secunde declatatio cum reliquariis et joca-
libus in ea pendentibus
» Item philacterium deauratum ab utraque parte, habens
ab una parte imaginem Crucifixi et ab altéra Agnum
Dei, et continet de vera cruce » (4).
» Reliquiaria et jocalia pendentia in circuitu corone. .
» Philacterium pafvum habens sex lapillos qui sunt
virides a parte anteriore. Continent de sancta Gatharina.
» Philacterium aliud deauratum, in quo sunt desuper
tria lilia aurata cum esmaillatura, et continet multas
reliquias quibus nulla est inscriptio (5). »
Puisque le phylactère de Châtegiu-Ponsac appartient
au Limousin et au xiii« siècle, je ne puis me dispenser
de dire qu'à la même époque le trésor de l'abbaye de
(1) InvenL du trésor de la cath. de Laon, en Î5Q3, par
Ed. Fleury, p. 22-23.
(2) Ibid., p. 25, 26.
(3) Ibid., p. 26, 28.
(4) Ibid., p. 28, 29.
(5) Ibid., p. 29, 30.
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— 272 —
Saint-Martial de Limoges possédait quatre phylactères,
dont deux en or et deux en argent. Des deux premiers,
l'un contenait de la vraie Croix, et Tautre était renfermé
dans des tables d'argent, c'est-à-dire un diptyque. Des
deux autres, le premier servait à signer le peuple, c'est-
à-dire à le bénir en faisant sur lui le signe de la croix,
et le dernier contenait de l'huile recueillie au tombeau
de sainte Catherine d'Alexandrie. « IIII*"' philacteria; duo
sunt aurea cum ligno crucis ; unum servatur in tabuleis
argenteis (1) et duo sunt argentea; unum ad signandum
populum; aliud cum oleo sancte Caterine (2). »
VI
De l'archéologie passons à la philologie.
On aura pu croire que le graveur limousin, on écri-
vant philecteria (3), avait fait un barbarisme, excusable
chez un ouvrier et un laïquai Sans doute phylacterium
est bien la forme classique et primitive, mais il est incon-
testable aussi que le mot a été féminisé au moyen-âge,
lorsqu'il a été employé par les liturgistes. Au xii« siècle,
Jean Beleth cherchait à définir cette espèce de reliquaire
et à établir une distinction plus subtile que vraie entre
phylacterium et phylacteria : « Est tamen discrimen inter
Phylacterium et Phylacteriam. Phylacterium enim char-
tula est, in qua decem Legis prsecepta scribebantur, cu-
(1) Je crois voir un exemple de ces phylactères appliqués à des
tables dans le beau triptyque, en argent doré et du xiii* siècle,
que M. Darcel a décrit dans le Trésor de Conques {Annal, arch.,
t. XX, p. 219-221), et que Léon Gaucherel a reproduit dans une
fidèle gravure.
(2) Bulletin archéologique publié par le Comité historique,
t. IV, p. 101.
(3) V. sur la substitution de l'e à Va au moyen-âge et dans le
langage populaire, l'opuscule de M. L. Charles : Mélanges et
aperçus sur diverses questions littéraires ou archéologiques.
Le Mans, 1861, in-12, p. 27-28.
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— 273 —
jusmodi chartas solebant ante suos oculos circumferre
Pharisœi, in signum religionis. Unde in Evangelio : Z>t7a-
tant enim Phylacteria sua et magnificant fimbrias, Atque
hoc quidem Phylacterium a cpuXaaao), et Thorah, quod
est Lex. Phylacteria autem, phylacteriae, vasculum est,
vel argenteum, vel aureum, vel etiam crystallinum, in
quod sanctorum cineres et jfeliquiae reponuntur. » {De Di"
vinis Offlc, cap. 115.)
Au XIII* siècle, Guillaume Durant, qui n'est qu'un com-
pilateur, répétait la même définition dans des termes
identiques : « Philatteria est vasculum de argento vel auro
vel crystallo, vel ebore et ejusmodi, in quo Sanctorum
cineres vel reliquiae reconduntur. » (Ration., lib. I, cap. ni,
num. 26.)
Ces deux définitions ne précisent rien, car elles peu-
vent s'appliquer indistinctement à toute sorte de vase
contenant des reliques de saints. Nous n'avons à en
retenir que ces deux choses : que ce reliquaire était
de petite dimension, vasculum, et qu'en latin on l'avait
mis du féminin pour le distinguer du phylactère dont
parle l'Évangile.
La même expression se retrouve avec le même genre
dans ces deux textes cités par Du Gange : « Philacteriae
superstolantur et tapetia ex formis auferantur
Post versum seniores ponant Philacterias super altare
hinc inde, sicuti in choro consistunt. »
La traduction française s'est calquée sur le latin; aussi
le mot est-il resté au féminin dans notre langue, comme
le témoignent plusieurs textes cités par M. de Laborde
aux mots Fillatière et Phillatière, et dans ce passage du
Roman de Rou :
« Desous oui une Filatire,
Tout le meillor qu'il pot eslire
Et le plus chier qu'l pot trover. »
X. Barbier de Montault,
Prélat de la Maison de Sa Sainteté.
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'%
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LEHRES AUTOGRAPHES
DU
MARÉCHAL BRUNE ^'
Au citoyen Cambaeeres, second Consul.
CiTOTBN SECOND CONSUL,
J'ai l'honneur de vous exprimer ma reconnoissance
pour les marques de bienveillance que vous m'avez don-
nées en nommant, il y a près de deux ans, les c*~ Pierre
Maillard (2) et F. Vermeily le premier à la place de commis^
savre du gouvernement près le tribunal civil de l'arron-
dissement de Brive, dépt**"' de la Coreze; et le second^ juge
au même tribunal. Leur conduite a été pure et méri-
tante; il n'est pas un de leurs concitoyens qui ne leur
rende justice : et moi, citoyen Consul, j'éprouve la douce
consolation de vous avoir recommandé des hommes esti-
mables, mes parens, aux quels je laisse une grande preuve
d'attachement, en vous priant de continuer à leur faire
(1) Les originaux de ces lettres appartiennent à M. Paul Sei*
gnolle^ de Brive; elles ont été communiquées à la Société par
M. Paul de Verneuil d'Artensec, qui a pensé, avec raison, qu'elles
étaient d'autant plus intéressantes qu'elles o£Fraient un caractère
tout à fait intime. On voit, en efifet, la grande affection qu'avait
le maréchal pour ses parents, et comme il était heureux de saisir
avec empressement toutes les occasions qui se présentaient pour
leur être agréable.
(2) Pierre-Marie Maillard, marié en 1791 à Marie-Jeanne-Certain
Laméchaussée.
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— 276 —
sentir Teffet de la puissante bienveillance dont vous n'avez
pas cessé de me combler.
Salut et respect,
Brune.
II
Mon cher oncle, j'ai demandé pour vous à Sa Majesté
l'empereur et roi l'Étoile de la Légion d'honneur. S. M. a
bien voulu me l'accorder et m'a autorisé à lui présenter
une demande écrite; je vous prie en conséquence, mon
cher oncle, de m'adresser vos états de service pour lui
servir de base.
Je suis bien charmé de trouver cette occasion de vous
donner des preuves de mon sincère attachement et de
ma parfaite estime.
Je vous embrasse de tout mon cœur.
Le maréchal,
Brunb.
Paris, 25 prairial an 13.
M' Vielbans (1), capitaine de vétérans, à Brives, dép*"*
de la Coreze.
III
République française,
Liberté, Égalité,
Le 27 fructidor an de la République.
Brune^ conseiller cTÉtaty général en chef,
au citoyen Vielbans Pommiers, mon oncle.
Mon cher oncle, le premier Consul vient de me nom-
Ci) Jean-Baptiste de Vielbans, brigadier des gardes-du-corps,
compagnie du Luxembourg, fils de messire Jean de Vielbans,
écuyer, seigneur de Pommiers, ancien mousquetaire noir de la
2"" compagnie de Sa Majesté, et de Jeanne de Lacoste de Com-
bescot; marié à Marguerite de Faucher, dame du Caire (1757).
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— 277 —
mer ambassadeur près la Sublime-Porte. Je m'étais pro-
mis d*aller vous embrasser à Brives, mais le peu de
tems que je dois rester en France, ne me permet pas de
réaliser cet agréable projet. Soyez assez aimable pour
venir à Paris, mais faites vous accompagner par un de
vos bons amis qui ait soin de vous en route : bien
entendu que vous me permettrez de faire tous les frais.
Je vous embrasse de tout mon cœur.
Brune.
P.-5. — Mes respects à ma tante (1), mes amitiés à
mes cousines et à Maillard (2), que j'embrasse bien ten-
drement.
Ne m'oubliez pas auprès de nos amis.
Ma femme n'est pas à Paris, je lui écrit de venir
de suite.
Certifié conforme :
D'Artensec.
(1) La dite dame Marguerite de Faucher, épouse de Jean-Baptiste
de Vielban's.
(2) Joseph de Maillard, avocat au Parlement (1747), marié avec
Marie- Anne de Vielbans, tante du maréchal.
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LIVRES DE RAISON
LIMOUSINS ET MARCHOIS
(Suite. — Voir t. viii, 4"* livraison.)
XV
SECOND LIVRE DE RAISON DE JEAN TBXBNDIER (1662-1680),
CONTINUÉ PAR JEAN-BAPTISTE TEXENDIER DE LOSMONERIE,
SON PETIT-FILS (1684-1703).
Ce second Livre de raison de la famille Texen-
dier a été commencé par le Jean Texendier que
nous connaissons déjà, et poursuivi par lui jus-
qu'en 1680. Malheureusement, pendant cette pé-
riode de dix-hiiit années, il n'ajoute presque rien
à ce que le premier nous a appris sur son
auteur. Jean Texendier, devenu vieux, se borne
à enregistrer la naissance des très nombreux
petits-enfants que lui donne son fils Jérôme,
marié en 1662 à Valérie Dubois. Il n'y en a
pas moins de douze : Jean-Baptiste, né en 1663;
Marie, née en 1665, f en 1668; Joseph, né en
1666, f en 1669; Pierre, né en 1667, marié en
1695; Peyronne, née en 1668, mariée en 1687;
autre Pierre, né en 1670; Jérôme, né en 1672;
Barbe, née en 1673, mariée en 1692; Catherine,
née en 1676, religieuse en 1691; Thérèse, née
en 1677, religieuse en 1694; Antoine, né en 1678,
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religieux en 1698; Claire, née vers 1680-1683,
religieuse en 1698; enfin un enfant posthume,
dont la naissance n'est pas enregistrée, et qui
serait le treizième s'il a vécu. Jérôme Texen-
dier, le père de cette nombreuse postérité, mou-
rut en 1684; .Valérie Dubois, sa femme, en 1697.
C'est leur fils aîné, Jean-Baptiste Texendier
(sieur de Losmonerie à partir de 1688), qui con-
tinua le registre de son grand-père jusqu'en 1703.
La variété des mentions le rend des plus atta-
chants, et l'on y suit sans difficulté la destinée
de chacun des membres de la famille.
A. Legler.
Jesits Maria Joseph. — Sancte Marcialis, ora pro nobis,
A rhonneur de Dieu, père (1) et fils et Saint-Esprit, et
de la benoîte Vierge Marie et de tous les saints et saintes
du Paradis, soit commencé et achevé ce présent papier
à partir de moy, Jehan Texendier, marchand de Ly-
moges, lequel j'ai fait en suitte de celuy de feu mon
père (2) pour servir à moy et aux miens, de mémoire
de toutes sortes d'affaires, soit de mariage que nativité
des enfants qu'il plaira à Dieu donner dans ma famille.
Amen, Jesu.
Au nom de Dieu,
Le 24** septembre 1662, j'ai marié mon fils, Hérosme
Texandier, avec damoiselle Valérie Dubois, fille de Mons.
Anthoyne Dubois, sieur de la Jourdanie (3), et de dame
(1) Pour rendre la lecture plus facile, nous avons rétabli l'accent
partout où il manquait.
(2) Le registre de Jacques Texendier est aujourd'hui perdu.
(3) Près et commune de Limoges.
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Catherine Vidaud, et pour effectuer le dict mariage, j'ay
prorais après ma mort donner à mon dict fils la somme
vingt cinq mille livres; et le dict sieur Dubois et la dicte
Vidaud ont payé contant la somme de trois mille livres,
et doibvent balier deux mille livres dans cinq ans après.
Je prie Dieu qu'il leur fasse la grâce de vivre en paix.
Le dict contrat est passé par Designia (?), notaire.
Le 25* octobre 1667, j'ay reçu les deux mille restant,
en avons balié quittance passée par M. Deseignia.
Le 21 m:ii 1663, dans la salle et chambre commune
de la maison de ville, où estant Mess" les consuls et juges
de consuls de la juridiction de la Bource (1), avec cin-
quante notables bourgeois et marchands, m'ont nommé
pour premier juge, assisté de Mons' Martial Poylevé,
segond, et de Mons' Pol Maliart, troisième juge et con-
suls, et a mis pour assesseur Mons"" Pierre Sénamaud,
et premier conseiller Jérémie Martin.
Le 10 aoust 1663, j'ay baillé à ma fille, Peyronne
Texandier, femme du sieur Jocepe Lymosin,,la somme
Ûe quatre mille livres, et ce d'avantage qu'elle n'avoit
heu de dot à son mariage, ou pour avoir payé je l'ai
faite esgale à sa sœur Anne, famé à Mons' Jocepe
Baliot (2). Ay payé son dict mary suyant la quistance
passée par Disnematin. Je baliais par ci devant à ma
dicte lille les dictes quatre mille livres par testament
passé par Guytard, notaire. Je veux que ma dicte fille
ne prétende rien plus dans mon bien, ayant payé par
advance.
Jehan Texandier.
(1) 11 s'agit ici de la juridiction de commerce instituée à Limoges
par Charles IX, en 1565 (al. 1564).
(2) Voy. le premier Livre de raison, à la date de février 1659.
T. IX. 2-7
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Dieu soit loué de tout.
Le 4* décembre 1663, est né Jehan Baptiste Texandier,
fils de mon fils Hérosme Texandier, et de ma belle fille
Valérie Duboys; a esté baptisé à St-Michel par Mes-
sire (1), premier vicaire, et je suis esté parin, et
marine Madame Jeanne Decorde, grand mère à ma dicte
beUe fille.
*
Le 19 mars 1665 nasquy Marie Texandier, fille à mon
fils Herosme Texandier, et de Valérie Dubois, mère, et
baptisée à Téglise de Saint-Michel-des-Lions par Mes-
sire Gadaud, prêtre de la dicte église, à Tabsence
de Mons' le curé et vicaire; et fut son parin Moiîs.
Anthoyne Dubois, sieur de la Jourdanie, et marine
Marie Bellemie, ma femme.
Le 13 mars 1668 mourut la dicte Marie, et fut en-
terrée dans nos tombeaux de Saint-Michel. Je prie Dieu
que son âme soit en Paradis.
Le 28* j. novembre 1665, j'ay marié ma fille, Marie
Texandier, avec le sieur Pierre Faute, marchand de la
présente ville, fils du sieur Phransois Faute, et de Marie
Dupré, mère. Et je ay donné au mariage à ma dicte
fille la somme de quatorze mille livres et deux paires
d'abis de soye et ausLre linge, et j'ay balié comptant
savoir, sept mille livres de mon bien et mille livres du
bien de ma famme Marie Bellemie, et je doibs payer
six mille livres restant dans un an après. Le sieur
Faute père a donné, en faveur du mariage à son dict
fils, la maison qu'il possède rue de Magnine (2) et vingt
(1) Peut-être J. Progent, alors vicaire de Saint-Michel-dcs-Lions.
Voy. VInvent. des Arch, comm. de Limoges, G G, 112.
(2) Rue Manigue, autrefois Magninie — Manauhie — Mananhia.
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mille livres en argent, le tout après son décès. Le dict
contrat est passé par Tardieu, notaire royal.
Le 11 novembre 1666, jay payé au sieur Faute, père
du sieur Pierre Faute fils, la somme de six mille livres,
restant du mariage de Marie Texandier, ma fille, suivant
le contrat passé par Tardieu.
Le 23* j. octobre 1666, nasquit Jocepe Texandier, fils de
mon fils Hiérosme Texandier, et de Valérie Dubois, mère;
et fut baptisé à l'église de Saint-Michel-des-Lions par
Messire Pradilau (?), preste, en l'abcence de Mons' le curé
et vicaire. Et fut son parin le sieur Jocepe Lymousin,
mon gendre, et marine damoyselle Catherine Vidaud,
mère de ma belle fille.
Le 8 aoust 1669, mourut le dict Jocepe et fut enseveli
dans nos tombeaux de Saint-Michel. Je prie Dieu que
son âme soit en Paradis.
*
Le 4* de septembre 1667, mourut Marie Bellemie, ma
femme, que Dieu absolve et Taie reçue en son saint
Paradis! Elle a été ensevelie à Saint-Michel, dans nos
tombeaux qui sont dans Téglise, près de Tautel d'Ecce
Homo. La pauvre femme avoit demeuré quelque douze
ans dans une paralisie, laquelle dans ce temps elle a
souffert bien des douleurs, et pourtant elle prenoit la
soufrance pour Tamour de Dieu; elle est morte comme
une martire. Prié le bon Dieu que il aie reçu son âme
en son saint Paradis. Amen.
Le 20* novembre 1667, nasquit Pierre Texandier, fils
de mon fils Hérosme Texandier, et de Valérie Dubois
mère, et fut baptisé à Téglise de Saint-Michel-des-Lions
par Mons' Barny, curé de la dicte église, et fut son
parin le sieur Pierre Faute, mon gendre, et marine Ma-
demoyselle Peyronne Dubois, sœur à ma belle fille.
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Le 28 décembre 1668, nasquit Peyronne Texandier, fille
de mon fils Hérosme Texandier, et de Valérie Dubois,
mère, et fut baptisée à Téglise de Saint-Michel-des-Lions
par Mons' Gadau, prestre, à Tabsence de Mons' le curé
et vicaire, et fut son parin Mons' Léonard Dubois, frère
de la dicte mère, et marine Peyronne Texandier, ma
fille, famme du sieur Jocepe Lymousin, mon gendre.
Le 6* octobre 1670, nasquit Pierre Texandier (1), fils
de Hérosme Texandier et de Valérie Dubois, et fut bap-
tisé en Téglise de Saint-Michel-des-Lions par Mons' Col-
lason(2), vicaire de ladicte église, et fut son parin
Mons"" Pierre Dorât, beaufrère à mon fils, et marine
Marie Texandier, ma fille, famme à Mons. Pierre Faute.
Le 2 novembre 1670, jour des Morts, j*ofFrai le pain
béni à Saint-Michel-des-Lions, ma paroisse, et je baliais
a parans, amis et voisins 450 pains bénis, et baliai à
disner a mes gendres et filles et amis, ou estions qua-
torze, et seize petits enfans de la famille.
Le 6® j janvier 1672, jour des Roys, nasquit Hérosme
Texandier (3), fils de Hérosme Texandier, et de Valérie
Duboys, et fut baptisé à l'église de Saint-Michel-des-
(1) C'est le second fils de Jérôme Texendier qui porte le nom
de Pierre. Voy. plus loin, 6 juin 1697.
(2) Golusson.
(3) Les registres paroissiaux de Saint-Pierre-du-Queyroix (G G,
61 des Arch. comm.] mentionnent, à la date du 27 nov. 1717,
reiiterremcnt d'un Jérôme Texendier, fils d'autre Jérôme Texen-
dier, a colonel de la bourgeoisie de Limoges, échanson de Ma-
dame, » et de dame Anne Teullier. Ce colonel de bourgeoisie est
évidemment celui dont la naissance est enregistrée ici.
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Lions par Monsieur Barny, curé; et fut son parin Jean-
Baptiste Texandier, fils de mondit fils; et fut marine
Barbe Boysse, fille devoste, et Mons' le curé lui baliat
le nom de Hérosme-Baltazar, à cause du jour des Roys.
Le 28® j. aoust 1673, nasquit Barbe Texandier, fille à
mon fils Hérosme, et de Valérie Duboys, et fut baptisée
par Mons' CoUuson, vicaire de Saint-Michel; et fut son
parin Jean-Baptiste Texandier, fils de mondict fils, et
marine Barbe Baliot, fille de ma fille Anne Texandier.
*
Le 16» j. janvier 1676, naquit Catherine Texandier, fille
de mon fils Hérosme Texandier, et de Valérie Duboys,
et fut baptisée à Saint-Michel par Mons' Barny, curé
de la dicte église, et fut son parin Mons' François Tar-
dieu, pris en Tabsence de Mons*^ Pierre Tardieu, greffier
de Tolficialité, son père, à cause de son infirmité, et
marine Mademoyselle Catherine Vidaud, femme de Mons'
Jacques Pinot
*
Le pr. j. juliet 1677, nasquit Thérasi Texandier, fille de
mon fils Hérome Texandier, et de Valérie Duboys, et fut
baptisée à Saint-Michel par Mons' Baresge, vicaire, et
fut son parin son frère, Baptiste Texandier, et sa marine
Catherine Baliot. L'on luy a fait porter le nom de Thérasi.
Le 16® j. novembre 1678, nasquit Anthoyne Texandier,
fils à mon fils Hérosme Texandier, et de Valérie du
Bois, et fut baptisé à Saint-Michel par Mons' Peyroche;
et fut son parin mon petit fils Hérosme Texandier, et
marine Catherine Baliot, et luy avons fait donner le nom
d'Anthoyne à cause que mon fils don Anthoyne, reli-
gieux Bénédictin, avait demandé qu'il porta son nom
Anthoyne.
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*
Le 17* février 1680, nasquit mon fils Michel Texandier,
fils de mon fils Hérosme Texandier, et de Valéry du Bois,
fut baptisé à Saint-Michel par Mons' Rousseau, preste,
et fut son parin Monsieur Michel Dumas, M' chirurgien,
et marine Marie Du boys.
Le 20 février 1680, mourut mon dict fils et fut ense-
veli dans nos tombeaux. Dieu Paye reçu en son saint
Paradis (1).
(Les deux mentions qui suivent sont de la main de Valérie
Dubois^ femme de Jérôme Texendier, belle-fille de Jean TexeU'
dier, premier rédacteur de ce Livre de raison) :
Le 9"* may 1684 mourut mon beau père, âgé de 81 ans,
ayant travaillé beaucoup pour eslever sa famille et tou-
jours en homme de bien et d'honneur; il a demeuré
allitté trois moys au lict d*un mal de vieillesse, et Dieu
lui a fait la grâce, pendant ce temps là, de recepvoir
par trois diverses fois le très saint sacrement de Tautel,
et ensuite Textrême onction. Il est à présumer qu'il est
bien heureux. Dieu lui en fasse la grâce!
Le 3™* aoust 1684, année malheureuse pour moy, mou-
rut mon très cher mary, sieur Hierosme Texandier, d'une
fiebvre maglinne, âgé de 42 ans, me laissant chargée de
nœuf enfans (2) et preste d'acoucher du dixiesme, et de
deux de ces nepveux Baillost. C'estoit un homme de
bien et de payx, n'ayant jamais randut de déplaisir à
personne du monde. Dieu luy fist la grâce de mourir
de la magnière qu'il avet vesqut, dans une patiance
admirable à la volonté de Dieu. Il mourut après avoir
(1) Entre cette dernière date de février 1680 et celle de mai 1684,
qui suit, doit se placer la naissance de Claire Texendier, men-
tionnée plus loin sous la date du 20 novembre 1698. Ainsi se jus*
tifie la déclaration contenue sous la date du 3 août 1684.,
(2) En réalité, Valérie Dubois avait eu douze enfants; mais trois
étaient déjà morts en bas âge.
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reçu tous les sacrements. Il a esté ensevelly dans les
tombeaux de Saint-Michel. Dieu luy aye faict miséri-
corde et Tay mis dans son sainct Paradis, et luy plaise
par sa divine bonté estre le père de sa famille.
{Toutes les mentions qui suivent sont de la main de Jean^
Baptiste Texendier, fils de Valérie Dubois et petit-fils de Jean
Texendier) :
Le 28 juillet 1684, le sieur Hérome Texandier fit son
testament dernier par lequel il institua ma mère et
moy, Jean-Baptiste Texandier, ses héritiers universels,
chacun par moitié. En ce que il me donne à moi, Bap-
tiste Texandier, par préciput de l'hérédité, sa maison,
qui est située en rue Ferrerie, avec tous les meubles,
garnitures et vaiselle d'argent et autre, en par nous
deux héritiers payant par moitié lesdits légats et autres
charges d'hérédité. Le dit testament a été passé par Cha-
vepeyre, notaire royal, les susdits jours et an que dessus.
Le 15 juillet 1685, ma mère et moy, Jean-Baptiste
Texandier, tous deux héritiers de feu S' Hierome Texan-
dier, avons payé au sieur Pierre Razès, bourgeois de
cette ville, la somme de deux mille deux cent quatre-
vingt-deux livres, pour pareille somme que feu mon père
lui devoit.
Le 2® septembre 1686, ma mère et moy, Jean-Baptiste
Texandier, tous deux héritiers de feu S' Hierosme Texan-
dier, avons payé au sieur Jean Baillot la somme de trois
mille sept cent cinquante livres par advis de parens et
d'amis, pour ce que mon père lui pouvoit devoir d'où
bien (?) ayant esté nommé son tuteur. Le contract est passé
par Chambinaud, notaire royal, le 2 septembre 1686.
Le 3 juillet 1687, ma mère et moy, Baptiste Texan-
dier, avons marié ma sœur, Peyronne Texandier, avec
sieur François Marcialet, de Souloignat (1), à laquelle
avons payé comptant la somme de six mille livres pour
(1) Solignac, cheMieu de commune, canton Sud de Limoges.
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son légat, que mon père luy avoit faict par son testa-
ment. En outre il luy a esté constitué, de la part de
ma mère, mille livres qui luy ont esté payé comptant
ledit jour. En outre, ma mère lui a donné de sa part
d'hérédité une maison située vers Saint-Martial (1), et
tous les habits de nopces et autres dépenses, comme
repas et festins qui ont été faits pour ce sujet. Le con-
trat est passé par Chavepeyre, notaire royal, le 3
juillet 1687.
Le 19 décembre 1689, ma mère et moy, Jean-Baptiste
Téxandier, comme héritiers de 'feu S' Hierosme Téxan-
dier, avons achevé de sortir de la tutelle de mes cousins
Baillot, dont mon père estoit chargé, c'est-à-dire que nous
avons payé le susdict jour à Catherine Baillot la somme
àe deux mille cinq cent livres par advis de parens et
amis, pour ce que mon père lui pouroit devoir sur son
bien, ayant esté nommé son tuteur. Le contract a esté
passé par Chavepeyre, notaire royal, le 19* décembre 1689.
Le 14" aoust 1688, ma mère et moy, Jean-Baptiste
Téxandier, avons acheté du seigneur Duverdier (2) la
terre noble et seigneurie de Losmonerie (3) moyenant la
somme de soixante quinze mille livres, dont en avons
payé en acquitant les debtes de cette maison, jusquà ce
jourd'huy 10* mars 1690, la somme de 65,430 1., comme
il paroit par les quittances qui sont toutes attachées au
contract de vente passé par Chavepeyre, notaire royal à
Limoges; ont trouverat tous les papiers concernant cette
acquisition en bon ordre. La quittance est passée à
(1) La basilique de Saint-Martial s'élevait sur remplacement ac-
tuel du théâtre, au bas de la rue du Clocher.
(2) De Lubersac, seigneur du Verdier. — La terre de L'Aumos-
nerie était entrée dans cette famille le 25 juillet 1617 par le
mariage de Charlotte Chantois, fille de noble Jean Chantois, sei-
gneur de L*Aumosnerie, de Cieux, et de Reignefort et de Mar-
guerite de la Foucaudie-Sanzillon.
(3) Près Aixe.
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Chantresat (1), en Engoumois, par Guarguinier, notaire
royal à Ghabanais (2).
Depuis le 10* mar^ 1690, nous avons fait plusieurs
payements en déduction de ce que nous restions [devoir]
de la dite terre, et en conséquence nous avons passé
un aresté de compte pardevant Ghavepeyre, le 15* février
1694, par lequel il paroist et suivant les quittances que
tous les payements faits jusqu'au 15 février 1694 montent
à 68,000 1.
En suitte de quoy, j*ay payé à M"* Dusson, première
créancière de la maison du Ris (3), à la place de quy
j'ay esté subrogé, et M' Duverdier a tout ratifié par le
contrat passé par Chavepeire le 17 juillet 1695, qui me
tient quitte de tous les intérests et de la somme de
72,000 1. Ainsi je ne reste [devoir] que 3,000 1. en tout
de l'acquisition de Losmonerie.
Le 20 mars 1699, j'ay compté à M. Duverdier la
somme de 3,562 1. 10 s., pour final et dernier paiement
de ce que je restais en capital et intérest de Taquisition
de Losmonerie, comme il parait par la quittance de Gha-
vepeire, laquelle somme a epsuite esté payée à M. De
Salmaje (?) le 22 mars 1699.
Le 8« octobre 1688, estant à Paris, j'ay traité avec le
S' Laurens, procureur du siège présidial de Limoges,
des offices de greffiers ancien alternatif (4) et triennal au
bureau des finances, ensemble du domaine et voyrie, et
de *!'• Glerc, unis et incorporés aux dittes charges. Le
tout adjugé audit Laurent par arrest du Gonseil d'Estat,
le 20 juillet 1688, moyennant la somme de 46,238 1. 5 s.,
(1) Ghantrezac, canton de Saint-GIaud, arrondissement de Gon-
folens (Charente).
(2) Ghabanais, cheMîeu de canton de Tarrondissement de Gon-
folens (Charente).
(3) S'agit-il ici du Ris Ghauveron, commune d'Azat-le-Ris, can-
ton du Dorât (Haute-Vienne) ?
(4) Beaucoup d'offices avaient autrefois plusieurs titulaires, qui
les remplissaient alternativement
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y compris le huitièsme denier payé par ledit Laurent
aux parties casuelles. Il est a remarquer que je traitay,*
conjointement avec M. Léonard Limousin, mon cousin
germain, lequel m'envoya procuration à Paris expresse
pour cela, avec la moitié de la somme 46,238 1. 5 s.
pour payer le sieur Lauren, la procuration dudit S' Li-
mousin. Et au bas du contract passé aveq le S' Laurens,
à Paris, le 8* octobre 1688, par devant Garnot, notaire,
demeurant au faubourg St-Germain, sur les fossés de
M. le Prince.
Et comme tous les susdits oflBLces de greffiers ont esté
achetés par moitié entre le sieur Limousin et moy, il
fut passé un traité entre nous à Limoges, le 23 sep-
tembre 1688, par lequel il est dict que je me feray pour-
voir de Toffice ancien et les Limousin de Talternatif et
triennal, comme le sort l'avoit décidé, et nous payerons
toutes taxes par moitié. Le contract est passé par Cha-
vepeyre le 23 septembre 1688.
Et comme le sieur Mauple, cydevant propriétaire des
dicts offices de greffiers, nous remit les quittances de
finances et autres titres concernant lesdicts offices, nous
convîmmes qu'ils resteraient entre les mains du S' Li-
mousin, dont il me délivra des copies collationnées. Et
comme j'étois encore mineur quand nous passâmes les
contracts précédents, nous ratifiâmes tous les traités que
nous avions faits au sujet des dicts offices par un con-
tract passé par Ghavepeyre, notaire royal à Limoges,
le 23 juillet 1689.
Le 22* juillet 1689, ma mère et moy, Jean-Baptiste
Texandier, comme héritiers de feu Hierosme Texandier,
mon père, avons dissolu et finy la société de commerce
aveq M. Limousin, qui avoit commencée (1) aveq S' Jean
Texandier, mon grand père, et ensuite avec ma mère et
moy; et finalement les susdicts jour et an, nous Tavons
terminée au contentement de tout le monde, comme il
(1) Le !•' avril 1652. Voy. le Livre de raison précédent, à la date.
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paroist par le contract passé entre les parties par Cha-
vepeyre, notaire royal à Limoges, le 22 juillet 1690.
Dont j*ay retiré Toriginal. J'ay donné un garde domage (1)
au notaire, ou il n'y a que la dette des contracts, et j'ay
donné à M' Limousin, pour sa sûreté, une copie signée
de moy.
*
Le 22* novembre 1691, nous passons contrat aveq les
religieuses du couvent des Filles de N^ Dame (2), où
Catherine Téxandier, ma sœur, est entrée et a pris Thabit
de religieuse le 25 du susdit mois et an, moyenant la
somme de 3,550 1., dont en avons payé comptant aux
religieuses le dit jour 550 1., et les 3,000 1. restantes sont
payées à la profession, comme il paroi t par le contrat
passé pardevant Chambinaud, notaire royal.
Le 13® avril 1692, ma mère et moy, Baptiste Téxan-
dier, avons marié ma sœur, Barbe Téxandier, aveq
S' Pierre Vaissière, marchand de Limoges, à laquelle il
a été payé comptant ledit jour la somme de six mille
quatre cent livres, savoir : 4,000 1. du légat du père, et
2,000 1. que ma mère lui a données de Théréditée, et
400 1. quelle luy a donné de son bien particulier pour
les habits. En outre elle a fait à ses frais particuliers
les dépanses de la nopce. Le contrat est passé par Cha-
vepeyre, notaire royal, le 13® avril 1692.
Le 4 may 1692, je fis le pain benist à St-Michel-des-
Lyons, ma paroisse, et je Tenvoyay chex mes parens,
amis et voysins, au nombre de 800 pains bénist.
Le 19 aoust 1692, j'ay acheté de M' le grand prévost.
(1) Un acte de garantie.
(2) Les Filles de Notre-Dame s'étaient établies à Limoges, en
1634.
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héritier de deffunt M. Ghastagnat, trésorier de France,
une maison en provenant, située auprès des étangs (1),
moyennant la somme de dix mille livres que j'ai payé
contant à la décharge de l'hérédité de feu M' Chasta-
gnat. Toutes les pièces concernant la susdite acquisition
sont dans un sac, avec une inscription qui le marque.
Le contrat et les quittances ont été passés par Chave-
peyre, notaire royal.
Le 17* novembre 1692, ma mère et moi, Jean-Baptiste
Téxandier, avons payé à Pierre Téxandier, mon frère,
la somme de dix mille livres que luy devions en qua^
lité d'héritier, pour son légat de feu mon père, comme
il parait par la quittance passée le jour dessus par
devant Chavepeyre, notaire royal.
Le 30 septembre 1693, nous avons obtenu à la chambre
souveraine du franc-fief un arrêt de descharge d'une taxe
de 4,400 1., qu'on nous avait fait pour cause de la terre
de Losmonerie. L'arrêt est, en forme, dans le saq des
titres du fief et de la justice.
Le 24* novembre 1693, j'ay payé aux dames religieuses
de Nostre-Dame la somme de trois mille livres à la pro-
fession de ma sœur, Catherine Téxandier (2), suivant la
quittance passée le dit jour par Vilard, notaire royal
apostolique.
Le 15 avril 1693, j'ay donné en payement à ma mère
la maison que feu mon père m'avoit donnée par préciput
par son testament, et ce pour sa constitution dotale et
autres droits énoncés dans le contrat passé le susdit jour
par Chavepeyre, notaire.
La susdite maison a été donnée à mon frère, Pierre
Téxandier, par ma mère lors qu'il s'est marié avec
dam*"* Françoise Martin, comme il parait par contrat
du 7 mai 1695, passé par Chavepeyre.
(1) Auprès des Étangs d'Aigoulème.
(2) Yoy. plus haut, à la date de novembre 1691.
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— 293 —
Le 22 avril 1693, ma mère m'a fait cession (1) et do-
nation de la part et portion qu'elle avait dans le fond
de commerce en qualité de cohéritière, et ce suivant les
clauses et conditions énoncées dans le contrat passé le
susdit jour par Ghavepeyre, notaire.
Le 26" septembre 1694, nous avons passé contrat avec
les religieuses de Ste- Ursule (2), où Thérèse Texandier,
ma sœur, a pris l'habit le 29 du susdit mois et an,
moyennant 4,000 1., dont j'en ay payé contant de mes
deniers particuliers, le dit jour 500 1., et les 3,500 1.
sont payable à la profession, comme il parait par le
contrat passé devant Nicolas, notaire royal.
- Le 23® avril 1696, il a été payé à M' Dufour, médecin,
deux mille livres que nous lui devions. La quittance
passée par Ghavepeire.
Le 8* octobre 1695, j'ay payé aux dames religieuses de
Ste-Ursule de cette ville, la somme de 3,500 1., à la pro-
fession de ma sœur Thérèse Texandier, suivant la quit-
tance passée le jour et an que dessus par Nicolas, notaire
royal de cette ville.
Le 25® may 1696, ma mère et moy avons payé au
S' Pierre Texandier cadet, devenu majeur, la somme de
huit mille livres, savoir : 6,000 1. pour son légat que
luy devions, en qualité d'héritier de mon père, et 2,000 1.
que ma mère lui a données le dit jour par dessus son
légat, gratuitement, comme il paroit par la quittance
passée par Ghavepeyre. Nota que j'ay fourny l'argent
pour ma mère.
Le 15® octobre 1696, mon frère Antoine a fait sa pro-
fession de religieux dans l'ordre de Grandmont (3), où
j'ay assisté, et la veille, le 14, il a fait son dernier tes-
(1) En note : Le dit jour j'ai retiré ledit contrat de cession en
original et donné en garde au notaire.
(2) Les Ursulines s'étaient établies, en 1620, à Limoges.
(3) Les ruines de l'abbaye chef d'ordre se voient au lieu de ce
nom, commune de Saint-Sylvestre, canton de Laurière (Haute-
Vienne).
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— 294 —
tament et m'a fait héritier. L'acte est passé par Muret,
notaire de la paroisse. Il en a coûté 1,300 1. d'argent
déboursé aux moines, pour présent, ou de pension.
Le 12 janvier 1697, dame Valérie Du bois, ma très
chère et honorée mère, mourut et fut universellement
regrettée de toute la ville. Elle avoit fait son dernier
testament le 20** avril 1693, qui fut ouvert le 4 avril
1697 et passé par Ghavepeyre, notaire, par lequel je
suis héritier universel.
Le 25* mars 1697, j'obtins un arrest définitif au par-
lement de Bordeaux, touchant le procès que nous avions
contre le chevalier Dupuymolinié (1) et Lagarde Sajat,
tous deux beaufrères. Le procès durât, par leurs chi-
canes, trois années; mais nous en sortîmes glorieusement
et gagnasmes aveq dépens. C3ette affaire nous a cousté
dix .mille livres.
Le 18® may 1697, j'ai payé au S"" Pierre Téxandier
cadet la somme de deux mille livres, pour le légat que
ma mère lui avoit fait par son testament, le tout passé
par Ghavepeyre.
Le 18' may 1697, j'ai payé au sieur Hierosme Téxan-
dier, mon frère, la somme de dix mille livres, étant
majeur; savoir : 6,000 1. que je lui devois pour son
légat que mon père lui avoit fait, 2,000 1. que ma mère
lui avoit données par son testament, et 2,000 1. que je
lui ai données gratuitement, pardessus les susdits légats,
le tout passé par Ghavepeyre, notaire.
Le 6® juin 1697, j'ay dissolu et finy la société de
commerce avec Pierre Téxandier ayné, mon frère, qui
avoit commencé avec ma défunte mère et lui, et con-
tinué encore avec S' Pierre Téxandier jeune, autre frère.
Et finalement le susdit jour et an, nous nous sommes
séparés de concert, comme il parait par le contrat passé
entre les parties par Ghavepeyre, notaire royal, le 6
juin 1697.
(1) De Douhet du Puymolinieri
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— 295 —
Le 10* mars 1698, après avoir fait saisir réellement
les biens du sieur Lagarde, il m'a payé la somme de
3,355 1. de dépens qui le concernoient, sans préjudice
de ceux que le chevalier Dupuymolinié doibt pour sa
part, comme il parait par la quittance passée par Cha-
vepeyre le susdit jour.
Le 18' novembre 1697, j'ay vendu ce qui me restait
dans le fonds et cabal que j'avois retiré lors de la dis-
solution de société d*aveq mon frère, Pierre Texandier,
déduction faite des portions appartenantes à mes deux
plus jeunes frères, Pierre et Hierosme Texandier, pro-
venant des légats que je leur avois cy-devant payés, et
pour tout ce qui me restoit et appartenoit dans ledit
fonds, je le leur ay vendu, sans aucune réserve, pour
la somme de 39,000 L, qu'ils se sont obligés à me payer
dans 12 ans prochains, scavoir : 3,000 1. chaque année
jusques à l'entier remboursement, m'en payer l'intérest
chaque année à raison de 4 pour cent, comme il parait
par le contrat passé par Chavepeyre, où lesdittes con-
ventions et autres clauses sont énoncées.
Payé en janvier 1698 ou à la fin de décembre 1697,
aux S" Fautte, père et fils, huissiers au bureau (1), la
somme de 2,100 1. que je leurs devois par obligation.
Plus j'ay payé dans le susdit temps au sieur Paignon,
procureur du roy au bureau, la somme de 1,500 1. en
qualité de cessionnaire du S' Benoist, capitaine. Les dites
quittances sont passées au susdit temps par Chavepeyre,
notaire royal. Plus j'ay payé le 17« mars 1698, à Mon''
Michelon, eslu, la somme de 6,300 1. que je lui devois
par obligation. La quittance est passée par Chavepeyre,
notaire royal. Plus j'ay payé au S'' Constant de Ver-
tamont (?) la somme de 6,000 1. et interest jusques au
jour, le 14 avril 1698, quittance passée par Chavepeyre.
Plus payé 2,000 1. en plus restées dues de ma mère.
Doivent M" Pierre et Hierosme Texandier, au S' Texan-
(1) Le bureau des finances de la Généralité, probablement.
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— 296 —
dier de Lasmonerie (1), par contrat du 18* novembre 1697,
la somme de 39,000 1. pour Tinterest jusques au premier
de janvier 1699, montant 1,560 1. Le 30* septembre 1698,
j'ay fait compte des intérest qui restaient deubs pour
la ditte année, et j'en ai esté payé au moyen des sommes
que j'avois touchées en diverses fois et de toutes les
fournitures, le tout compensé, conune il paroit par la
quittance que je leur ay donnée, sous seing privé, le
susdit jour.
M" Pierre et Hierosme Téxandier frères ne me doivent
qu'en capital 25,000 1., sur quoy il faut déduire le paye-
ment de 3,000 1.: reste 22,000 1.
Reçu sur le capital des deniers propres et particuliers
du sieur Hierosme la somme de 1,000 1., le 18 janvier
1703; reste 21,000 1.
Avoir 7,000 1. que j'ai reçeu sur le capital par les
mains et des deniers particuliers du sieur Pierre Téxan-
dier, comme il appert par la quittance passée par Cha-
vepeyre, le 15** avril 1698.
Plus reçu sur le capital, par les mains et des deniers
particuliers du S' Hierosme Téxandier, comme il appert
par la quittance passée par Chavepeyre, notaire, le 15«
novembre 1698. 7,000 1.
Plus, reçu sur le capital des S" Pierre et Hierosme
Téxandier, chacun pour leur moitié, la somme de 3,000 1.,
conmie il paroist par la quittance du mois de janvier
1702 passée par Chavepeyre, avec les intérest jusqu'au
premier janvier 1702.
Le 29* avril 1698, j'ai payé à ma tante Roulhac un
billet de ma mère, de la somme de huit cents livres,
que j'ay retiré et brûlé le susdit jour, et eu compen-
sation d'un billet de 1,040 1. que ma grand mère de la
Jourdanie me devoist, que je lui ay remis entièrement
pour sortir d'affaire avec la tante Rouillât.
Le 16« novembre 1698, j'ay payé à M"" Benoist, mar-
(l) 11 s'agit du rédacteur de ce Livre de raison.
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— 297 —
çhand de cette ville, la somme de quatre mille livres
pour deux contrats de rente constituées, savoir : une de
2,500 1. de capital consenti par ma mère en faveur de
M' de Lachassagne, qui fist sa déclaration sous seing
privé qu'il prestoit seulement le nom audit Benoist, et
l'autre de 1,500 1., que j'avois consenti en faveur du
sieur Benoist; montant les deux sommes, en capital, à
4,000 1., qui ont été payées fe susdit jour avec les arré-
rages et les rentes éteintes et amorties.
Le 20* novembre 1698, j'ay passé contrat aveq les reli-
gieuses de Nostre-Dame, où Glaire Téxandier (1), après
y avoir resté pensionnaire longtemps, a pris l'habit de
religieuse, le 23 du susdit mois et an, moyennant la
somme de 3,300 1., dont j'en ay payé comptant celle
de 300 1., et tous les habits et meublés nécessaires à
mes despens, et les 3,000 1. restantes sont payables à
la profession, comme il paroit par le contrat passé par
Chavepeyre.
Quelques jours après, la ditte Claire, ma sœur, a fait
son testament tout en ma faveur, lequel est déposé chez
Chavepeyre.
L'an 1698, j'ay fait rebastir le moulin de Lasmonerie,
que le débordement des eaux (2) avoit emporté. Il m'en
cousta deux mille livres.
En janvier 1700, j'ay aquité un billet à M"" Vaissière,
mon beaufrère, pour argent qu'il avoit preste à ma mère,
ou en marchandises, de la somme de 1,357 1.
Plus, payé un autre billet de ma mère au sieur Bâchés,
mon commis, de 700 1.
Plus, j'ay payé à mes deux servantes, 'Léonarde {sic)^
sur leurs loyer, Ja somme de 427 1.
(1) La naissance de Claire Texendier n'est pas mentionnée dans
les pages qui précèdent. 11 en faut peut-être conclure qu'elle est
née dans l'intervalle qui sépare le registre do Jean Texendier de
celui de Jean-Baptiste Texendier, c'est-à-dire entre 1G80 et 1684.
(2) Les eaux de la Vienne. Ce débordement de 1698 est d'ailleurs
connu d'autre part.
T. IX ' a-ô
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— 298 —
I^e 28 février 1700, j'ay donné quittance au chevalier
Dupuymolinier de tous les dépens qui le concernoient
pour la somme de 300 1., qu'il m'a payé, m'ayant de-
mandé grâce pour le restant. L'acte est passé par Mar-
piessas, notaire. Par ledit acte, ledit chevalier quictte le
S'' La Jourdanie, mes deux frères, des informations qu'il
avoit faitt contre eux. Ainsi voilà la fin de cette grande
affaire. •
Dieu soit loué !
Depuis l'aquisition de Lasmonerie jusqu'à ce jour, 23®
mars 1700, j'ay acquis plusieurs héritages aux environs
de mes domaines, auxquels je les ay joints : entre autre
les droits de perpétuité que les métayers avaient au
Vignaud et au Puyfaucon. Le tout montant environ à
3,600 1., dont 18s contrats portent quittance et sont tous
dans un paquet, dans le grand sac desdits contrats passés
les uns par Chavepeyre, notaire de Limoges, les autres
passés par Combe, notaire d'Aixe et de Lasmonery.
Le 12 juin 1700, j'ay aquis de Sa Majesté les droits
deschanges, droits honorifiques et de prééminence de la
paroisse de Tarn, ville et faubourg d'Aixe, par contrat
passé par Chavepeyre, notaire royal de Limoges, jour,
mois et an susdits, moyennant quatre cent soixante sept
livres dix sols, y compris les deux sols pour livre.
Le 29 novembre 1700, j'ay payé aux religieuses de
Nostre Dame la somme de trois mille livres et les
meubles et habits, à la profession de ma sœur Claire
Téxandier, et je luy ay fait une pension de 20 1. pen-
dant sa vie, payable tous les six mois par avance, la-
quelle servira 'pour les deux sœurs, le tout suivant la
quittance passée le susdit jour par Chavepeire, notaire.
Le (1) février 1701, j'ay payé au S*" Garnicr, greffier
des traittes, cessionaire du S"" Benoist, advocat. la somme
de mille livres; savoir : 400 1. pour les intérests eschus
de la rente constituée de 2,000 1. de capital que je luy
■ II. ■ ■ I . ■ I I ■
(1) Un blanc.
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— 299 —
doibs, sur lequel il a esté payé 600 1., portant reste
1,400 1. Quittance par Chavepeire.
Le 18 novembre 1702, j'ay achevé de payer le S' Gar-
nier, et amorty entièrement la rente, par quittance passée
par Ghavepeyre. •
Le 18 février 1701, j'ay obtenu la confirmation de nos
armoiries qui portent : d'azur^ à une tour d'argent accont'
pagnie en chef d'une fleur de lis d'or et de trois étoiles de
même, posées deux aux flancs et une en pointe, par ordon-
nance de M" les commissaires généraux du Conseil, ren-
due sur le procès-verbal de mes titres de droit et pos-
session, et sur les conclusions du procureur, Tadvis du
garde de VArmorial général de France, dont il m'a été
délivré un brevet et copie de l'ordonnance signée du
greffier; les quelles pièces j'ay mis et joint aux titres
justificatifs de la noblesse acquise par mes auteurs en
1558 par l'échevinage d'Angoulême.
(Extraits par M. l'abbé Lecler sur k ms. original, en la
possession de Jf. le comte de Villelume.)
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— 300 —
XVI
LIVRE DE RAISON DE JOSEPH PÉC0NNE1\
(1679-1716)
*
In nomine Dei nostri magnificabwitur.
(Psalmo XIX.)
IHS . M . Joseph.
C'est le livre journal de moy, Joseph Peconnet, fils a
feu Jean Peconnet, sieur du Chastenet, vivant bourgeois
de cette ville, contenant vérité de tous affaires plus no-
tables que j'ay faict ou que j'espère faire durant le temps
qu'il plaira a Dieu. — Commencé puis le 30 aoust 1679,
que mondit père est decedé.
Premièrement, ainsin est mon extraict baptistaire dans
le livre journal de feu mon père (1) :
a Joseph Peconnet, mon fils, est né le jeudy, 14® de sep-
tembre, jour et feste de rE.xaltation Sainte-Croix 1656, a
(1) Nous ne pourrions que répéter ici ce que nous avons dit de
ce Livre de raison dans la notice figurant à notre introduction.
Nous y renvoyons donc le lecteur. Une récente communication qui
nous a été faite par M. Adolphe Péconnel du Chatenet, nous per-
met d'y ajouter un détail : Joseph Peconnet tenait son registre en
double, et la famille a retrouvé, il y a peu de semaines, le second
exemplaire du manuscrit dont nous publions ici des extraits. Le
titre de ce dernier et celui de notre manuscrit sont identiques;
on relève néanmoins, entre les deux exemplaires, de nombreuses
diflférences. Le double en question, relié avec soin, forme un gros
volume d'environ 400 pages; mais beaucoup sont restées blanches,
et ce double est moins complet que l'exemplaire sur lequel ont
été relevés les extraits ci-dessus; il renferme toutefois la conti-
nuation du papier'baptistaire des Peconnet jusqu'en 177G.
L. G.
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— 301 —
Theure de 8 heures et demye du soir. Et a esté baptizé
en Teglize de notre parroisse de St-Piere-du-Queyroir,
a Limoges, par messire Pierre Croy^ier, vicaire, le sa-
medy, 16 dudit moys et an. Et a esté son parrain véné-
rable messire Joseph Michel, prebstre, curé de St-Priet
après Aixe(l), mon beau frère, et marine (2) Peconnet,
veufve de feu M* Jean (3) , ma sœur. Signé J. P. »
Mon extraict baptistaire, qui a esté tiré du registre
de Monsieur Croyzier, vicaire de St-Piere-du-Queyroir,
est ainsy (suit Tacte de baptême identique à la mention
ci-dessus).
— J'ay estudié et faict mes classes par la bonne con-
duitte de mon père jusques en rhétorique, Tannée 1673,
chez les Reverendz pères Jesuittes, que (4) j'ay, escripte
de ma main et reliée en bazane. ^
En 1674, j'ay faict mon cours de philosophie souz le
Révérend Père Roger, Jesuitte, que j'ay aussy escripte en
son entier de ma main, et reliée.
En 1676, j'ay répété ma philosophie auprès de Mon-
sieur Cybot, prebtre, vicaire de St-Piere, pendant 6 mois,
pour avoir esté malade l'année précédente, que j'en flnis-
sois mon cours.
En 1678, et le xi novembre 1677, preciz jour de St-
Martin, je partis d'icy par ordre de mon père pour Poic-
tiers, pour estudier en droict, ou j'ay fréquenté l'Uni-
versité toutte la susdite année 1678 jusques a ce que,
au 22 juin de la mesme année 1678, je prins mes licences
en l'Université de Poictiers, signées de M" les docteurs
d'icelle, après avoir soutenu publiquement des thèses sur
le tiltre de Servitutibus, 3 lib. Il, Institutorum apud Justin
nianum. Lesdites lettres de licences signées : J. Filleau,
(1) St-Priest-sous-Aixe, aujourd'hui chef-lieu d'une commune du
canton d'Aixe, arrondissement de Limoges (Haute-Vienne).
(2) Nom effacé.
(3) Idem.
(4) Ce que se rapporte évidemment à rhétorique.
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— 302 —
decanus, Le Roy, Umeau et Joussaut, secretarius colUgii
prxdicti Dominorum Doctorum, et les thèses vizées par
Monsieur Devazes, lieutenant-général à Poictiers, le sus-
dit jour que dessus, avecq un extraict de mes trois imma-
tricules en ladite Université et certifflcat des 2 docteurs
que j'avois écouté pendant Tannée.
Et le 9* jeuillet audit an 1678, j'ay esté receu et en-
registré au nombre des advocatz au siège presidial et se-
neschal de Limoges. En conséquence de mes susdittes
lettres de licences ez lois, [sur] l'attestation de M^ Dubois
et de M* Jacques Cybot, advocatz; M" Léonard Constant,
mon oncle, plaidant; Monsieur Debort, advocat du Roy,
ouy, et Monsieur Periere du Vignaud, président.
Depuis, et le 2* octobre suyvant, je partys d'icy pour
Paris avecq Monsieur du Garreau, sous le bon gré de
mSu père qui m'avoit deStiné chez un procureur au Chas-
telet en pention pour apprendre le style du palays et
la pratique; mais je ne peus m'y engager ny rester,
accause d'une maladie qui m'y retient trois mois entiers,
et fus obligé de m'en revenir par la voye du carosse de
Poictiers, le 18 décembre de la mesme année 1678. — Tout
ceci dessus, suivant le livre journal de feu mon père.
Le mardy, 29* aoust 1679, je partys d'icy pour aller
secourir mon père, que la longueur d'une maladie fieb-
vreuse invétérée de plusieurs mois devant, et la grand
fatique d'un voyage précipité a son retour de Paris, avoit
accablé a Poictiers, ou estant arrivé le lendemain, me-
credy, 30, a deux heures après midy, je le trouvay aux
abois; et en effect, il deceda une heure après, et fust
enterré le lendemain, dernier aoust 1679, en l'eglize de
St-Porchaire (1), audict Poictiers, après avoir receu tous
les sacrements, comme appert du certifflcat que je retiray
de M. Perraud, curé de ladite parroisse de St-Porchaire.
Il fut enterré au grand portail de ladite eglize, trois pas
au dedans d'icelle.
(1) L'église Saint-Porchaire existe encore.
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— 303 —
Le mecredy suivant, 6« septembre, estant de retour icy,
nous fimes un service pour le repos de Tame de mondit
feu père, en nostre parroisse de St-Pierre-du-Queyroir,
avec assemblée de nos plus proches.
Le 11* dudit mois de septembre 1679, ma mère ayant
représenté le testemment de mondit feu père qu'il luy
avoit confié, escript et signé de sa main a son départ
pour Paris, au mois de décembre de Tannée dernière 1678,
il fut veriffié et contre-signe ne varietur par Monsieur
Moulynier de Puymaud (1), juge royal de cejtte ville, et
en fut faict attestation a mon requis, en qualité d'héri-
tier institué audit testemment, par M" M* Jean Vidaud,
sieur du Garreau, conseiller du Roy, receveur des tailles
en la présente Eslection, M* Jacques Dauvergne, advocat
en la Cour, Antoine Goudin père, bourgeois, et ledit Mou-
lynier, praticien
— Le jour de dimanche, 1" octobre audit an 1679,
j'ay eu Thonneur d'estre receu en la grand confrérie de
St-Martial (2) de cette ville : le Révérend Père Junien,
recollet, directeur, M" Guybert et Marchandon, mar-
chands, balles, et M" Lajoumard, etc., conseillers de
ladite frerie.
Le mesme jour, j'ay payé 10 1. légués par feu S' Jean
Peconnet, mon père, a ladite frerie, pour être employés
a des reparacions de la chappelle de saint Benoit (3) de
Teglize dudit saint Martial, ou s'assemblent M" les con-
frères, et en ay prins un receu du jour et an que dessus,
signé GuYBBRT, daile de la grand confrérie de St-Martial
(1) Il y a dans la Haute-Vienne plusieurs localités de ce nom ;
il s'agit ici soit de Puymaud, près de Nieul, soit de Puymaud,
commune de Fromental.
(2) La grande confrérie de Saint-Martial, réorganisée en 1357 par
quelques personnes pieuses, subsiste encore. Un de ses bailes a
une des trois clés de la châsse qui renferme les restes du patron
de la ville. Cette association remonte à une époque très reculée.
(3) La chapelle de saint Benoît, séparée de la grande église de
Saint-Martial par l'ancienne chapelle de saint Grépin, était paral-
lèle au chœur de l'église, au Nord.
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— 304 -
— Le dernier du mois d'octobre audit an 1679, il a esté
faict inventaire des effectz de feu S' Jean Peconnet, mon
père, a mon requis, sur commission addressante par Mon-
sieur le juge royal ordinaire de cette ville a M'« Jean
Chavepeyre, notaire royal, dattée du 3* dudit mois d'oc-
tobre, signée Croyzier, juge, prevost royal de Limoges,
et de Marilhac, greffier; et a esté continué ledit inven-
taire les 3*, 4®, 16 et 20 de novembre ensuivant, en pré-
sence de M" M"" Jean Vidaud, seigneur du Carrier (1),
lieutenant particulier en la seneschaussée de Limosin,
Jacques de Petiot, seigneur de la Mothe de Gain (2), con-
seiller du roy en ses conseils, et S"" Joseph Michel, clerc
tonsuré, fllz a feu S"^ Jacques Michel, parents, le tout
suivant et au désir du testemment de mondit père; duquel
inventaire j'ay coppie signée Chavepeyre, notaire royal.
— Le 9 avril 1680, j'ay payé a mon frère Jean la
somme de quatrevingt livres pour un an de sa pension,
commençant ledit jour et finissant a semblable de Tan
prochain, suivant le récépissé qu'il m'en a fait de sa
main Et le lendemain, x« dudit mois d'avril, ledit
Jean Peconnet, mon frère, est sorti de notre maison et
est party, de son bon gré et de l'advis de tous nos
parentz, pour aller au service du roy, sur mert, et s'em-
barquer dans le vaisseau de Monsieur de Tourville (3),
ou Monsieur de Chasteaumorant estoit enseigne, auquel
il a été recommandé de nos proches. Et je luy ay donné
un cheval de louage pour le conduire, avec les nommés
Clément Larcher et le S' Lafaye, m" cartier (4) de cette
(1) Près et commune de Limoges.
(2) La Motte de Gain, commune d'Isle, berceau de la famille de
Gain, relevait de Tévôque de Limoges.
(3) En 1680, Tourville n'était encore que capitaine de vaisseau.
Ce ne fut qu'en 1682 qu'il fut fait lieutenant-général; cette même
année eut lieu le premier bombardement d'Alger, qui mit ses
talents en pleine lumière.
(4) Aux xv« et xvr siècles, il y a un assez grand nombre de
cartiers à Limoges.
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— 305 —
ville, tous a cheval. Et donné pour les fraix du voyage
quarante livres; et Tay equippé d'espée, habit et linge,
tel qu'il a voulu.
Le 19 dudit mois d'avril, sont revenus les dits Clément
et Lafaye, qui ont dit avoir laissé mondit frère a La
Rochelle, logé aux Trois Roys, chez M' Barbaud, puis-
qu'il n'a trouvé de place dans le vaisseau de M' de
Tourville; lequel leur a dit qu'il s'embarqueroit au pre-
mier rencontre, et ont les dits sieurs ramené les trois
chevaux. Pour le louage desquelz chevaux, j'ay payé a
ceux qu'il appartenoit, pour neuf jours de voyage, a
raison de douze sols pour chaque journée : payé seize
livres 4 sols; et aux dits Clément et Lafaye, pour peine
et voyage, a chacun 9 1 Le 23 auvril ay prié
Monsieur Juge, curé de St-Piere (1), d'escrire a Jean et
l'exhorter a mieux vivre et se comporter au loin qu'il
n'avoit fait auprès de ses proches; aussy bien, lui ay
adressé encores des lettres pour le révérend père gardien
des RecoUetz, et payé icy le port d'avance, 8 sols.
Depuis, et le seize may audit an, est revenu ledit Jean,
après avoir mangé sadite pension, son linge et bardes,
mesme son habit, dans l'espace de cinq sepmaines seu-
lement, et avoir fait divers emprunps Son cousin de
Traschoussade (2) l'a fait décréter de prise de corps
pour obvier aux grands dangers que se precipitoit ledit
Jean, mon frère, après le peu d'effect, ou plustot l'inu-
tilité des moyens prudenz et paternels que mon defifunt
père avoit pratiqué de longues années, et ceux que nous
avons tasché de continuer a sa correction, dans le temps
que tous nos proches ont différé a faire ou signer, avec
moy et ma mère, une délibération desja prise entre eux (3)
(t) St-Pierre-du-Queyroix. C'était la paroisse de Péconnet, comme
nous l'avons vu plus haut.
(2) Trachaussade, localité de la commune de Peyrilhac, canton
de Nieul.
(3) L'envoi à La Rochelle sous bonne escorte» et l'embarquement
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— 306 —
pour le retirer des funestes rencontres ou son aveugle-
ment et mauvaises mœurs le jettoient
— Le 20 juillet 1681, la dame Denoyer m'a payé 12 1.
10 s. que feu mon père luy avoit preste sur deux bagues
que j'avois en dépôt, les quelles je luy ay rendues.
— Le 14 octobre 1681, j*ay preste a mon cousin De-
cordes, de Parpayat, un fuzil tout neuf de la longueur
de six pieds, monté a Tancienne mode, qu'il me doibt
rendre.
— Le 4® octobre XVP quatrevingt un, j'ay affermé,
pour l'espace de trois ans, au S"" Roger, frère du no-
taire, et a damoiselle Roger, sa tante, fille devotte, les
deux chambres basses de ma maison que j'habite, pré-
sente rue Porte-Poulalière (1), ensemble une partie de
cave, ua plassage a mettre du bois, un galatas pour
faire essuyer (sic) du linge, le tout moyenant la somme
de 45 livres par an, dont m'en a payé ledit S' Roger
comptant, pour les six premiers mois d'avance : 22 1. 10 s.
Le 4* octobre susdit an, j'ay affermé a Antoine, cui-
sinier, de cette ville, la boutique de ma maison de Ley-
magene, jusques au (2) faict expressément, pour six
mois seulement, moyenant le pris et somme de 12 livres,
qu'il m'a payé comptant.
— Le 10* décembre 1681, ma mère m'a remis en mains
la somme de cinq mil neuf centz livres en louys d'or,
qu'elle m'avoit retenu jusqu'à présent, et depuis la mort
de feu mon père; laquelle somme dependoit de l'héré-
dité de feu mon père, et qu'elle ne m'avoit rendu lors
de l'inventaire , et laquelle somme elle n'avoit voulu
qui devait suivre, mais auquel Jean avait su échapper, étaient sans
doute le résultat de cette délibération de famille.
(1) La note marginale porte : Afferme d'une partie de la mai-
son de Leymageue, ce qui confirme notre opinion que la rue de
rEymageue (de la statue) était celle qui allait de la rue Fourie à
la rue du Consulat.
(2) Un mot illisible.
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— 307 —
remettre qu'après diverses procédures que j'ay esté obligé
de faire, a mon grand regret et a grand fraix contre
elle, après l'avoir descouverte au moyen d'un inventaire
ou bordereau de la main de mon père, trouvé parmy
d'autres papiers de sa valize, et après plusieurs demandes
honnestes et sollicitations de parents commungs.
— Le 22« aoust 1682, ma sœur Valérie est decedée a
cinq heures de soir, après unze jours de flebvre con-
tinue et violante (?), subsequemment venue après la
picotte (1), et ce dans la maison de feu M' Michel, sieur
de Gellaguet, mon oncle, chez qui ma mère etoit pendant
le procez qui etoit entre nous. Et le mesme jour, sur le
soir, j'ay faict apporter le corps en notre maison, ou il
a été gardé la nuict, et le lendemain, l'ay faicte enterrer
dans nostre tumbeau, au devant la grand porte de l'eglize
de St-Piere, notre parroisse. M' Cybot, viccaire, a faict le
service pour l'enterrement.
Et pour faire sortir le corps de la paroisse de St-
Michel, ou elle etoit morte, j'ay été demender le con-
sentement de M' le curé, qui me l'a donné en luy
payant les droictz, qu'il a réglés a sa discrétion a 8 livres,
que j'ay payé suivant le receu qui m'en a esté donné,
datte du 23 susdit août, signé Farne, prebstre, fesant
pour Monsieur le curé. Sera employé pour reppeter ou
déduire a chacun sa part sur la succession escheue a
partager entre mes autres frères et sœurs et moy, icelle
Valérie étant decedee impubère, âgée de 8 ans et 9 mois
ou environ.
J'ay payé, pour la caisse (2) de ladite flUe, trente solz;
pour la faire porter de chez le S' Michel icy, 10 s.; payé
(1) On appelait de ce nom plusieurs maladies, notamment la va-
riole. On sait qu'entre 1550 et 1750, la variole fit d'assez fréquentes
apparitions dans la province, et qu'elle y fut souvent meurtrière.
Un des Livres de raison dont nous avons donné ci-dessus des
extraits, celui des Maurat, mentionne ses ravages au Dorât.
(2) Le cercueil.
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— 308 —
a deux femme» qui Tavoient veillée (1) pendant deux nuicts
et habillée après la mort, 1 1. 8 s.; payé a M' Cybot, vic-
caire de St-Piere, pour faire la distribution [et?] a Teglize
pour l'enterrement, quinze livres 8 sols, suivant le receu
qu'il m'en a donné, datte du 26 aoust susdit an. — Payé
au S' Recules, appotiquaire, pour médicaments, cent sols;
pour les autres fraix de maladie, 8 1
— Le 20 janvier 1683, j'ay remis mon frère Martial
en pension chez Monsieur Chazaud, prebstre, au pont
St-Martial, qui en etoit sorty puis le 18 octobre de
Tannée dernière, pendant les vendanges et vaccations.
Ainsy je debvray a mondit sieur Chazaud, puis le susdit
jour, 20 janvier , a raison de 100 1. par an
Le 18 aoust susdit an 1683, j'ày retiré mon frère Mar-
tial de chez M"" Chazaud et ay payé pour un mois, puis,
le 20 juillet dernier jusqu'à présent, huit livres, et en
ay prins receu.
Le lundy, 23 aoust 1683, j'ay colloque mon frère Mar-
tial chez le fils du S' La Jousseliniere, pour aller rep-
petter des leçons et corriger des thèmes deux fois le
jour, a 30 sols par mois.
— Le 28 aoust 1683, j'ay payé a mon frère Antoine
quatrevingt livres d'un costé et 20 1. d'autre, pour sa
pension réglée suivant le testemment, et pour l'intérêt (?)
de 400 livres a luy obvenues de sa part de la succes-
sion de feue Valérie Peconnet, notre sœur...., et ce pour
l'année prochaine qui a commencé pour le tout, puis le
4* juillet pour sa pension, et 22 aoust présent, jusques
a mesmes jours et mois de l'année prochaine 1684, quoy-
qu'il fut payé davance de ses pensions
— Le 28 aoust 1683, j'ay preste a ma cousine Petiot,
veufve a feu S' de Rouilhac, S' de Tour (2), la somme
(1) Cette tradition de la veillée des morts est bien ancienne. On
la trouve notée dans l'Ane d'or, où Apulée nous raconte Teffroyable
aventure arrivée à un de ses héros à cette occasion.
(2) Cette localité ne nous est pas connue» à moins qu'il ne
s'agisse du Puy-du-Tour, commune dlsle, canton Nord de Limoges.
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— 309 —
de sept centz livres pour deux mois. Pour asseurance de
laquelle somme elle m'a mis en main deux chandeliers
a branches, Tun a 3, l'autre a deux, deux autres flam-
beaux et un cocquemare : le tout d'argent, pesant en
tout 22 marcs d'argent, qui ne vaut que 25 1. le marc
Le 2 aoust 1684, M. de St-Leger et Mad«"« de Chabanes,
sa sœur, m'ayant sollicité de leur prêter pour deux joui*s
seulement une partie de la vaisselle cy dessus, qu'ils ont
dit leur appartenir entièrement, quoyq'elle fut été depo-
sitée entre mes mains par défunte damoiselle Roulhac,
leur cousine, estant sous leurs armes (1), je leur ay remis,
sous la promesse qu'ilz me le rendroient ou me acheve-
roient de payer, deux chandeliers, l'un a 3 branches,
l'autre a 2. Depuis, M' le président, leur père, m'en a
faict son billet
— Le 28 novembre 1683, j'ay payé a Jean Peconnet,
mon frère, la somme de quatre centz quarante livres sur
le capital de son légat (2) ou légitime, ou sur sa part
a la succsssion de deffunte Valérie, ma sœur.
— Le 5* febvrier 1684, mon frère Jean elant revenu
en cette ville...., a passé dans une recreu3 a la compa-
gnie de M' de Villard, du Perigoro, capitaine au régi-
ment de Normandie, ou il a dit qu'il etoit enroUé, et
BOUS la conduite du S' Thybaud Deyriaud, lieutenant.
Le 12 may 1684, j'ay passé contract avec mon frère
Jean, par lequel je me suis obligé de luy faire délivrer
a La Rochelle, au premier embarquement qui se trou-
vera pour les isles de Cayenne, ou il dit estre estably,
des marchandises pour le commerce desdites isles pour
la somme de six centz livres, et lesquelles seront achet-
tées par un homme envoyé exprès en ladite ville, que
j'euvoiray a ses despens Et au cas qu'il n'y eut d'em-
barquement pour les isles si promptement, je me suis
(1) Nous avons déjà dit que beaucoup de bourgeois de Limoges
avaient de la vaisselle à leurs initiales ou à leurs armes.
(2) Legs, de legatum.
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— 310 —
aussy obligé de luy fournir et faire délivrer par un
marchand de La Rochelle la somme de quinze sols par
chaque jour, tandis qu'il demeurera en ladite ville, en
attandant ledit embarquement, et dix solz au cas qu'il
revienne en la présent ville, seulement.... — Jean.... party
de cette ville s'est randu seulement en la ville d'Aixe,
ou il a fait diverses débauches, puis a Verneuilh, Se-
reilhac et autres endroits circonvoisins, après quôy se
seroit rendu en la ville de Bourdeaux, et escripvit une
lettre (du !•' juillet 1684) a M' Mailhot, trésorier, et a
M' Garnier, auxquelles M' Mailhot ne voulut repondre
pour diverses considérations; mais je luy fis faire ré-
ponse par ma sœur Garnier, après laquelle il se rendit
a La Rochelle, d'où il escrivit aussy a M' Dulaurier en
datte du 16 juillet de la mesme année, et avoit enve-
loppé en cette lettre un billet de sa main, de la somme
de 40 livres, qu'il demande luy être envoyé pour payer
sa dépense chez son hopte de La Rochelle, le sieur Coyac ;
a quoy j'ay satisfait par le plus prochain couder, en
payant à M' Henry Lafosse, marchand de cette ville,
lesdites 40 1., qui m'en a délivré lettre d'eschange, tirée
sur M' Abraham Dioret, marchand sur la rive (1), a La
Rochelle, que j'ay le plus promptement possible envoyé
et addressé a son dit hopte ; mais au lieu par luy d'aU
tendre réponse de sa lettre, il est party le mesme jour
qu'il a eu escript, et revenu dans cette ville, n'ayant
aucunement envie ny de s'embarquer, ny de trafiquer,
que seulement continuer sa mauvaise vie.
Sur quoy encores avons passé autre contract, en datte
du 3 septembre dudit an, par lequel avons arrêté conte
Je luy ay payé [24 livres restant dues sur sa pension,
toute compensation faite] pour la depence de son retour
a La Rochelle; et au surplus me suis aussy obligé de
luy faire payer et entretenir lesdits quinze solz par jour,
pendant deux mois et demy seulement.
(l) On dirait aujourd'hui : Sur le quai, ou sur le port.
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- 311 -
Le 12 septembre audit an, j'ay prié M' Henry La-
fosse (1), marchand de cette ville, de me donner une
lettre pour M' Dioret, marchand de La Rochelle, tant pour
le prier de nous mander quant il y aurait occasion d'em-
barquement pour risle de Cayenne sur le port, que pour
vouloir prendre la peine de payer audit Jean Peconnet
lesdits 15 sols par chaque jour, de huict en huict jours,
par avance : ce que ledit S' Lafosse a fait pour me
faire plaisir.
Le 14 novembre 1684, j'ay donné procuration a S' Mar-
tial Cybot, bourgeois et marchand de cette ville, pour
Texecution des contractz faictz entre moy et mon frère
Jean, touchant son embarquement et commerce en Tisle
de Cayenne, et pour cela Tay prié de faire tous actes
nécessaires en mon nom, en cas de refifuz ou eloignement
de Texecution desdits contractz Luy ay donné a son
départ la somme de cent livres en espèces, louys d'or
et argent; et, outre ce, luy ay mis en main une lettre
d*eschange et de crédit pour la somme de sept cenz livres,
tirée par M'' Henry Lafosse sur S' Abraham Dioret, mar-
chand susdit de La Rochelle
Le huit febvrier 1685, M' Cybot étant arrivé et de
retour de La Rochelle, ou il avoit demeuré puis le 17
novembre dernier, qui est en tout, inclusivement, quatre-
vingt quatre journées, nous avons arresté conte de toutes
dépences, fraix de son voyage, achept de marchandizes
et généralement de tout ce qui avoit été fourny a La
Rochelle par M' Dioret sur les lettres d'eschange et de
crédit que M' Lafosse m'avoient accordées. Et le tout s'est
trouvé monter a la somme de 1,221" 1. 12 s. 6 d...., sca-
voir : 660 1. fournie et payée en marchandizes, fret, pas-
sage dudit Jean Peconnet et autres depences...., 120 1.
prinse, par ledit Jean Peconnet, du S' Dioret, pour les
(1) Nous avons récemment publié le Journal de Jean Lafosse,
bourgeois de Limoges, pour Tannée de son consulat (1649). La per-
sonne dont il s'agit ici appartenait certainement à la même famille.
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— 3I"2 —
15 s. par jour réglés pour sa subsistance et entretient....,
21 1. 3 s. 6 d. de fournitures faittes par ledit Cybot, pour
solvit de divers actes et contracts qui ont esté passés pour
lesdites affaires, ports de lettres de delà, consultations et
autres, dont il a donné son conte. Et le surplus, qui est
420 1., aquoy se sont trouvées monter les journées que
ledit S' Cybot avoit mis puis son départ jusqu'à son
retour, suivant ce que nous étions convenus Toutes
lesquelles sommes revenant a celle de 1,221 1. 12 s. 6 d.,
que j'ay achevé de payer Plus encore sera cy conté
pour portz de lettres de deçà, tant dudit S*" Cybot que du
S*" Dioret et autres de delà dont j'ay icy payé le port
d'avance (1), la somme de 9 1., suivant la taxe apposée
dessus
— Le 8® juin 1685, j'ay affermé a ma tante, damoiselle
Paule Michel, les deux chambres de plein pied du troi-
zieme estage de nostre maison, avec un plassage a mettre
son bois, et a loger du vin, celuy qu'elle aura, dans
nostre cave; et m'a donné ce qu'il luy a pieu, et payé
pour six mois d'avance, le mesme jour, 10 livres.
Ledit jour, madite tante ayant fait transporter son
meuble dans lesdites chambres, elle a voulu que j'y aye
le nostre du plus grand volume, disant qu'il ne l'incom-
moderoit pas : ce que j'ay faict, et en ay faict mon
inventaire et luy dis d'en faire autant du sien et a son
particulier, affin qu'il n'y aye de luesprize a l'advenir.
Le 17* septembre 1685, mon frère Antoine est decedé
en la maison de M"" Ardilier, marchand, après une ma-
ladie de fiebvre maligne de 19 jours, et ce a l'heure de
cinq heures du msîtin; et a été enterré le lendemain
matin dans nos tombeaux, devant le grand portail de
Teglize St-Piere, notre parroisse, après avoir été porté
(1) Le système de la réponse payée existait-il dès lors? Ce pas-
sage semblerait l'indiquer. Toutefois, la phrase sur laquelle nous
appelons l'attention peut bien n'avoir trait qu'à l'affranchissement
des lettres.
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— 313 —
en Teglize de St-Michel, parce qu'il est mort dans ladite
parroisse, et ensuite porté en celle de M" les Penitenz
noirs (1), comme étant un des confrères.
Le 18 septembre 1685, j'ay payé au S' Just Masleau,
M" passementier de cette ville, la somme de cent vingt
livres, pour faire et employer à la distribution des fraix
funéraires de feu Antoine Peconnet, mon frère, dans les
deux parroisses de St-Michel, ou il etoit decedé. et de
gt-Piere, notre parroisse, ou il a esté enterré, et ce en
qualité de son héritier testemmentaire
Plus, j'ay payé a damoiselle Catherine Deschamps,
veufve a feu S*" Poncet, ciergier, pour luminaire et tor-
ches pour son enterrement, 32 1. 7 s. — Nota que M. le
curé de St-Piere s'est pleint de ce qu'on s'etoit servy de
torches au lieu de flambeaux.
Plus, payé au S' Beaùlaigue, peintre, pour trois dou-
zaines de panonceaux a nos armes (2), a mettre aux dites
torches, 4 1. 10 s.
Le susdit jour, 17® septembre, jour de son deceds, j'ay
envoyé recommandé (sic] 30 messes pour le salut de son
ame, chez les RR. Frères mineurs de cette ville (3), que
j'ay payées suivant le receu du sacristain du 3* octobre
susdit an, 9 1. (4).
(1) Les Pénitents noirs avaient, dès 1598, date de leur fondation
à Limoges, établi leur tribune dans la vieille église paroissiale
de 8aint-Michel-de-Pistorie, ou de Saint-Michel-d'En-Bas — eccle-
êia archangeli inferior — comme on l'appelait au xii* siècle. Il
était d*usage que le corps des Pénitents fût, au sortir de Téglise
paroissiale, porté dans la chapelle de l'association par les con-
frères, et qu'une absoute y fût donnée.
(2) Les Peconnet portent, dès le commencent du xvir siècle :
D'azur au chevron d'argent, accompagné de trois piliers d'or,
deux en chef et le troisième en pointe,
(3) Probablement les Gordeliers, dont le couvent était sous les
murs de la ville, entre Palvézy et le cimetière de Saint-Paul.
(4) Les honoraires ordinaires d'une messe étaient donc fixés, à
cette époque, soit par l'usage, soit par les règlements en vigueur
dans le diocèse, à six sous.
T. IX. 8-p
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— 314 —
Plus, en ay faict recommander autant chez les R. P.
de St-François (1), que j'ay aussy payées 9 1.
Plus, en ay aussy fait recommander autres 30 chez les
Reverendz Pères Auguslins (2), que j'ay aussy payés sui-
vant le receu du R. P. Barnabe Duffour, sacristain, qui
avoit esté son confesseur pendant sa maladie 9 1.
Plus, j'ay payé a Messieurs les Pœnitenz noirs la
somme de vingt livres, du léguât qu'il leur avoit faict
par son testemment, estant un de leurs confrères, sui-
vant le receu que j'ay, du 6* octobre audit an, signé
MouLYNiBR, receveur des Pœnitenz.
Plus, j'ay payé a M*"* Ardilier, pour la depence de
sa maladie chez elle, pour 17 jours et nouriture de la
femme qui le servoit, a 30 solz par jour, 25 1. 10 s.
Plus, payé a la femme qui le servoit, nommée la
femme du Ranciat, pour peines de dix sept jours ou
veilles de nuict, 8 1.
J'ay payé a Moreil Boudou, notre vigneron, qui l'avoit
aidé souigner et veiller pendant 5 jours, 3 1.
Payé a M' Chevalier, M* appoticaire, pour medicamenz
de sa maladie, la somme de 3 louys d'or, suivant le
receu, quoyq' le conte montât 38 1., mais n'en ay que
payé 33.
Plus, payé a M*" Reculez, médecin, pour visites pen-
dant sa maladie 14 1.
De plus, j'ay acquitté et payé un billet que ledit
Antoine Peconnet avoit faict pendant sa maladie, mon-
tant en tout a la somme de sept vingt livres, qu'il de-
claroit vouloir estre payé après son deceds, sans en avoir
faict aucune mention en son testemment, scavoir : a la
damoiselle Ardilier 120 1., et le surplus du billet au
(1) Il s'agit ici des Recollets du Bâtiment (ancienne Comédie). Lo
paragraphe précédent se rapporte aux Cordclicrs.
(2) Le couvent des Augustins se trouvait entre la rue de ce
nom et la route de Paris. Il avait été fondé au xiir siècle, comme
ceux des Grands-Carmes, des Dominicains et des Cordeliers.
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— 315 —
Père Barnabe. J'ay retiré ce billet des mains du R. P.
Barnabe Duffour, sacristain des P. P. Augustins, qui
avoit esté son confesseur et qui en etoit chargé.
Le 6* octobre 1685, j'ay payé aussy a M'"' Ardilier,
pour habitz de dueilh et autres fournitures que avions
prins chez elle pour moy, mes frère et sœur, lors du
deceds dudit Antoine, notre frère, la somme de cin-
quante six livres 2 sols (1).
— Le 23 de novembre 1687, j'ay payé a M' (2) ,
maistre et précepteur, pour venir corriger céans Martial
Peconnet, mon frère, pour 3 mois precedantz, a raison
de 30 sols par mois : 4 1. 10 s
— Le 29 avi:il 1688, M. Michel, curé de Chervix (3),
m*a payé la somme de 46 livres sur le tant-moins de
celle de 106 1. 4 s. 6 d. qui m'etoient deue, de conte
arresté jusques au présent jour, en capital, interetz et
depenz en ccrnsequence de Tobligation et condamnation
remize a S' François Michel, son frère, des le 19 no-
vembre 1679, sur le calice et bagues déposités, que j'ay
encore retenu, du 'consentement dudit curé, jusques a
fin de payement
— Le 6* novembre 1689, mon frère, Martial Peconnet,
ayant voulu reprendre ses études qu'il avoit quitté de-
puis Tannée dernière, qu'il avoit aussy quitté la classe
3eiB« qi^q^ leg R Pères Jesuittes, après avoir été pendant
quelque temps chez M' Crouchaud, procureur, ou il avoit
demende a entrer, pour s'instruire a la pratique ; ensuitte
chez le S' Mortemard, M" escrivain, pour apprendre a
escrire et chiffrer, et aussy après avoir esté deux mois
(1) Peconnet ne mentionne pas ici son mariage avec Catherine de
Verthamont, célébré dans l'église de TOratoire, le 29 janvier 1687.
Nous possédons presque toutes les factures et mémoires relatifs à
sa noce. Voir notre brochure : Un mariage à Limoges en 1681,
Limoges, veuve Ducourtieux, 1887.
(2) Le nom est resté en blanc.
(3) Chervix, aujourd'hui commune de Château-Ghervix, canton
de Saint-Germain-Ies-Belles, arrondissement de Saint* Yrieix.
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— 316 —
chez M' Nivet, pour reprendre le latin; il a souhaitté
aller au séminaire de Maignac pour continuer a estudier,
et pour cela je luy ay payé vingt cinq livres sur la pen-
sion que je luy dois, et ce pour le premier quartier de
36 1. (ma mère en a fourny 11)
Le 17* mars 1690, j'ay envoyé a mon frère Martial,
pour le second quartier de sa pension, la somme de
36 1. que j'ay délivrés a M' Chadenier, bourgeois de
Maignat, avec une lettre pour luy, pour response a la
sienne du 12« du courant, et une autre lettre que j*ay
aussy escript a M' de Gorseix, directeur du séminaire
de Maignac (1).
Le 13* may 1690, j'ay payé a M' Vexiere, prebstre, et
Tun de MM" les directeurs du séminaire de Maignat, le
3* quartier....; il ne m'en a pas donné de receu parce-
qu'il etoit pressé de partir pour son retour et sur le
point de monter a cheval, a son logis chez Germain, a
l'enseigne de St-Martial, a la Porte Boucherie (2)
Le mardi, 10 juillet 1691, mon fiere Martial s'est retiré
de notre maison après m'avoir beaucoup inquietté et que-
relé a diverses fois, mesmes le jour d'hyer, en des ma-
nières que je n'ose icy mettre par escript
Le 7 aoust 1691, j'ay payé a mondit frère, Martial
Peconnet, la somme de vingt cinq livres pour trois mois
de sa pension, qu'il a voulu employer chez M' Nivet,
maitre d'escoUe de cette ville
Le 21 octobre 1692, j'ay payé a mon frère Mar-
tial, étant chez M' Ardelier, marchand, 37 livres
— Le 9* juillet 1691, j'ay passé contract de ferme de
(1) Le collège de Magnac-Laval (cheMieu de canton de Tarron-
disseincnt de Bellac), fondé en 1064 par Antoine de La Mothe-
Fénelon, marquis de Magnac, a joui d'une assez grande répu-
tation. Il a été supprimé il y a quelques années. Son dernier
principal, M. Normand, a écrit l'histoire de cet établissement
(Limoges, s. d. liarbou frères).
(2) La porte Boucherie, à Limoges, était située à l'entrée de la
rue du Collège actuelle, pèace Boucherie.
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— 317 —
deux chambres de notre maison que nous habitons, sa-
voir : la troisième sur le devant au 3® étage, regardant
sur la rue, et la seconde au 2* étage par le derrière ; en-
semble la cave haute, et la boutique, suivant le meanis (1)
apposé au devant de Tescurie, a S"" Jean Georget, maitre
horologeur, et damoiselle Elisabeth Bonneval, sa femme,
moyenant la somme de 42 1. par an, payable de six en
six mois Il est réservé qu'ils entretiendront et lais-
seront en fin de afferme les vitres et carreaux en bon
estât, et remettront le nombre de 5 clefz que je leur ay
donné, fermant lesdites chambres, la boutique, la cave et
la porte de la rue
Le 14* juin 1692, ledit contract a été déclaré resUié
par jugement contradictoire de la cour présidialle dudit
jour, accause des détériorations et malversations que com-
mettaient journellement lesdits Georget et Bonneval, sa
femme, dans lesdites chambres. Et ont payé ladite afferme
jusqu'audit jour.
Il y a informations contre eux pour raison des injures
et calomnies qu'ilz m'ont faict.
— Le 12 novembre 1695, nous avons passé contract de
transaction, mon frère Martial Peconnet et moy, sur la
contestation et action qu'il m'avoit faict par devant M' le
juge royal de la présent ville, pour raison du payement
de ses legz paternel et materael, et autres droictz suc-
cessifs qu'il pretendoit que je luy devois payer entière-
ment, en deniers eflfectifz : ce que je soutenois ne pou-
voir faire, ny mesme y devoir estre obligé, attandu que
tout l'argent porté en Tinvantaire faict après le deceds
de feu mon père, et autre qui m'avoit été randu ensuitte
par ma feue mère, aussy bien que la majeure partie
des effectz portés audit inventaire, se trouvoient con-
sommés et employés au payement des legatz de nos
autres frères et sœur qui l'avoient précédé, et autres
(1) Séparation? ligne de partage?
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— 318 —
affaires plus urgentes de Theredité (1), ainsin que j'au-
rois offert et etois sur le point d'en justifier. Et par
ladite transaction, qui a esté faicte par Tentremize de
divers parenz et amys, et particulièrement de Mons' Du
Carrier, comme exécuteur testamentaire de feu mon père,
de Mons' de La Bastide (2) et de Mons' de Verthamon (3),
mon beau père, je luy ay payé, sur ses dits droicts,
montant en tout a la somme de 4,650 1., scavoir : 3,000 1.
du légat a luy faict au testament de feu S' mon père;
1,000 1. du legs a luy faict par le codyciUe de la da-
moiselle ma mère; 250 1. pour le legs aussy a luy faict
par S' Antoine Peconnet, mon frère, et 400 1. de sa
portion a la succession de Valérie, nostre sœur, morte
ab intestat
Estât des depences faictes au Chastenet (4), et des revenus
que j'en ay tiré puis le 1*' octobre 1679,
Le 28 (décembre 1679), nous avons receu icy un
pourceau et une porche gras, qui ont esté estimés par
un boucher, appelle par les mestayers, douze escus (5) les
deux, et ilz en ont ramené pour eux une autre porche
estimée 10 1. Ainsy, je leur devray tenir en compte... 13 1.
Le 23 janvier 1680, avons eu vingt six eminaux
avoine, qui a esté vendue, au prix de 14 s. Tesminal :
18 1. 4 s., dont la moytié revient bon a nous, jcy 9. 1. 2 s.
(1) Il est certain que, fort souvent, la qualité d'héritier faisait
peser sur le fils chargé de remplacer le chef de famille une lourde
charge; il devait en ôtre très embarrassé dans maintes circons-
tances, et parfois les dettes qui résultaient du paiement des legs,
de la liquidation de la succession du père et du remboursement
de la dot de la mère, le laissaient gêné toute sa vie.
(2) La Bastide, château situé sur le territoire de la commune de
Limoges.
(3) Verthamon, château de la commune d'Isle, cant. de Limoges.
(4) Le Ghâtenet, près et commune de Nieul (Haute-Vienne).
(5) De 3 livres : en tout 36 livres.»
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— 319 —
Le l*"" juillet [1680], nos gens ont vendu un tau-
rain en foire en cette ville vingt huict livres dix solz,
que i'ay receus. C'est a leur part, que leur tiendray en
compte sur ce qu'ilz doibvent, 14 1. 5 s.; mais il en faut
distraire 4 s. 6 d. de ventes pour eux et un sol d'etrene;
restera a eux net 14 1. (1).
Le 5* septembre...., vendu au marché sept moutons et
une brebis, 16 1 Le dernier octobre, vendu en foire
un veau de lait, 10 1. 13 s. 6 d.
Le 6 novembre audit an, j'ay compté avecq les Balys,
par devant M" Roussaud, notaire royal, et par arresté
de compte, je me suis trouvé avoir receu de leur part
de croist de betailh la somme de 26 1. 7 s. 3 d., que je
leur tiendray en compte sur leur dernière obligation
Depuis lequel compte, et le 16* décembre susdit an,
ilz ont vendu une payre de bœufz gras en foyre, a Saint-
Prieth-Taurion (2), la somme de 203 1., que j'ay receue,
et leur tiendray en compte a leur part, deduict 17 s. 6 d.
que je leur avois fourny pour faire leur despance, et 2 s.
6 d. d'etrene, celle de cent livres dix solz a leur part
Le 15 février (1681), j'ay receu un cochon de lait
qui avoit esté mis en vente et dont on n'en avoit que
trouvé 12 s. Je Tay prins pour ce prix...., je leur deb-
vray leur part : 6 s.
Le 23 dudit avril, j'ay achepté une payre de bœufz du
S' de La Gasne de Ghamborest (3), cinquante escus moins
10 solz, de prix arresté avecq lemaistre; mais j'ay en-
cores donné lesdits 10 sols aux mettayers du S' de La
Gasne pour le vin du marché, et le jour précèdent
j'avois donné au nostre 3 s. pour y aller et arrester le
prix. Ainsy mes métayers debvront 75 1. 3 s.
(1) Rigoureusement, 13 I. 19 s. 6 d.
(2) Saint-Priest-Taurion, bourg du canton d'Ambazac, arrondis-
sement de Limoges.
(3) Ghamboret, bourg du canton de Nantiat, arrondissement de
Bellac (Haute-Vienne).
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— 320 —
Le 15* octobre, j'ay affermé aux Balys ma part
de chastagnes de la metterie moyenant 57 esmines et
quarte, qu'ilz me donneront, des premières amassées. Ledit
jour, j'ay aussy afermé les 4 rangées de chastaigniers
qui sont au delà de Tenclos de muraille de notre re-
serve a Pierre Bourdon, du Ghatenet, moyenant trois
livres et dix solz.
Le 12 décembre 1681, j'ay donné aux Balys 15 s. pour
mener les bœufz gras a la foyre de St-Prieth-Taurion,
lesquels je leur deduiray sur la vente d'iceux.
Le dernier avril 1682, j'ay achepté un payre de
bœufs cent soixante dix huict livres, moins 6 liards
d'estrene que j*ay payés; partant debvront a leur part
les mettayers, 88 1. 19 s. 3 d.
Le 6 may, je leur ay donné cinq quintaux de mon
foin de reserve, a 18 s. le quintal. En devront a leur
part, 2 1. 10 s.
Et ledit jour, 6* may 1682, je suis venu en compte
avec eux par devant le S"" Brissaud, de Nieuilh (1), de
touttes prises, mises, achepts, ventes, prestz^ et fourni-
tures, tailles et rente, a la reserve de la rente (?) entière
de la présente année 1682, et la moytié de leur taille,
qui est encore deûe, et encore a la reserve de certains
fromage et beurre restés puis l'année dernière, qu'ilz ont
promis payer en espèce (2), savoir 13 de reffais et 5 de
blancs, et 4 1. et trois quarterons de beurre; moyenant
ce, je leur ay faict un billet, pour memoyre seulement,
que, le tout conté sous ces reserves, il s'est trouvé qu'ilz
m'ont payé, et leur deduiray sur leur dernière obligacion
la somme de treize livres 9 sols.
Le 26 mai 1682, je leur ay donné un sestier de
mon bled noir, qu'ilz me debvront : 1 1.
Le 16 aoust ilz m'ont dit y avoir eslevé cette pré-
sente année 7 oysons, dont j'en avois prins 2 et qu'il
(1) Nieul, chef-lieu de canton, arrondissement de Limoges.
(2) On dirait aujourd'hui en nature.
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— 321 —
leur en reste 5, et m'ont prié de leur donner de l'ar-
gent sur ceux qui leur appartiennent a leur part, qui
sont 3 et la moytié d'un : sur quoy leur ay donné 15 s.
et me les devront continuer d'élever pour moy.
Le 10 janvier 1683, j'ay passé baillette de la metterie
du Chastenet avec Jean et Bernard Redon, père et filz,
pour le temps et terme de cinq années aux pactes et
conventions portées au contract d'icelle, receu par Ma-
lyvert, notaire. Et le 26 dudit janvier, j'ay passé avec
eux contract de chaptail de bestailh, qui s'est trouvé
monter, suivant l'appretiation faitte cy devai^t, lors de la
remise des Foussatz dits Balys, cy devant mettayers, à
la somme de 617 1. et 47 chefz de brebis : laquelle appre-
tiation ilz ont agréé et consenty; de plus leur ay donné,
comme ilz ont recognu par ledit contract, une charrette
futine (1), un lict de tombereau, estimé par leur arbitre,
qu'ilz ont appelle pour cela, a 14 1. Partant, m'en deb-
vront laisser a fin de bailh pour semblable somme. Ue
plus, leur ay donné la quantité de 10 quartes de graine
de chanvre,, et en debvront laisser autant; plus, leur ay
donné la part de la cueillette qui est ensemencée l'année
présente de mes grains particuliers, et de la quantité de
vingt un sestiers, mesure de Nieuilh. Et laisseront autant
ensemencé, qui m'appartiendra entièrement.
Le 25 février 1685, j'ay Ihuy donné au vigneron
Jabraud deux sestiers bled noir, a raison de 24 s. le
sestier, qui est moytié prix du sceigle : 2 1. 8 s.
A dit avoyr fourny deux quintaux de son foing pour
nos bœufz lors du charroy de nostre vin, qu'il a dit
valoir pour lors vingt solz, cy 2 1.
Le 9 juin 1685, j'ay donné a un meusnier quatre sces-
ticrs de blé seigle, mesure de cette ville...., a raison de
48 solz le scestier que vaut le bled a présent au marché.
Nota que cet annSe présente 1685, je n'ay eu que neuf
charges de vin ou environ, dixme payée, en nostre vign6
(1) Faut'il comprendre une charrette garnie d'une galerie de bois Y
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— 322 —
m
de Balezis, accause de la grand gelée qu'il avoit faict les
4* et 5 et 6 et d*' (1) juin dernier, qui enleva tout le jeune
et tendre raisin qui etoit pour lors moytié en fleur :
chose tout affect étrange et remarquable en plusieurs en-
droictz. Dieu soit loué!
Le 8* mars 1687, j'ay dfelivré a nos vignerons trois
scestiers bled noir, mesure de Limoges, a raison de 1 1.
5 S- le scestier.
Le 12* dudit, j*ay baillé a Jean Jabraud sept livres
dix solz pour achepter deux charrettes d'eschalatz pour
notre vigne Ont dit avoir fourny cy devant pour 500
picquetz, acheptés à 5 sols le cent, 1 1. 5 s.
Le 27 janvier 1688, j'ay deslivré a un meusnier la
quantité de six scestiers bled sceigle et deux scestiers
bled noir, mesure de Limoges, le sceigle a raison de
36 solz et le bled noir a 22 solz.
Envoyé cet année 4 charrettées de fiant dïcy (2)
Achepté cinq faisseaux d'oyziers a 15 sols : 3 1. 15 s.
Achepté le 10 d'avril (1689), de Léonard Chabrol,
du fiant pour quatre livres, et payé pour journées em-
ployées a mettre ces engrais a raison de 6 sols.
Le 25* febvrier 1690, j'ay fait conte avec Jean
Jabraud, mon vigneron...., pour quatre charges et baril
de vin que j'avois pris de luy cet année, a raison de
4 1. 2 s. 6 d. la charge.
J'ay paye...., pour 13 journées employées a provi-
gner, a raison de 6 solz pour chacune : 3 1. 18 s...., et,
pour cinq journées d'un garçon qui menoit du fiant
dans une brouette a ceux qui provignoient, a raison de
3 s. chacune.
Le 4* may 1692...., ay fait délivrer sept quartes cha-
tagnes sèches, a raison de quinze sols l'esminal (3) : 2 1.
12 8. 6 d.
(l) Peut-être 8*?
'(2) De Limoges. L'économe chef de famille ne laissait rien se
perdre.
(3) L'éminal était la moitié du setier, dont la quarte représentait
le quart. Le setier de châtaignes sèches valait donc 30 sous.
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— 323 —
J'ay fourny douze sols pour achepter une brouette.
Le 18 novembre 1694, nous luy (au vigneron) avons
donné 4 esminaux de chastagnes, a raison de 12 s. l'es-
minal, comme elles se vendent en ville a présent, mon-
tant 2 1. 8 s.
Nota que je n'ay eu, cette présente année 1694, que
3 barils et demy de vin en toute nostre vigne de Balezis,
accause que la plus grande partie du bois avoit gelé
depuis Tannée dernière, en sorte qu'il en est mort la
moytié sans ressources, et a besoin de replanter. •
Le décembre 1694, j'ay passé contract de prix faict avec
Guilhen Froment et autre Guilhaume Froment, frères,
vignerons du village de La Chabroulie (1) (ledit Guilhen
Tayné ayant esté cy devant nostre vigneron, aussy bien
que feu François Froment, son père), de nostre vigne de
Balezis, po\ir le temps de 5 années prochaines et consé-
cutives, moyennant la somme de trente six livres pour
chacune d'icelles ; sans qu'ilz soient tenuz d'y rien con-
tribuer que de faire les façons ordinaires et réglées par
ledit contract, scavoir les labeurs qui sont la (?) : fouir,
biner et tarcer, et la tailler, lier, essermenter, et ayder
a faire les vendanges, presser le vin et le conduire en
nostre maison de Limoges. Et quant aux journées par-
ticulières qu'ilz emploiront a faire des provignes aux
endroits nécessaires, je les leur payeray, ou a ceux
quiilz emploiront pour leur ayder, a raison de 6 s. pour
chacune, sans qu'ilz puissent prétendre autrç chose, et
je fourniray tout le bois, engrais, oyziers et autres
choses nécessaires pour Tentretenement d'iceUe, en ce
que aussy ilz ne pourront rien prétendre au bois et
serment provenant d'icelle, ni a aucuns fruicz qui se
pourront percevoir.
Le 22 juin 1693, j'ay donné a Guilhen Froment,
ixostre vigneron, un sestier d'orge...., a raison de 40 s.
(1) Commune d'Isle.
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— 324 —
Nota qu'il etoit mesure de Nieuil (1) Le 28 octobre
1695, je luy ay donné 10 s. pour une journée d'un
charpentier.
Le 16 juin 1696, j'ay foumy a Guillaume Fro-
ment trois scestiers de bled seigle, mesure de ceste
ville, a 50 sols : 7 1. 10 s.
Le 18 juin 1702, j'ay fait mener deux setiers ble
noir...., a raison de trente sol le setier, qui font 3 1.
Le 20 septembre, le vingneron a envoyé cherche 4 se-
*tier blé noir a raison de 28 sols le setier; monte : 5 1. 12 s.
Plus, ledit jour, luy a été deslivré 4 setier saigle, a
2 1. 5 s. le setier : 9 1.
Estât des prises et mises de la vigne du Puy du Pin,
Cette année 1679, nous avons eu, en la vigne du Puy
du Pin, seize charges de vin, dixme payée.
Nota que je n'ay peu vendre le vin de cette année
qu'a 16 d. la peinte, accause de la grand abondance et
fertilité des vignes, et encores m'en est il demeuré pour
l'année d'après, accause qu'il s'est tout foncé de couleur,
lequel j'ay vendu a 8 d. la peinte seulement.
Le 27 auvril audit an (1680), ma mère a donné
à Jean Baubiat deux esminaulx chastagnes, l'un de ver-
tes, au prix de 8 s., et l'autre de sèches, au prix de 7 s.
Le 26 auvril 1682, j'ay donné a prix faict a remettre
quasi a neuf la cabane de nostre vigne du Puy du Pin
a Jean Beaubreuil, M* masson, moyennant la somme de
25 livres et dix pintes de vin que je luy ay promis.
Pour ladite cabane j'ay achepté, pour la couverture
d'icelle, trois soles de 16 pieds chacune, a 2 s. le pied,
qui coustent 4 1. 16s.; — plus, huict chevrons de 18 pieds
chacun, a 1 s. le pied, qui coustent 7 1. 4 s.; — 700 tuyles
(1) Le setier de Nieul valait 57 litres 61 : 6 litres de plus que
celui de Limoges.
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— 325 —
a 17 s. le 100, qui coustent 5 1. 19 s.; — 250 lattes a 2 1.
5 s. le cent, coustent 5 1. 12 s. 6 d.; — 600 clous latte-
rets, 1 1. 8 s.; — 3 quintaux de chaux a grisonner (1)
ladite cabane, 3 1.; — et 8 charges de sable a 2 s.: 16 solz.
— Le 22 février 1685, j'ay fait délivrer a Boudou,
notre vigneron, deux scetiers bled noir, a raison de moy-
tié prix du bled sceigle, 1 L 3 s. le scestier, cy fera 2 1. 6 s.
Le 30 novembre, donné audit Boudou deux esminaux
de chastagnes, a 10 s. l'esminal : 1 1.
La gelée, cette année (1685), a emporté entière-
ment tout le raisin, depuis le 6* du mois de juin der-
nier (2) : chose extraordinaire, et gelée étrange dans cette
saison, qui ne nous a pas laissé une grappe de raisin
a vendanger.
Le 20 février 1689, envoyé deux charrettées de
fiant de notre escurie.
Le 16 may 1691, la femme de Moreil Boudou, vigne-
ron du Puy du Pin, est venu prendre de notre vin au
brandon, que nous vendons a 20 deniers la pinte, et en
a pris sept pintes ; cy sera 1 1 s. 6 d.
Le 4 may 1692, luy a esté délivré 4 pintes chopine
de vin, dont sera tenu conte, a raison de 20 deniers la
pinte; cy 7 sols 6 d.
1693. Nota que je n'ay eu aucune goutte de vin en
cette vigne cette année icy.
1694. Le 14 octobre, Moreil Boudou ni*a dict avoir
amassé le peu de raizins qu'il y avoit ceste année en
nostre vigne, et en avoir eu trois pleins paniers, qu'il
avoit mis en vente et en avoit eu deux pièces de quatre
solz, qui foni toutte la vendange et ceuillette de cet
année. Loué soit Dieu !
1695. Le 26 octobre, il m'a dit avoir vendu la cuil-
letle et n'en avoir eu que 32 sols.
(1) Il s'agit probablement d'un enduit léger à l'intérieur.
(2) C'est à la suite des gelées intenses et répétées qui se pro-
duisirent de 1680 à 1715, que la culture de la vigne fut aban-
donnée aux environs de Limoges.
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— 326 —
Le premier avril 1705, nos vigneron on envoyé cher-
cher 2 setier blé saigle et 2 de ble noir : 8 1. 8 s.
Le 5 may, donné a Pierre six cartes de blé saigle et
deux carte de ble noir, le ble valant 2 1. 16 s. le setier;
monte, le tout : 5 1. 4 s. (1).
Le 1*' avril 1708, donné a Jean quatre setier de ble
saigle et quatre setier de ble noir au prix de trente
deux sol le setier de saigle et saize sol le ble noir :
montent 7 1. 12 s
1716. Inventaire des meubles qui sont en nostre mai-
son et pressoir de Balezis, que j'ay laisé entre les mains
de Léonard Talandier, nostre vigneron, luy ayant donné
les clefs de la ditte maison : premièrement, le grand ton-
neau cerclé a cinq cercles de fert; plus un médiocre, a
six (?) cercles de fert, et un autre petit a quatre cercles
de fert; la grande cuve ayant un cercle de fert; une
autre petite cuve pour mettre sous les tonneatix, ayant
deux cercles de fert; plus deux dogmardes (?) ayant quatre
cercles de fert chacune; enfin Je pressoir avec tous ses
assortiments; plus, laissé dans les chambres deux bois
de licts, deux tables, un grand coflFre, plus deux petits,
quelques bans et quelques chaises de bois, une armoire
a chaque chambre a Tantiene mode; plus deux chenets
de fert, un fusil, un grix, une petite poelle.
Le 28* février (1716), achetté quatre ses tiers de blé
saigle; a deux livres six sols le sestiers : monte 9 1. 4 s.;
plus neuf scestiers de blé noir, a raison de vingt et deux
sols le scestier, mesure de Limoges, monte neuf livres
18 sols; plus deux quartes de poix, mesure de Nieuil,
a raison de trois livres le scestier; monte, les deux
quartes, une livre 10 sols.
(A suivre.)
(1) Les six cartes de seigle sont comptées à 2 1. 16 et font 4 I.
4 s.; le blé noir n'est compté qu'à 2 1., soit 1 1. pour les 2 cartes.
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JOURNAL
DB
SAHUGUET-DAMARZID
CONSBIUIR IN L'ÉLICTION M BEIYI, SIKINIDR INI TIALARD
AXKOTi BT PQBLli PAR
Paul BRUEL
DIRECTEUR DE LA « SOCIÉTÉ GÉNÉRALE » A BRIVE
Membre de la Société historiqie et archéologique de la Corrèie
'auteur du journal dont on lira
plus loin les extraits ou l'ana-
lyse, est un Briviste, Jacques de
Sahuguet, écuyer, seigneur du
Vialard. Il était fils de Denis de
Sahuguet et de Marguerite de
Joyet. Catherine de Durfort, que la plupart des
généalogies lui donnent pour mère, n'était que
la seconde femme de son père. Celui-ci, élu et
contrôleur en l'élection de Brive, avait deux frères,
tous deux gens d'église : Jacques de Sahuguet,
chanoine de Saint-Martial-de-Limoges, et Fran-
çois de Sahuguet, chanoine à La Réole, puis à
Saint- Séver in, près Bordeaux. Leur sœur, Galienne
de Sahuguet, avait épousé un conseiller du nom
de Vielbanc, seigneur de Chapon. Quant à notre
Jacques de Sahuguet, il ne perdit son père que
le 28 juin 1629, et hérita de sa charge de con-
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— 328 —
seiller en Télection de Brive. Il épousa, le 26
juillet 1624, Suzanne Dumas de Neufville, dont
il n'eut point d'enfants. Il fit son testament le
30 juillet 1658, et constitua comme héritier de
tous ses biens le fils de sa sœur Françoise et
de Pierre de Damarzit, Jacques-Gilbert de Sahu-
guet de Damarzit, sous la condition que ce neveu
et sa descendance porteraient à perpétuité le nom
et les armes de Sahuguet. La famille, originaire
de Navarreins, en Béarn, portait de « gueules à
un croissant d'argent en pointe, surmonté d'une
coquille de Saint-Jacques de même, accostée de
deux épées d'or en pal, la pointe en bas » (sup-
port : deux lions).
Le manuscrit qu'il a rédigé peut être considéré
à trois points de vue :
Comme un livre de raison; un inventaire gé-
néalogique; et une ébauche de mémoires.
Avant tout, Jacques de Sahuguet a voulu dres-
ser le compte, la raison (rationem) des sommes
dues à lui et à son père; il relève ainsi les
noms de nombreux villages qui entourent Brive;
il cite les représentants de familles qui n'ont pas
encore disparu. Mais il lui restait de nombreux
feuillets blancs au milieu de son registre, rédigé
par les deux bouts, d'un côté pour son père,
de l'autre pour lui-même. En homme économe
de son papier et de son argent, il y a inséré
l'inventaire de ses titres de famille. Les éditeurs
du Nobiliaire de l'abbé Nadaud trouveront, dans
nos extraits, de quoi rectifier et compléter les.
notes informes que l'on donne en cet ouvrage
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^ — 329 —
pour les généalogies des Damarzit, des de La
Rouye, des Sahuguet eux-mêmes.
Cette analyse des titres de la famille de Sahu-
guet, rédigée entre 1628 et 1630, permet de re-
monter, pour son histoire, jusqu*au début du
xvi* siècle; ils n*avaient donc pas été brûlés
« par des gens de guerre lors de la Ligue »,
comme le prétend une note du Dictionnaire de
La Ghesnaye-des-Bois (t. XVIII, édit. de 1873,
col. 43). Mais les Sahuguet, préoccupés, comme
beaucoup de familles de robe et de finance, de
vieillir leur noblesse, ont cru la rendre plus
ancienne en la faisant moins précise.
Enfin ce manuscrit est comme une ébauche
de mémoires; Sahuguet s'étend longuement sur
les couches des dames, ses parentes, et y es-
quisse des horoscopes; mais entre temps il note
le passage de Louis XIII à Brive à son retour
de Toulouse, où il avait fait mettre à mort le
maréchal de Montmorency, et complète ainsi l'iti-
néraire de ce souverain.
En feuilletant ce journal, on verra que les
détails intéressants y abondent. Le mobilier d'une
riche famille du Limousin était alors bien simple;
la bibliothèque du conseiller était composée de
trois volumes; mais la garde-robe de M™' la con-
seillère était mieux garnie. Le prix du blé et
du vin y est soigneusement relevé. Pour l'his-
toire économique, ces détails ont leur valeur.
Enfin, tandis que le curé Vacherie s'emporte
contre les duretés de Richelieu, Sahuguet, per-
sonnage ofiiciel, ne glisse qu'un mot élogieux sur
T. IX 8-JO
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— 330 —
« Mons*" le cardinal de Richelieu, bon serviteur
» du Roy, que Dieu nous préserve. »
Parfois il s'essaye à l'éloquence à l'occasion du
passage à Brive du gouverneur et de sa femme,
le duc et la duchesse de Ventadour; il voudrait,
comme le hardi défenseur des privilèges de Brive,
le lieutenant-général François Dumas, haranguer
« fort bien et court ». En lisant les brouillons
de ses discours à Monsieur et à Madame, on
trouvera peut-être qu'il a réussi et qu'il n'a pas
« manqué en sa harangue », comme le consul
Fieux en présence de Louis XIII.
Paul Bruel.
Brive, le l**- mai 1887.
JOURNAL DE SAHUGUET-DAMARZID
Par contract du 14 aoùst 1594, passé au chasteau du
Jayle, receu par François Gaubert, noltaire royal, Gui-
Ihaume du Brueil, escuyer, seigneur dudit Jayle, tant
de son chef que en vertu de la procuration d'Anthoine
du Brueil des Agier, seigneur des Agier et Chaten-
seau (1), son père, de la parroisse de Saint- Viance (2),
vend 0 (31 partie de rachapt perpétuel les rentes de
Favars, en la parroisse d'Estivaulx, moyennant siuq
centz quarente escus à Jehan Durand, procureur de
(1) Ou Chastanzeau (Voir Nobiliaire de l'abbc^ Nadaud).
(2) Aujourd'hui commune de Saint-Viance, canton de Donzenac,
arrondissement de Brive.
(3) 0 partie veut dire avec partie.
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— 331 —
Brive, et Jehan Bernard, son beau père, 40 settiers
froment, 120 cartauts avoine, 9 gelines et 61 livres
d'argent en feudalité.
Aprez s'ensuit autre contract receu par ledit Gaubert
le 21 juillet 1695, portant augmentation a damoiselle
Marguerite de Bernard, femme Anlhoine du Brueil (1).
Mémoire des meubles et autres chozes laissées à mon
vallet avant mon départ de Brive, le 21 décembre 1631,
et premièrement 3 petitz platz, un pot de fer avec ses
treppieds, de la contenance de 3 cars d'eau, ung chalel (2)
un quart, un goubellet, une oUiviere, le tout d'estaing,
plus une grande caserlle, 4 serviettes d'estoupe, 2 essuyé
mains, 2 napes carées, un mousquet a rouet avec sa
clef, poudre et plomb, une pique et une allebarde, une
cuUière de fer, une palle de fer; dans sa chambre, un
lict de can et une couchette avec une couelte (3), cuissin,
couverte, et 2 linceulz d'estoupe, 2 seaux a tenir eau,
un achoir, 2 bigotz et ung autre bigotz tramadour (4),
un pic, un palfer (5), un grand marteau, une trenche (6),
une traule (7), un sarcel (8), un petit bassin avec du
sel dedans, une grande buige avec de Thuille dedans,
plus 2 grands sacs de farine plains et de la farine en-
core dans une metz, un quarton de poix, 2 metz, une
table et une quarte fronde pour semer, 2 bénisses et
une palle pour besser, et ay laissé dans mon cabinet
(1) Ces indications sur les Brueil sont précieuses, car la généa-
logie des Ghastanzeau manque dans l'abbé Nadaud.
(2) Chalel, calel ou iaolel, lampe à queue, lampe en étoile dont
se servent nos paysans limousins.
(3) Couette, matelas.
(4) Bigot tramadour, hoyau à dents très vigoureuses.
(5) Palfer, levier, pince, barre de fer aplatie par un bout, et
renforcée d'un côté pour former un point d'appui.
(6) Trentso, houe, instrument de fer large et recourbé pour
remuer la terre.
(7) Traule, outil avec lequel les tonneliers enfoncent les cercles
en bois aux barriques.
(8) Sarcel, sarcloir.
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— 332 -
3 petitz platz et 5 assiettes, ensemble plusieurs autres
meubles.
Le sabmedy, veilhe des Rameaux, ay prins du Saint-
Orcel, marchand pour le S' de la Rouye (1) et en sa
présence deux aunes ung quart et demy d'escarlate pour
faire une rouyalle, à quinze livres dix solz l'aune
Sera mémoire que le 28 juin 1629, la veillie de Saint-
Pierre et Saint-Paul, jour de jeudy sur le matin, en-
viron six heures, très chrestiennement il (mon père)
deceda et rendit son ame à Dieu, après avoir receu
très constamment les ordres saintz de Tesglize, assisté
de M" les recolets et de Monsieur Régis, de M' Vachon,
chirurgien et aultres, en son eage de soixante quatre
ans, comme il nous disoit, après avoir demeuré un an
entier malade d'une defluxion aux jambes, sans pouvoir
aller, et à la fin il en fust saïzi par le gosier, et le
hernie de son reume esmeu finit ses jours; et nota que
ceste nuict de jeudy tendant au vendredy, une gresle
universelle a passé par nos biens, et plusieurs paroisses
toutes contigues et par exprez Roziers (2), Juilhac, Saint-
Bonnet et dix ou 12 aultrez paroisses.
Le jour de la Transfiguration, filz la quarantene qui
estoit un lundy, 5 d'aoust, ou estoient appeliez et pre-
sentz Mons' de la Faurie (3) et Madam*"* de la Rouye (4)
et ses deux fils, MM" mes beaux frerres, belle mère,
belles sœurs, tous mes cousins, tantes de la présente
ville, et frerres et sœurs, et le corps de Feslection,» et
fis aumosne generalle d'un sol à chasque pauvre, des-
quels le nombre fut presque environ de deux mille.
(1) Sahuguet, seigneur de la Rouye et des Termes, paroisse de
Saint-Mesmin, élection de Brive.
(2) Aujourd'hui Rosiers-de-Juillac, Juillac, St-Bonnet-Larivière.
(3) Guy de la Faurie, seigneur de Chamboulivo.
(4) Catherine de Régis, mariée le 30 janvier 1585 k Charles de
Sahuguet, seigneur de la Rouye; en eut Charles de Sahuguet,
époux de M»"» de Régis, et Antoine de Sahuguet, seigneur de la
Rouye, époux d'Antoinette de la Grange.
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- 333 —
Le légat (1) des Recoletz faict par le testament de
mon feu père leur a esté par moy payé le 13 mars
1631, comme resuite par la quitance en original que
Couchard, nottaire, m*a deslivré.
Estât véritable des obligations que j'ay trouvé de l'ar-
gent deub à feu mon très honnoré père, lors de son
décès, comme s'ensuit et premièrement :
Par Monsieur Dubois, sieur du Boucheiron (2), de Li-
moges; puis, le 26 juilliel 1619, débiteur de feu Mons'
de Sahuguet, chanoine de Saint-Martial en ladite ville,
duquel est resté héritier mon feu père, en la somme
de mille quatre centz soixante six livres, et dlcelle
somme il en a prins guaraison d'un sol pour livre
Estant à Limoges pour certaines affaires, Mons' du
Boucheiron me paya à raison d'un sol ma rente, et
luy ay fourny une prorogation de delay jusques en
juilliet 1630.
François Avril, hoste de la présent ville, dit Bot-
dasse, doibt, du 12 mars 1625, la somme de cent livres.
Extrait des obligations consenties en faveur de feu
M' de Sahuguet, chanoine de Saint -Martial de Luy-
moges, par Pierre Duboys et Jehan Barthélémy, mou-
liniers, marchans audit Lymoges.
Anthoine Gremoux, du villaige de Chambons, par-
roisse Saint-Hillaire (3), doibt, par subrogation du pre-
mier de mars 1623, la somme de quatre vingtz livres.
Le vingt cinquiesme jour d'apvril mil six cens trante
troys, ay délivré les comissions de Julhiac à Pierre
Segure de Moucheyrol et Estienne Dupuy, cottizateurs
de ladite parroysse.
M* Jehan Yedrenne de Mansac (4), par obligation dn
(1) Legs.
(2) Nadaud cite des Boucheron, seigneurs d'Arabrugeac (com-
mune de Meymac, arrondissement d'Ussel).
(3) Saint-Hilaire-Foissac, commune de Lapleau.
(4) Commune du canton de Larche (Gorrèze).
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— 334 —
10 avril 1625. doibt la somme de deux centz quarente
livres.
M* Jacques Lafon, curé de St-Pantaleon (1), et Jehan
Boyer, dudit lieu, par obligation du 2 de may 1625,
doibvent soixante livres.
Jehan Monteil, du Pui la Mousche, parroisse de Lan-
teuil (2), doibt, par obligation du 15 d'octobre, 1627, 181...
Mons' Fontaneil, advocat, feu Nantes et Branet, doib-
vent, du 18 aoust 1620, à payer dans un mois dix
livres
Du 5 novembre 1632. Nostre Roy Louys treisme, le
Juste, un jour de vendredy, environ trois heures, en
temps sombre mais chaudelet, entra en ceste ville de
Brive par la porte des Cordeliers et logea à la La-
bienche (3) ; sa Majesté séjourna icy le sabmedy et s'en
alla le dimanche à 7 heures à Userche, et logea chès
le sieur lieutenant gênerai (4). Les sieurs Fieux, Dufaure,
(i) Commune de Saint-Pantaléon, canton de Larche (Gorrèze).
(2) Canton de Beynat (Corrèze).
(3) La maison dite La Labenche existe encore; c'est celle où
se trouve aujourd'hui le petit séminaire. Elle était connue sous
ce nom dès 1540. Nons trouvons, en effet, mentionné aux archives
départementales et sous cette date, un acte par lequel « noble Jean
Galvimont, seigneur de La Labenche et de Saint-Martial, fait
hommage à Tévêque de Limoges pour sa maison noble de La
Labenche. »
Ce nom de La Labenche avait dû lui être donné par allusion
à un lavoir entouré de grosses pierres qui y avait été construit,
et que Ton voit encore dans une des caves de rétablissement.
Labenca^ en patois, signifie dalle, et spécialement ces pierres
que les laveuses utilisent en guise de bancs.
Lors du passage de Louis XIII, cette maison était la plus re-
marquable de la ville; les belles sculptures qui existent encore
remontent au règne d'Henri II. Elle appartenait à « messire Fran-
çois Dumas, seigneur dudit lieu, le Pradel, la Gotterie, la Ganne
et autres places, baron de Neufville, maistre des requestes de
la Reyne Mère, conseiller du Roy en ses Conseils d'Estat, Privé,
et de ses Finances, et premier Président en la Cour Présidiale
du bas Lymosin, à Brive ».
(4) C'était la seconde fois que le roi passait par Brive. Déjà, en
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SCULPTURE
AU-DESSrS n'UNE DES CROISÉES DU PETIT-SÉMINAIRE DE BRI VF
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— 335 -
Beynet et Veyssière, consulz, receurent le Roy prez
Tesglize des Cordeliers, et ledit Fieux manqua en sa
harangue.
Monsieur Dumas, président avec la cour presidialle,
harangua fort bien, et court. Le lendemain, le prési-
dent Geraud, avec les esleuz, harangua courtement dans
la maison du Roy, venant de la messe. Le Roy ne vou-
lut pas d'entrer et venoit de Tholose, où il feit trencher
la teste à Monsieur de Montmorenci un sabmedy (1).
Le Roy estoit fort seul, la Reyne et Mons' le cardinal
de Richelieu ayant passé du costé de Bourdeaux (2).
1621, lorsqu'il allait avec le connétable de Luynes faire le siège
de Montauban, il traversa le Bas-Limousin.
A Brive, il fut reçu par les consuls, les juges du présidial, les
corps d'État.
(c II visita toutes les églises, surtout la Collégiale, où il vénéra
les reliques de saint Martin. Il y fit de riches présents. L'argent
qu'il donna fut employé par les chanoines à l'achat d'un riche
ornement pour la châsse de la coupe de la Gène. On avait re-
présenté sur cet ornement les armes de France, avec cette ins-
cription : et Hanc thecana, non solum religiossimo cultu, sed et
munificentia regia prosecutus est anno 1634. »
(Marvaud, II, 394.)
La date inscrite sur la châsse ne permettrait-elle pas de rap-
porter tous les détails donnés par Marvaud au second passage
du roi Louis XIII par Brive?
(t) Henri II, duc de Montmorency, fils de Henri I»'" et de Louise
de Bud'os, maréchal de France et gouverneur de Languedoc, se
laissa entraîner par Gaston d'Orléans qui, réfugié en Lorraine,
venait d'entrer en Bourgogne. Le maréchal, blessé et fait pri-
sonnier à Gastelnaudary (l*' septembre IQ32) par de Biderau, gen-
tilhomme du Quercy des plus généreux de France, fut décapité
à Toulouse, dans le Gapitole, au pied de la statue de son parrain,
Henri IV, le 30 octobre. Il était âgé de 38 ans. Il fut enseveli
dans l'église de Saint-Gernin, comme marque de sa piété et de
sa mort vertueuse et chrétienne.
Le roi et le cardinal partirent le lendemain, 31 octobre.
(2) Après la pacification du Languedoc, Louis XIII et son mi-
nistre s'étaient séparés, le premier pour retourner à Paris direc-
tement, Richelieu pour aller visiter les côtes de l'Océan. Retenu
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- 336 —
.Monsieur le comte d'Arcourt (1), frère à Monsieur le
duc d'Albeuf, estoit logé chez Mons*" Dumas, président;
Monsieur de St-Simon chez Rousseau; Mons*" de Gressi
chez Montmaure; le filz du sieur Boutelier (2), secrétaire
d'Estat, chez Sales, conseiller; le sieur du Aller chez
Saige; le marquis de Nelle (3) céans avec 17 serviteurs
et 8 chevaux.
Le froment valoit 3 1. et 2 solz; le segle 40 s.; l'ad-
voine 10 s.; le muy de vin 8, 9 ou 10 1.
Anthoine Monsours, de Juilhac. sans préjudice de la
rente constituée, par convention entre nous faite, doibt
la somme de quattre vingtz livres, en datte du 21 jan-
vier 1629.
M"* Jehan Anteniac, procureur en la présente ville, dit
le baron, doibt, par obligation du 5 juin 1626, la somme
de sinq centz livres.
à Bordeaux par une maladie qui faillit l'emporter et qui l'obligea
de rester dans cette ville jusqu'à la fin de novembre 1632, il n'en
partit pour rejoindre le roi que lorsqu'il eut reçu la nouvelle de
la mort de Gustave-Adolphe, tué à la bataille de Lutzen le 16
novembre.
(1) Henri de Lorraine, comte d'Harcourt, dit Cadet la Perle, fils
de Charles de Lorraine, duc d'Elbeuf, et de Marguerite de Cha-
bot, né en 1601, mort en 1666. Il prit une part glorieuse à la
guerre de Trente ans, d'abord en Italie, puis en Espagne. Il mou-
rut gouverneur d'Anjou. Son frère était Charles II de Lorraine,
duc d'Ëlbeuf, né en 1596, mort en 1657. Il avait épousé Catherine-
Henriette, fille légitimée de Henri lY et de Gabrielle d'Estrées.
Saint-Simon (Claude de Rouvroy, duc de), favori de Louis XIII,
premier écuyer, père de l'auteur des Mémoires. Né en 1607, il
mourut en 1693.
(2) C'est Léon Bouthillier, comte de Chavigny et de Buzançais,
né en 1608, mort à Paris le 11 octobre 1652. Richelieu avait auprès
de lui le père de Léon, Claude Bouthillier, né en 1584, mort à
Pont-sur-Seine le 13 mars 1652.
(3) Nesle (René aux Épaules, marquis de), et gouverneur de La
Père. « Il est mort ici depuis peu, écrivait Guy Patin le 7 juin
1650, un brave seigneur, M. le marquis de Nesle, âgé de 75 ans.
Il fit un faux pas sur sa montée, il se blessa à la teste, perdit
la parole et est mort le quatriesme jour de ses blessures. »
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— 337 —
Jehan Gilibert, dit Mernières, par obligation du 17
febvrier 1627, me doibt la somme de trois centz livres.
M. Jacques Lafon, curé de St-Pantaléon, Pierre Gou-
lier, maistre arbalestrier, Pierre Sautet, dudit Pantaléon,
par obligation solidaire du 13 avril 1627, receue par
du Moulin, doibvent cent livrez.
Jehan Boyer et M* Jacques Lafon, practiciens du vil-
lage de Gramion, parroisse de St-Pantaleon , doibvent
la somme de quarante sinq livres, par obligation du
2 de juilliet 1627.
Conte, marchand en la présente ville, et Pascal Ver-
Ihac, son beau père, solidairement doibvent, par obli-
gation du 3 mars 1629, la somme de cent livrez.
Huguet Beynette, marchant en la présente ville, doibt
la somme de cent livres par obligation du 12 feb-
vrier 1629.
Pierre Rogemont, dit Foussac, marchant en la pré-
sente ville, par obligation du penulliesme mars 1629,
doibt la somme de deux centz livres.
M* Jacques Dupuy et Jehan Gramies, de St-Pantaleon,
doibvent, par obligation du 13 may 1629, la somme de
150 1.
Le 29 mars 1634, suis allé à Tulle achepter de Soulié
Livoul un cotillon et corset de satin amarante, fort clair
cramoisi, et de Gènes, à 9 1. 5 s. aulne, et en ay prias
7 aulnes moins un car, que luy ay payé content.
Et a Brive ma femme a prins, pour faire une robbe
de tafetas, du petit Vergne de Gènes à 55 solz aulne,
scavoir 7 aulnes un car et demy à six lez, et un aulne
de 4 1. pour les manches.
Pierre Toumazi, du viUaige du Rieu, doibt, par obli-
gation du 10 may 1629, la sonune de 30 1.
Estât de rentes constituées provenantes de Theredité
de feu Mons*" le théologal chanoine de Saint-Martial, et
délayssées par feu M" de Sahuguet, conseiller esleu pour
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- 338 -
le Roy et sieur du Vialard et Pui d'Arnac (1) qui s'en-
suivent, premièrement :
Par M" Jehan Gerauld, advocat et juge de Ghabre-
niac (2), habitant du bourg de Juilhac, est deub de
rente annuelle soixante livres, rachaptable pour la somme
de huict centz livres.
Mons' Jehan Rigaud, lieutenant de Saviniac, et Pierre
Joyet Taisné, habitantz de Juilhac, doibvent, de rente
annuelle, trente et sincq livres par contract du 28 de
novembre 1610.
M* Jehan Rigaud, du lieu de Juilhac, doibt, de rente
annuelle, huict livres six solz huit deniers, rachaptable
pour cent livres par contrat receu par Mourot, notaire
royal à Luymoges, en datte du 6 aoust 1610.
Anthoine Monsours, de Juilhac, doibt, de rente an-
nuelle, neuf livres, payables de six en six mois le 17
juin (1610).
Monsieur de Sahuguet, seigneur de la Rouye, con-
seiller esleu à Brive, doibt, par contract receu par Juge,
nottaire royal en datte du pénultième jour d'octobre 1625,
de rente annuelle la somme de 50 1.
M' Pierre Peyrenal, François Leymarie, du village du
Rieu, parroisse de St-Viance (3), et Jehan Laumond dit
Petit, du villaige de la Nouville, parroisse de Varetz (4),
et aultres, doibvent 24 1. de rente en datte du 11 oc-
tobre 1613.
Monsieur Meschin, sieur de la Bouissonnie et Pomeilz,
doibt, de rente annuelle, la sonune de trente sept livres
dix solz...., en datte du 20 juillet 1616.
M* François Anteniac, procureur, gendre de Comte
d'Autrement, et Pierre La Roche, doibvent, de rente
(1) Aujourd'hui commune de Puy-d'Arnac, canton de Beaulieu
(Gorrèze).
(2) Ghabrignac, canton de Juillac (Gorrèze).
(3) Saint- Viance, canton de Donzenac (Gorrèze).
(4) Varetz, canton de Brive.
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— 339 —
annuelle, la somme de trente livres, en datte du 9 juil-
liet 1616.
M. Jehan Malepeyre, jadis lieutenant du visceneschal,
dôibt la somme de 22 1. 10 s. de rente annuelle, payable
le 4 avril et le 4 octobre (1613).
M* Estienne Vielbans, contrerolleur esleu^ doibt, de
rente annuelle, 45 1., payai)le de six en six moys....,
du 24 juin 1621.
Du 8 janvier 1630, receu par Conchardcon tract d'af-
fermer .par M' du Vialard, au sieur Meynié, bourgeois à
Juilhac, de ses biens qu'il ha à Chadenialle et lou
Mayne, de ses deus vignes de Poirier et Chanongie,
de son près dans Bayot et Plassenetz, et de sa grange
et terre au Fui du Pré, le tout dans la parroisse de
Juilhac.
Par contract receu par Lachaulx, notaire à Juilhac,
du 20 juin 1630, ay affermé à Guilhem Demymole, dit
Lavau, de La Ms^ndrie, et à Quilhen Masmon, de La
Barlenchie, parroisse de Beyssenac (1) et Segur, mes
mestairies de La Mandrie et Barlenchie, pour quinze
ans advenir, toutes rentes et charges payées
Le 18 juin 1630, ay affermé à sire Anthoine Foyet,
marchant à Juilhac, la susdite mestairie (Puidaurad à
Roziers) pour trois ans completz, et pour chascune
d'icelles la somme de six vingtz dix livres.
Madame (2), nous estimons que vous connoissez assez
(1) Canton de Lubersac, arrondissement de firive.
(2) Charles de Levis, marquis d'Annonay, puis duc de Venta-
dour, gouverneur du Bas-Limousin, lieutenant-général en Lan-
guedoc, mort le 19 mai 1649. Sa première femme, à laquelle
s'adresse la harangue de Sahuguet, est Suzanne de Lausières,
marquise de Thémines. Le duc résida quelque temps à Brive
et exigea que les habitants lui fissent construire un jeu de
paume et de ballon. (Marvaud, Hiat. du Bas-Limousin, II, 393.)
Le corps de ville disposa, pour cela, d'une partie des fossés,
et ordonna la vente de plusieurs emplacements dans l'enceinte
et au dehors de la ville pour fournir aux .frais de cette cens-
truction.
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— 340 —
suffisamment combien mon visaige est couvert de honte
et de confusion de nous présenter à vous tous, impuis-
sans à vous offrir quelque chose qui puisse estre aucu-
nement condigne à vostre grandeur et a vostre mérite;
toutes foys, puisque la suprême grandeur n'a voulu ny
n'a désiré de son filz que la vertu
Monseigneur, nous debvogs à deux genoux, avec jus-
tes causes, remercier la divine bonté d'une si grande
grâce que nous avons receu de sa main liberalle par
la divine providence, qui est de nous avoir réservé jus-
ques a présent à nous faire nommer et constituer à la
charge publicque et consulaire de ceste ville, puisque
prévoyant et connoissant trop bien de tout temps nostre
peu de suâsance et de mérite pour dignement nous
acquiter des debvoirs d'une si importante charge, pour
soulager nostre foiblesse et secourir nostre incapacité,
se bon Dieu a pourveu que nous ne fussions delayssés
sans secours et sans assistance, puisque nostre ame est
pleine d'un parfaict et louable désir de nous y com-
porter en gens de bien et zèle à la conservation de
l'État, en nous faisant jouir du comble du bonheur par
la présence de vostre grandeur en ceste ville, pour au-
tant qu'elle nous fait l'honneur de nous très bien com-
mander de nous gouverner et régir très dignement, et
enfin conune père très débonnaire, et surveilliant aux
actions et desportemens de voz enfans, nous tenir la
main, et pour advertir à vous rendre les très humblez
services et très profondes submissions que nous vous
debvons, particulièrement à vostre grandeur et aprez nos
seings et nos diligences soulz vos ordres, aussy à l'in-
terest public de ceste ville et pour acte de gratitude
d'un si grand bienfait que nous osons nous promettre
de vostre bonté et de vostre grandeur, par l'ordre de
la divine providence, nous vous en rendons d'immor-
telles grâces et des vœux pour la prospérité de vostre
grandeur, pour la continuation de la santé de vostre
personne et de Madame, et aprez ce, nous protestations
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— 341 —
et resolutions de noz parfaictes obéissances, soubz les
respectz et lez submissions très profondes que nous deb-
vons à vostre grandeur et que nous voulons vous rendre
en calité de
Description sommaire des tiltres, pappiers, contractz,
obligations, promesses et autres documens et enseigne-
mens de la maison de Monsieur de Sahuguet, conseiller
esleu, contreroUeur en Tellection de Brive, seigneur du
Vialard, pour servir de mémoire et avoir recours devers
les notaires et greffiers quy les ont receus Ihors et
quand besoing sera; faict le vingt troisième jour de
juillet mil six cens trante.
Et premièrement le testement de M" Denys Sahuguet,
procureur d'office de Juilhac, en datte du vingt deuxième
jour de janvier mil cinq cens quatre vingtz sept.
Plus, autre testement de damoiselle Marguerite de
Joyet, femme audit de Sahuguet, datte du vingt neu-
flesme may mil cens quatre vingtz dix huict
Contract de transaction faict entre feu M* Denys de
Sahuguet, vivant elleu et contreroUeur, et M" ses frères,
cohéritiers dudict feu M' Denys, procureur d'office, avecq
demoiselle Gallienne de Sahuguet, veufve du feu S' con-
seiller Vielban de Chapon, du dix huitiesme janvier mil
six cens unze.
Testament de feu M* Jacques de Sahuguet. chanoyne
audict Limoges, en datte du xxv janvier XVI • XIX,
receu par Mouret, notaire royal de Limoges.
Donnation de damoiselle Galienne de Sahuguet, faicte
à M« Denys de Vielbanc, advocat, son frère, en date
du XXIX décembre XVI • XXI
Quittance baillée par ladite dam*"« Gallienne de Sahu-
guet, de la somme de soixante livres et léguât faict à
son fllz Pascal Vielbans, par feue damoiselle Margue-
rite de Jayet, sa mère, en faveur des héritiers, en date
du vingt troisiesme de janvier XVI* XIIII.
Contract de quitance bailliée à feu M« Denys de Sahu-
guet, procureur d'office à Juilhac, par Monsieur Tadvocat
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— 342 —
Régis, de la somme de deux mille livres que ledit Sahu-
guet avoit promis à son filz, Tesleu de la Rouye, en
faveur de mariage; receu par du Brueil, nottaire royal,
en datte du 9 juillet 1587.
Contract de mariage de M« Jacques de Sahuguet, sieur
de la Rouye, avec Catherine de Régis, en date du
30 janvier 1585.
Autre contract de quitance du 29 novembre 1603, receu
par Olivier, nottaire royal du Mas d'Ayen, de M* An-
thoine Sahuguet, chanoine à la Réolle, de deux centz
livres en favair de son frère Jacques Sahuguet, aussy
chanoine, et Denys Sahuguet, par laquelle ledit An-
thoine s'oblige envers ses aultres ditz frères de les en
tenir quittez envers damoyselle Gallienne de Sahuguet,
sœur commune.
Autre contract de quittance balliée par damoyselle
Marguerite Joyet à M* Denys de Sahuguet, le contre-
roUeur son filz, en datte du dernier octobre 1592, receue
par Dubrueil, nottaire à Juilhac.
Autre contract de quittance baillée par M* Anthoine
de Sahuguet, chanoine à Bordeaux...., en datte du 24
novembre 1611, en faveur de ses frères les sieurs de
la Rouye et du Vialard.
Contract de mariage de M® Pierre Amarzit, esleu, et
damoiselle Françoise de Sahuguet, et les quittances de
la dot de six mille livres, le tout receu par Juge, nottaire
royal à Brive, ledict contract en datte du 11 feb. 1624.
Lettres du sieur Baudin, notaire, procureur à Bour-
deaux, contre la D'"' de Gerauld, en datte du 1®' et
23 decemb. 1626, pour faire voir la péremption d'ins-
tance sur le supplément de légitime contre nous
Du pénultième janvier 1614, transaction receue par
Chastaing entre M" de Sahuguet, esleu et conseiller,
et Saige, receveur
Inventaire du meuble trouvé dans la maison vielhe de
Juilhac, faict par Guilhaume Rigaud eu datte du 12
décembre 1622.
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— 343 —
Afferme faite par scripture privée à Monsieur Tad-
vocat Geraud, par Monsieur Sahuguet, chanoine à Ly-
moges, de tous ses biens patrimoniaux.
Contract d'affermé faitte par M' Denys de Sahuguet
et M*" Pierre Gerauld, nottaire royal et recepveur à
Juilhac, à Gaultier Gougon, aussy nottaire, à Pierre et
Jacques Joyet frères, pour sept ans, en datte du 14 dé-
cembre 1604.
Donation d'un cerceau qui sépare la maison d'An-
thoine Doumenes de Monsieur de Sahuguet, faicte par
damoy selle de la Rouye à M' Jacques de Sahuguet....,
en datte du 13 febvrier 1628.
Procuration bailhée par M* François Sahuguet, cha-
noyne, en faveur de feu M' M* Denys de Sahuguet,
pour prandre sa pention de la chanoynie de Brive, en
datte du quatriesme décembre mil six cens vingt deux
Contract de transaction d'entre feux M" François de
Gerauld, procureur en l'ellection de Brive, Jacques de
Sahuguet et Denys de Sahuguet, frères, du xix décembre
XV* III" XH, chez La Poire, nottaire royal.
Acte par laquelle M'' M* Jacques de Sahuguet, pres-
tre, chanoyne (de) St-Martial de Limoges, intervient en
cause que M® Estienne Vielbans et damoiselle Gallienne
Sahuguet, nous avoient faict appeller sur la ceduUe que
feu M" de la Rouye et du Vialard avoint bailhé audit
S' Vielban et Galienne
Autre quittance de soixante livres de certaing legact
faict par feue damoiselle Marguerite de Joyet a Bar-
thellemy Gerauld, filz à M"" François, président, du cin-
quième octobre mil six cens treze, signé Laumond,
notaire.
Transaction faicte entre feux Marie de Sahuguet,
veufve de feu ledit sieur, et lesdits François de Sahu-
guet, chanoyne, de la Rouye et Vialard, du 3 no-
vembre XVI- XXI
Quittance de 78 livres consentie par M' Jehan de
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— 344 —
la Chesse, procureur de la damoy selle de Narbonne (1),
en faveur du sieur contreroUeur Sahuguet, du 30 d'oc-
tobre 1597.
Quittance de 30 escus bailliee par feu Jacques de
Sahuguet, scholier, à ladite damoyselle de Narbonne,
du 4 novembre 1596, passée au chasteau de Viam (2).
Transaction faitte entre M' de Sahuguet et M® Pierre
La Jugie, concernant la ferme de Gastermy, du 13 juillet
1613, signé Laumond.
Deux contracte de quitance fournis par Madame de
Maniac audit Denys de Sahuguet, du 26 septembre 1599.
Quittance fournie par Anthoine d'Arlauris, du légat
faict à sa femme par M® Jacques de Sahuguet, cha-
noine...., du 4 juilliet 1626.
Con tract de transaction faict le 5^ juin 1592, entre
damoyselle Marguerite de Joyet et M« Denys de Sahu-
guet, contreroUeur, et Tony Grand et Peyronne Bourbon,
sa femme, concernant la Mandrie
Con tract d'eschange du 20 mars 1628 receu par La-
chaulx, notaire, entre M® Jacques de Sahuguet, sieur
du Vialard, et Peyronne Bourbon de la Burlenchie.
Bontract d'affermé fait par M' Denys de Sahuguet à
Anthoine Joyet, marchant de Juilhac, de ses mestairies
de Bourbonnaux, Balde et Puidauraud, du 29 juin 1625.
Eschange faict entre François de Sahuguet, chanoine
à Brive, et Pierre Dumas, du 8 septembre 1628.
Afferme de M' Denys de Sahuguet, à M^ Jehan Ge-
rauld, advocat, du 23 aoust 1598, receu par Dubreuil
Noms cités : Jehan Malepeyre (16 février 1617); Jehan
Auzin (5 octobre 1618); Peyreblanche (28 août 1621);
Guillaume Rougier, Jean Rousin (20 septembre 1618);
François Galaup (5 décembre 1616).
(1) Catherine de Narbonne, femme de Jacques - Mathieu d'Es-
pagne, seigneur de Panassac, mère de Jeanne-Germaine d'Es-
pagne, qui épousa Henri de Noailles.
(2) Canton de Bugeat (Corrèze).
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— 345 —
CoAtract de subrogation consenty par M' de Noalles (1),
en faveur de feu Helye Léonard, sur les feux S' et
Dam«"« de Dury, du unzième mars XV' IIII" XV, receu
par Mynet, notaire.
Contract de vente faict par feu M"* le procureur de
TEstang de Tholose, dudit feu Dury, du village de
Vialard...., du 29 may 15%.
Contract d'eschange faict entre M* Jehan de Mon s et
Hugues Ghastaing, du sixiesme d'aoust XV* IlII" II,
receu par Rogemand, notaire.
Contract de vante faicte par M. de Noallies à sire
Jehan Verdier, de sa maison et jardin et biens, du
tiers d'apvril mil cinq cens quatre vingtz cinq...., avec
autre contract de revente faicte par ledit Verdier avec
Fevesque (de Tulle, Flotard, Ricard de Gourdon), datte
du X* may 1585...., codicille dudit S"" evesque du dix
septiesme septembre XV • IIII" V, faict à Rayonne.
Autre contract de vante du village du Vialard, faict
par Guilhaume de Lanteuil à François de la Forestie,
du 5 may XV- XIII.
Autre contract de vante faict par ledict Laforestie et
M» Estienne de TEstang, seueschal à Brive, dudit vil-
lage du Vialard...., du seiziesme de septembre mil cinq
cens quarante; ledit contract est receu par Lacoste
Arrest du parlement donné entte les S" de Noalies
et de Dury, du trantiesme may XV IIII" XVII, signé
Pichon, portant relaxance donnée en faveur dudit sieur
de Dury des pretantions que ledit S' de Noalles avoit
contre luy
Contract de transaction entre M' Denys de Sahuguet
et le sieur de Vielbans, son nepveu, receu par Geoffre,
notaire à St-Meymin, du 4 juilliet 1622.
Contract de mariaige faict entre Claude de Nantes et
(1) Henri de Noailles, comte d'Ayen, baron de Chambres, de
Malemort, seigneur de Brive en partie, né à Londres en 1554;
il testa le 8 octobre 1621.
T. TX. «-iJ
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Huguet de Sudin, habitans de Brive, du vingt sixième
juing mil six cens deux
Sentence donnée entre le feu S"" de Dury et Louyse
de TEstang, veufve à son couzin, touchant la maison et
jardin appellée de Bassy, du 19 d'apvril XVI* VI
Obligation consentie par les feux S*" et Dam®"*» de Dury
en faveur dudit feu M* Pierre de Lescat...i, du x feb-
vrier mil six cens quatre.
Gontract d'eschange faict entre Albert Noiret, S' de
Dury, et Louyze de TEstang...., du dix huitiesme dé-
cembre mil six cens deux
Gontract de vente faitte par Anthoinette de Vielbans,
veufve de Pierrflte, au S' de Dury...., du septiesme
febvrier mil cinq cens quatre vingtz treze.
Coppie d'acte d'intervention du seigneur visconte de
Turenne touchant les francz fiefz, qui est ez mains de
M® Hugues Chastaing, greffe en datte du troisième may
mil six cens vingt neuf.
Obligation de feu M' de Dury à Catherine d'Apvril,
veufve à feu Jehan d'Apvril, de la somme de trante
livres, du treiziesme janvier mil six cens quatre
Coppie d'arrest donné en faveur de M' Sahuguei con-
tre les dames de Canyroux, du 18 d'aoust 1613.
Homaige faict par le sieur de Lantheuil au S' prieur
d'Albinhiac, à cause des dix mes.
Autre homaige du seignieur de Lantheuil à la dame
prieure de Couyroux, à cause des dîmes.
Contract d'acquisition faict par M*" de Sahuguet de la
seigneurie du Vialard et autres choses y comprinses,
du 4 juillet 1605.
Investiture en faveur du S^ de Dury, du village du
Vialard, par le S"" visconte de Turenne, du dixiesme
décembre XV IIII" XVIII.
Acquisition du village du Vialard par M*" de Dury,
de M"" de TEstang, procureur, du 29 may 1596.
Vante faicte par Guilhaume de Lantheuil, du villaige
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— 347 —
de Vialard, à ung nommé François de la Fourestie, de
Brive, l'an 1529.
Recognoissance faicte par Marguerite de Jouberthou,
veufve de feu Rigou, a M' de Dury, de certaine vigne....,
du 26 septembre 1600.
Testement de feu M' M* Denys de Sahuguet» con-
seiller, esleu, du trantiesme décembre mil six cens vingt
huict
Contract de mariage de M' M" Jacques de Sahuguet,
et damoiselle Suzanne de Dumas, du xxvi* juillet 1624.
Liasse de papiers concernant M* Léonard Villeneufve
de Borboulon et feu M' de Sahuguet, chanoyne de St-
Martial de Limoges.
Testement de feu M' M* Jacques de Sahuguet, doc-
teur en théologie, du 25 janvier 1619.
Contract faict entre MM" de St-Martial de Limoges et
M"" le théologal Sahuguet, du dix buitiesme d'octobre
mil six cens huict.
Autre contract faict entre M*" le contreroUeur Sahu-
guet et les dames relligieuses de Ste-UrsuUe, pour
mettre sa fille relligieuse, du xv juing 1628.
Contract d'accord faict entre MM" de Sahuguet, S*" du
Vialard et de la Rouye, touchant l'hérédité de feu M' de
Sahuguet, chanoyne de Limoges, du 28 juillet 1621.
Contract de mariaige d'entre la demoiselle de Dur-
fort, et honnorable homme M' Philippe de Turmini, du
pénultième janvier XV IIII" XVL
Contract de mariage ^e ladite Durfort et M' M* Denys
de Sahuguet, du 22 juillet 1623.
Obligation consentie par Messire Anthoine de Sahu-
guet, chanoyne à Saint-Se vérin lez Bourdeaux, en faveur
de M' du Vialard, du 29 d'octobre 1617.
Contract de mariage du 30 janvier 1585, de Monsieur
le président Geraud avec Jehanne de Sahuguet.
Quittance concernant ce que M' le chanoyne Joyet
récent pour la réparation de lesglize de Juillac, du 18
octobre 1608.
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Contract de mariage de feu sieur de la Rouye avec
Marthe des Halles, du 29 juing 1624, receu par Geoffre,
notaire royal à St-Meymin
Contract de mariage de M* Guilhaume de TEstang,
conseiller au presidial, avec damoiselle Marguerite de
Malcap; a esté receu par de Charlionnaires , notaire
royal, datte du 22 mars 1594.
Le testement de dam*"* Léonie de Malcap, veufve de
feu M' de la Vernhole, datte du 15 apvril J627.
Du 18 juin 1633, contract de transaction entre la supé-
rieure de Ste-Ursule et Jacques de Sahuguet, concernant
les droictz de Jehanne, sa sœur, receus par Loumond
avec ung acte capitulaire receu par ledit Loumond 2 jours
devant.
Quittance de Malepeyre, apothicaire de Brives, à la
date du 5 décembre (1631).
Je soubsigné confesse estre payé content et satisfaict
de toutes les fournitures, drogues, medicquementz et
autres marchandises que je pourrois avoir fourny pour
M' Sahuguet, esleu, et sa maison ensemble, de toutes
les drogues et parfums qu'il a prins pour et au non
des habitantz du village du Vialar, de quoy le quitte,
en ce comprins toutes autres quitances que je pourois
avoir baillié ce jour d'huy Faict à Brive, le cin-
quiesme décembre mil six centz trante bing.
Malepeyre, appot
Livre véritable des mémoires du peu d'argent qui m'est
deub, grâces à mon Dieu, le suppliant de tout mon
cœur de vouloir bénir l'œuvre, auquel il faudra ad-
jouster foy. Dieu m'appelant de ce monde.
Le 14 febvrier 1623, ay preste au sieur de la Gar-
terie un livre de saint Augustin, Psalmus, in-fol. cou-
vert de velin noir, plus la Bible en franrois, in-fol. cou-
vert de velin rouge, avec des filetz d'or.
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Virtutem incolumem odimus
Sublatam ex oculis quœrimus intus (1).
Mémoire que le 6 novembre 1631, estant sur le point
de nostre rettraicte de la ville de Brive à cause du
mal contagieux qui est en icelle, pour m'en aller au
chasteau de la Rouye, j'ay envoyé avant mon despart
ches les pères Recolletz pour me garder et conserver
ce qui s'ensuit :
Premièrement 2 grands bassins de la valleur du moins
de sept escus pièce; Tung contenant 8 seaux d'eau ou
environ, et l'autre 5 ou environ, et un petit d'un seau
d'eau, et un pot sans pieds avec son couvert; plusieurs
crucifix à l'huille avec le relief de boys doré, de la
grandeur de troys pieds; plus une sainte Susanne avec
deux viellars, peinte à l'huille sans rellief.
Plus 2 coffres-bahus de boys, et dans l'ung y a dedans
6 linceulx, une douzaine et demie de napes, 2 ou il y
a divers papiers; dans l'autre y a 2 garnittures de lict
vert, plus une couverte verte; 2 chandelliers d'airein.
Plus I grande ouilhette; plus VI damiers de verre et
d'hivoire; plus une chopine de cristal; plus un paire
de landiers (2) d'airein faictz à la mode sans estre gar-
nis de fer; plus 6 grands platz et 6 grandes assiettes;
plus la conferance des ordonnances (3) en grapd volume ;
plus la Bible en françoys ; plus Grenade en grand vol-
lume (4) ; 2 tapis verds; plus un rideau pour ledit crucifix.
(1) Horace, Odes, liv. III, od. XXIV, vers 31 et suivants; la
citation complète serait :
Virtutem incolumem odimus,
Sublatam ex oculis quœrimus invidi.
(2) Landier, ustensile de cuisine ou de chambre sur lequel on
met le bois dans les cheminées : chenet.
(3) Guénois avait publié, en 1596, la Conférence des Ordon-
nances en 1 vol. in-fol. Guénois, dans ses éditions successives,
augmenta son ouvrage, qui comprit enfin 3 volumes in-fol.
M. de Sahuguet s'en était tenu à la première.
(4) S'agit-il là des Guerres civiles de Grenade, ouvrage espa-
gnol, à demi-historique, à demi-romanesque, de Gines Ferez de
mta?
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— 350 —
Sera mémoire que les deux coffres de ma femme
sont à la Vigier, plains de linge, et y a de la vesselle,
chemizes et autres linges et garnitures de lict d'esté,
tout fermé dans lesdits deux coffres.
Devantaige y a dehors une cloche de ras jeaunne
garnye de passemens larges, noirs et gaunes, un ma-
telas, 2 couvertes, Tune bleuye et l'autre verte.
Plus 4 linceulx qu'il faut scavoir si on les a mis
dans lesdits coffres.
Et advenant le partement. fust encores porté ches les-
dits pères recoUetz un coffre de bois noyer dans lequel
y a divers papiers, 3 bouteilles d'estain quarées, plus
une pinte, une tercière et un demy; est tout fermé
dans ledit coffre; plus f feust porté un grand paire
de landiers de fer; plus y feust porté une belle cohete
et un cuissin plies dans une couverte blanche rayée
de noir.
Sera mémoire que j'ay laissé dans ma maison mon
vallet Jehan la Borderiane et sa fille, et donné charge
a ladite Borderiane de doner aux RecoUetz un baril
de vin et une charetée de bois, et luy ay laissé 3 1.
d'argent monoyé pour leur achepter du* pain.
Mémoire consernant sire Ghaluet, orphèvre. Sera mé-
moire qu'en juilhet 1624, j'ay achepté dudit Chaluet
une bague d'or avec ung diaman en piramide, un
poinçon d'or, un aneau-espousalisse d'or et un aneau
d'argent pour le prix et somme de 104 1., sur quoy
je luy ay paie 10 pistolles vallant 74 L; plus a receu
4 onces d'or, plus une bague d'or du prix de 3 1.,
qui fait en tout 92 1. 12 s.; et pour les 12 1. moins
8 sols restans, les luy faudra payer Ihors qu'il me
remettra une croix d'or du poix de 9 onces 3 grains
et qu'elle s'euvre avec un ressort, ou il y a d'un costé
un crucifix et une teste de mort au bas de la dite croix,
qui est esmailliée.
(L'auteur revient à ses comptes.)
Premièrement, Monsieur de la Rouye. Par scedule du
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— 351 —
16 décembre 1624, escripte de la main de Pierre Vitrac
dit Theminas, lors mon clerc, et signée et soubscripte
de la main dudit sieur
Monsieur Dumas, seignieur de Soulaiges, oncle pa-
ternel de ma fenune comme estant obligé par contract
lors de Tachapt de Toffice d'esleu du feu sieur de la
Rouye de payer ses debtes, il a acquitté en mon en-
droict la susdite partie de 300 1
M** Jehan Spinafouze et Joseph Lafon, solidairement,
par contract de rente constituée du 24 décembre 1631
receu par Veyssière, nott. royal de Brive, me doibvent
100 1.
Anthoine Yialanes et Jehan Capbort, dit Laudon, so-
lidairement, par contract de rente constituée receu par
Laporre, nott. royal de Brive, du 5 aoust 1619, me
doibvent solidairement 100 1
M* Coderc, nottaire, dit Chapelier, Pierre Marti et
Joseph Maies, solidairement, par contract de rente cons-
tituée du 21 avril 1622 receu par Lapoire, nottaire
royal de Brive, me doibvent 400 1
Damoyzelle Teneze, vefve au feu sieur Dumas, juge
de Donzenac, par obligation du 13 juilliet 1624 receue
par Veyssière, nottaire royal à Brive, me doibt la
somme de 325 1.
Damoyzelle Teneze, vefve au feu sieur Dumas, juge
de Donzenac, par un contract de rente constituée du
6 novembre 1620 receu par Veyssière, nottaire royal à
Brive, me doibt 300 1.
Claude Cronsac, macelier (1) à Brive, par obligation
du 6 septembre 1622 receue par Domenech, notaire royal,
me doibt treize centz livrez.
Le sieur Laplasse, advocat, par obligation du 14 aoust
1622 receue par Lapoire, me doibt 130 1.
Le sieur du Lhouvel, par obligation du 4 mars 1622
receue par Veyssière, not. r., me doibt 300 1.
(1) Macellarius, boucher.
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— 352 —
Le sieur du Lhouvel, par obligation du 19 juilliet
1622 receue par Veyssiere, me doibt ledit sieur la
somme de 150 1.
Le sieur du Lhouvel, par autre obligation du 30 juil-
liet 1622 reçue par Veyssiere, nottaire royal, me doibt
la somme de 150 1.
Ici sont les obligations de Fargent que j*ay preste
de la reserve faite des sommes cy devant scriptes, et
premièrement j'ay ballié à mon père cent sincquante
livres, pour parfaire un entier payement d'une somme
qu'il avoit empruntée d'un esleu de ceste ville, comme
U feit.
Francilion Bersac de la Vivinie, parroisse de Juilhac,
par obligation du 4 mars 1620 receue par Granier, no-
taire à Juilhac, me doibt 40 1.
(1632). Le 13 aoust, presentz Paul et Guilhon Le Ser-
rurier, je preste à Peire Maure de Maniac, parroisse
de St-Cric lez Champaniac (1), gendre à Léonard Penaud
du Verdier, la somme de 40 solz, pour lever quelque
expédition du grefFe de certain procès qu'il avoit d'une
pistoUe faulce au prei^idial et le sieur Régis, son pro-
cureur.
Le vingt sixiesme jenvier (1633), Monsieur Laplasse
m'a laissé en depost ce que s'ensuit, outre l'obligation
qu'il m'a mis en main, scavoir : une bague ou il y a
ung diamant; plus un chaton ou il y a un safir blanc;
plus une bague cornalline; plus une bague d'ung dou^
J)le; plus deux petites chesnes faictea en jazcran d'or.
Anthoine Saule, dit Expresite, marchand a Juilhac,
par obligation du penultiesme janvier 162 receue par
Guilhaume Rigaud, notaire, doibt 50 1.
Marguerite Tesserot, vefve à feu Lapousye, du vil-
laige de Garameau, parroisse de Segonsac(2), comme
l'ayant acquiter de M' Amarsit, juge, me doibt la somme
de 140 1., par obligation du 10 décembre 1625.
(1) Saint-Gyr-les-Ghampagnes, canton de Lanouaille (Dordogne).
(2) Segonzac, canton d'Ayen (Corrèze).
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- 353 —
Gerauld Alviaarie et Mons' Amarsit Tesleu, son cau-
tion, par obligation du 21 may 1627, me doibvent soli-
dairement, comme subrogé de Mons' Faulcon, lieutenant
criminel, qui me preste son nom et pour cause, la
somme de 45 1.
Je soubs signé Jehan du Pouch, me suis aresté au
service de Monsieur de Vielars, conseiller du roy, esleu
et contrerolleur en la presante ville de Brive, naoyen-
nant le salaire de douse livres et une remice de set
chapeaux pour un an, et le prometz servir en toute
fidélité; en foy de quoy ay escript et signé le pre-
mier de may 1633.
DupoucH, du village del Pouch,
paroisse de Chavaignac.
Denys Amarsit et M* Amarsit Tesleu, son caution et
son plus proche voisin, par obligation du 21 may 1627
receue par Veyssière, me doibvent solidairement la
somme de 45 1.
Jehan Reynal et Jehan Favede, du Vialard, solidai-
rement, par obligation du 3 juin 1627 receue par Juge,
not. royal, me doibvent solidairement la somme de 65 1.
Jehan Joubert, du villaige de Martiniac, paroisse Ste-
Fereolle, par obligation receue par Juge du 20 mars 1628,
dont j'ay Toriginal, me doibt la sonune de 16 1. 5 s.
Pierre et Nazari Chaussades, père et fllz, cordonniers
au bourg de St-Bonnet, solidairement, par obligation du
22 juin 1628 receue par Aultier, mon cousin, me doib-
vent solidairement, dont j'ay Toriginal, 60 1.
A&thoine Reynal et Jehan Saulle, son gendre, du Via-
lard, solidairement, par obligation du 28 octobre receue
par Juge, dont j'ay l'original, me doibvent la somme
de 35 L
François Boozonnier et Jehan Dellac, des villaiges del
Peux la Mousch« et Laborde, paroisse de Lanteuil, soïi-'
dairement, par obligation du 15 febvrier, dont j'ay l'ori-
ginal, receue par Laumond, notaire, doibvent solidaire-
ment 150 1.
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— 354 —
Pierre Dufaure, notaire royal, et Sebastien Beral, des
villaiges d'Ussac et de la Borde, paroisse de Lanteuil,
solidairement, par obligation solidaire receue par Ghas-
taing, dont j'ay Toriginal du 20 febvrier 1629, me doib-
vent 40 1.
Girou Reynal, dit Boyer, du Vialard, par obligation
receue par Juge, dont j*ay l'original du 4 novembre
1628, me doibt 10 1.
Girou Reynal, du Vialard, et Jehan Seiche-Peyre, de
la Favede, solidairement, par obligation solidaire, dont
j*ay l'original du 21 febvrier 1629 receue par Chastaing,
me doibvent 40 L
Jehan Seiche-Peyre et Estienne Paschal, solidaire-
ment, du villaige de la Favede, paroisse d'Emprunie,
par obligation dont j'ay l'original receu par Chastaing
du 20 febvrier 1629, me doibvent solidairement 10 1.
Scedule de trois centz de Mademoyselle de la Forgas,
du penultiesme septembre, jour de St-Michel 1632.
Jehanne Dandrieu, vefve à feu Tony Reynal, qui me
debvoit vingt livres, m'a baillé une subrogation d'une
obligation.
Le vintiesme apvril 1633, Monsieur du Vialard m'a
preste le plat basin d'argant que luy promes randre
demeyn, en foye de quoye je escris e signe la presante.
Q. GiLIBERT.
Ghaptal de Joseph Bersac, du villaige de la Vivinie,
parroisse de Juilhac, du 19 de may 1629, de deux chefz
de bestail recogneu pour 24 1. et 16 solz.
Monsieur de Larmenie. Le 19 juin 1631, ay preste
à mon beau frère, le sieur de Larmenie, une double
pistoUe d'Italie...., pour aller a Chambaret (1) Mon-
sieur Maigne, advocat du Roy, me doibt 29 1.-12 s.
Sera mémoire qu'en avril 1631, estant à Bourdeaux
contre les religieuses de Ste-Ursule, estans lors avec
(1) Haute-Loire. Commune de Geaux-d'AUègre*
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— 355 —
ledit sieur Maigne, et sur le point de mon despart,
ledit sieur me pria de luy prester Targent que j'aurois
de reste, et sur ce luy prestai sept escus d*or.
Giral Borie, d'Emprunie, du 15 juin 1628, doibt trois
livres.
Girou Reynal, dit Bouyer, du Vialard, par obligation
du premier de juin 1629, dont j*ay Toriginal receu par
Gouchard, me doibt 6 1.
Jehan Bardisson, maistre cordonnier à Brive, par
obligation du 4 juin 1629, me doibt, dont j*ay l'ori-
ginal receu par Veyssière, la somme de 9 1.
Jehan Monteil, du Pui la Mousche, par obligation
dont j'ay Toriginal, me doibt la somme de 12 1. en
date du 20 septembre 1629.
Monsieur Âmarsit, mon beau-frere, par obligation du
21 avril 1630 receue par Couchard, notaire royal à
Brive, qui m'en a deslivré une coppie, me doibt la
somme de deux centz soixante livres.
En avril 1634 ay prins à Tulle, chez Gahnot, 6 aulnes
3 quartz satin de Gènes, amarante cramoisi, à 9 1. 5 s.
aulne, pour un cotillon à ma femme.
M. Gerauld, président, par obligation receue par Juge,
notaire royal de Brive, le 21 aousli 1620, doibt a feu
mon père 100 1.
Martial Mionnade, dit Rigoult Vieux, par obligation
du 28 avril 1630, dont j'ay receu l'original par Deveille,
nottaire royal, doibt dix livres
Ây preste à M' de la Coste, suivant sa lettre, le
14 octobre 1634, une double pistolle d'Italie et 4 pis-
tolletz d'Espaigne, vallant tout 34 1.
Plus, le 26 octobre audit an 1634, en présence de
Mademoiselle sa femme
M' de Lestang, advocat, par scédule du 19 mars 1635,
luy ay preste 24 1. pour l'enterrement de sa mère, que*
Dieu absolve.
Plus, en juin 1636, ay fourny les frais funeraux de
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— 356 —
Mad*"" sa femme, luy estant à Bourdeaux, et ay balUé
15 1. 14 solz qu'il me doibt encore.
Anthoine Joyet, de Juilhac, par scédule du 18 juin
(1630), à cause de Tafferme de Puidaurad, qu'il a jouy
Tannée passée, me doibt six vingtz livres.
Jehan Courtine, du villaige de Mas La Courtine, par-
roisse de Jugeais (1), par obligation receue par Cou-
chard, qui a Toriginal du 5 may 1630, me doibt la
somme de 50 1.
Monsieur Laplasse, advdcat au Parlement, habitant de
Brive, par obligation du 22 may 1630 receue par Mar-
tin, dont j'ay Toriginal, doibt la somme de 100 1.
M* Léonard Couchard, procureur et nottaire, par obli-
gation du 3 juin 1630 receue par Martin, nottaire royal,
me doibt la somme de cent livres
Madame la présidente s'accoucha d'une ôllie Auba-
zine, environ unze du matin, jour de sabmedy, avec
grand travail, le 14 febvrier 1632, pleine lune et jour
de Sainct-Felix.
Couche de damoyselle de la Coste, d'un ôlz. Elle
s'accoucha le 7 avril 1634, en caresme, jour aussy du
vendredy avant les Rameaux, a 2 jours et une heure
du premier cartier de la lune, et précisément sans
presque de travail* à six heures et demye du matin,
assistée de sa belle mère et sœurs. Ce susdit jour 7
est mis au nombre des dangereux par l'almanac de la
Rivey, au signe de la Vierge, beau temps et chaud,
le bled 30 solz, le froment 40 s., le vin aux hostelleries
2 s. la pinte, aux maisons 1 s. 2 caroles, et l'excédent
2 s. rarement.
Seront parrin M' Malier, et marine Mad*"« la lieute-
nante generalle.
Couche de Mad"""* de la Coste, sans grand travail.
Le 21 aoust 1632, un car d'heure avant 9 heures du
matin, temps sombre; aprez, à 11 heures, se mit à ple-
(1) Commune de Brive (Gorrèze).
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— 357 —
voir. Mad*"* de la Coste, Marie Dumas, s'accoucha d'une
fort grosse flllie, et estoit le penultiesme jour de la
nouvelle lune, et le 20° jour précèdent, sur le soir,
Mercure en sextil, avec la sœur du Soleil, du signe
de la Vierge à celuy du Scorpion (1). Le bled valoit
30 s., onze le segle, le froment sincquante, jusques à
55 s.; le vin 6 1. 10 s. le muy, et 7 1. ou 7 1. 10 s. le
meilheur.
Faisions bonne garde à cause que Monsieur estoit en
Languedoc, pour finir la guerre à Mons' le cardinal de
Richelieu (2) , bon serviteur du Roy, que Dieu nous
préserve. La susdite accouchée a esté assistée de Mad»"*
la lieutenante générale sa nièce, sa belle mère, de sa
belle-sœur de Mallier, et le sieur Mallier la tenoit.i de
Mesd®"*" de Larmenie et du Vialard, de Mad*"° de Las-
sessene de Verliac, et de Dubois, chirurgien. Le sieur
de la Coste, son mary, estoit allé à la Roche de Ly-
mosin quérir M' le président et Madame, ou estoit ma-
lade le sieur Vachon, chimrgien, de la dissanterie.
Le 19 aoust 1632, du matin jour de vendredy, la
femme de Vachon, chirurgien, mon voisin, s'en allant
trouver son mary, malade de la dissanterie, à la Roche
de Lymosin ou est le sieur président; luy ay preste
trois livres que Pauly lui porta, en présence de sa
chamberiere.
La damoyselle de la Coste se maria le penultiesme
ou dernier aoust 1631, jour de dimanche, sur le tard,
environ a 10 ou 11 heures; et le 21 aoust 1632, jour
de dimanche, du matin, environ 9 heures un car, est
accouchée d'une grosse fiUie, heureusement, qu'est 8 jours
(1) L'astrologie judiciaire était de mode au xvii» siècle. C'est elle
qui donna à Louis Xlll le surnom de Juste, parce qu'il est né
sous le signe de la Balance. Quand Anne d'Autriche accoucha de
Louis XiV, un astrologue, caché dans un cabinet voisin, tira
l'horoscopo du royal enfant.
(2) La guerre contre les partisans de Gaston d'Orléans et du
maréchal de Montmorency, gouverneur de Languedoc.
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— 358 —
avant la fin de Tan de son mariage. Dieu luy donne
bonne fortune. Amen.
Couche de ma sœur d'Amarsit (1). Elle s*acoucha la
veille de St Jehan Baptiste, à onze du soir prœcise-
ment, dans sa maison en ville, Tan 1633, d'une fillie
bien grosse et grande, et sans grand peyne et travail,
et c'est sa troiesme (2). Dieu luy donne bonne fortune
et sa crainte. La lune estoit de 2 jours et 3 heures
après sa plénitude, car estoit pleine le mardy précè-
dent a 8 heures du soir et 9 minutes.
Le bled se vend : le segle 32, 33 et 4; le froment
55, 56; la pinte ce vin un sol et 16 deniers, par ville,
le meilleur; sperance de belle et bonne récolte; grand
tallié sur le pauvre peuple, sur noz officez.
Estienne Durand, Pierre I^afbn et Léonard Valet, mes-
tayers à Puidaurad et Chadevialle, par obligation du
7 juin 1630 dont j'ay les originaux, me doibvent 18 1.
Par obligation du 20 juin 1630, dont j'ay l'original,
François Mauriac, apotecaire à Juilhac, à cause de la
vente de ma cavalle, me doibt la somme de 40 1.
Du 23 juin 1630, Anthoine Monsours, de Juilhac, par
obligation receue par CouChard, qui a Foriginal et m'a
baillié coppie, me doibt la somme (oultre aultrez sommes)
de 70 1. .
La Faurie (3). Par tçstement faict recriproquement par
Damoyselle de Lieziers, et François et Philippe de Saint
Viance, belle mère et mère, vefve à feux noblez Fran-
çois et Bertrand de Malcap (4), père et fils, en datte du
12 novembre 1625, receu par Delpy, nottaire royal de
(1) Françoise de Sahuguet, mariée à Pierre de Damarzit, sei-
gneur de St-Michel-Marilhac (Charente, c. de la Rochefoucauld)
et Vauzours.
(2] Elle n'avait pas encore mis au monde son fils, Jacques-Gilbert
de Sahuguet-d'Amarzit.
(3) Paroisse Saint-Paulin, diocèse de Gahors.
(4) Nadaud parle d'un Antoine de Malcap, écuyer, seigneur de
Leyssales, époux d'AntoimIte de la Personne.
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— 359 —
la Faurie, lègue ladite de Liesiers à sa fille Jehanne (1),
qui estoit feue ma mère, la somme de 50 1.
Du 25 juin 1630, par obligation receue par Guilhaume
Rigaud, de Juilhac, qui a Toriginal...., me doibvent
Guilhaume et Joseph Bersacq frères, et héritiers de feu
leur père de la Vivinie, 31 1. 14 s.
Vialard. Jehan Borie doibt, par obligation du 30 oc-
tobre 1631 receue par Bach, 23 1.
Obligation du 26 juilliet 1630 receue par Couchard,
notaire à Brive, de Libéral de Lys, mareschal à Brive,
Anthoine Vedrene de Connac (2), Faure et Jehan Sau-
liere, son gendre d'En Val, parroisse de Brive, soli-
dairement pour 60 1.
Obligation de cent soixante dix livres à moy deues
par. Monsieur Dumas, président à Brive, et Damoyselle
sa mère, solidairement, du 28 juillet 1630, receue par
Veyssiere.
Par obliguacion du 8 décembre 1630, doibt, Berthou
de Bach, laboureur de Brive, la somme de six 1. unze
solz.
Quittance donnée par le propriétaire de la boutique
de Marguerite Melton à Sahuguet du Vialard, pour mar-
chandises fournies à lui ou à ses gens (Brive, 5 mars
1631).
Du dernier juin 1630, obligation de 16 1. deue par
Jehan Favede, du Vialard.
Marty Reigal, voyturier, et Heliot del Priu, laboureur
de Berchat las Noulz, parroisse de Ste Fereolle, doibvent
la somme de 150 1.
Monsieur Dolier, accesseur des esleus, Jehan Ley-
marye del Fourns Albert, Muiate dict Trautin, hoste
de Larche, Jehan Beaureguard, bourgeois du lieu de
Pazayat, tous, soUidairement, me doibvent, par obliga-
(i) Jeanne de Malcap épousa Denis de Sahuguet, conseiller en
Tôlection de Brive.
(2) Gosnac, commune du canton de Bii|re.
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— 360 —
tion receu par Couchard, notaire royal, qui a Fori-
ginal devers luy et m'en a bailhé une coppie en datte
du 16 apvril 1631.
Transaction entre Mons' du Vialard et Helier Pomeau
de Genitz, concernant rardoize...., en datte du 1" mars
1631.
Quittance de cens cinquante livres a moy bailhée
par Pierre Poingnet, parfumeur, du villaige du Vial-
lard...., receue par Couchart le 14 octobre 1631.
Obligation solidaire de huict vingtz livres en datte du
23 febvrier 1632, receue par M* Nouel Geofifre contre
M** François Reynaud, François Poumeau et Joseph
d'Auvergne, tous habitans du bourg de Genis.
Gabriel d'Auvergne, couvreur, du bourg de Genis,
par obligation receue par La Poire, notaire à Brive,
le 23 novembre 1634, doibt la somme de 2 1.
Prêt le 3 octobre 1632, à la Toinette de La Bastilla.
Obligation de 23 1. 8 solz en original, consentie par
Jehan Borie, du Vialard, pour les parfums et medica-
mentz
Obligation solidaire d'Antoine Joyet et Gerauld de
Laye de Gousan, du 24 aoust 1632.
Obligation de 20 1 receue par de Bach, nottaire
royal (à Brive), contre Estienne Gilibert dit Mercier.
Original d'obligation de Pui Jalon, menuisier à Brive,
et qui a une vigne tenante à la mienne.
Obligation sollidaire de la somme de troys cens livres
deuhes par Léonard Dupuy, juge de St Bonnet, et Léo-
nard La Jugie, de Ghabrignac (IJ, receue par Dufour,
nottaire de Brive (27 novembre 1632).
Du 29 novembre 1632, obligation solidaire de 240 L
par Jehan Seguy et aultres, de St Robert (2) d'Outrai.
Pai* obliguation receue par Dufour, Jehan et Estienne
Gellibert, père et filz, me doibvent la somme de deux
(1) Canton de Juillac (Gorrèze).
(2) Canton d'Ayen (Corrôze).
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— 361 —
centz livres, et pour plus grande seurté m'ont angagé
ung plat, bassin, une eygière et une sallière d'argent
sans doiTure, ou les armes de Madame de Place sont
gravées.
(Le même jour, prêt à Mad*"* de' Lestang Lavorre.)
Le Î2 janvier 1633, ay preste à Monsieur Laplasse,
advocat, la somme de cent livres par obliguation.
Du 11 febvrier 1633, preste à Jehan Bove, du Via-
lard, sinq livres.
Du 28 juilliet 1633. Mons*" de Soulages me doibt trois
escuz d'or.
Prêt à Léonard Dupuy et Aymard Aultier, de Saint
Bonnet la Rivière, le 8 juillet 1633.
Prêt à Domenech, de Juilhac, le 11 août 1630, en
présence d'Amarzit, élu de Brives, et de Delpy, clerc
de M' de Vialard.
Prêt, le 5 octobre 1633, par devant Noël Geoffre, de
la Vaurie, parroisse de St Meymiu, à Anthoine Nas-
pouey, Jehan Champsac, Léonard Pomeau, François Po-
meau, arpenteur, et François Pomeau, hoste, à St Genis.
Scedule d'Avril, marchant, pour 14 1. 10 s., du 14 no-
vembre 1633
Du 15 décembre 1633, vante de bois faicte au sieur
Demenech, de Segur, de certains bois à la Mandrie.
Du 13 juillet 1634. Bourdereau de l'argent pour moy
ballié à M' Saige, pour ma cottité de la taxe du sol
pour livre
23 aoust 1634. Ay preste à M' Vielbans, le contre-
roUeur, la conférence des ordonnances en grand volume
in follio, couverte d'un velin amaranthe avec des fille tz
d'or, et mon nom est script en divers feuillietz
(Le journal n'a pas été continué,)
T IX. 8-iS
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LOI
fwt la
COIËRVATION DES lOllHTS
ET OBJETS D'ART
AYANT UN INTÉRÊT HISTORIQUE ET ARTISTIQUE
Nous reproduisons, d'après le Journal officiel du 31 mars
dernier, le texte d'une loi récemment adoptée pour la
conservation des Monuments et Objets d'art ayant un intérêt
historique et artistique. C'est un document des plus inté-
ressants pour les archéologues, les antiquaires, et en
général pour toutes les personnes qui s'intéressent à
l'histoire du pays :
Le Sénat et la Chambre des députés ont adopté,
Le Président de la République promulgue la loi dont
la teneur suit :
CHAPITRE PREMIER
IMMEUBLES ET MONUMENTS HISTORIQUES OU MÉGALITHIQUES
Article premier. — Les inuneubles par nature ou par
destination dont la conservation peut avoir, au point de
vue de l'histoire ou de l'art, un intérêt national, seront
classés en totalité ou en partie par les soins du ministre
de l'instruction publique et des beaux-arts.
Art. 2. — L'immeuble appartenant à l'État sera classé
par arrêté du ministre de l'instruction publique et des
beaux-arts, en cas d'accord avec le ministre dans les
attributions duquel l'immeuble se trouve placé. Dans le
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— 364 —
cas contraire, le classement sera prononcé par un décret
"rendu en la. forme des règlements d'administration pu-
blique.
L'immeuble appartenant à un département, à une com-
mune, à une fabrique ou à tout autre établissement
public, sera classé par arrêté du ministre de l'instruc-
tion publique et des beaux-arts, s'il y a consentement
de rétablissement propriétaire et avis conforme du mi-
nistre sous l'autorité duquel l'établissement est placé.
En cas de désaccord, le classement sera prononcé par
un décret rendu en la forme des règlements d'adminis-
tration publique.
Art. 3. — L'immeuble appartenant à un particulier
sera classé par arrêté du ministre de l'instruction pu-
blique et des beaux-arts, mais ne pourra l'être qu'avec
le consentement du propriétaire. L'arrêté déterminera les
conditions du classement. S'il y a contestation sur l'in-
terprétation et sur l'exécution de cet acte, il sera statué
par le ministre de l'instruction publique et des beaux-
arts, sauf recours au conseil d'Etat statuant au con-
tentieux.
Art. 4. — L'immeuble classé ne pourra être détruit,
même en partie, ni être l'objet d'un travail de restau-
ration, de réparation ou de modification quelconque, si
le ministre de l'instruction publique et des beaux-arts
n'y a donné son consentement.
L'expropriation pour cause d'utilité publique, d'un im-
meuble classé, ne pourra être poursuivie qu'après que
le ministre de l'instruction publique et des beaux-arts
aura été appelé à présenter ses observations.
Les servitudes d'alignement et autres qui pourraient
causer la dégradation des monuments ne sont pas appli-
cables aux immeubles classés.
Les effets du classement suivront l'immeuble classé,
en quelques mains qu'il passe.
Art. 5. — Le ministre de l'instruction publique et des
beaux-arts pourra, en se conformant aux prescriptions
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— 365 —
de la loi du 3 mai 1841, poursuivre Texpropriation des
monuments classés, ou qui seraient de sa part Tobjet
d'une proposition de classement refusée par le parti-
culier propriétaire.
Il pourra, dans les mêmes conditions, poursuivre
l'expropriation des monuments mégalithiques, ainsi que
celle des terrains sur lesquels ces monuments sont placés.
Art. 6. — Le déclassement, total ou partiel, pourra
être demandé par le ministre dans les attributions du-
quel se trouve Timmeuble classé par le département,
la commune, la fabrique, rétablissement public et le
particulier propriétaire de l'immeuble.
Le déclassement aura lieu dans les mêmes formes et
sous les mêmes distinctions que le classement.
Toutefois, en cas d'aliénation consentie à un parti-
culier de l'immeuble classé appartenant à un départe-
ment, à une commune, à une fabrique ou à tout autre
établissement public, le déclassement ne pourra avoir
lieu que conformément au paragraphe 2 de l'article 2.
Art. 7. — Les dispositions de la présente loi sont appli-
cables aux monuments historiques régulièrement classés
avant sa promulgation.
Toutefois, lorsque l'État n'aura fait aucune dépense
pour un monument appartenant à un particulier, ce
monument sera déclassé de droit dans le délai de six
mois après la réclamation que le propriétaire pourra
adresser au ministre de l'instruction publique et des
beaux-arts, pendant l'année qui suivra la promulgation
de la présente loi.
CHAPITRE II
OBJETS MOBILIERS
Art. 8. — Il sera fait, par les soins du ministre de
l'instruction publique et des beaux-arts, un classement
des objets mobiliers appartenant à l'État, aux départe-
ments, aux communes, aux fabriques et autres établis-
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— 366 —
sements publics dont la conservation présente, au point
de vue de Thistoire ou de Tart, un intérêt national.
Art. 9. — Le classement deviendra définitif si le dé-
partement, les communes, les fabriques et autres éta-
blissements publics n'ont pas réclamé, dans le délai de
six mois, à dater de la notification qui leur en sera
faite. En cas de réclamation, il sera statué par décret
rendu en la forme des règlements d'administration pu-
blique.
Le déclassement, s'il y a lieu, sera prononcé par le
ministre de l'instruction publique et des beaux-arts. En
cas de contestation, il sera statué comme il vient d'être
dit ci-dessus.
Un exemplaire de la liste des objets classés sera dé-
posé au ministère de l'instruction publique et des beaux-
arts et à la préfecture de chaque département, où le
public pourra en prendre connaissance sans déplacement.
Art 10. -— Les objets classés et appartenant à l'État
seront inaliénables et imprescriptibles.
Art. 11. — Les objets classés appartenant aux dépar-
temeots, aux communes, aux fabriques ou autres éta-
blissements publics, ne pourront être restaurés, réparés,
ni aliénés par vente, don ou échange, qu'avec l'auto-
risation du ministre de l'instruction publique et des
beaux-arts.
Art. 12. — Les travaux, de quelque nature qu'ils soient,
exécutés eji violation des articles qui précèdent, donne-
ront lieu, au profit de l'État, à une action en dommages-
intérêts contre ceux qui les auraient ordonnés ou fait
exécuter.
Les infractions seront constatées et les actions inten-
tées et suivies devant les tribunaux civils ou correc-
tionnels, à la diligence du ministre de l'instruction pu-
blique et des beaux-arts ou des parties intéressées.
Art. 13. — L'aliénation faite en violation de l'article 11
sera nulle, et la nullité en sera poursuivie par le pro-
priétaire vendeur ou par le ministre de l'instruction
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— 367 —
publique et des beaux-arts, sans préjudice des dommages^-
intérêts qui pourraient être réclamés contre les parties
contractantes et contre rofBcier public qui aurait prêté
son concours à Pacte d'aliénation.
Les objets classés qui auraient été aliénés irréguliè-
rement, perdus ou volés, pourront être revendiqués pen-
dant trois ans, conformément aux dispositions des articles
2279 et 2280 du code civil. La revendication pourra être
exercée par les propriétaires et, à leur défaut, par le
ministre de Finstruction publique et des beaux-arts.
CHAPITRE III
FOUILLBS
Art. 14. — Lorsque, par suite de fouilles, de travaux
ou d'un fait quelconque, on aura découvert des monu-
ments, des ruines, des inscriptions ou des objets pou-
vant intéresser l'archéologie, l'histoire ou l'art, sur des
terrains appartenant à l'État, à un département, à une
commune, à une fabrique ou autre établissement public,
le maire de la commune' devra assurer la conservaton
provisoire . des objets découverts, et aviser immédiate-
ment le préfet du département des mesures qui auront
été prises.
Le préfet en référera, dans le plus bref délai, au
ministre de l'instruction publique et des beaux-arts, qui
statuera sur les mesures définitives à prendre.
Si la découverte a eu lieu sur le terrain d'un parti-
culier, le maire en avisera le préfet. Sur le rapport
du préfet et après avis de la commission des monu-
ments historiques, le ministre de l'instruction publique
et des beaux-arts pourra poursuivre l'expropriation dudit
terrain, en tout ou en partie, pour cause d'utilité pu-
blique, suivant les formes de la loi du 3 mai 1841.
Art. 15. — Les décisions prises par le ministre de
l'instruction publique et des beaux-arts, en exécution de
la présente loi, seront rendues après avis de la com-
mission des monuments historiques.
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— 368 ^
CHAPITRE IV
DISPOSITIONS SPÉCIALES A l'aLGÉRIE
ET AUX PAYS DE PROTECTORAT
Art. 16. — La présente loi est applicable à TAlgém.
Dans cette partie de la France, la propriété des objets
d'art ou d'archéologie : édifices, mosaïques, bas-reliefs,
statues, médailles, vases, colonnes, inscriptions, qui pour-
raient exister sur et dans le sol des immeubles appar-
tenant à rÉtat ou concédés par lui à des établissements
publics ou à des particuliers, sur et dans les terrains
militaires, est réservée à l'État.
Art. 17. — Les mômes mesures seront étendues à tous
les pays placés sous le protectorat de la France et dans
lesquels il n'existe pas déjà une législation spéciale.
DISPOSITION TRANSITOIRE
Art. 18, — Un règlement d'administration publique dé-
terminera les détails d'application de la présente loi.
La présente loi, délibérée et adoptée par le Sénat et
par la Cbambre des députés, sera exécutée comme loi
de l'État.
Fait à Paris, le 30 mars 1887.
Jules GRÉVY.
Par le Président de la République :
Le ministre de r instruction publique et des beaux^arts^
BERTHELOT.
La loi est suivie d'un tableau-anuexe dans lequel sont
indiqués les monuments historiques de tous les dépar-
tements de France et d'Algérie.
Nous relevons, dans ce tableau, tout ce qui a trait à
notre région, en complétant cette nomenclature par quel-
ques notes mises au bas des pages.
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-^ 369 —
MONUMENTS HISTORIQUES
I. — Monuments mégaUthiques.
CoRRÈzE. —Argentat : Meahir; la Grave de Roland (1).
— Obasine : Cromlech du Puy de Pauliac (2). --^ Esparti-
gnac : Dolmen; la maison du Loup (3). — Feyt : Cromlech.
CROMLECH DU PUY DE PAULIAC
(1) Décrit par M. Ph. Lalande : Mémoire sur les moiiumente
préhistoriques de la Corrèze, p. 42. Saint-Jean-d'Angély, impri-
merie Lemariô, 1867. — Dessin de M. E. Rupin, au Musée de
Saint-Germain.
(2) Décrit par M. Ph. Lalande» loc. cit., p. 35. — Dessin de
M. £. Rupin, au Musée de Saint-Germain; nous en donnons ici
une reproduction. (Cette gravure a déjà été publiée dans les Ma,'
lèriaux pour l'histoire de l'Homme, XI"" volume, 1876, p. 304,
à l'appui d'une notice spéciale consacrée par M. Ph. Lalande à la
description de ce cromlech. M. Gartailhac nous a fort obligeam-
ment prêté le cliché.)
(3) Décrit par M. Ph. Lalande, toc. cit., p. 23. — 11 est à re-
gretter qu'on ait choisi, de préférence à d'autres, le dolmen de
la Maison du Loup, qui n'est point le plus remarquable de la
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— 370 —
Creuse. — Blessac : Dolmen. — Champagnac : Menhir;
la Pierre-Femme. — Dun-le-Palleteau : Dolmen ; la Pierre-
Eubeste. — Serre-Bussière^Vieille {La) : Dolmen. — Bouter*
raine {La) : Menhir de la Gevafie.
Haute- Vienne. — Amac^lO'Poste : Dolmen ; le Four des
Fées; Menhir; la Pierre vironaise. — Cieux : Menhir près
du Ceinturât. — St^Laurent^sur^Gorre : Dolmen; la Pierre
levée. — Saint''Léger''Magnazeix : Polissoir; le Peulvan de
Séjotte.
II. — Monuments antiques.
CoRRÈzE. — Naves : Arènes de Tintiniac (1).
Creuse. — Évava> : Thermes. •
III. — Monuments du Moy engage,
de la Renaissance et des temps mx>demes.
CoRRizE. — Amac-Pompadour : Église. — ObaHne : Église.
Beaulieu : Église. — Brive : Église Saint -Martin; Petit-
Séminaire (2) ; maison à tourelles (3). — Meymac : Église (4).
— Moustier'Vmtadour : Château de Ventadour (5). — Saint'
Àngel : Église (6). — Saint^Cyr^lorRoche : Église. — Saint-
Gorrèze. Les dolmens les plus intéressants et les mieux conservés
sont ceux de la Cabane des Fées, près de Brugeilles, commune
de Beynat; de Glairfage, commune de Sainte-Fortunade ; de La
Païen et de La Ghassagne, commune de Saint- Sernin-de-Larche.
Les dess;ns de ces dolmens se trouvent au Musée de Saint-
Germain.
(1) G'est & tort que ce monument est désigné sous le nom
d'Aréne«. G'est un théâtre romain dont les ruines avaient depuis
longtemps attiré l'attention; mais c'est tout récemment que l'en-
semble des substructions a été mis à découvert par M. Guillot.
Voir, à ce sujet, le travail inséré dans le Bulletin, tome VII,
année 1885, p. 633, et les plans qui l'accompagnent.
(2) Voir, page 335 du Bulletin, la reproduction d'une des sculp-
tures de cet établissement.
(3) Gette maison appartient à M. René Bosredon.
(4) Dessin, voir Bulletin, t. VIII, p. 25.
(5) Dessin, voir Bulletin, t. III, p. 217.
(6) Dessin» voir Bulletin, t. VI, p. 357.
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_ 371 —
Robert : Église. — Ségur : Chapelle. — Tulle : Cathédrale
Notre-Dame; Maison Sage(l), place de la Cathédrale. —
Turenne : Tour dite de César. — Uzerche : Église. — Fi-
geois : Église.
Creuse. — Bénévent : Église. — Chambon : Église Sainte-
Valérie. — Chénerailles : Tombeau de Barthélémy de la
Place dans Téglise. — Felletin : Lanterne des Morts. —
Moustier^'Ahun {Le) : Stalles et boiseries du chœur de
Téglise. — Saint'Pierre'de'Fursac : Vitraux de Téglise. —
Souterraine (La) : Église.
Haute- Vienne. — Boisseuil : Ruines du château de Cha-
lucet. — Dorât {Le) : Église. — Limoges : Cathédrale Saint-
Étienne. — Rochechouart : Château (aujourd'hui sous-pré-
fecture). — Saint'Junien : Église. — Saint^Léonard : Église.
— Saint^Yrieix : Église. — Solignac : Église.
NOTA. — Un avis inséré dans un des numéros suivants du
Journal officiel a fait connaître que cette liste n'était donnée
qu'à titre de renseignement.
(1) Voir dans le Bulletin, tome II, p. 56, une eau-forte repré-
sentant une partie de cette maison.
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SIMPLES NOTIONS
DmiENNE GËOCBArillE BAS-UIOUSINE
Avec leur application, soit aux Cartulaires de Tulle et de Vigeois
soit au Gartulaire de Beaulieu
BIAIS PLUS PARTICULIÈREMENT POUR CE DERNIER, AUX
IDENTIFICATIONS DE M. DELOCHE, DE l'iNSTITUT
Suite (1).
CHARTE LXXXV. — Le manuscrit Costa porte en
marge, en patois barbare : « De sertans (sk) teras que
son a la parocha d'à Arnac, » et la date : « de 954 à
986. » L'annotateur a pris ici, sinon le Pirée pour un
nom d'homme, du moins la vicairie pour la paroisse
(du Puy-) d'Asnac.
Palierius. D. O. — C. Palier, paroisse de Lagleygeolle,
commune de Meyssac, à côté de Marsac, où existe un
lieu dit le. Bos.
Marciacus, in vicaria asnacensi, D. Marsac (St-Basile-
de-Meyssac). C. Il n'y en a point, mais bien à côté
(Meyssac). Ce Marsac a été seigneurie et appartient à
la famille ArgueyroUe. M. D. eût dû pousser sa vicairie
d' Arnac sur la carte, jusqu'au Nord de Meyssac, puisque,
(1) Voir Bulletin, tome IX, p. 155.
Nous rappelons que la majuscule D désigner^a par abréviation la
conjecture de M. Deloche, la mt^uscule G devant être lue Gham-
peval dans ce dialogue figuré, où O signifie que Tinterlocuteur, ne
propose aucune identification.
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— 374 —
de son propre aveu des tables d'identification, il s'agit
là de Marsac, assis au Nord de Meyssac. Rien dans le
Cartulaire ne l'autorisait à inscrire Meyssac en la vi-
cairie de Turenne. Un Gauzlenus, probablement le même,
place encore Mardacus in vicaria Asnacensi charte CXLIX".
Celle qui va suivre nous retient vers Meyssac, avec le
don d'Etienne, prêtre de Mainzaco (1). Sans être classées
absolument par terres, et nous entendons par là les
propriétés de l'abbaye, sises du même côté, les chartes
semblent, en plusieurs cas, nous donner lieu de con-
clure un peu au rapprochement des lieux donnés d'après
la contiguïté des titres de concession. Cet argument se-
rait plein de force si nous avions afiFaire au Cartulaire
d'Obazine, dont M. Brunet, ancien ministre, son heu-
reux possesseur, a eu la bonté de nous laisser prendre
longuement communication, soimiettant de plus à nos
recherches, avec une bienveillance qui ne surprendra
personne, soit à Paris, soit à son château de la Bour-
geade (Saint-Hilaire-Bonneval , Haute- Vienne) , la très
riche collection (2) de vieux titres bas-limousins qu'il a
depuis longtemps amassée. Dans ce Cartulaire d'Obazine,
malheureusement demeuré inédit, mais que M. Brunet
désire bien publier, les nombreuses possessions de l'ab-
baye sont généralement énumérées, en rangeant les do-
nations selon le groupement postérieur des biens par
Granges. Grangia de Alix, — de Sancto^ Palladio (Saint-
Palavy), de Serra, etc. Rien de plus conforme aux inté-
rêts du monastère.
(1) La plus ancienne forme latine de Meyssac, puis de Maen-
saco, Maniciaco, Maysshacum.
(2) M. Brunet a pu faire bonne provision, d'autant plus facile-
ment autour d'U^erche, Pompadour et Vigeois, qu'il y a trente
ans on tenait assez peu, parmi les successeurs des pillards de 93
— ou des bourgeois, fermiers de seigneuries (détenteurs tempo-
raires des terriers à ce titre), — à ce genre de paperasse, heureu-
sement jugée indigne de plier du tabac.
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-^ 375 —
CHARTE LXXXVIII. — Le manuscrit Costa dit en
marge Sordoyra. M. D. le francise Swrdoire, ce qui dé-
route un peu les chercheurs à la table. On ^t et écrit
couramment aujourd'hui Sowrdoire. Nous ne contesterons
pas le Sourdoire de Lachapelle-aux-Saints, mis en avant
par M. D., mais nous lui observerons que le long de
nos rivières s'échelonnaient divers tènements homonymes
de chacune d'elles. C'est ainsi qu'il y a eu le lieu habité
de Corrèze, aux portes de Brive, et une fasion de
Courèze sur la rive gauche, sous Obazine, 1607. (Papiers
de M. Julien Lalande, à Brive.) Il a donc pu y avoir plu-
sieurs Sourdoire, et la silva Surdoira, près Geneste et
Tellide (charte CXLIP), que nous placerons vers Saint-
Geniès-lez-Curemonte, en est probablement une preuve.
CHARTE LXXXIX. — Nous retrouvons la famille des
Stephanus. Cela vaut un avis de se reporter sur les
cartes actuelles vers 8aint-Basile-de-Meyssac. Bretenis,
traduit Bretenoux en marge du manuscrit, est à iden-
tifier {probablement avec Bretenoux (Lot) d'après M. De-
loche. Les chartes IIP et CXCIIP disent Bretonoro;
M. D., à V Index ^ a écrit Bretenorum. C. Ce Bretenis ne
serait-il pas vers le susdit Saint-Basile et le Pescher?
Les homonymes ne manquent pas. Il y eut en 1351,
près de Rochefort de Sornac (Corrèze), un lieu de Bre-
tenoux (Terrier de la Gastine et Confolent, archives de
M. de Selve de Sarran, fort hospitalièrement communi-
quées en son château de la Gane, près Saint-Exupéry).
Il y eut de même un village de Comiac (Goulles), 1726
(papiers de Laqueille), près Mazières, Léobazel, Rouziers,
Pompignac. Passez la Cère, et vous trouvez presque en
face le bourg de Comiac (Lot), facile à confondre avec
celui-ci, comme on le voit. Mazières et Rouziers con-
frontaient à La Peyre-Saint-Martin [aujourd'hui La Peyre
(Camps), signifiant pierre milliaire], ont disparu égale-
ment, au moins de nom.
Sancti Johannis. d. O. à l'index, et l'a omis à la
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— 376 —
Table française. — C. Saint-Jean du Pécher (Sérillac).
Quant au Pêcher, il avait pour patron saint Jean, car
on trouve à la série G 1 de la Préfecture de Limoges :
« La chapellenie de Saint-Jean du Pêcher, 1745, » — et
1779, Joseph, vicomte de Saiut-Chamans, seigneur du
Pescher, est collateur de la chapelle Saint-Jeau-l'Évan-
géliste, du château du Pêcher (papiers Sol-Lalande). On
y fait encore une ballade et procession à la Saint-Jean-
Baptiste.
Nous interpréterions ainsi cette phrase qui semble obs-
cure teneat : X"" ad obedientiam sancti Johannis (de pis-
cario, subauditum : in vicaria Serilhacense). [C'est-à-dire
mouvant de notre terre du Pescher.]
2° Ad obedientiam sancti Baudilii, in tornense, que
nous traduirions : relevant de notre terre de St-Baudile-
de-Meyssac.
Ce sanctus baudilius, que les chartes CL et CLXXVII
achèvent de nous montrer à la fois svu pays de Turenne
et en la vicairie d'Arnac (ce qui devait inviter M. D.
à se rapprocher de Turenne, comme nous avions pensé
que sa conjecture plaçant Meyssac en la vicaria Tori-
nensi en avait été fortifiée), M. Deloche l'identifie LXJra-
dour (Tudeil). »
Pour une appellation d'oratorium sancti baudilii, ou
en peut citer quatre isur cinq) de sancti baudilii, tout
court. Quant à la forme vraic^ Baudile pour Basile, elle
ne fait pas difficulté et fui usitée ici jusque vers la Ré-
volution. On altère encore Saint-Basile de Laroche en
Bauvire, Bauzire, d en s, z, sermone rustico. Oratorium^
en principe, au moyen âge, désignait le plus souvent de
simples croix-limites et de dévotion, d'expiation. Un
exemple de croix expiatoire :
6 septembre 1553. Transaction notariée reçue if* Be^^traiid^
sur Vhomicide commis en la personne de feu Jean Gros, ma^
réchal de Salon, par François Roubert Malroussias^ auquel
Pierre GroSy père de l'homicide, pardonne pleinement^ à la
condition que Robert lui cédera sa maison de Salon, a fera
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— 377 — '
» dire une messe par an^ et dresser sur le chemin de Limoges
» à Toulouse, passant à*La Reboulie {Salon), ung oratoyre de
» pierre, avec une fenestre dans laquelle sera ung ymage de
» N.'D. en grisle de fer, en tout de pareille grandeur et estoffe
» que xmg autre qui est fait au lieu de Uescure-Rabau [Mas»
» seré, » [Archives de M. le comte de Montbroii, au châ-
teau de Forsac (Benayes)].
Nos paysans en placent encore sur le lieu même d*un
accident pour provoquer une prière. (Route de Corrèze à
la gare, sous le Bech, 1880).
Rien ne prouve que Toradour de Tudeil dût sou nojn
à une chapelle, comme Oradour-Fanai» ou Lourdoué-Saint-
Pierre (quoi qu'en dise Du Gange, les preuves du con-
traire abondent chez nous, au point d'y faire de sa règle
une exception) ; ni, qu'étant supposé chapelle, celle-ci fût
dédiée à saint Basile.
La dévotion de nos pères avait multiplié les croix
autant que les ligiites de nos villages entre eux, et les
avait munies presque totites, aux carrefours, d'une ban^
quelle de pierre ou de gazon, iùvit^nt le passant à la
prière. D'où ce nom fréquent des simples croix : Vescha-
mely racina 5camnwm; scamnellum, souvent aussi désignées
Vouradour, quand elles se compliquaient de personnages,
des instruments de la Passion, d'une table ou tombeau,
de tout ce que la piété inspirait d'y joindre, sauf une
chapelle à dire la messe.
Vinea in riberia intrante in illa Cumba; et in Tornense,
sancti Baudilii, une vigne, — accuse bien que nous sommes
là sur les limites et du Tornensis et des possessions de
St-Pierre-de-Beaulieu (pour le Pescher probablement, —
sûrement pour Saint-Basile) et de Saint'Martin^de-Brivej
dont le prieuré avait en effet, en fôOO, la collation du
prieuré-cure de Sérilhac.
Riberia intrante in illa Cumba. D. — La Rivière ^Saint-
Médard-Nicourby, canton de La Tronquière). Mais en
même temps il dit Riberia in Bretenis (Saint-Medard-
Nicourby et à la fois Bretenoux). Nous avertissons de
T. IX. 8-J*
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— 378 —
voir avec soin les deux tables : latine et française. Ici
les tables ont une importance autrement grande que dans
les livres habituels, parce que les identifications qu« M. D.
y a faites et n'a mises que là, contiennent l'application
de sa théorie de Tintroduction. Clair exposé de principes
très justes, formant au Cartulaire un frontispice digne de
ce monument des vieux âges. Application faite de Paris,
malheureusement aussi trop hâtive et de là bien défec-
tueuse. Notre éminent compatriote est de ces grands de
la Science qui savent entendre la vérité, puisqu'il sa-
crifie noblement chaque jour encore à sa poursuite un
lambeau de sa vie, déjà si laborieuse. M. Deloche ne
nous en voudra donc pas de continuer cette discussion
pied à pied, à laquelle il nous a lui-même encouragé
avec beaucoup de bienveillance quand nous lui avons
soumis, en 1885, ces simples observations présentées en
toute déférence et de clerc à maUre.
La phrase Ua tamen dimitto offre bien une certaine
connexité avec la précédente, suffisant à laisser croire à
une grande proximité entre Brelenis et Riberia, mais
permettant d'autant moins de dire : Riberia in Bretenis,
que cela contredirait davantage au Riberia in illa Gumba.
Il y a là un exemple de ce que nous exposions à la
page 690 du Bulletin précédent, à propos du mot rivière^
désignant vaguement les terrains riverains d'un coui-s
d'eau, groupés en une même exploitation, dénommés :
l"* La Rivière; 2** en y accolant le nom du village dont
cette exploitation dépend, soit ici La-Rivière-de-la-Combe,
c'est-à-dire le manse de la rivière, membre du lieu
de la Combe. Intrante n'était pas nécessaire, si ce n'est
pour décrire son assiette, montrer comment les terrains
du mas de la riviàre s'allongent en vallée vers ceux
déprimés en circuit du lieu de la Combe. Sans quoi
vinea in rilwîria de illa Cumba sulfisail i\ manjuer : {a),
dualité d'endroits hal)ités, (6), sujétion ihi premier au
second. Dans une table, M. D. admet celte proximité entre
eux quand il dit page 343, colonne 2 : Riberia ubi vinea
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— 379 -
prope illam Gumbam, et place page 310, colonne 1, et
page 373, colonne 2, la Gumba à la fois à Altillac et
au Batut de Beaulieu. Ce qui fait, au total, que la Rivière
appartiendrait simultanément aux cantons de Bretenoux
et de Latronquiëre comme étant in Bretenis, et de Mer-
cœur et de Beaulieu grâce à son voisinage de la Combe.
CuMBA D. — La Combe, dans le village de Batu, com-
mune au nord d'Altillac et à Test de Beaulieu, canton
de B^ulieu (sic), — C. Altillac a bien un Lacombe, mais
point de village du Battut, et n'est pas du canton de
Beaulieu mais de Mercœur. Beaulieu a le Battut, au
Nord, mais point de Lacombe en son voisinage immé-
diat, quoi qu'il eut plus loin le tènement de Las Combas.
C. La Rivière (Sérilhac), 1768, près le Breuil et le
Pescher. La Combe (Sérilhac), 1768, près du Pêche? et
du tènement de Chastres, ce dernier divisé en Chastre
haute et basse. (Papiers des de Jouffre, au castel délabré
de Chabrignac (Sainte-Fortunade), appartenant naguère à
M. Galinon et visités dans ses greniers.)
Non longé sancti Martini de Briva^ on ajoute de Brive,
pour éviter la confusion possible avec Saint-Martin-de-
ChaufTour^^adis membre de Beaulieu par sa prévôté de
Brivezac, et avec Saint-Martin-de-Branceilles, lequel ap-
partenait à Tabbaye de Saint-Martin'de-Tulle^ probablement
même avant le don-restitution que lui en fit Adémar des
Échelles.
Non longé Sancti Martini de Briva. G. Signifie près
des terres possédées par ce monastère Saint-Martin, si'
éloignées fussent-elles de Brive, comme on disait la terre
de Saint-Pierre, en vue de désigner les propriétés de
l'abbaye. D. 0. et s'exprime à la table des identifica-
tions, de manière à laisser croire que le Saule (de Gosnac
et Jugeai) comme plus rapprochés de Brive, pourraient
être mis en avant par préférence au village par lui pro-
posé, le Saule (St-Basile-de-Meyssac), qui est le seul bon.
Conférez avec la présente les chartes CL et GLXXVIL
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— 380 —
Costa : in Momone, et plus bas : inter se au lieu de
in inter se.
In Momonte. — C. Moment, de Saint-Julien-Momont,
comme M. Deloche, mais sans Thésitation qu'il y met.
Pedraga, que D. dit bien être un mansum in Momonte,
sans ridentifier, est un La Peyrage, disparu en cette
villa; c'est pourquoi nous ne proposerons pas La Pey-
rague (Branceille), 1748.
CHARTE LIX. — Podio Bbrtelaiganae, dont D. fait un
nom de lieu, et que nous plaçons aussi au voisinage de
Saint-Basile-de-M.. n'est peut-être qu'un nom de parcelle.
CHARTE XCL — Quincione. D. Quinsou (Cavagnac).
C. Oui, touchant celui-là; mais le Quinsou (Condat), dis-
paru, 1779, siège d'une juridiction ordinaire, près le che-
min de Meyssac à Veyrac. (Chartrier de M. le baron
d'Aupias de Blanat, qui nous a été gracieusement ou-
vert.) Ce deuxième Quinsou contenait, en 1751, les ter-
ritoires du Bos et de Sous-la-Charal. Or, 1764, le terri-
toire du Bois-de-Quinsou (Condat). est de la fondalité du
prieur de Friac [membre de Beaulieu]. Minutes de l'étude
Louradour, notaire à Beyssac.
Grimaldus. Un lieu répondit à ce nom de personne :
La Grimaudia (Beyssac), près Arcas, 1459, et las Sar-
guesias, rivière la Tourmente, chemin du Pont-Neuf à
Martel, la Valade, où le prieur de Friac fait un accen-
sement, 1751. (Non loin du bourg paroissial de Saint-
Martin-des-Fargues, qui a dispam après le xv* siècle,
entre Marbot et la gare de Saint-Denis.) [Papiers de
Blanat.] Saillac eut aussi le manse de la Gramadie. Vaux
et Sarrazac eurent des lieux nommés Las Genebras, per-
mettant de supposer par là celui de La Genebrière, sans
aller à Saint-Chamans avec M. D.
Becia. d. 0. ne l'a même pas traduit et porté à la table
française. C. Probablement La Besse (Louchât), château
vers 1700, à M. de Veyrac.
Variantes. Costa : Aldeguerius, et plus bas : geraldus
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- 381 —
monachus advixerimus. — Deloche : geraldus advixerimus.
— Costa : nostrorum dicessum et non nostrum dicessum.
CHARTE XCII. — Costa : de intws-quatuor-cruces, au
lieu de inter-quatuor-cruces.
Boscum Menoidre, d'après le texte, n'est qu'une par-
celle de terrain boisé, sise au village de Costugias. Gela
n'empêche pas M. Deloeba d'identifier Costugias, la Coste?
(Lostanges ou Saint-Basile=-de-M.), et boscum Menoidre
comme nom de hameau, bois de Menoire, canton d'Ar-
gentat.
C. On trouve, 1560, un Menoire (peut-être distinct du
bourg de Menoire) près las Boyges de Neuville (collection
du docteur Morelly. Il y a deux Menoire, à Sérillac et
à Lostanges. Nous avons relevé, 1572, Menoyres alias
Mounyers, à Chameyrat-le- Vieux, 1572 (titres Loyac, à
la Sudrie), Els Menoyres (Chenalier), près Solier et Ban-
charel, 1582. (Archives de la Préfecture de Limoges, série
Titres de famille, terrier de Brivezac, contenant les arren-
tements de M. de Montagnac.) Une note marginale au
manuscrit Costa dit Menoyre, ce qui n'apprend rien.
Costugias. Il y eut Courtejoux (Argentat), mais latinisé
Curteiolnm. Coutige actuel de Sainte-Fortunade était Co-
ixiTgol, 1500. La paroisse de Monceaux, parmi les dépen-
dances de la Latieyre, avait, 1777 (papiers Morelly, palpes
Saint-Chamans), la borderie de Costuèges.
Terra qvx est de Inter-Quatuor-Cruces, D. Les Qua-
tre-Croix (Branceilles). C. Que ne cite-t-il aussi les Quatre-
Croix (Ligneyrac) ? Il est vrai que plus tard nous voyons
Tulle posséder Branceilles. Régulièrement il faudrait un
village dit d'Entre-Quatre-Croix, et non des Quatre-Croix.
Terra quae est de marque bien une parcelle de terrain
arable appartenant à une ferme d'Entre-Quatre-Croix.
Mais il nous faut tout cela sis à Costugias, non dissé-
miné comme l'indiquerait M. D. : une parcelle à Menoire
et les deux villages à Saint-Basile ou Lostanges et Bran-
ceilles. Reste à chercher vers les possessions tuUistes
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— 382 —
voiskies de celles de Beaujieu, comme Veyrac et Saint-
Michel, Guzance, Branceille, Lanteuil pour Auriol, Mon-
ceau, tout en penchant, balance faite, définitivement vers
ce dernier. — Par parenthèse, Beaulieu eut un prieuré
bénédictin à Lostanges sous le nom de Menoire-lo-Sotra
{aujourd'hui village de la Menoire), dont les bâtiments
étaient en ruines dès 1480. (Ghartrier de M. Casimir
Comte, de Beyssac, au château de Beyseac [St- Augustin],
layette dite des biens d'Arche Se Nonars.)
CHARTE XCIII. — BoRDAJiiAM meam qu-b bst ad Batut.
D. propose le Batut (Queyssac) parce qu'il a vu un vil-
lage de la Borderie, assez loin de là, distant d'une demi-
lieue et même en la paroisse de Yégennes, 82 âmes, ayant
jadis pour confrontations (papiers de Veyrières et de M. de
la Chapelle-Carman) Senac-Solva? et la borderie de Char-
golas, 1575 et 1611.
Nous préférons indiquer le Battut (Beaulieu) dubitati-
vement. Répétons que chaque gros village actuel a eu
sa, même ses borderies.
Costa : Arlleni. D. : Arlenni.
CHARTE XCIV, — Folcunaina. D. 0. — C. Le manus-
crit Costa donne à lire Folcimaina. On a noté comme nous
en marge Folcimaina. L'M est plus rationnelle à cause
de mayne^ demeure.
PoiADA. D. La Poujade (Sérillac). -r C. Notons des La
Pa\\jade à Altillac, Puy-d'Arnac, Liourdre, Dampniat, etc.
CHARTE XCV. — Bacoalaria de Camairaco. D. 0. —
G. Mieux dans Chameyrat-le-Fteuop que dans le bourg ac*
tuel. Ad Mainanos, D. O. — C. Maiono (Chameyrat), près
el Menour, et el Tronchet, lequel Tronchet est près le
bourg de Favars. (Palpes tirées de la mairie de Sainte-
Fortunade, et archives du château de la Sudrie [Cha-
meyrat], 1775 et 1647.) Campalnaco. D. Champagnac (Fa-
vars). C. Oui. — Pour Fanlaco, nous renvoyons à l'essai
d'identification des noms de personnes devant terminer
ce mémoire.
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— 383 —
Variante. . Costa : rectum îa^iaL — D.,: reclum facianJ,
ce qui change le sens.
Ad illa Casa. D. Fadmet bien aux identifications latines,
in villa Campaniaco, conformément au texte, lequel Cam-
paniaco est justement par lui placé à Favars; mais à
rindex français il dit la Chaise (Tudeil) C. Notre cahier
des lieux actuels énonce 25 La Chèze, celui des lieux
dispainis, * en a plus du double, «de quoi satisfaire aux
demandes, si on veut sortir de la villa de Champagnac,
nob loin duquel se trouve même la Chèze (Saint-Germain-
les-Vergnes), casa, 1321 (papiers de Rofflgnac, très obli-
geamment prêtés par M. Pradel de La Maze, à Vignols,
avec le plus intéressant des Gtbq Livres de raison en voie
de publication que nous «avons communiqués à M. -Louis
Guibert, dont Férudition est aussi aimable que sùrej.
CHARTE XCVin. — Brolium. D. Le Breuil (Lostange
ou Sérillac). C. Il y eut le Breuil-de-Poujade (Sérilhac)
près le Breuil, 1768. (Minutes en Tétude de M' Sol-
Lalande, frère aîné, à Beynat.) Il y eut aussi le Breui^
(Beynat) près du Perier. Autres au Puy-d'Arnac, Tudeil,
Végennes.
PoiADA C. et D. La Poujade (Sérilhac), quoique D sorte
ainsi de la vicairie ayant Drocolen, c'est-à-dire Asna-
censis, mentiqpné en la charte XCIV«, à laquelle il ren-
voie de celle-ci.
Plantada. d. La Plantade (Sfarc-la-Tour). C. Tenons-
nous davantage au pays vignoble. La Plantade (Lostanges
et La GleygeoUe). Il y en a eu à Nonars, Branceille,
Sioniac, Astaillac, Beaulieu, Liourdre, Turenne, Altillac,
Favars dans Champagnac. Il est naturel, ed effet, qu'un
terme générique équivalant à plantation, principalement
do ceps, revienne souvent dans notre pays-bas. — Costa :
Ad redimendum filio suo, sic. — D.: Ad remedium filii sui.
Pour gette charte XCVIIP, D. renvoie a tort, table
latine, à la charte XCV*, où il n'est pas question de
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— 384 —
Poiada. Lisez 98. — Au mot Poujade^ table franQaise,
biffez 95 et ne laissez que 98.
{k suivre J
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LES ORIGINES DE TULLE
ET DE SON ÉGLISE
VII
ous avons déjà publié un travail sur
les Origines de Tulle et de son
église {\), et nous avons prouvé qu'à
défaut de documents historiques, la raison toute
seule démontrait que Tulle n'était qu'un désert
affreux avant le jour où un moine quelconque,'
poussé par le désir de la solitude, se construisit
une cabane dans ce précipice, après en avoir
arraché les épines et chassé les bêtes fauves qut
ne devaient pas y manquer.
Nous en étions là, lorsque le Bulletin de la
Société des lettres, sciences et arts de la Cor-
rèze (2°* livraison, 1885) nous apporta une nou-
velle dissertation sur les Origines de Tulle. Elle
était due à la plume docte et féconde de» M. René
Page. Ce travail, plus suivi et mieux raisonné
que tous les essais parus dans les Annuaires du
département depuis 1772, nous oblige à reprendre
le nôtre en sous-œuvre.
Nous avions tenté, comme on a pu le voir, de
prouver : 1"* que Tulle n'est ni une ville gau-
(1) Voir Bulletin de la Société archéologique de la Corrèze,
t. VI, p. 489.
T. IX. 5-1
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— 386 —
loise, ni une ville romaine; 2** que saint Martial
n'a jamais passé à Tulle; 3^ que Tulle doit ses
commencements à son monastère. Tout naturel-
lement, en sa qualité de TuUiste, M. Page con-
tredit nos assertions, au moins en plusieurs points.
Il nous accorde cependant que saint Martial n'est
jamais venu à Tulle. Voici ses propres expres-
sions : « Bertrand de Latour a confondu Tullum
» avec Tutela. D'accord avec la majorité des his-
» toriens de son époque, il a placé l'évangélisa-
» tion des Gaules au i*' siècle ; mais il s'est séparé
» d'eux lorsqu'il a fait de Tulle la première étape
» de saint Martial, apôtre de l'Aquitaine. Son
» récit, ne s'appuyant sur aucun document sé-
» rieux, est en contradiction avec toutes les don-
» nées historiques, et doit être relégué dans le
» domaine de la légende. »
A la bonne heure ! Personne, si ce n'est Baluze,
n'avait encore effacé aussi carrément sept à huit
siècles de l'histoire de Tulle. Avant Bertrand de
Latour, aucun historien limousin — ne parlons
pas des étrangers qui n'y ont pas même songé
— n'osa rêver le passage à Tulle du premier
évèque de Limoges. Baluze, choqué des fictions
du do'yen Bertrand, se mit, dès l'âge de 22 ans,
à rassembler les matériaux qui devaient, plus
tard, servir à l'histoire de sa ville natale. Cette
histoire ne fut publiée qu'en 1717, un an avant
la mort do l'illustre savant; mais on peut dire
sans témérité que ce n'était point l'œuvre d'une
tète sénile, puisqu'il y avait travaillé plus de
soixante ans. Eh bien, malgré ce laps de temps.
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— 387 —
malgré toutes ses recherches, Baluze n'a pu faire
remonter plus haut que le vu* siècle les com-
mencements d'une ville qui l'avait vu naître, à
laquelle il voua un amour tout filial, et qu'il eût
volontiers élevée au-dessus des autres cités, si seu-
lement l'ombre de la vérité historique le lui avait
permis.
Grâces donc soient rendues à M. Page, facile
princepSj après Baluze. En reléguant au domaine
de la légende le passage à Tulle de saint Mar-
tial, il s'accorde avec son immortel prédécesseur,
et son avis ne tardera pas — souhaitons-le — à
remettre dans le vrai chemin de l'histoire, les
hésitants et ceux qui ne pensent pas comme lui.
Nous pouvons donc conclure que ce point est
acquis à la vérité.
Voici une seconde concession qui n'est guère
moins précieuse que la précédente : « Les indi-
» cations fournies par les documents que nous
» avons rappelés, nous permettent de rejeter tout
» d'abord l'opinion des écrivains qui, avec Ber-
» trand de Latour, ont fait de Tulle une ville
j> florissante et bien peuplée au i'*" siècle de notre
» ère. Il est impossible d'admettre qu'une ville
» importante dès cette époque, n'ait pas son nom
» inscrit sur des monuments antérieurs au ix* siè-
» cle, et qu'elle ait été seulement appelée Locus
» qui vocatur Tutela, en 894; Castrum^ en
» 930; et Btir^gus, en 1115. Nous ne connais-
» sons pas d'exemple d'une agglomération consi-
» dérable de population, ayant subsisté près de
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— 388 —
» neuf cents ans sans laisser de traces indiscu-
» tables de son existence. »
Donc, M. Page convient qu'il est impossible
de trouver à Tulle une ville florissante et popu-
leuse dès le i" siècle de notre ère. Pour un auteur
moins savant la question serait vidée, et Baluze
aurait gagné les deux tiers de son procès contre
Bertrand de Latour ; nous-même, nous nous esti-
merions presque heureux d'avoir écrit fermement,
et sans arrière-pensée, notre opinion sur les Ori-
gines de Tulle et de son église. Mais notre con-
tentement ne tient pas devant la suite de la dis-
sertation de notre jeune et aimable contradicteur.
S'il ne veut point de ville à Tulle au i" siècle,
il y veut au moins un château- fort, poste avancé
d'une grande et belle cité dont le centre était à
neuf kilomètres de là. Et telle est la force du
patriotisme dans les âmes bien nées, que M. Page,
étayant son sentiment de mots et de dates, ne
s'aperçoit pas qu'il détruit d'une main ce qu'il
édifie de l'autre. En effet, remarquons d'abord
qu'il n'est question de ce château qu'en 930, dans
le testament du vicomte Adhémar, c'est-à-dire
quasi au milieu du x* siècle, alors que Barbares
et Normands avaient pillé le pays, et que l'on
prenait toutes les précautions possibles pour se
défendre en cas de retour. Disons ensuite qu'il
est de fait historique qu'avant les ix* et x* siè-
cles, on trouve à peine un monument qui mérite
le nom de forteresse ou château-fort. Ce fait paraît
tellement certain pour Tulle, qu'en 894, trente-six
ans avant le testament d'Adhémar,'il n'est nulle-
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— 389 ^
ment question de ce fameux château. Cette année
894, Gausbert de Turenne, oncle ou frère d'Adhé-
mar, donne quelques biens au monastère de Tulle :
« Nous cédons, dit-il, quelques-unes de nos pro-
» priétés au lieu appelé Tulle, construit en Thon-
» neur de saint Martin et de saint Michel. » Voilà
donc Tulle, M. Page n'en disconvient pas, appelée
simplement lieu à la fine fin du ix* siècle. Les
mots qui est construit n'annoncent rien de bien
ancien, ni de bien important; quoique le monas-
tère existât, le donateur n'ose lui appliquer le
terme monasterium ; il dit seulement : Ad locum
qui vocatur Tutela. Certes, Gausbert pouvait bien
faire abstraction du château; mais on conviendra
qu'en bonne logique, un endroit qui possède une
forteresse est autre chose qu'un simple lieu. Rien
donc, absolument rien ne prouve que le château
de Tulle existait en 894. Voyons s'il peut avoir
été construit dans l'intervalle de cette date à celle
de 930.
Tous les auteurs s'accordent à dire que les Nor-
mands ne pénétrèrent en Bas-Limousin que sur
la fin du ix* siècle, ou au commencement du x*.
La donation de Gausbert fait entendre qu'en 894,
le monastère n'était pas ruiné; un peu plus tard,
il l'est au point que le roi Raoul, désespérant de
le voir revivre, en donne les restes à Saint- Savin
de Poitiers. Adhémar, qui s'intéressait à l'existence
de cette maison, de concert avec d'autres per-
sonnages, supplia le prince de révoquer sa dona-
tion; ce qui fut fait, mais, sans nul doute, à la
condition que le vicomte concourrait à la res-
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— 390 —
tauration du couvent, qu'il le munirait d'une
maison-forte où les moines pourraient se retirer
et se défendre en cas de nouvelle attaque; et très
probablement qu'il rendrait aux religieux les biens
usurpés par ses ancêtres, et les dédommagerait des
siens propres s'il venait à mourir sans héritiers
légitimes. Ces conditions ne paraissent pas dé-
nuées de toute vraisemblance, lorsque l'on fait
attention que le monarque lui-môme met la main
au relèvement du monastère. Cependant oserait-on
soutenir que l'espace de trente-six ans ne suffit pas
pour la destruction et la reconstruction d'un mo-
nastère, alors fort modeste, et pour lui octroyer
des moyens de défense? Nous croyons que cet
espace suffit, et c'est pourquoi nous concluons que
le château de Tulle, appelé Castrum, fut dressé
dans les premières années du x*" siècle, pour la
raison qu'avant 930, le couvent avait certainement
passé par une crise, et que cette crise amena des
changements, entre autres la suppression du pa-
tronage de Saint-Michel, dont il n'est plus ques-
tion après 894; et enfin parce qu'il fallait pour-
voir aux sinistres éventualités de l'avenir. S'il en
est ainsi, le Castrum Romanum Tutelense n'a
été, jusqu'au commencement du x* siècle, qu'un
véritable château de cartes.
Dans son opinion même, M. Fage est obligé de
reconnaître que ce château n'avait pas, en neuf
cents ans, fait faire de grands progrès à la ville
de Tulle, puisqu'en 930 elle n'était que simple
.Castrum. Or, voici comme Du Cange explique ce
mot : Castrum scriptores medii sévi... vicorum
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— 391 —
appellatione designarunt. Au mot Viens, il dit
que c'était un petit assemblage de maisons habi-
tées par des rustres. Nous pensons, en effet, que
ce furent les gens de la campagne qui, les pre-
miers, se retirèrent sous Taile du monastère et y
construisirent des maisons, qui formèrent d'abord
le Vicus; puis, le Castrum étant survenu, on ne
tarda pas à avoir le Burgus de 1115, qui tient
le milieu entre le village et la ville. De cette ma-
nière les étapes sont parfaitement notées : de 894
à 1115, il y en a 221, temps plus» que suffisant
pour que la forêt devienne maison, la maison vil-
lage et le village bourg. Deux cent deux ans après,
Jean XXII, que Dieu bénisse 1 changea ce bourg en
cité. Alors Tulle pouvait avoir 2,000 habitants.
Mais M. Page n'accepte point ces calculs car,
s'autorisant de l'opinion d'un savant émérite, il
trouve qu'en 887 le roi Eudes, ayant partagé le
comté de Limoges en plusieurs vicomtes, donna
celle du Bas-Limousin à Adhémar des Échelles.
Citons : « Dans le Bas-Limousin* tout porte à
» croire que ce fut Adhémar des Échelles, de la
» famille de Turenne, qui fut pourvu de l'office
» de' vicomte, car nous le voyons, en 898, tenir
» un plaid dans le bourg de Brive. Ce qui marque
» avec évidence une juridiction, et montre que
» cette juridiction s'étendait jusqu'aux liçaites mé-
» ridionales du pays. » De ceci, M. Page conclut
sans hésiter : « Adhémar avait sa résidence à
» Tulle, au château* des Échelles, qui était par
» conséquent, dès le milieu du ix* siècle — (en
» 887 !), — le siège du gouvernement de tout le
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— 392 —
» Bas-Limousin. Le choix que fit le roi Eudes
» de cette localité pour y établir son lieutenant,
» prouve qu'en 887, Tulle avait déjà une cer-
» taine importance. » Examinons la valeur de ces
allégations.
r Nos savants oublient ici que, dès 732 ou 750,
ils ont déjà donné au trisaïeul d'Adhémar la par-
tie du Bas-Limousin où se trouvait compris le
monastère de Tulle avec tous ses biens ; c'est faire
un double emploi sans motif; le fait est qu'Eudes
n'avait rien à donner; il pouvait tout au plus
ratifier.
2** Adhémar ne paraît pas avoir été, en 887,
le seul vicomte du Bas-Limousin ; son testament,
outre Èble, comte de Poitiers, est signé par Oldo-
ric et Gausbert, tous deux vicomtes apparemment,
dans le Bas-Limousin.
3** De ce qu'en 898 Adhémar tenait un plaid à
Drive, il ne suit pas que sa juridiction s'étendit
sur tout le Bas-Limousin.
4'' Une simple aJBfirmation ne peut prouver
qu'Adhémar eût sa résidence à Tulle, au château
des Échelles. Au besoin, le testament prouverait
le contraire; il n'est guère croyable, en effet, que
le vieux comte de Poitiers, son fils Guillaume, et
les autres signataires se soient rendus sur le ro-
cher inabordable de Tulle, pour signer les der-
nières volontés du vicomte. Il est plus probable
que ce seigneur habitait Turenne ou les environs
de Drive.
5^ Dans quelle vieille charte a-t-on pris qu'au
milieu du ix* siècle. Tulle était le siège du gou-
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^ 393 —
vernement de tout le Bas-Limousin? Quel savant
historien de nos rois affirme sur preuves qu'Eudes
fit choix de Tulle pour y établir son lieutenant,
et que ce lieutenant fût précisément Adhémar des
Échelles? Mais, à cette époque, le Limousin, Bas
et Haut, était gouverné par les ducs d'Aquitaine,
les comtes de Poitiers ou d'Auvergne, plutôt que
par les rois de France.
6** a En 984, on percevait à Tulle les droits
de justice, au nom du roi. » Cela est possible;
mais on percevait aussi ces droits en vingt autres
localités du Bas-Limousin, dont quelques-unes
n'étaient et ne sont encore que de simples vil-
lages. D'ailleurs, à cette date, le monastère de
Tulle, restauré et enrichi par Adhémar, était en
pleine floraison ; il ne serait pas étonnant que sa
fortune eût attiré les gens de la gabelle, sans
pour cela faire de Tulle le centre du gouverne-
ment de tout le Bas-Limousin. Disons enfin que
l'auteur cité par M. Page n'est pas aussi affir-
matif, puisqu'il se sert de cette phrase prudente :
Tout porte à croire. Cette manière de s'exprimer
démontre que l'on n'a aucun document positif.
Pardon! M. René Page en a trouvé écrits sur la
pierre. Écoutons-le : « Elle (Tulle) a conservé pen-
» dant longtemps des vestiges d'une occupation
» antérieure. Nous parlerons, dans la suite, du
» fort Saint-Pierre et de la tour de Maysse, où
» plusieurs écrivains ont reconnu la marque de
» constructions romaines. L'origine de ces deux
» édifices peut être discutée » Oh! non. Le
spirituel TuUiste, Joseph-Anne Yialle, ne la dis-
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— 394 —
cutait pas, puisque, dans V Annuaire de 1828,
il écrivait ceci : « L'église de Naves, tout à fait
» semblable par sa structure au château de Tulle
» — et tour de Maysse, — fut probablement éle-
» vée par le même apôtre — saint Martial, au
» i" siècle, — sous la même invocation de saint
» Pierre, nom qu'elle porte encore. » Bravo ! C'est
la première fois que nous voyons un auteur faire
à Naves l'honneur du passage de saint Martial!
Malheureusement, il y a là un petit inconvé-
nient, c'est que l'église de Naves a été entière-
ment reconstruite au xv* siècle, sous le célèbre
prévôt Gilbert de Chamboran. Cependant, quoique
Anne Vialle fût plus malin que bon archéologue,
il pouvait bien avoir rencontré juste en assimi-
lant les murs de l'église de Naves à ceux du
fort Saint-Pierre et tour de Maysse dont, croyons-
nous, il n'est nullement question avant le xiv"
ou XV* siècle.
Mais si M. Page laisse la discussion libre sur
ces deux édifices, il ne la supporte pas quand il
s'agit de contredire le comédien Beaumesnil : a II
» n'en saurait être de même, dit-il, des sept
» monuments vus et dessinés, en 1764 et 1770,
» par Beaumesnil, artiste dramatique et archéo-
» logue. »
C'est avec un profond regret que nous sommes
obligé de dire que s'appuyer sur les trouvailles
de Beaumesnil pour prouver l'antiquité de Tulle,
c'est faire le procès à sa propre cause, ou plu-
tôt l'enterrer. Beaumesnil, habitué à mentir sur
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— 395 —
les planches, mentait bien davantage en archéo-
logie (1).
En 1764 et 1770, après avoir amusé les Tul-
listes derrière les coulisses, il s'amusait lui-même
à inventer des inscriptions romaines attestant l'an-
cienneté de leur ville. Selon lui, sept monuments
funéraires, qu'il pouvait appeler les sept mer-
veilles de Tulle, étaient gisants aux abords d'un
(1) Nous trouvons dans les Annales archéologiques (année 1846,
tome V, p. 60 et 61), une appréciation sur Beaumesnil. Nous ne
pouvons résister au plaisir de la reproduire. Elle prouvera une
fois de plus la confiance que doit inspirer cet auteur :
« A la fin du xviir siècle, un acteur du Théâtre-Français, libertin
par habitude, dessinateur par occasion, et timbré de naissance, fit
un voyage en France, dans les provinces méridionales. Il s'arrêta
principalement à Marseille et Arles, et se mit à dessiner les sar-
cophages chrétiens, en marbre blanc, si nombreux dans ces deux
villes. Ces dessins, grâce à l'obligeance de M. Albert Lenoir, aux-
quels ils appartiennent, ont été mis à notre disposition, quelque
temps après un voyage que nous avions fait nous-même dans le
midi de la France. Nous fûmes bien étonné, en regardant ces
incroyables images, de voir des scènes infâmes de débauche là
où nous avions vu, étudié, décrit, des scènes évangéliques de la
plus adorable chasteté. Gomme un homme qui se met sur le nez
des lunettes bleues ou vertes aperçoit tous les objets de la cou-
leur de ses verres, Beaumesnil avait vu, à travers sa lubrique
imagination, des lubricités dans l'Annonciation, la Visitation, l'Ado-
ration des Mages, l'Entrée à Jérusalem, le Crucifiement, l'Ascen-
sion, dans la Chute d'Adam, le Meurtre d'Abel et la Mort de
Goliath. Avec une forme, retranchée ici et ajoutée là, avec une
ombre à droite et un clair à gauche, il était parvenu à tout trans-
former. L'Adoration des Mages s'était changée en une scène infâme
que le paganisme lui-môme n'avait pas rêvée. Revenu à Paris,
fieaumesnil trouva des archéologues appartenant à l'école de Vol-
taire, de Dulaure, de Millin, de Dupuis et de Parny. qui crurent
à ces représentations, en firent l'objet de leur étude, et trouvèrent
que l'iconographie chrétienne était fort étrange. Le paganisme, à
ces gens-là, paraissait bien plus chaste que le christianisme; Ju-
piter était un saint en comparaison de Jean-Baptiste, et Vénus
une vertu, relativement à toutes les vierges chrétiennes. »
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— 396 —
cimetière détruit en 1680. Un seul se trouvait sur
le rocher dit des Malades, ancien hôpital, où il
avait dû être transporté avec les débris de ce
cimetière. Cinq de ces monuments, que Beau-
mesnil appelle savamment sarcophages, portaient,
Tie varietur, les initiales D. M. que Thonnôte
comédien traduit sans broncher par Diis mani-
bus, et qui signifieraient tout aussi bien Deo
maximo; deux portaient, l'un I. 0. M. Point de
nouvelles? l'autre, huit lignes d'inscription. C'était
le tombeau d'un cantonnier; mais Beaumesnil ne
put deviner si cet illustre mort travaillait sur la
voie romaine de Tintignac ou sur celle qui allait
à Ussel, car cela n'est pas mentionné dans
l'inscription.
Après ces sept tours de force, Beaumesnil s'écrie
triomphalement : a Que Tulle ne soit pas une
ville ancienne, ces monuments semblent prouver
le contraire. » Certainement I mais mettez le com-
ble à vos preuves, en relatant ce que vous avez
vu sur le tympan de la principale porte de la
fameuse tour Maysse! C. IVLIVS. CAES. IMP.
VIII. FECIT. Ce qui veut dire sans doute : Caius-
Julius-CfiBsar, de son empire la huitième année,
fit ici cette tour. 0 res ter et quater miranda !!I
M. René Page a trop de savoir, de bon sens
et d'esprit pour prendre Beaumesnil au sérieux;
aussi ne l'y prend-il pas. Toutefois nous aurions
aimé qu'il nous dit pourquoi Bertrand de Latour,
si complaisant pour sa ville natale, pourquoi Ba-
luze, un antiquaire de premier ordre, pourquoi
tant d'autres, Renaud de Nîmes ^ par exemple,
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— 397 —
qui écrivait ses aperçus sur Tulle dans VAnrmaire
de 1772, n'ont pas vu les monuments cités et
décrits par le trop célèbre comédien, ou s'ils les
ont vus, ils les ont regardés comme de la fausse
monnaie. Comediante l tragediante!
Malgré ses réserves sur Beaumesnil, M. Fage
insiste et dit : « Il ne nous parait pas téméraire
de conclure que la localité où tous les tombeaux
se sont trouvés réunis a été, du temps de l'occu-
pation romaine, le siège d'un groupe d'habita-
tions Nous croyons avec Baluze du Maine,
Bardon, Anne Vialle, Marvaud, etc.,' qu'il existait
dès cette époque, au confluent de la Corrèze et
de la Solane, près de l'endroit où l'abbaye a été
bâtie quatre ou cinq siècles plus tard, une sta-
tion, un poste avancé, défendant du côté du sud
les abords de Tintignac. La ville romaine, dont
on voit encore les ruines à six kilomètres — neuf
tant juste — de Tiille, sur le point culminant de
la commune de Naves, était protégée par des forts
construits sur ses différentes avenues. »
M. Fage cite assurément de nombreuses et
grandes autorités qui, grâce à une édifiante doci-
lité, ont toutes passé par la même clairière ; mais
un point à prouver leur sera un éternel croc-en-
jambes : l'existence de la ville de Tintignac, non
moins chimérique que celle de Tulle au i" siècle.
M. Philibert Lalande, qui vient de publier sur
Tintignac un travail très savant, très complet et
très bien raisonné, n'a pu trouver en ce point
l'emplacement d'une ville quelconque. Il cite cer-
tains écrivains d'après lesquels la dite ville au-
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— 398 —
rait eu pour centre le Puy-de-FAiguille, et pour
périmètre le mons Jovis, Mont-Joie, temple ou
quartier du temple de Jupiter; Soleilhavoup ,
quartier du Soleil — Bon pour les Perses; —
Ceron, quartier de Gérés; Bach, temple de Bac-
chus; Temporieux, quartier du Temps ou de Sa-
turne; Gesarin, quartier de Gésar; La Geneste,
quartier du temple du Génie romain. Or, ainsi
divisée et bornée, la ville de Tintignac embras-
sait un peu plus des deux tiers de la commune
de Naves, qui a prés de quatre mille hectares de
superficie. Il est probable que dans tout l'empire,
aucune autre ville, Rome exceptée, n'était en état
de montrer une pareille étendue.
a Gette manière de voir n'est pas la mienne,
répond M. Lalande. Pour ce qui est du Puy-de-
l'Aiguille, où était évidemment le centre de
V ancienne mile, j'ai le regret de dire que cette
assertion ne repose sur aucun fait. J'ai minutieu-
sement exploré ce sommet, en compagnie de
M. Guillot — homme très entendu et proprié-
taire d'une partie des Arènes, dont il a repris
récemment les fouilles avec une rare intelligence;
— on n'y voit aucun vestige de substruction, et
on n'y en a jamais trouvé. Les ruines du corps
de bâtiment, appelées les Boutiques, sont à 250
mètres du Puy-de-l' Aiguille. »
Voilà donc le centre présumé de cette grande
ville, qui n'a jamais porté ni montré la moindre
trace de constructions. L'on peut affirmer avec la
même confiance que tout le terrain compris entre
les hameaux sus-nommés n'en porte pas davan-
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— 399 —
tage. En outre, la configuration d'une surface de
trois mille hectares s'oppose physiquement aux
assises d'une ville aussi considérable. Cette sur-
face a été, avec le temps, sondée en tous sens,
non pour y chercher les épaves d'une ville, mais
pour la cultiver, la planter, en extraire du moel-
lon, de la terre à bâtir; des maisons isolées ont
été construites ça et là, sans que des fondements
et de la profondeur des caves on n'ait jamais mis
à découvert les plus petits vestiges de substruc-
tions antérieures.
Cela ne suffit pas. L'admirable situation du pla-
teau de Tintignac a été, pour ceux qui ne se
donnent pas le temps d'approfondir les choses,
un motif valable pour y placer une ville. Voici
leur raisonnement : « Situé à peu près à égale
distance des Arvernes, des Kadurkes, des Pétra-
cores et de la capitale des Lemovices, sur un pla-
teau que plusieurs cours d'eau entourent comme
de fossés naturels, Tintignac était admirablement
placé pour surveiller, et, au besoin, pour contenir
les divers peuples qui viennent d'être nommés. »
Tous ceux qui voient le plateau des Arènes
conviennent qu'il est dans une situation des plus
heureuses. Mais y trouver des fossés naturels for-
més par plusieurs cours d'eau, c'est ce dont per-
sonne ne conviendra jamais. Le fait est que ce
plateau, sans être le point culminant de la com-
mune, en est le plus aride, et, à plus d'une
grosse lieue à la ronde, tous les cours d'eau, la
Gorrèze exceptée, qui entourent Tintignac, seraient
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— 400 —
facilement enjambés à pieds joints par un berger
d^ douze ans.
Il est vrai que nos auteurs n'ont pas uni-
quement compté sur ces fossés naturels pour
défendre Tintignac; ils l'ont encore muni des
châteaux- forts d'Ussel, d'Uzerche, d'Yssandon, de
Turenne, de Roche-de-Vic (1), de Tulle et de Bar.
C'est là une ceinture fort raisonnable; mais il
nous semble que pour compléter le système et
le rendre plus plausible, on aurait dû y ajouter
Augustoritum (Limoges), Vesunna (Périgueux), Di-
vona (Cahors), et Gergovia (Clermont). C'eût été
presque toute l'Aquitaine au service de Tintignac
ou de Rastiatum, car plusieurs bons auteurs veu-
lent que cette ville ait porté ce nom. En son-
geant à tout cela, on serait tenté de conclure que
le sort de Rome, dans les Gaules, était confié à
ce plateau de trois hectares à peine de superficie.
Mais sans plaisanter davantage, faisons respectueu-
sement observer à nos savants qu'ils se contre-
disent en cet endroit; ils rêvent un château-fort
plongé dans la vallée de Tulle, et ils placent tous
les autres sur les plus hauts sommets du pays.
Non-seulement ils se contredisent, mais encore ils
accusent les Romains de fausse tactique. Quoi? les
habiles conquérants du monde, plantés à Tintignac,
avaient autour d'eux, au midi, le Puy de Tempo-
rieux, vrai point culminant de la localité, et à
(1) Signalons, pour le moment, qu'il n'y a jamais eu de château-
fort à Roche-de-Vic. M. Philibert Lalande prépare un travail qui
paraîtra prochainement dans le Bulletin; il y fait justice des asser-
tions émises à ce sujet par différents auteurs.
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— 401 —
égale distance de Tulle et des Arènes, fait, dirait-
on, tout exprès pour porter une citadelle que les
moindres ouvrages avancés auraient rendue impre-
nable; à l'ouest, les monts de Bassaler, qui se-
raient une sauvegarde en pays-frontière; au nord
le tumulus de Lavareille, qui domine et surveille
Tintignac; a Test, enfin, les buttes de Montjoie,
de très difficile accès du côté opposé à Tintignac.
Eh bien! avec tous ces avantages, les maîtres du
monde s'aveuglent au point de confier au trou de
Tulle la défense de leur belle ville de Tintignac !
La preuve de cet aveuglement est que Ton a dé-
couvert une voie romaine entre Tintignac et Tulle.
« L'existence d'une voie romaine reliant Tulle à
Tintignac ne saurait faire doute aujourd'hui. On
en trouve des tronçons importants près de l'arête
de la colline qui domine la ville, du côté de la
vallée de la Corrèze Le Castrum Tutela était
donc relié à la ville romaine de Tintignac? » Oui,
si le lien qui unissait ces deux localités était vé-
ritablement une voie romaine; mais rien n'est
moins certain. Quelques mètres de cette prétendue
voie romaine présentent un pavé de grosses pier-
res brutes, que l'on a enfoncées dans la terre
pour éviter la boue, si désagréable en ce pays
mouvant et soumis à l'action incessante des eaux
pluviales. Avant l'ouverture d'une infinité de che-
mins de petite communication, tous les environs
de Tulle, pour ne parler que de cette région,
étaient sillonnés de pavés semblables. Naves, entre
autres, en avait sept à huit, et il peut en mon-
trer encore un entre les hameaux de Gerré et les
T. IX. 5— S
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— 402 —
Horts, qui ne pouvait être une voie romaine,
attendu que deux honoimes auraient de la peine
à y marcher de front. Ces pavés se trouvaient
presque toujours sur les pentes, là où il fallait
empêcher les terres de crouler dans les précipices.
Telle est la position de celui de Louradour. En
plaine, vers Naves, rien n*y marque, et c'est pour-
tant là que les tronçons romains devaient mieux
se conserver.
Pour justifier Texistence de cette voie romaine,
on a dit qu'elle aboutissait à la Barrussie, le plus
ancien faubourg de la ville. Nous regrettons de
répondre qu'il y a là autant . d'erreurs que de
mots. Depuis des siècles, le chemin qui mettait
Tulle en relation avec une partie de la commune
de Naves, de celle de SeUhac et d'ailleurs, passait
réellement par Louradour; arrivé à la naissance
de la descente, il déviait à droite, coupait le ter-
rain qui sépare les deux routes actuelles, et tour-
nant à gauche, il aboutissait au Trech et entrait
ainsi dans la ville. C'était particulièrement le che-
min des charrois et des bêtes de somme. Le côté
de la Barrussie était impraticable. Comment ne
l'aurait-il pas été alors, puisqu'il l'est encore au-
jourd'hui? Ne voit-on pas les voitures chargées
de bois, de paille et autres denrées prises sur la
place, obligées de tourner le Puy-Saint-Clair et de
venir par le Tranchât pour approvisionner la Bar-
russie? Et lorsque Tulle s'est donné le luxe,
bien légitime, des corbillards, n'a-t-elle pas été
forcée de renoncer au trajet de ce faubourg pour
arriver au cimetière? Enfin, quand on ouvrit pé-
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- 103 —
niblement un bout de chemin pour relier ce
quartier à la route nationale, a-t-on découvert la
plus petite trace d'une voie romaine ou autre?
Assurément non.
En ce qui touche Tancienneté de la Barrussie,
on peut affirmer sans témérité que c'est le quar-
tier le plus récent du vieux Tulle. Son peu d'éten-
due, sa rue relativement bien percée comparée à
celles d'Alverge, du Canton, de la Barrière et des
autres quartiers, indiquent son addition assez mo-
derne au corps principal. Nous possédons le cahier
des investitures du chapitre depuis 1300. jusqu'en
1788; tous les quartiers y sont représentés à par-
tir de la première date; pour la Barrussie, on ne
trouve rien avant le xv* siècle. Le fait est que
jusqu'à cette époque, la ville ne s'étendait, de ce
côté, guère plus haut que la naissance de l'es-
planade. Les maisons n'ont atteint la porte du
cimetière que dans les siècles suivants, et la dé-
viation de la rue jusqu'au château d'eau actuel
n'a peut-être pas cent cinquante ans d'existence.
Si jamais la Barrussie avait pu être l'aboutis-
sant véritable de Tintignac à Tulle, ce faubourg
serait sans contredit le plus étendu de la ville,
comme le plus ancien et le plus considérable
débouché sur tout le nord du Limousin et même
de la France. Il n'en est rien, car les plans an-
ciens et modernes de la ville nous montrent que
les trois artères de Tulle furent toujours le Trech,
quartier compacte, qui a joué le rôle que l'on
voudrait faire jouer à la Barrussie; la Barrière,
qui faisait communiquer avec le midi et le cou-
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— 404 —
chant, et Alverge qui, avec son canton et sa fon-
taine Saint-Martin, donnait entrée au levant et à
toute la montagne. La Barrussie, au contraire,
n'aboutissait qu'au champ des morts : elle est,
en quelque façon, fille et porte du trépas.
Si nous ne nous faisons pas illusion, il nous
semble que nous avons déduit passablement de
raisons pour démontrer qu'il n'y avait, à l'endroit
où sera Tulle, ni château, ni village, ni ville
avant l'établissement de son monastère; que Tin-
tignac n'a jamais été une ville, et que la station
romaine de ce lieu n'a eu aucune communication
d'intérêt avec la profonde vallée de Tulle.
Mais en terminant cette partie de notre tra-
vail, nous avons à répondre à une légitime ques-
tion. Si Tintignac ne fut ni une ville, ni un
camp retranché, que fut-il donc? Voici notre
réponse. Après l'entière soumission de la Gaule,
les Romains distribuèrent leurs légions, tantôt
près d'une ville, comme Limoges, Périgueux,
tantôt en rase campagne, comme à Tintignac.
Là, un ou deux milliers de soldats établissaient
un camp, tel qu'en nos temps nous en avons
vus à Châlons et à Sathonay. Mais le soldat ro-
main était avide de spectacles; lorsque la station
devait se prolonger, il demandait des cirques, des
théâtres, des cœnarium et des arènes. Les em-
pereurs ne s'y refusaient point parce qu'ils y
voyaient un double bénéfice : patienter le soldat
et imprimer les mœurs romaines dans l'âme des
vaincus. II en résultait un autre avantage qui
servait la politique de Rome mieux peut-être que
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— 41)5 —
les deux autres. A ces stations affluaient les mar-
chands do tous les points de la Gaule; ces mar-
chands, ou Romains ou affidés aux Romains, in-
formaient les chefs des dispositions pacifiques ou
guerrières des peuplades voisines. Les généraux
d'armée et les gouverneurs des provinces savaient,
par cet habile moyen, ce que pensaient les Pétra-
cores, ce que machinaient les Arvernes et autres;
et ainsi, les conjurations étaient prévues et décou-
vertes avant qu'elles fussent formées. Nul doute
que Tintignac ne fut Tun de ces postes que Foii
pourrait appeler de police secrète. On ne voit pas
qu'il y ait eu, outre les Arènes et les Boutiques,
d'ouvrages qui puissent faire soupçonner une sta-
tion uniquement militaire ou un camp retranché,
qui pût mettre à couvert une légion romaine.
C'était un lieu de plaisir et d'espionnage à cer*
tains temps de l'année. Il est probable qu'aux
saisons d'hiver, les soldats du poste se retiraient
dans d'autres quartiers.
Quant aux hameaux environnants auxquels on
a voulu, perfas et nefas, imposer des noms ro-
mains, il n'en est rien, car, au moyen-âge, la
plupart de ces hameaux ne portaient pas le nom
que les besoins de la cause leur ont fabriqués.
Maintenant, dire l'époque précise de la destruc-
tion de Tintignac, c'est ce que personne ne saura
jamais. Les uns l'attribuent à Ghrpcus, vers la fin
du IV* siècle ou au commencement du v*; les
autres à d'autres.
Mais que devinrent les habitants de Tintignac,
surtout si c'était une ville? — On ne peut pas
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— 406 —
vraiment supposer que les barbares aient tout
passé au fil de l'épée. — Nos honorables contra-
dicteurs prétendent qu'ils se réfugièrent sous l'aile
du château de Tulle, et y formèrent la ville de
ce nom. « A l'abri de ce château vinrent plus
tard s'établir les premiers moines ; c'est autour de
lui que s'étaient groupées les premières maisons
de Tulle. »
Il y a dans les évolutions de nos auteurs quel-
que chose de curieux, tant il est vrai que la
vérité, lorsqu'on peut l'avoir, est seule capable
de parer aux écarts. Bertrand de Latour voulait
que saint Martial eût, au i*"" siècle, trouvé à Tulle
une ville importante et y eût établi la première
église, et par ainsi, les premiers moines; Baluze
recule jusqu'au vii" siècle le monastère, le châ-
teau et la formation de la ville; Renaud de
Nîmes, après dix-huit cents ans presque accom-
plis, bâtit d'abord le château, puis la ville, enfin
le monastère. Cette marche régulière — si elle
pouvait être vraie — a fait illusion à tous nos
modernes. Depuis ce moment, 1772, ils n'ont plus
voulu de moines pour fondateurs de leur ber-
ceau. Cependant, plusieurs localités importantes
de notre province doivent leur naissance à des
monastères : Beaulieu, St-Yrieix-la-Perche, Saint-
Léonard et Eymoutiers sont certainement de ce
nombre. S'il y a eu des couvents dans les villes,
ce n'est guère qu'à partir du x* ou xi' siècle.
Faire autrement, c'était bien de la chance pour
les moines de Tulle; puisque les TuUistes les
auraient inaugurés dans leur propre ruche, et avec
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— 407 —
un désintéressement inimitable aujourd'hui, ils se
seraient jetés pieusement, cotLci couça, sur les
coteaux environnants; et encore, après s'y être
construit des maisonnettes, ils en firent hommage
à leurs nouveaux hôtes. Le fait est certain, car
bien avant le testament d'Adhémar, les moines
étaient maîtres et seigneurs de Tulle : « Je rends
à Dieu et aux religieux, dit le testateur, ce que
je possède injustement, par usurpation^ du chef
de mes pères. » 0 tempora, ô mores! aujour-
d'hui on chasse les moines; alors on se livrait
à eux corps et biens!
Mais ces exclamations ne sont pas des raisons :
nos savants en trouvent de plus solides pour faire
passer la ville avant le monastère, et surtout pour
contre-carrer l'opinion de Baluze. Citons : a Adhé-
mar des Échelles nous apprend, par son testa-
ment, que l'abbaye de Tulle lui était parvenue
par droit de succession du bisaïeul de son père.
Ses ancêtres étaient abbés laïques depuis trois
générations au moins, lorsque lui-même fut in-
vesti de cette dignité Il est donc incontestable
qu'avant 750, le monastère de Tulle avait des
biens considérables; que pour les gérer et le dé-
fendre, il s'était donné des abbés laïques; il est
fort probable que l'établissement de ces fonction-
naires remontait à des temps plus reculés, puis-
que, dès 750 ou même 732, ils avaient commencé
à abuser de leur autorité en rendant leur charge
héréditaire, h' immense richesse de l'abbaye et
la puissance de ses abbés militaires, à la même
époque, attestées par le testament d'Adhémar,
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— 408 —
nous autorisent à croire que.Baluze s'est trompé
en fixant au vn*" siècle la fondation du couvent.
Les fortunes mettaient alors longtemps pour se
former, et il fallait plus d'un siècle pour que
des religieux, venus dans le lieu désert dont parle
Baluze, y aient construit un monastère, aient mé-
rité les faveurs des grands personnages de la pro-
vince et amassé tant de biens. »
De tout cela faisons, comme nous pourrons,
jaillir quelque ombre de vérité et disons :
l*" De l'aveu de nos auteurs, Charles -Martel
avait donné vers 732, en dédommagement de ser-
vices rendus, au trisaïeul d'Adhémar, la portion
du Bas-Limousin, de laquelle ce dernier était
vicomte en 930;
2* Le monastère de Tulle était compris dans
cette portion;
3"" Le trisaïeul d'Adhémar se saisit de la meil-
leure part des revenus du couvent, puisque le
même Adhémar avoue qu'il les possède injuste-
ment du chef de son ^rrière-grand-père ;
4'' Les ancêtres de ce vicomte ne furent donc
pas abbés laïques du monastère, ils furent plutôt
d'impies usurpateurs de ses biens;
5* Adhémar hérita naturellement de cette usur-
pation, et tant qu'il se vit jeune et avec espoir
de postérité, il garda son injuste acquisition;
6*" Il n'est paB le moins du monde incontes-
table qu'en 750 ou 732, le monastère de Tulle
eût des biens considérables. En 930, cent quatre-
vingts ans après, le testament du vicomte énu-
mère les biens présents du couvent; en quoi con-
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— 409 —
sistent-ils? En deux chapelles dans Tulle môme,^
et huit ou dix autres chapelles ou églises que les
moines avaient fondées de proche en proche, et
dont les revenus, ôté l'entretien de Téglise ^ du
chapelain, se réduisaient réellement au strict né-
cessaire pour quinze ou vingt religieux;
7** Pour la gestion et la défense de ces biens,
supposant qu'ils en fussent absolument maîtres,
les moines n'étaient pas assez sots pour se don-
ner des abbés laïques : c'eût été mettre le loup
berger. Nous ne voulons rien affirmer touchant
d'autres couvents, mais nous pouvons dire avec
certitude que les biens de celui de Tulle avaient
été usurpée par les ancêtres d'Àdhémar, et que
le titre d'abbés laïques que pouvaient prendre
ceux-ci n'était qu'une manière de cacher leur jeu ;
8^ Nous croyons qu'il n'y a jamais eu dans
l'Église d'établissement d'abbés laïques, pas plus
que diévéques extérieurs des conciles. Au moyen-
âge, les abus créèrent des abbés commendataires;
ils étaient rarement purs laïques; presque tous
avaient reçu au moins la tonsure, par exemple,
notre Baluze;
y Alors, comme aujourd'hui, les fortunes ne
mettaient pas toujours longtemps pour se former,
témoin le testament d'Adhémar qui, six ans après
sa fondation, en 936, laisiisait aux moines de Tulle
près de soixante nouvelles églises ou nouveaux
bénéfices. Le lendemain de cette mort, un visi-
teur qui aurait ignoré le testament et vu les
possessions du couvent, presque immenses alors,
devait conclure les yeux fermés, comme Bertrand
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— 410 —
de Latour, de Texistence de ce couvent au i" siè-
cle de notre ère;
10" Où trouve-t-on que les religieux aient ob-
tenu les faveurs des grands personnages de la
province? En 732, le roi donne leur maison et
leurs biens pour récompense à Tun de ses sujets;
jusqu'en 930 les ancêtres d'Adhémar, usant et
abusant de leur droit de maîtres, pressurent ces
pauvres moines. Vraiment, si ce sont là les faveurs
des grandsf, elles ne* sont guère enviables 1
De cet exposé, que nous ne voulons pas pousser
davantage, il est facile de conclure que Baluze,
en fixant au vu" siècle la naissance du monas-
tère de Tulle, pourrait bien avoir caison, puisque
les arguments qu'on lui oppose ne sont pas inso-
lubles. Baluze, outre beaucoup d'autres preuves
motivées, s'était appuyé, pour soutenir son opi-
nion, sur une inscription du xii" siècle de la
châsse de saint Calmine, laquelle prétend que ce
saint a fondé le monastère de Tulle; M. Fàge,
dans une note, nous félicite presque de n'avoir
pas argumenté de cette inscription. Non.* Mais
nous ne récusons pas ce témoignage. Ce que nous
récusons, c'est la citation suivante d'un historien
qui, quoique fort brave homme, était très sujet à
méprises. « De quel poids, dit F. B., peut être
une inscription gravée ^r une châsse du xii* ou
du xin* siècle, auprès du témoignage de Grégoire-
de-Tours et de Sulpice Sévère, qui rapportent que
saint Calmine se borna à faire observer plus stric-
tement à Tulle la règle monastique? » Saint Cal-
mine vivait en 690; Sulpice Sévère, l'historien
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— 411 —
bien entendu, était mort vers 420; Grégoire-de-
Tours mourait en 595, plus de trente ans avant
la naissance de saint Calmine l\\ Et nunc, plau-
dite, cives/ De pareilles bévues rendent suspect
le témoignage de saint Odon, de Laguionie et de
Chenu, cités par le même auteur. Arrivé à ce
point d'une question qui ne sortira jamais entiè-
rement des limbes, nous pouvons dire avec le
poète latin : Paulo majora canamus. En effet,
nous allons tenter un dernier effort pour démon-
trer historiquement et physiquement que Tulle
n'était qu'un affreux désert en l'an de grâce 571.
On ignore l'époque précise où le Limousin com-
mença à être gouverné par les délégués de nos
rois; des auteurs graves pensent que les vicomtes
de Limoges ne remonteraient pas au-delà de la
fin du ix* siècle, vers 887. Mais avant cette date
il y avait des comtes, car il est dit que le roi
Eudes divisa alors le comté de Limoges en plu-
sieurs vicomtes. Quoiqu'il en soit de cette ques-
tion, il est certain qu'au vi' siècle le Limousin,
en grande partie, était possédé et gouverné au
nom du roi par Rinoscinde — en latin Jocundus,
— père d'Arédius. Il est probable que Clovis, sur
la fin de son règne, donna à ce prince austrasien
le gouvernement de la province. Rinoscinde s'éta-
blit à Limoges et y épousa Pélagie^ fille de haute
naissance. Ils eurent au moins deux fils, dont les
noms nous sont connus : Eustadius, mort sans
alliance, et Arédius qui, après avoir commencé
ses études au monastère naissant de Vigeois, fut
envoyé à la cour de Théodebert, roi de Metz et
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— 412 —
d'Austrasie. Ce jeune homme, que TÉglise a de*
puis mis au nombre de ses saints, gagna par ses
vertus lé cœur de Sigebert, successeur de Théode-
bert, et celui de la farouche Brunehaut, laquelle
acheta, à dessein ou non, le Limousin de Gai*
suinde, sa sœur, femme de Chilpéric, et l'incor-
pora ainsi au royaume d'Austrasie. Cependant
Rinoscinde et Eustadius étant morts, Arédius,
dégoûté du monde malgré, sa jeunesse, s'en re-
tourna à Limoges pour servir de consolation à sa
sainte mère. Nous devons croire qu'avant son
départ, Sigebert et Brunehaut lui confirmèrent,
en se réservant le droit de suzeraineté, la dona-
tion du Limousin ou d'une très majeure partie.
De retour dans sa patrie, ce saint jeune homme
s'adonna à la piété et à toute sorte de bonnes
œuvres; il se fit pèlerin assidu du grand ^aint
Martin-dje-Tours et fut élevé à l'ordre de la prô*
trise. Il fonda le monastère d'Altane, aujourd'hui
Saint- Yrieix-la-Perche, et afin de reconnaître les
bons offices qu'il avait reçus de l'abbé Sébastien,
il répara et agrandit celui de Yigeois.
En 571, voyant sa mère sur l'âge et se sentant
lui-même épuisé par ses austérités, quoiqu'il vécût
encore vingt ans, il fit, de concert avec cette sainte
veuve, son testament, par lequel il laissait tous
ses biens au monastère d'Altane, en léguant seu-
lement quelques-uns à celui de Vigeois. Voici les
noms des principaux de ceux qui concernent ce
dernier monastère : « Ego ArediuSj et mater
mea Pelagia, cedimus et condonamus Deo et
sanoto Petro apostolOj ad mondsterium Vosir
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— 413 —
densej apud Lemovicas mondsterium Sanctir
Michaelis, ecclesiam Sanctv-Petri de Naves, et
ecclesiam Sancti-Mar'tini de Spartiniaco, et
ecclesiam Sancti^Galli, et ecclesiam de Cam--
bolivaj et ecclesiam de Baissiaco. — Moi Yrieix,
et ma mère Pélagie, cédons et donnons à Dieu
et à saint Pierre, apôtre, pour le monastère de
Vigeois, le monastère de Saint-Michel de Limoges
— fondé par le testateur, — Téglise de Saint-Pierre
de Naves, l'église de Saint-Martin d'Espartignac,
Téglise de Saint-Jal, Téglise de Chamboulive et
l'église de Bayssac. » (Voir Mabillon, Vête...
Analec..., t. II, p. 66, édition de Paris, 1676.)
Ce texte est clair, et les conclusions que nous
allons en tirer ne seront pas moins claires.
Donc, en 571, saint Yrieix était possesseur de
l'église de Naves, c'est-à-dire de tout le territoire
de cette localité qui, comme nous le verrons en-
suite, s'étendait jusqu'à l'endroit où sera Tulle.
Or, s'il y avait eu un monastère en cet endroit,
il aurait été nécessairement enclos dans les pro-
priétés du testateur. En outre, ce monastère, s'il
existait, était indépendant ou non. Dans le pre-
mier cas saint Yrieix, disposant de ses biens en
faveur des maisons religieuses, n'aurait assuré-
ment pas boudé aux moines de Tulle, au point
de les priver d'une église qui touchait à leurs
portes. Dans le cas de dépendance du testateur,
peut-on supposer raisonnablement que celui-ci ait
voulu enlever à ses propres moines, et transporter
à six ou sept lieues de là, le don d'une église si
bien à leur convenance ? Il y eut eu là un mépris
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— 414 —
dont le couvent aurait dû périr. Mais ce mépris
eût été mille fois plus injurieux si le saint tes-
tateur avait dédaigné les prières des moines de
Tulle. En donnant ses biens aux monastères, il
ne se réserve que cette seule consolation pour
lui et ses parents, vivants ou morts. Si autem,
dit-il, monachi Vosidensis, monasterii nobis
solatia precebuerint. A condition que les moines
de Vigeois nous procureront le secours de leurs
prières. Or, quelle triste idée de la piété des re-
ligieux de Tulle nous donnerait le charitable et
bienheureux Yrieix, s'il nous laissait croire qu'il
n'a rien voulu leur donner parce qu'il n'a voulu
rien leur demander? Cette conduite d'un saint et
le texte de son testament suffiraient, au besoin,
pour assurer la non-existence du monastère de
Tulle en l'an du Seigneur 571, et même 591,
année de la ratification du testament et de la
mort du testateur. Mais nous avons promis, sur
cette question, des arguments en quelque sorte
physiques; les voici :
Tulle s'est taillée, dans le temps, une banlieue
dans là paroisse de Naves. De l'aveu de tous,
Naves est plus ancien que Tulle, au moins par
son Tintignac, puisque le château de Tulle n'au-
rait été construit que pour servir de défense à
cette station romaine. Or, comme le christianisftie
nous est venu, sans nul doute, par Limoges, Naves
ou Tintignac, c'est tout un, a dû recevoir la reli-
gion chrétienne avant Tulle, et c'est pourquoi
on y voit une église paroissiale dès 571. Il est
tout naturel que là où se trouvait une station ro-
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— 415 —
maine, là aussi se rendissent les premiers apôtres
de notre sainte religion. A mesure qu*ils avan-
çaient, ils bâtissaient des églises qui n'étaient, à
proprement parler, que des oratoires, comme ceux
de nos missionnaires actuels dans les pays où ils
débutent, et assignaient à ces oratoires certains
quartiers qui ont fait ensuite les paroisses. Naves
fut sans conteste Tune de ces paroisses primitives ;
sa juridiction spirituelle embrassait la vallée où
est Tulle aujourd'hui. Pour nous convaincre de
cette vérité, jetons les yeux sur la carte de cette
commune; elle étreint Tulle comme une mère
étreint un enfant bien-aimé. Au couchant, par
Chaunac, elle enserre presque tout Souilhac; au
nord -est, son hameau de la Maçonnerie est à
200 mètres du Bourbacou, qui lui-même est tout
au plus à deux kilomètres et demi de Tancienne
église des Carmes. Tout le territoire qui compose
Lavialle et Dondou appartenait à Naves avant
1826. Ainsi, en prenant la cathédrale pour base
d'un demi-cercle, les rayons qui aboutiraient à
Tare ne mesureraient pas en tous sens plus de
trois kilomètres. D'où il suit avec évidence que
le monastère a empiété dans le temps sur la
paroisse de Naves.
Comment et à quelle époque cet empiétement
s'est-il opéré? Bien certainement après le don
d'Adhémar de la vicairie de Naves au monastère
de Tulle. Ici nous devons quelques explications.
En 571 , Naves est appelé seulement église de
Saint- Pierre; il n'est pas question de vicairie,
pour la raison bien simple que le Limousin ne
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— 416 —
subit cette diyision que sous le gouvernement des
vicomtes, dans le ix* siècle ou la fin du vin'.
Ces vicairies étaient des portions de juridiction
territoriale, à peu près comme sont aujourd'hui
nos ressorts de justice de paix. Le siège en était
toujours dans la localité la plus importante du
ressort. Naves mérita d'être le siège de Tune de
ces vicairies. Sa juridiction s'étendait, d'après Ba-
luze, sur Naves, Seilhac, Saint-Clément, les Plas,
Chameyrat, Ste-Fortunade et les Angles — peut-
être aussi sur Laguenne, Chanac et Gimel. —
Tulle, qu'elle veuille ou non, était nécessairement
englobée dans la vicairie de Naves, comme elle
fut plus tard de Tarchiprêtré de Gimel. Il n'y
avait certainement pas deux justices de paix à
une distance aussi rapprochée. Il n'est donc pas
exact de soutenir qu'au ix* siècle. Tulle était le
siège principal de la justice de tout le Bas-
Limousin, puisque au x% en 930, le siège de
cette justice se trouvait encore à Naves.
Longtemps avant la cessation de cette justice,
la paroisse de Naves, par la division du Limousin
en vicomtes et sa subdivision en vicairies, avait
cessé d'appartenir au monastère de Vigeois — il y
eut apparemment des compensations qui ne nous
sont pas connues. — Mais jusqu'en 930, la vicairie
de Naves, c'est-à-dire le propre territoire de cette
église, ne faisait point partie des biens du mo-
nastère; là-dessus, le testament d'Adhémar est
exprès. Tulle, au contraire, subsistait encore dans
les limites de cette paroisse, et les deux églises
de Saint-Pierre et de Saint-Julien n'étaient que
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— 417 —
iies chapelles de secours. De cette assertion nous
pourrions citer pour garant Renaud de Nîmes,
qui disait en 1772 : a Saint Martial vint, vers
Tan 250, sous l'empire de Dèce et le pontificat
de saint Fabien, porter la foi à Tulle et à Tin-
tignac. Il fit bâtir dans la forteresse la chapelle
ou Toratoire de Saint-Pierre. » C'est, sur la venue
de saint Martial, Topinion bien probable de saint
Grégoire-de-Tours ; nous ne la discutons pas, seu-
lement nous remarquons que l'auteur pensait avec
raison que dans un château ou forteresse, il ne
pouvait se trouver d'autre monument religieux
qu'une simple chapelle. Il en fut ainsi pendant
tout le moyen-âge : les églises paroissiales étaient
toujours hors des enceintes fortifiées, et même
hors des couvents. La raison de cet état de choses
est facile à comprendre.
Sans trop nous appuyer sur le sentiment de
Renaud de Nîmes, nous disons qu'en 930, Saint-
Pierre de Tulle n'était qu'une simple chapelle. Il
en était de môme de Saint-Julien. A peine les
couvents se trouvaient-ils en train que les gens
du voisinage se hâtaient de les fréquenter, tant
pour les secours temporels que pour les secours
spirituels. Aiors les moines, afin de pouvoir ob-
server leur règle sans dérangement, construisaient
des chapelles à côté de leur basilique ou à très
peu de distance. Là, ils faisaient l'aumône et
administraient aux fidèles les secours de la reli-
gion. Plus tard, lorsque un nombre suffisant de
maisons se fut multiplié autour des monastères,
ces chapelles devinrent églises de paroisses.
T. IX 6— a
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— 418 —
Mais pour sûr, Saint-Julien et Saint-Pierre de
Tulle ne Tétaient pas en 930; en deçà de la
rivière, Naves les empêchait. D'ailleurs, qu'au-
raient fait deux paroisses à Tulle à une époque
où elle n'avait pas 300 habitants?.
Oui, Naves a fourni la banlieue-nord de Tulle
et même l'emplacement de la ville. Dès 930,
cette paroisse appartint au monastère; alors les
moines purent tailler dans leur étoffe. Comme
tout était à eux, ils furent sobres et ne prirent
qu'un quart de cette église -matrice qu'ils éle-
vèrent ensuite au rang de prévôté, et, par re-
connaissance, assignèrent au prévôt de Naves la
troisième place dans leur chapitre.
Avoir disposé de ce qui leur appartenait était
pour les religieux une chose toute naturelle ; mais
prendre, ou plutôt voler en quelque sorte le pa-
tron de la paroisse qu'ils lacéraient était assu-
rément un passe-droit de mauvais aloi. Jusqu'au
xn* ou xm* siècle, Naves avait fêté saint Pierre,
29 juin. Tulle, qui possédait déjà sa chapelle de
Saint-Pierre, ayant créé une paroisse dans cette
chapelle, eut hâte de prendre la meilleure part
et de reléguer sa succursale au second plan, c'est-
à-dire à Saint-Pierre-ès-Liens, P' août. La vérité
de ce méfait ressort de toute l'histoire ecclésias-
tique des temps primitifs. Lorsqu'on consacrait
une église à saint Pierre, c'était toujours le 29
juin que l'on prenait pour fête patronale; et si
dans la même localité ou à très brève distance
se trouvaient deux églises sous le vocable de ce
chef des apôtres, la moins ancienne était inva-
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— 419 —
riablement dédiée à saint Pierre-ès-Liens. Or, il
nous semble que nous avons assez prouvé, sans
trop craindre le démenti, que St-Pierre de Naves
est plus ancien que Saint-Pierre de Tulle, et que
pour cette raison les moines luî ont soustrait
dans le temps son véritable patron.
S'il en est ainsi, d'où vient, nous demandera-
t-on, que Saint-Pierre de Tulle a toujours passé
pour la première paroisse du diocèse? Il nous
en coûte pour répondre à cette question, car
l'église dont la vérité historique nous force de
rabaisser le niveau a eu les prémices de notre
ministère sacerdotal, et nous lui avons toujours
gardé les plus doux souvenirs comme la plus
entière piété filiale. Donc, nous demandons grâce
aux lieux et aux personnes, et nous convenons
que les églises paroissiales des villes épiscopales
sont les premières et les plus appréciables d'un
diocèse, quoique pas toujours les plus anciennes.
Pour Tulle, le fait est qu'à cause de leur trans-
formation, les trois paroisses de cette ville sont,
avec quatre ou cinq autres, les plus récentes du
diocèse. Saint-Jean-Baptiste n'a pas encore trente
ans d'existence; Notre-Dame n'est venue qu'au
commencement de ce siècle; Saint-Pierre, par sa
transposition dans l'ancienne chapelle des Carmes
et son changement de territoire, n'a qu'un passé
de quatre-vingts ans. Pour que, après la tour-
mente révolutionnaire, tout fût remis à peu près
dans son état, il aurait fallu que l'église de Saint-
Pierre fût reconstruite sur son antique, emplace-
ment et eût gardé la partie nord de la ville et
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— 420 —
de la banlieue; que Saint- Julien, uni au chapitre
ou à Téglise cathédrale, dont le vaisseau n'était
autrefois séparé que par un passage fort étroit,
eût conservé son nom et son ancien territoire.
La chose n*était pas trop faisable au commen-
cement du xix* siècle, aussi n'avons-nous pas
envie de la conseiller, mais de dire tout bonne-
ment qu'à Tulle le rôle des paroisses est changé
et que, par conséquent^ le prestige est détruit.
Indépendamment de ce changement, St-Pierre
ancien et moderne est loin d'avoir la primauté
d'âge sur beaucoup d'autres paroisses du diocèse.
L'ancien diocèse en comptait une cinquantaine;
or, sur ce nombre, quinze ou vingt étaient plus
anciennes que Saint-Pierre de Tulle. Le nouveau
diocèse, composé d'environ trois cents églises pa-
roissiales, en possède, à coup sûr, plus de cent
soixante qui dépassent l'âge de l'ancienne paroisse
de Saint-Pierre.
C'est un calcul que nous laissons aux recher-
ches des savants.
L.-L. NiEL, curé.
Naves, 20 juin 1887.
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CARTULAIRE
DE
l'Abbaye bénédietine Saint-Martin de Tulle
EN LIMOUSIN
PUBLIÉ PAR
Jean-Baptiste CHAMPEVAL
PRÉAMBULE
OTRE savant compatriote tul-
liste, Etienne Baluze, se pro-
posait sans doute de faire du
Cartulaire de sa ville natale
une publication à part, en-
tourée de tous les éclaircis-
sements qu'il savait donner à ses nombreux tra-
vaux. C'est pourquoi il s'est contenté d'extraire
de ce recueil les documents les plus saillants,
pour les donner en appendice dans son Histoire
de Tulle, d'ailleurs achevée, on le sent, d'une
main qui se hâte à contre -cœur vers d'autres
œuvres.
Selon le goût de son temps et ses tendances
d'étude, l'illustre érudit, demeuré toute sa vie
plus ou moins homme d'église, malgré qu'il en
eût, n'envisagea de sa petite cité, guère autre
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chose que ce qui Tavait toujours vivifiée et enfin
constituée telle, c'est-à-dire son vieux moustier
abbatial. Ce tronc vénérable, il Tembrassa d'une
étreinte si fidèle, qu'après en avoir scruté har-
diment les dernières racines et admiré la^ tige
élancée, au lieu d'en détourner ses regards sur
la population diverse groupée à son ombre, il se
complut uniquement jusqu'au bout à nous dé-
crire, de son meilleur style, et ses premiers jets
de sève puissante et la floraison dont se cou-
ronna tout-à-coup l'arbre monastique en devenant
évêché, mais un évôché où Mascaron devait pré-
céder Mgr Berteaud, de douce mémoire.
La ville et ses institutions municipales nais-
santes, le développement progi-essif de son en-
ceinte, d'abord parallèle à l'extension de l'abbafye,
les mœurs patriarcales alors de la bourgeoisie tul-
liste, .ses familles d'un plus haut^ rang, l'orga-
nisation judiciaire, la renaissance surtout, qui se
manifesta chez nous si luxuriante au xvii" siècle,
par ses communautés religieuses de tout habit :
de cela, Baluze nous entretient incidemment, en
passant « au trot, » tranquille, pourrions -nous
dire, de sa plume élégante, claire, merveilleuse-
ment concise.
Allant au plus pressé, grâce à la solidité de sa
tête, il avait constamment la main très heureuse
dans les sauvetages que la postérité doit à son
goût exquis. Il sera facile de vérifier le fait avec
le présent Cartulaire.
Latour déjà, de son côté, n'avait certainement
voulu dresser qu'un manuel diocésain plus utile
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encore à son temps qu'à la postérité, en vue de
fournir à ses collègues du chapitre et à son chef,
un exposé courant, le plus succinct possible, de
leurs droits essentiels, principalement de ceux con-
testés ou lointains, comme Rocamadour, Lilleau.
Malheureusement, à l'occasion de nos origines,
Institutio, but de son livre, pour avoir voulu
trop OMier de légendes et de la pompe de son
style parfois obscur, ce bon tissu de textes à la
trame vraiment résistante, il a gravement man-
qué de critique, tant fut grande son ardeur cour-
tisane à servir la cause de VéYèqne'Vicomte en
exaltant outre mesure le modeste siège de Tulle.
Nous n'en voulons pour témoins que sa préface
ampoulée, et sa Venue de saint Martial à
Tullum seu Tullam justifiant le dur reproche
de Baluze.
Déjà édité pour ce qui en composait la fleur
et le suc, en d'autres termes, une fois connues
ses pièces essentielles, relatives soit aux posses-
sions excentriques du monastère, formant ce que
nous appellerions volontiers ses membres forains,
soit à ses bienfaiteurs les plus marquants (1), notre
(1) Tels que Tévéque de Gahors, etc. (don de Rocamadour, Vey-
rac),... colonnes 375, 377, 428, 469; — les comtes de La Marche,
455; — vicomtes d'Aubusson (La Ghapelle-Spinasse), 399, 429; — des
Échelles (testam. d'Adémar), 1; de Comborn, 461, 537, 473, 405, etc.;
— de Ventadour, 577, 437; — de Turenne, 449, 467, 381, 463, 475,
431, etc.; — de Saint-Cyr, 347; — accords entre abbayes, 380;
Ou des dons d'église et dîmes comme Bougueyrou, colonne 428;
BelpeUch, 443; Toy-Viam, 455; La Chapelle^Geneste, 413, 417, 419;
Ussac, 368; Palazinges, 343, 345; Tarnac, 429;. Lonzac, 369, 407;
Naves, 517 à 521, etc....
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précieux recueil n'offre plus maintenant au grand
public des lettrés, l'intérêt exceptionnel du Gartu-
laire de Beaulieu, publié par M. Deloche. Peu de
vicairies nommées, en effet, point de divisions
géographiques à découvrir (la vicaria Saornacensis,
Sornac exceptée), donations gravitant de plus près
autour du haut clocher qui les provoqua : consé-
quemment un assez maigre aliment fourni à la
curiosité générale, toujours en éveil, au contraire,
sur ces grosses questions de délimitations de pagi
secondaires et de centaines. Rien de neuf n'y est
à signaler non plus touchant les ofiBces laïques,
les mesures ou redevances, l'état des personnes
ou de la propriété.
Néanmoins l'abondance des chartes restées in-
connues (môme pour une bonne part aux rares
investigateurs des armoires de Baluze), le curieux
détail intime des menus biens venus aux mains
des moines de Saint-Martin dans un faible rayon
autour du chef-lieu — recherche attrayante pour
nous surtout, Corréziens, — l'énumération d'un
bon nombre de familles nobles dont Baluze, trop
scrupuleux pour l'époque actuelle, attendait pa-
tiemment de pouvoir renouer avec véracité les
anneaux généalogiques : voilà bien de quoi faire
juger ce Cartulaire digne d'être enfin mis au
jour (1). Joignez à ces considérations l'utilité tou-
jours plus pressante de redresser la topographie
ancienne dans cette portion centrale de la France,
(1) Nous avons entrepris d'éditer aussi le Cartulaire d*Uzerche
{Bulletin de Tulle, 3- trimestre de 1887).
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aux habitudes si longtemps romaines, et Tintérét
qui ne peut manquer de s'attacher désormais à
tout ce qui touche au berceau de Baluze.
En outre, les chartes mômes qu'il a publiées
gagneront à se retrouver encadrées de celles qui
les entouraient. Le tableau d'ensemble sera ainsi
rétabli.
Le premier des manuscrits auxquels nous em-
prunterons le texte des actes est une copie écrite
vers le premier tiers du xvm* siècle, provenant,
selon toute apparence, de la collection des héri-
tiers de Baluze, dont le dernier écrivait encore,
il y a peu d'années, une notice biographique
d'Antoine Baluze, l'ambassadeur (1). Elle forme
un- cahier de 45 feuilles, d'un papier gris-blanc
maintenant très jauni, haut de 0"26 cent., large
de 0°"17, avec une marge de 0"H)3 cent, portant
^es dates et les noms de personnes posés en
kyrielle, à la file indienne. La page contient
33 lignes. Dans le filigrane on lit : S. H. L, pro-
bablement Salvator hominum Jesus^ sur cer-
tains feuillets. D'autres, au contraire, laissent
transparaître une fleur de lis, surmontée d'une
couronne accostée de palmes. Nous désignerons
ce cahier manuscrit n^ 1, ou plus souvent ma-
nuscrit A.
Le second, complément des lacunes de Tautre,
(1) Noos avons publié deux lettres patoises, au caractère tout
confidentiel, de ce personnage {Bulletin archéologique de Brive,
tome VI, 4"* livraison).
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et que nous appellerons manuscrit n** 2, ou mieux
manuscrit B, est une copie de mêmes date en-
viron, teinte et écriture, mais sans filigrane, en
papier de 0"25 cent, sur 0°*19. Ce cahier énonce
en tôte : Extrait fait sur celui de M. Baluze; et à
la fin on a écrit : M. L** de Baluze, av* à Tulle —
des Baluze du château du Cher, commune de
Sarran, canton de Corrèze. — On y compte 48
pages, dont 44 sont pleines et ont assez cou-
ramment 36 lignes chacune, d'une écriture fine
et serrée (1).
Pour les observations particulières auxquelles
pourront donner lieu certaines difiBcultés de char-
tes, nous ajournons le lecteur à la fin du pré-
sent travail, où il trouvera aussi classées 4)ar
matières et par voie alphabétique, sous forme
d'index nominal latin et français, les diverses
donations ou ventes ou lambeaux d'actes. Les
identifications placées au bas des pages s'y trou-
veront répétées, quoique sous une .forme moins
développée et différente.
Quant aux termes difficiles et aux notions in-
dispensables pour l'intelligence de cet écrit et de
son époque, nous ne pouvons que renvoyer le
lecteur à la remarquable introduction de M. De-
(1) Peut-être cette seconde copie a-t-elle été tirée sur Tune de
celles de Bandel, un collectionneur du genre de Lépine, qui amas-
sait vers Limoges des matériaux pour VHistoire du Limousin
lorsqu'il mourut en 1639. Les Gartulaires que nous avons d'Uzerche
et de Dallon sont copiés sur Jean Bandel. — lA Bandel fut cha-
noine à Limoges en 1667.
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— 427 —
loche au Cartulaire de Beaulieu, où nous avons
cru devoir signaler seulement, à propos du com-
mentaire, quelques remaniements d'identifications,
ainsi qu'aux immortels travaux de Ducange et
Guérard, et à la carte de Gassini, autrement com-
plète que celles de Tétat-major.
EX CARTULARIO
SANCTX-MARTINI TUTELUENSIS
1. BULLA URBANI PAPiE PRO TUITIONE ABBATIiE
Elutum [forte, pro datum] Lenonicis? per manum Jo-
hannis diaconi cardinalis ini nonas Januarii, indictione
un dominicae incarnationis anno millesimo nonagesimo
sexto, pontiflcatus autem domini Urbani papse secundi,
anno octavo.
2. DONUM AMERICI DE MALAMORTE
Noverint nostri (présentes et post^ri) quia Americus de
Malamorte (1) dédit Deo et S. Martino Tutelensi, stagnum
de Planis (2) (sine aliquo retinaculo) in manu domini
Frudi (3) abbatis cum consilio uxoris suae et militum
suorum et Gauberti de Malamort consanguinei sui... et
pro hoc dono (dédit ei Frudiilus abbas) cclxx solidos et
(1) Malemort, chef-lieu de commune du canton de Brive, puis-
sante baronnie aux seigneurs de ce nom.
(2) Les Plas, commune de Saint-Clément, canton de Seilhac, où
existe encore un étang. Cure et prévôté en 1450, et encore membre
dépendant de la cathédrale de Tulle, 1773 (ex mets).
(3) Sic, sans signe d'abréviation. — Le Catalogue des abbés de
Tulle dressé par Baluze, rectifiant sa propre liste fournie au
Gallia, donne, sous le n* 13, Frudin, depuis environ 1053 jus-
qu'à 1084.
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unam mulam uxori suse... audientibus Stephano de Rofl-
niaco (1), Raynaldo Rotberti... Hoc ipsum donum fecit
Gaubertus de Malamorte... nobila quoque uxor Eboli de
Samas, soror Gauberti de Malamort dédit... 8. Arnaldi de
Poenciaco (2), S. Pétri Ainardi, S. ipsius Ebali, S. eius-
dem nobile... (3).
3. BULLA PASGHALIS II (4)
Paschalis episcopus servus servorum Dei dilecto fllio
GuiUelmo Tutellensi abbati ejusque successoribus régu-
larité! instituéndis in perpetuum. Piae postulatio volun-
tatis efifectu débet pro sequente compleri, quatenus et
devotionis sinceritas laudabiliter enitescat, et utilitas pos-
tulata vires indubitanter assumât. Postulavit nos siqui-
dem dilectio vestra praedecessoris nostri Urbani sanctae
memorie secundi statuta firmare, et per ea Tutellensi
cœnobio, cui Deo authore praesidet, afflrmationis nostre
munimenta conferre. Per praesentis igitur privilegîi pagi-
(1) Roffignac, famille de la plus ancienne chevalerie, ayant eu
deux ch&teaux de son nom à Allassac, 1600, et à Saint-Germain-
les-Vergnes, 1624, et possédé durant de longs siècles la plus
grosse part de la coseigneurie dudit Saint-Germain. (Papiers de
M. Pradel de La Mazë, héritier de cette puissante maison, cotés :
fonds de Roffignac, à Vignols.)
(2) Nom tiré de Poissac, jadis seigneurie, encore cas tel et gros
village de la commune de Ghameyrat, canton de Tulle.
(3) En conférant entre eux les textes des pages 1'* du manus-
crit n* 1, et la 14* du manuscrit n* 2, ce dernier contient de plus :
présentes et posteri (au lieu d'universi), puis, sine aliquo retina-
culo, puis, dédit ei Frudinus abbas (au lieu de recepit, qui môme
ne cadrait pas avec mulam uxori). Mais le manuscrit n* 1 ajoute
tout ce qui vient après Rotberti. — Nous compléterons désormais
notre texte propre par ces deux versions, sans en avertir autre-
ment que pap le renvoi aux pages réciproques et par la mise entre
parenthèses des additions provenant du n*" 2, le tout à moins de
grande divergence.
(4) Nous rempruntons à La Tour, page 141, qui Ta vidimée éner-
giquement, nec antiquiorem,.. nec uberiorem.., a capite ad cal-
cent. Elle manque dans nos manuscrits.
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— 42» —
nain apostolica authoritate statuimus, ut guecumque bona,
quaecumque praedia, qusBCumqne possessiones ad idem
monasterium pertinere videntur, et qusBCumque in futu-
nim concessione pontiflcum, et oblatione fidelium jure
et canonicé poterint adipisci, Anna tibi, tuis que succes-
soribus, et illibata permaneant. In quibus hsec propriis
duximus nominibus annontanda. In adjacenti burgo eccle-
sias Sancti Pétri (1), S. Juliani (2) ecclesiam de Aquina (3),
ecclesiam d3 Acuto Monte (4), capellam de Rocha (5), ca-
pellam de Marco (6), capellam de La Garda (7), capellam
de Bosqueto (8) , ecclesiam de Spaniaco (9) , cum ipsa
capella, ecclesiam Sanctae Mariée de Glergor(lO), eccle-
siam de Spinaciis (il), ecclesiam de Aureliaco (12), eccle-
siam de Altoire (13), ecclesiam de Monadera (14), ecclesiam
(1) Saint-Pierre, église détruite, sise à Tulle, au bout de la rue
en escalier, dite des Quatre- Vingts.
(2) L'église Saint- Julien était aussi à Tulle, sur la place Saint -
Julien, entre la cathédrale et la bascule actuelle.
(3) Laguenne, patron saint Martin, aujourd'hui chef-lieu de com-
mune du canton de Tulle.
(4) Gumont, commune du canton de La Roche- Ganillac.
(5) S'applique au susdit La Roche.
(6) Marc-la-Tour, chef-lieu de commune du canton de Tulle.
(7) Lagarde, chef-lieu de commune du môme canton, où était
cette chapelle, distincte de Saint- Georges de la Beauvirie et du
n* 6, qui suivra.
(8) Le Bousquet, aujourd'hui village en la commune de Saint-
Paul, canton de La Roche.
(9) Espagnac, chef-lieu de commune du môme canton de La Roche.
L'église est restée. La chapelle voisine (Virige?) a disparu.
(10) Glergoux, chef-lieu de commune du susdit canton.
(11) La-Ghapelle-Spinasse, chef-lieu de commune du canton d'Ëgle-
tons. Bonnélye, par sa traduction des noms de lieux, qui témoigne
de peu d'étude géographique locale, identifie mal ici et ailleurs.
Nous renonçons à relever ses erreurs trop nombreuses en ce
genre.
(12) Orliac-de-Bar, chef-lieu de commune du canton de Gorrèze.
(13) Toy-Viam, cheMieu de commune du canton de Bugeat.
(14) Monédière, aujourd'hui simple village, incorporé & la paroisse
de Ghaumeil, canton de Gorrèze.
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— 430-
de Madrangis (1), capellam de La Valetta (2), capellam
de Planis (3), capellam de la Genesta (4), capellam de
Auriaco (5), capellam de Bello-Podio (6), ecclesiam de
Brancelia (7), capellam de Capiaco (8), ecclesiam Sancti
Boniti de Avalosa (9), ecclesias de Vayriaco (10), videlicet
Sancti Stephani, Sancti Martini et Sancti Germani, eccle-
siam de Sancto Michaele (11), et ipsam capellam de Cas-
tello (12), ecclesiam Sancti Petride Beneriis (13), ecclesiam
SanctaeMariae de Miseria(l 4), ecclesiam Meyronse (15), eccle-
siam Sancti Pétri de Vogayro (16), capellam de Bello-Gas-
tello (17), ecclesiam Sancti Georgii de Mayrac (18), eccle-
(1) Madranges, maintenant gros village avec une chapelle Saint-
Barthélémy, en la paroisse du Lonzac.
(2) La Valette, patron Notre-Dame (Lonzac), canton de Treignac.
(3) Les Fias (Saint-Clément). Nous mettons la commune entre
parenthèses.
(4) La Chapelle- Geneste, ancienne paroisse, maintenant enclavée
en celle de Saint-Bonnet-l'Enfantier, canton de Vigeois.
(5) Auriac, commune du canton de Saint-Privat.
(6) Belpeuch, aujourd'hui paroisse de la commune de Camps,
canton de Mercœur.
(7) Branceilles, commune du canton de Meyssac.
(8) Chachat, village de la commune de Louignac, canton d'Ayen.
(9) Saint-Bonnet-Avalouse, commune du canton de Tulle.
(10) Ces trois églises, dont deux ont disparu, étaient à Veyrac,
chef-lieu de canton du Lot.
(11) Saint-Michel-de-Bannières, commune du canton de Veyrac
( Lot).
(12) Nous placerions la chapelle du Gastel au voisinage immédiat
de ce Saint-Michel.
(13) L'ancienne paroisse de Saint-Pierre-de-Bannières, aujourd'hui
hameau de Saint-Pierre-le-Vestit, distincte de sa voisine Saint-
Félix-de-Bannières et près Saint-Martin-des-Fargues, disparue. Les
clochers étaient, on le voit, fort multiphés par là.
(14) Falso pro Maceria, et probablement non loin de Bétaille (Lot)
et de la Dordogne.
(15) Meyronne, commune du canton de Martel (Lot).
(16) Bougueyrou, paroisse du canton de Martel, en aval de Saint-
Sozy.
(17) Belcastel, id.
(18) Meyrac, près Saint-Sozy.
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-^ 431 —
sias Sanctae Mariae de Rocamadour (t), ecclesiam de .Gran-
sania (2), ecclesiam Sanctae Mariœ de Saliaco (3), eccle-
siam de Olonziaco (4), ecclesiam de Marciliaco (5), eccle-
siam Sancti Aredii (6), ecclesiam Sancti Juliani de Por-
caria (7), ecclesiam Sancti Mantilii (8) {legendum Mau-
rilii), ecclesiam de Bragusa (9), ecclesiam de Lagarda (10),
ecclesiam Sanctae Fortunatae (11) ecclesiam de Albuciaco (12)
ecclesiam de Nova villa (13), ecclesiam deMolceo (14), eccle-
siam Sancti Amantii(15), ecclesiam Sancti Martialis Faur-
censis (16), ecclesiam Sancti Silvani (17) et ecclesiam Sancti-
Boniti-Al-Ver (18), ecclesiam Sancti Pardulphi de la Cro-
silia (19), ecclesiam Sancti Martini (20) quod est inter Dus-
trem et Dordoniam, ecclesiam* d'el mordelgues (21), eccle-
(1) Rocamadour, pèlerinage célèbre, chef-lieu de commune du
canton de Gramat (Lot).
(2) Grandsagne, chef- lieu de commune du canton de Bugeat.
(3) Seilhac, chef-lieu de canton.
(4) Le Lonzac, chef-lieu de commune, canton de Treignac.
(5) Marcillac-la-Groisille, commune du canton de La Roche-Ga-
nillac.
(6) Saint- Yrieix-le-Déjalat, commune du canton d'Égletons.
(7) La Porcherie, oommune du canton de Pierre-Buffière (Haute-
Vienne).
(8) Mezels, «patron saint Maurilion (d'où le nom fréquent de
Morlhon, Mourlhon), commune de Veyrac (Lot).
(9) Braguse, aujourd'hui commune de Gimel, canton de Tul/e.
(10) L'église paroissiale de Lagarde, canton de Tulle,— distincte.
(11) Sainte-Fortunade, commune du canton de Tulle.
(12) Albussac, commune du canton d'Argentat.
(13) Neuville, idem.
(14) Monceaux, id.
(15) Saint- Ghamant, id:
(16) Forgés, id., aujourd'hui pourvu seulement d'une église, la
seconde ayant été dédiée à saint Michel.
(17) Saint-Silvain, commune du canton d'Argentat.
(18) Saint-Bonnet-El-Vert, id.
(19) 8aint-Pardoux-la-Groisille, commune du canton de La Roche.
(20) St-Martin-la-Méanne(c'est-à-dire mitoyenne, entre deux eaux,
Mediana), commune du canton de La Roche.
(21) Puis dit Saint- Pardoux-lès-Saint-Ghamans, le nom du saint
guéretois lui ayant fait perdre son vocable de Murdegolum.
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— 432 —
siam de la Mazeira (1), ecclesiam Sancti Pétri de Sadro (2),
ecclesiam Sancti Maxentii (3), ecclesiam Sancti Laurentii
de Gorza (4), ecclesiam de Meyriniac (5), ecclesiam de
Peyrac (6), ecclesiam de Gales (7), ecclesiam Sancti Me-
dardi (8), ecclesiam Sancti lacobi Carducis {legendum Ca-
durcis) sitam (9), ecclesiam de Treyniac (10), cum capella
ipsius castri (11), ecclesiam Sancti Juliani de Garriga (12)
et quae in posterum, authore Deo, ad idem monasterium
offerri, et aliis iustis modis pervenire contigerit, quieta
semper et intégra vobis, vestris que successoribus conser-
ventur. Ecclesias vero cum pertinentiis suis, sive praedia
ab eodem monasterio distracta prsecipimus revocari, et in
perpetuum conservari. Et ne quae persona ecclesiastica,
vel secularis iustae revocationi obviare, vel impedire prse-
sumat, Apostolicae Sedis authoritate interdicimus. Obeunte
autem te eiusdem loci Abbate, vel tuorum quolibet suc-
cessorum, nullus ibi qualibet surreptionis astutiae, seu
(1) La Mazière-Basse, commune du canton de La Roche.
(2) Sadroc, commune du canton de Donzenac.
(3) Saint-Mexant, commune du canton de Tulle.
(4) Probablement La Corse, commune et canton de Donzenac.
(5) Meyrignac-rÉglise, commune du canton de Qorrèze, ainsi
nommée pour la distinguer du village appelé de son côté Mey-
rignac-de-Bar. Il a cependant perdu son église, et les paroissiens
sont desservis par Gorrèze.
(6) Peyrac, chef-lieu de canton du Lot.
(7) Calés, commune du canton de Peyrac (Lot).
(8) Bien mieux Saint-Médard-de-Salgues, commune de Cramât,
que Saint- Merd-de-Lapleau, commune du canton de Lapleau.
(9) Saint-Jacques, à Gahors môme, probablement au sud de la
ville, en la banlieue, sur la voie de Rocamadour et comme par
droit de chemin roumieu. Ne dépendait plus de Tulle en 1232.
(10) Treignac, mais pour ses églises paroissiales Saint-Martin,
Saint-Jean-l'Évangéliste, dite des Églises et détruites.
(11) Ghapelle-du-Gh&teau à Treignac, disparue, distincte de oelle
de la Basse-Cour.
(12) Saint-Julien-Momoat, commune du canton de Mtyssac, autre-
ment dite jadis Saint-Julien-le-Déjalat. Elle réunit aujourd'hui deux
paroisses, soit Saint-Julien et Momont.
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— 433 —
violentîâ praBponatur, nlsî quem fratres communi con-
scnsu f vel fratrum pars , et consilii sanîorls secundum
Dei timorem et Beati Benedicti regulam elegerint. Quin
etiam omnimodo interdicimus, ne pro Âbbatise introitu
a quolibet viventium munus quodlibet exigatur sepultu-
ram milîtum de Gimel (1), de Bar (2), de Correzia (3), de
Bo8sac{4), de Seillac(5), de Sancto Clémente (6) , de
Sancto Germano (7), de Sancta Ferreola (8), de Favars (9),
de Cornilh (10), de Sancta Fortunata (11), de Lagardall2),de
Sancto Amantio (13), de Naves (14), de Roca (15), de Mar-
ciliaco (16), de Sancto Aredio (17), de Campaniaco (18), de
Clergor (19), de Ladignac (20), et omnium vice comitum de
Conbor (21) et de Ventadour (22), vobis a quolibet auferrî,
vel interrumpi prohibemus; decernimus ergo ut nulli
(1) Gimel, commune du canton de Tulle.
(2) Bar, coidmune du canton de Gorrèze.
(3) Gorrèze, chef-lieu du«canton.
(4) Boussac, mieux le village de ce nom, commune d'Orliac, que
Boussac (Sainte-Fortunade), tous deux ayant été seigneuries, mais
le premier baronnie puissante.
(5] Seilhac, chef-lieu de canton.
(6) Saint-Clément, commune du canton de Seilhac.
(7) 8aint'6ermain*les- Vergues, commune du canton de Tulle.
(8) Sainte-Féréole, commune du canton de Donzenac.
(9) Favars, commune du canton de Tulle.
(10) Cornil, id.
(11) Sainte-Fortunade, id.
(12) Lagarde, déjà indiquée.
(13) Saint-Ghamans, id.
(14) Naves, commune du canton de Tulle.
(15) La Roche, déjà indiquée.
(16) Marciliaco, id.
(17) Saint- Yrieix-le-DéjaJat. id.
(18) Ghampagnac-LaNouaille, d'Égletons , ou Champagnac-la-Pru-
ne, de La Roche.
(49) Glergoux, déjà indiquée.
(20) Ladignac, commune du canton de Tulle.
(21) Gomborn, commune d'Orgnac, canton de Vigeois.
(22) Ventadour, commune du Moustier- Ventadour, canton d'Égle-
tons.
T. IX. 5-4
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— 434 —
omnino hominum liceat idem monasterium temere per-
turbare, aut eius possessiones auferre vel ablaUs reti-
nere, minuere, vel temerariis vexationibus fatigare; sed
omnia intégra conserventur iis pro quorum sustenta tione
et gubernatione concessa sunt, usibus omnimodis profu-
tura si quis ergo in crastinum, Archiepiscopus, Epis-
copus, Imperator, aut Rex, Princeps, aut Dux, Cornes,
Vicecomes, Judex, aut quaelibet Ecclesiastica Secularis ve
persona, banc nostrae constiJ,utionis paginam sciens, citra
eam temere venire tentaverit secundo, tertiove commo-
nita, nisi in satisfactione congrua emendaverit potestatis,
honorisque sui dignitate careat, reamque se divino iudi-
cio existere de perpetrata iniquitate cognoscat et a sacra-
tissimo corpore et sanguine Dei, et Domini nostri Re-
demptoris lesu Christi aliéna fiât : atque in extremo
examine distinctœ ultioni subiaceat. Cunctis autem eidem
loco iusta servantibus sit pax Domini nostri Jesu Christi,
quatenus et hic fructum bonae ^ctionis percipiant, et
apud districtum iudicem praemia œternse pacis inveniant.
Amen. Amen. Amen. Scriptum per manum loannis pri-
marii et notarii sacri palatii. Ego Paschalis Catholicae
Ecclesiae Episcopus subscripsi. Datum Laterani prima die
Kalend. Novembris per manum loannis Romanae Ecclesie
Archidiaconi Cardinalis, ac bibliotecarii, indictione 13.
Incarnationis Dominicae anno MCV. Pontificatus autem
Domini Paschalis Papae secundi anno septimo.
4. BULLA. ALTERA PASCHALIS (1)
BuUa Paschalis papae Ebalo abbati tutellensi de ecclesiis
ejusdem loci Datum Laterani, per manum Johannis
(1) Latour ne mentionne pas cette bulle, analysée par nos deux
manuscrits, mais il nomme la bulle n" 1 d'Urbain et dit de plus,
page 149, 2"- édition : Aliam legimus démentis tertii Laterani
idibus Junii anno a sainte mundi MGLXXVIII, confectam per
quam idem prohibet Pontifex, ut nuUus infra fines Ecclesiarum
ad Tutellenso monasterium pertinentium absque Abbatis et mona-
chorum hujus asseusu de novo ecclesiam seu oratorium prœsumat
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— 435 —
sanctae Romanse ecclesiae diaconi cardinalis ac biblio-
thecarii, 11 Kalendas aprilis, indictionis 7, incarnationis
dominicae, anno millesimo centesimo quindecimo, ponti-
ficatus autem domini Paschalis secundi papœ, itidem
quindecimo.
5. DONUM SAVARIGI DE MALLBONE (1)
Quae geruntur in tempore ne labautur cum lapsu tem-
poris, poni soient in voce testium, et scripturae memoriae
commendari. Notum sit igitur tam praesentibus quam
futuris, quod ego Savaricus de Malleone (2), princeps et
dominus Thalemundensis (3) ob remedium animsB mese
omnium que parentum meonim deffunctorum, tam ante-
cessorum, quam successorum, dedi et concessi in puram
et perpetuam eleemosinam Deo et ecclesiae beatae Mari»
de Rocamadour, seu abbati et monachis Tutellensibus
locum, qui vocatur Lisle (4) sub dominio Castri lulii :
Et totam terram que est infra ultima fossata, quae fue-
instituere sin minus sanctorum Apostolorum Pétri et Pauli indi-
gnationem incurrat. — Aliam Innocentii quarti, qua nec Ecclesiam
Tutellensem, nec Rupisamatoris (çenerali usquam interdicto su-
besse declaravit anno MCGXLVI. — Gonfirmata a Nicolao 4, anno
MGCXL. - Et Gregorio XI, anno MGGGXXVIII. ~ Et alias plu-
res super pluribus.
Nos deux manuscrits ne les mentionnent pas.
(1) Nos manuscrits ne faisaient qu'analyser cette charte. Nous
la rétablissons avec Latour, page 193.
(2) Malleone, Mauléon, petite ville du Poitou, diocèse de La
Rochelle, près la Sèvre-Nantaise. «
(3) Talmont, petite ville de Saintonge, avec le titre de princi-
pauté, aujourd'hui cheMieu de commune du canton de Gozes (Gha-
rente-Inférieure).
Ge don de Lilleau fut peut-être l'accomplissement d'un vœu et
la suite d'un pèlerinage à Rocamadour, en reconnaissance d'un
naufrage évité.
(4) Nos manuscrits ne nomment que Lisleau comme lieu donné;
mais le présent texte (à moins de n'avoir mis Lisleau, 2, qu'à
titre de variante de Lisle, ce qui est douteux) signale deux lieux,
le second diminutif et distinct du premier.
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— 436 —
runt olim facta ad clausuram loci nominati, ad facien-
dam voluntatem monachorum, quos ibi constitui in ho-
norem beatae Marise virginis, ad villas constituendas
ab omnibus homînibus extraneis aliunde quam de terra
mea venientibus : et illi homines, qui ibi se coUocave-
rint, erunt liberi et immunes ab omni servitio, taleia,
bianno, et exactione nullo, mihi, vel haeredibus meis, in
iis retento dominio seu servitio. Dedi etiam monachis
ibidem Deo servientibus chaicam meam cuniculorum quae
est inter locum et crucem de Lisleau (1) ex una parte,
et ex altéra parte, inter domum leprosorum, et ecclesiam
Deuchz. Item assignavi eis viginti libras renduales Pic-
tavinorum veterum quas habebam in meditariis Sancti
Candidi et Violii et in honore de Benahon percipîen-
das annuatim in festo Sancti Michaôlis, apud Lisleau
delatas. Prseterea dedi eisdem monachis viginti sextaria
frumenti annuatim percipienda in area mea de Lislaus,
de primo frumento, quod exierit de area, et nisi intègre
in illa area percipi potuerint, in area mea de Peyle-
vent perficientur eisdem. Similiter dedi eis medie-
tatem segetis, quam percipiebam in maresiis Alexandri
Aufrem : et in maresiis loannis de Roflac, quae de-
derat domui eleemosinariae de Rupella (2), quam Alexan-
der Aufrem construxit. Et décimas bestiarum et lanae
praedictorum maresiorum. Insuper dedi eis et concessi
unam marcham argenti, quam Raymundus de Malleone
pater meus bonae mémorise contulerat (3) capellano ibi-
dem Deo servienti. Dedi etiam eis unum hominem apud
(1) Identifions Lisleau, dit Lileu en 1384; — Lislello, en 1464; —
Lisiesle, en 1503; — Lileau, en 1625. A toutes ces dates prieuré
Notre-Dame, dépendant de Tulle, aujourd'hui village de la com-
mune d^Angoulin, canton de La Rochelle (Charente -Inférieure).
(2) La Rochelle, chef-lieu de la Charente-Inférieure.
(3) Notre manuscrit A, autrement désigné n» 1, porte après,
Castri lulii ad faciendam omnem voluntatem monachorum quos
ibi [à Lileau] constitui in honore beat» Mariae virginis testes
sunt, etc.
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— 437 —
meditarias de Maufrez qui vocatur loannes de Sancto
Albino (1), et haeredes suos, llberos et immunes ab omni
servitio et condusma, talleia et exactione : et reddent eis
singulis annis in festo Sancti Michaôlis sexagiata solidos
currentis monetœ. Prior autem et monachi in praedicto
loco Deo servientes reddent annis singulis, viginti solidos
currentis monetœ, abbatiae Sancti Gypriani Pictavensis
in festo Sancti Michaëlis : Ita quod monachi dictse abba-
tiae mittent nuntium suum ad recipiendum praedictos vi-
ginti solidos : monachi vero de Lisleau capient istos
viginti solidos, videlicet super tenementum Thomae Ven-
der decem solidos, et alios decem super salinam Bene-
dictae Ârœunae (2) apud Engolismam. Ut hoc autem ratum
et inconcussum maneat praesentem cartulam de praedictis
eleemosinis, supradictis monachis dedi sigilli mei muni-
mine roboratam, hujus rei testes sunt, Raymundus de
Parata (3) tune ablas Sanctae Crucis de Thalemond (4),
Arnaudus tune abbas Sancti Leodegarii, Gaufridus de
Llemaignie tune archipraesbiter de Rupella, G. de Mota,
Hugo Primant, R. Guienou, S. Cimau, S. Loieau, mi-
lites P. Veillet, Alexander Aufretz, magister Aymericus
de Sancto Albino Randou clericus, et alii plures. Datum
per manum Regisnaldi clerici tune camerarii mei et
prioris de Lisleau, anno gratiae millésime ducentesimo
decimo octavo (5).
6. DONUM ODONIS, GOMITIS MARGHIiB, DB MONSALVI
Omnibvs in Ghristo pie viventibus dignum est, ut ob
(t) Il y a, non loin de là, i^n village do Saint-Aubin, commune
de Villejésus, canton d'Aigre (Charente). Mais il nous faut un
Saint- Aubin-Randon.
(2) Angoulôme.
(3) Ces noms sont francisés au xviii* siècle : La Mothe (nom de
lieu fréquent dans les Gharentes), Alemaigne, — Finaud (sic), même
en latin au manuscrit n* 1, en marge.
(4) Abbaye Sainte-Croix, fondée à Talmont en 1046.
(5) En 1329 et 1535, le prieuré de Lilleau acquittait encore mille
seiches de pension annuelle aux religieux, puis au chapitre de
Tulle, pour le maigre. (Latour, pages i97<198J
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— 438 —
amorem Dei, et sanclae religionis loca sanctorum divinis
cultibus mancipata de rébus sibi debitis ita dotent, ut
futuris temporibus inconcussa, Deo auxiliante, manere
valeant : maxime his temporibus condecet, cum iam se-
nescente mundo dies Domini instet. Idcirco ego Oddo
comes MarchiaB (1), consentiente fratre meo Aldeberto et
ipsius consilio et authoritate, dono Deo et Beatae Mariae
de Rupeamatoris, et Sancto Martino Tutellensi, et mona-
chis ibidem servientibus, sylvam meam quae vocatur Mons
Salvi (2), cum omnibus terris, cultis et incultis, quae ad
ipsam sylvam pertinent, pro anima mea, et fratris mei
Alberti, et patris mei, sive matris meae, et omnium pa-
rentum meorum, ut misereatur nostri pius retributor,
qui est omnium salvator. Hanc autem sylvam sciant,
qui scire voluerint, sitam esse inter nemus ex una parte
quod vulgo dicitur Nemus hellatomm^ ex altéra inter
ipsum quod dicitur Nemus amorivm : ex altéra, sibi adja-
cet nemus quod dicitur de Bezeus, a parte stratae public» :
ex altéra vero, nemus quod dicitur, Coste Chapsis. Huius
autem sylvae donationem ita liberrimam ab omni exac-
tione esse volo et statuo ut nuUus unquam hominum,
exceptis priore d'Autoyre, et monachis, au t'fra tribus, aut
donatis eodem in loco manentibus, introitum aut exltum,
aut feudum, aliqua possit aut debeat occasione habere :
(1) Nos manuscrits ne la donnant que par extrait, nous la pre-
nons dans Latour, page 188, avec quelques compléments. La Mar-
che limousine, — laquelle, prenait ici moitié des bourgs d'Eygu-
rande et de Bugeat (Gorrèze), sans pour cela posséder tout le
terrain intermédiaire d'une façon continue et uniforme.
(2) Montsalvi, disparu près la Bastisse de Toy-Viam, canton de
Bugeat susdit, et près Bezeauz. (Voyez, page 687 du Bulletin
archéologique de Brive, tome VIII, 4'"* livraison, notre réfuta-
tion des identifications de M. Deloche, de llnstitut. Ici M. Alfred
Maury, dans son livre intitulé : Les Forêts de la Gaule, se
trompe de 150 kilomètres au moins en disant qu'il s'agit de Mont-
salvy, chef-lieu cantonal du Gantai. La forêt de Montsalvy, près
de Toy-Viam, est ^core connue des habitants, et Tulle eut ce
prieuré jusqu'en 1789. Bezeaud (Viam) a 134 habitants.
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— 439 —
et non solum dictam donationem liberam, ut dictum est,
esse volo et statuo; sed insuper quidquid unquam de
cœtero prior dicti loci d'/Tutoyre (1) tenere liberaliter et
canonice, tam de meis, quam de aliis hominibus et
mulieribus, in augmentum vel servitium dicti prioratus
acquirere poterit, sub dicta liberalitate et franchitate nos-
tra, et sub mea et successonim meorum protectione et
defensione esse volo et statuo. Qui autem contra dictœ
donationis constitutionem ausu temerario contraire in ali-
quo praesumpserit, inprimis iram Dei omnipotentis et
beatae Mari» semper virginis et beati Martini, omnium
qiie sanctorum incurrat, cum Dathan et Abiron in aeter-
num in inferno permaneat : insuper et damnum quod
de dictis rébus fecerit, priori dicti loci de Autoyre in
quadruplum restituât. Factum est hoc donimi apud anno
Domini incarnationis millesimo centesimo decimo nono.
Régnante Ludovico rege, tempore fiustorgii episcopi Le-
movicensis, Ebalo abbate régente Tutellensem abbatiam.
Facta charta apud Payracum (2), quarto nonas ianuarii,
tote portam monasterii eiusdem loci. R. de Leron (3)
miles, G. de Garach (4), A. de Pairac. P. de Tornamira
prior supradicti prioratus. P. de Latfau, R. de Buzac,
huius rei testes fuerunt (5).
7. Noverint universi quod ego Gailhardus de Vai-
(1) Le Toy-Viam, commune du canton de Bugeat.
(2) Peyratle-GhâteaUi commune du canton d'Eymoutiers (Haute*
Vienne), prieuré, 1550, en Tarchiprêtré.d'Aubusson — ex meis, —
baronnie au xvi* siècle, et relevant, 1260, du comte de Poitiers.
(3) Laron, ancien baillage (1289) royal (voyez l'intéressante pla-
quette de M. Louis Guibert sur les Enclaves poitevines en Li-
mousin. Limoges, 1886, Ducourtieux), commune de Saint-Julien-le-
Petit, canton d'Eymoutiers.
(4) Nom de famille vers Nedde, canton d'Eymoutiers, xviii^siècle,
usité aussi comme provenant de Guéret, cheMieu de la Creuse,
comme Buzac, probablement de Bugeat (Gorrèze).
(5) Baluze a donné cette charte page 469, Historia Tutelensis.
La Tour, extrêmement fautif en cette édition, a mis Latour pour
Latfau.
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-440-
rac (1) domioellus vendo et concedo abbati TuteUensi
mansum meum de Paleiarias anno MGiGXLIII mense
decembris. «^ [Ejusdem scribae^ed manu recentiori.]
8. Notum sit quod Guido de Gharrieiras (2) mona-
chus Tutellensis et (pro tempore] prepositus de la Valeta (3)
coram venerabili B. abbate et conventu in capitulo (cons*
titutus) vendidit et concessit Duran Simeon presbitero
duodecim solidos monetse Lemovicensis ad anniversarium
suum de cellario de la Valeta (singulis annis) persol-
vendoB conventui Tutellensi. Actum tutellae in capitulo,
in festo S. S. Marcellini et Pétri, anno MCCXXXI (4).
•
9. Ar. vicecomes de Ciomborn Noverit universitas
vestra quod Boso de Corso (5) miles (in nostra presentia}
concedentibus Bosone pâtre suo et matra sua, (et} Helia
Girberto et Rampnulfo et P. fratribus suis et sorore sua,
vendidit (et concessit) tî. venerabili abbati Figiacensi (6),
ad opus monasterii Tutellensis, (pro quadraginta et duo-
Ci) Veyrac, chef-lieu de canton (Lot). Le chartrier de M. le baron
d'Aupias, au château de Blanat (Saint-Michel-de-Bannières), nous a
fait connaître un tènen\pnt de La Palenguière, le seul aux envi-
rons se rapprochant un peu de Palearias, 1747. Vayrac fut une
prévôté (1644) appartenant à Tévôque de Tulle depuis le don de 968.
(2) Ce nom est identifié par la charte qui suit.
(3) La V ailette (Lonzac), canton de Treignac. (D'après M. Tabbé
Marche et aussi les papiers de M. le chanoine Fortunade, à Tulle.)
(4) Le manuscrit n* 2, que nous désignerons désormais manus-
crit B; a écrit Siméon Duran et a omis : persolvendos, jusqu'à
actum, après quoi Tu tell» manque, pages 2 et 15.
(5) Corso. Goursou, village de 32 &mes, commune et canton de
Treignac, siège d'un ancien fief à la famille de Gourson, depuis
longtemps éteinte. D'après une généalogie inédite des Gomborn,
tirée par nous d'un manuscrit de L. Baluze, 1752, Bernard I**,
vicomte de Gomborn,' eut de Hermengarde de Gorsou, Archam-
baud IV, vicomte en 1129, probablement celui de la charte 8 ci-
dessus. (Registre grand in-4*, couverture jaspée, pages 7-8.)
(6) Guillaume I^? douzième abbé de St-Sauveur de Figeac (Lot).
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bu^ solidis monet^p Lemovicensis), mansum de Charriei-
ras (1) situm in parochia de Ghamboliva [Deest finis.]
10. TBSTAMENTUM ADBMARIS VICBGOIIITIS (2)
{Cuit^ desiéUrantur prineipium et c^era.)
(Ego enim Ademarus et uzor mea Oauzla Deo et S. Mar-
tine donavimus castrum nostrum quod vocatur Scalas (3)
(1) La Gharrière, 26 habitants (Ghamboulive), canton de Seilhac.
(2) Baluze a publié ce testament page 329, moins ces quelques
lignes placées entre parenthèses du manuscrit B, page 15. Ce n'en
est là probablement qu'une faible partie; mais cela manque au
manuscrit n* 1 ou A, d'où nous avons pris les mots cujus deside-
ratur principium, page 3; — à conférer avec la charte XLIX du
Gartulaire de Beaulieu, page 90.
(3) Scalas, les Échelles, ch&teau assis (dans Tulle môme, au bout
des escaliers nommés les Quatre- Vingts, d'après M. René Page)
7 sur la colline dite encore Puy-des-Ëcbellea, dominant la ville à
VôuenU, en sa banlieue, selon nos conjectures appuyées comi9e suit :
{9) Nous avons pour nous la tradition constante. Elle place cette
forteresse sur l'escarpement rocheux naturellement fortifié, au pied
duquel la Corrèze coule vers Espagne.
(6) Vers 1632, le sieur Martin Lavialle, d'une famille de bourgeoi-
sie originaire de Lavialle (Naves), qualifié seigneur des Échelles,
(tèn^mei^t de la paroisse de Saint-Pierre de Tulle], fait hommage à
révéq^e de Tulle, pour la pleine justice et fondalité qu'il possède
sur Iç tèuement d'el Peuch-d'Eschallas, confrontant ^ ceux de La
Groix-4e*Bar, du ^ois-Mongier et des i^aoulins 4e Gyrissé. (Papiers
de M. de Vaublanc, au ch&teau du Lieuteret, Darnets.) Ge tène-
ment, de 31 sext^rées, lui fut vendu, en 1619, par noble Jean de
Gombarel, seigpeur du Gibanel. (Même source.)
(c) JjO terrier de la prévôté de la cathédrale de Tulle, en roman
locid, 1300, nou3 montre près de Tulle l'existence de la fon de
SHint-Marc-lO'Don, et 1347, énumère un bois de la paroisse Saint-
Julien de Tulle, dit : à )a fon de Saint-Marc-lou-Don, près le chemin
du Moulin-]^euf (Ghartrier de M. le comte de Lavaur, de Sainte-
Fortunade, au ch&teau de Sainte-Fortunade). Nous pensons que
cette iontaine a fait partie du tènement des Échelles, mais se
trouve sur la limite des paroisses Saint-Pierre et Saint-Julien de
Tulle. Il faut la chercher, parce qu'elle nous révélera la place du
castrum Sc^arum, la rel^ipn populaire n'ayant dû attacher ce
culte qu'à une source fort peu éloignée des anciennes murailles de
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— 442 —
cum omni caslania cum fevalibus, cum eccleslis, cum
curte mea de Caunaco ) (1).
11. FHAGMENTUM ALIUD TESTAMBNTI ADEMARIS
Igitur, in Dei nomine, ego Ademarus vicecomes et uxor
mea Gaiizla cedimus ad monasterium Tutelense ubi
Abbas Aymo preesse videtiir, mansum pro me uxore
mea Gauzla, pâtre meo et matre mea, et pro Faucisburge
quae fuit uxor mea Anno VIII, régnante Rodulfo (2).
12. PRIMUM ADBMARIS TBSTAMBNTUM
(s. d. Regnanu Carolo SimpHce (3) circa 922)
Mundi termino appropinquante, ruinis crebrescentibus,
jam certum tenetur quia iis advenientibus vere mundus
la forteresse d'Aymar-le-Dom , lequel n'est autre que le fameux
Adhémar à demi canonisé aussi sous le porche de la cathédrale
avec sa femme Gauzla, sous les noms grotesques de sainct Mer-
loudan et saincta GraUla, allusion mnémotechnique au merle et
à la corneille. Or, notre Dictionnaire manuscrit en préparation, des
lieux disparus de la Gorrèze, nous donne, en 1612, le Moulin- Neuf,
aliàs Moulin-de-l'Apoticaire (Tulle, Saint-Julien), 1551, sur la Gor-
rèze, vers TEstabournie. [Papiers de la collection de M. Tabbé
Niel, curé de Naves.] En 1753, ce moulin se trouve avoir pris le
nom de Moulin de TEstabournie (archives préfectorales à Tulle).
Il est aujourd'hui absorbé par les vastes ateliers à émoudre les
sabres -baïonnettes.
(1) Le texte porte peut-être Gannaco, quoique la lecture Gaunaco
nous ait paru préférable. Il s'agirait alors, non de Ghanac, encore
commune du canton de Tulle, mais du gros village de Ghaunac
(Naves), 117 âmes, ayant eu deux châteaux importants et une
église Saint-Georges, patron des cavaliers, — traversé par la voie
romaine de Tintignac. Ge Ghaunac fut, croyons-nous, le siège d'une
paroisse, ^ et appartenait temporellement à l'évoque de Tulle au
dernier siècle.
(2) Ge lambeau ne figure qu'au manuscrit B, page 40.
(3) Nos manuscrits ne contenant pas ce premier testament, nous
le prenons dans le Gartulaire de Beaulieu, publication Deloche,
mais en la corrigeant par l'original de Gosta et par Gathala-
Goture, Histoire du Quercy, tome 11^ page 409.
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— 443 —
urgetur; et si aliquid de rébus nos tris locis (1) sanctorum
vel eorum servientibus condonare cupimus, aut substan-
tiam pauperibus fuerimus largiti, retributorem Deum
ipsum habere non diifidimus, qui dicit in Evangelio :
Date eleemosinam et ecce omnia munda sunt vobis. Ideo
ego in Dei nomine Ademarus cornes (2), inprimis reddo
Deo et Sancto Martino Tutellae omnes terras atque eccle-
sias quas ego teneo (3) de ipsa. abbatia, praeter ecclesiam
quae est in honore Sancti Martini in loco vocabulo ad
illa Agenna (4) et viginti mansos quos teneat uxor mea
Gauzla, dum vivet (5), per consensum monachorum; et
hoc quod tenet Odolricus fldelis meus de ipsa abbatia,
teneat gausbertus f rater meus, in tali ratione ut ipsis
monachis teneat manum. Quatuor mansos de Ampu-
Ihaco (6), et plantadam meam qu» est juxta Sanctum
Michaelem (7), et Turrem Foliosum (8) cum ipso allodo,
et curtem meam Vairacum (9) et Cambonem (10) cum vinea
de Faia et vineis de Gelsiaco (11) teneat uxor mea Oauzla
(1) Loco dans Deloche seul.
(2) Cornes, dans Gathala. Ce mot manque dans Costa et Deloche.
(3) Deloche : In ipsa abbatia. Costa et Cathala : De ipsa abbatia.
(4) Laguenne, chef-lieu de commune du canton de Tulle.
(5) Vivit dans Deloche et Costa.
(6) Deloche n'identifie pas. Bonnélye traduit Pauliac (Quercy).
Nous proposerions Pauliac (Obazine), 155 habitants.
(7) Deloche propose Saint-Michel-de-Bannières ou Saint-Michel-
Loubejou (Lot). Nous ne mettrons en avant que le premier.
(8) Deloche : Fouilloux près Sérillac. Bonnélye, contre toute phi-
lologie, traduit le ch&teau de la Feuille ou celui de Fieux. Aux
Foulioux de Sérillac et de Marcillac-la-Groze, nous préférons celui
disparu, Beyssac (Lot), près las Tremoulasses, 1787, étude Loura-
dour, mieux encore celui de Martel, 1775, car il nous le faut in
vicaria Gaziliacensi. Il y eut aussi la Groix-Foulioux et le Fou-
lioux, près Marval (Saint-Michel).
(9) Veyrac, chef-lieu de canton (Lot).
(10) Deloche et Bonnélye en font un nom de lieu, placé par De-
loche en la commune de Tulle, qui n'a pas ce lieu du Chambon,
situé à Laguenne. Nous l'interprétons, modus agri de Faia pen-
dons, vers Veyrac.
(11) Peut-être Salsac» près Garennac. — Deloche O.
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- 444 —
dum viyii ; villam meam Matronam (1) cum ipsa ecclesia,
et cum Vitraco (2), «t cum Vogariono (3), et villam meam
Longorem (4), uxor mea teneat dum vivit; post mortem
vero ejus, supradictœ villœ atque ecclesise seu vineae,
Sancto M^rtiûo remaneant Tutelle. Sancto Petro quoque
Belliloci, dono curtem meam Tauriacum (5) cum ipsa
ecclesia, et quod habeo in Molle (6), et terras meas de
Bulciaco (7), quae fuerunt de Vairaco, et quantum habeo
in Gintraco (8) et in Salle (9) quod de Sigiberto sacer-
dote conquistavi, et villam meam Maisiracum (10) et in
Laurestanicas (il) mansum meum ubi manet Adalrandus.
(1) Nous indiquerons Meyronne comme Deloche, cheMieu parois-
sial, et non village de la commune de Saint-Sozy, comme il le dit,
alors que Meyronne est sur la rive opposée de la Dordogne. Ce
fut la résidence favorite des évéques de Tulle, 1492. (Dom Pra-
dillon.)
(2) Yitrac doit avoir disparu vers Meyronne. Nous arrivons à
rinstant de La Gave, dont le vieux cadastre, 1707, section du Bou-
gueyrou, porte près le Bougueyrou, le terroir de la Gombe-d'el-
Lac-de-Vttrac^ encore connu. Deloche met en avant Vitrac, du
canton de Qorrèze, ou mieux Vitrac de Branceilles. (Or, Vitrac est
de Ghauffour.) Voyez nos identifications du Gartulaire de Beaulieu.
(3) Vogariono, le Bougueyrou, ancienne paroisse, commune de
Lacave, canton de Souillac (Lot), à collation de l'évoque de Tulle,
158D. Les femmes du Bougueyrou font encore bande à part dans
la nef de l'église de La Gave.
(4) Longorem, Longour^ village d'Argentat.
(5) Tauriac, cheMieu de commune du canton de Bretenoux.
(6) Le port de Mois (Girac) — et non Moulet, sur une hauteur,
à 2 kilomètres de la Bave, indiqué par M. Deloche.
(7] Boussac (Gomiac), dit Deloche. — Ego, mieux un Boussac
disparu, vers Vayrac.
(8) Gintrac, paroisse du canton de Bretenoux. — Deloche 0.
(9) Deloche U Salle (Bio). — Ego, le port de Sal, masculin ré-
pondant à Salle (Gintrac).
(10) Mayrac, 1724, paroisse (voyage de dom Boyer), aujourd'hui
annexe de Saint-Sozy. — 1499, noble Jean de Luguet du Ghalar,
seigneur de Mayraco^ fait hommage de Revelhon à l'évêque de
Tulle comme abbé de Rocamadour.
(11) Lostanges, commune du canton de Meyssac.
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— 445 —
Curtem meam Madriniacum (1) et Padriacum (2) cum
ipsis ecclesiis, et quantum ibi aspicit, excepto Vernias
quaB sunt Sancto Petro Marciliaco, et Mespelium et Cas-
sanias, Bernardus iilius meus teneat; post mortem vero
ejus, Madriniacus et Payracus remaneant Sancto Mar-
tino Tutelae, Mespelium vero Sancto Petro Marciliaco
remaneat; Gassanias vero Sancto Salvatori Piaco rema-
neat. Hoc de haereditate mea quod superius scriptum
non habeo, inquirant elemosinarii mei, et vendant et
dent pretium pro anima mea et pro anima patris mei
et matris meae et uxoris mese Gauzlse, signum Ademari
et uxoris suae Gauzl», qui hanc brev^m cartam scribere
et adflrmare rogavit. S. Gausberti. S. Bosonis. S. Gauz-
leni. S. Ucberti. S. Odolrici. S. Warrini. S. Warnerii (3).
S. Gausfredi. S. Guidonis.
13. BZ BODBM ADBMàRO
930
Igitur in Dei nomine Ego Ademarus vicecomes et uxor
mea Gauzla (4) cedimus ad monasterium Tutellense
ubi Abba Aymo preesse videtur, mansum pro me,
uxore mea Gauzla, pâtre meo, matre mea, et pro Fau-
cisburge quae fuit uxor mea Anno viii. Régnante
Rodulfo (5).
(1) Meyrignac-le-Francoual , prieuré près Rocamadour, et à la
collation de l'abbé dudit, lui-même dépendant de Tnlle, xvi* siècle.
(2) Peyrac, chef-lieu de canton du Lot. Voir Bulletin de Birive,
tome IX, !'• livraison, page 158. Abbaye de Mareillac, commune
du canton de Cajarc. — Abbaye Saint- Sauveur, à Figeac (Lot).
N. B. — Hoc instrumentum publici juris fecit Baluzius noster,
col. 339, in Hist. Tutel.
(3) S. Warnerio, in manuscrit Costa, bien que Deloche l'ait omis.
C'est un nom de plus à porter aux indices.
(4) Sa deuxième femme ayant pris la place de Paucisburgis, pre-
mière épouse, ainsi que le diront nos manuscrits.
(5) Plura desunt.
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14. TESTAMENTUM ALIUD DOAiNI ADEMARI
VIGEGOMITIS SGALAÂUM (1)
Vers 930.
Inprimis ego relinquo et reddo Sancto Martino et mo-
nachis in antedicto monasterio sibi servientibus abbatiam
veterem, quse, sicut jam dictum est, a proavo patris mei
mihi successerat, ecclesiam scilicet Sancti Juliani juxta
idem monasterium constructam, ecclesiam Sancti Pétri
de Castro (2) eiusdem villae, ecclesiam Sancti Martini de
La Guena, ecclesiam Sanctae Fortunatae, ecclesiam S. Ma-
rias de Laguarda, ecclesiam Sancti Amantii, ecclesiam
Sancti Boniti d'el Verni (.3), ecclesiam Sancti Marcialis
Faurcensis, ecclesiam Sancti Boniti de Avalosa (4), eccle-
siam Sanctse Mariae de Selliaco (5), ecclesiam Sancti Ju-
liani de Porcaria(6), ecclesiam Sancti Laurentii de
Gorsa (7), cum istis curtis, cum villis, cum pratis, cum
(1) Sic in manuscrit B, page 35.— Gujus desideratur principium.
— Nous le rétablissons en le collationnant avec Latour, Gathala-
Goture, Baluze, colonne 337, et une copie que nous devons, avec
bien d'autres communications, à un vénérable érudit, M. Tàbbé
AyroUes, de Saint-Ghignes (Lot), ancien aumônier de la Gharité, à
Paris. Gette copie fut prise par lui dans les archives de la maison
Turenne de Rioupeyrouz, à Beaulieu, sur une copie vidimée et
présentée en justice, extraite d'un registre des archives de l'église
de Tulle.
(2) Églises Saint-Julien et Saint-Pierre, dans la ville de Tulle.
Latour, bien fautif, omet Saint-Julien.
(3) Laguenne, Sainte-Fortunade, Lagarde, encore communes du
canton de Tulle. Quant à Saint-Ghamans, à Saint-Bonnet-El-Vert,
Forgés, ce sont des communes du canton d'Argentat.
(4) Saint-Bonnet-Avalouse, commune du canton de Tulle.
(5) Seilhac, chef-lieu de canton, au nord de Tulle.
(6) La Porcherie, commune du canton de Saint-Germain-les-Belles
(Haute-Vienne).
(7) Probablement le village de la Gorse (Donzenac), qui aurait
été dédié à saint Laurent avant 1686, et devint ensuite un prieuré
Sainte-Madeleine; aujourd'hui 40 habitants.
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silvis, et cum omnibus guae ad istam abbatiam perti-
nebant. Haec omnia cum iniusté nec sine crimine pos-
siderem, Deo et sanctis eius satisfaciens sponte reliqui.
Ut vero misericors et omnipotens Deus et mihi et om-
nibus meis parentibus, praeteritis et praesentibus et futu-
ris tam istius quam reliquanim mihi veniam conferre
dignetur culparum, et ut prœfatus sacer locus in suum
ad integrum restitui possit statum, de proprio jure optima
quaeque atque cariora ei decrevi deleganda, cum legi-
timum utique non haberem filium. Ex quibus primum
omnium est Scalas caslrum meum cum omni caslania
et cum universis fevalibus et cum ecclesias et cum curte
mea de Gaunaco cum villis circumquaque sitis, et cum
curtis, et cum silvis, et cum aquis, cum egressibus et
ingressibus et exitibus oninibus, servis quoque et an-
cillis. Vicariam quoque Navensem (1) et vicariam Spa-
niacensem (2) et totum quod habeo in vicaria Beenna-
tensi (3) et ecclesiam Sancti Pardulfi (4) et Placiacum (5),
et ecclesiam de Acutomonte (6), et ecclesiam Sancti Mar-
tini (7) quae est inter Dustrem et Dordonia, ecclesiam de
Albuciaco (8) cum mansis et cum vineis de Murello (9),
et castrum m«um Mulcedonum(lO) cum omni ipsius cas-
lania, et cum ecclesia Sancti Martini subter eum posita.
(1) Naves, commune du canton de Tulle.
(2) Espagnac, commune du canton de La Roche- Ganillac.
(3) Beynat, chef-lieu de canton de Tarrondissement de Brive.
(4) Saint-Pardoux-la-Groizille, commune du canton de Laroche.
(5) Aujourd'hui Plaziat, village de la commune de Saint-Pardoux-
la-Groizille, 26 habitants.
(6) Gumont, commune du canton de La Roche.
(7) Saint-Martin-la-Méanne, commune du môme canton.
Ges deux communes sont bordées par les rivières du Doustre et
de la Dordogne.
(8) Albussac, commune du canton d'Argentat.
(9) Village de Murel, commune d'AIbussac, 5 habitants, dont le
surplus, 6 habitants, est de Saint-Ghamans.
(10) Monceaux, ancien archiprêtré Saint-Martin, commune du can-
ton d'Argentat.
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— 4*8 —
Et In vlcaria Argentadensé (1) curtetti meam Loûgor (2),
cam vineis de Cortoiolo (3) et paxerias, cum pratis et
campis et villam meam Grandemcampum (4) et alodum
guem pater meus acquisivit i^ comité [supra Hneam, lege :
DB PBRTEus (5), Raymundo in vicaria Spaniacense àeu
Paurcensi, et Marcum (6) et Abilensem (7) et ecclesiam
Sancti Boniti (8), et villam quœ est in Vicaria Brivensi (9),
Pauliacmn (10) dictam, cum vineis et cum omnibus ad
ipsam pertinentibus, et villam quae vocatur Marcus (11)
cum vineis et omnibus nihilominus ad se pertinentibus,
et in ipsa vicaria mansum meum ubi Elisaeus visus est
manere, cum vineis, cum pratis et omnibus ad se pertinen-
tibus, et villam quae dicitur Clarafaga (12) et Biareni (13),
et villam quae vocatur Vallis (14), et villam qu» dicitur
(1) Argentat, chef-lieu de canton.
(2) Longour, village de 99 habitants, avec substructions gallo-
romaines, en la plaine et commune d'Argentat.
(3) Gurteiol, tènement (Argentat), 1500, près Barou, chemin d'Ar-
gentat à Saint-Bonnet, Marti, las Ghabanas. (Archives de la famille
de Bar, à Argentat.) » Mais plus communément,^ francisé Cousté-
joux, 1544, près El Glaux, lequel touche Baran, Ghadirac, ancienne
seigneurie, à distinguer du prieuré et fief de Ghadiot (Argentat).
[Papiers Laqueuille de Matho, à GouUes, et de Soulages.]
(4) Grandchamp (Forgés), 112 habitants. *
(5) Probablement pour Pecteus, de Poitiers.
(6) Marc-la- Tour, commune du canton de Tulle-Sud.
(7) Habili, 112 habitants (M arc- la- Tour, canton de Tulle). Deloche
identifie à tort Puy-Habilier (Le Jardin).
(8) Saint-Bonnet-l'Enfantier, commune du canton de Yigeois.
(9) Brive, cheMieu d'arrondissement.
(10) Pauliac, 155 habitants (Obazine).
(11) Marc-le-Vieux, 82 habitants, jadis paroisse de Saint-Paul, au-
jourd'hui commune de Marc-la- Tour.
(12) Glairfage, 74 habitants (SainteFortunade), ancienne seigneurie
aux (très anciens) de Meynard (de Ghaussenejoux, Lot).
(13) Latour écrit Biarcium. Identifions Les Biars (St- Martial -de-
Gimel), en écartant ceux de Lagarde, Saint- Augustin, Brive, etc.
(14) La Val, mais trop embarrassant à choisir parmi les homo.
nymes de Tulle, St-Mexant, Ladignac, St-Germain-les*Vergnes, etc-
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Grandis Ri vus (1), et villam quae vocatur Betonalita (2)
et villam quae dicitur Bedenas (3) et capellam quae Nova-
villa (4) dicitur cum ipsa curte et totum quod ad ipsam
curtem pertinet, et unum mansum in villa de Confu-
lento (5), et villam quae dicitur (6) Colia in vicaria Spa-
niacense, et ecclesiam de Branceliis, et ecclesiam Sancti
Juliani de Garriga (7), et unum mansum in vicaria Tor-
nense (8), in villa Montilio (9) dicta, quae omnia in comi-
tatu Lemovicensi sunt sita, dono Sancto Martine et mo-
nachis ejus Tutellensibus. In comitatu vero (10) Caturcensi
(1) Grandrieu, 40 âmes (Saint-Bonnet-Elvert).
(2) Position à chercher, sans s'arrêter ni à Bétoule, proposé avec
hésitation par M. Deloche comme étant à Test d'Espagnac, où
nous n'apercevons que la Bessoulle, ni à Bétaille, de Saint-Bonnet-
Elvert.
(3) Bedènes, 43 habitants (Albussac).
(4) Neuville, commune du canton d'Argentat, jadis aux Vigier,
Salignac, Dumas et Gonros.
(5) Gonfolens, 6 habitants (Espagnac). Nous nous demandons, à
cette occasion, en quoi il a pu sembler nécessaire à M. Deloche
(d'accord ici avec nous), de mettre à mi-voix son lecteur en garde
pour qu'il ne confondit pas avec la sous-préfecture de Gonfolent.
Ne vaudrait-il pas mieux le prémunir contre les Gonfolent corré-
ziens ci-après, ayant existé aux dates suivantes : Go£foulen (Tulle
Saint-Julien), près le Pont-Gharlat, 1434. -; Gonfolent, villa (Ar-
gentat), vers 1055, près lHospital. ^ Gofolen (Saint-Basile-de-La-
Roche),- 1555, près Frinhac. — Gonfoulen, au Gibanel, 1441 (Saint-
Martial-Entraygues), etc...., et surtout l'orienter autrement que par
des points cardinaux, — en désignant la paroisse?
(6) Deloche traduit bien Gueille, mais en désigne mal l'assiette
en disant à l'est-sud-est d'Espagnac. Il fallait dire Gueille (Gros-
Ghastang), auquel nous nous rangeons, bien qu'il y ait eu La
Queille à SaintGhamans.
(7) Branceilles et Saint-Julien-le-Déjalat (aujourd'hui Saint-Julien-
Momont), communes du canton de Meyssac.
(8) Turenne, commune du susdit canton.
(9) Probablement le Monteil (Gollonges), qui fut, 1484, moitié de
Gollonges et moitié de Meyssac.
(10) Gomtés de Limoges et de Gahors, ou du Limousin et du
Gahourcyn, Quercy.
T. TX. 5-«
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similiter post mortem meam et Gausberti fratris mei, et
Gauzlae uxoris meae, dono Sancto Martino et monachis
in monasterio Tutellensi sibi servientibus castnim meum
Foliosum (1), quod est in vicaria Caziliacensi, et curtem
meam Vairacum cum ecclesia Sancti Stephani quœ vocata
est olim Sancti . Boïcii, et ecclesiam Sancti Martini, seu
ecclesiam Sancti Germani, necnon et ecclesiam Sanctse
Mariae de Macerias, et cambonem cum vinea de Faga,
et quatuor mansos de AmpuUiaco (2), et plantadam meam
quae est juxta Sanctum Michaëlem (3), et cum vineis de
Celsiaco (4), cum villis et silvis, cum aquis, cum exitibus
et ingressibus, cum servis et ancillis et liberis et cum
omnibus ad ipsum castrum vel ad ipsam curtem perti-
nentibus, Castrum etiam Bellum(5), et ecclesiam de
Calesso (6), et mansos de Gambonanc et Mairacum (7) et
Buxerias (8) et Matronam (9) et Vichirac atque Vogai-
(1) On nous dit en Quercy et en la vicairie de Gasillac, cela de-
vait empêcher M. Deloche, charte XLIX du Gartulaire de Beau-
lieu, d'affirmer Fouilloux, près Sérillac, en pleine Gorrèze. Voyez
ce que nous avons proposé charte 12 ci-dessus, de même que pour
Yayrac et ses églises disparues, avec Macerias et Faga. Rien de
plus tourmenté, ni, par conséquent, de plus digne d'étude (par
voie de désarticulation topographique, à l'aide du tènement) que
cette vallée de la Dordogne, toujours fort disputée ! L'intérêt sai-
sissant du sujet nou^ amène à recueillir des notes malgré nous,
pour la partie comprise entre Souillac et Liourdre. Ge qui est en
amont entre dans notre cadre, jusqu'au Port-Dieu.
(2) Vide charte 12 ci-dessus. 1507, l'évêque de Tulle confère ce
prieuré (Pradillon).
(3) Idem. Ampoulhac (Chauffour-Gavagnac.)
(4) Idem. Salsac (Garennac).
(5) Belcastel (Lot), encore château, commune de Lacave, canton
de Souillac. — Mieux que Belcastel, de Vayrac, 1685. (Papiers de
Blanat.) — 1278, Gérard de Gardailhac hommage.
(6) Gales, commune du canton de Peyrac (Lot).
(7) Meyrac, paroisse de la commune de Saint-Sozy.
(8) Il y a un village de La Boissière à Greysse et un autre à
Saint-Denis-près-Martel,. autre à Ga»ennac.
(9) (t 1651. Jean de Gourdon-Genouilhac, évêque de Tulle, sei-
gneur spirituel et temporel de Rocamadour, Laguenne, Veyrat,
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— 451 —
ronum (1) et Longorem, cum ipsis viiieis de Corteiolo,
cum vitis ad piscandum ; et Groissiam çurtem meam cum
ecclesia et cum omnibus appenditiis eius, et ecclesiam
de Mairiniaco (2) et de Pardinis (3) et Becedam (4), et
ecclesiam Sancti Medardi (5) et Cioiols (6) et Fossam Amal-
gerii (7) , et villam quae dicitur Vilaris , et aliam viliam
quiB dicitur Mons Joviniani et Vedrevineas (8) et mansos
de Juiiaco, si ta in prsedicto comitatu Gaturcensi, nihilo-
minus Sancto Martino demitto et ecclesiae Tutelensi ; hoc
quoque sciendum, quia in Bosco de Borma de curte de
Vayraco concessa est ad fevum pars quaedam vicariis
a Borma cognomen trahentibus ad aedificandum praesi-
Meyronne, Branceilles, Ste-Féréole, baron de Reilhat et Reillha-
guet. » (Papiers de M. le chanoine Fortunade.) — 1262. P. abbé de
Tulle, possède Meyronne et Rocamadour. (Même source.) — Byrac
(Cuzance), dépendant de Négelle, 1761.
(1) Voir ci-dessus pour les quatre lieux suivants déjà identifiés,
1508. L'évèque de Tulle confère le prieuré du Bougayrou (Papiers
abbé Fortunade).
(2) Meyrignac-le-Prancoual.
(3) Probablement Pradines, paroisse ancienne du canton de Gra-
mat, laquelle comprit, xviii' siècle, Prangères, aujourd'hui annexe
de Gramat.
(4) Peut-être Bède (Gramat).
(5) Probablement Sancti Medardi de Salgis (aujourd'hui Salgues,
près Gramat), 1500, ad présentât abbatis Rupis amatoris, in archi-
presbyt. de Gignhaco. (Pouillé de M. Tabbé Ayrolles.)
(6) Sans doute Cléjoux, village de la Chapelle- A uzac (Lot), en la
vicomte et châtellenie de Turenne, 1683, près le r. du Boulech,
Beaurepos. (Fonds de M. l'abbé Marche.)
(7) Fossam, peut-être forme adoucie du temps, pour Forsam, au
sens de arx, castrum. Nous avons relevé un Mas-la-Fosse (Greysse)
près Vallieres. (Papiers de M. Charlanne, propriétaire à St-Sozy,
d'une honorable et ancienne famille bourgeoise de Blanzaguet.)
Plus, La Force (Bétaille).
(8) Reyrevignes? (Pinsac), ou celui qui est au nord de La Cha-
pelIe-Auzac, celui de Livernon étant dit de Retro-vineis. 1296,
Jordan de Vigier, damoiseau, fait hommage à Tévêque de Limoges,
in parochiis de Vayrazo (très probablement Vayrac) [papiers For-
tunade]. — Mongaviau, vers Martel, 1711.
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dium propter tuitionem atque deffensionem rerum Sancti
Martini circumquaque existentium, non ad aliquod quasi
jus proprium ibi sibi vindicandum, cum ecclesia Sancti
Pétri de Borma (1) similiter cognominata, et quibusdam
rébus ad ipsam pertinentibus, et quidquid habent in
riparia et in aqua machinas aptas piscium captionibus.
Haec igitur omnia tam scilicet hactenus injuste possessa,
quam jure haereditario ad me pertinentia, ego Ademarus
reliqui sive donavi Sancto Martino et servientibus sibi
monachis pro salute animae mese et uxoris meœ Gauslae
patris et matris meae et omnium propinquorum, et ami-
conim meorum tam in hoc saeculo adhuc degentium,
quam etiam ab hoc jam migratorum; praeterea pro rege
nostro Rodulpho, atque seniore nostro Ebalo (stipra lineam
lege : db pertbus) comité, quibus concedentibus h«c omnia
perfecimus : postremo specialiter pro illis qui prsedicti
loci atque habitatorum ipsius tutores et defensores fue-
rint. Ego ipse quoque vicecomes Ademarus sentiens mihi
appropinquare terminum prœsentis vit», videns etiam me
legitimum non habere fllium, cui, jure meas amplas
dimitterem possessiones , Deo aspirante, cœpi tractare
qualiter rébus quibus temporaliter usus fueram in prae-
senti ssBCulo, aeternaliter uti possem in futuro, quod
taliter mihi indubie eventurum confido, si quod tempo-
rali haeredi dimittere nequeo, Sanctae ecclesiae Ghristi
videlicet sponsae, reliquero, ut cum ipse Judex vivorum
et mortuorum ad judicandum venerit pro temporali suae
sponsae sustentatione aeterna me donare dignetur mer-
cede. Hac igitur de causa dimitto Deo et sanctae ejus
ecclesiae pro salute animae meae, sicut jam supra dictum
(1) Église de Borma, 1175, aujourd'hui hameau de Vormes (Vey-
rac), dépendait alors de Carennac (Gombarieu). — « 1652. Résigna-
tion de la cure Saint-Martin de Vayrac et ses annexes de Saint-
Germain et de Saint-Pierre de Borme. » (Papiers Ayrolles.) — 1620,
noble Abel de Vayrac se titre seigneur de ce Saint-Germain; puis,
1785, Marie de Vayrac, veuve de Jean de Labrue-Saint-Bauzile,
dame de Saint-Germain (Vayrac). — Le Bos (Vayrac), 1760.
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— 453 —
est, et pro animabus propinquorum omnium et ami-
corum meorum, sive seniorum ipsorum quoque, qui hujus
mei scripti deffensores fuerint, haec universa qu5B subter
habentur descripta. Ex bis sunt, prœter res superius
descriptas, mea curtis Tauriacus (1) cum ecclesia ipsa et
quod habeo in Molle (2), et terras meas de Bulciaco quae
sunt de Veyraco, et quodcumque in Gintraco et in Salle,
quod de Sigisberto sacerdote conquistavi, et villa mea
Maisir, et mansus meus ubi manet Adalrandus in Laus-
tanicas : curtis etiam mea Madriniacus et Pairacus cum
ipsis ecclesiis, et Vernias, et Mespolium, et Cassanias et
Potentius, et Coosono (3) et Presangas, et villa mea Ca-
minus (4) cum ecclesia, et laus et unam vineam meam
in Rofflniaco (5), alodus quoque meus Blaviniacus (6) et
nansi duo in Nantiliaco (7), et vinea in Pardinas quae
fuit Donadei, et quod habeo in Altudere (8) et in Deze-
nato, et plantadam meam ad Pogium cum ipsis cap-
mansis, et cum vinea quam de Arnaldo adquisivi, nec-
non et ecclesiam Sancti Albini (9) Taurins et Cassanias,
(1) Tauriac, commune du canton de Bretenouz, remarquable par
son église où on admire une tête en argent, reliquaire St-Agapit,
et des peintures murales décrites par M. le chanoine Poulbrière.
(2) Mois, sus-indiqué, ainsi que les lieux suivants : Le Buissat?
(Saint-Denis, près Martel), 1766.
(3) Gouzou, commune du canton de Gramat. Poutentit, encore
lieu-dit (Gressensac)?
(4) Gamy, encore paroisse du canton ecclésiastique de Peyrat
(Lot). Bonnélye traduit Caminus par Ghauffour I et l&us (moulin,
pêcherie) par Lom ! qui était de Ulmo, et Pogium par Pouget !
(5) Roffignac, mieux le domaine noble de ce nom (Monvalen),
1643, hommage par M. de Gosnac au vicomte de Turenne (archives
nationales), que le Roffignac de Lanteuil.
(6) Blavignac (Lostanges), naguère encore seigneurie.
(7) Probablement Lentilhac (Ussac), ancien fief.
(8) Autoyre, commune du canton de Saint-Geré, préférablement
au tènement disparu d'Autouyre (Yayrac) après 1685, près les Es-
taillades et Guzannou.
(9) Saint-Aubin-de-Nabirat? commune du canton de Domme. en
Sarladais, et cependant au diocèse de Gahors, 1667, — ou Saint-
Aulin-de-Gieurac?
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— 454 —
et unus mansus in Laustangas, ubi \àsus est maiiere
Bernardus. et niansi qui sunt in Brancato (1), et vineam
meam in Donzenaco (2), et mansus de Brasc (3), quem
de Roberto compara vi, et vinea de Valle Mauriana, et
unus mansus in Calzfurno (4) et una vinea in Line-
riaco (5), et alodus meus in vicaria Cambolivense (6), et
Sylva Malevallis, et villa de Ribauz cum silva de Mon-
bresme, et mansus ubi Ingelbertus manet prope de
Vairaco, et unum mansum in Argentado (7), et Game-
larias (8) et Cuculonia (9) et Vinzacum, et mansos très
in Dauza et Pedania cum vinea quam Bernardus plan-
tavit, et Vallannonus et Alix (10). Haec quoque inter quos-
dam meos relinquo propinquos et amicos : hoc est Flo-
riacum (11) et Montelium et vineam meam Scopiac, et
viueae meae iu Detnato et Damella, et mansi mei de An-
gulo et Taraiasa (12) et unum mansum in Spaniaco (13)
et unam vineam in Blandina (14) et alodum meum de
Montaniaco (15), cum vineis quas de Witardo adquisivi, et
(1) Branchât, 33 habitants (Saint- Ghamans).
(2) Donzenac, chef-lieu de canton.
(3) Brach, commune de Saint- Priest-de-Gimel.
(4) Ghauffour ? commune du canton de Meyssac.
(5) Ligneyrac, commune du canton de Meyssac.
(6) Ghamboulive, commune du canton de Seillac, ayant encore le
village de Malleval, récemment aux de Gain-Maumont. M. Delochc
le propose, ainsi que Malevialle, inacceptable parce qu'il provient
d'un mala villa,
(7) Argentat, déjà nommé.
(8) Chamalières (Ghenaliers).
(9) Gulogne (Bassignac-le-Bas(, dit en 1587 Gogulanha. (Papiers
des demoiselles Ghauvac de La Place.)
• (10) Les Alix (Rocamadour), 1500, Sancti Stephani de Alitio, en
l'archiprêtré de Gignac, à la présentation de l'abbé de Rocamadour.
(11) Floirac, commune du canton de Martel.
(12) Terrisse? (Le Bastit-du-Gausse), canton de Gramat, mieux que
Terregaye (Lot).
(13) Espagnac, commune du canton de La Roche.
(14) Blandine, 100 habitants (Saiiit-Bonnet-Elvert).
(15) Montagnac, mieux celui de Gavaignac que celui de Gignac.
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— 455 —
unam vineam io Quincono (1) , et mansum meum de
Rete (2), et alodum in Verniolas (3) et alodum meum
de Scorbinia(4). Qu.imvis igitur ego Ademarus diversis
temporibus, diversis ecclesiis, et hominibus tam propin-
quis quam amicis et fîdelibus meis, multa, vel dicto vel
scripto fecerim aut mutaverim dona, hoc tamen testa-
mentum et scriptum volo ut ratum et finnum atque
immutabile maneat et perseveret iu saecula. Amen.
Sunt autem monachi in mundeburgo régis ad locum
salvum faciendum, non ad aliquid persolvendum nisi
solas orationes. CaBterum contestôr et adjuro omnes pro-
pinquos atque successores meos cunctos et illius cœ-
nobii vicinos tam présentes quam futuros per tremendum
Sanctae Triuitatis nomen et meritum Beati Martini et
Sancti Laudi qui ibi deportatus est ut nuUus vel mo-
nachos vel quaslibet eorum res inijuietare ac sub potés-
tate seculari ullo modo redigere présumât. Quod si qui
haereditatem Dei possidere tentaverint, maledicantur per
universum orbem terrarum, dicatur que de illis : Dem
meus pone illos ut rotam, et sicut stipulam ante faciem
venti (5) et confundantur in saeculum saeculi, non sint
cohaeredes Christi nisi resipuerint sed participes Pha-
raonis qui ait, Dominum nescio et Israël non dimittam (6).
Principes vero quibus haec scriptura praesentata fuerit,
per Judicem vivorum et mortuorum contestôr, ut hanc
omnimodis deffendere studeant, memores quod maledictus
est omnis qui transfert termines id est constitutiones
patrum suorum. Ut autem haec authoritas firmius per-
(1) Quinsou, mieux celui de Monceau que celui de Gavagnac (Lot).
(2) Reyt (el Monceau), 1750, près el Ferrant, Leyge, Bros, etc., et
1400 (papiers du D' Morelly). Mieux que el Reyt (Argentat), 1600,
près le dit et les Gondamines (papiers du D' Meilhac).
(3) Les Verniolles, 176 âmes (Monceau).
(4) Escourbaniers, 34 habitants (Monceau), mieux que Scarbin,
entre Padirac, Autoire et Loubressac, malgré une forme meilleure.
(5) Psaumes de David, 82, verset xii.
(6) Exode, chapitre 5, verset xi.
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— 456 —
severet senioris nostri Ëbali comitis haiic authoritate &r-
mari rogavimus (1). S. Ebali comitis. S. Willelmi fllii
eius. S. Ademari qui haec fleri rogavit. S. Odolrici vice-
comitis de Saucto Cirico (2). S. Gausberti vicecomitis.
S. Rotberti.
(A suivre.)
(1) En marge du manuscrit B (qui ne donne cette charte que par
extraits) est écrit : comte de Poitiers. — Voyez Baluze au Livre
de Réginon, page 631.
(2) Il y eut un Puy de Saint- Gyr encore connu à Saint- Géré, et
des communes de Saint-Gyr et Saint-Girgues en Quercy aussi bien
qu'en Limousin. — Nous nous réservons de revenir sur les iden-
tifications de cette charte, dont les données sont vraiment trop
vagues.
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NUMISMATIQUE
MONNAIES
Trouvées aa Paj d'Yssandon et aa Poj du Chalard (Gorrèze)
Nous avons déjà publié, dans le tonie IV du
Bulletin (pages 393-403), un travail de M. Léon
Lacroix sur des monnaies de diverses époques,
trouvées à Yssandon; notre collègue ayant bien
voulu se charger de Texamen d'un autre groupe
de même provenance, nous donnons ici les notes
que nous devons à son obligeance.
Nous avons prié M. Léon Lacroix de revenir,
à cause des gravures (1), sur la description de
deux monnaies gauloises mentionnées déjà par lui
dans sa première notice; elles occupent ici les
n~ 1 et 2.
{Le Comité de publication.)
r- SÉRIE
MONNAIES GAULOISES
1* Tête jeune, imberbe, tournée à droite, le cou
chargé d'un collier perlé ; grènetis au pourtour.
Revers. — Cheval trottant à droite ; la poitrine
(t) Le» dessins ont été faits d'après nature par notre collègue^
M. Eugène Borie.
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A
— 458 —
et le cou serrés par un grènetis; au dessus, tête
jeune, imberbe, le cou chargé d'un collier perlé;
sous le cheval un annelet; grènetis au pourtour.
Argent
Ce denier doit être attribué aux Lemovices.
2" Tête imberbe, à droite, les cheveux divisés
en grosses boucles; devant la bouche, un fleuron
qui se partage en deux branches; celle d'en haut
affecte la forme d'un S.
Revers. — Cheval allant à droite, la crinière
rendue par un grènetis; sur la croupe un oiseau
(cigogne?) dont le bec, levé, atteint à la hauteur
des oreilles du cheval.
Pièce des Bituriges (dimension 0,015 millim.).
Bronze (1).
M. Anatole de Barthélémy a exprimé l'opinion
que ce n'était, sans doute, qu'un statère défourré.
Le faible diamètre et la grande épaisseur du
(1) M. Léon Lacroix a pu, C6tte fois, étudier d'après nature cette
pièce, dont il n'avait vu tout d'abord qu'un moulage; il a pu se
convaincre que cette monnaie est bien en bronze. Ce serait dès
lors, d'après sa première notice (loc. cit,), le spécimen d'une va-
riété nouvelle. [Note du Comité,)
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— 459 —
bronze que je viens de décrire ne permettent pas
d*adhérer à la supposition du savant numismate.
3** Même type, sauf l'absence de Toiseau. On
voit sous le ventre du cheval un trèfle qui ne
manquerait sans doute pas au n" 2, si une par-
tie du coin n'avait porté en dehors du flan.
Bronze,
4" Cet exemplaire offre peu de différence avec
le précédent; la tôte du droit a le cou terminé
par un collier de perles, et le trèfle du revers
est bien visible. Bronze,
5* Type des bronzes précédents. Au revers, la
partie antérieure du cheval n'a pas porté sur
le flan; mais on distingue la large queue d'un
oiseau (un paon, d'après Duchalais) composée de
quatre plumes pendantes, et un annelet centré
derrière la queue du cheval. Traces (?) d'annelet
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— 460 —
au dessus de la queue de Toiseau. Symbole con-
fus (trèfle?) sous le ventre du cheval.
Ces. quatre bronzes, assez exactement ronds,
présentent une tranche épaisse de 0,004 à 0,005
millimètres, polie^ et d'une convexité demi-cir-
culaire, à la différence de tant d'autres pièces an-
tiques dont la tranche est tantôt plane, tantôt
rugueuse et irrégulière ou limée en double biseau.
Cette convexité est due à un mode particulier
de fabrication des flans.
Pour les obtenir, on n'a pas employé un moule
composé de deux moitiés correspondantes et s'ap-
pliquant l'une sur l'autre, comme on le pratiquait
à Nîmes. J'imagine que le métal en fusion était
versé dans de petites cavités circulaires, isolées,
d'un centimètre et demi de diamètre, ménagées
à la surface d'un pâté de terre glaise qu'on avait
fait durcir au feu. Enlevé après que le métal
était figé, le contenu de chacun de ces creux de-
vait affecter la forme d'une épaisse lentille, dont
la tranche se trouvait arrondie. Le coup de mar-
teau écrasait le globule en y imprimant les coins,
et la violence de la frappe déterminait parfois
dans la pièce des fentes ou gerçures qui rayonnent
du centre à la circonférence.
Le denier en argent et les quatre bronzes appar-
tiennent à M. Dumont, propriétaire au Ghalard,
et ont été trouvés sur le puy qui porte ce nom;
il n'est séparé du puy d'Yssandon que par un
simple col.
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— 461 —
2"' SÉRIE
MONNAIES ROMAINES
g P'. — République' Romaine.
6^ Triens; ii* siècle avant J.-C. Bronze.
Droit. — Tête de Palias (casquée) regardant à
droite, avec quatre globules.
Revers. — ROM A. Proue de vaisseau et quatre
globules. [Musée de Brive.)
g II. — Empire (1).
7^ Auguste (31 avant J.-C. à 14 après J.-C).
Petit bronze frappé à Lyon.
Revers. — ROM ET AVG. Autel. {Musée de
Brive.)
S*" Vespasien (69-79 de notre ère). Moyen bronze
fruste. {Musée de Brive.)
9** Faustine, femme d'Antonin- le -Pieux (138-
141). Moyen bronze fruste. {Musée de Brive.)
10" LuciLLE, femme de Lucius Ver us (161-169).
Moyen bronze fruste. {MUsée de Brive.)
1 r Marc-Aurèle (16i-180). Moyen bronze fruste.
{Musée de Brive.)
12" Faustine jeune, femme de Marc-Aurèle.
Moyen bronze fruste. {Musée de Brive.)
13" Commode (180-193). Grand bronze frappé
Tan 177, à Toccasion du congiaire distribué lors
du mariage de Commode avec Crispine.
(1) Ces monnaies sont classées par ordre chronologique.
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— 462 —
Droit — IMP.OES.LAVRELCOMMODVS.
GERM.SARM.
Revers. — LIBERALITAS AVG. TRP II COS.
se. {Collection de M. Élie Massénat.)
14** Commode. Le même, mais plus fruste. {Mu-
sée de Brive.)
15** Herennia Etrusgilla Augusta (249-251).
Femme de Trajan Dèce. Grand denier argent.
Droit. — Buste avec le croissant.
Revers. — PVDICITIA AVG. La Pudeur assise
à gauche, tenant un sceptre et relevant son voile.
{Musée de Brive.)
16** Galuen (260-268). Moyen bronze fruste.
{Collection de M. Dumont.)
IT à 25** TÉTRiGus père (268-273). Neuf bronzes
très frustes (un moyen et huit petits). {Collection
de M. Dumont.)
26** à 27** TÉTRIGUS fils (269-273). Deux très
petits bronzes frustes. {Collection de M. Dumont. )
28** Claude le Gothique (268-270). Moyen bronze
fruste. {Collection de M. Dumont.)
29** Constantin P' (306-337). Petit bronze. {Col-
lection de M. Dumont.)
30** Constantin I". Moyen bronze. {Collection
de M. Dumont.)
31** Valentinien P^ (364-375). Petit bronze fruste.
Revers. — GLORIA ROMANORVM.
Exergue. — SMAQ. {Musée de Brive.)
32** HoNORius (393-423). Petit denier argent.
{Collection de M. Dumont.)
33** Constantin III (407-411). Petit denier ar-
gent. {Collection de M. Dumont.)
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— 463 —
3"* SÉRIE
MOYEN AGE ET TEMPS MODERNES
g I". — Monnaies royales de France,
34" Philippe IV (1285-1314). Denier parisis.
{Musée de Brive.)
35" Charles V (1364-1380). Blanc aux fleurs de
lys. [Musée de Brive,)
36" Charles VI (1380-1422). {Collection de
M. Dumont.)
37" François P' (1515-1547). Double tournois
pour le Dauphiné. {Collection de M. Dumont)
38" François P^ Denier tournois. {Collection
de M. Dumont.)
39" à 40" François P'. Double tournois et denier
tournois. {Musée de Brive.) Le denier porte, au
droit : * BEI NOMEN. D.... Deux fleurs de lys
et un point dessous.
Revers. — SIT * NOMEN.... Croix plate dans
un quadrilobe pointé aux angles.
41" Henri IL Douzain daté de 1550. Argent.
{Musée de Brive.)
42" Louis XIII (1610-1643). Double tournois.
{Musée de Brive.)
43" Louis XIII. Douzain. {Collection de M. Dû-
ment.)
§ II. — Monnaies seigneuriales.
44". Vicomtes de Béarn. (Du xi" au xiv" siècle.)
Denier au type et au nom immobilisés de CentuUe.
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— 464 —
Droit— CEm^LLO COME.
Revers. — ONOR FORÇAS.
Dans le champ : PAX. Denier. {Musée de Brive.)
45" Comtes de La Marche. Hugues X (1208-
1249). * VGO COMES (S couché). Légende ter-
minée par un annelet. * MARCHIE. Légende
terminée par un astérisque. Denier. {Musée de
Brive.)
46" Vicomtes de Limoges. Arthur de Bretagne
(1275-1301). Denier. Cassé en deux. {Musée de
Brive.)
47" Duché de Bretagne. Charles de Blois (1341-
1364). Denier, n".2304 de Poey d'Avant. {Musée
de Brive.)
48" Comtes et princes de Dombes. Jean II (1459-
1488). Denier. {Musée de Brive.)
49" Maximilien I*' (Sully), seigneur de Boisbelle
et Henrichemont (1597-1641). Double tournois.
{Musée de Brive.)
50" à 51" Gaston, usufruitier (Dombes) (1627-
1650). Un denier tournois et un double tournois.
{Musée de Brive.)
g III. — Jetons, etc.
52" Jeton banal aux légendes (A VA VA VA AVS-
TAVII) dépourvues de sens. Écusson fruste, xiv"
ou XV" siècle. {Musée de Brive.)
53" Jeton au navire, symbole de la ville de
Paris. {Collection de M. Dumont.)
54" Enseigne de pèlerinage, en plomb, de forme
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— 465
rectangulaire, xiif siècle. Légende : * S — S —
MARII l MAVRIASENSI. (Musée de Briveii).
g IV. — Monnaies étrangères,
55^ Henri III, roi d'Angleterre (1216-1272). De-
nier. [Collection de M. Dumont.)
56" Philippe V, roi d'Espagne (1700-1746). Cui-
vre. [Musée de Drive,)
hT Jean VI, roi de Portugal et de Brésil (1799-
1826). Cuivre. [Musée de Brive.)
Les monnaies de M. Dumont auraient été re-
cueillies au Puy du Chalard, avec d'autres objets
antiques; celles qui sont au Musée de Brive, ac-
quises en grande partie du sieur Mouneyrat, ont
été trouvées plus particulièrement sur la butte
dTssandon.
LÉON Lacroix.
A cette liste il convient d'ajouter les monnaies
dont suit la description, données depuis quelque
temps déjà au Musée par M. Rupin; elles pro-
viennent également d'Yssandon ou des alentours.
IMPÉRIALES ROMAINES
1"* Marg-Aurèle (161-180). Grand bronze.
♦ ' ■ - ■■
(1) Ce petit, mais intéressant monument, fera prochainement Tob-
jet d'une note spéciale.
T. IX 6-tf
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— 466 —
Droit. — Tête de Tempereur laurée, à droite.
IMP. CAES. M. AVREL.ANTONINVS... proba-
blement AVG.
iÎCT^rs. — LIB.AVGVSTOR.tr. P. XVIL(LIB.
presque effacé.)
2** Maximien- Hercule (286-305). Moyen bronze.
Droit — Tête de l'empereur laurée, à droite.
CAE.MAXIMIANVS.P.F.AVG.
Revers. — Génie debout, à gauche. GENIO . IM-
PERATORIS. Sous les pieds du génie, MK.,.
3"* Maximien-Hercule (286-305). Moyen bronze.
Droit. — Tête laurée, à droite. IMP . C . M . A .
MAXIMIANVS.P. F.AVG.
Revers. — Génie debout, à gauche. GENIO- PO-
PVLI . ROMANI. Sous le génie, K- C?
4** Maximien-Hercule. Moyen bronze.
Droit. — Tête laurée, à droite. Légende presque
effacée.
Revers. — Le même que pour le n" 3, sauf un
B dans le champ, à droite du génie, au lieu des
lettres K. C. sous les pieds, comme dans le^ n** 3.
5** Mamimien-Hergule. Moyen bronze.
Droit. — Tête à droite. IMP • C • MAX- VS •
p. F AVG
Revers. — Édicule et légende visibles, mais en
partie effacés.
On sait que Maximien-Hercule fut choisi comme
associé à la pourpre impériale par l'empereur Dio-
clétien. Ce fut Dioclétien, fils d'un affranchi Dal-
mate, qui convertit l'empire romain en monarchie
avouée; il exerça un pouvoir particulier, sui ge^
neriSj n'étant ni consul, ni tribun, ni général.
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— 467 —
ni rien de ce qui rappelait les vieilles formes de
la République. En 286, il s'associa le général
Maximien.
Le Comité de publication.
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A L'EXPOSITION DE TULLE
EN 1887
Exposition d'art an-
cien ouverte Tan der-
nier, à Limoges, a eu
un succès plus grand
que ses organisateurs
ne pouvaient légitime-
ment Tespérer; en pre-
nant les proportions
d'un véritable événe-
ment artistique, elle a attiré de nouveau l'atten-
tion sur un art qui fut l'honneur du Limousin,
et qui contribua pour sa j;)onne part à faire con-
naître la France à l'étranger. La plupart des pièces
réunies à Limoges étaient cependant connues de
longue date, mais des archéologues seulement;
des publications telles que les Annales archéO"
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— 470 —
logiques, la Revue archéologique, le Bulletin
Monumental, etc., et surtout les livres de
Tabbé Texier, un homme trop oublié aujour-
d'hui et auquel il est grand temps de rendre jus-
tice, avaient donné la description ou la repro-
duction d'un grand nombre d'œuvres limousines ;
ipais autre chose est un original qile Ton peut
étudier, interroger, ausculter, autre chose est une
gravure qui ne peut donner davantage que ce
qu'un artiste, qui presque toujours n'est point
archéologue, y a mis. L'utilité des expositions ré-
trospectives n'est plus à démontrer, surtout quand
elles réunissent non des bibelots de tout genre
tels que ceux que l'on trouve chez un marchand
de curiosités, mais des séries bien homogènes et
susceptibles de faire embrasser rapidement le dé-
veloppement complet d'un art. Je dirais même
que c'est là seulement que l'archéologue peut
bien étudier; car s'il se met à courir le pays
pour y aller trouver les œuvres d'art, que de
contre-temps n'a-t-il pas à subir! que de sujets
de distractions ne rencontre-t-il pas! et surtout
combien souffre-t-il de l'absence de termes de
comparaison !
L'exposition de Tulle est fille, ou tout au moins
sœur de l'exposition de Limoges, et elle a prouvé
que la Gorrèze n'avait rien à envier aux autres
départements limousins. Grâce au zèle et à l'ac-
tivité des organisateurs, parmi lesquels il con-
vient de signaler d'une façon particulière M. E.
Fage, vice-président du conseil de préfecture, et
M. le vicaire -général Paré, on a pu réunir en
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— 471 —
peu de temps, dans un seul département, un
nombre considérable d'objets qui ne le cèdent
guère en intérêt à ceux que nous avons admirés
à Limoges; quelques-uns môme nous font con-
naître une note nouvelle de Part limousin. Et
cependant la Gorrèze n'a pas donné tout ce qu'elle
pouvait donner : c'est ainsi que la célèbre châsse
de Saint- Viance n'a pu venir briller à Tulle et y
tenir la première place, à côté de la châsse de
Gimel. D'autres œuvres encore, dont je pourrai
parler plus loin grâce à l'obligeance de M. Ernest
Rupin, qui met si libéralement à la disposition
des archéologues les richesses entassées dans ses
portefeuilles, manquaient à l'appel. D'autres enfin
ont disparu depuis plus ou moins longtemps, soit
qu'elles aient été détnuites, soit qu'elles aient été
cédées pour un morceau de pain à une époque,
peu éloignée de nous, où le cuivre émaillé passait
pour avoir moins de valeur que des chaudrons.
Celles-là, du moins, ne sont pas perdues sans
retour, et peu à peu elles reviennent au bercail,
c'est-à-dire dans les musées. Et d'ailleurs, quel
est l'amateur, aujourd'hui, qui refuse l'entrée de
sa collection aux travailleurs sérieux? La seule
chose à déplorer, au fond, dans tous ces dépla-
cements d'objets d'art, c'est la nuit profonde qui
se fait forcément sur leur origine et en diminue
la valeur au point de vue historique ou archéo-
logique.
Depuis quelques temps, la question des origines
de l'art limousin s'est éclaircie considérablement;
et si l'on n'est pas encore arrivé à pouvoir fixer
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— 472 —
d'une façon définitive les principaux points de
cette intéressante controverse, on peut du moins
être certain que d'ici à peu le jour se fera com-
plètement. Mais que les champions de Part limou-
sin ne se réjouissent pas trop tôt; il leur faudra
rompre encore plus d'une lance avant qu'ils puis-
sent crier victoire! Il faut, du reste, toujours
mettre un peu de modestie dans son triomphe,
afin de rendre plus facile la réconciliation des
vaincus.
Des envois d'Orient, ou du moins d'origine
orientale, tels que le calice offert au v* siècle,
par Valentinien III, à la basilique de Saint-
Martin de Brive(l), ou le reliquaire émaillé donné
par l'empereur Justin à Sainte-Radegonde, à Poi-
tiers (2), au VI" siècle, suffisent amplement à éta-
blir l'existence de relations très anciennes entre
l'Italie et l'Orient et le centre de la France, où
des modèles de ce genre ne durent pas rester
sanà influence sur le développement des arts. En
présence de faits semblables et de monuments
d'une aussi incontestable authenticité, n'est-il pas
légitime de supposer que bon nombre de ces
œuvres, que la légende populaire s'est plu à attri-
buer à saint Éloi, et qui presque toutes étaient
(1) Desmaretz et Turgot, Éphémérides de la Généralité de
Limoges; citées par l'abbé Texier, Dictionnaire d'Orfèvrerie,
col. 938.
(2) Abbé Texier, Essai sur les argentiers et les émailleurs de
Limoges, p. 104-105, planche II. — X. Barbier de Montault, Le
Trésor de l'abbaye de Sainte-Croix de Poitiers, p. 235 et suiv.,
planche I.
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— 473 —
des œuvres mérovingiennes, étaient décorées, dans
certaines parties, d'émail cloisonné, ou du moins
d'émail allié au procédé de la verroterie cloi-
sonnée? Je ne veux point ici reprendre cette
question; il faudrait de longues pages pour la
traiter; et, en somme, les monuments en litige
n'existant plus aujourd'hui, on en est réduit aux
suppositions. Je ferai toutefois remarquer que
mon regretté maître et ami, M. Charles de Linas,
qui fut jadis un des champions les plus tenaces
de la verroterie cloisonnée (1), avait adopté, dans
ces derniers temps, un avis tout opposé. Pour lui,
le calice de Ghelles était bel et bien émaillé (2).
Comme tous les véritables savants, il n'éprouvait
aucune difficulté à abandonner une opinion qu'il
croyait contraire à la science, quelque atteinte son
amour-propre dût en recevoir.
Le reliquaire de Pépin II, au trésor de Con-
ques (3) ; certaine petite plaque d'émail, cloisonné,
sur cuivte, qui se trouve à Poitiers, au Musée
de la Société des Antiquaires de l'Ouest (4); les
émaux de l'autel portatif de Conques (5) ; un cha-
ton d'émail cloisonné fixé sur la châsse de Mois-
Ci) Charles de Linas, Orfèvrerie mérovingienne. Les Œuvres
de saint Éloi.
(2) Charles de Linas^ La Châsse de Gimel et les anciens Mo-
numents de l'Èmaillerie limousine, p. 19 ot suivantes.
(3) Charles de Linas, Le reliquaire de Pépin II au trésor de
Conques, — - Gazette archéologique, 1887.
(4) Le dessin colorié de cette plaque m'a été communiqué, en
1«S2, par M. de Linas.
(5) A. Darcel, Le Trésor de Conques, p. 9-10.
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— 474 —
sat-Bas (1), nous montrent que les Limousins, ou
du moins les artistes du centre de la France, con-
nurent et pratiquèrent l'émail cloisonné (2), que
nous retrouvons allié à Témail champlevé sur le
reliquaire de St-Sulpice-les-Feuilles (3), et sur une
splendide plaque représentant le Christ de gloire
entre les symboles des Évangélistes, qui fait par-
tie de la collection de M. Frédéric Spitzer(4). Des
émaux tels que ceux de la châsse de Bellac, dont
j'ai le premier publié les dessins (5), ou du coffre
de Ste-Foy à Conques (6) ; d'autres tous semblables
qui se trouvent dans une collection particulière,
les plaques de la collection Carrand (7), nous mon-
trent un art limousin fortement influencé par les
(1) E. Rupin, LsL Châsse de Moissat-Bas, dans le Bulletin du
Comité des travaux historiques, année 1883, p. 55 et suivantes. —
R. de Lasteyrie, La Châsse de Moissat-Bas, dans la Gazette ar-
chéologique, 1883, p. 357-360, planches 59 et 60.
(2) Je ne parle pas ici des nombreuses pièces d'orfèvrerie limou-
sine sur lesquelles sont fixés, comme des pierres précieuses, des
émaux cloisonnés d'importation étrangère.
(3) Annales archéologiques, t. XV, p. 285, et t. XIX, p. 41. —
L'Exposition rétrospective de Limoges, dans la Gazette des
Beaux-Arts, 1886, t. II, p. 167. -- Léon Palustre et X. Barbier de
Montault, Orfèvrerie et Émaillerie limousines, l'* partie, pi. VII.
(4) L'émail cloisonné est peut-être aussi allié au champlevé sur
une plaque qui a fait partie de la collection Germeau (Annales ar-
chéologiques, t. XXII, p. 82); mais comme je n'ai point vu l'ori-
ginal, je n'oserais l'assurer.
(5) Gaz. des Beaux-Arts, 1886, t. II, p. 172-173. — Chanoine Ar-
bellot. Châsse émaillée de l'église de Bellac, dans le Bulletin de
la Société archéologique et historique du Limousin, t. XXXIV,
1887, p. 21 et suiv. — L. Palustre et Barbier de Montault. Orfè-
vrerie et Émaillerie limousines, 1" partie, pi. I, II.
(6) Gazette des Beaux- Arts, tome XVIII, 1878, p. 565.
(7) Publiés par Labarte, Histoire des Arts industriels, 1" édi-
tion. Album, t. II, pi. 106.
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— 475 —
modèles orientaux, et surtout par les dessina
d'étoffes orientales, tandis que des crucifix comme
celui de Témailleur Garnier, dans la collection de
M. Victor Gay (1), comme celui qui de la col-
lection Meyers est passé dans la collection de
M. Spitzer (2), comme ceux de M. Bonnay (3), de
Gluny(4) ou du Louvre (5), des plaques comme
celles qui proviennent de Grandmont, au Musée
de Gluny (6), nous font connaître que les Limou-
sins émaillaient en plein les personnages. Des
châsses comme celles de Ghamberet ou de Saint-
Viance nous fournissent des spécimens importants
d'architecture émaillée en relief. Voilà les prin-
cipaux points, les principaux traits caractéristiques
sur lesquels on s'appuyait pour établir que Li-
moges devait tout aux émailleurs des bords de
la Meuse et du Rhin ; Limoges, aujourd'hui, peut
fournir des exemples antérieurs ou contemporains
des spécimens qu'on lui opposait. A ces traits
communs aux deux écoles, il en joint un qui lui
est propre : c'est l'usage des têtes rapportées en
relief, dont on n'a pas encore, ce me semble,
signalé l'emploi en dehors de France.
J'ai déjà eu occasion, dans un autre recueil (7),
de décrire et de signaler les pièces qui, parmi
(1) G. de Linas, Les Crucifix champlevés polychromes en plate
peinture et les Croix émaillées, p. 5.
(2) Ibid., p. 3.
(3) Exposition rétrospective de Limoges en 1886, Catal. n* 237.
(4) G. de Linas, Ouvrage cité, p. 27.
(5) Ibid., p. 4.
(0) Du Sommerard, Album, 2* série, pi. 38.
(7) Gazette des Beaux-Arts, 1887, t. XXXVI» p. 148-156.
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— 476 —
les œuvres rassemblées à Tulle, me semblaient les
plus propres à compléter et à préciser nos con-
naissances sur Tart limousin. Je n'y reviendrai
donc point ici; le Catalogue qui accompagne ces
lignes suflBra, je crois, à fournir un tableau exact
de l'Exposition. Il est cependant deux points sur
lesquels on me permettra de revenir. Je signa-
lerai d'abord l'analogie, comme disposition, entre
les personnages en relief appliqués sur un fond
émaillé qui garnissent la face principale de la
châsse de Saint-Viance, et de grandes plaques dé-
tachées telles que celles qui se trouvent au Musée
du Louvre (1), dans la collection Basilewsky au
Musée de l'Ermitage (2), dans la collection Dutuit,
à Rouen (3), chez M. Astaix, à Limoges (4). Ces
grandes plaques, sur lesquelles on a déjà beau-
coup écrit, faisaient partie, à mon avis, de la
décoration d'une ou de plusieurs grandes châsses
de construction tout à fait analogue à celle de
St-Viance, mais beaucoup plus grandes et beau-
coup plus riches. On a pensé jusqu'ici que ces
plaques provenaient de l'autel de Grandmont, qui
en effet était décoré de figures en relief appli-
quées sur un fond émaillé. Mais en somme, jus-
qu'ici, cette opinion ne peut être présentée que
comme une simple hypothèse; et hypothèse pour
(1) A. Darcel, Catalogue des émaux du Louvre, n" D. 120 et 715.
(2) A. Darcel, Collection Basilewsky, n" 214, 215, 216.
(3) Exposées à Paris, à l'Exposition rétrospective de l'Union
centrale des Beaux-Arts appliqués à l'Industrie en 1880.
(4) Exposition rétrospective de Limoges en 1886, Catal. n* 32. —
Publiée par L. Palustre et Barbier de Montault, Orfévr. et Émail,
limousines, planche XII.
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— 477 —
hypothèse, Tune et Taiitre sont aussi probables (1).
Je voudrais également dire quelques mots d'une
catégorie de châsses dont on connaît maintenant
trois spécimens, et au sujet desquelles on a émis
une opinion qu'il me parait impossible d'ad-
mettre. Je veux parler de la châsse en cuivre
orné d'appliques émaillées qui appartient à l'évê-
ché de Limoges (2), et des châsses de Lafage et
d'Orliac-de-Bar, exposées cette année à Tulle. Voici
ce que disent de la première de ces châsses les
auteurs de VOrfévrerie et de VÉmaillerie limoU'
sines, après l'avoir décrite :
ce L'iconographie , à ' la rigueur , ressemble à
» celle que Limoges a maintes fois reproduite;
» mais l'émaillerie n'appartient probablement pas
y> à cette ville, qui usait d'un procédé tout à fait
X) différent. Le rapprochement ne serait possible
» que sur un point : à savoir la décoration du
» champ par l'émail, le sujet étant réservé. Dans
» les ateliers limousins, faisait-on d'aussi grandes
» surfaces sans des adjonctions destinées à em-
» pêcher l'émail d'éclater? les lamelles n'étaient-
» elles pas une précaution contre cet inconvè-
» nient? Ce système n'a pas eu une .grande
» durée, mais qui l'a employé le premier, et l'a-
» t-il été à Limoges?
» Nous n'avons que trois nuances, gamme bien
» restreinte et qui ne contredit pas la provenance
(1) C. de Linas, L'Autel émaillé de Grandmont, dans la Revue
de l'Art chrétien, 1884, p. 164 et suiv.
(2) Publiée par MM. L. Palustre et Barbier de Montault, Orfé-
vrerie et Émaillerie lirncfUsines, 1" partie, planche 111.
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» étrangère : bleu-lapis, vert-pré, et jauije pouj
» éclaircir les tons.
» On remarquera que Témail est formé de
j) lamelles juxtaposées, soudées au feu, mais dont
D la flamme n'est pas parvenue à supprimer les
» joints, très apparents dans Tauréole [du Christ],
» surtout à la partie eçdoijamagée. Des émaux
» de cette nature se rencontrent, au xn* siècle,
» sur une plaque de la collection Spitzer, à
» Paris, et, au xiii* siècle, sur une croix du
» Musée Poldi, à Milan, et à Rome sur la Vierge
» de Sainte-Marie in CampUelli et le Christ du
» Musée JKirchej". Nous sonmies., avec la châsse
» de révêché, au début du procédé et au plus
» ancien spécimen connu du .type, car les émaux
» remonteraient facilement au xi" siècle, tandis
» que la châsse peut être facilement descendue
» au XII*.
» Ces émaux à lamelles ne pourraient-ils pas
» être identifiés à ceux que les inventaires appel-
j) lent émaux de Venise!^ C'est la première fois
» que la question se présente : nous appelons
» Tattention des archéoloques sur ce point. »
Étant d'un avis diamétralement opposé, on con-
çoit que je sois obligé de mettre tout ce passage
sous les yeux du lecteur avant d'en réfuter Içs
principaux points.
J'ai appris qu'on conteste le rapprochement que
j'ai fait entre la châsse de l'évèché de Limoges
et celles de Lafage et d'Orliac-de-Bar; on me con-
cède seulement que les châsses, comme forme,
comme travail du cuivre, cogame ossature enfin,
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sont toutes trois identiques ; pour les émaux, ceux
de Tévêché de Limoges constitueraient une classe
à part, tandis que ceux qui décorent les châsses
d'Orliac et de Lafage ne seraient que du champ-
levé le plus commun. Je prends acte de ces con-
cessions, car pour moi tout est semblable dans
ces trois monuments, et les émaux sont tous des
émaux champlevés très grossiers. Je n'insisterai
pas sur Ticonographie puisque, « à la rigueur,
elle ressemble à celle que Limoges a maintes
fois reproduite. » Quant à la question de savoir
si les Limousins ont émaillé d'aussi grandes sur-
faces sans des adjonctions destinées à empêcher
rémail d'éclater, elle ne peut faire aucun doute.
Je ferai d'abord remarquer que les surfaces à
émailler ne sont pas ce que l'on peut appeler
grandes (les plus considérables n'ont que 0"K)14
millimètres de largeur), et l'on pourrait citer telle
pièce, par exemple la belle plaque représen-
tant Geoffroy Plantagenet, au Musée du Mans, sur
laquelle on remarque des surfaces émaillées beau-
coup plus grandes sans que ces surfaces soient
sectionnées par des cloisons de métal. Et si
nous nous reportons à la fin du xni* siècle, c'est-
à-dire à l'époque à laquelle j'attribue les trois
châsses en litige, des plaques comme celles qui
ornent le revers de la cassette de saint Louis,
au Musée du Louvre, nous offrent des person-
nages réservés et gravés sjir un champ bleu-lapis
uni, de dimensions aussi grandes que les fonds
d'émail de nos châsses.
Je n'admets point les lamelles parce que je
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— 480 —
ne les ,vois pas. Quant à la comparaison avec la
plaque de la collection Spitzer, je ne l'admets pas
davantage, non plus qu'avec le Christ de la col-
lection Poldi Pezzoli, à Milan. Je laisse de côté
la Vierge de Sainte- Marie in Campitelli et le
Christ du Musée Kircher, à Rome. Je ne connais
pas la première. Quant au second, je ne Tai pas
assez présent à Tesprit pour nier ou affirmer sa
valeur dans le débat et en faire un argument
pour ou contre ma thèse. Mais, pour le Christ
de la collection Poldi, il faut le rapprocher du
Christ de la collection Davillier, au Louvre, du
Christ de la collection Meyers, aujourd'hui dans
la collection Spitzer, et surtout du Christ de
M. Bonnay; comme dans cette dernière pièce, les
chairs sont émaillées, le fond réservé et gravé de
menus rinceaux. Il en est de même de la plaque
de la collection Spitzer, qui représente le Christ
de gloire entre les symboles des Évangélistes. Pour
moi il est impossible d'établir un rapprochement
quelconque entre ces pièces et nos châsses : c'est
le jour et la nuit, et l'on ne peut trouver deux
choses plus différentes. Dans les châsses les per-
sonnages sont gravés et réservés sur fond d'émail;
dans le Christ Poldi et dans la plaque Spitzer,
les personnages sont émaillés et se détachent sur
un fond de cuivre; de plus, dans la plaque
Spitzer, les têtes sont en relief et rapportées, et
dans les émaux on renaarque cette union du cloi-
sonné et du champlevé qui a été depuis long-
temps signalé sur le beau reliquaire en forme
d'ange de Saint-Sulpice-les-Feuilles. On ne serait
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CHASSE DE SAINT- VIANGE (N* 14).
UN ANGE APPARAIT A SAVINIEN, OOMPAONON DE SAINT VIANGE
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CHASSE DE SAINT- VIANCE (N* 14).
LE CURPS DE 6AINT VIANCE TRANSPURTÉ SUR UN CHAR TRAINE PAR UN OURS ET UN BGEUF
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pas davantage autorisé à faire un rapprochement
avec la Vierge de la collection Germeau, qui ne
diffère de la plaque de la collection Spitzer qu'en
ce que les chairs y sont émaillées, alors que dans
cette dernière elles ne le sont pas(l).
Nous savons par les émaux du coffre de Sainte-
Foy à Conques, par ceux de la châsse de Bellac,
ce qu'étaient les plus anciens émaux limousins;
et, dans ces deux spécimens, les sujets ou orne-
ments sont invariablement émaillés et se déta-
chent sur un fond de métal : rien de plus logique
si Ton admet que les émaux byzantins ont servi
de modèles aux émailleurs limousins comme ils
(1) En quittant Brive, où j'ai écrit ces lignes, je suis passé par
Limoges, où, gr&ce à l'inépuisable obligeance de M. L. Guibert,
toujours prêt à rendre service à ceux qui s'occupent de l'histoire
du Limousin, j'ai pu examiner à loisir la cb&sse de l'évêché. Je
n'ai rien à changer à ce que j'en dis ici, ni à ce que j'en ai dit
dans la Gazette des Beaux Arts (1887, t. XXXVI, p. 155}. En pre-
nant de prétendues lamelles, qui n'existent pas, pour de l'émail
champlevé du genre le plus commun, je n'ai point commis une
de ces lourdes méprises auxquelles nul archéologue ne saurait
avoir la prétention d'échapper. Je ne suis d'ailleurs pas seul à
partager cette opinion, et les émailleurs auxquels j'ai soumis le
cas n'ont reconnu dans les interstices qui .séparent les fameuses
lamelles, que des stries produites tout à fait accidentellement : U
est probable qu'il en sera de cela comme de pas mal d'autres
théories émises ces derniers temps sur les émaux limousins, théo-
ries qui sont déjà mises de côté par leurs plus chauds partisans,
devenus plus zélés défenseurs de Limoges que ceux qui n'ont
jamais varié d'opinion. Tout le monde avait cependant sous les
yeux les mômes pièces pour juger le procès; comment a-t-on
rendu des arrêts si différents? Je ne me charge pas de l'expli-
quer. Quant à moi, les modestes notes qu'en suivant les traces
des Texier et des Lasteyrie j'écrivais en 1881, je suis prêt encore,
en toujt ce; qui concerne le moyen âge, à les signer aujourd'hui.
Je deinande pardon au lecteur de formuler ici des revendications
devenues nécessaires.
T. TX.' B-T-
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ont servi de modèles aux orfèvres des bords de
la Meuse et du Rhin. Où MM. Palustre et Bar-
bier de Montault voient un art à ses origines, je
vois une industrie à son déclin, car ce n*est que
pour simplifier leur travail que les émailleurs
limousins en sont venus peu à peu à ne plus
émailler que les fonds, et les médaillons repré-
sentant des anges qui figurent sur nos châsses
ont leurs analogues, en général plus finement
exécutés, sur des châsses trop nombreuses pour
qu'il soit nécessaire d'en citer ici des exemples.
Et ces châsses appartiennent au xiii* siècle.
Un mot seulement sur une attribution possible
à Venise, trop légèrement mise en avant : Que
les Vénitiens aient fait des émaux cloisonnés en
or, qu'ils aient fait plus tard des émaux peints,
point de doute là-dessus; mais pour dire qu'ils
ont fait des émaux champlevés, ce qui me pa-
rait probable, attendons, pour nous prononcer,
des œuvres authentiques; s'il y en a, ce n'est
certainement pas en France qu'il faut les cher-
cher, et j'ajouterai que tous les émaux champ-
levés que j'ai pu voir à Venise sont purement
limousins. Je n'insiste pas sur ce point parce
que c'est une attribution qui, j'ai lieu de le
croire, sera aussi vite abandonnée qu'elle a été
mise en avant; en tout cas, je ne la crois pas
destinée à faire fortune dans le monde des ar-
chéologues.
L'exposition de Tulle m'a entraîné plus loin que
je ne l'aurais voulu. En affirmant une fois de
plus les droits de Limoges, ou du moins de la
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France, je plaide une cause à peu près gagnée
maintenant et dont, dans les limites étroites de
ce travail, il suffit d'indiquer les points princi-
paux. Le jour n*est pas éloigné où Limoges pos-
sédera une véritable monographie des œuvres d'art
auxquelles son nom est resté attaché; en atten-
dant ce jour, je voudrais simplement donner ici
le catalogue sommaire des pièces réunies à Tulle ;
en y ajoutant la nomenclature de quelques objets
qui n'ont pas été envoyés à l'Exposition ou qui
ont disparu du pays, on aura ainsi le tableau à
peu près complet des ressources que peut offrir
le départemeiït de la Corrèze au point de vue
de l'étude de l'orfèvrerie du moyen âge. Je dis à
peu près complet, car on ne peut jamais être
sûr que quelques églises ne conservent pas encore
quelques reliquaires méconnus, jetés dans un coin
de sacristie parce qu'ils ne paient pas de mine,
comme ce reliquaire de Saint- Bonnet- Avalouse,
l'une des plus vénérables reliques du Limousin,
hier encore totalement inconnu.
Il serait à désirer que semblable catalogue fût
dressé avec plus d'autorité que je ne puis le
faire pour tous nos départements du centre. L'ar-
chéologue y trouverait matière à de nombreuses
observations sans doute, mais ce n'est pas à ce
seul point de vue que je veux me placer. Chaque
jour, quelqu'une de ces pièces risque d'être ven-
due à vil prix à quelque brocanteur, par un con-
seil de fabrique absolument ignorant de la va-
leur de ces œuvres d'art, ou désireux de faire à
son église quelque malencontreuse restauration.
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— 484 —
Ce serait donc rendre un double service à Tart
que d'empêcher des aliénations de ce genre; on
supprimerait du coup la possibilité de gâter de
vénérables monuments de notre architecture na-
tionale. Mais il ne suffit pas d'une loi pour em-
pêcher que de tels faits se produisent : il faut
encore que Ton ait entre les mains le moyen
de donner une sanction à cette mesure. Ce n'est
que par des inventaires minutieux de tous les
objets précieux renfermés dans les églises qu'on
pourra atteindre le but qu'on se propose. Il va
sans dire qu'une pareille loi ne doit être appli-
quée qu'avec beaucoup de tact, et que si tous
les monuments anciens doivent être préservés de
l'aliénation,. il faut cependant que l'État se réserve
le droit d'acquérir, dans le cas où les conseils
de fabrique seraient consentant, et où l'argent
provenant de cette vente pourrait être employé
dans un but véritablement utile. Quelle qu'elle
soit, une semblable loi sera toujours d'une appli-
cation difficile; le mieux serait encore de donner
au clergé le goût de l'archéologie et de lui ins-
pirer le respect pour des monuments qui sont,
pour les églises qui les possèdent, de véritables
titres de noblesse. Malheureusement beaucoup de
membres du clergé préfèrent des ornements tout
battant neuf, sortant de quelque abominable offi-
cine de Paris, à des œuvres qui, dans le courant
des siècles, ont subi plus d'une atteinte. Je ne
saurais les en blâmer, puisque l'on ne fait à peu
près rien pour leur donner le goût de ces belles
choses. Le clergé a pourtant compté et compte
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— 485 —
encore dans ses rangs, des hommes qui ont passé
ou passent leur vie à émettre des doctrines tout
à fait différentes; mais ils sont fort rares et n'ont
pas suffisamment d'influence pour faire des élèves.
On peut dire qu'ils prêchent dans le désert. Je
sais bien que pour le moment, sous Tœil vigi-
lant de M. le vicaire-général Paré, qui s'est opposé
énergiquement à la vente de plusieurs reliquaires,
les œuvres d'art contenues dans les églises de la
Corrèze n'ont rien à craindre. Mais un vicaire-
général peut changer, et d'ailleurs que de cir-
constances difficiles à prévoir! La plupart des
curés, dans la crainte de vols, hélas! trop fré-
quents, ont l'habitude de garder au presbytère
les objets précieux que renferment leurs églises.
Qu'un curé vienne à mourir, qui nous dit que
les héritiers ne s'empareront pas des œuvres
d'art qu'ils trouveront parmi les bardes du dé-
funt, et cela de bonne foi puisque aucun titre,
la plupart du temps, n'établit les droits de
propriété de l'église? Nombre d'objets se sont
envolés ainsi qu'il serait bien difficile de récla-
mer, car, en fait de meubles, possession vaut
titre. Il est donc grand temps que l'on prenne
des mesures efficaces de préservation ; et pour ma
part, je n'en vois pas de plus pratique qu'un
inventaire exact, contrôlé à des dates fixes. Je
voudrais aussi qu'aux changements de curés il fût
dressé des inventaires, que chaque curé nouvel-
lement installé signât une sorte de prise en charge
du mobilier artistique de son église. Mais c'est
peut-être trop en demander pour une fois : un
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— 486 —
inventaire général dressé par des hommes com-
pétents, et il n'en manque pas dans chaque dé-
partement qui se chargeraient volontiers de cette
besogne, donnerait déjà une ample satisfaction
aux légitimes revendications des archéologues.
Dans la nomenclature suivante j'ai classé, au-
tant que possible, les objets par nature, en indi-
quant à l'occasion les recueils dans lesquels ils
ont été publiés. Les objets qui n'ont pas figuré
à l'exposition de Tulle, mais qui existent dans le
département, sont précédés d'une astérisque. A la
fin de ce travail on trouvera enfin la liste des
œuvres qui, à notre connaissance, existaient dans
le département de la Corrèze et qui ont disparu
depuis plus ou moins longtemps.
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— 487 —
CATALOGUE
1. — Croix-rbliquairr.
Croix à double traverse composée de plaques d'argent
doré estampé, clouées sur une &me de bois. Sur la face,
bordée d'un grènetis et semée de cabochons, est rapporté
un crucifix ; le Christ est nimbé, cloué par quatre clous,
surmonté d'un titulits. Au-dessus de ce crucifix, à l'inter-
section du croisillon supérieur, on voit une petite plaque
de métal découpée suivant le contour d'une croix à double
traverse, et destinée à contenir des reliques de la Vraie
Croix. Revers semé de cabochons. Sur la tranche de la
croix on lit l'inscription : Db Sgo Grboorio..., Sgi Mar-
tini..., indiquant les reliques que renfermait la croix.
xii« siècle. Hauteur, 0"34; largeur, 0»16.
Église d'Obazine.
Publiée par M. Ernest Rupin dans le Bulletin de la Soc. arch.
de la Corrèze, t. I, p. 275 (eau-forte). — Par L. Palustre et Bar-
bier de Montault, Orfèvrerie et Émaillerie limouBinea, !'• partie,
pi. XIII. — Voy. aussi R. de Lasteyrie, La Croix de Gorre, dans
le Bulletin arch. du Com. des Tr&v. hist., année 1884, p. 495.
2. — * Crucifix.
Cuivre champlevé, émaillé et doré. Croix pattée. Le
Christ est attaché à la croix par quatre clous; nimbé
d'un nimbe crucifère, la barbe et les cheveux longs, vêtu
d'un jupon court, ses pieds posent sur un suppedaneum^
et au-dessus de la tète se lit le titulus : IHS XPS. Au-
dessus du titulus était autrefois enchâssé un cabochon,
qui a disparu. Le corps du Christ est entièrement émaillé,
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— 488 —
sauf la tête, qui est gravée et niellée d'émail. Chairs blanc
rosé. Fond de cuivre recouvert de menus rinceaux gravés.
Revers en cuivre doré semé de rinceaux gravés. A Tin»
tersection des croisillons, un ange en buste, dans un
médaillon circulaire.
Fin du XII* siècle. Hauteur, O'»270; largeur, 0™131.
A M. Bonnay, à Brive.
3. — * Crucifix.
Cuivre champlevé et émaillé. Cette croix, dont la face
seule subsiste, a été reclouée sur une âme de bois. Elle
se compose d'un crucifix, de trois appliques pattées for-
mant les extrémités des croisillons, et de deux médaillons
circulaires fixés au bas de la croix. Les appliques des
extrémités sont ornées de rinceaux réserrés sur fond
d'émail, et enchâssent en leur centre un cabochon. Le
Christ en relief, ciselé et gravé, cloué par quatre clous
sur la croix, porte la barbe et les cheveux longs. Il est
nimbé d'un nimbe crucifère, vêtu d'un périzonium, et ses
pieds reposent sur un suppedaneinn. Au-dessus de sa tète,
le titulus sur deux lignes : IHS — XP8. Fond émaillé
semé de rosatfes.
Les appliques des extrémités de la croix et les mé-
daillons semblent n'avoir pas fait partie, à l'origine, du
même ensemble que le crucifix.
XIII" siècle. Hauteur du Christ, 0"34; largeur, 0^1.
A M. le marquis de Noailles.
4. — Croix-reliquairk.
Croix à double traverse en argent doré, doût les bras
et la haste sont terminés en forme de fleur de lys. La
face est recouverte de rinceaux de filigrane, avec petites
fleurs de métal rapportées, enchâssant des morceaux de
verre et des cabochons, et enfin une pâte de verre rouge
antique représentant une tête d'homme imberbe de profil
à droite. Au-dessus du second croisillon, dans un chaton
ovale, est serti un verre recouvrant une relique accom-
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— *S9 —
pagnée d'une authentique en écriture cursive du ziii*
siècle : [Sane^i Marcialis. Revers estampé de rosaces à
l'intersection des croisillons, et d'une ligne d'étoiles sur
les bras et la haste.
XIII* siècle. Hauteur, 0"280; largeur, 0"145.
Église de Darnets.
5. — * Crucifix d'appliqub.
Cuivre champlevé et émaillé. Le Christ épargné, gravé
et très légèrement ciselé sur la plaque de cuivre, est
cloué par quatre clous; nimbé d'un nimbe crucifère,
couronné, il est vêtu d'un perizoniwn et ses pieds posent
sur un suppedaneum. Au-dessus de sa tète on lit le
titulus : IHS. La tête et la couronne sont en relief et
rapportées. Fond émaillé semé de rosaces.
XIII* siècle. Hauteur, 0"23.
A. M. Alfred Mas.
Publié par M. Ernest Rupin dans le Bulletin de la Soc. arch.
de la Corrèze, t. III, 1881, p. 197 et suivantes (eau-forte), et dans
la Revue des Soeiétés savantes, 1h* série, t. IV, p. 25S.
6. — * Croix procbssionnbllb.
En cuivre gravé, cette croix est terminée à ses extré-
mités par des fleurs de lys ou des fleurons. Sur toute
sa surface courent des rinceaux gravés. A l'intersection
des croisillons se trouve lasie pièce rectangulaire sur
laquelle est gravée une croix à branches égales. C'est
sur cette pièce que reposait la tête du Christ, qui a^
disparu.
XIV* siècle. Hauteur, 0"*68; largeur, 0"35.
Église de Soudeilles.
7. — * Croix processioîw«llï.
Les branches de cette croix, en cuivre doré, se ter-
minent en forme de fleur de lys, et son extrémité s'im-
plante dans une douille munie d'un nœud sphérique
légèrement aplati. Sur les extrémités des bras de la face
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— 490 —
principale de la croix sont gravés des rinceaux. Au centre
est fixé, par trois clous, un Christ en relief, couronné,
que surmonte un titulus IHS émaillé. Au sommet et au
bas de la croix sont fixées deux figurines de cuivre, à
mi-corps. Le revers est orné de gravures : Au centre,
le Christ bénissant et à mi-corps; aux extrémités, les
symboles des Évangélistes. Entre ces représentations cou-
rent des rinceaux.
xiv« siècle. Hauteur, 0"*45; largeur, 0"»26.
La Ghapelle-aux-Plats.
8. — Croix-rbliquairb bt progbssionnblle.
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— 491 —
Croix en bois recouverte de plaques d'argent estampé;
les bras et la haste sont terminés en forme de trèfle,
dont chaque lobe est accompagné d'une boule de cristal
taillé, à facettes. Sur la face et sur le revers on voit
des branches de roses. Sur la face est fixé un Crucifix
surmonté d'un titulus. Au-dessous du Christ un reliquaire
de forme ovale. Au revers, sur un disque d'argent, à
l'intersection des croisillons, la Sainte Face nimbée. Cette
croix est fixée sur une base rectangulaire décorée de
plaques de cuivre estampé.
XVI* siècle. Hauteur, 0~335; largeur, 0"'267.
Autrefois à Téglise de Marchastel (Gant&I); aujourd'hui à
M. r&bbé Pau.
Publiée par M. l'abbé Pau dans le Bulletin de la Soc. arch. de
la Corrèze, 1882, p. 405 et suivantes (dessin).
9. — PlKD DB CROIX.
Cuivre champlevé et émaillé. De forme circulaire, ce
pied de croix repose sur trois pieds gravés surmontés de
trois animaux fantastiques cornus, la bouche ouverte, la
queue plusieurs fois repliée et terminée par une tête de
serpent. Ces animaux divisent le champ du pied en trois
compartiments, ornés de rinceaux réservés sur un fond
d'émail bleu-lapis; ces rinceaux encadraient autrefois des
médaillons rapportés accompagnés de rosettes de cuivre,
dont une seule subsiste. Au centre se dresse une tige
destinée à recevoir la croix, et munie d'un nœud côtelé
surmonté de feuillages découpés.
xiii« siècle. Hauteur, 0»3i; diamètre, 0»185.
Église d'Obazine.
Publié par M. Ernest Rupin dans le Bulletin de la Soc. arch,
de la Corrèze, t. I, 1878-79, p. 147 et suivantes (eau-forte); par
MM. Palustre et Barbier de Montault, Orfèvrerie et Émaillerie
limouiinee, \^ partie, pi. VIII.
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— 492 —
10. — Bâton de croix.
Il est de bois recouvert de feuilles de cuivre estampé
d'un semis de fleurs de lys et argenté.
xvi« siècle.
Église de Saint-Exupéry.
11. — Chasse.
Cuivre estampé et doré, cloué sur une âme de bois
de chêne formée d'un seul bloc, en forme de coin.
Face antérieure : Une croix à branches égales et cloi-
sonnées, à centre ovale, terminées par des cabochons.
Des entrelacs cantonnent la croix. La croix est rap-
portée et elle a perdu les morceaux de verre ou de
grenat gui la décoraient. Dans les chatons circulaires
qui terminent les bras sont enchâssés un morceau de
verre rouge et deux morceaux de verre bleu : ce sont
des additions modernes.
Face postérieure : Deux listels en sautoir cantonnés de
deux croix et de deux figures de saints, nimbés, à mi-
corps, les bras étendus.
Côté droit : Entrelacs. — Côté gauche : Entrelacs et petite
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- 4e3 -
porte de fer (restauration). Sur les flancs, vers le haut,
deux anses en fer destinées à recevoir des cordons de
suspension.
Époque mérovingienne, vu' ou viii® siècle. Hauteur,
0°»12; longueur, 0"»13; largeur, 0"»06.
Église de Sain^Bonnet-Avalouse.
Publiée dans la Gazette des Beaux-Arts, 2« période, t. XXXVI,
1887, p. 156.
18. — Chasse.
Cuivre champlevé, émaillé et doré. Elle est en forme
de maison, portant sur quatre pieds carrés pris dans les
plaques de ia caisse, et surmontée d'une crête percée
d'ornements en forme d'entrée de serrure.
Face antérieure; panneau inférieur : Prédication de saint
Etienne; le saint tient un phylactère sur lequel on lit
lOX HSâ (sans doute pour Jhesm Christus.) Saint Etienne
mené au supplice.
Toit : Lapidation de saint Etienne.
Face postérieure; panneau inférieur : Figures en pied,
sous des arcades en plein-cintre, de saint Jean, saint
Pierre, saint Paul et saint Philippe.
Toit : Trois anges à mi-corps dans des médaillons cir-
culaires, séparés par des fleurons.
Pignon de droite : Sur la porte de la châsse, un ange
debout.
Pignon de gauche : Un apôtre portant une croix.
Personnages et architecture émaillés sur fond gravé
de menus rinceaux. Les têtes sont soit simplement gra-
vées sur le fond, soit rapportées.
Fin du XII* siècle. Hauteur, 0"215; longueur, 0"285;
largeur, 0"»113.
Église de Gimel ; provenant de Saint-Étienne de Braguse, près
Gimel.
Sur cette châsse, voyez abbé Poulbriôre, Bullet. Monum,, 1875,
p. 536 et suiv., (grav.). — G. de Linas, La Châsse de Gimel; lettre
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-494 -
à M. Ernest Rupin, 1883, in-8». — Abbé Roux, Une Inscription
mystérieuse; Tulle, Mazeyrie, 1880, 8 p. in-18. — Abbé Poulbriôre,
Lettre au Journal Limousin et Quercy, sur un détail de la bro-
chure : Promenade à Gimel, relativement à Vinscription mysté-
rieuse {{•' novembre 1880), 4 p. in-8».
18. — Grande chasse.
Cuivre émaiUé et doré. Forme de maison surmontée
d'une crête garnie, aux extrémités, de pommes de forme
conique, percée d'ouvertures en forme d'entrée de ser-
rure. Sur cette crête étaient en outre fixées quatre tours
émaillées, dont deux subsistent; la troisième est rem-
placée par une tour en cuivre; la quatrième manque.
Face antérieure; panneau inférieur : Au centre le Qirist
en croix, accompagné de la Vierge, de saint Jean, du
Soleil et de la Lune; le Christ manque. A droite et
à gauche, sous des arcades en plein-cintre, quatre apôtres
assis; deux manquent.
Toit : Le Christ de gloire, couronné, bénissant, accom-
pagné des symboles des Évangélistes. Â droite et à
gauche, sous des arcades en plein-cintre, quatre apôtres,
deux debout, deux assis.
Face postérieure; panneau inférieur : Sept apôtres debout
sous des arcades; l'un d'eux manque.
Toit : Au centre, sur une plaque rectangulaire servant
de porte à la châsse, la mise au tombeau de saint Dul-
cide, évêque d'Agen. A droite et à gauche, quatre apôtres
debout sous des arcades.
Pignon de droite : Deux apôtres assis sous des arcades
surmontées d'une troisième arcade abritant un ange à
mi-corps, les bras levés, les mains étendues; l'un des
apôtres manque.
Pignon de gauche : Même disposition qu'au pignon de
droite ; les apôtres ont disparu.
Sur la face antérieure, l'architecture et les person-
nages sont en relief et émaillés ; les symboles des Évan-
gélistes sont émaillés en plein, en relief, mais les cou-
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— 495 —
leurs ne sont pas séparées par des cloisons. Sur la face
postérieure les personnages sont gravés sur des plaques
rapportées et légèrement bombées, dont le fond est semé
de rosaces émaiUées; les têtes sont en relief et rappor-
tées, sauf dans la grande plaque qui occupe le centre
du toit. L'architecture est, en partie seulement, en relief.
Fonds de cuivre estampé; bandeaux ornés de cabochons.
XII* siècle. Longueur, 0"645; hauteur, 0"52.
Église de Ghamberet.
14. — * Grandb chasse.
Cuivre champlevé, émaillé et doré. En forme de mai-
son, surmontée d'une crête percée d'entrées de serrure
et gravée, terminée par deux épis en forme de ponune
de pin, cette châsse reposait autrefois sur des pieds
qui ont disparu, sans doute lors du transport des pla-
ques de cuivre sur une nouvelle âme de bois. Le coflEre
actuel est en acajou.
Face antérieure; panneau inférieur : Au centre, dans
une gloire en forme de vesica piscis^ cantonnée de quatre
anges vus à mi-corps, en relief, la Vierge, assise de face
sur un siège bas, nimbée et couronnée, vêtue de long,
tient une pomme de la main droite et soutient de la
gauche TEnfant-Jésus. Ce dernier porte dans la main
gauche un livre fermé, et fait de la droite un geste de
bénédiction. De chaque côté de ce médaillon central,
quatre apôtres debout, deux à droite, deux .à gauche,
sous des arcades en plein-cintre séparées par des tours
et soutenues par des colonnettes. Chacun des apôtres
tient un livre ouvert ou fermé.
Toit : Au centre, dans une gloire en forme de vesica
piscis, le Christ de gloire, couronné, assis et bénissant;
aux angles les symboles des quatre Évangélistes. A droite
et à gauche mêmes dispositions que dans le panneau
inférieur.
Architecture et gloires en relief et émaiUées de rin-
ceaux. Personnages de cuivre fondu, ciselé et doré appli-
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— «6 —
qués sur des plaques semées de rinceaux émaillés. Fond
de cuivre estampé pour cacher le bois de la châsse dans
les intervalles des plaques.
Face postérieure; panneaux inférieur et supérieur : Cette
partie est recouverte de plaques de cuivre estampé, sur
lesquelles sont symétriquement disposées quinze plaques
(la seizième manque) champlevées et émaillées représen-
tant les sujets suivants : La Flagellation. — La Cruci-
fixion. Le Christ est attaché par trois clous à la croix,
à gauche et à droite de laquelle se tiennent debout la
Vierge et TÉglise, saint Jean et la Synagogue. — Les
Saintes Femmes au Tombeau du Christ. — Un Ange
apparaissant à Savinien, compagnon de saint Yiance. —
Le Corps de saint Viance transporté dans un char traîné
par un ours et un bœuf. — Saint Yiance mis au tombeau
par Tévêque Rustique et Savinien. Au-dessus de ce der-
nier sujet sont tracées, sur un bandeau, les lettres sui-
vantes : SAINS MACNSA, dont on a tenté, sans succès,
de donner une explication satisfaisante. Personnages ré-
servés et gravés sur fond d'émail semé de rinceaux.
Pignons : A droite saint Pierre; à gauche un autre
apôtre debout, portant une banderole sur laquelle on
lit : TAOI. Personnages en cuivre fondu, ciselé et doré,
sur champ d'émail.
xiii* siècle. Personnages en relief faits très probable-
ment avec des moules fabriqués au xii* siècle. Hauteur,
0*59; Longueur, 0-82; largeur, 0*245.
Église de Saint- Viance.
Sur cette chasse, voyez Ferdinand de Lasteyrie, Notice sur la
Châsse de Saint- Viance ; Brive, 1859, in-8». — L'abbé J. Roux,
YInscription de SaintViance ; Tulle, 1881, in-18. — PP. Cahier et
Martin, NouveaiLX Mélanges d'archéologie. Ivoires, Miniatures,
Émaux, p. 151. Une gravure reproduit la translation de saint
Viance.
16. — Chassb.
Cuivre champlevé, émaillé et doré. Forme de maison,
avec pieds, pris dans les plaques de la caisse.
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— 497 —
Face antérieure; panneau inférieur : Trois anges à mi-
corps dans des médaillons circulaires, séparés par des
rinceaux.
Toit : Quatre rois mages; trois à cheval, le quatrième
à pied. Fond de cuivre gravé; cabochons.
Face postérieure; panneau inférieur : Deux anges à mi-
corps dans des médaillons circulaires.
Toit : La Vierge assise et l'Ënfant-Jésus ; un roi mage
à demi agenouillé ; Hérode assis sur un trône, couronné,
tenant un sceptre en main. Fond gravé ; cabochons.
Pignons : Saint Pierre et saint Paul debout.
Cette châsse se compose des fragments de deux châsses
différentes réunis sans ordre : les anges sont gravés et
réservés sur fond d'émail; les personnages du toit sont
en relief et émaillés et composaient deux scènes dis-
tinctes : TAdoration des Mages et les Mages devant Hérode.
XII* et XIII» siècles. Hauteur, 0*"21 ; largeur, 0*22.
Église de Laval, canton de Lapleau.
16. — Chassb.
Cuivre doré et argent. Châsse en forme d'église munie
d'un transept divisant la nef en deux parties égales.
Crête ajourée avec entrées de serrure. Sur l'âme en bois
sont clouées des plaques de cuivre doré, bordées de ban-
deaux de cuivre estampés de petits cercles concentriques
rapprochés les uns des autres. Au pignon du transept
on a fixé une figure du Christ de .majesté, assis sur un
siège sans dossier orné de deux rangs d'arcatures. Le
Christ bénit de la main droite, et de la gauche s'appuie
sur un livre fermé dont la reliure est ornée de filigranes
entourant un cabochon. Cette figure est en argent re-
poussé et plus ancienne que la châsse.
XII® et XIII' siècles. Les plaques de cuivre sont mo-
dernes.^ Longueur, 0"66; hauteur, 0'"61 ; largeur, 0"25.
Cathédrale de Tulle.
T. IX. 5-a
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— 498 —
17. — Chassb.
Cuivre doré et argent. Châsse en forme d'église munie
d'un transept divisant la nef en deux parties égales.
Crête découpée avec entrées de serrure. Sur Tâme en
bois sont clouées des plaques de cuivre doré, bordées de
bandeaux de cuivre estampé de petits cercles concen-
triques rapprochés les uns des autres. Au pignon du
transept est fixée une figure d'abbé en argent repoussé.
Il est représenté debout, tète nue, une crosse dans la
main droite, un livre fermé dans la gauche. A droite,
sur la châsse, une figure d'apôtre debout, en cuivre, en
relief et rapportée (xiii* siècle). A droite, une figure de
saint dont la tête a disparu; de la droite il bénit; de la
gauche il tient un livre. Cette dernière figure «est en
argent repoussé, ainsi que les symboles des Évangélistes
fixés sur le toit.
XII* et XIII* siècles. Les plaques de cuivre sont mo-
dernes. Hauteur, 0"61 ; longeur, 0"66; largeur, 0"25.
Cathédrale de Tulle.
18. — Chasse.
Cuivre champlevé, émaillé et doré. Forme de maison
posée sur quatre pieds carrés.
Face antérieure; 'panneau inférieur : Au centre, le Christ
en croix, entre la Vierge et saint Jean. A droite et à
gauche,* sous ^ux arcades en plein-cintre, deux apôtres
debout.
^ Toit : Quatre apôtres assis dans des médaillons en
forme de ve$ica piscis. Personnages réservés et gravés
avec tètes rapportées en relief sur fond d'émail.
Face postérieure : Un semis de rosaces.
Pignons : Deux apôtres debout sous des arcades en
plein-cintre. Personnages réservés et gravés.
Commencement du xiii*^ siècle. Hauteur, 0™175; lon-
gueur, 0°*205. •
Église Saint-Pierre de Tulle.
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— 499 —
19. — Chasse.
Cuivre champlevé et émaillé. Cette châsse affecte la
forme d'une église à une seule nef, coupée dans sa lon-
gueur en deux parties égales par un transept ; crête ajou-
rée à entrées de serrure, surmontée d'une pomme.
Face antérieure : Cinq figurines en relief, émaillées,
disposées deux sur le toit, trois sur la caisse, alternant
avec des cabochons sur un fond de cuivre gravé.
Face postérieure : Des rosaces blanches et vert-clair
sur fond bleu-cendré quadrillé; au pignon du transept
un ornement trilobé.
Pignons : Deux saints debout, réservés et gravés sur
fond bleu-cendré.
xiii« siècle. Haut., 0'»195; long., 0°'155; larg., 0"060.
Église de Saint- Pantaléon de Lapleau.
20. — Chasse.
Cuivre champlevé et émaillé. Forme de maison avec
pieds carrés et crête ajourée à entrées de serrure.
Face antérieure; panneau inférieur : Deux anges à mi-
corps dans des médaillons circulaires.
Toit : Trois anges à mi-corps dans des médaillons cir-
culaires.
Face postérieure : Figurines émaillées rapportées sur un
fond de cuivre guilloché, et disposées sous des arcatures
émaillées.
Pignons : Deux saints tenant un livre d'une main.
XIII* siècle. Haut., 0'"225; long., 0'"215; larg., O^OSO.
Église de Saint-Hilaire-Foissac.
81. — Chasse.
Cuivre champlevé et émaillé; en forme de maison,
elle repose sur quatre pieds pris dans les plaques de
la caisse.
Face antérieure; panneau inférieur : l'Adoration des
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— 500 —
Mages. La Vierge est assise, à droite, et porte sur ses
genoux TEnfant Jésus qui bénit les Mages.
Toit : Les rois mages, à cheval, se dirigeant vers Beth-
léem. Personnages gravés et réservés sur fond d'émail
semé de rosaces.
Face postérieure : Fleurons émaillés disposés en échi-
quier.
Aux pignons, deux apôtres.
XIII* siècle. Long., 0™i65; haut., 0™15; larg., 0°'65.
Église de Beaulieu.
88. — Chassb.
Cuivre champlevé et émaillé. Forme de maison repo-
sant sur quatre pieds carrés pris dans les plaques latérales.
Face antérieure; toit : Le proconsul Julius Silanus fait
décapiter sainte Valérie.
Panneau inférieur : Sainte Valérie, agenouillée, présente
sa tête à saint Martial, debout près d'un autel sur lequel
on voit un calice. A gauche, le bourreau faisant un geste
d'étonnement.
Face postérieure : Sur le toit, des rosaces disposées en
échiquier. Le reste manque. Aux pignons, deux apôtres
debout sous des arcades en plein-cintre.
Personnages réservés et gravés sur fond d'émail semé
de rosaces. Sur la face antérieure, les têtes sont en
relief et rapportées.
xiii* siècle. Hauteur, 0'"14; longueur, 0'"i25.
Église de Masseret.
83. — * Chasse.
Cuivre champlevé et émaillé. En forme de maison, elle
repose sur quatre pieds carrés pris dans les plaques de
la caisse. Crête ajourée ornée d'ouvertures en forme d'en-
trées de serrure, surmontée d'un bouton sur une haute
tige.
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— 501 —
Face antérieure; panneau inférieur : Sainte Catherine
conduite devant Tempereur par un soldat (voir la vi-
gnette ci-contre); le supplice de sainte Catherine.
Toit : Un abbé debout, la crosse en main, près d'une
église, parlant à quatre moines. (Voir le dessin ci-contre.)
Face postérieure : Le panneau inférieur a été coupé et
remplacé par un verre qui laisse voir des reliques de
saint Eutrope. Bordure composée de morceaux de mé-
daillons recoupés.
Toit : Le Christ, à mi-corps et bénissant, entre deux
anges; les trois personnages sont représentés dans des
médaillons circulaires.
Pignons : Saint Pierre assis et saint Paul debout. Per-
sonnages gravés et réservés sur fond d*émail.
XIII* siècle. Hauteur, 0"20; longueur, 0"23.
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— 502 —
Église de Noailles.
Sur cette châsse, voyez Ch. de Linas, La Châsse de Gimel, p. 52
et suivantes.
24. — * Chasse.
Cuivre champlevé et émaillé. Forme de maison; pieds
carrés pris dans les plaques de la caisse; crête à décou-
pages en forme d'entrée de serrure.
Face antérieure; panneau inférieur : Le Christ, à mi-
corps, dans une auréole elliptique, accompagné de deux
anges.
Toit : Trois anges à mi-corps, celui du milieu étant
renfermé dans un médaillon circulaire.
Face postérieure : Dessin quadrille et émaillé; le pan-
neau inférieur a été remplacé par un verre qui laisse
voir des reliques de saint Eutrope.
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— 503 —
Pignom : Deux apôtres. Personnages réservés et gra-
vés sur fond d'émail semé de rosaces.
XIII® siècle. Hauteur, 0™134; longueur, 0"135.
Église de Noailles.
86. — Ghassb.
Cuivre champlevé et émaillé. Forme de maison sur
pieds carrés et élevés. La (crête [manque. Les deux^grandes
faces et les pignons sont ornés d'anges à mi-corps dans
des médaillons. Personnages réservés et gravés sur fond
d'émail.
xiii® siècle. Hauteur, 0"12; Longueur, 0"16.
Provient de l'église de Ghanteix. — A M. Dufour, à Tulle.
26. — Chasse.
Cuivre champlevé, émaillé et doré. Forme de maison
sur pieds carrés élevés.
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— 504 —
La face antérieure est ornée d'anges à mi-corps dans
des médaillons circulaires. Le revers a disparu. Sur les
pignons saint Pierre et saint Paul.
Personnages réservés et gravés sur fond d'émail.
XIII* siècle. Hauteur, 0"»19; longueuv, 0"235.
Église de Grandsaigne.
27. — Ghàssb.
Cuivre champlevé, émaillé et doré. Forme de maison
sur pieds carrés; ctéte à découpages en forme d'entrée
de serrure.
Face antérieure : Même dessin sur le panneau inférieur
et sur le toit; au centre un médaillon ovale, émaillé,
portant une pierre montée en cabochon ; de chaque côté,
un ange à mi-corps se détachant sur fond bleu-lapis.
Face postérieure : Dessin quadrillé H émaillé.
Aux pignons, deux anges également à mi-corps, les
ailes relevées.
XIII* siècle. Hauteur, 0"140; longueur, 0"135; épais-'
seur, 0"055.
Appartient à M"* veuve Gouyon, à Brive.
S8. — Chàssb.
Cuivre champlevé et émaillé. Forme de maison sur
quatre pieds carrés. Crète ajourée à entrées de serrures.
Fcu^ antérieure : Six figurines émaillées en relief, rap-
portées sur un fond de cuivre gravé semé de cabochons.
Face postérieure : Cinq anges à mi-corps dans des mé-
daillons circulaires.
Pignons : Deux apôtres. Personnages réservés et gra-
vés sur fond d'émail.
XIII* siècle. Hauteur, 0"265; longueur, O^iSS.
Église de Saint-Merd-de-Lapleau.
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— 505 —
29. — Chasse.
Cuivre champlevé et émaillé. Forme de maison portant
sur quatre pieds carrés. Crête percée d'entrées de serrure
et terminée par deux petites pommes. Sur la face anté-
rieure, de cuivre gravé et doré, sont fixées six figurines
émaillées ; trois d'entre elles manquent. A la face pos-
térieure, sur le toit, un dessin quadrillé émaillé. Sur
les pignons, deux figures de saints.
xiii» siècle. Hauteur, 0™185; longueur, 0"125.
Ëglise de Ghamberet.
80. — * Chasse.
Cuivre champlevé et émaillé. Forme de maison sur
quatre pieds carrés. Crête ajourée à entrées de serrures
surmontée d'une pomme.
Face antérieure : Six figurines émaillées en bleu-clair et
vert, rapportées sur un fond der cuivre semé de cabochons
de verre.
Face postérieure : Fond guilloché et émaillé en bleu-
clair, sur lequel se détachent des rosaces vert-clair.
Pignons : Deux figures d'apôtres debout, nimbés, gravés
et réservés sur un champ bleu-clair, coupé par deux
bandes horizontales de couleur verte et semé de rosaces
et de losanges vert et blanc.
xiu* siècle. Haut., 0"165; long., 0-16; larg., 0"055.
A M. le chanoine Taiin, à Tulle.
81. — * Chasse.
En cuivre champlevé et émaillé, elle est en forme de
maison; elle est décorée de médaiUons inscrivant des
anges à mi-corps, réservés et gravés sur champ d'émail
vert-clair. Un fleuron, replié en forme d'S, sépare chaque
médaillon. Pieds en cuivre gravé continuant les plaques.
XIII* siècle. Hauteur, 0"13; longueur, 0"»14.
Église de Vigeois.
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— 506 —
32. — Chasse.
Cuivre estampé, avec appliques de cuivre champlevé et
émaillé ; soubassement taluté ; pieds cylindriques.
Face antérieure; panneau inférieur : Au centre, dans un
encadrement en forme de vesica piscis, est enchâssé un
médaillon circulaire représentant un ange à mi-corps,
réservé et gravé, niellé d'émail sur champ d*émail; à
droite et à gauche deux médaillons analogues.
Toit : Deux médaillons analogues séparés par un ca-
bochon.
Face postérieu/re et pignons : Disques ou rectangles de
verre de couleur, enchâssés en guise de cabochons, lais-
sant apparaître par transparence des dessins géométriques
tracés à la plume et à Tencre sur des morceaux de par-
chemin ou bien des morceaux d'étoffes. Bordures de grè-
netis. Sous la châsse une ouverture fermée par un
clanche. •
Fin du XIII® siècle. Hauteur, O^IS; longueur, 0'"23.
Église d'Orliac-de-Bar.
33. — Chasse.
Cuivre estampé avec appliques de cuivre champlevé et
émaillé. Soubassement taluté. Les pieds cylindriques que
Ton voit dans la châsse d'Orliac-de-Bar manquent ici,
mais les traces en sont visibles.
Face antérieure; panneau inférieur : Au centre, dans un
encadrement orné de grènetis, une plaque de cuivre
émaillé en forme de vesica piscis : Le Christ de gloire
entre l'A et l'û. Personnage réservé, gravé et niellé
d'émail sur champ émaillé. A droite et à gauche, des
cabochons.
Toit : Deux cabochons et un disque de verre plat.
Face postérieure et pignons : Cabochons et disques de
verre recouvrant des morceaux de basane rouge découpés
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— 507 —
à jour, en croix ou en rosace, appliqués sur un fond de
toile ou de feutre de couleur verdâtre.
Fin du XIII* siècle. Hauteur, 0""175; longueur, 0"25.
Église de Lafage.
34. — Chasse.
Cuivre champlevé, émaillé et doré. Forme de maison
portant sur quatre pieds carrés.
^tq^;*mi^lH£^^i^^^**Hr!^
Face antérieure : Deux rangs de figurines émaillées en
relief, et rapportées sur un fond orné de deux rangs de
fleurons émaillés séparés par un bandeau.
Face postérieure; panneau inférieur : De chaque côté
d'une ouverture ovale destinée à laisser voir la relique,
un large bandeau composé de quadrilobes accompagnés
de feuillages en plomb doré (xiv* siècle).
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— 508 —
Toit : Plaque émaillée ornée de rosaces disposées en
échiquier.
Pignons : Deux apôtres debout.
XIII® siècle, sauf les remaniements indiqués plus haut.
Hauteur, 0"18; longueur, 0»22; largeur, 0"080.
Église d'Obazine.
Publiée par M. Ernest Rupin dane le Bulletin de la Soc, arch.
de la Corrèze, t. II, t879-80, p. 461 et suiv. (eau-forte et bois), et
dans la Revue des Sociétés savantes, T*** série, t. IV, p. 246.
85. — Colombe eucharistique.
La colombe, de cuivre doré et émaillé, repose sur un
plateau circulaire en cuivre gravé, rattaché par quatre
chaînes à une couronne gemmée soutenue elle-même par
quatre chaînes réunies par un anneau. A Tintérieur du
couvercle, qui recouvre la pyxide ménagée dans le dos
de la colombe, est gravée la Main divine bénissante, en-
tourée d'un nimbe crucifère.
XIII* siècle. Hauteur de la colombe, 0"16; longueur, 0"24.
Église de Laguenne.
Publiée par M. Ernest Rupin dans le Bulletin de la Soc, arch.
de la Corrèze, t. VI, p. 556 (bois), et dans la Revue des Sociétés
savantes, 7-* série, t. IV, 1881, p. 240. Cette colombe a été re-
dorée, et la couronne qui la surmonte a été privée des tours qui
la décoraient autrefois ; en outre, la queue de l'oiseau a été mala-
droitement remontée à Tenvers.
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— 509 —
Colombe eucharistique (N' 35).
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— 510 —
36. — CUSTODÇ.
Cuivre jaune. Forme cylindrique, couvercle conique
orné de cabochons, terminé par un boulon à pans cou-
pés, autrefois surmonté d'une croix.
xiii« siècle. Hauteur, 0"092 ; diamètre, 0°»067.
A M. l'abbé Pau.
37. — Custode.
Cuivre champlevé, émaillé. Forme cylindrique; cou-
vercle conique terminé par une croix. La décoration
consiste en médaillons circulaires renfermant le mono-
gramme de Jésus (IHS) alternant avec des palmettes.
xiii® siècle. Hauteur, 0»"il ; diamètre, 0"060.
Église de Saint-Hilaire-Foissac.
38. — Custode.
Cuivre champlevé, émaillé. Forme cylindrique; cou-
vercle conique terminé jiar un bouton. La décoration
consiste en une course de rinceaux et de fleurons épar-
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— 511 —
gnés, sur champ d'émail bleu-lapis. Sur le couvercle,
trois bâtes rapportées et découpées qui sertissaient autre-
fois des 'cabochons.
XIII* siècle. Hauteur, 0"072 ; diamètre, 0"066.
A M. l'abbé Pau.
39. — CUSTODB.
Cuivre champlevé et émaillé. Foime cylindrique; cou-
vercle conique surmonté d'un bouton. La décoration con-
siste en médaillons circulaires inscrivant des croix à
branches égales, émaillées de blanc sur fond bleu-lapis.
Chaque médaillon est séparé du suivant par un rinceau.
Trace de pieds sur le fond.
XIII' siècle. Hauteur, 0"090 ; diamètre, 0"060.
A M. l'abbé Pau.
40. — CuSTODB.
Cuivre champlevé et émaillé. Forme cylindrique; cou-
vercle conique terminé par une boule que surmontait
autrefois une croix. L'ornementation se compose de cer-
cles inscrivant des marguerites émaillées de blanc sur
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— 512 —
fond rouge, alternant avec des palmettes réservées sur
fond bleu.
XIII» siècle. Hauteur, 0"092 ; diamètre, 0-060.
A M. le chanoine Talin.
41. — CUSTODB.
Cuivre champlevé et émaillé. Forme cylindrique ; cou-
vercle conique surmonté d'une croix. La décoration con-
siste en demi-cercles encadrant des médaillons circulaires
renfermant une fleur à quatre pélales émaillés de blanc.
L'intérieur de la custode est garni d'une calotte hémi-
sphérique.
XIII» siècle. Hauteur, 0»11; diamètre, 0°066.
A M. l'abbé Pau.
42. — * Custode.
En cuivre doré et gravé, elle est de forme hémisphé-
rique aplatie, et ses deux hémisphères sont réunis au
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CHASSE DE SAINT- VIANGE (N« 14).
SAINT VIANGE MIS AU TOMBEAU PAR l'ÉVÊQUE RUSTIQUE ET SAVINIEX
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EÏÏk^SMIÏi^*^^
»mviw,vAf3mvmÊmfmmffï!Nmmm
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PIED DE CROIX ÉMAILLÉ, A OBASINE (N* 9j.
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^^1 >/■
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BOITE AUX SAINTES HUILES, A SAINT- VIANGE (N* 68).
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— 513 —
moyen de charnières; un ornement perlé les borde, et
le chiffre IHS est inscrit dans un cercle sur Thémi-
sphère supérieur, que termine une longue tige conique
surmontée d'une croix. Le pied, très élevé et de forme
conique, est interrompu vers son milieu par un anneau
méplat.
XIV* siècle. Hauteur, 0"26.
Église de Vigeois.
T. DC h-0
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— 514 —
48. — Custode.
Argent en partie doré. Forme cylindrique; couvercle
conique terminé par un bouton. La décoration consiste
en médaillons quadrilobés renfermant des figures de pro-
phètes debout. Le bord supérieur de la pyxide est orné
d'un grènetis. Un grènetis semblable contourne le bord
f''^*/f^ ^^*
du couvercle au-dessous d'un découpage en forme de cré-
neaux, qui donne au monument Taspect d'une tour sur-
montée d'un toit conique.
Sous le fond est gravée l'inscription suivante en ca-
ractères gothiques :
MECIRE LOYS D AVBVCON EVECQVE DE TVLLE
LA (sic) MCCGCLXIX
xv« siècle. Hauteur, 0"086; diamètre, 0".065..
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' — 515 —
A M. le D' Faugeyron; provient de Mgr BerUaud, évoque de
Tulle.
L'inscription a été publiée par l'abbé Texier dans le Recueil des
inscriptions du Limousin, p. 261.
44. — * Grosse eucharistique.
En bois sculpté, cette crosse se compose d'une longue
hampe ornée de losanges, d'un nœud ou chapiteau cir-
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culaire décoré de chérubins, et d'une volute à feuillages
profondément découpés encadrant une grosse marguerite
épanouie.
xvii* siècle. Hauteur de la hampe, 1"68; hauteur de la
volute, i»33.
Église de Beaulieu.
Publiée par M. Ernest Rupin, Bulletin de la Soc. arch. de la
Corrèze, 1881, p. 499.
45. — Grosse eucharistique.
Cette crosse de bois se compose d'une hampe ornée
d'un dessin losange sculpté en relief; au centre et à
l'intersection des losanges, des marguerites. Du nœud de
forme sphérique s'élève une grande volute décorée de
feuillages profondément découpés.
XVII' siècle.
Église d'Auriac-Xaintrie. .
46. — * Ostensoir-reliquaire.
Cuivre champlevé, émaillé et doré. Cet ostensoir, dont
l'arrangement et une partie des éléments sont modernes,
se compose d'un cylindre horizontal dont la monture et
le pignon en cuivre qui le surmonte sont de travail mo-
derne. Le pied a été fabriqué au moyen d'un mors de
chape en forme de quadrilobe, posé horizontalement sur
quatre pieds en forme de griffes de lion. Sur ce mors,
des figurines de cuivre rapportées sur un fond d'émail
bleu semé d'étoiles d'or, représentent sainte Valérie pré-
sentant sa tête à saint Martial, debout près d'un autel.
Deux figurines de cuivre, fixées sur ce pied, servent de
supports à l'ostensoir : A gauche un ange debout; à
droite la Vierge, debout également, portant dans ses bras
l'Enfant- Jésus. Ces deux figurines sont de la même
époque que le mors de chape, c'est-à-dire du xiv« siècle.
Hauteur, 0"335; diamètre de la base, 0*122.
Église- d'Ëgletons.
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Publié par MM. L. Palustre et Barbier de Montault dans l'Or-
févreHe et VÈmaillerie limouainea, V* partie, pi. XXVI. Ces
auteurs, bien qu'en reconnaissant que ce reliquaire est composé
d'éléments disparates, ont voulu retrouver dans les figurines de
la Vierge portant l'Enfant-Jésus et de l'Ange, une représentation
inusitée de la scène de l'Annonciation. Cette explication, que la
présence de l'Enfant-Jésus rend inadmissible, était d'autant moins
nécessaire que la juxtaposition des deux figurines est l'œuvre
d'un artiste moderne.
47. — Buste-reliquaire de saint Martin.
Le saint porte la barbe courte et frisée ; ses traits sont
fortement accentués, les oreilles saillantes. Sur ses che-
veux frisés, disposés en couronne, . est posée une mitre
basse, exécutée en argent comme le chef. Cette mitre
est décorée, à sa partie antérieure et à sa partie posté-
rieure, de bandeaux d'émail translucide sur lesquels sont
représentés, dans des cercles entourant des quatrefeuilles,
des oiseaux dans différentes positions^ De chaque côté
du bandeau central de la mitre sont rapportés des émaux
en forme de trèfles, exécutés par le même procédé que
les autres. Les émaux employés sont le bleu, le rouge,
la couleur lie de vin, le vert et le jaune. Les soufflets
de la mitre, qui autrefois était complète, ont été arra-
chés, ainsi que trois des plaques d'émail qui en déco-
raient la partie postérieure.
Le visage est exécuté en argent repoussé et doré, et
date, ainsi que la mitre, du xiv* siècle. Quant au buste
revêtu d'une sorte de chape, il est en cuivre, gravé de
larges rinceaux imitant une étoffe damassée. Sur le de-
vant de la poitrine est fixée une agrafe de forme ovale,
ench&ssant un gros cabochon de cristal entouré de pierres
fausses. Ce buste date probablement de la fin du xv* siè-
cle ou du commencement du xvi*.
Hauteur, 0»38.
Ëglise de Soudeilles.
Publié par M. Ernest Rupin dans les comptes -rendus de la
6^ session des Sociétés des Beaux-Arts des départements à Ut
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Sorbonne, 1882, p. 108-121, et dans le Bulletin de U Société ar-
chéologique de la Corrèze, t. IV, 1882, p. 435*456 (eau-forte et
chromolithographie).
48. — * Ghef-rbliquaire de sainte Essence (?).
Ce chef, en cuivre estampé, ciselé et doré, représente
la sainte de face, les cheveux partagés sur le milieu
du front et retombant sur le cou. Le crâne, coupé un
peu au-dessus du front, s'ouvre à charnière et se ferme
au moyen de deux clavettes; il est percé, à son som-
met, de quatre trous circulaires disposés en croix, des-
tinés à laisser voir la relique. Le chef est fixé sur une
base talutée, dont les angles sont munis de pattes décou-
pées sur lesquelles étaient sans doute autrefois rivés des
pieds. Au-dessus de chacune de ces pattes est gravé un
ange à mi-corps dans un quadrilobe inscrit dans un
cercle. Sur la partie antérieure est gravée sur trois
lignes l'inscription suivante, en majuscules gothiques :
HIC EST CAPVT VNI(us) — DE VNDECIM MILIB(us)
VIRGINVM ET MARTIRV(m)
XIV* siècle. Hauteur, 0"31.
Église Saint-Martin de Brive.
Ce chef, défiguré par une série de couches de peinture moderne
qui en cachaient Tinscription, servait, il y a encore peu de temps,
à contenir des reliques de sainte Luce. Il est probable qu'il faut
y reconnaître le chef de sainte Essence qui se trouvait autrefois à
l'abbaye de Grandmont. On sait, en effet, que dans la distribution
du trésor de la célèbre abbaye, le couvent des Ursulines de Brive
reçut en partage le chef de sainte Essence, qui y est encore au-
jourd'hui conservé dans un reliquaire moderne. A une époque
qu'il est impossible de préciser, la relique a sans doute été sé-
parée du reliquaire, qui est resté en la possession de la prin-
cipale paroisse de Brive. Voyez abbé Tezier, Dictionnaire d'Orfé»
vrerie, col. 894.
40. — BUSTE-RBLIQUAIRB DB SAINT DuMINB.
y Le saint porte toute sa barbe, qui est longue, frisée,
et divisée en deux parties au menton. Ses cheveux, longs,
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BUSTE DE SAINT DUMINE (N- 49).
(rravure extraite «lo la (iazette des HonuxArls, 1887.
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sont relevés derrière les oreilles, tandis qu'une mèche
est roulée en boucle sur le front. La partie supérieure
du crâne, montée à charnière, sert de couvercle au reli-
quaire, qui repose sur un buste muni de trois pieds
en forme de griffes de lion. Ce buste, bordé d'un ban-
deau ajouré, est garni, à sa partie supérieure, de deux
orfrois, l'un quadrillé, l'autre orné de feuillages gravés.
Sur le devant de la poitrine est fixé un reliquaire de
forme circulaire, muni autrefois d'un couvercle retenu
par des charnières et des goupilles. A droite et à gauche
sont disposés, deux par deux, quatre écussons en argent
émaillé : l"" parti au 1 burelé d'argent et d'azur de dix
pièces, à la bande de gueules brochant sur le tout, qui
est Gimel; au 2 d'argent à trois chevrons de gueules.
2® parti au 1 coupé d'argent à la bande d'azur accom-
pagné de six roses de gueules (Beaufort), et coticé d'or
et de gueules (Turenne); au 2 de Gimel. 3<» de Gimel.
4"^ parti au 1 de Gimel, au 2 d'or à la croix engrelée
d'azur. — Argent repoussé et ciselé ; doré, pour la barbe,
les cheveux et les bandes d'ornements.
Première moitié du xv« siècle.
Église de Gimel ; provient de Saint-Étienne-de-Braguse.
Publié par M. l'abbé Poulbrière dans son travail intitulé : Pro-
menade à Gimel, Bulletin Monumental, Y* série, t. III, 1875.
planche. — Gazette des Beaux-Arts, 2- période, t. XXXVI, 1887,
p. 149.
60. — Ghef-rbliquaire de sainte Fortunaob.
La tête, légèrement penchée sur l'épaule gauche, est
encadrée par les cheveux, divisés sur le front et dis-
posés en bandeaux bouffants descendant le long des
joues. Les yeux, à demi-ouverts seulement, sont sensi-
blement relevés vers les tempes. La partie postérieure
du crâne, coupée suivant une section verticale, est mon-
tée à charnière. Bronze fondu, ciselé et étamé.
XV* siècle. Pied exécuté au commencement de notre
siècle. Hauteur du chef, 0"20.
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Ëglise de Sainte-Fortunade.
Publié dans la Gazette des Beaux-Arts, 2»« période, t. XXXVI,
1887, p. 153.
51. — Bras-reliquaire.
Ce reliquaire est de cuivre battu, gravé et doré. Le
bras est revêtu d'une manche d'aube passée par-dessus
une manche de tunique, munie au poignet d'un orfroi
gravé de rinceaux. L'aube, aussi bien que la partie infé*
rieure du bras, sont bordées d'un orfroi très large dans
lequel étaient sertis autrefois des cabochons. Toute la
manche est semée de rosaces gravées inscrites dans des
cercles, et sur l'un des flancs du bras s'ouvre une petite
fenêtre grillée. La main est bénissante.
xin* siècle. Hauteur, 0"50.
Église de Saint-Fréjoux.
58. — * Bras-reliquaire.
Reliquaire en cuivre battu, gravé et doré. La manche
de l'aube laisse apercevoir la manche de la tunique bor*
dée d'un ornement quadrillé inscrivant des fleurettes ; elle
est elle-même garnie, à son poignet et à sa base, d'un
large orfroi enchâssant des cabochons. Toute la manche
est semée de cercles gravés inscrivant des rosaces ou
des fleurs de lys épanouies; sur Tun des côtés se voit
une petite fenêtre munie de découpages en forme d'en-
trée de serrure. La main est bénissante.
XIII* siècle. Hauteur, 0"45. ^
Église de Vigeois.
53. — Bras-reliquaire de saint Émélien.
Formé de lames d'argent, le bras est entouré d'une
manche plissée, garnie, au poignet et à la base du
reliquaire, d'un bandeau de filigrane sertissant des cabo-
chons. Sur l'un des côtés de la manche est fixée une
plaque percée de trous ronds permettant de voir l'inté-
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— 52i —
rieur du religu&ire. La main est représentée bénissante ;
le médius manque.
xiii« siède. Hauteur, 0"56.
Église de Beaulieu.
Publié par M. Ernest Rupin dans le Bulletin de la Soc. arch.
de la Corrèze, t. IV, 1882, p. 25 (dessin).
64. — Bras-reliquairb de saints Félicité.
Exécuté au moyen de lames d'argent clouées sur une
&me de bois, ce bras est revêtu d'une manche ajustée,
terminée au poignet par une bordure quadrillée comprise
entre deux bandeaux ornés de filigranes et de cabochons.
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— 522 —
Sur la manche sont rapportés des médaillons d'argent
estampé et doré représentant des aigles éployés. A mi-
hauteur du bras s'ouvre une petite fenêtre ajourée qui
permettait d'apercevoir la relique. Entre le pouce et l'in-
dex est fixée une boule, sans doute une ponune. Le
médius manque.
XIII* siècle. Hauteur, 0"49.
Église de Beaulieu.
Publié par M. Ernest Rupin dans le Bulletin de la Société hi8t
et arch. de laCorrèze, t. IV, 1882, p. 25 (dessin).
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CHEF DE SAINTE FORTUNADE (N- 50).
Gravure extraite de la (iazatle des Beaux- Arts, 1887.
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— 523 —
55. — Bras-rbliquairb.
En cuivre battu, ciselé et doré, ce bras est recouvert
d'une manche d'aube, garnie, au poignet et le long de
la couture, d'un large orfroi orné d'une course de rin-
ceaux ciselés. Sous cette première manche apparaît le
poignet de la tunique, également bordé d'un orfroi.
A mi-hauteur du bras s'ouvre une petite fenêtre grillée
destinée à laisser voir la relique, que l'on introduisait
dans le reliquaire par le fond, monté à charnière. La
main est dans l'attitude de la bénédiction.
XIV» siècle. Hauteur, OHl.
Église de Ghamberet.
66. — * ViBRGB-RBLIQUAiRB.
Cuivre champlevé, émaillé et doré. Placée sur une
terrasse circulaire émaillée, montée sur quatre pieds, la
Vierge, couronnée et vêtue de long, est assise sur un
siège à dossier bas, orné de découpages en forme d'en-
trée de serrure; deux pommes garnissent les bras du
siège. De la main droite étendue, la Vierge tenait sans
doute une fleur; de la gauche, elle soutient sur ses
genoux l'Enfant-Jésus, couronné, vêtu d'une longue tu-
nique. De la main gauche il tient un livre fermé, et
de la droite fait un geste de bénédiction. Groupe champ-
levé et émaillé. Au revers du siège, une petite porte,
ornée d'un cabochon, servait d'entrée au reliquaire.
XIII* siècle. Hauteur, 0"*145.
A M"* de Lamasière.
67. <— Saint Gosmb ou saïst Dahibn, Statubttb-
rbliquairb.
Debout sur une base circulaire, sur le devant de la-
quelle est enchâssée un cabochon recouvrant une relique,
le saint, nimbé et imberbe, est vêtu d'une longue robe
et d'un ample manteau agrafé sur la poitrine. De la
main droite il tient une spatule, et de la main gauche
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— 524 —
une boîte de médicaments, de forme circulaire, divisée
eu compartiments par de petites cloisons.
Cuivre doré, zv* siècle. Base moderne. Hauteur de la
statuette, 0*23.
Église du Jardin.
S8. — Rbliquairi.
Ce reliquaire se compose de deux cylindres d'argent
de diamètres différents, superposés et entourés comme
d'un réseau d'une armature ajourée, formée de feuilles
d'argent doré plaquées sur des lames de cuivre rouge.
Ce réseau servait autrefois à retenir une étoffe ou un
parchemin lamé d'or, que M. Rupin y a vu il y a quel-
ques années. A la base du cylindre supérieur et autour
4iu couvercle plat, était enchâssé un* rang de perles fines
dont trois seulement subsistent. Sur le couvercle s'at-
tache une anse hémicirculaire tournant sur pivot, por-
tant à son point culminant une sorte de chaton sur
lequel est niellé un monogranune disposé aux extrémités
d'une croix centrale : A, E, T, A, O, T. — Pieds en forme
de boules au nombre de trois.
Travail byzantin. Hauteur, 0"177.
Ëglise de Beaulieu.
69. — Phylactère.
Ce reliquaire se compose d'une plaque en cuivre gravé
et doré, en forme d'amande, qui autrefois était dressée
-sur un pied par une de ses extrémités. La face est
divisée par deux lignes d'inscription en deux parties :
dans le haut on voit sainte Valérie à genoux, remettant
sa tète entre les mains de saint Martial qui, debout
près de l'autel, vêtu des insignes épiscopaux, nimbé, la
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— 525 -
bénit, tandis qu'elle reçoit également la bénédiction de
Dieu dont la main, entourée d'un nimbe crucifère, sort
des nuages. Dans le bas est représenté saint François
d'Assise, debout, nimbé, les mains étendues, levées,
marquées de stigmates. Près de lui, à gauche, se tient
sainte Glaire, également nimbée, à laquelle le saint
montre ses stigmates. Sur le bord de la plaque est gra-
vée l'inscription suivante :
lii DE TVNICA : BeatI : FRANCISCI : conFessoris :
ET : DE CAPILLIS : Elus : DE CAPILLIS : BeatE :
CLARE : VirGinIS : ET : DE TVNICA : ET : DE VELLO
Elus DE : TVNICA : BEATI : ANTONII : CONFESORis.
Au revers sont deux capsules placées Tune au-dessus
de l'autre, recouvertes de cabochons et renfermant des
reliques qui sont désignées par l'inscription suivante, .
gravée en cinq lignes sur les bords du reliquaire :
* SanCtl • MARCILIS (sic) : APostoLI « SanCtl • LAV-
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— 526 —
RENGII : MartiRIS || SancGtl il BLASII EPiscopI ET
MartiRIS iii SanCtl : GEORGII : MartiRIS || Sanai • NI-
GHOLAI • EPiscopI • SanGtl : GHristOFGRI : Marti-
RIS III SanGtE : PRISGE : VIRGinis : SanGtl SILVANI :
MartiRISIII SanGtE : MARINE : VIRGinis II SanGtE : GA-
TERINE : VIRGinis : ET : MartiRISIII SanGtE PETRO-
NILLe : SanGtE • VALERIE • VIRGinis : ET MARTIRIS :
SanGtl : PARDVLFI : conFessoris DE TVNIGA • BeatI :
lAGOBI : APostoLL
Seconde moitié du xiii* siècle. Haut., 0"165; larg., 0"118.
Église de Saint-Martin, à Brive.
Publié par M. Ernest Rupin dans la Revue des Sociétés sa-
vantes, 7-* série, t. V, 1881. »- Gazette des Be&yx-Arts, 2" pé-
riode, t. XXXVI, 1887, p. 148.
60. «— Reliquaire.
Ge reliquaire, en argent doré en partie, affecte la
forme d'une tourelle à huit pans, surmontée . d'un toit
également à huit pans. Quatre des côtés sont percés de
hautes fenêtres en arc brisé, divisées en deux parties
par des meneaux surmontés de guatre-feuilles. Sur les
quatre autres côtés sont simulées d'autres ouvertures
gravées. Pied cylindrique de forme conique, à tige in-
terrompue par un nœud sphérique côtelé. Sous le pied
est gravée à la pointe une inscription presque mo-
derne : R . DE . COYROUX. Ge reliquaire provient du
couvent de Coyroux, près d'Obazine.
XIV* siècle. Hauteur, 0*26.
Église Saint-Martin, à Brive.
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— 527 —
Reliquaire (N* 60).
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— 528 —
61. — MONSTRANCE.
Elle affecte la forme d'un édicule à six pans, sur-
monté d'un toit conique très élevé, terminé par une
croix et formant couvercle. Les pans de Pédicule sont
percés d'ouvertures en forme d'entrée de serrure et de
points, entre lesquelles sont gravées des rosaces. Sur le
toit sont figurées des tuiles rectangulaires et en forme
d'écaillés. Du pied circulaire naît une tige très élevée et
très élancée, et interrompue par un nœud méplat.
Cuivre gravé et doré, xiii» siècle. Hauteur, 0""30.
A M. rabbé Pau.
68. — * MONSTRANGB.
Elle affecte la forme d'un édicule cylindrique, sur-
monté d'un toit pointu terminé par une croix et flanqué
de quatre contreforts que couronnent des pinacles fleu-
ronnés. Le cylindre, autrefois de cristal, a été remplacé
par un cylindre de cuivre. L'édicule repose sur une tige
à quatre pans, interrompue par un nœud prismatique
naissant d'une base à huit redents, quatre en forme
d'arc en tiers-point, quatre en angle aigu. Sur ce pied,
de cuivre doré comme le reste du monument, sont fixés
quatre quatre-feuilles émaillés alternant avec quatre écus-
sons, également émaillés. Voici la description des sujets
ou des armoiries représentés sur ces pièces de rapport :
saint Georges à cheval et armé de toutes pièces, por-
tant un écu chargé d'une croix, perce le dragon de sa
lance. — D'or à deux lions léopardés de gueules, l'un
sur l'autre, brisé d'un lambel de cinq pendants (Com-
born). — Vergeté d'or et de gueules au chef d'azur. —
Combom sans lambel. — De gueules à la bande d'or
accompagnée de six roses d'or rangées en orle; sans
doute pour « d'argent à la bande d'azur accompagnée
de six roses de gueules rangées en orle » (Beaufort). —
Losange de gueules et d'or. — D'azur à la bande d'or.
— D'azur au d'or accompagné de six pièces indé-
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— 529 —
terminées d'or rangées en orle. — D'azur au lion d*or.
— De gueules aux trois croissants d*or (?). — Gomborn. —
Comborn avec lambel.
Cuivre doré et émaillé. xv« siècle. Hauteur, 0'"52.
Église de Beaumont, canton de Seilhac.
63. — MONSTRANCB.
La monstrance, posée horizontalement, consiste en un
cylindre aujourd'hui de métal, jadis de verre, fermé à
ses extrémités par des montures de cuivre gravé; Tune
des extrémités s'ouvre à charnière; sur l'une est gravé
un ange à mi-corps; sur l'autre une flamme. Au-dessus
de ce cylindre se dresse une pièce de métal en forme
de pignon flanqué de deux contre- forts ; une croix sur-
montait autrefois ce pignon, percé en son centre d'une
ouverture circulaire formant reliquaire, qu'entourent des
trèfles et des quatre-feuilles découpés à jour. La tige,
de forme cylindrique, interrompue par deux anneaux et
un nœud à pans coupés, naît d'une patte à six pans
décorée d'ornements gravés de style gothique.
Cuivre gravé et doré. xv« siècle. Hauteur, 0"275.
Église d'Orliac-de-Bar.
64. — Monstrance.
-En cuivre doré, elle afifecte la forme d'une maison
couverte d'un toit à deux rampants, percée d'ouvertures
en forme d'entrées de serrure. Sur le toit repose un
clocher conique surmonté d'une grande croix. Sur chaque
pignon est gravé le monogramme du Christ. Cette mons-
trance devait autrefois reposer sur un pied.
Cuivre doré. xv« siècle. Hauteur, 0"21.
Église de Gimel.
66. — Monstrance.
Édifice de style gothique flamboyant, plus long que
large, flanqué de contre-forts, surmonté d'arcs en acco-
T. IX 5-iO
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— 530 —
lade et terminé par une flèche que dominait autrefois
une croix. Sur les grandes faces de cet édifice en cuivre,
gravé d'un dessin échiqueté, sont percées deux ouvertures
circulaires destinées à recevoir une fermeture en verre.
Pied barlong à pans coupés inscrivant un second pied
conique, d'où naît une tige à six pans interrompue par
un nœud prismatique orné de médaillons gravés.
Cuivre doré. Fin du xv« siècle. Hauteur, 0'"28.
Église de Darazac.
66. — MONSTRANCE.
Édifice à quatre pans, plus long que large, muni aux
angles de colonnes annelées formant contre-forts et sur-
montées de pinacles. Sur ces colonnes repose un toit,
ou plutôt un dais dessiné suivant des arcs en accolade ;
sur ce dais se dresse un crucifix, dont les bras sont
terminés par des trèfles. Pied à huit redents inscrivant
un second pied circulaire orné de rayons gravés. La
tige cylindrique est munie, à sa base, d'une couronne
fleurdelisée, et interrompue par un nœud hémisphérique
également orné de rayons. Les petits côtés de la mons-
trance sont fermés par des plaques de métal gravé d'un
dessin échiqueté dont les carreaux, alternativement dorés
et argentés, répondent sans doute au travail vairé men-
tionné dans certains inventaires.
Cuivre gravé, doré et argenté. Commencement du xvi*
siècle. Hauteur, 0'"295.
A M. le curé de Saint- Victour, aujourd'hui à Tudeils.
67. — Navette.
Cuivre champlevé, émaillé. Navette de forme elliptique
montée sur un pied bas. Sur le couvercle, qui s'ouvre
en deux parties égales, sont représentés, dans deux mé-
daillons circulaires, deux saints à mi-corps, réservés et
gravés sur fond d'émail. Les extrémités du couvercle
sont relevées et terminées par des têtes de serpent. Sur
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— 531 —
le pourtour de la navette, un bandeau orné de rinceaux
gravés.
xui* siècle. Hauteur, 0'"60; largeur, O^^ieS.
Église de Soudeilies.
68. — * BOITB AUX SAINTES HUILES.
Cuivre champlevé, émaillé et doré. Cette boîte, rectan-
gulaire, repose sur quatre pieds bas en forme de boule;
elle est fermée par un couvercle en forme de pyramide
tronquée, à quatre pans, surmontée d'une grosse boule
fichée sur une base conique. La décoration de la boîte
consiste en huit bustes de saints, deux sur chaque face,
gravés et réservés, avec têtes en relief rapportées, ins-
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— 532 —
crits dans des médaillons à champ émaillé. Sur le cou-
vercle, quatre anges à mi-corps, gravés et réservés, avec
têtes rapportées. A l'intérieur de la boîte, on voit un
double fond composé d'une plaque de cuivre percée de
trois trous circulaires, destinés à recevoir les trois am-
poules pour les saintes huiles.
xiii« siècle. Haut., 0°140; larg., 0-090; long., 0-120.
Église de Saint- Viance.
Publiée par M. Ernest Rupin dans le Bulletin de la Soc. arch.
de la Corrèze, t. III, 1881, p. 27 et suiv. (eau-forte).
69. — Boite aux saintes huiles.
Cuivre champlevé, émaillé et doré. Cette boîte est en
forme de maison et repose sur quatre pieds carrés; la
pente du toit qui forme couvercle est un peu plus courte
sur la partie antérieure que sur le revers, et à l'inté-
rieur se voient encore les crans d'arrêt pour maintenir
le double fond destiné à recevoir les ampoules, éur la
partie antérieure sont figurés quatre anges à mi-corps,
dont deux sont couronnés, gravés et réservés sur fond
d'émail; têtes en relief. Ces figures d'anges sont ins-
crites dans des médaillons circulaires sur le toit, et
dans des médaillons en forme de vesica piscis sur la
boîte. Aux pignons deux médaillons analogues, mais
sans têtes rapportées, et deux gros fleurons. Revers orné
de losanges encadrant des rosaces. Crête en cuivre figu-
rant deux serpents adossés.
xiii^ siècle. Hauteur 0*130; longueur, O^IOS.
Église de Neuville.
70. — La Vierge et l'Enfant Jésus.
Ce groupe se compose de plaques d'argent battu et
repoussé, appliquées sur une àme de bois. La Vierge,
assise de face sur un siège bas, orné de bordures d'oves,
est vêtue de long et couronnée. Sa robe longue laisse
apparaître ses pieds, chaussés de souliers pointus, qui
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— 533 —
posent sur un coussin ; un voile couvre à moitié ses che-
veux, et un manteau est agrafé sur son épaule droite.
De la main droite, tendue en avant, elle tient une sorte
de cylindre creux destiné à recevoir sans doute une
tige de fleur. De la gauche elle soutient l'Enfant Jésus,
assis, de face, vêtu d'une tunique et d'un manteau.
De la main gauche il s'appuie sur un livre ouvert
sur lequel on lit IHS XPS; de la droite, complètement
ouverte et levée, il fait un geste de bénédiction. L'En-
fant Jésus, comme la Vierge, portent des couronnes d'or-
fèvrerie, sortes de larges bandeaux ornés de filigranes,
de pierres gravées et de camées antiques. Un autre
camée est fixé sur la poitrine de la Vierge.
xn« siècle. Hauteur, 0"61.
Église de Beaulieu.
Publiée par M. Ernest Rupin dans le Bulletin de la Soc. arch.
de la Corrèze, t. II, 1879-80, p. 231 et suiv. — L. Palustre, Bulletin
Monumental, 1880, p. 597 et suivantes (planche). — R. de Lasteyrie,
Revue des Sociétés savantes, !*• série, t. III, année 1881, p. 270 et
suivantes (grav.).
71. — Statuette de saint Clair.
Cuivre fondu, ciselé et doré. Figure d'applique prove-
nant d'une châsse, fixée sur un reliquaire moderne de
forme rectangulaire. Le saint évoque est représenté de-
bout, de trois quarts à gauche, vêtu de ses ornements
épiscopaux, la mitre en tête, la barbe et les cheveux
longs et frisés. De la main droite il bénit.
XIV' siècle. Hauteur de la statuette, 0'"28.
Cathédrale de Tulle.
72. — Guillaume III, prieur de Grandmont (1245-
1261).
Le prieur est représenté debout et de face sous une
arcade en plein-cintre. Il est imberbe, tonsuré, vêtu de
l'aube et de la dalmatique; de la main gauche, au poi-
gnet de laquelle on voit le manipule, il tient un livre
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^ 534 -
fermé; de la droite il fait un geste de bénédiction.
Applique en cuivre fondu ciselé et doré. Fond émaillé
semé de rosaces et divisé par des bandes de cuivre
réservées et guillochées, sur lesquelles est émaillée Tins-
cription suivante :
GVI — LELM(us) Il P — RIOR || GRAN — DI || MON — TIS
Derrière la tète du personnage, une grande rosace res-
semblant à un nimbe.
XIII* siècle. Hauteur, 0*142.
A M- X., à Tulle.
Objets perdus, vendus ou brisés.
BoRT. — L'église de cette ville a possédé, jusqu'à la
Révolution, une châsse d'argent contenant le corps de
saint Germain, patriarche de Constantinople, enlevée par
les croisés en 1204. Abbé Texier, Dkt, d'Orfèvrerie, col. 966.
Brive. — Calice ou reliquaire offert par Valentinien III,
ainsi que le prouvait l'inscription suivante : VALENTI-
NIANVS AVGVSTVS DEO ET SANCTO MARTINO,
MARTYRI BRIVENSI VOTVM VOVIT ET REDDIDIT.
— Abbé Texier, Dictionnaire d'Orfèvrerie^ col. 938. — Cet
objet d'art est ainsi décrit dans Leymonerie, Histoire de
Brive^la^Gaillarde et de ses environs^ recueillie successivement
par quatre citoyens de cette ville. Brive, Crauffon, 1810,
in-8^, p. 188 : « L'empereur Valentinien III, attribuant
» une grande victoire à l'intercession de saint Martin,
» fit de riches présents à son église l'an 425, entre
» autres d'un reliquaire en argent renfermant une coupe
» en marbre qu'on disait avoir servi à la Cène du Sau-
» veur. On lisait tout ce récit en caractères antiques sur
» une des six glaces du reliquaire. Il a été enlevé durant
» l'anarchie de la Révolution, ainsi que le superbe buste
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-535 —
» du saint, en vermeil orné de pierres précieuses, offert,
» selon la tradition, par saint Éloi, natif de Limoges. »
— Marvaud (Histoire du Bas-Limousin, t. I, p. 43) parle de
ce cadeau, qu'il fait remonter à Tan 437, et le trans-
forme en un calice d'or avec sa patène.
Brive. — Buste d'argent, en partie émaillé, qui ren-
fermait les reliques de saint Martin, patron de Brive. Ce
buste, était attribué à saint Éloi.
Desmarets et Turgot, Éphémirides de la Généralité de
LimogeSy 1765, p. 107. « On voit, dans le trésor de la
» collégialle, une châsse, c'est-à-dire un buste très bien
» fait d'un saint Martin, jeune homme de vingt-cinq ans,
» et qui subsiste aujourd'huy. Cette châsse est bien an-
» cienne : le peuple la croit de la façon d& saint Éloi.
» Un titre de l'an 900 a pour sceau les armes de la ville
» (de Brive), et ce sceau est un buste de saint Martin...
» Ce sceau est exactement et trait pour trait la repré-
» sentation de la châsse que l'on voit aujourd'huy, ce
» qui suppose qu'elle existait longtems auparavant.
» On voit dans la même église collégiale une coupe
» d'un travail assez grossier et d'une forme fort simple,
» un peu mu[ti]lée, qu'on croit avoir servi à N. S. dans
» la cène qu'il fit avec ses apôtres. Cette coupe est d'une
» pierre de sable grise, semblable à celle qu'on trouve
» aux environs de Brive et qu'on nomme brasier... En
» 1673, on l'enferma dans un reliquaire d'argent devant
» lequel on plaça une inscription latine, qui renferme
» toutes ces prétentions et tous ces faits. » — Abbé
Texier, Dict. d'Orfèvrerie, col. 936 et 938.
CoRRÈzE. — Une châsse émaillée. Abbé Texier, Les Os^
tensions en Limousin, Annales archéologiques, t. XV, p. 295.
Égletons. — Pied de chandelier d'autel triangulaire et
en forme de pyramide tronquée. Il repose sur trois grififes
de lion, ciselées, sortant de la gueule d'animaux fantas-
tiqu3S. Chacune de ses faces est ornée de rinceaux ter-
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— 536 —
minés par des fleurons émaillés se détachant sur un fond
bleu-lapis. Ces rinceaux encadrent des médaillons circu-
laires, dans Tun desquels on voit la Vierge à mi-corps,
nimbée, vêtue de long, portant une palme; le visage et
les mains sont gravés; les vêtements, ainsi que le fond,
sont émaillés. Sur le fond est réservé un bandeau de
cuivre sur lequel on lit : AVE MARIA. .
XIII* siècle. Hauteur, 0"10; largeur, 0"18.
Vendu en 1882.
Lagubnnb. — Châsse de saint Calmine. En cuivre
champlevé, émaillé et doré, cette châsse affecte la forme
d-une église dont la nef est divisée en deux parties
égales par un transept. Sur l'extrémité du transept, sur
la face principale, est fixée une figure du Christ de
gloire, assis, couronné et bénissant. A droite, sous une
arcade simulée, saint Calmine debout, nimbé et tenant
un livre; à gauche, saint Martin debout, nimbé, mitre,
tenant une crosse de la main gauche, et faisant de la
droite un geste de bénédiction. Sur le toit, deux anges
thuriféraires. Figures en cuivre doré, en relief, appliqué
sur un champ émaillé. Aux pignons, saint Pierre et
saint Paul debout. Crête percée d'entrées de serrures,,
surmontée de cinq épis de faîtage en cristal de roche.
XIII» siècle. Haut., 0»60; long., 0"69; larg., 0"20.
Ancienne collection Soltykoff, n* 141 du Catalogue de vente.
Gravée dans Cahier et Martin, Nouveaux Mélanges d'archéo-
logie; Ivoires, Miniatures, Émaux, p. 147. — Viollet-le-Duc, Dic-
tionnaire du Mobilier, t. I, p. 71-72.
Le Saillant. — « Un précieux calice contemporain des
croisades. » Abbé Texier, Notice sur Us Émaux de Limoges,
Bulletin Monumental, t. VI, p. 52.
Obazinb. — Croix processionnelle composée de mor-
ceaux de cristal de roche. Provenant peut-être de Grand-
mont. Voyez abbé Texier, DicL ^Orfèvrerie, col. 890.
Brisée depuis plusieurs années. Les fragments existent.
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— 537 —
Pérbt. — Châsse émaillée. Abbé Texier, Les OsUnsions
en Limousin, Annales archéologiques^ t. XV, p. 295.
Sainte-Fortunadb. — Reliquaire en argent. Abbé Texier,
Les Ostensions en Limousin^ Annales archéologiques^ t. XV,
p. 295.
Saint- Vi ANGE. — Reliquaire en argent du chef de saint
Viance, don du marquis du Saillant. — Ferdinand de
Lasteyrie, Notice sur la chasse de Saint-Viance, p. 16.
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LES
wm YUmmm
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L'ÉPOQUE GALLO-ROMAINE
A iWmm DE TDUE
Sans offrir au public le môme attrait que les
beaux objets d*orfévrerie et d'émaillerie si bien
décrits par M. Molinier, les restes de l'industrie
des premiers habitants de la Corrèze et les ves-
tiges de répoque romaine devaient avoir une
petite place dans les salles de l'Exposition. Pour
ce qui me concerne, cédant à de flatteuses ins-
tances, j'y ai envoyé un certain nombre de spé-
cimens de la période paléolithique, choisis dans
ma modeste collection, et divers objets des pé-
riodes suivantes, en les accompagnant de quel-
ques termes de comparaison pris dans des séries
étrangères au département.
Tous ces objets sont disposés à plat dans une
vitrine et sur des cartons blancs; chaque série
est accompagnée d'une petite légende manuscrite
indiquant l'époque et la provenance spéciale. En
outre, une légende synoptique, avec explications
préliminaires faisant connaître la classification gé-
néralement adoptée, celle de M. de Mortillet^ est
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— 540 —
imprimée sur une pancarte appendue à la vitrine,
pour Tédification du public (1).
L'époque chelléenne est représentée par un cer-
tain nombre de haches ^n silex dont trois pro-
viennent de la station de Ghez-Pourret, deux de
Ressaulier, et cinq de quelques petits plateaux
voisins; comme terme de comparaison, une hache
de Saint-Acheul, bien authentiquSj figure à côté
des autres.
L'époque moustérienne est représentée par une
série de pointes et de râcloirs recueillis, le plus
grand nombre à Ghez-Pourret, quelques spéci-
mens sur le plateau de Ressaulier. Des pointes
et des râcloirs de la station-type, le Moustiers,
accompagnent les échantillons provenant de nos
gisements.
Le plateau de Ressaulier et les grottes de la
vallée de Planche-Torte ont fourni d'épais grat-
toirs qu'on peut, ce me semble, considérer comme
des types de transition. Ce n'est plus le râcloir
moustérien, ce n'est pas encore le grattoir mag-
dalénien.
L'époque solutréenne est bien faiblement repré-
(1) En voici un simple résumé :
l'* PÉRIODE, DITS PALBOLITHIOUB
Époque chelléenne, station-type : Ghelles (Seine-et-Marne).
Époque moustérienne, station-type : Le Moustiers (Dordogne).
Époque solutréenne, station-type :-Solutré (Saône-et-Loire).
Époque magdalénienne station-type : La Madelaine (Bordogn^).
2'"* PÉRIODE, DITE NÉOLITHIQUE
Ateliers en plein air, dolmens, premières stations lacustres.
3* AOE DU BRONZE, PREMIER AGE DU FER
Quelques dolmens, stations lacustres, tumulus, etc.
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— 541 —
sentée chez nous; quelques pointes recueillies à
Champs, et c'est tout! Les plus belles pièces n'y
ont même pas été trouvées par moi ; mais enfin
j'ai mis ce que je possède en compagnie de quel-
ques pointes de Solutré et de Laugerie- Haute.
Quant à l'époque magdaléniejine, nos grottes
de Goumbo-Negro, de Champs, du Raysse, des
Morts, de Tessoniera, situées dans le vallon de
Planche-Torte, celle de Puy-Jarige (vallon de la
Courolle), du Puy- de -Lacan (vallée de la Cor-
rèze), ont fourni une ample moisson de lames,
de grattoirs, de perçoirs, etc., et des spéoimens
provenant de toutes ces habitations de l'homme
primitif aux environs de Brive figurent à l'Expo-
sition. J'y ai joint une série de silex de la grotte
de Pouzet, commune de Terrasson, dans la Dor-
dogne, mais bien près deâ frontières de la
Corrèze !
Comme termes de comparaison, quelques lames
et grattoirs de la Madelaine et de Laugerie-Basse,
voir môme une ou deux lames en obsidienne du
Mexique; et l'industrie de l'os faisant complète-
ment défaut chez nous (la nature de notre ter-
rain, dépourvu de sels calcaires, s'opposant à la
conservation des ossements), j'ai cru devoir expo-
ser aussi une petite gravure sur os, inédite par
parenthèse, venant de la Madelaine, et une autre
assez informe venant de Laugerie-Basse; plus une
petite série d'instruments en os et en bois de
renne. Mais..., je suis bien loin d'être aussi riche
en objets de ce genre que notre excellent ami
Élie Massénat!
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— 542 —
Passons maintenant à Tindustrie de la période
néolithique; voici d'abord quelques pointes de
flèches en silex, à ailerons et pédoncule médian;
mais une seule de celles-*ci a été trouvée dans les
environs de Brive, non loin de la grotte de
Coumbo-Negro. Une pointe en obsidienne, du
Mexique, figure à côté des nôtres, à cause de
l'analogie qu'elle offre avec elles.
Cette période est beaucoup moins bien repré-
sentée dans la Corrèze que la période paléoli-
thique; peu de haches en pierre polie. En voici
trois, dont une recueillie aux environs d'Uzerche
(arrondissement de Tulle), une autre près de
Cublac (canton de Larche, arrondissement de
Brive), et une troisième, fragmentée, près de la
Pigeonnie, commune -de Brive. Un manche la-
custre (Neuchâtel) en bois de cerf est placé à côté
de ces haches.
Viennent enfin, pour donner une idée de la
métallurgie pré-historique, quatre haches en
bronze, quelques objets lacustres (du Bourget) et
trois des anneaux en bronze (premier âge du fer)
trouvés dans le tumulus du Puy de la Païen,
commune de Saint-Sernin-de-Larche (Corrèze) (1).
Les haches en bronze sont, et pour cause, étran-
gères à notre département.
La période néolithique est encore représentée à
Tulle par les objets suivants, appartenant à di-
vers, et placés çà et là sous des vitrines :
1** Hache en roche amphibolique, longue de
(1) Matériaux pour Vhist. de l'homme, 1870-71, page 403.
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— 543 —
trente-'Cinq centimètres^ recueillie aux environs
de Gimel, canton de Tulle. (Cette magnifique
pièce est exposée par M. le chanoine Talin.)
2"* Hache en silex blond, en parfait état, longue
de vingt centimètres, et trouvée au Puypavé, com-
mune de Pandrignes, canton de Tulle. (Exposée
par M. le curé Faurie.)
3^ Hache en silex blanchâtre, longue de quinze
centimètres, trouvée à Sarroux, arrondissement
d'Ussel. (Appartient au Musée de Brive.)
4** Hache en silex blond, longue de quinze
centimètres, trouvée aux Fourches, conomune de
Seilhac, arrondissement de Tulle. (Ancienne col-
lection de feu Mathieu Borie, à Tulle.)
5** Hache en roche serpentineuse , longue de
huit centimètres, trouvée près de Tulle. (Môme
collection.)
go 70 go Haches sans indications de provenances
ou étrangères à la région. (Môme collection.)
9^ Fragment de hache muni du tranchant,
trouvé près de Cayenne, commune de Naves,
canton de Tulle. (Sans nom d'exposant.)
Grâce à la remarquable collection de notre col-
lègue M. Joseph Soulingeas on peut, .à l'expo-
sition de Tulle, faire toute une étude d'ethno-
graphie comparée. Cette collection a été formée
par M. Soulingeas à la Nouvelle-Calédonie; les
haches en pierre, emmanchées ou non, y figurent
en grand nombre avec de nombreux casse-tôtes
en bois, des sagaies, des pierres de fronde, des
frondes, des peignes en bois, un masque de
guerre, des couteaux en coquillage (ce sont des
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— 544 —
valves de coquilles tranchantes), d'autres coquil-
lages ayant servi de bracelets et de colliers, que
sais-je encore! Enfin, l'on peut dire que toute
l'industrie des Canaques est représentée dans la
collQction Soulingeas.
A ces divers objets sont jointes des photo-
graphies d'homnies, de femmes, de groupes
indigènes, etc. Citons, en terminant, un crâne
d'homme qui porte la trace d'un coup de hache
sur un des pariétaux; et il est facile de voir
que l'individu n'est pas mort des suites de cette
blessure.
La grande vitrine que remplit la collection Sou-
lingeas est à côté de celle où se trouvent les
silex des environs de Brive et les termes de
comparaison qui les accompagnent.
Un rapide coup d'œil, à présent, aux souve-
nirs de l'époque gallo-romaine.
Les objets qui la rappellent ne sont pas en
nombre et il n'y a pas lieu de s'en étonner, vu
leur rareté dans la Corrèze, et la fragilité de la
plupart d'entre eux rendant leur transport difficile.
La numismatique est pourtant bien représentée
par les médailles exposées par M. l'abbé Pau; lui
seul pourrait en dresser le catalogue. Quelques-
unes ont toutefois été publiées dans le Bulletin,
entre autres deux monnaies de Néron que nous
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— 545 —
reproduisons ici : "la première est un aureus
trouvé sur le territoire de la commune de Saint-
Fréjoux, canton d'Ussel (v. tome I, p. 593); la
seconde, en potain, offre la double effigie de
Néron et de Poppée; elle a été recueillie à Tulle,
rue de la Barrière (v. tome VI, p. 617).
La vitrine réservée à M. Guillot (produit de
fouilles faites à Tintignac) contient également une
quinzaine de monnaies, dont un bel aureus d'An-
tonin et des bronzes d'Hadrien, de Commode, de
Gallien, des deux Tétricus, et de Crispus, fils du
grand Constantin et de sa première femme. Avec
ces monnaies, M. Ouillot a exposé : lûie fibule
en bronze; des 'débris de fer dont une clé; des
tessons de vases en terre rouge lustrée avec figures
en relief; des fragments de statuettes en calcaire
oolithique; des morceaux de marbres multico-
lores; des lambeaux d'un revêtement décoré de
peintures murales; enfin, un plan des substruc-
tions découvertes à Tintignac, soit antérieurement
T. DC.
S-ii
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LAMPE DE GOISSAC
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— 547 —
à ses fouilles, soit au cours de celles qu'il a fait
exécuter en 1884(1).
Mentionnons enfin, parmi les restes d'industrie
de l'époque romaine, quelques lampes en terre
cuite disposées çà et là. Voici, d'après un dessin
de M. l'abbé Faurie, une gravure représentant
une jolie lampe appartenant à M. Loubignac, an-
cien magistrat, et trouvée dans une sépulture à
Goissac, canton de Bugeat(2). Les autres ne por-
tent pas indication de leur provenance.
Philibert Lâlande.
(1) Voir le travail d'ensemble que j'ai publié sur Tintignac, t. VII
de notre Bulletin, p. 631-713, avec plans et iigurcs dans le texte.
M. Guillot a tenu à voir figurer un exemplaire de mon tirage à
part sous la vitrine contenant les plans et objets exposés par lui;
je l'en remercie de nouveau ici.
(2) J'ai publié une note sur cette lampe dans le tome IV de notre
Bulletin, p. 355-362.
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SIMPLES NOTIONS
D'ANCIEUE GtOfiMPHIE BAS-LUOIISINK
Avec leur application, soil aux Cartulaires de Tulle et de Vigeois
soit au Cartulaire de Beaulieu
MAIS PLUS PARTICULIÈREMENT POUR CE DERNIER, AUX
IDENTIFICATIONS DE M. DELOCHE, DE L*IN8TITUT
Suite (1).
CHARTE XGIX. — In villa Inmont. D. Ymont (Saint-
Martin-la-Meanne ou Bassignac-le-Haut}.
Champeval, le prieuré 4ie Mons (Darazac), dépendant de
Beauliei}, sans date, vers t450 (titres de M. de Cantines).
Du reste, le manuscrit Costa collationné par M. Deloche
porte en marge : Priuratus de Mons, et ne se trompe pas,
Beaulieu ayant retenu longtemps ce membre de Mons.
Donnons d'autres preuves >
Mansum âharzan, in villa inmont. D. O. — C. Marsa,
divisé en Marsa soubre et soutre, dépendant du Mont,
près Imbertés et Porte-Claus, 1684 ({papiers de la famille
Cisterne, de Morel, à Bassignac-le-Haut, provenant de la
succession de M. Vaur de Reyssanges, confiés au savant
directeur de Serviëres, M. le chanoine Poulbrière (2), qui
(1) Voir Bulletin, tome IX, p. 373.
Nous rappelons que la majuscule D désignera par abréviation la
conjecture de M. Deloche, la majuscule G devant être lue Gham-
peval dans ce dialogue figuré, où O signifie que Tinterlocuteur ne
propose aucune identification.
(2) M. Tabbé Poulbrière est Tamteur d'une Histoire du diocèse
de Tulle, qui peut servir de modèle aux diocèses voisins.
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— 550 —
prépare un travail d'assez longue haleine »ur la Xain-
trie et a bien voulu nous laisser tirer secours de son
importante collection de papiers). D'autre part, nous ve-
nons encore de trouver — à travers les cent palpes non
classées données naguère à la Préfecture de Tulle par
M. Paul-Émile Forestier, notaire à La Ghapelle-Spinasse,
à lui provenant de M* Annet Mas, notaire arpenteur juré
à La Chapelle, 1760 — le Mont (Darazac), dont dépend
Marso-soutre ou Marsaut, confrontant à la Combe, Vigier,
Imbertés, Porto-Claus, relatant les mêmes confrontations
pour 1478. — Les papiers de Noailles, reconnaissances de
leurs châtellenies de Malesse et de Servières, donnent,
1680, Marza haut et bas, dépendant d'Inmont (Bassignac-
le-Haut). Aujourd'hui cet Imons est de Bassignaq, mais
a compris une partition dite aussi le Mons et s'en déta-
chant pour appartenir à la paroisse de Darazac. Nous
avons aussi Nogen (Bassignac-le-fiaut), disparu après
1488, près le Mons (même source). D. Nogère? (Cres-
senssac), alors qu'il a dit, table Utine, bordaria de Nogen
in villa Inmont. La charte e^ge des vignes à Mont, ce
qui nous gône quelque peu; mais leur culture s'étendit
au moyen âge peu ou prou sur Orliac, Beaumont, Bar,
Saint-Merd-de-Lapleau, Corrèze, par places. Tulle, abon-
damment. Rien n'empêche qu'il y en ait eu sur la rive
gauche de la Dordogne, en face de Mons, à un étage
inférieur, de même qu'on en cultive encore à Sexcles et
à Hautefage. Il y attrait un chapitre à écrire sur cette
question de l'émigration vinicole hors de la moyenne
Corrèze.
El Pleniene, a écrit Deloche. — El Penienel, a écrit
le copiste de nos chartes de Costa, — Boscus. Le Bûs
(Lamazière-Basse). C. O. Mais autour d'Imons. Les vil-
lages du Bos foisonnent.
Costa : Mansos, deest. D. duos mansos in. C. placitum.
D. placetum. Nous négligeons toujours les variantes sans
importance, comme Abiran, pro Abiron, demergant pro
demergatur, etc.
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— 551 —
CHARTE C. — Manson Dalrin In villa de Faurgas,
dit Deloche, qui identifie le second avec les Fargues,
près Bretenoux. — C. Je n'y vois pas ce village des
Fâtrgues, mais seulement les Fauries, (Bretenoux) ayant
eu, il est vrai, même primitif fabricas, mais l'ayant altéré
de longue date en Fauries et non Fargues. On trouve
toujours écrit les Fauries (Bretenoux) aux xvii* et xviii*
siècles (minutes Vayssié de Tétude de M* Trassy, à Bre-
tenoux). D. propose aussi les Fargues (Bassignac-le-Bas)
et oublie celui de Mercœur, préférable cependant, même
à Las Fargues, de Pauliac.
Dalrin. Le manuscrit de Costa a écrit sûrement Dalriw,
(sans que D. ait signalé la variante) qui nous laisse à
trouver, en isolant l'article roman al, un manse du Rieu.
Or nous avons noté, pour Mercœur, un Rieu à la Bis-"
sière et un autre près Peyrissac, mais vers le Cassan, à
rejeter tous les deux, jusqu'à ce qu'un bon arpentement
des Fargues de Mercœur nous y révèle un tènement du
Rieu.
CHARTE CL — Le manuscrit Costa porte en marge :
Favars. Supra modum solvendi décimas. Et plus bas cet
avis d'un abbé à ses successeurs : Non exonerentur ho-
mines de mutieribus alienae terrae, nec or mulleres.
Puis le mot nota en regard de censum senioribus solvat.
Quant à palatores, sur lequel Ducange est muet, nous
le traduirions volontiers d'un mol local, paladou, signi
fiant encore, à GouUes, une poignée de chanvre, en
patois actuel, de même qu'en 1650 une liève de rentes
à Saint-Julien-le-Pèlerin énumère parmi les redevances :
six paladous de chanvre. (Minutes de l'étude de M* Pa*
liargues, notaire à GouUes.
CHARTE CIL — D. a fait, note 1, un rapprochement,
que nous croyons heureux, avec la charte XCIX', et ne
l'a pas suivi topographiquement. Voici deux manses : La
Cumba et Afilato, dépendant de Monte, lequel — selon
nous, et pour ne pas l'assimiler à Inmont, dont on le
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— 552 —
distingue si nettement charte XGIX« — est leur cap-
manse, lui-même subordonné à la villa Inmont sous-
entendue. Il y eut, en effet, Inmont (Darazac — Bassi-
gnac-le-Haut), et près de lui, le Mont (Darazac), voisin
de Marso, et de plus La Combe, touchant Marso-soutre,
1478. Les Fialets (Bassignac-le-Haut), près Sirven, Le
Mas, le Bourg et les Vergues, 1436. Un d'Escoraille est
caution. Or, une famille seigneuriale de ce nom a long-
temps possédé les environs des lieux susdits, vers Rilhac-
Xaintrie, Drignac, Ally, Escorailles.
D. (qui avait déjà placé Inmont à St-Martin-la-Méanne
ou à Bassignac-le-Haut) ne traduit ni Monte, ni Afllato,
et dissémine le reste. En 1711, Tabbaye de Beaulieu
possède encore le prieuré d'Imons. (Voyage de Dom Boyer,
par M. de Vernières.)
CHARTE cm. — Damelio, Dancelio, ou Danielio. D.
0. — C. Niel (Chauffour, où Beaulieu eut des biens par
sa prévôté de Brivezac). Spaniagol (Beynat), oui. Mais
ajoutons qu'il y eut une chapelle Saint-Mathurin.
Si nous tentions d'identifier le Batut, et un nom aussi
répandu que le Puy, ceux de Ligneyrac, lequel groupe
aussi Liac, 1480, dit de Alhaco, nous séduiraient da-
vantage.
(A suivre.)
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La graphologie est la science de l'écriture.
Le mot science n'est pas trop ambitieii^^ car, basée sur
l'observation^ elle a, après. bien des tâtonnements inévitables,
pu fixer ses principes et ses règles. Actuellement, elle est
pourvue d'une grammdf^e qui initie à sa méthode d'itives*
tigation et facilite son application pratique.
Son admission aux congrès annuels de la Sorbonne lui
donne rang désormais parmi les travaux qui s'imposent aux
Sociétés savantes.
Notre cher et actif président, témoin des résultats acquis,
a tenu à lancer dans cette voie la Société de la Corrèze, qu'il
dirige avec un zèle infatigable. Il m'a donc demandé des
portraits : je ne pouvais les lui refuser, car nous donnerons
ici un exemple qui, tôt ou tard, trouvera ailleurs des imi-
tateurs.
Nous sommes convenus que, pour r^estei^ dans notre domaine
à peu près exclusif du passé, il était opportun d'étudier, dans
l'histoire, les illustrations de la région, dont la susceptibilité
n'est plus à craindre, et sur lesquels pouvait se dire franche-
ment et sans détour toute la venté. Chçque portrait sera
accompagné d'un ou plusieurs autographes, afin que la dé-
monstration puisse se faire, pièces en main. De la sorte on
aUra, pour ainsi dire, un cours de graphologie, puisque
c'est un devoir de déclarer à quels signes graphiques se
réfèrent nos observations.
D'après l'ancien adage : A tout seigneur tout honneur,
commençons notre revue scripturaire par les seig^ieurs spiri"
tuels de Tulle. Nous allons opérer sur la signature de deux
évêques, aussi différents d'époque que de caractère : les notices
biographiques sont écrites par M, Rupin.
T. IX A-1
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- — 554 —
I
LOUIS III DE RECHIGNEVOISIN DE GURON
éVÈQUK DE TULLK
Louis de GURON de RECHIGNEVOISIN, né
en 1617, appartenait à une famille de la Marche
limousine, dont une branc^ s'était établie en
Poitou, où elle avait acquis le fief de Guron.
Fils de Jean de Guron, diplomate distingué,
et de Marie de Rechignevoisin, il reçut, dès son
enfance, une éducation des plus soignées. Licencié
en 1642, docteur en Sorbonne, il obtint à Tâge
de 17 ans, en 1634, Tabbaye de Notre-Dame de
Moreaux, au diocèse de Poitiers.
Ses études terminées, le jeune abbé de Guron
fut jeté dans la politique, à une époque où la
transformation de l'ancienne monarchie française,
avec tous ses privilèges et toutes ses libertés, en
monarchie absolue égalitaire, créait de toutes parts
de nombreuses complications. A. partir de Tannée
1650, où on le noipma conseiller d'État, il fut
chargé de missions importantes; il devait tenir
la Cour au courant des agissements de la Fronde
dans l'Aunis, la Saintonge et la Guyenne. Partout
il déploya la plus grande activité et se montra
administrateur intègre et habile; il mena même
à bonne fin, à Bordeaux et dans la Guyenne,
une œuvre de réorganisation administrative qu'il
avait entreprise en qualité d'intendant de justice.
Évoque de Tulle en 1652, sacré le l"' no-
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— 555 —
vembre 1653, il ne prit possession du siège que
le 29 mai 1654. Ce n'est pas sans regrets qu'il
s'éloigna des affaires publiques. Il essaya d'y ren-
trer; mais n'étant pas bien en Cour, malgré le
dévouement dont il avait donné tant de preuves,
il finit par accepter, avec résignation, lîn calme
auquel il n'était pas habitué, et se consacra en
entier aux soins de son épiscopat.
Il publia des constitutions synodales, le propre
des saints du diocèse, et un manuel pour les
pénitents bleus. Il signa la lettre du clergé de
France adressée au pape Innocent X, au sujet
des propositions extraites du Livre de Jansénius,
et reçut le premier, à ce sujet, une lettre des
plus flatteuses du Souverain-Pontife. Il dut aussi
faire emprisonner un religieux récollet, natif
d'Égletons, Bruno Chassaing, auteur d'un ouvrage
censuré par l'Assemblée du clergé de France
comme attentatoire aux droits de l'épiscopat; sur
sa rétractation, il le remit en liberté.
Ses nombreux travaux ne l'empêchaient pas de
songer à quitter Tulle, où il se plaisait fort peu,
et il guettait toutes les occasions qui pouvaient
l'en faire sortir. Après avoir demandé, mais en
vain, l'évêché de Castres en 1662, celui de La
Rochelle en 1667, il obtint enfin le siège de
. Comminges et y fut transféré le 5 janvier 1671.
Il y mourut le 20 mai 1693, à l'âge de 76 ans.
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-556-
PORTRAIT INTELLECTUEL ET MORAL D'aPRÀS LES SIGNES
GRAPHIQUES
Trois choses dominent dans son graphisme : le sens
aristocratique, Vorgtteil de situation et la précipitation. Tout
le reste est accessoire et ne mérite guère qu'on s'y arrête.
L'évêque de Tulle appartient à la petite noblesse de
province. Il en est fier, et Thumilité qu'on a dû lui
enseigner au séminaire ne lui fait point oublier son ori-
gine. Ses allures sont celles du grand seigneur : il écrit
noblement, c'est-à-dire haut et large. Ses grandes lettres
sont déliées, délicates et élégantes : elles ne dénotent
rien de vulgaire et de commun. L'éducation a été toute
aristocratique.
Il en résulte une certaine fierté native. On se compare
et l'on se trouve supérieur à l'entourage. Est-ce par le
talent? Non assurément. L'orgueil de naissance est la
seule cause du surhaussement colossal de la première
lettre de la signature : c'est tout à fait anormal qu'une
ligne qui, régulièrement, doit être droite, horizontale, se
transforme au point de devenir presque verticale, oblique.
Voilà le piédestal que se dresse, de son vivant, ce prélat
que la postérité s'est empressée d'oublier. Son jugement
(1) Signature apposée sur des lettres d'ordination, comme aco-
lyte, à Jean Calmine Laporte de Tulle (22 septembre 1668).
(2) Signature au bas d'une autorisation accordée à Jeanne et
Marie de Comte, religieuses-professes du monastère de Saint-
Benoît, à Tulle, pour se retirer à l'abbaye de Bonnesaigne
(Limoges, 8 décembre 1668).
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— 557 —
sur lui-même était donc faux, puisqu'il n'a pas été ratifié
par l'histoire.
Il y met de Tentêtement : voyez l'angle aigu à la base
de L. Gare à qui contesterait étourdiment ce qui doit
s'admirer, non se discuter!
Passez-lui cette faiblesse d'organisation cérébrale, vous
rencontrerez un homme poli, bienveillant, afifable et ser-
viable. C'est un rayonnant, à qui le dévouement ne
coûte pas : il ne compte avec personne. Toutes ses ma-
juscules sont, en effet, liées à la minuscule qui suit.
D'idées à lui, venant de son propre fonds, il n'en a
pas une seule. Â la façon des assimilateurs, il vit d'em-
prunt. Son grand vicaire, ou toute autre personne ayant
sur lui de l'influence, ce qui n*était pas difficile, lui fait
la leçon : il la répète docilement et prestement. Toutes
les lettres sont liées dans le même mot, et parfois deux
mots semblent n'en faire qu'un seul; penseur, créateur,
il aurait eu au moins quelques lettres disjointes.
Toujours pressé, il va droit au but. Entre ses mains
si actives les affaires ne devaient pas languir, mais il
ne se soutient pas jusqu'au bout : à la fin, l'idée n'est
plus aussi nette, elle s'obscurcit; il y a des confusions,
comme dans les deux / de Tutellensis et de Tulle,
Le même signe de la liaison continue dit l'homme
de salon, le causeur gai, vif, entraînant; c'était un
charmeur. Dans la seconde signature, la façon dont
de et Tulle sont unis fait même songer à une puissance
magnétique incontestable.
Mgr de Rechignevoisin (quel nom pour un mondain I)
était un féminin par bien des côtés. Il aimait la société
des femmes, plus probablement que celle de ses cha-
noines, sans cependant aller jusqu'à l'abus, car, au
fond, on ne peut pas dire qu'il fût sensuel, mais la
bonne chère ne lui était pas indifférente. On devait
faire à sa table, pas précisément frugale, des dîners suc-
culents, accompagnés de bon vin et d'esprit.
Il s'impressionnait vite et agissait en conséquence.
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— 558 —
Les lettres ne sont pas toutes égales, Thumeur ne Tétait
pas non plus. Sentant vivement, il a des alternatives de
haut et de bas qui vont bien avec sa nature d'enfant,
un peu naïve : les mots sont grossissants.
L'écriture est inclinée, sans raidissement, mais d'une
inclinaison moyenne. L'affectivité était donc assez déve-
loppée. Le cœur l'entraînait plus que la raison. Là était
son côté faible, c'est par là qu'il se livrait; du reste,
il était sans défiance.
L'initiale de Episcopus et de Èvtque, abrégés pour ne
pas s'attarder, est une majuscule fort solennelle, bien
dessinée. Louis est content de sa dignité, pas tout à
fait autant de son siège de Tulle; aussi s'empressa-t-il
de l'échanger pour celui de Comminges. Le choix ne fut
pas heureux, au moins quant à la ville, mais il avait
en perspective le beau château d'Alan, Le t initial est
minuscule, mal barré, inharmonique : le mode d'écrire
se ressent de l'ennui que cause un séjour qui ne plaît pas.
Je conclus : de qualités saillantes, qui font l'évêque
éminent, je n'en vois pas trace dans ce graphisme, où
tout est grâce, mais aussi faiblesse. En pareille occur-
rence, on est toujours mieux au second rang qu'au pre-
mier. Cependant, à mérite égal, ou à peu près ex xquo^
je préfère encore les prélats d'autrefois grands seigneurs;
il y avait autrement d'étoffe pour les relations sociales
et, à plus forte raison, administratives.
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— 559 —
II
FRANÇOIS III DE BEAUMONT D'AUTICHAMP
ÉV&QUE DE TUIJ:^
Né en Anjou en 1691, d'une famille originaire
du Dauphiné ; abbé d'Oigny au diocèse d'Autun
et de la Victoire au diocèse de Senlis; grand
doyen d'Angers le 31 mai 1718; nommé évêque
de Tulle en 1740, sacré le 11 juin 1741. En
1754 il refusa Tévôché de Senlis et mourut dans
son diocèse le 20 novembre 1761.
PORTRAIT INTELLECTUEL ET MORAL d' APRÈS LES SIGNES
GRAPHIQUES
Les évêques se suivent et ne se ressemblent pas. Il
est donc curieux de pouvoir étudier les différences de
tempérament. Nous sommes ici aux antipodes du pré-
cédent.
La noblesse du grand siècle était devenue bourgeoise
cent ans plus tard. L'écriture s'est abaissée : elle a perdu
son élégance et sa distinction. Des courbes nombreuses
attestent encore les traditions de politesse et de savoir-
vivre, mais le tout est singulièrement vulgaire.
A première vue, on se dit, presque avec décourage-
(1) Signature apposée sur une autorisation accordée pour ab-
soudre des cas réservés (Tulle, 12 juin 1762).
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— 560 —
ment : Quel homme épais et lent ! Telles sont, en effet,
les deux dominantes. L'écorce est rude, légèrement rus-
tique. L'éducation première a été très incomplète et,
toute sa vie, Tévêque s'en ressentira.
Pénétrons plus avant et nous discernerons des qualités
réelles.
Le sujet est d'une grande simplicité : il n'admet ni
le paraphe ni les fioritures. La première initiale, au lieu
de l'élever, le montre sans prétention.
Il disjoint ses lettres de temps à autre, puis les lie«
Donc il pense, conçoit, a des idées en propre. Et comme
l'intuition et la déductivité se rencontrent en parties
égales, il a l'avantage d'être bien équilibré. Il ne se
perd pas dans la théorie et sait réaliser tous ses plans,
froidement, avec calme, sans précipitation.
La raison absolue le conduit. La tête dirige le cœur,
elle l'atrophie même, car elle ne le laisse jamais s'épan-
cher. L'instinct porte aux choses matérielles, on sent le
danger et on le combat vigoureusement. Que de lettres
redressées, verticales, au milieu des mots ! L'état de lutte
est habituel. Il aura autorité pour commander celui qui
ne se passe aucune faiblesse. Dans Tutellensis les deiix /
penchent, mais aussitôt e se redresse et n, dans son
second jambage, tombe en sens inverse : on ne cédera
à aucun prix aux suggestions du dehors.
L'esprit est net, lucide, positif : les points sont bien
à leur place sur les i et les lettres se détachent parfai-
tement les unes des autres. Mais elles sont un peu iné-
gales. Le baromètre sensitif baisse parfois, pas trop ce-
pendant. La finale plus grosse dit la franchise originelle :
l'évêque n'est pas un finassier qui joue ses administrés.
Toutefois il ne les fait pas ses confidents et il garde
pour lui ses secrets : voyez o et o complètement fermés
à la partie supérieure.
Sa ligne ondule, elle n'est pas rigidement droite : pour
arriver, le prélat emploie la diplomatie, de la sorte il
évite de heurter et de froisser. Cela compense la fai-
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— 561 —
blesse de sa volonté qui ne sait pas slmposer : t est
barré très bas et très court.
François est sans prétention; Tulle lui plaît à demi,
bien que sur la fin de ses jours il ait refusé Tévêché
de Senlis : aussi le T brisé ressemble- t-il plutôt à un
X anguleux. Ce siège paraît avoir le privilège de mettre
à la torture ceux qui s'y asseoient et qui ne demandent
pas mieux que de le quitter. Mais comme le titre èpis-
copal lui agrée! L'initiale d^Episcopm est traitée vrai-
ment avec amour, et Mgr d'Autichamp, comme évêque,
est réellement supérieur à Mgr de Rechignevoisin. L'un
est brillant et pétulant coursier; l'autre, solide et utile
cheval de charrette.
X. Barbier de Montault.
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— 562 —
III
fai promis à M. Rupin, sur la demande très gracieuse
qu'il m'en a faite^ de fournir à la Soeiiti une série de por^
traits graphologiques sur les notabilités corréziennes éCautre*
fois, mais non de toujours opérer moi^mime. D'abord^ le
temps me ferait souvent défaut, rempli qu'il est par d'autres
études, surtout d^ archéologie; puis il est bon de produire,
par intervalles, des disciples du maître, le regretté Jean*
Hippokfte Michon,
Chacun a son genre, mais tous se conforment strictement
aux principes posés. L'unité de méthode, non d'exposition,
résultera de cette variété des articles; de la sorte aussi sera
évitée la monotonie dans la manière de présenter les traits
caractéristiqi^ de personnages qui appartiennent à l'histoire.
Il y aura donc double avantage à ce que je m'efface pour
laisser parler des collègites bien méritants,
La parole est aujourd'hui à M. Etienne Girou, curé de
Hommes (Indre-et-Loire), un des plus jeunes parmi nom;
ce n'est pas un des moins vaillants. Il procède ici selon le
type donné par le DictioHnaire des Notabilités de la
France, c'est-à-dire didactiquement, n'osant pas — il a cer-
tainement tort — voler de ses propres ailes, La concision est
une grande q^alité, mais il faut aussi songer aux lettrés :
le portrait, moitié didactique, moitié littéraire, me paraît
l'idéal du genre. Aussi, sur mes observations, a-t-îi essayé le
portrait d'une autre façon, tel que le pratiqiuiit feu Adrien
Yarinard, successeur de Michon dans la direction du journal
et de la Société. On pourra en juger bientôt, et le lecteur
lui-mime se prononcera sur la différence et les avantages des
deux procédés mis ainsi en parallèle.
X. BilRBIBR DE MONTAULT.
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— 563 —
UAMIRAL GRIYEL
Le baron Jean GRIVEL, né à Brive le 29 août
1778, était un des derniers survivants de cette
vaillante légion de marins de la garde, qui a
versé son sang sur presque tous les champs de
bataille de l'Empire. Il était tout à la fois un
guerrier intrépide, un administrateur et un écri-
vain distingué qui a laissé d'excellents ouvrages
sur la marine. Sa vie n'est qu'une suite non
interrompue de luttes, de faits de guerre et d'ac-
tions d'éclat. Il suit son père à l'armée des Pyré-
nées-Orientales, entre dans la marine en 1796 et
fait bientôt partie des marins de la garde. Sa
bravoure est bientôt récompensée par sa nomi-
nation au grade de capitaine. En 1807, il assiste
à l'entrevue des empereurs de France et de Rus-
sie sur le Niémen. En 1808, il était en Espagne;
fait prisonnier à Baylen, on le jette sur les pon-
tons de Cadix, d'où il s'échappe le 22 février
1810, après vingt-deux mois de captivité, par un
acte d'audacieuse témérité. En plein jour, à la
tête de trente-cinq prisonniers français, il s'em-
pare d'une embarcation, en précipite l'équipage
à la mer, hisse la voile et s'élance à travers
les bâtiments ennemis au milieu d'une véritable
pluie de boulets et de mitraille.
Le capitaine Grivel assista aux batailles de
Lutzen, de Bautzen et de Leipzick et fit la
campagne de France. Sous la Restauration on
lui donna le conmiandement de la marine à
Marseille^ et, quelque temps après, il visitait les
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— 564 —
mers du Levant. A son retour on l'envoya rem-
placer l'amiral Roussin sur les côtes du Brésil
lors de l'abdication de l'empereur Don Pedro.
Il revint en France en 1831 et fut nommé préfet
maritime à Rochefort. Vice-amiral en 1834, il fut
appelé à Brest, où il est mort le 11 septembre
1869. Pair de France sous Louis-Philippe, créé
baron le 3 septembre 1846, le dernier représen-
tant des marins de la garde fut élevé, sous le
second Empire, aux dignités de grand'croix et de
sénateur; on lui doit l'organisation de V École
des mousses.
La notice biographique nous fait connaître le person-
nage officiel; cherchons maintenant, à l'aide de la gra-
phologie, à pénétrer l'homme intime.
Facultés. — Les lettres généralement liées, avec quel-
ques brisures, nous indiquent la déduction avec un mé-
lange d'intuition. Grivel a une organisation logicienne,
un grand sens pratique et réalisateur; son coup d'œil
est sûr, son jugement droit (1).
Les lettres sont inclinées; c'est la sensibilité vraie,
mais non la sensitivité, le cœur est maître sans despo-
tisme ; il dirige, et l'âme se laisse conduire presque sans
résister (2).
La volonté est peu marquée; Grivel n'a ni ténacité
ni obstination. Le peu de longueur et de hauteur des
(1) L'air circule entre les mots et les lignes; il y a cependant
dans son jugement un peu d'exagération, indiquée par la signature
et le G, qui a des proportions anormales.
(2) Quelques lettres redressées nous prouvent que la tête veut
parfois réagir contre le cœur, mais la lutte est rare et de courte
durée, le cœur, d'ailleurs, n'abusant pas de son autorité.
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— 566 —
barres des t dit rhomme doux, aimant peu le comman-
dement, la volonté presque faible sur laquelle on peut
avoir prise facilement.
Instincts, — Les courbes sont nombreuses : Grivel était
doux et bon, bienveillant (1), porté à Tindulgence et à la
reconnaissance (2). Ce marin est un dévot : toutes ses
r finales sont terminées par un petit croc qui semble
s'accrocher au ciel et réclamer son secours.
Les finales écourtées ne sont pas celles d'un prodigue.
Nature. — Grivel a une belle nature rayonnante, s*ou-
bliant pour être utile ou agréable aux autres, se dépen-
sant volontiers pour ceux qu'il aime.
Son écriture haute, sa signature avec le simple paraphe
en glaive des hommes de lutte, nous révèlent la noblesse
et l'élévation de ses sentiments, mais l'orgueil dépare ces
belles qualités. On s'étonne de voir ce G d'une hauteur
exagérée et qui semble tracé par un plumitif de bureau
plutôt que par un homme sérieux.
C'est aussi une nature franche et ouverte (3).
Tous les signes se réunissent dans son autographe
pour nous dire l'homme prudent. L'écriture est posée,
calme, sobre, les lignes espacées, les points et les accents
exactement placés sur les lettres; enfin le trait du pro^
cureur termine trois lignes sur six , toutes choses qui
indiquent la réflexion, la vigilance, la circonspection,
qualités précieuses dans le chef militaire, dans le marin,
qui doit considérer attentivement toutes choses, penser à
tout, ne parler et n'agir qu'à propos, prendre à l'avance
toutes les mesures nécessaires. Il y a cependant chez lui
des moments de trop grande confiance, car les phrases
ne sont pas terminées par un point.
Esprit. — L'écriture d'égale hauteur, les lignes et les
(1) Courbes et inclinaison des lettres.
(2) Courbes, inclinaison des lettres, pas de crochet égoïste aux
majuscules.
(3) a, o, g ouverts.
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— 567 —
mots espacés, Pair circulant facilement dans tout son
graphisme, sont Tindice révélateur d'un cerveau lucide,
d'un esprit appliqué, d'un jugement que la passion
n'égare pas.
Résultantes. — L'amiral Grivel a dû sa gloire à cette
vigilance, à cette circonspection, à cette douceur qui
durent lui concilier la confiance et l'affection de ses
subordonnés, en même temps que la sûreté de son coup
d'œil, la rectitude de son jugement, son esprit logicien
et réalisateur assuraient son succès dans l'organisation
de VÉcole des mousses.
N.-B. — L'écriture n'a pas d'âge ; le graphisme que
nous avons sous les yeux en est une preuve bien évi-
dente. Cette lettre, d'une écriture si ferme, si assurée,
ce paraphe si fulgurant, sont d'un vieillard de 76 ans;
on les dirait tracés par un homme de 30 ans.
Et. Girou,
Curé des Hommes.
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— 568 —
IV
Michon eut du succès dans plusieurs genres : en éloquence^
en littérature^ en archéologie. Il fut surtout maître en gra-
phologie, puisque cette science lui doit presque sa création^
mais très certainement la fixité de ses règles.
C'était un charmeur, tant il disait bien : au^i eut^il le
don de grouper autour de lui des élèves qui ne peuvent
que lui faire honneur^ en continuant son enseignement et
sa méthode. Plusieurs furent connus de lui personnellement;
il les éclairait et les encourageait.
De ce nombre fut Jf"* Leblanc, qui, après avoir lu les
livres et le journal, tint à entendre l'auteur et à se cou'
sulter sur sa vocation graphologique, qu'il décida résolument.
En effet, la graphologie ne doit pas rester étrangère aitx
dames : elles y apportent même une finesse particulière et
un tact spécial. Grâce à elles, cette science, dans les salons^
substitue à la théorie la pratique usuelle, et elle devient ainsi
un passe'temps aussi agréable qu'utile.
Je laisse donc volontiers la parole à M'^* Leblanc, qui a
bien voulu se charger de rédiger pour le Bulletin les por-
traits du médecin Boyer et du général Souham, deux natures
fort diverses qui nous montrent, sous deux aspects différents,
les hommes que l'Empire savait distinguer et mettre en lumière
pour la gloire de la nation.
X. B. DE M.
LE CHIRURGIEN BOYER
BOYER (Alexis), un des chirurgiens les plus
distingués de notre époque, naquit à Uzerche le
î"" mars 1757. Son père, Jean Boyer, était un
pauvre tailleur, et sa mère, Alexis Goudrias,
tenait une petite boutique de mercerie. Jamais
Boyer ne crut avoir à rougir de cette humble
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— 569 —
origine; il en parlait au contraire volontiers. Il
ne reçut qu'une faible instruction, qu'il compléta
plus tard par son travail. Placé tout d'abord
comme petit clerc dans l'étude de M' Mondât,
notaire à Uzerche, son bonheur était de fré-
quenter la boutique d'un chirurgien-barbier ha-
bile en l'art de saigner; les jours de marché on
accourait en foule, les uns pour se faire faire
le poilj comme on disait alors, les autres pour
se faire ouvi-ir la veine. La vocation du jeune
Boyer se déclara alors. En 1774, à l'âge de
17 ans, il se rendit à Paris pour y apprendre
la chirurgie. Ses débuts dans la capitale furent
des plus pénibles; pour vivre il entra chez un
barbier en qualité de premier garçon, utilisant ses
moments de loisir à aller à l'École de médecine
dans les salles de dissection, et se fit tellement
remarquer par la douceur de son caractère qu'il
s'attira rapidement les sympathies des jeunes étu-
diants, qui utilisèrent souvent son adresse et ses
aptitudes spéciales. Il se fit bientôt un nom dans
l'art de disséquer, et on l'appelait le prépaî'a'-
leur des préparations.
Devenu gravement malade à la suite d'un excès
de travail, on parlait de le transporter à l'hô-
pital, lorsque la fille d'une pauvre blanchisseuse
chez laquelle il prenait ses repas, d'accord avec
sa mère, s'y opposa d'une façon formelle et se
chargea, malgré ses faibles ressources, de lui
prodiguer tous les soins nécessaires. Revenu à la
santé, Boyer avait contracté une de ces dettes
qu'une reconnaissance de toute la vie ne saurait
T. DC. 4-«
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— 570 —
acquitter. Il résolut de faire de cette jeune fille
la- compagne de sa vie; mais avant de faire
connaître les sentiments de son cœur, il voulut
attendre que la fortune lui fût favorable.
Il se met au travail avec une nouvelle ardeur :
en 1781, il obtint une médaille d'or à l'École
pratique du collège de chirurgie; en 1782, il
est admis comme élève à Thôpital de la Cha-
rité; cinq ans après, il est nommé chirurgien
gagnant maîtrise dans le môme établissement,
et ouvrit en même temps des cours d'anatomie,
de physiologie et de chirurgie qui eurent un très
grand succès.
La fortune venait de lui sourire; c'était le
moment de mettre à exécution son projet et
d'assurer le bonheur de la femme généreuse qui,
dans son infortune, lui avait tendu la main et
l'avait si noblement secouru. Et quel fut l'éton-
nement de la pauvre blanchisseuse lorsqu'un
beau matin elle vit le célèbre professeur venir,
avec ses habits du dimanche, lui demander la
main de sa fille, Gabrielle-Adélaïde Tripot.
En 1791, Boyer gagna le prix de l'Académie
royale de chirurgie; en 1795, il fut nommé pro-
fesseur de chirurgie opératoire. Il n'était pas ce-
pendant encore docteur en médecine; ce ne fut
que le 19 fructidor, an XI, qu'il obtint ce titre,
après avoir soutenu une thèse brillante devant
ses collègues de la Faculté.
En 1804, attaché à la personne de Napoléon
en qualité de premier chirurgien, il fit les cam-
pagnes de Prusse et de Pologne, et obtint suc-
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— 571 —
cessivement pour récompenses la croix de la
Légion d'honneur, les titres d'officier de la mai-
son de l'Empereur, de baron de l'Empire, et
une dotation de 25,000 francs sur les provinces
conquises réunies à la France.
En 1820 il entra à l'Académie de médecine,
en 1825 à l'Institut. Chirurgien consultant des
rois Louis XVIII, Charles X et Louis-Philippe,
il est l'inventeur de plusieurs appareils méca-
niques dont on fait encore usage, et l'auteur de
plusieurs ouvrages de médecine et de chirurgie
fort estimés.
Boyer est mort à Paris le 25 novembre 1833,
à l'âge de 76 ans et demi. Par son testament
il a donné une dernière preuve * de sa grande
modestie, en voulant que ses funérailles fussent
faites de la manière la plus simple et en dé-
fendant qu'aucun discours fût prononcé sur sa
tombe.
M. Â. Boyer nous montre, au point de vue grapho-
logique, sa nature déductive, assimilatrice, par le plus
grand nombre de ses lettres liées les unes aux autres, mais
où l'élan de la pensée se montre dans les lettres disjointes.
C'est un assimilateur, un réalisateur, mais non un uto-
piste ni un complet terre-à-terre. Il fait siennes les idées
des autres, et, par son aptitude à l'étude, y ajoute tout
ce que le travail de la pensée peut produire.
Issu d'une humble origine, M. Boyer a de grandes
aspirations; son écriture magistrale, ses lettres, ouvertes
pour la plupart, nous dévoilent son ouverture d'àme, sa
gr%nde loyauté.
Gomme nature affective, il est à classer au nombre
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— 573 —
des bienveillants; il savait aimer et se dévouer; rien
d'anguleiix dans* son graphisme, partout se rencontre la
œurbe gracieuse des lettres^ qui n'appartient qu'à ceux lar-
gement doués par le cœur; ceux-là poussent parfois la
reconnaissance au suprême degré, vertu peu commune
mais plus souvent oubliée.
A ces grandes qualités du cœur s'est jointe la volonté,
la fermeté; les initiales^ terminées en harpon et massiie,
en sont une preuve; il avait de l'obstination, mais
douce. L'égoîsme chez lui, la personnalité étaient vite
domptés; ces sentiments se montrent, sans être très
accentués, dans le retour du second jambage de l'M m^^
juscule. Les larges barres des T nous disent sa vivacité,
mais absence d'autoritarisme. Doux de cœur, ce n'était
pas un mou de nature mais un travailleur de beau-
coup d'entrain, ne se laissant pas abattre par les diffi-
cultés; il avait toute l'énergie pour cela, à en juger
par ses lignes ascendantes, son écriture mouvementée et
quelques lettres en forme de glaive. Très économe par
principes, mais pas pingre, ses mots à larges lettres et
bien contenus dans la ligne prouvent que s'il eût possédé
beaucoup, il eût autant donné de sa bourse que de
son cœur. Il connaissait le prix de l'argent, et il eût
su faire une dépense. Imagination bien contenue, pas
d'enchevêtrement dans les lignes^ la folle du logis n'avait
pas prise sur ce cerveau bien organisé. Pas de lettres fio^
riturées, absence de pose et de prétention; c'était un
simple, ayant conscience de sa valeur et attachant de
l'importance à une chose dite; voyez les minuscules rem--
placées par des majuscules. Il s'était fait lui et se jugeait.
A ce beau tableau intime et moral de M. A. Boyer, la
graphologie ne serait pas vraie si elle ne constituait
pas le sentiment d'orgueil qu'il possède par la signature
soulignée de son paraphe et la majuscule de son nom\
mais quel est celui qui, entré im des derniers sur la
scène du monde, y arrive un des premiers et s'y main-
tient par son travail et son intelligence, n'en a pas
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— 574 —
quelque orgueil? Il a prouvé, malgré tout, que sa re-
connaissance affectueuse avait été plus forte en lui fai-
sant épouser la jeune ouvrière qui l'avait soigné aux
jours de labeur et d'infortune.
Résultante : Bon et affectueux, il avait tout pour être
aimé et se faire aimer. Travailleur intelligent et éner-
gique, il devait arriver. Simple et conscient de sa valeur,
il ne voulut pas de discours sur sa tombe.
Joséphine Leblanc.
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TIL, SOLITAIRE A BRAGEAG
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TIL
ABBÉ DE SOLIGNAC
(608-702)
Le nom du saint abbé dont nous nous pro-
posons de raconter la vie s'orthographie de diffé-
rentes manières, suivant les langues et les pays.
En latin c'est Tillo, Thillo, Hillonius; dans le
Limousin notre saint s'appelle Théau; en Au-
vergne TU; en Belgique Tilman^ simple abré-
viation avec la forme germanique. Â Brageac, où
il ne voulut pas découvrir son nom, on l'appela
Paul.
Le nom de saint Til n'est pas inscrit au mar-
.tyrologe romain, mais on le trouve dans un
grand nombre d'autres martyrologes de France,
de Belgique, d'Allemagne. Celui de Solignac, dont
une copie datait du xii* siècle, portait au 7 jan-
vier : « A Solignac, saint Til, moine et confes-
seur, dont la vie fut illustre en vertus et en
sainteté. » Il se lit encore dans les martyrologes
de Fleury-sur-Loire, d'Usuard, d'Arnold Uvion,
de Saint-Martin de Trêves, des chartreux de Co-
logne, etc.
Plusieurs auteurs ont écrit la vie de saint Til;
T. rx.
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— 578 —
voici les principaux ouvrages où nous avons puisé
pour cette notice :
Saint Ouen : Vie de saint Éloi, liv. i, c. 10.
Les BoUandistes : Acta sanctorum, t. I de
janvier. C'est là qu'on trouve la vie la plus
complète de saint Til, publiée d'après un ma-
nuscrit du monastère de Clairmarais, de l'ordre
de Cîteaux, en Artois. Ce manuscrit a pour au-
teur un moine anonyme du même monastère.
Mabillon : Acta sanctorum ordinis sancti
Benedictij secundum sasculum, p. 994. Mabillon
a édité une seconde vie manuscrite provenant du
monastère de Solignac, près Limoges, où vécut
longtemps le saint abbé, et où il mourut.
Molanus, docteur de l'Université de Louvain :
Natales sanctorum Belgii. Douai, 1616.
Gallia christiana^ t. II, p. 382.
Ghesquière, membre de l'Académie des sciences
de Bruxelles : Acta sanctorum Belgii selecta.
Bruxelles, 1782.
Le P. Ch. Verdière, S. J., dans une étude
intitulée : Saint Éloi et ses ateliers, publiée '
dans V Association catholique, 1876, t. II, a
donné sur notre saint, comme élève de saint
Éloi, une assez longue notice à laquelle nous
ferons de larges emprunts.
Til vécut au vu* siècle. D'abord esclave, puis
successivement ouvrier, moine, prêtre, mission-
naire, abbé, solitaire, il présente dans la suite
de sa vie les situations les plus variées, et à ce
titre il pourrait servir de modèle à beaucoup.
On ne sera pas surpris, dans une vie de saint,
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— 579 —
de voir la religion, la vertu, la piété passer avant
toute chose; on s'étonnerait plutôt qu'il en fût
autrement. Une conclusion qui résultera naturel-
lement de la lecture de cette notice, c'est que,
chez notre saint, comme chez un grand nombre
d'autres saints, l'héroïsme de la vertu se joignit
au génie naturel qu'il agrandit et développa; tant
est vraie la parole du grand Paul : La piété est
utile à tout!
Aurillac, le 11 février 1887.
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CHAPITRE !•'
TIL BSCLAYB, RACHETÉ PAR SAINT ÉLOI
(608-631)
iBN de plus touchant que Torigine
misérable où Dieu alla prendre
saint Til, par l'entremise de son
I grand serviteur saint Éloi, pour
le porter graduellement aux pre-
miers rangs de son peuple. Til
était Saxon, ou plutôt Angle d'ori-
gine. Issu de parents nobles, mais
' païens, il vint au monde au com-
mencement du Yii* siècle, non dans
la Grande-Bretagne, mais dans le Holstein actuel, qui
portait alors le nom de Saxe. C'était un enfant doué des
plus heureuses qualités; mais l'adversité ne tarda pas à
l'atteindre. Dès sa première jeunesse, il fut enlevé par
des pirates, arraché à sa patrie et conduit, à la rame,
des rivages de son pays natal dans la Gaule rhénane,
pour y être mis en vente. On dit qu'il fut amené dans
la cité des Veromandui, dont les restes se voient encore
non loin de Saint-Quentin (1), où se tenait un marché
d'esclaves.
Til fut donc conduit en Belgique pour y être vendu,
comme autrefois le jeune Joseph en Egypte ; mais, ainsi
que pour l'antique patriarche, la servitude devint pour
lui l'occasion de sa future grandeur. « Providence spé-
ciale! s'écrie le premier auteur de sa vie, Til devait
fleurir comme une rose sortie du milieu des épines! »
Il y avait alors en Gaule un homme qui mettait le zèle
le plus ardent à l'œuvre de la rédemption des captifs,
(1) Aujourd'hui Vermand, chef-lieu de canton (Aisne), 1,300 ha-
bitants.
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— 382 —
c'était saint Éloi, maître de la monnaie sous Glotaire II
et Dagobert, une des plus pures gloires du Limousin, sa
patrie. Tout en servant son roi et cultivant son art, il
ne négligeait point son œuvre de prédilection. Dès qu'il
savait un esclave à vendre il accourait, et bientôt il
avait fait marché pour délivrer son protégé. Parfois il
ramenait jusqu'à plusieurs centaines de ces infortunés.
« Il allait, dit Saint-Ouen son historien, même sur les
ports de l'Océan germanique, et faisait descendre les
malheureux esclaves des vaisseaux où on les tenait en-
chaînés. C'étaient des Romains, des Gaulois, des Bre-
tons, même des Maures; mais le plus grand nombre
appartenait à la race des Saxons, qu'on arrachait à leur
patrie pour les disperser en différentes contrées. »
'Saint Éloi les rachetait tous, indistinctement. Plus
d'une fois, ses fonds épuisés, il s'était dépouillé de sa
ceinture d'or, de son manteau, de ses provisions de
bouche, de ses chaussures même, pour ne laisser per-
sonne dans l'esclavage. Puis il allait mettre sous les
yeux du roi ces captifs rachetés, et leur faisait octroyer
des chartes de liberté. Ensuite il leur donnait le choix
entre trois genres d'existence : retourner libres dans leur
patrie, et, s'ils prenaient ce parti, il leur procurait toute
facilité de le réaliser; demeurer avec lui, et s'ils le
désiraient, il les gardait volontiers non plus conune des
esclaves, mais comme des frères; enfin se retirer dans
un clottre, et s'il était assez heureux' pour persuader à
quelques-uns d'embrasser la vie des moines, il leur
fournissait l'habit religieux et les honorait comme ses
maîtres. Tel était le noble et saint usage que l'orfèvre
des rois de France faisait des richesses acquises avec
tant de scrupule, on le sait, par son habileté et son
travail.
Un jour donc Éloi, poursuivant son œuvre de cha-
rité, aperçut, parmi les captifs exposés sur la place de
Yermand, un jeune Saxon <r dans la fleur de l'ado-
lescence et dont le visage souriait avec grâce. » C'était
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— 583 —
à peu près Tépoque ou saint Grégoire-le-Grand, voyant
des esclaves anglais exposés en vente sur le marché de
Rome, denianda d*où venaient ces captifs. « Ce sont des
Angles, » lui dit-on. — « Ce ne sont pas des Angles, mais
des anges, » répondit Grégoire, touché de leur beauté et
jouant sur les mots : non Angli, sed angeli. Comme le
moine de Rome, Éloi fut attiré vers le jeune captif par
cet extérieur charmant. Le bel esclave fut affranchi (con-
dition nécessaire et suffisante alors pour s*élever aux
plus hauts emplois de l'Église et de FÉtat).
Au bienfait du rachat, son libérateur joignit bientôt
celui d'une instruction et d'une éducation chrétiennes des
plus soignées. Nous avons dit qu'Éloi proposait aux
esclaves affranchis qui voulaient rester avec lui, par
reconnaissance, l'atelier ou le cloître. Til choisit l'ate-
lier; mais l'atelier devait être pour lui une préparation
au cloître. Il était en effet destiné à devenir un per-
.sonnage de haut mérite, comme orfèvre d'abord, comme
religieux ensuite. Il semble avoir été l'image immédiate
et première que forpa de lui-même un maître par excel-
lence. Éloi, artiste dans l'ordre moral comme dans son
métier de monnayeur, cisela, en quelque sorte, cette
• nature d'élite, et, dans ce disciple de prédilection, tra-
vailla avec amour une matière plus précieuse que l'or
et les pierreries, qu'ils s'appliquaient ensemble à mettre
en œuvre.
Après avoir procuré à son jeune protégé la grâce du
baptême, ce grand homme, découvrant tous les jours en
lui de nouvelles aptitudes, le confia pour quelque temps
aux moines du monastère de Solignac, qu'il venait de
fonder, afin que ces saints religieux, continuant l'œuvre
qu'il avait commencée mais que ses nombreuses occu-
pations ne lui permettaient point de poursuivre, l'ins-
truisissent plus à fond dans la religion, les sciences
et les arts.
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CHAPITRE II
TIL OUVRIER
(631-640)
17 midi de Limoges, à deux heures de marche de
cette grande cité, en un lieu nommé Solignac,
' Solemniacumy était une forêt appartenant au roi
Dagobert. Elle couvrait un vaste coteau dont les pentes,
irrégulières et adoucies, venaient mourir dans un vallon
que la Briance baignait de ses plis tortueux. Au levant
et au couchant, la verdure plus tendre de quelques prai-
ries semées çà et là, et les formes sinueuses du vallon
récréaient agréablement la vue. Au midi, le spectacle
changeait : des rochers sombres, semblables à de hautes
murailles, s'élevaient vers le ciel, égayés seulement de
quelques arbrisseaux sortant des crevasses et se balan-
çant au souffle du vent. Ces lieux étaient pleins de
calme, et le silence qui y régnait n'était interrompu
que par le chant des oiseaux et le murmure de quel-
ques ruisseaux qui portaient à la Briance le tribut de
leurs ondes.
Telle était la campagne que saint Éloi demanda à
Dagobert pour y bâtir un monastère, dont il voulait
doter sa patrie. « Mon prince, » lui dit -il un jour,
(c donnez-moi la terre de Solignac, afin que j'en fasse
une échelle par laquelle vous et moi monterons au ciel. »
Le roi ne put résister à un tel motif et lui donna vo-
lontiers cette terre. Éloi y jeta aussitôt les fondements
d'un monastère qui s'éleva rapidement. Lorsque les tra-
vaux furent terminés il y appela des moines de Luxeuil,
monastère des Vosges, dont il connaissait la parfaite
régularité pour y être allé souvent s'édifier auprès des
religieux de saint Golomban.
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— 586 —
L'église du monastère fut consacrée le 9 mai 631 (1),
sous rinvocation de saint Pierre et de saint Paul, en
présence de saint Éloi et de vingt-deux évêques. L'acte
de fondation, dressé un peu plus tard pviisqu'il porte la
date du 22 novembre Tan X de Dagobert (638), nous a
été conservé. Saint Éloi y fait don aux moines de tout
ce qu'il tenait de Dagobert, à condition qu'ils suivront
les traces des saints hommes de Luxeuil et les règles
combinées de saint Benoît et de saint Golomban dans
toute leur rigueur.
Le nombre des religieux venus à Solignac des diffé-
rentes parties de la Gaule s'éleva bientôt à cent cin-
quante. Le fondateur voulut que les lettres et les arts
y fussent cultivées avec soin et tenus en grand honneur.
Lui-même y venait souvent et aurait bien voulu s'y
fixer; mais la Providence l'appelait ailleurs. L'évéque
de Rouen, son ami, y vint aussi et fut fort édifié d'y
voir la règle si bien observée, a La vie de ces moines,
dit-il, l'emporte par sa régularité sur tous les monas-
tères de la Gaule, le seul monastère de Luxeuil excepté.
On y trouve aussi, ajoute-t-il, nombre d'ouvriers habiles
en plusieurs arts (2). » Â tous les points de vue, Til ne
pouvait être envoyé à meilleure école.
Nous nous sommes un peu arrêtés sur les commen-
cements de ce monastère parce que Solignac va devenir
comme la seconde patrie de notre saint. C'est là qu'il
doit passer une grande partie de sa vie conmie ouvrier,
comme religieux, conune solitaire; c'est là qu'il mourra
dans une vieillesse avancée; là enfin que ses ossements
vénérés seront longtemps conservés avec honneur, envi-
ronnés de l'auréole des prodiges. *
Le jeune honune devait d'abord y apprendre les belles-
lettres, chaudement recommandé par son protecteur à
(1) D'autres disent en 622 (Migne, Dictionnaire d'Orfèvrerie,
col. 942).
(2) Vita S. Eligit
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— 587 —
saint Rémacle, qui avait été préposé comme premier
abbé à la communauté naissante. Exécutant religieuse-
ment les ordres de son vénérable ami, Rémacle mit
tous ses soins à instruire son- disciple dans la piété, la
science des saintes lettres et les maximes de TÉvan-
gile. D'un autre côté, c'est avec une docilité parfaite et
une extrême ardeur que Til correspondit aux soins dont
il était l'objet : aussi ses progrès furent-ils remarquables.
Dans rénumération des qualités qui le distinguent, son
premier biographe n'oublie pas son éloquence persua-
sive. « Tout le monde, dit-il, admirait sa facilité, . sa
parole insinuante. Il l'emportait sur tous les élèves de
l'école monastique par la grâce de son entretien ; car
de sa bouche les paroles coulaient conmie le miel (1). »
Cette éloquence naturelle, développée par l'étude, le
prédestinait à l'apostolat;, mais il devait d'abord être
ouvrier.
Nous avons vu qu'il y avait à Solignac « nombre de
gens habiles qui excellaient dans l'orfèvrerie; » Til se
livra comme les autres aux travaux manuels et se fit
promptement remarquer par sa dextérité. Ses aptitudes
semblaient être universelles; aussi dépassa-t-il bientôt
tous ses compagnons d'atelier dans. son habileté à tra-
vailler l'or et les pierres précieuses.
Mais son plus grand soin était pour la culture de
son âme et l'embellissement de son cœur par la vertu
et la sainteté. « Il portait en lui, dit encore son bio-
graphe, la sagesse des vieillards. Toujours appliqué à
l'obéissance, irréprochable en tout, plein de dévotion, il
détestait l'orgueil, aimait la vertu, pratiquait la charité,
la douceur et l'humilité. Quant à son extérieur, il avait
un air toujours serein, des mœurs douces et tranquilles,
s'appliquant à bien faire plus encore qu'à bien parler.
Enfin il aimait le Seigneur de tout son cœur, mettait
l'amour de Jésus-Christ avant tout et tenait son esprit
(1) Bollandiates, n* 7.
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— 588 —
constamment appliqué aux choses divines (1). » En un
mot, les progrès de Til dans les sciences, les arts et
la piété furent tels que Rémacle, n'ayant plus rien à
lui apprendre, le renvoy» à saint Éloi.
Celui-ci, enchanté des progrès de son protégé et dé-
sirant lui donner toute la perfection possible dans les
sciences divines et humaines, l'attacha à sa personne.
Serviteur fidèle et reconnaissant, Til était toujours à
ses côtés, nouvel Elisée uni à cet autre Élie, dans l'es-
poir d'hériter de ses vertus. Tout en lui rendant les
services d'un fils dévoué, il travaillait avec lui et sous
ses ordres. Le maître et l'élève monnayaient ensemble
et fabriquaient pour le roi nombre de pièces d'orfèvrerie
d'or et d'argent enrichies de pierres précieuses. Til devint
si célèbre dans la pratique de cet art que sa réputation,
sous ce rapport, s'étendit dans tout le royaxmie (2).
Une miniature extraite du Cartulaire de l'abbaye de
Solignac, appartenant à M. Maurice Ârdant, de Limoges,
et reproduite dans Le Moyen dge et la Renaissance, de
Paul Lacroix, nous représente saint Til devant une table
chargée de vases et d'objets précieux. Ce qui prouve
encore en cela sa supériorité, c'est que son mattre, en
attendant de lui donner la direction de son atelier, se
faisait remplacer par lui quand les ordres du roi ou
les affaires du royaume l'appelaient au dehors. Remar-
quons ici, en passant, un point précis dans les détails
un peu vagues des vies primitives de notre saint, c'est
que l'habileté extraordinaire qu'il avait acquise dans sa
profession et la confiance exceptionnelle que lui témoi-
gnait le maître n'excitèrent point contre lui la jalousie
de ses compagnons de travail, tant il avait su s'attirer
l'estime et la confiance de tous. « Il plut à tous les em-
ployés d'Éloi comme à lui-même (3). »
(1) Bollandiètea, n* 7.
(2) Mabillon, n* 4, BoUandistes, n* 8.
(3) Invenit gratiam coram oculis S, Eligii et coram cunctia
ministris ejus. {BollandUtes, n* 9.) — Parmi ces compagnons dô
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— 589 —
Til unissait à l'art de l'orfèvre, où il excellait, la
« vie vénérable » du moine, dont il avait pris au
moins l'esprit et les habitudes à Solignac (avant d'y
revenir pour l'embrasser définitivement). Peu de temps
après son retour à Paris, alors qu'il était à la fleur
de l'âge, désirant faire de son cœur un vase de sain-
teté, il fit une confession générale de toutes les fautes
de sa vie, et dès lors il s'astreignit à une vie plus
pénitente. Ici les historiens s'étendent à plaisir sur ses
exercices de piété et ses mortifications. Dans sa fer-
veur, disent-Ss, il châtiait son corps par des travaux,
des veilles, des jeûnes prolongés, réprimant les révoltes
des sens par la pensée des feux éternels; et pour ob-
tenir une parfaite pureté, ce don du ciel, il passait
parfois les jours et les nuits en prière, prosterné devant
le Seigneur. Il ne mangeait que du pain, et encore en
Til, esclaves rachetés comme lui par leur commun maître, et qui
avaient voulu demeurer auprès de leur libérateur, se trouvait Bau-
dry, ou Baudéric, originaire du Limousin, auquel son maître était
très attaché, et l'un de ses principaux aides. Il y avait aussi un
Suève de nation nommé Tituen, laïque fidèle qui remporta plus
tard, par une mort violente, la palme du martyre ; puis Bachinus,
converti du paganisme; devenu « vénérable, » c'est-à-dire reli-
gieux, il fut placé à la tête du monastère de Ferrières; André,
Maftin et Jean qui, eux aussi, grâce à leur maître, gravirent les
degrés de la cléricature, et beaucoup d'autres que saint Ouen n'a
pas nommés. (Saint Ouen, Vita S. Eligii.)
Pour Baudry, c'était assurément un mitftre ouvrier, puisque,
après saint Til, il fut établi à la tête de la fabrique des mon-
naies. Outre les expressions dont se sert saint Ouen, nous en
avons pour preuves des monnaies fabriquées par ces deux élèves
et successeurs de saint Éloi. Dans VHistoire de V Orfèvrerie, Paul
Lacroix dit bien qu'il ne reste aucune monnaie ni orfèvrerie de
Til; cependant Le Blanc, dans son Traité' historique des mori'
naies, dit en avoir vu qui portent le nom de Thillo; et M. Bou-
teroue a donné une monnaie de Baudry frappée en 631, par con-*
séquent sous les yeux d'Ëloi. Cette date, jointe à la mention que
saint Ouen fait de Baudry à la tète des serviteurs d'tiloi, nous
parait rendre l'identité incontestable.
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— 590 —
petite quantité, ne satisfaisant jamais complètement son
appétit; par cette abstinence rigoureuse, il voulait mé-
riter d'avoir part au pahi céleste. Son visage pâle, son
corps extraordinairement amaigri portaient les marques
non douteuses de ses jeûnes fréquents. .
Imitateur scrupuleux de son maître, il joignait la mé-
ditation au travail. Gomme lui, il plaçait devant ses
yeux, sur son établi, le livre des saintes Lettres, afin
que, tandis que ses mains seraient occupées au travail
matériel, Tesprit pût se nourrir de la divine doctrine.
Quand Éloi était obligé de s'absenter, il reprenait tout
haut la lecture interrompue afin que tous pussent en
profiter. Tous, du reste, se succédaient dans la chapelle
domestique de leur commun maître pour chanter à tour
de rôle l'office canonique. Ainsi, la maison d'Éloi était
en même temps un atelier d'où sortaient des œuvres
d'art en grand nombre, et un monastère où l'on psal-
modiait jour et nuit, comme en une nouvelle Thébaïde.
Les imvrlers y travaillaient sur l'or comme les cénobites
d'Egypte sur le jonc. Mais qu'importe la matière! Les
uns et les autres avaient l'oreille attentive à la lecture,
la bouche ouverte à la louange et la pensée fixée au ciel.
Cette ferveur, chez saint Til surtout, n'avait d'égale que
son assiduité à fréquenter les églises où il accompaganit
son maître, assistant avec lui aux offices tant du jour
que de la nuit. Tout ce qu'on y lisait de la sainte Écri-
ture, il l'écoutait religieusement, le recevait d'un cœur
.avide et le retenailf fidèlement dans sa mémoire. En un
mot, il faisait de merveilleux progrès tant dans la piété
que dans son art, et bientôt il fut un parfait imitateur
de son maître. Éloi, qui fit tant de moines, n'était point
moine lui-même, mais toute sa manière d'être au-dedans
et #u dehors était celle d'un excellent religieux qui trou-
vait son cloître partout, parce que partout il portait son
esprit de recueillement et de prière (1). Une vie si sainte
■ ■ Il II
{{) Bollandistea, n- 9, 10, 11,
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— 591 —
eut bientôt sa récompense : Éloi fut choisi pour être .
évêque de Noyon* et sacré à Hçuen .avec saint Ouen,
son ami, en 640.
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«
TIL, ABBÉ DE SOLIGNAC
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CHAPITRE III
TIL PiAtRE et religieux
(640-659)
EVENu évêque, Éloi ne voulut point se séparer de
son cher et fidèle disciple; il Temmena avec lui
dans son diocèse, et, malgré les résistances de son
humilité (1), il l'ordonna prêtre. Mais Tévêque n'avait
élevé au sacerdoce son ancien compagnon d'atelier que
pour se donner un auxiliaire de son apostolat. Son dio-
cèse, en effet, s'étendait bien avant dans les Pays-Bas,
et l'idolâtrie régnait encore en plui^ieurs lieux. Aussi le
zèle dont il brûlait pour le salut de son troupeau ne
lui permit point d'attendre longtemps pour aller travailler
à la conversion de ces âmes assises à l'ombre de la mort.
L'année même qui suivit son élévation à l'épiscopat, il
partit, accompagné de saint Til. Quoique âgé de cin-
quante-deux ans, l'évêque, devenu missionnaire, s'aven-
ture au milieu de pays et de peuples encore sauvages :
Flamands, Frisons, Suèves et autres riverains de la Bal-
tique. Avec sa houlette transformée ^n bâton de pèlerin,
il porte peut-être encore les instruments de l'orfèvre qui
ont déjà fatigué son bras (2). A ses côtés, dans ces ré-
gions submergées ou glacées, marche Til, son compa-
gnon, qui travaille comme lui à la CQiwersion des ido-
lâtres. De fait, les habitants des environs d'Iseghem et
de Gids, dans les Pays-Bas, le vénèrent de temps immé-
morial comme leur patron et leur apôtre (3).
Ces deux localités belges ne furent assurément pas les
seules où saint Til exerça son apostolat avec grand fruit,
(1) CompuUus (Mabillon).
(2) Verdière.
(3) Molanus, Natales
T. DC
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— 594 —
grâce à cette éloquence persuasive dont ses historiens
font si souvent mention. Mais il est à croire qu'il ne
poussa pas aussi loin, et surtoulNiu'il ne prolongea pas
aussi longtemps que son maître, sa carrière apostolique.
Déjà commençaient à le tourmenter ce désir de la fuite
dn monde et ce besoin de la solitude, qui le poursui-
virent jusqu'à son dernier jour. Aussi ne tarda-t-il pas,
avec l'agrément de son maître, à quitter tout-à-fait le
siècle pour se réfugier dans son cher monastère de So-
lignac. Enfin il est véritablement moine ! et c'est avec
bonheur qu'il prend sur lui le joug si doux de l'Évan-
gile et le fardeau léger du Christ.
Avec quelles démonstrations de joie notre bienheureux
ne fut-il pas reçu dans le monastère limousin par l'abbé
et ses moines ! On n'avait pas perdu de vue le sou-
venir de sa ferveur première; mais on s'aperçut bientôt
combien elle était maintenant dépassée. Qui pourrait dire
combien le fervent religieux parut tout d'abord humble,
dévoué, tout appliqué aux choses de Dieu? Il se faisait
tout à tous : joyeux avec ceux qui étaient dans la joie,
triste avec ceux qui étaient dans la tristesse. Ses yeux
versaient très souvent dès larmes; ce don des saints,
il l'avait acquis par des veilles assidues, une charité
consommée, une chasteté parfaite et surtout une humi-
lité des plus profondes (1).
Tel est, bien abrégé encore, le tableau que nous fait
de la vie du nouveau religieux le chroniqueur de Soli-
gnac. Aussi, bfen que très utile déjà à ses frères par
l'exemple de ses vertus, Dieu voulut tirer cette lumière
de dessous le boisseau de l'humilité où elle se tenait
cachée, pour la placer sur le chandelier de la dignité
abbatiale. L'occasion se présenta bientôt. Saint Rémacle
ayant été élevé sur le siège épiscopal de Maëstricht (651),
le fondateur, pour le remplacer à la tête de son mo-
nastère, n'alla pas chercher loin : Til était là, et mal-
Ci) Mabillon, n* 6.
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— 595 —
gré de nouvelles résistances de sa part, Éloi en fit le
second abbé de Solignac (1).
Les détails de Fadnjinistration du saint abbé ne nous
ont point été conservés, sauf deux ou trois, qui nous
aideront à mieux connaître le fond de •son âme. Il
voulut que des aumônes abondantes fussent distribuées
chaque jour aux portes du monastère, heureux de par-
tager ainsi avec le Christ les trésors du couvent, de lui
rendre, dans la personfle des pauvres, une partie des
richesses que sa Providence lui avaient départies. Un
des plus importants devoirs des supérieurs, c'est l'ins-
truction et la direction de leurs subordonnés; Tabbé de
Solignac n'avait garde de manquer à ce point : fré-
quemment il donnait à ses moines les avis les plus
salutaires, leur révélait les secrets de la vie intérieure,
et leur enseignait les mystérieux rapports de l'âme avec
son Dieu (2).
(1) Verdière. — Mabillon soulève une difficulté au sujet de cette
nomination : c'est que la seconde vie du saint qu'il a publiée
n'en parle point, et que le Martyrologe de Tabbaye, qu'il a con-
sulté à Solignac, fait mention de saint Til comme moine et con-
fesseur, mais non comme abbé. Il faut remarquer d'abord que la
seconde biographie est défectueuse et moins complète que la pre-
mière éditée par les Bollandistes. Qgant aux livres du monastère,
ils font déjà confusion au sujet de saint Rémacle, qui ne serait
plus le premier abbé, mais aurait été formé sous un autre. L'an-
cien orfèvre nous parait donc en possession de son titre, tant
qu'on n'apportera pas de preuves plus décisives pour le lui ôter.
L'oraison de sa fête, qu'on verra plus loin, le lui donne, et ses
caractéristiques lui mettent la crosse en main, ka résolution que
va prendre Til de se retirer dans le désert, après la mort d'Éloi,
s'explique mieux aussi par le désir de fuir une dignité que son
maître vénéré avait pu seul le déterminer à subir, et dont ses
frères sans doute refusaient de le délivrer. Quoi qu'il en soit,
saint Til est distingué, dans son célèbre couvent, comme un
guide des âmes, et appelé docteur dans l'oraison en son honneur.
« Alors brillaient merveilleusement, dit le moine de Solignac, trois
lumières éclatantes : Ëloi, Rémacle et Thillon.
(2) Bollandistes, n* 13.
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— 596 —
Mais en s'occupant des autres, il ne se négligeait
point lui-même. Oublier toutes ses œuvres passées; se
porter toujours en avant avec une ardeur nouvelle; mar-
cher chaque jour de vertu en vertu; chaque jour mon-
tef plus haut dans la perfection, c'est ce qu'avait fait
autrefois saint Paul, c'est ce que faisait saint Til. Aussi
ses frères voyant en lui une sainteté si haute, une
ferveur si soutenue, une perfection si rare, ne pou-
vaient s'empêcher de l'admirei en secret. Bientôt les
sentiments firent explosion. La vénération qui était dans
tous les cœurs se fit jour par les louanges qui écla-
tèrent dans toutes les bouches. Les marques d'un res-
pect toujours plus profond le suivaient partout. Plus il
fuyait ces honneurs, plus ses frères l'exaltaient. Il avait
beau défendre; sous ce rapport il n'était jamais obéi.
Cette situation devint bientôt absolument intolérable pour
son humilité, car il craignait que la louange humaine,
la plus délicate et la plus terrible peut-être des tenta-
tions, ne le fit déchoir de la grâce. Aussi songeait-il à
se démettre de sa dignité. Mais le respect pour la vo-
lonté de saint Éloi, à qui il devait tant, le retenait
toujours. La Providence ne tarda pas à mettre un terme
à celte espèce de situation violente à laquelle l'humble
ouvrier s'était vu condamné par son élévation à la dignité
abbatiale (1). •
(l) Mabillon, n- 7.
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— 597 —
CHAPITRE IV
TIL SOLITAIRE A BRAGEAC
(659-675?)
^^ 'an de J.-C. 659, le !•' décembre, à une heure de
nuit, saint Éloi expirait après avoir embrassé
l'un après l'autre tous ses disciples et ses servi-
teurs. Il avait soixante-dix ans. En apprenant cette mort,
Til sentit son âme envahie par IsT douleur la plus vive.
Éloi n'était-il pas son père? Ne lui devait-il pas et sa
liberté, et son baptême, et son art, et le sacerdoce, tout
enfin ? Aussi voua-t-il dès lors à son libérateur et maître
un culte reconnaissant, dont nous verrons plus tard une
éclatante preuve.
A ce premier sentiment s'en joignit bientôt un autre :
Fespérance d'être enfin délivré d'une charge qu'il n'avait
acceptée que par obéissance et qui l'accablait. Son plan
fut bientôt tracé. Se démettre de sa dignité, reprendre
un rang subalterne en priant ses frères de se donner
un autre chef, c'était un moyen dont le succès lui pa-
raissait trop douteux. Sa démission serait-elle acceptée?
et du reste, l'estime universelle qui l'avait porté au pre-
mier rang ne viendrait-elle pas le chercher au dernier?
C'était à craindre; c'était du moins possible. Il y avait
un moyen plus radical et plus sûr : la fuite. C'est la
fuite qu'il choisit.
Une nuit donc, tandis que tous ses frères reposaient,-
il s'échappe clandestinement (1) du monastère et s'enfuit
seul dans la direction du Sud-Est. Ses biographes nous
le montrent pénétrant dans l'intérieur des terres, à tra-
vers les lieux les plus sauvages. Arrivé sur les confins
du Limousin et de l'Auvergne, il traverse la t)ordogne
et se dirige du côté des montagnes. Depuis qu'il était
(1) C landes tino diacessu monststerium deseruît. Mabillon, n* 7.
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— 598 —
moine, il n'abhorrait rien tant que le séjour et l'ap-
proche des villes et ne soupirait qu'après la solitude. Il
est servi à souhait. Une petite rivière, TAuze, descen-
dant du haut pays, coule entre deux bords de rochers
élevés et très abrupts. Des forêts couvrent çà et là les
pentes roides. C'est dans ce labyrinthe presque impra-
ticable que s'engage le fugitif, remontant péniblement
le cours du torrent. Longtemps il avança lentement,
cherchant de tous côtés un lieu propice à la vie soli-
taire qu'il voulait mener désormais. Enfin il le trouve
au milieu de roches escarpées où l'on ne pouvait arriver
qu'en rampant sur les mains et sur les genoux, et encore
avec bien des difficultés. Tout cependant, dans ces pa-
rages, n'était pas roches nues et horribles précipices. Sur
les bords de la haute plaine on apercevait des arbres
fruitiers, quoique sauvages, et, s'échappant à leur ombre,
une source dont les flots, extrêmement limpides, tom-
baient en cascade, de rocher en rocher. Ces horreurs,
mêlées d'agréments imprévus, plurent à notre héros et
le déterminèrent. Il redouble d'efforts, grimpe encore et
parvient enfin au lieu dont l'aspect l'avait frappé de
loin. C'était le sommet d'une roche escarpée, exposée
au midi et contournée presque entièrement par la rivière
frémissante. Heureux au possible d'avoir trouvé un tel
désert, si favorable à son dessein, l'homme de Dieu ré-
solut de s'y fixer, et sur-le-champ, tombant à genoux
et les bras étendus, il promet à Dieu de n'en plus
sortir (1).
Mais hélas ! là aussi la tentation saura le trouver,
plus violente, plus importune que jamais. L'ennemi du
salut l'a suivi au désert; il le presse, le harcelle sans
lui laisser de repos, ni le jour, ni la nuit. Nous n'en
finirions pas, dit le moine de Clairmarais, si nous vou-
lions raconter toutes les tentations qu'il eut à subir et
(1) BollandUtes, n* 14.
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— 599 —
dont il triompha par sa vigilance et son incroyable aus-
térité. Comme le remarque à son tour le chroniqueur
de Solignac, Til n'était pas un néophyte dans la vie
spirituelle. Déjà, nous le savons, il avait, selon la règle
portée par saint Benoit, longuement pratiqué la vie cé-
nobitique dans le monastère limousin. Ce n*est qu'après
avoir été éprouvé par l'obéissance, comme l'or par le
feu, après avoir appris à combattre dans les rangs de
la milice sacrée, qu'il était descendu, armé de toutes
pièces, dans le combat singulier de la vie érémitique.
Si les attaques du démon étaient continuelles, et ter-
ribles les assauts livrés contre le saint religieux, du
côté de celui-ci la résistance était vigoureuse et les
victoires toujours assurées. Mais à quel prix ne les
achetait-il pas! longs jeûnes, oraisons ininterrompues,
macérations, telles étaient les armes dont se servait
notre athlète pour remporter ses glorieux triomphes (1).
Entrerons-nous dans le détail de sa vie mortifiée? Sa
nourriture était des plus parcimonieuses : c'étaient des
fruits crus et des racines d'&erbes ; encore ne mangeait-
il qu'une fois le jour, après le coucher du soleil. Il
n'usait de pain que tous les trois ou quatre jours, avec
un peu de sel pour unique assaisonnement. Les diman-
ches et les fêtes solennelles, il avançait un peu l'heure
de son unique repas. Sa boisson, c'était l'eau de la
source coulant non loin de sa grotte.
Son habit était très grossier et ne consistait qu'en
une tunique, à laquelle s'adaptait un capuce. Dessous,
sur la chair nue, il portait un rude, cilice, qu'il ne
quittait jamais jusqu'à ce qu'il tombât en lambeaux.
Il priait fréquemment, et sa méditation n'était inter-
rompue que par le chant des psaumes et le travail des
mains. La vie des anciens solitaires était son objectif;
aussi, loin de rester inoccupé, il retournait la terre avec
(1) Mabillon, n* 8.
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— 600 —
un hoyau, ajoutant la fatigue du travail corporel à celle
du jeûne.
Que dirons-nous de ses veilles? Il les prolongeait bien
avant dans la nuit, et lorsque enfin le sommeil l'acca-
blait et que la nature le forçait à prendre un peu de
repos, il déroulait sur la terre une natte grossière et
y étendait ses membres exténués. Triste couche! il ne
s'y oubliait pas longtemps, car Tamour du Christ qui
brûlait son àme ne lui permettait point de prendre un
long repos entre les mortifications de la veille et les tra-
vaux du lendemain. Une vie si rude eut bientôt réduit
notre héros à une maigreur extrême (1).
Longtemps il vécut ainsi seul au désert, objet d'ad-
miration pour Dieu et ses anges; aucun mortel ne con-
naissait encore sa retraite. Cependant la providence vou-
lut enfin révéler au monde cette lumière, qui devait en
éclairer plusieurs et leur montrer le chemin du salut.
Quelques paysans voisins découvrirent un jour par hasard
la cellule de Thomme de Dieu, et commencèrent à divul-
guer son existence et son genre de vie. Mais quel était
ce saint ermite? d'où venait-il? comment se nommait-il?
personne ne pouvait le dire, et lui-même refusait de
parler là-dessus. Alors on commença à l'appeler Paul (2).
Il semble, d'après ces mots du premier biographe, qu'il
faut attribuer cette appellation au désir de Vincognito de
la part du saint. D'après les auteurs belges, « il vescut
» avec tant d'austéritez qu'il fut tenu et réputé pour un
» saint Paul l'hermite (3). o Son second biographe donne
une autre explication. « Son ermitage commença a être
connu des hal)itants de la contrée, et lui-même à être
appelé Paul, à cause de sa simplicité, car, ajoute-t-il, il
était extrêmement simple et droit (4). » Dans l'opinion
(1) Bêllandistes, n- 14, 15. Mabillon, n' 8.
(2) Cœpil vocari Paulus. {Bollandistes, n* 16.)
(3) Anniversaires des saints de Belgique.
(4) Mabillon, n- 9.
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— 601 —
du P. Verdière, Paul aurait été le nom de baptême
donné au jeune captif saxon ; le nom national était seu-
lement plus usité, et voilà pourquoi, d'après lui, le soli-
taire se serait fait donner l'autre comme moins propre
à révéler aux siens sa retraite éloignée.
Cependant la renonmiée publiait partout les vertus
extraordinaires de Fhomme de Dieu, et de tous côtés,
hommes, femmes, enfants, nobles et roturiers, pauvres
et riches venaient à lui pour se recommander à ses
prières et entendre de sa bouche la parole de vie. Rien
n'égalait l'ardeur et la sainte avidité de cette foule, si
ce n'est son flot toujours montant. Ici les chroniqueurs
reviennent sur son éloquence et nous disent, avec une
complaisance naïve, comment les discours coulaient de
sa bouche avec la douceur du miel. Sa parole facile,
toujours agréable aux auditeurs, ne laissait pas d'être
en même temps remarquable par le fond de la doc-
trine, par la prudence de l'expression et l'habileté à
expliquer les saintes Écritures. Le sujet le plus ordi-
naire de ses discours portait sur la nécessité de la foi
en la Trinité (ce qui montre que l'arianisme n'avait pas
encore complètement disparu de ces contrées), la pureté
des mœurs, la charité mutuelle, la fuite du monde, la
brièveté de la vie et la nécessité de se préparer au juge-
ment par la pratique des bonnes œuvres (1).
Comme pour les apôtres, Dieu confirmait ses ensei-
gnements par le témoignage des miracles, et plus d'une
fois il arriva que, par ses prières, plusieurs de ses au-
diteurs furent guéris de maladies ou infirmlMs diverses.
Jamais cependant, à la vue de ces cures loerveilleuses,
son cœur ne s'enfla de vaine gloire, et il avait bien soin
de faire remarquer alors que ces guérisons étaient l'effet,
non de ses mérites, mais uniquement de la toute-puis-
sance et de la bonté de Dieu (2).
(Y) Mabillon, n* 10.
(2) Bollandistes, n* 17.
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— 602 —
Grâce à ces prodiges, la foule ne fit qu'augmenter
autour de sa cellule. Beaucoup, pour le voir, entrepre-
naient un voyage aussi long que difBlcile, en sorte que
le rocher habité par le solitaire devint un but de véri-
table pèlerinage, à tel point que devant sa porte c'était
un bruit constant, une agitation continuelle. Voyant cela,
quelques hommes qu'animait le désir d'imiter ce nou-
veau Paul, le prièrent de quitter sa retraite où les
pèlerins n'abordaient qu'avec peine, et de choisir un
emplacement plus commode pour y bâtir un monastère.
Toujours prêt à faire plaisir à ses semblables il y con-
sentit et commença à élever non loin de là, sur les
bords de la plaine fertile, un monastère dont les tra-
vaux furent poussés avec activité et qui fut appelé Bra'-
jectum, Brageac (1). Là se rassemblèrent jusqu'à trois
cents moines, venus de diverses provinces pour marcher,
sous la direction de saint Til, dans les voies de la
perfection religieuse (2).
Mabillon, il est vrai, n'admet pas comme vraisem-
blable la' réunion d'un tel nombre de religieux dans ce
lieu sauvage. Mais, d'après ce savant bénédictin lui-
même, dans toute la Gaule, depuis Glovis, et même par-
tout, dans les vi* et vu* siècles, de semblables faits se
produisent. Des multitudes affluent auprès des saints
ermites pour les admirer et les imiter. Du reste, à côté
des religieux proprement dits, ne tarda pas à se former
la classe si nombreuse des convers. De telles agglomé-
rations furent l'origine de beaucoup de villes et de
bourgs, que les anciens n'avaient pas eu l'idée de fon-
der dans des lieux d'abord inhabitables. D'aiUeurs notre
saint avait trouvé près de sa retraite, presque inabor-
dable, un de ces sites enchanteurs et fertiles tels que
les communautés savaient si bien les choisir. Ainsi
(1) Brageac est aujourd'hui un bourg de 400 habitants, du canton
de Pléaux (Gantai).
(2) BolUndistes, n* 18.
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— 603 —
laissons à notre saint ermite la gloire d'avoir établi à
Brageac le centre d'une de ces pieuses populations où
les monastères faisaient de nombreuses recrues (i).
Le moine de Qairmarais, gui s'étend sur la fondation
de Brageac, va jusqu'à nous rapporter des discours en-
tiers que saint Til, redevenu supérieur malgré lui, aurait
adressés à ses religieux. Sans plus de façon il place
dans la bouche de son héros des enseignements spirituels
empruntés mot pour mot au père des solitaires d'Egypte,
au grand saint Antoine, et que pour cette raison nous
ne rééditerons pas. Mais, quoi qu'il en soit de l'authen-
ticité plus ou moins grande des discours du saint abbé,
sa parole enflammait ses disciples et les portait à
la pratique fervente de toutes les vertus monastiques.
Et telle était leur ardeur que leurs efforts, si grands
qu'ils fussent, n'égalaient jamais leurs désirs. Ce n'étaient
pas seulement ses propres religieux qui demandaient ses
conseils, mais, des différents monastères qui existaient
déjà en Auvergne, des troupes de moines venaient au
nouvel Antoine pour écouter ses enseignements, sans pou-
voir jamais se rassasier de l'entendre (2).
Tels sont les souvenirs qui nous sont restés du séjour
de saint Til à Brageac, car Dieu ne voulut pas qu'il y
terminât sa carrière mortelle : le soldat du Christ devait
déposer les armes au lieu où il les avait prises, à
Solignac.
(1) Verdière.
(2) Bollandistei, u- 19, 20.
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— 604 —
CHAPITRE V
TIL REVIENT A SOLIGNAC
R, dit le biographe de Clairmarais, il vint un jour
au bienheureux Til le désir de revoir le monas-
tère limousin qu'il avait autrefois gouverné. Sui-
vant une autre tradition, un ange lui-même serait venu
avertir le saint anachorète de rentrer dans son premier
couvent, où il devait finir ses jours. En réalité, il n'avait
rien gagné à fuir Thonneur d'être le chef d'une grande
famille monastique; une autre, non moindre, plus nom-
breuse peut-être, était venue se jeter dans ses bras. Une
nuit donc que tous les frères reposaient à Brageac,
tandis qu'ils étaient plongés dans le premier sommeil,
l'homme de Dieu quitte secrètement le monastère et,
accompagné seulement de deux disciples qu'il avait nais
dans son secret, il reprend le chemin de Solignac.
Heureux d'accueillir un père qu'ils n'espéraient plus
revoir, ses anciens frères immolèrent ensemble « la vic-
time d'augmentation (1), » terme qui rappelle une fête
fraternelle de joie inespérée à voir la famille augmentée
par le retour, non d'un fils perdu et égaré, mais d'un
père qui n'avait quitté les siens que pour s'unir plus
étroitement au Dieu en qui il les aimait. Cette allé-
gresse se prolongea avec le séjour de Til. L'abbé était
alors Childomar ou Childemer (2).
Les biographes de notre saint s'étendent ici de nou-
veau avec complaisance sur l'exacte discipline qui régnait
à Solignac, la perfection de ses habitants et l'heureuse
paix qui régnait en ce séjour. Mais la merveille du
monastère, c'était assurément notre héros, d'autant plus
humble à ses propres yeux qu'il était plus grand aux
yeux de ses frères. Son humilité était en effet prodi-
(1) Victimam SLugmentationia. {Bollandistes, n* 22.)
(2) Verdière.
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— 605 —
gieuse. Il marchait au milieu des siens les yeux baissés,
la tête modestement inclinée, d'un extérieur plein en
même temps de gravité et de simplicité. S'il venait à
passer devant un moine, quel qu'il fût, il lui faisait
une profonde révérence, et, ce qui est plus admirable,
il demandait à tous, même aux plus jeunes, leur béné-
diction. Pour nourriture on ne pouvait lui faire accepter
que du pain, le plus grossier qui fût dans la maison,
et encore le recevait-il à titre d'aumône. Il n'est pas
étonnant, avec une telle humilité et une si grande mor-
tification, que le bienheureux Til fût favorisé du don
des miracles. Déjà, nous l'avons vu, il en avait opéré,
dans sa retraite des bords de l'Auze, un certain nombre
dont les chroniqueurs ne nous ont point conservé le
récit. Ici nous sommes plus heureux, et nous pourrons
en raconter plusieurs qu'il fit à Solignac, soit avant soit
après sa mort (1).
Le premier eut lieu en faveur d'une femme qui avait
une grande plaie, peut-être un cancer, et qui vint un
jour à la porte du monastère demandant le saint avec
instance. Til ne voulut jamais, malgré ses prières et ses
larmes, consentir à la voir, même un instant. A la fin,
cependant, il lui envoya dire de prier Dieu avec con-
fiance et qu'elle guérirait. La femme n'en demanda pas
davantage : elle s'en retourna pleine de confiance en
la parole du saint homme. Ayant donc invoqué le nom
du Seigneur Jésus, la grâce désirée ne se fit pas
attendre : elle rentra chez elle, subitement et parfaite-
ment guérie (2).
Ce miracle, dû évidemment aux mérites du saint bien
plus qu'aux prières de la malade, ne fit qu'accroître
l'estime et la vénération générales dont il était entouré.
Aussi l'homme de Dieu, qui sentait du reste la vieillesse
approcher, en conçut un désir plus violent que jamais
(1) Bollandistes, n* 23.
(-2) Bollandistes, n* 24. Mabillon, n' 17.
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— 606 —
de la solitude absolue. Il va donc se présenter un jour
à Tabbé Gondebert, qui avait succédé à Ghildemer, et
lui demande en grâce la permission d'élever près du
monastère, mais en dehors et à une petite distance de
son enceinte, un oratoire en Thonneur de saint Ëloi,
son maître vénéré, pour y terminer ses jours entière-
ment séparé du monde et seul avec Dieu. L'abbé dut
se rendre à ce pieux désir; il avait coutume, du reste,
de ne rien refuser à son vénérable prédécesseur; il lui
fit donc construire, à trois kilomètres environ du mo-
nastère, une petite celle où l'homme de Dieu se retira.
Ge fut probablement la première chapelle élevée par la
reconnaissance de l'ouvrier au patron, à qui il devait
tout après Dieu : double afiFranchissement de l'esclavage
du démon et des hommes; double adoption, celle du
Père céleste et celle d'un père ici-bas; enfin double
formation comme artiste de premier ordre et conune
parfait religieux (1).
Dans son nouvel ermitage, Til ne demeurait jamais
oisif : il priait, lisait, travaillait des mains; surtout il
offrait chaque jour, avec une ferveur angélique, le sacri-
fice de l'autel. Lorsqu'il sortait de sa cellule, il se mu-
nissait du signe de la croix et formulait une courte
prière; lorsqu'il rentrait, il priait encore avant de s'as-
seoir pour se reposer. Le soir venu, il se disposait à
sanctifier la nuit par la prière; mais ici il lui fallait
user de ruse. Il commençait par s'étendre sur sa couche
et faisait semblant de reposer; mais lorsqu'il pouvait
supposer endormis les deux religieux qu'on lui avait
donnés pour le servir (peut-être les mêmes qui étaient
venus d'Auvergne avec lui), il se levait doucement, en-
trait dans l'oratoire, et, se prosternant sur le pavé, il
passait presque toute la nuit à prier avec grande abon-
dance de larmes. Tels étaient les saints exercices par
(1) Verdière.
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^ 607 —
lesquels il se préparait à la mort, car il soupirait sans
cesse après réternelle patrie (1).
Néanmoins, il avait beau vouloir fuir le monde et
s'ensevelir dans la solitude, Til ne pouvait parvenir à
se séparer de sa réputation de sainteté, à s'affranchir
de la confiance qu'on avait en ses mérites. On raconte
que la femme du comte Lautaire, nonunée Âlmane par
les uns, Colmaine par d'autres, lui envoya un jour une
fiole d'huile pour qu'il la bénît. Elle voulait s'en servir,
comme c'était l'usage alors, dans ses infirmités ou ma-
ladies. L'ampoule de verre était loin d'être pleine; il
n'y avait qu'un peu d'huilé au fond. Le saint la bénit,
et aussitôt la liqueur commença à monter. Dans le che-
min, le serviteur qui rapportait à sa maîtresse l'huile
bénite remarqua qu'elle augmentait toujours, à tel point
que bientôt non-seulement le vase fut plein, mais le
liquide conunença à déborder et à couler avec abon-
dance sur ses mains et ses vêtements. À la vue de ce
prodige, Colmaine se rend en toute hâte auprès du saint
pour le remercier et aussi pour le voir, selon la re-
marque du biographe. Elle lui offre, pour l'ornement
de son oratoire, une assez forte somme que le solitaire
accepte, puis elle le quitte en se reconmiandant instam-
ment à ses prières (2). Molanus ajoute que le comte
ayant appris par sa femme la multiplication de l'huile
bénite, envoya aussi des présents au saint moine. Mais
celui-ci, qui avait accepté pour l'église les dons de la
comtesse, refusa ceux qui lui étaient offerts pour lui-
même.
Une autre femme avait au cou une plaie énorme, et
déjà tout le monde la condamnait. La crainte de la mort
la fit recourir au saint homme pour le prier de faire
seulement le signe de la croix sur son mal hideux et
répugnant. La foi de cette pauvre femme fut magnifi-
(1) Bollandisles, d» 25.
(2) Bollandistes, n* 26. Mabillon, n* 19.
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— 608 —
quement récompensée : à peine le religieux eut-il formé
sur la plaie le signe du salut que la femme se sentit
guérie (1).
Racontons encore quelques prodiges que les anciens
historiens disent être parfaitement avérés. Saint Til en-
trait un jour au monastère, où il allait quelquefois par
charité pour ses frères, lorsque ayant passé le seuil
il rencontra un serviteur de la maison qui avait les
membres tout contractés par une paralysie; il se traî-
nait à peine. La vue inespérée du saint excite la con-
fiance de l'infirme, qui le supplie de lui venir en aide
en priant pour lui. Til s'y refuse d'abord, craignant un
miracle. Mais le pauvre paralytique fait si bien que,
la charité l'emportant sur l'humilité, le bon religieux
se recueille et adresse mentalement à Dieu une prière
pour son client; puis il trace sur chacun des membres
de l'infirme le signe de la croix. Le contact d'une si
sainte main amena immédiatement la guérison du para-
lytique, qui se releva sain et sauf (2).
Il y avait, dans le cellier du monastère, une grande
tonne de vin où les religieux puisaient pour faire la
charité aux pauvres (la charité d'aujourd'hui n'est pas
toujours aussi luxueuse). Or, il arriva qu'à force de
tirer du vin il ne s'en trouva presque plus dans le
tonneau. Til, se trouvant un jour au monastère, s'aper-
çut que la provision des pauvres s'achevait; sans qu'on
le remarquât, il bénit le tonneau et rentra dans son
ermitage. Le lendemain, un serviteur étant entré dans
le cellier, trouva la tonne, qu'on avait laissée presque
vide la veille, pleine maintenant jusqu'au bord. On en
avertit l'homme de Dieu, qu'on soupçonna aussitôt d'être
l'auteur de cette multiplication, et on lui apporta de ce
vin miraculeux pour qu'il en goûtât le premier; mais à
peine voulut-il y tremper les lèvres (3).
(1) Bollandistes, n* 27. Mabillon, n* 20.
(2) Bollandistes, n« 28. Mabillon, n« 21.
(3) Bollandistes, n- 29. Mabillon, n* 22.
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— 609 —
Il y eut encore beaucoup d'autres miracles opérés par
saint Til; mais, pour, ne pas être trop long, nous les
passons sous silence, dit l'auteur de sa première vie.
Nous en ajouterons cependant un autre rapporté par le
moine de Solignac. Le siège épiscopal de Limoges était
alors occupé par Hermen, ou Hermenon, homme véné-
rable, qui connaissait la sainteté du pieux ermite et qui
avait souvent bénéficié de ses mérites^ auprès de Dieu.
Or, il arrivait que souvent le vénérable évêque souffrait
violemment de la fièvre. Il envoyait aussitôt un mes-
sager vers l'homme de Dieu, avec prière d'intercéder
pour lui auprès du Seigneur. Les prières de Tévèque
étaient des ordres pour saint Til, qui se mettait alors
en oraison, veillait toute la nuit à Tintention d'Hermen,
et obtenait infailliblement sa guérison. Ainsi le pauvre
moine, Thumble religieux, obtenait de Dieu ce que
Tévêque n'osait demander lui-même. Après sa mort, Til
continua au vénérable pontife sa charitable assistance,
comme nous le verrons hientôt (1).
Hermen n'était pas le seul évêque qui eût l'anachorète
en grande vénération : saint Bonnet, évêque d'Auvergne,
le connaissait aussi de réputation, et il avait tant de
confiance en ses lumières qu'il fit le voyage de Soli-
gnac exprès pour le consulter. Voici à quelle occasion.
Avit, évêque de Glermont, sentant sa fin approcher, jeta
les yeux sur son entourage pour voir qui était plus
capable d'occuper son siège après lui : son choix se fixa
sur son propre frère. Bonnet, qui fut sacré évoque, du
consentement de Thierri II. Pendant dix ans, le frère
de saint Avit gouverna l'église d'Auvergne avec beau-
coup de zèle et à la grande édification dé tous. Mais
au bout de ce temps, des doutes lui vinrent sur la
canonicité de son élection, et personne ne lui parut plus
propre à les éclaircir que le saint ermite de Solignac,
qui avait autrefois habité son diocèse. Bonnet vint donc
(1) Mabillon, n* 16.
T. tX. 4-5
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— 610 ^
le trouver, lui communiqua sa peine de conscience et,
sur son avis, se démit de son évêché pour se retirer
dans l'abbaye de Manglieu (1).
C'est vers Tan 699 que saint Bonnet était venu con-
férer avec saint Til. Celui-ci était déjà parvenu à une
extrême vieillesse. Il avait pratiqué tour à tour, avec
une rare perfection, les vertus de la vie chrétienne,
apostolique, religieuse et cénobitique; ses mérites sont
maintenant au comble. Aussi Dieu se prépare à le ré-
compenser* en l'appelant à lui par la grâce d'une sainte
mort.
(1) Bollandistes, 15 janvier.
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— 611 -
CHAPITRE VI
MORT DE TIL
(702)
VANT de raconter les derniers instants de notre
héros, nous devons essayer de tracer son por-
trait d'après les détails que nous ont laissés ses
deux plus anciens biographes. L'esclave affranchi par
saint Éloi était d'une taille élevée, d'une beauté remar-
quable; il avait le corps bien fait et toute sa personne
était pleine de charmes. Ces avantages physiques n'étaient
que l'indice d'une âme encore mieux douée. Habileté dans
les arts, honnêteté de mœurs, intelligence rare, persua-
sive éloquence, bonté de cœur, voilà pour les talents et
dons naturels; et dans l'ordre spirituel, mortification des
plus austères, humilité profonde, amour passionné de la
solitude uni au zèle pour le salut des âmes, prudence
consommée dans le discernement des esprits, grand don
de prière, et surtout ardent amour pour le Christ, prin-
cipe de toute sainteté, le tout rehaussé par le don des
miracles (1), tel nous apparaît notre saint au physique
et au moral. Mais en lui ces qualités et ces vertus ne
firent que croître avec les années, en sorte que ce grand
serviteur de Dieu arriva, se perfectionnant toujours, à la
vieillesse la plus avancée. Après plus de quatre-vingt-dix
ans de longs et nombreux travaux, d'innombrables œuvres
de zèle, de grands et doux exemples de toutes les vertus,
le temps vint où ce soldat émérite devait quitter la tente
de son corps pour aller recevoir, dans la patrie céleste,
la couronne de justice de la main de son roi.
Connaissant par l'affaiblissement de ses forces, et aussi
par une inspiration d'en haut que son dernier jour appro-
chait, il manda auprès de lui ses frères en religion, les
(1) Mabillon, n- 4.
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— 612 —
moines de Solignac, pour leur annoncer sa dissolution
prochaine et leur dire un dernier adieu. Lorsque les
religieux, accourus en toute hâte à son appel, furent
réunis autour de lui, dans son humble ermitage : « Mes
» frères et mes maîtres, leur dit-il, écoutez ce que j'ai
» à vous dire, car c'est le Seigneur lui-même qui me
» Ta révélé. Mon temps est proche; bientôt, grâce à
» Dieu, je serai délivré des liens qui me retiennent ici-
» bas. Aussi je recommande avec instances à vos prières
» mon départ de ce monde. »
En Tentendant parler ainsi, les religieux, douloureu-
sement émus et ne pouvant retenir leurs larmes, le
supplièrent de ne pas les quitter encore et de démander
à Dieu, qui ne pourrait le lui refuser, de vouloir bien
retarder le pénible moment de la séparation.
Touché de leur douleur, le saint vieillard se prosterne
sur le pavé, qu'à son tour il arrose de pleurs, et bientôt
se relevant, il embrasse chacun de ses frères, verse sur
eux de douces larmes : « 0 mes frères, mes frères,
» disait-il, ne vous attristez pas ainsi, je vous en con-
» jure, cela ne convient pas; mais plutôt réjouissez- vous,
» car depuis longtemps je désire ce que vous redoutez.
» Si je vous quitte, ce n'est pas pour Texil, mais pour
» la patrie vera laquelle je soupire de toutes mes forces,
» car je sais en qui j'ai cru. Le Christ est ma vie, et la
» mort me sera un gain. J'ai fait la garde de mon mieux
» pendant la première, la seconde et la troisième veilles ;
» me voici à la quatrième, et bientôt paraîtra le jour.
» C'est pourquoi j'espère recevoir du Seigneur, dans
» l'éternelle béatitude, la couronne de gloire qui ne se
» flétrit pas. » Il n'en put dire davantage, et les frères
se retirèrent lentement, la tristesse dans l'âme.
Peu de jours après cette scène déchirante, saint Til
fut pris d'un fièvre légère qui alla en augmentant. Mais
tandis que son corps était dans le malaise et la dé-
faillance, sa sainte âme, toujours tournée vers le ciel,
ne cessait de s'occuper de Dieu. On était arrivé au jour
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— 613 —
de rÉpiphanie, qui Teut dire apparition du Seigneur. Ce
jour semblait on ne peut mieux choisi pour le passage
du saint à une vie meilleure. Il allait bientôt voir sans
aucun obstacle, mais fa^e à face et tel qu'il est en lui-même^
Celui qu'il n'avait contemplé jusque-là qu'«n énigme et
en apparence. Ce jour-là, il disposa tout dans son ora-
toire, indiqua le lieu où il voulait être enterré dans
l'église du monastère; puis, sentant la mort approcher,
il appelle un jeune garçon qui le servait et lui dit :
« Hfttez-vous, mon flls, i*endez-vous promptement à la
» ville de Limoges, et dites à l'évêque que je le prie
» de venir ici demain, afin de recommander mon âme
» à Dieu et donner à mon corps la sépulture chrétienne. »
Après cela il reçut le sacrement du corps et du sang
de Jésus-Christ, se munit du signe de la croix, et peu
après, entouré de quelques frères qui l'assistaient en
pleurant et en priant, priant lui-même, il rendit paisi-
blement le dernier soupir. C'était dans la nuit du 6
au 7 janvier, un peu après minuit, l'an 702, ou 707
d'après d'autres. Il était âgé de quatre-vingt-quatorze ans.
Cependant le jeune messager arrivait chez l'évêque,
qui était ce même Hermen si souvent guéri par les
prières du saint. Il le trouva couché et si malade qu'il
ne pouvait se tenir sur son séant, ni bouger dans son
lit. Par une disposition de la Providence, il n'avait pas
cette fois envoyé vers le saint pour demander d'être
guéri, comme nous savons qu'il avait l'habitude de faire.
Peut-être craignait-il, à la fin, de tenter Dieu. Néan-
moins, aussitôt qu'il eut entendu le message du bien-
heureux Til, la confiance lui revint. Il se recommande
intérieurement au saint, et, plein de foi, il dit à ses
serviteurs qu'il veut se lever. Comme ceux-ci, tout éton-
nés, hésitaient à lui donner ses vêtements, l'évêque, qui
un moment auparavant ne pouvait faire un mouvement,
se lève et s'habille sans le secours de personne : il était
subitement et complètement guéri.
Hermen part sur l'heure, non à cheval, mais à pied.
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— 614 —
par dévotion, et arrive à l'ermitage du saint religieux.
Celui-ci avait rendu le dernier soupir depuis plusieurs
heures. Après avoir célébré, selon la coutume, l'office
pour les défunts, Tévéque voulut, par reconnaissance et
par honneur, ensevelir le corps de ses propres mains,
porter, avec l'aide des moines, le cercueil au lieu de
la sépulture, dans l'église du monastère, et enfin le des-
1 cendre lui-môme dans la fosse. Les funérailles terminées
1 il revint dans la ville épiscopale, bénissant Dieu de la
! santé qu'il lui avait rendue par les mérites de son ser-
viteur (1).
Peu de temps après, le même évéque fit élever, au-
dessus de la tombe du saint, un monument funéraire
en forme de voûte, ouvrage d'or, d'argent et de pier-
reries d'un merveilleux effet, et y grava une inscrip-
tion composée à la mémoire du pauvre ermite. On aime
à voir l'art que Til avait cultivé s'employer, avec ce
soin et cette munificence, à orner son tombeau. Lui-
même sans doute s'était appliqué, dans les heures où
il se reposait de sa méditation solitaire, à exécuter
quelque beau reliquaire pour son cher patron. Limoges,
où il avait travaillé peut-être avec son maître, consacrait,
par l'entremise de son premier pasteur, ses richesses et
son industrie à la gloire du protecteur nouveau qu'elle
donnait, avec Éloi, à ses orfèvres émailleurs (2).
J.-B. Ghabau,
Chanoine honoraire.
(1) Bollandistes, n" 30, 31. Mabillon, n- 12, 13.
(2) Verdière.
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CROIX-RELIQUAIRE
CONSERVÉE A BRAGEAC
(cantal)
La croix dont nous donnons le dessin, d'après
des photographies de M. E. Molinier, est con-
servée dans Téglise de Brageac (Cantal), où elle
est connue, nous ne savons trop pourquoi, sous
le nom de Croix de saint TiL Elle est à
doubles traverses et formée de lames minces d'ar-
gent doré appliquées sur une âme de bois; les
rinceaux qui en constituent les ornements sont
estampés; un grènetis accuse les arêtes de la
croix.
Sa hauteur est de 150 millimètres; les deux
traverses mesurent, Tune 65 millimètres de long,
Tautré 85 millimètres ; l'épaisseur, est de un cen-
timètre.
Les reliques sont renfermées dans de petites
cavités ménagées le long du montant et des tra-
verses; celles qui sont à la rencontre des deux
croisillons ont elles-mêmes la forme d'une croix;
les autres consistent en simples trous dont les
bords, relevés légèrement en façon de bâtes, for-
ment ainsi une sertissure facile à faire, et par
suite très économique.
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— 618 —
Des inscriptions faites au repoussé nous ren-
seignent sur la nature des reliques : ce sont des
pierres du sépulcre, de Tétable du Sauveur et du
jardin de Gethsémani, du bois de la vraie Croix,
des vêtements du Christ. On lit en effet, en réu-
nissant les fragments de mots qui se trouvent en
tête de la croix et aux extrémités de chaque tra-
verse : LA PI DES SEPVL CRI; et le long du
montant : S.CRVX PRESEPE VESTI.M. GE-
SEMA.
Cette croix, qui date du xiii^ siècle, nous paraît
être de provenance limousine. Nous ne saurions
trop répéter, à ce sujet, ce qu'écrivait M. R. de
Lasteyrie à propos de la croix de Gorre (1).
Une opinion, très généralement admise, fait
supposer que toutes les croix à doubles traverses
sont de fabrication byzantine. C'est Didron qui
le premier, a commencé à accréditer cette erreur
et il en était 'arrivé à établir joette conclusion
que bien des archéologues ont depuis lors con
sidérée comme parole d'Évangile : « Nous enga
geons nos lecteurs à bien constater. la forme »et
le nombre des ' croisillons sur toutes les croix
qu'ils auront occasion de voir. Quand la double
traverse s'y rencontrera, l'origine et la nature n'en
seront plus douteuses : la croix sera grecque et
servira de reliquaire (2). »
On peut admettre facilement que la croix à
(1) Bulletin archéologique du Comité des Travaux historiques
et scientifiques de 1884.
(2) Annales archéologiques, t. V, p. 327.
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— 619 —
doubles traverses est d'origine orientale, qu'elle
était en usage depuis plusieurs siècles dans l'em-
pire de Byzance quand on s'est mis à en fabri-
quer de pareilles en Occident; mais il y a loin
à conclure' de là que par le seul fait qu'elles sont
à doubles croisillons, elles proviennent sans aucun
doute de l'Orient. Les expositions de Limoges et
de Tulle ont fourni un certain nombre d'objets
qui, sans parler de ceux qui se trouvent dans les
collections publiques et privées, donnent un dé-
menti formel à cette manière de voir.
Ernest Rupin.
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LIVRES DE RAISON
LIMOUSINS ET MARCHOIS
(Suite. — Voir t. ix, 2"' livraison.)
XVII
EXTRAITS d'un LIVRE DOMESTIQUE DE LA FAMILLE
LBYNIA DE GHA8SAGNB (1724-1804) (1).
Le vingt janvier mille sept cent vingt quatre, mon
épouse s'est accouchée du garçon. A été parein M* Pierre
Leynia, juge du Loy (?), mon père; mareine D*"* Fran-
çoise Lafont. Et a été baptisé par M. Ghadenier, vicaire
de Treignac (2) , led. jour. Deleynia. Est mort le dit
Pierre Leynia le 25 dudit mois.
Le trente un août mille sept cent vingt cinq, est née
Marrianne Leynia. Â été parein M"* Etienne Leynia, curé
de Saint-Hylaire-Foissac (3) ; mareine D*"* Anne Fayolle.
Et a été baptisée par M. Lafont, vicaire à Treignac, le
4 septembre 4725. Deletnia.
Le vingt six février mil sept cent vingt huit, est né
Pierre Leynia. A été parein M* Pierre Lafont, prieur
de Monceix (4) ; mareine D^"* Françoise Dugibanel. Et a
(1) Nous n'avons rien à ajouter aux indications données à Tin-
troduction. -— Alf. L.
(2) GheMieu de canton, arrondissement de Tulle (Corrèze).
(3) Aujourd'hui paroisse et commune du canton de Lapleau, ar-
rondissement de Tulle.
(4) Près Ghamberet. M. Tabbé Joyeux, curé de Yicq, a exécuté
au Mont-Geix des fouilles qui ont amené la découverte de restes
intéressants de Tépoque gallo-romaine.
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— 622 —
été baptisé par M. Lafont, vicaire de Treignac, le 29 du
dit mois. Deleynia.
Le trois octobre 1729, est né Pierre Leynia. A été
pareiii Pierre Leynia, s' du Mas, mon frère; mareine
D'"® Catherine Dequet, veusve de Jacques Boulière. Et
a été baptisé le 5 dudit mois par M. Daffleux. Deleynia.
E$t mort le dit Pierre le 13 février 1131.
Le 8 février 1732, est née Jeanne Leynia. A été
parein Pierre Leynia, s' du Mas, mon frère; mareine
D'"' Jeanne Grandchamp, sœur de St-Joseph. Et a été
baptisée le 10 du présent par M. Farge, curé de Sou-
daine (1}. Deleynia. Est morte ladite Jeanne Leynia le 13
janvier 1135,
Le 19 décembre 1733, ma femme s*est accouchée du
garçon. A été parein Denis Leynia, mon frère; mareine
Élisabet Granchamp. Et a été baptisé le 20 du présent
mois par M. Daffteux, curé de Treignac. Deleynia. Est
mort ledit Denis Leynia le 24 décembre 1733.
Le 18 septembre 1735, ma femme s'est accouchée d*un
garçon. A été parein Charles Joseph Grandchamp, sieur
de Lacueille (?) ; mareine Antoinette Leynia, ma sœur.
Et a été baptisé le 21 du présent mois par M. Vacher,
vicaire. Deleynia.
Le 8 mars 1737, ma femme s'est accouchée d'un gai^
çon. A été parein Louis Leynia, mon frère; mareine
Marianne Leynia, ma fllle. Et a été baptisé le 10 par
M. Daffleux, curé de Treignac. Deleynia.
Est mort ledit Louis le 17 juin 1737.
Le 15 décembre 1738, ma femme s'est accouchée d'une
fille. A été parein M* Pierre Leynia, vicaire à Vitract (2) ;
(1) Aujourd'hui commune du canton de Treignac. La paroisse de
La Vinadière a été réunie à celle de Soudaine.
(2) Aujourd'hui commune du canton de Corrèze, arrondissement
de Tulle.
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— 623 —
mareine D*"* Marie Grandchamp. Et a été baptisée le
18 du présent mois par M. Belarbre, curé de Sou-
daine. Deleynia.
Le 15 octobre 1740, ma femme s'est accouchée d'une
fille. A été parein Charles Janisson, s' de La Garde;
mareine Jeanne Ghayerebiëre, ma belle sœur. Et a été
baptisée le 16 du présent par M. Belarbre, curé de
Soudaine. Deleynia.
Le 5 février 1742, ma femme s'est accouchée d'une
fille. A été parein M* Pierre Lafont, prieur de Monceix
et curé de Meilhars (1) ; mareine Marie Leynia. Baptisée
le 11 dudit mois par M. Serre, curé de Chamberet (2),
à Soudaine. Deleynia.
Le 3 novembre 1744, ma femme s'est accouchée du [sic]
garçon. A été parein Louis Leynia; marraine Marianne
Boulière. Et a été baptisé le 5 du mois par M. Daffieux,
curé de Treignac. De Leynia.
Le 22 juillet 1746, ma femme s'est accouchée de deux
filles, baptisées le dit jour par M. Juge, curé de Sou-
daine, à Chamberet. Deleynia.
Le 24 août 1751, ma femme s'est accouchée d'un
garçon. A été parein M* Etienne Leynia, prêtre; mareine
demoiselle Marianne Décubes. Baptisée à Chamberet par
M. Duvergier, curé de Soudaine. Deleynia.
Le 13 décembre 1756 est né Jean-Baptiste Leynia, fils
à Pierre Leynia et à Marie Chaverebière. A été parein
Jean-Baptiste Leynia; mareine D«"« Michèle Farge. Et a
été baptisé le 14 du présent mois par Monsieur Les-
trade, curé de Chamberet, à la Vinadière (3).
(1) Meill^ards, aujour. chef-lieu de commune, canton d'Uzerche,
arrondissement de Tulle (Gorrèze).
(2) Aujoarif'hiii commune du canton de Treignac.
(3) La Vinadière, près et commune de Soudaine, canton de Trei-
gnac
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— 624 —
Le 16 may 1758, est née Marianne Leynia, fille à
Pierre Leynia [et] à Marie Chaverebière. A été parein
Jean-Baptiste Chaverebière; mareine Marianne Diquet
Et a été baptisée le 18 par M. Chaverebière, curé de
Maïuanes, à la Yinadière.
Le 19 octobre 1759, est né Joseph Leynia, fils à Pierre
Leynia, et de Marie Chaverebière. Â été parein Joseph
Chaverebière ; mareine Marianne Leynia. Et a été baptisé
le 22 par M. le curé de Mauzanes, à la Yinadière.
Le vingt deux novembre mille sept cent soixante un,
ma femme s*est accouchée d'une fille. A été parrein
M* François Chaverevière, curé de Mausane, et niareine
Marianne Dequet.
Leynia de Chassaigne.
Le 12 avril mille sept Gient soixante deux, mon épouse
s'est accouchée d'une fille. A été parein M^ Franssois
Chaveribière, curé dé Mausane; mareine demoiselle Toi-
nette du Teil de Leynia, faisant pour D*"« Françoise
Dugibanel de Leynia, sa belle mère. A été baptisée par
M. Duvergès, curé de Soudenne, le 13 dudit mois. Leynia
de Chassaigne. * "^
Le 21 mars 1764, mon épouse s'est accouchée d'un
garçon. A été parein Etienne Leynia, mon frère; mareine
D*"* Jane Chaveribière. Et a été baptisé ie 22 du présent
mois par M. Duvergé, curé de Soudenne.
Le trois décembre 1780, ma femme s'est accouchée d'une
fille qui a été ondoyée le 6 et est morte le 9. Monsieur
Léonarâ Bourguet a été parein, et D«"« Marie Chave-
ribière, ma mère, a été maraine. Leynia de Chassagne.
Le 9 décembre 1781, mon épouse s'est accouchée d'une
fille. A été parein Joseph Leynia, mon frère, et maraine
D*"* Luce Pasquet. Elle a été baptisée le 10 par Monsieur
Laroque, curé de Treignac. Leynia de Chassagne.
Le 19 septembre '1782, mon épouse s'est accouchée d'un
enfant qui a été baptisé le même jour. Monsieur Léonard
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— 625 —
Chammand (?) a été parin, et D*"' Marie- Anna Leynia,
ma tante, a été maraine. Cet enfant est mort le même
jour. Leynia de Chassagne.
«
Le 17 septembre 1788, D'"'' Hélène-Gabrielle-Sophie
Reynaud, mon épouse, s'est accouchée d'une fille appelée
Justine-Gabrielle. Son parrain ^a été Etienne Leynia,
mon frère, vicaire de Lubersac{l), et a été maraine
D'"' Gabrielle-Françoise Meynard des Combes. Elle a été
baptisée le 18 par M. Nynaud, vicaire de Treignac.
Le 31 may 1790, ma femme s'est accouchée d'une fille
qui a été baptisée le 1" juin par M. Laroque, curé de
Treignac. Elle a été apellée Marie-ïhecle 1. Son par-
rain a été Monsieur Alexis-Pierre Thibaut, directeur des
dommaines dans la Généralité de Poitiers, qui a été
représenté par Joseph Leynia, mon frère, et sa maraine
D«"« Marie-Thecle Chaverebière, ma i^ère. Leynia de
Chassagne.
Le 30 juillet 1791, ma femme s'est accouché d'une
fille qui a été baptisée le dit jour par M. Laroque,
curé. Elle a été nommé Madelaine-Angélique-Frailtjoise.
Son parrain a été Joseph Chaveribière de Sal, et la ma-
raine Madelaine-Angélique-Françoise Archambot de la
Perrière, femme du citoyen Chouet cadet, de la ville de,
Nevers, cousine de ma femme, représentée par Marie-
Thecle Chaveribière, ma mère.
Le 10 août 1792, ma femme s'est accouchée d'une fille
qui a été ondoyée tout j^^ suitte par la sage-femme. Elle
a été baptisée le 18 octobre; elle a été nommée Marie-
Joséphine. Son parrain a été le citoyen Joseph Chouet,
de la ville de Nevers, représenté par Joseph Leynia, mon
frère, et la maraine D'"' Marie-Anne Leynia, ma tante.
Cette fille est décédée le 26 octobre de la dite année. Il
y avoit une fille nommée L qui est morte le 4 bru-
maire an onze.
(1) Chef-lie» de canton, arrondissement de Brive (CorrèzeV
T. IX 4-0
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— 626 —
Le 5 du mois fructidor an 3 de la République, ma
femme a acouché d'un enfant mâle qui a été nommé
François-Antoine Leynia. Cet enfant est mort le huit du
dit mois, ainsy qu'il est constaté -au registre.
Le 1" messidor de Tan 5, ma femme a accouché d'un
enfant mâle qui a été nommé François-Justin Leynia.
Cet enfant est mort le 30 messidor de Tan six.
Le 24 messidor de l'an 10, ma femme a accouché
d'une fille qui a été nommée Thérèse-Joséphine. Les deux
témoins sont Joseph Leynia, mon frère, et Thérèse Cha-
pellar, épouse du citoyen Sal, mon cousin.
Le 9 août mille sept cent quatre vingt douze, j'ai fait
à Tulle un testament cacheté que j'ai laissé entre les
mains de Boudret, notaire royal, qui reste près Saint-
Pierre. C'est lut qui a fait l'acte de suscription en pré-
sence de six témoins qui ont signé. Je lègue à chacune
de mes filles 4,000 11., payables à chacune à raison de
1 ,000 11. à sa majorité ou établissement, et 500 11. chaque
ann^e jusqu'à fin paiement. Je donne à Marie-Am^e Ley-
nia, ma tante, la jouissance d'une chambre meublée et
ustencilée pendant sa vie, ^ et 100 U. de rente viagère,
sans retenue. Je donne à Joseph Leynia, mon frère, une
chambre meublée et 100 11. de pension viagère. Je donne
à Etienne Leynia, mon oncle, la jouissance pendant sa
vie de l'apartement qu'il ocupe dans ma maison et du
meuble qui est dedans. Je donne 200 U. pour faire dire
des messes basses pour le repos de mon âme, dont 100 U.
payables au moment de mon décès, et 100 U. payables
un an après. Je donne 300 U. aux pauvres, payables par
mes héritiers dans l'année de mon décès. Je reconnais
dans mon testament avoir reçu de la succession de feu
Matieux Reynaud, oncle de ma femme, tous frais déduits,
la somme de (1), que je luy assure sur ma succes-
(1) Le chiffre a été soigneusement biflFé sur le manuscrit.
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— 627 —
sion. J'institue pour mes héritiers D^"^ Marie Chaveri-
bière, ma mère, et Gabrielle- Hélène Reynaud, mon
épouse, aux quelles je lègue l'usufruit de ma succession,
et leur donne pouvoir de faire héritière celle de mes
filles qui bon leur semblera. Et au cas que Tune d'elles
mourut avant d'avoir nommé ladite héritière, la survi-
vente aura le droit.
Lbynia Chassagne.
(Archives départementales de la Haute-Vienne, série E.)
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— 628 —
XVIII
EXTRAITS d'un REGISTRE DE FAMILLE DU SIEUR ETIENNE
RETOURET, DE LIMOGES (1746-1763).
Dieu nous a donné un garçon le 15 septembre 1746,
né le jeudi, à 11 heures du matin (1). Il a été baptisé à
Saint-Pierre par M. Theulier, vicaire. Il a eu pour par-
rain M. Jacques Froment, et pour marraine M"® Rose
Dépéret, ma mère. Son nom est Jacques Retouret.
Nous avons mis notre fils aîné, Jacques, aux Grands-
Carmes le 23 mai 1762, âgé de 15 ans et 8 mois, ou
environ, pour la somme de 350 livres, sans y comprendre
les habits de sa profession, les chemises et sa pension.
Du 3i mai 1163. — J*ai payé au R. P. prieur des
Grands-Garmes#e Limoges la somme de 200 livres, pour
final payement de ce que j'étois convenu avec ledit
prieur pour la profession de cejourd'hui, de mon fils aîné
Jacques Retouret, signée des parents qui ont assisté à
ladite profession qu'il a faite ce matin, jour de mardi (2).
(1) Le père s'appelle Etienne Retouret, et la mère Marie Theu-
riet. Celle-ci meurt le 15 octobre 1762.
(2) Un frère de Jacques, François Retouret, fut mis aux Grands-
Carmes le 3 juillet 1763, âgé de 15 ans et cinq mois ; il fit pro-
fession le 4 juillet 1764. On connaît un Retouret vicaire de Saint-
Pierre-du-Queyroix au début de la Révolution. (Voy. V Invent . des
Arch. comm. de Limoges, GG, 35 et 66.)
(Communiqués par M. l'abbé Lecler.)
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— 629 —
XIX
EXTRAITS DU LIVRE DE RAISON DU SIEUR LAMY-DELURET,
CURÉ DE LA roche-l'abeille (1)
1779-1788 (2).
Le !•' juillet (1779 ?), M. Tabbé de la Bussière ^'est
retiré chez M. de Royère (3) pour Téducation de ses en-
fants, demeurant également vicaire à condition de ne rien
innover dans la paroisse. Le 29 août, je lui représentai
que je ne pouvois lui payer sa pension en entier sur
ce que son éloignement me gênoit en bien des choses,
et je convins avec lui de lui donner cent francs par
an et de lui payer les messes qu'il acquitteroit à ma
décharge. Je lui ai donné, le même jour que dessus, 25
francs, et lui ai payé ses messes d'avance. Le 12 aoust,
M. Tabbé de la Bussière me fit la demande de 200 francs
par an pour sa pension. Il voulut me remettre la clef
de la sacristie, et sur ce que je n'y adhérois pas, il me
donna un mois pour me décider. Toutefois, dans la de-
mande qu'il me faisoit, il me donna l'option ou du casuel
de Royères (4) ou de 200 francs. Je ne voulus recevoir
la clef de la sacristie pour lui laisser la liberté de dire
la messe, lui dis-je. Au reste, je lui dis expressément
qu'il étoit le maître de faire ce qu'il jugeroit à propos,
que je ne consentirois jamais à une augmentation que
(1) Chef-lieu de commune, canton de Nexon, arrondissement de
Saint-Yrieix (Haute- Vienne).
(2) Nous avons déjà dit que ce manuscrit appartenait aux ar-
chives départementales de la Haute-Vienne. A. L.
(3) Royère est le nom d'un ancien château, chef-lieu d'une petite
seigneurie qui a longtemps appartenu à une des plus anciennes
familles féodales de la contrée. Cette famille a possédé des rési-
dences à Royères, près la Roche-rAbeille, et à Royères Saint-
Léonard.
(4) Royères, près et commune de la Roche-l'Abeille.
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— 630 —
je ne croyais pas lui devoir, n'étant pas au service de
ma paroisse comme un vicaire doit être, n'étant tout au
plus que pour la commodité de quelques villages de
Royëre, et ne résidant pas à ma place pour me donner
la liberté de m'absenter. Le 28 octobre, M. Labussière
me demanda obstinément sa pension sur le pied de 200
francs. Je la refusai et, de ce moment, il renonça à la
qualité de vicaire. Le 2 novembre; je fus chez M. de
Royère et le priai de terminer mes discussions avec
M. Tabbé, le laissant maître de tout, et quelques jours
après je lui donnai chez moi la somme de 54 11. 6 sols,
qui faisoit celle que je de vois à M. Tabbé soit pour sa
pension sur les conventions précédentes, soit de Taug-
mentation à 200 francs par an que M. de Royère lui
adjugea pour le bien de la paix depuis le moment de
sa demande. Moyennant cela, M. de Royère me promit
que l'affaire seroit fini, que M. Tabbé Tavoit asseuré
d'en passer par tout ce qu'il voudroit. Il m'a dit que
M. l'abbé lui a voit avoué nos conventions à 100 IL par
an, lesquelles néanmoins il vouloit désavouer Mon
frère, déjà avec moi à Saint- Victurnien (1), est venu à
la Roche (2) pour être mon vicaire. Je n'ai pas fait
d'autres conventions avec lui que celles que j'avois faites
à Saint- Victurnien. Je lui donnois 18 francs par an en
sus des messes qu'il acquittoit à ma décharge, que je
lui payois. Toutefois je lui proposois 24 francs par an,
sur quoi il ne me répondit rien. Je lui ai toujours payé
les messes d'avance, et jusqu'au 6 octobre 1775, je lui
avois payé ses honoraires. 11 est vrai qu'il n'y avoit
que trois mois que nous en étions convenus; et je ne
lui ai payé que de [sic] ces trois mois, quoiqu'il fut mon
vicaire dès l'année précédente, le 6 du mois d'aoust. Il
est venu à la Roche le 12 novembre 1777 — Le 13
(1) Chef-lieu de commune,, canton de Saint- Junien, arrondisse*
ment de Rochechouart (Haute-Vienne).
(2) La Roche-FAbeille.
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— 631 —
octobre 1783, j'ai eu pour vicaire Monsieur Maud, et lui
ai promis 48 11. en sus de ses messes. — Le 28 janvier
1787, M. Tabbé Voisin, de Saint- Yrieix (1), est venu
vicaire à la Roche ; le 20 juillet, je lui ai donné 24 11.
en sus de ses messes, et je lui ai promis 100 francs au-
dessus de ses messes. — Le 22 février 1788, M. l'abbé
Sénemaud est venu vicaire à la Roche aux conditions
de M. Tabbé Voisin, de 100 francs en sus de ses messes
qu'il dit avoir et dont il se contentoit. — M. l'abbé
Brousse est venu ici le 24 octobre 1788, aux conditions
de M. l'abbé Voisin, savoir 100 francs en sus de ses
messes, et vingt (?) francs pour lui' tenir lieu de casuel.
(Archives départementales de laP Hauie- Vienne, série G,
paroisses diverses.)
(l) Saint- Yrieix-la- Perche, chèf-lieu d'arrondissement (Haute-
Vienne).
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— 632 —
XX
•
REGISTRE DES REDJ^ANCES DUES A JEAN-BAPTISTE
MARCHANDON DU PUIMIRAT, CHANOINE
DE SAINT-ÉTIENNE DE LIMOGES
(1789-1791).
État des rentes qui me sont dues chaque mois de l'année^
à divers jours, MDCCLXXXIX (1).
SOMMAIRE
Les rentes qui me sont viagères seront précédées de
cette marque — V/.
Les rentes dont je dois jouir pendant ma vie (et dont le
capital, subsistant après mon décès, sera payé à M. Juge
de Saint-Priest, mon neveu, exceptée celle des lièvres ou
cochons de lait, Ûont le capital sera réversible à Anne
Roche, ma servante, après mon dit décès) seront précé-
dées de cette marque — R/.
La rente qui doit subsister jusqu'au 7 novembre 1796
inclusivement, payable tant à moy qu'aux miens, sera
précédée de cette marque — 2.
1« N'. Outre la rente du sieur Chabrol, boulanger dans
la Cité, de 6 1. par mois, payable en saulnes (2) pour les
pauvres, il doit porter, au moment de mon décès, 12 L,
aussi en saulnes, pour leur être également distribuées
par mon ayant-cause.
2^* N\ Que j'ai, pour ma vie durant, la maison que
j'occupe, ainsi que tous les meubles qui sont dedans :
le tout appartenant à mon neveu L. Juge, laquelle est
exempte' de toutes impositions.
(1) Voir le passage de Tlntroduction relatif à ce manuscrit.
L. G.
(2) En gros sous, en sotts doubles, saunas.
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— 633 —
3* N*. Que la rente que mon neveu J. Juge C. (1)
me paye, de 78 1.» est pour faire face à pareille somme,
pour la fondation de deux messes par semaine, gui est
faite à perpétuité dans la cathédrale, à 15 s. d'honoraire.
4** N'. Il est des rentes qui ne sont ni viagères, ni
remboursables, tout au plus pour Tannée ou pour un
semestre; alors, à mon décès, elles auront cours jusqu'au
moment de leur échéance, et mondit neveu en jouira,
pouvant vérifier les tailles qui sont faites à ce sujet;
ces sortes de rentes seront précédées de cette marque — *,
5<* N'. Mon neveu, à mon décès, pourra exiger ou la
rente ou le remboursement des capitaux, ceci à son choix,
à part la reifte de la chandelle, qu'il ne pourra demander
que le 29 aoust.
6'»N*. Qu'il sera libre à chaque débiteur des rentes cy
après énoncées, de rembourser, sans que je puisse m'y
refuser, ni ne peux former aucune demande quant à ce.
* Madame Lafont, ma voisine, solidairement avec son
mary, me doivent tous les ans 50 1. beurre frais de Gué-
ret, qu'ils payeront de la manière détaillée à chaque mois.
* Simon Lagneunie, dit Laguenille, maître traiteur et
pâtissier, me doit, tous les dimanches gras de l'année,
un petit gaudiveau et une tourte d'entremets, 2 gâteaux
et 2 échaudets; le tout, je le recevrai à 7 heures du
matin, depuis Pâques à la St Michel, et, depuis la
St Michel au Carême, à 8 heures.
R/ MademoiselTe Roche, et Tulle, son mary, rue Torte
ou de la Boucherie, me doivent tous les ans, de rente,
14 langues de cochon et 7 de bœuf.
*
Au terme de mon declain
Tout pour moi prendra fin.
(1) Prob&1>lement Juge-Ghapoulaud.
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— 634 —
J. B.
Marchandon
de Puymirat.
P. C..(l).
Janvier.
* La Guenille donnera tous les dimanches Tordinaire.
* Mad* Lafon donnera 2 1. beurre frais et R/ 6 fro-
mages d'Auvergne.
R/ Tulle donnera des langues.
R/ Le 1*', Jean B. Roche doit une bouteille de pinte
ligueur fine, 8 onces massepains, 8 o. pralines, 12 bis-
cuits.
R/ Le 1*' ou 2* samedy, le même : un cochon de Jait.
R/ Le 15, le même : 8 onc. massepain, 8 o. pralines,
12 biscuits.
V/ Le 31, Jean Chabrol, b. (2) dans la Cité, me doit
6 1. en saulnes.
Février.
* La Guenille donnera tous les dimanches l'ordinaire.
* Mad* Lafont donnera 14 1. beurre frais et V/ 6 fro-
mages d'Auvergne.
R/ Tulle douera des langues.
V/ Le !•', M. L. Juge : argent, 110 1. 10 s.
R/ Etienne Boudaud, 3 1. sucre, 1 1. 8 o. cassonade
blanche.
R/ Jean B. Roche doit 8 o. mass. (3), 8 o. pral. (4),
12 bise. (5); R/ Le !•' ou 2* samedy, un lièvre.
(1) Prêtre, chanoine. Cette épigraphe est entourée de plusieurs
encadrements concentriques, les uns rectangulaires, les autres en
losanges, dont les angles sont ornés d'ossements en croix et de
tôtes de mort.
(2) Boulanger.
(3) Massepains.
(4) Pralines. ^
(5) Biscuits.
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— 635 —
V/ Le 15, M' Jean Juge C. doit 39 1.
M. L. Juge doit un semestre à Jeanne et Â. Ro. (1) : 72 1.
R/ Jean Roche : 8 o. mass., 8 o. pral., 12 biscuits.
V/ Le 28. Chabrol 6 1.
Rente singulière, quoique fonnée avant les circons-
tances actuelles ; elle sera précédée de cette marque — O,
en la nommant rente du Tiers... (2).
La noblesse y est représentée par la Générosité; le
clergé par l'Équité et la Reconnaissance; le tiers-État
par la Liberté.
En la procurant réellement à Jeanne et Anne Roche,
mes 2 domestiques, qui me doivent leurs services jusques
à ma mort, la susdite rente, créée en leur faveur, est (3)
suffisante pour les rendre libres et exemptes de servir
davantage.
Cette rente a un triple avantage :
l"" Elle procure annuellement des gages honnêtes à mes
domestiques.
2<' Elle a la qualité de rente de bienfaisance, puisque
je n'ai rien à prétendre ni au capital, ni au revenu.
3^" Elle a la qualité de rente remboursable, puisque
M' Juge, mon neveu, a fait à mes domestiques perpé-
tuels une assurance (4) de 2,400 1., payable à mon décès;
l'assurance est du 15 aoust 1787.
Mars.
* La Guenille donnera tous les dimanches (s'il y en
a de gras) l'ordinaire.
* Mad* Lafont donnera 4 1. beurre frais et R/ 6 fro-
mages d'Auvergne.
R/ Tulle donnera des langues.
R/ Le !•', Jean B. Roche doit 8 o. mass., 8 o. pral. et
12 biscuits.
(1) Anne Roche. Les deux domestiques du chanoine.
(2) Ces trois points sont au manuscrit.
(3) Le manuscrit porte et, sans doute par erreur.
(4) On dirait aujourd'hui une obligation.
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— 636 —
R/ Le 15, le même doit tout de même que le !•'.
* M" Deluc et Luchy G. (1), de Toulouse, me fourni-
ront annuellement 25 1. huile d'olive, de la première
qualité, suivant la convention faite entre nous.
Le 31, Jean Chabrol, boulanger, doit 6 1.
Avril.
Le !•' ou le 2* samedy, Jean B. Roche doit un cochon
de lait (2)
V/ Le jour de Pâques, M'» de Puymirat, ma sœur,
me doit 36 livres.
Mai.
V/ Le !•% M' L. Juge, mon neveu, doit 110 1. 10 s.
R/ Étie. Boudaud doit 3 1. sucre, 1 1. 8 o. cassonade
blanche.
Juillet.
Rf Le !•', Jean B. Roche doit une bouteille de pinte
syrop d'orgeat, 8 o. massepain, 8 o. pralines, 12 biscuits;
— le !•' ou 2* samedi, un lièvre
R/ ...M' Massî, le 29, doit 20 1. chandelles, 12 1. de 4
et 8 livres de 6, délivrables en octobre. — 2. — M' Thomas d
Matthieu P. doit, le 7 (novembre), 24 1. argent et 700
mottes.
Pendant la relieure du présent, TAssemblée nationale,
venant de décréter qu'aucun fonds ne pourroit être hy-
pothéqué tant pour le capital que pour le service de
fondations quelconques ayant survécu audit décret, j'ay
(1) Chanoines (?).
(2) Nous omettons les mentions qui ne sont que la répétition de
celles portées aux mois précédents.
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— 637 —
été obligé d'anéantir la fondation que j'avois faite en
Téglise de Limoges en l'excluant de mon testament, vu
la nullité de ma bonne intention. L'Assemblée nationale
s'est emparée des clefs de ce royaume terrestre; veut-
elle nous ôter les passe-partout que la religion avoit
forgés, et dont tout bon chrétien avoit la liberté de se
servir pour s'ouvrir le royaume des cieux?
Ah ! Seigneur ! les 24 articles énoncés dans le présent
proviennent des biens dont vous m'avez comblé, et je ne
les ay formés que pour être débarrassé de toute sollici-
tude temporelle, au milieu de la retraite où je me suis
voué, n'ayant qu'à penser à vous et à mon salut Que
votre volonté soit faite, et non la mienne ; que ma rési-
gnation et mon sacrifice vous soient agréables et me
fassent accorder les grâces nécessaires pour vous pos-
séder pendant l'éternité. Ainsi soit-il.
(Cabinet de M. R. Chapoulaud, à Limoges.)
(A suivre,)
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MONNAIE GAULOISE
EN BAS OR
TROUVÉE A YSSANDON (CORRÈZE)
Aux monnaies trouvées à Yssandon et au Puy
du Ghalard, et publiées par M. Léon Lacroix
dans la dernière livraison de notre Bulletin, il
y a très probablement lieu d'ajouter une pièce
gauloise dont je me suis ren^u acquéreur; M. Ana-
tole de Barthélémy, sur le vu d'une bonne pho-
tographie qui lui a été envoyée par M. Ph. La-
landç, a bien voulu la décrire comme il suit :
« La pièce gauloise dont vous m'envoyez la
» photographie est un statère en très bas or que
» Ton rencontre assez fréquemment en Poitou et
» en Saintonge; on l'attribue assez judicieuse-
» ment aux Pictons.
» p/. Tête à droite; devant la bouche un fleu-
» ron formé de deux cordons perlés.
» R/. Aurige dirigeant un cheval androcéphale
» à droite; devant le cheval, un symbole en
» forme de croissant; dessous son ventre, une
» main étendue. On aperçoit le bras tendu qui
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— 640 —
» tient un objet dont je ne me rend^ pas bien
» compte ; serait-ce un torques ?
» Sur certaines variétés, la main placée sous le
j) cheval est accostée des lettres S A, que quel-
» ques numismatistes pensent désigner les San-
» tones; mais je ne suis pas de leur avis. Tous
» ces statères sont Pictons. »
Je crois savoir que cette monnaie provient dTs-
sandon. Le dessin ci-dessus est dû à l'obligeance
de M. le docteur Simon, médecin militaire au
14"** de ligne, à Brive.
J. SOULINGEAS.
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ITOTB
SUR LE
LUS DES EPIROl DE DBIVE
IjC Lias du Sud-Ouest de la France affleure d'une
manière à peu près continue sur la bordure du Pla-
teau Central, depuis Poitiers jusqu'à Bruniquel, près
Montauban.
Nous donnons, dans la présente note, une description
sommaire de cette partie des affleurements liasiques qui
s'étend, aux environs de Brive, depuis Nontron (Dor-
dogne) jusqu'à Gramat (Lot).
Au point de vue de la nature de la sédimentation, le
Lias est composé des couches ci-après :
T . . . (9. Calcaires à Gryphœa Beaumonti,
Lias supérieur ] ^ . ., • .
i 8. Argues toarciennes.
7. Calcaire à Pecten œquivalvia.
6. Marnes à Ostrea cymbium,
5. Argiles à Belemnites clavatus.
4. Calcaires à Belemnitea,
f3. Calcaires compactes et cargneules.
2. Couches à argiles vertes.
1. Grès du Lias.
Grès du Lias. — Les grès du Lias reposent en discor-
dance sur les grès du Trias inférieur, sur les grès per-
miens ou sur les schistes cambriens ou primitifs.
La discordance du Trias et du Lias a déjà été cons-
tatée, dans des régions voisines de celles dont nous nous
sommes occupé, par MM. Fabre et Pérou.
Les grès du Lias se distinguent difficilement de ceux
du Trias. Ils sont toutefois moins micacés, peu argileux,
très quartzeux, à grains assez gros, d'une teinte jaunâtre
uniforme, rarement bariolés; ils sont aussi plus durs et
T. IX 4-7
Lias moyen
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— 642 —
mieux assises. — Ce sont là leurs caractères au Sud de
Brive, où leur épaisseur atteint 30 mètres environ.
Près de Ménoire, où ils couronnent un sommet formé
par les schistes primitifs, leur épaisseur n'est que de
3 à 4 mètres. Ce sont des grès gris, quartzeux, à gros
grains et en bancs épais.
Non loin, au Puy-d'Arnac, leur épaisseur s'accroît et
atteint une dizaine de mètres. Ils se différencient des
grès triasiques sur lesquels ils reposent par les carac-
tères déjà signalés, et aussi par l'alternance de bancs
durs et de bancs plus tendpes.
En bien des points ces grès passent à des grès gros-
siers peu cohérents, ou même à des sables blancs (La-
brousse, près Marcillac). — Parfois aussi, surtout à leur
partie supérieure, ils alternent avec des argiles sableuses,
verdâtres ou rougeâtres, en couches très peu épaisses
(Chèvre-Cujols, près Brive).
A rOuest de Brive, à Terrasson, ces couches présen-
tent, à la partie supérieure, un banc de grès jaunâtre,
quartzeux, à grains fins, épais de 2"50 environ, repo-
sant sur des argiles grises ou verdâtres, épaisses de
3 à 4 mètres. — La base est formée par des grès jau-
nâtres, quartzeux, sur 5 à 6 mètres.
Plus à rOuest encore, à la Bachellerie, les grès du
Lias ne sont plus représentés que par des grès sableux,
un peu argileux, avec nombreux galets de quartz.
Dans le département de la Dordogne, les grès du Lias
ne se distinguent guère de Tétage qui les surmonte, et
les couches inférieures du Lias se composent de grès
et d'argiles.
Les deux ûatures de sédiment ne forment plus des lits
d'une épaisseur constante, ni régulièrement distribués,
mais plutôt des lentilles et des amas, ravinés souvent
par le dépôt des couches sous-jacentes.
C'est dans les tranchées du chemin de fer de Nontron
à Sarlat, entre Thiviers et Saint-Jean de Côle, que nous
avons pu observer ces couches et reconnaître leurs véri-
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— 643 —
tables caractères. Les grès sont très guartzeux, blanc-
grisâtre, généralement très durs et susceptibles de fournir
de beaux moellons. Ils passent parfois à des sables à
gros grains, peu roulés, presque purs.
Les argiles sdht jaunâtres ou verdâtres; elles sont com-
pactes, micacées, et se séparent difficilement des schistes
cambriens sous-jacents lorsque ceux-ci sont décomposés.
Les argiles et les grès contiennent assez fréquemment
des galets.
A Nontron, on trouve aussi le même terrain, sur les
hauteurs, au nord-ouest de la ville. Les grès ont une
teinte plus foncée, et leurs éléments sont granitiques.
Ils reposent d'ailleurs sur le granit. Les argiles sont ver-
dâtres, schisteuses, plus ou moins sableuses.
Les grès, entre Nontron et Thiviers, contiennent des
empreintes de tiges indéterminables. Ailleurs nous n*y
avons recueilli aucune trace ou empreinte fossilifère.
Nous rangeons les couches de grès dans le Lias, en
raison de leur discordance avec les couches triasiques
et en raison de leur concordance avec les couches qui
les surmontent, et qui appartiennent incontestablement
à l'époque du Rhétien.
Couches à argiles vertes. — Le faciès de ces couches à .
argiles vertes est caractéristique et ne se retrouve dans
aucun autre terrain de nos régions. Elles se composent
d'une alternance d'argiles vertes, rouges, lie-de-vin ou
noirâtres, et de calcaire blanc-jaunâtre, compactes, à
cassure terreuse, d'aspect dolomitique. Ces calcaires pas-
sent parfois à des dolomies sableuses; ils sont souvent
fort durs, et alors leur cassure est lisse. — Les bancs
sont épais de 0"10 à 0"60 et parfaitement réglés. Les
calcaires contiennent fréquemment des grains de quartz
et passent même à des grès calcarifères ou macignos.
Les argiles sont compactes mais se ravinent aisément;
elles forment, vers la base, des couches très épaisses.
On y trouve quelques lits minces de grès, de macignos
ou de calcaires.
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— 644 —
Les calcaires dominent dans la partie supérieure, et
les lits d'argiles s'amincissent beaucoup.
Dans leur ensemble, ces couches présentent un ruban-
nement extrêmement net, en raison de la régularité des
lits, de la diversité de teinte et de compacité des bancs
alternants.
L'épaisseur maximum des couches à argiles rertes est
d'environ 20 à 25 mètres. Elles sont surtout développées
aux environs de Beaulieu.
Sur la hauteur du Bout de la Côte, près Ménoire, les
couches à argiles vertes sont formées par des bancs de
jaspe, et les argiles ne se trouvent plus qu'à Tétat de
lits minces entre les bancs de jaspe. L'épaisseur de ces
jaspes atteint 20 mètres.
A Noailles, au Sud de Brive, on trouve aussi des
jaspes, mais seulement à la base des couches.
Celles-ci ont encore 12 à 15 mètres d'épaisseur; mais,
plus à l'Est, leur épaisseur se réduit à 3 ou 4 mètres,
et dans le département de la Dordogne, les couches à
argiles vertes sont à peine distinctes.
Cependant, entre Nontron et Thiviers, au Nord de
Millac, on retrouve les couches de jaspe alternant avec
quelques bancs de grès ferrugineux. Ces jaspes ont été
à tort associées avec les sables manganésifères qui les
recouvrent, et classés, par conséqusnt, dans l'Oolithe
inférieure ou dans le Tertiaire, suivant l'opinion qui
avait cours. En réalité ces jaspes appartiennent à l'étage
rhétien, et ils sont recouverts en discordance par les
sables ferrugineux et manganésifères de l'époque tertiaire.
Ners Nontron, les couches à argiles vertes ont sans
doute une très faible épaisseur, car nous n'avons pu en
constater la présence.
Les jaspes ne sont pas fossilifères, et les calcaires sont
également dépourvus de fossiles. Toutefois, certaines cou-
ches d'argiles schisteuses présentent quelques empreintes
de plantes. — Nous avons recueilli, à Saint-Robert et à
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— 645 -
MaumoQt (Corrèze), le Pachyphyllum (Araucaria) père-
grinamy Lindley et Hutton, sp.
Non loin de la région qui nous occupe, au village
du Bourg, près la Gapelle-Marival (Lot), ainsi que près
de Figeac, M. Bleicher a recueilli les fossiles suivants
dans les calcaires dolomitiques en plaquettes des couches
à argiles vertes :
Gervillia praBcursor, Quenst.
Anatina prœcursor, Oppel.
Leda Deffneri, Oppel.
Ebray a trouvé aussi au Bourg :
MytiluB minutu8, Goldf.
Diademopaii, Desor.
AU reste, les couches à argiles vertes se retrouvent
sur les bordures nord et sud du Plateau Central, con-
tenant toujours la faune de la zone à Avicula contorta.
L'&ge de ces couches ne peut donc laisser place au
doute, et la constance et l'uniformité de la sédimentation
à cette époque sont fort remarquables.
Calcaires compactes et cargneules. — Les calcaires com-
pactes du Lias reposent en concordance sur les couches
à argiles vertes. L'épaisseur de cette série calcaire atteint
60 à 80 mètres au Sud du bassin que nous étudions; au
Nord elle paraît plus réduite, et vers Nontron elle ne
dépasse pas 20 à 24 mètres.
Le calcaire est en bancs réguliers, séparés par des lits
minces d'argiles ou de marnes feuilletées. L'épaisseur et
la texture des calcaires varie d'un banc à l'autre, ce qui
fait ressortir la stratification.
On peut, dans les calcaires, distinguer les principales
variétés suivantes :
1* Calcaire lithographique, à cassure lisse et conchoïde,
très dur, gris d'ardoise foncé ou gris plus clair.
2^ Calcaire marneux, compacte, à cassure terreuse ou
finement grenue, moyennement dur.
3^ Calcaire très marneux, dit calcaire castinier, très
tendre et géiif.
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— 646 —
4* Calcaire dur, grenu ou saccharoïde, souvent foncé
ou rosé, empâtant des lits, des lentilles ou des frag-
ments de calcaires lithographiques.
5<» Calcaires compactes, suboolithiques ou oolithiques,
à unes oolithes, avec enclaves ou zone de calcaires litho-
graphiques.
La teinte dominante est la teinte gris-blanchâtre. —
Quelques bancs sont jaunâtres ou jaune roux.
Vers la base, les calcaires se relient à ceux des cou-
ches à argiles vertes; ils deviennent, en s'élevant dans
la série, de moins en moins dolomitiques, blanchâtres
et très marneux. Les lits d'argiles s'atténuent et leur
épaisseur devient insensible.
Vers le milieu de Tétage, les couches calcaires sont
plus épaisses, moins marneuses, plus dures qu'à la base
et comprennent des bancs de calcaire oolithique. — Vers
le haut de l'étage, les calcaires sont encore plus durs et
passent au calcaire lithographique.
Les régions occupées par ces calcaires lithographiques
prennent l'aspect de Causses, en raison de la perméa-
bilité du terrain, et il est parfois difficile de* distinguer
ces calcaires du Lias, de ceux du terrain oolithique.
Les bancs calcaires du Lias inférieur ont souvent été
l'objet, postérieurement à leurs dépôts, de phénomènes
d'altération ; des actions extérieures les ont transformés
en calcaires cristallins ou subcristallins, les ont corrodés
et remaniés, et ont plissé les couches ou même fait
disparaître toute trace de stratification. — Ces calcaires
ainsi modifiés, cariés et caverneux, sont désignés sous
le nom de « cargneules. b
Les phénomènes cargneuliformes ont commencé à se
manifester dès l'époque du dépôt des couches à argiles
vertes. Ils ont persisté jusqu'à la fin du dépôt, et môme
jusqu'au moment où se sont déposées les premières cou-
ches du Lias moyen. Mais l'intensité de leur action a
été très variable dans le temps, aussi bien que dans ses
localisations. Elle a atteint son plus grand développe-
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— 647 —
ment en général vers la base, mais non tout à fait à
la base des couches. En certains points, cette action
énergique a persisté pendant la période entière du dépôt
de rinfralias et du Lias inférieur, notamment à Puy-
brun et à Terrassoa.
En d'autres points, au contraire, on ne triyve pas
trace d'actions cargneuliformes, notamment à Figeac, à
Terrou (Lot), ou bien il existe seulement quelques bancs
de cargneules, peu épais, comme vers Meyssac (Corrèze).
Dans la région d'Excideuil, Thiviers, Nontron, les car-
gneules disparaissent complètement.
Vers Naillac (Dordogne) les* calcaires, jusqu'alors blan-
châtres, deviennent jaunâtres et prennent un aspect do-
lomitique. A Excideuil, ces calcaires sont entièrement
jaunes et dolomitiques , et ils pemstent ainsi jusqu'à
Nontron ; mais leur épaisseur se réduit considérablement.
Les cargneules ne contiennent naturellement 'aucune
trace de fossiles. Dans les calcaires, nous n'avons trouvé
que des moules de lamellibranches, souvent fort abon-
dants. Ces fossiles se présentent aussi bien à la base
qu'au sommet, dans les bancs de calcaires marneux.
Toutefois, à Nazareth, nous avons observé, dans des
calcaires durs, des moules d'ammonites de nature indé-
terminable.
Nous pensons que, par des recherches prolongées, on
pourrait arriver à déterminer quelques niveaux fossi-
lifères. Quoi qu'il en soit, comme les couches sont re-
couvertes en concordance par le Lias moyen et qu'on
n'y observe aucune interruption marquée et générale
dans la sédimentation, il est probable que leur dépôt
a dû s'eflFectuer pendant les époques du Rhétien (pars),
de l'Hettangien et du Sinémurien.
Calcaires à Bélemnites. — Les calcaires à Bélemnites ne
sont bien nets qu'aux environs de Terrassoiî, où ils se
séparent aisément des calcaires compactes lithographiques
du Lias inférieur. — Ce sont des calcaires gréseux, sac-
charoïdes, très compactes, très durs, de teinte jaunâtre
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— 648 —
foncée sur les surfaces exposées à l'air. Les parties non
altérées ont une teinte grise et contiennent des noyaux
encore plus durs d'une teinte gris-bleu. — Ces calcaires
reposent sans transition sur les calcaires du Lias infé-
rieur et présentent) à la base comme à la partie supé-
rieure, iluelques lits de marnes gréseuses plus ou moins
schisteuses. Leur épaisseur est de 6 à 10 mètres.
Ces couches sont fossilifères, mais les fossiles sont
difficilement déterminables.
Le fossile le plus commun et qui se rencontre dès
la base est une Rhynchonelle, probablement Rhynchùnella
tetraedra, Sow. On y trouve aussi des Belemnites, sur-
tout dans un banc calcaire qui couronne ces couches
et qui en est pétri. — Ce banc est surmonté par un
lit de marnes gréseuses très fossilifères, où nous avons
trouvé :
Rhynchonella tétraèdre, Sow.
Oresslya ovata, Rœmer {Pleuromya unioîdes, — Jaubert).
Peclen priscua, Schloth.
Modiola {Mytilua) acalprum, Sow., variété : numiamalis, Oppel.
Belemnites Bruguieri d'Orbigny.
— compre88U8 Stahl.
— umbilicatus, Blainv.
— acutua, Miller. •
Magnan avait déjà trouvé, dans des calcaires situés
au même niveau, vers Saint-Antonin :
Lucina liaaina, Ag.
Pecten priacua, Schloth.
Pentacrinua acalaria, Goldf.
Terebratula punctata, Sow.
— cor, Lamk.
A Figeac nous retrouvons ces touches gréseuses, mais
elles passent insensiblement aux calcaires compactes du
Lias inférieur par l'intermédiaire de calcaires compactes
très durs, (fun jaune roux. Ces calcaires jaune-roux se
chargent d'éléments arénacés dans les couches moyennes,
et les couches supérieures sont formées de calcaires jau-
nes, gréseux, schisteux, alternant avec des marnes schis-
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— 649 —
teuses, gréseuses. L'ensemble a une puissance d'environ
10 mètres. Ces calcaires sont aussi fossilifères.
Partout ailleurs, les calcaires compactes du Lias infé-
rieur sont recouverts par des calcaires d'une nature très
analogue et qui ne contiennent pas de fossiles autres
que quelques Pecten indéterminable^. Ce sont gibérale-
ment des calcaires compactes, à texture grenue, d'une
teinte jaunâtre, alternant avec quelques bancs de cal-
caires lithographiques absolument semblables à ceux du
Lias inférieur. Souvent, ces calcaires grenus contiennent
des zones ou des nodules de calcaires lithographiques.
Ces différents bancs calcaires sont séparés parfois par
des lits très minces d'argiles schisteuses. Ces couches
ont 5 à 6 mètres de puissance.
Ainsi, à Saint-Céré, les calcaires du Lias inférieur
sont recouverts par 2 à 3 mètres de calcaire spathique
avec zone lithographique, auxquels succèdent 2 mètres
de calcaire blanc-jaunâtre marneux tendre et de cal-
caire lithographique très dur, avec quelques petits bancs
de calcaire spathique et cristallin.
Près de Saint- Denis, ce sont surtout des calcaires
lithographiques durs et des calcaires jaunâtres un peu
saccharoïdes.
Dans la vallée de la Couze, le faciès est le même.
A l'Ouest de Terrasson, dans le département de la
Dordogne, les couches du Lias moyen sont atténuées à
un tel point qu'il n'est plus possible d'y distinguer tous
les différents niveaux observés vers Brive et Saint-Céré.
11 convient donc de décrire ces couches à part et dans
leur ensemble. Ce sera l'objet d'un paragraphe spécial.
La faune des calcaires de Figeac et de Terrasson
suffit pour les rattacher aux couches inférieures de Lias
moyen ; mais comme ces calcaires recouvrent des couches
non fossilifères, on ne saurait fixer d'une manière pré-
cise la limite supérieure du Sinémurîen.
Tout ce qui peut être établi c'est qu'au début, ou peu
après le début du Lias moyen, la sédimentation dans le
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— 650 —
bassin que nous -considérons s'est très légèrement mo-
difiée, et qu'en deux points, à Terrasson et à Figeac, la
modification a été assez complète pour provoquer un
changement de faciès.
Argiles à Belemnites clavatus, — Les calcaires gréseux
ou litH^graphiques du Lias moyen sont surmontés par
des argiles grises, schisteuses, contenant des bancs ou
des miches de calcaires compactes marneux. A la partie
supérieure de ces couches, les argiles sont noirâtres et
contiennent quelquefois de minces lits de lignite.
L'épaisseur des couches est considérable vers' 8aint-
Géré; elle atteint 50 ou 60 mètres. A mesure qu'on re-
monte vers le Nord-Ouest, cette épaisseur diminue et
elle n'est plus que de 10 à 15 mètres vers Terrasson. Au
Sud-Ouest de Teirasson ces couches s'atténuent brus-
quement, et vers (fondât elles disparaissent complètement.
Les argiles à Belemnites clavatus, qui débutent sans tran-
sition au-dessus des calcaires, sont fossilifères, surtout
à la base, où les fossiles sont calcaires.
Il existe, dans l'épaisseur de la formation, difTérents
niveaux que nous n'avons pas encore distingués. — Cer-
tains de ces niveaux fournissent des fossiles pyriteux,
et d'autres des fossiles phosphatés.
Nous avons trouvé dans l'épaisseur de la couche les
espèces suivantes, sans distinction de niveau (1).
Belemnites umbilicatus, Blainville.
— compressus, Stahl. et ses variétés : ventropUnus
et Fournelianus.
«-> acutus, Miller.
^ brevis, Blainv. et sa variété : breviformis, Yoltz.
— apicicurvatus, Blainville.
— clavatus, Schloth.
— Bruguieri, d'Orb.
Ammonites margaritatus, Montfort (rare).
(1) Nous devons la détermination de la plupart des espèces citées
dans cette note à Tobligeance de MM. Douvillé et dé Grossouvre.
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— 651 —
Ammonites normanianus, d*Orb. et sa variété : algovianus,
Oppel.
— Davœi, Sow.
— ibex, Quenstedt.
— Loscombi, Sow.
-* capricornus, Schloth. très commune.
— Jameaoni, Sow.
— Maugenesti, d'Orb. et sa variété : Valdani.
— cf. Peitos, Quenstedt.
— centaurus, d*Orb.
Mactromya Hesione,
Greaslya ovala {Pleuromya unioîdeà), Rœmer.
Avicula insBquivalvis, Sow.
Grypheœdk cymbium, Lamarck. — Variété : obliqua, Goldfuss.
Pecten priacus, Schloth.
Harpax spinosus, Sow.
Terebratula subovoîdes, Rœmer.
— sarthacenaiê, d'Orb.
Rhynchonella telraedra, Sow.
— furcillata, Theodori.
Spiriferina Walcotti, Sow.
Pentacrinus basaltiformis, Miller.
Cette faune montre que les argiles à B. clavatm re-
présentent la partie inférieure du Liasien, c'est-à-dire
les zones à A. Jamesoni, ibex et Dafcan.
M. Coquand cite en outre (Synopsis de la Charente).
A. Henleyi, Sow.
Pleurotom^ria expansa, Sow.
Pholadomya ambigua, Sow.
Marnes à Ostrea Cymbium. — Les marnes à ôstrea Cym^
biitm, qui surmontent en concordance les argiles à B. cla'
valus, sont schisteuses, jaunâtres, sableuses, et compren-
nent quelques bancs de calcaires à bél^mnites.
Ces marnes schisteuses sont surtout développées du
côté de Gramat, Miers, Thégra et Saint-Céré.
Leur puissance s'atténue graduellement en remontant
vers le Nord. — Elles disparaissent avec les argiles un
peu à rOuest de Terrasson.
Ces marnes contiennent :
Ammonites margaritatus, Montfort; commune.
Belemnitea paxillosus, Schloth.
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— 652 —
H&rpax pectinoîdes, Lamk,
Mytilua^hiollerei, Dumortier.
GryphesL cymbium, Lamk.
Terebratula comuta, Sow,
Rynchonella tetraedra, Sow.
UAmmonites margaritaius ,• gui est très rare dans les
argiles à B. clavatm, est très commune dans les marnes;
elle s'y .trouve à l'état pyriteux dans des nodules de cal-
caire ferrugineux.
Les marnes à 0. cymbivm doivent être rangées dans
les couches inférieures de la zone à A. marguaritatus.
Calcaires à Pecten «quivalvis. — Les marnes à 0, cym^
bium sont couronnées en concordance par un épais banc
de calcaire gréseux, saccharoïde, jaune extérieurement,
taché de gris-bleu, très analogue, comme texture, au
calcaire à bélemnites. L'épaisseur de ce banc parait être
de 10 ou 15 mètres; elle varie peu d'un point à un autre.
Vers Saint-Géré, ces couches présentent à la base un
banc de calcaire lumachellique et ferrugineux, d'une
épaisseur de 2 à 3 mètres. Ce calcaire, d'une teinte
rouge prononcée, occupe une assez vaste surface, et a
été indiqué sur les cartes et mentionné par Dufrénoy
et Élie de Beaumont comme grès du Trias.
En quelques points, les couches supérieures des cal-
caires à Pecten xquivalvis contiennent des jaspes et des
grès jaspés^ notamment à Glanes près Saint-Géré, et sur-
tout à Terrasson. Elles alternent presque toujours avec
des marnes sableuses.
Dans la vallée de la CJouze, les calcaires à Pecten xqui-
valvis se composcflit d'une alternance de bancs de cal-
caires durs, jaunâtres, en pavés, et de marnes schis-
teuses jaunâtres.
Vers Terrasson, les calcaires débutent par un banc
de calcaire rempli de Terebratula sitbpunctala. — Les cou-
ches supérieures sont très gréseuses, contiennent de gros
grains de quartz et deviennent même sableuses. Ces sables
iont jaunes, argileux, et comprennent des lits de calcaire,
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— 663 —
de grès calcarifères, de grès jaspés, de jaspes, etc. Ces
couches se terminent par un banc de grès calcarifère
grossier de 0"50 à 2 mètres de puissance.
Les espèces que nous ayons recueillies dans les cou-
ches à Picten «quivalvis sont les suivantes :
Ammonites mArgaritatus, Montfort; rare h l'état calcaire.
Belemnitea Bruguieri, d'Orb.; très commune.
Pecten Hehli, d'Orb.
— œquivalvis, Sow, très commun.
— textoriiLS, Schloth.
Gryphœa cymbium, Lamk et ses variétés.
Oatrea êportella, Dumortier.
Monotia interlcBVigalus, Quenstedt.
Gresalya ovata, Romer.
Terebratula comuta, Sow.
— aubpunotata, Davidson.
Rynchonella letraedra, Sow.
— curviceps, Quenstedt.
SpirifeHna roêtrata, Schloth.
Pentacrinuê basalliformis, Miller.
M. Goquand cite aussi (Synopsis de la Charente) :
Amm. spinattAS, Bruguière.
Les calcaires à Pecten squivctlvis représentent les cou-
ches supérieures de la zôrm ^'Ammonites margaritatus.
Lias moyen au Nordr-Ouest de Terrasson, — A Terrasson
même, les argiles à B. clavatuê et les marnes à G. cym*
bium s'atténuent très brusquement, et paraissent avoir à
peu près complètement disparu à un kilomètre à TOuest
de la ville.
Au Nord-Ouest et jusqu'à Nontron, le Liasien est exclu-
sivement calcaire ou gréseux, et ne contient ni marnes,
ni argiles. Son épaisseur est d'ailleurs fort réduite.
Il parait composé de deux séries de couches qui cor-
respondraient aux calcaires à Bélemnites et aux calcaires
à Peeten xquivalms.
Les couches inférieures sont formées de calcaires com-
pactes, à grains fins, jaune-roux, alternant avec des cal-
caires marneux ou lithographiques, blanchâtres ou blanc-
jaunâtre, semblables à ceux du Lias inférieur. Ces couches
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— 654 —
contiennent aussi des nodules et même des bancs de
calcaire grenu saccharoïde, parfois ferrugineux. Elles se
relient d'ailleurs aux calcaires du Lias inférieur, et il est
difficile de préciser leur épaisseur, qui varie de 1 à
5 mètres environ.
Elles ne contiennent pas de fossiles, si ce n'est quel-
ques moules de bivalves analogues à ceux que Ton trouve
dans les calcaires du Lias inférieur.
Les couches supérieures ont un faciès beaucoup plus
arénacé; elles sont généralement couronnées par un banc
de grès calcarifères grossiers.
A Ayen, Saint-Robert, Perpezac (CJorrèze), ces couches
se composent de calcaire gréseux ou marneux, jaune-roux,
en bancs peu réguliers de 0*30 à 0"50, alternant avec
des lentilles et des bancs de grès jaspés. — Ces calcaires
passent parfois à un macigno à gros grains de quartz.
A Thiviers, la couche supérieure paraît débuter par
des calcaires ferrugineux, grenus, épais de 1 mètre, sur-
montés par quelques bancs de calcaire jaune-roux, cris-
tallin, très dur, passant quelquefois à un grès grossier.
Au-dessus existe, sur uae épaisseur de 3 à 4 mètres,
des grès sableux, j aune-roux, «se désagrégeant facilement
et contenant quelques lits de jaspes et d'argiles grises.
Ces grès sont surmonlés par des calcaires gréseux à
gros grains de quartz sur une épaisseur de 0"60. Enfin
l'ensemble, qui a une épaisseur de 6 à 7 mètres, est
couronné par un banc de calcaire jaune gréseux, schis-
teux, épais de 1 mètre.
A Saint-Jean de Gdle, les couches supérieures du Lia-
sien sont moins développées et ne paraissent comprendre
qu'un banc d'un calcaire jaunâtre, dur, ou d'un cal-
caire marneux avec veines de macigno très grossier;
ce banc, épais de 2 mètres, est surmonté par un macigno
épais de 1 mètre.
Les couches supérieures sont assez fossilifères (Tere-
bratules et Bélemnites), mais les fossiles ne sont repré-
sentés que par des moules extérieurs indéterminables.
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— 655 —
Argiles toarciennes. — Les argiles toarciennes, qui for-
ment la plus grande partie de l'épaisseur du Lias supé-
rieur, sont compactes, dures, schisteuses, noirâtres, et
deviennent grises ou jaunâtres au contact de Tair. Elles
sont imprégnées de pyrite, contiennent des rognons de
pyrite souvent décomposés, des lentilles de gypse et des
géodes de calcite. Le gypse remplit parfois les délits «de
la roche.
Au Sud du bassin qui nous occupe, les argiles toar-
ciennes alternent avec des bancs de calcaires grisâtres
ou bleuâtres, compactes, marneux. Ces bancs ont une
faible épaisseur et sont très réguliers. Parfois le cal-
caire, au lieu d'être distribué en bancs réguliers, se
trouve sous forme de miches.
Vers la base des argiles toarciennes, on trouve quel-
ques couches de schistes feuilletés sans fossiles.
Au Nord, à partir de Terrasson, les bancs calcaires
disparaissent complètement, et les couches ne compren-
nent plus que des argiles noires plus ou moins schis-
teuses.
Les argiles toarciennes cond^nent au moins deux
niveaux fossilifères distincte- Ivpus indiquons ci-après la
faune de chacun de ces niveaux.
1* — Zone à Ammonites serpentinus (Ammonites calcaires.)
Ammonites communis, Sow, avec sa variété : Holandrei. —
Très commune à la base de la zone.
Ammonites subplanatus, Zittel.
— borealis, Seebach, et sa variété : Levisoni, Simpson.
— serpentinus, Reinecke. — Très commune à la partie
supérieure de la zone.
Belemnites tripartitus, Schloth.^ et ses variétés.
Terebratula Lycetti, Davidson.
2» — Zone à Ammonites bifrons.
Ammonites bifrons, Brug. — Très commune; pyritisée.
— crassus, Philipps.
Belemnites irregularis, Schloth.
— gracilis, Zieten.
Pecten pumiltis, Lamk.
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— 656 —
et un certain nombre de Lamellibranches et Gastropodes
(Leda, Nucula^ Turbo, Cerithium, etc.).
Au dessus de la zone fossilifère à A, biffons, il existe
une épaisseur assez considérable d'argile dans laquelle
nous n^avons pas, jusqu'à présent, recueilli de fossiles.
Au Nord de Terrasson, les argiles toarciennes ne sont
guère fossilifères, et Ton ne peut y distinguer les deux
niveaux que nous venons de signaler. — Il semble même
qu'il y eut un une interruption dans la sédimentation
en certains points, car à Thiviers nous avons trouvé
V Ammonites biffons dès la base du Toarcien, au contact
avec les calcaires du Liasien.
Les argiles toarciennes représentent tout le Toarcien,
à l'exception de la zone à Ammonites opalinm.
Calcaires à Gryphxa Beaumonti, — Les argiles toarciennes
sont couronnées par des couches calcaires qui forment
la base des falaises du terrain oolithique dans les vallées
au Sud de Brive.
Les argiles noires, à leur partie supérieure, alternent
avec des marnes foncées et des calcaires en bancs minces.
Ces couches sont surmontées par des calcaires noduleux,
à grains grossiers, mamaux, parfois subcristallins, noi-
râtres ou jaunâtres, alternant avec des marnes nodu-
leuses, schisteuses, noirâtres. Le tout est couronné par
un calcaire gréseux, ou subcristallin, noduleux, géodique,
noirâtre, qui passe peu à peu au calcaire oolithique blanc
ou rosé du Bajocien.
Les couches à Gryphœa Beaumonti se distinguent faci-
lement des calcaires bajociens par leur teinte jaune et
par l'alternance de couches de compacités diflférentes.
Ces couches sont assez fossilifères; nous y avons re-
cueilli les espèces suivantes :
Ammonites subinsignis, Oppel.
— cf. opalinus.
— cf, Murchisonss.
— acanthopsis, d'Orb.
— fluitans, Dumortier.
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— 657 —
Ammonites radiosus, Seebach.
— cf. mactra, Dumortier.
Pholadomya fidicula, Sow.
Gryphœa Beaumonti. Rivière (O. pictaviensis, Hébert.)
Terebratula Lycetti, Davidson.
— infraoolithica, Deslongchamps.
Rhrjnchonella cynocephala, Richard.
La Gryphœa Beaumonti a été presque toujours confon-
due avec VOstrea sublobata; cependant son crochet est
plissé. — Elle est très commune et forme un banc d'une
consistance remarquable. A Terrasson, ce banc n'a qu'une
épaisseur de 1 mètre, mais il est pétri d'individus de
cette espèce.
Les Ammonites sont généralement en mauvais état de
conservation, ce qui rend leur détermination difficile;
elles appartiennent aux groupes de VAmmonites radians,
de VA, Murchisonx et de VA. opalinits.
Outre les espèces citées, nous avons recueilli aussi un
certain nombre de Lamellibranches non encore déter-
minés.
Les couches à G. Beaumonti se rattachent évidemment
au niveau de VA. opalinus, de VA. torulosus et de la
Trigonia navis (Oppel), c'est-à-dire au niveau le plus su-
périeur du Lias, tel qu'on le délimite actuellement en
France.
Résumé» — M. Péron, dans une note présentée en 1873-
1874 à la Société des Sciences, Belles-Lettres et Arts de
Tarn-et-Garonne, a donné une coupe du Lias de l'extré-
mité méridionale du bassin du Sud-Ouest.
Nous reproduisons cette coupe ci-dessous :
Série de bancs minces, noduleux, gris foncé, de
plus en plus espacés en descendant, alternant avec
Bajocien l des marnes schisteuses foncées. — Zone de VOstrea
I sublobata. — Excellent horizon, toujours très fossi-
lifèro et nettement reconnaissable.
Marnes puissantes d'un noir ardoisé, très fissiles,
avec petits bancs de lumachelles et fossiles du
1 Toarcien. Niveau du Leda rostralis.
rr, 1 Marnes très argileuses, riches en fossiles du
Toarcien < r« • j .-.„.. j *
j Toarcien, en grande partie à 1 état de fer pyriteux
I ou hydroxydé. — Zone de VAmmonites bifrons.
Calcaires marneux à ciment, gris cendré en bancs
noduleux. — Zone de VAw,monites gêrpentinus.
T TX. 4-Ô
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— 658 —
/ Séries de bancs calcaires bleuâtres, jaunes exté-
rieurement, peu épais, très durs, lumachelliques. —
Nombreux fossiles du Lias moyen. — Zone à Pec-
ten œquivalvis.
Marnes très fissiles, d'un gris verdâtre, micacées
fortement, fossilifères' surtout dans la partie supé-
rieure. — Zone à Oatrea cymbium.
Bancs espacés de calcaire noduleux, gris cendré,
Liasien ( analogue à ceux du Toarcien. — Marnes grises. —
Nombreux fossiles et surtout des Belemnites et
Ammonites margarit&tus. — Zone du Belem7iite8
clavatus.
Calcaires compactes, jaunâtres, sableux, en bancs
peu épais. Ceux du haut ne renferment que de
grands nautiles. — Ceux à la base sont assez
riches en fossiles du Liasiee. — Zone à Terebra-
tula punctata.
Calcaires rubannés, en plaquettes, schisteux, sou-
vent feuilletés, sonores, rugueux, très durs, gris
I cendré et gris pâle. — Pentacrinu8 acalaris.
Grande masse de calcaire lithographique, de na-
Lias inférieur/ ture variable, passant quelquefois latéralement à
1 des cargneules dolomitiques ou à des schistes mar-
' neux. — Rares fossiles non déterminés.
Cargneules, calèaires grossiers, jaunâtres, car-
gneules dolomitiques puissantes. — Sans fossiles.
Calcaires dolomitiques et marnes verdâtres, ro-
Infralias gnonneuses, grises, alternant avec des tsalcaires
, marneux ou schisteux. — Cargneules.
Cette description s'applique très exactement aux cou-
ches du bassin de Brive, couches qui font Tobjet de la
présente note.
Les seules différences que nous puissions relever por-
tent non sur la description des couches, mais sur leur
classification. — Nous rangeons la zone à 0, sublobata
dans le Lias, et nous ne précisons pas la limite du
Sinémurien et de Tlnfraliag,
Il faut remarquer aussi que M. Pérou ne signale pas
la présence, dans le Tarn-et-Garonne, du grès du Lias.
— Peut-ôtre ces* grès existent-ils, mais sont-ils difficile-
ment discernables des grès du Trias?
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— 659 —
»
Enfin nous rappellerons que, dans la région de Brive,
VAmmonites margaritatus est commune dans les marnes à
Ostrea cymMum, et rare dans les argiles à Belemnites
clavatus.
Il est intéressant de comparer aussi le Lias du Sud-
Ouest au Lias formant la bordure Nord du Plateau
Central.
Sur toute la bordure Nord existe la couche à Gryphœa
Beatimonti, accompagnée souvent de quelques Ammonites
qui en fixent le niveau.
On retrouve aussi les zones à A. serpentinm et à
A. bifrons; la plus inférieure de ces zones comprend
des lits calcaires à poissons que nous n'avons pas re-
marqués dans le Sud-Ouest, ainsi que des schistes à
posidonies. La zone supérieure est argileuse.
La base même du Toarcien est formée par un lit à
A, communiSf comme dans le Sud-Ouest.
Le Liasien présente, à sa partie supérieure, des couches
calcaires à Pecten œquivalvis. — Ce sont ces couches qui
renferment VAmmonites spinatm.
Au-dessous se présentent, comme dans le Sud-Ouest,
des marnes calcaires avec Ammonites margaritatus pyri-
tiséesi
Les couches argileuses à B. clavatus du Sud-Ouest sont
représentées, dans le Centre, par des couches marno-
calcaires plutôt qu'argileuses.
On y distingue quatre zones d'Ammonites, savoir :
Zone à A. Davœi.
— A. ibex.
— • A. Jamesoni.
— A. lynx.
Les calcaires à Belemnites du Sud-Ouest sont aussi re-
présentés dans le Centre, mais par des couches beau-
coup plus développées. On y trouve de nombreuses Be-
lemnites {B. brevis, exilis). Ces couches contiennent ou
passent à des lits argileux avec faune de Brachiopodes.-
Elles forment la partie inférieure de la zone à A, lynx.
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— 660 —
Le Sinéraurien, dans le Centre, est fossilifère, et Ton
y trouve V Ammonites Buchlandi à la base; nous avons
vu que, dans le Sud-Ouest, le Sinémurien n'est pas fos-
silifère et ne peut être séparé de Tlnfralias.
Les couches du Centre, inférieur au Sinémurien, se
rapprochent beaucoup de celles du Sud-Ouest. Elles ne
sont pas fossilifères, à Texception d'un certain niveau
à Ostrea irregularis accompagné de quelques Gastropodes.
Les bancs à argiles vertes et les grès du Lias se
retrouvent dans le Centre comme dans le Sud-Ouest,
mais disparaissent dans le Poitou et à l'Ouest. Il paraît
difficile, d'ailleurs, d'y séparer nettement l'Hettangien du
Rhétien, en raison de l'absence des fossiles.
Les couches à argiles vertes des environs de La Châtre
contiennent des jaspes fossilifères de l'époque rhétienne.
La base de ces couches contient aussi quelques écailles
de poissons et petits os. C'est le niveau du bone-bed que
nous n'avons pas retrouvé dans le Sud-Ouest.
En résumé, le Lias du Sud-Ouest et celui de la bor-
dure Nord du Plateau Central présentent une remar-
quable analogie au point de vue de la nature de la sédi-
mentation.
G. MOURET. •
(Extrait du Bullet. de la Soc. géologique de France, 3"» série,
tome XV, p. 359, 7 mars 1887).
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CARTULAIRE
DE
l'Abbaye bénédictine Saint-Martin de Toile
EN LIMOUSIN
PUBLIÉ PAR
Jean-Baptiste CHAMPEVAL
(Suite. — Voir t. IX, 3* livr., p. 421.)
15. PRIVILEGIUM A RODULFO GALLI^E REGE GONGESSUM
13 décembre 933.
In nomine sanctœ et iiidividuse Trinitatis. Rodulfus
Dei gratia Francorum et Aquitanoruin atque Burgun-
dionuin rex pius invictus ac semper augustus. Sicut non
est potesta^ nisi a Deo» qui coUocat, ut scriptum est,
reges in solio : sic utique consequens est ut hii qui in
sublimitate sunt, sub potenti manu eius se humilient;
et ut regni eius ministri juxta ipsius voluntatem suas
actiones administrent. Quapropter notum sit omnibus
tam presenti quam futuro tempore regni munia dispo-
nentibus, quod ego de statu religionis redintegrandî) sol-
licitus (1), Tutelense cœnobium in regulari proposito, ut
olim fuerat, reparare decrevi. Est autem in Lemovicensi
pago super fluvio Correzia situm, in honorera videlicet
beatissirai domni Martini constructura; quo loco prisca
reverentia novellis adhuc miraculis domino largiente ser-
vatur. Precibus autem viri Ademari (2) qui locum ipsum
(1) L'incident qui commence par les mots : qui collocat, jus-
qu'au mot quapropter, et celle qui commence par tàm presenti,
jusqu'aux mots : quod ego, ne se trouvent point dans le ma-
nuscrit B.
(2) a Aymar, vicomte, » se lit en marge du manuscrit A, et au-
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eateiius tenuerat, suggerente eliam Ebalo de Pecteus co-
raile cuidam religiosissimo abbati nomine Aymoni locum
eumdera ad restaurandura regulare propositum commen-
daveram (atque cœnobium Sancti Savini (1) subjectum
feceram). Sed quoniam experimento probatum est quod
eadem subjectio religioni obstaret; eidem religion! pe-
nitus consulere volentes . saniore consilio decernimus ut
antiquo more solius régis tuitione non autem dominatione
teneatur. Hoc autem contra ius regni fieri, nemo cen-
seat; quandoquidem excellentissimi imperatores décréta
sua, quoties causa exegerit, leguntur immutasse et apos-
tolo perhibente necessario legis translatio fit. Hoc igitur
cœnobium cum omnibus quœ nunc ad eum pertinent,
vel quae deinceps eidem obvenerint, ita pro auctoritate
istius nostri precepti manere constituimus ut nuUius
domination!, nisi tantum sanctae regulae subjaceant. Post
discessum vero fidelissimi et amantissimi nostri domni
Odonis qui predicto Aymoni venerabili successit, et post
Adacium quem isdem venerabilis Odo sibi ad vicem suam
supplendam ordinari petiit, licentiam habeant secundum
regulam S. Benedicti quemcumque saniori consilio ma-
luerint ex seipsis eligendi; et neque rex nec comes aut
episcopus aut quselibet alia persona res eorum inquie-
tare, aut alicui dare presumet, sed nec oppido quidem
domiijari audeant : partem vero abbatiae quam predictus
Ademarus abbate ipso consentiente retinuit (2) , totam
dessous, en face de Pecteus interligné : « comte Poitiers. » — Au
manuscrit B, on lit en marge : de Ebalo, et au-dessus on a écrit
en caractère différent, mais cependant ancien : de Perteus. —
Latour, page 110, n'a pas Pecteus, ni la sujétion à Saint-Savin
mise entre parenthèses. A rapprocher de la Passion de Saint-
Léger : « Diiiun, l'ebisque de Peitieus. » Didon^ l'évoque de
Poitiers.
(1) Ahbaye bénédictine de Saint-Savin-sur-Gartempe, au diocèse
de Poitiers, aujourd'hui chef-lieu de canton (Vienne).
(2) Les mots : retinuit et votuerint manquent dans le manus-
crit B, ainsi que la phrase qui commence par : Jus quoque, et qui
se termine au mot servent, — Dans Latour, recipiant remplace
retineant.
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post ipsius discessum retineant; quo decedente qualem
communiter voluerint munburdum et causidicum ha-
beant. Jus quoque immunitatis ac reverentiam quae
«ancto illo loco et hune (1) divinitus observatum, ita
concediraus, ut nemo vel ipsi vel rebus ad eum perti-
nentibus uUam violentiam inferre moliatur. Gaeterum tam
abbas quam monachi communiter sicut ante Del oculôs
regulare propositum servent. Ut autem haec nostra per-
ceptio (2) indelebilis perseveret hanc insuper in nomine
aucthoris annulo nostro signavimus, S. Rodulfl glorio-
sissimi régis R pîi S Gotfredus sacerdos ad vicem An-
segisi episcopi recognovit et subscripsit. Actum Atti-
niac (3) idibus decembris, indictione III, anno XI
régnante Rodulpho gloriosissimo rege. Anno ab incar-
natione domini DCCCXLV.
16. PRIVILEGIUM LUDOVICI QUARTI TRANSMARINI (4)
2 avril 944.
In nomine sanctae et individu» Trinitatis, Ludovicus
divina clementia Francorum rex, si erga loca divinis
(1) On lit dans Latour : et nunc divinitus observaiur,
(2) On lit dans le manuscrit A, preceptio. Puis à la date, en
marge : « Je crois qu'il faut 930, ce qui s'accorde alors avec l'in-
diction III et Tan XI du reigne de Raoul. — Dans le texte, la date
est fausse. » — Sur le manuscrit B, on lit en marge : Error est
in numéro annorum. Legendum igitur 930, qui est annus XI
regni Rodulfi in quem incidit indictio tertia. Je crois qu'il
faut 935. » Dans Baluze, les mots suivants manquent : ab incar-
natione domini DCCCXLV, et on lit dans Latour : in supemi
nomine. — Voyez : Tables de Brequigny, p. 396.
(3) Attigny, chef-lieu de canton (Ardennes), jadis principal lieu
de la contrée appelée : la Vallée-du- Bourg, en Champagne, fort
ancien, célèbre par ses conciles et par le séjour de plusieurs
rois de France.
(4) Nous relevons cette charte dans Latour, page 115, 2~ édi«
tion. à Toulouse, chez Boude, 1636. Nos manuscrits ne la coni
tiennent pas.
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cultibus mancipata tuitionem regalem inferimus, hoc
nobis ad aeternam beatitudinem perlinere confidimus.
Idcirco comperta et omnium fidelium nostrorum praesen-
tium scilicet et fiiturorum industria, quoniam adien»
serenitatem nostram venerabilis abbas Adacius deprecans
nos, quatenus circa monasterium Tutellense eius soUi-
citudini commissura, in comitatu Lemovicensi supra flu-
vio Curresise situm, nostrae tuitionis ac confirmationis
decretum fieri dignaremur. Cujus petitioni acquiescentes
nostrae praeceptionis authoritate fieri non negavimus.
PraBcipientes ergo iubemus, ut nuUus index publions,
neque quilibet ex fidelibus sanctae Dei ecclesiae ac nos-
tris in praedictum cœnobium, ecclesias aut loca vel agros
seu reliquas possessiones quas moderno tempore juste et
rationabiliter possidere videtur. Et quidquid deinceps ob
amorem Dei ibidem coUatum fuerit, ad causas audiendas
aut homines ipsius injuste distringendos uUo unquam
tempore ingredi audeat, seu aliquam contrarietatem in-
ferre praesumat. Sed et Deo in cœnobio eodem famu-
lantes regulariter licentiam eligendi abbatem ex se obti-
neant. Et sub nostrae ditionis tuitione, manentes, pro
nobis et conjuge proleque nostra, seu pro stabilitate
totius ecclesiae Dei misericordiam jugiter exorent. Et ut
haec authoritas firmior habeatur, et per futura tempora
melius observetur, manu propria subterflrmavimus, et
annuli impressione nos tri subter obsignari jussimus.
P. Signum Ludovici gloriosi régis. L. * S. Rorico no-
tarius ad vicem Gerunci archipresulis G, relegit et sub-
scripsit in Burione villa, quarto nonas Martii, indic-
tione prima, anno vero octavo régnante Ludovico rege (1).
17. DONUM GERALDI DE TUTELA
Cum certa mors maneat, et nemini parcat, provi-
dendum est ut aliquid de rébus nostris Deo, cui omnia
•(1) Louis IV d'Outre-mer, 936-954. — Et Adace 928-948, quoique
Baiuze Tarrête à 947.
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sunt, oCferamus, qui dicit : date elemosinam, et ecce omnia
munda sunt vobis, Ob hoc ergo mihi in Dei nomine
Geraldo de Tutela tractanti de Dei timoré pro anima
«lea, ut me q^us Dominus de pœnis inferni eripere
dignetur, placuit ut partem meam de ecclesia Sancti
Pétri (1) et de ecclesia Sanctae Mariae de Saliaco (2) Deo
et Sancto Martino dimitterem, quod et feci ; dimitto etiam
mansum meum de Las Noalias (3), ubi Longus visus est
manere, qui est in parrochia de Sancto Pardulpho (4) :
et alium apud Braisam (5) : aliumque apud Masmaury (6)
ubi Stephanus manet, ipsum Stephanum et uxorem ejus
et filios et filias eorum dimitto Deo et S. Martino quam-
diu terram illius tenere voluerint. Similiter dimitto Bos-
cum de Florensanas, et partem meam de la commanda
de Fagalobeyra (7). Hœc omnia supra nominata cedo Deo
et S. Martino cum omnibus quse ad ipsa pertinent, tali
ratione ut si quis ex parentibus vel hseredibus meis uUam
contradictionem contra hanc nostram elemosinam inferre
voluerit, inprimis iram Dei et S. Mariae omnium que
sanctorum incurrat, et cum Datham et Abiron in inferno
permaneat. Facta sunt haec mense septembrio, Philippo
(1) Saint-Pierre, Tune des églises paroissiales de Tulle, jadis
située sur le précédent emplacement de l'école des Frères.
(2) Seillac, chef-lieu de canton, où Ton fête toujours TAssomption
de Notre-Dame.
(3) Noailles.
(4) Saint- Pardoux-rOrtigier, où est aussi Noailles, vers Janieu^
1471. (Liasses de Tétude de M* Daudy, notaire à Vigeois, que nous
remercions vivement ici.)
(5) II y eut un Mas de Breigeac (Pierrefitte) dépendant de Bre-
tagnolle en 16S5, et Breiga (Tulle- Saint- Julien) en 1477, près Gué-
rinet (aujourd'hui grand-séminaire), le Teil.
(6) Vigeois avait, en 1680, un Mas de Maureys. En 1513 nous
avons trouvé Maury (probablement Ghamboulive), près lArdilier,
le Peuch-pialat. Affieux en a un aussi.
(7) Fageloubieyre (Tulle -Saint -Pierre), 1429, et 1468 près le
Grand-Mirat, la Rode, l'Espinat, Laval, Godou, aujourd'hui devenu
Facherivière et passé à Naves. Nous devons cette dernière indi-
cation à son curé, M. Tabbé Niel.
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rege (1), domno Frudino abbate, testibus Martine prae-
posito, Rotgerio praeposito, Petro et Ademaro de Tutela,
Petro Bernardi, Aimoino et Ademaro fratribus, ejusdem
Gerardi nepotibus, Raymundo Doiiarelli|B), ArcambaldO
de Cazarenc (3), Petro Rotgerii, Arcambaldo et Geraldo
fratribus eius.
18. Hoc est donum quod fecit Arcambaldus de Tutela
pater Ademari et Pétri ad mortem suam pro sepultura
sua... audiente Petronilla uxore sua...
Tertium mansum ejusdem villae (de Braisa) (4) dédit
Rainaudus de Galmilis (5) et uxor sua Bona-Filia Petro-
nilla uxor Arcambaldi de Tutela ipso defuncto et filii sui
Ademarus et Petrus dederunt unam bordariam ibidem pro
sepultura âlii sui Bosonis.
19. Hoc est donum pro sepultura Witardi de Tutela
quod fecerunt fratres ipsius Arcambaldus, Ademarus sive
Bernardus vel Gerardus filii Donadei de Masmauri, man-
sum unum al Gastan... (6).
(1) Philippe (1060-1 108). ^ Fruin, d'après Baluze, aurait été abbé
de 1053 à 1084. Mais il semble avoir duré bien davantage. A la fin,
nous espérons resserrer plus utilement ces dates. — Latour, p. 103
et manuscrit A.
(2) Les DonnereauZy repaire noble, maintenant village de Tulle.
(3) Ghazaren (Naves), chftteau appartenant à M. René Vidalin.
La vicieuse prononciation bourgeoise, qui en fait Césarin, ne date
que de quarante ans, grftce à l'engouement avec lequel on a voulu
tout romaniser aux abords de Tintignac, depuis Bach, Bacchus,
jusqu'à Soleilhavoup, temple du Soleil, alors qu'ils s'écrivaient
Batz et Souleilla-Youlp, clairière du renard.
(4) Peut-être Breyga (Tulle, Saint-Julien), 1477, près Guérinet et
le Teil. Or, Guérinet c'est le grand-séminaire.
(5) Les lieux de Ghaumeils abondaient.
(6) La seule commune de Tulle a eu deux Caatan, ou Chastan,
l'un à Ghanut, en 1575, l'autre près la Deymie et Jos. Naves en
possédait un près Ghaunac et el Pourchet en 14S6, et Saint-Ger-
main-les-Vergnes avait le Ghastaing-Bouscal et le Ghastaing-Por-
chier, etc. Gomme on le voit, Tidentification est difficile à établir.
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20. Sciant nostri successores quia Bernardus de Tutela
et uxor ejus Aldiardis dederunt tertiam partem de me-
dietate ecclesiae S. Pétri de Castro... (1) et mansum... cum
filio suo Gerar^ Bernard! qui fuit monachus istius loci...
Hoc autem annuerunt filii eorum Aimonius Bernardi,
Petrus Bernardi, Ademarus Bernardi. Fevales vero hujus
mansi Petrus de Poenciaco, et Hugo de Pairaco judex
dederunt S. Martino omnia quss habebant in dicto manso.
Testes sunt Petrus de Tutela, Ademarus frater eius et
Gerardus qui cognominatus est Becferris, Raimundus
Donarelli, régnante Aenrico... (2).
21. Sciant omnes quod Remigius Botarius (3) dédit
S. Martino Tutelensi totum quod habebat in manso de
Cambos (4).
22. Noverint universi quod Ademarus de Tutela [filius
Arcambaldi], dédit quartam partem, et rursus quartam
partem alterius quarts partis ecclesise de Saliaco.... Tes-
tes sunt domnus abbas Prudinus, Petrus de Tornamira,
Gerardus de Val, Arbertus de Blandina (5) monachi,
Petrus frater ejusdem Ademari, Petrus Bernardi, Aimoi-
nus B, Ademarus B, et alii multi.
23. Sciant omnes quia Eustorgius Bernardi dédit quar-
(t) C'est la môme église qui vient de figurer charte 14. Elle était
près et dans le c&strum Tutelœ, d'où son nom.
(2) Nous ferons remarquer ici que toutes ces chartes sont iné-
dites, sans quoi nous renverrions à la page voulue dans Baluze.
De môme, le défaut de mention du manuscrit B accuse qu'il ne
les contient pas. — Conférez, pour Gérard de Tulle, avec la
charte 18». — 1031-1060.
(3) Des seigneurs du nom de Boutier eurent Sédières et des
biens autour de Gimel.
(4) Nom de lieu trop répandu autour de Tulle, qui en eut un
près Maure; Orliac en eut un autre près Neuvialle, et Laguenne
un encore, ainsi que Tulle et Saint-Hilaire-le-Peyroux. Ces trois
derniers furent seigneuries.
(5) Blandine, village de 100 âmes, Saint-Bonnet-£l-Vert, B signi-
fie apparemment Bernardi.
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tam partem de medietate ecclesiae S. Pétri de Castro et
mansum... Testes sunt Petrus B, Aimoinus, et Ademarus,
fratres ejusdem Eustorgii.
f
24, Hoc est donum quod fecerunt Gerardus de Rofl&-
niaco et Alaiz uxor sua et fllii eorum Hugo et Petrus
et Willelmus (Deo et S. Martino) mansum unum ad
Montem (1) inter Rofiniacum et S. Germanum, et man-
sum de... S. Ugonis de Rofiniaco. S. Willelmi. S. Ar-
cambaldi vicecomitis de Combornio. S. Frudini abbatis.
S. Rotgerii de Gauzfornz monacho et preposito. S. Gé-
rard! de Val, monacho. S. Donadei monachi decani.
Régnante Philippo rege (2).
25. Igitur ego in Dei nomine Arcambaldus de Tutela
et uxor mea Petronilla et fllii nostri Petrus et Ade-
marus et Bozo et flliae nostrae Dinas et Girberga et
Aldiardis, donamus et vendimus Deo et S. Martino man-
sum nostrum in parochia S. Juliani de Tutela.,. (3) pre-
cio centum viginti solidos... Factum est hoc in mense
Decembris, imperante domino nostro Jesu-Ghristo. Ré-
gnante Aenrico rege (4). S. Arcambaldi de Tutela et
Petronillae de Reliaco uxoris suse. S. Pétri. S. Ademari.
8. Bosonis flliorum suorura. S. Gerardi de Tutela Bec-
fecri (sic) (5) fratris sui. 8. Pétri Bernardi nepotis sui et
fratrum suorum. S. Rotgerii prepositi monachi. 8. Rot-
berti d*el Monteil monachi. 8. Gerardi d'el Val monachi.
(1) Page 16 du manuscrit B, lequel omet mansum unum, etc.,
pour ne reprendre qu'à S. Ugonis, interrompre après Frudini
abbatis, jusqu'à régnante. Il dit aussi sui au lieu de eorum.
Le Mont (Saint-Germain-les^Vergnes), canton de Tulle.
(2) Date entre 1060 et 10S4.
(3) Saint-Julien, l'une des églises de Tulle, anciennement assise
sur la place actuelle au nord-est de la cathédrale, entre celle-ci et
la bascule.
(4) De 1031 à 1060.
(5) Conférez avec la charte 20\
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26. Notum sit omnibus... quod Gerardus de Roca (1)
filius Ademari impignoravit hoc quod habebat in manso
de Laval (2) qui est juxta mansum d'elCher... Post mor-
tem vero suam dimisit totum Deo et S. Martino... Hoc
autem autorizaverunt omnia uxor sua, et fllii sui Ade-
marus de Roca et Hugo frater ejus, die quo fuit se-
pultus. X kalendas madii, feria V, in manu domni Wil-
lelmi abbatis, audiente Eustorgio de Galnac (3), Raimundo
de la Mazeira (4), Raymundo Maliani. Factum est hoc
anno MGVIIII. Régnante Ludovico rege, tempore Eus-
torgii episcopi.
27. In isto manso de Laval dédit Petrus Rigaldi de
S. Bonito (5) quatuor sextaria siliginis et duodecim de-
narios pro anima sua... cum consilio Willelmi de Can-
naco (6) de quo illud habebat (7). Actum anno mille-
simo ex, Ludovico rege Willelmo abbate.
(1) évidemment des seigneurs de La Roche- Saint- Maur, aujour-
d'hui La Roche-GaniilaC; chef-lieu de canton.
(2) Laval et le Ghier (Tulle) contigus, près Saint- Adrian. Sous
l'ancien régime, ils faisaient partie de Tulle-Saint-Julien.
(3) Galnac, probablement pour Galnac, Ghanac.
(4) De préférence La Mazière-Basse, commune du canton de
Neuvic.
(5) Saint- Bonnet -Avalouse, commune du canton de Tulle -Sud.
Nous n'avons jamais compris qu'on n'ait pas divisé Tulle en can-
tons Est et Ouest. Gela répondait à la situation de l'ensemble de
ses communes par rapport à lui. On eût ainsi évité la bizarrerie
qui fait appeler Tulle-Sud le canton de Tulle rivft-^auche (de la
Gorrèze), ou Tulle-Est, comprenant, sur quinze communes, cinq
chefs-lieux à peine, situés au Sud de cette ville. Tulle-Nord, encore
plus mal baptisé, n'a que Naves au Nord, sur sept paroisses, et
c'est lui qui eût dû s'appeler Tulle- Sud. Ges dénominations, pour
redevenir justes, demanderaient qu'on repartageât un peu à la
façon des anciens diocèses de Limoges et de Tulle, sans tenir
compte de la rivière.
(6) Ghanac, commune du canton de Tulle.
(7) Dans le manuscrit B, on lit cette simple phrase : Donum
Pétri Rigaldi de S. Bonito... anno MGX. Ludovico rege Eustor-
gio episcopo. Willelmo abbate. Paj?e 16.
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28. In eodem manso de Lavall dédit Willelmus de
Gannaco (1) quando voluit pergere in Jérusalem si illuc
moriretur duos solidos Hoc vero sciendum est quod
ista omnia impignoraverat ipse Willelmus de Caunaco
Bernardo de Roflniaco praeposito et monacho. Anno
MGXVIIII. Régnante Ludovico rege. Tempore Eustorgii
episcopi. Ebalo abbate. Testibus Bernardo priore. Ade-
maro Doctrandi. Willelmo Durandi, Petro Duranni. Wil-
lelmo Duranni fratre suo. Raimundo de Aneda (2). Ste-
phano de Roca de Aquina (3). Stephano Donadeo (4).
29. Ego Rotbertus et uxor mea Tetrudis cedimus Deo...
mansos nostros vel terras quae sunt in urbe Lomovi-
cina (5) encausum nostnim qui vocatur A la Derra
ubi Petrus visus est manere Sig. Rotberti. Sig.
Tetrudis uxoris suae. Sig. Odonis. Sig. Rigaldi. Sig.
TJgonis.
30. Notum sit... quod uxor Rainaldi de Calmilis quae
vocabatur Bona&lia dimisit nobis ad obitum suum man-
sum suum Pétri de Fraissengas in parrochia S. Ju<
liani... (6). Et hoc authorizavit Willelmus ôlius suus.
(1) En marge on a traduit C/iaunac; néanmoins nous pensons
quMl s'agit d'un Chanac. L'écriture ne laisse pas démêler Vu de Vn
(2) Nedde, commune du canton d'Eymoutiers (Haute- Vienne).
Mais la commune de Corrèze a un hameau de Puy-Nède, canton
de Corrèze.
(3) Laguenne^ commune du canton de Tulle, où les barons de
La Roche eurent quelques droits concurremment avec l'évêque de
Tulle, principal seigneur.
(4) Le manuscrit B abrège ainsi tout l'acte : Donum Willelmi
de Gannaco. Anno MGXVIII (soit 1118). Ludovico rege. Ëustorgio
episcopo. Ebolo abbate. Page 16. En marge : Cannac.
(5) Lomovicina {sic), — Encausum n'est pas dans Du Gange. —
Probablement pour enclausum, enclos.
(6) Nos tables de lieux disparus portent en effet : Frayssengeas-
Sobranas (Tulle-Saint- Julien), près La Font, qui est des Angles,
Freyssinges-Bas, La Vergne, Pimont, en 1549. Sans préjudice du
Freyssinges actuellement comme alors en majeure partie de Gimel
et pour partie des Angles. (Titres du presbytère de Gimel.)
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31. Sciant prsesentes et futur! quod Bernardus de Can-
naco (1) dédit très mansos et Gerardum filium suum cum
quibus mansis monachu» fieret, quorum duo vocantur
mansi de Laval (2) et erant allodum S. Martini, sunt
que in parrochia Sancti Stephani de Ladiniaco. Et ter-
tius vocatur a Drulia (3) et est in parrochia de Daniaco.
Hoc autem fecit cum consilio Hislae uxoris su» et âlio-
rum suonim Pétri et Bernardi fratrum ejusdem Gerardi
in manu domni Pétri abbatis régnante Rotberto rege.
Testibus Stephano Bruno de Barro (4) Arcambaldo de
Murât. Autgerio (5) de Vitraco. Bernardo vicario de Gimel.
Petro Duranni. Ugone Balvazi. Frudino de Caunaco. Wi-
tardo de Roca. Arcambaldo de Tutela Bernardo et Wil-
leLmo... (6).
32. Notum sit (omnibus) quia ego Bernardus de Can-
naco (7) quando volui ire in Jérusalem.. . dedi (Deo et
(1) Évidemment un noble Ghanac, de la commune de ce nom,
canton de Tulle-Sud.
(2) Encore village (au sens limousin de hameau) de la commune
de Ladignac, canton de Tulle. It habitants. Sans doute on dût les
différencier en nommant l'un d*eux Laval-Haut et Tautre Laval-
Bas, ou d'une façon analogue, comme la charte 30 nous montre
le Mas dit de Peyre sis dans Freyssinges.
(3) Droulhe, fief en 1743 (Dampniat), canton de Brive. — Archives
du château du Jayle (Malemort), de M. Dizac.
(4) Bar et Vitrac, communes du canton de Gorrèze. Murât, chef-
lieu de commune du canton de Bugeat, mais des villages de Murât
existent à Gornil et ailleurs. Il y eut, vers 1600, de nobles Belveyre
à Boussac d'Orliac.
(5) Rosiers a un village d'Augère, près de Vitrac, dit de Au-
chera, 1507, Augieyra, 1550.
(6) Vers 1022. -- Le manuscrit B dit seulement : Donum Ber-
nardi de Gannaco, cum consilio Hislse uxoris suœ, et filiorum suo-
rum Pétri et Bernardi fratrum ejusdem Gerardi, in manu domni
Pétri abbatis, régnante Roberto rege. Page 16.
(7) Ghanac, commune du canton de Tulle dans laquelle se trouve
Malangle, hameau de 98 âmes. Notre abbaye eut des biens étendus
de ce côté.
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— 672 —
S. Martino Tutelensi) medietatem de alodo de Malangle...
si illuc obiero... (Hoc autem feci) in praesentia domni
Frudini abbatis cum consilio fratris mei Pétri qui hoc
authorizavit. Régnante Philippe rege et Widone episcopo
Lemovicensi (1).
33. Ego Petrus de Cannaco frater supradicti Bernardi
dedi... omnem meum alodum de Malangle... in praesentia
domni Frudini abbatis. Régnante Philippe rege, widone
episcopo. Testibus Rainaudo Bernardi vicario. Stephano
Rainaldi, eius filiam Habebam (2).
34. Notum sit... quod Ademarus de Vitrac dédit man-
sum de Transrivo (3) quem habebat de 8. Martino...
dédit medietatem de omnibus excepte vineam Aymeini
Pelet de Transrive et mansum qui dicitur Oiz... (4)
quam ipse et fratres eius Gerardus et Rotgerius ex pa-
terna hcreditate requirebunt audiente Retgerio fratre
sue et Gerardo de Vall, et ftliis eius Gerardo et Cens-
tantio.
35. Supradictum mansum de Oiz calumniavit Stephanus
(1) 1060 à 1084. — Le manuscrit B omet : qui hoc authorizavit,
puis le mot rege, moins Tinitiaie. Il traduit Cannac en marge.
(2) 1060 à 1084. — Nous placerions ce Raynald de Bernard à Gimel-
(3) Terriou (Vitrac), 106 habitants, canton de Corrèze. Nos vieux
paysans y prononcent encore fidèlement Tarricou. Vitrac fut mem-
bre de la prévôté de Clergoux, xvi* et xvii» siècles, elle-même
dépendant de Tulle. Quant à la vigne, il faut évidemment l'éloi-
gner de cette altitude. Les grandes familles d'alors, qui habitaient
les froids plateaux de la Haute-Gorrèze, devaient, comme celles
d'avant la Révolution, avoir leurs vignobles au pays-bas.
(4) Ce manse (à rapprocher d'Oez, donné à Uzerche par Hilde-
gaire — voir le Cartulaire d'Uzerche publié par la Société des
lettres, sciences et arts de la Corrèze) dût être près Terriou, où
nous savons qu'Uzerche leva des rentes. (Minutes Terrade, notaire
à Chaumeil, 1717, chez M. Feugeas, propriétaire à Freysselines —
Chaumeil, canton de Corrèze.)
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— 673 —
de Bolciaco (1) : eo vero mortuo ôlii sui Stephanus et
Rigaldus dimiserunt querimoniam pro sepultura putris
sui et pro monachatu fratris sui Bernardi. Testibus
Bernardo priore Rigaldo de Bolciaco avunculo eorum
Ademaro Doctrandi. Bernardo de Murât. Geraldo et Ebalo
de Bolciaco. Bernardo Gaûcii. Anno MCXVI. Régnante
Ludovico rege. Eustorgio episcopo, domino Ebalo abbate.
Sig. Stephani. Sig. Rigaldi filiorum eius.
36. Sciant... quod Arcambaldus de Gannaco et fratres
sui Petrus, Geraldus Malbec, Ademarus vendiderunt Deo
et S. Martino et cuidam monacho nomine Andréa in
villa quœ dicitur Rocheta (2) duas bordarias. Signum
Arcambaldi. Signum Pétri. Signum Ademari. Signum
Gerardi.
37. Donum fecit Fulco de Gannaco et frater suus
Petrus et mater illorum Agnes de Alodo de Vedrinas (3).
38. Sciant uuiversi... quod Rainaldus de Aneda dédit...
pro anima filii sui Pétri dimidiam bordariam apud Cau-
nac quae vocatur Benechescha (sic) (4) et hoc authoriza-
verunt fratres Bernardus et Wido et Willelmus et Aalaiz
mater illorum, audientibus Petro Rotberti presbytero,
Geraldo Gaucii presbytero, Geraldo presbytero de Sancto-
Clémente (5), Geraldo Rotgerii et Arcambaldo fratre suo,
Rainaldo Donarelli. Anno MCXVIIII. Régnante Ludo-
vico rege Eustorgio episcopo Ebalo abbate.
39. Notum sit quod Aalaiz uxor Pétri Rainaudi de
(i) Boussac, commune d*Orliac-de-Bar.
(2) La Rochette (Pandrigne), postérieurement baronnie, aujour-
d'hui cas tel à M. Loubignac, ancien procureur impérial, dont la
collection nous a fourni diverses notes.
(3) Vedrenne, 69 habitants (Ghanac).
(4) Ghanac, à Test de Tulle. — Le manuscrit B porte simplement,
page 17 : Donum Raynaldi de Aneda, anno MCX VIIIL
(5) Saint-Glément, commune du canton de Seillac.
T. IX. 4-*
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— 674 —
Sancto Clémente, fllia Ademari de Vairaco dédit duas
dimidias bordarias Avidoinas. Anno MCXVIIII annuen-
tibus flliis suis Rainaudo [forsan Raimundo] Bernardo
Willelmo Widone, de Aneda. Testibus, Petro archipres-
bytero de Saliaco (1), Geraldo del Montet presbytero,
Amelio de Aneda, Ugone de Bolciaco, Petro Bello Oculo,
Arnberto (2) de Carreriis.
40. Ego Arcambaldus... dedi medietatem de manso ubi
Augerius visus est manere... et sunt istœ res in villa
quae dicitur Gaunacum... (3) mense februario régnante
Rotberto rege. Signum Arcarabaldi. Signum Ugonis.
Signum Firmini. Signum Froterii.
41. Igitur ego Stephanus et uxor mea Gautberga ce-
dimus mansum nostrum qui est in pago Lemovicino in
vicaria Spaniacense (4) in villa de Cannaco Signum
Stephani. S. Gauzberganse uxoris suae. Signum Ebrardi.
S. Froterii. S. Albaldi...
42. Sciant universi quod ego Bernardus de Campa-
niaco (5) et uxor mea Sostitia dedimus pro monachatu
fllii nostri Ademari mansum de Podio (6) apud Gauna-
cum. Factum est hoc anno MGXVII. Ebalo abbate Lu-
dovico rege, Eustorgio episcopo.
(1) Nous avons déjà fait remarquer (chose ignorée jusqu'ici), dans
une note du Gartulaire d'Uzerche par nous édité, 1887, que Seiliac,
chef-lieu de canton en amont de Tulle, fut archiprêtré.
(2) Ou Ar/berto.
(3) Ghanac, commune au sud de Gimel, 922 à 923, ou 996 à 1031.
(4) Ghanac, commune à Test de Tulle. Il ne figure pas sur la
carte de M. Deloche, Gartulaire de Beaulieu, ni en sa Géogra-
phie historique.
(5) Les Ghampagnac avoisinants sont : Ghampagnac-la-Prune,
commune du canton de La Roche; Ghampagnac-la-Noaille, com-
mune du canton d'Égletons; après cela les villages de Ghampa-
gnac à Favars, à Donzenac, etc., à Sainte-Fortunade, 1347.
(6) Ge manse du Puy est donc une partition du bourg de Gha-
nac. Nous n'avons rencontré ce manse dans aucun titre postérieur.
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— 675 —
43. Sciant omnes quod Petrooilla uxor Pétri de Tor-
namira dédit pro anima fllii sui Grerardi et pro anima
mariti sui... dédit mansum unum... anno MCXIII. Ebalo
abbate, Ludovico rege, Eustorgio episcopo (1).
44. Ademarus de Gaunaco dédit bordariam de Ven-
taiol (2).
45. Notum sit quod ego Froterius ^edi alodum meum
Boisseiras (3) scilicet quinque mansos.... S. Ademari.
S. Gilberganae matris supradicti Froterii. S. Hildebaldi.
46. (Cum certa mors maneat, et nemini parcat, provi-
dendum est unicuique homini de rerum suarum facultate
qualiter retributorem omnium bonorum habeat Dominum
dicentem, date elemosinam, et ecce omnia munda sunt
vobis. Ob h^^c igitur) ego in Dei nomine Geraldus de
Avalena (volens pergere Hienisalem et filium meum Ade-
marum tradere beato Martino monachum), CQnsentiente
uxore mea Garsendis cedo et do Sancto Martino ad locum
qui vocatur Tutela qui est fundatus super fluvium Corresia
•ubi etiam requiescunt pretiosorum S. S. corpora B. Clari
et B. Laudi et B. Bauniondi (sic) et B. Ulphardi, ali-
quid de rébus meis propriis quae sunt in pago Lemo-
vicino in vicaria Spaniacense.... (4) in vicaria Brivense....
in vicaria Uzerchense, etc. (5). (Sane si quis, nos ipsi
(1) On lit au manuscrit B, p. 17 : Donum Petroiûllœ de Torna-
mira MGXIIJ. — Et plus bas : Donum Pptri de Tornamira pro filio
suO; anno MGXII (sic) Ludovico rege Eustorgio episcopo Ebalo
abbate. — En marge, le chiffre arabe 1112.
(2) Ventegeol, 18 habitants, commune de Ladignac, canton de
Tulle, bien mieux que celui de Seillac.
(3) Il y eut beaucoup de noms pareils. Citons les plus rappro-
chés : Bar, Saint-Hilaire-le-Peyroux, Égletons, Le Lonzac, Gham*
pagnac-la-Noaiile.
(4) Espagnac, cheMieu de commune du canton de La Roche*
Ganillac.
(5) Brive, sous-pnéfecture. Uzerche, chef-lieu de canton.
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— 676 —
immutata voluntate nostra, aut uUus de haeredibus nos-
tris seu propinquis, seu uUa inlmissa persona contra hanc
cliartam eleemosynariam uUam calumniam generari pree-
sumpserit, imprimis iram Dei incurrat et omnium sanc-
torum, et cum Datham et Abiron, et luda proditore, qui
magistrum et Dominum suum tradidit, sit participatio
eius in infernum : et quod petit non vindicet, sed insu-
per componat rectoribus S. Martini auri libras centum
argenti pondéra mille. Et ut eleemosyna ista flrma et
stabilis permaneat, adjuramus, atque excommunicamus
primitus abbates, tam illum qui presens esse videtur,
quam illos qui futuri sunt, sed et monachos simili ter
qui modo adesse videntur, vel futuri erunt simili modo
et causidicos, id est Arcambaldum, et filios eius, necnon
et alios qui post eos erunt, propinquos et successores
nostros, cunctos que monasterii illius vicinos tam prae-
sentes, quam futuros per tremendae sanctse Trinitatis
nomen, et meritum beati Martini, et aliorum sanctorum,
quorum reliquiae ibi sunt, ut nullus abbas, vel mona-
chus, sive clericus, aut laicus, vel persona quaevis res
istas supranominatas inquietare, aut sub potestate saecu-
lari uUo modo redigere praesumat, nisi sicut nos consti-
tuimus. Quod si quis possidere tentaverit maledicatur per
uuiversum orbem, et audiatur de illo : Dem mem pone
illum ut rotairiy et sicut stipulam ante faciem venti, et
erubescat et conturbetur in saeculum s?eculi, et confun-
datur et pereat : Non sit cohaeres Christi, sed sit par-
ticeps Pharaonis in inferno, qui ait : Dominum nescio^ et
Israël non dlmittam) (1). Facta est eleemosyna ista in
mense martio anno primo régnante Ludovico rege.
S. Gerardi et uxoris suae Garsendis qui eleemosynam
istam fieri jusserunt et bonis viris firmare rogaverunt.
S. Arcambaldi vicecomitis qui cognominatus est Camba-
putrida. S. Ebali et Arcambaldi filiorum eius. S. Ugonis.
S. Andraldi. S. Gausberti. S. Immonis. S. Stephani.
fl) Nous mettons entre parenthèses le tej^e de^LATouR.
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. — 677 —
S. Constantini. S. Ademari. S. Auterii. S. Odolrici.
S. Aymonii. S. Rainaldi. S. Constantini (1).
47. Ego Gerardus de Avalena dimitto Arcambaldo se-
niori meo ecclesiam Sancti Medardi (2) cum ipsa curte...
si infantem non habuero de uxore mea, et ego Garsen-
dis dimitto Arcambaldo seniori meo post mortem meam
et post mortem Geraldi (3) viri mei.
48. Ego Gonstantia et fîlius meus Raiuaudus cedimus
pro anima Artmandi in villa quae dicitur Floriacus (4)
duos mansos... Facta est eleemosyna ista mense augusto
régnante Garolo invictissimo rege. S. Constantiae et Rai-
naudi fllii sui. S. Odolrici. S. Gerardi. S. Rotberti.
S. Witardi. S. Gerardi.
(A suivre,)
(1) Année 986. — Latour, page 106, avec des variantes.
(2) Conférez Baluze, colonne 349, Hist. Tutel. — Saint-Mord-de,
Lapleau, commune du canton de Lapleau.
(3) Après Geraldi, il semble y avoir de plus un f plutôt qu'un 6.
(4) Très probablement Floirat, aujourd'hui Fleurât, parfois Furat-
commune de Sainte-Fortunade, canton de Tulle, jadis seigneurie,
écrit Floyraco en 1525. (Collection de M. Clément-Simon, Cartu-
laire de Boussac.)
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CLEF DE VOUTE
PROVENANT DE
L'ABBAYE DE COIROUX (Corrèze)
(ISL^V SI*2CJL.3E)
M. Brugeilles, député de la Corrèze, nous a
envoyé le dessin d'une clef de voûte (diam. 0"43)
trouvée dans les ruines de Téglise de Tancienne
abbaye de Coiroux, commune d'Obasine. Ce petit
monument porte, sculpté en relief, le mono-
gramme du Christ (IHS) tel que nous le trou-
vons fréquemment représenté dans bon nombre
de nos églises corréziennes ; mais il offre cette
particularité, non encore observée ce me semble,
qu'au centre se trouve plaqué le monogramme
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— 680 —
de la Vierge, comme on peut en juger par la
gravure qui accompagne ces quelques lignes.
Cet objet intéressant appartient à M. Brugeilles.
Ph. Lalande.
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SIMPLES NOTIONS
vmmm mmmt bas-lhousine
Avec leur application, soil aux Garlulaîres de Me et de Vigeois
soit au Gartulaire de Beaulieu
MAIS PLUS PARTICULIÈREMENT POUR CE DERNIER, AUX
IDENTIFICATIONS DE M. DBLOCHE, DE l'iNSTITUT
Suite (1).
CHARTE CV. — En conférant les chartes XL% où signe
Hugue de Castelnau; LP, contenant le don de la fille de
Gérald Capra (2); et surtout XXXVIIP, où BoiievioUe
est dit jadis ad Macerias (observation que M. D. rap-
pelle à la page 280 de Tlntroduction). On voit que illas
Macerias donné à la Celle de BonnevioUe est situé à
Bonneviolle même ; seulement il est tombé au rang d'un
simple manse en perdant tout-à-fait, au profit de Téglise
rajeunie et de ses attenances agricoles, sa dignité de chef-
lieu de villa. Donner ce lieu à une abbaye si florissante
(1) Voir Bulletin, tome IX, p. 549.
Nous rappelons que la majuscule D désignera par abréviation la
conjecture de M. Deloche, la majuscule G devant être lue Gham-
peval dans ce dialogue figuré, où O signifie que l'interlocuteur ne
propose aucune identification.
(2) Il y eut, 1763, un tènement de Gabre à Teyssieu, un autre
à Cornac, et une chapellenie dite de Cabre desservie en Téglise
collégiale Saint-Jean-de-Gastelnau, à la collation de Gharles de
Luynes, seigneur de Gastelnau-deBretenouz, 6 mars 1762. — Mi-
nutes de M* Antoine Vayssié, de l'étude Trassy, notaire à fire-
tenoux.
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— 682 —
de piété, en y fondant un asile, ne pouvait que fortifier
la tendance à rappeler bonne violle. D. le place à Ma-
zeyrat (Saint-Mathurin-Léobazel). — C. Bien que les Cas-
telnau aient eu postérieurement des biens vers cette pa-
roisse, le contexte de la donation CV, comprenant le
moulin Alz Bealz et des maisons dans Castelnau, con-
firme notre opinion.
Alz Bealz. C. Un Beal, bial, en patois viscomtain,
c'est-à-dire de Saint-Ceré, signifie ruisselet. Nous avons
relevé au cadastre, grâce à la complaisance de M. de
Gavardie, directeur des contributions directes à Gahors :
pour Cornac, section E d^Ussel, le ruisseau dit le beal
de Combe-Rouge, le beal de Lacam, le beal de TAga.
Pour Saint-Michel : le ruisseau nommé beal du Bois-
Épais. Pour Saint-Médard-de-Presques, le ruisseau de la
beal obscure, etc.
Belmont eut, en 1562, le molendinum de Baul, fran-
cisé Bau, près Prat- Vidal, l'Olmière (archives de la mai-
rie de St-Ceré, terrier des Turenne, châtellenie de Sainte-
Espérie). Il y eut aussi, aux environs, des lieux dits
beal. Notre couvent de Coiroux levait, 1773, des rentes
sur Biau (Cornac) — étude Trassy. Ajoutons le moulin
de Deval (cadastre). Mais, dans ce pays-là, le v se change
en 6 : on y dit encore (1) un 6œuf pour un veuf, évitant
par là d'assembler finement les lèvres, comme Texige la
prononciation du v.
CHARTE CVII. — D. fideliter servituros. Costa : felicUer
servi tur os.
CHARTE CIX. — La variante de Costa, non indiquée,
nous donne un nom de plus, Ingelerius, omis par D.
D.: <c nomine Ranulfus et Geraldus item que Geraldus,
(1) Gomme on demandait à un Quercynois s'il était vrai qu'on y
prononçât ainsi : — Non, Monsieur, c'est chez les Vasques 1 ré»
pondit-il avec effort.
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— 683 —
Bernardus sive Stephanus... » — Costa : « nomine Ratn-
nulphus Geralditë Ingelerius item que Geraldus Bernardus
sive Stephanus. »
Plus bas D. praeesse. Costa plus expressif : dbbates esse.
D. Costabulus. Costa : Constabulus.
Costa identifie en marge : Roudinier, Flieix, Cros-Riou.
D. O., sauf sa proposition de Creuse (Chauffour) i— appa-
remment Cruze, de Meyssac.
C. Le Roudinier (Beaulieu) écrit même Rumdignié,
1739, et contenant Le Pradel et la Gueillade. [D'après les
minutes de Tronchet, notaire à Beaulieu, en la posses-
sion de M. Montbrial, banquier de Beaulieu.] Fleix aliàs
la Combe (Sioniac), 1677, en la fondalité du cellerier de
notre abbaye. Interprétez alias, près La Combe.
Caudaco. d. 0. — C. Coujac (Végènes), 42 habitants.
1754, un ruisseau de Cros-Rieu existait près du bourg
de Sérillac, soit dit sans application. .
CHARTE ex. — Maiitres. D. Le mas de Marne?
(Meyrignac-rEntour). Ce Meyrignac aurait bien l'avantage
d'être près de Tremenouse, mais nous n'avons lu sur
nos cartes que le mas de Marti, et d'ailleurs Marne
répond à margula, maria, non à Martyres.
CHARTE CXI. — Signalons une omission importante.
Texte Deloche terram quae dicitur Apaleîrs, cum omnibus
ad se pertinentibus partiti sunt. — Costa ; « terram quae
dicitur Apaleirs et Niu corbin et riu chaolf, cum omnibus
ad se pertinentibus partiti sunt. d
D. n'identifie pas Apaleirs, tout en le supposant peu
distant de Chanac (vers Tulle, dans sa pensée). — C. Pal-
lier (Lagleygeolle [près Meyssac], à la collation de La
Chaise-Dieu, vers 1500, d'après dom Col). En suppri-
mant l'article, le nom diffère assez peu du Palierius de
la charte LXXXV, et il s'agit évidemment du même lieu,
contigu aux biens du vicomte de Turenne, qu'on a pris
ici pour médiateur justement pour ce motif, entre d'autres.
Quant au tenancier Bernard de Chanac, il doit très pro-
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— 684 —
bablement son nom au village de Chanat (Lanteuil), assez
rapproché de Palier, dont la forme latine était, 1481,
Palhès.
Variante : D. Quanquam injuste cum alumodo S. Pétri.
— Costa : Quanquam injuste cum alodum (sic), beati Pétri.
Cette correction rétablit le sens.
CHARTE CXII. — Membriago. D. 0. — C. Toujours
Membriac d'Astaillac, dont nous avons trouvé depuis bien
des rappels dans des actes qu'il faut taire, pour abréger.
Cassanias. D. Le Ghassan? (Lostanges ou Sioniac). — C.
Cassagnes (Astaillac, 26 habitants), mieux que celui de
Sioniac.
I). convenit de argento. — Costa : convenit vaUnte de
argento.
CHARTE CXIII. — CiRAisoLO. D. Le Siriès (St-Ceré).
— C. Il faut un diminutif. Il y eut le Sireygeol, 1700
(Altillac), dépendant d'el Gasquet, près le Roch, et le
Sireygeol, 1498, dépendant de Saint-Basile-de-Meyssac,
près la Longayna, et le ruisseau dq^Seyragol (?), — 1700,
près Carbonés de Sioniac.
CHARTE CXIV. — Le mot écrit Pogfada, et non Poiada,
et la proximité de Strenquel, nous feraient préférer la
Poujade (Saint-Denis-près-Martel). Les diverses chartes
mentionnant Poujade demandent qu'on propose deux
homonymes.
CHARTE CXV. — Rogago. D. 0. — C. Le même que
le Raugiacus de la charte XX*, Rojac (Sionniac), près
Barennac. Le Palsou, les limitant tous les deux, oblige
à ne voir qu'un nom sous cette double forme, Marciolis,
près fiarentenaco, et non Carentenaco comme le dit par
erreur la table latine.
D., en sa Géographie historique de la Gaule (qui aura
son tour d'examen nous permettant de démontrer par
des applications diverses la sûreté de nos procédés d'in-
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— 685 —
vestigation scrupuleuse), traduit dubitativement Palsonis
locus par Porsau ?, au sud-est du Puy-d*Arnac, alors
qu'antérieurement il avait bien identifié ici avec Palsou,
hameau de Sioniac, ayant 1 habitant. Narsau, mal écrit
sur une carte, aura sans doute amené cette erreur.
CHARTE CXVI. — Bien que nous ayons relevé Lou-
beygeac (Sainte-Ferreole), 1283 [archives de la Préfec-
ture à Tulle, E, 39], plus un Lobegac, 1367 (Veyrac ?),
près fluvius Sordoria [chartrier de Blanat], nous retien-
drons, comme Deloche, Loubejac (Sionniac), — dont se
titrèrent, 1598, les Lestevenye (papiers de Veyrières), et,
1657, les La Gaye de Lostanges.
CHARTE CXVIII. — D.: rege. S. Bernardi. S. Ugoni.
S. Geraldi clerici. 8. iterum Geraldi. Variante du ma-
nuscrit Costa : « Rege. S. Bernardo qui cartam ùtam
scribere vel firmare rogavit. S, Adalrando. S. Ugoni. S. Ge-
raldi clerici. »
CHARTE CXIX. — D. : compuncta cedo in vi^^a mea
S. Petro. — Costa : « Compuncta cedo in vi«a mea
S. Petro. » [Vitta pro vita.] En marge : Astalhac, Longa-
vila, de 1031 à 1060.
Nous tenons pour erronée cette mention d'Astaillac.
D., au lieu de mettre dans le texte : forte pro Alti-
liacensi, devait dire : haud dubio ; car c'eut été Tunique
exemple, contredit par bien des chartes, par le titre
même qu'il donne à la présente, et par son omission
bien réfléchie à la liste des vicairies de la page clxv,
Introduction.
Cependant il identifie avec succès Riberia cum pisca-
toriis, La Rivière (Altillac) près de la Dordogne. Que
n'y a-t-il mis aussi Strada (traduit par lui Lestrade ?
avec une hésitation inexplicable), en cette vicairie d' Al-
tillac, et non à Nonars? A tout prendre, celui de Rey-
gades valait mieux. Mais le tènement de Lestrade, 1763,
partition de Freyssigne (Altillac), satisfait autrement.
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— 686 —
LoNGAviLLA. D. LoDgueville (Saint-Basile-de-Meyssac).
— C. Longueville, encore hameau de Queyssac, tout aussi
bon.
CHARTE CXX. — D. De Linairac ad monasterium. —
Costa : de Linairac cedo ad monasterium. Sans doute
Tesprit supplée ce verbe, qui vivifie la phrase, mais ici
nous Tavons.
Doio. D. 0. — C. Écartons Dougnoux d'Altillac et de
Jugeai pour nous en tenir ^ Doujou, ainsi noté mansus
de Doio (Astailhaco), 1500, prope iter per quod itur de
Lespinassa versus Bellum locum et rivum de Doujou (col-
lection de Veyrières). — Donjou (Astaillac), 1651, près la
Rivière, Coustal-de-cabres. [Papiers MontbriaL] — Doujou
(Liourdre) [sic], 1773 et 1651, près la Vialette. (Chartrier
de la maison d'Estresse, aujourd'hui maison de M. le
baron de Costa.)
CHARTE CXXI. — Manuscrit Costa. En marge : Bel-
mon, Menbriac, Monbrial, date de 1037 à 1060. Et dans
le texte : Monte bruallo et non Monte Broallo. — S. Aal-
randi au lieu 4e S. i4(?alrandi.
Valle. d. 0. — C. Beaulieu possède un hameau de
Valette. Astaillac eut Valette près Prat-viel et chemin
du bourg à Cassaignes, 1677. Ces Valette supposent un
Laval à retrouver non loin de là, préférable à Laval
(Monceaux), 1750, faisant partie du Viallard.
Mansum a Bellomonte. d. O. n'ose le dire situé dans
Belmont (Sioniac), parce qu'il a mal interprété, comme
le prouve son Bellusmons, mansus differt de la table
latine. C'est un manse sis à Belmont (Sioniac) qu'on ne
nous désigne que par le nom de son tenancier, comme
les exemples en abondent chartes LXXI^ LXXIP, etc..
Membriaco. d. 0. — C. Toujours Astaillac.
CHARTE CXXIL — D. et C. Comme à la CXIP.
CHARTE CXXIIL — D. et C. Même solution qu'à
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— 687 —
la IIP Un acte de 1749, minutes Brunie, étude de Teys-
sieu, nous a depuis fourni un tènement de Granouillac
(Astaillac) dépendant de Teizeil, près Ferrières, naturel-
lement contigu au Granouillac quercynois.
CHARTE CXXIV. — D. Promitto stabilitatem loci. —
Costa : promitto stabilitatem meam loci. Et plus bas : D.
— mansum 5almazanas, sans indiquer en note la moindre
variante. — Costa : mansum de Dalmazanas. D*abord le
mot de est incontestable à première vue. Puis, pour
prouver que la première lettre du nom de lieu est d
et non 5, il n'y a qu'à observer, deux lignes plus bas,
un d pareil dans le mot ad du membre de phrase : et
cum omnia ad se pertinentia (sic). Aucune s n'est faite,
au contraire, comme cette lettre que nous lisons rf, quoi
que ce soit une forme de d différente du d précédent.
En marge, on a traduit en patois : Dalmazana. Il fut à
la famille des Clare, sieurs de Peyrissac (Mercœur), 1761.
Geleiras. d. 0. — C. Non loin de Dalmazanes, par
les raisons : P qu'on n'a pas encore dit et. in alio loco;
2° que le tenancier (vide CLX) Cairolsz trouve son homo-
nyme dans le village de Cayrol (Camps), — quoique nous
ayons noté Glaires (Félines) et las Glayres (Girac).
Allerm. d. Leyme, commune de Molières. — C. Leyme,
abbaye de femmes, aujourd'hui asile de fous, est et était
lui-même chef-lieu de paroisse et de commune. Il y eut
un L'Herm à Beaulieu, titrant les du Bessol. Mais nous
plaçons ce mansus et villa de Lerm à L'Herm (Camps),
38 âmes.
Aqua Aessimiuaco. d. dit de aqua : locus ubi Aessimi-
liacus, faisant d'aqua un nom de lieu, tandis que nous
y verrions une portion de rivière prise au point où elle
coule, en face d'un lieu nommé Aessimiliacus. Le ca-
dastre de Gagnac donne en la section de Matau, domi-
nant la Cère, le lieu-dit des Champs-de-^iZ/ûw;. Reste à
savoir s'il est absolument riverain de la Cère et s'il n'a
pas eu de concurrents sur la Dordogne. L'abbaye de
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— 688 —
Beaulieu eut des biens à Gagnac peu «après la fin du
moyen-âge, et n'avait rien alors ni depuis à Senaillac
de Latronquière, où ne passe qu'un petit ruisseau presque
à sa source, affluent de la Bave, déjà bien faible, nommé
le Tolermne. Mellac, près Saint-Ceré, ne peut être mis
en avant, étant trop loin d'un grand cours d'eau. Nous
resserrerions, somme toute, la position à trouver, aux
rives de la Serre, de Girac à la Mativie.
Alla Bocaria. D. La Boucarie (Loubressac). — G. Oui,
mais il est du Prudhomat, en la section de Saint-Martin.
De même que Longueval, indiqué par D., n'est pas d'As-
taillac mais de Sionniac, et fut seigneurie.
CHARTE CXXV. — D. Sed in inferno semper possi-
deat. — Costa : sed infernum semper possideat.
AcABRBLZ, en Limousin, en la vicairie Saint-Julien.
D. G. — C. Chabreils (Saint-Julien-au-Bois), disparu,
mais mentionné comme manse sis près Johet, 1534
(papiers de M. de Cantines, en son château de Cantines,
Saint-Privat). Vente signée : de Fonte, notaire. Joet, de
son côté, divisé en sobra et sotra, Joet- Haut et Bas,
1381, était prés du bourg de Saint-Privat et Noyre-sobra.
(Collection Poulbrière.)
Apoz. d. Le Pouch (Saint-Privat), avec le signe du
doute. — C. Oui, sans hésitation. — Trouvé écrit Pootz,
1515. [Archives du château du Rieu (Saint-Bonnet-le-
Pauvre), à M"« Laborie.]
RiBARiA, où vignes. D. La Rivière (Saint-Privat). —
C. Il n'y a pas de hameau de ce nom. Parmi les très
nombreux La Rivière aujourd'hui inconnus, donnés par
nos tables, nous n'en trouvons pas pour Saint-Privat,
mais seulement pour Saint-Julien-au-Bois (jadis divisé
en deux paroisses : Saint- Julien et Saiut-Santin), soit La
Rivière, dépendant de Beix, et la Rebieyre rattachée à
la Serre. Saint-Privat a dû certainement en avoir, mais
M. D. le donne comme existant et comme bon, malgré
l'indication de vignes^ qui certes n'ont jamais été culti-
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— 689 —
vées à Saint-Privat, plateau granitique à bouleaux et à
marécages, situé à une altitude variant de 644 à 500
mètres, fût-ce au plus bas de ses dépressions mal abri-
tées. — C. La Rivière (Altillac ?).
CHARTE CXXVI. — D. Qui nominatur Altudrio. —
Costa : Qui cognominatur Altudrio. — D. O. ne le tra-
duit pas, dérouté par l'autre forme de vallis Altorensis,
où il lit bien Autoire. — C. Le même lieu pour les deux,
soit Autoire, canton de Saint-Ceré. Le pouillé manuscrit
Massabie, curé du Puy, de Figeac, donne Altoreo, patroa
saint "Pierre, pour ce lieu susdit. V. 1500.
S. JuLiANi. D. O. — C. Saint-Julien de Padirac, mieux
que Pauliac, même patron, ou la deuxième église de
Loubressac, patron inconnu, l'actuelle ayant été sous le
vocable de saint Jean-Baptiste. (Diction, des communes du
Lot y par Combarieu, que nous remercions ici de l'accueil
par lui fait aux chercheurs dans ses archives de la Pré-
fecture de Cahors.)
Catgerius. Un extrait des manuscrits de dom Pra-
dillon, feuillant, que nous possédons, en rendant compte
de la façon dont Tulle recouvra la moitié de l'église et
curtis de Vayraco, jadis dédiée à sancti (Boicii) sic (1),
nunc Sancto Stephano, expose que moitié avait été
livrée par l'abbaye de Tulle aux seigneurs du castrum
de Sainl-Ceré... Esras de Saint-Ceré lui en rendit un
quart de la portion de son frère... Amelius lui en vendit
un tiers... Gérald de Catgier et autres lui en cédèrent
aussi. — Sans date.
CHARTE CXXVIL — Costa. En marge : Astalhac-
Membriac. — Ventaibl. — 882.
Patridiano nous semble plutôt un personnage qu'un
manse; mais en le supposant nom de lieu, il ne fallait
(1) Est-ce pour saint Brice, en latin : Brixio, Brixionia, saint
Bressou ?
T. IX 4~iO
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— 690 —
pas dire (liste latine) : Patridiano, in Asnacensi, prope
Staliacum (dont il fait à juste titre Astaillac paroisse),
pour le traduire ensuite, même dubitativement, Pérignac
(Noaillac), à plus de 20 kilomètres à vol d'oiseau d' As-
taillac. Peyrignac n*est même pas de Noaillac, mais de
Ligneyrac, 20 habitants. Du reste, la carte D. met Tune et
Tautre paroisse, et, par conséquent, ce Pérignac en la
vicairie de Turenne. Comment la villa Staliacus, qu'on
nous dit contiguë à Patridiano, s'étendrait-elle à l'ouest
jusqu'à Noaillac, au préjudice des villas intermédiaires
de Curemonte, Branceilles, CoUonges (pour ne nonmier
que les plus grosses), alors que ce texte nous ihontre
la villa Staliacus bornée de très près, 3 kilomètres (dia-
mètre normal des villes) à Test, par la villa Membriacus
Astaillac), dont la position est des plus assurées?
Ventaoiolus. D. Ventegeol (Marcillac-la-Croze), 10 ha-
bitants. — C. Ventegeol (Astaillac), 1610 (papiers des
D"«- Chauvac de La Place).
Ad illa Roca. D. (Végenes). — C. Puisqu'il oublie qu'il
nous le faut confrontant à la Dordogne, de fronte sub-
teriore usque in fluvium Dornoniae, il pouvait tout aussi
bien citer La Roche (Nonars), qui en est éloigné, comme
l'autre, de 3 kilomètres 500 : beaucoup trop. Nos tables
fournissent La Roche parmi les attenances. de Briveeac,
près le chemin du dit à Champot, 1683 (fonds Montbrial,
minutes Milon, notaire à Brivezac). — Mieux encore, La
Roquette, disparue, 1699 (Sioniac), près le chemin de
Beaulieu à Carennac, et iîogwe-cave (jadis Astaillac, 1652,
aujourd'hui Beaulieu), divisée en hamte et basse, font
bien supposer un La Roque tout court, à exhumer par là.
CHARTE CXXVIIL — Vallis. D. Laval (Sérillac ou
Lostanges). — C. Tudeil, Nonars, ou mieux encore un
Laval que La Valette de Liourdre y fait présumer.
Fabrica. d. La Faurie (Astaillac). — C. Il est de Sion-
niac. Crozafonte. D. Crosfont (Branceille). — G. Tout le
monde écrit Craufîon. Nous identifierons sûrement avec
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— 6»1 —
le tènement de Grosefont, 1651 (liourdre}, gui servait
encore, au xviii^ siècle, à titrer les cadets parmi les
Duchamp de la Geneste (Liourdre et Âstaillac), officiers
d'artillerie, famille éteinte.
DoiONB. D. O. — G. Donjon, 1651, tènement double
(Astaillac et Liourdre) déjà signalé à Toccasion de la
donation CSX\
Magno monte et Fonte vallense doivent avoir été aussi
au voisinage. Grandmont d'Altillac ne nous paraît pas
assez près et n'est pas de la vicairie d'Arnac, dont
M. D. se souvient formellement aux tables latine, ar-
ticle Fonte vallense, et française, article Montvalent, ce
qui ne Tempêche pas de dire Montvalent (Lot), ou près ce
lieu. Groit-il donc que Montvalent ait été limousin? Nous
ne franchirions guère plus les limites assignées, si, usant
de son système, nous citions Font-valeys (Vignol), 1675.
[Papiers de La Maze.]
CHARTE CXXIX. — Concellas serait, d'après M. De-
loche, Cancelj près de Gramat, ou Cances, près St- Vincent.
Ici il se présente une grosse question, celle de déter-
miner le siège si indécis de la vicairie Exitensis. Si nous
conférons ensemble les chartes GXXIX", LVIP et XLV%
nous découvrons que Concelles est peu distant de Saint-
Michel-Loui3éjou, et nous trouvons dans le cadastre de
cette commune deux lieux-dits de ce nom : Coùjoulats et
à CouzelleSj en la section de Puymule, non loin de la
Roquette.
Quant à Exitum, nous le placerions volontiers sur les
hauteurs rocheuses, à Tarrière-plan du camp actuel des
Gésarines. Nous noterons d'abord que nous avons relevé
dans les minutes de M* Ganet, et en l'année 1765, le
tènement appelé el Lessidou, dépendant du village de
Grezou (Saint-Médard-de-Presque).
Nous avons parcouru nous-même le camp des Gésa-
rine», ayant à la main un travail que M. Galvet, con-
seiller à la Gour d'Agen, a fait à ce sujet en 1836.
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— 692 —
Nous avons vu un vaste plateau à quatre divisions, ou
plutôt une série de hauteurs calcaires, dont Pune, qui
s'avance en promontoire dans la plaine, porte le nom
de Gamp-des-Césarines ; elle montre des traces de bas-
tions et de fossés, et a dû en effet servir d'emplacement
à un camp très fortifié. Du pied de ce rocher s'échappe
une source assez importante qui, prenant d'abord le nom
de fontaine de Lessidou, d'après M. Calvet, et celui de
Ladou^ au dire de deux personnes du pays, s'appelle
ensuite ruisseau de Saint-Médard. Le chemin qui aborde
le camp porte aussi le nom de Lessidou. Il nous semble
que ce nom répondrait assez à celui d'Exitum.
(A suivre.)
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M&è Sdenlp. istorip et Ardmoloiiip
DS LA CORRÈZE
PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES
SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1887
ORDRE DU JOUR
!• Lecture du procès-verbal.
2* Présentation de nouveaux Membres.
LECTURES
!• Simples notions d'ancienne Géographie bas-limousine, par
M. Ghampeval.
2* Le Phylactère de Château- Ponsac, par Mgr Barbier de Mou-
tault.
3* Lettres du marëc/ia/ Brune, par M. d'Artensec.
Présidence de M. Rupin, Président.
Le procès-verbal de la dernière séance est adopté.
La Société, et même, faut-il ajouter, la ville de Brive,
dit M. le Président, viennent d'éprouver une perte sen-
sible par suite du décès de M. le docteur Philippe Laf-
fargue, un de nos compatriotes les plus sympathiques.
Homnie de science et homme de bien, il était aimé de
tous. Le vide qu'il laisse dans nos rangs se trouve com-
blé par Tadmission de M. Hugues, le nouvel archiviste
de la Corrère, présenté par MM. Rupin et Ph. Lalande.
LECTURES
1*» En Tabsence de M. Ghampeval, M. le Président
donne communication d'un travail qui est le fruit de
T. IX 4-Ji
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— 694 —
patientes recherches sur les anciens noms de diverses
localités du Bas-Limousin, et leur application soit aux
Cartulaires de Tulle et de Vigeois, soit au Gartulaire de
Beaulieu, mais plus particulièrement pour ce dernier, aux
identifications de M. Deloche. Quelques erreurs commises
par d'autres auteurs sont rectifiées par M. Ghampeval,
grâce à d'anciens documents.
2<» Pendant qu'il est donné lecture d'une savante notice
de Mgr Barbier de Montault sur un phylactère que pos-
sède Téglise de Château-Ponsac, une bonne photogravure
de cet intéressant reliquaire en argent doré, orné de
pierres précieuses et de filigranes, est mise par M. Rupin
sous les yeux des assistants. Ce petit monument, du
commencement du xiii* siècle si ce n'est même de la
fin du XII* (sauf qu'au xvii* siècle un flacon en verre
coulé a remplacé le tube de cristal contenant les reliques),
ce monument, disons-nous, a été tiré de Grandmont, et
Château -Ponsac l'a obtenu dans la répartition faite à
tout le diocèse des reliques de l'abbaye supprimée.
Une inscription gravée sous le pied énumère les re-
liques jadis incluses dans le phylactère.
M. d'Artensec montre à l'assistance trois lettres iné-
dites du maréchal Brune appartenant à M. Seignolles;
CQS lettres seront reproduites dans le Bulletin^ avec le
faC'Simile de Tune d'elles.
Ces, communications faites, personne ne demandant la
parole, la séance est levée.
-ÎK.I M-,,iliM
.^:'>:;|îî:li! M' v> ' ^^ Secrétaire'^Général^
•)\\ '"milî; !ii.!'» li i- Ph. LalANDB.
Ml^ivifl-nr. te/iRifpîii. •'■••"^-
.mImii;!»;.! .(IM îm iii»ji;H )/l(^
m!) liii'i'l •»! ]>.•) iiin lli;/i;'il mil» iioil j;-i'f .
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— 695 —
SÉANCE DU 23 MAI 1887
ORDRE DU JOUR
!• Lecture du procès-verbal.
2* Dons.
3* Présentation de nouveaux Membres.
4* Présentation des comptes de 1886.
LECTURES
1* Manuscrit de M. Sahuguet-Damarzid, par M. Bruel.
2* Tumulus des environê de Souillac, par M. Rupin.
Présidence de M. Rupin, Président.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.
DONS A LA bibliothèque
!«• Les Origines de Tulle, par M. René Page (plusieurs
fascicules). — Don de l'auteur.
2*^ Le Tombeau de saint Pierre de Vérone , martyr, à
Téglise de Saint- Eustorge de Milan, par M. Paul de
Fontenilles. — Don de l'auteur.
Avant de procéder à la présentation de nouveaux
Membres, M. le Président parle à Tassistance des nou-
velles pertes que vient de faire la Société. Nous avons
à regretter M. Henri de Génis, un des notables de notre
cité; M. Marbeau, trésorier général honoraire des inva-
lides de la Marine, un des membres les plus éminents
de la Colonie corrézienne à Paris, et Membre de notre
Société depuis sa fondation; M. de Linas, archéologue
fort érudit et qui, bien qu'étranger à la Corrèze, pre-
nait à nos travaux un vif intérêt et nous l'a bien prouvé
par une active collaboration ; M. Charles Siou, manufac-
turier à Laumeuil; enfin M. Melon de Pradou, le pré-
sident de la Société qui siège à Tulle et un des hommes
distingués de notre département.
L'assîstance s'associe aux sentiments de regrets expri-
més par M. le Président.
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— 696 —
PRÉSENTATION DE NOUVEAUX MEMBRES
Sont admis :
!*• M. Henri Clapier, architecte à Brive, sur la pré-
sentation de MM. Ph. Lalande et Rupin.
2^ M. Douhet, peintre à Veilhac (Cantal), présenté par
MM. Tabbé Pau et Rupin.
S** M. le docteur Chouet, à Brive, ancien médecin-
major, présenté par MM. Ph. Lalande et Rupin.
4*^ M. Chrétien, principal du Collège de Brive, pré-
senté par MM. Ph. Lalande et Marcel Roche.
Après l'admission de ces nouveaux Membres, M. Jean-
Baptiste Bosredon, Trésorier de la Société, présente ses
comptes de Texercice 1886 ; ils sont approuvés après
examen, et M. le Président, au nom de la Société,
remercie M. Bosredon du zèle éclairé avec lequel il
s'acquitte de ses fonctions.
LECTURES
M. Bruel présente et résume un manuscrit de M. Sa-
huguet-Damarzid, qui offre un véritable intérêt pour
l'histoire locale; il y est question, entre autres faits,
du passage de Louis XIII à Brive. C'est, en somme, un
de ces Livres de raison qui jettent de si vives lumières
sur la vie intime de nos pères.
M. Bruel ajoute que des archives privées, où se trou-
vent de bons documents pour l'histoire de notre pro-
vince, sont gracieusement mises à sa disposition, et
qu'il compte en tirer parti pour notre Bulletin,
M. le Président remercie M. Bruel de l'intérêt qu'il
prend aux travaux de la Société.
En suivant l'ordre du jour, M. Rupin fournit quel-
ques détails sur des tumulus du premier âge du fer
fouillés par lui aux environs de Souillac (Lot) ; il exhibe
deux bracelets en fer, dont un a été figuré par M. Sal-
mon dans son Voyage pré-historique (voir tome T^II du
Bulletin, page 457): le second, trouvé depuis lors et de
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— 697 —
forme différente, accompagnait les débris d'un vêtement
en cuir, fait très rare, sinon nouveau.
Après ces communications M. le Président, à propos
de Texposition artistique annexée au Concours régional
qui va bientôt s'ouvrir à Tulle, parle aux assistants
des collections déjà formées; il engage en outre ceux
de ses collègues qui se trouvent possesseurs d'objets
d'art, et surtout s'ils intéressent directement l'archéologie
limousine, à les envoyer au Comité chargé d'organiser
cette exposition.
Les Membres présents prennent bonne note des vœux
exprimés par M. le Président, qui lève ensuite la séance.
Le Secrétaire^Généralf
Ph. Lalandb.
Le Président,
E. Rupin.
SÉANCE DU 18 SEPTEMBRE 1887
ORDRB DU JOUR
!• Lecture du procès -verbal.
2* Dons.
3* Présentation de nouveaux Membres.
LBGTURBB
!• Les Originsê de Tulle (2— partie), par M. l'abbé Niel,*cur4
de Naves.
2* Le Cartul&ire de Tulle, publié avec annotations par M. Gham-
peval.
3* Note de M. Léon Lacroix sur des mpnnaies trouvées à Ys-
sandon.
i* UOrfévrerie et VÉmaillerie limousineB à l'Exposition de
Tulle, par M. Molinier.
5* Le Pré-historique et le Gallo-romain à VExposition de
Tulle, par M. Ph. Lalande.
6* Modification des Stotuts.
Présidence de M. Rupin, Président.
m . —
Le procès-verbal de la dernière séance est adopté.
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DONS A LA BIBLIOTHiQUB
!<" Bulletins de la Société d'acclimatation depuis 1858.
2^ Bulletins de la Société d'encouragement national de-
puis 1866.
3* Gazette géogrofphique depuis 1876.
4*» Revue géographique internationale depuis 1876.
5« Bulletins de la Société géologique depuis 1878.
6^ Revue scientifique depuis 1879.
7* Comptes-rendus de la Société de géographie depuis
1882.
Ces divers recueils jusqu'à la fin de 1886.
(Don du marquis de Turenne d'Aynac, que la Société
remercie avec empressement de ce nouveau témoignage
de sympathie.)
M. le Président a un triste devoir à remplir, celui
d'annoncer à l'assistance que depuis la dernière réu-
nion, la mort a encore frappé quelques-uns de nos col-
lègues : M. Ponchet, médecin, maire de Collonges et
membre du Conseil d'arrondissement; M. Gustave des
Borderies, un des commerçants estimés de notre ville,
et M. Mathis, régisseur du Domaine national de Pom-
padour. Ces décès portent à neuf le chiffre des col-
lègues que la mort nous enlève depuis le commencement
de l'année. De nouvelles demandes d'adhésion viennent
heureusement combler les vides.
PRlSSBNTATION DB NOUVEAUX MBMBRBS
La Société prononce l'admission de MM.:
1* Le vicomte de Chalup, propriétaire au château Dar-
ricaud, près de Landiras (Gironde), présenté par MM. Ph.
Lalande et Rupin.
2® Le vicomte de Bony, propriétaire au château de
Masfranc, près d'Ussel (Corrèze), présenté par MM. Al-
fred Laveiz et Ph. Lalande.
3® Antony Segol, propriétaire à Beaulieu (Corrèa*), pré-
senté par MM. Mazeyrac et le baron de ciosta.
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— 699 —
LECTURES
M. Tabbé Niel, curé de Naves, nous a envoyé un
travail fort intéressant et plein d'érudition sur les Ori^
gines de Tulle qui, d'après Tabbé Niel, ne sauraient être
aussi anciennes que d'autres auteurs le prétendent; cette
notice forme, pour ainsi dire, un complément de celle
qui a déjà été publiée dans le Bulletin, t. VI, p. 489-506.
Nous avons, grâce à M. Champeval, la bonne fortune
de pouvoir publier un document historique d'une grande
importance, le Cartulaire de l'abbaye de Tulle, avec bon
nombre d'annotations de notre savant collègue.
M. Léon Lacroix, après avoir étudié un certain nom-
bje de monnaies trouvées à Yssandon ou ai^x alentoursi
vient d'adresser à la Société une note qui complète celle
qu'il a déjà publiée dans le 4"* volume du Bulletin
(pages 393-403). Les monnaies que décrit aujourd'hui
M. Lacroix appartiennent, les unes à M. Dumont, pro-
priétaire au Ghalard, les autres au Musée de Brive;
elles fournissent la preuve que la butte d'Yssandon et
celle du Ghalard ont toujours été occupées depuis et y
compris l'époque gauloise.
M. Molinier, attaché au Musée du Louvre, fait béné-
ficier notre Bulletin d'un travail écrit pendant un récent
voyage dans nos contrées; nous allons, grâce à lui,
publier un catalogue raisonné et détaillé de la partie
la plus intéressante de l'Exposition de Tulle : UOrfévrerie
et l'Émaillerie limousines. M. Rupin montre aux assis-
tants les gravures qui doivent accompagner ce catalogue.
Puis M. Ph. Lalande donne une courte note sur les
objets des temps pré -historiques et de l'époque gallo-
romaine envoyés à cette même Exposition, en mention-
nant aussi une collection fournissant de bons éléments
d'ethnographie comparée, celle de M. Soulingeas.
M. le Président appelle l'attention de la Société sur
diverses modifications qu'il conviendrait d'apporter aux
Statuts, et présente un projet qui a été élaboré par les
Membres du Bureau. Après examen les nouveaux Statuts,
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Gdogle
— 700 —
tels qu'ils sont présentés par M. le Président, sont adoptés
à Tunanimité et devront être soumis à Tapprobation de
M. le Préfet.
La séance est ensuite levée.
Le Secrétaire'^Général,
Ph. Lalande.
Le Président^
E. Rupin.
SËANGË DU 17 DÉCEMBRE 1887
ORDRE DU JOUR
{• Lecture ^U procès- verbal.
2* Dons et correspondance.
3* Présentation de nouveaux Membres.
LECTURES
!• Portraits graphologiques de divers personnages corréziens,
par Mgr Barbier de Montault, M. l'abbé Girou et M-« Leblanc.
2* Note sur une monnaie gauloise, par M. Soulingeas.
Présidence de M. Rupin, Président.
Le procès-verbal de la dernière séance est adopté.
DONS À LA BIBLIOTHÈQUE
l"» VAlbum Caranda (suite), par M. Frédéric Moreau
père.
2* Deux Drames chrétiens^ en vers et avec musique :
sainte Catherine et sainte Philomène, par Louis de
L'Hermite.
3« Les Origines de Tulle, par M. René Page (suite de
cette intéressante notice historique).
Dons des auteurs.
DONS AU MUSÉE
Fragment d'une ancienne croix en grès (environs d'Oba-
sine) donné par M. Brugeilles, député de la Gorrèze.
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— 701 —
CORRESPONDANCE
La Société des Antiquaires de Londres demande à faire
avec nous un échange de publications; sa proposition
est agréée.
Nous avons à enregistrer de nouveaux deuils; depuis
la dernière séance, la mort a encore enlevé quatre de
nos collègues ! M. Blusson, maire de Larche, qui, avant
de venir goûter chez lui un repos bien gagné, avait
suivi dans renseignement supérieur une honorable car-
rière; M. Fei*dinand Seguin, un des notables du canton
d'Ayen; M. Charles Robert, ancien intendant général,
membre de Tlnstitut, numismate et archéologue distingué,
qui a fait don à notre bibliothèque de quelques-uns de
ses ouvrages, et enfin un de nos collaborateurs les plus
précieux, M. Léon Lacroix, conservateur des hypothèques
à Saint-Pons (Hérault); c'était un bon numismate, dont
la notice sur les Monnaies d'Issandon, mentionnée au der-
nier procès- verbal, a été le chant du cygne I M. Lacroix
nous a fréquemment donné des preuves de sa complai-
sance inépuisable, et quand il s'agissait de monnaies à
déterminer, on pouvait en toute confiance s'adresser à
lui. Nous avons en portefeuille quelques notes dont il
a fourni les éléments, et qui ne sont pas encore publiées.
PRÉSENTATION DE NOUVEAUX MEMBRES
Sont admis :
!• M. le baron Paul de Lamberterie, député du Lot,
présenté par MM. Ghampeval et Rupin.
2^ M. Paul Roche, avoué de 1" instance à Paris, pré-
senté par MM. Nauche de Leymarie et Rupin.
i** M. de Bar, à Argentat, présenté par MM. Rupin
et Ph. Lalande.
4*^ M. l'abbé Jean Dulaurens, curé d'Obasine, présenté
par MM. Rupin et Ph. Lalande.
5"* M. Duranton, inspecteur honoraire d'Académie, à
Brive, présenté par MM. Ph. Lalande et £. Massénat.
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— 702 —
LBGTURBS
M. Rupin donne communication d'un travail que nous
devons à Mgr Barbier de Montault et à deux de ses
collaborateurs, M. Tabbé Girou et M"« Leblanc; deux
anciens évoques de Tulle, Tamiral Grivel, de Brive, et
le chirurgien Boyer, né à Uzerche, sont dépeints d'après
leurs autographes avec beaucoup de finesse et de talent. •
Ce n'est que le commencement d'une série d'études qui
paraîtra dans le BuUetin. La graphologie est une science
nouvelle qui compte déjà beaucoup d'adeptes, et *dont
Mgr Barbier de Montault est un des fervents apôtres.
M. Soulingeas n'ayant pu assister à la séance, M. Ph.
Lalande décrit une monnaie gauloise que son possesseur
croit provenir d'Yssandon.
L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée.
Le Secrétaire''Giniral,
Ph. Lalandb.
Le Président^
B. Rupin.
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TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES
Beaumont d'Autichamp (Portrait de) 559
Boyer (Portrait graphologique da chirargien) 568
Brageac (Groix-reliquaire à) 617
Brune (Lettres du maréchal) ^5
Gartulaire de l'abbaye de Tulle 421
Glavel (Alexandre), fou littéraire 77
Clef de voûte sculptée, à Goiroux 679
Glefde saint Hubert, à Ghabrignac 149
Groix-reliquaire, à Brageac 617
Fous littéraires du Quercy 75
Géographie du Bas-Limousin 155, 373, 549
Créologie des environs de Brive 641
Grivel (Portrait de l'amiral) 563
Hanap en^mail de Limoges 24
Journal de Pierre Vacherie 25
Lamy-Deluret (Livre de raison de) 629
Leynia de la Ghassagne (Journal de 621
Lettres autographes de Brune 275
Lias des environs de Brive 641
Liste des Membres de la Société 5
Livre de raison de Jean Texendier 20
— Péconnet 30
— Sahuguet-Damarzid 327.
— Leynia de la Ghassagne 621
— Retouret 628
— Lamy-Deloret 629
— Marchandon 632
Loi sur la conservation des Monuments et Objets d'art de la
Gorrèze 360
Marchandon J.-B. (Livre de raison de) 632
Meymac et son abbaye 85, 185
Monnaies trouvées à Yssandon 457, 640
Monuments mégalithiques de la Gorrèze 369
Numismatique 457, 640
Orfèvrerie limousine à l'Exposition de Tulle 469
Origines de Tulle et de son église 385
Péconnet (Livre de raison de) 300
Philactère de Gh&teau-Ponsac 241
Portraits graphologiques 554
ProcèS'verbaux des séances 693
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— 704 —
Rechignevoisin (Portrait de Mgr de) , 554
Sahuguet-Damarzid (Portrait de) 327
Temps préhistoriques de la Gorrèze 539
Texendier Jean (Livre de raison de) 279
Til, abbé de Solignac (Vie de saint) 578
Tulle (Cartulaire de) 421
— (Exposition de) 469, 539
— (Origines de) 387
Turgot en Limousin 93
Vacherie Pierre (Journal de) 25
TABLE DES GRAVURES
1. Hanap en émail de Limoges 23
2. Phylactère de Gh&teau-Ponsac 241
3 à 4. Ëmauz du phylactère de Gh&teau-Ponsac, par M. E.
Rupin 245
5. Inscription de ce phylactère, par M. £. Rupih 257
6. Fac-similé d'une lettre du maréchal Brune 274
7. Sculpture au petit-séminaire de Brive, par M. A. Dblibrre. 335
8. Cromlech du Puy de Pauliac, par M. E. Rupin 369
9 à 19. Monnaies trouvées à Yssandon, par M. le colonel
BORIB 458, 459
20. Croix de Marchastel, par M. Monmont 490
21. Gh&sse de Saint-Bonnet- Avalouse 492
22 k 25. Gh&sse de Saint- Viance, par M. E. Rupin 496, 512
27 & 28. Détails de la ch&sse de Noailles, par M. E. Rupin 502
29. Reliquaire de Ghanteix, par M. E. Rupin 503
30. Gh&sse d'Obasine, par M. E. Rupin 507
31. Colombe eucharistique à Laguenne 509
32 & 34. Custodes émaillées, par M. E. Rupin 510, 512
35. Gh&sse de Chamberet, par M. E. Rupin 513
36. Boite aux saintes huiles, à ât- Viance, par M. Dblib&be — 513
37. Pied de croix émaillé, & Obasine, par M. E. Rupin 513
38. Custode à Vigeois 513
39. Custode de Mgr Berteaud 514
40. Crosse eucharistique à Beaulieu, par M. E. Rupin 515
41 à 42. Bras-reliquaire à Beaulieu 521, 522
43. Détail d'un reliquaire à Beaulieu 524
44. Phylactère à Saint-Martin de Brive 525
45. Reliquaire à Brive. 527
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— 705 —
46 à 47. Navette ém&illée, par M; Ë. Rupin 531
48. Chef de saint Dumine, par M. H. Guérard 518
49. Chef de sainte Fortunade, par M. H. Guârard 522
50 à 55. Monnaies diverses 544, 545
56. Lampe, par M. Faurie 546
57. Autographe de Mgr de Rechignevoisin, évoque de Tulle... 556
58. Autographe de Mgr d'Autichamp 559
59. Autographe de l'amiral Grivel 565
60. Autographe du chirurgien Boyer • 572
61. Til, solitaire à Brageac 576
62. Til, abbé de Solignac 592
63 à 64. Groix-reliquaire de Brageac, par M. E. Rupin 616
65 à 66. Monnaie gauloise, par M. le docteur Simon 639
67. Clef de voûte sculptée, à Coirouz, par M. L. Bruobilles... 679
TABLE MÉTHODIQUE
SCIENCES
Note sur le Lias des environs de Brive, par M. Mourbt 641
HISTOIRE
Journal de Pierre Vacherie, par M. Paul Bruel 25
Les Fous littéraires du Quercy, par M. Louis Greil 75
Meymac et son abbaye, par M. Treigh-Laplène 85, 185
La clef de saint Hubert à Ghabrignac 149
Notions de géographie bas-limous*, par M. Ghahpeval. 155, 373, 549
Lettres du maréchal Brune, par M. d'ARTENSEC ^ 275
Livres de raison limousins et marchoix, par MM. Guibert, Le-
roux et Tabbé Lecler 279, 621
Journal de Sahuguet-Damarzid, par M. Paul Bruel -..,, 327
Loi pour la conservation des Monuments historiques 363
Les Origines de Tulle, par M. l'abbé Niel 385
Cartulaire de Tabbaye de Tulle, par M. Ghampeval 421
Portraits graphologiques, par Mgr Barbier de Montault, l'abbé
Girou et M"* Joséphine Leblanc 554
Xil, abbé de Solignac, par M. Tabbé Ghabau 577
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ARCHÉOLOGIE
Hanap en ém&il de Limoges, par M. £. Rupin 23
Le phylactère de Ghftteau-Ponsac, par Mgr Barbier de Mohtault. 241
Monnaies trouvées à Yssandon, par M. Lacroix 457
L'Orfèvrerie limousine à l'Exposition de Tulle, par M. E. Mo-
LINIBR 469
Les temps préhistoriques à l'Exposition de Tulle, par M. Ph.
Lalandb 439
Croix-reliquaire à Brageac, par M. £. Rupin 617
Monnaie gauloise, par M. J. Soulinoeas 639
Clef de voûte, à Goiroux, par M. Ph. Lalandb 679
TABLE ALPHABÉTIQUE
PAR NOMS d'auteurs
Artensbg (Paul d*). Lettres du maréchal Brune, 275.
Barbier de Montault (Mgr Xavier]. Le phylactère de GhAteau-
Ponsac, 241. — Portrait graphologique de Mgr de Rechigne-
voisin, 554; de Mgr d'Autichamp, 559.
Bruel (Paul). Journal de Pierre Vacherie, 25. ^ Journal de Sahu-
guet-Damarzid, 327.
Ghabau (Abbé). Vie de saint Til, abbé de Solignac, 577.
Ghamp^val (Jean-Baptiste). Simples notions d'ancienne géographie
bas-limousine, 155, 373, 549, 681. ~ Gartulaire de l'abbaye de
Tulle, 421.
GiRou (Abbé). Portrait graphologique de l'amiral Grivel, 563.
Greil (Louis). Les Fous littéraires du Quercy, 75.
Guibbrt (Louis). Livre de raison de Joseph Péconnet, 300.
Lacroix (Léon). Monnaies trouvées à Yssandon, 457.
Lalande (Philibert). Les temps préhistoriques à l'Exposition de
Tulle, 539. — Glef de voûte sculptée, à Goyroux, 679. — Procès-
verbaux des séances, 693.
Leblanc (Joséphine). Portrait graphologique du chirurgien Boyer,
568.
Leglbr (Abbé). Livre de raison de Jean Texendier, 279.
Leroux (Alfred). Livre domestique de la famille Leynia de Ghas-
sagne, 621; — d'Etienne Retouret, 628. ^ Livre de raison de
Lamy-Deluret, 629. ^ Registre des redevances dues à J.-B. Mar-
chandon du Puimirat, 632. •
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MoLiHiER (Emile). L'Orfèvrerie limousine à l'Exposition de Tulle,
469.
MouRET (Georges). Note sur le Lias des environs de Brive, 641.
NiEL (Abbé). Les Origines de Tulle, 385.
RupiH (Ernest). Hanap en émail de Limoges, 23. — Groix-reliquaire
à Brageac, 617.
SouLiNOEAS (Joseph). Monnaie gauloise trouvée à Yssandon, 639.
Treigh-Laplène. Meymac et son abbaye, 85, 185.
Brive, imprimerie Marcel ROCHE, avenue de la Gare.
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