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Full text of "Bulletin de la Société scientifique"

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BULLETIN 

SOdËTË  SCIENTIFIQUE,  HISTORIQUE 

BT 

SB 

.LÀ  GORRÈZE 


■6c 


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BULLETIN 

DE  LA 

SOCIÉTÉ  SCIENTIFIQUE.  HISTORIQUE 

^  ET 

ARCHÉOLOGIQUE 

DB 

LA    CORRÈZE 

SIÈGE  A  BRIVE 


TOME  NEUVIÈME 


IIVBC     PLAKCHB8     BT      PZ0URB8     DANS     LB     TBXTB 


BRIVE 


MARCEL  ROCHE,    IMPRIMEUR   DE   LA.   SOCIETE 


1887 


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LISTE 

DES  MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ 


BUREAU 


Président  d^honnenr  : 

M.  le  comte  Robert  de  LASTEYRIE,  *,  I  P  0,  à  Paris. 

Préddent  : 

U.  Ernest  RXJPTN.  A  O,  h  Brive. 

Vice*  Président  s  : 

M.  rabbé  LOUBIGNAG,  à  Brive, 

M.  Gaston  de  LÉPINAY,  k  Moriolle,  près  Brive. 

Secrétaire-Général  : 
M,  Philibert  LALANDE,  A  ||,  à  Brive. 

Trésorier  : 

M.  M.  Jeak-Baptistb  BOSREDON,  k  Brive. 

Bibliothécaires  : 

M*  Alfred  MAS,  à  Brive. 

M,  Joseph  SOULTNGEAS,  à  Brive. 

Memlrf^es  du  Bureau  : 

M.  Élie  m  ASSENAT,  A  ||,  à  Malemort,  près  Brive, 
M.  Louis  BONNAY,  à  Brive. 
M,  Eugène  BORÏE.  *.  â  Brive. 
M,  PaulBRUEL,  a  Brive. 


I 


—  6  — 

MEMBRES   FONDATEURS  ET  TITULAIRES 

MM. 

1.  Artknsec  de  Vernedil  (Paul  d'),  receveur  de  Ten- 

registrement,  à  Brive. 

2.  AssELiNBAu  (Charles),  notaire,  à  Brive. 

3.  AuBERT  (Louis),  A  0>  ancien  professeur,  à  Sainte- 

Féréole  (Corrèze). 

4.  AuvARD  (Jules),  propriétaire,  à  Puy-la-Vaysse,  can- 

ton d'Ayen. 

5.  Barbes  (Raymond),  négociant,  GrandTlace,  à  Brive. 

6.  Barbier  de  Montault  (Mgr),  prélat  de  la  maison  de 

Sa  Sainteté,  37,  me  Saint-Denis,  à  Poitiers. 

7.  Bardon  (Henri),  architecte  du  département,  80,  rue 

de  la  Barrière,  à  Tulle. 

8.  Bardon  (Télèphe),  avocat,  au  Saillant,  par  AUassac. 

9.  Barthélémy  (Anatole  de),  îjfe,  secrétaire  de  Tancien 

Comité  des  travaux  historiques  et  scientifiques 
(section  d^histoire,  d'archéologie  et  de  philologie), 
9,  rue  d'Anjou-Saint-Honoré,  à  Paris. 

10.  Baudot  (de),  4jfc,  architecte,  153,  rue  de  Rennes,  à 

Paris. 

11.  Beaudbt  (François),  avenue  des  Casernes,  à  Brive. 

12.  Bel  (rabbé),  professeur  au  Collège  d'Ussel  (Corrèze). 

13.  BéON  (le  comte  de),  16,  avenue  Kléber,  à  Paris. 

14.  BàRONiE,  juge  de  paix,  à  Brive. 

15.  Bertrand  (Eugène),  maison  Canteloube,  à  Roanne 

(Loire). 

16.  Bbssou  (l'abbé),   chanoine  honoraire,  supérieur  du 

Collège  catholique  d'Ussel  (Corrèze). 

17.  Beynié  (Jean-Baptiste),  photographe,  à  Brive. 

18.  Billot  (le  général),  GO*,  sénateur  de  la  Corrèze, 

28,  avenue  du  Trocadéro,  à  Paris. 

19.  Blanc  (Antoine),  juge  de  paix,  à  Ayen. 

20.  Blanc-Chambon,  négociant,  à  Brive,  place  Latreille. 

21.  Blanc  (Jean),  juge  de  paix,  à  Mansac,  canton  de 

liarche. 


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22,  Blus5iOn,  a  O,  maire  de  Larche* 

23,  Blusson  (Fernand),  docteur  en  droit,  procureur  de 

la  République,  à  Tulle, 

24.  BoMBAL  (Eusèbe),  A  II,  à  Argentat  (Corréze), 

25.  BoN^'AV  (Louis),  architecte,  à  Bdve, 

20,  BoNNEFOK  (Frédéric),  ancien  chef  de  section  du  che- 
min de  fer^  à  Brive, 

27,  BosxEVAL»  maire,  à  Bilhac,  par  Beaulieu  (Corrèze]. 

28,  BoaiE  (Eugène),  *,  commandant  au  92»*  régiment 

de  l'armée  territoriale,  à  Brive. 

29,  BoRiE  (Léopold),  *,  procureur  de  la  République,  à 

Orléans, 

30,  BosREDOM  (Alexandre  de),   #,  ancien  sénateur,   au 

château  de  la  Fauconnie,  par  Terrasson, 
3L  BosREDON  (Jean-Baptiste),  rue  de  THôtel-de- Ville,  à 

Biïve, 
32.  BosREDDN   (Philippe  de),    C   *,    ancien   conseiller 

d'Étal»  4,  rue  du  Général-Foy,  à  Paris. 
33 <  BosBEDON   (René),   oégociant,   rue  des  Échevins,  à 

Brive. 

34,  BosnHDOT^  (Zachane),  pharmacien,  à  Brive* 

35,  BouiiNEix  {l*abbé),  curé  de  Nonards,  par  Beaulieu, 

36,  Bouygues  [Georges),  *,  à  Bétaillej  caniou  de  Vayrac 

(Lot),  et  4,  avenue  du  Crucifix,  à  Limoges. 

37,  Beanbely  (l'abbé),  curé  de  Sornac  (Corrèze). 

38,  Breton  (rabbé),  chanoine  honoraire,  supérieur  du 

Petit-Séminaire,  à  Brive, 

39,  Bbeuil  (Élïe),  vétérinaire,  membre  du  Conseil  muni- 

cipal, à  Brive. 

40,  Buel-il  (Victor),  liquoriste,  à  Brive. 

41,  Broiïilhet  (Louis),  receveur  des  finances,  à  Lod^v^ 

(Hérault). 

42,  BrtuBL  (Paul),  directeur  de  la  Société  Générale,  ^^^.^ 

levard  du  Salan,  à  Brive,  ^' 

43 i  BiiUGEiLLEs  (Louis),  député  de  la  Corrèze  et  iie^rw.^ 

du  Conseil  général,  7,  avenue  du  Trocad^     V>^ 
Paris.  ^sx^"^ 


—  8  — 

44.  BRuaÂRB  (Ernest),  ancien  notaire,  entrepreneur  de  la 

Manufacture  d'armes,  maire  à  Tulle. 

45.  Brunet  (Joseph),  O  ^,  I  P  ||i  ancien  sénateur,  avo- 

cat à  la  Cour  d'appel,  41,  rue  de  Vaugirard,  à  Paris. 

46.  Cabanis  (Paul),  banquier,  à  Objat. 

47.  Cars  (le  duc  des),  95,  rue  de  TUniversité,  à  Paris. 

48.  Cercle  de  V  Union,  à  Brive. 

49.  Chabau  (rabbé),  chanoine  honoraire,  aumônier  de  la 

Visitation,  à  Aurillac  (Cantal). 

50.  Chabrerie  (Louis),  A  9,  Principal  du  Collège  de 

Treignac  (Corrèze). 

51.  Chamaillard  (Auguste  de),  propriétaire,  à  Brive. 

52.  Chambourdon,  I  P  <J>,  Principal  du  Collège  de  Brive. 

53.  Chahp  (Arthur  du),  ancien  magistrat,  au  château  du 

Verdier,  par  Ste-Fortunade  (Corrèze),  et  à  Moissac 
(Tarn-et-Garonne) . 

54.  Chaupbval  (Jean-Baptiste),  avocat,  à  Figeac. 

55.  Chantalat-Delaurier  (Théodore),  à  la  Bouvie,  près 

de  Brive. 

56.  Chauvbron  (Audoin  de),  juge  d'instruction  au  Tri- 

bunal de  1"  instance,  à  Neufchâtel  (Seine-Infé"). 

57.  Chauviniat,  4)i(,  A  Oi  avocat,  à  Brive. 

58.  Chetnier,  inspecteur  du  service  des  Postes  et  des 

Télégraphes,  à  Poitiers. 

59.  Chiroux,  vérificateur  des  poids  et  mesures,  à  Ussel 

(Corrèze). 

60.  Choumeils  de  Saint-Germain  (Louis),  directeur  des 

Domaines,  à  La  Rochelle. 

61.  Choumeils  de  Saint-Germain  (Paul),  greffier  du  Tri- 

bunal de  1**  instance,  à  Brive. 

62.  Clédat  (Gaston  de),  à  Murât,  par  Objat  (Corrèze). 

63.  Clochard,  ébéniste,  à  Brive.' 

64.  CoRBiER  (Luc  de),  sous-inspecteur  des  Domaines,  à 

Saint- Amand  (Cher). 

65.  CosNAG  (le  comte  Jules  de),  ^y  membre  du  Conseil 

de  THistoire  de  France,  au  château  du  Pin,  par 
Salon-la-Tour  (Corrèze),  et  37,  rue  Vaneau,  à  Paris. 


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—  9  — 

66.  CosNAC  (rabbé  Médéric  de),  vicaire  à  Saint-Louis- 

des-Français,  chanoine  honoraire  de  Mohilew,  à 
Moscou  (Russie). 

67.  CosNAC  (le  baron  Paul  de),  au  château  de  Fryac,  par 

Meyssac. 

68.  Costa  (le  baron  Gaston  de),  à  Beaulieu. 

69.  CouDERT,  propriétaire,  à  Objat. 

70.  CouLiÉ,  notaire  et  maire,  au  Soulier-de-Chasteaux, 

par  Larche. 

71.  Crouchet  (Vabbé),  curé  de  Malemort,  près  Brive. 

72.  David,  pharmacien,  à  Objat. 

73.  Davoust  (Emile),  attaché  à  la  Direction  du  Musée 

historique,  à  Saint- Vincent-Orléans. 

74.  Decoux-Lagoutte  (Edouard),  A  y,  ancien  magistrat, 

16,  rue  d'Angouléme,  à  Périgueux. 

75.  Delierre  (Auguste),  artiste  peintre,  204,  boulevard 

Saint-Germain,  à  Paris. 

76.  Delisle,  0  îjfe,  directeur  de  la  Bibliothèque  natio- 

nale, rue  Richelieu,  à  Paris. 

77.  Deloche  (Maximin),  G  ^,  I  P  Oi  membre  de  Tlns- 

titut,  60,  avenue  de  Gravelle,  à  8t-Maurice  (Seine). 

78.  Delpeuch  (l'abbé),  aumônier  au  Collège  de  Brive. 

79.  Delpy  (Pierre),  négociant,  à  Brive. 

80.  Denoix  (Élie),  menuisier,  à  Brive. 

81.  Denoix  (Paul),  propriétaire,  à  Larche. 

82.  Deschamps  (Philippe),  propriétaire,  avenue  Charles- 

Rivet,  à  Brive. 

83.  Desnoyers  (l'abbé),  vicaire-général  à  Orléans,  prési- 

dent de  la  Société  archéologique  et  historique  de 
rOrléanais. 

84.  Devillegoureix ,  propriétaire,   à  Pomiers,   près  de 

Larche  (Corrèze). 

85.  DoussAUD  (Emile),  notaire,  à  Lubersac. 

86.  Dubousquet-Laborderie,   docteur-médecin,    39,    ^uC 

de  Paris,  à  Saint-Ouen  (Seine). 

87.  DucouRTiEux,  A  Qy  libraire-éditeur,  rue  des  A.t*è^ 

à  Limoges.  ^ 


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—  10  — 

88.  Dumas  (André),  avocat,  à  Brive. 

89.  DuNAiGRE  (Yves),  A  y,  Préfet  d'Oran  (Algérie). 

90.  DupUY  (Joseph),  négociant,  boulevard  des  Sœurs,  à 

Brive. 

91 .  DussoL  (Félix),  avocat,  à  Brive. 

92.  DuTHEiLLKT  de  Lamothe,  à  Caramija,  par  Lubersac. 

93.  Eyssartier,  pharmacien,  ancien  maire,  à  Uzerche. 

94.  Fage  (René),  avocat,  A  ||i  25,  boulevard  Gambetta, 

à  Limoges. 

95.  Fauqueux  (Charles),   *,  ancien   Sous-Préfet,  à  la 

Côte,  par  Vigeois,   ou  à  Paris,    157,   boulevard 
Haussmann. 

96.  Ferrière  (Gilbert),  à  Chamboulive  (Corrèze). 

97.  FoNTENiLLEs  (Paul  dc),  A  Q,  inspecteur  général  de 

la  Société  française  d'archéologie,  16,  boulevard 
Nord,  à  Cahors. 

98.  Fraysse  (Antoine),  avoué,  à  Brive. 

99.  Froïdefond  (de),  îjfe,  trésorier-payeur  général,  à  La 

Rochelle. 

100.  Gaston  (Frédéric),  ingénieur,  directeur  de  la  Com- 

pagnie des  Ardoisières,  à  Brive. 

101.  Gay  (Victor),  17,  quai  Voltaire,  à  Paris. 

102.  Génis  (Henri  de  Beaupuy  de),  à  Brive. 

103.  Gilbert   (Antoine),   expert-géomètre,  à  Auliac,   par 

Saignes  (Cantal). 

104.  Girard  (Aimé),  directeur  des  usines  de  la  Cascade, 

près  Bort. 

105.  GiRODOLLE,  docteur-médecin,  à  Objat  (Corrèze). 

106.  GoNDiNET  (François),  I  P  O,  Principal  honoraire  du 

Collège  de  Brive. 

107.  GoRSSE,  avocat,  à  Tulle. 

108.  GouYON  (Jean),  avocat,  à  Brive. 

109.  GouYON  (Marcel),  notaire,  membre  du  Conseil  géné- 

ral, à  Juillac. 

110.  Grandjacquot  (Paul),  lieutenant  détaché  au  recrute- 

ment, au  Havre  (Seine-Inférieure). 

111.  Greil  (Louis),  boulevard  Sud,  à  Cahors  (Lot). 


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—  11  — 

112.  Gritty  (Charles),  8,  boulevard  Saint-Marcel,  à  Paris. 

113.  Grossouvre  (de),  ingénieur,  à  Bourges. 

114.  GuiBERT  (Louis),  A  if,  agent  principal  de  la  Com- 

pagnie  d'Assurances   générales,    8,    rue   Sainte- 
Catherine,  à  Limoges. 

115.  GuiLLOT  (Sylvain),  entrepreneur,  à  Brive. 

116.  GuiLLOT  (Jean-Baptiste),  propriétaire,  à  La  Geneste, 

commune  de  Naves,  par  Tulle. 

117.  Gyoux,  docteur  en  médecine  et  en  chirurgie,  143, 

rue  Fondaudège,  à  Bordeaux. 

118.  Hbrmite  (Louis  de  1'),  à  Lampre,  par  Champagnac- 

les-Mines  (Cantal). 

119.  Imbeault  (Jules),  à  Brive. 

120.  JouLOT  (Alfred),  à  Brive,  rue  Mialet,  et  à  Crabanac, 

canton  de  Féniers  (Creuse). 

121.  JouvENEL  (le  baron  Raoul  de),  O  îjfe,  ancien  Préfet, 

au  château  de  Castel-Novel,  par  Varetz  (Corrèze), 
ou  15  bis,  rue  Marignan,  à  Paris. 

122.  Juge  (Abel),  à  Donzenac. 

123.  Juin-Demontbil  (Gaston),  notaire,  à  Dampniat,  par 

Obasine  (Corrèze). 

124.  Julien,    professeur   à  la   Faculté  des   sciences   de 

Clermont-Ferrand. 

125.  KuHN,  A  O,  propriétaire,  10,  rue  d*Amboise,  à  Cler- 

mont-Ferrand. 

126.  Labbsse  (comte  de),  au  château  de  Chabrignac,  par 

Juillac. 

127.  Labrousse  (Michel),  *,  A  O,  docteur-médecin,  dé- 

puté de  la  Corrèze,  membre  du  Conseil  général, 
35,  avenue  Marceau,  à  Paris. 

128.  Labrunie-Laprade  (André),  à  Souillac  (Lot). 

129.  Lacarrière  (Henri),  12,  rue  du  Havre,  à  Paris. 

130.  Lachapelle    (de),    propriétaire,    au    Mazeau,    par 

Meyssac. 

131.  Lachaud  (Edouard),  docteur-médecin,  à  Brive. 

132.  Lacombe  (Oscar),  A  O,  juge  suppléant,  anct^ 

chiviste  de  la  Préfecture,  à  Tulle.  ^  ï^*" 


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—  12  — 

133.  Lacoste  (Emile),  avocat,  conseiller  général,  à  Brive. 

134.  Lacroix,  notaire,  à  Meyssac. 

135.  Lacroix  (Léon),   conservateur  des  hypothèques,   à 

Saint- Pons  (Hérault). 

136.  Lafarge  (Aimé),  notaire,  à  Lagraulière,  par  Seilhac 

(Corrèze). 

137.  Lafarge   (Eugène),   peintre  décorateur,  à  Mauriac 

(Cantal). 

138.  Laffont  (Georges),  docteur-médecin,  à  la  Varenne- 

Saint-Hilaire  (Seine). 

139.  Laffont  (Marc),  docteur-médecin,  préparateur  à  la 

Sorbonne,  lauréat  de  la  Faculté  de  médecine  de 
Paris,  245,  rue  Saint-Honoré,  à  Paris. 

140.  Lafond  de  Saint-Mur  (le  baron),  0  ejfc,  I  PO,  séna- 

teur de  la  Corrèze,  69,  rue  Sainte-Anne,  à  Paris. 

141.  Lafond  de  Saint-Mur  (Léon),  ^,  conservateur  des 

hypothèques,  114,  rue  Nollet,  à  Paris. 

142.  Laganb  (Élie),  pharmacien,  à  Brive. 

143.  Lagane  (Fabbé),  curé  de  Bort  (Corrèze). 

144.  Lalande  (Norbert)  aîné,  négociant,  à  Brive. 

145.  Lalande  (Philibert),  A  O,   receveur  des  Hospices, 

à  Brive. 

146.  Lalauze  (Adolphe),  aqua-fortiste,  29,  quai  Bourbon, 

à  Paris. 

147.  Lamberterie  (Albéric  de),   directeur  du  Dépôt  de 

mendicité,  95,  rue  Terre-Nègre,  à  Bordeaux. 

148.  Lamorelle  (Alexis-Philippe),  ejfc,  colonel  du  14"'  de 

ligne,  à  Brive. 

149.  Langlade  (Eugène),  négociant,  8,  rue  Monsieur-le- 

Prince,  à  Paris. 

150.  Lapetitie  (Marcel),  pharmacien,  à  Meyssac. 

151 .  Laroche  (Hippolyte),  Sous-Préfet  de  Tarrondissement 

de  Brive. 

152.  Laroche  (Paul),   imprimeur,   43,   rue  d^Amiens,   à 

Arras. 

153.  Laporte  (Antoine),   agent- voyer,   chef  de  compta- 

bilité, à  Tulle. 


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—  14  — 

175.  Marbeau  (Eugène),  0  ^^  ancien  conseiller  d'État, 

27,  rue  de  Londres,  à  Paris. 

176.  Marchât  (Hector),  ingénieur  des  chemins  de  fer  de 

l'État,  à  Brive. 

177.  Marche  (l'abbé  Adolphe),  curé  d'AUassac  (Corrèze). 

178.  Marmier   (Gaston),   conseiller   général  de   la  Dor- 

dogne,  15,  rue  Paul-Louis  Courrier,  à  Paris. 

179.  Marquessac  (comte  Raoul  de),  C  ^,  contre-amiral, 

commandant  en  chef  de  la  Division  navale  du 
Levant. 

180.  Martine  (François),  *Jfe,  ancien  maire.  Président  du 

Tribunal  de  commerce  de  Brive. 

181 .  Mas  (Alfred),  boulevard  des  Sœurs,  à  Brive. 

182.  Mas  (Marcel),  pharmacien,  à  Brive. 

183.  Massénat-Déroche  (Octave),  avocat  à  la  Cour  de  cas- 

sation, 132,  boulevard  Saint-Germain,  à  Paris. 

184.  Massénat  (Élie),  A  Q,  manufacturier,   maire  de 

Malemort  (Corrèze). 

185.  Massénat  (Paul),  notaire,  à  Brive. 

186.  Mathis,  régisseur  du  Domaine  national,  à  Pompa- 

dour  (Corrèze). 

187.  Mayjurou  de  Lagorsse  (Eugène),  maire  de  Turenne, 

avocat,  à  Brive. 

188 .  Maynard  (baron  Marc  de),  à  Gopeyre,  par  Martel  (Lot). 

189.  Maza  (Henri),  *)fe,  avoué  de  l"**  instance,  220,  rue  de 

Rivoli,  à  Paris. 

190.  Mazeaud  (Paul),  boulevard  du  Salan,  à  Brive. 

191.  Mazeyrac,  membre  du  Conseil  général,  à  Beaulieu 

(Corrèze). 

192.  Melon  de  Pradou  (Charles),  A  Q,  Président  de  la 

Société  des  lettres,  sciences  et  arts  de  la  Corrèze, 
à  Tulle. 

193.  Méric  de  Bellefon  (de),  ancien  magistrat,  26,  rue 

Léon  de  Malleville,  à  Montauban. 

194.  MiGNOT,  industriel,  à  Anuonay  (Ardèche). 

195.  MiLLEvoYE  (Lucien),  ancien  substitut  du  procureuii- 

général,  à  Saint-Pardoux,  par  Donzenac. 


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—  15  — 

196.  MoLiNiER  (Emile),  attaché  au  Musée  du  Louvre,  palais 

du  Louvre,  et  21,  quai  Sainl-Michel,  à  Paris. 

197.  MoNJAUZE,  ancien  notaire,  faubourg  Le  Clere,  à  Brive. 

198.  MoNTAiGNAC  (marquis  Louis-Raymond  de),  G  0  ^, 

contre -amiral,   sénateur,   ancien  ministre   de  la 
marine,  52,  me  de  Grenelle,  à  Paris. 

199.  MoREAU  (Frédéric)  père,  à  Fère-en-Tardenois  (Aisne). 

200.  MoRELLY,  docteur-médecin,  à  Argentat  (Corrèze). 

201 .  MoRTiLLET  (Gabriel  de),  ^,  professeur  à  TÉcole  d'an- 

thropologie, député  de  Seine-et-Oise  e^  maire  de 
Saint-Germain-en-Laye  (Seine-et-Oise). 

202.  MouRET  (Georges),  ingénieur  des  ponts  et  chaussées, 

à  Périgueux. 

203.  Nauche  (Auguste),  avoué,  24,   rue  Mont-Thabor,  à 

Paris. 

204.  Nauche  de  Leymarie  (Alfred),  propriétaire,  à  Brive. 

205.  NiNAUD  (Victor),  négociant,  à  Saint-Quentin  (Aisne). 

206.  NoAiLLES  (le  comte  de),   au  château  de  Buzet,   par 

Buzet  (Lot-et-Garonne). 

207.  NouviON   (Baptiste),   0  *Jfe,   ancien  Préfet,   rue  de 

THôtel-de- Ville,  à  Brive. 

208.  Pailler  (l'abbé),  chanoine  honoraire,  curé-doyen  de 

Beaulieu  (Corrèze). 

209.  Pau  (Tabbé  Jules),   chanoine  honoraire,  aumônier 

des  Fabriques  de  la  Cascade,  à  Borl  (Corrèze). 

210.  Pauzat  (Henri),   naturaliste,   180,   rue  de  Rome,   à 

Marseille. 

211.  Péronne  (Prosper),  avocat  à  la  Cour  d'appel,  32,  rue 

des  Mathurins,  à  Paris. 

212.  Perrier  (Edmond),  *Jfe,  I  P  <j>,  professeur-adminis- 

trateur au  Muséum,  28,  rue  Gay-Lussac,  à  Paris. 

213.  PiNAUD  (François),  négociant,  à  Brive. 

214.  Pomarel  (Léon),  docteur-médecin,  à  Brive. 

215.  PoNCHET,  docteur-médecin,  conseiller  d'arrondisç^^- 

meut  et  maire  à  Collonges,  par  Meyssac. 

216.  Poulbrière  (l'abbé),  inspecteur  de  la  Société   ç^ 


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—  16  — 

çaise  d'archéologie,  directeur  du  Petit-Séminaire 
de  Servières  (Corrèze). 

217.  Prioleau  (Léonce),  interne  à  Thôpital  de  Bicêtre, 

à  Paris. 

218.  Rebière-Laborde  (Alfred),  chef  de  section  de  la  Com- 

pagnie d'Orléans,  à  Bort  (Corrèze). 

219.  RiBiER  (René  de),  membre  du  Conseil  général  du 

Cantal,  maire  de  Champagnac-les-Mines. 

220.  Richard,  propriétaire,  à  Saint- Robert,  canton  d'Ayen 

(Corrèze). 

221 .  Rivet  (M"**  Elvire),  née  de  Jugeals,  à  Brive. 

222.  Rivet  (Marcy),  receveur  des   Finances,   à  Castel- 

Sarrazin  (Tarn-et-Garonne). 

223.  Rivière  des  Borderies  (Gustave),  négociant,  à  Brive. 

224.  Robert  (Charles),  C  *îfe,  membre  de  l'Institut,  25, 

boulevard  de  La  Tour-Maubourg,  à  Paris. 

225.  Roche  (Emile),  docteur  en  droit,  avoué,  6,  boulevard 

Beaumarchais,  à  Paris.  * 

226.  Roche  (Marcelin),  négociant,  maire  de  Brive. 

227.  Roche  (Marcel),  imprimeur,  conseiller  municipal,  à 

Brive. 

228.  RoFFiGNAc  (le  comte  Octave  de),  au  château  de  Sou- 

rie, par  Objat  (Courèze). 

229.  RoGEMOND,  architecte,  à  Brive. 

230.  Roque  (Gustave),  banquier,xà  Brive. 

231.  Roque,  docteur-médecin,  à  Juillac. 

232.  RoucHAUD- Nemours,  percepteur,  à  Brive. 

233.  RouDAUD  (René),  avoué,  à  Saint- Yrieix  (Hte- Vienne). 

234.  Roujou  (Anatole),  professeur  de  sciences,  à  Chama- 

lières,  près  Clermont-Ferrand. 

235.  Roussarie  (Paul),  place  Saint-Julien,  10,  à  Tulle. 

236.  Rupin  (Ernest),  A  O,  à  Brive. 

237.  Sainte-Fortunade  (comte  Albert  de  Lavaur  de),  au 

château  de  Sainte-Fortunade  (Corrèze). 

238.  Saint-Bonnet,  avocat,  à  Sexcles  (Corrèze). 

239.  Sal  (de),  sénateur,  membre  du  Conseil  général  de 

la  Corrèze,  147,  boulevard  Saint-Germain,  à  Paris. 


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—  17  — 

240.  Salvandy  (le  comte  Paul  de),  A  Q,  ancien  député, 

18,  rue  Cassette,  à  Paris. 

241.  Seguin  (Ferdinand),  propriétaire,  au  château  d'Ayen 

(Corrèze). 

242.  Seingeot  (Eugène),  capitaine  adjudant-major  au  H"* 

de  ligne,  à  Brive. 

243.  Selve  de  Sarran  (de),  #,  banquier,  ancien  receveur 

des  Finances,  à  La  Ganne,  près  Ussel  (Corrèze). 

244.  Simon  (Clément),  ^,  ancien  procureur-général,  avo- 

cat, 7,  rue  Rouget-de-risle,  à  Paris. 

245.  Siou  (Charles),  manufacturier,  à  Laumeuil,  par  Lar- 

che  (Corrèze). 

246.  SiREY  (Jean),  à  Objat  (Corrèze). 

247.  Sol-Lalande   (Ernest),    notaire,   au   Pescher,   par 

Beynat. 

248.  Soulïngeas  (Joseph),  rue  Dubois,  à  Brive  (Corrèze). 

249.  SouLiÉ,  conducteur  des  ponts  et  chaussées,  à  Ar- 

gentat  (Corrèze). 

250.  SouLLiER  (Fabbé  Martial),  secrétaire-général  de  Tévê- 

ché  et  chanoine  de  la  cathédrale,  à  Tulle. 

251 .  Talamon,  64,  rue  Richelieu,  à  Paris. 

252.  Tandeau  de  Marsac  (l'abbé),  chanoine  honoraire,  2, 

place  Fournier,  à  Limoges. 

253.  Tandeau  de  Marsac,  notaire,  25,  place  Dauphine,  à 

Paris. 

254.  Thalamy,  maître  d'hôtel,  adjoint  au  maire,  à  Brive. 

255.  Teyssier,  A  Q,    ancien  juge  de   paix,   notaire,  à 

Pérols,  par  Bugeat  (Corrèze). 

256.  Teyssieu  (Léopold  de),  notaire,  à  Beaulieu. 

257.  Treuil,  ancien  notaire,  à  Ussel  (Corrèze). 

258.  Turenne  d'AYNAC   (le  marquis  de),  ^,  26,   rue  de 

Berri,  à  Paris. 

259.  Vachal  (Joseph),  ancien  député,  à  Argentat  (Corrèze). 

260.  Valat  (Julien),  à  Souillac  (Lot). 

261 .  Valéry,  libraire,  conseiller  municipal,  rue  Toulzac, 

à  Brive. 

262.  Valette,  ex-notaire,  àChamboulive  (Corrèze). 

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—  18  — 

263.  Valon  (Ludovic  de),  sous-chef  de  section,  à  Brive. 

264.  Vayssiêre,  A  O,  archiviste  de  TAUier,  à  Moulins. 

265.  Verlhac  (Pierre),  imprimeur,  à  Brive. 

266.  Verlhac,  docteur-médecin,  à  Brive. 

267.  Verninac  (Charles  de),  sénateur  du  Lot,  au  château 

de  Croze,  par  les  Quatre-Routes  (Lot). 

268.  Vicant  (Ernest),  propriétaire,  à  En  val,  près  Brive. 

269.  Vignes,  chef  de  section  du  chemin  de  fer  de  TÉtat, 
:   à  Brive. 


MEMBRES   CORRESPONDANTS 

Instituteurs. 

270.  BuGE  (Léon),  horticulteur  et  professeur  à  TÉcole 

normale,  à  Tulle. 

271.  Chammard,  instituteur,  à  Mansac,  par  Larche  (Cor- 

rèze). 

272.  Colas  (Pabbé  Joseph),  rue  du  Pont,   à  Maringues 

(Puy-de-Dôme). 

273.  Delmond,  instituteur,  à  Beaulieu. 

274.  DuPUY  (Pierre),  instituteur,  à  Juillac. 

275.  Ferrier,  a  <|t  instituteur,  à  Brive. 

276.  FouRNiAL,  instituteur,  à  Chamberet. 

277.  Gabriel  (le  Frère),  dii'ecteur  de  TÉcole  chrétienne, 

à  Brive. 

278.  Georges  (le  Frère),  directeur  de  FÉcole  chrétienne, 

à  Ussel. 

279.  Helvert  (le  Frère),  sous-directeur  de  TÉcole  chré- 

tienne, à  Limoges. 

280.  Hospicius  (le  Frère),  directeur  de  TÉcole  chrétienne, 

à  Tulle. 

281 .  Lagane,  inztituteur,  à  Saint-Solve,  par  Vignols. 

282.  Lavialle    (Ernest),    instituteur,   à  Larochette,    par 

Douzenac  (Corrèze). 

283.  Noël  (le  Frère),  directeur  du  pensionnat  St-Joseph, 

à  Meyssac. 

284.  Pouillange,  instituteur,  à  Pompadour. 


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—  19  — 

285.  Prat,  professeur  à  TÉcole  communale  de  dessin,  à 

Brive. 

286.  SouLrf,  professeur  à  TÉcole  communale  de  dessin, 

à  Tulle. 

287.  TouRNADOUR,  instituteur,  à  Malemort  (Corrèze). 


SOCIÉTÉS   CORRESPONDANTES 
Échange  de  Bulletins. 

1 .  Société  nationale  des  Antiquaires  de  France,  à  Paris. 

2.  Société  française  d'archéologie  {Bulletin  Monumental), 

directeur  :  le  comte  de  Marsy,  à  Compiègne  (Oise). 

3.  Société  nationale  d'agriculture  de  France,  18,  rue  de 

Bellechasse,  à  Paris. 

4.  Académie  des  sciences,  inscriptions  et  belles-lettres, 

.à  Toulouse. 

5.  Société  d'histoire  naturelle,  28,  rue  Saint-Rome,  à 

Toulouse. 

6.  Société  des  Antiquaires  de  l'Ouest,  à  Poitiers. 

7.  Société  archéologique  et  historique  du  Limousin,  à 

Limoges. 

8.  Société  des  lettres,  sciences  et  arts  de  la  Corrèze,  à 

Tulle. 

9.  Société  historique  et  archéologique  du  Périgord,  à 

Périgueux. 

10.  Société  des  sciences  naturelles  et  archéologiques  de 

la  Creuse,  à  Guéret. 

11.  Société  de  Borda,  à  Dax  (Landes). 

12.  Société  archéologique  du  Tarn-et-Garonne,  à  Mon- 

tauban. 

13.  Société  archéologique  d'Eure-et-Loir,  à  Chartres. 

14.  Société  Dunoise,  à  Châteaudun. 

15.  Société  archéologique  de  Bordeaux,   67,   rue  de  la 

Rousselle. 

16.  Académie  d'Hippône,  à  Bone  (Algérie). 


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—  ?0  - 

17.  Société   botanique  et  horticole  de   Provence,   place 

Saint-Michel,  12,  à  Marseille. 

18.  Société  des  lettres,  sciences  et  arts,  à  Nice. 

19.  Société  des  études  littéraires,  scientifiques  et  artis- 

tiques du  département  du  Lot,  à  Gahors. 

20.  Société  d'agriculture,  sciences  et  arts  de  Vesoul  (Hte- 

Saône). 

21 .  Société  des  Antiquaires  de  Picardie,  à  Amiens. 

22.  Société  florimontane  d'Annecy. 

23.  Société  archéologique  et  historique  de  l'Orléanais,  à 

Orléans. 

24.  Société  archéologique  de  Nantes  et  de  la  Loire-Infé- 

rieure, à  Nantes. 

25.  Société  archéologique  du  Maine,  au  Mans. 

26.  Société  archéologique  et  historique  de  la  Charente,  à 

Angouleme. 

27.  Société  d'agriculture,   sciences,  arts  et  belles-lettres 

de  l'Eure,  à  Évreux. 

28.  Commission  des  Antiquités  de  la  Côte-d'Or,  à  Dijon. 

29.  Société  des  Antiquaires  du  Centre,  à  Bourges. 

30.  Académie  des  sciences,  belles-lettres  et  arts  de  Cler- 

mont-Ferrand. 

31 .  Académie  des  sciences,  lettres  et  arts  d'Arras. 

32.  Commission  des  Antiquités  départementales  du  Pas- 

de-Calais,  à  Arras. 

33.  Société  archéologique  d'Alais  (Gard). 

34.  Société  des  sciences  naturelles  de  la  Charente-Infé- 

rieure, à  La  Rochelle. 

35 .  Société  de  géographie  de  l'Est,  1  bis^  rue  de  la  Prairie, 

à  Nancy. 

36.  Société  littéraire,  historique  et  archéologique  de  Lyon 

(M.  Vachez,  bibliothécaire,  24,  rue  de  la  Charité,  à 
Lyon). 


REVUES  (échanges). 
37.  Bulletin  d*Histoi7*e  ecclésiastique  et  d'Archéologie  religieuse 


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—  21  — 

(M.  l'abbé  Ulysse  Chevalier,  directeur,  à  Romans) 
(Drôme). 

38.  Reims  de  Géographie  (M.  Delagrave,  15,  rue  Soufflot, 

à  Paris.) 

39.  Feuille  des  jeunes  Naturalistes,  par  M.  A.  DoUfus,  35, 

rue  Pierre-Cîharron,  à  Paris. 

40.  Le  Feu-Follet,  à  Tulle. 

41.  Annales  du  Musée  Guiinet  (direction  :  30,  avenue  du 

Trocadéro,  à  Paris.) 

42.  Journal  d'Histoire  naturelle  de  Bordeaux  et  du  Sud'Ouest, 

15,  cours  de  l'Intendance,  à  Bordeaux. 

43.  L'Auvergne  illustrée  (M.  Ambroise  Tardieu,  directeur, 

à  Herment  (Puy-de-Dôme). 

44.  Le  Gay-Lussac,  revue  des  sciences  et  de  leurs  appli- 

cations, 23,  avenue  Foucaud,  à  Limoges. 


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HANAP  EN  ÉMAIL 
Peint  en  grisaille,  par  Pierre  Reymond,  de  Limoges. 


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HANAP 

EN  ÉMAIL  DE  LIMOGES 


Dans  un  de  nos  précédents  Bulletins  (1),  nous 
avons  donné  la  reproduction  d'une  œuvre  de 
Pierre  Raymond,  en  faisant  suivre  cette  repro- 
duction de  quelques  lignes  biogi-aphiques  sur  cet 
éniailleur  limousin. 

Nous  donnons  aujourd'hui  le  dessin  d'un  hanap 
émaillé  par  le  même  artiste,  et  dont  l'original 
appartient  à  M.  le  baron  Alphonse  de  Rothschild. 
M.  le  directeur  de  VArt  ornemental  a  bien  voulu 
nous  autoriser  à  nous  servir  de  la  gravure  parue 
dans  le  numéro  142  de  cette  publication  que  nous 
recommandons  une  fois  de  plus  aux  lecteurs  du 
Bulletin,  tant  à  cause  de  la  modicité  de  son  prix 
que  des  nombreuses  illustrations  qui  l'accom- 
pagnent (2). 

Ce  hanap  «  est  peint  en  grisaille.  Sa  forme  est 
singulière,  mais  fort  élégante;  sa  décoration  très 
intéressante.  Le  sujet  principal  est  une  allégorie 
mythologique  qui  représente  Mars  avec  des  Amours. 
Deux  gros  cordons  de  lauriers  coupent  le  vase.  Le 

(1)  Bulletin  de  la  Société,  année  1885,  tome  VII,  p.  25. 

(2)  L'Art  ornemental,  paraissant  tous  les  samedis.  Paris,  ^^ 
d'Anlin;  prix  :  6  francs  par  an.  x  ^>^fe 


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—  24  — 

médaillon  à  l'antique  accosté  de  cygnes,  la  tête 
d'ange  au-dessus  d'une  guirlande  de  fruits,  qui 
constituent  les  ornements  de  la  frise,  rentrent 
dans  les  motifs  les  plus  gracieux  du  xvi*  siècle. 
Cette  petite  pièce  est,  de  tous  points,  l'une  des 
plus  propres  à  caractériser  le  style  le  plus  dis- 
tingué de  son  auteur  et  la  douce  gravité  de  la 
peinture  en  grisaille.  » 

E.  R. 


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JOURNAL 

PIERRE  VACHERIE 

l'RÉTRE  r>L'  t»[OCÊKf  DE  LliOGSS,  NÉ  k  Umi-fîmit  (CURaÈZE) 
GKKFFIEH  nS  CùWFlGlKUTà  Dk  URIVE 

PUSLii    mT    HMItllTâ   FJIK 

Paul    BRUEL 

DIRECTEUR   DE   LA    «  SOCIÉTÉ   GÉNÉRALE  n    A    DHIVE 

Membre  k  li  Scciété  bi^tonqne  ^  mM^\t\m  k  k  Corrtt6 


E  hasard,  qui  a  été  appelé 
quelque  part  T homme  d'af- 
fabes  de  Diftu,  et  qui  est 
souvent  aussi  celui  des  cher- 
cheurs ou  des  archéologues, 
nous  a  permis  de  présenter 
aux  Limousins  soucieux  de  rancionne  histoire  de 
leur  province,  le  journal  inédit  de  Tabbé  Pierre 
Vacherie,  qiii  naquit  à  Sainte-Féréole  (Gorrèze)  en 
1595  et  qui,  en  1652,  dirigeait  encore  la  cure  d^ 
Condat,  près  d'Uzerche* 

Son  père,  Jean  Vacherie,  mourut  en  1611 
régie  avec  TÉglise;  sa  mèrei  Marie  Verlhac^        ^^ 
vit  son  mari  dans  la  tombe  en  1631*  Elle        ^^^Kif 
perdu,  à  l'âge  de  7  ans,  un  frère  aîné  de      ^"^v    ^'ïw 


—  26  — 

abbé;  mais  elle  lui  laissa  deux  ou  trois  sœurs 
qui,  par  leur  esprit  processif  et  tracassier,  mirent 
à  répreuve  son  humeur  charitable  et  débonnaire. 

A  la  mort  de  son  aîné,  sa  mère  avait  fait 
«  vœu  à  Dieu  que  s'il  luy  donnait  encore  un 
enfent  masle,  elle  le  ferait  homme  d'esglise.  » 

Dans  son  journal.  Vacherie  s'étend  sur  ses  étu- 
des classiques  qui,  de  Sainte-Féréole,  le  jnenèrent 
à  Tulle  et  à  Périgueux.  Formé  par  les  Domi- 
nicains et  les  Jésuites,  il  se  rendit  à  Limoges  en 
1620,  et  après  avoir  été  consacré  prêtre  aux  Car- 
mélites de  cette  ville,  il  fut  nommé  directeur 
des  Ursulines  par  Tévêque  Raimond  de  La  Mar- 
thonie,  et  docteur  en  théologie  de  Limoges  en 
1620.  Il  alla  prendre  ces  mêmes  titres  à  Gahors 
en  1647.  Vacherie,  quoique  au  début  de  sa 
carrière  ecclésiastique,  est  alors  à  son  aise;  il 
prend  à  sa  charge  son  neveu  et  filleul  Pierre 
SauUe,  prête  de  l'argent  à  M.  Amarzit,  ancêtre 
des  Sahuguet,  élu  de  Brive,  fait  réparer  la  mai- 
son paternelle  à  Ste-Féréole  et  y  acquiert  même 
des  immeubles.  Aussi  ne  nous  étonnerons-nous 
pas  de  le  voir  dédier  à  l'église  de  son  village 
natal  un  tableau  de  la  «  sacrée  Vierge,  mon 
éternelle  advocate.  »  Il  poursuivait  des  bénéfices 
et  obtint  successivement  le  prieuré  de  St-Amand- 
Jartondey,  la  vicairie  de  La  Joannie,  le  greffe 
de  lofficialité  de  Brive,  la  cure  de  Saint- Yrieix- 
la-Montagne.  Néanmoins  il  continuait  de  diriger 
les  Ursulines  de  Limoges;  il  les  accompagna  à 
Eymoutiers,  lors  de  la  peste  de  1631  à  1632, 
comme  il  les  avait  installées  à  Gahors  en  1625. 


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—  27  — 

Cependant  les  malheurs  de  la  province  n'empê- 
chent, pas  Vacherie  de  prospérer  en  ses  petites 
affaires.  Il  échange  la  cure  de  St-Yrieix  contre 
celle  de  Saint- Jean-Ligoure  et,  vers  1634,  fait 
acquisition  d'une  montre,  d'une  chasuble,  d'un 
calice.  Enfin  le  voici  curé  de  Châlus  (1635);  il 
y  demeure  jusqu'en  juillet  1643,  où  il  est  nommé 
à  la  cure  de  Condat,  près  d'Uzerche.  Sa  pre- 
mière maladie  grave  l'atteignit  en  1650;  il  se 
rendit  aux  eaux  de  Vicq  en  1651;  ce  fut  inutile, 
car  il  mourut  en  1652,  année  où  s'interrompt 
son  journal. 

Vacherie  paraît  avoir  été  doux  et  humble,  et 
de  cœur,  comme  le  veut  l'Évangile;  il  pratiquait 
toutes  les  vertus  chrétiennes,  autant  par  convic- 
tion que  par  devoir  professionnel;  malgré  l'âge 
et  l'expérience,   il   se   laissait   encore  duper  en 
1652  par  les  Mazent  de  Condat  qui,  grâce  à  des 
dehors  hypocrites,   lui  avaient  extorqué  de  l'ar- 
gent  et   des   certificats   d'honnêteté.    Un   gentil- 
homme  de    la    cour    de    Pessiéras   le    menaçait 
d'un  assassinat;  mais  Vacherie  n'en  persistait  pas 
moins  à  interdire  l'accès  de  la  sainte  table  aux 
maltresses  de  ce  libertin.  Les  joies  et  la  tran- 
quillité lui  étaient  cependant  parcimonieusement 
mesurées  par  Dieu;   il  eut  à  sa  charge  et   dut 
élever  ses  neveux  Verlhac  et  Saulle;  il  fut  pov\i- 
suivi  de  réclamations  par  sa  sœur  Jacquette     «n 
point  de  regretter  la  condition  où  il  s'était 
gagé,  a  0  que  la  condition  des  prestres  est     ^ 
sérable,  quand  ilz  ont  des  proches  sans  ^^   ^^S^'' 
qui  n'attendent  que  leur  despouiUe,   ne    ^^^v '\> 


.^ 


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—  28  — 

jamaiz  :  c'est  assez.  »  Ayant  souscrit  de  nom- 
breuses obligations,  Vacherie  n'avait,  pour  y  suf- 
fire, que  le  revenu  de  ses  dîmes  qui  lui  était 
payé  en  nature,  non  en  argent.  Aussi  le  voyons- 
nous  se  transformer  en  marchand  de  blé,  prêter 
à  celui-ci,  vendre  à  celui-là,  agir  presque  en  usu- 
rier et  avancer  du  seigle  pour  les  semailles  à  un 
laboureur  contre  la  garantie  d'un  bassin  ou  d'un 
linceul  usé.  Cependant,  il  s'indigne  contre  les 
guerres  continuelles,  le  pillage  des  soldats,  la 
dureté  du  cardinal  de  Richelieu;  mais  ses  sœurs 
le  menacent  de  procès;  ses  neveux  ont  besoin 
d'être  habillés,  nourris,  instruits;  il  réclame  donc 
impitoyablement  ses  dîmes,  gémit  de  leur  dimi- 
nution et  contribue,  sans  le  savoir,  à  cette  géné- 
rale misère  qu'il  déplore. 

Le  journal  de  Vacherie,  tenu  dans  des  inten- 
tions toutes  pratiques,  ne  satisfera  pas  les  ama- 
teurs de  mémoires  littéraires.'  Il  était  pourtant 
latiniste,  prédicateur  et  poète  à  ses  heures.  Il 
s'essaie  en  vers  latins,  à  la  manière  d'Ovide,  à 
résumer  sa  vie;  il  déplore  en  vers  élégants,  que 
ne  désavouerait  pas  un  disciple  de  Malherbe,  la 
mort  d'un  jeune  neveu.  Peut-être  quelques  Li- 
mousins songeront,  en  les  lisant,  aux  troubadours 
d'autrefois  et  croiront  que  Vacherie  a  été  inspiré 
ce  jour-là  par  Èble  et  Bernard  de  Ventadour.  Il 
semble  avoir  fait  de  fortes  études  classiques  et 
rédige  en  un  latin  suffisant  des  vœux  à  la  Vierge 
et  au  sanctuaire  de  Roc-Amadour. 

Enfin,  quand  il  s'emporte  contre  les  ivrognes. 


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—  29  — 

contre  les  vices  de  son  époque,  îl  est  à  la  fois 
plein  d'onction  et  d9.  simplicité;  Ll  nous  montre 
que  les  défauiâ  relevés  par  M.  Jacquînet  dans 
les  prédicateurs  avant  Bossuct  étaient  loin  d*êlre 
généraux;  les  prêtres  des  campagnes,  charges  de 
diriger  les  humbles  et  les  pauvres,  s'abaissent 
au  niveau  de  leurs  âmes  naïves  et  laissent  »  par 
leurs  paroles  comme  par  leur  conduite,  a  venir 
à  eux  les  petits  enfants,  ^ 

Cet  ignorant  dans  Tart  de  bien  dire,  comme 
dît  Bossuet  de  lapôtre  saint  Paul,  aidera  môme 
rhisloîre  traditionnelle  à  réformer  ses  jugements, 
au  début  du  règne  de  Louis  XIV,  lorsqu'il  passe 
en  revue  le  ministère  de  Richelieu.  Il  lui  échappe 
sur  la  mort  de  ce  Tibère,  de  cet  atrabilaire  qui 
voulait  régner,  de  ce  Jupiter  massacreur  (Guy 
Patin),  un  jugement  bien  lourd  à  porter  devant 
la  postérité  :  «  Les  prisons  ont  esté  pleines  de 
ses  pauvres  gens  pour  la  solidarité,  ou  la  plus- 
pari  sont  mortx  de  faim  et  de  misères,  et  les 
autres  ont  quitté  tout  leur  bien  pour  vivre  en 
paix.  Car  la  pauvreté  a  esté  Tunique  paix  de 
ce  règne,  )> 

Ainsi,  seuls  les  mendiants  ont  joui  de  la  tran- 
quillité sous  le  terrible  cardinal;  encore  les  va- 
nu-pieds  de  Normandie  poursuivis,  jugés  en  hâte 
et   pendus   sans   appel,    pourraient  s'inscrire    ^xv 
faux.   Ce  fut   une  triste  époque  pour  le  P^x^rAç^, 
des  campagnes  que   le  grand  siècle;  et  si     ^    ^ 
les  manants  qui  broutaient  l'herbe  au  revex*    ^^^^ 
fossés  et  mouraient  de  faim,  enfouis  dan^    ^    "^ 
fumiers   pour  y   retrouver  un   peu   de 


^"^^1 

^M 


r 


!le 


—  30  — 

pouvaient  ressusciter  et  prendre  la  parole,  ils 
rabattraient  de  beaucoup  notre  enthousiasme  à 
Tendroit  des  Colbert,  des  Louvois,  des  Richelieu, 
qui  n'ont  fait  de  grandes  choses  qu'à  Taide  de 
grandes  injustices;  ils  nous  inviteraient  à  plus 
de  reconnaissance  envers  saint  François-de-Sales 
et  saint  Vincent-de-Paul,  qui  pleuraient  avec  eux 
et  compatissaient  à  leur  misère. 

Paul  Bruel. 
Brivé,  1*'  janvier  1887. 


JOURNAL  DE  PIERRE  VACHERIE 
I 

Naissance  de  Vacherie.  —  Mort  de  ses  parents.  —  Sa  jeunesse,  ses 
études.  —  Naissance  de  Pierre  Saule,  son  neveu  et  filleul.  — 
Retour  au  pays  natal.  —  Départ  pour  Limoges.  —  Ses  études 
dans  cette  ville.  —  Mort  de  sa  mère.  —  Discussions  avec  le  mari 
de  sa  sœur  aînée.  —  Travaux  à  la  maison  de  Vacherie  à  Sainte- 
Féréole  (1624). 

papier  contenant  mes  affaires 

Vacherie. 

L'an  mille  cinq  cens  quatre  vingtz  quinze,  sellon  le 
raport  de  mes  parentz,  car  la  négligence  des  presbres  a 
esté  si  grande  que  je  n'ay  jamaiz  treuvé  de  babtistaire, 
je  nasquis,  et  fus  babtisé  la  veilhe  de  Nostre  Dame  de 
febvrier,  3  ou  4  jours  après  ma  naiscence;  mon  parain 
fut  Pierre  Vivenac,  presbre,  gardien  du  couvent  de  Don- 
zenac(l);  ma  marraine,  Antoynete  Terrier,  femme  de 
M.  Jean  Vivenac.  Dieu  veuille  que  se  soit  pour  le  louez 
Dieu  dans  le  ciel.  Amen. 

L'an  mil  six  cent  onse,  le  II  febvrier,   deceda  Jehan 

(1)  Aujourd'hui  chef-lieu   de   canton,  arrondissement  de   Brive 
(Gorrèze). 


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—  31  — 

Vacherie,  mon  pére,  après  avoyr  receu  tous  les  sacre- 
mentz  de  Tesclize  et  ce  d'une  plereusie,  aagé  au  plus 
près  de  55  ans. 

L'an  1621,  le  9^  febvrier  deceda  aussy  ma  mère  Marie 
Verlhac,  après  avoyr  receu  tous  les  sacrementz  de  Fes- 
glize,  et  ce  d'une  maladie  d'ydropisie,  âgée  au  plus 
près  de  60  ans.  Car  ayant  prins  la  fiebvre  quarte  en 
aoust,  elle  la  rendit  enflée  et  mena  dans  le  tumbeau. 
Je  demeurois  pour  Ihors  à  Luymoges  et  m'en  allé  la 
voir.  Gontrainct  pourtant  de  m'en  retourner  je  n'eus 
point  le  bien  de  luy  fayre  ses  funérailles  chés  nous. 
Dieu  leur  face  paix! 

J'avoys  un  frère  plus  aagé  de  dix  agfs  que  moy,  qui 
mourut  à  7  ans,  scachant  escrire  et  lire,  et  ma  mère 
fit  vœu  à  Dieu  que  s'il  luy  donneit  encore  un  enfent 
masle  elle  le  feroit  homme  d'esglize. 

Je  nasquis  quelque  temps  aprez  et  mes  parentz,  quoy 
que  non  guierre  opulentz,  mais  gens  de  bien  toutes  foys, 
estant  un  peu  grand,  me  firent  aller  à  l'eschoUe  soubz 
M*  Jehan  Vertougy,  vicayre  de  Sainte-FereoUe  (1),  ou 
j'apprins  bien  tost  à  lire,  puis  m'envoyèrent  à  Ussac  (2), 
soubz  un  régent  apellé  Jousseaume,  de  là  à  Donzenac, 
de  Donzenac  à  Brive,  ou  je  fis  ma  première  soubz  les 
pères  Jacobins,  et  de  là  je  m'en  allay  à  Tulle  et  fis  là 
dix  mois  de  rethorique  à  la  première  (3),  soubz  un  régent 
séculier.  De  Tulle,  désireux  du  progrès  de  mes  estudes, 
ayant  ma  mère  veuve  je  m'en  allay  à  Perigueux,  ville 
très  noble,  très  humaine  et  très  bonne  pour  les  estudes, 
la  ou  estant  sans  condition  durant  quelque  temps,  mon 
beau-frère  Denis  Saulle  me  vint  voyr,  chargé  de  vivres 
et  argent  nécessaire.  Dieu  me  face  la  grâce  de  randre  à 
son  enfent,  Pierre  Saule,  mon  filheul,  qui  nasquit  l'an 


(1)  Aujourd'hui  commune,  canton  de  Donzenac  (Gorrèze). 

(2)  Aujourd'hui  commune,  canton  de  Brive. 

(3)  C'est  encore   le  nom   de   la  rhétorique  dans  les  gymnases 
allemands. 


N 


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-  32  - 

1613,  le  jour  de  Saint-Michel,  la  revenche  de  ce  béné- 
fice que  son  père  me  conféra! 

De  Perigueux  ayant  faict  toutes  mes  classes  soubz  les 
pères  Jésuites  et  ma  philosophie  achevée,  je  quitay  le 
logis  de  M.  Dauriac,  procureur,  là  ou  j'ai  receu  toute 
sorte  de  courtoysie  durant  quatre  ans,  estant  en  condi- 
tion franche  et  gaignant  encore  un  habit  par  an  à  en- 
seigner ses  enfens  Pierre  et  Jehan  (Faîne  est  recoUect 
et  le  puisné  procureur).  Et  m'en  vins  chès  nous,  ou  je 
demeuray  un  an  sans  rien  fayre.  Et  n'estant  né  à  l'oy- 
sivetô  je  resouUus  d'aller  à  Lymoges  pour  me  faire 
prestre  et  acconplir  le  vœu  de  ma  mère  au  mois  de 
mars  l'an  1620. 4'excequtay  donc  mon  dessain.  Et  estant 
audict  Limoges,  Dieu  me  gratifia  d'une  condition  ou  je 
gaignois  cent  livres.  C'est  chez  Bauge;  la  je  prinz  mes 
ordres  et  dis  ma  première  messe  dans  le  couvent  des 
mères  Garmelittes  (1)  dudict  Limoges  le  21,  jour  du  mois 
de  juing  de  l'an  1621,  estant  prestre,  et  servant  les  dictes 
Carmélites  religieuses  sans  gages.  Mgr  de  Limoges  me 
bailha  la  direction  des  religieuses  de  Sainte-Ursule  (2), 


(1)  Le  monastère  des  Carmélites  fut  fondé  à  Limoges  au  mois 
de  décembre  1618,  par  la  mère  Isabelle  des  Anges  (une  des  six 
qui  étaient  venues  d'Espagne  en  1604),  qui  emmena  avec  elle  trois 
religieuses  de  Toulouse  et  deux  de  Bordeaux. 

Elles  furent  reçues  par  M"*  la  générale  Benoist,  personne  de 
grand  mérite,  qui  vint  au-devant  d'elles,  les  fît  placer  dans  son 
carrosse  et  les  conduisit  à  la  grande  église  pour  y  recevoir  la 
bénédiction  de  Mgr  Tévôque. 

Les  Carmélites  habitèrent  la  maison  de  Pierre  Descordes,  sieur 
de  Balesis,  devant  Tarbre  de  Beauvais;  mais  la  trouvant  fort  in- 
commode pour  des  Carmélites  qui  font  profession  d'une  grande 
retraite,  elles  furent  contraintes  d'aller  loger  devant  les  Pères 
Dominicains,  au  bout  du  faubourg  Manigne.  En  1678,  elles  y  firent 
construire  une  église  qui  fut  consacrée  par  Mgr  d'Urfé,  évoque  de 
Limoges. 

(2)  En  1611,  sous  Louis  XIII,  on  fonda  à  Paris  des  religieuses 
sous  le  nom  de  Sainte-Ursule.  La  bienheureuse  Augèle  de  Bresse, 
en  1572,  sous-  Grégoire  XIII,  à  la  prière  de  saint  Charles  Bor- 
romée,  avait  érigé  une  pareille  Société  sous  le  titre  de  Sainte- 


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—  oo 


moyenant  cent  livres  de  pension  par  an,  pour  les  con- 
fesser et  leur  dire  messe  tous  les  jours  et  leur  fayre  des 
prédications,  nostre  Dieu  Payant  inspiré  à  cella. 

Durait  le  temps  que  je  demeuray  audict  Limoges,  j'es- 
tudiay  un  an  en  théologie  scholastique  aux  Jacobins,  et 
deux  en  théologie  morale  aux  Jésuites,  et  à  Thoneur  de 
la  canonization  des  S.  S.  Ignape  et  Xavier  je  soustins  les 
thèses  des  dites  théologies,  les  ayant  dédiées  à  Mgr  Ray- 
mond de  la  Martonie,  mon  très  honoré  prélat  et  evesque 
de  Limousin,  qui  m'en  sceut  bon  gré. 

Le  temps  pendant  que  je  demeurois  à  Limoges,  ma 
pauvre  et  bonne  mère  deceda;  alors  qu'elle  estoit  au  lict 
de  la  mort,  Gibauld  Verlhac,  mon  beau^ère,  luy  envoya 
un  sergent  pour  luy  faire,  à  ce  qu'il  disoit,  rendre  conte 
de  je  ne  scay  quoy.  Cella  tira  des  yeux  mourentz  de  ma 
bonne  mère  mille  larmes  et  de  mon  cœur  mille  souspirs, 
me  voyant  pour  lors  privé  de  moyens  et  de  fortune  de 
salisfayre  audict  Gibauld  Verlhac,  segond  mari  de  ma 
sœur  aînée. 

Néantmoins^  après  mille  rodomontades  et  après  avoyr 
faict  une  déplorable  revente  de  la  terre  de  la  Fon  au 
notayre  de  Saint-Germain,  nostre  insatiable  voysin  et 
boute  fœu  de  ceste  révolte,  je  fus  contrainct,  un  an  après, 
de  m'accorder  avec  mon  dict  beau  frère  et  de  luy  fayre 
la  somme  de  cent  escus,  faisant  quitez  a  ma  seur  tous 
les  droictz  qu'elle  peut  demender  chés  nous.  Je  n'avois 
pour  Ihors  que  dix  escus,  qui  estoit  tout  l'argent  que 
ma  mère  m'avait  laissé.  Néantmoins  Dieu  me  fit  la  grâce 
que  deux  ans  après  je  l'eus  tout  paie.  Jehan  Verlhac, 
notaire  de  Cérou,  a  le  con tract  et  quitence  de  cella;  ^^ 
j'ay  apprins  en  ceste  occasion  que  celluy  qui  nv^  ^^VO^^ 
supporter  me  fut  plus  contraire,  disant  qu*il  q^^       ^\\^ 


Ursule.  En  1620,  ces  religieuses  arrivèrent  en  la  vill^ 
et  se  logèrent  dans  la  maison  de  M.  Martial  Dupeyr^^^Y^ 
où  elles  demeurèrent  depuis  le  mois  de  novembre  j^^ 
de  mars,  pour  se  retirer  près  le  Landeys  du  vieux  ï^  ^^^^ 


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—  34  — 

plustot  tout.  Mais  je  lui  pardonne  d^un  bon  cœur  et 
proteste  pour  l'amour  de  Dieu  de  ne  m'en  venger  jamaiz. 
Après  le  payemant  faict  audict  Gibault  je  changay  un 
méchant  bassin  et  deux  aultres  petitz  tous  ronpus  laissés 
par  ma  mère  avec  nostre  grand  bassin  et  randis  dix  livres 
de  mon  argent  que  j'envoyay  à  M.  Gourssac. 

De  plus,  Tan  1624,  ma  maison  estant  comble  de  pailhe, 
j'ay  donné  charge,  demeurant  à  Limoges,  chez  madame 
de  May  ou  aultrement  PouUalie,  ou  nostre  seigneur  m'a 
fort  favorisé  de  la  couvrir  de  tuille.  Cella  m'a  cousté 
quarante  et  cinq  livres. 

Saule,  mon  filheul,  fils  de  Denis  Saule,  premier  marry 
de  ma  sœur,  n^  esté  donné  en  charge  estans  tenu  de 
le  nourlr  jusques  à  vingt  cinq  ans,  prenant  le  revenu 
de  son  peu  de  bien.  Mon  cousin  Maistre  Jehan  Gourssac 
et  ma  sœur  Jacquette  ont,  durant  ma  résidence  à  Li- 
moges, demeuré  dans  ma  maison  jusques  à  ce  que  je 
l'amenai,  et  jouy  de  tout. 

Le  contract  de  la  revente  de  la  terre  de  La  Belle 
est  chès  le  notaire  de  Fage,  et  celluy  del  Peuch  Escpi- 
noux  chés  Mercier. 

L'an  1623,  j'ay  mené  Pierre  Verlhac,  filz  de  Paschal 
Verlhac,  à  Limoges,  et  ay  franchi  (?)  ses  quartiers  à  mon 
lougis,  son  père  bailhant  l'argent  à  Sainte-FéreoUe,  à 
ceux  que  je  debvois. 

II 

Prêt  à  M.  Amarzit,  élu  de  Brive  (1623).  —  Acquisition  d'immeubles 
à  Sainte-Féréole.  —  Première  prédication  de  Vacherie  en  1621.  — 
Achat  de  tableaux  en  1624.  —  Incendie  à  Sainte-Féréole  en  1624. 
Poursuite  d'un  bénéfice.  —  Note  relative  à  la  décharge  d'un  créan- 
cier. —  Restauration  de  l'église  de  Sainte-Féréole.  —  Retour  sur 
l'histoire  de  la  paroisse,  depuis  Charles  IX.  —  Ruine  de  la  tour 
de  l'église. 

L'an  1623,  j'ay  le  20  de  martz  preste  vingt  escus  à 
Monsieur  Amarzit,  esleu  en  l'élection  de  Brives. 

Maistre  Jehan  Gourssac  me  doibt  par  ceduUe  trente  et 
cinq  livres  (solives  au  bastiment  de  ma  maison).  J'ay 


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—  35  — 

prins  charge  des  Ursellines  le  22  novembre  de  Tan  1622; 

ay  esté  payé  jusques  au  22  febvrier  de  l'an  1624  (1) 

et  an  1631,  plus  jusques  au  22  nov.  1631. 

Ma  mère  recognut  le  boix  de  TOradour  à  Mons'  Mey- 
nard,  qui  me  donna  les  arreyrages  de  ce  que  nous  avions 
jouy  jusques  au  20  septembre  de  l'an  1622.  Du  depuis 
M«  Gourssac  a  joui  et  promis  de  paier  tailles  et  rente. 
Il  a  les  quitances. 

Le  contract  d'achept  de  nostre  vigne  est  passe  par  Lau- 
mond  de  Brives,  et  celluy  de  l'accord  de  mon  père  et 
de  ma  tante,  touchant  le  droict  qu'elle  demendoit  sur 
nostre  maison,  par  Dupuy  del  Peuch,  et  celluy  d'accord 
entre  mon  beau  frère  et  moy,  par  Verlhac  de  Cerou. 

L'an  1621,  je  commensay  à  prêcher,  et  ma  première 
prédication  fut  le  jour  de  l'Asomption  de  la  Vierge,  à 
Condat,  près  Limoges,  puis  au  Pont  Saint-Martial,  et  les 
vaquances  conséquentes  m'en  estant  allé  avec  Autier,  mon 
disciple,  à  Saint-Bonnet  la  Rivière  (2),  j'y  préchay,  et  de 
la  à  Sainte-FèreoUe,  puis  après  aux  Ursellines,  etc. 

L'an  1624,  j'ai  achepté  un  cofre  ou  bahu  la  somme 
de  trois  escus,  et  deux  tableaux,  un  de  la  sacrée  Vierge, 
mon  éternelle  advocate,  et  l'aultre  de  sainte  Magdelayne, 
4  1.  Celluy  de  la  Vierge  je  l'ay  donné  à  l'autel  de  Nostre- 
Dame,  à  Sainte-Fèreolle,  votorum  compos. 

Le  mesme  an  que  dessus,  1624,  j'ai  impetré  comme 
tiers  le  prieuré-cure  de  Saint-Amand-Jartondeix  (3)  sur 
un  Polier  et  Soumy,  et  ce  le  2°  d'avril,  le  procès  estant 
pendant  à  Paris,  et  j'ay  envoyé  aujourd'huy,  8  avril 
1624  (4),  mes  pièces  à  Paris  à  M'*  Bridon,  procureur, 
pour  intervenir. 

Le  premier  jour   avril    1624,    estant   le   lundy  de  la 


(1)  Énumération  de  millésimes  supprimée. 

(2)  Aujourd'hui  commune,  canton  de  Juillac  (Gorrèze). 

(3)  Aujourd'hui  commune,  canton  de  Bourganeuf  (Creuse). 

(4)  Note  marginale  : 

2*  aprilis,  albo  noietur  lapillo. 


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-  36  - 

sepmeyne  sainte,  ce  bruUa  23  granges  ou  maisons  et 
un  homme  avec  une  sienne  filhe  (il  s'apelloit  Rouques), 
et  un  enfent  de  Caddenon,  le  tout  à  Sainte-FéreoUe  et 
dans  un  quart-d'hure,  commensant  à  la  maison  de  Cad- 
denon, dict  de  la  Rousigue,  et  finissant  à  celle  d'Antoyne 
Mercier.  Force  bestial  se  perdit,  et  les  bleds  mesme  par 
les  champs  se  bruUoit;  ces  nouvelles  me  furent  portées 
à  Limoges  3  jours  après.  Je  remercie  Dieu  de  ce  qu'il 
conserva  la  mienne. 

Le  17  may  1624,  j'ay  envoyé  Mons^  Gourssac,  prestre, 
mon  cousin,  à  Paris,  poursuivre  un  prieuré  apellé  Saint- 
Amand,  près  de  St-Léonard.  Il  en  est  revenu  le  2  juilhet, 
n'ayant  peu  obtenir  arrest  à  son  voyage.  J'y  bailhay  cent 
livres,  et  enfin  voyant  les  difficultés  du  procès  et  à  com- 
bien d'accidentz  je  m'hazardois,  sollicité  par  mes  amis, 
j'ay  cédé  mon  droict  à  PoUier,  dévolutaire,  lequel  pour 
mes  fraictz  m'a  faict  un  présent  sellon  la  conséquence 
d'iceux  en  500  1. 

J'ay  dans  mes  papiers  quelques  obliges  de  Poynatore  : 
je  veux  que  on  ne  luy  en  demende  rien,  sinon  en  cas 
qu'il  en  tournast  encore  broulhier  quelque  chose  en  la 
terre  de  la  Fay.  Ma  mère  m'en  charga,  et  je  veux  gar- 
der se  commendement. 

L'an  mil  six  cens  vingt  et  quatre,  on  a  fait  restaurer 
l'esglise  de  Sainte-Féreolle  après  avoir  esté  ruinée  l'es- 
pace de  cinquante  ans  ou  fort  près;  auquel  temps  on  a 
dict  messe  dans  les  vieilles  masures  avec  grand  désordre. 
Dieu  c'est  servy  de  M'  Paschal  Verlhac  pour  cest  efiTect, 
qui,  par  zelle,  armé,  de  courage  et  de  prudence,  a  mené 
l'oevre  comme  scindic  en  Testât  ou  elle  est,  et  aujour- 
d'huy,  20  aoust  1631,  on  m'a  mandé  qu'il  la  faict  lem- 
brisser  d'aix  à  ses  despens;  les  maistres  massons  ont 
demeuré  dans  ma  maison  en  la  bastissant  et  couvrant. 
La  ruine  de  l'esglise  vint  de  celle  de  la  tour,  car  les 
huguenotz  (1)  s'en  estant  emparés  par  la  traison  d'une 

(1)  Sainte-Féréole.  Le  protestantisme,  au  xvi*  siècle,  poussa  de 


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—  37  — 

femme  de  la,  Arnaud  Digos,  méchante  trahistresse  (et 
comme  on  a  vouUu  dire  de  Peyronne,  juge,  femme  de 
Jacques  Treulh,  ce  qui  n'est  pourtant  venu  à  parfaicte 
évidence),  ils  tindrent  longtemps  la  dicte  tour  et  faisoit 
estable  (irreverance  endiablée!)  de  Tesglise.  Et  les  curés 
furent  si  nonch^alentz  que  ne  couvrant  la  dicte  esglise, 
la  voûte  de  pierre  s'abreva,  et  enfin  presque  tout  fut 
acrevanté  à  l'aide  du  lierre  qui,  s'estant  saisy  des  mu- 
ralhes,  les  persa  en  plusieurs  endroictz  (1). 

Les  huguenotz,  par  quelque  paix  et  à  Taide  du  sieur 
Traslaigne  de  Saint-Antoine,  brave  et  courageux  vis  se- 
neschal,  estant  chassés  de  la  tour,  M.  le  gouverneur, 
qui  estoit  de  la  maison  d'Autefort  (2) ,  fut  d'ad vis,  pour 
esviter  senblables  accidentz  qui  survenoit  au  pais  par 


profondes  racines  dans  la  commune.  Les  protestants  prirent  le 
château  en  1587.  Il  fut  immédiatement  repris  par  le  seigneur 
d'Hautefort,  et  l'un  des  consuls  de  Brive,  Mailhard,  le  fit  dé- 
manteler. Peu  après  les  calvinistes  occupèrent  les  ruines,  s'y 
retranchèrent,  ruinèrent  six  maisons  du  bourg  qui  n'appartenaient 
pas  à  leurs  coreligionnaires. 
La  seigneurie  était  sous  la  juridiction  de  Tévêque  de  Limoges. 

(1)  Malgré  les  rigueurs  de  M.  de  Lestang,  lieutenant-général 
au  siège  de  Brive,  le  calvinisme  s'établit  à  Argentat,  Beaulieu, 
Uzerche.  Henri  de  La  Tour,  duc  de  Bouillon,  appela  dans  le  pays 
Biron,  Coligny.  Henri  de  Navarre.  Les  troupes  d'Henri  campèrent 
à  Juillac,  Lubersac,  Saint-Bonnet-la-Rivière ,  tandis  que  Coligny 
occupait  Faye-la-Vineuse  et  Ussel.  De  là,  il  s'avança  jusqu'à 
Uzerche,  Beaulieu,  Brive,  qui  furent  saccagées.  Sous  Henri  III, 
les  catholiques  reprirent  Voutezac,  Sainte-Féréole,  Beynat,  Lissac; 
mais,  en  1587,  ils  pillèrent  Tulle  que  délivra  enfin  le  baron  de 
Montagnac. 

(2)  René  d'Hautefort,  chevalier,  seigneur   de   Teil,  vi^Qtnie  de 
Cheylone,  gentilhomme  de  la  Chambre  du  roi  (1583),  d^vv^s  SÊfi^' 
verneur  du  Puy  et  conseiller  du  roi  en  ses  conseils  d'Ê^-^      \  ptW^ 
(1614).  Il  ne  vivait  plus  en   1622.  Il  épousa  Marie  de    j       ^     tV?,^^' 
vicomtesse  de  Lestranges,  Cheylone,  Bologne  et  Saint-'\*^^^    .    ^o^ 


fils  fut  Claude  d'Hautefort,  vicomte  de  Lestranges,  gç.   ^s>.cp*^     <>  v>^ 
Puy-en-Velay,  décapité  à  Toulouse  en  septembre  16:^^:NV\      aC^    ^qV^ 
suivi  le  parti  de  Gaston  d'Orléans.  "^      vÇ)>       ^ 


(Nadaud;  Nobiliaire,  P.  P.  Leci 


X 


V 


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—  38  — 

la  forteresse  du  lieu,  d'abbatre  la  tour,  ce  qu'on  fit  en 
sappant  les  cartiers  en  les  apuyant  avec  des  pilotis  de 
boix  qu'on  brulla,  puis  après  et  ainsi  cette  masse  tomba 
sur  la  maison  de  Jacques  Roubbier,  dict  Pestoural,  qu'elle 
abbatit.  Ce  fut  environ  l'an  mille  cinq  cens  quatre 
vingt  (1). 

III 

Un  filleul  de  Vacherie,  charpentier.  —  Vœux  à  la  Vierge  et  au 
sanctuaire  de  Roc-Amadour  (1624)  pour  l'obtention  d'un  bénéfice. 

—  Stances  en  vers  français.  —  Règlement  d'affaires  particulières. 

—  Dot  de  sa  sœur.  —  Installation  des  Ursulines  de  Limoges.  — 
Vœu  de  Vacherie  de  ne  plus  se  laisser  aller  au  jeu.  —  Procès 
relatif  au  bénéfice  de  Saint- Amand,  près  Saint-Léonard  (1626).  — 
Affaires  particulières.  —  Mention  de  M.  Amarzit,  ancêtre  des 
Sahuguet. 

L'an  1624,  estant  à  Sainte-Férreole,  j'ay  mis  Pierre 
Gourssac  (il  s'est  marié  en  1631),  mon  filheul,  avec 
Guilhaume  Queyrie  de  Coulher,  et  l'aprandre  le  mestier 
de  charpentier;  et  pour  ses  fins  j'ay  donné  pour  luy 
unze  livres  15  solz. 

J'ay  envoyé  un  paire  de  landriers  chés  nous  qui 
m'ont  cousté  cinq  livres  onze  sols,  le  15  novembre  1624. 


VOTUM. 

Ego  voveo  Deiparœ  Virgini  me  profecturum  ad  œdem  Rupis 

(1)  Lorsque  les  protestants,  maîtres  de  Sainte-Féréole  (1587),  ap- 
prirent la  prise  du  château  de  Voutezac,  craignant  le  châtiment 
infligé  à  la  garnison,  effrayés  aussi  de  l'arrivée  du  seigneur  d'Au- 
tefort,  lieutenant  du  Limousin,  ils  quittèrent  le  château.  Après  leur 
départ,  Mailhard,  le  courageux  consul  de  Brive,  entra  dans  la  place 
et  fit  démolir  les  murailles  ;  «  C'était  grande  joie,  dit  un  manus- 
crit du  temps  écrit  par  un  ligueur,  de  voir  jeter  aux  vents  par  les 
soldats  catholiques  les  murs  de  la  forteresse  féodale,  ou  avaient  si 
longtemps  banqueté  les  hérétiques.  » 

Le  château  dépendait  du  domaine  de  l'évêque  de  Tulle. 

(Marvaud,  Histoire  du  Bas-Limousin,  II,  357.) 


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-  39  - 

amatoris  intra  annum  et  daturum  elemosinam  pawperihus 
quos  reperivero  in  illo  loco;  jejunare  poUiceor  proficiscendo 
et  sacrum  facere  aut  curare  fieri,  modo  perpétua  illa  mea 
patrona  me  liberaverit  a  lite,  quam  incurrere  possem  ratione 
beneficii  Sancii-Amandi;  hoc  est  effecerit  ut  nullam  amplius 
litem  habeam  de  hoc  re,  et  retuderit  inpetus  inimicorumy  ita 
ut  mihi  non  nocere  queant;  hoc  potest  tam  proepotens  regina 
prœstare  et  obtinere  a  summo  rerum  omnium  moderatore; 
hoc  ego  spero,  plurimis  in  rcbus  magni  mommenti  ejus  auxi- 
lium  expertus;  faxit  Filii  Matrisque  misericordia  ut  votorum 
compos  servare  possim  promissa.  —  Vacherie. 
Beatœ  Virgini  confidens  hœc  vovidie  10^'"  II*  i62k. 

Traduction  : 

Voeu. 

Je  fais  vœu  à  la  Mère  de  Dieu  de  partir  pour  Roc- 
Amadour  avant  un  an,  d'y  faire  Taumône  aux  pauvres 
que  je  trouverai  en  ce  lieu.  Je  promets  de  jeûner  en 
partant,  et  de  célébrer  la  messe  ou  de  la  faire  célébrer, 
pourvu  que  mon  éternelle  patronne  me  délivre  du  procès 
que  je  pourrais  avoir  au  bénéfice  de  M.  Saint-Amand, 
de  manière  à  ce  que  je  n'aie  plus  de  procès  à  ce  sujet; 
qu'elle  réduise  à  néant  les  efforts  de  mes  ennemis  pour 
qu'ils  ne  puissent  pas  me  nuire.  Cela  est  au  pouvoir 
d'une  Reine  si  puissante  qui  peut  l'obtenir  du  souverain 
maître  de  toutes  choses.  Je  l'espère,  car  dans  plusieurs 
affaires  très  importantes,  j'ai  ressenti  l'effet  de  son  se- 
cours. Fasse  la  miséricorde  du  fils  et  de  la  mère  que 
je  puisse  observer  mon  vœu  et  ne  pas  manquer  à  ma 

parole. 

Vacherie. 

Ayant  confiance  en  la  Sainte- Vierge,  j'ai  fait  ce  vœu. 

Aliud. 

deo  omnipotenti,  Deiparœ  Virgini  cœterisque  cœlestibus  men- 
tibus  quibus  ego   magis  confido,   voveo  décimas  partes  mei 


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—  40  — 

redditits  cujmcumque^  sit  sive  parti,  sive  pariendi;  acquisiti 
et  acquirendi,  quas  décimas  dabo  singulis  diebtts  vitœ  meœ 
sive  pauperibus,  sive  ecclesiiSj  sed  inagis  pauperibtis^  modo 
effecerit  Deus  ut  nullam  litem  habeam  amplius  de  jure,  ego 
polliceor^  et  evadam  incolumis,  tum  a  lite 

[nullo  damno  sublalo),  tum  ab  inpetu  hostium,  virgo  felicis- 
simay  tibi  semper  fidens  hœc  ego  vovi;  noli,  amabo,  Regina 
universi,  ut  mea  fiant  irrita  vota;  recordare  mei  servi  tui; 
et  tu  y  dulcissime  Jesu^  miserere  mei  peccatoris,  et  cum  de 
tribulatione  mea  ad  te  conclamo  a  pâtre  œterno^  tuo  m^oque 
creatorCf  peccatorum  meorum  veniam  obtine^  meque  votorum 
meorum  conficere  compotem;  cum  tua  voluerit  clementia,  hoc 
ego  habebo.  Ita  spero  ut  nullam  unquam  habiturus  sim  dubi^ 
tationem.  Amen.  —  Vacherie.  —  Hcbc  vovi  mœrore  confectvs 
ob  timorem  litis,  die  29^  januarii  anno  1625,  Cum  obtinu^ro 
postulata,  recordabor  hœc  volvendo  a  quali  me  Deus  meu^s 
liberaverit  stultitia. 

Voveo  etiam  me  ad  Divi  Leonardi  sedes  peregrinaturum, 
celebraturumj  et  daturum  9  aces  (1)  pauperibu^,  tum  décimas 
mei  redditus  quandiu  vixero  pauperibus  aut  allis  piis  operibus 
daturum  ut  supra,  si  a  catenis  meœ  litis  quibus  astringor. 
Deus  ejus  meritis  me  liberaverit.  —  Vacherie. 

Traduction  : 

Autre  voeu. 

Je  fais  vœu  de  donner  à  Dieu  tout-puissant,  à  la  Ste- 
Vierge,  mère  de  Dieu,  et  aux  autres  esprits  célestes  en 
qui  j'ai  le  plus  confiance,  la  dixième  partie  de  mon 
revenu  quel  qu'il  soit,  soit  acquis,  soit  à  acquérir,  lequel 
dixième  je  le  donnerai  chaque  jour  de  ma  vie  soit  aux 
pauvres,  soit  aux  églises,  mais  surtout  aux  pauvres, 
pourvu  que  Dieu  fasse  que  je  n'aie  plus  aucun  procès 
et  que,  j'en  fais  la  promesse,  je  sorte  indemne  soit  de 


(1)  Lire  asses. 


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—  41  — 

mon  procès,  soit  des  attaques  de  mes  ennemis.  Vierge 
bienheureuse,  j'ai  toujours  eu  confiance  en  toi,  et  je  te 
fais  ce  vœu;  ne  veuilles  pas,  je'  t'en  prie,  ô  reine  du 
monde,  que  mes  vœux  soient  sans  eflFet,  souviens-toi  de 
moi  qui  suis  ton  serviteur,  et  toi,  mon  doux  Jésus,  aie 
pitié  de  moi,  pauvre  pécheur,  et  lorsque  je  t'implore  au 
sujet  de  mes  souffrances,  obtiens-moi  du  Père  éternel, 
ton  créateur  et  le  mien,  que  mes  péchés  soient  par- 
donnés  et  mes  vœux  exaucés.  Si  ta  clémente  le  veut, 
je  serai  satisfait.  J'espère  donc  que  je  n'aurai  jamais 
à  l'avenir  aucune  anxiété.  Ainsi-soit-il.  —  Vacherie. 

J'ai  fait  ce  vœu  accablé  de  chagrins  et  rempli  de 
crainte  pour  un  procès,  le  29  janvier  1625.  Quand  j'aurai 
obtenu  ce  que  je  demande,  je  me  souviendrai,  en  repas- 
sant ce  que  je  viens  d'écrire,  de  quelle  folie  mon  Dieu 
m'a  délivré. 

Je  fais  vœu  aussi  de  faire  un  pèlerinage  à  la  chapelle 

de  saint  Léonard,  d'y  célébrer  la  messe  et  de  donner 

9         aux  pauvres,  puis  le  dixième  de  mon  revenu,  ma 

vie  durant,  aux  pauvres  ou  à  d'autres  œuvres  pies,  conune 

ci-dessus,  si  grâce  à  lui  Dieu  me  délivre  des  chaînés 

de  mon  procès. 

Vacherie. 

J'ai  été  exaucé. 


STANCES 

Hellas,  mon  doux  Jésus,  avec  quelle  allégresse 
Diray  je  a  mes  amis  la  bonté  qui  vous  faict 
Exaucer  les  miens  vœux,  et  chasser  en  effect 
Ce  que  je  redoutois  avec  tant  de  tristesse; 
Avec  conbien  d'ardeur  diray  je  vostre  nom? 
Avoir  gardé  mon  bien,  mon  honneur,  mon  renom. 

Vous  qui  de  vos  esleus  aves  la  souvenance, 
Souvenés  vous  de  moy.  Rédempteur  des  humains. 
Et  si  des  affligés  les  souspirs  et  les  mains 
Esmeuvent,  vous  priant,  l'insigne  Providence, 

T.  DC.  ^^ 


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—  42  — 

Ayès  pitié  de  moy  privé  de  tout  secours, 

Fors  de  vous,  mon  Sauveur,  à  qui  seul  j*ay  recours. 

Je  charge  vos  autels  de  plusieurs  sacrifices, 
Je  vous  fais  les  trois  vœux  et  vous  prie  en  pleurant, 
D*exaucer  la  clameur  d'un  pouvre  supliant 
Et  de  ne  le  punir  à  Tesgal  de  ses  vices  ; 
Mes  divins  advocatz  que  j'ay  choisis  aux  cieux, 
Faictes  que  au  premier  jour  j'accomplisse  mes  vœux. 
Amen. 

Le  27  juillet  1625,  j'ay  demeuré  quitte  avec  Monsieur 
Verlhac,  toute  sorte  de  contes  faictz,  pourveu  qu'il  paye 
à  Jehan  Mons,  mon  beau  frère,  deux  cens  quinse  livres 
d'un  costé  et  quatre  vingtz  livres  d'un  autre  pour  luy 
acheter  des  bœufs,  car  je  luy  ay  laissé  la  dicte  somme 
sans  en  retirer  de  promesse.  Il  m'en  doit  bailher  qui- 
tance  valable. 

J'ay  bailhé  premièrement  pour  mondit  beaufrere  ce 
que  dessus,  plus  20  livres  pour  leur  lict,  plus  cinq  1. 
à  son  tuteur,  plus  3  paires  de  manches  à  ses  sœurs, 
plus  quatorse  livres  pour  une  robe,  et  une  paire  de 
manches,  plus  9  1.  pour  ses  hardes  à  Brive,  plus  sept 
livres  que  les  bœufs  ont  cousté  plus  que  des  quatre 
vingtz.  Et  leur  restent  sept  vingtz  moins  un  franc;  je 
les  ay  bailhés  à  la  femme  de  Sevene,  si  bien  que  je 
ne  leur  doibs  rien,  grâce  a  Dieu. 

Ma  sœur  en  a  porté  six  linceulz,  six  servietes,  3  napes, 
3  ou  quatre  assietes,  un  ou  deux  platz,  un  saloir,  un 
chandelier  et  un  pourceau  valant  12  livres. 

Le  19  juillet  1625,  je  suis  party  de  Limoges  pour  aider 
à  installer  les  M.  Ursulines  à  Gaors,  ville  capitale  de 
Quercy,  ou  Mons'  de  La  Gapelle  Marival  les  fondoit. 
J'en  portay  assurance  des  consulz  et.de  Tevesque,  si 
bien  qu'elles  partirent  un  mois  après  et  s'installèrent 
audict  Cahors.  En  revenant,  je  passay  à  Sainte-Fereolle 
ou  je  mariay  ma  sœur  Jaquete .  avec  Jehan  Mons  ;  le 
contract  se  passa  le  27  juillet,  an  que  dessus,  par  Be- 


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—  40  — 

rangier.  Je  luy  constituay  quatre  cens  cinquante  livres 
content,  outre  le  lict  et  robes  et  autres  choses,  qui  monte 
à  plus  de  cinq  cens  livres.  La  charité  m'obligea  à  cella. 
Je  les  fis  expouser  le  mercredy  après  30  juilhet.  Dieu 
les  face  prospérer  par  sa  saincte  bénédiction.  Amen. 

Le  2*>  jour  de  novembre  de  Tan  1627  est  née  leur 
première  fille.  J*ay  mendé  à  Saule  de  la  porter  en  mon 
nom.  Obiit. 


PoUicear  Deo  me  non  lusurum  foliis  quin  prius  annu$ 
elabatur,  eo  quod  Detis  ludendo  offensifs  fuerit^  extra  vero 
urbem  potero  sine  peccato,  modo  cum  Demay  et  Malhard  non 
ludam,  Actum  et  pollicitum  Lemovicœ^  die  sacra  divo  Matheo 
an,  dom,  1625,  —  Vacherie. 

Traduction  : 

Je  promets  à  Dieu  de  ne  plus  jouer  aux  cartes 
avant  un  an,  parce  que  en  jouant  j'ai  oflfensé  Dieu. 
Pourtant,  je  pourrais  jouer  sans  pécher  en  dehors  de 
la  ville,  pourvu  que  ce  ne  soit  pas  avec  Demay  et 
Malhard.  Fait  et  promis  à  Limoges,  le  jour  sacré  de 
Saint-Mathieu,  Tan  de  grâce  1625. 


Le  quatriesme  octobre,  Monsieur  PoUier  de  Bourga- 
neuf,  auquel  j'avoys  résigné  mon  droict  au  bénéfice  de 
Saint-Amand,  mourut  laissant  le  procès  indécis  et  évo- 
qué au  ptivé  Conseil,  ce  qui  faict  que  je  suis  hors  de 
peyne  pour  ce  costé,  veu  que,  le  confident  estant  aussy 
mort,  le  père  recteur  des  Jésuistes  en  a  faict  la  nomi- 
nation à  un  tiers,  et  par  ce  moyen  le  procès  demeure 
mort,  les  parties  estant  mortes.  J*ay  la  promesse  dudicl 
PoUier  du  garde  d'omage.  (Est  entre  les  mains  de  M^^ot 
Pinot,  recteur.)  Je  rends  grâces  à  N.-S.  pour  ma  ^  ., 
vrance,  veu  que  je  pouvois  encourre  quelque  dotv^^* 


mais  mon  Sauveur  m'a  esté  sauveur,  et  plust  J^    ^^??' 

que  le  pouvre  P(  "'      "  ^ 

par  autre  moien. 


que  le  pouvre  PoUier  fut  en  vie,  et  qu'U  m'eut    ^  ^^^^"^ 


^ 


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—  44  — 

Du  depuis,  j'ay  encore  donné  le  droict  qui  me  p'ou- 
voit  estre  escheu  à  Ghanbon,  le  luy  ayant  resigné  en 
cour  de  Rome;  il  m*a  bailhé  un  garde  d'omage  qui  est 
entre  les  mains  du  père  Bonneventure,  recollet,  résident 
a  présent  à  Tulle  (1). 

Ledict  Ghanbon  m*a  promis  d'avoir  mes  letres  de  prê- 
trise. Je  luy  ay  faict  ceste  faveur  tant  pour  ne  vouloir 
plaider  une  chose  trop  incertaine  que  pour  obliger  la 
lieutenente  et  ses  fauteurs,  chès  lesquels  il  demeure,  à 
ne  me  nuire.  Dieu  me  garantisse  de  mal,  et  le  puisse  je 
toujour  servir  sellon  la  sainte  volonté.  Amen. 

En  Pan  1626. 

J'ay  bailhé  à  mon  beau  frère  de  Mons  12  brebis  à 
chaptal  montant  douse  livres  six  qui  estoit  de  nostre 
creu,  et  six  acheptées.  Monsieur  de  Velhac  me  garda 
une  obligation  de  Denis  Amarzit  qui  me  doibt  deux 
cens  moins  dix  livres;  il  m'a  aussy  la  quitance  de  sou- 
tien pour  la  somme  de  deux  cent  quinse  livres  payés 
en  déduction  du  mariage  de  ma  sœur,  comme  aussy  le 
chaptal  de  mes  brebis. 

IV 

Tremblement  de  terre  en  Espagne.  —  Intempéries;  pluies  fré- 
quentes suivies  de  chaleurs  excessives  durant  l'année  1626.  ~ 
Miracles  de  saint  Martial  de  Limoges.  —  Mort  de  Tévêque  de 
Limoges  (1627).  —  Vacherie  acquiert  la  vicairie  de  La  Joanie.  — 
Legs  d'une  lampe  à  l'église  de  Sainte-Féréole.  —  Prise  de  La 
Rochelle  (1628).  —  Famines  de  1626  à  1628.  —  Mauvaises  récoltes. 

Le  jour  de  Saint-Fabien  et  Saint-Sebastien,  survint 
environ  la  minuict  une  telle  ravine  d*eaux  et  desbor- 
dement  de  mer  qu*il  se  noya  deux  fameuses  villes  d'Hes- 
pagiie,  scavoir  Seville  et  Salamanque  (2)  ;  Teau  y  monta 

(1)  En  marge  : 

Je  l'ay  dans  mon  coffre,  car  le  père  estant  mort  on  me  l*g^         4vv. 

(2)  On  lit  an  Dictionnaire  géographique  de  l'Espagne,  v^     ^^  ^- 
cual  Madoz,  t.  XIV,  Madrid,  1849.  in-4*,  p.  428,  col.  1,  art.  ^^^  \^* 


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—  45  — 

sur  les  plus  autz  clochers.  Haetenus  res  inaudita  et  eo 
miralnlior,  car  presque  tous  les  habitans  furent  attrapés, 
et  ce  fut  par  le  desbordement  d'un  fleuve  apellé  en  leur 
lengue  Guadalcadir,  et  par  les  anciens,  Bilbilis.  Martial, 
grand  poète,  en  parlant,  dict  : 

Nostrum  videbia  Bilbilim 
Armis  et  equis  nobilem.  (t) 

J*ay  faict  fere  la  muraille  de  nostre  jardin  à  Sainte- 
Fereolle,  qui  n'en  avoit  poinct.  et  m'a  cousté  10  escus. 
Geste  mesme  année  1626,  la  fréquente  gresle  a  tellement 
assommé  les  moissons,  que  la  troisiesme  partie  de  la 
France  en  a  esté  portée,  et  Dieu,  justement  irrité  contre 
les  péchés  de  son  peuple,  a  tellement  changé  les  saisons 
que  depuis  le  mois  de  mars  jusques  au  vingt  et  quas- 


a  A  ultimos  de  1595  sufrio  una  grande  avenida  del  Guadalquivir 
que  hizo  mucho  dano;  y  otra  que  en  1626  dure  40  dias,  arruino 
3,000  casas,  con  muerte  de  innumerables  gentes  y  ganados.  » 

Au  môme  ouvrage,  t.  XIII,  p.  667,  col.  2,  on  lit  à  l'article  Sala- 

MAHQUB  : 

«  Il  ano  1626  fue  muy  funesto  para  Salamanca;  pues  se  dice  que 
Saliendro  demadre  el  rio  Tormes  derribo  500  casas  y  12  yglezias.  » 

(1)  M.  V.  Martialis.  Épigrammaton  libriÇEd,  Leubner,  186,  p.  22). 

Liv.  I,  épigr.  49.  Vir  celtiberis  non  tacende  gentibus  nostrœque 
laus  Hispaniœ,  videbis  altam,  Liciniane,  Bilbilion,  Equis  et 
armis  nobilem.  Les  tremblements  de  terre  paraissent  avoir  été 
fréquents  à  cette  époque.  Dans  une  note  marginale  et  manuscrite 
de  l'Histoire  généalogique  de  Bretagne,  par  du  Paz,  conservée  à 
la  Bibl.  nat.  de  Paris  (!'•  partie,  p.  174),  on  lit  : 

«  Le  mardy,  dernier  jour  d'avril  l'an  1619,  un  peu  avant  neuf 
heures  du  soir,  la  saison  estant  pluvieuse,  et  ceste  journée  la 
fort  nubileuse,  sans  avoir  esté  esclairée  des  rayons  et  lumière  du 
soleil,  fut  ouy  subitement  en  ceste  ville,  fauxbourgs  et  environs 
de  Rennes,  et  trois  ou  quatre  lieues  à  la  ronde,  selon  ce  qu'il  est 
venu  à  ma  connoissance,  un  bruit  sombre  comme  de  chariots,  cha- 
rettes  et  carrosses,  avec  un  vent  aussi  sombre,  et  subitement 
après  fut  fait  un  tremble  terre  assez  espouventable  et  effroyable.  » 

Les  23  et  26  janvier  1579,  un  tremblement  de  terre  se  produisit 
en  Limousin  à  6  heures  du  matin,  sans  avoir  été  précédé  de  coups 
de  vent  ou  de  tonnerre.  Les  chroniques  de  Grandmont  en  rappor- 
tent un  autre  arrivé  à  Grandmont,  le  jour  de  saint  Laurent,  le 
10  août,  qui  dura  une  heure  et  causa  tant  de  frayeur  à  ceux  qui 
assistaient  à  la  grande  messe,  qu'ils  se  mirent  en  fuite,  croyant 
être  en  danger  de  mort.  P.  B. 


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—  46  — 

trieme  juillet,  il  ne  c'est  passé  jour  qu'il  n'est  pieu, 
excepté  au  mois  de  may,  sur  la  fin,  trois  ou  quatre, 
et  ce  avec  une  telle  violence  que  nuict  ny  jour  on  ne 
pouvait  sortir  des  maisons;  mais  particullierement  le 
mois  de  juin  et  juillet,  si  bien  que  les  espies  du  bled 
coupé  estoit  presque  tous  germes,  et  ceux  qui  n'estoit 
pas  coupés,  une  partie  germes  et  l'autre  j)ourrie  par  la 
trop  fréquente  pluie.  Et  pour  appaiser  Tire  de  Dieu, 
on  a  imposé  des  jeusnes  au  peuple  faict  tous  les  jours 
processions  et  particuUieres  et  généralles,  ou  Ton  a  porté 
les  reliques  de  nostre  grand  apostre  saint  Martial,  par 
l'intercession  duquel  tout  aussy  tost  on  a  veu  resse- 
rener  l'air,  desloger  la  pluie,  et  les  chaleurs  accoustu- 
mées  revenir.  '  Ce  miracle  est  attribué  au  grand  saint 
Martial  par  la  voix  de  tous,  et  je  le  signeroy  de  mon 
sang  tant  il  est  véritable;  aussy  Dieu  est  admirable  en 
ses  sainctz,  dict  la  Sainte-Escriture;  à  jamaiz  soit  il  bénit. 
Aujour  d'huy  29  juillet,  nous  jouissons  d'un  désijré  beau 
temps,  «i  bien  que  on  recueille  le  reste  des  bleds  aus- 
quels  on  n'esperoit  rien  plus,  on  fauche  les  prés  et 
laboure  t'on  les  terres.  Dieu  nous  face  miséricorde,  à 
Limoges,  ce  29  juillet  1626.  — Vacherie. 

Après  la  suitte  de  ceste  grande  pluie,  il  a  faict  de 
grandes  chaleurs  3  mois  consequtifs,  ce  qui  a  gasté  les 
chastaignes,  mais  en  revenche  on  a  apresté  les  terres 
pour  de  bonnes  semailles;  les  maladies  pourtant  ont  bien 
vaqué  à  cause  de  deux  principes  de  corruption,  le  trop 
grand  chaut  et  le  trop  humide. 

En  l'an  1627. 

Le  XIP  jour  de  janvier  de  l'an  1627  deceda  Mon- 
seigneur Raymond  de  la  Martonie,  evesque  de  Limoges, 
mon  très  honoré  prélat  (1). 

(1)  Il  fut  enseveli  dans  Téglise  de  Saint-Ëtienne,  devant  le  grand- 
autel,  auprès  de  son  oncle  qui  l'avait  précédé  en  Tévéché.  î^ous 
lisons,  en  effet,  dans  VHistoire  de  saint  Martial,  que  HetxxV  ^^ 
Lamartonie,  évoque  de  Limoges,  ayant  occupé  le  siège  p^  ^^t^t 


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—  47  — 

J*ay  ce  jourd'huy,  14  mars,  obtenu  un  visa  pour 
Mons'  Gourssac  touchant  la  vicairie  de  La  Joannie,  et 
ce  sur  une  signature  de  Rome,  car  ayant  jouy  Pes- 
pace  de  10  ou  12  ans  de  ladicte  vicairie,  sans  aultre 
tiltre  que  de  la  collation  du  patron,  elle  vaquoit,  et  jus 
erat  resolutwm  ad  summum  pontificum,  pour  ne  sestre 
pourveu  dans  quatre  mois  après  la  nomination  devant 
Tevesque;  car  si  dans  quatre  mois  après  on  n'a  le 
tiltre  de  Tevesque,  telles  pièces  vaquent,  et  si  Ton  veut 
estre  assuré,  il  faut  en  avoir  une  signature  et  puis  un 
visa,  veu  que  pour  lors  le  droict  s'en  va  au  pape,  c'est- 
à-dire  quand  on  passe  quatre  mois  sans  s'en  faire  pour- 
veoir  à  l'esvéque.  —  Vacherie. 

Si  je  decedoys  sans  fere  testament,  je  donne,  pour 
entretenir  une  lampe  devant  lé  saint  et  adorable  sacre- 
ment, la  somme  de  soixante  livres  une  fois  paies,  et  ce 
dans  Tesglise  parrochiale  de  Sainte  FereoUe. 

Le  vingt  huitiesme  octobre  1628  a  esté  prinse  La  Ro- 
chelle (1),  asile  des  malheureux  huguenotz,  par  nostre 


trente-et-un  ans,  tomba  malade  et  mourut  le  10  octobre  1618.  Son 
corps,  après  avoir  passé  par  les  faubourgs  Manigne  et  Boucherie, 
accompagné  des  paroisses  et  des  religieux  mendiants,  fut  porté 
dans  Téglise  cathédrale  de  Saint-Étienne,.  et  y  fut  enseveli.  Ray- 
mond de  Lamartonie,  son  neveu,  qui  était  évoque  de  Calcédoine  et 
coadjuteur  de  son  oncle  depuis  l'année  1515,  fut  son  successeur  et 
assista  aux  honneurs  funèbres. 

(1)  Le  siège  de  La  Rochelle  avait  commencé  dès  Tannée  1627. 
Les  insultes  des  Rochellois  envers  le  roi,  les  secours  en  armes, 
en  vivres,  et  les  gens  qu'ils  envoyaient  aux  autres  huguenots  de 
France,  firent  résoudre  Louis  XIII,  sur  les  conseils  du  cardinal 
de  Richelieu,  à  assiéger  cette  viUe  et  à  mettre  fin  à  ces  rébellions. 
Il  la  bloqua  par  mer  et  par  terre,  ce  qui  occasionna  une  très 
grande  dépense.  Les  Anglais  vinrent  deux  fois  à  La  Rochelle 
pour  la  secourir  et  faire  lever  le  siège  :  une  première  fois,  au 
mois  de  mai,  sous  la  conduite  du  comte  d'Emby,  qui  ne  fit  que 
se  montrer,  et  disparut  comme  un  rêve  sans  avoir  fait  aucun 
exploit;  une  seconde  fois  sous  les  ordres  de  l'amiral  Boukingham 
qui,  pensant  efiPacer  la  honte  de  la  première  flotte,  en  dressa  une 


Y 
s, 


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—  48  — 

très  courageux,  magnanime  et  digne  Roy  Louis  13,  après 
avoir  esté  assiégée  par  luy  l'espace  de  quinse  mois,  si 
estroictemcnl  par  mer  et  par  terre  qu'il  n'i  a  de  tout  ce 
temps  entré  aucuns  vivres,  bien  qu'une  floute  des  Anglois 
de  200  voilles  ait  faict  plusieurs  fois  son  effort  :  c'est 
un  escheq  si  grand  pour  l'heresie,  et  un  advantage  si 
favorable  pour  nous,  qu'il  en  faut  bénir  éternellement 
nostre  bon  Dieu,  tuteur  et  conducteur  des  armes  de 
nostre  Roy;  leur  rage  a  tenu  jusqu'au  dernier  souspir, 
et  la  disette  et  famine  y  a  esté  si  grande  que  la  teste 
d'un  cheval  y  a  vallu  trante  escus,  un  mois  ou  deux 
devant  que  se  rendre.  Benedictus  dominus  Deus  Israël  quia 
visitant  et  fecit  redemptionem  plebi  stiœ  (1). 

Depuis  l'an  1626  jusques  en  Tan  1629,  les  saisons  ont 
tellement  enjambé  l'une  sur  l'autre  que  l'hyver  a  esté 
presque  en  esté  et  l'esté  en  hyver,  le  bled  a  esté  gran- 
dement cher,  et  l'an  1628  les  pauvres  ont  grandement 
souffert;  durant  trois  années  conséqutives,  il  n'y  a  heu 
de  chastaignes  à  cause  que  le  germe  ne  naissoit  qu'au 


autre  de  140  voitos,  ou  étaient  Soubise,  Laval  et  d'autres  Fran- 
çais rebelles  qu'il  voulait  conduire.  Mais  un  certain  Feltan,  noble 
Écossais,  l'ayant  tué  dans  son  propre  lit;  un  autre  chef  prit  sa 
place  et  vint  en  octobre.  La  flotte  combattit  deux  fois  avec  les 
vaisseaux  du  roi,  et  deux  fois  vaincue  en  porta  les  nouvelles  en 
Angleterre.  Les  misérables  Rochellois,  se  voyant  sans  secours  et 
réduits  à  la  famine,  qui  avait  déjà  moissonné  13  ou  14,000  habi- 
tants, implorèrent  la  clémence  du  roi,  qu'ils  avaient  méprisé,  et 
se  mirent  à  sa  discrétion.  Louis  XIII  reçut  leur  soumission  le 
29  octobre  et  entra  triomphant  dans  La  Rochelle  le  jour  de  Tous- 
saint ;  il  fit  chanter  un  Te  Deum  à  l'église  Sainte-Marguerite,  où 
il  s'était  rendu  directement,  et  fit  faire  le  lendemain  une  proces- 
sion solennelle.  Il  fit  démolir  les  murailles  de  La  Rochelle,  la 
priva  de  ses  privilèges,  ôta  les  armes  aux  habitants  et  les  soumit 
à  la  taille.  On  fit  à  Limoges,  sur  la  grand'place  des  Bancs,  le  12 
novembre,  un  feu  de  joie  pour  fêter  la  conquête  de  La  Rochelle. 
(1)  Vacherie  ne  parait  pas  avoir  eu  connaissance  d'un  n\QUve' 
ment  protestant  qui  agita  le  Limousin  en  1628;  Beaulieu,  t^^rM^» 
chassa  les  religieux  de  son  abbaye. 


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—  4»- 

mois  de  septembre,  et  outre  ce  une  flevre  pestilentielle 
a  ravagé  tout  le  Limousin  et  la  peste  a  ruiné  plusieurs 
villes  :  dans  Lion  il  est  mort  quatre  vingt  mille;  Gaors 
a  esté  tout  quitté,  Bourges  aussy,*  Bourdeaux,  Tolose 
aussi,  et  plusieurs  lieux  de  la  campaigne.  L'an  1630  et 
1631  ont  esté  pires.  Miserere  mei^  Deus,  secundum^  magnam 
misericordiam  tuam. 


Envoi  d'une  lampe  à  Sainte-Féréole  (1629).  —  Réparation  de  la 
maison  qu'il  avait  en  cette  bourgade  (1630).  —  Peste,  famine, 
lourdeur  des  impôts. 

1629. 

Le  18  février,  revenant  de  Cahors  ou  il  a  visité 
Tevêque,  Vacherie  arrive  à  Sainte-FéreoUe  et  y  règle 
son  procès  avec  Bezangier,  curé  de  Vanarsal  (1). 

»  Le  20  dudict  février  an  1629,  j'ay  envoie  une  lampe 
de  cuivre  à  Tesglise  de  Saincte-FéréoUe,  elle  m'a  cousté 
sept  livres;  mon  nom  y  est  gravé.  J'ay  aussy  loué  ma 
maison  pour  un  an  à  M'  Yerlhac  de  Ceron  moiennant 
la  somjne  de  neuf  livres;  je  l'ay  faicte  paver  et  donné 
charge  de  la  hlanchir.  » 

Mons'  Âmarzit,  advocat,  me  doit  une  pistole  et  un  pis- 
tolet d'or  (2)  montant  à  onse  livres  sept  solz.  M'  Goiirssac 
en  a  la  cedule. 


(1)  Venarsal,  bourg  sur  une  colline  boisée»  dans  le  canton  de 
Donzenac. 

(2)  Pistolet  ou  pistole  est  le  nom  d'une  monnaie  d'Espagne  ou 
dltalie  d'une  valeur  intrinsèque  de  10  1.;  vers  1628,  cette  monnaie 
courait  en  France  pour  14  livres. 

Dictionnaire  de  Lacurne  de  Sainte-Palaye,  P.  P.  Favre  et  Pajot 
(VIII,  318,  col.  1)  :  Pistolet,  demi-pistole  :  Changer  des  escus  au 
soleil  contre  des  escus  pistoletz.  —  Vos  escus  au  soleil  ne  vous 
vaudraient  ici,  non  plus  que  des  pistolets.  (Desperiers,  Conteê,  164.) 

Nous  voyons  aujourd'hui  en  la  France  plus  de  doublons  qu'il  n'y 
avoit,  il  y  a  cinquante  ans,  de  petits  pistolets,  (Brantôme,  cap 
fr.  III,  p.  201.)  Depuis  encore  on  appelle  les  escus  d'Espagne  pU^ 


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—  50  — 

1630. 

L'an  mil  six  cent  trante,  la  famine  a  esté  générale 
en  France,  et  la  peste  presque  partout;  les  tailles  trop 
fréquentes  ont  miné  le  peuple,  et  la  guerre  dltalie  entre 
le  roy  Louis  13,  l'Empereur,  l'Espagnol  et  le  Savoyard 
ont  espuisé  toute  la  monoie  de  France;  aujourd'huy,  12 
novembre,  le  bled  se  vend  6  livres  et  10  solz  à  Limoges, 
ou  la  contagion  comence  à  ravager,  après  avoir  ruiné 
Tholose,  Lion,  Bourdeaux,  Gaors,  Rouen  et  presque  toute 
la  France.  Et  après  l'an  1631,  tout  le  plat  pais  du  Li- 
mousin a  esté  presque  perdu  (1). 

Seigneur,  qui  avés  créé  le  ciel  et  la  terre,  c'est  vous 
mon  Dieu,  cher  amour  de  mon  ame,  que  nous  avons 
offencé  et  contrainct  de  nous  punir  de  la  sorte.  0  Mon- 
seigneur, parmy  les  excès  de  vos  plus  sévères  justices, 
vous  n'obliés  pas  vos  miséricordes.  Souvenès  vous  donc 
de  l'affliction  de  vostre  peuple.  L'ouvrage  de  vos  mains, 
qui  accablé  soubz  le  faictz  de  vos  très  justes  rigueurs, 
vous  crie  mille  pardons.  Il  est  vray  que  eux  et  moy 
plus  malheureusement  vous  avons,  o  mon  tout,  trop 
oflfencé.  Et  nos  ingratitudes  vous  ont  mis  les  verges  aux 
mains;  mais,  cher  amour,  miséricorde;  je  vous  crie  mi- 
séricorde et  vous  faictz,  le  regret  au  cœur,  amande  ho- 
norable, protestant  devant  le  ciel  et  la  terre,  les  anges 
et  les  honunes  que  j'ay  tort.  Et  pour  cest  eflfect  vous 
en  faictz  encore  un  coup  amende  honorable  en  vous 
suppliant  de  me  pardonner  et  à  vostre  t)euple  afflegé  (2). 
—  Vachbrib. 


tolets,  pour  ce  qu'ils  sont  plus  petits  que  les  autres,  et  comme 
dit  Henry  Estienne,  quelque  temps  viendra  qu'on  appellera  les 
petits  hommes  pistolets  et  les  petites  femmes  pistolettes.  (Des 
Accords,  Bigarrures,  p.  89.) 

(1)  Il  est  mort  à  Limoges,  dans  un  an,  24,000  personnes. 

(2)  Les  années  qui  suivirent  la  Fronde  (1648),  disent  ^^  ^e 
MM.  Bordier  et  Charton  {Histoire  de  France,  II,  242),  ^  ^  ^ 
bien  autrement  terribles,  et  l'histoire  n'aura  jamais  assez  d^^^d*^ 


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—  51  —     . -?^^ 
VI 

Achat  du  greffe  de  rofficialité  de  Brive  (1629).  —  Peste  en  Li- 
mousin (1630).  —  Famine;  disparition  de  l'argent  —  Mention  d'un 
Amarzit,  ancêtre  des  Sahuguet.  —  Testament  de  Vacherie  (1631). 
Famine  (1631);  peste.  —  Les  Ursulines  de  Limoges  se  retirent  à 
Eymou tiers.  —  Échange  et  obtention  de  bénéfices.  —  Gelée;  di« 
sette  de  ch&taignes  (1631).  —  Peste  en  Limousin. 

L'an  1630. 

Le  16  décembre  1629,  j'achetay  le  greffe  de  l'officialité 

lédictions  contre  cette  noblesse  élégante»  spirituelle  et  perverse 
qui,  pour  détourner  au  profit  de  ses  intérêts  égoïstes  un  mouve- 
ment inspiré  d'abord  par  la  compassion  pour  les  pauvres,  avait 
ravivé  et  aurait  volontiers  prolongé  une  situation  dont  voici  quel- 
ques tableaux.  —  Ce  sont  de  charitables  prêtres,  envoyés  de  Paris 
avec  quelques  secours  en  vivres  et  en  argent,  rassemblés  par  le 
zèle  de  saint  Yincent-de-Paul  pour  soulager  les  habitants  de  la 
Picardie,  de  la  Champagne,  de  la  Lorraine,  et  même  des  environs 
de  la  capitale,  qui  dans  leurs  rapports  s'expriment  ainsi  : 

«  Hiver  de  1650  à  1651.  Guise,  Laon,  La  Fère,  Yervins  et  autres 
lieux.  En  quatre  mois,  il  est  mort  plus  de  quatre  mille  pauvres, 
faute  d'assistance.  C'est  pitié  de  voir  les  malades,  les  uns  couverts 
de  gale,  les  autres  tachetés  de  pourpre  ou  couverts  d'apostèmes. 
La  cause  de  ces  maux  est  leur  mauvaise  nourriture,  n'ayant  mangé 
toute  l'année  que  des  racines  d'herbe  et  de  méchants  fruits,  et  du 
pain  de  son  tel  que  les  chiens  à  peine  le  pourraient  manger.  — 
Reims,  Rethel,  Sainte-Menehould,  Chftlons.  En  arrivant  de  Paris 
dès  le  premier  jour  de  nos  visites,  il  n'y  a  point  de  langue  qui 
puisse  dire,  point  de  plume  qui  puisse  exprimer,  point  d'oreille 
qui  puisse  entendre  ce  que  nous  avons  vu.  —  Picardie.  La  misère 
est  telle  qu'ayant  déjà  mangé  le  peu  de  grains  qu'ils  avaient  pu 
ramasser  çà  et  là,  ils  se  jettent  sur  les  chiens  et  les  chevaux 
après  que  les  loups  y  ont  fait  leur  carnage...  Dans  le  village  de 
Héry,  près  de  Guise,  une  personne  déterra  un  chien  après  trois 
jours  pour  en  assouvir  sa  faim.  La  petite  noblesse  a  aussi  besoin 
de  secours,  n'ayant  pas  moins  souffert  que  les  autres,  et  se  voyant 
sans  pain,  sans  argent,  sans  couverture  et  réduite  sur  la  paille, 
elle  souffre  encore  la  honte  de  n'oser  mendier  de  porte  en  porte, 
et  d'ailleurs  à  qui  pourrait-elle  demander  puisque  la  guerre  a  mis 
l'égalité  partout,  l'égalité  de  la  misère  t..  —  En  Champagne  le  se- 
cours de  1,000  livres  a  été  une  goutte  d'eau  dans  un  océan  de 
misères...  Il  y  a  quarante  lieues  de  pays  à  l'abandon.  Dans  la 


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•.    —  52  — 

du  Bas-Limousin  estably  à  Brive,  et  en  donnay  à  Mon- 
seigneur François  de  la  Fayette  (1)  cent  pistoUes  à  7  fr.  18 
la  piesse.  Le  premier  jour  de  janvier,  en  1630,  M'  de 
Yerlhac  me  l'afferma  à  M'  Rignac  pour  un  an,  à  soixante 


Thierrache,  la  plupart  des  habitants  sont  morts  de  faim;  les  plus 
aisés,  depuis  deux  mois  en  sont  réduits  à  du  pain  de  son  d'orge; 
la  nourriture  des  autres  consiste  en  lézards,  grenouilles  et  herbes 
des  champs.  —  Bazoches,  Fismes,  Laon.  A  tant  de  misères  se  joi- 
gnent les  archers  du  sel,  qui  prennent  aux  pauvres  jusqu'à  leurs 
chemises  et  leurs  pots  de  terre.  Est-ce  pas  chose  étonnante  que 
Ton  contraigne  à  prendre  du  sel  ceux  qui  n'ont  pas  un  morceau 
de  pain  ?  Car  à  présent  ils  ne  mangent  que  des  grenouilles  et  des 
limaçons,  ce  qui  les  fait  devenir  enflés,  si  faibles  et  débiles  qu'ils 
ne  peuvent  travailler,  pas  môme  marcher...  Il  est  à  craindre  qu'ils 
ne  déterrent  les  corps  morts. 

«  165M652.  Champagne,  Picardie.  La  famine  est  teUe  que  nous  | 

voyons  les  pauvres  mourir,  mangeant  la  terre,  broutant  l'herbe,  j 

arrachant  l'écorce  des  arbres,  déchirant  les  méchants  haillons  dont  I 

ils  sont  couverts  pour  les  avaler.  Ce  que  nous  n'oserions  dire  si  ; 

nous  ne  l'avions  vu  et  qui  fait  horreur,  ils  se  mangent  les  mains  | 

et  les  bras,  et  meurent  dans  ce  désespoir.  Il  ne  se  passe  point 
de  jour  qu'il  ne  meure  plus  de  deux  cents  personnes  de  faim  dans 
les  deux  provinces.  La  Lorraine  est  dans  un   état  pire  que  la  ' 

Picardie  et  la  Champagne.  —  Environs   de   Paris   (été  de  1652),  ^ 

Chartres  et  Beauce.  Les  villages  sont  déserts;  les  habitants,  ré-  \ 

«fugiés  dans  les  bois,  y  meurent  de  faim.  ^  Ëtampes.  Cette  ville  ' 

est  entourée  de  corps'  morts.  —  Corbeil.  Malades  ensevelis  dans  i 

le  fumier,  d'autres  mourant  sur  des  cloaques  où  leurs  mains  les 
conduisoient.  —  Lagny  de  môme.  L'inhumanité  des  armées  enne- 
mies a  été  à  tel  point,  que  nous  avons  appris  qu'au  village  de 
Tally  un  enfant  fut  jeté  tout  vif  dans  un  feu  ardent,  et  qu'un  mari 
et  une  femme  furent  tellement  fouettés  avec  des  épines  qu'ils  sont 
morts  par  ce  supplice  ;  qu'au  village  de  Daumat,  un  pauvre  mar- 
guillier  fut  mutilé  en  tous  ses  membres,  eut  le  ventre  ouvert,  et 
ses  entrailles  lui  furent  mises  entre  les  mains,  pour  l'obliger  à 
déclarer  où  étaient  les  ornements  des  églises;  nous  ne  parlons 
pas  des  violences  des  femmes.  —  Ailleurs.  Les  uns  ont  été  vus 
enfouis  la  nuit  dans  des  fumiers,  comme  des  hôtes,  et  s'exposant 
le  jour  au  soleil  pour  en  recevoir  la  chaleur,  déjà  tout  remplis 
et  pénétrés  de  vers,  et  morts  auparavant  que  de  mourir;  l'on  en 
a  amené  cinquante  à  l'Hôtel-Dieu  (de  Paris)  qui  à  peine  ont  pu 
survivre  deux  ou  trois  jours;  ils  étaient  tellement  infectés  que  les 
bateliers  ne  s'en  voulurent  charger  qu'après  de  très  pressantes 
prières  des  prôtres  de  Saint-Nicolas-du-Chardonnet,  qui  leur  ten- 
daient leur  assistance  charitable.  » 

(1)  fivôque  de  Limoges  de  1626  à  1676. 


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—  53  — 

cinq  livres,  de  quoy  j*ay  receu  par  advanse  de  la  pré- 
sente année  soixante  livres;  il  me  reste  cinq  livres... 
{Suivent  deux  noteA  sur  la  ferme  du  bien  de  son  /illml  et 

^   la  location  de  sa  maison.) 

Le  troisième  jour  de  mars   1630  est  decedé  M'  Jean 
Quay bonnet  (1),  curé  de  Saint-Yrieys  [2),  près   de  Val- 

.  lieres»  et  le  septiesme^  Monseigneur  de  Limoges  m'a  con- 
féré ledict  bénéfice  de  Saint-Yrieys.  Et  parce  que  je 
craignais  quelque  conteste  à  cause  de  la  mort  ignorée 
dudict  Quaybonnet,  M^  de  Limoges  a  faict  arresler  à 
son  secretere  une  datte  du  16  mars  en  faveur  de  M^  Col- 
leté, son  ausmonier,  et  ce  à  ma  requeste,  affin  que  si 
j'estoy  chicané  pour  la  mort  inférieure  à  la  collation, 
je  sois  deffendu  par  la  2*  du  16.  J'eu  ai  pris  possession 
le  11  mars.  —  (Il  s'arrange  au  sujet  des  revenus  de  cette 
paroisse  avec  un  prêtre  de  la  Rochette  et  du  Praredon; 
en  loue  la  métairie  90  1.  Suit  un  vœu  rédigé  en  latin; 
il  promet  ^  me  daturum  lampadem,  picturum  labârnaculum, 
usui  ecçlesiw  Sancti-Àredii  (Saint-Yrieix)  »  si  ce  nouveau 
bénéfice  ne  lui  attire  aucun  procès;  il  ira  en  pèlerinage 
à  Rocamadour.  En  outre,  si  la  peste  s'éloigne  du  pays, 
il  montera  les  degrés  du  sanctuaire,  une  corde  au  cou).  — 
Sudrie,  de  Brive,  me  faicl  assigner  sur  requeste  à  Bour- 
deaux  pour  le  greffe,  y  prétendant  quelque  droici.  M'  Mai- 
llard, sacristain  et  chanoine,  a  pris  nos  causes  pour  nous 
accorder...  Ce  jour  d'huy,  17  a  ou  si  1630,  j'ay  apris  que 
le  présidial  de  Brive  est  fermé,  craignant  la  contagion  (3) 


(t)  Vacherie,  cura  de  Saint-Yrieix. 

(2)  Saint-Yrioix -la- Montagne,  canton  de  Felletin  (Creuse), 

(3)  En  I5t>3,  Limoges  avait  eu  à  supporter  la  peste  et  une  grande 
disette.  Les  chanoines  de  Saint-Étiennc  s'étaient  retiras  de  la  villa 
en  n'y  laissant  que  treize  locataires  et  trois  ciioristos  poar  fair^ 
le  divin  service  en  leur  église.  En  I5ât,  Bouthiu,  marchand  4« 
Limoges,  venant  de  Lyon,  y  prit  la  peate  et  la  porta  à  Liniog^*. 
En  IÔ85,  les  habitants  de  Limoges  revinrent  dos  champs,  'jUc^iç-,  * 
la  peste  fut  encore  en  quelques  endroits  de  la  ville  et  au  fauVjç.  ^^ 
des  Arènes,  En  IsSB,  le  Limousin  et  les  pays  circoavûiaiûs  tvi^Vo 


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—  54  — 

qui  ravage  Allassac  (1)  et  Pandon,  Agac,  Aien  (2)  et  lieux 
circonvoisins.  Fiat  misericordia  tua^  Domine^  sv^er  nos  y 
quoniam  speravimm  in  te.  Le  bled  ce  vend  atijour  d'huy 
cinq  livres  après  quatre  ans  tous  entiers  de  famine,  sans 
comprendre  ceste  année.  La  guerre  que  le  Roy  faict  en 
Italie  a  espuisé  la  France  de  monoie,  si  bien  qu'on  n'en 
trouve  point  du  tout. 

Gilbert  Amarzit  a  resigné  la  vicairie  de  Chaumond  ad 
missarum  commissionem  in  parochiali  ecclesia  Sancti-Martini 
de  Sainte-Ferreolla  a  Pierre  Amarzit,  dict  premiers  prestre... 

Le  jour  de  tous  les  Sainctz,  en  1630,  j'ay  envoie  à 
Sainte-Fereolle,  par  Bernaudet  de  la  BouUie,  à  cause  de 
la  contagion,  2  cofres  ou  sont  mes  livres  les  meilleurs, 
et  quelques  bardes. 

J'ai  faict  un  testament  solennel  au  mois  de  février 
ou  environ  (1631),  et  l'ay  laissé  entre  les  mains  de 
Mons'  Moulinard,  notaire  royal  à  la  rue  de  la  Manigne, 
à  Limoges.  (Je  l'ai  retiré  et  il  est  dans  mon  coflfre  :  je 
l'ay  bruUé.) 

L'an  1631. 

Au  mois  de  mars,  le  bled  a  vallu  à  Limoges  huict 
livres  et  demy  le  sestier,  et  la  famine  a  esté  extrême 
par  toute  la  France;  on  dict  qu'à  Bourdeaux,  c'est  mangé 
de  la  cber  humaine;  l'emine  de  chastaignes,  25  solz;  le 
bled  noir  9  1.  et  10  s.;  le  froment  12  livres  le  sestier  à 
Limoges. 

J'ay  esté  le  jour  des  Rameaux  à  Saint- Yrieix,  et  j'ay 
prêché  et  faict  le  mardy  la  Passion... 

Le  23  avril,  j'ay  pris  possession  de  la  vicairie  de  Peu- 
chagier;  M'  Gourssac  a  les  tiltres;  et  estant  retourné  de 

affligés  de  la  famine  et  de  la  peste.  Les  consuls  logèrent  les  pes- 
tiférés au-delà  de  la  Vienne,  du  côté  du  pont  Saint-Martial.  Les 
ponts  étaient  gardés  pour  que  les  soldats  n'entrassent  pas  dans  la 
ville. 

(1)  Aujourd'hui  commune,  canton  de  Donzenac  (Gorrèze). 

(2)  Aujourd'hui  cheMieu  de  canton,  arrondissement  de  Brive. 


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A 


—  55  — 

Sainte-Fereolle  à  Limoges  le  26,  je  trouvay  toute  la  viUe 
en  allarme  à  cause  de  la  peste,  et  le  29  je  fis  retirer 
26  religieuses  à  Brochât  (1),  et  de  la  en  diverses  fois, 
avec  grand  paine,  nous  nous  sommes  retirés  à  Esmou- 
tiez  (2)  le  15  may;  et  ce  jour  d'huy,  20  may,  j'ay  loué 
proche  du  couvent  une  chambre  seze  livres,  et  j'ay  ad- 
vencé  une  pistoUe  qui  est  jusques  au  21  novembre.  Et 
de  la  en  ors  il  faut  paier  par  quartier  (j'ay  paie  jusques 
au  21  may  1632). 

—  Cette  partie  du  journal  de  Vacherie  présente  peu  d'in- 
térêt. Le  15  juin  1631,  Févéque  de  Limoges,  François  de 
la  Fayette,  lui  donne  la  cure  de  Sadroc  (Corrèze,  can- 
ton de  Donzenac),  dont  le  titulaire  avait  été  tué  par  la 
foudre  le  jour  de  Saint-Barnabe.  Le  20  août  1631  il 
achète,  par  l'intermédiaire  de  son  filleul,  une  chenevière 
située  sous  la  fenêtre  de  sa  maison,  à  Sainte-FéréoUe. 
Le  29  août,  il  échange  avec  Léonard  de  Goutanegues  la 
cure  de  Saint- Yrieix  contre  celle  de  Saint-Jean-Ligoure 
(Haute-Vienne,  canton  de  Pierrebuffière).  — 

.L'avant- veille  et  veille  de  tous  les  sainctz,  1631,  a  tel- 
lement gelé  que  les  chastaignes  qui  estoit  encore  toutes 
presque  deors  se  sont  gelées,  qui  a  faict  enchérir  le  bled 
tout  aussi  tost  de  dix  solz;  et  la  gïace  fut  telle  que  les 
chevaux  passoit  dessus  sans  rompre. 

Geste  année  la  peste  a  ravagé  Limoges,  ou  il  est  mort 
dans  4  mois  vingt  mille  personnes  :  Tulle,  Brive,  Don- 
zenac et  presque  tout  le  Limousin  a  esté  infect,  excepté 
Esmoutiers,  où  nous  sommes  réfugié,  et  Uzerche,  qui 
n'ont  encore  de  mal.  Dieu  veuille,  par  la  saincte  misé- 
ricorde, rendre  l'autre  année  plus  heureuse  (3). 


(1)  Commune  d'Allassac  (Corrèze). 

(2}  Arrondissement  de  Limoges  (Haute- Vienne). 

(3)  Nous  lisons  dans  VHisioire  de  saint  Martial  que  la  con- 
tagion commença  à  Limoges  sur  la  fin  de  septembre  1630,  vers 
le  faubourg  des  Arènes,  et  devint  plus  intense  au  printemps  de 
Tannée  1631.  Les  habitants  furent  forcés  de  se  retirer  à  la  cam- 


\ 


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L 


—  56  — 
VII 

Retour  des  Ursulines  d'Eymoutiers  à  Limoges  (1632).  —  Naissance 
d'un  enfant  de  Jacquette,  sœur  de  Vacherie  (1634).  —  Achat  d'un 
lit  de  plume.  —  Grands-Jours  de  Poitiers  (1634).  —  Achat  d'une 
montre,  chasuble,  etc.  —  Mort  de  l'abbesse  des  Ursulines.  —  Achat 
d'un  calice.  —  Vacherie,  curé  de  Châlus-Ghabrol  (Haute- Vienne). 
—  Réparations  à  l'église  de  Lageyrac.  ^  Doléances  sur  la  lour- 
deur des  impôts  et  les  exactions  des  soldats  (1638).  —  Voyage  à 
Sainte- Féréole.  —  Résumé  de  la  vie  de  Vacherie  en  vers  latins 
et  prose  latine. 

1632. 

Le  26  jour  de  janvier,  j*ay  esté  à  Ambazac  et  ay  prê- 
ché en  nostre  église;  j'ay  aussy  affermé  mon  revenu  a 
M*^  Tardieu,  procureur. 

J'ay  aussy  mis  pour  vicaire  M'~  Chastenet  et  Mazandon, 
et  leur  laisse  le  baise  main 

Le  20  may,  j'ay  achevé  de  ramener  nos  religieuses 
d'Ësmoutiers  à  Limoges,  le  mal  ayant,  par  la  miséri- 
corde de  Dieu,  cessé 

J'ay  esté  à  Ambazac  (1)  aux  festes  de  Pasques,  le 
27  mars  1633;  j*ay  prins  de  mon  vicaire  neuf  livres  cinq 
solz;  il  me  restera  le  10  juin  cinq  livres  quinze  solz. 

J'ai  achepté  six  platz  d'estain  un  27  solz  la  pièce. 

1634. 
Ce  mesme  jour  (9  mars)  il  (M'  Gourssac)  m*a  mandé 


pagne,  où  ils  demeurèrent  jusqu'à  Noël.  La  peste  fut  si  furieuse 
et  maligne  qu'elle  moissonna  dans  la  ville,  ou  aux  environs,  plus 
de  20,000  personnes.  Les  consuls  mirent  si  bon  ordre  tant  à  la 
garde  de  la  ville  par  Penicaud,  capitaine,  avec  ses  soldats,  qu*à  la 
nourriture  des  pauvres,  qu'il  ne  se  commit  aucun  désordre  ni  vio- 
lence dans  les  maisons  des  particuliers. 

Les  malades  étaient  logés  dans  des  huttes,  et  les  morts  ensevelis 
à  Saint-Gessadre  et  au  cimetière  de  Saint-Paul.  Les  habitants, 
avant  leur  retraite,  furent  taxés  afin  de  subvenir  aux  frais  des 
nécessités  publiques.  La  violence  du  mal  cessa  vers  la  fête  de 
Saint-Roch,  qui  a  été  depuis  solennisée  avec  grande  dévotion. 

(1)  Arrondissement  de  Limoges  (Haute- Vienne). 


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—  57  — 

que  ma  sœur  Jacquette  est  acouchée  d'un  enfent  depuis 
le  cinquiesme  de  mars,  an  susdit  1634,  et  qu'on  me 
faisoit  parain.  Il  est  mort  de  la  pignole  le  mois  de 
septembre  ensuivant.  Le  25  may,  j'ay  faict  instituer  la 
confrérie  du  Saint-Rosaire  à  Ambazac. 

Ce  2  jour  de  juin,  j'ay  achepté  de  Madame  Sordellier 
un  lict  de  quatre  vingtz  et  six  livres  de  plume  à  six 
solz  la  livre,  coette  et  tout,  et  des  rideaux  et  tour  de 
lict  verd  brun,  moienant  quarante  cinq  livres  dix  solz. 

J'ay  esté  4  jours  à  Ambazac,  depuis  le  14  aoust  jus- 
ques  au  19,  ou  j'ay  prêché  4  fois  au  jubilé  que  j'y  ay 
mis,  concédé  par  nostre  S.  P.  le  pape  Urbain  8. 

La  grelle  a  ruiné  ceste  année,  1634,  ma  vicairie  (de 
Peuchagier),  et  il  n'y  a  heu  que  deux  muids  de  vin. 

Les  Grands -Jours  sont  venus  à  Poictiers  au  mois 
d'aost  1634,  Louys  13,  nostre  Roy,  les  ayant  envoyés  (1). 


(1)  Les  Grands* Jours  étaient  des  assises  extraordinaires  que  des 
commissaires  désignés  par  le  roi,  et  choisis  parmi  les  membres 
des  parlements  et  les  maîtres  des  requêtes,  allaient  tenir  dans  leS 
provinces  où  la  justice  ordinaire  était  impuissante,  et  qui,  par  leur 
éloignement.  échappaient  un  peu  à  Faction  du  pouvoir  central.  Les 
Grands-Jours  furent  tenus"  à  Poitiers  (1454),  à  Thouars  (1455),  à 
Bordeaux  (1456  et  1459),  à  Montferrand  (1481).  Sous  François  1"  on 
en  trouve  douze,  de  1519  à  1547.  Son  successeur  Henri  II,  et  plus 
tard  Catherine  de  Médicis  et  le  chancelier  de  THôpital,  eurent  sou- 
vent recours  à  cette  juridiction  extraordinaire.  Sous  Henri  II,  les 
Grands- Jours  furent  tenus  à  Tours  (1547)  et  à  Moulins  (1550);  sous 
Charles  IX  à  Poitiers  (1567);  sous  Henri  III  à  Poitiers  (1579)  et  à 
Clermont-Ferrand  (1582),  à  Lyon  (1596). 

A  mesure  que  Tordre  et  Tautorité  monarchique  s'affermirent  en 
France,  l'exécution  des  lois  devint  plus  facile  et  on  recourut  de 
moins  en  moins  aux  Grands-Jours.  On  n'en  trouve  que  peu 
d'exemples  au  xvii*  siècle.  Ils  furent  tenus  à  Poitiers  en  1634, 
après  les  troubles  religieux  et  politiques  qui  avaient  agité  plu- 
sieurs provinces,  du  centre  et  du  midi  de  la  France.  Ils  y  sié- 
gèrent pendant  quatre  mois,  sous  la  présidence  du  chancelier 
Pierre  Seguier.  Les  Grands-Jours  les  plus  illustres  sont  ceux 
d'Auvergne,  tenus  à  Clermont  en  1665,  dont  Fléchier  nous  a  laissé 
le  récit.  Ceux  de  1634,  que  Richelieu  fit  tenir  à  Poitiers,  produi- 

T.  IX.  1-C 


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—  58  — 

J'ay  achepté  une  monstre  quatre  pistoUes,  de  M'  Li- 
mousin  

J'ay  achepté  une  chasuble  sept  escus.  J*ay  aujourd'huy 
de  conte  faict,  fourny  pour  Jean  Verihac,  mon  neveu, 
douze  escus,  tant  pour  habitz,  souliers,  livres  et  autres 
choses  nécessaires  que  je  luy  ay  baillé  depuis  deux  ans 
et  quelques  mois  qu'il  est  avec  moy  et  entre  en  classe, 
à  la  troisiesme,  ayant  auparavant  demuré  un  an  à  la 
cinquiesme  et  autant  à  la  quatriesme.  La  mère  de  Ste- 
Ursule,  qui  m*a  servy  de  mère  12  ans,  est  allée  à  Dieu 
le  2  jour  de  Tan  1635. 

Le  8  may  1635,  j'ay  achepté  un  calice  d'argent  doré 
pesant  deux  marcs,  une  once  douze  deniers,  à  neuf  escus 
le  marc,  et  ce  moyenant  cinquante  neuf  livres  que  j'ay 
paies  contant  à  l'orfèvre  Mouret. 

Le  20  juin  1635,  il  prend  possession  de  la  cure  de 
Lageyrac  avec  son  annexe,  la  ville  basse  de  Ghàslus. 

1636. 

J'ay  prêché  ceste  année  l'advent  et  caresme  à  Chaslus 
fort  heureusement,  grâces  à  N.  S. 

Le  27  juillet  1636,  j'ay  payé  les  maistres  qui  m'ont 
faict  la  voûte  de  l'esglise  de  Lageyrac  et  la  blanchis- 
sure,  et  leur  ay  baillé  dix  huict  livres  restant  des  douse 
escus  promis  par  contract,  qui  est  avec  l'acquit  chès 
Louys  de  Villevalleys,  notaire. 

J'ay  aussy  faict  marché  avec  Martial  Joyeux  de  refaire 
la  voûte  du  clocher  et  la  blanchir  moyennant  7  livres, 
et  de  fornir  la  chaux,  les  bois  et  matériaux;  j'ay  tout 
payé.  J'ay  encore  faict  marché  avec  ledit  Jouyoux  de 


sirent  lé  meilleur  effet  en  Poitou,  Touraine,  Anjou,  Maine,  An- 
goumois,  Aunis,  «  y  ayant  un  nombre  de  vilains  pendus  et  deux 
»  cent  trente-trois  gentilshommes  ou  puissants  personnages  dé- 
»  crétés  de  corps  et  de  biens,  ce  qui  leur  donna  occasion,  comme 
»  dit  Richelieu  lui-môme,  de  s'aller  promener  ailleurs.  » 


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—  60  — 

{Chaslus) 

Me  docuit;  Lucii  (1)  est  jam  mihi  cura  gregis 

Debeo  quid  patriœ?  Petrochorœ  debeo  plura; 

Debentur  castœ  plurima  Lemovicœ, 

Illœ  quandoquidem  mortalia  pauca  dedere 

Ista  mihi  prœsens  cœlica  multa  dédit. 

Vacherie. 
vive  Jésus! 

P.  Vacherie,  doctor  theologm,  rector  ecclesiarum  Lageyraci 
et  de  Chasltix,  id  est  Castri  Lucii,  vicarit^  de  Peuchagier  et 
scriba  offlcialatus  Brivensis,  grates  immortales  immortali  Deo 
creatori  et  infinito  benefaetori  quantas  potest  refert. 

J'ay  prêché  à  Chaslus  le  troisiesme  caresme,  à  la  plus 
grand  gloire  de  Dieu;  ait  reussy  mon  travail;   c'est  en 

Tan  1639 

VIII 

Doléances  de  Vacherie  sur  l'avidité  de  sa  famille.  —  Voyage  à  Sainte- 
Féréole,  Roc-Amadour.  —  Synode  à  Limoges  (1640).  —  Cherté  du 
vin,  attribuée  par  Vacherie  à  Tivrognerie  incorrigible  de  ses  pa- 
roissiens. —  Lourdeur  des  impôts.  —  Vacherie  se  démet  de  sa 
charge  de  greffier  de  Tofficialité  de  Brive  (1641).  —  Détails  inté- 
ressant Saînte-Féréole.  —  Mariage  de  son  neveu  Saule  avec  Mar- 
guerite Chouly.  —  L'élu  Amarzit  intervient  au  contrat  (1643). 

1639. 

Ma  sœur  m'a  faict  encore  escrire  par  M^  Verlhac  qu'elle 
vouloit  estre  payée  de  ses  peynes  en  mon  bastiment;  soit 
mémoire  qu'elle  est  plus  que  payée  et  que  si  je  conte 
les  jouissences  et  le  vin,  elle  me  devroit  beaucoup. 

Enfin,  pour  avoir  paix  avec  son  esprit  et  son  mary, 
il  m'a  fallu  encore  bailler  quatre  vingt  dix  livres,  toute 


(1)  Suivant  certains  étymologistes,  Châlus-Chabrol  tirerait  son 
origine  et  son  nom  d'une  forteresse  fondée  en  ce  lieu  par  Lucius 
Capreolus,  proconsul  d'Aquitaine  sous  Auguste,  mais  cette  hypo- 
thèse bizarre  est  contredite  par  les  faits.  On  voit  que  Richard- 
Gœur*de-Lion  trouva  la  mort  devant  le  château  de  cette  ville  (1199). 


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—  61  — 

leur  colère  venant  de  ce  qu'ilz  pretendoit  demurer  chez 
moy  tousjours.  0  que  la  condition  des  prestres  est  misé- 
rable quand  ilz  ont  des  proches  sans  esprit,  qui  n'atten- 
dent que  leur  despouille,  ne  disent  jamaiz  :  c'est  assez, 
comme  le  feu,  l'eau,  la  mer. 

J'ay  esté  à  Sainte-FereoUe  le  14  octobre  1640,  et  estant 
allé  à  Rochamadour  ay  demuré  15  jours  et  suis  revenu 
à  Chaslus  du  synode  de  Limoges  le  26;  il  y  a  eu  douse 
muids  de  vin  à  Peuchagier  en  tout,  y  compris  le  mes- 
tayer 

J'ay  laissé  mon  vin  entre  les  mains  de  SauUe;  nota 
que  le  vin  avoit  esté  partout  à  foulle,  depuis  l'an  1630 
jusques  à  1640,  auquel  temps  la  barrique  est  venue  à 
trante  livres.  Et  aujourd'huy,  le  28  octobre  1640,  le  nou- 
veau se  vend  25  livres  et  huict  solz  la  pinte  à  Chaslus, 
4  à  Sainte-FereoUe,  qui  ne  valloit  auparavant  qu'un  ou 
deux  solz  la  pinte  et  moins  encore.  Les  années  passées, 
les  coquins  ne  vouloit  que  du  meilleur,  et  les  fré- 
quentes yvrogneries  et  blasphèmes  ont  tellement  aigry 
nostre  bon  Dieu  que  lors  qu'on  n'y  pensoit  pas,  ce  qui 
estoit  si  abbondant  s'est  rendu  extrêmement  cher.  Geste 
année  1640  a  esté  fort  sterille  en  fruictz,  vins,  bleds, 
et  poinct  du  tout  de  chastaignes  qui  se  sont  gelées  les 
26,  27  et  28  octobre,  la  glace  ayant  esté  espèse  sur 
l'eau  2  doigtz,  mesme  dans  les  benittiers  de  nostre  es- 
glise,  et  le  jour  de  Saint-Symon  et  Judde,  ensuitte  de 
ceste  glace  a  extrêmement  negé;  outre  la  perte  des  chas- 
taignes est  arrivé  ce  malheur  qu'on  n'avoit  guiére  pu 
semer  à  cause  des  pluyes  continuelles.  D'où  est  venu 
que  le  bled,  qui  se  vendoit  à  Chaslus  30  ou  40  solz, 
est  monté  aujourd'huy  à  3  livres  10  solz;  des  fréquentes 
pluyes  et  trop  vitte  gelée  est  venu  ce  malheur,  ou  plustot 
de  l'ire  de  Dieu  justement  irrité. 

Les  tailles  ont  esté  extrêmes,  outre  les  subsistances, 
a  moytié  ou  plus  de  la  taille,  les  manque  de  fons, 
autre  taille  et  impositions  ont  fouUé  le  peuple  jusques 


V 


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—  62  — 

aujourd'huy  (1),  et  le  soldat  a  exercé  pour  lever  cella 
mille  cruautés;  car  pour  faire  payer  on  envoyé  des  re- 
gimentz  sans  régime,  excepté  celluy  d'une  extrême  rigueur 
et  desespoir  du  pauvre  peuple.  Dieu  nous  donne  la  paix. 

J'ay  esté  à  Sainte-FeréoUe  presque  tout  le  mois  de 
febvrier,  et  ce,  pour  me  desmetre  de  mon  greffe  de  Tof- 
ficialité  de  Brive,  ce  que  j'ay  faict  en  faveur  de  Chas- 
taing  de  Brive,  prestre.  Il  m'a  baillé  cinq  centz  livres, 
et  à  monseigneur  pour  agréer  ma  démission  cent  cin- 
quante livres.  Cella  estoit  périssable,  et  c'est  pourquoy 
je  m'en  suis  desmis. 

Le  jour  de  Saint-Luc  1641,  je  suis  revenu  de  Sainte- 
PereoUe  après  y  avoir  demuré  5  semaines  et  faict  ven- 
denges. 

J'ay  esté  à  Limoges  le  18  décembre  1641  prendre  les 
provisions  de  la  cure  de  Couseyx  (2),  que  Mon'  Tardieu 
a  gardées.  Il  m'en  faut  demetre  dans  un  an  sur  peyne 
de  faire  vaquer  l'un  et  l'autre  bénéfice;  je  Tay  resigné 
le  24  octobre  1642,  en  faveur  de  Léonard  Gareau,  M'  Tar- 
dieu, notaire 

1642. 

Le  18  juillet,  je  suis  revenu  de  Sainte-FereoUe  après 
y  avoir  demuré  3  semaines. 
Estant  à  Sainte-FereoUe,  j'ay  tenu  sur  les  fonds  babtis- 


(1)  £n  1581,  les  habitants  du  Limousin  furent  tellement  chargés 
d'impôts  qu'ils  ne  purent  les  payer.  Ceux  de  Limoges  créèrent  un 
syndicat  général  pour  présenter  une  requdte  au  roi  pour  leur  dé- 
charge; mais  sans  avoir  égard  à  leur  requôle,  il  envoya  un  com- 
missaire pour  lever  un  écu,  sur  chaque  tonneau  ;  personne  ne  vou- 
lut payer,  et  la  commission  devint  inutile.  En  1582,  il  y  eut  aussi 
de  grandes  oppressions  sur  le  peuple  en  vertu  des  commissions 
royales.  On  imposa  sur  les  hôtes  des  champs  six  écus,  et  deux 
cents  sur  ceux  de  la  ville.  Plusieurs  habitants  furent  contraints 
de  vendre  leurs  biens  pour  satisfaire  au  paiement  des  impôts, 
vingt-deux  fois  réclamés  à  cause  du  grand  nombre  d'officiers  nom- 
més à  Limoges  ou  dans  les  autres  villes. 

(2)  Gouzeix,  commune  de  Limoges  (Haute- Vienne). 


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—  63  — 

maux  un  enfent  de  Pierre  de  Gourssac,  mon  filleul,  aagé 
de  3  mois.  Il  fut  babtisé  le  jour  de  SainWean  1642.  J'ay 
mené  de  Sainte-FereoUe  et  au  voyage  susdit  Jean  Ver- 
Ihac,  mon  neveu,  son  père  m'ayant  prié  de  l'enseigner 
et  nourrir  (obiit  miser  ilk) 

1643. 

Le  4  janvier  1643,  mons'  Féleu  Amarzit,  mons'  de  Ver- 
Ihac  et  moy  avons  esté  caution  à  Saulle  de  quatorze  centz 
cinquante  livres  envers  Pierre  Chouly,  et  ce  pour  le  dot 
de  Marguerite  CShouly,  desquels  nous  avons  receu  con- 
tant et  termoyé  les  450  1.  trois  ans,  moienant  20  1.  de 
rante  par  an,  payable  par  Chouly 

Le  28  janvier  1643  nasquit  Martial  SauU^  filz  à  Pierre 
et  Marguerite  Qiouly,  environ  midy,  le  jour  que  Tes- 
glise  feste  Agnetis  secundo.  Il  fut  babtisé  le  mardy  24  fé- 
vrier, jour  de  Saint-Mathias;  son  parin  fut  Martial  Segne 
de  Ghaylus,  et  sa  marene  ma  sœur  aînée. 

IX 

Mort  de  Louis  XIII.  —  Appréciation  de  son  règne.  —  Dureté  des 
soldats.  —  Appréciation  du  ministère  de  Richelieu.  —  Miracle 
aux  environs  de  Pageas  :  source  de  sang  (1643).  —  Famine  en 
Limousin. 

Du  20  may  1643. 

Le  14  jour  de  may  mil  six  cent  quarante  trois,  deceda 
Louis  XIII  du  nom,  Roy  de  France,  aagé  de  42  ans, 
au  mesme  jour  que  le  grand  Henry  4  son  père  fut 
assassiné  malheureusement  par  Ravaillac,  Tan  1610  et  le 
14  may.  Ledit  Roy  Louys,  à  ce  qu'on  dict,  a  esté  em- 
poisonné, comme  on  a  cognu  après  sa  mort  qui  a  esté 
toute  chrestienne  et  digne  de  la  resignacion  d'un  Roy 
très  chrestien.  Aussy  estoit  il  bon  de  son  naturel;  mais 
les  ministres  desquels  il  s'est  servy  durant  son  règne 
ont  rendu  la  France  un  théâtre  de  malheurs  causé  par 
la  guerre  continuelle  avec  l'Espagne,  qui  a  produict  mille 


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—  64  — 

monstres  diflFormes  qu'on  apelle  partisaChs,  qui  ont  tout 
pillé  par  les  subsides  de  tailles,  subsistences,  solz  pour 
livre,  manque  de  fonds,  aisés,  soulz  aisés,  impotz, 
crues,  etc.,  que  les  sargens  qui  tranchoit  des  Roys  ont 
levé  à  leur  fantasie,  et  sellon  leur  ordinaire  charité, 
prenant  soliderement  les  solvables  pour  toute  une  pa- 
roisse, et  metant  par  ce  moyen  tout  à  blanc  (1),  le  pau- 
vre peuple  qui  a  heu  et  a  encore  plus  de  charges  que 
tout  son  revenu  ne  valloit.  Les  prisons  ont  esté  pleines 
de  ses  pauvres  gens  pour  la  solidarité,  ou  la  pluspart 
sont  mortz  de  faim  et  de  misères,  et  les  autres  ont 
quitté  tout  leur  bien  pour  vivre  en  paix.  Car  la  pau- 
vreté a  esté  Tunique  paix  de  ce  règne.  L'autre  malheur 
qui  a  suivy  le  peuple  a  esté  le  continuel,  ou  du  moins 
le  fréquent  logement  des  soldats  impitoyables  chez  les 
paisans,  avec  tant  d'insolence  que  les  Turcs  n'ussent  pas 
esté  si  cruels;  ils  tuoit,  pilloit,  bruloit,  violoit,  decou- 
vroit  les  maisons,  rançonnoit,  etc.,  sans  que  personne  y 
mit  d'ordre. 

Il  y  avait  en  chasque  province  un  ou  deux  commis- 
saires ou  intendantz  ayant  autant  de  pouvoir  que  le 
Roy  mesme,  tant  leurs  commissions  estoit  amples;  mais 
s'estoit  seuUement  pour  piller,  et  non  pour  soulager  les 
provinces;  on  a  créé  tant  de  noveaux  ofiRces  et  ofRciers 
que  le  nombre  en  est  incognu,  quoy  que  les  maux  qui 
en  sont  provenus  ne  soit  que  trop  cognus;  aussy  tient 
on  que  durant  ce  règne  de  sang,  de  fer  et  de  cruauté, 
on  a  plus  exigé  de  sommes  sur  les  peuples  de  France 
qu'il  ne  s'en  estoit  levé  depuis  l'érection  de  la  monar- 
chie et  Pharamond,  la  pluspart  de  ses  finances  s'estant 
employées  à  rendre  les  partisans  et  mignons  ou  mi- 
nistres d'estat  si  extrangement  et  prodigieusement  riches 
que  la  postérité  s'en  estonnera  un  jour.  Entre  tous,  le 
cardinal  de  Richelieu,  qui  deceda  au  mois  de  décembre 
1642,  a  gouverné  Testât  absolument  14  ans,  disposé  de 

(1)  C'est-à-dire  saignant  à  blanc. 


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—  65  — 

tout,  chassé,  bany,  tué  tout  ce  qui  s'est  opposé  à  sa 
grandeur  eminentissime;  on  dict  qu'il  n'a  jamaiz  par- 
donné à  personne  et  qu'il  estoit  cardinal  sans  tiltre, 
evesque  sans  troupeau  et  subjectz  sans  Roy,  parce  qu'il 
estoit  roy  en  efltect.  Il  a  laissé  tant  de  trésors,  d'offices 
et  d'ediffices,  que  ce  sont  des  prodiges;  son  but  estoit 
la  grandeur  humaine,  et  de  s'eslever  au  dessus  de  toutes 
les  puissences  souveraines  par  leur  débris.  Il  luy  a  fallu 
enfin  mourir  et  comparoistre  devant  Dieu  pour  rendre 
conte  de  ses  œuvres,  violences,  tyrannyes  et  cruautés. 
Aujourd'huy  on  nous  advertit  que  Monseigneur  le  daufin 
est  couronné  et  apellé  Louys  14  Dieudonné,  et  que  la 
bonne  Reyne  est  déclarée  régente.  Plaise  à  la  divine 
bonté  que  son  règne  soit  heureux  et  plus  doux  que 
celluy  du  Roy  son  père;  qu'il  soit  Dieu  donné,  et  donné 
de  Dieu  pour  sa  gloire  et  repos  de  ses  peuples,  avec 
des  longues  et  pacifiques  années.  Amen. 

Du  20  may  1643. 

Le  20  jour  de  may,  an   1643,   s'est  veu  un  prodige 
estrange  au  village  de  Lautrefé,  paroisse  de  Pageas,  terre 
de  Ghaslus  et  en  distant  une  demy  lieu,  en  la  maison 
de  Jean  Nadau  Dardier,  dudit  village;  lequel  le  jeudy 
20  dudit  mois  de  may  1643,  sur  le  soir,  venant  de  son 
travail  et  lavant  ses  pies,  se  vid  tout  couvert  de  sang  (1) 
qui  naissoit  du  pavé  de  sa  maison,  et  pensant  l'essuer 
et  sécher  avec  un   linge   le  vid  tout   ensanglanté.   Sa 
femme,  y  courant,  vid  aussy  le  sang  qui  naissoit  à  gros 
bouillons  du  sol  de  la  maison,  qui  ensenglanta  toute 
sa  robe;  et,  s'estant  remués,  le  sang  les  suivoit  par  tout 
et  jaUissoit  contre  les  murailles;  si  bien  qu'estorn^èâ  4^ 
se  prodige  et  criant  aux  voisins,  quelques  uns  v.  q^qwt 
rurent  qui  virent  le  mesme.  sang  jallir  par  tout,    J^   *    .-^ 
bas  et  hautz  de  chausses  tous  sanglentz,  saut^  ^       -lU 

(1)  Il  s'agit  ici  du  jaillissement  soudain  de  quelque  ^ 
mittente  et  ferrugineuse. 


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—  66  — 

sang  tout  chaut  dans  leurs  sabotz.  Une  voisine  print 
un  balay  pour  ballier  et  estancher  ce  sang  avec  des 
cendres,  mais  ce  fut  en  vain,  car  tant  plus  il  naiscoit 
de  la  terre.  Il  s*y  assembla  3  ou  4  chiens  suivant  leurs  - 
maistres  dudit  village,  qui  lechoit  avidement  ce  sang 
et  le  mangoit.  Les  paisans  furent  d'advis  de  faire  sortir 
de  la  maison  ledit  Nadaud  et  d'en  sortir  eux-mêmes;  j] 

ce  qu'estant  exequté  et  s'en  allant,  le  sang  les  suivit      .  | 

jusques  à  une  autre  maison  du  village,  ensenglantant  les  : 

murailles  des  jardins  proches  ou  ilz  passoit,  et  ne  s'ar- 
resta  que  la  porte  de  la  maison  ou  ilz  s'estoit  reffùgiés 
ne  fut  fermée,  ce  qui  dura  environ  demy  heure;  le  sieur 
expert  lieutenant  de  Chaslus,  avec  le  procureur  d'office 
et  un  bon  nombre  de  personnes  avec  lesquels  j'estois,  s'y 
acheminèrent  2  jours  après  ou  ils  virent  le  tout  et  en  i 

firent  leur  verbal,  après  avoir  avéré  tout  ce  qui  s'estoit 
passé,  par  les  paisans  de  tout  le  vilage.  Ils  firent  cruser 
le  pavé  de  la  maison  pour  voir  que  cella  pouvoit  estre, 
mais  hors  de  la  superficie  il  n'y  paraissoit  poinct  de 
sang.  J'ay  esté  présent  au  procès  verbal  et  signé,  veu 
les  marques  du  sang  au  pavé,  portes  et  armoires  de 
la  maison,  veu  le  linge,  robe,  chausses  et  meubles  tout 
couvertz  de  sang  fort  vermeil,  et  ayant  interrogé  un  cart 
d'heure  le  dit  Nadau  à  part,  je  n'ay  rien  pu  connoistre  ^ 

de  la  cause  de  ce  prodige  qui  l'avoit  tellement  espou-  | 

vanté  que  la  nuict  mesme  il  envoya  quérir  nostre  gref- 
fier ChaflFaud,  prestre,  pour  le  confesser  et  conununier. 
Je  ne  scay  si  le  temps  nous  fera  cognoistre  ou  tend  ce 
prodige,  et  si  c'est  pour  nous  advertir  de  quelques  mal- 
heurs, lesquels  le  bon  Dieu  ne  veuille  permetre,  ou  si 
c'est  pour  la  punition  particulliére  dudit  Nadau  et  autres, 
ou  bien  si  c'est  quelque  prestige  de  sorciers;  quoy  qu'il 
en  soit,  c'est  une  chose  bien  espouventable.  Plaise  a  la 
bonté  de  N"  Seigneur  Jésus  Christ  de  nous  faire  misé- 
ricorde et  ne  nous  priver  pas  de  la  grâce.  Amen.  — 
Vacherie,  curé  de  Lageyrac  et  Chaslus,  pour  avoir  ouy 
et  veu  ce  que  dessus. 


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! 


—  67  — 

Le  bruict  commun  disoit  et  la  vérité  estoit  telle  qu'ayant 
faict  plaider  45  1.  à  une  pauvre  veufve  à  laquelle  il  les 
devoit,  le  bled  estant  fort  cher  ceste  année,  ceste  pauvre 
veufve  estant  tumbée  mallade  et  n'ayant  pu  estre  payée, 
à  cause  de  la  chicanne  dudit  Nadau  et  longueur  des 
procès,  comme  elle  fut  à  la  mort,  envoya  dans  une 
extrême  disette  luy  demender  du  secours,  mais  devent 
que  recevoir  un  peu  de  pein  qu'il  luy  envoyoié.  Elle 
trespassa  et  peut  estre  de  faim,  de  sorte  que  d'abbord 
que  le  messager  luy  vint  annoncer  sa  mort,  ce  prodige 
de  "sang  l'environna.  —  Vacherie. 

Le  27  may  1643,  Nostre  bon  Dieu  a  tellement  puny 
son  peuple  (1)  (que  le  segle  qu'on  avoit  foullé  un  ou 
2  ans  auparavant  aux  pieds,  le  faisant  manger  aux 
pourceaux,  et  qui  ne  se  vendoit  que  40  ou  50  solz), 
qu'aujourd'huy  il  vaut  le  sestier  à  Chaslus  13  ou  14 
livres,  et  on  n'en  peut  pas  treuver;  mesmes  touttes  les 
villes  de  campagne  n'en  veullent  laisser  sortir,  si  bien 
que  nous  avons  cent  cinquante  ou  200  pauvres  ordinai- 
rement aux  portes;  cella  est  venu  outre  la  punition  très 
juste  de  la  divine  justice,  de  ce  que  l'année  passée 
1642  il  n'y  a  pas  heu  de  chastagnes  et  que  les  bleds 
l'an  1641  ne  purent  pas  naistre  à  cause  des  gelées  et 
de  l'eau  continuelle;  après  que  le  pauvre  peuple  a  heu 


(1)  Une  trentaine  d'années  auparavant,  aux  mois  de  mars,  avril» 
mai,  juin  et  juillet  1614,  il  y  eut  une  si  grande  disette  de  blé  dans 
toute  la  province  et  les  pays  circonvoisins  qu'une  foule  extraor- 
dinaire de  pauvres,  non-seulement  du  Limousin,  mais  encore  de 
La  Marche  et  du  Périgord,  se  retirèrent  à  Limoges.  Les  habitants 
furent  contraints  de  prendre  chez  eux  et  de  nourrir  les  pauvres  de 
la  ville  et  des  paroisses  voisines,  et  de  se  taxer  pour  faire  une 
aumône  générale  aux  étrangers,  qui  était  chaque  jour  distribuée 
au  couvent  des  Gordeliers  à  plus  de  2,000  personnes.  Cette  aumône 
fut  continuée  pendant  trois  mois.  La  disette  fut  si  grande  et  si 
épouvantable  que  les  consuls  envoyèrent  chercher  du  blé  à  Bor- 
deaux, que  Ton  recevait  d'Allemagne  ou  d'Angleterre.  Le  setier 
de  seigle  valait  6  francs.  Cette  ancienne  mesure  de  grains  con- 
tenait 156  litres. 


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—  68  — 

mangé  les  raves,  il  s'est  pris  aux  rubes  ou  rabiaux  qui 
croiscent  parmy  les  bleds,  et  de  la  aux  maulnes  et  pa- 
reilles, les  faisant  bouillir,  et  meurt  enfin  de  malle  faim 
si  le  bon  Dieu  n'y  met  ordre. 

X 

Vacherie  curé  de  Condat  (Corrèzè).  —  Obtention  de  foires  et  mar- 
chés à  Sainte-Féréole  (1643).  —  Formule  de  remède.  —  Répara- 
tions à  l'église  de  Condat.  —  Hiver  précoce  en  Limousin  (1644).  — 
Vacherie  entre  dans  sa  cinquantième  année  (1645).  —  Copie  d'un 
tableau  de  la  cathédrale  de  Tulle  pour  Téglisfr  de  Condat.  —  In- 
ventaire du  mobilier  de  Vacherie,  à  Condat.  —  Voyage  à  Cahors 
et  à  Roc-Amadour  (1647).  —  Mort  de  son  neveu  Jean  Saule.  — 
Vers  sur  ce  jeune  enfant  (1650).  —  Maladie  de  Vacherie  (1650).  — 
Ses  ennemis  à  Condat  (1652). 

Le  7  jour  de  juillet  1643,  j'ay  permute  la  cure  de 
Lageyrac,  et  Chaslus  son  annexe,  avec  le  bénéfice  de 
Condat  (1),  près  Uzerche.  Dieu  me  face  la  grâce  de  Ty 
servir  fidellement.  Amen. 

Vacherie. 

Le  jour  de  la  Transfiguration,  la  grelle  a  ravagé  ma 
vigne  de  fond  en  comble. 

Dominus  dederat^  Doininus  abstulit. 

Geste  année,  à  Sainte-FereoUe ,  ont  obtenu  du  Roy 
quatre  foyres  Tan  :  la  première  le  jour  de  Sainte- 
Fereolle,  19  septembre;  la  2"«  le  jour  de  Sainte- Viviane, 
2  décembre;  la  S"®  le  jour  de  Sainte- Agnès;  la  4"®  le 
jour  de  TAparition,  Saint-Michel,  8  may,  et  tous  les 
jeudys  de  Tan  un  marché.  Ma  maison  a  baillé  pour 
cest  effect,  ou  pour  payer  50  escus  au  seigneur  evesque, 
vingt  livres,  à  quoy  nous  avons  esté  taxés. 

Le  25  juillet  1643,  je  suis  venu  d^Emery  à  Condat, 
et  cinq  jours  après  me  suis  retiré  en  la  maison  du  juge, 
vaquante  par  le  moien  de  M'  de  La  Salle,  où  j'ay  faict 


(1)  Condat  est  baigné  par  les  affluents  du  Bradascou  et  a  quel- 
ques bonnes  prairies. 


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—  69  — 

inven taire  dey-dui  Besse^  greffier,  et  M"  Pierre  Dunac, 
notaire,  du  meuble  qui  est  dedans,  qu'esi  trois  chaslitz, 
deux  huffetz,  trois  tables,  cinq  barriques  punaiies  et  deux 
charettées  de  bois,.... 

Le  disme  de  Condat  se  levé  en  telle  Taçon  que  m'es- 
laut  acordé  avec  les  part  prenans,  je  prends  six  viuglz 
sestiers  segle  par  preciptit,  et  tout  le  reste  je  partage 
en  telle  façon  que  les  ditz  part  prenantK  prenent  la 
moitié  et  moy  l'autre  du  tout,  soit  segle,  froment  ou 
avoine  ceste  annéOi  si  bien  que  j'ay  heu  six  vingtz  ses- 
tiet'S,  plus  que  de  la  moy  lié. 

J'ay  esté  15  jours  à  Sainte-Fereolle  et  faict  les  tristes 
vendenges  à  la  vicairic.  ou  il  n'a  heu  que  cinq  muîds 
de  vin  du  tout,  et  à  cause  de  la  gresle^  qui  le  gasta  le 
jour  de  la  Transfiguration. 

Nota  que  j'ay  ^iccoustumé  de  prendre  2  fois  Tan  le 
remède  suivant  ;  cinq  ou  six  dragmes  de  senne,  un 
scrupule  d'agaric  j  4  scrupules  rubarbe  avec  leur  cor- 
rectif, le  lout  infusé  et  un  peu  boully  dans  la  décoction 
de  chicorée,  vi  nette,  buglosse  ou  bourachej  pinpenelle 
et  fumeterret  ou  j'arljouite  une  once  de  manne  et  une 
once  cirot  rosat,  et  demy  dragme  d'anis  crUn 
Vive  Jésus  I 

Le  3  février  1044,  noslre  eglîze  de  Condat  estant  aussy 
bien  despavée  que  descou  verte  pai'  Ta  varice  des  prece- 
denlz  curés  qui  n'ont  songé  qu'à  prendre,  j'ay  faict 
contract  avec  les  paveurs  de  La  Borderie  de  la  paver 
et  faire  porter  la  matière,  et  ce  moienunt  7  1.  et  un 
seslier  segle.  J*ay  baillé  le  segle  et  payé  le  tout. 

Le  12  may  (1G44)  j'ay  délivré  au  vallet  de  Mons^  de 
Ghaleysil)  et  à  son  mandement  trois  sestiers  segle,  lu  y 
ayant  renvoyù  une  pîstole  courte  qu'il  a  voit  envoyé. 

Dk  i°  febritark,  anno  IGh^K  incipiam  œlatis  meœ  anmim 
qulnquagmmum  pnfcetQ  anno  quadragesimo  nom,  ad  ma- 
jorem  Dn  met  ghrinm  pcrftciatur  et  inciplat  Iwc  te7)ipiis. 

{[)  Chalais. 


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—  70  — 

Le  26  octobre  1644  (1),  il  negea  si  extremens  en  Li- 
mosin  que  le  quart  des  arbres  fut  renversé  par  terre 
à  cause  du  poids  de  la  neige  qui,  s'estant  amoncellée 
sur  les  feuilles,  crevoit  tout  de  son  horrible  poids. 

0  que  Dieu  a  de  moiens  pour  chastiers  nos  malices. 
J'estoys  dehors  et  passant  à  travers  les  bois  a  cheval; 
sa  bonté  me  préserva  de  la  cheutte  de  mille  branches 
d'arbres  qui  tumboit  et  embarassoit  les  chemins  avec  un 
horrible  fracas  ;  les  chastaigners  et  chesnes  surtout  furent 
brisés  à  cause  du  poids  des  chastaignes,  glandes,  feuilles, 
que  la  neige  surcharga. 

Après  tout  mon  ame  dira  tousjours  :  Benedicite^  glacies 
et  niveSy  Domino. 

Le  2  jour  de  novembre  1645  nasquit  Marie  Saule, 
fille  à  Pierre  Saule,  mon  neveu,  et  Marguerite  Chouly, 
d'environ  neuf  heures  du  matin. 

Le   14  février  (1646)  j'ai  envoyé  par  Masalaigne,  à 

Saule, 2   aulnes   de   toille   de  41   1.   pour  avoir   le 

tableau  de  la  Sain  te- Vierge,  que  j'ay  faict  faire  à  Tulle; 
le  tableau  est  dans  l'église  (coûte  le  tableau  cinquante 
livres  en  tout). 

Madamoizelle  de  La  Salle  m'a  laissé  un  noble  à  la 
rose,  engagé  pour  dix  livres  que  j'ay  baillé  au  tableau 
pour  elle;  je  le  luy  rendray  quand  elle  me  portera  les 
dix  livres. 

MEMOIRE  DES  MEUBLES   QUE  j'aY   CEANS 
MAISON   DE    BABTISTE    BISSE 

J'y  ay  un  lict  de  plume  avec  son  cuissin,  matteras, 


(1)  Le  Limousin  a  eu  à  subir,  en  1564,  un  hiver  beaucoup  plus 
rigoureux  à  cause  des  orages,  gelées,  glaces  et  neiges,  et  de  mé- 
moire d'homme  on  n'en  avait  vu  de  plus  âpre.  Durant  deux  mois, 
les  fleuves  glacés  donnaient  libre  passage  aux  charriots,  quoique 
bien  chargés.  Plusieurs  voyageurs  perdirent  les  oreilles  et  les 
narines,  qui  leur  tombèrent  par  la  violence  du  froid.  Spondan 
assure  que  cette  rigueur  de  l'hiver  fut  universelle  dans  le  monde, 
selon  les  historiens  de  divers  pays. 


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—  71  — 

et  deux  couvertes  et  les  rideaux,  un  tapis  verd,  12  assietes, 
cinq  platz,  une  chopine,  une  vinaigrette,  une  huiliére, 
tout  d'estein,  un  chandelier,  un  chauffelict,  2  bassins; 
Tautre  vaisselle  est  de  Borde,  comme  aussy  son  lict  et 
couchette  de  bois,  et  une  chaize  perséè  avec  2  coffres 
et  autres  hardes  à  sa  sœur  (retiré  une  partie). 

La  Toine  Bisse  a  céans  un  lict  de  plume  avec  la  cou- 
verte ou  couche  le  garçon  (retiré),  un  grand  escabeau 
et  un  petit  sont  du  juge.  J'ay  faict  faire  une  table  ronde 
qui  est  à  moy,  plus  j'ay  aussy  le  lict  du  juge  qui  m'a 
cousté  21  1.,  et  il  est  à  moy. 

L'autre  grand  lict  de  la  chambre  m'est   engagé  du 

S' juge  pour  4  sestiers  seigle J'ay  aussy  céans  mon 

fusil,  les  landiers,  une  table  neufve  avec  ces  2  tiroirs, 
deux  bans  et  une  chaize  de  bois  tout  neuf  que  j'ay  faict 
faire,  et  mon  coffre  que  j'acheptay  de  Masalaigne;  j'y  ay 
mon  calice,  2  aubes,  un  sui'pelis,  une  chape,  14  linceulx 
fins  et  3  grossiers. 

Tout  l'autre  meuble  de  bois,  soit  chalis  ou  tables  gros- 
sières, sont  de  la  maison. 

Le  12  juin  1647,  j'ay  esté  à  Rocamadour  rendre  mes 
vœux  à  la  très  saincte  Vierge,  et  de  la  je  suis  allé  à 
Caors  ou  j'ay  receu  mes  grades  en  théologie  et  despendu 
du  tout  trante  escus,  sans  3  livres  du  louage  du  cheval, 
plus  3  1.  pour  controoller  à  Bourdeaux. 

Au  mesme  temps  (août  1647)  ou  peu  auparavant,  j'ay 
faict  plancher  et  blanchir  l'église  de  Condat  à  mes  des- 
pens,  qui  revient  à  plus  de  15  1. 

Calcullé  ce  que  je  puis  avoir  fourny  pour  les  répa- 
rations de  l'église  de  Condat,  soit  à  couvrir  le  cœur, 
paver  toute  la  nef,  plancher  le  tout,  blanchir  tout  ce 
qui  s'y  voit,  monte  quarante  cinq  livres,  sans  y  com- 
prendre le  tabernacle,  les  2  tableaux  du  grand  autel, 
ny  l'autel  de  Nostre  Dame  avec  son  tableau  et  ballustre, 
qui  monte  encore  tout  cella  plus  de  cent  livres. 

Les  jour  des  saints  Simon  et  Jude,  28  octol^^û  \641i 
un   lundy,    environ    six  heures   du   soir,    nasq^>^.     i^g^u 


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—  72  — 

SauUe,  segond   enfent  de  Pierre   SauUe  et  Marguerite 
Chouly. 

Le  4  de  juillet,  un  lundy,  à  8  heures  du  soir,  le 
pauvre  petit  Jean,  duquel  la  naiscence  est  cottée  plus 
ault,  est  decedé  a  Condat,  le  4  juillet  1650,  ou  on  Tavoit 
porté  aagé  de  deux  ans  huict  mois,  un  mois  aprez  l'y 
avoir  porté.  C'estoit  un  très  bel  enfent  et  d'un  esprit 
ravissant;  nous  avons  porté  son  petit  corps  au  tumbeau 
de  mon  père  et  de  ma  mère,  non  sans  des  larmes  et 
douleurs  bien  grandes.  Bénit  soit  le  Dieu  qui  Tavoit 
créé,  et  qui  Ta  retiré  au  ciel  de  tant  de  misères  hu-  ' 
maines.  Ma  douleur  luy  a  dicté  ces  vers  pour  épitaphe  : 

Tu  t'envolles,  mon  petit  ange, 
Au  ciel,  ton  bienheureux  séjour, 
Mes  yeux  ne  t'avoit  veu  qu'un  jour 
Quand,  d'une  cruaulté  estrange, 
La  mort,  pour  enrichir  les  cieux, 
T'enleva  de  ces  tristes  lieux. 

Dieu  qui,  te  tirant  du  non  eslre, 
T'avoit  faict  si  charmant  et  doux, 
Ne  t'a  délaissé  parmy  nous 
Qu'un  peu  pour  t'y  faire  connoistre, 
Deux  ans  et  huict  mois  seullement 
Qui  ne  nous  semblent  qu'un  momment. 

Ainsin  la  vermeillette  roze, 
Reyne  des  plus  parfaictes  fleurs, 
Estallant  ses  vives  couleurs, 
Se  void  morte  aussitost  qu'escloze; 
Et  la  terre  n'a  rien  de  beau 
Qui  ne  courre  viste  au  tumbeau. 

Repose  donc,  mon  petit  auge. 
Dans  le  sein  de  l'éternité 
Que  Jesus-Christ  l'a  mérité, 
Et  chante  a  jamaiz  sa  louange  ; 


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-  73  - 

Bénis,  en  ne  bégayant  plus, 
Mignardement,  Nana  (1),  Jésus. 

Et  si,  dans  le  sphère  adorable 
De  tant  de  cœlestes  clartés, 
Tu  cognois  nos  nécessités. 
Prie  Dieu,  père  pitoyable, 
Pour  ceux  qui  plorent  icy  bas 
Ton  trop  presmaturé  trespas  (2). 

Vacherie. 

Le  12  septembre  1650  j*ay  esté  attaqué,  après  une 
diarrhée  de  cinq  jours,  d'une  colique  venteuze  et  bi- 
lieuze;  on  m'a  donné  deux  lavementz,  deux  médecines 
et  saigné;  on  a  couru  mon  benefïice  me  croyant  mort, 
et  le  prieur  avoit,  pour  la  nomination,  six  cent  escus  : 
a  Judica  me,  Deus  et  discerne  caitsam  meam  de  gente  non 
sancta  et  simoniaca.  »  Mon  Jésus  ne  leur  a  pas  voullu 
donner  ce  détestable  plaisir  de  vendre  encore  son  patri- 
moine. Qu'il  soit  éternellement  bénit. 

Le  20  juillet  1651,  je  suis  party  de  Condat  pour  aller 


(1)  En  marge  :  Il  ne  sçavait  pas  dire  Maria,  mais  Nana. 

(2)  Ces  vers,  qui  par  le  sentiment  et  l'harmonie  ne  dépareraient 
pas  Tœuvre  de  Malherbe,  ne  rappellent- ils  pas  le  passage  suivant 
de  Parny  : 

Son  âge  échappait  à  l'enfance 

Riante  comme  l'innocence. 

Elle  avait  les  traits  de  l'Amour. 

Quelques  mois,  quelques  jours  encore. 

Dans  ce  cœur  pur  et  sans  détour, 

Le  sentiment  allait  éclore. 

Mais  le  ciel  avait  au  trépas 

Condamné  ses  jeunes  appas. 

Au  ciel  elle  a  rendu  sa  vie. 

Et  doucement  s'est  endormie 

Sans  murmurer  contre  ses  lois. 

Ainsi  le  sourire  s'efface; 

Ainsi  meurt,  sans  laisser  de  trace. 

Le  chant  d'un  oiseau  dans  les  bois. 

T,  IX  1-0 


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—  74  — 

aux  eaux  mineralles  de  Vicq  (1)  ;  y  a  demeuré  et  beu 
15  jours. 

1652. 

Le  bon  Dieu  m'a  faict  commencer  ceste  année  par 
les  croix  et  persequtions ,  dont  j'adore  sa  saincte  pro- 
vidence qui  me  conduict  par  le  chemin  royal  et  frayé 
par  luy  mesme. 

Les  Mazent  de  Condat,  un  père  et  deux  filz,  tous  trois 
ingratz,  perfides,  vindicatifs,  calomniateurs,  ont  abbaye 
en  chiens  ou  urlé  en  loup  garroux  contre  mon  inno- 
cence. Je  ne  venois  que  de  les  servir,  le  père  en  luy 
prestant  de  mon  bien,  le  cadet  insolent  et  sans  Dieu  en 
luy  baillant  lettres  pour  son  mariage,  et  luy  espargnant 
les  estriviéres  que  M.  Delage  luy  alloit  faire  bailler,  et 
ce  beau  premier  jour  Tun  me  paya  d'un  rien  et  l'autre 
de  calomnies.  Dieu  les  convertisse!  J'escris  cessy  pour 
me  servir  de  mémoire  éternelle  de  ne  leur  prester  jamaiz 
chose  aucune  et  de  leur  parler  en  aucune  façon,  mais 
les  salluer  simplement  et  fuir  leur  abbord  comme  de  la 
peste. 

Ils  m'ont  embarrassé  cent  fois  par  leurs  discours;  que 
je  m'en  souvienne  donc,  de  peur  par  ma  facilité  de  re- 
tumber,  en  les  fréquentant,  dans  les  mesmes  accidentz. 

L'autre  perseqution  est  de  La  Tour,  filz  de  M'  de 
Peyssieras,  une  ame  perdue  qui  vit  dans  le  libertinage 
et  inceste,  et  pour  refuser  ses  garces  à  la  confession  (car 
il  est  incestueux),  il  me  menasse  de  poignarder  et  tuer 
ou  il  me  rencontrera. 

{Les  dernières  pages  du  journal  ont  été  arrachées,) 


(1)  Commune  de  Saint-Germain-les-Belles  (Haute-Vienne). 


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LES 


FOUS  LITTÉRAIRES 

DU    QUERCY 

pTUDBS    |il8TORIQ,UB8 

Pap  Louis  GREIL 


^^  E  fantaisiste  et  spirituel  bibliophile  Charles 
^^^  Nodier,  il  y  a  une  cinquantaine  d'années, 
disait  :  S'il  y  a  encore  un  livre  curieux  à  faire 
en  bibliographie,  c'est  la  bibliographie  des  fous, 
et  s'il  y  a  une  bibliothèque  piquante,  curieuse 
et  instructive  à  composer,  c'est  celle  de  leurs 
ouvrages.  Et  en  effet,  quelques  années  après,  il 
publiait  au  sujet  des  écrivains  aliénés  ou  excen- 
triques, deux  notices  qui  furent  jointes  aux  nu- 
méros» 21  et  23  du  Bulletin  du  Bibliophile. 
Plus  tard  deux  autres  auteurs.  Octave  Delepierre 
et  Gustave  Brunet,  composèrent  sur  ce  même 
sujet  deux  ouvrages  ayant  pour  titre,  l'un  :  His- 
toire  littéraire  des  Fous;  l'autre  :  Les  Fous 
littéraires,  essais  bibliographiques  sur  la  lit- 
térature  excentrique,  les  illuminés,  les  vision- 
naires, etc.;  le  premier  fut  édité  à  Londres  en 
1860,  le  second  à  Bruxelles  en  1880. 

Ces  différentes    publications   eurent   le   mérite 
d'attirer   l'attention    d'un   de   nos   compatriotes, 


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—  76  — 

chercheur  infatigable,  M.  Louis  Greil,  qui  à  son 
tour  inséra  dans  la  Revue  des  Bibliophiles  {l)y 
quelques  notes  relatives  à  quatre  écrivains  excen- 
triques du  département  du  Lot  :  François  De- 
lestre,  François  Marmiesse,  Soubira  et  Paul  La- 
coste. 

Les  notes  de  M.  Louis  Greil  ont  eu  un  succès 
mérité,  et  Tauteur  vient  de  refondre  son  ouvrage 
et  de  le  publier  dans  le  Réformateur  du  Lot  (2). 
Il  y  a  ajouté  deux  autres  toqués  :  Glavel  et  Del- 
bosc.  Nous  ne  pouvons  mieux  faire,  pour  donner 
une  idée  du  mémoire  de  M.  Greil,  que  de  trans- 
crire une  de  ses  biographies.  Nous  choisirons 
celle  de  Victor  Glavel.  La  vie  de  cet  original, 
au  cerveau  fêlé,  ne  ressemble  point  à  celles  de 
ses  autres  compatriotes,  qui  se  croyaient  tous 
envoyés  du  Messie  et  étaient  convaincus  de  leur 
mission;  Victor  Glavel  se  rattache  un  peu  au 
Limousin;  il  est  né  sur  les  limites  du  Lot  et 
de  la  Gorrèze,  et  pendant  quelque  temps  il  a 
été  professeur  au  collège  de  Tulle. 

CNote  de  la  Rédaction^ 


(1)  Louis  Greil.  Notes  pour  servir  de  supplément  aux  Fous 
littéraires.  —  Sauveterre,  Ghollet  imprimeur,  1881. 

(2)  Louis  Greil.  Les  Fous  littéraires  du  Quercy.  —  Gahors, 
Girma  libraire,  1886.  Tirage  à  part  à  100  exemplaires. 


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A.-M.-V.    CLAVEL 


Glavel,  Alexandre-Malhieu*Victor,  nacpiit  le  22  sep- 
tembre 1755,  h  MayraCi  village  de  la  commune  de 
Souillac.  arrondissement  de  Gourdon,  département  du 
LoL  II  fît  ses  premières  études  au  collège  de  Gahors; 
il  alla  ensuite  étudier  à  Toulouse,  et  ce  dut  être  un 
bon  élève  et  un  précoce  savant,  car,  en  1772.  par  con- 
séquent à  rage  de  17  ans,  il  fut  sous-professeur  au 
collège  royal  dudit  Toulouse.  £brsgu'il  quitta  cet  éta- 
blissement, il  alla  professer  à  Tulle  et  ensuite  à  Paris. 

A  Tulle  il  fit  comiaissance  avec  Cabanis,  qui  Taida 
de  son  crédit.  A  Paris  il  eut,  paraît-il,  des  élèves  qui 
sont  devenus  célèbres;  il  en  nomme  uii  certain  nombre, 
entre  autres  Talma,  dont  il  dit  :  ^ 

A  quatorze  ana  Talma, 

Supérieurement  devant  moi  déclama. 

Clavel,  qui  avait  Tesprit  ciiangeaut,  abandonna  le  pro- 
fessorat,  se  fit  recevoir  médecin,  puis  entra  dans  Tad- 
mioistration  des  Postes  où   il  fut    nommé  vérificateur. 

Gomme  il  a  mené  une  vie  très  accidentée,  nous  n'énu- 
mérerons  pas  toutes  les  situations  où  il  s'est  trouvé; 
nous  dirons  cependant  quil  s'était  créé  sous  Montmartre 
un  ermitage,  auquel  il  avait  donné  le  nom  de  Philomèlie' 
d^HanrimontUi  qu'en  1814  et  1815  les  alliés  le  dévastèrent 
et  que  cette  dévastation  a  été  un  des  plus  grands  cha- 
grins de  sa  vie, 

Clavel  a  publié  deux  petits  volumes,  dont  voici  le 
titre  général  : 

Enkiridiôn  des  mélanges  Philosophiques^  Morati^    i  Uihf^^^^^ 
et   Politiques   du  phUantrope  mmx   eî^mite   de  *\m^^^^^' 

d'HaurimofiU,  mt  bas  de  3f ont  martre;  ûûûpiiisê  ^    KW"       ^^Mi 
houspillé^  démoli,  ruiné  par  les  saints-alliés  des  ^    *-  XM"^^^  ■  if  ^^' 
rentrés  en  iSi^  et  1815.  Dédié  aux  improstiti^  ^\       \W^  ^nV^!^ 


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—  78  — 

pur$,  sincères  amis  des  libertés  publiques  et  des  imprescrip" 
tibles  droits  de  tous  les  citoyens  utiles  à  tous  les  bienfaits  du 
progrès  vers  les  améliorations  sociales  que  la  presse  indépen^ 
dante  réclame  chez  tous  les  peuples  au  nom  de  l'égalité  natU' 
relie  et  civile.  Analectes  inédits^  ornés  de  vignettes^  d'une 
planche  en  taille  douce  et  de  2  portraits, 

Paris^  chez  l'auteur,  rue  du  Bouloy,  n**  i2,  et  chez  tous 
les  Marchands  de  Nouveautés  littérai7*es,  183^^  2  vol,  in''î2. 

Ces  deux  volumes  sont  un  recueil  de  poésies  de  diffé- 
rents genres,  françaises  et  latines,  de  quelques  pièces 
en  prose,  datées  de  lieux  et  de  dates  divers,  la  plus 
ancienne  de  l'année  1773,  la  plus  récente  de  1834,  pagi- 
nées séparément. 

Au  premier  volume  est  jointe  la  planche  en  taille- 
douce.  Elle  est  de  format  in-folio,  encadrée  de  deux 
branches  de  laurier,  d'attributs  de  médecine  et  de  poésie  ; 
elle  contient  Tacrostiche  des  noms  et  des  titres  de  Clavel. 

Il  s'y  peint  comme  on  va  lire  : 

►  u  milieu  du  siècle  dix-huit, 
t^'an  d'heur  cinquante  et  cinquième, 
Hn  France,  dans  humble  réduit, 
><  romain  double  et  deuxième, 
>\x  mois  de  septembre  l'on  dit, 
^ommmé  Mathieu,  le  neuvième, 

Ou  giron  maternel  sortit 

^  ien  il  n'était  quand  il  naquit, 
tQt  rien  longtemps  il  fut  de  môme. 

Sais  à  trois  lustres  accomplis 
t>  près  avoir  dans  bonne  éoole, 
Hraduit,  en  langue  de  Paris, 
Worace  et  le  grec  protocole, 
hhI  commenta  Loke  et  Leybnis, 
Wt  s'affublant  de  mince  étoffe, 
dn  peu  se  rendit  philosophe. 

-<îoyages  sur  terre  et  sur  l'eau, 
HiDSpections  académiques, 
«ultures,  écrits  de  bureaux, 
Hhé&tre,  jeux,  mathématiques. 
Objet  de  l'art  médicinal 
Remplirent  son  destin  fatal. 


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f>mour  fit  longtemps  son  supplice, 
-«Vainement  il  ne  soupira  : 
t^uterpe  assez  lui  fut  propice; 
t^a  musique  le  consola. 

d'une  prétention  frivole 
Seureux  de  n'avoir  point  l'orgueil, 
f>vare  du  temps  qui  s'envole; 
cjn  sage  voit  tout  de  môme  œil. 
{x^iant  de  toute  alarme  folle, 
hhI  ne  connut  jamais  le  deuil. 
Mathieu  de  tout  temps  fit  d|»môme ; 
Oncques  de  rien  ne  i^uqHB 
î2îom  fameux,  Puissance  suPrême, 
H  résors,  Naissance,  Diadème, 
cour  rien  son  cœur  ne  se  fixa. 


O  u  sort  en  vain  le  dur  caprice 
Obstinément  le  tourmenta; 
c^omptant  pour  rien  son  injustice, 
Houjours  tranquille  il  s'en  moqua, 
t^n  bonne  et  sinistre  occurrence, 
Csant  de  ses  droits  de  chevance, 
{x^ien  jamais  ne  l'inquiéta. 

Wpicurien,  franc  stoïque, 

Î25  arguant  l'engeance  séraphique, 

Maudissant  surtout  les  cagots; 

t^nnemi  du  célibataire 

Oont  l'autorité  mensongère 

i^st  la  source  des  plus  grands  maux, 

Contre  l'odieux  Fanatisme 

H-il  se  déchaîna  èans  détour; 

î^e  crut  qu'au  vrai  Patriotisme, 

tQt «craignant  Dieu,  perdit  le  jour. 

Composé  à  Paris,  le  21  juillet  i78o 

Natus  22  sept,  1755,  Mayraci. 
Obiit  die Mens.  —  An  183,.,  --•^ 

Nous  croyons  que  Clavel   n'a  pas   été 
disant  avoir  composé  cet  acrostiche   en 


oisani  avoir  compose  cet  acrostiche   en     -^  ^^  g, 

date,  il  lui  était  impossible  de  savoir  toi^    "^O^         /^    or  A 
de  M.  ^V^v#^îî' 


V 


|.ç' 


À 


oogle 


—  80  — 

Parmi  ses  poésies  il  y  en  a  de  charmantes;  quelques- 
unes  sont  un  tableau  très  réussi  de  la  ville  de  Cahors; 
d'autres  une  juste  critique  de  certaines  de  ses  mœurs 
dans  les  trente  premières  années  de  ce  siècle;  mais  nous 
n'en  citerons  aucune,  parce  que  nous  nous  sommes  pro- 
posés de  faire  connaître  seulement  les  excentricités  litté- 
raires de  notre  auteur,  qui  a  mis  au  commencement  de 
sa  publication  la  préface  suivante  : 

Très  originale  cédule 
D'analectes  introductifs 
A  prétenUon  ridicule 
De  tirer  un  riche  pécule 
D'ingrédiens  improductifs  ; 
Mais  bous  à  dorer  la  pillule. 

LECTEUR 

AVENT-PROPOS? Fi-donc! 

AVERTISSEMENT? Non. 

D'opuscule  cocasse 
A  franche  dédicace 
Il  est  urgent,  dit-on, 
Gomme  paradicton, 
De  coudre  une  préface 
En  style  de  haut  ton  ; 
Sans  quoi  Tauteur  trépasse  ; 
De  la  lire  on  se  lasse 
Et  Tœuvre  du  démon 
Est  la  part  de  Pluton. 
Gela  peu  m'embarasse 
J'ai,  pour  y  faire  face, 
Des  sorciers  le  Daron, 
Des  devins  le  Patron  ; 
De  sa  large  besace 
Un  rare  échantillon 
Qui  n'est  pas  un  Centon 
A  faire  la  grimace  ; 
Mais  riche  rogaton. 
Trésor  de  paperasse 
Qui  du  qu'en  dira-t-on  ? 
Méprise  la  menace. 

MÊME  AU  NOIR  FEUILLETON 


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—  81  — 

Caméléons  !  à  bas  :  dans  la  rouille  et  la  crasse 
Rentrez.  Au  pilori  reprenez  votre  place, 
Ou  plutôt  à  Bicôtre  au  cul  d'un  cabanon 

Quoi  qu'on  dise  et  qu'on  fasse 

La  voilà  ma  préface  : 

Bien  qu'en  prose,  de  ton, 

De  finesse  et  de  grâce. 

Même  aux  yeux  du  Parnasse, 
Elle  ne  manque  pas,  et  je  dis  :  c'est  du  bon  I 

La  prose  de  Glavel  est  aussi  originale  que  sa  poésie; 
nous  allons  en  donner  un  aperçu.  Dans  un  opuscule  de 
12  pages  qui  a  pour  titre  : 


GargantiM. 

,  Panurge. 

Gulliver. 

Les  Mirmidons 

Progrès. 

Statu  quo. 

Colosse. 

Pygmée. 

se  trouvent  des  phrases  dans  le  genre  de  celle-ci  : 

«  Je  connais  la  mystérieuse  cache,  inconnue  des  pro- 
»  fanes  gobe-loups  du  fisc  dévorateur  des  trois  afifama- 
»  toires  de  Tutile  travailleur  prolétaire,  cachette  recelant 
0  divers  inappréciables  rouleaux  ficelés,  carottés  de  dou- 
D  ble,  métriques  feuilles  réservées  de  tabac,  odorantes 

»  manoques  de  L.  V ,  de  cette   majestueuse  plante, 

»  originaire  des  climats  babelliques  aux  temps  fabuleux, 
»  ports  déluviens,  antérieurs  de  quarante  révolutions  hé- 
»  liotiques,  séculaires  pyramidales  de  la  féconde  Egypte, 
»  savante  institutrice,  par  ses  mages  voyageurs  de  Noé- 
»  Bacchus,  gai  planteur  du  bois  tortu,  vignifère  bien- 

»  faisant  lait  des  vieillards  comme  nous ,  cylindres  à 

»  la  nanan  dont  je  te  ferai  bonne,  amicale,  fraternelle, 

»  gratuite  part  plantureuse,  si,  dans  les  doctes  recherches 

n  des  phénomènes  abstrus  des  sensations  mères  des  idées, 

»  de  Fintelligence  et  du  jugement  du  canard  bipède,  rai- 

»  sonnable  fou  sans  plumes,  du  cynique  rouleur  de  tonne  . 

»  demi-culiaire.  Diogène,  sage  fou,  qui,  lanterne  aXVoïttèe  \ 

»  en  main,  cherchait  en  plein  midi  un  hoitxjvv     ,  ♦tO^X"  ^  V 


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—  82  — 

»  vable  comme  chez  nous,  au  sein  des  corruptions  mi- 
»  nistérielles,  secondées  par  leur  co-partageans  des  turpi- 
»  ludes,  exactions  et  larcins  tolérés,  avoués  et  préconisés 
»  dans  les  haut  lieux  des  bassesses  officielles,  au  moins 
»  autant  qyx^  officieuses  y  si,  dis-je,  tu  as  pu  te  procurer 
»  le  nichoir  occulte  de  quelque  vieux  moulin  proscrit 
»  par  Tombrageux  monopole  nasical,  toujours  hérissé  de 
»  procès-verbaux,  de  confiscations,  d'amendes,  d'arresta- 
»  tions  pour  fraudes  et  maltôtes  inquisitoriales,  dont 
»  nous  devons  très  peu  nous  inquiéter,  vu  Toriginô 
»  sur-antique,  indépendante  du  privilège  oppressif  et  vil 
»  des  agens  fiscaux  que  nous  pourrions  bravement  ren- 
»  voyer  aux  calendes  grecques,  voire  même  aux  puans 
»  annotateurs  éphéméridiques  hébreux  du  Talmoud  ra- 
»  binique,  régulateur  du  Sanhédrin  de  la  religion  ma» 
»  trice  des  cultes  extérieurs  temporels,  sinon  spirituels, 
»  modèles  inaltérés  malgré  les  dislocations,  les  servi- 
»  tudes,  les  fléaux  destructeurs,  les  années  de  vaines 
»  courses,  d'apostasies,  de  massacres  du  peuple  dlsraél 
»  sous  la  monarchique  domination  d'Allah,  dans  les  brû- 
»  lantes  solitudes  sans  issue  du  désert  restauré  par  la 
»  manne  céleste  aux  plaines  immenses  de  la  Mésopo- 
»  tamie  avant  la  lointaine  apparition  de  cette  terre  de- 
»  puis  si  longtemps  promise,  si  poétiquement  préconisée 
»  par  la  puissante  voix  d'Habacuc,  des  sublimes  mora- 

»  lités  du  jeune  Daniel ,  des  admirables  prédictions 

»  positives  d'Isaïe,   et  les  touchantes  élégies  du  mélo- 
D  dramaturge  antique  Jérémie!!! » 

Cette  phrase  est  une  des  plus  longues  de  la  prose 
de  notre  auteur,  mais  il  y  en  a  beaucoup  d'autres  qui 
ne  le  sont  pas  moins. 

Clavel  a  beaucoup  voyagé;  il  a  résidé  à  Cahors  à 
diverses  époques;  mais  il  a  habité  Paris  plus  longtemps, 
et  il  y  est  mort  en  1835  ou  1836.  Il  est  douteux  que 
sa  famille  ait  fait  mettre  sur  sa  tombe  l'épitaphe  qu'il 
avait  composée  et  que  voici  : 


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^  83  - 
VŒU  SUPRÊME 

Au  poids  des  aas 
Quand  pauvre  vieillard  siiccombei 

Pieux  parons 
Dôivenl  graver  sur  s&  tombe 

Ces  mots  toachans  : 
Témoins  do  Iriste  hécatombe, 
Prie^  pour  ie  ci-devant 
MalhicM  Ctoei,  bon  vivant, 
Ami  fidèle  et  fervcnti 
Docteur  pou  médicïusuxt; 
Mais  qui  rimailla  souvent 
Travailla  péniblement, 
Et  mourut  philosophant. 
Pour  adieux,  hymne  gaiment 
Sur  sa  harpe  modulant, 
Lui-même  il  creusa  sa  tombe 

Pleurs  superflus  ! 
SU  laisse  lorsqu'il  y  tombe, 

El  qu'il  u'est  plus, 
L'exemple  de  ses  vertus. 
Béni  soit  par  toi^  passant. 
L'homme  probe»  là  gisant, 
Dont  te  cceur  franc,  obllgeautp 
Simple,  doux,  compati ssaut. 
Fléau  de  Tin  tolérant. 
Brava  des  erreurs  la  trombe. 
Et,  plus  sage,  en  vieillissant, 
Aux  bienfaits  reconnaissant, 
Aima  Dieu  par  sentiment  I 

Nous  pensons  que  ce  que  nous  venons  de  dire  per- 
mettra de  juger  le  talent  littéraire  de  ClaveL  Ce  ne  fut 
pas  un  monomane  comme  plusieurs  de  ses  compatriotes, 
ce  n'était  qu'un  frondeur  extravagant  1 


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MEYHAC  ET  SON  ABBAYE 

ÉTUDES    HISTORIQUES 


CHAPITRE  V 


Gomment  se  percevaient  les  dîmes.  —  Les  dîmes  de  la  .paroisse 
de  Saint- Sulpice-les-Bois.  —  Turgot  en  Limousin.  —  La  corvée. 
—  Les  routes.  —  Ëtat  de  l'administration  de  la  commune  de  Mey- 
mac.  —  Organisation  par  Turgot  d'un  bureau  de  bienfaisance  à 
Meymac.  —  Luttes  locales.  —  La  disette  de  1770.  —  Turgot  vient 
au  secours  des  pauvres  de  Meymac.  —  Lettre  de  Turgot  au  roi 
demandant  des  secours  pour  notre  pays.  —  Fondations  de  la  Gène 
et  de  la  Chandeleur.  —  Discussions.  —  Le  grand  Gonseil  renvoie 
les  parties  devant  Turgot.  —  Le  syndic  des  pauvres.  —  Mémoire 
produit  par  le  syndic.  —  Mémoire  fourni  par  les  religieux.  —  Le 
!•'  consul  Treich.  —  Des  Farges.  —  Mémoire  présenté  par  les 
consuls  et  annotations  de  M.  Turgot.  —  Jugement  rendu  par 
Turgot. 

g  I- 

""^  PRÈS  le  partage  des  biens  de  Tabbaye,  les 
s4L  abbés,  ainsi  que  les  religieux,  continuèrent 

®e^  à  exercer  rigoureusement  leurs  droits;  mais 
ces  derniers  ne  s'éloignèrent  pas,  à  l'exemple  de 
leur  chef,  du  pays  qui  les  enrichissait.  Chaque 
jour  en  contact  avec  les  habitants,  les  moines 
s'imprégnèrent  de  leurs  habitudes,  connurent  leurs 
besoins,  et,  par  l'aumône  qu'ils  firent,  par  l'hos- 
pitalité qu'ils  donnèrent,  par  l'instruction  qu'ils 
répandirent  dans  toutes  les  classes,  ils  surent  jus- 
tifier jusqu'à  un  certain  point  les  privilèges  que 
leur  assurait  l'ancien  régime.  Quant  aux  abbés, 
pasteurs  sans  troupeaux,  ils  avaient  rompu  les 
liens  qui  les  unissaient  autrefois  au  couvent,  et 


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Tautorité  claustrale  s'était  concentrée  entre  les 
mains  du  prieur,  qui  Texerçait  sous  la  surveillance 
et  le  contrôle  du  directeur  général  de  l'ordre.  Le 
monastère  avait  été  pour  la  ville  de  Meymac  une 
cause  réelle  de  prospérité  :  les  commerçants  y 
étaient  nombreux;  les  artisans  habiles  jouissaient 
d'un  bien-être  relatif;  les  listes  des  pauvres  n'ac- 
cusaient pas  un  trop  grand  nombre  de  malheu- 
reux; par  le  fermage  des  dîmes  presque  toujours 
concédées  à  des  membres  du  tiers-état,  la  bour- 
geoisie avait  vu  accroître  et  son  aisance  et  sa  for- 
tune. Quant  à  l'instruction  publique,  elle  était 
libéralement  distribuée  puisque,  déjà  en  1726, 
plus  de  deux  cents  habitants  de  la  ville  avaient 
pu  apposer  leur  signature  au  bas  d'une  requête 
présentée  au  conseil  du  roi  par  la  communauté, 
à  l'occasion  du  procès  des  moines. 

L'usage  d'affermer  les  dîmes  n'avait  pas  peu 
contribué  à  rendre  leur  perception  odieuse  et  dif- 
ficile. Obligé  de  livrer  à  l'abbé  et  aux  moines 
de  l'argent  ou  du  grain,  le  fermier,  pour  se  cou- 
vrir des  frais  et  pour  réaliser  un  bénéfice,  usait 
souvent  d'arbitraire  et  se  montrait  toujours  ri- 
goureux dans  l'exercice  de  son  droit.  De  là  des 
difficultés  et  des  contestations  nombreuses.  La 
défiance  instinctive  qu'a  toujours  eue  le  paysan 
contre  l'habitant  des  villes  a  pour  cause  le  sou- 
venir de  l'ancienne  oppression  qui  pesa  jadis  sur 
l'habitant  des  campagnes,  presque  seul  astreint 
à  la  dîme,  soumis  à  la  corvée  et  aux  dilapida- 
tions des  anciens  seigneurs  et  des  gens  de  guerre. 
Mais  le  paysan  appartient  à  une  forte  et  vigou- 


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rCÏU^^    llVU^y     If    ^191»    1   U1#I1.1IA11?    UU    19(#l| 


par  tous  les  sentiments.  La  rigueur  du  climat ^ 
les  peines  de  la  vie,  le  travail  infécond,  rien  ne 
rebute  sa  constance;  il  a  Tespoir,  et  dans  le  grain 
qui  germe  et  dans  Theibe  qui  croltj  il  reconnaît 
la  main  du  céleste  ouvrier.  Son  corps  s'est  en- 
durci sous  les  feux  du  soleil;  son  cœur  s'est  Ibr- 
tiûè  au  contact  de  la  souffrance;  il  ignore  le 
doute  et  ces  désirs  non  satisfaits,  ces  désespoirs 
sans  fin  qui  s'imposent  comme  une  torture  au 
cœur  des  élus  d'une  civilisation  plus  raffinée.  Les 
émotions  chex  lui  sont  passagères;  il  est  étranger 
aux  élans  généreux  de  Tàme  qui  engendrent  les 
grands  sacrificest  car,  meurtri  depuis  des  siècles, 
il  se  défie  de  la  fortune;  mais  sous  cette  rude 
enveloppe  rintelligence  vit;  seul  de  nos  jours  il 
s'enrichit  par  Tépargno,  il  sait  maîtriser  ses  désirs, 
il  sait  plier  sans  rompre  et  parait  moins  compter 
sur  la  violence  que  sur  le  temps  pour  atteindre 
son  but  :  la  possession  du  sol. 

Pour  bien  juger  d'une  époque  il  faut  en  con- 
naître les  usages,  de  môme  que  pour  apprécier 
le  mérite  et  la  portée  d'une  institution  il  est  né- 
cessaire de  saisir  sur  Ui  vif  les  moyens  pratiques 
qui  servent  à  la  faire  fonctionner  et  les  consé- 
quences qui  en  découlent.  Nous  savons  déjà  ce 
qu'était  la  dlme,  sur  qui  en  retombait  le  povAâi 
à  quels  privilégiés  elle   était  due.    Il   nou^   .^^ie 
à  indiquer  le  mode  d  après  lequel  elle  él^*         ^^ 
çue,  et  quelques-unes  des  ditficultés  auxcj^^  W    ^^v 
perception  donnait  naissance.  ^vwtv^"^ 

Cet  impôt  ecclésiastique  grossissait  souv, 


mesure  les  revenus  de  certains  hauts  dignitaires 
de  rÉglise  et  des  titulaires  de  grandes  abbayes, 
tandis  qu'il  laissait  dans  la  pauvreté,  quelquefois 
même  dans  la  misère,  le  prêtre  des  paroisses  où 
la  population  était  rare  et  la  culture  négligée. 
Ne  recevant  de  TÉtat  aucune  subvention,  le  curé 
de  village  en  était  réduit  à  son  casuel,  à  quel- 
ques sacs  de  blé  ou  à  des  rentes  minimes,  pro- 
duit de  pieuses  fondations,  et  tout  était  subordonné 
aux  conditions  climatériques,  aux  sentiments  reli- 
gieux des  paroissiens,  à  leur  aisance  ou  à  leur 
misère,  à  leur  bon  ou  à  leur  mauvais  vouloir. 
De  nos  jours,  la  situation  du  clergé  inférieur  est 
plus  indépendante,  son  existence  est  mieux  assurée 
et  son  autorité  morale  plus  complète. 

La  grosse  dîme,  ou  dlme  de  grain,  était  qué- 
rable  :  Le  paysan  prévenait  le  décimateur  que  la 
récolte  était  coupée,  que  la  gerbe  était  liée,  pour 
qu'il  vînt  prélever  son  droit.  Ce  dernier  alors  se 
rendait  au  champ,  et  sur  chaque  tas  de  dix  gerbes 
il  en  choisissait  une.  Si  la  dîme  était  affermée, 
il  en  était  donné  avis  au  prône  de  la  paroisse 
pendant  les  trois  dimanches  qui  précédaient  la 
moisson,  et  les  assujettis  étaient  autorisés  à  se 
libérer  entre  les  mains  du  fermier  qu'on  leur  dé- 
signait. Mais  comme  le  producteur  ne  pouvait 
rentrer  sa  récolte  avant  la  perception  de  la  dîme, 
il  se  trouvait  soumis  au  bon  plaisir  du  collecteur, 
et  souvent,  par  la  négligence  de  ce  dernier,  les 
grains  et  les  pailles  s'avariaient  dans  les  champs 
à  la  suite  de  pluies  ou  d'orages.  Le  laboureur 
opérait-il  l'enlèvement  de  sa  récolte  avant  la  per- 


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-^  90  — 

Les  tenanciers  obéissent  à  cette  sommation  et 
répondent  qu'il  est  vrai  que  chacun  d'eux  a 
fermé  ses  gerbes  de  blé-seigle  et  n'avoir  cru 
être  tenu  d'appeler  le  dit  seigneur,  prieur  ni 
ses  préposés,  qu'ils  sont  en  usage  de  les  fer- 
mer, dont  ils  offrent  de  coniÀ/nuer  le  paie- 
ment, au  moyen  de  quoi  ils  n'entendent  déli- 
vrer aucune  dime  ni  la  présente  année,  ni 
celles  à  venir.  A  la  suite  de  cette  réponse  le 
prieur  proteste,  un  procès-verbal  est  dressé,  une 
instance  s'engage,  et  les  habitants  de  Seringoux 
sont  condamnés  à  payer  la  dîme. 

Les  conflits  de  cette  nature  étaient  fréquents, 
et  toujours  apparaissait  chez  le  décimateur  la 
ferme  volonté  de  faire  triompher  son  droit  en 
la  forme  et  au  fond,  tandis  que  le  cultivateur 
essayait  de  le  transformer  et  de  le  convertir  en 
une  redevance  en  argent  qu'il  consentait  à  payer. 
On  peut  juger  par  là  des  désirs  de  chaque  partie 
et  du  but  opposé  que  l'une  et  l'autre  voulaient 
atteindre.  Ces  aspirations  diverses  peuvent  se  ré- 
sumer en  deux  mots  :  l'émancipation  du  sol  ou 
son  asservissement. 

Des  contestations  d'une  autre  nature  naissaient 
à  l'occasion  de  la  perception  des  dîmes,  et  sou- 
vent les  habitants  d'un  même  village  se  trou- 
vaient en  présence  de  plusieurs  prétendants,  qui 
tous  réclamaient  le  même  droit.  Les  faits  de  ce 
genre  sont  nombreux;  nous  nous  bornerons  à  en 
citer  un  seul. 

Le  15  novembre  1760,  M.  Bernard  Lachaze,  curé 
de  Saint-Germain-la-Volps,  se  rendit,  assisté  d'un 


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—  91  — 

notaire,  au  village  de  La  Combe,  dépendant  du 
prieuré  d'Endevaisse,  dont  le  titulaire  était  encore 
un  moine  de  Meymac,  pour  faire  sommation  à 
Antoine  Cloup,  à  Léger  Couzelas  et  à  Léonard 
Tridoux,  de  lui  délivrer  la  dîme  du  froment,  du 
seigle,  du  blé  noir  et  de  l'avoine  qu'ils  avaient 
pu  récolter  dans  le  tènement  de  La  Chassagnole, 
paroisse  de  Saint- Germain-la- Volps.  Les  tenanciers 
répondirent  qu'ils  ne  reconnaissaient  pour  sei- 
gneur de  leur  village  et  de  ses  dépendances 
que  le  prieur  d'Endevaisse,  entre  les  mains  du- 
quel ils  ont  coutume  d'acquitter  chaque  année 
la  dîme,  et  qu'ils  la  refusent  au  curé{i). 

Enfin  voici  un  dernier  fait  relatif  aux  tendances 
qu'avaient  certains  décimateurs  de  se  substituer; 
il  est  extrait  des  registres  de  l'état-civil  de  la 
paroisse  de  Saint-Sulpice-les-Bois,  où  sont  rela- 
tées les  acquisitions  successives  faites  par  le  curé 
de  cette  paroisse.  Ce  document  est  l'œuvre  de 
M.  Malpertuis,  vicaire;  il  porte  la  date  du  18  oc- 
tobre 1779;  nous  en  donnons  la  copie  textuelle  : 

a  Duchassaing  se  démit  en  1763  de  la  cure  de  Saint- 
Sulpice  en  faveur  de  M.  Mary,  de  Meymac,  qui  était 
pour  lors  curé  de  Monestier-Merlines,  et  qui  n'était  pas 
même  son  parent,  pour  la  pension  annuelle  de  300  livres. 
Ce  Mary  en  prit  possession  au  mois  de  mai,  je  crois,  le 
10  de  la  susdite  année.  M.  Duchassaing  se  retira  à  Mey- 
mac, où  il  mourut  cinq  à  six  ans  après  sa  retraite.  Des 


(1)  Cet  acte  est  le  seul  où  soit  mentionné  la  dîme  du  blé  noir; 
nulle  part  ailleurs  il  n'a  été  question  de  ce  produit.  Le  procès-verbal 
est  du  15  novembre  1760,  reçu  Lespinasse.  En  177C  les  parties  plai- 
daient encore  devant  le  Parlement  de  Bordeaux. 


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—  92  — 

raisons  particulières  Tobligèrent  à  quitter  son  curé;  il 
s'approchait  cependant  de  soixante-cinq  ans  quand  il  le 
quitta.  On  peut  dire  que  c*est  lui  qui  a  fait  ce  bénéfice; 
auparavant  il  était  un  bénéfice  commun.  Il  réunit  à  la 
dîme  qu*il  avait  de  toute  la  paroisse  celle  de  la  moitié 
du  village  de  La  Rigaudie  où  Ton  emporte  la  paille, 
compris  les  agneaux  qui  appartenaient  autrefois  à  la 
commanderie  de  Bellechassagne. 

Voici  comment  il  a  pu  s'emparer  d'un  droit  qui  était 
à  la  commanderie  bien  incontestablement,  c'est  que  deux 
ou  trois  de  ses  prédécesseurs  avaient  toujours  affermé, 
mais  seulement  de  parole  verbale,  ces  dîmes  de  La 
Rigaudie  et  du  tènement  susdit  des  fermiers  de  ladite 
commanderie.  Ce  Monsieur  refusa  de  remplir  les  con- 
ventions de  ses  prédécesseurs,  ignorant  qu'ils  en  eussent 
fait  aucune;  il  y  a  procès.  Les  tenanciers  furent  assi- 
gnés à  déposer  qu'ils  n'avaient  jamais  vu  d'autre  déci- 
mateur  que  leur  curé,  et  cela  paraît  être  vrai,  ce  qu'ils 
affirmèrent.  Ainsi  M.  le  curé  fut  maintenu  par  là  dans 
sa  possession.  Il  est  cependant  sûr  que  la  commanderie 
en  avait  joui  auparavant. 

Il  a  aussi  exclu  les  Bénédictins  de  Saint-Angel  pour 
un  certain  usage  où  ils  étaient,  de  prélever  sur  le  corps 
du  village  de  Cisterne  six  setiers  par  an  de  dîme.  Je  ne 
sais  comment  il  s'y  prit.  Il  a  aussi  fait  la  convention 
qui  subsiste  encore,  avec  les  Bénédictins  de  Meymac, 
de  recevoir  d'eux  soixante  livres  tous  les  ans  pour  la 
desserte  de  Freyte,  sans  comprendre  le  casuel.  Ainsi  il 
a  rendu  cette  cure  maîtresse  de  toutes  les  dîmes  ordi- 
naires et  en  a  fait  une  cure  fort  gracieuse;  mais  il  eut 
le  malheur  de  n'en  pas  jouir  à  son  gré » 

L'impôt  de  la  dîme,  en  garantissant  au  clergé 
certains  revenus  annuels,  lui  donnait  une  grande 
influence  sur  les  populations  rurales.  Avec  ce  titre 
de  créancier  perpétuel  et  de  co- partageant,  il  pou- 
vait contrôler  tous  les  produits  de  la  terre,  faire 


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—  93  - 

sentir  son  action  incessante  et  sinitier  à  tout. 
Ce  droit,  consacré  par  Tusage,  par  la  loi  et  par 
la  religion,  était  représenté  comme  supérieur  à 
tous  les  autres,  et  devant  son  application,  le 
châtelain  slnclinait  aussi  bien .  que  le  vassal. 
Cependant  on  ne  peut  se  dissimuler  que  les 
vexations  imposées  par  les  intermédiaires,  régis- 
seurs ou  fermiers,  rendirent  odieuse  la  perception 
des  dîmes,  et  qu'à  chaque  saison  nouvelle  le 
laboureur  maudissait  des  usages  et  des  abus  dont 
tout  le  poids  retombait  sur  lui.  Pour  abolir  ces 
vieilles  coutumes,  pour  briser  ces  liens  séculaires, 
il  fallait  une  révolution  sociale;  elle  eut  lieu, 
elle  fut  terrible  et  souvent  implacable  dans  ses 
colères. 

§11 

Les  causes  qui  avaient  contribué  autrefois  à 
fonder  la  fortune  des  monastères  avaient  disparu 
longtemps  avant  le  xviii'  siècle,  qui  devait  em- 
porter la  royauté  absolue  et  briser  sans  retour 
Fancien  édifice  social.  On  sait  le  triste  état  de 
la  France  vers  les  dernières  années  du  règne  de 
Louis  XV,  de  ce  roi  fatigué  de  plaisirs  qui  laissa 
tomber  sa  couronne  aux  pieds  d'une  courtisane, 
la  fille  Vaubernier,  devenue  comtesse  Du  Barry. 
La  noblesse,  en  général,  n'était  pas  hostile  au 
mouvement  des  idées  philosophiques;  la  disso- 
lution des  parlements  avait  interrompu  le  cours 
de  la  justice,  les  finances  étaient  en  désarroi, 
l'autorité  de  la  religion  était  amoindrie,  le  peuple 
mourait  de  faim  sous  l'étreinte  cruelle  du  pacte 


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—  94  — 

de  famine,  et  rien  ne  pouvait  faire  revivre  une 
société  démoralisée,  chancelante,  dont  toutes  les 
croyances  étaient  ébranlées.  Cette  époque,  néfaste 
à  plus  d'un  titre,  vit  cependant  surgir  un  homme 
d'État,  un  philosophe,  dont  les  idées,  si  elles 
eussent  été  appliquées  et  mieux  comprises,  au- 
raient inauguré  un  régime  nouveau  et  transi- 
toire entre  le  passé,  qui  s'en  allait,  et  l'avenir, 
qui  voulait  naître.  Cet  homme  est  Turgot.  Sa 
retraite,  sous  le  règne  de  Louis  XVI,  fut  un 
malheur  pour  la  royauté  qui  sombra,  pour  la 
Révolution,  dont  la  marche  immodérée  tacha  de 
sang  la  France,  et  pour  la  société  qui  n'était 
pas  prête  à  supporter  toutes  les  réformes  qui 
lui  furent  imposées. 

Parler  de  Turgot,  en  écrivant  une  étude  sur 
Meymac  et  son  abbaye,  parait  être  un  hors- 
d'œuvre;  mais  l'amour  que  nous  avons  pour  la 
vérité  historique  nous  en  fait  une  loi,  car  bientôt 
nous  le  verrons  mêlé  aux  actes  de  l'adminis- 
tration locale;  et  puisque  ses  bienfaits  et  son 
nom  sont  gravés  dans  nos  annales^  nous  ne 
pouvons  passer  sans  mot  dire  et  sans  nous  in- 
cliner devant  ces  souvenirs. 

Anne -Robert -Jacques  Turgot  fut  nommé,  en 
1761,  intendant  de  la  généralité  de  Limoges.  Il 
appartenait  à  une  famille  dont  plusieurs  mem- 
bres avaient  occupé  de  hautes  fonctions  adminis- 
tratives (1);  il  n'interrompit  point  cette  tradition. 


(1)  Son  père,  Michel-Etienne  Turgot,  avait  été  conseiller  d'État 
et  président  du  grand  Conseil  du  roi.  Son  aïeul  avait  exercé  les 


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—  95  — 

La  généralité  de  Limoges  comprenait  trois  pro- 
vinces :  le  Limousin,  TAngoumois  et  une  partie 
de  la  Marche.  M.  Turgot  fit  donc  son  appren- 
tissage d'administrateur  pratique  au  milieu  de 
populations  inconnues,  oubliées,  et  c'est  en  par- 
courant lui-môme  les  contrées  les  plus  désertes 
qu'il  conçut  les  projets  des  routes  que  nous  pos- 
sédons aujourd'hui;  c'est  en  visitant  les  chau- 
mières du  pauvre,  les  hameaux  et  les  villages 
qu'il  apprit  à  connaître  les  souffrances  du  peuple 
et  qu'il  songea  aux  moyens  de  les  adoucir. 

M.  Turgot  fut  nommé  intendant  de  la  géné- 
ralité du  Limousin  à  l'âge  de  trente-quatre  ans, 
époque  de  la  vie  où  l'ardeur  de  la  jeunesse  est 
tempérée  par  la  raison,  qui  se  fortifie  et  se  com- 
plète au  maniement  des  grandes  affaires.  Son 
élévation  à  cette  dignité  fut  un  événement  heu- 
reux pour  notre  province,  dont  la  réputation  de 
pauvreté,  d'ignorance  et  de  misère  était  prover- 
biale, et  en  assumant  les  charges  de  l'adminis- 
tration, le  nouvel  intendant,  malgré  son  énergie, 
éprouva  du  doute  pour  le  succès  de  son  entre- 
prise. Cette  première  impression  fut  passagère; 
le  jeune  magistrat  prit  confiance  en  voyant  ces 
populations  aux  mœurs  douces,  honnêtes,  rési- 
gnées. Sa  volonté  se  roidit,  il  l'opposa  aux  obs- 
tacles, et  son  cœur  eut  pitié  de  tant  d'ignorance, 
de  tant  de  misère.  Ce  dernier  sentiment  de  Tur- 


fonctions  d'intendant  des  généralités  de  Metz  et  de  Tours.  Turgot, 
intendant  du  Limousin,  avait  été  d'abord  maître  des  requêtes  au 
Conseil  du  roi. 


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—  96  — 

got  pour  les  habitants  du  Haut-Limousin,  et  qui 
implique  Tidée  d'un  ardent  amour  de  justice, 
nous  tenons  à  le  mettre  en  relief  parce  qu'il 
lui  donna  la  force,  le  dévouement  et  l'autorité 
nécessaires  pour  soulager  de  grandes  infortunes, 
amoindrir  l'effet  des  disettes,  relever  les  courages 
et  rendre  cette  province  presque  l'égale  des  plus 
heureuses  et  des  plus  favorisées. 

Dès  son  arrivée  à  Limoges,  Turgot  voulut  être 
renseigné  sur  l'état  de  sa  généralité,  sur  les  faits 
agricoles,  scientifiques  ou  économiques,  et  il 
s'adressa  aux  curés  des  paroisses  en  leur  disant 
a  qu'ils  pourraient  rendre  de  grands  services  aux 
arts  et  à  l'agriculture,  puisque  seuls  ils  étaient  à 
portée  de  faire  une  foule  d'observations  qui  échap- 
paient inévitablement  aux  habitants  des  villes 

En  attendant,  c'est  d'eux  qu'il  compte  obtenir 
les  renseignements  pour  rendre  une  justice  plus 
exacte.  Il  les  invite  à  lui  faire  connaître  ce  qu'ils 
croiraient  de  nature  à  l'éclairer  dans  l'intérêt 
d'une  administration  qui  ne  veut  que  le  bien, 
et  qui  le  veut  dans  toute  l'étendue  possible.  Il 
les  prie  de  lui  signaler  les  événements  considé- 
rables qui  pourraient  se  produire,  les  maladies 
contagieuses,....  et  de  lui  faire  parvenir  directe- 
ment les  requêtes  de  leurs  paroissiens  afin  de 
leur  épargner  les  frais  de  déplacement  et  la  perte 
d'un  temps  précieux.  » 

Le  peuple  des  campagnes  était  alors  traité  avec 
rigueur;  les  gouvernants  s'appuyaient  sur  la  force 
pour  être  obéis,  et  Turgot,  en  se  préoccupant 
des  intérêts  du  plus  grand  nombre,  en  prévoyant 


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—  97  - 

leurs  besoins,  voulait  associer  l'autorité  de  fait 
qu'exerce  le  pouvoir,  à  l'autorité  morale  qui  lui 
est  indispensable  pour  inspirer  la  confiance  et  le 
respect.  Ses  réformes  administratives,  si  l'on  tient 
compte  de  l'esprit  qui  présida  à  leur  inaugura- 
tion, eurent  en  général  le  caractère  de  réformes 
sociales  et  tendirent  à  relever  le  peuple  de  son 
état  d'infériorité  par  l'instruction,  par  une  répar- 
tition plus  équitable  des  charges  publiques,  et 
par  l'émancipation  du  travail  et  de  l'industrie. 
Au  lieu  de  la  misère  il  voulait  voir  le  bien- 
être  répandu  dans  les  masses,  car  l'une  de  ses 
maximes  favorites  était  :  Ce  qui  enrichit  Vin* 
dividu  enrichit  également  l'État. 

Connaissant  tous  les  abus  que  faisait  naître  la 
perception  des  tailles  dans  les  campagnes,  Tur- 
got  cherche  à  les  prévenir,  et  de  nouveau  il 
s'adresse  aux  curés  et  les  prie  d'informer  leurs 
paroissiens  qu'ils  ne  sont  obligés  de  rien  payer 
à  titre  de  frais  que  sur  présentation  d'une  taxe 
faite  par  le  subdélégué  de  l'intendant.  Il  les 
charge  aussi  de  les  instruire  de  la  manière  dont 
ils  doivent  s'y  prendre  pour  faire  réformer  les 
erreurs  qui  pourraient  se  glisser  dans  leur  cote 

de  taille Il  leur  recommande  instamment  la 

propagation  de  l'instruction  populaire,  a  Cet  excès 
d'ignorance  dans  le  peuple,  dit-il,  me  parait  un 
grand  mal.  J'exhorte  MM.  les  curés  à  s'occuper 
des  moyens  de  répandre  un  peu  plus  d'instruc- 
tion dans  les  campagnes,  et  à  me  présenter  ceux 
qu'ils  jugeront  surtcwftt  efficaces  pour  y  parvenir.  » 

Enfin,  dans  les  nombreuses  instructions  qu'il 


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—  98  — 

adresse  à  ses  subdélégués,  il  ne  cesse  de  leur 
recommander  de  recueillir  tous  les  faits  qui  peu- 
vent se  produire  sous  le  rapport  agricole,  com- 
mercial et  industriel,  de  lui  fournir  des  états 
statistiques,  d'intéresser  à  Tadministration  les  per- 
sonnes les  plus  marquantes  de  chaque  localité, 
de  s'entourer  du  concours  de  tous  afin  de  trouver 
un  remède  aux  maux  qui  existent,  aux  abus  qui 
se  commettent  et  qu'il  entend  réprimer. 

Tel  est  le  début  de  Turgot  dans  la  carrière 
administrative.  Avant  d'agir  il  veut  connaître; 
dès  qu'il  voit  le  mal  il  le  signale;  il  groupe 
les  faits,  il  les  classe  et  procède  ensuite  aux  ré- 
formes qu'il  juge  convenable  d'appliquer.  L'im- 
pôt, la  corvée  et  les  travaux  publics;  l'agricul- 
ture, le  commerce  et  l'industrie;  la  disette  et  la 
bienfaisance  préoccupèrent  son  esprit,  et,  sans 
ressources  extraordinaires,  par  sa  seule  autorité 
morale,  par  la  puissance  de  sa  volonté,  il  put 
résoudre  ces  questions  et  transformer  les  pro- 
vinces de  sa  généralité. 

Ses  idées,  en  matière  d'impôt,  différaient  de 
celles  qui  sont  admises  de  nos  jours,  car,  dans 
son  opinion,  il  ne  devrait  y  avoir  qu'un  impôt 
unique,  l'impôt  foncier.  Mais  en  cette  matière, 
tout  est  subordonné  aux  faits  existants  ou  pro- 
chains. Quel  était  alors  l'état  de  la  France?  Le 
sol  était  divisé  en  terres  nobles  et  en  terres  non 
nobles,  et  les  hommes  étaient  classés  comme  le 
sol.  Les  premières  étaient  exemptes  de  charges, 
et  les  secondes  devaient  l'impôt.  L'établissement 
d'un  impôt  foncier  égal  pour  tous  aurait  constitué 


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-  99  - 

une  réforme  sociale,  puisque  Tapplication  de  ce 
système,  en  effaçant  Tinégalité  territoriale,  pla- 
çait au  même  rang  tous  les  détenteurs  du  sol, 
et,  en  leur  donnant  des  droits  égaux,  leur  im- 
posait les  mêmes  devoirs  et  les  soumettait  aux 
mêmes  charges. 

Turgot  repoussait  en  principe  les  taxes  indus- 
trielles et  il  avait  raison,  car,  à  l'époque  où  il 
vivait,  l'industrie  était  à  peine  née,  et  au  lieu 
d'entraves  il  lui  fallait  des  encouragements.  Du 
reste,  la  manière  dont  il  envisageait  cette  ques- 
tion était  spécieuse,  et  si  l'on  n'avait  à  tenir 
compte  des  nécessités  financières  qui  s'imposent 
aux  États,  des  règlements  adoptés  par  les  autres 
nations,  du  prix  de  la  main-d'œuvre  ou  des  ma- 
tières premières,  on  serait  tenté  de  partager  son 
avis,  fût-on  même  peu  partisan  du  libre-échange. 
«  L'homme  industrieux,  disait-il,  n'a  pour  ca- 
pital que  son  travail;  forcé  par  les  taxes  d'aban- 
donner une  partie  de  son  profit,  il  fera  payer  ce 
travail  plus  cher  ou  consommera  moins,  et  le  pro- 
priétaire du  sol  perdra  plus  qu'il  n'aura  gagné.  » 
Ce  raisonnement  parait  irréprochable,  si  on  met 
uniquement  en  présence  le  produit  du  travail  de 
l'artisan  d'une  ville  avec  le  produit  du  proprié- 
taire de  la  même  ville,  et  c'est  en  ce  sens  que 
l'entendait  Turgot,  puisqu'il  exprimait  cette  idée 
à  l'occasion  des  taxes  locales  et  en  s'adressant  à 
ses  subdélégués. 

La  routine,  voie  commode  et  facile  où  s'exerce 
le  cœur;  le  laisser-aller,  ennemi  complaisant  du 
progrès;    la  violence,    qui    trop    souvent   est  la 


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—  100  - 

raison  du  plus  fort,  répugnaient  également  à  son 
esprit.  Il  réformait  sagement  les  abus;  il  inno- 
vait avec  prudence,  et  au  lieu  d'imposer  sa  vo- 
lonté par  la  menace,  il  cherchait  à  voiler  son 
pouvoir  et  à  convaincre  :  il  arrivait  au  succès 
par  la  persuasion  et  par  la  confiance  qu'il  savait 
inspirer.  Il  exigeait  de  ses  subordonnés  Tappli- 
cation  des  règles  qu'il  s'imposait  à  lui-même,  et 
dès  qu'il  leur  trace  la  ligne  de  conduite  qu'ils 
doivent  tenir  vis-à-vis  des  plus  pauvres,  il  leur 
écrit  ces  mots  que  tous  les  agents  de  l'autorité 
devraient  avoir  gravés  dans  la  mémoire  :  a  Je 
ne  puis  trop  vous  prier  de  travailler,  de  con- 
cert avec  moi,  à  inspirer  confiance  au  peuple, 
non-seulement  en  rendant  une  exacte  justice,  mais 
encore  en  traitant  les  paysans  avec  douceur,  en 
vous  préoccupant  de  leurs  intérêts,  de  leurs  be- 
soins, et  en  me  mettant  à  portée  de  les  soulager.  » 
Au  mérite  de  l'homme  d'État  éminent,  M.  Tur- 
got  savait  allier  les  plus  nobles  qualités  du  cœuj:*. 
Comme  tous  ses  actes  portaient  l'empreinte  d'une 
haute  raison  et  d'un  dévouement  absolu  à  ses 
devoirs  et  à  sa  province,  il  était  infatigable  dans 
ses  démarches,  obstiné  dans  ses  réclamations  et 
n'éprouvait  ni  lassitude  ni  répugnance  à  solli- 
citer de  l'État,  en  faveur  des  contrées  les  plus 
malheureuses  de  sa  généralité,  des  dégrèvements 
d'impôt  ou  des  secours  en  cas  d'épizooties,  de 
grêle,  de  gelée,  de  sécheresse,  d'inondation  ou 
d'incendies.  Les  demandes  de  cette  nature,  qu'il 
adressa  au  gouvernement  durant  son  séjour  à 
Limoges,   s'élevèrent   à-  six  millions  deux  cent 


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—  101  — 

cinquante  mille  francs.  Il  obtint  trois  millions, 
deux  cent  quatre-vingt-un  mille  trois  cent  cin- 
quante-sept francs.  Ce  succès  légitime  est  unique 
sans  doute  dans  les  annales  administratives  de 
répoque  (1). 

La  corvée  imposée  aux  classes  les  plus  pauvres 
attira  naturellement  l'attention  de  cet  esprit  sé- 
rieux, qui  savait  soumettre  à  une  rigoureuse  ana- 
lyse toutes  les  questions  se  rattachant  de  près 
ou  de  loin  aux  réformes  utiles  et  au  bien-être 
du  peuple.  Il  existait,  au  xviii*  siècle;  deux  es- 
pèces de  corvée  :  Tune  imposait  aux  habitants 
des  pays  traversés  par  des  corps  de  troupes, 
l'obligation  d'effectuer  les  transports  militaires; 
l'autre  les  assujettissait  à  exécuter  les  travaux 
d'ouverture  et  d'entretien  des  routes. 

La  première  de  ces  charges  engendrait  les  plus 
révoltants  abus  :  injures,  mauvais  traitements, 
spoliation  violente  étaient  imposés  aux  habitants 
des  campagnes  par  une  soldatesque  brutale,  qui 
les  considérait  comme  taillables  et  corvéables 
à  merci, 

La  seconde,  quoique  moins  impopulaire  peut- 
être,  était  subie  plutôt  qu'acceptée.  L'éloigne- 
ment  de  la  famille,  la  suspension  des  travaux, 
les  peines  encourues  en  cas  d'absence,  le  défaut 
d'intérêt  immédiat  transformaient  ce  devoir  en 
une  lourde  servitude  pour  ceux  qui  y  étaient 
soumis.  Pour  mieux  faire  apprécier  cette  ancienne 
pratique,  nous  donnons  la  formule  d'un  ordre  de 

(1)  Les  chiffres  que  nous  indiquons  sont  exacts  et  officiels. 


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—  102  — 

corvée  aux  habitants  de  Gentioux,  paroisse  de  la 
Marche  située  sur  les  limites  du  Limousin  : 

«  De  par  le  roi,  il  est  ordonné  au  syndic  de  la  pa- 
roisse de  Gentioux  de  commander  et  conduire  lui-même 
le  3  du  mois  de  novembre  1767,  au  matin,  sur  la  grande 
route  de  Clermont  à  Limoges,  au  lieu  dit  Felletin  (la 
distance  de  Gentioux  à  Felletin  est  d'environ  30  kilo- 
mètres), tous  les  manœuvres  de  la  paroisse,  avec  pics, 
peUes,  pioches,  bêches,  hoyaux  et  autres  instruments 
dont  ils  se  servent  pour  remuer  la  terre,  pour  travailler 
à  la  confection  de  la  grande  route,  et  faire  la  tâche 
qui  leur  sera  donnée  par  le  sous-ingénieur,  auquel  ils 
obéiront 

Enjoignons  au  syndic  de  remettre,  en  arrivant,  une 
liste  exacte  de  tous  les  manœuvres  de  sa  paroisse  et  de 
se  conformer  à  nos  ordonnances  sous  les  peines  y  por- 
tées. Le  syndic  répondra  en  son  propre  et  privé  nom  des 
outils  qui  seront  prêtés  à  la  paroisse,  s*il  y  en  a  de 
perdus , 

Le  syndic  est  prévenu  de  ne  se  charger,  en  argent 
ni  en  nature,  de  la  tâche  d'aucun  corvéable  sous  tel 
prétexte  que  ce  soit,  sous  peine  d'être  puni  rigoureu- 
sement  

Et  tous  les  habitants  doivent  être  prévenus  qu'ils  ne 
trouveront  sur  les  ateliers  aucun  entrepreneur  de  tâches, 
et  que  ceux  qui  ne  voudront  pas  travailler  par  eux- 
mêmes  seront  tenus  de  conduire  l'ouvrier  par  lequel  ils 
voudront  se  faire  remplacer,  sous  peine  d'être  punis 
comme  manquants. 

15  septembre  1767. 

L'Intendant  de  la  généralité  de  Moulins, 
Signé  :  Dupont  (1). 

(1)  Turgot  avait  aboli  la  corvée  dans  sa  généralité,  qui  no  com- 
prenait qu'une  partie  de  la  Marche.  Les  lieux  indiqués  plus  haut 
dépendaient  de  la  généralité  de  Moulins. 


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—  103  — 

Ces  rigueurs,  auxquelles  nul  ne  pouvait  se  sous- 
traire même  à  prix  d'argent,  jetaient  le  trouble 
dans  les  paroisses,  alarmaient  les  familles  et 
froissaient  tous  les  intérêts.  Empreintes  du  vieil 
esprit  féodal,  elles  mettaient  au  rang  des  bêtes 
de  somme  une  classe  nombreuse  qui  donnait 
à  la  société  son  travail  manuel,  pour  laquelle 
on  était  sans  pitié,  et  qui  ne  devait  espérer 
dans  l'avenir  aucune  réhabilitation,  aucun  chan- 
gement à  sa  destinée.  Turgot,  qui  avait  à  cœur 
de  détruire  les  abus,  d'établir  l'égalité  territoriale 
et  civile,  sans  secousse  et  pacifiquement,  abolit 
la  corvée  dans  la  généralité  de  Limoges;  et  pour 
ne  pas  laisser  en  souffrance  les  grands  intérêts 
de  l'État,  que  cette  mesure  pouvait  atteindre,  il 
substitua  au  mode  d'exécution  directe  le  mode 
d'entreprise,  et  fit  exécuter  les  transports  mili- 
taires et  les  travaux  des  routes  par  des  entre- 
preneurs spéciaux,  aux  frais  de  la  province.  On 
ne  vit  plus,  en  Limousin,  ces  troupeaux  d'hommes 
poussés  par  les  syndics  des  paroisses,  franchir 
de  longues  distances,  souffrir  de  la  faim  et  du 
froid,  sans  abH  pour  reposer  leur  corps,  aller 
remplir  leur  tâche  servile.  Turgot  fit  le  travail 
libre;  il  accomplit  une  réforme  sociale  utile  à 
l'agriculture,  à  l'État,  aux  populations. 

Les  projets  de  Turgot  quant  à  la  direction 
des  routes,  destinés  à  répandre  le  progrès  agri- 
cole et  commercial  dans  sa  généralité,  furent  si 
habilement  étudiés  que  rien  de  plus  parfait  n'a 
été  conçu  depuis  cette  époque.  Les  conditions 
économiques  se  sont  modifiées;  un  nouveau  et 


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—  104  — 


puissant  moteur  a  transformé  Tart  de  la  loco- 
motion; rimpossible  est  devenu  réalisable,,  et  ce- 
pendant les  jalons  qu'il  a  posés  sont  debout  et 
peuvent  résister  aux  critiques,  parce  que  ses  idées, 
basées  sur  la  justice,  étaient  vraies  et  qu'elles 
reposaient  sur  une  profonde  connaissance  des  in- 
térêts généraux  et  du  besoin  des  populations. 
Nous  ne  parlerons  pas  de  tous  les  travaux  pu- 
blics dont  il  conçut  les  plans  ou  qu'il  fit  exécuter 
dans  sa  généralité;  bornons-nous  à  ceux  qui  con- 
cernent notre  pays,  et  n'oublions  pas  que  nous 
lui  devons  les  routes  de  Paris  à  Toulouse,  de 
Lyon  à  Bordeaux,  de  Limoges  à  Bort  et  de  Tulle 
à  Aubusson,  qui  toutes  traversent  le  territoire  de 
la  Corrèze.  S'agissait-il  de  choisir  une  direction, 
au  désir  de  bien  faire  il  joignait  une  activité 
merveilleuse  :  lui-même  il  visitait  les  lieux,  cor- 
rigeait et  amendait  les  projets;  il  se  rendait 
compte  des  besoins  à  satisfaire,  des  intérêts  à 
sauvegarder,  et  donnait  toujours  à  une  œuvre 
locale  un  but  d'utilité  publique.  Les  faits  sim- 
ples, les  détails  minutieux,  rien  n'échappait  à  son 
appréciation,  car,  afin  d'assurer  l'entretien  et  la 
sécurité  des  routes,  il  les  dota  de  cantonniers 
chargés  de  surveiller  une  distance  de  trois  lieues. 
En  agriculture,  Turgot  professait  les  mêmes 
idées  que  Sully  et  disait  :  a  Le  pâturage  et  le 
labourage  sont  les  deux  mamelles  de  l'État.  »  Le 
développement  du  progrès  agricole  fut  sa  cons- 
tante préoccupation,  et,  dans  les  réformes  qu'il 
introduisit  à  l'occasion  de  la  perception  de  l'im- 
pôt, de  la  corvée  et  de  l'exécution  des  routes. 


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—  105  — 

il  eut  en  vue  Tintérôt  de  cette  classe  nombreuse 
d'hommes,  dont  le  labeur  journalier  fournit  les 
objets  nécessaires  à  la  vie  de  tous.  Du  reste,  là 
ne  se  bornèrent  pas  ses  efforts;  et  entrevoyant 
déjà  l'influence  que  devait  avoir  sur  les  produits 
agricoles  la  production  des  fourrages,  il  introduisit 
dans  sa  généralité  la  culture  des  prairies  artifi- 
cielles, fit  des  distributions  gratuites  de  graines, 
et  mit  chaque  année  au  concours,  pour  les  faire 
discuter,  les  questions  qui  dans  cet  ordre  d'idées 
lui  paraissaient  utiles  et  pratiques. 

Ce  résumé  suffit  à  faire  connaître  le  caractère 
élevé  et  la  haute  intelligence  de  Turgot.  Par 
hasard,  dans  un  coin  ignoré  de  la  Corrèze,  nous 
avons  trouvé  la  trace  des  pas  de  cet  adminis- 
trateur éminent;  ses  actes  sont  sous  nos  yeux; 
la  preuve  de  ses  bienfaits  existe  depuis  son  dé- 
part. Depuis  un  siècle,  condamnés  à  l'oubli,  nous 
devons  encore  nous  montrer  reconnaissants  et  sa- 
luer la  mémoire  du  grand  homme  qui  nous  fit 
du  bien(l). 

§  III 

Une  lettre  du  9  novembre  1731,  émanée  du  se- 
crétaire des  commandements  du  prince  de  Rohan 
de  Ventadour,  seigneur  de  Meymac,  indiquera  en 
peu  de  mots,  et  mieux  que  pourrait  le  faire  une 
copie  des  délibérations  municipales,  l'ancienne  or- 


(1)  Depuis  que  ces  lignes  sont  écrites,  le  déparlement  de  la  Cor- 
rèze est  traversé  par  plusieurs  lignes  de  chemins  de  fer,  et  les 
désirs  manifestés  par  Turgot  se  trouvent  aiMi  réalisés. 

T.  IX.  i-ô 


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—  106  — 

ganisation  administrative  de  la  ville.  Cette  lettre, 
que  nous  reproduisons  textuellement,  est  adressée 
à  rintendant  de  la  généralité  de  Limoges  : 

«  Monseigneur  le  prince  de  Rohan,  auquel  j'ai  commu- 
niqué la  lettre  que  vous  m'avez  fait  l'honneur  de  m'écrire 
au  sujet  du  consulat  de  Meymac,  me  charge,  Monsieur, 
de  vous  témoigner  sa  très  sensible  reconnaissance  de  vos 
attentions  pour  lui. 

»  Permettez-moi  de  vous  observer  qu'il  est  en  posses- 
sion de  nommer  chaque  année,  pour  consul  de  Meymac, 
tel  sujet  que  bon  lui  semble  dans  le  nombre  des  douze 
qui  lui  sont  présentés  par  l'assemblée  de  ville,  en  trois 
classes  différentes,  dont  l'un  est  premier  consul  et  l'autre 
second.  Sur  la  part  qu'il  donne  de  ce  choix,  l'assemblée 
nomme  les  troisième  et  quatrième  consuls.  Ce  droit  est 
nécessaire  pour  le  maintien  de  l'autorité  seigneuriale  que 
les  corps  de  ville  s'attachent  d'exercer  le  plus  qu'ils 
peuvent. 

»  Auparavant  la  création  des  mains  en  titre  d'ofBce, 
le  juge  du  prince  recueillait  les  voix  en  assemblée  de 
ville,  conjointement  avec  le  premier  consul  en  place.  Ce 
juge  s'est  abstenu  de  cette  prérogative  à  l'établissement 
des  maires;  mais  justement,  après  leur  suppression,  il 
a  repris  l'ancienne  possession.  Tel  est  l'usage  constant 
dans  toutes  les  provinces  de  droit  écrit  où  le  prince  a 
des  terres,  même  en  Artois,  et  à  l'égard  de  son  droit  de 
choix,  il  en  a  toujours  été  et  en  est  actuellement  en 
pleine  possession. 

»  Il  vous  sera  très  obligé.  Monsieur,  si  vous  voulez 
bien  n'y  pas  donner  atteinte » 

On  retrouve  en  effet,  sur  les  anciens  registres 
de  la  commune  de  Meymac,  la  transcription  de 
l'ordonnance  annuelle  du  seigneur,  conférant  les 
fonctions  de  premier  et  de  second  consul  à  deux 
habitants  notabl«|  présentés  par  l'assemblée  de 


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—  107  — 

ville,  et  qui  prêtaient  serment  entre  les  mains 
du  juge  de  la  châtellenie  ou  du  procureur  le 
plus  ancien.  Pendant  le  xviii*  siècle,  ces  assem- 
blées de  ville  laissèrent  elles-mêmes  tomber  en 
désuétude  le  droit  qu'elles  avaient  de  nommer 
les  troisième  et  quatrième  consuls,  et,  par  le 
fait,  le  pouvoir  exécutif  de  la  commune  ne  fut 
exercé  que  par  le  premier  ou  le  second  consul. 
Ce  renouvellement  annuel  du  premier  magistrat 
de  la  cité  devait  nuire  à  l'esprit  de  suite  qui 
doit  caractériser  les  actes  de  tout  administrateur; 
il  était  aussi  un  stimulant,  trop  vif  peut-être, 
pour  ceux  qui  ambitionnaient  les  honneurs  mu- 
nicipaux; mais  ces  inconvénients  étaient  en  par- 
tie corrigés  par  la  faculté  qu'avait  le  seignem^ 
de  maintenir  en  charge  les  anciens  titulaires, 
faculté  dont  il  usait  souvent. 

Avant  l'édit  de  1767,  les  assemblées  de  ville 
se  composaient  de  tous  les  habitants,  qui  avaient 
le  droit  d'exprimer  leur  avis  et  de  prendre  part 
aux  délibérations.  Après  cet  édit,  le  corps  de  ville 
fut  représenté  par  six  notables  et  trois  conseillers 
seulement.  Comme  chefs  de  la  commune,  les  con- 
suls délibéraient  avec  l'assemblée,  ils  faisaient  exé- 
cuter ses  décisions,  ils  prenaient  des  arrêtés  de 
police  et  infligeaient  des  amendes  aux  contreve- 
nants. Ils  percevaient  les  revenus  communaux  et 
acquittaient  les  charges  de  ville  à  peu  près  sans 
aucun  contrôle  de  la  part  de  l'autorité  centrale 
et  supérieure.  Cette  liberté  sans  correctif  dans 
l'emploi  des  deniers  publics,  loin  d'être  une  sau- 
vegarde, exposa  certains  consuls  4  des  critiq^^S) 


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—  108  — 

à  des  soupçons  immérités  sans  doute,  mais  qui 
laissèrent  une  tache  sur  leur  vie. 

Le  mode  de  perception  des  impôts  était  le  plus 
vicieux  de  tous  les  systèmes  qu'on  pût  appliquer. 
A  tour  de  rôle,  un  habitant  de  chaque  paroisse 
était  désigné  pour  remplir  le  rôle  de  collecteur 
responsable;  et,  si  dans  Texercice  de  cette  charge 
il  échappait  à  la  ruine  en  pressurant  les  con- 
tribuables, le  plus  souvent  il  y  perdait  Thonneur. 
Cette  organisation  vicieuse  du  recouvrement  de 
l'impôt,  compromettante  pour  les  intérêts  de 
rÉtat  et  pour  ceux  des  particuliers,  ne  put 
échapper  à  Tiu'got,  qui  jeta  dans  sa  généralité 
le  germe  de  l'institution  des  percepteurs  en  réu- 
nissant plusieurs  paroisses  en  agrégations  sou- 
mises à  un  agent  salarié,  qui  seul  y  percevait 
la  taille. 

Les  divisions  administratives  ne  ressemblaient 
pas  à  celles  qui  existent  de  nos  jours.  Au  bas 
de  l'échelle  était  la  commune;  plus  haut  l'ad- 
ministration provinciale,  placée  sous  la  direction 
d'un  intendant,  dont  l'autorité  s'étendait  sur  plu- 
sieurs provinces  réunies  qui  prenaient  le  nom  de 
généralité.  Afin  de  faciliter  les  services  publics, 
chaque  intendant  divisait  les  provinces  en  sub- 
délégations, origine  des  arrondissements  actuels. 

Les  titulaires  d'une  subdélégation  portaient  le 
nom  de  subdélégués;  ils  étaient  désignés  par 
l'intendant,  et  leur  mission  principale  consistait 
à  faire  exécuter  ses  ordres  et  à  lui  indiquer  les 
besoins  et  les  vœux  des  populations. 

Meymac  fut  érigé  en  subdélégation  le  6  juillet 


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i770j  et  les  habitants  peuvent  regretter  que  les 
anciennes  subdélégations  ou  divisions  adminis- 
tratives formées  par  Turgot  n'aient  pas  été  main- 
tenues ^  malgré  les  efforts  qui  furent  faits,  car, 
au  lieu  d'être  un  chef-lieu  de  canton,  cette  ville 
potuTait  avoir  le  titre  de  chef-lieu  d'arrondis- 
sement (i). 

L'organisation  administrative  actuelle  de  la 
France  n'est  pas  le  produit  spontané  de  la  Ré- 
volution, elle  est  Tœuvre  du  temps,  de  Texpé- 
rîence  et  de  la  nation  elle-même  qui  a  compris 
que,  sans  unité  administrative,  Tunité  nationale 
n*était  qu'un  rêve.  De  ce  besoin  d'unité  est  née 
la  centralisation  qui,  par  ses  mille  liens,  rat- 
tache à  rÉtat  la  commune  et  le  département. 
Ce  puissant  mécanisnie,  qui  dispose  aujourd'hui 
d'instruments  invisibles,  produits  merveilleur  de 
la  science,  nuit  sans  doute  au  mouvement,  à  la 
liberté  d^allures  des  divisions  administratives  in- 
férieures, mais  leurs  intérêts  privés  et  ceux  du 
pays   en   général    ne   peuvent  en   souffrir,   parce 


(I)  La  subdélégation  do  Meymac  se  composait  des  paroisses  dont 
les  noms  auîrent  ;  Meymàc,  Ambrugcac*  Barsanges^  Cdavatix, 
Combressol,  Darnels,  Davignac,  Le  Bos  (enclave  de  aaiat*Setiers)| 
Malpouge  (enclave  de  Sornac),  Maussac,  Minevaches,  N6gariouj£ 
(enclave  de  Peyrelcvade),  Peret,  Peyrel évade,  Baint-Setieràj  Saint- 
Dionis,  8aiût-Germain*la-Yûlps,  Saint-Germain-le*Lièvr©,  Baint- 
Merd'lea^Oussines,  Saint-Sulpice-los-Bois,  Beringoux  SouÀQ^^^^^i 
Sornac,  Rochefort.  (ExtraiL  des  délibérations  du  Uvt^  a  s\V^^  ^^ 
Meymac,  séance  du  G  juillet  t770.) 


AxO^ 


à.^ 


Les  religieuï  n'avaient  pas  dû  être  étrangers  k  \  .  g,, 

cette  aubdéJégation,  car  on  remarque  que  pre8qu<^  ^^t^^  \%^'*^ 
compris  dans  l'éuumération  qui  précède  leur  P^yai^w^^^  \^  AtSV^ 
ou  des  rentes.  *\\^^Vs      ^S* 


2», 


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—  110  — 

que  Tautorité  supérieure  juge  sans  passion  et  ne 
subit  pas  Tinfluence  des  coteries  locales,  dont 
Faction  se  fait  d'autant  plus  sentir  que  le  champ 
où  elles  s'exercent  est  plus  restreint. 

De  nos  jours,  chacun  se  croit  apte  à  fonder 
un  système  gouvernemental;  quelques-uns  pen- 
sent que  le  salut  de  la  société  ne  peut  être 
garanti  que  par  un  régime  d'autorité  absolue, 
excessive,  tandis  que  d'autres  veulent  atteindre 
au  même  but  par  une  application  plus  complète 
des  pratiques  de  la  liberté.  Les  premiers  voient 
en  toute  chose  l'esprit  d'indiscipline  et  de  rébel- 
lion se  produire;  à  leur  sens  il  faut  briser  les 
volontés  pour  mieux  les  assouplir.  Pour  les  se- 
conds, le  pays  se  meurt  sous  les  étreintes  du 
pouvoir  central,  et  afin  de  lui  redonner  la  vie, 
il  faut  émanciper  la  commune  et  le  département 
en  leur  laissant  le  soin  de  se  régir  eux-mêmes. 
La  vérité  n'est  pas  dans  l'excès,  et  l'application 
radicale  de  l'un  ou  de  l'autre  de  ces  systèmes 
conduirait  au  même  résultat. 

Parmi  les  institutions  du  passé,  il  en  est  une 
dont  on  attribue,  sans  raison,  le  mérite  aux  ad- 
ministrateurs modernes  :  nous  voulons  parler  des 
bureaux  de  bienfaisance.  Avant  1769,  les  notables 
de  chaque  paroisse  du  Limousin  étaient  dans 
l'usage  de  dresser  une  liste  des  pauvres  et  de 
taxer  chaque  habitant  aisé  en  lui  imposant  l'obli- 
gation de  nourrir  pendant  un  temps  déterminé 
un  certain  nombre  de  malheureux.  Ce  système, 
que  nous  ne  jugeons  pas,  était  d'une  application 
difficile;  il  donnait  souvent  lieu  à  des  réclama- 


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—  111  — 

tlons,  à  des  reproches  d'arbitraire  qui!  était  dif- 
ficile d'éviter;  il  constituait  une  taxe  des  pauvres, 
mais  il  était  tou-uhant  et  patriarchal. 

Ceux  qu'épouvante  Taspect  d'un  malheureux, 
ceux  pour  qui  la  vue  de  la  misère  est  un  hi*- 
deux  spectacle  indigne  du  luxe  de  nos  villes, 
pourront  nous  contredire  sans  nous  convaincre; 
nous  croyons  que  la  vue  d'un  malheureux  ne 
froisse  la  dignité  de  personne,  quelle  est  pour 
Tâme  une  épreuve  salutaire,  une  cause  de  saines 
émotions,  et  que  le  contact  de  celui  qui  n*a  rien 
avec  celui  qui  a,  en  faisant  presque  oublier  leur 
inégalité,  développe  en  eux  de  nobles  sentiments. 

Pendant  rannée  1769,  la  récolte  des  céréales 
avait  fait  défaut,  et  au  commencement  de  I770| 
une  idée  toute  philanthropique  depuis  longtemps 
patronnée  par  Turgot,  et  à  laquelle  s^ètait  associé 
sans  réserve  M.  Dudon,  procureur-général  au  Par- 
lement de  Bordeaux,  se  répandit  dans  la  géné- 
ralité dti  Limousin  :  il  s'agissait  de  secourir  les 
populations  qu'allait  éprouver  cruellement  une 
affreuse  disette.  Un  arrêt  du  Parlement  de  Bor- 
deaux du  17  janvier  1770,  provoqué  par  le  pro- 
cureur-général, ordonna  que  dans  toute  la  géné- 
ralité du  Limousin  et  dans  le  Périgord,  il  serait 
établi  des  buremix  de  bienfawmice  au  chef- 
lieu  de  chaque  paroisse* 

Le  10  février  suivant,  Turgot  adressa  aux  curés 
et  aux  corps  municipaux  une   longue  circulaire 
dans  laquelle  il  développait  l'organisatir^n  de  ces 
bureaux,   le  but  qu'ils  devaient  poux^^  'vt^i  ^^^ 
moyens  qu'ils  devaient  employer.  Il  ^^  ^      K^^^"" 


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—  112  — 

il,  (Va^^wrer  la  subsistance  des  pauvres  men- 
diants et  des  pauvres  honteux. 

Il  avait  entrevu  tout  le  bien  qu'on  peut  tirer 
de  .rassociation  en  l'appliquant  à  la  bienfaisance, 
et  il  se  hâtait  de  vulgariser  cette  idée,  en  exci- 
tant par  tous  les  moyens  qui  étaient  en  son  pou- 
voir le  zèle  municipal  et  le  dévouement  de  ceux 
qui,  par  leur  position,  pouvaient  pratiquer  la 
charité. 

Le  27  du  même  mois,  les  notables  de  Meymac 
se  réunirent  en  assemblée  de  ville  pour  délibérer, 
conformément  aux  lettres  de  M.  l'intendant, 
^ur  la  question  des  pauvres,  et  on  décida 
qyfun  kareau  de  charité  était  fondé  pour 
pourvoir  à  la  subsistance  des  pauvres  hon^ 
teuxy  dont  la  liste  serait  dressée  par  M,  Dou- 
lièrCj  curé,  chargé  de  leur  distribuer  les  se^ 
cours;  qu'il  gérait  dressé  un  état  des  pauvres 
rjfisridiantSj  qu'on  les  placerait  chez  les  pro- 
priétaires  tenus  de  leur  fournir  la  soupe  et 
le  pain. 

Cette  délibération,  coipme  on  peut  le  voir,  di- 
vine les  pauvres  en  deux  catégories  :  pauvres 
IxQpteux,  qui  recevront  un  secours  anonyme,  et 
pauvre?  mendiants,  qui,  d'après  l'ancien  usage, 
seripnt  disséminés  chez  les  habitants.  Pour  les 
premiers,  on  cherchait  à  ménager  leur  suscepti- 
l)ilité;  pour  les  seconds,  on  n'avait  pas  à  le  faire; 
on  ne  songeait  pas  encore  à  diminuer  ou  à 
supprimer  la  mendicité,  on  ne  la  considérait 
pas  corpine  un  acte  honteux  ou  répréhensible. 
jp'^jlleurs  la  disette  éta^  menaçante,  et  il  s'agis- 


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—  113  — 

sait  moins  de  bâtir  des  théories  que  d'assurer  de 

nomLreux  secours  (1). 

L'impalsion,  comme  on  le  voit,  était  donnée; 
la  pensée  de  Turgot  était  comprise,  et  les  mem- 
bres du  bureau  de  charité  se  réunirent  de  nou- 
veau le  3  mars  afin  de  former  la  liste  des  pauvres 
mendiants,  qui  fut  arrêtée  à  cent  trente-six,  ré- 
partis entre  les  propriétaires  les  plus  aisés  :  M.  le 
prince  de  Soubise,  eu  égard  aux  cenSj  î'entes 
et  autres  revenus  qu'il  percevait  dans  la  loca- 
lité^ fut  chargé  de  nounir  seize  pauvres;  M.  Fabbé 
de  Meymac,  par  les  7némes  motifs,  fut  taxé  au 
même  nombre;  et  MM.  les  religieux  durent  en 
recevoir  dix,  etc.  L'assemblée  délibère  en  outre 
qu'indépendamment  des  offrandes  que  feraient  les 
membres  du  bureau  de  charité  et  autres  per- 
sonnes bien  faisantes  j  elle  emploierait  au  soulage- 
ment des  pauvres  honteux  vingt-cinq  se  tiers  de 
blé -seigle,  dus  par  Tabbé  et  les  religieux  pour  la 
fondation  dite  de  la  Cène. 

Les  consuls,  le  clergé,  les  notables,  tous  avaient 
concouru  à  la  fondation  du  bureau  de  charité; 
mais  comme   il  s'agissait  d'appliquer  une  insti- 


(1)  Voici  les  noms  des  pfÊmiers  fondateurs  de  ce  bureau  de  cha- 
rité. Ils  sool  P3t traita  du  livre  de  viîle  :  Bouîîère,  curé  de  Meymac ^ 
De  Segon^ac;  Lacliaud»  avocat  on  la  cour;  Poisson,  avocat  en  la 
cour;  Giron^  vicaire;  Lespiiiasse;  Mary;  Gloup;  Artaud;  Treich; 
Vacher;  Savandy;  Lafarge;  Les  religieux;  M.  le  juge  de  Me^tnac; 
Duboudierufi  des  Muiïouî,  avocat  eo   la  cour;  Mary   ^\^  son  Bs; 
La<?haud;  Binet  de  Laveur;  Dii)enafl.tin  et  M*  sott  f^i    _  r\iB.\^tott; 
Cliambori;  Chuufour;  M,  le  gendarme;  De  Guain;   "Jx      ,^§otv^^^'» 
Chèze;  Beyiiel;  Barlet;  Périer;  Labease;  Mas  de  J^Vl        i^^^^'i^iV 
MM.  les  consuls,  ^>ia'&i 


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—  114  — 

tution  nouvelle  et  sans  précédents,  Tesprit  local, 
les  susceptibilités  personnelles  vinrent  troubler  les 
débuts  de  cette  bonne  œuvre. 

Il  est  trop  vrai  que  dans  les  petites  villes,  nul 
ne  veut  s'incliner  devant  son  égal.  S'il  est  fonc- 
tionnaire, il  nous  semble  que  l'autorité  qu'il 
exerce  nous  a  été  enlevée  à  nous-môme,  et  que 
nous'  n'en  jouissons  pas,  précisément  parce  qu'il 
en  jouit.  S'il  exerce,  comme  nous,  une  profession 
libérale,  ses  succès  nous  affligent  et  constituent 
pour  nous  des  revers.  Le  milieu  dans  lequel  vit 
l'homme  exerce  sur  ses  idées,  sur  sa  conduite, 
sur  ses  passions  une  énorme  influence,  et  des 
faits  simples  et  ici  sans  portée  se  tranforment 
ailleurs  en  gros  événements.  Ce  défaut  ne  vient 
pas  seulement  de  la  mobilité  de  notre  esprit, 
de  son  excessive  susceptibilité,  il  tient  au  lieu, 
à  la  scène  sur  laquelle  s'exercent  nos  rapports 
sociaux  et  nos  facultés  intellectuelles.  Les  grandes 
cités  n'ont  pas  le  privilège  de  procurer  à  leurs 
habitants  le  calme  de  la  vie,  le  repos,  la  richesse; 
mais  les  idées  y  sont  plus  larges,  les  luttes  plus 
loyales,  et  les  haines  invétérées  n'y  déchirent  pas 
le  cœur.  Dans  les  petites  villes,  au  contraire, 
l'esprit,  rétréci,  s'alimente  de  petites  choses,  de 
faits  insignifiants  que  grossit  l'imagination,  et  le 
succès  des  uns  fait  le  malheur  des  autres. 

Réunis  pour  atténuer  les  maux  que  devait  en- 
gendrer la  terrible  disette  de  1770,  les  membres 
du  bureau  de  charité  de  Meymac  auraient  dû 
oublier  tout  sentiment  d'amour-propre  et  ne  son- 
ger qu'au  but  qu'ils  poursuivaient.  La  charité  est 


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—  115  — 

une  terre  neutre  où  chacun  peut  se  rencontrer 
pour  combattre  l'ennemi  commun  :  la  misère. 
Pour  de  mesquines  rivalités,  pour  de  puériles  ran- 
cunes, on  ne  doit  pas  oublier  ceux  qui  souffrent 
et  rendre  moins  fécondes  les  sources  de  la  bien- 
faisance. 

Ces  réflexions  nous  sont  inspirées  par  les  faits 
qui  suivirent  et  par  une  protestation  du  17  mars 
1770,  transcrite  sur  le  livre  de  ville  par  ordre 
de  M.  Lachau,  premier  consul,  et  où  sont  rela- 
tées les  causes  du  dissentiment  qui  se  produisit 
entre  les  membres  de  Tassociation  charitable. 

Voici  cette  protestation  : 

«  Le  17  mars,  MM.  les  consuls  et  notables  étant  assem- 
blés sur  la  réquisition  de  M.  Joseph  Lachau,  premier 
consul,  pour  délibérer  sur  le  placement  de  sept  pauvres 
qui  se  sont  présentés  depuis  les  dernières  délibérations, 

2>  Et  après  que  la  dite  communauté  a  eu  examiné  les 
dites  délibérations  et  vu  par  icelles  qu'on  n'avait  .placé 
qu'un  seul  pauvre  chez  le  sieur  Gérôme  Mary,  bour- 
geois, et  le  sieur  Antoine  Mary,  son  gendre,  propriétaire 
de  quatre  gros  domaines,  qu'en  considération  du  grand 
nombre  qu'il  y  en  a,  on  a  été  obligé  d'en  placer  chez 
plusieurs  artisans  qui  ont  peine  à  se  nourrir  eux-mêmes  ; 
la  dite  communauté  voulant  délibérer  sur  le  nombre  des 
pauvres  qu'on  placerait  de  nouveau  chez  le  sieur  Mary, 
pour  lors  M*  Poisson,  avocat  en  la  cour,  sieur  Antoine 
Mary,  procureur  d'office  et  beau-frère  du  dit  Mary,  et 
M*  Jean-Baptiste  Lespinasse,  procureur  ancien  de  cette 
juridiction  et  dont  la  bru  est  sœur  du  dit  Mary,  s'y 
seraient  fortement  opposés,  prenant  un  tox^  vfjvoè^^^^^ 
auraient  troublé,  l'assemblée. 

»  Sur  les  représentations  qui  auraient    ^  ,.^g>  ^^"^ 

le  dit  sieur  Lachau,  consul,  au  dit  M«  Prv^  ^^  ^    iVV  ^^ 


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—  116  — 

lui  convenait  point  d'avoir  formé  une  cabale  de  ses  frère 
et  beaux-frères  pour  troubler  la  présente  assemblée,  ainsi 
qu'il  avait  fait  dans  toutes  les  autres  délibérations  dans 
lesquelles,  par  un  effet  de  la  dite  cabale,  des  pauvres 
auraient  été  placés  indistinctement  chez  le  pauvre  comme 
chez  le  riche,  sans  garder  aucun  niveau,  et  suivant  son 
caprice,  par  Tascendant  qu'il  a  sur  ceux  qui  composent 
cette  cabale  à  lui  afiBdée,  raison  pourquoi  le  dit  conseil 
n'avait  voulu  signer  les  précédentes  délibérations,  il  priait 
en  conséquence  le  dit  M*  Poisson  de  se  tenir  tranquille 
et  de  ne  point  troubler  l'assemblée. 

»  Sur  quoy  le  dit  M«  Mary  et  le  dit  M*  Poisson  se 
sont  avisés  de  contester  la  qualité  du  premier  consul, 
quoique  établie  tant  par  provisions  du  22  décembre  der- 
nier, dont  son  altesse  le  prince  de  Rohan-Soubise  l'aurait 
honoré,  que  par  sa  prestation  de  serment  du  10  janvier 
dernier,  et  aurait  prétendu  présider  l'assemblée  en  qua- 
lité de  gradué,  ce  qui  aurait  causé  un  trouble  qui  aurait 
porté  la  plupart  de  ceux  qui  la  composaient  à  se  retirer. 
Les  dits  Poisson,  Mary  et  Lespinasse  s'étant  aussi  retirés 
pour  placer  seuls  les  pauvres  à  leur  gré  et  convenance 
par  un  procès-verbal  qu'ils  ont  dit  vouloir  faire. 

»  De  tout  quoi,  nous  consul,  avons  dressé  notre  procès- 
verbal  pour  valoir  et  servir  ce  que  de  raison.  —  Signé  : 
Lachau,  premier  consul.  Par  commandement,  Perribr, 
greffier-secrétaire  (1).  d 

Si  Ton  doit  applaudir  aux  sentiments  de  jus- 
tice, d'équité  et  de  dignité  personnelle  qui  pous- 
sèrent M.  Joseph  Lachau,  premier  consul,  à  pro- 
tester contre  Tinéquitaile  répartition  des  pauvres 
qui  avait  été  faite,  contre  l'atteinte  qu'on  por- 
tait à  son  caractère  en  contestant  sa  qualité  de 
consul,  on  peut  blâmer  aussi  la  vivacité  des  ter- 
Ci)  Extrait  du  livre  des  délibérations  de  la  commune  de  Meymac. 


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—  117  — 

mes  qu'il  employait,  non  moins  que  les  person- 
nalités, qu'il  n'épargnait  pas  à  ses  adversaires. 
Pour  être  homme  public,  pour  exercer  un  man- 
dat quelconque,  qu'il  émane  de  l'autorité  ou  des 
concitoyens,  il  faut  oublier  les  rancunes,  étouffer 
les  sentiments  agressifs,  emprisonner,  si  c'est  pos- 
sible, le  trait  railleur  ou  blessant,  toujours  suivi 
de  représailles,  car  dans  une  assemblée  où  se 
débattent  les  intérêts  généraux,  il  faut  savoir 
accorder  aux  autres  ce  qu'on  est  en  droit  d'exiger 
pour  soi-même  :  du  respect  et  de  la  modération. 
On  peut  discuter  les  idées,  combattre  les  opinions, 
approuver  ou  improuver  les  actes  sans  s'attaquer 
à  la  personne;  à  ce  prix  seul  la  vie  publique 
est  possible. 

Le  24  mars  suivant,  l'assemblée  fut  de  nou- 
veau convoquée.  M.  Joseph  Lachau,  premier  con- 
sul, n'assistait  pas  à  la  réunion  et  s'était  fait 
remplacer  par  M.  Materre  des  Raux,  second  con- 
sul, qui  déclara,  au  début  de  la  séance,  a  que 
parmi-  les  membres  présents,  M.  Boulière,  curé, 
M*  Antoine  Mary,  procureur  d'office,  et  lui-même, 
étaient  les  seuls  qui  eussent  voix  délibératrices.  » 

Cette  opinion  si  radicale  du  second  consul  pa- 
raît,- au  premier  abord,  injustifiable  et  ne  peut 
s'expliquer  que  par  l'opinion  fausse  que  se  fai- 
sait M.  Materre  des  Raux  de  la  constitution  du 
bureau  de  charité,  auquel  il  attribuait  un  carac- 
tère purement  religieux  et  municipal,  ne  recon- 
naissant aux  membres  qui  en  faisaient  partie,  en 
dehors  du  clergé  et  de  la  municipalité,  d'autre 
droit  que  celui  de  faire  une  offrande. 


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—  118  — 

M.  Poisson,  l'un  des  membres  présents,  pro- 
testa contre  cette  interprétation  et  demanda  à 
soumettre  son  avis,  que  partageaient  plusieurs 
autres  personnes.  Il  soutint  «  que  tous  les  no- 
»  tables  habitants  réunis  dans  cette  assemblée 
»  avaient  voix  délibérative  au  sujet  du  place- 
»  ment  des  pauvres.  S'il  s'agissait  de  délibérer 
»  sur  des  affaires  concernant  uniquement  la  com- 
»  mune,  il  n'y  aurait  que  six  notables,  deux 
»  consuls  et  trois  conseillers,  suivant  la  dernière 
»  déclaration;  mais  s'agissant  de  l'exécution  de 
»  l'arrêt  de  la  cour,  relatif  aux  bureaux  de  cha- 
j>  rite,  tous  les  notables  et  prud'hommes  inté- 
»  ressés  ont  droit  de  délibérer.  Et  requiert  acte, 
»  le  dit  M*  Poisson,  de  ce  que  le  sieur  des  Raux 
»  s'est  formellement  opposé  à  ce  que  son  avis 
»  fût  reçu,  et  de  ce  que,  en  exécution  de  la  dite 
»  opposition,  le  dit  M*  Poisson  et  autres  notables 
»  habitants,  savoir  :  Antoine  Mary,  ancien  gen- 
»  darme  du  roi,  qui  s'étaient  rendus  pour  déli- 
»  bérer,  se  sont  présentement  retirés  pour  ne 
»  point  troubler  l'assemblée,  sous  protestation 
»  d'irrégularité  de  tout  ce  qui  serait  fait.  » 

Le  second  consul  répondit  à  M*  Poisson  «  qu'il 
»  n'est  pas  fondé  à  avoir  voix  délibérative  au- 
»  jourd'hui,  quoiqu'il  y  ait  eu  un  procès- verbal 
»  du  10  du  courant  fait  en  la  maison  de  ville, 
»  au  sujet  de  la  subsistance  des  pauvres,  qui  a 
»  été  autorisée  par  l'assemblée  du  10  du  dit 
»  mois,  conjointement  avec  les  sieurs  Lespinasse 
»  et  Cloup,  attendu  que  MM.  les  consuls  se  trou- 
V  valent  absents,  et  comme  il  était  nécessaire  de 


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'  F"»entaient,  rassemblée 'nom n.T""  "^^  ^' 
»  nommés  pour  cette  Z      ?   ™^  ^^'  ^'-^«ssus 
'  ?"e  le  sieur  des  Raux   ^^  r^"'  '''''  '^'^-^^ 

»  J^érer  sur  ia  pourvoyanl  i  ^''''''''  ^«  ^é- 
'  ««'  dit  en  termes  eirT  '  P'"^^*^^'  «ï^^i 
»  qu-eJle  sera  faite  LsTht'   P'^:    '^   ^^'    ^'^^t, 

«  officiers  de  justice  et  de  nnï  '^'^'"'^^  ^^^ 

■^  tant«  îue  ceux  drSl^f?  "«^^^^^^  ial>i- 

*  °«  l'ayant  pas  tailiis^e  ,  •'"'  ^'  '''''  ^^^ 
'^  ««^ne  voix  délibérât  ve  ni  n''"'  ^  ^™^^  «u- 

«  est  probable.  ;XeleT"' <^^-  » 

'-^"cune  mention,  que  eeUe  l  ^^'^^'^  "'^"  ^^««e 

"^  ^"^  pas  uniquernf      12""  '"   ''  ^^- 
finies  et  modérés  sur  V^n?'^^       ^'^  "^^^  ^^^l^^ts 

^"  1^  Janvier;  et  ;Ve?r^^^"'^«^'-^^ 
personnes  s'y  prodniJi^t  linï  '^"''  "^""^^^  ^«^ 
rons  bientôt.  '  *'''''  •!"«  nous  le  ver- 


tan 


'«"on.  Au  «ou  de  sCir  r         ""^  "'  '"  Popi" 
«"nt  au  ai.„    ,„  """  '  pour  rtsisier  em     „ 

»•".   M.  L^^"^  «^  Pf^anoe.  et  lo  p„„^f^t  4^» 
prés  ia  cour  et  le  p!T  '■"'  P™'=™i.  ■  %  Cfl'^' 


'"^"^■"'"«"•■'"toMm,,,». 


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—  120  — 

d'avoir  des  éclaircissements  sur  l'esprit  et  la  por- 
tée de  l'arrêt  du  17  janvier  1770.  Ce  magistrat 
répondit  au  premier  consul  une  lettre  'que  nous 
reproduisons,  et  qui  est  transcrite  sur  le  livre 
des  délibérations  de  la  commune  : 

a  Bordeaux,  17  mars  1770. 

»  En  Tabsence  du  juge,  Monsieur,  c'est  à  vous,  en 
qualité  de  premier  consul,  qu'appartient  le  droit  de  pré- 
sider aux  assemblées  qui  doivent  être  tenues,  en  exécu- 
tion de  Tarrêt  du  17  janvier,  concernant  la  subsistance 
des  pauvres.  Vous  pouvez  faire  savoir  au  postulant 
(M*  Poisson)  qui  a  voulu  suppléer  aux  fonctions  de  juge 
en  cette  circonstance,  qu'il  n'a  aucun  droit  à  cet  égard, 
et  vous  pouvez  même,  si  cela  est  nécessaire,  lui  montrer 
ma  lettre,  pour  qu'il  ait  à  s'abstenir  de  cette  présidence. 

»  Je  suis,  Monsieur,  votre  affectionné  serviteur. 

»   DUDON,    » 

Cette  réponse  indique  que  le  premier  consul 
n'avait  consulté  le  procureur-général  qu'au  sujet 
de  la  question  de  la  présidence  de  l'assemblée 
de  charité,  sans  lui  demander  son  avis  sur  la 
part  que  devaient  prendre  à  cette  assemblée  les 
membres  qui  ne  rentraient  pas  dans  la  catégorie 
des  officiers  de  justice  et  de  police.  Quoi  qu'il 
en  soit,  cette  lettre  fît  cesser  les  prétentions  de 
M"*  Poisson  à  la  présidence,  sans  ramener  la 
bonne  harmonie.  Le  procureur,  syndic  de  la 
commune,  fut  contraint,  à  la  suite  de  ces  évé- 
nements, de  cesser  ses  fonctions;  le  secrétaire- 
greffier  fut  remplacé,  et  le  corps  municipal  or- 
donna à  son  successeur  de  présentement  biffer 
et  bâtonner  un  paraphe  ne  varietur  apposé  par 


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—  121  — 

le  sieur  Lespinasse  à  la  page  neuf  du  livre  de 
ville,  etc.,  etc. 

Ces  petites  exécutions  sommaires  n'étaient  pas 
de  nature  à  concilier  les  esprits.  Ceux  qui  en 
furent  victimes  étaient  des  parents  ou  des  amis 
de  M*  Poisson  qui,  voulant  à  son  tour  exercer 
une  petite  vengeance,  se  rappela  que  dans  la 
réunion  du  24  mars,  M.  Materre  des  Raux  avait 
prononcé  contre  lui  des  injures.  Sans  perdre  de 
temps  il  réunit  ses  preuves,  fît  citer  le  second 
consul  devant  le  sénéchal  de  Ventadour,  et  obtint 
contre  lui  une  condamnation. 

Cette  sentence  mit  en  émoi  une  partie  du 
corps  municipal  qui,  par  délibération  du  14  avril, 
décida  a  que  le  jugement  du  sénéchal  rendait 
impossibles  les  fonctions  des  officiers  et  des  no- 
tables, et  qu'on  adresserait  à  Mgr  le  procureur- 
général  un  placet  expositif,  en  lui  demandant  de 
faire  cesser  les  troubles  qui  existent,  et  de  faire 
défense  à  M®  Poisson  et  à  ses  parents  de  s'im- 
miscer à  l'avenir  dans  l'assemblée  de  bienfai- 
sance. »  M.  Materre  des  Raux,  qui  était  le  plus 
intéressé  à  l'affaire,  reçut  mandat  de  l'assemblée 
de  se  transporter  à  Bordeaux  et  de  présenter  ce 
placet  à  la  cour. 

Nous  ne  savons  si  la  mission  du  délégué  mu- 
nicipal fut  couronnée  de  succès;  nous  ignorons 
si  elle  fut  remplie,  mais  il  résulte  de    ogs  î^ills 
un  triste  enseignement  et  la  preuve  qu\        c^^^* 
mité  publique,  qui  ne  peut  être  conaK^^       aVNfô 
par  l'union  de  tous,  est  quelquefois  iv>.  a\N^^     <v\& 

T.  IX  ^^"^     ,^C,*^^ 


'X;<:' 


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—  122  — 

à  imposer  silence  aux  passions  et  au  mauvais 
esprit  des  coteries  locales. 

Et  pourtant,  le  bien-être  et  le  calme  ne  ré- 
gnaient pas  dans  la  cité. 

Les  bourgeois  possesseurs  de  domaines,  con- 
traints d'alimenter  leurs  colons  qui  menaçaient 
de  déserter  leurs  terres,  ayant  épuisé  leurs  gre- 
niers et  toutes  leurs  ressources,  annonçaient  que 
bientôt  ils  ne  pourraient  suffire  aux  charges  qui 
leur  étaient  imposées. 

Les  artisans  les  plus  aisés,  qui  jusqu'alors 
avaient  contribué,  proportionnellement  à  leur 
avoir,  à  l'œuvre  d'assistance  commune  (quelques- 
uns  s'étaient  chargés  de  nourrir  la  moitié  d'un 
pauvre),  faisaient  entendre  leurs  plaintes  et  di- 
saient qu'ils  ne  pouvaient  plus  fournir  d'ali- 
ments  aux  autres^  impuissants  à  s'en  pro- 
curer pour  eux-mêmes. 

Le  pain  de  son  était  taxé  à  quatre  sous  la 
livre;  la  misère  et  les  privations  excessives  en- 
gendraient des  maladies;  chaque  jour  de  nou- 
veaux malheureux  se  faisaient  inscrire  sur  les 
listesj  demandant  à  manger. 

Les  sources  de  l'existence  semblaient  taries  pour 
l'enfant  au  berceau,  car  le  sein  des  mères  tor- 
turées par  la  faim  n'obéissait  plus  aux  lois  de 
la  nature,  et,  à  l'âge  de  quinze  mois  et  de  deux 
ans,  ces  pauvres  petits  êtres  étaient  classés  sur  le 
livre  des  pauvres. 

Afin  d'accroître  les  secours,  la  municipalité 
avait  décidé  l'emploi  de  dix  setiers  de  blé-seigle 
provenant  d'une  rente  destinée  à  rénaunérer  le 


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—  123  — 

prédicateur  de  TAvent,  et  de  vingt-cinq  setiers 
dûs  par  les  religieux  pour  la  fondation  de  la 
Cène.  Mais  la  première  de  ces  ressources  était 
par  elle-même  insuffisante,  et  il  était  devenu  im- 
possible de  toucher  à  la  seconde,  car  les  paysans 
de  la  paroisse  avaient  fait  pratiquer  une  saisie- 
arrêt  de  ces  blés  entre  les  mains  des  religieux, 
avec  défense  de  les  livrer  à  la  municipalité.  Au 
début  du  fléau  toutes  les  classes  avaient  rivalisé 
de  zèle;  un  grand  nombre  d'habitants  s'étaient 
hâtés  de  soulager  la  misère  des  autres,  sans 
penser  qu'à  leur  tour  la  misère  viendrait  les 
atteindre;  et,  soit  frayeur,  soit  lassitude,  soit  im- 
puissance, il  se  produisit  un  temps  d'arrêt  dans 
l'exercice  des  bonnes  œuvres,  et  aux  approches 
de  la  moisson  chacun  se  crut  exposé  à  mourir 
de  faim. 

Ce  tableau  des  souffrances  qu'imposa  à  notre 
pays  la  disette  de  1770  n'a  rien  d'exagéré;  tout 
est  vrai.  Les  couleurs  vives,  les  épisodes  drama- 
tiques dont  la  tradition  a  conservé  le  souvenir, 
nous  les  avons  négligés  afin  de  reproduire  sim- 
plement le  résumé  des  faits  consignés  dans  les 
délibérations  de  la  commune.  Pour  peindre  les 
grands  désastres  il  faut  de  simples  paroles;  la 
fantaisie  sert  à  voiler  la  vérité. 

Turgot  ne  fut  pas  insensible  aux  maux  et  aux 
douleurs  de  ses  administrés;  il  ne  fut  pas  inactif 
en  présence  du  fléau,  et  malgré  toutes  sortes 
d'entraves  et  de  difficultés  financières,  il  parvint 
à  relever  la  confiance  et  à  atténuer  les  horreurs 
de  la   famine  en  luttant  pied  à  pied,   corps  à 


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—  124  — 

corps.  Une  partie  de  sa  fortune  et  ses  épargnes 
particulières  furent  livrées  au  monstre.  Mais  avec 
quelle  sagesse,  avec  quel  discernement  il  sut  em 
ployer  ses  ressources!  Là  sont  entretenus  des  ate 
liers  de  charité,  où  chacun  peut  trouver  du  travail 
Ailleurs  des  dégrèvements  d'impôt  sont  accordés 
ici,  des  secours  en  aliments,  en  grains  sont  dis 
tribués;  et  devant  tous  ces  efforts,  devant  ce  bon 
vouloir  et  cette  immense  charité,  les  populations 
étouffent  leurs  plaintes  et  acclament  le  nom  de 
leur  bienfaiteur. 

Le  6  juillet  1770,  Turgot  nomme  M.  Dubou- 
cheron  des  Manoux  sùbdélégué  de  Tintendance  à 
Meymac,  et  ce  dernier,  dans  la  séance  de  son 
installation,  communique  au  corps  municipal, 
comme  présent  de  bienvenue,  une  lettre  de  l'in- 
tendant annonçant  l'envoi  de  765  livres  de  fèves 
et  de  209  livres  de  riz  pour  la  ville  de  Meymac. 
Sa  Grandeur,  dit  le  procès- verbal,  «  annonce  qu'elle 
»  renvoie  un  certain  nombre  d'imprimés  d'une 
»  instruction  sur  les  différentes  manières  de  pré- 
»  parer  le  riz,  et  que  de  plus  il  sera  envoyé,  pour 
»  les  paroisses  de  la  subdélégation,  quarante-deux 
y>  setiers  de  fèves;  elle  exhorte  les  notables  à  ne 
»  pas  perdre  de  temps  à  faire  profiter  les  pauvres 
»  de  ces  aumônes  et  de  celles  qui  suivront  (1).  » 

Rien  n'échappe  au  contrôle  de  cet  esprit  vigi- 
lant :  le  riz  est  une  denrée  nouvelle  dont  l'usage 
est  inconnu  dans  le  Haut-Limousin;  et  pour  que 


(1)  Extrait  des  délibérations  de  la  commune  de  Meymac  du  16 
juillet  1770. 


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—  125  — 

le  bienfait  soit  entier,  pour  que  l'ignorance  ne 
vienne  pas  dénaturer  un  produit  d'alimentation, 
il  entre  dans  des  détails  minutieux  et  indique  les 
différentes  manières  de  le  convertir  en  un  mets 
agréable  et  substantiel. 

Rarement  en  temps  de  calme  et  au  milieu  du 
développement  régulier  de  la  vie  nationale,  un 
administrateur  parvient  à  s'élever  fort  au-dessus 
de   ses   contemporains,    tandis  que   durant  une 
époque  agitée  la  gloire  est  quelquefois  d'un  accès 
plus  facile,   et  peut  être  acquise  par  un   effort 
suprême  ou  par  un  événement  heureux.  Turgot 
fut  l'homme  de  toutes  les  situations,  et  il  eut 
deux  gloires  qu'on  trouve  rarement  associées  :  celle 
que  donnent  les  travaux  de  la  paix  et  celle  qu'on 
voit  éclore  durant  les  époques  de  lutte.  Du  reste, 
les  événements  semblèrent  accumuler  devant  lui 
comme  à  plaisir  des  difficultés   insurmontables. 
La  province  du  Limousin  était  pauvre  et  privée 
d'industrie;  l'État  ne  fournissait  point  de  travaux 
aux  classes  laborieuses;  les  réserves  particulières 
étaient  épuisées;  une  disette  réelle,  accrue  par 
une   disette  factice   créée  en   quelque  sorte  par 
ceux  qui  auraient   pu  atténuer  les  effets  de  la 
première,  jetait   partout  l'alarme  et    la  désola- 
tion; rien  n'était  prêt  pour  combattre  le  fléau;  l 
il  fallait  organiser  à  la  hâte  et  improviser,  ^^ 
quelque  sorte,  les  moyens  d'action  en  Ix^^wtlaiv^ 
les  usages  et  les  préjugés  anciens,  emp^  v^g^^  \fô 
vagabondage  et  ces  rassemblements  d'horx;^        ^  ^fe- 
guenillés  et  hâves  qui  parcouraient  aix^t.  ^    •  a  ^ 
pays  en  demandant  du  pain,  étouffer     ^^^^    aO"^ 


%> 


V 


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—  126  — 

germe  Témeute  qui  grondait  au  sein  des  masses 
dévoyées  par  la  souffrance  et  la  terreur,  main- 
tenir malgré  elles  et  dans  leur  intérêt  la  libre 
circulation  des  céréales;  il  fallait,  en  un  mot, 
calmer  toutes  les  passions  qui  peuvent  naître 
chez  ceux  qui  croient  mourir  de  faim.  Turgot 
fut  au  niveau  de  cette  tâche  difficile  et  glo- 
rieuse, et  son  génie  ne  fut  surpassé  que  par 
sa  bienfaisance. 

Gomment  au  milieu  de  pareilles  épreuves  le 
nom  de  Turgot  a-t-il  pu  rester  populaire?  Pour- 
quoi son  souvenir  est-il  encore  béni?  Parce  qu'il 
fut  en  même  temps  un  homme  de  bien  et  un 
homme  d'action,  sans  défaillance.  L'ingratitude 
est  un  défaut  individuel  que  les  masses  ne  con- 
naissent pas;  elles  savent  toujours  rendre  justice 
à  ceux  qui  s'occupent  de  leur  sort  et  de  leur 
bien-être.  Aussi  le  nom  des  bienfaiteurs  de  l'hu- 
manité vieillit  et  traverse  les  siècles;  et  lorsque  au 
départ  de  Turgot  les  paysans  limousins  s'écriaient 
en  pleurant  :  c'est  bien  fait  au  roi  de  le  prendre, 
mais  c'est  bien  triste  à  nous  de  le  perdre,  ils 
glorifiaient  par  ces  simples  paroles  ses  actes  et  sa 
vie,  ils  rehaussaient  l'éclat  de  son  nom,  ils  pré- 
voyaient l'oubli  dans  lequel  ils  allaient  tomber  (1). 

La  fin  d'un  grand  désastre  ne  fait  pas  cesser 


(1)  La  désolation  que  causa,  en  Limousin,  le  départ  de  Turgot 
appelé  au  ministère  est  un  fait  presque  unique  dans  l'histoire  des 
peuples.  On  ne  voyait  dans  les  campagnes  que  des  larmes  et  des 
sanglots,  on  n'entendait  que  des  cris  de  détresse.  On  faisait  des 
prières  publiques  dans  toutes  les  paroisses,  et  la  cloche  des  églises 
tintait  des  glas  funèbres. 


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-  127  — 

aussitôt  les  maux  qu'il  a  produits;  il  faut  guérir 
les  plaies,  réparer,  reconstruire,  et  c'est  par  là 
que  Turgot  s'efforça  de  compléter  son  œuvre  en 
s'adressant  au  roi.  Dans  un  mémoire  simple  et 
trop  vrai,  où  les  élans  du  cœur  sont  comprimés 
par  le  respect  dû  au  souverain,  il  traça  le  tableau 
des  misères  imposées  à  notre  pays  par  la  disette 
de  1770.  Il  disait  : 

a  On  ne  peut  penser  sans  frémir  au  sort  qui 
»  menace  les  habitants  de  cette  partie  de  la  pro- 
»  vince,  déjà  si  cruellement  éprouvés  par  les 
i>  malheurs  de  Tannée  dernière  (1). 

»  De  quoi  vivront  les  bourgeois,  et  des  paysans 
»  qui  ont  vendu  leurs  meubles,  leurs  bestiaux, 
»  leurs  vêtements  pour  subsister?  Avec  quoi  les 
»  secourront,  avec  quoi  subsisteront  eux-mêmes 
»  des  propriétaires  qui  n'ont  rien  recueilli,  qui 
»  ont  même  pour  la  plupart  acheté  de  quoi  semer 
»  et  qui,  l'année  précédente,  ont  consommé  au- 
»  delà  de  leur  revenu  pour  nourrir  leur  famille, 
3>  leurs  colons  et  leurs  pauvres?  On  annonce  que 
»  plusieurs  domaines,  dans  ce  canton  désolé,  n'ont 
»  point  été  ensemencés  faute  de  moyens. 

»  Comment  les  habitants  de  ces  malheureuses 
»  paroisses  pourront-ils  payer  des  impôts,  com- 
»  ment  pourront-ils  ne  pas  mourir  de  faim? 

»  Telle  est  pourtant  leur  situation,  sans  exagé- 
»  ration.  Nous  nous  bornons  à  mettre  sous  les 
»  yeux  du  roi  Tétat,  nous  osons  dire  désespéré. 


(1)  En  i769|  la  récolte,  dans  nos  contrées,  avait  été  mauvaise 
le  déficit  était  de  moitié. 


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—  128  — 

»  d'une  partie  de  ses  enfants  et  le  calcul  non 
»  pas  de  leurs  besoins,  mais  de  ce  qu'il  paraît 
»  nécessairement  indispensable  de  les  soulager. 

»  Ce  calcul,  que  nous  avons  fait  en  toute  ri- 
»  gueur,  monte  à  neuf  cent  mille  livres.  Le 
»  reste  du  Limousin  est  lui-même  dans  la  disette 
»  et  paie  les  subsistances  à  un  prix  exorbitant. 
»  Ce  prix  sera  encore  augmenté  par  les  frais 
»  de  transport  pour  arriver  à  ce  canton  monta- 
»  gneux,  enfoui  dans  les  terres  et  où,  pendant 
»  l'hiver,  la  neige  met  encore  un  obstacle  invin- 
»  cible  aux  communications  déjà  difficiles  par 
»  elles-mêmes.  » 

Il  est  triste  de  le  dire,  mais  ce  cri  de  détresse 
ne  fut  pas  entendu,  la  province  ne  fut  pas  dé- 
grevée, et  Turgot,  le  simple  intendant,  écrivit  à 
l'abbé  Terray,  alors  ministre,  cette  fière  réponse 
pleine  d'amertume  et  d'indignation  :  <t  Je  n'au- 
rais jamais  pensé  qu'après  vous  avoir  mis  sous 
les  yeux  des  raisons  aussî  fortes,  vous  eussiez 
laissé  subsister  sur  les  contribuables  une  charge 
de  .60,000  livres  plus  forte  qu'en  1760.  » 

Turgot  avait  raison  et  il  eut  tort;  ainsi  va 
quelquefois  la  balance  de  la  vie. 

§  IV 

Il  a  été  souvent  question,  durant  le  cours  de 
ce  récit,  de  deux  fondations  désignées  sous  les 
noms  de  Cène  et  de  Chandeleur^  dont  le  pro- 
duit était  payé  par  les  religieux  aux  consuls  de 


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^  129  ^ 

Meymac,  qui  l'employaient  à  acquitter  les  charges 
de  ville. 

Aux  XVII*  et  XVIII*  siècles,  Torigine  de  ces  deux 
redevances  était  soupçonnée  sans  être  parfaite- 
ment connue,  ce  qui  donna  lieu  à  de  nombreuses 
difficultés  dont  les  curieux  détails  ont  été  con- 
servés. L'intérêt  qu'offrent  ces  débats  n'est  pas 
à  dédaigner,  même  au  point  de  vue  de  l'his- 
toire générale;  les  arguments  contraires,  les  sub- 
tilités réciproques  sur  lesquels  chaque  partie  s'ap- 
puyait pour  voir  triompher  sa  cause,  sont  une 
peinture  mouvementée  de  l'ancienne  vie  des  com- 
munes, de  leurs  usages  et  de  leurs  abus  qui  se 
commettaient  quelquefois  sous  l'empire  des  libertés 
administratives.  Nous  verrons  enfin  le  pouvoir 
central  intervenir,  imposer  son  autorité,  et  Tur- 
got  aux  prises  avec  ce  procès,  l'étudier  sous  tous 
ses  aspects,  en  ayant  soin,  durant  ce  travail,  de 
noter  ses  impressions  personnelles.  Ces  derniers 
détails  nous  initieront  à  sa  vie  intime,  à  la  forme 
sérieuse  du  labeur  journalier  de  l'illustre  inten- 
dant et  au  soin  qu'il  mettait  à  préparer  la  solu- 
tion des  affaires  qui  lui  étaient  confiées. 

Les  consuls  de  Meymac  voulurent,  en  1770, 
appliquer  au  soulagement  des  pauvres,  ainsi  que 
nous  l'avons  déjà  dit,  le  blé  provenant  de  la  fon- 
dation de  la  Cène,  et  ils  en  furent  empêchés 
par  une  saisie-arrêt  qu'avaient  fait  pratiquer  les 
paysans  de  la  paroisse. 

Ces  derniers  n'avaient  sans  doute  pas  agi 
d'après  leur  propre  inspiration.  Cette  mesure,  nui- 
sible aux  intérêts  immédiats  des  pauvres,  sem- 


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^  130  — 

blaît  inopportune  dans  les  circonstances  difficiles 
que  la  municipalité  avait  à  traverser.  Mais  avant 
de  juger,  nous  rappellerons  que  les  religieux 
avaient  toujours  soutenu  que  la  fondation  de  la 
Cène  était  une  aumône,  et  que  c'était  sans  droit 
que  les  consuls  en  avaient  disposé  depuis  long- 
temps dans  un  sens  opposé. 

Les  ravages  du  fléau  de  1770  avaient  fait  im- 
pression, et  beaucoup  d'hommes,  à  l'exemple  de 
Turgot,  avaient  compris  la  nécessité  d'organiser 
la  charité  publique  sur  des  bases  solides.  En  con- 
sentant à  distribuer  aux  malheureux  les  vingt- 
cinq  setiers  de  blé  de  la  Gène  pendant  l'année 
1770,  les  consuls  n'avaient  entendu  en  faire 
qu'une  affectation  accidentelle  et  temporaire,  tan- 
dis que  leurs  adversaires  voulaient  que  l'emploi 
de  cette  ressource  servît  toujours  à  alimenter  ceux 
qui  manquaient  de  pain,  et  que  le  produit  de 
cette  fondation  fût  converti  en  un  fonds  de  se- 
cours permanents.  Cette  affaire  de  la  Cène^  très 
simple  en  apparence,  se  compliqua  et  prit  des 
proportions  inattendues.  Harcelé  d'avis,  de  lettres, 
de  mémobes,  Turgot,  rigide  surveillant  des  de- 
niers publics,  en  référa  au  ministre,  et  ce  der- 
nier, à  son  tour,  soumit  la  question  au  Conseil 
d'État.  Le  26  avril  1771,  la  haute  assemblée, 
présidée  par  le  roi,  rendit  un  arrêt  dans  lequel 
on  lit  les  dispositions  suivantes  : 

«  Toutes  les  questions  nées  ou  à  naître  pour  la  pro- 
priété, paiement  et  distribution  des  rentes  dites  de  la 
Cène  et  de  la  Chandeleur,  seront  portées  devant  l'inten- 
dant de  la  généralité  de  Limoges,  auquel  sa  Majesté  en 


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-  131  - 

attribue  la  connaissance  privativement  à  tous  autres, 
avec  défense  aux  parties  de  se  pourvoir  ailleurs  sous 
peine  de  nullité  et  de  500  livres  d'amende.  Autorise 
l'intendant  de  la  généralité  de  Limoges  à  nommer  pour 
syndic  des  pauvres  de  la  paroisse  de  Meymac  telle  per- 
sonne qu'il  jugera  à  propos,  à  l'effet  de  former  pour  la 
propriété  des  dites  redevances  toutes  les  demandes  néces- 
saires. Charge  le  syndic  d'exercer  des  poursuites  contre 
tous  détenteurs,  et  de  contraindre  au  paiement  des  arré- 
rages les  religieux  bénédictins  par  la  saisie  même  de 
leurs  dîmes,  lesquels  arrérages  seront  distribués  aux  pau- 
vres de  la  ville  de  Meymac  et  des  hameaux  en  dépen- 
dant; ordonne  que  les  anciens  comptables  présenteront 
à  l'intendance  leurs  comptes  de  gestion,  avec  pièces  jus- 
tificatives et  à  l'appui,  etc.,  etc.  » 

Le  17  mai  1771,  Turgot  rendit  une  ordon- 
nance et  nomnia  pour  syndic  des  pauvres  le  sieur 
Treich.  Ces  diverses  décisions  furent  comniuni- 
quées  au  corps  municipal  le  2  juin  suivant.  Ces 
dispositions  préalables  remplies,  le  syndic  des 
pauvres  ajourna  devant  l'intendant  de  la  géné- 
ralité les  consuls,  et  en  leur  personne  les  habi- 
tants de  la  ville,  les  religieux  bénédictins  et 
M.  Materre  des  Raux,  débiteur  d'une  rente  for- 
mée par  les  arrérages  échus  de  la  fondation  de  la 
Chandeleur. 

Chaque  partie  produisit  ses  moyens  développés 
dans  des  mémoires.  Nous  résumerons  les  faits 
principaux  qu'ils  contiennent  et  qui  ont  trait 
soit  à  l'objet  du  litige,  soit  à  l'histoire  locale; 
mais  avant,  nous  indiquerons  la  portée  et  le 
but  de  ces  diverses  fondations  appelées  de  la 
Cène  et  de  la  Chandeleur. 


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—  132  — 

La  fondation  de  la  Gène  constituait  le  monas- 
tère de  Meymac  débiteur  de  vingt-cinq  setiers  de 
blé-seigle,  exigibles  le  jeudi-saint  de  chaque  année. 
Pendant  le  xv"  siècle  et  antérieurement  à  cette 
époque,  ce  blé  était  converti  en  pain,  distribué  le 
jour  du  jeudi-saint  aux  chefs  de  famille  proprié- 
taires, et  le  pain  était  plus  ou  moins  grand,  selon 
la -qualité  ou  la  fortune  de  celui  qui  le  recevait. 
Les  mendiants  et  les  locataires  étaient  exclus  de 
cette  distribution.  Pendant  une  partie  des  xvi*  et 
XVII*  siècles  ces  usages  furent  modifiés,  et  les  con- 
suls de  Meymac  perçurent  seuls  ce  tribut  et  l'em- 
ployèrent à  leur  gré.  Nous  avons  déjà  vu  que 
l'arrêt  du  grand  Conseil  du  20  janvier  1734  avait 
condamné  les  religieux  à  payer  les  arrérages  échus 
de  cette  fondation,  et  qu'ils  firent  un  traité  avec 
la  municipalité. 

Quant  au  produit  de  la  fondation  de  la  Chan- 
deleur, il  consistait  en  une  somme  de  soixante 
livres,  avec  laquelle  on  achetait  anciennement  de 
la  cire,  et,  le  jour  de  la  fètê  de  la  Purification 
de  Notre-Dame,  les  religieux,  également  débiteurs 
de  cette  rente,  distribuaient  aux  curé,  vicaires, 
officiers,  bourgeois  et  propriétaires,  un  cierge  plus 
ou  moins  grand,  selon  l'état  ou  la  position  so- 
ciale de  ceux  auxquels  on  l'offrait.  Ces  fonda- 
tions, évidemment  faites  dans  un  but  pieux  et 
charitable,  avaient  été  dénaturées,  puisque  nous 
voyons,  durant  le  xviii*  siècle,  les  consuls  de 
Meymac  en  revendiquer  les  produits  comme  pro- 
priété communale. 

Dans  les  divers  mémoires  présentés  à  Turgot 


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—  133  — 

se  trouvent  plusieurs  intéressants  détails  sur  Mey- 
mac,  sur  son  ancienne  administration,  et,  sans 
efforts  d'intelligence,  on  aperçoit  très  nettement 
la  tactique  de  chaque  partie  et  une  certaine  habi- 
leté de  discussion. 

Le  défenseur  des  pauvres,  dans  l'intérêt  de  sa 
cause,  cherche  à  diminuer  l'importance  de  sa  ville 
natale  pour  arriver  à  conclure  qu'autrefois,  et  sans 
le  secours  des  fondations  de  la  Cène  et  de  la 
Chandeleur^  elle  a  suffi  à  ses  charges  et  qu'elle 
ne  peut  aujourd'hui  se  montrer  plus  exigeante. 
Malgré  le  peu  de  sympathie  qu'il  a  pour  la  mu- 
nicipalité, il  émousse  ses  traits  et  rappelle  sur- 
tout les  abus  anciens  pour  fixer  l'esprit  sur  les 
abus  présents.  Comme  il  s'agit  d'une  peinture 
toute  locale,  nous  reproduirons  ses  paroles  sans 
toucher  à  la  forme  ou  au  fond.  Voici  ce  qu'il 
écrit  à  Turgot  : 

a  Ce  qu'on  appelle  la  ville  de  Meymac  est  une  petite 
bourgade  composée  d'environ  deux  cent  cinquante  feux, 
et  ce  qu'on  appelle  la  paroisse  de  Meymac  fait  environ  le 
même  nombre  de  feux,  dans  trente  ou  quarante  hameaux 
et  villages  répandus  dans  les  campagnes  de  la  montagne 
la  plus  stérile  du  Limousin.  Il  y  a  plusieurs  de  ces  vil- 
lages qui  sont  à  plus  d'une  lieue  de  ce  qu'on  appelle  la 
ville;  ce  tout  forme  la  même  paroisse,  la  même  collecte, 
la  même  communauté.  ! 

»  C'est  une  châtellenie  dépendant  du  duché  de  Ven-  \ 

tadour,  dont  les  seigneurs  nomment  les  deux  premiers  jj 

consuls  sur  un   certain  nombre  de  sujets  que  la  ville  \ 

leur  présentait  annuellement.  Ces  deux  consuls  eu  choi-  ■ 

sissaient  autres  deux  dans  une  assemblée  général^  nxx'ïVs 
convoquaient  ensuite,  et  l'on  chargeait  de  la  1^^  .    ^^^ 


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-  134  -  • 

impôts   royaux   celui  que   bon   semblait  de  ces  quatre 
consuls. 

»  Les  consuls  exerçaient  la  police  dans  la  ville  et  pa- 
roisse de  Meymac,  à  l'exclusion  du  juge.  Le  premier 
consul  la  faisait  seul,  les  autres  n'étaient  que  ses  assis- 
tants au  besoin. 

»  Plus  tard,  sa  Majesté  ayant  exigé  des  tableaux  pour 
la  levée  des  impôts  royaux,  il  en  fut  fait  un  dans  la  com- 
munauté de  Meymac  de  trois  collecteurs  chaque  année, 
et  il  y  eut  divers  particuliers  qui  furent  compris  dans 
les  trois  colonnes  de  ce  tableau,  et  qui  en  conséquence 
ont  fait  la  levée  des  impôts.  Comme  les  fonctions  de 
collecteur  ne  concernaient  que  la  levée  des  impôts,  on 
continua  toujours  de  s'adresser  à  son  altesse  Mgr  le 
maréchal  prince  de  Soubise  comme  duc  de  Ventadour, 
pour  la  nomination  annuelle  des  deux  consuls. 

j>  L'édit  de  1767  ayant  paru,  on  a  formé  un  corps 
municipal  dont  son  altesse  a  continué  de  nommer  les 
deux  premiers  Xîonsuls.  C'est  alors  que  la  place  de  pre- 
mier consul  a  été  fort  recherchée.  Cette  place  a  tant  de 
prérogatives  qu'on  la  sollicite  et  qu'on  cabale  pour  la 
faire  verser  sur  la  tête  de  qui  l'on  veut;  ce  qui  est  si 
vrai  que  le  corps  municipal  n'est  composé  à  peu  près 
que  de  la  même  famille. 

»  A  la  faveur  du  pouvoir  accordé  aux  officiers  muni- 
cipaux de  délibérer  et  de  présider  dans  les  assemblées 
publiques,  ils  se  sont  arrogé  celui  de  disposer  arbi- 
trairement, non-seulement  des  revenus  de  la  ville,  mais 
encore  de  tout  ce  qui  concerne  les  habitants  de  la  com- 
mune en  particulier.  Ce  despotisme  a  rendu  désertes  les 
assemblées,  qu'ils  font  sonner;  elles  ne  sont  ordinaire- 
ment composées  que  du  corps  municipal;  et  s'ils  ont 
besoin  d'un  plus  grand  nombre  de  signataires,  ils  font 
souscrire  à  gens  de  leur  parti,  ou  à  d'autres  qui  ne 
savent  ce  qu'ils  signent  ou  qui  n'y  ont  aucun  intérêt. 
Tel  est  l'usage. 

»  Les  consuls  ne  jouissaient  anciennement  que  d'un 


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—  135  — 

droit  de  hallage,  poids  et  mesures  appelé  courtage  et  d'un 
droit  appelé  le  fort^  qui  consistait  en  huit  pintes  de  vin 
parisiennes  qu'ils  se  faisaient  payer  annuellement  par 
chaque  cabaretier  vendant  vin,  qui  étaient  toujours  au 
nombre  de  plus  de  vingt. 

»  Il  y  a  quelques  années  que  ce  droit  de  fort  a  été 
supprimé.  La  ferme  de  celui  de  courtage  a  souvent  varié, 
mais,  dans  tous  les  temps,  elle  a  été  chargée  de  donner 
un  fromage  d'Auvergne  de  quarante  à  cinquante  livres  au 
premier  consul  chaque  année. 

»  Les  anciens  consuls  avaient  un  secrétaire-greffier  pour 
les  délibérations  ;  ils  avaient  un  valet  de  ville  qui  servait 
gratis  pour  la  levée  des  impôts,  et  les  consuls  qui  répar- 
tissaient  arbitrairement  les  impositions  en  exemptaient 
leur  valet  de  ville.  Dès  qu'il  y  eut  des  collecteurs,  les 
fonctions  de  valet  de  ville  furent  bornées  à  mettre  à 
exécution  les  ordonnances  de  police. 

»  Il  ne  parait  pas  que  ces  anciens  consuls  jouissent 
jamais  des  redevances  dont  s'agit  (de  la  Cène  et  de  la 
Chandeleur)  ;  s'il  y  avait  quelque  nécessité  publique,  ils 
demandaient  le  consentement  du  corps  des  habitants  pour 
y  employer  les  dites  redevances.  Les  habitants  de  la  pa- 
roisse, s'apercevant  que  les  officiers  municipaux  dispo- 
saient arbitrairement  de  ces  redevances,  firent  divers 
mouvements  et  voyages  auprès  de  Votre  Grandeur  pour 
avoir  eux  seuls  la  main-levée  des  dites  redevances;  leurs 
pièces  et  requêtes  doivent  être  dans  le  dépôt  de  l'inten- 
dance. La  disette  et  calamité  étant  survenues,  Votre  Gran- 
deur, par  un  effet  de  sa  charité  paternelle  pour  le  sou- 
lagement des  pauvres  et  voulant  d'ailleurs  mettre  fin  à 
tant  de  contestations,  détermina  l'arrêt  du  Conseil  d'État 
du  26  avril  1771. 

»  Les  consuls  prétendent  que  l'adjudication  dont  s'agit 
en  faveur  des  pauvres  devrait  être  appuyée  d'un  droit 
ou  réel,  ou  apparent,  ou  d'une  utilité  publique. 

»  Ce  droit  se  produit  sous  ces  trois  circonstances  ; 

»  La  redevance  dont  s'agit  est  de  sa  nature  une  au- 


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—  136  — 

mône;  elle  ne  peut  être  appliquée  qu'à  ceux  qui  en 
ont  le  plus  besoin,  et  elle  sera  d'une  utilité  publique 
dès  qu'elle  tournera  au  soulagement  des  membres  les 
plus  nécessiteux. 

»  L'arrêt  de  1734  ne  prononce  pas  la  condamnation 
des  dites  redevances,  taxativement,  en  faveur  des  offi- 
ciers, bourgeois  et  habitants  de  la  ville,  et  n'a  point 
regardé  leurs  prétentions  comme  celles  de  la  communauté 
puisqu'il  n'a  condamné  aux  dépens  que  les  seuls  signa- 
taires des  délibérations  y  mentionnées 

»  Ce  considéré,  il  vous  plaise.  » 

Voici  le  résumé  des  considérations  que  les  re- 
ligieux soumirent  à  M.  Turgot  sur  le  même  sujet  : 

a  Les  suppliants  n'ont  jamais  contesté  la  demande  qui 
leur  est  faite;  ils  ne  la  contestent  pas  encore  et  seront 
toujours  prêts  à  y  différer,  pourvu  qu'ils  soient  vala- 
blement déchargés  envers  les  consuls  de  la  ville  de 
Meymac,  qui  prétendent  s'arroger  les  dites  aumônes  et 
rentes  et  qui  en  ont  exigé  le  paiement  pendant  plusieurs 
années. 

»  Il  est  cependant  quelques  observations  à  faire  contre 
leurs  prétentions. 

»  Il  est  à  remarquer  que  chaque  jeudi-saint  on  lavait 
autrefois  les  pieds  à  soixante  pauvres,  auxquels  on  dis- 
tribuait en  pain  et  étoffe  pour  la  somme  de  cent  quatre- 
vingt-seize  deniers.  Les  suppliants  le  trouvent  ainsi  noté 
dans  leur  livre  d'obiit,  page  45,  n^  A.-B.-C;  ibidem  page 
46,  n<»  N.-A.;  ibidem  page  47,  n*>  N.-A;  ce  qui  est  demeuré 
dans  cet  état  jusqu'au  5  septembre  1640,  où  Mgr  de 
Levy,  archevêque  de  Bourges  et  abbé  de  Meymac,  dé- 
clara devoir  pour  le  jeudi-saint  :  seigle,  vingt-cinq  se- 
tiers  au  plus,  et  à  chaque  maison  de  la  ville  et  paroisse 
une  chandelle  de  cire. 

»  Il  est  à  noter  : 

»  1*»  Que  les  fermiers  de  l'abbaye  faisaient  faire  des 


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jours  Dananr  ne  fa  mm,  pots  cfiacrof  en  prenait  nn  et 
^remportait.  Cela  est  ainsi  porté  lians  Yéini  gôaéral  du 
revenu  des  dits  religieux  du  22  janvier  1674,  et  dans 
leurs  livres-journaux  tenus  coin  nie  fermiers  de  la  dite 
abbaye  de  1690,  1691,  1692  et  1093; 

/>  2''  Que  dans  un  grand  rouîeau  ou  sont  détaillées 
toutes  les  fondations  et  cérémonies  de  l'abbaye,  il  est 
dit  que  M.  raîd>é  doit  à  chacun  des  religieux  et  des 
pretreîï  s^*culiers  un  cierge  pour  le  jour  de  la  Purili- 
catiou,  OH  il  n*est  fait  aucune  mention  ni  de  MM.  les 
cousu-ls  et  bourf-^eois,  ni  d'ourune  paroisse  ; 

»  3"*  Que  la  chandelle  de  cire  «jue  MM.  les  consuls, 
bourgeois  et  paroissiens  de  Meymac  prétendent  leur  être 
due  a  été  évaluée  à  la  somme  de  soixante  livres,  même 
avant  le  traité  qu'ils  passèrent  avec  Tabbe  de  Maschatiii, 
le  3  août  1693,  devant  Couvreur,  notaire  à  Paris; 

»  4**  Que  ce  n'est  que  depuis  ce  traité  qne  MM.  les 
consuls  oiH  donné  quitiance  des  dits  blé  et  argent,  et 
que  sans  le  consentemenl  de  M,  Tévêque,  de  Mgr  Tin- 
lendant  et  de  ceux  à  qui  cette  prestation  est  si  légiti- 
mement due  ils  en  ont  changé  la  destination,  et  que, 
d'une  prestation  religieuse  et  pieuse,  ils  ont  fait  nue 
prestation  profane  eu  l'employant  à  la  pooi'suite  des 
procès  où  leurs  pères  se  sont  témérairement  engagés, 
au  au  salaire  d'un  postillon  (c*élait  le  porteur  dos  dé- 
pêches), du  fontainier,  de  l'horloger  et  de  leur  valet 
de  ville,  ou  enfin  à  l'entretien  de  leur  robe  coivsulîi^^^- 

»  Il  serait  donc  1res  à  propos  de  suivre  l'ii^,^*  ^ncW^^ 
des  fondateurs,  qui  serait  de  laver  les  pieds    k        ■  ^*^\^^^ 
pauvres  auxquels  ou  distribuerait,  par  égale    ^     %^  ^ 

les  \ingt-cinq  setiers  de  blé-seigle  et  vingt  écvY^HxÀV*^      ^^^* 
Les  suppliants  n'entendent  cependant  pas  è>-^^      ^-^   A^*^ 
discussion;  ils  seront  toujours  prêts  à  arqui|*/  \x    >^      ^   *^ 
doiveut.  X^^^    ^^' 


Ce  considéré,  Monseigneur,  il  voue  plai^ 


T.  m. 


^  V 


—  138  — 

M.  Lachau,  consul  en  1770,  avait  continué 
d'exercer  ses  fonctions  en  1771;  mais,  au  mois 
de  janvier  1772,  il  fut  remplacé  par  M.  Treich 
des  Farges,  qui  devait  joindre,  si  on  s'en  rap- 
porte aux  archives  municipales,  une  grande  ac- 
tivité à  une  entente  complète  des  affaires  admi- 
nistratives. Au  début  de  son  administration,  il 
réglemente  la  police  locale  et  prend  divers  arrêtés 
relatifs  à  la  taxe  du  pain,  au  ramonage  des 
cheminées,  à  l'enlèvement  des  immondices,  à  la 
vérification  des  poids  et  mesures  et  à  la  régle- 
mentation des  débits  de  boisson  (1). 

Le  dernier  de  ces  arrêtés  mérite  d'être  repro- 
duit; il  mérite  aussi  d'être  comparé  aux  docu- 
ments de  même  nature  émanés  de  nos  admi- 
nistrateurs modernes  quand  ils  ont  voulu,  dans 
l'intérêt  des  familles  et  de  la  morale  publique, 
imposer  un  règlement  aux  auberges,  cafés  et  ca- 
barets (2). 


(1)  Extrait  du  livre  de  ville  (arrêtés  des  15  février  1772  et  5  mars 
suivant). 

(2)  Voici  les  principales  dispositions  de  l'arrêt  relatif  à  la  police 
des  auberges  : 

«  Nous  défendons  à  tous  hôtes,  cabaretiers,  taverniers  et  autres 
vendeurs  de  vin  et  d'eau-de-vie,  de  donner  à  boire  et  recevoir  per- 
sonne chez  eux  les  jours  de  fête  et  dimanche  pendant  le  service 
divin,  c'est-à-dire  la  grand'messe  et  vêpres. 

»  Leur  défendons  de  donner  à  boire  à  d'autres  qu'à  des  étran- 
gers et  des  voyageurs,  après  9  heures  du  soir,  depuis  le  1"  no- 
vembre jusqu'au  {•'  avril,  et  depuis  le  1"  avril  jusqu'au  i*'  no- 
vembre, après  10  heures  du  soir. 

»  Leur  défendons  également  de  donner  à  jouer  dans  leur  cabaret. 

»  Défendons  à  tous  les  habitants  de  la  ville  de  banlieue  autres 
que  les  aubergistes,  de  loger,  recevoir  des  passants  étrangers  non 
connus  et  sans  aveu. 

»  Enjoignons  aux  aubergistes  qui  recevront  chez  eiïx  de  ces 
espèces  de  gens  de  s'informer  de  leur  nom  et  domicile,  et  de 
venir  nous  en  faire  le  rapport.  » 


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—  139  — 

Ces  règlements  ne  constituèrent  pas  Tœuvre 
principale  de  la  nouvelle  administration,  car 
M.  Treich  des  Farges  avait  accepté  la  gestion 
des  affaires  de  la  commune  dans  un  moment 
où  les  ressources  financières  étaient  absorbées 
par  les  dépenses  antérieures  imposées  par  la 
disette.  Les  produits  des  fondations  de  la  Cène 
et  de  la  Chandeleur  lui  étant  contestés,  il  dut 
convoquer  le  corps  municipal,  afin  qu'il  prît  des 
mesures  capables  de  faire  sortir  la  commune  d'un 
état  si  précaire;  il  résuma  la  situation  à  peu 
près  en  ces  termes  : 

0  La  disette  des  années  précédentes  a  absorbé  toutes 
les  ressources  de  la  communauté.  Les  poids  et  les  ba- 
lances de  ville  ont  besoin  d'être  refaits;  la  charpente  de 
la  tour  de  Thorloge  et  celle  des  halles  tombent  en  ruine; 
les  fontaines  publiques  ne  jaillissent  plus;  les  gages  du 
messager  qui  facilite  le  commerce  et  ouvre  les  commu- 
nications avec  les  villes  voisines  sont  dus  depuis  plu- 
sieurs années  ;  il  en  est  de  même  du  salaire  du  receveur- 
syndic,  du  greflBer-secrétaire ,  du  valet  de  ville  et  du 
tambour.  Enfin,  les  robes  des  consuls  ont  dépéri,  et  sans 
elles  ces  magistrats  ne  peuvent  assister  aux  cérémonies 
publiques,  ni  vaquer  aux  fonctions  de  la  police,  ni  se 
présenter  avec  décence  devant  le  seigneur  intendant  dès 
qu'il  passera  dans  la  ville.  Il  est  donc  urgent  de  recher- 
cher les  moyens  d'acquitter  les  dépenses  anciennes  et 
subvenir  aux  dépenses  courantes.  Le  produit  des  rede- 
vances de  la  Gène  et  de  la  Chandeleur  pourrait  suffire 
à  combler  le  déficit,  mais  la  solution  des  difficultés  qui 
existent  à  ce  sujet  entre  la  communauté,  les  religieux  et 
le  syndic  des  pauvres  a  été  confiée,  par  arrêt  du  26  avril 
1771,  à  Mgr  l'intendant,  et  sa  décision  n'est  pas  encore 
rendue,  etc.,  etc.  » 


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—  140  — 

A  la -suite  de  cet  exposé  sommaire,  le  corps 
municipal  décida,  à  Tunanimité,  que  le  produit 
des  fondations  de  la  Gène  et  de  la  Chandeleur 
serait  employé  à  acquitter  les  charges  anciennes 
et  nouvelles,  et  qu'il  priait  Tintendant  de  la 
généralité  d'approuver  cette  délibération  et  d'en 
assurer  les  conséquences. 

§  V 

Nous  avons  transcrit  dans  les  pages  qui  pré- 
cèdent plusieurs  fragments  des  mémoires  produits 
par  le  syndic  des  pauvres  et  par  les -religieux, 
à  l'occasion  de  l'affaire  de  la  Gène  et  de  la  Chan- 
deleur. Nous  mettons  maintenant  sous  les  yeux 
du  lecteur  la  contre-partie  de  ces  mémoires,  ou 
le  résumé  fait  par  Turgot  des  divers  arguments 
qu'invoquaient  les  consuls  de  Meymac.  Ce  manus- 
crit, que  nous  croyons  autographe,  où  figurent 
les  annotations  de  l'intendant,  ses  réflexions  per- 
sonnelles, contient  le  projet  écrit  de  la  décision 
qu'il  avait  à  rendre,  qu'il  rendit  en  effet,  mais 
qui  n'a  pas  été  transcrite,  conformément  à  l'usage 
de  l'époque,  sur  le  registre  des  délibérations  de 
la  municipalité,  quoiqu'il  y  en  soit  fait  mention. 
Nous  ne  changerons  rien  au  fond  de  ce  travail; 
nous  en  respecterons  la  forme  en  plaçant  dans 
une  colonne  le  résumé  des  motifs  qu'invoquaient 
les  consuls,  et  en  regard  les  critiques  et  les  réfu- 
tations de  Turgot  : 


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—  Ul  — 


EXTRAITS  DU   MÉHOTKB 
DES    CONSULS 

Les  deux  redevances  de 
la  Cène  et  de  la  Chandeleur 
sont  dues  non  pas  aux  pau- 
vres, qui  en  sont  au  con- 
traire exclus,  mais  uuitjue- 
meot  aux  bourgeois,  pro- 
priétaires et  habitants  de  la 
ville  et  paroisse  de  Meymac, 
La  preuve  s'en  trouve  con- 
signée dims  un  arrêt  du  20 
janvier  1734 ,  rendu  entre 
les  curés  et  prêtres  de  Mey- 
mac  d'une  parti  les  oïïiciers, 
bourgeois  et  habitants  de 
la  môme  villei  le  pdnce  de 
Rohan,  le  sieur  évéque  de 
Limoges  et  les  prieurs  et 
religieux  de  Tabbaye  de 
Me\TnaCj  par  lequel  ces 
derniers  sont  condamnés  à 
payer  aux  dUs  officiers,  bour- 
geois el  h^ibita?Uii,  00  livres 
pour  la  Chiindeleur,  et  25 
setiers  de  ble-seigle  pour  la 
Cène. 


ANNOTATIONS   DE   T13FG0T 

Les  termes  soulignés  ne 
sont  point  dans  Tarrêt^  et 
en  le  lisant  on  ne  peut 
guère  penser  que  cette  con- 
damna tion  ait  été  prononcée 
en  faveur  de  la  ville  : 

1"  Parce  que  lors  de  cet 
arrêta  la  généralité  des  ha- 
bitants n'a  j^oint  été  regar- 
dée comme  étant  en  cause, 
puisque/  par  cet  arrêt,  ceux 
qui  procédaient*  sous  la  dé- 
nomination d'officiers^  hour- 
geojs  et  habitantST  ont  été 
condamnés  personnellement 
aux  trois  quarts  des  dépens, 
S*"  Parce  rjue  ce  même 
arrêt  ne  prononce  aucune 
condamnation  ni  contre  la 
ville,  ni  en  sa  faveur, 

3°   Parce    que    s'il    con- 
damne les   Bénédictins  au 
paiement  des  rentes  eu  ques- 
tion, c'est  par  une  disposi- 
tion  qui  prononce  d*autres 
■  condamnations  qui^  par  leur 
nature,  ne  peuvent  pas  être 
en  faveur  de  la  ville*  «  Con- 
damnons, est-il  dit,  les  re- 
ligîcujt  à  payer  par  chacun 
an,  30  livres  pour  pain,  v\xx 
et  luminaire,  60  livres  povj^.^ 
la  Cène  et  2b  setiers  de  h\^^ 
seigle,  fl  La  fourniture  "^ 

pain  el  du  vin  pour   c^^ 


\ 


^ 


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142  — 


On  voit  par  des  délibé- 
rations du  29  mars  1699, 
13  mars  1701,  l"^  juin  1704, 
17  avril  1711,  20  mars  1712, 
25  janvier  et  9  mars  1750, 
que  ces  mêmes  redevances 
ont  toujours  été  perçues  par 
les  officiers,  bourgeois  et 
habitants  de  la  ville,  et 
quelquefois  employées  à 
l'acquit  des  charges*  de  la 
communauté,  ou  distribuées 
aux  pauvres  dans  les  temps 
de  grande  misère,  sans  tirer 
à  conséquence.  Que  cet 
usage  ainsi  prouvé  fait  pré- 
sumer le  titre  tel,  suivant 
cette  règle  de  droit  :  Talis 
presumitur  titulus  qualis  est 
usus.  Qu'on  ne  rapporte  au- 
cun titre  en  faveur  des 
pauvres,  qu'on  ne  peut  pas 
même  leur  en  présumer, 
que  la  redevance  de  60 
livres  de  cire,  fixée  ensuite 
en   argent,    étant   destinée 


brer  la  messe  ne  peut  pas 
concerner  la  ville;  elle  n'in- 
téresse que  le  curé,  et  ce 
n'est  pas  à  la  ville  que 
l'arrêt  adjuge  les  rentes  en 
question;  il  est  bien  plus 
vraisemblable  que  c'est  au 
curé  qui,  en  sa  qualité,  est 
chargé  de  veiller  par  état 
aux  intérêts  des  pauvres. 

Mais  du  prix  de  la  cire, 
ils  pouvaient  se  nourrir! 

C'est  ordinairement  aux 
processions  que  les  pauvres 
figurent.  Ceux  de  Limoges, 
représentés  par  l'hôpital,  as- 
sistent à  toutes  les  proces- 
sions générales.  Celui  qui 
est  dans  l'aisance  doit  y 
aller  gratuitement.  Les  fon- 
dations qui  existent  à  cet 
effet,  et  qui  accordent  une 
rétribution  quelconque,  ne 
peuvent  concerner  que  les 
pauvres. 

Pour  tout  autre,  il  est 
honteux  que  l'appât  d'un 
bénéfice  puisse  être  pris 
pour  le  principe  d'une  ac- 
tion dévote. 

Il  est  d'ailleurs  à  présu- 
mer qu'une  fondation  pieuse 
a  été  déterminée  moins  en 
vue  de  rendre  une  proces- 
sion brillante  que  par  un 
principe  de  charité. 


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—  143  — 


pour  rornement  d'une  pro- 
cession, n'était  pas  pour  les 
pauvres  puisqu'ils  ne  figu- 
rent pas  à  la  procession  et 
qu'on  ne  les  nourrissait  pas 
de  cire. 

La  distribution  qui  leur 
avait  été  faite,  en  1699,  en 
vertu  d'une  délibération  ex- 
presse des  habitants,  prouve 
que  les  pauvres  n'y  avaient 
aucun  droit,  puisque,  autre- 
ment, le  consentement  des 
habitants  n'aurait  pas  été 
nécessaire  à  cet  effet.  A  ces 
titres  exclusifs,  les  habi- 
tants pourraient  joindre  une 
quittance  par  eux  donnée 
aux  Bénédictins  le  23  mars 
1697,  où  il  était  dit,  parlant 
des  redevances  en  question, 
qu'elles  étaient  dues  et  dis- 
tribuables  à  tous  les  habi- 
tants, en  conséquence  d'un 
traité  passé  entre  eux  et  le 
sieur  abbé  le  3  avril  1694, 
devant  Couvreur,  notaire  à 
Paris.  La  quittance  qui 
énonce  ce  traité  suffit  pour 
en  assurer  l'existence.  En 
vain  on  opposerait  une  dé- 
claration fournie  en  1694, 
portant  que  la  ville  ne  pos- 
sédait aucuns  biens  patri- 
moniaux, attendu  que  ces  re- 
devances n'étaient  pas  dues 


Si  ces  redevances  ne  for- 
maient pas  des  biens  patri- 
moniaux, si  elles  n'étaient 
pas  dues  à  la  communauté, 
si  c'était  seulement  à  cha- 
cun des  membres,  les  con- 
suls, qui  ne  représentent 
point  les  habitants  pour  les 
droits  qui  profitent  à  cha- 
cun d'eux  en  particulier, 
seraient  sans  droit,  en  leur 
qualité  de  consuls,  pour  ré- 
clamer la  propriété  de  ces 
mêmes  redevances. 

Chaque  habitant  en  par- 
ticulier ayant  une  portion 
dans  ces  redevances,  il  en 
résulterait  que  cette  portion 
serait  plus  ou  moins  forte, 
à  raison  du  plus  ou  moins 
d'habitants,  et  que  ce  qui 
ne  serait  pas  reçu  pas  une 
partie  de  ces  habitants  ne 
serait  pas  dans  le  cas  de 
pouvoir  être  exigé  par  les 
autres. 


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—  144  — 


en  commun,  mais  à  un  cha- 
cun. Ainsi,  elles  ne  peuvent 
pas  être  considérées  comme 
bien  patrimoniaux. 

Propriétaires  de  ces  deux 
redevances,  ils  sont  maîtres 
d'en  disposer  à  leur  gré.  Les 
pauvres  étant  à  leur  charge, 
il  doit  leur  être  libre  de  les 
assister  de  la  manière  qu'ils 
le  jugeront  à  propos. 


Par  l'arrêt  de  1734,  les 
religieux  ont  été  condamnés 
au  paiement  des  redevances 
vis-à-vis  de  ceux  qui  étaient 
partie  au  procès,  et  par  con- 
séquent vis-à-vis  des  con- 
suls, bourgeois  et  habitants. 


La  redevance  de  vingt- 
cinq  setiers  de  seigle,  mal- 
gré la  dénomination  de 
Cène,  ne  regarde  que  les 
habitants  uniquement  pro- 
priétaires de  maisons.  L'u- 
sage était  qu'elle  se  distri- 
buait non   par   tête,    mais 


Un  mot  répond  à  cette 
observation  :  c'est  que  les 
ateliers  de  charité  prouvent 
que  les  pauvres  que  les  con- 
suls conviennent  être  à  leur 
charge  ne  sont  pas  secourus 
par  eux  ni  par  les  autres 
habitants  en  état  de  le  faire. 

Bon  si  les  consuls  eussent 
été  seuls  partie  au  procès. 
Mais  M.  le  prince  de  Rohan 
était  aussi  partie  au  procès  ; 
il  représente  le  fondateur  de 
l'abbaye  de  Meymac,  et  il 
est  à  présumer  que  c'est  en 
conséquence  d'une  des  clau- 
ses de  cette  fondation  que 
les  Bénédictins  ont  été  con- 
damnés au  paiement  de  l'au- 
mône dont  il  s'agit  (1). 

Suivant  un  mémoire  pré- 
senté à  M.  l'intendant  en 
1749,  et  certifié  par  le  sieur 
des  Manoux,  ancien  curé  de 
Meymac,  les  seigneurs  de 
Ventadour,  fondateurs  de 
l'abbaye  de  Meymac,  ont 
chargé  cette  abbaye  d'une  ■ 


(1)  Cette  supposition  de  Turgot  est  inexacte. 


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—  145  — 


aumône,  chaque  année,  de 
25  setiers  de  blé-seigle  et  de 
60  livres  d'argent  pour  être 
distribués  aux  pauvres  de 
la  ville  et  de  la  paroisse  de 
Meymac  le  jeudi-saint  et  le 
jour  de  la  Purification. 
(Cette  pièce  est  dans  la  liasse  D.) 


par  souche  de  maison.  Quoi- 
que le  titre  primordial  ne 
parût  pas,  il  était  sensible 
que  les  abbés  et  religieux 
ne  s'obligèrent  au  paiement 
de  cette  redevance  qu'à  rai- 
son de  quelque  concession 
de  dîmes  ou  de  fonds  com- 
muns, que  si  c'eût  été  une 
aumône  elle  eût  été  arbi- 
traire. 

Voici  la  décision  provisoire  que  rendit  Turgot 
dans  cette  affaire;  écrite  à  la  suite  des  docu- 
ments qui  précèdent,  elle  forme  avec  eux  un  tout 
complet  : 

<c  Nous  Anne-Robert-Jacques  Turgot,  etc.,  etc., 
»  Ordonnons  que  la  requête  des  consuls  de  Meymac 
sera  communiquée  au  sieur  Treich,  et  que  celle  des  reli- 
gieux bénédictins  sera  aussi  communiquée,  tant  au  dit 
sieur  Treich  qu'aux  consuls,  pour  y  fournir  réponse  dans 
quinzaine,  et  attendu  les  besoins  pressants  des  pauvres, 
nous  ordonnons  que  les  arrérages  actuellement  dus  et 
échus  des  deux  rentes  de  soixante  livres  et  de  vingt-cinq 
setiers  de  blé,  seront  payés  dans  le  jour  de  la  notifi- 
cation de  notre  présent  jugement  au  syndic  des  pauvres 
et  sur  ses  simples  quittances,  lequel,  en  cas  de  refus, 
pourra  y  faire  contraindre  les  débiteurs  par  toutes  voies 
dues  et  raisonnables,  et  les  religieux  bénédictins  par  la 
saisie  même  de  leurs  dîmes  et  autres  revenus  temporels. 
»  Ordonnons  qu'après  le  paiement  des  dits  arrérages  en 
tout  ou  en  partie,  ils  seront  distribués  aux  pauvres  de 
la  ville  et  paroisse  de  Meymac  et  hameaux  en  dépendant, 
eu  égard  à  leurs  besoins  respectifs  et  sur  l'état  qui  sera 
arrêté  à  cet  eflFet,  tant  par  le  syndic,  le  curé,  le  prin- 
cipal officier  de  justice  et  notre  subdélégué  au  dit  Mey- 


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—  146  — 

mac,  et  un  des  religieux  bénédictins  de  la  dite  ville, 
dans  lequel  état  ne  pourront  être  compris  aucuns  pauvres 
honteux  ou  autres  personnes  qui  ne  seront  pas  notoire- 
ment connues  pour  être  dans  le  besoin  et  hors  d'état 
de  se  procurer  leur  subsistance  par  le  travail;  et  sera 
notre  présent  jugement  exécutoire,  nonobstant  toutes 
oppositions  ou  appellations  quelconques. 

»  Fait  à  Limoges,  le  26  juin  1772.  » 

Par  ce  jugement  préparatoire,  Turgot  semble  se 
ranger  à  Tavis  du  syndic  des  pauvres  qui  repo- 
sait, il  faut  le  dire,  plutôt  sur  des  présomptions 
vraisemblables  que  sur  des  faits  rigoureusement 
démontrés;  mais  l'extrême  sagacité  de  l'intendant 
lui  fait  entrevoir  la  vérité  au  milieu  des  nom- 
breuses erreurs  qui  semblent  l'obscurcir  ;  d'ailleurs 
ses  idées  personnelles  au  sujet  des  anciennes  fon- 
dations étaient  radicales  et  tranchées;  il  les  con- 
sidérait en  général  comme  le  produit  d'un  senti- 
ment excessif  d'orgueil  et  de  vanité,  et  voici 
comment  il  s'exprimait  à  cet  égard  :  ce  De  quelque 
utilité  que  puisse  être  une  fondation,  elle  porte 
en  elle-même  un  vice  irrémédiable  et  qu'elle  tient 
de  sa  nature  :  l'impossibilité  d'en  maintenir  l'exé- 
cution. Le  temps  amène  de  nouvelles  révolutions, 
qui  font  disparaître  l'utilité  qu'elle  pouvait  avoir 
à  l'origine  et  qui  peuvent  même  la  rendre  nui- 
sible. Aucun  ouvrage  de  l'homme  n'est  fait  pour 
l'immortalité,  etc.,  etc.  » 

L'origine  de  cette  fondation  de  la  Gène,  in- 
connue au  xviii^  siècle,  était  l'œuvre  d'un  abbé 
de  Meymac,  Pierre  del  Poch  ou  Dupuy,  qui  fit 
abandon  d'un  capital  au  monastère^  à  condition 


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—  147  — 

que  les  religieux  laveraient  les  pieds  d'un  cer- 
tain nombre  de  pauvres  et  leur  feraient  une  dis- 
tribution de  pain  le  jeudi-saint  de  chaque  année 
(1348)  (1). 

Le  mémoire,  présenté  à  Turgot  par  les  reli- 
gieux, rappelle  cet  usage  sans  en  indiquer  la 
source  et  sans  mentionner  le  nom  de  Fauteur  de 
cette  fondation,  nom  qu'ils  ignoraient  sans  doute, 
car  ils  n'auraient  pas  manqué  de  l'opposer  aux 
consuls  pour  refuser  de  leur  délivrer  chaque  année 
les  vingt-cinq  setiers  de  blé  qu'ils  appliquaient 
aux  dépenses  communales. 

Quant  à  la  fondation  de  la  Chandeleur,  nous 
n'avons  trouvé  nulle  part  la  trace  de  son  origine. 

La  décision  de  Turgot  remplissait  donc  le  but 
que  s'était  proposé  d'atteindre  le  pieux  fondateur 
de  la  Cène;  les  moyens  seuls  étaient  différents. 
Mais  si  on  envisage  la  question  au  point  de  vue 
où  se  plaçaient  les  consuls,  on  est  frappé  de  la 
force  et  de  la  valeur  de  leurs  raisonnements. 
Sans  contester  l'origine  de  cette  rente,  ils  s'ap- 
puyaient, pour  en  conserver  le  produit,  sur  les 
anciens  usages,  sur  une  jouissance  presque  cen- 
tenaire, sur  des  titres  intervenus  entre  eux  et 
un  ancien  abbé.  Enfin,  ils  invoquaient  l'arrêt  de 
1734  qui,  malgré  l'opinion  contraire  manifestée 
par  Turgot  dans  ses  annotations,  avait  bien  réel- 
lement condamné  les  religieux  à  payer  aux  offi- 
ciers, bourgeois  et  habitants  le  montant  de  ces 
redevances.   En   effet,  la  demande  en  paiement 

(1)  Gallia  christiana. 


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—  148  — 

des  arrérages  de  la  fondation  de  la  Cène  n'avait 
été  formulée  ni  par  le  curé,  ni  par  le  duc  de 
Ventadour  simplement  mis  en  cause,  mais  bien 
par  les  consuls,  officiers,  bourgeois  et  habitants. 
A  qui  devait  profiter  la  condamnation?  Évidem- 
ment à  ceux  qui  l'avaient  requise.  Aussi  la  sen- 
tence de  Turgot  est  dénuée  de  motifs,  et  il  lui 
aurait  été  difficile  de  Tétayer  de  considérations  et 
d'arguments  juridiques  capables  de  la  justifier. 

(A  suivre.) 


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LA  a  DE  SAINT  HIIBiRT 

A  CHABRIGNAC 

(corrèze) 


Le  grand  saint  Hubert  n'est  pas  seulement  le 
patron  des  chasseurs;  il  est  aussi  le  protecteur 
des  malheureux  attaqués  de  la  rage.  Dans  bien 
des  localités,  des  clefs  consacrées  au  saint  avaient 
la  réputation  de  guérir  de  cette  affreuse  maladie. 
Au  siècle  dernier,  le  petit  village  de  Chabrignac 
possédait  un  de  ces  talismans  merveilleux,  et  nous 
voyons  que  la  sollicitude  du  saint  s'étendait  sur 
les  animaux  comme  sur  les  hommes. 

Le  19  mars  1788,  au  village  de  Laumonerie, 
paroisse  de  Saint-Solve,  une  vache  et  une  vêle 
sont  mordues  par  un  chien  enragé;  vêle  et  vache 
sont  immédiatement  conduites  à  Chabrignac;  l'on 
applique  la  clef  à  la  vache,  entre  les  jambes;  on 
ne  sait  trop  pourquoi,  mais  la  même  précaution 
n'est  point  prise  pour  la  vêle.  On  vend  cette 
dernière  et,  quelques  jours  après,  elle  est  atteinte 
par  le  terrible  mal.  Une  enquête  est  faite  à  ce 
sujet,  mais  le  juge-enquêteur  oublie  de  nous  faire 
connaître  si  la  vache  avait  retrouvé  une  guérison 
complète.  Malgré  cette  lacune  regrettable,  .nous 
reproduisons  son  procès-verbal  tel  que  nous  le 
retrouvons  aux  Archives  de  la  préfecture  de  Tulle, 
série  B,  n^  264. 


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—  150  — 

ENQUETTE  faite  par  nous  Pierre  de  Chiniac,  seigneur 
du  Claux  et  de  la  Bastide,  coseigneur  de  la  ville  et  paréage 
d'AUassac,  honnoraire  de  l'Académie  des  Belles-lettres  de 
Montauban,  conseiller  du  roy,  lieutenant-général  civil  et 
de  police  en  la  sénéchaussée  d'Uzerche,  en  exécution  de 
notre  appointement  de  contrarite  en  date  du  vingt  trois 
juin  dernier,  et  à  la  requette  de  Antoine  Moussour, 
vigneron,  demandeur,  contre  François  Page,  défendeur, 
à  laquelle  requette  avons  procédé  ainsi  que  suit  : 

Du  3  juillet  1788. 

1°  Est  comparu  devant  nous  Pierre  Chassent,  cardeur 
de  laine,  habitant  au  village  de  Laumonerie,  paroisse  de 
Saint-Solve  (1),  lequel  après  serment  par  luy  fait  de 
dire  vérité,  nous  a  dit  être  âgé  d'environ  vingt  trois  ans, 
n'être  parent,  alié,  serviteur  ny  domestique  d'aucune  des 
parties  et  nous  a  présenté  la  coppie  de  l'exploit  d'assi- 
gnation à  luy  donnée  par  Frangne,  huissier  royal,  le  jour 
d'hier  pour  déposer  cejourd'huy. 

Dépose  sur  les  faits  mentionnés  en  notre  app*  dud.  jour, 
vingt  trois  juin  dernier,  duquel  luy  avons  fait  faire  lec- 
ture, que  le  dix  neuf  mars  dernier,  jour  de  saint  Joseph, 
il  fut  chez  le  métayer  du  sieur  Fage  et  demanda  à  sa 
femme  ou  étoit  son  mary  nommé  Martial;  elle  luy  dit 
qu'il  arrivoit  bien  des  malheurs,  que  la  veille  il  avoit 
passé  un  chien  enragé  qui  avoit  mordu  une  vache  et  une 
velle,  qu'en  conséq**  son  mary  et  le  domestique  du  sieur 
Fage  avoient  mené  cette  vache  et  cette  velle  au  bourg 
de  Chabrignac  (2)  pour  lui  faire  appliquer  la  clef  de  saint 
Hubert,  que  quelques  jours  après  le  départ  étant  retourné 
dans  le  domaine  du  sieur  Fage,  la  femme  luy  dit  qu'on 
avoit  appliqué  la  clef  à  la  vache,  mais  qu'on  n'avoit  pas 
cru  devoir  l'appliquer  à  la  velle,  que  le  déposant  est 


(1)  Saint-Solve,  canton  de  Juillac,  arrondissement  de  Brive. 

(2)  Canton  de  Juillac. 


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—  151  — 

instruit  que  lad.  velle  a  été  vendue  au  nommé  Moussour, 
que  le  déposant  averti  led.  Moussour  de  ce  que  la  mé- 
tayère du  sieur  Fage  luy  avoit  dit,  qu'au  retour  de  la 
lune  la  rage  pris  a  lad.  velle,  et  le  déposant  allant  à 
vêpres  vit  lad.  velle  dans  un  champ  et  s'aperçu  qu'elle 
avoit  des  baves  des  deux  cottes  de  la  bouche  grosses 
comme  le  poing  et  fut  en  avertir  led.  Moussour,  et  deux 
ou  trois  jours  après  ledit  Moussour  fut  obligé  de  faire 
tuer  lad.  velle,  que  est  tout  ce  qu'il  a  dit  scavoir. 

Lecture  à  luy  faite  de  sa  déposition,  a  dit  icelle  con- 
tenir vérité,  y  a  persisté  et  a  déclarer  ne  scavoir  signer, 
de  ce  enquis,  et  ayant  requis  taxe,  lui  avons  taxé  trente 
six  sols. 

2*  Est  aussi  comparu  Jean  Masniaux,  marguillier,  ha- 
bitant au  bourg  de  Chabrignac,  lequel,  après  serment 
par  luy  fait  de  dire  vérité,  nous  a  dit  être  âgé  d'environ 
quarante  ans  et  n'être  parent,  allié,  serviteur,  ny  do- 
mestique des  parties,  et  nous  a  représenté  la  coppie  de 
l'exploit  d'assignation  à  luy  donnée  par  ledit  Franges  le 
jour  d'hier,  pour  déposer  ce  jourd'huy. 

Dépose  sur  les  faits  mentionnés  en  notre  susdt  app', 
duquel  lui  avons  fait  faire  lecture  que  le  jour  de  saint 
Joseph,  dix  neuf  du  mois  de  mars  dernier,  le  métayer 
et  le  domestique  du  sieur  Fage  conduisant  au  bourg  de 
Chabrignac  une  vache  et  une  velle  qui  disoient  avoir 
été  mordues  par  un  chien  enragé,  que  sur  leur  réqui- 
sition le  déposant  appliqua  la  clef  de  saint  Hubert  entre 
les  jambes  de  la  vache,  mais  qu'ils  ne  voulurent  qu'il 
l'apliqua  à  la  velle,  qui  conduisirent  le  lendemain  la 
velle  à  la  foire  de  Juilhac,  a  ce  qu'on  a  dit  au  dépo- 
sant, que  cependant  ils  ne  la  vendirent  point,  mais  que 
l'on  a  dit  au  déposant  que  quelques  jours  après  l'on 
l'avoit  vendue  aud.  Moussour,  qu'aux  fêtes  de  la  Pente- 
cotes  dernières,  led.  Moussour  vient  prier  le  déposant 
d'aller  à  saint  Solve  avec  luy  pour  voir  s'il  reconnoitrait 
le  métayer  dud.  s'  Fage  pour  avoir  mené  la  vache  et  la 
velle  à  la  clef,  que  le  déposant  s'y  rendit  et  reconnu 


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—  152  — 

très  bien  led.  métayer  qui  étoit  venu  le  jour  de  saint 
Joseph  mener  lad.  vache  et  lad.  velle  à  la  clef,  que  led. 
métayer  commença  dabord  par  nier  le  fait,  mais  que  le 
déposant  luy  ayant  soutenu  que  le  fait  étant  véritable, 
alors  le  métayer  baissa  le  ton  et  dit  aud.  Moussour  de 
ne  pas  tant  crier  pour  raison  de  la  velle,  et  qu'ils  n'au- 
roient  que  deux  mots  ensemble,  qui  est  tout  ce  qu'il  a 
dit  scavoir. 

Lecture  a  luy  faite  de  sa  déposition,  a  dit  icelle  con- 
tenir vérité,  y  a  persisté  et  a  déclaré  ne  scavoir  signer, 
de  ce  enquis,  et  ayant  requis  taxe,  luy  avons  taxé  qua- 
rante cinq  sols. 

3°  Est  aussi  comparu  Jean  Giron,  domestique,  demeu- 
rant au  bourg  de  Chabrignac,  lequel,  après  serment  par 
luy  fait  de  dire  vérité,  nous  a  dit  être  âgé  d'environ  vingt 
cinq  ans  et  n'être  parent,  allié,  sci'viteur,  ny  domestique 
des  parties,  et  nous  présenté  la  coppie  de  l'exploit  d'assi- 
gnation a  luy  donnée  le  jour  d'hier  par  led.  Frange,  pour 
déposer  cejourdhuy. 

Dépose  les  faits  mentionnés  en  notre  susdit  app*  duquel 
lui  avons  fait  faire  lecture,  que  le  jour  de  saint  Joseph, 
dix  neuf  mars  dernier,  le  métayer  et  le  domestique  du 
sieur  Fage  conduisirent  une  vache  et  une  velle,  qui 
avoient  été  mordues  par  un  chien  enragé,  au  bourgt  de 
Chabrignac,  pour  lui  faire  appliquer  la  clef  de  saint 
Hubert,  qu'en  présence  du  déposant,  le  marguilhier  de 
Chabrignac  appliqua  la  clef  entre  les  jambes  de  la  vache, 
mais  on  ne  voulu  pas  laisser  appliquer  la  clef  à  la  velle, 
et  ce  fut  le  domestique  du  sieur  Fage  qui  paya  le  mar- 
guilhier; le  lendemain,  le  déposant  fut  à  la  foire  de 
Juliac,  et  il  vit  le  métayer  du  sieur  Fage  qui  avoit 
conduit  la  velle  pour  la  vendre.  Le  déposant  dit  audit 
métayer  qu'il  étoit  étonné  qu'il  eut  conduit  cette  velle 
en  foire;  ledit  métayer  luy  répondit  qu'il  étoit  bien  aisé 
de  la  vendre,  qu'il  en  avoit  assez  de  sa  mère,  qui  est 
tout  ce  qu'il  a  dit  scavoir. 

Lecture  à  luy  faite  de  sa  déposition,  a  dit  icelle  con- 


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—  153  — 

tenir  vérité,  y  a  persisté  et  a  déclaré  ne  scavoir  signer, 
de  ce  enquis,  et  ayant  requis  taxe,  luy  avons  taxé  qua- 
rante cinq  sols. 

4*  Est  aussi  comparu  François  Sicard,  cardeur  de  laine, 
habitant  au  village  de  Laumonnerie,  paroisse  de  Saint- 
Solve,  lequel,  après  serment  par  luy  fait  de  dire  vérité, 
nous  a  dit  être  âgé  d*environ  quarante  cinq  ans,  n'être 
parent,  allié,  serviteur,  ny  domestique  des  parties,  et 
nous  a  représenté  la  coppie  de  l'exploit  d'assignation  a 
luy  donnée  le  jour  d'hier  par  led.  Frangne,  pour  déposer 
cejourdhuy. 

Dépose  sur  tous  les  faits  mentionnés  en  notre  susd* 
appS  duquel  luy  avons  fait  faire  lecture,  que  le  jour  de 
saint  Joseph  dernier,  le  déposant  fut  chez  le  métayer 
du  sieur  Fage  et  demanda  à  la  femme  ou  étoit  son 
mary,  qu'elle  luy  dit  que  la  veille  un  chien  noir  avoit 
manqué  de  mordre  un  de  leurs  enfans,  qu'il  avoit  sauté 
sur  une  velle  et  l'avoit  mordue,  que  son  mary  et  le 
domestique  du  sieur  Fage  avoietit  mené  la  vache  et  la 
velle  au  bourgt  de  Chabrignac  pour  leur  fiire  appliquer 
la  clef  de  saint  Hubert;  le  lendemain  sur  le  choir,  le 
déposant,  étant  avec  plusieurs  de  ses  voisins,  vit  passer 
le  métayer  avec  une  vache  et  une  velle.  Quelqu'un  luy 
demanda  d'où  il  venoit,  et  il  dit  qu'il  venoit  de  la  foire 
de  Juillac.  Un  dimanche  d'après,  au  retour  de  la  lune, 
le  déposant,  allant  aux  vêpres,  entendit  une  velle  qui 
meuglait  considérablement  et  qui  avoit  des  baves  des  deux 
cottes  de  la  bouche;  le  déposant  demanda  à  une  femme 
si  le  nommé  Mousour,  à  qui  la  velle  appartenoit,  y  étoit; 
on  luy  dit  qu'il  avoit  été  cherché  le  nommé  Borie  meige 
pour  la  traiter;  le  déposant  dit  de  dire  aud.  Moussour 
de  prendre  garde,  parce  que  la  femme  du  métayer  du 
sieur  Fage  avoit  dit  au  déposant  qu'elle  avoit  été  mordue 
par  un  chien  la  veille  de  saint  Joseph,  qui  est  tout  ce 
qu'il  a  dit  scavoir. 

Lecture  à  luy  faite  de  sa  déposition,  a  dit  icelle  con- 
tenir vérité,  y  a  persisté  et  a  déclarer  ne  scavoir  signer, 

T.  IX.  1-11 


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—  154  — 

de  ce  enquis,  et  ayant  requis  taxe,  luy  avons  taxé  trente 
six  sols. 

Fait  à  Uzerche,  le  près'  jour,  3  juillet  1788. 

Db  Ghiniag,  lient,  général. 


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SIMPLES  NOTIONS 

D'miEM  GiOGB4PHIE  BAS-UNOOSINE 

Avec  leur  application,  soil  aux  Cartulaires  de  Me  et  de  Vigeois 
soit  au  Cartulaire  de  Beaulieu 


MAIS  PLUS  PARTICULIÈREMENT  POUR  CE  DERNIER,  AUX 
IDBNTIFICATIONS  DE  M.  DELOCHE,  DE  l'INSTITUT 


Suite  (1). 


Termenosa,  curtis  dominicaria  in  vicaria  asnago.  D.  Tre- 
menouse  (Saint- Vincent-près-Saint-Ceré).  —  C.  Pour  être 
conséquent  avec  son  hypothèse  sus-indiquée  de  transpo- 
sition de  PaguSj  il  eût  dû  s'en  tenir  au  territoire  cor- 
rézien  avoisinant  le  Puy-d'Arnac,  au  lieu  de  nous  donner 
à  penser  qull  a  supposé  une  erreur  inverse  de  la  pre- 
mière. Un  Termenous,  ou  l'équivalent,  est  à  retrouver 
auprès  d'Aynac,  et  non  de  Saint-Ceré,  assez  éloigné 
d'Aynac  quant  à  lui,  et  placé  par  notre  éminent  érudit 
en  la  vicairie  à'Exitum  sur  sa  carte  géographique. 

Flavinus.  D.  0.  —  G.  Saint-Jean-de-las-Gostas  (Ga- 
rennac),  1470.  Nous  observerons  qu'à  la  table  latine  des 
identifications,  M.  Deloche  ajoute  sans  preuve  dependente 
dans  le  sous-titre  :  «  Capella  de  vico  Carendenaco  »  depen-- 
dente.  Au  contraire,  si  elle  eût  fait  partie  du  bourg,  on 


(1)  Voir  Bulletin,  tome  VIII,  p.  685. 

Nous  rappelons  que  la  majuscule  D  désignera  par  abréviation  la 
conjecture  de  M.  Deloche,  la  majuscule  G  devant  être  lue  Gham- 
peval  dans  ce  dialogue  figuré,  où  O  signifie  que  l'interlocuteur  ne 
propose  aucune  identification. 


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—  156  — 

n*en  eût  point  parlé,  la  jugeant  comprise  dans  les  omnia 
ad  se  pertinentia,  de  même  qu'on  ne  nous  dissèque  et 
détaille  pas  les  manses  de  ce  bourg. 

Elle  pouvait  en  dépendre,  et  cela  est  fort  probable, 
pour  le  patronage  ecclésiastique  et  au  point  de  vue  du 
lien  politique.  Il  nous  paraît  certain  qu'elle  ét^it  en 
dehors  de  l'agglomération  des  habitations  composant  le 
bourg,  c'est-à-dire  distincte  géographiquement;  c'est  pour- 
quoi on  a  préféré  s'en  expliquer,  surtout  à  raison  de  ce 
qu'en  ce  point  il  y  avait  une  chapelle,  d'où,  pour  elle, 
présomption  d'indépendance  de  tout  autre  lieu  religieux 
voisin. 

CHARTE  XLIX.  —  Rundenario.  D.  0.  —  G.  Le  Rou- 
dinier  (Beaulieu). 

Adémar  rend  à  l'abbaye  de  Tulle,  outre  l'église  dédiée 
à  saint  Martin,  in  loco  vocitato  ad  illa  Agenna.  D.  O.  — 
C.  Laguenne,  patron  saint  Martin,  ce  qui  est  conforme 
au  même  testament  plus  développé  dans  le  Cartulaire 
de  Tulle  (Baluze)  :  reddo  sancto  Martino  (de  Tulle),  ecclesiam 
Sancti' Martini  de  Laguena.  La  présente  charte  XLIX®  n'en 
est  ici  qu'un  extrait  plein  de  variantes. 

Ampulliaco.  d.  O.  —  C.  O.  Mais  autour  de  Saint-Michel, 
et  probablement  en  Quercy. 

TuRREM-FoLio.suM.  D.  — Foulioux  (Sérillac).  G.  En  con- 
férant la  charte  XLIX®  avec  le  testament  {vide  Bahizium)^ 
on  place  le  Castrum  Foliosum  in  vicaria  caziliacensi. 

Cambonem.  d.  Le  Ghambon  (Tulle).  —  G.  Il  y  eut  un 
endroit  habité,  nommé  les  Gambous,  près  Puybrun  (Lot), 
et  le  chemin  du  dit  à  Mas-del-Pouch  (minutes  Lacoste, 
notaire  à  Bétaille,  aujourd'hui  en  dépôt  chez  M*  Bon- 
neval,  à  Beaulieu).  Nous  préférons,  eu  effet,  le  chercher, 
ainsi  que  Faia  (identifié  La  Page  d'Albussac,  par  M.  D.), 
vers  Notre-Dame  de  Maceriis,  lequel  n'est  pas  Boneviole 
(Macerias-Boneviole  ayant  été  dédié  à  saint  Pierre,  puis 
à  saint  Gilles),  ni  Mazières,  alias  Sadraueys,  prévôté  dé- 
pendant de  Yigeois   (1550),   patron  inconnu  (Donzenac), 


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^  157  - 

donné  à  Vigeois  par  Garsenda  (1040).  Maceriis  pourrait 
être?...  Téglise  qui  dépendit  plus  tard  de  Dalon,  sous 
le  titre  de  Notre-Dame-de-la-Grange  (1722),  près  Puybrun. 
Il  y  eut  un  MazeyroUes,  à  Bétaille,  qui  suppose  le  positif 
Mazières. 

BuLciAco.  D.  Boussac  (Comiac).  —  G.  A  retrouver  près 
Saint-Michel,  de  la  vicairie  de  Cazillac,  et  vers  Vayrac  : 
pour  ne  pas  proposer  Boussac,  commune  du  canton  de 
Livernon.  Tous  ces  lieux  donnés  semblent  devoir  être 
cherchés  entre  Martel,  Gressensac,  Saint-Palavy  et  Puy- 
brun, d'après  les  indices  tirés  du  testament  in  extenso 
dans  Baluze. 

Matrona,  où  église.  D.  —  Meyrone,  village  de  la  com- 
mune de  Saint-Sozy.  —  G.  Mayronne,  en  eifet,  mais  il  est 
encore  paroisse  sur  la  rive  opposée  de  la  Dordogne,  patron 
saint  Sulpice,  ayant  (1586)  un  château,  résidence  favorite 
des  évêques  de  Tulle  (archives  de  la  dite  préfecture).  Le 
manuscrit  Gosta  dit  Meyronne,  en  marge.  Vitraco.  D.  Vi- 
trac  (Branceilles),  ou  celui  près  Gorrèze?  —  G.  Gherchons 
encore  vers  Mayronne,  bien  que  Vitrac,  du  canton  de 
Gorrèze,  patron  saint  Martin,  ait  été  possédé  par  Tabbaye 
de  Tulle  comme  membre  de  sa  prévôté  de  Glergoux. 

VoGARiONUM.  D.  —  Bougeirou  (Lacave,  Lot).  —  G.  Oui, 
Bougueyrou  :  paroisse  Saint-Pierre-de-Lacave,  alias  le 
Bougueyrou,  à  collation  de  Tévôque  de  Tulle  (1580), 
(pouillé  Longnon,  publié).  —  Bougayrou,  en  marge  du 
manuscrit  Gosta. 

LoNGORBM.  D.  —  Longour  (Argentat).  —  G.  Oui,  à  côté 
de  Gurteiolum  (Argentat,  près  le  Glaux),  tènement  de 
Gourtéjol,  Goustèjoux  (1615-1591),  sur  lequel  nous  avons 
pu  mettre  la  main,  grâce  à  notre  procédé  de  petit  détail 
topographique  qui  nous  a  fait  retrouver  Cantedunus  dans 
Ghantahu,  Ghanteyno,  1522,  Ghanteix,  et  le  bourg  de 
Saint-Sanlin,  paroissial  en  1317  [en  Saintrie,  près  Alboy, 
(Saint-Julien  d'Albois)  et  Saint-Pierre  des  Estourocs]. 

MoLLB.  D.  —  Toujours  Moulé  (Saint-Michel-Loubejou.) 
—  G.  Mois  déjà  proposé.  Quant  à  Gintraco,  M.  D.  ne  le 


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-  158  - 

fait  figurer  que  pour  son  nom  latin  aux  tables  latines, 
et  pas  du  tout  aux  françaises.  Il  n'est  point  traduit,  ni 
par  conséquent  identifié,  étant  de  plus  omis  sur  sa  carte. 
Gintrac  est  une  paroisse  du  canton  de  Bretenoux,  dtmée 
(1722)  par  Dalon,  dont  elle  dépendait.  (Ex  meis  notulis,  et 
série  D,  n*'  1182,  préfecture  de  Limoges.) 

Salle.  D.  —  La  Salle  (Bio).  —  G.  Les  minutes  de 
M*  Lacoste  notent  le  Port-de-Sal,  près  Puybrun  et  Gin- 
trac. Ce  Sal  répond  bien  au  masculin  Salle.  Laures- 
tanicas,  Lostanges,  en  effet,  car  le  testament,  dans  Ba- 
luze,  porte  la  contraction  Laustanicas.  —  Maisiracum, 
D.  G.  Baluze  écrit  Maisir,  ainsi  que  le  manuscrit  de 
Costa.  Madriniacum.  D.  Mayrinhac,  canton  de  Saint- 
Ceré.  —  G.  Celui-ci  est  surnommé  Lentour.  Ne  doit-on 
pas  lui  préférer  Meyrignac-le-Francowa/  (1),  patron  saint 
Martin,  près  de  Roc-Amadour,  à  la  collation  de  Tabbé 
dudit,  lui-même  dépendant  de  Tulle?  Il  y  a  aussi  un 
village  de  Meyrignac,  près  Cressensac,  au  nord-est  de 
Gignac. 

Padriacum.  d.  —  Peyrat  (Curemonte).  —  G.  Aucune 
église  n'ayant  été  mentionnée  dans  le  Peyrat  ci-dessus, 
Payrac  (Lot),  chef-lieu  de  canton,  est  préférable. 

ExcEPTO  Vernias.  d.  0.  —  G.  Ce  mot  n*est  pas  ici  sim- 
plement un  terme  générique,  synonyme  d'aunaie  ;  il  est 
de  plus  habité  et  désigne  peut-être  La  Vergue  (Lot),  près 
Gramat,  patron  saint  Gilles  ;  coUateur,  Tabbé  de  la  Cou- 
ronne, vers  1600. 

Mbspolium.  d.  Mespoulet  (Cahus),  ou  celui  de  Calviac 
près  Latronquière.  —  G.  O.  On  eût  pu  encore  proposer 
Mespoulié  (Sousceyrac),  Mespoulet  (Saint-Caprais,  près 
Freyssinet-le-Gélat),  en  supposant  que  ces  noms  dérivent 


(1)  Il  était  sur  le  grand  chemin  (aujourd'hui  voie  ferrée  Paris- 
Toulouse)  de  Saint-Jacques  et  de  Roquemadour  en  France»  Nous 
avons  noté  divers  manses  appelés  France  assis  de  même  sur  des 
routes  de  poste  :  la  France  à  Blanchefort  (Lagraulière),  et  d'autres 
ailleurs. 


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—  159  — 

d'une  forme  MespoUum,  ce  gui  est  faux.  Mespoulet,  dimi- 
nutif de  Mespoul,  appelle  forcément  MespoUtum. 

GiLSSANiAS  (qui  appartient  à  Figeac).  D.  ne  le  donne 
pas  même  à  la  table  des  noms  de  lieux,  le  considérant 
peut-être  comme  un  terme  générique,  malgré  la  majus- 
cule qu'il  lui  a  donnée  -dans  le  texte.  Répondre  en  dési- 
gnant la  Gassagnolle  (Figeac),  ancien  prieuré  (1)  dépendant 
de  cette  abbaye  Saint-Sauveur,  serait  tomber  dans  Ferre- 
ment du  précédent  paragraphe.  Nous  proposerons  donc 
Gassagnes,  du  doyenné  de  Loupiat  en  1580,  aujourd'hui 
en  Rouergue. 

CHARTE  L.  —  NiGRO  ourgite.  D.  Grour-Nègre,  entre 
Beaulieu  et  Liourdre.  G.  Gomme  s'il  ne  fallait  pas  sup- 
poser à  l'abbaye  une  portion  de  Dordogne  aussi  en  amont 
de  Beaulieu,  au  moins  jusqu'au  dessus  du  moulin  Abba- 
diol  (abbatial)  pour  la  prise  d'eau.  Or  (sans  même  re- 
monter jusqu'au  tènement  de  Gour-Nègre  (Monceaux), 
relaté  en  1584),  nous  pouvons  citer,  plus  bas  encore, 
le  Port-du-Gour-Nègre  (1787),  dépendant  de  Brivezac,  sur 
la  Dordogne,  prés  la  Vitraque.  (Papiers  de  famille  de 
M"**  Ghauvac  de  Laplace,  à  Beaulieu.) 

Et  la  Vitraque  touche  Gharluc  (1773).  Et  le  Gharluc 
(Bassignac-le-Bas}  est  près  le  bourg  susdit  et  chemin  du 
Gour-Nègre  à  la  Vitraque.  Voilà  donc  la  position  déter- 
minée. (L'atlas  de  Lépinay  donne  du  reste  Gour-Nègre  en 
aval  de  la  Champagne.) 

GHARTE  LI.  —  Sanctos-Bonitus,  in  vicaria  Sateme^ 
en  Auvergne.  D.  0.  Gar  il  ne  traduit  pas,  ni  ne  le  porte 
à  la  table  française,  et  dit  à  la  table  latine  que  Saint- 
Bonnet  est  in  villa  Lacu,  comme  l'y  autorise  la  charte 
CLXXIIP. 

G.  Gette  charte  indiquant  assez  que  l'église  et  la  villa 
ne  faisaient  qu'un  seul  et  même  lieu,  Lacus,  plus  tard 


(1)  Patron  saint  BIai8e>  en  1580.  (Pouillé  Massabie.) 


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—  160  — 

pleinement  débaptisé  par  le  vocable  Saint-Bonnet,  il  ne 
faut  donc  point  aller  chercher  Lacus  à  Fontanges,  à  plus 
de  deux  lieues  de  Saint-Bonnet  et  à  500  mètres  de  Fon- 
tanges, auquel,  en  sa  qualité  de  bourg,  on  voudra  bien 
reconnaître  celle  de  villa.  Les  villas  n'étaient  ni  d'un 
périmètre  si  étendu  (première  hypothèse),  ni  d'un  si 
faible  rayon  (deuxième  cas). 

Il  ne  peut  être  ici  question  que  du  Saint-Bonnet  ^de 
Salers,  car  il  n'y  a  que  lui  par  là.  Est-ce  l'appellation 
de  Salers  qui  aura  fait  craindre  à  M.  D.  que  ce  Saint- 
Bonnet  n'ait  jamais  pu  se  rattacher  politiquement  à 
Salins?  Mais  Salers,  bailliage  et  châtellenie  au  siècle 
dernier,  a  pu  devenir  postérieurement  assez  important 
pour  comprendre  Saint-Bonnet. 

CHARTE  LU.  —  Saint  Julien,  martyr.  D.  (Saint-Julien- 
aux-Bois.)  C.  Notre  Saint-Julien-d'Alboy,  ainsi  nommé 
non  à  cause  de  ses  bois,  mais  bien  de  sa  châtellenie 
d'Alboy,  ne  fête  pas  saint  Julien,  martyr  (9  janvier), 
mais  saint  Julien-de-Brioude  par  une  ballade  fixée  en- 
core au  28  août.  Pour  rester  au  même  pagus,  nous  pro- 
poserions Saint-Julien-de-Pauliac  (1580),  en  l'archiprôtré 
de  Thégra,  s'il  n'était  in  vicaria  pauliacensû  Saint-Julien- 
de-Fraissinhes,  ayant  pour  annexe  en  1580  Lentillac-près- 
Saint-Ceré,  nous  laisse  in  vicaria  exidense,  préférablement 
encore  à  Cardaillac  et  à  Yssendolus,  dédiés  aussi  à  Saint- 
Julien. 

Seoonciacus.  d.  Segonzac,  près  Autoire.  G.  Segonzac 
(Loubressac),  fourni  par  un  acte  notarié  de  1751. 

Ad  illa  Brucia.  D.  Labrousse  (Freyssinhe-près-Saint- 
Géré).  G.  O.  Le  Labrousse  ci-dessus  proposé  doit  avoir 
eu  un  certain  nombre  d'habitations,  puisqu'il  s'est  main- 
tenu jusqu'à  ce  jour.  Le  La  Brousse  du  texte  semble  au 
contraire  peu  important,  soit  dit  sans  y  insister. 

M.  D.  n'a  pu  tirer  de  nulle  part  (au  Gartulaire)  que 
de  la  charte  LU,  ce  qu'il  nous  apprend  (Introd.,  p.  169) 
touchant  Saint-Julien-aux-Bois,  à  savoir  qu'avant  d'être 


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I 
—  161  — 


lui-même  chef-lieu  d'une  vicairie,  il  fit  partie  de  celle 
de  Roufiac.  Cela  fait  passer  entière  en  Auvergne  une 
paroisse  demeurant  néanmoins  séparée  de  cette  province 
(vers  Roufiac)  par  d'autres  paroisses  restées  limousines. 

Revoyons  cette  charte  LIP.  Si  on  convient  de  ce  point, 
que  la  phrase  :  ipsas  res  jam  superius  dictas  quae  sunt  in 
pago  lemovicino  in  vicaria  Rofiacense  sive  exidense,  indique 
Tordre  des  attributions  de  pays  à  faire,  nous  mettrons 
Saint-Julien  en  Limousin,  puis  Vernejoux  et  Neocioni 
en  la  vicairie  de  Roufiac,  et  enfin  la  casa  dominicaria 
(innommée)  en  la  valle  altorense. 

Or,  pour  Vernejoux  (Cornac)  et  Segonzac  (Loubressac), 
qui  se  retrouvent,  le  texte  (se  corrigeant  par  dérogation 
aux  indices  d'attribution  ci-dessus)  dit  en  second  lieu 
formellement  :  près  d'Autoire;  et  les  vignes  ne  deman- 
dent pas  à  être  de  l'altitude  de  Roufiiac.  Selon  nous,  le 
similiter  in  alio  loco  in  vicaria  exidense  n'autorise  pas  le 
lecteur  à  changer  de  pays  pour  Saint- Julien,  mais  seu- 
lement de  vicairie.  Ce  n'est  qu'à  propos  de  la  casa  domi' 
nicaria  qu'on  l'avertit  et  qu'on  lui  énumère  l'attribution 
à  faire,  en  commençant  par  les  pays  des  lieux  les  der- 
niers nommés  et  en  remontant  de  proche  en  proche. 

C'est  ainsi  que  cette  casa  se  placerait,  quoiqu'en  Li- 
mousin, en  la  vicairie  de  Roufiac,  et  c'est  pourquoi  on 
redouble  la  mention  in  pago  lemov.  in  vicar.  S'il  n'eut 
pas  dû  y  avoir  exception  au  non-enjambement  des  grands 
pagi  par  vicairies,  on  eût  dit  in  vicariis  Rofiacense  seu 
exidense, 

La  vicairie  de  Roufiac  venait  prendre,  en  Limousin, 
Septaubres  et  Peyrous,  qui  sont  de  Goulles,  ont  gardé 
une  importance  en  rapport  avec  leur  ancien  titre  de  villa, 
et  ne  peuvent  être  supplantées  par  deux  homonymes  qu'on 
leur  chercherait  en  Auvergne.  On  dit  du  reste  :  in  pago 
lemovicino  in  vicaria  Rofiacense, 

Il  est  certain,  par  la  charte  CLX*,  que  Saint- Julien  (de 
Garriga,  aujourd'hui  Saint-Julien-Momont),  près  Meyssac, 
avait  aussi,  et  encore  pour  patron  saint  Julien,  martyr. 


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—  162  — 

Mais  nous  n'aurons  raison  que  si  Saint-Julien-de-Freys- 
sinhes,  ou  un  Saint-Julien  (Quercynois)  voisin  est  sous 
le  vocable  de  saint  Julien  le  martyr,  —  La  charte  CXXVI* 
place  un  saint  Julien  en  Quercy,  in  exitense,  et  ce  doit 
être  celui-là. 

Similiter  a  pour  but  de  nous  retenir  en  Quercy  et  en 
la  vicairie  exitensis,  quoiqu'on  ne  dise  formellement  ni 
le  pagus,  ni  la  vicairie,  supposant  assez  indiquée  l'as- 
siette d'une  église,  par  voie  d'exclusion.  Placez  en  effet 
la  casa  dominicaria  à  la  fois  en  Limousin  et  en  la  vicairie 
de  Rouflac,  il  ne  restera  de  place  pour  le  reste  qu'en 
Vexitensis.  SanctUStephani  ne  doit  pas  être  Ijiourdres,  car 
on  eût  de  préférence  donné  pour  confins  la  Dordogne,  qui 
est  bonne  limite. 

Revenons  maintenant  à  Saint-Julien-au-Bois,  d'abord 
membre  d'une  vicairie  auvergnate,  selon  M.  Deloche 
(Introd.),  puis  lui-même  vicairie  limousine,  et  cela  sur 
une  douteuse  interprétation  de  ces  quelques  lignes  très 
vagues.  L'empiétement  de  quelques  villages  aurait  moins 
d'importance,  mais  l'attribution  à  l'Auvergne  de  la  pa- 
roisse de  Saint-Julien,  qui  en  est  séparée,  fût-ce  au  plus 
près,  vers  Rouflac,  par  la  Maronne!  et  la  paroisse  dis- 
parue de  Saint-Xantin,  au  sud-est  de  Malesse,  —  et  plus 
bas  par  celles  de  Saint-Geniès,  Saint-Girgue  et  Goulles, 
serait  une  grave  infraction  à  cette  règle  de  Guérard,  à 
laquelle,  il  est  vrai,  M.  Deloche  est  moins  favorable, 
à  savoir  :  que  le  diocèse  ancien  représente  la  cité,  la 
nation  gauloise,  le  pagus. 

Un  mot  de  digression  :  L'Église  (1)  fut  toujours  très 
sévère  contre  les  usurpations  de  diocèses.  Innocent  !•' 
s'opposa  fortement  à  l'entreprise  de  l'empereur  Valens, 


(i)  L*Églis6,  par  ses  apôtres,  qui  divisèrent  le  détroit  des  églises 
patriarcales  et  des  diocèses  à  Tinstar  des  provinces  romaines,  avait 
continué  Tœuvre  de  Dieu  :  Quando  dividebat  Altisaimus  gentes  : 
quando  sep^rabat  filios  Adam,  constitua  terminos  populorum 
Juxta  numerum  filiorum  IsraeL  (Deutér.,  chap.  XXXII,  versets. 


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—  163  — 

qui,  en  haine  de  saint  Basile,  avait  ôté  à  Téglise  d'An- 
tioche  une  partie  de  la  Gappadoce  pour  la  donner  à 
Tévêché  de  Tyr  :  Non  vims  est,  dit-il,  ai  mobilitatem  mun- 
danam  dei  ecclesiam  commutari  nec  divisiones  perpetL  (Gré- 
goire Naz.,  orat.  20.) 

Joignez-y  le  concile  d'Éphèse,  canon  7,  et  celui  de 
Constantinople.  dans  lequel  Tempereur  Marcien  rétracta 
volontairement  la  division  que  son  prédécesseur  avait 
faite  de  la  Phénicie  au  préjudice  de  Tévêque  de  Byr, 
pour  favoriser  celui  de  Béryte. 

Pour  les  défenses  faites  aux  évêques  d'empiéter  ou  de 
se  laisser  usurper,  voyez  M.  Deloche  (Introd.,  p.  132). 
Mais  toutes  ces  prohibitions  étant  au  contraire,  à  ses 
yeux,  la  preuve  la  plus  formelle  des  usurpations  com- 
mises entre  eux,  on  s'attendrait  à  quelque  preuve  de  plus 
que  la  lettre  à  Cronope. 

Agésilas  répondait  au  sujet  de  ses  limites  :  Quousque 
vibrata  lancea  potest  pertingere.  Agésilas  n'était  pas  évéque, 
ni  n'accommodait  son  ambition  au  goût  Spartiate. 

D'autre  part,  les  populations  se  seraient-elles  prêté  à 
ce  qu'on  les  dépaysât  ainsi,  surtout  au  temps  où  étaient 
plus  tranchées  les  différences  de  races,  de  costume,  de 
langage,  de  législation,  puisque  M.  Deloche  nous  recon- 
naît entourés  de  peuples  différents?  A  mesure  que  ces 
premières  divergences  tombaient,  surgissaient  d'autres 
obstacles  qui  les  tenaient  isolés.  Prenons  pour  exemple, 
en  1750,  les  villages  des  Nadaux  et  La  Grange,  séparés 
par  un  simple  filet  d'eau,  le  ruisseau  de  la  Loube. 

Paroisse  de  Bort. 
Sénéchaussée  de  Tulle. 
Élection  de  Tulle. 
Les  Nadaux  • .  • .  /  Province  du  Limousin. 
Diocèse  de  Limoges. 
Parlement  de  Bordeaux. 
(Droit  écrit.) 


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—  164  — 

Lanobre. 

Riom. 

Clermont. 

La  Grange {  Auvergne. 

Diocèse  de  Clermont. 
Parlement  Paris. 

(Droit  coutumier  et  écrit.) 

CHARTE  LIV.  —  Vallis.  D.  Laval  (Sérilhac?  ou  Lqs- 
tanges?).  —  C.  1**  Laval-de-Sérilhac,  avec  ses  doublures 
jadis  de  Laval-Meyrinche  et  de  Laval-de-las-Razas  (Sé- 
rilhac), près  Pauliac  et  La  Croix  (1639)  (papiers  de  M*  Sol- 
Lalande,  notaire  au  Pescher,  à  Tobligeance  duquel  nous 
devons  d*autres  communications  intéressantes),  doit  être 
écarté  pour  laisser  la  vicairie  de  Sérilhac  comprendre  sa 
paroisse  entière. 

2®  Laval  de  Lostanges.  Il  n'y.  en  a  pas.  M.  D.  a  con- 
fondu avec  Tudeils;  mais  il  eût  fallu  citer,  en  outre, 
Laval,  de  Nonards,  ce  dernier  Laval  ancien  fief.  Tous 
deux,  quoique  celui  de  Nonards  en  soit  plus  près,  rem- 
plissent les  conditions  de  proximité  de  la  terra  Sancti^ 
Stephani,  qui  doit  'être  plutôt  Saint-Étienne  du  Puy- 
d*Arnac  que  Saint-Étienne  d'Astaillac.  L'abbaye  eut  des 
possessions  nombreuses  autour  de  sa  prévôté  de  Tudeils. 

Le  manuscrit  de  Costa  porte  en  marge  :  De  uno  gleygo 
que  se  apelo  vallis^  et  au-dessous,  en  français  :  vaulx.  On 
le  francisait  donc  couramment  vaulx,  ce  qui  nous  ferait 
préférer  Val  de  Tudeils,  écrit  deux  fois  Veaulx  sur  Tatlas, 
—  assez  éloigné  de  son  chef-lieu  pour  justifier  la  pré- 
sence d'une  église,  —  bien  qu'il  y  ait  eu  dans  Astaillac 
même  Sainte-Marie  de  Donriette  (prieuré,  1586.  CoUa- 
teur,  l'abbé  de  Beaulieu).  Ad  illam  rocam  est  un  hameau 
qui  demandait  une  majuscule  comme  Panteo,  son  voi- 
sin, le  texte  original  les  omettant  fréquemment,  comme 
il  l'a  fait  ici  pour  vallis. 

Parmi  les  innombrables  variantes  entre  le  texte  donné 
par  M.  Deloche  et  celui  de  Costa,  texte  officiel  de  notre 


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—  165  — 

abbaye,  nous  citerons  celle-ci  :  Costa  :  Terram  sancti 
Pétri  et  ad  praedictos  monachos^  dé  fronte  subteriori  terram 
David,  de  tertio  latus  (sic)  vineam  Fulcradi  (1).  —  En  marge, 
date  860  (M.  Deloche,  861).  En  présence  de  copies  diver- 
gentes, nous  serions  facilement  porté  à  signaler,  sinon  à 
prendre  toujours  pour  bon,  ce  que  chacune  contient  de 
plus  que  l'autre ,  la  tendance  des  copistes  étant  d'écourter. 

Ad  illa  Campania.  —  D.  La  Champagne  (Bassignac-le- 
Bas).  —  Or,  il  n'y  en  a  pas,  mais  à  Brivezac,  ce  qui  nous 
laisse  en  la  même  vicairie,  au  lieu  d'aller  en  celles  du 
Vert  ou  d'Altillac. 

Et  en  effet,  à  la  Champagne  de  Brivezac  nous  préfé- 
rerons la  Champagne,  encore  existant  à  Nonards,  car  on 
eût  probablement  dit  et  in  alio  loco  s'il  eut  fallu  seule- 
ment passer  l'eau,  et  il  se  pourrait  même  que  ce  fût 
un  Campania  disparu,  plus  près  encore  de  Vaux. 

CHARTE  LV.  —  Dinachus  et  tout  le  reste  en  Limousin, 
et  en  la  vicairie  de  Bar,  dit  la  charte.  Retenons  cela. 

A  l'inverse  de  M.  Deloche,  qui  va  disséminer  ces  lieux 
donnés,  de  Chamboulive  à  Cahus  (Lot)  et  de  Souillac  à 
Meyssac  et  Saint-Ceré,  nous  allons  les  montrer  groupés 
en  majeure  partie,  ne  sortant  pas  des  limites  vraisem- 
blables de  la  vicairie.  Il  s'agit  de  notre  canton  de  Cor- 
rèze,  non  moins  étudié  que  les  autres. 

DiNACHiJS.  D.  Saint-Salvadour,  ce  qui  le  met,  malgré 
sa  carte,  in  vicaria  CamboUvensL  C.  Dignac  (Bar).  Castel- 
lucius.  D.  Châtau  (Seilhac),  près  Dignac.  C.  Il  n'y  a  pas 
de  lieu  de  ce  nom  à  Seilhac,  mais  à  côté;  car  M.  D.  a 
mal  lu  Chalaux  (Chamboulive),  à  un  quart,  de  lieue  de 
Dignac.  Ce  nom  se  rapproche  de  Castellucius,  mais  il  est 
in  CamboUvensL  II  faudra  persister  à  le  chercher  au  con- 
tact immédiat  du  Dignac  (de  Bar),  dont  il  fut  peut  être 


(1)  Deloche  :  Terram  sancti  Pétri,  de  subteriori  terram  David, 
de  tertio  vineam. 


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—  166  — 

le  château  même,  quoique  Ghalaox  ait  été  villa  et  même 
petite  seigneurie. 

Une  objection  qui  a  sa  valeur,  c'est  que  nous  avons 
ramassé  avec  soin  les  noms  et  qualités  de  tous  nos  Cor- 
réziens,  du  noble  au  bourgeois,  qui  se  sont  titrés  d*un 
nom  de  lieu,  ne  fût-ce  qu'avec  Tépithèle  de  sieur.  C'est 
ainsi  que  nous  avons,  pour  Ghamboulive,  les  Serre  de 
Bazaugour,  les  de  Fénis  de  Suzanges  et  de  la  Pardul- 
pherie,  les  Lavialle  du  Masmorel,  les  Leygonie  de  la 
Rue,  etc.,  et  des  familles  d'un  rang  inférieur,  comme  les 
Laserre  de  Berlandeix  et  MaurioUes,  etc.;  jamais  aucun 
sieur  de  Dignac.  En  1592,  Pierre  Comte,  de  Monceaux 
(Viam),  a  des  rentes  en  fondalité  sur  Dignac  (Chambou- 
live)  et  ne  s'en  titre  pas,  alors  qu'il  se  titre  de  la  Fau- 
rie  (Saint-Hilaire-les-Courbes)  et  du  Peyr  (Lestars),  etc. 

Du  Dignac  de  Bar  nul  ne  s'en  titra,  mais  par  la  bonne 
raison  que  l'abbaye  de  Tulle  le  posséda  longtemps,  et 
qu'il  n'a  pu  qu'assez  tard  venir  aux  mains  des  nobles 
Boussac  d'Hublanges,  déjà  encombrés  de  fiefs  à  énumé- 
rer.  Les  seigneuries  qu'on  ne  nomme  pas  sont  tacite- 
ment comprises  dans  la  formule  ridiculisée  :  seigneur  de 
(Boussac,  Hublanges,  le  Vert)  et...  autres  lieiuv.  L'expres- 
sion est  plus  juste  qu'on  ne  croit.  Ce  sont  là  autant  de 
lieux,  d'anciens  groupes  temporaires  quasi -paroissiaux 
(durant  la  période  d'hostilités),  plus  tard  chefs-lieux  de 
collectes  fiscales,  sièges  d'enclaves  inexplicables  sans 
cette  idée.  Nos  campagnards,  d'instinct,  comme  s'ils  de- 
vaient encore  y  trouver  et  y  fournir  assistance  (et  plût 
à  Dieu  que  ce  patronage  social,  avec  mutuel  échange  de 
secours  s'y  exerçât  encore!),  appellent  toujours  château 
le  bâtiment,  si  mutilé  ou  transformé  soit-il,  ayant  servi 
de  repaire,  et  en  titrent  toujours  le  maître,  disant  comme 
malgré  eux,  par  exemple,  du  possesseur  de  l'ancien  châ- 
teau des  de  Selve  :  M.  Dubois  de  Bity  (Sarran),  —  M.  Val 
du  Cher,  quoique  le  Cher  n'ait  pas  conservé  son  habi- 
tation seigneuriale. 

Chaque  repaire  avait,  disons-nous,  sa  chapelle,  indispen- 


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—  167  — 

sable  puisque  les  tenanciers  voisins  levants  et  couchants 
du  dit  repaire  y  affluaient  nombreux,  à  un  signal  donnée 
et  que  dans  ce  sauve-qui-peut  d*enlants,  de  femmes  et 
d'hommes  fuétables,  on  n'avait  pas  moins  besoin  de 
recourir  à  Dieu  qu'à  l'habileté  du  capitaine-gentilhomme, 
en  tout  temps  occupé  à  se  faire  la  main  à  la  défense 
commune  par  la  chasse  et  les  chevauchées.  Aussi  avons- 
nous  applaudi  aux  réflexions  sévères  par  lesquelles  le 
regrettable  abbé  Roy-Pierrefltte  termine  la  longue  liste 
des  chapelles  castrales,  interdites  en  1741  par  l'évéque 
de  Limoges,  et  cependant  si  nécessaires,  quoique  déla- 
brées, à  entretenir  l'édification  dans  les  villages. 

Autour  du  Dignac  de  Bar,  le  plan  cadastral  ne  donne 
d'autres  noms  significatifs  de  parcelles  que  le  Bois^du^ 
Prince,  appellation  sur  laquelle  nous  ne  faisons  pas  grand 
fondement.  Il  y  eut  le  tènement  de  La  Boissière  (1),  1598. 

CuLFURNO.  D.,  à  la  table  latine  d'identifications,  ren- 
voie à  faux  à  la  charte  LX®,  qui  ne  parle  pas  de  cet 
endroit,  et  à  la  table  française  indique  Chauffeur,  canton 
de  Meyssac,  malgré  la  charte  CLXVI%  conflrmative  de 
celle-ci  pour  retenir  le  lecteur  en  la  vicairie  de  Bar. 
Dès  qu'on  sort  de  la  vicairie  assignée,  ce  Chauffeur  de 
Meyssac,  qui  dépendait  de  Brivezac,  n'a  guère  plus  de 
droits  que  Chauffeur  de  Nonards  ou  d'autres. 

Penziaco.  D.  dit  Pinsac,  canton  de  Souillac  (Lot),  et 
incline  à  croire  que  le  Penziacus  de  la  charte  LV*  est 
le  môme  que  celui  de  la  charte  CLXVI*.  C.  Oui,  sans 
hésitation,  car  elle  énonce  dans  le  même  ordre  les 
mêmes  lieux;  mais  nous  proposerons  Peyzac  (commune 
de  Corrèze),  terme  collectif  encore  usité  par  nos  paysans 
pour  désigner  une  section  de  cette  commune  en  arrière 

(1)  Arrière-fief  titrant  une  branche  des  Fônis.  Ce  nom,  tiré  de 
buxus,  buis,  arbuste  affectionné  des  Romains,  marque  souvent 
une  ancienne  villa  agraria  ou  de  plaisance  gallo-romaine.  Le 
R.  P.  de  La  Croix,  avec  lequel  nous  avions  naguère  la  bonne 
fortune  d'excursionner,  vers  Sanxay,  a  vérifié  aussi  la  justesse 
de  cette  remarque. 


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—  168  — 

de  Maleret,  En  Peyzaty  en  patois.  Il  y  a  mieux  :  les 
titres  de  la  famille  de  Braquillanges  du  Bech  nous  ont 
révélé  la  Borie-de-Peyzac,  sise  1587,  près  Puynède  et 
les  Combes,  tous  de  Corrèze.  Cette  borie,  -qui  suppose 
forcément  le  lieu  habité  aussi  de  Peyzac,  dont  elle  était 
le  membre,  fit  partie  de  la  baronnie  de  Gimel. 

RiNiACO.  D.  Reignac  (Lostanges).  C.  Il  n*y  en  a  pas. 
M.  D.  a  probablement  entendu  signaler  la  Reynie,  ou 
la  Rinie,  de  Tudeils,  plus  limitrophe  de  Nonards  que 
de  Lostanges.  C.  Reignac  (Corrèze),  bien  préférable  à 
Rignac,  seigneurie  de  Grandsaignes,  aux  de  Moreaux, 
puis  aux  de  Souris.  Reignac,  près  Corrèze,  était  Rignacus 
en  latin  (1451)  (reconnaissances  féodales  à  M"®  de  Vyers, 
papiers  du  château  de  Vyers,  ex  meis), 

QuADRis.  D.  O.  —  C.  Cayres  (Corrèze),  aujourd'hui  37 
âmes. 

Crispinianicas.  d.  Crépignac  (Saint-Julien-Maumont). 
C.  Crespianges  (Corrèze),  dont  l'évêque  de  Tulle,  vers  le 
xvi«  siècle,  aliéna  les  dîmes  inféodées.  On  sait  que  les 
terminaisons  :  ange,  proviennent  d*un  thème  icm^  Ca- 
nonge  de  canonicus,  Domenge  dominicus, 

Patriciago.  d.  Pétrissac  (Reygades).  C.  Étymologique- 
ment  ce  Peyrissac,  fief  aux  Clare,  répondrait  bien  à 
patriciago^  même  sans  la  forme  archaïque  Pétrissac  qu'on 
lui  donne  ici;  mais  il  est  certain  qu'il  s'agit  de  Pey- 
rissac (Corrèze),  partition  du  village  d'Auliac  encore  con- 
nue des  vieux  de  ce  village,  connue  aussi  par  ailleurs, 
ainsi  qu'il  suit  : 

Par  acte  reçu  W  François  Plasse,  no""®  à  Corrèze,  le 
20®  janvier  1541,  noble  François  de  Mirambel,  sgr  du  dit 
et  de  la  Noaille,  vend  à  noble  Charlote  de  Lascoux,  relicte 
(mot  charmant,  délaissée,  veuve),  de  feu  noble  Jacques  de 
Bar,  seigneur  du  dit,  des  rentes  en  fondalité  sur  le  Tou- 
rondel  (Saint- Augustin),  comme  aussy  le  villaige  d'Auliac 
et  fassion  de  Peyrissac,  parroisse  de  Corrèze  et  tènement 
d'iceux.  (Papiers  de  Vyers  et  de  M.  de  Selve.) 

Nous  pourrions  citer  encore  deux  actes,  plus  une  liève, 


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—  169  — 

attestant  Texisteuce  (ie  ce  Peyrissac,  mais  nous  ne  devons 
pas  abuser  de  l'hospitalité  qu'on  nous  accorde  si  libéra- 
lement dans  ce  bulletin. 

Mercarijp  D.  propose  presque  Miguiral  (Cahus).  C.  O. 
Pour  ne  mettre  en  avant  ni  Mercour,  tènement  seigneu- 
rial, Rosiers-d'Égletons  et  St-Yrieix-le-Déjalat,  ni  Meiou 
(Sarfan),  dépendant  du  Puy  à  Varges  (1683),  ni  Mier 
(Corrèze),  pour  le  Megurio  de  la  charte  CLXVI.  Il  est 
vrai  que  M.  D.  transcrivant  Meill  notre  Miers  actuel,  ce  qui 
doit  être  conforme  à  la  réalité,  place  à  Mieis  (1)  (Corrèze 

(1)  A  20  kilomètres  des  limites  actuelles  de  la  paroisse  de  Gimel. 
et  Meyrignac)  le  Meill,  villa  in  parochia  Sancti-Perdulfi 
de  Gimel,  du  Gartulaire  de  Tulle  de  Baluze  (Géographie 
historique  de  M.  Deloche).  A  propos  de  ce  Saint-Pardoux- 
de-Gimel,  M.  D.  ajoute  :  «  Il  existe  trois  localités  du 
nom  de  Gimel  :  Saint-Martial-de-Gimel,  Saint-Priest-de- 
Gimel,  et  enfin  Gimel.  »  M.  D.  voulait  sans  doute  dire 
que  Gimel  se  divisait  en  deux  paroisses  :  Saint-Étienne 
et  Saint-Pardoux,.  comme  Tulle  et  Brive,  chacune  en 
deux  paroisses.  Quant  à  Saint-Martial  et  à  Saint-Priest, 
ils  sont  à  une  certaine  distance  de  Gimel,  mais  en  son 
ancien  archiprêtré,  et  on  ne  voulait  pas  exprimer  autre 
chose  quand  on  disait  de  même  Saint-Merd-en-Gimel 
pour  Saint-Merd-de-Lapleau,  Vitrac-en-Gimel,  en  par- 
lant de  Vitrac  du  canton  de  Corrèze. 

Matriniaco.  d.  Meyrignac-près-Saint-Ceré.  C.  Meyri- 
gnac-FÉglise,  canton  de  Corrèze. 

Sanciago.  d.  Sensac-de-Marmiesse  (Cantal).  —  C.  pro- 
bablement Censac  (Orliac-de-Bar,  1755,  terrier  de  la  ba- 
ronnie  de  Corrèze  et  Boussac),  près  Boussac,^  les  Cuizines, 
Lestrade,  Sarlat. 

Jovis.  D.  O.  —  C.  Vraisemblablement  Janjou  (Corrèze), 
près  Reignac,  en  supposant  la  prosthèse  jan  pour  en, 
ce  qui  est  fréquent,  comme  on  dit  Enval  pour  Val. 

Valus.  D.  propose  dubitativement  Laval  de  Sérilhac 
ou  de  Lostanges.  C.  Mieux  Enval  de  Corrèze  qu'Enval 
de   Serran.   Pinsac,   près  Souillac,  fut  paroisse  Saint- 

T.  IX  \—13 


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—  170  — 

Pierre  en  1500  (Bibl.  nat.,  fonds  latin  m"  n*»  11819, 
fol.  322,  communication  de  M.  Tabbé  Marche)  et  dépendit 
de  Souillac.  La  charte  l'eût  qualifié  de  villa. 

Chercher  des  identifications  en  dehors  des  environs  de 
Bar,  c'est,  vouloir  courir  les  risques  de  quatre  hypo- 
thèses invraisemblables  :  1*  Supposer  que  dans  les  deux 
chartes  LV*  et  CLXVI*,  on  a  fait  erreur  de  pagus  et 
de  vicairie;  2«  qu'Hermenric,  donateur,  avait,  comme 
le  puissant  Âdhémar  des  Échelles,  son  bien  de  tous 
côtés;  3®  qu'il  les  donne  disséminés  à  la  même  abbaye; 
4*  enfin  que  les  homonymes  n'étaient  guère  nombreux, 
tandis  qu'ils  abondaient  au  contraire,  si  on  songe  que 
chaque  corps  d'exploitation  a  eu  son  nom  distinct,  et 
que  cela  peut  aller  jusqu'à  60,000  lieux  habités  pour 
notre  seul  petit  et  pauvre  département. 

CHARTE  LVIII.  —  Monte  mediano^  in  vicaria  Asnacense. 
D.  Miegemont  (Altillac)  qui,  de  l'aveu  de  sa  carte,  est 
in  vicaria  AUiliacensi^  car  ce  Miegemont,  ancienne  sei- 
gneurie, est  trop  en  aval  de  Beaulieu  pour  avoir  pu 
être  encadré  infra  décos  dans  les  limites  du  territoire  de 
Beaulieu,  en  tant  que  bourgade. 

L'une  de  ces  croix-limites,  au  xv«  siècle,  et  on  peut 
bien  les  supposer  à  peu  près  telles  un  siècle  après  la 
fondation  de  l'abbaye,  s'étendait  jusques  auprès  de  Daulie 
(Altillac).  Même  Vellinus  étant  un  port,  dût  avoir  comme 
dépendance  une  petite  partie  de  la  rive  droite,  ainsi  que 
nous  l'observons  pour  Astaillac,  ayant  main  mise  sur 
Thézels  par  delà  la  Dordogne;  Beaulieu  sur  ses  îles  et 
quelques  adjàcences  de  la  rive  opposée;  Brivezac,  sur 
un  important  lambeau  de  territoire;  Monceaux  et  Ar- 
gentat,  de  même  ;  Glénic  empiétant  sur  la  rive  adverse  ; 
Bort  et  le  Port-Dieu  bien  davantage  :  tous  évidemment 
à  titre  de  ports,  par  un  droit  qui  s'impose. 

Cette  considération  n'amènera-t-elle  aucun  de  nos  lec- 
teurs à  se  demander  si  nos  vicairies  limousines,  et  pagus 
et  diocèse,  étaient  aussi  correctement  limités,  notamment 


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—  171  — 

par  le  fleuve  Dordogne,  que  le  voudraient  les  lisérés  rose, 
violet  et  vert  de  la  carte  de  M.  Deloche?  Nous  préférons, 
quant  à  nous,  ne  supposer  à  cette  carte,  d'ailleurs  pleine 
de  difficultés  très  heureusement  surmontées,  d'autre  inten- 
tion que  de  figurer  sommairement  le  terrain  pour  Tintel- 
ligence  du  Cartulaire.  Le  savant  académicien  en  fournit 
une  preuve  en  l'introduction,  page  145,  où  il  fait  passer 
la  limite  ancienne  entre  Granges  et  les  Nadaux,  de  façon 
à  faire  souhaiter  d'autres  exemples. 

Miégemont  n'est  donc  pas  dans  la  vicairie  exigée,  et 
de  plus  ojffre  une  inversion,  ayant  eu  vraisemblablement 
pour  but  de  le  distinguer  de  Montmajou  (Altillac),  1643 
(papiers  de  M.  Farges  cadet,  à  Beaulieu).  Le  Cartulaire 
de  Costa  (1)  dit  en  marge  Asnacum,  puis  Mommeia,  puis 
encore  la  date  943.  Tout  ce  qu'il  nous  apprend  par  là, 
c'est  que  la  forme  Monuneia  avait  persisté  et  qu'il  faut 
trouver  ce  lieu  en  la  paroisse  du  Puy-d'Arnac,  où  nous 
avions,  en  effet,  déjà  relevé  Montmège,  en  1642  (papiers 
de  M.  l'abbé  Bourneix,  curé  de  Nonards,  auquel  nous 
serons  toujours  fort  reconnaissant  aussi  de  ses  bien- 
veillantes leçons  de  Servières). 

CHARTE  LIX.  —  Flbsco.  D.  0.  —  C.  JJous  pourrions 
citer  Fleix,  encore  existant  (Beaulieu);  mais  à  cause  de 
sa  connexité  avec  la  charte  LXXXIX*,  il  est  plus  sûr 
de  le  placer  à  Fleix  de  St-Basile-de-Meyssac,  car  Etienne 
donne  des  biens  situés  là-bas.  Yella  vignea. 

CHARTE  LX.  —  Monte.  D.  Montai  (Saint-Ceré)  ou 
Montberd,  canton  de  Saint-Ceré.  C.  Lieu  à  chercher  dans 
la  dépression  de  terrain  formant  bassin  qui  part  d'Exitum. 
Montai  devait  se  dire  de  Monte  alto^  en  latin.  Le  manus- 


(1)  M.  le  baron  de  Costa,  avec  une  obligeance  dont  nous  tenons 
à  le  remercier  ici,  vient  de  nous  prêter  le  manuscrit  original.  Nous 
le  confrontons  avec  la  publication  de  &f.  Deloche,  en  donnant  les 
rares  identifications  portées  en  marge,  et  cependant  inaperçues  de 
M.  Deloche. 


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—  172  — 

crit  Costa  a  mieux  traduit  :  Mons.  Ce  point  est  facile  à 
retrouver,  à  la  condition  d'étendre  aux  abords  quercynois 
de  Beaulieu  (ce  que  nous  avons  entrepris  depuis  trop 
peu  d'années)  le  procédé  de  reconstitution  des  villages 
par  voie  de  tènement  et  même  de  territoire. 

In  illa  Calme.  D.  Le  Champs?  (Lostanges).  —  C.  Le 
texte  exprime  formellement  in  villa  Beliaco;  une  villa  en 
pays  riche  ne  va  pas  môme  à  deux  kilomètres,  tant  s'en 
faut.  Or,  D.,  note  5,  insiste  en  répétant  par  une  variante  : 
in  arode  (1)  villa  Beliaco.  —  Billac  a  pu  être  divisé  en  deux 
villas>  dont  l'une  serait  la  villa  de  Bilhac-La  Rode,  que 
le  diminutif  Rouane,  près  le  bourg,  achèverait  de  faire 
supposer.  Il  y  eut  un  mas,  la  Beliague,  à  Astaillac  ou 
à  Sioniac. 

Calme,  sans  exception,  s'est  francisé,  en  limousin,  en 
chaux,  au  féminin,  terrains  «  fraux,  n  incultes,  légère- 
ment marécageux,  la  plupart  du  temps  communaux; 
tandis  que  champ,  au  masculin,  provient  toujours  d'un 
thème  latin  campus.  Nous  nous  en  tiendrons  donc  à  Las 
Chaux  (Billac),  près  le  moulin  de  la  Force  et  le  chemin 
de  Queyssac  à  Puybrun,  indiqué  en  1761  à  la  suite  du 
terrier  de  Puymerle.  (Archives  de  la  maison  de  Corn,  au 
château  du  Jayle,  Malemort.)  Ce  Calme  est  distinct  de 
celui  de  la  charte  LXIX* 

In  Villa  Valle.  D.  (Sérillac  ou  Lostanges.)  C.  Tudeils 
ou  Nonards,  pour  nous  tenir  le  plus  possible  in  Asna' 
censi,  comme  nous  y  invite  encore  Barennac. 

CHARTE  LXI.  —  Petraficta.  D.  Saint-Silvain.  C. 
Saint-Paul,  tout  à  côté,  car  Saint-Silvain  n'en  a  pas. 

CHARTE  LXII.  —  Alla  Costa.  D.  (Lostanges  ou  Saint- 
Basile-de-Meyssac.)  C.  Nous  le  placerions  volontiers  vers 
Saint-Basile-de-Meyssac,  comme  à  la  charte  LIX*. 
Voici  les  communes  voisines  possédant  un  La  Coste,  en- 


(l)  Arode  trouvera  son  mot  d'explication  à  la  charte  CXLVII*. 


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—  173  — 

core  habité  (Le-Puy-d'Arnac,  8aint-Basile-de-Meyssac, 
Saint- Julien-Maumont,  Tudeils,  Végennes)  :  disparu,  (Sio- 
niac)  près  El  Salinier  et  chemin  du  Moulin-Abadiol  à 
Fleys,  1739.  —  (Beaulieu),  1659,  près  le  Batut,  le  Moulin 
de  la  Treille,  Roc-Chastang.  —  Las  Costas  (Brivezac), 
1685,  près  las  Tournilles  et  la  Papetie. 

CHARTE  LXIII.  —  Falgarias.  Ici  encore  les  additions 
en  marge  du  manuscrit  de  Costa  nous  donnent  raison 
pour  la  charte  XVIIP,  en  écrivant  Falguières.  Plus  loin 
on  y  lit  Biars  et  Glane.  Biars  du  Lot  ayant  appartenu 
au  doyen  de  Beaulieu,  et  se  trouvant  sur  la  rive  droite 
de  la  Cère,  il  nous  répugne  moins  d'admettre  ce  Biars 
en  la  vicairie  Vertedensis,  en  Limousin,  à  la  date  de 
893,  que  d'y  comprendre,  de  Toutre-Cère,  Glanne  et  Ga- 
gnac.  —  Glanne  (qui  a  pu  avoir  un  homonyme,  rive  droite), 
sur  la  foi  de  cet  unique  passage,  —  Gagnac  —  sans  au- 
cune preuve  directe.  M.  Deloche  traduit  mal  Gimpnhacus, 
Gignac,  siège  d'archiprêtré,  dit  de  Gimpnhaco  (Pouillé, 
ex  meis,  1500,  et  cahier  de  minutes  de  Cressensac,  1486, 
communiqué  par  M.  de  Lépinay,  notre  distingué  vice- 
président,  provenant  de  la  mairie  de  Lissac),  par  le 
mot  français  Gagnac  (à  propos  du  témoin  de  la  charte 
CXCV*).  Gagnac  n'est  pas  cité  au  Cartulaire;  ce  fut 
une  châtellenie  hommageant  aux  Turenne,  en  latin 
Gaunhaco  (Chartrier  de  M"**  de  La  Grénerie,  au  château 
de  ce  nom,  Gagnac,  Lot). 

Sancti-Salvatoris.  D.  0.  —  C.  Il  s'agit  sans  doute 
d'une  vigne  appartenant,  selon  l'usage  du  temps,  à  quel- 
que confrérie  Saint-Sauveur,  ou  peut-être  à  l'église  Saint- 
Sauveur  de  Pleaux. 

Vadecia.  D.  Vaysse  (Biars).  Non  loin  de  Biars  il  y  a 
bien  deux  La  Vaysse,  mais  ils  sont  de  Gagnac. 

CHARTE  LXIV.  —  Ad  illo  Salbnte.  D.  Le  Saillant 
(Voutezac).  C.  Mieux  le  Saillant- Fi^ua;  (Allassac),  car  le 
Saillant  du  canton  de  Juillac  étant  in  centena  Vinogilo, 
était  rattaché  à  la  vicairie  de  Luberaac,  et  point  à  celle 


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—  174  — 

d'Uzerche  ici  exigée  :  Les  termes  in  pago  Exandonense  et 
in  vicaria  Usercense  Tindiquent  assez. 

CHARTE  LXV.  —  Vblia  Fonte  n'est  pas  de  Sainte- 
Féréole,  comme  le  dit  M.  D.,  mais  seigneurie  en  la  pa- 
roisse de  Saint-Hilaire-le-Peyroux,  lequel  Saint-Hilaire 
fut  en  Tarchiprêtré  de  Brive,  vers  1450.  (Papiers  de 
!!•  Sol-Lalande,  notaire  au  Pescher.) 

Poio  ALDRico.  Le  manuscrit  Costa  identifie  :  Mas  de 
Pexaldric.  Néanmoins,  cela  paraît  être  le  Puy-d'Ayre, 
de  M.  Deloche. 

CHARTE  LXVL  —  Bonavallis.  D.  (Nonards  ou  La- 
Chapelle-aux-Saints.)  M.  Deloche  joue  de  malheur.  Bon- 
neval  n'est  point  de  Nonards,  mais  du  Puy-d'Arnac.  On 
en  pourrait  citer  un  autre  d'Astaillac.  Celui  de  La- 
Chapelle-aux-Siaints  semble  préférable  (à  cause  de  sa 
plus  grande  proximité  de  Turenne,  pour  satisfaire  au 
pago  tamensi)  à  celui  du  Puy  d'Arnac,  de  prime  abord 
plus  favorable  à  la  confrontation  avec  terra  vicarialis; 
mais  rien  n'empêche  que  TofiBcier  de  justice  du  district 
du  Puy-d'Arnac  ait  été  doté  au  moyen  d'une  terre  un 
peu  éloignée  du  siège  de  son  ofOlce.  L'abbaye,  pour  se 
mieux  garder,  aurait  eu  intérêt  à  le  salarier  en  terrain- 
frontière,  de  même  qu'il  nous  paraîtrait  résulter  de  l'en- 
semble des  chartes  des  Cartulaires  de  la  région,  que 
chaque  donateur  donne  plutôt  comme  des  rognures  de 
son  bien  :  ce  qui  s'éloigne  le  plus  du  vol  du  chapon. 
C'est  assez  dans  la  nature  humaine  de  retenir  jusque 
après  trépas  le  noyau  de  ses  possessions,  le  jaune  de 
l'œuf ^  selon  un  mot  bien  limousin  de  nos  paysans  : 
lou  bougioû. 

A  ce  propos,  M.  Deloche  se  demande  si  par  hasard 
cet  Immon  ne  serait  pas  le  môme  qu'Immon  de  Caunac, 
donateur  à  Saint-Martin-de-TuUe  d'une  villa  en  la  vicairie 
de  Naves,  à  peu  d'années  d'intervalle,  vers  924.  Nous 
aurions  à  poser  une  autre  question.  Les  Nobiliaires  sont- 
ils  dûment  autorisés,  dans  leur  attribution  à  la  généa- 


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—  175  — 

logie  des  Gosnac  (Gothnac),  de  Cosnac  près  Brive,  de  cet 
Immon  de  Gat^nac  (Galnaco,  Gaunaco),  quand  de  sérieux 
indices  semblent  lui  donner  pour  berceau  le  lieu  de 
Ghaunac  (Naves),  jadis  paroissial,  et  assiette  d'une  forte 
châtellenie  sur  la  grande  voie  antique?  La  maison  de 
Gosnac  possède  assez  d'illustration  pour  se  passer  de  cet 
ancêtre. 

Donnons  place  à  un  membre  de  phrase,  resté  inédit, 
du  Gartulaire  de  Gosta.  Après  les  mots  :  ubi  Solius  vism 
est  manere^  (adde)  et  alium  mansum  ubi  Constavulus  visus 
est  manere^  (avant  ceux-ci)  et  in  ipso  loco.  —  G'est  un  nom 
de  tenancier  en  plus,  à  ranger  à  VIndex  onomastieus  man* 
cipiarum,  à  côté  de  Costabulm  de  la  charte  GIX*. 

GHARTE  LXVII.  —  Ajoutez  à  M.  Deloche  les  mots 
suivants  du  manuscrit  Gosta.  Après  Belliloeensis^  mettez 
cenobiL  Après  Genestinas^  écrivez  :  iM  visi  sunt  manere 
Amaldus  et  Stephanus,  Et  est  ipse  mansw  in,  etc. 

Gbnbstinas.  D.  Genestines  (Moustier-Ventadour),  par 
confusion  encore  avec  Darnets,  commune  contiguê,  seule 
en  possession  par  là  d'un  village  de  ce  nom.  Ge  Genes- 
tines a  l'inconvénient  grave  d'être  in  vicaria  rosariensi, 
d%  l'aveu  même  de  la  carte  Deloche.  G.  Il  y  eut,  en 
1692,  un  tènement,  la  Genestina,  près  le  repaire  du 
Pouget-La-Tour,  de  Saint-Martial-de-Gimel  (papiers  Jon- 
dot,  au  château  de  Pouymas-Bas,  minutes  Soubrane),  et 
mieux  encore  un  village  de  Genestinas  Sobranas  et  So- 
tranas  (Espagnac),  1417  (papiers  de  H.  Lafont,  gendre 
Lespinasse,  de  l'ancien  repaire  noble  du  Pouget-Pignol, 
Espagnac,  compulsés  en  juillet  1885}. 

GHARTE  LXVIII.  —  Ad  illa  vabbr,  in  lbmovicino,  in 
AicB  Vertbdbnse.  D.  Lavaur  (Saint-Girque-la-Roche,  can- 
ton de  Servière)  (sic),  lequel  Saint-Girgue-la-Loutre  est 
inscrit  sur  sa  propre  carte  en  la  vicairie  de  Saint-Julien- 
aux-Bois.  En  marge  du  manuscrit  de  Gosta,  l'annotateur 
a  écrit  vab,  faute  d'avoir  su  lire  l'abréviation  portant  sur 


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—  176  — 

le  b  final,  nouvelle  preuve  (après  quelques  autres  passim) 
que  ses  identifications  demandent  un  contrôle  rigoureux. 

M.  D.  eût  pu  tout  aussi  facilement  mettre  en  ligne  : 
Lavaur  (Gaignac),  Vaur  (Sexcles),  Vaur-las-Costas  {Saint- 
Geniès-ô-Merle),  Lavaur-d'El-Bos  (Cahus),  Vauret  (Mer- 
cœur),  supposant  Vaur,  Lavaur  (Goulles),  dépendant  de 
Teulet,  1764. 

G.  Vaur  (Bassignac-le-Bas),  préférablement,  car  la 
phrase  suivante  passe  en  Quercy  en  termes  qui  sentent 
la  migration. 

Manuscrit  Costa.  —  En  marge,  en  face  de  genitor  meus 
Rotbertus  est  écrit  :  Rodulphm  ejus  pater  nomine  Rotbertus. 

CHARTE  LXIX.  —  Ad  illa  Calme.  D.  et  C.  Mêmes  ob- 
servations opposées  qu'en  la  charte  LX*.  C.  Mais  comme 
on  nous  dit  Calme  adjacent  aux  bodinas  subttts  Barentenaco^ 
loin  d'aller  vers  Lostanges  ou  Billac,  nous  affirmerons  un 
Lacam,  disparu  au  moins  de  nom,  près  Barennac  de 
Sioniac. 

Monte  mediano.  G.  et  D.  Gomme  au  numéro  58. 

CHARTE  LXX.  —  Manuscrit  Costa.  Additions  en 
marge  :  date,  vers  967,  —  Aouriols.  —  B.  Raynier  fait 
miracle. 

Voici  les  variantes.  Costa,  in  urbe  lemovicino  in  vie, 
(avec  le  signe  abréviatif)  daraciacense,  —  Deloche,  cum 
magna  felicitate,  —  Costa,  cum  magna  velocitate,  —  Deloche, 
in  eadem  ratione  ad  ipsum  jam  dictum  venerabilem  offero,  — 
Costa,  171  eadem  ratione  ipsum  jam  dictum  venerabili  Rai" 
nerii  offero,  —  Ipsum^  et  le  datif  barbare  Rainerii,  mon- 
trent mieux  que  c'est  l'adolescent  miraculé  qui  est  donné 
à  Rainier. 

AoRiOLS.  D.  0.  —  G.  Sûrement  Orjol  (paroisse  de  Da- 

razac),  tènement  situé  près  Glanne,  le  Bos,  Léonac,  1776. 

.(Chartrier  de  M.  le  comte  de  Noailles,  au  château  de 

Noailles.  Acte  d'emphyléose  consenti  par  les  siens  comme 

châtelains  de  Servières.) 

Rappelons  que  le  tènement  est,   selon  nous,  la  plus 


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—  177  — 

petite  unité  de  fief,  mais  unité,  ancien  lieu  habité  (1).  Le 
vicomte  de  Gourgues,  pour  n'avoir  pas  soupçonné  ce  fait, 
gros  de  conséquences  cependant,  a  omis  une  foule  de 
noms  de  lieux  dans  son  remarquable  Dictionnaire  topo^ 
graphique  de  la  Dordogne.  Nous  n'en  voulons  pour  preuve 
que  le  petit  nombre,  par  lui  cité,  de  Bordes,  de  Bor- 
deries,  de  Malaudies,  de  Bachelleries,  de  Mas,  de  Fauries 
ou  Farges,  etc.  11  n'y  donne  entrée  de  faveur  à  quelques 
tènements  qu'à  titre  de  lieu-dit,  c'est-à-dire  de  simples 
parcelles  homonymes  accolées,  alors  qu'elles  avaient  une 
cohésion  extraordinaire  dont  une  prochaine  dissertation 
démontrera  la  force  (2). 

CHARTE  LXXII.  —  Falgarias.  C.  Toujours  Falguières 
(Altillac). 

CHARTE  LXXIII.  —  Albiaco.  D.  AlWac,  commune, 
canton  de  Lacapelle-Marival.  G.  A  maîntetiir  non  loin 
de  Scalucia,  et  point  à  18  kilomètres.  Pour  atteindre 
Albiac  de  Lacapelle,  il  faut  même  dépasser  la  vicairie 
d'Aynac,  tenue,  à  la  vérité,  pour  non  avenue  par  M.  D., 
qui  avait  donc  toute  facilité  pour  citer  de  plus  Albiac, 
commune  d'Aynac  (Lot). 

Sancti-Boniti.  d.  g.  —  C.  Ce  put  être  Saint-Bonnet 
(Lot),  près  Gignac,  ce  qui  nous  rapproche  d'Estival,  pos- 
session de  Beaulieu,  bien  qu'on  trouve  au  xv*  siècle 
Saint-Bonnet  (en  Tarchiprêtré  de  Gignac),  de  la  dispo- 
sition de  révéque  de  Cahors.  {Bulletin  de  la  Société  des 
Études  du  Lot^  tome  XI,  3™«  fascicule,  année  1886,  et 
Pouillé,  manuscrit  Massabie.) 

Saint-Bonnet  de  Cahus,  de  Cahutio  —  où,  1515,  le  sei- 
gneur doyen  de  Beaulieu,  noble  frère  François  de  Cure- 
monte,  investit  au  village  de  Brugale  et  lève  des  rentes 
à  la  mesure  de  Beaulieu  (collection  de  M.  de  Veyrières), 


(1)  Eq  Limousin,  du  moins,  et  en  principe. 

(2)  Ce  Dictionnaire  a  eu,  en  1863,  Je  prix  du  Ministère. 


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—  178  — 

tandis  que  le  chambrier  de  la  même  abbaye  y  est  sei- 
gneur foncier  direct  sur  le  tènement  et  village  de  No- 
gueyrol,  —  doit  encore  primer  Saint-Bonnet-près-Gignac, 
malgré  les  suggestions  de  modifications  de  vicairies  que 
fait  naître  Vin  aliis  mcariis,  pour  la  rive  gauche  de  la 
Gère,  en  amont  de  Gagnac. 

MoNTiLio.  D.  Monteil?  (Meyssac).  —  G.  Or,  Monteil  est 
de  GoUonges,  non  de  Meyssac.  Que  ne  cite-t-il  aussi  Mon- 
teil, de  La-Ghapelle-Saint-Géraud?  Notre  choix  porterait 
sur  Monteil  (Saint-Vincent-près-Saint-Ceré).  On  dit  bien 
in  aliis  vicariis,  mais  on  ne  change  de  pagi^  que  quand 
on  en  prévient,  pour  Lauberteso,  oublié  à  VIndex  gene^ 
ralis^  et  qui  pourrait  être  le  tènement  de  Loubertye  ou 
Lombertye,  alias  Font-Grande,  1653,  1681  (Perpezac-le- 
Blanc),  près  le  bourg.  (Papiers  Richard-d'Amarzid,  à 
Saint-Robert,  et  de  M.  Seguin,  au  château  de  la  Gha- 
broulie  (Ayen-Bas).  Loubertie  peut  provenir  aussi  de  Al' 
beritis,  Atidiiiertus. 

CHARTE  LXXIV.  —  Barbntennaco.  Le  manuscrit  Gosta 
identifie  en  marge  :  Barennac.  Il  est  naturel  que  ses  iden- 
tifications soient  plus  sûres  à  mesure  qu'elles  se  rappro- 
chent davantage  soit  de  nos  temps,  soit  du  vieux  mous- 
tier  Sancti*Petri  clavigeris  uranici^  plus  tardivement  démuni 
des  biens  qui  Tavoisinaient. 

GHARTE  LXXV.  —  In  vicaria  Argentado,  en  Limousin. 
Scorbenerius.  D.  0.  —  G.  Escourbanier  (Monceau),  34  ha- 
bitants, conforme  à  Tannotation  (tard  venue  pour  nous) 
du  manuscrit  Gosta,  disant  Scorbanies,  Verjiiolas,  Noa- 
Ihars,  en  patois. 

Vkrniolas.  d.  0.  —  G.  Vergnolles,  ancienne  baronnie 
(Monceau),  176  âmes,  côte-à-côte  d'Escourbanier.  Noaliaco. 
D.  0.  —  G.  Il  y  eut,  1592,  un  Noailhac  (Neuville)  près 
Tétang  du  Liven  et  Négreval  et  la  Renaudie.  (Papiers  de 
M.  le  doctpur  Morelly,  d'Argentat,  et  Ghartrier  de  M.  le 
comte  de  Sartiges,  du  château  de  Soulages,  à  Saint- 
Ghamans.)  Or,  Négreval  est  au  sud-ouest  de  Soulages, 


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.      —  179  — 

et  le  Négreval  de  Neuville  est  signalé,  1592  et  1672, 
lii^itrophe  des  tènements  de  Dou  et  de  la  Genebrière. 
Il  se  peut  qu'un  Noailhac  concurrent  reste  à  décou- 
vrir au  voisinage  de  VernioUes.  Les  simples  trouvailles 
ci-dessus  obligent  à  modifier  la  carte  Deloche  :  1^  Assu" 
rément  pour  ce  qui  de  Monceaux-rive-gauche  figure  à  tort 
in  vertedensi,  au  lieu  de  Vargentadensi,  tels  que  VernioUes, 
Escourbanier;  2«  probablement  dans  le  sens  d'un  refoule- 
ment de, la  vicairie  Beennatensis  au-delà  de  Neuville,  à 
l'ouest;  3®  sûrement  aussi  pour  la  repousser  de  Monceau 
au  profit  d'Argentat. 

CHARTE  LXXVI.  —  Curtbm  Tbrmbnonus  in  cbntbna 
Crbnono  in  pago  rodinico.  D.  En  Rouergue?  C  La  com- 
mune de  Campagnac,  près  Milhau,  offre  un  village  de 
Termenous  (Aveyron). 

Monte-Maximino,  en  Quercy  et  in  exidense.  D.  Miau- 
mars?  près  le  Vern  (St-Ceré).  —  C.  Plus  inacceptable  que 
Montanio-Grando,  fourni  par  le  manuscrit  Costa,  si  tou- 
tefois l'annotateur  a  voulu  traduire  par  là  Monte-Maxi- 
mino :  il  dit  :  de  hun  xnas  qne  se  apelo  Uountanho^Grando, 

Ad  illa  Prata  et  ad  illum  Fontbm.  D.  0.  —  C.  Un 
Laprade  et  un  Lafont,  dépendants  de  Monte-Maximino. 

CHARTE  LXXVIIL  —  Sulciaco.  D.  Sourzac  (Saint- 
Chamans)  ou  Sieussac  (Martel).  —  C.  Il  n'y  a  pas  de 
Sourzac  à  Saint-Chamans,  ni  rien  d'approchant,  sauf 
Cissac  à  Saint-Silvain.  C.  Sourzat  d'Estival  ou  celui  de 
Saint-Hilaire-le-Peyrou,  dans  lesquelles  paroisses  l'ab- 
baye fut  possessionnée.  Mieux  encore  Sieussac,  près 
Cressensac. 

Damiaco.  d.  0.  —  C.  La  charte  CVIIP  parle  d'un  Da- 
miago,  en  Limousin,  en  les  pagus  et  vicairie  de  Turenne. 
Ce  doit  être  celui-là,  disparu. 

Calmonte.  d.  Caumon  (Creysse).  —  C.  Il  y  en  eut  un 
près  du  Périer  (Puy-d'Arnac).  La  charte  CLIV*  parle 
d'un  Calimonte  in  vicaria  Caziliacensi,  Sigalaris,  D.  0.  — 
C.   Ligneyrac  et  Noaillac   ont  vu  disparaître   chacune 


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—  180  — 

d'elles  un  Ségalar  (minutes,  17*  siècle,  en  Tétude  de 
M*  Tournadour,  notaire  à  Turenne).  Mercœur,  Bétaille 
et  Gramat  en  ont  aujourd'hui. 

CHARTE  LXXIX.  —  Cumba.  D.  La  Combe  (Sainte- 
Feréole).  C.  Oui,  ce  la  Combe,  naguère  seigneurie,  se 
rapprochant  de  Saint-Hilaire  et  Chameyrat,  par  préfé- 
rence à  Las  Combas,  fief  noble  également  (Venarsal), 
écarté  à  cause  du  pluriel,  et  à  La  Combe  (Malemort), 
mentionné  en  1342  (papiers  de  M.  de  Nussac,  de  Brive, 
fonds  Treilhard),  et  au  village  actuel  de  La  Combe 
(Brive),  52  habitants,  arrière-fief. 

CHARTE  LXXXL  —  Vkntagiole.  D.  Ventejol  (Mar- 
cillac-la-Croze).  C.  En  effet,  mieux  que  Collonge. 

CHARTE  LXXXIL  —  Paiazaco,  Vetula-Vinea  et  ses 
borderies.  C.  Probablement  St-Basile-de-Meyssac,  comme 
à  la  charte  LXIP;  car  les  trois  borderies  dépendaient 
de  Vieille- Vigne,  de  même  que  le^'manse  innommé.  Con- 
trairement au  texte,  M.  Deloche  glane  de  ci,  de  là  :  La 
Croux  à  Chauffbur,  La  Boiss«,  à  Saint- Vincent-de-Saint- 
Ceré,  quand  il  faudrait  un  masculin  Al  Boiss. 

Droceleno.  dit  Drogoleno  dans  le  manuscrit  Costa,  ne 
saurait  être  le  même  qu'Arcolent,  puisqu'on  les  nomme 
tous  deux  dans  la  même  donation.  Dercoleno  est  même 
répété,  charte  CXLVII*,  et  mis  en  la  vicairie  d'Asnac. 

Passons  à  ce  qui  est  forcément  de  Neuville  et  environs. 

Boscus,  villa,  peut  bien  être  le  Mas-d'el-Bos  (Albussac), 
qui,  postérieurement  à  la  perte  de  sa  qualité  de  villa, 
fut  vraisemblablement  baptisé  mas,  s'il  n'est  plutôt  arrivé 
que  l'exploitation  dite  le  Mas,  partition  du  Bosc,  a  pré- 
dominé sur  lui.  Le  mas  donné  est  en  effet  le  fief  de  Fol- 
cher  de  Noallac,  Voyons  Noaillaco. 

In  villa  Noaliaco,  umim  mansum  qui  vocatur  allas  Bordas. 
M.  Deloche,  selon  son  habitude,  sacrifie  leur  contiguité, 
obligatoire  cependant,  au  souci  de  se  procurer  des  homo- 
nymes, mariant  successivement  Noaillac,  chef-lieu  pa- 


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—  181  — 

roissial  du  cauton  de  Meyssac,  avec  les  Bordes  de  Cornil, 
puis  les  mêmes  Bordes  de  Cornil  (dans  le  court  inter- 
valle d'une  table  à  l'autre)  au  Noaillac  de  Ste-Fortunade, 
à  6  kilomètres  Fun  de  Tautre.  (Voir  avec  soin  les  tables 
latine  et  française  de  Touvrage  de  M.  Deloche,  pour  suivre 
nos  objections. 

Il  a  noté  (Index  generalis)  Noaliacum,  en  ajoutant  villa 
—  ubi  —  mansiLS  allas  bordas  et  bordariae  plures.  Dès  lors, 
pourquoi  chercher  les  Bordes  loin  de  Noaillac? 

Neuville  eut  un  village  appelé  Noaillac,  1631,  vers 
Saint-Ghamans  (papiers  de  M.  Albert  Laqueille  de  Matho, 
à  Goulles,  parmi  les  titres  de  la  seigneurie  de  la  Marque 
qui  existait  alors  à  Argentat).  —  Jaorzaco.  D.  O.  — 
C.  Jourzac  (Neuville).  Salzis.  D.  0.  —  C.  Salgues  (Neu- 
ville). Margualgas.  D,  Magnagues,  Miers  (Lot).  —  G.  Mar- 
galzes,  tènement  trouvé  en  1584  au  bourg  même  de  Neu- 
ville, confrontant  au  Sirieix,  Las  Boyges.  (Lambeaux  du 
terrier  de  Neuville,  au  château  du  Gibanel,  de  M.  le 
comte  de  Combarel,  commune  de  St-Martial-Entraygues.) 

Arcolent,  identifié  Arche  (Nonars)  par  M.  D.,  qui 
renvoie  à  la  charte  GXIV,  où  il  n'en  est  pas  question, 
doit  être  le  Coulin,  ar  pour  aly  article  (Espagnac),  dont 
partie  fut  jadis  baptisée  le  Goulen-Lioubert.  Ne  pas  per- 
dre de  vue  que  c'est  Adémar  de  la  Roche  qui  donne, 
en  1059.  Espagnac  était,  au  xvii®  siècle,  de  la  baronnie 
de  La  Roche  (témoin  M.  Bombai,  Bulletin  de  Tulle),  et 
les  seigneurs  de  La  Roche-de-Saint-Maur  (puis  Ganillac) 
eurent  des  rentes  nombreuses,  vers  1480,  disséminées 
dans  le  demi-circuit,  au  nord  d' Argentat. 

Le  prieuré  des  Bénédictines  de  Saillac-las-Mongeas 
compta  parmi  ses  biens  un  tènement  d'Arcolenia  (Saillac, 
canton  de  Meyssac)  répondant  à  peu  près  à  Drocoleno, 
mais  la  charte  CXLVIP  nous  retient  en  la  vicaria  asna'- 
censiy  où  Saillac  ne  fut  pas  encadrée,  selon  toute  appa- 
rence. 

Fraisinias.  d.  Freyssin^î  (Sexcles).  G.  Freyssinges  (For- 
gés?) et  non   un  diminutif.  Mansum  Gauzbert  Paoliaco. 


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—  182  — 

D.  place  Gaubert  à  Loubressac  et  Pauliac  en  la  com- 
mune de  Tauriac  ou  de  Bretenoux.  Nouveau  divorce. 
Or,  mansum  Guazbert  de  Margualgas  signifie  le  manse 
appelé  Gazbert,  dépendant  du  lieu  ou  de  la  villa  de 
Margualgas,  autrement  dit  situé  soit  dans  Margualgas, 
soit  immédiatement  autour  de  lui,  toujours  dans  le  péri- 
mètre de  son  commandement.  Un  caporal  a  ses  quatre 
hommes  dans  sa  main,  à  sa  portée.  Le  cap-manse,  chef- 
manse  (devenu  chez  nous  chammas,  chamard,  parfois 
chimor,  —  en  Quercy  capmas,  cammas),  a  de  même  au- 
tour de  lui  ses  manses  ou  mas,  mayne,  ceux-ci  à  leur 
tour  assortis  de  leurs  seconds,  lesquels,  saufs  la  borie 
(postérieurement  du  moins  plus  importante  que  le  mas), 
sont  tous  des  variantes  diminutives  du  Mas,  sous  le  nom 
de  bachellerie,  borde,  borderie,  Mesnil,  Maynial,  Mey- 
niel  —  Magnaux?  Le  tout  est  compris  dans  la  villa  (ayant 
parfois  son  diminutif  le  Vialard),  elle-même  dominée  par 
la  cap-villa,  chavialle,  chivialle,  cheyvialle,  etc.  (i). 

Déterminer  la  position  de  Pauliac  c'est  donc,  à  1,500 
mètres  près,  fixer  aussi  celle  de  son  subordonné,  le  manse 

Gauzbert,  auquel  on  ne  peut  assigner  une  paroisse  dif- 
férente. Nous  pensons  qu'on  a  ici  en  vue  Pauliac  (Sé- 
rilhac). 

Sbrruz.  D.  0.  —  G.  Seruch  (Sérillac),  ou  mieux  Seruch, 
de  Lostanges,  disparu.  Saulleiras.  D.  0.  —  G.  Saulières 
(Monceau),  bien  mieux  que  la  Saulière  (Marcillac-la- 
Croizille),  ou  La  Saulière,  1473,  près  la  Borderie  de 
Beynat  (papiers  de  Nussac,  liasse  d'Obazine). 

Cambono.  g.  Probablement  Monceau.  Bauduzono,  pro- 
bablement Boudigou.  D.  Ghambon  (Laguenne,  Favars  ou 
Monceau).  Bodessou  (Gornac,  Lot). 

Jadaliaco.  d.  g.  —  G.  Gauliac  (Sérilhac),  pouvant,  au 
contraire,  avoir  même  provenance  que  le  mot  patois 
gauïlle,   flaque  d'eau.  GaiUac  (Altillac),  1672,  tènement 


(1)  Voir  aussi  les  pages  CI  à  GIIl  de  Tlntrod.  de  M.  Deloche. 


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—  183  ^ 

près  du  Sagrier  (papiers  de  M.  de  Veyrières).  Jaulhac, 
près  Artiges  de  Saint-Privat  (minutes  de  1708,  détenues 
par  M.  Hourtoule,  propriétaire  à  La  Besse  (Saint-Julien- 
au-Bois). 

Betalia.  D.  Bétaille,  commune  du  Lot.  —  C.  Bétaille 
(Sain t-Bonnet-el- Vert),  mieux  que  la  Bétalie,  siège  d'un 
fief  de  la  maison  de  Costa,  dans  une  île  près  de 
Liourdre.  Voici  les  autres  concurrents  :  1517.  La  Be- 
tholie,  manse  dans  Ghampagnac-près-La-Roche,  La  Bé- 
taille (Nonars),  dépendant  de  Lestrade,  La  Bétaille  (Al- 
tillac),  1672,  près  le  Queyrou,  enfin  la  Bétaille,  affar 
(ïfetaillac),  près  le  chemin  du  dit  à  Beaulieu,  1740.  Tous 
exprimant  Tidée  de  bouleau,  comme  Betugum,  Betuc. 

Maisse.  g.  Lostanges.  D.  Maisse  (Végennes  ou  Ma- 
cheix).  Il  n'y  en  a  pas  à  Chenaliers^Mascheix,  mais  à 
côté,  à  Lostanges. 

(CHARTE  LXXXIIL  —  En  marge  de  vicariam,  suivi 
de  S.  Gozfredi  et  Folcussal,  signifiant  :  Signum  Gozfredi 
et  F.  Tannotateur  anonyme  du  manuscrit  de  Gosta  a 
écrit  :  D'uno  terro  que  es  in  la  vicario  de  San  Gozfredi. 
Autre  grosse  preuve  de  son  inaptitude  à  lire,  et  nouvelle 
invitation  à  ne  tenir  compte  de  ses  essais  d'identification 
qu'avec  la  plus  grande  réserve. 

GHARTE  LXXXIV.  —  Genebreria.  D.  La  Genevrière 
( Saint -Ghamans).  G.  Mieux,  la  Ginebrière,  encore  de 
Turenne.  Il  y  eut,  en  outre,  La  Genebrière,  1748  (Tu- 
renne),  sise  dans  Gondre,  et  la  Genebrière,  1600  (Li- 
gneyrac)  —  [Chartrier  de  M.  le  marquis  de  Gosnac,  au 
château  de  Gosnac,  cotés  :  biens  de  Turenne].  —  Plus 
la  Genebrière  (paroisse  de  Beaulieu-Notre-Dame),  tène- 
ment  dépendant  d'el  Batut,  1601  [Minutes  de  l'étude  de 
M«  Bonneval,  à  Beaulieu]. 

Nous  ne  proposerons  pas  Genebra  (Noailhac),  1517,  près 
les  Mazeaux-Las  Ginebras,  in  parochia  de  Vallibus  (Lot), 
1486,  près  des  Quatre-Routes  (papiers  de  Lépinay). 


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—  184  — 

Damiaco.  D.  0.  —  C.  In  vicaria  Torncnse,  selon  les  do- 
nations n~  78  et  108. 

(A  suivre.) 


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MEYMAC  ET  SON  ABBAYE 

ÉTUDES    HISTORIQUES 


CHAPITRE  VI 


L'instruction  publique.  •—  La  poste.  —  Arrêtés  des  consuls.  —  La 
commune  poursuit  l'annulation  de  la  sentence  de  Turgot.  — . 
Démission  des  consuls.  —  Nouvelle  administration.  —  Hommage 
rendu  à  Turgot  par  la  commune.  —  Arrêt  du  grand  Conseil  sur 
l'emploi  du  produit  des  fondations  de  la  Gène  et  de  la  Chan- 
deleur. —  M.  Thomas,  député  aux  États  généraux.  —  La  com- 
mune de  Meymac  s'unit  aux  communes  de  Tulle  et  d'Uzerche.  — 
Une  députation  de  la  ville  de  Tulle  à  Meymac.  —  L'émeute  de 
Favars.  —  Lutte  entre  Tulle  et  Brive  pour  obtenir  le  titre  de 
chef-lieu  de  département;  entre  Ussel  et  Meymac  pour  obtenir 
le  titre  de  chef-lieu  du  district.  •—  Le  premier  juge  de  paix  de 
Meymac.  —  La  route  départementale  n"  1.  —  M.  Barlet,  curé 
constitutionnel.  —  Retour  de  M.  Thomas,  ancien  curé.  —  Le  dé- 
cret sur  la  constitution  civile  du  clergé  jugé  par  les  membres 
du  district  d'Ussel.  —  L'inventaire  du  mobilier  des  biens  dis- 
tincts. —  La  châsse  de  saint  Léger,  patron  de  la  ville.  —  Le 
dernier  Bénédictin  de  Meymac. 

§1 

N  rendant  une  décision  provisoire  dans  l'af- 
faire de  la  Cène  et  de  la  Chandeleur,  Tur- 
^^  got  .avait  eu  en  vue  l'apaisement  des  esprits. 
Il  espérait  que  le  temps  et  la  réflexion  amène- 
raient la  municipalité  de  Meymac  à  reconnaître 
que  sa  sentence  était  équitable  au  fond,  et  que 
si  elle  diminuait  les  ressources  dont  l'adminis- 
tration locale  pouvait  disposer,  elle  constituait  un 
patrimoine  destiné  aux  pauvres,  capable  d'alléger 
la  charge  imposée  de  ce  chef  à  tous  les  habi- 
tants. Ces  prévisions,  en  1772  et  durant  le  cours 
de  Tannée  1773,  semblèrent  se  réaliser,  et  toute 

T.  IX.  •  8-1 


*       ^ 


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—  186  — 

Tactivité  des  consuls  se  porta  sur  les  réformes 
et  sur  les  institutions  administratives  de  la  cité. 
L'instruction  publique,  le  service  de  la  poste,  la 
police  locale,  etc.,  etc.,  furent  réorganisés  et  ré- 
glementés de  nouveau.  Il  paraît  qu'à  cette  époque 
les  écoles  du  monastère  étaient  fermées,  ou  qu'un 
appel  avait  été  fait  à  un  étranger,  puisque,  dans 
une  délibération  du  1*"  novembre  1772,  l'assem- 
blée communale,  désireuse  de  procurer  aux 
enfants  et  à  la  jeunesse  les  moyens  de  s'ins- 
truirej  accueille  comme  régent  de  la  commune 
le  sieur  Nicolas  Rambur,  natif  de  la  ville  de 
Blois,  sur  les  attestations  de  bonnes  vie,  mœurs 
et  capacité  dont  il  est  porteur. 

La  commune  de  Meymac  possédait  depuis  long- 
temps un  capital  de  quinze  cents  livres,  placé 
chez  MM.  Ghabrerie  et  Ghassaing  de  Bonnefond, 
uniquement  affecté  à  l'instruction  publique,  mais 
iûsuffisant  à  doter  convenablement  le  service  au- 
quel il  était  destiné.  Qu'on  soit  homme  ou  qu'on 
soit  commune,  l'esprit  devient  inventif  lorsqu'il 
est  aux  prises  avec  une  difficulté,  et  les  anciens 
consuls  de  Meymac  raisonnèrent  comme  on  rai- 
sonne à  notre  époque  et  dirent  :  «  La  commune 
paiera  à  l'instituteur  soixante -quinze  livres  par 
an,  produit  de  l'intérêt  des  quinze  cents  livres 
affectées  à  l'instruction  publique.  Gette  somme 
étant  insuffisante  comme  rémunération,  les  éco- 
liers qui  voudront  apprendre  le  latin  seront  tenus 
de  payer  au  régent  trente  sols,  et  les  commen- 
çants dix  sols.  »  Ils  fixèrent  la  rétribution  sco- 
laire à  laquelle  seraient  soumis  les  enfants  qui 


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—  187  — 

fréquenteraient  Técole,  et  à  Texœption  de  la  liste 
des  indigents  nouvellement  introduite,  ils  prati- 
quèrent le  système  actuellement  suivi  :  subven- 
tion communale  d'une  part,  rétribution  indivi- 
duelle de  Fautre.  Il  paraît  que  la  ville  était 
privée  d'instituteur  depuis  un  certain  temps,  car 
la  même  délibération  porte  que  les  arrérages  du 
capital  destiné  à  l'instruction  publique  seront 
employés  à  payer  les  gages  restés  dûs  au  pos- 
tillon (1). 

En  principe,  les  frais  de  distribution  des  let- 
tres étaient  une  charge  imposée  à  la  commune; 
mais  lorsque  les  ressources  étaient  épuisées,  le 
corps  municipal  usait,  dans  son  omnipotence, 
d'un  moyen  énergique  et  sûr  :  il  grevait  d'un 
droit,  payé  par  le  destinataire,  chaque  lettre 
arrivant*  au  bureau  de  Meymac  (2). 

On  devine  les  graves  inconvénients  que  devaient 
engendrer  les  prérogatives  que  s'attribuaient  les 
corps  municipaux,  en  matière  de  taxes  locales. 
L'arbitraire  n'était  pas  le  seul  défaut  qu'on  pût 


(1)  Porteur  des  dépêches. 

(2)  La  preuve  du  fait  que  nous  avançons  résulte  des  termes  de 
la  délibération  que  prit  la  municipalité  le  1"  novembre  1772;  elle 
est  ainsi  conçue  : 

«  Gomme  les  deux  sols  ci-devant  taxés  en  sus  du  montant  de 
chaque  lettre  qui  parvient  à  ce  bureau,  destinés  au  paiement  du 
gage  du  postillon,  sont  de  beaucoup  insuffisants,  et  qu'il  n'y  a 
point  d'autre  revenu  de  ville  pour  suppléer  ce  manquement,  la 
communauté  délibère  que  toutes  les  lettres  qui  parviendront  au 
bMgau  de  Meymac  paieront  trois  sols  au  lieu  de  deux  sols,  en 
•iflHe  la  taxe  ordinaire,  desquels  trois  sols  le  postillon  sera  tenu 
^wfm  contenter  pour  le  paiement  de  ses  gages,  à  partir  du  1*'  jau* 
vier  prochain.  » 


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—  188  — 

reprocher  à  ceux  qui  prenaient  la  responsabilité 
de  semblables  actes;  il  existait  un  danger  plus 
grave,  c'était  de  laisser  les  populations  exposées 
à  Timprévoyance,  au  caprice  ou  à  Timpéritie  de 
leurs  administrateurs,  alors  même  que  ces  der- 
niers n'auraient  eu  d'autre  but  que  de  donner 
satisfaction  aux  intérêts  publics. 

Si  nous  comparons  ces  anciens  usages  aux  pra- 
tiques actuelles,  et,  pour  ne  pas  sortir  de  notre 
sujet,  à  l'organisation  du  service  des  postes,  de 
ce  chef  nous  n'aurons  rien  à  envier  au  passé. 
Peu  de  communes  en  France,  si  elles  étaient 
livrées  à  leurs  propres  ressources,  pourraient 
subvenir  aux  frais  du  transport  des  dépêches,  à 
moins  d'une  élévation  considérable  dans  le  prix 
de  la  taxe,  ce  qui  nuirait  aux  intérêts  privés  et 
aux  intérêts  généraux  du  pays.  Mais,  par  une 
application  sage  des  principes  de  mutualité,  les 
villages,  les  conmiunes  ou  les  départements  sont 
unis  entre  eux,  et  les  excédants  de  recette  per- 
çus sur  un  point  servent  à  combler  le  déficit  qui 
se  produit  ailleurs,  en  généralisant  les  bienfaits 
de  cette  grande  et  féconde  institution.  Quel  que 
soit  le  produit  des  recettes  d'une  localité,  le 
service  se  fait,  la  dépêche  parvient  frappée  d'une 
taxe  uniforme,  et,  sans  accroître  la  charge  des 
plus  riches,  les  plus  pauvres  sont  secourus.  De 
tous  les  impôts  indirects,  le  plus  juste,  celui  qui 
peut  le  moins  donner  lieu  aux  critiques  est  in- 
contestablement l'impôt  qui  grève  le  transçïort 
des  dépêches.  Il  est  juste  parce  qu'il  représente 
le  prix    d'un    service   rendu   et  immédiatement 


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—  189  - 

appréciable;  il  ne  peut  être  critiqué  parce  qu'il 
n'atteint  que  celui  qui  profite  de  ce  service,  et 
qu'on  peut  lui  appliquer  le  proverbe  :  à  donnant 
donnant.  Il  serait  à  désirer  que  dans  un  grand 
nombre  de  *caSj  notamment  dans  l'exécution  des 
travaux  publics,  les  mêmes  principes  de  justice 
distributive  fussent  appliqués,  et  que  Timpôt  re- 
vint sous  une  forme  ou  sous  une  autre  aux  po- 
pulations qui  l'ont  payé.  L'homme  d'État  qui 
tenterait  d'agir  de  la  sorte  éloignerait  des  cen- 
tres populeux  les  habitants  des  campagnes  qui 
y  accourent,  et  il  serait  aussi  logique  que  peut 
l'être  le  propriétaire  intelligent  d'un  domaine,' 
qui  ne  néglige  aucun  de  ses  héritages  et  cherche 
à  les  rendre  tous  également  fertiles.  L'augmen- 
tation des  produits  qu'il  obtient  ne  tarde  pas  à 
le  dédommager  des  sacrifices  qu'il  a  pu  momen- 
tanément s'imposer,  et,  sans  grand  effort  de  génie, 
sa  fortune  s'accroît  par  la  simple  pratique  des 
règles  du  bon  sens  et  de  la  prévoyance  la  plus 
vulgaire. 

Nous  avons  dit  ailleurs  que  la  nomination  du 
premier  et  du  second  consuls  de  la  commune 
de  Meymac  était  faite  par  le  seigneur.  En  1773, 
la  charge  de  second  consul  fut  confiée,  par  le 
prince  de  Soubise,  à  M.  Dupuy  de  la  Farge, 
qui  prêta  serment  entre  les  mains  du  juge  de 
la  châtellenie  et  fut  installé  le  24  février  1773  (1). 


(1)  Gomme  il  s*agit  d'une  coutume  locale,  nous  donnons  ci-après 
le  texte  de  Tordonnance  rendue  par  le  seigneur  de  Meymac  : 

«  Charles  de  Rohan,  prince  de  Soubise,  duc  de  Roban  et  de 
Ventadour,  pair  et  maréchal  de  France,  etc.,  etc.,  A  tous  ceux 


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—  190  — 

Aussitôt  après  cette  installation,  les  deux  con- 
suls prirent  de  nouveaux  arrêtés  relatifs  à  la 
salubrité  publique^  à  la  tenue  des  marchés  et 
aux  heures  où  il  serait  permis  aux  étrangers 
de  s'y  approvisionner.  Quelques-uns  de  ces  règle- 
ments figurent  encore  avec  avantage  sur  le  re- 
gistre des  arrêtés  de  nos  édiles  modernes,  pour 
témoigner  qu'à  toutes  les  époques  le  besoin  de 
la  réglementation  s'est  fait  sentir  et  s'est  imposé 
comme  une  nécessité. 

Quelques  jours  après,  les  consuls  fixèrent  le 
prix  du  pain  et  de  la  -viande.  Le  pain  de  fro- 
ment fut  taxé  à  quatre  sols  la  livre,  le  pain 
de  seigle  à  deux  sols,  et  il  fut  fait  défense  aux 
aubergistes  de  vendre  la  livre  de  pain  plus  de 
deux  liards  au-dessus  de  la  taxe. 

Quant  à  la  viande,  les  prix  en  furent  réglés 
comme  il  suit  :  le  bon  bœuf,  trois  sols  la  livre; 


qui  ces  présentes  lettres  verront,  salut,  savoir  faisons  que  :  Vu 
la  délibération  des  consuls,  communauté  des  habitants  de  la  ville 
de  Meymac  du  13  du  présent  mois,  par' laquelle  la  dite  commu- 
nauté a  désigné  trois  des  dits  habitants,  parmi  lesquels  nous  avons 
6  droit  d'en  choisir  un  pour  exercer  l'office  de  second  consul,  et 
sur  le  bon  rapport  qui  nous  a  été  fait  de  la  personne  du  sieur 
Dupuy  de  la  Farge  et  de  ses  bonnes  vie  et  mœurs,  religion  catho- 
lique,  apostolique  et  romaine,  probité,  capacité  et  expérience,  nous 
l'avons  nommé  et  nommons,  par  ces  présentes,  pour  exercer  le  dit 
office  de  second  consul  pendant  l'année  1773,  aux  honneurs,  privi- 
lèges et  prérogatives  y  attachés,  et  en  jouir  comme  en  ont  joui, 
ou  dû  jouir,  ceux  qui  ont  été  précédemment  pourvus  du  dit  office. 

»  Mandons  au  juge  général  de  notre  duché,  au  juge  particulier 
de  notre  châtellenie  de  Meymac,  et  à  tous  nos  officiers,  qu'après 
avoir  pris  du  sieur  Jean  Dupuy  de  la  Farge  le  serment  en  tel  cas 
requis,  ils  aient  à  le  recevoir  et  installer  au  dit  office  et  aux  habi" 
tants  de  notre  ville  de  Meymac  de  le  reconnaître  en  la  dite  qualité. 

»  Donné  à  Paris,  le  20  décembre  1772.  » 


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-  191  — 

les  bons  endroits ^  trois  sols  et  demi;  la  vêle 
et  la  vache,  deux  sols  six  deniers  la  livre,  avec 
injonction  aux  bouchers  de  vendre  la  viande  en 
détail,  de  n'abattre  d'animaux  que  le  samedi 
matin,  à  partir  du  mois  de  septembre,  d'en  tuer 
pendant  Tété  deux  fois  par  semaine,  et  de  ne 
livrer  aucune  viande  provenant  d'animaux  atteints 
de  maladie  (1). 

,  L'usage  des  arrêtés  de  police  n'est  donc  pas 
nouveau,  et  l'ancienne  autorité  locale  cherchait 
à  protéger  la  population,  en  ce  qui  concerne  la 
vente  des  objets  de  première  nécessité,  contre 
l'exagération  des  prix  qu'auraient  pu  exiger  leâ 
divers  fournisseurs.  D'autres  idées,  basées  sur  le 
principe  de  la  liberté  commerciale,  semblent  avoir 
prévalu  de  nos  jours  :  on  a  pensé  que  le  déve- 
loppement de  la  concurrence  contribuerait  à  éta- 
blir dans  les  prix  un  niveau  équitable,  que  l'abo- 
lition du  privilège,  la  pratique  de  l'offre  libre 
et  de  la  demande  libre  suffiraient  à  sauvegarder 
tous  les  droits.  L'expérience  se  fait,  et  l'avenir 
dira  si  l'application  de  ce  système  est  utile  ou 
nuisible  à  la  masse  des  consommateurs. 

En  1774,  M.  Treich  des  Farges  cessa  ses  fonc- 
tions de  premier  consul;  il  fut  remplacé  par 
M.  Joseph  Treich  des  Farges,  son  fils,  aux  ter- 
mes d'une  ordonnance  du  prince  de  Soubise  du 
14  décembre  1773.  L'arrivée  aux  affaires  de  ce 
nouveau  magistrat  vint  réveiller  la  question  de  la 


(1)  Arrêtés  des  24  février  1773,  21  mars  1773  et  7  avril  de  la 
même  année.  (Extrait  du  livre  de  ville.) 


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—  192  — 

Cène  et  de  la  Chandeleur,  assoupie  depuis  quel- 
que temps.  La  poursuite  d'une  solution  définitive 
préoccupa  les  esprits,  et  tous  les  efforts,  toute 
Ténergie  de  l'administration  se  tournèrent  de  ce 
côté.  En  effet,  le  16  janvier  1774,  le  corps  mu- 
nicipal prend  une  délibération  par  laquelle,  après 
avoir  reproduit  les  arguments  que  nous  connais- 
sons, il  charge  le  premier  consul  d'appuyer  ces 
nouvelles  réclamations  auprès  de  l'intendant,  et 
de  faire  triompher  le  droit  de  la  commune,  mé- 
connu par  la  décision  provisoire.  Cette  tentative 
fut  sans  résultat  puisque,  quelque  temps  après, 
nous  voyons  le  premier  consul  convoquer  en  la 
maison  de  ville  une  assemblée  populaire,  à  la- 
quelle se  rendirent  le  juge  de  la  châtellenie, 
les  conseillers  et  les  notables  habitants.  Le  pre- 
mier consul  fit  un  exposé  sommaire  de  l'état 
des  affaires  locales;  il  rappela  que  tous  les  ser- 
vices publics  étaient  en  souffrance,  que  sans 
revenu  il  n'était  pas  possible  de  pourvoir  aux 
charges  publiques,  et  qu'à  tout  prix  il  fallait 
créer  des  ressources.  Il  pria  ensuite  l'assemblée 
de  formuler  son  avis  et  d'indiquer  les  moyens 
qu'elle  croirait  propres  à  faire  sortir  la  commune 
de  cette  situation.  Alors,  dans  une  délibération 
générale  et  unanime,  les  habitants  déclarèrent 
repousser  l'établissement  d'un  impôt  extraordi- 
naire, vu  l'impossibilité  où  était  la  population 
de  pouvoir  payer  même  Timpôt  royal;  implorer 
la  justice  de  l'intendant  pour  qu'il  lui  plaise, 
en  attendant  sa  décision  au  fond,  attribuer  pro- 
visoirement à  la  commune  et  aux   consuls   en 


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-T-  193  — 

charge  le  produit  des  redevances  des  fondations 
de  la  Cène  et  de  la  Chandeleur,  pour  être  em- 
ployé aux  réparations  indispensables  et  aux  ser- 
vices les  plus  urgents. 

Le  tableau,  peut-être  exagéré,  des  souffrances 
de  la  population  et  les  plaintes  de  rassemblée 
populaire,  n*étaient  sans  doute  que  le  prélude 
de  moyens  plus  énergiques  auxquels  les  consuls 
allaient  avoir  recours.  En  effet,  au  moment  où 
l'assemblée  réclamait  l'attribution  provisoire  du 
produit  des  deux  fondations  en  litige,  la  sentence 
définitive  de  M.  Turgot  était  rendue  depuis  longr 
temps.  Les  consuls  n'avaient  pu  ignorer  cette  cir- 
constance, et,  sans  doute,  ils  avaient  tenu  secrète 
la  décision  de  l'intendant,  qui  leur  était  défe-t 
vorable,  afin  d'agir  sur  l'opinion  publique,  et  de 
s'en  faire  un  point  d'appui  dans  la  lutte  que 
probablement  ils  avaient  résolu  d'entreprendre. 

Ces  appréciations,  vraies  ou  fausses,  ne  modi- 
fient point  les  faits,  et,  le  15  août  1774,  le  pre- 
mier  consul  fit  donner  lecture  à  la  communauté 
du  jugement  définitif,  rendu  par  Turgot  le  27 
mars  précédent,  par  lequel  le  produit  des  rede- 
vances de  la  Cène  et  de  la  Chandeleur  était 
attribué  aux  pauvres,  en  attendant  qu'il  en  fût 
fait  par  le  dit  intendant  un  emploi  d'une  utir 
Uté  constante  pour  les  malheureux,  k  la  suite 
de  cette*  communication,  l'assemblée  prit  la  ré- 
solution suivante  : 

«  Considérant  que,  malgré  les  vues  de  bien  public 
qui  ont  déterminé  le  jugement  du  dit  seigneur  inten-» 
dant,  la  commune  ne  peut  souscrire  à  son  exécution 


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—  194  — 

sans  porter  un  préjudice  considérable  à  ses  intérêts,  elle 
a  unanimement  délibéré  de  se  pourvoir  au  Conseil  d'État 
de  sa  Majesté  pour  obtenir  la  conservation  des  dites 
redevances  dont  elle  se  trouve  privée,  et  éviter  des  im- 
positions extraordinaires  que  la  disette  publique  rendrait 
aussi  funestes  qu'elles  sont  inévitables  dans  la  situation 
présente  de  ses  affaires. 

»  A  ces  fins,  elle  supplie  sa  Grandeur  de  vouloir  bien 
rautoriser  à  lui  permettre  de  faire  appel  de  son  juge- 
ment, pénétrée  du  plus  profond  respect  pour  ses  déci- 
sions et  de  la  plus  vive  reconnaissance  pour  les  bien- 
faits qu'elle  en  a  reçus  dans  tous  les  temps.  Elle  ose 
lui  certifier  que  la  nécessité  seule  et  le  besoin  la  for- 
cent à  la  démarche  qu'elle  fait.  » 

La  netteté  et  le  laconisme  de  cette  délibération, 
les  sentiments  qui  y  sont  exprimés,  honorent  les 
appelants  aussi  bien  que  le  juge,  dont  ils  vou- 
laient faire  réformer  la  sentence,  car  Turgot 
accueillit  leur  demande  et  permit  que  la  cause 
fût  déférée  au  Conseil  d'État  du  roi,  alors  qu'il 
aurait  pu  s'y  opposer  et  faire  punir  les  consuls 
de  cinq  cents  livres  d'amende  en  s'appuyant  sur 
l'arrêt  du  Conseil  du  26  avril  1771,  qui  l'avait 
chargé  de  juger  cette  question  définitivement  et 
sans  appel.  Mais  les  sentiments  de  justice  et  la 
droiture  qui  présidaient  à  ses  actes,  l'ampleur  de 
ses  idées  le  rendaient  supérieur  à  ces  hommes 
vulgaires  qu'afflige  tout  contrôle  et  qui  croient  à 
leur  infaillibilité. 

Le  jugement  de  M.  Turgot  fut  inspiré  par  des 
motifs  bien  différents  de  ceux  qui  faisaient  agir 
les  consuls.  A  ses  yeux,  les  redevances  de  la  Cène 
et  de  la  Chandeleur  avaient  été  établies  dans  un 


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—  195  — 

but  charitable,  et  les  diverses  applications  qui 
avaient  été  faites  du  produit  de  ces  rentes  ne 
leur  faisaient  point  perdre  leur  caractère  primitif 
et  la  destination  qu'avait  eue  en  vue  le  fondateur. 
Il  voyait  d'ailleurs  dans  ces  ressources  Télément 
d'une  fondation  future,  puisqu'il  se  réservait  d'en 
faire  un  emploi  d'une  utilité  constante  pour 
les  malheureux.  Les  consuls,  au  contraire,  n'en- 
visageant que  les  besoins  urgents  et  journaliers 
de  l'administration,  l'impossibilité  où  ils  étaient 
de  faire  face  aux  services  publics,  et  leur  jouis- 
sance, longtemps  prolongée,  s'appuyaient  sur  l'ar- 
rêt de  1734,  qui,  de  ce  chef,  leur  avait  donné 
gain  de  cause  et  constituait  leur  droit  juridi- 
quement. 

L'étude  de  la  vie  municipale,  au  sein  même 
d'une  petite  localité,  n'est  pas  sans  intérêt;  et, 
si  dans  ces  assemblées  communales  le  sentiment 
individuel  domine,  on  y  voit  aussi  l'explosion  de 
la  plus  douce  et  de  la  plus  aimée  des  patries  : 
la  patrie  de  la  famille  et  du  clocher.  Il  fallait 
que  les  habitants  de  Meymac  eussent  une  con- 
fiance absolue  dans  la  justice  de  leur  cause, 
pour  tenter  une  lutte  inégale  contre  l'homme 
dont  l'impartialité  et  les  lumières  étaient  indis- 
cutables, et  duquel  la  population  avait  reçu  de 
nombreux  bienfaits.  Pour  des  questions  de  per- 
sonnes, pour  de  futiles  intérêts,  ils  ne  se  seraient 
pas  exposés  à  manquer  aux  lois  de  la  reconnais- 
sance envers  celui  qui  les  avait  secourus  durant 
les  temps  d'épreuve,  qui  avait  cherché  à  re- 
lever leur  pays,  à  améliorer  les   institutions  et 


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—  196  — 

à  faire  disparaître  les  abus.  Ils  se  trompaient 
peut-être,  mais  leur  erreur  môme  était  excusable 
s'ils  croyaient  obéir  à  la  loi  du  devoir, 

§11 

La  résolution  extrême  prise  par  le  corps  mu- 
nicipal n'empêcha  pas  cette  assemblée  de  re- 
prendre à  nouveau  la  question  de  l'instruction 
publique,  précédemment  confiée  au  sieur  Ram- 
bur,  qui  cessa  ses  fonctions  le  23  octobre  1774. 
Une  délibération  eut  lieu  à  cet  effet  et  décida 
que  les  Bénédictins  seraient  priés  de  se  charger 
de  l'éducation  des  enfants,  et  qu'un  placet  serait 
présenté  dans  ce  but  au  directeur  général  de  leur 
ordre.  Dans  la  même  réunion,  les  consuls  se  plai- 
gnirent de  la  disparition  des  papiers  publics  et 
des  titres  de  la  ville;  ils  firent  ressortir  l'im- 
portance que  pouvait  avoir  pour  la  commune  la 
conservation  d'une  foule  de  documents  anciens,  et 
l'utilité  qu'il  y  avait  à  en  maintenir  le  dépôt 
intact.  L'assemblée,  s'associant  unanimement  à 
ces  idées,  ordonna  qu'on  rechercherait  partout 
où  il  serait  nécessaire  les  papiers  de  la  ville, 
disséminés  chez  un  grand  nombre  de  partie 
culiers.  Enfin  il  fut  résolu,  dans  la  même 
séance,  d'adresser  une  supplique  au  contrôleur 
général,  pour  que  les  marchés,  qui  n'avaient  lieu 
à  Meymac  que  depuis  le  l*""  décembre  jusqu'à 
la  fin  du  carême,  fussent  tenus  à  l'avenir,  durant 
toute  l'année,  le  jeudi  de  chaque  semaine. 

La  Révolution  seule  n'a  pas  fait  disparaître  des 


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—  197  — 

archives  de  la  commune  les  vieux  titres  qui  cons- 
tituaient rhistoire  ancienne  de  la  ville.  Il  est 
probable  qu'il  existait  une  foule  de  documents 
d'un  intérêt  réel  et  sérieux,  parmi  lesquels  quel- 
ques-uns devaient  rappeler  le  souvenir  du  pas- 
sage des  Anglais  dans  nos  contrées.  Ces  enva- 
hisseurs ont  en  effet  passé  trop  près  de  notre 
ville,  qu'entouraient  des  murailles,  pour  n'être 
pas  venus  jusqu'à  elle,  et  s'ils  n'ont  pas  foulé 
le  sol  natal,  ils  ont  dû  en  avoir  le  désir  et  au 
moins  inquiéter  le  pays. 

Dès  la  fin  de  l'année  1774,  le  premier  consul 
était  convaincu  que  l'appel  formé  contre  la  sen- 
tence de  Turgot  serait  sans  résultat,  et,  dans  une 
réunion  tenue  par  le  corps  municipal,  il  exposa 
qu'en  vain  il  s'était  donné  tout  le  mouvement 
possible  pour  conserver  à  la  communauté  la  pro- 
priété des  redevances  de  la  Cène  et  de  la  Chan- 
deleur, qu'il  se  voyait  contraint  ou  de  prêter  son 
concours  à  l'établissement  d'un  impôt  extraordi- 
naire, ou  de  voir  dépérir  sous  son  administration 
tous  les  édifices  publics;  qu'il  suppliait,  en  con- 
séquence, l'assemblée  de  présenter  à  Son  Altesse 
le  prince  de  Soubise  des  sujets  pour  faire  nom- 
mer un  premier  consul  à  sa  place  (1). 

Le  corps  municipal,  tout  en  appréciant  les  mo- 
tifs qui  inspiraient  la  détermination  prise  par  le 
premier  consul,  refusa  de  faire  droit  à  sa  de- 
mande, et  usa  d'un  moyen  dilatoire  en  déclarant 
«  qu'il  était  à  sa  connaissance  qu'aucun  membre 

(1)  Extrait  du  livre  de  ville,  séance  du  18  décembre  1774. 


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—  198  — 

de  rassemblée,  non  plus  que  les  autres  particu- 
liers de  la  ville,  n'étaient  décidés  à  accepter  la 
charge  de  consul,  et  qu'avant  de  présenter  un 
nouveau  candidat,  il  était  utile  d'adresser  un  mé- 
moire au  prince  de  Soubise,  seigneur  de  Mey- 
mac,  pour  lui  exposer  les  besoins  de  la  ville, 
lui  rappeler  les  témoignages  de  bienveillance 
qu'elle  avait  reçus  de  lui,  et  le  prier  d'accorder 
à  la  commune  sa  protection  dans  la  poursuite 
de  l'appel  qu'elle  avait  fait  du  jugement  de 
M.  Turgot.  » 

Il  y  avait  quelque  courage  à  soutenir  et  à 
poursuivre  une  lutte  aussi  disproportionnée,  car 
Turgot  était  alors  ministre  de  Louis  XVI  et 
presque  tout-puissant  dans  les  conseils  du  roi. 
Mais  cette  résistance,  en  quelque  sorte  déses- 
pérée, ne  s'appuyait  pas  sur  une  opinion  indi- 
viduelle, sur  un  parti  local,  elle  avait  un  carac- 
tèj:e  plus  avouable  et  plus  noble,  elle  avait  sa 
source  dans  une  confiance  absolue  en  la  justice 
et  dans  un  amour  profond  pour  les  intérêts  du 
pays. 

Le  prince  de  Soubise  ne  put  utilement  inter- 
venir dans  la  question  ou  il  refusa  son  concours 
au  corps  municipal,  car  durant  quelques  mois  la 
commune  fut  privée  d'administration. 

Les  conseillers  et  les  notables,  convoqués  au 
siège  de  la  municipalité,  s'abstinrent  d'assister 
aux  réunions,  et  le  2  avril  1775,  les  consuls 
ayant  fait  une  dernière  tentative  pour  former  une 
assemblée  communale,  se  voyant  seuls  et  isolés, 
dressèrent  un  procès-verbal  dans  lequel  on  lit  : 


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—  199  — 

a  La  réformation  du  jugement  de  M.  Turgot 
n'ayant  pas  chance  de  réussir,  ils  déclarent  se 
démettre  de  leurs  fonctions  (1),  » 

MM.  Treich  des  Farges  et  Dupuy  de  la  Farge, 
pour  ne  pas  laisser  en  suspens  Tadministration 
de  la  ville,  et,  quoique  privés  du  concours  de 
leurs  collaborateurs,  présentèrent  au  prince  de 
Soubise,  comme  candidats  aux  fonctions  de  pre- 
mier et  de  second  consuls,  MM.  Mary,  Ghabrerie, 
Dinematin,  Boucheron,  Ghaize  et  Beynel.  Les 
membres  présentés  n'acceptèrent  pas  immédia- 
tement la  candidature  aux  fonctions  de  consuls. 
Les  résistances  se  prolongèrent,  et  M.  Poisson, 
juge  de  la  châtellenie,  fut  obligé  d'intervenir  et 
d'user  de  son  influence  personnelle  pour  amener 
M.  Michel  Mary  et  M.  Boucheron,  du  Mas  de 
Beyne,  à  accepter  la  charge  qui  leur  était  offerte 
d'administrer  la  commune  de  Meymac.  Ces  mes- 
sieurs se  dévouèrent  enfin,  et,  le  19  juin  1775, 
la  nouvelle  administration  fut  composée. 

Les  nouveaux  élus  eurent  à  lutter  contre  les 
mêmes  difficultés  qu'avaient  rencontrées  leurs  pré- 
décesseurs. A  chaque  réunion  se  produisaient  les 
doléances  que  nous  avons  vu  se  produire.  Il 
existait  un  moyen  qui  aurait  permis  de  sortir 
de  cette  situation  précaire  et  de  faire  face  aux 
dépenses,  c'était  l'impôt  extraordinaire;  mais  cha- 
cun le  repoussait  énergiquement,  et  nul  ne  vou- 
lait accepter  la  responsabilité  de  le  créer.  Pressés 
par  le  besoin  et  croyant  échapper  à  la  respon- 

(l)  Extrait  du  livre  de  ville,  séance  du  2  avril  1775. 


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—  200  — 

sabilité  individuelle  de  leurs  actes,  les  membres 
de  la  commune,  oubliant  que  Têtre  moral,  quel 
qu'il  soit,  doit  veiller  aussi  à  son  honneur,  tour- 
nèrent dans  un  cercle  vicieux  et  délibérèrent 
pendant  près  de  deux  années  sur  les  procès  qu'il 
y  aurait  lieu  d'intenter  contre  les  héritiers  de 
M.  Duboucheron  des  Manoux,  ancien  curé  de 
Meymac,  et  contre  ceux  de  M.  Dapeyrou,  ancien 
consul.  On  reprochait  au  premier  d'avoir  laissé 
dépérir,  à  défaut  d'entretien,  le  presbytère  qu'il 
avait  habité  et  qui  était  une  propriété  commu- 
nale. On  accusait  le  second  de  n'avoir  jamais 
rendu  compte  des  revenus  de  la  commune  qu'il 
avait  longtemps  administrée.  La  fortune  publique 
est  aussi  inviolable  que  peut  l'être  la  fortune 
privée,  et,  si  après  la  cessation  des  fonctions 
qu'exerçaient  ces  deux  personnages,  des  poursuites 
justes  et  légitimes  eussent  été  faites  contre  eux, 
nul  n'aurait  eu  le  droit  de  s'en  étonner.  Mais 
qu'après  un  laps  de  trente  ou  de  quarante  ans, 
une  commune  vienne  demander  aux  héritiers 
d'un  prêtre  ou  d'un  administrateur  le  compte 
de  son  usufruit,  ou  d'une  gestion  qu'on  sup- 
pose avoir  été  infidèle,  cela  dépasse  la  limite  de 
ce  qui  est  juste  et  de  ce  qui  est  permis,  pût-on 
invoquer  comme  excuse  les  nécessités  qu'impose 
souvent  le  besoin. 

Malgré  cet  état  de  gêne  et  les  difficultés,  mal- 
gré ces  récriminations  posthumes  et  les  regrets 
que  cause  une  perte  matérielle,  on  vit  jaillir  du 
sein  de  toutes  ces  misères,  du  choc  de  toutes 
ces  passions,  un  éclair  de  justice  et  de  recon- 


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—  201  — 

naissance  pour  l'adversaire  que  Ton  combattait. 
Le  31  mars  1777,  Turgot  n'était  plus  le  soutien 
du  trône,  ni  le  conseiller  d'un  roi  qu'il  avait 
voulu  sauver;  il  était  éloigné  des  affaires,  en 
disgrâce,  et  le  désir  de  flatter  un  puissant  était 
étranger  à  l'hommage  que  lui  rendirent  nos  pères 
dans  une  délibération  qui  mérite  d'être  repro- 
duite et  qui  fut  adressée  à  M.  de  Beaulieu,  son 
successeur  à  l'intendance  de  la  généralité  de  Li- 
moges. Voici  un  des  passages  qui  figurent  dans  ce 
document,  où  il  est  question  du  remboursement 
du  don  gratuit  qu'on  réclamait  à  la  commune  : 

a  La  communauté  de  Meymac,  réduite  à  souffrir  des 
impositions  extraordinaires  pour  les  dépenses  qu'exige 
l'entretien  de  ses  monuments  publics,  épuisée  par  une 
suite  d'années  de  disette,  écrasée  sous  le  poids  des  impôts, 
privée  de  toute  espèce  de  commerce  soit  à  raison  de  sa 
situation  dans  les  montagnes  les  plus  froides,  soit  à  raison 
de  l'infertilité  du  terrain,  pourra-t-elle  payer  une  somme 
de  cinq  mille  cent  livres? 

»  Le  recouvrement  difficile  des  tailles  atteste  l'état  d'in- 
digence où  elle  est  réduite.  Si  elle  existe  encore,  si  la  terre 
n'est  pas  inculte^  elle  le  doit  atix  aumônes  et  à  la  distri' 
bution  des  grains  que  lui  procura  M.  Turgot  :  c'est  à  lui 
qu'elle  doit  son  existence.  Instruit  de  son  état,  il  avait 
arrêté  les  poursuites  et  le  paiement  de  ce  don  gratuit. 
//  avait  commencé  à  ouvrir  des  routes  qui  laissaient  entre" 
voir  l'espérance  de  commercer,  mais  ces  routes  ne  s'achèvent 
pas,  et  la  communauté  est  sans  ressources,  d 

Ces  souvenirs  du  passé,  ces  espérances  qu'avaient 
fait  naître  les  projets  de  voies  commerciales,  mis 
à  exécution  par  Turgot  et  laissés  en  suspens  de- 
puis son  départ  par  M.  de  Beaulieu  son  succes- 

T.  IX  »-« 


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—  202  — 

seur;  le  paternel  appui  que  l'ancien  intendant 
avait  prêté  à  la  communauté  à  Toccasion  du  rem- 
boursement de  cette  somme  de  cinq  mille  livres; 
tous  ces  faits,  rapprochés  et  opposés  aux  faits 
présents,  avaient  le  double  caractère  d'éloge  pour 
les  actes  de  l'un,  et  de  critique  pour  l'inertie 
de  l'autre. 

Après  une  nouvelle  année  d'attente  et  de  dé- 
marches probablement  infructueuses,  le  corps  mu- 
nicipal, prévoyant  que  la  sentence  de  M.  Turgot 
serait  maintenue,  accepta  une  solution  inspirée 
sans  doute  par  l'administration  supérieure,  et  dont 
le  résultat  est  consigné  dans  un  arrêt  rendu  par 
le  Conseil  d'État,  sans  qu'il  en  soit  fait  aucune 
mention  dans  le  livre  de  ville.  Cependant  une 
délibération  fut  prise;  elle  est  résumée  dans 
l'arrêt  en  ces  termes  : 

0  Les  consuls  et  les  habitants  de  Meymac,  en  présence 
des  rehgieux  bénédictins  et  des  administrateurs  de  Thos- 
pice,  ont  reconnu  que  les  redevances  de  la  Cène  et  de 
la  Chandeleur  seraient  abandonnées  à  Thôpital  de  la  ville 
de  Meymac,  à  condition  que  tous  les  pauvres  malades 
et  infirmes  domiciliés  dans  la  ville,  banlieue  et  paroisse 
seraient  reçus,  nourris,  traités  et  entretenus  dans  l'hô- 
pital. » 

Les  administrateurs  de  l'établissement  hospita- 
lier acceptèrent  l'abandon  qui  leur  fut  fait  aux 
charges  indiquées,  et  l'arrêt  du  Conseil  d'État  du 
18  juin  1778  intervint  seulement  pour  constater 
l'accord  et  homologuer  les  termes  de  la  délibé- 
ration municipale,  dont  nous  n'avons  pu  retrouver 


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—  203  —  ^ 

Toriginal,  et  qui  consacrait  le  triomphe  des  idées 
de  Turgot. 

Tel  fut  le  dénoûment  de  cette  affaire  qui  avait 
passionné  les  esprits  pendant  de  longues  années. 
L'objet  du  litige,  sans  être  considérable,  n'était 
cependant  pas  à  dédaigner;  mais  l'intérêt  capital 
qui  s'y  rattache  naît  surtout  de  la  part  que  prit 
Turgot  à  l'étude  de  cette  question,  car  l'un  des 
privilèges  du  génie  est  de  mettre  en  relief  et 
de  marquer  d'une  empreinte  profonde  les  faits 
les  moins  saillants,  dés  qu'ils  touchent  à  un  sys- 
tème de  réforme  générale. 

L'hospice  de  Meymac  ne  put  jouir  longtemps 
de  cet  accroissement  de  ressources.  Avec  la  sup- 
pression des  ordres  monastiques  s'évanouirent  les 
redevances  imposées  aux  couvents,  aussi  bien  que 
les  rentes  créées  à  leur  profit. 

Depuis  1778  jusqu'à  1790,  il  existe  une  lacune 
dans  la  tenue  du  registre  des  délibérations  de  la 
commune  de  Meymac,  ou  plutôt  le  volume  qui 
les  contenait  a  disparu  des  archives;  ce  n'est 
qu'à  partir  de  cette  dernière  époque  que  le  livre 
de  ville  reproduit  les  délibérations  successive- 
ment prises  par  la  municipalité.  Durant  cette 
période  de  douze  années,  que  se  passa-t-il  d'im- 
portant, quelles  sont  les  occupations  qui  agitèrent 
nos  ancêtres,  dans  quel  esprit  s'accomplirent  les 
élections  aux  États  généraux?  L'absence  de  do- 
cuments officiels  ne  nous  permet  pas  de  faire 
une  réponse  rigoureusement  exacte,  mais  nous 
aurons  recours  à  des  souvenirs  traditionnels  par- 
faitement conservés;  ils   nous  éclaireront   suffi- 


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—  204  — 

samment  sur  Tétat  général  de  Topinion  publique 
à  cette  époque. 

M.  Thomas,  ancien  curé  de  Darnets,  devenu 
curé  de  Meymac,  fut  député  aux  États  généraux. 
Il  recueillit  des  suffrages  nombreux,  et  fut  porté 
surtout  par  ceux  qui  étaient  hostiles  au  déve- 
loppement de  l'esprit  féodal,  et  qui  désiraient 
Fabolition  des  ordres  monastiques.  Les  luttes  ar- 
dentes entre  le  clergé  séculier  et  le  clergé  régu- 
lier avaient  cessé,  ou  plutôt  elles  n'avaient  plus 
lieu  au  grand  jour,  car  l'église  avait  été  séparée 
par  une  balustrade  qui  laissait  aux  religieux 
l'usage  du  chœur,  tandis  que  la  nef  était  des- 
tinée au  service  de  la  paroisse.  Mais  le  souvenir 
de  ces  luttes  avait  survécu,  et  M.  Thomas  lui- 
même,  homme  religieux  et  éclairé,  n'occupant 
dans  l'église  que  le  second  rang,  se  croyait  op- 
primé par  les  moines.  Au  moment  de  son  dé- 
part pour  les  États  généraux,  il  prononça  ces 
paroles  qui  ont  été  conservées  :  «  Je  ne  ren- 
trerai à  Meymac  que  pour  voir  renverser  les 
barrières  qui  m'interdisent  l'accès  du  chœur  de 
mon  église.  »  Au  début  de  la  Révolution,  la 
majorité  du  clergé  finançais  ne  s'opposa  pas  à 
l'élan  populaire,  et  dans  toutes  les  classes  les 
mêmes  aspirations,  les  mêmes  besoins,  les  mêmes 
désirs  de  réforme  s'annoncèrent  sans  contrainte, 
se  montrèrent  au  grand  jour,  et  tous  les  cœurs 
s'unirent  dans  une  commune  espérance.  Après  le 
décret  sur  la  constitution  civile  du  clergé,  la 
balustrade  qui  divisait  l'église  de  Meymac  fut 
mise  en  pièces,  sur  l'ordre  du  procureur  de  la 


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—  205  — 

commune.  M.  Thomas  revint;  il  vit  son  église 
entière  libre  d'obstacles  à  Tintérieur,  nivelée,  et 
d'autres  idées  l'assaillirent  alors;  mais  il  était 
trop  tard.  Les  digues,  devenues  impuissantes, 
permirent  au  fleuve  de  rouler  dans  ses  flots 
les  droits  et  les  abus,  l'erreur  et  la  vérité. 

Un  décret  de  l'Assemblée  constituante  du  15 
janvier  1790  partagea  la  France  en  départements, 
subdivisés  eux-mêmes  en  districts, 'cantons  et' 
communes.  Ce  même  décret  constitua  les  mu- 
nicipalités et  créa  des  maires  chargés  de  rem- 
plir les  fonctions  attribuées  autrefois  aux  consuls. 

Le  premier  maire  de  Meymac  fut  M.  Poisson, 
ancien  oflBcier  judiciaire  du  prince  de  Soubise  et 
juge  de  la  châtellenie. 

Par  la  nouvelle  organisation,  l'emploi  de  pro- 
cureur de  la  commune  fut  maintenu.  Le  rôle  de 
ce  fonctionnaire,  qui  assistait  aux  délibérations 
du  corps  municipal  sans  y  prendre  part,  se  bor- 
nait anciennement  à  signaler  les  besoins,  à  indi- 
quer les  mesures  de  police  qu'il  était  nécessaire 
de  prendre,  et  à  requérir  les  condamnations  aux 
amendes  encourues  par  les  contrevenants. 

Aux  époques  les  plus  sombres  de  notre  his- 
toire, le  procureur  de  la  commune  apparaît 
comme  l'agent  révolutionnaire  par  excellence.  Il 
agite  les  esprits,  il  indique  parfois  des  périls 
imaginaires,  il  pousse  aux  résolutions  extrêmes 
et  il  accuse.  Les  hommes,  les  choses,  les  idées, 
les  actes,  les  désirs,  les  consciences,  tout  semble 
soumis  à  sa  loi,  et  son  droit  d'investigation  pa- 


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—  206  — 

rait  sans  limites,  car  il  est  sans  responsabilité, 
exempt  de  tout  contrôle. 

La  première  assemblée  municipale  issue  de  la 
loi  nouvelle  fut  composée  de  membres  qui  tous 
appartenaient  à  la  classe  bourgeoise,  et  qui  sem- 
blaient avoir  accepté  sans  contrainte  Tordre  de 
choses  inauguré  en  1789.  Nous  aurons  à  enre- 
gistrer quelques  actes  importants  se  rattachant  à 
la  politique,  et  des  délibérations  prises  par  le 
corps  municipal,  qui  eurent  un  caractère  original 
et  plein  de  naïveté.  Le  23  février  1790,  la  mu- 
nicipalité décide,  sur  le  réquisitoire  du  procureur 
de  la  commune,  qu'on  mettrait  aux  enchères  pu- 
bliques le  droit  exclusif  de  vendre  de  la  viande 
pendant  le  carême.  Par  la  même  délibération, 
il  fut  interdit  aux  fermiers  des  fours  banaux  de 
faire  cuire  le  pain  pendant  la  nuit,  sous 
peine  d'amende.  Enfin,  et  pour  clore  cette  séance 
laborieuse,  le  procureur  de  la  commune  exposa 
que  la  cherté  des  grains  et  des  comestibles  en 
maigre  était  excessive,  et  qu'il  était  urgent 
d'adresser  une  supplique  à  Mgr  l'évêque  de  Li- 
moges, afin  que  la  commune  fkt  autorisée  à 
faire  gras  pendant  le  restant  du  carême.  L'as- 
semblée, convaincue  du  mérite  de  ces  observa- 
tions, chargea  personnellement  le  procureur  de  la 
commune  de  rédiger  la  supplique  et  de  l'adresser 
à  Mgr  l'évêque  de  Limoges.  Pour  que  la  muni- 
cipalité s'occupât  de  ces  détails  minutieux,  il 
fallait  que  les  esprits  ne  fussent  pas  encore  do- 
minés par  de  sérieuses  et  pressantes  préoccupa- 
tions. Cependant  on  songeait  déjà  peut-être  aux 


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—  207  — 

épreuves  que  pourrait  imposer  Tavenir,  et  l'au- 
torité locale,  dès  cette  époque  même,  faisait  des 
démarches  afin  d'obtenir  l'établissement  d'une 
maréchaussée  sédentaire  à  Meymac.  L'ordre  sem- 
blait régner  à  la  surface,  et  un  immense  espoir 
de  régénérafion,  de  vie  nouvelle,  débordait  de 
toutes  les  âmes;  le  sentiment  politique  social 
était  inoculé  aux  masses  par  la  publication  ré- 
gulière des  actes  et  des  faits  accomplis  dans  les 
hautes  sphères  du  pouvoir. 

Ghacjue  dimanche,  le  prêtre,  du  haut  de  sa 
chaire,  donnait  lecture  des  décrets  de  l'Assemblée 
constituante,  des  discours  du  roi  ou  de  la  reine, 
et  des  harangues  prononcées  par  les  principaux 
orateurs.  Partout,  le  droit  de  la  nation  était  re- 
connu et  l'heure  de  la  réparation  était  annoncée. 
Cet  immense  mouvement  de  joie  et  d'amour  uni- 
versel, modéré  par  l'instinct  de  la  conservation, 
se  fit  sentir  généralement  en  France  et  porta  les 
communes  à  s'associer  entre  elles,  soit  pour  dé- 
fendre le  nouvel  ordre  de  choses,  soit  pour  main- 
tenir la  tranquillité  publique.  La  municipalité  de 
Meymac,  après  avoir  reçu  des  adresses  fraternelles 
de  la  part  des  municipalités  de  Tulle  et  d'Uzerche, 
déclara  qu'elle  se  faisait  un  honneur  d'adhérer 
et  de  s'unir  aux  villes  de  Tulle  et  d'Uzerche,  de 
coeur,  d'esprit,  de  force  et  de  sentiment  pour 
l'intérêt  commun  de  la  province,  et  que  dès  ce 
moment  elle  faisait  coalition  avec  elles  (1). 

Ces  rapports  affectueux  et  officiels  de  commune 

(1)  Délibération  municipale  du  17  février  1790. 


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—  208  — 

à  commune,  ces  adhésions  de  cœur,  d'esprit,  de 
force,  de  sentiment,  c'était  le  début  d'un  rêve 
éblouissant;  c'était  aussi  l'éclair  pâle  et  lointain 
qui  précède  l'orage  avant  l'éclat  de  la  tempête. 

g  m 

Le  13  mars  1790,  le  procureur  de  la  commune 
annonça  aux  officiers  municipaux  que,  la  veille, 
étaient  arrivés  à  Meymac  trois  députés  de  la  ville 
do  Tulle  :  MM.  Villeneuve,  Sclafer  de  Chabriniac 
et  Leyx,  pour  faire  au  corps  municipal  une  com- 
munication intéressante. 

Pareil  honneur  devait  surprendre;  il  n'en  fut 
rien  pourtant.  La  joie  du  triomphe  obtenu  sur 
les  anciennes  classes  dirigeantes  dominait  les 
âmes,  et  chacun  se  croyait  appelé  à  vivre  sous 
le  régime  de  la  fraternité.  D'ailleurs,  la  flatterie 
toujours  est  douce  quand  elle  vient  d'un  grand; 
il  semble  qu'elle  efface  les  inégalités;  elle  blesse 
souvent  et  on  l'aime;  elle  est  un  charme  qui 
fascine  l'esprit  en  subjuguant  le  cœur.  Mais  ce 
n'est  là  qu'un  détail,  et  nous  constaterons,  pour 
être  véridique,  que  MM.  Villeneuve,  de  Chabriniac 
et  Leyx  furent  chaleureusement  accueillis  dans 
notre  cité  hospitalière.  En  effet,  aussitôt  qu'est 
connue  la  nouvelle  de  l'arrivée  de  cette  dépu- 
tation,  la  commune,  extraordinairement  convo- 
quée, se  réunit  en  toute  hâte,  se  déclare  en 
permanence  et  délègue  trois  commissaires  auprès 
des  envoyés  de  Tulle  pour  les  inviter  à  se  rendre 
au  sein  de   la  municipalité,   qui   avait  hâte  de 


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—  209  — 

les  recevoir.  Après  leur  introduction  dans  la  salle 
des  séances,  Tun  des  trois  députés,  prenant  la 
parole  au  nom  de  ses  collègues,  s'exprima  en 
ces  termes  :  «  L'objet  principal  de  notre  mission 
est  d'assurer  la  commune  de  Meymac  de  la  re- 
connaissance de  celle  de  Tulle,  pour  la  délibé- 
ration qu'elle  a  prise  et  pour  ses  offres  de  ser- 
vice. Nous  sommes  chargés  de  prier  la  commune 
de  Meymac  d'accorder  à  celle  de  Tulle  son  estime 
et  son  amitié.  De  son  côté,  cette  dernière  fera 
tous  ses  efforts  pour  y  répondre  et  lui  donne 
l'assurance  de  ses  sentiments  les  plus  fraternels.  » 

Après  ces  paroles,  accueillies  sans  doute  par 
un  murmure  approbateur,  l'assemblée,  d'une  voix 
unanime,  vote  des  remerciements  à  la  ville  de 
Tulle  pour  le  témoignage  (Tiniérét  qu^elle 
donne  à  celle  de  Meymac,  et  pour  son  dé^ 
vouement  à  la  chose  publique. 

La  démarche  faite  par  les  députés  de  la  ville 
de  Tulle  avait-elle  pour  but  d'accomplir  un  acte 
de  courtoisie,  ou  d'exprimer  à  une  sœur  plus 
faible  des  sentiments  fraternels  .et  de  pure  ami- 
tié? Il  est  difiBcile  de  le  croire.  Le  genre  senti- 
mental est  ordinairement  banni  des  assemblées 
délibérantes  où  se  discutent  les  intérêts  locaux 
ou  les  intérêts  généraux  du  pays.  Les  assemblées 
municipales  avaient,  à  cette  époque,  un  caractère 
politique. 

Les  députés  de  la  ville  de  Tulle  n'étaient  donc 
pas  venus  porter  à  la  commune  de  Meymac  un 
unique  témoignage  de  reconnaissance,  ou  lui  don- 
ner un  gage  de  douce  et  tendre  fraternité;  ils 


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—  210- 

avaient  un  autre  but  que  ne  mentionne  pas  l'en- 
trevue ofiBcielle,  mais  dont  nous  trouverons  la 
trace  dans  les  événements  qui  vont  suivre. 

Après  le  départ  des  députés  de  Tulle,  le  corps 
municipal  se  réunit  de  nouveau  le  15  mars,  et 
le  procureur  de  la  commune,  après  avoir  entre- 
tenu l'assemblée  de  deux  personnes  de  la  ville 
de  Brive,  qui  avaient  fait  imprimer  dans  la 
feuille  les  Annales^  n""  155,  une  lettre  relative 
aux  troubles  qui  avaient  eu  lieu  dans  le  Bas- 
Limousin,  s'écrie  dans  son  indignation  :  «  Dans 
l'exposé  de  cette  lettre,  tous  les  faits  sont  dé- 
guisés avec  l'artifice  ordinaire  aux  malintentionnés, 
ennemis  du  repos  public  et  de  la  nouvelle  Cons- 
titution. Nous  croirions  manquer  à  notre  devoir, 
qui  nous  prescrit  de  veiller  à  l'intérêt  général, 
si  nous  ne  dénoncions  à  votre  sagesse  une  lettre 
aussi  incendiaire,  afin  qu'il  vous  plaise  d'aviser 
aux  moyens  d'arrêter  le  mauvais  effet  qu'elle 
pourrait  produire  dans  l'esprit  du  peuple  de  la 
province.  » 

Il  était  alors  question,  ainsi  qu'on  va  le  voir, 
d'un  triste  événement,  d'une  affaire  sanglante, 
qu'on  appela  l'émeute  de  Favars,  et  dont  aucun 
parti  ne  voulait  accepter  la  responsabilité. 

Le  fait  auquel  faisait  allusion  le  procureur  de 
la  commune  de  Meymac,  lui  inspira  un  langage 
que  devait  lui  interdire  sa  situation  modeste  et 
celle  de  l'assemblée  où  il  siégeait.  Mais  il  est 
probable  qu'il  exprima  plutôt  le  sentiment  des 
députés  de  Tulle  que  son  sentiment  propre,  et 
qu'il  fut,   dans  ce   curieux   réquisitoire,    l'écho 


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—  211  — 

fidèle  de  leurs  pensées  sans  pouvoir  éviter  Texa- 
gération,  qui  est  un  des  traits  particuliers  de 
Tétat  des  esprits  à  cette  époque.  Après  avoir 
pris  connaissance  de  l'article  incriminé,  la  com- 
mune ordonna  que,  sans  désemparer,  le  récit 
des  événements  survenus  dans  le  Bas-Limousin 
serait  reporté  sur  le  registre  où  allait  être  trans- 
crite sa  délibération. 

La  longueur  de  ce  document  ne  nous  permet 
pas  d'en  reproduire  le  texte  en  entier;  nous  en 
donnons  quelques  extraits  où  les  faits  sont  suffi- 
samment exposés  (1)  : 

a  Cette  lettre  incendiaire  renferme  dans  ses  détails  les 
plus  grandes  faussetés;  elle  contient  les  calomnies  les 
plus  atroces  et  n'a  pu  être  imaginée  que  par  les  ennemis 
de  la  Constitution,  du  bien,  du  repos  et  de  la  tranqmllité 
publique.  Les  détails  qu'elle  contient  sur  les  événements 
survenus  pendant  le  mois  dernier,  dans  le  Bas-Limousin, 
sont  faux  et  mensongers,  car  il  est  de  notoriété  publique 
que  les  insurgés,  dont  la  troupe  grossissait  chaque  jour, 
avaient  déjà  pillé  plusieurs  châteaux,  ouvert  des  étangSj 
enlevé  le  poisson,  saccagé  plusieurs  petites  villes  et 
bourg3,  ne  se  bornant  pas  à  piller  les  maisons  des  nobles 
et  des  privilégiés,  mais  encore  celles  des  bourgeois  et  des 
gros  propriétaires. 

»  Ils  avaient  planté  des  potences  en  différents  lieux, 
pour  pendre,  disaient-ils,  ceux  qui  refuseraient  de  les 
suivre  et  de  coopérer  au  pillage.  Cette  troupe  d'insurgés, 
forte  de  six  cents  hommes,  armée  de  fusils,  lances,  four- 
ches en  fer,  haches  et  faulx,  menaçait  de  tout  mettre 
au  pillage. 

»  Voulant  prévenir  ces  tristes  événements,  vingt  mem- 

■I  III I  ■-■.  I     I  ■ ■  Il  I       iji  ■ 

(1)  La  lettre  publiée  dana  les  Annales  n'est  pas  reproduite. 


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—  212  — 

bres  de  la  municipalité  de  Tulle,  ne  consultant  que  leur 
courage  et  leur  patriotisme,  soutenus  par  les  maréchaus- 
sées d'alentour  que  commandait  leur  brave  officier,  mon- 
tèrent à  cheval,  tandis  que  cent  hommes  de  la  milice 
nationale  de  la  même  ville  marchèrent  à  pied. 

9  La  cavalerie,  parvenue  la  première  sur  les  lieux, 
rencontra  cette  troupe  de  brigands  à  Favars.  Alors  Toffl- 
cier  de  la  maréchaussée  représenta  amicalement  à  tous 
ces  hommes  que  les  attroupements  étaient  interdits,  et 
qu'il  s'était  rendu  auprès  d'eux  pour  s'informer  de  leurs 
griefs  et  y  faire  droit.  En  même  temps  il  leur  donna 
lecture,  avec  douceur,  de  la  loi  martiale 

»  Â  ces  amicales  représentations,  ces  effrénés,  animés 
par  leur  chef,  répondirent  par  deux  coups  de  fusil  qu'ils 
tirèrent  sur  l'officier  commandant,  qui  fut-  grièvement 
blessé.  Un  autre  insurgé  lui  porta  xin  coup  de  fourche, 
et  ce  ne  fut  qu'à  la  suite  de  cette  attaque  inconsidirie 
que  l'officier  et  sa  troupe,  pour  défendre  leur  vie,  firent 
feu 

9  Comment  les  auteurs  de  la  lettre  publiée  dans  les 
Annales  ont-ils  pu  dire  que  les  insurgés  étaient  sans 
armes,  qu'ils  n'avaient  commis  aucun  pillage,  qu'ils 
n'étaient  réunis  que  pour  se  réjouir  de  la  liberté,  planter 
des  mais,  et  que,  désarmés,  ils  avaient  été  attaqués  par 
la  milice  nationale  de  Tulle,  qui  en  avait  tué  une  tren- 
taine et  en  avait  arrêté  soixante?  Gomment  ont-ils  pu 
écrire  que  le  tribunal  de  la  prévôté  de  Tulle  en  avait 
déjà  fait  exécuter  deux,  flétrir  d'autres,  et  se  proposait 
encore  de  faire  de  sanglantes  exécutions?  Il  n'est  pas 
juste  de  donner  à  entendre  que  ceux  qui  ont  arrêté  l'in- 
surrection sont  des  coupables;  il  est  révoltant  de  voir 
insinuer  que  le  tribunal  de  Tulle  a  usé  de  cruauté  en 
condamnant,  d'après  une  légitime  procédure  et  les  preuves 
légales  des  plus  complètes,  les  auteurs  de  ces  excès  et 
de  ces  infractions 

»  Ce  considéré,  la  municipalité  de  Meymac  délibère,  à 


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—  213  — 

runanimitô,  qu'il  sera  présenté  à  FÂssemblée  nationale 
une  respectueuse  adresse  pour  la  supplier  d'ordonner  au 
tribunal  de  la  prévôté  de  Tulle  d'instruire  le  procès  des 
coupables,  et  de  veiller  à  la  tranquillité  et  à  la  sûreté 
de  la  province.  » 

L'affaire  de  Favars  dévint  un  champ  clos  où 
s'exercèrent  les  passions  politiques  des  partis,  et 
la  lettre  insérée  dans  les  Annales  par  deux  ha- 
bitants de  Brive  fut  un  acte  accentué  de  résis- 
tance, une  énergique  protestation  contre  la  con- 
duite tenue  en  cette  circonstance  par  les  hommes 
qui  dirigeaient  à  Tulle  le  mouvement  révolu- 
tionnaire. L'opinion  publique  était  si  divisée  au 
sujet  de  cette  émeute  de  Favars,  que  M.  Brival, 
procureur  du  roi  au  siège  de  Tulle,  adressa  à 
l'Assemblée  nationale  une  pétition  qui  fut  lue 
le  30  mai  1790,  dans  laquelle  il  accusait  les  oflS- 
ciers  de  la  prévôté  de  Tulle  de  prévarication  au 
sujet  des  jugements  qui  avaient  été  prononcés 
dans  cette  affaire. 

La  députation  de  Tulle  ne  vint  donc  pas  à  Mey- 
mac  pour  y  remplir  une  mission  sentimentale  et 
fraternelle;  ceux  qui  la  composaient  avaient  un 
autre  but,  et  en  échange  des  promesses  d'estime 
et  d'amitié  qu'ils  apportèrent,  ils  reçurent  l'adhé- 
sion municipale  dont  ils  avaient  besoin.  Il  est 
incontestable  que  la  commune  de  Meymac  accepta 
la  responsabilité  du  récit  des  événements  de  Fa- 
vars tel  qu'il  existe  sur  le  livre  des  délibérations, 
mais  nous  devons  dire  aussi  que  la  rédaction  de 
ce  document  ne  nous  semble  pas  avoir  été 
l'œuvre  individuelle  ou  collective  des  membres 


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—  214  — 

qui  la  composaient,  et  que  la  majorité  de  ce 
corps  aurait  repoussé  certainement  quelques-unes 
des  idées  qu'on  y  voit  figurer,  notamment  celle- 
ci  :  «  Les  insurgés  ne  se  bornant  pas  à  piller 
les  maisons  des  nobles  et  des  privilégiés,  mais 
encore  celles  de  bourgeois  et  des  gros  pro^ 
priétaires.  »  Le  pillage  de  la  maison  d'un  noble 
ou  d'un  privilégié  était-il  un  acte  moins  cou- 
pable que  le  pillage  de  la  maison  d'un  bour- 
geois? Y  avait-il  deux  droits  et  deux  justices? 
Lorsque  de  pareilles  idées  sont  intentionnelle- 
ment proclamées  et  qu'elles  sont  admises,  c'est 
un  signe  d'aberration  ou  de  dépravation  morale, 
et  l'on  peut  commencer  à  désespérer  de  la  société. 
Que  dire  enfin  de  cette  lecture  de  la  loi  mar- 
tiale, donnée  avec  douceur  par  l'ofiBcier  de  la 
maréchaussée,  alors  que  les  armes  sont  prêtes 
et  que  la  mort  va  faucher  dans  tous  les  rangs? 
C'est  une  horrible  naïveté,  ou  c'est  de  l'hypo- 
crisie de  bourreau. 

Un  autre  motif  d'intérêt  local  avait  aussi  pro- 
bablement décidé  la  commune  de  Tulle  a  en- 
voyer une  députation  à  Meymac.  La  loi  sur  les 
nouvelles  divisions  administratives  de  la  France 
allait  être  généralement  appliquée,  et  la  ville  de 
Brive  faisait  de  puissants  efforts  pour  se  faire 
attribuer  le  titre  de  chef-lieu  du  département  de 
la  Gorrèze.  Cette  prétention  rivale  inspira  aux 
habitants  de  Tulle  une  inquiétude  fort  naturelle; 
ils  cherchèrent  à  rattacher  à  la  cause  qu'ils  sou- 
tenaient des  adhésions  nombreuses,  qu'ils  provo- 
quèrent au  sein  des  municipalités  intéressées  à 


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—  215  — 

voir  Tulle  devenir  chef- lieu.  La  -  commune  de 
Meymac,  en  cette  circonstance,  se  montra  dé- 
vouée aux  intérêts  de  Tulle  et  délibéra,  le  16 
mars  1790,  qu'elle  adresserait  une  supplique  aux 
représentants  du  peuple  pour  les  prier,  confor- 
mément aux  vœux  unanimes  de  la  province,  de 
placer  le  siège  du  tribunal  et  le  chef-lieu  admi- 
nistratif du  département  dans  la  ville  de  Tulle. 
La  réorganisation  administrative  de  la  France 
soulevait  de  nombreuses  compétitions  parmi  les 
localités  qui  par  leur  état,  leur  importance  ou 
leur  situation  topographique,  croyaient  pouvoir 
prétendre  au  droit  de  devenir  le  siège  d'une 
autorité  judiciaire  et  administrative  de  premier 
ou  de  second  ordre,  et,  pendant  que  Brive  s'ef- 
forçait d'obtenir  le  titre  de  chef-lieu  du  dépar- 
tement, que  d'anciens  droits  semblaient  lui  assu- 
rer, Meymac  élevait  des  prétentions  pour  se  faire 
attribuer  celui  de  chef- lieu  du  district  ou  de 
chef-lieu  d'arrondissement. 

A  cette  époque  où  se  produisirent  tant  d'idées 
réalisées  aujourd'hui,  et  un  si  grand  nombre  de 
rêves  et  d'utopies  irréalisables,  vivait  à  Meymac 
M.  Pierre  Treich  des  Farges,  fils  et  frère  des  deux 
consuls  qui  portèrent  ce  nom.  Intelligent  et  actif, 
d'une  nature  ardente  et  impressionnable,  M.  Treich 
des  Farges,  jeune  encore  quand  éclata  la  Révo- 
lution, suivit  avec  entraînement  les  idées  et  les 
principes  de  rénovation  sociale  inaugurés  en  1789. 
Reçu  d'abord  avocat,  il  délaissa  cette  carrière  pour 
se  livrer  à  l'étude  de  la  médecine,  et  fut  incor- 
poré plus  tard  comme   sous-aide-major  sur  un 


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—  216  — 

bâtiment  de  l^tat  qui  faisait  voile  pour  Saint- 
Domingue.  Rentré  en  France  au  début  de  la 
Révolution,  il  se  retira  à  Meymac  auprès  de  sa 
famille,  et  fut  nommé,  au  mois  de  juin  1790, 
l'un  des  administrateurs  au  département  dé  la 
Gorrèze.  Dès  cette  époque  il  entreprit  de  faire 
transporter  à  Meymac  le  siège  du  district  d'Ussel, 
et  ses  efforts,  dit-on,  auraient  été  couronnés  de 
succès,  sans  l'opposition  inexplicable  que  fit  à 
cette  mesure  M.  Thomas,  curé  de  Meymac,  député 
aux  États  généraux  (1). 

Les  démarches  sérieuses  et  incessantes  que  fit 
M.  Treich  des  Farges  lui  suscitèrent  des  adver- 
saires et  des  inimitiés  parmi  les  habitants  d'Ussel, 
et,  à  la  suite  de  critiques  réciproques,  écrits  ou 
propos  échangés,  le  corps  de  la  garde  nationale 
d'Ussel  formula  une  plainte  contre  lui  et  le  dé- 
nonça au  conseil  général  de  la  commune  de 
Meymac.  Afin  de  laisser  à  cette  affaire  sa  phy- 
sionomie particulière  et  originale,  nous  transcri- 
vons, à  titre  de  peinture  de  mœurs  locales,  les 
motifs  qui  figurent  dans  la  délibération  prise  à 
ce  sujet  : 

«  Considérant  que  la  commune^e  Meymac  cherchera 
toujours  avec  empressement  à  cimenter  Tunion  et  la  con- 
corde avec  ses  frères  MM.  de  la  municipalité  et  de  la 
garde  nationale  d'Ussel,  avec  lesquels  la  présente  com- 
munauté se  fait  un  honneur  d'être  confédérée; 


(1)  En  énonçant  ce  dernier  fait,  nous  ne  nous  portons  pas  garant 
de  son  exactitude»  nous  nous  faisons  simplement  Técho  d'une  opi- 
nion qui  eut  cours  dans  la  localité. 


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—  217  — 

»  Considérant  encore  que  la  municipalité,  le  conseil 
général  et  la  garde  nationale  d'Ussel  sont  des  corps  res- 
pectablest  très  dignes  de  Testime  de  la  municipalité  de 
cette  ville,  qui  se  fera  toujours  un  plaisir  d'en  rendre 
le  témoignage  le  plus  éclatant; 

»  Considérant  que  ces  deux  corps  paraissent  inculpés 
par  le  post-scriptum  et  la  lettre  du  sieur  des  Farges,  et 
que  la  municipalité  et  commune  de  cette  ville  improuvera 
toujours  toute  imputation  qui  pourrait  être,  faite  contre 
la  municipalité  et  la  garde  nationale  d'Ussel; 

»  Mais  considérant,  d'un  autre  côté,  que  les  inculpa- 
tions du  sieur  Treich  des  Farges  contre  ces  deux  corps 
respectables  ont  été  faites  par  pure  inadvertance,  étant 
trop  honnête  citoyen  pour  y  avoir  mis  de  la  malice  ou 
de  la  méchanceté  ;  » 

j>  Considérant,  d'après  cette  présomption,  que  le  sieur 
des  Farges  ne  se  fera  pas  une  peine  de  déclarer,  dans 
un  écrit  signé  de  sa  main,  qu'il  n'a  pas  entendu  inculper 
ces  deux  corps,  qu'il  les  honore  et  les  estime; 

»  Considérant  enfin  que  le  conseil  général  et  la  mu- 
nicipalité sont  incompétents  pour  procéder  à  un  juge- 
ment dans  cette  cause,  que  le  présent  arrêté  a  été  fait 
pour  mettre  au  jour  les  véritables  sentiments  de  cette 
assemblée,  et  combien  elle  désire  que  le  sieur  des  Farges 
donne  à  ces  deux  coi'ps  la  réparation  légitime  qui  leur 
est  due; 

j>  A  ces  fins,  sera  communiqué  le  présent  arrêté  au 
sieur  des  Farges  et  à  MM.  de  la  garde  nationale 
d'Ussel,  qui  voudront  bien  la  communiquer  à  leur  mu- 
nicipalité (1).  » 

L'idée  de  transformer  Meymac  en  chef-lieu  de 
district  fut  énergiquement  poursuivie.  M.  des 
Farges  fit  imprimer  et  distribuer  plusieurs  mé- 


(1)  Extrait  du  livre  des  délibérations,  séance  du  4  septembre  1790. 

T.  'X.  2-8 


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—  218  — 

moires,  auxquels  répondit  M.  Delmas,  procureur 
syndic  à  Ussel.  De  part  et  d'autre,  des  adhésions 
furent  sollicitées  et  obtenues  des  commufies  voi- 
sines; la  ville  de  Meymac  délégua  MM.  Dubou- 
cheron  des  Manoux,  Materre  et  Fouilloux,  pour 
aller  au  siège  du  département  défendre  ses  inté- 
rêts et  faire  valoir  ses  droits.  Mais  toutes  ces  dé- 
marches furent  inutiles,  et  le  projet  échoua  dans 
les  conseils  du  gouvernement.  La  ville  d'Ussel, 
qui  était  en  possession  depuis  1599  du  siège  de 
la  justice  ducale  de  Ventadour,  conserva  le  titre 
de  chef-lieu  administratif. 

Malgré  cet  insuccès,  M.  Treich  des  Farges  con- 
tinua ses  fonctions  d'administrateur  du  départe- 
ment et  se  trouva  mêlé  à  toutes  les  affaires  de 
son  pays,  jusqu'au  jour  où  la  France  en  armes 
courut  à  la  frontière.  Alors,  soldat  improvisé,  il 
fut  élu  chef  du  3"'  bataillon  de  la  Gorrèze  et 
partit,  dans  le  courant  du  mois  de  septembre 
1792,  pour  Tarmèe  du  Rhin.  Le  23  août  1793 
il  était  nommé  général  de  brigade,  et  après  avoir 
contribué  à  la  défense  de  Landau,  qu'assiégeaient 
les  Prussiens,  il  passa  à  l'armée  des  Pyrénées, 
où  il  servit  jusqu'à  la  paix  d'Espagne.  Le  27  ven- 
démiaire an  VIII,  il  fut  nommé  commandant  de 
la  place  de  Marseille,  alors  en  état  de  siège,  et 
il  rentra  ensuite  dans  ses  foyers.  Ses  aptitudes 
diverses,  ses  luttes,*  ses  succès,  ses  revers,  tout 
en  lui  fut  exceptionnellement  remarquable.  Il  eut 
le  mérite,  malgré  les  occasions  nombreuses  qui 
s'offrirent  à  lui,  de  ne  pas  s'enrichir,  et  la  per- 
sistance avec   laquelle   il  dévoila   les   malversa- 


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—  219  — 

tîons  dont  il  fut  le  témoin  lui  créa  de  puissants 
ennemis. 

Jusqu'à  la 'fin  de  Tannée  1790,  on  ne  voit 
aucune  lutte  entre  les  partis  politiques  qui  pou- 
vaient exister  à  Meymac;  le  'choc  des  passions 
populaires  ne  s'y  fait  visiblement  sentir  qu'à  par- 
tir du  21  décembre.  Le  pouvoir  municipal  était 
encore  aux  mains  de  la  bourgeoisie;  satisfaite 
de  voir  l'abolition  des  privilèges,  elle  se  croyait 
assez  forte  et  assez  intelligente  pour  dominer  la 
situation,  et  ne  se  rendait  pas  compte  de  la 
puissance  du  mouvement  révolutionnaire  que  de- 
vaient accélérer  les  obstacles  qu'on  chercherait  à 
lui  opposer. 

L'assemblée  nationale,  par  un  décret  du  27  août 
1790,  avait  décidé  que  dans  chaque  canton  les 
juges  de  paix  seraient  élus  par  les  citoyens  actifs 
inscrits  sur  les  listes  électorales.  La  première  élec- 
tion de  ce  magistrat  populaire  donna  lieu  à  une 
lutte  des  plus  vives,  et  à  des  désordres  qui  mo- 
tivèrent l'envoi  à  Meymac  de  commissaires  étran- 
gers chargés  de  procéder  à  une  enquête.  Le  can- 
ton de  Meymac  se  composait  alors  des  communes 
d'Ambrugeac,  Barsanges,  St-Sulpice,  Bonnefond, 
Grandsaigne,  Péret,  Davignac,  Soudeilles,  Maus- 
sac,  Saint-Germain-le-Lièvre,  AUeyrat  et  Darnets. 
Tous  les  citoyens  actifs  de  ces  communes  furent 
invités  à  se  réunir,  le  21  (fécembre  1790,  dans 
l'église  de  Meymac,  transformée  en  arène  élec- 
torale, pour  y  élire  le  juge  de  paix  (1). 

(1)  Extrait  du  livre  des  délibérations,  séance  du  4  novembre  1790. 


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—  220  — 

La  chose  était  nouvelle,  et  de  toutes  parts  les 
électeurs  accoururent  en  grand  nombre  pour  dé- 
poser leur  vote. 

Au  début  de  la  séance,  M.  Gérôme  Mary  fut 
proclamé  président  d'âge  du  bureau  provisoire, 
et  trois  scrutateurs,  MM.  Pierre-Jean  Treich,  Di- 
nematin  et  Feuillade  lui  furent  provisoirement 
adjoints. 

Le  premier  électeur  inscrit  sur  la  liste  était 
M.  Jean-Baptiste  Courtain,  prieur  des  religieux 
de  Tabbaye.  A  Tappel  de  ce  nom,  M.  Treich 
des  Farges,  administrateur  au  district  d*Ussel, 
invoquant  son  titre  de  citoyen  actif  de  la  com- 
mune de  Meymac,  déclare  s'opposer  à  l'émission 
du  vote  de  dom  Courtain,  qui  étant  religieux 
et  vivant  monastiquement  ne  peut  être  con- 
sidéré comme  citoyen  a^tif  de  la  communs. 
Dom  Courtain  lui  répondit  qu'il  a  opté  de  vivre 
en  particulier  et  ne  vouloir  vivre  en  commu- 
nauté, qu'il  est  simplement  fermier  de  l'abbaye 
à  la  charge  de  rendre  compte  au  district,  sui- 
vant la  faculté  qui  lui  en  a  été  laissée  par  l'as- 
semblée nationale. 

Alors,  le  président  du  bureau  provisoire  invite 
MM.  Poisson,  Materre,  Périer  et  Lachau  à  se 
joindre  à  lui  comme  assesseurs,  et,  après  avoir 
délibéré,  ces  messieurs  décident  que  dom  Cour- 
tain est  citoyen  actif,  régulièrement  inscrit,  et 
ils  l'invitent  à  émettre  son  vote.  M.  Treich  des 
Farges  proteste  à  haute  voix  contre  cette  décision; 
le  premier  scrutateur  Pierre- Jean  Treich,  Léonard 
et  Mathieu  Fouilloux,  le  sieur  Lafon,  notaire,  et 


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—  221  — 

un  grand  nombre  d'autres  qu'il  n'est  pas  j^os- 
sible  de  distingvsr,  crient  à  Tillégalité;  le  bruit 
et  le  tumulte  commencent,  le  désordre  se  met 
dans  l'assemblée,  et  les  bâtons  de  nombre  des 
votants,  qui  en  étaient  munis  malgré  la  dé- 
fen^se  faite,  et  qui  les  tenaient  cachés  sous 
leurs  vêtements,  se  lèvent,  impatients  de  frapper. 
Dom  Courtain  parvient  avec  peine  à  se  frayer  un 
passage  à  travers  la  foule  qui  gronde  et  s'irrite, 
pendant  que  le  président  du  bureau  provisoire, 
ses  quatre  assesseurs  et  le  procureur  de  la  com- 
mune, craignant  d'être  assommés,  s'éloignent  à 
leur  tour  en  déclarant  qu'ils  ont  à  dresser  pro- 
cès-verbal dès  qu'ils  seront  en  lieu  de  sûreté. 
Pendant  que  les  membres  du  bureau  s'occu- 
pent, dans  la  demeure  de  leur  président,  à  dé- 
crire les  faits  tumultueux  accomplis  dans  la  réu- 
nion électorale,  ils  entendent  sonner  les  cloches, 
battre  le  tambour,  et  l'annonce  qu'un  bureau 
provisoire  a  été  formé  et  qu'on  procède  dans 
l'église  à  la  nomination  du  juge  de  paix,  vient 
frapper  leurs  oreilles.  En  effet,  le  scrutin  est 
ouvert,  les  votes  sont  émis,  et,  après  le  dépouille- 
ment, M.  Treich  des  Farges  est  déclaré  nommé 
juge  de  paix  de  Meymac.  Cette  élection  fut  con- 
testée. Les  administrateurs  du  directoire  départe- 
mental, par  arrêté  du  28  décembre  1790,  nom- 
mèrent deux  délégués  :  MM.  Lacaze,  de  Neuvic, 
et  Château,  de  Bort,  avec  mission  de  procéder 
sur  les  lieux  à  une  enquête  administrative  dont 
le  résultat  fut  défavorable  à  M.  Treich  des  Far- 
ges,  car  nous  trouvons,   dans  un   procès-verbal 


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—  222  — 

du  26  mars  1791,  la  relation  de  rinstallation  de 
M.  Poisson  et  sa  prestation  de  serment  comme 
juge  de  paix  de  Meymac,  en  présence  de  tout 
le  corps  municipal. 

A  partir  de  cette  époque,  deux  coteries  locales, 
transformées  par  les  circonstances  en  partis  po- 
litiques, se  trouvèrent  en  lutte.  Le  plus  avancé 
de  ces  partis,  celui  dont  quelques  membres  ap- 
prouvèrent les  mesures  révolutionnaires  exces- 
sives, se  divisa  en  deux  fractions,  dont  Tune 
étouffa  l'autre.  Au  nombre  des  personnes  citées 
plus  haut  comme  étant  favorables  à  Télection  de 
M.  Treich  des  Farges,  en  qualité  de  juge  de 
paix  du  canton  de  Meymac,  figure  M.  Lafon,  no- 
taire, qui  fut  décapité  à  Meymac  en  1793;  on 
voit  donc  que  dès  Tannée  1790,  M.  Lafon  était 
lié  au  parti  qui  suivait  avec  le  plus  d'ardeur  la 
voie  de  la  Révolution.  Nous  admettrons  qu'il  était 
moins  turbulent,  moins  avancé  peut-être  que  pou- 
vaient l'ôtre  certains  hommes  avec  lesquels  il  était 
en  relation,  mais  il  ne  peut  être  considéré  comme 
un  défenseur  secret  ou  avoué  des  idées  de  l'an- 
cien régime.  Il  dut  la  mort  moins  à  ses  opi- 
nions politiques  qu'à  des  inimitiés  locales,  ins- 
pirées par  l'influence  personnelle  qu'il  exerçait 
sur  les  habitants  des  campagnes,  et  par  la  jalousie 
que  fit  naître  son  élection  ultérieure  aux  fonc- 
tions de  juge  de  paix  de  Meymac. 

Cette  appréciation,  dictée  par  l'examen  impar- 
tial des  faits  qui  s'accomplirent  dans  notre  loca- 
lité en  1793,  et  sur  lesquels  il  serait  inopportun 
de  s'appesantir  aujourd'hui,  corroborée  en  outre 


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—  223  — 

par  Topinion  de  personnes  ténaoins  de  Thorrible 
holocauste  qui  tacha  de  sang  nos  places  publiques, 
a  une  certaine  importance  historique,  car  elle  est 
contraire  à  la  manière  de  voir  exprimée  par 
M.  Marvaud.  Cet  auteur,  dans  son  Histoire  du 
Bas- Limousin j  parait  considérer  M.  Lafon  comme 
un  martyr  de  sa  foi  politique,  comme  une  vic- 
time trop  dévouée  aux  choses  du  passé.  C'est  une 
erreur,  et  une  erreur  volontaire  propagée  par  ses 
ennemis  et  par  ceux  qui,  directement  ou  indirec- 
tement, contribuèrent  à  sa  perte.  La  Révolution 
ne  voulait  ni  opposants,  ni  contradicteurs,  et, 
quoique  basée  sur  les  principes  de  fraternité,  elle 
se  montrait  égoïste,  jalouse,  et  il  était  facile 
alors  de  perdre  un  homme  en  Taccusant  d'hos- 
tilité. Le  jour  où  les  paysans  d'Ambrugeac,  de 
Davignac,  de  Barsanges  et  de  Meymac  se  soule- 
vèrent pour  punir  les  auteurs  des  profanations 
accomplies  aux  abords  de  l'église  de  Meymac  et 
dans  l'église  même,  la  mort  de  M.  Lafon  fut 
résolue,  et  on  chercha  des  prétextes  pour  l'ac- 
cuser. Cependant,  il  était  resté  étranger  aux  actes 
de  ceux  qui  protestèrent;  on  ne  pouvait  même 
lui  reprocher  une  complicité  morale,  et  il  avait 
une  si  grande  conviction  de  sa  propre  innocence 
qu'il  refusa,  malgré  les  instances  de  ses  amis  et 
alors  que  cela  lui  était  facile,  d'échapper  par  la 
fuite  au  sort  qui  l'attendait.  Il  pouvait  devenir 
un  obstacle  et  la  Révolution  le  brisa  (1). 


(1)  Les   faits   auxquels  nous   faisons    allusion  (profanation   des 
objets  consacrés  au  culte)  occasionnèrent  une  émeute.  Les  paysans 


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—  224  — 

Revenons  à  notre  récit. 

A  peu  près  à  la  même  époque,  les  habitants 
de  Meymac  se  préoccupèrent  avec  raison  d'une 
question  toute  locale,  mais  fort  importante  pour 
eux.  Il  s'agissait  d'exécuter  le  projet  de  Turgot, 
c'est-à-dire  d'ouvrir  la  route  départementale  n^  1, 
de  Limoges  à  Bort,  encore  à  l'état  de  lacune 
aux  abords  de  la  ville.  Le  prix  des  céréales,  fort 
élevé  pendant  l'année  1790,  imposait  aux  classes 
laborieuses  des  souffrances  et  des  privations  que 
la  municipalité,  faute  de  ressources,  ne  pouvait 
alléger.  Un  premier  secours  de  1,500  francs,  puis 
un  second  de  4,000  francs,  furent  accordés  par 
les  administrateurs  du  district  pour  établir  à 
Meymac  un  atelier  de  charité. 

Les  discussions  prolongées  sont  inopportunes, 
surtout  lorsqu'on  est  en  présence  d'une  disette 
ou  que  des  besoins  nombreux  demandent  à  être 
satisfaits.  L'emploi  de  ces  fonds  n'aurait  dû  être 
retardé  sous  aucun  prétexte;  les  circonstances 
étaient  telles  qu'une  action  prompte,  énergique 
devenait  indispensable,  et  toute  mesure  impli- 
quant un  retard  dans  l'exécution  des  travaux  était 
une  faute  et  devait  tourner  contre  ceux  qui  la 
provoqueraient.  Le  corps  municipal  commit  cette 
faute  en  s'opposant  à  l'exécution  du  tracé  adopté 
par  les  ingénieurs,  et  en  demandant  que  la 
route  n°   1,   au  lieu    de    longer   les   abords   de 


se  ruèrent  chez  quelques-uns  des  auteurs  de  ces  scènes  ou  chez 
ceux  qu'on  soupçonnait  d'être  leurs  complices.  La  maison  de 
M.  Lafon  fut  épargnée,  et  ce  fut  un  malheur  pour  lui,  car  on 
le  considéra  comme  pactisant  avec  la  réaction. 


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—  225  — 

Meymac,  traversât  l'intérieur  de  la  ville.  A  l'ap- 
pui de  cette  demande,  la  commune  invoquait  les 
dix)its  acquis  aux  propriétaires  de  maisons  qui 
se  trouvaient  sur  le  parcours  de  l'ancien  chemin 
de  Meymac  à  Saint-Angel,  le  déplacement  des 
intérêts  commerciaux,  enfin  les  indemnités  ecôor- 
bitantes  qu'il  faudrait  payer  aux  propriétaires 
des  terrains  si  fertiles  où  devait  être  établie  la 
nouvelle  voie.  Plusieurs  délibérations  municipales 
furent  prises  dans  ce  sens,  et  les  administra- 
teurs du  département,  sans  s'expliquer  sur  la 
modification  du  tracé  réclamé,  enjoignirent  à 
M.  Fouilloux,  entrepreneur,  d'exécuter  les  tra- 
vaux. La  municipalité,  encore  imbue  des  idées 
de  liberté  communale,  avait  cru  pouvoir  résister, 
par  des  oppositions  successives,  au  pouvoir  cen- 
tral qui  avait  pris  la  direction  des  intérêts  géné- 
raux; elle  s'était  étrangement  trompée.  M.  Fouil- 
loux, par  un  moyen  énergique,  et,  disons-le,  par 
une  manifestation  passablement  révolutionnaire, 
eut  bientôt  brisé  les  résistances  des  représentants 
bourgeois  de  la  commune.  Cet  épisode  est  con- 
signé dans  une  délibération  du  5  mars  1791, 
dont  nous  Reproduisons  les  termes  : 

<c  M.  Fouilloux,  après  avoir  prévenu  tous  les  manants, 
requit  la  municipalité  de  s'assembler  extraordinairemeut, 
conduisit  une  troupe  de  ces  manants,  au  nombre  de  plus 
de  cent,  jusqu'à  la  porte  de  l'audience.  Lors,  le  dit 
Fouilloux  exhiba  l'arrêté  du  département.  Après  la  lec- 
ture qui  en  fut  faite,  le  corps  municipal  ne  put  déli- 
bérer, et  s'il  avait  fait  des  observations  à  raison  de  la 
dite  traversée,  il  courait  le  danger  d'être  maltraité.  » 


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—  226  — 

Ainsi,  il  ne  s'agissait  pas  de  délibérer ,  mais 
de  laisser  faire  le  dit  Fouilloux  (1). 

L'opinion  que  défendait  la  commune  de  Mey- 
mac  était  partagée  par  un  grand  nombre  d'habi- 
tants, mais  elle  était  combattue  par  d'autres,  et 
la  classe  ouvrière,  rudement  éprouvée,  réclamait 
avec  énergie  l'ouverture  immédiate  des  travaux 
qui  devaient  lui  assurer  du  pain.  En  résistant 
aux  oppositions  locales  et  à  l'influence  de  la 
bourgeoisie,  M.  Fouilloux  fit  preuve  d'habileté  et 
devint  aussitôt  le  chef  du  parti  populaire  qu'il 
avait  fait  triompher  dans  la  séance  du  5  mars. 

Nous  avons  dit  que  le  clergé  en  général,  avait, 
favorablement  accueilli  la  Révolution,  et  qu'il  ne 
l'avait  point  traitée  en  ennemie;  mais  il  changea 
de  conduite  dès  que  l'Assemblée  constituante  vou- 
lut toucher  à  ce  qu'il  considérait,  à  juste  titre, 
comme  ses  prérogatives  spirituelles.  Diverses  me- 
sures impolitiques  jetèrent  le  trouble  dans  les 
consciences,  et  fournirent  un  prétexte  aussi  bien 
aux  hommes  convaincus  qu'à  ceux  dont  le  se- 
cret désir  était  de  s'opposer  au  nouvel  ordre  de 
choses.  Le  refus  de  considérer  la  religion  catho- 
lique comme  religion  de  l'État,  la  nomination 
des  curés  et  des  évoques  soumise  au  vote  élec- 
toral, etc.,  etc.,  furent  des  fautes  capitales,  alors 
surtout  que  l'union  et  l'esprit  de  concorde  pou- 
vaient seuls  sauver  la  société.  Les  excès  engen- 
drent les  protestations.  Plusieurs  évoques  firent 
acte  d'opposition;  ils  publièrent  des  mandements, 

(1)  Extrait  du  livre  de  ville,  séance  du  5  mars  1791. 


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—  227  — 

et  TAssemblée  constituante,  irritée  de  ces  résis- 
tances, décréta,  le  27  novembre  1790,  que  les 
ecclésiastiques  seraient  astreints  au  serment  ci- 
vique devant  leur  commune»  et  qu'ils  y  ajoute- 
raient celui  de  maintenir  la  constitution  civile  du 
clergé. 

L'effet  de  ces  décisions  passionnées  et  injustes 
se  fit  sentir  jusque  dans  les  plus  humbles  localités. 

Au  début  de  la  Révolution^  M.  Thomas,  curé 
de  Meymac,  avait  été  nommé  député  aux  États 
généraux;  il  avait  Tesprit  libéral;  il  n'aimait 
point  les  privilèges;  ses  opinions  sympathisaient 
avec  celles  de  ses  concitoyens;  mais,  après  le 
décret  de  1790,  dés  qu'il  voulut  obéir  à  sa  foi 
comme  chrétien,  à  son  devoir  comme  prêtre,  il 
fut,  de  par  la  loi  civile,  dépouillé  de  ses  droits 
et  de  ses  titres.  Cette  étrange  confusion  des  prin- 
cipes engendra  d'incalculables  malheurs.  Dans  un 
réquisitoire  du  procureur  de  la  commune  de 
Meymac,  nous  lisons  ces  mots  caractéristiques  : 
«  M.  Thomas,  curé,  aurait  dû  adresser  depuis 
un  mois  son  serment  à  la  municipalité,  et  il  y 
a  lieu  de  suppo&r  qu'il  n'a  pas  voulu  le  prê- 
ter. La  municipalité  est  tenue,  conformément  au 
décret  du  27  novembre  1790,  d'en  donner  avis 
aux  membres  du  district  d'Ussel.  » 

Le  procés-verbal  qui  constate  ce  fait  mentionne 
en  môme  temps  la  comparution  de  MM.  Barlet 
et  Déchamp,  tous  les  deux  vicaires  de  Meymac, 
lesquels  ont,  après  la  grand'messe,  fait  l'un  après 
l'autre,  au  conseil  général  de  la  commune,  en 


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—  228  — 

présence  du  peuple,  le  serment  manus  ad  pectus 
prescrit  par  l'auguste  assemblée  (1). 

M.  Thomas  fut  considéré  comme  démission- 
naire pour  refus  de  serment,  et  il  eut  pour  suc- 
cesseur M.  Barlet,  son  premier  vicaire,  qui  fut 
élu  le  15  mars  1791  et  qui  prit  possession  de 
sa  cure  le  3  avril  suivant. 

Le  môme  jour,  le  procureur  de  la  commune 
donna  lecture  à  la  municipalité  d'une  lettre  de 
M.  Thomas^  Ce  dernier  s'était  rendu  à  Meymac 
pour  protester  sans  doute  contre  l'élection  et  la 
nomination  de  son  successeur,  et  la  délibération 
où  est  mentionné  ce  fait  décide  «  que  la  lettre 
du  ci-devant  curé  de  Meymac  restera  annexée  au 
registre.  »  Cependant  cette  pièce  n'existe  pas,  et 
nous  le  constatons  avec  regret,  car  elle  devait 
contenir  des  appréciations  intéressantes  sur  le 
décret  de  l'assemblée,  et  sur  la  conduite  des 
prêtres  qui  se  soumettaient  au  serment  ou  qui 
refusaient  de  le  prêter.  Rien  encore  n'avait  ou- 
vertement résisté,  à  l'intérieur,  à  la  Révolution. 
Il  convient  de  remarquer  qu'à  partir  de  cette 
époque,  ceux  qui  secrètement  ^restaient  dévoués 
à  la  monarchie,  ceux  qu'on  chassait  des  cloîtres 
et  des  églises,  sans  ressources  et  sans  abri,  essayè- 
rent de  réagir  contre  cette  ardeur  de  démolition 
et  de  reconstruction  sociale  qui  animait  l'assem- 
blée et  la  masse  générale.  Mais  les  entraves  accé- 
lérèrent le  mouvement  qu'on  avait  en  vue  d'en- 
rayer, et  la  Révolution  suivit  impitoyablement 
son  cours. 

(1)  Extrait  du  livre  de  ville,  séance  du  27  janvier  1791. 


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Si  Ton  s'en  rapporte  aux  appréciations  conte- 
nues dans  le  registre  des  délibérations  de  la 
commune  de  Meymac,  M.  Thomas  avait  quitté 
son  poste  à  l'assemblée  et  s'était  rendu  dans  nos 
murs  afin  de  disposer  à  la  résistance  ses  anciens 
paroissiens.  En  effet,  le  5  avril  1791,  la  com- 
mune, extraordinairement  convoquée,  reçut  de 
son  procureur  la  communication  suivante  : 

c  M.  Thomas,  ancien  curé  de  M^grmac,  au  mépris  des 
décrets  de  Tauguste  assemblée  nationale,  dont  il  était 
membre,  s'est  permis  depuis  son  arrivée  de  répandre 
l'alarme  parmi  ses  concitoyens  en  leur  prêchant  de 
fausses  doctrines.  Il  a  osé  dire  que  ceux  qui  ajoutaient 
foi  aux  paroles  de  Vintnts  qui  l'a  remplacé  méritaient 
l'excommunication;  qu'il  ne  fallait  pas  assister  aux  exer- 
cices que  ferait  son  successeur  dans  l'église;  que  tous  les 
actes  qu'il  avait  pu  accomplir  depuis  sa  prestation  de 
serment  étaient  nuls,  irréguliers  et  contraires  à  la  reli- 
gion; qu'il  avait  prêché  la  même  doctrine  à  ses  autres 
confrères  assemblés,  et  que  toutes  ces  menées  odieuses 
tendaient  à  faire  combattre  le  citoyen  contre  le  citoyen. 
Les  habitants  de  la  ville  et  de  la  campagne  n'osent  plus 
approcher  de  l'église  paroissiale,  et  il  les  a  décidés  à 
venir  l'entendre  dans  la  chapelle  des  Pénitents  blancs, 
où  il  fait  lui-même  tes  fonctions  pastorales.  » 

Après  cet  exposé  sommaire  des  faits  reprochés 
à  M.  Thomas,  le  procureur  de  la  commune,  afin 
de  dominer  son  auditoire,  donne  un  libre  cours 
à  son  éloquence  ampoulée,  et  pour  la  rendre  plus 
entraînante,  il  s'écrie  :  «  Quelle  pusillanimité  si 
nous  mollissions  en  face  de  Tinconduite  de  cet  ex- 
pasteur, qui  cherche  tous  les  moyens  imaginables 
pour  faire  revivre  l'ancien  régime  et  pervertir  le 


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—  230  — 

troupeau  qui  lui  était  ci-devant  confié  1  Peu  dé- 
licat à  se  conformer  à  la  loi,  il  ne  craint  pas  de 
devenir  réfractaire  aux  décrets,  puisqu'il  s'est  per- 
mis, depuis  Tinstallation  de  son  successeur,  de 
remplir  ses  fonctions,  de  faire  le  catéchisme,  de 
confesser  et  de  donner  la  communion,  etc.,  etc.  » 
Il  demande  que  la  commune  ordonne  que  le 
sieur  Thomas  sera  relégué  en  tout  autre  en- 
droit  que  cette  ville  (1). 

La  commune  de  Meymac,  on  ne  saurait  la 
blâmer,  s'abstint  de  prononcer  la  peine  de  l'exil 
contre  l'ancien  pasteur,  que  tous  aimaient  et  res- 
pectaient. Elle  se  borna  à  décider  que  l'exercice 
des  fonctions  curiales,  dans  la  chapelle  des  Péni- 
tents blancs,  était  contraire  à  la  loi  et  au  décret 
du  27  novembre  1790,  qu'en  conséquence  M.  Tho- 
mas devait  cesser  d'exercer  son  ministère,  sous 
peine  d'être  poursuivi. 

Cette  mise  en  demeure,  dont  le  caractère  bien- 
veillant est  très  remarquable,  eu  égard  à  l'époque 
où  se  passaient  ces  faits,  fut  sans  influence  sur 
la  conduite  de  l'ancien  curé  de  Meymac.  Il  ré- 
sista aux  conseils  qui  lui  étaient  donnés  et  con- 
tinua avec  courage  son  œuvre  pastorale.  Alors  la 
commune  de  Meymac  enjoignit  au  recteur  des 
Pénitents  blancs  de  maintenir  close  la  porte  de 
sa  chapelle,  et  d'en  déposer  les  clefs  entre  les 
mains  du  procureur  de  la  commune.  Les  sen- 
timents intimes  du  prêtre  durent  souffrir  de  cette 
mesure,  mais  son   honneur  était  sauf;  il  avait 

(1)  Extfait  du  livre  de  ville,  séance  du  5  avril  1791. 


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—  231  ~ 

honorablement  succombé  dans  la  lutte;  il  était 
réduit  à  l'impuissance . 

g  IV 

Partout  en  France  se  produisirent  des  faits  sem- 
blables à  ceux  que  nous  venons  de  décrire.  Les 
membres  du  clergé  qui  se  soumirent  aux  lois 
décrétées  par  la  Révolution  furent  appelés,  dans 
les  rapports  officiels,  prêtres  constitutionnels; 
mais  la  voix  du  peuple  les  désigna  par  une  dé- 
nomination plus  énergique;  elle  leur  infligea  une 
épithète  qui  est  synonyme  de  déshonneur,  qui 
est  une  tache  d'opprobre,  en  les  nommant  les 
prêtres  jureurs.  Leur  adhésion  aux  ordres  du 
pouvoir  temporel,  en  ce  qui  concernait  la  cons- 
titution civile  du  clergé,  réprouvée  par  leurs  pairs 
et  par  ceux  qui  avaient  conservé  le  sentiment  ca- 
tholique, fut  sévèrement  jugée,  et  bien  souvent 
la  déconsidération  et  l'outrage  leur  servirent  de 
cortège,  alors  même  que  leur  vie  privée  était 
pure. 

Quant  aux  prêtres  qui  refusèrent  de  prêter  le 
serment  prescrit  par  l'Assemblée  constituante,  plu- 
sieurs d'entre  eux  moururent  victimes  et  martyrs 
de  leur  foi;  quelques-uns  suivirent  la  route  de 
l'exil;  d'autres  enfin  menèreat  une  vie  errante 
et  pleine  de  périls,  contraints  de  se  cacher  et 
de  vivre  de  l'aumône  que  leur  tendait  une  main 
charitable. 

Il  est  incontestable  que  c'est  à  partir  du  décret 
sur  la  constitution  civile  que  commença  la  lutte. 


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—  232  — 

et  que  le  clergé  sépara  sa  cause  de  celle  du 
peuple.  Ce  fut  la  cause  d'immenses  malheurs, 
car  rÉglise,  influente  partout  et  unie  au  peuple, 
aurait  pu  faire  entendre  ses  conseils  et  rester  le 
guide  et  le  pilote  de  la  France  affolée. 

Les  difficultés  que  fit  naître  dans  notre  pays 
l'exécution  du  décret  du  27  décembre  1790  sont 
parfaitement  indiquées  dans  un  rapport  adressé, 
le  19  novembre  1791,  par  les  administrateurs  du 
district  d'Ussel  à  leurs  collègues  de  Tulle,  à  la 
suite  d'une  demande  de  renseignements  émanée 
du  ministère  de  l'Intérieur.  Cette  lettre,  toute 
confidentielle,  et  qu'il  serait  peut-être  impossible 
de  retrouver  aux  archives  départementales,  est 
presque  une  page  de  notre  histoire  locale;  elle 
mérite  d'être  reproduite  parce  qu'elle  contient  une 
appréciation  très  exacte  de  l'état  de  l'opinion  pu- 
blique, et  qu'elle  indique  l'effet  produit  par  le 
décret  sur  la  constitution  civile  du  clergé;  elle 
est  ainsi  conçue  : 

«  Il  paraît,  suivant  la  copie  de  la  lettre  de  M.  le  mi- 
nistre de  rintérieur,  que  vous  nous  avez  adressée  le  10  de 
ce  mois,  qu'il  désire  connaître  Texécution  des  lois  rela- 
tives au  clergé. 

»  Le  ministre  demande  si  Ton  s'est  occupé  de  la  cir- 
conscription des  paroisses,  du  remplacement  des  curés 
non  réformistes,  et  à  connaître  le  nombre  des  paroisses 
et  succursales  conservées  et  les  églises  supprimées.  Il 
demande  combien  il  existe  maintenant  de  communautés 
religieuses,  et  quel  nombre  il  y  en  avait  ci-devant;  il 
demande  surtout  à  connaître  les  dispositions  des  esprits 
pour  tout  ce  qui  est  relatif  à  la  constitution  civile  du 
clef^é. 


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—  233  — 

»  Vous  savez,  messieurs,  qu'il  y  a  déjà  quelque  temps 
que  notre  travail  sur  la  réunion  et  circonscription  des 
cures  est  fini.  Nous  avons  formé  dans  notre  district 
trente-six  paroisses  et  treize  succureales;  nous  en  avons 
supprimé  quatorze.  Tous  les  curés  non  assermentés  ont 
été  remplacés.  Les  nouveaux  pourvus  jouissent  tous  de 
leur  bénéfice,  mais  non  pas  de  la  confiance  générale  de 
leurs  paroissiens.  Il  y  avait  ci-devant  sept  communautés^ 
religieuses  de  Tun  ou  de  Tautre  sexe;  il  n'y  en  a  qu'u 
seule  de  filles  qui  n'aie  pas  voulu  profiter  du  bénéfice 
de  la  loi,  elle  est  située  à  Ussel.  Les  biens  de  ces  maisons 
religieuses  sont  en  grande  partie  vendus. 

»  La  constitution  est  généralement  chérie  du  peuple; 
"nous  ne  devons  pas  cependant  vous  dissimuler  que  le  ser^ 
ment  exigé  des  prêtres  a  fait  paraître  beaucoup  de  mécontents. 
Bien  des  personnes  n'assistent  pas  aux  ofiices  des  curés 
constitutionnels.  Les  curés  non  conformistes  tâchent  de 
se  faire  des  partisans,  et  mettent  tout  en  œuvre  pour 
rendre  odieux  au  public  ceux  qui  ont  obéi  à  la  loi. 
Nous  pensons  bien  que  si  les  ennemis  de  la  constitution 
pouvaient  parvenir  à  la  faire  renverser,  ils  devraient  le 
succès  de  leur  entreprise  au  serment  que  l'assemblée  a  exigé 
de  prêter. 

»  Les  ci-devant  privilégiés  ont  toujoifrs  fait  paraître 
du  mécontentement  de  la  nouvelle  constitution,  mais  ils 
n'auraient  peut-être  rien  hasardé  si  le  clergé  n'avait  été 
de  leur  parti.  Il  serait  donc  très  intéressant  que  la  légis- 
lature, de  concert  avec  le  roi,  prît  un  remède  prompt  et 
efficace  sur  ce  serment,  afin  de  ramener  l'ordre  et  la 
tranquillité.  » 

Après  le  décret  qui  abolit^ les  vœux  monas- 
tiques, la  maison  conventuelle  de  Meymac  subit 
le  sort  de  toutes  les  autres  abbayes.  Cet  asile, 
autrefois  inviolable,  où  vivaient  quelques  vieillards, 
dût  être  abandonné  par  ses  hôtes  MM.  Coiirtain, 
Sourtiat,  Deschamp,  Meilhot  et  Mauduit.  Leurs 

T.  IX.  8-  4 


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—  234  — 

meubles  ayant  été  mis  sous  les  scellés,  ils  adres- 
sèrent une  pétition  à  la  commune  de  Meymac, 
afin  que  les  membres  de  cette  assemblée  se 
transportassent  dans  la  cellule  de  chacun 
d'eux  pour  vérifier  Vétat  des  petits  meubles 
servant  à  leur  usage  personnel,  afin  qu'il  leur 
fitt  loisible  d'en  disposer  conformément  au 
décret  de  la  Constituante, 

Ces  religieux,  si  fiers  autrefois  de  leurs  pré- 
rogatives, si  jaloux  de  leurs  droits,  de  leurs 
immunités,  sont  contraints  de  s'incliner  aujour- 
d'hui devant  les  membres  de  la  commune.  La 
Révolution,  en  la  personne  de  ses  représentants, 
a  posé  le  pied  sur  ce  cloître,  où  tant  d'hommes 
érudits  et  vertueux  ont  vécu,  travaillé  et  prié. 
Cette  église,  si  vivement  disputée,  échappe  à  leur 
domination,  et  ils  voient  s'affaisser  en  un  jour 
l'œuvre  de  plusieurs  siècles.  Ils  ont  fait  du  bien, 
ils  ont  aidé  aux  progrès  des  sciences,  au  déve- 
loppement de  la  civilisation;  mais  la  reconnais- 
sance des  ht)mmes  est  muette,  les  bienfaits  sein- 
blent  oubliés  tant  est  vif  le  délire  des  passions 
qui  s'agitent,  et  ces  anciens  dominateurs  n'ont 
plus  en  perspective  que  la  misère  et  la  pauvreté. 

L'inventaire  du  mobilier  des  religieux  avait  été 
dressé  en  1790  et  les  scellés  y  avaient  été  appo- 
sés; mais  l'état  des  meubles,  des  livres,  des 
papiers  ne  se.  retrouve  pas  aux  archives  de  la 
commune  de  Meymac,  quoiqu'il  en  soit  fait 
mention  dans  le  procès-verbal  de  récolement 
dressé  le  27  janvier  1791,  d'une  manière  très 
sommaire.  La  maison  conventuelle   de  Meymac 


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—  235  — 

échappa  au  pillage  et  à  la  dévastation;  cepen- 
dant il  est  probable  que  les  objets  les  plus  pré- 
cieux furent  détruits  ou  dénaturés  sans  discerne- 
ment, ou  soustraits  à  la  nation  qui  s'en  était 
emparée.  En  général,  les  officiers  municipaux  des 
communes  considérèrent  comme  inutiles  et  de 
nulle  valeur  les  vieux  livres  et  les  vieux  titres, 
qui  constituaient  Tune  des  richesses  les  plus 
réelles  des  maisons  religieuses;  ils  n'en  dres- 
sèrent pas  même  un  état.  L'autorité  centrale, 
représentée  par  le  comité  de  l'administration 
eedésiastique ,  comprit  trop  tard  l'importance 
qu'avaient,  au  point  de  vue  de  l'histoire,  de  la 
science  et  de  l'art,  ces  bibliothèques  et  ces  ar- 
chives privées  où  s'accumulaient,  depuis  des  siè- 
cles, les  travaux  de  l'esprit  humain,  et  il  de- 
manda aux  administrateurs  du  département  un 
travail  sur  cet  objet.  JLes  membres  du  district 
d'Ussel,  requis  de  procéder  aux  études  réclamées 
par  le  comité  de  l'administration  ecclésiastique, 
firent  l'aveu  naïf  de  leur  faute  et  de  leiu*  igno- 
rance, et  répondirent  qu'en  procédant  à  la  vente 
du  mobilier  des  communautés  religieuses,  ils 
avaient  aussi  vendu  tous  les  volumes  qu'ils 
avaient  trouvés,  et  que  si  la  vente  de  ces  livres 
antiques  avait  produit  peu  de  chose  j  ils 
avaient  néanmoins  fait  le  bien  de  la  nation, 
car  ils  étaient  plus  dignes  de  la  main  d'un 
épicier  que  de  celle  d'ur^  archiviste. 

Quelque  temps  après,  le  département  réclama 
encore  les  livres-journaux  des  ci-devant  Bénédic- 
tins de  Saint-Angel  ej;  de  Meymac,  et  les  mem- 


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—  236  — 

bres  du  district  d'Ussel  firent  cette  réponse  : 
«  Quelques  recherches  que  nous  ayons  faites,  nous 
n'avons  pu  retrouver  ces  livres-journaux.  L'état 
de  confusion  où  sont  les  différents  papiers  de 
communautés,  par  le  défaut  d'un  légiste  ou  d'un 
archiviste,  ne  nous  fait  môme  pas  espérer  de  les 
recouvrer  dans  le  cas  où  ils  sont  déposés  dans 
nos  archives.  » 

Mais  le  comité  d'administration  ecclésiastique, 
qui  sans  doute  avait  à  cœur  de  sauver  du  nau- 
frage quelques  débris  précieux,  insiste  de  nou- 
veau et  demande  qu'on  lui  fît  connaître  le  nombre 
de  liasses  ou  cartons,  et  qu'on  lui  envoyât  une 
notice  des  titres  et  chartes.  Les  membres  du  dis- 
trict d'Ussel  continuent  de  répondre  :  a  Ces  ren- 
seignements ne  peuvent  être  fournis  que  par  des 
gens  exercés  à  déchiffrer  des  titres  antiques;  la 
plupart  des  papiers  que  nous  avons  emportés  des 
maisons  ci-devant  religieuses  sont  d'une  date  très 
ancienne  et  dans  une  grande  confusion;  il  faut 
un  homme  de  l'art  pour  les  remettre  en  ordre. 
Quant  aux  livres  trouvés  dans  les  maisons  reli- 
gieuses, ce  n'étaient  que  des  bouquina  ver-^ 
moulus.  » 

Enfin  le  comité,  voulant  connaître  la  nature 
et  la  valeur  des  objets  précieux  trouvés  dans  les 
églises  ou  dans  les  maisons  conventuelles,  reçoit 
des  membres  du  district  d'Ussel  la  réponse  sui- 
vante, aussi  habile  peut-être  qu'elle  était  mali- 
cieuse :  a  II  est  un  article  dans  l'instruction  du 
comité  qui  nous  paraît  embarrassant.  L'église  des 
ci-devant   Bénédictins  de   Meymac   possède   une 


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—  237  — 

châsse  d'argent  massif.  Ce  monument  ne  présente 
aucune  beauté  qui  parle  pour  sa  conservation.  La 
ville  de  Meymac  tient  singulièrement  à  sa  pos- 
session. La  bonhomie  du  peuple  et  les  petits  ma- 
nèges des  ci-devant  religieux  ont  attiré  à  cette 
châsse  une  grande  vénération.  Elle  gijérit  ou  pré- 
serve, dit-on,  de  la  folie.  Nous  ne  disons  pas 
que  la  ville  de  Meymac  ait  besoin  de  la  cou- 
server;  nous  ne  croyons  même  plus  aux  mi- 
racles, mais  il  serait  extrêmement  périlleux  d'em- 
porter  le  grand  saint  Léger.  Ainsi,  Messieurs, 
si  vous  jugez  à  propos  de  transformer  Teffigie  du 
saint  personnage  en  celle  de  Louis  XVI,  vous 
pouvez  nous  envoyer  mille  à  douze  cents  hommes 
pour  protéger  Tenlèvement.  Au  sérieux  et  très 
sérieux,  la  ville  de  Meymac  ne  permettrait  point 
que  la  châsse  fût  emportée;  la  proposition  que 
nous  en  fîmes,  lors  de  la  vente  du  mobilier  des 
ci-devant  Bénédictins,  causa  beaucoup  de  fermen- 
tation (1).  » 

Sous  une  forme  légère  et  un  peu  railleuse, 
les  administrateurs  du  district  firent  une  appré- 
ciation juste  et  vraie  des  sentiments  de  la  popu- 
lation de  Meymac,  en  affirmant  qu'elle  tenait  à 
conserver  l'image  du  patron  de  la  ville.  Mais 
leur  raisonnement  aurait  eu  plus  de  force  s'ils 
eussent  ajouté  qu'Ussel  aussi  avait  foi  aux  reli- 
ques du  saint,  et  que  toujours  les  habitants  de 
cette  ville  avaient  été  ses  plus  fervents  et  ses 
plus  assidus  visiteurs. 

(1)  Lettres  des  administrateurs  du  district  d'Ussel  des  4  juin» 
23  juillet  et  8  octobre  1791. 


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—  238  — 

L'opinion  émise  par  Tautorité  locale  ne  pré- 
valut pas;  la  châsse  de  saint  Léger,  en  argent 
massif,  fut  convertie  en  une  efj^gie  quelconque, 
et  on  lui  substitua  plus  tard  une  statuette  en 
bois  argenté. 

L'exaltation  des  esprits,  et  bien  souvent  l'igno- 
rance de  ceux  qui  furent  chargés  des  fonctions 
administratives,  causèrent  d'irréparables  pertes, 
car  la  science  et  l'art  ne  sont  pas  seulement 
dans  le  présent,  leur  berceau  repose  dans  le 
passé;  chaque  siècle  est  une  étape  où  le  tra- 
vailleur, en  étudiant  l'œuvre  de  ses  devanciers, 
prépare  à  son  tour  l'œuvre  de  l'avenir. 

Nous  croyons  que  les  officiers  municipaux  de 
la  commune  de  Meymac  se  montrèrent  peu  ri- 
goureux, quand  ils  placèrent  sous  les  scellés  le 
mobilier  des  moines;  ils  comprirent  qu'une  loi 
violente  doit  être  exécutée  avec  modération.  L'ave- 
nir, d'ailleurs,  était  bien  sombre  pour  la  plupart 
de  ces  hommes,  habitués  à  la  vie  conventuelle 
et  jetés  sans  ressources  au  sein  d'une  société  où 
bouillonnaient  des  passions  qu'aucun  frein  ne 
pourrait  bientôt  plus  modérer.  Victimes  des  évé- 
nements formidables  qui  marquèrent  la  fin  du 
XVIII*  siècle,  les  derniers  Bénédictins  de  l'abbaye 
de  Meymac  quittèrent,  le  27  janvier  1791,  ce 
cloître,  fondé  d.epuis  huit  siècles  par  Archambaud, 
vicomte  de  Comborn.  Ils  furent  témoins  de  la 
chute  de  leur  ordre  et  de  leurs  privilèges,  de 
la  vente  de  leurs  cellules  et  de  leur  donjon;  et 
pour  que  rien  ne  manquât  à  l'épreuve  qui  leur 
était  imposée,  on  les  sépara  de  ces  vieux  meubles 


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—  239  — 

qui  avaient  été  les  témoins  et  les  compagnons 
de  leur  vie. 

L'acte  du  27  janvier  1791,  accompli  par  la  mu- 
nicipalité en  présence  de  MM.  Courtain,  prieur, 
Sourtiat,  Deschamp,  Meilhot  et  Mauduit,  est  le 
dernier  titre  authentique  de  l'histoire  de  l'abbaye 
de  Meymac.  Trois  de  ces  anciens  religieux  : 
MM.  Deschamp,  Sourtiat.  et  Mauduit,  ne  quit- 
tèrent pas  la  ville,  et  moururent  après  avoir 
modesteînent  vécu,  aux  portes  du  vieux  cloître 
qui  longtemps  les  avait  abrités.  M.  Mauduit,  qui 
n'avait  aucune  ressource  personnelle,  se  livra  à 
l'enseignement  et  répandit  le  goût  des  arts  et 
de  la  musique  au  sein  de  la  nouvelle  génération 
qui  s'élevait  :  son  portrait,  peint  par  lui-même, 
et  qui  existe  encore,  est  la  dernière  œuvre  du 
dernier  Bénédictin  de  Meymac. 

Nous  n'irons  pas  plus  loin  :  les  événements 
qui  suivirent  sont  encore  trop  rapprochés  de  nous. 
Nous  laissons  à  d^autres  le  soin  d'en  retracer  les 
épisodes  et  d'en  écrire  le  récit.  D'ailleurs,  l'his- 
toire de  la  Révolution  à  Meymac  est  une  sombre 
et  lamentable  histoire.  Pourrions-nous  peindre  ces 
accès  de  folie  humaine,  ces  orgies  sanglantes  qui 
épouvantèrent  les  trois  âges  :  l'enfant,  l'homme 
fait,  le  vieillard,  avec  la  froide  impartialité  de 
l'historien?  Comment  raconter,  sans  être  saisi 
d'horreur  et  sans  accuser  un  parti  tout  entier, 
qui  cependant  tout  entier  n'était  pas  coupable, 
ces  réquisitions  forcées  de  jeunes  enfants  réunis 
au  pied  de  l'échafaud?  Comment  expliquer  leur 
présence  en  ce   lieu?  On   ne  sait,   mais  ils  y 


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—  240  — 

étaient  par  ordre;  c'est  là  un  rêve  de  bête  fauve. 
Les  auteurs  de  ces  tristes  immolations,  plagiaires 
des  crimes  qu'accomplissait  la  Commune  de  Paris, 
ne  purent  avoir  l'espoir  que  leurs  actes  jette- 
raient l'effroi  et  la  terreur  en  France;  le  théâtre 
où  s'exerçaient  leurs  fureurs  n'était  pas  assez 
vaste;  mais  ils  montrèrent  à  quels  excès  peuvent 
conduire  la  haine  et  la  passion,  jusqu'où  peut 
s'élever  la  cruauté  de  l'homme.  Ils  affirmèrent 
la  puissance  du  mal,  tandis  que  les  victimes, 
sorties  des  rangs  du  peuple,  simples  et  modestes 
paysans  qu'on  ne  pouvait  accuser  de  projets  san- 
guinaires, par  leur  courage  et  par  leur  résigna- 
tion, épouvantèrent  jusqu'à  leurs  bourreaux. 


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LE 

PHYLACTÈRE  DE  CHATEAU-PONSAC 


(HAUTE-VIENNE) 


B  reliquaire  n'est  ni  inconnu  ni 
inédit.  Les  archéologues  ont  pu  le 
voir  quelque  temps  à  Paris  entre 
les  mains  de  MM.  Didron  et  du 
Sommerard,  surtout  à  l'Exposition 
universelle  de  1867,  et  à  celle  de 
Limoges  en  1886  (1).  Les  inventaires 
de  Tabbaye  de  Grandmont  Tont  enregistré,  en  1567  et 
1790,  lui  consacrant  quelques  lignes  (2),  et  enfin,  après 


(1)  Catalogue  de  l'Exposition,  partie  rétrospective.  Orfèvrerie, 
p.  16-17. 

(2)  «  Une  pièce  d'argent  doré,  en  carré,  où  il  y  a  quatre  petits 
clochers  d'argent  et  des  christallins  et  perles  qui  pendent  tout 
autour  d'icelle,  garnye  de  pierreries  où  il  y  a  du  christallin  et 
une  pinne  d'argent  dorée,  par  le  dessus,  bien  ouvrée.  »  (Invent, 
de  l'abbaye  de  Grandmont,  en  1567.  —  V.  Mém,  de  la  Soc.  des 
Antiq.  de  VOuest,  an.  1842,  p.  341;  AnnaL  archéologiq,,  t.  XIII, 
p.  329;  Dictionn,  d'Orfévr,,  col.  899.) 

«  Un  reliquaire  de  vermeil,  orné  de  filagrammes  de  môme  ma- 
tière, enrichi  de  plusieurs  pierreries,  dont  le  soubassement  porte 
une  plaque  qui  le  couvre  en  entier  comme  une  table,  aux  quatre 
coins  de  laquelle  il  y  avait  autrefois  quatre  petites  tourelles,  dont 
il  ne  reste  plus  qu'une  entière;  une  seconde  a  perdu  sa  flèche 
par  le  laps  du  temps  (l'ouvrage  étant  fort  ancien  et  d'un  goût 
gothique);  les  autres  manquent.  Au  milieu  de  cette  plaque  s'élève 
un  christal  carré  et  ciselé,  qui  parait  être  de  christal  de  roche; 
il  est  surmonté  d'un  bouquet  de  feuilles  de  chône  et  aussi  de 
vermeil  dont  est  toute  la  matière  de  ce  reliquaire,  sous  le  pied 
duquel,  qui  est  carré,  et  sur  les  quatre  faces  d'icelui  est  gravée 


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—  242  — 

trois  courtes  mentions  (1),  feu  Tabbé  Texier  Ta  décrit 
en  détail  dans  les  Annales  archiologiqiLes,  en  ayant  soin 
d'accompagner  son  article  d'une  belle  gravure  due  au 
burin  de  Léon  Gaucherel  (2),  et  dans  le  Dictionnaire  d'Or-' 
fivrerie  (Paris,  Migne,  1856,  .in-4^  col.  894-900),  où  la 
gravure  est  détestable  (col.  1496). 

A  la  rigueur,  on  pourrait  se  contenter  de  ce  qm  a 
été  dit  antérieurement.  Cependant  cette  publicité  est-elle 
réellement  suffisante?  Je  ne  le  pense  pas.  Jeune  sémi- 
nariste, je  lisais  avec  avidité  les  travaux  de  l'abbé  Texier, 
admettant  sans  conteste  une  autorité  qu'il  m'était  alors 
absolument  impossible  de  contrôler  et  que  j'acceptais 
volontiers  de  confiance.  Actuellement,  placé  à  un  autre 
point  de  vue,  sinon  au-dessus  au  moins  au  même 
niveau,  je  constate  à  regret  que  le  zélé  archéologue  n'a 
pas  toujours  bien  vu  ou  tout  vu,  qu'il  a  émis  des  prin- 
cipes sans  en  tirer  des  conséquences,  et  qu'ayant  peu 
voyagé  et  par  conséquent  très  peu  comparé,  les  limites 
du  Limousin  ont  presque  été  son  horizon,  forcément 
restreint. 

Je  reviendrai  donc,  puisque  l'occasion  s'en  présente, 
sur  une  pièce  d'orfèvrerie,  dont  il  ne  me  semble  pas 
avoir  compris  toute  la  portée  archéologique.  Pour  ceux 
qui,  avec  le  poète,  n'aiment  pas  le  bis  in  idem,  mon 
excuse  sera  dans  des  aperçus  nouveaux  et  ma  justifi- 
cation dans  des  conclusions  différentes  (3). 


l'inscription  suivante  en  caractères  gothiques.  »  {Inv.  de  1790.  — 
V.  Mém,  de  la  Soc,  p.  336;  Annal,  p.  329;  Dictionn,  d'Orfévr,, 
col.  899.)  L'abbé  Legros,  rédacteur  de  ce  second  inventaire,  a  lu 
courammentj'inscription  ;  toutefois,  il  s'est  trompé  à  protomartire, 
qu'il  écrit  PTBO,  ce  qui  signifierait  plutôt  preshytero,  et  à  Persie, 
qu'il  interprète  PHE,  qui  n'a  guère  d'autre  sens  que  prophète. 

(1)  Mém.  de  la  Soc.  des  Antiq.  de  l'Ouest,  an.  1842,  p.  238; 
an.  1850,  p.  170-173.  —  Annal,  arch.,  t.  XV,  p.  292. 

(2)  T.  XIII,  p.  326-330.  Une  seconde  gravure,  sur  bois,  a  été 
donnée  dans  les  Annales,  t.  XIX,  p.  37. 

(3)  Cette  année  môme,  j'ai  décrit  le  reliquaire  de  Gh&teau-Ponsac 


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—  243  — 

Je  commence  par  déclarer  que  la  dénomination  de 
Reliquaire  de  tous  les  saints  ne  peut  subsister,  car  elle 
n'est  pas  exacte.  En  effet,  il  ne  s'agit  pas  de  tous  les 
saints,  ni  même  d'un  nombre  considérable  de  saints, 
pas  plus  que  d'un  calendrier,  mais  seulement  de  trente- 
six  reliques,  nombre  peu  considérable  relativement  au 
martyrologe  et  au  bréviaire.  De  plus,  on  ne  précise  pas 
de  cette  façon  le  lieu  qui  a  l'honneur  de  le  posséder, 
ce  qu'il  importe  principalement  aux  amateurs  de  savoir, 
car  c'est  là  qu'ils  devront  aller  le  chercher.  Enfin  ce 
n'est  pas  un  reliquaire  ordinaire,  puisque  une  inscrip- 
tion gravée  sous  le  pied  lui  donne  un  nom  particulier, 
qu'il  est  d'autant  plus  utile  de  faire  ressortir  que,  jus- 
qu'à présent,  on  ne  connaît  que  de  très  rares  exem- 
plaires authentiques  des  phylactères  du  moyen-âge. 


I 


La  hauteur  totale  du  phylactère,  dans  son  état  actuel 
de  mutilation,  est  de  0"*28  centimètres.  Le  pied  mesure, 
en  largeur,  0"12  centimètres,  tandis  que  le  plateau  supé- 
rieur n'a  que  0"085  millimètres. 

L'ensemble  se  constitue  ainsi  :  Une  pyramide  carrée, 
à  lignes  courbes,  sur  laquelle  est  posée  par  la  pointe 
ime  autre  pyramide  plus  petite,  l'une  et  l'autre  séparées 
par  un  nœud.  Du  plateau,  formé  par  la  base  de  la 
seconde  pyramide,  s'élance  une  tourelle  quadrangulaire, 
flanquée  de  quatre  petits  clochetons. 

La  matière  est  l'argent,  doré  seulement  à  l'extérieur. 

Le  pied  est  carré,  ce  qui  a  permis  d'asseoir  solide- 
ment le  reliquaire;  mais  aussitôt,  pour  dissimuler  la 
lourdeur  inhérente  à  cette  forme,  l'artiste  en  a  percé  à 


dans  Orfèvrerie  et  Émaillerie  limousine^  iii-4*  publié  en  colla- 
boration avec  M.  Léon  Palustre.  Il  figure  en  phototypie  à  la 
planche  XX. 


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—  244  — 

jour  la  plinthe,  qu'il  a  oruée  d'une  série  d'arcades 
cintrées  (1). 

Une  pyramide  guadrangulaire  rectiUgne  eût  manqué 
de  grâce.  Les  côtés  en  ont  donc  été  adoucis  par  une 
courbe,  dont  toutes  les  arêtes  sont  dessinées  par  une 
torsade  qui  s'harmonise  avec  les  fils,  également  tors,  qui 
pourtournent  le  soubassement.  Sur  chaque  pente  courent 
des  tiges  souples,  formées  par  un  filigrane  léger  qui,  aux 
extrémités,  s'arrondit  en  volute  :  en  quelques  endroits, 
le  fil  d'or  est  double,  mais  toujours  strié  sur  sa  tranche, 
soit  pour  imiter  le  fil  tordu  au  fuseau,  soit  pour  mieux 
le  détacher  du  fond  uni. 

Le  filigrane  relie  ensemble  les  pierres  précieuses,  ré- 
gulièrement disposées  en  orle,  et  sur  une  ligne  droite,  au 
nombre  de  dix-neuf  par  papneau.  Suivant  l'usage  admis 
au  moyen-âge,  les  petites  alternent  avec  les  grosses.  Toutes 
sont  montées  en  bâte,  cylindrique  pour  les  petites,  irré- 
gulière pour  les  autres,  selon  la  forme  même  de  la  pierre. 
Le  lapidaire  employait  la  gemme  telle  qu'elle  lui  était 
fournie  par  le  commerce,  se  contentant  de  la  polir;  aussi 
y  en  a-t-il  de  formes  très  diverses  :  rondes,  ovales,  car- 
rées, triangulaires,  irrégulières,  ce  que  l'on  nomme  les 
pierres  baroques.  La  taille  n'admet  que  deux  variétés  :  le 
cabochon  et  la  table,  c'est-à-dire  que  la  surface  est  tantôt 
arrondie  et  tantôt  plane. 

Ces  pierres  se  nomment  l'améthyste,  le  saphir,  l'éme- 
raude,  la  turquoise,  la  topaze,  la  cornaline,  le  rubis 
balai.  Parmi  elles  il  faut  noter  une  turquoise  pointillée, 
une  topaze  de  mauvaise  qualité  et  quelques  perles  fines, 
mais  surtout  deux  pâtes  phéniciennes. 

J'ai  expliqué,  à  propos  du  trésor  d'Aix-la-Chapelle,  où 
ils   étaient  signalés  pour  la  première    fois  (2),   l'usage 

(1)  Nous  retrouvons  ces  arcades  sur  la  croix  filigranée  de  Téglise 
d'Eymoutiers  et  le  reliquaire  de  Téglise  Saint-Michel,  à  Limoges, 
deux  pièces  remarquables  de  Torfévrerie  du  xiii*  siècle.  —  Voir 
Orfèvrerie  et  Émaillerie  limousines,  pi.  XV,  XVII. 

(2)  Bulletin  Monumental,  1877,  p.  233.  A  l'Exposition  du  Trocs- 


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—  245  — 

de  ces  émaux  assimilés  à  des  gemmes.  Peut-être  un  jour 
sera-ce  un  indice  pour  la  fixation  certaine  de  quelques 
ateliers  d'orfèvrerie.  Plus  tard  ce  genre  a  été  imité  à 
Venise.  Ici  les  pâtes  violacées  sont  veinées  de  blanc. 

Une  pierre  surtout  doit  fixer  notre  attention,  parce 
que  c'est  une  intaille  antique.  Le  fond  en  est  d'un  bleu 
très  pâle.  La  gravure  est  fine  et  montre,  dans  un  très 
petit  espace,  un  lapin  assis  sur  le  train  de  derrière  et 
broutant  des  feuilles  entassées  dans  une  corbeille.  Une 
autre  intaille  figure  un  hexagone  saillant,  chaque  pan 
incliné  arrondi  à  la  hase. 

Au  milieu  de  cette  constellation  de  gemmes  variées 
brillent  quatre  petits  médaillons  en  émail,  un  par  côté, 
montés  en  bâte  comme  les  pierres.  Ce  sont  des  émaux 


cloisonnés  et  translucides.  Sur  le  fond  d'un  rouge  grenat, 
contourné  de  bleu,  se  détache  une  croix  verte,  dont  les 
bords  sont  ondulés  et  qui  est  marquée,  au  centre,  d'une 
petite  rose  blanche.  Sur  le  quatrième  émail,  la  bordure 
est  rouge,  le  fond  vert  et  la  croix  blanche.  Cette  croix, 
d'un  dessin  très  léger,  est  trilobée  à  ses  extrémités,  can- 
tonnée de  trèfles  rouges  et  marquée,  au  centre,  d'un 
point  jaune  bordé  de  bleu.  Ces  émaux,  ce  que  n'a  pas 
dit  l'abbé  Texier,  ne  peuvent  être  de  fabrication  limou- 
sine; ils  pourraient  provenir  soit  de  Byzance,  soit  d'Italie  : 
je  les  croîs  d'une  époque  bien  antérieure  au  reliquaire 
et  fabriqués  à  Trêves  où,  dans  le  trésor  de  la  cathédrale, 


déro,  on  a  beaucoup  remarqué  la  splendide  collection  de  M.  Gréau, 
qui  possède  quantité  de  fragments  de  ces  verroteries  et  même  un 
vase  intact. 


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—  246  — 

il  en  existe  de  précieux  spécimens  (1).  Dans  Tatelier  du 
lapidaire,  ils  formaient  un  fonds  commun  (2),  comme  les 
pâtes  de  verre  et  les  intailles  antiques;  on  y  puisait 
au  besoin,  sans  se  préoccuper  d'autre  chose  que  d'en- 
richir une  œuvre  qu'il  fallait  faire  belle  avant  tout. 

Le  moyen-àge,  qui  aimait  le  luxe,  prodiguait  les 
pierres  précieuses  dans  ses  œuvres  les  plus  soignées. 
Ici  ce  n'était  pas  sans  raison,  car  on  attachait  un  sens 
mystique  à  toutes  les  pierres  et  on  leur  faisait  signi- 
fier, en  ne  tenant  compte  que  de  leur  nuance,  les  diffé- 
rents ordres  de  saints  et  même  certaines  individualités 
exceptionnelles,  telles  que  celles  des  apôtres.  De  la  sorte 
le  pied  du  phylactère  s'harmonisait  avec  les  reliques 
qu'il  devait  supporter  :  en  haut,  on  vénérait  les  dé- 
pouilles mortelles  des  saints,  et,  en  bas,  on  se  plaisait 
à  considérer  les  gemmes,  qui  étaient  les  emblèmes  de 
leurs  vertus  (3). 

Le  symbolisme  se  maintient  au  nœud,  qui  a  la  forme 
d'une  boule  légèrement  aplatie.  Il  se  divise  en  deux 
zones,  séparées  par  un  bandeau  gemmé  où  se  remar- 
quent des  émeraudes,  des  saphirs  et  des  balais.  Sur 
chacune  d'elles  s'allongent  des  dragons  ailés,  aux  yeux 
d'émail,  à  la  queue  recourbée  en  volute,  et  qui  s'entre- 


(1)  Voir  dans  le  Trésor  de  Trêves,  TAutel  portatif  et  l'Étui  du 
saint  clou,  qui  sont  des  œuvres  de  Tarchevôque  Egbert. 

(2)  M.  Darcel  exprime  la  même  idée  à  propos  d*émaux  analogues 
constatés  par  lui  à  Conques  sur  TA  dit  de  Gharlemagne  :  «  Les 
émaux  translucides  des  médaillons  ne  peuvent  fournir  aucune  date 
positive  (pour  T&ge  du  reliquaire),  car  ils  doivent  avoir  été  fabri- 
qués en  Orient  à  toutes  les  époques  et  envoyés  dans  tous  les 
ateliers  d'orfèvrerie  pour  y  être  montés  au  gré  de  chacun,  du 

vni*   au  XIV*  siècle Rien   n'empêche  que  nos  médaillons  ne 

soient  des  premières  années  du  ix*.  »  (Annal,  arch,,  t.  XX, 
p.  269.)  Cette  dernière  date  convient  presque  aux  émaux  de 
Ch&teau-Ponsac. 

(3)  Voir  dans  les  Annales  archéologiques,  t.  V,  p.  216,  l'article, 
plein  d'érudition,  de  M"*  Félicie  d'Ayzac  :  Symbolique  des  pierres 
précieuses. 


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—  247  — 

lacent  et  se  mordillent  (1).  Une  décrétale,  citée  par  le 
chanoine  Âuber  dans  son  Histoire  du  Symbolisme,  nous 
révèle  que  ces  monstres,  si  fréquents  sur  les  crosses  où 
souvent  ils  sont  rendus  d'une  manière  plus  énergique, 
figurent  la  lutte  qui  existe  sur  la  terre  par  suite  des 
mauvais  instincts,  combat  dans  lequel  les  saints,  que 
rÉglise  propose  comme  modèles,  sont  demeurés  vain- 
queurs. Ces  dragons  se  détachent  en  fort  relief  et  con- 
trastent avec  le  reste  de  Tornementation,  si  délicate  et  si 
fine,  dont  ils  n'ont  plus  les  proportions  harmoniques; 
aussi  pourrait-on  peut-être  concevoir  quelque  doute  sur 
leur  authenticité  (2).  D'ailleurs,  il  est  assez  singulier  de 
faire  traverser  une  tige  carrée  par  une  boule,  qui  aurait 
dû  être  évidée  à  pans  pour  maintenir  l'équilibre  des 
lignes  (3).  Gela  est  si  vrai  que,  plus  haut,  l'on  n'a  pas 
osé  donner  la  forme  cylindrique  au  clocheton  central, 
quoiqu'elle  soit  plus  élégante. 

Du  nœud  émerge  la  seconde  pyramide,  filigranée  et 
gemmée  comme  celle  dont  elle  est  le  développement, 
mais  dans  des  proportions  plus  restreintes,  car  les  lois 
du  goût  exigent  que  le  pied  soit  plus  large,  parce  que 
c'est  sur  lui  que  repose  toute  la  pièce.  De  ce  plateau 
pendaient  de  petites  boules  de  cristal  de  roche,  traver- 


(1)  Le  moine  Théophile,  dans  sa  Diveraarum  arlium  Schedula, 
à  propos  de  Tencensoir^  prescrit  de  mêler  aux  fleurs  des  bêtes 
et  oiseaux,  ainsi  que  des  dragons  dont  les  queues  et  les  cous 
s'enlacent  :  «  In  quibus  sint  flores,  bestiœ  et  aviculœ  sive  dra- 
cones  concatenati  collis  et  caudis  v  (cap.  lxxiv).  Or,  Théophile 
écrivait  cinquante  ans  au  plus  avant  Texécution  du  phylactère 
limousin. 

(2)  Je  ne  veux  pas  dire  pour  cela  que  ce  nœud  est  de  fabrication 
récente  et  non  du  xiii*  siècle,  mais  qu'il  n'a  pas  dû  être  fait  pour 
ce  reliquaire;  néanmoins  il  trouve  son  pendant  dans  les  feuillages 
de  l'amortissement  du  clocheton. 

(3)  L'ostensoir  de  Limoges,  dont  le  pied  est  rectangulaire,  a 
modifié  esthétiquement  la  boule  de  son  nœud  en  la  faisant  tra- 
verser par  un  filet  à  pans,  qui  rétablit  à  l'œil  l'accord  des  lignes 
principales. 


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—  248  — 

sées  par  un  fll  et  attachées  par  un  crochet.  Il  n^en 
reste  plus  que  deux  (1). 

Le  plateau  se  rapetisse  par  un  glacis,  bordé  d'un  orle 
de  petites  gemmes.  Un  second  rang  de  gemmes  sem- 
blables décore  la  plate-forme,  qui  sert  de  base  au  clo- 
cheton. De  celui-ci  il  n'y  a  plus  que  les  amorces,  c'est- 
à-dire  une  série  d'arcades  cintrées.  Le  plan  formé  un 
losange,  cantonné  de  quatre  tourelles  ajourées,  terminées 
par  un  toit  conique,  que  couronne  une  petite  croix  : 
une  seule  de  ces  tourelles  est  restée  en  place  (2).  De 
la  galerie  à  jour,  gemmée  sur  sa  corniche,  monte  une 
collerette  de  feuillages,  destinée  à  emboîter  le  clocheton, 
renforcé  de  petits  arcs-boutants  et  disposé  en  carré,  de 
manière  à  concorder  avec  le  pied  du  reliquaire. 

Un  flacon  de  verre  coulé  a  remplacé,  au  xvii*  siècle,  le 
tube  de  cristal,  plus  ou  moins  élancé,  dans  lequel  étaient 
renfermées  les  saintes  reliques.  On  ne  pourrait  que  se 
livrer  à  des  conjectures  sur  sa  forme  et  sa  hauteur,  quoi- 
qu'il soit  probable  que  l'élévation  n'a  pas  dû  varier 
sensiblement,  et  qu'il  soit  au  contraire  certain,  d'après 
la  base  et  le  couronnement,  que  le  clocheton  affectait 
la  forme  rectangulaire.  L'amortissement  se  compose  de 
quatre  étages  de  feuilles  disposées  en  croix,  et  dont  la 
nervure  se  prolonge  en  une  petite  grappe;  au  sommet 
est  une  pomme  de  pin,  appuyée  sur  une  corolle.  Ce 
détail  est  gracieux,  quoique  un  peu  lourd. 

(1)  L'inventaire  du  château  de  Nantes,  de  1490,  qualifie  bouton- 
nets  branlants  de  petites  boules  suspendues  et  non  fixes  :  a  Une 

esguyère  d'albastre,  garnye  d*or Et  à  Tenviron  dMceluy  fretelet 

a  xij  boutonnetz  d'or  branlans.  »  Ailleurs,  à  propos  d'une  salière 
d'or,  il  dit  que  :  «  ou  corps  d'icelle  »  sont  «  seix  petites  perles 

branlantes et  ou  fretelet  une  plus  grosse  perle  et  cinq  petites 

perles  branlantes.  » 

(2)  Toutes  les  reliques  ne  pouvant  tenir  dans  le  tube  central, 
il  est  probable  que  Ton  en  disposa  un  certain  nombre  dans  les 
tourelles,  comme  il  fut  fait  dans  un  reliquaire  analogue  exécuté 
en  1223  pour  l'abbaye  de  Glairvaux.  (Lalore,  Trésor  de  Clairvaux, 
p.  33,  37.) 


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—  ?49  — 

Au  point  de  vue  de  Testhétique,  ce  reliquaire  laisse 
à  désirer  sous  le  rapport  de  la  forme,  car,  comme 
lignes,  il  est  d'un  dessin  médiocre  et  peu  étudié.  Ce- 
pendant Toriginalité  ne  lui  fait  pas  défaut,  et,  quand 
on  en  vient  à  examiner  les  détails,  on  est  frappé  tout 
de  suite  par  sa  «  remarquable  exécution  »,  suivant  Tob- 
servation  judicieuse  de  Didron  (1). 


II 


Je  ne  suis  pas  partisan  du  symbolisme  à  outrance. 
Cependant  je  l'admets  sans  difficulté  quand  il  se  fonde 
sur  une  inscription  ou  que  Tinlention  de  l'artiste  est 
manifeste.  Or,  dans  le  phylactère  de  Château-Ponsac, 
l'évidence  saisit  au  premier  abord  et  la  pensée  ne  peut 
se  défendre  de  s'arrêter  à  l'idée  de  la  Jérusalem  céleste, 
dont  nous  avons  sous  les  yeux  une  quadruple  expression 
dans  le  carré,  les  parois  gemmées,  les  pendeloques  et 
l'arbre  terminal. 

La  ville  sainte  est  bâtie  sur  un  plan  carré  :  «  Ostendit 
mihi  civitatem  sanclam  Jérusalem  descendentem  a  cœlo, 

habentem  claritatem  Dei et  civitas  in  quadro  posita 

est  »  (Apocalypse,  XXI,  11,  16).  La  clarté  divine  est  ad- 
mirablement rendue  par  le  brillant  de  l'or  :  «  ipsa  vero 
civitas  aurum  mundum  »  (XXI,  18).  Les  portes,  toujours 
ouvertes,  qui  y  donnent  accès,  sont  cette  galerie  à  jour 
qui  forme  le  soubassement  :  «  Et  habebat  murum  mag- 
num et  altum,  habentem  portas et  portae  ejus  non 

claudentur  »  (XXI,  12,  25). 

Les  murs  sont  ornés  de  toutes  sortes  de  pierres  pré- 
cieuses, parmi  lesquelles  saint  Jean  spécifie  le  saphir, 
l'émeraude,  la  topaze  et  l'améthyste  :  «  Et  fundamenta 
mûri  civitatis,  omni  lapide  pretioso  ornata  :  ...  jaspis,  ... 
sapphirus,  ...  chalcedonius,  ...  smaragdus,  ...  sardonix,  ... 


(1)  Annal,  arch.,  t.  XIII,  p.  327. 

T.  IX  2-6 


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—  250  — 

sardius,  ...  chrysolithus,  ...  beryllus,  ...  topaziua, ...  chry- 
soprasus, ...  hyacinthus,  ...  amethystus  »  (XXI,  19,  20). 

L'ofBce  de  la  dédicace,  développant  le  même  symbo- 
lisme, nous  montre  les  pierres,  dont  sont  formés  les 
murs,  préparées  et  polies  sous  le  marteau  de  la  souf- 
france. «  Lapides  pretiosi  omnes  mûri  tui,  et  turres 
Jérusalem  gemmis  sedificabuntur  j»,  dit  une  antienne  des 
vêpres,  complétée  par  Thymne  : 

a  Gœlestis  urbs  Jérusalem, 
Beata  pacis  visio, 
Qu»  celsa  de  viventibus 
Sazis  ad  astra  tolleris 

»  Hic  margaritis  emicant 
Patentque  cunctis  ostia  : 
Virtute  namque  praevia 
Mortalis  illuc  ducitur, 
Amore  Ghristi  percitus, 
Tormenta  quisquis  sustinet. 

»  Scalpri  salubris  ictibus 

Et  tunsione  plurima 

Fabri  polita  malleo 

Hanc  saxa  molem  construunt.  » 

Dans  cet  ensemble  harmonieux  et  pacifique,  les  dra- 
gons ne  sont  pas  déplacés.  Occupés  à  se  dévorer  entre 
eux,  ils  attestent  par-là  même  que  les  justes  scmt  désor- 
mais à  l'abri  de  leurs  morsures.  En  effet,  là  où  ils 
habitaient  poussent  le  jonc  et  le  roseau,  si  bien  expri- 
més par  les  tiges  souples  et  élégantes  du  filigrane.  Ceux 
qui  ont  été  délivrés  sont  les  seuls  appelés  à  fouler  cette 
voie  sainte  de  la  nouvelle  Sion,  où  la  joie  sera  éter- 
nelle, sans  douleurs  ni  gémissements. 

«  In  cubilibus,  in  quibus  prius  dracones  habitabant, 
orietur  viror  calami  et  junci.  Et  erit  ibi  semita  et  via 

sancta  vocabitur  :  non  transibit  per  eam  pollutus 

Et  ambulabunt  qui  liberati  fuerint.  Et  redempti  a  Domino 
convertentur,  et  venient  in  Sion  cum  laude  :  et  Isetitia 
isempiterna  super  caput  eorum  :  gaudium  et  Isetitiam  obti- 
nebunt  et  fugiet  dolor  et  gemitus.  »  (Isai.,  XXXV,  7-10.) 


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—  251  — 

L'office  de  saint  Bernard,  composé  au  xii*  siècle,  ex- 
prime la  même  idée  dans  Fantienne  du  premier  noc- 
turne :  «  ViaB  viri  sancti  viae  pulchrsB  et  omnes  semit» 
ejus  pacificsB,  quia  lignum  vitae  apprehendit  »  (Lalore, 
Reliq.  des  trois  tambeauoir  saints  de  Clairvatix^  page  XI). 

De  plus,  les  saints  ont  vaincu  par  la  foi{l).  Or,  cette 
vertu  victorieuse  est  ici  exprimée  par  le  vice  qui  lui 
est  contraire  et  qu'elle  a  dompté,  l'hérésie,  qui  ne  croit 
pas  et  conteste  l'autorité  enseignante.  Le  chanoine  Âuber, 
qui  a  découvert  dans  les  Décrétales  une  des  sources  du 
symbolisme  chrétien  (2) ,  a  bien  eu  soin  de  consigner 
dans  son  docte  ouvrage  ce  passage  de  Grégoire  IX  qui, 
excommuniant  et  anathématisant  tous  les  hérétiques, 
sous  quelque  nom  qu'ils  se  cachent,  les  compare  à  ces 
monstres  dont  la  queue  repliée  est  faite  pour  enlacer  et, 
comme  ils  se  tiennent  tous,  dont  le  lien  est  la  vanité  (3). 

Ici  les  dragons  ont  une  queue  enroulée,  qui  dénote 
l'aptitude  à  ces  enlacements  funestes,  et  elle  s'épanouit 
en  feuillages  stériles,  symbole  expressif  de  ce  qui  est 
vain  et  ne  produit  rien  pour  le  ciel. 

Puis,  au  milieu  du  plateau  de  la  cité,  s'élève,  près 
d'un  fleuve  de  cristal,  l'arbre  de  vie,  aux  fruits  nom- 
breux et  savoureux  (4),  aux  feuilles  toujours  vertes  qui 


(i)  L'Inventaire  de  Grandmont,  en  1666,  admettait  parfaitement 
ce  symbolisme  :  «  Un  reliquaire  fait  en  tableau,  dont  le  cadre  est 
en  bois  et  par-dessus  orné  d'ivoire  et  d'ébène,  bien  travaillé.  On 
lit,  à  travers  d'une  glace,  ces  mots  tout  autour  du  carré  :  Sancli 
per  fidem  vicerunt  régna,  opérait  aunt,  etc.,  et  les  noms  autour 
des  reliques  dont  il  est  garni  »  [Dictionn,  d'Orfévr,,  col.  871). 

(2)  Hiat.  du  Symbolisme,  t.  III,  p.  344. 

(3)  «  Excommunicamus  et  anathematizamus  universos  hœreticos. 
Cathares...^  Pauperes  de  Lugduno...,  Arnaldistas  et  alios  quibus- 
cumque  censeantur  :  faciès  quidem  habentes  diversas,  sed  caudas 
ad  invicem  colligatas,  quia  de  vanitate  conveniunt  in  idipsum  » 
{Décrétai,  lib.  V,  tit.  VII,  cap.  xv). 

(4)  Saint  Bernard,  dans  sa  vie  de  saint  Malachie,  répétée  aux 
leçons  et  aux  antiennes  dès  la  fin  du  xii*  siècle,  fait  allusion  à 
ces  fruits  spirituels  :  «  Liceat  nobis  aliquas,  te  migrante,  retinere 


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—  252  — 

• 

doivent  guérir  les  nations  :  «  Et  ostendit  mihi  âuvium 
aquœ  vitae,  splendidum  tanquam  crystallum,  procedenlem 

de  sede  Dei  et  Agni.  In  medio  plate»  ejus lignum 

vitœ,  afferens  fructus  duodecim,  per  menses  singulos 
reddens  fructum  suum  et  folia  4igni  ad  sanitatem  gen- 
tium  »  (XXII,  1,  2). 

Enfin,  la  grâce  céleste  descendra  sur  tout  germe 
comme  une  rosée  bienfaisante,  ce  que  traduisent  litté- 
ralement les  gouttes  de  cristal  tombant  du  plateau  où 
coule  le  ileuve  :  «  Flumen  Dei  repletura  est  aquis,  pa- 

rasti  cibum  illorum Ri  vos  ejus  inebria,   multiplica 

genimina  ejus;  in  stillicidiis  ejus  laetabitur  germinans  » 
(Psalm,  LXIV,  10,  11).  —  «  Descendet  sicut  pluvia  in 
vellus,  et  sicut  stillicidia  stillantia  super  terram  »  (Psalm. 
LXXI,  6). 

Et  alors,  «  le  chrétien  se  conserve  dans  une  éternelle 
jeunesse  de  cœur  »,  suivant  l'expression  de  saint  Âm- 
broise,  qui  le  compare  au  pin  toujours  vert  par  son 
feuillage,  incorruptible  par  son  fruit. 

Je  ne  puis  mieux  faire,  après  cet  exposé  rapide,  que 
d'invoquer  le  témoignage  d'Innocent  III.  Ce  grand  pape 
du  XIII*  siècle  s'exprimait  ainsi  à  propos  des  rites  litur- 
giques :  a  Toutes  ces  choses  sont  pleines  de  mystères 
divins,  et  chacune  abonde  en  douceur  céleste;  mais,  pour 
cela,  elles  doivent  être  diligemment  examinées  par  celui 
qui  sait  tirer  le  miel  de  la  pierre  et  l'huile  du  roc  le 
plus  dur  (1).  » 

III 

La  provenance  de  ce  phylactère  est  certaine  :  il  a  été 

reliquias  de  fructibus  spiritualibus  quibus  onustus  ascendis,  qui 
iii  tuo  hodie  tam  delicioso  convivio  coiigregamur  »  (Lalore,  Reliq. 
des  trois  tombeaux,  page  XXVIII,  XXXVI). 

(1)  «  liaec  omnia  divinis  sunt  plena  mvsteriis,  ac  singula  cœlesti 
dulcediue  redundautia;  si  tamen  diligeutem  haheaut  inspectorem, 
qui  norit  sugere  mel  de  petra  oleumque  de  saxo  durissimo.  » 

(Innocent.  III,  De  sacr.  ait,  myst.) 


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—  253  — 

tiré  de  Grandmonl  à  la  fin  du  siècle  dernier,  et  Château- 
Ponsac  Ta  obtenu  dans  la  répartition  faite  à  tout  le 
diocèse  des  religues  de  Tabbaye  supprimée  (1). 

A  Grandmont,  il  aurait  existé  une  tradition  sur  son 
origine  et  sa  date;  j'éprouve  quelque  peine  à  l'accepter, 
quoiqu'on  la  dise  consignée  à  1»  fois  dans  les  inventaires 
et  les  chroniques  de  Tordre.  Les  inventaires  ne  sont  pas 
toujours  des  sources  sûres,  témoi»  ce  qu'ils  rapportent 
de  la  châsse  d'Ambazac  :  d'ailleurs,  la  citation  faite  par 
l'abbé  Texier  {Essai  sur  les  argent,  et  les  émaili  de  Limoges, 
p.  117)  ne  se  retrouve  pas  sur  l'original.  L'identification 
du  texte  de  Bonaventure  de  Saint-Amable  a  échappé  à 
M.  Rupin,  malgré  ses  recherches.  Le  raisonnement  croule 
donc  par  la  base,  et  nous  avons  des  doutes  sérieux  pour 
ne  pas  admettre,  sans  preuve  positive,  que  le  nom  de 
reliquaire  de  Saint-Semin  tenait,  non  pas  à  la  destination, 
mais  uniquement  à  la  commémoration  du  fait  de  la  do- 
nation au  xni*  siècle.  Voici  ce  qu'en  dit  l'abbé  Texier  : 
«  En  1226,  les  abbayes  de  Grandmont,  près  Limoges,  et 
de  Saint-Sernin  de  Toulouse,  s'affilièrent  mutuellement 
à  la  fraternité  de  leurs  ordres.  Ce  langage,  peu  intel- 
ligible aujourd'hui,  signifiait  que  les  deux  conununautés 
entraient  en  participation  spiritueUe  de  toutes  les  bonnes 
œuvres   qui   s'accomplissaient  dans  chaque  monastère. 


(1)  On  ne  saurait  trop  blâmer  cette  dispersion  daffs  les  églises 
rurales,  quand  il  eût  été  si  facile  et  si  sage  de  conserver  à  la 
cathédrale  le  trésor  tout  entier.  Il  s'en  est  suivi  que  nombre  de 
reliquaires,  tenus  en  mince  estime  par  leurs  dépositaires  et  gar- 
diens, ont  été  aliénés  et  vendus  souvent  à  vil  prix.  On  est  effrayé 
de  ce  qui  a  ainsi  disparu  clandestinement,  depuis  la  liste  dressée 
en  1842  par  Tabbé  Texier  pour  les  trois  départements  de  la  Haute- 
Vienne,  de  la  Creuse  et  de  la  Corrèze  {Mém.  de  la  Soc.  desAntiq. 
de  l'Ouest,  an.  1842,  p.  237-247).  A  Tétonnement  succède  bientôt 
une  légitime  indignation.  Sauvons  au  moins  ce  qui  reste,  en  fai- 
sant intervenir  Tautorité  ecclésiastique,  qui  ne  doit  pas  rester  in- 
différente, et,  pour  notre  compte  personnel,  décrivons  et  photo- 
graphions ces  vénérables  survivants,  afin  d'intér.esser  le  public  eu 
leur  conservation. 


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—  254  — 

C'était  une  mise  en  fonds  commun  des  mérites  parti- 
culiers. A  cette  occasion,  ces  deux  abbayes  célèbres 
échangèrent  des  dons  affectueux.  Saint-Sernin  «possède 
une  châsse  émaillée  par  le  procédé  limousin,  qui  pour- 
rait bien  avoir  cette  origine.  Mais,  le  fait  douteux  pour 
Saint-Sernin  est  positif  à  Grandmont.  Les  anciens  in- 
ventaires et  Bonaventure  de  Saint-Amable  désignent  le 
joyau  que  publient  1«6  Annales  comme  donné  à  Gtand- 
mont  par  Saint-Sernin  en  1226.  Il  a  d'ailleurs  tous  les 
caractères  du  commencement,  du  xin*  siècle,  si  ce  n'est 
même  de  la  fin  du  xii«  (1).  » 

Deux  conséquences  inunédiates  découleraient  de  ce 
document,  que  l'on  ne  peut  considérer  conmie  officiel 
jusqu'à  preuve  contraire,  à  savoir  la  date  et  le  lieu 
d'exécution.  Que  le  phylactère  en  question  ait  été  fa- 
briqué dans  le  prenûer  quart  du  xiii'  siècle,  l'archéo- 
logie n'y  contredit  pas.  Sans  doute,  la  forme  générale 
est  insolite,  mais  nous  trouvons,  pour  le  Limousin,  des 
similaires  dans  les  arcades  du  pied  et  les  dragons  du 
nœud;  quant  à  l'ornementation  filigranée  et  gemmée,  elle 
est  bien  celle  du  temps,  quoiqu'elle  se  prolonge  encore 
plus  avant.  Il  y  en  a  un  beau  spécimen  contemporain 
dans  le  reliquaire  d'Arnac-la-Poste  (2). 

Si  nous  sommes  fixés  sur  la  date,  nous  ne  le  sommes 
guère  sur  le  lieu  de  l'exécution.  En  effet,  il  est  plus 
que  probable  que  les  religieux  toulousains  donnèrent 
seulement  les  reliques  et  non  le  reliquaire,  quoique  la 
désignation  populaire  à  Grandmont  ait  autorisé  à  croire 
le  contraire.  Les  reliques  étaient  minuscules  et  secon- 
daires,  tandis  que  le  reliquaire  qui  les  contenait  était 
d'une  telle  richesse  qu'il  constituait  par-là  même  un 
cadeau  non  ordinaire. 

Je  reconnais  volontiers  dans  cette  œuvre  le  travail  de 
l'école  limousine,  qui  est  ailleurs  aussi  délicat  et  aussi 


(1)  Ann&L  arcfu,  t.  XIII,  p.  326. 

(2)  Orfèvrerie  et  Èmaillerie  limouêines,  pi.  XXi 


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-  255  — 

soigné.  Mais  si  ce  n'était  pas  un  produit  limousin,  le 
style  devrait  permettre  de  Tattribuer  à  la  France,  et, 
puisqu'il  proviendrait  du  Midi,  probablement  à  l'école 
de  Toulouse  ou  à  celle  de  Montpellier,  gui  étaient  alors 
dans  tout  leur  épanouissement  et  qui  jouissaient  d'un 
juste  renom  (1).  Cette  attribution  demanderait  à  se  jus- 
tifier en  comparant  cet  objet  avec  d'autres,  très  authen- 
tiques, qui  auraient  une  date  et  une  origine  certaines. 
La  science  est-elle  assez  avancée,  de  nos  jours,  pour 
pouvoir  préciser  quel  fut  le  style  de  chaque  atelier  ou 
de  chaque  centre  industriel? 

Dans  VOrfivrerie  et  ÉmaiUerie  limoasineSy  j'ai  posé  cette 
objection  qui  a  une  grande  force  :  «  Comment  se  fait-il 
que,  parmi  tant  de  reliques,  il  n'y  en  ait  pas  une  du 
titulaire  lui-même,  saint  Saturnin,  et  que  le  donateur, 
qui  en  inscrivait  si  long  sous  le  pied,  n'ait  pas  ajouté 
une  ligne  de  plus  pour  constater  la. fraternité  spirituelle 
et  le  don  spécial  qu'elle  provoquait?  » 


IV 


Une  inscription,  gravée  entre  deux  lignes,  énumère 
les  reliques  incluses  jadis  dans  le  phylactère.  Elle  se 
divise  en  quatre  sections,  occupant  chacune  un  des  pans 
du  dessous  du  pied.  L'ordre  suivi  dans  leur  énumération 
n'est  pas  absolu,  ainsi  que  l'avait  remarqué  M.  Didron, 


(1)  «  Dans  les  villes  méridionales^  on  ouvrait  (travaillait)  l'argent 
plutôt  que  Tor,  et  les  orfèvres  prenaient  le  nom  de  d&ur&ires, 
d'argentiers  et  d'émailleurs...  Toulouse  et  Montpellier,  qui  avaient 
anciennement  accueilli  l'art  limousin  dans  leurs  murs,  lui  conser* 
valent  son  caractère  et  ses  habitudes;  les  orfèvres  de  ces  deux 
villes  étaient  donc  plutôt  des  émailleurs  et  des  argentiers...  Mont- 
pellier et  Toulouse  étaient  renommés  pour  Targenterie  blanche  et 
dorée.  »  (Paul  Lacroix,  Hist.  de  l'Orfèvrerie,  p.  52-53).  —  Voir 
Annal.  archéoL,  t.  YIU,  p.  260,  2S3,  pour  les  orfèvres  et  argen- 
tiers de  Montpellier. 


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—  256  — 

car  le  quatrième  compartiment  semble  revenir  sur  les 
catégories  déjà  établies  (1). 

Au  premier  rang  figurent  les  reliques  du  Sauveur  :  Un 
de  ses  cheveux  (2),  puis  des  fragments  de  sa  tunique 
sans  couture,  de  sa  croix,  de  son  sépulcre  et  de  la  table 
sur  laquelle  fut  posé  son  corps.  On  ne  saurait  préciser 
quelle  est  cette  table,  car  on  en  compte  deux  à  Jéru- 
salem. L'une  servit  au  moment  des  onctions  et  de  l'em- 
baumement, qui  précédèrent  Tensevelissement  (3)  ;  l'autre, 
au  sépulcre  même,  reçut  le  corps  du  Christ  une  fois 
embaumé. 

La  seconde  énumération  débute  par  le  sépulcre  et  les 
vêtements  de  la  Vierge;  ensuite  défilent  les  reliques  de 
saint  Jean-Baptiste,  des  saints  apôtres  André,  Philippe, 
Barthélémy,  Thomas  et  Jacques,  probablement  le  majeur; 
enfin  les  saints  Innocents  précèdent  les  évaugélistes  saint 
Marc  et  saint  Luc. 

Dans  le  troisième  compartiment,  dqus  avons  succes- 
sivenjupt  les  martyrs,  les  évoques  et  les  docteurs,  repré- 
sentés, les  premiers,  par  saint  Etienne,  saint  Vincent, 
saint  Laurent,  saint  Ignace,  saint  Ëustache,  saint  Théo- 
dore et  saint  Éleuthère;  les  seconds  par  saint  Martin, 

(1)  Annal,  arch.,  t.  XIII,  p.  328.  —  Il  ne  faut  pas  chercher  ha- 
bituellement un  ordre  hiérarchique  dans  le  placement  des  reliques. 
Voir  Lalore,  Trésor  de  Clairvaux,  p.  19. 

(2)  «  Item  une  petite  relicque  ronde  de  cristal,  où  il  y  a  :  de 
pilli8  Domini.  »  (Inv.  de  N.-D.  de  Lens,  x\*  siècle.) 

(3)  Voir  cette  scène  sur  le  bel  ivoire  du  Louvre,  qui  est  du. 
XIII*  siècle,  et  que  reproduisent  les  Annales  archéologiques,  tome 
XXV,  p.  109.  Un  voyageur  du  xvii*  siècle,  cité  par  Chateau- 
briand dans  son  Itinéraire  de  Paris  à  Jérusalem,  distingue  la 
pierre  de  l'onction  de  la  table  du  sépulcre  :  a  £n  entrant  dans 
Téglise,  on  rencontre  la  pierre  de  l'onction,  sur  laquelle  le  corps 
de  Notre- Seigneur  fut  oint  de  myrrhe  et  d'aloès  avant  que  d'être 

mis  dans  le  sépulcre Le  saint  sépulcre  est  à  trente  pas  de  cette 

pierre Le  dedans  du  sépulcre  est  presque  carré Il  y  a  une 

table  solide  de   la  môme   pierre  qui   fut  laissée  en  creusant  le 

reste Ce  fut  sur  cette  table  que  le  corps  de  Notre-Seigneur 

fut  mis,  ayant  la  tête  vers  l'Occident  et  les  pieds  à  TOrient.  » 


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—  257  — 

saint  Nicolas,  sainl  Hilaire;  puis  saint  Jacques  Tintercis, 
qui  aurait  été  mieux  à  sa  place  parmi  les  martyrs  (1). 
Sur  quatre  docteurs,  deux  seulement  sont  mentionnés  : 
saint  Grégoire  et  saint  Jérôme.  Ce  n'est  que  bien  plus 
tard  que  Boniface  VIII.  par  une  décrétale,  déclara  que 
les  quatre  docteurs  de  PÉglise  latine  seraient  honorés 


pggssaïiffljTgBgppgxfflgg^^ 


:  H!f?Ç-jT,^^ 


t;-,f.fl_vij 


^^klé'. 


?^MiOAMrg> jL^iB^g  ^0^^  (Dioaai^gat 


(1)  M.  Texier  propose  de  lire  «  Pisidiss,  ou  peut-être  Pergias, 
parce  qu'il  aurait  été  martyrisé  en  Perse.  »  Cette  dernière  lecture 
est  la  seule  bonne  et  conforme  à  la  Légende  d'or,  qui  débute  ainsi 
à  propos  de  ce  martyr  illustre  :  «  De  sancto  Jacobo  interciso.  Ja- 
cobus  martir,  cognomento  intercisus,  nobilis  génère,  sed  fide  nobi- 
lior,  ex  regione  Persarum  et  civitate  Elape  oriundus  fuit  »  (Le- 
genda  aurea,  édit.  Grœsse,  p.  799). 


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—  258  — 

d'un  culte  spécial,  ce  qu'atteste  encore  la  belle  mosaïque 
de  Saint-Clément,  à  Rome,  qui  était  exécutée  à  Tépoque 
même  où  se  prononçait  cette  déclaration. 

Le  dernier  groupe  de  reliques  comprend  saint  Zébédée, 
le  gendre  de  sainte  Anne,  le  vieillard  saint  Siméon,  sainte 
Marie-Madeleine,  les  deux  martyres  sainte  Euphémie  et 
sainte  Catherine  d'Alexandrie,  enfin  un  fragment  d'épines 
de  la  sainte  Couronne. 

«  IN  HAG  PHILEGTERIA  8VNT  HE  RELIQ'E 

QVIDAM  PILVS  DNI  :  DE  TVNICA  INC 

0N8VTILI  :  DE  CRVCE  dSi  :  DE  S 

EPVLCHRO  DSI  :  DE  TABVLA 

IN  QVA  FVIT  POSITVM  COR 

PVS  DKi  : 

DE  SEPVLGRO  BEATE  MARIE  :  DE  YESTIMEN 

TO  :  IPSIV8  :  (DE  (1)  fil  lOSS  bSE  :  DE  SBO  ANDREA 

DE  S  :  PHILIPPO  :  DE  *§  :  BARTHOLOMEO  :  DE  §" 

BARNABA  DE  S  TOMA  DE  §  lAGOBO 

APLO  :  DE  :  INNOGENTIB  :  DE  5  :  MAR 

CHO  :  DE  :  S  :  LVGHA  EVANGÏ  : 

DE  SGO  :  STEPSO  PTÎEOMARTIRE  :  DE  5  LAVRENTIO  :  DE 

:  B  VINGENGIO  :  DE  g  :  IGNATIO  :  DE  :  g  :  EVSTAGHIO  : 

:  DE  :  S  :  THEODORO  :  DE  :  S  :  ELEVTERIO  MARTIRIB 

DE  :  S  :  MARTINO  :  DE  :  5  :  NIGHOLAO  : 

DE  ;  S  :  ILARIO  :  DE  :  §"  lAGOBO  PSIE  : 

DE  :  S  :  GREGORIO  :  DE  :  S  :  lERONIMO  ? 

DE  :  S  ZEBEDEO  :  DE  :  §^  :  SIMEONE  : 

DE  :  g  MARIA  MAGDALENA  :  DE  :  S  :  EVFEM 

lA  :  DE  :  S  :  GATHERINA  : 

DE  SPINI8  GORONE  dSI  : 


J*ai  restitué  au  reliquaire  son  vrai  nom,  qui  est  celui 
de  phylactère.  Essayons  de  bien  préciser  le  sens  de  ce 
mot  qui,  jusqu'à  ce  jour,  a  plus  été  étudié  d'après  les 

(1)  Efface. 


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—  259  — 

textes  que  sur  les  monuments,  et  gui  ne  semble  pas 
avoir  été  appliqué  d'une  manièife  suffisamment  adéquate 
aux  objets  existants.  Mais,  avant  de  me  prononcer, 
Téquité  la  plus  vulgaire  me  fait  un  devoir  de  citer  ce 
qui  a  été  imprimé  à  ce  sujet.  Je  vais  rapporter  in  extenso 
Topinion  d'un  maître  en  archéologie  :  c'est  le  procédé 
habituel  de  saint  Thomas-d'Aquin  qui,  pour  mieux  éta- 
blir sa  thèse,  a  soin  d'en  écarter  toutes  les  objections  et 
de  déblayer  ainsi  le  terrain.  M.  Alfred  Darcel  écrivait 
ceci  en  1858  dans  les  Annales  archéologiques  : 

«  Si  l'on  s'en  tenait  au  sens  rigoureux  du  mot  phy- 
lactère et  de  sa  racine  fuXaeraetv  (conserver^  garder)  y  tous 
les  reliquaires  devraient  porter  ce  nom.  Mais  cette  appel- 
lation nous  semble  devoir  être  plus  spécialement  réservée 
pour  désigner  les  monuments  de  la  nature  de  celui  que 
publient  aujourd'hui  les  Annales  archéologiques. 

»  D'après  les  exemples  cités  dans  l'édition  moderne  de 
Du  Gange,  au  mot  Filaterimn,  le  phylactère  désignerait 
surtout  les  croix  qui  renferment  soit  des  parcelles  de 
la  vraie  Croix,  soit  simplement  des  reliques.  «  Âduo- 
»  valdo  régi  transmittere  Filateria  curavimus,  id  est,  cru- 
»  cem  cum  ligno  S.  Crucis  »,  dit  saint  Grégoire,  a  Pecit 
»  igitur  illam  (redditionem)  cum  quodam  pulcro  Filaterio, 
»  scilicet  cruce  argentea,  in  qua  sanctorum  reliquise  con- 
»  tinebantur  x>,  trouvons-nous  dans  une  vie  des  évéques 
d'Hagustald.  Mais,  croix  ou  non,  ces  reliquaires  sont 
éminenmient  portatifs,  car  l'Ordinaire  de  Saint-Germain 
renferme  cette  prescription  :  «  Hebdomadarius  vero  missœ 
»  portabit  crucem  cum  duobus  Filateriis,  et  veniet  pro- 
»  cessionaliter  per  navem  monasterii.  » 

»  De  même  dans  l'ordre  de  Cluny  :  «  Signa  autem 
»  omnia  pulsantur,  sicut  cum  fratres  filacteria  portant,  an- 
n  tequam  egrediantur  ab  ecclesia,  propter  reliquias  »  ;  et 
plus  loin  :  «  Omnis  scilicet  basilica  ornamentis  suis  ex 
»  integro  decoratur,  filacteria  appenduntur.  »  Que  ces  phy- 
lactères aient  été  portés  au  cou,  il  n'y  a  rien  d'impos- 
sible à  cela,  mais  rien  ne  le  prouve  dans  les  exemples 


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—  2fiO  -- 

cités.  Aussi  Du  Gange  ou  ses  continuateurs  ont-ils  tort 
de  dire  que  le  mot  Filacterium  désigne  «  une  petite  boite 
»  à  reliques,  qui  se  portait  suspendue  au  cou  par  des  phy- 
x>  lactères  {filaetenis]  ou  par  des  cordons,  durant  les  pro- 
»  cessions.  »  Ils  ont  donné  à  un  accessoire  le  nom  du 
reliquaire  lui-même,  croyant  devoir  attribuer  à  ce  reli- 
quaire tout  entier  le  nom  de  ce  qui,  suivant  eux,  le 
partait.  Suspendu  ou  non  à  des  cordons,  le  reliquaire 
devait  s'appeler,  dans  l'origine  et  d'après  sa  nature 
propre,  un  phylactère  (1).  Mais  ce  nom  a  pu  se  res- 
treindre à  ceux  que  l'on  pouvait  porter  sur  soi,  et  qui 
ressemblaient  à  ces  morceaux  de  parchemin,  couverts  de 
passages  de  l'Kcriture  sainte,  p^t-étre  enchâssés  dans 
de  l'orfèvrerie,  que  les  juifs  pieux  avaient  sur  le  front 
ou  sur  la  poitrine. 

»  C'était  naturellement  sur  la  poitrine  que  l'on  tenait 
les  reliquaires  comme  ceux  qui  nous  occupent,  et  nous 
en  avons  la  preuve  dans  l'une  des  planches  du  trésor 
de  Saint-Denys  et  dans  le  reliquaire  de  Saint-Étienne 
de  Muret  lui-même.  Aucun  des  textes  que  nous  avons 
donnés  jusqu'ici  ne  prouve  avec  certitude  que  l'on  dési- 
gnât ces  reliquaires  précisément  sous  le  nom  de  phy- 
lactères; naais  nos  présomptions  se  changent  en  certitude 
à  la  lecture  d'un  chapitre  de  1'  «  Inventaire  du  trésor  de 
Notre-Dame  de  Laon  »,  publié  par  M.  Ed.  Fleury.  Mal- 
heureusement cet  inventaire  n'est  que  de  l'année  1523, 
et,  malgré  le  défaut  de  précision  que  nous  y  remar- 
quons, il  nous  est  impossible  de  ne  pas  voir  l'analogue 
de  notre  monument  dans  cette  description  sommaire  de 
l'un  des  sept  phylactères  que  renfermait  ce  trésor.    .    . 

(1)  M.  Darcel  a  eu  tort  de  prendVe  pour  des  «  reliquaires  d'un 
poids  léger,  qui  étaient  certainement  destinés  à  être  portés  sur 
la  poitrine  »,  autrement  dit  «  des  phylactères  »,  là  où  il  n'y  a 
évidemment,  d'après  l'inventaire  de  la  métropole  d'Avignon  en 
1511,  que  des  pectoraux  ou  agrafes  de  chapes  contenant  d^s  re- 
liques, comme  il  s'en  trouve  ailleurs  des  exemples,  et  entre  autres 
à  Aix-la-Chapelle  au  xv*  siècle  {Rev.  des  Soc.  sav.,  VIP  série, 
t,  I,  p.  2fi5). 


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—  261  — 

»  Mais  ce  reliquaire  et  les  deux  autres,  dont  il'  sera 
parlé  dans  un  autre  article,  sont^ils  bien  des  reliquaires 
et  non  de  simples  plaques  d'ornements?  Si  nous  n'avons 
là  que  des  ornements,  ce  sont,  en  tout  cas,  des  orne- 
ments mobiles  et  pouvant  être  vus  sur  Tune  et  l'autre 
face,  car  l'une  et  l'autre  sont  décorées.  Si  ce  sont  des 
reliquaires,  il  suffirait  de  les  ouvrir  pour  s'en  assurer. 
Mais  comme  nous  ignorons  si  cette  investigation  a  été 
faite,  comme  de  plus  il  nous  est  impossible  de  la  tenter, 
il  nous  faut  essayer  de  prouver  par  analogie  ce  que  nous 
avançons.  Il  y  a  d'abord  une  grande  ressemblance  entre 
ces  objets  et  les  reliquaires,  cités  plus  haut,  du  trésor 
de  Saint-Denys,  puis  de  l'analogie  avec  d'autres  reli- 
quaires qui  portent  des  inscriptions  précisant  leur  usage. 

»  C'est  d'abord  le  phylactère  du  Musée  départemental 
d'antiquités,  à  Rouen.  Une  double  inscription,  gravée 
sur  son  revers,  indique  et  les  reliques  qu'il  contient  et 
par  qui  il  a  été  commandé.  Nous  avons  aussi  vu,  à 
l'Exposition  de  Manchester,  un  phylactère  du  xiii*  siècle 
appartenant  à  lord  Hastings  et  portant  sur  son  plat,  en 
lettres  repoussées,  les  noms  des  saints  dont  il  contient 
des  reliques  (1).  » 

.  Tout  en  reconnaissant  les  louables  efforts  faits  par 
M.  Darcel  pour  arriver  à  la  vérité,  il  faut  reconnaître 
qu'il  est  resté  en  route,  quoiqu'il  ait  presque  atteint  la 
solution  désirée.  Revoyons-donc  les  textes  et  les  monu- 
ments, et  surtout  serrons  de  plus  près  la  discussion. 

D'abord  il  est  nécessaire  de  distinguer  deux  sortes  de 
phylactères  :  le  phylactère  de  dévotion  et  le  phylactère 
liturgique.  Le  premier  se  portait  au  cou,  car  il  était 
toujours  de  petite  dimension.  Les  textes,  en  le  disant 
rempli  de  reliques^  ne  manquent  pas  d'indiquer  son  usage 
tout  personnel.  «  Phy lacté rium  a  collo  usque  ad  pectus 
peudeus,  sanctorum  reliquiis  refertum,  quorum  patro- 
ciuio  se  in  periculis  tutuni  futurum  credol)al.  »  (Albe- 

(l)  Annal,  arch.,  t.  XVIII,  p.  344-346. 


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—  262  — 

ricus,  in  Chron.)  —  «  Reliquiariim  Phylacteria,  tenui  ar- 
gento  fabricata,  viligue  pallio  de  coUo  suspensa.  »  (Joan. 
Diaconus,  in  Vita  Gregorii  Mag.,']ih.  IV,  cap.  80.)  —  «  Et 
pretiosa  quidem  ligna  ab  eo  sublata  supra  mensam  posuit, 
Phylacteria  vero  in  coUo  suo  suspendit.  •»  (Histor,  Mis-- 
cella,  lib.  XX,  p.  629.)  Phylactère  est  ici  synonyme 
à*encolpium  (l).. 

Le  phylactère  liturgique,  au  contraire,  ne  sert  qu'à 
réglise.  Qu'il  soit  avec  ou  sans  pied,  il  est  éminemment 
portatif,  ge  qui  ne  veut  pas  dire,  toutefois,  qu'il  ait  été 
jamais  suspendu  au  cou  de  l'officiant  ou  de  ses  ministres, 
qui  le  tenaient  dans  leurs  mains.  La  rubrique  cluni- 
sienne  philacteria  appenduntur  s'interprète  d'une  manière 
plus  logique  et  régulière,  à  l'aide  de  cet  article  de  l'In- 
ven^taire  de  Lille  daté  d'environ  1400  :  «  S'ensuit  les 
relicques,  tant  en  phillatières  comme  en  bourses,  estant 
en  ung  coffret  de  bos  point,  qu'on  peut  au  ceur  quant 
on  dresche  le  candélabre  (2).  »  Si  on  suspendait  ces  reli- 


(1)  Voir  ce  mot  dans  le  Dictionnaire  des  Antiquités  chrétiennes, 
de  Mgr  Martigny. 

(2)  V.  le  Glossaire  de  M.  de  Laborde  au  mot  Phillatière,  M.  de 
Montaiglon  a  signalé  dans  la  Gazette  des  Beaux-Arts,  t.  XXf, 
2"*  période,  p.  161,  un  petit  coffret  qui  pourrait  bien  n*ôtre  qu*u!n 
de  ces  phylactères  qui  se  suspendaient.  Voici  comment  il  le  décrit, 
en  parlant  du  trésor  de  la  cathédrale  de  Sens  : 

«  Par  contre,  les  châsses  sont  assez  peu  importantes.  Une,  qui 
est  très  commune  puisqu'elle  est  en  cuivre  et  décorée  sur  un 
seul  côté  par  neuf  bosses,  posées  trois  par  trois,  dont  sept,  reliées 
par  des  lignes  saillantes,  forment  une  sorte  de  marelle  incomplète 
ou  mieux  de  rai,  est  particulièrement  curieuse  et  de  forme  plus 
que  rare.  Elle  est  plate,  étroite,  un  peu  plus  large  en  bas  qu'en 
haut,  et  garnie,  sur  ses  deux  petits  côtés,  d'un  anneau  à*  passer 
une  suspension.  C'est  un  reliquaire  de  voyage  à  porter,  soit  sur 
la  poitrine,  soit  au  côté  à  un  cordon  en  bandoulière,  comme  plus 
tard  une  cartouchière  ou  une  giberne.  Dans  sa  condition  toute 
vulgaire,  la  forme  insolite  de  cette  petite  châsse  lui  donne  un 
intérêt  très  particulier.  »  Il  ne  manque  à  cette  description  qu'une 
seule  chose  :  la  date  du  petit  monument. 

Un  coffret  du  xni*  siècle,  conservé  à  Saint-Maurice  d'Agaune  et 


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-  263  - 

guaires,  c'est,  à  n'en  pas  douter,  qu'ils  étaient  dé- 
pourvus de  pied,  et  alors  s'expliquent  les  ornements 
sur  leurs  deux  faces. 

Je  ne  suis  pas  très  sûr  que  le  reliquaire  de  Saint- 
Étienne  soit  un  phylactère  (1);  il  doit  plutôt  être  classé 
parmi  les  imagines.  J'en  dis  autant  du  reliquaire  cité 
par  Dom  Félibien  (2),  auteur  trop  moderne  pour  donner 
au  phylactère  un  sens  se  référant  à  des  objets  anciens. 
Cependant,  en  ne  tenant  pas  compte  du  support,  diacre 
ou  donateigr,  le  médaillon  renfermant  la  relique  jourrait, 
à  la  rigueur,  avoir  été  dénommé  phylactère,  car  le  phy- 
lactère, dans  l'Inventaire  de  Laon  de  1502,  est  dit  se 
combiner  parfois  avec  l'image  :  «  Tertia  imago  est  major 
ceteris,  argentea  deaurata,  tenens  coram  se  phylacterium 
esmaillatimi,  reliquiis  plénum.  » 

Un  texte  de  1523>  très  vague  dans  sa  rédaction,  est 
par  trop  insuffisant  pour  pouvoir  établir  une  compa- 
raison avec  un  objet  du  xiii*  siècle  qui  n'a  pas  été  visé 
par  lui.  Aussi,  après  avoir  affirmé  la  certitude  de  l'attri- 
bution, M.  Darcel  devient-il  moins  affirmatif  quand  il 
arrive  à  l'étude  des  trois  objets  dont  il  présente  la 
gravure  (3).  Il  n'est  même  plus  assuré  que  ce  soient  des 
reliquaires;  donc  il  est  plus  que  douteux  que  ce  soient 
des  phylactères,  qui  supposent  nécessairement  des  re- 
Uques,  que  la  gravure  ne  laisse  pas  du  tout  soup- 
çonner. Puis  il  va  jusqu'à  les  appeler  simples  plaques 
d'ornements,  et  enfin,  toute  hésitation  cessant,  la  lettre 
de  la  seconde  gravure  porte  phylactères  ou  agrafes.  Les 
objets  exposés  ne  peuvent  donc  être  invoqués  en  témoi- 
gnage. 

Quant  aux  phylactères  de  Rouen  ou  de  Manchester, 


dessiné  en  forme  de  maison,  porte  cette  inscription  qui  le  qualifie 

phylactère  :  IN  HOC  PHILTRO Philtro  est  contracté  de 

phyl&cterio. 

(1)  Ann.  arch.,  t.  XIII,  p.  322. 

(2)  Ibid.,  p.  345. 

(3)  Annal,  arch.,  t.  XVIII,  p.  345;  t.  XIX,  p.  230. 


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—  264  — 

leur  attribution  est  moins  contestable  puisqu'ils  portent 
des  inscriptions  désignant^  les  reliques  (1).  Toutefois, 
comme  je  ne  les  connais  ni  en  original  ni  en  gravure, 
je  m'abstiens  de  me  prononcer  sur  le  genre  d'appel- 
lation qui  leur  convient,  et  je  laisse  à  M.  Darcel  la 
responsabilité  de  cette  attribution. 

Les  inventaires  d'Angers  doivent  être  spécialement  con- 
sultés sur  la  question  des  phylactères. 

«  Reliquiae  Tanchse  virginis  in  philaterio  oblonguo  ar- 
genteo  deaurato,  cum  figura  eju$dem  tenenlis  caput  suum. 
Reliquiae  beati  Eutropii  et  beatie  Brigidœ  virginis  et 
beati  Crispini  in  philaterio  cristalino  cum  pede  et  coo- 
pertorio  argenteis.  —  Reliquiae  Agnetis  virginis  in  phi- 
laterio cristalino  cum  pede  et  coopertorio  argenteis.  — 
Reliquiae  beati  Ypothemii  in  philaterio  argenteo  deau- 
rato in  figura  episcopali.  —  Os  tibiœ  beati  Beuedicli, 
episcopi  Andegavensis ,  sine  philaterio,  intra  scrinium 
pictum  ligneum.  —  Item  reliquiae  beatae  Magdalenae  iii 
philaterio  argenteo  oblonguo.  cum  figura  argentea  deau- 
rata  ejusdem  tenentis  libru.ii.  —  Item  continentur  in  scri- 
nio  prescripto  cum  pluiibus  figuris  deauratis,  philaterium 
aureum  oblongum  ornatum  gemmis,  quoddam  continens 
camaheu  in  medio  sui  cum  figura  capitis  hominis  cum 
coUo  et  humeris  et  quasdam  reliquias  beati  Maurilii  et 
beati  Sebastiani.  —  Reliquias  beati  Dyouisii  cum  phila- 
terio argenteo  et  cristallo  in  medio.  —  Item  reliquiae  beati 
Mauricii  in  philaterio  argenteo  oblonguo  cum  quibusdam 
gemmis.  —  Dens  beatissimi  Juliani,  Cenomanensis  epis- 
copi, in  medio  philaterii  argentei  deaurati  in  figura  cru- 
els cum  quatuor  cristallis.  —  Reliquiae  sancti  Stephani 
in  philaterio  oblonguo  argenteo  deaurato  cum  unico  cris- 


Ci)  Nous  savons  par  les  vers  du  charmant  poète  du  xiii"  siècle 
Gauthier  de  Coincy,  dans  ses  Miracles  de  la  Vierge,  quô  les 
phylactères  portaient  des  inscriptions  : 

«  Li  filatère  de  l'église, 

Qui  riche  et  bel  sunt,  à  devise,  u 


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—  265  — 

tallo,  scilicet  capilli  ejusdem.  —  Reliquise  beati  Blasii  in 
philaterio  quadrato  argenteo  deaurato  cum  crislallo  in 
medio.  —  Item  duo  philateria  quadrata  cum  quatuor  pe- 
dibus,  argentea  deaurata,  cum  duobus  cristallis  positis 
in  medio.  Item  quoddam  philaterium  oblongum  argen- 
teum  deauratum  cum  grosso  cristallo  in  medio.  —  Item 
aliud  philaterium  ex  una  parte  argenteum,  ex  altéra 
cum  majestate  deauratum.  —  Item  aliud  philaterium 
oblongum  argenteum  deauratum  cum  figura  episcopi 
deaurata  et  opposita  parte  cum  cristallo.  —  Item  phila- 
terium jaspidis  cum  capitellis  argenteis  et  cathena  ar- 
gentea. —  Item  philaterium  cristalinum  cum  capite  ar- 
genteo deaurato  et  cathena  argentea.  »  {Inv,  de  la  cath, 
d' Angers,  1255.) 

«  Item  philacia  cooperta  de  argento,  quae  communiter 
traduntur  et  defferuntur  in  processionibus,  in  rogatio- 
nibus.  —  Item  alia  nova  cum  corpore  beati  Sereneti  — 
Item  in  alio  estagio  a  parte  sinistra  supra  cruces  sunt 
V  philacia  cum  reliquiis  talibus,  scilicet  beati  Mauricii 
cum  antiquo  milite  depicto.  —  Item  duo  philacia  de  beato 
Stephano.  —  Item  philacia  MagdalenjB.  —  Item  duae  phi- 
laciae  rotondae  de  argento  cum  baculis  coopertis  de  ar- 
gento. —  Item  magnum  scrinium  ligneum  cum  quatuor 
philaciis  deargentatis,  excepta  pixide  parva  quœ  est  ebur- 
nea.  »  {Inv.  de  la  cath,  d'Angers,  1286.) 

«  Philacterium,  in  quo  repositae  sunt  plures  reliquiœ 
et  lapides  preciosi  in  cruce  desuper  et  crucifixo.  »  {Inv, 
de  la  cath,  d'Angers,  1505  (1). 

Notons  ces  différents  caractères  du  phylactère,  d'après 
l'Inventaire  de  1255.  Il  a  un  cristal  pour  laisser  voir 
la  relique  :  «  Reliquiae  beati  Dyonisii  cum  philaterio 
argenteo  et  cristallo  in  medio.  »  Il  est  oblong  et  gemmé  : 
«  Item  reliquiae  beati  Mauricii  in  philaterio  argenteo 
oblonguo  cum  quibusdam  gemmis.  »  Il  a  un  pied  et  un 


(1)  Ces  divers  inventaires  ont  été  publiés  par  M.  de  Farcy,  dans 
la  Revue  de  l'Art  chrétien. 

T.  TX.  8-0 


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couvercle  :  «  Reliquise  beati  Eutropii  et  beatœ  Brigidae 
virginis  et  beati  Crispini  in  philaterio  cristalino,  cum 
pede  et  coopertorio  argenteis.  »  Le  saint  dont  on  y  dépo- 
sait les  reliques  y  était  représenté  :  «  Reliquiœ  Tanchse 
virginis  in  philaterio  oblonguo  argenteo  deaurato  cum 
figura  ejusdem  tenentis  caput  suum.  »  On  le  fait  en 
carré  :  «  Reliquiae  beati  Blasii  in  philaterio  quadrato 
argenteo  deaurato  cum  cristallo  in  medio.  d 

Le  phylactère  était  orné  des  deux  côtés  :  «  Item  aliud 
philaterium  ex  una  parte  argenteum,  ex  altéra  cum  ma- 
jestate  deauratum.  Item  aliud  philaterium  oblungum 
argenteum  deauratum  cum  figura  episcopi  deaurata  et 
opposita  parte  cum  cristallo.  »  Une  chaînette  servait  à 
le  suspendre  :  «  Item  philaterium  jaspidis  cum  capi- 
tellis  argenteis  et  cathena  argentea.  Item  philaterium 
cristalinum  cum  capite  argenteo  deaurato  et  cathena  ar- 
gentea. » 

Étudiés  isolément,  les  textes  sont  scabreux  ;  confrontés 
avec  les  monuments,  ils  n'enlèvent  pas  encore  toute 
incertitude.  Le  reliquaire  de  Château-Ponsac  offre,  au 
contraire,  l'incomparable  avantage  de  réunir  en  lui  les 
deux  éléments  de  la  solution  tant  cherchée  :  il  nomme 
l'objet  et  le  montre. 

Cependant  tout  embarras  n'a  pas  cessé,  car  ce  reli- 
quaire ne  diffère  en  rien  de  ceux  que  nous  nomme- 
rions volontiers  pyramidaux^  parce  qu'ils  ont  un  clo- 
cheton monté  sur  un  pied.  La  signification  du  mot  ne 
se  trouve  donc  pas  uniquement  dans  ce  rapprochement. 
Elle  n'est  pas  évidemment  dans  la  forme,  mais  plutôt 
dans  la  destination,  ainsi  que  nous  l'apprend  l'Inven- 
taire de  Laon.  En  effet,  ce  document  répartit  les  reli- 
quaires en  plusieurs  catégories  :  ce  sont  d'abord  les  reli- 
quaires majeurs,  parmi  lesquels  je  constate  deux  images, 
deux  fiertés  et  une  monstrance  eucharistique,  reliquiaria 
majora;  les  images,  imagines;  les  capsules  de  cristal 
exhaussées  sur  des  piliers,  capsule  crystalline  super  qua- 
tuor pilarla  site;  les  vases  en  forme  de  candélabres,  vasa 


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—  267  — 

instar  candelaJbrorum  confecta;  les  reliquaires  de  cristal 
à  pied  tréflé  et  clocheton,  reliquiaria  crysiallinay  cum  pede 
triforiato  ac  campanili  desuper;  les  reliquaires  à  pied  poly- 
lobé,  reliquiaria  cum  pedihus  plurium  laterum  angulorumque 
qiMttuor,  ut  pote  quorum  pedes  nec  sunt  quadranguli  nec 
quadrati  nec  triforiati;  les  reliquaires  à  pied  carré,  reli^ 
quiaria  cum  pedihus  quadrangulis;  les  reliquaires  à  pied 
rond,  reliquiaria  cum  pede  rotundo;  les  vases  ronds,  à 
l'instar  des  Agnus  Dei,  vasa  rotunda  instar  unius  agnus 
Dei;  les  couronnes  auxquelles  pendent  des  reliquaires  et 
des  joyaux,  corone  prime  descriptio  ac  sanctarum  reliquia" 
rum  quitus  ipsa  decoratur,  cum  jocalibus  in  ea  appensis; 
les  cornes  et  autres  vases  recourbés,  comua  et  alia  vasa 
adunca  seu  recurva;  les  pyxides,  pyxides;  les  vases  de 
cuivre,  vasa  cuprea;  les  arches  ou  coffrets,  arche,  et  enfin 
les  phylactères  ou  capsules,  spécialement  destinés  aux 
menues  reliques  des  saints,  philacteria,  id  est  capsule  in 
quilyus  reservantur  minute  reliquie  sanctorum. 

Ce  texte  est  extrêmement  précieux,  car  il  tranche  dé- 
finitivement la  question.  Le  phylactère  devra  donc  se 
définir  rigoureusement  :  «  Un  reliquaire,  de  forme  et  ma- 
tière indéterminées,  affecté  exclusivement  à  la  conser- 
vation des  parcelles  de  reliques.  »  Que  la  relique  soit 
unique  ou  que  plusieurs  soient  groupées  ensemble,  cela 
ne  change  pas  la  dénomination  du  reliquaire  :  il  suflit 
que  ces  reliques  soient  minuscules  et  que  ce  soient  plu- 
tôt des  fragments  que  des  reliques  entières,  susceptibles 
d'avoir  un  nom  par  elles-mêmes,  comme  seraient  un 
fémur,  un  tibia,  etc. 

Il  ne  faudrait  pas  prendre  à  la  lettre  le  mot  capsule^ 
employé  ici  comme  terme  de  comparaison,  car  le  rédac- 
teur de  l'inventaire  a  déjà  eu  un  article  à  part  pour  les 
capsule  crystalline.  La  forme  n'influe  en  rien  sur  la  dé- 
nomination. 

L'Inventaire  de  l'abbaye  de  Clairvaux,  rédigé  en  1741 
sur  d'anciens  documents,  me  donne  pleinement  raison 
sur  la  signification  que  j'attribue  au  mot  phylactère  : 


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—  268  — 

«  La  table  marquée  par  derrière  d'un  grand  A,  a  été 
faite  du  temps  de  dom  Radulphe,-  XV**  abbé  de  Clair- 
vaux.  Il  a  placé  dans  le  milieu  de  cette  table  un  phi- 
lactère,  ou  reliquaire  quarré,  couvert  d'une  lame  de 
vermeil,  laquelle  se  lève  et  baisse  comme  une  coulisse. 
Dom  Artaudus,  chevalier  du  Temple,  puis  moine  et  cel- 
lérier  de  Clairvaux,  y  apporta  ce  philactère.  Il  contient 
des  reliques  de  saints  au  nombre  de  vingt-quatre,  sous 
vingt-quatre  petites  cellules.  Dans  ce  philactère  il  y  a 
un  morceau  de  bois  de  la  vraie  Croix,  à  nud,  sous  la 
foraie  de  croix  patriarcale  à  deux  croisons,  donné  par 
le  môme  Dom  Artaudus.  Dans  toute  cette  table  on 
comptait,  en  1504,  cent  quarante-huit  reliques,  et  main- 
tenant quatre-vingt  huit.  »  [Inv.  de  Clairvaux;  ap.  Lalore, 
Trésor  de  Clairvaux^  p.  19.) 

L'Inventaire  de  1504  porte  :  «  Decimo  loco  est  tabula 
que  facta  fuit  tempore  domini  Radulphi,  XV*  abbatis,  et 
nonni  Drogonis,  sacriste  Clarevallis,  in  cujus  medio  in- 
sertum  est  philaterium,  quod  attulit  nonnus  Artaudus, 
in  quo  continentur  reliquie  vigenti  quatuor  sanctorum, 
sub  viginti  quatuor  cellulis.  Sub  eodem  philaterio  con- 
tinetur  portio  ligni  Dominici,  quam  attulit  idem  Ar- 
taudus. Et  continentur  in  dicta  tabula  reliquie  centum 
quadraginta  duo.  »  {Ibid.,  p.  21.) 

Le  même  Inventaire  décrit  plusieurs  autres  phylac- 
tères, pleins  de  petites  reliques,  qui  ont  été  insérées 
comme  précédemment  dans  une  table.  «  In  eminentiori 
parte  posite  sunt  reliquie  que  erant  in  quodam  philac- 
terio  aureo,  quod  dédit  comes  Philippus,  scilicet;  de  ligne 
Domini,  de  spongia,  de  spinis,  de  presepio,  de  sepul- 
chro,  de  cunabulo.  Hoc  philacterium  primo  fuit  domini 
Roberti,  comitis  Flandriœ,  qui  interfuit  captioni  Jéru- 
salem et  Antiochie  cum  Godefrido  de  Buillon  et  aliis 
baronibus  multis.  Super  idem  philacterium  faciebant  dic- 
tus  comes  Philippus  et  predecessores  ejus  jurare  in  pre- 
cipuis  quibusdam  causis;  super  quod  cum  quidam  miles 
juraret  et  pejuraret,   videntibus  omnibus,    dextera  ejus 


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super  illud  philacterium  extenta  diriguit,  ita  quod  re- 
trahere  non  potuit  donec  confessus  est  coram  omnibus 

se  perjerasse Unde  quotiescumque  deferebatur 

in  medio  predictum  philacterium,  multo  timoré  et  hor- 
rore  concutiebantur  omnes  qui  super  illud  jurare  habe- 
bant.  Hoc  philacterium,  quia  conquassatum  erat  et  par- 
vnm,  conflatum  est,  et  aurum  positum  in  hac  tabula,  et 
reliquie  hic  collocate.  Sub  eisdem  reliquiis  insertum  est 
philacterium  aureum  quod  dédit  domina  Mathildis,  Flan- 
drie  comitissa,  in  quo  est  portio  ligni  Domini  et  capilli 
B.M.V.,  et  alie  reliquie  sicut  in  carta  secundum  formam 
hujus  tabule  confecta  continetur.  In  parvis  philacteriis 
que  sunt  circa  illud  continetur  :  de  sanguine  D.,  de 
capillis   D.,   sicut  in  eadem  tabula  continetur.  »   (Ibid., 

p.  22-23.)  —  «  Imago  Beatae  Virginis Pes  (infantis 

Jesu)  decem  marchas  et  novem  et  duas  uncias.  Sub  cujus 
pede  in  quodam  philacterio  argenteo  et  deaurato.  qua- 
drato,  sub  crystallino,  continentur  reliquie  sequentes 
videlicet  :  De  camisia,  de  pallio^  de  corrigia,  de  lacté  Vir^ 
ginis  Marie;  et  in  qpiatuor  angulis  sunt  duodecim  mar- 
garete  juncte  quatuor  saphyris.  »  {Ibid.,  p.  54.) 

«  Item  in  eadem  tabula  inferius  insertum  est  phila- 
terium  aureum,  divisum  in  duas  partes,  quod  fuit  domini 
Eskili,  venerabilis  archiepiscopi  Dacie,  postea  monachi 
Clarevallis,  in  quo  continentur  reliquie  multorum  sanc- 
torum.  »  (Ibid.,  p.  61.) 

L'Inventaire  de  1405  signale  plusieurs  phylactères  d'ar- 
gent :  a  Item  aliud  scrinium  deargentatum,  plénum  reli- 
quiis, et  plura  fllateria  de  argento.  »  {Ibid,,  p.  98.)  Plus 
un  autre  phylactère  pour  plusieurs  reliques  :  «  Unum 
filaterium  argenteum,  deauratum  desuper,  in  quo  sunt 
plures  reliquie.  »  (Ibid.y  p.  100.) 

Le  Cartulaire  de  l'abbaye  de  Saint-'Vaast  d^Arras,  rédigé 
au  xn«  siècle  et  publié  par  le  chanoine  Van  Drivai,  men- 
tionne, pages  107,  108,  109,  des  phylactères  pleins  de 
petites  parcelles,  à  en  juger  par  Ténumération  qu'il  en 
donne  :  «  Sunt  etiam  in  ipsa  ecclesia  philacteria  et  in 


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—  270  — 

quibusdam  eorum  taies  legimus  titulos  :  De  ligno  Do- 
mini,  de  sepulchro  Domini Item,  reliquie  in  diversis 

philacteriis  invente.  »  Or,  ces  reliques  minuscules  sont 
au  nombre  de  112. 

Je  reviens  à  llnven taire  de  Laon.  M.  Darcel  n'y  a  ren- 
contré que  sept  phylactères.  Pourtant  il  y  en  a  douze 
bien  comptés,  dont  cinq  sont  enregistrés  à  Tendroit  de 
la  description  des  deux  couronnes  auxquelles  ils  sont 
suspendus.  Ce  texte  est  capital  pour  le  sujet  qui  nous 
occupe;  en  conséquence,  je  crois  opportun  de  le  repro- 
duire intégralement  T 

«  Septem  philacteria,  id  est  capsule,  in  quibus  reser- 
vantur  minute  reliquie  sanctorum. 

»  Philacterium  primum  est  argenteum  deauratum,  ab  una 
parte  esmaillatum.  In  cujus  circumferentia  olim  exculpta 
fuisse  hec  duo  carmina  sequentia  tradunt,  quibus  expri- 
mebantur  reliquie  in  eo  contente  et  habet  annulum  cum 
cathena  argentea  : 

«  Spongia,  criix  Domini,  cum  sindone,  cum  faciali 
»  Melacrat,  atque  tui,  genitrix  et  virgo,  capilli.  » 

»  Secundum  philacterium  habet  crystallum  in  medio  et 
evangeliste  imaginem  deauratam  a  tergo. 

»  Tertium  philacterium  habet  lapidem  crystallinum  in 
medio. 

»  Quartum  philacterium  est  esmaillatum,  habet  quatuor 
lapillos  in  angulis  acutis. 

»  Quintum  est  perforatum  in  quattuor  locis  et  continet 
sub  crytallo  os  sancti  Quintini,  martyris. 

»  Sextum  est  undecumque  argento  opertum,  et  continet 
de  sanctis  Sebastiano,  Hippolito,  Cucufate,  de  sepulchro 
sancti  Martini,  et  de  pulvere  sancti  Marcelli. 

»  Septimum  ab  una  parte  habet  vitrum  et  a  reliquis 
partibus  est  coopertum  argento  rigato.  Et  continentur 
in  eo  reliquie  sequentes,  scilicet  :  Dens  sancti  Stephani, 
protho-martyris,  dens  sancte  Felicitatis,  os  sancti  Blasii 


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—  271  — 

episcopi,  de  petra  mense  Domini,  de  virga  Aaron,  de 
comgia  Domini  (1).  » 

«  Corone  prime  descriptio  ac  sanctarum  reliquiarum 
quibus  ipsa  decoratur,  cum  jocalibus  in  ea  appensis.    . 

»  Item  philacterium  argenteum  deauratam,  in  quo  est 
imago  Crucifixi  ab  una  parte,  et  ab  altéra  parte  est 
lapillus  qui  vulgo  vocatur  camahieu.  Et  continet  de  cilicio 
et  coopertorio  sancti  Thome,  martyris,  de  béate  Heli- 
sabeth  capillis,  de  ossibus  sancti  Thome,  martyris,  de 
sancta  Dorothea,  de  beatis  Cosma  et  Damiano,  de  ca- 
pite  sancti  Sebastiani,  et  de  ossibus  sancti  Thome 
apostoli  »  (2). 

»  Dépendent  in  ciAuitu  corone  reliquiaria  et  jocalia 
sequentia,  et  omnia  sunt  argentea 

»  Philacteriufn  deauratum  cum  lapillis  rubris  super 
extantibus,  et  continet  de  tumba  sancte  Gatharine  cum 
alii&  »  (3). 

»  Corone  secunde  declatatio  cum  reliquariis  et  joca- 
libus in  ea  pendentibus 

»  Item  philacterium  deauratum  ab  utraque  parte,  habens 
ab  una  parte  imaginem  Crucifixi  et  ab  altéra  Agnum 
Dei,  et  continet  de  vera  cruce  »  (4). 

»  Reliquiaria  et  jocalia  pendentia  in  circuitu  corone.     . 

»  Philacterium  pafvum  habens  sex  lapillos  qui  sunt 
virides  a  parte  anteriore.  Continent  de  sancta  Gatharina. 

»  Philacterium  aliud  deauratum,  in  quo  sunt  desuper 
tria  lilia  aurata  cum  esmaillatura,  et  continet  multas 
reliquias  quibus  nulla  est  inscriptio  (5).  » 

Puisque  le  phylactère  de  Châtegiu-Ponsac  appartient 
au  Limousin  et  au  xiii«  siècle,  je  ne  puis  me  dispenser 
de  dire  qu'à  la  même  époque  le  trésor  de  l'abbaye  de 

(1)  InvenL  du  trésor  de  la  cath.  de  Laon,  en  Î5Q3,  par 
Ed.  Fleury,  p.  22-23. 

(2)  Ibid.,  p.  25,  26. 

(3)  Ibid.,  p.  26,  28. 

(4)  Ibid.,  p.  28,  29. 

(5)  Ibid.,  p.  29,  30. 


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—  272  — 

Saint-Martial  de  Limoges  possédait  quatre  phylactères, 
dont  deux  en  or  et  deux  en  argent.  Des  deux  premiers, 
l'un  contenait  de  la  vraie  Croix,  et  Tautre  était  renfermé 
dans  des  tables  d'argent,  c'est-à-dire  un  diptyque.  Des 
deux  autres,  le  premier  servait  à  signer  le  peuple,  c'est- 
à-dire  à  le  bénir  en  faisant  sur  lui  le  signe  de  la  croix, 
et  le  dernier  contenait  de  l'huile  recueillie  au  tombeau 
de  sainte  Catherine  d'Alexandrie.  «  IIII*"'  philacteria;  duo 
sunt  aurea  cum  ligno  crucis  ;  unum  servatur  in  tabuleis 
argenteis  (1)  et  duo  sunt  argentea;  unum  ad  signandum 
populum;  aliud  cum  oleo  sancte  Caterine  (2).  » 

VI 

De  l'archéologie  passons  à  la  philologie. 

On  aura  pu  croire  que  le  graveur  limousin,  on  écri- 
vant philecteria  (3),  avait  fait  un  barbarisme,  excusable 
chez  un  ouvrier  et  un  laïquai  Sans  doute  phylacterium 
est  bien  la  forme  classique  et  primitive,  mais  il  est  incon- 
testable aussi  que  le  mot  a  été  féminisé  au  moyen-âge, 
lorsqu'il  a  été  employé  par  les  liturgistes.  Au  xii«  siècle, 
Jean  Beleth  cherchait  à  définir  cette  espèce  de  reliquaire 
et  à  établir  une  distinction  plus  subtile  que  vraie  entre 
phylacterium  et  phylacteria  :  «  Est  tamen  discrimen  inter 
Phylacterium  et  Phylacteriam.  Phylacterium  enim  char- 
tula  est,  in  qua  decem  Legis  prsecepta  scribebantur,  cu- 


(1)  Je  crois  voir  un  exemple  de  ces  phylactères  appliqués  à  des 
tables  dans  le  beau  triptyque,  en  argent  doré  et  du  xiii*  siècle, 
que  M.  Darcel  a  décrit  dans  le  Trésor  de  Conques  {Annal,  arch., 
t.  XX,  p.  219-221),  et  que  Léon  Gaucherel  a  reproduit  dans  une 
fidèle  gravure. 

(2)  Bulletin  archéologique  publié  par  le  Comité  historique, 
t.  IV,  p.  101. 

(3)  V.  sur  la  substitution  de  l'e  à  Va  au  moyen-âge  et  dans  le 
langage  populaire,  l'opuscule  de  M.  L.  Charles  :  Mélanges  et 
aperçus  sur  diverses  questions  littéraires  ou  archéologiques. 
Le  Mans,  1861,  in-12,  p.  27-28. 


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—  273  — 

jusmodi  chartas  solebant  ante  suos  oculos  circumferre 
Pharisœi,  in  signum  religionis.  Unde  in  Evangelio  :  Z>t7a- 
tant  enim  Phylacteria  sua  et  magnificant  fimbrias,  Atque 
hoc  quidem  Phylacterium  a  cpuXaaao),  et  Thorah,  quod 
est  Lex.  Phylacteria  autem,  phylacteriae,  vasculum  est, 
vel  argenteum,  vel  aureum,  vel  etiam  crystallinum,  in 
quod  sanctorum  cineres  et  jfeliquiae  reponuntur.  »  {De  Di" 
vinis  Offlc,  cap.  115.) 

Au  XIII*  siècle,  Guillaume  Durant,  qui  n'est  qu'un  com- 
pilateur, répétait  la  même  définition  dans  des  termes 
identiques  :  «  Philatteria  est  vasculum  de  argento  vel  auro 
vel  crystallo,  vel  ebore  et  ejusmodi,  in  quo  Sanctorum 
cineres  vel  reliquiae  reconduntur.  »  (Ration.,  lib.  I,  cap.  ni, 
num.  26.) 

Ces  deux  définitions  ne  précisent  rien,  car  elles  peu- 
vent s'appliquer  indistinctement  à  toute  sorte  de  vase 
contenant  des  reliques  de  saints.  Nous  n'avons  à  en 
retenir  que  ces  deux  choses  :  que  ce  reliquaire  était 
de  petite  dimension,  vasculum,  et  qu'en  latin  on  l'avait 
mis  du  féminin  pour  le  distinguer  du  phylactère  dont 
parle  l'Évangile. 

La  même  expression  se  retrouve  avec  le  même  genre 
dans  ces  deux  textes  cités  par  Du  Gange  :  «  Philacteriae 

superstolantur  et  tapetia  ex  formis  auferantur 

Post  versum  seniores  ponant  Philacterias  super  altare 
hinc  inde,  sicuti  in  choro  consistunt.  » 

La  traduction  française  s'est  calquée  sur  le  latin;  aussi 
le  mot  est-il  resté  au  féminin  dans  notre  langue,  comme 
le  témoignent  plusieurs  textes  cités  par  M.  de  Laborde 
aux  mots  Fillatière  et  Phillatière,  et  dans  ce  passage  du 
Roman  de  Rou  : 

«  Desous  oui  une  Filatire, 
Tout  le  meillor  qu'il  pot  eslire 
Et  le  plus  chier  qu'l  pot  trover.  » 

X.  Barbier  de  Montault, 
Prélat  de  la  Maison  de  Sa  Sainteté. 


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LEHRES  AUTOGRAPHES 

DU 

MARÉCHAL  BRUNE  ^' 


Au  citoyen  Cambaeeres,  second  Consul. 

CiTOTBN  SECOND   CONSUL, 

J'ai  l'honneur  de  vous  exprimer  ma  reconnoissance 
pour  les  marques  de  bienveillance  que  vous  m'avez  don- 
nées en  nommant,  il  y  a  près  de  deux  ans,  les  c*~  Pierre 
Maillard  (2)  et  F.  Vermeily  le  premier  à  la  place  de  commis^ 
savre  du  gouvernement  près  le  tribunal  civil  de  l'arron- 
dissement de  Brive,  dépt**"'  de  la  Coreze;  et  le  second^  juge 
au  même  tribunal.  Leur  conduite  a  été  pure  et  méri- 
tante; il  n'est  pas  un  de  leurs  concitoyens  qui  ne  leur 
rende  justice  :  et  moi,  citoyen  Consul,  j'éprouve  la  douce 
consolation  de  vous  avoir  recommandé  des  hommes  esti- 
mables, mes  parens,  aux  quels  je  laisse  une  grande  preuve 
d'attachement,  en  vous  priant  de  continuer  à  leur  faire 


(1)  Les  originaux  de  ces  lettres  appartiennent  à  M.  Paul  Sei* 
gnolle^  de  Brive;  elles  ont  été  communiquées  à  la  Société  par 
M.  Paul  de  Verneuil  d'Artensec,  qui  a  pensé,  avec  raison,  qu'elles 
étaient  d'autant  plus  intéressantes  qu'elles  o£Fraient  un  caractère 
tout  à  fait  intime.  On  voit,  en  efifet,  la  grande  affection  qu'avait 
le  maréchal  pour  ses  parents,  et  comme  il  était  heureux  de  saisir 
avec  empressement  toutes  les  occasions  qui  se  présentaient  pour 
leur  être  agréable. 

(2)  Pierre-Marie  Maillard,  marié  en  1791  à  Marie-Jeanne-Certain 
Laméchaussée. 


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—  276  — 

sentir  Teffet  de  la  puissante  bienveillance  dont  vous  n'avez 
pas  cessé  de  me  combler. 

Salut  et  respect, 
Brune. 


II 


Mon  cher  oncle,  j'ai  demandé  pour  vous  à  Sa  Majesté 
l'empereur  et  roi  l'Étoile  de  la  Légion  d'honneur.  S.  M.  a 
bien  voulu  me  l'accorder  et  m'a  autorisé  à  lui  présenter 
une  demande  écrite;  je  vous  prie  en  conséquence,  mon 
cher  oncle,  de  m'adresser  vos  états  de  service  pour  lui 
servir  de  base. 

Je  suis  bien  charmé  de  trouver  cette  occasion  de  vous 
donner  des  preuves  de  mon  sincère  attachement  et  de 
ma  parfaite  estime. 

Je  vous  embrasse  de  tout  mon  cœur. 

Le  maréchal, 
Brunb. 

Paris,  25  prairial  an  13. 

M'  Vielbans  (1),  capitaine  de  vétérans,  à  Brives,  dép*"* 
de  la  Coreze.  

III 

République  française, 

Liberté,  Égalité, 

Le  27  fructidor  an       de  la  République. 

Brune^  conseiller  cTÉtaty  général  en  chef, 
au  citoyen  Vielbans  Pommiers,  mon  oncle. 

Mon  cher  oncle,  le  premier  Consul  vient  de  me  nom- 


Ci)  Jean-Baptiste  de  Vielbans,  brigadier  des  gardes-du-corps, 
compagnie  du  Luxembourg,  fils  de  messire  Jean  de  Vielbans, 
écuyer,  seigneur  de  Pommiers,  ancien  mousquetaire  noir  de  la 
2""  compagnie  de  Sa  Majesté,  et  de  Jeanne  de  Lacoste  de  Com- 
bescot;  marié  à  Marguerite  de  Faucher,  dame  du  Caire  (1757). 


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—  277  — 

mer  ambassadeur  près  la  Sublime-Porte.  Je  m'étais  pro- 
mis d*aller  vous  embrasser  à  Brives,  mais  le  peu  de 
tems  que  je  dois  rester  en  France,  ne  me  permet  pas  de 
réaliser  cet  agréable  projet.  Soyez  assez  aimable  pour 
venir  à  Paris,  mais  faites  vous  accompagner  par  un  de 
vos  bons  amis  qui  ait  soin  de  vous  en  route  :  bien 
entendu  que  vous  me  permettrez  de  faire  tous  les  frais. 
Je  vous  embrasse  de  tout  mon  cœur. 

Brune. 

P.-5.  —  Mes  respects  à  ma  tante  (1),  mes  amitiés  à 
mes  cousines  et  à  Maillard  (2),  que  j'embrasse  bien  ten- 
drement. 

Ne  m'oubliez  pas  auprès  de  nos  amis. 

Ma  femme  n'est  pas  à  Paris,  je  lui  écrit  de  venir 
de  suite. 

Certifié  conforme  : 
D'Artensec. 


(1)  La  dite  dame  Marguerite  de  Faucher,  épouse  de  Jean-Baptiste 
de  Vielban's. 

(2)  Joseph  de  Maillard,  avocat  au  Parlement  (1747),  marié  avec 
Marie- Anne  de  Vielbans,  tante  du  maréchal. 


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LIVRES  DE  RAISON 

LIMOUSINS  ET  MARCHOIS 


(Suite.  —  Voir  t.  viii,  4"*  livraison.) 


XV 

SECOND    LIVRE    DE    RAISON    DE    JEAN    TBXBNDIER    (1662-1680), 

CONTINUÉ  PAR  JEAN-BAPTISTE   TEXENDIER   DE   LOSMONERIE, 

SON  PETIT-FILS   (1684-1703). 


Ce  second  Livre  de  raison  de  la  famille  Texen- 
dier  a  été  commencé  par  le  Jean  Texendier  que 
nous  connaissons  déjà,  et  poursuivi  par  lui  jus- 
qu'en 1680.  Malheureusement,  pendant  cette  pé- 
riode de  dix-hiiit  années,  il  n'ajoute  presque  rien 
à  ce  que  le  premier  nous  a  appris  sur  son 
auteur.  Jean  Texendier,  devenu  vieux,  se  borne 
à  enregistrer  la  naissance  des  très  nombreux 
petits-enfants  que  lui  donne  son  fils  Jérôme, 
marié  en  1662  à  Valérie  Dubois.  Il  n'y  en  a 
pas  moins  de  douze  :  Jean-Baptiste,  né  en  1663; 
Marie,  née  en  1665,  f  en  1668;  Joseph,  né  en 
1666,  f  en  1669;  Pierre,  né  en  1667,  marié  en 
1695;  Peyronne,  née  en  1668,  mariée  en  1687; 
autre  Pierre,  né  en  1670;  Jérôme,  né  en  1672; 
Barbe,  née  en  1673,  mariée  en  1692;  Catherine, 
née  en  1676,  religieuse  en  1691;  Thérèse,  née 
en  1677,  religieuse  en  1694;  Antoine,  né  en  1678, 


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—  280  — 

religieux  en  1698;  Claire,  née  vers  1680-1683, 
religieuse  en  1698;  enfin  un  enfant  posthume, 
dont  la  naissance  n'est  pas  enregistrée,  et  qui 
serait  le  treizième  s'il  a  vécu.  Jérôme  Texen- 
dier,  le  père  de  cette  nombreuse  postérité,  mou- 
rut en  1684;  .Valérie  Dubois,  sa  femme,  en  1697. 
C'est  leur  fils  aîné,  Jean-Baptiste  Texendier 
(sieur  de  Losmonerie  à  partir  de  1688),  qui  con- 
tinua le  registre  de  son  grand-père  jusqu'en  1703. 
La  variété  des  mentions  le  rend  des  plus  atta- 
chants, et  l'on  y  suit  sans  difficulté  la  destinée 
de  chacun  des  membres  de  la  famille. 

A.  Legler. 


Jesits  Maria  Joseph.  —  Sancte  Marcialis,  ora  pro  nobis, 
A  rhonneur  de  Dieu,  père  (1)  et  fils  et  Saint-Esprit,  et 
de  la  benoîte  Vierge  Marie  et  de  tous  les  saints  et  saintes 
du  Paradis,  soit  commencé  et  achevé  ce  présent  papier 
à  partir  de  moy,  Jehan  Texendier,  marchand  de  Ly- 
moges,  lequel  j'ai  fait  en  suitte  de  celuy  de  feu  mon 
père  (2)  pour  servir  à  moy  et  aux  miens,  de  mémoire 
de  toutes  sortes  d'affaires,  soit  de  mariage  que  nativité 
des  enfants  qu'il  plaira  à  Dieu  donner  dans  ma  famille. 

Amen,  Jesu. 

Au  nom  de  Dieu, 
Le  24**  septembre  1662,  j'ai  marié  mon  fils,  Hérosme 
Texandier,  avec  damoiselle  Valérie  Dubois,  fille  de  Mons. 
Anthoyne  Dubois,  sieur  de  la  Jourdanie  (3),  et  de  dame 

(1)  Pour  rendre  la  lecture  plus  facile,  nous  avons  rétabli  l'accent 
partout  où  il  manquait. 

(2)  Le  registre  de  Jacques  Texendier  est  aujourd'hui  perdu. 

(3)  Près  et  commune  de  Limoges. 


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—  281  — 

Catherine  Vidaud,  et  pour  effectuer  le  dict  mariage,  j'ay 
prorais  après  ma  mort  donner  à  mon  dict  fils  la  somme 
vingt  cinq  mille  livres;  et  le  dict  sieur  Dubois  et  la  dicte 
Vidaud  ont  payé  contant  la  somme  de  trois  mille  livres, 
et  doibvent  balier  deux  mille  livres  dans  cinq  ans  après. 
Je  prie  Dieu  qu'il  leur  fasse  la  grâce  de  vivre  en  paix. 
Le  dict  contrat  est  passé  par  Designia  (?),  notaire. 

Le  25*  octobre  1667,  j'ay  reçu  les  deux  mille  restant, 
en  avons  balié  quittance  passée  par  M.  Deseignia. 

Le  21  m:ii  1663,  dans  la  salle  et  chambre  commune 
de  la  maison  de  ville,  où  estant  Mess"  les  consuls  et  juges 
de  consuls  de  la  juridiction  de  la  Bource  (1),  avec  cin- 
quante notables  bourgeois  et  marchands,  m'ont  nommé 
pour  premier  juge,  assisté  de  Mons'  Martial  Poylevé, 
segond,  et  de  Mons'  Pol  Maliart,  troisième  juge  et  con- 
suls, et  a  mis  pour  assesseur  Mons""  Pierre  Sénamaud, 
et  premier  conseiller  Jérémie  Martin. 

Le  10  aoust  1663,  j'ay  baillé  à  ma  fille,  Peyronne 
Texandier,  femme  du  sieur  Jocepe  Lymosin,,la  somme 
Ûe  quatre  mille  livres,  et  ce  d'avantage  qu'elle  n'avoit 
heu  de  dot  à  son  mariage,  ou  pour  avoir  payé  je  l'ai 
faite  esgale  à  sa  sœur  Anne,  famé  à  Mons'  Jocepe 
Baliot  (2).  Ay  payé  son  dict  mary  suyant  la  quistance 
passée  par  Disnematin.  Je  baliais  par  ci  devant  à  ma 
dicte  lille  les  dictes  quatre  mille  livres  par  testament 
passé  par  Guytard,  notaire.  Je  veux  que  ma  dicte  fille 
ne  prétende  rien  plus  dans  mon  bien,  ayant  payé  par 
advance. 

Jehan  Texandier. 


(1)  11  s'agit  ici  de  la  juridiction  de  commerce  instituée  à  Limoges 
par  Charles  IX,  en  1565  (al.  1564). 

(2)  Voy.  le  premier  Livre  de  raison,  à  la  date  de  février  1659. 

T.  IX.  2-7 


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—  282  — 

Dieu  soit  loué  de  tout. 

Le  4*  décembre  1663,  est  né  Jehan  Baptiste  Texandier, 
fils  de  mon  fils  Hérosme  Texandier,  et  de  ma  belle  fille 
Valérie  Duboys;   a  esté  baptisé  à  St-Michel  par  Mes- 

sire (1),  premier  vicaire,    et  je  suis  esté  parin,  et 

marine  Madame  Jeanne  Decorde,  grand  mère  à  ma  dicte 
beUe  fille. 

* 

Le  19  mars  1665  nasquy  Marie  Texandier,  fille  à  mon 
fils  Herosme  Texandier,  et  de  Valérie  Dubois,  mère,  et 
baptisée  à  Téglise  de  Saint-Michel-des-Lions  par  Mes- 

sire Gadaud,   prêtre  de  la  dicte   église,   à  Tabsence 

de  Mons'  le  curé  et  vicaire;  et  fut  son  parin  Moiîs. 
Anthoyne  Dubois,  sieur  de  la  Jourdanie,  et  marine 
Marie  Bellemie,  ma  femme. 

Le  13  mars  1668  mourut  la  dicte  Marie,  et  fut  en- 
terrée dans  nos  tombeaux  de  Saint-Michel.  Je  prie  Dieu 
que  son  âme  soit  en  Paradis. 

Le  28*  j.  novembre  1665,  j'ay  marié  ma  fille,  Marie 
Texandier,  avec  le  sieur  Pierre  Faute,  marchand  de  la 
présente  ville,  fils  du  sieur  Phransois  Faute,  et  de  Marie 
Dupré,  mère.  Et  je  ay  donné  au  mariage  à  ma  dicte 
fille  la  somme  de  quatorze  mille  livres  et  deux  paires 
d'abis  de  soye  et  ausLre  linge,  et  j'ay  balié  comptant 
savoir,  sept  mille  livres  de  mon  bien  et  mille  livres  du 
bien  de  ma  famme  Marie  Bellemie,  et  je  doibs  payer 
six  mille  livres  restant  dans  un  an  après.  Le  sieur 
Faute  père  a  donné,  en  faveur  du  mariage  à  son  dict 
fils,  la  maison  qu'il  possède  rue  de  Magnine  (2)  et  vingt 


(1)  Peut-être  J.  Progent,  alors  vicaire  de  Saint-Michel-dcs-Lions. 
Voy.  VInvent.  des  Arch,  comm.  de  Limoges,  G  G,  112. 

(2)  Rue  Manigue,  autrefois  Magninie  —  Manauhie  —  Mananhia. 


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—  283  — 

mille  livres  en  argent,  le  tout  après  son  décès.  Le  dict 
contrat  est  passé  par  Tardieu,  notaire  royal. 

Le  11  novembre  1666,  jay  payé  au  sieur Faute,  père 

du  sieur  Pierre  Faute  fils,  la  somme  de  six  mille  livres, 
restant  du  mariage  de  Marie  Texandier,  ma  fille,  suivant 
le  contrat  passé  par  Tardieu. 

Le  23*  j.  octobre  1666,  nasquit  Jocepe  Texandier,  fils  de 
mon  fils  Hiérosme  Texandier,  et  de  Valérie  Dubois,  mère; 
et  fut  baptisé  à  l'église  de  Saint-Michel-des-Lions  par 
Messire  Pradilau  (?),  preste,  en  l'abcence  de  Mons'  le  curé 
et  vicaire.  Et  fut  son  parin  le  sieur  Jocepe  Lymousin, 
mon  gendre,  et  marine  damoyselle  Catherine  Vidaud, 
mère  de  ma  belle  fille. 

Le  8  aoust  1669,  mourut  le  dict  Jocepe  et  fut  enseveli 
dans  nos  tombeaux  de  Saint-Michel.  Je  prie  Dieu  que 
son  âme  soit  en  Paradis. 

* 

Le  4*  de  septembre  1667,  mourut  Marie  Bellemie,  ma 
femme,  que  Dieu  absolve  et  Taie  reçue  en  son  saint 
Paradis!  Elle  a  été  ensevelie  à  Saint-Michel,  dans  nos 
tombeaux  qui  sont  dans  Téglise,  près  de  Tautel  d'Ecce 
Homo.  La  pauvre  femme  avoit  demeuré  quelque  douze 
ans  dans  une  paralisie,  laquelle  dans  ce  temps  elle  a 
souffert  bien  des  douleurs,  et  pourtant  elle  prenoit  la 
soufrance  pour  Tamour  de  Dieu;  elle  est  morte  comme 
une  martire.  Prié  le  bon  Dieu  que  il  aie  reçu  son  âme 
en  son  saint  Paradis.  Amen. 

Le  20*  novembre  1667,  nasquit  Pierre  Texandier,  fils 
de  mon  fils  Hérosme  Texandier,  et  de  Valérie  Dubois 
mère,  et  fut  baptisé  à  Téglise  de  Saint-Michel-des-Lions 
par  Mons'  Barny,  curé  de  la  dicte  église,  et  fut  son 
parin  le  sieur  Pierre  Faute,  mon  gendre,  et  marine  Ma- 
demoyselle  Peyronne  Dubois,  sœur  à  ma  belle  fille. 


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—  284  — 

Le  28  décembre  1668,  nasquit  Peyronne  Texandier,  fille 
de  mon  fils  Hérosme  Texandier,  et  de  Valérie  Dubois, 
mère,  et  fut  baptisée  à  Téglise  de  Saint-Michel-des-Lions 
par  Mons'  Gadau,  prestre,  à  Tabsence  de  Mons'  le  curé 
et  vicaire,  et  fut  son  parin  Mons'  Léonard  Dubois,  frère 
de  la  dicte  mère,  et  marine  Peyronne  Texandier,  ma 
fille,  famme  du  sieur  Jocepe  Lymousin,  mon  gendre. 

Le  6*  octobre  1670,  nasquit  Pierre  Texandier  (1),  fils 
de  Hérosme  Texandier  et  de  Valérie  Dubois,  et  fut  bap- 
tisé en  Téglise  de  Saint-Michel-des-Lions  par  Mons'  Col- 
lason(2),  vicaire  de  ladicte  église,  et  fut  son  parin 
Mons""  Pierre  Dorât,  beaufrère  à  mon  fils,  et  marine 
Marie  Texandier,  ma  fille,  famme  à  Mons.  Pierre  Faute. 

Le  2  novembre  1670,  jour  des  Morts,  j*ofFrai  le  pain 
béni  à  Saint-Michel-des-Lions,  ma  paroisse,  et  je  baliais 
a  parans,  amis  et  voisins  450  pains  bénis,  et  baliai  à 
disner  a  mes  gendres  et  filles  et  amis,  ou  estions  qua- 
torze, et  seize  petits  enfans  de  la  famille. 

Le  6®  j  janvier  1672,  jour  des  Roys,  nasquit  Hérosme 
Texandier  (3),  fils  de  Hérosme  Texandier,  et  de  Valérie 
Duboys,  et  fut  baptisé  à  l'église  de  Saint-Michel-des- 


(1)  C'est  le  second  fils  de  Jérôme  Texendier  qui  porte  le  nom 
de  Pierre.  Voy.  plus  loin,  6  juin  1697. 

(2)  Golusson. 

(3)  Les  registres  paroissiaux  de  Saint-Pierre-du-Queyroix  (G  G, 
61  des  Arch.  comm.]  mentionnent,  à  la  date  du  27  nov.  1717, 
reiiterremcnt  d'un  Jérôme  Texendier,  fils  d'autre  Jérôme  Texen- 
dier, a  colonel  de  la  bourgeoisie  de  Limoges,  échanson  de  Ma- 
dame, »  et  de  dame  Anne  Teullier.  Ce  colonel  de  bourgeoisie  est 
évidemment  celui  dont  la  naissance  est  enregistrée  ici. 


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—  285  — 

Lions  par  Monsieur  Barny,  curé;  et  fut  son  parin  Jean- 
Baptiste  Texandier,  fils  de  mondit  fils;  et  fut  marine 
Barbe  Boysse,  fille  devoste,  et  Mons'  le  curé  lui  baliat 
le  nom  de  Hérosme-Baltazar,  à  cause  du  jour  des  Roys. 

Le  28®  j.  aoust  1673,  nasquit  Barbe  Texandier,  fille  à 
mon  fils  Hérosme,  et  de  Valérie  Duboys,  et  fut  baptisée 
par  Mons'  CoUuson,  vicaire  de  Saint-Michel;  et  fut  son 
parin  Jean-Baptiste  Texandier,  fils  de  mondict  fils,  et 
marine  Barbe  Baliot,  fille  de  ma  fille  Anne  Texandier. 

* 

Le  16»  j.  janvier  1676,  naquit  Catherine  Texandier,  fille 
de  mon  fils  Hérosme  Texandier,  et  de  Valérie  Duboys, 
et  fut  baptisée  à  Saint-Michel  par  Mons'  Barny,  curé 
de  la  dicte  église,  et  fut  son  parin  Mons'  François  Tar- 
dieu,  pris  en  Tabsence  de  Mons*^  Pierre  Tardieu,  greffier 
de  Tolficialité,  son  père,  à  cause  de  son  infirmité,  et 
marine  Mademoyselle  Catherine  Vidaud,  femme  de  Mons' 

Jacques  Pinot 

* 

Le  pr.  j.  juliet  1677,  nasquit  Thérasi  Texandier,  fille  de 
mon  fils  Hérome  Texandier,  et  de  Valérie  Duboys,  et  fut 
baptisée  à  Saint-Michel  par  Mons'  Baresge,  vicaire,  et 
fut  son  parin  son  frère,  Baptiste  Texandier,  et  sa  marine 
Catherine  Baliot.  L'on  luy  a  fait  porter  le  nom  de  Thérasi. 

Le  16®  j.  novembre  1678,  nasquit  Anthoyne  Texandier, 
fils  à  mon  fils  Hérosme  Texandier,  et  de  Valérie  du 
Bois,  et  fut  baptisé  à  Saint-Michel  par  Mons'  Peyroche; 
et  fut  son  parin  mon  petit  fils  Hérosme  Texandier,  et 
marine  Catherine  Baliot,  et  luy  avons  fait  donner  le  nom 
d'Anthoyne  à  cause  que  mon  fils  don  Anthoyne,  reli- 
gieux Bénédictin,  avait  demandé  qu'il  porta  son  nom 
Anthoyne. 


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—  286  — 

* 

Le  17*  février  1680,  nasquit  mon  fils  Michel  Texandier, 
fils  de  mon  fils  Hérosme  Texandier,  et  de  Valéry  du  Bois, 
fut  baptisé  à  Saint-Michel  par  Mons'  Rousseau,  preste, 

et  fut  son  parin  Monsieur  Michel  Dumas,  M'  chirurgien, 
et  marine  Marie  Du  boys. 

Le  20  février  1680,  mourut  mon  dict  fils  et  fut  ense- 
veli dans  nos  tombeaux.  Dieu  Paye  reçu  en  son  saint 
Paradis  (1). 

(Les  deux  mentions  qui  suivent  sont  de  la  main  de  Valérie 
Dubois^  femme  de  Jérôme  Texendier,  belle-fille  de  Jean  TexeU' 
dier,  premier  rédacteur  de  ce  Livre  de  raison)  : 

Le  9"*  may  1684  mourut  mon  beau  père,  âgé  de  81  ans, 
ayant  travaillé  beaucoup  pour  eslever  sa  famille  et  tou- 
jours en  homme  de  bien  et  d'honneur;  il  a  demeuré 
allitté  trois  moys  au  lict  d*un  mal  de  vieillesse,  et  Dieu 
lui  a  fait  la  grâce,  pendant  ce  temps  là,  de  recepvoir 
par  trois  diverses  fois  le  très  saint  sacrement  de  Tautel, 
et  ensuite  Textrême  onction.  Il  est  à  présumer  qu'il  est 
bien  heureux.  Dieu  lui  en  fasse  la  grâce! 

Le  3™*  aoust  1684,  année  malheureuse  pour  moy,  mou- 
rut mon  très  cher  mary,  sieur  Hierosme  Texandier,  d'une 
fiebvre  maglinne,  âgé  de  42  ans,  me  laissant  chargée  de 
nœuf  enfans  (2)  et  preste  d'acoucher  du  dixiesme,  et  de 
deux  de  ces  nepveux  Baillost.  C'estoit  un  homme  de 
bien  et  de  payx,  n'ayant  jamais  randut  de  déplaisir  à 
personne  du  monde.  Dieu  luy  fist  la  grâce  de  mourir 
de  la  magnière  qu'il  avet  vesqut,  dans  une  patiance 
admirable  à  la  volonté  de  Dieu.  Il  mourut  après  avoir 


(1)  Entre  cette  dernière  date  de  février  1680  et  celle  de  mai  1684, 
qui  suit,  doit  se  placer  la  naissance  de  Claire  Texendier,  men- 
tionnée plus  loin  sous  la  date  du  20  novembre  1698.  Ainsi  se  jus* 
tifie  la  déclaration  contenue  sous  la  date  du  3  août  1684., 

(2)  En  réalité,  Valérie  Dubois  avait  eu  douze  enfants;  mais  trois 
étaient  déjà  morts  en  bas  âge. 


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—  287  — 

reçu  tous  les  sacrements.  Il  a  esté  ensevelly  dans  les 
tombeaux  de  Saint-Michel.  Dieu  luy  aye  faict  miséri- 
corde et  Tay  mis  dans  son  sainct  Paradis,  et  luy  plaise 
par  sa  divine  bonté  estre  le  père  de  sa  famille. 


{Toutes  les  mentions  qui  suivent  sont  de  la  main  de  Jean^ 
Baptiste  Texendier,  fils  de  Valérie  Dubois  et  petit-fils  de  Jean 
Texendier)  : 

Le  28  juillet  1684,  le  sieur  Hérome  Texandier  fit  son 
testament  dernier  par  lequel  il  institua  ma  mère  et 
moy,  Jean-Baptiste  Texandier,  ses  héritiers  universels, 
chacun  par  moitié.  En  ce  que  il  me  donne  à  moi,  Bap- 
tiste Texandier,  par  préciput  de  l'hérédité,  sa  maison, 
qui  est  située  en  rue  Ferrerie,  avec  tous  les  meubles, 
garnitures  et  vaiselle  d'argent  et  autre,  en  par  nous 
deux  héritiers  payant  par  moitié  lesdits  légats  et  autres 
charges  d'hérédité.  Le  dit  testament  a  été  passé  par  Cha- 
vepeyre,  notaire  royal,  les  susdits  jours  et  an  que  dessus. 

Le  15  juillet  1685,  ma  mère  et  moy,  Jean-Baptiste 
Texandier,  tous  deux  héritiers  de  feu  S'  Hierome  Texan- 
dier, avons  payé  au  sieur  Pierre  Razès,  bourgeois  de 
cette  ville,  la  somme  de  deux  mille  deux  cent  quatre- 
vingt-deux  livres,  pour  pareille  somme  que  feu  mon  père 
lui  devoit. 

Le  2®  septembre  1686,  ma  mère  et  moy,  Jean-Baptiste 
Texandier,  tous  deux  héritiers  de  feu  S'  Hierosme  Texan- 
dier, avons  payé  au  sieur  Jean  Baillot  la  somme  de  trois 
mille  sept  cent  cinquante  livres  par  advis  de  parens  et 
d'amis,  pour  ce  que  mon  père  lui  pouvoit  devoir  d'où 
bien  (?)  ayant  esté  nommé  son  tuteur.  Le  contract  est  passé 
par  Chambinaud,  notaire  royal,  le  2  septembre  1686. 

Le  3  juillet  1687,  ma  mère  et  moy,  Baptiste  Texan- 
dier, avons  marié  ma  sœur,  Peyronne  Texandier,  avec 
sieur  François  Marcialet,  de  Souloignat  (1),  à  laquelle 
avons  payé  comptant  la  somme  de  six  mille  livres  pour 

(1)  Solignac,  cheMieu  de  commune,  canton  Sud  de  Limoges. 


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—  288  — 

son  légat,  que  mon  père  luy  avoit  faict  par  son  testa- 
ment. En  outre  il  luy  a  esté  constitué,  de  la  part  de 
ma  mère,  mille  livres  qui  luy  ont  esté  payé  comptant 
ledit  jour.  En  outre,  ma  mère  lui  a  donné  de  sa  part 
d'hérédité  une  maison  située  vers  Saint-Martial  (1),  et 
tous  les  habits  de  nopces  et  autres  dépenses,  comme 
repas  et  festins  qui  ont  été  faits  pour  ce  sujet.  Le  con- 
trat est  passé  par  Chavepeyre,  notaire  royal,  le  3 
juillet  1687. 

Le  19  décembre  1689,  ma  mère  et  moy,  Jean-Baptiste 
Téxandier,  comme  héritiers  de  'feu  S'  Hierosme  Téxan- 
dier,  avons  achevé  de  sortir  de  la  tutelle  de  mes  cousins 
Baillot,  dont  mon  père  estoit  chargé,  c'est-à-dire  que  nous 
avons  payé  le  susdict  jour  à  Catherine  Baillot  la  somme 
àe  deux  mille  cinq  cent  livres  par  advis  de  parens  et 
amis,  pour  ce  que  mon  père  lui  pouroit  devoir  sur  son 
bien,  ayant  esté  nommé  son  tuteur.  Le  contract  a  esté 
passé  par  Chavepeyre,  notaire  royal,  le  19*  décembre  1689. 

Le  14"  aoust  1688,  ma  mère  et  moy,  Jean-Baptiste 
Téxandier,  avons  acheté  du  seigneur  Duverdier  (2)  la 
terre  noble  et  seigneurie  de  Losmonerie  (3)  moyenant  la 
somme  de  soixante  quinze  mille  livres,  dont  en  avons 
payé  en  acquitant  les  debtes  de  cette  maison,  jusquà  ce 
jourd'huy  10*  mars  1690,  la  somme  de  65,430  1.,  comme 
il  paroit  par  les  quittances  qui  sont  toutes  attachées  au 
contract  de  vente  passé  par  Chavepeyre,  notaire  royal  à 
Limoges;  ont  trouverat  tous  les  papiers  concernant  cette 
acquisition   en    bon   ordre.    La   quittance   est   passée   à 


(1)  La  basilique  de  Saint-Martial  s'élevait  sur  remplacement  ac- 
tuel du  théâtre,  au  bas  de  la  rue  du  Clocher. 

(2)  De  Lubersac,  seigneur  du  Verdier.  —  La  terre  de  L'Aumos- 
nerie  était  entrée  dans  cette  famille  le  25  juillet  1617  par  le 
mariage  de  Charlotte  Chantois,  fille  de  noble  Jean  Chantois,  sei- 
gneur de  L*Aumosnerie,  de  Cieux,  et  de  Reignefort  et  de  Mar- 
guerite de  la  Foucaudie-Sanzillon. 

(3)  Près  Aixe. 


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Chantresat  (1),  en  Engoumois,  par  Guarguinier,  notaire 
royal  à  Ghabanais  (2). 

Depuis  le  10*  mar^  1690,  nous  avons  fait  plusieurs 
payements  en  déduction  de  ce  que  nous  restions  [devoir] 
de  la  dite  terre,  et  en  conséquence  nous  avons  passé 
un  aresté  de  compte  pardevant  Ghavepeyre,  le  15*  février 
1694,  par  lequel  il  paroist  et  suivant  les  quittances  que 
tous  les  payements  faits  jusqu'au  15  février  1694  montent 
à  68,000  1. 

En  suitte  de  quoy,  j*ay  payé  à  M"*  Dusson,  première 
créancière  de  la  maison  du  Ris  (3),  à  la  place  de  quy 
j'ay  esté  subrogé,  et  M'  Duverdier  a  tout  ratifié  par  le 
contrat  passé  par  Chavepeire  le  17  juillet  1695,  qui  me 
tient  quitte  de  tous  les  intérests  et  de  la  somme  de 
72,000  1.  Ainsi  je  ne  reste  [devoir]  que  3,000  1.  en  tout 
de  l'acquisition  de  Losmonerie. 

Le  20  mars  1699,  j'ay  compté  à  M.  Duverdier  la 
somme  de  3,562  1.  10  s.,  pour  final  et  dernier  paiement 
de  ce  que  je  restais  en  capital  et  intérest  de  Taquisition 
de  Losmonerie,  comme  il  parait  par  la  quittance  de  Gha- 
vepeire,  laquelle  somme  a  epsuite  esté  payée  à  M.  De 
Salmaje  (?)  le  22  mars  1699. 

Le  8«  octobre  1688,  estant  à  Paris,  j'ay  traité  avec  le 
S'  Laurens,  procureur  du  siège  présidial  de  Limoges, 
des  offices  de  greffiers  ancien  alternatif  (4)  et  triennal  au 
bureau  des  finances,  ensemble  du  domaine  et  voyrie,  et 
de  *!'•  Glerc,  unis  et  incorporés  aux  dittes  charges.  Le 
tout  adjugé  audit  Laurent  par  arrest  du  Gonseil  d'Estat, 
le  20  juillet  1688,  moyennant  la  somme  de  46,238  1.  5  s., 


(1)  Ghantrezac,  canton  de  Saint-GIaud,  arrondissement  de  Gon- 
folens  (Charente). 

(2)  Ghabanais,  cheMîeu  de  canton  de  Tarrondissement  de  Gon- 
folens  (Charente). 

(3)  S'agit-il  ici  du  Ris  Ghauveron,  commune  d'Azat-le-Ris,  can- 
ton du  Dorât  (Haute-Vienne)  ? 

(4)  Beaucoup  d'offices  avaient  autrefois  plusieurs  titulaires,  qui 
les  remplissaient  alternativement 


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—  290  — 

y  compris  le  huitièsme  denier  payé  par  ledit  Laurent 
aux  parties  casuelles.  Il  est  a  remarquer  que  je  traitay,* 
conjointement  avec  M.  Léonard  Limousin,  mon  cousin 
germain,  lequel  m'envoya  procuration  à  Paris  expresse 
pour  cela,  avec  la  moitié  de  la  somme  46,238  1.  5  s. 
pour  payer  le  sieur  Lauren,  la  procuration  dudit  S'  Li- 
mousin. Et  au  bas  du  contract  passé  aveq  le  S'  Laurens, 
à  Paris,  le  8*  octobre  1688,  par  devant  Garnot,  notaire, 
demeurant  au  faubourg  St-Germain,  sur  les  fossés  de 
M.  le  Prince. 

Et  comme  tous  les  susdits  oflBLces  de  greffiers  ont  esté 
achetés  par  moitié  entre  le  sieur  Limousin  et  moy,  il 
fut  passé  un  traité  entre  nous  à  Limoges,  le  23  sep- 
tembre 1688,  par  lequel  il  est  dict  que  je  me  feray  pour- 
voir de  Toffice  ancien  et  les  Limousin  de  Talternatif  et 
triennal,  comme  le  sort  l'avoit  décidé,  et  nous  payerons 
toutes  taxes  par  moitié.  Le  contract  est  passé  par  Cha- 
vepeyre  le  23  septembre  1688. 

Et  comme  le  sieur  Mauple,  cydevant  propriétaire  des 
dicts  offices  de  greffiers,  nous  remit  les  quittances  de 
finances  et  autres  titres  concernant  lesdicts  offices,  nous 
convîmmes  qu'ils  resteraient  entre  les  mains  du  S'  Li- 
mousin, dont  il  me  délivra  des  copies  collationnées.  Et 
comme  j'étois  encore  mineur  quand  nous  passâmes  les 
contracts  précédents,  nous  ratifiâmes  tous  les  traités  que 
nous  avions  faits  au  sujet  des  dicts  offices  par  un  con- 
tract passé  par  Ghavepeyre,  notaire  royal  à  Limoges, 
le  23  juillet  1689. 

Le  22*  juillet  1689,  ma  mère  et  moy,  Jean-Baptiste 
Texandier,  comme  héritiers  de  feu  Hierosme  Texandier, 
mon  père,  avons  dissolu  et  finy  la  société  de  commerce 
aveq  M.  Limousin,  qui  avoit  commencée  (1)  aveq  S'  Jean 
Texandier,  mon  grand  père,  et  ensuite  avec  ma  mère  et 
moy;  et  finalement  les  susdicts  jour  et  an,  nous  Tavons 
terminée  au  contentement  de  tout  le  monde,  comme  il 

(1)  Le  !•'  avril  1652.  Voy.  le  Livre  de  raison  précédent,  à  la  date. 


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—  291  — 

paroist  par  le  contract  passé  entre  les  parties  par  Cha- 
vepeyre,  notaire  royal  à  Limoges,  le  22  juillet  1690. 
Dont  j*ay  retiré  Toriginal.  J'ay  donné  un  garde  domage  (1) 
au  notaire,  ou  il  n'y  a  que  la  dette  des  contracts,  et  j'ay 
donné  à  M'  Limousin,  pour  sa  sûreté,  une  copie  signée 
de  moy. 

* 

Le  22*  novembre  1691,  nous  passons  contrat  aveq  les 
religieuses  du  couvent  des  Filles  de  N^  Dame  (2),  où 
Catherine  Téxandier,  ma  sœur,  est  entrée  et  a  pris  Thabit 
de  religieuse  le  25  du  susdit  mois  et  an,  moyenant  la 
somme  de  3,550  1.,  dont  en  avons  payé  comptant  aux 
religieuses  le  dit  jour  550  1.,  et  les  3,000  1.  restantes  sont 
payées  à  la  profession,  comme  il  paroi t  par  le  contrat 
passé  pardevant  Chambinaud,  notaire  royal. 

Le  13®  avril  1692,  ma  mère  et  moy,  Baptiste  Téxan- 
dier, avons  marié  ma  sœur,  Barbe  Téxandier,  aveq 
S'  Pierre  Vaissière,  marchand  de  Limoges,  à  laquelle  il 
a  été  payé  comptant  ledit  jour  la  somme  de  six  mille 
quatre  cent  livres,  savoir  :  4,000  1.  du  légat  du  père,  et 
2,000  1.  que  ma  mère  lui  a  données  de  Théréditée,  et 
400  1.  quelle  luy  a  donné  de  son  bien  particulier  pour 
les  habits.  En  outre  elle  a  fait  à  ses  frais  particuliers 
les  dépanses  de  la  nopce.  Le  contrat  est  passé  par  Cha- 
vepeyre,  notaire  royal,  le  13®  avril  1692. 

Le  4  may  1692,  je  fis  le  pain  benist  à  St-Michel-des- 
Lyons,  ma  paroisse,  et  je  Tenvoyay  chex  mes  parens, 
amis  et  voysins,  au  nombre  de  800  pains  bénist. 

Le  19  aoust  1692,  j'ay  acheté  de  M'  le  grand  prévost. 


(1)  Un  acte  de  garantie. 

(2)  Les  Filles  de  Notre-Dame  s'étaient  établies  à  Limoges,  en 
1634. 


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—  292  - 

héritier  de  deffunt  M.  Ghastagnat,  trésorier  de  France, 
une  maison  en  provenant,  située  auprès  des  étangs  (1), 
moyennant  la  somme  de  dix  mille  livres  que  j'ai  payé 
contant  à  la  décharge  de  l'hérédité  de  feu  M'  Chasta- 
gnat.  Toutes  les  pièces  concernant  la  susdite  acquisition 
sont  dans  un  sac,  avec  une  inscription  qui  le  marque. 
Le  contrat  et  les  quittances  ont  été  passés  par  Chave- 
peyre,  notaire  royal. 

Le  17*  novembre  1692,  ma  mère  et  moi,  Jean-Baptiste 
Téxandier,  avons  payé  à  Pierre  Téxandier,  mon  frère, 
la  somme  de  dix  mille  livres  que  luy  devions  en  qua^ 
lité  d'héritier,  pour  son  légat  de  feu  mon  père,  comme 
il  parait  par  la  quittance  passée  le  jour  dessus  par 
devant  Chavepeyre,  notaire  royal. 

Le  30  septembre  1693,  nous  avons  obtenu  à  la  chambre 
souveraine  du  franc-fief  un  arrêt  de  descharge  d'une  taxe 
de  4,400  1.,  qu'on  nous  avait  fait  pour  cause  de  la  terre 
de  Losmonerie.  L'arrêt  est,  en  forme,  dans  le  saq  des 
titres  du  fief  et  de  la  justice. 

Le  24*  novembre  1693,  j'ay  payé  aux  dames  religieuses 
de  Nostre-Dame  la  somme  de  trois  mille  livres  à  la  pro- 
fession de  ma  sœur,  Catherine  Téxandier  (2),  suivant  la 
quittance  passée  le  dit  jour  par  Vilard,  notaire  royal 
apostolique. 

Le  15  avril  1693,  j'ay  donné  en  payement  à  ma  mère 
la  maison  que  feu  mon  père  m'avoit  donnée  par  préciput 
par  son  testament,  et  ce  pour  sa  constitution  dotale  et 
autres  droits  énoncés  dans  le  contrat  passé  le  susdit  jour 
par  Chavepeyre,  notaire. 

La  susdite  maison  a  été  donnée  à  mon  frère,  Pierre 
Téxandier,  par  ma  mère  lors  qu'il  s'est  marié  avec 
dam*"*  Françoise  Martin,  comme  il  parait  par  contrat 
du  7  mai  1695,  passé  par  Chavepeyre. 

(1)  Auprès  des  Étangs  d'Aigoulème. 

(2)  Yoy.  plus  haut,  à  la  date  de  novembre  1691. 


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—  293  — 

Le  22  avril  1693,  ma  mère  m'a  fait  cession  (1)  et  do- 
nation de  la  part  et  portion  qu'elle  avait  dans  le  fond 
de  commerce  en  qualité  de  cohéritière,  et  ce  suivant  les 
clauses  et  conditions  énoncées  dans  le  contrat  passé  le 
susdit  jour  par  Ghavepeyre,  notaire. 

Le  26"  septembre  1694,  nous  avons  passé  contrat  avec 
les  religieuses  de  Ste- Ursule  (2),  où  Thérèse  Texandier, 
ma  sœur,  a  pris  l'habit  le  29  du  susdit  mois  et  an, 
moyennant  4,000  1.,  dont  j'en  ay  payé  contant  de  mes 
deniers  particuliers,  le  dit  jour  500  1.,  et  les  3,500  1. 
sont  payable  à  la  profession,  comme  il  parait  par  le 
contrat  passé  devant  Nicolas,  notaire  royal. 
-  Le  23®  avril  1696,  il  a  été  payé  à  M'  Dufour,  médecin, 
deux  mille  livres  que  nous  lui  devions.  La  quittance 
passée  par  Ghavepeire. 

Le  8*  octobre  1695,  j'ay  payé  aux  dames  religieuses  de 
Ste-Ursule  de  cette  ville,  la  somme  de  3,500  1.,  à  la  pro- 
fession de  ma  sœur  Thérèse  Texandier,  suivant  la  quit- 
tance passée  le  jour  et  an  que  dessus  par  Nicolas,  notaire 
royal  de  cette  ville. 

Le  25®  may  1696,  ma  mère  et  moy  avons  payé  au 
S'  Pierre  Texandier  cadet,  devenu  majeur,  la  somme  de 
huit  mille  livres,  savoir  :  6,000  1.  pour  son  légat  que 
luy  devions,  en  qualité  d'héritier  de  mon  père,  et  2,000  1. 
que  ma  mère  lui  a  données  le  dit  jour  par  dessus  son 
légat,  gratuitement,  comme  il  paroit  par  la  quittance 
passée  par  Ghavepeyre.  Nota  que  j'ay  fourny  l'argent 
pour  ma  mère. 

Le  15®  octobre  1696,  mon  frère  Antoine  a  fait  sa  pro- 
fession de  religieux  dans  l'ordre  de  Grandmont  (3),  où 
j'ay  assisté,  et  la  veille,  le  14,  il  a  fait  son  dernier  tes- 

(1)  En  note  :  Le  dit  jour  j'ai  retiré  ledit  contrat  de  cession  en 
original  et  donné  en  garde au  notaire. 

(2)  Les  Ursulines  s'étaient  établies,  en  1620,  à  Limoges. 

(3)  Les  ruines  de  l'abbaye  chef  d'ordre  se  voient  au  lieu  de  ce 
nom,  commune  de  Saint-Sylvestre,  canton  de  Laurière  (Haute- 
Vienne). 


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—  294  — 

tament  et  m'a  fait  héritier.  L'acte  est  passé  par  Muret, 
notaire  de  la  paroisse.  Il  en  a  coûté  1,300  1.  d'argent 
déboursé  aux  moines,  pour  présent,  ou  de  pension. 

Le  12  janvier  1697,  dame  Valérie  Du  bois,  ma  très 
chère  et  honorée  mère,  mourut  et  fut  universellement 
regrettée  de  toute  la  ville.  Elle  avoit  fait  son  dernier 
testament  le  20**  avril  1693,  qui  fut  ouvert  le  4  avril 
1697  et  passé  par  Ghavepeyre,  notaire,  par  lequel  je 
suis  héritier  universel. 

Le  25*  mars  1697,  j'obtins  un  arrest  définitif  au  par- 
lement de  Bordeaux,  touchant  le  procès  que  nous  avions 
contre  le  chevalier  Dupuymolinié  (1)  et  Lagarde  Sajat, 
tous  deux  beaufrères.  Le  procès  durât,  par  leurs  chi- 
canes, trois  années;  mais  nous  en  sortîmes  glorieusement 
et  gagnasmes  aveq  dépens.  C3ette  affaire  nous  a  cousté 
dix  .mille  livres. 

Le  18®  may  1697,  j'ai  payé  au  S""  Pierre  Téxandier 
cadet  la  somme  de  deux  mille  livres,  pour  le  légat  que 
ma  mère  lui  avoit  fait  par  son  testament,  le  tout  passé 
par  Ghavepeyre. 

Le  18'  may  1697,  j'ai  payé  au  sieur  Hierosme  Téxan- 
dier, mon  frère,  la  somme  de  dix  mille  livres,  étant 
majeur;  savoir  :  6,000  1.  que  je  lui  devois  pour  son 
légat  que  mon  père  lui  avoit  fait,  2,000  1.  que  ma  mère 
lui  avoit  données  par  son  testament,  et  2,000  1.  que  je 
lui  ai  données  gratuitement,  pardessus  les  susdits  légats, 
le  tout  passé  par  Ghavepeyre,  notaire. 

Le  6®  juin  1697,  j'ay  dissolu  et  finy  la  société  de 
commerce  avec  Pierre  Téxandier  ayné,  mon  frère,  qui 
avoit  commencé  avec  ma  défunte  mère  et  lui,  et  con- 
tinué encore  avec  S'  Pierre  Téxandier  jeune,  autre  frère. 
Et  finalement  le  susdit  jour  et  an,  nous  nous  sommes 
séparés  de  concert,  comme  il  parait  par  le  contrat  passé 
entre  les  parties  par  Ghavepeyre,  notaire  royal,  le  6 
juin  1697. 

(1)  De  Douhet  du  Puymolinieri 


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—  295  — 

Le  10*  mars  1698,  après  avoir  fait  saisir  réellement 
les  biens  du  sieur  Lagarde,  il  m'a  payé  la  somme  de 
3,355  1.  de  dépens  qui  le  concernoient,  sans  préjudice 
de  ceux  que  le  chevalier  Dupuymolinié  doibt  pour  sa 
part,  comme  il  parait  par  la  quittance  passée  par  Cha- 
vepeyre  le  susdit  jour. 

Le  18'  novembre  1697,  j'ay  vendu  ce  qui  me  restait 
dans  le  fonds  et  cabal  que  j'avois  retiré  lors  de  la  dis- 
solution de  société  d*aveq  mon  frère,  Pierre  Texandier, 
déduction  faite  des  portions  appartenantes  à  mes  deux 
plus  jeunes  frères,  Pierre  et  Hierosme  Texandier,  pro- 
venant des  légats  que  je  leur  avois  cy-devant  payés,  et 
pour  tout  ce  qui  me  restoit  et  appartenoit  dans  ledit 
fonds,  je  le  leur  ay  vendu,  sans  aucune  réserve,  pour 
la  somme  de  39,000  L,  qu'ils  se  sont  obligés  à  me  payer 
dans  12  ans  prochains,  scavoir  :  3,000  1.  chaque  année 
jusques  à  l'entier  remboursement,  m'en  payer  l'intérest 
chaque  année  à  raison  de  4  pour  cent,  comme  il  parait 
par  le  contrat  passé  par  Chavepeyre,  où  lesdittes  con- 
ventions et  autres  clauses  sont  énoncées. 

Payé  en  janvier  1698  ou  à  la  fin  de  décembre  1697, 
aux  S"  Fautte,  père  et  fils,  huissiers  au  bureau  (1),  la 
somme  de  2,100  1.  que  je  leurs  devois  par  obligation. 
Plus  j'ay  payé  dans  le  susdit  temps  au  sieur  Paignon, 
procureur  du  roy  au  bureau,  la  somme  de  1,500  1.  en 
qualité  de  cessionnaire  du  S'  Benoist,  capitaine.  Les  dites 
quittances  sont  passées  au  susdit  temps  par  Chavepeyre, 
notaire  royal.  Plus  j'ay  payé  le  17«  mars  1698,  à  Mon'' 
Michelon,  eslu,  la  somme  de  6,300  1.  que  je  lui  devois 
par  obligation.  La  quittance  est  passée  par  Chavepeyre, 
notaire  royal.  Plus  j'ay  payé  au  S''  Constant  de  Ver- 
tamont  (?)  la  somme  de  6,000  1.  et  interest  jusques  au 
jour,  le  14  avril  1698,  quittance  passée  par  Chavepeyre. 

Plus  payé  2,000  1.  en  plus  restées  dues  de  ma  mère. 

Doivent  M"  Pierre  et  Hierosme  Texandier,  au  S'  Texan- 

(1)  Le  bureau  des  finances  de  la  Généralité,  probablement. 


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—  296  — 

dier  de  Lasmonerie  (1),  par  contrat  du  18*  novembre  1697, 
la  somme  de  39,000  1.  pour  Tinterest  jusques  au  premier 
de  janvier  1699,  montant  1,560  1.  Le  30*  septembre  1698, 
j'ay  fait  compte  des  intérest  qui  restaient  deubs  pour 
la  ditte  année,  et  j'en  ai  esté  payé  au  moyen  des  sommes 
que  j'avois  touchées  en  diverses  fois  et  de  toutes  les 
fournitures,  le  tout  compensé,  conune  il  paroit  par  la 
quittance  que  je  leur  ay  donnée,  sous  seing  privé,  le 
susdit  jour. 

M"  Pierre  et  Hierosme  Téxandier  frères  ne  me  doivent 
qu'en  capital  25,000  1.,  sur  quoy  il  faut  déduire  le  paye- 
ment de  3,000  1.:  reste  22,000  1. 

Reçu  sur  le  capital  des  deniers  propres  et  particuliers 
du  sieur  Hierosme  la  somme  de  1,000  1.,  le  18  janvier 
1703;  reste  21,000  1. 

Avoir  7,000  1.  que  j'ai  reçeu  sur  le  capital  par  les 
mains  et  des  deniers  particuliers  du  sieur  Pierre  Téxan- 
dier, comme  il  appert  par  la  quittance  passée  par  Cha- 
vepeyre,  le  15**  avril  1698. 

Plus  reçu  sur  le  capital,  par  les  mains  et  des  deniers 
particuliers  du  S'  Hierosme  Téxandier,  comme  il  appert 
par  la  quittance  passée  par  Chavepeyre,  notaire,  le  15« 
novembre  1698.  7,000  1. 

Plus,  reçu  sur  le  capital  des  S"  Pierre  et  Hierosme 
Téxandier,  chacun  pour  leur  moitié,  la  somme  de  3,000  1., 
conmie  il  paroist  par  la  quittance  du  mois  de  janvier 
1702  passée  par  Chavepeyre,  avec  les  intérest  jusqu'au 
premier  janvier  1702. 

Le  29*  avril  1698,  j'ai  payé  à  ma  tante  Roulhac  un 
billet  de  ma  mère,  de  la  somme  de  huit  cents  livres, 
que  j'ay  retiré  et  brûlé  le  susdit  jour,  et  eu  compen- 
sation d'un  billet  de  1,040  1.  que  ma  grand  mère  de  la 
Jourdanie  me  devoist,  que  je  lui  ay  remis  entièrement 
pour  sortir  d'affaire  avec  la  tante  Rouillât. 

Le  16«  novembre  1698,  j'ay  payé  à  M""  Benoist,  mar- 

(l)  11  s'agit  du  rédacteur  de  ce  Livre  de  raison. 


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—  297  — 

çhand  de  cette  ville,  la  somme  de  quatre  mille  livres 
pour  deux  contrats  de  rente  constituées,  savoir  :  une  de 
2,500  1.  de  capital  consenti  par  ma  mère  en  faveur  de 
M'  de  Lachassagne,  qui  fist  sa  déclaration  sous  seing 
privé  qu'il  prestoit  seulement  le  nom  audit  Benoist,  et 
l'autre  de  1,500  1.,  que  j'avois  consenti  en  faveur  du 
sieur  Benoist;  montant  les  deux  sommes,  en  capital,  à 
4,000  1.,  qui  ont  été  payées  fe  susdit  jour  avec  les  arré- 
rages et  les  rentes  éteintes  et  amorties. 

Le  20*  novembre  1698,  j'ay  passé  contrat  aveq  les  reli- 
gieuses de  Nostre-Dame,  où  Glaire  Téxandier  (1),  après 
y  avoir  resté  pensionnaire  longtemps,  a  pris  l'habit  de 
religieuse,  le  23  du  susdit  mois  et  an,  moyennant  la 
somme  de  3,300  1.,  dont  j'en  ay  payé  comptant  celle 
de  300  1.,  et  tous  les  habits  et  meublés  nécessaires  à 
mes  despens,  et  les  3,000  1.  restantes  sont  payables  à 
la  profession,  comme  il  paroit  par  le  contrat  passé  par 
Chavepeyre. 

Quelques  jours  après,  la  ditte  Claire,  ma  sœur,  a  fait 
son  testament  tout  en  ma  faveur,  lequel  est  déposé  chez 
Chavepeyre. 

L'an  1698,  j'ay  fait  rebastir  le  moulin  de  Lasmonerie, 
que  le  débordement  des  eaux  (2)  avoit  emporté.  Il  m'en 
cousta  deux  mille  livres. 

En  janvier  1700,  j'ay  aquité  un  billet  à  M""  Vaissière, 
mon  beaufrère,  pour  argent  qu'il  avoit  preste  à  ma  mère, 
ou  en  marchandises,  de  la  somme  de  1,357  1. 

Plus,  payé  un  autre  billet  de  ma  mère  au  sieur  Bâchés, 
mon  commis,  de  700  1. 

Plus,  j'ay  payé  à  mes  deux  servantes,  'Léonarde  {sic)^ 
sur  leurs  loyer,  Ja  somme  de  427  1. 

(1)  La  naissance  de  Claire  Texendier  n'est  pas  mentionnée  dans 
les  pages  qui  précèdent.  11  en  faut  peut-être  conclure  qu'elle  est 
née  dans  l'intervalle  qui  sépare  le  registre  do  Jean  Texendier  de 
celui  de  Jean-Baptiste  Texendier,  c'est-à-dire  entre  1G80  et  1684. 

(2)  Les  eaux  de  la  Vienne.  Ce  débordement  de  1698  est  d'ailleurs 
connu  d'autre  part. 

T.  IX  '  a-ô 


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—  298  — 

I^e  28  février  1700,  j'ay  donné  quittance  au  chevalier 
Dupuymolinier  de  tous  les  dépens  qui  le  concernoient 
pour  la  somme  de  300  1.,  qu'il  m'a  payé,  m'ayant  de- 
mandé grâce  pour  le  restant.  L'acte  est  passé  par  Mar- 
piessas,  notaire.  Par  ledit  acte,  ledit  chevalier  quictte  le 
S''  La  Jourdanie,  mes  deux  frères,  des  informations  qu'il 
avoit  faitt  contre  eux.  Ainsi  voilà  la  fin  de  cette  grande 
affaire.  • 

Dieu  soit  loué  ! 

Depuis  l'aquisition  de  Lasmonerie  jusqu'à  ce  jour,  23® 
mars  1700,  j'ay  acquis  plusieurs  héritages  aux  environs 
de  mes  domaines,  auxquels  je  les  ay  joints  :  entre  autre 
les  droits  de  perpétuité  que  les  métayers  avaient  au 
Vignaud  et  au  Puyfaucon.  Le  tout  montant  environ  à 
3,600  1.,  dont  18s  contrats  portent  quittance  et  sont  tous 
dans  un  paquet,  dans  le  grand  sac  desdits  contrats  passés 
les  uns  par  Chavepeyre,  notaire  de  Limoges,  les  autres 
passés  par  Combe,  notaire  d'Aixe  et  de  Lasmonery. 

Le  12  juin  1700,  j'ay  aquis  de  Sa  Majesté  les  droits 
deschanges,  droits  honorifiques  et  de  prééminence  de  la 
paroisse  de  Tarn,  ville  et  faubourg  d'Aixe,  par  contrat 
passé  par  Chavepeyre,  notaire  royal  de  Limoges,  jour, 
mois  et  an  susdits,  moyennant  quatre  cent  soixante  sept 
livres  dix  sols,  y  compris  les  deux  sols  pour  livre. 

Le  29  novembre  1700,  j'ay  payé  aux  religieuses  de 
Nostre  Dame  la  somme  de  trois  mille  livres  et  les 
meubles  et  habits,  à  la  profession  de  ma  sœur  Claire 
Téxandier,  et  je  luy  ay  fait  une  pension  de  20  1.  pen- 
dant sa  vie,  payable  tous  les  six  mois  par  avance,  la- 
quelle servira  'pour  les  deux  sœurs,  le  tout  suivant  la 
quittance  passée  le  susdit  jour  par  Chavepeire,  notaire. 

Le  (1)  février  1701,  j'ay  payé  au  S*"  Garnicr,  greffier 
des  traittes,  cessionaire  du  S""  Benoist,  advocat.  la  somme 
de  mille  livres;  savoir  :  400  1.  pour  les  intérests  eschus 
de  la  rente  constituée  de  2,000  1.  de  capital  que  je  luy 
■  II.  ■  ■        I        .      ■  I  I  ■ 

(1)  Un  blanc. 


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—  299  — 

doibs,  sur  lequel  il  a  esté  payé  600  1.,  portant  reste 
1,400  1.  Quittance  par  Chavepeire. 

Le  18  novembre  1702,  j'ay  achevé  de  payer  le  S'  Gar- 
nier,  et  amorty  entièrement  la  rente,  par  quittance  passée 
par  Ghavepeyre.  • 

Le  18  février  1701,  j'ay  obtenu  la  confirmation  de  nos 
armoiries  qui  portent  :  d'azur^  à  une  tour  d'argent  accont' 
pagnie  en  chef  d'une  fleur  de  lis  d'or  et  de  trois  étoiles  de 
même,  posées  deux  aux  flancs  et  une  en  pointe,  par  ordon- 
nance de  M"  les  commissaires  généraux  du  Conseil,  ren- 
due sur  le  procès-verbal  de  mes  titres  de  droit  et  pos- 
session, et  sur  les  conclusions  du  procureur,  Tadvis  du 
garde  de  VArmorial  général  de  France,  dont  il  m'a  été 
délivré  un  brevet  et  copie  de  l'ordonnance  signée  du 
greffier;  les  quelles  pièces  j'ay  mis  et  joint  aux  titres 
justificatifs  de  la  noblesse  acquise  par  mes  auteurs  en 
1558  par  l'échevinage  d'Angoulême. 

(Extraits  par  M.  l'abbé  Lecler  sur  k  ms.  original,  en  la 
possession  de  Jf.  le  comte  de  Villelume.) 


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—  300  — 
XVI 

LIVRE   DE   RAISON   DE   JOSEPH   PÉC0NNE1\ 

(1679-1716) 


* 


In  nomine  Dei  nostri  magnificabwitur. 

(Psalmo  XIX.) 


IHS  .  M  .  Joseph. 

C'est  le  livre  journal  de  moy,  Joseph  Peconnet,  fils  a 
feu  Jean  Peconnet,  sieur  du  Chastenet,  vivant  bourgeois 
de  cette  ville,  contenant  vérité  de  tous  affaires  plus  no- 
tables que  j'ay  faict  ou  que  j'espère  faire  durant  le  temps 
qu'il  plaira  a  Dieu.  —  Commencé  puis  le  30  aoust  1679, 
que  mondit  père  est  decedé. 

Premièrement,  ainsin  est  mon  extraict  baptistaire  dans 
le  livre  journal  de  feu  mon  père  (1)  : 

a  Joseph  Peconnet,  mon  fils,  est  né  le  jeudy,  14®  de  sep- 
tembre, jour  et  feste  de  rE.xaltation  Sainte-Croix  1656,  a 


(1)  Nous  ne  pourrions  que  répéter  ici  ce  que  nous  avons  dit  de 
ce  Livre  de  raison  dans  la  notice  figurant  à  notre  introduction. 
Nous  y  renvoyons  donc  le  lecteur.  Une  récente  communication  qui 
nous  a  été  faite  par  M.  Adolphe  Péconnel  du  Chatenet,  nous  per- 
met d'y  ajouter  un  détail  :  Joseph  Peconnet  tenait  son  registre  en 
double,  et  la  famille  a  retrouvé,  il  y  a  peu  de  semaines,  le  second 
exemplaire  du  manuscrit  dont  nous  publions  ici  des  extraits.  Le 
titre  de  ce  dernier  et  celui  de  notre  manuscrit  sont  identiques; 
on  relève  néanmoins,  entre  les  deux  exemplaires,  de  nombreuses 
diflférences.  Le  double  en  question,  relié  avec  soin,  forme  un  gros 
volume  d'environ  400  pages;  mais  beaucoup  sont  restées  blanches, 
et  ce  double  est  moins  complet  que  l'exemplaire  sur  lequel  ont 
été  relevés  les  extraits  ci-dessus;  il  renferme  toutefois  la  conti- 
nuation du  papier'baptistaire  des  Peconnet  jusqu'en  177G. 

L.  G. 


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—  301  — 

Theure  de  8  heures  et  demye  du  soir.  Et  a  esté  baptizé 
en  Teglize  de  notre  parroisse  de  St-Piere-du-Queyroir, 
a  Limoges,  par  messire  Pierre  Croy^ier,  vicaire,  le  sa- 
medy,  16  dudit  moys  et  an.  Et  a  esté  son  parrain  véné- 
rable messire  Joseph  Michel,  prebstre,  curé  de  St-Priet 
après  Aixe(l),  mon  beau  frère,  et  marine  (2)  Peconnet, 
veufve  de  feu  M*  Jean  (3)        ,  ma  sœur.  Signé  J.  P.  » 

Mon  extraict  baptistaire,  qui  a  esté  tiré  du  registre 
de  Monsieur  Croyzier,  vicaire  de  St-Piere-du-Queyroir, 
est  ainsy  (suit  Tacte  de  baptême  identique  à  la  mention 
ci-dessus). 

—  J'ay  estudié  et  faict  mes  classes  par  la  bonne  con- 
duitte  de  mon  père  jusques  en  rhétorique,  Tannée  1673, 
chez  les  Reverendz  pères  Jesuittes,  que  (4)  j'ay,  escripte 
de  ma  main  et  reliée  en  bazane.  ^ 

En  1674,  j'ay  faict  mon  cours  de  philosophie  souz  le 
Révérend  Père  Roger,  Jesuitte,  que  j'ay  aussy  escripte  en 
son  entier  de  ma  main,  et  reliée. 

En  1676,  j'ay  répété  ma  philosophie  auprès  de  Mon- 
sieur Cybot,  prebtre,  vicaire  de  St-Piere,  pendant  6  mois, 
pour  avoir  esté  malade  l'année  précédente,  que  j'en  flnis- 
sois  mon  cours. 

En  1678,  et  le  xi  novembre  1677,  preciz  jour  de  St- 
Martin,  je  partis  d'icy  par  ordre  de  mon  père  pour  Poic- 
tiers,  pour  estudier  en  droict,  ou  j'ay  fréquenté  l'Uni- 
versité toutte  la  susdite  année  1678  jusques  a  ce  que, 
au  22  juin  de  la  mesme  année  1678,  je  prins  mes  licences 
en  l'Université  de  Poictiers,  signées  de  M"  les  docteurs 
d'icelle,  après  avoir  soutenu  publiquement  des  thèses  sur 
le  tiltre  de  Servitutibus,  3  lib.  Il,  Institutorum  apud  Justin 
nianum.  Lesdites  lettres  de  licences  signées  :  J.  Filleau, 


(1)  St-Priest-sous-Aixe,  aujourd'hui  chef-lieu  d'une  commune  du 
canton  d'Aixe,  arrondissement  de  Limoges  (Haute-Vienne). 

(2)  Nom  effacé. 

(3)  Idem. 

(4)  Ce  que  se  rapporte  évidemment  à  rhétorique. 


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—  302  — 

decanus,  Le  Roy,  Umeau  et  Joussaut,  secretarius  colUgii 
prxdicti  Dominorum  Doctorum,  et  les  thèses  vizées  par 
Monsieur  Devazes,  lieutenant-général  à  Poictiers,  le  sus- 
dit jour  que  dessus,  avecq  un  extraict  de  mes  trois  imma- 
tricules en  ladite  Université  et  certifflcat  des  2  docteurs 
que  j'avois  écouté  pendant  Tannée. 

Et  le  9*  jeuillet  audit  an  1678,  j'ay  esté  receu  et  en- 
registré au  nombre  des  advocatz  au  siège  presidial  et  se- 
neschal  de  Limoges.  En  conséquence  de  mes  susdittes 
lettres  de  licences  ez  lois,  [sur]  l'attestation  de  M^  Dubois 
et  de  M*  Jacques  Cybot,  advocatz;  M"  Léonard  Constant, 
mon  oncle,  plaidant;  Monsieur  Debort,  advocat  du  Roy, 
ouy,  et  Monsieur  Periere  du  Vignaud,  président. 

Depuis,  et  le  2*  octobre  suyvant,  je  partys  d'icy  pour 
Paris  avecq  Monsieur  du  Garreau,  sous  le  bon  gré  de 
mSu  père  qui  m'avoit  deStiné  chez  un  procureur  au  Chas- 
telet  en  pention  pour  apprendre  le  style  du  palays  et 
la  pratique;  mais  je  ne  peus  m'y  engager  ny  rester, 
accause  d'une  maladie  qui  m'y  retient  trois  mois  entiers, 
et  fus  obligé  de  m'en  revenir  par  la  voye  du  carosse  de 
Poictiers,  le  18  décembre  de  la  mesme  année  1678.  —  Tout 
ceci  dessus,  suivant  le  livre  journal  de  feu  mon  père. 

Le  mardy,  29*  aoust  1679,  je  partys  d'icy  pour  aller 
secourir  mon  père,  que  la  longueur  d'une  maladie  fieb- 
vreuse  invétérée  de  plusieurs  mois  devant,  et  la  grand 
fatique  d'un  voyage  précipité  a  son  retour  de  Paris,  avoit 
accablé  a  Poictiers,  ou  estant  arrivé  le  lendemain,  me- 
credy,  30,  a  deux  heures  après  midy,  je  le  trouvay  aux 
abois;  et  en  effect,  il  deceda  une  heure  après,  et  fust 
enterré  le  lendemain,  dernier  aoust  1679,  en  l'eglize  de 
St-Porchaire  (1),  audict  Poictiers,  après  avoir  receu  tous 
les  sacrements,  comme  appert  du  certifflcat  que  je  retiray 
de  M.  Perraud,  curé  de  ladite  parroisse  de  St-Porchaire. 
Il  fut  enterré  au  grand  portail  de  ladite  eglize,  trois  pas 
au  dedans  d'icelle. 

(1)  L'église  Saint-Porchaire  existe  encore. 


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—  303  — 

Le  mecredy  suivant,  6«  septembre,  estant  de  retour  icy, 
nous  fimes  un  service  pour  le  repos  de  Tame  de  mondit 
feu  père,  en  nostre  parroisse  de  St-Pierre-du-Queyroir, 
avec  assemblée  de  nos  plus  proches. 

Le  11*  dudit  mois  de  septembre  1679,  ma  mère  ayant 
représenté  le  testemment  de  mondit  feu  père  qu'il  luy 
avoit  confié,  escript  et  signé  de  sa  main  a  son  départ 
pour  Paris,  au  mois  de  décembre  de  Tannée  dernière  1678, 
il  fut  veriffié  et  contre-signe  ne  varietur  par  Monsieur 
Moulynier  de  Puymaud  (1),  juge  royal  de  cejtte  ville,  et 
en  fut  faict  attestation  a  mon  requis,  en  qualité  d'héri- 
tier institué  audit  testemment,  par  M"  M*  Jean  Vidaud, 
sieur  du  Garreau,  conseiller  du  Roy,  receveur  des  tailles 
en  la  présente  Eslection,  M*  Jacques  Dauvergne,  advocat 
en  la  Cour,  Antoine  Goudin  père,  bourgeois,  et  ledit  Mou- 
lynier, praticien 

—  Le  jour  de  dimanche,  1"  octobre  audit  an  1679, 
j'ay  eu  Thonneur  d'estre  receu  en  la  grand  confrérie  de 
St-Martial  (2)  de  cette  ville  :  le  Révérend  Père  Junien, 
recollet,  directeur,  M"  Guybert  et  Marchandon,  mar- 
chands, balles,  et  M"  Lajoumard,  etc.,  conseillers  de 
ladite  frerie. 

Le  mesme  jour,  j'ay  payé  10  1.  légués  par  feu  S'  Jean 
Peconnet,  mon  père,  a  ladite  frerie,  pour  être  employés 
a  des  reparacions  de  la  chappelle  de  saint  Benoit  (3)  de 
Teglize  dudit  saint  Martial,  ou  s'assemblent  M"  les  con- 
frères, et  en  ay  prins  un  receu  du  jour  et  an  que  dessus, 
signé  GuYBBRT,  daile  de  la  grand  confrérie  de  St-Martial 

(1)  Il  y  a  dans  la  Haute-Vienne  plusieurs  localités  de  ce  nom  ; 
il  s'agit  ici  soit  de  Puymaud,  près  de  Nieul,  soit  de  Puymaud, 
commune  de  Fromental. 

(2)  La  grande  confrérie  de  Saint-Martial,  réorganisée  en  1357  par 
quelques  personnes  pieuses,  subsiste  encore.  Un  de  ses  bailes  a 
une  des  trois  clés  de  la  châsse  qui  renferme  les  restes  du  patron 
de  la  ville.  Cette  association  remonte  à  une  époque  très  reculée. 

(3)  La  chapelle  de  saint  Benoît,  séparée  de  la  grande  église  de 
Saint-Martial  par  l'ancienne  chapelle  de  saint  Grépin,  était  paral- 
lèle au  chœur  de  l'église,  au  Nord. 


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—  304  - 

—  Le  dernier  du  mois  d'octobre  audit  an  1679,  il  a  esté 
faict  inventaire  des  effectz  de  feu  S'  Jean  Peconnet,  mon 
père,  a  mon  requis,  sur  commission  addressante  par  Mon- 
sieur le  juge  royal  ordinaire  de  cette  ville  a  M'«  Jean 
Chavepeyre,  notaire  royal,  dattée  du  3*  dudit  mois  d'oc- 
tobre, signée  Croyzier,  juge,  prevost  royal  de  Limoges, 
et  de  Marilhac,  greffier;  et  a  esté  continué  ledit  inven- 
taire les  3*,  4®,  16  et  20  de  novembre  ensuivant,  en  pré- 
sence de  M"  M""  Jean  Vidaud,  seigneur  du  Carrier  (1), 
lieutenant  particulier  en  la  seneschaussée  de  Limosin, 
Jacques  de  Petiot,  seigneur  de  la  Mothe  de  Gain  (2),  con- 
seiller du  roy  en  ses  conseils,  et  S""  Joseph  Michel,  clerc 
tonsuré,  fllz  a  feu  S"^  Jacques  Michel,  parents,  le  tout 
suivant  et  au  désir  du  testemment  de  mondit  père;  duquel 
inventaire  j'ay  coppie  signée  Chavepeyre,  notaire  royal. 

—  Le  9  avril  1680,  j'ay  payé  a  mon  frère  Jean  la 
somme  de  quatrevingt  livres  pour  un  an  de  sa  pension, 
commençant  ledit  jour  et  finissant  a  semblable  de  Tan 
prochain,  suivant  le  récépissé  qu'il  m'en  a  fait  de  sa 

main Et  le  lendemain,   x«  dudit  mois  d'avril,  ledit 

Jean  Peconnet,  mon  frère,  est  sorti  de  notre  maison  et 
est  party,  de  son  bon  gré  et  de  l'advis  de  tous  nos 
parentz,  pour  aller  au  service  du  roy,  sur  mert,  et  s'em- 
barquer dans  le  vaisseau  de  Monsieur  de  Tourville  (3), 
ou  Monsieur  de  Chasteaumorant  estoit  enseigne,  auquel 
il  a  été  recommandé  de  nos  proches.  Et  je  luy  ay  donné 
un  cheval  de  louage  pour  le  conduire,  avec  les  nommés 
Clément  Larcher  et  le  S'  Lafaye,  m"  cartier  (4)  de  cette 


(1)  Près  et  commune  de  Limoges. 

(2)  La  Motte  de  Gain,  commune  d'Isle,  berceau  de  la  famille  de 
Gain,  relevait  de  Tévôque  de  Limoges. 

(3)  En  1680,  Tourville  n'était  encore  que  capitaine  de  vaisseau. 
Ce  ne  fut  qu'en  1682  qu'il  fut  fait  lieutenant-général;  cette  même 
année  eut  lieu  le  premier  bombardement  d'Alger,  qui  mit  ses 
talents  en  pleine  lumière. 

(4)  Aux  xv«  et  xvr  siècles,  il  y  a  un  assez  grand  nombre  de 
cartiers  à  Limoges. 


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—  305  — 

ville,  tous  a  cheval.  Et  donné  pour  les  fraix  du  voyage 
quarante  livres;  et  Tay  equippé  d'espée,  habit  et  linge, 
tel  qu'il  a  voulu. 

Le  19  dudit  mois  d'avril,  sont  revenus  les  dits  Clément 
et  Lafaye,  qui  ont  dit  avoir  laissé  mondit  frère  a  La 
Rochelle,  logé  aux  Trois  Roys,  chez  M'  Barbaud,  puis- 
qu'il n'a  trouvé  de  place  dans  le  vaisseau  de  M'  de 
Tourville;  lequel  leur  a  dit  qu'il  s'embarqueroit  au  pre- 
mier rencontre,  et  ont  les  dits  sieurs  ramené  les  trois 
chevaux.  Pour  le  louage  desquelz  chevaux,  j'ay  payé  a 
ceux  qu'il  appartenoit,  pour  neuf  jours  de  voyage,  a 
raison  de  douze  sols  pour  chaque  journée  :  payé  seize 
livres  4  sols;  et  aux  dits  Clément  et  Lafaye,  pour  peine 

et  voyage,  a  chacun  9  1 Le   23  auvril ay  prié 

Monsieur  Juge,  curé  de  St-Piere  (1),  d'escrire  a  Jean  et 
l'exhorter  a  mieux  vivre  et  se  comporter  au  loin  qu'il 
n'avoit  fait  auprès  de  ses  proches;  aussy  bien,  lui  ay 
adressé  encores  des  lettres  pour  le  révérend  père  gardien 
des  RecoUetz,  et  payé  icy  le  port  d'avance,  8  sols. 

Depuis,  et  le  seize  may  audit  an,  est  revenu  ledit  Jean, 
après  avoir  mangé  sadite  pension,  son  linge  et  bardes, 
mesme  son  habit,  dans  l'espace  de  cinq  sepmaines  seu- 
lement, et  avoir  fait  divers  emprunps Son  cousin  de 

Traschoussade  (2) l'a  fait  décréter  de  prise  de  corps 

pour  obvier  aux  grands  dangers  que  se  precipitoit  ledit 
Jean,  mon  frère,  après  le  peu  d'effect,  ou  plustot  l'inu- 
tilité des  moyens  prudenz  et  paternels  que  mon  defifunt 
père  avoit  pratiqué  de  longues  années,  et  ceux  que  nous 
avons  tasché  de  continuer  a  sa  correction,  dans  le  temps 
que  tous  nos  proches  ont  différé  a  faire  ou  signer,  avec 
moy  et  ma  mère,  une  délibération  desja  prise  entre  eux  (3) 


(t)  St-Pierre-du-Queyroix.  C'était  la  paroisse  de  Péconnet,  comme 
nous  l'avons  vu  plus  haut. 

(2)  Trachaussade,  localité  de  la  commune  de  Peyrilhac,  canton 
de  Nieul. 

(3)  L'envoi  à  La  Rochelle  sous  bonne  escorte»  et  l'embarquement 


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—  306  — 

pour  le  retirer  des  funestes  rencontres  ou  son  aveugle- 
ment et  mauvaises  mœurs  le  jettoient 

—  Le  20  juillet  1681,  la  dame  Denoyer  m'a  payé  12  1. 
10  s.  que  feu  mon  père  luy  avoit  preste  sur  deux  bagues 
que  j'avois  en  dépôt,  les  quelles  je  luy  ay  rendues. 

—  Le  14  octobre  1681,  j*ay  preste  a  mon  cousin  De- 
cordes,  de  Parpayat,  un  fuzil  tout  neuf  de  la  longueur 
de  six  pieds,  monté  a  Tancienne  mode,  qu'il  me  doibt 
rendre. 

—  Le  4®  octobre  XVP  quatrevingt  un,  j'ay  affermé, 
pour  l'espace  de  trois  ans,  au  S""  Roger,  frère  du  no- 
taire, et  a  damoiselle  Roger,  sa  tante,  fille  devotte,  les 
deux  chambres  basses  de  ma  maison  que  j'habite,  pré- 
sente rue  Porte-Poulalière  (1),  ensemble  une  partie  de 
cave,  ua  plassage  a  mettre  du  bois,  un  galatas  pour 
faire  essuyer  (sic)  du  linge,  le  tout  moyenant  la  somme 
de  45  livres  par  an,  dont  m'en  a  payé  ledit  S'  Roger 
comptant,  pour  les  six  premiers  mois  d'avance  :  22  1.  10  s. 

Le  4*  octobre  susdit  an,  j'ay  affermé  a  Antoine,  cui- 
sinier, de  cette  ville,  la  boutique  de  ma  maison  de  Ley- 

magene,  jusques  au  (2) faict  expressément,  pour  six 

mois  seulement,  moyenant  le  pris  et  somme  de  12  livres, 
qu'il  m'a  payé  comptant. 

—  Le  10*  décembre  1681,  ma  mère  m'a  remis  en  mains 
la  somme  de  cinq  mil  neuf  centz  livres  en  louys  d'or, 
qu'elle  m'avoit  retenu  jusqu'à  présent,  et  depuis  la  mort 
de  feu  mon  père;  laquelle  somme  dependoit  de  l'héré- 
dité de  feu  mon  père,  et  qu'elle  ne  m'avoit  rendu  lors 
de  l'inventaire ,  et  laquelle  somme  elle  n'avoit  voulu 


qui  devait  suivre,  mais  auquel  Jean  avait  su  échapper,  étaient  sans 
doute  le  résultat  de  cette  délibération  de  famille. 

(1)  La  note  marginale  porte  :  Afferme  d'une  partie  de  la  mai- 
son de  Leymageue,  ce  qui  confirme  notre  opinion  que  la  rue  de 
rEymageue  (de  la  statue)  était  celle  qui  allait  de  la  rue  Fourie  à 
la  rue  du  Consulat. 

(2)  Un  mot  illisible. 


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—  307  — 

remettre  qu'après  diverses  procédures  que  j'ay  esté  obligé 
de  faire,  a  mon  grand  regret  et  a  grand  fraix  contre 
elle,  après  l'avoir  descouverte  au  moyen  d'un  inventaire 
ou  bordereau  de  la  main  de  mon  père,  trouvé  parmy 
d'autres  papiers  de  sa  valize,  et  après  plusieurs  demandes 
honnestes  et  sollicitations  de  parents  commungs. 

—  Le  22«  aoust  1682,  ma  sœur  Valérie  est  decedée  a 
cinq  heures  de  soir,  après  unze  jours  de  flebvre  con- 
tinue et  violante  (?),  subsequemment  venue  après  la 
picotte  (1),  et  ce  dans  la  maison  de  feu  M'  Michel,  sieur 
de  Gellaguet,  mon  oncle,  chez  qui  ma  mère  etoit  pendant 
le  procez  qui  etoit  entre  nous.  Et  le  mesme  jour,  sur  le 
soir,  j'ay  faict  apporter  le  corps  en  notre  maison,  ou  il 
a  été  gardé  la  nuict,  et  le  lendemain,  l'ay  faicte  enterrer 
dans  nostre  tumbeau,  au  devant  la  grand  porte  de  l'eglize 
de  St-Piere,  notre  parroisse.  M'  Cybot,  viccaire,  a  faict  le 
service  pour  l'enterrement. 

Et  pour  faire  sortir  le  corps  de  la  paroisse  de  St- 
Michel,  ou  elle  etoit  morte,  j'ay  été  demender  le  con- 
sentement de  M'  le  curé,  qui  me  l'a  donné  en  luy 
payant  les  droictz,  qu'il  a  réglés  a  sa  discrétion  a  8  livres, 
que  j'ay  payé  suivant  le  receu  qui  m'en  a  esté  donné, 
datte  du  23  susdit  août,  signé  Farne,  prebstre,  fesant 
pour  Monsieur  le  curé.  Sera  employé  pour  reppeter  ou 
déduire  a  chacun  sa  part  sur  la  succession  escheue  a 
partager  entre  mes  autres  frères  et  sœurs  et  moy,  icelle 
Valérie  étant  decedee  impubère,  âgée  de  8  ans  et  9  mois 
ou  environ. 

J'ay  payé,  pour  la  caisse  (2)  de  ladite  flUe,  trente  solz; 
pour  la  faire  porter  de  chez  le  S'  Michel  icy,  10  s.;  payé 


(1)  On  appelait  de  ce  nom  plusieurs  maladies,  notamment  la  va- 
riole. On  sait  qu'entre  1550  et  1750,  la  variole  fit  d'assez  fréquentes 
apparitions  dans  la  province,  et  qu'elle  y  fut  souvent  meurtrière. 
Un  des  Livres  de  raison  dont  nous  avons  donné  ci-dessus  des 
extraits,  celui  des  Maurat,  mentionne  ses  ravages  au  Dorât. 

(2)  Le  cercueil. 


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—  308  — 

a  deux  femme»  qui  Tavoient  veillée  (1)  pendant  deux  nuicts 
et  habillée  après  la  mort,  1  1.  8  s.;  payé  a  M'  Cybot,  vic- 
caire  de  St-Piere,  pour  faire  la  distribution  [et?]  a  Teglize 
pour  l'enterrement,  quinze  livres  8  sols,  suivant  le  receu 
qu'il  m'en  a  donné,  datte  du  26  aoust  susdit  an.  —  Payé 
au  S'  Recules,  appotiquaire,  pour  médicaments,  cent  sols; 
pour  les  autres  fraix  de  maladie,  8  1 

—  Le  20  janvier  1683,  j'ay  remis  mon  frère  Martial 
en  pension  chez  Monsieur  Chazaud,  prebstre,  au  pont 
St-Martial,  qui  en  etoit  sorty  puis  le  18  octobre  de 
Tannée  dernière,  pendant  les  vendanges  et  vaccations. 
Ainsy  je  debvray  a  mondit  sieur  Chazaud,  puis  le  susdit 
jour,  20  janvier ,  a  raison  de  100  1.  par  an 

Le  18  aoust  susdit  an  1683,  j'ày  retiré  mon  frère  Mar- 
tial de  chez  M""  Chazaud  et  ay  payé  pour  un  mois,  puis, 
le  20  juillet  dernier  jusqu'à  présent,  huit  livres,  et  en 
ay  prins  receu. 

Le  lundy,  23  aoust  1683,  j'ay  colloque  mon  frère  Mar- 
tial chez  le  fils  du  S'  La  Jousseliniere,  pour  aller  rep- 
petter  des  leçons  et  corriger  des  thèmes  deux  fois  le 
jour,  a  30  sols  par  mois. 

—  Le  28  aoust  1683,  j'ay  payé  a  mon  frère  Antoine 
quatrevingt  livres  d'un  costé  et  20  1.  d'autre,  pour  sa 
pension  réglée  suivant  le  testemment,  et  pour  l'intérêt  (?) 
de  400  livres  a  luy  obvenues  de  sa  part  de  la  succes- 
sion de  feue  Valérie  Peconnet,  notre  sœur....,  et  ce  pour 
l'année  prochaine  qui  a  commencé  pour  le  tout,  puis  le 
4*  juillet  pour  sa  pension,  et  22  aoust  présent,  jusques 
a  mesmes  jours  et  mois  de  l'année  prochaine  1684,  quoy- 
qu'il  fut  payé  davance  de  ses  pensions 

—  Le  28  aoust  1683,  j'ay  preste  a  ma  cousine  Petiot, 
veufve  a  feu  S'  de  Rouilhac,  S'  de  Tour  (2),  la  somme 

(1)  Cette  tradition  de  la  veillée  des  morts  est  bien  ancienne.  On 
la  trouve  notée  dans  l'Ane  d'or,  où  Apulée  nous  raconte  Teffroyable 
aventure  arrivée  à  un  de  ses  héros  à  cette  occasion. 

(2)  Cette  localité  ne  nous  est  pas  connue»  à  moins  qu'il  ne 
s'agisse  du  Puy-du-Tour,  commune  dlsle,  canton  Nord  de  Limoges. 


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—  309  — 

de  sept  centz  livres  pour  deux  mois.  Pour  asseurance  de 
laquelle  somme  elle  m'a  mis  en  main  deux  chandeliers 
a  branches,  Tun  a  3,  l'autre  a  deux,  deux  autres  flam- 
beaux et  un  cocquemare  :  le  tout  d'argent,  pesant  en 

tout  22  marcs  d'argent,  qui  ne  vaut  que  25  1.  le  marc 

Le  2  aoust  1684,  M.  de  St-Leger  et  Mad«"«  de  Chabanes, 
sa  sœur,  m'ayant  sollicité  de  leur  prêter  pour  deux  joui*s 
seulement  une  partie  de  la  vaisselle  cy  dessus,  qu'ils  ont 
dit  leur  appartenir  entièrement,  quoyq'elle  fut  été  depo- 
sitée  entre  mes  mains  par  défunte  damoiselle  Roulhac, 
leur  cousine,  estant  sous  leurs  armes  (1),  je  leur  ay  remis, 
sous  la  promesse  qu'ilz  me  le  rendroient  ou  me  acheve- 
roient  de  payer,  deux  chandeliers,  l'un  a  3  branches, 
l'autre  a  2.  Depuis,  M'  le  président,  leur  père,  m'en  a 
faict  son  billet 

—  Le  28  novembre  1683,  j'ay  payé  a  Jean  Peconnet, 
mon  frère,  la  somme  de  quatre  centz  quarante  livres  sur 
le  capital  de  son  légat  (2)  ou  légitime,  ou  sur  sa  part 
a  la  succsssion  de  deffunte  Valérie,  ma  sœur. 

—  Le  5*  febvrier  1684,  mon  frère  Jean  elant  revenu 
en  cette  ville....,  a  passé  dans  une  recreu3  a  la  compa- 
gnie de  M'  de  Villard,  du  Perigoro,  capitaine  au  régi- 
ment de  Normandie,  ou  il  a  dit  qu'il  etoit  enroUé,  et 
BOUS  la  conduite  du  S'  Thybaud  Deyriaud,  lieutenant. 

Le  12  may  1684,  j'ay  passé  contract  avec  mon  frère 
Jean,  par  lequel  je  me  suis  obligé  de  luy  faire  délivrer 
a  La  Rochelle,  au  premier  embarquement  qui  se  trou- 
vera pour  les  isles  de  Cayenne,  ou  il  dit  estre  estably, 
des  marchandises  pour  le  commerce  desdites  isles  pour 
la  somme  de  six  centz  livres,  et  lesquelles  seront  achet- 
tées  par  un  homme  envoyé  exprès  en  ladite  ville,  que 
j'euvoiray  a  ses  despens Et  au  cas  qu'il  n'y  eut  d'em- 
barquement pour  les  isles  si  promptement,  je  me  suis 


(1)  Nous  avons  déjà  dit  que  beaucoup  de  bourgeois  de  Limoges 
avaient  de  la  vaisselle  à  leurs  initiales  ou  à  leurs  armes. 

(2)  Legs,  de  legatum. 


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—  310  — 

aussy  obligé  de  luy  fournir  et  faire  délivrer  par  un 
marchand  de  La  Rochelle  la  somme  de  quinze  sols  par 
chaque  jour,  tandis  qu'il  demeurera  en  ladite  ville,  en 
attandant  ledit  embarquement,  et  dix  solz  au  cas  qu'il 
revienne  en  la  présent  ville,  seulement....  —  Jean....  party 

de  cette  ville s'est  randu  seulement  en  la  ville  d'Aixe, 

ou  il  a  fait  diverses  débauches,  puis  a  Verneuilh,  Se- 
reilhac  et  autres  endroits  circonvoisins,  après  quôy  se 
seroit  rendu  en  la  ville  de  Bourdeaux,  et  escripvit  une 
lettre  (du  !•'  juillet  1684)  a  M'  Mailhot,  trésorier,  et  a 
M'  Garnier,  auxquelles  M'  Mailhot  ne  voulut  repondre 
pour  diverses  considérations;  mais  je  luy  fis  faire  ré- 
ponse par  ma  sœur  Garnier,  après  laquelle  il  se  rendit 
a  La  Rochelle,  d'où  il  escrivit  aussy  a  M'  Dulaurier  en 
datte  du  16  juillet  de  la  mesme  année,  et  avoit  enve- 
loppé en  cette  lettre  un  billet  de  sa  main,  de  la  somme 
de  40  livres,  qu'il  demande  luy  être  envoyé  pour  payer 
sa  dépense  chez  son  hopte  de  La  Rochelle,  le  sieur  Coyac  ; 
a  quoy  j'ay  satisfait  par  le  plus  prochain  couder,  en 
payant  à  M'  Henry  Lafosse,  marchand  de  cette  ville, 
lesdites  40  1.,  qui  m'en  a  délivré  lettre  d'eschange,  tirée 
sur  M'  Abraham  Dioret,  marchand  sur  la  rive  (1),  a  La 
Rochelle,  que  j'ay  le  plus  promptement  possible  envoyé 
et  addressé  a  son  dit  hopte  ;  mais  au  lieu  par  luy  d'aU 
tendre  réponse  de  sa  lettre,  il  est  party  le  mesme  jour 
qu'il  a  eu  escript,  et  revenu  dans  cette  ville,  n'ayant 
aucunement  envie  ny  de  s'embarquer,  ny  de  trafiquer, 
que  seulement  continuer  sa  mauvaise  vie. 
Sur  quoy  encores  avons  passé  autre  contract,  en  datte 

du  3  septembre  dudit  an,  par  lequel  avons  arrêté  conte 

Je  luy  ay  payé  [24  livres  restant  dues  sur  sa  pension, 
toute  compensation  faite]  pour  la  depence  de  son  retour 
a  La  Rochelle;  et  au  surplus  me  suis  aussy  obligé  de 
luy  faire  payer  et  entretenir  lesdits  quinze  solz  par  jour, 
pendant  deux  mois  et  demy  seulement. 

(l)  On  dirait  aujourd'hui  :  Sur  le  quai,  ou  sur  le  port. 


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-  311  - 

Le  12  septembre  audit  an,  j'ay  prié  M'  Henry  La- 
fosse  (1),  marchand  de  cette  ville,  de  me  donner  une 
lettre  pour  M' Dioret,  marchand  de  La  Rochelle,  tant  pour 
le  prier  de  nous  mander  quant  il  y  aurait  occasion  d'em- 
barquement pour  risle  de  Cayenne  sur  le  port,  que  pour 
vouloir  prendre  la  peine  de  payer  audit  Jean  Peconnet 
lesdits  15  sols  par  chaque  jour,  de  huict  en  huict  jours, 
par  avance  :  ce  que  ledit  S'  Lafosse  a  fait  pour  me 
faire  plaisir. 

Le  14  novembre  1684,  j'ay  donné  procuration  a  S'  Mar- 
tial Cybot,  bourgeois  et  marchand  de  cette  ville,  pour 
Texecution  des  contractz  faictz  entre  moy  et  mon  frère 
Jean,  touchant  son  embarquement  et  commerce  en  Tisle 
de  Cayenne,  et  pour  cela  Tay  prié  de  faire  tous  actes 
nécessaires  en  mon  nom,  en  cas  de  refifuz  ou  eloignement 

de  Texecution  desdits  contractz Luy  ay  donné  a  son 

départ  la  somme  de  cent  livres  en  espèces,  louys  d'or 
et  argent;  et,  outre  ce,  luy  ay  mis  en  main  une  lettre 
d*eschange  et  de  crédit  pour  la  somme  de  sept  cenz  livres, 
tirée  par  M''  Henry  Lafosse  sur  S'  Abraham  Dioret,  mar- 
chand susdit  de  La  Rochelle 

Le  huit  febvrier  1685,  M'  Cybot  étant  arrivé  et  de 
retour  de  La  Rochelle,  ou  il  avoit  demeuré  puis  le  17 
novembre  dernier,  qui  est  en  tout,  inclusivement,  quatre- 
vingt  quatre  journées,  nous  avons  arresté  conte  de  toutes 
dépences,  fraix  de  son  voyage,  achept  de  marchandizes 
et  généralement  de  tout  ce  qui  avoit  été  fourny  a  La 
Rochelle  par  M'  Dioret  sur  les  lettres  d'eschange  et  de 
crédit  que  M'  Lafosse  m'avoient  accordées.  Et  le  tout  s'est 
trouvé  monter  a  la  somme  de  1,221"  1.  12  s.  6  d....,  sca- 
voir  :  660  1.  fournie  et  payée  en  marchandizes,  fret,  pas- 
sage dudit  Jean  Peconnet  et  autres  depences....,  120  1. 
prinse,  par  ledit  Jean  Peconnet,  du  S'  Dioret,  pour  les 


(1)  Nous  avons  récemment  publié  le  Journal  de  Jean  Lafosse, 
bourgeois  de  Limoges,  pour  Tannée  de  son  consulat  (1649).  La  per- 
sonne dont  il  s'agit  ici  appartenait  certainement  à  la  même  famille. 


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—  3I"2  — 

15  s.  par  jour  réglés  pour  sa  subsistance  et  entretient...., 
21  1.  3  s.  6  d.  de  fournitures  faittes  par  ledit  Cybot,  pour 
solvit  de  divers  actes  et  contracts  qui  ont  esté  passés  pour 
lesdites  affaires,  ports  de  lettres  de  delà,  consultations  et 
autres,  dont  il  a  donné  son  conte.  Et  le  surplus,  qui  est 
420  1.,  aquoy  se  sont  trouvées  monter  les  journées  que 
ledit  S'  Cybot  avoit  mis   puis  son  départ  jusqu'à  son 

retour,  suivant  ce  que  nous  étions  convenus Toutes 

lesquelles  sommes  revenant  a  celle  de  1,221  1.  12  s.  6  d., 

que  j'ay  achevé  de  payer Plus  encore  sera  cy  conté 

pour  portz  de  lettres  de  deçà,  tant  dudit  S*"  Cybot  que  du 
S*"  Dioret  et  autres  de  delà  dont  j'ay  icy  payé  le  port 
d'avance  (1),  la  somme  de  9  1.,  suivant  la  taxe  apposée 
dessus 

—  Le  8®  juin  1685,  j'ay  affermé  a  ma  tante,  damoiselle 
Paule  Michel,  les  deux  chambres  de  plein  pied  du  troi- 
zieme  estage  de  nostre  maison,  avec  un  plassage  a  mettre 
son  bois,  et  a  loger  du  vin,  celuy  qu'elle  aura,  dans 
nostre  cave;  et  m'a  donné  ce  qu'il  luy  a  pieu,  et  payé 
pour  six  mois  d'avance,  le  mesme  jour,  10  livres. 

Ledit  jour,  madite  tante  ayant  fait  transporter  son 
meuble  dans  lesdites  chambres,  elle  a  voulu  que  j'y  aye 
le  nostre  du  plus  grand  volume,  disant  qu'il  ne  l'incom- 
moderoit  pas  :  ce  que  j'ay  faict,  et  en  ay  faict  mon 
inventaire  et  luy  dis  d'en  faire  autant  du  sien  et  a  son 
particulier,  affin  qu'il  n'y  aye  de  luesprize  a  l'advenir. 

Le  17*  septembre  1685,  mon  frère  Antoine  est  decedé 
en  la  maison  de  M""  Ardilier,  marchand,  après  une  ma- 
ladie de  fiebvre  maligne  de  19  jours,  et  ce  a  l'heure  de 
cinq  heures  du  msîtin;  et  a  été  enterré  le  lendemain 
matin  dans  nos  tombeaux,  devant  le  grand  portail  de 
Teglize  St-Piere,  notre  parroisse,  après  avoir  été  porté 


(1)  Le  système  de  la  réponse  payée  existait-il  dès  lors?  Ce  pas- 
sage semblerait  l'indiquer.  Toutefois,  la  phrase  sur  laquelle  nous 
appelons  l'attention  peut  bien  n'avoir  trait  qu'à  l'affranchissement 
des  lettres. 


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—  313  — 

en  Teglize  de  St-Michel,  parce  qu'il  est  mort  dans  ladite 
parroisse,  et  ensuite  porté  en  celle  de  M"  les  Penitenz 
noirs  (1),  comme  étant  un  des  confrères. 

Le  18  septembre  1685,  j'ay  payé  au  S'  Just  Masleau, 
M"  passementier  de  cette  ville,  la  somme  de  cent  vingt 
livres,  pour  faire  et  employer  à  la  distribution  des  fraix 
funéraires  de  feu  Antoine  Peconnet,  mon  frère,  dans  les 
deux  parroisses  de  St-Michel,  ou  il  etoit  decedé.  et  de 
gt-Piere,  notre  parroisse,  ou  il  a  esté  enterré,  et  ce  en 
qualité  de  son  héritier  testemmentaire 

Plus,  j'ay  payé  a  damoiselle  Catherine  Deschamps, 
veufve  a  feu  S*"  Poncet,  ciergier,  pour  luminaire  et  tor- 
ches pour  son  enterrement,  32  1.  7  s.  —  Nota  que  M.  le 
curé  de  St-Piere  s'est  pleint  de  ce  qu'on  s'etoit  servy  de 
torches  au  lieu  de  flambeaux. 

Plus,  payé  au  S'  Beaùlaigue,  peintre,  pour  trois  dou- 
zaines de  panonceaux  a  nos  armes  (2),  a  mettre  aux  dites 
torches,  4  1.  10  s. 

Le  susdit  jour,  17®  septembre,  jour  de  son  deceds,  j'ay 
envoyé  recommandé  (sic]  30  messes  pour  le  salut  de  son 
ame,  chez  les  RR.  Frères  mineurs  de  cette  ville  (3),  que 
j'ay  payées  suivant  le  receu  du  sacristain  du  3*  octobre 
susdit  an,  9  1.  (4). 


(1)  Les  Pénitents  noirs  avaient,  dès  1598,  date  de  leur  fondation 
à  Limoges,  établi  leur  tribune  dans  la  vieille  église  paroissiale 
de  8aint-Michel-de-Pistorie,  ou  de  Saint-Michel-d'En-Bas  —  eccle- 
êia  archangeli  inferior  —  comme  on  l'appelait  au  xii*  siècle.  Il 
était  d*usage  que  le  corps  des  Pénitents  fût,  au  sortir  de  Téglise 
paroissiale,  porté  dans  la  chapelle  de  l'association  par  les  con- 
frères, et  qu'une  absoute  y  fût  donnée. 

(2)  Les  Peconnet  portent,  dès  le  commencent  du  xvir  siècle  : 
D'azur  au  chevron  d'argent,  accompagné  de  trois  piliers  d'or, 
deux  en  chef  et  le  troisième  en  pointe, 

(3)  Probablement  les  Gordeliers,  dont  le  couvent  était  sous  les 
murs  de  la  ville,  entre  Palvézy  et  le  cimetière  de  Saint-Paul. 

(4)  Les  honoraires  ordinaires  d'une  messe  étaient  donc  fixés,  à 
cette  époque,  soit  par  l'usage,  soit  par  les  règlements  en  vigueur 
dans  le  diocèse,  à  six  sous. 

T. IX.  8-p 


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—  314  — 

Plus,  en  ay  faict  recommander  autant  chez  les  R.  P. 
de  St-François  (1),  que  j'ay  aussy  payées 9  1. 

Plus,  en  ay  aussy  fait  recommander  autres  30  chez  les 
Reverendz  Pères  Auguslins  (2),  que  j'ay  aussy  payés  sui- 
vant le  receu  du  R.  P.  Barnabe  Duffour,  sacristain,  qui 
avoit  esté  son  confesseur  pendant  sa  maladie 9  1. 

Plus,  j'ay  payé  a  Messieurs  les  Pœnitenz  noirs  la 
somme  de  vingt  livres,  du  léguât  qu'il  leur  avoit  faict 
par  son  testemment,  estant  un  de  leurs  confrères,  sui- 
vant le  receu  que  j'ay,  du  6*  octobre  audit  an,  signé 
MouLYNiBR,  receveur  des  Pœnitenz. 

Plus,  j'ay  payé  a  M*"*  Ardilier,  pour  la  depence  de 
sa  maladie  chez  elle,  pour  17  jours  et  nouriture  de  la 
femme  qui  le  servoit,  a  30  solz  par  jour,  25  1.  10  s. 

Plus,  payé  a  la  femme  qui  le  servoit,  nommée  la 
femme  du  Ranciat,  pour  peines  de  dix  sept  jours  ou 
veilles  de  nuict,  8  1. 

J'ay  payé  a  Moreil  Boudou,  notre  vigneron,  qui  l'avoit 
aidé  souigner  et  veiller  pendant  5  jours,  3  1. 

Payé  a  M'  Chevalier,  M*  appoticaire,  pour  medicamenz 
de  sa  maladie,  la  somme  de  3  louys  d'or,  suivant  le 
receu,  quoyq'  le  conte  montât  38  1.,  mais  n'en  ay  que 
payé  33. 

Plus,  payé  a  M*"  Reculez,  médecin,  pour  visites  pen- 
dant sa  maladie 14  1. 

De  plus,  j'ay  acquitté  et  payé  un  billet  que  ledit 
Antoine  Peconnet  avoit  faict  pendant  sa  maladie,  mon- 
tant en  tout  a  la  somme  de  sept  vingt  livres,  qu'il  de- 
claroit  vouloir  estre  payé  après  son  deceds,  sans  en  avoir 
faict  aucune  mention  en  son  testemment,  scavoir  :  a  la 
damoiselle  Ardilier   120  1.,   et  le   surplus  du  billet  au 


(1)  Il  s'agit  ici  des  Recollets  du  Bâtiment  (ancienne  Comédie).  Lo 
paragraphe  précédent  se  rapporte  aux  Cordclicrs. 

(2)  Le  couvent  des  Augustins  se  trouvait  entre  la  rue  de  ce 
nom  et  la  route  de  Paris.  Il  avait  été  fondé  au  xiir  siècle,  comme 
ceux  des  Grands-Carmes,  des  Dominicains  et  des  Cordeliers. 


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—  315  — 

Père  Barnabe.  J'ay  retiré  ce  billet  des  mains  du  R.  P. 
Barnabe  Duffour,  sacristain  des  P.  P.  Augustins,  qui 
avoit  esté  son  confesseur  et  qui  en  etoit  chargé. 

Le  6*  octobre  1685,  j'ay  payé  aussy  a  M'"'  Ardilier, 
pour  habitz  de  dueilh  et  autres  fournitures  que  avions 
prins  chez  elle  pour  moy,  mes  frère  et  sœur,  lors  du 
deceds  dudit  Antoine,  notre  frère,  la  somme  de  cin- 
quante six  livres  2  sols  (1). 

—  Le  23  de  novembre  1687,  j'ay  payé  a  M'  (2)  , 
maistre  et  précepteur,  pour  venir  corriger  céans  Martial 
Peconnet,  mon  frère,  pour  3  mois  precedantz,  a  raison 
de  30  sols  par  mois  :  4  1.  10  s 

—  Le  29  avi:il  1688,  M.  Michel,  curé  de  Chervix  (3), 
m*a  payé  la  somme  de  46  livres  sur  le  tant-moins  de 
celle  de  106  1.  4  s.  6  d.  qui  m'etoient  deue,  de  conte 
arresté  jusques  au  présent  jour,  en  capital,  interetz  et 
depenz  en  ccrnsequence  de  Tobligation  et  condamnation 
remize  a  S'  François  Michel,  son  frère,  des  le  19  no- 
vembre 1679,  sur  le  calice  et  bagues  déposités,  que  j'ay 
encore  retenu,  du 'consentement  dudit  curé,  jusques  a 
fin  de  payement 

—  Le  6*  novembre  1689,  mon  frère,  Martial  Peconnet, 
ayant  voulu  reprendre  ses  études  qu'il  avoit  quitté  de- 
puis Tannée  dernière,  qu'il  avoit  aussy  quitté  la  classe 
3eiB«  qi^q^  leg  R  Pères  Jesuittes,  après  avoir  été  pendant 
quelque  temps  chez  M'  Crouchaud,  procureur,  ou  il  avoit 
demende  a  entrer,  pour  s'instruire  a  la  pratique  ;  ensuitte 
chez  le  S'  Mortemard,  M"  escrivain,  pour  apprendre  a 
escrire  et  chiffrer,  et  aussy  après  avoir  esté  deux  mois 


(1)  Peconnet  ne  mentionne  pas  ici  son  mariage  avec  Catherine  de 
Verthamont,  célébré  dans  l'église  de  TOratoire,  le  29  janvier  1687. 
Nous  possédons  presque  toutes  les  factures  et  mémoires  relatifs  à 
sa  noce.  Voir  notre  brochure  :  Un  mariage  à  Limoges  en  1681, 
Limoges,  veuve  Ducourtieux,  1887. 

(2)  Le  nom  est  resté  en  blanc. 

(3)  Chervix,  aujourd'hui  commune  de  Château-Ghervix,  canton 
de  Saint-Germain-Ies-Belles,  arrondissement  de  Saint* Yrieix. 


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—  316  — 

chez  M'  Nivet,  pour  reprendre  le  latin;  il  a  souhaitté 
aller  au  séminaire  de  Maignac  pour  continuer  a  estudier, 
et  pour  cela  je  luy  ay  payé  vingt  cinq  livres  sur  la  pen- 
sion que  je  luy  dois,  et  ce  pour  le  premier  quartier  de 
36  1.  (ma  mère  en  a  fourny  11) 

Le  17*  mars  1690,  j'ay  envoyé  a  mon  frère  Martial, 
pour  le  second  quartier  de  sa  pension,  la  somme  de 
36  1.  que  j'ay  délivrés  a  M'  Chadenier,  bourgeois  de 
Maignat,  avec  une  lettre  pour  luy,  pour  response  a  la 
sienne  du  12«  du  courant,  et  une  autre  lettre  que  j*ay 
aussy  escript  a  M'  de  Gorseix,  directeur  du  séminaire 
de  Maignac  (1). 

Le  13*  may  1690,  j'ay  payé  a  M'  Vexiere,  prebstre,  et 
Tun  de  MM"  les  directeurs  du  séminaire  de  Maignat,  le 
3*  quartier....;  il  ne  m'en  a  pas  donné  de  receu  parce- 
qu'il  etoit  pressé  de  partir  pour  son  retour  et  sur  le 
point  de  monter  a  cheval,  a  son  logis  chez  Germain,  a 
l'enseigne  de  St-Martial,  a  la  Porte  Boucherie  (2) 

Le  mardi,  10  juillet  1691,  mon  fiere  Martial  s'est  retiré 
de  notre  maison  après  m'avoir  beaucoup  inquietté  et  que- 
relé  a  diverses  fois,  mesmes  le  jour  d'hyer,  en  des  ma- 
nières que  je  n'ose  icy  mettre  par  escript 

Le  7  aoust  1691,  j'ay  payé  a  mondit  frère,  Martial 
Peconnet,  la  somme  de  vingt  cinq  livres  pour  trois  mois 
de  sa  pension,  qu'il  a  voulu  employer  chez  M'  Nivet, 
maitre  d'escoUe  de  cette  ville 

Le  21  octobre  1692,  j'ay  payé  a  mon  frère  Mar- 
tial, étant  chez  M'  Ardelier,  marchand,  37  livres 

—  Le  9*  juillet  1691,  j'ay  passé  contract  de  ferme  de 


(1)  Le  collège  de  Magnac-Laval  (cheMieu  de  canton  de  Tarron- 
disseincnt  de  Bellac),  fondé  en  1064  par  Antoine  de  La  Mothe- 
Fénelon,  marquis  de  Magnac,  a  joui  d'une  assez  grande  répu- 
tation. Il  a  été  supprimé  il  y  a  quelques  années.  Son  dernier 
principal,  M.  Normand,  a  écrit  l'histoire  de  cet  établissement 
(Limoges,  s.  d.  liarbou  frères). 

(2)  La  porte  Boucherie,  à  Limoges,  était  située  à  l'entrée  de  la 
rue  du  Collège  actuelle,  pèace  Boucherie. 


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—  317  — 

deux  chambres  de  notre  maison  que  nous  habitons,  sa- 
voir :  la  troisième  sur  le  devant  au  3®  étage,  regardant 
sur  la  rue,  et  la  seconde  au  2*  étage  par  le  derrière  ;  en- 
semble la  cave  haute,  et  la  boutique,  suivant  le  meanis  (1) 
apposé  au  devant  de  Tescurie,  a  S""  Jean  Georget,  maitre 
horologeur,  et  damoiselle  Elisabeth  Bonneval,  sa  femme, 
moyenant  la  somme  de  42  1.  par  an,  payable  de  six  en 
six  mois Il  est  réservé  qu'ils  entretiendront  et  lais- 
seront en  fin  de  afferme  les  vitres  et  carreaux  en  bon 
estât,  et  remettront  le  nombre  de  5  clefz  que  je  leur  ay 
donné,  fermant  lesdites  chambres,  la  boutique,  la  cave  et 
la  porte  de  la  rue 

Le  14*  juin  1692,  ledit  contract  a  été  déclaré  resUié 
par  jugement  contradictoire  de  la  cour  présidialle  dudit 
jour,  accause  des  détériorations  et  malversations  que  com- 
mettaient journellement  lesdits  Georget  et  Bonneval,  sa 
femme,  dans  lesdites  chambres.  Et  ont  payé  ladite  afferme 
jusqu'audit  jour. 

Il  y  a  informations  contre  eux  pour  raison  des  injures 
et  calomnies  qu'ilz  m'ont  faict. 

—  Le  12  novembre  1695,  nous  avons  passé  contract  de 
transaction,  mon  frère  Martial  Peconnet  et  moy,  sur  la 
contestation  et  action  qu'il  m'avoit  faict  par  devant  M'  le 
juge  royal  de  la  présent  ville,  pour  raison  du  payement 
de  ses  legz  paternel  et  materael,  et  autres  droictz  suc- 
cessifs qu'il  pretendoit  que  je  luy  devois  payer  entière- 
ment, en  deniers  eflfectifz  :  ce  que  je  soutenois  ne  pou- 
voir faire,  ny  mesme  y  devoir  estre  obligé,  attandu  que 
tout  l'argent  porté  en  Tinvantaire  faict  après  le  deceds 
de  feu  mon  père,  et  autre  qui  m'avoit  été  randu  ensuitte 
par  ma  feue  mère,  aussy  bien  que  la  majeure  partie 
des  effectz  portés  audit  inventaire,  se  trouvoient  con- 
sommés et  employés  au  payement  des  legatz  de  nos 
autres  frères  et  sœur  qui  l'avoient  précédé,   et  autres 


(1)  Séparation?  ligne  de  partage? 


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—  318  — 

affaires  plus  urgentes  de  Theredité  (1),  ainsin  que  j'au- 
rois  offert  et  etois  sur  le  point  d'en  justifier.  Et  par 
ladite  transaction,  qui  a  esté  faicte  par  Tentremize  de 
divers  parenz  et  amys,  et  particulièrement  de  Mons'  Du 
Carrier,  comme  exécuteur  testamentaire  de  feu  mon  père, 
de  Mons'  de  La  Bastide  (2)  et  de  Mons'  de  Verthamon  (3), 
mon  beau  père,  je  luy  ay  payé,  sur  ses  dits  droicts, 
montant  en  tout  a  la  somme  de  4,650  1.,  scavoir  :  3,000  1. 
du  légat  a  luy  faict  au  testament  de  feu  S'  mon  père; 
1,000  1.  du  legs  a  luy  faict  par  le  codyciUe  de  la  da- 
moiselle  ma  mère;  250  1.  pour  le  legs  aussy  a  luy  faict 
par  S'  Antoine  Peconnet,  mon  frère,  et  400  1.  de  sa 
portion  a  la  succession  de  Valérie,  nostre  sœur,  morte 
ab  intestat 


Estât  des  depences  faictes  au  Chastenet  (4),  et  des  revenus 
que  j'en  ay  tiré  puis  le  1*'  octobre  1679, 

Le  28  (décembre  1679),  nous  avons  receu  icy  un 

pourceau  et  une  porche  gras,  qui  ont  esté  estimés  par 
un  boucher,  appelle  par  les  mestayers,  douze  escus  (5)  les 
deux,  et  ilz  en  ont  ramené  pour  eux  une  autre  porche 
estimée  10  1.  Ainsy,  je  leur  devray  tenir  en  compte...  13  1. 

Le  23  janvier  1680,  avons  eu  vingt  six  eminaux 

avoine,  qui  a  esté  vendue,  au  prix  de  14  s.  Tesminal  : 
18  1.  4  s.,  dont  la  moytié  revient  bon  a  nous,  jcy  9.  1.  2  s. 


(1)  Il  est  certain  que,  fort  souvent,  la  qualité  d'héritier  faisait 
peser  sur  le  fils  chargé  de  remplacer  le  chef  de  famille  une  lourde 
charge;  il  devait  en  ôtre  très  embarrassé  dans  maintes  circons- 
tances, et  parfois  les  dettes  qui  résultaient  du  paiement  des  legs, 
de  la  liquidation  de  la  succession  du  père  et  du  remboursement 
de  la  dot  de  la  mère,  le  laissaient  gêné  toute  sa  vie. 

(2)  La  Bastide,  château  situé  sur  le  territoire  de  la  commune  de 
Limoges. 

(3)  Verthamon,  château  de  la  commune  d'Isle,  cant.  de  Limoges. 

(4)  Le  Ghâtenet,  près  et  commune  de  Nieul  (Haute-Vienne). 

(5)  De  3  livres  :  en  tout  36  livres.» 


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—  319  — 

Le  l*""  juillet  [1680],  nos  gens  ont  vendu  un  tau- 

rain  en  foire  en  cette  ville  vingt  huict  livres  dix  solz, 
que  i'ay  receus.  C'est  a  leur  part,  que  leur  tiendray  en 
compte  sur  ce  qu'ilz  doibvent,  14  1.  5  s.;  mais  il  en  faut 
distraire  4  s.  6  d.  de  ventes  pour  eux  et  un  sol  d'etrene; 
restera  a  eux  net  14  1.  (1). 

Le  5*  septembre....,  vendu  au  marché  sept  moutons  et 

une  brebis,  16  1 Le  dernier  octobre,  vendu  en  foire 

un  veau  de  lait,  10  1.  13  s.  6  d. 

Le  6  novembre  audit  an,  j'ay  compté  avecq  les  Balys, 
par  devant  M"  Roussaud,  notaire  royal,  et  par  arresté 
de  compte,  je  me  suis  trouvé  avoir  receu  de  leur  part 
de  croist  de  betailh  la  somme  de  26  1.  7  s.  3  d.,  que  je 
leur  tiendray  en  compte  sur  leur  dernière  obligation 

Depuis  lequel  compte,  et  le  16*  décembre  susdit  an, 
ilz  ont  vendu  une  payre  de  bœufz  gras  en  foyre,  a  Saint- 
Prieth-Taurion  (2),  la  somme  de  203  1.,  que  j'ay  receue, 
et  leur  tiendray  en  compte  a  leur  part,  deduict  17  s.  6  d. 
que  je  leur  avois  fourny  pour  faire  leur  despance,  et  2  s. 
6  d.  d'etrene,  celle  de  cent  livres  dix  solz  a  leur  part 

Le  15  février  (1681),  j'ay  receu  un  cochon  de  lait 

qui  avoit  esté  mis  en  vente  et  dont  on  n'en  avoit  que 
trouvé  12  s.  Je  Tay  prins  pour  ce  prix....,  je  leur  deb- 
vray  leur  part  :  6  s. 

Le  23  dudit  avril,  j'ay  achepté  une  payre  de  bœufz  du 
S'  de  La  Gasne  de  Ghamborest  (3),  cinquante  escus  moins 
10  solz,  de  prix  arresté  avecq  lemaistre;  mais  j'ay  en- 
cores  donné  lesdits  10  sols  aux  mettayers  du  S'  de  La 
Gasne  pour  le  vin  du  marché,  et  le  jour  précèdent 
j'avois  donné  au  nostre  3  s.  pour  y  aller  et  arrester  le 
prix.  Ainsy mes  métayers  debvront  75  1.  3  s. 


(1)  Rigoureusement,  13  I.  19  s.  6  d. 

(2)  Saint-Priest-Taurion,  bourg  du  canton  d'Ambazac,  arrondis- 
sement de  Limoges. 

(3)  Ghamboret,  bourg  du  canton  de  Nantiat,  arrondissement  de 
Bellac  (Haute-Vienne). 


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—  320  — 

Le  15*  octobre,  j'ay  affermé  aux  Balys  ma  part 

de  chastagnes  de  la  metterie  moyenant  57  esmines  et 
quarte,  qu'ilz  me  donneront,  des  premières  amassées.  Ledit 
jour,  j'ay  aussy  afermé  les  4  rangées  de  chastaigniers 
qui  sont  au  delà  de  Tenclos  de  muraille  de  notre  re- 
serve a  Pierre  Bourdon,  du  Ghatenet,  moyenant  trois 
livres  et  dix  solz. 

Le  12  décembre  1681,  j'ay  donné  aux  Balys  15  s.  pour 
mener  les  bœufz  gras  a  la  foyre  de  St-Prieth-Taurion, 
lesquels  je  leur  deduiray  sur  la  vente  d'iceux. 

Le  dernier  avril   1682,  j'ay  achepté  un  payre  de 

bœufs cent  soixante  dix  huict  livres,  moins  6  liards 

d'estrene  que  j*ay  payés;  partant  debvront  a  leur  part 
les  mettayers,  88  1.  19  s.  3  d. 

Le  6  may,  je  leur  ay  donné  cinq  quintaux  de  mon 
foin  de  reserve,  a  18  s.  le  quintal.  En  devront  a  leur 
part,  2  1.  10  s. 

Et  ledit  jour,  6*  may  1682,  je  suis  venu  en  compte 
avec  eux  par  devant  le  S""  Brissaud,  de  Nieuilh  (1),  de 
touttes  prises,  mises,  achepts,  ventes,  prestz^  et  fourni- 
tures, tailles  et  rente,  a  la  reserve  de  la  rente  (?)  entière 
de  la  présente  année  1682,  et  la  moytié  de  leur  taille, 
qui  est  encore  deûe,  et  encore  a  la  reserve  de  certains 
fromage  et  beurre  restés  puis  l'année  dernière,  qu'ilz  ont 
promis  payer  en  espèce  (2),  savoir  13  de  reffais  et  5  de 
blancs,  et  4  1.  et  trois  quarterons  de  beurre;  moyenant 
ce,  je  leur  ay  faict  un  billet,  pour  memoyre  seulement, 
que,  le  tout  conté  sous  ces  reserves,  il  s'est  trouvé  qu'ilz 
m'ont  payé,  et  leur  deduiray  sur  leur  dernière  obligacion 
la  somme  de  treize  livres  9  sols. 

Le  26  mai  1682,  je  leur  ay  donné  un  sestier  de 

mon  bled  noir,  qu'ilz  me  debvront  :  1  1. 

Le  16  aoust ilz  m'ont  dit  y  avoir  eslevé  cette  pré- 
sente année  7  oysons,  dont  j'en  avois  prins  2  et  qu'il 


(1)  Nieul,  chef-lieu  de  canton,  arrondissement  de  Limoges. 

(2)  On  dirait  aujourd'hui  en  nature. 


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—  321  — 

leur  en  reste  5,  et  m'ont  prié  de  leur  donner  de  l'ar- 
gent sur  ceux  qui  leur  appartiennent  a  leur  part,  qui 
sont  3  et  la  moytié  d'un  :  sur  quoy  leur  ay  donné  15  s. 
et  me  les  devront  continuer  d'élever  pour  moy. 

Le  10  janvier  1683,  j'ay  passé  baillette  de  la  metterie 
du  Chastenet  avec  Jean  et  Bernard  Redon,  père  et  filz, 
pour  le  temps  et  terme  de  cinq  années  aux  pactes  et 
conventions  portées  au  contract  d'icelle,  receu  par  Ma- 
lyvert,  notaire.  Et  le  26  dudit  janvier,  j'ay  passé  avec 
eux  contract  de  chaptail  de  bestailh,  qui  s'est  trouvé 
monter,  suivant  l'appretiation  faitte  cy  devai^t,  lors  de  la 
remise  des  Foussatz  dits  Balys,  cy  devant  mettayers,  à 
la  somme  de  617  1.  et  47  chefz  de  brebis  :  laquelle  appre- 
tiation  ilz  ont  agréé  et  consenty;  de  plus  leur  ay  donné, 
comme  ilz  ont  recognu  par  ledit  contract,  une  charrette 
futine  (1),  un  lict  de  tombereau,  estimé  par  leur  arbitre, 
qu'ilz  ont  appelle  pour  cela,  a  14  1.  Partant,  m'en  deb- 
vront  laisser  a  fin  de  bailh  pour  semblable  somme.  Ue 
plus,  leur  ay  donné  la  quantité  de  10  quartes  de  graine 
de  chanvre,,  et  en  debvront  laisser  autant;  plus,  leur  ay 
donné  la  part  de  la  cueillette  qui  est  ensemencée  l'année 
présente  de  mes  grains  particuliers,  et  de  la  quantité  de 
vingt  un  sestiers,  mesure  de  Nieuilh.  Et  laisseront  autant 
ensemencé,  qui  m'appartiendra  entièrement. 

Le  25  février  1685,  j'ay  Ihuy  donné  au  vigneron 

Jabraud  deux  sestiers  bled  noir,  a  raison  de  24  s.  le 
sestier,  qui  est  moytié  prix  du  sceigle  :  2  1.  8  s. 

A  dit  avoyr  fourny  deux  quintaux  de  son  foing  pour 
nos  bœufz  lors  du  charroy  de  nostre  vin,  qu'il  a  dit 
valoir  pour  lors  vingt  solz,   cy  2  1. 

Le  9  juin  1685,  j'ay  donné  a  un  meusnier  quatre  sces- 
ticrs  de  blé  seigle,  mesure  de  cette  ville....,  a  raison  de 
48  solz  le  scestier  que  vaut  le  bled  a  présent  au  marché. 

Nota  que  cet  annSe  présente  1685,  je  n'ay  eu  que  neuf 
charges  de  vin  ou  environ,  dixme  payée,  en  nostre  vign6 

(1)  Faut'il  comprendre  une  charrette  garnie  d'une  galerie  de  bois  Y 


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—  322  — 

m 

de  Balezis,  accause  de  la  grand  gelée  qu'il  avoit  faict  les 
4*  et  5  et  6  et  d*'  (1)  juin  dernier,  qui  enleva  tout  le  jeune 
et  tendre  raisin  qui  etoit  pour  lors  moytié  en  fleur  : 
chose  tout  affect  étrange  et  remarquable  en  plusieurs  en- 
droictz.  Dieu  soit  loué! 

Le  8*  mars  1687,  j'ay  dfelivré  a  nos  vignerons  trois 

scestiers  bled  noir,  mesure  de  Limoges,  a  raison  de  1  1. 
5  S-  le  scestier. 

Le  12*  dudit,  j*ay  baillé  a  Jean  Jabraud  sept  livres 
dix  solz  pour  achepter  deux  charrettes  d'eschalatz  pour 

notre  vigne Ont  dit  avoir  fourny  cy  devant  pour  500 

picquetz,  acheptés  à  5  sols  le  cent,  1  1.  5  s. 

Le  27  janvier  1688,  j'ay  deslivré  a  un  meusnier la 

quantité  de  six  scestiers  bled  sceigle  et  deux  scestiers 
bled  noir,  mesure  de  Limoges,  le  sceigle  a  raison  de 
36  solz  et  le  bled  noir  a  22  solz. 

Envoyé  cet  année  4  charrettées  de  fiant  dïcy  (2) 

Achepté  cinq  faisseaux  d'oyziers  a  15  sols  :  3  1.  15  s. 

Achepté  le  10  d'avril  (1689),  de  Léonard  Chabrol, 

du  fiant  pour  quatre  livres,  et payé  pour  journées  em- 
ployées a  mettre  ces  engrais  a  raison  de  6  sols. 

Le  25*  febvrier  1690,  j'ay  fait   conte   avec  Jean 

Jabraud,  mon  vigneron....,  pour  quatre  charges  et  baril 
de  vin  que  j'avois  pris  de  luy  cet  année,  a  raison  de 
4  1.  2  s.  6  d.  la  charge. 

J'ay  paye....,  pour  13  journées  employées a  provi- 

gner,  a  raison  de  6  solz  pour  chacune  :  3  1.  18  s....,  et, 
pour  cinq  journées  d'un  garçon  qui  menoit  du  fiant 
dans  une  brouette  a  ceux  qui  provignoient,  a  raison  de 
3  s.  chacune. 

Le  4*  may  1692....,  ay  fait  délivrer  sept  quartes  cha- 
tagnes  sèches,  a  raison  de  quinze  sols  l'esminal  (3)  :  2  1. 
12  8.  6  d. 

(l)  Peut-être  8*? 

'(2)  De  Limoges.  L'économe  chef  de  famille  ne  laissait  rien  se 
perdre. 

(3)  L'éminal  était  la  moitié  du  setier,  dont  la  quarte  représentait 
le  quart.  Le  setier  de  châtaignes  sèches  valait  donc  30  sous. 


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—  323  — 

J'ay  fourny douze  sols  pour  achepter  une  brouette. 

Le  18  novembre  1694,  nous  luy  (au  vigneron)  avons 

donné  4  esminaux  de  chastagnes,  a  raison  de  12  s.  l'es- 
minal,  comme  elles  se  vendent  en  ville  a  présent,  mon- 
tant 2  1.  8  s. 

Nota  que  je  n'ay  eu,  cette  présente  année  1694,  que 
3  barils  et  demy  de  vin  en  toute  nostre  vigne  de  Balezis, 
accause  que  la  plus  grande  partie  du  bois  avoit  gelé 
depuis  Tannée  dernière,  en  sorte  qu'il  en  est  mort  la 
moytié  sans  ressources,  et  a  besoin  de  replanter.  • 

Le  décembre  1694,  j'ay  passé  contract  de  prix  faict  avec 
Guilhen  Froment  et  autre  Guilhaume  Froment,  frères, 
vignerons  du  village  de  La  Chabroulie  (1)  (ledit  Guilhen 
Tayné  ayant  esté  cy  devant  nostre  vigneron,  aussy  bien 
que  feu  François  Froment,  son  père),  de  nostre  vigne  de 
Balezis,  po\ir  le  temps  de  5  années  prochaines  et  consé- 
cutives, moyennant  la  somme  de  trente  six  livres  pour 
chacune  d'icelles  ;  sans  qu'ilz  soient  tenuz  d'y  rien  con- 
tribuer que  de  faire  les  façons  ordinaires  et  réglées  par 
ledit  contract,  scavoir  les  labeurs  qui  sont  la  (?)  :  fouir, 
biner  et  tarcer,  et  la  tailler,  lier,  essermenter,  et  ayder 
a  faire  les  vendanges,  presser  le  vin  et  le  conduire  en 
nostre  maison  de  Limoges.  Et  quant  aux  journées  par- 
ticulières qu'ilz  emploiront  a  faire  des  provignes  aux 
endroits  nécessaires,  je  les  leur  payeray,  ou  a  ceux 
quiilz  emploiront  pour  leur  ayder,  a  raison  de  6  s.  pour 
chacune,  sans  qu'ilz  puissent  prétendre  autrç  chose,  et 
je  fourniray  tout  le  bois,  engrais,  oyziers  et  autres 
choses  nécessaires  pour  Tentretenement  d'iceUe,  en  ce 
que  aussy  ilz  ne  pourront  rien  prétendre  au  bois  et 
serment  provenant  d'icelle,  ni  a  aucuns  fruicz  qui  se 
pourront  percevoir. 

Le  22  juin  1693,  j'ay  donné  a  Guilhen  Froment, 
ixostre  vigneron,  un  sestier  d'orge....,  a  raison  de  40  s. 


(1)  Commune  d'Isle. 


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—  324  — 

Nota  qu'il  etoit  mesure  de  Nieuil  (1) Le  28  octobre 

1695,  je  luy  ay  donné  10  s.  pour  une  journée  d'un 
charpentier. 

Le  16  juin  1696,  j'ay  foumy  a  Guillaume  Fro- 
ment trois  scestiers  de  bled  seigle,  mesure  de  ceste 
ville,  a  50  sols  :  7  1.   10  s. 

Le  18  juin  1702,  j'ay  fait  mener  deux  setiers  ble 

noir....,  a  raison  de  trente  sol  le  setier,  qui  font  3  1. 

Le  20  septembre,  le  vingneron  a  envoyé  cherche  4  se- 
*tier  blé  noir  a  raison  de  28  sols  le  setier;  monte  :  5  1.  12  s. 

Plus,  ledit  jour,  luy  a  été  deslivré  4  setier  saigle,  a 
2  1.  5  s.  le  setier  :  9  1. 


Estât  des  prises  et  mises  de  la  vigne  du  Puy  du  Pin, 

Cette  année  1679,  nous  avons  eu,  en  la  vigne  du  Puy 
du  Pin,  seize  charges  de  vin,  dixme  payée. 

Nota  que  je  n'ay  peu  vendre  le  vin  de  cette  année 
qu'a  16  d.  la  peinte,  accause  de  la  grand  abondance  et 
fertilité  des  vignes,  et  encores  m'en  est  il  demeuré  pour 
l'année  d'après,  accause  qu'il  s'est  tout  foncé  de  couleur, 
lequel  j'ay  vendu  a  8  d.  la  peinte  seulement. 

Le  27  auvril  audit  an  (1680),  ma  mère  a  donné 

à  Jean  Baubiat  deux  esminaulx  chastagnes,  l'un  de  ver- 
tes, au  prix  de  8  s.,  et  l'autre  de  sèches,  au  prix  de  7  s. 

Le  26  auvril  1682,  j'ay  donné  a  prix  faict  a  remettre 
quasi  a  neuf  la  cabane  de  nostre  vigne  du  Puy  du  Pin 
a  Jean  Beaubreuil,  M*  masson,  moyennant  la  somme  de 
25  livres  et  dix  pintes  de  vin  que  je  luy  ay  promis. 

Pour  ladite  cabane  j'ay  achepté,  pour  la  couverture 
d'icelle,  trois  soles  de  16  pieds  chacune,  a  2  s.  le  pied, 
qui  coustent  4  1.  16s.;  —  plus,  huict  chevrons  de  18  pieds 
chacun,  a  1  s.  le  pied,  qui  coustent  7  1.  4  s.;  —  700  tuyles 


(1)  Le  setier  de  Nieul  valait  57  litres  61  :  6  litres  de  plus  que 
celui  de  Limoges. 


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—  325  — 

a  17  s.  le  100,  qui  coustent  5  1.  19  s.;  —  250  lattes  a  2  1. 
5  s.  le  cent,  coustent  5  1.  12  s.  6  d.;  —  600  clous  latte- 
rets,  1  1.  8  s.;  —  3  quintaux  de  chaux  a  grisonner  (1) 
ladite  cabane,  3  1.;  —  et  8  charges  de  sable  a  2  s.:  16  solz. 

—  Le  22  février  1685,  j'ay  fait  délivrer  a  Boudou, 
notre  vigneron,  deux  scetiers  bled  noir,  a  raison  de  moy- 
tié  prix  du  bled  sceigle,  1  L  3  s.  le  scestier,  cy  fera  2  1.  6  s. 

Le  30  novembre,  donné  audit  Boudou  deux  esminaux 
de  chastagnes,  a  10  s.  l'esminal  :  1  1. 

La  gelée,  cette  année  (1685),  a  emporté  entière- 
ment tout  le  raisin,  depuis  le  6*  du  mois  de  juin  der- 
nier (2)  :  chose  extraordinaire,  et  gelée  étrange  dans  cette 
saison,  qui  ne  nous  a  pas  laissé  une  grappe  de  raisin 
a  vendanger. 

Le  20  février  1689,   envoyé  deux  charrettées  de 

fiant  de  notre  escurie. 

Le  16  may  1691,  la  femme  de  Moreil  Boudou,  vigne- 
ron du  Puy  du  Pin,  est  venu  prendre  de  notre  vin  au 
brandon,  que  nous  vendons  a  20  deniers  la  pinte,  et  en 
a  pris  sept  pintes  ;  cy  sera  1 1  s.  6  d. 

Le  4  may  1692,  luy  a  esté  délivré  4  pintes  chopine 
de  vin,  dont  sera  tenu  conte,  a  raison  de  20  deniers  la 
pinte;  cy  7  sols  6  d. 

1693.  Nota  que  je  n'ay  eu  aucune  goutte  de  vin  en 
cette  vigne  cette  année  icy. 

1694.  Le  14  octobre,  Moreil  Boudou  ni*a  dict  avoir 
amassé  le  peu  de  raizins  qu'il  y  avoit  ceste  année  en 
nostre  vigne,  et  en  avoir  eu  trois  pleins  paniers,  qu'il 
avoit  mis  en  vente  et  en  avoit  eu  deux  pièces  de  quatre 
solz,  qui  foni  toutte  la  vendange  et  ceuillette  de  cet 
année.  Loué  soit  Dieu  ! 

1695.  Le  26  octobre,  il  m'a  dit  avoir  vendu  la  cuil- 
letle et  n'en  avoir  eu  que  32  sols. 

(1)  Il  s'agit  probablement  d'un  enduit  léger  à  l'intérieur. 

(2)  C'est  à  la  suite  des  gelées  intenses  et  répétées  qui  se  pro- 
duisirent de  1680  à  1715,  que  la  culture  de  la  vigne  fut  aban- 
donnée aux  environs  de  Limoges. 


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—  326  — 

Le  premier  avril  1705,  nos  vigneron  on  envoyé  cher- 
cher 2  setier  blé  saigle  et  2  de  ble  noir  :  8  1.  8  s. 

Le  5  may,  donné  a  Pierre  six  cartes  de  blé  saigle  et 
deux  carte  de  ble  noir,  le  ble  valant  2  1.  16  s.  le  setier; 
monte,  le  tout  :  5  1.  4  s.  (1). 

Le  1*'  avril  1708,  donné  a  Jean  quatre  setier  de  ble 

saigle  et  quatre  setier  de  ble  noir au  prix  de  trente 

deux  sol  le  setier  de  saigle  et  saize  sol  le  ble  noir  : 
montent  7  1.  12  s 

1716.  Inventaire  des  meubles  qui  sont  en  nostre  mai- 
son et  pressoir  de  Balezis,  que  j'ay  laisé  entre  les  mains 
de  Léonard  Talandier,  nostre  vigneron,  luy  ayant  donné 
les  clefs  de  la  ditte  maison  :  premièrement,  le  grand  ton- 
neau cerclé  a  cinq  cercles  de  fert;  plus  un  médiocre,  a 
six  (?)  cercles  de  fert,  et  un  autre  petit  a  quatre  cercles 
de  fert;  la  grande  cuve  ayant  un  cercle  de  fert;  une 
autre  petite  cuve  pour  mettre  sous  les  tonneatix,  ayant 
deux  cercles  de  fert;  plus  deux  dogmardes  (?)  ayant  quatre 
cercles  de  fert  chacune;  enfin  Je  pressoir  avec  tous  ses 
assortiments;  plus,  laissé  dans  les  chambres  deux  bois 
de  licts,  deux  tables,  un  grand  coflFre,  plus  deux  petits, 
quelques  bans  et  quelques  chaises  de  bois,  une  armoire 
a  chaque  chambre  a  Tantiene  mode;  plus  deux  chenets 
de  fert,  un  fusil,  un  grix,  une  petite  poelle. 

Le  28*  février  (1716),   achetté  quatre  ses  tiers  de  blé 

saigle;  a  deux  livres  six  sols  le  sestiers  :  monte  9  1.  4  s.; 

plus  neuf  scestiers  de  blé  noir,  a  raison  de  vingt  et  deux 

sols  le  scestier,  mesure  de  Limoges,  monte  neuf  livres 

18  sols;  plus deux  quartes  de  poix,  mesure  de  Nieuil, 

a  raison  de   trois   livres   le   scestier;  monte,   les  deux 

quartes,  une  livre  10  sols. 

(A  suivre.) 


(1)  Les  six  cartes  de  seigle  sont  comptées  à  2  1.  16  et  font  4  I. 
4  s.;  le  blé  noir  n'est  compté  qu'à  2  1.,  soit  1  1.  pour  les  2  cartes. 


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JOURNAL 

DB 

SAHUGUET-DAMARZID 

CONSBIUIR  IN  L'ÉLICTION  M  BEIYI,  SIKINIDR  INI  TIALARD 

AXKOTi    BT    PQBLli    PAR 

Paul   BRUEL 

DIRECTEUR  DE  LA    «  SOCIÉTÉ  GÉNÉRALE  »    A   BRIVE 

Membre  de  la  Société  historiqie  et  archéologique  de  la  Corrèie 


'auteur  du  journal  dont  on  lira 
plus  loin  les  extraits  ou  l'ana- 
lyse, est  un  Briviste,  Jacques  de 
Sahuguet,  écuyer,  seigneur  du 
Vialard.  Il  était  fils  de  Denis  de 
Sahuguet  et  de  Marguerite  de 
Joyet.  Catherine  de  Durfort,  que  la  plupart  des 
généalogies  lui  donnent  pour  mère,  n'était  que 
la  seconde  femme  de  son  père.  Celui-ci,  élu  et 
contrôleur  en  l'élection  de  Brive,  avait  deux  frères, 
tous  deux  gens  d'église  :  Jacques  de  Sahuguet, 
chanoine  de  Saint-Martial-de-Limoges,  et  Fran- 
çois de  Sahuguet,  chanoine  à  La  Réole,  puis  à 
Saint- Séver in,  près  Bordeaux.  Leur  sœur,  Galienne 
de  Sahuguet,  avait  épousé  un  conseiller  du  nom 
de  Vielbanc,  seigneur  de  Chapon.  Quant  à  notre 
Jacques  de  Sahuguet,  il  ne  perdit  son  père  que 
le  28  juin  1629,  et  hérita  de  sa  charge  de  con- 


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—  328  — 

seiller  en  Télection  de  Brive.  Il  épousa,  le  26 
juillet  1624,  Suzanne  Dumas  de  Neufville,  dont 
il  n'eut  point  d'enfants.  Il  fit  son  testament  le 
30  juillet  1658,  et  constitua  comme  héritier  de 
tous  ses  biens  le  fils  de  sa  sœur  Françoise  et 
de  Pierre  de  Damarzit,  Jacques-Gilbert  de  Sahu- 
guet  de  Damarzit,  sous  la  condition  que  ce  neveu 
et  sa  descendance  porteraient  à  perpétuité  le  nom 
et  les  armes  de  Sahuguet.  La  famille,  originaire 
de  Navarreins,  en  Béarn,  portait  de  «  gueules  à 
un  croissant  d'argent  en  pointe,  surmonté  d'une 
coquille  de  Saint-Jacques  de  même,  accostée  de 
deux  épées  d'or  en  pal,  la  pointe  en  bas  »  (sup- 
port :  deux  lions). 

Le  manuscrit  qu'il  a  rédigé  peut  être  considéré 
à  trois  points  de  vue  : 

Comme  un  livre  de  raison;  un  inventaire  gé- 
néalogique; et  une  ébauche  de  mémoires. 

Avant  tout,  Jacques  de  Sahuguet  a  voulu  dres- 
ser le  compte,  la  raison  (rationem)  des  sommes 
dues  à  lui  et  à  son  père;  il  relève  ainsi  les 
noms  de  nombreux  villages  qui  entourent  Brive; 
il  cite  les  représentants  de  familles  qui  n'ont  pas 
encore  disparu.  Mais  il  lui  restait  de  nombreux 
feuillets  blancs  au  milieu  de  son  registre,  rédigé 
par  les  deux  bouts,  d'un  côté  pour  son  père, 
de  l'autre  pour  lui-même.  En  homme  économe 
de  son  papier  et  de  son  argent,  il  y  a  inséré 
l'inventaire  de  ses  titres  de  famille.  Les  éditeurs 
du  Nobiliaire  de  l'abbé  Nadaud  trouveront,  dans 
nos  extraits,  de  quoi  rectifier  et  compléter  les. 
notes  informes   que  l'on  donne  en  cet  ouvrage 


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^      —  329  — 

pour  les  généalogies  des  Damarzit,  des  de  La 
Rouye,  des  Sahuguet  eux-mêmes. 

Cette  analyse  des  titres  de  la  famille  de  Sahu- 
guet, rédigée  entre  1628  et  1630,  permet  de  re- 
monter, pour  son  histoire,  jusqu*au  début  du 
xvi*  siècle;  ils  n*avaient  donc  pas  été  brûlés 
«  par  des  gens  de  guerre  lors  de  la  Ligue  », 
comme  le  prétend  une  note  du  Dictionnaire  de 
La  Ghesnaye-des-Bois  (t.  XVIII,  édit.  de  1873, 
col.  43).  Mais  les  Sahuguet,  préoccupés,  comme 
beaucoup  de  familles  de  robe  et  de  finance,  de 
vieillir  leur  noblesse,  ont  cru  la  rendre  plus 
ancienne  en  la  faisant  moins  précise. 

Enfin  ce  manuscrit  est  comme  une  ébauche 
de  mémoires;  Sahuguet  s'étend  longuement  sur 
les  couches  des  dames,  ses  parentes,  et  y  es- 
quisse des  horoscopes;  mais  entre  temps  il  note 
le  passage  de  Louis  XIII  à  Brive  à  son  retour 
de  Toulouse,  où  il  avait  fait  mettre  à  mort  le 
maréchal  de  Montmorency,  et  complète  ainsi  l'iti- 
néraire de  ce  souverain. 

En  feuilletant  ce  journal,  on  verra  que  les 
détails  intéressants  y  abondent.  Le  mobilier  d'une 
riche  famille  du  Limousin  était  alors  bien  simple; 
la  bibliothèque  du  conseiller  était  composée  de 
trois  volumes;  mais  la  garde-robe  de  M™'  la  con- 
seillère était  mieux  garnie.  Le  prix  du  blé  et 
du  vin  y  est  soigneusement  relevé.  Pour  l'his- 
toire économique,  ces  détails  ont  leur  valeur. 

Enfin,  tandis  que  le  curé  Vacherie  s'emporte 
contre  les  duretés  de  Richelieu,  Sahuguet,  per- 
sonnage ofiiciel,  ne  glisse  qu'un  mot  élogieux  sur 

T.  IX  8-JO 


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—  330  — 

«  Mons*"  le  cardinal  de  Richelieu,  bon  serviteur 
»  du  Roy,  que  Dieu  nous  préserve.  » 

Parfois  il  s'essaye  à  l'éloquence  à  l'occasion  du 
passage  à  Brive  du  gouverneur  et  de  sa  femme, 
le  duc  et  la  duchesse  de  Ventadour;  il  voudrait, 
comme  le  hardi  défenseur  des  privilèges  de  Brive, 
le  lieutenant-général  François  Dumas,  haranguer 
«  fort  bien  et  court  ».  En  lisant  les  brouillons 
de  ses  discours  à  Monsieur  et  à  Madame,  on 
trouvera  peut-être  qu'il  a  réussi  et  qu'il  n'a  pas 
«  manqué  en  sa  harangue  »,  comme  le  consul 
Fieux  en  présence  de  Louis  XIII. 

Paul  Bruel. 
Brive,  le  l**-  mai  1887. 


JOURNAL  DE  SAHUGUET-DAMARZID 


Par  contract  du  14  aoùst  1594,  passé  au  chasteau  du 
Jayle,  receu  par  François  Gaubert,  noltaire  royal,  Gui- 
Ihaume  du  Brueil,  escuyer,  seigneur  dudit  Jayle,  tant 
de  son  chef  que  en  vertu  de  la  procuration  d'Anthoine 
du  Brueil  des  Agier,  seigneur  des  Agier  et  Chaten- 
seau  (1),  son  père,  de  la  parroisse  de  Saint- Viance  (2), 
vend  0  (31  partie  de  rachapt  perpétuel  les  rentes  de 
Favars,  en  la  parroisse  d'Estivaulx,  moyennant  siuq 
centz   quarente    escus   à  Jehan    Durand,    procureur   de 


(1)  Ou  Chastanzeau  (Voir  Nobiliaire  de  l'abbc^  Nadaud). 

(2)  Aujourd'hui  commune  de  Saint-Viance,  canton  de  Donzenac, 
arrondissement  de  Brive. 

(3)  0  partie  veut  dire  avec  partie. 


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—  331  — 

Brive,  et  Jehan  Bernard,  son  beau  père,  40  settiers 
froment,  120  cartauts  avoine,  9  gelines  et  61  livres 
d'argent  en  feudalité. 

Aprez  s'ensuit  autre  contract  receu  par  ledit  Gaubert 

le  21  juillet  1695,  portant  augmentation a  damoiselle 

Marguerite  de  Bernard,  femme  Anlhoine  du  Brueil  (1). 

Mémoire  des  meubles  et  autres  chozes  laissées  à  mon 
vallet  avant  mon  départ  de  Brive,  le  21  décembre  1631, 
et  premièrement  3  petitz  platz,  un  pot  de  fer  avec  ses 
treppieds,  de  la  contenance  de  3  cars  d'eau,  ung  chalel  (2) 
un  quart,  un  goubellet,  une  oUiviere,  le  tout  d'estaing, 
plus  une  grande  caserlle,  4  serviettes  d'estoupe,  2  essuyé 
mains,  2  napes  carées,  un  mousquet  a  rouet  avec  sa 
clef,  poudre  et  plomb,  une  pique  et  une  allebarde,  une 
cuUière  de  fer,  une  palle  de  fer;  dans  sa  chambre,  un 
lict  de  can  et  une  couchette  avec  une  couelte  (3),  cuissin, 
couverte,  et  2  linceulz  d'estoupe,  2  seaux  a  tenir  eau, 
un  achoir,  2  bigotz  et  ung  autre  bigotz  tramadour  (4), 
un  pic,  un  palfer  (5),  un  grand  marteau,  une  trenche  (6), 
une  traule  (7),  un  sarcel  (8),  un  petit  bassin  avec  du 
sel  dedans,  une  grande  buige  avec  de  Thuille  dedans, 
plus  2  grands  sacs  de  farine  plains  et  de  la  farine  en- 
core dans  une  metz,  un  quarton  de  poix,  2  metz,  une 
table  et  une  quarte  fronde  pour  semer,  2  bénisses  et 
une  palle  pour  besser,  et  ay  laissé  dans  mon  cabinet 


(1)  Ces  indications  sur  les  Brueil  sont  précieuses,  car  la  généa- 
logie des  Ghastanzeau  manque  dans  l'abbé  Nadaud. 

(2)  Chalel,  calel  ou  iaolel,  lampe  à  queue,  lampe  en  étoile  dont 
se  servent  nos  paysans  limousins. 

(3)  Couette,  matelas. 

(4)  Bigot  tramadour,  hoyau  à  dents  très  vigoureuses. 

(5)  Palfer,   levier,  pince,  barre  de  fer  aplatie  par  un  bout,  et 
renforcée  d'un  côté  pour  former  un  point  d'appui. 

(6)  Trentso,    houe,    instrument  de  fer   large  et  recourbé  pour 
remuer  la  terre. 

(7)  Traule,  outil  avec  lequel  les  tonneliers  enfoncent  les  cercles 
en  bois  aux  barriques. 

(8)  Sarcel,  sarcloir. 


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—  332  - 

3  petitz  platz  et  5  assiettes,  ensemble  plusieurs  autres 
meubles. 

Le  sabmedy,  veilhe  des  Rameaux,  ay  prins  du  Saint- 
Orcel,  marchand  pour  le  S'  de  la  Rouye  (1)  et  en  sa 
présence  deux  aunes  ung  quart  et  demy  d'escarlate  pour 
faire  une  rouyalle,  à  quinze  livres  dix  solz  l'aune 

Sera  mémoire  que  le  28  juin  1629,  la  veillie  de  Saint- 
Pierre  et  Saint-Paul,  jour  de  jeudy  sur  le  matin,  en- 
viron six  heures,  très  chrestiennement  il  (mon  père) 
deceda  et  rendit  son  ame  à  Dieu,  après  avoir  receu 
très  constamment  les  ordres  saintz  de  Tesglize,  assisté 
de  M"  les  recolets  et  de  Monsieur  Régis,  de  M'  Vachon, 
chirurgien  et  aultres,  en  son  eage  de  soixante  quatre 
ans,  comme  il  nous  disoit,  après  avoir  demeuré  un  an 
entier  malade  d'une  defluxion  aux  jambes,  sans  pouvoir 
aller,  et  à  la  fin  il  en  fust  saïzi  par  le  gosier,  et  le 
hernie  de  son  reume  esmeu  finit  ses  jours;  et  nota  que 
ceste  nuict  de  jeudy  tendant  au  vendredy,  une  gresle 
universelle  a  passé  par  nos  biens,  et  plusieurs  paroisses 
toutes  contigues  et  par  exprez  Roziers  (2),  Juilhac,  Saint- 
Bonnet  et  dix  ou  12  aultrez  paroisses. 

Le  jour  de  la  Transfiguration,  filz  la  quarantene  qui 
estoit  un  lundy,  5  d'aoust,  ou  estoient  appeliez  et  pre- 
sentz  Mons'  de  la  Faurie  (3)  et  Madam*"*  de  la  Rouye  (4) 
et  ses  deux  fils,  MM"  mes  beaux  frerres,  belle  mère, 
belles  sœurs,  tous  mes  cousins,  tantes  de  la  présente 
ville,  et  frerres  et  sœurs,  et  le  corps  de  Feslection,»  et 
fis  aumosne  generalle  d'un  sol  à  chasque  pauvre,  des- 
quels le  nombre  fut  presque  environ  de  deux  mille. 


(1)  Sahuguet,  seigneur  de  la  Rouye  et  des  Termes,  paroisse  de 
Saint-Mesmin,  élection  de  Brive. 

(2)  Aujourd'hui  Rosiers-de-Juillac,  Juillac,  St-Bonnet-Larivière. 

(3)  Guy  de  la  Faurie,  seigneur  de  Chamboulivo. 

(4)  Catherine  de  Régis,  mariée  le  30  janvier  1585  k  Charles  de 
Sahuguet,  seigneur  de  la  Rouye;  en  eut  Charles  de  Sahuguet, 
époux  de  M»"»  de  Régis,  et  Antoine  de  Sahuguet,  seigneur  de  la 
Rouye,  époux  d'Antoinette  de  la  Grange. 


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-  333  — 

Le  légat  (1)  des  Recoletz  faict  par  le  testament  de 
mon  feu  père  leur  a  esté  par  moy  payé  le  13  mars 
1631,  comme  resuite  par  la  quitance  en  original  que 
Couchard,  nottaire,  m*a  deslivré. 

Estât  véritable  des  obligations  que  j'ay  trouvé  de  l'ar- 
gent deub  à  feu  mon  très  honnoré  père,  lors  de  son 
décès,  comme  s'ensuit  et  premièrement  : 

Par  Monsieur  Dubois,  sieur  du  Boucheiron  (2),  de  Li- 
moges; puis,  le  26  juilliel  1619,  débiteur  de  feu  Mons' 
de  Sahuguet,  chanoine  de  Saint-Martial  en  ladite  ville, 
duquel  est  resté  héritier  mon  feu  père,  en  la  somme 
de   mille   quatre  centz   soixante  six   livres,   et  dlcelle 

somme  il  en  a  prins  guaraison  d'un  sol  pour  livre 

Estant  à  Limoges  pour  certaines  affaires,  Mons'  du 
Boucheiron  me  paya  à  raison  d'un  sol  ma  rente,  et 
luy  ay  fourny  une  prorogation  de  delay  jusques  en 
juilliet  1630. 

François  Avril,  hoste  de  la  présent  ville,  dit  Bot- 
dasse,  doibt,  du  12  mars  1625,  la  somme  de  cent  livres. 

Extrait  des  obligations  consenties  en  faveur  de  feu 
M'  de  Sahuguet,  chanoine  de  Saint -Martial  de  Luy- 
moges,  par  Pierre  Duboys  et  Jehan  Barthélémy,  mou- 
liniers,  marchans  audit  Lymoges. 

Anthoine  Gremoux,  du  villaige  de  Chambons,  par- 
roisse  Saint-Hillaire  (3),  doibt,  par  subrogation  du  pre- 
mier de  mars  1623,  la  somme  de  quatre  vingtz  livres. 

Le  vingt  cinquiesme  jour  d'apvril  mil  six  cens  trante 
troys,  ay  délivré  les  comissions  de  Julhiac  à  Pierre 
Segure  de  Moucheyrol  et  Estienne  Dupuy,  cottizateurs 
de  ladite  parroysse. 

M*  Jehan  Yedrenne  de  Mansac  (4),  par  obligation  dn 


(1)  Legs. 

(2)  Nadaud   cite  des  Boucheron,  seigneurs  d'Arabrugeac  (com- 
mune de  Meymac,  arrondissement  d'Ussel). 

(3)  Saint-Hilaire-Foissac,  commune  de  Lapleau. 

(4)  Commune  du  canton  de  Larche  (Gorrèze). 


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—  334  — 

10  avril  1625.  doibt  la  somme  de  deux  centz  quarente 
livres. 

M*  Jacques  Lafon,  curé  de  St-Pantaleon  (1),  et  Jehan 
Boyer,  dudit  lieu,  par  obligation  du  2  de  may  1625, 
doibvent  soixante  livres. 

Jehan  Monteil,  du  Pui  la  Mousche,  parroisse  de  Lan- 
teuil  (2),  doibt,  par  obligation  du  15  d'octobre,  1627,  181... 

Mons'  Fontaneil,  advocat,  feu  Nantes  et  Branet,  doib- 
vent, du  18  aoust  1620,  à  payer  dans  un  mois  dix 
livres 

Du  5  novembre  1632.  Nostre  Roy  Louys  treisme,  le 
Juste,  un  jour  de  vendredy,  environ  trois  heures,  en 
temps  sombre  mais  chaudelet,  entra  en  ceste  ville  de 
Brive  par  la  porte  des  Cordeliers  et  logea  à  la  La- 
bienche  (3)  ;  sa  Majesté  séjourna  icy  le  sabmedy  et  s'en 
alla  le  dimanche  à  7  heures  à  Userche,  et  logea  chès 
le  sieur  lieutenant  gênerai  (4).  Les  sieurs  Fieux,  Dufaure, 

(i)  Commune  de  Saint-Pantaléon,  canton  de  Larche  (Gorrèze). 

(2)  Canton  de  Beynat  (Corrèze). 

(3)  La  maison  dite  La  Labenche  existe  encore;  c'est  celle  où 
se  trouve  aujourd'hui  le  petit  séminaire.  Elle  était  connue  sous 
ce  nom  dès  1540.  Nons  trouvons,  en  effet,  mentionné  aux  archives 
départementales  et  sous  cette  date,  un  acte  par  lequel  «  noble  Jean 
Galvimont,  seigneur  de  La  Labenche  et  de  Saint-Martial,  fait 
hommage  à  Tévêque  de  Limoges  pour  sa  maison  noble  de  La 
Labenche.  » 

Ce  nom  de  La  Labenche  avait  dû  lui  être  donné  par  allusion 
à  un  lavoir  entouré  de  grosses  pierres  qui  y  avait  été  construit, 
et  que  Ton  voit  encore  dans  une  des  caves  de  rétablissement. 
Labenca^  en  patois,  signifie  dalle,  et  spécialement  ces  pierres 
que  les  laveuses  utilisent  en  guise  de  bancs. 

Lors  du  passage  de  Louis  XIII,  cette  maison  était  la  plus  re- 
marquable de  la  ville;  les  belles  sculptures  qui  existent  encore 
remontent  au  règne  d'Henri  II.  Elle  appartenait  à  «  messire  Fran- 
çois Dumas,  seigneur  dudit  lieu,  le  Pradel,  la  Gotterie,  la  Ganne 
et  autres  places,  baron  de  Neufville,  maistre  des  requestes  de 
la  Reyne  Mère,  conseiller  du  Roy  en  ses  Conseils  d'Estat,  Privé, 
et  de  ses  Finances,  et  premier  Président  en  la  Cour  Présidiale 
du  bas  Lymosin,  à  Brive  ». 

(4)  C'était  la  seconde  fois  que  le  roi  passait  par  Brive.  Déjà,  en 


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SCULPTURE 

AU-DESSrS   n'UNE   DES   CROISÉES   DU    PETIT-SÉMINAIRE   DE    BRI  VF 


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—  335  - 

Beynet  et  Veyssière,  consulz,  receurent  le  Roy  prez 
Tesglize  des  Cordeliers,  et  ledit  Fieux  manqua  en  sa 
harangue. 

Monsieur  Dumas,  président  avec  la  cour  presidialle, 
harangua  fort  bien,  et  court.  Le  lendemain,  le  prési- 
dent Geraud,  avec  les  esleuz,  harangua  courtement  dans 
la  maison  du  Roy,  venant  de  la  messe.  Le  Roy  ne  vou- 
lut pas  d'entrer  et  venoit  de  Tholose,  où  il  feit  trencher 
la  teste  à  Monsieur  de  Montmorenci  un  sabmedy  (1). 

Le  Roy  estoit  fort  seul,  la  Reyne  et  Mons'  le  cardinal 
de  Richelieu  ayant  passé  du  costé  de  Bourdeaux  (2). 


1621,  lorsqu'il  allait  avec  le  connétable  de  Luynes  faire  le  siège 
de  Montauban,  il  traversa  le  Bas-Limousin. 

A  Brive,  il  fut  reçu  par  les  consuls,  les  juges  du  présidial,  les 
corps  d'État. 

(c  II  visita  toutes  les  églises,  surtout  la  Collégiale,  où  il  vénéra 
les  reliques  de  saint  Martin.  Il  y  fit  de  riches  présents.  L'argent 
qu'il  donna  fut  employé  par  les  chanoines  à  l'achat  d'un  riche 
ornement  pour  la  châsse  de  la  coupe  de  la  Gène.  On  avait  re- 
présenté sur  cet  ornement  les  armes  de  France,  avec  cette  ins- 
cription :  et  Hanc  thecana,  non  solum  religiossimo  cultu,  sed  et 
munificentia  regia  prosecutus  est  anno  1634.  » 

(Marvaud,  II,  394.) 

La  date  inscrite  sur  la  châsse  ne  permettrait-elle  pas  de  rap- 
porter tous  les  détails  donnés  par  Marvaud  au  second  passage 
du  roi  Louis  XIII  par  Brive? 

(t)  Henri  II,  duc  de  Montmorency,  fils  de  Henri  I»'"  et  de  Louise 
de  Bud'os,  maréchal  de  France  et  gouverneur  de  Languedoc,  se 
laissa  entraîner  par  Gaston  d'Orléans  qui,  réfugié  en  Lorraine, 
venait  d'entrer  en  Bourgogne.  Le  maréchal,  blessé  et  fait  pri- 
sonnier à  Gastelnaudary  (l*'  septembre  IQ32)  par  de  Biderau,  gen- 
tilhomme du  Quercy  des  plus  généreux  de  France,  fut  décapité 
à  Toulouse,  dans  le  Gapitole,  au  pied  de  la  statue  de  son  parrain, 
Henri  IV,  le  30  octobre.  Il  était  âgé  de  38  ans.  Il  fut  enseveli 
dans  l'église  de  Saint-Gernin,  comme  marque  de  sa  piété  et  de 
sa  mort  vertueuse  et  chrétienne. 

Le  roi  et  le  cardinal  partirent  le  lendemain,  31  octobre. 

(2)  Après  la  pacification  du  Languedoc,  Louis  XIII  et  son  mi- 
nistre s'étaient  séparés,  le  premier  pour  retourner  à  Paris  direc- 
tement, Richelieu  pour  aller  visiter  les  côtes  de  l'Océan.  Retenu 


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-  336  — 

.Monsieur  le  comte  d'Arcourt  (1),  frère  à  Monsieur  le 
duc  d'Albeuf,  estoit  logé  chez  Mons*"  Dumas,  président; 
Monsieur  de  St-Simon  chez  Rousseau;  Mons*"  de  Gressi 
chez  Montmaure;  le  filz  du  sieur  Boutelier  (2),  secrétaire 
d'Estat,  chez  Sales,  conseiller;  le  sieur  du  Aller  chez 
Saige;  le  marquis  de  Nelle  (3)  céans  avec  17  serviteurs 
et  8  chevaux. 

Le  froment  valoit  3  1.  et  2  solz;  le  segle  40  s.;  l'ad- 
voine  10  s.;  le  muy  de  vin  8,  9  ou  10  1. 

Anthoine  Monsours,  de  Juilhac.  sans  préjudice  de  la 
rente  constituée,  par  convention  entre  nous  faite,  doibt 
la  somme  de  quattre  vingtz  livres,  en  datte  du  21  jan- 
vier 1629. 

M"*  Jehan  Anteniac,  procureur  en  la  présente  ville,  dit 
le  baron,  doibt,  par  obligation  du  5  juin  1626,  la  somme 
de  sinq  centz  livres. 

à  Bordeaux  par  une  maladie  qui  faillit  l'emporter  et  qui  l'obligea 
de  rester  dans  cette  ville  jusqu'à  la  fin  de  novembre  1632,  il  n'en 
partit  pour  rejoindre  le  roi  que  lorsqu'il  eut  reçu  la  nouvelle  de 
la  mort  de  Gustave-Adolphe,  tué  à  la  bataille  de  Lutzen  le  16 
novembre. 

(1)  Henri  de  Lorraine,  comte  d'Harcourt,  dit  Cadet  la  Perle,  fils 
de  Charles  de  Lorraine,  duc  d'Elbeuf,  et  de  Marguerite  de  Cha- 
bot, né  en  1601,  mort  en  1666.  Il  prit  une  part  glorieuse  à  la 
guerre  de  Trente  ans,  d'abord  en  Italie,  puis  en  Espagne.  Il  mou- 
rut gouverneur  d'Anjou.  Son  frère  était  Charles  II  de  Lorraine, 
duc  d'Ëlbeuf,  né  en  1596,  mort  en  1657.  Il  avait  épousé  Catherine- 
Henriette,  fille  légitimée  de  Henri  lY  et  de  Gabrielle  d'Estrées. 

Saint-Simon  (Claude  de  Rouvroy,  duc  de),  favori  de  Louis  XIII, 
premier  écuyer,  père  de  l'auteur  des  Mémoires.  Né  en  1607,  il 
mourut  en  1693. 

(2)  C'est  Léon  Bouthillier,  comte  de  Chavigny  et  de  Buzançais, 
né  en  1608,  mort  à  Paris  le  11  octobre  1652.  Richelieu  avait  auprès 
de  lui  le  père  de  Léon,  Claude  Bouthillier,  né  en  1584,  mort  à 
Pont-sur-Seine  le  13  mars  1652. 

(3)  Nesle  (René  aux  Épaules,  marquis  de),  et  gouverneur  de  La 
Père.  «  Il  est  mort  ici  depuis  peu,  écrivait  Guy  Patin  le  7  juin 
1650,  un  brave  seigneur,  M.  le  marquis  de  Nesle,  âgé  de  75  ans. 
Il  fit  un  faux  pas  sur  sa  montée,  il  se  blessa  à  la  teste,  perdit 
la  parole  et  est  mort  le  quatriesme  jour  de  ses  blessures.  » 


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—  337  — 

Jehan  Gilibert,  dit  Mernières,  par  obligation  du  17 
febvrier  1627,  me  doibt  la  somme  de  trois  centz  livres. 

M.  Jacques  Lafon,  curé  de  St-Pantaléon,  Pierre  Gou- 
lier,  maistre  arbalestrier,  Pierre  Sautet,  dudit  Pantaléon, 
par  obligation  solidaire  du  13  avril  1627,  receue  par 
du  Moulin,  doibvent  cent  livrez. 

Jehan  Boyer  et  M*  Jacques  Lafon,  practiciens  du  vil- 
lage de  Gramion,  parroisse  de  St-Pantaleon ,  doibvent 
la  somme  de  quarante  sinq  livres,  par  obligation  du 
2  de  juilliet  1627. 

Conte,  marchand  en  la  présente  ville,  et  Pascal  Ver- 
Ihac,  son  beau  père,  solidairement  doibvent,  par  obli- 
gation du  3  mars  1629,  la  somme  de  cent  livrez. 

Huguet  Beynette,  marchant  en  la  présente  ville,  doibt 
la  somme  de  cent  livres  par  obligation  du  12  feb- 
vrier 1629. 

Pierre  Rogemont,  dit  Foussac,  marchant  en  la  pré- 
sente ville,  par  obligation  du  penulliesme  mars  1629, 
doibt  la  somme  de  deux  centz  livres. 

M*  Jacques  Dupuy  et  Jehan  Gramies,  de  St-Pantaleon, 
doibvent,  par  obligation  du  13  may  1629,  la  somme  de 
150  1. 

Le  29  mars  1634,  suis  allé  à  Tulle  achepter  de  Soulié 
Livoul  un  cotillon  et  corset  de  satin  amarante,  fort  clair 
cramoisi,  et  de  Gènes,  à  9  1.  5  s.  aulne,  et  en  ay  prias 
7  aulnes  moins  un  car,  que  luy  ay  payé  content. 

Et  a  Brive  ma  femme  a  prins,  pour  faire  une  robbe 
de  tafetas,  du  petit  Vergne  de  Gènes  à  55  solz  aulne, 
scavoir  7  aulnes  un  car  et  demy  à  six  lez,  et  un  aulne 
de  4  1.  pour  les  manches. 

Pierre  Toumazi,  du  viUaige  du  Rieu,  doibt,  par  obli- 
gation du  10  may  1629,  la  sonune  de  30  1. 

Estât  de  rentes  constituées  provenantes  de  Theredité 
de  feu  Mons*"  le  théologal  chanoine  de  Saint-Martial,  et 
délayssées  par  feu  M"  de  Sahuguet,  conseiller  esleu  pour 


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-  338  - 

le  Roy  et  sieur  du  Vialard  et  Pui  d'Arnac  (1)  qui  s'en- 
suivent, premièrement  : 

Par  M"  Jehan  Gerauld,  advocat  et  juge  de  Ghabre- 
niac  (2),  habitant  du  bourg  de  Juilhac,  est  deub  de 
rente  annuelle  soixante  livres,  rachaptable  pour  la  somme 
de  huict  centz  livres. 

Mons'  Jehan  Rigaud,  lieutenant  de  Saviniac,  et  Pierre 
Joyet  Taisné,  habitantz  de  Juilhac,  doibvent,  de  rente 
annuelle,  trente  et  sincq  livres  par  contract  du  28  de 
novembre  1610. 

M*  Jehan  Rigaud,  du  lieu  de  Juilhac,  doibt,  de  rente 
annuelle,  huict  livres  six  solz  huit  deniers,  rachaptable 
pour  cent  livres  par  contrat  receu  par  Mourot,  notaire 
royal  à  Luymoges,  en  datte  du  6  aoust  1610. 

Anthoine  Monsours,  de  Juilhac,  doibt,  de  rente  an- 
nuelle, neuf  livres,  payables  de  six  en  six  mois  le  17 
juin  (1610). 

Monsieur  de  Sahuguet,  seigneur  de  la  Rouye,  con- 
seiller esleu  à  Brive,  doibt,  par  contract  receu  par  Juge, 
nottaire  royal  en  datte  du  pénultième  jour  d'octobre  1625, 
de  rente  annuelle  la  somme  de  50  1. 

M'  Pierre  Peyrenal,  François  Leymarie,  du  village  du 
Rieu,  parroisse  de  St-Viance  (3),  et  Jehan  Laumond  dit 
Petit,  du  villaige  de  la  Nouville,  parroisse  de  Varetz  (4), 
et  aultres,  doibvent  24  1.  de  rente  en  datte  du  11  oc- 
tobre 1613. 

Monsieur  Meschin,  sieur  de  la  Bouissonnie  et  Pomeilz, 
doibt,  de  rente  annuelle,  la  sonune  de  trente  sept  livres 
dix  solz....,  en  datte  du  20  juillet  1616. 

M*  François  Anteniac,  procureur,  gendre  de  Comte 
d'Autrement,   et  Pierre  La  Roche,   doibvent,  de  rente 


(1)  Aujourd'hui  commune  de  Puy-d'Arnac,  canton  de  Beaulieu 
(Gorrèze). 

(2)  Ghabrignac,  canton  de  Juillac  (Gorrèze). 

(3)  Saint- Viance,  canton  de  Donzenac  (Gorrèze). 

(4)  Varetz,  canton  de  Brive. 


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—  339  — 

annuelle,  la  somme  de  trente  livres,  en  datte  du  9  juil- 
liet  1616. 

M.  Jehan  Malepeyre,  jadis  lieutenant  du  visceneschal, 
dôibt  la  somme  de  22  1.  10  s.  de  rente  annuelle,  payable 
le  4  avril  et  le  4  octobre  (1613). 

M*  Estienne  Vielbans,  contrerolleur  esleu^  doibt,  de 
rente  annuelle,  45  1.,  payai)le  de  six  en  six  moys...., 
du  24  juin  1621. 

Du  8  janvier  1630,  receu  par  Conchardcon  tract  d'af- 
fermer .par  M'  du  Vialard,  au  sieur  Meynié,  bourgeois  à 
Juilhac,  de  ses  biens  qu'il  ha  à  Chadenialle  et  lou 
Mayne,  de  ses  deus  vignes  de  Poirier  et  Chanongie, 
de  son  près  dans  Bayot  et  Plassenetz,  et  de  sa  grange 
et  terre  au  Fui  du  Pré,  le  tout  dans  la  parroisse  de 
Juilhac. 

Par  contract  receu  par  Lachaulx,  notaire  à  Juilhac, 
du  20  juin  1630,  ay  affermé  à  Guilhem  Demymole,  dit 
Lavau,  de  La  Ms^ndrie,  et  à  Quilhen  Masmon,  de  La 
Barlenchie,  parroisse  de  Beyssenac  (1)  et  Segur,  mes 
mestairies  de  La  Mandrie  et  Barlenchie,  pour  quinze 
ans  advenir,  toutes  rentes  et  charges  payées 

Le  18  juin  1630,  ay  affermé  à  sire  Anthoine  Foyet, 
marchant  à  Juilhac,  la  susdite  mestairie  (Puidaurad  à 
Roziers)  pour  trois  ans  completz,  et  pour  chascune 
d'icelles  la  somme  de  six  vingtz  dix  livres. 

Madame  (2),  nous  estimons  que  vous  connoissez  assez 


(1)  Canton  de  Lubersac,  arrondissement  de  firive. 

(2)  Charles  de  Levis,  marquis  d'Annonay,  puis  duc  de  Venta- 
dour,  gouverneur  du  Bas-Limousin,  lieutenant-général  en  Lan- 
guedoc, mort  le  19  mai  1649.  Sa  première  femme,  à  laquelle 
s'adresse  la  harangue  de  Sahuguet,  est  Suzanne  de  Lausières, 
marquise  de  Thémines.  Le  duc  résida  quelque  temps  à  Brive 
et  exigea  que  les  habitants  lui  fissent  construire  un  jeu  de 
paume  et  de  ballon.  (Marvaud,  Hiat.  du  Bas-Limousin,  II,  393.) 

Le  corps  de  ville  disposa,  pour  cela,  d'une  partie  des  fossés, 
et  ordonna  la  vente  de  plusieurs  emplacements  dans  l'enceinte 
et  au  dehors  de  la  ville  pour  fournir  aux  .frais  de  cette  cens- 
truction. 


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—  340  — 

suffisamment  combien  mon  visaige  est  couvert  de  honte 
et  de  confusion  de  nous  présenter  à  vous  tous,  impuis- 
sans  à  vous  offrir  quelque  chose  qui  puisse  estre  aucu- 
nement condigne  à  vostre  grandeur  et  a  vostre  mérite; 
toutes  foys,  puisque  la  suprême  grandeur  n'a  voulu  ny 
n'a  désiré  de  son  filz  que  la  vertu 

Monseigneur,  nous  debvogs  à  deux  genoux,  avec  jus- 
tes causes,  remercier  la  divine  bonté  d'une  si  grande 
grâce  que  nous  avons  receu  de  sa  main  liberalle  par 
la  divine  providence,  qui  est  de  nous  avoir  réservé  jus- 
ques  a  présent  à  nous  faire  nommer  et  constituer  à  la 
charge  publicque  et  consulaire  de  ceste  ville,  puisque 
prévoyant  et  connoissant  trop  bien  de  tout  temps  nostre 
peu  de  suâsance  et  de  mérite  pour  dignement  nous 
acquiter  des  debvoirs  d'une  si  importante  charge,  pour 
soulager  nostre  foiblesse  et  secourir  nostre  incapacité, 
se  bon  Dieu  a  pourveu  que  nous  ne  fussions  delayssés 
sans  secours  et  sans  assistance,  puisque  nostre  ame  est 
pleine  d'un  parfaict  et  louable  désir  de  nous  y  com- 
porter en  gens  de  bien  et  zèle  à  la  conservation  de 
l'État,  en  nous  faisant  jouir  du  comble  du  bonheur  par 
la  présence  de  vostre  grandeur  en  ceste  ville,  pour  au- 
tant qu'elle  nous  fait  l'honneur  de  nous  très  bien  com- 
mander de  nous  gouverner  et  régir  très  dignement,  et 
enfin  conune  père  très  débonnaire,  et  surveilliant  aux 
actions  et  desportemens  de  voz  enfans,  nous  tenir  la 
main,  et  pour  advertir  à  vous  rendre  les  très  humblez 
services  et  très  profondes  submissions  que  nous  vous 
debvons,  particulièrement  à  vostre  grandeur  et  aprez  nos 
seings  et  nos  diligences  soulz  vos  ordres,  aussy  à  l'in- 
terest  public  de  ceste  ville  et  pour  acte  de  gratitude 
d'un  si  grand  bienfait  que  nous  osons  nous  promettre 
de  vostre  bonté  et  de  vostre  grandeur,  par  l'ordre  de 
la  divine  providence,  nous  vous  en  rendons  d'immor- 
telles grâces  et  des  vœux  pour  la  prospérité  de  vostre 
grandeur,  pour  la  continuation  de  la  santé  de  vostre 
personne  et  de  Madame,  et  aprez  ce,  nous  protestations 


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—  341  — 

et  resolutions  de  noz  parfaictes  obéissances,  soubz  les 
respectz  et  lez  submissions  très  profondes  que  nous  deb- 
vons  à  vostre  grandeur  et  que  nous  voulons  vous  rendre 
en  calité  de 

Description  sommaire  des  tiltres,  pappiers,  contractz, 
obligations,  promesses  et  autres  documens  et  enseigne- 
mens  de  la  maison  de  Monsieur  de  Sahuguet,  conseiller 
esleu,  contreroUeur  en  Tellection  de  Brive,  seigneur  du 
Vialard,  pour  servir  de  mémoire  et  avoir  recours  devers 
les  notaires  et  greffiers  quy  les  ont  receus  Ihors  et 
quand  besoing  sera;  faict  le  vingt  troisième  jour  de 
juillet  mil  six  cens  trante. 

Et  premièrement  le  testement  de  M"  Denys  Sahuguet, 
procureur  d'office  de  Juilhac,  en  datte  du  vingt  deuxième 
jour  de  janvier  mil  cinq  cens  quatre  vingtz  sept. 

Plus,  autre  testement  de  damoiselle  Marguerite  de 
Joyet,  femme  audit  de  Sahuguet,  datte  du  vingt  neu- 
flesme  may  mil  cens  quatre  vingtz  dix  huict 

Contract  de  transaction  faict  entre  feu  M*  Denys  de 
Sahuguet,  vivant  elleu  et  contreroUeur,  et  M"  ses  frères, 
cohéritiers  dudict  feu  M'  Denys,  procureur  d'office,  avecq 
demoiselle  Gallienne  de  Sahuguet,  veufve  du  feu  S'  con- 
seiller Vielban  de  Chapon,  du  dix  huitiesme  janvier  mil 
six  cens  unze. 

Testament  de  feu  M*  Jacques  de  Sahuguet.  chanoyne 
audict  Limoges,  en  datte  du  xxv  janvier  XVI •  XIX, 
receu  par  Mouret,  notaire  royal  de  Limoges. 

Donnation  de  damoiselle  Galienne  de  Sahuguet,  faicte 
à  M«  Denys  de  Vielbanc,  advocat,  son  frère,  en  date 
du  XXIX  décembre  XVI  •  XXI 

Quittance  baillée  par  ladite  dam*"«  Gallienne  de  Sahu- 
guet, de  la  somme  de  soixante  livres  et  léguât  faict  à 
son  fllz  Pascal  Vielbans,  par  feue  damoiselle  Margue- 
rite de  Jayet,  sa  mère,  en  faveur  des  héritiers,  en  date 
du  vingt  troisiesme  de  janvier  XVI*  XIIII. 

Contract  de  quitance  bailliée  à  feu  M«  Denys  de  Sahu- 
guet, procureur  d'office  à  Juilhac,  par  Monsieur  Tadvocat 


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—  342  — 

Régis,  de  la  somme  de  deux  mille  livres  que  ledit  Sahu- 
guet  avoit  promis  à  son  filz,  Tesleu  de  la  Rouye,  en 
faveur  de  mariage;  receu  par  du  Brueil,  nottaire  royal, 
en  datte  du  9  juillet  1587. 

Contract  de  mariage  de  M«  Jacques  de  Sahuguet,  sieur 
de  la  Rouye,  avec  Catherine  de  Régis,  en  date  du 
30  janvier  1585. 

Autre  contract  de  quitance  du  29  novembre  1603,  receu 
par  Olivier,  nottaire  royal  du  Mas  d'Ayen,  de  M*  An- 
thoine  Sahuguet,  chanoine  à  la  Réolle,  de  deux  centz 
livres  en  favair  de  son  frère  Jacques  Sahuguet,  aussy 
chanoine,  et  Denys  Sahuguet,  par  laquelle  ledit  An- 
thoine  s'oblige  envers  ses  aultres  ditz  frères  de  les  en 
tenir  quittez  envers  damoyselle  Gallienne  de  Sahuguet, 
sœur  commune. 

Autre  contract  de  quittance  balliée  par  damoyselle 
Marguerite  Joyet  à  M*  Denys  de  Sahuguet,  le  contre- 
roUeur  son  filz,  en  datte  du  dernier  octobre  1592,  receue 
par  Dubrueil,  nottaire  à  Juilhac. 

Autre  contract  de  quittance  baillée  par  M*  Anthoine 
de  Sahuguet,  chanoine  à  Bordeaux....,  en  datte  du  24 
novembre  1611,  en  faveur  de  ses  frères  les  sieurs  de 
la  Rouye  et  du  Vialard. 

Contract  de  mariage  de  M®  Pierre  Amarzit,  esleu,  et 
damoiselle  Françoise  de  Sahuguet,  et  les  quittances  de 
la  dot  de  six  mille  livres,  le  tout  receu  par  Juge,  nottaire 
royal  à  Brive,  ledict  contract  en  datte  du  11  feb.  1624. 

Lettres  du  sieur  Baudin,  notaire,  procureur  à  Bour- 
deaux,  contre  la  D'"'  de  Gerauld,  en  datte  du  1®'  et 
23  decemb.  1626,  pour  faire  voir  la  péremption  d'ins- 
tance sur  le  supplément  de  légitime  contre  nous 

Du  pénultième  janvier  1614,  transaction  receue  par 
Chastaing  entre  M"  de  Sahuguet,  esleu  et  conseiller, 
et  Saige,  receveur 

Inventaire  du  meuble  trouvé  dans  la  maison  vielhe  de 
Juilhac,  faict  par  Guilhaume  Rigaud  eu  datte  du  12 
décembre  1622. 


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—  343  — 

Afferme  faite  par  scripture  privée  à  Monsieur  Tad- 
vocat  Geraud,  par  Monsieur  Sahuguet,  chanoine  à  Ly- 
moges,  de  tous  ses  biens  patrimoniaux. 

Contract  d'affermé  faitte  par  M'  Denys  de  Sahuguet 
et  M*"  Pierre  Gerauld,  nottaire  royal  et  recepveur  à 
Juilhac,  à  Gaultier  Gougon,  aussy  nottaire,  à  Pierre  et 
Jacques  Joyet  frères,  pour  sept  ans,  en  datte  du  14  dé- 
cembre 1604. 

Donation  d'un  cerceau  qui  sépare  la  maison  d'An- 
thoine  Doumenes  de  Monsieur  de  Sahuguet,  faicte  par 
damoy selle  de  la  Rouye  à  M'  Jacques  de  Sahuguet...., 
en  datte  du  13  febvrier  1628. 

Procuration  bailhée  par  M*  François  Sahuguet,  cha- 
noyne,  en  faveur  de  feu  M'  M*  Denys  de  Sahuguet, 
pour  prandre  sa  pention  de  la  chanoynie  de  Brive,  en 
datte  du  quatriesme  décembre  mil  six  cens  vingt  deux 

Contract  de  transaction  d'entre  feux  M"  François  de 
Gerauld,  procureur  en  l'ellection  de  Brive,  Jacques  de 
Sahuguet  et  Denys  de  Sahuguet,  frères,  du  xix  décembre 
XV*  III"  XH,  chez  La  Poire,  nottaire  royal. 

Acte  par  laquelle  M''  M*  Jacques  de  Sahuguet,  pres- 
tre,  chanoyne  (de)  St-Martial  de  Limoges,  intervient  en 
cause  que  M®  Estienne  Vielbans  et  damoiselle  Gallienne 
Sahuguet,  nous  avoient  faict  appeller  sur  la  ceduUe  que 
feu  M"  de  la  Rouye  et  du  Vialard  avoint  bailhé  audit 
S'  Vielban  et  Galienne 

Autre  quittance  de  soixante  livres  de  certaing  legact 
faict  par  feue  damoiselle  Marguerite  de  Joyet  a  Bar- 
thellemy  Gerauld,  filz  à  M""  François,  président,  du  cin- 
quième octobre  mil  six  cens  treze,  signé  Laumond, 
notaire. 

Transaction  faicte  entre  feux  Marie  de  Sahuguet, 
veufve  de  feu  ledit  sieur,  et  lesdits  François  de  Sahu- 
guet, chanoyne,  de  la  Rouye  et  Vialard,  du  3  no- 
vembre XVI-  XXI 

Quittance   de   78  livres   consentie   par   M'  Jehan   de 


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—  344  — 

la  Chesse,  procureur  de  la  damoy selle  de  Narbonne  (1), 
en  faveur  du  sieur  contreroUeur  Sahuguet,  du  30  d'oc- 
tobre 1597. 

Quittance  de  30  escus  bailliee  par  feu  Jacques  de 
Sahuguet,  scholier,  à  ladite  damoyselle  de  Narbonne, 
du  4  novembre  1596,  passée  au  chasteau  de  Viam  (2). 

Transaction  faitte  entre  M'  de  Sahuguet  et  M®  Pierre 
La  Jugie,  concernant  la  ferme  de  Gastermy,  du  13  juillet 
1613,  signé  Laumond. 

Deux  contracte  de  quitance  fournis  par  Madame  de 
Maniac  audit  Denys  de  Sahuguet,  du  26  septembre  1599. 

Quittance  fournie  par  Anthoine  d'Arlauris,  du  légat 
faict  à  sa  femme  par  M®  Jacques  de  Sahuguet,  cha- 
noine...., du  4  juilliet  1626. 

Con tract  de  transaction  faict  le  5^  juin  1592,  entre 
damoyselle  Marguerite  de  Joyet  et  M«  Denys  de  Sahu- 
guet, contreroUeur,  et  Tony  Grand  et  Peyronne  Bourbon, 
sa  femme,  concernant  la  Mandrie 

Con  tract  d'eschange  du  20  mars  1628  receu  par  La- 
chaulx,  notaire,  entre  M®  Jacques  de  Sahuguet,  sieur 
du  Vialard,  et  Peyronne  Bourbon  de  la  Burlenchie. 

Bontract  d'affermé  fait  par  M'  Denys  de  Sahuguet  à 
Anthoine  Joyet,  marchant  de  Juilhac,  de  ses  mestairies 
de  Bourbonnaux,  Balde  et  Puidauraud,  du  29  juin  1625. 

Eschange  faict  entre  François  de  Sahuguet,  chanoine 
à  Brive,  et  Pierre  Dumas,  du  8  septembre  1628. 

Afferme  de  M'  Denys  de  Sahuguet,  à  M^  Jehan  Ge- 
rauld,  advocat,  du  23  aoust  1598,  receu  par  Dubreuil 

Noms  cités  :  Jehan  Malepeyre  (16  février  1617);  Jehan 
Auzin  (5  octobre  1618);  Peyreblanche  (28  août  1621); 
Guillaume  Rougier,  Jean  Rousin  (20  septembre  1618); 
François  Galaup  (5  décembre  1616). 


(1)  Catherine  de  Narbonne,  femme  de  Jacques  -  Mathieu  d'Es- 
pagne, seigneur  de  Panassac,  mère  de  Jeanne-Germaine  d'Es- 
pagne, qui  épousa  Henri  de  Noailles. 

(2)  Canton  de  Bugeat  (Corrèze). 


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—  345  — 

CoAtract  de  subrogation  consenty  par  M'  de  Noalles  (1), 
en  faveur  de  feu  Helye  Léonard,  sur  les  feux  S'  et 
Dam«"«  de  Dury,  du  unzième  mars  XV'  IIII"  XV,  receu 
par  Mynet,  notaire. 

Contract  de  vente  faict  par  feu  M"*  le  procureur  de 
TEstang  de  Tholose,  dudit  feu  Dury,  du  village  de 
Vialard....,  du  29  may  15%. 

Contract  d'eschange  faict  entre  M*  Jehan  de  Mon  s  et 
Hugues  Ghastaing,  du  sixiesme  d'aoust  XV*  IlII"  II, 
receu  par  Rogemand,  notaire. 

Contract  de  vante  faicte  par  M.  de  Noallies  à  sire 
Jehan  Verdier,  de  sa  maison  et  jardin  et  biens,  du 
tiers  d'apvril  mil  cinq  cens  quatre  vingtz  cinq....,  avec 
autre  contract  de  revente  faicte  par  ledit  Verdier  avec 
Fevesque  (de  Tulle,  Flotard,  Ricard  de  Gourdon),  datte 
du  X*  may  1585....,  codicille  dudit  S""  evesque  du  dix 
septiesme  septembre  XV  •  IIII"  V,  faict  à  Rayonne. 

Autre  contract  de  vante  du  village  du  Vialard,  faict 
par  Guilhaume  de  Lanteuil  à  François  de  la  Forestie, 
du  5  may  XV-  XIII. 

Autre  contract  de  vante  faict  par  ledict  Laforestie  et 
M»  Estienne  de  TEstang,  seueschal  à  Brive,  dudit  vil- 
lage du  Vialard....,  du  seiziesme  de  septembre  mil  cinq 
cens  quarante;  ledit  contract  est  receu  par  Lacoste 

Arrest  du  parlement  donné  entte  les  S"  de  Noalies 
et  de  Dury,  du  trantiesme  may  XV  IIII"  XVII,  signé 
Pichon,  portant  relaxance  donnée  en  faveur  dudit  sieur 
de  Dury  des  pretantions  que  ledit  S'  de  Noalles  avoit 
contre  luy 

Contract  de  transaction  entre  M'  Denys  de  Sahuguet 
et  le  sieur  de  Vielbans,  son  nepveu,  receu  par  Geoffre, 
notaire  à  St-Meymin,  du  4  juilliet  1622. 

Contract  de  mariaige  faict  entre  Claude  de  Nantes  et 


(1)  Henri  de  Noailles,  comte  d'Ayen,  baron  de  Chambres,  de 
Malemort,  seigneur  de  Brive  en  partie,  né  à  Londres  en  1554; 
il  testa  le  8  octobre  1621. 

T.  TX.  «-iJ 


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—  346  — 

Huguet  de  Sudin,  habitans  de  Brive,  du  vingt  sixième 
juing  mil  six  cens  deux 

Sentence  donnée  entre  le  feu  S""  de  Dury  et  Louyse 
de  TEstang,  veufve  à  son  couzin,  touchant  la  maison  et 
jardin  appellée  de  Bassy,  du  19  d'apvril  XVI*  VI 

Obligation  consentie  par  les  feux  S*"  et  Dam®"*»  de  Dury 
en  faveur  dudit  feu  M*  Pierre  de  Lescat...i,  du  x  feb- 
vrier  mil  six  cens  quatre. 

Gontract  d'eschange  faict  entre  Albert  Noiret,  S'  de 
Dury,  et  Louyze  de  TEstang....,  du  dix  huitiesme  dé- 
cembre mil  six  cens  deux 

Gontract  de  vente  faitte  par  Anthoinette  de  Vielbans, 
veufve  de  Pierrflte,  au  S'  de  Dury....,  du  septiesme 
febvrier  mil  cinq  cens  quatre  vingtz  treze. 

Coppie  d'acte  d'intervention  du  seigneur  visconte  de 
Turenne  touchant  les  francz  fiefz,  qui  est  ez  mains  de 
M®  Hugues  Chastaing,  greffe  en  datte  du  troisième  may 
mil  six  cens  vingt  neuf. 

Obligation  de  feu  M'  de  Dury  à  Catherine  d'Apvril, 
veufve  à  feu  Jehan  d'Apvril,  de  la  somme  de  trante 
livres,  du  treiziesme  janvier  mil  six  cens  quatre 

Coppie  d'arrest  donné  en  faveur  de  M'  Sahuguei  con- 
tre les  dames  de  Canyroux,  du  18  d'aoust  1613. 

Homaige  faict  par  le  sieur  de  Lantheuil  au  S'  prieur 
d'Albinhiac,  à  cause  des  dix  mes. 

Autre  homaige  du  seignieur  de  Lantheuil  à  la  dame 
prieure  de  Couyroux,  à  cause  des  dîmes. 

Contract  d'acquisition  faict  par  M*"  de  Sahuguet  de  la 
seigneurie  du  Vialard  et  autres  choses  y  comprinses, 
du  4  juillet  1605. 

Investiture  en  faveur  du  S^  de  Dury,  du  village  du 
Vialard,  par  le  S""  visconte  de  Turenne,  du  dixiesme 
décembre  XV  IIII"  XVIII. 

Acquisition  du  village  du  Vialard  par  M*"  de  Dury, 
de  M""  de  TEstang,  procureur,  du  29  may  1596. 

Vante  faicte  par  Guilhaume  de  Lantheuil,  du  villaige 


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—  347  — 

de  Vialard,  à  ung  nommé  François  de  la  Fourestie,  de 
Brive,  l'an  1529. 

Recognoissance  faicte  par  Marguerite  de  Jouberthou, 
veufve  de  feu  Rigou,  a  M'  de  Dury,  de  certaine  vigne...., 
du  26  septembre  1600. 

Testement  de  feu  M'  M*  Denys  de  Sahuguet»  con- 
seiller, esleu,  du  trantiesme  décembre  mil  six  cens  vingt 
huict 

Contract  de  mariage  de  M'  M"  Jacques  de  Sahuguet, 
et  damoiselle  Suzanne  de  Dumas,  du  xxvi*  juillet  1624. 

Liasse  de  papiers  concernant  M*  Léonard  Villeneufve 
de  Borboulon  et  feu  M'  de  Sahuguet,  chanoyne  de  St- 
Martial  de  Limoges. 

Testement  de  feu  M'  M*  Jacques  de  Sahuguet,  doc- 
teur en  théologie,  du  25  janvier  1619. 

Contract  faict  entre  MM"  de  St-Martial  de  Limoges  et 
M""  le  théologal  Sahuguet,  du  dix  buitiesme  d'octobre 
mil  six  cens  huict. 

Autre  contract  faict  entre  M*"  le  contreroUeur  Sahu- 
guet et  les  dames  relligieuses  de  Ste-UrsuUe,  pour 
mettre  sa  fille  relligieuse,  du  xv  juing  1628. 

Contract  d'accord  faict  entre  MM"  de  Sahuguet,  S*"  du 
Vialard  et  de  la  Rouye,  touchant  l'hérédité  de  feu  M'  de 
Sahuguet,  chanoyne  de  Limoges,  du  28  juillet  1621. 

Contract  de  mariaige  d'entre  la  demoiselle  de  Dur- 
fort,  et  honnorable  homme  M'  Philippe  de  Turmini,  du 
pénultième  janvier  XV  IIII"  XVL 

Contract  de  mariage  ^e  ladite  Durfort  et  M'  M*  Denys 
de  Sahuguet,  du  22  juillet  1623. 

Obligation  consentie  par  Messire  Anthoine  de  Sahu- 
guet, chanoyne  à  Saint-Se vérin  lez  Bourdeaux,  en  faveur 
de  M'  du  Vialard,  du  29  d'octobre  1617. 

Contract  de  mariage  du  30  janvier  1585,  de  Monsieur 
le  président  Geraud  avec  Jehanne  de  Sahuguet. 

Quittance  concernant  ce  que  M'  le  chanoyne  Joyet 
récent  pour  la  réparation  de  lesglize  de  Juillac,  du  18 
octobre  1608. 


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—  348  — 

Contract  de  mariage  de  feu  sieur  de  la  Rouye  avec 
Marthe  des  Halles,  du  29  juing  1624,  receu  par  Geoffre, 
notaire  royal  à  St-Meymin 

Contract  de  mariage  de  M*  Guilhaume  de  TEstang, 
conseiller  au  presidial,  avec  damoiselle  Marguerite  de 
Malcap;  a  esté  receu  par  de  Charlionnaires ,  notaire 
royal,  datte  du  22  mars  1594. 

Le  testement  de  dam*"*  Léonie  de  Malcap,  veufve  de 
feu  M'  de  la  Vernhole,  datte  du  15  apvril  J627. 

Du  18  juin  1633,  contract  de  transaction  entre  la  supé- 
rieure de  Ste-Ursule  et  Jacques  de  Sahuguet,  concernant 
les  droictz  de  Jehanne,  sa  sœur,  receus  par  Loumond 
avec  ung  acte  capitulaire  receu  par  ledit  Loumond  2  jours 
devant. 

Quittance  de  Malepeyre,  apothicaire  de  Brives,  à  la 
date  du  5  décembre  (1631). 

Je  soubsigné  confesse  estre  payé  content  et  satisfaict 
de  toutes  les  fournitures,  drogues,  medicquementz  et 
autres  marchandises  que  je  pourrois  avoir  fourny  pour 
M'  Sahuguet,  esleu,  et  sa  maison  ensemble,  de  toutes 
les  drogues  et  parfums  qu'il  a  prins  pour  et  au  non 
des  habitantz  du  village  du  Vialar,  de  quoy  le  quitte, 
en  ce  comprins  toutes  autres  quitances  que  je  pourois 

avoir  baillié  ce  jour  d'huy Faict  à  Brive,   le  cin- 

quiesme  décembre  mil  six  centz  trante  bing. 

Malepeyre,  appot 

Livre  véritable  des  mémoires  du  peu  d'argent  qui  m'est 
deub,  grâces  à  mon  Dieu,  le  suppliant  de  tout  mon 
cœur  de  vouloir  bénir  l'œuvre,  auquel  il  faudra  ad- 
jouster  foy.  Dieu  m'appelant  de  ce  monde. 

Le  14  febvrier  1623,  ay  preste  au  sieur  de  la  Gar- 
terie  un  livre  de  saint  Augustin,  Psalmus,  in-fol.  cou- 
vert de  velin  noir,  plus  la  Bible  en  franrois,  in-fol.  cou- 
vert de  velin  rouge,  avec  des  filetz  d'or. 


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—  349  — 

Virtutem  incolumem  odimus 
Sublatam  ex  oculis  quœrimus  intus  (1). 

Mémoire  que  le  6  novembre  1631,  estant  sur  le  point 
de  nostre  rettraicte  de  la  ville  de  Brive  à  cause  du 
mal  contagieux  qui  est  en  icelle,  pour  m'en  aller  au 
chasteau  de  la  Rouye,  j'ay  envoyé  avant  mon  despart 
ches  les  pères  Recolletz  pour  me  garder  et  conserver 
ce  qui  s'ensuit  : 

Premièrement  2  grands  bassins  de  la  valleur  du  moins 
de  sept  escus  pièce;  Tung  contenant  8  seaux  d'eau  ou 
environ,  et  l'autre  5  ou  environ,  et  un  petit  d'un  seau 
d'eau,  et  un  pot  sans  pieds  avec  son  couvert;  plusieurs 
crucifix  à  l'huille  avec  le  relief  de  boys  doré,  de  la 
grandeur  de  troys  pieds;  plus  une  sainte  Susanne  avec 
deux  viellars,  peinte  à  l'huille  sans  rellief. 

Plus  2  coffres-bahus  de  boys,  et  dans  l'ung  y  a  dedans 
6  linceulx,  une  douzaine  et  demie  de  napes,  2  ou  il  y 
a  divers  papiers;  dans  l'autre  y  a  2  garnittures  de  lict 
vert,  plus  une  couverte  verte;  2  chandelliers  d'airein. 
Plus  I  grande  ouilhette;  plus  VI  damiers  de  verre  et 
d'hivoire;  plus  une  chopine  de  cristal;  plus  un  paire 
de  landiers  (2)  d'airein  faictz  à  la  mode  sans  estre  gar- 
nis de  fer;  plus  6  grands  platz  et  6  grandes  assiettes; 
plus  la  conferance  des  ordonnances  (3)  en  grapd  volume  ; 
plus  la  Bible  en  françoys  ;  plus  Grenade  en  grand  vol- 
lume  (4)  ;  2  tapis  verds;  plus  un  rideau  pour  ledit  crucifix. 

(1)  Horace,  Odes,  liv.  III,  od.  XXIV,  vers  31  et  suivants;  la 
citation  complète  serait  : 

Virtutem  incolumem  odimus, 
Sublatam  ex  oculis  quœrimus  invidi. 

(2)  Landier,  ustensile  de  cuisine  ou  de  chambre  sur  lequel  on 
met  le  bois  dans  les  cheminées  :  chenet. 

(3)  Guénois  avait  publié,  en  1596,  la  Conférence  des  Ordon- 
nances en  1  vol.  in-fol.  Guénois,  dans  ses  éditions  successives, 
augmenta  son  ouvrage,  qui  comprit  enfin  3  volumes  in-fol. 

M.  de  Sahuguet  s'en  était  tenu  à  la  première. 

(4)  S'agit-il  là  des  Guerres  civiles  de  Grenade,  ouvrage  espa- 
gnol, à  demi-historique,  à  demi-romanesque,  de  Gines  Ferez  de 

mta? 


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—  350  — 

Sera  mémoire  que  les  deux  coffres  de  ma  femme 
sont  à  la  Vigier,  plains  de  linge,  et  y  a  de  la  vesselle, 
chemizes  et  autres  linges  et  garnitures  de  lict  d'esté, 
tout  fermé  dans  lesdits  deux  coffres. 

Devantaige  y  a  dehors  une  cloche  de  ras  jeaunne 
garnye  de  passemens  larges,  noirs  et  gaunes,  un  ma- 
telas, 2  couvertes,  Tune  bleuye  et  l'autre  verte. 

Plus  4  linceulx  qu'il  faut  scavoir  si  on  les  a  mis 
dans  lesdits  coffres. 

Et  advenant  le  partement.  fust  encores  porté  ches  les- 
dits pères  recoUetz  un  coffre  de  bois  noyer  dans  lequel 
y  a  divers  papiers,  3  bouteilles  d'estain  quarées,  plus 
une  pinte,  une  tercière  et  un  demy;  est  tout  fermé 
dans  ledit  coffre;  plus  f  feust  porté  un  grand  paire 
de  landiers  de  fer;  plus  y  feust  porté  une  belle  cohete 
et  un  cuissin  plies  dans  une  couverte  blanche  rayée 
de  noir. 

Sera  mémoire  que  j'ay  laissé  dans  ma  maison  mon 
vallet  Jehan  la  Borderiane  et  sa  fille,  et  donné  charge 
a  ladite  Borderiane  de  doner  aux  RecoUetz  un  baril 
de  vin  et  une  charetée  de  bois,  et  luy  ay  laissé  3  1. 
d'argent  monoyé  pour  leur  achepter  du* pain. 

Mémoire  consernant  sire  Ghaluet,  orphèvre.  Sera  mé- 
moire qu'en  juilhet  1624,  j'ay  achepté  dudit  Chaluet 
une  bague  d'or  avec  ung  diaman  en  piramide,  un 
poinçon  d'or,  un  aneau-espousalisse  d'or  et  un  aneau 
d'argent  pour  le  prix  et  somme  de  104  1.,  sur  quoy 
je  luy  ay  paie  10  pistolles  vallant  74  L;  plus  a  receu 
4  onces  d'or,  plus  une  bague  d'or  du  prix  de  3  1., 
qui  fait  en  tout  92  1.  12  s.;  et  pour  les  12  1.  moins 
8  sols  restans,  les  luy  faudra  payer  Ihors  qu'il  me 
remettra  une  croix  d'or  du  poix  de  9  onces  3  grains 
et  qu'elle  s'euvre  avec  un  ressort,  ou  il  y  a  d'un  costé 
un  crucifix  et  une  teste  de  mort  au  bas  de  la  dite  croix, 
qui  est  esmailliée. 

(L'auteur  revient  à  ses  comptes.) 

Premièrement,  Monsieur  de  la  Rouye.  Par  scedule  du 


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—  351  — 

16  décembre  1624,  escripte  de  la  main  de  Pierre  Vitrac 
dit  Theminas,  lors  mon  clerc,  et  signée  et  soubscripte 
de  la  main  dudit  sieur 

Monsieur  Dumas,  seignieur  de  Soulaiges,  oncle  pa- 
ternel de  ma  fenune  comme  estant  obligé  par  contract 
lors  de  Tachapt  de  Toffice  d'esleu  du  feu  sieur  de  la 
Rouye  de  payer  ses  debtes,  il  a  acquitté  en  mon  en- 
droict  la  susdite  partie  de  300  1 

M**  Jehan  Spinafouze  et  Joseph  Lafon,  solidairement, 
par  contract  de  rente  constituée  du  24  décembre  1631 
receu  par  Veyssière,  nott.  royal  de  Brive,  me  doibvent 
100  1. 

Anthoine  Yialanes  et  Jehan  Capbort,  dit  Laudon,  so- 
lidairement, par  contract  de  rente  constituée  receu  par 
Laporre,  nott.  royal  de  Brive,  du  5  aoust  1619,  me 
doibvent  solidairement  100  1 

M*  Coderc,  nottaire,  dit  Chapelier,  Pierre  Marti  et 
Joseph  Maies,  solidairement,  par  contract  de  rente  cons- 
tituée du  21  avril  1622  receu  par  Lapoire,  nottaire 
royal  de  Brive,  me  doibvent  400  1 

Damoyzelle  Teneze,  vefve  au  feu  sieur  Dumas,  juge 
de  Donzenac,  par  obligation  du  13  juilliet  1624  receue 
par  Veyssière,  nottaire  royal  à  Brive,  me  doibt  la 
somme  de  325  1. 

Damoyzelle  Teneze,  vefve  au  feu  sieur  Dumas,  juge 
de  Donzenac,  par  un  contract  de  rente  constituée  du 
6  novembre  1620  receu  par  Veyssière,  nottaire  royal  à 
Brive,  me  doibt  300  1. 

Claude  Cronsac,  macelier  (1)  à  Brive,  par  obligation 
du  6  septembre  1622  receue  par  Domenech,  notaire  royal, 
me  doibt  treize  centz  livrez. 

Le  sieur  Laplasse,  advocat,  par  obligation  du  14  aoust 
1622  receue  par  Lapoire,  me  doibt  130  1. 

Le  sieur  du  Lhouvel,  par  obligation  du  4  mars  1622 
receue  par  Veyssière,  not.  r.,  me  doibt  300  1. 

(1)  Macellarius,  boucher. 


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—  352  — 

Le  sieur  du  Lhouvel,  par  obligation  du  19  juilliet 
1622  receue  par  Veyssiere,  me  doibt  ledit  sieur  la 
somme  de  150  1. 

Le  sieur  du  Lhouvel,  par  autre  obligation  du  30  juil- 
liet 1622  reçue  par  Veyssiere,  nottaire  royal,  me  doibt 
la  somme  de  150  1. 

Ici  sont  les  obligations  de  Fargent  que  j*ay  preste 
de  la  reserve  faite  des  sommes  cy  devant  scriptes,  et 
premièrement  j'ay  ballié  à  mon  père  cent  sincquante 
livres,  pour  parfaire  un  entier  payement  d'une  somme 
qu'il  avoit  empruntée  d'un  esleu  de  ceste  ville,  comme 
U  feit. 

Francilion  Bersac  de  la  Vivinie,  parroisse  de  Juilhac, 
par  obligation  du  4  mars  1620  receue  par  Granier,  no- 
taire à  Juilhac,  me  doibt  40  1. 

(1632).  Le  13  aoust,  presentz  Paul  et  Guilhon  Le  Ser- 
rurier, je  preste  à  Peire  Maure  de  Maniac,  parroisse 
de  St-Cric  lez  Champaniac  (1),  gendre  à  Léonard  Penaud 
du  Verdier,  la  somme  de  40  solz,  pour  lever  quelque 
expédition  du  grefFe  de  certain  procès  qu'il  avoit  d'une 
pistoUe  faulce  au  prei^idial  et  le  sieur  Régis,  son  pro- 
cureur. 

Le  vingt  sixiesme  jenvier  (1633),  Monsieur  Laplasse 
m'a  laissé  en  depost  ce  que  s'ensuit,  outre  l'obligation 
qu'il  m'a  mis  en  main,  scavoir  :  une  bague  ou  il  y  a 
ung  diamant;  plus  un  chaton  ou  il  y  a  un  safir  blanc; 
plus  une  bague  cornalline;  plus  une  bague  d'ung  dou^ 
J)le;  plus  deux  petites  chesnes  faictea  en  jazcran  d'or. 

Anthoine  Saule,  dit  Expresite,  marchand  a  Juilhac, 
par  obligation  du  penultiesme  janvier  162  receue  par 
Guilhaume  Rigaud,  notaire,   doibt  50  1. 

Marguerite  Tesserot,  vefve  à  feu  Lapousye,  du  vil- 
laige  de  Garameau,  parroisse  de  Segonsac(2),  comme 
l'ayant  acquiter  de  M'  Amarsit,  juge,  me  doibt  la  somme 
de  140  1.,  par  obligation  du  10  décembre  1625. 

(1)  Saint-Gyr-les-Ghampagnes,  canton  de  Lanouaille  (Dordogne). 

(2)  Segonzac,  canton  d'Ayen  (Corrèze). 


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-  353  — 

Gerauld  Alviaarie  et  Mons'  Amarsit  Tesleu,  son  cau- 
tion, par  obligation  du  21  may  1627,  me  doibvent  soli- 
dairement, comme  subrogé  de  Mons'  Faulcon,  lieutenant 
criminel,  qui  me  preste  son  nom  et  pour  cause,  la 
somme  de  45  1. 

Je  soubs  signé  Jehan  du  Pouch,  me  suis  aresté  au 
service  de  Monsieur  de  Vielars,  conseiller  du  roy,  esleu 
et  contrerolleur  en  la  presante  ville  de  Brive,  naoyen- 
nant  le  salaire  de  douse  livres  et  une  remice  de  set 
chapeaux  pour  un  an,  et  le  prometz  servir  en  toute 
fidélité;  en  foy  de  quoy  ay  escript  et  signé  le  pre- 
mier de  may  1633. 

DupoucH,  du  village  del  Pouch, 
paroisse  de  Chavaignac. 

Denys  Amarsit  et  M*  Amarsit  Tesleu,  son  caution  et 
son  plus  proche  voisin,  par  obligation  du  21  may  1627 
receue  par  Veyssière,  me  doibvent  solidairement  la 
somme  de  45  1. 

Jehan  Reynal  et  Jehan  Favede,  du  Vialard,  solidai- 
rement, par  obligation  du  3  juin  1627  receue  par  Juge, 
not.  royal,  me  doibvent  solidairement  la  somme  de  65  1. 

Jehan  Joubert,  du  villaige  de  Martiniac,  paroisse  Ste- 
Fereolle,  par  obligation  receue  par  Juge  du  20  mars  1628, 
dont  j'ay  Toriginal,  me  doibt  la  sonune  de  16  1.  5  s. 

Pierre  et  Nazari  Chaussades,  père  et  fllz,  cordonniers 
au  bourg  de  St-Bonnet,  solidairement,  par  obligation  du 
22  juin  1628  receue  par  Aultier,  mon  cousin,  me  doib- 
vent solidairement,  dont  j'ay  Toriginal,  60  1. 

A&thoine  Reynal  et  Jehan  Saulle,  son  gendre,  du  Via- 
lard,  solidairement,  par  obligation  du  28  octobre  receue 
par  Juge,  dont  j'ay  l'original,  me  doibvent  la  somme 
de  35  L 

François  Boozonnier  et  Jehan  Dellac,  des  villaiges  del 
Peux  la  Mousch«  et  Laborde,  paroisse  de  Lanteuil,  soïi-' 
dairement,  par  obligation  du  15  febvrier,  dont  j'ay  l'ori- 
ginal, receue  par  Laumond,  notaire,  doibvent  solidaire- 
ment 150  1. 


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—  354  — 

Pierre  Dufaure,  notaire  royal,  et  Sebastien  Beral,  des 
villaiges  d'Ussac  et  de  la  Borde,  paroisse  de  Lanteuil, 
solidairement,  par  obligation  solidaire  receue  par  Ghas- 
taing,  dont  j'ay  Toriginal  du  20  febvrier  1629,  me  doib- 
vent  40  1. 

Girou  Reynal,  dit  Boyer,  du  Vialard,  par  obligation 
receue  par  Juge,  dont  j*ay  l'original  du  4  novembre 
1628,  me  doibt  10  1. 

Girou  Reynal,  du  Vialard,  et  Jehan  Seiche-Peyre,  de 
la  Favede,  solidairement,  par  obligation  solidaire,  dont 
j*ay  l'original  du  21  febvrier  1629  receue  par  Chastaing, 
me  doibvent  40  L 

Jehan  Seiche-Peyre  et  Estienne  Paschal,  solidaire- 
ment, du  villaige  de  la  Favede,  paroisse  d'Emprunie, 
par  obligation  dont  j'ay  l'original  receu  par  Chastaing 
du  20  febvrier  1629,  me  doibvent  solidairement  10  1. 

Scedule  de  trois  centz  de  Mademoyselle  de  la  Forgas, 
du  penultiesme  septembre,  jour  de  St-Michel  1632. 

Jehanne  Dandrieu,  vefve  à  feu  Tony  Reynal,  qui  me 

debvoit  vingt  livres,  m'a  baillé une  subrogation  d'une 

obligation. 

Le  vintiesme  apvril  1633,  Monsieur  du  Vialard  m'a 
preste  le  plat  basin  d'argant  que  luy  promes  randre 
demeyn,  en  foye  de  quoye  je  escris  e  signe  la  presante. 

Q.   GiLIBERT. 

Ghaptal  de  Joseph  Bersac,  du  villaige  de  la  Vivinie, 
parroisse  de  Juilhac,  du  19  de  may  1629,  de  deux  chefz 
de  bestail  recogneu  pour  24  1.  et  16  solz. 

Monsieur  de  Larmenie.  Le  19  juin  1631,  ay  preste 
à  mon  beau  frère,  le  sieur  de  Larmenie,  une  double 
pistoUe  d'Italie....,  pour  aller  a  Chambaret  (1) Mon- 
sieur Maigne,  advocat  du  Roy,  me  doibt  29  1.-12  s. 

Sera  mémoire  qu'en  avril  1631,  estant  à  Bourdeaux 
contre   les  religieuses  de  Ste-Ursule,  estans  lors  avec 

(1)  Haute-Loire.  Commune  de  Geaux-d'AUègre* 


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—  355  — 

ledit  sieur  Maigne,  et  sur  le  point  de  mon  despart, 
ledit  sieur  me  pria  de  luy  prester  Targent  que  j'aurois 
de  reste,  et  sur  ce  luy  prestai  sept  escus  d*or. 

Giral  Borie,  d'Emprunie,  du  15  juin  1628,  doibt  trois 
livres. 

Girou  Reynal,  dit  Bouyer,  du  Vialard,  par  obligation 
du  premier  de  juin  1629,  dont  j*ay  Toriginal  receu  par 
Gouchard,  me  doibt  6  1. 

Jehan  Bardisson,  maistre  cordonnier  à  Brive,  par 
obligation  du  4  juin  1629,  me  doibt,  dont  j*ay  l'ori- 
ginal receu  par  Veyssière,  la  somme  de  9  1. 

Jehan  Monteil,  du  Pui  la  Mousche,  par  obligation 
dont  j'ay  Toriginal,  me  doibt  la  somme  de  12  1.  en 
date  du  20  septembre  1629. 

Monsieur  Âmarsit,  mon  beau-frere,  par  obligation  du 
21  avril  1630  receue  par  Couchard,  notaire  royal  à 
Brive,  qui  m'en  a  deslivré  une  coppie,  me  doibt  la 
somme  de  deux  centz  soixante  livres. 

En  avril  1634  ay  prins  à  Tulle,  chez  Gahnot,  6  aulnes 
3  quartz  satin  de  Gènes,  amarante  cramoisi,  à  9  1.  5  s. 
aulne,  pour  un  cotillon  à  ma  femme. 

M.  Gerauld,  président,  par  obligation  receue  par  Juge, 
notaire  royal  de  Brive,  le  21  aousli  1620,  doibt  a  feu 
mon  père  100  1. 

Martial  Mionnade,  dit  Rigoult  Vieux,  par  obligation 
du  28  avril  1630,  dont  j'ay  receu  l'original  par  Deveille, 
nottaire  royal,  doibt  dix  livres 

Ây  preste  à  M'  de  la  Coste,  suivant  sa  lettre,  le 
14  octobre  1634,  une  double  pistolle  d'Italie  et  4  pis- 
tolletz  d'Espaigne,  vallant  tout  34  1. 

Plus,  le  26  octobre  audit  an  1634,  en  présence  de 
Mademoiselle  sa  femme 

M'  de  Lestang,  advocat,  par  scédule  du  19  mars  1635, 
luy  ay  preste  24  1.  pour  l'enterrement  de  sa  mère,  que* 
Dieu  absolve. 

Plus,  en  juin  1636,  ay  fourny  les  frais  funeraux  de 


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—  356  — 

Mad*""  sa  femme,  luy  estant  à  Bourdeaux,  et  ay  balUé 
15  1.  14  solz  qu'il  me  doibt  encore. 

Anthoine  Joyet,  de  Juilhac,  par  scédule  du  18  juin 
(1630),  à  cause  de  Tafferme  de  Puidaurad,  qu'il  a  jouy 
Tannée  passée,  me  doibt  six  vingtz  livres. 

Jehan  Courtine,  du  villaige  de  Mas  La  Courtine,  par- 
roisse  de  Jugeais  (1),  par  obligation  receue  par  Cou- 
chard,  qui  a  Toriginal  du  5  may  1630,  me  doibt  la 
somme  de  50  1. 

Monsieur  Laplasse,  advdcat  au  Parlement,  habitant  de 
Brive,  par  obligation  du  22  may  1630  receue  par  Mar- 
tin, dont  j'ay  Toriginal,  doibt  la  somme  de  100  1. 

M*  Léonard  Couchard,  procureur  et  nottaire,  par  obli- 
gation du  3  juin  1630  receue  par  Martin,  nottaire  royal, 
me  doibt  la  somme  de  cent  livres 

Madame  la  présidente  s'accoucha  d'une  ôllie  Auba- 
zine,  environ  unze  du  matin,  jour  de  sabmedy,  avec 
grand  travail,  le  14  febvrier  1632,  pleine  lune  et  jour 
de  Sainct-Felix. 

Couche  de  damoyselle  de  la  Coste,  d'un  ôlz.  Elle 
s'accoucha  le  7  avril  1634,  en  caresme,  jour  aussy  du 
vendredy  avant  les  Rameaux,  a  2  jours  et  une  heure 
du  premier  cartier  de  la  lune,  et  précisément  sans 
presque  de  travail* à  six  heures  et  demye  du  matin, 
assistée  de  sa  belle  mère  et  sœurs.  Ce  susdit  jour  7 
est  mis  au  nombre  des  dangereux  par  l'almanac  de  la 
Rivey,  au  signe  de  la  Vierge,  beau  temps  et  chaud, 
le  bled  30  solz,  le  froment  40  s.,  le  vin  aux  hostelleries 
2  s.  la  pinte,  aux  maisons  1  s.  2  caroles,  et  l'excédent 
2  s.  rarement. 

Seront  parrin  M'  Malier,  et  marine  Mad*"«  la  lieute- 
nante  generalle. 

Couche  de  Mad"""*  de  la  Coste,   sans  grand   travail. 

Le  21  aoust  1632,  un  car  d'heure  avant  9  heures  du 
matin,  temps  sombre;  aprez,  à  11  heures,  se  mit  à  ple- 

(1)  Commune  de  Brive  (Gorrèze). 


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—  357  — 

voir.  Mad*"*  de  la  Coste,  Marie  Dumas,  s'accoucha  d'une 
fort  grosse  flllie,  et  estoit  le  penultiesme  jour  de  la 
nouvelle  lune,  et  le  20°  jour  précèdent,  sur  le  soir, 
Mercure  en  sextil,  avec  la  sœur  du  Soleil,  du  signe 
de  la  Vierge  à  celuy  du  Scorpion  (1).  Le  bled  valoit 
30  s.,  onze  le  segle,  le  froment  sincquante,  jusques  à 
55  s.;  le  vin  6  1.  10  s.  le  muy,  et  7  1.  ou  7  1.  10  s.  le 
meilheur. 

Faisions  bonne  garde  à  cause  que  Monsieur  estoit  en 
Languedoc,  pour  finir  la  guerre  à  Mons'  le  cardinal  de 
Richelieu  (2) ,  bon  serviteur  du  Roy,  que  Dieu  nous 
préserve.  La  susdite  accouchée  a  esté  assistée  de  Mad»"* 
la  lieutenante  générale  sa  nièce,  sa  belle  mère,  de  sa 
belle-sœur  de  Mallier,  et  le  sieur  Mallier  la  tenoit.i  de 
Mesd®"*"  de  Larmenie  et  du  Vialard,  de  Mad*"°  de  Las- 
sessene  de  Verliac,  et  de  Dubois,  chirurgien.  Le  sieur 
de  la  Coste,  son  mary,  estoit  allé  à  la  Roche  de  Ly- 
mosin  quérir  M'  le  président  et  Madame,  ou  estoit  ma- 
lade le  sieur  Vachon,  chimrgien,  de  la  dissanterie. 

Le  19  aoust  1632,  du  matin  jour  de  vendredy,  la 
femme  de  Vachon,  chirurgien,  mon  voisin,  s'en  allant 
trouver  son  mary,  malade  de  la  dissanterie,  à  la  Roche 
de  Lymosin  ou  est  le  sieur  président;  luy  ay  preste 
trois  livres  que  Pauly  lui  porta,  en  présence  de  sa 
chamberiere. 

La  damoyselle  de  la  Coste  se  maria  le  penultiesme 
ou  dernier  aoust  1631,  jour  de  dimanche,  sur  le  tard, 
environ  a  10  ou  11  heures;  et  le  21  aoust  1632,  jour 
de  dimanche,  du  matin,  environ  9  heures  un  car,  est 
accouchée  d'une  grosse  fiUie,  heureusement,  qu'est  8  jours 


(1)  L'astrologie  judiciaire  était  de  mode  au  xvii»  siècle.  C'est  elle 
qui  donna  à  Louis  Xlll  le  surnom  de  Juste,  parce  qu'il  est  né 
sous  le  signe  de  la  Balance.  Quand  Anne  d'Autriche  accoucha  de 
Louis  XiV,  un  astrologue,  caché  dans  un  cabinet  voisin,  tira 
l'horoscopo  du  royal  enfant. 

(2)  La  guerre  contre  les  partisans  de  Gaston  d'Orléans  et  du 
maréchal  de  Montmorency,  gouverneur  de  Languedoc. 


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—  358  — 

avant  la  fin  de  Tan  de  son  mariage.  Dieu  luy  donne 
bonne  fortune.  Amen. 

Couche  de  ma  sœur  d'Amarsit  (1).  Elle  s*acoucha  la 
veille  de  St  Jehan  Baptiste,  à  onze  du  soir  prœcise- 
ment,  dans  sa  maison  en  ville,  Tan  1633,  d'une  fillie 
bien  grosse  et  grande,  et  sans  grand  peyne  et  travail, 
et  c'est  sa  troiesme  (2).  Dieu  luy  donne  bonne  fortune 
et  sa  crainte.  La  lune  estoit  de  2  jours  et  3  heures 
après  sa  plénitude,  car  estoit  pleine  le  mardy  précè- 
dent a  8  heures  du  soir  et  9  minutes. 

Le  bled  se  vend  :  le  segle  32,  33  et  4;  le  froment 
55,  56;  la  pinte  ce  vin  un  sol  et  16  deniers,  par  ville, 
le  meilleur;  sperance  de  belle  et  bonne  récolte;  grand 
tallié  sur  le  pauvre  peuple,   sur  noz  officez. 

Estienne  Durand,  Pierre  I^afbn  et  Léonard  Valet,  mes- 
tayers  à  Puidaurad  et  Chadevialle,  par  obligation  du 
7  juin  1630  dont  j'ay  les  originaux,  me  doibvent  18  1. 

Par  obligation  du  20  juin  1630,  dont  j'ay  l'original, 
François  Mauriac,  apotecaire  à  Juilhac,  à  cause  de  la 
vente  de  ma  cavalle,  me  doibt  la  somme  de  40  1. 

Du  23  juin  1630,  Anthoine  Monsours,  de  Juilhac,  par 
obligation  receue  par  CouChard,  qui  a  Foriginal  et  m'a 
baillié  coppie,  me  doibt  la  somme  (oultre  aultrez  sommes) 
de  70  1.  . 

La  Faurie  (3).  Par  tçstement  faict  recriproquement  par 
Damoyselle  de  Lieziers,  et  François  et  Philippe  de  Saint 
Viance,  belle  mère  et  mère,  vefve  à  feux  noblez  Fran- 
çois et  Bertrand  de  Malcap  (4),  père  et  fils,  en  datte  du 
12  novembre  1625,   receu  par  Delpy,  nottaire  royal  de 


(1)  Françoise  de  Sahuguet,  mariée  à  Pierre  de  Damarzit,  sei- 
gneur de  St-Michel-Marilhac  (Charente,  c.  de  la  Rochefoucauld) 
et  Vauzours. 

(2]  Elle  n'avait  pas  encore  mis  au  monde  son  fils,  Jacques-Gilbert 
de  Sahuguet-d'Amarzit. 

(3)  Paroisse  Saint-Paulin,  diocèse  de  Gahors. 

(4)  Nadaud  parle  d'un  Antoine  de  Malcap,  écuyer,  seigneur  de 
Leyssales,  époux  d'AntoimIte  de  la  Personne. 


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—  359  — 

la  Faurie,  lègue  ladite  de  Liesiers  à  sa  fille  Jehanne  (1), 
qui  estoit  feue  ma  mère,  la  somme  de  50  1. 

Du  25  juin  1630,  par  obligation  receue  par  Guilhaume 
Rigaud,  de  Juilhac,  qui  a  Toriginal....,  me  doibvent 
Guilhaume  et  Joseph  Bersacq  frères,  et  héritiers  de  feu 
leur  père  de  la  Vivinie,  31  1.  14  s. 

Vialard.  Jehan  Borie  doibt,  par  obligation  du  30  oc- 
tobre 1631  receue  par  Bach,  23  1. 

Obligation  du  26  juilliet  1630  receue  par  Couchard, 
notaire  à  Brive,  de  Libéral  de  Lys,  mareschal  à  Brive, 
Anthoine  Vedrene  de  Connac  (2),  Faure  et  Jehan  Sau- 
liere,  son  gendre  d'En  Val,  parroisse  de  Brive,  soli- 
dairement pour  60  1. 

Obligation  de  cent  soixante  dix  livres  à  moy  deues 
par.  Monsieur  Dumas,  président  à  Brive,  et  Damoyselle 
sa  mère,  solidairement,  du  28  juillet  1630,  receue  par 
Veyssiere. 

Par  obliguacion  du  8  décembre  1630,  doibt,  Berthou 
de  Bach,  laboureur  de  Brive,  la  somme  de  six  1.  unze 
solz. 

Quittance  donnée  par  le  propriétaire  de  la  boutique 
de  Marguerite  Melton  à  Sahuguet  du  Vialard,  pour  mar- 
chandises fournies  à  lui  ou  à  ses  gens  (Brive,  5  mars 
1631). 

Du  dernier  juin  1630,  obligation  de  16  1.  deue  par 
Jehan  Favede,  du  Vialard. 

Marty  Reigal,  voyturier,  et  Heliot  del  Priu,  laboureur 
de  Berchat  las  Noulz,  parroisse  de  Ste  Fereolle,  doibvent 
la  somme  de  150  1. 

Monsieur  Dolier,  accesseur  des  esleus,  Jehan  Ley- 
marye  del  Fourns  Albert,  Muiate  dict  Trautin,  hoste 
de  Larche,  Jehan  Beaureguard,  bourgeois  du  lieu  de 
Pazayat,  tous,   soUidairement,  me  doibvent,  par  obliga- 


(i)  Jeanne  de  Malcap  épousa  Denis  de  Sahuguet,  conseiller  en 
Tôlection  de  Brive. 
(2)  Gosnac,  commune  du  canton  de  Bii|re. 


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—  360  — 

tion  receu  par  Couchard,  notaire  royal,  qui  a  Fori- 
ginal  devers  luy  et  m'en  a  bailhé  une  coppie  en  datte 
du  16  apvril  1631. 

Transaction  entre  Mons'  du  Vialard  et  Helier  Pomeau 
de  Genitz,  concernant  rardoize....,  en  datte  du  1"  mars 
1631. 

Quittance  de  cens  cinquante  livres  a  moy  bailhée 
par  Pierre  Poingnet,  parfumeur,  du  villaige  du  Vial- 
lard....,  receue  par  Couchart le  14  octobre  1631. 

Obligation  solidaire  de  huict  vingtz  livres  en  datte  du 
23  febvrier  1632,  receue  par  M*  Nouel  Geofifre  contre 
M**  François  Reynaud,  François  Poumeau  et  Joseph 
d'Auvergne,  tous  habitans  du  bourg  de  Genis. 

Gabriel  d'Auvergne,  couvreur,  du  bourg  de  Genis, 
par  obligation  receue  par  La  Poire,  notaire  à  Brive, 
le  23  novembre  1634,  doibt  la  somme  de  2  1. 

Prêt  le  3  octobre  1632,  à  la  Toinette  de  La  Bastilla. 

Obligation  de  23  1.  8  solz  en  original,  consentie  par 
Jehan  Borie,  du  Vialard,  pour  les  parfums  et  medica- 
mentz 

Obligation  solidaire  d'Antoine  Joyet  et  Gerauld  de 
Laye  de  Gousan,  du  24  aoust  1632. 

Obligation  de  20  1 receue  par  de  Bach,   nottaire 

royal  (à  Brive),  contre  Estienne  Gilibert  dit  Mercier. 
Original  d'obligation  de  Pui  Jalon,  menuisier  à  Brive, 
et  qui  a  une  vigne  tenante  à  la  mienne. 

Obligation  sollidaire  de  la  somme  de  troys  cens  livres 
deuhes  par  Léonard  Dupuy,  juge  de  St  Bonnet,  et  Léo- 
nard La  Jugie,  de  Ghabrignac  (IJ,  receue  par  Dufour, 
nottaire  de  Brive  (27  novembre  1632). 

Du  29  novembre  1632,  obligation  solidaire  de  240  L 
par  Jehan  Seguy  et  aultres,  de  St  Robert  (2)  d'Outrai. 

Pai*  obliguation  receue  par  Dufour,  Jehan  et  Estienne 
Gellibert,  père  et  filz,  me  doibvent  la  somme  de  deux 


(1)  Canton  de  Juillac  (Gorrèze). 

(2)  Canton  d'Ayen  (Corrôze). 


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—  361  — 

centz  livres,  et  pour  plus  grande  seurté  m'ont  angagé 
ung  plat,  bassin,  une  eygière  et  une  sallière  d'argent 
sans  doiTure,  ou  les  armes  de  Madame  de  Place  sont 
gravées. 

(Le  même  jour,  prêt  à  Mad*"*  de'  Lestang  Lavorre.) 

Le  Î2  janvier  1633,  ay  preste  à  Monsieur  Laplasse, 
advocat,  la  somme  de  cent  livres  par  obliguation. 

Du  11  febvrier  1633,  preste  à  Jehan  Bove,  du  Via- 
lard,  sinq  livres. 

Du  28  juilliet  1633.  Mons*"  de  Soulages  me  doibt  trois 
escuz  d'or. 

Prêt  à  Léonard  Dupuy  et  Aymard  Aultier,  de  Saint 
Bonnet  la  Rivière,  le  8  juillet  1633. 

Prêt  à  Domenech,  de  Juilhac,  le  11  août  1630,  en 
présence  d'Amarzit,  élu  de  Brives,  et  de  Delpy,  clerc 
de  M'  de  Vialard. 

Prêt,  le  5  octobre  1633,  par  devant  Noël  Geoffre,  de 
la  Vaurie,  parroisse  de  St  Meymiu,  à  Anthoine  Nas- 
pouey,  Jehan  Champsac,  Léonard  Pomeau,  François  Po- 
meau,  arpenteur,  et  François  Pomeau,  hoste,  à  St  Genis. 

Scedule  d'Avril,  marchant,  pour  14  1.  10  s.,  du  14  no- 
vembre 1633 

Du  15  décembre  1633,  vante  de  bois  faicte  au  sieur 
Demenech,  de  Segur,  de  certains  bois  à  la  Mandrie. 

Du  13  juillet  1634.  Bourdereau  de  l'argent  pour  moy 
ballié  à  M'  Saige,  pour  ma  cottité  de  la  taxe  du  sol 
pour  livre 

23  aoust  1634.  Ay  preste  à  M'  Vielbans,  le  contre- 
roUeur,  la  conférence  des  ordonnances  en  grand  volume 
in  follio,  couverte  d'un  velin  amaranthe  avec  des  fille tz 
d'or,  et  mon  nom  est  script  en  divers  feuillietz 

(Le  journal  n'a  pas  été  continué,) 


T    IX.  8-iS 


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LOI 

fwt  la 


COIËRVATION  DES  lOllHTS 

ET  OBJETS  D'ART 

AYANT  UN  INTÉRÊT  HISTORIQUE  ET  ARTISTIQUE 


Nous  reproduisons,  d'après  le  Journal  officiel  du  31  mars 
dernier,  le  texte  d'une  loi  récemment  adoptée  pour  la 
conservation  des  Monuments  et  Objets  d'art  ayant  un  intérêt 
historique  et  artistique.  C'est  un  document  des  plus  inté- 
ressants pour  les  archéologues,  les  antiquaires,  et  en 
général  pour  toutes  les  personnes  qui  s'intéressent  à 
l'histoire  du  pays  : 

Le  Sénat  et  la  Chambre  des  députés  ont  adopté, 
Le  Président  de  la  République  promulgue  la  loi  dont 
la  teneur  suit  : 


CHAPITRE  PREMIER 

IMMEUBLES  ET  MONUMENTS  HISTORIQUES  OU   MÉGALITHIQUES 

Article  premier.  —  Les  inuneubles  par  nature  ou  par 
destination  dont  la  conservation  peut  avoir,  au  point  de 
vue  de  l'histoire  ou  de  l'art,  un  intérêt  national,  seront 
classés  en  totalité  ou  en  partie  par  les  soins  du  ministre 
de  l'instruction  publique  et  des  beaux-arts. 

Art.  2.  —  L'immeuble  appartenant  à  l'État  sera  classé 
par  arrêté  du  ministre  de  l'instruction  publique  et  des 
beaux-arts,  en  cas  d'accord  avec  le  ministre  dans  les 
attributions  duquel  l'immeuble  se  trouve  placé.  Dans  le 


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—  364  — 

cas  contraire,  le  classement  sera  prononcé  par  un  décret 
"rendu  en  la.  forme  des  règlements  d'administration  pu- 
blique. 

L'immeuble  appartenant  à  un  département,  à  une  com- 
mune, à  une  fabrique  ou  à  tout  autre  établissement 
public,  sera  classé  par  arrêté  du  ministre  de  l'instruc- 
tion publique  et  des  beaux-arts,  s'il  y  a  consentement 
de  rétablissement  propriétaire  et  avis  conforme  du  mi- 
nistre sous  l'autorité  duquel  l'établissement  est  placé. 
En  cas  de  désaccord,  le  classement  sera  prononcé  par 
un  décret  rendu  en  la  forme  des  règlements  d'adminis- 
tration publique. 

Art.  3.  —  L'immeuble  appartenant  à  un  particulier 
sera  classé  par  arrêté  du  ministre  de  l'instruction  pu- 
blique et  des  beaux-arts,  mais  ne  pourra  l'être  qu'avec 
le  consentement  du  propriétaire.  L'arrêté  déterminera  les 
conditions  du  classement.  S'il  y  a  contestation  sur  l'in- 
terprétation et  sur  l'exécution  de  cet  acte,  il  sera  statué 
par  le  ministre  de  l'instruction  publique  et  des  beaux- 
arts,  sauf  recours  au  conseil  d'Etat  statuant  au  con- 
tentieux. 

Art.  4.  —  L'immeuble  classé  ne  pourra  être  détruit, 
même  en  partie,  ni  être  l'objet  d'un  travail  de  restau- 
ration, de  réparation  ou  de  modification  quelconque,  si 
le  ministre  de  l'instruction  publique  et  des  beaux-arts 
n'y  a  donné  son  consentement. 

L'expropriation  pour  cause  d'utilité  publique,  d'un  im- 
meuble classé,  ne  pourra  être  poursuivie  qu'après  que 
le  ministre  de  l'instruction  publique  et  des  beaux-arts 
aura  été  appelé  à  présenter  ses  observations. 

Les  servitudes  d'alignement  et  autres  qui  pourraient 
causer  la  dégradation  des  monuments  ne  sont  pas  appli- 
cables aux  immeubles  classés. 

Les  effets  du  classement  suivront  l'immeuble  classé, 
en  quelques  mains  qu'il  passe. 

Art.  5.  —  Le  ministre  de  l'instruction  publique  et  des 
beaux-arts  pourra,   en   se  conformant  aux   prescriptions 


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—  365  — 

de  la  loi  du  3  mai  1841,  poursuivre  Texpropriation  des 
monuments  classés,  ou  qui  seraient  de  sa  part  Tobjet 
d'une  proposition  de  classement  refusée  par  le  parti- 
culier propriétaire. 

Il  pourra,  dans  les  mêmes  conditions,  poursuivre 
l'expropriation  des  monuments  mégalithiques,  ainsi  que 
celle  des  terrains  sur  lesquels  ces  monuments  sont  placés. 

Art.  6.  —  Le  déclassement,  total  ou  partiel,  pourra 
être  demandé  par  le  ministre  dans  les  attributions  du- 
quel se  trouve  Timmeuble  classé  par  le  département, 
la  commune,  la  fabrique,  rétablissement  public  et  le 
particulier  propriétaire  de  l'immeuble. 

Le  déclassement  aura  lieu  dans  les  mêmes  formes  et 
sous  les  mêmes  distinctions  que  le  classement. 

Toutefois,  en  cas  d'aliénation  consentie  à  un  parti- 
culier de  l'immeuble  classé  appartenant  à  un  départe- 
ment, à  une  commune,  à  une  fabrique  ou  à  tout  autre 
établissement  public,  le  déclassement  ne  pourra  avoir 
lieu  que  conformément  au  paragraphe  2  de  l'article  2. 

Art.  7.  —  Les  dispositions  de  la  présente  loi  sont  appli- 
cables aux  monuments  historiques  régulièrement  classés 
avant  sa  promulgation. 

Toutefois,  lorsque  l'État  n'aura  fait  aucune  dépense 
pour  un  monument  appartenant  à  un  particulier,  ce 
monument  sera  déclassé  de  droit  dans  le  délai  de  six 
mois  après  la  réclamation  que  le  propriétaire  pourra 
adresser  au  ministre  de  l'instruction  publique  et  des 
beaux-arts,  pendant  l'année  qui  suivra  la  promulgation 
de  la  présente  loi. 

CHAPITRE  II 

OBJETS    MOBILIERS 

Art.  8.  —  Il  sera  fait,  par  les  soins  du  ministre  de 
l'instruction  publique  et  des  beaux-arts,  un  classement 
des  objets  mobiliers  appartenant  à  l'État,  aux  départe- 
ments, aux  communes,  aux  fabriques  et  autres  établis- 


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—  366  — 

sements  publics  dont  la  conservation  présente,  au  point 
de  vue  de  Thistoire  ou  de  Tart,  un  intérêt  national. 

Art.  9.  —  Le  classement  deviendra  définitif  si  le  dé- 
partement, les  communes,  les  fabriques  et  autres  éta- 
blissements publics  n'ont  pas  réclamé,  dans  le  délai  de 
six  mois,  à  dater  de  la  notification  qui  leur  en  sera 
faite.  En  cas  de  réclamation,  il  sera  statué  par  décret 
rendu  en  la  forme  des  règlements  d'administration  pu- 
blique. 

Le  déclassement,  s'il  y  a  lieu,  sera  prononcé  par  le 
ministre  de  l'instruction  publique  et  des  beaux-arts.  En 
cas  de  contestation,  il  sera  statué  comme  il  vient  d'être 
dit  ci-dessus. 

Un  exemplaire  de  la  liste  des  objets  classés  sera  dé- 
posé au  ministère  de  l'instruction  publique  et  des  beaux- 
arts  et  à  la  préfecture  de  chaque  département,  où  le 
public  pourra  en  prendre  connaissance  sans  déplacement. 

Art  10.  -—  Les  objets  classés  et  appartenant  à  l'État 
seront  inaliénables  et  imprescriptibles. 

Art.  11.  —  Les  objets  classés  appartenant  aux  dépar- 
temeots,  aux  communes,  aux  fabriques  ou  autres  éta- 
blissements publics,  ne  pourront  être  restaurés,  réparés, 
ni  aliénés  par  vente,  don  ou  échange,  qu'avec  l'auto- 
risation du  ministre  de  l'instruction  publique  et  des 
beaux-arts. 

Art.  12.  —  Les  travaux,  de  quelque  nature  qu'ils  soient, 
exécutés  eji  violation  des  articles  qui  précèdent,  donne- 
ront lieu,  au  profit  de  l'État,  à  une  action  en  dommages- 
intérêts  contre  ceux  qui  les  auraient  ordonnés  ou  fait 
exécuter. 

Les  infractions  seront  constatées  et  les  actions  inten- 
tées et  suivies  devant  les  tribunaux  civils  ou  correc- 
tionnels, à  la  diligence  du  ministre  de  l'instruction  pu- 
blique et  des  beaux-arts  ou  des  parties  intéressées. 

Art.  13.  —  L'aliénation  faite  en  violation  de  l'article  11 
sera  nulle,  et  la  nullité  en  sera  poursuivie  par  le  pro- 
priétaire  vendeur  ou   par  le  ministre   de  l'instruction 


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—  367  — 

publique  et  des  beaux-arts,  sans  préjudice  des  dommages^- 
intérêts  qui  pourraient  être  réclamés  contre  les  parties 
contractantes  et  contre  rofBcier  public  qui  aurait  prêté 
son  concours  à  Pacte  d'aliénation. 

Les  objets  classés  qui  auraient  été  aliénés  irréguliè- 
rement, perdus  ou  volés,  pourront  être  revendiqués  pen- 
dant trois  ans,  conformément  aux  dispositions  des  articles 
2279  et  2280  du  code  civil.  La  revendication  pourra  être 
exercée  par  les  propriétaires  et,  à  leur  défaut,  par  le 
ministre  de  Finstruction  publique  et  des  beaux-arts. 

CHAPITRE  III 

FOUILLBS 

Art.  14.  —  Lorsque,  par  suite  de  fouilles,  de  travaux 
ou  d'un  fait  quelconque,  on  aura  découvert  des  monu- 
ments, des  ruines,  des  inscriptions  ou  des  objets  pou- 
vant intéresser  l'archéologie,  l'histoire  ou  l'art,  sur  des 
terrains  appartenant  à  l'État,  à  un  département,  à  une 
commune,  à  une  fabrique  ou  autre  établissement  public, 
le  maire  de  la  commune'  devra  assurer  la  conservaton 
provisoire . des  objets  découverts,  et  aviser  immédiate- 
ment le  préfet  du  département  des  mesures  qui  auront 
été  prises. 

Le  préfet  en  référera,  dans  le  plus  bref  délai,  au 
ministre  de  l'instruction  publique  et  des  beaux-arts,  qui 
statuera  sur  les  mesures  définitives  à  prendre. 

Si  la  découverte  a  eu  lieu  sur  le  terrain  d'un  parti- 
culier, le  maire  en  avisera  le  préfet.  Sur  le  rapport 
du  préfet  et  après  avis  de  la  commission  des  monu- 
ments historiques,  le  ministre  de  l'instruction  publique 
et  des  beaux-arts  pourra  poursuivre  l'expropriation  dudit 
terrain,  en  tout  ou  en  partie,  pour  cause  d'utilité  pu- 
blique, suivant  les  formes  de  la  loi  du  3  mai  1841. 

Art.  15.  —  Les  décisions  prises  par  le  ministre  de 
l'instruction  publique  et  des  beaux-arts,  en  exécution  de 
la  présente  loi,  seront  rendues  après  avis  de  la  com- 
mission des  monuments  historiques. 


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—  368  ^ 
CHAPITRE  IV 

DISPOSITIONS    SPÉCIALES    A    l'aLGÉRIE 
ET  AUX   PAYS   DE    PROTECTORAT 

Art.  16.  —  La  présente  loi  est  applicable  à  TAlgém. 

Dans  cette  partie  de  la  France,  la  propriété  des  objets 
d'art  ou  d'archéologie  :  édifices,  mosaïques,  bas-reliefs, 
statues,  médailles,  vases,  colonnes,  inscriptions,  qui  pour- 
raient exister  sur  et  dans  le  sol  des  immeubles  appar- 
tenant à  rÉtat  ou  concédés  par  lui  à  des  établissements 
publics  ou  à  des  particuliers,  sur  et  dans  les  terrains 
militaires,  est  réservée  à  l'État. 

Art.  17.  —  Les  mômes  mesures  seront  étendues  à  tous 
les  pays  placés  sous  le  protectorat  de  la  France  et  dans 
lesquels  il  n'existe  pas  déjà  une  législation  spéciale. 

DISPOSITION   TRANSITOIRE 

Art.  18,  —  Un  règlement  d'administration  publique  dé- 
terminera les  détails  d'application  de  la  présente  loi. 

La  présente  loi,  délibérée  et  adoptée  par  le  Sénat  et 
par  la  Cbambre  des  députés,  sera  exécutée  comme  loi 
de  l'État. 

Fait  à  Paris,  le  30  mars  1887. 

Jules  GRÉVY. 

Par  le  Président  de  la  République  : 
Le  ministre  de  r instruction  publique  et  des  beaux^arts^ 
BERTHELOT. 


La  loi  est  suivie  d'un  tableau-anuexe  dans  lequel  sont 
indiqués  les  monuments  historiques  de  tous  les  dépar- 
tements de  France  et  d'Algérie. 

Nous  relevons,  dans  ce  tableau,  tout  ce  qui  a  trait  à 
notre  région,  en  complétant  cette  nomenclature  par  quel- 
ques notes  mises  au  bas  des  pages. 


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-^  369  — 
MONUMENTS  HISTORIQUES 

I.  —  Monuments  mégaUthiques. 

CoRRÈzE.  —Argentat  :  Meahir;  la  Grave  de  Roland  (1). 
—  Obasine  :  Cromlech  du  Puy  de  Pauliac  (2).  --^  Esparti- 
gnac  :  Dolmen;  la  maison  du  Loup (3).  —  Feyt  :  Cromlech. 


CROMLECH    DU   PUY  DE   PAULIAC 


(1)  Décrit  par  M.  Ph.  Lalande  :  Mémoire  sur  les  moiiumente 
préhistoriques  de  la  Corrèze,  p.  42.  Saint-Jean-d'Angély,  impri- 
merie Lemariô,  1867.  —  Dessin  de  M.  E.  Rupin,  au  Musée  de 
Saint-Germain. 

(2)  Décrit  par  M.  Ph.  Lalande»  loc.  cit.,  p.  35.  —  Dessin  de 
M.  £.  Rupin,  au  Musée  de  Saint-Germain;  nous  en  donnons  ici 
une  reproduction.  (Cette  gravure  a  déjà  été  publiée  dans  les  Ma,' 
lèriaux  pour  l'histoire  de  l'Homme,  XI""  volume,  1876,  p.  304, 
à  l'appui  d'une  notice  spéciale  consacrée  par  M.  Ph.  Lalande  à  la 
description  de  ce  cromlech.  M.  Gartailhac  nous  a  fort  obligeam- 
ment prêté  le  cliché.) 

(3)  Décrit  par  M.  Ph.  Lalande,  toc.  cit.,  p.  23.  —  11  est  à  re- 
gretter qu'on  ait  choisi,  de  préférence  à  d'autres,  le  dolmen  de 
la  Maison  du  Loup,  qui  n'est  point  le  plus  remarquable  de  la 


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—  370  — 

Creuse.  —  Blessac  :  Dolmen.  —  Champagnac  :  Menhir; 
la  Pierre-Femme.  —  Dun-le-Palleteau  :  Dolmen  ;  la  Pierre- 
Eubeste.  —  Serre-Bussière^Vieille  {La)  :  Dolmen.  —  Bouter* 
raine  {La)  :  Menhir  de  la  Gevafie. 

Haute- Vienne.  —  Amac^lO'Poste  :  Dolmen  ;  le  Four  des 
Fées;  Menhir;  la  Pierre  vironaise.  —  Cieux  :  Menhir  près 
du  Ceinturât.  — St^Laurent^sur^Gorre  :  Dolmen;  la  Pierre 
levée.  —  Saint''Léger''Magnazeix  :  Polissoir;  le  Peulvan  de 
Séjotte. 

II.  —  Monuments  antiques. 

CoRRÈzE.  —  Naves  :  Arènes  de  Tintiniac  (1). 
Creuse.  —  Évava>  :  Thermes.   • 

III.  —  Monuments  du  Moy engage, 
de  la  Renaissance  et  des  temps  mx>demes. 

CoRRizE.  —  Amac-Pompadour  :  Église.  —  ObaHne  :  Église. 
Beaulieu  :  Église.  —  Brive  :  Église  Saint -Martin;  Petit- 
Séminaire  (2)  ;  maison  à  tourelles  (3).  —  Meymac  :  Église  (4). 
—  Moustier'Vmtadour  :  Château  de  Ventadour  (5).  —  Saint' 
Àngel  :  Église  (6).  —  Saint^Cyr^lorRoche  :  Église.  —  Saint- 


Gorrèze.  Les  dolmens  les  plus  intéressants  et  les  mieux  conservés 
sont  ceux  de  la  Cabane  des  Fées,  près  de  Brugeilles,  commune 
de  Beynat;  de  Glairfage,  commune  de  Sainte-Fortunade  ;  de  La 
Païen  et  de  La  Ghassagne,  commune  de  Saint- Sernin-de-Larche. 
Les  dess;ns  de  ces  dolmens  se  trouvent  au  Musée  de  Saint- 
Germain. 

(1)  G'est  &  tort  que  ce  monument  est  désigné  sous  le  nom 
d'Aréne«.  G'est  un  théâtre  romain  dont  les  ruines  avaient  depuis 
longtemps  attiré  l'attention;  mais  c'est  tout  récemment  que  l'en- 
semble des  substructions  a  été  mis  à  découvert  par  M.  Guillot. 
Voir,  à  ce  sujet,  le  travail  inséré  dans  le  Bulletin,  tome  VII, 
année  1885,  p.  633,  et  les  plans  qui  l'accompagnent. 

(2)  Voir,  page  335  du  Bulletin,  la  reproduction  d'une  des  sculp- 
tures de  cet  établissement. 

(3)  Gette  maison  appartient  à  M.  René  Bosredon. 

(4)  Dessin,  voir  Bulletin,  t.  VIII,  p.  25. 

(5)  Dessin,  voir  Bulletin,  t.  III,  p.  217. 

(6)  Dessin»  voir  Bulletin,  t.  VI,  p.  357. 


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_  371  — 

Robert  :  Église.  —  Ségur  :  Chapelle.  —  Tulle  :  Cathédrale 
Notre-Dame;  Maison  Sage(l),  place  de  la  Cathédrale.  — 
Turenne  :  Tour  dite  de  César.  —  Uzerche  :  Église.  —  Fi- 
geois  :  Église. 

Creuse.  —  Bénévent  :  Église.  —  Chambon  :  Église  Sainte- 
Valérie.  —  Chénerailles  :  Tombeau  de  Barthélémy  de  la 
Place  dans  Téglise.  —  Felletin  :  Lanterne  des  Morts.  — 
Moustier^'Ahun  {Le)  :  Stalles  et  boiseries  du  chœur  de 
Téglise.  —  Saint'Pierre'de'Fursac  :  Vitraux  de  Téglise.  — 
Souterraine  (La)  :  Église. 

Haute- Vienne.  —  Boisseuil  :  Ruines  du  château  de  Cha- 
lucet.  —  Dorât  {Le)  :  Église.  —  Limoges  :  Cathédrale  Saint- 
Étienne.  —  Rochechouart  :  Château  (aujourd'hui  sous-pré- 
fecture). —  Saint'Junien  :  Église.  —  Saint^Léonard  :  Église. 
—  Saint^Yrieix  :  Église.  —  Solignac  :  Église. 


NOTA.  —  Un  avis  inséré  dans  un  des  numéros  suivants  du 
Journal  officiel  a  fait  connaître  que  cette  liste  n'était  donnée 
qu'à  titre  de  renseignement. 


(1)  Voir  dans  le  Bulletin,  tome  II,  p.  56,  une  eau-forte  repré- 
sentant une  partie  de  cette  maison. 


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SIMPLES  NOTIONS 

DmiENNE  GËOCBArillE  BAS-UIOUSINE 

Avec  leur  application,  soit  aux  Cartulaires  de  Tulle  et  de  Vigeois 
soit  au  Gartulaire  de  Beaulieu 


BIAIS  PLUS  PARTICULIÈREMENT  POUR  CE  DERNIER,  AUX 
IDENTIFICATIONS   DE  M.   DELOCHE,  DE  l'iNSTITUT 


Suite  (1). 


CHARTE  LXXXV.  —  Le  manuscrit  Costa  porte  en 
marge,  en  patois  barbare  :  «  De  sertans  (sk)  teras  que 
son  a  la  parocha  d'à  Arnac,  »  et  la  date  :  «  de  954  à 
986.  »  L'annotateur  a  pris  ici,  sinon  le  Pirée  pour  un 
nom  d'homme,  du  moins  la  vicairie  pour  la  paroisse 
(du  Puy-)  d'Asnac. 

Palierius.  D.  O.  —  C.  Palier,  paroisse  de  Lagleygeolle, 
commune  de  Meyssac,  à  côté  de  Marsac,  où  existe  un 
lieu  dit  le.  Bos. 

Marciacus,  in  vicaria  asnacensi,  D.  Marsac  (St-Basile- 
de-Meyssac).  C.  Il  n'y  en  a  point,  mais  bien  à  côté 
(Meyssac).  Ce  Marsac  a  été  seigneurie  et  appartient  à 
la  famille  ArgueyroUe.  M.  D.  eût  dû  pousser  sa  vicairie 
d' Arnac  sur  la  carte,  jusqu'au  Nord  de  Meyssac,  puisque, 


(1)  Voir  Bulletin,  tome  IX,  p.  155. 

Nous  rappelons  que  la  majuscule  D  désigner^a  par  abréviation  la 
conjecture  de  M.  Deloche,  la  mt^uscule  G  devant  être  lue  Gham- 
peval  dans  ce  dialogue  figuré,  où  O  signifie  que  Tinterlocuteur,  ne 
propose  aucune  identification. 


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—  374  — 

de  son  propre  aveu  des  tables  d'identification,  il  s'agit 
là  de  Marsac,  assis  au  Nord  de  Meyssac.  Rien  dans  le 
Cartulaire  ne  l'autorisait  à  inscrire  Meyssac  en  la  vi- 
cairie  de  Turenne.  Un  Gauzlenus,  probablement  le  même, 
place  encore  Mardacus  in  vicaria  Asnacensi  charte  CXLIX". 
Celle  qui  va  suivre  nous  retient  vers  Meyssac,  avec  le 
don  d'Etienne,  prêtre  de  Mainzaco  (1).  Sans  être  classées 
absolument  par  terres,  et  nous  entendons  par  là  les 
propriétés  de  l'abbaye,  sises  du  même  côté,  les  chartes 
semblent,  en  plusieurs  cas,  nous  donner  lieu  de  con- 
clure un  peu  au  rapprochement  des  lieux  donnés  d'après 
la  contiguïté  des  titres  de  concession.  Cet  argument  se- 
rait plein  de  force  si  nous  avions  afiFaire  au  Cartulaire 
d'Obazine,  dont  M.  Brunet,  ancien  ministre,  son  heu- 
reux possesseur,  a  eu  la  bonté  de  nous  laisser  prendre 
longuement  communication,  soimiettant  de  plus  à  nos 
recherches,  avec  une  bienveillance  qui  ne  surprendra 
personne,  soit  à  Paris,  soit  à  son  château  de  la  Bour- 
geade  (Saint-Hilaire-Bonneval ,  Haute- Vienne) ,  la  très 
riche  collection  (2)  de  vieux  titres  bas-limousins  qu'il  a 
depuis  longtemps  amassée.  Dans  ce  Cartulaire  d'Obazine, 
malheureusement  demeuré  inédit,  mais  que  M.  Brunet 
désire  bien  publier,  les  nombreuses  possessions  de  l'ab- 
baye sont  généralement  énumérées,  en  rangeant  les  do- 
nations selon  le  groupement  postérieur  des  biens  par 
Granges.  Grangia  de  Alix,  —  de  Sancto^ Palladio  (Saint- 
Palavy),  de  Serra,  etc.  Rien  de  plus  conforme  aux  inté- 
rêts du  monastère. 


(1)  La  plus  ancienne  forme  latine  de  Meyssac,  puis  de  Maen- 
saco,  Maniciaco,  Maysshacum. 

(2)  M.  Brunet  a  pu  faire  bonne  provision,  d'autant  plus  facile- 
ment autour  d'U^erche,  Pompadour  et  Vigeois,  qu'il  y  a  trente 
ans  on  tenait  assez  peu,  parmi  les  successeurs  des  pillards  de  93 
—  ou  des  bourgeois,  fermiers  de  seigneuries  (détenteurs  tempo- 
raires des  terriers  à  ce  titre),  —  à  ce  genre  de  paperasse,  heureu- 
sement jugée  indigne  de  plier  du  tabac. 


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-^  375  — 

CHARTE  LXXXVIII.  —  Le  manuscrit  Costa  dit  en 
marge  Sordoyra.  M.  D.  le  francise  Swrdoire,  ce  qui  dé- 
route un  peu  les  chercheurs  à  la  table.  On  ^t  et  écrit 
couramment  aujourd'hui  Sowrdoire.  Nous  ne  contesterons 
pas  le  Sourdoire  de  Lachapelle-aux-Saints,  mis  en  avant 
par  M.  D.,  mais  nous  lui  observerons  que  le  long  de 
nos  rivières  s'échelonnaient  divers  tènements  homonymes 
de  chacune  d'elles.  C'est  ainsi  qu'il  y  a  eu  le  lieu  habité 
de  Corrèze,  aux  portes  de  Brive,  et  une  fasion  de 
Courèze  sur  la  rive  gauche,  sous  Obazine,  1607.  (Papiers 
de  M.  Julien  Lalande,  à  Brive.)  Il  a  donc  pu  y  avoir  plu- 
sieurs Sourdoire,  et  la  silva  Surdoira,  près  Geneste  et 
Tellide  (charte  CXLIP),  que  nous  placerons  vers  Saint- 
Geniès-lez-Curemonte,  en  est  probablement  une  preuve. 

CHARTE  LXXXIX.  —  Nous  retrouvons  la  famille  des 
Stephanus.  Cela  vaut  un  avis  de  se  reporter  sur  les 
cartes  actuelles  vers  8aint-Basile-de-Meyssac.  Bretenis, 
traduit  Bretenoux  en  marge  du  manuscrit,  est  à  iden- 
tifier {probablement  avec  Bretenoux  (Lot)  d'après  M.  De- 
loche.  Les  chartes  IIP  et  CXCIIP  disent  Bretonoro; 
M.  D.,  à  V Index ^  a  écrit  Bretenorum.  C.  Ce  Bretenis  ne 
serait-il  pas  vers  le  susdit  Saint-Basile  et  le  Pescher? 

Les  homonymes  ne  manquent  pas.  Il  y  eut  en  1351, 
près  de  Rochefort  de  Sornac  (Corrèze),  un  lieu  de  Bre- 
tenoux (Terrier  de  la  Gastine  et  Confolent,  archives  de 
M.  de  Selve  de  Sarran,  fort  hospitalièrement  communi- 
quées en  son  château  de  la  Gane,  près  Saint-Exupéry). 
Il  y  eut  de  même  un  village  de  Comiac  (Goulles),  1726 
(papiers  de  Laqueille),  près  Mazières,  Léobazel,  Rouziers, 
Pompignac.  Passez  la  Cère,  et  vous  trouvez  presque  en 
face  le  bourg  de  Comiac  (Lot),  facile  à  confondre  avec 
celui-ci,  comme  on  le  voit.  Mazières  et  Rouziers  con- 
frontaient à  La  Peyre-Saint-Martin  [aujourd'hui  La  Peyre 
(Camps),  signifiant  pierre  milliaire],  ont  disparu  égale- 
ment, au  moins  de  nom. 

Sancti  Johannis.   d.  O.   à  l'index,  et   l'a  omis  à  la 


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—  376  — 

Table  française.  —  C.  Saint-Jean  du  Pécher  (Sérillac). 
Quant  au  Pêcher,  il  avait  pour  patron  saint  Jean,  car 
on  trouve  à  la  série  G  1  de  la  Préfecture  de  Limoges  : 
«  La  chapellenie  de  Saint-Jean  du  Pêcher,  1745,  »  —  et 
1779,  Joseph,  vicomte  de  Saiut-Chamans,  seigneur  du 
Pescher,  est  collateur  de  la  chapelle  Saint-Jeau-l'Évan- 
géliste,  du  château  du  Pêcher  (papiers  Sol-Lalande).  On 
y  fait  encore  une  ballade  et  procession  à  la  Saint-Jean- 
Baptiste. 

Nous  interpréterions  ainsi  cette  phrase  qui  semble  obs- 
cure teneat  :  X""  ad  obedientiam  sancti  Johannis  (de  pis- 
cario,  subauditum  :  in  vicaria  Serilhacense).  [C'est-à-dire 
mouvant  de  notre  terre  du  Pescher.] 

2°  Ad  obedientiam  sancti  Baudilii,  in  tornense,  que 
nous  traduirions  :  relevant  de  notre  terre  de  St-Baudile- 
de-Meyssac. 

Ce  sanctus  baudilius,  que  les  chartes  CL  et  CLXXVII 
achèvent  de  nous  montrer  à  la  fois  svu  pays  de  Turenne 
et  en  la  vicairie  d'Arnac  (ce  qui  devait  inviter  M.  D. 
à  se  rapprocher  de  Turenne,  comme  nous  avions  pensé 
que  sa  conjecture  plaçant  Meyssac  en  la  vicaria  Tori- 
nensi  en  avait  été  fortifiée),  M.  Deloche  l'identifie  LXJra- 
dour  (Tudeil).  » 

Pour  une  appellation  d'oratorium  sancti  baudilii,  ou 
en  peut  citer  quatre  isur  cinq)  de  sancti  baudilii,  tout 
court.  Quant  à  la  forme  vraic^  Baudile  pour  Basile,  elle 
ne  fait  pas  difficulté  et  fui  usitée  ici  jusque  vers  la  Ré- 
volution. On  altère  encore  Saint-Basile  de  Laroche  en 
Bauvire,  Bauzire,  d  en  s,  z,  sermone  rustico.  Oratorium^ 
en  principe,  au  moyen  âge,  désignait  le  plus  souvent  de 
simples  croix-limites  et  de  dévotion,  d'expiation.  Un 
exemple  de  croix  expiatoire  : 

6  septembre  1553.  Transaction  notariée  reçue  if*  Be^^traiid^ 
sur  Vhomicide  commis  en  la  personne  de  feu  Jean  Gros,  ma^ 
réchal  de  Salon,  par  François  Roubert  Malroussias^  auquel 
Pierre  GroSy  père  de  l'homicide,  pardonne  pleinement^  à  la 
condition  que  Robert  lui  cédera  sa  maison  de  Salon,  a  fera 


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—  377  —     ' 

»  dire  une  messe  par  an^  et  dresser  sur  le  chemin  de  Limoges 
»  à  Toulouse,  passant  à*La  Reboulie  {Salon),  ung  oratoyre  de 
»  pierre,  avec  une  fenestre  dans  laquelle  sera  ung  ymage  de 
»  N.'D.  en  grisle  de  fer,  en  tout  de  pareille  grandeur  et  estoffe 
»  que  xmg  autre  qui  est  fait  au  lieu  de  Uescure-Rabau  [Mas» 
»  seré,  »  [Archives  de  M.  le  comte  de  Montbroii,  au  châ- 
teau de  Forsac  (Benayes)]. 

Nos  paysans  en  placent  encore  sur  le  lieu  même  d*un 
accident  pour  provoquer  une  prière.  (Route  de  Corrèze  à 
la  gare,  sous  le  Bech,  1880). 

Rien  ne  prouve  que  Toradour  de  Tudeil  dût  sou  nojn 
à  une  chapelle,  comme  Oradour-Fanai»  ou  Lourdoué-Saint- 
Pierre  (quoi  qu'en  dise  Du  Gange,  les  preuves  du  con- 
traire abondent  chez  nous,  au  point  d'y  faire  de  sa  règle 
une  exception)  ;  ni,  qu'étant  supposé  chapelle,  celle-ci  fût 
dédiée  à  saint  Basile. 

La  dévotion  de  nos  pères  avait  multiplié  les  croix 
autant  que  les  ligiites  de  nos  villages  entre  eux,  et  les 
avait  munies  presque  totites,  aux  carrefours,  d'une  ban^ 
quelle  de  pierre  ou  de  gazon,  iùvit^nt  le  passant  à  la 
prière.  D'où  ce  nom  fréquent  des  simples  croix  :  Vescha- 
mely  racina  5camnwm;  scamnellum,  souvent  aussi  désignées 
Vouradour,  quand  elles  se  compliquaient  de  personnages, 
des  instruments  de  la  Passion,  d'une  table  ou  tombeau, 
de  tout  ce  que  la  piété  inspirait  d'y  joindre,  sauf  une 
chapelle  à  dire  la  messe. 

Vinea  in  riberia  intrante  in  illa  Cumba;  et  in  Tornense, 
sancti  Baudilii,  une  vigne,  —  accuse  bien  que  nous  sommes 
là  sur  les  limites  et  du  Tornensis  et  des  possessions  de 
St-Pierre-de-Beaulieu  (pour  le  Pescher  probablement,  — 
sûrement  pour  Saint-Basile)  et  de  Saint'Martin^de-Brivej 
dont  le  prieuré  avait  en  effet,  en  fôOO,  la  collation  du 
prieuré-cure  de  Sérilhac. 

Riberia  intrante  in  illa  Cumba.  D.  —  La  Rivière  ^Saint- 
Médard-Nicourby,  canton  de  La  Tronquière).  Mais  en 
même  temps  il  dit  Riberia  in  Bretenis  (Saint-Medard- 
Nicourby  et  à  la  fois  Bretenoux).  Nous  avertissons  de 

T.  IX.  8-J* 


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—  378  — 

voir  avec  soin  les  deux  tables  :  latine  et  française.  Ici 
les  tables  ont  une  importance  autrement  grande  que  dans 
les  livres  habituels,  parce  que  les  identifications  qu«  M.  D. 
y  a  faites  et  n'a  mises  que  là,  contiennent  l'application 
de  sa  théorie  de  Tintroduction.  Clair  exposé  de  principes 
très  justes,  formant  au  Cartulaire  un  frontispice  digne  de 
ce  monument  des  vieux  âges.  Application  faite  de  Paris, 
malheureusement  aussi  trop  hâtive  et  de  là  bien  défec- 
tueuse. Notre  éminent  compatriote  est  de  ces  grands  de 
la  Science  qui  savent  entendre  la  vérité,  puisqu'il  sa- 
crifie noblement  chaque  jour  encore  à  sa  poursuite  un 
lambeau  de  sa  vie,  déjà  si  laborieuse.  M.  Deloche  ne 
nous  en  voudra  donc  pas  de  continuer  cette  discussion 
pied  à  pied,  à  laquelle  il  nous  a  lui-même  encouragé 
avec  beaucoup  de  bienveillance  quand  nous  lui  avons 
soumis,  en  1885,  ces  simples  observations  présentées  en 
toute  déférence  et  de  clerc  à  maUre. 

La  phrase  Ua  tamen  dimitto  offre  bien  une  certaine 
connexité  avec  la  précédente,  suffisant  à  laisser  croire  à 
une  grande  proximité  entre  Brelenis  et  Riberia,  mais 
permettant  d'autant  moins  de  dire  :  Riberia  in  Bretenis, 
que  cela  contredirait  davantage  au  Riberia  in  illa  Gumba. 
Il  y  a  là  un  exemple  de  ce  que  nous  exposions  à  la 
page  690  du  Bulletin  précédent,  à  propos  du  mot  rivière^ 
désignant  vaguement  les  terrains  riverains  d'un  coui-s 
d'eau,  groupés  en  une  même  exploitation,  dénommés  : 
l"*  La  Rivière;  2**  en  y  accolant  le  nom  du  village  dont 
cette  exploitation  dépend,  soit  ici  La-Rivière-de-la-Combe, 
c'est-à-dire  le  manse  de  la  rivière,  membre  du  lieu 
de  la  Combe.  Intrante  n'était  pas  nécessaire,  si  ce  n'est 
pour  décrire  son  assiette,  montrer  comment  les  terrains 
du  mas  de  la  riviàre  s'allongent  en  vallée  vers  ceux 
déprimés  en  circuit  du  lieu  de  la  Combe.  Sans  quoi 
vinea  in  rilwîria  de  illa  Cumba  sulfisail  i\  manjuer  :  {a), 
dualité  d'endroits  hal)ités,  (6),  sujétion  ihi  premier  au 
second.  Dans  une  table,  M.  D.  admet  celte  proximité  entre 
eux  quand  il  dit  page  343,  colonne  2  :  Riberia  ubi  vinea 


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—  379  - 

prope  illam  Gumbam,  et  place  page  310,  colonne  1,  et 
page  373,  colonne  2,  la  Gumba  à  la  fois  à  Altillac  et 
au  Batut  de  Beaulieu.  Ce  qui  fait,  au  total,  que  la  Rivière 
appartiendrait  simultanément  aux  cantons  de  Bretenoux 
et  de  Latronquiëre  comme  étant  in  Bretenis,  et  de  Mer- 
cœur  et  de  Beaulieu  grâce  à  son  voisinage  de  la  Combe. 

CuMBA  D.  —  La  Combe,  dans  le  village  de  Batu,  com- 
mune au  nord  d'Altillac  et  à  Test  de  Beaulieu,  canton 
de  B^ulieu  (sic),  —  C.  Altillac  a  bien  un  Lacombe,  mais 
point  de  village  du  Battut,  et  n'est  pas  du  canton  de 
Beaulieu  mais  de  Mercœur.  Beaulieu  a  le  Battut,  au 
Nord,  mais  point  de  Lacombe  en  son  voisinage  immé- 
diat, quoi  qu'il  eut  plus  loin  le  tènement  de  Las  Combas. 

C.  La  Rivière  (Sérilhac),  1768,  près  le  Breuil  et  le 
Pescher.  La  Combe  (Sérilhac),  1768,  près  du  Pêche?  et 
du  tènement  de  Chastres,  ce  dernier  divisé  en  Chastre 
haute  et  basse.  (Papiers  des  de  Jouffre,  au  castel  délabré 
de  Chabrignac  (Sainte-Fortunade),  appartenant  naguère  à 
M.  Galinon  et  visités  dans  ses  greniers.) 

Non  longé  sancti  Martini  de  Briva^  on  ajoute  de  Brive, 
pour  éviter  la  confusion  possible  avec  Saint-Martin-de- 
ChaufTour^^adis  membre  de  Beaulieu  par  sa  prévôté  de 
Brivezac,  et  avec  Saint-Martin-de-Branceilles,  lequel  ap- 
partenait à  Tabbaye  de  Saint-Martin'de-Tulle^  probablement 
même  avant  le  don-restitution  que  lui  en  fit  Adémar  des 
Échelles. 

Non  longé  Sancti  Martini  de  Briva.  G.  Signifie  près 
des  terres  possédées  par  ce  monastère  Saint-Martin,  si' 
éloignées  fussent-elles  de  Brive,  comme  on  disait  la  terre 
de  Saint-Pierre,  en  vue  de  désigner  les  propriétés  de 
l'abbaye.  D.  0.  et  s'exprime  à  la  table  des  identifica- 
tions, de  manière  à  laisser  croire  que  le  Saule  (de  Gosnac 
et  Jugeai)  comme  plus  rapprochés  de  Brive,  pourraient 
être  mis  en  avant  par  préférence  au  village  par  lui  pro- 
posé, le  Saule  (St-Basile-de-Meyssac),  qui  est  le  seul  bon. 
Conférez  avec  la  présente  les  chartes  CL  et  GLXXVIL 


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—  380  — 

Costa  :  in  Momone,  et  plus  bas  :  inter  se  au  lieu  de 
in  inter  se. 

In  Momonte.  —  C.  Moment,  de  Saint-Julien-Momont, 
comme  M.  Deloche,  mais  sans  Thésitation  qu'il  y  met. 
Pedraga,  que  D.  dit  bien  être  un  mansum  in  Momonte, 
sans  ridentifier,  est  un  La  Peyrage,  disparu  en  cette 
villa;  c'est  pourquoi  nous  ne  proposerons  pas  La  Pey- 
rague  (Branceille),  1748. 

CHARTE  LIX.  —  Podio  Bbrtelaiganae,  dont  D.  fait  un 
nom  de  lieu,  et  que  nous  plaçons  aussi  au  voisinage  de 
Saint-Basile-de-M..  n'est  peut-être  qu'un  nom  de  parcelle. 

CHARTE  XCL  —  Quincione.  D.  Quinsou  (Cavagnac). 
C.  Oui,  touchant  celui-là;  mais  le  Quinsou  (Condat),  dis- 
paru, 1779,  siège  d'une  juridiction  ordinaire,  près  le  che- 
min de  Meyssac  à  Veyrac.  (Chartrier  de  M.  le  baron 
d'Aupias  de  Blanat,  qui  nous  a  été  gracieusement  ou- 
vert.) Ce  deuxième  Quinsou  contenait,  en  1751,  les  ter- 
ritoires du  Bos  et  de  Sous-la-Charal.  Or,  1764,  le  terri- 
toire du  Bois-de-Quinsou  (Condat). est  de  la  fondalité  du 
prieur  de  Friac  [membre  de  Beaulieu].  Minutes  de  l'étude 
Louradour,  notaire  à  Beyssac. 

Grimaldus.  Un  lieu  répondit  à  ce  nom  de  personne  : 
La  Grimaudia  (Beyssac),  près  Arcas,  1459,  et  las  Sar- 
guesias,  rivière  la  Tourmente,  chemin  du  Pont-Neuf  à 
Martel,  la  Valade,  où  le  prieur  de  Friac  fait  un  accen- 
sement,  1751.  (Non  loin  du  bourg  paroissial  de  Saint- 
Martin-des-Fargues,  qui  a  dispam  après  le  xv*  siècle, 
entre  Marbot  et  la  gare  de  Saint-Denis.)  [Papiers  de 
Blanat.]  Saillac  eut  aussi  le  manse  de  la  Gramadie.  Vaux 
et  Sarrazac  eurent  des  lieux  nommés  Las  Genebras,  per- 
mettant de  supposer  par  là  celui  de  La  Genebrière,  sans 
aller  à  Saint-Chamans  avec  M.  D. 

Becia.  d.  0.  ne  l'a  même  pas  traduit  et  porté  à  la  table 
française.  C.  Probablement  La  Besse  (Louchât),  château 
vers  1700,  à  M.  de  Veyrac. 

Variantes.  Costa  :  Aldeguerius,  et  plus  bas  :  geraldus 


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-  381  — 

monachus  advixerimus.  —  Deloche  :  geraldus  advixerimus. 
—  Costa  :  nostrorum  dicessum  et  non  nostrum  dicessum. 

CHARTE  XCII.  —  Costa  :  de  intws-quatuor-cruces,  au 
lieu  de  inter-quatuor-cruces. 

Boscum  Menoidre,  d'après  le  texte,  n'est  qu'une  par- 
celle de  terrain  boisé,  sise  au  village  de  Costugias.  Gela 
n'empêche  pas  M.  Deloeba  d'identifier  Costugias,  la  Coste? 
(Lostanges  ou  Saint-Basile=-de-M.),  et  boscum  Menoidre 
comme  nom  de  hameau,  bois  de  Menoire,  canton  d'Ar- 
gentat. 

C.  On  trouve,  1560,  un  Menoire  (peut-être  distinct  du 
bourg  de  Menoire)  près  las  Boyges  de  Neuville  (collection 
du  docteur  Morelly.  Il  y  a  deux  Menoire,  à  Sérillac  et 
à  Lostanges.  Nous  avons  relevé,  1572,  Menoyres  alias 
Mounyers,  à  Chameyrat-le- Vieux,  1572  (titres  Loyac,  à 
la  Sudrie),  Els  Menoyres  (Chenalier),  près  Solier  et  Ban- 
charel,  1582.  (Archives  de  la  Préfecture  de  Limoges,  série 
Titres  de  famille,  terrier  de  Brivezac,  contenant  les  arren- 
tements  de  M.  de  Montagnac.)  Une  note  marginale  au 
manuscrit  Costa  dit  Menoyre,  ce  qui  n'apprend  rien. 

Costugias.  Il  y  eut  Courtejoux  (Argentat),  mais  latinisé 
Curteiolnm.  Coutige  actuel  de  Sainte-Fortunade  était  Co- 
ixiTgol,  1500.  La  paroisse  de  Monceaux,  parmi  les  dépen- 
dances de  la  Latieyre,  avait,  1777  (papiers  Morelly,  palpes 
Saint-Chamans),  la  borderie  de  Costuèges. 

Terra  qvx  est  de  Inter-Quatuor-Cruces,  D.  Les  Qua- 
tre-Croix  (Branceilles).  C.  Que  ne  cite-t-il  aussi  les  Quatre- 
Croix  (Ligneyrac)  ?  Il  est  vrai  que  plus  tard  nous  voyons 
Tulle  posséder  Branceilles.  Régulièrement  il  faudrait  un 
village  dit  d'Entre-Quatre-Croix,  et  non  des  Quatre-Croix. 
Terra  quae  est  de  marque  bien  une  parcelle  de  terrain 
arable  appartenant  à  une  ferme  d'Entre-Quatre-Croix. 

Mais  il  nous  faut  tout  cela  sis  à  Costugias,  non  dissé- 
miné comme  l'indiquerait  M.  D.  :  une  parcelle  à  Menoire 
et  les  deux  villages  à  Saint-Basile  ou  Lostanges  et  Bran- 
ceilles. Reste  à  chercher  vers  les  possessions  tuUistes 


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—  382  — 

voiskies  de  celles  de  Beaujieu,  comme  Veyrac  et  Saint- 
Michel,  Guzance,  Branceille,  Lanteuil  pour  Auriol,  Mon- 
ceau, tout  en  penchant,  balance  faite,  définitivement  vers 
ce  dernier.  —  Par  parenthèse,  Beaulieu  eut  un  prieuré 
bénédictin  à  Lostanges  sous  le  nom  de  Menoire-lo-Sotra 
{aujourd'hui  village  de  la  Menoire),  dont  les  bâtiments 
étaient  en  ruines  dès  1480.  (Ghartrier  de  M.  Casimir 
Comte,  de  Beyssac,  au  château  de  Beyseac  [St- Augustin], 
layette  dite  des  biens  d'Arche  Se  Nonars.) 

CHARTE  XCIII.  —  BoRDAJiiAM  meam  qu-b  bst  ad  Batut. 
D.  propose  le  Batut  (Queyssac)  parce  qu'il  a  vu  un  vil- 
lage de  la  Borderie,  assez  loin  de  là,  distant  d'une  demi- 
lieue  et  même  en  la  paroisse  de  Yégennes,  82  âmes,  ayant 
jadis  pour  confrontations  (papiers  de  Veyrières  et  de  M.  de 
la  Chapelle-Carman)  Senac-Solva?  et  la  borderie  de  Char- 
golas,  1575  et  1611. 

Nous  préférons  indiquer  le  Battut  (Beaulieu)  dubitati- 
vement. Répétons  que  chaque  gros  village  actuel  a  eu 
sa,  même  ses  borderies. 

Costa  :  Arlleni.  D.  :  Arlenni. 

CHARTE  XCIV,  —  Folcunaina.  D.  0.  —  C.  Le  manus- 
crit Costa  donne  à  lire  Folcimaina.  On  a  noté  comme  nous 
en  marge  Folcimaina.  L'M  est  plus  rationnelle  à  cause 
de  mayne^  demeure. 

PoiADA.  D.  La  Poujade  (Sérillac).  -r  C.  Notons  des  La 
Pa\\jade  à  Altillac,  Puy-d'Arnac,  Liourdre,  Dampniat,  etc. 

CHARTE  XCV.  —  Bacoalaria  de  Camairaco.  D.  0.  — 
G.  Mieux  dans  Chameyrat-le-Fteuop  que  dans  le  bourg  ac* 
tuel.  Ad  Mainanos,  D.  O.  — C.  Maiono  (Chameyrat),  près 
el  Menour,  et  el  Tronchet,  lequel  Tronchet  est  près  le 
bourg  de  Favars.  (Palpes  tirées  de  la  mairie  de  Sainte- 
Fortunade,  et  archives  du  château  de  la  Sudrie  [Cha- 
meyrat], 1775  et  1647.)  Campalnaco.  D.  Champagnac  (Fa- 
vars). C.  Oui.  —  Pour  Fanlaco,  nous  renvoyons  à  l'essai 
d'identification  des  noms  de  personnes  devant  terminer 
ce  mémoire. 


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—  383  — 

Variante. .  Costa  :  rectum  îa^iaL  —  D.,:  reclum  facianJ, 
ce  qui  change  le  sens. 

Ad  illa  Casa.  D.  Fadmet  bien  aux  identifications  latines, 
in  villa  Campaniaco,  conformément  au  texte,  lequel  Cam- 
paniaco  est  justement  par  lui  placé  à  Favars;  mais  à 
rindex  français  il  dit  la  Chaise  (Tudeil)  C.  Notre  cahier 
des  lieux  actuels  énonce  25  La  Chèze,  celui  des  lieux 
dispainis,  *  en  a  plus  du  double,  «de  quoi  satisfaire  aux 
demandes,  si  on  veut  sortir  de  la  villa  de  Champagnac, 
nob  loin  duquel  se  trouve  même  la  Chèze  (Saint-Germain- 
les-Vergnes),  casa,  1321  (papiers  de  Rofflgnac,  très  obli- 
geamment prêtés  par  M.  Pradel  de  La  Maze,  à  Vignols, 
avec  le  plus  intéressant  des  Gtbq  Livres  de  raison  en  voie 
de  publication  que  nous  «avons  communiqués  à  M. -Louis 
Guibert,  dont  Férudition  est  aussi  aimable  que  sùrej. 

CHARTE  XCVin.  —  Brolium.  D.  Le  Breuil  (Lostange 
ou  Sérillac).  C.  Il  y  eut  le  Breuil-de-Poujade  (Sérilhac) 
près  le  Breuil,  1768.  (Minutes  en  Tétude  de  M'  Sol- 
Lalande,  frère  aîné,  à  Beynat.)  Il  y  eut  aussi  le  Breui^ 
(Beynat)  près  du  Perier.  Autres  au  Puy-d'Arnac,  Tudeil, 
Végennes. 

PoiADA  C.  et  D.  La  Poujade  (Sérilhac),  quoique  D  sorte 
ainsi  de  la  vicairie  ayant  Drocolen,  c'est-à-dire  Asna- 
censis,  mentiqpné  en  la  charte  XCIV«,  à  laquelle  il  ren- 
voie de  celle-ci. 

Plantada.  d.  La  Plantade  (Sfarc-la-Tour).  C.  Tenons- 
nous  davantage  au  pays  vignoble.  La  Plantade  (Lostanges 
et  La  GleygeoUe).  Il  y  en  a  eu  à  Nonars,  Branceille, 
Sioniac,  Astaillac,  Beaulieu,  Liourdre,  Turenne,  Altillac, 
Favars  dans  Champagnac.  Il  est  naturel,  ed  effet,  qu'un 
terme  générique  équivalant  à  plantation,  principalement 
do  ceps,  revienne  souvent  dans  notre  pays-bas.  —  Costa  : 
Ad  redimendum  filio  suo,  sic.  —  D.:  Ad  remedium  filii  sui. 

Pour  gette  charte  XCVIIP,  D.  renvoie  a  tort,  table 
latine,  à  la  charte  XCV*,   où  il  n'est   pas  question  de 


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—  384  — 

Poiada.   Lisez  98.  —  Au  mot  Poujade^  table  franQaise, 
biffez  95  et  ne  laissez  que  98. 

{k  suivre J 


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LES  ORIGINES  DE  TULLE 


ET  DE  SON   ÉGLISE 


VII 


ous  avons  déjà  publié  un  travail  sur 
les  Origines  de  Tulle  et  de  son 
église  {\),  et  nous  avons  prouvé  qu'à 
défaut  de  documents  historiques,  la  raison  toute 
seule  démontrait  que  Tulle  n'était  qu'un  désert 
affreux  avant  le  jour  où  un  moine  quelconque,' 
poussé  par  le  désir  de  la  solitude,  se  construisit 
une  cabane  dans  ce  précipice,  après  en  avoir 
arraché  les  épines  et  chassé  les  bêtes  fauves  qut 
ne  devaient  pas  y  manquer. 

Nous  en  étions  là,  lorsque  le  Bulletin  de  la 
Société  des  lettres,  sciences  et  arts  de  la  Cor- 
rèze  (2°*  livraison,  1885)  nous  apporta  une  nou- 
velle dissertation  sur  les  Origines  de  Tulle.  Elle 
était  due  à  la  plume  docte  et  féconde  de»  M.  René 
Page.  Ce  travail,  plus  suivi  et  mieux  raisonné 
que  tous  les  essais  parus  dans  les  Annuaires  du 
département  depuis  1772,  nous  oblige  à  reprendre 
le  nôtre  en  sous-œuvre. 

Nous  avions  tenté,  comme  on  a  pu  le  voir,  de 
prouver  :   1"*  que  Tulle   n'est  ni  une  ville  gau- 


(1)  Voir  Bulletin  de  la  Société  archéologique  de  la  Corrèze, 
t.  VI,  p.  489. 

T.  IX.  5-1 


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—  386  — 

loise,  ni  une  ville  romaine;  2**  que  saint  Martial 
n'a  jamais  passé  à  Tulle;  3^  que  Tulle  doit  ses 
commencements  à  son  monastère.  Tout  naturel- 
lement, en  sa  qualité  de  TuUiste,  M.  Page  con- 
tredit nos  assertions,  au  moins  en  plusieurs  points. 
Il  nous  accorde  cependant  que  saint  Martial  n'est 
jamais  venu  à  Tulle.  Voici  ses  propres  expres- 
sions :  «  Bertrand  de  Latour  a  confondu  Tullum 
»  avec  Tutela.  D'accord  avec  la  majorité  des  his- 
»  toriens  de  son  époque,  il  a  placé  l'évangélisa- 
»  tion  des  Gaules  au  i*'  siècle  ;  mais  il  s'est  séparé 
»  d'eux  lorsqu'il  a  fait  de  Tulle  la  première  étape 
»  de  saint  Martial,  apôtre  de  l'Aquitaine.  Son 
»  récit,  ne  s'appuyant  sur  aucun  document  sé- 
»  rieux,  est  en  contradiction  avec  toutes  les  don- 
»  nées  historiques,  et  doit  être  relégué  dans  le 
»  domaine  de  la  légende.  » 

A  la  bonne  heure  !  Personne,  si  ce  n'est  Baluze, 
n'avait  encore  effacé  aussi  carrément  sept  à  huit 
siècles  de  l'histoire  de  Tulle.  Avant  Bertrand  de 
Latour,  aucun  historien  limousin  —  ne  parlons 
pas  des  étrangers  qui  n'y  ont  pas  même  songé 
—  n'osa  rêver  le  passage  à  Tulle  du  premier 
évèque  de  Limoges.  Baluze,  choqué  des  fictions 
du  do'yen  Bertrand,  se  mit,  dès  l'âge  de  22  ans, 
à  rassembler  les  matériaux  qui  devaient,  plus 
tard,  servir  à  l'histoire  de  sa  ville  natale.  Cette 
histoire  ne  fut  publiée  qu'en  1717,  un  an  avant 
la  mort  do  l'illustre  savant;  mais  on  peut  dire 
sans  témérité  que  ce  n'était  point  l'œuvre  d'une 
tète  sénile,  puisqu'il  y  avait  travaillé  plus  de 
soixante  ans.  Eh  bien,  malgré  ce  laps  de  temps. 


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—  387  — 

malgré  toutes  ses  recherches,  Baluze  n'a  pu  faire 
remonter  plus  haut  que  le  vu*  siècle  les  com- 
mencements d'une  ville  qui  l'avait  vu  naître,  à 
laquelle  il  voua  un  amour  tout  filial,  et  qu'il  eût 
volontiers  élevée  au-dessus  des  autres  cités,  si  seu- 
lement l'ombre  de  la  vérité  historique  le  lui  avait 
permis. 

Grâces  donc  soient  rendues  à  M.  Page,  facile 
princepSj  après  Baluze.  En  reléguant  au  domaine 
de  la  légende  le  passage  à  Tulle  de  saint  Mar- 
tial, il  s'accorde  avec  son  immortel  prédécesseur, 
et  son  avis  ne  tardera  pas  —  souhaitons-le  —  à 
remettre  dans  le  vrai  chemin  de  l'histoire,  les 
hésitants  et  ceux  qui  ne  pensent  pas  comme  lui. 
Nous  pouvons  donc  conclure  que  ce  point  est 
acquis  à  la  vérité. 

Voici  une  seconde  concession  qui  n'est  guère 
moins  précieuse  que  la  précédente  :  «  Les  indi- 
»  cations  fournies  par  les  documents  que  nous 
»  avons  rappelés,  nous  permettent  de  rejeter  tout 
»  d'abord  l'opinion  des  écrivains  qui,  avec  Ber- 
»  trand  de  Latour,  ont  fait  de  Tulle  une  ville 
j>  florissante  et  bien  peuplée  au  i'*"  siècle  de  notre 
»  ère.  Il  est  impossible  d'admettre  qu'une  ville 
»  importante  dès  cette  époque,  n'ait  pas  son  nom 
»  inscrit  sur  des  monuments  antérieurs  au  ix*  siè- 
»  cle,  et  qu'elle  ait  été  seulement  appelée  Locus 
»  qui  vocatur  Tutela,  en  894;  Castrum^  en 
»  930;  et  Btir^gus,  en  1115.  Nous  ne  connais- 
»  sons  pas  d'exemple  d'une  agglomération  consi- 
»  dérable  de  population,  ayant  subsisté  près  de 


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—  388  — 

»  neuf  cents  ans  sans  laisser  de  traces  indiscu- 
»  tables  de  son  existence.  » 

Donc,  M.  Page  convient  qu'il  est  impossible 
de  trouver  à  Tulle  une  ville  florissante  et  popu- 
leuse dès  le  i"  siècle  de  notre  ère.  Pour  un  auteur 
moins  savant  la  question  serait  vidée,  et  Baluze 
aurait  gagné  les  deux  tiers  de  son  procès  contre 
Bertrand  de  Latour  ;  nous-même,  nous  nous  esti- 
merions presque  heureux  d'avoir  écrit  fermement, 
et  sans  arrière-pensée,  notre  opinion  sur  les  Ori- 
gines de  Tulle  et  de  son  église.  Mais  notre  con- 
tentement ne  tient  pas  devant  la  suite  de  la  dis- 
sertation de  notre  jeune  et  aimable  contradicteur. 
S'il  ne  veut  point  de  ville  à  Tulle  au  i"  siècle, 
il  y  veut  au  moins  un  château- fort,  poste  avancé 
d'une  grande  et  belle  cité  dont  le  centre  était  à 
neuf  kilomètres  de  là.  Et  telle  est  la  force  du 
patriotisme  dans  les  âmes  bien  nées,  que  M.  Page, 
étayant  son  sentiment  de  mots  et  de  dates,  ne 
s'aperçoit  pas  qu'il  détruit  d'une  main  ce  qu'il 
édifie  de  l'autre.  En  effet,  remarquons  d'abord 
qu'il  n'est  question  de  ce  château  qu'en  930,  dans 
le  testament  du  vicomte  Adhémar,  c'est-à-dire 
quasi  au  milieu  du  x*  siècle,  alors  que  Barbares 
et  Normands  avaient  pillé  le  pays,  et  que  l'on 
prenait  toutes  les  précautions  possibles  pour  se 
défendre  en  cas  de  retour.  Disons  ensuite  qu'il 
est  de  fait  historique  qu'avant  les  ix*  et  x*  siè- 
cles, on  trouve  à  peine  un  monument  qui  mérite 
le  nom  de  forteresse  ou  château-fort.  Ce  fait  paraît 
tellement  certain  pour  Tulle,  qu'en  894,  trente-six 
ans  avant  le  testament  d'Adhémar,'il  n'est  nulle- 


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—  389  ^ 

ment  question  de  ce  fameux  château.  Cette  année 
894,  Gausbert  de  Turenne,  oncle  ou  frère  d'Adhé- 
mar,  donne  quelques  biens  au  monastère  de  Tulle  : 
«  Nous  cédons,  dit-il,  quelques-unes  de  nos  pro- 
»  priétés  au  lieu  appelé  Tulle,  construit  en  Thon- 
»  neur  de  saint  Martin  et  de  saint  Michel.  »  Voilà 
donc  Tulle,  M.  Page  n'en  disconvient  pas,  appelée 
simplement  lieu  à  la  fine  fin  du  ix*  siècle.  Les 
mots  qui  est  construit  n'annoncent  rien  de  bien 
ancien,  ni  de  bien  important;  quoique  le  monas- 
tère existât,  le  donateur  n'ose  lui  appliquer  le 
terme  monasterium ;  il  dit  seulement  :  Ad  locum 
qui  vocatur  Tutela.  Certes,  Gausbert  pouvait  bien 
faire  abstraction  du  château;  mais  on  conviendra 
qu'en  bonne  logique,  un  endroit  qui  possède  une 
forteresse  est  autre  chose  qu'un  simple  lieu.  Rien 
donc,  absolument  rien  ne  prouve  que  le  château 
de  Tulle  existait  en  894.  Voyons  s'il  peut  avoir 
été  construit  dans  l'intervalle  de  cette  date  à  celle 
de  930. 

Tous  les  auteurs  s'accordent  à  dire  que  les  Nor- 
mands ne  pénétrèrent  en  Bas-Limousin  que  sur 
la  fin  du  ix*  siècle,  ou  au  commencement  du  x*. 
La  donation  de  Gausbert  fait  entendre  qu'en  894, 
le  monastère  n'était  pas  ruiné;  un  peu  plus  tard, 
il  l'est  au  point  que  le  roi  Raoul,  désespérant  de 
le  voir  revivre,  en  donne  les  restes  à  Saint- Savin 
de  Poitiers.  Adhémar,  qui  s'intéressait  à  l'existence 
de  cette  maison,  de  concert  avec  d'autres  per- 
sonnages, supplia  le  prince  de  révoquer  sa  dona- 
tion; ce  qui  fut  fait,  mais,  sans  nul  doute,  à  la 
condition  que  le  vicomte  concourrait  à  la  res- 


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—  390  — 

tauration  du  couvent,  qu'il  le  munirait  d'une 
maison-forte  où  les  moines  pourraient  se  retirer 
et  se  défendre  en  cas  de  nouvelle  attaque;  et  très 
probablement  qu'il  rendrait  aux  religieux  les  biens 
usurpés  par  ses  ancêtres,  et  les  dédommagerait  des 
siens  propres  s'il  venait  à  mourir  sans  héritiers 
légitimes.  Ces  conditions  ne  paraissent  pas  dé- 
nuées de  toute  vraisemblance,  lorsque  l'on  fait 
attention  que  le  monarque  lui-môme  met  la  main 
au  relèvement  du  monastère.  Cependant  oserait-on 
soutenir  que  l'espace  de  trente-six  ans  ne  suffit  pas 
pour  la  destruction  et  la  reconstruction  d'un  mo- 
nastère, alors  fort  modeste,  et  pour  lui  octroyer 
des  moyens  de  défense?  Nous  croyons  que  cet 
espace  suffit,  et  c'est  pourquoi  nous  concluons  que 
le  château  de  Tulle,  appelé  Castrum,  fut  dressé 
dans  les  premières  années  du  x*"  siècle,  pour  la 
raison  qu'avant  930,  le  couvent  avait  certainement 
passé  par  une  crise,  et  que  cette  crise  amena  des 
changements,  entre  autres  la  suppression  du  pa- 
tronage de  Saint-Michel,  dont  il  n'est  plus  ques- 
tion après  894;  et  enfin  parce  qu'il  fallait  pour- 
voir aux  sinistres  éventualités  de  l'avenir.  S'il  en 
est  ainsi,  le  Castrum  Romanum  Tutelense  n'a 
été,  jusqu'au  commencement  du  x*  siècle,  qu'un 
véritable  château  de  cartes. 

Dans  son  opinion  même,  M.  Fage  est  obligé  de 
reconnaître  que  ce  château  n'avait  pas,  en  neuf 
cents  ans,  fait  faire  de  grands  progrès  à  la  ville 
de  Tulle,  puisqu'en  930  elle  n'était  que  simple 
.Castrum.  Or,  voici  comme  Du  Cange  explique  ce 
mot  :  Castrum  scriptores  medii  sévi...  vicorum 


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—  391  — 

appellatione  designarunt.  Au  mot  Viens,  il  dit 
que  c'était  un  petit  assemblage  de  maisons  habi- 
tées par  des  rustres.  Nous  pensons,  en  effet,  que 
ce  furent  les  gens  de  la  campagne  qui,  les  pre- 
miers, se  retirèrent  sous  Taile  du  monastère  et  y 
construisirent  des  maisons,  qui  formèrent  d'abord 
le  Vicus;  puis,  le  Castrum  étant  survenu,  on  ne 
tarda  pas  à  avoir  le  Burgus  de  1115,  qui  tient 
le  milieu  entre  le  village  et  la  ville.  De  cette  ma- 
nière les  étapes  sont  parfaitement  notées  :  de  894 
à  1115,  il  y  en  a  221,  temps  plus»  que  suffisant 
pour  que  la  forêt  devienne  maison,  la  maison  vil- 
lage et  le  village  bourg.  Deux  cent  deux  ans  après, 
Jean  XXII,  que  Dieu  bénisse  1  changea  ce  bourg  en 
cité.  Alors  Tulle  pouvait  avoir  2,000  habitants. 

Mais  M.  Page  n'accepte  point  ces  calculs  car, 
s'autorisant  de  l'opinion  d'un  savant  émérite,  il 
trouve  qu'en  887  le  roi  Eudes,  ayant  partagé  le 
comté  de  Limoges  en  plusieurs  vicomtes,  donna 
celle  du  Bas-Limousin  à  Adhémar  des  Échelles. 
Citons  :  «  Dans  le  Bas-Limousin*  tout  porte  à 
»  croire  que  ce  fut  Adhémar  des  Échelles,  de  la 
»  famille  de  Turenne,  qui  fut  pourvu  de  l'office 
»  de'  vicomte,  car  nous  le  voyons,  en  898,  tenir 
»  un  plaid  dans  le  bourg  de  Brive.  Ce  qui  marque 
»  avec  évidence  une  juridiction,  et  montre  que 
»  cette  juridiction  s'étendait  jusqu'aux  liçaites  mé- 
»  ridionales  du  pays.  »  De  ceci,  M.  Page  conclut 
sans  hésiter  :  «  Adhémar  avait  sa  résidence  à 
»  Tulle,  au  château* des  Échelles,  qui  était  par 
»  conséquent,  dès  le  milieu  du  ix*  siècle  —  (en 
»  887  !),  —  le  siège  du  gouvernement  de  tout  le 


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—  392  — 

»  Bas-Limousin.  Le  choix  que  fit  le  roi  Eudes 
»  de  cette  localité  pour  y  établir  son  lieutenant, 
»  prouve  qu'en  887,  Tulle  avait  déjà  une  cer- 
»  taine  importance.  »  Examinons  la  valeur  de  ces 
allégations. 

r  Nos  savants  oublient  ici  que,  dès  732  ou  750, 
ils  ont  déjà  donné  au  trisaïeul  d'Adhémar  la  par- 
tie du  Bas-Limousin  où  se  trouvait  compris  le 
monastère  de  Tulle  avec  tous  ses  biens  ;  c'est  faire 
un  double  emploi  sans  motif;  le  fait  est  qu'Eudes 
n'avait  rien  à  donner;  il  pouvait  tout  au  plus 
ratifier. 

2**  Adhémar  ne  paraît  pas  avoir  été,  en  887, 
le  seul  vicomte  du  Bas-Limousin  ;  son  testament, 
outre  Èble,  comte  de  Poitiers,  est  signé  par  Oldo- 
ric  et  Gausbert,  tous  deux  vicomtes  apparemment, 
dans  le  Bas-Limousin. 

3**  De  ce  qu'en  898  Adhémar  tenait  un  plaid  à 
Drive,  il  ne  suit  pas  que  sa  juridiction  s'étendit 
sur  tout  le  Bas-Limousin. 

4''  Une  simple  aJBfirmation  ne  peut  prouver 
qu'Adhémar  eût  sa  résidence  à  Tulle,  au  château 
des  Échelles.  Au  besoin,  le  testament  prouverait 
le  contraire;  il  n'est  guère  croyable,  en  effet,  que 
le  vieux  comte  de  Poitiers,  son  fils  Guillaume,  et 
les  autres  signataires  se  soient  rendus  sur  le  ro- 
cher inabordable  de  Tulle,  pour  signer  les  der- 
nières volontés  du  vicomte.  Il  est  plus  probable 
que  ce  seigneur  habitait  Turenne  ou  les  environs 
de  Drive. 

5^  Dans  quelle  vieille  charte  a-t-on  pris  qu'au 
milieu  du  ix*  siècle.  Tulle  était  le  siège  du  gou- 


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^  393  — 

vernement  de  tout  le  Bas-Limousin?  Quel  savant 
historien  de  nos  rois  affirme  sur  preuves  qu'Eudes 
fit  choix  de  Tulle  pour  y  établir  son  lieutenant, 
et  que  ce  lieutenant  fût  précisément  Adhémar  des 
Échelles?  Mais,  à  cette  époque,  le  Limousin,  Bas 
et  Haut,  était  gouverné  par  les  ducs  d'Aquitaine, 
les  comtes  de  Poitiers  ou  d'Auvergne,  plutôt  que 
par  les  rois  de  France. 

6**  a  En  984,  on  percevait  à  Tulle  les  droits 
de  justice,  au  nom  du  roi.  »  Cela  est  possible; 
mais  on  percevait  aussi  ces  droits  en  vingt  autres 
localités  du  Bas-Limousin,  dont  quelques-unes 
n'étaient  et  ne  sont  encore  que  de  simples  vil- 
lages. D'ailleurs,  à  cette  date,  le  monastère  de 
Tulle,  restauré  et  enrichi  par  Adhémar,  était  en 
pleine  floraison  ;  il  ne  serait  pas  étonnant  que  sa 
fortune  eût  attiré  les  gens  de  la  gabelle,  sans 
pour  cela  faire  de  Tulle  le  centre  du  gouverne- 
ment de  tout  le  Bas-Limousin.  Disons  enfin  que 
l'auteur  cité  par  M.  Page  n'est  pas  aussi  affir- 
matif,  puisqu'il  se  sert  de  cette  phrase  prudente  : 
Tout  porte  à  croire.  Cette  manière  de  s'exprimer 
démontre  que  l'on  n'a  aucun  document  positif. 
Pardon!  M.  René  Page  en  a  trouvé  écrits  sur  la 
pierre.  Écoutons-le  :  «  Elle  (Tulle)  a  conservé  pen- 
»  dant  longtemps  des  vestiges  d'une  occupation 
»  antérieure.  Nous  parlerons,  dans  la  suite,  du 
»  fort  Saint-Pierre  et  de  la  tour  de  Maysse,  où 
»  plusieurs  écrivains  ont  reconnu  la  marque  de 
»  constructions  romaines.  L'origine  de  ces  deux 

»  édifices  peut  être  discutée »  Oh!  non.  Le 

spirituel  TuUiste,  Joseph-Anne  Yialle,  ne  la  dis- 


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—  394  — 

cutait  pas,  puisque,  dans  V Annuaire  de  1828, 
il  écrivait  ceci  :  «  L'église  de  Naves,  tout  à  fait 
»  semblable  par  sa  structure  au  château  de  Tulle 
»  —  et  tour  de  Maysse,  —  fut  probablement  éle- 
»  vée  par  le  même  apôtre  —  saint  Martial,  au 
»  i"  siècle,  —  sous  la  même  invocation  de  saint 
»  Pierre,  nom  qu'elle  porte  encore.  »  Bravo  !  C'est 
la  première  fois  que  nous  voyons  un  auteur  faire 
à  Naves  l'honneur  du  passage  de  saint  Martial! 
Malheureusement,  il  y  a  là  un  petit  inconvé- 
nient, c'est  que  l'église  de  Naves  a  été  entière- 
ment reconstruite  au  xv*  siècle,  sous  le  célèbre 
prévôt  Gilbert  de  Chamboran.  Cependant,  quoique 
Anne  Vialle  fût  plus  malin  que  bon  archéologue, 
il  pouvait  bien  avoir  rencontré  juste  en  assimi- 
lant les  murs  de  l'église  de  Naves  à  ceux  du 
fort  Saint-Pierre  et  tour  de  Maysse  dont,  croyons- 
nous,  il  n'est  nullement  question  avant  le  xiv" 
ou  XV*  siècle. 

Mais  si  M.  Page  laisse  la  discussion  libre  sur 
ces  deux  édifices,  il  ne  la  supporte  pas  quand  il 
s'agit  de  contredire  le  comédien  Beaumesnil  :  a  II 
»  n'en  saurait  être  de  même,  dit-il,  des  sept 
»  monuments  vus  et  dessinés,  en  1764  et  1770, 
»  par  Beaumesnil,  artiste  dramatique  et  archéo- 
»  logue.  » 

C'est  avec  un  profond  regret  que  nous  sommes 
obligé  de  dire  que  s'appuyer  sur  les  trouvailles 
de  Beaumesnil  pour  prouver  l'antiquité  de  Tulle, 
c'est  faire  le  procès  à  sa  propre  cause,  ou  plu- 
tôt l'enterrer.  Beaumesnil,  habitué  à  mentir  sur 


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—  395  — 

les  planches,  mentait  bien  davantage  en  archéo- 
logie (1). 

En  1764  et  1770,  après  avoir  amusé  les  Tul- 
listes  derrière  les  coulisses,  il  s'amusait  lui-même 
à  inventer  des  inscriptions  romaines  attestant  l'an- 
cienneté de  leur  ville.  Selon  lui,  sept  monuments 
funéraires,  qu'il  pouvait  appeler  les  sept  mer- 
veilles de  Tulle,  étaient  gisants  aux  abords  d'un 


(1)  Nous  trouvons  dans  les  Annales  archéologiques  (année  1846, 
tome  V,  p.  60  et  61),  une  appréciation  sur  Beaumesnil.  Nous  ne 
pouvons  résister  au  plaisir  de  la  reproduire.  Elle  prouvera  une 
fois  de  plus  la  confiance  que  doit  inspirer  cet  auteur  : 

«  A  la  fin  du  xviir  siècle,  un  acteur  du  Théâtre-Français,  libertin 
par  habitude,  dessinateur  par  occasion,  et  timbré  de  naissance,  fit 
un  voyage  en  France,  dans  les  provinces  méridionales.  Il  s'arrêta 
principalement  à  Marseille  et  Arles,  et  se  mit  à  dessiner  les  sar- 
cophages chrétiens,  en  marbre  blanc,  si  nombreux  dans  ces  deux 
villes.  Ces  dessins,  grâce  à  l'obligeance  de  M.  Albert  Lenoir,  aux- 
quels ils  appartiennent,  ont  été  mis  à  notre  disposition,  quelque 
temps  après  un  voyage  que  nous  avions  fait  nous-même  dans  le 
midi  de  la  France.  Nous  fûmes  bien  étonné,  en  regardant  ces 
incroyables  images,  de  voir  des  scènes  infâmes  de  débauche  là 
où  nous  avions  vu,  étudié,  décrit,  des  scènes  évangéliques  de  la 
plus  adorable  chasteté.  Gomme  un  homme  qui  se  met  sur  le  nez 
des  lunettes  bleues  ou  vertes  aperçoit  tous  les  objets  de  la  cou- 
leur de  ses  verres,  Beaumesnil  avait  vu,  à  travers  sa  lubrique 
imagination,  des  lubricités  dans  l'Annonciation,  la  Visitation,  l'Ado- 
ration des  Mages,  l'Entrée  à  Jérusalem,  le  Crucifiement,  l'Ascen- 
sion, dans  la  Chute  d'Adam,  le  Meurtre  d'Abel  et  la  Mort  de 
Goliath.  Avec  une  forme,  retranchée  ici  et  ajoutée  là,  avec  une 
ombre  à  droite  et  un  clair  à  gauche,  il  était  parvenu  à  tout  trans- 
former. L'Adoration  des  Mages  s'était  changée  en  une  scène  infâme 
que  le  paganisme  lui-môme  n'avait  pas  rêvée.  Revenu  à  Paris, 
fieaumesnil  trouva  des  archéologues  appartenant  à  l'école  de  Vol- 
taire, de  Dulaure,  de  Millin,  de  Dupuis  et  de  Parny.  qui  crurent 
à  ces  représentations,  en  firent  l'objet  de  leur  étude,  et  trouvèrent 
que  l'iconographie  chrétienne  était  fort  étrange.  Le  paganisme,  à 
ces  gens-là,  paraissait  bien  plus  chaste  que  le  christianisme;  Ju- 
piter était  un  saint  en  comparaison  de  Jean-Baptiste,  et  Vénus 
une  vertu,  relativement  à  toutes  les  vierges  chrétiennes.  » 


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—  396  — 

cimetière  détruit  en  1680.  Un  seul  se  trouvait  sur 
le  rocher  dit  des  Malades,  ancien  hôpital,  où  il 
avait  dû  être  transporté  avec  les  débris  de  ce 
cimetière.  Cinq  de  ces  monuments,  que  Beau- 
mesnil  appelle  savamment  sarcophages,  portaient, 
Tie  varietur,  les  initiales  D.  M.  que  Thonnôte 
comédien  traduit  sans  broncher  par  Diis  mani- 
bus,  et  qui  signifieraient  tout  aussi  bien  Deo 
maximo;  deux  portaient,  l'un  I.  0.  M.  Point  de 
nouvelles?  l'autre,  huit  lignes  d'inscription.  C'était 
le  tombeau  d'un  cantonnier;  mais  Beaumesnil  ne 
put  deviner  si  cet  illustre  mort  travaillait  sur  la 
voie  romaine  de  Tintignac  ou  sur  celle  qui  allait 
à  Ussel,  car  cela  n'est  pas  mentionné  dans 
l'inscription. 

Après  ces  sept  tours  de  force,  Beaumesnil  s'écrie 
triomphalement  :  a  Que  Tulle  ne  soit  pas  une 
ville  ancienne,  ces  monuments  semblent  prouver 
le  contraire.  »  Certainement  I  mais  mettez  le  com- 
ble à  vos  preuves,  en  relatant  ce  que  vous  avez 
vu  sur  le  tympan  de  la  principale  porte  de  la 
fameuse  tour  Maysse!  C.  IVLIVS.  CAES.  IMP. 
VIII.  FECIT.  Ce  qui  veut  dire  sans  doute  :  Caius- 
Julius-CfiBsar,  de  son  empire  la  huitième  année, 
fit  ici  cette  tour.  0  res  ter  et  quater  miranda  !!I 

M.  René  Page  a  trop  de  savoir,  de  bon  sens 
et  d'esprit  pour  prendre  Beaumesnil  au  sérieux; 
aussi  ne  l'y  prend-il  pas.  Toutefois  nous  aurions 
aimé  qu'il  nous  dit  pourquoi  Bertrand  de  Latour, 
si  complaisant  pour  sa  ville  natale,  pourquoi  Ba- 
luze,  un  antiquaire  de  premier  ordre,  pourquoi 
tant  d'autres,  Renaud  de  Nîmes ^  par  exemple, 


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—  397  — 

qui  écrivait  ses  aperçus  sur  Tulle  dans  VAnrmaire 
de  1772,  n'ont  pas  vu  les  monuments  cités  et 
décrits  par  le  trop  célèbre  comédien,  ou  s'ils  les 
ont  vus,  ils  les  ont  regardés  comme  de  la  fausse 
monnaie.  Comediante  l  tragediante! 

Malgré  ses  réserves  sur  Beaumesnil,  M.  Fage 
insiste  et  dit  :  «  Il  ne  nous  parait  pas  téméraire 
de  conclure  que  la  localité  où  tous  les  tombeaux 
se  sont  trouvés  réunis  a  été,  du  temps  de  l'occu- 
pation romaine,  le  siège  d'un  groupe  d'habita- 
tions   Nous  croyons  avec   Baluze  du   Maine, 

Bardon,  Anne  Vialle,  Marvaud,  etc.,'  qu'il  existait 
dès  cette  époque,  au  confluent  de  la  Corrèze  et 
de  la  Solane,  près  de  l'endroit  où  l'abbaye  a  été 
bâtie  quatre  ou  cinq  siècles  plus  tard,  une  sta- 
tion, un  poste  avancé,  défendant  du  côté  du  sud 
les  abords  de  Tintignac.  La  ville  romaine,  dont 
on  voit  encore  les  ruines  à  six  kilomètres  —  neuf 
tant  juste  —  de  Tiille,  sur  le  point  culminant  de 
la  commune  de  Naves,  était  protégée  par  des  forts 
construits  sur  ses  différentes  avenues.  » 

M.  Fage  cite  assurément  de  nombreuses  et 
grandes  autorités  qui,  grâce  à  une  édifiante  doci- 
lité, ont  toutes  passé  par  la  même  clairière  ;  mais 
un  point  à  prouver  leur  sera  un  éternel  croc-en- 
jambes  :  l'existence  de  la  ville  de  Tintignac,  non 
moins  chimérique  que  celle  de  Tulle  au  i"  siècle. 
M.  Philibert  Lalande,  qui  vient  de  publier  sur 
Tintignac  un  travail  très  savant,  très  complet  et 
très  bien  raisonné,  n'a  pu  trouver  en  ce  point 
l'emplacement  d'une  ville  quelconque.  Il  cite  cer- 
tains écrivains  d'après  lesquels  la  dite  ville  au- 


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—  398  — 

rait  eu  pour  centre  le  Puy-de-FAiguille,  et  pour 
périmètre  le  mons  Jovis,  Mont-Joie,  temple  ou 
quartier  du  temple  de  Jupiter;  Soleilhavoup , 
quartier  du  Soleil  —  Bon  pour  les  Perses;  — 
Ceron,  quartier  de  Gérés;  Bach,  temple  de  Bac- 
chus;  Temporieux,  quartier  du  Temps  ou  de  Sa- 
turne; Gesarin,  quartier  de  Gésar;  La  Geneste, 
quartier  du  temple  du  Génie  romain.  Or,  ainsi 
divisée  et  bornée,  la  ville  de  Tintignac  embras- 
sait un  peu  plus  des  deux  tiers  de  la  commune 
de  Naves,  qui  a  prés  de  quatre  mille  hectares  de 
superficie.  Il  est  probable  que  dans  tout  l'empire, 
aucune  autre  ville,  Rome  exceptée,  n'était  en  état 
de  montrer  une  pareille  étendue. 

a  Gette  manière  de  voir  n'est  pas  la  mienne, 
répond  M.  Lalande.  Pour  ce  qui  est  du  Puy-de- 
l'Aiguille,  où  était  évidemment  le  centre  de 
V ancienne  mile,  j'ai  le  regret  de  dire  que  cette 
assertion  ne  repose  sur  aucun  fait.  J'ai  minutieu- 
sement exploré  ce  sommet,  en  compagnie  de 
M.  Guillot  —  homme  très  entendu  et  proprié- 
taire d'une  partie  des  Arènes,  dont  il  a  repris 
récemment  les  fouilles  avec  une  rare  intelligence; 
—  on  n'y  voit  aucun  vestige  de  substruction,  et 
on  n'y  en  a  jamais  trouvé.  Les  ruines  du  corps 
de  bâtiment,  appelées  les  Boutiques,  sont  à  250 
mètres  du  Puy-de-l' Aiguille.  » 

Voilà  donc  le  centre  présumé  de  cette  grande 
ville,  qui  n'a  jamais  porté  ni  montré  la  moindre 
trace  de  constructions.  L'on  peut  affirmer  avec  la 
même  confiance  que  tout  le  terrain  compris  entre 
les  hameaux  sus-nommés  n'en  porte  pas  davan- 


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—  399  — 

tage.  En  outre,  la  configuration  d'une  surface  de 
trois  mille  hectares  s'oppose  physiquement  aux 
assises  d'une  ville  aussi  considérable.  Cette  sur- 
face a  été,  avec  le  temps,  sondée  en  tous  sens, 
non  pour  y  chercher  les  épaves  d'une  ville,  mais 
pour  la  cultiver,  la  planter,  en  extraire  du  moel- 
lon, de  la  terre  à  bâtir;  des  maisons  isolées  ont 
été  construites  ça  et  là,  sans  que  des  fondements 
et  de  la  profondeur  des  caves  on  n'ait  jamais  mis 
à  découvert  les  plus  petits  vestiges  de  substruc- 
tions  antérieures. 

Cela  ne  suffit  pas.  L'admirable  situation  du  pla- 
teau de  Tintignac  a  été,  pour  ceux  qui  ne  se 
donnent  pas  le  temps  d'approfondir  les  choses, 
un  motif  valable  pour  y  placer  une  ville.  Voici 
leur  raisonnement  :  «  Situé  à  peu  près  à  égale 
distance  des  Arvernes,  des  Kadurkes,  des  Pétra- 
cores  et  de  la  capitale  des  Lemovices,  sur  un  pla- 
teau que  plusieurs  cours  d'eau  entourent  comme 
de  fossés  naturels,  Tintignac  était  admirablement 
placé  pour  surveiller,  et,  au  besoin,  pour  contenir 
les  divers  peuples  qui  viennent  d'être  nommés.  » 

Tous  ceux  qui  voient  le  plateau  des  Arènes 
conviennent  qu'il  est  dans  une  situation  des  plus 
heureuses.  Mais  y  trouver  des  fossés  naturels  for- 
més par  plusieurs  cours  d'eau,  c'est  ce  dont  per- 
sonne ne  conviendra  jamais.  Le  fait  est  que  ce 
plateau,  sans  être  le  point  culminant  de  la  com- 
mune, en  est  le  plus  aride,  et,  à  plus  d'une 
grosse  lieue  à  la  ronde,  tous  les  cours  d'eau,  la 
Gorrèze  exceptée,  qui  entourent  Tintignac,  seraient 


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—  400  — 

facilement  enjambés  à  pieds  joints  par  un  berger 
d^  douze  ans. 

Il  est  vrai  que  nos  auteurs  n'ont  pas  uni- 
quement compté  sur  ces  fossés  naturels  pour 
défendre  Tintignac;  ils  l'ont  encore  muni  des 
châteaux- forts  d'Ussel,  d'Uzerche,  d'Yssandon,  de 
Turenne,  de  Roche-de-Vic  (1),  de  Tulle  et  de  Bar. 
C'est  là  une  ceinture  fort  raisonnable;  mais  il 
nous  semble  que  pour  compléter  le  système  et 
le  rendre  plus  plausible,  on  aurait  dû  y  ajouter 
Augustoritum  (Limoges),  Vesunna  (Périgueux),  Di- 
vona  (Cahors),  et  Gergovia  (Clermont).  C'eût  été 
presque  toute  l'Aquitaine  au  service  de  Tintignac 
ou  de  Rastiatum,  car  plusieurs  bons  auteurs  veu- 
lent que  cette  ville  ait  porté  ce  nom.  En  son- 
geant à  tout  cela,  on  serait  tenté  de  conclure  que 
le  sort  de  Rome,  dans  les  Gaules,  était  confié  à 
ce  plateau  de  trois  hectares  à  peine  de  superficie. 
Mais  sans  plaisanter  davantage,  faisons  respectueu- 
sement observer  à  nos  savants  qu'ils  se  contre- 
disent en  cet  endroit;  ils  rêvent  un  château-fort 
plongé  dans  la  vallée  de  Tulle,  et  ils  placent  tous 
les  autres  sur  les  plus  hauts  sommets  du  pays. 
Non-seulement  ils  se  contredisent,  mais  encore  ils 
accusent  les  Romains  de  fausse  tactique.  Quoi?  les 
habiles  conquérants  du  monde,  plantés  à  Tintignac, 
avaient  autour  d'eux,  au  midi,  le  Puy  de  Tempo- 
rieux,  vrai  point  culminant  de  la  localité,  et  à 


(1)  Signalons,  pour  le  moment,  qu'il  n'y  a  jamais  eu  de  château- 
fort  à  Roche-de-Vic.  M.  Philibert  Lalande  prépare  un  travail  qui 
paraîtra  prochainement  dans  le  Bulletin;  il  y  fait  justice  des  asser- 
tions émises  à  ce  sujet  par  différents  auteurs. 


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—  401  — 

égale  distance  de  Tulle  et  des  Arènes,  fait,  dirait- 
on,  tout  exprès  pour  porter  une  citadelle  que  les 
moindres  ouvrages  avancés  auraient  rendue  impre- 
nable; à  l'ouest,  les  monts  de  Bassaler,  qui  se- 
raient une  sauvegarde  en  pays-frontière;  au  nord 
le  tumulus  de  Lavareille,  qui  domine  et  surveille 
Tintignac;  a  Test,  enfin,  les  buttes  de  Montjoie, 
de  très  difficile  accès  du  côté  opposé  à  Tintignac. 
Eh  bien!  avec  tous  ces  avantages,  les  maîtres  du 
monde  s'aveuglent  au  point  de  confier  au  trou  de 
Tulle  la  défense  de  leur  belle  ville  de  Tintignac  ! 
La  preuve  de  cet  aveuglement  est  que  Ton  a  dé- 
couvert une  voie  romaine  entre  Tintignac  et  Tulle. 
«  L'existence  d'une  voie  romaine  reliant  Tulle  à 
Tintignac  ne  saurait  faire  doute  aujourd'hui.  On 
en  trouve  des  tronçons  importants  près  de  l'arête 
de  la  colline  qui  domine  la  ville,  du  côté  de  la 

vallée  de  la  Corrèze Le  Castrum  Tutela  était 

donc  relié  à  la  ville  romaine  de  Tintignac?  »  Oui, 
si  le  lien  qui  unissait  ces  deux  localités  était  vé- 
ritablement une  voie  romaine;  mais  rien  n'est 
moins  certain.  Quelques  mètres  de  cette  prétendue 
voie  romaine  présentent  un  pavé  de  grosses  pier- 
res brutes,  que  l'on  a  enfoncées  dans  la  terre 
pour  éviter  la  boue,  si  désagréable  en  ce  pays 
mouvant  et  soumis  à  l'action  incessante  des  eaux 
pluviales.  Avant  l'ouverture  d'une  infinité  de  che- 
mins de  petite  communication,  tous  les  environs 
de  Tulle,  pour  ne  parler  que  de  cette  région, 
étaient  sillonnés  de  pavés  semblables.  Naves,  entre 
autres,  en  avait  sept  à  huit,  et  il  peut  en  mon- 
trer encore  un  entre  les  hameaux  de  Gerré  et  les 

T.  IX.  5— S 


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—  402  — 

Horts,  qui  ne  pouvait  être  une  voie  romaine, 
attendu  que  deux  honoimes  auraient  de  la  peine 
à  y  marcher  de  front.  Ces  pavés  se  trouvaient 
presque  toujours  sur  les  pentes,  là  où  il  fallait 
empêcher  les  terres  de  crouler  dans  les  précipices. 
Telle  est  la  position  de  celui  de  Louradour.  En 
plaine,  vers  Naves,  rien  n*y  marque,  et  c'est  pour- 
tant là  que  les  tronçons  romains  devaient  mieux 
se  conserver. 

Pour  justifier  Texistence  de  cette  voie  romaine, 
on  a  dit  qu'elle  aboutissait  à  la  Barrussie,  le  plus 
ancien  faubourg  de  la  ville.  Nous  regrettons  de 
répondre  qu'il  y  a  là  autant .  d'erreurs  que  de 
mots.  Depuis  des  siècles,  le  chemin  qui  mettait 
Tulle  en  relation  avec  une  partie  de  la  commune 
de  Naves,  de  celle  de  SeUhac  et  d'ailleurs,  passait 
réellement  par  Louradour;  arrivé  à  la  naissance 
de  la  descente,  il  déviait  à  droite,  coupait  le  ter- 
rain qui  sépare  les  deux  routes  actuelles,  et  tour- 
nant à  gauche,  il  aboutissait  au  Trech  et  entrait 
ainsi  dans  la  ville.  C'était  particulièrement  le  che- 
min des  charrois  et  des  bêtes  de  somme.  Le  côté 
de  la  Barrussie  était  impraticable.  Comment  ne 
l'aurait-il  pas  été  alors,  puisqu'il  l'est  encore  au- 
jourd'hui? Ne  voit-on  pas  les  voitures  chargées 
de  bois,  de  paille  et  autres  denrées  prises  sur  la 
place,  obligées  de  tourner  le  Puy-Saint-Clair  et  de 
venir  par  le  Tranchât  pour  approvisionner  la  Bar- 
russie? Et  lorsque  Tulle  s'est  donné  le  luxe, 
bien  légitime,  des  corbillards,  n'a-t-elle  pas  été 
forcée  de  renoncer  au  trajet  de  ce  faubourg  pour 
arriver  au  cimetière?  Enfin,  quand  on  ouvrit  pé- 


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-  103  — 

niblement  un  bout  de  chemin  pour  relier  ce 
quartier  à  la  route  nationale,  a-t-on  découvert  la 
plus  petite  trace  d'une  voie  romaine  ou  autre? 
Assurément  non. 

En  ce  qui  touche  Tancienneté  de  la  Barrussie, 
on  peut  affirmer  sans  témérité  que  c'est  le  quar- 
tier le  plus  récent  du  vieux  Tulle.  Son  peu  d'éten- 
due, sa  rue  relativement  bien  percée  comparée  à 
celles  d'Alverge,  du  Canton,  de  la  Barrière  et  des 
autres  quartiers,  indiquent  son  addition  assez  mo- 
derne au  corps  principal.  Nous  possédons  le  cahier 
des  investitures  du  chapitre  depuis  1300.  jusqu'en 
1788;  tous  les  quartiers  y  sont  représentés  à  par- 
tir de  la  première  date;  pour  la  Barrussie,  on  ne 
trouve  rien  avant  le  xv*  siècle.  Le  fait  est  que 
jusqu'à  cette  époque,  la  ville  ne  s'étendait,  de  ce 
côté,  guère  plus  haut  que  la  naissance  de  l'es- 
planade. Les  maisons  n'ont  atteint  la  porte  du 
cimetière  que  dans  les  siècles  suivants,  et  la  dé- 
viation de  la  rue  jusqu'au  château  d'eau  actuel 
n'a  peut-être  pas  cent  cinquante  ans  d'existence. 

Si  jamais  la  Barrussie  avait  pu  être  l'aboutis- 
sant véritable  de  Tintignac  à  Tulle,  ce  faubourg 
serait  sans  contredit  le  plus  étendu  de  la  ville, 
comme  le  plus  ancien  et  le  plus  considérable 
débouché  sur  tout  le  nord  du  Limousin  et  même 
de  la  France.  Il  n'en  est  rien,  car  les  plans  an- 
ciens et  modernes  de  la  ville  nous  montrent  que 
les  trois  artères  de  Tulle  furent  toujours  le  Trech, 
quartier  compacte,  qui  a  joué  le  rôle  que  l'on 
voudrait  faire  jouer  à  la  Barrussie;  la  Barrière, 
qui  faisait  communiquer  avec  le  midi  et  le  cou- 


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—  404  — 

chant,  et  Alverge  qui,  avec  son  canton  et  sa  fon- 
taine Saint-Martin,  donnait  entrée  au  levant  et  à 
toute  la  montagne.  La  Barrussie,  au  contraire, 
n'aboutissait  qu'au  champ  des  morts  :  elle  est, 
en  quelque  façon,  fille  et  porte  du  trépas. 

Si  nous  ne  nous  faisons  pas  illusion,  il  nous 
semble  que  nous  avons  déduit  passablement  de 
raisons  pour  démontrer  qu'il  n'y  avait,  à  l'endroit 
où  sera  Tulle,  ni  château,  ni  village,  ni  ville 
avant  l'établissement  de  son  monastère;  que  Tin- 
tignac  n'a  jamais  été  une  ville,  et  que  la  station 
romaine  de  ce  lieu  n'a  eu  aucune  communication 
d'intérêt  avec  la  profonde  vallée  de  Tulle. 

Mais  en  terminant  cette  partie  de  notre  tra- 
vail, nous  avons  à  répondre  à  une  légitime  ques- 
tion. Si  Tintignac  ne  fut  ni  une  ville,  ni  un 
camp  retranché,  que  fut-il  donc?  Voici  notre 
réponse.  Après  l'entière  soumission  de  la  Gaule, 
les  Romains  distribuèrent  leurs  légions,  tantôt 
près  d'une  ville,  comme  Limoges,  Périgueux, 
tantôt  en  rase  campagne,  comme  à  Tintignac. 
Là,  un  ou  deux  milliers  de  soldats  établissaient 
un  camp,  tel  qu'en  nos  temps  nous  en  avons 
vus  à  Châlons  et  à  Sathonay.  Mais  le  soldat  ro- 
main était  avide  de  spectacles;  lorsque  la  station 
devait  se  prolonger,  il  demandait  des  cirques,  des 
théâtres,  des  cœnarium  et  des  arènes.  Les  em- 
pereurs ne  s'y  refusaient  point  parce  qu'ils  y 
voyaient  un  double  bénéfice  :  patienter  le  soldat 
et  imprimer  les  mœurs  romaines  dans  l'âme  des 
vaincus.  II  en  résultait  un  autre  avantage  qui 
servait  la  politique  de  Rome  mieux  peut-être  que 


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—  41)5  — 

les  deux  autres.  A  ces  stations  affluaient  les  mar- 
chands do  tous  les  points  de  la  Gaule;  ces  mar- 
chands, ou  Romains  ou  affidés  aux  Romains,  in- 
formaient les  chefs  des  dispositions  pacifiques  ou 
guerrières  des  peuplades  voisines.  Les  généraux 
d'armée  et  les  gouverneurs  des  provinces  savaient, 
par  cet  habile  moyen,  ce  que  pensaient  les  Pétra- 
cores,  ce  que  machinaient  les  Arvernes  et  autres; 
et  ainsi,  les  conjurations  étaient  prévues  et  décou- 
vertes avant  qu'elles  fussent  formées.  Nul  doute 
que  Tintignac  ne  fut  Tun  de  ces  postes  que  Foii 
pourrait  appeler  de  police  secrète.  On  ne  voit  pas 
qu'il  y  ait  eu,  outre  les  Arènes  et  les  Boutiques, 
d'ouvrages  qui  puissent  faire  soupçonner  une  sta- 
tion uniquement  militaire  ou  un  camp  retranché, 
qui  pût  mettre  à  couvert  une  légion  romaine. 
C'était  un  lieu  de  plaisir  et  d'espionnage  à  cer* 
tains  temps  de  l'année.  Il  est  probable  qu'aux 
saisons  d'hiver,  les  soldats  du  poste  se  retiraient 
dans  d'autres  quartiers. 

Quant  aux  hameaux  environnants  auxquels  on 
a  voulu,  perfas  et  nefas,  imposer  des  noms  ro- 
mains, il  n'en  est  rien,  car,  au  moyen-âge,  la 
plupart  de  ces  hameaux  ne  portaient  pas  le  nom 
que  les  besoins  de  la  cause  leur  ont  fabriqués. 

Maintenant,  dire  l'époque  précise  de  la  destruc- 
tion de  Tintignac,  c'est  ce  que  personne  ne  saura 
jamais.  Les  uns  l'attribuent  à  Ghrpcus,  vers  la  fin 
du  IV*  siècle  ou  au  commencement  du  v*;  les 
autres  à  d'autres. 

Mais  que  devinrent  les  habitants  de  Tintignac, 
surtout  si  c'était  une  ville?  —  On  ne  peut  pas 


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—  406  — 

vraiment  supposer  que  les  barbares  aient  tout 
passé  au  fil  de  l'épée.  —  Nos  honorables  contra- 
dicteurs prétendent  qu'ils  se  réfugièrent  sous  l'aile 
du  château  de  Tulle,  et  y  formèrent  la  ville  de 
ce  nom.  «  A  l'abri  de  ce  château  vinrent  plus 
tard  s'établir  les  premiers  moines  ;  c'est  autour  de 
lui  que  s'étaient  groupées  les  premières  maisons 
de  Tulle.  » 

Il  y  a  dans  les  évolutions  de  nos  auteurs  quel- 
que chose  de  curieux,  tant  il  est  vrai  que  la 
vérité,  lorsqu'on  peut  l'avoir,  est  seule  capable 
de  parer  aux  écarts.  Bertrand  de  Latour  voulait 
que  saint  Martial  eût,  au  i*""  siècle,  trouvé  à  Tulle 
une  ville  importante  et  y  eût  établi  la  première 
église,  et  par  ainsi,  les  premiers  moines;  Baluze 
recule  jusqu'au  vii"  siècle  le  monastère,  le  châ- 
teau et  la  formation  de  la  ville;  Renaud  de 
Nîmes,  après  dix-huit  cents  ans  presque  accom- 
plis, bâtit  d'abord  le  château,  puis  la  ville,  enfin 
le  monastère.  Cette  marche  régulière  —  si  elle 
pouvait  être  vraie  —  a  fait  illusion  à  tous  nos 
modernes.  Depuis  ce  moment,  1772,  ils  n'ont  plus 
voulu  de  moines  pour  fondateurs  de  leur  ber- 
ceau. Cependant,  plusieurs  localités  importantes 
de  notre  province  doivent  leur  naissance  à  des 
monastères  :  Beaulieu,  St-Yrieix-la-Perche,  Saint- 
Léonard  et  Eymoutiers  sont  certainement  de  ce 
nombre.  S'il  y  a  eu  des  couvents  dans  les  villes, 
ce  n'est  guère  qu'à  partir  du  x*  ou  xi'  siècle. 
Faire  autrement,  c'était  bien  de  la  chance  pour 
les  moines  de  Tulle;  puisque  les  TuUistes  les 
auraient  inaugurés  dans  leur  propre  ruche,  et  avec 


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—  407  — 

un  désintéressement  inimitable  aujourd'hui,  ils  se 
seraient  jetés  pieusement,  cotLci  couça,  sur  les 
coteaux  environnants;  et  encore,  après  s'y  être 
construit  des  maisonnettes,  ils  en  firent  hommage 
à  leurs  nouveaux  hôtes.  Le  fait  est  certain,  car 
bien  avant  le  testament  d'Adhémar,  les  moines 
étaient  maîtres  et  seigneurs  de  Tulle  :  «  Je  rends 
à  Dieu  et  aux  religieux,  dit  le  testateur,  ce  que 
je  possède  injustement,  par  usurpation^  du  chef 
de  mes  pères.  »  0  tempora,  ô  mores!  aujour- 
d'hui on  chasse  les  moines;  alors  on  se  livrait 
à  eux  corps  et  biens! 

Mais  ces  exclamations  ne  sont  pas  des  raisons  : 
nos  savants  en  trouvent  de  plus  solides  pour  faire 
passer  la  ville  avant  le  monastère,  et  surtout  pour 
contre-carrer  l'opinion  de  Baluze.  Citons  :  a  Adhé- 
mar  des  Échelles  nous  apprend,  par  son  testa- 
ment, que  l'abbaye  de  Tulle  lui  était  parvenue 
par  droit  de  succession  du  bisaïeul  de  son  père. 
Ses  ancêtres  étaient  abbés  laïques  depuis  trois 
générations  au  moins,  lorsque  lui-même  fut  in- 
vesti de  cette  dignité Il  est  donc  incontestable 

qu'avant  750,  le  monastère  de  Tulle  avait  des 
biens  considérables;  que  pour  les  gérer  et  le  dé- 
fendre, il  s'était  donné  des  abbés  laïques;  il  est 
fort  probable  que  l'établissement  de  ces  fonction- 
naires remontait  à  des  temps  plus  reculés,  puis- 
que, dès  750  ou  même  732,  ils  avaient  commencé 
à  abuser  de  leur  autorité  en  rendant  leur  charge 
héréditaire,  h' immense  richesse  de  l'abbaye  et 
la  puissance  de  ses  abbés  militaires,  à  la  même 
époque,   attestées  par  le  testament  d'Adhémar, 


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—  408  — 

nous  autorisent  à  croire  que.Baluze  s'est  trompé 
en  fixant  au  vn*"  siècle  la  fondation  du  couvent. 
Les  fortunes  mettaient  alors  longtemps  pour  se 
former,  et  il  fallait  plus  d'un  siècle  pour  que 
des  religieux,  venus  dans  le  lieu  désert  dont  parle 
Baluze,  y  aient  construit  un  monastère,  aient  mé- 
rité les  faveurs  des  grands  personnages  de  la  pro- 
vince et  amassé  tant  de  biens.  » 

De  tout  cela  faisons,  comme  nous  pourrons, 
jaillir  quelque  ombre  de  vérité  et  disons  : 

l*"  De  l'aveu  de  nos  auteurs,  Charles -Martel 
avait  donné  vers  732,  en  dédommagement  de  ser- 
vices rendus,  au  trisaïeul  d'Adhémar,  la  portion 
du  Bas-Limousin,  de  laquelle  ce  dernier  était 
vicomte  en  930; 

2*  Le  monastère  de  Tulle  était  compris  dans 
cette  portion; 

3""  Le  trisaïeul  d'Adhémar  se  saisit  de  la  meil- 
leure part  des  revenus  du  couvent,  puisque  le 
même  Adhémar  avoue  qu'il  les  possède  injuste- 
ment du  chef  de  son  ^rrière-grand-père  ; 

4''  Les  ancêtres  de  ce  vicomte  ne  furent  donc 
pas  abbés  laïques  du  monastère,  ils  furent  plutôt 
d'impies  usurpateurs  de  ses  biens; 

5*  Adhémar  hérita  naturellement  de  cette  usur- 
pation, et  tant  qu'il  se  vit  jeune  et  avec  espoir 
de  postérité,  il  garda  son  injuste  acquisition; 

6*"  Il  n'est  paB  le  moins  du  monde  incontes- 
table qu'en  750  ou  732,  le  monastère  de  Tulle 
eût  des  biens  considérables.  En  930,  cent  quatre- 
vingts  ans  après,  le  testament  du  vicomte  énu- 
mère  les  biens  présents  du  couvent;  en  quoi  con- 


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—  409  — 

sistent-ils?  En  deux  chapelles  dans  Tulle  môme,^ 
et  huit  ou  dix  autres  chapelles  ou  églises  que  les 
moines  avaient  fondées  de  proche  en  proche,  et 
dont  les  revenus,  ôté  l'entretien  de  Téglise  ^  du 
chapelain,  se  réduisaient  réellement  au  strict  né- 
cessaire pour  quinze  ou  vingt  religieux; 

7**  Pour  la  gestion  et  la  défense  de  ces  biens, 
supposant  qu'ils  en  fussent  absolument  maîtres, 
les  moines  n'étaient  pas  assez  sots  pour  se  don- 
ner des  abbés  laïques  :  c'eût  été  mettre  le  loup 
berger.  Nous  ne  voulons  rien  affirmer  touchant 
d'autres  couvents,  mais  nous  pouvons  dire  avec 
certitude  que  les  biens  de  celui  de  Tulle  avaient 
été  usurpée  par  les  ancêtres  d'Àdhémar,  et  que 
le  titre  d'abbés  laïques  que  pouvaient  prendre 
ceux-ci  n'était  qu'une  manière  de  cacher  leur  jeu  ; 

8^  Nous  croyons  qu'il  n'y  a  jamais  eu  dans 
l'Église  d'établissement  d'abbés  laïques,  pas  plus 
que  diévéques  extérieurs  des  conciles.  Au  moyen- 
âge,  les  abus  créèrent  des  abbés  commendataires; 
ils  étaient  rarement  purs  laïques;  presque  tous 
avaient  reçu  au  moins  la  tonsure,  par  exemple, 
notre  Baluze; 

y  Alors,  comme  aujourd'hui,  les  fortunes  ne 
mettaient  pas  toujours  longtemps  pour  se  former, 
témoin  le  testament  d'Adhémar  qui,  six  ans  après 
sa  fondation,  en  936,  laisiisait  aux  moines  de  Tulle 
près  de  soixante  nouvelles  églises  ou  nouveaux 
bénéfices.  Le  lendemain  de  cette  mort,  un  visi- 
teur qui  aurait  ignoré  le  testament  et  vu  les 
possessions  du  couvent,  presque  immenses  alors, 
devait  conclure  les  yeux  fermés,  comme  Bertrand 


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—  410  — 

de  Latour,  de  Texistence  de  ce  couvent  au  i"  siè- 
cle de  notre  ère; 

10"  Où  trouve-t-on  que  les  religieux  aient  ob- 
tenu les  faveurs  des  grands  personnages  de  la 
province?  En  732,  le  roi  donne  leur  maison  et 
leurs  biens  pour  récompense  à  Tun  de  ses  sujets; 
jusqu'en  930  les  ancêtres  d'Adhémar,  usant  et 
abusant  de  leur  droit  de  maîtres,  pressurent  ces 
pauvres  moines.  Vraiment,  si  ce  sont  là  les  faveurs 
des  grandsf,  elles  ne*  sont  guère  enviables  1 

De  cet  exposé,  que  nous  ne  voulons  pas  pousser 
davantage,  il  est  facile  de  conclure  que  Baluze, 
en  fixant  au  vu"  siècle  la  naissance  du  monas- 
tère de  Tulle,  pourrait  bien  avoir  caison,  puisque 
les  arguments  qu'on  lui  oppose  ne  sont  pas  inso- 
lubles. Baluze,  outre  beaucoup  d'autres  preuves 
motivées,  s'était  appuyé,  pour  soutenir  son  opi- 
nion, sur  une  inscription  du  xii"  siècle  de  la 
châsse  de  saint  Calmine,  laquelle  prétend  que  ce 
saint  a  fondé  le  monastère  de  Tulle;  M.  Fàge, 
dans  une  note,  nous  félicite  presque  de  n'avoir 
pas  argumenté  de  cette  inscription.  Non.*  Mais 
nous  ne  récusons  pas  ce  témoignage.  Ce  que  nous 
récusons,  c'est  la  citation  suivante  d'un  historien 
qui,  quoique  fort  brave  homme,  était  très  sujet  à 
méprises.  «  De  quel  poids,  dit  F.  B.,  peut  être 
une  inscription  gravée  ^r  une  châsse  du  xii*  ou 
du  xin*  siècle,  auprès  du  témoignage  de  Grégoire- 
de-Tours  et  de  Sulpice  Sévère,  qui  rapportent  que 
saint  Calmine  se  borna  à  faire  observer  plus  stric- 
tement à  Tulle  la  règle  monastique?  »  Saint  Cal- 
mine vivait  en   690;  Sulpice  Sévère,  l'historien 


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—  411  — 

bien  entendu,  était  mort  vers  420;  Grégoire-de- 
Tours  mourait  en  595,  plus  de  trente  ans  avant 
la  naissance  de  saint  Calmine l\\  Et  nunc,  plau- 
dite,  cives/  De  pareilles  bévues  rendent  suspect 
le  témoignage  de  saint  Odon,  de  Laguionie  et  de 
Chenu,  cités  par  le  même  auteur.  Arrivé  à  ce 
point  d'une  question  qui  ne  sortira  jamais  entiè- 
rement des  limbes,  nous  pouvons  dire  avec  le 
poète  latin  :  Paulo  majora  canamus.  En  effet, 
nous  allons  tenter  un  dernier  effort  pour  démon- 
trer historiquement  et  physiquement  que  Tulle 
n'était  qu'un  affreux  désert  en  l'an  de  grâce  571. 
On  ignore  l'époque  précise  où  le  Limousin  com- 
mença à  être  gouverné  par  les  délégués  de  nos 
rois;  des  auteurs  graves  pensent  que  les  vicomtes 
de  Limoges  ne  remonteraient  pas  au-delà  de  la 
fin  du  ix*  siècle,  vers  887.  Mais  avant  cette  date 
il  y  avait  des  comtes,  car  il  est  dit  que  le  roi 
Eudes  divisa  alors  le  comté  de  Limoges  en  plu- 
sieurs vicomtes.  Quoiqu'il  en  soit  de  cette  ques- 
tion, il  est  certain  qu'au  vi'  siècle  le  Limousin, 
en  grande  partie,  était  possédé  et  gouverné  au 
nom  du  roi  par  Rinoscinde  —  en  latin  Jocundus, 
—  père  d'Arédius.  Il  est  probable  que  Clovis,  sur 
la  fin  de  son  règne,  donna  à  ce  prince  austrasien 
le  gouvernement  de  la  province.  Rinoscinde  s'éta- 
blit à  Limoges  et  y  épousa  Pélagie^  fille  de  haute 
naissance.  Ils  eurent  au  moins  deux  fils,  dont  les 
noms  nous  sont  connus  :  Eustadius,  mort  sans 
alliance,  et  Arédius  qui,  après  avoir  commencé 
ses  études  au  monastère  naissant  de  Vigeois,  fut 
envoyé  à  la  cour  de  Théodebert,  roi  de  Metz  et 


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—  412  — 

d'Austrasie.  Ce  jeune  homme,  que  TÉglise  a  de* 
puis  mis  au  nombre  de  ses  saints,  gagna  par  ses 
vertus  lé  cœur  de  Sigebert,  successeur  de  Théode- 
bert,  et  celui  de  la  farouche  Brunehaut,  laquelle 
acheta,  à  dessein  ou  non,  le  Limousin  de  Gai* 
suinde,  sa  sœur,  femme  de  Chilpéric,  et  l'incor- 
pora ainsi  au  royaume  d'Austrasie.  Cependant 
Rinoscinde  et  Eustadius  étant  morts,  Arédius, 
dégoûté  du  monde  malgré,  sa  jeunesse,  s'en  re- 
tourna à  Limoges  pour  servir  de  consolation  à  sa 
sainte  mère.  Nous  devons  croire  qu'avant  son 
départ,  Sigebert  et  Brunehaut  lui  confirmèrent, 
en  se  réservant  le  droit  de  suzeraineté,  la  dona- 
tion du  Limousin  ou  d'une  très  majeure  partie. 
De  retour  dans  sa  patrie,  ce  saint  jeune  homme 
s'adonna  à  la  piété  et  à  toute  sorte  de  bonnes 
œuvres;  il  se  fit  pèlerin  assidu  du  grand  ^aint 
Martin-dje-Tours  et  fut  élevé  à  l'ordre  de  la  prô* 
trise.  Il  fonda  le  monastère  d'Altane,  aujourd'hui 
Saint- Yrieix-la-Perche,  et  afin  de  reconnaître  les 
bons  offices  qu'il  avait  reçus  de  l'abbé  Sébastien, 
il  répara  et  agrandit  celui  de  Yigeois. 

En  571,  voyant  sa  mère  sur  l'âge  et  se  sentant 
lui-même  épuisé  par  ses  austérités,  quoiqu'il  vécût 
encore  vingt  ans,  il  fit,  de  concert  avec  cette  sainte 
veuve,  son  testament,  par  lequel  il  laissait  tous 
ses  biens  au  monastère  d'Altane,  en  léguant  seu- 
lement quelques-uns  à  celui  de  Vigeois.  Voici  les 
noms  des  principaux  de  ceux  qui  concernent  ce 
dernier  monastère  :  «  Ego  ArediuSj  et  mater 
mea  Pelagia,  cedimus  et  condonamus  Deo  et 
sanoto  Petro  apostolOj  ad  mondsterium  Vosir 


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—  413  — 

densej  apud  Lemovicas  mondsterium  Sanctir 
Michaelis,  ecclesiam  Sanctv-Petri  de  Naves,  et 
ecclesiam  Sancti-Mar'tini  de  Spartiniaco,  et 
ecclesiam  Sancti^Galli,  et  ecclesiam  de  Cam-- 
bolivaj  et  ecclesiam  de  Baissiaco.  —  Moi  Yrieix, 
et  ma  mère  Pélagie,  cédons  et  donnons  à  Dieu 
et  à  saint  Pierre,  apôtre,  pour  le  monastère  de 
Vigeois,  le  monastère  de  Saint-Michel  de  Limoges 
—  fondé  par  le  testateur,  —  Téglise  de  Saint-Pierre 
de  Naves,  l'église  de  Saint-Martin  d'Espartignac, 
Téglise  de  Saint-Jal,  Téglise  de  Chamboulive  et 
l'église  de  Bayssac.  »  (Voir  Mabillon,  Vête... 
Analec...,  t.  II,  p.  66,  édition  de  Paris,  1676.) 

Ce  texte  est  clair,  et  les  conclusions  que  nous 
allons  en  tirer  ne  seront  pas  moins  claires. 

Donc,  en  571,  saint  Yrieix  était  possesseur  de 
l'église  de  Naves,  c'est-à-dire  de  tout  le  territoire 
de  cette  localité  qui,  comme  nous  le  verrons  en- 
suite, s'étendait  jusqu'à  l'endroit  où  sera  Tulle. 
Or,  s'il  y  avait  eu  un  monastère  en  cet  endroit, 
il  aurait  été  nécessairement  enclos  dans  les  pro- 
priétés du  testateur.  En  outre,  ce  monastère,  s'il 
existait,  était  indépendant  ou  non.  Dans  le  pre- 
mier cas  saint  Yrieix,  disposant  de  ses  biens  en 
faveur  des  maisons  religieuses,  n'aurait  assuré- 
ment pas  boudé  aux  moines  de  Tulle,  au  point 
de  les  priver  d'une  église  qui  touchait  à  leurs 
portes.  Dans  le  cas  de  dépendance  du  testateur, 
peut-on  supposer  raisonnablement  que  celui-ci  ait 
voulu  enlever  à  ses  propres  moines,  et  transporter 
à  six  ou  sept  lieues  de  là,  le  don  d'une  église  si 
bien  à  leur  convenance  ?  Il  y  eut  eu  là  un  mépris 


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—  414  — 

dont  le  couvent  aurait  dû  périr.  Mais  ce  mépris 
eût  été  mille  fois  plus  injurieux  si  le  saint  tes- 
tateur avait  dédaigné  les  prières  des  moines  de 
Tulle.  En  donnant  ses  biens  aux  monastères,  il 
ne  se  réserve  que  cette  seule  consolation  pour 
lui  et  ses  parents,  vivants  ou  morts.  Si  autem, 
dit-il,  monachi  Vosidensis,  monasterii  nobis 
solatia  precebuerint.  A  condition  que  les  moines 
de  Vigeois  nous  procureront  le  secours  de  leurs 
prières.  Or,  quelle  triste  idée  de  la  piété  des  re- 
ligieux de  Tulle  nous  donnerait  le  charitable  et 
bienheureux  Yrieix,  s'il  nous  laissait  croire  qu'il 
n'a  rien  voulu  leur  donner  parce  qu'il  n'a  voulu 
rien  leur  demander?  Cette  conduite  d'un  saint  et 
le  texte  de  son  testament  suffiraient,  au  besoin, 
pour  assurer  la  non-existence  du  monastère  de 
Tulle  en  l'an  du  Seigneur  571,  et  même  591, 
année  de  la  ratification  du  testament  et  de  la 
mort  du  testateur.  Mais  nous  avons  promis,  sur 
cette  question,  des  arguments  en  quelque  sorte 
physiques;  les  voici  : 

Tulle  s'est  taillée,  dans  le  temps,  une  banlieue 
dans  là  paroisse  de  Naves.  De  l'aveu  de  tous, 
Naves  est  plus  ancien  que  Tulle,  au  moins  par 
son  Tintignac,  puisque  le  château  de  Tulle  n'au- 
rait été  construit  que  pour  servir  de  défense  à 
cette  station  romaine.  Or,  comme  le  christianisftie 
nous  est  venu,  sans  nul  doute,  par  Limoges,  Naves 
ou  Tintignac,  c'est  tout  un,  a  dû  recevoir  la  reli- 
gion chrétienne  avant  Tulle,  et  c'est  pourquoi 
on  y  voit  une  église  paroissiale  dès  571.  Il  est 
tout  naturel  que  là  où  se  trouvait  une  station  ro- 


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—  415  — 

maine,  là  aussi  se  rendissent  les  premiers  apôtres 
de  notre  sainte  religion.  A  mesure  qu*ils  avan- 
çaient, ils  bâtissaient  des  églises  qui  n'étaient,  à 
proprement  parler,  que  des  oratoires,  comme  ceux 
de  nos  missionnaires  actuels  dans  les  pays  où  ils 
débutent,  et  assignaient  à  ces  oratoires  certains 
quartiers  qui  ont  fait  ensuite  les  paroisses.  Naves 
fut  sans  conteste  Tune  de  ces  paroisses  primitives  ; 
sa  juridiction  spirituelle  embrassait  la  vallée  où 
est  Tulle  aujourd'hui.  Pour  nous  convaincre  de 
cette  vérité,  jetons  les  yeux  sur  la  carte  de  cette 
commune;  elle  étreint  Tulle  comme  une  mère 
étreint  un  enfant  bien-aimé.  Au  couchant,  par 
Chaunac,  elle  enserre  presque  tout  Souilhac;  au 
nord -est,  son  hameau  de  la  Maçonnerie  est  à 
200  mètres  du  Bourbacou,  qui  lui-même  est  tout 
au  plus  à  deux  kilomètres  et  demi  de  Tancienne 
église  des  Carmes.  Tout  le  territoire  qui  compose 
Lavialle  et  Dondou  appartenait  à  Naves  avant 
1826.  Ainsi,  en  prenant  la  cathédrale  pour  base 
d'un  demi-cercle,  les  rayons  qui  aboutiraient  à 
Tare  ne  mesureraient  pas  en  tous  sens  plus  de 
trois  kilomètres.  D'où  il  suit  avec  évidence  que 
le  monastère  a  empiété  dans  le  temps  sur  la 
paroisse  de  Naves. 

Comment  et  à  quelle  époque  cet  empiétement 
s'est-il  opéré?  Bien  certainement  après  le  don 
d'Adhémar  de  la  vicairie  de  Naves  au  monastère 
de  Tulle.  Ici  nous  devons  quelques  explications. 
En  571 ,  Naves  est  appelé  seulement  église  de 
Saint- Pierre;  il  n'est  pas  question  de  vicairie, 
pour  la  raison  bien  simple  que  le  Limousin  ne 


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—  416  — 

subit  cette  diyision  que  sous  le  gouvernement  des 
vicomtes,  dans  le  ix*  siècle  ou  la  fin  du  vin'. 
Ces  vicairies  étaient  des  portions  de  juridiction 
territoriale,  à  peu  près  comme  sont  aujourd'hui 
nos  ressorts  de  justice  de  paix.  Le  siège  en  était 
toujours  dans  la  localité  la  plus  importante  du 
ressort.  Naves  mérita  d'être  le  siège  de  Tune  de 
ces  vicairies.  Sa  juridiction  s'étendait,  d'après  Ba- 
luze,  sur  Naves,  Seilhac,  Saint-Clément,  les  Plas, 
Chameyrat,  Ste-Fortunade  et  les  Angles  —  peut- 
être  aussi  sur  Laguenne,  Chanac  et  Gimel.  — 
Tulle,  qu'elle  veuille  ou  non,  était  nécessairement 
englobée  dans  la  vicairie  de  Naves,  comme  elle 
fut  plus  tard  de  Tarchiprêtré  de  Gimel.  Il  n'y 
avait  certainement  pas  deux  justices  de  paix  à 
une  distance  aussi  rapprochée.  Il  n'est  donc  pas 
exact  de  soutenir  qu'au  ix*  siècle.  Tulle  était  le 
siège  principal  de  la  justice  de  tout  le  Bas- 
Limousin,  puisque  au  x%  en  930,  le  siège  de 
cette  justice  se  trouvait  encore  à  Naves. 

Longtemps  avant  la  cessation  de  cette  justice, 
la  paroisse  de  Naves,  par  la  division  du  Limousin 
en  vicomtes  et  sa  subdivision  en  vicairies,  avait 
cessé  d'appartenir  au  monastère  de  Vigeois  —  il  y 
eut  apparemment  des  compensations  qui  ne  nous 
sont  pas  connues.  —  Mais  jusqu'en  930,  la  vicairie 
de  Naves,  c'est-à-dire  le  propre  territoire  de  cette 
église,  ne  faisait  point  partie  des  biens  du  mo- 
nastère; là-dessus,  le  testament  d'Adhémar  est 
exprès.  Tulle,  au  contraire,  subsistait  encore  dans 
les  limites  de  cette  paroisse,  et  les  deux  églises 
de  Saint-Pierre  et  de  Saint-Julien  n'étaient  que 


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—  417  — 

iies  chapelles  de  secours.  De  cette  assertion  nous 
pourrions  citer  pour  garant  Renaud  de  Nîmes, 
qui  disait  en  1772  :  a  Saint  Martial  vint,  vers 
Tan  250,  sous  l'empire  de  Dèce  et  le  pontificat 
de  saint  Fabien,  porter  la  foi  à  Tulle  et  à  Tin- 
tignac.  Il  fit  bâtir  dans  la  forteresse  la  chapelle 
ou  Toratoire  de  Saint-Pierre.  »  C'est,  sur  la  venue 
de  saint  Martial,  Topinion  bien  probable  de  saint 
Grégoire-de-Tours  ;  nous  ne  la  discutons  pas,  seu- 
lement nous  remarquons  que  l'auteur  pensait  avec 
raison  que  dans  un  château  ou  forteresse,  il  ne 
pouvait  se  trouver  d'autre  monument  religieux 
qu'une  simple  chapelle.  Il  en  fut  ainsi  pendant 
tout  le  moyen-âge  :  les  églises  paroissiales  étaient 
toujours  hors  des  enceintes  fortifiées,  et  même 
hors  des  couvents.  La  raison  de  cet  état  de  choses 
est  facile  à  comprendre. 

Sans  trop  nous  appuyer  sur  le  sentiment  de 
Renaud  de  Nîmes,  nous  disons  qu'en  930,  Saint- 
Pierre  de  Tulle  n'était  qu'une  simple  chapelle.  Il 
en  était  de  môme  de  Saint-Julien.  A  peine  les 
couvents  se  trouvaient-ils  en  train  que  les  gens 
du  voisinage  se  hâtaient  de  les  fréquenter,  tant 
pour  les  secours  temporels  que  pour  les  secours 
spirituels.  Aiors  les  moines,  afin  de  pouvoir  ob- 
server leur  règle  sans  dérangement,  construisaient 
des  chapelles  à  côté  de  leur  basilique  ou  à  très 
peu  de  distance.  Là,  ils  faisaient  l'aumône  et 
administraient  aux  fidèles  les  secours  de  la  reli- 
gion. Plus  tard,  lorsque  un  nombre  suffisant  de 
maisons  se  fut  multiplié  autour  des  monastères, 
ces  chapelles  devinrent  églises  de  paroisses. 

T.  IX  6— a 


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—  418  — 

Mais  pour  sûr,  Saint-Julien  et  Saint-Pierre  de 
Tulle  ne  Tétaient  pas  en  930;  en  deçà  de  la 
rivière,  Naves  les  empêchait.  D'ailleurs,  qu'au- 
raient fait  deux  paroisses  à  Tulle  à  une  époque 
où  elle  n'avait  pas  300  habitants?. 

Oui,  Naves  a  fourni  la  banlieue-nord  de  Tulle 
et  même  l'emplacement  de  la  ville.  Dès  930, 
cette  paroisse  appartint  au  monastère;  alors  les 
moines  purent  tailler  dans  leur  étoffe.  Comme 
tout  était  à  eux,  ils  furent  sobres  et  ne  prirent 
qu'un  quart  de  cette  église -matrice  qu'ils  éle- 
vèrent ensuite  au  rang  de  prévôté,  et,  par  re- 
connaissance, assignèrent  au  prévôt  de  Naves  la 
troisième  place  dans  leur  chapitre. 

Avoir  disposé  de  ce  qui  leur  appartenait  était 
pour  les  religieux  une  chose  toute  naturelle  ;  mais 
prendre,  ou  plutôt  voler  en  quelque  sorte  le  pa- 
tron de  la  paroisse  qu'ils  lacéraient  était  assu- 
rément un  passe-droit  de  mauvais  aloi.  Jusqu'au 
xn*  ou  xm*  siècle,  Naves  avait  fêté  saint  Pierre, 
29  juin.  Tulle,  qui  possédait  déjà  sa  chapelle  de 
Saint-Pierre,  ayant  créé  une  paroisse  dans  cette 
chapelle,  eut  hâte  de  prendre  la  meilleure  part 
et  de  reléguer  sa  succursale  au  second  plan,  c'est- 
à-dire  à  Saint-Pierre-ès-Liens,  P'  août.  La  vérité 
de  ce  méfait  ressort  de  toute  l'histoire  ecclésias- 
tique des  temps  primitifs.  Lorsqu'on  consacrait 
une  église  à  saint  Pierre,  c'était  toujours  le  29 
juin  que  l'on  prenait  pour  fête  patronale;  et  si 
dans  la  même  localité  ou  à  très  brève  distance 
se  trouvaient  deux  églises  sous  le  vocable  de  ce 
chef  des  apôtres,  la  moins  ancienne  était  inva- 


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—  419  — 

riablement  dédiée  à  saint  Pierre-ès-Liens.  Or,  il 
nous  semble  que  nous  avons  assez  prouvé,  sans 
trop  craindre  le  démenti,  que  St-Pierre  de  Naves 
est  plus  ancien  que  Saint-Pierre  de  Tulle,  et  que 
pour  cette  raison  les  moines  luî  ont  soustrait 
dans  le  temps  son  véritable  patron. 

S'il  en  est  ainsi,  d'où  vient,  nous  demandera- 
t-on,  que  Saint-Pierre  de  Tulle  a  toujours  passé 
pour  la  première  paroisse  du  diocèse?  Il  nous 
en  coûte  pour  répondre  à  cette  question,  car 
l'église  dont  la  vérité  historique  nous  force  de 
rabaisser  le  niveau  a  eu  les  prémices  de  notre 
ministère  sacerdotal,  et  nous  lui  avons  toujours 
gardé  les  plus  doux  souvenirs  comme  la  plus 
entière  piété  filiale.  Donc,  nous  demandons  grâce 
aux  lieux  et  aux  personnes,  et  nous  convenons 
que  les  églises  paroissiales  des  villes  épiscopales 
sont  les  premières  et  les  plus  appréciables  d'un 
diocèse,  quoique  pas  toujours  les  plus  anciennes. 
Pour  Tulle,  le  fait  est  qu'à  cause  de  leur  trans- 
formation, les  trois  paroisses  de  cette  ville  sont, 
avec  quatre  ou  cinq  autres,  les  plus  récentes  du 
diocèse.  Saint-Jean-Baptiste  n'a  pas  encore  trente 
ans  d'existence;  Notre-Dame  n'est  venue  qu'au 
commencement  de  ce  siècle;  Saint-Pierre,  par  sa 
transposition  dans  l'ancienne  chapelle  des  Carmes 
et  son  changement  de  territoire,  n'a  qu'un  passé 
de  quatre-vingts  ans.  Pour  que,  après  la  tour- 
mente révolutionnaire,  tout  fût  remis  à  peu  près 
dans  son  état,  il  aurait  fallu  que  l'église  de  Saint- 
Pierre  fût  reconstruite  sur  son  antique,  emplace- 
ment et  eût  gardé  la  partie  nord  de  la  ville  et 


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—  420  — 

de  la  banlieue;  que  Saint- Julien,  uni  au  chapitre 
ou  à  Téglise  cathédrale,  dont  le  vaisseau  n'était 
autrefois  séparé  que  par  un  passage  fort  étroit, 
eût  conservé  son  nom  et  son  ancien  territoire. 
La  chose  n*était  pas  trop  faisable  au  commen- 
cement du  xix*  siècle,  aussi  n'avons-nous  pas 
envie  de  la  conseiller,  mais  de  dire  tout  bonne- 
ment qu'à  Tulle  le  rôle  des  paroisses  est  changé 
et  que,  par  conséquent^  le  prestige  est  détruit. 

Indépendamment  de  ce  changement,  St-Pierre 
ancien  et  moderne  est  loin  d'avoir  la  primauté 
d'âge  sur  beaucoup  d'autres  paroisses  du  diocèse. 
L'ancien  diocèse  en  comptait  une  cinquantaine; 
or,  sur  ce  nombre,  quinze  ou  vingt  étaient  plus 
anciennes  que  Saint-Pierre  de  Tulle.  Le  nouveau 
diocèse,  composé  d'environ  trois  cents  églises  pa- 
roissiales, en  possède,  à  coup  sûr,  plus  de  cent 
soixante  qui  dépassent  l'âge  de  l'ancienne  paroisse 
de  Saint-Pierre. 

C'est  un  calcul  que  nous  laissons  aux  recher- 
ches des  savants. 

L.-L.  NiEL,  curé. 
Naves,  20  juin  1887. 


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CARTULAIRE 

DE 

l'Abbaye  bénédietine  Saint-Martin  de  Tulle 

EN  LIMOUSIN 

PUBLIÉ  PAR 

Jean-Baptiste  CHAMPEVAL 


PRÉAMBULE 


OTRE  savant  compatriote  tul- 
liste,  Etienne  Baluze,  se  pro- 
posait sans  doute  de  faire  du 
Cartulaire  de  sa  ville  natale 
une  publication  à  part,  en- 
tourée de  tous  les  éclaircis- 
sements qu'il  savait  donner  à  ses  nombreux  tra- 
vaux. C'est  pourquoi  il  s'est  contenté  d'extraire 
de  ce  recueil  les  documents  les  plus  saillants, 
pour  les  donner  en  appendice  dans  son  Histoire 
de  Tulle,  d'ailleurs  achevée,  on  le  sent,  d'une 
main  qui  se  hâte  à  contre -cœur  vers  d'autres 
œuvres. 

Selon  le  goût  de  son  temps  et  ses  tendances 
d'étude,  l'illustre  érudit,  demeuré  toute  sa  vie 
plus  ou  moins  homme  d'église,  malgré  qu'il  en 
eût,  n'envisagea  de  sa  petite  cité,  guère  autre 


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_  422  — 

chose  que  ce  qui  Tavait  toujours  vivifiée  et  enfin 
constituée  telle,  c'est-à-dire  son  vieux  moustier 
abbatial.  Ce  tronc  vénérable,  il  Tembrassa  d'une 
étreinte  si  fidèle,  qu'après  en  avoir  scruté  har- 
diment les  dernières  racines  et  admiré  la^  tige 
élancée,  au  lieu  d'en  détourner  ses  regards  sur 
la  population  diverse  groupée  à  son  ombre,  il  se 
complut  uniquement  jusqu'au  bout  à  nous  dé- 
crire, de  son  meilleur  style,  et  ses  premiers  jets 
de  sève  puissante  et  la  floraison  dont  se  cou- 
ronna tout-à-coup  l'arbre  monastique  en  devenant 
évêché,  mais  un  évôché  où  Mascaron  devait  pré- 
céder Mgr  Berteaud,  de  douce  mémoire. 

La  ville  et  ses  institutions  municipales  nais- 
santes, le  développement  progi-essif  de  son  en- 
ceinte, d'abord  parallèle  à  l'extension  de  l'abbafye, 
les  mœurs  patriarcales  alors  de  la  bourgeoisie  tul- 
liste,  .ses  familles  d'un  plus  haut^  rang,  l'orga- 
nisation judiciaire,  la  renaissance  surtout,  qui  se 
manifesta  chez  nous  si  luxuriante  au  xvii"  siècle, 
par  ses  communautés  religieuses  de  tout  habit  : 
de  cela,  Baluze  nous  entretient  incidemment,  en 
passant  «  au  trot,  »  tranquille,  pourrions -nous 
dire,  de  sa  plume  élégante,  claire,  merveilleuse- 
ment concise. 

Allant  au  plus  pressé,  grâce  à  la  solidité  de  sa 
tête,  il  avait  constamment  la  main  très  heureuse 
dans  les  sauvetages  que  la  postérité  doit  à  son 
goût  exquis.  Il  sera  facile  de  vérifier  le  fait  avec 
le  présent  Cartulaire. 

Latour  déjà,  de  son  côté,  n'avait  certainement 
voulu  dresser  qu'un  manuel  diocésain  plus  utile 


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—  423  — 

encore  à  son  temps  qu'à  la  postérité,  en  vue  de 
fournir  à  ses  collègues  du  chapitre  et  à  son  chef, 
un  exposé  courant,  le  plus  succinct  possible,  de 
leurs  droits  essentiels,  principalement  de  ceux  con- 
testés ou  lointains,  comme  Rocamadour,  Lilleau. 
Malheureusement,  à  l'occasion  de  nos  origines, 
Institutio,  but  de  son  livre,  pour  avoir  voulu 
trop  OMier  de  légendes  et  de  la  pompe  de  son 
style  parfois  obscur,  ce  bon  tissu  de  textes  à  la 
trame  vraiment  résistante,  il  a  gravement  man- 
qué de  critique,  tant  fut  grande  son  ardeur  cour- 
tisane à  servir  la  cause  de  VéYèqne'Vicomte  en 
exaltant  outre  mesure  le  modeste  siège  de  Tulle. 
Nous  n'en  voulons  pour  témoins  que  sa  préface 
ampoulée,  et  sa  Venue  de  saint  Martial  à 
Tullum  seu  Tullam  justifiant  le  dur  reproche 
de  Baluze. 

Déjà  édité  pour  ce  qui  en  composait  la  fleur 
et  le  suc,  en  d'autres  termes,  une  fois  connues 
ses  pièces  essentielles,  relatives  soit  aux  posses- 
sions excentriques  du  monastère,  formant  ce  que 
nous  appellerions  volontiers  ses  membres  forains, 
soit  à  ses  bienfaiteurs  les  plus  marquants  (1),  notre 


(1)  Tels  que  Tévéque  de  Gahors,  etc.  (don  de  Rocamadour,  Vey- 
rac),...  colonnes  375,  377,  428,  469;  —  les  comtes  de  La  Marche, 
455;  — vicomtes  d'Aubusson  (La  Ghapelle-Spinasse),  399,  429;  —  des 
Échelles  (testam.  d'Adémar),  1;  de  Comborn,  461,  537,  473,  405,  etc.; 
—  de  Ventadour,  577,  437;  —  de  Turenne,  449,  467,  381,  463,  475, 
431,  etc.;  —  de  Saint-Cyr,  347;  —  accords  entre  abbayes,  380; 

Ou  des  dons  d'église  et  dîmes  comme  Bougueyrou,  colonne  428; 
BelpeUch,  443;  Toy-Viam,  455;  La  Chapelle^Geneste,  413,  417,  419; 
Ussac,  368;  Palazinges,  343,  345;  Tarnac,  429;.  Lonzac,  369,  407; 
Naves,  517  à  521,  etc.... 


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—  424  — 

précieux  recueil  n'offre  plus  maintenant  au  grand 
public  des  lettrés,  l'intérêt  exceptionnel  du  Gartu- 
laire  de  Beaulieu,  publié  par  M.  Deloche.  Peu  de 
vicairies  nommées,  en  effet,  point  de  divisions 
géographiques  à  découvrir  (la  vicaria  Saornacensis, 
Sornac  exceptée),  donations  gravitant  de  plus  près 
autour  du  haut  clocher  qui  les  provoqua  :  consé- 
quemment  un  assez  maigre  aliment  fourni  à  la 
curiosité  générale,  toujours  en  éveil,  au  contraire, 
sur  ces  grosses  questions  de  délimitations  de  pagi 
secondaires  et  de  centaines.  Rien  de  neuf  n'y  est 
à  signaler  non  plus  touchant  les  ofiBces  laïques, 
les  mesures  ou  redevances,  l'état  des  personnes 
ou  de  la  propriété. 

Néanmoins  l'abondance  des  chartes  restées  in- 
connues (môme  pour  une  bonne  part  aux  rares 
investigateurs  des  armoires  de  Baluze),  le  curieux 
détail  intime  des  menus  biens  venus  aux  mains 
des  moines  de  Saint-Martin  dans  un  faible  rayon 
autour  du  chef-lieu  —  recherche  attrayante  pour 
nous  surtout,  Corréziens,  —  l'énumération  d'un 
bon  nombre  de  familles  nobles  dont  Baluze,  trop 
scrupuleux  pour  l'époque  actuelle,  attendait  pa- 
tiemment de  pouvoir  renouer  avec  véracité  les 
anneaux  généalogiques  :  voilà  bien  de  quoi  faire 
juger  ce  Cartulaire  digne  d'être  enfin  mis  au 
jour  (1).  Joignez  à  ces  considérations  l'utilité  tou- 
jours plus  pressante  de  redresser  la  topographie 
ancienne  dans  cette  portion  centrale  de  la  France, 


(1)  Nous  avons  entrepris  d'éditer  aussi  le  Cartulaire  d*Uzerche 
{Bulletin  de  Tulle,  3-  trimestre  de  1887). 


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—  425  — 

aux  habitudes  si  longtemps  romaines,  et  Tintérét 
qui  ne  peut  manquer  de  s'attacher  désormais  à 
tout  ce  qui  touche  au  berceau  de  Baluze. 

En  outre,  les  chartes  mômes  qu'il  a  publiées 
gagneront  à  se  retrouver  encadrées  de  celles  qui 
les  entouraient.  Le  tableau  d'ensemble  sera  ainsi 
rétabli. 

Le  premier  des  manuscrits  auxquels  nous  em- 
prunterons le  texte  des  actes  est  une  copie  écrite 
vers  le  premier  tiers  du  xvm*  siècle,  provenant, 
selon  toute  apparence,  de  la  collection  des  héri- 
tiers de  Baluze,  dont  le  dernier  écrivait  encore, 
il  y  a  peu  d'années,  une  notice  biographique 
d'Antoine  Baluze,  l'ambassadeur  (1).  Elle  forme 
un-  cahier  de  45  feuilles,  d'un  papier  gris-blanc 
maintenant  très  jauni,  haut  de  0"26  cent.,  large 
de  0°"17,  avec  une  marge  de  0"H)3  cent,  portant 
^es  dates  et  les  noms  de  personnes  posés  en 
kyrielle,  à  la  file  indienne.  La  page  contient 
33  lignes.  Dans  le  filigrane  on  lit  :  S.  H.  L,  pro- 
bablement Salvator  hominum  Jesus^  sur  cer- 
tains feuillets.  D'autres,  au  contraire,  laissent 
transparaître  une  fleur  de  lis,  surmontée  d'une 
couronne  accostée  de  palmes.  Nous  désignerons 
ce  cahier  manuscrit  n^  1,  ou  plus  souvent  ma- 
nuscrit A. 

Le  second,  complément  des  lacunes  de  Tautre, 


(1)  Noos  avons  publié  deux  lettres  patoises,  au  caractère  tout 
confidentiel,  de  ce  personnage  {Bulletin  archéologique  de  Brive, 
tome  VI,  4"*  livraison). 


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—  426  — 

et  que  nous  appellerons  manuscrit  n**  2,  ou  mieux 
manuscrit  B,  est  une  copie  de  mêmes  date  en- 
viron, teinte  et  écriture,  mais  sans  filigrane,  en 
papier  de  0"25  cent,  sur  0°*19.  Ce  cahier  énonce 
en  tôte  :  Extrait  fait  sur  celui  de  M.  Baluze;  et  à 
la  fin  on  a  écrit  :  M.  L**  de  Baluze,  av*  à  Tulle  — 
des  Baluze  du  château  du  Cher,  commune  de 
Sarran,  canton  de  Corrèze.  —  On  y  compte  48 
pages,  dont  44  sont  pleines  et  ont  assez  cou- 
ramment 36  lignes  chacune,  d'une  écriture  fine 
et  serrée  (1). 

Pour  les  observations  particulières  auxquelles 
pourront  donner  lieu  certaines  difiBcultés  de  char- 
tes, nous  ajournons  le  lecteur  à  la  fin  du  pré- 
sent travail,  où  il  trouvera  aussi  classées  4)ar 
matières  et  par  voie  alphabétique,  sous  forme 
d'index  nominal  latin  et  français,  les  diverses 
donations  ou  ventes  ou  lambeaux  d'actes.  Les 
identifications  placées  au  bas  des  pages  s'y  trou- 
veront répétées,  quoique  sous  une  .forme  moins 
développée  et  différente. 

Quant  aux  termes  difficiles  et  aux  notions  in- 
dispensables pour  l'intelligence  de  cet  écrit  et  de 
son  époque,  nous  ne  pouvons  que  renvoyer  le 
lecteur  à  la  remarquable  introduction  de  M.  De- 


(1)  Peut-être  cette  seconde  copie  a-t-elle  été  tirée  sur  Tune  de 
celles  de  Bandel,  un  collectionneur  du  genre  de  Lépine,  qui  amas- 
sait vers  Limoges  des  matériaux  pour  VHistoire  du  Limousin 
lorsqu'il  mourut  en  1639.  Les  Gartulaires  que  nous  avons  d'Uzerche 
et  de  Dallon  sont  copiés  sur  Jean  Bandel.  —  lA  Bandel  fut  cha- 
noine à  Limoges  en  1667. 


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—  427  — 

loche  au  Cartulaire  de  Beaulieu,  où  nous  avons 
cru  devoir  signaler  seulement,  à  propos  du  com- 
mentaire, quelques  remaniements  d'identifications, 
ainsi  qu'aux  immortels  travaux  de  Ducange  et 
Guérard,  et  à  la  carte  de  Gassini,  autrement  com- 
plète que  celles  de  Tétat-major. 


EX  CARTULARIO 

SANCTX-MARTINI  TUTELUENSIS 

1.    BULLA   URBANI   PAPiE    PRO   TUITIONE  ABBATIiE 

Elutum  [forte,  pro  datum]  Lenonicis?  per  manum  Jo- 
hannis  diaconi  cardinalis  ini  nonas  Januarii,  indictione 
un  dominicae  incarnationis  anno  millesimo  nonagesimo 
sexto,  pontiflcatus  autem  domini  Urbani  papse  secundi, 
anno  octavo. 

2.  DONUM  AMERICI  DE  MALAMORTE 

Noverint  nostri  (présentes  et  post^ri)  quia  Americus  de 
Malamorte  (1)  dédit  Deo  et  S.  Martino  Tutelensi,  stagnum 
de  Planis  (2)  (sine  aliquo  retinaculo)  in  manu  domini 
Frudi  (3)  abbatis  cum  consilio  uxoris  suae  et  militum 
suorum  et  Gauberti  de  Malamort  consanguinei  sui...  et 
pro  hoc  dono  (dédit  ei  Frudiilus  abbas)  cclxx  solidos  et 


(1)  Malemort,  chef-lieu  de  commune  du  canton  de  Brive,  puis- 
sante baronnie  aux  seigneurs  de  ce  nom. 

(2)  Les  Plas,  commune  de  Saint-Clément,  canton  de  Seilhac,  où 
existe  encore  un  étang.  Cure  et  prévôté  en  1450,  et  encore  membre 
dépendant  de  la  cathédrale  de  Tulle,  1773  (ex  mets). 

(3)  Sic,  sans  signe  d'abréviation.  —  Le  Catalogue  des  abbés  de 
Tulle  dressé  par  Baluze,  rectifiant  sa  propre  liste  fournie  au 
Gallia,  donne,  sous  le  n*  13,  Frudin,  depuis  environ  1053  jus- 
qu'à 1084. 


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—  428  — 

unam  mulam  uxori  suse...  audientibus  Stephano  de  Rofl- 
niaco  (1),  Raynaldo  Rotberti...  Hoc  ipsum  donum  fecit 
Gaubertus  de  Malamorte...  nobila  quoque  uxor  Eboli  de 
Samas,  soror  Gauberti  de  Malamort  dédit...  8.  Arnaldi  de 
Poenciaco  (2),  S.  Pétri  Ainardi,  S.  ipsius  Ebali,  S.  eius- 
dem  nobile...  (3). 

3.    BULLA  PASGHALIS   II  (4) 

Paschalis  episcopus  servus  servorum  Dei  dilecto  fllio 
GuiUelmo  Tutellensi  abbati  ejusque  successoribus  régu- 
larité! instituéndis  in  perpetuum.  Piae  postulatio  volun- 
tatis  efifectu  débet  pro  sequente  compleri,  quatenus  et 
devotionis  sinceritas  laudabiliter  enitescat,  et  utilitas  pos- 
tulata  vires  indubitanter  assumât.  Postulavit  nos  siqui- 
dem  dilectio  vestra  praedecessoris  nostri  Urbani  sanctae 
memorie  secundi  statuta  firmare,  et  per  ea  Tutellensi 
cœnobio,  cui  Deo  authore  praesidet,  afflrmationis  nostre 
munimenta  conferre.  Per  praesentis  igitur  privilegîi  pagi- 


(1)  Roffignac,  famille  de  la  plus  ancienne  chevalerie,  ayant  eu 
deux  ch&teaux  de  son  nom  à  Allassac,  1600,  et  à  Saint-Germain- 
les-Vergnes,  1624,  et  possédé  durant  de  longs  siècles  la  plus 
grosse  part  de  la  coseigneurie  dudit  Saint-Germain.  (Papiers  de 
M.  Pradel  de  La  Mazë,  héritier  de  cette  puissante  maison,  cotés  : 
fonds  de  Roffignac,  à  Vignols.) 

(2)  Nom  tiré  de  Poissac,  jadis  seigneurie,  encore  cas  tel  et  gros 
village  de  la  commune  de  Ghameyrat,  canton  de  Tulle. 

(3)  En  conférant  entre  eux  les  textes  des  pages  1'*  du  manus- 
crit n*  1,  et  la  14*  du  manuscrit  n*  2,  ce  dernier  contient  de  plus  : 
présentes  et  posteri  (au  lieu  d'universi),  puis,  sine  aliquo  retina- 
culo,  puis,  dédit  ei  Frudinus  abbas  (au  lieu  de  recepit,  qui  môme 
ne  cadrait  pas  avec  mulam  uxori).  Mais  le  manuscrit  n*  1  ajoute 
tout  ce  qui  vient  après  Rotberti.  —  Nous  compléterons  désormais 
notre  texte  propre  par  ces  deux  versions,  sans  en  avertir  autre- 
ment que  pap  le  renvoi  aux  pages  réciproques  et  par  la  mise  entre 
parenthèses  des  additions  provenant  du  n*"  2,  le  tout  à  moins  de 
grande  divergence. 

(4)  Nous  rempruntons  à  La  Tour,  page  141,  qui  Ta  vidimée  éner- 
giquement,  nec  antiquiorem,..  nec  uberiorem..,  a  capite  ad  cal- 
cent.  Elle  manque  dans  nos  manuscrits. 


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—  42»  — 

nain  apostolica  authoritate  statuimus,  ut  guecumque  bona, 
quaecumque  praedia,  qusBCumqne  possessiones  ad  idem 
monasterium  pertinere  videntur,  et  qusBCumque  in  futu- 
nim  concessione  pontiflcum,  et  oblatione  fidelium  jure 
et  canonicé  poterint  adipisci,  Anna  tibi,  tuis  que  succes- 
soribus,  et  illibata  permaneant.  In  quibus  hsec  propriis 
duximus  nominibus  annontanda.  In  adjacenti  burgo  eccle- 
sias  Sancti  Pétri  (1),  S.  Juliani  (2)  ecclesiam  de  Aquina  (3), 
ecclesiam  d3  Acuto  Monte  (4),  capellam  de  Rocha  (5),  ca- 
pellam  de  Marco  (6),  capellam  de  La  Garda  (7),  capellam 
de  Bosqueto  (8) ,  ecclesiam  de  Spaniaco  (9) ,  cum  ipsa 
capella,  ecclesiam  Sanctae  Mariée  de  Glergor(lO),  eccle- 
siam de  Spinaciis  (il),  ecclesiam  de  Aureliaco  (12),  eccle- 
siam de  Altoire  (13),  ecclesiam  de  Monadera  (14),  ecclesiam 


(1)  Saint-Pierre,  église  détruite,  sise  à  Tulle,  au  bout  de  la  rue 
en  escalier,  dite  des  Quatre- Vingts. 

(2)  L'église  Saint- Julien  était  aussi  à  Tulle,  sur  la  place  Saint - 
Julien,  entre  la  cathédrale  et  la  bascule  actuelle. 

(3)  Laguenne,  patron  saint  Martin,  aujourd'hui  chef-lieu  de  com- 
mune du  canton  de  Tulle. 

(4)  Gumont,  commune  du  canton  de  La  Roche- Ganillac. 

(5)  S'applique  au  susdit  La  Roche. 

(6)  Marc-la-Tour,  chef-lieu  de  commune  du  canton  de  Tulle. 

(7)  Lagarde,  chef-lieu  de  commune  du  môme  canton,  où  était 
cette  chapelle,  distincte  de  Saint- Georges  de  la  Beauvirie  et  du 
n*  6,  qui  suivra. 

(8)  Le  Bousquet,  aujourd'hui  village  en  la  commune  de  Saint- 
Paul,  canton  de  La  Roche. 

(9)  Espagnac,  chef-lieu  de  commune  du  môme  canton  de  La  Roche. 
L'église  est  restée.  La  chapelle  voisine  (Virige?)  a  disparu. 

(10)  Glergoux,  chef-lieu  de  commune  du  susdit  canton. 

(11)  La-Ghapelle-Spinasse,  chef-lieu  de  commune  du  canton  d'Ëgle- 
tons.  Bonnélye,  par  sa  traduction  des  noms  de  lieux,  qui  témoigne 
de  peu  d'étude  géographique  locale,  identifie  mal  ici  et  ailleurs. 
Nous  renonçons  à  relever  ses  erreurs  trop  nombreuses  en  ce 
genre. 

(12)  Orliac-de-Bar,  chef-lieu  de  commune  du  canton  de  Gorrèze. 

(13)  Toy-Viam,  cheMieu  de  commune  du  canton  de  Bugeat. 

(14)  Monédière,  aujourd'hui  simple  village,  incorporé  &  la  paroisse 
de  Ghaumeil,  canton  de  Gorrèze. 


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—  430- 

de  Madrangis  (1),  capellam  de  La  Valetta  (2),  capellam 
de  Planis  (3),  capellam  de  la  Genesta  (4),  capellam  de 
Auriaco  (5),  capellam  de  Bello-Podio  (6),  ecclesiam  de 
Brancelia  (7),  capellam  de  Capiaco  (8),  ecclesiam  Sancti 
Boniti  de  Avalosa  (9),  ecclesias  de  Vayriaco  (10),  videlicet 
Sancti  Stephani,  Sancti  Martini  et  Sancti  Germani,  eccle- 
siam de  Sancto  Michaele  (11),  et  ipsam  capellam  de  Cas- 
tello  (12),  ecclesiam  Sancti  Petride  Beneriis  (13),  ecclesiam 
SanctaeMariae  de  Miseria(l  4),  ecclesiam  Meyronse  (15),  eccle- 
siam Sancti  Pétri  de  Vogayro  (16),  capellam  de  Bello-Gas- 
tello  (17),  ecclesiam  Sancti  Georgii  de  Mayrac  (18),  eccle- 


(1)  Madranges,  maintenant  gros  village  avec  une  chapelle  Saint- 
Barthélémy,  en  la  paroisse  du  Lonzac. 

(2)  La  Valette,  patron  Notre-Dame  (Lonzac),  canton  de  Treignac. 

(3)  Les  Fias  (Saint-Clément).  Nous  mettons  la  commune  entre 
parenthèses. 

(4)  La  Chapelle- Geneste,  ancienne  paroisse,  maintenant  enclavée 
en  celle  de  Saint-Bonnet-l'Enfantier,  canton  de  Vigeois. 

(5)  Auriac,  commune  du  canton  de  Saint-Privat. 

(6)  Belpeuch,  aujourd'hui  paroisse  de  la  commune  de  Camps, 
canton  de  Mercœur. 

(7)  Branceilles,  commune  du  canton  de  Meyssac. 

(8)  Chachat,  village  de  la  commune  de  Louignac,  canton  d'Ayen. 

(9)  Saint-Bonnet-Avalouse,  commune  du  canton  de  Tulle. 

(10)  Ces  trois  églises,  dont  deux  ont  disparu,  étaient  à  Veyrac, 
chef-lieu  de  canton  du  Lot. 

(11)  Saint-Michel-de-Bannières,  commune  du  canton  de  Veyrac 
(  Lot). 

(12)  Nous  placerions  la  chapelle  du  Gastel  au  voisinage  immédiat 
de  ce  Saint-Michel. 

(13)  L'ancienne  paroisse  de  Saint-Pierre-de-Bannières,  aujourd'hui 
hameau  de  Saint-Pierre-le-Vestit,  distincte  de  sa  voisine  Saint- 
Félix-de-Bannières  et  près  Saint-Martin-des-Fargues,  disparue.  Les 
clochers  étaient,  on  le  voit,  fort  multiphés  par  là. 

(14)  Falso  pro  Maceria,  et  probablement  non  loin  de  Bétaille  (Lot) 
et  de  la  Dordogne. 

(15)  Meyronne,  commune  du  canton  de  Martel  (Lot). 

(16)  Bougueyrou,  paroisse  du  canton  de  Martel,  en  aval  de  Saint- 
Sozy. 

(17)  Belcastel,  id. 

(18)  Meyrac,  près  Saint-Sozy. 


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-^  431  — 

sias  Sanctae  Mariae  de  Rocamadour  (t),  ecclesiam  de  .Gran- 
sania  (2),  ecclesiam  Sanctae  Mariœ  de  Saliaco  (3),  eccle- 
siam de  Olonziaco  (4),  ecclesiam  de  Marciliaco  (5),  eccle- 
siam Sancti  Aredii  (6),  ecclesiam  Sancti  Juliani  de  Por- 
caria  (7),  ecclesiam  Sancti  Mantilii  (8)  {legendum  Mau- 
rilii),  ecclesiam  de  Bragusa  (9),  ecclesiam  de  Lagarda  (10), 
ecclesiam  Sanctae  Fortunatae  (11)  ecclesiam  de  Albuciaco  (12) 
ecclesiam  de  Nova  villa  (13),  ecclesiam  deMolceo  (14),  eccle- 
siam Sancti  Amantii(15),  ecclesiam  Sancti  Martialis  Faur- 
censis  (16),  ecclesiam  Sancti  Silvani  (17)  et  ecclesiam  Sancti- 
Boniti-Al-Ver  (18),  ecclesiam  Sancti  Pardulphi  de  la  Cro- 
silia  (19),  ecclesiam  Sancti  Martini  (20)  quod  est  inter  Dus- 
trem  et  Dordoniam,  ecclesiam*  d'el  mordelgues  (21),  eccle- 

(1)  Rocamadour,  pèlerinage  célèbre,   chef-lieu  de  commune  du 
canton  de  Gramat  (Lot). 

(2)  Grandsagne,  chef- lieu  de  commune  du  canton  de  Bugeat. 

(3)  Seilhac,  chef-lieu  de  canton. 

(4)  Le  Lonzac,  chef-lieu  de  commune,  canton  de  Treignac. 

(5)  Marcillac-la-Groisille,  commune  du  canton  de  La  Roche-Ga- 
nillac. 

(6)  Saint- Yrieix-le-Déjalat,  commune  du  canton  d'Égletons. 

(7)  La  Porcherie,  oommune  du  canton  de  Pierre-Buffière  (Haute- 
Vienne). 

(8)  Mezels,  «patron   saint   Maurilion   (d'où   le   nom   fréquent  de 
Morlhon,  Mourlhon),  commune  de  Veyrac  (Lot). 

(9)  Braguse,  aujourd'hui  commune  de  Gimel,  canton  de  Tul/e. 

(10)  L'église  paroissiale  de  Lagarde,  canton  de  Tulle,— distincte. 

(11)  Sainte-Fortunade,  commune  du  canton  de  Tulle. 

(12)  Albussac,  commune  du  canton  d'Argentat. 

(13)  Neuville,  idem. 

(14)  Monceaux,  id. 

(15)  Saint- Ghamant,  id: 

(16)  Forgés,  id.,  aujourd'hui  pourvu  seulement  d'une  église,  la 
seconde  ayant  été  dédiée  à  saint  Michel. 

(17)  Saint-Silvain,  commune  du  canton  d'Argentat. 

(18)  Saint-Bonnet-El-Vert,  id. 

(19)  8aint-Pardoux-la-Groisille,  commune  du  canton  de  La  Roche. 

(20)  St-Martin-la-Méanne(c'est-à-dire  mitoyenne,  entre  deux  eaux, 
Mediana),  commune  du  canton  de  La  Roche. 

(21)  Puis  dit  Saint- Pardoux-lès-Saint-Ghamans,  le  nom  du  saint 
guéretois  lui  ayant  fait  perdre  son  vocable  de  Murdegolum. 


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—  432  — 

siam  de  la  Mazeira  (1),  ecclesiam  Sancti  Pétri  de  Sadro  (2), 
ecclesiam  Sancti  Maxentii  (3),  ecclesiam  Sancti  Laurentii 
de  Gorza  (4),  ecclesiam  de  Meyriniac  (5),  ecclesiam  de 
Peyrac  (6),  ecclesiam  de  Gales  (7),  ecclesiam  Sancti  Me- 
dardi  (8),  ecclesiam  Sancti  lacobi  Carducis  {legendum  Ca- 
durcis)  sitam  (9),  ecclesiam  de  Treyniac  (10),  cum  capella 
ipsius  castri  (11),  ecclesiam  Sancti  Juliani  de  Garriga  (12) 
et  quae  in  posterum,  authore  Deo,  ad  idem  monasterium 
offerri,  et  aliis  iustis  modis  pervenire  contigerit,  quieta 
semper  et  intégra  vobis,  vestris  que  successoribus  conser- 
ventur.  Ecclesias  vero  cum  pertinentiis  suis,  sive  praedia 
ab  eodem  monasterio  distracta  prsecipimus  revocari,  et  in 
perpetuum  conservari.  Et  ne  quae  persona  ecclesiastica, 
vel  secularis  iustae  revocationi  obviare,  vel  impedire  prse- 
sumat,  Apostolicae  Sedis  authoritate  interdicimus.  Obeunte 
autem  te  eiusdem  loci  Abbate,  vel  tuorum  quolibet  suc- 
cessorum,  nullus  ibi  qualibet  surreptionis  astutiae,   seu 


(1)  La  Mazière-Basse,  commune  du  canton  de  La  Roche. 

(2)  Sadroc,  commune  du  canton  de  Donzenac. 

(3)  Saint-Mexant,  commune  du  canton  de  Tulle. 

(4)  Probablement  La  Corse,  commune  et  canton  de  Donzenac. 

(5)  Meyrignac-rÉglise,  commune  du  canton  de  Qorrèze,  ainsi 
nommée  pour  la  distinguer  du  village  appelé  de  son  côté  Mey- 
rignac-de-Bar.  Il  a  cependant  perdu  son  église,  et  les  paroissiens 
sont  desservis  par  Gorrèze. 

(6)  Peyrac,  chef-lieu  de  canton  du  Lot. 

(7)  Calés,  commune  du  canton  de  Peyrac  (Lot). 

(8)  Bien  mieux  Saint-Médard-de-Salgues,  commune  de  Cramât, 
que  Saint- Merd-de-Lapleau,  commune  du  canton  de  Lapleau. 

(9)  Saint-Jacques,  à  Gahors  môme,  probablement  au  sud  de  la 
ville,  en  la  banlieue,  sur  la  voie  de  Rocamadour  et  comme  par 
droit  de  chemin  roumieu.  Ne  dépendait  plus  de  Tulle  en  1232. 

(10)  Treignac,  mais  pour  ses  églises  paroissiales  Saint-Martin, 
Saint-Jean-l'Évangéliste,  dite  des  Églises  et  détruites. 

(11)  Ghapelle-du-Gh&teau  à  Treignac,  disparue,  distincte  de  oelle 
de  la  Basse-Cour. 

(12)  Saint-Julien-Momoat,  commune  du  canton  de  Mtyssac,  autre- 
ment dite  jadis  Saint-Julien-le-Déjalat.  Elle  réunit  aujourd'hui  deux 
paroisses,  soit  Saint-Julien  et  Momont. 


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—  433  — 

violentîâ  praBponatur,  nlsî  quem  fratres  communi  con- 
scnsu  f  vel  fratrum  pars ,  et  consilii  sanîorls  secundum 
Dei  timorem  et  Beati  Benedicti  regulam  elegerint.  Quin 
etiam  omnimodo  interdicimus,  ne  pro  Âbbatise  introitu 
a  quolibet  viventium  munus  quodlibet  exigatur  sepultu- 
ram  milîtum  de  Gimel  (1),  de  Bar  (2),  de  Correzia  (3),  de 
Bo8sac{4),  de  Seillac(5),  de  Sancto  Clémente  (6) ,  de 
Sancto  Germano  (7),  de  Sancta  Ferreola  (8),  de  Favars  (9), 
de  Cornilh  (10), de  Sancta Fortunata  (11),  de  Lagardall2),de 
Sancto  Amantio  (13),  de  Naves  (14),  de  Roca  (15),  de  Mar- 
ciliaco  (16),  de  Sancto  Aredio  (17),  de  Campaniaco  (18),  de 
Clergor  (19),  de  Ladignac  (20),  et  omnium  vice  comitum  de 
Conbor  (21)  et  de  Ventadour  (22),  vobis  a  quolibet  auferrî, 
vel  interrumpi  prohibemus;  decernimus  ergo   ut  nulli 


(1)  Gimel,  commune  du  canton  de  Tulle. 

(2)  Bar,  coidmune  du  canton  de  Gorrèze. 

(3)  Gorrèze,  chef-lieu  du«canton. 

(4)  Boussac,  mieux  le  village  de  ce  nom,  commune  d'Orliac,  que 
Boussac  (Sainte-Fortunade),  tous  deux  ayant  été  seigneuries,  mais 
le  premier  baronnie  puissante. 

(5]  Seilhac,  chef-lieu  de  canton. 

(6)  Saint-Clément,  commune  du  canton  de  Seilhac. 

(7)  8aint'6ermain*les- Vergues,  commune  du  canton  de  Tulle. 

(8)  Sainte-Féréole,  commune  du  canton  de  Donzenac. 

(9)  Favars,  commune  du  canton  de  Tulle. 

(10)  Cornil,  id. 

(11)  Sainte-Fortunade,  id. 

(12)  Lagarde,  déjà  indiquée. 

(13)  Saint-Ghamans,  id. 

(14)  Naves,  commune  du  canton  de  Tulle. 

(15)  La  Roche,  déjà  indiquée. 

(16)  Marciliaco,  id. 

(17)  Saint- Yrieix-le-DéjaJat.  id. 

(18)  Ghampagnac-LaNouaille,  d'Égletons ,  ou  Champagnac-la-Pru- 
ne,  de  La  Roche. 

(49)  Glergoux,  déjà  indiquée. 

(20)  Ladignac,  commune  du  canton  de  Tulle. 

(21)  Gomborn,  commune  d'Orgnac,  canton  de  Vigeois. 

(22)  Ventadour,  commune  du  Moustier- Ventadour,  canton  d'Égle- 
tons. 

T.  IX.  5-4 


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—  434  — 

omnino  hominum  liceat  idem  monasterium  temere  per- 
turbare,  aut  eius  possessiones  auferre  vel  ablaUs  reti- 
nere,  minuere,  vel  temerariis  vexationibus  fatigare;  sed 
omnia  intégra  conserventur  iis  pro  quorum  sustenta  tione 
et  gubernatione  concessa  sunt,  usibus  omnimodis  profu- 
tura  si  quis  ergo  in  crastinum,  Archiepiscopus,  Epis- 
copus,  Imperator,  aut  Rex,  Princeps,  aut  Dux,  Cornes, 
Vicecomes,  Judex,  aut  quaelibet  Ecclesiastica  Secularis  ve 
persona,  banc  nostrae  constiJ,utionis  paginam  sciens,  citra 
eam  temere  venire  tentaverit  secundo,  tertiove  commo- 
nita,  nisi  in  satisfactione  congrua  emendaverit  potestatis, 
honorisque  sui  dignitate  careat,  reamque  se  divino  iudi- 
cio  existere  de  perpetrata  iniquitate  cognoscat  et  a  sacra- 
tissimo  corpore  et  sanguine  Dei,  et  Domini  nostri  Re- 
demptoris  lesu  Christi  aliéna  fiât  :  atque  in  extremo 
examine  distinctœ  ultioni  subiaceat.  Cunctis  autem  eidem 
loco  iusta  servantibus  sit  pax  Domini  nostri  Jesu  Christi, 
quatenus  et  hic  fructum  bonae  ^ctionis  percipiant,  et 
apud  districtum  iudicem  praemia  œternse  pacis  inveniant. 
Amen.  Amen.  Amen.  Scriptum  per  manum  loannis  pri- 
marii  et  notarii  sacri  palatii.  Ego  Paschalis  Catholicae 
Ecclesiae  Episcopus  subscripsi.  Datum  Laterani  prima  die 
Kalend.  Novembris  per  manum  loannis  Romanae  Ecclesie 
Archidiaconi  Cardinalis,  ac  bibliotecarii,  indictione  13. 
Incarnationis  Dominicae  anno  MCV.  Pontificatus  autem 
Domini  Paschalis  Papae  secundi  anno  septimo. 

4.    BULLA.  ALTERA   PASCHALIS  (1) 

BuUa  Paschalis  papae  Ebalo  abbati  tutellensi  de  ecclesiis 
ejusdem  loci Datum  Laterani,  per  manum  Johannis 


(1)  Latour  ne  mentionne  pas  cette  bulle,  analysée  par  nos  deux 
manuscrits,  mais  il  nomme  la  bulle  n"  1  d'Urbain  et  dit  de  plus, 
page  149,  2"-  édition  :  Aliam  legimus  démentis  tertii  Laterani 
idibus  Junii  anno  a  sainte  mundi  MGLXXVIII,  confectam  per 
quam  idem  prohibet  Pontifex,  ut  nuUus  infra  fines  Ecclesiarum 
ad  Tutellenso  monasterium  pertinentium  absque  Abbatis  et  mona- 
chorum  hujus  asseusu  de  novo  ecclesiam  seu  oratorium  prœsumat 


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—  435  — 

sanctae  Romanse  ecclesiae  diaconi  cardinalis  ac  biblio- 
thecarii,  11  Kalendas  aprilis,  indictionis  7,  incarnationis 
dominicae,  anno  millesimo  centesimo  quindecimo,  ponti- 
ficatus  autem  domini  Paschalis  secundi  papœ,  itidem 
quindecimo. 

5.    DONUM  SAVARIGI   DE  MALLBONE  (1) 

Quae  geruntur  in  tempore  ne  labautur  cum  lapsu  tem- 
poris,  poni  soient  in  voce  testium,  et  scripturae  memoriae 
commendari.  Notum  sit  igitur  tam  praesentibus  quam 
futuris,  quod  ego  Savaricus  de  Malleone  (2),  princeps  et 
dominus  Thalemundensis  (3)  ob  remedium  animsB  mese 
omnium  que  parentum  meonim  deffunctorum,  tam  ante- 
cessorum,  quam  successorum,  dedi  et  concessi  in  puram 
et  perpetuam  eleemosinam  Deo  et  ecclesiae  beatae  Mari» 
de  Rocamadour,  seu  abbati  et  monachis  Tutellensibus 
locum,  qui  vocatur  Lisle  (4)  sub  dominio  Castri  lulii  : 
Et  totam  terram  que  est  infra  ultima  fossata,  quae  fue- 


instituere  sin  minus  sanctorum  Apostolorum  Pétri  et  Pauli  indi- 
gnationem  incurrat.  —  Aliam  Innocentii  quarti,  qua  nec  Ecclesiam 
Tutellensem,  nec  Rupisamatoris  (çenerali  usquam  interdicto  su- 
besse  declaravit  anno  MCGXLVI.  —  Gonfirmata  a  Nicolao  4,  anno 
MGCXL.  -  Et  Gregorio  XI,  anno  MGGGXXVIII.  ~  Et  alias  plu- 
res  super  pluribus. 
Nos  deux  manuscrits  ne  les  mentionnent  pas. 

(1)  Nos  manuscrits  ne  faisaient  qu'analyser  cette  charte.  Nous 
la  rétablissons  avec  Latour,  page  193. 

(2)  Malleone,  Mauléon,  petite  ville  du  Poitou,  diocèse  de  La 
Rochelle,  près  la  Sèvre-Nantaise.    « 

(3)  Talmont,  petite  ville  de  Saintonge,  avec  le  titre  de  princi- 
pauté, aujourd'hui  cheMieu  de  commune  du  canton  de  Gozes  (Gha- 
rente-Inférieure). 

Ge  don  de  Lilleau  fut  peut-être  l'accomplissement  d'un  vœu  et 
la  suite  d'un  pèlerinage  à  Rocamadour,  en  reconnaissance  d'un 
naufrage  évité. 

(4)  Nos  manuscrits  ne  nomment  que  Lisleau  comme  lieu  donné; 
mais  le  présent  texte  (à  moins  de  n'avoir  mis  Lisleau,  2,  qu'à 
titre  de  variante  de  Lisle,  ce  qui  est  douteux)  signale  deux  lieux, 
le  second  diminutif  et  distinct  du  premier. 


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—  436  — 

runt  olim  facta  ad  clausuram  loci  nominati,  ad  facien- 
dam  voluntatem  monachorum,  quos  ibi  constitui  in  ho- 
norem  beatae  Marise  virginis,  ad  villas  constituendas 
ab  omnibus  homînibus  extraneis  aliunde  quam  de  terra 
mea  venientibus  :  et  illi  homines,  qui  ibi  se  coUocave- 
rint,  erunt  liberi  et  immunes  ab  omni  servitio,  taleia, 
bianno,  et  exactione  nullo,  mihi,  vel  haeredibus  meis,  in 
iis  retento  dominio  seu  servitio.  Dedi  etiam  monachis 
ibidem  Deo  servientibus  chaicam  meam  cuniculorum  quae 
est  inter  locum  et  crucem  de  Lisleau  (1)  ex  una  parte, 
et  ex  altéra  parte,  inter  domum  leprosorum,  et  ecclesiam 
Deuchz.  Item  assignavi  eis  viginti  libras  renduales  Pic- 
tavinorum  veterum  quas  habebam  in  meditariis  Sancti 
Candidi  et  Violii  et  in  honore  de  Benahon  percipîen- 
das  annuatim  in  festo  Sancti  Michaôlis,  apud  Lisleau 
delatas.  Prseterea  dedi  eisdem  monachis  viginti  sextaria 
frumenti  annuatim  percipienda  in  area  mea  de  Lislaus, 
de  primo  frumento,  quod  exierit  de  area,  et  nisi  intègre 
in  illa  area  percipi  potuerint,  in  area  mea  de  Peyle- 
vent  perficientur  eisdem.  Similiter  dedi  eis  medie- 
tatem  segetis,  quam  percipiebam  in  maresiis  Alexandri 
Aufrem  :  et  in  maresiis  loannis  de  Roflac,  quae  de- 
derat  domui  eleemosinariae  de  Rupella  (2),  quam  Alexan- 
der  Aufrem  construxit.  Et  décimas  bestiarum  et  lanae 
praedictorum  maresiorum.  Insuper  dedi  eis  et  concessi 
unam  marcham  argenti,  quam  Raymundus  de  Malleone 
pater  meus  bonae  mémorise  contulerat  (3)  capellano  ibi- 
dem Deo  servienti.  Dedi  etiam  eis  unum  hominem  apud 


(1)  Identifions  Lisleau,  dit  Lileu  en  1384;  —  Lislello,  en  1464;  — 
Lisiesle,  en  1503;  —  Lileau,  en  1625.  A  toutes  ces  dates  prieuré 
Notre-Dame,  dépendant  de  Tulle,  aujourd'hui  village  de  la  com- 
mune d^Angoulin,  canton  de  La  Rochelle  (Charente -Inférieure). 

(2)  La  Rochelle,  chef-lieu  de  la  Charente-Inférieure. 

(3)  Notre   manuscrit  A,   autrement  désigné   n»    1,   porte   après, 

Castri  lulii ad  faciendam  omnem  voluntatem  monachorum  quos 

ibi  [à  Lileau]  constitui  in  honore  beat»  Mariae  virginis testes 

sunt,  etc. 


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—  437  — 

meditarias  de  Maufrez  qui  vocatur  loannes  de  Sancto 
Albino  (1),  et  haeredes  suos,  llberos  et  immunes  ab  omni 
servitio  et  condusma,  talleia  et  exactione  :  et  reddent  eis 
singulis  annis  in  festo  Sancti  Michaôlis  sexagiata  solidos 
currentis  monetœ.  Prior  autem  et  monachi  in  praedicto 
loco  Deo  servientes  reddent  annis  singulis,  viginti  solidos 
currentis  monetœ,  abbatiae  Sancti  Gypriani  Pictavensis 
in  festo  Sancti  Michaëlis  :  Ita  quod  monachi  dictse  abba- 
tiae mittent  nuntium  suum  ad  recipiendum  praedictos  vi- 
ginti solidos  :  monachi  vero  de  Lisleau  capient  istos 
viginti  solidos,  videlicet  super  tenementum  Thomae  Ven- 
der  decem  solidos,  et  alios  decem  super  salinam  Bene- 
dictae  Ârœunae  (2)  apud  Engolismam.  Ut  hoc  autem  ratum 
et  inconcussum  maneat  praesentem  cartulam  de  praedictis 
eleemosinis,  supradictis  monachis  dedi  sigilli  mei  muni- 
mine  roboratam,  hujus  rei  testes  sunt,  Raymundus  de 
Parata  (3)  tune  ablas  Sanctae  Crucis  de  Thalemond  (4), 
Arnaudus  tune  abbas  Sancti  Leodegarii,  Gaufridus  de 
Llemaignie  tune  archipraesbiter  de  Rupella,  G.  de  Mota, 
Hugo  Primant,  R.  Guienou,  S.  Cimau,  S.  Loieau,  mi- 
lites P.  Veillet,  Alexander  Aufretz,  magister  Aymericus 
de  Sancto  Albino  Randou  clericus,  et  alii  plures.  Datum 
per  manum  Regisnaldi  clerici  tune  camerarii  mei  et 
prioris  de  Lisleau,  anno  gratiae  millésime  ducentesimo 
decimo  octavo  (5). 

6.    DONUM   ODONIS,    GOMITIS   MARGHIiB,    DB   MONSALVI 

Omnibvs  in  Ghristo  pie  viventibus  dignum  est,  ut  ob 


(t)  Il  y  a,  non  loin  de  là,  i^n  village  do  Saint-Aubin,  commune 
de  Villejésus,  canton  d'Aigre  (Charente).  Mais  il  nous  faut  un 
Saint- Aubin-Randon. 

(2)  Angoulôme. 

(3)  Ces  noms  sont  francisés  au  xviii*  siècle  :  La  Mothe  (nom  de 
lieu  fréquent  dans  les  Gharentes),  Alemaigne,  —  Finaud  (sic),  même 
en  latin  au  manuscrit  n*  1,  en  marge. 

(4)  Abbaye  Sainte-Croix,  fondée  à  Talmont  en  1046. 

(5)  En  1329  et  1535,  le  prieuré  de  Lilleau  acquittait  encore  mille 
seiches  de  pension  annuelle  aux  religieux,  puis  au  chapitre  de 
Tulle,  pour  le  maigre.  (Latour,  pages  i97<198J 


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—  438  — 

amorem  Dei,  et  sanclae  religionis  loca  sanctorum  divinis 
cultibus  mancipata  de  rébus  sibi  debitis  ita  dotent,  ut 
futuris  temporibus  inconcussa,  Deo  auxiliante,  manere 
valeant  :  maxime  his  temporibus  condecet,  cum  iam  se- 
nescente  mundo  dies  Domini  instet.  Idcirco  ego  Oddo 
comes  MarchiaB  (1),  consentiente  fratre  meo  Aldeberto  et 
ipsius  consilio  et  authoritate,  dono  Deo  et  Beatae  Mariae 
de  Rupeamatoris,  et  Sancto  Martino  Tutellensi,  et  mona- 
chis  ibidem  servientibus,  sylvam  meam  quae  vocatur  Mons 
Salvi  (2),  cum  omnibus  terris,  cultis  et  incultis,  quae  ad 
ipsam  sylvam  pertinent,  pro  anima  mea,  et  fratris  mei 
Alberti,  et  patris  mei,  sive  matris  meae,  et  omnium  pa- 
rentum  meorum,  ut  misereatur  nostri  pius  retributor, 
qui  est  omnium  salvator.  Hanc  autem  sylvam  sciant, 
qui  scire  voluerint,  sitam  esse  inter  nemus  ex  una  parte 
quod  vulgo  dicitur  Nemus  hellatomm^  ex  altéra  inter 
ipsum  quod  dicitur  Nemus  amorivm  :  ex  altéra,  sibi  adja- 
cet  nemus  quod  dicitur  de  Bezeus,  a  parte  stratae  public»  : 
ex  altéra  vero,  nemus  quod  dicitur,  Coste  Chapsis.  Huius 
autem  sylvae  donationem  ita  liberrimam  ab  omni  exac- 
tione  esse  volo  et  statuo  ut  nuUus  unquam  hominum, 
exceptis  priore  d'Autoyre,  et  monachis,  au t'fra tribus,  aut 
donatis  eodem  in  loco  manentibus,  introitum  aut  exltum, 
aut  feudum,  aliqua  possit  aut  debeat  occasione  habere  : 


(1)  Nos  manuscrits  ne  la  donnant  que  par  extrait,  nous  la  pre- 
nons dans  Latour,  page  188,  avec  quelques  compléments.  La  Mar- 
che limousine,  —  laquelle,  prenait  ici  moitié  des  bourgs  d'Eygu- 
rande  et  de  Bugeat  (Gorrèze),  sans  pour  cela  posséder  tout  le 
terrain  intermédiaire  d'une  façon  continue  et  uniforme. 

(2)  Montsalvi,  disparu  près  la  Bastisse  de  Toy-Viam,  canton  de 
Bugeat  susdit,  et  près  Bezeauz.  (Voyez,  page  687  du  Bulletin 
archéologique  de  Brive,  tome  VIII,  4'"*  livraison,  notre  réfuta- 
tion des  identifications  de  M.  Deloche,  de  llnstitut.  Ici  M.  Alfred 
Maury,  dans  son  livre  intitulé  :  Les  Forêts  de  la  Gaule,  se 
trompe  de  150  kilomètres  au  moins  en  disant  qu'il  s'agit  de  Mont- 
salvy,  chef-lieu  cantonal  du  Gantai.  La  forêt  de  Montsalvy,  près 
de  Toy-Viam,  est  ^core  connue  des  habitants,  et  Tulle  eut  ce 
prieuré  jusqu'en  1789.  Bezeaud  (Viam)  a  134  habitants. 


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—  439  — 

et  non  solum  dictam  donationem  liberam,  ut  dictum  est, 
esse  volo  et  statuo;  sed  insuper  quidquid  unquam  de 
cœtero  prior  dicti  loci  d'/Tutoyre  (1)  tenere  liberaliter  et 
canonice,  tam  de  meis,  quam  de  aliis  hominibus  et 
mulieribus,  in  augmentum  vel  servitium  dicti  prioratus 
acquirere  poterit,  sub  dicta  liberalitate  et  franchitate  nos- 
tra,  et  sub  mea  et  successonim  meorum  protectione  et 
defensione  esse  volo  et  statuo.  Qui  autem  contra  dictœ 
donationis  constitutionem  ausu  temerario  contraire  in  ali- 
quo  praesumpserit,  inprimis  iram  Dei  omnipotentis  et 
beatae  Mari»  semper  virginis  et  beati  Martini,  omnium 
qiie  sanctorum  incurrat,  cum  Dathan  et  Abiron  in  aeter- 
num  in  inferno  permaneat  :  insuper  et  damnum  quod 
de  dictis  rébus  fecerit,  priori  dicti  loci  de  Autoyre  in 
quadruplum  restituât.  Factum  est  hoc  donimi  apud  anno 
Domini  incarnationis  millesimo  centesimo  decimo  nono. 
Régnante  Ludovico  rege,  tempore  fiustorgii  episcopi  Le- 
movicensis,  Ebalo  abbate  régente  Tutellensem  abbatiam. 
Facta  charta  apud  Payracum  (2),  quarto  nonas  ianuarii, 
tote  portam  monasterii  eiusdem  loci.  R.  de  Leron  (3) 
miles,  G.  de  Garach  (4),  A.  de  Pairac.  P.  de  Tornamira 
prior  supradicti  prioratus.  P.  de  Latfau,  R.  de  Buzac, 
huius  rei  testes  fuerunt  (5). 

7.  Noverint  universi quod  ego  Gailhardus  de  Vai- 


(1)  Le  Toy-Viam,  commune  du  canton  de  Bugeat. 

(2)  Peyratle-GhâteaUi  commune  du  canton  d'Eymoutiers  (Haute* 
Vienne),  prieuré,  1550,  en  Tarchiprêtré.d'Aubusson  —  ex  meis,  — 
baronnie  au  xvi*  siècle,  et  relevant,  1260,  du  comte  de  Poitiers. 

(3)  Laron,  ancien  baillage  (1289)  royal  (voyez  l'intéressante  pla- 
quette de  M.  Louis  Guibert  sur  les  Enclaves  poitevines  en  Li- 
mousin. Limoges,  1886,  Ducourtieux),  commune  de  Saint-Julien-le- 
Petit,  canton  d'Eymoutiers. 

(4)  Nom  de  famille  vers  Nedde,  canton  d'Eymoutiers,  xviii^siècle, 
usité  aussi  comme  provenant  de  Guéret,  cheMieu  de  la  Creuse, 
comme  Buzac,  probablement  de  Bugeat  (Gorrèze). 

(5)  Baluze  a  donné  cette  charte  page  469,  Historia  Tutelensis. 
La  Tour,  extrêmement  fautif  en  cette  édition,  a  mis  Latour  pour 
Latfau. 


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-440- 

rac  (1)  domioellus vendo  et  concedo  abbati  TuteUensi 

mansum  meum  de  Paleiarias anno  MGiGXLIII  mense 

decembris.  «^  [Ejusdem  scribae^ed  manu  recentiori.] 

8.  Notum  sit quod  Guido  de  Gharrieiras  (2)  mona- 

chus  Tutellensis  et  (pro  tempore]  prepositus  de  la  Valeta  (3) 
coram  venerabili  B.  abbate  et  conventu  in  capitulo  (cons* 
titutus)  vendidit  et  concessit  Duran  Simeon  presbitero 
duodecim  solidos  monetse  Lemovicensis  ad  anniversarium 
suum  de  cellario  de  la  Valeta  (singulis  annis)  persol- 
vendoB  conventui  Tutellensi.  Actum  tutellae  in  capitulo, 

in  festo  S.  S.  Marcellini  et  Pétri,  anno  MCCXXXI  (4). 

• 

9.  Ar.  vicecomes  de  Ciomborn Noverit  universitas 

vestra  quod  Boso  de  Corso  (5)  miles  (in  nostra  presentia} 
concedentibus  Bosone  pâtre  suo  et  matra  sua,  (et}  Helia 
Girberto  et  Rampnulfo  et  P.  fratribus  suis  et  sorore  sua, 
vendidit  (et  concessit)  tî.  venerabili  abbati  Figiacensi  (6), 
ad  opus  monasterii  Tutellensis,  (pro  quadraginta  et  duo- 


Ci)  Veyrac,  chef-lieu  de  canton  (Lot).  Le  chartrier  de  M.  le  baron 
d'Aupias,  au  château  de  Blanat  (Saint-Michel-de-Bannières),  nous  a 
fait  connaître  un  tènen\pnt  de  La  Palenguière,  le  seul  aux  envi- 
rons se  rapprochant  un  peu  de  Palearias,  1747.  Vayrac  fut  une 
prévôté  (1644)  appartenant  à  Tévôque  de  Tulle  depuis  le  don  de  968. 

(2)  Ce  nom  est  identifié  par  la  charte  qui  suit. 

(3)  La  V  ailette  (Lonzac),  canton  de  Treignac.  (D'après  M.  Tabbé 
Marche  et  aussi  les  papiers  de  M.  le  chanoine  Fortunade,  à  Tulle.) 

(4)  Le  manuscrit  n*  2,  que  nous  désignerons  désormais  manus- 
crit B;  a  écrit  Siméon  Duran  et  a  omis  :  persolvendos,  jusqu'à 
actum,  après  quoi  Tu  tell»  manque,  pages  2  et  15. 

(5)  Corso.  Goursou,  village  de  32  &mes,  commune  et  canton  de 
Treignac,  siège  d'un  ancien  fief  à  la  famille  de  Gourson,  depuis 
longtemps  éteinte.  D'après  une  généalogie  inédite  des  Gomborn, 
tirée  par  nous  d'un  manuscrit  de  L.  Baluze,  1752,  Bernard  I**, 
vicomte  de  Gomborn,'  eut  de  Hermengarde  de  Gorsou,  Archam- 
baud  IV,  vicomte  en  1129,  probablement  celui  de  la  charte  8  ci- 
dessus.  (Registre  grand  in-4*,  couverture  jaspée,  pages  7-8.) 

(6)  Guillaume  I^?  douzième  abbé  de  St-Sauveur  de  Figeac  (Lot). 


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bu^  solidis  monet^p  Lemovicensis),  mansum  de  Charriei- 
ras  (1)  situm  in  parochia  de  Ghamboliva [Deest  finis.] 

10.    TBSTAMENTUM    ADBMARIS    VICBGOIIITIS   (2) 

{Cuit^  desiéUrantur  prineipium  et  c^era.) 

(Ego  enim  Ademarus  et  uzor  mea  Oauzla  Deo  et  S.  Mar- 
tine donavimus  castrum  nostrum  quod  vocatur  Scalas  (3) 


(1)  La  Gharrière,  26  habitants  (Ghamboulive),  canton  de  Seilhac. 

(2)  Baluze  a  publié  ce  testament  page  329,  moins  ces  quelques 
lignes  placées  entre  parenthèses  du  manuscrit  B,  page  15.  Ce  n'en 
est  là  probablement  qu'une  faible  partie;  mais  cela  manque  au 
manuscrit  n*  1  ou  A,  d'où  nous  avons  pris  les  mots  cujus  deside- 
ratur  principium,  page  3;  —  à  conférer  avec  la  charte  XLIX  du 
Gartulaire  de  Beaulieu,  page  90. 

(3)  Scalas,  les  Échelles,  ch&teau  assis  (dans  Tulle  môme,  au  bout 
des  escaliers  nommés  les  Quatre- Vingts,  d'après  M.  René  Page) 
7  sur  la  colline  dite  encore  Puy-des-Ëcbellea,  dominant  la  ville  à 
VôuenU,  en  sa  banlieue,  selon  nos  conjectures  appuyées  comi9e  suit  : 

{9)  Nous  avons  pour  nous  la  tradition  constante.  Elle  place  cette 
forteresse  sur  l'escarpement  rocheux  naturellement  fortifié,  au  pied 
duquel  la  Corrèze  coule  vers  Espagne. 

(6)  Vers  1632,  le  sieur  Martin  Lavialle,  d'une  famille  de  bourgeoi- 
sie originaire  de  Lavialle  (Naves),  qualifié  seigneur  des  Échelles, 
(tèn^mei^t  de  la  paroisse  de  Saint-Pierre  de  Tulle],  fait  hommage  à 
révéq^e  de  Tulle,  pour  la  pleine  justice  et  fondalité  qu'il  possède 
sur  Iç  tèuement  d'el  Peuch-d'Eschallas,  confrontant  ^  ceux  de  La 
Groix-4e*Bar,  du  ^ois-Mongier  et  des  i^aoulins  4e  Gyrissé.  (Papiers 
de  M.  de  Vaublanc,  au  ch&teau  du  Lieuteret,  Darnets.)  Ge  tène- 
ment,  de  31  sext^rées,  lui  fut  vendu,  en  1619,  par  noble  Jean  de 
Gombarel,  seigpeur  du  Gibanel.  (Même  source.) 

(c)  JjO  terrier  de  la  prévôté  de  la  cathédrale  de  Tulle,  en  roman 
locid,  1300,  nou3  montre  près  de  Tulle  l'existence  de  la  fon  de 
SHint-Marc-lO'Don,  et  1347,  énumère  un  bois  de  la  paroisse  Saint- 
Julien  de  Tulle,  dit  :  à  )a  fon  de  Saint-Marc-lou-Don,  près  le  chemin 
du  Moulin-]^euf  (Ghartrier  de  M.  le  comte  de  Lavaur,  de  Sainte- 
Fortunade,  au  ch&teau  de  Sainte-Fortunade).  Nous  pensons  que 
cette  iontaine  a  fait  partie  du  tènement  des  Échelles,  mais  se 
trouve  sur  la  limite  des  paroisses  Saint-Pierre  et  Saint-Julien  de 
Tulle.  Il  faut  la  chercher,  parce  qu'elle  nous  révélera  la  place  du 
castrum  Sc^arum,  la  rel^ipn  populaire  n'ayant  dû  attacher  ce 
culte  qu'à  une  source  fort  peu  éloignée  des  anciennes  murailles  de 


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—  442  — 

cum  omni  caslania  cum  fevalibus,  cum  eccleslis,  cum 
curte  mea  de  Caunaco )  (1). 

11.    FHAGMENTUM  ALIUD   TESTAMBNTI   ADEMARIS 

Igitur,  in  Dei  nomine,  ego  Ademarus  vicecomes  et  uxor 

mea  Gaiizla cedimus  ad  monasterium  Tutelense  ubi 

Abbas  Aymo  preesse  videtiir,  mansum pro  me  uxore 

mea  Gauzla,  pâtre  meo  et  matre  mea,  et  pro  Faucisburge 
quae  fuit  uxor  mea Anno  VIII,  régnante  Rodulfo  (2). 

12.    PRIMUM   ADBMARIS   TBSTAMBNTUM 

(s.  d.  Regnanu  Carolo  SimpHce  (3)  circa  922) 

Mundi  termino  appropinquante,  ruinis  crebrescentibus, 
jam  certum  tenetur  quia  iis  advenientibus  vere  mundus 


la  forteresse  d'Aymar-le-Dom ,  lequel  n'est  autre  que  le  fameux 
Adhémar  à  demi  canonisé  aussi  sous  le  porche  de  la  cathédrale 
avec  sa  femme  Gauzla,  sous  les  noms  grotesques  de  sainct  Mer- 
loudan  et  saincta  GraUla,  allusion  mnémotechnique  au  merle  et 
à  la  corneille.  Or,  notre  Dictionnaire  manuscrit  en  préparation,  des 
lieux  disparus  de  la  Gorrèze,  nous  donne,  en  1612,  le  Moulin- Neuf, 
aliàs  Moulin-de-l'Apoticaire  (Tulle,  Saint-Julien),  1551,  sur  la  Gor- 
rèze,  vers  TEstabournie.  [Papiers  de  la  collection  de  M.  Tabbé 
Niel,  curé  de  Naves.]  En  1753,  ce  moulin  se  trouve  avoir  pris  le 
nom  de  Moulin  de  TEstabournie  (archives  préfectorales  à  Tulle). 
Il  est  aujourd'hui  absorbé  par  les  vastes  ateliers  à  émoudre  les 
sabres -baïonnettes. 

(1)  Le  texte  porte  peut-être  Gannaco,  quoique  la  lecture  Gaunaco 
nous  ait  paru  préférable.  Il  s'agirait  alors,  non  de  Ghanac,  encore 
commune  du  canton  de  Tulle,  mais  du  gros  village  de  Ghaunac 
(Naves),  117  âmes,  ayant  eu  deux  châteaux  importants  et  une 
église  Saint-Georges,  patron  des  cavaliers,  —  traversé  par  la  voie 
romaine  de  Tintignac.  Ge  Ghaunac  fut,  croyons-nous,  le  siège  d'une 
paroisse,  ^  et  appartenait  temporellement  à  l'évoque  de  Tulle  au 
dernier  siècle. 

(2)  Ge  lambeau  ne  figure  qu'au  manuscrit  B,  page  40. 

(3)  Nos  manuscrits  ne  contenant  pas  ce  premier  testament,  nous 
le  prenons  dans  le  Gartulaire  de  Beaulieu,  publication  Deloche, 
mais  en  la  corrigeant  par  l'original  de  Gosta  et  par  Gathala- 
Goture,  Histoire  du  Quercy,  tome  11^  page  409. 


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—  443  — 

urgetur;  et  si  aliquid  de  rébus  nos  tris  locis  (1)  sanctorum 
vel  eorum  servientibus  condonare  cupimus,  aut  substan- 
tiam  pauperibus  fuerimus  largiti,  retributorem  Deum 
ipsum  habere  non  diifidimus,  qui  dicit  in  Evangelio  : 
Date  eleemosinam  et  ecce  omnia  munda  sunt  vobis.  Ideo 
ego  in  Dei  nomine  Ademarus  cornes  (2),  inprimis  reddo 
Deo  et  Sancto  Martino  Tutellae  omnes  terras  atque  eccle- 
sias  quas  ego  teneo  (3)  de  ipsa.  abbatia,  praeter  ecclesiam 
quae  est  in  honore  Sancti  Martini  in  loco  vocabulo  ad 
illa  Agenna  (4)  et  viginti  mansos  quos  teneat  uxor  mea 
Gauzla,  dum  vivet  (5),  per  consensum  monachorum;  et 
hoc  quod  tenet  Odolricus  fldelis  meus  de  ipsa  abbatia, 
teneat  gausbertus  f rater  meus,  in  tali  ratione  ut  ipsis 
monachis  teneat  manum.  Quatuor  mansos  de  Ampu- 
Ihaco  (6),  et  plantadam  meam  qu»  est  juxta  Sanctum 
Michaelem  (7),  et  Turrem  Foliosum  (8)  cum  ipso  allodo, 
et  curtem  meam  Vairacum  (9)  et  Cambonem  (10)  cum  vinea 
de  Faia  et  vineis  de  Gelsiaco  (11)  teneat  uxor  mea  Oauzla 

(1)  Loco  dans  Deloche  seul. 

(2)  Cornes,  dans  Gathala.  Ce  mot  manque  dans  Costa  et  Deloche. 

(3)  Deloche  :  In  ipsa  abbatia.  Costa  et  Cathala  :  De  ipsa  abbatia. 

(4)  Laguenne,  chef-lieu  de  commune  du  canton  de  Tulle. 

(5)  Vivit  dans  Deloche  et  Costa. 

(6)  Deloche  n'identifie  pas.  Bonnélye  traduit  Pauliac  (Quercy). 
Nous  proposerions  Pauliac  (Obazine),  155  habitants. 

(7)  Deloche  propose  Saint-Michel-de-Bannières  ou  Saint-Michel- 
Loubejou  (Lot).  Nous  ne  mettrons  en  avant  que  le  premier. 

(8)  Deloche  :  Fouilloux  près  Sérillac.  Bonnélye,  contre  toute  phi- 
lologie, traduit  le  ch&teau  de  la  Feuille  ou  celui  de  Fieux.  Aux 
Foulioux  de  Sérillac  et  de  Marcillac-la-Groze,  nous  préférons  celui 
disparu,  Beyssac  (Lot),  près  las  Tremoulasses,  1787,  étude  Loura- 
dour,  mieux  encore  celui  de  Martel,  1775,  car  il  nous  le  faut  in 
vicaria  Gaziliacensi.  Il  y  eut  aussi  la  Groix-Foulioux  et  le  Fou- 
lioux, près  Marval  (Saint-Michel). 

(9)  Veyrac,  chef-lieu  de  canton  (Lot). 

(10)  Deloche  et  Bonnélye  en  font  un  nom  de  lieu,  placé  par  De- 
loche en  la  commune  de  Tulle,  qui  n'a  pas  ce  lieu  du  Chambon, 
situé  à  Laguenne.  Nous  l'interprétons,  modus  agri  de  Faia  pen- 
dons, vers  Veyrac. 

(11)  Peut-être  Salsac»  près  Garennac.  —  Deloche  O. 


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-  444  — 

dum  viyii  ;  villam  meam  Matronam  (1)  cum  ipsa  ecclesia, 
et  cum  Vitraco  (2),  «t  cum  Vogariono  (3),  et  villam  meam 
Longorem  (4),  uxor  mea  teneat  dum  vivit;  post  mortem 
vero  ejus,  supradictœ  villœ  atque  ecclesise  seu  vineae, 
Sancto  M^rtiûo  remaneant  Tutelle.  Sancto  Petro  quoque 
Belliloci,  dono  curtem  meam  Tauriacum  (5)  cum  ipsa 
ecclesia,  et  quod  habeo  in  Molle  (6),  et  terras  meas  de 
Bulciaco  (7),  quae  fuerunt  de  Vairaco,  et  quantum  habeo 
in  Gintraco  (8)  et  in  Salle  (9)  quod  de  Sigiberto  sacer- 
dote  conquistavi,  et  villam  meam  Maisiracum  (10)  et  in 
Laurestanicas  (il)  mansum  meum  ubi  manet  Adalrandus. 


(1)  Nous  indiquerons  Meyronne  comme  Deloche,  cheMieu  parois- 
sial, et  non  village  de  la  commune  de  Saint-Sozy,  comme  il  le  dit, 
alors  que  Meyronne  est  sur  la  rive  opposée  de  la  Dordogne.  Ce 
fut  la  résidence  favorite  des  évéques  de  Tulle,  1492.  (Dom  Pra- 
dillon.) 

(2)  Yitrac  doit  avoir  disparu  vers  Meyronne.  Nous  arrivons  à 
rinstant  de  La  Gave,  dont  le  vieux  cadastre,  1707,  section  du  Bou- 
gueyrou,  porte  près  le  Bougueyrou,  le  terroir  de  la  Gombe-d'el- 
Lac-de-Vttrac^  encore  connu.  Deloche  met  en  avant  Vitrac,  du 
canton  de  Qorrèze,  ou  mieux  Vitrac  de  Branceilles.  (Or,  Vitrac  est 
de  Ghauffour.)  Voyez  nos  identifications  du  Gartulaire  de  Beaulieu. 

(3)  Vogariono,  le  Bougueyrou,  ancienne  paroisse,  commune  de 
Lacave,  canton  de  Souillac  (Lot),  à  collation  de  l'évoque  de  Tulle, 
158D.  Les  femmes  du  Bougueyrou  font  encore  bande  à  part  dans 
la  nef  de  l'église  de  La  Gave. 

(4)  Longorem,  Longour^  village  d'Argentat. 

(5)  Tauriac,  cheMieu  de  commune  du  canton  de  Bretenoux. 

(6)  Le  port  de  Mois  (Girac)  —  et  non  Moulet,  sur  une  hauteur, 
à  2  kilomètres  de  la  Bave,  indiqué  par  M.  Deloche. 

(7]  Boussac  (Gomiac),  dit  Deloche.  —  Ego,  mieux  un  Boussac 
disparu,  vers  Vayrac. 

(8)  Gintrac,  paroisse  du  canton  de  Bretenoux.  —  Deloche  0. 

(9)  Deloche  U  Salle  (Bio).  —  Ego,  le  port  de  Sal,  masculin  ré- 
pondant à  Salle  (Gintrac). 

(10)  Mayrac,  1724,  paroisse  (voyage  de  dom  Boyer),  aujourd'hui 
annexe  de  Saint-Sozy.  —  1499,  noble  Jean  de  Luguet  du  Ghalar, 
seigneur  de  Mayraco^  fait  hommage  de  Revelhon  à  l'évêque  de 
Tulle  comme  abbé  de  Rocamadour. 

(11)  Lostanges,  commune  du  canton  de  Meyssac. 


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—  445  — 

Curtem  meam  Madriniacum  (1)  et  Padriacum  (2)  cum 
ipsis  ecclesiis,  et  quantum  ibi  aspicit,  excepto  Vernias 
quaB  sunt  Sancto  Petro  Marciliaco,  et  Mespelium  et  Cas- 
sanias,  Bernardus  iilius  meus  teneat;  post  mortem  vero 
ejus,  Madriniacus  et  Payracus  remaneant  Sancto  Mar- 
tino  Tutelae,  Mespelium  vero  Sancto  Petro  Marciliaco 
remaneat;  Gassanias  vero  Sancto  Salvatori  Piaco  rema- 
neat.  Hoc  de  haereditate  mea  quod  superius  scriptum 
non  habeo,  inquirant  elemosinarii  mei,  et  vendant  et 
dent  pretium  pro  anima  mea  et  pro  anima  patris  mei 
et  matris  meae  et  uxoris  mese  Gauzlse,  signum  Ademari 
et  uxoris  suae  Gauzl»,  qui  hanc  brev^m  cartam  scribere 
et  adflrmare  rogavit.  S.  Gausberti.  S.  Bosonis.  S.  Gauz- 
leni.  S.  Ucberti.  S.  Odolrici.  S.  Warrini.  S.  Warnerii  (3). 
S.  Gausfredi.  S.  Guidonis. 

13.   BZ  BODBM  ADBMàRO 

930 

Igitur  in  Dei  nomine  Ego  Ademarus  vicecomes  et  uxor 

mea  Gauzla  (4) cedimus  ad  monasterium  Tutellense 

ubi  Abba  Aymo  preesse  videtur,  mansum pro  me, 

uxore  mea  Gauzla,  pâtre  meo,  matre  mea,  et  pro  Fau- 

cisburge   quae  fuit   uxor  mea Anno  viii.    Régnante 

Rodulfo  (5). 


(1)  Meyrignac-le-Francoual ,  prieuré  près  Rocamadour,  et  à  la 
collation  de  l'abbé  dudit,  lui-même  dépendant  de  Tnlle,  xvi*  siècle. 

(2)  Peyrac,  chef-lieu  de  canton  du  Lot.  Voir  Bulletin  de  Birive, 
tome  IX,  !'•  livraison,  page  158.  Abbaye  de  Mareillac,  commune 
du  canton  de  Cajarc.  —  Abbaye  Saint- Sauveur,  à  Figeac  (Lot). 

N.  B.  —  Hoc  instrumentum  publici  juris  fecit  Baluzius  noster, 
col.  339,  in  Hist.  Tutel. 

(3)  S.  Warnerio,  in  manuscrit  Costa,  bien  que  Deloche  l'ait  omis. 
C'est  un  nom  de  plus  à  porter  aux  indices. 

(4)  Sa  deuxième  femme  ayant  pris  la  place  de  Paucisburgis,  pre- 
mière épouse,  ainsi  que  le  diront  nos  manuscrits. 

(5)  Plura  desunt. 


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—  446  — 

14.    TESTAMENTUM   ALIUD   DOAiNI   ADEMARI 
VIGEGOMITIS  SGALAÂUM  (1) 

Vers  930. 

Inprimis  ego  relinquo  et  reddo  Sancto  Martino  et  mo- 
nachis  in  antedicto  monasterio  sibi  servientibus  abbatiam 
veterem,  quse,  sicut  jam  dictum  est,  a  proavo  patris  mei 
mihi  successerat,  ecclesiam  scilicet  Sancti  Juliani  juxta 
idem  monasterium  constructam,  ecclesiam  Sancti  Pétri 
de  Castro  (2)  eiusdem  villae,  ecclesiam  Sancti  Martini  de 
La  Guena,  ecclesiam  Sanctae  Fortunatae,  ecclesiam  S.  Ma- 
rias de  Laguarda,  ecclesiam  Sancti  Amantii,  ecclesiam 
Sancti  Boniti  d'el  Verni  (.3),  ecclesiam  Sancti  Marcialis 
Faurcensis,  ecclesiam  Sancti  Boniti  de  Avalosa  (4),  eccle- 
siam Sanctse  Mariae  de  Selliaco  (5),  ecclesiam  Sancti  Ju- 
liani de  Porcaria(6),  ecclesiam  Sancti  Laurentii  de 
Gorsa  (7),  cum  istis  curtis,  cum  villis,  cum  pratis,  cum 


(1)  Sic  in  manuscrit  B,  page  35.—  Gujus  desideratur  principium. 
—  Nous  le  rétablissons  en  le  collationnant  avec  Latour,  Gathala- 
Goture,  Baluze,  colonne  337,  et  une  copie  que  nous  devons,  avec 
bien  d'autres  communications,  à  un  vénérable  érudit,  M.  Tàbbé 
AyroUes,  de  Saint-Ghignes  (Lot),  ancien  aumônier  de  la  Gharité,  à 
Paris.  Gette  copie  fut  prise  par  lui  dans  les  archives  de  la  maison 
Turenne  de  Rioupeyrouz,  à  Beaulieu,  sur  une  copie  vidimée  et 
présentée  en  justice,  extraite  d'un  registre  des  archives  de  l'église 
de  Tulle. 

(2)  Églises  Saint-Julien  et  Saint-Pierre,  dans  la  ville  de  Tulle. 
Latour,  bien  fautif,  omet  Saint-Julien. 

(3)  Laguenne,  Sainte-Fortunade,  Lagarde,  encore  communes  du 
canton  de  Tulle.  Quant  à  Saint-Ghamans,  à  Saint-Bonnet-El-Vert, 
Forgés,  ce  sont  des  communes  du  canton  d'Argentat. 

(4)  Saint-Bonnet-Avalouse,  commune  du  canton  de  Tulle. 

(5)  Seilhac,  chef-lieu  de  canton,  au  nord  de  Tulle. 

(6)  La  Porcherie,  commune  du  canton  de  Saint-Germain-les-Belles 
(Haute-Vienne). 

(7)  Probablement  le  village  de  la  Gorse  (Donzenac),  qui  aurait 
été  dédié  à  saint  Laurent  avant  1686,  et  devint  ensuite  un  prieuré 
Sainte-Madeleine;  aujourd'hui  40  habitants. 


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—  447  — 

silvis,  et  cum  omnibus  guae  ad  istam  abbatiam  perti- 
nebant.  Haec  omnia  cum  iniusté  nec  sine  crimine  pos- 
siderem,  Deo  et  sanctis  eius  satisfaciens  sponte  reliqui. 
Ut  vero  misericors  et  omnipotens  Deus  et  mihi  et  om- 
nibus meis  parentibus,  praeteritis  et  praesentibus  et  futu- 
ris  tam  istius  quam  reliquanim  mihi  veniam  conferre 
dignetur  culparum,  et  ut  prœfatus  sacer  locus  in  suum 
ad  integrum  restitui  possit  statum,  de  proprio  jure  optima 
quaeque  atque  cariora  ei  decrevi  deleganda,  cum  legi- 
timum  utique  non  haberem  filium.  Ex  quibus  primum 
omnium  est  Scalas  caslrum  meum  cum  omni  caslania 
et  cum  universis  fevalibus  et  cum  ecclesias  et  cum  curte 
mea  de  Gaunaco  cum  villis  circumquaque  sitis,  et  cum 
curtis,  et  cum  silvis,  et  cum  aquis,  cum  egressibus  et 
ingressibus  et  exitibus  oninibus,  servis  quoque  et  an- 
cillis.  Vicariam  quoque  Navensem  (1)  et  vicariam  Spa- 
niacensem  (2)  et  totum  quod  habeo  in  vicaria  Beenna- 
tensi  (3)  et  ecclesiam  Sancti  Pardulfi  (4)  et  Placiacum  (5), 
et  ecclesiam  de  Acutomonte  (6),  et  ecclesiam  Sancti  Mar- 
tini (7)  quae  est  inter  Dustrem  et  Dordonia,  ecclesiam  de 
Albuciaco  (8)  cum  mansis  et  cum  vineis  de  Murello  (9), 
et  castrum  m«um  Mulcedonum(lO)  cum  omni  ipsius  cas- 
lania, et  cum  ecclesia  Sancti  Martini  subter  eum  posita. 


(1)  Naves,  commune  du  canton  de  Tulle. 

(2)  Espagnac,  commune  du  canton  de  La  Roche- Ganillac. 

(3)  Beynat,  chef-lieu  de  canton  de  Tarrondissement  de  Brive. 

(4)  Saint-Pardoux-la-Groizille,  commune  du  canton  de  Laroche. 

(5)  Aujourd'hui  Plaziat,  village  de  la  commune  de  Saint-Pardoux- 
la-Groizille,  26  habitants. 

(6)  Gumont,  commune  du  canton  de  La  Roche. 

(7)  Saint-Martin-la-Méanne,  commune  du  môme  canton. 

Ges  deux  communes  sont  bordées  par  les  rivières  du  Doustre  et 
de  la  Dordogne. 

(8)  Albussac,  commune  du  canton  d'Argentat. 

(9)  Village  de  Murel,  commune  d'AIbussac,  5  habitants,  dont  le 
surplus,  6  habitants,  est  de  Saint-Ghamans. 

(10)  Monceaux,  ancien  archiprêtré  Saint-Martin,  commune  du  can- 
ton d'Argentat. 


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—  4*8  — 

Et  In  vlcaria  Argentadensé  (1)  curtetti  meam  Loûgor  (2), 
cam  vineis  de  Cortoiolo  (3)  et  paxerias,  cum  pratis  et 
campis  et  villam  meam  Grandemcampum  (4)  et  alodum 
guem  pater  meus  acquisivit  i^  comité  [supra  Hneam,  lege  : 
DB  PBRTEus  (5),  Raymundo  in  vicaria  Spaniacense  àeu 
Paurcensi,  et  Marcum  (6)  et  Abilensem  (7)  et  ecclesiam 
Sancti  Boniti  (8),  et  villam  quœ  est  in  Vicaria  Brivensi  (9), 
Pauliacmn  (10)  dictam,  cum  vineis  et  cum  omnibus  ad 
ipsam  pertinentibus,  et  villam  quae  vocatur  Marcus  (11) 
cum  vineis  et  omnibus  nihilominus  ad  se  pertinentibus, 
et  in  ipsa  vicaria  mansum  meum  ubi  Elisaeus  visus  est 
manere,  cum  vineis,  cum  pratis  et  omnibus  ad  se  pertinen- 
tibus,  et  villam  quae  dicitur  Clarafaga  (12)  et  Biareni  (13), 
et  villam  quae  vocatur  Vallis  (14),  et  villam  qu»  dicitur 


(1)  Argentat,  chef-lieu  de  canton. 

(2)  Longour,  village  de  99  habitants,  avec  substructions  gallo- 
romaines,  en  la  plaine  et  commune  d'Argentat. 

(3)  Gurteiol,  tènement  (Argentat),  1500,  près  Barou,  chemin  d'Ar- 
gentat à  Saint-Bonnet,  Marti,  las  Ghabanas.  (Archives  de  la  famille 
de  Bar,  à  Argentat.)  »  Mais  plus  communément,^  francisé  Cousté- 
joux,  1544,  près  El  Glaux,  lequel  touche  Baran,  Ghadirac,  ancienne 
seigneurie,  à  distinguer  du  prieuré  et  fief  de  Ghadiot  (Argentat). 
[Papiers  Laqueuille  de  Matho,  à  GouUes,  et  de  Soulages.] 

(4)  Grandchamp  (Forgés),  112  habitants.  * 

(5)  Probablement  pour  Pecteus,  de  Poitiers. 

(6)  Marc-la- Tour,  commune  du  canton  de  Tulle-Sud. 

(7)  Habili,  112  habitants  (M arc- la- Tour,  canton  de  Tulle).  Deloche 
identifie  à  tort  Puy-Habilier  (Le  Jardin). 

(8)  Saint-Bonnet-l'Enfantier,  commune  du  canton  de  Yigeois. 

(9)  Brive,  cheMieu  d'arrondissement. 

(10)  Pauliac,  155  habitants  (Obazine). 

(11)  Marc-le-Vieux,  82  habitants,  jadis  paroisse  de  Saint-Paul,  au- 
jourd'hui commune  de  Marc-la- Tour. 

(12)  Glairfage,  74  habitants  (SainteFortunade),  ancienne  seigneurie 
aux  (très  anciens)  de  Meynard  (de  Ghaussenejoux,  Lot). 

(13)  Latour  écrit  Biarcium.  Identifions  Les  Biars  (St- Martial -de- 
Gimel),  en  écartant  ceux  de  Lagarde,  Saint- Augustin,  Brive,  etc. 

(14)  La  Val,  mais  trop  embarrassant  à  choisir  parmi  les  homo. 
nymes  de  Tulle,  St-Mexant,  Ladignac,  St-Germain-les*Vergnes,  etc- 


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—  449  — 

Grandis  Ri  vus  (1),  et  villam  quae  vocatur  Betonalita  (2) 
et  villam  quae  dicitur  Bedenas  (3)  et  capellam  quae  Nova- 
villa  (4)  dicitur  cum  ipsa  curte  et  totum  quod  ad  ipsam 
curtem  pertinet,  et  unum  mansum  in  villa  de  Confu- 
lento  (5),  et  villam  quae  dicitur  (6)  Colia  in  vicaria  Spa- 
niacense,  et  ecclesiam  de  Branceliis,  et  ecclesiam  Sancti 
Juliani  de  Garriga  (7),  et  unum  mansum  in  vicaria  Tor- 
nense  (8),  in  villa  Montilio  (9)  dicta,  quae  omnia  in  comi- 
tatu  Lemovicensi  sunt  sita,  dono  Sancto  Martine  et  mo- 
nachis  ejus  Tutellensibus.  In  comitatu  vero  (10)  Caturcensi 


(1)  Grandrieu,  40  âmes  (Saint-Bonnet-Elvert). 

(2)  Position  à  chercher,  sans  s'arrêter  ni  à  Bétoule,  proposé  avec 
hésitation  par  M.  Deloche  comme  étant  à  Test  d'Espagnac,  où 
nous  n'apercevons  que  la  Bessoulle,  ni  à  Bétaille,  de  Saint-Bonnet- 
Elvert. 

(3)  Bedènes,  43  habitants  (Albussac). 

(4)  Neuville,  commune  du  canton  d'Argentat,  jadis  aux  Vigier, 
Salignac,  Dumas  et  Gonros. 

(5)  Gonfolens,  6  habitants  (Espagnac).  Nous  nous  demandons,  à 
cette  occasion,  en  quoi  il  a  pu  sembler  nécessaire  à  M.  Deloche 
(d'accord  ici  avec  nous),  de  mettre  à  mi-voix  son  lecteur  en  garde 
pour  qu'il  ne  confondit  pas  avec  la  sous-préfecture  de  Gonfolent. 
Ne  vaudrait-il  pas  mieux  le  prémunir  contre  les  Gonfolent  corré- 
ziens  ci-après,  ayant  existé  aux  dates  suivantes  :  Go£foulen  (Tulle 
Saint-Julien),  près  le  Pont-Gharlat,  1434.  -;  Gonfolent,  villa  (Ar- 
gentat),  vers  1055,  près  lHospital.  ^  Gofolen  (Saint-Basile-de-La- 
Roche),- 1555,  près  Frinhac.  —  Gonfoulen,  au  Gibanel,  1441  (Saint- 
Martial-Entraygues),  etc....,  et  surtout  l'orienter  autrement  que  par 
des  points  cardinaux,  —  en  désignant  la  paroisse? 

(6)  Deloche  traduit  bien  Gueille,  mais  en  désigne  mal  l'assiette 
en  disant  à  l'est-sud-est  d'Espagnac.  Il  fallait  dire  Gueille  (Gros- 
Ghastang),  auquel  nous  nous  rangeons,  bien  qu'il  y  ait  eu  La 
Queille  à  SaintGhamans. 

(7)  Branceilles  et  Saint-Julien-le-Déjalat  (aujourd'hui  Saint-Julien- 
Momont),  communes  du  canton  de  Meyssac. 

(8)  Turenne,  commune  du  susdit  canton. 

(9)  Probablement  le  Monteil  (Gollonges),  qui  fut,  1484,  moitié  de 
Gollonges  et  moitié  de  Meyssac. 

(10)  Gomtés  de  Limoges  et  de  Gahors,  ou  du  Limousin  et  du 
Gahourcyn,  Quercy. 

T.  TX.  5-« 


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—  450  — 

similiter  post  mortem  meam  et  Gausberti  fratris  mei,  et 
Gauzlae  uxoris  meae,  dono  Sancto  Martino  et  monachis 
in  monasterio  Tutellensi  sibi  servientibus  castnim  meum 
Foliosum  (1),  quod  est  in  vicaria  Caziliacensi,  et  curtem 
meam  Vairacum  cum  ecclesia  Sancti  Stephani  quœ  vocata 
est  olim  Sancti .  Boïcii,  et  ecclesiam  Sancti  Martini,  seu 
ecclesiam  Sancti  Germani,  necnon  et  ecclesiam  Sanctse 
Mariae  de  Macerias,  et  cambonem  cum  vinea  de  Faga, 
et  quatuor  mansos  de  AmpuUiaco  (2),  et  plantadam  meam 
quae  est  juxta  Sanctum  Michaëlem  (3),  et  cum  vineis  de 
Celsiaco  (4),  cum  villis  et  silvis,  cum  aquis,  cum  exitibus 
et  ingressibus,  cum  servis  et  ancillis  et  liberis  et  cum 
omnibus  ad  ipsum  castrum  vel  ad  ipsam  curtem  perti- 
nentibus,  Castrum  etiam  Bellum(5),  et  ecclesiam  de 
Calesso  (6),  et  mansos  de  Gambonanc  et  Mairacum  (7)  et 
Buxerias  (8)   et   Matronam  (9)   et  Vichirac   atque  Vogai- 


(1)  On  nous  dit  en  Quercy  et  en  la  vicairie  de  Gasillac,  cela  de- 
vait empêcher  M.  Deloche,  charte  XLIX  du  Gartulaire  de  Beau- 
lieu,  d'affirmer  Fouilloux,  près  Sérillac,  en  pleine  Gorrèze.  Voyez 
ce  que  nous  avons  proposé  charte  12  ci-dessus,  de  même  que  pour 
Yayrac  et  ses  églises  disparues,  avec  Macerias  et  Faga.  Rien  de 
plus  tourmenté,  ni,  par  conséquent,  de  plus  digne  d'étude  (par 
voie  de  désarticulation  topographique,  à  l'aide  du  tènement)  que 
cette  vallée  de  la  Dordogne,  toujours  fort  disputée  !  L'intérêt  sai- 
sissant du  sujet  nou^  amène  à  recueillir  des  notes  malgré  nous, 
pour  la  partie  comprise  entre  Souillac  et  Liourdre.  Ge  qui  est  en 
amont  entre  dans  notre  cadre,  jusqu'au  Port-Dieu. 

(2)  Vide  charte  12  ci-dessus.  1507,  l'évêque  de  Tulle  confère  ce 
prieuré  (Pradillon). 

(3)  Idem.  Ampoulhac  (Chauffour-Gavagnac.) 

(4)  Idem.  Salsac  (Garennac). 

(5)  Belcastel  (Lot),  encore  château,  commune  de  Lacave,  canton 
de  Souillac.  —  Mieux  que  Belcastel,  de  Vayrac,  1685.  (Papiers  de 
Blanat.)  —  1278,  Gérard  de  Gardailhac  hommage. 

(6)  Gales,  commune  du  canton  de  Peyrac  (Lot). 

(7)  Meyrac,  paroisse  de  la  commune  de  Saint-Sozy. 

(8)  Il  y  a  un  village  de  La  Boissière  à  Greysse  et  un  autre  à 
Saint-Denis-près-Martel,.  autre  à  Ga»ennac. 

(9)  (t  1651.  Jean  de  Gourdon-Genouilhac,  évêque  de  Tulle,  sei- 
gneur spirituel   et  temporel  de  Rocamadour,  Laguenne,  Veyrat, 


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—  451  — 

ronum  (1)  et  Longorem,  cum  ipsis  viiieis  de  Corteiolo, 
cum  vitis  ad  piscandum  ;  et  Groissiam  çurtem  meam  cum 
ecclesia  et  cum  omnibus  appenditiis  eius,  et  ecclesiam 
de  Mairiniaco  (2)  et  de  Pardinis  (3)  et  Becedam  (4),  et 
ecclesiam  Sancti  Medardi  (5)  et  Cioiols  (6)  et  Fossam  Amal- 
gerii  (7) ,  et  villam  quae  dicitur  Vilaris ,  et  aliam  viliam 
quiB  dicitur  Mons  Joviniani  et  Vedrevineas  (8)  et  mansos 
de  Juiiaco,  si  ta  in  prsedicto  comitatu  Gaturcensi,  nihilo- 
minus  Sancto  Martino  demitto  et  ecclesiae  Tutelensi  ;  hoc 
quoque  sciendum,  quia  in  Bosco  de  Borma  de  curte  de 
Vayraco  concessa  est  ad  fevum  pars  quaedam  vicariis 
a  Borma  cognomen  trahentibus  ad  aedificandum  praesi- 


Meyronne,  Branceilles,  Ste-Féréole,  baron  de  Reilhat  et  Reillha- 
guet.  »  (Papiers  de  M.  le  chanoine  Fortunade.)  —  1262.  P.  abbé  de 
Tulle,  possède  Meyronne  et  Rocamadour.  (Même  source.)  —  Byrac 
(Cuzance),  dépendant  de  Négelle,  1761. 

(1)  Voir  ci-dessus  pour  les  quatre  lieux  suivants  déjà  identifiés, 
1508.  L'évèque  de  Tulle  confère  le  prieuré  du  Bougayrou  (Papiers 
abbé  Fortunade). 

(2)  Meyrignac-le-Prancoual. 

(3)  Probablement  Pradines,  paroisse  ancienne  du  canton  de  Gra- 
mat,  laquelle  comprit,  xviii'  siècle,  Prangères,  aujourd'hui  annexe 
de  Gramat. 

(4)  Peut-être  Bède  (Gramat). 

(5)  Probablement  Sancti  Medardi  de  Salgis  (aujourd'hui  Salgues, 
près  Gramat),  1500,  ad  présentât  abbatis  Rupis  amatoris,  in  archi- 
presbyt.  de  Gignhaco.  (Pouillé  de  M.  Tabbé  Ayrolles.) 

(6)  Sans  doute  Cléjoux,  village  de  la  Chapelle- A uzac  (Lot),  en  la 
vicomte  et  châtellenie  de  Turenne,  1683,  près  le  r.  du  Boulech, 
Beaurepos.  (Fonds  de  M.  l'abbé  Marche.) 

(7)  Fossam,  peut-être  forme  adoucie  du  temps,  pour  Forsam,  au 
sens  de  arx,  castrum.  Nous  avons  relevé  un  Mas-la-Fosse  (Greysse) 
près  Vallieres.  (Papiers  de  M.  Charlanne,  propriétaire  à  St-Sozy, 
d'une  honorable  et  ancienne  famille  bourgeoise  de  Blanzaguet.) 
Plus,  La  Force  (Bétaille). 

(8)  Reyrevignes?  (Pinsac),  ou  celui  qui  est  au  nord  de  La  Cha- 
pelIe-Auzac,  celui  de  Livernon  étant  dit  de  Retro-vineis.  1296, 
Jordan  de  Vigier,  damoiseau,  fait  hommage  à  Tévêque  de  Limoges, 
in  parochiis  de  Vayrazo  (très  probablement  Vayrac)  [papiers  For- 
tunade]. —  Mongaviau,  vers  Martel,  1711. 


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—  452  — 

dium  propter  tuitionem  atque  deffensionem  rerum  Sancti 
Martini  circumquaque  existentium,  non  ad  aliquod  quasi 
jus  proprium  ibi  sibi  vindicandum,  cum  ecclesia  Sancti 
Pétri  de  Borma  (1)  similiter  cognominata,  et  quibusdam 
rébus  ad  ipsam  pertinentibus,  et  quidquid  habent  in 
riparia  et  in  aqua  machinas  aptas  piscium  captionibus. 
Haec  igitur  omnia  tam  scilicet  hactenus  injuste  possessa, 
quam  jure  haereditario  ad  me  pertinentia,  ego  Ademarus 
reliqui  sive  donavi  Sancto  Martino  et  servientibus  sibi 
monachis  pro  salute  animae  mese  et  uxoris  meœ  Gauslae 
patris  et  matris  meae  et  omnium  propinquorum,  et  ami- 
conim  meorum  tam  in  hoc  saeculo  adhuc  degentium, 
quam  etiam  ab  hoc  jam  migratorum;  praeterea  pro  rege 
nostro  Rodulpho,  atque  seniore  nostro  Ebalo  (stipra  lineam 
lege  :  db  pertbus)  comité,  quibus  concedentibus  h«c  omnia 
perfecimus  :  postremo  specialiter  pro  illis  qui  prsedicti 
loci  atque  habitatorum  ipsius  tutores  et  defensores  fue- 
rint.  Ego  ipse  quoque  vicecomes  Ademarus  sentiens  mihi 
appropinquare  terminum  prœsentis  vit»,  videns  etiam  me 
legitimum  non  habere  fllium,  cui,  jure  meas  amplas 
dimitterem  possessiones ,  Deo  aspirante,  cœpi  tractare 
qualiter  rébus  quibus  temporaliter  usus  fueram  in  prae- 
senti  ssBCulo,  aeternaliter  uti  possem  in  futuro,  quod 
taliter  mihi  indubie  eventurum  confido,  si  quod  tempo- 
rali  haeredi  dimittere  nequeo,  Sanctae  ecclesiae  Ghristi 
videlicet  sponsae,  reliquero,  ut  cum  ipse  Judex  vivorum 
et  mortuorum  ad  judicandum  venerit  pro  temporali  suae 
sponsae  sustentatione  aeterna  me  donare  dignetur  mer- 
cede.  Hac  igitur  de  causa  dimitto  Deo  et  sanctae  ejus 
ecclesiae  pro  salute  animae  meae,  sicut  jam  supra  dictum 


(1)  Église  de  Borma,  1175,  aujourd'hui  hameau  de  Vormes  (Vey- 
rac),  dépendait  alors  de  Carennac  (Gombarieu).  —  «  1652.  Résigna- 
tion de  la  cure  Saint-Martin  de  Vayrac  et  ses  annexes  de  Saint- 
Germain  et  de  Saint-Pierre  de  Borme.  »  (Papiers  Ayrolles.)  —  1620, 
noble  Abel  de  Vayrac  se  titre  seigneur  de  ce  Saint-Germain;  puis, 
1785,  Marie  de  Vayrac,  veuve  de  Jean  de  Labrue-Saint-Bauzile, 
dame  de  Saint-Germain  (Vayrac).  —  Le  Bos  (Vayrac),  1760. 


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—  453  — 

est,  et  pro  animabus  propinquorum  omnium  et  ami- 
corum  meorum,  sive  seniorum  ipsorum  quoque,  qui  hujus 
mei  scripti  deffensores  fuerint,  haec  universa  qu5B  subter 
habentur  descripta.  Ex  bis  sunt,  prœter  res  superius 
descriptas,  mea  curtis  Tauriacus  (1)  cum  ecclesia  ipsa  et 
quod  habeo  in  Molle  (2),  et  terras  meas  de  Bulciaco  quae 
sunt  de  Veyraco,  et  quodcumque  in  Gintraco  et  in  Salle, 
quod  de  Sigisberto  sacerdote  conquistavi,  et  villa  mea 
Maisir,  et  mansus  meus  ubi  manet  Adalrandus  in  Laus- 
tanicas  :  curtis  etiam  mea  Madriniacus  et  Pairacus  cum 
ipsis  ecclesiis,  et  Vernias,  et  Mespolium,  et  Cassanias  et 
Potentius,  et  Coosono  (3)  et  Presangas,  et  villa  mea  Ca- 
minus  (4)  cum  ecclesia,  et  laus  et  unam  vineam  meam 
in  Rofflniaco  (5),  alodus  quoque  meus  Blaviniacus  (6)  et 
nansi  duo  in  Nantiliaco  (7),  et  vinea  in  Pardinas  quae 
fuit  Donadei,  et  quod  habeo  in  Altudere  (8)  et  in  Deze- 
nato,  et  plantadam  meam  ad  Pogium  cum  ipsis  cap- 
mansis,  et  cum  vinea  quam  de  Arnaldo  adquisivi,  nec- 
non  et  ecclesiam  Sancti  Albini  (9)  Taurins  et  Cassanias, 

(1)  Tauriac,  commune  du  canton  de  Bretenouz,  remarquable  par 
son  église  où  on  admire  une  tête  en  argent,  reliquaire  St-Agapit, 
et  des  peintures  murales  décrites  par  M.  le  chanoine  Poulbrière. 

(2)  Mois,  sus-indiqué,  ainsi  que  les  lieux  suivants  :  Le  Buissat? 
(Saint-Denis,  près  Martel),  1766. 

(3)  Gouzou,  commune  du  canton  de  Gramat.  Poutentit,  encore 
lieu-dit  (Gressensac)? 

(4)  Gamy,  encore  paroisse  du  canton  ecclésiastique  de  Peyrat 
(Lot).  Bonnélye  traduit  Caminus  par  Ghauffour  I  et  l&us  (moulin, 
pêcherie)  par  Lom  !  qui  était  de  Ulmo,  et  Pogium  par  Pouget  ! 

(5)  Roffignac,  mieux  le  domaine  noble  de  ce  nom  (Monvalen), 
1643,  hommage  par  M.  de  Gosnac  au  vicomte  de  Turenne  (archives 
nationales),  que  le  Roffignac  de  Lanteuil. 

(6)  Blavignac  (Lostanges),  naguère  encore  seigneurie. 

(7)  Probablement  Lentilhac  (Ussac),  ancien  fief. 

(8)  Autoyre,  commune  du  canton  de  Saint-Geré,  préférablement 
au  tènement  disparu  d'Autouyre  (Yayrac)  après  1685,  près  les  Es- 
taillades  et  Guzannou. 

(9)  Saint-Aubin-de-Nabirat?  commune  du  canton  de  Domme.  en 
Sarladais,  et  cependant  au  diocèse  de  Gahors,  1667,  —  ou  Saint- 
Aulin-de-Gieurac? 


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—  454  — 

et  unus  mansus  in  Laustangas,  ubi  \àsus  est  maiiere 
Bernardus.  et  niansi  qui  sunt  in  Brancato  (1),  et  vineam 
meam  in  Donzenaco  (2),  et  mansus  de  Brasc  (3),  quem 
de  Roberto  compara vi,  et  vinea  de  Valle  Mauriana,  et 
unus  mansus  in  Calzfurno  (4)  et  una  vinea  in  Line- 
riaco  (5),  et  alodus  meus  in  vicaria  Cambolivense  (6),  et 
Sylva  Malevallis,  et  villa  de  Ribauz  cum  silva  de  Mon- 
bresme,  et  mansus  ubi  Ingelbertus  manet  prope  de 
Vairaco,  et  unum  mansum  in  Argentado  (7),  et  Game- 
larias  (8)  et  Cuculonia  (9)  et  Vinzacum,  et  mansos  très 
in  Dauza  et  Pedania  cum  vinea  quam  Bernardus  plan- 
tavit,  et  Vallannonus  et  Alix  (10).  Haec  quoque  inter  quos- 
dam  meos  relinquo  propinquos  et  amicos  :  hoc  est  Flo- 
riacum  (11)  et  Montelium  et  vineam  meam  Scopiac,  et 
viueae  meae  iu  Detnato  et  Damella,  et  mansi  mei  de  An- 
gulo  et  Taraiasa  (12)  et  unum  mansum  in  Spaniaco  (13) 
et  unam  vineam  in  Blandina  (14)  et  alodum  meum  de 
Montaniaco  (15),  cum  vineis  quas  de  Witardo  adquisivi,  et 


(1)  Branchât,  33  habitants  (Saint- Ghamans). 

(2)  Donzenac,  chef-lieu  de  canton. 

(3)  Brach,  commune  de  Saint- Priest-de-Gimel. 

(4)  Ghauffour  ?  commune  du  canton  de  Meyssac. 

(5)  Ligneyrac,  commune  du  canton  de  Meyssac. 

(6)  Ghamboulive,  commune  du  canton  de  Seillac,  ayant  encore  le 
village  de  Malleval,  récemment  aux  de  Gain-Maumont.  M.  Delochc 
le  propose,  ainsi  que  Malevialle,  inacceptable  parce  qu'il  provient 
d'un  mala  villa, 

(7)  Argentat,  déjà  nommé. 

(8)  Chamalières  (Ghenaliers). 

(9)  Gulogne  (Bassignac-le-Bas(,  dit  en  1587  Gogulanha.  (Papiers 
des  demoiselles  Ghauvac  de  La  Place.) 

•    (10)  Les  Alix  (Rocamadour),  1500,  Sancti  Stephani  de  Alitio,  en 
l'archiprêtré  de  Gignac,  à  la  présentation  de  l'abbé  de  Rocamadour. 

(11)  Floirac,  commune  du  canton  de  Martel. 

(12)  Terrisse?  (Le  Bastit-du-Gausse),  canton  de  Gramat,  mieux  que 
Terregaye  (Lot). 

(13)  Espagnac,  commune  du  canton  de  La  Roche. 

(14)  Blandine,  100  habitants  (Saiiit-Bonnet-Elvert). 

(15)  Montagnac,  mieux  celui  de  Gavaignac  que  celui  de  Gignac. 


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—  455  — 

unam  vineam  io  Quincono  (1) ,  et  mansum  meum  de 
Rete  (2),  et  alodum  in  Verniolas  (3)  et  alodum  meum 
de  Scorbinia(4).  Qu.imvis  igitur  ego  Ademarus  diversis 
temporibus,  diversis  ecclesiis,  et  hominibus  tam  propin- 
quis  quam  amicis  et  fîdelibus  meis,  multa,  vel  dicto  vel 
scripto  fecerim  aut  mutaverim  dona,  hoc  tamen  testa- 
mentum  et  scriptum  volo  ut  ratum  et  finnum  atque 
immutabile  maneat  et  perseveret  iu  saecula.  Amen. 

Sunt  autem  monachi  in  mundeburgo  régis  ad  locum 
salvum  faciendum,  non  ad  aliquid  persolvendum  nisi 
solas  orationes.  CaBterum  contestôr  et  adjuro  omnes  pro- 
pinquos  atque  successores  meos  cunctos  et  illius  cœ- 
nobii  vicinos  tam  présentes  quam  futuros  per  tremendum 
Sanctae  Triuitatis  nomen  et  meritum  Beati  Martini  et 
Sancti  Laudi  qui  ibi  deportatus  est  ut  nuUus  vel  mo- 
nachos  vel  quaslibet  eorum  res  inijuietare  ac  sub  potés- 
tate  seculari  ullo  modo  redigere  présumât.  Quod  si  qui 
haereditatem  Dei  possidere  tentaverint,  maledicantur  per 
universum  orbem  terrarum,  dicatur  que  de  illis  :  Dem 
meus  pone  illos  ut  rotam,  et  sicut  stipulam  ante  faciem 
venti  (5)  et  confundantur  in  saeculum  saeculi,  non  sint 
cohaeredes  Christi  nisi  resipuerint  sed  participes  Pha- 
raonis  qui  ait,  Dominum  nescio  et  Israël  non  dimittam  (6). 
Principes  vero  quibus  haec  scriptura  praesentata  fuerit, 
per  Judicem  vivorum  et  mortuorum  contestôr,  ut  hanc 
omnimodis  deffendere  studeant,  memores  quod  maledictus 
est  omnis  qui  transfert  termines  id  est  constitutiones 
patrum  suorum.  Ut  autem  haec  authoritas  firmius  per- 


(1)  Quinsou,  mieux  celui  de  Monceau  que  celui  de  Gavagnac  (Lot). 

(2)  Reyt  (el  Monceau),  1750,  près  el  Ferrant,  Leyge,  Bros,  etc.,  et 
1400  (papiers  du  D'  Morelly).  Mieux  que  el  Reyt  (Argentat),  1600, 
près  le  dit  et  les  Gondamines  (papiers  du  D'  Meilhac). 

(3)  Les  Verniolles,  176  âmes  (Monceau). 

(4)  Escourbaniers,  34  habitants  (Monceau),  mieux  que  Scarbin, 
entre  Padirac,  Autoire  et  Loubressac,  malgré  une  forme  meilleure. 

(5)  Psaumes  de  David,  82,  verset  xii. 

(6)  Exode,  chapitre  5,  verset  xi. 


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—  456  — 

severet  senioris  nostri  Ëbali  comitis  haiic  authoritate  &r- 
mari  rogavimus  (1).  S.  Ebali  comitis.  S.  Willelmi  fllii 
eius.  S.  Ademari  qui  haec  fleri  rogavit.  S.  Odolrici  vice- 
comitis  de  Saucto  Cirico  (2).  S.  Gausberti  vicecomitis. 
S.  Rotberti. 

(A  suivre.) 


(1)  En  marge  du  manuscrit  B  (qui  ne  donne  cette  charte  que  par 
extraits)  est  écrit  :  comte  de  Poitiers.  —  Voyez  Baluze  au  Livre 
de  Réginon,  page  631. 

(2)  Il  y  eut  un  Puy  de  Saint- Gyr  encore  connu  à  Saint- Géré,  et 
des  communes  de  Saint-Gyr  et  Saint-Girgues  en  Quercy  aussi  bien 
qu'en  Limousin.  —  Nous  nous  réservons  de  revenir  sur  les  iden- 
tifications de  cette  charte,  dont  les  données  sont  vraiment  trop 
vagues. 


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NUMISMATIQUE 


MONNAIES 

Trouvées  aa  Paj  d'Yssandon  et  aa  Poj  du  Chalard  (Gorrèze) 


Nous  avons  déjà  publié,  dans  le  tonie  IV  du 
Bulletin  (pages  393-403),  un  travail  de  M.  Léon 
Lacroix  sur  des  monnaies  de  diverses  époques, 
trouvées  à  Yssandon;  notre  collègue  ayant  bien 
voulu  se  charger  de  Texamen  d'un  autre  groupe 
de  même  provenance,  nous  donnons  ici  les  notes 
que  nous  devons  à  son  obligeance. 

Nous  avons  prié  M.  Léon  Lacroix  de  revenir, 
à  cause  des  gravures  (1),  sur  la  description  de 
deux  monnaies  gauloises  mentionnées  déjà  par  lui 
dans  sa  première  notice;  elles  occupent  ici  les 
n~  1  et  2. 

{Le  Comité  de  publication.) 


r-  SÉRIE 

MONNAIES   GAULOISES 

1*  Tête  jeune,  imberbe,  tournée  à  droite,  le  cou 
chargé  d'un  collier  perlé  ;  grènetis  au  pourtour. 
Revers.  —  Cheval  trottant  à  droite  ;  la  poitrine 


(t)  Le»  dessins  ont  été  faits  d'après  nature  par  notre  collègue^ 
M.  Eugène  Borie. 


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A 


—  458  — 


et  le  cou  serrés  par  un  grènetis;  au  dessus,  tête 
jeune,  imberbe,  le  cou  chargé  d'un  collier  perlé; 
sous  le  cheval  un  annelet;  grènetis  au  pourtour. 
Argent 


Ce  denier  doit  être  attribué  aux  Lemovices. 

2"  Tête  imberbe,  à  droite,  les  cheveux  divisés 
en  grosses  boucles;  devant  la  bouche,  un  fleuron 
qui  se  partage  en  deux  branches;  celle  d'en  haut 
affecte  la  forme  d'un  S. 

Revers.  —  Cheval  allant  à  droite,  la  crinière 
rendue  par  un  grènetis;  sur  la  croupe  un  oiseau 
(cigogne?)  dont  le  bec,  levé,  atteint  à  la  hauteur 
des  oreilles  du  cheval. 


Pièce  des  Bituriges  (dimension  0,015  millim.). 
Bronze  (1). 

M.  Anatole  de  Barthélémy  a  exprimé  l'opinion 
que  ce  n'était,  sans  doute,  qu'un  statère  défourré. 
Le   faible   diamètre   et   la   grande  épaisseur  du 


(1)  M.  Léon  Lacroix  a  pu,  C6tte  fois,  étudier  d'après  nature  cette 
pièce,  dont  il  n'avait  vu  tout  d'abord  qu'un  moulage;  il  a  pu  se 
convaincre  que  cette  monnaie  est  bien  en  bronze.  Ce  serait  dès 
lors,  d'après  sa  première  notice  (loc.  cit,),  le  spécimen  d'une  va- 
riété nouvelle.  [Note  du  Comité,) 


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—  459  — 

bronze  que  je  viens  de  décrire  ne  permettent  pas 
d*adhérer  à  la  supposition  du  savant  numismate. 
3**  Même  type,  sauf  l'absence  de  Toiseau.  On 
voit  sous  le  ventre  du  cheval  un  trèfle  qui  ne 
manquerait  sans  doute  pas  au  n"  2,  si  une  par- 
tie du  coin  n'avait  porté  en  dehors  du  flan. 
Bronze, 


4"  Cet  exemplaire  offre  peu  de  différence  avec 
le  précédent;  la  tôte  du  droit  a  le  cou  terminé 
par  un  collier  de  perles,  et  le  trèfle  du  revers 
est  bien  visible.  Bronze, 


5*  Type  des  bronzes  précédents.  Au  revers,  la 
partie  antérieure  du  cheval  n'a  pas  porté  sur 
le  flan;  mais  on  distingue  la  large  queue  d'un 
oiseau  (un  paon,  d'après  Duchalais)  composée  de 


quatre  plumes  pendantes,   et  un  annelet  centré 
derrière  la  queue  du  cheval.  Traces  (?)  d'annelet 


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—  460  — 

au  dessus  de  la  queue  de  Toiseau.  Symbole  con- 
fus (trèfle?)  sous  le  ventre  du  cheval. 

Ces.  quatre  bronzes,  assez  exactement  ronds, 
présentent  une  tranche  épaisse  de  0,004  à  0,005 
millimètres,  polie^  et  d'une  convexité  demi-cir- 
culaire, à  la  différence  de  tant  d'autres  pièces  an- 
tiques dont  la  tranche  est  tantôt  plane,  tantôt 
rugueuse  et  irrégulière  ou  limée  en  double  biseau. 
Cette  convexité  est  due  à  un  mode  particulier 
de  fabrication  des  flans. 

Pour  les  obtenir,  on  n'a  pas  employé  un  moule 
composé  de  deux  moitiés  correspondantes  et  s'ap- 
pliquant  l'une  sur  l'autre,  comme  on  le  pratiquait 
à  Nîmes.  J'imagine  que  le  métal  en  fusion  était 
versé  dans  de  petites  cavités  circulaires,  isolées, 
d'un  centimètre  et  demi  de  diamètre,  ménagées 
à  la  surface  d'un  pâté  de  terre  glaise  qu'on  avait 
fait  durcir  au  feu.  Enlevé  après  que  le  métal 
était  figé,  le  contenu  de  chacun  de  ces  creux  de- 
vait affecter  la  forme  d'une  épaisse  lentille,  dont 
la  tranche  se  trouvait  arrondie.  Le  coup  de  mar- 
teau écrasait  le  globule  en  y  imprimant  les  coins, 
et  la  violence  de  la  frappe  déterminait  parfois 
dans  la  pièce  des  fentes  ou  gerçures  qui  rayonnent 
du  centre  à  la  circonférence. 

Le  denier  en  argent  et  les  quatre  bronzes  appar- 
tiennent à  M.  Dumont,  propriétaire  au  Ghalard, 
et  ont  été  trouvés  sur  le  puy  qui  porte  ce  nom; 
il  n'est  séparé  du  puy  d'Yssandon  que  par  un 
simple  col. 


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—  461  — 
2"'  SÉRIE 

MONNAIES    ROMAINES 

g  P'.  —  République' Romaine. 

6^  Triens;  ii*  siècle  avant  J.-C.  Bronze. 

Droit.  —  Tête  de  Palias  (casquée)  regardant  à 
droite,  avec  quatre  globules. 

Revers.  —  ROM  A.  Proue  de  vaisseau  et  quatre 
globules.  [Musée  de  Brive.) 

g  II.  —  Empire  (1). 

7^  Auguste  (31  avant  J.-C.  à  14  après  J.-C). 
Petit  bronze  frappé  à  Lyon. 

Revers.  —  ROM  ET  AVG.  Autel.  {Musée  de 
Brive.) 

S*"  Vespasien  (69-79  de  notre  ère).  Moyen  bronze 
fruste.  {Musée  de  Brive.) 

9**  Faustine,  femme  d'Antonin- le -Pieux  (138- 
141).   Moyen  bronze   fruste.   {Musée  de  Brive.) 

10"  LuciLLE,  femme  de  Lucius  Ver  us  (161-169). 
Moyen  bronze  fruste.  {MUsée  de  Brive.) 

1  r  Marc-Aurèle  (16i-180).  Moyen  bronze  fruste. 
{Musée  de  Brive.) 

12"  Faustine  jeune,  femme  de  Marc-Aurèle. 
Moyen  bronze  fruste.  {Musée  de  Brive.) 

13"  Commode  (180-193).  Grand  bronze  frappé 
Tan  177,  à  Toccasion  du  congiaire  distribué  lors 
du  mariage  de  Commode  avec  Crispine. 

(1)  Ces  monnaies  sont  classées  par  ordre  chronologique. 


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—  462  — 

Droit  —  IMP.OES.LAVRELCOMMODVS. 
GERM.SARM. 
Revers.  —  LIBERALITAS  AVG.  TRP  II  COS. 

se.  {Collection  de  M.  Élie  Massénat.) 

14**  Commode.  Le  même,  mais  plus  fruste.  {Mu- 
sée  de  Brive.) 

15**  Herennia  Etrusgilla  Augusta  (249-251). 
Femme  de  Trajan  Dèce.  Grand  denier  argent. 

Droit.  —  Buste  avec  le  croissant. 

Revers.  —  PVDICITIA  AVG.  La  Pudeur  assise 
à  gauche,  tenant  un  sceptre  et  relevant  son  voile. 
{Musée  de  Brive.) 

16**  Galuen  (260-268).  Moyen  bronze  fruste. 
{Collection  de  M.  Dumont.) 

IT  à  25**  TÉTRiGus  père  (268-273).  Neuf  bronzes 
très  frustes  (un  moyen  et  huit  petits).  {Collection 
de  M.  Dumont.) 

26**  à  27**  TÉTRIGUS  fils  (269-273).  Deux  très 
petits  bronzes  frustes.  {Collection  de  M.  Dumont.  ) 

28**  Claude  le  Gothique  (268-270).  Moyen  bronze 
fruste.  {Collection  de  M.  Dumont.) 

29**  Constantin  P'  (306-337).  Petit  bronze.  {Col- 
lection de  M.  Dumont.) 

30**  Constantin  I".  Moyen  bronze.  {Collection 
de  M.  Dumont.) 

31**  Valentinien  P^  (364-375).  Petit  bronze  fruste. 

Revers.  —  GLORIA  ROMANORVM. 

Exergue.  —  SMAQ.  {Musée  de  Brive.) 

32**  HoNORius  (393-423).  Petit  denier  argent. 
{Collection  de  M.  Dumont.) 

33**  Constantin  III  (407-411).  Petit  denier  ar- 
gent. {Collection  de  M.  Dumont.) 


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—  463  — 
3"*  SÉRIE 

MOYEN  AGE  ET  TEMPS  MODERNES 

g  I".  —  Monnaies  royales  de  France, 

34"  Philippe  IV  (1285-1314).  Denier  parisis. 
{Musée  de  Brive.) 

35"  Charles  V  (1364-1380).  Blanc  aux  fleurs  de 
lys.  [Musée  de  Brive,) 

36"  Charles  VI  (1380-1422).  {Collection  de 
M.  Dumont.) 

37"  François  P'  (1515-1547).  Double  tournois 
pour  le  Dauphiné.  {Collection  de  M.  Dumont) 

38"  François  P^  Denier  tournois.  {Collection 
de  M.  Dumont.) 

39"  à  40"  François  P'.  Double  tournois  et  denier 
tournois.  {Musée  de  Brive.)  Le  denier  porte,  au 
droit  :  *  BEI  NOMEN.  D....  Deux  fleurs  de  lys 
et  un  point  dessous. 

Revers.  —  SIT  *  NOMEN....  Croix  plate  dans 
un  quadrilobe  pointé  aux  angles. 

41"  Henri  IL  Douzain  daté  de  1550.  Argent. 
{Musée  de  Brive.) 

42"  Louis  XIII  (1610-1643).  Double  tournois. 
{Musée  de  Brive.) 

43"  Louis  XIII.  Douzain.  {Collection  de  M.  Dû- 
ment.) 

§  II.  —  Monnaies  seigneuriales. 

44".  Vicomtes  de  Béarn.  (Du  xi"  au  xiv"  siècle.) 
Denier  au  type  et  au  nom  immobilisés  de  CentuUe. 


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—  464  — 

Droit— CEm^LLO  COME. 
Revers.  —  ONOR  FORÇAS. 

Dans  le  champ  :  PAX.  Denier.  {Musée  de  Brive.) 

45"  Comtes  de  La  Marche.  Hugues  X  (1208- 
1249).  *  VGO  COMES  (S  couché).  Légende  ter- 
minée par  un  annelet.  *  MARCHIE.  Légende 
terminée  par  un  astérisque.  Denier.  {Musée  de 
Brive.) 

46"  Vicomtes  de  Limoges.  Arthur  de  Bretagne 
(1275-1301).  Denier.  Cassé  en  deux.  {Musée  de 
Brive.) 

47"  Duché  de  Bretagne.  Charles  de  Blois  (1341- 
1364).  Denier,  n".2304  de  Poey  d'Avant.  {Musée 
de  Brive.) 

48"  Comtes  et  princes  de  Dombes.  Jean  II  (1459- 
1488).  Denier.  {Musée  de  Brive.) 

49"  Maximilien  I*'  (Sully),  seigneur  de  Boisbelle 
et  Henrichemont  (1597-1641).  Double  tournois. 
{Musée  de  Brive.) 

50"  à  51"  Gaston,  usufruitier  (Dombes)  (1627- 
1650).  Un  denier  tournois  et  un  double  tournois. 
{Musée  de  Brive.) 


g  III.  —  Jetons,  etc. 

52"  Jeton  banal  aux  légendes  (A  VA  VA  VA  AVS- 
TAVII)  dépourvues  de  sens.  Écusson  fruste,  xiv" 
ou  XV"  siècle.  {Musée  de  Brive.) 

53"  Jeton  au  navire,  symbole  de  la  ville  de 
Paris.  {Collection  de  M.  Dumont.) 

54"  Enseigne  de  pèlerinage,  en  plomb,  de  forme 


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—  465 


rectangulaire,  xiif  siècle.  Légende  :  *  S  —  S  — 
MARII  l  MAVRIASENSI.  (Musée  de  Briveii). 


g  IV.  —  Monnaies  étrangères, 

55^  Henri  III,  roi  d'Angleterre  (1216-1272).  De- 
nier. [Collection  de  M.  Dumont.) 

56"  Philippe  V,  roi  d'Espagne  (1700-1746).  Cui- 
vre. [Musée  de  Drive,) 

hT  Jean  VI,  roi  de  Portugal  et  de  Brésil  (1799- 
1826).  Cuivre.  [Musée  de  Brive.) 

Les  monnaies  de  M.  Dumont  auraient  été  re- 
cueillies au  Puy  du  Chalard,  avec  d'autres  objets 
antiques;  celles  qui  sont  au  Musée  de  Brive,  ac- 
quises en  grande  partie  du  sieur  Mouneyrat,  ont 
été  trouvées  plus  particulièrement  sur  la  butte 
dTssandon. 

LÉON  Lacroix. 


A  cette  liste  il  convient  d'ajouter  les  monnaies 
dont  suit  la  description,  données  depuis  quelque 
temps  déjà  au  Musée  par  M.  Rupin;  elles  pro- 
viennent également  d'Yssandon  ou  des  alentours. 

IMPÉRIALES    ROMAINES 

1"*  Marg-Aurèle  (161-180).  Grand  bronze. 

♦      '  ■  -  ■■ 

(1)  Ce  petit,  mais  intéressant  monument,  fera  prochainement  Tob- 
jet  d'une  note  spéciale. 

T.  IX  6-tf 


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—  466  — 

Droit.  —  Tête  de  Tempereur  laurée,  à  droite. 
IMP.  CAES.  M. AVREL.ANTONINVS...  proba- 
blement AVG. 

iÎCT^rs.  — LIB.AVGVSTOR.tr. P. XVIL(LIB. 

presque  effacé.) 
2**  Maximien- Hercule  (286-305).  Moyen  bronze. 
Droit  —  Tête  de  l'empereur  laurée,  à  droite. 

CAE.MAXIMIANVS.P.F.AVG. 

Revers.  —  Génie  debout,  à  gauche.  GENIO .  IM- 
PERATORIS.  Sous  les  pieds  du  génie,  MK.,. 
3"*  Maximien-Hercule  (286-305).  Moyen  bronze. 
Droit.  —  Tête  laurée,  à  droite.  IMP .  C .  M  .  A . 

MAXIMIANVS.P.  F.AVG. 

Revers.  — Génie  debout,  à  gauche.  GENIO-  PO- 
PVLI .  ROMANI.  Sous  le  génie,  K-  C? 

4**  Maximien-Hercule.  Moyen  bronze. 

Droit.  —  Tête  laurée,  à  droite.  Légende  presque 
effacée. 

Revers.  —  Le  même  que  pour  le  n"  3,  sauf  un 
B  dans  le  champ,  à  droite  du  génie,  au  lieu  des 
lettres  K.  C.  sous  les  pieds,  comme  dans  le^  n**  3. 

5**  Mamimien-Hergule.  Moyen  bronze. 

Droit.  —  Tête  à  droite.  IMP  •  C  •  MAX-  VS  • 

p.  F    AVG 

Revers.  —  Édicule  et  légende  visibles,  mais  en 

partie  effacés. 

On  sait  que  Maximien-Hercule  fut  choisi  comme 
associé  à  la  pourpre  impériale  par  l'empereur  Dio- 
clétien.  Ce  fut  Dioclétien,  fils  d'un  affranchi  Dal- 
mate,  qui  convertit  l'empire  romain  en  monarchie 
avouée;  il  exerça  un  pouvoir  particulier,  sui  ge^ 
neriSj  n'étant  ni  consul,  ni  tribun,  ni  général. 


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—  467  — 


ni  rien  de  ce  qui  rappelait  les  vieilles  formes  de 
la  République.  En  286,  il  s'associa  le  général 
Maximien. 

Le  Comité  de  publication. 


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A  L'EXPOSITION  DE  TULLE 


EN  1887 


Exposition  d'art  an- 
cien ouverte  Tan  der- 
nier, à  Limoges,  a  eu 
un  succès  plus  grand 
que  ses  organisateurs 
ne  pouvaient  légitime- 
ment Tespérer;  en  pre- 
nant les  proportions 
d'un  véritable  événe- 
ment artistique,  elle  a  attiré  de  nouveau  l'atten- 
tion sur  un  art  qui  fut  l'honneur  du  Limousin, 
et  qui  contribua  pour  sa  j;)onne  part  à  faire  con- 
naître la  France  à  l'étranger.  La  plupart  des  pièces 
réunies  à  Limoges  étaient  cependant  connues  de 
longue  date,  mais  des  archéologues  seulement; 
des  publications  telles  que  les  Annales  archéO" 


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—  470  — 

logiques,  la  Revue  archéologique,  le  Bulletin 
Monumental,  etc.,  et  surtout  les  livres  de 
Tabbé  Texier,  un  homme  trop  oublié  aujour- 
d'hui et  auquel  il  est  grand  temps  de  rendre  jus- 
tice, avaient  donné  la  description  ou  la  repro- 
duction d'un  grand  nombre  d'œuvres  limousines  ; 
ipais  autre  chose  est  un  original  qile  Ton  peut 
étudier,  interroger,  ausculter,  autre  chose  est  une 
gravure  qui  ne  peut  donner  davantage  que  ce 
qu'un  artiste,  qui  presque  toujours  n'est  point 
archéologue,  y  a  mis.  L'utilité  des  expositions  ré- 
trospectives n'est  plus  à  démontrer,  surtout  quand 
elles  réunissent  non  des  bibelots  de  tout  genre 
tels  que  ceux  que  l'on  trouve  chez  un  marchand 
de  curiosités,  mais  des  séries  bien  homogènes  et 
susceptibles  de  faire  embrasser  rapidement  le  dé- 
veloppement complet  d'un  art.  Je  dirais  même 
que  c'est  là  seulement  que  l'archéologue  peut 
bien  étudier;  car  s'il  se  met  à  courir  le  pays 
pour  y  aller  trouver  les  œuvres  d'art,  que  de 
contre-temps  n'a-t-il  pas  à  subir!  que  de  sujets 
de  distractions  ne  rencontre-t-il  pas!  et  surtout 
combien  souffre-t-il  de  l'absence  de  termes  de 
comparaison  ! 

L'exposition  de  Tulle  est  fille,  ou  tout  au  moins 
sœur  de  l'exposition  de  Limoges,  et  elle  a  prouvé 
que  la  Gorrèze  n'avait  rien  à  envier  aux  autres 
départements  limousins.  Grâce  au  zèle  et  à  l'ac- 
tivité des  organisateurs,  parmi  lesquels  il  con- 
vient de  signaler  d'une  façon  particulière  M.  E. 
Fage,  vice-président  du  conseil  de  préfecture,  et 
M.  le  vicaire -général  Paré,  on  a  pu  réunir  en 


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—  471  — 

peu  de  temps,  dans  un  seul  département,  un 
nombre  considérable  d'objets  qui  ne  le  cèdent 
guère  en  intérêt  à  ceux  que  nous  avons  admirés 
à  Limoges;  quelques-uns  môme  nous  font  con- 
naître une  note  nouvelle  de  Part  limousin.  Et 
cependant  la  Gorrèze  n'a  pas  donné  tout  ce  qu'elle 
pouvait  donner  :  c'est  ainsi  que  la  célèbre  châsse 
de  Saint- Viance  n'a  pu  venir  briller  à  Tulle  et  y 
tenir  la  première  place,  à  côté  de  la  châsse  de 
Gimel.  D'autres  œuvres  encore,  dont  je  pourrai 
parler  plus  loin  grâce  à  l'obligeance  de  M.  Ernest 
Rupin,  qui  met  si  libéralement  à  la  disposition 
des  archéologues  les  richesses  entassées  dans  ses 
portefeuilles,  manquaient  à  l'appel.  D'autres  enfin 
ont  disparu  depuis  plus  ou  moins  longtemps,  soit 
qu'elles  aient  été  détnuites,  soit  qu'elles  aient  été 
cédées  pour  un  morceau  de  pain  à  une  époque, 
peu  éloignée  de  nous,  où  le  cuivre  émaillé  passait 
pour  avoir  moins  de  valeur  que  des  chaudrons. 
Celles-là,  du  moins,  ne  sont  pas  perdues  sans 
retour,  et  peu  à  peu  elles  reviennent  au  bercail, 
c'est-à-dire  dans  les  musées.  Et  d'ailleurs,  quel 
est  l'amateur,  aujourd'hui,  qui  refuse  l'entrée  de 
sa  collection  aux  travailleurs  sérieux?  La  seule 
chose  à  déplorer,  au  fond,  dans  tous  ces  dépla- 
cements d'objets  d'art,  c'est  la  nuit  profonde  qui 
se  fait  forcément  sur  leur  origine  et  en  diminue 
la  valeur  au  point  de  vue  historique  ou  archéo- 
logique. 

Depuis  quelques  temps,  la  question  des  origines 
de  l'art  limousin  s'est  éclaircie  considérablement; 
et  si  l'on  n'est  pas  encore  arrivé  à  pouvoir  fixer 


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—  472  — 

d'une  façon  définitive  les  principaux  points  de 
cette  intéressante  controverse,  on  peut  du  moins 
être  certain  que  d'ici  à  peu  le  jour  se  fera  com- 
plètement. Mais  que  les  champions  de  Part  limou- 
sin ne  se  réjouissent  pas  trop  tôt;  il  leur  faudra 
rompre  encore  plus  d'une  lance  avant  qu'ils  puis- 
sent crier  victoire!  Il  faut,  du  reste,  toujours 
mettre  un  peu  de  modestie  dans  son  triomphe, 
afin  de  rendre  plus  facile  la  réconciliation  des 
vaincus. 

Des  envois  d'Orient,  ou  du  moins  d'origine 
orientale,  tels  que  le  calice  offert  au  v*  siècle, 
par  Valentinien  III,  à  la  basilique  de  Saint- 
Martin  de  Brive(l),  ou  le  reliquaire  émaillé  donné 
par  l'empereur  Justin  à  Sainte-Radegonde,  à  Poi- 
tiers (2),  au  VI"  siècle,  suffisent  amplement  à  éta- 
blir l'existence  de  relations  très  anciennes  entre 
l'Italie  et  l'Orient  et  le  centre  de  la  France,  où 
des  modèles  de  ce  genre  ne  durent  pas  rester 
sanà  influence  sur  le  développement  des  arts.  En 
présence  de  faits  semblables  et  de  monuments 
d'une  aussi  incontestable  authenticité,  n'est-il  pas 
légitime  de  supposer  que  bon  nombre  de  ces 
œuvres,  que  la  légende  populaire  s'est  plu  à  attri- 
buer à  saint  Éloi,  et  qui  presque  toutes  étaient 


(1)  Desmaretz  et  Turgot,  Éphémérides  de  la  Généralité  de 
Limoges;  citées  par  l'abbé  Texier,  Dictionnaire  d'Orfèvrerie, 
col.  938. 

(2)  Abbé  Texier,  Essai  sur  les  argentiers  et  les  émailleurs  de 
Limoges,  p.  104-105,  planche  II.  —  X.  Barbier  de  Montault,  Le 
Trésor  de  l'abbaye  de  Sainte-Croix  de  Poitiers,  p.  235  et  suiv., 
planche  I. 


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—  473  — 

des  œuvres  mérovingiennes,  étaient  décorées,  dans 
certaines  parties,  d'émail  cloisonné,  ou  du  moins 

d'émail  allié  au  procédé  de  la  verroterie  cloi- 
sonnée? Je  ne  veux  point  ici  reprendre  cette 
question;  il  faudrait  de  longues  pages  pour  la 
traiter;  et,  en  somme,  les  monuments  en  litige 
n'existant  plus  aujourd'hui,  on  en  est  réduit  aux 
suppositions.  Je  ferai  toutefois  remarquer  que 
mon  regretté  maître  et  ami,  M.  Charles  de  Linas, 
qui  fut  jadis  un  des  champions  les  plus  tenaces 
de  la  verroterie  cloisonnée  (1),  avait  adopté,  dans 
ces  derniers  temps,  un  avis  tout  opposé.  Pour  lui, 
le  calice  de  Ghelles  était  bel  et  bien  émaillé  (2). 
Comme  tous  les  véritables  savants,  il  n'éprouvait 
aucune  difficulté  à  abandonner  une  opinion  qu'il 
croyait  contraire  à  la  science,  quelque  atteinte  son 
amour-propre  dût  en  recevoir. 

Le  reliquaire  de  Pépin  II,  au  trésor  de  Con- 
ques (3)  ;  certaine  petite  plaque  d'émail,  cloisonné, 
sur  cuivte,  qui  se  trouve  à  Poitiers,  au  Musée 
de  la  Société  des  Antiquaires  de  l'Ouest  (4);  les 
émaux  de  l'autel  portatif  de  Conques  (5)  ;  un  cha- 
ton d'émail  cloisonné  fixé  sur  la  châsse  de  Mois- 


Ci)  Charles  de  Linas,  Orfèvrerie  mérovingienne.  Les  Œuvres 
de  saint  Éloi. 

(2)  Charles  de  Linas^  La  Châsse  de  Gimel  et  les  anciens  Mo- 
numents de  l'Èmaillerie  limousine,  p.  19  ot  suivantes. 

(3)  Charles  de  Linas,  Le  reliquaire  de  Pépin  II  au  trésor  de 
Conques,  — -  Gazette  archéologique,  1887. 

(4)  Le  dessin  colorié  de  cette  plaque  m'a  été  communiqué,  en 
1«S2,  par  M.  de  Linas. 

(5)  A.  Darcel,  Le  Trésor  de  Conques,  p.  9-10. 


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—  474  — 

sat-Bas  (1),  nous  montrent  que  les  Limousins,  ou 
du  moins  les  artistes  du  centre  de  la  France,  con- 
nurent et  pratiquèrent  l'émail  cloisonné  (2),  que 
nous  retrouvons  allié  à  Témail  champlevé  sur  le 
reliquaire  de  St-Sulpice-les-Feuilles  (3),  et  sur  une 
splendide  plaque  représentant  le  Christ  de  gloire 
entre  les  symboles  des  Évangélistes,  qui  fait  par- 
tie de  la  collection  de  M.  Frédéric  Spitzer(4).  Des 
émaux  tels  que  ceux  de  la  châsse  de  Bellac,  dont 
j'ai  le  premier  publié  les  dessins  (5),  ou  du  coffre 
de  Ste-Foy  à  Conques  (6)  ;  d'autres  tous  semblables 
qui  se  trouvent  dans  une  collection  particulière, 
les  plaques  de  la  collection  Carrand  (7),  nous  mon- 
trent un  art  limousin  fortement  influencé  par  les 


(1)  E.  Rupin,  LsL  Châsse  de  Moissat-Bas,  dans  le  Bulletin  du 
Comité  des  travaux  historiques,  année  1883,  p.  55  et  suivantes.  — 
R.  de  Lasteyrie,  La  Châsse  de  Moissat-Bas,  dans  la  Gazette  ar- 
chéologique, 1883,  p.  357-360,  planches  59  et  60. 

(2)  Je  ne  parle  pas  ici  des  nombreuses  pièces  d'orfèvrerie  limou- 
sine sur  lesquelles  sont  fixés,  comme  des  pierres  précieuses,  des 
émaux  cloisonnés  d'importation  étrangère. 

(3)  Annales  archéologiques,  t.  XV,  p.  285,  et  t.  XIX,  p.  41.  — 
L'Exposition  rétrospective  de  Limoges,  dans  la  Gazette  des 
Beaux-Arts,  1886,  t.  II,  p.  167.  --  Léon  Palustre  et  X.  Barbier  de 
Montault,  Orfèvrerie  et  Émaillerie  limousines,  l'*  partie,  pi.  VII. 

(4)  L'émail  cloisonné  est  peut-être  aussi  allié  au  champlevé  sur 
une  plaque  qui  a  fait  partie  de  la  collection  Germeau  (Annales  ar- 
chéologiques, t.  XXII,  p.  82);  mais  comme  je  n'ai  point  vu  l'ori- 
ginal, je  n'oserais  l'assurer. 

(5)  Gaz.  des  Beaux-Arts,  1886,  t.  II,  p.  172-173.  —  Chanoine  Ar- 
bellot.  Châsse  émaillée  de  l'église  de  Bellac,  dans  le  Bulletin  de 
la  Société  archéologique  et  historique  du  Limousin,  t.  XXXIV, 
1887,  p.  21  et  suiv.  —  L.  Palustre  et  Barbier  de  Montault.  Orfè- 
vrerie et  Émaillerie  limousines,  1"  partie,  pi.  I,  II. 

(6)  Gazette  des  Beaux- Arts,  tome  XVIII,  1878,  p.  565. 

(7)  Publiés  par  Labarte,  Histoire  des  Arts  industriels,  1"  édi- 
tion. Album,  t.  II,  pi.  106. 


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—  475  — 

modèles  orientaux,  et  surtout  par  les  dessina 
d'étoffes  orientales,  tandis  que  des  crucifix  comme 
celui  de  Témailleur  Garnier,  dans  la  collection  de 
M.  Victor  Gay  (1),  comme  celui  qui  de  la  col- 
lection Meyers  est  passé  dans  la  collection  de 
M.  Spitzer  (2),  comme  ceux  de  M.  Bonnay  (3),  de 
Gluny(4)  ou  du  Louvre  (5),  des  plaques  comme 
celles  qui  proviennent  de  Grandmont,  au  Musée 
de  Gluny  (6),  nous  font  connaître  que  les  Limou- 
sins émaillaient  en  plein  les  personnages.  Des 
châsses  comme  celles  de  Ghamberet  ou  de  Saint- 
Viance  nous  fournissent  des  spécimens  importants 
d'architecture  émaillée  en  relief.  Voilà  les  prin- 
cipaux points,  les  principaux  traits  caractéristiques 
sur  lesquels  on  s'appuyait  pour  établir  que  Li- 
moges devait  tout  aux  émailleurs  des  bords  de 
la  Meuse  et  du  Rhin  ;  Limoges,  aujourd'hui,  peut 
fournir  des  exemples  antérieurs  ou  contemporains 
des  spécimens  qu'on  lui  opposait.  A  ces  traits 
communs  aux  deux  écoles,  il  en  joint  un  qui  lui 
est  propre  :  c'est  l'usage  des  têtes  rapportées  en 
relief,  dont  on  n'a  pas  encore,  ce  me  semble, 
signalé  l'emploi  en  dehors  de  France. 

J'ai  déjà  eu  occasion,  dans  un  autre  recueil  (7), 
de  décrire  et  de  signaler  les  pièces  qui,  parmi 


(1)  G.  de  Linas,  Les  Crucifix  champlevés  polychromes  en  plate 
peinture  et  les  Croix  émaillées,  p.  5. 

(2)  Ibid.,  p.  3. 

(3)  Exposition  rétrospective  de  Limoges  en  1886,  Catal.  n*  237. 

(4)  G.  de  Linas,  Ouvrage  cité,  p.  27. 

(5)  Ibid.,  p.  4. 

(0)  Du  Sommerard,  Album,  2*  série,  pi.  38. 

(7)  Gazette  des  Beaux-Arts,  1887,  t.  XXXVI»  p.  148-156. 


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les  œuvres  rassemblées  à  Tulle,  me  semblaient  les 
plus  propres  à  compléter  et  à  préciser  nos  con- 
naissances sur  Tart  limousin.  Je  n'y  reviendrai 
donc  point  ici;  le  Catalogue  qui  accompagne  ces 
lignes  suflBra,  je  crois,  à  fournir  un  tableau  exact 
de  l'Exposition.  Il  est  cependant  deux  points  sur 
lesquels  on  me  permettra  de  revenir.  Je  signa- 
lerai d'abord  l'analogie,  comme  disposition,  entre 
les  personnages  en  relief  appliqués  sur  un  fond 
émaillé  qui  garnissent  la  face  principale  de  la 
châsse  de  Saint-Viance,  et  de  grandes  plaques  dé- 
tachées telles  que  celles  qui  se  trouvent  au  Musée 
du  Louvre  (1),  dans  la  collection  Basilewsky  au 
Musée  de  l'Ermitage  (2),  dans  la  collection  Dutuit, 
à  Rouen  (3),  chez  M.  Astaix,  à  Limoges  (4).  Ces 
grandes  plaques,  sur  lesquelles  on  a  déjà  beau- 
coup écrit,  faisaient  partie,  à  mon  avis,  de  la 
décoration  d'une  ou  de  plusieurs  grandes  châsses 
de  construction  tout  à  fait  analogue  à  celle  de 
St-Viance,  mais  beaucoup  plus  grandes  et  beau- 
coup plus  riches.  On  a  pensé  jusqu'ici  que  ces 
plaques  provenaient  de  l'autel  de  Grandmont,  qui 
en  effet  était  décoré  de  figures  en  relief  appli- 
quées sur  un  fond  émaillé.  Mais  en  somme,  jus- 
qu'ici, cette  opinion  ne  peut  être  présentée  que 
comme  une  simple  hypothèse;  et  hypothèse  pour 

(1)  A.  Darcel,  Catalogue  des  émaux  du  Louvre,  n"  D.  120  et  715. 

(2)  A.  Darcel,  Collection  Basilewsky,  n"  214,  215,  216. 

(3)  Exposées  à  Paris,  à  l'Exposition  rétrospective  de  l'Union 
centrale  des  Beaux-Arts  appliqués  à  l'Industrie  en  1880. 

(4)  Exposition  rétrospective  de  Limoges  en  1886,  Catal.  n*  32.  — 
Publiée  par  L.  Palustre  et  Barbier  de  Montault,  Orfévr.  et  Émail, 
limousines,  planche  XII. 


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—  477  — 

hypothèse,  Tune  et  Taiitre  sont  aussi  probables  (1). 

Je  voudrais  également  dire  quelques  mots  d'une 
catégorie  de  châsses  dont  on  connaît  maintenant 
trois  spécimens,  et  au  sujet  desquelles  on  a  émis 
une  opinion  qu'il  me  parait  impossible  d'ad- 
mettre. Je  veux  parler  de  la  châsse  en  cuivre 
orné  d'appliques  émaillées  qui  appartient  à  l'évê- 
ché  de  Limoges  (2),  et  des  châsses  de  Lafage  et 
d'Orliac-de-Bar,  exposées  cette  année  à  Tulle.  Voici 
ce  que  disent  de  la  première  de  ces  châsses  les 
auteurs  de  VOrfévrerie  et  de  VÉmaillerie  limoU' 
sines,  après  l'avoir  décrite  : 

ce  L'iconographie ,  à  '  la  rigueur ,  ressemble  à 
»  celle  que  Limoges  a  maintes  fois  reproduite; 
»  mais  l'émaillerie  n'appartient  probablement  pas 
y>  à  cette  ville,  qui  usait  d'un  procédé  tout  à  fait 
X)  différent.  Le  rapprochement  ne  serait  possible 
»  que  sur  un  point  :  à  savoir  la  décoration  du 
»  champ  par  l'émail,  le  sujet  étant  réservé.  Dans 
»  les  ateliers  limousins,  faisait-on  d'aussi  grandes 
»  surfaces  sans  des  adjonctions  destinées  à  em- 
»  pêcher  l'émail  d'éclater?  les  lamelles  n'étaient- 
»  elles  pas  une  précaution  contre  cet  inconvè- 
»  nient?  Ce  système  n'a  pas  eu  une  .grande 
»  durée,  mais  qui  l'a  employé  le  premier,  et  l'a- 
»  t-il  été  à  Limoges? 

»  Nous  n'avons  que  trois  nuances,  gamme  bien 
»  restreinte  et  qui  ne  contredit  pas  la  provenance 

(1)  C.  de  Linas,  L'Autel  émaillé  de  Grandmont,  dans  la  Revue 
de  l'Art  chrétien,  1884,  p.  164  et  suiv. 

(2)  Publiée  par  MM.  L.  Palustre  et  Barbier  de  Montault,  Orfé- 
vrerie  et  Émaillerie  lirncfUsines,  1"  partie,  planche  111. 


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—  478  — 

»  étrangère  :  bleu-lapis,  vert-pré,  et  jauije  pouj 
»  éclaircir  les  tons. 

»  On  remarquera  que  Témail  est  formé  de 
j)  lamelles  juxtaposées,  soudées  au  feu,  mais  dont 
D  la  flamme  n'est  pas  parvenue  à  supprimer  les 
»  joints,  très  apparents  dans  Tauréole  [du  Christ], 
»  surtout  à  la  partie  eçdoijamagée.  Des  émaux 
»  de  cette  nature  se  rencontrent,  au  xn*  siècle, 
»  sur  une  plaque  de  la  collection  Spitzer,  à 
»  Paris,  et,  au  xiii*  siècle,  sur  une  croix  du 
»  Musée  Poldi,  à  Milan,  et  à  Rome  sur  la  Vierge 
»  de  Sainte-Marie  in  CampUelli  et  le  Christ  du 
»  Musée  JKirchej".  Nous  sonmies.,  avec  la  châsse 
»  de  révêché,  au  début  du  procédé  et  au  plus 
»  ancien  spécimen  connu  du  .type,  car  les  émaux 
»  remonteraient  facilement  au  xi"  siècle,  tandis 
»  que  la  châsse  peut  être  facilement  descendue 
»  au  XII*. 

»  Ces  émaux  à  lamelles  ne  pourraient-ils  pas 
»  être  identifiés  à  ceux  que  les  inventaires  appel- 
j)  lent  émaux  de  Venise!^  C'est  la  première  fois 
»  que  la  question  se  présente  :  nous  appelons 
»  Tattention  des  archéoloques  sur  ce  point.  » 

Étant  d'un  avis  diamétralement  opposé,  on  con- 
çoit que  je  sois  obligé  de  mettre  tout  ce  passage 
sous  les  yeux  du  lecteur  avant  d'en  réfuter  Içs 
principaux  points. 

J'ai  appris  qu'on  conteste  le  rapprochement  que 
j'ai  fait  entre  la  châsse  de  l'évèché  de  Limoges 
et  celles  de  Lafage  et  d'Orliac-de-Bar;  on  me  con- 
cède seulement  que  les  châsses,  comme  forme, 
comme  travail  du  cuivre,  cogame  ossature  enfin, 


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—  479  — 

sont  toutes  trois  identiques  ;  pour  les  émaux,  ceux 
de  Tévêché  de  Limoges  constitueraient  une  classe 
à  part,  tandis  que  ceux  qui  décorent  les  châsses 
d'Orliac  et  de  Lafage  ne  seraient  que  du  champ- 
levé  le  plus  commun.  Je  prends  acte  de  ces  con- 
cessions, car  pour  moi  tout  est  semblable  dans 
ces  trois  monuments,  et  les  émaux  sont  tous  des 
émaux  champlevés  très  grossiers.  Je  n'insisterai 
pas  sur  Ticonographie  puisque,  «  à  la  rigueur, 
elle  ressemble  à  celle  que  Limoges  a  maintes 
fois  reproduite.  »  Quant  à  la  question  de  savoir 
si  les  Limousins  ont  émaillé  d'aussi  grandes  sur- 
faces sans  des  adjonctions  destinées  à  empêcher 
rémail  d'éclater,  elle  ne  peut  faire  aucun  doute. 
Je  ferai  d'abord  remarquer  que  les  surfaces  à 
émailler  ne  sont  pas  ce  que  l'on  peut  appeler 
grandes  (les  plus  considérables  n'ont  que  0"K)14 
millimètres  de  largeur),  et  l'on  pourrait  citer  telle 
pièce,  par  exemple  la  belle  plaque  représen- 
tant Geoffroy  Plantagenet,  au  Musée  du  Mans,  sur 
laquelle  on  remarque  des  surfaces  émaillées  beau- 
coup plus  grandes  sans  que  ces  surfaces  soient 
sectionnées  par  des  cloisons  de  métal.  Et  si 
nous  nous  reportons  à  la  fin  du  xni*  siècle,  c'est- 
à-dire  à  l'époque  à  laquelle  j'attribue  les  trois 
châsses  en  litige,  des  plaques  comme  celles  qui 
ornent  le  revers  de  la  cassette  de  saint  Louis, 
au  Musée  du  Louvre,  nous  offrent  des  person- 
nages réservés  et  gravés  sjir  un  champ  bleu-lapis 
uni,  de  dimensions  aussi  grandes  que  les  fonds 
d'émail  de  nos  châsses. 
Je  n'admets  point  les  lamelles  parce  que  je 


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—  480  — 

ne  les  ,vois  pas.  Quant  à  la  comparaison  avec  la 
plaque  de  la  collection  Spitzer,  je  ne  l'admets  pas 
davantage,  non  plus  qu'avec  le  Christ  de  la  col- 
lection Poldi  Pezzoli,  à  Milan.  Je  laisse  de  côté 
la  Vierge  de  Sainte- Marie  in  Campitelli  et  le 
Christ  du  Musée  Kircher,  à  Rome.  Je  ne  connais 
pas  la  première.  Quant  au  second,  je  ne  Tai  pas 
assez  présent  à  Tesprit  pour  nier  ou  affirmer  sa 
valeur  dans  le  débat  et  en  faire  un  argument 
pour  ou  contre  ma  thèse.  Mais,  pour  le  Christ 
de  la  collection  Poldi,  il  faut  le  rapprocher  du 
Christ  de  la  collection  Davillier,  au  Louvre,  du 
Christ  de  la  collection  Meyers,  aujourd'hui  dans 
la  collection  Spitzer,  et  surtout  du  Christ  de 
M.  Bonnay;  comme  dans  cette  dernière  pièce,  les 
chairs  sont  émaillées,  le  fond  réservé  et  gravé  de 
menus  rinceaux.  Il  en  est  de  même  de  la  plaque 
de  la  collection  Spitzer,  qui  représente  le  Christ 
de  gloire  entre  les  symboles  des  Évangélistes.  Pour 
moi  il  est  impossible  d'établir  un  rapprochement 
quelconque  entre  ces  pièces  et  nos  châsses  :  c'est 
le  jour  et  la  nuit,  et  l'on  ne  peut  trouver  deux 
choses  plus  différentes.  Dans  les  châsses  les  per- 
sonnages sont  gravés  et  réservés  sur  fond  d'émail; 
dans  le  Christ  Poldi  et  dans  la  plaque  Spitzer, 
les  personnages  sont  émaillés  et  se  détachent  sur 
un  fond  de  cuivre;  de  plus,  dans  la  plaque 
Spitzer,  les  têtes  sont  en  relief  et  rapportées,  et 
dans  les  émaux  on  renaarque  cette  union  du  cloi- 
sonné et  du  champlevé  qui  a  été  depuis  long- 
temps signalé  sur  le  beau  reliquaire  en  forme 
d'ange  de  Saint-Sulpice-les-Feuilles.  On  ne  serait 


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CHASSE  DE  SAINT- VIANGE  (N*  14). 

UN    ANGE    APPARAIT    A    SAVINIEN,    OOMPAONON    DE    SAINT    VIANGE 


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CHASSE  DE  SAINT- VIANCE  (N*  14). 

LE   CURPS    DE   6AINT   VIANCE    TRANSPURTÉ    SUR    UN    CHAR    TRAINE    PAR    UN   OURS   ET    UN    BGEUF 


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—  481  — 

pas  davantage  autorisé  à  faire  un  rapprochement 
avec  la  Vierge  de  la  collection  Germeau,  qui  ne 
diffère  de  la  plaque  de  la  collection  Spitzer  qu'en 
ce  que  les  chairs  y  sont  émaillées,  alors  que  dans 
cette  dernière  elles  ne  le  sont  pas(l). 

Nous  savons  par  les  émaux  du  coffre  de  Sainte- 
Foy  à  Conques,  par  ceux  de  la  châsse  de  Bellac, 
ce  qu'étaient  les  plus  anciens  émaux  limousins; 
et,  dans  ces  deux  spécimens,  les  sujets  ou  orne- 
ments sont  invariablement  émaillés  et  se  déta- 
chent sur  un  fond  de  métal  :  rien  de  plus  logique 
si  Ton  admet  que  les  émaux  byzantins  ont  servi 
de  modèles  aux  émailleurs  limousins  comme  ils 


(1)  En  quittant  Brive,  où  j'ai  écrit  ces  lignes,  je  suis  passé  par 
Limoges,  où,  gr&ce  à  l'inépuisable  obligeance  de  M.  L.  Guibert, 
toujours  prêt  à  rendre  service  à  ceux  qui  s'occupent  de  l'histoire 
du  Limousin,  j'ai  pu  examiner  à  loisir  la  cb&sse  de  l'évêché.  Je 
n'ai  rien  à  changer  à  ce  que  j'en  dis  ici,  ni  à  ce  que  j'en  ai  dit 
dans  la  Gazette  des  Beaux  Arts  (1887,  t.  XXXVI,  p.  155}.  En  pre- 
nant de  prétendues  lamelles,  qui  n'existent  pas,  pour  de  l'émail 
champlevé  du  genre  le  plus  commun,  je  n'ai  point  commis  une 
de  ces  lourdes  méprises  auxquelles  nul  archéologue  ne  saurait 
avoir  la  prétention  d'échapper.  Je  ne  suis  d'ailleurs  pas  seul  à 
partager  cette  opinion,  et  les  émailleurs  auxquels  j'ai  soumis  le 
cas  n'ont  reconnu  dans  les  interstices  qui  .séparent  les  fameuses 
lamelles,  que  des  stries  produites  tout  à  fait  accidentellement  :  U 
est  probable  qu'il  en  sera  de  cela  comme  de  pas  mal  d'autres 
théories  émises  ces  derniers  temps  sur  les  émaux  limousins,  théo- 
ries qui  sont  déjà  mises  de  côté  par  leurs  plus  chauds  partisans, 
devenus  plus  zélés  défenseurs  de  Limoges  que  ceux  qui  n'ont 
jamais  varié  d'opinion.  Tout  le  monde  avait  cependant  sous  les 
yeux  les  mômes  pièces  pour  juger  le  procès;  comment  a-t-on 
rendu  des  arrêts  si  différents?  Je  ne  me  charge  pas  de  l'expli- 
quer. Quant  à  moi,  les  modestes  notes  qu'en  suivant  les  traces 
des  Texier  et  des  Lasteyrie  j'écrivais  en  1881,  je  suis  prêt  encore, 
en  toujt  ce;  qui  concerne  le  moyen  âge,  à  les  signer  aujourd'hui. 
Je  deinande  pardon  au  lecteur  de  formuler  ici  des  revendications 
devenues  nécessaires. 

T.  TX.'  B-T- 


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—  482  — 

ont  servi  de  modèles  aux  orfèvres  des  bords  de 
la  Meuse  et  du  Rhin.  Où  MM.  Palustre  et  Bar- 
bier de  Montault  voient  un  art  à  ses  origines,  je 
vois  une  industrie  à  son  déclin,  car  ce  n*est  que 
pour  simplifier  leur  travail  que  les  émailleurs 
limousins  en  sont  venus  peu  à  peu  à  ne  plus 
émailler  que  les  fonds,  et  les  médaillons  repré- 
sentant des  anges  qui  figurent  sur  nos  châsses 
ont  leurs  analogues,  en  général  plus  finement 
exécutés,  sur  des  châsses  trop  nombreuses  pour 
qu'il  soit  nécessaire  d'en  citer  ici  des  exemples. 
Et  ces  châsses  appartiennent  au  xiii*  siècle. 

Un  mot  seulement  sur  une  attribution  possible 
à  Venise,  trop  légèrement  mise  en  avant  :  Que 
les  Vénitiens  aient  fait  des  émaux  cloisonnés  en 
or,  qu'ils  aient  fait  plus  tard  des  émaux  peints, 
point  de  doute  là-dessus;  mais  pour  dire  qu'ils 
ont  fait  des  émaux  champlevés,  ce  qui  me  pa- 
rait probable,  attendons,  pour  nous  prononcer, 
des  œuvres  authentiques;  s'il  y  en  a,  ce  n'est 
certainement  pas  en  France  qu'il  faut  les  cher- 
cher, et  j'ajouterai  que  tous  les  émaux  champ- 
levés  que  j'ai  pu  voir  à  Venise  sont  purement 
limousins.  Je  n'insiste  pas  sur  ce  point  parce 
que  c'est  une  attribution  qui,  j'ai  lieu  de  le 
croire,  sera  aussi  vite  abandonnée  qu'elle  a  été 
mise  en  avant;  en  tout  cas,  je  ne  la  crois  pas 
destinée  à  faire  fortune  dans  le  monde  des  ar- 
chéologues. 

L'exposition  de  Tulle  m'a  entraîné  plus  loin  que 
je  ne  l'aurais  voulu.  En  affirmant  une  fois  de 
plus  les  droits  de  Limoges,  ou  du  moins  de  la 


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—  483  — 

France,  je  plaide  une  cause  à  peu  près  gagnée 
maintenant  et  dont,  dans  les  limites  étroites  de 
ce  travail,  il  suffit  d'indiquer  les  points  princi- 
paux. Le  jour  n*est  pas  éloigné  où  Limoges  pos- 
sédera une  véritable  monographie  des  œuvres  d'art 
auxquelles  son  nom  est  resté  attaché;  en  atten- 
dant ce  jour,  je  voudrais  simplement  donner  ici 
le  catalogue  sommaire  des  pièces  réunies  à  Tulle  ; 
en  y  ajoutant  la  nomenclature  de  quelques  objets 
qui  n'ont  pas  été  envoyés  à  l'Exposition  ou  qui 
ont  disparu  du  pays,  on  aura  ainsi  le  tableau  à 
peu  près  complet  des  ressources  que  peut  offrir 
le  départemeiït  de  la  Corrèze  au  point  de  vue 
de  l'étude  de  l'orfèvrerie  du  moyen  âge.  Je  dis  à 
peu  près  complet,  car  on  ne  peut  jamais  être 
sûr  que  quelques  églises  ne  conservent  pas  encore 
quelques  reliquaires  méconnus,  jetés  dans  un  coin 
de  sacristie  parce  qu'ils  ne  paient  pas  de  mine, 
comme  ce  reliquaire  de  Saint- Bonnet- Avalouse, 
l'une  des  plus  vénérables  reliques  du  Limousin, 
hier  encore  totalement  inconnu. 

Il  serait  à  désirer  que  semblable  catalogue  fût 
dressé  avec  plus  d'autorité  que  je  ne  puis  le 
faire  pour  tous  nos  départements  du  centre.  L'ar- 
chéologue y  trouverait  matière  à  de  nombreuses 
observations  sans  doute,  mais  ce  n'est  pas  à  ce 
seul  point  de  vue  que  je  veux  me  placer.  Chaque 
jour,  quelqu'une  de  ces  pièces  risque  d'être  ven- 
due à  vil  prix  à  quelque  brocanteur,  par  un  con- 
seil de  fabrique  absolument  ignorant  de  la  va- 
leur de  ces  œuvres  d'art,  ou  désireux  de  faire  à 
son  église  quelque  malencontreuse  restauration. 


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—  484  — 

Ce  serait  donc  rendre  un  double  service  à  Tart 
que  d'empêcher  des  aliénations  de  ce  genre;  on 
supprimerait  du  coup  la  possibilité  de  gâter  de 
vénérables  monuments  de  notre  architecture  na- 
tionale. Mais  il  ne  suffit  pas  d'une  loi  pour  em- 
pêcher que  de  tels  faits  se  produisent  :  il  faut 
encore  que  Ton  ait  entre  les  mains  le  moyen 
de  donner  une  sanction  à  cette  mesure.  Ce  n'est 
que  par  des  inventaires  minutieux  de  tous  les 
objets  précieux  renfermés  dans  les  églises  qu'on 
pourra  atteindre  le  but  qu'on  se  propose.  Il  va 
sans  dire  qu'une  pareille  loi  ne  doit  être  appli- 
quée qu'avec  beaucoup  de  tact,  et  que  si  tous 
les  monuments  anciens  doivent  être  préservés  de 
l'aliénation,. il  faut  cependant  que  l'État  se  réserve 
le  droit  d'acquérir,  dans  le  cas  où  les  conseils 
de  fabrique  seraient  consentant,  et  où  l'argent 
provenant  de  cette  vente  pourrait  être  employé 
dans  un  but  véritablement  utile.  Quelle  qu'elle 
soit,  une  semblable  loi  sera  toujours  d'une  appli- 
cation difficile;  le  mieux  serait  encore  de  donner 
au  clergé  le  goût  de  l'archéologie  et  de  lui  ins- 
pirer le  respect  pour  des  monuments  qui  sont, 
pour  les  églises  qui  les  possèdent,  de  véritables 
titres  de  noblesse.  Malheureusement  beaucoup  de 
membres  du  clergé  préfèrent  des  ornements  tout 
battant  neuf,  sortant  de  quelque  abominable  offi- 
cine de  Paris,  à  des  œuvres  qui,  dans  le  courant 
des  siècles,  ont  subi  plus  d'une  atteinte.  Je  ne 
saurais  les  en  blâmer,  puisque  l'on  ne  fait  à  peu 
près  rien  pour  leur  donner  le  goût  de  ces  belles 
choses.  Le  clergé  a  pourtant  compté  et  compte 


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—  485  — 

encore  dans  ses  rangs,  des  hommes  qui  ont  passé 
ou  passent  leur  vie  à  émettre  des  doctrines  tout 
à  fait  différentes;  mais  ils  sont  fort  rares  et  n'ont 
pas  suffisamment  d'influence  pour  faire  des  élèves. 
On  peut  dire  qu'ils  prêchent  dans  le  désert.  Je 
sais  bien  que  pour  le  moment,  sous  Tœil  vigi- 
lant de  M.  le  vicaire-général  Paré,  qui  s'est  opposé 
énergiquement  à  la  vente  de  plusieurs  reliquaires, 
les  œuvres  d'art  contenues  dans  les  églises  de  la 
Corrèze  n'ont  rien  à  craindre.  Mais  un  vicaire- 
général  peut  changer,  et  d'ailleurs  que  de  cir- 
constances difficiles  à  prévoir!  La  plupart  des 
curés,  dans  la  crainte  de  vols,  hélas!  trop  fré- 
quents, ont  l'habitude  de  garder  au  presbytère 
les  objets  précieux  que  renferment  leurs  églises. 
Qu'un  curé  vienne  à  mourir,  qui  nous  dit  que 
les  héritiers  ne  s'empareront  pas  des  œuvres 
d'art  qu'ils  trouveront  parmi  les  bardes  du  dé- 
funt, et  cela  de  bonne  foi  puisque  aucun  titre, 
la  plupart  du  temps,  n'établit  les  droits  de 
propriété  de  l'église?  Nombre  d'objets  se  sont 
envolés  ainsi  qu'il  serait  bien  difficile  de  récla- 
mer, car,  en  fait  de  meubles,  possession  vaut 
titre.  Il  est  donc  grand  temps  que  l'on  prenne 
des  mesures  efficaces  de  préservation  ;  et  pour  ma 
part,  je  n'en  vois  pas  de  plus  pratique  qu'un 
inventaire  exact,  contrôlé  à  des  dates  fixes.  Je 
voudrais  aussi  qu'aux  changements  de  curés  il  fût 
dressé  des  inventaires,  que  chaque  curé  nouvel- 
lement installé  signât  une  sorte  de  prise  en  charge 
du  mobilier  artistique  de  son  église.  Mais  c'est 
peut-être  trop  en  demander  pour  une  fois  :  un 


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—  486  — 

inventaire  général  dressé  par  des  hommes  com- 
pétents, et  il  n'en  manque  pas  dans  chaque  dé- 
partement qui  se  chargeraient  volontiers  de  cette 
besogne,  donnerait  déjà  une  ample  satisfaction 
aux  légitimes  revendications  des  archéologues. 

Dans  la  nomenclature  suivante  j'ai  classé,  au- 
tant que  possible,  les  objets  par  nature,  en  indi- 
quant à  l'occasion  les  recueils  dans  lesquels  ils 
ont  été  publiés.  Les  objets  qui  n'ont  pas  figuré 
à  l'exposition  de  Tulle,  mais  qui  existent  dans  le 
département,  sont  précédés  d'une  astérisque.  A  la 
fin  de  ce  travail  on  trouvera  enfin  la  liste  des 
œuvres  qui,  à  notre  connaissance,  existaient  dans 
le  département  de  la  Corrèze  et  qui  ont  disparu 
depuis  plus  ou  moins  longtemps. 


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—  487  — 


CATALOGUE 


1.  —  Croix-rbliquairr. 

Croix  à  double  traverse  composée  de  plaques  d'argent 
doré  estampé,  clouées  sur  une  &me  de  bois.  Sur  la  face, 
bordée  d'un  grènetis  et  semée  de  cabochons,  est  rapporté 
un  crucifix  ;  le  Christ  est  nimbé,  cloué  par  quatre  clous, 
surmonté  d'un  titulits.  Au-dessus  de  ce  crucifix,  à  l'inter- 
section du  croisillon  supérieur,  on  voit  une  petite  plaque 
de  métal  découpée  suivant  le  contour  d'une  croix  à  double 
traverse,  et  destinée  à  contenir  des  reliques  de  la  Vraie 
Croix.  Revers  semé  de  cabochons.  Sur  la  tranche  de  la 
croix  on  lit  l'inscription  :  Db  Sgo  Grboorio...,  Sgi  Mar- 
tini..., indiquant  les  reliques  que  renfermait  la  croix. 

xii«  siècle.  Hauteur,  0"34;  largeur,  0»16. 

Église  d'Obazine. 

Publiée  par  M.  Ernest  Rupin  dans  le  Bulletin  de  la  Soc.  arch. 
de  la  Corrèze,  t.  I,  p.  275  (eau-forte).  —  Par  L.  Palustre  et  Bar- 
bier de  Montault,  Orfèvrerie  et  Émaillerie  limouBinea,  !'•  partie, 
pi.  XIII.  —  Voy.  aussi  R.  de  Lasteyrie,  La  Croix  de  Gorre,  dans 
le  Bulletin  arch.  du  Com.  des  Tr&v.  hist.,  année  1884,  p.  495. 

2.  —  *  Crucifix. 

Cuivre  champlevé,  émaillé  et  doré.  Croix  pattée.  Le 
Christ  est  attaché  à  la  croix  par  quatre  clous;  nimbé 
d'un  nimbe  crucifère,  la  barbe  et  les  cheveux  longs,  vêtu 
d'un  jupon  court,  ses  pieds  posent  sur  un  suppedaneum^ 
et  au-dessus  de  la  tète  se  lit  le  titulus  :  IHS  XPS.  Au- 
dessus  du  titulus  était  autrefois  enchâssé  un  cabochon, 
qui  a  disparu.  Le  corps  du  Christ  est  entièrement  émaillé, 


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—  488  — 

sauf  la  tête,  qui  est  gravée  et  niellée  d'émail.  Chairs  blanc 
rosé.  Fond  de  cuivre  recouvert  de  menus  rinceaux  gravés. 
Revers  en  cuivre  doré  semé  de  rinceaux  gravés.  A  Tin» 
tersection  des  croisillons,  un  ange  en  buste,  dans  un 
médaillon  circulaire. 

Fin  du  XII*  siècle.  Hauteur,  O'»270;  largeur,  0™131. 
A  M.  Bonnay,  à  Brive. 

3.  —  *  Crucifix. 

Cuivre  champlevé  et  émaillé.  Cette  croix,  dont  la  face 
seule  subsiste,  a  été  reclouée  sur  une  âme  de  bois.  Elle 
se  compose  d'un  crucifix,  de  trois  appliques  pattées  for- 
mant les  extrémités  des  croisillons,  et  de  deux  médaillons 
circulaires  fixés  au  bas  de  la  croix.  Les  appliques  des 
extrémités  sont  ornées  de  rinceaux  réserrés  sur  fond 
d'émail,  et  enchâssent  en  leur  centre  un  cabochon.  Le 
Christ  en  relief,  ciselé  et  gravé,  cloué  par  quatre  clous 
sur  la  croix,  porte  la  barbe  et  les  cheveux  longs.  Il  est 
nimbé  d'un  nimbe  crucifère,  vêtu  d'un  périzonium,  et  ses 
pieds  reposent  sur  un  suppedaneinn.  Au-dessus  de  sa  tète, 
le  titulus  sur  deux  lignes  :  IHS  —  XP8.  Fond  émaillé 
semé  de  rosatfes. 

Les  appliques  des  extrémités  de  la  croix  et  les  mé- 
daillons semblent  n'avoir  pas  fait  partie,  à  l'origine,  du 
même  ensemble  que  le  crucifix. 

XIII"  siècle.  Hauteur  du  Christ,  0"34;  largeur,  0^1. 
A  M.  le  marquis  de  Noailles. 

4.  —  Croix-reliquairk. 

Croix  à  double  traverse  en  argent  doré,  doût  les  bras 
et  la  haste  sont  terminés  en  forme  de  fleur  de  lys.  La 
face  est  recouverte  de  rinceaux  de  filigrane,  avec  petites 
fleurs  de  métal  rapportées,  enchâssant  des  morceaux  de 
verre  et  des  cabochons,  et  enfin  une  pâte  de  verre  rouge 
antique  représentant  une  tête  d'homme  imberbe  de  profil 
à  droite.  Au-dessus  du  second  croisillon,  dans  un  chaton 
ovale,  est  serti  un  verre  recouvrant  une  relique  accom- 


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—  *S9  — 

pagnée  d'une  authentique  en   écriture  cursive  du  ziii* 
siècle  :  [Sane^i  Marcialis.   Revers  estampé  de  rosaces  à 
l'intersection  des  croisillons,  et  d'une  ligne  d'étoiles  sur 
les  bras  et  la  haste. 
XIII*  siècle.  Hauteur,  0"280;  largeur,  0"145. 
Église  de  Darnets. 

5.  —  *  Crucifix  d'appliqub. 

Cuivre  champlevé  et  émaillé.  Le  Christ  épargné,  gravé 
et  très  légèrement  ciselé  sur  la  plaque  de  cuivre,  est 
cloué  par  quatre  clous;  nimbé  d'un  nimbe  crucifère, 
couronné,  il  est  vêtu  d'un  perizoniwn  et  ses  pieds  posent 
sur  un  suppedaneum.  Au-dessus  de  sa  tète  on  lit  le 
titulus  :  IHS.  La  tête  et  la  couronne  sont  en  relief  et 
rapportées.  Fond  émaillé  semé  de  rosaces. 

XIII*  siècle.  Hauteur,  0"23. 

A.  M.  Alfred  Mas. 

Publié  par  M.  Ernest  Rupin  dans  le  Bulletin  de  la  Soc.  arch. 
de  la  Corrèze,  t.  III,  1881,  p.  197  et  suivantes  (eau-forte),  et  dans 
la  Revue  des  Soeiétés  savantes,  1h*  série,  t.  IV,  p.  25S. 

6.  —  *  Croix  procbssionnbllb. 

En  cuivre  gravé,  cette  croix  est  terminée  à  ses  extré- 
mités par  des  fleurs  de  lys  ou  des  fleurons.  Sur  toute 
sa  surface  courent  des  rinceaux  gravés.  A  l'intersection 
des  croisillons  se  trouve  lasie  pièce  rectangulaire  sur 
laquelle  est  gravée  une  croix  à  branches  égales.  C'est 
sur  cette  pièce  que  reposait  la  tête  du  Christ,  qui  a^ 
disparu. 

XIV*  siècle.  Hauteur,  0"*68;  largeur,  0"35. 
Église  de  Soudeilles. 

7.  —  *  Croix  processioîw«llï. 

Les  branches  de  cette  croix,  en  cuivre  doré,  se  ter- 
minent en  forme  de  fleur  de  lys,  et  son  extrémité  s'im- 
plante dans  une  douille  munie  d'un  nœud  sphérique 
légèrement  aplati.  Sur  les  extrémités  des  bras  de  la  face 


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—  490  — 

principale  de  la  croix  sont  gravés  des  rinceaux.  Au  centre 
est  fixé,  par  trois  clous,  un  Christ  en  relief,  couronné, 
que  surmonte  un  titulus  IHS  émaillé.  Au  sommet  et  au 
bas  de  la  croix  sont  fixées  deux  figurines  de  cuivre,  à 
mi-corps.  Le  revers  est  orné  de  gravures  :  Au  centre, 
le  Christ  bénissant  et  à  mi-corps;  aux  extrémités,  les 
symboles  des  Évangélistes.  Entre  ces  représentations  cou- 
rent des  rinceaux. 
xiv«  siècle.  Hauteur,  0"*45;  largeur,  0"»26. 
La  Ghapelle-aux-Plats. 

8.  —  Croix-rbliquairb  bt  progbssionnblle. 


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—  491  — 

Croix  en  bois  recouverte  de  plaques  d'argent  estampé; 
les  bras  et  la  haste  sont  terminés  en  forme  de  trèfle, 
dont  chaque  lobe  est  accompagné  d'une  boule  de  cristal 
taillé,  à  facettes.  Sur  la  face  et  sur  le  revers  on  voit 
des  branches  de  roses.  Sur  la  face  est  fixé  un  Crucifix 
surmonté  d'un  titulus.  Au-dessous  du  Christ  un  reliquaire 
de  forme  ovale.  Au  revers,  sur  un  disque  d'argent,  à 
l'intersection  des  croisillons,  la  Sainte  Face  nimbée.  Cette 
croix  est  fixée  sur  une  base  rectangulaire  décorée  de 
plaques  de  cuivre  estampé. 

XVI*  siècle.  Hauteur,  0~335;  largeur,  0"'267. 

Autrefois   à  Téglise  de   Marchastel  (Gant&I);   aujourd'hui    à 
M.  r&bbé  Pau. 

Publiée  par  M.  l'abbé  Pau  dans  le  Bulletin  de  la  Soc.  arch.  de 
la  Corrèze,  1882,  p.  405  et  suivantes  (dessin). 


9.  —  PlKD  DB  CROIX. 

Cuivre  champlevé  et  émaillé.  De  forme  circulaire,  ce 
pied  de  croix  repose  sur  trois  pieds  gravés  surmontés  de 
trois  animaux  fantastiques  cornus,  la  bouche  ouverte,  la 
queue  plusieurs  fois  repliée  et  terminée  par  une  tête  de 
serpent.  Ces  animaux  divisent  le  champ  du  pied  en  trois 
compartiments,  ornés  de  rinceaux  réservés  sur  un  fond 
d'émail  bleu-lapis;  ces  rinceaux  encadraient  autrefois  des 
médaillons  rapportés  accompagnés  de  rosettes  de  cuivre, 
dont  une  seule  subsiste.  Au  centre  se  dresse  une  tige 
destinée  à  recevoir  la  croix,  et  munie  d'un  nœud  côtelé 
surmonté  de  feuillages  découpés. 

xiii«  siècle.  Hauteur,  0»3i;  diamètre,  0»185. 

Église  d'Obazine. 

Publié  par  M.  Ernest  Rupin  dans  le  Bulletin  de  la  Soc.  arch, 
de  la  Corrèze,  t.  I,  1878-79,  p.  147  et  suivantes  (eau-forte);  par 
MM.  Palustre  et  Barbier  de  Montault,  Orfèvrerie  et  Émaillerie 
limouiinee,  \^  partie,  pi.  VIII. 


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—  492  — 

10.  —  Bâton  de  croix. 

Il  est  de  bois  recouvert  de  feuilles  de  cuivre  estampé 
d'un  semis  de  fleurs  de  lys  et  argenté. 

xvi«  siècle. 
Église  de  Saint-Exupéry. 

11.  —  Chasse. 

Cuivre  estampé  et  doré,  cloué  sur  une  âme  de  bois 
de  chêne  formée  d'un  seul  bloc,  en  forme  de  coin. 

Face  antérieure  :  Une  croix  à  branches  égales  et  cloi- 
sonnées, à  centre  ovale,  terminées  par  des  cabochons. 
Des  entrelacs  cantonnent  la  croix.  La  croix  est  rap- 
portée et  elle  a  perdu  les  morceaux  de  verre  ou  de 
grenat  gui  la  décoraient.  Dans  les  chatons  circulaires 
qui  terminent  les  bras  sont  enchâssés  un  morceau  de 
verre  rouge  et  deux  morceaux  de  verre  bleu  :  ce  sont 
des  additions  modernes. 


Face  postérieure  :  Deux  listels  en  sautoir  cantonnés  de 
deux  croix  et  de  deux  figures  de  saints,  nimbés,  à  mi- 
corps,  les  bras  étendus. 

Côté  droit  :  Entrelacs.  —  Côté  gauche  :  Entrelacs  et  petite 


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-  4e3  - 

porte  de  fer  (restauration).  Sur  les  flancs,  vers  le  haut, 
deux  anses  en  fer  destinées  à  recevoir  des  cordons  de 
suspension. 

Époque  mérovingienne,  vu'  ou  viii®  siècle.   Hauteur, 
0°»12;  longueur,  0"»13;  largeur,  0"»06. 
Église  de  Sain^Bonnet-Avalouse. 

Publiée  dans  la  Gazette  des  Beaux-Arts,  2«  période,  t.  XXXVI, 
1887,  p.  156. 

18.  —  Chasse. 

Cuivre  champlevé,  émaillé  et  doré.  Elle  est  en  forme 
de  maison,  portant  sur  quatre  pieds  carrés  pris  dans  les 
plaques  de  ia  caisse,  et  surmontée  d'une  crête  percée 
d'ornements  en  forme  d'entrée  de  serrure. 

Face  antérieure;  panneau  inférieur  :  Prédication  de  saint 
Etienne;  le  saint  tient  un  phylactère  sur  lequel  on  lit 
lOX  HSâ  (sans  doute  pour  Jhesm  Christus.)  Saint  Etienne 
mené  au  supplice. 

Toit  :  Lapidation  de  saint  Etienne. 

Face  postérieure;  panneau  inférieur  :  Figures  en  pied, 
sous  des  arcades  en  plein-cintre,  de  saint  Jean,  saint 
Pierre,  saint  Paul  et  saint  Philippe. 

Toit  :  Trois  anges  à  mi-corps  dans  des  médaillons  cir- 
culaires, séparés  par  des  fleurons. 

Pignon  de  droite  :  Sur  la  porte  de  la  châsse,  un  ange 
debout. 

Pignon  de  gauche  :  Un  apôtre  portant  une  croix. 

Personnages  et  architecture  émaillés  sur  fond  gravé 
de  menus  rinceaux.  Les  têtes  sont  soit  simplement  gra- 
vées sur  le  fond,  soit  rapportées. 

Fin  du  XII*  siècle.  Hauteur,  0"215;  longueur,  0"285; 
largeur,  0"»113. 

Église  de  Gimel  ;  provenant  de  Saint-Étienne  de  Braguse,  près 
Gimel. 

Sur  cette  châsse,  voyez  abbé  Poulbriôre,  Bullet.  Monum,,  1875, 
p.  536  et  suiv.,  (grav.).  —  G.  de  Linas,  La  Châsse  de  Gimel;  lettre 


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-494  - 

à  M.  Ernest  Rupin,  1883,  in-8».  —  Abbé  Roux,  Une  Inscription 
mystérieuse;  Tulle,  Mazeyrie,  1880,  8  p.  in-18.  —  Abbé  Poulbriôre, 
Lettre  au  Journal  Limousin  et  Quercy,  sur  un  détail  de  la  bro- 
chure :  Promenade  à  Gimel,  relativement  à  Vinscription  mysté- 
rieuse {{•'  novembre  1880),  4  p.  in-8». 

18.  —  Grande  chasse. 

Cuivre  émaiUé  et  doré.  Forme  de  maison  surmontée 
d'une  crête  garnie,  aux  extrémités,  de  pommes  de  forme 
conique,  percée  d'ouvertures  en  forme  d'entrée  de  ser- 
rure. Sur  cette  crête  étaient  en  outre  fixées  quatre  tours 
émaillées,  dont  deux  subsistent;  la  troisième  est  rem- 
placée par  une  tour  en  cuivre;  la  quatrième  manque. 

Face  antérieure;  panneau  inférieur  :  Au  centre  le  Qirist 
en  croix,  accompagné  de  la  Vierge,  de  saint  Jean,  du 
Soleil  et  de  la  Lune;  le  Christ  manque.  A  droite  et 
à  gauche,  sous  des  arcades  en  plein-cintre,  quatre  apôtres 
assis;  deux  manquent. 

Toit  :  Le  Christ  de  gloire,  couronné,  bénissant,  accom- 
pagné des  symboles  des  Évangélistes.  Â  droite  et  à 
gauche,  sous  des  arcades  en  plein-cintre,  quatre  apôtres, 
deux  debout,  deux  assis. 

Face  postérieure;  panneau  inférieur  :  Sept  apôtres  debout 
sous  des  arcades;  l'un  d'eux  manque. 

Toit  :  Au  centre,  sur  une  plaque  rectangulaire  servant 
de  porte  à  la  châsse,  la  mise  au  tombeau  de  saint  Dul- 
cide,  évêque  d'Agen.  A  droite  et  à  gauche,  quatre  apôtres 
debout  sous  des  arcades. 

Pignon  de  droite  :  Deux  apôtres  assis  sous  des  arcades 
surmontées  d'une  troisième  arcade  abritant  un  ange  à 
mi-corps,  les  bras  levés,  les  mains  étendues;  l'un  des 
apôtres  manque. 

Pignon  de  gauche  :  Même  disposition  qu'au  pignon  de 
droite  ;  les  apôtres  ont  disparu. 

Sur  la  face  antérieure,  l'architecture  et  les  person- 
nages sont  en  relief  et  émaillés  ;  les  symboles  des  Évan- 
gélistes sont  émaillés  en  plein,  en  relief,  mais  les  cou- 


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—  495  — 

leurs  ne  sont  pas  séparées  par  des  cloisons.  Sur  la  face 
postérieure  les  personnages  sont  gravés  sur  des  plaques 
rapportées  et  légèrement  bombées,  dont  le  fond  est  semé 
de  rosaces  émaiUées;  les  têtes  sont  en  relief  et  rappor- 
tées, sauf  dans  la  grande  plaque  qui  occupe  le  centre 
du  toit.  L'architecture  est,  en  partie  seulement,  en  relief. 
Fonds  de  cuivre  estampé;  bandeaux  ornés  de  cabochons. 
XII*  siècle.  Longueur,  0"645;  hauteur,  0"52. 
Église  de  Ghamberet. 

14.  —  *  Grandb  chasse. 

Cuivre  champlevé,  émaillé  et  doré.  En  forme  de  mai- 
son, surmontée  d'une  crête  percée  d'entrées  de  serrure 
et  gravée,  terminée  par  deux  épis  en  forme  de  ponune 
de  pin,  cette  châsse  reposait  autrefois  sur  des  pieds 
qui  ont  disparu,  sans  doute  lors  du  transport  des  pla- 
ques de  cuivre  sur  une  nouvelle  âme  de  bois.  Le  coflEre 
actuel  est  en  acajou. 

Face  antérieure;  panneau  inférieur  :  Au  centre,  dans 
une  gloire  en  forme  de  vesica  piscis^  cantonnée  de  quatre 
anges  vus  à  mi-corps,  en  relief,  la  Vierge,  assise  de  face 
sur  un  siège  bas,  nimbée  et  couronnée,  vêtue  de  long, 
tient  une  pomme  de  la  main  droite  et  soutient  de  la 
gauche  TEnfant-Jésus.  Ce  dernier  porte  dans  la  main 
gauche  un  livre  fermé,  et  fait  de  la  droite  un  geste  de 
bénédiction.  De  chaque  côté  de  ce  médaillon  central, 
quatre  apôtres  debout,  deux  à  droite,  deux  .à  gauche, 
sous  des  arcades  en  plein-cintre  séparées  par  des  tours 
et  soutenues  par  des  colonnettes.  Chacun  des  apôtres 
tient  un  livre  ouvert  ou  fermé. 

Toit  :  Au  centre,  dans  une  gloire  en  forme  de  vesica 
piscis,  le  Christ  de  gloire,  couronné,  assis  et  bénissant; 
aux  angles  les  symboles  des  quatre  Évangélistes.  A  droite 
et  à  gauche  mêmes  dispositions  que  dans  le  panneau 
inférieur. 

Architecture  et  gloires  en  relief  et  émaiUées  de  rin- 
ceaux. Personnages  de  cuivre  fondu,  ciselé  et  doré  appli- 


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—  «6  — 

qués  sur  des  plaques  semées  de  rinceaux  émaillés.  Fond 
de  cuivre  estampé  pour  cacher  le  bois  de  la  châsse  dans 
les  intervalles  des  plaques. 

Face  postérieure;  panneaux  inférieur  et  supérieur  :  Cette 
partie  est  recouverte  de  plaques  de  cuivre  estampé,  sur 
lesquelles  sont  symétriquement  disposées  quinze  plaques 
(la  seizième  manque)  champlevées  et  émaillées  représen- 
tant les  sujets  suivants  :  La  Flagellation.  —  La  Cruci- 
fixion. Le  Christ  est  attaché  par  trois  clous  à  la  croix, 
à  gauche  et  à  droite  de  laquelle  se  tiennent  debout  la 
Vierge  et  TÉglise,  saint  Jean  et  la  Synagogue.  —  Les 
Saintes  Femmes  au  Tombeau  du  Christ.  —  Un  Ange 
apparaissant  à  Savinien,  compagnon  de  saint  Yiance.  — 
Le  Corps  de  saint  Viance  transporté  dans  un  char  traîné 
par  un  ours  et  un  bœuf.  —  Saint  Yiance  mis  au  tombeau 
par  Tévêque  Rustique  et  Savinien.  Au-dessus  de  ce  der- 
nier sujet  sont  tracées,  sur  un  bandeau,  les  lettres  sui- 
vantes :  SAINS  MACNSA,  dont  on  a  tenté,  sans  succès, 
de  donner  une  explication  satisfaisante.  Personnages  ré- 
servés et  gravés  sur  fond  d'émail  semé  de  rinceaux. 

Pignons  :  A  droite  saint  Pierre;  à  gauche  un  autre 
apôtre  debout,  portant  une  banderole  sur  laquelle  on 
lit  :  TAOI.  Personnages  en  cuivre  fondu,  ciselé  et  doré, 
sur  champ  d'émail. 

xiii*  siècle.  Personnages  en  relief  faits  très  probable- 
ment avec  des  moules  fabriqués  au  xii*  siècle.  Hauteur, 
0*59;  Longueur,  0-82;  largeur,  0*245. 
Église  de  Saint- Viance. 

Sur  cette  chasse,  voyez  Ferdinand  de  Lasteyrie,  Notice  sur  la 
Châsse  de  Saint- Viance  ;  Brive,  1859,  in-8».  —  L'abbé  J.  Roux, 
YInscription  de  SaintViance  ;  Tulle,  1881,  in-18.  —  PP.  Cahier  et 
Martin,  NouveaiLX  Mélanges  d'archéologie.  Ivoires,  Miniatures, 
Émaux,  p.  151.  Une  gravure  reproduit  la  translation  de  saint 
Viance. 

16.  —  Chassb. 

Cuivre  champlevé,  émaillé  et  doré.  Forme  de  maison, 
avec  pieds,  pris  dans  les  plaques  de  la  caisse. 


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—  497  — 

Face  antérieure;  panneau  inférieur  :  Trois  anges  à  mi- 
corps  dans  des  médaillons  circulaires,  séparés  par  des 
rinceaux. 

Toit  :  Quatre  rois  mages;  trois  à  cheval,  le  quatrième 
à  pied.  Fond  de  cuivre  gravé;  cabochons. 

Face  postérieure;  panneau  inférieur  :  Deux  anges  à  mi- 
corps  dans  des  médaillons  circulaires. 

Toit  :  La  Vierge  assise  et  l'Ënfant-Jésus  ;  un  roi  mage 
à  demi  agenouillé  ;  Hérode  assis  sur  un  trône,  couronné, 
tenant  un  sceptre  en  main.  Fond  gravé  ;  cabochons. 

Pignons  :  Saint  Pierre  et  saint  Paul  debout. 

Cette  châsse  se  compose  des  fragments  de  deux  châsses 
différentes  réunis  sans  ordre  :  les  anges  sont  gravés  et 
réservés  sur  fond  d'émail;  les  personnages  du  toit  sont 
en  relief  et  émaillés  et  composaient  deux  scènes  dis- 
tinctes :  TAdoration  des  Mages  et  les  Mages  devant  Hérode. 

XII*  et  XIII»  siècles.  Hauteur,  0*"21  ;  largeur,  0*22. 

Église  de  Laval,  canton  de  Lapleau. 

16.  — Chassb. 

Cuivre  doré  et  argent.  Châsse  en  forme  d'église  munie 
d'un  transept  divisant  la  nef  en  deux  parties  égales. 
Crête  ajourée  avec  entrées  de  serrure.  Sur  l'âme  en  bois 
sont  clouées  des  plaques  de  cuivre  doré,  bordées  de  ban- 
deaux de  cuivre  estampés  de  petits  cercles  concentriques 
rapprochés  les  uns  des  autres.  Au  pignon  du  transept 
on  a  fixé  une  figure  du  Christ  de  .majesté,  assis  sur  un 
siège  sans  dossier  orné  de  deux  rangs  d'arcatures.  Le 
Christ  bénit  de  la  main  droite,  et  de  la  gauche  s'appuie 
sur  un  livre  fermé  dont  la  reliure  est  ornée  de  filigranes 
entourant  un  cabochon.  Cette  figure  est  en  argent  re- 
poussé et  plus  ancienne  que  la  châsse. 

XII®  et  XIII'  siècles.  Les  plaques  de  cuivre  sont  mo- 
dernes.^ Longueur,  0"66;  hauteur,  0'"61  ;  largeur,  0"25. 

Cathédrale  de  Tulle. 
T.  IX.  5-a 


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—  498  — 

17.  —  Chassb. 

Cuivre  doré  et  argent.  Châsse  en  forme  d'église  munie 
d'un  transept  divisant  la  nef  en  deux  parties  égales. 
Crête  découpée  avec  entrées  de  serrure.  Sur  Tâme  en 
bois  sont  clouées  des  plaques  de  cuivre  doré,  bordées  de 
bandeaux  de  cuivre  estampé  de  petits  cercles  concen- 
triques rapprochés  les  uns  des  autres.  Au  pignon  du 
transept  est  fixée  une  figure  d'abbé  en  argent  repoussé. 
Il  est  représenté  debout,  tète  nue,  une  crosse  dans  la 
main  droite,  un  livre  fermé  dans  la  gauche.  A  droite, 
sur  la  châsse,  une  figure  d'apôtre  debout,  en  cuivre,  en 
relief  et  rapportée  (xiii*  siècle).  A  droite,  une  figure  de 
saint  dont  la  tête  a  disparu;  de  la  droite  il  bénit;  de  la 
gauche  il  tient  un  livre.  Cette  dernière  figure  «est  en 
argent  repoussé,  ainsi  que  les  symboles  des  Évangélistes 
fixés  sur  le  toit. 

XII*  et  XIII*  siècles.   Les  plaques  de  cuivre  sont  mo- 
dernes. Hauteur,  0"61  ;  longeur,  0"66;  largeur,  0"25. 
Cathédrale  de  Tulle. 

18.  —  Chasse. 

Cuivre  champlevé,  émaillé  et  doré.  Forme  de  maison 
posée  sur  quatre  pieds  carrés. 

Face  antérieure;  'panneau  inférieur  :  Au  centre,  le  Christ 
en  croix,  entre  la  Vierge  et  saint  Jean.  A  droite  et  à 
gauche,*  sous  ^ux  arcades  en  plein-cintre,  deux  apôtres 
debout. 

^  Toit  :  Quatre   apôtres   assis  dans    des   médaillons  en 
forme  de   ve$ica  piscis.   Personnages   réservés   et  gravés 
avec  tètes  rapportées  en  relief  sur  fond  d'émail. 
Face  postérieure  :  Un  semis  de  rosaces. 
Pignons  :  Deux   apôtres   debout   sous  des   arcades  en 
plein-cintre.   Personnages  réservés  et  gravés. 

Commencement  du  xiii*^  siècle.   Hauteur,   0™175;  lon- 
gueur, 0°*205.  • 
Église  Saint-Pierre  de  Tulle. 


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—  499  — 

19.  —  Chasse. 

Cuivre  champlevé  et  émaillé.  Cette  châsse  affecte  la 
forme  d'une  église  à  une  seule  nef,  coupée  dans  sa  lon- 
gueur en  deux  parties  égales  par  un  transept  ;  crête  ajou- 
rée à  entrées  de  serrure,  surmontée  d'une  pomme. 

Face  antérieure  :  Cinq  figurines  en  relief,  émaillées, 
disposées  deux  sur  le  toit,  trois  sur  la  caisse,  alternant 
avec  des  cabochons  sur  un  fond  de  cuivre  gravé. 

Face  postérieure  :  Des  rosaces  blanches  et  vert-clair 
sur  fond  bleu-cendré  quadrillé;  au  pignon  du  transept 
un  ornement  trilobé. 

Pignons  :  Deux  saints  debout,  réservés  et  gravés  sur 
fond  bleu-cendré. 

xiii«  siècle.  Haut.,   0'»195;   long.,  0°'155;   larg.,  0"060. 
Église  de  Saint- Pantaléon  de  Lapleau. 

20.  —  Chasse. 

Cuivre  champlevé  et  émaillé.  Forme  de  maison  avec 
pieds  carrés  et  crête  ajourée  à  entrées  de  serrure. 

Face  antérieure;  panneau  inférieur  :  Deux  anges  à  mi- 
corps  dans  des  médaillons  circulaires. 

Toit  :  Trois  anges  à  mi-corps  dans  des  médaillons  cir- 
culaires. 

Face  postérieure  :  Figurines  émaillées  rapportées  sur  un 
fond  de  cuivre  guilloché,  et  disposées  sous  des  arcatures 
émaillées. 

Pignons  :  Deux  saints  tenant  un  livre  d'une  main. 

XIII*  siècle.  Haut.,  0'"225;  long.,  0'"215;  larg.,  O^OSO. 
Église  de  Saint-Hilaire-Foissac. 

81.  —  Chasse. 

Cuivre  champlevé  et  émaillé;  en  forme  de  maison, 
elle  repose  sur  quatre  pieds  pris  dans  les  plaques  de 
la  caisse. 

Face    antérieure;   panneau    inférieur  :    l'Adoration    des 


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—  500  — 

Mages.  La  Vierge  est  assise,  à  droite,  et  porte  sur  ses 
genoux  TEnfant  Jésus  qui  bénit  les  Mages. 

Toit  :  Les  rois  mages,  à  cheval,  se  dirigeant  vers  Beth- 
léem. Personnages  gravés  et  réservés  sur  fond  d'émail 
semé  de  rosaces. 

Face  postérieure  :  Fleurons  émaillés  disposés  en  échi- 
quier. 
Aux  pignons,  deux  apôtres. 

XIII*  siècle.  Long.,  0™i65;  haut.,  0™15;  larg.,  0°'65. 
Église  de  Beaulieu. 

88.  —  Chassb. 

Cuivre  champlevé  et  émaillé.  Forme  de  maison  repo- 
sant sur  quatre  pieds  carrés  pris  dans  les  plaques  latérales. 

Face  antérieure;  toit  :  Le  proconsul  Julius  Silanus  fait 
décapiter  sainte  Valérie. 

Panneau  inférieur  :  Sainte  Valérie,  agenouillée,  présente 
sa  tête  à  saint  Martial,  debout  près  d'un  autel  sur  lequel 
on  voit  un  calice.  A  gauche,  le  bourreau  faisant  un  geste 
d'étonnement. 

Face  postérieure  :  Sur  le  toit,  des  rosaces  disposées  en 
échiquier.  Le  reste  manque.  Aux  pignons,  deux  apôtres 
debout  sous  des  arcades  en  plein-cintre. 

Personnages  réservés  et  gravés  sur  fond  d'émail  semé 
de  rosaces.  Sur  la  face  antérieure,  les  têtes  sont  en 
relief  et  rapportées. 

xiii*  siècle.  Hauteur,  0'"14;  longueur,  0'"i25. 
Église  de  Masseret. 

83.  —  *  Chasse. 

Cuivre  champlevé  et  émaillé.  En  forme  de  maison,  elle 
repose  sur  quatre  pieds  carrés  pris  dans  les  plaques  de 
la  caisse.  Crête  ajourée  ornée  d'ouvertures  en  forme  d'en- 
trées de  serrure,  surmontée  d'un  bouton  sur  une  haute 
tige. 


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—  501  — 

Face  antérieure;  panneau  inférieur  :  Sainte  Catherine 
conduite  devant  Tempereur  par  un  soldat  (voir  la  vi- 
gnette ci-contre);  le  supplice  de  sainte  Catherine. 

Toit  :  Un  abbé  debout,  la  crosse  en  main,  près  d'une 
église,  parlant  à  quatre  moines.  (Voir  le  dessin  ci-contre.) 

Face  postérieure  :  Le  panneau  inférieur  a  été  coupé  et 
remplacé  par  un  verre  qui  laisse  voir  des  reliques  de 
saint  Eutrope.  Bordure  composée  de  morceaux  de  mé- 
daillons recoupés. 

Toit  :  Le  Christ,  à  mi-corps  et  bénissant,  entre  deux 
anges;  les  trois  personnages  sont  représentés  dans  des 
médaillons  circulaires. 

Pignons  :  Saint  Pierre  assis  et  saint  Paul  debout.  Per- 
sonnages gravés  et  réservés  sur  fond  d*émail. 


XIII*  siècle.  Hauteur,  0"20;  longueur,  0"23. 


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—  502  — 


Église  de  Noailles. 


Sur  cette  châsse,  voyez  Ch.  de  Linas,  La  Châsse  de  Gimel,  p.  52 
et  suivantes. 

24.  —  *  Chasse. 

Cuivre  champlevé  et  émaillé.  Forme  de  maison;  pieds 
carrés  pris  dans  les  plaques  de  la  caisse;  crête  à  décou- 
pages en  forme  d'entrée  de  serrure. 

Face  antérieure;  panneau  inférieur  :  Le  Christ,  à  mi- 
corps,  dans  une  auréole  elliptique,  accompagné  de  deux 
anges. 

Toit  :  Trois  anges  à  mi-corps,   celui  du  milieu  étant 
renfermé  dans  un  médaillon  circulaire. 
Face  postérieure  :  Dessin  quadrille  et  émaillé;  le  pan- 


neau inférieur  a  été  remplacé  par  un  verre  qui  laisse 
voir  des  reliques  de  saint  Eutrope. 


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—  503  — 

Pignom  :  Deux  apôtres.  Personnages  réservés  et  gra- 
vés sur  fond  d'émail  semé  de  rosaces. 

XIII®  siècle.  Hauteur,  0™134;  longueur,  0"135. 
Église  de  Noailles. 

86.  —  Ghassb. 
Cuivre  champlevé  et  émaillé.  Forme  de  maison  sur 
pieds  carrés  et  élevés.  La  (crête  [manque.  Les  deux^grandes 
faces  et  les  pignons  sont  ornés  d'anges  à  mi-corps  dans 


des  médaillons.  Personnages  réservés  et  gravés  sur  fond 
d'émail. 

xiii®  siècle.  Hauteur,  0"12;  Longueur,  0"16. 
Provient  de  l'église  de  Ghanteix.  —  A  M.  Dufour,  à  Tulle. 

26.  —  Chasse. 

Cuivre  champlevé,  émaillé  et  doré.  Forme  de  maison 
sur  pieds  carrés  élevés. 


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—  504  — 

La  face  antérieure  est  ornée  d'anges  à  mi-corps  dans 
des  médaillons  circulaires.  Le  revers  a  disparu.  Sur  les 
pignons  saint  Pierre  et  saint  Paul. 

Personnages  réservés  et  gravés  sur  fond  d'émail. 

XIII*  siècle.  Hauteur,  0"»19;  longueuv,  0"235. 
Église  de  Grandsaigne. 

27.  —  Ghàssb. 

Cuivre  champlevé,  émaillé  et  doré.  Forme  de  maison 
sur  pieds  carrés;  ctéte  à  découpages  en  forme  d'entrée 
de  serrure. 

Face  antérieure  :  Même  dessin  sur  le  panneau  inférieur 
et  sur  le  toit;  au  centre  un  médaillon  ovale,  émaillé, 
portant  une  pierre  montée  en  cabochon  ;  de  chaque  côté, 
un  ange  à  mi-corps  se  détachant  sur  fond  bleu-lapis. 

Face  postérieure  :  Dessin  quadrillé  H  émaillé. 
Aux  pignons,   deux  anges  également  à  mi-corps,  les 
ailes  relevées. 

XIII*  siècle.  Hauteur,  0"140;  longueur,  0"135;  épais-' 
seur,  0"055. 

Appartient  à  M"*  veuve  Gouyon,  à  Brive. 

S8.  —  Chàssb. 

Cuivre  champlevé  et  émaillé.  Forme  de  maison  sur 
quatre  pieds  carrés.  Crète  ajourée  à  entrées  de  serrures. 

Fcu^  antérieure  :  Six  figurines  émaillées  en  relief,  rap- 
portées sur  un  fond  de  cuivre  gravé  semé  de  cabochons. 

Face  postérieure  :  Cinq  anges  à  mi-corps  dans  des  mé- 
daillons circulaires. 

Pignons  :  Deux  apôtres.  Personnages  réservés  et  gra- 
vés sur  fond  d'émail. 

XIII*  siècle.  Hauteur,  0"265;  longueur,  O^iSS. 

Église  de  Saint-Merd-de-Lapleau. 


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—  505  — 

29.  —  Chasse. 

Cuivre  champlevé  et  émaillé.  Forme  de  maison  portant 
sur  quatre  pieds  carrés.  Crête  percée  d'entrées  de  serrure 
et  terminée  par  deux  petites  pommes.  Sur  la  face  anté- 
rieure, de  cuivre  gravé  et  doré,  sont  fixées  six  figurines 
émaillées  ;  trois  d'entre  elles  manquent.  A  la  face  pos- 
térieure, sur  le  toit,  un  dessin  quadrillé  émaillé.  Sur 
les  pignons,  deux  figures  de  saints. 

xiii»  siècle.  Hauteur,  0™185;  longueur,  0"125. 
Ëglise  de  Ghamberet. 

80.  —  *  Chasse. 

Cuivre  champlevé  et  émaillé.  Forme  de  maison  sur 
quatre  pieds  carrés.  Crête  ajourée  à  entrées  de  serrures 
surmontée  d'une  pomme. 

Face  antérieure  :  Six  figurines  émaillées  en  bleu-clair  et 
vert,  rapportées  sur  un  fond  der  cuivre  semé  de  cabochons 
de  verre. 

Face  postérieure  :  Fond  guilloché  et  émaillé  en  bleu- 
clair,  sur  lequel  se  détachent  des  rosaces  vert-clair. 

Pignons  :  Deux  figures  d'apôtres  debout,  nimbés,  gravés 
et  réservés  sur  un  champ  bleu-clair,  coupé  par  deux 
bandes  horizontales  de  couleur  verte  et  semé  de  rosaces 
et  de  losanges  vert  et  blanc. 

xiu*  siècle.  Haut.,  0"165;  long.,  0-16;  larg.,  0"055. 
A  M.  le  chanoine  Taiin,  à  Tulle. 

81.  —  *  Chasse. 

En  cuivre  champlevé  et  émaillé,  elle  est  en  forme  de 
maison;  elle  est  décorée  de  médaiUons  inscrivant  des 
anges  à  mi-corps,  réservés  et  gravés  sur  champ  d'émail 
vert-clair.  Un  fleuron,  replié  en  forme  d'S,  sépare  chaque 
médaillon.  Pieds  en  cuivre  gravé  continuant  les  plaques. 

XIII*  siècle.  Hauteur,  0"13;  longueur,  0"»14. 
Église  de  Vigeois. 


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—  506  — 

32.  —  Chasse. 

Cuivre  estampé,  avec  appliques  de  cuivre  champlevé  et 
émaillé  ;  soubassement  taluté  ;  pieds  cylindriques. 

Face  antérieure;  panneau  inférieur  :  Au  centre,  dans  un 
encadrement  en  forme  de  vesica  piscis,  est  enchâssé  un 
médaillon  circulaire  représentant  un  ange  à  mi-corps, 
réservé  et  gravé,  niellé  d'émail  sur  champ  d*émail;  à 
droite  et  à  gauche  deux  médaillons  analogues. 

Toit  :  Deux  médaillons  analogues  séparés  par  un  ca- 
bochon. 

Face  postérieu/re  et  pignons  :  Disques  ou  rectangles  de 
verre  de  couleur,  enchâssés  en  guise  de  cabochons,  lais- 
sant apparaître  par  transparence  des  dessins  géométriques 
tracés  à  la  plume  et  à  Tencre  sur  des  morceaux  de  par- 
chemin ou  bien  des  morceaux  d'étoffes.  Bordures  de  grè- 
netis.  Sous  la  châsse  une  ouverture  fermée  par  un 
clanche.  • 

Fin  du  XIII®  siècle.  Hauteur,  O^IS;  longueur,  0'"23. 
Église  d'Orliac-de-Bar. 

33.  —  Chasse. 

Cuivre  estampé  avec  appliques  de  cuivre  champlevé  et 
émaillé.  Soubassement  taluté.  Les  pieds  cylindriques  que 
Ton  voit  dans  la  châsse  d'Orliac-de-Bar  manquent  ici, 
mais  les  traces  en  sont  visibles. 

Face  antérieure;  panneau  inférieur  :  Au  centre,  dans  un 
encadrement  orné  de  grènetis,  une  plaque  de  cuivre 
émaillé  en  forme  de  vesica  piscis  :  Le  Christ  de  gloire 
entre  l'A  et  l'û.  Personnage  réservé,  gravé  et  niellé 
d'émail  sur  champ  émaillé.  A  droite  et  à  gauche,  des 
cabochons. 

Toit  :  Deux  cabochons  et  un  disque  de  verre  plat. 

Face  postérieure  et  pignons  :  Cabochons  et  disques  de 
verre  recouvrant  des  morceaux  de  basane  rouge  découpés 


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—  507  — 

à  jour,  en  croix  ou  en  rosace,  appliqués  sur  un  fond  de 
toile  ou  de  feutre  de  couleur  verdâtre. 

Fin  du  XIII*  siècle.  Hauteur,  0""175;  longueur,  0"25. 

Église  de  Lafage. 

34.  —  Chasse. 

Cuivre  champlevé,  émaillé  et  doré.  Forme  de  maison 
portant  sur  quatre  pieds  carrés. 


^tq^;*mi^lH£^^i^^^**Hr!^ 


Face  antérieure  :  Deux  rangs  de  figurines  émaillées  en 
relief,  et  rapportées  sur  un  fond  orné  de  deux  rangs  de 
fleurons  émaillés  séparés  par  un  bandeau. 

Face  postérieure;  panneau  inférieur  :  De  chaque  côté 
d'une  ouverture  ovale  destinée  à  laisser  voir  la  relique, 
un  large  bandeau  composé  de  quadrilobes  accompagnés 
de  feuillages  en  plomb  doré  (xiv*  siècle). 


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—  508  — 

Toit  :  Plaque  émaillée  ornée  de  rosaces  disposées  en 
échiquier. 

Pignons  :  Deux  apôtres  debout. 

XIII®  siècle,  sauf  les  remaniements  indiqués  plus  haut. 
Hauteur,  0"18;  longueur,  0»22;  largeur,  0"080. 

Église  d'Obazine. 

Publiée  par  M.  Ernest  Rupin  dane  le  Bulletin  de  la  Soc,  arch. 
de  la  Corrèze,  t.  II,  t879-80,  p.  461  et  suiv.  (eau-forte  et  bois),  et 
dans  la  Revue  des  Sociétés  savantes,  T***  série,  t.  IV,  p.  246. 

85.  —  Colombe  eucharistique. 

La  colombe,  de  cuivre  doré  et  émaillé,  repose  sur  un 
plateau  circulaire  en  cuivre  gravé,  rattaché  par  quatre 
chaînes  à  une  couronne  gemmée  soutenue  elle-même  par 
quatre  chaînes  réunies  par  un  anneau.  A  Tintérieur  du 
couvercle,  qui  recouvre  la  pyxide  ménagée  dans  le  dos 
de  la  colombe,  est  gravée  la  Main  divine  bénissante,  en- 
tourée d'un  nimbe  crucifère. 

XIII*  siècle.  Hauteur  de  la  colombe,  0"16;  longueur,  0"24. 

Église  de  Laguenne. 

Publiée  par  M.  Ernest  Rupin  dans  le  Bulletin  de  la  Soc,  arch. 
de  la  Corrèze,  t.  VI,  p.  556  (bois),  et  dans  la  Revue  des  Sociétés 
savantes,  7-*  série,  t.  IV,  1881,  p.  240.  Cette  colombe  a  été  re- 
dorée, et  la  couronne  qui  la  surmonte  a  été  privée  des  tours  qui 
la  décoraient  autrefois  ;  en  outre,  la  queue  de  l'oiseau  a  été  mala- 
droitement remontée  à  Tenvers. 


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—  509  — 


Colombe  eucharistique  (N'  35). 


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—  510  — 

36.    —   CUSTODÇ. 

Cuivre  jaune.  Forme  cylindrique,  couvercle  conique 
orné  de  cabochons,  terminé  par  un  boulon  à  pans  cou- 
pés, autrefois  surmonté  d'une  croix. 


xiii«  siècle.  Hauteur,  0"092  ;  diamètre,  0°»067. 
A  M.  l'abbé  Pau. 

37.  —  Custode. 

Cuivre  champlevé,  émaillé.  Forme  cylindrique;  cou- 
vercle conique  terminé  par  une  croix.  La  décoration 
consiste  en  médaillons  circulaires  renfermant  le  mono- 
gramme de  Jésus  (IHS)  alternant  avec  des  palmettes. 

xiii®  siècle.  Hauteur,  0»"il  ;  diamètre,  0"060. 
Église  de  Saint-Hilaire-Foissac. 

38.  —  Custode. 

Cuivre  champlevé,  émaillé.  Forme  cylindrique;  cou- 
vercle conique  terminé  jiar  un  bouton.  La  décoration 
consiste  en  une  course  de  rinceaux  et  de  fleurons  épar- 


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—  511  — 

gnés,  sur  champ  d'émail  bleu-lapis.  Sur  le  couvercle, 
trois  bâtes  rapportées  et  découpées  qui  sertissaient  autre- 
fois des 'cabochons. 


XIII*  siècle.  Hauteur,  0"072  ;  diamètre,  0"066. 
A  M.  l'abbé  Pau. 

39.  —  CUSTODB. 

Cuivre  champlevé  et  émaillé.  Foime  cylindrique;  cou- 
vercle conique  surmonté  d'un  bouton.  La  décoration  con- 
siste en  médaillons  circulaires  inscrivant  des  croix  à 
branches  égales,  émaillées  de  blanc  sur  fond  bleu-lapis. 
Chaque  médaillon  est  séparé  du  suivant  par  un  rinceau. 
Trace  de  pieds  sur  le  fond. 

XIII'  siècle.  Hauteur,  0"090  ;  diamètre,  0"060. 
A  M.  l'abbé  Pau. 

40.  —  CuSTODB. 

Cuivre  champlevé  et  émaillé.  Forme  cylindrique;  cou- 
vercle conique  terminé  par  une  boule  que  surmontait 
autrefois  une  croix.  L'ornementation  se  compose  de  cer- 
cles inscrivant  des  marguerites  émaillées  de  blanc  sur 


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—  512  — 

fond  rouge,  alternant  avec  des  palmettes  réservées  sur 
fond  bleu. 

XIII»  siècle.  Hauteur,  0"092  ;  diamètre,  0-060. 
A  M.  le  chanoine  Talin. 

41.   —  CUSTODB. 

Cuivre  champlevé  et  émaillé.  Forme  cylindrique  ;  cou- 
vercle conique  surmonté  d'une  croix.  La  décoration  con- 
siste en  demi-cercles  encadrant  des  médaillons  circulaires 
renfermant  une  fleur  à  quatre  pélales  émaillés  de  blanc. 


L'intérieur  de  la  custode  est  garni  d'une  calotte  hémi- 
sphérique. 

XIII»  siècle.  Hauteur,  0»11;  diamètre,  0°066. 
A  M.  l'abbé  Pau. 

42.  —  *  Custode. 

En  cuivre  doré  et  gravé,  elle  est  de  forme  hémisphé- 
rique aplatie,  et  ses  deux  hémisphères  sont  réunis  au 


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CHASSE  DE  SAINT- VIANGE  (N«  14). 

SAINT    VIANGE    MIS    AU    TOMBEAU    PAR    l'ÉVÊQUE    RUSTIQUE    ET    SAVINIEX 


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EÏÏk^SMIÏi^*^^ 


»mviw,vAf3mvmÊmfmmffï!Nmmm 


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PIED  DE  CROIX  ÉMAILLÉ,  A  OBASINE  (N*  9j. 


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^^1  >/■ 


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BOITE  AUX  SAINTES  HUILES,  A  SAINT- VIANGE  (N*  68). 


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—  513  — 

moyen  de  charnières;  un  ornement  perlé  les  borde,  et 
le  chiffre  IHS  est  inscrit  dans  un  cercle  sur  Thémi- 
sphère  supérieur,  que  termine  une  longue  tige  conique 


surmontée  d'une  croix.  Le  pied,  très  élevé  et  de  forme 
conique,  est  interrompu  vers  son  milieu  par  un  anneau 
méplat. 
XIV*  siècle.  Hauteur,  0"26. 
Église  de  Vigeois. 

T.  DC  h-0 


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—  514  — 

48.  —  Custode. 

Argent  en  partie  doré.  Forme  cylindrique;  couvercle 
conique  terminé  par  un  bouton.  La  décoration  consiste 
en  médaillons  quadrilobés  renfermant  des  figures  de  pro- 
phètes debout.  Le  bord  supérieur  de  la  pyxide  est  orné 
d'un  grènetis.  Un  grènetis  semblable  contourne  le  bord 


f''^*/f^  ^^* 


du  couvercle  au-dessous  d'un  découpage  en  forme  de  cré- 
neaux, qui  donne  au  monument  Taspect  d'une  tour  sur- 
montée d'un  toit  conique. 

Sous  le  fond  est  gravée  l'inscription  suivante  en  ca- 
ractères gothiques  : 

MECIRE  LOYS  D  AVBVCON  EVECQVE  DE  TVLLE 
LA  (sic)  MCCGCLXIX 

xv«  siècle.  Hauteur,  0"086;  diamètre,  0".065.. 


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'    —  515  — 

A  M.  le  D'  Faugeyron;  provient  de  Mgr  BerUaud,  évoque  de 
Tulle. 

L'inscription  a  été  publiée  par  l'abbé  Texier  dans  le  Recueil  des 
inscriptions  du  Limousin,  p.  261. 

44.  —  *  Grosse  eucharistique. 
En  bois  sculpté,  cette  crosse  se  compose  d'une  longue 


hampe  ornée  de  losanges,  d'un  nœud  ou  chapiteau  cir- 


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—  516  — 

culaire  décoré  de  chérubins,  et  d'une  volute  à  feuillages 
profondément  découpés  encadrant  une  grosse  marguerite 
épanouie. 

xvii*  siècle.  Hauteur  de  la  hampe,  1"68;  hauteur  de  la 
volute,  i»33. 

Église  de  Beaulieu. 

Publiée  par  M.  Ernest  Rupin,  Bulletin  de  la  Soc.  arch.  de  la 
Corrèze,  1881,  p.  499. 

45.  —  Grosse  eucharistique. 

Cette  crosse  de  bois  se  compose  d'une  hampe  ornée 
d'un  dessin  losange  sculpté  en  relief;  au  centre  et  à 
l'intersection  des  losanges,  des  marguerites.  Du  nœud  de 
forme  sphérique  s'élève  une  grande  volute  décorée  de 
feuillages  profondément  découpés. 

XVII'  siècle. 
Église  d'Auriac-Xaintrie.  . 

46.  —  *  Ostensoir-reliquaire. 

Cuivre  champlevé,  émaillé  et  doré.  Cet  ostensoir,  dont 
l'arrangement  et  une  partie  des  éléments  sont  modernes, 
se  compose  d'un  cylindre  horizontal  dont  la  monture  et 
le  pignon  en  cuivre  qui  le  surmonte  sont  de  travail  mo- 
derne. Le  pied  a  été  fabriqué  au  moyen  d'un  mors  de 
chape  en  forme  de  quadrilobe,  posé  horizontalement  sur 
quatre  pieds  en  forme  de  griffes  de  lion.  Sur  ce  mors, 
des  figurines  de  cuivre  rapportées  sur  un  fond  d'émail 
bleu  semé  d'étoiles  d'or,  représentent  sainte  Valérie  pré- 
sentant sa  tête  à  saint  Martial,  debout  près  d'un  autel. 
Deux  figurines  de  cuivre,  fixées  sur  ce  pied,  servent  de 
supports  à  l'ostensoir  :  A  gauche  un  ange  debout;  à 
droite  la  Vierge,  debout  également,  portant  dans  ses  bras 
l'Enfant- Jésus.  Ces  deux  figurines  sont  de  la  même 
époque  que  le  mors  de  chape,  c'est-à-dire  du  xiv«  siècle. 

Hauteur,  0"335;  diamètre  de  la  base,  0*122. 
Église-  d'Ëgletons. 


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—  517  — 

Publié  par  MM.  L.  Palustre  et  Barbier  de  Montault  dans  l'Or- 
févreHe  et  VÈmaillerie  limouainea,  V*  partie,  pi.  XXVI.  Ces 
auteurs,  bien  qu'en  reconnaissant  que  ce  reliquaire  est  composé 
d'éléments  disparates,  ont  voulu  retrouver  dans  les  figurines  de 
la  Vierge  portant  l'Enfant-Jésus  et  de  l'Ange,  une  représentation 
inusitée  de  la  scène  de  l'Annonciation.  Cette  explication,  que  la 
présence  de  l'Enfant-Jésus  rend  inadmissible,  était  d'autant  moins 
nécessaire  que  la  juxtaposition  des  deux  figurines  est  l'œuvre 
d'un  artiste  moderne. 

47.  —  Buste-reliquaire  de  saint  Martin. 

Le  saint  porte  la  barbe  courte  et  frisée  ;  ses  traits  sont 
fortement  accentués,  les  oreilles  saillantes.  Sur  ses  che- 
veux frisés,  disposés  en  couronne, .  est  posée  une  mitre 
basse,  exécutée  en  argent  comme  le  chef.  Cette  mitre 
est  décorée,  à  sa  partie  antérieure  et  à  sa  partie  posté- 
rieure, de  bandeaux  d'émail  translucide  sur  lesquels  sont 
représentés,  dans  des  cercles  entourant  des  quatrefeuilles, 
des  oiseaux  dans  différentes  positions^  De  chaque  côté 
du  bandeau  central  de  la  mitre  sont  rapportés  des  émaux 
en  forme  de  trèfles,  exécutés  par  le  même  procédé  que 
les  autres.  Les  émaux  employés  sont  le  bleu,  le  rouge, 
la  couleur  lie  de  vin,  le  vert  et  le  jaune.  Les  soufflets 
de  la  mitre,  qui  autrefois  était  complète,  ont  été  arra- 
chés, ainsi  que  trois  des  plaques  d'émail  qui  en  déco- 
raient la  partie  postérieure. 

Le  visage  est  exécuté  en  argent  repoussé  et  doré,  et 
date,  ainsi  que  la  mitre,  du  xiv*  siècle.  Quant  au  buste 
revêtu  d'une  sorte  de  chape,  il  est  en  cuivre,  gravé  de 
larges  rinceaux  imitant  une  étoffe  damassée.  Sur  le  de- 
vant de  la  poitrine  est  fixée  une  agrafe  de  forme  ovale, 
ench&ssant  un  gros  cabochon  de  cristal  entouré  de  pierres 
fausses.  Ce  buste  date  probablement  de  la  fin  du  xv*  siè- 
cle ou  du  commencement  du  xvi*. 

Hauteur,  0»38. 

Ëglise  de  Soudeilles. 

Publié  par  M.  Ernest  Rupin  dans  les  comptes -rendus  de  la 
6^  session  des  Sociétés  des  Beaux-Arts  des  départements  à  Ut 


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—  518  — 

Sorbonne,  1882,  p.  108-121,  et  dans  le  Bulletin  de  U  Société  ar- 
chéologique de  la  Corrèze,  t.  IV,  1882,  p.  435*456  (eau-forte  et 
chromolithographie). 

48.  —  *  Ghef-rbliquaire  de  sainte  Essence  (?). 

Ce  chef,  en  cuivre  estampé,  ciselé  et  doré,  représente 
la  sainte  de  face,  les  cheveux  partagés  sur  le  milieu 
du  front  et  retombant  sur  le  cou.  Le  crâne,  coupé  un 
peu  au-dessus  du  front,  s'ouvre  à  charnière  et  se  ferme 
au  moyen  de  deux  clavettes;  il  est  percé,  à  son  som- 
met, de  quatre  trous  circulaires  disposés  en  croix,  des- 
tinés à  laisser  voir  la  relique.  Le  chef  est  fixé  sur  une 
base  talutée,  dont  les  angles  sont  munis  de  pattes  décou- 
pées sur  lesquelles  étaient  sans  doute  autrefois  rivés  des 
pieds.  Au-dessus  de  chacune  de  ces  pattes  est  gravé  un 
ange  à  mi-corps  dans  un  quadrilobe  inscrit  dans  un 
cercle.  Sur  la  partie  antérieure  est  gravée  sur  trois 
lignes  l'inscription  suivante,  en  majuscules  gothiques  : 

HIC  EST  CAPVT  VNI(us)  —  DE  VNDECIM  MILIB(us) 
VIRGINVM  ET  MARTIRV(m) 

XIV*  siècle.  Hauteur,  0"31. 
Église  Saint-Martin  de  Brive. 

Ce  chef,  défiguré  par  une  série  de  couches  de  peinture  moderne 
qui  en  cachaient  Tinscription,  servait,  il  y  a  encore  peu  de  temps, 
à  contenir  des  reliques  de  sainte  Luce.  Il  est  probable  qu'il  faut 
y  reconnaître  le  chef  de  sainte  Essence  qui  se  trouvait  autrefois  à 
l'abbaye  de  Grandmont.  On  sait,  en  effet,  que  dans  la  distribution 
du  trésor  de  la  célèbre  abbaye,  le  couvent  des  Ursulines  de  Brive 
reçut  en  partage  le  chef  de  sainte  Essence,  qui  y  est  encore  au- 
jourd'hui conservé  dans  un  reliquaire  moderne.  A  une  époque 
qu'il  est  impossible  de  préciser,  la  relique  a  sans  doute  été  sé- 
parée du  reliquaire,  qui  est  resté  en  la  possession  de  la  prin- 
cipale paroisse  de  Brive.  Voyez  abbé  Tezier,  Dictionnaire  d'Orfé» 
vrerie,  col.  894. 

40.   —  BUSTE-RBLIQUAIRB   DB  SAINT  DuMINB. 

y  Le  saint  porte  toute  sa  barbe,  qui  est  longue,  frisée, 
et  divisée  en  deux  parties  au  menton.  Ses  cheveux,  longs, 


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BUSTE  DE  SAINT  DUMINE  (N-  49). 
(rravure  extraite  «lo    la   (iazette  des  HonuxArls,    1887. 


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—  519  - 

sont  relevés  derrière  les  oreilles,  tandis  qu'une  mèche 
est  roulée  en  boucle  sur  le  front.  La  partie  supérieure 
du  crâne,  montée  à  charnière,  sert  de  couvercle  au  reli- 
quaire, qui  repose  sur  un  buste  muni  de  trois  pieds 
en  forme  de  griffes  de  lion.  Ce  buste,  bordé  d'un  ban- 
deau ajouré,  est  garni,  à  sa  partie  supérieure,  de  deux 
orfrois,  l'un  quadrillé,  l'autre  orné  de  feuillages  gravés. 
Sur  le  devant  de  la  poitrine  est  fixé  un  reliquaire  de 
forme  circulaire,  muni  autrefois  d'un  couvercle  retenu 
par  des  charnières  et  des  goupilles.  A  droite  et  à  gauche 
sont  disposés,  deux  par  deux,  quatre  écussons  en  argent 
émaillé  :  l""  parti  au  1  burelé  d'argent  et  d'azur  de  dix 
pièces,  à  la  bande  de  gueules  brochant  sur  le  tout,  qui 
est  Gimel;  au  2  d'argent  à  trois  chevrons  de  gueules. 
2®  parti  au  1  coupé  d'argent  à  la  bande  d'azur  accom- 
pagné de  six  roses  de  gueules  (Beaufort),  et  coticé  d'or 
et  de  gueules  (Turenne);  au  2  de  Gimel.  3<»  de  Gimel. 
4"^  parti  au  1  de  Gimel,  au  2  d'or  à  la  croix  engrelée 
d'azur.  —  Argent  repoussé  et  ciselé  ;  doré,  pour  la  barbe, 
les  cheveux  et  les  bandes  d'ornements. 

Première  moitié  du  xv«  siècle. 

Église  de  Gimel  ;  provient  de  Saint-Étienne-de-Braguse. 

Publié  par  M.  l'abbé  Poulbrière  dans  son  travail  intitulé  :  Pro- 
menade à  Gimel,  Bulletin  Monumental,  Y*  série,  t.  III,  1875. 
planche.  —  Gazette  des  Beaux-Arts,  2-  période,  t.  XXXVI,  1887, 
p.  149. 

60.  —  Ghef-rbliquaire  de  sainte  Fortunaob. 

La  tête,  légèrement  penchée  sur  l'épaule  gauche,  est 
encadrée  par  les  cheveux,  divisés  sur  le  front  et  dis- 
posés en  bandeaux  bouffants  descendant  le  long  des 
joues.  Les  yeux,  à  demi-ouverts  seulement,  sont  sensi- 
blement relevés  vers  les  tempes.  La  partie  postérieure 
du  crâne,  coupée  suivant  une  section  verticale,  est  mon- 
tée à  charnière.  Bronze  fondu,  ciselé  et  étamé. 

XV*  siècle.  Pied  exécuté  au  commencement  de  notre 
siècle.  Hauteur  du  chef,  0"20. 


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—  520  — 

Ëglise  de  Sainte-Fortunade. 

Publié  dans  la  Gazette  des  Beaux-Arts,  2»«  période,  t.  XXXVI, 
1887,  p.  153. 

51.  —  Bras-reliquaire. 

Ce  reliquaire  est  de  cuivre  battu,  gravé  et  doré.  Le 
bras  est  revêtu  d'une  manche  d'aube  passée  par-dessus 
une  manche  de  tunique,  munie  au  poignet  d'un  orfroi 
gravé  de  rinceaux.  L'aube,  aussi  bien  que  la  partie  infé* 
rieure  du  bras,  sont  bordées  d'un  orfroi  très  large  dans 
lequel  étaient  sertis  autrefois  des  cabochons.  Toute  la 
manche  est  semée  de  rosaces  gravées  inscrites  dans  des 
cercles,  et  sur  l'un  des  flancs  du  bras  s'ouvre  une  petite 
fenêtre  grillée.  La  main  est  bénissante. 

xin*  siècle.  Hauteur,  0"50. 
Église  de  Saint-Fréjoux. 

58.  —  *  Bras-reliquaire. 

Reliquaire  en  cuivre  battu,  gravé  et  doré.  La  manche 
de  l'aube  laisse  apercevoir  la  manche  de  la  tunique  bor* 
dée  d'un  ornement  quadrillé  inscrivant  des  fleurettes  ;  elle 
est  elle-même  garnie,  à  son  poignet  et  à  sa  base,  d'un 
large  orfroi  enchâssant  des  cabochons.  Toute  la  manche 
est  semée  de  cercles  gravés  inscrivant  des  rosaces  ou 
des  fleurs  de  lys  épanouies;  sur  Tun  des  côtés  se  voit 
une  petite  fenêtre  munie  de  découpages  en  forme  d'en- 
trée de  serrure.  La  main  est  bénissante. 

XIII*  siècle.  Hauteur,  0"45.  ^ 

Église  de  Vigeois. 

53.  —  Bras-reliquaire  de  saint  Émélien. 

Formé  de  lames  d'argent,  le  bras  est  entouré  d'une 
manche  plissée,  garnie,  au  poignet  et  à  la  base  du 
reliquaire,  d'un  bandeau  de  filigrane  sertissant  des  cabo- 
chons. Sur  l'un  des  côtés  de  la  manche  est  fixée  une 
plaque  percée  de  trous  ronds  permettant  de  voir  l'inté- 


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—  52i  — 

rieur  du  religu&ire.  La  main  est  représentée  bénissante  ; 
le  médius  manque. 


xiii«  siède.  Hauteur,  0"56. 

Église  de  Beaulieu. 

Publié  par  M.  Ernest  Rupin  dans  le  Bulletin  de  la  Soc.  arch. 
de  la  Corrèze,  t.  IV,  1882,  p.  25  (dessin). 

64.  —  Bras-reliquairb  de  saints  Félicité. 

Exécuté  au  moyen  de  lames  d'argent  clouées  sur  une 
&me  de  bois,  ce  bras  est  revêtu  d'une  manche  ajustée, 
terminée  au  poignet  par  une  bordure  quadrillée  comprise 
entre  deux  bandeaux  ornés  de  filigranes  et  de  cabochons. 


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—  522  — 

Sur  la  manche  sont  rapportés  des  médaillons  d'argent 
estampé  et  doré  représentant  des  aigles  éployés.  A  mi- 
hauteur  du  bras  s'ouvre  une  petite  fenêtre  ajourée  qui 
permettait  d'apercevoir  la  relique.  Entre  le  pouce  et  l'in- 


dex est  fixée  une  boule,  sans  doute  une  ponune.  Le 
médius  manque. 

XIII*  siècle.  Hauteur,  0"49. 

Église  de  Beaulieu. 

Publié  par  M.  Ernest  Rupin  dans  le  Bulletin  de  la  Société  hi8t 
et  arch.  de  laCorrèze,  t.  IV,  1882,  p.  25  (dessin). 


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CHEF  DE  SAINTE  FORTUNADE  (N-  50). 
Gravure  extraite  de  la  (iazatle  des  Beaux- Arts,  1887. 


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—  523  — 

55.  —  Bras-rbliquairb. 

En  cuivre  battu,  ciselé  et  doré,  ce  bras  est  recouvert 
d'une  manche  d'aube,  garnie,  au  poignet  et  le  long  de 
la  couture,  d'un  large  orfroi  orné  d'une  course  de  rin- 
ceaux ciselés.  Sous  cette  première  manche  apparaît  le 
poignet  de  la  tunique,  également  bordé  d'un  orfroi. 
A  mi-hauteur  du  bras  s'ouvre  une  petite  fenêtre  grillée 
destinée  à  laisser  voir  la  relique,  que  l'on  introduisait 
dans  le  reliquaire  par  le  fond,  monté  à  charnière.  La 
main  est  dans  l'attitude  de  la  bénédiction. 

XIV»  siècle.  Hauteur,  OHl. 
Église  de  Ghamberet. 

66.  —  *  ViBRGB-RBLIQUAiRB. 

Cuivre  champlevé,  émaillé  et  doré.  Placée  sur  une 
terrasse  circulaire  émaillée,  montée  sur  quatre  pieds,  la 
Vierge,  couronnée  et  vêtue  de  long,  est  assise  sur  un 
siège  à  dossier  bas,  orné  de  découpages  en  forme  d'en- 
trée de  serrure;  deux  pommes  garnissent  les  bras  du 
siège.  De  la  main  droite  étendue,  la  Vierge  tenait  sans 
doute  une  fleur;  de  la  gauche,  elle  soutient  sur  ses 
genoux  l'Enfant-Jésus,  couronné,  vêtu  d'une  longue  tu- 
nique. De  la  main  gauche  il  tient  un  livre  fermé,  et 
de  la  droite  fait  un  geste  de  bénédiction.  Groupe  champ- 
levé  et  émaillé.  Au  revers  du  siège,  une  petite  porte, 
ornée  d'un  cabochon,  servait  d'entrée  au  reliquaire. 

XIII*  siècle.  Hauteur,  0"*145. 
A  M"*  de  Lamasière. 

67.  <—  Saint  Gosmb  ou  saïst  Dahibn,  Statubttb- 

rbliquairb. 

Debout  sur  une  base  circulaire,  sur  le  devant  de  la- 
quelle est  enchâssée  un  cabochon  recouvrant  une  relique, 
le  saint,  nimbé  et  imberbe,  est  vêtu  d'une  longue  robe 
et  d'un  ample  manteau  agrafé  sur  la  poitrine.  De  la 
main  droite  il  tient  une  spatule,  et  de  la  main  gauche 


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—  524  — 

une  boîte  de  médicaments,  de  forme  circulaire,  divisée 
eu  compartiments  par  de  petites  cloisons. 

Cuivre  doré,  zv*  siècle.  Base  moderne.  Hauteur  de  la 
statuette,  0*23. 
Église  du  Jardin. 

S8.  —  Rbliquairi. 
Ce  reliquaire  se  compose  de  deux  cylindres  d'argent 
de  diamètres  différents,  superposés  et  entourés  comme 
d'un  réseau  d'une  armature  ajourée,  formée  de  feuilles 
d'argent  doré  plaquées  sur  des  lames  de  cuivre  rouge. 
Ce  réseau  servait  autrefois  à  retenir  une  étoffe  ou  un 
parchemin  lamé  d'or,  que  M.  Rupin  y  a  vu  il  y  a  quel- 
ques années.  A  la  base  du  cylindre  supérieur  et  autour 
4iu  couvercle  plat,  était  enchâssé  un*  rang  de  perles  fines 


dont  trois  seulement  subsistent.  Sur  le  couvercle  s'at- 
tache une  anse  hémicirculaire  tournant  sur  pivot,  por- 
tant à  son  point  culminant  une  sorte  de  chaton  sur 
lequel  est  niellé  un  monogranune  disposé  aux  extrémités 
d'une  croix  centrale  :  A,  E,  T,  A,  O,  T.  —  Pieds  en  forme 
de  boules  au  nombre  de  trois. 

Travail  byzantin.  Hauteur,  0"177. 
Ëglise  de  Beaulieu. 

69.  —  Phylactère. 

Ce  reliquaire  se  compose  d'une  plaque  en  cuivre  gravé 
et  doré,  en  forme  d'amande,  qui  autrefois  était  dressée 
-sur  un  pied  par  une  de  ses  extrémités.  La  face  est 
divisée  par  deux  lignes  d'inscription  en  deux  parties  : 
dans  le  haut  on  voit  sainte  Valérie  à  genoux,  remettant 
sa  tète  entre  les  mains  de  saint  Martial  qui,  debout 
près  de  l'autel,  vêtu  des  insignes  épiscopaux,  nimbé,  la 


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—  525  - 

bénit,  tandis  qu'elle  reçoit  également  la  bénédiction  de 
Dieu  dont  la  main,  entourée  d'un  nimbe  crucifère,  sort 
des  nuages.  Dans  le  bas  est  représenté  saint  François 
d'Assise,  debout,  nimbé,  les  mains  étendues,  levées, 
marquées  de  stigmates.  Près  de  lui,  à  gauche,  se  tient 
sainte  Glaire,  également  nimbée,  à  laquelle  le  saint 
montre  ses  stigmates.  Sur  le  bord  de  la  plaque  est  gra- 
vée l'inscription  suivante  : 

lii  DE  TVNICA  :  BeatI  :  FRANCISCI  :  conFessoris  : 
ET  :  DE  CAPILLIS  :  Elus  :  DE  CAPILLIS  :  BeatE  : 
CLARE  :  VirGinIS  :  ET  :  DE  TVNICA  :  ET  :  DE  VELLO 
Elus  DE  :  TVNICA  :  BEATI  :  ANTONII  :  CONFESORis. 


Au  revers  sont  deux  capsules  placées  Tune  au-dessus 
de  l'autre,  recouvertes  de  cabochons  et  renfermant  des 
reliques  qui  sont  désignées   par    l'inscription  suivante, . 
gravée  en  cinq  lignes  sur  les  bords  du  reliquaire  : 

*  SanCtl  •  MARCILIS  (sic)  :  APostoLI  «  SanCtl  •  LAV- 


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—  526  — 

RENGII  :  MartiRIS  ||  SancGtl  il  BLASII  EPiscopI  ET 
MartiRIS  iii  SanCtl  :  GEORGII  :  MartiRIS  ||  Sanai  •  NI- 
GHOLAI  •  EPiscopI  •  SanGtl  :  GHristOFGRI  :  Marti- 
RIS III  SanGtE  :  PRISGE  :  VIRGinis  :  SanGtl  SILVANI  : 
MartiRISIII  SanGtE  :  MARINE  :  VIRGinis  II  SanGtE  :  GA- 
TERINE  :  VIRGinis  :  ET  :  MartiRISIII  SanGtE  PETRO- 
NILLe  :  SanGtE  •  VALERIE  •  VIRGinis  :  ET  MARTIRIS  : 
SanGtl  :  PARDVLFI  :  conFessoris  DE  TVNIGA  •  BeatI  : 
lAGOBI  :  APostoLL 

Seconde  moitié  du  xiii*  siècle.  Haut.,  0"165;  larg.,  0"118. 

Église  de  Saint-Martin,  à  Brive. 

Publié  par  M.  Ernest  Rupin  dans  la  Revue  des  Sociétés  sa- 
vantes, 7-*  série,  t.  V,  1881.  »-  Gazette  des  Be&yx-Arts,  2"  pé- 
riode, t.  XXXVI,  1887,  p.  148. 

60.  «—  Reliquaire. 

Ge  reliquaire,  en  argent  doré  en  partie,  affecte  la 
forme  d'une  tourelle  à  huit  pans,  surmontée .  d'un  toit 
également  à  huit  pans.  Quatre  des  côtés  sont  percés  de 
hautes  fenêtres  en  arc  brisé,  divisées  en  deux  parties 
par  des  meneaux  surmontés  de  guatre-feuilles.  Sur  les 
quatre  autres  côtés  sont  simulées  d'autres  ouvertures 
gravées.  Pied  cylindrique  de  forme  conique,  à  tige  in- 
terrompue par  un  nœud  sphérique  côtelé.  Sous  le  pied 
est  gravée  à  la  pointe  une  inscription  presque  mo- 
derne :  R  .  DE  .  COYROUX.  Ge  reliquaire  provient  du 
couvent  de  Coyroux,  près  d'Obazine. 

XIV*  siècle.  Hauteur,  0*26. 
Église  Saint-Martin,  à  Brive. 


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—  527  — 


Reliquaire  (N*  60). 


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—  528  — 

61.   —  MONSTRANCE. 

Elle  affecte  la  forme  d'un  édicule  à  six  pans,  sur- 
monté d'un  toit  conique  très  élevé,  terminé  par  une 
croix  et  formant  couvercle.  Les  pans  de  Pédicule  sont 
percés  d'ouvertures  en  forme  d'entrée  de  serrure  et  de 
points,  entre  lesquelles  sont  gravées  des  rosaces.  Sur  le 
toit  sont  figurées  des  tuiles  rectangulaires  et  en  forme 
d'écaillés.  Du  pied  circulaire  naît  une  tige  très  élevée  et 
très  élancée,  et  interrompue  par  un  nœud  méplat. 

Cuivre  gravé  et  doré,  xiii»  siècle.  Hauteur,  0""30. 
A  M.  rabbé  Pau. 

68.   —  *  MONSTRANGB. 

Elle  affecte  la  forme  d'un  édicule  cylindrique,  sur- 
monté d'un  toit  pointu  terminé  par  une  croix  et  flanqué 
de  quatre  contreforts  que  couronnent  des  pinacles  fleu- 
ronnés.  Le  cylindre,  autrefois  de  cristal,  a  été  remplacé 
par  un  cylindre  de  cuivre.  L'édicule  repose  sur  une  tige 
à  quatre  pans,  interrompue  par  un  nœud  prismatique 
naissant  d'une  base  à  huit  redents,  quatre  en  forme 
d'arc  en  tiers-point,  quatre  en  angle  aigu.  Sur  ce  pied, 
de  cuivre  doré  comme  le  reste  du  monument,  sont  fixés 
quatre  quatre-feuilles  émaillés  alternant  avec  quatre  écus- 
sons,  également  émaillés.  Voici  la  description  des  sujets 
ou  des  armoiries  représentés  sur  ces  pièces  de  rapport  : 
saint  Georges  à  cheval  et  armé  de  toutes  pièces,  por- 
tant un  écu  chargé  d'une  croix,  perce  le  dragon  de  sa 
lance.  —  D'or  à  deux  lions  léopardés  de  gueules,  l'un 
sur  l'autre,  brisé  d'un  lambel  de  cinq  pendants  (Com- 
born).  —  Vergeté  d'or  et  de  gueules  au  chef  d'azur.  — 
Combom  sans  lambel.  —  De  gueules  à  la  bande  d'or 
accompagnée  de  six  roses  d'or  rangées  en  orle;  sans 
doute  pour  «  d'argent  à  la  bande  d'azur  accompagnée 
de  six  roses  de  gueules  rangées  en  orle  »  (Beaufort).  — 
Losange  de  gueules  et  d'or.  —  D'azur  à  la  bande  d'or. 
—  D'azur  au  d'or  accompagné  de  six  pièces  indé- 


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—  529  — 

terminées  d'or  rangées  en  orle.  —  D'azur  au  lion  d*or. 
—  De  gueules  aux  trois  croissants  d*or  (?).  —  Gomborn.  — 
Comborn  avec  lambel. 
Cuivre  doré  et  émaillé.  xv«  siècle.  Hauteur,  0'"52. 
Église  de  Beaumont,  canton  de  Seilhac. 

63.  —  MONSTRANCB. 

La  monstrance,  posée  horizontalement,  consiste  en  un 
cylindre  aujourd'hui  de  métal,  jadis  de  verre,  fermé  à 
ses  extrémités  par  des  montures  de  cuivre  gravé;  Tune 
des  extrémités  s'ouvre  à  charnière;  sur  l'une  est  gravé 
un  ange  à  mi-corps;  sur  l'autre  une  flamme.  Au-dessus 
de  ce  cylindre  se  dresse  une  pièce  de  métal  en  forme 
de  pignon  flanqué  de  deux  contre- forts  ;  une  croix  sur- 
montait autrefois  ce  pignon,  percé  en  son  centre  d'une 
ouverture  circulaire  formant  reliquaire,  qu'entourent  des 
trèfles  et  des  quatre-feuilles  découpés  à  jour.  La  tige, 
de  forme  cylindrique,  interrompue  par  deux  anneaux  et 
un  nœud  à  pans  coupés,  naît  d'une  patte  à  six  pans 
décorée  d'ornements  gravés  de  style  gothique. 

Cuivre  gravé  et  doré.  xv«  siècle.  Hauteur,  0"275. 
Église  d'Orliac-de-Bar. 

64.  —  Monstrance. 

-En  cuivre  doré,  elle  afifecte  la  forme  d'une  maison 
couverte  d'un  toit  à  deux  rampants,  percée  d'ouvertures 
en  forme  d'entrées  de  serrure.  Sur  le  toit  repose  un 
clocher  conique  surmonté  d'une  grande  croix.  Sur  chaque 
pignon  est  gravé  le  monogramme  du  Christ.  Cette  mons- 
trance devait  autrefois  reposer  sur  un  pied. 

Cuivre  doré.  xv«  siècle.  Hauteur,  0"21. 
Église  de  Gimel. 

66.  —  Monstrance. 

Édifice  de  style  gothique  flamboyant,  plus  long  que 
large,  flanqué  de  contre-forts,  surmonté  d'arcs  en  acco- 

T.  IX  5-iO 


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—  530  — 

lade  et  terminé  par  une  flèche  que  dominait  autrefois 
une  croix.  Sur  les  grandes  faces  de  cet  édifice  en  cuivre, 
gravé  d'un  dessin  échiqueté,  sont  percées  deux  ouvertures 
circulaires  destinées  à  recevoir  une  fermeture  en  verre. 
Pied  barlong  à  pans  coupés  inscrivant  un  second  pied 
conique,  d'où  naît  une  tige  à  six  pans  interrompue  par 
un  nœud  prismatique  orné  de  médaillons  gravés. 

Cuivre  doré.  Fin  du  xv«  siècle.  Hauteur,  0'"28. 
Église  de  Darazac. 

66.  —   MONSTRANCE. 

Édifice  à  quatre  pans,  plus  long  que  large,  muni  aux 
angles  de  colonnes  annelées  formant  contre-forts  et  sur- 
montées de  pinacles.  Sur  ces  colonnes  repose  un  toit, 
ou  plutôt  un  dais  dessiné  suivant  des  arcs  en  accolade  ; 
sur  ce  dais  se  dresse  un  crucifix,  dont  les  bras  sont 
terminés  par  des  trèfles.  Pied  à  huit  redents  inscrivant 
un  second  pied  circulaire  orné  de  rayons  gravés.  La 
tige  cylindrique  est  munie,  à  sa  base,  d'une  couronne 
fleurdelisée,  et  interrompue  par  un  nœud  hémisphérique 
également  orné  de  rayons.  Les  petits  côtés  de  la  mons- 
trance  sont  fermés  par  des  plaques  de  métal  gravé  d'un 
dessin  échiqueté  dont  les  carreaux,  alternativement  dorés 
et  argentés,  répondent  sans  doute  au  travail  vairé  men- 
tionné dans  certains  inventaires. 

Cuivre  gravé,  doré  et  argenté.  Commencement  du  xvi* 
siècle.  Hauteur,  0'"295. 

A  M.  le  curé  de  Saint- Victour,  aujourd'hui  à  Tudeils. 

67.  —  Navette. 

Cuivre  champlevé,  émaillé.  Navette  de  forme  elliptique 
montée  sur  un  pied  bas.  Sur  le  couvercle,  qui  s'ouvre 
en  deux  parties  égales,  sont  représentés,  dans  deux  mé- 
daillons circulaires,  deux  saints  à  mi-corps,  réservés  et 
gravés  sur  fond  d'émail.  Les  extrémités  du  couvercle 
sont  relevées  et  terminées  par  des  têtes  de  serpent.  Sur 


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—  531  — 

le  pourtour  de  la  navette,  un  bandeau  orné  de  rinceaux 
gravés. 


xui*  siècle.  Hauteur,  0'"60;  largeur,  O^^ieS. 
Église  de  Soudeilies. 

68.   —  *  BOITB   AUX   SAINTES    HUILES. 

Cuivre  champlevé,  émaillé  et  doré.  Cette  boîte,  rectan- 
gulaire, repose  sur  quatre  pieds  bas  en  forme  de  boule; 
elle  est  fermée  par  un  couvercle  en  forme  de  pyramide 
tronquée,  à  quatre  pans,  surmontée  d'une  grosse  boule 
fichée  sur  une  base  conique.  La  décoration  de  la  boîte 
consiste  en  huit  bustes  de  saints,  deux  sur  chaque  face, 
gravés  et  réservés,  avec  têtes  en  relief  rapportées,  ins- 


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—  532  — 

crits  dans  des  médaillons  à  champ  émaillé.  Sur  le  cou- 
vercle, quatre  anges  à  mi-corps,  gravés  et  réservés,  avec 
têtes  rapportées.  A  l'intérieur  de  la  boîte,  on  voit  un 
double  fond  composé  d'une  plaque  de  cuivre  percée  de 
trois  trous  circulaires,  destinés  à  recevoir  les  trois  am- 
poules pour  les  saintes  huiles. 
xiii«  siècle.  Haut.,  0°140;  larg.,  0-090;  long.,  0-120. 
Église  de  Saint- Viance. 

Publiée  par  M.  Ernest  Rupin  dans  le  Bulletin  de  la  Soc.  arch. 
de  la  Corrèze,  t.  III,  1881,  p.  27  et  suiv.  (eau-forte). 

69.  —  Boite  aux  saintes  huiles. 

Cuivre  champlevé,  émaillé  et  doré.  Cette  boîte  est  en 
forme  de  maison  et  repose  sur  quatre  pieds  carrés;  la 
pente  du  toit  qui  forme  couvercle  est  un  peu  plus  courte 
sur  la  partie  antérieure  que  sur  le  revers,  et  à  l'inté- 
rieur se  voient  encore  les  crans  d'arrêt  pour  maintenir 
le  double  fond  destiné  à  recevoir  les  ampoules,  éur  la 
partie  antérieure  sont  figurés  quatre  anges  à  mi-corps, 
dont  deux  sont  couronnés,  gravés  et  réservés  sur  fond 
d'émail;  têtes  en  relief.  Ces  figures  d'anges  sont  ins- 
crites dans  des  médaillons  circulaires  sur  le  toit,  et 
dans  des  médaillons  en  forme  de  vesica  piscis  sur  la 
boîte.  Aux  pignons  deux  médaillons  analogues,  mais 
sans  têtes  rapportées,  et  deux  gros  fleurons.  Revers  orné 
de  losanges  encadrant  des  rosaces.  Crête  en  cuivre  figu- 
rant deux  serpents  adossés. 

xiii^  siècle.  Hauteur  0*130;  longueur,  O^IOS. 

Église  de  Neuville. 

70.  —  La  Vierge  et  l'Enfant  Jésus. 

Ce  groupe  se  compose  de  plaques  d'argent  battu  et 
repoussé,  appliquées  sur  une  àme  de  bois.  La  Vierge, 
assise  de  face  sur  un  siège  bas,  orné  de  bordures  d'oves, 
est  vêtue  de  long  et  couronnée.  Sa  robe  longue  laisse 
apparaître  ses  pieds,  chaussés  de  souliers  pointus,  qui 


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—  533  — 

posent  sur  un  coussin  ;  un  voile  couvre  à  moitié  ses  che- 
veux, et  un  manteau  est  agrafé  sur  son  épaule  droite. 
De  la  main  droite,  tendue  en  avant,  elle  tient  une  sorte 
de  cylindre  creux  destiné  à  recevoir  sans  doute  une 
tige  de  fleur.  De  la  gauche  elle  soutient  l'Enfant  Jésus, 
assis,  de  face,  vêtu  d'une  tunique  et  d'un  manteau. 
De  la  main  gauche  il  s'appuie  sur  un  livre  ouvert 
sur  lequel  on  lit  IHS  XPS;  de  la  droite,  complètement 
ouverte  et  levée,  il  fait  un  geste  de  bénédiction.  L'En- 
fant Jésus,  comme  la  Vierge,  portent  des  couronnes  d'or- 
fèvrerie, sortes  de  larges  bandeaux  ornés  de  filigranes, 
de  pierres  gravées  et  de  camées  antiques.  Un  autre 
camée  est  fixé  sur  la  poitrine  de  la  Vierge. 

xn«  siècle.  Hauteur,  0"61. 

Église  de  Beaulieu. 

Publiée  par  M.  Ernest  Rupin  dans  le  Bulletin  de  la  Soc.  arch. 
de  la  Corrèze,  t.  II,  1879-80,  p.  231  et  suiv.  — L.  Palustre,  Bulletin 
Monumental,  1880,  p.  597  et  suivantes  (planche).  —  R.  de  Lasteyrie, 
Revue  des  Sociétés  savantes,  !*•  série,  t.  III,  année  1881,  p.  270  et 
suivantes  (grav.). 

71.  —  Statuette  de  saint  Clair. 

Cuivre  fondu,  ciselé  et  doré.  Figure  d'applique  prove- 
nant d'une  châsse,  fixée  sur  un  reliquaire  moderne  de 
forme  rectangulaire.  Le  saint  évoque  est  représenté  de- 
bout, de  trois  quarts  à  gauche,  vêtu  de  ses  ornements 
épiscopaux,  la  mitre  en  tête,  la  barbe  et  les  cheveux 
longs  et  frisés.  De  la  main  droite  il  bénit. 

XIV'  siècle.  Hauteur  de  la  statuette,  0'"28. 
Cathédrale  de  Tulle. 

72.  —  Guillaume  III,  prieur  de  Grandmont  (1245- 

1261). 

Le  prieur  est  représenté  debout  et  de  face  sous  une 
arcade  en  plein-cintre.  Il  est  imberbe,  tonsuré,  vêtu  de 
l'aube  et  de  la  dalmatique;  de  la  main  gauche,  au  poi- 
gnet de  laquelle  on  voit  le  manipule,  il  tient  un  livre 


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^  534  - 

fermé;  de  la  droite  il  fait  un  geste  de  bénédiction. 
Applique  en  cuivre  fondu  ciselé  et  doré.  Fond  émaillé 
semé  de  rosaces  et  divisé  par  des  bandes  de  cuivre 
réservées  et  guillochées,  sur  lesquelles  est  émaillée  Tins- 
cription  suivante  : 

GVI  —  LELM(us)  Il  P  —  RIOR  ||  GRAN  —  DI  ||  MON  —  TIS 

Derrière  la  tète  du  personnage,  une  grande  rosace  res- 
semblant à  un  nimbe. 

XIII*  siècle.  Hauteur,  0*142. 
A  M-  X.,  à  Tulle. 


Objets  perdus,  vendus  ou  brisés. 


BoRT.  —  L'église  de  cette  ville  a  possédé,  jusqu'à  la 
Révolution,  une  châsse  d'argent  contenant  le  corps  de 
saint  Germain,  patriarche  de  Constantinople,  enlevée  par 
les  croisés  en  1204.  Abbé  Texier,  Dkt,  d'Orfèvrerie,  col.  966. 

Brive.  —  Calice  ou  reliquaire  offert  par  Valentinien  III, 
ainsi  que  le  prouvait  l'inscription  suivante  :  VALENTI- 
NIANVS  AVGVSTVS  DEO  ET  SANCTO  MARTINO, 
MARTYRI  BRIVENSI  VOTVM  VOVIT  ET  REDDIDIT. 

—  Abbé  Texier,  Dictionnaire  d'Orfèvrerie^  col.  938.  —  Cet 
objet  d'art  est  ainsi  décrit  dans  Leymonerie,  Histoire  de 
Brive^la^Gaillarde  et  de  ses  environs^  recueillie  successivement 
par  quatre  citoyens  de  cette  ville.  Brive,  Crauffon,  1810, 
in-8^,  p.  188  :  «  L'empereur  Valentinien  III,  attribuant 
»  une  grande  victoire  à  l'intercession  de  saint  Martin, 
»  fit  de  riches  présents  à  son  église  l'an  425,  entre 
»  autres  d'un  reliquaire  en  argent  renfermant  une  coupe 
»  en  marbre  qu'on  disait  avoir  servi  à  la  Cène  du  Sau- 
»  veur.  On  lisait  tout  ce  récit  en  caractères  antiques  sur 
»  une  des  six  glaces  du  reliquaire.  Il  a  été  enlevé  durant 
»  l'anarchie  de  la  Révolution,  ainsi  que  le  superbe  buste 


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-535  — 

»  du  saint,  en  vermeil  orné  de  pierres  précieuses,  offert, 
»  selon  la  tradition,  par  saint  Éloi,  natif  de  Limoges.  » 
—  Marvaud  (Histoire  du  Bas-Limousin,  t.  I,  p.  43)  parle  de 
ce  cadeau,  qu'il  fait  remonter  à  Tan  437,  et  le  trans- 
forme en  un  calice  d'or  avec  sa  patène. 

Brive.  —  Buste  d'argent,  en  partie  émaillé,  qui  ren- 
fermait les  reliques  de  saint  Martin,  patron  de  Brive.  Ce 
buste,  était  attribué  à  saint  Éloi. 

Desmarets  et  Turgot,  Éphémirides  de  la  Généralité  de 
LimogeSy  1765,  p.  107.  «  On  voit,  dans  le  trésor  de  la 
»  collégialle,  une  châsse,  c'est-à-dire  un  buste  très  bien 
»  fait  d'un  saint  Martin,  jeune  homme  de  vingt-cinq  ans, 
»  et  qui  subsiste  aujourd'huy.  Cette  châsse  est  bien  an- 
»  cienne  :  le  peuple  la  croit  de  la  façon  d&  saint  Éloi. 
»  Un  titre  de  l'an  900  a  pour  sceau  les  armes  de  la  ville 
»  (de  Brive),  et  ce  sceau  est  un  buste  de  saint  Martin... 
»  Ce  sceau  est  exactement  et  trait  pour  trait  la  repré- 
»  sentation  de  la  châsse  que  l'on  voit  aujourd'huy,  ce 
»  qui  suppose  qu'elle  existait  longtems  auparavant. 

»  On  voit  dans  la  même  église  collégiale  une  coupe 
»  d'un  travail  assez  grossier  et  d'une  forme  fort  simple, 
»  un  peu  mu[ti]lée,  qu'on  croit  avoir  servi  à  N.  S.  dans 
»  la  cène  qu'il  fit  avec  ses  apôtres.  Cette  coupe  est  d'une 
»  pierre  de  sable  grise,  semblable  à  celle  qu'on  trouve 
»  aux  environs  de  Brive  et  qu'on  nomme  brasier...  En 
»  1673,  on  l'enferma  dans  un  reliquaire  d'argent  devant 
»  lequel  on  plaça  une  inscription  latine,  qui  renferme 
»  toutes  ces  prétentions  et  tous  ces  faits.  »  —  Abbé 
Texier,   Dict.   d'Orfèvrerie,   col.   936  et  938. 

CoRRÈzE.  —  Une  châsse  émaillée.  Abbé  Texier,  Les  Os^ 
tensions  en  Limousin,  Annales  archéologiques,  t.  XV,  p.  295. 

Égletons.  —  Pied  de  chandelier  d'autel  triangulaire  et 
en  forme  de  pyramide  tronquée.  Il  repose  sur  trois  grififes 
de  lion,  ciselées,  sortant  de  la  gueule  d'animaux  fantas- 
tiqu3S.  Chacune  de  ses  faces  est  ornée  de  rinceaux  ter- 


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—  536  — 

minés  par  des  fleurons  émaillés  se  détachant  sur  un  fond 
bleu-lapis.  Ces  rinceaux  encadrent  des  médaillons  circu- 
laires, dans  Tun  desquels  on  voit  la  Vierge  à  mi-corps, 
nimbée,  vêtue  de  long,  portant  une  palme;  le  visage  et 
les  mains  sont  gravés;  les  vêtements,  ainsi  que  le  fond, 
sont  émaillés.  Sur  le  fond  est  réservé  un  bandeau  de 
cuivre  sur  lequel  on  lit  :  AVE  MARIA.     . 

XIII*  siècle.  Hauteur,  0"10;  largeur,  0"18. 
Vendu  en  1882. 

Lagubnnb.  —  Châsse  de  saint  Calmine.  En  cuivre 
champlevé,  émaillé  et  doré,  cette  châsse  affecte  la  forme 
d-une  église  dont  la  nef  est  divisée  en  deux  parties 
égales  par  un  transept.  Sur  l'extrémité  du  transept,  sur 
la  face  principale,  est  fixée  une  figure  du  Christ  de 
gloire,  assis,  couronné  et  bénissant.  A  droite,  sous  une 
arcade  simulée,  saint  Calmine  debout,  nimbé  et  tenant 
un  livre;  à  gauche,  saint  Martin  debout,  nimbé,  mitre, 
tenant  une  crosse  de  la  main  gauche,  et  faisant  de  la 
droite  un  geste  de  bénédiction.  Sur  le  toit,  deux  anges 
thuriféraires.  Figures  en  cuivre  doré,  en  relief,  appliqué 
sur  un  champ  émaillé.  Aux  pignons,  saint  Pierre  et 
saint  Paul  debout.  Crête  percée  d'entrées  de  serrures,, 
surmontée  de  cinq  épis  de  faîtage  en  cristal  de  roche. 

XIII»  siècle.  Haut.,  0»60;  long.,  0"69;  larg.,  0"20. 

Ancienne  collection  Soltykoff,  n*  141  du  Catalogue  de  vente. 

Gravée  dans  Cahier  et  Martin,  Nouveaux  Mélanges  d'archéo- 
logie; Ivoires,  Miniatures,  Émaux,  p.  147.  —  Viollet-le-Duc,  Dic- 
tionnaire du  Mobilier,  t.  I,  p.  71-72. 

Le  Saillant.  —  «  Un  précieux  calice  contemporain  des 
croisades.  »  Abbé  Texier,  Notice  sur  Us  Émaux  de  Limoges, 
Bulletin  Monumental,  t.  VI,  p.  52. 

Obazinb.  —  Croix  processionnelle  composée  de  mor- 
ceaux de  cristal  de  roche.  Provenant  peut-être  de  Grand- 
mont.  Voyez  abbé  Texier,  DicL  ^Orfèvrerie,  col.  890. 
Brisée  depuis  plusieurs  années.  Les  fragments  existent. 


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—  537  — 

Pérbt.  —  Châsse  émaillée.  Abbé  Texier,  Les  OsUnsions 
en  Limousin,  Annales  archéologiques^  t.  XV,  p.  295. 

Sainte-Fortunadb. — Reliquaire  en  argent.  Abbé  Texier, 
Les  Ostensions  en  Limousin^  Annales  archéologiques^  t.  XV, 
p.  295. 

Saint- Vi ANGE.  —  Reliquaire  en  argent  du  chef  de  saint 
Viance,  don  du  marquis  du  Saillant.  —  Ferdinand  de 
Lasteyrie,  Notice  sur  la  chasse  de  Saint-Viance,  p.  16. 


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LES 


wm  YUmmm 

BT 

L'ÉPOQUE  GALLO-ROMAINE 

A  iWmm  DE  TDUE 


Sans  offrir  au  public  le  môme  attrait  que  les 
beaux  objets  d*orfévrerie  et  d'émaillerie  si  bien 
décrits  par  M.  Molinier,  les  restes  de  l'industrie 
des  premiers  habitants  de  la  Corrèze  et  les  ves- 
tiges de  répoque  romaine  devaient  avoir  une 
petite  place  dans  les  salles  de  l'Exposition.  Pour 
ce  qui  me  concerne,  cédant  à  de  flatteuses  ins- 
tances, j'y  ai  envoyé  un  certain  nombre  de  spé- 
cimens de  la  période  paléolithique,  choisis  dans 
ma  modeste  collection,  et  divers  objets  des  pé- 
riodes suivantes,  en  les  accompagnant  de  quel- 
ques termes  de  comparaison  pris  dans  des  séries 
étrangères  au  département. 

Tous  ces  objets  sont  disposés  à  plat  dans  une 
vitrine  et  sur  des  cartons  blancs;  chaque  série 
est  accompagnée  d'une  petite  légende  manuscrite 
indiquant  l'époque  et  la  provenance  spéciale.  En 
outre,  une  légende  synoptique,  avec  explications 
préliminaires  faisant  connaître  la  classification  gé- 
néralement adoptée,  celle  de  M.  de  Mortillet^  est 


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—  540  — 

imprimée  sur  une  pancarte  appendue  à  la  vitrine, 
pour  Tédification  du  public  (1). 

L'époque  chelléenne  est  représentée  par  un  cer- 
tain nombre  de  haches  ^n  silex  dont  trois  pro- 
viennent de  la  station  de  Ghez-Pourret,  deux  de 
Ressaulier,  et  cinq  de  quelques  petits  plateaux 
voisins;  comme  terme  de  comparaison,  une  hache 
de  Saint-Acheul,  bien  authentiquSj  figure  à  côté 
des  autres. 

L'époque  moustérienne  est  représentée  par  une 
série  de  pointes  et  de  râcloirs  recueillis,  le  plus 
grand  nombre  à  Ghez-Pourret,  quelques  spéci- 
mens sur  le  plateau  de  Ressaulier.  Des  pointes 
et  des  râcloirs  de  la  station-type,  le  Moustiers, 
accompagnent  les  échantillons  provenant  de  nos 
gisements. 

Le  plateau  de  Ressaulier  et  les  grottes  de  la 
vallée  de  Planche-Torte  ont  fourni  d'épais  grat- 
toirs qu'on  peut,  ce  me  semble,  considérer  comme 
des  types  de  transition.  Ce  n'est  plus  le  râcloir 
moustérien,  ce  n'est  pas  encore  le  grattoir  mag- 
dalénien. 

L'époque  solutréenne  est  bien  faiblement  repré- 

(1)  En  voici  un  simple  résumé  : 

l'*  PÉRIODE,  DITS  PALBOLITHIOUB 

Époque  chelléenne,  station-type  :  Ghelles  (Seine-et-Marne). 
Époque  moustérienne,  station-type  :  Le  Moustiers  (Dordogne). 
Époque  solutréenne,  station-type  :-Solutré  (Saône-et-Loire). 
Époque  magdalénienne  station-type  :  La  Madelaine  (Bordogn^). 

2'"*  PÉRIODE,   DITE  NÉOLITHIQUE 

Ateliers  en  plein  air,  dolmens,  premières  stations  lacustres. 

3*  AOE  DU  BRONZE,  PREMIER  AGE  DU  FER 

Quelques  dolmens,  stations  lacustres,  tumulus,  etc. 


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—  541  — 

sentée  chez  nous;  quelques  pointes  recueillies  à 
Champs,  et  c'est  tout!  Les  plus  belles  pièces  n'y 
ont  même  pas  été  trouvées  par  moi  ;  mais  enfin 
j'ai  mis  ce  que  je  possède  en  compagnie  de  quel- 
ques pointes  de  Solutré  et  de  Laugerie- Haute. 

Quant  à  l'époque  magdaléniejine,  nos  grottes 
de  Goumbo-Negro,  de  Champs,  du  Raysse,  des 
Morts,  de  Tessoniera,  situées  dans  le  vallon  de 
Planche-Torte,  celle  de  Puy-Jarige  (vallon  de  la 
Courolle),  du  Puy- de -Lacan  (vallée  de  la  Cor- 
rèze),  ont  fourni  une  ample  moisson  de  lames, 
de  grattoirs,  de  perçoirs,  etc.,  et  des  spéoimens 
provenant  de  toutes  ces  habitations  de  l'homme 
primitif  aux  environs  de  Brive  figurent  à  l'Expo- 
sition. J'y  ai  joint  une  série  de  silex  de  la  grotte 
de  Pouzet,  commune  de  Terrasson,  dans  la  Dor- 
dogne,  mais  bien  près  deâ  frontières  de  la 
Corrèze  ! 

Comme  termes  de  comparaison,  quelques  lames 
et  grattoirs  de  la  Madelaine  et  de  Laugerie-Basse, 
voir  môme  une  ou  deux  lames  en  obsidienne  du 
Mexique;  et  l'industrie  de  l'os  faisant  complète- 
ment défaut  chez  nous  (la  nature  de  notre  ter- 
rain, dépourvu  de  sels  calcaires,  s'opposant  à  la 
conservation  des  ossements),  j'ai  cru  devoir  expo- 
ser aussi  une  petite  gravure  sur  os,  inédite  par 
parenthèse,  venant  de  la  Madelaine,  et  une  autre 
assez  informe  venant  de  Laugerie-Basse;  plus  une 
petite  série  d'instruments  en  os  et  en  bois  de 
renne.  Mais...,  je  suis  bien  loin  d'être  aussi  riche 
en  objets  de  ce  genre  que  notre  excellent  ami 
Élie  Massénat! 


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—  542  — 

Passons  maintenant  à  Tindustrie  de  la  période 
néolithique;  voici  d'abord  quelques  pointes  de 
flèches  en  silex,  à  ailerons  et  pédoncule  médian; 
mais  une  seule  de  celles-*ci  a  été  trouvée  dans  les 
environs  de  Brive,  non  loin  de  la  grotte  de 
Coumbo-Negro.  Une  pointe  en  obsidienne,  du 
Mexique,  figure  à  côté  des  nôtres,  à  cause  de 
l'analogie  qu'elle  offre  avec  elles. 

Cette  période  est  beaucoup  moins  bien  repré- 
sentée dans  la  Corrèze  que  la  période  paléoli- 
thique; peu  de  haches  en  pierre  polie.  En  voici 
trois,  dont  une  recueillie  aux  environs  d'Uzerche 
(arrondissement  de  Tulle),  une  autre  près  de 
Cublac  (canton  de  Larche,  arrondissement  de 
Brive),  et  une  troisième,  fragmentée,  près  de  la 
Pigeonnie,  commune -de  Brive.  Un  manche  la- 
custre (Neuchâtel)  en  bois  de  cerf  est  placé  à  côté 
de  ces  haches. 

Viennent  enfin,  pour  donner  une  idée  de  la 
métallurgie  pré-historique,  quatre  haches  en 
bronze,  quelques  objets  lacustres  (du  Bourget)  et 
trois  des  anneaux  en  bronze  (premier  âge  du  fer) 
trouvés  dans  le  tumulus  du  Puy  de  la  Païen, 
commune  de  Saint-Sernin-de-Larche  (Corrèze)  (1). 
Les  haches  en  bronze  sont,  et  pour  cause,  étran- 
gères à  notre  département. 

La  période  néolithique  est  encore  représentée  à 
Tulle  par  les  objets  suivants,  appartenant  à  di- 
vers, et  placés  çà  et  là  sous  des  vitrines  : 

1**  Hache  en  roche   amphibolique,   longue   de 

(1)  Matériaux  pour  Vhist.  de  l'homme,  1870-71,  page  403. 


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—  543  — 

trente-'Cinq  centimètres^  recueillie  aux  environs 
de  Gimel,  canton  de  Tulle.  (Cette  magnifique 
pièce  est  exposée  par  M.  le  chanoine  Talin.) 

2"*  Hache  en  silex  blond,  en  parfait  état,  longue 
de  vingt  centimètres,  et  trouvée  au  Puypavé,  com- 
mune de  Pandrignes,  canton  de  Tulle.  (Exposée 
par  M.  le  curé  Faurie.) 

3^  Hache  en  silex  blanchâtre,  longue  de  quinze 
centimètres,  trouvée  à  Sarroux,  arrondissement 
d'Ussel.  (Appartient  au  Musée  de  Brive.) 

4**  Hache  en  silex  blond,  longue  de  quinze 
centimètres,  trouvée  aux  Fourches,  conomune  de 
Seilhac,  arrondissement  de  Tulle.  (Ancienne  col- 
lection de  feu  Mathieu  Borie,  à  Tulle.) 

5**  Hache  en  roche  serpentineuse ,  longue  de 
huit  centimètres,  trouvée  près  de  Tulle.  (Môme 
collection.) 

go  70  go  Haches  sans  indications  de  provenances 
ou  étrangères  à  la  région.  (Môme  collection.) 

9^  Fragment  de  hache  muni  du  tranchant, 
trouvé  près  de  Cayenne,  commune  de  Naves, 
canton  de  Tulle.  (Sans  nom  d'exposant.) 

Grâce  à  la  remarquable  collection  de  notre  col- 
lègue M.  Joseph  Soulingeas  on  peut,  .à  l'expo- 
sition de  Tulle,  faire  toute  une  étude  d'ethno- 
graphie comparée.  Cette  collection  a  été  formée 
par  M.  Soulingeas  à  la  Nouvelle-Calédonie;  les 
haches  en  pierre,  emmanchées  ou  non,  y  figurent 
en  grand  nombre  avec  de  nombreux  casse-tôtes 
en  bois,  des  sagaies,  des  pierres  de  fronde,  des 
frondes,  des  peignes  en  bois,  un  masque  de 
guerre,  des  couteaux  en  coquillage  (ce  sont  des 


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—  544  — 

valves  de  coquilles  tranchantes),  d'autres  coquil- 
lages ayant  servi  de  bracelets  et  de  colliers,  que 
sais-je  encore!  Enfin,  l'on  peut  dire  que  toute 
l'industrie  des  Canaques  est  représentée  dans  la 
collQction  Soulingeas. 

A  ces  divers  objets  sont  jointes  des  photo- 
graphies d'homnies,  de  femmes,  de  groupes 
indigènes,  etc.  Citons,  en  terminant,  un  crâne 
d'homme  qui  porte  la  trace  d'un  coup  de  hache 
sur  un  des  pariétaux;  et  il  est  facile  de  voir 
que  l'individu  n'est  pas  mort  des  suites  de  cette 
blessure. 

La  grande  vitrine  que  remplit  la  collection  Sou- 
lingeas est  à  côté  de  celle  où  se  trouvent  les 
silex  des  environs  de  Brive  et  les  termes  de 
comparaison  qui  les  accompagnent. 

Un  rapide  coup  d'œil,  à  présent,  aux  souve- 
nirs de  l'époque  gallo-romaine. 

Les  objets  qui  la  rappellent  ne  sont  pas  en 
nombre  et  il  n'y  a  pas  lieu  de  s'en  étonner,  vu 
leur  rareté  dans  la  Corrèze,  et  la  fragilité  de  la 
plupart  d'entre  eux  rendant  leur  transport  difficile. 

La  numismatique  est  pourtant  bien  représentée 
par  les  médailles  exposées  par  M.  l'abbé  Pau;  lui 
seul  pourrait  en  dresser  le  catalogue.  Quelques- 
unes  ont  toutefois  été  publiées  dans  le  Bulletin, 


entre  autres  deux  monnaies  de  Néron  que  nous 


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—  545  — 

reproduisons  ici  :  "la  première  est  un  aureus 
trouvé  sur  le  territoire  de  la  commune  de  Saint- 
Fréjoux,  canton  d'Ussel  (v.  tome  I,  p.  593);  la 
seconde,   en    potain,   offre    la  double   effigie  de 


Néron  et  de  Poppée;  elle  a  été  recueillie  à  Tulle, 
rue  de  la  Barrière  (v.  tome  VI,  p.  617). 

La  vitrine  réservée  à  M.  Guillot  (produit  de 
fouilles  faites  à  Tintignac)  contient  également  une 
quinzaine  de  monnaies,  dont  un  bel  aureus  d'An- 


tonin  et  des  bronzes  d'Hadrien,  de  Commode,  de 
Gallien,  des  deux  Tétricus,  et  de  Crispus,  fils  du 
grand  Constantin  et  de  sa  première  femme.  Avec 
ces  monnaies,  M.  Ouillot  a  exposé  :  lûie  fibule 
en  bronze;  des  'débris  de  fer  dont  une  clé;  des 
tessons  de  vases  en  terre  rouge  lustrée  avec  figures 
en  relief;  des  fragments  de  statuettes  en  calcaire 
oolithique;  des  morceaux  de  marbres  multico- 
lores; des  lambeaux  d'un  revêtement  décoré  de 
peintures  murales;  enfin,  un  plan  des  substruc- 
tions  découvertes  à  Tintignac,  soit  antérieurement 


T.  DC. 


S-ii 


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LAMPE  DE  GOISSAC 


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—  547  — 

à  ses  fouilles,  soit  au  cours  de  celles  qu'il  a  fait 
exécuter  en  1884(1). 

Mentionnons  enfin,  parmi  les  restes  d'industrie 
de  l'époque  romaine,  quelques  lampes  en  terre 
cuite  disposées  çà  et  là.  Voici,  d'après  un  dessin 
de  M.  l'abbé  Faurie,  une  gravure  représentant 
une  jolie  lampe  appartenant  à  M.  Loubignac,  an- 
cien magistrat,  et  trouvée  dans  une  sépulture  à 
Goissac,  canton  de  Bugeat(2).  Les  autres  ne  por- 
tent pas  indication  de  leur  provenance. 

Philibert  Lâlande. 


(1)  Voir  le  travail  d'ensemble  que  j'ai  publié  sur  Tintignac,  t.  VII 
de  notre  Bulletin,  p.  631-713,  avec  plans  et  iigurcs  dans  le  texte. 
M.  Guillot  a  tenu  à  voir  figurer  un  exemplaire  de  mon  tirage  à 
part  sous  la  vitrine  contenant  les  plans  et  objets  exposés  par  lui; 
je  l'en  remercie  de  nouveau  ici. 

(2)  J'ai  publié  une  note  sur  cette  lampe  dans  le  tome  IV  de  notre 
Bulletin,  p.  355-362. 


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SIMPLES  NOTIONS 

D'ANCIEUE  GtOfiMPHIE  BAS-LUOIISINK 

Avec  leur  application,  soil  aux  Cartulaires  de  Tulle  et  de  Vigeois 
soit  au  Cartulaire  de  Beaulieu 


MAIS  PLUS  PARTICULIÈREMENT  POUR  CE  DERNIER,  AUX 
IDENTIFICATIONS  DE  M.  DELOCHE,  DE  L*IN8TITUT 


Suite  (1). 


CHARTE  XGIX.  —  In  villa  Inmont.  D.  Ymont  (Saint- 
Martin-la-Meanne  ou  Bassignac-le-Haut}. 

Champeval,  le  prieuré  4ie  Mons  (Darazac),  dépendant  de 
Beauliei},  sans  date,  vers  t450  (titres  de  M.  de  Cantines). 
Du  reste,  le  manuscrit  Costa  collationné  par  M.  Deloche 
porte  en  marge  :  Priuratus  de  Mons,  et  ne  se  trompe  pas, 
Beaulieu  ayant  retenu  longtemps  ce  membre  de  Mons. 
Donnons  d'autres  preuves  > 

Mansum  âharzan,  in  villa  inmont.  D.  O.  —  C.  Marsa, 
divisé  en  Marsa  soubre  et  soutre,  dépendant  du  Mont, 
près  Imbertés  et  Porte-Claus,  1684  ({papiers  de  la  famille 
Cisterne,  de  Morel,  à  Bassignac-le-Haut,  provenant  de  la 
succession  de  M.  Vaur  de  Reyssanges,  confiés  au  savant 
directeur  de  Serviëres,  M.  le  chanoine  Poulbrière  (2),  qui 


(1)  Voir  Bulletin,  tome  IX,  p.  373. 

Nous  rappelons  que  la  majuscule  D  désignera  par  abréviation  la 
conjecture  de  M.  Deloche,  la  majuscule  G  devant  être  lue  Gham- 
peval  dans  ce  dialogue  figuré,  où  O  signifie  que  Tinterlocuteur  ne 
propose  aucune  identification. 

(2)  M.  Tabbé  Poulbrière  est  Tamteur  d'une  Histoire  du  diocèse 
de  Tulle,  qui  peut  servir  de  modèle  aux  diocèses  voisins. 


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—  550  — 

prépare  un  travail  d'assez  longue  haleine  »ur  la  Xain- 
trie  et  a  bien  voulu  nous  laisser  tirer  secours  de  son 
importante  collection  de  papiers).  D'autre  part,  nous  ve- 
nons encore  de  trouver  —  à  travers  les  cent  palpes  non 
classées  données  naguère  à  la  Préfecture  de  Tulle  par 
M.  Paul-Émile  Forestier,  notaire  à  La  Ghapelle-Spinasse, 
à  lui  provenant  de  M*  Annet  Mas,  notaire  arpenteur  juré 
à  La  Chapelle,  1760  —  le  Mont  (Darazac),  dont  dépend 
Marso-soutre  ou  Marsaut,  confrontant  à  la  Combe,  Vigier, 
Imbertés,  Porto-Claus,  relatant  les  mêmes  confrontations 
pour  1478.  —  Les  papiers  de  Noailles,  reconnaissances  de 
leurs  châtellenies  de  Malesse  et  de  Servières,  donnent, 
1680,  Marza  haut  et  bas,  dépendant  d'Inmont  (Bassignac- 
le-Haut).  Aujourd'hui  cet  Imons  est  de  Bassignaq,  mais 
a  compris  une  partition  dite  aussi  le  Mons  et  s'en  déta- 
chant pour  appartenir  à  la  paroisse  de  Darazac.  Nous 
avons  aussi  Nogen  (Bassignac-le-fiaut),  disparu  après 
1488,  près  le  Mons  (même  source).  D.  Nogère?  (Cres- 
senssac),  alors  qu'il  a  dit,  table  Utine,  bordaria  de  Nogen 
in  villa  Inmont.  La  charte  e^ge  des  vignes  à  Mont,  ce 
qui  nous  gône  quelque  peu;  mais  leur  culture  s'étendit 
au  moyen  âge  peu  ou  prou  sur  Orliac,  Beaumont,  Bar, 
Saint-Merd-de-Lapleau,  Corrèze,  par  places.  Tulle,  abon- 
damment. Rien  n'empêche  qu'il  y  en  ait  eu  sur  la  rive 
gauche  de  la  Dordogne,  en  face  de  Mons,  à  un  étage 
inférieur,  de  même  qu'on  en  cultive  encore  à  Sexcles  et 
à  Hautefage.  Il  y  attrait  un  chapitre  à  écrire  sur  cette 
question  de  l'émigration  vinicole  hors  de  la  moyenne 
Corrèze. 

El  Pleniene,  a  écrit  Deloche.  —  El  Penienel,  a  écrit 
le  copiste  de  nos  chartes  de  Costa,  —  Boscus.  Le  Bûs 
(Lamazière-Basse).  C.  O.  Mais  autour  d'Imons.  Les  vil- 
lages du  Bos  foisonnent. 

Costa  :  Mansos,  deest.  D.  duos  mansos  in.  C.  placitum. 
D.  placetum.  Nous  négligeons  toujours  les  variantes  sans 
importance,  comme  Abiran,  pro  Abiron,  demergant  pro 
demergatur,  etc. 


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—  551  — 

CHARTE  C.  —  Manson  Dalrin  In  villa  de  Faurgas, 
dit  Deloche,  qui  identifie  le  second  avec  les  Fargues, 
près  Bretenoux.  —  C.  Je  n'y  vois  pas  ce  village  des 
Fâtrgues,  mais  seulement  les  Fauries,  (Bretenoux)  ayant 
eu,  il  est  vrai,  même  primitif  fabricas,  mais  l'ayant  altéré 
de  longue  date  en  Fauries  et  non  Fargues.  On  trouve 
toujours  écrit  les  Fauries  (Bretenoux)  aux  xvii*  et  xviii* 
siècles  (minutes  Vayssié  de  Tétude  de  M*  Trassy,  à  Bre- 
tenoux). D.  propose  aussi  les  Fargues  (Bassignac-le-Bas) 
et  oublie  celui  de  Mercœur,  préférable  cependant,  même 
à  Las  Fargues,  de  Pauliac. 

Dalrin.  Le  manuscrit  de  Costa  a  écrit  sûrement  Dalriw, 
(sans  que  D.  ait  signalé  la  variante)  qui  nous  laisse  à 
trouver,  en  isolant  l'article  roman  al,  un  manse  du  Rieu. 
Or  nous  avons  noté,  pour  Mercœur,  un  Rieu  à  la  Bis-" 
sière  et  un  autre  près  Peyrissac,  mais  vers  le  Cassan,  à 
rejeter  tous  les  deux,  jusqu'à  ce  qu'un  bon  arpentement 
des  Fargues  de  Mercœur  nous  y  révèle  un  tènement  du 
Rieu. 

CHARTE  CL  —  Le  manuscrit  Costa  porte  en  marge  : 
Favars.  Supra  modum  solvendi  décimas.  Et  plus  bas  cet 
avis  d'un  abbé  à  ses  successeurs  :  Non  exonerentur  ho- 

mines  de  mutieribus  alienae  terrae,  nec  or mulleres. 

Puis  le  mot  nota  en  regard  de  censum  senioribus  solvat. 

Quant  à  palatores,  sur  lequel  Ducange  est  muet,  nous 
le  traduirions  volontiers  d'un  mol  local,  paladou,  signi 
fiant  encore,  à  GouUes,  une  poignée  de  chanvre,  en 
patois  actuel,  de  même  qu'en  1650  une  liève  de  rentes 
à  Saint-Julien-le-Pèlerin  énumère  parmi  les  redevances  : 
six  paladous  de  chanvre.  (Minutes  de  l'étude  de  M*  Pa* 
liargues,  notaire  à  GouUes. 

CHARTE  CIL  —  D.  a  fait,  note  1,  un  rapprochement, 
que  nous  croyons  heureux,  avec  la  charte  XCIX',  et  ne 
l'a  pas  suivi  topographiquement.  Voici  deux  manses  :  La 
Cumba  et  Afilato,  dépendant  de  Monte,  lequel  —  selon 
nous,  et  pour  ne  pas  l'assimiler  à  Inmont,  dont  on  le 


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—  552  — 

distingue  si  nettement  charte  XGIX«  —  est  leur  cap- 
manse,  lui-même  subordonné  à  la  villa  Inmont  sous- 
entendue.  Il  y  eut,  en  effet,  Inmont  (Darazac  —  Bassi- 
gnac-le-Haut),  et  près  de  lui,  le  Mont  (Darazac),  voisin 
de  Marso,  et  de  plus  La  Combe,  touchant  Marso-soutre, 
1478.  Les  Fialets  (Bassignac-le-Haut),  près  Sirven,  Le 
Mas,  le  Bourg  et  les  Vergues,  1436.  Un  d'Escoraille  est 
caution.  Or,  une  famille  seigneuriale  de  ce  nom  a  long- 
temps possédé  les  environs  des  lieux  susdits,  vers  Rilhac- 
Xaintrie,  Drignac,  Ally,  Escorailles. 

D.  (qui  avait  déjà  placé  Inmont  à  St-Martin-la-Méanne 
ou  à  Bassignac-le-Haut)  ne  traduit  ni  Monte,  ni  Afllato, 
et  dissémine  le  reste.  En  1711,  Tabbaye  de  Beaulieu 
possède  encore  le  prieuré  d'Imons.  (Voyage  de  Dom  Boyer, 
par  M.  de  Vernières.) 

CHARTE  cm.  —  Damelio,  Dancelio,  ou  Danielio.  D. 
0.  —  C.  Niel  (Chauffour,  où  Beaulieu  eut  des  biens  par 
sa  prévôté  de  Brivezac).  Spaniagol  (Beynat),  oui.  Mais 
ajoutons  qu'il  y  eut  une  chapelle  Saint-Mathurin. 

Si  nous  tentions  d'identifier  le  Batut,  et  un  nom  aussi 
répandu  que  le  Puy,  ceux  de  Ligneyrac,  lequel  groupe 
aussi  Liac,  1480,  dit  de  Alhaco,  nous  séduiraient  da- 
vantage. 

(A  suivre.) 


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La  graphologie  est  la  science  de  l'écriture. 

Le  mot  science  n'est  pas  trop  ambitieii^^  car,  basée  sur 
l'observation^  elle  a,  après. bien  des  tâtonnements  inévitables, 
pu  fixer  ses  principes  et  ses  règles.  Actuellement,  elle  est 
pourvue  d'une  grammdf^e  qui  initie  à  sa  méthode  d'itives* 
tigation  et  facilite  son  application  pratique. 

Son  admission  aux  congrès  annuels  de  la  Sorbonne  lui 
donne  rang  désormais  parmi  les  travaux  qui  s'imposent  aux 
Sociétés  savantes. 

Notre  cher  et  actif  président,  témoin  des  résultats  acquis, 
a  tenu  à  lancer  dans  cette  voie  la  Société  de  la  Corrèze,  qu'il 
dirige  avec  un  zèle  infatigable.  Il  m'a  donc  demandé  des 
portraits  :  je  ne  pouvais  les  lui  refuser,  car  nous  donnerons 
ici  un  exemple  qui,  tôt  ou  tard,  trouvera  ailleurs  des  imi- 
tateurs. 

Nous  sommes  convenus  que,  pour  r^estei^  dans  notre  domaine 
à  peu  près  exclusif  du  passé,  il  était  opportun  d'étudier,  dans 
l'histoire,  les  illustrations  de  la  région,  dont  la  susceptibilité 
n'est  plus  à  craindre,  et  sur  lesquels  pouvait  se  dire  franche- 
ment et  sans  détour  toute  la  venté.  Chçque  portrait  sera 
accompagné  d'un  ou  plusieurs  autographes,  afin  que  la  dé- 
monstration  puisse  se  faire,  pièces  en  main.  De  la  sorte  on 
aUra,  pour  ainsi  dire,  un  cours  de  graphologie,  puisque 
c'est  un  devoir  de  déclarer  à  quels  signes  graphiques  se 
réfèrent  nos  observations. 

D'après  l'ancien  adage  :  A  tout  seigneur  tout  honneur, 
commençons  notre  revue  scripturaire  par  les  seig^ieurs  spiri" 
tuels  de  Tulle.  Nous  allons  opérer  sur  la  signature  de  deux 
évêques,  aussi  différents  d'époque  que  de  caractère  :  les  notices 
biographiques  sont  écrites  par  M,  Rupin. 


T.  IX  A-1 


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-  —  554  — 

I 

LOUIS  III  DE  RECHIGNEVOISIN  DE  GURON 

éVÈQUK  DE  TULLK 

Louis  de  GURON  de  RECHIGNEVOISIN,  né 
en  1617,  appartenait  à  une  famille  de  la  Marche 
limousine,  dont  une  branc^  s'était  établie  en 
Poitou,  où  elle  avait  acquis  le  fief  de  Guron. 

Fils  de  Jean  de  Guron,  diplomate  distingué, 
et  de  Marie  de  Rechignevoisin,  il  reçut,  dès  son 
enfance,  une  éducation  des  plus  soignées.  Licencié 
en  1642,  docteur  en  Sorbonne,  il  obtint  à  Tâge 
de  17  ans,  en  1634,  Tabbaye  de  Notre-Dame  de 
Moreaux,  au  diocèse  de  Poitiers. 

Ses  études  terminées,  le  jeune  abbé  de  Guron 
fut  jeté  dans  la  politique,  à  une  époque  où  la 
transformation  de  l'ancienne  monarchie  française, 
avec  tous  ses  privilèges  et  toutes  ses  libertés,  en 
monarchie  absolue  égalitaire,  créait  de  toutes  parts 
de  nombreuses  complications.  A.  partir  de  Tannée 
1650,  où  on  le  noipma  conseiller  d'État,  il  fut 
chargé  de  missions  importantes;  il  devait  tenir 
la  Cour  au  courant  des  agissements  de  la  Fronde 
dans  l'Aunis,  la  Saintonge  et  la  Guyenne.  Partout 
il  déploya  la  plus  grande  activité  et  se  montra 
administrateur  intègre  et  habile;  il  mena  même 
à  bonne  fin,  à  Bordeaux  et  dans  la  Guyenne, 
une  œuvre  de  réorganisation  administrative  qu'il 
avait  entreprise  en  qualité  d'intendant  de  justice. 

Évoque  de  Tulle   en    1652,   sacré    le    l"'  no- 


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—  555  — 

vembre  1653,  il  ne  prit  possession  du  siège  que 
le  29  mai  1654.  Ce  n'est  pas  sans  regrets  qu'il 
s'éloigna  des  affaires  publiques.  Il  essaya  d'y  ren- 
trer; mais  n'étant  pas  bien  en  Cour,  malgré  le 
dévouement  dont  il  avait  donné  tant  de  preuves, 
il  finit  par  accepter,  avec  résignation,  lîn  calme 
auquel  il  n'était  pas  habitué,  et  se  consacra  en 
entier  aux  soins  de  son  épiscopat. 

Il  publia  des  constitutions  synodales,  le  propre 
des  saints  du  diocèse,  et  un  manuel  pour  les 
pénitents  bleus.  Il  signa  la  lettre  du  clergé  de 
France  adressée  au  pape  Innocent  X,  au  sujet 
des  propositions  extraites  du  Livre  de  Jansénius, 
et  reçut  le  premier,  à  ce  sujet,  une  lettre  des 
plus  flatteuses  du  Souverain-Pontife.  Il  dut  aussi 
faire  emprisonner  un  religieux  récollet,  natif 
d'Égletons,  Bruno  Chassaing,  auteur  d'un  ouvrage 
censuré  par  l'Assemblée  du  clergé  de  France 
comme  attentatoire  aux  droits  de  l'épiscopat;  sur 
sa  rétractation,  il  le  remit  en  liberté. 

Ses  nombreux  travaux  ne  l'empêchaient  pas  de 
songer  à  quitter  Tulle,  où  il  se  plaisait  fort  peu, 
et  il  guettait  toutes  les  occasions  qui  pouvaient 
l'en  faire  sortir.  Après  avoir  demandé,  mais  en 
vain,  l'évêché  de  Castres  en  1662,  celui  de  La 
Rochelle  en  1667,  il  obtint  enfin  le  siège  de 
.  Comminges  et  y  fut  transféré  le  5  janvier  1671. 
Il  y  mourut  le  20  mai  1693,  à  l'âge  de  76  ans. 


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-556- 


PORTRAIT   INTELLECTUEL  ET  MORAL  D'aPRÀS  LES   SIGNES 
GRAPHIQUES 

Trois  choses  dominent  dans  son  graphisme  :  le  sens 
aristocratique,  Vorgtteil  de  situation  et  la  précipitation.  Tout 
le  reste  est  accessoire  et  ne  mérite  guère  qu'on  s'y  arrête. 

L'évêque  de  Tulle  appartient  à  la  petite  noblesse  de 
province.  Il  en  est  fier,  et  Thumilité  qu'on  a  dû  lui 
enseigner  au  séminaire  ne  lui  fait  point  oublier  son  ori- 
gine. Ses  allures  sont  celles  du  grand  seigneur  :  il  écrit 
noblement,  c'est-à-dire  haut  et  large.  Ses  grandes  lettres 
sont  déliées,  délicates  et  élégantes  :  elles  ne  dénotent 
rien  de  vulgaire  et  de  commun.  L'éducation  a  été  toute 
aristocratique. 

Il  en  résulte  une  certaine  fierté  native.  On  se  compare 
et  l'on  se  trouve  supérieur  à  l'entourage.  Est-ce  par  le 
talent?  Non  assurément.  L'orgueil  de  naissance  est  la 
seule  cause  du  surhaussement  colossal  de  la  première 
lettre  de  la  signature  :  c'est  tout  à  fait  anormal  qu'une 
ligne  qui,  régulièrement,  doit  être  droite,  horizontale,  se 
transforme  au  point  de  devenir  presque  verticale,  oblique. 
Voilà  le  piédestal  que  se  dresse,  de  son  vivant,  ce  prélat 
que  la  postérité  s'est  empressée  d'oublier.  Son  jugement 


(1)  Signature  apposée  sur  des  lettres  d'ordination,  comme  aco- 
lyte, à  Jean  Calmine  Laporte  de  Tulle  (22  septembre  1668). 

(2)  Signature  au  bas  d'une  autorisation  accordée  à  Jeanne  et 
Marie  de  Comte,  religieuses-professes  du  monastère  de  Saint- 
Benoît,  à  Tulle,  pour  se  retirer  à  l'abbaye  de  Bonnesaigne 
(Limoges,  8  décembre   1668). 


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—  557  — 

sur  lui-même  était  donc  faux,  puisqu'il  n'a  pas  été  ratifié 
par  l'histoire. 

Il  y  met  de  Tentêtement  :  voyez  l'angle  aigu  à  la  base 
de  L.  Gare  à  qui  contesterait  étourdiment  ce  qui  doit 
s'admirer,  non  se  discuter! 

Passez-lui  cette  faiblesse  d'organisation  cérébrale,  vous 
rencontrerez  un  homme  poli,  bienveillant,  afifable  et  ser- 
viable.  C'est  un  rayonnant,  à  qui  le  dévouement  ne 
coûte  pas  :  il  ne  compte  avec  personne.  Toutes  ses  ma- 
juscules sont,  en  effet,  liées  à  la  minuscule  qui  suit. 

D'idées  à  lui,  venant  de  son  propre  fonds,  il  n'en  a 
pas  une  seule.  Â  la  façon  des  assimilateurs,  il  vit  d'em- 
prunt. Son  grand  vicaire,  ou  toute  autre  personne  ayant 
sur  lui  de  l'influence,  ce  qui  n*était  pas  difficile,  lui  fait 
la  leçon  :  il  la  répète  docilement  et  prestement.  Toutes 
les  lettres  sont  liées  dans  le  même  mot,  et  parfois  deux 
mots  semblent  n'en  faire  qu'un  seul;  penseur,  créateur, 
il  aurait  eu  au  moins  quelques  lettres  disjointes. 

Toujours  pressé,  il  va  droit  au  but.  Entre  ses  mains 
si  actives  les  affaires  ne  devaient  pas  languir,  mais  il 
ne  se  soutient  pas  jusqu'au  bout  :  à  la  fin,  l'idée  n'est 
plus  aussi  nette,  elle  s'obscurcit;  il  y  a  des  confusions, 
comme  dans  les  deux  /  de  Tutellensis  et  de  Tulle, 

Le  même  signe  de  la  liaison  continue  dit  l'homme 
de  salon,  le  causeur  gai,  vif,  entraînant;  c'était  un 
charmeur.  Dans  la  seconde  signature,  la  façon  dont 
de  et  Tulle  sont  unis  fait  même  songer  à  une  puissance 
magnétique  incontestable. 

Mgr  de  Rechignevoisin  (quel  nom  pour  un  mondain  I) 
était  un  féminin  par  bien  des  côtés.  Il  aimait  la  société 
des  femmes,  plus  probablement  que  celle  de  ses  cha- 
noines, sans  cependant  aller  jusqu'à  l'abus,  car,  au 
fond,  on  ne  peut  pas  dire  qu'il  fût  sensuel,  mais  la 
bonne  chère  ne  lui  était  pas  indifférente.  On  devait 
faire  à  sa  table,  pas  précisément  frugale,  des  dîners  suc- 
culents, accompagnés  de  bon  vin  et  d'esprit. 

Il   s'impressionnait  vite   et   agissait  en   conséquence. 


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—  558  — 

Les  lettres  ne  sont  pas  toutes  égales,  Thumeur  ne  Tétait 
pas  non  plus.  Sentant  vivement,  il  a  des  alternatives  de 
haut  et  de  bas  qui  vont  bien  avec  sa  nature  d'enfant, 
un  peu  naïve  :  les  mots  sont  grossissants. 

L'écriture  est  inclinée,  sans  raidissement,  mais  d'une 
inclinaison  moyenne.  L'affectivité  était  donc  assez  déve- 
loppée. Le  cœur  l'entraînait  plus  que  la  raison.  Là  était 
son  côté  faible,  c'est  par  là  qu'il  se  livrait;  du  reste, 
il  était  sans  défiance. 

L'initiale  de  Episcopus  et  de  Èvtque,  abrégés  pour  ne 
pas  s'attarder,  est  une  majuscule  fort  solennelle,  bien 
dessinée.  Louis  est  content  de  sa  dignité,  pas  tout  à 
fait  autant  de  son  siège  de  Tulle;  aussi  s'empressa-t-il 
de  l'échanger  pour  celui  de  Comminges.  Le  choix  ne  fut 
pas  heureux,  au  moins  quant  à  la  ville,  mais  il  avait 
en  perspective  le  beau  château  d'Alan,  Le  t  initial  est 
minuscule,  mal  barré,  inharmonique  :  le  mode  d'écrire 
se  ressent  de  l'ennui  que  cause  un  séjour  qui  ne  plaît  pas. 

Je  conclus  :  de  qualités  saillantes,  qui  font  l'évêque 
éminent,  je  n'en  vois  pas  trace  dans  ce  graphisme,  où 
tout  est  grâce,  mais  aussi  faiblesse.  En  pareille  occur- 
rence, on  est  toujours  mieux  au  second  rang  qu'au  pre- 
mier. Cependant,  à  mérite  égal,  ou  à  peu  près  ex  xquo^ 
je  préfère  encore  les  prélats  d'autrefois  grands  seigneurs; 
il  y  avait  autrement  d'étoffe  pour  les  relations  sociales 
et,  à  plus  forte  raison,  administratives. 


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—  559  — 
II 

FRANÇOIS  III  DE  BEAUMONT  D'AUTICHAMP 

ÉV&QUE  DE  TUIJ:^ 

Né  en  Anjou  en  1691,  d'une  famille  originaire 
du  Dauphiné  ;  abbé  d'Oigny  au  diocèse  d'Autun 
et  de  la  Victoire  au  diocèse  de  Senlis;  grand 
doyen  d'Angers  le  31  mai  1718;  nommé  évêque 
de  Tulle  en  1740,  sacré  le  11  juin  1741.  En 
1754  il  refusa  Tévôché  de  Senlis  et  mourut  dans 
son  diocèse  le  20  novembre  1761. 


PORTRAIT  INTELLECTUEL  ET  MORAL  d' APRÈS  LES  SIGNES 
GRAPHIQUES 

Les  évêques  se  suivent  et  ne  se  ressemblent  pas.  Il 
est  donc  curieux  de  pouvoir  étudier  les  différences  de 
tempérament.  Nous  sommes  ici  aux  antipodes  du  pré- 
cédent. 

La  noblesse  du  grand  siècle  était  devenue  bourgeoise 
cent  ans  plus  tard.  L'écriture  s'est  abaissée  :  elle  a  perdu 
son  élégance  et  sa  distinction.  Des  courbes  nombreuses 
attestent  encore  les  traditions  de  politesse  et  de  savoir- 
vivre,  mais  le  tout  est  singulièrement  vulgaire. 

A  première  vue,  on  se  dit,  presque  avec  décourage- 


(1)  Signature  apposée  sur  une  autorisation  accordée  pour  ab- 
soudre des  cas  réservés  (Tulle,  12  juin  1762). 


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—  560  — 

ment  :  Quel  homme  épais  et  lent  !  Telles  sont,  en  effet, 
les  deux  dominantes.  L'écorce  est  rude,  légèrement  rus- 
tique. L'éducation  première  a  été  très  incomplète  et, 
toute  sa  vie,  Tévêque  s'en  ressentira. 

Pénétrons  plus  avant  et  nous  discernerons  des  qualités 
réelles. 

Le  sujet  est  d'une  grande  simplicité  :  il  n'admet  ni 
le  paraphe  ni  les  fioritures.  La  première  initiale,  au  lieu 
de  l'élever,  le  montre  sans  prétention. 

Il  disjoint  ses  lettres  de  temps  à  autre,  puis  les  lie« 
Donc  il  pense,  conçoit,  a  des  idées  en  propre.  Et  comme 
l'intuition  et  la  déductivité  se  rencontrent  en  parties 
égales,  il  a  l'avantage  d'être  bien  équilibré.  Il  ne  se 
perd  pas  dans  la  théorie  et  sait  réaliser  tous  ses  plans, 
froidement,  avec  calme,  sans  précipitation. 

La  raison  absolue  le  conduit.  La  tête  dirige  le  cœur, 
elle  l'atrophie  même,  car  elle  ne  le  laisse  jamais  s'épan- 
cher. L'instinct  porte  aux  choses  matérielles,  on  sent  le 
danger  et  on  le  combat  vigoureusement.  Que  de  lettres 
redressées,  verticales,  au  milieu  des  mots  !  L'état  de  lutte 
est  habituel.  Il  aura  autorité  pour  commander  celui  qui 
ne  se  passe  aucune  faiblesse.  Dans  Tutellensis  les  deiix  / 
penchent,  mais  aussitôt  e  se  redresse  et  n,  dans  son 
second  jambage,  tombe  en  sens  inverse  :  on  ne  cédera 
à  aucun  prix  aux  suggestions  du  dehors. 

L'esprit  est  net,  lucide,  positif  :  les  points  sont  bien 
à  leur  place  sur  les  i  et  les  lettres  se  détachent  parfai- 
tement les  unes  des  autres.  Mais  elles  sont  un  peu  iné- 
gales. Le  baromètre  sensitif  baisse  parfois,  pas  trop  ce- 
pendant. La  finale  plus  grosse  dit  la  franchise  originelle  : 
l'évêque  n'est  pas  un  finassier  qui  joue  ses  administrés. 
Toutefois  il  ne  les  fait  pas  ses  confidents  et  il  garde 
pour  lui  ses  secrets  :  voyez  o  et  o  complètement  fermés 
à  la  partie  supérieure. 

Sa  ligne  ondule,  elle  n'est  pas  rigidement  droite  :  pour 
arriver,  le  prélat  emploie  la  diplomatie,  de  la  sorte  il 
évite  de  heurter  et  de  froisser.   Cela  compense  la  fai- 


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—  561  — 

blesse  de  sa  volonté  qui  ne  sait  pas  slmposer  :   t  est 
barré  très  bas  et  très  court. 

François  est  sans  prétention;  Tulle  lui  plaît  à  demi, 
bien  que  sur  la  fin  de  ses  jours  il  ait  refusé  Tévêché 
de  Senlis  :  aussi  le  T  brisé  ressemble- t-il  plutôt  à  un 
X  anguleux.  Ce  siège  paraît  avoir  le  privilège  de  mettre 
à  la  torture  ceux  qui  s'y  asseoient  et  qui  ne  demandent 
pas  mieux  que  de  le  quitter.  Mais  comme  le  titre  èpis- 
copal  lui  agrée!  L'initiale  d^Episcopm  est  traitée  vrai- 
ment avec  amour,  et  Mgr  d'Autichamp,  comme  évêque, 
est  réellement  supérieur  à  Mgr  de  Rechignevoisin.  L'un 
est  brillant  et  pétulant  coursier;  l'autre,  solide  et  utile 
cheval  de  charrette. 

X.  Barbier  de  Montault. 


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—  562  — 
III 

fai  promis  à  M.  Rupin,  sur  la  demande  très  gracieuse 
qu'il  m'en  a  faite^  de  fournir  à  la  Soeiiti  une  série  de  por^ 
traits  graphologiques  sur  les  notabilités  corréziennes  éCautre* 
fois,  mais  non  de  toujours  opérer  moi^mime.  D'abord^  le 
temps  me  ferait  souvent  défaut,  rempli  qu'il  est  par  d'autres 
études,  surtout  d^ archéologie;  puis  il  est  bon  de  produire, 
par  intervalles,  des  disciples  du  maître,  le  regretté  Jean* 
Hippokfte  Michon, 

Chacun  a  son  genre,  mais  tous  se  conforment  strictement 
aux  principes  posés.  L'unité  de  méthode,  non  d'exposition, 
résultera  de  cette  variété  des  articles;  de  la  sorte  aussi  sera 
évitée  la  monotonie  dans  la  manière  de  présenter  les  traits 
caractéristiqi^  de  personnages  qui  appartiennent  à  l'histoire. 
Il  y  aura  donc  double  avantage  à  ce  que  je  m'efface  pour 
laisser  parler  des  collègites  bien  méritants, 

La  parole  est  aujourd'hui  à  M.  Etienne  Girou,  curé  de 
Hommes  (Indre-et-Loire),  un  des  plus  jeunes  parmi  nom; 
ce  n'est  pas  un  des  moins  vaillants.  Il  procède  ici  selon  le 
type  donné  par  le  DictioHnaire  des  Notabilités  de  la 
France,  c'est-à-dire  didactiquement,  n'osant  pas  —  il  a  cer- 
tainement  tort  —  voler  de  ses  propres  ailes,  La  concision  est 
une  grande  q^alité,  mais  il  faut  aussi  songer  aux  lettrés  : 
le  portrait,  moitié  didactique,  moitié  littéraire,  me  paraît 
l'idéal  du  genre.  Aussi,  sur  mes  observations,  a-t-îi  essayé  le 
portrait  d'une  autre  façon,  tel  que  le  pratiqiuiit  feu  Adrien 
Yarinard,  successeur  de  Michon  dans  la  direction  du  journal 
et  de  la  Société.  On  pourra  en  juger  bientôt,  et  le  lecteur 
lui-mime  se  prononcera  sur  la  différence  et  les  avantages  des 
deux  procédés  mis  ainsi  en  parallèle. 

X.    BilRBIBR  DE  MONTAULT. 


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—  563  — 

UAMIRAL  GRIYEL 

Le  baron  Jean  GRIVEL,  né  à  Brive  le  29  août 
1778,  était  un  des  derniers  survivants  de  cette 
vaillante  légion  de  marins  de  la  garde,  qui  a 
versé  son  sang  sur  presque  tous  les  champs  de 
bataille  de  l'Empire.  Il  était  tout  à  la  fois  un 
guerrier  intrépide,  un  administrateur  et  un  écri- 
vain distingué  qui  a  laissé  d'excellents  ouvrages 
sur  la  marine.  Sa  vie  n'est  qu'une  suite  non 
interrompue  de  luttes,  de  faits  de  guerre  et  d'ac- 
tions d'éclat.  Il  suit  son  père  à  l'armée  des  Pyré- 
nées-Orientales, entre  dans  la  marine  en  1796  et 
fait  bientôt  partie  des  marins  de  la  garde.  Sa 
bravoure  est  bientôt  récompensée  par  sa  nomi- 
nation au  grade  de  capitaine.  En  1807,  il  assiste 
à  l'entrevue  des  empereurs  de  France  et  de  Rus- 
sie sur  le  Niémen.  En  1808,  il  était  en  Espagne; 
fait  prisonnier  à  Baylen,  on  le  jette  sur  les  pon- 
tons de  Cadix,  d'où  il  s'échappe  le  22  février 
1810,  après  vingt-deux  mois  de  captivité,  par  un 
acte  d'audacieuse  témérité.  En  plein  jour,  à  la 
tête  de  trente-cinq  prisonniers  français,  il  s'em- 
pare d'une  embarcation,  en  précipite  l'équipage 
à  la  mer,  hisse  la  voile  et  s'élance  à  travers 
les  bâtiments  ennemis  au  milieu  d'une  véritable 
pluie  de  boulets  et  de  mitraille. 

Le  capitaine  Grivel  assista  aux  batailles  de 
Lutzen,  de  Bautzen  et  de  Leipzick  et  fit  la 
campagne  de  France.  Sous  la  Restauration  on 
lui  donna  le  conmiandement  de  la  marine  à 
Marseille^  et,  quelque  temps  après,  il  visitait  les 


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—  564  — 

mers  du  Levant.  A  son  retour  on  l'envoya  rem- 
placer l'amiral  Roussin  sur  les  côtes  du  Brésil 
lors  de  l'abdication  de  l'empereur  Don  Pedro. 
Il  revint  en  France  en  1831  et  fut  nommé  préfet 
maritime  à  Rochefort.  Vice-amiral  en  1834,  il  fut 
appelé  à  Brest,  où  il  est  mort  le  11  septembre 
1869.  Pair  de  France  sous  Louis-Philippe,  créé 
baron  le  3  septembre  1846,  le  dernier  représen- 
tant des  marins  de  la  garde  fut  élevé,  sous  le 
second  Empire,  aux  dignités  de  grand'croix  et  de 
sénateur;  on  lui  doit  l'organisation  de  V École 
des  mousses. 


La  notice  biographique  nous  fait  connaître  le  person- 
nage officiel;  cherchons  maintenant,  à  l'aide  de  la  gra- 
phologie, à  pénétrer  l'homme  intime. 

Facultés.  —  Les  lettres  généralement  liées,  avec  quel- 
ques brisures,  nous  indiquent  la  déduction  avec  un  mé- 
lange d'intuition.  Grivel  a  une  organisation  logicienne, 
un  grand  sens  pratique  et  réalisateur;  son  coup  d'œil 
est  sûr,  son  jugement  droit  (1). 

Les  lettres  sont  inclinées;  c'est  la  sensibilité  vraie, 
mais  non  la  sensitivité,  le  cœur  est  maître  sans  despo- 
tisme ;  il  dirige,  et  l'âme  se  laisse  conduire  presque  sans 
résister  (2). 

La  volonté  est  peu  marquée;  Grivel  n'a  ni  ténacité 
ni  obstination.  Le  peu  de  longueur  et  de  hauteur  des 


(1)  L'air  circule  entre  les  mots  et  les  lignes;  il  y  a  cependant 
dans  son  jugement  un  peu  d'exagération,  indiquée  par  la  signature 
et  le  G,  qui  a  des  proportions  anormales. 

(2)  Quelques  lettres  redressées  nous  prouvent  que  la  tête  veut 
parfois  réagir  contre  le  cœur,  mais  la  lutte  est  rare  et  de  courte 
durée,  le  cœur,  d'ailleurs,  n'abusant  pas  de  son  autorité. 


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—  566  — 

barres  des  t  dit  rhomme  doux,  aimant  peu  le  comman- 
dement, la  volonté  presque  faible  sur  laquelle  on  peut 
avoir  prise  facilement. 

Instincts,  —  Les  courbes  sont  nombreuses  :  Grivel  était 
doux  et  bon,  bienveillant  (1),  porté  à  Tindulgence  et  à  la 
reconnaissance  (2).  Ce  marin  est  un  dévot  :  toutes  ses 
r  finales  sont  terminées  par  un  petit  croc  qui  semble 
s'accrocher  au  ciel  et  réclamer  son  secours. 

Les  finales  écourtées  ne  sont  pas  celles  d'un  prodigue. 

Nature.  —  Grivel  a  une  belle  nature  rayonnante,  s*ou- 
bliant  pour  être  utile  ou  agréable  aux  autres,  se  dépen- 
sant volontiers  pour  ceux  qu'il  aime. 

Son  écriture  haute,  sa  signature  avec  le  simple  paraphe 
en  glaive  des  hommes  de  lutte,  nous  révèlent  la  noblesse 
et  l'élévation  de  ses  sentiments,  mais  l'orgueil  dépare  ces 
belles  qualités.  On  s'étonne  de  voir  ce  G  d'une  hauteur 
exagérée  et  qui  semble  tracé  par  un  plumitif  de  bureau 
plutôt  que  par  un  homme  sérieux. 

C'est  aussi  une  nature  franche  et  ouverte  (3). 

Tous  les  signes  se  réunissent  dans  son  autographe 
pour  nous  dire  l'homme  prudent.  L'écriture  est  posée, 
calme,  sobre,  les  lignes  espacées,  les  points  et  les  accents 
exactement  placés  sur  les  lettres;  enfin  le  trait  du  pro^ 
cureur  termine  trois  lignes  sur  six ,  toutes  choses  qui 
indiquent  la  réflexion,  la  vigilance,  la  circonspection, 
qualités  précieuses  dans  le  chef  militaire,  dans  le  marin, 
qui  doit  considérer  attentivement  toutes  choses,  penser  à 
tout,  ne  parler  et  n'agir  qu'à  propos,  prendre  à  l'avance 
toutes  les  mesures  nécessaires.  Il  y  a  cependant  chez  lui 
des  moments  de  trop  grande  confiance,  car  les  phrases 
ne  sont  pas  terminées  par  un  point. 

Esprit.  —  L'écriture  d'égale  hauteur,  les  lignes  et  les 


(1)  Courbes  et  inclinaison  des  lettres. 

(2)  Courbes,  inclinaison  des  lettres,  pas  de  crochet  égoïste  aux 
majuscules. 

(3)  a,  o,  g  ouverts. 


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—  567  — 

mots  espacés,  Pair  circulant  facilement  dans  tout  son 
graphisme,  sont  Tindice  révélateur  d'un  cerveau  lucide, 
d'un  esprit  appliqué,  d'un  jugement  que  la  passion 
n'égare  pas. 

Résultantes.  —  L'amiral  Grivel  a  dû  sa  gloire  à  cette 
vigilance,  à  cette  circonspection,  à  cette  douceur  qui 
durent  lui  concilier  la  confiance  et  l'affection  de  ses 
subordonnés,  en  même  temps  que  la  sûreté  de  son  coup 
d'œil,  la  rectitude  de  son  jugement,  son  esprit  logicien 
et  réalisateur  assuraient  son  succès  dans  l'organisation 
de  VÉcole  des  mousses. 

N.-B.  —  L'écriture  n'a  pas  d'âge  ;  le  graphisme  que 
nous  avons  sous  les  yeux  en  est  une  preuve  bien  évi- 
dente. Cette  lettre,  d'une  écriture  si  ferme,  si  assurée, 
ce  paraphe  si  fulgurant,  sont  d'un  vieillard  de  76  ans; 
on  les  dirait  tracés  par  un  homme  de  30  ans. 

Et.  Girou, 
Curé  des  Hommes. 


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—  568  — 
IV 

Michon  eut  du  succès  dans  plusieurs  genres  :  en  éloquence^ 
en  littérature^  en  archéologie.  Il  fut  surtout  maître  en  gra- 
phologie, puisque  cette  science  lui  doit  presque  sa  création^ 
mais  très  certainement  la  fixité  de  ses  règles. 

C'était  un  charmeur,  tant  il  disait  bien  :  au^i  eut^il  le 
don  de  grouper  autour  de  lui  des  élèves  qui  ne  peuvent 
que  lui  faire  honneur^  en  continuant  son  enseignement  et 
sa  méthode.  Plusieurs  furent  connus  de  lui  personnellement; 
il  les  éclairait  et  les  encourageait. 

De  ce  nombre  fut  Jf"*  Leblanc,  qui,  après  avoir  lu  les 
livres  et  le  journal,  tint  à  entendre  l'auteur  et  à  se  cou' 
sulter  sur  sa  vocation  graphologique,  qu'il  décida  résolument. 
En  effet,  la  graphologie  ne  doit  pas  rester  étrangère  aitx 
dames  :  elles  y  apportent  même  une  finesse  particulière  et 
un  tact  spécial.  Grâce  à  elles,  cette  science,  dans  les  salons^ 
substitue  à  la  théorie  la  pratique  usuelle,  et  elle  devient  ainsi 
un  passe'temps  aussi  agréable  qu'utile. 

Je  laisse  donc  volontiers  la  parole  à  M'^*  Leblanc,  qui  a 
bien  voulu  se  charger  de  rédiger  pour  le  Bulletin  les  por- 
traits  du  médecin  Boyer  et  du  général  Souham,  deux  natures 
fort  diverses  qui  nous  montrent,  sous  deux  aspects  différents, 
les  hommes  que  l'Empire  savait  distinguer  et  mettre  en  lumière 
pour  la  gloire  de  la  nation. 

X.  B.  DE  M. 

LE  CHIRURGIEN  BOYER 

BOYER  (Alexis),  un  des  chirurgiens  les  plus 
distingués  de  notre  époque,  naquit  à  Uzerche  le 
î""  mars  1757.  Son  père,  Jean  Boyer,  était  un 
pauvre  tailleur,  et  sa  mère,  Alexis  Goudrias, 
tenait  une  petite  boutique  de  mercerie.  Jamais 
Boyer   ne  crut  avoir  à  rougir  de  cette  humble 


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—  569  — 

origine;  il  en  parlait  au  contraire  volontiers.  Il 
ne  reçut  qu'une  faible  instruction,  qu'il  compléta 
plus  tard  par  son  travail.  Placé  tout  d'abord 
comme  petit  clerc  dans  l'étude  de  M'  Mondât, 
notaire  à  Uzerche,  son  bonheur  était  de  fré- 
quenter la  boutique  d'un  chirurgien-barbier  ha- 
bile en  l'art  de  saigner;  les  jours  de  marché  on 
accourait  en  foule,  les  uns  pour  se  faire  faire 
le  poilj  comme  on  disait  alors,  les  autres  pour 
se  faire  ouvi-ir  la  veine.  La  vocation  du  jeune 
Boyer  se  déclara  alors.  En  1774,  à  l'âge  de 
17  ans,  il  se  rendit  à  Paris  pour  y  apprendre 
la  chirurgie.  Ses  débuts  dans  la  capitale  furent 
des  plus  pénibles;  pour  vivre  il  entra  chez  un 
barbier  en  qualité  de  premier  garçon,  utilisant  ses 
moments  de  loisir  à  aller  à  l'École  de  médecine 
dans  les  salles  de  dissection,  et  se  fit  tellement 
remarquer  par  la  douceur  de  son  caractère  qu'il 
s'attira  rapidement  les  sympathies  des  jeunes  étu- 
diants, qui  utilisèrent  souvent  son  adresse  et  ses 
aptitudes  spéciales.  Il  se  fit  bientôt  un  nom  dans 
l'art  de  disséquer,  et  on  l'appelait  le  prépaî'a'- 
leur  des  préparations. 

Devenu  gravement  malade  à  la  suite  d'un  excès 
de  travail,  on  parlait  de  le  transporter  à  l'hô- 
pital, lorsque  la  fille  d'une  pauvre  blanchisseuse 
chez  laquelle  il  prenait  ses  repas,  d'accord  avec 
sa  mère,  s'y  opposa  d'une  façon  formelle  et  se 
chargea,  malgré  ses  faibles  ressources,  de  lui 
prodiguer  tous  les  soins  nécessaires.  Revenu  à  la 
santé,  Boyer  avait  contracté  une  de  ces  dettes 
qu'une  reconnaissance  de  toute  la  vie  ne  saurait 

T.  DC.  4-« 


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—  570  — 

acquitter.  Il  résolut  de  faire  de  cette  jeune  fille 
la-  compagne  de  sa  vie;  mais  avant  de  faire 
connaître  les  sentiments  de  son  cœur,  il  voulut 
attendre  que  la  fortune  lui  fût  favorable. 

Il  se  met  au  travail  avec  une  nouvelle  ardeur  : 
en  1781,  il  obtint  une  médaille  d'or  à  l'École 
pratique  du  collège  de  chirurgie;  en  1782,  il 
est  admis  comme  élève  à  Thôpital  de  la  Cha- 
rité; cinq  ans  après,  il  est  nommé  chirurgien 
gagnant  maîtrise  dans  le  môme  établissement, 
et  ouvrit  en  même  temps  des  cours  d'anatomie, 
de  physiologie  et  de  chirurgie  qui  eurent  un  très 
grand  succès. 

La  fortune  venait  de  lui  sourire;  c'était  le 
moment  de  mettre  à  exécution  son  projet  et 
d'assurer  le  bonheur  de  la  femme  généreuse  qui, 
dans  son  infortune,  lui  avait  tendu  la  main  et 
l'avait  si  noblement  secouru.  Et  quel  fut  l'éton- 
nement  de  la  pauvre  blanchisseuse  lorsqu'un 
beau  matin  elle  vit  le  célèbre  professeur  venir, 
avec  ses  habits  du  dimanche,  lui  demander  la 
main  de  sa  fille,  Gabrielle-Adélaïde  Tripot. 

En  1791,  Boyer  gagna  le  prix  de  l'Académie 
royale  de  chirurgie;  en  1795,  il  fut  nommé  pro- 
fesseur de  chirurgie  opératoire.  Il  n'était  pas  ce- 
pendant encore  docteur  en  médecine;  ce  ne  fut 
que  le  19  fructidor,  an  XI,  qu'il  obtint  ce  titre, 
après  avoir  soutenu  une  thèse  brillante  devant 
ses  collègues  de  la  Faculté. 

En  1804,  attaché  à  la  personne  de  Napoléon 
en  qualité  de  premier  chirurgien,  il  fit  les  cam- 
pagnes de  Prusse  et  de  Pologne,  et  obtint  suc- 


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—  571  — 

cessivement  pour  récompenses  la  croix  de  la 
Légion  d'honneur,  les  titres  d'officier  de  la  mai- 
son de  l'Empereur,  de  baron  de  l'Empire,  et 
une  dotation  de  25,000  francs  sur  les  provinces 
conquises  réunies  à  la  France. 

En  1820  il  entra  à  l'Académie  de  médecine, 
en  1825  à  l'Institut.  Chirurgien  consultant  des 
rois  Louis  XVIII,  Charles  X  et  Louis-Philippe, 
il  est  l'inventeur  de  plusieurs  appareils  méca- 
niques dont  on  fait  encore  usage,  et  l'auteur  de 
plusieurs  ouvrages  de  médecine  et  de  chirurgie 
fort  estimés. 

Boyer  est  mort  à  Paris  le  25  novembre  1833, 
à  l'âge  de  76  ans  et  demi.  Par  son  testament 
il  a  donné  une  dernière  preuve  *  de  sa  grande 
modestie,  en  voulant  que  ses  funérailles  fussent 
faites  de  la  manière  la  plus  simple  et  en  dé- 
fendant qu'aucun  discours  fût  prononcé  sur  sa 
tombe. 


M.  Â.  Boyer  nous  montre,  au  point  de  vue  grapho- 
logique, sa  nature  déductive,  assimilatrice,  par  le  plus 
grand  nombre  de  ses  lettres  liées  les  unes  aux  autres,  mais 
où  l'élan  de  la  pensée  se  montre  dans  les  lettres  disjointes. 
C'est  un  assimilateur,  un  réalisateur,  mais  non  un  uto- 
piste ni  un  complet  terre-à-terre.  Il  fait  siennes  les  idées 
des  autres,  et,  par  son  aptitude  à  l'étude,  y  ajoute  tout 
ce  que  le  travail  de  la  pensée  peut  produire. 

Issu  d'une  humble  origine,  M.  Boyer  a  de  grandes 
aspirations;  son  écriture  magistrale,  ses  lettres,  ouvertes 
pour  la  plupart,  nous  dévoilent  son  ouverture  d'àme,  sa 
gr%nde  loyauté. 

Gomme  nature  affective,  il  est  à  classer  au  nombre 


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—  573  — 

des  bienveillants;  il  savait  aimer  et  se  dévouer;  rien 
d'anguleiix  dans*  son  graphisme,  partout  se  rencontre  la 
œurbe  gracieuse  des  lettres^  qui  n'appartient  qu'à  ceux  lar- 
gement doués  par  le  cœur;  ceux-là  poussent  parfois  la 
reconnaissance  au  suprême  degré,  vertu  peu  commune 
mais  plus  souvent  oubliée. 

A  ces  grandes  qualités  du  cœur  s'est  jointe  la  volonté, 
la  fermeté;  les  initiales^  terminées  en  harpon  et  massiie, 
en  sont  une  preuve;  il  avait  de  l'obstination,  mais 
douce.  L'égoîsme  chez  lui,  la  personnalité  étaient  vite 
domptés;  ces  sentiments  se  montrent,  sans  être  très 
accentués,  dans  le  retour  du  second  jambage  de  l'M  m^^ 
juscule.  Les  larges  barres  des  T  nous  disent  sa  vivacité, 
mais  absence  d'autoritarisme.  Doux  de  cœur,  ce  n'était 
pas  un  mou  de  nature  mais  un  travailleur  de  beau- 
coup d'entrain,  ne  se  laissant  pas  abattre  par  les  diffi- 
cultés; il  avait  toute  l'énergie  pour  cela,  à  en  juger 
par  ses  lignes  ascendantes,  son  écriture  mouvementée  et 
quelques  lettres  en  forme  de  glaive.  Très  économe  par 
principes,  mais  pas  pingre,  ses  mots  à  larges  lettres  et 
bien  contenus  dans  la  ligne  prouvent  que  s'il  eût  possédé 
beaucoup,  il  eût  autant  donné  de  sa  bourse  que  de 
son  cœur.  Il  connaissait  le  prix  de  l'argent,  et  il  eût 
su  faire  une  dépense.  Imagination  bien  contenue,  pas 
d'enchevêtrement  dans  les  lignes^  la  folle  du  logis  n'avait 
pas  prise  sur  ce  cerveau  bien  organisé.  Pas  de  lettres  fio^ 
riturées,  absence  de  pose  et  de  prétention;  c'était  un 
simple,  ayant  conscience  de  sa  valeur  et  attachant  de 
l'importance  à  une  chose  dite;  voyez  les  minuscules  rem-- 
placées  par  des  majuscules.  Il  s'était  fait  lui  et  se  jugeait. 
A  ce  beau  tableau  intime  et  moral  de  M.  A.  Boyer,  la 
graphologie  ne  serait  pas  vraie  si  elle  ne  constituait 
pas  le  sentiment  d'orgueil  qu'il  possède  par  la  signature 
soulignée  de  son  paraphe  et  la  majuscule  de  son  nom\ 
mais  quel  est  celui  qui,  entré  im  des  derniers  sur  la 
scène  du  monde,  y  arrive  un  des  premiers  et  s'y  main- 
tient par   son  travail  et   son  intelligence,   n'en  a  pas 


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—  574  — 

quelque  orgueil?  Il  a  prouvé,  malgré  tout,  que  sa  re- 
connaissance affectueuse  avait  été  plus  forte  en  lui  fai- 
sant épouser  la  jeune  ouvrière  qui  l'avait  soigné  aux 
jours  de  labeur  et  d'infortune. 

Résultante  :  Bon  et  affectueux,  il  avait  tout  pour  être 
aimé  et  se  faire  aimer.  Travailleur  intelligent  et  éner- 
gique, il  devait  arriver.  Simple  et  conscient  de  sa  valeur, 
il  ne  voulut  pas  de  discours  sur  sa  tombe. 

Joséphine  Leblanc. 


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TIL,  SOLITAIRE  A  BRAGEAG 


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TIL 

ABBÉ   DE  SOLIGNAC 

(608-702) 


Le  nom  du  saint  abbé  dont  nous  nous  pro- 
posons de  raconter  la  vie  s'orthographie  de  diffé- 
rentes manières,  suivant  les  langues  et  les  pays. 
En  latin  c'est  Tillo,  Thillo,  Hillonius;  dans  le 
Limousin  notre  saint  s'appelle  Théau;  en  Au- 
vergne TU;  en  Belgique  Tilman^  simple  abré- 
viation avec  la  forme  germanique.  Â  Brageac,  où 
il  ne  voulut  pas  découvrir  son  nom,  on  l'appela 
Paul. 

Le  nom  de  saint  Til  n'est  pas  inscrit  au  mar- 
.tyrologe  romain,  mais  on  le  trouve  dans  un 
grand  nombre  d'autres  martyrologes  de  France, 
de  Belgique,  d'Allemagne.  Celui  de  Solignac,  dont 
une  copie  datait  du  xii*  siècle,  portait  au  7  jan- 
vier :  «  A  Solignac,  saint  Til,  moine  et  confes- 
seur, dont  la  vie  fut  illustre  en  vertus  et  en 
sainteté.  »  Il  se  lit  encore  dans  les  martyrologes 
de  Fleury-sur-Loire,  d'Usuard,  d'Arnold  Uvion, 
de  Saint-Martin  de  Trêves,  des  chartreux  de  Co- 
logne, etc. 

Plusieurs  auteurs  ont  écrit  la  vie  de  saint  Til; 

T.  rx. 


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—  578  — 

voici  les  principaux  ouvrages  où  nous  avons  puisé 
pour  cette  notice  : 

Saint  Ouen  :  Vie  de  saint  Éloi,  liv.  i,  c.  10. 

Les  BoUandistes  :  Acta  sanctorum,  t.  I  de 
janvier.  C'est  là  qu'on  trouve  la  vie  la  plus 
complète  de  saint  Til,  publiée  d'après  un  ma- 
nuscrit du  monastère  de  Clairmarais,  de  l'ordre 
de  Cîteaux,  en  Artois.  Ce  manuscrit  a  pour  au- 
teur un  moine   anonyme  du  même  monastère. 

Mabillon  :  Acta  sanctorum  ordinis  sancti 
Benedictij  secundum  sasculum,  p.  994.  Mabillon 
a  édité  une  seconde  vie  manuscrite  provenant  du 
monastère  de  Solignac,  près  Limoges,  où  vécut 
longtemps  le  saint  abbé,  et  où  il  mourut. 

Molanus,  docteur  de  l'Université  de  Louvain  : 
Natales  sanctorum  Belgii.  Douai,  1616. 

Gallia  christiana^  t.  II,  p.  382. 

Ghesquière,  membre  de  l'Académie  des  sciences 
de  Bruxelles  :  Acta  sanctorum  Belgii  selecta. 
Bruxelles,  1782. 

Le  P.  Ch.  Verdière,  S.  J.,  dans  une  étude 
intitulée  :  Saint  Éloi  et  ses  ateliers,  publiée  ' 
dans  V Association  catholique,  1876,  t.  II,  a 
donné  sur  notre  saint,  comme  élève  de  saint 
Éloi,  une  assez  longue  notice  à  laquelle  nous 
ferons  de  larges  emprunts. 

Til  vécut  au  vu*  siècle.  D'abord  esclave,  puis 
successivement  ouvrier,  moine,  prêtre,  mission- 
naire, abbé,  solitaire,  il  présente  dans  la  suite 
de  sa  vie  les  situations  les  plus  variées,  et  à  ce 
titre  il  pourrait  servir  de  modèle  à  beaucoup. 
On  ne  sera  pas  surpris,  dans  une  vie  de  saint, 


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de  voir  la  religion,  la  vertu,  la  piété  passer  avant 
toute  chose;  on  s'étonnerait  plutôt  qu'il  en  fût 
autrement.  Une  conclusion  qui  résultera  naturel- 
lement de  la  lecture  de  cette  notice,  c'est  que, 
chez  notre  saint,  comme  chez  un  grand  nombre 
d'autres  saints,  l'héroïsme  de  la  vertu  se  joignit 
au  génie  naturel  qu'il  agrandit  et  développa;  tant 
est  vraie  la  parole  du  grand  Paul  :  La  piété  est 
utile  à  tout! 

Aurillac,  le  11  février  1887. 


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CHAPITRE  !•' 

TIL  BSCLAYB,    RACHETÉ   PAR   SAINT  ÉLOI 
(608-631) 

iBN  de  plus  touchant  que  Torigine 
misérable  où  Dieu  alla  prendre 
saint  Til,  par  l'entremise  de  son 
I  grand  serviteur  saint  Éloi,  pour 
le  porter  graduellement  aux  pre- 
miers rangs  de  son  peuple.  Til 
était  Saxon,  ou  plutôt  Angle  d'ori- 
gine. Issu  de  parents  nobles,  mais 
'  païens,  il  vint  au  monde  au  com- 
mencement du  Yii*  siècle,  non  dans 
la  Grande-Bretagne,  mais  dans  le  Holstein  actuel,  qui 
portait  alors  le  nom  de  Saxe.  C'était  un  enfant  doué  des 
plus  heureuses  qualités;  mais  l'adversité  ne  tarda  pas  à 
l'atteindre.  Dès  sa  première  jeunesse,  il  fut  enlevé  par 
des  pirates,  arraché  à  sa  patrie  et  conduit,  à  la  rame, 
des  rivages  de  son  pays  natal  dans  la  Gaule  rhénane, 
pour  y  être  mis  en  vente.  On  dit  qu'il  fut  amené  dans 
la  cité  des  Veromandui,  dont  les  restes  se  voient  encore 
non  loin  de  Saint-Quentin  (1),  où  se  tenait  un  marché 
d'esclaves. 

Til  fut  donc  conduit  en  Belgique  pour  y  être  vendu, 
comme  autrefois  le  jeune  Joseph  en  Egypte  ;  mais,  ainsi 
que  pour  l'antique  patriarche,  la  servitude  devint  pour 
lui  l'occasion  de  sa  future  grandeur.  «  Providence  spé- 
ciale! s'écrie  le  premier  auteur  de  sa  vie,  Til  devait 
fleurir  comme  une  rose  sortie  du  milieu  des  épines!  » 
Il  y  avait  alors  en  Gaule  un  homme  qui  mettait  le  zèle 
le  plus  ardent  à  l'œuvre  de  la  rédemption  des  captifs, 

(1)  Aujourd'hui  Vermand,  chef-lieu  de  canton  (Aisne),  1,300  ha- 
bitants. 


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—  382  — 

c'était  saint  Éloi,  maître  de  la  monnaie  sous  Glotaire  II 
et  Dagobert,  une  des  plus  pures  gloires  du  Limousin,  sa 
patrie.  Tout  en  servant  son  roi  et  cultivant  son  art,  il 
ne  négligeait  point  son  œuvre  de  prédilection.  Dès  qu'il 
savait  un  esclave  à  vendre  il  accourait,  et  bientôt  il 
avait  fait  marché  pour  délivrer  son  protégé.  Parfois  il 
ramenait  jusqu'à  plusieurs  centaines  de  ces  infortunés. 
«  Il  allait,  dit  Saint-Ouen  son  historien,  même  sur  les 
ports  de  l'Océan  germanique,  et  faisait  descendre  les 
malheureux  esclaves  des  vaisseaux  où  on  les  tenait  en- 
chaînés. C'étaient  des  Romains,  des  Gaulois,  des  Bre- 
tons, même  des  Maures;  mais  le  plus  grand  nombre 
appartenait  à  la  race  des  Saxons,  qu'on  arrachait  à  leur 
patrie  pour  les  disperser  en  différentes  contrées.  » 

'Saint  Éloi  les  rachetait  tous,  indistinctement.  Plus 
d'une  fois,  ses  fonds  épuisés,  il  s'était  dépouillé  de  sa 
ceinture  d'or,  de  son  manteau,  de  ses  provisions  de 
bouche,  de  ses  chaussures  même,  pour  ne  laisser  per- 
sonne dans  l'esclavage.  Puis  il  allait  mettre  sous  les 
yeux  du  roi  ces  captifs  rachetés,  et  leur  faisait  octroyer 
des  chartes  de  liberté.  Ensuite  il  leur  donnait  le  choix 
entre  trois  genres  d'existence  :  retourner  libres  dans  leur 
patrie,  et,  s'ils  prenaient  ce  parti,  il  leur  procurait  toute 
facilité  de  le  réaliser;  demeurer  avec  lui,  et  s'ils  le 
désiraient,  il  les  gardait  volontiers  non  plus  conune  des 
esclaves,  mais  comme  des  frères;  enfin  se  retirer  dans 
un  clottre,  et  s'il  était  assez  heureux'  pour  persuader  à 
quelques-uns  d'embrasser  la  vie  des  moines,  il  leur 
fournissait  l'habit  religieux  et  les  honorait  comme  ses 
maîtres.  Tel  était  le  noble  et  saint  usage  que  l'orfèvre 
des  rois  de  France  faisait  des  richesses  acquises  avec 
tant  de  scrupule,  on  le  sait,  par  son  habileté  et  son 
travail. 

Un  jour  donc  Éloi,  poursuivant  son  œuvre  de  cha- 
rité, aperçut,  parmi  les  captifs  exposés  sur  la  place  de 
Yermand,  un  jeune  Saxon  <r  dans  la  fleur  de  l'ado- 
lescence et  dont  le  visage  souriait  avec  grâce.  »  C'était 


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à  peu  près  Tépoque  ou  saint  Grégoire-le-Grand,  voyant 
des  esclaves  anglais  exposés  en  vente  sur  le  marché  de 
Rome,  denianda  d*où  venaient  ces  captifs.  «  Ce  sont  des 
Angles,  »  lui  dit-on.  —  «  Ce  ne  sont  pas  des  Angles,  mais 
des  anges,  »  répondit  Grégoire,  touché  de  leur  beauté  et 
jouant  sur  les  mots  :  non  Angli,  sed  angeli.  Comme  le 
moine  de  Rome,  Éloi  fut  attiré  vers  le  jeune  captif  par 
cet  extérieur  charmant.  Le  bel  esclave  fut  affranchi  (con- 
dition nécessaire  et  suffisante  alors  pour  s*élever  aux 
plus  hauts  emplois  de  l'Église  et  de  FÉtat). 

Au  bienfait  du  rachat,  son  libérateur  joignit  bientôt 
celui  d'une  instruction  et  d'une  éducation  chrétiennes  des 
plus  soignées.  Nous  avons  dit  qu'Éloi  proposait  aux 
esclaves  affranchis  qui  voulaient  rester  avec  lui,  par 
reconnaissance,  l'atelier  ou  le  cloître.  Til  choisit  l'ate- 
lier; mais  l'atelier  devait  être  pour  lui  une  préparation 
au  cloître.  Il  était  en  effet  destiné  à  devenir  un  per- 
.sonnage  de  haut  mérite,  comme  orfèvre  d'abord,  comme 
religieux  ensuite.  Il  semble  avoir  été  l'image  immédiate 
et  première  que  forpa  de  lui-même  un  maître  par  excel- 
lence. Éloi,  artiste  dans  l'ordre  moral  comme  dans  son 
métier  de  monnayeur,  cisela,  en  quelque  sorte,  cette 
•  nature  d'élite,  et,  dans  ce  disciple  de  prédilection,  tra- 
vailla avec  amour  une  matière  plus  précieuse  que  l'or 
et  les  pierreries,  qu'ils  s'appliquaient  ensemble  à  mettre 
en  œuvre. 

Après  avoir  procuré  à  son  jeune  protégé  la  grâce  du 
baptême,  ce  grand  homme,  découvrant  tous  les  jours  en 
lui  de  nouvelles  aptitudes,  le  confia  pour  quelque  temps 
aux  moines  du  monastère  de  Solignac,  qu'il  venait  de 
fonder,  afin  que  ces  saints  religieux,  continuant  l'œuvre 
qu'il  avait  commencée  mais  que  ses  nombreuses  occu- 
pations ne  lui  permettaient  point  de  poursuivre,  l'ins- 
truisissent plus  à  fond  dans  la  religion,  les  sciences 
et  les  arts. 


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CHAPITRE  II 


TIL  OUVRIER 


(631-640) 


17  midi  de  Limoges,  à  deux  heures  de  marche  de 
cette  grande  cité,  en  un  lieu  nommé  Solignac, 
'  Solemniacumy  était  une  forêt  appartenant  au  roi 
Dagobert.  Elle  couvrait  un  vaste  coteau  dont  les  pentes, 
irrégulières  et  adoucies,  venaient  mourir  dans  un  vallon 
que  la  Briance  baignait  de  ses  plis  tortueux.  Au  levant 
et  au  couchant,  la  verdure  plus  tendre  de  quelques  prai- 
ries semées  çà  et  là,  et  les  formes  sinueuses  du  vallon 
récréaient  agréablement  la  vue.  Au  midi,  le  spectacle 
changeait  :  des  rochers  sombres,  semblables  à  de  hautes 
murailles,  s'élevaient  vers  le  ciel,  égayés  seulement  de 
quelques  arbrisseaux  sortant  des  crevasses  et  se  balan- 
çant au  souffle  du  vent.  Ces  lieux  étaient  pleins  de 
calme,  et  le  silence  qui  y  régnait  n'était  interrompu 
que  par  le  chant  des  oiseaux  et  le  murmure  de  quel- 
ques ruisseaux  qui  portaient  à  la  Briance  le  tribut  de 
leurs  ondes. 

Telle  était  la  campagne  que  saint  Éloi  demanda  à 
Dagobert  pour  y  bâtir  un  monastère,  dont  il  voulait 
doter  sa  patrie.  «  Mon  prince,  »  lui  dit -il  un  jour, 
(c  donnez-moi  la  terre  de  Solignac,  afin  que  j'en  fasse 
une  échelle  par  laquelle  vous  et  moi  monterons  au  ciel.  » 
Le  roi  ne  put  résister  à  un  tel  motif  et  lui  donna  vo- 
lontiers cette  terre.  Éloi  y  jeta  aussitôt  les  fondements 
d'un  monastère  qui  s'éleva  rapidement.  Lorsque  les  tra- 
vaux furent  terminés  il  y  appela  des  moines  de  Luxeuil, 
monastère  des  Vosges,  dont  il  connaissait  la  parfaite 
régularité  pour  y  être  allé  souvent  s'édifier  auprès  des 
religieux  de  saint  Golomban. 


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—  586  — 

L'église  du  monastère  fut  consacrée  le  9  mai  631  (1), 
sous  rinvocation  de  saint  Pierre  et  de  saint  Paul,  en 
présence  de  saint  Éloi  et  de  vingt-deux  évêques.  L'acte 
de  fondation,  dressé  un  peu  plus  tard  pviisqu'il  porte  la 
date  du  22  novembre  Tan  X  de  Dagobert  (638),  nous  a 
été  conservé.  Saint  Éloi  y  fait  don  aux  moines  de  tout 
ce  qu'il  tenait  de  Dagobert,  à  condition  qu'ils  suivront 
les  traces  des  saints  hommes  de  Luxeuil  et  les  règles 
combinées  de  saint  Benoît  et  de  saint  Golomban  dans 
toute  leur  rigueur. 

Le  nombre  des  religieux  venus  à  Solignac  des  diffé- 
rentes parties  de  la  Gaule  s'éleva  bientôt  à  cent  cin- 
quante. Le  fondateur  voulut  que  les  lettres  et  les  arts 
y  fussent  cultivées  avec  soin  et  tenus  en  grand  honneur. 
Lui-même  y  venait  souvent  et  aurait  bien  voulu  s'y 
fixer;  mais  la  Providence  l'appelait  ailleurs.  L'évéque 
de  Rouen,  son  ami,  y  vint  aussi  et  fut  fort  édifié  d'y 
voir  la  règle  si  bien  observée,  a  La  vie  de  ces  moines, 
dit-il,  l'emporte  par  sa  régularité  sur  tous  les  monas- 
tères de  la  Gaule,  le  seul  monastère  de  Luxeuil  excepté. 
On  y  trouve  aussi,  ajoute-t-il,  nombre  d'ouvriers  habiles 
en  plusieurs  arts  (2).  »  Â  tous  les  points  de  vue,  Til  ne 
pouvait  être  envoyé  à  meilleure  école. 

Nous  nous  sommes  un  peu  arrêtés  sur  les  commen- 
cements de  ce  monastère  parce  que  Solignac  va  devenir 
comme  la  seconde  patrie  de  notre  saint.  C'est  là  qu'il 
doit  passer  une  grande  partie  de  sa  vie  conmie  ouvrier, 
comme  religieux,  conune  solitaire;  c'est  là  qu'il  mourra 
dans  une  vieillesse  avancée;  là  enfin  que  ses  ossements 
vénérés  seront  longtemps  conservés  avec  honneur,  envi- 
ronnés de  l'auréole  des  prodiges.    * 

Le  jeune  honune  devait  d'abord  y  apprendre  les  belles- 
lettres,  chaudement  recommandé  par  son  protecteur  à 


(1)  D'autres  disent  en  622  (Migne,  Dictionnaire  d'Orfèvrerie, 
col.  942). 

(2)  Vita  S.  Eligit 


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—  587  — 

saint  Rémacle,  qui  avait  été  préposé  comme  premier 
abbé  à  la  communauté  naissante.  Exécutant  religieuse- 
ment les  ordres  de  son  vénérable  ami,  Rémacle  mit 
tous  ses  soins  à  instruire  son- disciple  dans  la  piété,  la 
science  des  saintes  lettres  et  les  maximes  de  TÉvan- 
gile.  D'un  autre  côté,  c'est  avec  une  docilité  parfaite  et 
une  extrême  ardeur  que  Til  correspondit  aux  soins  dont 
il  était  l'objet  :  aussi  ses  progrès  furent-ils  remarquables. 

Dans  rénumération  des  qualités  qui  le  distinguent,  son 
premier  biographe  n'oublie  pas  son  éloquence  persua- 
sive. «  Tout  le  monde,  dit-il,  admirait  sa  facilité, .  sa 
parole  insinuante.  Il  l'emportait  sur  tous  les  élèves  de 
l'école  monastique  par  la  grâce  de  son  entretien  ;  car 
de  sa  bouche  les  paroles  coulaient  conmie  le  miel  (1).  » 

Cette  éloquence  naturelle,  développée  par  l'étude,  le 
prédestinait  à  l'apostolat;,  mais  il  devait  d'abord  être 
ouvrier. 

Nous  avons  vu  qu'il  y  avait  à  Solignac  «  nombre  de 
gens  habiles  qui  excellaient  dans  l'orfèvrerie;  »  Til  se 
livra  comme  les  autres  aux  travaux  manuels  et  se  fit 
promptement  remarquer  par  sa  dextérité.  Ses  aptitudes 
semblaient  être  universelles;  aussi  dépassa-t-il  bientôt 
tous  ses  compagnons  d'atelier  dans. son  habileté  à  tra- 
vailler l'or  et  les  pierres  précieuses. 

Mais  son  plus  grand  soin  était  pour  la  culture  de 
son  âme  et  l'embellissement  de  son  cœur  par  la  vertu 
et  la  sainteté.  «  Il  portait  en  lui,  dit  encore  son  bio- 
graphe, la  sagesse  des  vieillards.  Toujours  appliqué  à 
l'obéissance,  irréprochable  en  tout,  plein  de  dévotion,  il 
détestait  l'orgueil,  aimait  la  vertu,  pratiquait  la  charité, 
la  douceur  et  l'humilité.  Quant  à  son  extérieur,  il  avait 
un  air  toujours  serein,  des  mœurs  douces  et  tranquilles, 
s'appliquant  à  bien  faire  plus  encore  qu'à  bien  parler. 
Enfin  il  aimait  le  Seigneur  de  tout  son  cœur,  mettait 
l'amour  de  Jésus-Christ  avant  tout  et  tenait  son  esprit 

(1)  Bollandiates,  n*  7. 


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constamment  appliqué  aux  choses  divines  (1).  »  En  un 
mot,  les  progrès  de  Til  dans  les  sciences,  les  arts  et 
la  piété  furent  tels  que  Rémacle,  n'ayant  plus  rien  à 
lui  apprendre,  le  renvoy»  à  saint  Éloi. 

Celui-ci,  enchanté  des  progrès  de  son  protégé  et  dé- 
sirant lui  donner  toute  la  perfection  possible  dans  les 
sciences  divines  et  humaines,  l'attacha  à  sa  personne. 
Serviteur  fidèle  et  reconnaissant,  Til  était  toujours  à 
ses  côtés,  nouvel  Elisée  uni  à  cet  autre  Élie,  dans  l'es- 
poir d'hériter  de  ses  vertus.  Tout  en  lui  rendant  les 
services  d'un  fils  dévoué,  il  travaillait  avec  lui  et  sous 
ses  ordres.  Le  maître  et  l'élève  monnayaient  ensemble 
et  fabriquaient  pour  le  roi  nombre  de  pièces  d'orfèvrerie 
d'or  et  d'argent  enrichies  de  pierres  précieuses.  Til  devint 
si  célèbre  dans  la  pratique  de  cet  art  que  sa  réputation, 
sous  ce  rapport,  s'étendit  dans  tout  le  royaxmie  (2). 

Une  miniature  extraite  du  Cartulaire  de  l'abbaye  de 
Solignac,  appartenant  à  M.  Maurice  Ârdant,  de  Limoges, 
et  reproduite  dans  Le  Moyen  dge  et  la  Renaissance,  de 
Paul  Lacroix,  nous  représente  saint  Til  devant  une  table 
chargée  de  vases  et  d'objets  précieux.  Ce  qui  prouve 
encore  en  cela  sa  supériorité,  c'est  que  son  mattre,  en 
attendant  de  lui  donner  la  direction  de  son  atelier,  se 
faisait  remplacer  par  lui  quand  les  ordres  du  roi  ou 
les  affaires  du  royaume  l'appelaient  au  dehors.  Remar- 
quons ici,  en  passant,  un  point  précis  dans  les  détails 
un  peu  vagues  des  vies  primitives  de  notre  saint,  c'est 
que  l'habileté  extraordinaire  qu'il  avait  acquise  dans  sa 
profession  et  la  confiance  exceptionnelle  que  lui  témoi- 
gnait le  maître  n'excitèrent  point  contre  lui  la  jalousie 
de  ses  compagnons  de  travail,  tant  il  avait  su  s'attirer 
l'estime  et  la  confiance  de  tous.  «  Il  plut  à  tous  les  em- 
ployés d'Éloi  comme  à  lui-même  (3).  » 

(1)  Bollandiètea,  n*  7. 

(2)  Mabillon,  n*  4,  BoUandistes,  n*  8. 

(3)  Invenit  gratiam  coram  oculis  S,  Eligii  et  coram  cunctia 
ministris  ejus.  {BollandUtes,  n*  9.)  —  Parmi  ces  compagnons  dô 


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—  589  — 

Til  unissait  à  l'art  de  l'orfèvre,  où  il  excellait,  la 
«  vie  vénérable  »  du  moine,  dont  il  avait  pris  au 
moins  l'esprit  et  les  habitudes  à  Solignac  (avant  d'y 
revenir  pour  l'embrasser  définitivement).  Peu  de  temps 
après  son  retour  à  Paris,  alors  qu'il  était  à  la  fleur 
de  l'âge,  désirant  faire  de  son  cœur  un  vase  de  sain- 
teté, il  fit  une  confession  générale  de  toutes  les  fautes 
de  sa  vie,  et  dès  lors  il  s'astreignit  à  une  vie  plus 
pénitente.  Ici  les  historiens  s'étendent  à  plaisir  sur  ses 
exercices  de  piété  et  ses  mortifications.  Dans  sa  fer- 
veur, disent-Ss,  il  châtiait  son  corps  par  des  travaux, 
des  veilles,  des  jeûnes  prolongés,  réprimant  les  révoltes 
des  sens  par  la  pensée  des  feux  éternels;  et  pour  ob- 
tenir une  parfaite  pureté,  ce  don  du  ciel,  il  passait 
parfois  les  jours  et  les  nuits  en  prière,  prosterné  devant 
le  Seigneur.  Il  ne  mangeait  que  du  pain,  et  encore  en 


Til,  esclaves  rachetés  comme  lui  par  leur  commun  maître,  et  qui 
avaient  voulu  demeurer  auprès  de  leur  libérateur,  se  trouvait  Bau- 
dry,  ou  Baudéric,  originaire  du  Limousin,  auquel  son  maître  était 
très  attaché,  et  l'un  de  ses  principaux  aides.  Il  y  avait  aussi  un 
Suève  de  nation  nommé  Tituen,  laïque  fidèle  qui  remporta  plus 
tard,  par  une  mort  violente,  la  palme  du  martyre  ;  puis  Bachinus, 
converti  du  paganisme;  devenu  «  vénérable,  »  c'est-à-dire  reli- 
gieux, il  fut  placé  à  la  tête  du  monastère  de  Ferrières;  André, 
Maftin  et  Jean  qui,  eux  aussi,  grâce  à  leur  maître,  gravirent  les 
degrés  de  la  cléricature,  et  beaucoup  d'autres  que  saint  Ouen  n'a 
pas  nommés.  (Saint  Ouen,  Vita  S.  Eligii.) 

Pour  Baudry,  c'était  assurément  un  mitftre  ouvrier,  puisque, 
après  saint  Til,  il  fut  établi  à  la  tête  de  la  fabrique  des  mon- 
naies. Outre  les  expressions  dont  se  sert  saint  Ouen,  nous  en 
avons  pour  preuves  des  monnaies  fabriquées  par  ces  deux  élèves 
et  successeurs  de  saint  Éloi.  Dans  VHistoire  de  V Orfèvrerie,  Paul 
Lacroix  dit  bien  qu'il  ne  reste  aucune  monnaie  ni  orfèvrerie  de 
Til;  cependant  Le  Blanc,  dans  son  Traité' historique  des  mori' 
naies,  dit  en  avoir  vu  qui  portent  le  nom  de  Thillo;  et  M.  Bou- 
teroue  a  donné  une  monnaie  de  Baudry  frappée  en  631,  par  con-* 
séquent  sous  les  yeux  d'Ëloi.  Cette  date,  jointe  à  la  mention  que 
saint  Ouen  fait  de  Baudry  à  la  tète  des  serviteurs  d'tiloi,  nous 
parait  rendre  l'identité  incontestable. 


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petite  quantité,  ne  satisfaisant  jamais  complètement  son 
appétit;  par  cette  abstinence  rigoureuse,  il  voulait  mé- 
riter d'avoir  part  au  pahi  céleste.  Son  visage  pâle,  son 
corps  extraordinairement  amaigri  portaient  les  marques 
non  douteuses  de  ses  jeûnes  fréquents.     . 

Imitateur  scrupuleux  de  son  maître,  il  joignait  la  mé- 
ditation au  travail.  Gomme  lui,  il  plaçait  devant  ses 
yeux,  sur  son  établi,  le  livre  des  saintes  Lettres,  afin 
que,  tandis  que  ses  mains  seraient  occupées  au  travail 
matériel,  Tesprit  pût  se  nourrir  de  la  divine  doctrine. 
Quand  Éloi  était  obligé  de  s'absenter,  il  reprenait  tout 
haut  la  lecture  interrompue  afin  que  tous  pussent  en 
profiter.  Tous,  du  reste,  se  succédaient  dans  la  chapelle 
domestique  de  leur  commun  maître  pour  chanter  à  tour 
de  rôle  l'office  canonique.  Ainsi,  la  maison  d'Éloi  était 
en  même  temps  un  atelier  d'où  sortaient  des  œuvres 
d'art  en  grand  nombre,  et  un  monastère  où  l'on  psal- 
modiait jour  et  nuit,  comme  en  une  nouvelle  Thébaïde. 
Les  imvrlers  y  travaillaient  sur  l'or  comme  les  cénobites 
d'Egypte  sur  le  jonc.  Mais  qu'importe  la  matière!  Les 
uns  et  les  autres  avaient  l'oreille  attentive  à  la  lecture, 
la  bouche  ouverte  à  la  louange  et  la  pensée  fixée  au  ciel. 

Cette  ferveur,  chez  saint  Til  surtout,  n'avait  d'égale  que 
son  assiduité  à  fréquenter  les  églises  où  il  accompaganit 
son  maître,  assistant  avec  lui  aux  offices  tant  du  jour 
que  de  la  nuit.  Tout  ce  qu'on  y  lisait  de  la  sainte  Écri- 
ture, il  l'écoutait  religieusement,  le  recevait  d'un  cœur 
.avide  et  le  retenailf  fidèlement  dans  sa  mémoire.  En  un 
mot,  il  faisait  de  merveilleux  progrès  tant  dans  la  piété 
que  dans  son  art,  et  bientôt  il  fut  un  parfait  imitateur 
de  son  maître.  Éloi,  qui  fit  tant  de  moines,  n'était  point 
moine  lui-même,  mais  toute  sa  manière  d'être  au-dedans 
et  #u  dehors  était  celle  d'un  excellent  religieux  qui  trou- 
vait son  cloître  partout,  parce  que  partout  il  portait  son 
esprit  de  recueillement  et  de  prière  (1).  Une  vie  si  sainte 
■    ■  Il  II 

{{)  Bollandistea,  n- 9,  10,  11, 


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—  591  — 

eut  bientôt  sa  récompense  :   Éloi  fut  choisi  pour  être  . 
évêque  de  Noyon*  et  sacré  à  Hçuen  .avec  saint  Ouen, 
son  ami,  en  640. 


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« 


TIL,  ABBÉ  DE  SOLIGNAC 


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CHAPITRE  III 

TIL   PiAtRE   et   religieux 

(640-659) 

EVENu  évêque,  Éloi  ne  voulut  point  se  séparer  de 
son  cher  et  fidèle  disciple;  il  Temmena  avec  lui 
dans  son  diocèse,  et,  malgré  les  résistances  de  son 
humilité  (1),  il  l'ordonna  prêtre.  Mais  Tévêque  n'avait 
élevé  au  sacerdoce  son  ancien  compagnon  d'atelier  que 
pour  se  donner  un  auxiliaire  de  son  apostolat.  Son  dio- 
cèse, en  effet,  s'étendait  bien  avant  dans  les  Pays-Bas, 
et  l'idolâtrie  régnait  encore  en  plui^ieurs  lieux.  Aussi  le 
zèle  dont  il  brûlait  pour  le  salut  de  son  troupeau  ne 
lui  permit  point  d'attendre  longtemps  pour  aller  travailler 
à  la  conversion  de  ces  âmes  assises  à  l'ombre  de  la  mort. 
L'année  même  qui  suivit  son  élévation  à  l'épiscopat,  il 
partit,  accompagné  de  saint  Til.  Quoique  âgé  de  cin- 
quante-deux ans,  l'évêque,  devenu  missionnaire,  s'aven- 
ture au  milieu  de  pays  et  de  peuples  encore  sauvages  : 
Flamands,  Frisons,  Suèves  et  autres  riverains  de  la  Bal- 
tique. Avec  sa  houlette  transformée  ^n  bâton  de  pèlerin, 
il  porte  peut-être  encore  les  instruments  de  l'orfèvre  qui 
ont  déjà  fatigué  son  bras  (2).  A  ses  côtés,  dans  ces  ré- 
gions submergées  ou  glacées,  marche  Til,  son  compa- 
gnon, qui  travaille  comme  lui  à  la  CQiwersion  des  ido- 
lâtres. De  fait,  les  habitants  des  environs  d'Iseghem  et 
de  Gids,  dans  les  Pays-Bas,  le  vénèrent  de  temps  immé- 
morial comme  leur  patron  et  leur  apôtre  (3). 

Ces  deux  localités  belges  ne  furent  assurément  pas  les 
seules  où  saint  Til  exerça  son  apostolat  avec  grand  fruit, 


(1)  CompuUus  (Mabillon). 

(2)  Verdière. 

(3)  Molanus,  Natales 

T.  DC 


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—  594  — 

grâce  à  cette  éloquence  persuasive  dont  ses  historiens 
font  si  souvent  mention.  Mais  il  est  à  croire  qu'il  ne 
poussa  pas  aussi  loin,  et  surtoulNiu'il  ne  prolongea  pas 
aussi  longtemps  que  son  maître,  sa  carrière  apostolique. 
Déjà  commençaient  à  le  tourmenter  ce  désir  de  la  fuite 
dn  monde  et  ce  besoin  de  la  solitude,  qui  le  poursui- 
virent jusqu'à  son  dernier  jour.  Aussi  ne  tarda-t-il  pas, 
avec  l'agrément  de  son  maître,  à  quitter  tout-à-fait  le 
siècle  pour  se  réfugier  dans  son  cher  monastère  de  So- 
lignac.  Enfin  il  est  véritablement  moine  !  et  c'est  avec 
bonheur  qu'il  prend  sur  lui  le  joug  si  doux  de  l'Évan- 
gile et  le  fardeau  léger  du  Christ. 

Avec  quelles  démonstrations  de  joie  notre  bienheureux 
ne  fut-il  pas  reçu  dans  le  monastère  limousin  par  l'abbé 
et  ses  moines  !  On  n'avait  pas  perdu  de  vue  le  sou- 
venir de  sa  ferveur  première;  mais  on  s'aperçut  bientôt 
combien  elle  était  maintenant  dépassée.  Qui  pourrait  dire 
combien  le  fervent  religieux  parut  tout  d'abord  humble, 
dévoué,  tout  appliqué  aux  choses  de  Dieu?  Il  se  faisait 
tout  à  tous  :  joyeux  avec  ceux  qui  étaient  dans  la  joie, 
triste  avec  ceux  qui  étaient  dans  la  tristesse.  Ses  yeux 
versaient  très  souvent  dès  larmes;  ce  don  des  saints, 
il  l'avait  acquis  par  des  veilles  assidues,  une  charité 
consommée,  une  chasteté  parfaite  et  surtout  une  humi- 
lité des  plus  profondes  (1). 

Tel  est,  bien  abrégé  encore,  le  tableau  que  nous  fait 
de  la  vie  du  nouveau  religieux  le  chroniqueur  de  Soli- 
gnac.  Aussi,  bfen  que  très  utile  déjà  à  ses  frères  par 
l'exemple  de  ses  vertus,  Dieu  voulut  tirer  cette  lumière 
de  dessous  le  boisseau  de  l'humilité  où  elle  se  tenait 
cachée,  pour  la  placer  sur  le  chandelier  de  la  dignité 
abbatiale.  L'occasion  se  présenta  bientôt.  Saint  Rémacle 
ayant  été  élevé  sur  le  siège  épiscopal  de  Maëstricht  (651), 
le  fondateur,  pour  le  remplacer  à  la  tête  de  son  mo- 
nastère, n'alla  pas  chercher  loin  :  Til  était  là,  et  mal- 
Ci)  Mabillon,  n*  6. 


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—  595  — 

gré  de  nouvelles  résistances  de  sa  part,  Éloi  en  fit  le 
second  abbé  de  Solignac  (1). 

Les  détails  de  Fadnjinistration  du  saint  abbé  ne  nous 
ont  point  été  conservés,  sauf  deux  ou  trois,  qui  nous 
aideront  à  mieux  connaître  le  fond  de  •son  âme.  Il 
voulut  que  des  aumônes  abondantes  fussent  distribuées 
chaque  jour  aux  portes  du  monastère,  heureux  de  par- 
tager ainsi  avec  le  Christ  les  trésors  du  couvent,  de  lui 
rendre,  dans  la  personfle  des  pauvres,  une  partie  des 
richesses  que  sa  Providence  lui  avaient  départies.  Un 
des  plus  importants  devoirs  des  supérieurs,  c'est  l'ins- 
truction et  la  direction  de  leurs  subordonnés;  Tabbé  de 
Solignac  n'avait  garde  de  manquer  à  ce  point  :  fré- 
quemment il  donnait  à  ses  moines  les  avis  les  plus 
salutaires,  leur  révélait  les  secrets  de  la  vie  intérieure, 
et  leur  enseignait  les  mystérieux  rapports  de  l'âme  avec 
son  Dieu  (2). 


(1)  Verdière.  —  Mabillon  soulève  une  difficulté  au  sujet  de  cette 
nomination  :  c'est  que  la  seconde  vie  du  saint  qu'il  a  publiée 
n'en  parle  point,  et  que  le  Martyrologe  de  Tabbaye,  qu'il  a  con- 
sulté à  Solignac,  fait  mention  de  saint  Til  comme  moine  et  con- 
fesseur, mais  non  comme  abbé.  Il  faut  remarquer  d'abord  que  la 
seconde  biographie  est  défectueuse  et  moins  complète  que  la  pre- 
mière éditée  par  les  Bollandistes.  Qgant  aux  livres  du  monastère, 
ils  font  déjà  confusion  au  sujet  de  saint  Rémacle,  qui  ne  serait 
plus  le  premier  abbé,  mais  aurait  été  formé  sous  un  autre.  L'an- 
cien orfèvre  nous  parait  donc  en  possession  de  son  titre,  tant 
qu'on  n'apportera  pas  de  preuves  plus  décisives  pour  le  lui  ôter. 
L'oraison  de  sa  fête,  qu'on  verra  plus  loin,  le  lui  donne,  et  ses 
caractéristiques  lui  mettent  la  crosse  en  main,  ka  résolution  que 
va  prendre  Til  de  se  retirer  dans  le  désert,  après  la  mort  d'Éloi, 
s'explique  mieux  aussi  par  le  désir  de  fuir  une  dignité  que  son 
maître  vénéré  avait  pu  seul  le  déterminer  à  subir,  et  dont  ses 
frères  sans  doute  refusaient  de  le  délivrer.  Quoi  qu'il  en  soit, 
saint  Til  est  distingué,  dans  son  célèbre  couvent,  comme  un 
guide  des  âmes,  et  appelé  docteur  dans  l'oraison  en  son  honneur. 
«  Alors  brillaient  merveilleusement,  dit  le  moine  de  Solignac,  trois 
lumières  éclatantes  :  Ëloi,  Rémacle  et  Thillon. 

(2)  Bollandistes,  n*  13. 


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—  596  — 

Mais  en  s'occupant  des  autres,  il  ne  se  négligeait 
point  lui-même.  Oublier  toutes  ses  œuvres  passées;  se 
porter  toujours  en  avant  avec  une  ardeur  nouvelle;  mar- 
cher chaque  jour  de  vertu  en  vertu;  chaque  jour  mon- 
tef  plus  haut  dans  la  perfection,  c'est  ce  qu'avait  fait 
autrefois  saint  Paul,  c'est  ce  que  faisait  saint  Til.  Aussi 
ses  frères  voyant  en  lui  une  sainteté  si  haute,  une 
ferveur  si  soutenue,  une  perfection  si  rare,  ne  pou- 
vaient s'empêcher  de  l'admirei  en  secret.  Bientôt  les 
sentiments  firent  explosion.  La  vénération  qui  était  dans 
tous  les  cœurs  se  fit  jour  par  les  louanges  qui  écla- 
tèrent dans  toutes  les  bouches.  Les  marques  d'un  res- 
pect toujours  plus  profond  le  suivaient  partout.  Plus  il 
fuyait  ces  honneurs,  plus  ses  frères  l'exaltaient.  Il  avait 
beau  défendre;  sous  ce  rapport  il  n'était  jamais  obéi. 
Cette  situation  devint  bientôt  absolument  intolérable  pour 
son  humilité,  car  il  craignait  que  la  louange  humaine, 
la  plus  délicate  et  la  plus  terrible  peut-être  des  tenta- 
tions, ne  le  fit  déchoir  de  la  grâce.  Aussi  songeait-il  à 
se  démettre  de  sa  dignité.  Mais  le  respect  pour  la  vo- 
lonté de  saint  Éloi,  à  qui  il  devait  tant,  le  retenait 
toujours.  La  Providence  ne  tarda  pas  à  mettre  un  terme 
à  celte  espèce  de  situation  violente  à  laquelle  l'humble 
ouvrier  s'était  vu  condamné  par  son  élévation  à  la  dignité 
abbatiale  (1).  • 


(l)  Mabillon,  n-  7. 


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—  597  — 
CHAPITRE  IV 

TIL   SOLITAIRE   A   BRAGEAC 

(659-675?) 

^^  'an  de  J.-C.  659,  le  !•'  décembre,  à  une  heure  de 
nuit,  saint  Éloi  expirait  après  avoir  embrassé 
l'un  après  l'autre  tous  ses  disciples  et  ses  servi- 
teurs. Il  avait  soixante-dix  ans.  En  apprenant  cette  mort, 
Til  sentit  son  âme  envahie  par  IsT  douleur  la  plus  vive. 
Éloi  n'était-il  pas  son  père?  Ne  lui  devait-il  pas  et  sa 
liberté,  et  son  baptême,  et  son  art,  et  le  sacerdoce,  tout 
enfin  ?  Aussi  voua-t-il  dès  lors  à  son  libérateur  et  maître 
un  culte  reconnaissant,  dont  nous  verrons  plus  tard  une 
éclatante  preuve. 

A  ce  premier  sentiment  s'en  joignit  bientôt  un  autre  : 
Fespérance  d'être  enfin  délivré  d'une  charge  qu'il  n'avait 
acceptée  que  par  obéissance  et  qui  l'accablait.  Son  plan 
fut  bientôt  tracé.  Se  démettre  de  sa  dignité,  reprendre 
un  rang  subalterne  en  priant  ses  frères  de  se  donner 
un  autre  chef,  c'était  un  moyen  dont  le  succès  lui  pa- 
raissait trop  douteux.  Sa  démission  serait-elle  acceptée? 
et  du  reste,  l'estime  universelle  qui  l'avait  porté  au  pre- 
mier rang  ne  viendrait-elle  pas  le  chercher  au  dernier? 
C'était  à  craindre;  c'était  du  moins  possible.  Il  y  avait 
un  moyen  plus  radical  et  plus  sûr  :  la  fuite.  C'est  la 
fuite  qu'il  choisit. 

Une  nuit  donc,  tandis  que  tous  ses  frères  reposaient,- 
il  s'échappe  clandestinement  (1)  du  monastère  et  s'enfuit 
seul  dans  la  direction  du  Sud-Est.  Ses  biographes  nous 
le  montrent  pénétrant  dans  l'intérieur  des  terres,  à  tra- 
vers les  lieux  les  plus  sauvages.  Arrivé  sur  les  confins 
du  Limousin  et  de  l'Auvergne,  il  traverse  la  t)ordogne 
et  se  dirige  du  côté  des  montagnes.  Depuis  qu'il  était 

(1)  C landes tino  diacessu  monststerium  deseruît.  Mabillon,  n*  7. 


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—  598  — 

moine,  il  n'abhorrait  rien  tant  que  le  séjour  et  l'ap- 
proche des  villes  et  ne  soupirait  qu'après  la  solitude.  Il 
est  servi  à  souhait.  Une  petite  rivière,  TAuze,  descen- 
dant du  haut  pays,  coule  entre  deux  bords  de  rochers 
élevés  et  très  abrupts.  Des  forêts  couvrent  çà  et  là  les 
pentes  roides.  C'est  dans  ce  labyrinthe  presque  impra- 
ticable que  s'engage  le  fugitif,  remontant  péniblement 
le  cours  du  torrent.  Longtemps  il  avança  lentement, 
cherchant  de  tous  côtés  un  lieu  propice  à  la  vie  soli- 
taire qu'il  voulait  mener  désormais.  Enfin  il  le  trouve 
au  milieu  de  roches  escarpées  où  l'on  ne  pouvait  arriver 
qu'en  rampant  sur  les  mains  et  sur  les  genoux,  et  encore 
avec  bien  des  difficultés.  Tout  cependant,  dans  ces  pa- 
rages, n'était  pas  roches  nues  et  horribles  précipices.  Sur 
les  bords  de  la  haute  plaine  on  apercevait  des  arbres 
fruitiers,  quoique  sauvages,  et,  s'échappant  à  leur  ombre, 
une  source  dont  les  flots,  extrêmement  limpides,  tom- 
baient en  cascade,  de  rocher  en  rocher.  Ces  horreurs, 
mêlées  d'agréments  imprévus,  plurent  à  notre  héros  et 
le  déterminèrent.  Il  redouble  d'efforts,  grimpe  encore  et 
parvient  enfin  au  lieu  dont  l'aspect  l'avait  frappé  de 
loin.  C'était  le  sommet  d'une  roche  escarpée,  exposée 
au  midi  et  contournée  presque  entièrement  par  la  rivière 
frémissante.  Heureux  au  possible  d'avoir  trouvé  un  tel 
désert,  si  favorable  à  son  dessein,  l'homme  de  Dieu  ré- 
solut de  s'y  fixer,  et  sur-le-champ,  tombant  à  genoux 
et  les  bras  étendus,  il  promet  à  Dieu  de  n'en  plus 
sortir  (1). 

Mais  hélas  !  là  aussi  la  tentation  saura  le  trouver, 
plus  violente,  plus  importune  que  jamais.  L'ennemi  du 
salut  l'a  suivi  au  désert;  il  le  presse,  le  harcelle  sans 
lui  laisser  de  repos,  ni  le  jour,  ni  la  nuit.  Nous  n'en 
finirions  pas,  dit  le  moine  de  Clairmarais,  si  nous  vou- 
lions raconter  toutes  les  tentations  qu'il  eut  à  subir  et 


(1)  BollandUtes,  n*  14. 


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—  599  — 

dont  il  triompha  par  sa  vigilance  et  son  incroyable  aus- 
térité. Comme  le  remarque  à  son  tour  le  chroniqueur 
de  Solignac,  Til  n'était  pas  un  néophyte  dans  la  vie 
spirituelle.  Déjà,  nous  le  savons,  il  avait,  selon  la  règle 
portée  par  saint  Benoit,  longuement  pratiqué  la  vie  cé- 
nobitique  dans  le  monastère  limousin.  Ce  n*est  qu'après 
avoir  été  éprouvé  par  l'obéissance,  comme  l'or  par  le 
feu,  après  avoir  appris  à  combattre  dans  les  rangs  de 
la  milice  sacrée,  qu'il  était  descendu,  armé  de  toutes 
pièces,  dans  le  combat  singulier  de  la  vie  érémitique. 
Si  les  attaques  du  démon  étaient  continuelles,  et  ter- 
ribles les  assauts  livrés  contre  le  saint  religieux,  du 
côté  de  celui-ci  la  résistance  était  vigoureuse  et  les 
victoires  toujours  assurées.  Mais  à  quel  prix  ne  les 
achetait-il  pas!  longs  jeûnes,  oraisons  ininterrompues, 
macérations,  telles  étaient  les  armes  dont  se  servait 
notre  athlète  pour  remporter  ses  glorieux  triomphes  (1). 

Entrerons-nous  dans  le  détail  de  sa  vie  mortifiée?  Sa 
nourriture  était  des  plus  parcimonieuses  :  c'étaient  des 
fruits  crus  et  des  racines  d'&erbes  ;  encore  ne  mangeait- 
il  qu'une  fois  le  jour,  après  le  coucher  du  soleil.  Il 
n'usait  de  pain  que  tous  les  trois  ou  quatre  jours,  avec 
un  peu  de  sel  pour  unique  assaisonnement.  Les  diman- 
ches et  les  fêtes  solennelles,  il  avançait  un  peu  l'heure 
de  son  unique  repas.  Sa  boisson,  c'était  l'eau  de  la 
source  coulant  non  loin  de  sa  grotte. 

Son  habit  était  très  grossier  et  ne  consistait  qu'en 
une  tunique,  à  laquelle  s'adaptait  un  capuce.  Dessous, 
sur  la  chair  nue,  il  portait  un  rude,  cilice,  qu'il  ne 
quittait  jamais  jusqu'à  ce  qu'il  tombât  en  lambeaux. 

Il  priait  fréquemment,  et  sa  méditation  n'était  inter- 
rompue que  par  le  chant  des  psaumes  et  le  travail  des 
mains.  La  vie  des  anciens  solitaires  était  son  objectif; 
aussi,  loin  de  rester  inoccupé,  il  retournait  la  terre  avec 


(1)  Mabillon,  n*  8. 


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—  600  — 

un  hoyau,  ajoutant  la  fatigue  du  travail  corporel  à  celle 
du  jeûne. 

Que  dirons-nous  de  ses  veilles?  Il  les  prolongeait  bien 
avant  dans  la  nuit,  et  lorsque  enfin  le  sommeil  l'acca- 
blait et  que  la  nature  le  forçait  à  prendre  un  peu  de 
repos,  il  déroulait  sur  la  terre  une  natte  grossière  et 
y  étendait  ses  membres  exténués.  Triste  couche!  il  ne 
s'y  oubliait  pas  longtemps,  car  Tamour  du  Christ  qui 
brûlait  son  àme  ne  lui  permettait  point  de  prendre  un 
long  repos  entre  les  mortifications  de  la  veille  et  les  tra- 
vaux du  lendemain.  Une  vie  si  rude  eut  bientôt  réduit 
notre  héros  à  une  maigreur  extrême  (1). 

Longtemps  il  vécut  ainsi  seul  au  désert,  objet  d'ad- 
miration pour  Dieu  et  ses  anges;  aucun  mortel  ne  con- 
naissait encore  sa  retraite.  Cependant  la  providence  vou- 
lut enfin  révéler  au  monde  cette  lumière,  qui  devait  en 
éclairer  plusieurs  et  leur  montrer  le  chemin  du  salut. 
Quelques  paysans  voisins  découvrirent  un  jour  par  hasard 
la  cellule  de  Thomme  de  Dieu,  et  commencèrent  à  divul- 
guer son  existence  et  son  genre  de  vie.  Mais  quel  était 
ce  saint  ermite?  d'où  venait-il?  comment  se  nommait-il? 
personne  ne  pouvait  le  dire,  et  lui-même  refusait  de 
parler  là-dessus.  Alors  on  commença  à  l'appeler  Paul  (2). 
Il  semble,  d'après  ces  mots  du  premier  biographe,  qu'il 
faut  attribuer  cette  appellation  au  désir  de  Vincognito  de 
la  part  du  saint.  D'après  les  auteurs  belges,  «  il  vescut 
»  avec  tant  d'austéritez  qu'il  fut  tenu  et  réputé  pour  un 
»  saint  Paul  l'hermite  (3).  o  Son  second  biographe  donne 
une  autre  explication.  «  Son  ermitage  commença  a  être 
connu  des  hal)itants  de  la  contrée,  et  lui-même  à  être 
appelé  Paul,  à  cause  de  sa  simplicité,  car,  ajoute-t-il,  il 
était  extrêmement  simple  et  droit  (4).  »  Dans  l'opinion 


(1)  Bêllandistes,  n-  14,  15.  Mabillon,  n'  8. 

(2)  Cœpil  vocari  Paulus.  {Bollandistes,  n*  16.) 

(3)  Anniversaires  des  saints  de  Belgique. 

(4)  Mabillon,  n-  9. 


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—  601  — 

du  P.  Verdière,  Paul  aurait  été  le  nom  de  baptême 
donné  au  jeune  captif  saxon  ;  le  nom  national  était  seu- 
lement plus  usité,  et  voilà  pourquoi,  d'après  lui,  le  soli- 
taire se  serait  fait  donner  l'autre  comme  moins  propre 
à  révéler  aux  siens  sa  retraite  éloignée. 

Cependant  la  renonmiée  publiait  partout  les  vertus 
extraordinaires  de  Fhomme  de  Dieu,  et  de  tous  côtés, 
hommes,  femmes,  enfants,  nobles  et  roturiers,  pauvres 
et  riches  venaient  à  lui  pour  se  recommander  à  ses 
prières  et  entendre  de  sa  bouche  la  parole  de  vie.  Rien 
n'égalait  l'ardeur  et  la  sainte  avidité  de  cette  foule,  si 
ce  n'est  son  flot  toujours  montant.  Ici  les  chroniqueurs 
reviennent  sur  son  éloquence  et  nous  disent,  avec  une 
complaisance  naïve,  comment  les  discours  coulaient  de 
sa  bouche  avec  la  douceur  du  miel.  Sa  parole  facile, 
toujours  agréable  aux  auditeurs,  ne  laissait  pas  d'être 
en  même  temps  remarquable  par  le  fond  de  la  doc- 
trine, par  la  prudence  de  l'expression  et  l'habileté  à 
expliquer  les  saintes  Écritures.  Le  sujet  le  plus  ordi- 
naire de  ses  discours  portait  sur  la  nécessité  de  la  foi 
en  la  Trinité  (ce  qui  montre  que  l'arianisme  n'avait  pas 
encore  complètement  disparu  de  ces  contrées),  la  pureté 
des  mœurs,  la  charité  mutuelle,  la  fuite  du  monde,  la 
brièveté  de  la  vie  et  la  nécessité  de  se  préparer  au  juge- 
ment par  la  pratique  des  bonnes  œuvres  (1). 

Comme  pour  les  apôtres,  Dieu  confirmait  ses  ensei- 
gnements par  le  témoignage  des  miracles,  et  plus  d'une 
fois  il  arriva  que,  par  ses  prières,  plusieurs  de  ses  au- 
diteurs furent  guéris  de  maladies  ou  infirmlMs  diverses. 
Jamais  cependant,  à  la  vue  de  ces  cures  loerveilleuses, 
son  cœur  ne  s'enfla  de  vaine  gloire,  et  il  avait  bien  soin 
de  faire  remarquer  alors  que  ces  guérisons  étaient  l'effet, 
non  de  ses  mérites,  mais  uniquement  de  la  toute-puis- 
sance et  de  la  bonté  de  Dieu  (2). 


(Y)  Mabillon,  n*  10. 

(2)  Bollandistes,  n*  17. 


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—  602  — 

Grâce  à  ces  prodiges,  la  foule  ne  fit  qu'augmenter 
autour  de  sa  cellule.  Beaucoup,  pour  le  voir,  entrepre- 
naient un  voyage  aussi  long  que  difBlcile,  en  sorte  que 
le  rocher  habité  par  le  solitaire  devint  un  but  de  véri- 
table pèlerinage,  à  tel  point  que  devant  sa  porte  c'était 
un  bruit  constant,  une  agitation  continuelle.  Voyant  cela, 
quelques  hommes  qu'animait  le  désir  d'imiter  ce  nou- 
veau Paul,  le  prièrent  de  quitter  sa  retraite  où  les 
pèlerins  n'abordaient  qu'avec  peine,  et  de  choisir  un 
emplacement  plus  commode  pour  y  bâtir  un  monastère. 
Toujours  prêt  à  faire  plaisir  à  ses  semblables  il  y  con- 
sentit et  commença  à  élever  non  loin  de  là,  sur  les 
bords  de  la  plaine  fertile,  un  monastère  dont  les  tra- 
vaux furent  poussés  avec  activité  et  qui  fut  appelé  Bra'- 
jectum,  Brageac  (1).  Là  se  rassemblèrent  jusqu'à  trois 
cents  moines,  venus  de  diverses  provinces  pour  marcher, 
sous  la  direction  de  saint  Til,  dans  les  voies  de  la 
perfection  religieuse  (2). 

Mabillon,  il  est  vrai,  n'admet  pas  comme  vraisem- 
blable la'  réunion  d'un  tel  nombre  de  religieux  dans  ce 
lieu  sauvage.  Mais,  d'après  ce  savant  bénédictin  lui- 
même,  dans  toute  la  Gaule,  depuis  Glovis,  et  même  par- 
tout, dans  les  vi*  et  vu*  siècles,  de  semblables  faits  se 
produisent.  Des  multitudes  affluent  auprès  des  saints 
ermites  pour  les  admirer  et  les  imiter.  Du  reste,  à  côté 
des  religieux  proprement  dits,  ne  tarda  pas  à  se  former 
la  classe  si  nombreuse  des  convers.  De  telles  agglomé- 
rations furent  l'origine  de  beaucoup  de  villes  et  de 
bourgs,  que  les  anciens  n'avaient  pas  eu  l'idée  de  fon- 
der dans  des  lieux  d'abord  inhabitables.  D'aiUeurs  notre 
saint  avait  trouvé  près  de  sa  retraite,  presque  inabor- 
dable, un  de  ces  sites  enchanteurs  et  fertiles  tels  que 
les  communautés   savaient   si  bien   les   choisir.   Ainsi 


(1)  Brageac  est  aujourd'hui  un  bourg  de  400  habitants,  du  canton 
de  Pléaux  (Gantai). 

(2)  BolUndistes,  n*  18. 


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—  603  — 

laissons  à  notre  saint  ermite  la  gloire  d'avoir  établi  à 
Brageac  le  centre  d'une  de  ces  pieuses  populations  où 
les  monastères  faisaient  de  nombreuses  recrues  (i). 

Le  moine  de  Qairmarais,  gui  s'étend  sur  la  fondation 
de  Brageac,  va  jusqu'à  nous  rapporter  des  discours  en- 
tiers que  saint  Til,  redevenu  supérieur  malgré  lui,  aurait 
adressés  à  ses  religieux.  Sans  plus  de  façon  il  place 
dans  la  bouche  de  son  héros  des  enseignements  spirituels 
empruntés  mot  pour  mot  au  père  des  solitaires  d'Egypte, 
au  grand  saint  Antoine,  et  que  pour  cette  raison  nous 
ne  rééditerons  pas.  Mais,  quoi  qu'il  en  soit  de  l'authen- 
ticité plus  ou  moins  grande  des  discours  du  saint  abbé, 
sa  parole  enflammait  ses  disciples  et  les  portait  à 
la  pratique  fervente  de  toutes  les  vertus  monastiques. 
Et  telle  était  leur  ardeur  que  leurs  efforts,  si  grands 
qu'ils  fussent,  n'égalaient  jamais  leurs  désirs.  Ce  n'étaient 
pas  seulement  ses  propres  religieux  qui  demandaient  ses 
conseils,  mais,  des  différents  monastères  qui  existaient 
déjà  en  Auvergne,  des  troupes  de  moines  venaient  au 
nouvel  Antoine  pour  écouter  ses  enseignements,  sans  pou- 
voir jamais  se  rassasier  de  l'entendre  (2). 

Tels  sont  les  souvenirs  qui  nous  sont  restés  du  séjour 
de  saint  Til  à  Brageac,  car  Dieu  ne  voulut  pas  qu'il  y 
terminât  sa  carrière  mortelle  :  le  soldat  du  Christ  devait 
déposer  les  armes  au  lieu  où  il  les  avait  prises,  à 
Solignac. 


(1)  Verdière. 

(2)  Bollandistei,  u-  19,  20. 


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—  604  — 
CHAPITRE  V 

TIL   REVIENT  A   SOLIGNAC 

R,  dit  le  biographe  de  Clairmarais,  il  vint  un  jour 
au  bienheureux  Til  le  désir  de  revoir  le  monas- 
tère limousin  qu'il  avait  autrefois  gouverné.  Sui- 
vant une  autre  tradition,  un  ange  lui-même  serait  venu 
avertir  le  saint  anachorète  de  rentrer  dans  son  premier 
couvent,  où  il  devait  finir  ses  jours.  En  réalité,  il  n'avait 
rien  gagné  à  fuir  Thonneur  d'être  le  chef  d'une  grande 
famille  monastique;  une  autre,  non  moindre,  plus  nom- 
breuse peut-être,  était  venue  se  jeter  dans  ses  bras.  Une 
nuit  donc  que  tous  les  frères  reposaient  à  Brageac, 
tandis  qu'ils  étaient  plongés  dans  le  premier  sommeil, 
l'homme  de  Dieu  quitte  secrètement  le  monastère  et, 
accompagné  seulement  de  deux  disciples  qu'il  avait  nais 
dans  son  secret,  il  reprend  le  chemin  de  Solignac. 

Heureux  d'accueillir  un  père  qu'ils  n'espéraient  plus 
revoir,  ses  anciens  frères  immolèrent  ensemble  «  la  vic- 
time d'augmentation  (1),  »  terme  qui  rappelle  une  fête 
fraternelle  de  joie  inespérée  à  voir  la  famille  augmentée 
par  le  retour,  non  d'un  fils  perdu  et  égaré,  mais  d'un 
père  qui  n'avait  quitté  les  siens  que  pour  s'unir  plus 
étroitement  au  Dieu  en  qui  il  les  aimait.  Cette  allé- 
gresse se  prolongea  avec  le  séjour  de  Til.  L'abbé  était 
alors  Childomar  ou  Childemer  (2). 

Les  biographes  de  notre  saint  s'étendent  ici  de  nou- 
veau avec  complaisance  sur  l'exacte  discipline  qui  régnait 
à  Solignac,  la  perfection  de  ses  habitants  et  l'heureuse 
paix  qui  régnait  en  ce  séjour.  Mais  la  merveille  du 
monastère,  c'était  assurément  notre  héros,  d'autant  plus 
humble  à  ses  propres  yeux  qu'il  était  plus  grand  aux 
yeux  de  ses  frères.  Son   humilité  était  en  effet  prodi- 


(1)  Victimam  SLugmentationia.  {Bollandistes,  n*  22.) 

(2)  Verdière. 


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—  605  — 

gieuse.  Il  marchait  au  milieu  des  siens  les  yeux  baissés, 
la  tête  modestement  inclinée,  d'un  extérieur  plein  en 
même  temps  de  gravité  et  de  simplicité.  S'il  venait  à 
passer  devant  un  moine,  quel  qu'il  fût,  il  lui  faisait 
une  profonde  révérence,  et,  ce  qui  est  plus  admirable, 
il  demandait  à  tous,  même  aux  plus  jeunes,  leur  béné- 
diction. Pour  nourriture  on  ne  pouvait  lui  faire  accepter 
que  du  pain,  le  plus  grossier  qui  fût  dans  la  maison, 
et  encore  le  recevait-il  à  titre  d'aumône.  Il  n'est  pas 
étonnant,  avec  une  telle  humilité  et  une  si  grande  mor- 
tification, que  le  bienheureux  Til  fût  favorisé  du  don 
des  miracles.  Déjà,  nous  l'avons  vu,  il  en  avait  opéré, 
dans  sa  retraite  des  bords  de  l'Auze,  un  certain  nombre 
dont  les  chroniqueurs  ne  nous  ont  point  conservé  le 
récit.  Ici  nous  sommes  plus  heureux,  et  nous  pourrons 
en  raconter  plusieurs  qu'il  fit  à  Solignac,  soit  avant  soit 
après  sa  mort  (1). 

Le  premier  eut  lieu  en  faveur  d'une  femme  qui  avait 
une  grande  plaie,  peut-être  un  cancer,  et  qui  vint  un 
jour  à  la  porte  du  monastère  demandant  le  saint  avec 
instance.  Til  ne  voulut  jamais,  malgré  ses  prières  et  ses 
larmes,  consentir  à  la  voir,  même  un  instant.  A  la  fin, 
cependant,  il  lui  envoya  dire  de  prier  Dieu  avec  con- 
fiance et  qu'elle  guérirait.  La  femme  n'en  demanda  pas 
davantage  :  elle  s'en  retourna  pleine  de  confiance  en 
la  parole  du  saint  homme.  Ayant  donc  invoqué  le  nom 
du  Seigneur  Jésus,  la  grâce  désirée  ne  se  fit  pas 
attendre  :  elle  rentra  chez  elle,  subitement  et  parfaite- 
ment guérie  (2). 

Ce  miracle,  dû  évidemment  aux  mérites  du  saint  bien 
plus  qu'aux  prières  de  la  malade,  ne  fit  qu'accroître 
l'estime  et  la  vénération  générales  dont  il  était  entouré. 
Aussi  l'homme  de  Dieu,  qui  sentait  du  reste  la  vieillesse 
approcher,  en  conçut  un  désir  plus  violent  que  jamais 


(1)  Bollandistes,  n*  23. 

(-2)  Bollandistes,  n*  24.  Mabillon,  n'  17. 


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—  606  — 

de  la  solitude  absolue.  Il  va  donc  se  présenter  un  jour 
à  Tabbé  Gondebert,  qui  avait  succédé  à  Ghildemer,  et 
lui  demande  en  grâce  la  permission  d'élever  près  du 
monastère,  mais  en  dehors  et  à  une  petite  distance  de 
son  enceinte,  un  oratoire  en  Thonneur  de  saint  Ëloi, 
son  maître  vénéré,  pour  y  terminer  ses  jours  entière- 
ment séparé  du  monde  et  seul  avec  Dieu.  L'abbé  dut 
se  rendre  à  ce  pieux  désir;  il  avait  coutume,  du  reste, 
de  ne  rien  refuser  à  son  vénérable  prédécesseur;  il  lui 
fit  donc  construire,  à  trois  kilomètres  environ  du  mo- 
nastère, une  petite  celle  où  l'homme  de  Dieu  se  retira. 
Ge  fut  probablement  la  première  chapelle  élevée  par  la 
reconnaissance  de  l'ouvrier  au  patron,  à  qui  il  devait 
tout  après  Dieu  :  double  afiFranchissement  de  l'esclavage 
du  démon  et  des  hommes;  double  adoption,  celle  du 
Père  céleste  et  celle  d'un  père  ici-bas;  enfin  double 
formation  comme  artiste  de  premier  ordre  et  conune 
parfait  religieux  (1). 

Dans  son  nouvel  ermitage,  Til  ne  demeurait  jamais 
oisif  :  il  priait,  lisait,  travaillait  des  mains;  surtout  il 
offrait  chaque  jour,  avec  une  ferveur  angélique,  le  sacri- 
fice de  l'autel.  Lorsqu'il  sortait  de  sa  cellule,  il  se  mu- 
nissait du  signe  de  la  croix  et  formulait  une  courte 
prière;  lorsqu'il  rentrait,  il  priait  encore  avant  de  s'as- 
seoir pour  se  reposer.  Le  soir  venu,  il  se  disposait  à 
sanctifier  la  nuit  par  la  prière;  mais  ici  il  lui  fallait 
user  de  ruse.  Il  commençait  par  s'étendre  sur  sa  couche 
et  faisait  semblant  de  reposer;  mais  lorsqu'il  pouvait 
supposer  endormis  les  deux  religieux  qu'on  lui  avait 
donnés  pour  le  servir  (peut-être  les  mêmes  qui  étaient 
venus  d'Auvergne  avec  lui),  il  se  levait  doucement,  en- 
trait dans  l'oratoire,  et,  se  prosternant  sur  le  pavé,  il 
passait  presque  toute  la  nuit  à  prier  avec  grande  abon- 
dance de  larmes.  Tels  étaient  les  saints  exercices  par 


(1)  Verdière. 


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^  607  — 

lesquels  il  se  préparait  à  la  mort,  car  il  soupirait  sans 
cesse  après  réternelle  patrie  (1). 

Néanmoins,  il  avait  beau  vouloir  fuir  le  monde  et 
s'ensevelir  dans  la  solitude,  Til  ne  pouvait  parvenir  à 
se  séparer  de  sa  réputation  de  sainteté,  à  s'affranchir 
de  la  confiance  qu'on  avait  en  ses  mérites.  On  raconte 
que  la  femme  du  comte  Lautaire,  nonunée  Âlmane  par 
les  uns,  Colmaine  par  d'autres,  lui  envoya  un  jour  une 
fiole  d'huile  pour  qu'il  la  bénît.  Elle  voulait  s'en  servir, 
comme  c'était  l'usage  alors,  dans  ses  infirmités  ou  ma- 
ladies. L'ampoule  de  verre  était  loin  d'être  pleine;  il 
n'y  avait  qu'un  peu  d'huilé  au  fond.  Le  saint  la  bénit, 
et  aussitôt  la  liqueur  commença  à  monter.  Dans  le  che- 
min, le  serviteur  qui  rapportait  à  sa  maîtresse  l'huile 
bénite  remarqua  qu'elle  augmentait  toujours,  à  tel  point 
que  bientôt  non-seulement  le  vase  fut  plein,  mais  le 
liquide  conunença  à  déborder  et  à  couler  avec  abon- 
dance sur  ses  mains  et  ses  vêtements.  À  la  vue  de  ce 
prodige,  Colmaine  se  rend  en  toute  hâte  auprès  du  saint 
pour  le  remercier  et  aussi  pour  le  voir,  selon  la  re- 
marque du  biographe.  Elle  lui  offre,  pour  l'ornement 
de  son  oratoire,  une  assez  forte  somme  que  le  solitaire 
accepte,  puis  elle  le  quitte  en  se  reconmiandant  instam- 
ment à  ses  prières  (2).  Molanus  ajoute  que  le  comte 
ayant  appris  par  sa  femme  la  multiplication  de  l'huile 
bénite,  envoya  aussi  des  présents  au  saint  moine.  Mais 
celui-ci,  qui  avait  accepté  pour  l'église  les  dons  de  la 
comtesse,  refusa  ceux  qui  lui  étaient  offerts  pour  lui- 
même. 

Une  autre  femme  avait  au  cou  une  plaie  énorme,  et 
déjà  tout  le  monde  la  condamnait.  La  crainte  de  la  mort 
la  fit  recourir  au  saint  homme  pour  le  prier  de  faire 
seulement  le  signe  de  la  croix  sur  son  mal  hideux  et 
répugnant.  La  foi  de  cette  pauvre  femme  fut  magnifi- 

(1)  Bollandisles,  d»  25. 

(2)  Bollandistes,  n*  26.  Mabillon,  n*  19. 


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—  608  — 

quement  récompensée  :  à  peine  le  religieux  eut-il  formé 
sur  la  plaie  le  signe  du  salut  que  la  femme  se  sentit 
guérie  (1). 

Racontons  encore  quelques  prodiges  que  les  anciens 
historiens  disent  être  parfaitement  avérés.  Saint  Til  en- 
trait un  jour  au  monastère,  où  il  allait  quelquefois  par 
charité  pour  ses  frères,  lorsque  ayant  passé  le  seuil 
il  rencontra  un  serviteur  de  la  maison  qui  avait  les 
membres  tout  contractés  par  une  paralysie;  il  se  traî- 
nait à  peine.  La  vue  inespérée  du  saint  excite  la  con- 
fiance de  l'infirme,  qui  le  supplie  de  lui  venir  en  aide 
en  priant  pour  lui.  Til  s'y  refuse  d'abord,  craignant  un 
miracle.  Mais  le  pauvre  paralytique  fait  si  bien  que, 
la  charité  l'emportant  sur  l'humilité,  le  bon  religieux 
se  recueille  et  adresse  mentalement  à  Dieu  une  prière 
pour  son  client;  puis  il  trace  sur  chacun  des  membres 
de  l'infirme  le  signe  de  la  croix.  Le  contact  d'une  si 
sainte  main  amena  immédiatement  la  guérison  du  para- 
lytique, qui  se  releva  sain  et  sauf  (2). 

Il  y  avait,  dans  le  cellier  du  monastère,  une  grande 
tonne  de  vin  où  les  religieux  puisaient  pour  faire  la 
charité  aux  pauvres  (la  charité  d'aujourd'hui  n'est  pas 
toujours  aussi  luxueuse).  Or,  il  arriva  qu'à  force  de 
tirer  du  vin  il  ne  s'en  trouva  presque  plus  dans  le 
tonneau.  Til,  se  trouvant  un  jour  au  monastère,  s'aper- 
çut que  la  provision  des  pauvres  s'achevait;  sans  qu'on 
le  remarquât,  il  bénit  le  tonneau  et  rentra  dans  son 
ermitage.  Le  lendemain,  un  serviteur  étant  entré  dans 
le  cellier,  trouva  la  tonne,  qu'on  avait  laissée  presque 
vide  la  veille,  pleine  maintenant  jusqu'au  bord.  On  en 
avertit  l'homme  de  Dieu,  qu'on  soupçonna  aussitôt  d'être 
l'auteur  de  cette  multiplication,  et  on  lui  apporta  de  ce 
vin  miraculeux  pour  qu'il  en  goûtât  le  premier;  mais  à 
peine  voulut-il  y  tremper  les  lèvres  (3). 

(1)  Bollandistes,  n*  27.  Mabillon,  n*  20. 

(2)  Bollandistes,  n«  28.  Mabillon,  n«  21. 

(3)  Bollandistes,  n-  29.  Mabillon,  n*  22. 


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—  609  — 

Il  y  eut  encore  beaucoup  d'autres  miracles  opérés  par 
saint  Til;  mais,  pour,  ne  pas  être  trop  long,  nous  les 
passons  sous  silence,  dit  l'auteur  de  sa  première  vie. 
Nous  en  ajouterons  cependant  un  autre  rapporté  par  le 
moine  de  Solignac.  Le  siège  épiscopal  de  Limoges  était 
alors  occupé  par  Hermen,  ou  Hermenon,  homme  véné- 
rable, qui  connaissait  la  sainteté  du  pieux  ermite  et  qui 
avait  souvent  bénéficié  de  ses  mérites^  auprès  de  Dieu. 
Or,  il  arrivait  que  souvent  le  vénérable  évêque  souffrait 
violemment  de  la  fièvre.  Il  envoyait  aussitôt  un  mes- 
sager vers  l'homme  de  Dieu,  avec  prière  d'intercéder 
pour  lui  auprès  du  Seigneur.  Les  prières  de  Tévèque 
étaient  des  ordres  pour  saint  Til,  qui  se  mettait  alors 
en  oraison,  veillait  toute  la  nuit  à  Tintention  d'Hermen, 
et  obtenait  infailliblement  sa  guérison.  Ainsi  le  pauvre 
moine,  Thumble  religieux,  obtenait  de  Dieu  ce  que 
Tévêque  n'osait  demander  lui-même.  Après  sa  mort,  Til 
continua  au  vénérable  pontife  sa  charitable  assistance, 
comme  nous  le  verrons  hientôt  (1). 

Hermen  n'était  pas  le  seul  évêque  qui  eût  l'anachorète 
en  grande  vénération  :  saint  Bonnet,  évêque  d'Auvergne, 
le  connaissait  aussi  de  réputation,  et  il  avait  tant  de 
confiance  en  ses  lumières  qu'il  fit  le  voyage  de  Soli- 
gnac exprès  pour  le  consulter.  Voici  à  quelle  occasion. 
Avit,  évêque  de  Glermont,  sentant  sa  fin  approcher,  jeta 
les  yeux  sur  son  entourage  pour  voir  qui  était  plus 
capable  d'occuper  son  siège  après  lui  :  son  choix  se  fixa 
sur  son  propre  frère.  Bonnet,  qui  fut  sacré  évoque,  du 
consentement  de  Thierri  II.  Pendant  dix  ans,  le  frère 
de  saint  Avit  gouverna  l'église  d'Auvergne  avec  beau- 
coup de  zèle  et  à  la  grande  édification  dé  tous.  Mais 
au  bout  de  ce  temps,  des  doutes  lui  vinrent  sur  la 
canonicité  de  son  élection,  et  personne  ne  lui  parut  plus 
propre  à  les  éclaircir  que  le  saint  ermite  de  Solignac, 
qui  avait  autrefois  habité  son  diocèse.  Bonnet  vint  donc 

(1)  Mabillon,  n*  16. 

T.  tX.  4-5 


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—  610  ^ 

le  trouver,  lui  communiqua  sa  peine  de  conscience  et, 
sur  son  avis,  se  démit  de  son  évêché  pour  se  retirer 
dans  l'abbaye  de  Manglieu  (1). 

C'est  vers  Tan  699  que  saint  Bonnet  était  venu  con- 
férer avec  saint  Til.  Celui-ci  était  déjà  parvenu  à  une 
extrême  vieillesse.  Il  avait  pratiqué  tour  à  tour,  avec 
une  rare  perfection,  les  vertus  de  la  vie  chrétienne, 
apostolique,  religieuse  et  cénobitique;  ses  mérites  sont 
maintenant  au  comble.  Aussi  Dieu  se  prépare  à  le  ré- 
compenser* en  l'appelant  à  lui  par  la  grâce  d'une  sainte 
mort. 


(1)  Bollandistes,  15  janvier. 


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—  611  - 
CHAPITRE  VI 

MORT   DE  TIL 

(702) 

VANT  de  raconter  les  derniers  instants  de  notre 
héros,  nous  devons  essayer  de  tracer  son  por- 
trait d'après  les  détails  que  nous  ont  laissés  ses 
deux  plus  anciens  biographes.  L'esclave  affranchi  par 
saint  Éloi  était  d'une  taille  élevée,  d'une  beauté  remar- 
quable; il  avait  le  corps  bien  fait  et  toute  sa  personne 
était  pleine  de  charmes.  Ces  avantages  physiques  n'étaient 
que  l'indice  d'une  âme  encore  mieux  douée.  Habileté  dans 
les  arts,  honnêteté  de  mœurs,  intelligence  rare,  persua- 
sive éloquence,  bonté  de  cœur,  voilà  pour  les  talents  et 
dons  naturels;  et  dans  l'ordre  spirituel,  mortification  des 
plus  austères,  humilité  profonde,  amour  passionné  de  la 
solitude  uni  au  zèle  pour  le  salut  des  âmes,  prudence 
consommée  dans  le  discernement  des  esprits,  grand  don 
de  prière,  et  surtout  ardent  amour  pour  le  Christ,  prin- 
cipe de  toute  sainteté,  le  tout  rehaussé  par  le  don  des 
miracles  (1),  tel  nous  apparaît  notre  saint  au  physique 
et  au  moral.  Mais  en  lui  ces  qualités  et  ces  vertus  ne 
firent  que  croître  avec  les  années,  en  sorte  que  ce  grand 
serviteur  de  Dieu  arriva,  se  perfectionnant  toujours,  à  la 
vieillesse  la  plus  avancée.  Après  plus  de  quatre-vingt-dix 
ans  de  longs  et  nombreux  travaux,  d'innombrables  œuvres 
de  zèle,  de  grands  et  doux  exemples  de  toutes  les  vertus, 
le  temps  vint  où  ce  soldat  émérite  devait  quitter  la  tente 
de  son  corps  pour  aller  recevoir,  dans  la  patrie  céleste, 
la  couronne  de  justice  de  la  main  de  son  roi. 

Connaissant  par  l'affaiblissement  de  ses  forces,  et  aussi 
par  une  inspiration  d'en  haut  que  son  dernier  jour  appro- 
chait, il  manda  auprès  de  lui  ses  frères  en  religion,  les 

(1)  Mabillon,  n-  4. 


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—  612  — 

moines  de  Solignac,  pour  leur  annoncer  sa  dissolution 
prochaine  et  leur  dire  un  dernier  adieu.  Lorsque  les 
religieux,  accourus  en  toute  hâte  à  son  appel,  furent 
réunis  autour  de  lui,  dans  son  humble  ermitage  :  «  Mes 
»  frères  et  mes  maîtres,  leur  dit-il,  écoutez  ce  que  j'ai 
»  à  vous  dire,  car  c'est  le  Seigneur  lui-même  qui  me 
»  Ta  révélé.  Mon  temps  est  proche;  bientôt,  grâce  à 
»  Dieu,  je  serai  délivré  des  liens  qui  me  retiennent  ici- 
»  bas.  Aussi  je  recommande  avec  instances  à  vos  prières 
»  mon  départ  de  ce  monde.  » 

En  Tentendant  parler  ainsi,  les  religieux,  douloureu- 
sement émus  et  ne  pouvant  retenir  leurs  larmes,  le 
supplièrent  de  ne  pas  les  quitter  encore  et  de  démander 
à  Dieu,  qui  ne  pourrait  le  lui  refuser,  de  vouloir  bien 
retarder  le  pénible  moment  de  la  séparation. 

Touché  de  leur  douleur,  le  saint  vieillard  se  prosterne 
sur  le  pavé,  qu'à  son  tour  il  arrose  de  pleurs,  et  bientôt 
se  relevant,  il  embrasse  chacun  de  ses  frères,  verse  sur 
eux  de  douces  larmes  :  «  0  mes  frères,  mes  frères, 
»  disait-il,  ne  vous  attristez  pas  ainsi,  je  vous  en  con- 
»  jure,  cela  ne  convient  pas;  mais  plutôt  réjouissez- vous, 
»  car  depuis  longtemps  je  désire  ce  que  vous  redoutez. 
»  Si  je  vous  quitte,  ce  n'est  pas  pour  Texil,  mais  pour 
»  la  patrie  vera  laquelle  je  soupire  de  toutes  mes  forces, 
»  car  je  sais  en  qui  j'ai  cru.  Le  Christ  est  ma  vie,  et  la 
»  mort  me  sera  un  gain.  J'ai  fait  la  garde  de  mon  mieux 
»  pendant  la  première,  la  seconde  et  la  troisième  veilles  ; 
»  me  voici  à  la  quatrième,  et  bientôt  paraîtra  le  jour. 
»  C'est  pourquoi  j'espère  recevoir  du  Seigneur,  dans 
»  l'éternelle  béatitude,  la  couronne  de  gloire  qui  ne  se 
»  flétrit  pas.  »  Il  n'en  put  dire  davantage,  et  les  frères 
se  retirèrent  lentement,  la  tristesse  dans  l'âme. 

Peu  de  jours  après  cette  scène  déchirante,  saint  Til 
fut  pris  d'un  fièvre  légère  qui  alla  en  augmentant.  Mais 
tandis  que  son  corps  était  dans  le  malaise  et  la  dé- 
faillance, sa  sainte  âme,  toujours  tournée  vers  le  ciel, 
ne  cessait  de  s'occuper  de  Dieu.  On  était  arrivé  au  jour 


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—  613  — 

de  rÉpiphanie,  qui  Teut  dire  apparition  du  Seigneur.  Ce 
jour  semblait  on  ne  peut  mieux  choisi  pour  le  passage 
du  saint  à  une  vie  meilleure.  Il  allait  bientôt  voir  sans 
aucun  obstacle,  mais  fa^e  à  face  et  tel  qu'il  est  en  lui-même^ 
Celui  qu'il  n'avait  contemplé  jusque-là  qu'«n  énigme  et 
en  apparence.  Ce  jour-là,  il  disposa  tout  dans  son  ora- 
toire, indiqua  le  lieu  où  il  voulait  être  enterré  dans 
l'église  du  monastère;  puis,  sentant  la  mort  approcher, 
il  appelle  un  jeune  garçon  qui  le  servait  et  lui  dit  : 
«  Hfttez-vous,  mon  flls,  i*endez-vous  promptement  à  la 
»  ville  de  Limoges,  et  dites  à  l'évêque  que  je  le  prie 
»  de  venir  ici  demain,  afin  de  recommander  mon  âme 
»  à  Dieu  et  donner  à  mon  corps  la  sépulture  chrétienne.  » 
Après  cela  il  reçut  le  sacrement  du  corps  et  du  sang 
de  Jésus-Christ,  se  munit  du  signe  de  la  croix,  et  peu 
après,  entouré  de  quelques  frères  qui  l'assistaient  en 
pleurant  et  en  priant,  priant  lui-même,  il  rendit  paisi- 
blement le  dernier  soupir.  C'était  dans  la  nuit  du  6 
au  7  janvier,  un  peu  après  minuit,  l'an  702,  ou  707 
d'après  d'autres.  Il  était  âgé  de  quatre-vingt-quatorze  ans. 

Cependant  le  jeune  messager  arrivait  chez  l'évêque, 
qui  était  ce  même  Hermen  si  souvent  guéri  par  les 
prières  du  saint.  Il  le  trouva  couché  et  si  malade  qu'il 
ne  pouvait  se  tenir  sur  son  séant,  ni  bouger  dans  son 
lit.  Par  une  disposition  de  la  Providence,  il  n'avait  pas 
cette  fois  envoyé  vers  le  saint  pour  demander  d'être 
guéri,  comme  nous  savons  qu'il  avait  l'habitude  de  faire. 
Peut-être  craignait-il,  à  la  fin,  de  tenter  Dieu.  Néan- 
moins, aussitôt  qu'il  eut  entendu  le  message  du  bien- 
heureux Til,  la  confiance  lui  revint.  Il  se  recommande 
intérieurement  au  saint,  et,  plein  de  foi,  il  dit  à  ses 
serviteurs  qu'il  veut  se  lever.  Comme  ceux-ci,  tout  éton- 
nés, hésitaient  à  lui  donner  ses  vêtements,  l'évêque,  qui 
un  moment  auparavant  ne  pouvait  faire  un  mouvement, 
se  lève  et  s'habille  sans  le  secours  de  personne  :  il  était 
subitement  et  complètement  guéri. 

Hermen  part  sur  l'heure,  non  à  cheval,  mais  à  pied. 


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—  614  — 

par  dévotion,  et  arrive  à  l'ermitage  du  saint  religieux. 
Celui-ci  avait  rendu  le  dernier  soupir  depuis  plusieurs 
heures.  Après  avoir  célébré,  selon  la  coutume,  l'office 
pour  les  défunts,  Tévéque  voulut,  par  reconnaissance  et 
par  honneur,  ensevelir  le  corps  de  ses  propres  mains, 
porter,  avec  l'aide  des  moines,  le  cercueil  au  lieu  de 
la  sépulture,  dans  l'église  du  monastère,  et  enfin  le  des- 
1  cendre  lui-môme  dans  la  fosse.  Les  funérailles  terminées 

1  il  revint  dans  la  ville  épiscopale,  bénissant  Dieu  de  la 

!  santé  qu'il  lui  avait  rendue  par  les  mérites  de  son  ser- 

viteur (1). 

Peu  de  temps  après,  le  même  évéque  fit  élever,  au- 
dessus  de  la  tombe  du  saint,  un  monument  funéraire 
en  forme  de  voûte,  ouvrage  d'or,  d'argent  et  de  pier- 
reries d'un  merveilleux  effet,  et  y  grava  une  inscrip- 
tion composée  à  la  mémoire  du  pauvre  ermite.  On  aime 
à  voir  l'art  que  Til  avait  cultivé  s'employer,  avec  ce 
soin  et  cette  munificence,  à  orner  son  tombeau.  Lui- 
même  sans  doute  s'était  appliqué,  dans  les  heures  où 
il  se  reposait  de  sa  méditation  solitaire,  à  exécuter 
quelque  beau  reliquaire  pour  son  cher  patron.  Limoges, 
où  il  avait  travaillé  peut-être  avec  son  maître,  consacrait, 
par  l'entremise  de  son  premier  pasteur,  ses  richesses  et 
son  industrie  à  la  gloire  du  protecteur  nouveau  qu'elle 
donnait,  avec  Éloi,  à  ses  orfèvres  émailleurs  (2). 

J.-B.  Ghabau, 

Chanoine  honoraire. 


(1)  Bollandistes,  n"  30,  31.  Mabillon,  n-  12,  13. 

(2)  Verdière. 


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CROIX-RELIQUAIRE 

CONSERVÉE     A     BRAGEAC 

(cantal) 


La  croix  dont  nous  donnons  le  dessin,  d'après 
des  photographies  de  M.  E.  Molinier,  est  con- 
servée dans  Téglise  de  Brageac  (Cantal),  où  elle 
est  connue,  nous  ne  savons  trop  pourquoi,  sous 
le  nom  de  Croix  de  saint  TiL  Elle  est  à 
doubles  traverses  et  formée  de  lames  minces  d'ar- 
gent doré  appliquées  sur  une  âme  de  bois;  les 
rinceaux  qui  en  constituent  les  ornements  sont 
estampés;  un  grènetis  accuse  les  arêtes  de  la 
croix. 

Sa  hauteur  est  de  150  millimètres;  les  deux 
traverses  mesurent,  Tune  65  millimètres  de  long, 
Tautré  85  millimètres  ;  l'épaisseur,  est  de  un  cen- 
timètre. 

Les  reliques  sont  renfermées  dans  de  petites 
cavités  ménagées  le  long  du  montant  et  des  tra- 
verses; celles  qui  sont  à  la  rencontre  des  deux 
croisillons  ont  elles-mêmes  la  forme  d'une  croix; 
les  autres  consistent  en  simples  trous  dont  les 
bords,  relevés  légèrement  en  façon  de  bâtes,  for- 
ment ainsi  une  sertissure  facile  à  faire,  et  par 
suite  très  économique. 


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—  618  — 

Des  inscriptions  faites  au  repoussé  nous  ren- 
seignent sur  la  nature  des  reliques  :  ce  sont  des 
pierres  du  sépulcre,  de  Tétable  du  Sauveur  et  du 
jardin  de  Gethsémani,  du  bois  de  la  vraie  Croix, 
des  vêtements  du  Christ.  On  lit  en  effet,  en  réu- 
nissant les  fragments  de  mots  qui  se  trouvent  en 
tête  de  la  croix  et  aux  extrémités  de  chaque  tra- 
verse :  LA  PI  DES  SEPVL  CRI;  et  le  long  du 
montant  :  S.CRVX  PRESEPE  VESTI.M.  GE- 
SEMA. 

Cette  croix,  qui  date  du  xiii^  siècle,  nous  paraît 
être  de  provenance  limousine.  Nous  ne  saurions 
trop  répéter,  à  ce  sujet,  ce  qu'écrivait  M.  R.  de 
Lasteyrie  à  propos  de  la  croix  de  Gorre  (1). 

Une  opinion,   très  généralement  admise,   fait 
supposer  que  toutes  les  croix  à  doubles  traverses 
sont  de  fabrication  byzantine.   C'est  Didron  qui 
le  premier,  a  commencé  à  accréditer  cette  erreur 
et  il  en  était  'arrivé  à  établir  joette  conclusion 
que  bien  des  archéologues  ont  depuis  lors  con 
sidérée  comme  parole  d'Évangile  :  «  Nous  enga 
geons  nos  lecteurs  à  bien  constater. la  forme  »et 
le  nombre  des  '  croisillons  sur  toutes   les  croix 
qu'ils  auront  occasion  de  voir.  Quand  la  double 
traverse  s'y  rencontrera,  l'origine  et  la  nature  n'en 
seront  plus  douteuses  :  la  croix  sera  grecque  et 
servira  de  reliquaire  (2).  » 
On  peut  admettre  facilement  que  la  croix  à 


(1)  Bulletin  archéologique  du  Comité  des  Travaux  historiques 
et  scientifiques  de  1884. 

(2)  Annales  archéologiques,  t.  V,  p.  327. 


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—  619  — 

doubles  traverses  est  d'origine  orientale,  qu'elle 
était  en  usage  depuis  plusieurs  siècles  dans  l'em- 
pire de  Byzance  quand  on  s'est  mis  à  en  fabri- 
quer de  pareilles  en  Occident;  mais  il  y  a  loin 
à  conclure' de  là  que  par  le  seul  fait  qu'elles  sont 
à  doubles  croisillons,  elles  proviennent  sans  aucun 
doute  de  l'Orient.  Les  expositions  de  Limoges  et 
de  Tulle  ont  fourni  un  certain  nombre  d'objets 
qui,  sans  parler  de  ceux  qui  se  trouvent  dans  les 
collections  publiques  et  privées,  donnent  un  dé- 
menti formel  à  cette  manière  de  voir. 

Ernest  Rupin. 


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LIVRES  DE  RAISON 

LIMOUSINS  ET  MARCHOIS 


(Suite.  —  Voir  t.  ix,  2"'  livraison.) 


XVII 

EXTRAITS    d'un   LIVRE   DOMESTIQUE   DE  LA  FAMILLE 
LBYNIA  DE  GHA8SAGNB   (1724-1804)  (1). 

Le  vingt  janvier  mille  sept  cent  vingt  quatre,  mon 
épouse  s'est  accouchée  du  garçon.  A  été  parein  M*  Pierre 
Leynia,  juge  du  Loy  (?),  mon  père;  mareine  D*"*  Fran- 
çoise Lafont.  Et  a  été  baptisé  par  M.  Ghadenier,  vicaire 
de  Treignac  (2) ,  led.  jour.  Deleynia.  Est  mort  le  dit 
Pierre  Leynia  le  25  dudit  mois. 

Le  trente  un  août  mille  sept  cent  vingt  cinq,  est  née 
Marrianne  Leynia.  Â  été  parein  M"*  Etienne  Leynia,  curé 
de  Saint-Hylaire-Foissac  (3)  ;  mareine  D*"*  Anne  Fayolle. 
Et  a  été  baptisée  par  M.  Lafont,  vicaire  à  Treignac,  le 
4  septembre  4725.  Deletnia. 

Le  vingt  six  février  mil  sept  cent  vingt  huit,  est  né 
Pierre  Leynia.  A  été  parein  M*  Pierre  Lafont,  prieur 
de  Monceix  (4)  ;  mareine  D^"*  Françoise  Dugibanel.  Et  a 

(1)  Nous  n'avons  rien  à  ajouter  aux  indications  données  à  Tin- 
troduction.  -—  Alf.  L. 

(2)  GheMieu  de  canton,  arrondissement  de  Tulle  (Corrèze). 

(3)  Aujourd'hui  paroisse  et  commune  du  canton  de  Lapleau,  ar- 
rondissement de  Tulle. 

(4)  Près  Ghamberet.  M.  Tabbé  Joyeux,  curé  de  Yicq,  a  exécuté 
au  Mont-Geix  des  fouilles  qui  ont  amené  la  découverte  de  restes 
intéressants  de  Tépoque  gallo-romaine. 


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—  622  — 

été  baptisé  par  M.  Lafont,  vicaire  de  Treignac,  le  29  du 
dit  mois.  Deleynia. 

Le  trois  octobre  1729,  est  né  Pierre  Leynia.  A  été 
pareiii  Pierre  Leynia,  s'  du  Mas,  mon  frère;  mareine 
D'"®  Catherine  Dequet,  veusve  de  Jacques  Boulière.  Et 
a  été  baptisé  le  5  dudit  mois  par  M.  Daffleux.  Deleynia. 
E$t  mort  le  dit  Pierre  le  13  février  1131. 

Le  8  février  1732,  est  née  Jeanne  Leynia.  A  été 
parein  Pierre  Leynia,  s'  du  Mas,  mon  frère;  mareine 
D'"'  Jeanne  Grandchamp,  sœur  de  St-Joseph.  Et  a  été 
baptisée  le  10  du  présent  par  M.  Farge,  curé  de  Sou- 
daine (1}.  Deleynia.  Est  morte  ladite  Jeanne  Leynia  le  13 
janvier  1135, 

Le  19  décembre  1733,  ma  femme  s*est  accouchée  du 
garçon.  A  été  parein  Denis  Leynia,  mon  frère;  mareine 
Élisabet  Granchamp.  Et  a  été  baptisé  le  20  du  présent 
mois  par  M.  Daffteux,  curé  de  Treignac.  Deleynia.  Est 
mort  ledit  Denis  Leynia  le  24  décembre  1733. 

Le  18  septembre  1735,  ma  femme  s'est  accouchée  d*un 
garçon.  A  été  parein  Charles  Joseph  Grandchamp,  sieur 
de  Lacueille  (?)  ;  mareine  Antoinette  Leynia,  ma  sœur. 
Et  a  été  baptisé  le  21  du  présent  mois  par  M.  Vacher, 
vicaire.  Deleynia. 

Le  8  mars  1737,  ma  femme  s'est  accouchée  d'un  gai^ 
çon.  A  été  parein  Louis  Leynia,  mon  frère;  mareine 
Marianne  Leynia,  ma  fllle.  Et  a  été  baptisé  le  10  par 
M.  Daffleux,  curé  de  Treignac.  Deleynia. 

Est  mort  ledit  Louis  le  17  juin  1737. 
Le  15  décembre  1738,  ma  femme  s'est  accouchée  d'une 
fille.  A  été  parein  M*  Pierre  Leynia,  vicaire  à  Vitract  (2)  ; 


(1)  Aujourd'hui  commune  du  canton  de  Treignac.  La  paroisse  de 
La  Vinadière  a  été  réunie  à  celle  de  Soudaine. 

(2)  Aujourd'hui  commune  du  canton  de  Corrèze,  arrondissement 
de  Tulle. 


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—  623  — 

mareine  D*"*  Marie  Grandchamp.  Et  a  été  baptisée  le 
18  du  présent  mois  par  M.  Belarbre,  curé  de  Sou- 
daine. Deleynia. 

Le  15  octobre  1740,  ma  femme  s'est  accouchée  d'une 
fille.  A  été  parein  Charles  Janisson,  s'  de  La  Garde; 
mareine  Jeanne  Ghayerebiëre,  ma  belle  sœur.  Et  a  été 
baptisée  le  16  du  présent  par  M.  Belarbre,  curé  de 
Soudaine.  Deleynia. 

Le  5  février  1742,  ma  femme  s'est  accouchée  d'une 
fille.  A  été  parein  M*  Pierre  Lafont,  prieur  de  Monceix 
et  curé  de  Meilhars  (1)  ;  mareine  Marie  Leynia.  Baptisée 
le  11  dudit  mois  par  M.  Serre,  curé  de  Chamberet  (2), 
à  Soudaine.  Deleynia. 

Le  3  novembre  1744,  ma  femme  s'est  accouchée  du  [sic] 
garçon.  A  été  parein  Louis  Leynia;  marraine  Marianne 
Boulière.  Et  a  été  baptisé  le  5  du  mois  par  M.  Daffieux, 
curé  de  Treignac.  De  Leynia. 

Le  22  juillet  1746,  ma  femme  s'est  accouchée  de  deux 
filles,  baptisées  le  dit  jour  par  M.  Juge,  curé  de  Sou- 
daine, à  Chamberet.  Deleynia. 

Le  24  août  1751,  ma  femme  s'est  accouchée  d'un 
garçon.  A  été  parein  M*  Etienne  Leynia,  prêtre;  mareine 
demoiselle  Marianne  Décubes.  Baptisée  à  Chamberet  par 
M.  Duvergier,  curé  de  Soudaine.  Deleynia. 


Le  13  décembre  1756  est  né  Jean-Baptiste  Leynia,  fils 
à  Pierre  Leynia  et  à  Marie  Chaverebière.  A  été  parein 
Jean-Baptiste  Leynia;  mareine  D«"«  Michèle  Farge.  Et  a 
été  baptisé  le  14  du  présent  mois  par  Monsieur  Les- 
trade,  curé  de  Chamberet,  à  la  Vinadière  (3). 

(1)  Meill^ards,  aujour.  chef-lieu  de  commune,  canton  d'Uzerche, 
arrondissement  de  Tulle  (Gorrèze). 

(2)  Aujoarif'hiii  commune  du  canton  de  Treignac. 

(3)  La  Vinadière,  près  et  commune  de  Soudaine,  canton  de  Trei- 
gnac 


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—  624  — 

Le  16  may  1758,  est  née  Marianne  Leynia,  fille  à 
Pierre  Leynia  [et]  à  Marie  Chaverebière.  A  été  parein 
Jean-Baptiste  Chaverebière;  mareine  Marianne  Diquet 
Et  a  été  baptisée  le  18  par  M.  Chaverebière,  curé  de 
Maïuanes,  à  la  Yinadière. 

Le  19  octobre  1759,  est  né  Joseph  Leynia,  fils  à  Pierre 
Leynia,  et  de  Marie  Chaverebière.  Â  été  parein  Joseph 
Chaverebière  ;  mareine  Marianne  Leynia.  Et  a  été  baptisé 
le  22  par  M.  le  curé  de  Mauzanes,  à  la  Yinadière. 

Le  vingt  deux  novembre  mille  sept  cent  soixante  un, 

ma  femme  s*est   accouchée   d'une   fille.  A  été  parrein 

M*  François  Chaverevière,  curé  de  Mausane,  et  niareine 

Marianne  Dequet. 

Leynia  de  Chassaigne. 

Le  12  avril  mille  sept  Gient  soixante  deux,  mon  épouse 
s'est  accouchée  d'une  fille.  A  été  parein  M^  Franssois 
Chaveribière,  curé  dé  Mausane;  mareine  demoiselle  Toi- 
nette  du  Teil  de  Leynia,  faisant  pour  D*"«  Françoise 
Dugibanel  de  Leynia,  sa  belle  mère.  A  été  baptisée  par 
M.  Duvergès,  curé  de  Soudenne,  le  13  dudit  mois.  Leynia 
de  Chassaigne.  *  "^ 

Le  21  mars  1764,  mon  épouse  s'est  accouchée  d'un 
garçon.  A  été  parein  Etienne  Leynia,  mon  frère;  mareine 
D*"*  Jane  Chaveribière.  Et  a  été  baptisé  ie  22  du  présent 
mois  par  M.  Duvergé,  curé  de  Soudenne. 


Le  trois  décembre  1780,  ma  femme  s'est  accouchée  d'une 
fille  qui  a  été  ondoyée  le  6  et  est  morte  le  9.  Monsieur 
Léonarâ  Bourguet  a  été  parein,  et  D«"«  Marie  Chave- 
ribière, ma  mère,  a  été  maraine.  Leynia  de  Chassagne. 

Le  9  décembre  1781,  mon  épouse  s'est  accouchée  d'une 
fille.  A  été  parein  Joseph  Leynia,  mon  frère,  et  maraine 
D*"*  Luce  Pasquet.  Elle  a  été  baptisée  le  10  par  Monsieur 
Laroque,  curé  de  Treignac.  Leynia  de  Chassagne. 

Le  19  septembre '1782,  mon  épouse  s'est  accouchée  d'un 
enfant  qui  a  été  baptisé  le  même  jour.  Monsieur  Léonard 


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—  625  — 

Chammand  (?)  a  été  parin,  et  D*"'  Marie- Anna  Leynia, 
ma  tante,  a  été  maraine.  Cet  enfant  est  mort  le  même 

jour.  Leynia  de  Chassagne. 

« 

Le  17  septembre  1788,  D'"''  Hélène-Gabrielle-Sophie 
Reynaud,  mon  épouse,  s'est  accouchée  d'une  fille  appelée 
Justine-Gabrielle.  Son  parrain  ^a  été  Etienne  Leynia, 
mon  frère,  vicaire  de  Lubersac{l),  et  a  été  maraine 
D'"'  Gabrielle-Françoise  Meynard  des  Combes.  Elle  a  été 
baptisée  le  18  par  M.  Nynaud,  vicaire  de  Treignac. 

Le  31  may  1790,  ma  femme  s'est  accouchée  d'une  fille 
qui  a  été  baptisée  le  1"  juin  par  M.  Laroque,  curé  de 
Treignac.  Elle  a  été  apellée  Marie-ïhecle  1.  Son  par- 
rain a  été  Monsieur  Alexis-Pierre  Thibaut,  directeur  des 
dommaines  dans  la  Généralité  de  Poitiers,  qui  a  été 
représenté  par  Joseph  Leynia,  mon  frère,  et  sa  maraine 
D«"«  Marie-Thecle  Chaverebière,  ma  i^ère.  Leynia  de 
Chassagne. 

Le  30  juillet  1791,  ma  femme  s'est  accouché  d'une 
fille  qui  a  été  baptisée  le  dit  jour  par  M.  Laroque, 
curé.  Elle  a  été  nommé  Madelaine-Angélique-Frailtjoise. 
Son  parrain  a  été  Joseph  Chaveribière  de  Sal,  et  la  ma- 
raine Madelaine-Angélique-Françoise  Archambot  de  la 
Perrière,  femme  du  citoyen  Chouet  cadet,  de  la  ville  de, 
Nevers,  cousine  de  ma  femme,  représentée  par  Marie- 
Thecle  Chaveribière,  ma  mère. 

Le  10  août  1792,  ma  femme  s'est  accouchée  d'une  fille 
qui  a  été  ondoyée  tout  j^^  suitte  par  la  sage-femme.  Elle 
a  été  baptisée  le  18  octobre;  elle  a  été  nommée  Marie- 
Joséphine.  Son  parrain  a  été  le  citoyen  Joseph  Chouet, 
de  la  ville  de  Nevers,  représenté  par  Joseph  Leynia,  mon 
frère,  et  la  maraine  D'"'  Marie-Anne  Leynia,  ma  tante. 
Cette  fille  est  décédée  le  26  octobre  de  la  dite  année.  Il 
y  avoit  une  fille  nommée  L qui  est  morte  le  4  bru- 
maire an  onze. 


(1)  Chef-lie»  de  canton,  arrondissement  de  Brive  (CorrèzeV 

T.  IX  4-0 


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—  626  — 

Le  5  du  mois  fructidor  an  3  de  la  République,  ma 
femme  a  acouché  d'un  enfant  mâle  qui  a  été  nommé 
François-Antoine  Leynia.  Cet  enfant  est  mort  le  huit  du 
dit  mois,  ainsy  qu'il  est  constaté  -au  registre. 

Le  1"  messidor  de  Tan  5,  ma  femme  a  accouché  d'un 
enfant  mâle  qui  a  été  nommé  François-Justin  Leynia. 
Cet  enfant  est  mort  le  30  messidor  de  Tan  six. 

Le  24  messidor  de  l'an  10,  ma  femme  a  accouché 
d'une  fille  qui  a  été  nommée  Thérèse-Joséphine.  Les  deux 
témoins  sont  Joseph  Leynia,  mon  frère,  et  Thérèse  Cha- 
pellar,  épouse  du  citoyen  Sal,  mon  cousin. 


Le  9  août  mille  sept  cent  quatre  vingt  douze,  j'ai  fait 
à  Tulle  un  testament  cacheté  que  j'ai  laissé  entre  les 
mains  de  Boudret,  notaire  royal,  qui  reste  près  Saint- 
Pierre.  C'est  lut  qui  a  fait  l'acte  de  suscription  en  pré- 
sence de  six  témoins  qui  ont  signé.  Je  lègue  à  chacune 
de  mes  filles  4,000  11.,  payables  à  chacune  à  raison  de 
1 ,000  11.  à  sa  majorité  ou  établissement,  et  500  11.  chaque 
ann^e  jusqu'à  fin  paiement.  Je  donne  à  Marie-Am^e  Ley- 
nia, ma  tante,  la  jouissance  d'une  chambre  meublée  et 
ustencilée  pendant  sa  vie,  ^  et  100  U.  de  rente  viagère, 
sans  retenue.  Je  donne  à  Joseph  Leynia,  mon  frère,  une 
chambre  meublée  et  100  11.  de  pension  viagère.  Je  donne 
à  Etienne  Leynia,  mon  oncle,  la  jouissance  pendant  sa 
vie  de  l'apartement  qu'il  ocupe  dans  ma  maison  et  du 
meuble  qui  est  dedans.  Je  donne  200  U.  pour  faire  dire 
des  messes  basses  pour  le  repos  de  mon  âme,  dont  100  U. 
payables  au  moment  de  mon  décès,  et  100  U.  payables 
un  an  après.  Je  donne  300  U.  aux  pauvres,  payables  par 
mes  héritiers  dans  l'année  de  mon  décès.  Je  reconnais 
dans  mon  testament  avoir  reçu  de  la  succession  de  feu 
Matieux  Reynaud,  oncle  de  ma  femme,  tous  frais  déduits, 
la  somme  de (1),  que  je  luy  assure  sur  ma  succes- 


(1)  Le  chiffre  a  été  soigneusement  biflFé  sur  le  manuscrit. 


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—  627  — 

sion.  J'institue  pour  mes  héritiers  D^"^  Marie  Chaveri- 
bière,  ma  mère,  et  Gabrielle- Hélène  Reynaud,  mon 
épouse,  aux  quelles  je  lègue  l'usufruit  de  ma  succession, 
et  leur  donne  pouvoir  de  faire  héritière  celle  de  mes 
filles  qui  bon  leur  semblera.  Et  au  cas  que  Tune  d'elles 
mourut  avant  d'avoir  nommé  ladite  héritière,  la  survi- 
vente  aura  le  droit. 

Lbynia  Chassagne. 

(Archives  départementales  de  la  Haute-Vienne,  série  E.) 


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—  628  — 
XVIII 

EXTRAITS    d'un   REGISTRE   DE   FAMILLE    DU   SIEUR   ETIENNE 
RETOURET,    DE   LIMOGES   (1746-1763). 


Dieu  nous  a  donné  un  garçon  le  15  septembre  1746, 
né  le  jeudi,  à  11  heures  du  matin  (1).  Il  a  été  baptisé  à 
Saint-Pierre  par  M.  Theulier,  vicaire.  Il  a  eu  pour  par- 
rain M.  Jacques  Froment,  et  pour  marraine  M"®  Rose 
Dépéret,  ma  mère.  Son  nom  est  Jacques  Retouret. 

Nous  avons  mis  notre  fils  aîné,  Jacques,  aux  Grands- 
Carmes  le  23  mai  1762,  âgé  de  15  ans  et  8  mois,  ou 
environ,  pour  la  somme  de  350  livres,  sans  y  comprendre 
les  habits  de  sa  profession,  les  chemises  et  sa  pension. 

Du  3i  mai  1163.  —  J*ai  payé  au  R.  P.  prieur  des 
Grands-Garmes#e  Limoges  la  somme  de  200  livres,  pour 
final  payement  de  ce  que  j'étois  convenu  avec  ledit 
prieur  pour  la  profession  de  cejourd'hui,  de  mon  fils  aîné 
Jacques  Retouret,  signée  des  parents  qui  ont  assisté  à 
ladite  profession  qu'il  a  faite  ce  matin,  jour  de  mardi  (2). 


(1)  Le  père  s'appelle  Etienne  Retouret,  et  la  mère  Marie  Theu- 
riet.  Celle-ci  meurt  le  15  octobre  1762. 

(2)  Un  frère  de  Jacques,  François  Retouret,  fut  mis  aux  Grands- 
Carmes  le  3  juillet  1763,  âgé  de  15  ans  et  cinq  mois  ;  il  fit  pro- 
fession le  4  juillet  1764.  On  connaît  un  Retouret  vicaire  de  Saint- 
Pierre-du-Queyroix  au  début  de  la  Révolution.  (Voy.  V Invent .  des 
Arch.  comm.  de  Limoges,  GG,  35  et  66.) 

(Communiqués  par  M.  l'abbé  Lecler.) 


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—  629  — 
XIX 

EXTRAITS  DU   LIVRE  DE   RAISON   DU   SIEUR    LAMY-DELURET, 
CURÉ   DE  LA  roche-l'abeille  (1) 

1779-1788  (2). 


Le  !•'  juillet  (1779  ?),  M.  Tabbé  de  la  Bussière  ^'est 
retiré  chez  M.  de  Royère  (3)  pour  Téducation  de  ses  en- 
fants, demeurant  également  vicaire  à  condition  de  ne  rien 
innover  dans  la  paroisse.  Le  29  août,  je  lui  représentai 
que  je  ne  pouvois  lui  payer  sa  pension  en  entier  sur 
ce  que  son  éloignement  me  gênoit  en  bien  des  choses, 
et  je  convins  avec  lui  de  lui  donner  cent  francs  par 
an  et  de  lui  payer  les  messes  qu'il  acquitteroit  à  ma 
décharge.  Je  lui  ai  donné,  le  même  jour  que  dessus,  25 
francs,  et  lui  ai  payé  ses  messes  d'avance.  Le  12  aoust, 
M.  Tabbé  de  la  Bussière  me  fit  la  demande  de  200  francs 
par  an  pour  sa  pension.  Il  voulut  me  remettre  la  clef 
de  la  sacristie,  et  sur  ce  que  je  n'y  adhérois  pas,  il  me 
donna  un  mois  pour  me  décider.  Toutefois,  dans  la  de- 
mande qu'il  me  faisoit,  il  me  donna  l'option  ou  du  casuel 
de  Royères  (4)  ou  de  200  francs.  Je  ne  voulus  recevoir 
la  clef  de  la  sacristie  pour  lui  laisser  la  liberté  de  dire 
la  messe,  lui  dis-je.  Au  reste,  je  lui  dis  expressément 
qu'il  étoit  le  maître  de  faire  ce  qu'il  jugeroit  à  propos, 
que  je  ne  consentirois  jamais  à  une  augmentation  que 


(1)  Chef-lieu  de  commune,  canton  de  Nexon,  arrondissement  de 
Saint-Yrieix  (Haute- Vienne). 

(2)  Nous  avons  déjà  dit  que  ce  manuscrit  appartenait  aux  ar- 
chives départementales  de  la  Haute-Vienne.  A.  L. 

(3)  Royère  est  le  nom  d'un  ancien  château,  chef-lieu  d'une  petite 
seigneurie  qui  a  longtemps  appartenu  à  une  des  plus  anciennes 
familles  féodales  de  la  contrée.  Cette  famille  a  possédé  des  rési- 
dences à  Royères,  près  la  Roche-rAbeille,  et  à  Royères  Saint- 
Léonard. 

(4)  Royères,  près  et  commune  de  la  Roche-l'Abeille. 


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—  630  — 

je  ne  croyais  pas  lui  devoir,  n'étant  pas  au  service  de 
ma  paroisse  comme  un  vicaire  doit  être,  n'étant  tout  au 
plus  que  pour  la  commodité  de  quelques  villages  de 
Royëre,  et  ne  résidant  pas  à  ma  place  pour  me  donner 
la  liberté  de  m'absenter.  Le  28  octobre,  M.  Labussière 
me  demanda  obstinément  sa  pension  sur  le  pied  de  200 
francs.  Je  la  refusai  et,  de  ce  moment,  il  renonça  à  la 
qualité  de  vicaire.  Le  2  novembre;  je  fus  chez  M.  de 
Royère  et  le  priai  de  terminer  mes  discussions  avec 
M.  Tabbé,  le  laissant  maître  de  tout,  et  quelques  jours 
après  je  lui  donnai  chez  moi  la  somme  de  54  11.  6  sols, 
qui  faisoit  celle  que  je  de  vois  à  M.  Tabbé  soit  pour  sa 
pension  sur  les  conventions  précédentes,  soit  de  Taug- 
mentation  à  200  francs  par  an  que  M.  de  Royère  lui 
adjugea  pour  le  bien  de  la  paix  depuis  le  moment  de 
sa  demande.  Moyennant  cela,  M.  de  Royère  me  promit 
que  l'affaire  seroit  fini,  que  M.  Tabbé  Tavoit  asseuré 
d'en  passer  par  tout  ce  qu'il  voudroit.  Il  m'a  dit  que 
M.  l'abbé  lui  a  voit  avoué  nos  conventions  à  100  IL  par 

an,  lesquelles  néanmoins  il  vouloit  désavouer Mon 

frère,  déjà  avec  moi  à  Saint- Victurnien  (1),  est  venu  à 
la  Roche  (2)  pour  être  mon  vicaire.  Je  n'ai  pas  fait 
d'autres  conventions  avec  lui  que  celles  que  j'avois  faites 
à  Saint- Victurnien.  Je  lui  donnois  18  francs  par  an  en 
sus  des  messes  qu'il  acquittoit  à  ma  décharge,  que  je 
lui  payois.  Toutefois  je  lui  proposois  24  francs  par  an, 
sur  quoi  il  ne  me  répondit  rien.  Je  lui  ai  toujours  payé 
les  messes  d'avance,  et  jusqu'au  6  octobre  1775,  je  lui 
avois  payé  ses  honoraires.  11  est  vrai  qu'il  n'y  avoit 
que  trois  mois  que  nous  en  étions  convenus;  et  je  ne 
lui  ai  payé  que  de  [sic]  ces  trois  mois,  quoiqu'il  fut  mon 
vicaire  dès  l'année  précédente,  le  6  du  mois  d'aoust.  Il 
est  venu  à  la  Roche  le  12  novembre  1777 —  Le  13 


(1)  Chef-lieu  de  commune,,  canton  de  Saint- Junien,  arrondisse* 
ment  de  Rochechouart  (Haute-Vienne). 

(2)  La  Roche-FAbeille. 


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—  631  — 

octobre  1783,  j'ai  eu  pour  vicaire  Monsieur  Maud,  et  lui 
ai  promis  48  11.  en  sus  de  ses  messes.  —  Le  28  janvier 
1787,  M.  Tabbé  Voisin,  de  Saint- Yrieix  (1),  est  venu 
vicaire  à  la  Roche  ;  le  20  juillet,  je  lui  ai  donné  24  11. 
en  sus  de  ses  messes,  et  je  lui  ai  promis  100  francs  au- 
dessus  de  ses  messes.  —  Le  22  février  1788,  M.  l'abbé 
Sénemaud  est  venu  vicaire  à  la  Roche  aux  conditions 
de  M.  Tabbé  Voisin,  de  100  francs  en  sus  de  ses  messes 
qu'il  dit  avoir  et  dont  il  se  contentoit.  —  M.  l'abbé 
Brousse  est  venu  ici  le  24  octobre  1788,  aux  conditions 
de  M.  l'abbé  Voisin,  savoir  100  francs  en  sus  de  ses 
messes,  et  vingt  (?)  francs  pour  lui' tenir  lieu  de  casuel. 

(Archives  départementales  de  laP  Hauie- Vienne,  série  G, 
paroisses  diverses.) 


(l)  Saint- Yrieix-la- Perche,   chèf-lieu   d'arrondissement  (Haute- 
Vienne). 


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—  632  — 
XX 

• 

REGISTRE   DES   REDJ^ANCES   DUES   A  JEAN-BAPTISTE 

MARCHANDON   DU   PUIMIRAT,    CHANOINE 

DE   SAINT-ÉTIENNE    DE    LIMOGES 

(1789-1791). 


État  des  rentes  qui  me  sont  dues  chaque  mois  de  l'année^ 
à  divers  jours,  MDCCLXXXIX  (1). 


SOMMAIRE 

Les  rentes  qui  me  sont  viagères  seront  précédées  de 
cette  marque  —  V/. 

Les  rentes  dont  je  dois  jouir  pendant  ma  vie  (et  dont  le 
capital,  subsistant  après  mon  décès,  sera  payé  à  M.  Juge 
de  Saint-Priest,  mon  neveu,  exceptée  celle  des  lièvres  ou 
cochons  de  lait,  Ûont  le  capital  sera  réversible  à  Anne 
Roche,  ma  servante,  après  mon  dit  décès)  seront  précé- 
dées de  cette  marque  —  R/. 

La  rente  qui  doit  subsister  jusqu'au  7  novembre  1796 
inclusivement,  payable  tant  à  moy  qu'aux  miens,  sera 
précédée  de  cette  marque  —  2. 

1«  N'.  Outre  la  rente  du  sieur  Chabrol,  boulanger  dans 
la  Cité,  de  6  1.  par  mois,  payable  en  saulnes  (2)  pour  les 
pauvres,  il  doit  porter,  au  moment  de  mon  décès,  12  L, 
aussi  en  saulnes,  pour  leur  être  également  distribuées 
par  mon  ayant-cause. 

2^*  N\  Que  j'ai,  pour  ma  vie  durant,  la  maison  que 
j'occupe,  ainsi  que  tous  les  meubles  qui  sont  dedans  : 
le  tout  appartenant  à  mon  neveu  L.  Juge,  laquelle  est 
exempte'  de  toutes  impositions. 


(1)  Voir  le  passage  de  Tlntroduction  relatif  à  ce  manuscrit. 

L.  G. 

(2)  En  gros  sous,  en  sotts  doubles,  saunas. 


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—  633  — 

3*  N*.  Que  la  rente  que  mon  neveu  J.  Juge  C.  (1) 
me  paye,  de  78  1.»  est  pour  faire  face  à  pareille  somme, 
pour  la  fondation  de  deux  messes  par  semaine,  gui  est 
faite  à  perpétuité  dans  la  cathédrale,  à  15  s.  d'honoraire. 

4**  N'.  Il  est  des  rentes  qui  ne  sont  ni  viagères,  ni 
remboursables,  tout  au  plus  pour  Tannée  ou  pour  un 
semestre;  alors,  à  mon  décès,  elles  auront  cours  jusqu'au 
moment  de  leur  échéance,  et  mondit  neveu  en  jouira, 
pouvant  vérifier  les  tailles  qui  sont  faites  à  ce  sujet; 
ces  sortes  de  rentes  seront  précédées  de  cette  marque  —  *, 

5<*  N'.  Mon  neveu,  à  mon  décès,  pourra  exiger  ou  la 
rente  ou  le  remboursement  des  capitaux,  ceci  à  son  choix, 
à  part  la  reifte  de  la  chandelle,  qu'il  ne  pourra  demander 
que  le  29  aoust. 

6'»N*.  Qu'il  sera  libre  à  chaque  débiteur  des  rentes  cy 
après  énoncées,  de  rembourser,  sans  que  je  puisse  m'y 
refuser,  ni  ne  peux  former  aucune  demande  quant  à  ce. 


*  Madame  Lafont,  ma  voisine,  solidairement  avec  son 
mary,  me  doivent  tous  les  ans  50  1.  beurre  frais  de  Gué- 
ret,  qu'ils  payeront  de  la  manière  détaillée  à  chaque  mois. 

*  Simon  Lagneunie,  dit  Laguenille,  maître  traiteur  et 
pâtissier,  me  doit,  tous  les  dimanches  gras  de  l'année, 
un  petit  gaudiveau  et  une  tourte  d'entremets,  2  gâteaux 
et  2  échaudets;  le  tout,  je  le  recevrai  à  7  heures  du 
matin,  depuis  Pâques  à  la  St  Michel,  et,  depuis  la 
St  Michel  au  Carême,  à  8  heures. 

R/  MademoiselTe  Roche,  et  Tulle,  son  mary,  rue  Torte 
ou  de  la  Boucherie,  me  doivent  tous  les  ans,  de  rente, 
14  langues  de  cochon  et  7  de  bœuf. 

* 

Au  terme  de  mon  declain 
Tout  pour  moi  prendra  fin. 


(1)  Prob&1>lement  Juge-Ghapoulaud. 


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—  634  — 

J.  B. 

Marchandon 

de  Puymirat. 

P.  C..(l). 

Janvier. 

*  La  Guenille  donnera  tous  les  dimanches  Tordinaire. 

*  Mad*  Lafon  donnera  2  1.  beurre  frais  et  R/  6  fro- 
mages d'Auvergne. 

R/  Tulle  donnera  des  langues. 

R/  Le  1*',  Jean  B.  Roche  doit  une  bouteille  de  pinte 
ligueur  fine,  8  onces  massepains,  8  o.  pralines,  12  bis- 
cuits. 

R/  Le  1*'  ou  2*  samedy,  le  même  :  un  cochon  de  Jait. 

R/  Le  15,  le  même  :  8  onc.  massepain,  8  o.  pralines, 
12  biscuits. 

V/  Le  31,  Jean  Chabrol,  b.  (2)  dans  la  Cité,  me  doit 
6  1.  en  saulnes. 

Février. 

*  La  Guenille  donnera  tous  les  dimanches  l'ordinaire. 

*  Mad*  Lafont  donnera  14  1.  beurre  frais  et  V/  6  fro- 
mages d'Auvergne. 

R/  Tulle  douera  des  langues. 

V/  Le  !•',  M.  L.  Juge  :  argent,  110  1.  10  s. 

R/  Etienne  Boudaud,  3  1.  sucre,  1  1.  8  o.  cassonade 
blanche. 

R/  Jean  B.  Roche  doit  8  o.  mass.  (3),  8  o.  pral.  (4), 
12  bise.  (5);  R/  Le  !•'  ou  2*  samedy,  un  lièvre. 

(1)  Prêtre,  chanoine.  Cette  épigraphe  est  entourée  de  plusieurs 
encadrements  concentriques,  les  uns  rectangulaires,  les  autres  en 
losanges,  dont  les  angles  sont  ornés  d'ossements  en  croix  et  de 
tôtes  de  mort. 

(2)  Boulanger. 

(3)  Massepains. 

(4)  Pralines.  ^ 

(5)  Biscuits. 


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—  635  — 

V/  Le  15,  M'  Jean  Juge  C.  doit  39  1. 

M.  L.  Juge  doit  un  semestre  à  Jeanne  et  Â.  Ro.  (1)  :  72  1. 

R/  Jean  Roche  :  8  o.  mass.,  8  o.  pral.,  12  biscuits. 

V/  Le  28.  Chabrol  6  1. 

Rente  singulière,  quoique  fonnée  avant  les  circons- 
tances actuelles  ;  elle  sera  précédée  de  cette  marque  —  O, 
en  la  nommant  rente  du  Tiers...  (2). 

La  noblesse  y  est  représentée  par  la  Générosité;  le 
clergé  par  l'Équité  et  la  Reconnaissance;  le  tiers-État 
par  la  Liberté. 

En  la  procurant  réellement  à  Jeanne  et  Anne  Roche, 
mes  2  domestiques,  qui  me  doivent  leurs  services  jusques 
à  ma  mort,  la  susdite  rente,  créée  en  leur  faveur,  est  (3) 
suffisante  pour  les  rendre  libres  et  exemptes  de  servir 
davantage. 

Cette  rente  a  un  triple  avantage  : 

l""  Elle  procure  annuellement  des  gages  honnêtes  à  mes 
domestiques. 

2<'  Elle  a  la  qualité  de  rente  de  bienfaisance,  puisque 
je  n'ai  rien  à  prétendre  ni  au  capital,  ni  au  revenu. 

3^"  Elle  a  la  qualité  de  rente  remboursable,  puisque 
M'  Juge,  mon  neveu,  a  fait  à  mes  domestiques  perpé- 
tuels une  assurance  (4)  de  2,400  1.,  payable  à  mon  décès; 
l'assurance  est  du  15  aoust  1787. 

Mars. 

*  La  Guenille  donnera  tous  les  dimanches  (s'il  y  en 
a  de  gras)  l'ordinaire. 

*  Mad*  Lafont  donnera  4  1.  beurre  frais  et  R/  6  fro- 
mages d'Auvergne. 

R/  Tulle  donnera  des  langues. 
R/  Le  !•',  Jean  B.  Roche  doit  8  o.  mass.,  8  o.  pral.  et 
12  biscuits. 

(1)  Anne  Roche.  Les  deux  domestiques  du  chanoine. 

(2)  Ces  trois  points  sont  au  manuscrit. 

(3)  Le  manuscrit  porte  et,  sans  doute  par  erreur. 

(4)  On  dirait  aujourd'hui  une  obligation. 


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—  636  — 

R/  Le  15,  le  même  doit  tout  de  même  que  le  !•'. 

*  M"  Deluc  et  Luchy  G.  (1),  de  Toulouse,  me  fourni- 
ront annuellement  25  1.  huile  d'olive,  de  la  première 
qualité,  suivant  la  convention  faite  entre  nous. 

Le  31,  Jean  Chabrol,  boulanger,  doit  6  1. 

Avril. 

Le  !•'  ou  le  2*  samedy,  Jean  B.  Roche  doit  un  cochon 
de  lait  (2) 

V/  Le  jour  de  Pâques,  M'»  de  Puymirat,  ma  sœur, 
me  doit  36  livres. 

Mai. 

V/  Le  !•%  M'  L.  Juge,  mon  neveu,  doit  110  1.  10  s. 
R/  Étie.  Boudaud  doit  3  1.  sucre,   1  1.  8  o.  cassonade 
blanche. 


Juillet. 

Rf  Le  !•',  Jean  B.  Roche  doit  une  bouteille  de  pinte 
syrop  d'orgeat,  8  o.  massepain,  8  o.  pralines,  12  biscuits; 
—  le  !•'  ou  2*  samedi,  un  lièvre 

R/  ...M'  Massî,  le  29,  doit  20  1.  chandelles,  12  1.  de  4 
et  8  livres  de  6,  délivrables  en  octobre.  —  2.  —  M' Thomas       d 
Matthieu  P.  doit,  le  7  (novembre),  24  1.  argent  et  700 
mottes. 

Pendant  la  relieure  du  présent,  TAssemblée  nationale, 
venant  de  décréter  qu'aucun  fonds  ne  pourroit  être  hy- 
pothéqué tant  pour  le  capital  que  pour  le  service  de 
fondations  quelconques  ayant  survécu  audit  décret,  j'ay 


(1)  Chanoines  (?). 

(2)  Nous  omettons  les  mentions  qui  ne  sont  que  la  répétition  de 
celles  portées  aux  mois  précédents. 


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—  637  — 

été  obligé  d'anéantir  la  fondation  que  j'avois  faite  en 
Téglise  de  Limoges  en  l'excluant  de  mon  testament,  vu 
la  nullité  de  ma  bonne  intention.  L'Assemblée  nationale 
s'est  emparée  des  clefs  de  ce  royaume  terrestre;  veut- 
elle  nous  ôter  les  passe-partout  que  la  religion  avoit 
forgés,  et  dont  tout  bon  chrétien  avoit  la  liberté  de  se 

servir  pour  s'ouvrir  le  royaume  des  cieux? 

Ah  !  Seigneur  !  les  24  articles  énoncés  dans  le  présent 
proviennent  des  biens  dont  vous  m'avez  comblé,  et  je  ne 
les  ay  formés  que  pour  être  débarrassé  de  toute  sollici- 
tude temporelle,  au  milieu  de  la  retraite  où  je  me  suis 

voué,  n'ayant  qu'à  penser  à  vous  et  à  mon  salut Que 

votre  volonté  soit  faite,  et  non  la  mienne  ;  que  ma  rési- 
gnation et  mon  sacrifice  vous  soient  agréables  et  me 
fassent  accorder  les  grâces  nécessaires  pour  vous  pos- 
séder pendant  l'éternité.  Ainsi  soit-il. 

(Cabinet  de  M.  R.  Chapoulaud,  à  Limoges.) 

(A  suivre,) 


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MONNAIE  GAULOISE 

EN  BAS  OR 

TROUVÉE  A  YSSANDON  (CORRÈZE) 


Aux  monnaies  trouvées  à  Yssandon  et  au  Puy 
du  Ghalard,  et  publiées  par  M.  Léon  Lacroix 
dans  la  dernière  livraison  de  notre  Bulletin,  il 
y  a  très  probablement  lieu  d'ajouter  une  pièce 
gauloise  dont  je  me  suis  ren^u  acquéreur;  M.  Ana- 
tole de  Barthélémy,  sur  le  vu  d'une  bonne  pho- 
tographie qui  lui  a  été  envoyée  par  M.  Ph.  La- 
landç,  a  bien  voulu  la  décrire  comme  il  suit  : 

«  La  pièce  gauloise  dont  vous  m'envoyez  la 
»  photographie  est  un  statère  en  très  bas  or  que 
»  Ton  rencontre  assez  fréquemment  en  Poitou  et 
»  en  Saintonge;  on  l'attribue  assez  judicieuse- 
»  ment  aux  Pictons. 


»  p/.  Tête  à  droite;  devant  la  bouche  un  fleu- 
»  ron  formé  de  deux  cordons  perlés. 

»  R/.  Aurige  dirigeant  un  cheval  androcéphale 
»  à  droite;  devant  le  cheval,  un  symbole  en 
»  forme  de  croissant;  dessous  son  ventre,  une 
»  main  étendue.  On  aperçoit  le  bras  tendu  qui 


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—  640  — 

»  tient  un  objet  dont  je  ne  me  rend^  pas  bien 
»  compte  ;  serait-ce  un  torques  ? 

»  Sur  certaines  variétés,  la  main  placée  sous  le 
j)  cheval  est  accostée  des  lettres  S  A,  que  quel- 
»  ques  numismatistes  pensent  désigner  les  San- 
»  tones;  mais  je  ne  suis  pas  de  leur  avis.  Tous 
»  ces  statères  sont  Pictons.  » 

Je  crois  savoir  que  cette  monnaie  provient  dTs- 
sandon.  Le  dessin  ci-dessus  est  dû  à  l'obligeance 
de  M.  le  docteur  Simon,  médecin  militaire  au 
14"**  de  ligne,  à  Brive. 

J.    SOULINGEAS. 


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ITOTB 


SUR  LE 


LUS  DES  EPIROl  DE  DBIVE 


IjC  Lias  du  Sud-Ouest  de  la  France  affleure  d'une 
manière  à  peu  près  continue  sur  la  bordure  du  Pla- 
teau Central,  depuis  Poitiers  jusqu'à  Bruniquel,  près 
Montauban. 

Nous  donnons,  dans  la  présente  note,  une  description 
sommaire  de  cette  partie  des  affleurements  liasiques  qui 
s'étend,  aux  environs  de  Brive,  depuis  Nontron  (Dor- 
dogne)  jusqu'à  Gramat  (Lot). 

Au  point  de  vue  de  la  nature  de  la  sédimentation,  le 
Lias  est  composé  des  couches  ci-après  : 

T  .  .  .        (9.  Calcaires  à  Gryphœa  Beaumonti, 

Lias  supérieur  ]  ^    .     .,        •     . 

i  8.  Argues  toarciennes. 

7.  Calcaire  à  Pecten  œquivalvia. 

6.  Marnes  à  Ostrea  cymbium, 

5.  Argiles  à  Belemnites  clavatus. 

4.  Calcaires  à  Belemnitea, 

f3.  Calcaires  compactes  et  cargneules. 
2.  Couches  à  argiles  vertes. 
1.  Grès  du  Lias. 

Grès  du  Lias.  —  Les  grès  du  Lias  reposent  en  discor- 
dance sur  les  grès  du  Trias  inférieur,  sur  les  grès  per- 
miens  ou  sur  les  schistes  cambriens  ou  primitifs. 

La  discordance  du  Trias  et  du  Lias  a  déjà  été  cons- 
tatée, dans  des  régions  voisines  de  celles  dont  nous  nous 
sommes  occupé,  par  MM.  Fabre  et  Pérou. 

Les  grès  du  Lias  se  distinguent  difficilement  de  ceux 
du  Trias.  Ils  sont  toutefois  moins  micacés,  peu  argileux, 
très  quartzeux,  à  grains  assez  gros,  d'une  teinte  jaunâtre 
uniforme,  rarement  bariolés;  ils  sont  aussi  plus  durs  et 

T.  IX  4-7 


Lias  moyen 


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—  642  — 

mieux  assises.  —  Ce  sont  là  leurs  caractères  au  Sud  de 
Brive,  où  leur  épaisseur  atteint  30  mètres  environ. 

Près  de  Ménoire,  où  ils  couronnent  un  sommet  formé 
par  les  schistes  primitifs,  leur  épaisseur  n'est  que  de 
3  à  4  mètres.  Ce  sont  des  grès  gris,  quartzeux,  à  gros 
grains  et  en  bancs  épais. 

Non  loin,  au  Puy-d'Arnac,  leur  épaisseur  s'accroît  et 
atteint  une  dizaine  de  mètres.  Ils  se  différencient  des 
grès  triasiques  sur  lesquels  ils  reposent  par  les  carac- 
tères déjà  signalés,  et  aussi  par  l'alternance  de  bancs 
durs  et  de  bancs  plus  tendpes. 

En  bien  des  points  ces  grès  passent  à  des  grès  gros- 
siers peu  cohérents,  ou  même  à  des  sables  blancs  (La- 
brousse,  près  Marcillac).  —  Parfois  aussi,  surtout  à  leur 
partie  supérieure,  ils  alternent  avec  des  argiles  sableuses, 
verdâtres  ou  rougeâtres,  en  couches  très  peu  épaisses 
(Chèvre-Cujols,  près  Brive). 

A  rOuest  de  Brive,  à  Terrasson,  ces  couches  présen- 
tent, à  la  partie  supérieure,  un  banc  de  grès  jaunâtre, 
quartzeux,  à  grains  fins,  épais  de  2"50  environ,  repo- 
sant sur  des  argiles  grises  ou  verdâtres,  épaisses  de 
3  à  4  mètres.  —  La  base  est  formée  par  des  grès  jau- 
nâtres, quartzeux,  sur  5  à  6  mètres. 

Plus  à  rOuest  encore,  à  la  Bachellerie,  les  grès  du 
Lias  ne  sont  plus  représentés  que  par  des  grès  sableux, 
un  peu  argileux,  avec  nombreux  galets  de  quartz. 

Dans  le  département  de  la  Dordogne,  les  grès  du  Lias 
ne  se  distinguent  guère  de  Tétage  qui  les  surmonte,  et 
les  couches  inférieures  du  Lias  se  composent  de  grès 
et  d'argiles. 

Les  deux  ûatures  de  sédiment  ne  forment  plus  des  lits 
d'une  épaisseur  constante,  ni  régulièrement  distribués, 
mais  plutôt  des  lentilles  et  des  amas,  ravinés  souvent 
par  le  dépôt  des  couches  sous-jacentes. 

C'est  dans  les  tranchées  du  chemin  de  fer  de  Nontron 
à  Sarlat,  entre  Thiviers  et  Saint-Jean  de  Côle,  que  nous 
avons  pu  observer  ces  couches  et  reconnaître  leurs  véri- 


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—  643  — 

tables  caractères.  Les  grès  sont  très  guartzeux,  blanc- 
grisâtre,  généralement  très  durs  et  susceptibles  de  fournir 
de  beaux  moellons.  Ils  passent  parfois  à  des  sables  à 
gros  grains,  peu  roulés,  presque  purs. 

Les  argiles  sdht  jaunâtres  ou  verdâtres;  elles  sont  com- 
pactes, micacées,  et  se  séparent  difficilement  des  schistes 
cambriens  sous-jacents  lorsque  ceux-ci  sont  décomposés. 

Les  argiles  et  les  grès  contiennent  assez  fréquemment 
des  galets. 

A  Nontron,  on  trouve  aussi  le  même  terrain,  sur  les 
hauteurs,  au  nord-ouest  de  la  ville.  Les  grès  ont  une 
teinte  plus  foncée,  et  leurs  éléments  sont  granitiques. 
Ils  reposent  d'ailleurs  sur  le  granit.  Les  argiles  sont  ver- 
dâtres, schisteuses,  plus  ou  moins  sableuses. 

Les  grès,  entre  Nontron  et  Thiviers,  contiennent  des 
empreintes  de  tiges  indéterminables.  Ailleurs  nous  n*y 
avons  recueilli  aucune  trace  ou  empreinte  fossilifère. 

Nous  rangeons  les  couches  de  grès  dans  le  Lias,  en 
raison  de  leur  discordance  avec  les  couches  triasiques 
et  en  raison  de  leur  concordance  avec  les  couches  qui 
les  surmontent,  et  qui  appartiennent  incontestablement 
à  l'époque  du  Rhétien. 

Couches  à  argiles  vertes.  —  Le  faciès  de  ces  couches  à . 
argiles  vertes  est  caractéristique  et  ne  se  retrouve  dans 
aucun  autre  terrain  de  nos  régions.  Elles  se  composent 
d'une  alternance  d'argiles  vertes,  rouges,  lie-de-vin  ou 
noirâtres,  et  de  calcaire  blanc-jaunâtre,  compactes,  à 
cassure  terreuse,  d'aspect  dolomitique.  Ces  calcaires  pas- 
sent parfois  à  des  dolomies  sableuses;  ils  sont  souvent 
fort  durs,  et  alors  leur  cassure  est  lisse.  —  Les  bancs 
sont  épais  de  0"10  à  0"60  et  parfaitement  réglés.  Les 
calcaires  contiennent  fréquemment  des  grains  de  quartz 
et  passent  même  à  des  grès  calcarifères  ou  macignos. 

Les  argiles  sont  compactes  mais  se  ravinent  aisément; 
elles  forment,  vers  la  base,  des  couches  très  épaisses. 
On  y  trouve  quelques  lits  minces  de  grès,  de  macignos 
ou  de  calcaires. 


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—  644  — 

Les  calcaires  dominent  dans  la  partie  supérieure,  et 
les  lits  d'argiles  s'amincissent  beaucoup. 

Dans  leur  ensemble,  ces  couches  présentent  un  ruban- 
nement  extrêmement  net,  en  raison  de  la  régularité  des 
lits,  de  la  diversité  de  teinte  et  de  compacité  des  bancs 
alternants. 

L'épaisseur  maximum  des  couches  à  argiles  rertes  est 
d'environ  20  à  25  mètres.  Elles  sont  surtout  développées 
aux  environs  de  Beaulieu. 

Sur  la  hauteur  du  Bout  de  la  Côte,  près  Ménoire,  les 
couches  à  argiles  vertes  sont  formées  par  des  bancs  de 
jaspe,  et  les  argiles  ne  se  trouvent  plus  qu'à  Tétat  de 
lits  minces  entre  les  bancs  de  jaspe.  L'épaisseur  de  ces 
jaspes  atteint  20  mètres. 

A  Noailles,  au  Sud  de  Brive,  on  trouve  aussi  des 
jaspes,  mais  seulement  à  la  base  des  couches. 

Celles-ci  ont  encore  12  à  15  mètres  d'épaisseur;  mais, 
plus  à  l'Est,  leur  épaisseur  se  réduit  à  3  ou  4  mètres, 
et  dans  le  département  de  la  Dordogne,  les  couches  à 
argiles  vertes  sont  à  peine  distinctes. 

Cependant,  entre  Nontron  et  Thiviers,  au  Nord  de 
Millac,  on  retrouve  les  couches  de  jaspe  alternant  avec 
quelques  bancs  de  grès  ferrugineux.  Ces  jaspes  ont  été 
à  tort  associées  avec  les  sables  manganésifères  qui  les 
recouvrent,  et  classés,  par  conséqusnt,  dans  l'Oolithe 
inférieure  ou  dans  le  Tertiaire,  suivant  l'opinion  qui 
avait  cours.  En  réalité  ces  jaspes  appartiennent  à  l'étage 
rhétien,  et  ils  sont  recouverts  en  discordance  par  les 
sables  ferrugineux  et  manganésifères  de  l'époque  tertiaire. 

Ners  Nontron,  les  couches  à  argiles  vertes  ont  sans 
doute  une  très  faible  épaisseur,  car  nous  n'avons  pu  en 
constater  la  présence. 

Les  jaspes  ne  sont  pas  fossilifères,  et  les  calcaires  sont 
également  dépourvus  de  fossiles.  Toutefois,  certaines  cou- 
ches d'argiles  schisteuses  présentent  quelques  empreintes 
de  plantes.  —  Nous  avons  recueilli,  à  Saint-Robert  et  à 


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—  645  - 

MaumoQt   (Corrèze),   le   Pachyphyllum  (Araucaria)  père- 
grinamy  Lindley  et  Hutton,  sp. 

Non  loin  de  la  région  qui  nous  occupe,  au  village 
du  Bourg,  près  la  Gapelle-Marival  (Lot),  ainsi  que  près 
de  Figeac,  M.  Bleicher  a  recueilli  les  fossiles  suivants 
dans  les  calcaires  dolomitiques  en  plaquettes  des  couches 
à  argiles  vertes  : 

Gervillia  praBcursor,  Quenst. 
Anatina  prœcursor,  Oppel. 
Leda  Deffneri,  Oppel. 

Ebray  a  trouvé  aussi  au  Bourg  : 

MytiluB  minutu8,  Goldf. 
Diademopaii,  Desor. 

AU  reste,  les  couches  à  argiles  vertes  se  retrouvent 
sur  les  bordures  nord  et  sud  du  Plateau  Central,  con- 
tenant toujours  la  faune  de  la  zone  à  Avicula  contorta. 
L'&ge  de  ces  couches  ne  peut  donc  laisser  place  au 
doute,  et  la  constance  et  l'uniformité  de  la  sédimentation 
à  cette  époque  sont  fort  remarquables. 

Calcaires  compactes  et  cargneules.  —  Les  calcaires  com- 
pactes du  Lias  reposent  en  concordance  sur  les  couches 
à  argiles  vertes.  L'épaisseur  de  cette  série  calcaire  atteint 
60  à  80  mètres  au  Sud  du  bassin  que  nous  étudions;  au 
Nord  elle  paraît  plus  réduite,  et  vers  Nontron  elle  ne 
dépasse  pas  20  à  24  mètres. 

Le  calcaire  est  en  bancs  réguliers,  séparés  par  des  lits 
minces  d'argiles  ou  de  marnes  feuilletées.  L'épaisseur  et 
la  texture  des  calcaires  varie  d'un  banc  à  l'autre,  ce  qui 
fait  ressortir  la  stratification. 

On  peut,  dans  les  calcaires,  distinguer  les  principales 
variétés  suivantes  : 

1*  Calcaire  lithographique,  à  cassure  lisse  et  conchoïde, 
très  dur,  gris  d'ardoise  foncé  ou  gris  plus  clair. 

2^  Calcaire  marneux,  compacte,  à  cassure  terreuse  ou 
finement  grenue,  moyennement  dur. 

3^  Calcaire  très  marneux,  dit  calcaire  castinier,  très 
tendre  et  géiif. 


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—  646  — 

4*  Calcaire  dur,  grenu  ou  saccharoïde,  souvent  foncé 
ou  rosé,  empâtant  des  lits,  des  lentilles  ou  des  frag- 
ments de  calcaires  lithographiques. 

5<»  Calcaires  compactes,  suboolithiques  ou  oolithiques, 
à  unes  oolithes,  avec  enclaves  ou  zone  de  calcaires  litho- 
graphiques. 

La  teinte  dominante  est  la  teinte  gris-blanchâtre.  — 
Quelques  bancs  sont  jaunâtres  ou  jaune  roux. 

Vers  la  base,  les  calcaires  se  relient  à  ceux  des  cou- 
ches à  argiles  vertes;  ils  deviennent,  en  s'élevant  dans 
la  série,  de  moins  en  moins  dolomitiques,  blanchâtres 
et  très  marneux.  Les  lits  d'argiles  s'atténuent  et  leur 
épaisseur  devient  insensible. 

Vers  le  milieu  de  Tétage,  les  couches  calcaires  sont 
plus  épaisses,  moins  marneuses,  plus  dures  qu'à  la  base 
et  comprennent  des  bancs  de  calcaire  oolithique.  —  Vers 
le  haut  de  l'étage,  les  calcaires  sont  encore  plus  durs  et 
passent  au  calcaire  lithographique. 

Les  régions  occupées  par  ces  calcaires  lithographiques 
prennent  l'aspect  de  Causses,  en  raison  de  la  perméa- 
bilité du  terrain,  et  il  est  parfois  difficile  de*  distinguer 
ces  calcaires  du  Lias,  de  ceux  du  terrain  oolithique. 

Les  bancs  calcaires  du  Lias  inférieur  ont  souvent  été 
l'objet,  postérieurement  à  leurs  dépôts,  de  phénomènes 
d'altération  ;  des  actions  extérieures  les  ont  transformés 
en  calcaires  cristallins  ou  subcristallins,  les  ont  corrodés 
et  remaniés,  et  ont  plissé  les  couches  ou  même  fait 
disparaître  toute  trace  de  stratification.  —  Ces  calcaires 
ainsi  modifiés,  cariés  et  caverneux,  sont  désignés  sous 
le  nom  de  «  cargneules.  b 

Les  phénomènes  cargneuliformes  ont  commencé  à  se 
manifester  dès  l'époque  du  dépôt  des  couches  à  argiles 
vertes.  Ils  ont  persisté  jusqu'à  la  fin  du  dépôt,  et  môme 
jusqu'au  moment  où  se  sont  déposées  les  premières  cou- 
ches du  Lias  moyen.  Mais  l'intensité  de  leur  action  a 
été  très  variable  dans  le  temps,  aussi  bien  que  dans  ses 
localisations.  Elle  a  atteint  son  plus  grand  développe- 


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—  647  — 

ment  en  général  vers  la  base,  mais  non  tout  à  fait  à 
la  base  des  couches.  En  certains  points,  cette  action 
énergique  a  persisté  pendant  la  période  entière  du  dépôt 
de  rinfralias  et  du  Lias  inférieur,  notamment  à  Puy- 
brun  et  à  Terrassoa. 

En  d'autres  points,  au  contraire,  on  ne  triyve  pas 
trace  d'actions  cargneuliformes,  notamment  à  Figeac,  à 
Terrou  (Lot),  ou  bien  il  existe  seulement  quelques  bancs 
de  cargneules,  peu  épais,  comme  vers  Meyssac  (Corrèze). 
Dans  la  région  d'Excideuil,  Thiviers,  Nontron,  les  car- 
gneules disparaissent  complètement. 

Vers  Naillac  (Dordogne)  les*  calcaires,  jusqu'alors  blan- 
châtres, deviennent  jaunâtres  et  prennent  un  aspect  do- 
lomitique.  A  Excideuil,  ces  calcaires  sont  entièrement 
jaunes  et  dolomitiques ,  et  ils  pemstent  ainsi  jusqu'à 
Nontron  ;  mais  leur  épaisseur  se  réduit  considérablement. 

Les  cargneules  ne  contiennent  naturellement 'aucune 
trace  de  fossiles.  Dans  les  calcaires,  nous  n'avons  trouvé 
que  des  moules  de  lamellibranches,  souvent  fort  abon- 
dants. Ces  fossiles  se  présentent  aussi  bien  à  la  base 
qu'au  sommet,  dans  les  bancs  de  calcaires  marneux. 

Toutefois,  à  Nazareth,  nous  avons  observé,  dans  des 
calcaires  durs,  des  moules  d'ammonites  de  nature  indé- 
terminable. 

Nous  pensons  que,  par  des  recherches  prolongées,  on 
pourrait  arriver  à  déterminer  quelques  niveaux  fossi- 
lifères. Quoi  qu'il  en  soit,  comme  les  couches  sont  re- 
couvertes en  concordance  par  le  Lias  moyen  et  qu'on 
n'y  observe  aucune  interruption  marquée  et  générale 
dans  la  sédimentation,  il  est  probable  que  leur  dépôt 
a  dû  s'eflFectuer  pendant  les  époques  du  Rhétien  (pars), 
de  l'Hettangien  et  du  Sinémurien. 

Calcaires  à  Bélemnites.  —  Les  calcaires  à  Bélemnites  ne 
sont  bien  nets  qu'aux  environs  de  Terrassoiî,  où  ils  se 
séparent  aisément  des  calcaires  compactes  lithographiques 
du  Lias  inférieur.  —  Ce  sont  des  calcaires  gréseux,  sac- 
charoïdes,  très  compactes,  très  durs,  de  teinte  jaunâtre 


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foncée  sur  les  surfaces  exposées  à  l'air.  Les  parties  non 
altérées  ont  une  teinte  grise  et  contiennent  des  noyaux 
encore  plus  durs  d'une  teinte  gris-bleu.  —  Ces  calcaires 
reposent  sans  transition  sur  les  calcaires  du  Lias  infé- 
rieur et  présentent)  à  la  base  comme  à  la  partie  supé- 
rieure, iluelques  lits  de  marnes  gréseuses  plus  ou  moins 
schisteuses.  Leur  épaisseur  est  de  6  à  10  mètres. 

Ces  couches  sont  fossilifères,  mais  les  fossiles  sont 
difficilement  déterminables. 

Le  fossile  le  plus  commun  et  qui  se  rencontre  dès 
la  base  est  une  Rhynchonelle,  probablement  Rhynchùnella 
tetraedra,  Sow.  On  y  trouve  aussi  des  Belemnites,  sur- 
tout dans  un  banc  calcaire  qui  couronne  ces  couches 
et  qui  en  est  pétri.  —  Ce  banc  est  surmonté  par  un 
lit  de  marnes  gréseuses  très  fossilifères,  où  nous  avons 
trouvé  : 

Rhynchonella  tétraèdre,  Sow. 

Oresslya  ovata,  Rœmer  {Pleuromya  unioîdes,  —  Jaubert). 

Peclen  priscua,  Schloth. 

Modiola  {Mytilua)  acalprum,  Sow.,  variété  :  numiamalis,  Oppel. 

Belemnites  Bruguieri  d'Orbigny. 

—  compre88U8  Stahl. 

—  umbilicatus,  Blainv. 

—  acutua,  Miller.  • 

Magnan  avait  déjà  trouvé,  dans  des  calcaires  situés 
au  même  niveau,  vers  Saint-Antonin  : 

Lucina  liaaina,  Ag. 
Pecten  priacua,  Schloth. 
Pentacrinua  acalaria,  Goldf. 
Terebratula  punctata,  Sow. 
—         cor,  Lamk. 

A  Figeac  nous  retrouvons  ces  touches  gréseuses,  mais 
elles  passent  insensiblement  aux  calcaires  compactes  du 
Lias  inférieur  par  l'intermédiaire  de  calcaires  compactes 
très  durs,  (fun  jaune  roux.  Ces  calcaires  jaune-roux  se 
chargent  d'éléments  arénacés  dans  les  couches  moyennes, 
et  les  couches  supérieures  sont  formées  de  calcaires  jau- 
nes, gréseux,  schisteux,  alternant  avec  des  marnes  schis- 


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teuses,  gréseuses.  L'ensemble  a  une  puissance  d'environ 

10  mètres.  Ces  calcaires  sont  aussi  fossilifères. 
Partout  ailleurs,  les  calcaires  compactes  du  Lias  infé- 
rieur sont  recouverts  par  des  calcaires  d'une  nature  très 
analogue  et  qui  ne  contiennent  pas  de  fossiles  autres 
que  quelques  Pecten  indéterminable^.  Ce  sont  gibérale- 
ment  des  calcaires  compactes,  à  texture  grenue,  d'une 
teinte  jaunâtre,  alternant  avec  quelques  bancs  de  cal- 
caires lithographiques  absolument  semblables  à  ceux  du 
Lias  inférieur.  Souvent,  ces  calcaires  grenus  contiennent 
des  zones  ou  des  nodules  de  calcaires  lithographiques. 
Ces  différents  bancs  calcaires  sont  séparés  parfois  par 
des  lits  très  minces  d'argiles  schisteuses.  Ces  couches 
ont  5  à  6  mètres  de  puissance. 

Ainsi,  à  Saint-Céré,  les  calcaires  du  Lias  inférieur 
sont  recouverts  par  2  à  3  mètres  de  calcaire  spathique 
avec  zone  lithographique,  auxquels  succèdent  2  mètres 
de  calcaire  blanc-jaunâtre  marneux  tendre  et  de  cal- 
caire lithographique  très  dur,  avec  quelques  petits  bancs 
de  calcaire  spathique  et  cristallin. 

Près  de  Saint- Denis,  ce  sont  surtout  des  calcaires 
lithographiques  durs  et  des  calcaires  jaunâtres  un  peu 
saccharoïdes. 

Dans  la  vallée  de  la  Couze,  le  faciès  est  le  même. 

A  l'Ouest  de  Terrasson,  dans  le  département  de  la 
Dordogne,  les  couches  du  Lias  moyen  sont  atténuées  à 
un  tel  point  qu'il  n'est  plus  possible  d'y  distinguer  tous 
les  différents  niveaux  observés  vers  Brive  et  Saint-Céré. 

11  convient  donc  de  décrire  ces  couches  à  part  et  dans 
leur  ensemble.  Ce  sera  l'objet  d'un  paragraphe  spécial. 

La  faune  des  calcaires  de  Figeac  et  de  Terrasson 
suffit  pour  les  rattacher  aux  couches  inférieures  de  Lias 
moyen  ;  mais  comme  ces  calcaires  recouvrent  des  couches 
non  fossilifères,  on  ne  saurait  fixer  d'une  manière  pré- 
cise la  limite  supérieure  du  Sinémurîen. 

Tout  ce  qui  peut  être  établi  c'est  qu'au  début,  ou  peu 
après  le  début  du  Lias  moyen,  la  sédimentation  dans  le 


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bassin  que  nous  -considérons  s'est  très  légèrement  mo- 
difiée, et  qu'en  deux  points,  à  Terrasson  et  à  Figeac,  la 
modification  a  été  assez  complète  pour  provoquer  un 
changement  de  faciès. 

Argiles  à  Belemnites  clavatus,  —  Les  calcaires  gréseux 
ou  litH^graphiques  du  Lias  moyen  sont  surmontés  par 
des  argiles  grises,  schisteuses,  contenant  des  bancs  ou 
des  miches  de  calcaires  compactes  marneux.  A  la  partie 
supérieure  de  ces  couches,  les  argiles  sont  noirâtres  et 
contiennent  quelquefois  de  minces  lits  de  lignite. 

L'épaisseur  des  couches  est  considérable  vers'  8aint- 
Géré;  elle  atteint  50  ou  60  mètres.  A  mesure  qu'on  re- 
monte vers  le  Nord-Ouest,  cette  épaisseur  diminue  et 
elle  n'est  plus  que  de  10  à  15  mètres  vers  Terrasson.  Au 
Sud-Ouest  de  Teirasson  ces  couches  s'atténuent  brus- 
quement, et  vers  (fondât  elles  disparaissent  complètement. 

Les  argiles  à  Belemnites  clavatus,  qui  débutent  sans  tran- 
sition au-dessus  des  calcaires,  sont  fossilifères,  surtout 
à  la  base,  où  les  fossiles  sont  calcaires. 

Il  existe,  dans  l'épaisseur  de  la  formation,  difTérents 
niveaux  que  nous  n'avons  pas  encore  distingués.  —  Cer- 
tains de  ces  niveaux  fournissent  des  fossiles  pyriteux, 
et  d'autres  des  fossiles  phosphatés. 

Nous  avons  trouvé  dans  l'épaisseur  de  la  couche  les 
espèces  suivantes,  sans  distinction  de  niveau  (1). 

Belemnites  umbilicatus,  Blainville. 

—  compressus,  Stahl.  et  ses  variétés  :  ventropUnus 

et  Fournelianus. 
«->  acutus,  Miller. 

^  brevis,  Blainv.  et  sa  variété  :  breviformis,  Yoltz. 

—  apicicurvatus,  Blainville. 

—  clavatus,  Schloth. 

—  Bruguieri,  d'Orb. 
Ammonites  margaritatus,  Montfort  (rare). 


(1)  Nous  devons  la  détermination  de  la  plupart  des  espèces  citées 
dans  cette  note  à  Tobligeance  de  MM.  Douvillé  et  dé  Grossouvre. 


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Ammonites  normanianus,  d*Orb.  et  sa  variété  :  algovianus, 
Oppel. 

—  Davœi,  Sow. 

—  ibex,  Quenstedt. 

—  Loscombi,  Sow. 

-*  capricornus,  Schloth.  très  commune. 

—  Jameaoni,  Sow. 

—  Maugenesti,  d'Orb.  et  sa  variété  :  Valdani. 

—  cf.  Peitos,  Quenstedt. 

—  centaurus,  d*Orb. 
Mactromya  Hesione, 

Greaslya  ovala  {Pleuromya  unioîdeà),  Rœmer. 

Avicula  insBquivalvis,  Sow. 

Grypheœdk  cymbium,  Lamarck.  —  Variété  :  obliqua,  Goldfuss. 

Pecten  priacus,  Schloth. 

Harpax  spinosus,  Sow. 

Terebratula  subovoîdes,  Rœmer. 

—  sarthacenaiê,  d'Orb. 
Rhynchonella  telraedra,  Sow. 

—  furcillata,  Theodori. 

Spiriferina  Walcotti,  Sow. 
Pentacrinus  basaltiformis,  Miller. 

Cette  faune  montre  que  les  argiles  à  B.  clavatm  re- 
présentent la  partie  inférieure  du  Liasien,  c'est-à-dire 
les  zones  à  A.  Jamesoni,  ibex  et  Dafcan. 

M.  Coquand  cite  en  outre  (Synopsis  de  la  Charente). 

A.  Henleyi,  Sow. 
Pleurotom^ria  expansa,  Sow. 
Pholadomya  ambigua,  Sow. 

Marnes  à  Ostrea  Cymbium.  —  Les  marnes  à  ôstrea  Cym^ 
biitm,  qui  surmontent  en  concordance  les  argiles  à  B.  cla' 
valus,  sont  schisteuses,  jaunâtres,  sableuses,  et  compren- 
nent quelques  bancs  de  calcaires  à  bél^mnites. 

Ces  marnes  schisteuses  sont  surtout  développées  du 
côté  de  Gramat,  Miers,  Thégra  et  Saint-Céré. 

Leur  puissance  s'atténue  graduellement  en  remontant 
vers  le  Nord.  —  Elles  disparaissent  avec  les  argiles  un 
peu  à  rOuest  de  Terrasson. 

Ces  marnes  contiennent  : 

Ammonites  margaritatus,  Montfort;  commune. 

Belemnitea  paxillosus,  Schloth. 


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—  652  — 

H&rpax  pectinoîdes,  Lamk, 
Mytilua^hiollerei,  Dumortier. 
GryphesL  cymbium,  Lamk. 
Terebratula  comuta,  Sow, 
Rynchonella  tetraedra,  Sow. 

UAmmonites  margaritaius  ,•  gui  est  très  rare  dans  les 
argiles  à  B.  clavatm,  est  très  commune  dans  les  marnes; 
elle  s'y  .trouve  à  l'état  pyriteux  dans  des  nodules  de  cal- 
caire ferrugineux. 

Les  marnes  à  0.  cymbivm  doivent  être  rangées  dans 
les  couches  inférieures  de  la  zone  à  A.  marguaritatus. 

Calcaires  à  Pecten  «quivalvis.  —  Les  marnes  à  0,  cym^ 
bium  sont  couronnées  en  concordance  par  un  épais  banc 
de  calcaire  gréseux,  saccharoïde,  jaune  extérieurement, 
taché  de  gris-bleu,  très  analogue,  comme  texture,  au 
calcaire  à  bélemnites.  L'épaisseur  de  ce  banc  parait  être 
de  10  ou  15  mètres;  elle  varie  peu  d'un  point  à  un  autre. 

Vers  Saint-Géré,  ces  couches  présentent  à  la  base  un 
banc  de  calcaire  lumachellique  et  ferrugineux,  d'une 
épaisseur  de  2  à  3  mètres.  Ce  calcaire,  d'une  teinte 
rouge  prononcée,  occupe  une  assez  vaste  surface,  et  a 
été  indiqué  sur  les  cartes  et  mentionné  par  Dufrénoy 
et  Élie  de  Beaumont  comme  grès  du  Trias. 

En  quelques  points,  les  couches  supérieures  des  cal- 
caires à  Pecten  xquivalvis  contiennent  des  jaspes  et  des 
grès  jaspés^  notamment  à  Glanes  près  Saint-Géré,  et  sur- 
tout à  Terrasson.  Elles  alternent  presque  toujours  avec 
des  marnes  sableuses. 

Dans  la  vallée  de  la  CJouze,  les  calcaires  à  Pecten  xqui- 
valvis  se  composcflit  d'une  alternance  de  bancs  de  cal- 
caires durs,  jaunâtres,  en  pavés,  et  de  marnes  schis- 
teuses jaunâtres. 

Vers  Terrasson,  les  calcaires  débutent  par  un  banc 
de  calcaire  rempli  de  Terebratula  sitbpunctala.  —  Les  cou- 
ches supérieures  sont  très  gréseuses,  contiennent  de  gros 
grains  de  quartz  et  deviennent  même  sableuses.  Ces  sables 
iont  jaunes,  argileux,  et  comprennent  des  lits  de  calcaire, 


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—  663  — 

de  grès  calcarifères,  de  grès  jaspés,  de  jaspes,  etc.  Ces 
couches  se  terminent  par  un  banc  de  grès  calcarifère 
grossier  de  0"50  à  2  mètres  de  puissance. 

Les  espèces  que  nous  ayons  recueillies  dans  les  cou- 
ches à  Picten  «quivalvis  sont  les  suivantes  : 

Ammonites  mArgaritatus,  Montfort;  rare  h  l'état  calcaire. 
Belemnitea  Bruguieri,  d'Orb.;  très  commune. 
Pecten  Hehli,  d'Orb. 

—  œquivalvis,  Sow,  très  commun. 

—  textoriiLS,  Schloth. 

Gryphœa  cymbium,  Lamk  et  ses  variétés. 
Oatrea  êportella,  Dumortier. 
Monotia  interlcBVigalus,  Quenstedt. 
Gresalya  ovata,  Romer. 
Terebratula  comuta,  Sow. 

—  aubpunotata,  Davidson. 
Rynchonella  letraedra,  Sow. 

—  curviceps,  Quenstedt. 
SpirifeHna  roêtrata,  Schloth. 
Pentacrinuê  basalliformis,  Miller. 

M.  Goquand  cite  aussi  (Synopsis  de  la  Charente)  : 
Amm.  spinattAS,  Bruguière. 

Les  calcaires  à  Pecten  squivctlvis  représentent  les  cou- 
ches supérieures  de  la  zôrm  ^'Ammonites  margaritatus. 

Lias  moyen  au  Nordr-Ouest  de  Terrasson,  —  A  Terrasson 
même,  les  argiles  à  B.  clavatuê  et  les  marnes  à  G.  cym* 
bium  s'atténuent  très  brusquement,  et  paraissent  avoir  à 
peu  près  complètement  disparu  à  un  kilomètre  à  TOuest 
de  la  ville. 

Au  Nord-Ouest  et  jusqu'à  Nontron,  le  Liasien  est  exclu- 
sivement calcaire  ou  gréseux,  et  ne  contient  ni  marnes, 
ni  argiles.  Son  épaisseur  est  d'ailleurs  fort  réduite. 

Il  parait  composé  de  deux  séries  de  couches  qui  cor- 
respondraient aux  calcaires  à  Bélemnites  et  aux  calcaires 
à  Peeten  xquivalms. 

Les  couches  inférieures  sont  formées  de  calcaires  com- 
pactes, à  grains  fins,  jaune-roux,  alternant  avec  des  cal- 
caires marneux  ou  lithographiques,  blanchâtres  ou  blanc- 
jaunâtre,  semblables  à  ceux  du  Lias  inférieur.  Ces  couches 


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—  654  — 

contiennent  aussi  des  nodules  et  même  des  bancs  de 
calcaire  grenu  saccharoïde,  parfois  ferrugineux.  Elles  se 
relient  d'ailleurs  aux  calcaires  du  Lias  inférieur,  et  il  est 
difficile  de  préciser  leur  épaisseur,  qui  varie  de  1  à 
5  mètres  environ. 

Elles  ne  contiennent  pas  de  fossiles,  si  ce  n'est  quel- 
ques moules  de  bivalves  analogues  à  ceux  que  Ton  trouve 
dans  les  calcaires  du  Lias  inférieur. 

Les  couches  supérieures  ont  un  faciès  beaucoup  plus 
arénacé;  elles  sont  généralement  couronnées  par  un  banc 
de  grès  calcarifères  grossiers. 

A  Ayen,  Saint-Robert,  Perpezac  (CJorrèze),  ces  couches 
se  composent  de  calcaire  gréseux  ou  marneux,  jaune-roux, 
en  bancs  peu  réguliers  de  0*30  à  0"50,  alternant  avec 
des  lentilles  et  des  bancs  de  grès  jaspés.  —  Ces  calcaires 
passent  parfois  à  un  macigno  à  gros  grains  de  quartz. 

A  Thiviers,  la  couche  supérieure  paraît  débuter  par 
des  calcaires  ferrugineux,  grenus,  épais  de  1  mètre,  sur- 
montés par  quelques  bancs  de  calcaire  jaune-roux,  cris- 
tallin, très  dur,  passant  quelquefois  à  un  grès  grossier. 
Au-dessus  existe,  sur  uae  épaisseur  de  3  à  4  mètres, 
des  grès  sableux,  j aune-roux, «se  désagrégeant  facilement 
et  contenant  quelques  lits  de  jaspes  et  d'argiles  grises. 
Ces  grès  sont  surmonlés  par  des  calcaires  gréseux  à 
gros  grains  de  quartz  sur  une  épaisseur  de  0"60.  Enfin 
l'ensemble,  qui  a  une  épaisseur  de  6  à  7  mètres,  est 
couronné  par  un  banc  de  calcaire  jaune  gréseux,  schis- 
teux, épais  de  1  mètre. 

A  Saint-Jean  de  Gdle,  les  couches  supérieures  du  Lia- 
sien  sont  moins  développées  et  ne  paraissent  comprendre 
qu'un  banc  d'un  calcaire  jaunâtre,  dur,  ou  d'un  cal- 
caire marneux  avec  veines  de  macigno  très  grossier; 
ce  banc,  épais  de  2  mètres,  est  surmonté  par  un  macigno 
épais  de  1  mètre. 

Les  couches  supérieures  sont  assez  fossilifères  (Tere- 
bratules  et  Bélemnites),  mais  les  fossiles  ne  sont  repré- 
sentés que  par  des  moules  extérieurs  indéterminables. 


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—  655  — 

Argiles  toarciennes.  —  Les  argiles  toarciennes,  qui  for- 
ment la  plus  grande  partie  de  l'épaisseur  du  Lias  supé- 
rieur, sont  compactes,  dures,  schisteuses,  noirâtres,  et 
deviennent  grises  ou  jaunâtres  au  contact  de  Tair.  Elles 
sont  imprégnées  de  pyrite,  contiennent  des  rognons  de 
pyrite  souvent  décomposés,  des  lentilles  de  gypse  et  des 
géodes  de  calcite.  Le  gypse  remplit  parfois  les  délits  «de 
la  roche. 

Au  Sud  du  bassin  qui  nous  occupe,  les  argiles  toar- 
ciennes alternent  avec  des  bancs  de  calcaires  grisâtres 
ou  bleuâtres,  compactes,  marneux.  Ces  bancs  ont  une 
faible  épaisseur  et  sont  très  réguliers.  Parfois  le  cal- 
caire, au  lieu  d'être  distribué  en  bancs  réguliers,  se 
trouve  sous  forme  de  miches. 

Vers  la  base  des  argiles  toarciennes,  on  trouve  quel- 
ques couches  de  schistes  feuilletés  sans  fossiles. 

Au  Nord,  à  partir  de  Terrasson,  les  bancs  calcaires 
disparaissent  complètement,  et  les  couches  ne  compren- 
nent plus  que  des  argiles  noires  plus  ou  moins  schis- 
teuses. 

Les  argiles  toarciennes  cond^nent  au  moins  deux 
niveaux  fossilifères  distincte-  Ivpus  indiquons  ci-après  la 
faune  de  chacun  de  ces  niveaux. 

1*  —  Zone  à  Ammonites  serpentinus  (Ammonites  calcaires.) 

Ammonites  communis,  Sow,  avec  sa  variété  :  Holandrei.  — 
Très  commune  à  la  base  de  la  zone. 
Ammonites  subplanatus,  Zittel. 

—  borealis,  Seebach,  et  sa  variété  :  Levisoni,  Simpson. 

—  serpentinus,  Reinecke.  —  Très  commune  à  la  partie 
supérieure  de  la  zone. 

Belemnites  tripartitus,  Schloth.^  et  ses  variétés. 
Terebratula  Lycetti,  Davidson. 

2»  —  Zone  à  Ammonites  bifrons. 

Ammonites  bifrons,  Brug.  —  Très  commune;  pyritisée. 

—  crassus,  Philipps. 
Belemnites  irregularis,  Schloth. 

—  gracilis,  Zieten. 

Pecten  pumiltis,  Lamk. 


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—  656  — 

et  un  certain  nombre  de  Lamellibranches  et  Gastropodes 
(Leda,  Nucula^  Turbo,  Cerithium,  etc.). 

Au  dessus  de  la  zone  fossilifère  à  A,  biffons,  il  existe 
une  épaisseur  assez  considérable  d'argile  dans  laquelle 
nous  n^avons  pas,  jusqu'à  présent,  recueilli  de  fossiles. 

Au  Nord  de  Terrasson,  les  argiles  toarciennes  ne  sont 
guère  fossilifères,  et  Ton  ne  peut  y  distinguer  les  deux 
niveaux  que  nous  venons  de  signaler.  —  Il  semble  même 
qu'il  y  eut  un  une  interruption  dans  la  sédimentation 
en  certains  points,  car  à  Thiviers  nous  avons  trouvé 
V Ammonites  biffons  dès  la  base  du  Toarcien,  au  contact 
avec  les  calcaires  du  Liasien. 

Les  argiles  toarciennes  représentent  tout  le  Toarcien, 
à  l'exception  de  la  zone  à  Ammonites  opalinm. 

Calcaires  à  Gryphxa  Beaumonti,  —  Les  argiles  toarciennes 
sont  couronnées  par  des  couches  calcaires  qui  forment 
la  base  des  falaises  du  terrain  oolithique  dans  les  vallées 
au  Sud  de  Brive. 

Les  argiles  noires,  à  leur  partie  supérieure,  alternent 
avec  des  marnes  foncées  et  des  calcaires  en  bancs  minces. 
Ces  couches  sont  surmontées  par  des  calcaires  noduleux, 
à  grains  grossiers,  mamaux,  parfois  subcristallins,  noi- 
râtres ou  jaunâtres,  alternant  avec  des  marnes  nodu- 
leuses,  schisteuses,  noirâtres.  Le  tout  est  couronné  par 
un  calcaire  gréseux,  ou  subcristallin,  noduleux,  géodique, 
noirâtre,  qui  passe  peu  à  peu  au  calcaire  oolithique  blanc 
ou  rosé  du  Bajocien. 

Les  couches  à  Gryphœa  Beaumonti  se  distinguent  faci- 
lement des  calcaires  bajociens  par  leur  teinte  jaune  et 
par  l'alternance  de  couches  de  compacités  diflférentes. 

Ces  couches  sont  assez  fossilifères;  nous  y  avons  re- 
cueilli les  espèces  suivantes  : 

Ammonites  subinsignis,  Oppel. 

—  cf.  opalinus. 

—  cf,  Murchisonss. 

—  acanthopsis,  d'Orb. 

—  fluitans,  Dumortier. 


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—  657  — 

Ammonites  radiosus,  Seebach. 

—  cf.  mactra,  Dumortier. 
Pholadomya  fidicula,  Sow. 

Gryphœa  Beaumonti.  Rivière  (O.  pictaviensis,  Hébert.) 
Terebratula  Lycetti,  Davidson. 

—  infraoolithica,  Deslongchamps. 
Rhrjnchonella  cynocephala,  Richard. 

La  Gryphœa  Beaumonti  a  été  presque  toujours  confon- 
due avec  VOstrea  sublobata;  cependant  son  crochet  est 
plissé.  —  Elle  est  très  commune  et  forme  un  banc  d'une 
consistance  remarquable.  A  Terrasson,  ce  banc  n'a  qu'une 
épaisseur  de  1  mètre,  mais  il  est  pétri  d'individus  de 
cette  espèce. 

Les  Ammonites  sont  généralement  en  mauvais  état  de 
conservation,  ce  qui  rend  leur  détermination  difficile; 
elles  appartiennent  aux  groupes  de  VAmmonites  radians, 
de  VA,  Murchisonx  et  de  VA.  opalinits. 

Outre  les  espèces  citées,  nous  avons  recueilli  aussi  un 
certain  nombre  de  Lamellibranches  non  encore  déter- 
minés. 

Les  couches  à  G.  Beaumonti  se  rattachent  évidemment 
au  niveau  de  VA.  opalinus,  de  VA.  torulosus  et  de  la 
Trigonia  navis  (Oppel),  c'est-à-dire  au  niveau  le  plus  su- 
périeur du  Lias,  tel  qu'on  le  délimite  actuellement  en 
France. 

Résumé»  —  M.  Péron,  dans  une  note  présentée  en  1873- 
1874  à  la  Société  des  Sciences,  Belles-Lettres  et  Arts  de 
Tarn-et-Garonne,  a  donné  une  coupe  du  Lias  de  l'extré- 
mité méridionale  du  bassin  du  Sud-Ouest. 

Nous  reproduisons  cette  coupe  ci-dessous  : 

Série  de  bancs  minces,  noduleux,  gris  foncé,  de 

plus  en  plus  espacés  en  descendant,  alternant  avec 

Bajocien         l  des  marnes  schisteuses  foncées.  —  Zone  de  VOstrea 

I  sublobata.  —  Excellent  horizon,  toujours  très  fossi- 

lifèro  et  nettement  reconnaissable. 

Marnes  puissantes  d'un  noir  ardoisé,  très  fissiles, 

avec  petits    bancs   de   lumachelles   et    fossiles  du 

1  Toarcien.  Niveau  du  Leda  rostralis. 

rr,  1     Marnes    très    argileuses,    riches   en   fossiles   du 

Toarcien         <  r«        •  j         .-.„..  j     * 

j  Toarcien,  en  grande  partie  à  1  état  de  fer  pyriteux 

I  ou  hydroxydé.  —  Zone  de  VAmmonites  bifrons. 

Calcaires  marneux  à  ciment,  gris  cendré  en  bancs 

noduleux.  —  Zone  de  VAw,monites  gêrpentinus. 

T    TX.  4-Ô 


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—  658  — 

/  Séries  de  bancs  calcaires  bleuâtres,  jaunes  exté- 
rieurement, peu  épais,  très  durs,  lumachelliques.  — 
Nombreux  fossiles  du  Lias  moyen.  —  Zone  à  Pec- 
ten  œquivalvis. 

Marnes  très  fissiles,  d'un  gris  verdâtre,  micacées 
fortement,  fossilifères'  surtout  dans  la  partie  supé- 
rieure. —  Zone  à  Oatrea  cymbium. 

Bancs  espacés  de  calcaire  noduleux,  gris  cendré, 

Liasien  (  analogue  à  ceux  du  Toarcien.  —  Marnes  grises.  — 

Nombreux  fossiles   et  surtout  des  Belemnites   et 

Ammonites  margarit&tus.  —  Zone  du  Belem7iite8 

clavatus. 

Calcaires  compactes,  jaunâtres,  sableux,  en  bancs 
peu  épais.  Ceux  du  haut  ne  renferment  que  de 
grands  nautiles.  —  Ceux  à  la  base  sont  assez 
riches  en  fossiles  du  Liasiee.  —  Zone  à  Terebra- 
tula  punctata. 

Calcaires  rubannés,  en  plaquettes,  schisteux,  sou- 
vent feuilletés,  sonores,  rugueux,  très  durs,  gris 
I  cendré  et  gris  pâle.  —  Pentacrinu8  acalaris. 

Grande  masse  de  calcaire  lithographique,  de  na- 
Lias  inférieur/  ture  variable,   passant   quelquefois  latéralement  à 
1  des  cargneules  dolomitiques  ou  à  des  schistes  mar- 
'  neux.  —  Rares  fossiles  non  déterminés. 

Cargneules,  calèaires  grossiers,  jaunâtres,  car- 
gneules dolomitiques  puissantes.  —  Sans  fossiles. 

Calcaires  dolomitiques  et  marnes  verdâtres,  ro- 
Infralias  gnonneuses,   grises,    alternant   avec  des  tsalcaires 

,  marneux  ou  schisteux.  —  Cargneules. 

Cette  description  s'applique  très  exactement  aux  cou- 
ches du  bassin  de  Brive,  couches  qui  font  Tobjet  de  la 
présente  note. 

Les  seules  différences  que  nous  puissions  relever  por- 
tent non  sur  la  description  des  couches,  mais  sur  leur 
classification.  —  Nous  rangeons  la  zone  à  0,  sublobata 
dans  le  Lias,  et  nous  ne  précisons  pas  la  limite  du 
Sinémurien  et  de  Tlnfraliag, 

Il  faut  remarquer  aussi  que  M.  Pérou  ne  signale  pas 
la  présence,  dans  le  Tarn-et-Garonne,  du  grès  du  Lias. 
—  Peut-ôtre  ces*  grès  existent-ils,  mais  sont-ils  difficile- 
ment discernables  des  grès  du  Trias? 


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—  659  — 

» 

Enfin  nous  rappellerons  que,  dans  la  région  de  Brive, 
VAmmonites  margaritatus  est  commune  dans  les  marnes  à 
Ostrea  cymMum,  et  rare  dans  les  argiles  à  Belemnites 
clavatus. 

Il  est  intéressant  de  comparer  aussi  le  Lias  du  Sud- 
Ouest  au  Lias  formant  la  bordure  Nord  du  Plateau 
Central. 

Sur  toute  la  bordure  Nord  existe  la  couche  à  Gryphœa 
Beatimonti,  accompagnée  souvent  de  quelques  Ammonites 
qui  en  fixent  le  niveau. 

On  retrouve  aussi  les  zones  à  A.  serpentinm  et  à 
A.  bifrons;  la  plus  inférieure  de  ces  zones  comprend 
des  lits  calcaires  à  poissons  que  nous  n'avons  pas  re- 
marqués dans  le  Sud-Ouest,  ainsi  que  des  schistes  à 
posidonies.  La  zone  supérieure  est  argileuse. 

La  base  même  du  Toarcien  est  formée  par  un  lit  à 
A,  communiSf  comme  dans  le  Sud-Ouest. 

Le  Liasien  présente,  à  sa  partie  supérieure,  des  couches 
calcaires  à  Pecten  œquivalvis.  —  Ce  sont  ces  couches  qui 
renferment  VAmmonites  spinatm. 

Au-dessous  se  présentent,  comme  dans  le  Sud-Ouest, 
des  marnes  calcaires  avec  Ammonites  margaritatus  pyri- 
tiséesi 

Les  couches  argileuses  à  B.  clavatus  du  Sud-Ouest  sont 
représentées,  dans  le  Centre,  par  des  couches  marno- 
calcaires  plutôt  qu'argileuses. 

On  y  distingue  quatre  zones  d'Ammonites,  savoir  : 

Zone  à  A.  Davœi. 

—  A.  ibex. 

— •       A.  Jamesoni. 

—  A.  lynx. 

Les  calcaires  à  Belemnites  du  Sud-Ouest  sont  aussi  re- 
présentés dans  le  Centre,  mais  par  des  couches  beau- 
coup plus  développées.  On  y  trouve  de  nombreuses  Be- 
lemnites {B.  brevis,  exilis).  Ces  couches  contiennent  ou 
passent  à  des  lits  argileux  avec  faune  de  Brachiopodes.- 
Elles  forment  la  partie  inférieure  de  la  zone  à  A,  lynx. 


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—  660  — 

Le  Sinéraurien,  dans  le  Centre,  est  fossilifère,  et  Ton 
y  trouve  V Ammonites  Buchlandi  à  la  base;  nous  avons 
vu  que,  dans  le  Sud-Ouest,  le  Sinémurien  n'est  pas  fos- 
silifère et  ne  peut  être  séparé  de  Tlnfralias. 

Les  couches  du  Centre,  inférieur  au  Sinémurien,  se 
rapprochent  beaucoup  de  celles  du  Sud-Ouest.  Elles  ne 
sont  pas  fossilifères,  à  Texception  d'un  certain  niveau 
à  Ostrea  irregularis  accompagné  de  quelques  Gastropodes. 

Les  bancs  à  argiles  vertes  et  les  grès  du  Lias  se 
retrouvent  dans  le  Centre  comme  dans  le  Sud-Ouest, 
mais  disparaissent  dans  le  Poitou  et  à  l'Ouest.  Il  paraît 
difficile,  d'ailleurs,  d'y  séparer  nettement  l'Hettangien  du 
Rhétien,  en  raison  de  l'absence  des  fossiles. 

Les  couches  à  argiles  vertes  des  environs  de  La  Châtre 
contiennent  des  jaspes  fossilifères  de  l'époque  rhétienne. 

La  base  de  ces  couches  contient  aussi  quelques  écailles 
de  poissons  et  petits  os.  C'est  le  niveau  du  bone-bed  que 
nous  n'avons  pas  retrouvé  dans  le  Sud-Ouest. 

En  résumé,  le  Lias  du  Sud-Ouest  et  celui  de  la  bor- 
dure Nord  du  Plateau  Central  présentent  une  remar- 
quable analogie  au  point  de  vue  de  la  nature  de  la  sédi- 
mentation. 

G.    MOURET.    • 

(Extrait  du  Bullet.  de  la  Soc.  géologique  de  France,  3"»  série, 
tome  XV,  p.  359,  7  mars  1887). 


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CARTULAIRE 


DE 


l'Abbaye  bénédictine  Saint-Martin  de  Toile 

EN    LIMOUSIN 

PUBLIÉ    PAR 

Jean-Baptiste    CHAMPEVAL 


(Suite.  —  Voir  t.  IX,  3*  livr.,  p.  421.) 


15.    PRIVILEGIUM  A   RODULFO  GALLI^E   REGE   GONGESSUM 

13  décembre  933. 

In  nomine  sanctœ  et  iiidividuse  Trinitatis.  Rodulfus 
Dei  gratia  Francorum  et  Aquitanoruin  atque  Burgun- 
dionuin  rex  pius  invictus  ac  semper  augustus.  Sicut  non 
est  potesta^  nisi  a  Deo»  qui  coUocat,  ut  scriptum  est, 
reges  in  solio  :  sic  utique  consequens  est  ut  hii  qui  in 
sublimitate  sunt,  sub  potenti  manu  eius  se  humilient; 
et  ut  regni  eius  ministri  juxta  ipsius  voluntatem  suas 
actiones  administrent.  Quapropter  notum  sit  omnibus 
tam  presenti  quam  futuro  tempore  regni  munia  dispo- 
nentibus,  quod  ego  de  statu  religionis  redintegrandî)  sol- 
licitus  (1),  Tutelense  cœnobium  in  regulari  proposito,  ut 
olim  fuerat,  reparare  decrevi.  Est  autem  in  Lemovicensi 
pago  super  fluvio  Correzia  situm,  in  honorera  videlicet 
beatissirai  domni  Martini  constructura;  quo  loco  prisca 
reverentia  novellis  adhuc  miraculis  domino  largiente  ser- 
vatur.  Precibus  autem  viri  Ademari  (2)  qui  locum  ipsum 


(1)  L'incident  qui  commence  par  les  mots  :  qui  collocat,  jus- 
qu'au mot  quapropter,  et  celle  qui  commence  par  tàm  presenti, 
jusqu'aux  mots  :  quod  ego,  ne  se  trouvent  point  dans  le  ma- 
nuscrit B. 

(2)  a  Aymar,  vicomte,  »  se  lit  en  marge  du  manuscrit  A,  et  au- 


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—  662  — 

eateiius  tenuerat,  suggerente  eliam  Ebalo  de  Pecteus  co- 
raile  cuidam  religiosissimo  abbati  nomine  Aymoni  locum 
eumdera  ad  restaurandura  regulare  propositum  commen- 
daveram  (atque  cœnobium  Sancti  Savini  (1)  subjectum 
feceram).  Sed  quoniam  experimento  probatum  est  quod 
eadem  subjectio  religioni  obstaret;  eidem  religion!  pe- 
nitus  consulere  volentes .  saniore  consilio  decernimus  ut 
antiquo  more  solius  régis  tuitione  non  autem  dominatione 
teneatur.  Hoc  autem  contra  ius  regni  fieri,  nemo  cen- 
seat;  quandoquidem  excellentissimi  imperatores  décréta 
sua,  quoties  causa  exegerit,  leguntur  immutasse  et  apos- 
tolo  perhibente  necessario  legis  translatio  fit.  Hoc  igitur 
cœnobium  cum  omnibus  quœ  nunc  ad  eum  pertinent, 
vel  quae  deinceps  eidem  obvenerint,  ita  pro  auctoritate 
istius  nostri  precepti  manere  constituimus  ut  nuUius 
domination!,  nisi  tantum  sanctae  regulae  subjaceant.  Post 
discessum  vero  fidelissimi  et  amantissimi  nostri  domni 
Odonis  qui  predicto  Aymoni  venerabili  successit,  et  post 
Adacium  quem  isdem  venerabilis  Odo  sibi  ad  vicem  suam 
supplendam  ordinari  petiit,  licentiam  habeant  secundum 
regulam  S.  Benedicti  quemcumque  saniori  consilio  ma- 
luerint  ex  seipsis  eligendi;  et  neque  rex  nec  comes  aut 
episcopus  aut  quselibet  alia  persona  res  eorum  inquie- 
tare,  aut  alicui  dare  presumet,  sed  nec  oppido  quidem 
domiijari  audeant  :  partem  vero  abbatiae  quam  predictus 
Ademarus   abbate  ipso   consentiente   retinuit  (2) ,   totam 


dessous,  en  face  de  Pecteus  interligné  :  «  comte  Poitiers.  »  —  Au 
manuscrit  B,  on  lit  en  marge  :  de  Ebalo,  et  au-dessus  on  a  écrit 
en  caractère  différent,  mais  cependant  ancien  :  de  Perteus.  — 
Latour,  page  110,  n'a  pas  Pecteus,  ni  la  sujétion  à  Saint-Savin 
mise  entre  parenthèses.  A  rapprocher  de  la  Passion  de  Saint- 
Léger  :  «  Diiiun,  l'ebisque  de  Peitieus.  »  Didon^  l'évoque  de 
Poitiers. 

(1)  Ahbaye  bénédictine  de  Saint-Savin-sur-Gartempe,  au  diocèse 
de  Poitiers,  aujourd'hui  chef-lieu  de  canton  (Vienne). 

(2)  Les  mots  :  retinuit  et  votuerint  manquent  dans  le  manus- 
crit B,  ainsi  que  la  phrase  qui  commence  par  :  Jus  quoque,  et  qui 
se  termine  au  mot  servent,  —  Dans  Latour,  recipiant  remplace 
retineant. 


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—  663  — 

post  ipsius  discessum  retineant;  quo  decedente  qualem 
communiter  voluerint  munburdum  et  causidicum  ha- 
beant.  Jus  quoque  immunitatis  ac  reverentiam  quae 
«ancto  illo  loco  et  hune  (1)  divinitus  observatum,  ita 
concediraus,  ut  nemo  vel  ipsi  vel  rebus  ad  eum  perti- 
nentibus  uUam  violentiam  inferre  moliatur.  Gaeterum  tam 
abbas  quam  monachi  communiter  sicut  ante  Del  oculôs 
regulare  propositum  servent.  Ut  autem  haec  nostra  per- 
ceptio  (2)  indelebilis  perseveret  hanc  insuper  in  nomine 
aucthoris  annulo  nostro  signavimus,  S.  Rodulfl  glorio- 
sissimi  régis  R  pîi  S  Gotfredus  sacerdos  ad  vicem  An- 
segisi  episcopi  recognovit  et  subscripsit.  Actum  Atti- 
niac  (3)  idibus  decembris,  indictione  III,  anno  XI 
régnante  Rodulpho  gloriosissimo  rege.  Anno  ab  incar- 
natione  domini  DCCCXLV. 

16.    PRIVILEGIUM   LUDOVICI    QUARTI    TRANSMARINI  (4) 

2  avril  944. 

In  nomine  sanctae  et  individu»  Trinitatis,  Ludovicus 
divina  clementia  Francorum  rex,    si  erga   loca  divinis 


(1)  On  lit  dans  Latour  :  et  nunc  divinitus  observaiur, 

(2)  On  lit  dans  le  manuscrit  A,  preceptio.  Puis  à  la  date,  en 
marge  :  «  Je  crois  qu'il  faut  930,  ce  qui  s'accorde  alors  avec  l'in- 
diction  III  et  Tan  XI  du  reigne  de  Raoul.  —  Dans  le  texte,  la  date 
est  fausse.  »  —  Sur  le  manuscrit  B,  on  lit  en  marge  :  Error  est 
in  numéro  annorum.  Legendum  igitur  930,  qui  est  annus  XI 
regni  Rodulfi  in  quem  incidit  indictio  tertia.  Je  crois  qu'il 
faut  935.  »  Dans  Baluze,  les  mots  suivants  manquent  :  ab  incar- 
natione  domini  DCCCXLV,  et  on  lit  dans  Latour  :  in  supemi 
nomine.  —  Voyez  :  Tables  de  Brequigny,  p.  396. 

(3)  Attigny,  chef-lieu  de  canton  (Ardennes),  jadis  principal  lieu 
de  la  contrée  appelée  :  la  Vallée-du- Bourg,  en  Champagne,  fort 
ancien,  célèbre  par  ses  conciles  et  par  le  séjour  de  plusieurs 
rois  de  France. 

(4)  Nous  relevons  cette  charte  dans  Latour,  page  115,  2~  édi« 
tion.  à  Toulouse,  chez  Boude,  1636.  Nos  manuscrits  ne  la  coni 
tiennent  pas. 


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—  664  — 

cultibus  mancipata  tuitionem  regalem  inferimus,  hoc 
nobis  ad  aeternam  beatitudinem  perlinere  confidimus. 
Idcirco  comperta  et  omnium  fidelium  nostrorum  praesen- 
tium  scilicet  et  fiiturorum  industria,  quoniam  adien» 
serenitatem  nostram  venerabilis  abbas  Adacius  deprecans 
nos,  quatenus  circa  monasterium  Tutellense  eius  soUi- 
citudini  commissura,  in  comitatu  Lemovicensi  supra  flu- 
vio  Curresise  situm,  nostrae  tuitionis  ac  confirmationis 
decretum  fieri  dignaremur.  Cujus  petitioni  acquiescentes 
nostrae  praeceptionis  authoritate  fieri  non  negavimus. 
PraBcipientes  ergo  iubemus,  ut  nuUus  index  publions, 
neque  quilibet  ex  fidelibus  sanctae  Dei  ecclesiae  ac  nos- 
tris  in  praedictum  cœnobium,  ecclesias  aut  loca  vel  agros 
seu  reliquas  possessiones  quas  moderno  tempore  juste  et 
rationabiliter  possidere  videtur.  Et  quidquid  deinceps  ob 
amorem  Dei  ibidem  coUatum  fuerit,  ad  causas  audiendas 
aut  homines  ipsius  injuste  distringendos  uUo  unquam 
tempore  ingredi  audeat,  seu  aliquam  contrarietatem  in- 
ferre praesumat.  Sed  et  Deo  in  cœnobio  eodem  famu- 
lantes  regulariter  licentiam  eligendi  abbatem  ex  se  obti- 
neant.  Et  sub  nostrae  ditionis  tuitione,  manentes,  pro 
nobis  et  conjuge  proleque  nostra,  seu  pro  stabilitate 
totius  ecclesiae  Dei  misericordiam  jugiter  exorent.  Et  ut 
haec  authoritas  firmior  habeatur,  et  per  futura  tempora 
melius  observetur,  manu  propria  subterflrmavimus,  et 
annuli  impressione  nos  tri  subter  obsignari  jussimus. 
P.  Signum  Ludovici  gloriosi  régis.  L.  *  S.  Rorico  no- 
tarius  ad  vicem  Gerunci  archipresulis  G,  relegit  et  sub- 
scripsit  in  Burione  villa,  quarto  nonas  Martii,  indic- 
tione  prima,  anno  vero  octavo  régnante  Ludovico  rege  (1). 

17.  DONUM  GERALDI  DE  TUTELA 

Cum   certa   mors   maneat,    et   nemini    parcat,    provi- 
dendum  est  ut  aliquid  de  rébus  nostris  Deo,  cui  omnia 


•(1)  Louis  IV  d'Outre-mer,  936-954.  —  Et  Adace  928-948,  quoique 
Baiuze  Tarrête  à  947. 


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—  665  — 

sunt,  oCferamus,  qui  dicit  :  date  elemosinam,  et  ecce  omnia 
munda  sunt  vobis,  Ob  hoc  ergo  mihi  in  Dei  nomine 
Geraldo  de  Tutela  tractanti  de  Dei  timoré  pro  anima 
«lea,  ut  me  q^us  Dominus  de  pœnis  inferni  eripere 
dignetur,  placuit  ut  partem  meam  de  ecclesia  Sancti 
Pétri  (1)  et  de  ecclesia  Sanctae  Mariae  de  Saliaco  (2)  Deo 
et  Sancto  Martino  dimitterem,  quod  et  feci  ;  dimitto  etiam 
mansum  meum  de  Las  Noalias  (3),  ubi  Longus  visus  est 
manere,  qui  est  in  parrochia  de  Sancto  Pardulpho  (4)  : 
et  alium  apud  Braisam  (5)  :  aliumque  apud  Masmaury  (6) 
ubi  Stephanus  manet,  ipsum  Stephanum  et  uxorem  ejus 
et  filios  et  filias  eorum  dimitto  Deo  et  S.  Martino  quam- 
diu  terram  illius  tenere  voluerint.  Similiter  dimitto  Bos- 
cum  de  Florensanas,  et  partem  meam  de  la  commanda 
de  Fagalobeyra  (7).  Hœc  omnia  supra  nominata  cedo  Deo 
et  S.  Martino  cum  omnibus  quse  ad  ipsa  pertinent,  tali 
ratione  ut  si  quis  ex  parentibus  vel  hseredibus  meis  uUam 
contradictionem  contra  hanc  nostram  elemosinam  inferre 
voluerit,  inprimis  iram  Dei  et  S.  Mariae  omnium  que 
sanctorum  incurrat,  et  cum  Datham  et  Abiron  in  inferno 
permaneat.  Facta  sunt  haec  mense  septembrio,  Philippo 


(1)  Saint-Pierre,  Tune  des  églises  paroissiales  de  Tulle,  jadis 
située  sur  le  précédent  emplacement  de  l'école  des  Frères. 

(2)  Seillac,  chef-lieu  de  canton,  où  Ton  fête  toujours  TAssomption 
de  Notre-Dame. 

(3)  Noailles. 

(4)  Saint- Pardoux-rOrtigier,  où  est  aussi  Noailles,  vers  Janieu^ 
1471.  (Liasses  de  Tétude  de  M*  Daudy,  notaire  à  Vigeois,  que  nous 
remercions  vivement  ici.) 

(5)  II  y  eut  un  Mas  de  Breigeac  (Pierrefitte)  dépendant  de  Bre- 
tagnolle  en  16S5,  et  Breiga  (Tulle- Saint- Julien)  en  1477,  près  Gué- 
rinet  (aujourd'hui  grand-séminaire),  le  Teil. 

(6)  Vigeois  avait,  en  1680,  un  Mas  de  Maureys.  En  1513  nous 
avons  trouvé  Maury  (probablement  Ghamboulive),  près  lArdilier, 
le  Peuch-pialat.  Affieux  en  a  un  aussi. 

(7)  Fageloubieyre  (Tulle -Saint -Pierre),  1429,  et  1468  près  le 
Grand-Mirat,  la  Rode,  l'Espinat,  Laval,  Godou,  aujourd'hui  devenu 
Facherivière  et  passé  à  Naves.  Nous  devons  cette  dernière  indi- 
cation à  son  curé,  M.  Tabbé  Niel. 


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—  666  — 

rege  (1),  domno  Frudino  abbate,  testibus  Martine  prae- 
posito,  Rotgerio  praeposito,  Petro  et  Ademaro  de  Tutela, 
Petro  Bernardi,  Aimoino  et  Ademaro  fratribus,  ejusdem 
Gerardi  nepotibus,  Raymundo  Doiiarelli|B),  ArcambaldO 
de  Cazarenc  (3),  Petro  Rotgerii,  Arcambaldo  et  Geraldo 
fratribus  eius. 

18.  Hoc  est  donum  quod  fecit  Arcambaldus  de  Tutela 
pater  Ademari  et  Pétri  ad  mortem  suam  pro  sepultura 
sua...  audiente  Petronilla  uxore  sua... 

Tertium  mansum  ejusdem  villae  (de  Braisa)  (4)  dédit 
Rainaudus  de  Galmilis  (5)  et  uxor  sua  Bona-Filia  Petro- 
nilla uxor  Arcambaldi  de  Tutela  ipso  defuncto  et  filii  sui 
Ademarus  et  Petrus  dederunt  unam  bordariam  ibidem  pro 
sepultura  âlii  sui  Bosonis. 

19.  Hoc  est  donum  pro  sepultura  Witardi  de  Tutela 
quod  fecerunt  fratres  ipsius  Arcambaldus,  Ademarus  sive 
Bernardus  vel  Gerardus  filii  Donadei  de  Masmauri,  man- 
sum unum  al  Gastan...  (6). 


(1)  Philippe  (1060-1 108).  ^  Fruin,  d'après  Baluze,  aurait  été  abbé 
de  1053  à  1084.  Mais  il  semble  avoir  duré  bien  davantage.  A  la  fin, 
nous  espérons  resserrer  plus  utilement  ces  dates.  —  Latour,  p.  103 
et  manuscrit  A. 

(2)  Les  DonnereauZy  repaire  noble,  maintenant  village  de  Tulle. 

(3)  Ghazaren  (Naves),  chftteau  appartenant  à  M.  René  Vidalin. 
La  vicieuse  prononciation  bourgeoise,  qui  en  fait  Césarin,  ne  date 
que  de  quarante  ans,  grftce  à  l'engouement  avec  lequel  on  a  voulu 
tout  romaniser  aux  abords  de  Tintignac,  depuis  Bach,  Bacchus, 
jusqu'à  Soleilhavoup,  temple  du  Soleil,  alors  qu'ils  s'écrivaient 
Batz  et  Souleilla-Youlp,  clairière  du  renard. 

(4)  Peut-être  Breyga  (Tulle,  Saint-Julien),  1477,  près  Guérinet  et 
le  Teil.  Or,  Guérinet  c'est  le  grand-séminaire. 

(5)  Les  lieux  de  Ghaumeils  abondaient. 

(6)  La  seule  commune  de  Tulle  a  eu  deux  Caatan,  ou  Chastan, 
l'un  à  Ghanut,  en  1575,  l'autre  près  la  Deymie  et  Jos.  Naves  en 
possédait  un  près  Ghaunac  et  el  Pourchet  en  14S6,  et  Saint-Ger- 
main-les-Vergnes  avait  le  Ghastaing-Bouscal  et  le  Ghastaing-Por- 
chier,  etc.  Gomme  on  le  voit,  Tidentification  est  difficile  à  établir. 


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—  667  — 

20.  Sciant  nostri  successores  quia  Bernardus  de  Tutela 
et  uxor  ejus  Aldiardis  dederunt  tertiam  partem  de  me- 
dietate  ecclesiae  S.  Pétri  de  Castro...  (1)  et  mansum...  cum 
filio  suo  Gerar^  Bernard!  qui  fuit  monachus  istius  loci... 
Hoc  autem  annuerunt  filii  eorum  Aimonius  Bernardi, 
Petrus  Bernardi,  Ademarus  Bernardi.  Fevales  vero  hujus 
mansi  Petrus  de  Poenciaco,  et  Hugo  de  Pairaco  judex 
dederunt  S.  Martino  omnia  quss  habebant  in  dicto  manso. 
Testes  sunt  Petrus  de  Tutela,  Ademarus  frater  eius  et 
Gerardus  qui  cognominatus  est  Becferris,  Raimundus 
Donarelli,  régnante  Aenrico...  (2). 

21.  Sciant  omnes  quod  Remigius  Botarius  (3)  dédit 
S.  Martino  Tutelensi  totum  quod  habebat  in  manso  de 
Cambos  (4). 

22.  Noverint  universi  quod  Ademarus  de  Tutela  [filius 
Arcambaldi],  dédit  quartam  partem,  et  rursus  quartam 
partem  alterius  quarts  partis  ecclesise  de  Saliaco....  Tes- 
tes sunt  domnus  abbas  Prudinus,  Petrus  de  Tornamira, 
Gerardus  de  Val,  Arbertus  de  Blandina  (5)  monachi, 
Petrus  frater  ejusdem  Ademari,  Petrus  Bernardi,  Aimoi- 
nus  B,  Ademarus  B,  et  alii  multi. 

23.  Sciant  omnes  quia  Eustorgius  Bernardi  dédit  quar- 

(t)  C'est  la  môme  église  qui  vient  de  figurer  charte  14.  Elle  était 
près  et  dans  le  c&strum  Tutelœ,  d'où  son  nom. 

(2)  Nous  ferons  remarquer  ici  que  toutes  ces  chartes  sont  iné- 
dites, sans  quoi  nous  renverrions  à  la  page  voulue  dans  Baluze. 
De  môme,  le  défaut  de  mention  du  manuscrit  B  accuse  qu'il  ne 
les  contient  pas.  —  Conférez,  pour  Gérard  de  Tulle,  avec  la 
charte  18».  —  1031-1060. 

(3)  Des  seigneurs  du  nom  de  Boutier  eurent  Sédières  et  des 
biens  autour  de  Gimel. 

(4)  Nom  de  lieu  trop  répandu  autour  de  Tulle,  qui  en  eut  un 
près  Maure;  Orliac  en  eut  un  autre  près  Neuvialle,  et  Laguenne 
un  encore,  ainsi  que  Tulle  et  Saint-Hilaire-le-Peyroux.  Ces  trois 
derniers  furent  seigneuries. 

(5)  Blandine,  village  de  100  âmes,  Saint-Bonnet-£l-Vert,  B  signi- 
fie apparemment  Bernardi. 


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—  668  — 

tam  partem  de  medietate  ecclesiae  S.  Pétri  de  Castro  et 
mansum...  Testes  sunt  Petrus  B,  Aimoinus,  et  Ademarus, 
fratres  ejusdem  Eustorgii. 

f 

24,  Hoc  est  donum  quod  fecerunt  Gerardus  de  Rofl&- 

niaco  et  Alaiz  uxor  sua  et  fllii  eorum  Hugo  et  Petrus 
et  Willelmus  (Deo  et  S.  Martino)  mansum  unum  ad 
Montem  (1)  inter  Rofiniacum  et  S.  Germanum,  et  man- 
sum de...  S.  Ugonis  de  Rofiniaco.  S.  Willelmi.  S.  Ar- 
cambaldi  vicecomitis  de  Combornio.  S.  Frudini  abbatis. 
S.  Rotgerii  de  Gauzfornz  monacho  et  preposito.  S.  Gé- 
rard! de  Val,  monacho.  S.  Donadei  monachi  decani. 
Régnante  Philippo  rege  (2). 

25.  Igitur  ego  in  Dei  nomine  Arcambaldus  de  Tutela 
et  uxor  mea  Petronilla  et  fllii  nostri  Petrus  et  Ade- 
marus  et  Bozo  et  flliae  nostrae  Dinas  et  Girberga  et 
Aldiardis,  donamus  et  vendimus  Deo  et  S.  Martino  man- 
sum nostrum  in  parochia  S.  Juliani  de  Tutela.,.  (3)  pre- 
cio  centum  viginti  solidos...  Factum  est  hoc  in  mense 
Decembris,  imperante  domino  nostro  Jesu-Ghristo.  Ré- 
gnante Aenrico  rege  (4).  S.  Arcambaldi  de  Tutela  et 
Petronillae  de  Reliaco  uxoris  suse.  S.  Pétri.  S.  Ademari. 
8.  Bosonis  flliorum  suorura.  S.  Gerardi  de  Tutela  Bec- 
fecri  (sic)  (5)  fratris  sui.  8.  Pétri  Bernardi  nepotis  sui  et 
fratrum  suorum.  S.  Rotgerii  prepositi  monachi.  8.  Rot- 
berti  d*el  Monteil  monachi.  8.  Gerardi  d'el  Val  monachi. 


(1)  Page  16  du  manuscrit  B,  lequel  omet  mansum  unum,  etc., 
pour  ne  reprendre  qu'à  S.  Ugonis,  interrompre  après  Frudini 
abbatis,  jusqu'à  régnante.  Il  dit  aussi  sui  au  lieu  de  eorum. 

Le  Mont  (Saint-Germain-les^Vergnes),  canton  de  Tulle. 

(2)  Date  entre  1060  et  10S4. 

(3)  Saint-Julien,  l'une  des  églises  de  Tulle,  anciennement  assise 
sur  la  place  actuelle  au  nord-est  de  la  cathédrale,  entre  celle-ci  et 
la  bascule. 

(4)  De  1031  à  1060. 

(5)  Conférez  avec  la  charte  20\ 


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—  669  — 

26.  Notum  sit  omnibus...  quod  Gerardus  de  Roca  (1) 
filius  Ademari  impignoravit  hoc  quod  habebat  in  manso 
de  Laval  (2)  qui  est  juxta  mansum  d'elCher...  Post  mor- 
tem  vero  suam  dimisit  totum  Deo  et  S.  Martino...  Hoc 
autem  autorizaverunt  omnia  uxor  sua,  et  fllii  sui  Ade- 
marus  de  Roca  et  Hugo  frater  ejus,  die  quo  fuit  se- 
pultus.  X  kalendas  madii,  feria  V,  in  manu  domni  Wil- 
lelmi  abbatis,  audiente  Eustorgio  de  Galnac  (3),  Raimundo 
de  la  Mazeira  (4),  Raymundo  Maliani.  Factum  est  hoc 
anno  MGVIIII.  Régnante  Ludovico  rege,  tempore  Eus- 
torgii  episcopi. 

27.  In  isto  manso  de  Laval  dédit  Petrus  Rigaldi  de 
S.  Bonito  (5)  quatuor  sextaria  siliginis  et  duodecim  de- 
narios  pro  anima  sua...  cum  consilio  Willelmi  de  Can- 
naco  (6)  de  quo  illud  habebat  (7).  Actum  anno  mille- 
simo  ex,  Ludovico  rege  Willelmo  abbate. 


(1)  évidemment  des  seigneurs  de  La  Roche- Saint- Maur,  aujour- 
d'hui La  Roche-GaniilaC;  chef-lieu  de  canton. 

(2)  Laval  et  le  Ghier  (Tulle)  contigus,  près  Saint- Adrian.  Sous 
l'ancien  régime,  ils  faisaient  partie  de  Tulle-Saint-Julien. 

(3)  Galnac,  probablement  pour  Galnac,  Ghanac. 

(4)  De  préférence  La  Mazière-Basse,  commune  du  canton  de 
Neuvic. 

(5)  Saint- Bonnet -Avalouse,  commune  du  canton  de  Tulle -Sud. 
Nous  n'avons  jamais  compris  qu'on  n'ait  pas  divisé  Tulle  en  can- 
tons Est  et  Ouest.  Gela  répondait  à  la  situation  de  l'ensemble  de 
ses  communes  par  rapport  à  lui.  On  eût  ainsi  évité  la  bizarrerie 
qui  fait  appeler  Tulle-Sud  le  canton  de  Tulle  rivft-^auche  (de  la 
Gorrèze),  ou  Tulle-Est,  comprenant,  sur  quinze  communes,  cinq 
chefs-lieux  à  peine,  situés  au  Sud  de  cette  ville.  Tulle-Nord,  encore 
plus  mal  baptisé,  n'a  que  Naves  au  Nord,  sur  sept  paroisses,  et 
c'est  lui  qui  eût  dû  s'appeler  Tulle- Sud.  Ges  dénominations,  pour 
redevenir  justes,  demanderaient  qu'on  repartageât  un  peu  à  la 
façon  des  anciens  diocèses  de  Limoges  et  de  Tulle,  sans  tenir 
compte  de  la  rivière. 

(6)  Ghanac,  commune  du  canton  de  Tulle. 

(7)  Dans  le  manuscrit  B,  on  lit  cette  simple  phrase  :  Donum 
Pétri  Rigaldi  de  S.  Bonito...  anno  MGX.  Ludovico  rege  Eustor- 
gio episcopo.  Willelmo  abbate.  Paj?e  16. 


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—  670  — 

28.  In  eodem  manso  de  Lavall  dédit  Willelmus  de 
Gannaco  (1)  quando  voluit  pergere  in  Jérusalem  si  illuc 

moriretur  duos  solidos Hoc  vero  sciendum  est  quod 

ista  omnia  impignoraverat  ipse  Willelmus  de  Caunaco 
Bernardo  de  Roflniaco  praeposito  et  monacho.  Anno 
MGXVIIII.  Régnante  Ludovico  rege.  Tempore  Eustorgii 
episcopi.  Ebalo  abbate.  Testibus  Bernardo  priore.  Ade- 
maro  Doctrandi.  Willelmo  Durandi,  Petro  Duranni.  Wil- 
lelmo  Duranni  fratre  suo.  Raimundo  de  Aneda  (2).  Ste- 
phano  de  Roca  de  Aquina  (3).  Stephano  Donadeo  (4). 

29.  Ego  Rotbertus  et  uxor  mea  Tetrudis  cedimus  Deo... 
mansos  nostros  vel   terras  quae  sunt  in  urbe  Lomovi- 

cina (5)  encausum  nostnim  qui  vocatur  A  la  Derra 

ubi  Petrus  visus  est  manere Sig.  Rotberti.  Sig. 

Tetrudis  uxoris  suae.  Sig.  Odonis.  Sig.  Rigaldi.  Sig. 
TJgonis. 

30.  Notum  sit...  quod  uxor  Rainaldi  de  Calmilis  quae 
vocabatur  Bona&lia  dimisit  nobis  ad  obitum  suum  man- 
sum  suum  Pétri  de  Fraissengas  in  parrochia  S.  Ju< 
liani...  (6).  Et  hoc  authorizavit  Willelmus  ôlius  suus. 


(1)  En  marge  on  a  traduit  C/iaunac;  néanmoins  nous  pensons 
quMl  s'agit  d'un  Chanac.  L'écriture  ne  laisse  pas  démêler  Vu  de  Vn 

(2)  Nedde,  commune  du  canton  d'Eymoutiers  (Haute- Vienne). 
Mais  la  commune  de  Corrèze  a  un  hameau  de  Puy-Nède,  canton 
de  Corrèze. 

(3)  Laguenne^  commune  du  canton  de  Tulle,  où  les  barons  de 
La  Roche  eurent  quelques  droits  concurremment  avec  l'évêque  de 
Tulle,  principal  seigneur. 

(4)  Le  manuscrit  B  abrège  ainsi  tout  l'acte  :  Donum  Willelmi 
de  Gannaco.  Anno  MGXVIII  (soit  1118).  Ludovico  rege.  Ëustorgio 
episcopo.  Ebolo  abbate.  Page  16.  En  marge  :  Cannac. 

(5)  Lomovicina  {sic),  —  Encausum  n'est  pas  dans  Du  Gange.  — 
Probablement  pour  enclausum,  enclos. 

(6)  Nos  tables  de  lieux  disparus  portent  en  effet  :  Frayssengeas- 
Sobranas  (Tulle-Saint- Julien),  près  La  Font,  qui  est  des  Angles, 
Freyssinges-Bas,  La  Vergne,  Pimont,  en  1549.  Sans  préjudice  du 
Freyssinges  actuellement  comme  alors  en  majeure  partie  de  Gimel 
et  pour  partie  des  Angles.  (Titres  du  presbytère  de  Gimel.) 


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—  671  — 

31.  Sciant  prsesentes  et  futur!  quod  Bernardus  de  Can- 
naco  (1)  dédit  très  mansos  et  Gerardum  filium  suum  cum 
quibus  mansis  monachu»  fieret,  quorum  duo  vocantur 
mansi  de  Laval  (2)  et  erant  allodum  S.  Martini,  sunt 
que  in  parrochia  Sancti  Stephani  de  Ladiniaco.  Et  ter- 
tius  vocatur  a  Drulia  (3)  et  est  in  parrochia  de  Daniaco. 
Hoc  autem  fecit  cum  consilio  Hislae  uxoris  su»  et  âlio- 
rum  suonim  Pétri  et  Bernardi  fratrum  ejusdem  Gerardi 
in  manu  domni  Pétri  abbatis  régnante  Rotberto  rege. 
Testibus  Stephano  Bruno  de  Barro  (4)  Arcambaldo  de 
Murât.  Autgerio  (5)  de  Vitraco.  Bernardo  vicario  de  Gimel. 
Petro  Duranni.  Ugone  Balvazi.  Frudino  de  Caunaco.  Wi- 
tardo  de  Roca.  Arcambaldo  de  Tutela  Bernardo  et  Wil- 
leLmo...  (6). 

32.  Notum  sit  (omnibus)  quia  ego  Bernardus  de  Can- 
naco  (7)  quando  volui  ire  in  Jérusalem.. .  dedi  (Deo  et 


(1)  Évidemment  un  noble  Ghanac,  de  la  commune  de  ce  nom, 
canton  de  Tulle-Sud. 

(2)  Encore  village  (au  sens  limousin  de  hameau)  de  la  commune 
de  Ladignac,  canton  de  Tulle.  It  habitants.  Sans  doute  on  dût  les 
différencier  en  nommant  l'un  d*eux  Laval-Haut  et  Tautre  Laval- 
Bas,  ou  d'une  façon  analogue,  comme  la  charte  30  nous  montre 
le  Mas  dit  de  Peyre  sis  dans  Freyssinges. 

(3)  Droulhe,  fief  en  1743  (Dampniat),  canton  de  Brive.  —  Archives 
du  château  du  Jayle  (Malemort),  de  M.  Dizac. 

(4)  Bar  et  Vitrac,  communes  du  canton  de  Gorrèze.  Murât,  chef- 
lieu  de  commune  du  canton  de  Bugeat,  mais  des  villages  de  Murât 
existent  à  Gornil  et  ailleurs.  Il  y  eut,  vers  1600,  de  nobles  Belveyre 
à  Boussac  d'Orliac. 

(5)  Rosiers  a  un  village  d'Augère,  près  de  Vitrac,  dit  de  Au- 
chera,   1507,  Augieyra,  1550. 

(6)  Vers  1022.  --  Le  manuscrit  B  dit  seulement  :  Donum  Ber- 
nardi de  Gannaco,  cum  consilio  Hislse  uxoris  suœ,  et  filiorum  suo- 
rum  Pétri  et  Bernardi  fratrum  ejusdem  Gerardi,  in  manu  domni 
Pétri  abbatis,  régnante  Roberto  rege.  Page  16. 

(7)  Ghanac,  commune  du  canton  de  Tulle  dans  laquelle  se  trouve 
Malangle,  hameau  de  98  âmes.  Notre  abbaye  eut  des  biens  étendus 
de  ce  côté. 


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—  672  — 

S.  Martino  Tutelensi)  medietatem  de  alodo  de  Malangle... 
si  illuc  obiero...  (Hoc  autem  feci)  in  praesentia  domni 
Frudini  abbatis  cum  consilio  fratris  mei  Pétri  qui  hoc 
authorizavit.  Régnante  Philippe  rege  et  Widone  episcopo 
Lemovicensi  (1). 

33.  Ego  Petrus  de  Cannaco  frater  supradicti  Bernardi 
dedi...  omnem  meum  alodum  de  Malangle...  in  praesentia 
domni  Frudini  abbatis.  Régnante  Philippe  rege,  widone 
episcopo.  Testibus  Rainaudo  Bernardi  vicario.  Stephano 
Rainaldi,  eius  filiam  Habebam  (2). 

34.  Notum  sit...  quod  Ademarus  de  Vitrac  dédit  man- 
sum  de  Transrivo  (3)  quem  habebat  de  8.  Martino... 
dédit  medietatem  de  omnibus  excepte  vineam  Aymeini 

Pelet  de  Transrive et  mansum  qui  dicitur  Oiz...  (4) 

quam  ipse  et  fratres  eius  Gerardus  et  Rotgerius  ex  pa- 

terna  hcreditate  requirebunt audiente  Retgerio  fratre 

sue  et  Gerardo  de  Vall,  et  ftliis  eius  Gerardo  et  Cens- 
tantio. 

35.  Supradictum  mansum  de  Oiz  calumniavit  Stephanus 


(1)  1060  à  1084.  —  Le  manuscrit  B  omet  :  qui  hoc  authorizavit, 
puis  le  mot  rege,  moins  Tinitiaie.  Il  traduit  Cannac  en  marge. 

(2)  1060  à  1084.  —  Nous  placerions  ce  Raynald  de  Bernard  à  Gimel- 

(3)  Terriou  (Vitrac),  106  habitants,  canton  de  Corrèze.  Nos  vieux 
paysans  y  prononcent  encore  fidèlement  Tarricou.  Vitrac  fut  mem- 
bre de  la  prévôté  de  Clergoux,  xvi*  et  xvii»  siècles,  elle-même 
dépendant  de  Tulle.  Quant  à  la  vigne,  il  faut  évidemment  l'éloi- 
gner de  cette  altitude.  Les  grandes  familles  d'alors,  qui  habitaient 
les  froids  plateaux  de  la  Haute-Gorrèze,  devaient,  comme  celles 
d'avant  la  Révolution,  avoir  leurs  vignobles  au  pays-bas. 

(4)  Ce  manse  (à  rapprocher  d'Oez,  donné  à  Uzerche  par  Hilde- 
gaire  —  voir  le  Cartulaire  d'Uzerche  publié  par  la  Société  des 
lettres,  sciences  et  arts  de  la  Corrèze)  dût  être  près  Terriou,  où 
nous  savons  qu'Uzerche  leva  des  rentes.  (Minutes  Terrade,  notaire 
à  Chaumeil,  1717,  chez  M.  Feugeas,  propriétaire  à  Freysselines  — 
Chaumeil,  canton  de  Corrèze.) 


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—  673  — 

de  Bolciaco  (1)  :  eo  vero  mortuo  ôlii  sui  Stephanus  et 
Rigaldus  dimiserunt  querimoniam  pro  sepultura  putris 
sui  et  pro  monachatu  fratris  sui  Bernardi.  Testibus 
Bernardo  priore  Rigaldo  de  Bolciaco  avunculo  eorum 
Ademaro  Doctrandi.  Bernardo  de  Murât.  Geraldo  et  Ebalo 
de  Bolciaco.  Bernardo  Gaûcii.  Anno  MCXVI.  Régnante 
Ludovico  rege.  Eustorgio  episcopo,  domino  Ebalo  abbate. 
Sig.  Stephani.  Sig.  Rigaldi  filiorum  eius. 

36.  Sciant...  quod  Arcambaldus  de  Gannaco  et  fratres 
sui  Petrus,  Geraldus  Malbec,  Ademarus  vendiderunt  Deo 
et  S.  Martino  et  cuidam  monacho  nomine  Andréa  in 
villa  quœ  dicitur  Rocheta  (2)  duas  bordarias.  Signum 
Arcambaldi.  Signum  Pétri.  Signum  Ademari.  Signum 
Gerardi. 

37.  Donum  fecit  Fulco  de  Gannaco  et  frater  suus 
Petrus  et  mater  illorum  Agnes  de  Alodo  de  Vedrinas  (3). 

38.  Sciant  uuiversi...  quod  Rainaldus  de  Aneda  dédit... 
pro  anima  filii  sui  Pétri  dimidiam  bordariam  apud  Cau- 
nac  quae  vocatur  Benechescha  (sic)  (4)  et  hoc  authoriza- 
verunt  fratres  Bernardus  et  Wido  et  Willelmus  et  Aalaiz 
mater  illorum,  audientibus  Petro  Rotberti  presbytero, 
Geraldo  Gaucii  presbytero,  Geraldo  presbytero  de  Sancto- 
Clémente  (5),  Geraldo  Rotgerii  et  Arcambaldo  fratre  suo, 
Rainaldo  Donarelli.  Anno  MCXVIIII.  Régnante  Ludo- 
vico rege  Eustorgio  episcopo  Ebalo  abbate. 

39.  Notum  sit  quod Aalaiz  uxor  Pétri  Rainaudi  de 


(i)  Boussac,  commune  d*Orliac-de-Bar. 

(2)  La  Rochette  (Pandrigne),  postérieurement  baronnie,  aujour- 
d'hui cas  tel  à  M.  Loubignac,  ancien  procureur  impérial,  dont  la 
collection  nous  a  fourni  diverses  notes. 

(3)  Vedrenne,  69  habitants  (Ghanac). 

(4)  Ghanac,  à  Test  de  Tulle.  —  Le  manuscrit  B  porte  simplement, 
page  17  :  Donum  Raynaldi  de  Aneda,  anno  MCX  VIIIL 

(5)  Saint-Glément,  commune  du  canton  de  Seillac. 

T.  IX.  4-* 


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—  674  — 

Sancto  Clémente,  fllia  Ademari  de  Vairaco  dédit  duas 
dimidias  bordarias  Avidoinas.  Anno  MCXVIIII  annuen- 
tibus  flliis  suis  Rainaudo  [forsan  Raimundo]  Bernardo 
Willelmo  Widone,  de  Aneda.  Testibus,  Petro  archipres- 
bytero  de  Saliaco  (1),  Geraldo  del  Montet  presbytero, 
Amelio  de  Aneda,  Ugone  de  Bolciaco,  Petro  Bello  Oculo, 
Arnberto  (2)  de  Carreriis. 

40.  Ego  Arcambaldus...  dedi  medietatem  de  manso  ubi 
Augerius  visus  est  manere...  et  sunt  istœ  res  in  villa 
quae  dicitur  Gaunacum...  (3)  mense  februario  régnante 
Rotberto  rege.  Signum  Arcarabaldi.  Signum  Ugonis. 
Signum  Firmini.   Signum  Froterii. 

41.  Igitur  ego  Stephanus  et  uxor  mea  Gautberga  ce- 
dimus  mansum  nostrum  qui  est  in  pago  Lemovicino  in 

vicaria  Spaniacense  (4)  in  villa  de  Cannaco Signum 

Stephani.  S.  Gauzberganse  uxoris  suae.  Signum  Ebrardi. 
S.  Froterii.  S.  Albaldi... 

42.  Sciant  universi  quod  ego  Bernardus  de  Campa- 
niaco  (5)  et  uxor  mea  Sostitia  dedimus  pro  monachatu 
fllii  nostri  Ademari  mansum  de  Podio  (6)  apud  Gauna- 
cum. Factum  est  hoc  anno  MGXVII.  Ebalo  abbate  Lu- 
dovico  rege,  Eustorgio  episcopo. 


(1)  Nous  avons  déjà  fait  remarquer  (chose  ignorée  jusqu'ici),  dans 
une  note  du  Gartulaire  d'Uzerche  par  nous  édité,  1887,  que  Seiliac, 
chef-lieu  de  canton  en  amont  de  Tulle,  fut  archiprêtré. 

(2)  Ou  Ar/berto. 

(3)  Ghanac,  commune  au  sud  de  Gimel,  922  à  923,  ou  996  à  1031. 

(4)  Ghanac,  commune  à  Test  de  Tulle.  Il  ne  figure  pas  sur  la 
carte  de  M.  Deloche,  Gartulaire  de  Beaulieu,  ni  en  sa  Géogra- 
phie historique. 

(5)  Les  Ghampagnac  avoisinants  sont  :  Ghampagnac-la-Prune, 
commune  du  canton  de  La  Roche;  Ghampagnac-la-Noaille,  com- 
mune du  canton  d'Égletons;  après  cela  les  villages  de  Ghampa- 
gnac  à  Favars,  à  Donzenac,  etc.,  à  Sainte-Fortunade,  1347. 

(6)  Ge  manse  du  Puy  est  donc  une  partition  du  bourg  de  Gha- 
nac. Nous  n'avons  rencontré  ce  manse  dans  aucun  titre  postérieur. 


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—  675  — 

43.  Sciant  omnes  quod  Petrooilla  uxor  Pétri  de  Tor- 
namira  dédit  pro  anima  fllii  sui  Grerardi  et  pro  anima 
mariti  sui...  dédit  mansum  unum...  anno  MCXIII.  Ebalo 
abbate,  Ludovico  rege,  Eustorgio  episcopo  (1). 

44.  Ademarus  de  Gaunaco  dédit  bordariam  de  Ven- 
taiol  (2). 

45.  Notum  sit  quod  ego  Froterius  ^edi  alodum  meum 
Boisseiras  (3)  scilicet  quinque  mansos....  S.  Ademari. 
S.  Gilberganae  matris  supradicti  Froterii.  S.  Hildebaldi. 

46.  (Cum  certa  mors  maneat,  et  nemini  parcat,  provi- 
dendum  est  unicuique  homini  de  rerum  suarum  facultate 
qualiter  retributorem  omnium  bonorum  habeat  Dominum 
dicentem,  date  elemosinam,  et  ecce  omnia  munda  sunt 
vobis.  Ob  h^^c  igitur)  ego  in  Dei  nomine  Geraldus  de 
Avalena  (volens  pergere  Hienisalem  et  filium  meum  Ade- 
marum  tradere  beato  Martino  monachum),  CQnsentiente 
uxore  mea  Garsendis  cedo  et  do  Sancto  Martino  ad  locum 
qui  vocatur  Tutela  qui  est  fundatus  super  fluvium  Corresia 

•ubi  etiam  requiescunt  pretiosorum  S. S.  corpora  B.  Clari 
et  B.  Laudi  et  B.  Bauniondi  (sic)  et  B.  Ulphardi,  ali- 
quid  de  rébus  meis  propriis  quae  sunt  in  pago  Lemo- 
vicino  in  vicaria  Spaniacense....  (4)  in  vicaria  Brivense.... 
in  vicaria  Uzerchense,  etc.  (5).  (Sane  si  quis,  nos  ipsi 


(1)  On  lit  au  manuscrit  B,  p.  17  :  Donum  Petroiûllœ  de  Torna- 
mira  MGXIIJ.  —  Et  plus  bas  :  Donum  Pptri  de  Tornamira  pro  filio 
suO;  anno  MGXII  (sic)  Ludovico  rege  Eustorgio  episcopo  Ebalo 
abbate.  —  En  marge,  le  chiffre  arabe  1112. 

(2)  Ventegeol,  18  habitants,  commune  de  Ladignac,  canton  de 
Tulle,  bien  mieux  que  celui  de  Seillac. 

(3)  Il  y  eut  beaucoup  de  noms  pareils.  Citons  les  plus  rappro- 
chés :  Bar,  Saint-Hilaire-le-Peyroux,  Égletons,  Le  Lonzac,  Gham* 
pagnac-la-Noaiile. 

(4)  Espagnac,  cheMieu  de  commune  du  canton  de  La  Roche* 
Ganillac. 

(5)  Brive,  sous-pnéfecture.  Uzerche,  chef-lieu  de  canton. 


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—  676  — 

immutata  voluntate  nostra,  aut  uUus  de  haeredibus  nos- 
tris  seu  propinquis,  seu  uUa  inlmissa  persona  contra  hanc 
cliartam  eleemosynariam  uUam  calumniam  generari  pree- 
sumpserit,  imprimis  iram  Dei  incurrat  et  omnium  sanc- 
torum,  et  cum  Datham  et  Abiron,  et  luda  proditore,  qui 
magistrum  et  Dominum  suum  tradidit,  sit  participatio 
eius  in  infernum  :  et  quod  petit  non  vindicet,  sed  insu- 
per componat  rectoribus  S.  Martini  auri  libras  centum 
argenti  pondéra  mille.  Et  ut  eleemosyna  ista  flrma  et 
stabilis  permaneat,  adjuramus,  atque  excommunicamus 
primitus  abbates,  tam  illum  qui  presens  esse  videtur, 
quam  illos  qui  futuri  sunt,  sed  et  monachos  simili  ter 
qui  modo  adesse  videntur,  vel  futuri  erunt  simili  modo 
et  causidicos,  id  est  Arcambaldum,  et  filios  eius,  necnon 
et  alios  qui  post  eos  erunt,  propinquos  et  successores 
nostros,  cunctos  que  monasterii  illius  vicinos  tam  prae- 
sentes,  quam  futuros  per  tremendae  sanctse  Trinitatis 
nomen,  et  meritum  beati  Martini,  et  aliorum  sanctorum, 
quorum  reliquiae  ibi  sunt,  ut  nullus  abbas,  vel  mona- 
chus,  sive  clericus,  aut  laicus,  vel  persona  quaevis  res 
istas  supranominatas  inquietare,  aut  sub  potestate  saecu- 
lari  uUo  modo  redigere  praesumat,  nisi  sicut  nos  consti- 
tuimus.  Quod  si  quis  possidere  tentaverit  maledicatur  per 
uuiversum  orbem,  et  audiatur  de  illo  :  Dem  mem  pone 
illum  ut  rotairiy  et  sicut  stipulam  ante  faciem  venti,  et 
erubescat  et  conturbetur  in  saeculum  s?eculi,  et  confun- 
datur  et  pereat  :  Non  sit  cohaeres  Christi,  sed  sit  par- 
ticeps  Pharaonis  in  inferno,  qui  ait  :  Dominum  nescio^  et 
Israël  non  dlmittam)  (1).  Facta  est  eleemosyna  ista  in 
mense  martio  anno  primo  régnante  Ludovico  rege. 
S.  Gerardi  et  uxoris  suae  Garsendis  qui  eleemosynam 
istam  fieri  jusserunt  et  bonis  viris  firmare  rogaverunt. 
S.  Arcambaldi  vicecomitis  qui  cognominatus  est  Camba- 
putrida.  S.  Ebali  et  Arcambaldi  filiorum  eius.  S.  Ugonis. 
S.   Andraldi.    S.   Gausberti.    S.    Immonis.    S.   Stephani. 

fl)  Nous  mettons  entre  parenthèses  le  tej^e  de^LATouR. 


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.  —  677  — 

S.    Constantini.    S.   Ademari.    S.    Auterii.    S.    Odolrici. 
S.   Aymonii.  S.   Rainaldi.   S.  Constantini  (1). 

47.  Ego  Gerardus  de  Avalena  dimitto  Arcambaldo  se- 
niori  meo  ecclesiam  Sancti  Medardi  (2)  cum  ipsa  curte... 
si  infantem  non  habuero  de  uxore  mea,  et  ego  Garsen- 
dis  dimitto  Arcambaldo  seniori  meo  post  mortem  meam 
et  post  mortem  Geraldi  (3)  viri  mei. 

48.  Ego  Gonstantia  et  fîlius  meus  Raiuaudus  cedimus 
pro  anima  Artmandi  in  villa  quae  dicitur  Floriacus  (4) 
duos  mansos...  Facta  est  eleemosyna  ista  mense  augusto 
régnante  Garolo  invictissimo  rege.  S.  Constantiae  et  Rai- 
naudi  fllii  sui.  S.  Odolrici.  S.  Gerardi.  S.  Rotberti. 
S.  Witardi.  S.  Gerardi. 

(A  suivre,) 


(1)  Année  986.  —  Latour,  page  106,  avec  des  variantes. 

(2)  Conférez  Baluze,  colonne  349,  Hist.  Tutel.  —  Saint-Mord-de, 
Lapleau,  commune  du  canton  de  Lapleau. 

(3)  Après  Geraldi,  il  semble  y  avoir  de  plus  un  f  plutôt  qu'un  6. 

(4)  Très  probablement  Floirat,  aujourd'hui  Fleurât,  parfois  Furat- 
commune  de  Sainte-Fortunade,  canton  de  Tulle,  jadis  seigneurie, 
écrit  Floyraco  en  1525.  (Collection  de  M.  Clément-Simon,  Cartu- 
laire  de  Boussac.) 


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CLEF  DE  VOUTE 


PROVENANT  DE 


L'ABBAYE  DE  COIROUX  (Corrèze) 


(ISL^V    SI*2CJL.3E) 


M.  Brugeilles,  député  de  la  Corrèze,  nous  a 
envoyé  le  dessin  d'une  clef  de  voûte  (diam.  0"43) 
trouvée  dans  les  ruines  de  Téglise  de  Tancienne 
abbaye  de  Coiroux,  commune  d'Obasine.  Ce  petit 


monument  porte,  sculpté  en  relief,  le  mono- 
gramme du  Christ  (IHS)  tel  que  nous  le  trou- 
vons fréquemment  représenté  dans  bon  nombre 
de  nos  églises  corréziennes  ;  mais  il  offre  cette 
particularité,  non  encore  observée  ce  me  semble, 
qu'au  centre  se  trouve   plaqué  le  monogramme 


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—  680  — 

de  la  Vierge,  comme  on   peut  en  juger  par  la 
gravure  qui  accompagne  ces  quelques  lignes. 
Cet  objet  intéressant  appartient  à  M.  Brugeilles. 

Ph.  Lalande. 


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SIMPLES  NOTIONS 
vmmm  mmmt  bas-lhousine 

Avec  leur  application,  soil  aux  Garlulaîres  de  Me  et  de  Vigeois 
soit  au  Gartulaire  de  Beaulieu 


MAIS   PLUS   PARTICULIÈREMENT  POUR  CE  DERNIER,   AUX 
IDENTIFICATIONS   DE   M.   DBLOCHE,   DE   l'iNSTITUT 


Suite  (1). 


CHARTE  CV.  —  En  conférant  les  chartes  XL%  où  signe 
Hugue  de  Castelnau;  LP,  contenant  le  don  de  la  fille  de 
Gérald  Capra  (2);  et  surtout  XXXVIIP,  où  BoiievioUe 
est  dit  jadis  ad  Macerias  (observation  que  M.  D.  rap- 
pelle à  la  page  280  de  Tlntroduction).  On  voit  que  illas 
Macerias  donné  à  la  Celle  de  BonnevioUe  est  situé  à 
Bonneviolle  même  ;  seulement  il  est  tombé  au  rang  d'un 
simple  manse  en  perdant  tout-à-fait,  au  profit  de  Téglise 
rajeunie  et  de  ses  attenances  agricoles,  sa  dignité  de  chef- 
lieu  de  villa.  Donner  ce  lieu  à  une  abbaye  si  florissante 


(1)  Voir  Bulletin,  tome  IX,  p.  549. 

Nous  rappelons  que  la  majuscule  D  désignera  par  abréviation  la 
conjecture  de  M.  Deloche,  la  majuscule  G  devant  être  lue  Gham- 
peval  dans  ce  dialogue  figuré,  où  O  signifie  que  l'interlocuteur  ne 
propose  aucune  identification. 

(2)  Il  y  eut,  1763,  un  tènement  de  Gabre  à  Teyssieu,  un  autre 
à  Cornac,  et  une  chapellenie  dite  de  Cabre  desservie  en  Téglise 
collégiale  Saint-Jean-de-Gastelnau,  à  la  collation  de  Gharles  de 
Luynes,  seigneur  de  Gastelnau-deBretenouz,  6  mars  1762.  —  Mi- 
nutes de  M*  Antoine  Vayssié,  de  l'étude  Trassy,  notaire  à  fire- 
tenoux. 


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—  682  — 

de  piété,  en  y  fondant  un  asile,  ne  pouvait  que  fortifier 
la  tendance  à  rappeler  bonne  violle.  D.  le  place  à  Ma- 
zeyrat  (Saint-Mathurin-Léobazel).  —  C.  Bien  que  les  Cas- 
telnau  aient  eu  postérieurement  des  biens  vers  cette  pa- 
roisse, le  contexte  de  la  donation  CV,  comprenant  le 
moulin  Alz  Bealz  et  des  maisons  dans  Castelnau,  con- 
firme notre  opinion. 

Alz  Bealz.  C.  Un  Beal,  bial,  en  patois  viscomtain, 
c'est-à-dire  de  Saint-Ceré,  signifie  ruisselet.  Nous  avons 
relevé  au  cadastre,  grâce  à  la  complaisance  de  M.  de 
Gavardie,  directeur  des  contributions  directes  à  Gahors  : 
pour  Cornac,  section  E  d^Ussel,  le  ruisseau  dit  le  beal 
de  Combe-Rouge,  le  beal  de  Lacam,  le  beal  de  TAga. 
Pour  Saint-Michel  :  le  ruisseau  nommé  beal  du  Bois- 
Épais.  Pour  Saint-Médard-de-Presques,  le  ruisseau  de  la 
beal  obscure,  etc. 

Belmont  eut,  en  1562,  le  molendinum  de  Baul,  fran- 
cisé Bau,  près  Prat- Vidal,  l'Olmière  (archives  de  la  mai- 
rie de  St-Ceré,  terrier  des  Turenne,  châtellenie  de  Sainte- 
Espérie).  Il  y  eut  aussi,  aux  environs,  des  lieux  dits 
beal.  Notre  couvent  de  Coiroux  levait,  1773,  des  rentes 
sur  Biau  (Cornac)  —  étude  Trassy.  Ajoutons  le  moulin 
de  Deval  (cadastre).  Mais,  dans  ce  pays-là,  le  v  se  change 
en  6  :  on  y  dit  encore  (1)  un  6œuf  pour  un  veuf,  évitant 
par  là  d'assembler  finement  les  lèvres,  comme  Texige  la 
prononciation  du  v. 

CHARTE  CVII.  —  D.  fideliter  servituros.  Costa  :  felicUer 
servi  tur  os. 

CHARTE  CIX.  —  La  variante  de  Costa,  non  indiquée, 
nous  donne  un  nom  de  plus,  Ingelerius,  omis  par  D. 
D.:  <c  nomine  Ranulfus  et  Geraldus  item  que  Geraldus, 


(1)  Gomme  on  demandait  à  un  Quercynois  s'il  était  vrai  qu'on  y 
prononçât  ainsi  :  —  Non,  Monsieur,  c'est  chez  les  Vasques  1  ré» 
pondit-il  avec  effort. 


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—  683  — 

Bernardus  sive  Stephanus...  »  — Costa  :  «  nomine  Ratn- 
nulphus  Geralditë  Ingelerius  item  que  Geraldus  Bernardus 
sive  Stephanus.  » 

Plus  bas  D.  praeesse.  Costa  plus  expressif  :  dbbates  esse. 
D.  Costabulus.  Costa  :  Constabulus. 

Costa  identifie  en  marge  :  Roudinier,  Flieix,  Cros-Riou. 
D.  O.,  sauf  sa  proposition  de  Creuse  (Chauffour)  i—  appa- 
remment Cruze,  de  Meyssac. 

C.  Le  Roudinier  (Beaulieu)  écrit  même  Rumdignié, 
1739,  et  contenant  Le  Pradel  et  la  Gueillade.  [D'après  les 
minutes  de  Tronchet,  notaire  à  Beaulieu,  en  la  posses- 
sion de  M.  Montbrial,  banquier  de  Beaulieu.]  Fleix  aliàs 
la  Combe  (Sioniac),  1677,  en  la  fondalité  du  cellerier  de 
notre  abbaye.  Interprétez  alias,  près  La  Combe. 

Caudaco.  d.  0.  —  C.  Coujac  (Végènes),  42  habitants. 
1754,  un  ruisseau  de  Cros-Rieu  existait  près  du  bourg 
de  Sérillac,  soit  dit  sans  application.     . 

CHARTE  ex.  —  Maiitres.  D.  Le  mas  de  Marne? 
(Meyrignac-rEntour).  Ce  Meyrignac  aurait  bien  l'avantage 
d'être  près  de  Tremenouse,  mais  nous  n'avons  lu  sur 
nos  cartes  que  le  mas  de  Marti,  et  d'ailleurs  Marne 
répond  à  margula,  maria,  non  à  Martyres. 

CHARTE  CXI.  —  Signalons  une  omission  importante. 
Texte  Deloche  terram  quae  dicitur  Apaleîrs,  cum  omnibus 
ad  se  pertinentibus  partiti  sunt.  —  Costa  ;  «  terram  quae 
dicitur  Apaleirs  et  Niu  corbin  et  riu  chaolf,  cum  omnibus 
ad  se  pertinentibus  partiti  sunt.  d 

D.  n'identifie  pas  Apaleirs,  tout  en  le  supposant  peu 
distant  de  Chanac  (vers  Tulle,  dans  sa  pensée).  —  C.  Pal- 
lier (Lagleygeolle  [près  Meyssac],  à  la  collation  de  La 
Chaise-Dieu,  vers  1500,  d'après  dom  Col).  En  suppri- 
mant l'article,  le  nom  diffère  assez  peu  du  Palierius  de 
la  charte  LXXXV,  et  il  s'agit  évidemment  du  même  lieu, 
contigu  aux  biens  du  vicomte  de  Turenne,  qu'on  a  pris 
ici  pour  médiateur  justement  pour  ce  motif,  entre  d'autres. 
Quant  au  tenancier  Bernard  de  Chanac,  il  doit  très  pro- 


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—  684  — 

bablement  son  nom  au  village  de  Chanat  (Lanteuil),  assez 
rapproché  de  Palier,  dont  la   forme  latine  était,   1481, 
Palhès. 
Variante  :  D.  Quanquam  injuste  cum  alumodo  S.  Pétri. 

—  Costa  :  Quanquam  injuste  cum  alodum  (sic),  beati  Pétri. 
Cette  correction  rétablit  le  sens. 

CHARTE  CXII.  —  Membriago.  D.  0.  —  C.  Toujours 
Membriac  d'Astaillac,  dont  nous  avons  trouvé  depuis  bien 
des  rappels  dans  des  actes  qu'il  faut  taire,  pour  abréger. 
Cassanias.  D.  Le  Ghassan?  (Lostanges  ou  Sioniac).  — C. 
Cassagnes  (Astaillac,  26  habitants),  mieux  que  celui  de 
Sioniac. 

I).  convenit  de  argento.  —  Costa  :  convenit  vaUnte  de 
argento. 

CHARTE  CXIII.  —  CiRAisoLO.  D.  Le  Siriès  (St-Ceré). 

—  C.  Il  faut  un  diminutif.  Il  y  eut  le  Sireygeol,  1700 
(Altillac),  dépendant  d'el  Gasquet,  près  le  Roch,  et  le 
Sireygeol,  1498,  dépendant  de  Saint-Basile-de-Meyssac, 
près  la  Longayna,  et  le  ruisseau  dq^Seyragol  (?),  —  1700, 
près  Carbonés  de  Sioniac. 

CHARTE  CXIV.  —  Le  mot  écrit  Pogfada,  et  non  Poiada, 
et  la  proximité  de  Strenquel,  nous  feraient  préférer  la 
Poujade  (Saint-Denis-près-Martel).  Les  diverses  chartes 
mentionnant  Poujade  demandent  qu'on  propose  deux 
homonymes. 

CHARTE  CXV.  —  Rogago.  D.  0.  —  C.  Le  même  que 
le  Raugiacus  de  la  charte  XX*,  Rojac  (Sionniac),  près 
Barennac.  Le  Palsou,  les  limitant  tous  les  deux,  oblige 
à  ne  voir  qu'un  nom  sous  cette  double  forme,  Marciolis, 
près  fiarentenaco,  et  non  Carentenaco  comme  le  dit  par 
erreur  la  table  latine. 

D.,  en  sa  Géographie  historique  de  la  Gaule  (qui  aura 
son  tour  d'examen  nous  permettant  de  démontrer  par 
des  applications  diverses  la  sûreté  de  nos  procédés  d'in- 


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—  685  — 

vestigation  scrupuleuse),  traduit  dubitativement  Palsonis 
locus  par  Porsau  ?,  au  sud-est  du  Puy-d*Arnac,  alors 
qu'antérieurement  il  avait  bien  identifié  ici  avec  Palsou, 
hameau  de  Sioniac,  ayant  1  habitant.  Narsau,  mal  écrit 
sur  une  carte,  aura  sans  doute  amené  cette  erreur. 

CHARTE  CXVI.  —  Bien  que  nous  ayons  relevé  Lou- 
beygeac  (Sainte-Ferreole),  1283  [archives  de  la  Préfec- 
ture à  Tulle,  E,  39],  plus  un  Lobegac,  1367  (Veyrac  ?), 
près  fluvius  Sordoria  [chartrier  de  Blanat],  nous  retien- 
drons, comme  Deloche,  Loubejac  (Sionniac),  —  dont  se 
titrèrent,  1598,  les  Lestevenye  (papiers  de  Veyrières),  et, 
1657,  les  La  Gaye  de  Lostanges. 

CHARTE  CXVIII.  —  D.:  rege.  S.  Bernardi.  S.  Ugoni. 
S.  Geraldi  clerici.  8.  iterum  Geraldi.  Variante  du  ma- 
nuscrit Costa  :  «  Rege.  S.  Bernardo  qui  cartam  ùtam 
scribere  vel  firmare  rogavit.  S,  Adalrando.  S.  Ugoni.  S.  Ge- 
raldi clerici.  » 

CHARTE  CXIX.  —  D.  :  compuncta  cedo  in  vi^^a  mea 
S.  Petro.  —  Costa  :  «  Compuncta  cedo  in  vi«a  mea 
S.  Petro.  »  [Vitta  pro  vita.]  En  marge  :  Astalhac,  Longa- 
vila,  de  1031  à  1060. 

Nous  tenons  pour  erronée  cette  mention  d'Astaillac. 

D.,  au  lieu  de  mettre  dans  le  texte  :  forte  pro  Alti- 
liacensi,  devait  dire  :  haud  dubio  ;  car  c'eut  été  Tunique 
exemple,  contredit  par  bien  des  chartes,  par  le  titre 
même  qu'il  donne  à  la  présente,  et  par  son  omission 
bien  réfléchie  à  la  liste  des  vicairies  de  la  page  clxv, 
Introduction. 

Cependant  il  identifie  avec  succès  Riberia  cum  pisca- 
toriis,  La  Rivière  (Altillac)  près  de  la  Dordogne.  Que 
n'y  a-t-il  mis  aussi  Strada  (traduit  par  lui  Lestrade  ? 
avec  une  hésitation  inexplicable),  en  cette  vicairie  d' Al- 
tillac, et  non  à  Nonars?  A  tout  prendre,  celui  de  Rey- 
gades  valait  mieux.  Mais  le  tènement  de  Lestrade,  1763, 
partition  de  Freyssigne  (Altillac),  satisfait  autrement. 


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—  686  — 

LoNGAviLLA.  D.  LoDgueville  (Saint-Basile-de-Meyssac). 
—  C.  Longueville,  encore  hameau  de  Queyssac,  tout  aussi 
bon. 

CHARTE  CXX.  —  D.  De  Linairac  ad  monasterium.  — 
Costa  :  de  Linairac  cedo  ad  monasterium.  Sans  doute 
Tesprit  supplée  ce  verbe,  qui  vivifie  la  phrase,  mais  ici 
nous  Tavons. 

Doio.  D.  0.  —  C.  Écartons  Dougnoux  d'Altillac  et  de 
Jugeai  pour  nous  en  tenir  ^  Doujou,  ainsi  noté  mansus 
de  Doio  (Astailhaco),  1500,  prope  iter  per  quod  itur  de 
Lespinassa  versus  Bellum  locum  et  rivum  de  Doujou  (col- 
lection de  Veyrières).  —  Donjou  (Astaillac),  1651,  près  la 
Rivière,  Coustal-de-cabres.  [Papiers  MontbriaL]  —  Doujou 
(Liourdre)  [sic],  1773  et  1651,  près  la  Vialette.  (Chartrier 
de  la  maison  d'Estresse,  aujourd'hui  maison  de  M.  le 
baron  de  Costa.) 

CHARTE  CXXI.  —  Manuscrit  Costa.  En  marge  :  Bel- 
mon,  Menbriac,  Monbrial,  date  de  1037  à  1060.  Et  dans 
le  texte  :  Monte  bruallo  et  non  Monte  Broallo.  —  S.  Aal- 
randi  au  lieu  4e  S.  i4(?alrandi. 

Valle.  d.  0.  —  C.  Beaulieu  possède  un  hameau  de 
Valette.  Astaillac  eut  Valette  près  Prat-viel  et  chemin 
du  bourg  à  Cassaignes,  1677.  Ces  Valette  supposent  un 
Laval  à  retrouver  non  loin  de  là,  préférable  à  Laval 
(Monceaux),  1750,  faisant  partie  du  Viallard. 

Mansum  a  Bellomonte.  d.  O.  n'ose  le  dire  situé  dans 
Belmont  (Sioniac),  parce  qu'il  a  mal  interprété,  comme 
le  prouve  son  Bellusmons,  mansus  differt  de  la  table 
latine.  C'est  un  manse  sis  à  Belmont  (Sioniac)  qu'on  ne 
nous  désigne  que  par  le  nom  de  son  tenancier,  comme 
les  exemples  en  abondent  chartes  LXXI^  LXXIP,  etc.. 

Membriaco.  d.  0.  —  C.  Toujours  Astaillac. 

CHARTE  CXXIL  —  D.  et  C.  Comme  à  la  CXIP. 
CHARTE  CXXIIL  —  D.   et  C.   Même   solution   qu'à 


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—  687  — 

la  IIP  Un  acte  de  1749,  minutes  Brunie,  étude  de  Teys- 
sieu,  nous  a  depuis  fourni  un  tènement  de  Granouillac 
(Astaillac)  dépendant  de  Teizeil,  près  Ferrières,  naturel- 
lement contigu  au  Granouillac  quercynois. 

CHARTE  CXXIV.  —  D.  Promitto  stabilitatem  loci.  — 
Costa  :  promitto  stabilitatem  meam  loci.  Et  plus  bas  :  D. 
—  mansum  5almazanas,  sans  indiquer  en  note  la  moindre 
variante.  —  Costa  :  mansum  de  Dalmazanas.  D*abord  le 
mot  de  est  incontestable  à  première  vue.  Puis,  pour 
prouver  que  la  première  lettre  du  nom  de  lieu  est  d 
et  non  5,  il  n'y  a  qu'à  observer,  deux  lignes  plus  bas, 
un  d  pareil  dans  le  mot  ad  du  membre  de  phrase  :  et 
cum  omnia  ad  se  pertinentia  (sic).  Aucune  s  n'est  faite, 
au  contraire,  comme  cette  lettre  que  nous  lisons  rf,  quoi 
que  ce  soit  une  forme  de  d  différente  du  d  précédent. 
En  marge,  on  a  traduit  en  patois  :  Dalmazana.  Il  fut  à 
la  famille  des  Clare,  sieurs  de  Peyrissac  (Mercœur),  1761. 

Geleiras.  d.  0.  —  C.  Non  loin  de  Dalmazanes,  par 
les  raisons  :  P  qu'on  n'a  pas  encore  dit  et.  in  alio  loco; 
2°  que  le  tenancier  (vide  CLX)  Cairolsz  trouve  son  homo- 
nyme dans  le  village  de  Cayrol  (Camps),  —  quoique  nous 
ayons  noté  Glaires  (Félines)  et  las  Glayres  (Girac). 

Allerm.  d.  Leyme,  commune  de  Molières.  —  C.  Leyme, 
abbaye  de  femmes,  aujourd'hui  asile  de  fous,  est  et  était 
lui-même  chef-lieu  de  paroisse  et  de  commune.  Il  y  eut 
un  L'Herm  à  Beaulieu,  titrant  les  du  Bessol.  Mais  nous 
plaçons  ce  mansus  et  villa  de  Lerm  à  L'Herm  (Camps), 
38  âmes. 

Aqua  Aessimiuaco.  d.  dit  de  aqua  :  locus  ubi  Aessimi- 
liacus,  faisant  d'aqua  un  nom  de  lieu,  tandis  que  nous 
y  verrions  une  portion  de  rivière  prise  au  point  où  elle 
coule,  en  face  d'un  lieu  nommé  Aessimiliacus.  Le  ca- 
dastre de  Gagnac  donne  en  la  section  de  Matau,  domi- 
nant la  Cère,  le  lieu-dit  des  Champs-de-^iZ/ûw;.  Reste  à 
savoir  s'il  est  absolument  riverain  de  la  Cère  et  s'il  n'a 
pas   eu  de  concurrents  sur  la   Dordogne.   L'abbaye  de 


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—  688  — 

Beaulieu  eut  des  biens  à  Gagnac  peu  «après  la  fin  du 
moyen-âge,  et  n'avait  rien  alors  ni  depuis  à  Senaillac 
de  Latronquière,  où  ne  passe  qu'un  petit  ruisseau  presque 
à  sa  source,  affluent  de  la  Bave,  déjà  bien  faible,  nommé 
le  Tolermne.  Mellac,  près  Saint-Ceré,  ne  peut  être  mis 
en  avant,  étant  trop  loin  d'un  grand  cours  d'eau.  Nous 
resserrerions,  somme  toute,  la  position  à  trouver,  aux 
rives  de  la  Serre,  de  Girac  à  la  Mativie. 

Alla  Bocaria.  D.  La  Boucarie  (Loubressac).  —  G.  Oui, 
mais  il  est  du  Prudhomat,  en  la  section  de  Saint-Martin. 
De  même  que  Longueval,  indiqué  par  D.,  n'est  pas  d'As- 
taillac  mais  de  Sionniac,  et  fut  seigneurie. 

CHARTE  CXXV.  —  D.  Sed  in  inferno  semper  possi- 
deat.  —  Costa  :  sed  infernum  semper  possideat. 

AcABRBLZ,  en  Limousin,  en  la  vicairie  Saint-Julien. 
D.  G.  —  C.  Chabreils  (Saint-Julien-au-Bois),  disparu, 
mais  mentionné  comme  manse  sis  près  Johet,  1534 
(papiers  de  M.  de  Cantines,  en  son  château  de  Cantines, 
Saint-Privat).  Vente  signée  :  de  Fonte,  notaire.  Joet,  de 
son  côté,  divisé  en  sobra  et  sotra,  Joet- Haut  et  Bas, 
1381,  était  prés  du  bourg  de  Saint-Privat  et  Noyre-sobra. 
(Collection  Poulbrière.) 

Apoz.  d.  Le  Pouch  (Saint-Privat),  avec  le  signe  du 
doute.  —  C.  Oui,  sans  hésitation.  —  Trouvé  écrit  Pootz, 
1515.  [Archives  du  château  du  Rieu  (Saint-Bonnet-le- 
Pauvre),  à  M"«  Laborie.] 

RiBARiA,  où  vignes.  D.  La  Rivière  (Saint-Privat).  — 
C.  Il  n'y  a  pas  de  hameau  de  ce  nom.  Parmi  les  très 
nombreux  La  Rivière  aujourd'hui  inconnus,  donnés  par 
nos  tables,  nous  n'en  trouvons  pas  pour  Saint-Privat, 
mais  seulement  pour  Saint-Julien-au-Bois  (jadis  divisé 
en  deux  paroisses  :  Saint- Julien  et  Saiut-Santin),  soit  La 
Rivière,  dépendant  de  Beix,  et  la  Rebieyre  rattachée  à 
la  Serre.  Saint-Privat  a  dû  certainement  en  avoir,  mais 
M.  D.  le  donne  comme  existant  et  comme  bon,  malgré 
l'indication  de  vignes^  qui  certes  n'ont  jamais  été  culti- 


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—  689  — 

vées  à  Saint-Privat,  plateau  granitique  à  bouleaux  et  à 
marécages,  situé  à  une  altitude  variant  de  644  à  500 
mètres,  fût-ce  au  plus  bas  de  ses  dépressions  mal  abri- 
tées. —  C.  La  Rivière  (Altillac  ?). 

CHARTE  CXXVI.  —  D.  Qui  nominatur  Altudrio.  — 
Costa  :  Qui  cognominatur  Altudrio.  —  D.  O.  ne  le  tra- 
duit pas,  dérouté  par  l'autre  forme  de  vallis  Altorensis, 
où  il  lit  bien  Autoire.  —  C.  Le  même  lieu  pour  les  deux, 
soit  Autoire,  canton  de  Saint-Ceré.  Le  pouillé  manuscrit 
Massabie,  curé  du  Puy,  de  Figeac,  donne  Altoreo,  patroa 
saint  "Pierre,  pour  ce  lieu  susdit.  V.  1500. 

S.  JuLiANi.  D.  O.  —  C.  Saint-Julien  de  Padirac,  mieux 
que  Pauliac,  même  patron,  ou  la  deuxième  église  de 
Loubressac,  patron  inconnu,  l'actuelle  ayant  été  sous  le 
vocable  de  saint  Jean-Baptiste.  (Diction,  des  communes  du 
Lot  y  par  Combarieu,  que  nous  remercions  ici  de  l'accueil 
par  lui  fait  aux  chercheurs  dans  ses  archives  de  la  Pré- 
fecture de  Cahors.) 

Catgerius.  Un  extrait  des  manuscrits  de  dom  Pra- 
dillon,  feuillant,  que  nous  possédons,  en  rendant  compte 
de  la  façon  dont  Tulle  recouvra  la  moitié  de  l'église  et 
curtis  de  Vayraco,  jadis  dédiée  à  sancti  (Boicii)  sic  (1), 
nunc  Sancto  Stephano,  expose  que  moitié  avait  été 
livrée  par  l'abbaye  de  Tulle  aux  seigneurs  du  castrum 
de  Sainl-Ceré...  Esras  de  Saint-Ceré  lui  en  rendit  un 
quart  de  la  portion  de  son  frère...  Amelius  lui  en  vendit 
un  tiers...  Gérald  de  Catgier  et  autres  lui  en  cédèrent 
aussi.  —  Sans  date. 

CHARTE  CXXVIL  —  Costa.  En  marge  :  Astalhac- 
Membriac.  —  Ventaibl.  —  882. 

Patridiano  nous  semble  plutôt  un  personnage  qu'un 
manse;  mais  en  le  supposant  nom  de  lieu,  il  ne  fallait 


(1)  Est-ce  pour  saint  Brice,  en  latin  :  Brixio,  Brixionia,  saint 
Bressou  ? 

T.  IX  4~iO 


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—  690  — 

pas  dire  (liste  latine)  :  Patridiano,  in  Asnacensi,  prope 
Staliacum  (dont  il  fait  à  juste  titre  Astaillac  paroisse), 
pour  le  traduire  ensuite,  même  dubitativement,  Pérignac 
(Noaillac),  à  plus  de  20  kilomètres  à  vol  d'oiseau  d' As- 
taillac. Peyrignac  n*est  même  pas  de  Noaillac,  mais  de 
Ligneyrac,  20  habitants.  Du  reste,  la  carte  D.  met  Tune  et 
Tautre  paroisse,  et,  par  conséquent,  ce  Pérignac  en  la 
vicairie  de  Turenne.  Comment  la  villa  Staliacus,  qu'on 
nous  dit  contiguë  à  Patridiano,  s'étendrait-elle  à  l'ouest 
jusqu'à  Noaillac,  au  préjudice  des  villas  intermédiaires 
de  Curemonte,  Branceilles,  CoUonges  (pour  ne  nonmier 
que  les  plus  grosses),  alors  que  ce  texte  nous  ihontre 
la  villa  Staliacus  bornée  de  très  près,  3  kilomètres  (dia- 
mètre normal  des  villes)  à  Test,  par  la  villa  Membriacus 
Astaillac),  dont  la  position  est  des  plus  assurées? 

Ventaoiolus.  D.  Ventegeol  (Marcillac-la-Croze),  10  ha- 
bitants. —  C.  Ventegeol  (Astaillac),  1610  (papiers  des 
D"«-  Chauvac  de  La  Place). 

Ad  illa  Roca.  D.  (Végenes).  —  C.  Puisqu'il  oublie  qu'il 
nous  le  faut  confrontant  à  la  Dordogne,  de  fronte  sub- 
teriore  usque  in  fluvium  Dornoniae,  il  pouvait  tout  aussi 
bien  citer  La  Roche  (Nonars),  qui  en  est  éloigné,  comme 
l'autre,  de  3  kilomètres  500  :  beaucoup  trop.  Nos  tables 
fournissent  La  Roche  parmi  les  attenances.  de  Briveeac, 
près  le  chemin  du  dit  à  Champot,  1683  (fonds  Montbrial, 
minutes  Milon,  notaire  à  Brivezac).  —  Mieux  encore,  La 
Roquette,  disparue,  1699  (Sioniac),  près  le  chemin  de 
Beaulieu  à  Carennac,  et  iîogwe-cave  (jadis  Astaillac,  1652, 
aujourd'hui  Beaulieu),  divisée  en  hamte  et  basse,  font 
bien  supposer  un  La  Roque  tout  court,  à  exhumer  par  là. 

CHARTE  CXXVIIL  —  Vallis.  D.  Laval  (Sérillac  ou 
Lostanges).  —  C.  Tudeil,  Nonars,  ou  mieux  encore  un 
Laval  que  La  Valette  de  Liourdre  y  fait  présumer. 

Fabrica.  d.  La  Faurie  (Astaillac).  —  C.  Il  est  de  Sion- 
niac.  Crozafonte.  D.  Crosfont  (Branceille).  —  G.  Tout  le 
monde  écrit  Craufîon.  Nous  identifierons  sûrement  avec 


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—  6»1  — 

le  tènement  de  Grosefont,  1651  (liourdre},  gui  servait 
encore,  au  xviii^  siècle,  à  titrer  les  cadets  parmi  les 
Duchamp  de  la  Geneste  (Liourdre  et  Âstaillac),  officiers 
d'artillerie,  famille  éteinte. 

DoiONB.  D.  O.  —  G.  Donjon,  1651,  tènement  double 
(Astaillac  et  Liourdre)  déjà  signalé  à  Toccasion  de  la 
donation  CSX\ 

Magno  monte  et  Fonte  vallense  doivent  avoir  été  aussi 
au  voisinage.  Grandmont  d'Altillac  ne  nous  paraît  pas 
assez  près  et  n'est  pas  de  la  vicairie  d'Arnac,  dont 
M.  D.  se  souvient  formellement  aux  tables  latine,  ar- 
ticle Fonte  vallense,  et  française,  article  Montvalent,  ce 
qui  ne  Tempêche  pas  de  dire  Montvalent  (Lot),  ou  près  ce 
lieu.  Groit-il  donc  que  Montvalent  ait  été  limousin?  Nous 
ne  franchirions  guère  plus  les  limites  assignées,  si,  usant 
de  son  système,  nous  citions  Font-valeys  (Vignol),  1675. 
[Papiers  de  La  Maze.] 

CHARTE  CXXIX.  —  Concellas  serait,  d'après  M.  De- 
loche,  Cancelj  près  de  Gramat,  ou  Cances,  près  St- Vincent. 
Ici  il  se  présente  une  grosse  question,  celle  de  déter- 
miner le  siège  si  indécis  de  la  vicairie  Exitensis.  Si  nous 
conférons  ensemble  les  chartes  GXXIX",  LVIP  et  XLV% 
nous  découvrons  que  Concelles  est  peu  distant  de  Saint- 
Michel-Loui3éjou,  et  nous  trouvons  dans  le  cadastre  de 
cette  commune  deux  lieux-dits  de  ce  nom  :  Coùjoulats  et 
à  CouzelleSj  en  la  section  de  Puymule,  non  loin  de  la 
Roquette. 

Quant  à  Exitum,  nous  le  placerions  volontiers  sur  les 
hauteurs  rocheuses,  à  Tarrière-plan  du  camp  actuel  des 
Gésarines.  Nous  noterons  d'abord  que  nous  avons  relevé 
dans  les  minutes  de  M*  Ganet,  et  en  l'année  1765,  le 
tènement  appelé  el  Lessidou,  dépendant  du  village  de 
Grezou  (Saint-Médard-de-Presque). 

Nous  avons  parcouru  nous-même  le  camp  des  Gésa- 
rine»,  ayant  à  la  main  un  travail  que  M.  Galvet,  con- 
seiller à  la   Gour   d'Agen,  a  fait  à  ce   sujet  en   1836. 


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—  692  — 

Nous  avons  vu  un  vaste  plateau  à  quatre  divisions,  ou 
plutôt  une  série  de  hauteurs  calcaires,  dont  Pune,  qui 
s'avance  en  promontoire  dans  la  plaine,  porte  le  nom 
de  Gamp-des-Césarines  ;  elle  montre  des  traces  de  bas- 
tions et  de  fossés,  et  a  dû  en  effet  servir  d'emplacement 
à  un  camp  très  fortifié.  Du  pied  de  ce  rocher  s'échappe 
une  source  assez  importante  qui,  prenant  d'abord  le  nom 
de  fontaine  de  Lessidou,  d'après  M.  Calvet,  et  celui  de 
Ladou^  au  dire  de  deux  personnes  du  pays,  s'appelle 
ensuite  ruisseau  de  Saint-Médard.  Le  chemin  qui  aborde 
le  camp  porte  aussi  le  nom  de  Lessidou.  Il  nous  semble 
que  ce  nom  répondrait  assez  à  celui  d'Exitum. 

(A  suivre.) 


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M&è  Sdenlp.  istorip  et  Ardmoloiiip 

DS  LA  CORRÈZE 

PROCÈS-VERBAUX  DES  SÉANCES 


SÉANCE  DU  26  FÉVRIER  1887 


ORDRE   DU   JOUR 

!•  Lecture  du  procès-verbal. 

2*  Présentation  de  nouveaux  Membres. 

LECTURES 

!•  Simples  notions  d'ancienne  Géographie  bas-limousine,  par 
M.  Ghampeval. 

2*  Le  Phylactère  de  Château- Ponsac,  par  Mgr  Barbier  de  Mou- 
tault. 

3*  Lettres  du  marëc/ia/  Brune,  par  M.  d'Artensec. 


Présidence  de  M.  Rupin,  Président. 


Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  adopté. 

La  Société,  et  même,  faut-il  ajouter,  la  ville  de  Brive, 
dit  M.  le  Président,  viennent  d'éprouver  une  perte  sen- 
sible par  suite  du  décès  de  M.  le  docteur  Philippe  Laf- 
fargue,  un  de  nos  compatriotes  les  plus  sympathiques. 
Homnie  de  science  et  homme  de  bien,  il  était  aimé  de 
tous.  Le  vide  qu'il  laisse  dans  nos  rangs  se  trouve  com- 
blé par  Tadmission  de  M.  Hugues,  le  nouvel  archiviste 
de  la  Corrère,  présenté  par  MM.  Rupin  et  Ph.  Lalande. 

LECTURES 

1*»  En  Tabsence  de  M.  Ghampeval,  M.  le  Président 
donne  communication  d'un  travail  qui  est  le  fruit  de 

T.  IX  4-Ji 


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—  694  — 

patientes  recherches  sur  les  anciens  noms  de  diverses 
localités  du  Bas-Limousin,  et  leur  application  soit  aux 
Cartulaires  de  Tulle  et  de  Vigeois,  soit  au  Gartulaire  de 
Beaulieu,  mais  plus  particulièrement  pour  ce  dernier,  aux 
identifications  de  M.  Deloche.  Quelques  erreurs  commises 
par  d'autres  auteurs  sont  rectifiées  par  M.  Ghampeval, 
grâce  à  d'anciens  documents. 

2<»  Pendant  qu'il  est  donné  lecture  d'une  savante  notice 
de  Mgr  Barbier  de  Montault  sur  un  phylactère  que  pos- 
sède Téglise  de  Château-Ponsac,  une  bonne  photogravure 
de  cet  intéressant  reliquaire  en  argent  doré,  orné  de 
pierres  précieuses  et  de  filigranes,  est  mise  par  M.  Rupin 
sous  les  yeux  des  assistants.  Ce  petit  monument,  du 
commencement  du  xiii*  siècle  si  ce  n'est  même  de  la 
fin  du  XII*  (sauf  qu'au  xvii*  siècle  un  flacon  en  verre 
coulé  a  remplacé  le  tube  de  cristal  contenant  les  reliques), 
ce  monument,  disons-nous,  a  été  tiré  de  Grandmont,  et 
Château -Ponsac  l'a  obtenu  dans  la  répartition  faite  à 
tout  le  diocèse  des  reliques  de  l'abbaye  supprimée. 

Une  inscription  gravée  sous  le  pied  énumère  les  re- 
liques jadis  incluses  dans  le  phylactère. 

M.  d'Artensec  montre  à  l'assistance  trois  lettres  iné- 
dites du  maréchal  Brune  appartenant  à  M.  Seignolles; 
CQS  lettres  seront  reproduites  dans  le  Bulletin^  avec  le 
faC'Simile  de  Tune  d'elles. 

Ces,  communications  faites,  personne  ne  demandant  la 
parole,  la  séance  est  levée. 

-ÎK.I       M-,,iliM 

.^:'>:;|îî:li!  M'  v>  '  ^^  Secrétaire'^Général^ 

•)\\   '"milî;    !ii.!'»    li     i-  Ph.    LalANDB. 

Ml^ivifl-nr.   te/iRifpîii.  •'■••"^- 
.mImii;!»;.!   .(IM    îm   iii»ji;H     )/l(^ 


m!)    liii'i'l    •»!    ]>.•)    iiin    lli;/i;'il    mil»    iioil j;-i'f . 


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—  695  — 

SÉANCE  DU  23  MAI  1887 

ORDRE  DU   JOUR 

!•  Lecture  du  procès-verbal. 

2*  Dons. 

3*  Présentation  de  nouveaux  Membres. 

4*  Présentation  des  comptes  de  1886. 

LECTURES 

1*  Manuscrit  de  M.  Sahuguet-Damarzid,  par  M.  Bruel. 
2*  Tumulus  des  environê  de  Souillac,  par  M.  Rupin. 


Présidence  de  M.  Rupin,  Président. 
Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

DONS  A   LA   bibliothèque 

!«•  Les  Origines  de  Tulle,  par  M.  René  Page  (plusieurs 
fascicules).  —  Don  de  l'auteur. 

2*^  Le  Tombeau  de  saint  Pierre  de  Vérone ,  martyr,  à 
Téglise  de  Saint- Eustorge  de  Milan,  par  M.  Paul  de 
Fontenilles.  —  Don  de  l'auteur. 

Avant  de  procéder  à  la  présentation  de  nouveaux 
Membres,  M.  le  Président  parle  à  Tassistance  des  nou- 
velles pertes  que  vient  de  faire  la  Société.  Nous  avons 
à  regretter  M.  Henri  de  Génis,  un  des  notables  de  notre 
cité;  M.  Marbeau,  trésorier  général  honoraire  des  inva- 
lides de  la  Marine,  un  des  membres  les  plus  éminents 
de  la  Colonie  corrézienne  à  Paris,  et  Membre  de  notre 
Société  depuis  sa  fondation;  M.  de  Linas,  archéologue 
fort  érudit  et  qui,  bien  qu'étranger  à  la  Corrèze,  pre- 
nait à  nos  travaux  un  vif  intérêt  et  nous  l'a  bien  prouvé 
par  une  active  collaboration  ;  M.  Charles  Siou,  manufac- 
turier à  Laumeuil;  enfin  M.  Melon  de  Pradou,  le  pré- 
sident de  la  Société  qui  siège  à  Tulle  et  un  des  hommes 
distingués  de  notre  département. 

L'assîstance  s'associe  aux  sentiments  de  regrets  expri- 
més par  M.  le  Président. 


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—  696  — 

PRÉSENTATION  DE  NOUVEAUX  MEMBRES 

Sont  admis  : 

!*•  M.  Henri  Clapier,  architecte  à  Brive,  sur  la  pré- 
sentation de  MM.  Ph.  Lalande  et  Rupin. 

2^  M.  Douhet,  peintre  à  Veilhac  (Cantal),  présenté  par 
MM.  Tabbé  Pau  et  Rupin. 

S**  M.  le  docteur  Chouet,  à  Brive,  ancien  médecin- 
major,  présenté  par  MM.  Ph.  Lalande  et  Rupin. 

4*^  M.  Chrétien,  principal  du  Collège  de  Brive,  pré- 
senté par  MM.  Ph.  Lalande  et  Marcel  Roche. 

Après  l'admission  de  ces  nouveaux  Membres,  M.  Jean- 
Baptiste  Bosredon,  Trésorier  de  la  Société,  présente  ses 
comptes  de  Texercice  1886  ;  ils  sont  approuvés  après 
examen,  et  M.  le  Président,  au  nom  de  la  Société, 
remercie  M.  Bosredon  du  zèle  éclairé  avec  lequel  il 
s'acquitte  de  ses  fonctions. 

LECTURES 

M.  Bruel  présente  et  résume  un  manuscrit  de  M.  Sa- 
huguet-Damarzid,  qui  offre  un  véritable  intérêt  pour 
l'histoire  locale;  il  y  est  question,  entre  autres  faits, 
du  passage  de  Louis  XIII  à  Brive.  C'est,  en  somme,  un 
de  ces  Livres  de  raison  qui  jettent  de  si  vives  lumières 
sur  la  vie  intime  de  nos  pères. 

M.  Bruel  ajoute  que  des  archives  privées,  où  se  trou- 
vent de  bons  documents  pour  l'histoire  de  notre  pro- 
vince, sont  gracieusement  mises  à  sa  disposition,  et 
qu'il  compte  en  tirer  parti  pour  notre  Bulletin, 

M.  le  Président  remercie  M.  Bruel  de  l'intérêt  qu'il 
prend  aux  travaux  de  la  Société. 

En  suivant  l'ordre  du  jour,  M.  Rupin  fournit  quel- 
ques détails  sur  des  tumulus  du  premier  âge  du  fer 
fouillés  par  lui  aux  environs  de  Souillac  (Lot)  ;  il  exhibe 
deux  bracelets  en  fer,  dont  un  a  été  figuré  par  M.  Sal- 
mon  dans  son  Voyage  pré-historique  (voir  tome  T^II  du 
Bulletin,  page  457):  le  second,  trouvé  depuis  lors  et  de 


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—  697  — 

forme  différente,  accompagnait  les  débris  d'un  vêtement 
en  cuir,  fait  très  rare,  sinon  nouveau. 

Après  ces  communications  M.  le  Président,  à  propos 
de  Texposition  artistique  annexée  au  Concours  régional 
qui  va  bientôt  s'ouvrir  à  Tulle,  parle  aux  assistants 
des  collections  déjà  formées;  il  engage  en  outre  ceux 
de  ses  collègues  qui  se  trouvent  possesseurs  d'objets 
d'art,  et  surtout  s'ils  intéressent  directement  l'archéologie 
limousine,  à  les  envoyer  au  Comité  chargé  d'organiser 
cette  exposition. 

Les  Membres  présents  prennent  bonne  note  des  vœux 
exprimés  par  M.  le  Président,  qui  lève  ensuite  la  séance. 

Le  Secrétaire^Généralf 

Ph.  Lalandb. 
Le  Président, 

E.  Rupin. 


SÉANCE  DU  18  SEPTEMBRE  1887 


ORDRB   DU  JOUR 

!•  Lecture  du  procès -verbal. 

2*  Dons. 

3*  Présentation  de  nouveaux  Membres. 

LBGTURBB 

!•  Les  Originsê  de  Tulle  (2—  partie),  par  M.  l'abbé  Niel,*cur4 
de  Naves. 

2*  Le  Cartul&ire  de  Tulle,  publié  avec  annotations  par  M.  Gham- 
peval. 

3*  Note  de  M.  Léon  Lacroix  sur  des  mpnnaies  trouvées  à  Ys- 
sandon. 

i*  UOrfévrerie  et  VÉmaillerie  limousineB  à  l'Exposition  de 
Tulle,  par  M.  Molinier. 

5*  Le  Pré-historique  et  le  Gallo-romain  à  VExposition  de 
Tulle,  par  M.  Ph.  Lalande. 

6*  Modification  des  Stotuts. 


Présidence  de  M.  Rupin,  Président. 
m .  — 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  adopté. 


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DONS  A  LA  BIBLIOTHiQUB 

!<"  Bulletins  de  la  Société  d'acclimatation  depuis  1858. 

2^  Bulletins  de  la  Société  d'encouragement  national  de- 
puis 1866. 

3*  Gazette  géogrofphique  depuis  1876. 

4*»  Revue  géographique  internationale  depuis  1876. 

5«  Bulletins  de  la  Société  géologique  depuis  1878. 

6^  Revue  scientifique  depuis  1879. 

7*  Comptes-rendus  de  la  Société  de  géographie  depuis 
1882. 

Ces  divers  recueils  jusqu'à  la  fin  de  1886. 

(Don  du  marquis  de  Turenne  d'Aynac,  que  la  Société 
remercie  avec  empressement  de  ce  nouveau  témoignage 
de  sympathie.) 

M.  le  Président  a  un  triste  devoir  à  remplir,  celui 
d'annoncer  à  l'assistance  que  depuis  la  dernière  réu- 
nion, la  mort  a  encore  frappé  quelques-uns  de  nos  col- 
lègues :  M.  Ponchet,  médecin,  maire  de  Collonges  et 
membre  du  Conseil  d'arrondissement;  M.  Gustave  des 
Borderies,  un  des  commerçants  estimés  de  notre  ville, 
et  M.  Mathis,  régisseur  du  Domaine  national  de  Pom- 
padour.  Ces  décès  portent  à  neuf  le  chiffre  des  col- 
lègues que  la  mort  nous  enlève  depuis  le  commencement 
de  l'année.  De  nouvelles  demandes  d'adhésion  viennent 
heureusement  combler  les  vides. 

PRlSSBNTATION  DB  NOUVEAUX  MBMBRBS 

La  Société  prononce  l'admission  de  MM.: 

1*  Le  vicomte  de  Chalup,  propriétaire  au  château  Dar- 
ricaud,  près  de  Landiras  (Gironde),  présenté  par  MM.  Ph. 
Lalande  et  Rupin. 

2®  Le  vicomte  de  Bony,  propriétaire  au  château  de 
Masfranc,  près  d'Ussel  (Corrèze),  présenté  par  MM.  Al- 
fred Laveiz  et  Ph.  Lalande. 

3®  Antony  Segol,  propriétaire  à  Beaulieu  (Corrèa*),  pré- 
senté par  MM.  Mazeyrac  et  le  baron  de  ciosta. 


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—  699  — 


LECTURES 


M.  Tabbé  Niel,  curé  de  Naves,  nous  a  envoyé  un 
travail  fort  intéressant  et  plein  d'érudition  sur  les  Ori^ 
gines  de  Tulle  qui,  d'après  Tabbé  Niel,  ne  sauraient  être 
aussi  anciennes  que  d'autres  auteurs  le  prétendent;  cette 
notice  forme,  pour  ainsi  dire,  un  complément  de  celle 
qui  a  déjà  été  publiée  dans  le  Bulletin,  t.  VI,  p.  489-506. 

Nous  avons,  grâce  à  M.  Champeval,  la  bonne  fortune 
de  pouvoir  publier  un  document  historique  d'une  grande 
importance,  le  Cartulaire  de  l'abbaye  de  Tulle,  avec  bon 
nombre  d'annotations  de  notre  savant  collègue. 

M.  Léon  Lacroix,  après  avoir  étudié  un  certain  nom- 
bje  de  monnaies  trouvées  à  Yssandon  ou  ai^x  alentoursi 
vient  d'adresser  à  la  Société  une  note  qui  complète  celle 
qu'il  a  déjà  publiée  dans  le  4"*  volume  du  Bulletin 
(pages  393-403).  Les  monnaies  que  décrit  aujourd'hui 
M.  Lacroix  appartiennent,  les  unes  à  M.  Dumont,  pro- 
priétaire au  Ghalard,  les  autres  au  Musée  de  Brive; 
elles  fournissent  la  preuve  que  la  butte  d'Yssandon  et 
celle  du  Ghalard  ont  toujours  été  occupées  depuis  et  y 
compris  l'époque  gauloise. 

M.  Molinier,  attaché  au  Musée  du  Louvre,  fait  béné- 
ficier notre  Bulletin  d'un  travail  écrit  pendant  un  récent 
voyage  dans  nos  contrées;  nous  allons,  grâce  à  lui, 
publier  un  catalogue  raisonné  et  détaillé  de  la  partie 
la  plus  intéressante  de  l'Exposition  de  Tulle  :  UOrfévrerie 
et  l'Émaillerie  limousines.  M.  Rupin  montre  aux  assis- 
tants les  gravures  qui  doivent  accompagner  ce  catalogue. 

Puis  M.  Ph.  Lalande  donne  une  courte  note  sur  les 
objets  des  temps  pré -historiques  et  de  l'époque  gallo- 
romaine  envoyés  à  cette  même  Exposition,  en  mention- 
nant aussi  une  collection  fournissant  de  bons  éléments 
d'ethnographie  comparée,  celle  de  M.  Soulingeas. 

M.  le  Président  appelle  l'attention  de  la  Société  sur 
diverses  modifications  qu'il  conviendrait  d'apporter  aux 
Statuts,  et  présente  un  projet  qui  a  été  élaboré  par  les 
Membres  du  Bureau.  Après  examen  les  nouveaux  Statuts, 


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Gdogle 


—  700  — 

tels  qu'ils  sont  présentés  par  M.  le  Président,  sont  adoptés 
à  Tunanimité  et  devront  être  soumis  à  Tapprobation  de 
M.  le  Préfet. 
La  séance  est  ensuite  levée. 

Le  Secrétaire'^Général, 

Ph.  Lalande. 
Le  Président^ 

E.  Rupin. 


SËANGË  DU  17  DÉCEMBRE  1887 


ORDRE  DU  JOUR 

{•  Lecture  ^U  procès- verbal. 

2*  Dons  et  correspondance. 

3*  Présentation  de  nouveaux  Membres. 

LECTURES 

!•  Portraits  graphologiques  de  divers  personnages  corréziens, 
par  Mgr  Barbier  de  Montault,  M.  l'abbé  Girou  et  M-«  Leblanc. 
2*  Note  sur  une  monnaie  gauloise,  par  M.  Soulingeas. 


Présidence  de  M.  Rupin,  Président. 
Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  adopté. 

DONS  À  LA   BIBLIOTHÈQUE 

l"»  VAlbum  Caranda  (suite),  par  M.  Frédéric  Moreau 
père. 

2*  Deux  Drames  chrétiens^  en  vers  et  avec  musique  : 
sainte  Catherine  et  sainte  Philomène,  par  Louis  de 
L'Hermite. 

3«  Les  Origines  de  Tulle,  par  M.  René  Page  (suite  de 
cette  intéressante  notice  historique). 

Dons  des  auteurs. 

DONS  AU  MUSÉE 

Fragment  d'une  ancienne  croix  en  grès  (environs  d'Oba- 
sine)  donné  par  M.  Brugeilles,  député  de  la  Gorrèze. 


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—  701  — 


CORRESPONDANCE 


La  Société  des  Antiquaires  de  Londres  demande  à  faire 
avec  nous  un  échange  de  publications;  sa  proposition 
est  agréée. 

Nous  avons  à  enregistrer  de  nouveaux  deuils;  depuis 
la  dernière  séance,  la  mort  a  encore  enlevé  quatre  de 
nos  collègues  !  M.  Blusson,  maire  de  Larche,  qui,  avant 
de  venir  goûter  chez  lui  un  repos  bien  gagné,  avait 
suivi  dans  renseignement  supérieur  une  honorable  car- 
rière; M.  Fei*dinand  Seguin,  un  des  notables  du  canton 
d'Ayen;  M.  Charles  Robert,  ancien  intendant  général, 
membre  de  Tlnstitut,  numismate  et  archéologue  distingué, 
qui  a  fait  don  à  notre  bibliothèque  de  quelques-uns  de 
ses  ouvrages,  et  enfin  un  de  nos  collaborateurs  les  plus 
précieux,  M.  Léon  Lacroix,  conservateur  des  hypothèques 
à  Saint-Pons  (Hérault);  c'était  un  bon  numismate,  dont 
la  notice  sur  les  Monnaies  d'Issandon,  mentionnée  au  der- 
nier procès- verbal,  a  été  le  chant  du  cygne  I  M.  Lacroix 
nous  a  fréquemment  donné  des  preuves  de  sa  complai- 
sance inépuisable,  et  quand  il  s'agissait  de  monnaies  à 
déterminer,  on  pouvait  en  toute  confiance  s'adresser  à 
lui.  Nous  avons  en  portefeuille  quelques  notes  dont  il 
a  fourni  les  éléments,  et  qui  ne  sont  pas  encore  publiées. 

PRÉSENTATION  DE  NOUVEAUX  MEMBRES 

Sont  admis  : 

!•  M.  le  baron  Paul  de  Lamberterie,  député  du  Lot, 
présenté  par  MM.  Ghampeval  et  Rupin. 

2^  M.  Paul  Roche,  avoué  de  1"  instance  à  Paris,  pré- 
senté par  MM.  Nauche  de  Leymarie  et  Rupin. 

i**  M.  de  Bar,  à  Argentat,  présenté  par  MM.  Rupin 
et  Ph.  Lalande. 

4*^  M.  l'abbé  Jean  Dulaurens,  curé  d'Obasine,  présenté 
par  MM.  Rupin  et  Ph.  Lalande. 

5"*  M.  Duranton,  inspecteur  honoraire  d'Académie,  à 
Brive,  présenté  par  MM.  Ph.  Lalande  et  £.  Massénat. 


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—  702  — 


LBGTURBS 


M.  Rupin  donne  communication  d'un  travail  que  nous 
devons  à  Mgr  Barbier  de  Montault  et  à  deux  de  ses 
collaborateurs,  M.  Tabbé  Girou  et  M"«  Leblanc;  deux 
anciens  évoques  de  Tulle,  Tamiral  Grivel,  de  Brive,  et 
le  chirurgien  Boyer,  né  à  Uzerche,  sont  dépeints  d'après 
leurs  autographes  avec  beaucoup  de  finesse  et  de  talent.  • 
Ce  n'est  que  le  commencement  d'une  série  d'études  qui 
paraîtra  dans  le  BuUetin.  La  graphologie  est  une  science 
nouvelle  qui  compte  déjà  beaucoup  d'adeptes,  et  *dont 
Mgr  Barbier  de  Montault  est  un  des  fervents  apôtres. 

M.  Soulingeas  n'ayant  pu  assister  à  la  séance,  M.  Ph. 
Lalande  décrit  une  monnaie  gauloise  que  son  possesseur 
croit  provenir  d'Yssandon. 

L'ordre  du  jour  étant  épuisé,  la  séance  est  levée. 

Le  Secrétaire''Giniral, 

Ph.  Lalandb. 
Le  Président^ 

B.  Rupin. 


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TABLE  GÉNÉRALE  DES  MATIÈRES 


Beaumont  d'Autichamp  (Portrait  de) 559 

Boyer  (Portrait  graphologique  da  chirargien) 568 

Brageac  (Groix-reliquaire  à) 617 

Brune  (Lettres  du  maréchal) ^5 

Gartulaire  de  l'abbaye  de  Tulle 421 

Glavel  (Alexandre),  fou  littéraire 77 

Clef  de  voûte  sculptée,  à  Goiroux 679 

Glefde  saint  Hubert,  à  Ghabrignac 149 

Groix-reliquaire,  à  Brageac 617 

Fous  littéraires  du  Quercy 75 

Géographie  du  Bas-Limousin 155,  373,  549 

Créologie  des  environs  de  Brive 641 

Grivel  (Portrait  de  l'amiral) 563 

Hanap  en^mail  de  Limoges 24 

Journal  de  Pierre  Vacherie 25 

Lamy-Deluret  (Livre  de  raison  de) 629 

Leynia  de  la  Ghassagne  (Journal  de 621 

Lettres  autographes  de  Brune 275 

Lias  des  environs  de  Brive 641 

Liste  des  Membres  de  la  Société 5 

Livre  de  raison  de  Jean  Texendier 20 

—  Péconnet 30 

—  Sahuguet-Damarzid 327. 

—  Leynia  de  la  Ghassagne 621 

—  Retouret 628 

—  Lamy-Deloret 629 

—  Marchandon 632 

Loi  sur  la  conservation  des  Monuments  et  Objets  d'art  de  la 

Gorrèze 360 

Marchandon  J.-B.  (Livre  de  raison  de) 632 

Meymac  et  son  abbaye 85,  185 

Monnaies  trouvées  à  Yssandon 457,  640 

Monuments  mégalithiques  de  la  Gorrèze 369 

Numismatique 457,  640 

Orfèvrerie  limousine  à  l'Exposition  de  Tulle 469 

Origines  de  Tulle  et  de  son  église 385 

Péconnet  (Livre  de  raison  de) 300 

Philactère  de  Gh&teau-Ponsac 241 

Portraits  graphologiques 554 

ProcèS'verbaux  des  séances 693 


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—  704  — 

Rechignevoisin  (Portrait  de  Mgr  de) , 554 

Sahuguet-Damarzid  (Portrait  de) 327 

Temps  préhistoriques  de  la  Gorrèze 539 

Texendier  Jean  (Livre  de  raison  de) 279 

Til,  abbé  de  Solignac  (Vie  de  saint) 578 

Tulle  (Cartulaire  de) 421 

—  (Exposition  de) 469,  539 

—  (Origines  de) 387 

Turgot  en  Limousin 93 

Vacherie  Pierre  (Journal  de) 25 


TABLE  DES  GRAVURES 


1.  Hanap  en  émail  de  Limoges 23 

2.  Phylactère  de  Gh&teau-Ponsac 241 

3  à  4.  Ëmauz  du  phylactère  de  Gh&teau-Ponsac,  par  M.  E. 

Rupin 245 

5.  Inscription  de  ce  phylactère,  par  M.  £.  Rupih 257 

6.  Fac-similé  d'une  lettre  du  maréchal  Brune 274 

7.  Sculpture  au  petit-séminaire  de  Brive,  par  M.  A.  Dblibrre.  335 

8.  Cromlech  du  Puy  de  Pauliac,  par  M.  E.  Rupin 369 

9  à  19.  Monnaies  trouvées  à  Yssandon,  par  M.  le  colonel 

BORIB 458,  459 

20.  Croix  de  Marchastel,  par  M.  Monmont 490 

21.  Gh&sse  de  Saint-Bonnet- Avalouse 492 

22  k  25.  Gh&sse  de  Saint- Viance,  par  M.  E.  Rupin 496,  512 

27  &  28.  Détails  de  la  ch&sse  de  Noailles,  par  M.  E.  Rupin 502 

29.  Reliquaire  de  Ghanteix,  par  M.  E.  Rupin 503 

30.  Gh&sse  d'Obasine,  par  M.  E.  Rupin 507 

31.  Colombe  eucharistique  à  Laguenne 509 

32  &  34.  Custodes  émaillées,  par  M.  E.  Rupin 510,  512 

35.  Gh&sse  de  Chamberet,  par  M.  E.  Rupin 513 

36.  Boite  aux  saintes  huiles,  à  ât- Viance,  par  M.  Dblib&be —  513 

37.  Pied  de  croix  émaillé,  &  Obasine,  par  M.  E.  Rupin 513 

38.  Custode  à  Vigeois 513 

39.  Custode  de  Mgr  Berteaud 514 

40.  Crosse  eucharistique  à  Beaulieu,  par  M.  E.  Rupin 515 

41  à  42.  Bras-reliquaire  à  Beaulieu 521,  522 

43.  Détail  d'un  reliquaire  à  Beaulieu 524 

44.  Phylactère  à  Saint-Martin  de  Brive 525 

45.  Reliquaire  à  Brive. 527 


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—  705  — 

46  à  47.  Navette  ém&illée,  par  M;  Ë.  Rupin 531 

48.  Chef  de  saint  Dumine,  par  M.  H.  Guérard 518 

49.  Chef  de  sainte  Fortunade,  par  M.  H.  Guârard 522 

50  à  55.  Monnaies  diverses 544,  545 

56.  Lampe,  par  M.  Faurie 546 

57.  Autographe  de  Mgr  de  Rechignevoisin,  évoque  de  Tulle...  556 

58.  Autographe  de  Mgr  d'Autichamp 559 

59.  Autographe  de  l'amiral  Grivel 565 

60.  Autographe  du  chirurgien  Boyer • 572 

61.  Til,  solitaire  à  Brageac 576 

62.  Til,  abbé  de  Solignac 592 

63  à  64.  Groix-reliquaire  de  Brageac,  par  M.  E.  Rupin 616 

65  à  66.  Monnaie  gauloise,  par  M.  le  docteur  Simon 639 

67.  Clef  de  voûte  sculptée,  à  Coirouz,  par  M.  L.  Bruobilles...  679 


TABLE  MÉTHODIQUE 

SCIENCES 

Note  sur  le  Lias  des  environs  de  Brive,  par  M.  Mourbt 641 

HISTOIRE 

Journal  de  Pierre  Vacherie,  par  M.  Paul  Bruel 25 

Les  Fous  littéraires  du  Quercy,  par  M.  Louis  Greil 75 

Meymac  et  son  abbaye,  par  M.  Treigh-Laplène 85,  185 

La  clef  de  saint  Hubert  à  Ghabrignac 149 

Notions  de  géographie  bas-limous*,  par  M.  Ghahpeval.  155,  373,  549 

Lettres  du  maréchal  Brune,  par  M.  d'ARTENSEC ^ 275 

Livres  de  raison  limousins  et  marchoix,  par  MM.  Guibert,  Le- 
roux et  Tabbé  Lecler 279,  621 

Journal  de  Sahuguet-Damarzid,  par  M.  Paul  Bruel -..,,  327 

Loi  pour  la  conservation  des  Monuments  historiques 363 

Les  Origines  de  Tulle,  par  M.  l'abbé  Niel 385 

Cartulaire  de  Tabbaye  de  Tulle,  par  M.  Ghampeval  421 

Portraits  graphologiques,  par  Mgr  Barbier  de  Montault,  l'abbé 

Girou  et  M"*  Joséphine  Leblanc 554 

Xil,  abbé  de  Solignac,  par  M.  Tabbé  Ghabau 577 


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—  706  — 

ARCHÉOLOGIE 

Hanap  en  ém&il  de  Limoges,  par  M.  £.  Rupin 23 

Le  phylactère  de  Ghftteau-Ponsac,  par  Mgr  Barbier  de  Mohtault.  241 

Monnaies  trouvées  à  Yssandon,  par  M.  Lacroix 457 

L'Orfèvrerie  limousine  à  l'Exposition  de  Tulle,  par  M.  E.  Mo- 

LINIBR 469 

Les  temps  préhistoriques  à  l'Exposition  de  Tulle,  par  M.  Ph. 

Lalandb 439 

Croix-reliquaire  à  Brageac,  par  M.  £.  Rupin 617 

Monnaie  gauloise,  par  M.  J.  Soulinoeas 639 

Clef  de  voûte,  à  Goiroux,  par  M.  Ph.  Lalandb 679 


TABLE  ALPHABÉTIQUE 

PAR  NOMS  d'auteurs 


Artensbg  (Paul  d*).  Lettres  du  maréchal  Brune,  275. 

Barbier  de  Montault  (Mgr  Xavier].  Le  phylactère  de  GhAteau- 
Ponsac,  241.  —  Portrait  graphologique  de  Mgr  de  Rechigne- 
voisin,  554;  de  Mgr  d'Autichamp,  559. 

Bruel  (Paul).  Journal  de  Pierre  Vacherie,  25.  ^  Journal  de  Sahu- 
guet-Damarzid,  327. 

Ghabau  (Abbé).  Vie  de  saint  Til,  abbé  de  Solignac,  577. 

Ghamp^val  (Jean-Baptiste).  Simples  notions  d'ancienne  géographie 
bas-limousine,  155,  373,  549,  681.  ~  Gartulaire  de  l'abbaye  de 
Tulle,  421. 

GiRou  (Abbé).  Portrait  graphologique  de  l'amiral  Grivel,  563. 

Greil  (Louis).  Les  Fous  littéraires  du  Quercy,  75. 

Guibbrt  (Louis).  Livre  de  raison  de  Joseph  Péconnet,  300. 

Lacroix  (Léon).  Monnaies  trouvées  à  Yssandon,  457. 

Lalande  (Philibert).  Les  temps  préhistoriques  à  l'Exposition  de 
Tulle,  539.  —  Glef  de  voûte  sculptée,  à  Goyroux,  679.  —  Procès- 
verbaux  des  séances,  693. 

Leblanc  (Joséphine).  Portrait  graphologique  du  chirurgien  Boyer, 
568. 

Leglbr  (Abbé).  Livre  de  raison  de  Jean  Texendier,  279. 

Leroux  (Alfred).  Livre  domestique  de  la  famille  Leynia  de  Ghas- 
sagne,  621;  —  d'Etienne  Retouret,  628.  ^  Livre  de  raison  de 
Lamy-Deluret,  629.  ^  Registre  des  redevances  dues  à  J.-B.  Mar- 
chandon  du  Puimirat,  632.  • 


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—  707  — 

MoLiHiER  (Emile).  L'Orfèvrerie  limousine  à  l'Exposition  de  Tulle, 

469. 
MouRET  (Georges).  Note  sur  le  Lias  des  environs  de  Brive,  641. 
NiEL  (Abbé).  Les  Origines  de  Tulle,  385. 
RupiH  (Ernest).  Hanap  en  émail  de  Limoges,  23.  —  Groix-reliquaire 

à  Brageac,  617. 
SouLiNOEAS  (Joseph).  Monnaie  gauloise  trouvée  à  Yssandon,  639. 
Treigh-Laplène.  Meymac  et  son  abbaye,  85,  185. 


Brive,  imprimerie  Marcel  ROCHE,  avenue  de  la  Gare. 


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