NOUVELLE SÉRIE - XIXe ANNÉE - 1889
ANGERS
IMPRIM ERIE-LI BRAIRI E GERMAIN & G. GRASSIN
RUE SAINT-LAUD
1890
Les Membres de la Société d’Études Scientifiques d’Angers qui
désireraient compléter la collection des Bulletins , sont prévenus
qu’il reste encore quelques exemplaires des volumes ci-après , aux
prix réduits de :
Première Série.
1871 (lre année). 1 »
1872. .. 2 »
1874-75 2 »
1876-1877 (deux fascicules) 3 50
1878-79 2 50
1880 (deux fascicules). . ... 3 50
1881-82.. 5 »
1883 3 »
1881 6 »
Supplément de 1881 1 50
Deuxième Série.
1885 4 »
1886 . / . . . 4 »
1887 6 »
1888 4 »
La collection complète des Bulletins (1871 à 1888 inclus) , sauf le
volume de 1873, épuisé, pourra être fournie aux nouveaux socié-
taires au prix réduit de 45 francs.
BULLETI N
DE LA
SOCIÉTÉ D’ÉTUDES SCIENTIFIQUES
D'ANGERS
NOUVELLE SÉRIE — XIXe ANNÉE — 1889
BULLETIN
DE LA SOCIÉTÉ
D’ÉTUDES SCIENTIFIQUES
D'ANGERS
7190
ANGERS
IMPRIMERIE-LIBRAIRIE GERMAIN & G, GRASSIN
RUE SAINT— LAUR
189()
LISTE DES MEMBRES
au 1er octobre 1890
MEMBRES FONDATEURS
MM, BOUVET,
HUTTEMIN,
MARE AU,
MM. MILLET.
PRÉAUBERT.
VERRIER,
MEMBRES HONORAIRES
MM,
ASSIOT, Louis, préfet honoraire du département de Vau-
cluse, à Avignon.
BARDON, Charles, préfet du département du Puy-de-Dôme.
BÉCHADE, Abdon, îfc, trésorier-payeur général, à Nantes.
COTTEAU, membre de la Société géologique de France, boule-
vard Saint-Germain, 17, Paris.
DECHARME, ancien professeur de l’Université, docteur ès-
sciences, rue Laurendeau, 82, Amiens.
FAIRMAIRE, L., entomologiste, ex-président de la Société ento-
mologique de France, rue du Bac, 94, Paris.
LIGIER, Herman, préfet de Maine-et-Loire.
MAILLÉ, Alexis, i&, rue des Luisettes, 17.
MARSEUL (l’abbé de), directeur de Y Abeille, journal d’entomo-
logie, boulevard Pereire, 271, à Paris.
^MEUNIER, Stanislas, professeur au Muséum d’histoire naturelle,
boulevard Saint-Germain, 7, Paris.
MQURIN, Ernest, #, recteur de l’Académie de Nancy,
— VI
NELSON-CHÏERICO , directeur de la Banque Algérienne,
Alger.
POISSON, J., aide-naturaliste au Muséum de Paris, répétiteur
à l’Ecole des Hautes Études, rue de Buffon.
PREUD’HOMME DE BORRE, A., conservateur au Musée Royal
d’histoire naturelle de Bruxelles, rue Seutin, 11, Schaerbeck,
Bruxelles.
PUCHERAN, docteur-médecin, à Bouillousse, par le Port-Sainte-
Marie (Lot-et-Garonne).
SGHNERB, O. î&, conseiller d’État, Paris.
VERLOT, directeur du jardin botanique de Grenoble.
MEMBRES TITULAIRES
MM.
AIVAS, ingénieur, architecte de la Ville d’Angers, rue du
Bellay, 52, Angers.
ALLARD, Gaston, naturaliste, route des Ponts - de -Cé, à la
Maulévrie, près Angers.
ALLIN, Louis-Émile, naturaliste, à Bonnétable (Sarthe).
ANGIBAULT, juge de paix, à Bais (Mayenne).
AUBERT, juge de paix, rue Franklin, 35, Angers.
AUDRA, Eugène (le pasteur), rue de Paris, 85, Angers.
AVRILLEAU, Eugène, banquier, boulevard des Pommiers, 3,
Angers.
BAHUÂUD, A. ||, docteur-médecin, professeur à l’École de
Médecine d’Angers, rue Lenepveu, 34.
BARON , Alexandre , industriel , place de l’École nationale des
Arts-et-Métiers, 2, Angers.
BATTUT, négociant, rue Saint-Georges, 9, Angers.
BEDEL, Jules, conducteur des Ponts-et-Chaussées , 4, rue des
Récollets, à Nantes (Loire-Inférieure).
BELLIARD, Gustave- André, directeur d’assurances, rue de l’Asile-
Saint-Joseph, 4, Angers.
BERTHAULT, Fernand, photographe, rue d’Alsace, 1, Angers.
VII
BESSONNEAU, 0. #, manufacturier, avenue du Mail, Angers.
BICHON, Auguste, A. ||, médecin-pharmacien, rue Beaure-
paire, 31, Angers.
BIGEARD, directeur de l’Usine à gaz, Angers.
BLEUNABD, Albert, A. ||, professeur de physique et de chimie
au Lycée d’Angers, Petite rue Volney, 13, Angers.
BOUIC, A. ||, professeur au Lycée David d’Angers, rue Saint-
Léonard, 21, Angers.
BOUTRÉ, Adolphe, entrepreneur, faubourg Bressigny, 109,
Angers.
BOUVET, Georges, A. ||, pharmacien, rue Lenepveu, 32, Angers.
BURDIN, André-François, I. ||, imprimeur, rue Garnier, 11,
Angers.
CHAILLOU, Pierre, expert-comptable, rue du Mail, 31, Angers.
CHARRIER, Charles, docteur-médecin, chef des travaux anato-
miques à l’École de Médecine d’Angers, rue des Lices, 31,
Angers.
CHEUX, Alfred, président de la Commission météorologique de
Maine-et-Loire, rue Delaâge, 47, Angers.
COULBAULT, A. ||, imprimeur, à Châteaubriant (Loire-Infér.).
DAVID, Henri-Ferdinand, pharmacien de lre classe, rue de la
Gare, 11, Angers.
DECUILLÉ, Charles, botaniste, rue Appert, 11, Angers.
DESÊTRES, Gaston, avocat, rue du Canal, 3, Angers.
DOUET, A. ||, docteur-médecin, professeur à l’École de Méde-
cine d’Angers, rue Corneille, 9.
DOUET, Victor, notaire, à Beaufort-en-Vallée (Maine-et-Loire).
DREUX, Alfred-Alexandre, opticien oculiste, rue Voltaire, Angers.
DUSSAUZfî, Jules, architecte, rue Ménage, 19, Angers.
DUVAL, Auguste, étudiant en pharmacie, rue du Mail, 32, Angers.
FEBVRE, Hyacinthe, droguiste, rue de la Roë, 7, Angers.
FROUIN, Bertrand, I. ||, directeur de l’École primaire supé-
rieure, Angers, rue du Grand-Talon, 9-11.
II
— VIII
GALLOIS, Joseph, A. C|, inspecteur du service des enfants
assistés du département de Maine-et-Loire, rue du Canal, 16,
Angers.
GAUDIN, Joseph, pharmacien, professeur suppléant à l’Ecole de
Pharmacie, rue du Mail, 64, Angers.
GENNEVRAYE, Paul, conseiller honoraire à la Cour d’Angers,
conseiller général de Maine-et-Loire, rue Ménage, 6, Angers.
GLÉTRON, Jacques-Louis, A. CI, négociant, place Ayrault, 3,
Angers.
GOBLOT, Edmond, professeur de philosophie au Lycée David
d’Angers, rue Bressigny, 113, à Angers.
GOBLOT , René , architecte , ancien élève médaillé de lre classe
de l’Ecole des Beaux-Arts, rue Béclard, 31, Angers.
GONTARD DE LAUNAY, Léonce, membre de la Société archéolo-
gique de France et de la Société d’horticulture nantaise j à
Noëllet, par Pouancé (Maine-et-Loire).
GRASSIN, Georges, imprimeur, rue Montauban, 5, Angers.
GROLLEAU, Prosper, géologue, à Misengrain, par Segré (Maine-
' et-Loire).
GUITTET, Maurice, vétérinaire, boulevard des Pommiers, 20,
Angers.
HUCHELQUP, Auguste, banquier, rue Chevreul, 16, Angers.
HUTTEMIN, Henri, industriel, rue La Réveillère, 23, Angers.
IGHON, ingénieur des mines, rue du Pré-Pigeon, Angers.
JEANVROT, Victor, conseiller à la Cour d’appel d’Angers, rue
Rabelais, 16, Angers.
JÉGU, Alfred-Urbain, propriétaire, rue de Paris, 45, Angers.
LABORIE, Edmond, greffier du Conseil de préfecture, 42, rue
Volney, Angers. .
LÂCOUR, Édouard, étudiant, boulevard de Saumur, 9, Angers.
LAMOTTE-PRÉVOST, Henri -Simon- Joseph , pharmacien, à
Chantelle-le-Château (Allier).
LAVENNIER, ancien notaire, rue Volney, à Angers.
LESTANG, François-Clovis-Emmanuel, A. f|, directeur de l’Ecole
normale d’instituteurs, rue de la Juiverie, 16, Angers.
LUGHINI, Joseph, artiste statuaire, rue Toussaint, 51, Angers.
ÎX
MAÏLLARD, Auguste-Alfred, architecte, rue du Mail, 75, Angers.
MAREAU, Gustave, A. ||, docteur en médecine, professeur à
l’École de Médecine d’Angers, rue du Commerce, 2.
MAXWELL, substitut du Procureur de la République, à Saumur.
MELEUX, Augustin, I. ||, docteur-médecin, directeur de l’École
de Médecine, boulevard du Roi-René, 47, Angers.
MILLET , Stanislas , secrétaire de la Société d’horticulture
d’Angers, rue Proust, 23.
MITREAU, Adrien, clerc de notaire, à Bourgueil (Indre-et-Loireh
MONPROFIT, Ambroise, docteur-médecin, professeur à l’École de
Médecine, rue de la Préfecture, 5, Angers.
MORANCÉ, Lucien-Maurice, A. ||, directeur de l’École annexée
à l’École normale d’Angers, rue Lebas.
PASTEAU, Léon, médecin, à Parcé (Sarthe).
PERAGCÂ , Marius-Hyacinthe , (le comte) , docteur ès-sciences
naturelles, rue Saint-Anselmo, 6, Turin (Italie).
PERRAUDIÈRE (René de la), entomologiste, propriétaire, château
de la Perraudière, commune de Lué, par Jarzé (Maine-et-
Loire).
PIETTE, Éd., A. ||, juge au Tribunal civil d’Angers, rue de la
Préfecture, 18.
POULAIN, à la Saulaie, commune de Martigné-Briand (Maine-
et-Loire).
PRÉ AUBERT, Ernest, A. f|, professeur de physique au Lycée,
rue Proust, 13, Angers.
PRIEUR, Albert, A. ||, négociant, président du Tribunal de
commerce, boulevard des Pommiers, 6, Angers.
QUÉLIN, Jules, A. ||, 58, rue de Bel-Air, Angers.
RADIGOIS, Léon, garde-mines, rue de Saumur, 22, à la Roche-
sur-Yon (Vendée).
RICHÉ, Jean-Baptiste, paléontologue, employé, rue de l’Asile-
Saint- Joseph, Angers.
ROUSSEAU, Henri, pharmacien, boulevard Ayrault, 54, Angers.
SURRAULT, Théodore, A. ||, professeur à l’École normale, rue
de la Madeleine, 91, Angers.
TRÉDILLE, Prosper, pharmacien, rue Voltaire, 6, Angers.
VÊLÉ, Alexandre, architecte, rue du Quinconce, Angers,
X
MEMBRES CORRESPONDANTS
MM.
ANDRÉ, Jacques-Ernest, notaire, entomologiste, rue des Prome-
nades, 17, à Gray (Haute-Saône).
BARBIN, Henri-Charles, pharmacien de lrc classe, au Lion-
d’Angers (Maine-et-Loire).
BARROIS, Charles, préparateur du cours de géologie, maître de
Conférences à la Faculté des sciences de Lille, rue de Solfé-
rino, 185, à Lille 'Nord).
BAYLES, Antoine-Émile, A. f|, directeur de l’École normale de
Dax (Landes).
BAZANTAY, Lucien, propriétaire, à Faveraye-Machelles , par
Thouarcé Maine-et-Loire).
BELLANGER, Francis, instituteur, cour des Cordeliers, Angers.
BELLIARD, A. f|, docteur -médecin, à Montjean (Maine-et-
Loire).
BERTHEAU, A. f|, docteur-médecin, à Pouancé (Maine-et-Loire).
BÉTHUNE, Albert, naturaliste, notaire, à Tours-sur-Marne
(Marne).
BÉZIERS , inspecteur de l’enseignement primaire , à Rennes
(Ille-et-Vilaine).
BOELL, Édouard (le docteur), A. ff , médecin de l’hôpital civil
de Baugé, membre du Conseil d’hygiène et de salubrité de
l’arrondissement de Baugé, à Baugé (Maine-et-Loire), -
BOISSELIER, A. f|, instituteur à l’école des Récollets, à Saumur
(Maine-et-Loire).
BRÉHÉRET, professeur d’agriculture du département de la
Drôme, à Valence.
BRUN (l’abbé), naturaliste, Grande-Rue, 76, Nogent-sur-Marne
(Seine).
BUREAU, docteur-médecin, directeur du Muséum d’histoire
naturelle de Nantes, à Nantes (Loire-Inférieure).
CARRET (l’abbé), professeur à l’institution des Chartreux, à
Lyon (Rhône).
XI —
CESPRÉ, Théodore-René, docteur-médecin à Saint-Georges-sur-
Loire (Maine-et-Loire).
CHABRUN, Émile, docteur-médecin à Andouillé (Mayenne).
CHAILLOU, Charles, Port-Navalo, par Arzon (Morbihan).
CHELOT, Émile, licencié ès sciences, 82, rue Monge, Paris.
COSSON, E. (le docteur) O. îfc, membre de l’Académie des
sciences, rue de la Boëtie, 7, Paris (Seine).
CRIÉ, A. professeur à la Faculté des sciences de Rennes
(Ille-et-Vilaine).
DANIEL, Lucien - Louis , professeur au collège de Château-
Gontier (Mayenne).
DAVY, Louis-Paul, ingénieur civil, directeur des mines de Châ-
teaubriant (Loire-Inférieure).
DELALANDE, Julien-Charles, professeur de physique au lycée
de Brest, rue du Château, 62.
DESMAZIÈRES, percepteur à Blaison (Maine-et-Loire).
DEVAUX, Alphonse-Pierre, chef de section du chemin de fer de
l’Etat, à Melle (Deux-Sèvres).
DOLLFUS, Adrien, directeur de la Feuille des Jeunes Natura-
listes, rue Pierre-Charron, 55, Paris.
DOLLFUS, Gustave, géologue, rue de Chabrol, 45, Paris.
DOUGLASS-HOGG, Walter, docteur en médecine, pharmacien
de lre classe, avenue des Champs-Elysées, 62, Paris.
DUMAS, Auguste-Marie, inspecteur à la Compagnie des Che-
mins de fer d’Orléans, rue Sully, 6, à Nantes (Loire-Infé-
rieure).
DURANCEAU, Alexandre, percepteur à Saint-Mathurin (Maine-
et-Loire).
EMÉRIAU, Alphonse, instituteur-adjoint, école des Justices,
Angers.
FARDEAU, Louis-Pierre, instituteur à Varennes-sous-Montso-
reau (Maine-et-Loire).
FOURCAULT, Victor, gérant de la Commission des ardoisières
de Renazé, à Renazé (Mayenne).
FOURNIER, Alphonse-Gabriel, conservateur du Musée d’histoire
naturelle de Niort, 58, rue de Trianon, à Niort (Deux-Sèvres).
XII
FRIDRICI, Edmond, chimiste, directeur du Musée d’histoire
naturelle de Metz, rue Haute-Pierre, 8-10 (Lorraine).
GADEAU DE KERVILLE, Henri, A. f|, homme de science, rue
Dupont, 7, à Rouen (Seine-Inférieure).
GALISSIER, Augustin, A. professeur à l’École normale de
Foix (Ariège).
GASNAULT, botaniste, ex-instituteur, Beaufort (Maine-et-Loire).
GAULTIER, Jules, percepteur à Tiercé (Maine-et-Loire).
GEORGES, Jean-Marie, pharmacien à Longué (Maine-et-Loire).
GIR AUDI AS, Louis, receveur de l’enregistrement, à Foix (Ariège).
GIRAUX, Louis, naturaliste, rue Saint-Biaise, 22, Paris.
GRANDIR, Théophile, A. f|, professeur au Lycée de Tours, rue
de Jérusalem, 6, à Tours (Indre-et-Loire).
GROSSOUVRE (de), Marie-Félix- Albert-Durand, ingénieur en
chef des mines, à Bourges (Cher).
GUÉRARD, médécin-dentiste, rue Nationale, 39, à Tours (Indre-
et-Loire).
HÉRON-ROYER, A. Q, entomologiste et herpétologiste, 10, rue
de l’Ile, à Amboise (Indre-et-Loire).
HOULBERT, Constant-Vincent, professeur de l’enseignement
spécial au collège d’Évron (Mayenne).
HUET, Clair, médecin, rue du Calvaire, 32, Nantes (Loire-
Inférieure) .
JOULAIN fils, aîné, horticulteur, rue de Foix, 47, à Blois (Loir-
et-Cher).
JULLIEN-CROSNIER, botaniste, rue d’Illiers, 54 bis, à Orléans
(Loiret).
LABBÉ, Alphonse, étudiant, rue Madame, 61, Paris, ou rue des
Serruriers, à Laval (Mayenne).
LAGÂRDE, Cyrille, médecin à la Membrolle (Maine-et-Loire).
LANGLAIS, Henri-Louis, pharmacien, à la Ferté-Bernard, rue
Bourgneuf (Sarthe).
LAUMONIER, Arthur, docteur-médecin, à Vernoil, par Ver-
nantes (Maine-et-Loire).
LE BEUF, Pierre-Charles-Laurent, archéologue, à Amiens.
XIII -
LEBLANC, Charles-Ernest, ingénieur des chemins de fer de
l’État, rue Giraudeau, 19, Tours (Indre-et-Loire).
LEBRETON , Julien , instituteur à Fontaine-Guérin (Maine-et-
Loire).
LE JARIEL, Gabriel, entomologiste, à Jublains (Mayenne).
LEMAITRE, Valentin, instituteur-adjoint à l’École des Justices,
Angers.
LEMÀRIÉ, Eugène, conservateur du Musée d’histoire naturelle
de Royan (Charente-Inférieure).
LOCHARD, Gustave, docteur-médecin, à Villevêque, par PeL
louailles (Maine-et-Loire).
MALM, A. -H., docteur en philosophie, intendant des pêcheries
maritimes suédoises, à Gothembourg (Suède).
MARCESCHE, Émile, instituteur, maître-adjoint à l’École pri-
maire supérieure d’Angers, rue du Grand-Talon, 9, Angers.
MARQUET, chimiste à la Compagnie des chemins de fer de
l’État, Paris.
MARY, Victor, docteur-médecin à Vihiers (Maine-et-Loire).
MICHEL, Alphonse, docteur-médecin à Gonnord (Maine-et-Loire).
MICHEL, Auguste, à Carrières-sous-Bois, par Maisons-Laffite,
(Seine-et-Oise).
MIGNEN, Gustave, docteur-médecin à Montaigu (Vendée).
MONTANDQN, Arnold, naturaliste, à Bucarest, filarete Strada
viilar (Roumanie).
MOUGEL Jean-Baptiste, ornithologiste, propriétaire à Vagney
(Vosges).
NEUMANN, Louis-Georges, professeur d’histoire naturelle à
l’École vétérinaire de Toulouse (Haute-Garonne).
NOËL, Paul, chimiste au Bois-Guillaume, 15, rue d’Anguy,
près Rouen (Seine-Inférieure).
ŒHLERT, Daniel, A. ||, géologue, paléontologiste, bibliothé-
caire de la ville de Laval, rue de Bretagne, à Laval (Mayenne).
OLIVIER, Ernest, botaniste, aux Ramillons, près Moulins (Allier).
PARROT, ingénieur des Arts et Manufactures, imprimeur litho-
graphe, rue du Delta, 12, Paris.
XIV
PERREAU, Maurice, docteur-médecin, rue Bodin, 8, à Saumur
(Maine-et-Loire) .
PERRIER, dooteur-médecin, à Nantes, rue de l’Ermitage (Loire-
Inférieure).
PÉTON, A. ||, docteur-médecin, à Saumur (Maine-et-Loire).
PINGUET, Joseph, économe au Lycée d’Alençon (Orne).
PLANCHENAULT, Louis, numismate, sous-économe à l’asile de
Sainte-Gemmes-sur-Loire (Maine-et-Loire).
POMARAT, Jean-Marcellin (l’abbé), naturaliste, professeur au
Séminaire de Pléaux (Cantal).
POUGNET, Joseph-Eugène, ingénieur des mines d’or de la Cor-
tada de San Antonio, par Puerto-Perrio et Pavas, départe-
ment d’Antioquia (Colombie).
R AB JE AU, Emile, docteur-médecin, à Ingrandes-sur-Loire (Maine-
et-Loire).
RAFFRAY, Achille, vice-consul de France à Singapour (Inde).
RAGUSA, Enrico, naturaliste, directeur du Naturaliste sicilien,
à Palerme (Sicile).
RAVENEAU, Paul, fabricant de chaux hydraulique à Doué-la-
Fontaine (Maine-et-Loire).
REBOUL, Marie-Robert, A. ||, juge de paix à Châteauneuf-sur-
Sarthe (Maine-et-Loire).
REGEL, E., directeur du jardin impérial de botanique de Saint-
Pétersbourg (Russie).
REGNIER, Eugène- Adolphe, instituteur à Beausse (Maine-et-
Loire).
RENOU, Jacques, conducteur des travaux aux mines de Désert,
ancien élève de l’école des maîtres-ouvriers mineurs d’Alais
(Gard), à Chalonnes-sur-Loire (Maine-et-Loire).
RENOU, Jules, médecin à Châtelais (Maine-et-Loire).
REVERCHON (le docteur), médecin en chef de l’asile des aliénés
Saint-Luc, à Pau (Basses-Pyrénées).
RICHAULT, Félix, chef de section principal, attaché à la cons-
truction des chemins de fer de l’État, petite rue Yolney, 18,
Angers.
RISTON, Victor, naturaliste, à Malzéville, près Nancy Meurthe-
et-Moselle).
XV
ROUCHY (l’abbé), naturaliste, vicaire à Chastel-sur-Murat (Cantal).
ROSERAY, Alfred, professeur d’agriculture du département de
la Manche, chevalier du Mérite agricole, à Saint-Lô.
RUAIS, docteur-médecin à Martigné-Briand (Maine-et-Loire).
SAHUT, Félix, naturaliste, avenue Pont-Juvénal, à Montpellier
(Hérault).
SIMON, François, instituteur, entomologiste, à Drain (Maine-
et-Loire).
SOYE, ex-contrôleur des chemins de fer de l’Ouest, à Bou-
logne-sur-Seine, Grande-Rue, 91.
SUPIOT, ex-instituteur à Sainte-Gemmes-sur-Loire (Maine-et-
Loire).
TARDIF, Edmond, étudiant en médecine, boulevard Ayrault, 39,
Angers.
TIRIAT, Xavier, géologue, naturaliste, à Kichompré, par Gérad-
mer (Vosges).
TRILLON, cultivateur au Petit-Coudray, commune d’Andouillé
(Mayenne).
TROUESSART, Édouard-Louis, docteur en médecine, I. ||,
avenue Victor-Hugo, Paris.
TROUPEAU, Paul, pharmacien de lre classe, à Mouy (Oise).
VIGNAIS, Joseph, percepteur au Puy-Notre-Dame (Maine-et-
Loire).
Nota. — Les Membres dont les adresses et dénominations
seraient inexactes sont priés de les faire rectifier et d’adresser
leurs réclamations au Vice-Secrétaire-Trésorier de la Société.
MEMBRES DÉCÉDÉS
MM.
MARSEUL (l’abbé de), décédé à Paris le 16 avril 1890.
COSSON, décédé à Paris le 31 décembre 1889.
MELEUX, Augustin, décédé à Angers le 31 décembre 1889.
REGNIER, Eugène, instituteur à Beausse, décédé le 26 février 1890.
GALISSIER, Augustin, à Foix, décédé le 6 août 1890.
RENOU, Jules, médecin à Châtelais, décédé le 12 août 1890.
LISTE DES SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES
Au 30 septembre 1890
1° SOCIÉTÉS FRANÇAISES
Alger. — Société des sciences physiques naturelles et climato-
logiques.
Amiens. — Société linéenne du Nord de la France.
— Société industrielle d’Amiens.
Angers. — Société d’horticulture de Maine-et-Loire.
— Société industrielle et agricole.
— Société de médecine.
— ■ Société académique de Maine-et-Loire.
— Société d’agriculture, sciences et arts d’Angers.
Auxerre. — Société des Sciences historiques et naturelles de
l’Yonne.
Besançon. — Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts.
Béziers. — Société d’Études des Sciences naturelles.
Blois. — Société d’histoire naturelle du Loir-et-Cher.
Bordeaux. — Société linéenne.
— Société des Sciences physiques et naturelles.
Boulogne-sur-Mer. — Société académique.
Caen. — Société linéenne de Normandie.
Châlons-sur-Marne. — Société d’ Agriculture, de Commerce, de
Sciences et d’Arts de la Marne.
Châlons-sur-Saône. — Société des Sciences naturelles de Saône-
et-Loire.
Chambéry. — Société d’histoire naturelle de Savoie.
Cherbourg. — Société nationale des Sciences naturelles et de
mathématiques.
Cholet. — Société des Sciences, Lettres et Beaux-Arts.
XVIII
Dax. — Société de Borda.
Dijon. — Académie des Sciences.
Draguignan. — Société d’Études Scientifiques et Archéologiques.
Elbeuf. — Société d’Etude des Sciences naturelles.
Le Havre. — Société géologique de Normandie.
— Société des Sciences et arts, agricole et horticole
du Havre.
Lille. — Société géologique du Nord.
— Académie des Sciences de Lille.
Lyon. — Société linéenne de Lyon.
— Société botanique de Lyon.
Le Mans. — Société d’Agriculture, Sciences et Arts de la Sarthe.
Marseille. — Société d’Étude des Sciences naturelles.
— Société botanique et horticole de Provence.
— Société scientifique Flammarion.
Montpellier. — Société d’horticulture et d’histoire naturelle de
l’Hérault.
Morlaix. — Société d’Études scientifiques du Finistère.
Nancy. — Société des Sciences.
— Société industrielle.
Nantes. — Société académique.
Nîmes. — Société d’Études des Sciences naturelles.
— ■ Société d’Études scientifiques.
Paris. — Société d’anthropologie.
— Société philomatique.
— • Société philotechnique.
— Société botanique de France.
— Société d’Études scientifiques.
— Société entomologique de France.
— Société de géographie.
— Société zoologique de France.
— Société nationale d’acclimatation de France.
— Société d’astronomie.
Perpignan. — Société agricole, scientifique et littéraire des
Pyrénées-Orientales.
Poitiers. — Société d’agriculture, belles-lettres, sciences et arts.
Reims. — Société d’histoire naturelle.
La Rochelle. — Société des sciences naturelles de la Charente-
Inférieure.
Rouen. — Société des Amis des Sciences naturelles.
XIX —
Royan. — Société linéenne de la Charente-Inférieure.
Toulouse. — Société académique Franco-Hispano-Portugaise.
— Société d’Histoire naturelle.
— Société des Sciences physiques et naturelles.
Tours. — Société médicale du département d’Indre-et-Loire.
— Société de géographie.
Villefranche (Rhône). — Union philomatique.
Vitry-le-Français. — Société des Sciences et Arts.
2° SOCIÉTÉS ÉTRANGÈRES
Europe
A Isace- Lorraine
Colmar. — Société d’Histoire naturelle.
Metz. — Société d’histoire naturelle.
Strasbourg. — Société des Sciences, Agriculture et Arts de la
Basse- Alsace.
A Uemagne
Berlin. — Académie royale des Sciences (Sjtzunberitche der
K. prussichen akademie der Wissenschaften).
— Société de Géologie (Deutsch. Geolog. Gesselch).
— Société de Géographie.
Brême. — Société des Sciences naturelles ( Abhandlungen
herausgegeben vom naturvischench. Yerein zü
Bremen).
Dresde. — Société d’Histoire naturelle (Jahresb. der Yereins für
Erd-Kunde zü Dresden).
Halle. — Académie impériale des curieux de la nature (Bericht
über die Sitzungen der Naturforschenden Gessels-
chaft zü Halle).
— Société Léopoldina.
Lsipzig. — Société des Sciences naturelles (Sitzunsberitche der
Naturforforschenden Gesselschaft) .
Munich. — Académie royale des sciences (Sitzunberitche der
Akademie der Wissenchaftj.
Miinster. — Société provinciale Westphalienne des Sciences et
Arts (Jahresb. des Westfaliohen Provinziale-Yereins).
Regensburg. — Société d’Histoire naturelle.
XX
Autriche
Prague. — Société impériale des sciences naturelles.
— Société d’histoire naturelle (Lotos).
Vienne. — Société impériale et royale de géologie (Verhand
lungen der K. K. Geologischen Reichanstalt).
— Société de géologie et de botanique (Verhand lungen
Gesselch).
— Club Scientifique ( Jahresberichte und monash-
blatter des Wissenschaftlichen Club).
— Section für naturkende osterreichischen Touristen
club (Burgung 7).
L’Ornis, société d’ornithologie.
Zagreb. — Société Croate d’Histoire naturelle.
Belgique
Bruxelles. — Société belge de microscopie.
— - Société royale malacologique de Bruxelles.
— Société entomologique de Belgique.
— Société royale de botanique de Belgique.
— Cercle scientifique et pédagogique.
Liège. — Société géologique de Belgique.
Italie
Gênes. — Annales du Musée civique de Gênes.
Padoue. — Société Veneto-Trentina des sciences naturelles.
Pise. — Société des sciences naturelles de Toscane.
Rome. — Comité royal géologique d’Italie.
Turin. — Académie royale des Sciences.
— Observatoire de l’Université royale.
Espagne
Barcelone. - Société catalaniste d’excursions scientifiques.
Pays-Bas
Leyde. — Société Néerlandaise de zoologie (Tijdshrift der
nederlansche Dierkundige Vereenining).
Rotterdam. — Société batave de philosophie expérimentale.
Portugal
Lisbonne. — Académie des Sciences.
Porto. — Société d’instruction (Revista da Societade de instrucao
do Porto).
4" ■
— XXI —
Russie
Saint-Pétersbourg. — Société impériale de botanique.
— Comité géologique.
Kiew. — Société des naturalistes.
Moscou. — Société impériale des naturalistes.
Suède
Helsingfort. — Société pour l’étude de la faune et de la flore
de Finlande (Meddelanden af societas pro fauna et
flora Fennica.
Stockolm. — Société entomologique (Entomologisk tidskrift).
— - Académie royale suédoise.
Suisse
Bâle. — Société des Sciences naturelles.
Genève. — Société de physique et d’histoire naturelle.
Lausanne. — Société vaudoise des Sciences naturelles.
Neufchâtel. — Société des Sciences naturelles.
Zurich. — Société des naturalistes.
Amérique du Nord
Boston. — Société d’Histoire naturelle (Proceedings jnatural
history society).
Cambridge. — Musée de zoologie comparée (Bulletin of the
muséum of comparative zoology at Harvard college).
Davenport. — Académie des Sciences naturelles.
New-York. — Société de microscopie.
— Société de Géographie, n° 1 29 west 29 th Street.
Philadelphie. — Académie des Sciences naturelles (Proceedings
of the academy of natural Sciences).
— - Institut des Sciences.
Raleigh, — Société scientifique (Elisha Mitchell).
San Francisco. — Académie des Sciences.
Saint-Louis. — Académie des Sciences (Transactions of the
academy of Sciences!.
Trenton. — Société d’Histoire naturelle.
Washington. — Institution Smithsonienne.
Amérique du Sud
Buenos- Ayres. — Société scientifique Argentine (Annales de la
societad cientifica Argentina).
— Institut Géographique Argentin,
XXII
Cordoba. — Académie nationale des Sciences.
Costa-Rica. Annales du Musée national.
Rio de Janeiro. — Archives du Musée national.
A ustralie
Adélaïde. — Société royale des Sciences naturelles.
Sydney. — Société linéenne.
Nouvelle-Zélande
Wellington. — Institut de la Nouvelle-Zélande.
Indes Anglaises
Calcutta. — Société asiatique du Bengale (Proceedings asiatic
Society of Bengal).
3° PUBLICATIONS PÉRIODIQUES
Angers. — Revue de l’Anjou.
Paris. — Revue des travaux scientifiques (publication du Minis-
tère de l’Instruction publique et des Beaux-Arts).
— Feuille des jeunes naturalistes.
— Brebissonia, revue mensuelle de botanique cryptoga-
mique.
Lyon. — L’Échange.
Reims. — Union médicale et scientifique du Nord-Est.
Toulouse. — Revue médicale et scientifique d’hydrologie et de
climatologie pyrénéennes.
Palerme. — Il naturalista Siciliano.
Venise. — Notarisia, revue consacrée à l’étude des algues.
Lisbonne. — Journal des Sciences mathématiques, physiques
et naturelles.
Nouvelle-Zélande. — The New-Zealand journal of Sciences.
COMPOSITION DU BUREAU POUR 1890
Président M. GALLOIS, à Angers.
Vice-Président M. BLEUNARD, à Angers.
Secrétaire M. PRÉAUBERT, à Angers.
Vice-Secrétaire M. QUELIN, à Angers.
Trésorier M. BARON, à Angers.
Conservateur-archiviste M. SURRAULT, à Angers.
BULLETIN
DE LA
SOCIÉTÉ D'ÉTUDES SCIENTIFIQUES
D’ANGERS
Séance du 10 janvier 1889
Présidence de M. Gallois
La séance est ouverte par le Président, M. Gallois.
Avant qu’il soit donné lecture du procès-verbal, le
Secrétaire, M. Préaubert, prend la parole et dit qu’il
se croit suffisamment autorisé comme membre fonda-
teur de la Société à exprimer au nom de la collecti-
vité des membres toute la satisfaction et tout l’hon-
neur que la Société a ressentis dans les distinctions
honorifiques si bien méritées dont deux de nos
collègues ont été l’objet, à l’occasion du jour de l’An.
M. Gallois, notre président, a reçu les palmes d’offi-
cier d’Académie. Nous avons toujours présent à la
mémoire son dévouement qui ne s’est jamais ralenti
pendant les 17 ans de ses fonctions de Secrétaire,
1
— 2 —
et alors que la Société naissante avait des jours
pénibles à traverser.
Actuellement au fauteuil de la présidence , son
activité et sa sollicitude continuent à être acquises à
notre œuvre commune.
L’Assemblée s’associe à ces félicitations qui sont
aussi l’expression de ses sentiments pour son prési-
dent.
M. Gallois adresse ses remerciements à l’Assemblée
et lui affirme la conviction qu’avec l’aide du bureau
qui vient d’être nommé il maintiendra la Société dans
la bonne voie où elle est définitivement entrée depuis
quelques années.
M. Préaubert dit qu’il est heureux de pouvoir féli-
citer ensuite directement M. Ichon, ingénieur des
mines, présent à la séance, de sa nomination dans les
rangs de la Légion d’honneur.
Nous connaissons tous la science profonde de notre
collègue, sa complaisante amabilité, et son dévoue-
ment au-dessus de tout éloge dans les catastrophes
dont l’industrie minière n’est malheureusement point
exempte. Pareille distinction n’était mieux méritée.
L’Assemblée s’associe également aux paroles de
félicitations adressées à M. Ichon par M. Préaubert.
Le Secrétaire donne lecture du procès-verbal de la
précédente séance, qui est adopté.
Le Président fait connaître la liste des ouvrages
reçus et la correspondance. Notamment plusieurs
lettres de félicitations ont été envoyées au sujet de
notre dernier bulletin dont les travaux et les illus-
trations ont été généralement très goûtés.
— 3 —
M. Giraudias, membre correspondant, receveur de
l’enregistrement à Foix, vient d’envoyer une première
partie de son travail intitulé : « Notes critiques sur la
flore de V Ariège. » Le Président donne connaissance
de l’avant-propos où l’auteur expose les principes des
diverses écoles qui partagent les botanistes descrip-
teurs, et ses opinions personnelles. Suit une première
partie des observations consignées. La seconde partie
du manuscrit sera envoyée ultérieurement.
Le Trésorier expose ensuite la situation financière
au 31 décembre 1888, qui se résume en dernière
analyse comme suit :
En caisse au 31 décembre 1887 . . 67.13
Recettes de 1888 1 . 423 . 70
Total 1.490.85
Les dépenses en 1888 se sont élevées à. 1.371.60
Reste en caisse au 31 décembre 1888 . . . 119.25
Après constatation de l’état financier le Président
et le Secrétaire apposent leur visa, puis le Président
adresse ses félicitations à M. Baron pour le zèle et
l’exactitude de sa gestion qui ne se sont jamais ralen-
tis et qui sont une des causes de la vitalité de notre
Société.
L’ordre du jour appelle ensuite les communications
diverses.
MM. Gallois et Préaubert rendent compte d’une
excursion à Fontaine- Guérin (arrondissement de
Bauge); Déjà plusieurs objets naturels (fossiles) ont
été envoyés à notre Musée géologique par un petit
groupe d’habitants de cette localité, La Société d'É -
- 4 —
tudes scientifiques ne s’est point tenue étrangère à
cette initiative éclairée d’hommes dévoués aux intérêts
scientifiques. Et nos deux collègues précités se sont
rendus dans la localité même, à la fois pour remercier
les donateurs, parmi lesquels il est juste de citer le
maire, M. Pillet, l’instituteur M. Lebreton, M. Riche,
M. Alusse, et plusieurs autres, dont le nom ne nous
est plus présent, et de les encourager dans leurs
recherches ; d’autre part pour explorer les points qui
semblent devoir fournir les plus amples trouvailles.
En particulier la découverte d’un crâne intéressant,
dolichocéphale (indice 74,6) à occciput fort développé,
donné au musée paléontologique, a attiré spéciale-
ment notre attention ; malheureusement l’endroit
d’exhumation qui n’est autre qu’une tranchée faite
pour l’exploitation de la tuffe se trouvait à une trop
grande distance pour que l’on pût s’y rendre avant
la nuit. Une nouvelle excursion est nécessaire pour
tout examen sérieux du gisement.
Les autres branches de l’histoire naturelle peuvent
également trouver leur profit à l’exploration de la
région, qui, en outre, ne manque pas de pittoresque,
avec sa fertile plaine d’alluvions anciennes, ses buttes
isolées et boisées, derniers lambeaux du terrain cré-
tacé, érodé partout ailleurs, ses nombreuses fontaines
et sa petite rivière, le Couësnon. Outre quelques
mousses intéressantes recueillies sur les grès tertiaires
qui recouvrent les tertres crétacés , M. Préaubert
signale deux lycoperdacées curieuses dont il fait cir-
culer des exemplaires, Geaster hygrometricus et Scie -
rangium polyrhizon .
O
Il communique également deux photographies
qu’il a prises au cours de l’excursion, la première est
celle du Dolmen situé sur le sommet du grand tertre
allongé à l’ouest duquel est situé Fontaine-Guérin et
dans le voisinage duquel plusieurs haches polies ont
été recueillies ; la seconde celle des ruines du château
du Pin. Son propriétaire, M. Le Bault de la Morinière
reçoit fort aimablement les excursionnistes et leur
promet son concours pour la recherche des antiquités
préhistoriques qu’ils pourraient se proposer de faire
ultérieurement. Nous l’en remercions et, de retour à
Fontaine-Guérin, nous prenons congé de nos aimables
correspondants non sans promesse de retour dans
une saison plus favorable.
M. Quélin expose ensuite l’ensemble d’un tableau
divisé par trimestre et donnant le résumé de la
marche du thermomètre et de la nébulosité pendant
l’année 1888 comparativement à l’année 1889. La
Société pense qu’il serait bon de joindre à ce tableau
les autres données météorologiques correspondantes
et prie M. Quélin de s’entendre avec M. Surrault qui
pourra lui fournir des résultats constatés à l’École
Normale de façon à constituer un tableau d’ensemble
qui figurerait avec avantage dans notre prochain
bulletin.
M. Gallois fait connaître que la collection d’un
amateur d’antiquités, M. Le Beuf, anciennement
commissaire de police à Baugé, et actuellement à
Angers, vient d’être acquise par un de nos membres
titulaires, M. Bessonneau. Cette collection renferme,
outre une grande quantité d’objets du moyen âge, un
— 6 —
certain nombre de spécimens intéressants du pré-
historique.
L’ordre du jour appelle ensuite la présentation de
candidats.
M. Duval, Auguste, étudiant en pharmacie, à
Angers, rue du Mail, 32, est présenté comme membre
titulaire par MM. Baron et Bouvet ;
M. Dumas, inspecteur des bâtiments du chemin de
fer d’Orléans, à Nantes, comme membre correspon-
dant, par MM. Gallois et Bureau;
Enfin, M. Olivier, Ernest, naturaliste, propose
d’échanger son titre de membre correspondant par
l’envoi du bulletin « Revue scientifique du centre de la
France » qu’il publie depuis le 1er janvier 1888.
Cette proposition est acceptée.
L’ordre du jour étant épuisé, la séance est levée.
Le Secrétaire : E. Préaubert.
Séance du 7 février 1839
Présidence de M. Gallois
Le Président, M. Gallois, occupe le fauteuil.
Le procès-verbal de la précédente séance est lu et
adopté.
Le Président donne le détail des ouvrages reçus et
de la correspondance. Il y a lieu de mentionner spé-
cialement une note d’un de nos membres honoraires,
M. Preud’iiomme de Borre, intitulée : Note sur le Bembi-
dium biguttatum et les formes voisines.
— 7 —
D’autre part, M. Giraudias, membre correspondant,
vient d’envoyer la fin de son travail de botanique,
dont il a été fait mention au dernier procès-verbal et
qui est destiné à notre prochain bulletin.
Une Société de nouvelle formation et intitulée Société
des sciences naturelles et physiques de Montpellier, pro-
pose l’échange de bulletin avec la Société. L’Assem-
blée consultée accède à la proposition et décide
d’ajouter cette Société au nombre de celles avec les-
quelles nous correspondons.
L’ordre du jour appelle ensuite l’exposé des com-
munications diverses.
M. Gallois présente à l’Assemblée deux remar-
quables spécimens de voûtes crâniennes appartenant
au genre Halithérium et provenant de Maine-et-Loire.
Ces lamentins tertiaires vivaient en troupes nom-
breuses dans les mers faluniennes qui recouvraient
une partie de notre région ; les débris de leurs sque-
lettes se rencontrent parfois en masse énorme, mais
la boîte crânienne est rarement bien conservée. Il est
vraisemblable que plusieurs espèces cohabitaient, à
en juger par les objets en question ; l’un vient de
Noyant-la-Gravoyère, exploitation de Fosse, l’autre
du Champ, falunière de la Bouguerie. Ce dernier spé-
cimen présente des crêtes saillantes très singulières
qui lui impriment un caractère des plus tranchés.
M. Gallois se propose de soumettre ces intéressants
échantillons à un savant spécialiste, M. Gaudry.
L’Assemblée prend un vif intérêt à l’examen de ces
curieux restes fossiles d’espèces éteintes et remercie
M. Gallois de ses communications.
- 8 -
M. Préaubert fait ensuite passer sous les yeux des
assistants des épreuves photographiques du gisement
basaltique de Murat (Cantal), d’où il a fait détacher
des spécimens de prismes figurant actuellement au
Musée géologique. Le gisement de Murat est un des
plus remarquables par la pureté de ligne des prismes
et par leur assemblage qui fait ressembler de loin le
rocher de Bonnevie à une gigantesque gerbe de blé
solidifiée. Les photographies, destinées au Musée
géologique, seront placées dans le voisinage des
blocs extraits.
Le même membre fait ensuite circuler des rondelles
détachées d’un tronc de glycine âgée d’une quinzaine
d’années et fait remarquer les particularités intéres-
santes de la structure de cette tige. Sous une écorce
commune il se produit une fasciation circulaire de
cinq tiges secondaires faisant cercle autour de la tige
centrale; ce qui se traduit à l’extérieur par un aspect
cannelé, inégal. Mais plus tard, ces tiges secondaires
se fusionnent en un anneau entourant complètement
la tige primitive. Le phénomène se répétant périodi-
quement, on voit sur certaines coupes jusqu’à trois
de ces anneaux concentriques de bois avec liber.
La Société examine avec intérêt les diverses coupes
montrant les transformations de structure de cette
singulière tige et remercie M. Préaubert de sa com-
munication.
M. Quélin présente ensuite un intéressant résumé
des observations météorologiques faites à l’observa-
toire du Jardin des plantes d’Angers pendant le mois
de janvier. 11 propose en outre à la Société de venir
— 9
visiter l’observatoire qui actuellement est suffisam-
ment installé, au moins pour les observations les
plus importantes.
L’Assemblée, qui a toujours témoigné de son inté-
rêt pour les études météorologiques, accepte la pro-
position de M. Quélin ; et il est décidé que les membres
qui voudront bien répondre à l’invitation devront se
trouver réunis le mardi 16 courant, à quatre heures
et demie, à l’observatoire, au Jardin des plantes,
butte des Amandiers. M. Surrault est chargé du rap-
port de la visite.
L’ordre du jour appelle la question du recrutement
des membres de la Société.
Est présenté comme titulaire, M. le Dr Charrier,
chef des travaux anatomiques à l’École de Médecine,
parrains^ MM. Gallois et Bouvet.
Comme membres correspondants, sont présentés :
1° M. le Dr Laumonier, de Vernoil, mêmes parrains;
2° M. Bellanger, instituteur à Angers, école des
Cordeliers, parrains, MM. Surrault et Bouvet ;
3° M. Marcesche, professeur à l’École primaire supé-
rieure d’Angers, mêmes parrains ;
4° M. Galissier, professeur à l’École normale de
Foix, parrains, MM. Giraudias et Gallois.
La Société vote ensuite sur l’acceptation des can-
didats proposés à la dernière séance ; MM. Duval et
Dumas sont admis unanimement.
Il y a lieu de consigner avec regret deux démis-
sions : celle de M. Perrin, anciennement professeur à
l’École normale d’Angers, appelé à des fonctions ana-
logues à l’École normale d’Évreux, où il avait con-
— 10 —
serve le tilre de membre correspondant ; en second
lieu, celle de M. le Dr Laulaigne, médecin à Rochefort,
membre correspondant.
L’ordre du jour étant épuisé, la séance est levée.
Le Secrétaire , E. Préaubert.
Séance du 7 mars 1889
Présidence de M. Gallois
Le président, M. Gallois, ouvre la séance.
Le Secrétaire donne lecture du dernier procès-
verbal qui est adopté.
Le Président donne connaissance de la correspon-
dance.
Le Ministère de l’Instruction publique a envoyé une
circulaire relative à une enquête sur l’habitat en
France; plusieurs exemplaires du questionnaire à
remplir sont remis à divers membres qui veulent
bien se charger de consigner leurs observations sur
ce sujet.
Une seconde circulaire est relative à la centralisa-
tion des observations météorologiques, antérieures à
1870. Il s’agit surtout de faire connaître les sources
de renseignements que l’on pourrait consulter à un
moment donné.
Deux de nos collègues ont été déjà avisés directe-
ment de cette circulaire et y ont répondu pour leur
compte personnel. M. Surrault, chargé des observa-
tions météorologiques à l’École Normale, a envoyé
— 11
l’indication des recueils où sont consignées les obser-
vations de M. Raimbault, à Thouarcé, de 1839 à 1889;
de M. Letessier, au Plessis-Grammoire, de 1850 à
1886; de M. Ménière, à Angers, de 1840 à 1865.
De son côté M. Quélin, directeur de la station météo-
rologique d’Angers a pu indiquer des relevés d’ob-
servations du courant du xvme siècle, et notamment a
retrouvé des documents pouvant combler des lacunes
de 1700 à 1790. Il a également rencontré des maté-
riaux intéressants pour le commencement du siècle
actuel: bulletins de sociétés savantes, almanachs, etc.
La Société estime qu’il ne saurait être donné meil-
leure satisfaction au vœu du Ministre et qu’il n’y a
pas lieu de provoquer de nouvelles recherches.
Deux sociétés étrangères demandent à entrer en
correspondance avec nous et à bénéficier de l’échange
des bulletins :
1° La Société géographique de Berlin, fondée en
1829 par de Humboldt et Ritter;
2° Les Sociétés des Sciences physiques et géogra-
phiques de Locse (Hongrie).
L’assemblée accepte ces propositions.
Le Président donne ensuite la nomenclature des
ouvrages reçus; il signale en particulier les ouvrages
qui suivent :
M. Mougel, membre correspondant, fait don à la
bibliothèque d’un exemplaire du Catalogue zoologique
du département des Vosges. Cet ouvrage fait partie
d’un ensemble de publications relatives à l’étude de
ce département, par MM. Berher, Pierrat et Mougel.
Ce dernier s’est chargé de la partie zoologique.
12 —
La Société vote des remerciements à M. Mougel et
charge le Secrétaire de les lui transmettre.
M. Sahut, membre correspondant de Montpellier,
envoie un exemplaire du discours qu’il a prononcé
aux obsèques de M. Planchon, le 3 avril 1888.
L’ordre du jour appelle les communications di-
verses.
M. Quéein donne un aperçu général des moyennes
météorologiques du mois de février.
A ce sujet, M. Audra signale l’opinion générale qui
veut que depuis quatre ans la température moyenne
se soit abaissée d’une façon sensible. M. Quélin par-
tage cette façon de voir, et signale plusieurs sources
d’observations d’après lesquelles cet abaissement pro-
gressif remonterait à plus de soixante-quatre ans ; le
résultat le plus sensible serait le retard des récoltes
et des vendanges.
M. Bleunard fait passer sous les yeux de l’Assem-
blée des tableaux des roses météorologiques cons-
truites avec les nombres obtenus à l’observatoire
d’Angers pour les premiers mois de l’année. Sur les
différentes directions de chaque rose on prend des
longueurs proportionnelles à la grandeur de la quan-
tité observée pendant le temps que le vent a soufflé
dans cette direction. Cette méthode d’interprétation
des phénomènes météorologiques fait souvent appa-
raître des conclusions d’une grande valeur.
L’Assemblée remercie ces Messieurs de leurs très
intéressantes communications .
M. Gallois présente deux blocs degrés éocènes pro-
venant de Saint-Saturnin, au sud d’Angers; sur l’un
- 13
on voit une très belle empreinte de fougère (. Asplé-
nium cenomanense Crié); sur l’autre l’empreinte et le
massif central d’un fruit inconnu.
L’Assemblée remercie M. Gallois dont elle connaît
le zèle infatigable pour la recherche des raretés géo-
logiques de notre sol.
M. Préaubert présente l’atlas du Traité de botanique
paléontologique de Schimper, tout récemment acquis
pour le Musée d’IIistoire naturelle. Cet ouvrage sera
d’un grand secours pour l’étude de la paléobotanique
de notre région.
M. Surrault donne ensuite lecture de son rapport
sur la visite faite par une délégation de la Société à
l’observatoire météorologique du Jardin des Plantes.
L’Assemblée remercie notre collègue et décide que
ce rapport sera inséré dans le prochain Bulletin.
L’ordre du jour étant épuisé, la séance est levée.
Le Secrétaire , E. Préaubert.
Séance du 4 avril 1889
Présidence de M. Gallois
Le Président, M. Gallois, ouvre la séance et donne
la parole au Secrétaire.
Le procès-verbal de la précédente séance est lu et
adopté.
Le Président fait connaître la correspondance :
L’Académie royale de Turin envoie une feuille de
souscription pour l’érection d’une statue au profes-
14 -
seur de calcul infinitésimal A-ngelo Genocchi, de l’Uni-
versité de cette ville.
La Société, sans aucune intention de critique à l’en-
droit du savant Italien, pense que cette question sort
de ses attributions.
Le Président donne ensuite la liste des ouvrages
reçus.
Sur la proposition du Dr Trouessart, des avances
d’échange de bulletins ont été faites et acceptées avec
deux Sociétés d’histoire naturelle de Prague : le Lotos
et la Société impériale et royale de Botanique.
L’assemblée donne son approbation.
L’ordre du jour appelle les communications diverses.
M. Battut, empêché,- a chargé M. Bouvet d’entrete-
nir l’Assemblée de recherches auxquelles il s’est livré
sur la fromentine. Dans les procédés actuels de mou-
ture du blé à l’aide de cylindres, le grain subit plu-
sieurs opérations préalables, parmi lesquelles il en
est une où, par des dispositifs ingénieux, il est brisé
en deux suivant la fente naturelle qu’il présente sur
une de ses faces. Dans ce traitement, l’embryon ou
germe, qui ne fait guère que 1/30 du grain, est arra-
ché et peut être séparé à l’aide du sas. La farine ulté-
rieure ne s’en comporte que mieux, parce que les élé-
ments chimiques des germes tendent, paraît-il, même
après pulvérisation, à produire une poussée, sorte de
fermentation nuisible.
On a tenté d’utiliser, et avec raison, les germes
isolés sous le nom de fromentine, en vue de l’alimen-
tation. Ce produit renfermerait une très forte propor-
tion de gluten et des matières grasses, ainsi que
15 —
l’ont reconnu divers expérimentateurs, et en parti-
culier M. Battut.
L’Assemblée, regrettant de ne pouvoir entendre de
la bouche môme de notre collègue des renseigne-
ments précis à cet égard, demande à M. Bleunard,
dont la compétence en cette matière est toute indi-
quée, s’il lui conviendrait de poursuivre avec M. Battut
l’étude de cet intéressant sujet.
M. Bleunard accepte la proposition de la Société.
M. le comte Peracca^, membre correspondant de
Turin, a ensuite la parole. Notre collègue d’Italie,
dont les connaissances très étendues en zoologie, et
notamment en herpétologie, viennent se joindre à
une amabilité charmante, que nous avons pu appré-
cier pendant les quelques jours qu’il a passés au milieu
de nous, est venu pour la seconde fois à Angers dans
le but spécial d’étudier et de recueillir en nombre
plusieurs espèces de tritons de nos environs, et parti-
culièrement le Triton Blasii.
Cette espèce, qui a été décrite pour la première fois
par M. Arthur de I’Isle, en 1862, comme se trouvant
dans les environs de Nantes, a été soupçonnée d’être
un hybride entre le Triton marbré et le Triton crêté.
Mais la rareté de l’espèce, le manque de précision
de sa description et la très grande difficulté d’obtenir
expérimentalement des produits hybrides chez les
batraciens urodèles, ont laissé planer des doutes sur
sa vraie nature.
Dans un travail descriptif sur ce Triton, M. Peracca
conclut à sa nature hybride, et pour confirmer par
l’expérience son appréciation, il n’a pas hésité à venir
16 --
dans notre région recueillir un nombre considérable
des deux procréateurs, afin de pouvoir étudier sur
place, en Italie, les produits hybrides qui peuvent
apparaître parmi de nombreux individus dont les
unions croisées sont toujours rares.
L’Assemblée remercie vivement l’intrépide natura-
liste de cette exposition et du récit de ses explora-
tions et s’associe à son espoir de voir l’entreprise
arriver à bonne fin.
M. Peracca nous promet en outre, pour notre Musée
d’histoire naturelle, une collection complète des rep-
tiles et batraciens d’Europe.
C’est avec empressement que nous acceptons cette
offre, tout prêts, à charge de revanche, à procurer à
notre généreux collègue les spécimens de notre faune
herpétologique qui lui feraient défaut.
M. Bouvet entretient ensuite la Société de Y intro-
duction d'éléments étrangers dans notre flore locale.
Cette intrusion, qui a commencé par le fait même de
l’habitat de l'homme depuis les temps préhistoriques,
s’est toujours poursuivie jusqu’à nos jours à un tel
point que plus d’un tiers de la flore phanérogamique
actuelle de l’Anjou est d’introduction.
L’attention de notre collègue se porte aujourd’hui
sur la diffusion dans nos campagnes de diverses
espèces de Narcisses, et notamment du Narcissus
pseudo-narcissus. Ce végétal, spontané dans certaines
régions de notre sol, a été propagé un peu partout
par les jardins des campagnes et repasse souvent à
l’état sauvage, en gardant toutefois certaines particu-
larités culturales.
— 17 —
La Société remercie M. Bouvet de cette intéressante
communication et l’engageàpoursuivre ces recherches
de l’histoire de la botanique descriptive.
M. Quélin présente un résumé des observations
météorologiques du mois de mars, recueillies à l’ob-
servatoire du jardin des plantes.
M. Gallois donne ensuite connaissance de la conti-
nua lion de son Catalogue des Coléoptères de Maine-
et-Loire. Ce fragment renferme les groupes suivants :
Staphylinides, Pselaphides et Clavicornes.
La Société remercie M. Gallois de sa communication
et renvoie ce travail au Comité de publication pour
être inséré dans le prochain bulletin.
Il est ensuite passé à la présentation de membres
nouveaux. Ce sont :
Comme membre titulaire :
M. David, pharmacien à Angers, rue de la Gare,
parrains, MM. Bouvet et Vêlé.
Et comme membres correspondants :
M. Le Beuf, ancien commissaire de police, rue
Chèvre, s’occupant particulièrement de préhistorique,
parrains, MM. Gallois et Préaubert.
M. de Grossouvre, ingénieur en chef des mines à
Bourges, membre de la Société géologique de France,
parrain, M. Gallois.
M. Tardif, étudiant en médecine à Angers, parrain,
M. Préaubert.
L’ordre du jour étant épuisé, la séance est levée.
Le Secrétaire , E. Préaubert.
2
— 18 —
Séance du 2 mai 1889
Présidence de M. Gallois
Le fauteuil est occupé par le président, M. Gallois*
Le Secrétaire donne lecture du procès-verbal, qui
est adopté.
Le Président prend la parole et exprime la part de
deuil que la Société a prise à la perte de son véné-
rable président honoraire, M. Chevreul. Elle ne pou-
vait rester indifférente dans ce deuil du inonde scien-
tifique, et son Président a pensé qu’une couronne
devait être déposée, au nom de l’Association, sur la
tombe de l’éminent chimiste.
M. le Dr Trouessart, membre correspondant, a repré-
senté la Société aux obsèques.
M. Gallois donne ensuite lecture d’une note insérée
dans le Naturaliste et due à la plume de M. Charles
Brongniart. Cette note retrace avec un grand senti-
ment de vérité la vie à la fois simple et illustre du
grand savant, et donne une idée exacte de cette exis-
tence toute dévouée à la science et aux progrès de
l’humanité.
La Société remercie son Président de cette commu-
nication et approuve les dépenses relatives à l’achat
de la couronne.
Le Président donne ensuite connaissance de la cor-
respondance.
il signale particulièrement un prochain Congrès de
botanique devant se tenir au mois d’août à Paris, à
l’occasion de l’Exposition. Vers la même époque un
— 19 —
Congrès international de zoologie se réunira égale-
ment. Les circulaires touchant les conditions d’adhé-
sion sont mises à la disposition des membres de la
Société.
L’ordre du jour appelle ensuite les communications
diverses.
M. Quélin présente un intéressant tableau des obser-
vations météorologiques de la station d’Angers pen-
dant le premier trimestre de l’année.
Notre collègue nous montre en outre un question-
naire rempli, relatif à la commune des Ponts-de-Cé.
On se souvient que le Ministre de l’Instruction publique
fit distribuer dernièrement de ces questionnaires ayant
trait à l’habitat en France. Cette feuille sera retournée
à la section des travaux historiques. Les remarques
consignées par M. Quélin sont empreintes d’un réel
intérêt local. La Société remercie pour ces deux inté-
ressantes communications M. Quélin dont elle connaît
le zèle infatigable.
M. Bouvet annonce qu’il a reçu des nouvelles de
M. Peracca. Notre collègue d’Italie remercie la Société
du bon accueil qu’elle lui a fait. et des facilités qui ont
été mises à sa disposition pour ses recherches.
11 est très satisfait de son entreprise, n’ayant eu à
constater qu’un seul décès sur les 700 tritons qu’il a
expédiés d’Angers à Turin. 11 demande à la Société s’il
lui plairait d’accepter, pour son Bulletin, quelques
pages concernant le récit de ses pêches en Anjou.
La Société accepte d’avance et prie M. Bouvet de
transmettre à notre collègue son désir d’avoir une
note de lui sur ses travaux de prédilection.
— 20 —
L’ordre du jour amène ensuite le vote sur les pré-
sentations de la dernière séance. Sont admis comme
membre titulaire M. David ; comme membres corres-
pondants MM. Le Beuf, Tardif et de Grossouvre.
De nouveaux membres sont présentés à l’admission
de la Société. Ce sont comme membres titulaires :
M. Jeanvrot, conseiller à la Cour, rue Rabelais, par-
rains MM. Gallois et Bouvet ;
M. Lestang, directeur de l’École normale primaire,
parrains MM. Gallois et Préaubert ;
M. Riche, agent d’assurances, rue de l’Asile-Saint-
Joseph, mêmes parrains.
L’ordre du jour étant épuisé, la séance est levée.
Le Secrétaire , E Préaubert.
Séance du 6 juin 1889
Présidence de M. Gallois
Le fauteuil est occupé par le président, M. Gallois.
Le Secrétaire donne lecture du procès-verbal, qui
est adopté.
Le Président donne connaissance de la correspon-
dance.
M. QEhlert, notre savant membre correspondant de
Laval, promet pour notre Bulletin un résumé de son
important travail sur les fossiles dévoniens de Saint-
Malô, près Angers.
La Société accepte avec empressement cette offre
- 21 -
qui intéresse au plus haut point la géologie locale,
et charge M. Gallois de remercier M. Oëhlert.
M. Bureau, de Nantes, propose un travail sur les
trilobites du silurien. La Société accepte avec le même
empressement cette étude de la forme paléontolo-
gique primaire, qui est vastement représentée en
Anjou, et vote des remerciements à M. Bureau.
Il est ensuite donné connaissance de la liste des
ouvrages reçus. Notons, en passant, un très beau
volume des Archives du Musée national de Rio de
Janeiro.
L’ordre du jour appelle ensuite les communications
diverses.
M. Quélin présente un résumé des observations
météorologiques de l’observatoire du Jardin des
Plantes d’Angers, pour le mois de mai.
L’Assemblée remercie M. Quélin, et cette note sera
adjointe aux précédentes dans le résumé annuel.
La parole est ensuite donnée à M. Bouvet, qui pré-
sente à la Société son travail sur le genre Rubus
(ronces) de l’Anjou. Ce genre est un de ceux qui ont
le plus exercé la sagacité des botanistes modernes
qui se sont efforcés de trouver des caractères de
coordination dans un dédale presque inextricable de
formes, se fondant les unes dans les autres. Aussi
est-ce une sorte de véritable dévouement de la part
de ceux que cette tâche ardue ne rebute pas. 11 faut
entasser des accumulations énormes de matériaux,
et parfois, quand même, une arrière pensée de doute
vous assiège.
Après plus de trois ans d’un travail sans relâche
et aidé de collections considérables, M. Bouvet peut
actuellement résumer d’une façon qui le satisfait
suffisamment le bilan pathologique de la flore ange-
vine.
M. Prêaubert se fait l’interprète des botanistes de
notre pays, pour remercier M. Bouvet de son conscien-
cieux travail qui sera si utile pour ceux que l’étude
de notre flore intéresse même dans ses genres diffi-
ciles. La Société s’associe aux paroles d’éloges de son
Sécrétaire, et considère d’ores et déjà le travail de
M. Bouvet, comme une bonne fortune pour son pro-
chain Bulletin.
M. Prêaubert relate ensuite quelques observations
intéressantes de ses dernières excursions botaniques.
11 a notamment retrouvé une riche station de Scilix
undulata mas au petit port Giraud, à Chalonnes-sur-
Loire; ce saule, réputé autrefois introuvable, est sans
doute plus répandu qu’on ne le croit, de Nantes à
Angers; et, comme le fait observer M. Lloyd, ce serait
sa précocité et son peu de durée de flearaison qui
l’auraient fait méconnaître.
M. Prêaubert donne encore quelques détails sur les
étranges jeux de lumière que fournit le protonema
du curieux Schislotega osmundacea , mousse qui croit
en abondance dans les excavations des rochers de
Mûrs.
La Société remercie M. Prêaubert de ses communi-
cations.
M. Gallois présente un spécimen de Lagopède
d’Écosse ( Lagopus saliceti). M. Bureau, dans un voyage
à Angers, en acquit plusieurs spécimens d’un mar-
— 23 —
chand de gibier de notre ville. Il a eu la délicate
attention d’en réserver un pour notre musée ornitho-
logique. La Société adresse ses vifs remercîments à
M. Bureau.
L’ordre du jour appelle ensuite le vote sur les per-
sonnes présentées à la dernière séance.
Sont admis comme membres titulaires :
MM. Jeanvrot, Lestang et Riche.
D’autre part sont présentés comme membres titu-
tulaires :
M. Borne, professeur au Lycée, rue Saint-Léonard,
parrains MM. Gallois et Préaubert.
M. Gaudin, pharmacien, rue du Mail, mêmes par-
rains.
Comme membre correspondant :
M. Duranceau, percepteur à Saint-Ma thurin (M.-et-L),
parrain M. Gallois.
La Société a le regret d’enregistrer la démission de
M. le Dr Duhourcau, médecin consultant à Cauteretz.
L’ordre du jour étant épuisé, la séance est levée.
Le Secrétaire, E. Préaubert.
Séance du 4 juillet 1889
Présidence de M. Gallois
Le fauteuil est occupé par le Président, M. Gallois.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et
adopté.
Le Président donne lecture de la correspondance :
Une circulaire de Y Association française pour V avan-
cement des Sciences invite la Société à envoyer un de
ses membres à sa prochaine session à Paris. Une cir-
culaire analogue est également envoyée par les orga-
nisateurs du prochain Congrès d’Anthropologie et
d’ Archéologie préhistorique.
Le Président passe ensuite à l’énumération des
ouvrages reçus. 11 signale, en particulier, une série
d’opuscules envoyés par M. Héron-Royer, membre
correspondant, sur les batraciens.
La Société, qui apprécie l’intérêt de ces travaux,
prie M. Gallois d’en remercier l’auteur et de le féli-
citer en même temps de sa récente nomination d’offi-
cier d’Académie.
Il est ensuite passé aux communications diverses.
M. Préaubert présente, au nom de M. Quélin, le
tableau des observations météorologiques du mois de
juin.
M. Gallois donne lecture d’une note de M. Œiilert,
de Laval, publiée dans les annales de la Société géo-
logique de France et relative à la faune dévonienne
des environs d'Angers. Les fossiles qui en font l’objet
ont été recueillis aux Fourneaux et à la carrière de
Saint-Malô.
Malgré certaines affinités siluriennes, cette faune
appartiendrait bien au dévonien inférieur.
La Société ne saurait qu’applaudir à des études de
ce genre, tendant à jeter une lumière nouvelle sur
cette question encore obscure de nos terrains pri-
maires.
M. Gallois fait ensuite circuler des photographies
— 25 —
exécutées par notre collègue, M. Bertiiault, dont on
connaît le talent de photographe. Les sujets sont des
spécimens de la flore fossile des grès de Saint-
Saturnin.
La Société vote des remerciements à M. Berthault,
pour ses belles épreuves, dont il fait gracieusement
cadeau à la Société.
M. Le Beuf fait passer sous les yeux de l’Assemblée
un très bel album dessiné et colorié par lui, et relatif
à l’archéologie préhistorique et des premiers âges de
l’histoire de la Gaule indépendante, époques gallo-
romaine et mérovingienne. Les objets figurés ont
été recueillis par lui, principalement dans la Marne,
la Meuse et le Maine-et-Loire ; ce sont surtout des
pièces en bronze et en fer, ayant servi à l’armement,
au vêtement, à la parure, ou aux usages domestiques.
Nous signalerons particulièrement la représenta-
tion d’objets divers, trouvés sur notre territoire, à la
ferme de la Ségourie, dépendant du Fief-Sauvin, can-
ton de Beaupréau. C’est l’ancienne station de la
Segora, dont il est question dans la Guerre des Gaules
de César , au livre VL
L’Assemblée remercie vivement notre nouveau col-
lègue, M. Le Beuf, de la communication de son très
intéressant album et des explications qu’il nous a
fournies sur les dessins qu’il renferme et l’engage à
lui continuer ses communications, s’il vient à faire de
nouvelles trouvailles.
Sont ensuite élus comme membres titulaires ,
MM. Borne et Gaudin, et comme membre correspon-
dant M. Duranceau.
26 —
Puis MM. Gallois et Préaubert présentent comme
membre titulaire, M. Gennevraye, Paul, conseiller
honoraire à la Cour d’appel d’Angers, conseiller géné-
ral, rue Ménage, 6.
L’ordre du jour étant épuisé, la séance est levée.
Le Secrétaire , E. Préaubert.
Séance du 10 octobre 1889
Présidence de M. Gallois
La séance est ouverte par la lecture du procès-
verbal de la précédente Assemblée, qui est adopté.
Le Président fait ensuite connaître la correspon-
dance.
Une lettre circulaire a été adressée par M. le Prési-
dent du Conseil d’arrondissement d’Angers. A cette
lettre est joint un extrait du procès-verbal du Conseil
de la session de 1889, deuxième partie. Sur la propo-
sition de M. Deperrière, le Conseil, à l’unanimité, a
émis le vœu que M. le Ministre de l’Agriculture voulût
bien envoyer en mission en Anjou, dans le but d’étu-
dier la question du phylloxéra, un savant spécialiste,
M. Vlala, qui s’est fait un nom dans la science par ses
recherches et observations sur les vignes américaines
entreprises aux États-Unis même et consignées dans
un remarquable travail qu’il vient de publier.
Le Président du Conseil d’arrondissement désire
pouvoir appuyer ce vœu de l’avis conforme des
Sociétés savantes de l’Anjou et leur demande en
— 27 —
outre, s’il se peut, de prêter un concours pécuniaire
en participant à une souscription destinée à couvrir
les frais de la mission demandée.
L’Assemblée déclare qu’elle prend un vif intérêt à
tout ce qui touche à la défense ou à la reconstitution
des vignobles de l’Anjou et approuve pleinement la
détermination du Conseil d’arrondissement ; mais ,
en même temps,, elle regrette de ne pouvoir disposer
d’aucun fonds pour cet objet.
Elle décide en outre que communication sera faite
de la délibération à M. le Président du Conseil.
Suivent des envois du Ministre de l’Instruction
publique : une circulaire relative à l’organisation du
congrès des Sociétés savantes en 1890 ; une brochure
contenant les discours prononcés à la séance générale
du congrès de 1889 par M. le Ministre et M. Renan.
Le Président donne en second lieu la liste des
ouvrages reçus. Outre les publications périodiques et
les bulletins des sociétés correspondantes, il con-
vient de signaler les envois des membres correspon-
dants :
M. Gadeau de Kerville adresse deux fascicules rela-
tifs à la zoologie ;
M. Preud’iiomme de Borre, un travail intitulé :
« Matériaux pour la faune entomologique du
Hainault ; »
M. Decharme, une brochure traitant des « Nouveaux
galvanomètres » ;
M. le docteur Saint-Lager, un opuscule intitulé :
« Vicissitudes onomastiques de la globulaire vulgaire. *
M. Dollfus envoie, pour être distribués en séance,
28 —
dix exemplaires de la Feuille des jeunes naturalistes
contenant un article de l’auteur sur « V Histoire natu-
relle à V Exposition universelle ».
L’Assemblée adresse à ses Messieurs ses vifs
remerciements.
11 est ensuite passé à l’exposition des communi-
cations diverses.
M. Quélin présente les tableaux résumant les obser-
vations météorologiques relevées au jardindes plantes
dans les mois de juillet, août et septembre.
M. Préaubert fait passer sous les yeux de l’Assem-
blée un bloc de grès présentant des empreintes de
feuilles. 11 l’a rapporté deBornel, dans l’Oise; et bien
que n’ayant pu relever exactement son niveau géolo-
gique, il pense qu’il se rapporte aux sables moyens
ou de Beauchamps de l’éocène parisien. Ce grès et ces
empreintes offrent les plus grandes analogies avec
les objets similaires provenant des couches éocènes
de nos environs. 11 serait à désirer qu’une étude
comparative fût faite. M. Préaubert espère pouvoir se
procurer d’autres échantillons de la flore fossile pari-
sienne.
La Société engage M. Préaubert à poursuivre ces
recherches .
Il est ensuite procédé- au vote sur la personne de
M. Gènnevraye, présenté à la précédente séance, et qui
est déclaré admis membre titulaire.
L’ordre du jour étant épuisé, la séance et levée.
Le Secrétaire , J. Préaubert.
— 29 —
Séance du 7 novembre 1889
Présidence de M. Gallois
Le fauteuil est occupé par le président, M. Gallois.
Le Secrétaire donne lecture du procès-verbal de la
séance précédente, qui est adopté.
Le Président fait connaître la correspondance.
M. Héron-Royer, membre correspondant bien connu
par ses travaux sur les batraciens, nous propose un
travail sur ces animaux.
La Société accepte en principe ces intéressantes
recherches, mais décide d’informer M. Héron-Royer
que le travail ne pourra désormais figurer que dans
le Bulletin de l’année prochaine.
Vient ensuite l’énumération des ouvrages reçus des
Sociétés correspondantes et des membres correspon-
dants. M. Cadeau de Kerville envoie un volume inti-
tulé : Les animaux et les végétaux lumineux. Des
remerciements sont votés au donateur. L’ordre du
jour appelle ensuite les communications diverses.
M. Gallois, au nom de M. Bureau, de Nantes, donne
lecture d’un intéressant travail sur deux nouvelles
espèces de trilobites du silurien moyen de l’Anjou,
Dalmanites Edwarsi et D. Lapeyrei. La Société décide
que ce travail figurera dans le Bulletin en cours de
publication.
M. Quélin fait connaître le résumé météorologique
du mois d’octobre.
M. Gallois donne un aperçu des travaux présen-
tés au récent Congrès international de zoologie ; il
donne en particulier lecture d’une note de M. Albert-
Gaudry sur les dimensions gigantesques des mammi -
30 —
fèves fossiles , suivie d’une autre note sur la restau-
ration du Dinoceras des montagnes rocheuses.
La Société remercie M. Gallois de cette communi-
cation intéressante.
M. Préaubert fait passer sous les yeux des membres
présents plusieurs espèces de champignons d’arrière-
saison, notamment deux espèces de forme bizarre et
assez répandues dans les éboulis schisteux des ardoi-
sières abandonnées: Sclerangium polyrhizonei Poly-
saccum crassipes.
M. Bleunard entretient l’assemblée de remarquables
expériences d’hypnotisme opérées par M. de Casti, de
passage à Angers, sur son sujet, par l’intermédiaire
du téléphone. La conclusion à en déduire, c’est que la
personne en état d’hypnotisme entend par le télé-
phone des bruits et des ordres qui sont absolument
insaisissables pour les personnes ordinaires.
M. Gallois rappelle qu’un de nos membres titu-
laires, M. Bessonneau, grand manufacturier de notre
ville, vient d’être élevé au grade d’officier de la Légion
d’honneur.
Il donne ensuite lecture des notices nécrologiques
des membres décédés dans l’année : MM. Ciievreul,
Lucante et Ledantec. Cette notice figurera dans le
prochain Bulletin.
Il est ensuite passé à la présentation de membres
nouveaux : M. Préaubert propose comme membre
correspondant M. Delalande, professeur de physique
au lycée de Brest, rue du Château, 62.
L’ordre du jour étant épuisé, la séance est levée.
Le Secrétaire , E. Préaubert,
Séance du 12 décembre 1889
Présidence de M. Gallois
La séance est ouverte sous la présidence de
M. Gallois.
Le Secrétaire lit le procès-verbal de la dernière
séance, qui est adopté.
Le Président fait connaître la correspondance.
Il donne ensuite la liste des publications reçues des
Sociétés correspondantes.
L’ordre du jour amène les communications diverses.
M. Gallois dit que M. Héron-Royer vient d’envoyer
à la Société une notice annoncée dans une précédente
séance sur les mœurs des batraciens. Il donne lecture
de quelques passages marquants renfermant des
détails jusqu’alors mal connus de la vie de ces ani-
maux.
La Société décide l’insertion de cet intéressant
mémoire dans son prochain bulletin.
M. Gallois présente ensuite plusieurs belles plaques
cristallines, constituées par une épaisse couche filo-
nienne de pyrite de fer de couleur jaune-blanchâtre,
cristallisée et fortement irisée à la surface ; de dis-
tance en distance émergent d’une zone plus profonde
de gros cristaux de calcite cristallisée en scalénoèdres.
Ces échantillons proviennnent des ardoisières de
Saint-Léonard et ont été recueillis à grande profon-
deur.
M. Riche présente également, provenant des ardoi-
sières de Trélazé, un bloc d’hématite brune, concré-
tionnée également d’origine filonienne et dont la
32 -
contexture rappelle celle d’un tronc d’arbre à couches
concentriques ; en outre, plusieurs polypiers des
faluns de Noyant, près Baugé.
Tous ces échantillons sont destinés au Musée d’his-
toire naturelle de la Ville.
La Société remercie ces Messieurs de leur très inté-
ressante exposition.
M. Quélin fait connaître le résumé météorologique
du mois de novembre. A ce sujet, M. Bleunard entre
dans quelques détails au sujet de la perturbation
du 11 décembre caractérisée par une dépression baro-
métrique subite de 20mm et une réascension très
rapide. Dans les environs d’Angers, il y a eu de la
grêle et on a entendu le tonnerre. Cette perturbation
a eu tous les caractères d’un orage malgré la saison
avancée.
M. Ichon, ingénieur des Mines, décrit, d’après ses
propres observations pendant un récent voyage en
Allemagne, la méthode employée pour obtenir l’alu-
minium à un grand état de pureté.
Ce métal est obtenu par le traitement du fluorure
d’Aluminium par le Sodium. Quant au premier pro-
duit, il est obtenu par des manipulations diverses en
parlant du sulfate d’Alumine et du Spath-fluor.
Le prix du métal se trouve énormément abaissé
par ce procédé; il revient même moins cher qu’obtenu
par l’électricité.
L’introduction de l’Aluminium dans la pratique
métallurgique, soit libre, soit à l’état d’alliage, est
de nature à produire des résultats très importants.
Le Président remercie vivement, au nom de la
Société, M. Ichon, de sa communication pleine d’in-
— 33 —
térêt, et lui fait promettre une note à ce sujet pour le
prochain bulletin.
M. Gallois fait savoir que, la sous-commission exé-
cutive départementale de météorologie qui vient d’être
constituée se trouvant sans local spécial pour ses
réunions, il a cru pouvoir prendre sur lui de prêter
temporairement la salle des séances de la Société
d’Études scientifiques, où est née, du reste, l’idée
même de l’institution météorologique en question.
La Société ratifie unanimement la décision de son
Président.
Il est ensuite procédé au vote d’admission de
M. Delalande, membre correspondant, présenté à la
dernière séance. M. Delalande est admis.
Est présenté comme membre correspondant, M. Émé-
riau, instituteur adjoint à l’École primaire des Justices,
parrain, M. Surrault.
L’ordre du jour appelle ensuite l’élection du Bureau
pour 1890.
Sont élus à la majorité des membres présents :
Président, M Gallois ;
Vice-Président, M. Bleunard ;
Secrétaire, M. Préaubert ;
Vice-Secrétaire, M. Quélin ;
Trésorier, M. Baron ;
Archiviste, M. Surrault.
L’ancien Bureau, entièrement réélu, remercie l’As-
semblée de la marque de confiance qu’elle vient de
lui témoigner.
L’ordre du jour étant épuisé, la séance est levée.
Le Secrétaire , E. Préaubert.
3
3STOTH1
SUR
QUELQUES CRUSTACÉS
ROTATEURS ET ANNÉLIDES
DU DÉPARTEMENT DE LA MAYENNE
PAR
A. Labbé
La présente liste est le résultat de pêches faites aux
environs de Laval, dans un rayon d’environ trois
lieues, aux mois d’octobre 1888 et août-septembre 1889.
Cette liste est certainement très incomplète, surtout
en ce qui concerne les Rotateurs et les Annélides,
mais nous espérons que des travaux ultérieurs vien-
dront combler ces lacunes.
L’intérêt que présente la détermination des espèces
de crustacés d’eau douce, le peu de documents que
nous possédons en France sur leur distribution géo-
graphique, l’importance que peut avoir cette détermi-
nation et cette localisation des espèces, au point de
vue même de leur étude anatomique, la facilité enfin
avec laquelle on se procure de nombreux individus^
— 36
tout devrait contribuer à diriger de ce côté les études
des naturalistes. MM. R. Moniez, J, Richard, Dollfus
et plusieurs autres ont ouvert la voie. Acquérir le
plus possible de matériaux et de documents, déter-
miner soigneusement les espèces et leur lieu d’ha-
bitat, tels sont les moyens de parvenir à quelques
données véritablement scientifiques sur ces questions,
données pour lesquelles cette liste, quelque impar-
faite qu’elle soit, ne sera peut-être pas inutile.
Je manquerais à la reconnaissance si je ne remer-
ciais ici M. CEhlert, bibliothécaire à Laval, pour l’ama-
bilité avec laquelle il a mis à ma disposition les res-
sources de sa bibliothèque, et M. R. Mohiez, professeur
à la Faculté de Médecine de Lille, qui a bien voulu me
donner de précieux renseignements sur la Daphnia
Sarsi.
Au milieu de cette terrible synonymie qui encombre
la carcinologie, du moins pour les espèces inférieures,
nous avons pris la qualification spécifique correspon-
dant à la fois à la description la plus exacte et la plus
ancienne, à l’exemple de M. Moniez.
ABRÉVIATIONS DE NOMS D’AUTEURS
Lin., Linné.
Cuv ., Cuvier.
Lam., Lamarck.
Sav ., Savigny.
Ehbg., Ehrenberg.
O. Fr. Müll., O. Fr. Müller.
Desrn., Desmarets.
Jur.t Jurine.
Str., Strauss-Dartcheim.
Mün. Edw., Milne- Edwards.
Leyd ., Leydig.
Brd Baird.
Fisch Fischer.
Cls ., Claus.
Moq. T and ., Moquin Tandon.
Hoffm ., Hoffmann.
— 37 -
CRUSTACÉS
GOPÉPODES
Argulus foliaceus Lin. Très fréquent sur les carpes ;
quelquefois dans les mares, vivant soit à l’état libre,
soit en parasite sur les têtards de Batraciens.
Cyclops coronatus Gis.
— CANTHOCARPOÏDES FiSCÎl.
— TENUICORNIS ClS.
— BREVICORNIS ClS.
— BREVICAUDATUS Gis.
Toutes ces espèces sont partout très communes.
Cyclops serrulatus Fisch. Moins commun que les
précédents.
Cyclops elongatus? Cls. Détermination douteuse
sur un seul individu trouvé avec G. coronatus et
E. tenuicornis. Étang de Barbé.
Cyclops prasinus ? Fisch. « Antennis anticis 12-
articulatis, prasinus, corpore ovalis, rostro sat obtuso,
oculo grandi, pigmento purpureo, et processu hujus
supero cinnaberino , segmento corporis quinto ad
latera piloso, furca sat brevi, sacculis oviferis ad seg-
menta caudalia appressis (1). » Détermination dou-
teuse.
Canthocamptus staphylinus Jur. Très commun.
— minutus Cls. Avec G. tenuicornis,
peu commun.
(1) Cité par Claus. Die freilebenden Copepoden.
- 38 -
Diaptomus castor. Très commun partout. La pré-
sence de D. castor dans une mare semble sinon
exclure tout à fait, du moins chasser en grande partie
les espèces de Cyclops. Il n’en est pas de même de
Canthocamptus staphylinus qui se rencontre très sou-
vent avec D. castor.
OSTRAGODES
Notodromas monachus O* Fr. Müll. Très fréquent
surtout aux environs de Changé, Grenoux, Les Landes.
Candona candida O. Fr. Müll. Même habitat.
Cypridopsis vidua O. Fr. Müll. Asssez rare. Car-
rières route de Montjean.
Gypris fusca Strauss. Très commune.
— fuscata Jur. Assez commune.
— compressa Brd. Commune.
— aurantia Desrn. Mare de l’Épine Avesnières.
— ovijm Jur. Assez commune.
— virens Jur. Mare de Rouesæ.
— pubera Str.
— piCTA?Str.
GLADOGÈRES
Daphnia pulex De Geer. Pas très commune. Mares
entre Laval et Changé.
Daphnia magna Str. Pas commune.
— longispina Leyd. Extrêmement commune.
— — ■ var. Sarsi R. Moniez. Nous
avons trouvé cette curieuse espèce dans une mare,
sur la route d’Évron à Sainte-Suzanne. Les deux seuls
- 39 -
individus que nous ayons rencontré, et dont nous
devons la détermination à M. Moniez, sont des jeunes
et portent sur le haut de la tête une crête composée
d’un certain nombre de dents, particularité que nous
signale aussi M. Moniez chez D. Schœdlerh
Daphnia sima Jur. Pas commune. Mares entre
Saint-Pierre-lez-Laval et Entramme.
Daphnia quadrangula Leyd. Assez rare. Étang de
Barbé.
Geriodaphnia reticulata Jur. Assez commune.
— rotunda Str. Commune. Avec la
précédente. Environs de Changé.
Simocephalus vetulus Str. Commune dans tous
les fossés, étangs, etc. Variété? de grande taille :
l’étang de Barbé.
Moïna brachiata Jur. Assez rare. Mare sur la route
de Changé à Louverné.
Macrothrix rosea Jur. Commune.
Ilyocryptus (sordidus?) Liévin. Rencontré par
M. Moniez, à Lille, et M. Richard, aux environs de
Tulle (1). Je n’ai trouvé qu’un seul exemplaire de ce
rare et remarquable Cladocère, exemplaire du reste
très incomplet, qui, tout en ne me laissant aucun doute
sur le genre, ne m’a pas permis de déterminer l’es-
pèce. Cependant le dessin que je possède, quelque
rudimentaire qu’il soit, me porte à croire que cet
lliocryptus est l’L sordidus. Sars Liévin.
(1) W. Kurz. Ueber limicole Cladoceren. Z. f. W. Z. 1879. Supplém.
R. Moniez. Bulletin de la Soc. zool. de France, 1887.
— Revue biolog. du Nord de la France, 1888-89, t. 1er.
— 40 -
Eurycercus lamellatus O. Fr. Müll. Très commun
partout.
Gamptocsrcus rectirostris O. Fr. Müll. Assez
commun. Étang de Barbé.
Âcroperus leucocephalus Koch. Pas commun. Avec
le précédent.
Alona quadrangularis O. Fr. Müll.
— RETICULATA O. Fr. Müll.
Pleuroxus trigonellùs O. Fr. Müll.
Peracantha truncata Brd. Assez commune. Moins
commune que les trois espèces précédentes qu’elle
accompagne. Étang de Barbé.
Chydorus sphæricus. Extrêmement commun.
— globosus Brd. Commun.
PHYLLOPODES
Branchipus stagnalis Lam. Assez fréquent après
les pluies d’orage. Je l’ai rencontré souvent aux envi-
rons de Laval et M. Houlbert me l’a également signalé
aux environs d’Évron. Mais, malgré mes recherches, je
n’ai pu découvrir les autres Phyllopodes qui accom-
pagnent volontiers cette espèce : B. diaphanus L ,
Apus cancriformis L. et Lepidurus apus Leach.
ISOPODES
Asellus aquaticus Lin. Dans tous les fossés, mares,
ruisseaux.
Oniscus murarius Cuv. Partout sous les pierres,
les mousses.
Porcellio scaber Latr. Même habitat.
— brevis Latr. Même habitat.
1
— 41
Trichoniscus pusillus Brandt. Même habitat.
Platyarthrus hoffman seggii Brandt. Assez com-
mune dans les fourmilières de Formica flava, rufa,
nigra (bois de l’Huisserie).
Armadillo vulgaris Latr. Commun partout.
AMPHIPODES
Gammarus pulex Lin. Très commun.
— FLuviATiLis Ros. Ces deux espèces,
peu différenciées, se trouvent dans tous les ruisseaux,
sous les pierres.
DÉCAPODES
Je ne fais que mentionner Astacus fluviatilis,
commune dans tous nos ruisseaux.
Je n’ai pu retrouver la Garidina desmarestii Mill.,
cette curieuse Salicoque d’eau douce que Millet a
découverte dans la Mayenne et la Sarthe ; des pêches
plus sérieuses pourront sans doute ultérieurement
combler cette lacune.
Cette liste ne comprend guère qu’une soixantaine
d’espèces. La première liste que donne M. Gadeau
de Kerville des Crustacés de Normandie (1) com-
prend environ soixante-dix espèces ; celle que donne
M. Moniez des Crustacés des environs de Lille (2) en
comprend près d’une centaine ; et comme ces deux
(1) Bulletin de la Société des Amis des Sciences naturelles de
Rouen , année 1888, premier semestre.
(2) Bulletin de la Société zoologique de France , 1887.
— 42 —
auteurs considèrent leurs travaux comme très incom-
plets, il en résulte que la faune carcinologique de la
Mayenne, qui n’est certes pas inférieure à celles de
Normandie ou du nord de la France, sous le rapport
du nombre des espèces, devra exiger de nouvelles
recherches, qui, j’en suis convaincu, récompense-
raient amplement celui qui s’y adonnerait.
ROTATEURS
Je donne ici la liste de quelques Rotateurs trouvés
et déterminés en même temps que les Crustacés dont
les noms précèdent, et le peu de difficultés que j’ai
éprouvées à me les procurer montrent quelles recher-
ches fructueuses il y aurait encore à faire de ce côté.
FLOSCULARIDES
Melicerta ringens Lin.
PHILODINIDES
Rotifer vulgaris O tien,
Actinurus ! neptunius? Ehbg.
BRACHIONIDES
Brachionus urceolaris Ehbg.
Noteus QUADRl cornis Ehbg.
Anurea squamula C. Fr. Müll.
Euchlanis ? Ehbg.
Pterodina patina C . Fr. Müll.
— ELL1PTICA Ehbg.
— 43
Colurus unginatus Ehbg.
Monura dulcis Ehbg.
Lepadella ovalis Ehbg.
Monostyla cornuta O. Fr. Müll.
Metopidia lepadella Ehbg.
HYDATINIDES
Hydatina senta O. F. Müll.
Notommata brachionus Ehbg.
ANNÉLIDES
HIRUDINÉES
Aulastomum gulo Moq. Tand.
Nephelis vulgaris Moq. Tand. Ces deux espèces
communes dans les mares, et pas toujours distinguées
l’une de l’autre ; au milieu des herbes.
Glepsine complanata Sav.
— BIOCULATA Sav.
— MARGINATA O. Fr. Müll.
Ces trois espèces se trouvent communément dans
les ruisseaux, sous les pierres.
CHÉTOPODES OLIGOCHÈTES
Lumbricus agricola Hoffm.
— foetidus Hoffm .
— communis Hoffm.
— olidus Hoffm,
— 44
Naïs proboscidea O. Fr. Mülh
— SERPENTINA O. Fr. MÜll.
Fréquentes dans les mares, attachées aux racines
des Lemna.
Tubifex rivulorcm Lam. Extrêmement commun,
formant des plaques rouges au bord des mares.
Lumbriculus variegatus O. Fr. Müll. Plusieurs
exemplaires. Mare entre route de Grenoux et route
de Changé.
Dero digitataO. Fr. Müll. Assez commun. Dans
les herbes des mares.
Chœtogaster yermicularis O. Fr. Müll. Assez rare.
Æolosoma ! quaternarium ? Elibg.
Cette liste est certainement loin d’être complète.
ADDITIONS
Daphnia schæfferi Brd. Peu commune.
Gyclops elongatus Cls. Nous avons retrouvé deux
exemplaires de cette espèce avec C. tenuicornis. Il
est digne de remarque que ce copépode, certainement
rare aussi bien dans l’ouest que dans le nord de la
France, est au contraire extrêmement commun en
Pologne. Ce fait nous a été signalé par M. Urba-
nossicz, qui s’est servi de C. elongatus pour son
remarquable travail sur l’embryologie des Cyclopes.
PLANCHE I
EXPLICATION DES FIGURES
1. — Daplmia longis pina, var. Sarsi R. Moniez.
la — Un individu jeune d’après nature.
1b — Crête présentée par un autre individu.
2. — llyocryptus sordidus Sars.
2a — Tête vue de face.
« — Antennes postérieures. :
« — Antennes antérieures,
w ~ Œil; «' tache oculaire,
2b— Soies composées de la carapace.
2c — Antenne postérieure, très grossie.
Ces trois figures en partie empruntées à W. Kur
Ueber limicole Cladoceren, loc. cit.
. ' ' . 1 -
NOTICES
SUR LES
MŒURS DES BATRACIENS
PAR
HÉRON-ROYER
Membre correspondant
Les Batraciens dont nous allons nous occuper sont
assez différents de ceux qui ont fait l’objet des précé-
dentes notices pour former une division dans l’ordre
des Anoures.
L’axe rachidien de ces Amphibiens est composé de
vertèbres dont la concavité articulaire est tournée en
arrière : cette forme vertébrale les rapproche des
Batraciens urodèles et cette organisation rappelle
aussi, à un certain degré, celle d’animaux préhisto-
riques. Ce caractère ostéologique a donc son impor-
tance : il concorde avec d’autres caractères embryo-
logiques que nous aurons à examiner et qui four-
nissent une preuve évidente de la nécessité de séparer
les Batraciens anoures en deux groupes distincts ,
comme nous l’avons déjà signalé à l’attention des
zoologistes dans un autre mémoire (1). L’ensemble de
(I) Note sur les amours , la ponte et le développement du Disco -
glosse. Bull, de la Soc. zool. de France, X, 1885.
nos recherches a eu pour résultat de conduire à une
classification un peu différente de celle qui est adoptée
par la plupart des auteurs. Le Dr Raphaël Blanchard (1)
a résumé clairement cette classification nouvelle, en
réunissant d’une part les Grenouilles, les Rainettes,
les Pélobates et les Crapauds , dans un groupe
d’Anoures procœliens, et d’autre part les Discoglosses,
les Sonpeurs et les Alytes, dans un groupe d’Anoures
opisthocœliens. Ce dernier groupe comprend les trois
familles des Discoglossidés, des Bombinatoridés et des
Alytidés.
VIII
FAMILLE DES DISCOGLOSSIDJES
Les Anoures qui composent cette famille sont peu
nombreux : ils paraissent restreints à deux espèces,
occupant la région méditerranéenne : Europe, Afrique
et la plupart des îles.
Les Discoglosses ont des formes élégantes qui se
rapprochent beaucoup de celles des Grenouilles, aussi
les a-t-on, tout d’abord, confondus avec celles-ci. Les
auteurs modernes sont peu d’accord sur la valeur des
nombreuses variétés qui ont été décrites et ne veulent
y voir qu’une seule espèce :
LE DISCOGLOSSE PEINT.
Ce joli Batracien est d’une coloration extrêmement
variable : on trouve des individus de toutes les
(1) Remarques sur la classification des Batraciens anoures .
Bull, de la Soc. sool. de France, X, 1885,,
47
nuances,, allant du brun au marron clair, du marron
au roux, du roux au rouge brique, du jaune foncé au
jaune bistré le plus clair, et tous ou presque tous ont
une ornementation différente. Quelques-uns sont mar-
qués de dessins symétriques, composés de taches ou
de bandes ; celles-ci sont agrémentées elles-mêmes de
nuances foncées, qui leur donnent un relief agréable.
Au milieu d’elles sont encore épars des tubercules
plus ou moins gros qui, vus de profil, rendent la peau
verruqueuse comme celle des Crapauds, bien qu’elle
reste toujours douce et onctueuse au toucher.
A cette coloration agréable au regardaient s’ajouter
une forme élancée : tête fine, mais aplatie; tronc
allant en s’élargissant un peu plus que chez les Gre-
nouilles ; jambes relativement grêles chez le jeune,
plus épaisses chez l’adulte ; bras gros et fortement
musclés chez le mâle, plus minces, quoique dodus,
chez la femelle, ce qui donne à celle-ci plus d’élé-
gance. Ajoutons à cela des yeux brillants , plutôt
petits que gros et bien saillants, et nous aurons le
portrait du Discoglosse que Cetti, en 1877, fit con-
naître sous le nom de Rana acquajuola .
Comme on le voit, ce Batracien, au début de son
histoire, est confondu avec les Grenouilles, il porte
tantôt le nom de Rana aquatica , tantôt celui de Rana
temporaria , et cela malgré les différences si remar-
quables de son squelette. C’est seulement en 1837 que
l’autonomie de ce Batracien fut reconnue par Otth,
qui lui donna le nom de pictus. Tschudi, d’après l’his-
torique qu’en a donné M. Lataste dans son Étude sur
— 48 —
le Discoglosse (1), annexa au mémoire d’Otth un sup-
plément dans lequel il distingue la forme sarde sous
le nom de Discoglossus sardus , d’après les échan-
tillons recueillis en Sardaigne par Géné et étiquetés
par cet auteur Rana sarda. En 1839, Géné rapporte le
Discoglosse de Sardaigne au genre Pseudis et le dé-
signe du nom spécifique de Sardoa. En 1841, Schlegel,
pour des échantillons d’Algérie, adopte la dénomina-
tion de Rana picta ; en même temps, Y Erpétologie
générale de Duméril et Bibron (1841) affirmait qu’il
n’y a qu’un seul Discoglosse, le D. pictus , nom qui a
prévalu. Cependant Bonaparte (1841), Bosca (1877),
puis Camerano se sont servi du nom de Sardus pour
désigner tantôt la forme, tantôt la provenance de ce
Batracien.
Enfin, en 1878, Camerano rencontra le Discoglosse
au Maroc. De retour à Turin, il examina des Disco-
glosses de différentes provenances et conclut à l’exis-
tence de trois formes : D. pictus Otth, D. sardus Géné
ou Tschudi et B. scovazzi Camerano (2), cette der-
nière appartenant au Maroc. Mais ces trois formes, dif-
ficiles à distinguer, furent rejetées par M. Lataste (3),
qui ramena la question au point où l’avait laissée
Y Erpétologie générale.
Les longues recherches que nous avons faites sur
les Discoglosses nous ont amené à diviser le genre
Discoglossus en deux espèces et à séparer le type
(1) Actes de la Soc. Linnéenne de Bordeaux, XXXIII, 1879.
(2) Osservazioni inlerno agli anfibi anuri del Marocco. Atti
del. real. Acc. dell. sc. di Torino, vol. XIII.
(3) Étude sur le Discoglosse , loc. cit.
îïivoyer ad. nat. del.
lmp. Edouard Bry, Pans.
A. M illot lith.
49 —
européen du type africain, conservant la dénomina-
tion de D. pictus au premier et donnant au second le
nom démonstratif de D. auritus. C’est donc du pre-
mier seulement que nous nous occuperons ici. *
Le Discoglossus pictus est répandu sur une partie
du littoral méditerranéen : en Sardaigne, en Corse,
dans l’ile d’Elbe, aux Baléares, en Espagne et en Por-
tugal. Mais il n’est pas encore établi qu’il se trouve en
Grèce et en Turquie.
Nous n’insisterons pas sur la coloration si variable
de ce Batracien : il nous aura suffi d’indiquer que
tous les individus peuvent être différents sous ce rap-
port et constituer ainsi autant de variétés qui peuvent
se reproduire dans les divers pays qu’habite l’espèce.
Les auteurs qui se sont occupé des Discoglosses
ont méconnu deux caractères importants, qui tiennent
l’un à la forme de la tache temporale, l’autre à la lon-
gueur des membres postérieurs chez l’adulte.
Avec une tête un peu plus longue, un museau un
peu plus aigu, des narines un peu plus rapprochées,
le Discoglossus pictus montre, comme son congénère,
un œil saillant de taille moyenne , dont la pupille
arrondie et terminée en bas par une pointe, est enca-
drée d’un fin filet doré. En haut de l’œil se voit une
bande horizontale large et brillante, plus ou moins
colorée, suivant l’animal; en arrière de l’œil, à la
commissure des paupières, deux bourrelets se réu-
nissent en un angle aigu et ménagent entre eux un
espace étroit et brun foncé. C’est sous cet espace, que
l’on nomme communément la tempe , qu’est dissimulé
le tympan. Le bourrelet supérieur se continue sur le
4
— 50
flanc : c’est le bourrelet glanduleux ou latéral, il est
épais et saillant. Le bourrelet inférieur est de peu
d’importance : il est indiqué par un liséré jaune clair
très net, il descend obliquement et en ligne droite, de
l’angle postérieur de l’œil à l’épaule. Du rapproche-
ment de ces deux bourrelets résulte une sorte de cor-
net acoustique, qui doit parer en partie à l’épaisseur
de la peau qui, en cet endroit, cache absolument
l’oreille, contrairement à ce qui s’observe chez le type
africain, Discoglossus auritus.
Chez Discoglossus pictus , le corps est court et trapu ;
la tête se confond avec le tronc presque autant chez le
mâle que chez la femelle. Les membres pelviens sont
un peu plus épais et plus courts que chez D. auritus ; le
tubercule métatarsien est très développé. Sur le sque-
lette, le crâne est très épais en arrière, le fémur est
fortement cambré en S, l’humérus et le grand doigt
sont un peu plus courts que chez l’espèce africaine.
Indépendamment de ces caractères , les mœurs
et surtout le développement embryonnaire de ces
Anoures nous fournissent encore d’autres preuves à
l’appui de notre opinion sur la séparation spécifique
de ces deux formes.
Ma note sur les Amours , la ponte et le développe-
ment du Discloglosse, parue en 1885 dans le Bulletin
de la Société zoologique de France , ne se rapporte
qu’à des observations faites exclusivement sur des
sujets provenant d’Algérie. Depuis cette époque, j’ai
pu, grâce à l’obligeance de M. Victor Lopez Seoane,
étudier de même, dans son développement, le Disco-
glosse d’Espagne. Voilà trois années que j’observe
— 51 —
jour par jour les deux espèces : je puis dire qu’aucun
de leurs mouvements ou de leurs gestes, qu’aucune
de leurs impressions ne m’a échappé ; je les connais
si bien, que je pourrais presque dire que j’arrive à les
comprendre. Grâce à cette sorte d’intimité, j’ai pu
constater entre les deux espèces d’intéressantes diffé-
rences de mœurs.
Durant l’hiver et malgré que la température de
l’appartement où ils sont installés reste tiède et varie
entre 5 et 10° c., les Discoglosses d’Europe se terrent
profondément, puis. restent immobiles des semaines
entières- Cependant, les Discoglosses algériens sont
presque toujours en mouvement, tantôt à l’eau, tantôt
à terre,, se repaissant sans cesse et même sans besoin.
Dans le cours de la belle saison, quand les amours et
la ponte sont achevés, les mâles de l’espèce d’Europe
prennent un long repos et restent enfouis ou blottis
sous les pierres ou sous la mousse; en d’autres temps,
ils séjournent moins dans l’eau que l’espèce africaine :
en résumé, ils sont plus sobres et moins turbulents.
il m’a été possible, du printemps de 1886 au milieu
de l’année 1888, d’observer de nombreuses pontes.
La première eut lieu le 9 mai 1886. C’est cette pre-
mière ponte qui, de prime abord, arrêta mon atten-
tion comme on va le voir. A son arrivée de la Corogne,
un couple de ces Batraciens fut logé dans un aqua-
rium spécial. Les deux époux ne parurent point trop
dépaysés ; je les surveillais durant le jour, et le soir
j’écoutais, convaincu d’avance par les observations
faites sur mes Discoglosses algériens, en 1885, que le
premier chant serait le prélude de leurs ébats. J’avais
— 52
toujours écouté vainement, quand, le matin du 9 mai,
je vis un lot d’œufs assez considérable, mais compa-
rativement moindre que celui que donnaient les Disco-
glosses d’Alger.
Ces œufs frappèrent mon attention par leur grosse
taille et leur distribution moins correcte. Leur cou-
leur est noire ; à la loupe, leur surface semble forte-
ment irisée et reflète les objets à la façon de la
lentille d’une chambre noire. Quant au reste, ils ne
diffèrent pas des œufs du Discoglosse algérien : ils
présentent un chorion, une capsule interne et une
couche muqueuse dont l’épaisseur correspond à celle
du diamètre de l’œuf.
Le lendemain de la ponte, la réfringence s’atténue,
en même temps qu’apparaît la première ébauche em-
bryonnaire. Au troisième jour, l'embryon est oblong
et de couleur noire ; à la loupe, il semble très granu-
leux ; le chorion est étiré et ses plis sont réfringents :
on dirait à ce moment que la larve est entourée d’une
gaze argentine. Le soir du même jour, le chorion se
déchire et tombe dans la capsule interne, comme un
chiffon désormais inutile. La tête de la larve est alors
bien distincte du corps ; la vésicule cérébrale est sur-
montée d'une petite crête étroite et très noire, qui se
bifurque et va rejoindre les trous olfactifs. Au qua-
trième jour, fait suite à la crête dorsale un petit appen-
dice caudal de peu d’importance ; le soir, les saillies
oculaires, vicérales et branchiales sont nettement indi-
quées. La jeune larve sort alors des enveloppes mu-
queuses et le premier bourgeon branchial apparaît.
Quelques heures plus tard , la branchie se divise ,
s’écarte en éventail et montre cinq petits bourgeons
épais, qui vont s’allonger très promptement. Ces bran-
chies sont moins latérales que chez les Grenouilles :
elles naissent plus en avant et très proche du museau.
Au cinquième jour, la jeune larve a ses branchies
composées de deux branches visibles, dont chacune
porte cinq à six rames plus claires que le corps ; la
queue est alors moitié aussi longue que celui-ci. La
vésicule cérébrale antérieure est fort saillante; le
museau s’est un peu relevé, il fait, avec le retrait que
présente l’ouverture de la bouche en formation, un
angle interne très obtus; le bout du museau, dont
les lèvres sont serties en arrière, a l’aspect d’un bou-
toir, plus foncé que le corps. Ce boutoir n’est qu’une
réduction de la fossette sous -buccale de l’embryon,
qui laisse échapper une liqueur gluante et filante
grâce à laquelle le petit animal se fixe aux corps flot-
tants ou aux végétaux. Il est à remarquer que cet
appareil se ferme par une petite languette terminée
en pointe et dont la base est relativement large ; ici,
cette languette présente une pointe obtuse ; mais chez
D. auritus , elle est plus triangulaire, c’est-à-dire que
sa base est plus large et sa pointe terminale presque
aiguë.
Au sixième jour, le corps est encore de couleur brun
noir : on dirait des larves de Bufo ; le ventre est un
peu plus clair et les branchies sont assez transpa-
rentes pour qu’on y puisse observer la circulation des
globules du sang. Quand la petite larve reste en place,
ses branchies sont agitées de mouvements pulsatiles
très apparents. La queue a atteint la longueur du
corps.
- U -
Au huitième jour, mes élèves, toujours brun noir,
sont plus gros ; leur corps est devenu globuleux et
paraît proportionnellement plus court ; la queue a
environ une fois et demie la longueur du corps ; le
ventre est un peu plus clair, les branchies persistent ;
elles sont en mouvement constant, ainsi que la lèvre
inférieure de la bouche. Le boutoir commence à se
résorber ; l’œil apparaît sous la peau. Examinée à
30 diamètres, la peau est très granuleuse, elle est
marbrée sur le ventre et les flancs ; sur le dos, elle
présente un piqueté de brun et de blanchâtre.
Au neuvième jour, les branchies, si visibles la veille,
sont déjà cachées sous les opercules : ceux-ci se
fusionnent avec la peau de l’abdomen et contribuent
ainsi à la formation du spiraculum.
Au dixième jour, le spiraculum est définitivement
établi ; le ventre est rebondi, tandis que chez l’autre
espèce il est à peu près plan.
Au douzième jour, la couleur d’ensemble est tou-
jours brune, comme chez les Crapauds ; la queue a sa
membrane dorsale plus haute et enfumée. Le corps
est proportionnellement plus court et plus large que
chez les têtards algériens, au même stade de leur
développement.
On a déjà saisi les différences qui distinguent l’œuf,
l’embryon et le têtard, jusqu’à la deuxième période
du développement larvaire. A la forme, à la coloration,
vient encore s’ajouter un caractère distinctif qui ne
peut nous échapper : c’est la taille relativement consi-
dérable des larves de Discoglossus pictus , qui sur-
passent de deux à trois fois celles de Discoglossus
— 55 —
auritus , pour parvenir à ce même stade du dévelop-
pement.
C’est là une remarque vraiment intéressante et
qu’il était utile de contrôler sur de nouvelles pontes.
Aussi ai-je tenu à reprendre ces observations avant
de les faire connaître. Malheureusement la femelle
qui nous avait fourni les œufs dont nous venons de
suivre le développement, mourut à la suite de sa
ponte, en sorte qu’il me fallut attendre l’année sui-
vante pour renouveler mes recherches.
11 me restait une jeune femelle. Vers le milieu de
juin 1887, voyant qu’elle avait le ventre bien rebondi,
je l’installai avec un mâle dans un aquarium, où un
petit îlot était disposé sur le côté recevant le soleil,
afin de laisser à ces Batraciens toute liberté d’aller à
l’eau et d’en sortir à volonté.
Le temps était propice et j’observai ce qui suit :
Le mâle se mit à l’eau et parut s’y plaire ; la femelle,
au contraire, vint sur l’îlot et s’y enfouit. Elle ne se
montra qu’après deux jours, vint manger les vers mis
à sa disposition, et se cacha de nouveau ; elle reparut
le lendemain, stationnant d’un air paisible près du
bord de l’îlot. Le mâle, de son côté, allait à l’eau et
remontait souvent près de la femelle : ses flancs bat-
taient avec une activité fiévreuse, par suite du gon-
flement et du dégonflement alternatif de ses poumons ;
il regardait sa compagne avec intérêt^ puis il faisait
jouer ses poumons alternativement à droite et à
gauche, tout comme s’il ressentait une légère souf-
france, mais aucune plainte ne se faisait entendre.
Tantôt il se jetait à l’eau après avoir touché la femelle
— 56 —
du bout de son museau, comme pour lui dire de le
suivre : il nageait quelques instants et revenait bientôt
poser ses mains sur le bord de l’ilot, puis recommen-
çait à faire fonctionner ses poumons, comme il vient
d’être dit, en accompagnant cette mimique de quelques
contorsions fébriles; il se remettait alors à nager,
faisait quelques tours, puis remontait près de sa
compagne. L’impassibilité de celle-ci, en présence de '
ces avances galantes, faisait un curieux contraste avec
l’agitation du mâle.
Enfin, la femelle avance vers le bord : le mâle la
suit et, de temps en temps, la pousse du bout de son
museau. Bientôt les deux époux plongent dans le
liquide : le mâle saisit alors la femelle au-dessous des
aisselles et fait promptement glisser ses mains jus-
qu’aux lombes. A peine ce mouvement est-il achevé,
que les œufs sont chassés violemment, d’un seul
coup : ils tombent au fond et se rassemblent comme
en vertu d’une sorte d’attraction. Ils forment ainsi un
petit tapis de perles uniformément étendues ; ce tapis
est d’autant plus coquet que l’eau est plus limpide ;
autrement, les impuretés se fixent à la glaire de l’œuf
et la dissimulent.
Les œufs sont expulsés si promptement qu’il est
impossible de voir la ponte s’accomplir, si l’on ne se
tient pas en observation. C’est au moment où le mâle
fait glisser ses mains, du haut des flancs aux aines
de sa compagne, qu’il lance sa liqueur fécondante.
Le mâle, comme je l’ai déjà dit dans ma note sur
les amours du Discoglosse, possède des glandes géni-
tales extrêmement volumineuses, plus grosses que
chez aucun autre Anoure d’Europe. Il est donc pro-
bable que beaucoup de spermatozoïdes sont perdus
dans ce mode d’accouplement axillo-inguinal, qui dure
à peine un instant. J’ai voulu me rendre un compte
très exact de ce fait : en conséquence, au lieu de
mettre mes animaux dans un vaste aquarium, je les
ai placés, cette année, dans un cristallisoir large de
0m25, et haut de 0m10. Ce vase bien transparent fut
placé dans une cage vitrée, très propre; il était
entouré de tablettes arrivant au niveau du bord;
chaque fois que l’eau était troublée par quelque impu-
reté, j’avais soin de la changer. J’obtins ainsi une
ponte qui combla tous mes désirs, et même au-delà,
puisqu’elle me permit d’élucider un mystère.
C’était le 26 mai, au matin. Dès qu’un premier lot
d’œufs fut pondu (car ces Batraciens émettent le plus
souvent leurs œufs en plusieurs fois), j’enlevai le vase
avec son contenu, pour l’examiner à une vive lumière.
Je vis alors avec surprise, çà et là, de petits amas
blancs comme des faisceaux de filaments extrême-
ment fins, et je constatai que ces petits amas n’étaient
autre chose que des groupes de spermatozoïdes ayant
un peu l’aspect des spermatophores des Urodèles.
Est-ce là un fait anormal? J’ai vu un très grand
nombre de pontes d’Anoures, depuis dix à douze
années, et les Discoglosses , tant espagnols qu’algé-
riens, pour ne parler que d’eux, m’ont donné seize
pontes l’an dernier ; mais jamais je n’avais rien vu de
semblable.
Il est probable, d’après cette observation, que la
rapidité avec laquelle les œufs sont expulsés de l’uté-
- 58 —
rus ne permet pas au mâle de les féconder tous du
même coup, qu’alors les spermatozoïdes en suspen-
sion dans le liquide viennent y suppléer, et qu’ensuite
le surplus se groupe en forme de spermatophore. La
position que prennent les œufs permet d’ailleurs cette
supposition, puisqu’ils se présentent tous sur le même
plan, la fossette germinative en haut.
Quand la femelle a fait une première ponte, elle
regagne le bord, sort de l’eau et se repose quelques
instants : elle reste là sans mouvements, sa gorge
blanche fonctionne seule avec activité, par le va et
vient continu que lui imprime l’inspiration et la déglu-
tition de l’air ; un quart d’heure, une demi-heure
s’écoule ainsi jusqu’à la seconde évacuation. Les
mêmes manœuvres précèdent généralement les rap-
prochements sexuels qui se répètent trois à quatre
fois, suivant la quantité d’œufs mûrs. Les dernières
émissions sont plus distancées ; elles sont quelquefois
remises au lendemain.
Le soir semble plus propice à la ponte, peut-être
par suite de l’abaissement de la température, mais
cet acte s’accomplit aussi quelquefois au milieu du
jour ; j’ai pu l'observer le 22 juin 1887, de onze heures
du matin à quatre heures du soir.
Il ne faudrait pas croire que, comme les Grenouilles
ou les Crapauds, les Discoglosses ne produisent
qu’une fois l’an ; bien au contraire, une deuxième, et
parfois même une troisième ponte a lieu dans le cours
de l’année. En 1888, la dernière ponte eut lieu le
16 août, et en 1889, le 3 septembre.
Comme on l’a vu plus haut, le développement de
i’œuf est assez prompt, mais le têtard peut tarder à
atteindre l’état parfait, s’il n’est pas tenu dans un
milieu chaud, et s’il n’est pas suffisamment pourvu
de nourriture. Normalement, deux mois suffisent
amplement au développement complet de l’œuf pour
arriver à l’état d’Anoure. J’ai tenu à avoir quelques
données précises sur le temps le plus court, comme
aussi le plus long que ce Batracien peut passer à
l’état. larvaire, et j’ai pu obtenir de jeunes Anoures
en quarante-cinq jours. Peut-être qu’en liberté, sous
leur climat naturel, le passage vers l’état parfait serait
encore un peu plus rapide. Pour prolonger l’état
transitoire du têtard, je maintenais des larves du
Discoglosse africain dans un milieu couvert, mais
pourtant bien éclairé, je leur donnais d’ailleurs une
nourriture autant végétale qu’animale. Ainsi disposées
et logées dans l’appartement, près d’une fenêtre, mes
larves restèrent stationnaires et passèrent l’hiver sans
qu’une seule mourût ; elles se transformèrent toutes
de mai à fin juin, soit après l’âge d’une année. Déjà,
pour affirmer les premiers résultats obtenus en 1886,
j’avais fait présent à la ménagerie des Reptiles du
Muséum, d’une cinquantaine de ces larves, que le
public a pu voir durant l’hiver, et que les soins de
M. Desguez ont parfaitement réussi à amener à l’état
parfait.
On pourrait croire que la prolongation de l’état
larvaire influe défavorablement sur la santé de ces
petits animaux. Mais il n’en est rien ; ils sont même
plus gros et plus vigoureux après la métamorphose :
leur temps n’a d’ailleurs pas été entièrement perdu,
— 60 -
car leurs organes internes se sont développés quand
même ; aussi arrivent-ils plus promptement à l’état
adulte. C’est là un fait déjà constaté et acquis à la
science, que j’ai exposé dans un de mes précédents
mémoires (1).
En décrivant très sommairement l’évolution lar-
vaire, nous avons vu que, quand le petit animal arrive
au déclin de la période branchiale, les opercules pro-
gressent et arrivent peu à peu à recouvrir entièrement
les branchies, puis s’appliquent sur la peau du ventre
et s’unissent si intimement à celle-ci, que la fusion
devient promptement manifeste ; bientôt on n’aperçoit
plus des opercules que deux petites ouvertures qui
s’avancent l’une vers l’autre en descendant vers la
ligne médiane de l’abdomen. Là elles se réunissent
pour ne former qu’une ouverture apparente ; mais
cette ouverture impaire, de forme arquée, dissimule
>
les deux orifices operculaires qui appartiennent aux
conduits latéraux de la chambre branchiale et qui,
sous le nom de spiraculum , servent à rejeter au
dehors l’eau ayant servi à la respiration.
11 existe donc deux spiraculuins simplement cachés
par une petite voûte membraneuse. Cette organisa-
tion est particulière aux larves des trois familles de
Batraciens anoures d’Europe ayant les vertèbres opis-
thocæliennes. Ces trois familles (Discoglossidés, Bom-
binatoridés et Alytidés), se rapprochent ainsi des
Dactylèthres et des Pipas, dont le têtard possède un
(1) Cas tératologiques , etc. Bulletin de la Société zool. de
France, IX, 1884.
— 61 —
appareil latéral et symétrique, et dont l’adulte fait
aussi partie du groupe opisthocælien.
En 1878, M. Lataste avait divisé les larves des Batra-
ciens anoures d’Europe en Lévogvrinidés et Médiogy-
rinidés (1); en 1885, le Dr Raphaël Blanchard proposa
de donner le nom d’Amphigyrinidés aux Aglosses (2).
Or, il résulte de mes recherches sur le développement
du Bombinator (3) que les Médiogyrinidés ne sont
qu’une simple variété des Amphigyrinidés, les deux
conduits symétriques étant forts longs chez eux et se
prolongeant jusqu’à la ligne médiane de la face ven-
trale.
Le spiraculum joue, chez le têtard, le même rôle
que l’ouïe du poisson : c’est un organe provisoire, qui
disparait durant la quatrième période larvaire, lorsque
les poumons sont bien constitués et que le petit être
se sent assez fort pour quitter l'eau. Cependant les
têtards savent utiliser leurs sacs pulmonaires, dès
que ceux-ci sont formés, et contribuent à en accroître
le développement par l’usage qu’ils en font. Par
exemple , quand les mares se dessèchent , l’eau y
devient ordinairement sordide et les têtards n’y pour-
raient vivre, si leurs poumons ne leur permettaient de
venir s’approvisionner d’air à la surface. La preuve
en est dans l’expérience qu’on peut faire, en plaçant
de jeunes larves possédant encore leurs branchies
externes dans des eaux corrompues : elles y meurent
(1) Revue internationale des sciences, II, p. 490. Paris, 1878.
(2) Bull, de la Soc. zool. de France, X, 1885.
(3) Bull, de la Soc. zool. de France, XII, 1887, pl. XII, fig. 11
et 11 bis.
— 62 —
en peu de temps, alors que d’autres plus âgées peuvent
y vivre, en attendant que l’eau du ciel vienne leur
apporter son appoint d’oxygène.
Fernand Lataste (1) explique ainsi ce fait, qu’il
a observé chez le têtard de YAlytes obstetricans :
« Ruscani a cherché à démontrer que les larves des
Batraciens ne pouvaient pas respirer à la fois par les
branchies et par les poumons. Je puis affirmer que
cela n’est pas exact, du moins pour les têtards d’Alyte.
Mes élèves viennent souvent à la surface de l’eau, sur-
tout quand celle-ci est corrompue par les cadavres
d’animaux que je leur donne à dépouiller. C’est même
un joli spectacle que de les voir quitter brusquement
leur besogne, remonter verticalement et replonger de
même, en toute hâte, dès qu’ils ont renouvelé leur
provision d’air. On les voit dégager une bulle de gaz,
et toutes ces bulles, quand l’eau est épaisse, forment
une écume à la surface de l’aquarium. Évidemment,
il ne s’agit pas là d’une simple sécrétion gazeuse des
parois de leurs poumons, car ils pourraient s’en débar-
rasser sur place, sans remonter à la surface de l’eau,
et c’est ce qu’ils ne font jamais. »
« Et cependant leurs branchies fonctionnent très
bien, et il suffit d’observer avec attention, à l’œil nu
ou à la loupe, ceux de ces petits animaux qui sont
les plus rapprochés des parois du vase, pour se rendre
parfaitement compte du mécanisme de leur respiration
branchiale... »
11 est donc bien certain que les têtards se servent
(1) Bull, de la Soc. zool de France} II, 1877»
— 63 —
de leurs poumons longtemps avant d’avoir atteint
leur état parfait. Mais, au moment où la queue de ces
larves se résorbe, il arrive souvent qu’elles se noient :
c’est qu’alors elles n’ont pu quitter l’eau au moment
voulu, comme elles le font d’ordinaire. Cet accident
est dû au besoin qu’elles éprouvent d’ouvrir large-
ment la bouche pour distendre la peau qui retient
encore leur mâchoire : l’eau pénètre alors dans leur
bouche et les asphyxie. Plus tard, quand ils ont déjà
vécu de la vie terrestre, les jeunes Anoures peuvent,
sans trop de crainte, séjourner quelque temps sous
l’eau, sans renouveler l’air de leurs poumons, ils res-
pirent alors par la peau. Celle-ci est extrêmement
vasculaire et les échanges gazeux se font presque
aussi aisément entre ses vaisseaux et l’eau ambiante,
qu’entre celle-ci et les branchies ; cette respiration
cutanée n’est pourtant pas suffisamment active ,
puisque l’animal vient respirer l’air en nature dès que
sa provision est épuisée.
La métamorphose achevée, les jeunes Discoglosses
sortent des eaux et se répandent dans les lieux frais
et ombragés; d’autres restent au voisinage des mares
ou des ruisseaux. Leur taille est des plus médiocres
et dépasse rarement celle du Calamite à pareil âge ;
quelques-uns sont si petits, qu’ils ne semblent pas
plus gros qu’une mouche domestique. On peut s’ima-
giner, d’après cela, combien ils doivent consommer
de nourriture pour arriver, en deux ou trois années
au plus, à leur taille définitive et à l’état d’adultes.
Aussi sont-ils très voraces et ne cessent-ils de chasser,
le jour comme la nuit : ils attaquent sans distinction
— 64 —
les insectes de tout ordre et à tous les états ; les
petits Crustacés, les Vers et les Mollusques. Mais,
quoi qu’on en dise, je ne les ai jamais vu attaquer
les Arachnides.
A leur voracité vient s’adjoindre une humeur ba-
tailleuse qui ne laisse pas d’être parfois fort curieuse
à observer. Quand on leur jette quelques Vers de vase
(larves de Tipules), le premier qui les aperçoit se
lance sur son camarade le plus proche, le mord et le
pourchasse, afin de conquérir le butin et de l’englou-
tir tout à l’aise. Trois à quatre d’entre eux voient-ils
tomber la proie : au lieu de la saisir, ils se rejettent
en arrière, se pourchassent l’un l’autre, dans le but
de rester maîtres de la place ; mais, dès que le vain-
queur gobe la première larve, le vaincu s’avance sour-
noisement pour prendre part au festin. Il s’ensuit
quelques nouveaux combats, puis peu à peu la paix
s’établit, vainqueurs et vaincus dînent sans rancune,
prenant avec leurs lèvres et leurs dents larves ou
insectes, sans lancer leurs langues en avant comme
font les Grenouilles et les Crapauds.
Mais si, au lieu de larves ou de gros insectes, tels
que Blattes, Grillons et Sauterelles, on leur donne des
Mouches, on peut observer qu’ils se placent près des
parois vitrées de la cage et qu’ils lancent leur langue
sur chaque Mouche qui passe à leur portée. Malgré le
peu d’extensibilité de leur langue, les Discoglosses se
servent donc de cet organe à la façon des Grenouilles,
quand le besoin s’en fait sentir. J’ai pu faire cette
même observation chez les Sonneurs, les Alytes et le
Pélodyte, qui tous ont également la langue fort courte.
Héron Royer ad.nat.del. Imp. Edouard Bry, Paris.
§ PL. IL
12
Soc, d'études . scientif. d'Angers.
A.Millot lith.
— 65 —
Malgré leur abord sauvage, les Discoglosses sont
susceptibles de sociabilité ; en leur présentant des
larves dans la main, j’ai vu maintes fois le plus affamé
se pendre à mon doigt comme pour l’avaler; n’est-ce
pas là de la familiarité? D’ailleurs, une fois qu’ils sont
habitués aux soins qu’on leur donne, ils s’avancent
vers la vitre de leur cage dès qu’ils vous voient appro-
cher. Ils refusent pourtant de se laisser prendre à la
main et cherchent à fuir, dès qu’on veut les saisir,
tandis qu’ils ne semblent pas trop s’inquiéter des
soins quotidiens de propreté que nécessite leur entre-
tien, pourvu que l’on évite les mouvements brusques.
Sans parvenir à l’apprivoiser comme le Crapaud, on
arrive à faire prendre au Discoglosse les insectes
qu’on lui offre à la main ; on peut aussi le toucher du
bout du doigt et le caresser légèrement sur le dos,
sans qu’il se déplace. Quant à le prendre dans la
main, il ne faut guère y songer, car immédiatement
il laisse échapper des pores de sa peau un liquide
onctueux qui facilite son glissement : il devient alors
presque impossible de le retenir; il y a pourtant un
moyen de le maintenir : c’est de lui faire obstacle au
bout du museau.
LE DISCOGLOSSE A OBEILLES
Comme on le sait déjà, j’ai nommé Discoglossus
auritus le Discoglosse qui habite le nord de l’Afrique,
dénomination suffisamment démonstrative, vu la
grande étendue de la tache temporale et la présence
du tympan de l’oreille qui s’y montre assez nettement
pour empêcher la confusion avec l’espèce précédente,
5
— 66 —
On connaît aussi les différences que nous avons
signalées sur l’œuf et l’embryon ; on verra bientôt
que le squelette fournit aussi de bons caractères à
l’appui de la validité de cette espèce, confondue jus-
qu’ici avec la précédente.
C’est grâce aux nombreux échantillons vivants que
j’ai reçus d’Algérie depuis 1879, et que je dois à l’obli-
geance de plusieurs de mes collègues, notamment à
mon savant ami, le Dr Raphaël Blanchard, que j’ai pu
étudier avec soin cette forme et reconnaître la cons-
tance de ses caractères distinctifs (1).
Tous les sujets recueillis depuis dix ans dans les
trois départements de notre grande colonie africaine,
présentent sans exception une large tempe et une
oreille visible, presque circulaire, mesurant environ
les deux tiers du diamètre de l’œil, des membres pos-
térieurs plus longs et plus grêles que chez l’espèce
européenne. Les mâles surtout ont le corps allongé,
peu renflé à sa base, et rappellent les formes de la
Grenouille rousse, Rana fusca; jeunes, entre deux et
quatre ans , ils sont fluets et la gracilité de leurs
membres les rapproche de la forme élégante de Rana
agilis. Ces différences si sensibles à l’œil, suivant
l’âge, ne sont peut-être pas étrangères aux causes
qui ont amené les auteurs à distinguer plusieurs
variétés.
Un Discoglosse âgé d’une à deux années conserve
jusque-là l’élégance grassouillette des femelles ; le
(1) Héron-Royer, A propos du Discoglossus aurilus * Bülh de la
$oc, zooh de France. XIII, p. 2*20, 1888.
— 67 —
tubercule palmaire principal, qui figure si bien un
cinquième doigt chez le mâle adulte , est encore
mousse, arrondi et non dégagé. C’est seulement vers
la troisième année que la forme de l’animal s’allonge
et que le tubercule devient très saillant. Il commence
alors à se couvrir, sur la face externe, de légères rugo-
sités brunâtres, ainsi que le premier doigt ; ce n’est
qu’un peu plus tard que ces signes de l’état nubile se
montrent à la face interne du doigt suivant. Mais le
bras reste encore relativement grêle, si on le compare
à celui des autres mâles plus âgés. C’est encore le
bras dodu d’une femelle, et la certitude du sexe n’est
bien indiquée que par les premières rugosités copula-
trices dont nous venons de parler.
Le pied ressemble aussi à celui des femelles par ses
courtes palmures. C’est seulement quand le Batracien
est arrivé en pleine virilité, que les membres anté-
rieurs et postérieurs sont absolument distincts de
ceux de l’autre sexe. Alors la main est considérable-
ment plus large ; le tubercule palmaire est devenu
très proéminent, le premier doigt, qu’on nomme ordi-
nairement le pouce, s’est tellement élargi que sa lar-
geur dépasse celle du précédent, dit tubercule pal-
maire principal; les trois autres doigts ont aussi gagné
en largeur et non en longueur, en sorte qu’ils sont
ramassés et semblent s’être raccourcis..
Le bras et l’avant-bras suivent les proportions de la
main ; ils sont donc plus gros et extraordinairement
musclés chez le mâle adulte en raison de la force que
celui-ci doit déployer pour provoquer l’évacuation des
œufs mûrs.
68 —
Chez la femelle, le bras garde les proportions du
jeune âge, et la main reste proportionnée au membre.
Chez le jeune mâle de deux à trois ans, le pied est
maigre et les membranes interdigitales sont peu
épaisses ; leur étendue ne dépasse pas la troisième
phalange aux trois plus grands orteils, ni la deuxième
aux deux autres. L’année suivante, le pied s’élargit et
les orteils, plus forts et plus épais, ne paraissent pas
s’être allongés , tant la palmure a progressé. Chez
quelques sujets, elle a progressé d’une phalange seu-
lement ; chez d’autres, elle s’est avancée jusqu’à la
moitié des premières phalanges, sauf au grand orteil
dont les deux premières phalanges restent presque
toujours libres.
Un an plus tard, la palmure envahit jusqu’à l’extré-
mité de chaque orteil, sauf la première phalange du
médius. Le tubercule métatarsien , qui a la forme
allongée d’un sixième orteil, possède aussi sa pal-
mure : elle s’étend de son extrémité à celle du doigt
voisin. A l’âge adulte, la tranche de ces palmures se
couvre de rugosités brunes, semblables à celles des
doigts de la main ; puis, dans l’âge mûr, lorsque les
palmures arrivent à l’extrémité des trois orteils
internes, ou même la débordent, les rugosités copu-
latrices se montrent plus abondantes et s’étendent
sur le côté externe du pied jusqu’à la hauteur de la
cheville.
La main et le pied du Discoglosse diffèrent donc
dans leurs formes comme dans leurs proportions, au
fur et à mesure que l’animal avance en âge, à un tel
point que, si l’on n’en lient pas un compte rigoureux,
on arrive forcément à des erreurs. C’est ainsi que
l’auteur de Y Etude sur le Discoglosse, en décrivant la
forme du pied de cet Anoure, a indiqué les palmures
semblables chez les deux sexes. Cela n’a rien de sur-
prenant, car le pied d’un mâle récemment arrivé à
l’état adulte est assez différent de celui d’un autre
mâle âgé de cinq ans, pour faire croire à une variété
de l’espèce. De semblables mécomptes ne peuvent
être commis par quiconque, en élevant des Batraciens,
tiendra compte des changements qui marquent leurs
différents âges.
Examinons maintenant le squelette. La tête du
Discoglossus aurilus est un peu plus petite que celle
du Discoglossus pictus. Le museau est un peu plus
large et un peu plus arrondi chez le mâle que chez la
femelle ; il est ordinairement sub-aigu chez la femelle
et le jeune, mais s’émousse avec l’âge dans les deux
sexes, beaucoup plus tôt chez le mâle que chez la
femelle. Il est encore déprimé du sommet à la base,
mais moins que chez le Discoglossus pictus ; en partant
du vertex, la ligne du profil descend suivant une
pente douce et correcte jusqu’à l’ethmoïde ; elle pré-
sente alors une légère déclivité, puis, en passant sur
les préfrontaux, devient un peu convexe, pour s’abais-
ser ensuite. Chez Discoglossus pictus, la ligne faciale
est plus oblique et sans sinuosité aussi sensible.
Le crâne de D . auritus est donc moins épais en
arrière ; ses préfrontaux sont plus larges et font en
avant une pointe plus obtuse ; en arrière, deux
lamelles leur font suite, qui protègent l’ethmoïde,
tout en ménageant entre elles et les pointes des
— 70 —
pariétaux, une petite fontanelle. Si le crâne de D.pictus
est plus épais en arrière, par contre il l’est moins en
avant que chez notre nouvelle espèce ; les préfrontaux
sont plus plats et moins larges, et leur pointe anté-
rieure est plus étroite et plus longue : par conséquent
les trous nasaux sont plus rapprochés l’un de l’autre ;
les lamelles éthmoïdales sont ici intimement soudées
aux fronto-nasaux, et paraissent être un prolonge-
ment de ces os.
Chez D. auritus, les maxillo-jugaux sont légèrement
cintrés ; ils suivent une direction en ellipse peu sen-
sible ; chez D.pictus, ces mêmes os sont droits et ont
une direction parabolique plus nette.
Les os du bassin sont un peu plus allongés ; les
membres pelviens, surtout, marquent une différence
de taille notable entre les deux espèces. Chez deux
vieux sujets d’origine algérienne, âgés d’un peu plus
de six ans et élevés par moi, tués pour établir une
comparaison, on relève une différence de quatorze
millimètres en faveur de ces derniers, malgré l’âge
plus avancé et la forte ossature du Disêoglosse peint
mis en comparaison.
Je constate aussi sur les os de D. auritus une cou-
leur ambrée, comme huileuse, qui indique qu’ils sont
moins chargés de sels calcaires.
On constate encore cette différence que le sixième
doigt ou tubercule métatarsien est beaucoup moins
gros et moins saillant que chez D . pictus : chez les
jeunes mâles de cette dernière espèce, ce tubercule
atteint déjà la dimension que nous trouvons chez les
vieux D. auritus.
— 71 —
Les proportions du Discoglosse à oreilles se rap-
prochent assez de celles de la Grenouille verte, Ranci
esculenta : le corps a la même longueur ; il en est de
même pour les membres pelviens, si ce n’est que le
pied est plus court, mais la compensation s’établit par
la longueur du tibia-péroné. Sur le membre antérieur,
l’humérus mesure 2mm 5 de plus ; le cubito-radius 3mm 3,
mais la main est plus courte de 3mm. Je dois ajouter
que les os de ce membre sont beaucoup plus forts que
chez Rana esculenta.
Par son corps élancé et la puissance de ses membres,
le Discoglosse à oreilles peut donc faire des bonds
aussi étendus que ceux de la Grenouille verte; son
allure dégagée l’a d’ailleurs fait prendre maintes fois
pour une Grenouille. C’est ainsi que Schlegel, en 1838,
le rencontrant dans son voyage en Algérie, le désigna
sous le nom de Rana picta. Dix ans après, Eichwal
fut également trompé par l’apparence et le prit pour
une Rana temporaria.
Voici , évaluées en millimètres , les dimensions
comparatives des deux plus grands et plus vieux
squelettes de ma collection :
D. AURITUS D. PICTUS
Largeur de la tête 24 24
Longueur de la tête et du rachis... 70,5 70
Longueur de la tête seule 20 20,5
Longueur des os du bassin 35 30,5
Longueur du fémur 30,5 26,5
Longueur du tibia-péroné 35 31
Longueur du pied entier 50 48
Longueur du grand orteil 30,5 29,5
Longueur du tubercule métatarsien 02 04,5
Longueur de l’humérus 21 20,5
Longueur de l’avant-bras et de la main. 30 25,5
„ 72 —
Comme on le voit, les différences sont assez consi-
dérables, surtout en ce qui concerne la proportion
des membres.
La peau du Discoglosse à oreilles est plus fine et
moins tuberculeuse que celle de son congénère. Si on
lui frotte le dos avec le bout du doigt, on voit tout de
suite apparaître une mousse blanchâtre et savonneuse
à l’endroit touché, en même temps que tout le dessus
du corps de l’animal se couvre d’une fine transpira-
tion. C’est que le Batracien, appréhendant quelque
surprise, fait suinter des pores de sa peau un liquide
onctueux et incolore, lui permettant de glisser des
mains de quiconque voudrait le saisir.
Ce que nous venons de voir se produire lentement,
s’opère très rapidement, dès qu’on l’effraye; il se
précipite alors, la tête la première, entre les moindres
obstacles à sa portée, tirant des mains, poussant des
pieds et s’aplatissant à l’extrême ; il glisse ainsi sans
bruit, en laissant derrière les menus objets qui se
sont collés à sa peau gluante. Souvent même, on
remarque des fragments de son épiderme, car c’est
ainsi, le plus souvent, que cet Anoure opère son chan-
gement de peau, en sorte que, lorsqu’il s’est blotti
précipitamment, il sort de sa cachette avec une robe
neuve et brillante.
Cela se passe de même chez le Discoglosse peint,
seulement la peau chez ce dernier est moins impres-
sionnable et l’on peut lui frictionner le dos sans qu’il
devienne mousseux. Lorsqu’on le saisit, sa peau de-
vient onctueuse et glissante, mais elle mouille moins
— 73 —
la main; on dirait plutôt qu’une matière grasse comme
le beurre permet à ce Batracien de nous échapper.
Les mœurs du Discoglossus auritus sont à peu près
semblables à celles de son congénère. Cependant on
remarque que ses amours sont plus batailleuses et
qu’elles se prolongent, chez le mâle surtout, toute la
belle saison. Il se tient en éveil, épiant les femelles
prêtes à pondre. J’ai pu constater cette année qu’un
mâle de cette espèce, laissé seul avec quatre femelles,
à pu féconder toutes leurs pontes. C’est là un fait
digne de remarque , qui prouve la vigueur de cet
Anoure et de plus confirme la possibilité de l’accli-
mater en France. Je puis assurer, en effet, que la
reproduction de cet utile animal s’est poursuivie dans
des conditions les plus favorables, tant entre les jeunes
obtenus chaque année depuis six ans, qu’entre les
vieux sujets provenant directement d’Algérie (1).
Chaque femelle fait deux à quatre pontes dans
l’année suivant qu’elle commence plus ou moins tôt.
Chaque ponte donne environ un millier d’œufs, d’où
sortent des jeunes, en quarante à cinquante jours.
Les têtards, fort robustes, passent l’hiver, quand ils
sont nés en arrière saison. Les jeunes transformés
sont très petits, souvent plus petits que ceux de nos
Crapauds. Ces milliers d’êtres, qui engloutissent des
myriades de petites larves et d’insectes minuscules,
durant les premiers mois de son existence, peuvent
rendre de réels services. L’agriculture aurait en eux
un auxiliaire qui ne serait point à dédaigner.
(1) Nouvelles observations sur V acclimatation du Discoglossus
auritus . Bull, de la Soc. zool. de France, XV, 1890.
— 74 —
Nous venons de voir que le Discoglosse à oreilles
prolonge son état de rut pendant toute la belle saison;
on se rappelle au contraire que le Discoglosse peint
reste enfoui plus d’un mois après la première période
de rut et qu’un enfouissement de même durée peut
se renouveler après chaque accouplement. Une autre
différence, non moins importante, consiste dans le
chant : nul ou sans bruit perceptible à l’ouïe chez
D. pictus , il est presque bruyant chez D. auritus.
En janvier 1885, un de mes collègues de la Société
zoologique de France, M. Édouard Chevreux, bien
connu par ses travaux sur les Amphipodes, était en
villégiature à Cherchell, près d’Alger. Il me fît parve-
nir bon nombre de Discoglosses, les uns pris dans de
petits ruisseaux, d’autres dans des marais saumâtres,
d’autres encore trouvés, çà et là, sous des pierres. Je
fis choix des adultes et les installai dans un grand
aquarium placé sur une fenêtre et disposé de façon à
ce qu’ils aient toute liberté d’aller à terre ou de rester
à l’eau suivant leur gré.
Les beaux jours étaient arrivés. Un soir, j’entendis
un bruit singulier, une sorte de musique qui m’était
inconnue et ressemblant au va-et-vient d’une lime sur
une pièce de fer; d’autres fois, on eût dit le bruit d’un
rouet, avec de fréquentes interruptions ; mais tou-
jours ce bruit semblait venir de loin. Ayant pensé un
instant que ce bruit ne pouvait être que celui d’un
tour que possédait un de mes voisins, je ne m’arrêtai
pas à l’idée qu’il pût venir de mes Batraciens. La soirée
étant très avancée, je me mis au lit, et bientôt le ra-a,
ra-a, recommença de plus belle. Je me levai et m’aper-
çus alors que ce bruit était produit par mes Disco-
glosses d’Algérie. Figurez-vous un chant de ventri-
loque , qui ne ressemble en rien au chant de nos
Anoures, mais rappelle plutôt le bruit de la crécelle.
Ce bruit peut s’exprimer ainsi : ra-a , ra-a , ra-a , ra-a,
par la répétition assez rapide, à sept ou huit reprises,
d’une note haute suivie d’une note un peu plus basse ;
après une pause, le chant recommence plus ou moins
fort. Tel est le chant d’amour de notre nouveau Disco-
glosse (1).
Dès le lendemain, je me tins en observation et je
pus voir le mâle tapageur plonger et venir appuyer
son museau sur le bord; ses flancs battaient, par
suite du jeu de ses poumons, tandis qu’il émettait
son chant. Faible d’abord,, celui-ci s’accentue progres-
sivement à mesure que l’animal s’excite, il est surtout
plus fort dans le silence du soir.
Ce chant qu’accompagne une certaine mimique ,
semble ri’être qu’un discours galant fait pour attirer
les femelles. L’une d’elles vient à l’eau ; le mâle
s’avance et l’embrasse de ses bras musclés, mais la
femelle échappe vivement à son étreinte en jetant un
cri assez semblable à celui d’un archet de violon que
l’on passe sur la colophane. Elle remonte alors à terre
(1) En Algérie, c’est en janvier et février que ces animaux
commencent leurs ébats ; dans ces deux mois, M. Chevreux eut
l’obligeance de me faire parvenir les premiers têtards de l’année.
Depuis, les adultes, comme aussi les jeunes que j’obtins de ces
larves, s’acclimatèrent, mais en conformant l’époque de leur
ponte à la température de Paris. Chaque année je constatai ce
changement, en sorte que les pontes n’ont plus lieu qu’à partir
d’avril.
- 76 —
et laisse le galant continuer sa sérénade; elle l’écoule
presque indifférente, comme si ce chant n’était point
l’expression d’un sentiment sincère. Mais lui, con-
vaincu de l’attraction qu’il exerce sur sa compagne,
redouble d’énergie en roulant ses notes discrètes; par
instants, un frémissement agite tout son corps, sa
gorge et ses poumons se meuvent en même temps et
le ra-a, ra-a , ra-a9 se module sur des tons doux et
vigoureux dont l’expression se devine.
Jusqu’en 1885, époque à laquelle j’ai publié ma pre-
mière note sur le Discoglosse, on supposait que ce
Batracien était muet ; il est vrai qu’alors on ne connais-
sait qu’une espèce de ce genre. En parcourant Y Étude
sur le Discoglosse , par Fernand Lataste, à la 24e page,
on lit ceci : « à défaut de chant d’amour, le Disco-
glosse a un cri de détresse. » M. Bosca me signalait
ce cri, m’invitant à l’observer moi-même sur de jeunes
individus dont la lettre m’annonçait l’envoi. Et je lis à
la date du 14 mars dans mon journal : « Quand on le
tourmente, le Discoglosse, surtout le jeune, crie
comme un jeune chat. Ce cri diffère de celui des Pélo-
bates, lequel rappelle plutôt le miaulement de fureur
d’un chat adulte. » Et, à la date du 21 mai : « Tandis
que le jeune Discoglosse qu’on tourmente pousse un
cri semblable au miaulement d’un jeune chat, l’adulte
émet un son qui rappelle le petit cri délicat et dentelé
des souris en rut. » Puis au bas de la page, en note,
on lit encore : « Le 8 avril 1879., examinant, sans les
toucher, dans un crislallisoir où je les avais réunis,
six beaux Discoglosses mâles que je venais de rece-
voir de M. Maupas* sous-bibliothécaire et archiviste
do la ville d’Alger, je les entendis émettre un son très
faible (on ne l’entendrait pas à trois mètres de dis-
tance, même dans le silence de la nuit), qui rappelle,
quoique un peu fondu et moins aigu, le bruit que pro-
duisent certains Longicornes en frottant l’une contre
l’autre deux pièces de leur tégument. »
On se demande, après avoir lu ces lignes, si le petit
cri , semblable à celui des souris en rut, entendu par
M. Bosca, ne serait pas le son très faible indiqué
par M. Lataste? Malgré la différence du bruit perçu
par ces deux observateurs, je puis affirmer, pour ma
part, que je n’ai vu jusqu’ici le Discoglosse d’Espagne
pousser le moindre cri ou chant de rut, comme du
reste je l’ai dit au chapitre précédent. Quant au Disco-
glosse d’Algérie, on peut croire qu’il s’agissait du
chant au début du rut, chez des animaux fatigués ou
ne se trouvant pas dans un milieu convenable.
Pour en finir avec cette question, je dirai que la
captivité peut, dans une certaine mesure, diminuer
l’intensité du chant chez tous les Anoures et amener
la suppression complète du rut aux époques de la
reproduction. J’ai remarqué que le Bufo pantherinus
cesse de chanter l’année qui suit sa captivité ; que le
Bufo calamita ne chante pas en cage; que YAlytes
obstetricans captif ne chante que quelques semaines
seulement ; que tous les mâles des diverses espèces
de Grenouilles chantent au retour du rut, quelquefois
même après deux années de captivité. Au contraire,
la plupart des Batraciens élevés dans des cages ,
depuis le passage à l’état parfait, chantent et se repro-
duisent chaque année ; mais, chez quelques-uns, le
— 78 —
chant est beaucoup moins énergique, ce qui tient bien
certainement au manque d’exercice et à une nourri-
ture souvent trop uniforme.
Le Discoglossus auritus saisit aussi sa compagne à
bras le corps, comme il peut, et où il peut, lui sautant
sur le dos si elle est la première à l’eau, et l’embras-
sant au milieu des flancs, ou même aux aisselles.
Puis plus promptement qu’on ne pourrait le dire, ses
mains glissent jusqu’aux aines. Sous cette étreinte,
la femelle lève les genoux en faisant une légère con-
torsion et un flot d’œufs est aussitôt projeté dans le
liquide. Les œufs s’étalent en gerbe, en sortant de
l’orifice cloacal, et tombent au fond où ils y forment
un tapis de perles. Si l’eau est pure, les œufs se
collent alors sur les objets où ils reposent et se fixent
aussi, quelquefois, l’un à l’autre, mais moins solide-
ment qu’aux objets.
C’est à la femelle qu’est dévolu le choix de l’endroit
où elle veut placer son précieux dépôt, car le mâle est
trop fougueux pour songer à la protection de sa pro-
géniture.
Nous avons vu que le toucher ou la friction exercée
de haut en bas par les brosses du mâle sur le ventre
de la femelle, transmet à celle-ci une excitation favo-
rable à l’évacuation des œufs. Mais, je ne crois pas
qu’on ait expliqué l’usage de brosses de même nature
que le mâle possède aussi au menton et aux pieds.
Au menton, on en trouve aussi chez le Pelodytes punc-
îatus , et on a supposé, avec quelque raison, qu’ils
étaient des organes de fixation, parce que ce petit
Anoure tient sa femelle aux lombes et lui applique le
79 —
menton sur le dos, tant que dure l’accouplement. Ici,
on ne peut en conclure de même, puisque le Disco-
glosse ne stationne pas sur le dos de sa compagne,
qu’il ne fait qu’y glisser pour ainsi dire comme un
acrobate qui descend d’un mât de cocagne. Je pense
donc que les aspérités du menton exercent sur le dos
de la femelle un chatouillement analogue à celui que
font les doigts sur les flancs, et cette excitation con-
tribue aussi à provoquer la ponte.
Quant aux aspérités qui garnissent le côté externe
du pied, ou qui bordent la palmure des orteils, elles
me semblent avoir pour fonction d’éparpiller les œufs
à leur sortie des utérus. J’ai remarqué, en effet, que
lorsque des œufs sont superposés en bloc, une partie
de ceux du dessous ne se développent point.
Rien ne manque donc au mâle du Discoglosse pour
parer à toutes les éventualités qui peuvent se pré-
senter au moment de la copulation. Ses bras musclés
lui servent à soutenir des combats assez fréquents
contre d’autres mâles et même contre la femelle. Car
celle-ci n’est guère patiente : si le mâle veut la saisir
avant que ses œufs ne soient tombés dans les utérus,
elle se débat comme une possédée ; et quand son
agresseur ne veut pas la laisser fuir, elle se retourne
dans ses bras et alors, ventre à ventre, elle lutte
contre lui : tous deux roulent au fond, cramponnés
l’un à l’autre, mais la femelle s’arc-boute sur la poi-
trine et sur les cuisses de son obstiné conjoint et le
force ainsi à lâcher prise.
Mais le mâle ne se croit point vaincu pour cela ;
confiant dans son langage flatteur, il nage vers le
— 80 —
bord, où s’est réfugiée la femelle, puis reprend son
ra-a, ra-a, ra-a , tout comme si rien de fâcheux ne lui
était survenu. D’autres fois, lorsque notre galant
chanteur, après une lutte corps à corps, voit fuir celle
dont il désire les faveurs, il est pris de crises ner-
veuses des plus curieuses à observer ; ces crises lui
impriment des mouvements automatiques involon-
taires d’arrière en avant, comme une danse sur place
accompagnée de ruades fébriles.
Ce spasme érotique atteint plus spécialement les
régions lombaires et pelviennes ; il ne dure que
quelques minutes au plus et peut se reproduire un
peu plus tard, en semblable circonstance, mais jamais
après un combat entre mâles.
Les combats sont d’autant plus fréquents et violents
qu’il se trouve davantage de couples en présence ; ils
ne se produisent point, si on a soin de ne laisser
qu’un seul couple par aquarium.
La quantité d’œufs pondus m’a toujours paru plus
considérable chez D. auritus que chez D. pictus. Frais
pondu, l'œuf de D. auritus est plus petit que celui de
son congénère ; il se gonfle promptement, en même
temps qu’il perd sa couleur brune en suivant une
succession de teintes plus claires qui se fondent, à la
ceinture équatoriale, avec le blanc de l’hémisphère
inférieur. C’est ce qui différencie, au premier examen,
l’œuf du Discoglosse à oreilles de celui du Discoglosse
peint.
Sauf la coloration plus claire et la petite taille de la
larve durant la période branchiale, comme aussi la
forme du boutoir, particularités que j’ai déjà signa-
81 -
lées dans le chapitre précédent , le développement
embryonnaire se passe de même chez les deux espèces.
Mais la petite éminence sphéroïdale qui se présente
sur l’œuf avant le développement et que j’ai figurée
dans ma note de 1885, ne se retrouve qu’accidentelle-
ment ; en effet, depuis cette époque, j’ai observé fré-
quemment des œufs qui n’en avaient point trace et
d’autres qui en présentaient plusieurs. Les nouvelles
recherches que j’ai faites sur ce sujet m’ont amené à
conclure qu’une femelle, en présence d’un seul mâle,
donne des œufs sans éminence, c’est-à-dire normaux,
sauf quelques rares exceptions. Laissée avec plusieurs
mâles en rut, elle donne des œufs très mélangés,
partie normaux, partie avec une ou plusieurs émi-
nences sphéroïdales. J’ai même trouvé des œufs qui
portaient de ces petites éminences aussi bien sur le
cercle équatorial que sur le pôle supérieur, et ces
petites perles microscopiques sur un même œuf étaient
de dimensions très différentes. J’en ai conclu à des
hernies produites par la présence, dans un œuf, de
plusieurs spermatozoïdes, et ces œufs me donnèrent
des embryons d"un volume inférieur à ceux prove-
nant d’œufs normaux. Or, en 1885, sans songer que de
tels accidents pouvaient se produire, j’avais réuni
plusieurs couples dans un même aquarium.
Nous savons que les jeunes embryons ne prennent
de nourriture qu’après avoir passé la période bran-
chiale. Jusque-là, ils ne possèdent ni bouche, ni tube
digestif; ils tirent leur alimentation du vitellus qui
remplit leur gros abdomen et se gonfle à mesure du
développement de la jeune larve. Mais lorsque le petit
6
têtard est pourvu d’une bouche suffisamment amé-
nagée pour broyer les aliments pris au dehors, l’ap-
pareil digestif est en état de pouvoir fonctionner ; sa
structure est fort simple : c’est un long tube enroulé
sur lui-même, mesurant, suivant F âge de la larve,
jusqu’à cinq fois la longueur totale du petit animal.
Cet intestin est d’un diamètre presque uniforme dans
toute son étendue; mais, lorsque le têtard achève
ses métamorphoses, il se produit une transformation
interne aussi surprenante que le changement qui s’est
opéré à l’extérieur de l’animal, et le long tube enroulé
fait place à une organisation beaucoup plus compli-
quée, qu’il serait trop long de décrire ici. Disons seu-
lement que les circonvolutions de l’intestin sont plus
nombreuses que chez la plupart des autres Anoures :
tandis que le tube digestif entier d’une Grenouille
agile est long de 12 centimètres, celui d’un Discoglosse
de même taille en mesure 32.
Puisque nous sommes amenés à parler de l’appareil
digestif des Batraciens, j’en profiterai pour vous entre-
tenir d’une observation que j’ai pu faire récemment : il
s’agit d’une production muqueuse des parois internes
du rectum, qui sert d’enveloppe aux excréments.
Pour en mieux saisir l’importance, suivons le par-
cours de l’aliment ingéré : une fois dans la bouche,
la proie vivante est engluée de salive qui facilite le
glissement dans l’œsophage. Arrivée dans l’estomac,
elle s’y débat, mais ses mouvements désordonnés ne
font qu’accélérer sa mort, en excitant la sécrétion
gastrique. Elle est digérée et triturée de si belle
façon, que les principales parties du squelette sont
— 83 —
disjointes et concassées. Après que l’absorption des
substances utiles à l’alimentation est achevée, le
résidu se dirige vers l’intestin, s’y rassemble en gru-
meaux oblongs, espacés les uns des autres, qui che-
minent progressivement vers le rectum. Celui-ci est
une chambre relativement vaste, tapissée de replis
qui sécrètent une mucosité abondante et assez épaisse
pour engluer les matières fécales et leur interdire
tout contact avec la muqueuse rectale.
Le rectum est relativement court chez les Disco-
glosses ; un rétrécissement de peu d’importance le
sépare du vestibule cloacal qui lui fait suite ; il est
oblique ou même souvent horizontal. Il est donc plus
ou moins à angle droit sur le vestibule qui reste tou-
jours vertical, et est à demi tordu sur lui-même ; il
en résulte donc que, normalement, il n’y a aucune
communication entre eux. Or, le sphincter de l’intes-
tin grêle ne laisse passer les particules excrémenti-
tielles que lorsque la continuité est interceptée parle
pli que nous venons d’indiquer. Puis, lorsque le rec-
tum est suffisamment plein, les mucosités sécrétées
se détachent des parois de l’organe et adhèrent à la
crotte, sous forme de feuillets blanchâtres et demi-
transparents ; un mouvement de rotation ferme cette
curieuse enveloppe, comme on ferait d’un cornet de
papier terminé par un tortillon.
On le conçoit, dès que ce sac est rempli, son poids
l’entraîne en bas et détermine un mouvement de bas-
cule qui redresse le rectum, la poche muqueuse s’étire
et descend en spirale. Par suite de ce mouvement,
elle se déchire en haut, près du sphincter de l’intestin
84 —
grêle, et la fèce ainsi détachée glisse vers l’anus.
Aussitôt après l’évacuation, les parois du vestibule
cloacal se rapprochent, et la face qui est en rapport
avec la vessie se creuse en gouttière, tandis que le
rectum reprend sa position première (1).
Les mucosités qui constituent l’enveloppe des fèces
sont souples et solides, au point qu’on peut en retirer
le contenu sans les détériorer ; elles forment donc un
excellent isolateur, ayant pour but d’empêcher la
rencontre des excréments avec les produits de la
génération, puisque, comme on le sait, les orifices
des organes génitaux, aussi bien chez le mâle que
chez la femelle, débouchent dans le vestibule cloacal.
En songeant à l’organisation sexuelle des Batra-
ciens, je m’étais souvent demandé pour quelle raison
les orifices des uretères, des canaux déférents chez le
mâle, des oviductes chez la femelle, n’étaient pas
quelquefois obstrués, ou tout au moins salis par le
passage des matières fécales, et pourquoi on ne trou-
vait jamais aucune trace de celles-ci dans la vessie.
Ce n’est qu’après avoir recueilli un certain nombre de
crottes de mes divers pensionnaires que je fus pleine-
ment convaincu de la présence toujours constante de
cette enveloppe chez les Anoures et chez les Urodèles.
C’est alors que j’en vins à étudier la formation de
cette curieuse enveloppe sur l’animal vivant, en ayant
soin de n’opérer que 12 à 15 heures après leur avoir
fourni un bon repas. En ne sacrifiant les animaux
(1) Héron-Royer, sur la présence d'une enveloppe adventice
autour des fèces chez les Batraciens . Bull, de la Soc, zoo!, de
France. Février 1888,
- 85 -
qu’à coup sûr, j’ai pu suivre ainsi les diverses phases
de la digestion et constater à plusieurs reprises qu’on
ne trouve jamais qu’une seule fèce dans le rectum,
soit en formation, soit achevée.
De semblables recherches, faites sur des Sauriens,
m’ont amené aux mêmes conclusions. Chez ces ani-
maux, l’urine forme une pâte blanchâtre et compacte,
que l’on nomme fèce urinaire, indépendante de la
fèce alimentaire, mais poussée au dehors par celle-ci.
Malgré cela , il n’y a point mélange ; d’origine diffé-
rente, les deux fèces sont confectionnées séparément.
La fèce alimentaire est enveloppée d’une masse
muqueuse plus transparente que celle de certains
Batraciens, tels que les Crapauds et les Discoglosses ;
sa forme est le plus ordinairement allongée en boudin.
La fèce urinaire n’a point de forme arrêtée et varie
considérablement de taille : tantôt c’est une petite
pelote de peu d’importance ; tantôt elle est beaucoup
plus grosse et prend une forme turbinée ; sa consis-
tance est pâteuse au sortir du cloaque, mais après
quelques heures d’exposition à l’air, elle devient cas-
sante et se brise en petits grumeaux ; son enveloppe
est très mince, elle est comme revêtue d’un simple
verni; mais, lorsqu’on la brise, on remarque à son
intérieur des petits amas de mucus semblable.
A leur rencontre, lors de leur expulsion, les deux
fèces se collent l’une à l'autre,, mais il est toujours
facile de les séparer, même lorsqu’elles sont dessé-
chées, si on les laisse séjourner plusieurs heures dans
l'eau.
Les Ophidiens, les Crocodiliens et les Chéloniens
— 86 -
ont aussi un cloaque ; ils doivent, conséquemment,
présenter les mêmes particularités dans la confection
de leurs fèces.
Chez les oiseaux, le cloaque donne encore pas-
sage tout à la fois aux excréments et aux produits
de la génération. Or, M. Gr. Stamati^ mon col-
lègue à la Société zoologique de France, a constaté
chez les Poules, les Serins, les Chardonnerets, les
Pigeons, etc. (1), la présence d’une enveloppe adven-
tice autour des fèces, également destinée à protéger
les organes génitaux et leurs produits. « Au micros-
cope, dit M. Stamati, cette enveloppe se montre comme
une sorte de membrane anhiste dépourvue d’éléments
cellulaires ; elle est imprégnée parles divers produits
qui se trouvent dans les matières fécales et que les
réactifs sont impuissants à dissocier. Traitée par
l’alcool ou l’acide acétique, elle devient opaque et
d’une couleur blanche ; elle a tous les caractères d’une
matière muqueuse. »
Cette enveloppe muqueuse joue donc un rôle d’une
réelle importance. Je suis heureux d’avoir pu la
découvrir chez les Batraciens, chez lesquels son étude
se fait peut-être avec le plus de facilité.
(1) Stamati, sur la présence d'une enveloppe adventice autour
des excréments des Oiseaux. Bull, de la Soc. zool. de France
juillet 1888.
— 87 —
EXPL! CATION DES PLANCHES I ET I!
Toutes ces figures ont été dessinées d'après les sujets vivants
Fig. 1. — Discoglossus auritus , jeune J1 âgé d’une année.
Fig. 2. — D. auritus , çj adulte, âgé le six ans. En haut
du dos, on remarque, comme sur la figure suivante,
un bourrelet qui se forme lorsque l’animal s’enfouit
à reculons. Ce bourrelet a été indiqué ici, pour
montrer la différence qu’on peut observer dans la
disposition qu’il affecte par rapport à l’oreille.
Fig. 3. — D. pictus adulte, de même âge que le précé-
dent. Le bourrelet dorsal est plus fort et plus proche
de la tête ; son épaisseur est due à ce que la peau
est plus épaisse et plus lâche chez cette espèce ; pas
de tympan visible.
Fig. 4. — Pied du de D. auritus , représenté fig. 2, mon-
trant la disposition des palmures.
Fig. 5. — Pied du même vu en dessous, pour montrer les
aspérités brunes développées sur le côté externe et
bordant ses palmures .
Fig. 6. — Pied du de D. pictus , représenté fig. 3, pour
montrer le tubercule métatarsien, beaucoup plus
fort ici.
Fig. 7. — Main du <$ de D. auritus , représenté fig. 2, vue
par sa face interne.
Fig. 8. — Main du de D. pictus , représenté fig. 3. On
voit qu’elle est plus large et plus courte.
- 88
Fig. 9. — Main d’un jeune D. auritus $ entrant dans sa
troisième année. Le tubercule palmaire principal et
les deux doigts suivants montrent leurs rugosités
brunes, dites copulatrices.
Fig. 10. — Main d’un jeune D. pictus de même âge.
Fig. 11. — Main d’une Ç de D. pictus , âgée de cinq ans,
vue par sa face interne.
Fig. 12. — Main de la Ç de D. auritus , représentée fig. 15.
Fig. 13. — Pied de la même $ vu en dessus.
Fig. 14. — Ç de D. pictus , âgée de quatre ans.
Fig. 15. — Ç de D. auritus , âgée de six ans (variété unico-
lore). Ce sujet roux clair, privé de dessins bariolés,
•permet de bien saisir la physionomie de cette nou-
velle espèce..
Fig. 16. — Ouverture pupillaire chez les Discoglosses.
Fig. 17. — Ouverture pupillaire chez les Sonneurs.
Fig. 18. — Ouverture pupillaire chez les Alytes.
Ces trois dernières figures^ faites au trait et très grossies,
ont été exécutées le même jour et dans la même heure,
pour éviter les différences de lumière, afin de permettre une
comparaison aussi exacte que possible.
NOTES CRITIQUES
SUR LA
FLORE ARI ÉGEOISE
PAR
M. Giraudias
Membre correspon lant
Il y a quelques années (j’en parle par ouï-dire,
n’étant pas né, je crois, encore à la botanique, à cette
époque), un congrès de botanistes se réunissait à
Genève. Ils accouraient de divers points de l’Europe,
animés du plus grand esprit de réforme et décidés à
réprimer énergiquement les abus. Les progrès de la
synonymie étaient surtout leur cauchemar. Comme
la mer, dans les drames de d’Ennery, le flot des noms
nouveaux montait, montait toujours. Il était temps
d’opposer à l’envahisseur une digue infranchissable,
ou l’on verrait les notes bibliographiques occuper
dans les flores tout l’espace destiné aux descriptions.
A cette époque, paraît-il, — je le dis entre nous, —
certains botanistes ne se faisaient aucun scrupule de
démarquer les espèces déjà dénommées et de les bap-
tiser à nouveau sous ce spécieux prétexte que le pre-
mier vocable était inepte, ou, même, sans aucun pré-
— 90 —
texte, pour le plaisir de voir leur nom imprimé à la
suite de deux mois latins. Quelques-uns s’emparaient
du travail d’autrui en découvrant, des siècles après
Galilée, que la terre tourne autour du soleil. Tant et
si bien que certaines plantes avaient jusqu’à vingt
noms différents, tandis que d’autres partageaient la
propriété d’une seule dénomination avec quantité de
rivales. Il était urgent qu’un tel état de choses cessât.
On se mit donc à discuter et l’on adopta diverses
lois destinées à remettre l’ordre dans la science des
plantes et à ramener à la raison des parrains trop
zélés. Un code, un vrai code, avec articles et para-
graphes, sortit de ces délibérations. On consacra cer-
taines règles que l’usage général avait dès longtemps
établies, on définit la priorité, on y adopta même, je
crois, le mode de désignation des hybrides par les
noms de leurs parents, mis de façon à faire connaître
le rôle de chacun dans la fécondation, comme si le
botaniste qui les rencontre avait assisté à leurs
amours.
Enfin, bon ou mauvais, .fie code de la nomenclature
botanique est voté, il existe, et vous pensez comme
moi, que rentré chez soi, chaque botaniste ne devra
rien avoir de plus pressé que de propager la loi nou-
velle. Chaque Société l’enregistrera à la suite de ses
statuts; elle servira de préface à toutes les flores; en
un mot, elle sera vulgarisée de telle sorte qu’il ne
puisse être permis à personne de l’ignorer et d’avouer
son ignorance. Il n’en est rien pourtant. Je n’irai pas
jusqu’à prétendre que le code en question n’existe
nulle part; je connais même au moins une bibliothèque
91 -
botanique où il se trouve, — ce n’est pas la mienne;
on en parle souvent à la Société botanique de France,
ce qui donne à penser qu’il est connu de quelques-
uns. Je soupçonne même que la loi de Genève a été à
peu près confisquée par quelques privilégiés, qui se
reconnaissent entre eux à ce qu’ils en peuvent dis-
serter savamment, et qui ne manquent pas d’accabler
de leur science, à l’occasion, leurs confrères moins
bien informés. C’est ainsi que l’auteur de ces lignes a
été jadis rabroué de la belle façon pour avoir irrespec-
tueusement abrégé le nom de certains botanistes aux-
quels leur notoriété ne donne pas encore droit au
monogramme.
Eh bien! il est fâcheux que les règles adoptées au
congrès ne soient pas plus répandues et qu’un recueil
général, accessible à tous parla modicité de son prix,
ne soit pas mis à la disposition des botanistes pour
publier leurs descriptions, vulgariser leurs décou-
vertes et servir en quelque sorte de journal officiel aux
observations récentes. On verra plus loin à quels excès
peut conduire l’ignorance ou la volontaire inobserva-
tion du Code de la nomenclature. Et ici, il faut bien le
reconnaître, réducteurs et analystes peuvent se donner
la main et réciter ensemble leur meâ culpâ. Quelles
que soient les tendances des auteurs, tout se termine
toujours par des noms inédits et par un nouvel effort
de la mémoire. Quand on se contente d’herboriser et
de nommer tant bien que mal ses récoltes, cela n’a
pas grand inconvénient. Mais lorsqu’il s’agit d’étudier
la flore d’une région inexplorée, sans flores locales
pour points de repère, avec des descriptions d’autant
92 —
plus vagues qu’elles sont plus longues, on se heurte
à des difficultés sans cesse renaissantes. Pour donner
toujours le nom vrai, indiscutable, pour affirmer avec
certitude un fait de nomenclature, il faudrait être
pourvu d’un immense herbier, d’une bibliothèque
inépuisable, dotée d 'icônes, ou se trouver à la portée
d’un grand centre où ces richesses se pussent facile-
ment consulter. Je ne parle pas du temps qu’on devrait
consacrer à ces études, quoique ce soit là un facteur
à considérer. Le recours aux spécialistes n’a pas tou-
jours le succès qu’on en attend; quelques-uns ne
répondent même pas aux lettres les plus polies. On
comprend du reste que la flore d’un petit pays, comme
l’Ariège par exemple, les intéresse médiocrement.
Ce ne sont pas, malheureusement, les seuls obs-
tacles qui se soient dressés devant nous. L’appel fait
à la bonne volonté des botanistes locaux, en vue d’une
collaboration effective, n’a pas eu grand succès. En
dehors de MM. Mailho et Marcailhou d’Aymeric, nous
n’avons obtenu que des adhésions platoniques. L’ar-
rondissement de Saint-Girons nous demeure inconnu,
et celui de Pamiers, plus facilement explorable d’ail-
leurs, ne nous a fourni d’autres documents que les
plantes données au musée de Foix par le regretté
M. Iluet.
L’année 1885 n’aura cependant pas été sans résul-
tats, les notes qui suivent donneront un aperçu des
progrès accomplis avec nos faibles ressources.
L’inépuisable Pech de Foix a enrichi notre collection
locale de Y Anemone pulsatilla, du Daphné cneorum , de
Y Asperula pyrenaïca , du Picridium bulgare ; une lier-
93 —
borisalion dans la vallée de Lujat, canton de Taras-
con, y a ajouté le Diplotaxis Blancoana , Y Androsace
villosa; l’exploration de la partie basse de la mon-
tagne de Soudours, près Tarascon, nous a permis
d’observer les Plicignalon sordidum , Ilelianthemum
sulphureum , Euphorbia segetalis, Cirsium Mailhoi ,
Lavandula aurigerana.
M. Galissier a revu avec succès les environs de
Merens, les sources de l’Ariège et les gorges de la
Frau, d’où il a rapporté notamment Y Antirhinum
intermedium Debeaux. M. l’abbé Mailho, non content
des découvertes importantes faites par lui à Tarascon
même, a retrouvé au Port-de-Saleix, malgré un brouil-
lard obstiné, plusieurs plantes des Pyrénées centrales,
telles que Asperula hirta , Potentilla alchemilloides ,
Géranium cinereum.
Quant à MM. Marcailkou, leur travail sur la flore du
canton d’Ax, qui contient l’indication de 30,000 loca-
lités, sera sous presse au moment où ces lignes paraî-
tront. Je n’en ai donc rien à dire, sinon à les remer-
cier de l’aimable hospitalité que les botanistes sont
toujours assurés de trouver chez eux et de la grâce
obligeante avec laquelle ils nous ont servi de guides à
deux reprises, dans la partie élevée des environs de
Prades.
17 décembre 1889.
Giraudias.
— 94 —
HERBORISATIONS DE 1889
Ranunculus vulgatus Jord. — Foix.
Timbal-Lagrave indique cette plante comme étant
très commune au Laurenti ; mais il lui attribue des
racines pivotantes (Le Capsir , p. 49), alors que, d’après
la description même de Jordan, le R. vulgatus a des
racines traçantes. J’ignore quelle est l’espèce que le
botaniste toulousain a désignée sous ce nom.
Ranunculus silvaticus Thuil , non G. G. Martrin-
Donos. ( Florule du Tarn, p. 15.) — Foix.
Ficaria ranunculoïdes Mœnch.
Le type offre plusieurs formes bien diverses. L’opi-
nion de M. Timbal-Lagrave était que le véritable
F. ranunculoïdes n’existe pas dans le midi de la
France, où il serait remplacé par le F. ambigua Bor.
J’ai cependant rencontré sur les rives de l’Ariège un
Ficaria à feuilles courtes, presque triangulaires, à
lobes très écartés, qui pourrait être rapporté au type.
Le T ambigua dont les feuilles sont oblongues
arrondies, à lobes presque parallèles, non incombants ,
est très abondant. Les fleurs sont souvent très grandes
et le pourtour des feuilles élégamment sinué, alors
que Boreau attribue à sa plante des feuilles entières.
Mais je possède, des Ponts-de-Cé, des échantillons
absolument semblables à la plante ariégeoise. Par
contre, mon collègue, M. Thériot, m’a adressé, de la
Sarthe, sous le nom de F. ambigua , une forme à
feuilles entières , arrondies , identique à celle que
Billot a distribuée sous le nom de F. calthæfolia
Reiclib (non G. G.).
— 95 —
Quant au F. grandiflora Rob (F. calthæfolia G. G.,
non Reich b), c’est pour moi une espèce bien distincte;
le caractère tiré de la grandeur des fleurs n’est pas
très sûr, car les fleurs qui paraissent les premières
n’ont rien de remarquable; mais les feuilles sont
presque orbiculaires, larges, courtes, à bords entiers
ou grossièrement crénelés; elles sont, en outre,
épaisses, et la dessiccation les rend opaques et comme
parcheminées.
Le F. Roberti Schültz paraît être une forme à fleurs
petites du F. grandiflora.
Le F. grandiflora croît à Pamiers, d’où M. Huet La
adressé à la Société Dauphinoise, et à Foix, dans les
vignes du Pech, à Flassa, où je l’ai récolté abondam-
ment cette année, et où il est impossible de le mécon-
naître.
Pulsatilla vulgaris Mil.
Cette plante, signalée comme assez rare dans les
Pyrénées, croît au sommet du Pech de Foix, sur la
crête dont le point le plus élevé est au cap du Bigné
(960 m.) et plus loin, en se dirigeant vers le sud-est.
Elle n’y est pas commune, et nous nous sommes bien
gardés, M. Galissier et moi, d’en remplir nos boîtes.
L’étude que j’ai dû faire de la Pulsatille du Pech
m’a amené à reconnaître que la plante du Lot, que
j’avais signalée sous ce nom dans le Bulletin de notre
Société, doit être rattachée au P. montana à sépales
violets par transparence.
Anemone ranunculoides L. (rr). — Foix ! Bords du
L’IIers, à Belesta (Galissier).
Nigella gallica Jord (rr). — Montgaillard,
— 96 -
M. Pau, de Ségorbe, propose, dans ses Notas bota-
nicas à la flora espanola, fascicule III, p. 10, d’appeler
cette plante N. arvensïs-divaricata , lui attribuant
une origine hybride, d’après des échantillons récoltés
en Navarre qu’il assimile à des types cueillis par moi
aux environs d’Aulnay, et distribués par la Société
Roclielaise. Je n’ai pas besoin de faire ressortir l’in-
vraisemblance de cette hypothèse, étant donné que
les parents supposés n’existent, ni Vun ni Vautre ,
dans la Charente-Inférieure, tandis que le prétendu
hybride y est d’une extrême abondance dans certains
champs a rgilo- calcaires.
Je ferai remarquer plus loin qu’il peut arriver qu’un
hybride affecte les mêmes caractères qu’une espèce,
pourtant légitime, marquant le passage entre deux
types différents. Ce n’est pas une raison pour suppo-
ser l’hybridité par ce seul motif, comme le fait M. Pau,
non seulement pour le N. gallica , mais encore plus
loin, pour le Papaver micranthum Bor, également au
vu d’échantillons communiqués par moi, et sans avoir
fait, par lui-même, d’observation directe.
Papaver Dodonæi Timb. et P. caudati folium Timb.
Le P. Rhæas est représenté à Foix par plusieurs
formes diverses, parmi lesquelles j’ai remarqué le
P. Dodonæi dont les feuilles pinnatifides ont le lobe
terminal bordé de dents inégales, souvent diver-
gentes, surtout à la base, et la capsule grosse et
courte, et le P. caudati folium, à lobe terminal lan-
céolé et denté presque régulièrement, la capsule assez
allongée.
Les deux formes sont assez fréquentes. Le P. Do-
donæi se trouve à Ussat.
- 97 —
Papaver Lecoqii Jord. — Foix, çà et là [P. collinum
Bo g. — Foix.
Il existe encore quelques formes que nous recon-
naissons sans pouvoir leur donner un nom certain.
Corydalis lutea (dc).
Dans un jardin, à Foix, où il est probablement
naturalisé.
Diplotaxis Blancoana Boiss. (sub Brassicâ).— Cette
espèce est certainement nouvelle pour la flore de
France. Mais est-ce bien l'espèce de Boissier? Il ne
manque pas de raisons pour en douter, bien qu’en
suivant la dichotomie de M. Rouy (1), dans sa révision
des Diplotaxis de la section Brassicaria , on y arrive
à coup sûr. Le D. Blancoana n’a jamais été signalé
dans les Pyrénées espagnoles ; il n’est connu que
dans le midi de l’Espagne. D’autre part, Wilkomm et
Lange disent delà plante de Boissier : floribus medio-
cribus, ce qui n’est pas le cas de l’espèce ariégeoise
dont les fleurs, très grandes, rappellent plutôt un
Cheiranthus , tout au moins un Brassica, qu’un Nastur-
tium, par exemple. L’aspect général représente assez
le D. saxatilis du mont Sainte-Victoire, près Aix; mais
notre plante est trois fois plus grande. Les feuilles un
peu épaisses, sont courtes, glabres, à peine ciliées
sur les bords, élargies au sommet, atténuées en un
long pétiole ; la tige est nue, les fruits divergents, les
fleurs en tête compacte, ce qui l’a fait prendre, au
premier aspect, pour le Brassica moniana.
(1) M. Rouy a bien voulu confirmer lui-même ma détermi-
nation. (Note ajoutée pendant l’impression.)
1
98 —
J’ouvre ici une parenthèse que je dédie à ceux de
nos savants confrères qui connaissent à fond les lois
de la nomenclature botanique.
Dans le mémoire précité ( Revue des Sc. nat. 1882,
p. 433), M. Rony dit fort sagement en critiquant la
création du genre Brassicaria : « Autrement l’on arri-
verait à produire le morcellement des genres, et la
synonymie déjà fort embrouillée passerait à l’état de
véritable chaos; c’est bien assez de l’amoncellement
des noms spécifiques. »
Puis après avoir réduit les huit espèces connues de
la section Brassicaria en deux espèces : le D. humilis
et le D. brassicoïdes, l’auteur subdivise chacune de
ces deux espèces en quatre variétés, à chacune des-
quelles il donne un nom nouveau. Le D. saxaiüis
devient la var. provincialis ; le D . repanda G. G.
devient la var. Delphinensis ; le D. subcuneata la var.
granatensis , et le D. Blancoana la var , longifolia.
Est-ce ainsi que le savant ancien vice-président de la
Société botanique de France entend simplifier la syno-
nymie?
Sisymbrium trio L. — Ussat-les-Bains , au-dessus
de niôtel-des-Bains, tare.
Arabis Gerardi Auct. an Bess.? — Les rochers du
Pech et du Saint-Sauveur.
Fleurs en panicule rameuse; pédicelles assez longs :
feuilles auriculées à oreillettes droites ou appliquées,
à dents très courtes ; feuilles radicales longuement
atténuées en pétiole.
Arabis sagittata D. G. — Bois des bords de FAriège.
Panicule courte, peu rameuse; pédoncules assez
courts ; 'feuilles à dents saillantes, à oreillettes diver-
— 99 —
gentes ; les inférieures atténuées en un très court
pétiole.
Ces deux formes ont un port tout différent ; elles
croissent à cinq cents mètres au plus l’une de l’autre;
la première est un peu plus précoce.
Arabis auriculata Lamk. — Eboulis de Lujat, à
Cazenave ; murs du presbytère, à Prades.
A. strictci Huds. — Eboulis de Lujat.
Alyssum erraticum Jord. — Foix ; Vernajoul.
Forme robuste, souvent bisannuelle, de VA caly-
cinum. Les fruits sont plus gros que dans les échan-
tillons que je possède du Centre et de l’Ouest de la
France. La forme annuelle, à silicule petite, croit
également dans l’Ariège, notamment à Prades (Her-
bier Gentil).
Erophila subrotunda Jord. — Montgaillard, murs
de la propriété de Traimesaygues.
Cette plante est tellement remarquable par ses sili-
cules arrondies, presque orbiculaires, que je ne m’ex-
plique pas que Fauteur ne l’ait signalée dans les
Diagnoses que par une simple note, et sans donner
une description complète ; néanmoins le peu qu’en
dit M. Jordan se rapporte très bien à notre plante, et
je crois hors de propos de lui donner une nouvelle
dénomination.
Iberis garrexiana AIL — Eboulis calcaires d’Escar-
ramus, au-dessus de Prades.
Je ne vois aucune différence entre la plante de
l’Ariège et 17. sempervirens L., tel que M. de Heldreich
Fa distribué dans son Herbarium normale , n° 1012.
/. Forestieri Jord. — Foix, le Pech, le Saint-Sauveur,
Moissons et rochers calcaires»
- 100 -
La comparaison de la plante ariégeoise, si différente
de 17. amara L avec les échantillons de Gèdre, dis-
tribués par Bordère, m’avait fait hésiter à lui donner
le nom d7. Forestieri. La plante de Bordère a les
fleurs beaucoup plus grandes ; mais Jordan, dans les
Diagnoses, attribue à son Iberis des fleurs médiocres.
Æthionema varians. Mihi.
J’ai communiqué sous ce nom, à divers correspon-
dants, un curieux Æthionema que rien de particulier
ne signale à l’attention lorsqu’il est en fleurs, en
société avec YÆ. pyrenaicum Bout., sur les rochers
du Pech., mais qui s’en distingue par ses silicules
affectant, comme au hasard, deux formes distinctes :
les unes serrées contre les tiges, monospermes, comme
dans son congénère; les autres, à quatre ou cinq
graines, bien plus grandes, creusées en gouttière à
l’intérieur, redressées sur le pédicelle recourbé infé-
rieurement.
M. Mailho m’a montré outre le véritable Æ. saxatile
à feuilles linéaires étroites, et à fruits tous diver-
gents, qui croît à Ornolac, un Æthionema récolté sur
les rochers de Quié, lequel a les fruits polyspermes
très ressemblants à ceux de YÆ. saxatile , mais à ailes
plus larges, très obtuses et se distinguant en outre
de celui-ci par ses feuilles ovales brièvement pédon-
culées. Je le rapporte à YÆ. ovalifolium Boiss. Dans
mes échantillons d’Æ. varians j’ai retrouvé un échan-
tillon appartenant évidemment à cette forme d’où
l’on peut induire que YÆ. varians serait un hybride
des deux espèces.
En résumé, on peut, dès aujourd’hui, établir comme
- 101 -
il suit la dichotomie du genre Æthionema dans le
département de l’Ariège :
Feuilles linéaires étroites. Fruits occupant par rapport
à l’axe, une position perpendicul. Æ. saxatile.
laires, monospermes . . . Æ. pyrenaicum.
à ailes larges et minces . . Æ. ovalifolium .
Fruits de \'Æ. pyrenaicum ,
entremêlés de fruits poly-
[ spermes de Y Æ. ovalifolium Æ. varians.
Capsella gracilis Gren.
Les études que nous avons pu faire, M. Galissier et
moi, chacun de notre côté, sur le mode de végétation
de cette plante, nous ont confirmé dans l’opinion qu’il
s’agit d’un hybride.
Helianthemum sulphureum Willd. — Éboulis de la
montagne de Soudours, à Surba. Rare.
Ce curieux hybride n’avait pas encore, d’après
Nyman, été trouvé à l’état spontané. Cependant, dans
sa florule du Tarn, Martrin-Donos signale, sans autre-
ment y insister, des hybrides des H. vulgare et pul-
verulentum.
H. piloselloides Lap (cc). — Le Pech et le Saint-Sau-
veur, à Foix; Verdun-sur-Ariège; Ussat.
Viola Foudrasi Jord. — Le Pech, à Montgaillard.
Viola vicina Martrin-Donos. — Saint-Sauveur, à
Foix ; Verdun-sur-Ariège.
Feuilles ovales
Fruits serrés contre la tige à
la maturité , suborbicu-
Fruits écartés de la tige, très
larges, creusés en goutière,
- 102 —
Plante intermédiaire entre le F. Riviniana dont il
a les grandes fleurs, et le F. Reichenbachiana dont il
a l’éperon violet; il diffère des deux par la disposition
de ses fleurs dont les pétales sont dirigés de côté et
d’autre, ce qui leur donne un aspect singulier qu’on
ne peut méconnaître.
F. multicaulis Jord. — Foix. Rare.
Très probablement hybride des F. scotophylla et
odorata.
F. Provostii Jord. — Prades, bois de Fontfrède
(1400 m.)
Plante bien distincte, dans sa section, par ses
feuilles inférieures arrondies* en cœur à la base, et
les supérieures lancéolées.
Melandrium dubium Hamp. — Foix Bois des bords
de l’Ariège. Un seul pied reconnaissable de loin à ses
fleurs rose pâle, et de près, à ses calices à lobes aigus.
Saponaria ocymoides L. — Rochers d’Ussat-les-
Bains.
Var. gracilis Bert.
Je suis assez disposé à adopter, pour cette plante,
le nom de S. alsinoides Viv. et à la considérer comme
étant plus qu’une simple variété. La disposition des
rameaux est différente de ce qu’elle est dans le type;
et tandis que la panicule est nue dans celui-ci, elle
est munie dans le S. alsinoides de petites bractées
linéaires très étroites insérées au milieu des pédicelles
axillaires.
Dianthus virgineus L.
On attribue le nom de D. virgineus à tant de plantes
différentes que je ne vois pas bien pourquoi M. Tim-
- 103 —
bal-Lagrave s’est donné beaucoup de mal pour démon-
trer que Linné avait eu en vue la plante de La Clappe,
désignée par Grenier et Godron sous le nom de
D. brachyanthus Boiss., à tort, paraît-il C’était le cas
de reléguer le nom linnéen au magasin des acces-
soires, bons tout au plus à exercer la sagacité des
antiquaires; et je propose de donner à la plante de
La Clappe, aujourd’hui très répandue dans les her-
biers, mais sous des appellations diverses, le nom
de D. Timbali.
Je rapporte à cette même espèce un Dianthus, rare,
à Foix, sur les escarpements du Saint-Sauveur.
Le D. brevistylus n’est, en réalité, qu’une forme du
D. Timbali , la plus commune ici, bien que je ne l’aie
encore rencontrée que sur le Saint-Sauveur. îl n’est
pas rare d’observer des fleurs portant des styles très
saillants. Dans ce cas les étamines sont, au contraire,
fort courtes. C’est un fait analogue à celui qui se pré-
sente dans plusieurs Primula. Le nom est donc assez
mal choisi; mais je ne propose pas de le changer.
Alsine laxa Jord. — Gare d’Ussat.
Oxalis Navieri Jord. — Cette plante croît abondam-
ment dans mon jardin où elle n’est pas cultivée. Elle
est évidemment très différente de VO. corniculata qui
a les fleurs bien plus grandes et qui forme des gazons
étendus, tandis que l’G. Navieri vient par pieds isolés,
à tiges à peine décombantes.
Ononis confusa Bor. — Surba.
Non seulement les tiges sont garnies d'épines, mais
les feuilles sont plus courtes que dans la forme com-
mune de YO. procurrens et presque arrondies.
— 104 —
Medicago depressa Jord. — Vernajoul, pont du che-
min de fer.
Cette plante était abondante; mais un nettoyage
inopportun l’a fait disparaître, à ma grande décep-
tion, avant que j’aie pu la récolter en fruits mûrs.
Trifolium Endressi Gay. — Foix, bois du Pech, mon-
tagne de Prades.
Vicia Gerardi. Vill. — Saint-Sauveur ; le Pech. Com-
mun.
Ervum Tenoreanum Mihi. Vicia Martrin-Donos.
Dans l’observation qu’a publiée le Scrinia floræ
selectæ au sujet de mon Ervum nemorale , j’ai fait
remarquer que la Société rochelaise avait distribué
sous le nom — erroné, d’après moi — d’is. tetras-
permum, un Ervum à fleurs portées quatre ou cinq
sur un même pédoncule, à gousses tétraspermes et à
feuilles tronquées au sommet. C’est la plante décrite
dans la florule du Tarn sous le nom de Vicia Teno-
reana Martrin-Donos. J’ai récolté un fort bel échan-
tillon de cette espèce sur la route de Foix à Vernajoul.
Lathyrus pyrenaicus Jord. — Foix, Saint-Paul-de-
Jarrat.
Je suppose que c’est cette plante que Grenier et
Godron appellent L. platyphyllus Retz, d’autant plus
qu’ils indiquent Toulouse comme localité et que le
L pyrenaicus croît çà et là dans la vallée de l’Ariège.
Onobrychis collina Jord. — Très commun, bois du
Pech, vers l’altitude de 6 à 700 m.
Cette plante glabrescente n’est assurément pas
l’O. montana (dc).
Rosa pimpinelli folia L. — Éboulis, au-dessous du
Bigné, au Pech.
— m -
Cotoneaster tomentosa Lindl. Rare. — Foix, rochers
du Saint-Sauveur.
1 Epilobium alpinum L. — Marais du Picou, commune
de Ganac, à 1,o00 m.
Scleranthus biennis Reut. — Coteaux granitiques, à
Reims, près Foix.
Saxifraga hirsuta L. Rare. — Plateau des Gouttines,
entre Ax et Prades où il croît pêle-mêle avec le
S. umbrosa, avec lequel on l’aura confondu.
Le S . Geum L., bien différent des deux autres, croît
à la fontaine de Fontestorbe, près Rélesta, et sur les
bords du torrent, dans les gorges de La Frau (Galis-
sier).
Torilis heterophylla Guss. — Foix. Très rare. Bords
de la route de Vernajoul.
Angelica montana Gaud. — Foix. Très rare. Bords
de l’Ariège, apporté sans doute par les eaux.
A. Razulii Gouan. — Le Picou, commune de Ganac
(Galissier).
Peucedanum Carvifolium Vill. — La Frau (Galis-
sier), Foix (Mailho).
Bupleurum angulosum L. — Rochers du Pech , sur
le territoire de Montgaillard et de Soula. Col d’Ussat.
B. opacum Lang. — Le Pech de Foix, très rare.
Chærophyllum aureum L. — Foix, bords de P Aises.
Astrantia major L. var. involucrala. — Le Pech,
commune de Montgaillard.
Plante des prairies élevées qu’on ne pouvait s’at-
tendre à trouver dans ce lieu aride.
Eryngium Bourg ati Gouan. — Très commun sur la
partie sud-est du Pech, vers Montgaillard, avec quel-
ques pieds non colorés.
— 106 -
Galium vernum L. var. H aller îq t Bauhini.
J’ai distribué les deux formes à la Société Dauphi-
noise ; il est à peu près impossible de les confondre
sur pied et elles ne croissent généralement pas con-
fondues. La var. Halleri est la plus commune.
Asperula pyrenaica L. — Corolle trifide d’un blanc
de lait , dont l’éclat attire de loin l’attention du
botaniste. Cette plante, qu’on ne saurait rapprocher
de VA. cynanchica, noircit par la dessiccation.
Centranthus Lecoqii Jord. — Surba, montagne de
Soudours.
En distribuant à la Société Dauphinoise, sous le
numéro 3338 bis, le Centranthus Lecoqii, par lui
récolté à Meursault (Côte-d’Or), M. le docteur Gillot
{Bulletin de la Société Dauphinoise, 1883, p. 422) pré-
sente quelques observations, émettant des doutes sur
la légitimité de cette espèce, admettant même la pos-
sibilité d’une origine hybride, avec le C. ruber et le
C . angustifolius comme parents. 11 appuie ses réserves
sur la publication, par M. Delacour, d’un C. Lecoqii,
de Vaucluse, que son port grêle et ses feuilles étroites
et entières rapprochent du C. angustifolius . Il fonde
son hypothèse sur la présence du C. Lecoqii exclusi-
vement auprès des habitations, au milieu des parents
présumés. Ces observations ne peuvent s’appliquer à
la plante ariégeoise. L’examen des échantillons de
Meursault donne de la vraisemblance à la supposi-
tion du botaniste Éduen, la panicule du Centranthus
offert par lui étant beaucoup plus ample et plus lâche
que ne le devient jamais ici celle du C. Lecoqii , même
après la floraison; d’autre part, la plante de Vaucluse
s’éloigne bien plus du C. Lecoqii que du C. angusti-
— 107 —
folius , dont seule le sépare une légère différence
dans la largeur des feuilles. Dans l’Ariège, le C. angus-
ti folius n’existe pas et, bien que quelques botanistes
aient signalé sous ce nom le C. Lecoqü , il n’affecte
nulle part de forme pouvant permettre de le confondre
avec son congénère.
11 résulte de ces remarques qu’un hybride peut
parfois être confondu avec une espèce légitime inter-
médiaire entre deux types voisins et que les expé-
riences d’hybridation artificielle ne sont pas toujours
concluantes quand' on veut prouver l’origine illégi-
time d’une plante critique.
Je propose d'appeler le numéro 3388 bis de la
Société Dauphinoise C. Gillotii.
D’autre part, je donne le nom de C. aurigeramis à
une forme hybride qui croît à la base du Saint-Sau-
veur, à Foix, et dont je ne connais qu’un seul pied
sur un mur où les amateurs de bouquets le pillent
assez souvent. Cette plante se rapproche du C. ruber
par ses feuilles souvent dentées, ses bractées larges
à la base, très atténuées au sommet, du C. Lecoqü
par sa panicule courte, compacte et par un grand
nombre de feuilles étroites et entières distribuées
surtout vers la base de la tige.
Valeriana montana L. var. ambigua G. G. — Grotte
de Lujat, à Cazenave (Galissier).
F. intermedia Vahl. — Rochers du pic de La Frau,
à 1,850 m. d’alt. (Galissier).
Valerianella Morisonii D. C., var. pubescens. Verna-
joul. — Foix, Moissons des terrains calcaires.
Scabiosa Guitardi Timb. — Foix, Le Pech, Le Saint-
- 108 -
Sauveur, avec un grand nombre de formes affines ou
hybrides difficiles à distinguer.
Adenostyles pyrenaica Lange. — Haute vallée du
Nagear, à 2,400 d’alt. (Galissier).
Phagnalon sordidum D.C. — Montagne deSoudours,
commune de Surba (Mailho).
Bellis hybrida Ten. — Prades, bois de Fontfrède.
Senecio leucanthemifolius L. — Ussat-les-Bains,
près de la voie ferrée. Un seul pied.
Senecio nemorosus Jord. — Com. au Pech.
Pyrethrum Pourretii Timb. — Surba, montagne
de Soudours. Montgaillard, sur le Pech.
Cirsium Mailhoi mihi. — Vignes de Soudours, com-
mune de Surba (Mailho).
Calathides longuement pédonculées, solitaires , por-
tant une ou deux bractées lancéolées, épineuses, plus
ou moins éloignées de la calathide. Péricline ovoïde à
écailles appliquées, aranéeuses aux bords, blanchâtres
au sommet, souvent munies au sommet d’une ner-
vure dorsale plus ou moins saillante; les extérieures
et les moyennes ovales lancéolées, terminées par une
petite épine recourbée; les intérieures terminées en
pointe droite. Corolles blanches, rarement purpurines,
à limbe égalant presque le tube; les extérieures lon-
guement réfléchies sur Vinvolucre , akènes linéaires;
feuilles fermes, sessiles, légèrement décurrentes, la
décurrence se continuant, au moins dans les infé-
rieures, par une légère saillie épineuse. Tige peu
rameuse, sillonnée dans le haut.
Cette plante se trouve en société avec le C. arvense
dont elle est voisine, mais dont elle se distingue à
- 109
première vue non seulement par ses fleurs générale-
ment blanches, mais surtout par ses longs pédon-
cules, ses capitules plus gros, ses feuilles à épines
plus vulnérantes, etc.
Rhagadiolus stellatus D. C. — Le Pech, le Saint-
Sauveur.
Lactuca chondrillœflorctBoY. — La Frau (Galissier).
Boreau a créé celte espèce aux dépens du L. viminea ,
avec lequel les anciens auteurs le confondaient. Cette
distinction était admise par la majorité des bota-
nistes, lorsque M. Loret, contrairement à cette opi-
nion, réunit à nouveau les deux plantes et créa pour
ce groupe le nom de L. Bauhini, supprimant ainsi
à la fois le nom linnéen et le nom imposé par le
botaniste angevin. Puis, comme un malheur ne vient
jamais seul, il a également rayé de la flore le nom de
L. ramosissima pour lui substituer celui de L. Gre-
nieri, probablement par esprit de symétrie. Est-ce
aussi pour se conformer aux lois de la nomenclature
botanique?
Lactuca sonchoides Lap.
M. Malinvaud, au cours du gracieux article qu’il
consacre au premier fascicule de ces notes dans le
Bulletin de la Société botanique de France, émet
l’opinion que j’aurais dû écrire L. perennis var. son-
choides. Je ne puis me ranger à son avis parce que
la plante de Foix a constamment un port particulier
bien distinct du véritable L. perennis. Il se pourrait
que la plante de nos roches calcaires fût le véritable
type sauvage, tandis que la plante que je connais de
l’ouest de la France serait introduite dans les cul-
110 —
tures, ainsi que le Centaurea cyanus et bien d’autres
plantes très répandues. D’autre part, j’ignore encore
s’il existe une différence réelle entre le L. cichorii-
folia D. C. et le L. sonclioides Lap. et si les deux
formes se rencontrent à Foix. Aussi je crois devoir
maintenir jusqu’à nouvel ordre ma dénomination.
Du reste, plus on observe, plus on arrive à se con-
vaincre que l’espèce absolue, telle qu’elle a été définie
par les fondateurs de l’histoire naturelle, n’est qu’une
conception de l’esprit, une abstraction créée dans un
but de simplification et de méthode, mais devenue,
dans l’état actuel de la science, une cause de trouble
et d’indécision. Sans doute il est regrettable de ne
pouvoir définir, avec certitude, quels sont les types
primordiaux, tels qu’ils sont sortis des mains du
Créateur; mais nos premiers parents ayant négligé
de décrire ce qu’ils ont vu, nous devons reconnaître
notre impuissance et nous en consoler. Il y a une
grande inégalité, même entre les types spécifiques de
l’école Linnéenne; le botaniste qui change son terrain
d’observation retrouve les mêmes espèces, mais avec
des modifications tellement profondes qu’il a peine à
les reconnaître. Quoi qu’en pense l’école analytique,
l’espèce a varié; elle varie encore; les modifications
qu’elle subit sont progressives et insensibles, et ce
que nous observons n’est que la résultante de l’action
lente, pendant des siècles, sur les types originels,
d’une foule de causes extérieures. La culture elle-
même n’est pas un critérium ; on ne peut espérer, en
effet, qu’une plante arrachée brusquement à cette
action du milieu va s’en dégager du jour au lende-
main, pour revenir à son point de départ»
— 111 —
Eli bien ! je le demande, dans ces conditions, la
dénomination binaire n’est-elle pas encore ce qu’il y
a de plus simple? Doit-on créer des degrés à l’infini
dans l’échelle végétale pour donner à chaque plante
sa valeur relative, et n’est-il pas préférable de réserver
la qualification de variété à des groupes d’individus
dûs, évidemment, à une influence actuelle et passa-
gère et qui reviendraient immédiatement au type, si
on les y soustrayait. Souvent même, à mon avis, lors-
qu’il s’agit de modifications produites par l’altitude,
dans une aire géographique restreinte, il est mieux
de n’en pas parler et d’en enrichir son herbier sans
on encombrer la science. Aussi ai-je adopté, le plus
souvent, dans mes notes, le mot forme , expression
vague, j’en conviens, mais qui ne préjuge rien, quant
à la valeur réelle de la plante au milieu de ses congé-
nères, valeur que l’absence de documents rend diffi-
cile à apprécier.
Sonchus laceras Wild. var. elegans. — Le Pech, à
Foix.
J’ai envoyé, sous ce nom, à quelques amis, moins
encore pour le leur faire connaître que pour provo-
quer leurs observations, un Sonchus à feuilles très
divisées, à lanières étroites, obtuses, subspinescentes,
d’un aspect très élégant. Les graines sont un peu
différentes de celles du S. oleraceus, et je reviendrai
plus tard sur cette plante très digne d’intérêt.
Campanula rapunculoïdes L. — Foix, Le Pech.
Wahlenbergia hederacea Reichb. — Ganac , au
Calmil ; Ferrières.
Gentîana angustifolia VilL — Rochers de Lujat, à
Cazeriave»
— 112 —
Gentiana Kochiana Per. et Song. — Foix ; commun
au Pech. Prades.
Pulmonaria longifolia Bast. — Le Pech, à Foix,
dans les bois, en montant au Bigné.
Antirrhinum intermedium Deb. — (D’après les
échantillons de l’auteur distribués à la Société Dau-
phinoise.) La Frau (Galissier).
Linaria Lapeyrousiana Jord. — Grotte de Lujat, à
Cazenave (Galissier).
Timbal-Lagrave m’a induit en erreur en appelant
de ce nom une forme très velue du L. origctnifolia,
alors que la diagnose de Jordan ne parle pas de ce
caractère. J’ai examiné un grand nombre d’échantil-
lons de Foix, tous ont la panicule et les bractées
couvertes de poils, mais les feuilles caulinaires très
glabres. Il en est de même pour la plante de Lujat ;
mais celle-ci est remarquable par la grandeur de ses
fleurs. Le Linaria qui tapisse par endroit les murs
de Foix, est le L. Muteli Timb.
Euphrasia minima Lamk. — Le Calmil, commune
de Ganac.
Lavandula aurigerana Mailho. — Montagne de Sou-
dours, commune de Surba.
Cette plante, découverte par M. l’abbé Mailho qui
me l’a fait cueillir, est certainement un hybride des
L. pyrenaica et latifolia au milieu desquels elle croît.
Elle tient des caractères de l’une et de l’autre, et se
distingue des deux par ses grandes dimensions, ainsi
qu’il arrive à presque toutes les plantes hybrides.
Calamintha villosula Jord. et fallax Jord. (Acinos),
Ces deux plantes se rencontrent sur le Pech, sur le
Saint-Sauveur et sur la montagne de Saint-Jean de
Verges ; elles se distinguent facilement l’une de
l’autre, non seulement par la glabresçence du second
et la villosité du premier, mais encore par la forme
des feuilles qui sont bien plus courtes et plus larges
dans le C. fallaæ, et glauques en dessous dans la
même plante. On ne peut la confondre avec le C. A ci-
nos, qui croit dans les champs du Saint-Sauveur et a
les fleurs médiocres sans apparence, tandis que les
autres espèces attirent le regard par des bouquets de
grandes fleurs, ce qui les a fait prendre, l‘une et
l’autre, par quelques botanistes, pour le C. Alpina.
Mais elles n’ont pas les tiges radicantes et végètent à
une altitude très basse (400 mètres).
Brunella albo vulgctris Timb. — Vernajoul, au Saint-
Sauveur ; Ignaux.
Je conserve provisoirement le nom composé à cette
plante qui est hybride des B. alba et vulgctris , parce
que je ne suis pas certain qu’elle n’ait pas été déjà
baptisée. J’en ai déjà signalé l’existence dans l’allu-
vion de Cliâtel-Aillon (Charente-Inférieure).
Brunella pinnatifida Pers. — Foix.
C’est, d’après Timbal-Lagrave, la forme dressée
que Du Mortier a appelée Br. surrecta et qui se sub-
divise en deux variétés, l’une à feuilles entières, l’autre
à feuilles prinnatifides.
B. hybrida mihi. — Le Pech, à Foix ; Surba.
Plante intermédiaire entre les B. alba et grandiflora
dont elle est sûrement un hybride. Elle offre des
caractères intermédiaires entre les deux espèces se
rapprochant davantage de l’une ou de l’autre. Les
8
— 114 -
variations de couleur que présente, la corolle font
naître immédiatement le soupçon d’hybridité.
Plantago Monnieri mihi. — Montgaillard (ac).
Globularia Fuxeensis et Galissieri mihi.
Nous avons suivi avec attention, cette année, ces
deux intéressants hybrides, et nous avons eu l’heu-
reuse chance de les rencontrer fréquemment en bon
état. Le Fuxeensis à Arnave, sur le Saint-Sauveur, à
Vernajoul et Foix, à Bélesta (Galissier). Le Galissieri
sur toute l’étendue du Pecli, notamment sur les terri-
toires de Montgaillard et de Soula, et aussi sur le
Saint-Sauveur. Tout nous a confirmé dans l’hypothèse
d’hybridité émise l’an dernier. Le G. nudicaulis parait
d’abord; peu après viennent les G. Fuxeensis et
Wilkommii. Ce n’est que quelques jours plus tard
que l’on rencontre en fleurs le G. Galissieri ; le
G. nana clôt enfin la série plusieurs semaines après
le G. nudicaulis qui n’a pas encore terminé son évo-
lution, circonstance qui rend possible l’hybridation.
On rencontre à Prado s, sur les rochers du Bac de
Lourza, et aussi sur les rochers de la Pena Blanca, en
Aragon, une forme de G. nana très compacte, d’un
port tout différent de celui qu’offre le type sur nos
rochers où il semble s’étendre pour aspirer volup-
tueusement les rayons du soleil. Je nomme, dans mon
herbier, var. compacta , cette forme alpine due sans
doute à l’altitude.
Rumex acetosa I., var. uw.br osa mihi. — Mont-
gaillard, bords de l’Ariège.
Forme singulière, à feuilles peu fermes, très aîlon-
gées, à fleurs rares, à fruits blanchâtres, qui mérite
peut-être cFêtre distinguée.
Daphné Philippi G. G. — Prades, montagnes cal-
caires. Les feuilles sont aiguës, lancéolées, oblongues,
les fleurs d’un blanc jaunâtre, petites, brièvement
pédonculées, en petites grappes pédicellées, pen-
chées, placées à l’aisselle des feuilles dont un bou-
quet couronne le sommet de la lige. Celle-ci longue-
ment feuillée, 1-2 larges bractées à la base de chaque
grappe de fleurs. Fruits ovales.
Passerina calyeina Lap. — Col de Saleix (Mailho).
Euphorbia angulata Jacq. — Foix, Montgaillard,
bords de l’Ariège.
Euph. papillosa Pouz. — Commun sur le Pech, à
l’exposition du Sud-Ouest, de 400 à 900 m. d’alt.
Fritillaria pyrenaica L. — Montgaillard, Cazenave
et Délesta (Galissier).
Ornithogalum declinatum Jord. et F. — Foix,
Orchis pallens L. — Bois de Fontfrède, à Prades.
O pyrenaica Philip. ( Gymnadenia ). — Hautes prai-
ries de Cazenave (Galissier).
Bien distinct de FO. conopsea.
Ophrys muscifera Huds. — Prades (Fages), Saint-
Sauveur, à Foix. Rare.
Spirantkes œstivalis- Rich. — Tarascon (Mailho).
Careæ Schreheri Schrank. — Foix, bords de l’Ariège.
Ophioglossum sabulicoium Sauzé et Maillard. — Ari-
gnac (Mailho).
Je suis heureux d’avoir à terminer ces notes d’her-
borisation par les noms de mes deux chers maîtres
dans l’aimable science des fleurs ; le souvenir de
— 116 —
leur complaisance, de leur honnêteté scientifique,
de leurs consciencieux travaux, trop peu connus, me
revient, et je regrette que ni l’un ni l’autre ne soient
encore là pour recevoir le témoignage de ma gratitude.
Est- il besoin d’ajouter qu’en énonçant librement
mon opinion sur certaines questions controversées,
je n’attaque que les idées et non les personnes pour
lesquelles je professe le respect qu’elles méritent ?
LA
PAR
C. HOULBERT
Licencié ès-sciences naturelles
Lorsque nous avons publié, il y a trois ans, le
résumé des lettres de M. Duclaux et du Dr Guépin (1),
nous avons signalé la pauvreté relative de notre dé-
partement en documents bibliographiques. Il n’existe,
en effet, avant 1883, que le « petit » Catalogue des
Plantes de la Mayenne , publié vers 1838, à Laval, par
« Une Société de Botanistes. »
Dans la même année 1838, fut aussi publiée la
Flore du Maine de N. Desportes, qui contient un
grand nombre de localités mayennaises, et plus tard,
en 1871-1872-1873, les intéressantes recherches de
M. Louis Crié (2) sur la bryologie comparée de la
Sarthe et de la Mayenne ; mais il faut convenir que
(1) C. Houlbert. — Documents pour servir à l’histoire de la
botanique dans le département de la Mayenne. (Bull, de la
Soc. d’Ét. scient. d’Angers, 1887.)
(2) Voir la liste de ces ouvrages. Catalogue des Cryptogames
cellulaires du département de la Mayenne. C. Houlbert. (Bull, de
la Soc. d’Ét. scient. d’Angers, 1888.)
— 118 —
ces remarquables travaux n’ont point pour objet
exclusif l’étude de notre flore départementale : ils ne
traitent, en effet, de la Mayenne, que d’une façon
incidente et abrégée.
Nous nous sommes bien souvent demandé si ces
recherches sont les seules qui aient été entreprises
dans notre région ; nous avons peine à croire que la
Mayenne, voisine immédiate de l’ancien Anjou, et en
partie formée de ses débris, soit restée si longtemps
étrangère à la brillante renaissance scientifique qui
eut Angers pour centre à cette époque.
Une lacune longue d’un siècle, pendant laquelle les
recherches botaniques semblent fort peu honorées et
comme suspendues, marque la fin de la période qui
nous a précédés. Faut-il croire, pour cela, à l’absence
complète de botanistes mayennais? nous ne le pen-
sons pas.
Le scrupuleux auteur de la Flore du Maine cite, en
effet, un certain nombre de naturalistes qui, à des
époques différentes, ont visité en passant notre dépar-
tement. C’est même ainsi que plusieurs plantes rares
ont été de bonne heure signalées ; et, comme cer-
taines d’entre elles se sont maintenues dans les loca-
lités indiquées, on peut encore les retrouver aujour-
d’hui.
De ce nombre il faut citer le Fragaria efflagelis
Duch, découvert en 1748 dans un taillis de Louverné
par Lamey de Fremeu. C’est cette espèce qui, trans-
portée à Mamers par de Roquemont et modifiée par la
culture, est devenue, dit-on, la variété à fruits blancs.
(Desp., Fl. du Maine , p. 72.)
— 119 —
De même YHelleborus viridis, aux environs de Laval,
— F Isopyrum thalictroides , à Changé et dans le bois
de l’Huisserie, ont été signalés par Doudet et par
M. Duclaux (1824).
La Pylaie, le célèbre bryologue fougerais, note à
Château-Gontier le Lindernia pyxidaria Lin., et Des-
vaux, Fauteur de la Flore d'Anjou , confirme égale-
ment à Château-Gontier, dans des localités restées
classiques , la présence du Veronica montana , du
Lathræa squamaria et du Potentilla supina, décou-
verts vers 1822 par MM. Eug. Boullier et Duclaux.
De Tascher et Desnos signalent, dans le bois de Mon-
téclerc et à Saint-Léger, le Quercus cerris Lin., qui
n’a pas été revu depuis.
Rigault trouve à Couptrain, dans les prairies des
bords de la Mayenne, le curieux Genista sagittalis Lin.
et non loin de là, dans les chemins creux de Lignières-
la-Doucelle, le Lysimachia nemorum Lin.
En outre , différentes localités sont visitées par
Michelin, Drouet, Mutel, Cauvin, Leufroy (Saulges),
Joubert (1) (Sainte- Gemmes-le-Robert), etc., etc., mais
toutes ces observations isolées n’ont motivé aucun
travail se rapportant directement à notre flore ; nous
croyons même qu’elles furent communiquées directe-
ment à Desportes, qui les mentionne en effet sans en
indiquer la provenance.
En un mot, le manque absolu de documents écrits
et l’incertitude des informations qui nous sont parve-
nues jusqu’à ce jour, ne nous permettent pas encore
(1) A signalé le premier le Lathyrus nissolia dans notre région.
120 -
d’esquisser même d’une façon approximative l’histoire
botanique de cette époque.
Cependant, par un contraste singulier, et bien long-
temps avant la période dont nous venons de retracer
le caractère à grands traits, nous trouvons, dans un
ouvrage publié en 1747 par un médecin d’Étampes,
quelques brèves indications sur la botanique de notre
département.
C’est pour restituer ces notes à notre bibliographie
mayennaise que nous avons rédigé la présente com-
munication (1).
L’ouvrage dont nous parlons est devenu fort rare ;
après plusieurs recherches infructueuses, nous avons
pu le consulter à la bibliothèque de la ville de Rennes ;
voici son titre exact : Observations sur les plantes, par
M. Guettard, docteur en médecine de la Faculté de
Paris. — Durand , Paris 17 i7 . — S vol. in-12. — Nous
n’avons pas cru devoir restreindre le titre de cet
ouvrage à celui de Catalogue des plantes des environs
d'Étampes sous lequel il est plus généralement connu.
C’est dans le second volume que l’on rencontre les
indications dont il s’agit, concernant neuf plantes vul-
gaires, et que nous reproduisons ici, sans en changer
ni le style ni l’orthographe :
« 1° Osmunda fronde pinnatiflda caulina , pinnis
« lunulatis Lin. — L'espèce commune se trouve à la
(1) Nous sommes redevable de la connaissance de ces notes à
M. QEhlert ; qu’il nous permette ici de rendre hommage à son
savoir et à son inépuisable bienveillance.
(2) La rivière dont il est question ici est la Mayenne, sur le
bord de laquelle était construit l’ancien château de la Bremon-
dière, territoire actuel de Saint-Julien-du-Terroux.
— 121 —
« Bermondière dans le Maine , le long de la rivière (2).
« = Botrichium lunaria Sw. (Osmunda Lin.).
« 2° Campanula ciymbalariæ foliis vel folio hede-
« raceo. — Dans les brières (1) de la Bermondière,
« dans le Maine , le long de la rivière qui passe à cet
« endroit. Tome II, p . i 80 . = Campanula hederacea Lin.
« 3° Bunium bulbocastaneum. J. B. hist. 3. 30. —
« Très commune dans les près du Maine , du côté de
« Vilaine , de la Bermondière. Tom. II , p . 4-32. =
« Bunium denudatum. De Cand.
« 4° Œnanthe foliis omnibus multifidis obtusis
« subæqualibus Lin. — Environs de la Bermondière.
« Tome II, p. 4-35. = Œnanthe crocata Lin.
« 5° Cotylédon major. C. B. pin. 285 . — Rochers
« de la Bermondière et Neuilli-le-Vandin, à Courtin,
« village du Maine. Tome II, p. 4-38. = Umbilicus
« pendulinus. De Cand.
« 6° Vaccinium caule angulato, foliis ovatis, ferratis,
« deciduis Lin. — Flor. Lapp. 113. — Ce sous-arbris-
« seau est très commun dans la forêt que Von trouve
« en allant de la Ferrière et de cet endroit à Alençon,
« dans le bois par ou Von passe en allant à Chatmou,
« Vilaine , dans ceux des environs de Baignolles.
« Tome Ili 1= Vaccinium Myrtillus. Lin.
« 7° Sysimbrium foliis linearibus pinnato dentatis.
« Lin. Hort. Cliff. 337. 6. = Eruca sylvestris. C. B.
« pin. 98. — J'ai trouvé cette plante à la Bermondière ,
« à Vilaine, ou elle est assez commune. Tom. II,
« p. 4-H8. = Brassica cheiranthos. Vill.
(1) Bruyères.
- m
« 8° Silene quæ Cucubalus floribus dioicis penta-
« gynis. Lin . Hort . Cliff. i7i. 5. — Lychnis purpurea
* simplex. C. B. pin. 204*. U se trouve le long de la
« rivière à la Bermondière. Tome H , p. 4- 58 . =
« Lychnis s-ylvestris. Hoppe.
« 9° Cardamine foliis pinnatis , pinnis laciniatis.
« Lin. Hort. Cliff. 886. — Cardamine annua , exiguo
« flore , Tourn. In fl. R. Herb. 224*. — /c Vai vue aux
« environs de la Bermondière , le long de la rivière.
« Tome II, p. M9. = Cardamine impatiens. Lin. (i). »
Telles sont les seules indications que l’on peut
trouver dans le Catalogue de M. Guettard.
Si Ton demande maintenant quelles sont les circons-
tances qui amenèrent le botaniste d’Étampes à honorer
d’une mention spéciale quelques-unes de nos espèces
mayennaises, il suffira de rappeler que le château de
la Bremondière fut la propriété et la demeure de l’il-
lustre physicien et naturaliste Réaumur (2). C’est là
que, dans sa solitaire retraite, il recevait ses amis et
les nombreux savants qui venaient à Saint- Julien,
comme à un lieu de pèlerinage pour la science.
(1) Nous nous sommes assuré, ainsi que M. L. Crié nous l’avait
fait obligeamment remarquer, que Desportes a connu l’ouvrage
du médecin d’Étampes,, car il signale toutes les espèces ci-dessus
mentionnées sauf le Vaccinium Myrtillus , Lin.
(2) Il y mourut en 1757 à l’âge de 75 ans, et fut inhumé dans
l’église de Saint- Julien-du-Terroux. Une simple ardoise, dont
l’inscription est depuis longtemps effacée, marque la place de
ses cendres, et rien ne rappelle au visiteur le nom de celui qui
fut l’un des plus grands savants du siècle passé,
OATALOO-UE
DES
COLÉOPTÈRES DE MAINE-ET-LOIRE
PAR
J. GALLOIS
TROISIÈME PARTIE (1)
HiSTÉRIDES
Genre PLATYSOMA Leach. — Zool. miscell. ///, 76.
920. P. frontale Payk. — Sous Pécorce de diffé-
rents arbres (r). (Col. de la Per. et de Rom.).
921. P. depressum Fab. — Sous l’écorce des
ormes, des chênes (r) ; Sainte-Gemmes (Gai.).
922. P. oblongum Fab. — Au printemps et à la
fin de l’été, sous les écorces des pins (r); Lué (R. de
la Per.), forêt de Baugé (Ail. Gai.). La larve, qui fait
la guerre au Tomicus sténogrctphus, a été décrite par
Perris,/fts. du pin. marit ., Soc. ent. de Fr., 1874, p. 91.
923. P. filiforme Er. — Sous l’écorce des pins (r);
forêt de Baugé (GaL).
(1) Voir, pour les lre et 2e parties, les Bulletins de 1887 et 1888.
G. HISTER Linné. — Syst. nat. 1785.
924. H. major Lin. — Au printemps, dans les
matières stercorales et dans les matières animales en
décomposition (h); Saumur, Montilliers (Mil.); Marti-
gné-Briand (de Rom.).
925. H. inæqualis 01. — Au printemps, dans les
bouses (r) ; Saint-Jean-de-la-Croix, Beaulieu, coteau
de Servières (Mil.).
926. H. 4-maculatus Lin. — Cette espèce, que
l’on trouve dans les fumiers, est très répandue par-
tout et sujette à de nombreuses variations de colo-
ration.
927. H. unicolor Lin. — Dans les fumiers, les
cadavres de petits animaux, les plaies des arbres ;
d’après Millet : Sorges , Baugé , Saumur , Sainte-
Gemmes. (Col. de la Per. et de Rom.)
928. H. cadaverinus Hofm. — Dans les fumiers,
les bouses, les champignons en décomposition (ar) ;
Baugé (Mil.), Sainte-Gemmes (Gai.) (Col. de la Per. et
de Rom.). — La larve a été décrite par Latreille,
Nouv. Dict. d'hist. nat ., t. X, p. 429 (1817).
*929. H. merdarius Hofm. — Dans les fumiers,
les excréments humains, le fumier de poules (ar) ;
Baugé, Saumur (Mil.). (Col. de la Per. et de Rom.).
930. H. binotatus Er. — Surtout dans le crottin
de cheval (r); Martigné-Briand (de la Per. et de Rom).
931. H. fimetarius Herbst. — Dans les bouses,
les cadavres d^animaux (ar).
932. H. neglectus Germ. — Mêmes mœurs (r) ;
— m —
Sainte-Gemmes (Gai.), Martigné - Briand ; dans un
bolet pourri (de la Per. et de Rom.).
933. H. ignobilis Mars. — - Surtout en juin et
juillet, dans les matières animales en décomposition
(r) ; Sainte-Gemmes (Gai.).
934. H. carbonarius Hofm. — Dans les fumiers,
les cadavres d’animaux, avec les fourmis (r); Saumur
(Court.). (Col. de la Per. et de Rom.)
935. H. purpurascens Herbst. — Dans les
bouses, dans les détritus végétaux, dans les jardins
(ac) ; Sainte-Gemmes (Gai.). (Col. de la Per. et de Rom.)
936. H. stercorarius Hofm. — Les bouses, les
fumiers (pc) ; Martigné-Briand (de Rom.)
937. H. sinuatus Illig. — Mêmes mœurs (r).
(Col. de la Per. et de Rom.)
938. H. 4-notatus Scrib. — Avec les précédents,
dans les détritus d’inondations (r) ; Saumur (P. Lamb.),
Sainte-Gemmes (Gai.), Martigné (de la Per. et de Rom.).
939. H. bimaculatus Lin. — Dans les fumiers
(ar) ; Angers, Baugé, Saumur (Mil.).
940. H. 12-striatus Schrk, — Dans les bouses,
prairies des bords de la Loire (ac) ; d’après Millet :
Baugé, Saumur; Sainte-Gemmes (Gai.). (Col. de la
Per. et de Rom.)
941 . H . corvinus Germ. — Sous les feuilles, dans
les bolets (r) ; Martigné (de la Per. et de Rom.).
G, CARCINOPS de Marseul. — Mon. Hister. XXIL
942. C. pumilio Er, — A l’automne, sous l’écorce
des arbres, sous les pièces de bois humides à terre
(ar) ; Baugé, Sainte-Gemmes (Gai.).
— m —
G. PA ROM A LUS Erichson. — In Jahrb. 1834.
943. P. flavicornis Herbsl. — Vit avec le Pla-
tysoma oblongum , sous l’écorce des pins, printemps
et été (r) ; bords de l’étang Saint-Nicolas, près Angers
(Raf.), Baugé (Gai.), Lué (R. de la Per.) Col. de la Per.
et de Rom. — La larve a été décrite par Perris, Ins.
du pin. marü ., Soc. ent. de Fr., 1854.
944. — P. parallelipipedus Herbst. — A l’au-
tomne, sous l’écorce des arbres (r) ; Baugé, sous
l’écorce des pins (Gai.).
G. HETÆRIUS Erichson. — Jahrb. i, 150.
945. H. sesquicornis Preyss. — Au printemps,
sous les pierres exposées au soleil, le long des murs,
ou sous les pierres recouvrant les fourmilières (tr) ;
Sainte-Gemmes (Gai.). — Cet insecte paraît vivre en
bonne intelligence avec les fourmis; en juin et juillet,
on le trouve dans les fourmilières, au milieu des œufs
et des nymphes.
G. DENDROPIIILUS Le». — Zool.miscelL 111,76.
946. D. punetatus Herbst. — Dans les plaies des
arbres, les champignons ; dans les pigeonniers, vit
des excréments desséchés des pigeons (r) ; Sainte-
Gemmes (Gah).
947. D. pygmæus Lin. — Dans les nids de for-
mica rufa et fulva (r); Martigné-Briand (de la Per. et
de Rom.) ; Sainte-Gemmes (Gai.).
G. SAPRINUS Erichson. — Jahrb /, 172.
948. S. semipunotatus Fab. — Dans les bouses
(r); Martigné (de la Per. et de Rom.).
— m -
949. S. nitidulus Payk. — Dans le fumier, les
bouses (ac) ; d’après Millet : Baugé, Saumur ; Sainte-
Gemmes (Gai.). (Col. de la Per. et de Rom.)
950. S. immundus Gyl. — Dans les excréments
humains (r) ; Sainte-Gemmes (Gai.).
951. S. speculifer Latr. — Dans les cadavres de
petits animaux, sur les grèves (r) ; Cholet (Mil.),
Sainte-Gemmes (Gai.). (Col. de la Per. et de Rom.)
952. S. æneus Fab. — Dans les bouses, les ma-
tières animales en décomposition (c); Sainte-Gemmes
(Gai.). (Col. de la Per. et de Rom.)
... 953. S. chalcites Illig. — Sur les grèves des bords
de la Loire, dans les poissons en décomposition (r) ;
Sainte-Gemmes (Gai.).
954. S. conjungens Payk. — Anjou (de la Per. et
de Rom . ) (r) .
955. S. 4-striatus Hofm. — Endroits sablonneux,
sous les bouses (r) ; Sainte-Gemmes, sur les grèves
(Gai.).
956. S. rugifrons Payk. — Juillet (ac) ; dans les
matières végétales en décomposition, sur les grèves ;
Sainte-Gemmes (Gai . ) .
957. S. metallicus Herbst. — Sous les pierres
exposées au soleil, dans les détritus (r).
958. S. dimidiatus Illig. — Varie pour la taille et
la couleur, du noir au bronzé plus ou moins doré ;
dans les bouses, sur les grèves (r) ; Sainte-Gemmes
(Gai.).
959. S. rotundatus illig. — Au printemps, sous
les écorces , dans les plaies des arbres ; Sainte-
Gemmes (Gai.).
— 128 —
G. MYRMETES de Marseul, 62, 283.
960. M. piceus Payk. — Indiqué par Millet comme
trouvé dans une fourmilière à Saumur.
G. TERETRIUS Erichson. — In Jahrb. 7, 201.
961. T. picipes Fab. — Sous les écorces, dans le
bois pourri des vieux saules ; Martigné-Briand (de la
Per. et de Rom.), Sainte-Gemmes (Gai.).
G. PLEGADERUS Erichson. — In Jahrb. 1 , SOS.
962. P. saucius Er. — Sous les écorces des troncs
d’arbres pourris (r) ; Baugé, sous l’écorce des pins
(Gai.). — Les larves, très carnassières, vivent aux
dépens de divers xylophages.
963. P. vulneratus Panz. — Mêmes mœurs que
le précédent (r).
964. P. picipes Fab. — Vit également sous les
écorces (r) ; Éclosoir : sortant de fagots de hêtre
venant de la forêt de Bauge.
G. ONTHOPHILUS Leach. — Zool. miscell. III , 1817.
965. O. sulcatus Illig. — Dans les bouses, les
matières végétales en décomposition ; signalé sous
les melons pourris (Marquet) (r) ; Sainte-Gemmes
(Gai.).
966. O. striatus Forster. — Au printemps et à
l’automne sous les détritus végétaux, dans les cham-
pignons, dans les bouses (ar) ; Baugé (Mil.), Sainte-
Gemmes (Gai.).
— m
G. ABRÆUS Leach. — Zool. miscell. lll , 1817.
967. A. glofoulus Creutz. — Sous les détritus végé-
taux, dans le terreau au pied des arbres, sous les
écorces (r) ; Sainte-Gemmes (Gai.).
968. A. glofoosus Hofm. — Dans les fumiers, les
champignons, dans les bouses à moitié desséchées,
dans les fourmilières avec Lasia fuliginosa et ru fa
(r) ; Martigné (de la Per. et de Rom.). — La larve a
été décrite par Perris.
G. ACRITUS Le Conte. — Proced. of the Acad,
of Philad. 1853.
969. A. nigricornis Hofm. — Sous les écorces
humides, dans les plaies des arbres ; Baugé, Sainte-
Gemmes (Gai.);
970. — A. minutus Herbst. — Dans les matières
végétales en décomposition (ac); Martigné (de la Per.
et de Rom.), Saumur (Court.), Sainte-Gemmes (Gai.).
PHALACRIDES
G. PHALACRUS Paykul. — Faune Sued, 109.
971. P. corruscus Payk. — Sous les mousses, les
écorces, en fauchant sur les fleurs des prairies, en mai
et juin (cj ; Sainte-Gemmes (Gai.).
G. OL1BRUS Erichson. — In Jahrb. 113.
972. O. corticalis Panz. — Au printemps, sur les
fleurs; en automne et hiver, sous les écorces, surtout
sous les écorces de platane (ac) ; Sainte-Gemmes (Gai.).
9
130 —
973. O. æneus Illig. — Au printemps, sur les
fleurs, surtout sur les camomilles (c).
974. O. bicolor Fab. — (c) Au printemps, sur les
fleurs des prairies ; en hiver, sous les écorces de dif-
férents arbres.
975. O. liquidas Er. — Avec les précédents, plus
rare ; Sainte-Gemmes, prairies des bords de la Loire ;
Baugé, prairies des bords du Couesnon (Gai.).
976. O. affinis Sturm. — Sur les fleurs (ac). —
La larve vit dans les fleurs des salsifis sauvages ; elle
a été décrite par M. Laboulbène {An. Soc. ent. de Fr .,
1868).
977. O. millefolii Payk. — Sur les fleurs, surtout
sur les achillées ; Sainte-Gemmes, Baugé (Gai.). —
La larve naît dans les fleurs de YAchillea mille folium.
978. O. pygmæus Sturm. — Au printemps, avec
les précédents, sur les fleurs des prairies (ar); Sainte-
Gemmes (Gai.).
979. O. geminus Illig. — Mêmes mœurs; Sainte-
Gemmes, Baugé (Gai.).
980. O. oblongus Er. — Sous les écorces de pla-
tane (ac) ; Sainte-Gemmes.
N ITI DU Ll DES
G. CERCUS Latreille. — Er. iê6
981 C. pedioularius Lin. — Dans les endroits
marécageux^ sur les fleurs de Spirea (Mü.)(ar). Sainte-
Gemmes (Gai.),
131 —
982. G. samtouci Er. — Au printemps, sur les
fleurs de sureau (c). Dans les détritus des inonda-
tions ; Sainte-Gemmes (Gai.).
983. C. rufilabris Latr. — Dans les marais, sur
les roseaux et les joncs en fleur (ac). Marson, Sainte-
Gemmes (Gai.). La larve, décrite par Perris, signalée
dans les fleurs du Juncus obtusiflorus .
G. BRACHYPTERUS Kugelman. — Er. 130
984. B. gravidus Illig. — Dans les prairies, sur
les Gallium , les Spirea (c). Sainte-Gemmes (Gai.).
985. B. cinereus Heer. — Avec le précédent (r).
Sainte-Gemmes (Gai.). La larve vit dans les fleurs
des Linaria , dont elle dévore les élamines, les pistils
et même les jeunes ovaires.
986. B. linariæ Corn. — Indiqué surtout sur les
fleurs de Linaria striata; Sainte-Gemmés (Gai.). La
larve a été décrite par Perris.
987. B. pufoescens Er. — L’été, sur les orties en
fleurs (c).
988. B. urticæ Fab, — Sur Urtica dioica et
urens (c).
G. CARPOPHILUS Leach. - Er. 13 4
989. C. hemipterus Lin. — Dans les matières
végétales en décomposition, sous les écorces du chêne
(ac). Sainte-Gemmes (Gai.).
990. C. 6-pustulatus Fab. — Sous les écorces (r).
Lué (R. de la Per.), bois de Pouillé (Gai.), Larve et
nymphe décrites par Perris,
— 132 —
G. EPURÆA Erichson. — 110
991. E. æstiva Herbst. — Au printemps (c). Sur
l’aubépine. Sainte-Gemmes.
992. E. deleta Er. — Sous les écorces (ac).
993. E. obsoleta Fab. -- Au printemps, dans les
plaies des arbres, surtout des pins, dans les champi-
gnons, sur les fleurs (ac). La larve vit dans la sève
des pins et des chênes fraîchement coupés.
994. E. üorea Er. — Au printemps, sur les fleurs
des prairies ; dans les plaies des ormeaux (ar). Sainte-
Gemmes (Gai.).
995. E. limbata Fab. — Dans les lycoperdons,
dans les plaies des arbres ; signalé avec Lasia fuli -
ginosa (Rouget) (r). Marson (Gai.).
G. NITIDULA Fabricius. — Er. 158
996. N. bipustulata Lin. — Dans les cadavres
de petits animaux, dans les matières animales en
décomposition (r). Sainte-Gemmes (Gai.).
997. N. üexuosa Fab. — ■ Sainte-Gemmes (Gai.) (r).
998. N. obscura Fab. — Sous les écorces, sur les
fleurs, prairies des bords de la Loire (c).
999. N. 4-pustulata Fab. — Avec les précédents
(r). La Meignanne, Seiches (R. de la Per.). Dans les
vieux os. Sainte-Gemmes (Gai). Larve décrite par Perris.
G. SORONIA Erichson, 161
1000. S. punctatissima Illig. — Dans les plaies
des arbres, sous les écorces, dans les agarics (r).
Baugé (Gai.).
1001. S. oblonga Bris. — Sainte-Gemmes (Gai.).
— 133
1002. S. grisea Lin. — Au printemps et à l’au-
tomne, sous les écorces, dans les plaies des arbres,
dans les ormeaux (ar). Baugé (R. de la Per.), Sainte-
Gemmes. La larve vit de la sève des arbres fraîche-
ment abattus.
G. AMPHOTIS Erichson, 165
1003. A. marginata Fab. — Sous l’écorce, ainsi
que dans les plaies du chêne ; dans les fourmilières,
avec Lasia fuliginosa (ar). Baugé, Sainte-Gemmes
(Gai.).
G. OMOSITA Erichson, 166
1004. O. depressa Lin. — Au printemps, sur les
haies d’épine blanche (c). Sainte-Gemmes (Gai.).
1005. O. colon Lin. — Sous les détritus végétaux,
dans les plaies des arbres. Très commun dans les os.
Sainte-Gemmes (Gai.).
1006. O. discoidea Fab. — Dans les matières
animales en décomposition, également dans les os (c).
Sainte-Gemmes.
G. THALYCRA Erichson, 209
1007. T. fervida 01. — Baugé, forêt de Chande-
lais ; vit sur le pin (Gai.). Vole bas et lentement dans
les forêts de pins, au déclin du jour (Marquet).
G. PRIA Stephens. — Er. i68
1008. P. dulcamaræ Illig. — Sur les fleurs, et
particulièrement sur celles du Solarium dulcamaræ (c).
Sainte-Gemmes. Sur les luisettes, au bord de la Loire
— 134 -
(Gai.). La larve, décrite par Perris, vit dans les
organes floraux de la douce amère.
G. MEL1GETES Stephens, — Er. 169
1009. M. rufipes Lin. — Au printemps, sur les
fleurs, dans les bois (ac). Sainte-Gemmes, Baugé,
vallée du Couasnon (Excursion de 1874).
1010. M. fuscus 01. — Avec le précédent, plus
rare. Signalé sur le genêt à balais. La larve vit sur
les fleurs du Lamium maculatum et du Stachys syl -
vatica (Marque t).
1011. M. æneus Fab. — (tc). Au printemps, sur
les fleurs des prairies, sur les crucifères, surtout sur
les colzas en fleurs ; la couleur de cet insecte varie
beaucoup, bleu vert ou bronzé. Larve décrite par
Perris [An. Soc. Lin. Lyon ., 1876).
1012. M. viridescens Fab. — Au printemps, sur
les luisettes des bords de la Loire (c) . Sainte-Gemmes.
Larve décrite par Perris {An. Soc. Lin. Lyon., 1876).
Elle vit dans les fleurs du radis et du navet.
1013. M. coracinus Sturm. — Indiqué sur les
fleurs de Galium et du Prunus spinosa.
1014. M. lepidii Mil. — Prairies des bords du
Couesnon, Baugé (Gai.).
1015. — M. symphiti Heer. — (tc). Sur Symphy -
tum officinale.
1016. M. marrubii Bris. — La larve, décrite par
Perris, vit sur le Marrubium vulgare (ar). Sainte-
Gemmes, Baugé.
1017. M. tristis Sturm. — En fauchant sur les
— 133 —
prairies des bords de la Loire ; signalé surtout sur les
vipérines (ac). Sainte-Gemmes.
1018. M. mur inus Er. — Avec le précédent (tc).
1019. M. flavipes Sturm. — Mêmes mœurs (tc).
Signalé sur le Circium lanceolatum . La larve a été
indiquée comme vivant dans les- fleurs de la Ballota
fœtida .
1020. M. serripes Gyl. — Au printemps, vit sur
la Salvia pratensis et la Saponaria officinalis (c).
1021. M. picipes Sturm. — En automne, surtout
sur les chicoracées (c).
1022. M. pedicularius Gyl. — Anjou (Millet).
1023. M. obscurus Er. — Sur les Teucrium et sur
Mentha aquatica. Sainte-Gemmes.
1024 M. menthæ Bris. — (c). Sur les menthes.
Sainte-Gemmes.
1023. M. erythropus Gyl. — La larve a été signa-
lée comme vivant sur le Lotus corniculcitus .
1026. M. exilis Sturm. — Sur les fleurs, dans les
clairières des bois (r). Baugé.
G. POCAD1US Erichson, 211.
1027. P. ferrugineus Fab. — Dans les plaies des
arbres, les bolets, les lycoperdons; signalé également
avec Lasia fuliginosa (Rouget). Bords de l’étang de
Marson, Baugé (Gai.), Lué (R. de la Per.). Larve décrite
par Chapuis et Candèze (Soc. ent. de France , 1839).
G. CYCHRAMUS Kugelman. — Er. 218
1028. C. luteus Fab. — Sur les fleurs, surtout sur
les ombellifères, sur les sureaux, les saules, dans les
champignons (ac). Sainte-Gemmes. Marson (Gai.).
G. CYLLODES, Erichson 218.
1029. C. ater Herbst. — Dans les champignons (r).
Forêt de Baugé (Gai.).
G. CRYPTARCHA Shuck. — Er. SSl.
7030. C. strigata Fab. — En juillet, dans les
plaies cariées des chênes ou des peupliers (r). Sainte-
Gemmes, Baugé (Gai.).
1031. C. imperialis Fab. — Dans les plaies de
différents arbres (r). Provenant d’écloison dans des
branches de chêne venant de Baugé (Gai.).
G. 1PS Fabricius. — Er. SSS.
1032. I. 4-guttata Fab. — Sous les écorces et
dans les plaies des saules, des peupliers et surtout
des chênes (r). Sainte-Gemmes (Gai.).
1033. I. 4-punctata 01. — Sous les écorces de
différents arbres (r).
1034. I. 4-pustulafca Lin. — Mêmes moeurs que
le précédent; plus commun. Signalé sur l’orme.
1035. I. ferruginea Lin. — Vit sous l’écorce des
pins, aux dépens des larves d'Hylurgus (ac). Baugé
(GaL), Lué, dans les fagots de pin (R. de la Per.). Les
métamorphoses de cet insecte ont été décrites par
Perris [Ins. du pin marit. — An. Soc. ent. de Fr., 1833,
p. 576).
G. RHSZOPHAGUS Herbst. — Er. SS6.
1036. R. depressus Fab. — Sous l’écorce des
arbres_, et surtout des pins. La larve, décrite par
Perris [Ins. du pin marit. — Soc. ent . de Fr., 1853),
— 137 —
vit aux dépens de divers insectes xylophages du genre
Bostrichus .
1037. R. ferrugineus Payk. — Dans le terreau,
au pied des arbres ; dans les détritus végétaux. Baugé
(Gai.)
1038. R. perforatus Er. — Dans les chantiers dp
bois, sous les écorces des arbres abattus (r).
1039. R. parallelocollis Gyl. — Sous les écorces
humides, sous les planches ayant séjourné à terre,
dans les fruits pourris, à terre (r).
1040. R. bipustulatus Fab. — Sous l’écorce du
chêne (r). Éclosion, dans des branches de chêne
venant de Baugé (Gai.).
1041 R. politus Helw. — Sous les écorces de dif-
férents arbres, et surtout des ormes (ar). Sainte-
Gemmes (Gai.).
TROGOSITI DES
G. NEMOSOMA Latreille. — Er. 388.
1042. N, elongata Lin. — En avril; sous l’écorce
des ormes, des chênes, des pins (r). Lué (R. de la Per.),
Baugé (Gai.). La larve vit aux dépens de YHylesinus
vittatus et de plusieurs Bostrichus. Pour la larve, voir
Chapuis et Candèze, p. 74.
G. TEMNOCHILA Westwod. - Er. Ui.
1043. T. ccerulea 01. -- Bords de l’étang Saint-
Nicolas, sous l’écorce des pins ; signalé aussi sur les
ormes (Raf. Gai.). La larve a été décrite par Perris
[Ins. du pin marit | — Soc. Eut. de Fr. , 1853, p. 610).
— 138 —
G. TROGOSITA Olivier. — Er. M2.
1044. T. mauritanica Lin. — Dans les greniers
à farine provenant sans doute des planchers en sapin;
souvent en débris dans le pain (ac). La larve fait la
guerre aux insectes nuisibles aux céréales ; elle a été
décrite par Olivier ( Encyc . meth . , t. V, p. 242).
G. PELT1S Kugelman. — Er. 215.
1045. P. ferruginea Lin. — (r). Sainte-Gemmes
(Gai.).
G. THYMALUS Dufstmîlh. — Er. 219.
1046. T. limbatusFab. — Sousl’écorce des hêtres
et des chênes (r). Baugé (AIL). Sainte-Gemmes (Gai.).
COLYDIDES
G. SARROTRIUM llliger. — Er. 259.
1047. S. clavicorne Lin (S. muticum Lin). — (r).
Signalé à Saint-Sulpice par Millet.
G. B1TOMA Herbst. ----- Gy II. Ilf, M2.
1048. B. crenata Fab. — Assez commun sous les
écorces humides, surtout sur le chêne et le pin (r).
La Meignanne (de Joan.). Sainte-Gemmes (Gai.).
Larve décrite par Perris (lus. du pin marit . — Soc ,
Ent. de Fr ., 1853).
— 139 -
G. AULONIUM Erichson, 275.
1049. A. sulcatum 01. — En mai, sous les écorces
de différents arbres, et surtout des ormes. Vit aux
dépens des Scolytes (ar). Angers (Mil.), Sainte-Gemmes
(Gai.), Lué(R. de la Per.). Larve décrite parWestwood
(Intr. io the mod. clcis. 1839).
1050. À. bicolor llerbst. — Sous les écorces des
pins, dans les galeries du Bostrichus laricis (ar). Pour
la larve, voir Perris {Ins. du pin marit. — Soc. Ent .
de Fr . , 1873, p. 610).
G. COLYDIÜM Fabricius. — Er. 278.
1051 . C. filiforme Fab. — Dans les troncs de vieux
chênes, galeries des Bostrichus et des Anobium,
signalé aussi sur la vigne (r). forêt de Baugé (Al. et
Gai . ) .
1052. G. elongatum Fab. — Sur les chênes et les
pins (r). Baugé (Mil.). Larve dans les nids du Pla -
typus cylindrus ( Ratzeburg , die fortinsect , t. I, 1837).
G. OXYLEMUS Erichson, 282.
1053. O. cylindricus Panz. — Sur le chêne, dans
les galeries de T omicus typograplius (r) ; signalé à
Gombrée par M. de Marseul.
G. AGLENUS Erichson, 285.
1054. A. brunneus Gyl. — Dans les fumiers, le
long des murs des étables, dans le tan (r); Montreuil-
Belfroy (Raf.), Sainte-Gemmes (Gai.).
140 —
G. BOT1IRIDERES Sturm. — Er., 288.
1055. B. contractas Fab. — Sous les écorces des
vieux saules et des vieux peupliers, aussi sur le châ-
taignier ; dans les galeries des Anobium et Ptilinus ;
signalé en Anjou par Millet.
G. CERYLON Latreille. — Er. 298.
1056. G. histeroides Fab. — Sous l’écorce des
pins ; la larve vit aux dépens de Yhylexinus pini-
perda ; signalé aussi sur le saule; forêt de Baugé
(Gai.).
1057. C. deplanatum Gyh — Sous l’écorce des
chênes; forêt de Baugé (Gai.); signalé aussi avec
formica rufibarbis.
CUCUJ I DES
G. BRONTES Fabricius. — Er. 331.
1058. B. planatus Lin. — Dans les chantiers,
sous les écorces d’ormes, de chêne et de hêtre ; La
Meignanne (de Joan.), Sainte-Gemmes (Gai.).
G. LÆMOPHLQEUS Erichson, 315.
1059. L. monilis Fab. — Sous les écorces de pla-
tane, sur le chêne (r) ; Sainte-Gemmes (Gai.).
1060. L. bimaculatus Payk. -- Sous les écorces
du hêtre et du chêne (r) ; éclosoir : provenant de
fagots de chêne venant de Chandelais (Gai.).
1061. L. testaceus Fab. — D’éclosion avec le
— 141 —
précédent (r) ; vit sur le chêne; se trouve souvent
sous l’écorce des chênes morts avec Lasia fuliginosus.
1062. L. ferrugineus Steph. — Dans les mai-
sons, dans les greniers où l’on conserve des fruits; on
le prend souvent sur les vitres des cuisines (r).
1063. L. ater 01. — Sur les genêts à balais et les
ajoncs morts ; signalé aussi sur les saules et les
ormeaux (r) ; Sainte-Gemmes (Gai.).
1064. L. clematidis Er. — Dans les branches
mortes de clématites (r) ; Sainte-Gemmes (Gai.).
G. SILVANUS La treille. — Er. 335.
1065. S. frumentarius Fab. — Dans les bûchers,
sous l’écorce des arbres; dans les greniers à blé (Gai.).
1066. S. bidentatus Fab. — Sous les écorces de
différents arbres, surtout des ormes; Sainte-Gemmes,
sous l’écorce d’un chêne (Gai.).
1067. S. unidentatus Fab. — Sous les écorces
(Mil.) ; signalé sur le saule et le peuplier. — Pour la
larve, voir Perris (Ins. du pin . marit. — An. Soc. ent.
de Fr., 1853).
1068. S. similis Er. — Sous les débris végétaux,
au pied des arbres, sous les feuilles; Sainte-Gemmes,
en secouant de vieux fagots de chêne (Gai.).
G. PSAMMGECUS Boudier. — Er. 8SS.
1069. P. bipunctatus Fab. — Au printemps, sur
les roseaux et dans les détritus (c) ; étang de Marson
(R. de la Per.) ; Sainte-Gemmes (Gai.).
G. TELMATOPHILUS Heer, 417.
1070. T. sparganii Ah, — Étang de Marson, sur
les Sparganium et au pied des plantes (ac) (Gai.). —
La larve vit dans les fruits du Sparganium ramosum.
1071. — T. obscurus Fab. — Étang de Marson,
en fauchant sur les bords (c) ; sur les carex (Gai.).
1072. T. Schœnherri Gyl. — Avec les précédents,
plus rare (Gai.).
CRYPTOPHAGIDES
G. ANTHEROPHAGUS Latreille.
1073. A. nigricorms Fab. — Sur les fleurs, dans
les jardins, en fauchant au printemps sur les herbes
des prairies (ar) (Mil.). Lué (R. de la Per.).
1074. A. silaceus Herbst. — Mêmes mœurs; bords
du Couesnon (Gai.); excursion de 1874. — La larve
signalée dans les nids de Bombix.
1073. A. pallens Lin. — Sur les buissons,, les
haies en fleurs (r) ; Sainte-Gemmes (Gai. ).
G. EMPHYLUS Erichson, 346.
1076. E. giaber Gyl. — Dans les nids de Formica
rufa et sanguinea ; bords de l’étang Saint-Nicolas
(Raf. et Gai.).
G. CRYPTOPHAGUS Herbst. — Er. 817.
1077. C. lycoperdi Herbst. — Dans les champL
gnons, surtout les lycoperdons (ac); Anjou (Mil.),
Sainte-Gemmes (Gai.). — La larve en décembre dans
les lycoperdons.
— 143 —
1078. C. scanicus Lin. — Commun sous les débris
végétaux, les feuilles sèches, les mousses. — La larve
a été indiquée dans les lierres vermoulus, en avril,
ainsi que dans les nids de frêlons.
1079. C. Schmidti Sturm. — Dans les matières
végétales en décomposition (r).
1080. C. pilosus Gyl. — Mêmes moeurs que les
précédents (r).
1081. C. cellaris Scop. — (c) Dans les caves, sur
les tonneaux; signalé aussi sur les fleurs du frêne, du
chêne et du lilas ; Sainte-Gemmes (Gai.).
1082 . C . vini Panz . — Avec le précédent, plus rare ;
en avril, sur les ajoncs fleuris; Sainte-Gemmes (GaL).
1083. C. acutangulus Gyl. — Sous les débris
végétaux (r); la forêt de Baugé (Gai.). — La larve de
cet insecte vit dans les déjections laissées par les
larves de divers lôngicornes, surtout dans les pins en
décomposition. (Perris, Ins. du pin. marit ., Soc. eut.
de Fr., 1862.)
1084. C. foicolor Sturm. — Dans les vieux fagots,
dans les débris végétaux (r) ; Anjou (Mil.).
1085. C. pubescens Sturm. — Dans les détritus
de fourrages, dans les nids de guêpe (ac) ; en battant
des fagots ; Sainte-Gemmes (Gai.).
G. PARAMECOSOMA Curtis. — Er. 371.
1086. P. abiétis Payk. — Vit sur les pins (r); dé-
tritus d’inondation ; Sainte-Gemmes (Gai.).
G. ATOMARÎA Stephens. — Er. 375.
1087. A. fimetaria Herbst. — Dans les détritus
— 144 —
végétaux, dans les végétations cryptogamiques (c) ;
Anjou (Mil.).
1088. A. nana Er. — Dans les détritus, à la suite
des inondations (ac) ; Sainte-Gemmes (Gai.).
1089. A. umbrina Gyl. — Anjou (Mil.).
1090. A. linearis Steph. — Dans les détritus, à la
suite d’inondations (r) ; Sainte-Gemmes (Gai.).
1091. A. mesomelas Herbst. — Sous les écorces;
dans les végétations cryptogamiques ; Anjou (Mil.).
1092. A. fuscipes Gyl. — En fauchant sur les
herbes des prairies.
1093. A. basalis Er. — En fauchant dans les
endroits humides (r) ; bords de l’Authion (Gai.).
1094. A. fuscata Sch. — En battant des fagots;
Baugé (Gai.).
1095. A. nigripennis Payk. — Dans les mousses,
au pied des arbres (ac) ; Anjou (Mil.).
1096. A. pusilla Payk. — Dans les détritus végé-
taux (ac).
1097. A. ruücornis Marsh. — Avec le précédent,
au vol, près des fumiers (ac) ; Sainte-Gemmes (Gai.).
LATH RI DI DES
G. LANGE LAND i A Aubé. — Noc. Knt. de Fr., 484,2.
1098. — L. anophthalma Aubé. — Sous les
écorces humides, dans des morceaux 'de bois enfoncés
en terre, dans les racines des plantes (r) ; La Mei-
gnanne(de Joan.), Sainte-Gemmes (Gai.). — La larve
a été décrite par Perris.
- 145 —
G. ANOMMATUS Wesmaël. — BuL ac. Bruxelles , 1836.
1099. A. 12-striatus. — (r) Angers, bords de
l’étang Saint- Nicolas , sous des pieux enfoncés en
terre (Gai.).
G. COLOVOCERA Molscliulsky . — BuL mosc. 1838.
1100. C. formicaria Motsch. — Vivant avec
diverses espèces de fourmis (r).
G. LATIIRIDIUS llliger. — Mahn. 67.
1101. L. angusticollis Hum. — (c) Dans les
fagots, sous les écorces, dans le terreau des saules
creux ; Sainte-Gemmes (Gai.).
1102. L. nodifer Westw. — La larve vit dans le
mycélium , sur les pièces de bois humides (r); Sainte-
Gemmes (Gai.).
1103. L. elongatus Curt. — (r) Sainte-Gemmes,
dans un cellier, sur un vieux tonneau (Gai.).
1104. L. ruficollis Marsh. — Dans les celliers, sur
les tonneaux, sur les planchers de chêne humides (r);
Sainte-Gemmes (Gai.).
1105. L. rugosus Herbsl. — Dans les champignons,
sur des souches de chêne ; Angers.
1106. L. transversus 01. — A terre, au pied des
arbres, sous les feuilles; Sainte-Gemmes, sous l’écorce
des platanes (c) (Gai.).
1107. L. minutus Lin. — Sous les détritus végé-
taux (c). — La larve, décrite par Perris {An. Soc. ent.
de Fr., 1852), se nourrit des productions cryptoga-
miques, qui se développent dans les chaumes.
10
■ — 146 —
1108. L. fiiiformis Gyl. — Dans les détritus végé-
taux, sous les écorces de platane (ar); Sainte-Gemmes
(Gai.).
G. CORTICARIA Marsham. — Entom. Brii. 180 â.
1109. G. pubescens Hum. — Dans les fagots,
dans les bûchers, sous les détritus de fourrages (c) ;
Sainte-Gemmes (Gai.). — La larve a les mêmes mœurs
que celles du Latliridius minulus ; on la trouve dans
les toitures de chaume.
1110. C. crenulata Gyl. — Sous les écorces, dans
les granges, sous la paille ; Baugé (Mil.).
1111. G. serrata Payk. — Sous les écorces, sous
les fagots ; Sainte-Gemmes (Gai.).
1112. C. transversalis Gyl. (S. G. melanoph-
thalma . — Espèce très variable (c) ; sous les détritus
végétaux, dans les fagots; signalée surtout sur le
chêne, le châtaignier.
1118. C. fuscula Hum. — Dans les détritus végé-
taux (c).
1114. C. gihbosa Herbst. — Sous les détritus
végétaux; Sainte-Gemmes (Gai.). — La larve a été
décrite par Perris.
1118. C. similata Gyl. — Sous l’écorce de diffé-
rents arbres et surtout des pins (r).
G. MONOTOMA Herbst. — Aube, Soc. Eut. Fr.
1116. M. conicicollis Guér. — Dans les fumiers,
les matières végétales en décomposition (ar).
1117. M. angusticollis (Gyl.). — Sous les écorcds
(ar) ; Baugé (Gai.).
- 147 —
1118. M. picipes Herbst. — Dans les matières
végétales en décomposition ; au vol, autour des fu-
miers (c) ; Sainte-Gemmes (Gai.).
1119. M. spinicollis Aubé. — Mêmes mœurs (r).
1120. M. quadricollis Aubé. —Dans les matières
animales et végétales en décomposition ; Sainte -
Gemmes (Gai.).
1121. M. longicollis Gyl . — Avec le précédent;
dans les fourmilières (r).
1122. M. punctaticollis Aubé. — Sous les écorces
(r) ; La Meignanne (de Joan.).
G. MIRMEKIXENUS Chevrolat. — Silb. III , 867.
1123. M. subterraneus Chev. — Dans le terreau
humide et dans une fourmilière, bord de l’étang de
Saint-Nicolas (Raf. et Gai.).
G. MYCETEA Stephens. — Gerst. 102.
1124. M. hirta Marsh. — Sous les détritus végé-
taux, dans la moisissure, sur les murs humides des
celliers, sur les vieux tonneaux (ac) ; Sainte-Gemmes
(Gai.). — La larve, décrite par Westwood ( Introd . to
the mcd. clas., 1839) .
G. MYCETOPHAGUS Helwig. — Er . 106.
1126. M. 4-pustulatus Lin. — Dans les champi-
gnons qui croissent sur le tronc des arbres (ac) ;
Sainte-Gemmes (Gai.), Lué (R. delà Per.). — Larve
décrite par Westwood ( Introd . to the mod. clas. 1839).
1127. M. piceus Fab. — Mêmes mœurs, plus rare;
Sainte-Gemmes (Gai.). — Larve décrite par Perris,
— 148 —
1128. M. multipixnctatus Helw. — Mêmes
mœurs ; Baugé (Gai.). — Larve décrile par Erichson,
(Arch. de Wiegm., 1847).
1129. M. populi Fab. — (ac) Dans les plaies des
peupliers; Sainte-Gemmes (Gai.).
1130. M. 4-guttatus Mul. — Dans les champi-
gnons, les plaies des arbres (r).
G. TRIPUYLLUS Latreille. — Ef. Mi.
1 131 . T. punctatus Fab. — Dans les bolets, sous
les écorces des vieux saules (r). Sainte-Gemmes
(Gai.). La larve vit dans le bolet foie ( fistulina hepa-
tica). Voir Perris [An. Soc. Eut. de Fr ., 1851).
G. LITARGUS Erichson, 415.
1132. L. bifasciatus Fab. — Sous les écorces en
décomposition, surtout sur le hêtre, le châtaignier, le
peuplier (r). Sainte-Gemmes (Gai. ). Larve et nymphe
décrite par Perris.
G. D1PLOCÆLUS Guérin. — Icon 126.
1133. D. fagi Guér. — Vit à l’état de larve sous
l’écorce du hêtre (r). Eclosion : fagots venant des
forêts de Baugé vGal.}.
G. B1PHYLLUS Shuck. — Redl. 188.
1134. B. lunatusFab. — SousFéeorce des saules,
des hêtres, des frênes (r). Sainte-Gemmes (Gai.). La
larve vit dans les productions cryptogamiques.
G. TYP11ÆA Curtis. — Er. M7.
1135. T. fumata Lin. — Sous les écorces de pin,
— 149 —
sous les mousses, les détritus végétaux, dans les
étables, sur les murs (a). Sainte-Gemmes (Gai.).
Larve et nymphe décrites par Perris.
G. BERGINUS Erichson, 404.
1136. B. tamarisci Woll. — Forêt de Cliandelais,
en battant des pins (Gai.). Voir, pour les métamor-
phoses de cet insecte, Perris (Ins. du pin marit. —
An. Soc. Ent. de Fr., 1862, p. 194).
D’après Perris, le Berginus tamarisci pond ses œufs
dans les chatons mâles du pin maritime.
DERM ESTI DES
G. BYTURÙS La treille. — Thoms 192.
1137. B. tomentosus Fab. — Sur les fleurs, dans
les prairies; en mai, sur Ranunculus bulbosus (r).
Sainte-Gemmes. Pour la larve, voir Chapuis et Can-
dèze, p. 164.
G. DERMESTES Linné. — Er. I2i.
1138. D. vulpinus Fab. — Dans les matières ani-
males en décomposition, dans les musées d’histoire
naturelle (ac). Sainte-Gemmes.
1139. D. Frischi Kug. — Dans les cadavres d’ani-
maux, surtout dans les cadavres de reptiles (c) . Sainte-
Gemmes (Gai.); Lué (R. de la Per.).
1140. D. murinus Lin. — Au pied des plantes
— ISO —
basses, surtout des verbascum (ac). Sainte-Gemmes
(Gai.).
1141. D, undulatus Brahm. — Dans les cadavres
d’animaux, sur les grèves (r). Sainte-Gemmes; Lué,
en juin (R. de la Per.).
1142. D. mustelinus Er. — Sous les pierres, au
pied des plantes, l’hiver (r). Sainte-Gemmes.
1143. D. tessellatus Fab. — Mêmes mœurs (r).
1144. D. laniarius 111. — Sous les cadavres de
reptiles (ar). Sainte-Gemmes.
1145. D. ater 01. — En fauchant dans les prairies
des bords de la Loire (c). Martigné (R. de la Per.).
1146. D. lardarius Lin. — Dans les cuisines, dans
les magasins de peaux, dans les collections d’histoire
naturelle (c).
1147. D. bicolor Fab. — Sous les écorces de pla-
tane. Sainte-Gemmes.
G. ATTAGENUS Latreille. — Er, 4,88
1148. A. pellio Lin. — Printemps et été, sur les
fleurs; on le trouve souvent dans les maisons, sur
les vitres des croisées. La larve dévore les pelleteries,
les étoffes de laine (c). Pour la larve, voir Chapuis et
Candèze, p. 101 .
1149. A. megatoma Fab. — Mêmes mœurs (ac).
La larve signalée comme vivant dans les nids d’hiron-
delles.
1150. A. verbasci Lin. — (c). Sur les fleurs de
verbascum. Anjou (Mil.).
1151. A. pæcilus Germ. — Au printemps, sur les
fleurs (r).
1152. A. obtusus Gyl. — Avec le précédent (r).
151 -■
G. MEGATGMA Herbst. — Er. US.
1153. M. undata Lin. — A l’état de larve dans le
bois mort, signalé sur le hêtre ; à l’état parfait sur les
fleurs. Baugé (Ail,). Montreuil-Belfroy (Raf.). Sainte-
Gemmes (Gai.).
G. HADROTOMA Latreille. — Er. Ui.
1154. II. nigripes Fab. — Sur les haies, les buis-
sons (pc). Sainte Gemmes (Gai.).
G. TROGODERMA Latreille. — Er. U6.
1155. T. versicolor Creutz. — Sainte-Gemmes,
en fauchant dans les prairies des bords de la Loire.
La larve vit dans les nids de divers hyménoptères du
genre Colletés- ,
G. TIRESIAS Stephens. — Er. 150.
1156. T. serra Fab. — La larve vit sous l’écorce
de différents arbres, le platane, Forme, le chêne (r).
Sainte-Gemmes, dans les plaies des ormeaux (Gai.).
La larve a été décrite par Perris (Soc. Ent. de Fr. 1846).
G. ANTHRENLS Geoffroy. — Er. U2.
1157. A. scrophulariæ Lin. — Sur les fleurs, au
printemps (ar). La larve décrite par de Géer (. Mem .,
t. IV, 1774).
1158. A. pimpinellæ Fab. — Sur les fleurs de
diverses ombellifères (c). La larve de cette espèce a
été décrite par Rey (An. Soc. Lin., de Lyon , 1887).
1159. A. varius Fab. — Sur les fleurs de l’aubé-
pine. Sainte-Gemmes (Gai.); Lué (R. de la Per.). A
l’état de larve, dans les collections d’histoire naturelle.
1160. A. festivus Er. — Sur les ombellifères.
1161. A. fuscus 01. — Avec le précédent.
1162. A. museorum Lin. — A l’état de larve dans
les collections d’histoire naturelle. A l’état parfait sur
les fleurs (c). Sur le Spirea aruncus. La larve a été
décrite par Lucas (An. Soc. Eut. de Fr., 1860).
G. TRINODES Latreille. — Er. 465.
1162 bis. T. hirtus Fab. — La Meignanne (R. de la
Per.).
BYRRHIDES
G. NOSODENDRON Latreille. — Er. 4 65 .
1163. N. fasciculare 01. — Dans les plaies de
différents arbres, et surtout des ormes et des saules
(r). Sainle-Gemmes (Gai.). La larve a été décrite par
Dufour [An. Soc. Ent. de Fr., 1862).
G. SYNCALYPTA Stephens. — Er. 169.
1164. S. setigera lllig. -- Au printemps, sous les
pierres, dans la terre humide, le long des murs (r).
Sainte-Gemmes; détritus, suite d’inondation (Gai.).
G. BYRRHUS Linné. — Er. 475.
1165. B. ornatus Panz. — (r). Sous une pierre.
Sainte-Gemmes (Gai.).
— 153 —
1166. B. pilula Lin. — Dans les champs, sous les
pierres, dans la mousse, sous les feuilles desséchées
des verbascum (ar). Sainte-Gemmes.
1167. B. fasciatus 01. — Champigny le Sec,
Souzay (Mil.); Lué (R. de la Per.).
1168. B. dorsalis Fab. — Sous les écorces (r).
Baugé (Mil.).
1169. B. murinus Fab. — Sous les pierres, dans
la mousse (r). Angers. Segré (Mil.).
G. GYT1LUS Erichson, 489.
1170. C. varius Fab. — Dans les bouses dessé-
chées, dans les détritus, suite d’inondation (r). Cham-
pigny. Souzay (Mil.).
G. MORYCHUS Erichson, 491.
1171. M. æneus Fab. — Sous les bouses dessé-
chées, sous les pierres (Mil.).
1172. M. nitens Panz. — Mêmes mœurs. Saumur,
Baugé (Mil.).
G. SIMPLOCARIA Marsh. — Steff. 87.
1173. S. semistriata Fab. - Lieux sablonneux,
sous les pierres, dans les bouses desséchées, dans les
détritus des inondations. Saumur, Baugé (Millet).
G. LIMNICHUS Latreille. — Er. 197.
1174. L. aurosericeus Duv. — Dans les détritus
des inondations (r). Sainte-Gemmes (Gai.).
1175. L. versicolor Waltl. — La Meignanne,
bord du ruisseau, au pied des plantes (Gai.).
— m —
1176. L. pygmæus Sturm, — Sainte-Gemmes.
Au bord de l’Authion, dans la mousse (Gai.).
1177. L. sericeus Duft. — Bords du ruisseau de
la Meignanne, sur la vase, au pied des herbes (Gai.).
G. GEORYSSÜS Latreille. — Er. 502.
1178. G. pygmæus Fab. — Chaumont. Dans la
terre vaseuse, au bord de l’étang. Excursion de 187
(Gai.).
1179. G. costatus Cast. — Angers. Bords de l’étang
Saint-Nicolas, en piétinant sur la terre humide (Gai.).
PARNIDES
G. PARNUS Fabricius. — Er. 510.
1180. P. prolifericornis Fab. — Au printemps,
au bord des eaux, sous les pierres, bords de la Maine
(Mil.). Sainte-Gemmes (Gai.).
1181 . P. luridus Er. — Bords de la Loire, dans la
vase (ac) .
1182. F. lutulentus Er. — Sainte-Gemmes, dans
les mares (Gai.).
G. POTAMINUS Sturm. — XXII , 62.
1183. P. substriatus Mill. — Bords de la Loire,
sous les pierres immergées (Gai.).
G. POTAMOPlIILüS Germar. — Er. 518.
1184. P. acuminatus Fab. — Dans les eaux cou-
rantes, sous les pierres ou accrochés aux pieux. Mon-
treuil-Belfroy (Raf.). Col. de Buz.
— 155 —
G. ELMIS La treille. — Er. 5U.
1185. E. æneus Mul. — Sons les pierres, les mor-
ceaux de bois, dans les eaux couranies. Montreuil-
Belfroy (Raf ). Sainte-Gemmes (Gai.). La larve de
YElmis æneus a été décrite par M. Laboulbène (An.
Soc. Eut. de Fr., 1870).
1186. E. cupreus Mul. — Accrochés sous les pierres
des cours d’eau (ar). Sainte-Gemmes.
1187. E. nitens Mul. — Avec le précédent, plus
rare.
1188. E. angustatus Mul. — Bord des eaux.
Sainte-Gemmes (Gai.).
1189. E. pygmæus Mul, — Avec le précédent (r).
Sainte-Gemmes.
1190. E. tuberculatus Mul. (S. G. Limnius Mul.).
— Dans les détritus des inondations. Sainte-Gemmes.
G. STENELMIS Dufour. — Er. 531.
1191. S. canaliculatus Gyl. — Sur les vieux bois,
les branches immergées. Montreuil-Belfroy (Raf.).
Sainte-Gemmes (Gai.).
G. MACRONYCIIUS Muller. — Er. 535.
1192. 4-tuberculatus Mul. -- Angers, bords de
la Maine, sous des morceaux de bois, dans l’eau cou-
rante (r) (Gai.). La larve a été décrite par Chapuis
et Candèze, p. 110.
G. HETEROCERUS Fabricius. — Kiessw. Lin. V.
1193. H. fossor Kiesenv. — Sainte-Gemmes. En
— 156 —
piétinant sur le sable humide au bord de la Loire
(Gai.).
1194. H. marginatus Fab. — Bords de la Loire,
dans le sable humide (c).
1195. II. lævigatus Panz. — Sainte-Gemmes,
grèves des bords de la Loire (Gai ).
PECTINICORNES
G. LUCANUS Linné. — Er. 935.
1196. L. cervus Lin. — La larve (voir Chapuis et
Gandèze, p. 129) vit dans le chêne où elle creuse de
profondes galeries. L’insecte parfait en juin et juillet
(tc) sur le chêne ou au vol, le soir.
G. DORCUS Mac Leay. — Er. 939.
1197. D. parallelipipedus Lin. — Pris sur le
chêne (tc). Pour la larve, voir Chapuis et Candèze,
p. 129.
G. PLATYCERUS Geoffroy. — Er. 9M .
1198. P. caraboïdes Lin. — Sur le chêne, en mai
et juin ; Angers (Mil.), Sainte-Gemmes (Gai ).
G. SINODENDRON Helwig. — Er. 9k9.
1199. S. cylindricum Lin. — La larve vit dans
le tronc de différents arbres; l’insecte a été signalé
sur le frêne, sur le pommier; Angers (Mil.) (tr).
- 157
LAMELLICORNES
G. ATEUCHUS Weber. — Er. 74,9.
1200. A. laticollis Web. — Espèce méridionale
indiquée par Millet comme trouvée à Montreuil-Bellay
et Saint-Cyr-en-Bourg (tr).
G. GYMNOPLEURUS Illiger. — Er. 754, .
1201 . G. flagellatus Fab. — Espèce méridionale ;
Montreuil-Bellay, Saint-Cyr-en-Bourg. Terrefort près
Saumur (Court.) (tr).
1202. G. mopsus Pal. — Terrefort près Saumur;
Saint-Hilaire-Saint-Florent; Montreuil-Bellay (Mil.) (tr).
G. SISYPHUS Latreille. — Er. 757.
1203. S. SchæfFeri Lin. — Dans les matières
stercoraires; Pocé, Marson, Saint-lIilaire-Saint-Flo-
rent, Souzay, Montreuil-Bellay (Mil.) (r).
G. COPRIS Geoffroy. — Er. 786 .
1204. C. lunaris Lin. — (c) Dans les bouses, au
printemps, prairies des bords de la Loire (Gai.).
G. ONTÏIOPHAGUS Latreille. — Er. 702.
1205. O. amyntas 01. — Dans les bouses, au
printemps (ac).
1206. O. taurus Lin. — Mêmes moeurs (c).
1207. O. lucidus Illig. — Avec les précédents,
plus rare; Sainte-Gemmes (Gai.).
1208. O. vacca Lin. — (ac) Dans les bouses, au
printemps.
1209. O. cœnobita Herbst. — Bouses, excré-
ments, champignons (c).
1210. O. fracticornis Fab. — (r) Sainte-Gemmes
(Gai.).
1211. O. nuchicornis Lin. — Dans les excré-
ments (ar).
1212. O. maki Illig. — Espèce méridionale; Le
Coudray-Macouard (Juignet) (tr).
1218. O. lemur Fab. — Sainte-Gemmes (Gai.) (ar).
1214. O. ovatus Lin. — Avec le précédent (r);
Sainte-Gemmes (Gai.); Lué (R. de la Per.).
1215. O. furcatus Fab. — Espèce rare indiquée
par Millet en Anjou.
1216. 0. Schreberi Lin. — (r) Sainte-Gemmes (GaL).
G. ONITICELLUS Serville. - Er. 781.
1217. O. flavipes Fab. — Dans les bouses, au
printemps (c).
G. APJIOD1US llliger. - Er. 792.
1218. A. erraticus Lin. (S. G. colobopterus Muls.).
— (ac) Au printemps, dans les bouses, prairies des
bords de la Loire et de l’Authion ; Sainte-Gemmes.
1219. A. scrutator Herbst. (S. G. coprimorphus
Muls ). — Espèce méridionale (r) ; Montilliers, Beau-
lieu (Mil.); Sainte-Gemmes (GaL); Lué (U. de la Per.).
1220. A. subterraneus Lin. (S. G. Eupleurus
Muls.). — (c) Sainte-Gemmes.
1221. A. fossor Lin. (S. G. Teuchestes Muls.). —
- m -
Dans les bouses, prairies des bords de la Loire et de
l’Aulhion. — Var.Syfaafo'cMsArhens.Elytres brunâtres.
Plus rare que le type; prairies de l’Authion. Sainte-
Gemmes (Gai.).
1222. A. hæmorrhoidalis Lin. (S. G. othopliorus
Muls ). — Avec les précédents (r).
1223. A. scybalarius Fab. (S. G. aphodius Illig.).
— Dans les bouses, le crottin de cheval, prairies des
bords de la Loire (ac).
1224. A. foetens Fab. — Dans les fumiers (ar) ;
Anjou (Mil.).
1225. A. fîmetarius Lin. — Mêmes mœurs que le
précédent (c).
1226. A. ater De G. — (r) Gennes, excursion de
mai 1879 (Gai.).
1227. A. granarius Lin. — Dans les détritus végé-
taux (c).
1228. A. sordidus Fab. — Mêmes mœurs que le
précédent (ac).
1229. A. lugens Creutz. — (r) Milly, excursion de
1879.
1230. A. rufescens Fab. — Anjou (Mil.).
1231. A. nitidulus Fab. — Dans les détritus végé-
taux, les bouses (ar).
1232. A. immundus Creutz. — (ac) Anjou (Mil.),
Sainte-Gemmes (Gai.).
1233. A. bimaculatus Fab. — (r) Dans les ma-
tières animales ou végétales en décomposition ; Sainte-
Gemmes (Gai.). — Var. ambiguus . Avec le précé-
dent (r). Sainte-Gemmes (Gai. J.
1234. A. niger Illig. — (r) Sainte-Gemmes (Gai.).
— 160
1235. A. melanostictus Sch. — (ar) Sa in le -
Gemmes (Gai.).
1236. A. inquinatus Fab. — Dans les bouses, au
printemps (c).
1237. A. conspurcatus Lin. — Vil de préférence
dans le croltin de mouton ; Anjou (Mil.).
1238. A. sticticus Panz. — Anjou (Mil.).
1239. A. tristis Panz — (ar) Sainte-Gemmes (Gai.).
1240. A. quadrimaculatus Lin. — Dans les
endroits sablonneux, sur les grèves (r); Anjou (Mil.).
1241. A. quadriguttatus Herbst. — Dans le
crottin de mouton (r) ; Anjou : Grez-Neuville.
1242. A. merdarius Fab. — Dans les excréments
humains (ar) ; Anjou (Mil.).
1243. A. consputus Creutz. — Anjou (Mil.).
1244. A. contaminatus Herbst. — Anjou (Mil.).
1245. A. rufipes Lin. — (c) Dans le crottin de
cheval .
1246. A. luridus Fab. — (ar) Forêt de Baugé (Gai.).
1247. A. pécari Fab. — (r) Anjou (Mil.).
1248. A. sus Herbst. (S. G. lieptaulacus Muls.). —
Sous les détritus végétaux (ac) ; Sainte-Gemmes, dé-
tritus d’inondation.
1249. A. porcatus Fab. (S. G oxyomus Muls). —
Avec le précédent.
G. RHYSSEMUS Mulsant. -- Er. 709.
1250. R. germanus Lin. — Dans les détritus
végétaux (ac) ; Sainte-Gemmes.
— 161 —
G. PSAMMOBIUS Latreille. — Er. 912.
1251. P. sulcicollis lllig. — Terrains sablonneux,
sous les pierres ; Anjou (Mil.).
1252. P. cæsus Panz. — (S. G. Pleurophorus
Muls.). — Sainte-Gemmes, volant souvent en grande
quantité le soir (Gai.).
1253. P. vulneratus Gyl. — (S. G. Diastictus
Muls.). — Sous des pierres, dans les détritus (r) ;
Sainte-Gemmes, bords de rAutliion (Gai.).
G. ODONTÆÜS Erichson, 742.
1254. O. mobilicornis Fa b. — (r) Volant le soir
et le matin sur les prairies artificielles ; Avrillé (Mil.),
Saint-Cyr-en-Bourg (Court.).
G. GEOTUOPES Latreille. — E. 723.
1255. G. typhæus Lin. — Dans les bouses (r) ;
Sainte-Gemmes (Gai.).
1256. G. stercorarius Lin. — Sous les bouses et
surtout sous le crottin de cheval ; vole le soir (tc).
1257. G. hypocrita lllig. — Mômes mœurs, plus
rare ; Anjou (Mil.).
1258. G. sylvaticus Panz. — Dans les bois, dans
les bouses, les champignons (r) ; Baugé (Gai.).
1259. G. vernalis Lin. — Anjou (Mil.).
G. TROX Fabricius. — Er. 926 .
1260. T. perlatus Scriba. — Endroit sablonneux,
dans les matières animales ou végétales desséchées
(r) ; Anjou (Mil.). Juin, sous le cadavre d’une pie
(K. de la Per.).
11
1261. T. hispidus Laick. — Avec le précédent ;
Anjou (Mil.).
1262. T. sabulosus Lin. — Dans les bois, sous les
cadavres de petits animaux (r).
1263. T. scaber Lin. — Anjou (Mil.).
G. HOPLIA Illiger. — Burm ., IV, 177.
1264. H. philanthus Sulz. — Indiqué par Millet,
trouvé en juillet sur des peupliers, au bord d’un ruis-
seau, au Vieil-Baugé; Lué (R. de la Per.).
1265. II. farinosa Lin. — Cette espèce, indiquée
par Millet comme très répandue certaines années sur
les luisettes des bords de la Loire, ne doit être ins-
crite à notre faune qu’avec un point de doute ; dans
tous les cas, elle serait très rare.
1266. H. coerulea Drury. — (tc) De la fin de juin
au commencement de juillet, dans les prairies des
bords de la Loire, pendant une quinzaine de jours
seulement. La femelle beaucoup plus rare, à terre au
pied des luisettes ; Sainte-Gemmes (Gai.).
G. HOMALOPLIA Stephens. — Burm., IV, 153.
1267. H. ruricola Fab. — Sur les graminées,
dans les terres légères ; bords de la Loire ; Sorges,
Baugé (Mil.).
G. SERICA Mac-Leay. — Burm., IV, 163.
1268. S. holosericea Scop. — Endroits sablon-
neux; sur les plantes ou volant au crépuscule (r).
Fontaine-Milon, en septembre (R. de la Per.).
1269. S. brunnea Lin. — (r) Angers, le bois de la
Raie; Saumur, forêt de Fontevrault; Lué (R. de la Per.).
G. RflIZOTROGUS Latreille. — Burm. IV, 878.
1270. R. æstivus Oliv. — De la fin de juillet à
septembre (c).
1271. R. marginipes Mills. — (r). Indiqué par
Millet à Saurnur, le Puy-Notre-Dame et Soulanger.
1272. R. solstitialis Lin. — (c). Partout, de la
fin de juin à mi-juillet.
1273. R. ruficornis Fab. — De mai à juillet. Sam
mur (Mil.). Sainte-Gemmes (Gai.).
1274. R. rufescens Fab. — Le soir, au vol (ac).
A Sainte-Gemmes, dans les prairies, très nombreux ;
sur les peupliers.
G. ANOX1A Castelnau,
1275. A. villosa Fab. — En juin et juillet sur les
peupliers (r). Indiqué par Millet à Sainte-Gemmes,
Saint-Jean-de-la-Croix, Durlal, Saurnur et Baugé.
G. MELOLONTBA Fabricius. — Burm. £09.
1276. M. vulgaris Fab. — (tg).. Partout, de fin
avril à fin mai.
1277. M. hippocastani Fab. — (c). Forêt de
Baugé; Lue (R. de la Per.).
G. ANISOPLIA Castelnau. Burm., IV, 215.
1278. A. fruticola Fab. — Sur les graminées, les
luzernes, en juin et juillet. A l’état de larve, cet insecte
fait beaucoup de mal aux racines de différentes plantes
(ac). Sainte-Gemmes»
- 164 —
1279. A. agricola Fab. — En mai et juin, sur les
fleurs de la tanaisie. Saint-Jean-de-la-Croix (Mil.).
1280. A. arvicola 01. — (r). Anjou (Mil.).'
1281. A. tempestiva Er. — En juin et juillet,
dans les prairies, sur les graminées (r). Anjou (Mil.).
G. ANOMALA Burmeister. — IV, 281.
1282. A. oblonga Fab. — De juin à juillet, dans
les îles de la Loire, sur les luisettes. On le trouve
aussi sur le seigle (ac). Sainte-Gemmes.
1283. A. Fischeri Fab. — Avec la précédent, plus
rare. Sainte-Gemmes (Gai.).
G. PHYLLOPERTHA Kirby. — Burm. IV, 512.
1284. P. eampestris Latr. — (ar). Anjou (Mil.).
1285. P. horticola Lin. — (r). Anjou (Mil.).
G. ORYGTES llliger. — Muls. 878.
1286. O. nasicornis Lin. — Dans la tannée des
couches de jardin, dans le bois pourri, les débris de
bruyère en décomposition. Angers, Saumur, Louerre
(Mil.) (vc).
CETON 1 DES
G. CETONIA Fabricius. — Er. 598.
1287. G. squalida Lin. (S. G. oxythyrea Muls.).
— L’été, sur les fleurs des prairies des bords de la
Loire (tc).
— 165 —
1288. C. hirtella Lin. — En juin et juillet, sur
les ombellifères.
1289. G. stictica Lin. — Avec le précédent (tc).
G. CETONIA Burm.
1290. C. morio Fab. — Surtout sur le sureau;
signalée aussi sur le figuier (ar). Sur les fleurs des
ombellifères (Mil.).
1291. G. aurata Lin. — Mai et juin, commune sur
les roses, dans les jardins.
1292. G. floricola Herbst. — (ar). Signalée dans
le sud de la forêt de Fontevrault par Millet.
1293. G. marmorata Fab. — (ar). La larve de
cette espèce vit dans le terreau des vieux châtaigniers
et des vieux saules.'
G. OSMODERMA Lepelletier. — Burm. III, 71 3.
1294. O. eremitaLin. — A l’état de larve dans les
détritus des arbres cariés. Angers, Saumur, Baugé
(Mil.). Sainte-Gemmes (Gai.).
G. GNORIMUS Lepelletier. — Burm. 762.
1295. G. nobilis Lin. — La larve vit dans le ter-
reau des vieux arbres ; à l’état parfait, l’été, sur les
roses et sur les ombellifères (ac).
1296. G. variabilis Lin. — La larve vit dans les
vieux arbres, surtout dans les châtaigniers (r). Envi-
rons de Segré (Mil.).
— 166 —
G. TRICHIUS Fabricius. — Burm . 754,.
1297. T. fasciatus Lin. — (ac). A Sainte-Gemmes,
sur les fleurs, surtout sur les ombellifères.
1298. T. abdominalis Scht. — Avec le précé-
dent (r). Sainte-Gemmes (Gai.); Lué (R. de la Per.).
G. VALGUS Scriba. — Burm. 719.
1299. V. hemipterus Lin. — Assez commun au
pied des saules, dans le bois mort. Sainte-Gemmes
(c). Se trouve à l’extrémité des pièces de chêne enfon-
cées en terre (Gai.).
Au moment où l’impression de ces pages se ter-
minait, M. René de la Perraudière, membre de la
Société entomologique de France et de la Société
d’études scientifiques (neveu de M. H. de la Perrau-
dière dont la collection, jointe à celle de M. de Romans,
avait été léguée au Musée d’Angers), m’adressait une
liste de coléoptères recueillis par lui en Anjou, et
surtout à Lué, à La Meignanne et aux environs de
Châteaugontier. J’ai pu, pour ce qui concerne la
deuxième partie du catalogue, porter comme loca-
lités, avec l’indication (R. de la Per.), quelques espèces
rares signalées par notre collègue, et j’inscris ici les
cinq espèces ci-après nouvelles pour notre faune.
867 bis. Gatops quadraticollis Aubé. — La
Meignanne (R. de la Per.).
— 167 —
913 bis. Trichopterix grandicollis Manli. —
Sous les feuilles sèches (R. de la Per.).
1026 bis . Meligethes subrugosus Gyl. — Lué,
en juin, dans un bolet (R. de la Per.).
1147 bis. Dermestes pardalis Bilb. — La Mei-
gnanne, Lué (R. de la Per.).
1164 bis. Syncalypta spinosa Rossi. — Grez-
en-Bouère (IL de la Per.).
NOTICE SUR UN NOUVEAU PROCÉDÉ
DE
FABRICATION DE L’ALUMINIUM
PAR
M. ICHON
Ingénieur des Mines
Depuis un certain nombre d’années on s’est occupé
de rechercher les moyens de fabriquer à bon marché
l’aluminium, ce métal qui, par son bel aspect, sa légè-
reté et sa grande inaltérabilité, attire l’attention, non
moins que par sa résistance aux efforts dynamiques.
Le problème à résoudre paraît d’autant plus intéres-
sant que l’aluminium se trouve, pour ainsi dire, par-
tout dans la nature, et que ses emplois deviendraient
sans doute innombrables si l’on parvenait à l’extraire
économiquement et pur de matières telles que l’argile.
Ainsi qu’il arrive pour d’autres corps, des impu-
retés, même en proportions presque insignifiantes,
suffisent pour modifier considérablement les proprié-
tés de l’aluminium, notamment son inaltérabilité et sa
résistance. S’il est déjà difficile d’obtenir de l’alumi-
nium relativement pur en prenant pour minerai des
- 170 —
matières telles que la cryolithe, qui renferme peu de
fer et de silicium, la difficulté augmente encore consi-
dérablement si l’on a recours à l’argile.
Le nombre des procédés de fabrication de l’alumi-
nium inventé dans ces dernières années est assez
considérable; aucun ne paraît avoir abouti à un prix
de revient très bas, puisque le kilogramme du métal
se vend encore sur le marché entre 60 et 80 francs.
Cependant le procédé des frères Bernard, de Creil
(Exposition de 1889), devrait, d’après les inventeurs,
permettre d’arriver à un prix de revient de 10 francs
par kilogramme avec une production suffisamment
considérable.
C’est à un prix analogue que parait pouvoir être
produit l’aluminium par le procédé de l’ingénieur
Grabau de Hanovre, procédé que nous avons vu en
application dernièrement. Mais ce qui, plus encore
que le bon marché, semble devoir donner à ce pro-
cédé le pas sur ceux aujourd’hui en usage, c’est la
grande pureté du produit obtenu. En effet, parmi ces
procédés, c’est celui de l’usine de Salindres qui semble
donner le produit le plus pur contenant 98,90 p. 100
d’aluminium ; les usines d’Angleterre et de Schaf-
fhouse donnent des produits dont la teneur varie
entre 98,60 et 96 p. 100. M. Grabau arrive par son pro-
cédé, breveté en France, à une teneur de 99,80 p. 100
en aluminium, c’est-à-dire à une pureté presque com-
plète.
Le procédé comprend en premier lieu la fabrication
du fluorure d’aluminium au moyen de sulfate d’alu-
mine, de spath fluor et de cryolithe ; celle-ci n’est
— 171 —
d’ailleurs employée à l’état naturel qu’au début des
opérations ; par la suite, la réduction même du fluo-
rure d’aluminium donne de la cryolithe artificielle
beaucoup plus pure. En deuxième lieu vient la réduc-
tion du fluorure d’aluminium par du sodium ; ce der-
nier est lui-même fabriqué par M. Grabau à l’aide
d’un nouveau procédé qui permet d’abaisser considé-
rablement son prix de revient.
Fabrication du fluorure d'aluminium . — On dissout
dans l’eau 10 à 13 p. 100 de sulfate d'alumine et on
traite la dissolution par du spath fluor réduit en
poudre, et aussi pur que possible ; le mélange est
chauffé pendant plusieurs heures à 60 degrés dans un
bassin muni d’un malaxeur.
Le spath fluor, au bout de peu de temps, se bour-
soufle et se décompose en partie en formant du sul-
fate de chaux. En répétant plusieurs fois cette opéra-
tion, on peut arriver à remplacer 66 p. 100 de l’acide
sulfurique combiné à l’alumine par du fluor ; mais,
dans la pratique, il n’est pas avantageux de pousser
jusque-là; il vaut mieux s’arrêter à 55 p. 100. Il se
forme une combinaison particulière de fluorure d’alu-
minium et de sulfate d’alumine, un fluosulfate d’alu-
mine A12(F14S04).
On laisse déposer pendant plusieurs heures ; la solu-
tion encore trouble est transvasée dans un grand
réservoir en bois ; le sulfate de chaux précipité est
lavé sur des filtres, et les eaux de filtration servent à
dissoudre une nouvelle quantité de sulfate d’alumine;
le sulfate de chaux retient seulement 3 p. 100 de sul-
fate d’alumine devenu insoluble.
— m ~
La dissolution de fluosulfate, qui est trouble par
suite de la présence de silicates basiques provenant
du sulfate d’alumine, est débarrassée, s’il y a lieu, de
petites quantités de fer au moyen de prussiate de
potasse ; puis on la filtre. La liqueur filtrée, devenue
transparente, renferme du fluosulfate et du sulfate
d’alumine, ainsi que de petites quantités de sulfate
de soude (provenant du sulfate d’alumine) et de pe-
tites quantités de sulfate de chaux (1 mètre cube de
la liqueur renferme 1 kilogramme de chaux).
La solution est évaporée au bain-marie jusqu’à con-
sistance sirupeuse ; les vapeurs sont chassées au
moyen de deux ventilateurs, l’un aspirant, l’autre fou-
lant; ce dernier amène de l’air purifié par un filtre en
laine, afin d’éviter les poussières contenues dans
l’atmosphère.
On ajoute ensuite à la masse de la cryolithe fine-
ment pulvérisée, et on mélange intimement dans un
malaxeur; la proportion de cryolithe ajoutée doit être
telle que l’acide sulfurique encore combiné à l’alu-
mine puisse être complètement absorbé par le sodium
de la cryolithe en échange du fluor de cette dernière.
Le mélange déjà passablement consistant est placé
dans un bassin en plomb, puis séché dans un séchoir
à ISO degrés environ; on obtient une matière poreuse
qui est cassée en morceaux de la grosseur d’une noi-
sette. Pour obtenir la substitution du fluor à l’acide
sulfurique, il faut chauffer la matière au rouge sombre
dans un plateau en fonte, à revêtement exempt de fer
et de silice, qu’on introduit dans une moufle chauffée
au rouge; on doit éviter d’aller jusqu’à la fusion pour
- m -
ne pas gêner le lavage subséquent. Ce lavage a pour
but d’enlever le sulfate de soude et de laisser le fluo-
rure d’aluminium.
En résumé, la préparation du fluorure d’aluminium
au moyen du sulfate d’alumine comprend deux phases :
dans la première il y a échange d’une partie de l’acide
sulfurique contre le fluor du spath fluor; dans la
deuxième, il y a échange du reste de l’acide sulfu-
rique contre le fluor de la cryolithe. Comme nous
l’avons dit, ce n’est que pour la mise en train qu’il
faut une certaine quantité de cryolithe naturelle ; par
la suite, celle-ci est remplacée par de la cryolithe arti-
ficielle obtenue lors de la réduction du fluorure d’alu-
minium.
Les lavages répétés du mélange de sulfate de soude
et de fluorure d’aluminium, surtout à l’eau chaude,
enlèvent avec le premier 15 p. 100 du dernier et
la majeure partie du fer ; il reste donc seulement
85 p 100 du fluorure d’aluminium qui est pressé, puis
séché en gâteaux et cassé en morceaux de la grosseur
d’une noix.
Réduction du fluorure d'aluminium. — La réduction
du fluorure d’aluminium par le sodium s’opère dans
un vase en fonte, dont le diamètre égale la hauteur,
et revêtu intérieurement d’une couche de cryolithe de
plusieurs centimètres d’épaisseur ou mieux de briques
faites avec de la cryolithe pulvérisée et humectée
d’une dissolution de sel marin.
Le fluorure d’aluminium est, au préalable, chauffé
au rouge dans un cylindre en fer revêtu intérieure-
ment d’une matière réfractaire ne contenant ni sili-
cium ni fer; le cylindre est fermé par un couvercle en
fer; son fond inférieur est mobile autour d’un axe et
retenu par un contrepoids. Le fluorure d’aluminium
ne fond pas et s’évapore très peu, si le couvercle est
bien fermé.
Le vase à réduction est amené sous le cylindre
contenant le fluorure par un petit chariot roulant sur
rails. On fait basculer le fond du cylindre à fluorure,
et celui-ci tombe dans le vase, qui est retiré aussitôt
pour recevoir un lingot de sodium chauffé à une tem-
pérature voisine du point de fusion. On couvre immé-
diatement avec un couvercle en asbeste et une réaction
très vive commence aussitôt; il se fait un véritable
bouillonnement et, quelquefois, une flamme de sodium
sort sous le couvercle.
Lorsque les proportions de sodium et de fluorure
d’aluminium ont été choisies de manière à ne réduire
que la moitié à peu près de ce dernier, l’autre moitié
se combine au fluorure de sodium produit et forme
de la cryolithe. Après la réaction, qui ne dure que
quelques instants, on trouve cette dernière formant
une masse parfaitement fondue et à une température
bien supérieure à celle du mélange primitif, car elle
est au rouge blanc.
Après refroidissement, on trouve en dessous de la
cryolithe solidifiée un culot d’aluminium métallique
recouvert d’une légère croûte de cryolithe détachée
du revêtement.
Lorsque le fluorure d’aluminium a été préparé avec
la cryolithe naturelle, qui renferme toujours du sili-
cium, la scorie a une couleur grise ou noirâtre, tandis
— m —
qu’elle devient parfaitement blanche lorsque le fluo-
rure d’aluminium a été préparé avec la scorie d’une
opération précédente.
C’est précisément par le réemploi comme matière
première dans une opération d’un produit accessoire
obtenu dans l’opération précédente que se caracté-
rise le procédé, ce qui fait qu’une quantité très limitée
de cryolithe naturelle est nécessaire pour la mise en
train.
S’il n’y avait pas de pertes dans la fabrication, en
supposant tout l’acide sulfurique du sulfate d’alumine
éliminé dans l’opération d’agglomération avec la cryo-
lithe, il ne se produirait, lors de la réduction, que la
quantité de cryolithe théoriquement nécessaire pour
la production du fluorure d’aluminium , comme le
montrent les formules suivantes :
(1) A12(S04)3 + 6 Na Fl, A12F16 = 2 Al» + 3 (Na2S04).
(2) 2 Al2Fi6 -f 6 Na. = Al2 + 6 Na Fl, A12F16.
Mais à cause des pertes par lavage, etc., la quantité
de cryolithe obtenue serait insuffisante.
D’un autre côté si, dans le traitement du sulfate
d’alumine par le spath fluor, on pouvait atteindre la
limite théorique de la réaction, on obtiendrait, lors de
la réduction du fluorure d’aluminium, deux fois la
quantité de cryolithe nécessaire à la fabrication du
fluorure d’aluminium de l’opération suivante. On
aurait en effet :
(3) 3 Al2 | Jq* | + 6 Na Fl, Al» s 4 Al» + 3 Na2S04.
(4) 4 Al» + 12 Na ss 4 Al + 2 (6 Na Fl, Al»),
Cependant les pertes par lavage réduiraient de 100
à 83 p. 100 l’excédent de cryolithe.
En supposant que 50 p. 100 seulement du sulfate
d’alumine soient transformés, il y aurait encore, mal-
gré les pertes de lavage, un excédent de 33 p. 100 de
cryolithe , ainsi que le montrent les formules sui-
vantes :
( Al2 (SO4)3 )
(5) A1l2pj6 1 j + 6 Na Fl, Al2Fl6 = 3 A1W + 3 Na2S O4.
(6) 3 A12F16 + 9 Na = 3 Al + 3/2 (6 Na Fl, A12F16).
Comme nous l’avons indiqué plus haut, on trans-
forme facilement 55 p. 100 du sulfate d’alumine ; par
conséquent le procédé donnera toujours un excédent
sensible de cryolithe artificielle qui peut trouver son
emploi dans les verreries. 11 va de soi que le procédé
indiqué ne donnera de l’aluminium aussi pur que pos-
sible qu’avec des matières premières également pures
et exemptes surtout de fer et de silicium.
La solution de fluosulfate d’alumine servant à la
préparation du fluorure d’aluminium ne renferme pas
trace de silicium, et si le sulfate d’alumine (1) et le
spath fluor employés sont eux-mêmes exempts de fer,
il n’y en aura pas non plus dans le fluosulfate. Dans
tous les cas, le fer peut être précipité par le prussiate
jaune de potasse.
La cryolithe naturelle que l’on doit employer pour
la mise en train du procédé ne se trouve pas pure ;
elle renferme toujours jusqu’à 15 p. 100 de quartz et
(1) Qu’on peut se procurer dans les fabriques de produits chi-
miques.
— 177 —
0,5 p. 100 de fer. 11 en résulte que le fluorure d’alumi-
nium obtenu dans une première opération ne saurait
être pur, pas plus que l’aluminium résultant de sa
réduction. La cryolithe artificielle obtenue en même
temps peut être débarrassée de son fer par un acide
faible et le silicium disparaît, lors du chauffage ou
rouge du fluosulfate, à l’état de fluorure de silicium.
Aussi, à l’opération suivante, le fluorure d’aluminium
oblenu est-il parfaitement blanc et les produits restent
purs par la suite, à la condition de ne pas y intro-
duire d’impuretés du dehors. Nous avons vu les pré-
cautions minutieuses prises à cet égard lors de l’éva-
poration de la solution de fluosulfate et de sulfate
d’alumine.
Pendant la réduction du fluorure d’aluminium on
peut facilement éviter l’introduction de matières étran-
gères. Le fluorure d’aluminium ne fondant pas au
rouge, il suffit de recouvrir les parois du cylindre où
on le chauffe d’un revêtement exempt de fer et de
silicium.
Quant aux parois revêtues de cryolithe du vase de
réduction, elles sont à peine' atteintes par la chaleur,
vu la rapidité de la réaction, et on ne sent aucune élé-
vation de température à l’extérieur des parois en
fonte.
Ces diverses conditions font que P aluminium fabri-
qué par le procédé Grabau atteint une pureté excep-
tionnelle. On a analysé au bureau d’essais de l’École
des mines deux échantillons rapportés par nous; l’un
(n° 1) est de l’aluminium fabriqué au moyen de la
cryolithe naturelle, l’autre (n° 2) au moyen de la cryo-
12
— 178
lithe artificielle obtenue dans les opérations (troisième
réduction).
N° 1
N° 2
Silicium . . .
• •
» . « .
1,12
0,06
Fer
3,71
0,17
Manganèse. .
0,21
traces
Aluminium .
94,96
99,77
100,00 100,00
Le bon marché du produit ainsi obtenu résulte du
bon marché du sodium employé. M. Grabau est l’in-
venteur d’un procédé de fabrication du sodium par
l’électrolyse, procédé par lequel il pense pouvoir ob-
tenir le sodium à 2 francs ou lf,50 le kilogramme, et,
dans ces conditions , l’aluminium pur pourra être
obtenu à très bas prix.
Nous ne dirons que quelques mots de ce procédé,
dont certaines parties ne sont pas encore brevetées.
Il a pour base la décomposition du sel marin fondu
par le courant électrique.
On place le sel préparé d’une manière particulière
dans un creuset (voir la figure ci-dessous) où plongent,
— 179
d’une part, une électrode en charbon C, sur laquelle
se dégage le chlore, et, d’autre part, une cloche en
porcelaine à doubles parois, munie d’une armature
métallique; entre les parois se trouve une couche
d’air isolante. La deuxième électrode est formée par
un fil de fer attaché à l’armature métallique de la
cloche et qui est terminé à sa partie inférieure par
une étoile p. La disposition de la cloche à doubles
parois est essentielle, une paroi simple en porcelaine
étant rapidement détériorée parle courant électrique.
A la partie supérieure, la cloche présente une ouver-
ture tubulaire t communiquant avec un tuyau en fer
recourbé à angle droit et qui conduit les gouttes de
sodium, venues à la surface en vertu de leur poids
spécifique plus faible, dans un réservoir rempli de
pétrole ou d’azote.
La porcelaine de la cloche n’est que faiblement atta-
quée par le sodium incandescent, même à une tempé-
rature fort supérieure à celle du point de fusion, grâce
aux conditions particulières dans lesquelles est placé
le sel marin; sans elles la porcelaine serait complète-
ment détruite en quelques heures, et c’est précisé-
ment l’une des deux grandes difficultés que l’inven-
teur a eu à vaincre : d’une part, la destruction de la
cloche par le courant électrique, et d’autre part sa
décomposition par le sodium.
Au fur et à mesure que le sodium se dégage, le
niveau du sel fondu s’abaisse, et il faut ajouter du
chlorure de sodium. Le sodium obtenu est parfaite-
ment pur et n’a pas besoin d’être refondu.
Il n’est peut-être pas sans intérêt d’indiquer ici en
— 180 —
quoi le procédé Grabau diffère de l’ancien procédé
Deville.
Comme matières premières, le procédé Deville uti-
lisait du chlorure d’aluminium, du sel marin et de la
cryolithe naturelle. M. Grabau emploie du sulfate
d’alumine, du spath fluor et de la cryolithe artifi-
cielle, produite en excès dans les réactions du pro-
cédé, et formant ainsi un produit accessoire directe-
ment utilisable. La voie humide permet l’obtention
d’un fluorure d’aluminium parfaitement pur, tandis
qu’il est beaucoup plus difficile d’obtenir le chlorure
d’aluminium pur. En outre, ce dernier se décompose
rapidement à l’air et doit être employé rapidement,
tandis que le fluorure peut être conservé sans alté-
ration.
Dans le procédé Deville, le chlorure d’aluminium
est réduit par du sodium en présence d’un fondant,
dans des fours en matières réfractaires. Ces matières
sont plus ou moins attaquées par le lit de fusion et
contribuent à rendre l’aluminium impur. L’effet utile
du sodium n’est guère que les 76 centimètres de son
effet théorique. La réaction est relativement faible,
parce que la masse renferme une proportion moindre
d’aluminium que dans le procédé Grabau, et que l’on
cherche à réduire tout cet aluminium.
Dans le procédé Grabau, au contraire, la réduction
a lieu sans fondant et est conduite de manière à
n’extraire du fluorure que la moitié de l'aluminium
qu’il renferme ; la réaction est très vive et on utilise
de 83 à 90 p. 100 du sodium, lequel produit de la
cryolithe avec une partie du fluorure d’aluminium, en
— 181 —
même temps qu’il réduit l’autre. La réaction est accom-
pagnée d’une élévation de température considérable
qui permet de la faire dans un vase froid, garni de
cryolithe, et d’éviter ainsi l’introduction d’impuretés
dans l’aluminium.
Enfin le procédé Grabau se différencie du procédé
Deville par la manière d’obtenir le sodium.
Les deux procédés de fabrication, de l’aluminium
d’une part, du sodium de l’autre (1), inventés par
M. Grabau, paraissent fort intéressants, en laissant
même de côté la question de la production à bon mar-
ché ; l’opération de la réduction du fluorure d’alumi-
nium par le sodium est à coup sûr l’une des opéra-
tions les plus élégantes de la chimie métallurgique,
et elle frappe beaucoup par sa rapidité, lorsqu’on la
voit pour la première fois.
Nous terminerons par quelques indications sur le
prix de revient du kilogramme d’aluminium (y com-
pris la fabrication du sodium) que prétend obtenir
M. Grabau. Les chiffres ci-dessous supposent une pro-
duction de 20 kilogrammes en vingt-quatre heures ;
ils se réduiraient proportionnellement beaucoup pour
une production plus forte.
Frais de 'premier établissement. fr.
Bâtiments 57.000
Machine à vapeur, chaudière, dynamo 35.000
Appareils électriques pour la fabrication du sodium . . 22.000
Appareils divers . 25.000
Capital d’exploitation 40.000
Total 179.000
(1) Nous espérons pouvoir donner sous peu plus de détails sur
ce dernier.
182 —
Frais d’ exploitation. fr.
Main-d’œuvre par jour 40, QO
Traitements des chimistes 40,00
Spath fluor. 12.00
Acide sulfurique 2,50
Sulfate d’alumine. . 60,00
Sel marin 36,00
Produits chimiques divers . . 16,00
Houille. 50,00
Frais de réparation, amortissement 30,00
Total 286,50
Soit, avec une production de 20 kil. par jour ..... 14,32
AGE DES SABLES ROTJGES
PB LA. FOIiÉT PU GAVRE
^Loire-Inférieure)
PAR
L, Davy
Ingénieur civil des Mineg
On trouve en une foule de localités de la Bretagne,
du Maine, de l’Anjou et, en général, de toute la région
nord-ouest de la France, des couches horizontales
superficielles souvent fort épaisses de sables le plus
souvent rouges, de graviers, d’argiles et de cailloux
roulés. Ces couches se superposent indistinctement
sur toutes les roches des âges les plus divers, depuis
les plus anciens jusqu’au tertiaire. On ne voit au-dessus
d’elles que les alluvions et la terre végétale.
Ces dépôts meubles appartiennent certainement à
des époques différentes selon les localités où on les
observe. Jusqu’à ce jour, ils ont été fort peu étudiés.
Chaque géologue qui en a parlé l’a fait très briève-
ment et les a placés, le plus souvent avec doute,
tantôt à un niveau tantôt à un autre.
Cette indécision a pour principale cause le manque
presque absolu de débris organiques dans les couches
— 184 —
en question. On a pu dire, d’une façon générale,
qu’elles sont plus récentes que les faluns puisqu’on
les voit souvent recouvrir ces derniers, et c’est à cette •
vague conclusion que l’on a dû s’arrêter.
La rareté des fossiles a rebuté les chercheurs ;
beaucoup ont cessé d’explorer les carrières en se
disant de parti pris : inutile de chercher, il n’y a rien.
La découverte qui fait l’objet de cette note devra
engager mes collègues à ne plus négliger les recherches
de fossiles partout où ces couches superficielles auront
été mises à nu.
La liste des fossiles trouvés, jusqu’à ce jour, dans
les argiles sables et graviers est, à ma connaissance,
fort courte.
Blavier, dans son Essai de statistique minéralogique
et géologique du département de la Mayenne (1837),
dit avoir vu dans ces sables agglomérés par l’oxyde
de fer de nombreux débris de bivalves qu’il appelle
cardita ou cardium. C’était une erreur de sa part, car
M. CEhlert a reconnu depuis (Note géologique sur le
département de la Mayenne 1882), que les roches dont
parle Blavier sont devoniennes et que les cardita sont
réellement YOrthis Monnieri.
La première découverte importante a été faite par
M. Mercier, pharmacien à Redon, puis complétée et
mise en lumière par M. Vasseur ( Recherches géolo-
giques sur les terrains tertiaires de la France occi-
dentale, 1881). Il a trouvé au village de Saint-Jean-
la-Poterie (Morbihan), près Redon, dans un banc
d’argile plastique exploité pour la fabrication de
poteries grossières ; Nassa prismatica, Ncissa muta-
— m —
bilis, Ostrea edulis, Terebratula variabilis Sow ou
perforata? Defr. et des valves de Balanes. Ces fos-
siles lui ont permis d’attribuer au Pliocène l’âge de
ce dépôt. Comme l’argile de Saint-Jean-la-Poterie est
recouverte de sable rouge, il est certain que ce sable
appartient au même âge ou à une époque plus récente.
Cette conclusion a été confirmée par M. Vasseur
lui-même lorsqu’il a retrouvé les mêmes fossiles entre
Sévérac et Saint-Gildas-des-Bois (Loire- Inférieure)
dans une couche d’argile placée à un niveau inférieur
à celui des sables rouges voisins.
M. Danton a présenté, en 1889, à l’Association
Française pour l’avancement des sciences, une note
dans laquelle il dit que: Les sables ferrugineux ter-
tiaires de l’ouest de la France jusqu’ici considérés
pomme non fossilifères lui ont fourni, route de Candé
à la Potherie (Maine-et-Loire), à la descente du moulin
Dauphin, aux environs des bornes 27 et 28, à la base
de ces sables qui reposent sur les schistes siluriens
des pecten, ccirdinm, etc., empâtés dans les graviers
très ferrugineux de la base du talus qui a en ce point
environ 3 mètres de hauteur.
M. Danton ne conclut rien sur l’âge de ce dépôt. 11
faut souhaiter qu’un paléontologue puisse déterminer
ces fossiles et faire connaître l’àge géologique auquel
ils appartiennent. Je n’ai jamais entendu dire que
d’autres que MM. Vasseur et Danton aient rencontré,
avant moi, des fossiles dans ces terrains.
Ma découverte date du 23 juillet 1889. J’avais
observé dans la forêt du Gâvre (Loire-Inférieure) des
monceaux considérables de scories anciennes et des
- 186
traces fort peu apparentes d’anciennes exploitations
pouvant me faire espérer la découverte du gîte primi-
tivement exploité.
Pour arriver à ce gisement, j’ai pratiqué des fouilles
très nombreuses ; la principale d’entre elles m’a donné
la coupe suivante :
1° Terre végétale, 0m30 à 0m50 ;
2° Sable rouge argileux, 3m60 ;
8° Une couche de minerai hydraté géodique conte-
nant une grande quantité de fossiles, 0m18 à 0m20 ;
4° Sable agglutiné par l’oxyde de fer, 2m50 ;
8° Poudingue à ciment argileux et minerai, 1 rnèt. ;
6° Argile blanche caillouteuse d’épaisseur indéter-
minée;
7° Terrain silurien.
Le sable rouge (n° 2) ressemble à tous ceux que
l’on exploite dans la région pour faire du mortier, il
est très argileux, à grains moyens et assez résistant
pour pouvoir être taillé verticalement sans s’ébouler.
Le sable (n° 4) est beaucoup plus ferrugineux, il
est assez durci par l’oxyde pour pouvoir être comparé
à un véritable grès et être employé comme pierre à
bâtir dans les plus grossières constructions du pays.
11 ne renferme ni géodes ni fossiles.
Le poudingue ou conglomérat (n° 3) à ciment argi-
leux est très friable, ses éléments roulés sont formés
de toutes les roches de la contrée, schiste, grès,
quartzite, quartz, etc., et aussi de noyaux de fer héma-
tite très riches, mais malheureusement trop disséminés
pour pouvoir donner lieu à une exploitation lucrative
à l’époque actuelle. Ce sont ces noyaux d’oxyde de
— 187
fer qui étaient recherchés par les Gallo-Romains
comme le prouvent les nombreuses galeries dans
lesquelles j’ai pu pénétrer et dans le sol d’une des-
quelles j’ai pu recueillir un moyen bronze de Fans-
tine-Jeune, femme de Marc-Aurèle. Les galets sont
souvent de forme anguleuse, ce qui prouve que leur
gisement primitif n’est pas éloigné.
Le poudingue repose sur une couche d’argile
blanche (n° 6) très caillouteuse que je n’ai pas
traversée ; mais toutes les fois que je l’ai fait dans
d’autres recherches de ce pays, j’ai constaté que
cette argile repose directement sur la roche silu-
rienne.
La petite couche fossilifère (n° 3) est formée de
grosses géodes d’hématite cimentées ensemble, de
manière à former une couche continue. Les vides
sont remplis d’argile et de sable. Les parois sont
tapissées de fossiles et de gros grains de sable. La
masse ferrugineuse renferme beaucoup de restes
organiques que l’on retrouve dans toute la région
minéralisée, partout ailleurs le sable est azoïque.
Le test calcaire des fossiles a été recouvert d’une
couche, souvent très mince, d’oxyde de fer qui en a
épousé la surface de manière à produire un moulage
parfait. Plus tard, le calcaire a été dissout, il ne reste
plus qu’une empreinte en creux. Les moindres détails
sont admirablement conservés.
M. Vasseur s’est mis obligeamment à ma disposi-
tion pour étudier et déterminer mes fossiles.
Dans un premier envoi, il a trouvé :
Cardita striatissima Caillaud ; Astarte , voisine de
- 188 -
Omalii ; Flabellum Woodi ; Sphenotrochus ; Nassa ;
Area (2 espèces); Trochus ; Lima, etc.
Enfin un fragment de céphalopode, probablement
Aturia , dont on voit le siphon et deux cloisons.
Les quatre premiers de ces fossiles se trouvent à la
Dixmérie et au Pigeon-Blanc, gisements fossilifères
composés de roche calcaire d’aspect falunien de la
rive gauche de la Loire en Loire-Inférieure.
Or, M. Vasseur a établi que les fouilles de la Dixmérie
et du Pigeon-Blanc appartiennent au Miocène supé-
rieur, il a donc pu certifier que les sables de la
forêt du Gâvre sont de ce même âge Miocène supé-
rieur.
Depuis mon premier envoi à M. Vasseur, j’ai retiré
du dépôt du Gâvre un grand nombre de fossiles dont
la détermination spécifique reste à faire et dont je ne
puis énumérer ici que les noms de genres. Grâce à
l’obligeance de M. Louis Bureau, j’ai pu comparer
mes fossiles à ceux de la rive gauche de la Loire, qui
se trouvent au musée de Nantes et constater ainsi que
beaucoup de formes sont communes à ces deux
régions.
J’ai trouvé :
Trochus ziziphrinus Lin. Sedgwicki Nyst ; Natica ;
Turritella; Trochus; Planorbe? ou Aturia? ; Turbo;
Bull a ; Cardita senilis Sow squamosa Nyst ; Astarte,
semblable à une espèce non nommée de la Dixmérie ;
Area?; Pectunculus ; Lima; Cithœrea ; Terebra-
tula perforata Defr .; Flabellum et polypiers divers,
etc., etc.
Tous ces échantillons et bien d’autres encore sont
— 189
entre les mains de M. Vasseur qui en donnera, je
l’espère, une détermination certaine.
Les très nombreuses fouilles que j’ai fait creuser
dans la forêt du Gâvre et dans ses environs immé-
diats, ainsi que mes études du terrain dans les
endroits où la roche est visible, m’ont fait reconnaître
que partout où les couches siluriennes sont recou-
vertes, elles le sont par de l’argile. Au-dessus de
celle-ci, on voit souvent des cailloux roulés, dont
l’épaisseur peut varier de quelques centimètres à
5 ou 6 mètres.
Lorsque le conglomérat n’existe pas, les sables
reposent directement sur la couche argileuse. L’épais-
seur des sables est des plus variables, elle peut
atteindre 10 mètres.
Il n’y a de constant que l’argile; très rarement, on
en voit des couches minces intercalées entre les strates
de sables, d’autres fois, elle forme des filons dans la
masse. La présence de l’argile au-dessous des sables
est un fait général auquel je ne connais qu’une excep-
tion; elle n’existe souvent pas lorsque la roche sous-
jacente est le calcaire devonien.
Il est remarquable que cette même argile se trouve
aussi constamment au-dessous des amas superficiels
de minerai de fer hydraté.
Je n’ai trouvé des fossilles que dans une seule de
mes fouilles; dans une autre, j’ai constaté la présence
d’une couche géodique entre le sable meuble du
dessus et le sable durci du dessous, mais ces géodes
étaient dépourvues de restes organiques.
De ma découverte on doit conclure que toutes les
- 190 -
roches argilo-arénacées qui recouvrent, sans solution
de continuité, le sol de la forêt du Gâvre et de ses
environs sur une surface de plusieurs centaines de-
kilomètres carrés, appartiennent au miocène supé-
rieur.
Les points culminants arrivent à la côte 60 mètres.
Généraliser davantage serait imprudent. Il existe ail-
leurs des sables rouges à la hauteur de 90 mètres et
plus.
La plaine du Gâvre a été profondément ravinée, en
beaucoup d’endroits le sable a été complètement
enlevé et l’argile mise à nu, en d’autres l’argile elle-
même a disparu.
Les dépôts de cailloux roulés sont tout a fait locaux.
Quelquefois ils occupent des surfaces considérables,
sont fort épais et activement exploités pour l’entretien
des routes.
Je dois signaler ici la formation actuelle d’une
roche spéciale que l’on rencontre à chaque instant
dans la forêt, sous la terre végétale, dans les parties
les plus basses et les plus humides. C’est une couche
horizontale de 0m10 à 0m40 d’épaisseur formée de
cailloux divers cimentés par l’oxyde de fer,ô un
véritable Alios que l’on nomme Renard, dans le pays.
Cette roche est fort dure et imperméable. Partout où
elle se rencontre et n’a pas été brisée, la végétation
est souffreteuse.
On observe des bancs de Renard dans beaucoup de
localités du Maine-et-Loire, de la Loire-Inférieure et
du Morbihan, partout où une source ferrugineuse
coule sur un sol imperméable.
- 191 —
m
Il y a quelques années, j’ai trouvé dans les sables
rouges de Nyoiseau, près Segré, une coquille d’ostréâ
qui s’est rompue dans mes doigts lorsque j’ai voulu
l’enlever; j’ai attribué la présence de cette coquille
dans ces sables à un remaniement des faluns, et j’ai
continué à penser que les sables rouges étaient dus à
des dépôts fluviaux ou côtiers. Or, l’existence des
fossiles marins de la forêt du Gâvre au milieu des
sables rouges, prouve que ceux-ci sont d’origine
marine et qu’il doit en être de même pour ceux de
Nyoiseau et de tant d’autres lieux.
11 a fallu des circonstances toutes particulières pour
que les formes de ces restes organiques aient pu se
conserver au milieu de ces sables grossiers très
perméables à l’eau, là où tous les calcaires ont été
dissouts. Voici comment je m’explique le phénomène.
Peu de temps après leur dépôt, les coquilles se sont
trouvées baignées par des eaux ferrugineuses qui ont
couvert leur test d’un mince dépôt d’oxyde épousant
les moindres détails de leur structure comme le ferait
un bain galvanique. Plus tard, le calcaire a été enlevé
là comme dans les autres parties du gisement, et des
vides se sont formés à la place des coquilles. Ce sont
ces vides que l’on retrouve aujourd’hui donnant jus-
qu’aux moindres détails des corps qu’ils ont contenus.
Il est très probable que la masse entière des sables
de la forêt du Gâvre contenait primitivement des
débris organiques marins en aussi grand nombre
qu’en contiennent les faluns; un phénomène général
de décalcification les a fait disparaître, et il en eut été
de même pour le lambeau que je viens de découvrir.
si l'accident tout local et fortuit d’une source ferru-
gineuse incrustante n’était venu mettre à l’abri d’une
destruction totale, si non les coquilles elles-mêmes,
au moins leurs formes extérieures.
L’argile que l’on trouve partout sous le sable est
peut-être le produit de la décomposition des calcaires
entraîné par les eaux superficielles à la partie la plus
basse du dépôt. Cette hypothèse applicable à la forêt
du Gâvre ne saurait d’ailleurs être généralisée, car
on peut constater en beaucoup d’autres points de la
région la transformation superficielle, et en place,,
des roches anciennes en argile.
Chàteaubriant, le 20 juin 1890.
ÉTUDE DU MÉTAMORPHISME
AUX ENVIRONS DE NOZAY
(Loire-Inférieure)
PAR
L. D A V Y
Ingénieur civil des Mines
Les roches des environs de Nozay (Loire-Inférieure)
ont été profondément modifiées tant par leur juxta-
position aux roches éruptives qui les ont pénétrées
que par les mouvements mécaniques auxquels elles
ont été soumises.
C’est à l’étude de ce métamorphisme que je me pro-
pose de consacrer cette note.
Les schistes de Nozay font partie de la formation
schisteuse supérieure à l’étage des Grès armoricains
et comprise entre ceux-ci et les couches de plitanites,
de grès, de schistes et d’ampélites caractérisées par
les fossiles de la faune troisième qu’elles renferment.
lis forment une bande orientée est-ouest quelques
degrés nord parallèle aux gisements du même âge de
la contrée.
Deux roches éruptives distinctes ont profondément
métamorpliisé ces schistes, ce sont : des Granulites
13
— 194 -
et des Quartz fétides à mica blanc ( Hyalomictes ) accom-
pagnés de Tourmalinite .
Elles s’observent, aux environs de Nozav, dans la
région qui forme limite, au sud, entre les couches de
la faune seconde et celles de la faune troisième; elles
empiètent sur l’une et l’autre de ces formations.
Les couches sédimentaires plongent au sud.
Granulite. — Si l’on prolonge par la pensée, vers le
sud-est, le massif granulitique qui a pour axe une
ligne passant par Grand-Champ et Allaire (Morbihan),
on arrive à Nozay, et on trouve à l’ouest de cette ville
les deux pointemenls granulitiques du Houx et de
Gâtines.
Les roches qui se trouvent en ces deux points sont
les mêmes que celles du massif de Grand-Champ ; on
est donc fondé à conclure qu’elles font partie de la
même éruption et représentent ses derniers efforts
vers l’est (1).
La granulite du Houx et de Gâtines est formée, dans
la partie centrale de sa masse, de feldspath blanc rosé
le plus souvent grenu, quelquefois laminaire, en gros
cristaux maclés, de quartz gris bien plus rare que ne
l’est le feldspath, de mica blanc en grandes lames très
brillantes et, enfin, de mica noir peu abondant en
lames isolées transformées sur les bords en mica
blanc. Le mica noir disparait le plus souvent lorsque
l’on s’éloigne du centre éruptif.
(1) Lire à propos du massif granulitique de Grand-Champ :
Modifications et transformations des granulites du Morbihan, par
M. Barrois. (Annales Société géologique du Nord, t. XV, 1887).
— 195 —
Sur les bords des massifs, et peut-être en filons
dans leur masse, on voit une roche composée des
mêmes éléments, mais à grains très fins. Dans ce cas,
le mica blanc est le plus souvent orienté, ce qui donne
à la masse l’apparence du gneiss. On remarque aussi
que la pierre a une tendance à se briser en fragments
allongés, comme le ferait un schiste fibreux.
Cette roche feuilletée fibreuse à mica blanc orienté
est une Aplite. On y remarque des cristaux de tour-
naline.
La granulite de Nozay a été très profondément alté-
rée par les agents atmosphériques, aussi ne peut-elle
fournir que des pierres de constructions de médiocre
qualité.
Quelquefois elle est transformée en arène granitique
qui entoure la roche plus solide.
Les deux boutonnières du Houx et de Gâtines sont
les seules qui forment affleurement, mais il est pro-
bable que la roche éruptive ne se trouve pas, en
maints autres endroits, à une grande distance du sol;
j’en ai pour preuve les arkoses qui forment la gangue
du minerai de fer à la minière du Maire au sud-ouest
de Nozay et le mica blanc doré qui enveloppe chaque
fragment d’hématite dans ce gisement. L’ackose pos-
sède absolument la composition de la granulite, elle
n’en diffère que par la transformation du feldspath en
argile blanc pur et la stratification grossière des élé-
ments. Comme le Maire se trouve à six kilomètres à
l’est de Gâtines, on ne s’explique pas comment les
trois éléments du granité auraient pu être transportés
à cette distance de façon à arriver tous ensemble, en
- 196 —
bonne proportion, au même point, sans être séparés
par ordre de densité, et sans s’être adjoints les subs-
tances diverses qu’ils ont dû rencontrer sur leur route.
Sous les alluvions et autres terrains superficiels, il doit
donc exister, à proximité du Maire, un affleurement
granulitique, et il doit en être ainsi pour d’autres
localités de la contrée. Le Maire se trouve dans le
prolongement de l’axe des pointements du Houx et
de Gâtines.
Ilyalomicte. — En une foule de points des environs
de Nozay on voit affleurer des filons siliceux exploités
pour l’entretien des routes; ce sont de véritables peg-
matites auxquelles il manque le feldspath.
Ces roches sont alignées dans le sens de la stratifi-
cation ou dans un plan qui s’en rapproche beaucoup;
elles sont formées de quartz, blanc laiteux ou gris,
rarement cristallisé ou translucide, toujours fétide, et
de mica blanc doré en grandes plaques gauffrées.
Souvent des lambeaux de schiste sont inclus dans
la roche.
Ces filons d’hyalomicte ont des épaisseurs très
variables, ils sont en groupes parallèles ou sont iso-
lés. Ils renferment une grande variété de minéraux
disséminés en très petite quantité dans leur masse,
ce sont : la tourmaline, la cassitérite, le mispikel et
les produits de sa décomposition, le wolfram, l’oxyde
de fer, la pyrite de fer, la galène, etc., et dans les géodes
tapissées quelquefois de cristaux de quartz hyalin ou
enfumé des argiles, du fer hydroxidé, de la calcé-
doine, etc.
La fétidité du quartz est due à des cavités indiscer-
— 197 —
nables à l’œil nu contenant un liquide incolore et
puant.
A ces hyalomictes sont subordonnés des filons de
Tourmalinite ~ Luxurianite dont on trouve des frag-
ments, souvent très volumineux, parmi les blocs, dis-
persés à la surface du sol, arrachés aux masses quart-
zeuses. Je n’ai jamais rencontré cette roche en place,
mais les morceaux isolés sont le plus souvent intime-
ment liés aux hyalomictes.
La tourmalinite est une roche gris foncé, soyeuse,
noire lorsqu’elle est humide, composée de petits cris-
taux de tourmaline enchevêtrés les uns dans les autres
et cimentés par de la silice très. rare. Lorsque les cris-
taux sont accidentellement orientés, la roche est
fibreuse dans un sens et finement grenue dans le sens
perpendiculaire. La forme des cristaux n’est pas dis-
cernable à l’œil nu.
Quelques groupes de filons, de quartz, formant
avec les premiers un angle voisin de 90° et par con-
séquent orientés nord-sud se rencontrent aux envi-
rons de Marsac. Le mica s’y rencontre plus rarement,
le quartz est plus caverneux et d’un blanc plus mat.
Les épontes sont très argileuses.
Telles sont les roches qui, aux environs de Nozay,
ont pu métamorphiser celles qui les renferment.
Il est très probable que la granulite a joué le rôle
principal dans la génèse des minéraux d’origine méta-
morphique.
Le phénomène s’est divisé en deux périodes bien
distinctes; pendant la première, par juxtaposition,
des minéraux ont pris naissance dans la roche, pen-
- 198 -
dant la seconde, elle a changé de texture, elle est deve-
nue fibreuse et les minéraux inclus ont été modifiés
dans leurs formes.
Les minéraux auxquels le métamorphisme a donné
naissance sont, dans les grès : de la tourmaline, des
micas de couleurs diverses en nids et en amas, de la
chlorile, du quartz cristallisé, etc.; dans les schistes :
des cristaux de chiastolite, des micas blanc doré, de
la séricite, de la pyrite de fer, etc.
Les schistes dits de Nozay occupent une grande
surface orientée de l’est à l’ouest. Je les ai étudiés
sur une longueur de 1400 mètres depuis le moulin du
Paradel, en Abbaretz, à l’est, jusqu’à la route de Vay
à Marsac, à l’ouest. Ils s’étendent bien au delà, de
part et d’autre de ces limites. Au moulin du Paradel,
la largeur de la bande ne saurait dépasser 400 mètres,
elle va s’agrandissant à mesure que l’on s’avance vers
l’ouest pour atteindre son maximum au droit du
Vieux-Bourg de Nozay, où elle a 2,500 mètres. Plus à
l’ouest, elle se rétrécit peu à peu.
Ils sont limités, au nord, par des bancs de grès
grossier caractérisés par la structure constamment
amygdaloïde d’une des strates, on dirait avoir affaire
à un filon de porphyroïde; au sud, par une autre for-
mation gréseuse qui les sépare des phtanites, ampé-
lites et schistes du silurien supérieur.
Ces schistes, très homogènes dans leur composi-
tion, diffèrent essentiellement de ceux du même âge
que l’on exploite pour ardoises dans la Bretagne et
l’Anjou. Ils ne sauraient se cliver en lames minces,
mais on les débite facilement en lourdes plaques de
- 199 -
très grandes dimensions; on pourrait, par exemple,
obtenir des plateaux de huit mètres de longueur sur
quinze ou vingt centimètres d’épaisseur. La texture
est fibreuse, le grain très fin, la couleur gris bleuâtre
plus claire que celle de l’ardoise. La résistance à la
rupture est faible dans le sens des fibres, très grande,
au contraire, lorsque l’effort est appliqué normalement
à leur direction.
Dans cette pierre, on peut tailler et sculpter des
monolithes d’une grande solidité et d’une légèreté
extrême. On en fait des croix monumentales, des
dalles funéraires, des échalas, des clôtures, des
poteaux pour hangars, des éviprs, des auges, etc.,
son exploitation est très active dans tous les points
où elle se trouve à proximité d’une route.
Le massif est divisé en parallélipipèdes par des cas-
sures naturelles, joints ou diaclases. Les surfaces de
rupture sont d’une grande netteté et d’un parallélisme
rigoureux quand on considère chaque système. Les
plus apparentes se rapprochent de la verticale et sont
sensiblement normales au sens des fibres de la pierre.
Souvent les plans de rupture ne sont plus en contact
immédiat, ils sont écartés l’un de l’autre de quelques
millimètres, quelquefois même de quelques centi-
mètres, alors le vide qui existait entre eux est comblé
par un filonnet de quartz ou par de l’argile, les
ouvriers disent que la coupe est chailleuse ou grasse.
On observe d’autres cassures bien plus rares et
bien plus irrégulières que les précédentes, celles-ci
ont été accompagnées du glissement des deux parties
fracturées l’une sur l’autre, le frottement a donné
— 200
lieu, dans ce cas, à des surfaces polies et striées ana-
logues à celles que l’on voit fréquemment dans les
filons métallifères.
Lorsque deux diaclases parallèles sont très rappro-
chées l’une de l’autre, que par conséquent une tranche
mince de pierre est comprise entre elles, il arrive
souvent que cette tranche a été écrasée et broyée; le
schiste qui la forme est alors plus noir, plus tendre,
ses fibres et ses feuillets ne sont plus parallèles, mais
dans le plus grand désordre; les surfaces courbes et
gauffrées sont fréquentes. Les ouvriers donnent le
nom de feuilleti à ce genre d’accident.
Les efforts mécaniques qui ont donné naissance à
la forme spéciale des schistes de Nozay ont agi, de la
même façon, sur les bandes de grès qui bordent
ceux-ci vers le nord et vers le sud, pour leur donner
des formes analogues. La similitude des effets se voit
surtout dans les grès du sud. Ces grès sont, comme
les schistes, grossièrement feuilletés, et la texture
fibreuse y est si bien développée, que l’on peut obtenir
facilement sous le choc du marteau, des esquilles
longues et très minces ressemblant grossièrement à
une lame de bois fendu dans le sens des fibres
ligneuses. On y remarque aussi des diaclases qui ont
divisé la masse en parallélipipèdes tous de forme
identique; ces joints ont été, comme ceux des schistes,
bien souvent remplis par une mince lame, soit de
quartz, soit d’argile.
Sous l’influence des roches éruptives, des minéraux
divers se sont développés dans les grès et les schistes.
Ces minéraux sont les mêmes que ceux que l’on
201 —
observe dans une foule de localités de la Bretagne,
mais ils en diffèrent par des déformations postérieures
à leur cristallisation.
A la Barre-de-Hingué, à l’extrémité ouest de la
granulite du Houx, la roche éruptive s’est trouvée en
contact par la tranche avec le grès, les phtanites et
les schistes.
Les phtanites ont perdu leur coloration ordinaire-
ment noire, en d’autres lieux, elles sont devenues
blanc-mat et massives, la structure fibreuse ne s’y
est pas développée. Je n’y ai rencontré aucun minéral
particulier.
Les grès se sont fortement colprés en rouge, ils
sont devenus quartziteux et contiennent de la tour-
maline, des micas de diverses couleurs en nids et en
amas, la structure fibreuse est fréquente dans certains
bancs, dans d’autres, elle est restée massive.
Au voisinage immédiat des pointements granuli-
tiques du Houx et de Gâtines, les roches de contact
sont cachées sous les arènes produit de la décompo-
sition de la roche éruptive et sous des argiles super-
ficielles épaisses, on ne les voit affleurer qu’à une
certaine distance. Un de ces points les plus rappro-
chés se trouve à la Barre-de-Hingué, à 500 mètres à
l’ouest du Houx, là le schiste est profondément modifié,
au point d’avoir l’aspect d’un véritable gneiss.
Si l’on observe cette roche de près, on remarque
qu’elle a de l’analogie avec celle dont parle Durocher
{Études sur le métamorphisme des roches. — Bulletin
de la Société géologique de France , 2e série , tome III,
page 607), et à propos de laquelle il dit :
m —
« Le plissement du schiste qui a donné lieu à ces
« bandes rubannées, paraît être fait après la cristal-
« lisation des macles, car les plis ou rides que pré-
« sentent les plans de séparation, se courbent légère-
« ment autour des cristaux macleux. Dans cette
« région, le métamorphisme maclifère s’est étendu
« jusqu’à une distance d’environ 3 kilomètres du
a granité, à Aucfer, près Redon. »
11 y a donc identité entre les granulifes d’Allaire et
celles du Houx jusque dans les phénomènes méta-
morphiques qu’elles ont produits. La roche d’Aucfer
est cependant plus compacte et à éléments plus petits,
on y retrouve davantage le schiste et elle s’éloigne
beaucoup des gneiss.
La roche de la Barre-de-Hingué semble composée
de fragments de chiastolite blanche reconnaissable à
l’œil nu, sur la tranche de quelques échantillons où
l’on voit bien le centre noir du cristal entouré de blanc,
et même la croix noire caractéristique. Le plus sou-
vent, les macles ne sont pas discernables, elles forment
des noyaux autour desquels s’infléchissent les lamelles
membraneuses du schiste devenu brillant, sériciteux,
chargé de mica blanc argenté. Le quartz est très
rare, on n’y distingue pas le feldspath. Si dans cer-
tains échantillons on ne voyait pas très nettement les
macles, et si on n’observait pas le passage graduel
de cet état à celui dans lequel elles ont cessé d’être
discernables, on croirait avoir sous les yeux un gneiss
véritable. Pour que le schiste primitif soit transformé
de la sorte, il a fallu que, postérieurement à la cris-
tallisation des macles, il ait subi un laminage ou un
— 203 —
étirement, celui-ci a brisé les cristaux, a forcé le
schiste à se contourner autour de leurs fragments en
lui donnant la forme membraneuse. C’est peut-être
sous cet effort mécanique désagrégeant la pierre,
qu’une partie de la substance de la chiastolite et du
schiste s’est épigénisée en mica et en séricite.
Ce phénomène d’étirement très exagéré à la Barre-
de-Hingué devient évident lorsque l’on étudie les
belles macles contenues dans le schiste à une plus
grande distance de la granulite, mais à la Barre-de~
Hingué, comme en beaucoup d’autres points, on doit
remarquer que les modifications métamorphiques
subies par les roches sédimentaires sont bien plus
profondes lorsque la roche éruptive a agi par la
tranche, qu’elles ne l’auraient été si cette action
s’était fait sentir dans le sens latéral.
On lit dans l’ouvrage de M. A. Daubrée, ayant pour
titre, Éludes synthétiques de géologie expérimentale ,
1879, page 442, la phrase suivante :
« Ces macles elles-mêmes ont été, dans certains
« cas, tordues et gauchies d’une manière évidente,
« comme on le voit, par exemple à Marsac (Loire-
« Inférieure), (d’après les échantillons recueillis par
« M. Rousselle, professeur à Grand-Jouan, et offerts
« par lui à l’école des Mines). Ce dernier fait témoigne
« que la roche qui sert de matrice aux macles, bien
« qu’à peu près solide lorsqu’elle s’est feuilletée, a
« continué à se mouvoir, pendant un certain temps,
« sous l’influence des fortes pressions auxquelles elle
« était soumise. »
Le gisement des macles dites de Marsac, dont parle
204 —
M. Daubrée, se trouve à environ 700 mètres au nord-
est de la granulite du Houx vers le point où est mar-
quée la côte 87 sur la carte d’état-major au 80 mil-
lièmes, à petite distance de la limite des communes
de Nozay et de Marsac. Là, le schiste de Nozay perce
en quelques points la terre végétale et on en trouve des
blocs nombreux épars à la surface du sol. Ce schiste
ne diffère en rien de celui que j’ai décrit, il est très
nettement fibreux.
On voit dans sa pâte, comme disséminées au hasard,
mais le plus souvent dans le voisinage du plan de sa
fissilité grossière, de grosses macles très faciles à
isoler.
J’en ai observé une qui a 0m18 de longueur et 0m008
de côté.
Ces cristaux ont la même structure que ceux pro-
venant des Sables, de Rohan,, et si bien décrites par
Durocher ( opus citatus, page 5o2); voici un résumé
de ce qu’il dit :
Ce sont des prismes rectangulaires ou rhomboïdaux
formés d’une substance blanche (la chiastolite). Ces
prismes renferment habituellement cinq bandes de
matière noire à section rhombique. Les quatre bandes
situées suivant les arêtes verticales des prismes ont
une forme un peu irrégulière dans le sens de la lon-
gueur, elles sont formées par la matière même du
schiste argileux qui pénètre à l’intérieur des cristaux
et qui a conservé sa schistosité disposée de la même
manière que celle de la roche adjacente. La cinquième
bande qui est centrale ou disposée suivant l’axe des
cristaux a la forme d’une pyramide dont la base est
- 20B —
concentrique et parallèle à celle du prisme extérieur.
L’épaisseur de cette pyramide va en diminuant d’une
manière un peu inégale, mais de façon que les coupes
transversales faites à différentes hauteurs, donnent
des rhombes ou des rectangles dont les côtés sont
parallèles à ceux de la base du prisme macleux.
La figure 4, planche 4 (1) représente un tronçon de
inacle de Marsac, dessiné de grandeur naturelle, fai-
sant voir les sections de ses deux extrémités. On
remarque deux filets de matière noire reliant en croix
les arêtes opposées du cristal. Il y a des prismes pré-
sentant seulement une pyramide centrale (c’est le cas
delà figure 4); d’autres, au contraire, n’ont que les
quatre bandes situées sur les arêtes avec les filets
diagonaux plus ou moins distinctement marqués.
Au point où sa base se confond avec la roche encais-
sante, la pyramide centrale est formée de la même
matière tendre et schisteuse que cette roche; mais,
de la base au sommet, la substance de la pyramide
s’endurcit, devient aigre et augmente de densité, elle
prend peu à peu l’aspect de la macle vitreuse. On
remarque souvent à l’intérieur de la pyramide un
mélange intime de macle vitreuse hyaline et de
matière noire provenant de la pâte du schiste non
transformée. Vers une des extrémités du prisme, la
pyramide centrale s’élargissant de plus en plus, rem-
place entièrement la substance vitreuse, ainsi à un
de ses bouts, le cristal macleux n’est autre chose
qu’un prisme rempli de schiste argileux.
(1) Toutes les figures de la planche ont été dessinées par
l’auteur et sont de grandeur naturelle.
A Marsac, les quatre prismes situés sur les arêtes
font défaut. Souvent la pyramide centrale disparaît
aussi, de telle sorte que le cristal de chiastolite semble
homogène dans toute sa masse.
Mais ce qui distingue surtout les macles de Nozay
de celles observées partout ailleurs jusqu’ici, ce sont
les déformations qu’ont dû subir ces cristaux après
leur cristallisation; on les trouve, en effet, brisés,
contournés, étirés, gauchis de toutes les façons et on
ne saurait admettre qu’ils se soient ainsi formés ;
ce serait une dérogation manifeste aux lois de la cris-
tallographie.
La ligure 1, planche 4, représente un fragment de
schiste enchâssant deux macles. L’une d’entre elles
s’est trouvée placée, par hasard, dans le sens des
fibres de la roche; ce n’est plus un prisme à bases
égales aux deux bouts, ceux-ci se sont étirés et
forment deux pointes pyramidales placées de part et
d’autre d’un prisme déformé.
L’autre macle formait avec la première un angle
d’environ 90°. Ses deux extrémités sont aussi étirées
en sens inverse ; les arêtes, au lieu d’être en ligne
droite, forment un S gauchi.
On remarque, de plus, qu’au point où l’extrémité
de la première macle vient s’appuyer au centre de la
seconde, il y a une inflexion brusque de celle-ci.
J’ai essayé de dessiner les contournements des
fibres flexibles du schiste autour du corps plus rigide
des macles ; ces fibres se sont infléchies pour en
épouser la forme. Aux extrémités, elles sont étirées
comme pour continuer les pointes en direction.
- 201 —
La figure 5 planche 4 représente deux macles paral-
lèles placées l’une et l’autre presque normalement au
sens d’étirement du schiste ; elles affectent l’une et
l’autre la même forme sinueuse, la même cause a
produit, sur l’une comme sur l’autre, le même effet.
L’un des cristaux est encore dans son alvéole schis-
teuse, l’autre n’y a laissé que sa place.
J’aurais pu multiplier les exemples de ce genre, ils
se produisent sur chaque échantillon et chaque coup
de marteau en met un nouveau en évidence.
Deux macles isolées sont représentées figure 2 et
figure 6; elles se terminent en pointe et sont contour-
nées.
M. Daubrée représente (figure 139, page 405, opus
citatus ), une belemnite étirée et tronçonnée des
couches jurassiques du mont Léchât, et pour prouver
que cet état est bien dû à un étirement de la roche
calcaire qui renferme ce fossile, il fait voir (page 421,
figure 135 du même ouvrage), ce qu’est devenue une
belemnite ordinaire, lorsqu’après avoir été encastrée
dans un prisme de plomb, on a étiré celui-ci sous l’ef-
fort d’une presse hydraulique.
La belemnite soumise à l’expérience s’est étirée et
tronçonnée comme l’est celle du mont Léchât. Ce qui
s’est passé pour la belemnite serait pareillement arrivé
si on lui avait substitué un prisme minéral quel-
conque, une macle par exemple.
Or, ma figure 3 planche 4 représente une macle de
Nozay placée dans le sens des fibres du schiste et
l’on voit que l’étirement a été tellement prolongé que
le cristal a été forcé de se rompre en nombreux tron-
— m —
çons et qu’autour de chacun de ceux-ci les fibres de
la pierre se sont contournés de manière à ne laisser
subsister aucun vide.
Les conclusions que l’on doit tirer des expériences
de M. Daubrée sont donc en tous points applicables
aux faits que l’on observe à Nozay.
On trouve à Marsac beaucoup de macles ayant subi
les mutilations représentées figure 3. D’autres macles
sont ployées en arcs-de-cercles, d’autres encore ont
leurs arêtes vives arrondies ; il n’y en a pas une qui
ait conservé sa forme primitive.
De tous ces faits on doit conclure, comme l’avait
pressenti Durocher à propos des macles d’Aucfer, et
comme l’a affirmé M. Daubrée, que le schiste de Nozay
contenait déjà des cristaux de chiastolite lorsque, par
l’effet d’une force mécanique postérieure à cette intru-
sion, il a pris, en s’étirant, la forme fibreuse qu’il
affecte aujourd’hui.
Le cristal, plus dur que la roche, s’est brisé et
déformé; il n’a pas disparu. Il n’en a pas été de même
des fossiles ; on n’en trouve plus aucune trace à Nozay
bien qu’ils soient assez fréquents dans les roches de
même âge chez lesquelles le métamorphisme n’a pro-
duit que la fissilité propre aux ardoises.
La surface des macles de Marsac est enduite de
mica blanc doré produit de l’épigémie de la substance
blanche des cristaux ; ce mica forme une traînée très
visible de part et d’autre de la macle, c’est un dimi-
nutif de ce que l’on voit dans la roche gneissiforme de
la Barre de Hingué.
Les schistes de Nozay présentent une autre particu*
Z.2?*§;vy\
— 209 —
larité remarquable ; on observe dans leur masse des
noyaux irréguliers, aplatis, allongés dans le sens des
fibres, formés d’une matière noire charbonneuse,
tendre, tachant les doigts, ayant l'aspect et les pro-
priétés physiques de l’ampélité argileuse ; on voit
briller dans cette substance noire et dans le schiste
qui l’avoisine des cristaux microscopiques.
Ces taches noires ont des dimensions très variables,
depuis quelques millimètres jusqu’à deux décimètres
en longueur.
On les trouve partout où les macles n’existent pas.
J’ai dit que la roche de Nozay est toujours d’une
teinte générale beaucoup plus claire que celle des
schistes ardoisiers de la contrée. Ne serait-il pas
logique de penser que la matière charbonneuse dissé-
minée uniformément partout ailleurs, s’est accumulée
à Nozay dans des points spéciaux, et que cette con-
centration s’est faite par affinité, lorsque la masse
entière s’est mise en mouvement en prenant la texture
fibreuse ?
Durocher ( opus citatus , page 607) parle de noyaux
noirs, qui semblent analogues à ceux de Nozay, obser-
vés par lui dans le nord de l’Ille-et-Vilaine et la Manche,
ainsi qu’à Bas-Vallon dans la forêt de Lorges, et à
Sainte-Brigitte près les Salles-de-Rohan. Ces noyaux
se trouvent toujours à proximité des gisements macli-
fères ou, au moins, à peu de distance des roches
ignées capables d’engendrer la macle. Il les désigne
sous le nom de fausses macles et suppose que ce sont
des macles véritables dans lesquelles la cristallisation
n’a pu s’achever.
H
— 210
Une dernière preuve d’un mouvement du sol poslé-
rieur aux éruptions granulitiques des environs de
Nozay peut être tirée de la structure de ces granu-
lites elles-mêmes.
A propos des granulites schisteuses du Morbihan,
M. Barrois nous apprend (opus citatus , page 37) que
ces roches « se clivent assez facilement et montrent
« alors, suivant leurs feuillets, une structure ondulée
« fibreuse, assez difficile à décrire, mais que repré-
« sentent fidèlement les photographies des fers lami-
« nés données par M. Tresca. L’identité des résultats,
« obtenus par la nature sur la granulite, et par l’in-
« dustrie sur un bloc de fer massif permet d’assi-
« miler leur mode d’action et de rapporter à un lami-
« nage véritable la transformation de la granulite
« grenue en granulite schisteuse. »
Or, les pointements granulitiques du Houx et de
Gâtines, dont les parties centrales sont en granulite
grenue massive, montrent sur leurs bords des aplites
feuilletées et étirées ayant subi une altération ana-
logue à celle dont parle M. Barrois.
La granulite et l’aplite qui lui est subordonnée exis-
taient donc ; ces roches étaient solidifiées ; sous leur
influence, des minéraux divers, et entre autres les
macles s’étaient formées dans leur voisinage, lors-
qu’une force mécanique puissante est venue changer
la structure des schistes et des grès, déformer les
macles et laminer la périphérie des masses granuli-
tiques.
S’il existe à Nozay une roche capable, lors de son
arrivée au jour, d’avoir produit des mouvements im*
— 211
portants du sol, si cette roche ne présente aucune
trace de laminage ou d’étirement, si de plus, son âge
peut être plus récent que celui de la granulite, n’y
aurait-il pas lieu d’en conclure que c’est à l’époque de
la venue de cette roche que les modifications pro-
fondes dont la description fait l’objet de cette note se
sont produites dans les masses sédiinentaires ?
Or, les hyalomictes remplissent en tous points ces
conditions. Leur formation est postérieure à celle des
granulites ; je puis en donner pour preuve les citations
suivantes choisies parmi bien d’autres que je pourrais
invoquer :
Traité de Géologie , par M. de Lapparent, 1883, page
1133 : « La granulite de Guérande est traversée par
« de nombreuses veines d’une pegmatite accompa-
« gnée de quartz stannifère. On remarque que, dans
« les schistes et grès siluriens, la roche est une vraie
« pegmatite à feldspath rose, tandis que dans les
« schistes ampéliteux voisins, les veines sont pure-
« ment quartzeuses. »
N’est-ce pas là la roche que j’ai désignée sous le
nom d’hyalomicte ?
Modifications et transformations des granulites du
Morbihan , par Ch. Barrois, page 15 : « Les filons de
« pegmatites fourmillent dans le massif granulitique
« de Pont-PAbbé. »
Page 19: « Les filons quartzeux riches en minéraux
« variés (mon hyalomicte) qui entourent le massif
s granulitique de Saint-JeamBrevelay, sont les homo»
« logues des filons pegmatiques, plus feldsphatiques
« du Guémené, on doit les considérer comme les pro-
— 212 —
« duits de sublimation ou de sources thermales, dans
« les fentes, etc., ils existent dans l intérieur du
« massif granulitique même . »
D’autre part, je n’ai jamais pu constater aucune
déformation dans la structure des masses filoniennes
quartzeuses de Nozay.
Je suis donc porté à croire que, postérieurement à
la venue des granulites et des aphtes, des fentes se
sont produites dans le sol et se sont remplies d’hyalo-
micte et que c’est alors que les roches encaissantes
ont été soumises au laminage et à l’étirement qui ont
produit la structure fibreuse des aplites, des grès et
des schistes et ont déformé les macles.
Depuis les temps lointains où granulites et hyalo-
mictes, etc., ont vu le jour, bien des efforts méca-
niques ont dû agir sur les schistes de Nozay ; il n’est
cependant pas probable qu’aucun d’entre eux ait pu
produire la déformation des macles.
Châteaubriant, le 10 juillet 1890.
EXCURSION GÉOLOGIQUE
De GHALONNES a MONTJEAN (Maine-et-Loire)
PAR LE
EU LOUIS BUREAU
Directeur du Muséum d 'Histoire naturelle de Nantes
Appelé depuis 1882 à professer le cours de géo-
logie fondé en 1863 par le baron Bertrand Geslin, au
Muséum d’histoire naturelle de Nantes, auquel il
léguait en même temps sa riche bibliothèque et ses
collections, j’ai été conduit chaque année à faire
quelques excursions, comme complément de l’exposé
théorique.
Celle-ci ayant pour objet l’examen des terrains
compris entre Chalonnes et Montjean, les membres
de la Société d' Éludes scientifiques d' Angers, que cette
promenade pouvait intéresser, furent invités à se
rendre à Chalonnes pour se joindre à nous.
Le dimanche 22 juin 1890, nous prenons à Nantes
le train de six heures dix du matin qui nous met en
gare de Saint-Georges-sur-Loire où nous avons le
plaisir de rencontrer M. Gallois. Des voitures nous
permettent de franchir rapidement les 4 kilomètres
214 -
qui nous séparent de Chalonnes où nous arrivons à
huit heures et demie et, à neuf heures et demie, nous
nous levons de table pour nous diriger sur la route
de Montjean.
La coupe ci-jointe passant par la Pommeraye, Mont-
jean et Champtocé donne Pensemble et l’allure des
couches que nous allons rencontrer et qui constituent
le bassin carbonifère d'Ancenis ou de la Basse-Loire ,
formé ici d’un seul pli synclinal et réduit ainsi à sa
plus grande simplicité.
La Feuille géologique d'Ancenis au 80 millième,
exécutée, en collaboration avec M. Édouard Bureau,
pour le service de la carte géologique détaillée de la
France, donnera, d’autre part, la limite et la réparti-
tion des couches que nous nous proposons d’exa-
miner :
Miocène moyen : 7 Faluns Terebratula perforata.
Carbonifère inférieure : 6 Houille, poudingues, psammites avec
tufs porphyriques ( pierre carrée),
5 Grauwacke à plantes.
Dévonien moyen : 4 Calcaire à Uncites Galloisi.
Silurien supérieur : 3 Schistes avec calcaire (C) et phtanites
à graptolithes (Ph.).
— moyen ; 2 Grès et schistes armoricains.
Cambrien : 1 Cambrien métamorphique.
La ville de Chalonnes, située sur le bord sud du
bassin carbonifère, repose sur la grauwacke à plantes .
Ce niveau appartient au sous-étage du culm et cor-
respond par ses caractères paléontologiques aux
schistes tégulaires d’Altendorf en Moravie, à la grau-
wacke de Thann et aux grès à anthracite du Roannais
m —
et du Beaujolais. Nous voyons la grauwacke affleurer
sur la place et en nombre de points de la ville. Des
débris de végétaux fossiles se voient sous l’église
située à l’est, sur le bord de la Loire.
Mais nous prenons une autre direction, traversons
le faubourg Notre-Dame et continuons encore pendant
quelques centaines de mètres sur la route de Mont-
jean qui présente une belle coupe dans la grauwacke
carbonifère.
Ce niveau se présente en strates voisines de la
verticale, plongeant tantôt vers le nord suivant leur
inclinaison normale, tantôt vers le sud avec léger
renversement. Sur le bord ouest de la route nous
voyons la grauwacke reposer directement sur le cal-
caire dévonien moyen; les éboulis empêchent, toute-
fois, de constater, en ce point, la discordance qui
existe entre ces deux étages.
Revenant ensuite sur nos pas jusqu’au four à chaux
bâti au bord de la Loire, à l’entrée du faubourg, nous
descendons la rive gauche du fleuve, en longeant le
pied de coteaux escarpés toujours formés par la grau-
wacke à plantes. Dans la région que nous parcou-
rons, ce niveau est formé de schistes argileux géné-
ralement d’un rouge lie-de-vin, parfois verdâtres avec
lits gréseux ou psammitiques et quelques rares lits
de poudingue à noyaux de grauwacke. Nous recueil-
lons des Stigmaria et quelques autres débris de
végétaux. La flore de ce niveau contient : Stigmaria
ficoides Ad. Bnongn., Bornia transitionis Rœm., Lepi-
dodendron Veltheimianum Sternb. Les fougères y
sont beaucoup plus rares, mais caractéristiques :
— m -
Sphenopteris Schimperiana Gœpp., Rhodea patentis-
sima Stur.
Après avoir longé les coteaux escarpés de grau-
wacke pendant environ 1,500 mètres, nous voyons
celle-ci reposer non plus sur le dévonien moyen, mais
sur les phtanites du silurien supérieur. Une faille
dirigée est-ouest, située au nord du calcaire, a
ramené, ici, au jour le silurien supérieur entre le cal-
caire dévonien et la grauwacke carbonifère. La faille
semble s’étendre assez loin sous le lit de la Loire dans
la direction de l’est, et c’est à elle sans doute que doit
être attribué le glissement du terrain à combustible
de la rive droite, rejeté vers l’est jusqu’à Laleu, à
2 kilomètres environ en dehors de son prolongement
normal, bien visible sur la rive gauche.
Nous gravissons les coteaux escarpés de schistes
et de grès avec phtanites intercalés, par un sentier
qui nous conduit au tombeau Leclair, monument
abrité par un bouquet de pins situé sur le point cul-
minant. Un panorama magnifique se déroule sous
nos yeux : la large vallée dans laquelle coule la Loire,
divisée en plusieurs bras par de vastes îles, nous
permet d’étendre nos regards à l’est jusqu’à la Pos-
sonnière et Rochefort-sur-Loire, à l’ouest jusqu’à
Montjean.
Après avoir contemplé pendant quelques instants
cette riche et verdoyante vallée, nous nous dirigeons
au sud vers la route de Montjean, en passant par le
hameau de la Maison-Neuve. Nous traversons ainsi
le calcaire dévonien moyen qui se voit au sud-ouest
du tombeau Leclair, dans une excavation depuis long-
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217 —
temps abandonnée, puis l’étage du grès armoricain
composé principalement de schistes grisâtres micacés,
perforés de Scolithes, visibles dans le chemin qui nous
conduit à la route, et de bancs degrés intercalés dans
lesquels est ouverte, sur une butte voisine, une car-
rière pour l’entretien des routes.
Parvenus à la route de Ghalonnes à Montjean nous
constatons encore, dans les fossés, l’étage du grès
armoricain que la route suit jusqu’aux calcaires de
Chateaupanne, tandis que les coteaux qui la longent
au sud sont formés de schistes sériciteux apparte-
nant au cambrien.
Après avoir pris quelques rafraîchissements dans
une auberge située près de Chateaupanne, sur le bord
de la route, les excursionnistes gagnent les calcaires
dévoniens qui reposent directement dans cette région
sur l’étage du grès armoricain.
L’étage des schistes ardoisiers et celui du silurien
supérieur font en effet défaut sur la plus grande
étendue du bord sud du bassin d’Ancenis.
Les schistes ardoisiers ne s’observent qu’au nord
de Bouzillé. Le silurien supérieur, plus répandu, se
voit sur différents points : à Bouzillé, Saint-Florent-
le-Vieil, Chalonnes et Chaudefonds.
L’étage du grès pourpré, sur lequel repose habi-
tuellement le grès armoricain, fait également défaut
dans la région que nous parcourons en ce moment,
mais il se montre bien cependant sur différents points
de la rive sud, particulièrement à Saint-Florent-le-
Vieil et à l’endroit dit la Bretagne, entre Chalonnes
et Chaudefonds.
— 218 —
Les lacunes que nous venons de signaler et les dis-
cordances qui en sont les conséquences, sont les
témoins irrécusables des oscillations dont le massif
cristallin qui forme la limite sud du bassin d’Ancenis
était fréquemment le siège.
Les calcaires du dévonien moyen sur lesquels nous
arrivons à Chateaupanne, forment une bande longue
de 15 kilomètres et large de 500 mètres au plus. Ils
sont généralement bleuâtres, parfois dolomitiques et
surmontés au nord par une assise de dolomie blan-
châtre de 3 à 4 mètres de puissance.
La faune en a été étudiée dans ces dernières années,
par MM. OEhlert (1), Nicholson (2), Barrois (3). Les
fossiles reconnus jusqu’ici sont :
t Incites Galloisi QEhl.
Rhynchonella sp.
Pentamerus Davyi.
— galeatus Daim.
— glohus Bronn.
Amphigenia? Bureaux QEhl.
Heliolites porosa Goldf.
— sp. aff. interstincta Wahl.
Favosites limitaris Rœminger ?
— flbrosa Goldf.
? inosculans Nichols.
(1) OEhlert : Note sur le calcaire de Montjean et Chalonnes
(Maine-et-Loire). Ann. Soc. géol., t. XII, pl. iv, y.
(2) Nicholson : On som new of imperfectly know species of
corals from the devonian rocks of France. (Ann . and magv of
nat. hist. 1881.)
(3) Barrois Ch. : Sur le calcaire dévonien de Chaudefonds
(Maine-et-Loire). Ann. Soc. géol du Nord , t. XIII, p. 170.
219 —
Pachypora cervicornis de Blainv.
— reticulata Goldf.
Trachypora nov. sp .
Zaphrentis sp.
Amplexus tortuosus Goldf.
Cyathophyllum cæspitosum Goldf.
Spongophyllum torosum Schlüt ( Endophyllum Œh-
lerti Nichols).
Cainopora Montis-Johannis Nichols.
Clathrodictyon striatella d’Orb. sp.
— sp.
Stromatopora regularis von Rœm. ? (1)
Nous suivons la bande calcaire dont nous visitons
les exploitations, les unes en activité, les autres,
aujourd’hui, abandonnées.
La carrière de M. Clémenceau permet de voir, dans
une tranchée et un tunnel ouverts sur son bord nord,
la grauwacke à plantes reposer en discordance sur
les bancs de dolomie qui surmontent le calcaire
dévonien.
Nous traversons ensuite la route de Montjean et
gagnons la carrière de calcaire dévonien de M. Sécher,
couronnée par d’épaisses assises de calcaires sableux,
à Terebratula perforata appartenant à la partie supé-
rieure du miocène moyen. Ces faluns, disposés en
couches horizontales, sur le calcaire dévonien redressé,
forment un dépôt de 200 mètres de large sur 2 kilo-
mètres de long, qui commence, à l’est, au point où le
(1) Ces quatre dernières espèces sont réunies, par M. Barrois,
en une seule : Stromatopora concentrica Goldf.
— 220 -
calcaire dévonien coupe la route de Montjean à Cha-
lonnes, et s’étend vers l’ouest à 200 mètres environ
au-delà de l’ancien four à chaux de l’Orchère. Un autre
lambeau de faluns couronne la paroi sud de la carrière
de calcaire dévonien de Paincourt appartenant à
M. Heusschen, tandis que la paroi nord de cette même
carrière, laisse voir, sur une certaine étendue, les
premières assises de la grauwacke à plantes.
C’est là que le calcaire dévonien, parvenu à son
maximum de puissance, 500 mètres environ, se
montre pour la dernière fois vers l’ouest. Il ne traverse
pas la route de Montjean à la Pommeraye qui n’en
est cependant éloignée que de 200 mètres. Cette dis-
parition brusque du calcaire dévonien est manifeste-
ment due à une discordance très accusée de la grau-
wacke à plantes qui le recouvre en ce point en strati-
fication transgressive. Cette transgressivité est telle,
que la grauwacke recouvre, près de là, le grès armo-
ricain, le contourne ensuite et s’étend au sud sur le
cambrien métamorphique jusqu’au voisinage de la
Pommeraye, formant ainsi la petite baie carbonifère
de la Hubaudière, dont nous parlerons plus bas.
La coupe ci-jointe, de Montjean à la Pommeraye,
traverse le calcaire dévonien au four à chaux de
M. Heusschen, c’est-à-dire à la carrière de Paincourt.
Elle passe donc en ce point à 200 mètres environ, à
l’est de la route. Le géologue qui, au contraire, suit
la route de Montjean à la Pommeraye ne rencontre
pas le calcaire dévonien. Il constate sur son prolon-
gement la présence de la grauwacke à plantes qui le
— 221 —
recouvre et s’étend vers le sud, en partie masquée
elle-même par des lambeaux de faluns.
Arrivés à la carrière de Paincourt, nous prenons la
route de la Pommeraye et constatons au hameau de
l’Orchère, la présence des faluns qui affleurent sur la
route et dans lesquels sont creusées des galeries dont
Porigine est sans doute très ancienne.
Après avoir passé l’hôtel du Pélican, nous gravis-
sons la côte et atteignons, près de la ferme de Chaufau,
un coteau formé de grès armoricain, représenté par
des grès quartzeux blancs ou jaunâtres perforés de
scolitlies.
Descendant ensuite la colline, nous gagnons le vil-
lage de la Grandinière, puis celui de la Bicheboisière,
traversant ainsi la petite baie carbonifère formée de
poudingues, analogues aux poudingues d’ingrandes
et constituant ici la base de la grauwacke à plantes.
Ces poudingues se montrent en bancs sur les coteaux
escarpés d’un ruisseau voisin. Nous les retrouvons
encore en descendant de la Biclieboisière à la ferme
du Clos, par un chemin creux et étroit dont les talus
élevés offrent une coupe continue. Ces poudingues,
analogues à ceux d’ingrandes, dont ils sont les repré-
sentants, sont formés de galets de quartz, schiste à
séricite, grès armoricain variant de la taille d’un œuf
à celle de la tête et ordinairement arrondis. Mais on
voit aussi, empâtés dans la roche, des blocs angu-
leux de schistes sériciteux, plissés, gauffrés, arrachés
au cambrien voisin et attestant ainsi que cet étage
était en partie redressé et plissé lorsque le carboni-
— m —
fère inférieur lui a emprunté ses éléments. Quelques
faibles bancs de grauwacke grise, plus ou moins
schisteuse, et de grès psammitiques alternent avec
les poudingues. C’est dans ces lits à grains fins que
devront être recherchés les végétaux fossiles.
L’heure avancée nous oblige à gagner la route de
Montjean, au voisinage de l’Orchère.
Près de la Nouvelle-Orchère, une petite excavation
ouverte dans la grauwacke à plantes, montre quelques
débris de végétaux. Nous arrivons ainsi sur le versant
sud de la butte de Montjean où la grauwacke alterne
avec les premières assises de pierre carrée, roche par
laquelle débute à Montjean le terrain houllier pro-
ductif.
Ce niveau important appartient au carbonifère infé-
rieur et correspond à la grauwacke du culm, aux
schistes d’Ostrau (Moravie) et de Waldenburg (Silésie).
11 contient la houille de la Basse-Loire et forme
une bande dirigée nord-ouest, sud-est, longue de
100 kilomètres environ sur 2,500 mètres de largeur
maximum.
Le terrain productif se compose de lits alternants
de psammites, de poudingue, de pierre carrée et de
houille.
Le poudingue est généralement formé de galets de
quartz laiteux.
La pierre carrée, ainsi nommée parce qu’elle se
brise en parallélipipèdes, se présente sous les diffé-
rents aspects de pierre carrée à grains fins, grès de
pierre carrée, poudingue de pierre carrée. C’est un
tuf porphyrique, généralement jaunâtre qui renferme
des fossiles végétaux d’une très belle conservation.
Très réduite dans certaines concessions, la pierre carrée
atteint à Montjean une puissance considérable.
La houille est maigre ou demi-grasse et employée
pour les chemins de fer et la fabrication de la chaux.
La flore de ce niveau, étudiée par M. Édouard
Bureau, est riche et bien caractérisée par les espèces
suivantes :
Bornia transitionis Rœm . , Sigülaria minima
Ad. Brong., Stigmaria ficoides Ad. Brong., Kno^ria
imbricata Sternb., Lomatophloios crassicaule Corda,
Lepidophloios laricinum Sternb., Lepidodendron Vel-
theimianum Ung. et quatre ou cinq autres espèces,
Diplothmema dissectum Stur, D. elegans Stur, D. sut-
geniculatum Stur, D. dicksonioides Stur, Calymnc -
theca Stangeri Stur, C . Dubuissonis Stur, C. tridac-
tytües Stur, C. divaricata Stur, C. moravica Stur,
Archæopteris Virletn Stur, A. lyra Stur, Dcictylotheca
aspera Zeiller, Neuropteris antecedens Stur.
Après avoir dîné à Montjean, hôtel du Cheval-Blanc,
nous traversons la Loire dont le lit est entièrement
occupé par le terrain à combustible qui s’appuie sur
la rive droite, non plus sur la grauwacke à plantes,
mais sur les schistes verts et rouges du silurien supé-
rieur avec lits intercalés de calcaire et de phtanites à
graptolithes visibles près de la gare de Champtocé,
où nous prenons à 7 heures 54 le train qui nous met
à Nantes à 9 heures 53 du soir.
OBSERVATOIRE MÉTÉOROLOGIQUE MUNICIPAL D’ANGERS
(première année)
Commission : MM. Quélin, Bleunard et Préaubert.
PHYSIONOMIE DE L’ANNÉE 1889
JANVIER
La physionomie de ce mois ne présente rien de
particulier. La moyenne de la pression barométrique
est plus forte de 5 à 6mm que la normale. La tempéra-
ture est un peu trop douce, la moyenne des minima
restant à plus d’un degré au-dessus de zéro ; la pre-
mière semaine, seule, est restée au-dessous et, le
6 janvier, le thermomètre minima a donné — 5°. Les
observations de la pluie, du vent et de l’état du ciel,
n’ont rien montré d’anormal.
FÉVRIER
La pression barométrique est plus rapprochée de
la normale. La température suit une marche ascen-
dante et sans à-coup. Pluie un peu plus forte et les
vents , soufflant avec prédominance de l’W à N, sont
plus vifs ; le ciel plus couvert. C’est dans ce mois,
le 21, que se présente le maximum de l’année dans la
hauteur de la Maine, qui atteint la cote de 4m50 au
pont du Centre (en aval, rive gauche). Observation
particulière : le 15, à 13 heures, une chute de grésil
fait tomber tout à coup le thermomètre de 6° 1/2.
15
- m —
MARS
Lebaromètre reste à la pression normale en moyenne,
si ce n’est dans la troisième semaine où il descend
à 736, le 20, par une averse de grêle assez abondante.
Le minimum de la température, pour tout l’hiver
1888-89, se produit le 4 de ce mois (— 8°7 sur le sol).
AVRIL
La moyenne barométrique est au-dessous de la
normale (752), sans offrir de grandes fluctuations ; le
thermomètre accuse de nombreuses petites chutes
produites par un état de l’atmosphère assez orageux.
Des coups de tonnerre assez fréquents; aussi, malgré
la basse température des nuits, les bourgeons s’ouvrent
dès le commencement du mois. Entre les averses de
grêle et les coups de tonnerre, le coucou, la jacinthe
sauvage ouvrent leurs corolles ; quelques oiseaux
commencent leur nid. i
MAI
La pression barométrique se tient constamment
entre 765 et 750mm (réduction à 0° température). La
température offre plus de variations journalières, tout
en restant assez élevée. Les pluies sont fréquentes et,
le 6 , le pluviomètre contient 46mm , hauteur d’eau
tombée dans la nuit du 5 au 6, aucun jour de l’année
n’en a donné autant; à la suite, la Loire et la Maine
subissent une crue assez rapide. Les vents dominants
de S et SW sont assez forts.
— m —
JUIN
 l’exception des premiers jours, la pression atmos-
phérique est normale et presque invariable. Le ther-
momètre pousse des pointes jusqu’à 30° à l’ombre; le
temps est souvent couvert de kumulus orageux et
l’état hygrométrique atteint une moyenne de 75/100.
JUILLET
La moyenne- de pression barométrique est normale
pour la saison. Le maximum de la température est
atteint le 31 (32°) sous l’abri. Dès le 5, on a 32° sur le
sol et jusqu’à 33° à 5cm dans le sol, le même jour. Le
thermomètre, placé à 30cm dans le sol, arrive à son
maximum (25°), le lendemain. La moyenne de l’ozone
est de 8/20, la moins élevée de l’année avec décembre.
L’évaporation est de 3.8mm par jour, la plus forte de
l’année, correspondant à la plus grande sécheresse et
vitesse du vent, dont la moyenne est, en effet, de 2.1,
c’est-à-dire environ 6m par seconde.
AOUT
Pression barométrique moins forte et un peu plus
mouvementée. La moyenne de la température est
moins élevée (17° 4), bien que la moyenne de l’état du
ciel fut la même (5/10). La température de la Loire,
qui atteignait, le 31 juillet, 25°.o, n’arrive plus à ce
chiffre en août.
- m
SEPTEMBRE
Même moyenne barométrique que le mois précé-
dent. Les fluctuations du thermomètre sont plus
accentuées : s’élevant à 30°, le 12, il descend, le même
jour, à 12°; le 19, de 24°, il tombe à 2°6; le 17, le
thermomètre, dans l’herbe, descend à — 3° et la
vigne gèle; le lendemain, il gèle encore, et les vignes
non sulfatées contre le mildiou sont complètement
dépouillées de leurs feuilles et, pour la plupart, de
leurs fruits. Les brumes deviennent fréquentes
(12 jours).
OCTOBRE
La moyenne barométrique descend un peu. Les
thermomètres ont une baisse assez normale. Dans ce
mois, la température est presque identiquement la
même, en moyenne, pour les thermomètres de l’air,
du sol et de l’eau. Ciel assez couvert ; évaporation
faible et plus d’ozone, bien que les vents humides de
l’W et de SW soient très dominants (58 fois sur
93 observations).
NOVEMBRE
Moyenne barométrique assez élevée, excepté vers
la fin du mois où se montrent d’assez fortes dépres-
sions. Ces dépressions coïncident avec l’approche des
bourrasques de neige et de grêle. Température anor-
male et saccadée. Brouillards fréquents et humides
qui annulent l’évaporation et laisse l’air presque
entièrement saturé d’humidité. Les vents plus fré-
quents de SW à N donnent une assez bonne moyenne
d’ozone (11/20).
— m
DÉCEMBRE
Temps mauvais sous tous les rapports. Chutes de
2omm d’un jour à l’autre au baromètre présageant
pluie froide ou brouillards. Température presque
constamment au-dessous de zéro. Le maximum, de
10° à 12°, n’est atteint que pendant quelques minutes.
Le minimum de — 9° dans l’air et de — 10°6 sur le
sol, le plus bas de l’année, est atteint le 9. Plusieurs
fois le minimum de température de la journée se
présente au milieu du jour, avec accompagnement de
pluie, neige, grésil et surtout d’une brume intense et
sans fin. L’état hygrométrique de l’air est à peu près
tout le mois à saturation complète. Pendant la der-
nière quinzaine, absence presque complète d’ozone.
Le Directeur ,
Jules Quélin.
— 230 —
1889. — PREMIER TRIMESTRE
Pression atmosphérique (à 0° température) . . .
max.
Janvier.
773,4
Février.
773
Mars.
772
— —
min.
739,6
743,6
736
— —
moy.
762,5
758,1
758,2
Température. De l’air (sous abri)
max.
10^5
15°5
15°
— — ...........
min.
—5°
— 3°2
—5°
— — ...........
moy.
3°8
5°2
7°1
— Du sol (surface)
min.
-0°
— 7®'4-
8«7
— — (à 5 centim. prof.)
moy.
5°8
6°7
9o5
— — (à 30 — ......
moy.
»
6°
7«3
Pluie (en millim. hauteur)
moy.
0,89
1,27
1,D
Yent (3 obs. par jour). Des régions N. et NE.
....
22
26
31
— — E et SE . .
....
17
1
13
rr — S et S\Y.
....
19
29
15
— — WetNW.
......
35
28
34
Vitesse par seconde, en mètres.
moy.
3
7
4
Evaporation (en millim.)
moy.
»
1,7
3
Ozone (en vingtièmes) .
moy.
5
9
9
Nébulosité (en dixièmes)
moy.
6
6
5
Hygrométrie (en centièmes)
moy.
»
»
»
Phénomènes divers. (Nombre de fois).
— Pluie
9
11
10
— Brouillard...,.
9
1
»
— Brume
4
1
3
— Orage
»
»
»
— Grêle
»
2
»
— Grésil
1
»
1
— Neige
2
9
2
— Gelée
14
4
7
— Gelée blanche
8
1
3
- 231
1889. - DEUXIÈME TRIMESTRE
Pression atmosphérique (à 0° température) . . .
max.
Avril.
765,5
Mai.
760,5
Juin.
767,4
— —
min.
732
746
746,5
— —
moy.
752
754
757
Température. De l’air (sous abri)
max.
O
O
CM
26°
24°5
— — ............
min.
2°
5°8
14«3
— —
moy.
9^3
15o3
19°8
— Du sol (surface)
min.
-1°
7°9
7«5
— — (à 5 centim. prof.)
moy.
13°3
20o
2403
— — (à 30 —
moy.
llo4
16°
19°6
Pluie (en millim. hauteur)
moy.
2,93
2,15
1,52
Vent (3 obs. par jour). Des régions N et NE . .
18
14
31
— — E et SE . .
10
14
17
— -- S et SW..
20
40
20
- — W et NW.
33
33
35
Vitesse par seconde, en mètres.
moy.
3
2
2
Evaporation (en millim )
moy.
2,2
2,8
3,4
Ozone (en vingtièmes)
moy.
11,3
10,6
9,6
Nébulosité (en dixièmes)
moy.
6,3
5,6
6
Hygrométrie (en centièmes)
moy.
74
70
73
Phénomènes divers. (Nombre de fois).
— Pluie
19
14
11
— Brouillard
»
1
1
— Brume
»
»
3
— Orage
3
1
5
— Eclairs sans tonnerre.. . .
»
1
1
Grêle
8
»
»
— Grésil
»
»
»
— Neige
»
»
»
— Gelée.
1
»
»
— Gelée blanche
1
»
»
— Rosée . . .
»
2
»
1889. — TROISIÈME TRIMESTRE
Pression barométrique (à 0° température) ....
max.
Juillet.
767
Août.
761,6
Sept.
764,7
— —
min.
751,2
745,5
746,3
— — .
moy.
758,8
757,4
757,8
Température. De l’air (sous abri)
max.
31°8
31°
3D
— —
min.
10°
7°5
2°6
— — ............
moy.
19°9
16°3
15°9
— Du sol (surface)
moy.
24«7
22°5
20°4
— — (à 5 centim. prof.). .....
moy.
26°3
23°7
21°5
— — (à 30 — ......
moy.
22°2
21°2
19°1
— De l’eau (source)
moy.
14°2
15o
16°
Pluie (en millim. hauteur)
moy.
0,8
1,9
0,5
Vent (3 obs. par jour). Des régions N et NE. .
....
4
6
13
- — E et SE . .
15
10
32
— — S et SW..
....
30
56
21
— - W et NW.
....
32
21
24
Vitesse par seconde, en mètres.
....
4
4
2,50
Évaporation (en millim.)
moy.
3,8
3,3
3
Ozone (en vingtièmes)
moy.
8
9
9
Nébulosité (en dixièmes)
....
5
5
3,3
Hygrométrie (en centièmes) .
moy.
65
73
74
Phénomènes divers. (Nombre de fois).
— Brouillard
»
1
2
— Brume
4
5
10
— Orage..
3
2
»
— ■ Éclairs sans tonnerre
....
»
»
»
— Grêle
»
»
»
— Grésil
»
»
»
— Neige
....
»
»
»
— Gelée
»
»
1
— Gelée blanche
....
»
»
1
— - Rosée
»
»
»
— 233 —
1889. — QUATRIEME TRIMESTRE
Pression barométrique (à 0° température) . . .
Température. De l’air (sous abri) ,
— Du sol (surface)
— — (à 5 centim. prof.)'.. ... .
— — (à 30 —
— De l’eau (source)
Pluie (en millim. hauteur)
Vent (3 obs. par jour). Des régions N et NE. .
— — E et SE . .
— — S et SW..
— — W et NW.
Vitesse par seconde, en mètres.
Evaporation (en millim.)
Ozone (en vingtièmes)
Nébulosité (en dixièmes)
Hygrométrie (en centièmes)
Phénomènes divers. (Nombre de fois).
— Brouillard
— Brume
— Orage
— Eclairs sans tonnerre. . . .
— Grêle
— Grésil
— Neige
— Gelée
— Gelée blanche
— Rosée
Octob.
Nov.
Déc.
max.
759.3
771,5
772,3
min .
737,4
747,8
740
moy.
750,2
762,9
766,3
max.
19°
17°2
11°8
min.
3°6
— 1°
— 9°
moy.
11°4
7°8
1«9
moy.
13°
8«6
1°6
moy.
14°2
9°1
3°8
moy.
14«7
8°8
5«9
moy.
13°9
13«1
U04
moy.
3,3
0,7
1,8
7
29
37
16
20
18
58
21
26
12
20
12
7
6
2,5C
1,4
0,9
»
11
11
8
6
5,5
6,4
85
90
95
3
3
»
»
14
16
2
»
»
»
»
a
1
1
1
»
»
3
»
2
5
1
4
24
»
1
4
»
»
»
- 234 —
1890, — PREMIER TRIMESTRE
Pression barométrique (à 0° température)
max.
Janvier.
772,6
Février.
.770,1
Mars.
771,5
—
min.
734,5
744,3
737
— —
moy.
753,5
760,9
756,2
Température. De l’air (sous abri)
max.
14°6
15°7
23°8
—
min.
— 2°4
— 3°8
— 7°2
— — ............
moy.
7°1
3°3
8°4
— Du sol (surface)
moy.
3°5
2°3
10°7
— — (à 5 centim. prof.)
moy.
7°9
5°5
10°
— — (à 30 — ......
moy.
7°1
5°3
707
— De l’eau (source)
moy.
11°3
11°2
11°
Pluie (en millim. hauteur).
moy.
1,93
0,38
0,34
Vent (3 obs. par jour). Des régions N et NW..
....
10
13 _
22
— — W et SW.
....
48
7
44
— — S et SE . .
....
26
15
12
— — E et NE . .
9
49
15
Vitesse par seconde, en mètres).
moy.
5
4
4
Evaporation (en millim)
moy.
1,1
1,4
»
Ozone (en vingtièmes). ...........
moy.
5
8
11
Nébulosité (en dixièmes)
moy.
7
4,2
4,7
Hygrométrie (en centièmes)
moy.
86
81
76
Phénomènes divers. (Nombre de fois).
— Pluie....
19
6
13
— Brouillard
»
2
6
— Brume....
13
4
4
— Orage
1
»
»
— Eclairs sans tonnerre. . . .
»
»
»
— Grêle
1
»
2
— Grésil *
»
2
»
— Neige...
»
3
5
— Gelée
1
16
5
— Gelée blanche
»
1
2
— 235 —
1890. - DEUXIÈME TRIMESTRE
Pression barométrique (à 0° température)
Température. De l’air (sous abri'
Du sol (surface'
— — (à 5 centim. prof.).. . .
— — (à 30 —
— De l’eau (source)
— — (Maine)..
Pluie (en millim. hauteur) . .
Vent (3 obs. par jour). Des régions N et NW. .
— W et SW.
— — S et SE...
- — E et NE . .
Vitesse par seconde, en mètres.
Evaporation (en millim).
Ozone (en vingtièmes) .
Nébulosité (en dixièmes)..
Hygrométrie (en centièmes).
Phénomènes divers. (Nombre de fois).’
— Pluie
— Brouillard
— Brume
— Orage
— Eclairs sans tonnerre.. ..
— Grêle
— Grésil. ...
— Neige
— Gelée .
— Gelée blanche ;
Avril.
Mai.
Juin.
max.
777,2
764,6
769,6
min.
73b, 1
743,5
746,7
moy.
753,4
757,5
761,4
max.
208
29o7
31°
min.
2°2
6°2
8°2
moy.
8°4
15°2
17°7
max.
»
»
41°2
min.
»
»
3°6
moy.
13°9
20°5
20°2
moy.
10°3
20°6
24°2
moy.
11°2
15°2
18°7
moy.
11^4
12°
12°7
moy.
13o
17«8
20°8
moy.
1,29
1,83
1,86
....
32
23
40
28
39
40
8
16
3
....
22
15
6
....
4
3,50
3,50
moy.
»
2,9
. 3,1
moy.
12
15
6,8
moy.
4,7
6
4,9
moy.
73
71
65
16
17
12
9
»
»
»
4
5
4
7
3
2
»
»
6
1
»
....
»
»
»
»
»
»
»
»
»
6
»
»
NÉCROLOGIE
La mort a fait de nombreux vides dans les rangs
de la Société d' Éludes scientifiques d'Angers depuis
la publication du dernier bulletin. Un membre hono-
raire : M. l’abbé de Marseul, de Paris; deux membres
titulaires : MM. les docteurs Gosson, de Paris, et
Meleux, d’Angers, et trois membres correspondants :
MM. Régnier, de Beausse, Renou, de Châtelais, et
Galissier, de Foix, nous ont été enlevés dans l’espace
de quelques mois.
M. de Marseul. — M. l’abbé Sylvain-Augustin de
Marseul, né à Fougerolles-du-Plessis (Mayenne), le
25 janvier 1812, est décédé à Paris le 16 avril 1890.
Après avoir consacré la première partie de sa vie à
l’instruction des enfants, dans la Sarthe, puis à Paris,
M. de Marseul s’est uniquement occupé de l’étude
des sciences naturelles et surtout de l’entomologie.
Pendant près d’un demi-siècle, il publia d’importants
travaux sur l’ordre des coléoptères. De 1853 à 1857,
il faisait paraître, dans les Annales de la Société ento-
mologique de France , Y Essai monographique de la
famille des Histèrides , mémoire auquel il donna plu-
sieurs suites dans le même recueil. En 1857, il publiait
m —
le Catalogue synoptique des Coléoptères d'Europe et
confins , et, en 1863, donnait une deuxième édition,
augmentée, de ce même catalogue.
En 1864, M. de Marseul fondait Y Abeille, revue
d’entomologie, qu’il dirigea jusqu’à sa mort. Il publia
dans cette revue d’importants mémoires et de nom-
breuses monographies coléoptérologiques. Parmi ces
travaux, il faut citer : en 1864, les Histèrides de
V Archipel malais et les nouvelles espèces d’ Histèrides
appartenant à l'ancien monde ; en 1865, les Bupres-
tides d' Europe et du nord de l'Afrique et de l'Asie ; en
1868-69, les Endomychides ; en 1869, les Mylabrides ;
en 1872-73, les Otiorhynchides ; en 1876, les Crypto-
cephalides ; en 1882, les Anthicides ; en 1883-84, les
Chrysomelides, etc.
M. l’abbé de Marseul était membre honoraire de la
Société entomologique de France, dont il faisait partie
depuis 1835 et qu’il présida à plusieurs reprises ; il
était également membre des Sociétés entomologiques
de Londres, de Russie, de Belgique, de Suisse, etc.,
et membre honoraire de la Société d’Études scienti-
fiques d’Angers depuis 1874.
M. de Marseul était un travailleur zélé et conscien-
cieux, doué d’une grande bienveillance et s’intéres-
sant aux débutants studieux, qu’il encourageait de
ses conseils et auxquels il montrait l’exemple d’une
vie toute dévouée à la science. Dans Y Abeille, où il
avait eu pour premiers collaborateurs Dufour, Perris,
de Chaudoir, Reich e, etc., une place était toujours
réservée aux jeunes entomologistes, et plusieurs
d’entre eux, après avoir fait d’heureux débuts dans
— 239 —
ce recueil apprécié, sont restés les continuateurs de
ces vieux maîtres aujourd’hui disparus. La perte de
cet excellent collègue a été vivement ressentie par
tous ceux qui Font connu et qui ont eu avec lui des
relations.
Septembre 1890.
J. G.
M. Gosson. — Ernest-Saint-Charles Cosson, né à
Paris le 22 juillet 1819, publiait, à 21 ans, en collabo-
ration avec Germain de Saint-Pierre, son premier
mémoire de botanique, sous le titre : Observations
sur quelques plantes critiques des environs de Paris.
Quelques années plus tard (en 1845), il faisait
paraître, avec la même collaboration, trois ouvrages
qui eurent le plus grand succès et attirèrent sur lui
l’attention du monde savant : la Flore des environs
de Paris, Y Atlas et le Synopsis analytique de la même
Flore. (En 1861, le docteur Cosson a donné une
seconde édition de cette Flore.)
En 1847, il organisa et dirigea en grande partie
l’Association française d’exploration botanique, et fut
adjoint, en 1852, à la commission scientifique chargée
de l’exploration de l’Algérie.
« De 1852 à 1880, il exécuta en Algérie huit voyages
qui lui permirent de réunir sur la Flore de cette
région des documents nombreux et importants. Le
docteur Cosson ne s’en tint pas, dans ses explora-
tions, aux contrées pacifiées et soumises de notre
colonie, il poussa de hardies reconnaissances sur les
Hauts-Plateaux et dans le Sahara, au milieu des tribus
— m —
insoumises et révoltées, le plus souvent faiblement
escorté, parfois obligé de garder auprès de lui,
comme otage, un proche parent d’un chef suspect.
Les lettres si intéressantes qu’il adressait pendant
ses voyages à la Société botanique de France nous le
montrent herborisant avec une ardeur toujours excitée
par les richesses botaniques qu’il rencontrait à chaque
pas, au milieu de difficultés et de dangers que
savaient écarter sa patience, sa fermeté et aussi sa
grande bonté qui se manifestait sous forme d’utiles
conseils aux malades qu’on lui amenait en foule et
de dons aux plus pauvres. » (P. Maury, le Naturaliste ,
n« 70, 1890).
En 1854-67, M. Gosson publiait dans Y Exploration
scientifique d'Algérie , en collaboration avec Durieu de
Maisonneuve, un important mémoire intitulé : Flore
d'Algérie , Phanèrogamie , groupe des glumacèes , et
donnait aux Annales des sciences naturelles et au
Bulletin de la Société botanique de France de nom-
breuses notes descriptives, des listes d’espèces, des
récits de voyages.
En 1881 , il fit paraître le premier volume de la
Flore des États barbaresques , Algérie, Tunisie et
Maroc, et, en 1887, le second volume; il mettait la
dernière main au troisième volume de cet important
ouvrage lorsque la mort est venue le frapper dans la
nuit du 1er janvier 1890.
Gomme complément de cette Flore, le docteur
Gosson publiait, sous le titre : Illustrationes Floræ
atlanticæ, un atlas des plantes les plus intéressantes
de cette Flore ; trois fascicules de vingt-cinq planches
- m -
avec texte explicatif ont paru : le premier en 1882, le
second en 1884, le troisième en 1889.
En 1882, le Ministère de l’Instruction publique
chargea le docteur Cosson de réunir et d’organiser
une commission scientifique de la Tunisie; il fit dans
cette région, en 1883, avec les collaborateurs qu’il
s’était adjoints, son premier voyage d’exploration, et,
en avril 1888, malgré son grand âge, il faisait un der-
nier voyage d’Alger à Tunis et sur le littoral nord de
la régence.
En 1854, le docteur Cosson fonda, avec A. Passy,
Brongniart, Germain de Saint-Pierre, Duchartre, etc.,
la Société botanique de France, à laquelle il n’a cessé
d’appartenir et dont il fut deux fois président; il
était membre des Sociétés zoologique d’acclimatation,
de géographie, philomatique, et de la Société royale
de botanique de Belgique. Le 31 mars 1873, il fut élu
membre libre de l’Académie des sciences. Nommé
chevalier de la Légion d’honneur en 1865, il fut
promu depuis au grade d’officier. M. Cosson faisait
partie de notre Association, comme membre titulaire,
depuis le 9 avril 1876.
Le docteur Cosson a laissé un herbier considérable
ainsi qu’une fort riche bibliothèque qu’il se faisait un
plaisir de mettre à la disposition des savants.
Nous ne croyons mieux terminer cette notice nécro»
logique qu’en empruntant à M. P. Maury le passage
ci-après de la note qu’il a publiée récemment sur
notre regretté collègue :
« La mort, qui a si brusquement frappé le docteur
E. Cosson au milieu de tant de travaux, n’en inter»
16
rompra cependant pas le cours. L’homme réfléchi,
prévoyant qu’il était, en vieillissant, songeait à
assurer après lui la continuation de son œuvre et la
conservation de ses belles collections. Dans les der-
nières années de sa vie, il s’entretenait volontiers de
ce sujet avec quelques botanistes de ses amis et, dès
1887, dans une séance de l’Académie des sciences, il
fit connaître les grandes lignes des dispositions qu’il
avait cru devoir prendre :
« Les travaux variés, disait-il, auxquels M. Gosson
« a dû se dévouer depuis de longues années pour la
« bonne exécution de l’œuvre qu’il a entreprise en
« ont nécessairement retardé la publication ; maïs,
« malgré son âge déjà avancé, il n’a pas à regretter
« ce retard, ayant conscience que ses efforts persé-
« vérants et les recherches dont il a été le promoteur
« ont contribué, pour une large part, à la connais-
« sance de la Flore des contrées, objet de ses études
« spéciales, et que, s’il ne lui est pas donné d’achever
« lui-même ses ouvrages en cours d’exécution, il
« aura rendu plus facile la tâche des botanistes
« appelés à les continuer.
« En leur assurant la conservation de son herbier
« et de sa bibliothèque,, la communication de ses
« manuscrits et de ses notes, la propriété de planches
« déjà publiées ou inédites, ainsi que les ressources
« nécessaires pour faire face aux frais d’impression,
« il croit avoir pris toutes les dispositions qui per-
« mettront l’emploi le plus utile des matériaux réunis
« et classés pendant plus de cinquante ans dans un
« but scientifique. »
- 243 -
« Le monde savant peut donc être sans inquiétude
sur le sort des travaux entrepris et des collections
réunies parle docteur Gosson. Les lignes précédentes,
tout en manifestant ses désirs à leur sujet, témoignent
encore de l’élévation de son esprit, de son désinté-
ressement et de son dévouement pour la science ;
elles renferment son plus bel éloge. » (P. Maury, le
Naturaliste , n° 70, 1890.)
Août 1890 .
J. G.
M. le D1 Meleux. — Dans la nuit du 31 décembre
1889 au 1er janvier 1890, la Société d’Études scienti-
fiques d’Angers perdait un de ses membres titulaires,
M. le Dr Auguste Meleux, directeur de l’École de Méde-
cine d’Angers , membre de la commission de sur-
veillance du Musée d’histoire naturelle, officier de
l’instruction publique.
Sorti du Lycée d’Angers à 16 ans avec le prix d’hon-
neur, de philosophie et le grade de bachelier, Auguste
Meleux était reçu docteur en médecine à 23 ans, le
27 novembre 1860. Le 8 janvier 1861, il était nommé
chef des travaux anatomiques à l’École d’Angers, sup-
pléait en 1864 M. le professeur Jousset dans la chaire
d’anatomie et était promu professeur titulaire à la
même chaire le 4 février 1866, à peine âgé de 29 ans.
— « C’est là^ pendant près de trente ans, à l’amphi-
théâtre d’anatomie, le scalpel à la main, que M. le
Dr Meleux a donné toute la mesure de sa belle intelli-
gence, de son vaste savoir. Les élèves se pressent
pombreux à ses cours ; le professeur les attire et les
retient ; sous sa parole l’anatomie s’anime ; les
moindres détails sont exposés avec clarté. Gomme il
sait mettre en relief les avantages qu’on peut retirer
de son étude ! Quelle exaclitude et quelle conscience
dans son enseignement! Admirable professeur, maître
séduisant, qui donc vous remplacera sans jamais vous
faire oublier.
« Nous le verrons toujours dans nos souvenirs ce
maître excellent, courbé sous le poids du travail plus
que des années, au pas pesant, n’ayant pas l’air pressé,
ne se pressant pas et trouvant cependant le temps de
suffire à de nombreuses obligations professionnelles.
On ne se souvient pas de l’avoir vu très jeune ; c’est
toujours la même physionomie, calme, recueillie, avec
un sourire fin qui l’éclaire souvent et tempère la gra-
vité naturelle de ses manières. Son esprit, largement
cultivé, avait un tour original, une grande indépen-
dance de vues ; on était frappé par la franchise, un
peu rude parfois mais loyale de son caractère, par la
justesse de ses avis, par la sûreté de son jugement. »
(Dr H. Legludic , discours prononcé aux obsèques du
Dr Meleux.)
Le Dr Meleux faisait partie de la Société depuis le
7 décembre 1882. J. G.
M. Regnier. — - Regnier, Eugène-Adolphe, né aux
Rosiers (Maine-et-Loire), le 13 mai 1865, sorti de l’École
normale d’Angers en octobre 1881, instituteur-adjoint
à Freigné, à Champ tocé, puis à Cholet et à Saumur,
nommé instituteur titulaire à Beausse le 27 sep-
tembre 1889, a été emporté par une fièvre muqueuse
- m -
le 26 février 1890_, à l’âge de 24 ans. Instruit, zélé,
bienveillant, ce jeune maître a laissé d’excellents sou-
venirs dans les diverses localités où il a été appelé à
enseigner.
M. Regnier faisait partie de la Société d’Études scien-
tifiques d’Angers depuis le 17 novembre 1884 comme
membre correspondant.
M. Renou. — Renou, Jules, ancien élève du Lycée
d’Angers, médecin à Châtelais, est décédé le 12 août
1890, à l’âge de 40 ans. Cœur excellent, praticien
consciencieux et dévoué, M. Renou a été sincèrement
regretté dans la région où il exerçait depuis plus de
quinze ans. Il fit partie de notre Association dès la
première année de son existence, en 1871.
Août 1890 .
J. G.
M. Augustin Galissier. — Le 6 août 1890, vers
trois heures du matin, deux botanistes, M. l’abbé
Mailho, de Tarascon, et M. Galissier, professeur à
l’École normale de Foix, quittaient Auzat, accompa-
gnés d’un guide, dans le but de faire l’ascension du pic
de Montcalmet d’explorer tout le massif couronné par
ce haut sommet. Cette excursion, projetée depuis plu-
sieurs mois déjà et dont les deux amis se faisaient une
fête, semblait devoir être favorisée par une journée
splendide; la vallée d’Auzat, encore attiédie de la cha-
leur de la veille, entr’ouvrait aux voyageurs, sous les
rayons de la pleine lune alors à son déclin, la perspec-
- 246 -
tive discrètement voilée de ses mystérieuses et gran-
dioses profondeurs. Eux causaient gaiement, intérieu-
rement émus du panorama qui se déroulait devant
leurs yeux et que l’approche du jour rendait de minute
en minute plus distinct. La joie de visiter un massif
inconnu et d’en rapporter des richesses dont ils sup-
putaient d’avance le nombre et l’intérêt augmentait
encore leur ardeur. — Pourtant, à sept heures du
matin, l’un des touristes gisait inanimé au fond d’un
ravin, sa tête baignant dans le ruisseau d’où ses com-
pagnons le retiraient avec peine, et le prêtre commen-
çait près du cadavre encore chaud de son ami une
garde solitaire qui devait se prolonger plusieurs
heures, dans un lieu dont l’aspect sauvage cause à
lui seul une sinistre impression. Comment M. Galis-
sier, en voulant atteindre, à une hauteur considérable,
une plante qui lui était inconnue, avait subitement
perdu l’équilibre et était venu se briser sur un roc
escarpé, c’est ce qu’il a été plus facile de deviner que
d’expliquer, ce drame rapide n’ayant eu d’autre témoin
que le guide éloigné de plusieurs minutes de marche.
Ce tragique événement a causé une vive impression
dans notre petite ville de fonctionnaires où l’on con-
naissait peu M. Galissier, savant modeste, tout absorbé
par ses études, ses devoirs professionnels et par les
soins à donner à sonintéressante petitefamille. 11 afallu
la mort pour révéler cette vie calme, toute de travail
et d’abnégation. Une foule nombreuse en a honoré
le souvenir en accompagnant au champ du repos les
restes de cet homme loyal et excellent, sur la tombe
duquel M, Magendies, son directeur, est venu pro-
noncer d’une voix où vibrait la plus sincère émotion
des paroles de suprême adieu.
La vie de notre collègue se résume en peu de mots.
Né à Cazenave, dans une vallée étroite et sauvage que
dominent d’un côté l’âpre montagne de Lujat, de
l’autre l’imposant massif de Tabe, M. Galissier s’était
mesuré fort jeune avec les difficultés de la montagne
et avait acquis dans ces exercices périlleux une
vigueur et une agilité qui faisaient l’admiration, et
parfois aussi, il faut bien l’avouer, l’effroi de ceux qui
le suivaient dans ses courses. Sorti de l’École normale
comme instituteur, il devait bientôt, grâce à des efforts
soutenus, conquérir le droit d’enseigner à ceux qui
lui succédaient sur les bancs de l’établissement dépar-
temental. Depuis des années, il consacrait à la bota-
nique la majeure partie de ses loisirs et j’ai noté,
dans ce même bulletin où je ne m’attendais pas à lui
rendre ce dernier hommage, une partie de ses décou-
vertes. D’abord isolé, il avait éprouvé les difficultés
de toute sorte qui découragent souvent le débutant
dans l’étude de notre science ; lorsque j’arrivai dans
l’Ariège, il adopta avec enthousiasme l’idée que je lui
suggérai., et qui nous devint désormais commune, de
réunir les matériaux d’un catalogue de la flore arié-
geoise, projet un peu ambitieux peut-être dont il ne
devait pas voir la réalisation.
Menacé dans ces derniers temps de quitter FAriège,
par suite de la suppression d’un siège de professeur à
l’École normale, il m’entretenait souvent de cette
éventualité avec une visible inquiétude : « Il me
semble, me disait-il, que je considérerais comme un
— m -
exil ma nomination dans un pays de plaine et que j’y
mourrais de chagrin de ne plus voir et parcourir, sac
au dos, mes chères montagnes. » Et voilà que, par
une étrange ironie de la destinée, cette montagne
qu’il aimait, dont il avait par avance la nostalgie à la
seule idée delà quitter, le tue, à 41 ans, en plein épa-
nouissement physique et moral , à l’heure où ses
efforts allaient être récompensés par le succès et lui
créer une notoriété méritée.
Les botanistes ariégeois ont résolu de perpétuer par
un modeste monument le souvenir de l’accident du
6 août, et je fais appel en leur nom à ceux que la
poursuite des mêmes études unit avec nous d’une
commune sympathie en les priant de m’envoyer leur
offrande. Si modeste qu’elle soit, elle sera la bienvenue
et nous la recevrons avec reconnaissance.
Foix , 21 août 1890.
Giraudias.
TABLE DES MATIERES
Age des Sables rouges de la forêt du Gâvre (Loire-Infé-
rieure), par M. L. Davy 183
Catalogue des Coléoptères de Maine-et-Loire, par M. J.
Gallois. 123
Étude du Métamorphisme aux environs de Nozay (Loire-
Inférieure), par M. L. Davy 193
Excursion géologique de Chalonnes à Montjean (Maine-et-
Loire), par M. le Dr Louis Bureau 213
La Botanique mayennaise au xvine siècle, par M. C.
Houlbert 117
Nécrologie : MM. de Marseul, Cosson, Dr Meleux, Regnier
et Renou, par M. J. G. — M. Augustin Galissier, par
M. Giraudias 237
Note sur quelques Crustacés rotateurs et annélides du
département de la Mayenne, par M. A. Labbé. .... 35
Notes critiques sur la flore ariégeoise, par M. Giraudias. . 89
Notices sur les mœurs des Batraciens, par M. Héron-Royer. 45
Notice sur un nouveau procédé de fabrication de l’alumi-
nium, par M. Ichon 169
Observatoire météorologique municipal d’Angers (première
année), par M. Jules Quélin 225
Séance du 10 janvier 1889 1
— 7 février 1889 6
— 7 mars 1889 10
— 4 avril 1889. 13
— 2 mai 1889 18
— 6 juin 1889 20
— 4 juillet 1889 23
— ■ 10 octobre 1889. . m 26
— 7 novembre 1889 . . 29
— 12 décembre 1889. . 31
Angers, imp. Germain et G. Grassin. — 1242-90.
lie siège de la Société d’ Eludes scientifiques est situé à
Angers, ancienne Cour d’Appel, place des Halles.
Les Membres qui changent de résidence sont priés d’en
prévenir le Vice-Secrétaire-Trésorier.
La correspondance devra être adressée au Secrétaire à
l’adresse- ci-dessus.
Les cotisations (10 francs pour les Membres titulaires,
5 francs pour les Membres correspondants ) doivent être
versées entre les mains du Vice-Secrétaire-Trésorier, avant
le 1er mars de chaque année. (Voir Statuts, art. 23.)
On peut se procurer la collection des Bulletins au prix
de 60 francs (sauf le volume de 1873, épuisé). Ce prix sera
abaissé à 4.5 francs pour les nouveaux Sociétaires qui dési-
reront; acquérir la collection.
Le présent Bulletin sera vendu 10 fr. Il sera fait une
diminution de 5 francs à toute personne qui demandera à
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'soit comme membre correspondant.
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