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Full text of "Bulletin de la Société linnéenne de Normandie"

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BULLETIN 


DE   LA 


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SOCIETE  LINNEENNE 

DE     NORMANDIE 


BULLETIN 


DE   LA 


SOCIÉTÉ  LINNÉENNE 


DE  NORMANDIE 


FONDEE  EN  1823 


El.  teconnue   d'ulililo   i)iil)lk[uc  par   dccrel   da  .'i'-l   avril    1863 


4^  SÉRIE.  —  lO^  VOLUME 


AIVIXEE     1896 


CAEN 
E,   LANIER,   Imprimeur 

Rue   GuiLLAUiME-LE-CoNQUÉRANT,    1    ft  3 


1896 


Les  opinions    émises  dans    les   publications    de    la    Société    sont 

exclusivement     propres  à     leurs     auteurs  ;     la     Société     n'entend 

nullement    en    assumer  la    responsabilité     (  art.    23     du    règlement 
intérieur). 


La  Société  Linnéenne  de  Normandie  ayant  été  reconnue  éta- 
blissement d'iililité  publique,  par  décret  en  date  du  22  avril  1863, 
a   qualité   pour  accepter  les   dons  et   legs    dont  elle    serait   gratifiée. 


COMPOSITION  DU   BUREAU   DE   LA   SOCIÉTÉ 


Pour  raniiéc  1896 


Président MM.  LiGNiER. 

Vice -Président.  .  .  Drouet. 

Secrétaire Bigot 

Vice-Secrétaire.  .  .  Vaullegeard. 

Trésorier  honoraire  S.  Beaujour. 

Trésorier Moisy  (A.). 

Bihliotliécaire  .  .   .  Brasil  (L,). 

Vice-Bibliothécaire.  Dufour  de  la  Thuillerie. 

Archiviste Huet  (D'"  L.). 


Sont  Membres    de   la   Commission    d'impression 
pour  l'année  1896  : 

MM.  les  Memrres  du  Bureau  ; 

Fayel  (DO,  Letellier  (Aug.),  de  Formigny 
de  la  Londe,  sortant  en  1897  ; 

Joyeux-Laffuie  (D''),  Chevrel,  Gatois  (D^'), 
sortant  en  1898. 


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Liste  générale  des  Membres   de  la  Société 


AU     15    JANVIER  1896 


MEMBRES    HONORAIRES    ^''^ 

Date  de  la  nominalion 
MM.    Barrois  (Cil.),  professeur   ;ï  la  Faculté  des   Sciences 

de  Lille  (Nord) 1892 

BoREUx,  ingénieur  <?u  chef  des  Ponts  et  Chaussées, 

■  rue  des  Écoles,  42,  à  Paria 1875 

Gapelli.m,  professeur   de  géologie   à  l'Université   de 

Bologne  (Italie).  . .     1878 

Dewalql'e    (Gustave)  ,    professeur    de   minéralogie , 
géologie  et  paléontologie  à   l'Université  de  Liège, 

(Belgique) 1857 

5  DouviLLÉ  ,  professeur  de  paléontologie  à  l'École  des    ' 

Mines,  houlevard  Saint-Germain,  207,  à  Paris.  .      .     1883 

Gasnier,  à  Vimoutiers  (Orne) 1869 

GuiLLOUARD  ,   professeur   à   la    Faculté   de    Droit  de 

Caen 1890 

Hérert     (  l'abbé  )  ,    ancien    curé     de    Ghausey  ,     à 

Fécamp 1891 

Leboucmer,   professeur    honoraire    à    la   Faculté   des 

Sciences,  rue  de  Bi'etàgne,  à  Caen 1848 

10          Le  Jolis,  président  de  la  Société  des  Sciences  natu- 
relles de  Cherbourg 1860 

(1)  Les  Sociétaires  dont  le  nom  est  précédé  d'un  *  sont  ceux  qui  ont 
demandé  à  recevoir  le  Butlelin  par  fascicules  trimestriels;  les  Membres 
correspondants  dont  le  nom  est  précédé  d'une  "  sont  ceux  qui  ont 
demandé  à  recevoir  les  Mémoires.     ■  ... 


—    VI    — 

Date  de  la  nominalion 
MM.    Le.nnier  ,    président     de    la   Société    Géoloirique    de 

Normandie,  au  Havre 18U0 

Letellier  ,  ancien   iirofesseur  au   Lycée,  rue   Desge- 

nettes,  5,  à  Alençon 1869 

Liais  (Emmanuel)  ,  ancien  directeur  de  l'Obser- 
vatoire de  Rio-de- Janeiro  (Brésil),  maire  de  Cher- 
bourg  1874 

MoELLER     (  DE  )  ,      professcur    de     paléontologie     à 

l'Institut  des  mines,  à  Saint-Pétersbourg  (Russie).     1878 
15  INylander,  naturaliste,  passage   des  Tlierniopjles,  61, 

à  Paris-Plaisance 1861 

*  Sauvage   (D')  ,    directeur    de    la   Station   anuicole,  à 

Boulogne-sur-Mer 1883 

ViEiLXARD  (D'),  directeur  iionoraire  du  Jardin  des 
Plantes  de  Caen,  cluàlet  du  Pont-Corbet,  à  Marcey, 

près  Avranches  (Manche) 1862 

"ViLLERS  (Georges  deJ  ,  secrétaire  de  la   Société  Aca- 

démi(iue  de  Bayeux 184o 


MEMBRES    RESIDANTS 

MM.    Adel  (Auguste),  préparateur  de  géologie  à  la  Faculté 

des  Sciences  ,  rue  des   Carmes 1888 

Barette  (D'),  professeur  à  l'Ecole  de  Médecine,  rue 

de  Dernières 1890 

Beaujolr    (Sojdironyme)  ,     notaire    honoraire  ,     tré- 
sorier honoraire,  rue  des  Chanoines,  10.     .     .     .     1872 
Bigot    (A.),   professeur    à    la   Faculté   des  Sciences, 

secrétaire,  rue  de  Geôle,  28 1881 

3  Bourienne  lils,  rue  de  Geôle,  76  . 1891 

Brasil  (Louis),  bibliothécaire,  rue  Gémare,  4.      .      .     1893 
Camena  n'ALMEiDA,  maître  de  conférences  à  la  Faculté 

des  Lettres,  quai  Vendeuvre,  .j6 1892 

*CA'rois  (D'),  licencié  es  sciences,  professeur  à  l'École 

de  Médecine,  rue  Écuyère,   14 1879 

*  Chevalier  ,  étudiant  à  la  Faculté  des  Sciences  ,   rue 

Calibourg,  3 1894 


—   VII   — 

Date  de  la  nomination 
10  MM.  GiiEVREL,    docteur   es    sciences    naturelles,    chef    des 
travaux   de   zoologie   ci,   la   Faculté   des    Sciences  , 
chargé  de   cours  à   l'École   de  Médecine,    rue    du 

Tour-de-Terre ,  2 1882 

Clément,   ancien    directeur   de   la   succursale   de    la 

Banque  de  France,  rue  Gaponière 1892 

Demelle,   pharmacien    de   1"  classe,    boulevard    du 

Théâtre 1880 

Dbouet,  propr.,  vice-prénident ,  rue  Jean-Pioniain,  23.     1891 
*DuFOUR  DE  LA  TnuiLLERiE,  vice-bibUolhécaire,  a.venue 

de  Bagatelle,   14  bis .     1893 

15  Faiîvel   (Albert),  avocat,  rue  d'Auge,  14  ...     .     1^59 

*  Fauvel  (Pierre),  licencié  es  sciences  naturelles,  pré- 
parateur  à   la  Faculté  des  Sciences ,  rue  Richard- 

Lenoir,   34 1894 

Fayel  (D'),   professeur  à  l'École   de  Médecine,  bou- 
levard du  Théâtre,  6 18.o9 

Formiony  DE  La  Lo.nde  (de),  rue  des  Carmes  33  .     .     1864 
GiDON  ,   licencié    es    sciences    naturelles  ,    rue    Saint- 
Pierre,  118 1895 

20  GossELiN  (D":) ,  professeur  à  l'École  de  Médecine,  rue 

des  Carmes,  10 1878 

GuiLLET  (.D')-,  professeur  à  l'École  de   Médecine,  rue 

de  Bernières,  10 1891 

GuiLMARD  (Henri),  avoué,  rue  Pémagnie,  19.    .  .     1893 

Hamon  (D')  père,  rue  des  Chanoines,  17.    .      .     .     i     1891 
HcEï  (D'  Lucien),  professeur  adjoint  à  la  Faculté  des 
Sciences,  archiviste,  rue  de  la  Chaîne,  8.     .     .     .     1885 
23       .*  Joyeux-Laffuie   (D')  ,   professeur    de   zoologie    à  la 

Faculté  des  Sciences,  rue  Saint-Jean,  133..     .     .     1887 

M"'  Joyeux-Lafflie,  rue  Saint-Jean,  135 1891 

MM.  La  Néele  (D'),  rue  de   l'Oratoire .     1889 

La.mer,  imprimeur,  rue  Guillaume-lc-Conquérant,  1.     1892 
Le   Blanc-Hahdel  ,    ancien    iniprinuur-libraire  ,    rue 

Froide,  4  (et  rue  Demarquay,  18,  Paris)  ....     1869 

30  Lebœ;lf,  pharmacien  de  l'' classe,  rue  Saint-Pierre,  27.     1879 

Lbdard  (Piaoul) ,  rue  de  Lisieux 1895 


—   VIII  — 

Date  de  la  nomination 
MM.  *  Léger    (L.-JuIcs)  ,    dofteur    os    sciences    naturelles  , 
chargé  de  conférences  à  la  Faculté  des  Sciences  , 
place  Saint-Martin,  IS .     ISSl 

•  Le- Mbulais,- lieencié  -es  sciences  naturelles  ,   rue   de 

Bras,  27 ■ 1892 

Leteluer  (Augustin),  docteur  es  sciences,  professeur 

au  Lycée,  rue  Crusse 1881 

35  *.LiONiER  (Octave)  ,  professeur  -tle  •  botanique  à  la 
Faculté  des  Sciences  ,  président  ,  impasse  Ba- 
gatelle      1887 

.MAj<iE.(AUnyj-e)v    JUicien  .pharmacien,    rue    de    Bre- 
tagne,..38   1882 

MoisY,  notaire,  ii'ésorier ,  place  Malherbe  ....     1892 

MuLLOis,  pharmacien,  rue  Saint-Pierre,  41.      .      .      „     1882 

.iNEYREiSEUF,  profcssBur  à  la  Faculté  des  Sciences,  rue 

Saint-Martin,   82 .1870 

40         .OsMO.-NT  (D'^),  rue  Je«in-Romain,  40.   .....      .     1896 

.R-VYE.vEL     (Jules)  ,    propriétaire  ,    rue    des    Carmé- 
lites,  18. 1873 

.PiEiNÉjiESML  (P.  de),  chef  dc  division  à   la  Mairie,  rue 

de  l'Église-Saint-Julien,  12 , 1878 

.TïsoN_,    pi'ép.arateur   de  Ijotanifpie  à  la  Faculté   des 

Sciences,  place  Saint-Sauveur,  32.     .     .     .     .     .     16913 

VAULLEfiEARD   (Acli..),   Hcencié  ès  sciences  physiques 
et  natiu-elles,  i»ice-5ecré/a«Ve,  rue  au  Canu,   11.     .     1892 
45  VoLL.\,>Ti,.  étudiant  à  la  Faculté  des  Sciences.    .      .      .     1895 


MEMBRES    CORRESPONDANTS 

MM..  AuA.M.(abbéK  vicaire  d'Alleaume,  à  Valognes  (Manche).     1895 
.Ankray  (al)bé),- curé  de  Saint-Cyr,   près  Montebourg 

(Manche) 1895 

"Anthoiard  (.\.),   avoué,   place  Heni-i  IV,    à  Argentan 

.      .(Orne)   .      .      .  ■ 1893 

■"'AprEHï    (Jules),     membre     de     idusieurs    Sociétés 

.sav.antes,  .à  F.lers  (Orne),. 1878 


—    IX   — 

Date  de  la  nomination 
'■3  MM.. Aubin  .(Paul),  ijcrrcptciir  des  finances,  à  Yvetot  (Seine- 

.    Ipférieure),. 1891 

•  Balle   (Emile),    place    Saint-Thomas,    14,    à    Vire 

(Calvados) 1891 

Bansard     des    Bois  ,    député  ,    maire    de    Bcllème 

(Orne)  .......      1888 

Baranoer,   conseiller  général,   maire   de  Condé-sur- 

Noireau  (Calvados) 1893 

Barbé  (Charles),   médecin,  à  Alençon 1886 

10          Barré  (Edmond)  ,    docteur-médecin,    rue    de    Saint- 
Pétersbourg,  45,  à  Paris 1877 

Basserie,  colonel  en   retraite,  boulevard  Négrier,  26, 

au  Mans  (Sartlie) 1873 

Bealmont   (Félix   Élie  de),    ancien   procureur   de    la 

Républi([ue  ,    11     bis,    rue    Jean    Migault  ,    Niort 

(Deux-Sèvres) 1877 

Rizet,   conducteur  princiiial  des  Ponts  et  Chaussées, 

à  Belléme   (Orne) 1885 

Blier    (Paul)  ,    professeui'    mu   Lycée    de    Coutances 

(Manche). 1880 

13        "BoN.NECnosE    (ue),     rue    Franche,    13,     à     Bayeux 

(Calvados) 1891 

Bottard   (D"^)  ,   boulevard   de    Strasbourg,   au   Havre 

(Seihe-hiféVieure) .      .-.•..• 1886 

BoLDiER   (Emile),    pharmacien,   rue   de  Grétry,  20,  à 

'     Montmorency  <Selne-et-Oise) 1876 

Bougon  ,    docteur-médecin  ,    45 ,   rue     du    fauI)ourg 

•  Montmartre,  à  Paris  . 1872 

BouTiLLiER  ,  géologue ,  à  Pionclierolles ,  par  Darnétal 

■     (Seine-Inférieure).    ■.      ..-.•. 1866 

20        '"BRONfiNiART    (Charles)',    assistant    d'Entomologie    au 

Muséum  d'Histoire  naturelle,  rue  Linné,  9,  à  Paris.     1869 

•  Bureau     (Ed.)  ,     pi'ofesseur    nu    Muséum  ,    quai    de 

•  Béthune,  24,  à  Paris 1858 

BuTEL  ,   pharmacien  ,  conseiller   général,    à    Hontleur 

(Calvados,  .-.•.■ 1892 

C.vNivET,    conseiller    général    de    l'Orne,    maire    de 

•  Chaïubois,  11,  boulevard  Ma giinta,  Paris.     .     .     .     1872 


—    X   — 

Date  de  la  nomination 

MM.  Cardîne,  pluirinacicn  à  Courseulles 1875 

23  CiiEUEAU  ,•  avoué; ,  à  Mayenne  ■. 1894 

"CoNTADES  (comte   de),  au  château  de  Saint-Maurice, 

■    jvar  la  Fcrté-Macé-(Or-ne)-.     ■.     •.     • 1892 

"* Corbière,  professeur  au  Lycée,  rue  Dujardin ,  30,  à 

•    Cherbourg  (Manche)  ■...;..:...     1878 
Créances     (J.-B.)  ,    principal    du   Collège    Augustin 

Thierry,  à  Blois  (Loir-et-Cher) 1886 

*DAiSGEARri  ,   professeur  à   la  Faculté    des  Sciences  de 

Poitiers  (Vienne) 1883 

30  Dams,  licencié  es  sciences  physiques,  rue  Charles  III, 

8o,  Nancy  (Meurthe-et-Moselle) 1889 

Dei.aunay  (Ernest)  ;    conseiller  général   de  la  Seine- 
Inférieure,  à  Fécamp.  (Seine-Inférieure)   ....     1890 
Delavigne,    herboriste   et  pharmacien    de  1"  classe, 

Grande-Hue,  ao,  â  Alençon  (Orne) 1884 

Demagny,  négociant,  maire  d'Isigny  (Cahados).     .      .     1882 
*DiAVET    (l'abbé    Félix),    curé    d'Urou    et  Crennes,  par 

Argentan  (Orne) 1879 

35  DoLLFUS  (Gustave),  président  de  ia  Société  géologique 

de  France,    rue  de  Chabrol,  4.^,  à  Paris.      .      .      .     1873 
"*DuBOSCQ  (D'),  chef  de  travaux  à  la  Faculté  des  Sciences 

de  Grenoble 1894 

Dupont  ,    pharmacien ,  conseiller  général  ,  à  Mézidon 

(Calvados) 1872 

Duquesne,  pharmacien,  à  Saint-Philbert,  par  Montfort- 

sur-Risle  (Eure) 1873 

Duret  ,  inofesseur  à  la  Faculté  libre  de  Médecine  de 

Lille  (Nord) 1870 

40      "'Dotot,   greffier   du   Triliunal   de   Commerce,    à   Cher- 
bourg   (Manche) 1883 

Etienulep,     directeur     de     l'École   d'Agriculture    de 

Coigiiy,  par  Prétot  (Manrhe) 1894 

FiCHET,  juge  de  paix  du  1"  arrondissement  de  Nantes 

(Loire-Inférieure) 1878 

Fleuriot    (D')  ,    conseiller    général    du    Cahados,    à 

Lisieux  (Calvados) 1873 


—   XI    — 

Dale  de  la  nomination 
MM.  Fo.\TAi^iE,    natundiste,   à    la  CliapcUe-Gauthier,   jjar 

Broglie  (Euro) i881 

45     "  *FoRTiN'  (Raoul),  rue  du   Pré  ,   24  ,    à    Rouen  (Seine- 
Inférieure) 1884 

FoucHER,  rue  de  laVéïra,  17  et  19,  à  Paris.      .      .      .     1871 
Frébet    (l'abbé),  professeur  au   Petit-Séminaire  de  la 

Ferté-Macé  .(Orjie) 1881 

*G.\DEAU    i)E     Kerville  ,    hoiTime   de    sciences  ,    rue 

Dupont,.?,  à  Rouen  (Seine-Inl'érieure) 1888 

Gahéry,  receveur  municipal,  à  Lisieux  (Calvados).     .     1864 
50  Gervais,    secrétaire   de  l'Inspection   académi(jue  ,    à 

.  Évreux  (Eure) 1875 

GiLLET,   botaniste,   rue  du  Pont-Neuf ,51 ,  à  Alençon 

(Orne) 1867 

GossARO  (Emile),  maître  de  conférences  à  la  Faculté 

des  Sciences  de   Bordeaux 1887 

°* Gouverneur,  conseiller   général,    à   Nogent-le-Rotrou 

(Eure-et  Loire) 1885 

GuÉRiN,  agent-voyer,  à  Sées  (Orne) 1889 

55"    "'GuÉRi.x  (Charles),  propriétaire  à  Mesnil-Tliébault.  par 

Isigny-le-Buat    (Manche) 1890 

GuERPEL   (de)  ,  au  château  de  Plainville  ,  par  Mézidon 

.    (Calvados) 1894 

GuTTi.N  (l'ahbé)   curé   de   Saint-Didier-des-Bois ,   par 

La  Haye-Malherbe  (Eure) 1892 

"Hauville    (Emile),    ingénieur    civil,    1"   adjoint   au 

maire  de  Condé-sur-Noireau  (Calvados)    ....     1893 
HoM-MEY,  médecin,  conseiller  général,  à  Sées  (Orne)    .     1838 
60           Hd.mmey  (Joseph),  docteur-médecin,  à  Sées  (Orne).      .     1881 
Houel^  ingénieur  des  Arts  et  Manufactures,  à  Condé- 
sur-Noireau    (Calvados) 1890 

"'Hovelacque  (Maurice),  docteur  es  sciences  naturelles, 

rue  Gastiglione,  1,  à  Paris 1890 

Hue   (l'abbé),    104,    rue    de    Cormcillcs,    à  Levallois- 

Perret  (Seine) 1894 

HuET  (DO,  rue.  Jacob,  21,  à  Paris 1879 

63        "HusNOï,  Jjotaniste,  à  Cahan ,  par  Athis  (Orne).      .      .     1864 
*IsoARo,  à  Gacé  (Orne) '  .     .     1894 


—   XII   — 

Date  de  la  nomination 
MM.  Joseph-Lakosse  ,  luituraliste,  à  Saint-Cùnic-du-Moiit  , 

.    par  Ciirt'iitun  (Manche) 1873 

JouAN  ,    lapitaiiie  de    vaisseau  en   retraite  ,    18  ,  rue 

Bpiid.or,  à  Çhefl)ouri.'. (Manche) 1874 

JouyiN,  pUaimacien  ,  à  Coiidé-sur-Noireau  (Calvados).     i87.o 
70  Labbev  ,    conseiller     g-énéral  ,     à     Cauniont-rÉventé 

(Çalvado.s)  .      ,     .      , 1891 

Lacaille,   naturaliste,  membre  de  j)lusieurs  Sociétés 

savantes,  à  Bolhec  (Seine-Inférieure) 1869 

LAJiOE,  docteur-médecin,  à  Fiers  (Orne) 1880 

Langlais,  professeur  départemental  d'Agriculture,   à 

Alençon  (Qi-ne).    ..     .. 1883 

Le   Borgne    (Ernest),    propriétaire,    rue    Cliarles    Le 

Boriine,. à  Fécanip,  (Seine-Inférieure)   ......     1874 

75  Leboucher,   pharmacien,   91,   Grande-Paie,  à  Alenron 

(Orne) 188G 

"°Le  Canu,  pharmacien,  à  Carentan  (Manche).  .  .  .  1889 
Leclerjc  1,D'),  rue  di.i  Château,  1,.  à  Saint-Lo  .  .  .  1883 
*Lec(jevr,  phiirmacien,  à  Vimoutiers  (Orne).    .      .      .     1880 

M"'  Lecoeur,  à  Vimoutiers 1801 

80  MM.  LECOTN.TE,.prQfes,seur  à. l'École  normale  d'Évrenx  .      .     1892 
Le  Covec  ,    dii'ecteur    des    postes    et  télégraphes,  à 

Rennes  f.(Ille-et.-Vilaine) 1873 

Le.marcuand    (Augustin),    négociant,    rue    des    Char- 
treux, au  Pptit-QueviUy  (Setne-Inférieure) .  .      .      .     1888 
Lemarchani)  ,    médecin    piincipal    de     l'armée  ,    en 

i-etraite,  à  Amélie-les-Bains  (Pyrénées-Oi'ientales).  .     1866 

t,EPETiT  (Jules),  pharmacien    à  Carentan 1893 

8-5          Leroy    (Ovide),    négociant  ,   conseiller    d'arrondisse- 
ment, à  Bellème  (Orne) 1888 

"'Let^cq.  (ahl»é  Arthur),  aumônier   des  Petites-Sœurs 
des   Pauvres,    rue   du   Mans,    105    bis.    à   Alençon 

.   (Orne) 1877 

Levavasseur  ,  ancien  pharmacien,  à  Bures  (Calv.).    .     1875 
LowN  ,.  pi:ofesseur   à   l'École  .des.  Mines,    avenue  du 

Trocadéro,  4,  à  Paiùs 187,S 

LoiSEL  (D''  G.)  ,  licencié   es  sciences  naturelles  ,  jiré- 

.   parateui'.  à  la  Soil)nnne,  rue.de  Seine,  57,  à  Paris  .     1889 


—   XIII   — 

Date  de  la  nomination 
90  MM.^Lqkiol  (de),   géologue,   iï  Fronteiicx,    près  Genève 

(Suisse). 1869 

Macé  (Adrien),  négociant,  rue  de  la  Duclice,  28,  à 

Cherbourg  (Manche) 1884 

Malinvaud.  (E.) ,    secrétaire  général    de   la   Société 

botanique  de  France,  rue  Linné,  8,  à  Paris.     .     .     1864 
Mantin   (Georges),  quai  de    Billy,    54,  à  Paris,  et  au 

château  de   Bol-Air,  par  Olivet  (Loiret^ .      .     .      .     1891 
Marchand  (Léon),  professeur  à  l'École  supérieure  de 
,  pharrpacie,   docteur   eu   médecine   et  es   sciences 
naturelle,  à  Thiais,  par  Clioisy  (Seine)  ....     1868 
9o          Marlé,  propiiétaire-,  rue  Bloniet,  166,  à  Paris.    .      .     1881 
Martel,  directeur  de  l'École  primaire"  supérieure  et 
professionnelle,  rue  Saint-Lô,  22,  à  Piouen  (Seine- 
Inférieure) 1891 

.  "Martin  .  (Auguste) ,   commis   principal  des    services 
administratifs  de  la  marine,  14,  rue  Notre-Dame,  à 

Cherbourg 1895 

*Mauduit,  pharmacien,  à  Valognes  (Manche)   .     .     .     1891 
Ménager  (Raphaël),  industilel,  à  Beaufai ,  par  Aube 

(Orne). 1889 

100        *MiCHEL,  agent-voyer,  à  Évrecy  (Calvados)  ....     1887 
MiLNp-EçwARDS  (Alpli.),   m6imlM-e  de  l'histitut,  direc- 
teur du  Muséum  d'histoire   naturelle,  rue   Cuvier, 

.57,  à  Paris.   . 1864 

"*MoNOD,  conseiller  à  la  Coui'  de  Cassation,  rue  Jacques- 

Dulud,  "30,  à  Neuilly  (Seine)   .......     1889 

Mou  r.ON,  pharmacien,  .à  Ma  y-sur-Orne   (Calvados).    .     1896 
NiEL,  botaniste;   rue    Ilerbière,   23, à  P»ouen  (Seine- 
Inférieure). 1894 

105  Pellerin    (Albert),  ancien    magistrat,    à    Cintheaux, 

par  Bretteville-sur-Laize  (Calvados) 18S7 

Pelvet,  dùcteur-méilecin,  à  Vire 1883 

Perrier  (Henri),  propriétaire, à  Ghamposoult  (Orne).     1879 

Pierre  (D'),  à  Briouze  (Orne) 1892 

■•PiLLET,  professeur  au  Collège  de  Bayeux  (Calvados).     1887 
110        'PiQUOT    (Alphonse),    propriétaire,    à     Vimoutiers 

(Orne) 1883 


—    XIV   — 

Date  de  la  nomination 
MM.  PoNTLS,  rue  Louis  XVI,  à  Cherbourg  (Manche).  .     .     1889 
""*PoTi,ER   de.Lavarde   (Robcrt),  au  château   de   Lez- 
Eaux,  par  Saint-Pair  (Manche) 1895 

QuÉauEL,  pharmacien  houoraii'e,  place  Nationale,  12, 

à  Vire  (Calvados) 1866 

Renault    (Bernard)  ,    professeur     de    Paléontologie 
végétale  au  Muséum  ,  rue   de  la  Collégiale,   1 ,  à 

Paris 1885 

115         PiENAULT  ,    professeur    de    Sciences    physiques    et 

naturelles  au  Collège  de  Fiers  (Orne) 1881 

Pie:némesml  (G.  de)  ,  professeur  au  Collège  Stanislas, 

rue  Notre-Dame-des-Champs ,  66,  à  Paris  .  .  .  1882 
Retolt,  professeur  au  Collège  de  Domfront  (Orne)  .  1878 
PiiCHER  (l'abbé),  rue  des  Tisons-,  Ji  Alençon  (Orne).  1881 
Saus^e  (Georges),  enseigne  de  vaisseau,  rue  Crusse, 

4  ,  à.  Caen 1890  • 

120  Tavigny,  propriétaire,  à  Bayeux  (Calvados)   .     .     .     1879 

Thériot,   directeur   de  L'École   primaire  supérieure, 

rue   Dicquemare,  1,  au  Havre  (Seine-Inférieure)   .     1H90 
Thiré  (Arth.),  ingénieur  des  mines,  Capçlla  nova  do 
Betim,  Minas  Geraes   (Brésil),     .......     1877 

Toussaint    (l'abbé)  ,    curé    de     Bois-Jérôme  .     par 

Vernon  (Eure) 1890 

"Tranch.\nd  ,     professeur    au     Collège     de    Lisieux 

.(Calvados) 1878 

125  Truelle,  pharmacien,  à  Trouville  (Calvados).     .     .     1890 

TuROis  (D'),,  sénateur,    conseiller  général,  maire  de 

Falaise  (Calvados).   . 1886 

Vauclin    (D'),  conseiller  général,  au  Chalange,  par 

Courtomer  (Orne) 1891 

Vaullegeard  (D') ,  à  Condé-sur-Noireau  (Calvados).     1893 
129  Zurcher.  ingénieur  des  Ponts  et  Chaussées,  boulevard 

Saint-Hélène,  83,  au  .Mourillon,  à  Toulon  (Var).    .     1883 


Nota.  —  Prière   à    MM.    les    correspondants    de    rectifier,    s'il    y    a 
lieu,  la  date  de  leur  nomination  et  leur  adresse. 


LISTE  DES  SOCIÉTÉS  SAVANTES 

AVEC  LESQUELLES 

LA  SOCIÉTÉ    FAIT  DES  ÉCHANGES  DE  PUBLICATIONS 

France 

1.  Aube.    Troyes.    —  Société   académique    d'Agricul- 

ture, Sciences  et  Arts  de  l'Aube. 

2.  Calvados.   Caen.  —  Année  Médicale  de  Caen. 

3.  id.       Caen.  —  Académie  des  Sciences,  Arts  et 

Belles-Lettres, 

4.  id,        Caen.  —  Société  d'Horticulture. 

5.  Côte-d'Or.   Dijon.    —   Académie    des     Sciences  , 

Belles-Lettres  et  Arts  de  Dijon. 

6.  id.        Seniur.    —    Société   des     Sciences     histo- 

riques et  naturelles  de  Semur. 

7.  Creuse.   Guéret.  —  Société  des  Sciences  naturelles 

et  archéologiques  de  la  Creuse. 

8.  Deux-Sèvres.  Pamproux.  —  Société  Botanique  des 

Deux-Sèvres. 

9.  Eure.  Évreux.  —  Société  d'Agriculture,  Sciences 

et  Arts  de  l'Eure. 

10.  Gard.  Nîmes.  —  Société  d'étude  des  Sciences  natu- 

relles de  Nîmes. 

11.  Garonne  (Haute-).    Toulouse.    —   Académie     des 

Sciences  ,  Inscriptions  et  Belles-Lettres 
de  Toulouse. 


—   XVI   — 

12.  Garonne    (  Haute-  ).    Toulouse.    —   Société     des 

Sciences    physiques     et     naturelles     de 
Toulouse. 

13.  id.        l'oulouse.  —   Société    franco-hispano-por- 

tugaise  de  Toulouse  (2 ,   rue   de   l'Uni- 
versité). 

14.  id.        Toulouse.    —   Société    française    de   bota- 

nique. 

15.  Gironde.   Bordeaux.  —  Société  Linnéenne  de  Bor- 

deaux. 

16.  id.       Bordeaux.  —  Société  des    Sciences   phy- 

siques et  naturelles  de  Bordeaux. 

17.  id.        Bordeaux.  —  Commission  météorologique 

de  la  Gironde. 

18.  Hérault.  Béziers.  —  Société  d'étude  des  Sciences 

naturelles  de  Béziers, 

19.  id.        Montpellier.  —  Académie  des  Sciences  et 

des  Lettres  de  Montpellier. 

20.  Isère.    Grenoble.   —   Société    de     Statistique     des 

Sciences     naturelles    et    des    Arts    de 
l'Isère. 

21.  Loire-Inférieure.  Nantes. —  Société  des  Sciences 

naturelles   de   l'Ouest  de  la  France. 

22.  Maine-et-Loire    Angers.  — Société  d'Agriculture, 

Sciences  et  Arts  d'Angers. 

23.  id.       Angers.  —  Société    d'Etudes    scientifiques 

d'Angers. 

24.  id.        Angers.  —  Société  Industrielle  d'Angers. 

25.  Manche.    Cherbourg.    —    Société      nationale     des 

Sciences  naturelles  et  malliéniatiques  de 
Cherbourg. 


—    XVII   — 

26.  Maune.    Viti'y-le-Franrois.  —  Société  des  Sciences 

et  Arts  de  Vitry-le-François. 

27.  Meuhthe  -  ET  -  Moselle.    Nancy.    —  Société    des 

Sciences  de    Nancy  (Ancienne    Société 
des  Sciences  naturelles  de  Strasbourg). 

28.  Meuse.    Verdun.  —  Société    Philomatique   de  Ver- 

dun. 

29.  Nord.      Lille.  —  Société  Géologique  du  Nord. 

30.  id.        Lille.  —  Revue  biologique  du   Nord   de  la 

France,  rue  Nicolas  Leblanc,  25. 

31.  Orne.     Alençon.  —  Société  Historique  et  Archéolo- 

gique de  l'Orne. 

32.  Pyrénées  (  Hautes-  ).  Bagnères-de-Bigorre  —  So- 

ciété Ramond. 

33.  Pyrénées-Orientales.  Perpignan.  —  Société  Agri- 

cole ,     Scientifique     et     Littéraire     des 
Pyrénées-Orientales. 

34.  Rhône.   Lyon.  —  Société    d'Agriculture  ,    Histoire 

naturelle  et  Ains  utiles  de  Lyon. 

35.  id.        Lyon.  —  Académie  des   Sciences,   Arts   et 

Belles-Lettres  de  Lyon.   . 

36.  id.       Lyon.   —   Comité    des    Annales   de  l'Uni- 

versité   de   Lyon  (Bibliothèque  Univer- 
sitaire, quai  Claude  Bernard). 

37.  id.        Lyon.  —  Société  Linnéenne  de  Lyon. 

38.  Saône-rt-Loire.   Maçon.  —  Académie  de  Màcon. 

39.  id.       Auiun.    —    Société     d'Histoire      naturelle 

d'Autun. 

40.  Sarthe.   Le  Mans.  —  Société  d'Agriculture,  Scien- 

ces et  Arts  de  la  Sarthe. 

41.  Seine.     Paris.   —   Société  Zoologique    de    France 

(7,  rue  des  Grands-x\ugustins). 

B 


—   XVIIl    — 

Paris.  —  Société  Mycologique   de    France 

(84,  rue  de  Grenelle). 
Paris.    —    Société    Botanique    de    France 

(84,  rue  de  Grenelle). 
Paris.    —    Société    Linnéenne     de     Paris 

(M.  Bâillon,  12,  rue  Cuvier). 
Paris.   —   Société    Géologique    de    France 

(7,  rue  des  Grands-Augustins). 
Paris.  —  Annuaire  Géologique   Universel 

(36,  avenue  Hoche). 
Paris.  —  Ecole  Pol^'technique. 
Paris.  —  Ecole  des  Mines. 
Paris.   —  Société  Philomatique   de    Paris 

(7,  rue  des  Grands-Augustins). 
Paris.  —  La   Feuille    des   Jeunes    Natui^a 

listes  (35,  rue  Pierre-Charron). 
Paj'is.  —  Revue    des    Sciences   naturelles 

de   l'Ouest   (14,   boulevard    Saint-Ger- 
main). 

52.  id.        Paris.  —  Muséum  d'histoire  naturelle. 

53.  id.        Paris.  —  Ministère    de    l'Instruction   pu- 

blique.  —  Revue   des   travaux    scienti- 
fiques. 

54.  id.        Paris.    —   Ministère    de   l'Instruction   pu- 

blique. —  Bulletin  des  Bibliothèques  et 
des  Archives. 

55.  id.        Paris.  —   Bulletin   Scientifique  de    France 

et  de  Belgique  (14,  rue  Stanislas). 

56.  Skink-Inféhieuhk.    Le   Havre.   —    Société     Géolo- 

gique de  Normandie. 

57.  id.        Rouen.  —  Académie   des   Sciences,  Belles- 

Lettres  et  Arts  de  Rouen. 


42. 

Skink 

43. 

id. 

44. 

id. 

45. 

id. 

16. 

id. 

47. 

id. 

48. 

id. 

49. 

id. 

50. 

id. 

51. 

id. 

—    XIX   — 

r)<S.  Skink  -  iNFÈiuiUiiiK.  Hoi/rii.  —  Sooiétfi  ceiitralr 
d  Agricullure  de  la  Seine-Inl'éi'ieure. 

.")!).  id.  Rouen.  —  Société  des  xVrnis  des  Sciences 
naturelles  de  Rouen. 

(iO.  id.  Klheiif.  —  Société  détudes  des  Sciences 
naturelles  d'Elbeuf. 

(il.  SoMMK.  Amiens.  —  Société  Linnéenne  du  Nord  de 
la  France. 

('>2.  Vienne  (Haute-).  Limoges.  —  Revue  scientifique 
du  Limousin  (dir.  M.  Le  Gendre). 

(Vo.  Vosges.  Saint-Dié.  —  Société  Philomatique  Vos- 
gienne. 

(')4.  Yonne.  Au.ierre.  —  Société  des  Sciences  histo- 
riques et  naturelles  de  l'Yonne. 

Tunisie 

05.  Tunis.  Institut  de  Carthage. 

Alsace-Lorraine 

()().  Metz.     Académie  dô  Metz. 

'i7.  id.  Société  d'Histoire  naturelle  de  Metz  (25, 
rue  de  l'Evêché). 

Allemagne 

<)8.   Beklin.   Berliner  eutomologische  Zeitschrift. 
<i9.        id.        Iv.     Preussiche     Akademie    der    Wissen- 
schaften. 

70.  BiiÈMK.   Naturwissenschaftliche  Verein  zu  Bremen. 

71.  Bheslau.   Beitriige  zur   Biologie  der  Pllanzen   (D'' 

Cohu,  20,   Sclnveinitzer  Sladtgraben). 


—    XX    — 

72.  Francfort-sur-Mkin.   Senckenbergische  Naturfor- 

schende  Gesellschaft. 

73.  Francfort-s-Oder.   Naturwissenschaftliche  Verein 

fur   den  Regierungsbezifk  Francfort  a. 
Oder. 

74.  Fribourg-en-Brisgau  (G.  D.  de  Bade).   Naturfor- 

schende  Gesellschaft. 

75.  GiESSEN.   Oberhessische  Gesellschaft  fur  Natur-und 

Heilkunde. 

76.  Hambourg.     Naturwissenschaftliche      Verein      zu 

Hamburg. 

77.  Iena.   lenaische  Zeitschrift  fur  Naturwissenschaft. 

78.  Kœmgsberg.     K.     physikalisch-ôkonomische    Ge- 

sellschaft zu  Kônigsberg. 

79.  Munich.   K.    Bayerische    Akadeuiie    der    Wissen- 

schaften  zu  Mûnchen. 
80       id.       Bayerische  botanische  Gesellschaft. 

81.  Munster.  Westfalische  Provinzialverein  fiir  Wis- 

senschaft  und  Kunst. 

82.  Stuttgart.   Verein  fiir  vaterlandische  Naturkunde 

in  Wurtemberg. 

Australie 

83.  Adélaïde.  Royal  Society  of  South  Australia. 

84.  Sidney.   Département  of  Mines. 

85.  id.        Linnean  Society  of  New  South  Wales. 

Autriche-Hongrie 

80.  BriInn.   Naturforschende  Verein  in  Briin. 

87.   Budapest.   K.  Ungarische  geologische  A-nstalt. 


—   XXI   — 

88.  Prague.   K.    Bôhmische  Gessellschaft   der  Wis- 

senschaften. 

89.  Vienne,   K.  K.  Akademie  der  Wissenschaften. 

90.  id.        K.  K.  Naturhislorische  Hofmuseum. 

91.  id.       K.  K.  Geologische  Reichsanstall, 

92.  id,        K.  K.  Zoologisch-botanische  Gesellschaft 

in  Wien,  Wollzeile,  12. 

Belgique 

93.  Bruxelles.  Académie  R.  des  Sciences,  des  Lettres 

et  des  Beaux- Arts  de  Belgique. 
Société  R.  de  Botanique  de  Belgique. 
Société  R.  Malacologique  de  Belgique. 
Société  Entomologique  de  Belgique. 
Société  belge  de  Microscopie. 
Société  belge  de  Géologie  ,  Hydrologie  et 
Paléontologie. 
99.  Gand.      Dodonea. 

100.  Liège.     Société  Géologique  de  Belgique. 

101.  id.       Société  R.  des  Sciences  de  Liège. 

Brésil 

102.  Rio-de-Janeiro.  La  Escola  de  Minas  de   Ouro- 

Preto.     Muséum    nacional     do    Rio-de- 
Janeiro. 

Canada 

103.  Halifax.  Nova  Scotian  Institute  of  Sciences. 

104.  Ottawa.  Royal  Society  of  Sciences  of  Canada. 


94. 

id. 

95. 

id. 

96. 

id. 

97. 

id. 

98. 

id. 

—    XXII 


Chili 


105.  Santiago.  Société  Scientifique   du  Cliili  (Casilla 

12  D). 

Espagne 

106.  Madrid.  Sociedad  espanola  de  Historia  natural. 

107.  id.        Real  Academia   de  Ciencias   exactas  fici- 

cas  y  naturales. 

États-Unis 

108.  Boston  (Mass.).   Society  of  natural  History. 

109.  id.       American  Academy  of  Arts  and  Sciences. 

110.  Cambiîidge    (  Mass.  ).    Muséum     of    comparative 

Zoology  at  Hai'ward  collège. 

111.  Chapel-Hill  (North    Carolina).    Elisha     Mitchel 

scientific  Society. 

112.  New-Haven.   Connecticut    Academy   of  Arts  and 

Sciences. 

113.  Neav-York.   The  New-York  Academy  of  Sciences. 

114.  Philadelphie,   The  Academy  of  natural  Sciences 

of  Philadelphia. 

115.  id.        The  Wagner  Free  Institute  of  Sciences. 

116.  Rochester.  Rochester  Academy  of  Sciences. 

117.  St-Louis  du  Missouri.  The  Academy  of  Sciences 

of  St-Louis. 

118.  id.        Missouri  botanical  Garden. 

119.  San-Francisco,   California  Academy  of  Sciences. 

120.  ToPEKA  (Kansas).   Kansas  Academy  of  Sciences. 

121.  Trenton.  The  Trenton  natural  History  Society. 


—   XXIII    — 

122.  Washington.   Smithsonian  Institulion. 

123.  id.        United  Stales  Geological  Survey. 

124.  id.        Bureau  of  American  Ethnology. 

125.  id.        National  Muséum' of  Natural  iiistory. 

Hollande 

126.  Amsterdam.  Académie  des  Sciences  d'Amsterdam 

(Koninkligde     Akademie     van     Weten- 
schappen). 
127       id.        Société   royale  de   Zoologie,    Natura  artis 
magistra. 

128.  S.   Gravenhage.    Nederlandsche    entomologische 

Vereeniging. 

129.  NiMÈGUE.   Nederlandsche  Botanische  Vereeniging. 

Iles-Britanniques 

130.  Dublin.  Royal  geological  Society  of  Ireland. 

131.  Edimbourg.   Royal     physical    Society     of    Edin- 

burgli. 

132.  Glasgow.   Geological  Society  ofGlascow. 

133.  Londres.  Linnean  Society  of  London. 

134.  id.        Entomological  Society  of  London. 

135.  id.        Geological  Society   of  London  (Burling- 

ton House,  Piccadilly,  London,  W). 

136.  id.        Zoological  Society  of  London  (Librarian 

of),  3  Hanover  Square,  London  VV. 

137.  Manchester.   The  Manchester  litterary  and  philo 

sophical  Society. 

138.  id.       Manchester  Geological  Society. 


—   XXIV   — 

Indes  Anglaises 

139.  Calcutta.  Geological  Survey  of  India. 

140.  id.       Asiatic  Society  of  Bengal. 

Italie 

141.  Bologne.  R.  Academia  délie  Scienze  dell'  Istituto 

di  Bologna. 

142.  Florence.  Societa  Entomologica  Italiana. 

143.  id.        Societa  Botanica  Italiana. 

144.  id.        Bibliotheca  nazionale  centrale  di  Firenze 

(Bollelino  délie  pubblicazioni  italiani). 

145.  GÈNES.   Museo    civico   di   Storia   nalurale   di    Ge- 

nova. 

146.  id.        Malpighia  (0.  Penzig,  à  l'Université). 

147.  Parme.   Nuova  Notarisia  (de  Toni,  au  Jardin  bota- 

nique de  l'Université). 

148.  Rome.  R.  Instituto  botanico  di  Roma. 

149.  id.        Societa  romana  per  gli  Studi  Zoologici. 

150.  id.        R.  Comitato  Geologico  d'Italia. 

151.  id.        Rassegna    délie    Scienze    geologische    in 

Italia. 

152.  id.       Reale  Académie  dei  Lincei. 

Luxembourg 

153.  Luxembourg.   Institut    Grand-Ducal    de    Luxera- 

bourg. 

154.  id.       Société  de  Botanique  du  Grand-Duché  de 

Luxembourg. 


—   XXV   — 

Mexique 

155.  Mexico.   Sociedad  cientifica  Antonio  Alzate. 

156.  id.        Observatorio  meteorologico  central. 

Portugal 

157.  Coïmbue.   Sociedada  Brotenaria. 

158.  Lisbonne.   Commisao    dos    trabalhos    geologicos 

de  Portugal. 

159.  Porto.  Annaes  de  Scienciasnatui'ales(dir.  M.  Aug. 

Nobre). 

Russie 

160.  Helsingfors.   Société  des   Sciences  de  Finlande 

(Finska  Vetenskaps  Societeten). 

161.  id.        Societas  pro  Fauna  et  Flora  fennica. 

162.  KiEW.   Société  des  Naturalistes  de  Kiew. 

163.  Moscou.   Société    impériale    des   Naturalistes    de 

Moscou. 

164.  Odessa.   Société  des  Naturalistes  de  la  Nouvelle- 

Russie. 

165.  Saint  -  Pétersbourg.     Académie    impériale    des 

Sciences. 

166.  id.        Comité  géologique. 

167.  id.        Société  entomologique  russe. 

Suède  et  Norwége 

168.  LuND.     Universitas  Lundensis. 

169.  id.       Botaniska  Notiser  (D'  Nordstedt). 


—   XXVI   — 

170.  Stockolm.   Kœngiiga  Svenska  Akademien. 

171.  ici.        Entomologiska  Fôreningen    (94  ,    Drott 

ninggatan). 

172.  Upsal.     Societas     Scientiarum     Upsalensis     (  K. 

Wetenskaps  Societet). 

173.  id.        Université. 

Suisse 

174.  Behni:.   Schweiz  Naturforschenden  Gesellschaft. 

175.  id.        Naturforschenden  Gesellschaft  in  Bern. 

176.  id.        Société  entomologique  Suisse. 

177.  Chambézy.     (près     Genève).     Herbier     Boissier 

(M.  Autran,  conservateur). 

178.  Genève.   Société  de  Physique  et  d'Histoire  natu- 

relle. 

179.  Lausane.   Société    vaudoise    des    Sciences    natu- 

relles. 

180.  Neufchatel.   Société  des    Sciences  naturelles  de 

Neufchâtel. 

Urugay 

181.  Montevideo.  Museo  nacional  (Dir.  Arechavaleta). 


PROCES- VERBAUX 


iD  e;  s     s  e:  y^  rsT  G  e:  s 


SEANCE  DU  13  JANVIER  1896,     , 

Présidence    de    M,    Joyeux-Laffuie. 

La  séance  est  ouverte  à  8  heures. 

Sont  présents  :  MM.  Adel,  Bigot,  Brasil,  Chevalier, 
Ghevrel,  P.  Fauvel,  D''  Fayel,  D'"  Joyeux-Laffuie,  Le 
Meulais ,  Lignier,  Moisy,  Pvavenel,  Vaullegeard. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  de  décembre  1895 
est  lu  et  adopté. 

L'Académie  d'Hippone  fait  part  du  décès  de  son 
secrétaire-général,  M.  Doublet, 

M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  adresse 
une  circulaire  relative  au  Congrès  des  Sociétés 
savantes  de  1896  et  demande  les  noms  des  délégués 
de  la  Société  à  ce  Congrès.  —  MM.  Bigot,  Ghevrel  et 
Lignier  sont  chargés  de  représenter  la  Société. 

Le  Comité  des  Assises  de  Caumont  demande  égale- 
ment à  la  Société  Linnéenne  des  délégués  au  Congrès 
de  Pvouen.  M.  Bigot  accepte  cette  fonction. 

M.  J.  Bertrand,  secrétaire  perpétuel  de  l'Académie 
des  Sciences,  président  du  Comité  de  la  Société 
Thénard,  demande  le  concours  de  la  Société  Lin- 
néenne à  cette  œuvre  d'assistance  aux  familles  des 
savants  morts  dans  le  besoin  après  avoir  bien  mérité 
de  la  science.  Malgré  toute  sa  sympathie  pour  une 
œuvre  si  utile,  la  Société  regrette  que  l'état  de  ses 
finances  ne  lui  permette  pas  de  s'y  associer  par  une 
souscription. 


—  xxx  — 

M.  Léger,  vice-secrétaire  de  la  Société  depuis  Tans, 
prie  ses  collègues  de  ne  point  lui  renouveler  ses 
fonctions. 

La  Société  des  Sciences  naturelles  de  Saône-et- 
Loire  ,  à  Ghâlpns-sur-Saône.  demande  l'échange  de 
nos  publications  avec  son  Bulletin. 

Les  ouvrages  reçus  depuis  la  dernière  séance  sont 
passés  en  revue. 

Sont  offerts  par  les  auteurs  les  brochures  sui- 
vantes : 

J.  Dewalque.  —  Pourquoi  j'ai  donné  ma  démis- 
sion de  membre  et  de  vice-président  du  Conseil  de 
direction  de  la  Commission  de  la  Carte  géologique 
de  Belgique. 

V.  Payot.  —  Florule  de  V excursionniste  aux 
gorges  de  la  Diozas. 

—  Note  sur  deux  exemples  de  fructifications 
de  Mousses  sous  la  neige. 

—  Excursion  du   /'''   au   3   août    JS94  au 
Mont  de  Lâchât,  et  au  Pavillon  de  Béllemie. 

Il  est  voté  sur  les  présentations  faite  à  la  dernière 
séance.  Sont  admis  : 

Membre  honoraire  :  M.  Y1EILI.XRD,  ancien  direc- 
teur du  Jardin  des  Plantes  de  Caen. 

Membre  résidant  :  M.  le  D'"  Osmont,  rue  Jean- 
Romain. 

Membre  correspondant  :  M.  Mouton,  pharmacien, 
à  May-sur-Orne. 

Le  Trésorier  donne  connaissance  de  la  situation 
financière  de  la  Société.  —  Une  commission  composée 
de  MM.  Chevrel  ,  D"'  Fayel  ,  Lignier  ,  est  chargée 
d'examiner  les  comptes  du  Trésorier. 


—    XXXI    — 

11  est  procédé  au  renouvellement  du  Bureau  (]'oir 
h  résultat  du  scrutin ,  p.  3). 

M.  Lignier  remercie  la  Société  de  l'honneur  qu'elle 
lui  fait  en  l'appelant  à  la  présidence.  Il  dit  qu'il 
s'etïorcera  de  faire  fructifier  l'idée  émise  à  Valognes, 
par  M.  Joyeux-Laffuie,  c'est-à-dire,  de  développer  la 
part  faite  à  la  science  appliquée  dans  nos  travaux. 

M.  Joyeux-Laffuie  remercie  également  la  Société 
qui  l'a  appelé  à  la  diriger  pendant  l'année  1895. 

M.  Bigot  fait  connaître  qu'il  a  trouvé  l'embryon  du 
genre  Pseudoneriucea  dans  des  échantillons  de  Gor- 
debugle  (Calvados);  c'est  un  embryon  paucispiré, 
hétérostrophe  ,  dévié  ,  analogue  par  conséquent  à 
celui  de  Ceritella;  c'est  uu  nouvel  argument  en 
faveur  de  l'opinion  de  M.  Gossmann  qui  rapproche 
les  Nérinées  des  Opisthobranches. 

M.  Chevalier  annonce  que  notre  confrère,  M.  l'abbé 
Frébet,  lui  a  signalé  qu'un  églantier,  planté  au  Jardin 
botanique  du  Petit-Séminaire  de  la  Ferté-Macé,  s'est 
en  quelques  années  transformé  en  Rosier  à  fleurs 
doubles  ;  il  signale  un  exemple  analogue,  avec  retour 
à  la  forme  à  fleurs  simples,  indiqué  par  M.  Crépin. 

M.  Lignier,  au  sujet  de  poils  glanduleux  auxquels  il  a 
été  fait  allusion  à  propos  de  l'exemplaire  de  M.  Crépin, 
dit  que  cette  multiplication  de  pétales  est  probable- 
ment due  à  des  piqûres  d'insectes  ou  de  champi- 
gnons. 

A  l'appui  de  cette  opinion,  M.  Ravenel  cite  l'exemple 
d'un  pommier  dont  une  branche  donnait  des  fleurs 
doubles  ;  cette  branche  était  chancrée. 


—   XXXII   — 

La  Commission  chargée  d'examiner  les  comptes  du 
Trésorier  déclare  ces  comptes  exacts.  Sur  la  propo- 
sition du  Président,  des  remerciements  sont  votés  à 
M.  Moisy  pour  le  zèle  avec  lequel  il  s'acquitte  de  ses 
délicates  fonctions. 

M.  Joyeux-LafTuie  demande  à  la  Société  de  contri- 
buer, pour  une  somme  si  minime  qu'elle  soit,  à  la 
souscription  pour  élever  un  monument  à  Pasteur. 
Suivant  l'usage,  cette  proposition  est  envoyée  à  la 
Commission  d'impression. 

A  10  heures  la  séance  est  levée. 


SEANCE  DU   3  FEVRIER. 


Présidence    de    M.    Lignier. 


La  séance  est  ouverte  à  8  heures. 

Sont  présents  :  MM.  Bigot ,  Brasil  ,  Chevalier  , 
Ghevrel,  f'auvel  (P.),  D'"  Fayel,  Lemeulais,  Lignier, 
Ravenei,  de  la  Thuillerie,  Tison,  Vaullegeard. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et 
adopté. 

La  correspondance  comprend  :  une  lettre  de  M.  de 
Formigny  de  La  Londe,  remerciant  la  Société  de 
l'avoir  nommé  membre  de  la  Commission  d'impres- 
sion ;  une  lettre  de  M.  J.  Léger,  nommé  vice-président, 
qui,  tout  en  remerciant  la  Société  de  cet  honneur, 
déclare  ne  pouvoir  accepter  ces  fonctions  ;  il  sera 
pourvu  à  son  remplacement  dans  la  prochaine  séance. 

Les  ouvrages  reçus  sont  déposés  sur  le  bureau. 
A  cette  occasion  ,  le  Secrétaire  rappelle  que  les 
ouvrages  reçus  dans  le  courant  du  mois  peuvent  être 
consultés  à  la  Bibliothèque,  entre  le  moment  de  leur 
arrivée  et  le  jeudi  qui  suit  la  séance  mensuelle,  que 
la  Bibliothèque  est  ouverte  les  lundis  et  jeudis,  de 
2  heures  à  4  heures,  et  qu'en  dehors  de  ces  jours 
d'ouverture,  les  membres  peuvent  demander  chez 
le  concierge  de  la  Bibliothèque  les  livres  dont  ils  ont 
besoin  à  titre  de  prêt  et  qui  sont  déposés  le  lendemain 
chez  le  concierge. 

G 


—    XXXIV   — 

Parmi  les  ouvrages  reçus  se  trouve  le  travail  sui- 
vant offert  par  notre  confrère,  M.  R.  Fortin  : 

ScHLUTER,  Ecliinodermes  fossiles  de  V Allemagne 
du  Nord,  Echinoïdes,  1  pl.(trad.  Fortin). 

Le  Secrétaire  annonce  que  la  Commission  d'im- 
pression a  fixé  à  25  fr.  la  souscription  de  la  Société 
au  monument  élevé  à  L.  Pasteur  ;  c'est  une  déro- 
gation au  principe  qui  a  toujours  empêché  la  Société 
de  contribuer  à  des  souscriptions  de  ce  genre,  mais 
qui  s'explique  parle  caractère  tout  à  fait  exceptionnel 
de  l'œuvre  pour  laquelle  cette  somme  est  accordée. 
La  Société  ratifie  cette  décision. 

M.  le  D''  Fayel  demande  que  l'on  ne  supprime  pas, 
comme  l'a  décidé  la  Commission  d'impression,  l'in- 
sertion des  Bulletins  mensuels  de  la  Commission 
météorologique  du  Calvados  dans  notre  Bulletin  ;  il 
fait  remarquer  l'importance  que  présentent  pour  les 
naturalistes  ces  résumés  météorologiques. 

Le  Secrétaire  explique  que  la  Commission  ne 
méconnaît  pas  le  haut  intérêt  de  ces  Bulletins  ,  mais 
qu'elle  s'est  vue ,  à  son  grand  regret ,  obligée  de 
prendre  cette  décision  pour  des  raisons  budgétaires. 
Ce  Bulletin  nous  coûte  90  fr.  par  an,  et  si  on  ajoute 
la  surcharge  de  port  lors  de  l'expédition  du  volume, 
c'est  une  dépense  totale  de  JOO  tV.  par  an  qui  grève 
notre  maigre  budget. 

La  question  est  renvoyée  à  la  Commission  d'im- 
pression, qui  verra  dans  quelle  mesure  il  est  possible 
de  donner  satisfaction  au  désir  exprimé  par  M.  le 
Dr  Fayel  de  publier  au  moins  les  résumés  mensuels 
du  Bulletin  météorologique. 


—  XXXV  — 

M.  Brasil  fait  une  communication  sur  le  Gallovien 
supérieur  du  Calvados  {imprimé  dam  la  .2"  partie 
de  ce  Bulletin). 

M.  Brasil  attire  l'attention  sur  la  confusion  qu'on 
fait  souvent  en  France  entre  les  diverses  espèces 
calloviennes  du  genre  Cosmoceras.  Les  espèces  ren- 
contrées à  Dives  et  à  Villers-sur-Mer  seraient  les 
suivantes  : 

Cosmoceras  Jason,  Reinecke.  —  Couches  à  Pe/^o- 
ceras  athleta  de  Dives.  —  Très  rare. 

Cosmoceras  Proniœ,  Tisseyre.  —  Espèce  très  voi- 
sine de  C.  Guilielmi.  —  Couches  à  Pelt.  athleta  de 
Dives.  —  Très  rare. 

Cosmoceras  ornatum,  Schloth.  —  C'est  une  espèce 
que  d'Orbigny  a  représentée,  pi.  CLXI  de  la  Paléonto- 
logie française,  sous  le  nom  de  Aimn.  Duncani.  — 
Tout  leCallovien  supérieur  de  Dives  à  Villers-s-Mer. 

Cosmoceras  Duncani,  Sow.  —  Espèce  représentée 
par  d'Orbigny,  pi.  CLXII  de  la  Paléontologie  française, 
et  très  souvent  désignée  à  tort  souS  le  nom  de  Cosm. 
Guilielmi,  Sow.  Cette  dernière  espèce  n'existerait 
pas  dans  le  Callovien  supérieur  du  Calvados,  —  Tout 
le  Callovien  supérieur  de  Dives  et  Villers-sur-Mer. 

M.  de  la  Thuillerie  annonce  qu'il  a  trouvé,  le 
16  août  1895,  sur  la  berge  vaseuse  de  la  rivière  le 
Trieux,  formant  le  port  de  Pontrieux,  Cotula  corono- 
pifolia  Linné,  non  signalé  en  France,  et  sur  les 
grèves  de  Saint-Quay-Pontrieux  (Côtes-du-Nord) , 
Atriplex  Babingtonii,  Woods,  plante  assez  commune 
mais  non  signalée  dans  la  Flore  de  Lloyd. 

A  9  heures  la  séance  est  levée. 


SEANCE  DU  2  MARS. 

Présidence   de    M.    Ligmer. 

La  séance  est  ouverte  à  8  heures. 

Sont  présents  :  MM.    Bigot ,   Brasil ,   Clievalier 
Demelle,  Fauvel  (P.),  Lignier,  Moisy,  Ravenel,  de  la 
Thuillerie,  Vaullegeard. 

Le  procès -verbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et 
adopté. 

La  correspondance  comprend  :  une  lettre  de 
M.  Vieillard  ,  qui  remercie  la  Société  de  l'avoir 
nommé  membre  honoraire. —  Une  lettre  de  M.  le 
Ministre  de  l'Instruction  publique  annonçant  qu'une 
somme  de  600  fr.  est  accordée  à  la  Société  à  titre 
d'encouragement  à  ses  travaux.  —  Divers  accusés  de 
réception  du  Bulletin  et  Mémoires.  —  Une  demande 
d'échange  du  Tuifs  Collège,  Massachussets ,  qui  est 
renvoyée  à  la  Commission  d'impression. 

Les  ouvrages  reçus  depuis  la  dernière  séance  sont 
déposés  sur  le  bureau. 

Sont  oflerts  par  l'auteur,  M.  G.  Dewalque,  membre 
honoraire,  les  brochures  suivantes  : 

Le  trou  du  Porchon  à  la  Reid. 

Une  rectification  an  sujet  de  Dreissensia. 

Pourquoi  fat  donné  ma  démission.  —  Réponse  à 
M.  Mourlon. 

Sur  le  calcaire  carbonifère  de  la  carrière  de 
Paire  (Clavier). 


—   XXXVII   — 

Su?'  la  faune  des  calschlstes  de  Tournai,  broch. 
in-8°,  1-1  p.,  1896. 

Et  par  M.  Ed.  Piette.  —  Hiatus  et  lacunes.  — 
Vestiges  de  la  période  de  transition  dans  la  grotte 
du  Mas  dAzil,  broch.  in  8",  44  p.,  1895. 

Il  est  procédé  à  l'élection  d'un  Vice-Président  en 
remplacement  de  M.  J.  Léger  nommé  dans  la  séance 
de  janvier  et  qui  n'a  pas  accepté.  —  M.  Drouet 
est  élu. 

Est  présenté  comme  membre  résidant  : 

M.  le  D''  NouRY  ,  chargé  de  cours  à  l'Ecole  de 
Médecine,  rue  de  l'Arquette,  par  MM.  Bigot  et  D'" 
Osmont. 

Conformément  au  règlement,  le  Secrétaire  rappelle 
que  les  projets  d'excursion  annuelle  doivent  être 
soumis  à  la  Société  dans  la  séance  d'avril  ;  les  mem- 
bres de  la  Société  expriment  le  désir  que  la  réunion 
se  tienne,  en  1896,  dans  le  département  de  l'Eure  et 
chargent  le  Secrétaire  de  s'entendre  avec  ceux  de 
nos  collègues  qui  habitent  ce  département. 

M.  Lignier  présente  ,  au  nom  de  M.  Guérin  (de 
Mesnil-Thébault),  des  implantations  de  Gui  sur  Gui. 
Tantôt  il  n'y  a  pas  de  nodosité  au  point  d'implanta- 
tion, tantôt  il  existe  un  anneau  plus  ou  moins  com- 
plet contournant  le  rameau  support  ;  ce  second  cas 
s'observe  dans  les  implantations  de  Gui  sur  le 
Tilleul.  Il  s'agit  bien  d'implantations,  car  les  entre- 
nœuds  sont  très  longs  chez  le  Gui,  et  l'implantation 
est  souvent  à  une  certaine  distance  des  nœuds  ;  cas 


—    XXXVIII   — 

plus  concluant  encore,  des  individus  mâles  peuvent 
s'implanter  sur  individus  femelles  ou  réciproque- 
ment. 

M.  P.  Fauvel  annonce  que  ,  dans  une  récente 
excursion  dirigée  à  Cabourg  par  M.  Joyeux-Lalïuie, 
il  a.  vecueiWi  \Echmrus  Pallasii;  cette  espèce  n'est 
pas  distincte  de  E.  Gartneri,  Quatfg.;  les  différences 
signalées  (absence  de  trompe,  par  autotomie,  inter- 
ruption des  2  couronnes  de  soies)  ne  sont  pas  carac- 
téristiques; à  Saint-Vaast,  l'espèce  atteint  16-18  ctm.  ; 
les  échantillons  très  abondants  recueillis  à  Cabourg 
n'ont  que  3  à  4  ctm.  M.  P.  Fauvel  a  recueilli  également 
de  nombreuses  Pectinaires  en  place;  le  tube  a  sa  petite 
ouverture  en  haut,  surmontée  par  une  petite  cheminée 
formée  d'un  tube  muqueux  avec  grains  de  sable.  Cette 
Pectinaire  n'est  pas  Pect maria  Belgica,  mais  Lagis 
Corenii  ;  l'espèce  de  Naples  citée  comme  Pectinaria 
Belgica,  et  qui  est  la  même  que  Pectinaria  Neapo- 
litana,  est  également  Lagis  Corenii.  M.  Fauvel  n'a 
jamais  vu  d'exemplaire  de  P.  Belgica  ;  cependant 
Malmgren  la  cite  avec  L.  Corenii. 

M.  Bigot  appelle  l'attention  sur  un  article  de  la 
Feuille  des  Jeunes  naturalistes ,  qui  signale  l'abon- 
dance de  la  Belette  Vison  dans  l'Ile-et-Vilaine  ;un 
fourreur  de  Rennes  en  prépare  plus  de  100  peaux 
par  an. 

M.  Bigot  donne  connaissance  des  analyses  sui- 
vantes : 


—  XXXIX   — 

G.   F.   Matthew.    —   The    Protolenus    faunu 

{Tram,  of  the  N.   York  Acad.  of  Se,  vol.  XIV, 
1895,  p.  101-153,  pi.  I-XI). 

La  région  du  New-Brunswick  est  devenue,  surtout 
par  les  recherches  de  M.  Matthew,  une  de  celles  où 
la  division  des  assises  cambriennes  a  été  poussée  le 
plus  loin. 

Si  l'on  compare  la  composition  du  Gambrien  dans 
les  deux  régions  classiques  de  la  Scandinavie  et  du 
Pays  de  Galles,  on  a  le  tableau  suivant  : 

SCANDINAVIE  PAYS   DE  GALLES 

_,     -    .  ,  .        (  G.  à  Ceratopi/ûe  Trémadoc  super. 

Cambrien  supérieur  ^  ^   ,   r»  ,  r..  .       ,      .   ; .  . 

,„    , ,      .     ,  G.  a  Peltura  Trémadoc  inférieur 

(Postdamien).       L^    ,  ru  t  •        in 

'  G.  a  Olenits  Lingula  flags. 

Cambrien  \  Acadien.    G.  à  -Paradoxides  Ménévien  et  Solva. 


inférieur.  /  Géorgien.  G  à  Olenellus        Gaerfai. 

Ghacune  de  ces  zones  a  pu  être  subdivisée  en  un 
certain  nombre  de  sous-zônes,  à  l'exception  des  cou- 
ches .à  Olenellus.,  bien  que  la  variété  des  formes 
rapportées  à  Olenellus  semble  indiquer  l'existence 
de  semblables  subdivisions. 

Nulle  part  jusqu'à  ce  jour  on  n'a  rencontré  en 
Amérique  la  zone  supérieure  à  Ceratopi/ge.  Dans  le 
Sud  du  Nouveau-Brunswick,  il  y  a  plusieurs  zones 
distinctes  au-dessous  des  couches  à  Paradoxides , 
mais  elles  ne  semblent  pas  appartenir  aux  couches  à 
Olenellus,  car  ce  genre  et  la  plupart  des  espèces  qui 
lui  sont  associées  font  défaut.  Au  contraire,  à  Manuel 
Brook,  dans  le  New^foundland,  la  zone  à  Olenellus 
existe  au-dessous  des  couches  à  Paradoxides. 


—    XL   — 

Dans  le  Sud  du  Nouveau-Brunswick,  au-dessous  de 
la  bande  c'  à  Paradoxides  lameîlatus,  qui  forme  la 
base  des  couches  à  Paradoxides,  existe  une  faune  nou- 
velle comprise  dans  5  assises  qui  sont  de  haut  en  bas  : 

5  Faune  de  Crustacés  inconnue. 
4  Sous-zône  à  Bei/richona  tinea  (Ostracode). 
3  Sous-zône  à  Protoleniis  paradoxoides. 
2  Sous-zône  à  Protoleniis  elegans. 

I  Sous-zône  à  Hipponicharion  eos  (Ostracode). 

Les  caractères  généraux  de  la  faune  sont  les  sui- 
vants : 

Tous  les  Trilobites  ont  les  lobes  oculaires  continus, 
c'est-à-dire  étendus  depuis  le  bord  antérieur  de  la 
glabelle  jusqu'au  bord  postérieur  ;  c'est  un  caractère 
primitif.  —  L'importante  famille  de  Ptychoparidœ  est 
absente,  tandis  qu'il  y  en  a  une  douzaine  d'espèces 
dans  la  faune  à  Olenellm  ,  qu'elles  deviennent  aussi 
communes  que  Paradoxides  dans  la  zone  à  Para- 
doxides,  et  qu'elles  continuent  à  abonder  dans  le 
Cambrien.  —  Les  genres  Conocoryphe,  Microdiscus, 
Olenellus  font  défaut.  —  Les  Brachiopodes ,  appar- 
tenant à  des  types  primitifs,  sont  généralement  petits; 
les  plus  grands  appartiennent  aux  SipJionotretidœ  et 
OboUdœ.  —  Les  Gastéropodes  sont  représentés  par 
des  HyoUthidœ. 

II  est  possible  que  cette  faune,  plus  primitive  et 
plus  pélagique  que  la  faune  à  Olenellus  soit  contem- 
poraine. 

Les  nombreuses  espèces  reconnues  à  ce  niveau 
sont  les  suivantes  : 


—   XLI   — 

FoRAMiNiFÈREs.  —  Oi'bul iiia  cï.  universa, LdiVùk.;  0. 
intermedia,  n.  sp.  ;  0.  (?)  ova/is,  n.  sp.  ;  0.  (?) 
ingens,  n.  sp.  ;  Globigerina  cambrica,  n.  sp.  ; 
G.  grandis,  n.  sp.;  G.  didgnia,  n.  sp.;  Gr.  turrita, 
n.  sp. 

Spongiaires. —  Monadites  ;  Prostospongia ,  Astro- 
cladia?  eîongata;  A.  (?j  elegans ;  A.  ("f)  virgu- 
hïdes. 

Brachiopodes.  —  Lingulella  Martinensis  Matthew; 
L.  cf.  Granvillensis,  Walcoti  ■,Obolus  (Bost/'ordia) 
pnlc/ier,  Matth.  ;  0.  pristi/ius,  n.  sp.  ;  Tremato- 
boliis  insignis,  iMatthew  ;  Obo/e/la  nitida,  Fovd"!  ; 
Linnarsonia  transv€?\sa,  Uarit.;  Acrotreta  gemma:, 
Billings  ?  ;  .4 .  gemmula,  Matthew  ;  Lingulella  (?) 
cœlata?,  Hall.;  L.  (?)  inflata  ,  Matthew;  L. 
inflata,  var.  ovalis,  Matthew;  Acrothele  Mattliewi, 
Hartt.  ;  A.  Malthewi,  var.  costata,  Matthew. 

Ptéropodes.  —  Hi/olithellus  micans  ,  RilHngs?; 
Co\eoïdes  typicalis  ,  Walc.  ?  ;  Orthotheca  cf. 
Emtnonsi,  Ford.;  Hyolithes  et.  princeps,  BilHngs?; 
H.  americanus ,  Bill.;  H.  cï.  obtusus,  I>ill.  ;  H. 
decipiens  ;  H.  gracilior  ,  n.  sp.  ;  Diplotheca 
Hyattiana ,  Matth.;  D.  acadica  ,  var.  crassa  , 
Matth.  ;  Pelagiella,  n.  gen.  atlantoldes,  Matth.  ; 
Wolborthella  tennis,  Schmidt. 

Ostracodes.  —  Hipponicharion  eos  ,  Matth.  ;  //. 
cavatum  ,  Matlh.  ;  H.  minus,  Matth.;  BeyricJiona 
papilio,  Matth.;  B.  tinea,  Matth.  ;  B.  planata , 
n.  sp.  ;  B.  triangula,  n.  sp.  ;  B.  ovata,  n.  sp.  ;  B. 
rotundata,  n.  sp.  ;  Aparchites  secundo,  n.  sp.  ; 
Primitia  aurora ,    Matth.;    P.  oculata  ,  n.    sp.  ; 


—   XLII   — 

P.  (?)  fi/siformis,  n.  sp.  ;  Schmidtella  cambrica , 
n.  sp.;  Leperdilia  (?)  ventricosa,  Matth.  ;  L.  (?) 
Steadi,  Matth.  ;  L.  (?)  minor,  n,  sp.  ;  L.  (?)  jo?7'- 
mœva,  n.  sp. 

Phyllopodes.  — Lepidita  i;-^  slgillata,  Matth. 

Trilobites.  — Protagraidos,  n.  gen.,  priscus,  n.  sp.; 
Ellipsocephahis  galeatus ,  Matth.;  £■.  grandis:, 
Matth.  ;  Aiuilonia  acadica,  n.  sp.  ;  Micmacca , 
n.  gen.,  Mattheyi,  n.  sp.;  M.  F«/*  Ingeni,  n,  sp.  ; 
ii.  recurva,  n.  sp.  ;  A/.  (?)  plana,  n.  sp.;  Proto- 
lenu!^  paradoxo'ides,  Matth.;  P.  bituberculatus, 
n.  sp.  ;  P.  (Bergeronia  ,  n.  siibgen.)  elegans, 
Matth.;  P.  (B.)  articephala,  Matth. 

A.  Bigot. 

D.  P.  Œhlert.  —  Sur  les  Triiiucleus  de 
l'Ouest  de  la  France  {Bull.  Soc.  Géol.  Fr., 
S^sér.,  t.  XXIII,  1895,  p.  299-336,  pi.  I-II,  14  fig. 
dans  le  texte). 

Les  Trimicleus  n'ont  été  longtemps  connus,  dans 
rOuest  de  la  France,  que  dans  les  Schistes  ardoisiers 
supérieurs  o\j  Rouault  et  Dalimier  ont  signalé  Tri- 
micleus Pongerardi  et  T.  ornatus.  Plus  tard,  MM.  de 
Troraelin  et  Lebesconte  en  ont  signalé  un  autre,  Tr. 
Goldfussi,  dans  les  grès  de  Bas-Pont,  au  sommet  du 
Grès  de  May,  et  dans  les  Schistes  ardoisiers  supé- 
rieurs. 

Des  études  de  M.  D.  P.  Œhlert,  il  résulte  que  les 
7Vm^<c/e^^s  existent  à  plusieurs  niveaux  dans  l'Ordovi- 
cien  de  Normandie ,  représentés  par  des  espèces 
distinctes. 


—    XLIII    — 

1°  Dans  une  zone  schisteuse  intercalée  dans  le 
Grès  de  May  où  leur  présence  a  été  signalée  par 
M.  Kerforne  ; 

2°  Dans  les  Schistes  supérieurs  à  Calymene  Tris- 
tani  d'Andouillé  (7V.  Biireaiii,  n.  sp.)  ; 

.>  Dans  les  Schistes  d'Ecalgrain,  près  Jobourg 
(Manche)  {Tr.  Grenieri,  Bergeron); 

4°  Dans  les  Schistes  ardoisiers  supérieurs  de 
Riadan  {Tr.  Pongerardi ,  Rou).  L'existence  de  7V. 
Goldfussi,  Barrande  et  Tr.oDiatus,  Sternb.  demande 
à  être  confirmée. 

A  propos  de  ces  espèces,  M.  D.  P.  Œhlert  discute 
longuement  un  certain  nombre  de  caractères  du 
genre  Trinucleiis ,  limbe,  suture,  yeux,  enroule- 
ment. 

Il  entre  aussi  dans  des  détails  très  importants 
sur  la  distribution  des  Tr'mucleus  et  sur  la  consti- 
tution de  rOrdovicien  supérieur  de  lOuest  de  la 
France. 

Le  Grès  de  May  est  loin  d'être  homogène  dans  sa 
composition  et  sa  faune.  Vers  le  milieu  il  existe 
un  niveau  schisteux  avec  Trinucleu'i.  Dans  les  grès 
inférieurs  il  y  a  deux  niveaux  distincts  ,  un  à  la 
base  contenant  encore  CaJymene  Tristani ,  l'autre 
où  cette  espèce  fait  défaut  et  qui  est  caractérisée  plus 
particulièrement  parHofnalonotus  Vicaryi,  serratus, 
Bronf/niarti ,  Plœsiacomia  brevicaiidata ,  Dalma- 
nites  bicertus.  —  Le  niveau  à  Trinucleus  a  une  faune 
semblable  à  celle  des  Schistes  ardoisiers  inférieurs 
{Calymene  Tristani,  Plœsiacomia  brevicaudata).  Ce 
niveau  se  retrouve  au  Pont  de  Gaen,  près  Domfront, 
aux  environs  de  Villaines  (Mayenne).  Les  grès  de  May 


—   XLIV   — 

supérieurs  (Grès  du  Belvédère)  ont  comme  espèces 
caractéristiques  :  Conularia  pyramidata ,  Homa- 
lonolus  Deslongchampsi  ,  Modiolopsù  prima  , 
M  or  ter  i. 

Les  schistes  à  Tr.  ornatiis  et  Grenieri  de  Nor- 
mandie, les  ardoises  à  7V.  Pongerardi  et  ornatus  de 
Bretagne  sont  au-dessus  de  ces  Grès  du  Belvédère. 

A.  Bigot. 

D"^    Philippe    Pocta.  —  Parallèle   entre   les 
dépôts  siluriens  de  la  Bretagne  et  de  la 

^o\\èn\Q  {Bull.  Soc.  Et.  Se.  Angers,  t.  XXIV, 
1894,  p.  137-146). 

M.  Pocta  ayant  étudié  en  compagnie  de  M.  Œtilert 
les  dépôts  paléozoïques  du  Maine  les  a  comparés  à 
ceux  de  la  Bohème. 

L'ensemble  de  couches  désigné  dans  le  nom  de 
Précambrien  ressemble  entièrement  aux  schistes 
rangés  par  Barrande  dans  les  étages  A  et  B. 

Le  Grès  armoricain  est  peut  être  plus  ancien  que 
d'  et  occuperait  à  peu  près  la  même  place  que  les 
diabases^sur  lesquelles  repose  l'Ordovicien  de  Bohème. 
On  pourrait  peut  être  aussi  le  placer  au  niveau  de 
d'  a  de  Bohème. 

Les  Schistes  à  CaJymene  Tristani  représentent  un 
équivalent  de  f/'  y  par  la  présence  du  Placoparia 
Tourneîiiineiy  variété  de  PI.  Zippei,  la  présence  de 
Didy  m  ograp  tus . 

Le  Grès  de  May  paraît  correspondre  aux  assises 
d^  +  d'  +  d'  de  Bohème. 


—   XLV   — 

La  bande  d"  a  renfermant  Trinucleiis  GoMfussti,  T. 
spinatîis,  peut  se  placer  au  niveau  des  ardoises  de 
Renazé  ;  Ampyx  tenellus  de  Renazé  n'existe  en 
Bohème  que  dans  i/'  a. 

Les  couches  de  grès  au-dessus  des  Schistes  de 
Renazé  n'ont  rien  d'analogue  en  Bohème;  on  pourrait 
peut  être  les  comparer  aux  Quartzites  de  d:'  [3  qui 
pourraient  en  Bohème  appartenir  au  Silurien  supé- 
rieur. 

Les  horizons  2,  à  Monograptus  priodon,  et  3,  à 
M.  colonus ,  de  e'  de  Bohème  ont  été  distingués  en 
Bi'etagne  par  M.  Barrois, 

Au-dessus  des  calcaires  kBolbozoe  Bohemica  , 
représentant  évidemment  une  partie  de  la  bande  e" 
de  Bohème,  il  n'y  aucune  couche  silurienne  dans 
l'Ouest  de  la  France. 

A.  Bigot. 


M.  CossMANN.  —  Etudes  sur  les  Gastropodes 
des  Terrains  jurassiques  (Mém.  Soc.  GéoJ. 
Fr.  —  Paléont.,  1895,  in-i»,  167  p.,  6  pi.). 

Dans  le  travail  qu'entreprend  M.  Gossmann,  l'au- 
teur se  propose  de  taire  connaître  successivement  la 
faune  de  Gastropodes  des  terrains  jurassiques  de 
France;  c'est  plus  qu'une  continuation  de  l'œuvre 
interrompue  par  d'Orbigny  ;  c'est  une  véritable  révi- 
sion des  Gastropodes  jurassiques.  Dans  une  publi- 
cation qui  marche  parallèlement,  intitulée  «  Essais 
de  Palœoconchologie  comparée  »,  M.  Gossmann 
donne    la    caractéristique  des  divers   genres,  sous- 


—   XLVI   — 

genres  et  sections  admis  dans  les  Gastropodes  ;  le 
grand  travail  est  destiné  à  donner  la  répartition  dans 
ces  groupes  de  toutes  les  espèces  jurassiques  décrites 
par  d'Orbigny,  ou  dans  des  Mémoires  publiés  de  1850 
à  1895,  ou  reconnues  nouvelles  dans  les  collections 
publiques  et  privées  qui  ont  été  communiquées  à 
l'auteur. 

Le  premier  fascicule  contient  la  description  de 
175  espèces  appartenant  aux  Opisthobranches  et  aux 
Pulmonés;  46  d'entre  elles  proviennent  des  terrains 
jurassiques  de  Normandie  et  de  la  Sarthe,  et  les 
types  de  la  plupart  d'entre  elles  sont  conservés, 
soit  dans  les  collections  de  la  Faculté  des  Sciences , 
soit  dans  la  collection  Deslongchamps. 

Ces  espèces  sopt  : 

OPISTHOBRANCHES  (1) 

1  TORNATELL.EA  pulclieUa  Dcsl.  —  Baj.  supr. 

2  »  Brasili  n.  sp.  —  Baj.  inf.  et  sup^ 

3  »  LoWem (Héb.  etDesl. ).—Bath.  sup'". 

4  »  myosotis  Buv.  —  Séquanien. 

5  JD  microsphœera  n.  sp.,  id. 

6  AcT.EONiNA  giganlea  Desl. —  Bath.  moy.  et  sup''. 

7  »  (Striactseonina?).S'«/VAr/ce/îmd'Orb.^ 

Bath.  sup^ 

8  »  (Ovactceonina)  sparsisulcata  d'Orb.  — 

Charmouthien. 

9  »  »  mdacopho?'a  n.  sp.,  id. 

(1)  Le  nom  d'auteur  entre  parentlièses  indi(iue  que  l'espèee  a  été 
décrite  dans  un  autre  genre  par  l'auteur  de  l'espèce. 


11 

» 

12 

» 

13 

» 

—   XLVII   — 

10  Ac.T^ONiNA  (Ovactseonina)  Loriereana   d'Orb.  — 

Bath.  sup''. 
»  Stiieri  r\.B^. —  Séquan. 

»  gynina  n.  sp.,  id. 

(Cylindrobullina)    fragilis  Dunker. — 

Hettangien. 

14  »  »  miliola      d'Orb.    — 

Séquanien. 

15  »  (Conactseon)    Cadomensis    (Desl.)-  — 

Gharmouthien. 
»  Davidsoni  Desl.,  id.  (1). 

»  brachyteles  n.  sp.,  id. 

(Euconactœon)  concava  Desl.,  id. 

»  subbabreviata  dCOrh. — 

Gharmouthien  (2). 
»  Cmimonti  (Jie'à\.),  là. 

(Trochactœonina)  Davoustana  d'Orb. — 

Bathonien  sup^ 


(1)  Cette  espèe  a  été  décrite  et  figurée  par  J.  A.  E.  E.  Deslong- 
diamps.  Bull.  Soc.  Lin.  Norm.,  1859,  t.  IV,  p.  183,  pi.  I,  fig.  7. 
M.  Cossmaiiii  en  a  faitC.  macrospiva  qm  tombe  (Mi  synonymie;  si 
ou  adnu't  Conactaeon  et  CyllndrobnlUna  comnu>  sections  de 
Aclaeonina,  le  nom  de  Act.  Davidsoni  donné  en  1874  à  une  espèce 
du  Boulonnais  par  M.  de  Loriol  devra  être  changé. 

(2)  L'échantillon  l'eprésenté  i)ar  M.  Cossmann  ,  pi.  111,  fig.  22, 
sous  le  nom  de  C.  subbabreviatum  d'Orb.  ne  provient  pas  du  Cal- 
vados, maiN  de  Tliouars  (Deux-Sèvres).  11  a  déjà  été  décrit  sous  le 
nom  de  Acteonina  consfricta,  par  J.  A.  E.  Deslougchamps  (Bull. 
Soc.  Lin.  i\orm..  1859,  f.  IV,  p.  183,  pi.  I,  lig.  8-9).  Si  on  con- 
sidère comme  des  espèces  différentes  Euconactœon  Caumonli  et 
concavus,  il  y  a  tojt  lieu  de  distinguer  spécifiquement  E.  cons- 
h'ictum  et  E.  subabbreviatum. 


16 

» 

17 

)) 

18 

» 

19 

» 

20 

» 

21 

» 

—   XLVIII   — 

22  AcT.EONiNA  (Trochactœonina)  Boutillieri  n.  sp.     - 

Séquanien. 

23  »  »  Bigoti  n.  sp.,  id. 

24  »  »  veniricosa  d'Orb.,  id. 

25  Gylindrites  cusp'idatus  Sow.  —  Balh.  sup''  moy. 

26  »  ôi<//^jr/«.sMorr.etLycett. — Bath.sup^ 

27  »  Thorenti  Buy. — Bath.  moy. 

28  Ceritella  Francquana  (d'Orb.).  —  Bath.  sup^ 

29  »  pygmcTa  Morr.  et  Lyc,  id. 

30  »  rissoïdcs  (Buv.).  —  Séquanien. 

31  ))  plicata  (Zitt.  et  Goub.),  id. 

32  »  Deshayesea  (Buv.),  id. 

33  ToBisiATmA  Boutil/ieri  n.  sp.,  id. 

PULMONÉS. 

34  BuLLA  Liasinn  E.  Desl.  —  Gharmouthien. 

35  »      globulosa  Desl.,  Bathonien  sup''. 

36  »      Lorierei  d'Orb.  —  Callovien. 

37  AcERA?  primœva  (Desl.).  —  Bath.  sup'". 

38  »         mecUojurensh  n.  sp.  —  Callovien. 

39  »        Beaugrandi  de  Lor.  —  Kimméridien. 

40  »        truncata  (Lènnier).  —  Séquanien. 

41  SuLCOACT.EON  Bigot i  n.  sp.  —  Bajocien  sup^ 

42  »  sti'iatosukatum  (Zitt.  et  Goub.). — 

Séquanien. 

43  »  hordeolus  (Buv.),  id. 

44  Hydatina  (?2i\dèdh^&Q.\.m2i)  supraj iiremis  (B^œm.). 

—  Séquanien. 

45  Bhytidopilus   Douvillei   Cossm.  —  Bath.  moy. 

et  sup''. 

46  »  C astellatiu s  (Thwrm.). —  Séq. 

A.  Bigot. 


—   XLIX   — 

M.  CossMANN.  —  Mollusques  éocéniques  de 
la  Loire-Inierieure  {Bull.  Soc.  Se.  nat. 
Ouest,  Nantes,  t.  V,  1895,  p.  159-197,  pi.  V-VII). 

M.  Cossmann ,  qui  est  un  travailleur  infatigable 
mène  de  front  un  Gênera  des  Gastropodes,  la  révision 
des  Gastropodes  jurassiques  de  France  et  la  conti- 
nuation de  ses  études  sur  les  coquilles  tertiaires.  Le 
mémoire  dont  la  Société  de  Nantes  a  commencé  la 
publication  est  destiné  à  faire  connaître  la  riche  faune 
éocénique  de  la  Loire-Inférieure,  dont  les  recherches 
de  M.  V^asseur  ont  montrés  les  affinités  avec  celle  du 
Gotentin.  En  attendant  que  M.  Cossmann  attaque 
l'étude  de  la  faune  tertiaire  du  département  de  la 
Manche,  il  sera  toujours  intéressant  de  consulter  son 
travail  sur  la  Bretagne.  Le  premier  fascicule  est 
consacré  à  la  description  des  Céphalopodes,  Pulmonés 
et  Opisthobranches.  Dès  maintenant  nous  pouvons 
signaler  l'existence  dans  le  Cotentin  ,  d'après  les 
collections  qui  sont  à  notre  disposition,  des  espèces 
suivantes  : 

Nautihis  umbi/ieui  is,  Desh.  —  Vasseiiria  oeeideji- 
talls  ,  Mun.  Gh.  —  Auricula  Douvillei  ,  Vass.  — 
SipJionaria  Toiinioueri ,  A'^asseur.  —  Scaphander 
altanUlensis,  Desh.  —  BuUinella  Brugiiieri,  Desh. 
— />.  ei/lhidro'ides,  Deshayes.  —  Hoxania  ovulata  , 
LdimXi.  —  PlicobuUa  Dumasi ,  Cossm. 


A.  Bigot. 


A  9  heures  1/2  la  séance  est  levée. 


D 


SEANCE   DU    4   MAI   1896 

Présidence  de  M.  Lignier,  président 

La  séance  est  ouverte  à  8  heures. 

Sont  présents  :  MM.  Bigot,  Brasil,  P.  Fauvel,  D"" 
Fayel,  de  Formigny  de  la  Londe,  Léger,  Le  Meulais, 
Lignier,  Marie,  D'"  Osmont,  VauUegeard. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  d'Avril  est  lu  et 
adopté,  après  observation  de  M.  P.  Fauvel. 

Communication  est  donnée, de  la  correspondance 
qui  comprend  : 

1°  Une  invitation  de  la  Commission  d'organisation 
du  Congrès  des  Mines,  de  la  Métallurgie  et  de  la 
Géologie  organisé  les  25  et  26  septembre  1896  à 
Buda-Pesth,  à  l'occasion  du  millénaire  de  la  Hongrie, 
et  demandant  à  la  Société  de  se  faire  représenter  à 
ce  Congrès.  —  2"  Diverses  lettres  du  Comité  des 
Assises  de  Caumont  dont  le  2<^  Congrès  s'ouvrira  à 
Rouen  le  15  juin  ;  la  Société  délègue  à  ce  Congrès 
MM.  Bigot,  P.  Fauvel  et  VauUegeard.—  3"  Divers 
accusés  de  réception.  —  A"  Une  demande  d'échange  de 
la  Société  du  S.  E.  pour  Véchange  des  plantes, 
qui  est  renvoyée  à  la  Commission  d'impression. 

Les  ouvrages  reçus  depuis  la  dernière  séance  sont 
passés  en  revue.  Ils  comprennent  les  ouvrages  sui- 
vants, offerts  par  leurs  auteurs  : 

Ed.  Bonnet  et  G.  Barratte.  —  Catalogue  rai- 
sonné des  Plantes  va'iCMlaires  de  Tunisie. 


-      LI    — 

D""  Saint-Lager.  —  La  Vigne  du  Mont  Ida  et  le 
Vaccinmm.  —  Les  nouvelles  flores  de  France. 

Thériot.  —  Notes  sur  la  flore  bryologique  du 
Mon /.-Dore. 

Abbk  Hue.  —  Lichens  récoltés  à  Vire,  à  Mortain 
et  au  Mont  Saint-Michel.  —  Lichens  de  Cani.si/ 
(Manche)  et  des  eiivirons. 

M.  le  D'"  NouRY,  professeur  à  l'Ecole  de  médecine, 
présenté  dans  la  dernière  séance ,  est  élu  membre 
résidant. 

La  Commission  d'impression  soumet  à  l'appro- 
bation de  la  Société  la  motion  suivante  : 

«  Le  Secrétaire  de  la  Commissioti  météorologique 
du  Calvados  fournira  chaque  année  un  résumé  des 
principaux  événements  météorologiques  ;  ce  résumé 
qui  correspondra  à  une  demi-feuille  d'impression 
sera  imprimé  dans  le  dernier  fascicule  du  Bulletin. 
La  Société  Linnéenne  versera  à  la  Commission  météo- 
rologique du  Calvados  une  subvention  annuelle  de 
yingt-cinq  francs.  » 

Après  une  discussion  à  laquelle  prennent  part 
MM.  Bigot,  D''  Fayel,  de  Formigny  de  la  Londe, 
Lignier,  cette  proposition  est  adoptée  par  6  voix 
contre  5. 

Le  Secrétaire  fait  connaître  qu'il  a  reçu  deux 
projets  d'excursion  dans  le  département  de  l'Eure, 
l'un  de  M.  l'abbé  Toussaint,  de  Bois-Gérùme,  avec 
Vernon  comme  centre  ;  l'autre  de  M.  labbé  Guttin, 
de  Saint-Didier-des-Bois,  avec  Louviers  comme  lieu 
de  réunion.  La  Société  adopte  la  proposition  de  la 


—  LU  — 

Commission  d'impression  qui  a  choisi  la  réunion  à 
Louviers,  et  fixe  cette  réunion  au  dimanche  28  Juin. 
Le  Secrétaire  est  chargé  d'organiser  cette  réunion  et 
les  excursions  qui  l'accompagneront.  En  pi-incipe, 
il  est  désirable  qu'une  excursion  soit  faite  le 
dimanche  matin. 

M.  Vaullegeard  communique  une  note  relative  à 
des  vers  parasites  d'animaux  marins  (Voir  2'^  partie 
de  ce  Bulletin). 

M.  P.  Fauve!,  à  propos  d'une  note  de  M.  le  baron 
de  Saint- Joseph  qui  signale  pour  la  première  fois  la 
présence  d'un  Orthonectide  (Rhopalura  Pterocirri) 
chez  un  Annelide  polycliète,  fait  remarquer  qu'il  a 
constaté  lui-même  la  présence  d'un  Rhopalura  chez 
VAmpharetc  Grubei ,  mais  n'ayant  pas  alors  les 
renseignements  nécessaires  pour  sa  détermination 
il  ne  peut  affirmer  que  ce  soit  la  même  espèce  que 
celle  du  baron  de  Saint-Joseph. 

M.  Bigot  montre  que  l'atlas  et  l'axis  des  Crocodi- 
liens  et  Téléosauriens  forment  en  réalité  trois  ver- 
tèbres, la  pièce  basilaire  étant  le  centrum  d'un 
proatlas  dont  la  pièce  supérieure  constitue  l'arc 
ne  u  rai. 

A  9  heures  1/2  la  séance  est  levée. 


SEANCE  DU  r  JUIN  1896 

Présidence   de   M.   Ligxier,  président 

La  séance  est  ouverte  à  8  heures. 

Sont  présents  :  MM.  Sigot,  Brasil,  D'-  Catois,  Che- 
valier, P.  Fauvel,  de  Formigny  de  la  Londe,  Léger, 
Lignier,  Moisy,  D''  Osmont,  de  la  Thuillerie,  Tison, 
Ravenel,  Vaullegeard. 

Le  procès- verha]  de  la  séance  de  Mai  est  lu  et 
adopté. 

Communication  est  donnée  de  la  correspondance  : 
M.  Joyeux  Laffuie,  en  même  temps  que  ses  excuses 
de  ne  pouvoir  assister  à  la  séance,  adresse  une  notice 
scientifique  sur  Fr.  Berjot,  ancien  président  de  la 
Société  ;  sur  la  proposition  du  Secrétaire,  la  lecture 
de  cette  notice  est  renvoyée  à  la  séance  de  Louviers. 
—  Le  président  du  Comité  d'organisation  des  Assises 
de  Caumont  annonce  que  ce  Comité  a  désigné 
M.  Lignier,  président  de  la  Société  Linnéenne  de 
Normandie,  pour  présider  une  des  séances  du  Con- 
grès de  Rouen. 

Les  ouvrages  reçus  depuis  la  dernière  séance  sont 
passés  en  revue  ;  ils  comprennent  notamment  un 
certain' nombre  de  brochures  offertes  par  l'Université 
l'Upsal  et  la  notice  suivante  : 

0.  Lignier.  —  Notes  sur  J'orgaaisatlon  (jrnrrale 
H  spécialoiteiU  sur  Vensi'Ujncmcnl  df  la  botanique 


—    LIV    — 

dans  les  Universités  de  Liège,  de  la  vallée  du  Rhin 
et  du  Wurtembei^g. 

M.  Bigot  attire  l'attention  des  membres  de  la 
Société  sur  des  travaux  contenus  dans  les  pério- 
diques déposés  sur  le  bureau  : 

F.  Bernard,  2'^  note  sur  le  développement  à  la 
morphologie  de  la  coquille  chez  les  Lamellibranches 
Taxodontes  (B.  S.  G.  F.  3,  XXIV,  1896,  p.  54-82).  — 
D.  P.  OEhlert,  résumé  des  derniers  travaux  sur 
l'organisation  et  le  développement  des  Trilobites 
(id.  p  97-116).  —  A.  Jukes  Browne  et  William  Hill, 
A  délimitation  of  the  Cenomanian,  being  a  comparison 
of  thecorresponding  beds  in  South- Western  England 
and  Western  France  (5  Q.  G.  S.,  LU,  1896,  p.  99-178). 

Il  serait  très  à  désirer  que  quelques-uns  de  nos 
confrères  voulussent  bien  se  charger  d'analyser  ces 
travaux  dans  notre  Bulletin. 

Le  Secrétaire  donne  des  re 
nisation  de  la  réunion  à  Louviers. 


Le  Secrétaire  donne  des  renseignements  sur  l'orga- 


M.  Vaullegeard  présente  des  observations  sur  un 
Echynorhynque  rencontré  chez  Loligo  média  {voir 
2^  partie  de  ce  Bulletin). 

M.  Lignier  fait  part  d'un  essai  tenté  au  Jardin  des 
Plantes  de  Caen  pour  grefïer  des  branches  femelles 
de  Gingko  sur  le  pied  mâle  de  ce  conifère,  qui  existe 
au  Jardin  Botanique. 

M.  Biiîot,  dans  une  récente  excursion  à  la  Brèche- 
au-Diable,  a  pu  se  convaincre,  et  convaincre  ses  élèves 
que  le  prétendu  oppidum  de  Marie  Joly  a  une  origine 


—   LV    — 

très  naturelle,  et  que  la  main  de  l'homme  n'est  pour 
rien  clans  la  disposition  régulière  des  blocs  de  grès 
qui  constitueraient  l'enceinte  de  cet  oppidum.  Ce 
sont  les  tranches  des  bancs  du  Grès  armoricain, 
alignés  de  l'Est  à  l'Ouest,  qui,  venant  saillir  au-dessus 
de  la  surface  du  sol,  ont  été  prises  pour  un  retran- 
chement artificiel.  Cette  disposition  s'observe  partout 
où  affleurent  les  grès  anciens  en  Normandie,  et  ce 
n'est  pas  la  première  fois  qu'elle  a  été  prise  pour 
une  disposition  artificielle.  On  se  souvient  encore 
des  prétendus  alignements  du  plateau  de  Valcongrain. 
Les  peuplades  néolithiques,  qui  ont  habité  le  plateau 
de  la  Brèche-au-Diable,  ont  profité  de  ces  retranche- 
ments naturels,  mais  ne  les  ont  pas  créés.  —  Il  faut 
aussi  retrancher  du  catalogue  des  monuments  méga- 
lithiques de  la  Normandie  le  prétendu  dolmen  du 
sémaphore  de  Flamanville  (Manche)  ;  c'est  un  bloc 
arrondi  de  granité,  isolé  par  altération  du  granité  envi- 
ronnant, et  qui  s'est  trouvé  placé  tout  naturellement 
sur  d'autres  blocs  de  même  origine. 

M.  Chevalier  fait  remarquer  qu'à  Passais  on  a 
décrit  comme  alignements  mégalithiques  des  amas 
de  blocs  disposés  en  effet  dans  une  direction  déter- 
minée, mais  cette  direction  n'est  autre  que  celle  d'un 
filon  de  diabase,  dont  l'altération  a  donné  les 
bouJarch  si  caractéristiques  de  ces  affleurements. 

A  9  heures  1/2  la  séance  est  levée. 


f  f 


REUNION  GENERALE  ANNUELLE 

A    LOUVIERS,    LE    28    JUIN 


EXCURSIONS     DES     29     ET     30     JUIN 

»iix  Eliivii'Oiis 

de  Louviers.    Les  Andelvs.    Veriion.    Pacv-sur-Eure 


Depuis  longtemps  la  Société  Linnéenne  projetait 
de  tenir  une  réunion  dans  l'Eure  pour  prendre  con- 
contact  avec  les  Sociétés  savantes  de  la  Haute- 
Normandie.  Bien  que  l'une  d'elles ,  la  Société 
Normande  d'études  préhistoriques,  eut  fixé  préci- 
sément le  28  juin  une  réunion  aux  Andelys,  nous 
devons  nous  applaudir  de  l'empressement  avec 
lequel  on  a  répondu  à  notre  appel  ;  toutes  les 
Sociétés  régionales  qui  s'occupent  de  sciences  natu- 
relles se  sont  trouvées  représentées  et  nous  avons 
fait,  dans  nos  excursions,  connaissance  avec  des 
richesses  que  nous  ne  demandons  qu'à  mieux 
connaître. 

La  Société  Linnéenne  était  représentée  par 
MM.  Bigot,  Chevalier,  Corbière,  abbé  Diavet, 
DoUfus,  président  de  la  Société  géologique  de 
France;  R.  Fortin,  vice-président  de  la  Société  des 
Amis  des  sciences  naturelles  de  Rouen  ;  Gadeau  de 
Kerville,  abbé   Guttin,  Jouan,   Lecointe,   Lennier, 


—   LVII   — 

président  de  hi  Société  géologique  de  Normandie  ; 
Niel,  président  de  la  Société  des  Anris  des  sciences 
naturelles  de  Rouen;  Moisy,  Ravenel,  Tison,  abbé 
Toussaint,  de  la  Thuillerie,  Vaullegeard  ;  --  auxquels 
s'étaient  jointes  les  personnes  suivantes,  étrangères  à 
la  Société  :  MM.  Angérard,  président  de  la  Société 
d' émulation  de  F  arrondissement  de  Loiiviers  ; 
Dubourg,  de  la  môme  Société  ;  Coulon,  président 
de  la  Société  des  sciences  d^Elbeuf  ;  Ghédeville  et 
Izambert,  de  la  Société  normande  cV études  préhis' 
toriques;  L.  Petit  et  D''  Regimbard,  de  la  Société 
Libre  de  l'Eure;  Janet,  ingénieur  des  mines, 
Hoschédé,  Monet,  Tétrel  et  Tuai. 

La  matinée  du  dimanche  a  été  co>isacrée  à  des 
excursions  aux  environs  immédiats  de  Louviers,  sous 
la  direction  de  MM.  Dollfus,  Gadeau  de  Kerville  et 
Izambert. 

A  midi  et  demi  les  membres  de  la  Société  et  les 
personnes  qui  les  accompagnaient  se  réunissaient  en 
un  banquet  à  l'hôtel  du  Grand-Cerf.  M.  Izambertavait 
eu  l'attention  délicate  de  faire  placer  dans  la  salle  des 
cartouches  portant  les  noms  des  plus  célèbres  parmi 
les  anciens  Linnéens  :  Lamouroux,  de  Caumont, 
Jacques  et  Eugène  Eudes-Deslongchamps,  Elie  de 
Beaumont,  deBrébisson,  Modère.  Au  dessert,  M.  Li- 
gnier,  président,  porte  le  toast  traditionnel  à  la  mé- 
moire de  Linné,  à  la  santé  de  MM.  Thorel,  député, 
maire  de  Louviers,  et  Angérard,  président  de  la  Société 
d'études  de  l'arrondissement  de  Louviers.  M.  Thorel, 
dans  sa  réponse,  dit  que  la  ville  de  Louviers  est  tou- 
jours heureuse  et  fière  d'offrir  l'hospitalité  aux 
Sociétés  savantes.  M.  Bigot,  secrétaire,  remercie  ceux 


-      —    LVIII    — 

qui  ont  apporté  leur  concours  dévoué  à  l'organisation 
de  la  réunion  et  des  excursions,  MM.  Chédeville, 
Dollt'us,  Gadeau  de  Kerville,  Guttin,  Izambert. 

Puis  l'on  se  rend  au  musée  Lasnon,  où  dans  un 
élégant  bâtiment,  très  bien  adapté  à  sa  destination, 
sont  réunies  à  côté  de  souvenirs  intéressants  pour 
l'histoire  locale  de  riches  collections  d'antiquités,  en 
grande  partie  léguées  par  un  jeune  habitant  de  Lou- 
viers  qui  a  fait  don  en  même  temps  d'une  somme  de 
150,000  fr.  pour  la  construction  de  l'édifice  qui  les 
abrite  aujourd'hui.  On  ne  saurait  trop  féliciter  l'in- 
telligente municipalité  de  Louviers  de  la  façon  dont 
elle  a  utilisé  cetie  somme  pour  la  construction  d'un 
édifice  dont  l'aménagement  intérieur  est,  chose  rare, 
en  rapport  avec  la  destination,  et  où  l'on  n'a  pas 
sacrifié  à  la  façade  et  à  la  pierre  de  taille  l'installation 
intérieure,  comme  dans  beaucoup  de  bâtiments  qui 
nous  sont  trop  connus. 


SÉANCE     PUBLIQUE 

A  4  heures  s'ouvre,  dans  une  salle  de  l'Hôtel-de- 
Ville,  laséance  publique  présidée  par  M.  Lignier,  pré- 
sident, qui  fait  asseoir  au  bureau  MM.  Thorel,  député 
de  l'Eure,  maire  de  Louviers,  Angérard,  président  de 
la  Société  d'études  de  l'arrondissement  de  Louviers, 
Dollfus,  président  de  la  Société  géologique  de  France, 
Bigot,  secrétaire  de  la  Société  Linnéenne. 

M.  Lignier  prononce  l'allocution  suivante  : 


LIX 


Messieurs, 
Chers  Confrères, 

Il  y  a  bien  longtemps  que  la  Société  Linnéenne  de 
Normandie  n'avait  tenu  ses  assises  annuelles  dans  le 
département  de  l'Eure,  et  vraiment,  il  semblait, 
depuis  de  nombreuses  années,  qu'une  force  invin- 
cible nous  portât  toujours  vers  l'ouest  ou  le  sud, 
dans  la  Manche  ou  dans  l'Orne.  Mais,  aujourd'hui,  le 
charme  est  rompu  et  c'est  avec  joie  que  nous  nous 
préparons  à  explorer  ce  pays  qui  est  nouveau  pour 
beaucoup  d'entre  nous.  Nous  savons,  en  effet,  qu'il 
n'est  pas  seulement  couvert  de  bois  magnifiques, 
pourvu  de  sites  renommés,  mais  qu'il  est  en  outre 
amplement  fourni  de  toutes  sortes  d'attraits  pour  le 
naturaliste;  nous  savons,  enfin,  que  c'est  sous  la 
direction  de  connaisseurs  éprouvés  que  nous  allons 
le  parcourir.  Aussi,  je  suis  persuadé  que  le  charme 
dont  je  parlais  à  l'instant  n'est  pas  rompu  seulement 
momentanément,  mais  bien  pour  longtemps.  A  l'ave- 
nir, je  n'en  doute  pas,  la  Société  Linnéenne  de  Nor- 
mandie n'oubliera  plus  l'Est  de  sa  province  ;  elle 
y  reviendra  certainement  et  toujours  avec  un  nou- 
veau plaisir. 

D'ailleurs,  le  choix  du  département  de  l'Eure,  pour 
notre  région,  n'est  pas  seulement  heureux  parce  que 
la  réunion,  malgré  ses  richesses  naturelles,  nous  est 
moins  connue,  il  l'est  aussi  parce  qu'il  va  permettre 
à  l'aînée  des  Sociétés  d'histoire  naturelle  de  Nor- 
mandie de  resserrer  plus  intimement  les  liens  qui 


—    LX   ^ — 

l'unissaient  déjà  à  certaines  de  ses  vaillantes  sœurs 
de  l'Eure  et  de  la  Seine-Inférieure  et  même  d'en 
nouer  avec  d'autres.  Plusieurs  représentants  de  ces 
Sociétés  sont  aujourd'hui  parmi  nous  et  je  compte 
bien  qu'en  nous  quittant  après  trois  journées  pas- 
sées ensemble  dans  la  plus  cordiale  intimité,  ils  ne 
nous  oublieront  pas  plus  que  nous  les  oublierons 
nous-mêmes.  Dès  lors ,  aux  relations  quelquefois 
entièrement  officielles  qui  unissaient  notre  Société 
aux  leurs,  nous  aurons  substitué  les  liens  d'une 
amitié  sincère  et  profitable  à  tous.  C'est,  en  effet, 
par  l'union,  par  un  contact  incessant  et  en  mettant 
en  commun  nos  eflbrts  de  tous  les  instants  que  nous 
aurons  le  plus  de  chance  de  rendre  à  ce  pays  les 
services  qu'il  doit  attendre  de  la  science,  de  lui 
fournir  les  éléments  de  progrès  qui  s'adaptent  à  ses 
besoins  spéciaux. 

Le  Secrétaire  donne  lecture  de  la  notice  suivante  ; 


NOTICE    SCIENTIFIQUE 

SUH 

9  juillet  isiô  —  21  août  1895 

par     M.     le     docteur     JO  YEUX-LAFFUIE 


Le  21  août  dernier  Frédéric  Berjot,  un  des  plus 
anciens  membres  de  la  société  Linnéenne  et  un  des 
plus  estimés,  était  brusquement  enlevé,  après  une 


—    LXI    — 

courte  maladie,  à  l'affection  de  ses  collègues  et  dès 
siens.  On  a  rappelé  sur  la  tombe  chi  cet  homme  de 
bien  les  qualités,  personnelles  qui  forçaient  en  lui 
l'estime  générale.  Ce  n'est  donc  pas  l'homme  privé 
que  je  veux  faire  connaître  aujourd'hui,  mais  l'homme 
de  science  et  de  progrès  qu'il  fût  pendant  toute  sa 
vie. 

Pour  lui  la  pharmacie  ne  fût  pas  ce  qu'elle  est 
pour  beaucoup.  Il  s'intéressait  à  la  préparation  et 
à  la  fabrication  des  produits  pharmaceutiques.  Il 
cherchait  sans  cesse  à  les  perfectionner  en  inven- 
tant et  en  créant  de  toutes  pièces  des  appareils 
fort  ingénieux  qui  ont  été  justement  appréciés  non 
seulement  de  ses  confrères  mais  aussi  des  chimistes 
les  plus  éminents.  Il  en  est  qui  sont  connus  de  tous  : 
un  appareil  à  évaporer  dans  le  vide,  un  appareil  pour 
la  fabrication  des  extraits  et  surtout  ses  appareils 
pour  la  fabrication  des  eaux  gazeuses  qui  lui  valurent 
de  nombreuses  et  importantes  récompenses  aux 
expositions. 

Jusqu'à  lui  tous  les  appareils  à  produire  l'eau  de 
Seltz,  dont  on  faisait  déjà  un  usage  général  et  habituel", 
pouvaient  être  divisés  en  deux  catégories,  les  uns 
fondés  sur  le  principe  de  la  pression  mécanique,  les 
autres  sur  le  principe  de  la  pression  chimique.  Les 
premiers  occupaient  une  place  considérable,  étaient 
dispendieux  et  donnaient  toujours  une  eau  d'un 
mauvais  goût  communiqué  par  l'huile  employée  pour 
le  graissage.  Les  seconds  qui  n'avaient  pas  ces  incon- 
vénients ne  pouvaient  en  revanche  fournir  un  travail 
continu,  demandaient  une  grande  précision  d'ajus- 
tement  et   laissaient  perdre    une   certaine  quantité 


—    LMI   — 

de  gaz,  quand  on  passait  d'une  opération  de  la  sui- 
vante. 

Dès  1842,  Frédéric  Berjot  s'était  efforcé  à  faire 
disparaître  tous  ces  inconvénients  et  était  arrivé  par 
des  perfectionnements  successifs  à  créer  des  appareils 
fort  ingénieux  occupant  un  espace  restreint,  et 
pouvant  produire  plus  de  trois  mille  bouteilles  par 
jour.  Ils  offraient  sur  ceux  employés  jusqu'alors 
les  avantages  :  de  fournir  un  travail  continu,  de 
donner  des  produits  très  purs  et  également  saturés 
de  gaz,  de  rendre  les  réparations  faciles  sans  entra- 
ver la  marche  de  la  fabrication ,  de  fonctionner 
sous  une  faible  pression  toujours  constante  et  pou- 
vant être  réglée.  C'étaient  là  des  perfectionnements 
plus  importants  et  plus  nombreux  qu'il  n'en  fallait 
pour  assurer  le  succès.  Le  temps  l'a  prouvé. 

Malgré  ses  nombreuses  occupations  qui  semblaient 
devoir  le  retenir  dans  le  domaine  de  la  pharmacie, 
Frédéric  Berjot  faisait  fréquemment  des  incursions 
dans  les  sciences  voisines.  Il  s'est  occupé  avec  succès 
d'électricité,  et  comme  on  la  justement  rappelé, 
c'est  dans  sa  maison  que  l'éclairage  électrique  a  fait 
sa  première  apparition  à  Caen.  En  1858,  il  faisait 
connaître  à  l'Académie  des  sciences  «  La  formule 
d'un  liquide  propre  à  amalgamer  par  simple 
immersion  les  zincs  des  piles  électriques  ». 

La  science  agricole  a  aussi  largement  bénéficié  de 
ses  recherches.  Il  était  un  des  membres  des  plus 
actifs  de  la  Société  d'Agriculture  et  de  Commerce  de 
Caen,  à  laquelle,  grâce  à  ses  connaissances  chimiques 
il    rendait  de    nombreux  services.   Là  encore  il  a 


—    LXIII   — 

exercé  son  ingéniosité  à  la  découverte  de  nouveaux 
appareils,  entre  autres  «  un  appareil  à  cuire  dans  le 
vide  applicable  aux  petites  usines  et  à  la  science 
agricole  ». 

En  1862,  avec  un  important  mémoire  sur  les 
semences  de  pommes  et  leur  action  sur  la  qualité  du 
cidre,  il  obtint,  le  prix  Lair  décerné  par  la  Société 
d'Agriculture  et  de  Commerce  de  Gaen.  Ce  mémoire 
est  des  plus  intéressants  par  ses  résultats. 

Jusqu'à  cette  époque  on  était  indécis  sur  la 
question  de  savoir  si  oui  ou  non  on  devait  écraser 
les  pépins  dans  la  fabrication  du  cidre.  Les  uns 
prétendaient  que  l'écrasement  des  pépins  commu- 
niquait au  moût  un  principe  amer  et  une  huile  d'un 
goût  fort  peu  agréable.  Les  autres  avançaient  que 
quand  on  écrasait  les  pépins,  le  cidre  avait  plus 
de  montant,  était  meilleur  au  goût  et  se  conservait 
mieux . 

Entre  deux  opinions  aussi  opposées  il  fallait  faire 
un  choix.  Berjot  montra,  par  des  recherches  heureu- 
sement conduites  qui  lui  demandèrent  beaucoup  de 
persévérance  et  une  grande  sagacité,  que  les  pépins 
renfermaient  trois  substances  importantes  à  consi- 
dérer :  une  huile  fixe,  une  matière  gommeuse  et  une 
huile  essentielle. 

Il  montra  que  l'huile  fixe  étant  sans  odeur  et  sans 
mauvais  goût  ne  pouvait  nuire  à  la  qualité  et  encore 
moins  à  la  conservation  du  cidre  ;  que  la  matière 
gommeuse  ne  pouvait  que  donner  du  corps  au  cidre, 
et  que  l'huile  essentielle,  loin  d'être  nuisible,  peut 
dans  beaucoup  de  cas  suppléer,  dans  une  certaine 


—    LXIV    — 

mesure,  au  l)ouquet  qui  manque  dans  certains  cidres; 
de  même,  en  se  transformant  en  acide  benzoïque, 
elle  donne  aux  vieilles  eaux-de-vie  de  cidre  authen- 
tiques un  parfum  balsamique  spécial. 

Berjot  ne  se  borna  pas  à  montrer  l'utilité  d'écraser 
les  pépins.  Il  inventa  à  cet  eiïet  un  concasseur  d'une 
extrême  simplicité  qui  avait  l'avantage  de  pouvoir 
servir  à  une  foule  d'autres  usages. 

Cette  énumération  fort  incomplète  ne  saurait 
donner  un  aperçu  suffisant  des  nombreux  et  impor- 
tants travaux  de  notre  collègue.  Il  était  membre  de 
plusieurs  sociétés  scientifiques  et  dans  toutes  il  a 
laissé  des  ti'aces  profondes  de  son  passage.  La  note 
dominante  de  son  œuvre  scientifique  et  l'ingéniosité 
qu'il  possédait  au  plus  haut  degré.  Un  appareil 
considéré  comme  parfait  lui  paraissait  incomplet.  Il 
le  modifiait,  le  transformait  tant  et  si  bien  qu'il  en 
faisait  un  appareil  entièrement  nouveau  répondant 
infiniment  mieux  au  but  à  atteindre.  C'était  un  tra- 
vailleur infatigable,  un  savant  d'une  modestie  extrême 
un  collègue  sympathique  et  dévoué.  De  tels  hommes 
sont  rares.  Notre  Société  conservera  précieusement 
son  souvenir. 


M.  l'abbé  Guttin  communique  une  Etude  stir  le 
Rosa  fœtida,  Bast.  de  St-Didier-des-Bois  (  Voir  S" 
partie  de  ce  Bulletin)-. 

M.  le  commandant  Jouan  présente  des  observations 
à  propos  de  la  Flore  de  la  Polynésie  Française  de 
M.  Drake  delCastillo  {voir  2'^  partir  de  ce  Bulletin). 


—    LXV    — 

M.  Chédeville  donne  lecture  d'un  travail  .s7//'  la 
patine  des  silex  ou  cacholong  (voir  2^  partie  de  ce 
Bulletin). 

M.  Bigot  communique  un  manuscrit  inédit  de 
Jacques  Eudes-Deslongchamps,  racontant  l'histoire 
de  la  découverte  du  Teleosaurus  Cadomensis,  et 
l'intluence  que  cette  découverte  eut  sur  la  vocation 
d'Eudes-Deslongchamps. 

M.  Lignier  dépose  une  note  sur  les  fleurs  prolifères 
du  Cardamine  pratensis  (voir  2'^  partie  de  ce 
Bulletin). 

A  5  heures- 1/2  la  séance  est  levée. 


Le  lundi  29  juin  les  membres  de  la  Société  se  sont 
séparés  en  deux  groupes  ;  l'un,  sous  la  direction  de 
MM.  l'abbé  Guttin  et  Gadeau  de  Kerville,  a  fait  des 
excursions  zoologiques  et  botaniques  aux  alentours 
de  Louviers  et  aux  iVndelys  ;  l'autre,  sous  la  conduite 
de  MM.  Dollfus  et  Chédeville,  est  parti  pour  Vernon 
et  Pacy-sur-Eure,  étudiant  d'une  façon  très  détaillée 
la  géologie  de  la  région  comprise  entre  la  Seine  et 
l'Eure  et  entre  Pacy  et  Boisset. 

La  dislocation  du  premier  groupe  s'est  faite  le 
mardi  soir  à  Saint-Pierre-du-Vauvray,  celle  du  second 
le  même  jour  à  Boisset  (Eure). 


E 


i  . 


—   LXVI   — 

Compte-rendu  des  Excursions  botaniques 

DES    28,    29  &    30   JUIN    1896 

Par  l'Abbé  Joseph  GUTTIN 

Membre  correspondant  de  la  Société 


Louviers  avait  été  choisi  pour  être,  cette  année,  le 
rendez-vous  de  la  Société  Linnéenne  de  Normandie. 
La  perspective  d'une  herborisation  fructueuse,  le 
plaisir  de  retrouver  d'aimables  collègues  et  de  passer 
quelques  bonnes  heures,  avaient  amené  de  fervents 
naturalistes  : 

MM.  de  la  Thuillerie,  Gadeau  de  Kerville,  Hoschedé, 
Izambert,  Jouan,  Lignier,  Ravenel,  Tétrel,  l'abbé 
Toussaint  et  l'abbé  Guttin  ;  le  mardi,  MM.  Niel  et 
Monet  se  joignaient  à  eux. 

Le  dimanche,  après  le  banquet,  pendant  la  visite 
des  principaux  monuments  de  la  ville,  quelques 
botanistes,  connaissant  déjà  Louviers,  firent  une 
courte  excursion  à  Acquigny  et  eurent  la  bonne 
fortune  de  découvrir,  auprès  des  ruines  de  Cam- 
bremont,  sur  le  versant  gauche,  une  magnifique 
station  A' Herminium  Monorchis  R.  Br. 

Le  lundi,  29  juin,  le  train  de  7  heures  nous 
amenait  à  la  station  du  Vaudreuil.  Sur  le  bord  de  la 
ligne,  un  pied  isolé  de  Salvia  verticillata  L.  semblait 
d'heureux  présage.  Alyssum  calycinum  L.,  Dianthus 
proUfcr  et  Calendula  arvensis  formaient  la  «  florel- 
lule  »  de  quelques  mètres  de  la  voie  ferrée. 


—    LXVII   — 

Au  bord  de  la  prairie,  heureusement  non  encore 
fauchée,  nous  recueillons  Barbarea  stricta  Andrz  en 
graine,  Dipsaciis  fiiUonum  Mill.,  échappé  des 
cultures  des  environs,  Onothera  biennis  L.,  Papaver 
dubium  L.,  Trifolium  liybridum  L.,  Rhinanthus 
g faber  et  /w'sutKS  Lam.;  plus  au  large,  Thaliclriun 
flavwn  L.  et  Silaus  pratensis  Bess.  très  abondants. 

Le  taillis  de  peupliers  offrait  :  Euphorbia  palustris 
L.,  AchiUœa  plarmica  L.,  Asparagifs  offîcinalis  L., 
cultivé  en  grand  dans  le  pays  ;  Ophrys  api  fera,  Huds., 
Gymnadenia  conopsea  R.  Br.,  Anacamptis  pyra- 
midale Rich.,  la  saison  étant  trop  avancée  pour  les 
Orchidées;  Tragopogon  orientale  L.  bien  plus  com- 
mun que  T.  pratense  L.,  Galium  elongatum  Presl, 
Lysimachia  nummularia  L.  et  vulgaris  L.,  ce 
dernier  non  encore  fleuri,  Spirœa  denudata  Presl., 
mélangé  avec  le  type,  et  OEnanthe  Lachenalii  Gmel. 
Notre  meilleure  découverte  est  Valeriana  sambiici- 
folia  Mik.,  plus  commune  que  V.  officinalis  L.,  dans 
ces  parages. 

Nous  poussons  une  pointe  jusqu'au  pont,  sur 
l'Eure,  pour  jouir  d'un  de  ces  coquets  paysages  de 
notre  vallée  d'Eure,  si  charmante  lorsque  le  soleil 
donne  son  coup  de  pinceau  ;  dans  la  rivière  au 
milieu  à' Helosciaduni  nodiflorum  K.,  nous  aper- 
cevons de  beaux  Nasturtiiim  sUfolium  Rchb. 

Au  retour,  par  la  route  du  Vaudreuil  à  Louviers, 
nous  trouvons  dans  les  haies  Rosa  tomentosa  Sm.,  à 
feuilles  glanduleuses  en  dessous  =  R.  pseiido-cus- 
pidata  Crép  ;  dans  la  prairie,  les  mêmes  espèces  que 
plus  haut  et  Orcliis  incarnata  L.;  VOrchis  corio- 
phora  L.,  assez  abondant  dans  cet  endroit  échappe  à 


—   LXVIII   — 

nos  recherches  ;  sur  le  bord  de  la  route,  Euphorbia 
G er ar dia?ia  iRcq.,  Verhascimi  thapsifo)'me  Schrsid., 
Bromus  tectoni^n  L.;  sur  la  côte  calcaire,  garnie  de 
Juniperns,  Epipactis  atro-rubens  Hoff.,  Rosa  sepiimi 
Thuil.,  et  dumalis  Bechst.,  Arabis  hirsuta  Scop., 
Galmm  sylvestre  Poil,  var.,  hirtum  Koch.,  Molinia 
cœnilœa  Mœnch.,  défleuri,  Chlora  perfoliala  L., 
à  peine  en  fleurs,  Crassula  rubens  L.,  Geraniujn 
purpurenm  Vill.  et  Biibus  macrostemon  Focke. 

A  la  Folie-Ragault,  Genista  tlnctoria  L.,  forme 
pubescente  et  couchée,  sur  le  talus  calcaire,  Oro- 
banche  minor  Sutt.,  dans  un  champ  de  trèfle. 

Sur  le  bord  du  canal  ,  Lepldium  ccunpestre, 
forme  voisine  de  Jieterophyllum  Bœnth.  termine 
notre  cueillette. 

Tel  est  le  bilan  de  la  matinée. 

L'excursion  du  soir  était  :  Sainte-Barbe,  Becdal  et 
retour  par  Acquigny  (train  de  6  heures). 

Vers  2  heures,  on  se  remet  en  route.  A  Saint- 
Hilaire,  Linaria  cymbalaria  Mill.  tapisse  les  murs 
du  parc. 

A  Sainte-Barbe,  on  récolte  Saf/ina  filicauUs 
Bor.  ;  Atropa  BeUadona  L.,  dans  la  propriété  de 
M.  Dubourg  (1). 

Au  bord  de  la  ligne,  Lactiica  scariola  L.  et 
Sa  ligna  L. 

Sur  le  talus,  à  droite,  Buplevrum  falcatum  L., 
Cirslum  lanceolatum  var.  sphœro'idale  Corb.  ;  à 
gauche,  Dipsaciis pilosîis  L.,  non  encore  fleuri. 

(1)  Quelques  jours  après  l'exrursion,  M.  Dubourg  retrouvait  en 
graine,  le  rarissime  Barhula  cwcuata  Rrhb.,  que  nous  avons 
cherché  sans  pouvoir  le  découvrir. 


—    LXIX   — 

A  Becdal,  nous  quittons  la  route  pour  suivre 
le  frais  et  limpide  ruisseau  ,  cueillant  sur  ses 
bords  Jimcus  supimts  Mœnch.  et  Chenopodium 
Bonus- Henricus  L.;  de  là,  montée  aU  pavillon  de 
M.  Audresset;  à  mi-côte,  le  rare  BruneUa  inter- 
media  Linck.,  croissant  avec  B.  vuh/ans  et  alba  est 
chaleureusement  recherché  ;  la  récolte  est  assez 
abondante  pour  satisfaire  tout  le  monde.  On  trouve 
successivement  Bubia  peregrina  L.,  Bosa  rusti- 
cana  Désègl.;  sousbois, Pi/lmonaria  longifoliaBast., 
avec  ses  longues  feuilles  estivales,  les  unes  tachées, 
les  autres  sans  macules;  en  descendant  vers  le 
ruisseau,  encore  Bninelhi  intermedia  Linck.,  Me- 
lampi/rum  cristatum  L.,  Stachys  Germanica  L., 
Buplecrum  faIcatumh.,Campamda  glomerata  L., 
tiges  sèches  de  Gentiana  Gennanica  Willd.,  Teu- 
criiim  montanum  L.  Traversant  le  ruisseau  sans 
aller  jusqu'à  sa  source,  station  classique  d'Anémone 
ranunciiloïdes  L.,  dont  il  ne  restait  quelques  jours 
auparavant  que  les  feuilles  jaunies,  nous  longeons 
la  côte  où  fleurit,  fin  avril,  Carex  digitata  L.,  actuel- 
lement caché  sous  les  hautes  herbes  ,  recueillant 
Eiiphorbia  didcish.,  Campanida  trachelium  L.  et 
nous  gagnons  la  gare  d'Acquigny  où  ,  après  un 
rafraîchissement  bien  mérité,  nous  filions  rapidement 
vers  Louviers. 

Mardi  30  Juin. 

Les  Andelys,  tel  était  le  but  de  notre  excursion. 
Dès  7  heures,  frais  et  dispos,  nous  i)renions  le  train 
pour  Saint-Pierre-du-Vauvray,  où  quelques  minutes 


—   LXX   — 

d'arrêt  nous  permirent  de  recueillir  à  peu  de  distance 
de  la  gare,  le  très  rare  Salvia  verticiUala  L.  Grâce 
à  la  ligne  des  Andelvs  ,  nouvellement  inaugurée , 
l'excursion  devenait  facile;  le  pittoresque  du  paysage 
avec,  à  gauche,  ses  hautes  collines  calcaires  taillées 
à  pic,  à  droite,  la  Seine,  que  nous  côtoyons 
jusqu'aux  Andelys,  fait  passer  rapidement  les  trois 
quarts  d'heure  de  voyage  et  ne  laisse  qu'entrevoir, 
sur  les  talus,  Specularia  spéculum  A.  DG.,  Hypo- 
cheris  glabra  L.  et  les  envahissants  Sinapis  alba  L., 
Papavef  hortens,e  Huss.  et  Calcndula  arvensis  L. 
Au  passage  à  niveau,  près  l'hospice  Saint-Jacques, 
quelques  Isatis  tinctoria  L.  accrochés  à  la  roche, 
laissent  pendre  leurs  grappes  de  silicules  noirâtres  ; 
nous  arrivons  :  l'itinéraire  est  changé,  le  départ  des 
excursionnistes  devant  avoir  lieu  à  4  heures. 

C'est  vers  Château-Gaillard,  dont  nous  apercevons 
les  ruines,  que  nous  dirigeons  nos  pas  :  site  splen- 
dide  et  station  botanique  très  riche.  En  nous  ache- 
minant tranquillement,  égayés  comme  la  veille  par 
les  charmants  et  spirituels  récits  de  M.  le  comman- 
dant Jouan,  sur  la  Polynésie,  nous  recueillons  le 
ivSiis^Arabis  arenosa  Scop.,  Sinapis  alba  L.,  Papaver 
setigerum  DC,  et  nous  escaladons  les  pentes  her- 
beuses du  vieux  château-fort.  Nous  faisons  ample 
moisson  de  Heliantliemum  ranum  Dun.,  défleuri, 
Euphorbia  esula  L.  ,  HeJianthemum  polifolium 
DC,  dont  quelques  pieds  encore  en  fleur,  Ononis 
natrix  L.,  Euphorbia  Gerardiana  Jcq.,  Libanotis 
montana  AIL,  Teucrium  montaniun  L.,  Asperula 
cynanchica  L.,  Epipactis  atro-rubens  HofT',  Galium 
sylvestre  var.  glabrum  Koch .    et  hirsutum   Koch  ; 


—   LXXI   — 

Papaver  clubium  L.  ,  Stachys  recta  L.  —  Arrivés 
au  sommet ,  nous  traversons  les  ruines  et  nous 
découvrons  un  panorama  splendirle  ;  à  nos  pieds,  la 
Seine  décrit  une  courbe  gracieuse  ,  côtoyant ,  à 
droite,  de  hautes  falaises  crayeuses,  à  gauche,  de 
vertes  collines,  avant  d'aller  se  perdre  à  l'horizon 
dans  la  plaine  sableuse,  parsemée  çà  et  là  de  bos- 
quets verdoyants  ;  en  face  au  loin,  la  prison  centrale 
de  Gaillon,  ancienne  résidence  des  archevêques  de 
Rouen  ;  à  quelques  pas  de  nous,  le  Petit-Andely, 
avec  sa  belle  église  du  XII»-"  siècle,  où  se  sont  arrêtés 
quelques-uns  de  nos  compagnons. 

Nous  continuons  nos  recherches  et  nous  retrou- 
vons les  espèces  déjà  signalées  par  M.  Corbière  , 
dans  son  excursion  du  22  août  1893.  —  Et  cependant 
on  ne  peut  s'empêcher  de  donner  quelques  instants 
à  la  visite  des  imposantes  ruines  de  cette  célèbre 
forteresse  féodale  ;  les  souvenirs  historiques  arri- 
vent en  foule  à  la  mémoire,  ne  serait-ce  que  le 
tableau  «  Bouches  inutiles  »  du  dernier  Salon  (1).  Au 
milieu  de  cette  double  enceinte  de  8  pieds  d'épais- 
seur, et  des  restes  démantelés  de  ses  17  tours  formi- 
dables, on  croit  encore  entendre  l'écho  de  la  lière 
parole  de  Richard  Cœur-de-Lion  :  «  Qu'elle  est 
belle  ma  fille  d'un  an  !  »  après  l'avoir  construite  en 
12  mois  ;  dans  le  souterrain,  semblent  voltiger 
encore  les  plaintes  de  Marguerite  de  Bourgogne  , 
étranglée  dans  son  cachot,  après  deux  ans  de  dou- 
loureuse captivité  ;   sur  les  remparts,  les  coups  de 


I 


(Il  Tal)le;iu   de    Tattegraiu,    i-amielaiit    un   t'iiisodc    du   siège    de 
Cliàteau-Gailkird,  J.  G. 


—   LXXII   — 

vent  assez  forts  donnent  l'illusion  du  sifflement  des 
biscaïens  de  la  Hire;  bientôt  un  joyeux  cri: 
((  Dianthus  caryophyllus  fleuri.  «  Nous  ramène  à 
la  réalité  et  avec  un  peu  d'équilibre,  de  «  syl phi- 
culture  »  nous  pûmes  cueillir  d'assez  nombreux 
échantillons  de  ce  bel  œillet ,  l'amant  des  ruines. 

Nous  récoltons  PhaJangium  ramosiaii  Lam,  , 
Phleiim  Bœhmeri  Wib.,  Melica  </Iauca  F.  Sch.  , 
Linosi/ris  nulgaris  DC.  ,  non  en  fleurs  ;  dans  la 
grosse  tour,  Parietaria  erecta  M.  et  K.  ;  sur  les 
c.owiv^iQvi'è ^  Amelanchier  vulyarh  Mch.,  en  fruit; 
sur  les  pentes,  Mariiibium  vulgare  L.,  Ruta  gra- 
veoleiis;  L.  ,  Campaniila  rotimdifoUa  var.  hirta 
Koch,  en  bouton  ;  Dip/otaxis  tenuifoUa  DC,  Scle- 
l'opoa  rigid'i  Griseb,  Digital  h  lutea  L.  et  sa  var. 
puôe.scens  Bréb.,  Rosa  aepium  Thuill.  et  dumalis 
Béchst.,  Orobanche  cruenta  Best.,  Vincetoxicuni 
officinale  Mœnch.,  Ofio?iis  arvmsis  Lamk.,var.>??i7«.s 
Gaud.,  Ci/tisus  decumbens  Walp  et  sa  var.  glabre 
diffusas ^^  Genista  diffusa  Wilid.,  avec  le  type,  tous 
deux  en  graine  ;  Ononis  cohimnœ  AU.  .  Linaria 
supina  Desf.,  et  comme  adieu  à  Château-Gaillard, 
le  rarissime  X  Helianlhemum  su/fureum  Willd. 
(H.  pulvcrulento-vulgarp  Mart.),  bien  en  fleurs. 

La  descente  s'etfectue  rapidement  ,  et  nous 
nous  dirigeons  vers  la  sablonnière  de  Tosny  ;  la 
cueillette  est  facile  :  Biscutella  Neiistriacà  Bonn, 
abonde,  et  quelques  instants  suffisent  pour  récolter 
Medicago  falcata  L.,  minima  Lam.  et  média  Pers., 
Melilolus  altissima  Lois.,  Trifoiium  scabrum  L.  et 
striatum  L. ,  DianthusproJifer  L.,  Papaver strigosum 
Bœnngh,   mélangé  avec  le   type.  Silène  conica  L.? 


—   LXXIII   — 

Alyssum  cahjcinun}  L.,  Trifoliuni  arvense  var.  T. 
arenivagum  Jord.;  Armeria  plantcifjbiea  Willd., 
très  abondant,  n'est  pas  encore  fleuri. 

L'heure  nous  rappelle  aux  Andelys  ;  les  bords 
de  la  Seine  nous  fournissent  Ari^tolochia  clema- 
titis  L.,  Eri/sîNiutn  cheirantoïdes  L.,  Glyceria 
aquatka  Wahl.,  JiaicKs  supinus  Mœnch.,  Scirpus 
?naritunus  L.,  Seruium  carvifoUum  L.  ;  dans  la 
Seine,  Nuphar  luteiitn  Sm.  ;  dans  le  Ganibon , 
Elodca  canadensis  Rich.  terminent  la  récolte.  Las 
mais  contents,  nous  arrivons  bientôt  au  bel  hôtel 
du  Grand-Cerf,  où  nous  étions  attendus.  On  fit 
honneur  au  menu,  et  le  l'epas  fut  plein  de  la  plus 
franche  cordialité.  Il  ne  fallait  cependant  pas  s'éter- 
niser à  table  ;  il  nous  restait  encore  une  courte 
excursion  à  faire  avant  le  départ  du  train  de  4  heures. 
Nous  faisons  une  petite  visite  à  l'église  du  Grand- 
Andely ,  de  style  gothique  avec  une  partie  style 
Renaissance  ;  on  regrette  de  ne  pouvoir  admirer 
plus  longtemps  la  grande  nef,  les  vitraux  anciens, 
deux  beaux  tableaux ,  le  groupe  imposant  d'une 
«  Mise  au  tombeau  »,  du  à  Jean  Goujon,  et  nous  nous 
dirigeons  jusqu'à  la  fabrique  d'orgues  ;  M.  Dumont, 
son  propriétaire,  se  fait  un  plaisir  de  nous  laisser 
explorer  le  taillis  en  côte  dépendant  de  sa  pro" 
priété  ;  là ,  nous  cueillons  à  la  hâte  Fumaria  par- 
vifLora  Lmk.  et  densiflora  DG. ,  Géranium  pirr- 
pureiDii  Vill.,  et,  sous  bois,  Baphne  mezereuni  L., 
en  fruits,  et  le  très  rare  Cephalanthera  rubra  Rich., 
en  pleine  floraison;  c'était  le  but  et  le  terme  de  notre 
dernière  excursion.  Nous  nous  hâtons  sur  le  chemin 
poudreux  delà  nouvelle  gare;  il  fallait  se  séparer. 


—   LXXIV   — 

Nous  emportions  une  ample  récolte  de  bonnes 
plantes  et,  heureux  des  bonnes  heures  passées 
ensemble,  nous  nous  sommes  donné  un  cordial 
rendez-vous  pour  l'année  prochaine. 

Plantes  rares  ou  peu  communes  observées  pendant   l'excursion 
géologique  de  la  Société  Linnéenne  de  Normandie 

Par    M.    CHEVALIER. 


Le  botaniste  normand  qui  parcourt  pour  la  pre- 
mière fois  les  départements  de  l'Eure  et  de  la  Seine- 
Inférieure  est  frappé  par  le  nombre  des  espèces 
spéciales  à  cette   région. 

Beaucoup  de  plantes  de  la  région  parisienne  qui 
semblent  avoir  une  préférence  pour  les  terrains 
crétacés  ou  tertiaires  ne  s'approchent  pas  davantage 
du  Massif  Breton,  et  manquent  presque  complète- 
ment dans  le  reste  de  la  Normandie,  sur  les  terrains 
calcaires  comme  sur  les  sols  siliceux.  Au  cours  de 
l'excursion  géologique  faite  par  la  Société  Linnéenne 
aux  environs  de  Vernon  et  de  Pacy-sur-Eure,  nous 
avons  noté  les  plantes  les  plus  intéressantes  rencon- 
trées dans  ces  riches  stations. 

29  Juin. 

Aux  environs  de  Vernon  existe  en  abondance  dans 
les  moissons  Calendula  arvensis  L. 

Dans  la  carrière  de  Gourcailles  nous  récoltons 
Ali/ssiun  calyciniim  L.  Près  de  cette  carrière,  dans 
un  bois,   sur  les    sables    granitiques,  croissent  plu- 


—    LXXV    — 

sieurs  espèces  silicicoles  :  Dir/ilalis  purpurea  h., 
Ei'ica  ciiierea  L.,  Pteris  aquilina  L.  Ces  plantes  y 
forment  une  de  ces  associations  nommées  par 
M.  Gillot  colonies  hèlérotopiques.  En  longeant  les 
cultures  pour  gagner  la  station  du  chemin  de  fer  à 
Rue  de  Normandie  ,  nous  rencontrons  Brunella 
alba  Pall.,  Althœa  hirsula  L.,  Biiplevnnn  falcatiun 
L.  ,  Stachys  recta  L. ,  Thesium  Jiiunifusinn  DG. , 
Centaurea  calcitrapa  L.,  Muscari  conwsiua  Mill. 

Quand  nous  avons  franchi  les  limites  de  la  Nor- 
mandie, dans  la  plaine  du  Vexin  français,  près  de 
Chautïour-les-Bonnières,  les  chemins  sont  bordés  de 
Ciclioiiuui  mtj/bus  L.,  et  les  deux  tiers  des  indi- 
vidus au  moins  présentent  des  fasciations  remar- 
quables. Nous  avons  examiné  attentivement  ces 
fasciations  sans  trouver  la  cause  qui  les  a  produites. 
Il  n'existe  pas  d'insectes  dans  la  tige  fistuleuse. 

30  Juin. 

Les  coteaux  calcaires  (cale,  grossier)  qui  dominent 
la  vallée  de  l'Eure,  à  Chambray,  offrent  en  abon- 
dance : 

Stachys;  recta  L.,  Astragaius  Mompessulamis  L., 
Ononis  columnœ  Ail.  ,  Teucrmm  montanum  L., 
Linum  tenuifoUirm  L. 

Les  carrières  d'argile  des  environs  de  Pacy  sont 
bordées  de  terrains  incultes  où  croît  abondamment 
Trogopor/on  porrifolium  L.,  dont  les  fleurs  pré- 
sentent toutes  les  nuances  entre  le  rose  violacé  et 
le  bleu  foncé. 

La  côte  de  la  Roche,   à  Orgeville,   est  une  riche 


'  —   LXXVI   — 

station   et    demanderait    à    être   explorée   sérieuse- 
ment. Nous  y  trouvons  à  la  hâte  : 

Anémone  pulsatilla  L. ,  Unum  tennifoUum  L., 
Ononis  cohimnœ  AH.  ,  Ihiplevnun  fakatmn  L., 
ChrysanthemiDu  leucanlheinuni  var.  um/lorum 
Bréb.,  Phyteunia  orbiculare  L.,  Orobanche  epithy- 
muni  DC.  ,  Vincetoxicnm  officinale  Mœnch.  , 
Bnmella  alba  Pall.,  Stachya  recta  L.,  Teucriuni 
cJiamœdrys  L.,  7'.  montanuni  L.,  Global  aria  vul- 
garis  L.,  Gymnodenia  conopsea  R.  Br.,  Epipactis 
atro-rubens  Schult. 

En  arrivant  à  la  gare  de  Boissais  nous  traversons 
un  champ  rempli  de  Nigella  arvensis  où  M.  Tison 
récolte  le  rure  Ononis  flannnea  Jacq,  qui  n'avait 
encore  été  signalé  qu'en  une  seule  localité  de  la 
Normandie. 

Signalons  encore  un  échantillon  de  Cirsium 
palastre,  rapporté  par  les  géologues  d'un  petit  bois 
humide,  en  descendant  de  la  ferme  Saint-Lubin,  à  la 
Haye-le-Comte.  Ce  gigantesque  individu  avait  2'"90 
de  hauteur  et  mesurait  0""  11  de  circonférence  à 
la  base. 

Le  compte-rendu  de  l'excursion  géologique  a  été 
donné  par  M.  G.  DoUfus,  qui  guidait  les  courses 
sous  forme  d'une  étude  très  détaillée  de  la  région 
située  entre  la  Seine  et  le  cour  inférieur  de  l'Eure 
{voir  Mémoires  t.  XIX,  h''  fasc). 

Ont  pris  part  à  cette  excursion  MM.  Bigot,  Ghéde- 
ville,  Chevalier,  abbé  Diavet,  Dollfus,  Janet,  Lennier, 
Moisy,  Tison,  Tuai,  Vaullegeard, 


SÉANCE  DU  9  NOVENBRE 

Présidence  de  M.  Lignier,  président. 

La  séance  est  ouverte  à  8  heures. 

Sont  présents  :  MM.  Bigot,  Brasil,  Demelle,  Drouet^ 
P.  Fauvel,  Léger,  Lignier,  Moisy,  D''  Noury,  Ravenel, 
Tison,  Vaullegeard. 

Le  Secrétaire  donne  lecture  des  procès-verbaux 
de  la  séance  de  juin  et  de  la  réunion  générale 
annuelle  à  Louviers  ,  qui  sont  successivement 
adoptés. 

M.  le  Président  fait  part  à  la  Société  du  décès  de 
M.  Gillet,  membre  correspondant,  mycologue  des 
plus  distingués,  décédé  à  Alençon,  à  l'âge  de  91  ans. 
Le  Secrétaire  s'est  occupé  de  demander  à  M.  l'abbé 
Letacq  une  notice  nécrologique  sur  notre  savant  et 
regretté  confrère  (voir  2^ partie  de  ce  Bulletin). 

M.  Lignier  annonce  que  notre  collègue,  M.  Che- 
valier, vient  d'être  nommé  préparateur  de  botanique 
à  l'Université  de  Lille. 

M.  Bigot  annonce  de  son  côté  que  MM.  Dollfus  et 
Bizet  viennent  d'être  promus,  l'un  collaborateur 
principal,  le  second  collaborateur  adjoint  au  Service 
de  la  Carte  géologique  de  France. 

Communication  est  donnée  de  la  correspondance  : 
—  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  adresse 
le  programme  des  questions  qui  seront  discutées 
dans  le  prochain  Congrès  des  Sociétés  savantes.  — 


—   LXXVIII   — 

Le  Comité  d'organisation  du  7'-'  Congrès  géologique 
international ^  qui  se  tiendra  à  Moscou,  en  1897, 
adresse  une  circulaire  préliminaire  relative  aux 
excursions  du  Congrès  ;  un  exemplaire  de  cette  cir- 
culaire sera  envoyé  par  le  Secrétaire  à  ceux  de  nos 
collègues  qui  désireraient  en  prendre  connaissance. 
—  Le  Comité  de  Bibliographie  zoologique  de  la 
British  Association  adresse  une  circulaire  contenant 
les  résolutions  qu'il  serait  désirable  de  voir  suivies 
dans  les  publications  scientifiques  pour  uniformier 
la  Bibliographie  (1). — Le  Musée  national  de  Btienos- 
Aires  demande  l'échange  de  ses  publications  avec  la 
Société  Linnéenne  de  Normandie.  —  La  Société 
Linnéenne  de  Paris  demande  que  nous  continuions 
l'échange  avec  elle.  (Ces  deux  propositions  sont  ren- 
voyées à  la  Commission  d'impression).  —  La  Société 
libre  du  département  de  VEure,  par  l'intermédiaire 
de  son  Secrétaire,  émet  le  vœu  que  la  Société  Lin- 
néenne tienne  sa  réunion  annuelle  à  Evreux, 
en  1898;  il  est  pris  bonne  note  de  cette  invitation. 

Les  ouvrages  reçus  depuis  la  dernière  séance  sont 
passés  en  revue. 

Parmi  ces  ouvrages  se  trouvent  les  brochures  sui- 
vantes, offertes  par  leurs  auteurs  : 

AuG.  Jolis,  Quel  nom  doit  porter  VErythrœa 
diffusa. 

Nylander,  Lichens  des  environs  de  Paris. 

Sont  présentés  pour  faire  partie  de  la  Société  Lin- 
néenne. 


\l)  Les  plus  iinjiortaiites  île  ces  résolutions  sont  résunn'es  ihins 
l'avis  placé  à  la  lin  du  volume. 


—   LXXIX   — 

Comme  membre  résidant  : 

M.  Blandin,  répétiteur  au  Lycée  de  Gaen  ,  par 
MM.  Brasil  et  P.  Fauvel. 

Gomme  membres  correspondants  : 

MM.  Chédeville,  ingénieur  à  la  Compagnie  de 
l'Ouest,  àGisors,  par  MM.  Dollfus  et  Bigot. 

Fauvel,  notaire,  à  Lessay  (Manche),  par 
MM,  Corbière  et  Martin. 

HoscHEDÉ,  botaniste,  à  Louviers,  par  MM .  Cor- 
bière et  Lignier. 

Maheu,  vice-président  de  la  Conférence 
Ampère,  à  Paris,  par  MM.  Bigot  et  Brasil. 

TÉTREL,  botaniste,  à  Louviers,  par  MM.  Cor- 
bière et  abbé  Guttin. 

M.  P.  Fauvel  lit  une  note  Sur  les  différences  ana- 
tomiques  des  genres  Ampharete  et  Amphicteis 
(imprimée  dans  la  2"=  partie  de  ce  Bulletin). 

M.  Brasil  signale  Ui  présence  du  genre  Gaudry- 
ceras  dans  le  Canipanien  du  Cotentin  (Note  im- 
primée dans  la  2''  partie  de  ce  Bulletin). 

M.  Brasil  montre  deux  Acherontia  atropos  pro- 
venant de  chenilles  très  abondantes  cette  année  sur 
les  pommes  de  terre  au  bord  de  la  mer. 

M.  Bigot  signale  dans  le  dernier  volume  des 
Annales  de  la  Société  géologique  du  Nord  un  fait 
relaté  par  M.  Gosselet  qui  montre  une  fois  de  plus 


—   LXXX    — 

de  quelle  utilité    est   pour  l'hygiène  des  villes  la 
connaissance  de  la  nature  du  sous-sol  (1). 

M.  Lignier  donne  communication  de  l'analyse  sui- 
vante ; 

P.  Fliche  Etudes  sur  la  flore  fossile  de 
l'Arfjonne  {Bull,  de  la  Soc.  des  Se.  de  Nancy, 
sér.  II,  t.XIV,  1896). 

On  trouve  au  milieu  des  nodules  des  phosphates 
de  chaux  qui  sont  exploités  dans  l'Argonne  et 
qui  appartiennent  les  uns  à  l'Albien,  les  autres  au 
Génomanien,  de  nombreux  restes  végétaux  ,  eux- 
mêmes  plus  ou  moins  phosphatés.  Ce  sont  ces  végé- 
taux qui  ont  été  étudiés  par  l'auteur.  Ils  s'y  sont 
rencontrés  à  3  niveaux  différents  :  dans  les  sables 
inférieurs  de  l'Albien,  ce  sont  de  nombreux  débris 
de  bois  et  un  assez  grand  nombre  de  cônes  irrégu- 
lièrement distribués  ;  dans  la  Gaize ,  quelques 
fragments  de  bois,  et  une  feuille  de  dicotylédone  ; 
dans  les  sables  verts  à  Pecten  asper  du  Génomanien, 
des  bois  nombreux,  mais  torts  petits,  ainsi  que  des 
graines  ou  fruits  d'angiospermes.  Tous  ces  fos- 
siles semblent  avoir  été  flottés  avant  d'être  déposés 
pour  la  fossilisation,  certains  d'entre  eux  ont  même 
été   plus  ou  moins  altérés. 

Les  Fougères  ne  sont  représentées  que    par  deux 
troncs  qui  ont  été  rencontrés  dans  les  grès  verts 

(Il  Reproduit  jiar  M.  Bigot  ilaiis  lu  leoon  imprimée  dans  la  2'  ])artie. 
du  Bulletin. 


—    LXXXI   — 

albiens  :  Pi'otopter is  Buvignieri  Brongn.  et  P.  Wohl- 
gemnthi  Fliche.  Ils  sont  comparables  aux  Dickso- 
niées  actuelles.  Le  premier  dénommé  par  Brongniart 
puis  étudié  complètement  par  M.  Renault  provient, 
ainsi  que  le  démontre  l'auteur,  de  Ghevières  près 
Grandpré,  dans  l'Argonne.  Le  deuxième  est  nouveau 
et  se  rapproche  un  peu  du  P.  Singeri  Presl.  ;  sa 
structure  est  mal  conservée. 

Les  Gymnospermes  sont  représentés  par  des  Gyca- 
dées,  des  Bennettitées  et  des  Conifères.  Les  Cycadées 
comprennent  deux  espèces  nouvelles,  toutes  deux 
trouvées  dans  les  sables  verts  albiens  :  Zamiostrobus 
Loppineti  Fliche  et  Yatesia  Grdllaumoti  Fliche. 
Le  premier  montre  très  nettement  les  caractères 
généraux  des  cônes  de  Zamiées  et  par  certains  détails 
il  se  rapproche  surtout  des  petites  espèces  améri- 
caines de  la  section  des  Euzamia^  des  Macrozamia 
et  des  Encephalartées.  Le  tronc  du  deuxième  pré- 
sente tous  les  caractères  des  Cylindropodium  sauf 
un  seul,  la  présence  d'écaillés  gemmaires.  C'est  pour 
cette  raison  que  l'auteur  le  range  parmi  les  Yatesia; 
peut-être,  ajoute-t-il,  le  Z.  Loppineti  est-il  un  cône 
de  Y.  Guillainnoti  ou  d'une  espèce  voisine  ? 

Cinq  troncs  bien  caractérisés  des  grès  verts  albiens 
doivent  être  rapportés  aux  Bennettitées.  Toutefois, 
en  l'absence  d'organes  reproducteurs  et  à  l'exemple 
de  de  Solms-Laubach,  l'au^teur  les  attribue  au  genre 
Cycadeo'idea  ;  ils  appartiennent  à  quatre  espèces  : 
C.  Colleti  Fliche,  C.  Argonnensis  Fliche,  C.semiglo- 
bosa  Fhche  et  une  espèce  spécifiquement  indétermi- 
nable, mais  différente  des  précédentes  ;  peut-être  la 
troisième  n'est-elle  que  l'état  jeune  de  la  deuxième. 

F 


—    LXXXII   — 

Deux  organes  reproducteurs  ont  été  en  outre  ren- 
contrés qui  présentaient  une  grande  analogie  d'orga- 
nisation générale  avec  ceux  de  Bennettites  Gibso- 
niamts  Garr.  et  de  B.  Morierei  Sap.  et  Mar.  ;  cepen- 
dant ils  s'en  distinguent  par  la  grosseur  plus  grande 
des  graines^  par  la  brièveté  des  pédicelles  sémi- 
nifères,  par  la  répartition  de  ces  derniers  tout  autour 
d'un  réceptacle  ovoïde  et  par  l'absence  d'involucre. 
L'auteur  établit  pour  eux  le  nouveau  genre  Amphi- 
bennettites  avec  les  deux  espèces  A.  Bleicheri,  peut- 
être  comparable  au  CarpoUthes  Sfuit/iiéede  Mantell, 
et  A.  Benaulti  notablement  plus  gros  que  le  pré- 
cédent. 

Les  cônes  de  Conifères  sont  très  nombreux  dans 
les  grès  albiens.  L'auteur  en  a  examiné  une  centaine 
qui  tous  appartiennent  aux  Araucariées  et  aux  Abié- 
tinées.  Les  premiers  se  répartissent  dans  deux  genres  : 
Araucaria  et  Pseudo-Araucaria  Fliche.  Au  premier 
genre  se  rapportent  quatre  espèces  dont  une  déjà 
connue,  A.  cretacea  (Brongn.)  Sap.  et  trois  nouvelles 
A.  reperta,  A.  Revigniacensis  et  A.  Insulinensis ; 
cette  dernière  espèce,  assez  spéciale  à  cause  de  la 
petitesse  du  cône  et  de  la  forme  de  ses  écailles,  se 
rapprocbe  un  peu  de  r.4.  C unnin g haini  actu.e\.  Les 
Pseado- Araucaria  forment  un  nouveau  genre  qui 
ressemble  aux  Araucaria  par  le  grand  développe- 
ment de  la  bractée-mère  et  par  la  désarticulation  des 
pièces  du  strobile  mais  qui,  possédant  deux  graines 
au  lieu  d'une,  rappelle  d'autre  part  les  Abiétinées, 
surtout  les  Abies.  Tous  les  cônes  de  Psetido-Arau- 
crt/'m  sont  rangés  dans  trois  espèces  :  P.-A.  Loppi- 
neti.  P.-A.  major  et  P.-A.  Lamberti. 


—   LXXXIII   — 

Parmi  les  Abiétinées,  les  genres  représentés  clans 
l'Argonne  sont  :  Cedrus  ,  Abietites ,  Tsugites  et 
Pinus. 

Les  cônes  de  Cèdres  sont  de  beaucoup  les  plus 
communs;  leur  longueur  est  plus  grande  que  chez 
les  Cèdres  actuels.  Tous  appartiennent  au  C  oblonga 
que  l'auteur  assimile  à  VAbies  oblonga  de  Lindley  et 
Hutton  et  auquel  il  faut  probablement  rapporter 
également  Abietites  oblongus  Brongn.,  C.  Leckenbyi 
Carr.,  C.  Lennieri  Sap  et  C.  Lothavingica  Corn. 

Le  genre  Abietites  n'est  représenté  que  par  un  seul 
cône  incomplet  pour  lequel  l'auteur  établit  l'espèce 
nouvelle^.  Chevalieri.  Un  autre  cône  se  rapproche 
un  peu  de  celui  des  Picea  et  surtout  des  Tsuga,  c'est 
le  Tsugites  magnus  Fliche. 

Les  cônes  de  Pins  sont  assez  nombreux;  ils  appar- 
tiennent les  uns  à  des  types  encore  vivants,  les 
autres  à  des  types  éteints.  A  la  section  des  Strobiis 
il  faut  rapporter  le  cône  de  P.  argonnensis  Fliche 
qui  est  cylindrique,  très  allongé  et  rappelle  celui  de 
P.  excelsa  ainsi  que  le  cône  de  P.  •prœmonticoJa 
Fliche  dont  la  forme  encore  allongée,  mais  ellip- 
tique imite  davantage  le  P.  Lambertiana  ou  mieux 
le  P.  monticola.  A  la  section  des  Tœda  il  faut  peut- 
être  attribuer  le  P.  Wohigemuthi  Fliche,  ainsi  que 
le  P.  prœhalepensis  Fliche.  Parmi  les  espèces  à 
■  type  éteint,  une  dizaine  de  cônes  peuvent  être  assi- 
milés au  P.  Andraii  Cœm.,  plusieurs  autres  au 
}^P.  mamillifer  Sap.,  cinq  appartiennent  à  une  espèce 
nouvelle  P.  Saportana  dont  le  cône,  cylindrique, 
grêle,  porte  des  écussons  qui  rappellent  un  peu  ceux 
du  P.  Monte zum œ .  Beaucoup  d'autres  cônes  de  pins 


—   LXXXIY   — 


étaient  en  trop  mauvais  état  de  conservation  pour 
qu'il  fût  possible  de  les  classer. 

Parmi  les  nombreux  débris  de  bois  recueillis, 
l'auteur  n'a  pu  étudier  qu'un  petit  nombre  au  moyen 
de  coupes  minces,  mais  il  les  a  choisis  aussi  diffé- 
rents d'aspect  que  possible.  Il  a  déterminé 'ainsi  14 
Cedroxi/lon^  2  ou  peut-être  3  Cupressoxylon  et  3 
Pityoxilon,  aucun  Araucarioxylon;  les  Cupres- 
soxylon, dont  il  n'a  été  trouvé  aucun  cône,  appar- 
tiennent probablement  à  des  Séquoia.  Les  Cedroxy- 
lon  se  rapportent  presque  tous  au  C.  reticulatum 
Sap.  et  ce  sont  peut-être  eux  qui  ont  porté  les  cônes 
de  C.  oblonga;  d'autres  appartiennent  à  une  nou- 
velle espèce  C.  Menehildense.  Les  Cupressoxylon  et 
les  Pityoxylon  se  rapportent  tous  à  des  espèces 
nouvelles  C.  infracretaceum,  P.  infracretaceum, 
P.  argonnense  et  P.  Thomasi.  Une  écorce  trouvée 
isolée  ressemble  presque  complètement  à  celle  des 
Cèdres;  l'auteur  la  dénomme  Cedrophloios  Bleicheri. 

L'analyse  chimique  des  bois  ci-dessus  a  montré 
qu'ils  renferment  tous  plus  de  50  V^  d'alumine  et 
aussi  de  la  chaux,  de  la  magnésie,  de  la  pyrite,  de 
l'acide  phosphorique,  de  la  silice,  du  fer  ou  des 
matières  organiques  en  quantités  essentiellement 
variables  suivant  les  échantillons. 

Des  morceaux  de  résine  trouvés  à  Argonnelles  et 
étudiés  comparativement  avec  de  l'ambre,  ont  montré 
les  mêmes  propriétés  que  celui-ci,  sauf  cependant 
vis-à-vis  le  chloroforme  et  l'alcool  méthylique  qui  la 
dissolvent  en  toute  proportion. 

Les  couches  à  Pecten  asper  ont  fourni  des  fruits 
bien  conservés,  pourvus  d'une  coque  épaisse,  mon- 


—  LXXXV   — 

trant  un  albumen  plein  dans  lequel  se  trouve  un 
embryon  plus  ou  moins  gros  en  voie  de  germination; 
l'auteur  les  rapproche  des  fruits  de  Gocoïdées  et  les 
dénomme  Cocoopsis  dont  deux  espèces  :  C.  Zeilleri 
plus  gros  et  plus  abondant  et  C.  ovata  plus  petit  et 
moins  fréquent.  D'autres  fruits  de  palmiers,  plus 
rares  et  probablement  pourvus  d'un  albumen  creux 
sont  appelés  Astrocaryopsis  Sanctee-Menehildœ . 

Il  a  été  trouvé  dans  la  gaize  de  Sainte-Menehould 
une  feuille  de  dicotylédone  que  l'auteur  assimile  avec 
doute  aux  Lauriis  et  dont  il  fait  le  L.  Colleti  ;  c'est 
la  plus  ancienne  dicotylédone  de  France.  Quatre 
graines  trouvées  à  Chaudefontaine,  dans  la  couche  à 
Pecten  asper  et  présentant  de  grandes  ressemblances 
avec  celles  de  li«mwi<^«(Clusiacées)  sont  dénommées 
Mammœites  Franche li  Fliche. 

Dans  la  dernière  partie  de  son  travail,  l'auteur 
résume  les  résultats  qui  lui  ont  été  fournis  par  ses 
recherches  et  en  tire  des  conclusions  au  sujet  de  ce 
qu'a  dû  être  la  flore  de  l'Argonne  aux  époques  infra- 
crétacée  et  cénomanienne.  Le  golfe  anglo-parisien 
de  cette  région  était  vraisemblablement,  à  l'époque 
albienne,  bordé  par  des  terres  basses  et  jouissant 
d'une  température  chaude  assez  uniforme,  sur 
lesquelles  vivaient  des  Fougères  arborescentes,  des 
Gycadées,  des  Bennetlitées  et  probablement  aussi 
des  Equisétacées  et  des  Lycopodiacées.  Au-delà  de 
ces  terres  basses  se  trouvaient  les  montagnes  de 
l'Ardenne  et  du  Hundsruck,  sur  lesquelles  vivaient 
à  des  niveaux  de  plus  en  plus  élevés,  des  Araucaria, 
des  Pins  variés  et  des  Cèdres.  Les  cônes  et  les  bois 
de  ces   diverses  essences  étaient  entraînés  par  les 


—   LXXXVI   — 

rivières  et  apportés  sur  le  rivage  du  golfe.  A  l'époque 
de  la  gaize,  il  semble  s'être  produit  des  modifica- 
tions importantes  qui  ont  permis  l'introduction  de 
quelques  plantes  angiospermes  dans  les  terres  basses 
(Laurus).  Ultérieurement,  à  l'époque  cénomanienne, 
celles-ci  furent  de  plus  en  plus  envahies  par  les 
Angiospermes  devenues  prédominantes  (Palmiers  et 
Clusiacées),  tandis  que  les  Conifères  des  montagnes 
devenaient  plus  rares  et  moins  variées. 

M.  Bigot  ajoute  quelques  mots  pour  montrer  l'in- 
térêt de  ce  travail  pour  la  paléontologie  normande. 
Plusieurs  des  Conifères  qui  vivaient  sur  l'Argonne 
crétacée  ont  été  rencontrées  au  Havre,  comme  on 
peut  s'en  convaincre  en  comparant  les  figures  données 
par  M.  Fliche  à  celles  de  de  Saporta  (l)  et  aux  mou- 
lages des  échantillons  de  la  Hève  qui  sont  présentés 
par  M.  Bigot. 

M.  Léger  signale  les  effets  produits  par  la  bour- 
rasque de  septembre  sur  la  végétation.  Les  feuilles 
placées  du  côté  du  vent  ont  été  roussies,  tandis  que 
celles  de  la  face  opposée  des  arbres  ou  arbustes  sont 
restées  vertes. 

Plusieurs  membres  font  connaître  des  observations 
analogues  et  échangent  des  remarques  sur  la  cause, 
choc  ou  évaporation  rapide,  qui  a  amené  cette 
dessication. 

A  9  heures  1/2  la  séance  est  levée. 

(1)  Bull.  Soc.  Géol.  NoriP.,  t.  VII.  1878. 


SEANCE  DU  7  DÉCEMBRE 

Présidence  de  M.  Lignier,  président. 


La  séance  est  ouverte  à  8  heures. 

Etaient  présents  :  MM.  Bigot ,  Brasil ,  Chevrel, 
Drouet  ,  D""  Fayel ,  Moisy  ,  D''  Osmont  ,  Ravenel, 
Vaullegeard,  Voilant. 

Le  Secrétaire  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la 
séance  de  novembre  qui  est  adopté. 

Communication  est  donnée  de  la  correspondance  : 
—  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  adresse  une 
circulaire  relative  au  Congrès  des  Sociétés  savantes 
qui  s'ouvrira  à  la  Sorbonne,  le  20  avril  1897  ;  M.  le 
Ministre  demande  de  lui  faire  connaître  avant  le 
30  janvier  les  noms  des  délégués  de  la  Société.  —  Le 
K.  K.  Geologische  Reichsanstalt  demande  pour 
compléter  sa  collection  un  certain  nombre  de 
numéros  de  nos  publications.  Ils  seront  accordés, 
à  charge  de  réciprocité,  après  avis  de  la  Commission 
d'impression. 

MM.  Letellier  ,  Guilmard  ,  Clément ,  membres 
résidants,  Truelle  et  Baranger,  membres  corres- 
pondants, adressent  leur  démission  qui  est  acceptée. 

Sont  présentés  pour  faire  partie  de  la  Société  : 

Comme  membre  honoraire  :  M.  Œhlert,  directeur 
du  Musée  de  Laval,  par  la  Commission  d'impression. 


—   LXXXVIII   — 


Comme  membre  résidant  :   M.  Henrot,  étudiant  à 
la  Faculté  des  Sciences,  par  MM.  Fauvel  et  Vaulle- 


geard. 


Gomme  membre  correspondant  :  M.  Lemée  ,  à 
Alençon,  par  MM.  Leboucher  et  abbé  Letacq. 

A  la  suite  des  présentations  faites  dans  la  dernière 
séance,  sont  élus  membres  de  la  Société  : 

Membre  résidant  :  M.  Blandin  ,  répétiteur  au 
Lycée  de  Gaen. 

Membres  correspondants  : 

MM.  Ghédeville,  ingénieur  de  la  Gompagnie  de 

rOuest^  à  Evreux. 
Fauvel,  notaire,  à  Lessay  (Manche). 
Hoschedé,  botaniste,  à  Louviers. 
Tétrel,  botaniste,  à  Louviers. 
Maheu  ,    vice-président    de    la   Gonférence 

Ampère,  à  Paris. 

Le  Président  fait  part  du  décès  de  M.  le  colonel 
Basserie  et  de  M.  Vieillard.  Une  notice  sur  M.  Vieillard 
sera  demandée  par  le  Secrétaire  à  M.  le  commandant 
Jouan. 

Les  ouvrages  reçus  depuis  la  dernière  séance  sont 
passés  en  revue.  Le  Secrétaire  attire  l'attention  sur 
un  Mémoire  publié  par  la  Smithsonian  Institution  et 
contenant  la  description  et  les  figures  des  poissons 
de  la  Faune  pélagique. 

Sont  offertes  par  M.  Gadeau  de  Kerville  les  bro- 
chures suivantes  : 


—   LXXXIX   — 

Gadeau  de  Kerville.    Sur    un    très    jeune    porc 
monstrueux  du  genre  Deradelphe. 

—  Snr  les  têtes  de  coq  pourvues  d'ergots  greffés. 

—  Perversion    sexuelle    chez    des    Coléoptères 

mâles.    —    Description    dun     Coléoptère 
anormal. 

—  Observations  relatives  à   une  note  intitulée  : 

Perve?'sion   sexuelle  chez  des  Coléoptères 
mâles. 

—  Sur  une  tête  de  souris  commune  présentant 

une  éminence  galéiforme  de  nature  patho- 
logique. 

—  L'Orme  commun  de  Nonant-le-Roi  (Orne). 

—  Observations  sur  l'existence  en  Normandie  de 

la  belette  Vison. 
G. -A.  BouLENGER.  Note  sur  des  Vipera  benis  cap- 
turées en  Normandie. 
Par  M.  l'abbé  Letacq. 
A.-L.  Letacq.  Matériaux  pour  servir  à  la  Faune 
des  Vertébrés  du  département  de  l'Orne. 
Par  la  librairie  Ballière. 
H.  Girard.  Aide-mémoire  de  géologie. 

Dans  ce  dernier  ouvrage,  l'auteur  a  suivi  la  classifi- 
cation statigraphique  indiquée  par  MM.  de  Lapparent 
et  Munier-Chalmas.  Il  a  décrit  les  différents  systèmes 
en  choisissant  la  région  de  l'Europe  où  chacun  d'eux 
se  montre  avec  ses  caractères  les  plus  généraux. 
Puis  il  a  étudié  la  succession  de  leurs  assises,  surtout 
dans  les  régions  françaises,  se  contentant  d'énumérer 
ensuite  les  autres  contrées  dans  lesquelles  ces  sys- 
tèmes sont  le  mieux  développés. 


—  xc  — 
Le  Secrétaire  donne  lecture  de  la  notice  suivante 

NOTICE    SUR    M,    GILLET 

Par    M.    l'abbé    A.-L.     LETACQ 


La  Société  Linnéenne  vient  de  perdre  un  de  ses 
membres  les  plus  anciens  et  les  plus  distingués , 
Claude-Casimir  Gillet,  chevalier  de  la  Légion  d'hon- 
neur, vétérinaire  principal  en  retraite,  auteur  de  la 
Nouvelle  Flore  française  ,  des  Champignons  de 
France,  décédé  le  1<='"  septembre  dernier,  à  Alençon  , 
qu'il  habitait  depuis  prés  de  50  ans. 

Il  était  né  à  Dormans  (Marne),  le  19  mai  1806.  Son 
père,  qui  fut  décoré  de  la  croix  de  la  Légion  d'hon- 
neur, par  Charles  X,  en  1825,  avait  été  vétérinaire 
de  l'armée  sous  l'Empire  et  pendant  les  premières 
années  de  la  Restauration.  Le  jeune  Gillet  suivit  les 
traditions  paternelles  et  entra  à  l'Ecole  d'Alfort 
en  1823  ;  il  y  fit  preuve  d'un  véritable  talent  d'obser- 
vation, d'un  goi^it  très  vif  pour  l'histoire  naturelle  et 
d'aptitudes  spéciales  pour  le  dessin. 

Appelé  en  1830  à  faire  partie  du  corps  expédi- 
tionnaire d'Afrique,  il  assista  à  la  prise  d'Alger  et 
séjourna  quatre  ans  dans  notre  colonie,  mettant  à 
profit  ses  loisirs  pour  étudier  la  faune  et  la  flore  de 
la  région  méditerranéenne. 

De  retour  en  France,  étant  en  garnison  à  Lyon,  il 
s'occupa  d'entomologie  avec  Mulsant,  qui  préparait 
alors  son  Histoire  des  Coléoptères,  et  lui  rendit  les 
services  les  plus  signalés  par  ses   recherches,  ses 


—  xci  — 

observations  et  surtout  ses  dessins  d'insectes,  non 
moins  remarquables  par  l'exactitude  que  par  l'élé- 
gance de  l'exécution. 

C'est  à  Alençon,  où  il  vint  en  1848,  après  avoir 
habité  successivement  depuis  1834  Lyon ,  Saint- 
Germain-en-Laye,  Sedan,  Verdun,  Valenciennes  et 
Thionville,  que  M.  Gillet  se  livra  d'une  façon  plus 
spéciale  à  l'étude  de  la  botanique.  Sans  négliger  ses 
devoirs  professionnels  pour  lesquels  il  se  montrait 
toujours  consciencieux  et  dévoué,  comme  le  prou- 
vent plusieurs  rapports  sur  les  maladies  du  cheval, 
rédigés  à  cette  époque,  il  employait  ses  moments 
libres  à  visiter,  avec  le  D''  Prévost^  MM.  Letellier  et 
Beaudouin,  nos  localités  classiques;  les  étangs  du 
Mortier  et  des  Rablais,  la  belle  colline  calcaire  de 
Ghaumiton,  les  bords  de  la  Sarthe  à  Saint-Céneri  et 
Saint-Léonard,  les  forêts  d'Ecouves  et  de  Perseigne, 
les  marais  de  Saint-Denis,  la  Lacelle  et  Gandelain. 
Ses  observations  sur  les  Mousses,  les  Hépatiques  et 
les  Lichens,  négligés  depuis  les  travaux  de  de  Bré- 
bisson,  en  1826,  enrichirent  notre  flore  de  plusieurs 
espèces  jusqu'alors  inconnues. 

M.  Gillet  ne  se  contentait  pas  d'herboriser  et  de 
collectionner  des  planches;  il  préparait,  de  concert 
avec  Magne ,  la  Nouvelle  Flore  française.  Cet 
ouvrage,  qui  parut  en  1861,  devint  bientôt  le  vade- 
mecum  des  botanistes  ;  ses  planches  très  nettes  et 
très  exactes,  ses  descriptions  concises  qui  mettent 
en  relief  les  caractères  spécifiques  les  plus  saillants, 
leur  disposition  en  clés  dichotomiques,  l'indication 
des  propriétés  et  des  principaux  usages  de  végé- 
taux, des  notes  sur  leur   distribution  géographique. 


—  XCII   — 

l'étymologie  des  noms,  et  tout  cela  condensé  dans 
un  volume  in-1'2,  de  7  à  800  pages,  lui  gagnèrent 
promptement  tous  les  suffrages.  Depuis  lors  son 
succès  n'a  fait  que  grandir;  les  sept  éditions,  qui  se 
sont  suivies  à  de  courts  intervalles,  témoignent  hau- 
tement la  faveur  qu'il  a  reçue  du  public  et  sont  la 
meilleure  preuve  de  sa  valeur  et  de  son  utilité. 

La  publication  de  M.  Gillet  sur  les  Champignons, 
qui  faisait  suite  à  la  Nouvelle  Flore  française,   fut 
commencée   par  livraisons  en  1874,  et    continuée 
sans  interruption  jusqu'à  sa  mort  ;  elle  comprend  les 
Hymenomycèteset  des  Dyscomycètes  (plus  de  1,200 
pages  de  texte  et  800  planches),  et  48  planches  seu- 
lement des  Gasteromycètes.  Le  texte  rédigé  avec  soin 
donne    pour    la    diagnose   de  chaque    espèce    des 
caractères  visibles    à    l'œil   nu  ou    à    l'aide  d'une 
simple  loupe  ;  une  clé  analytique  facilite  les  recher- 
ches. Mais  ce  qui  a  fait    la  fortnne  de  l'ouvrage, 
la  cause  légitime    de  son   succès    en   France  ,   en 
Allemagne,  en  Angleterre  et  en  Amérique,  ce  sont 
les  planches,  toutes  dessinées  et  coloriées  à  la  main 
d'après   nature   par   l'auteur  lui-même.    Un,  grand 
nombre  de  publications  mycologiques,  celles  surtout 
qu'on  dit  écrites  pour  les  gens  du  monde,  ne  con- 
tiennent que  des  figures  plus  ou  moins  fantaisistes 
ou  imaginaires,  qui  causent  parfois  aux  amateurs  de 
si  funestes  méprises   et   trompent   le  botaniste  lui- 
même,  tandis  qu'avec  l'album  de  M.  Gillet  on  peut 
presque  toujours  nommer  l'espèce  à  la  seule  inspec- 
tion des  planches  ;  le  texte  ne  vient  ensuite  que  pour 
confirmer  la  détermination.  Aussi,  cet  ouvrage,  qui 
ne  contient  que  les  deux  premiers  ordres  de  la  classe 


—   XGIII   — 

des  Champignons,  a-t-il  été  appelé  un  monument  à 
la  mycologie  française. 

M.  Gillet  a  travaillé  jusqu'à  la  fin,  et  quelques 
semaines  avant  sa  mort,  il  s'occupait  encore  à 
dessiner.  Depuis  le  jour  où  il  prit  sa  retraite,  son 
temps  fut  exclusivement  consacré  à  l'étude. 

A  un  esprit  distingué,  enrichi  de  connaissances 
variées,  il  joignait  une  bonté  excessive.  Sa  douceur, 
son  amabilité,  sa  droiture  étaient  proverbiales.  On  ne 
faisait  jamais  en  vain  appel  à  ses  lumières,  et  ses  con- 
frères paraissaient  l'obliger  en  lui  demandant  service, 
tant  son  abord  était  facile  et  son  accueil  bienveillant. 

La  rehgion  est  venue  consoler  les  derniers  jours 
de  cet  homme  de  bien,  qui  restera  non  moins  par  ses 
qualités  morales  que  par  ses  travaux  scientifiques, 
l'une  des  gloires  de  notre  pays. 

Le  Secrétaire  communique  une  note  de  M.  l'abbé 
Letacq  complétant  les  observations  de  notre  collègue 
sur  les  Vertébrés  de  l'Orne  (imprimée  dans  la 
2^  partie  du  Bulletin). 

Dans  une  lettre  adressée  au  Secrétaire,  M.  Isoard 
signale  les  plantes  suivantes  qu'il  a  eu  l'occasion  de 
récolter  en  1896. 

Dans  les  bois  de  Lasson  :  Symphytinn  tuberosum 
L.,  Smyrnium  perfoliatum  L. 

Aux  Monts-d'Eraines  :  Ophn/s  arachnites  Hoffm., 
Muscari  cotyiosiim  Mill. ,  Specularia  spéculum 
A.  DC,  Colutea  arborescensh.,  Fumaria  parviflora 
Lmk.,  F.  Vaillantii  Lois.,  Spirxa  filipendiila  L., 
Anémone pulsatïlla  L.,  cette  dernière  en  disparition. 


—    XCIV    — 

A  Mathieu  :  Omphalodes  verna  Mœnch. 

Dans  les  étangs  de  la  Vée,  à  Bagnoles-de-l'Orne  : 
Azolla  filiciilo'ides 

A  Lion-sur-Mer  :  Anchusa  sempervirensh.,  Cory- 
dalis  lutea  DC. 

Le  Secrétaire  donne  connaissance  de  la  note  sui- 
vante de  M.  Leboucher  : 

La  saison  pluvieuse  que  nous  venons  de  traverser 
a  été  particulièrement  propice  au  développement 
des  champignons.  A  Alençon,  si  bien  placé  à  cause 
de  ses  belles  forêts  qui  l'environnent  ,  plusieurs 
espèces  rares  ont  été  trouvées  cette  année.  Je  veux 
parler  seulement  des  espèces  comestibles  et  peu 
communes  pour  notre  région. 

La  principale,  YOronge  vraie  {Amanila  cœsarea) 
commune  dans  le  Centre  et  le  Midi  de  la  France, 
n'avait  pas  été  observée  depuis  14  ans.  Cette  année, 
fm  septembre,  elle  a  été  trouvée  par  plusieurs  per- 
sonnes, entre  autres  par  M.  V.  Romet,  ancien  phar- 
macien, qui  m'en  a  apporté  de  beaux  échantillons 
venant  de  Cuissai. 

J'ai  trouvé  également,  pour  la  deuxième  fois  depuis 
10  ans,  à  Saint-Germain-des-Gorbéis,  un  échantillon 
du  Sparasis  crispa,  champignon  qui  a  l'aspect  d'une 
grosse  éponge  (20  cent,  de  diamètre),  et  qui  est  un 
co'mestible  égal  à  la  morille. 

Les  autres  champignons  communs  ont  tous  été 
abondants  cette  année,  les  Pratelles,  Bolets,  Chante- 
relles en  particulier.  Aujourd'hui  encore,  dans  les 
futaies,  on  rencontre  YBydnum  repandiim,   Crate- 


—  xcv  — 

relia  cornucopio'ides,  divers  Cortinaires,  entre  autres 
le  violet,  les  Clavaria  botri/tis,  ametliystina,  aurea, 
formosa  et  pistillaris,  etc. 

Sur  la  lisière  des  bois  VHelvella  crispa  y  le  Can- 
tharellus  tubœformis ,  et  sous  les  bois  de  pin,  le 
Lac  tarins  deiiciosus  sont  très  abondants. 

Par  contre,  le  petit  mousseron  d'automne,  Maras- 
inins  oreodes,  commun  dans  les  prés,  a  disparu  bien 
vite,  probablement  à  cause  des  pluies  continuelles 
que  nous  avons  depuis  deux  mois. 

En  résumé, les  amateurs  de  champignons,  et  ils^sont 
maintenant  nombreux,  ont  été  favorisés  à  Alençon,  et 
je  puis  ajouter  comme  fort  heureux  que  je  n'ai  connu 
aucun  cas  d'empoisonnement  ;  il  est  vrai  que  la 
timidité  existe  encore,  et  que  la  plupart  font  exa- 
miner leur  récolte  avant  de  la  donner  à  la  cuisinière. 

M.  Vaullegeard  annonce  qu'il  a  rencontré  le  Pliyl- 
lobotryum  gracile  dans  un  Alopias  vulpes  péché  à 
Saint-Aubin,  le  25  août  1896. 

M.  Bigot  communique  quelques  observations  sur 
la  Géologie  de  la  Sarthe. 

1°  Les  couches  considérées  comme  bajociennes 
par  Triger  et  Guillier  comprennent,  au-dessus  des 
couches  sableuses  à  Terebratula  perovalis  et  Rhyn- 
choneUa  Whrighti,  un  horizon  à  Ludwigia  concerna 
et  Haplopleuroceras  subspinatum  (Crissé,  Tennie, 
Gesnes-le-Grandelin)  ,  un  horizon  à  Sphœroceras 
contractum  (Tennie  où  il  a  déjà  été  reconnu  par 
Waagen),puis  des  calcaires  oolithiques  à  grandes 
Gervillies  et  à  Oppelia  Truellei  (Vilaine  la  Carelle). 


—    XCVI   — 

OEcotraiistes  serrigerus,  forme  bathonienne.  a  été 
recueilli  à  Durtal  (Maine-et-Loire)  dans  ces  calcaires 
et,  vers  le  sommet,  Terebratiila  maxillata  indique 
la  présence  du  Bathonien  inférieur  ou  moyen,  le 
Bathonien  supérieur  étant  représenté  par  les  marnes 
à  Eiidesia  cardiiwi  et  le  calcaire  à  MontUvaidtia  ; 
ce  dernier  se  réduit  vers  le  Nord  du  département  ; 

2°  Le  Cornbrash  est  représenté,  au  Nord  de 
Fresnay-sur-Sarthe,  par  des  assises  de  calcaire  mar- 
neux etd'argiles(Petit-Oisseau,Bourg-le-Roi,Rouessé. 
Fontaine),  avec  Oxynoticeras,  Terebratiila  Fleis- 
cheri,  Zeileria  siiblagenalis,  etc.,  remplacés  dans  le 
Sud  de  la  Sarthe  par  l'horizon  de  Pécheseul  et 
Saint-Benoit,  déjà  rapporté  au  Gornbash  par  M.  de 
Grossouvre,  et  qui  renferme  avec  Oxynoticeras , 
Oppelia  aspidoïdes,  Sphœroceras  microstoma,  des 
formes  calloviennes,  telles  que  Macrocephalites  ma- 
crocephalus,  Herveyi; 

3°  Les  Grès  de  Fyé  sont  supérieurs  à  Fyé  même  à 
un  horizon  d'argiles  et  de  calcaires  lacustres  avec 
Paludestrines  ,  Lymnées  ,  Planorbes,  Potamides 
lapidum. 

M.  Drouet  lit  un  très  intéressant  travail  sur  des 
observations  d'histoire  naturelle  qu'il  a  eu  l'occa- 
sion de  faire  en  Tunisie  au  printemps  dernier. 

Cette  communication  donne  lieu  à  des  observa- 
tions de  M.  Lignier  qui  remercie  notre  vice-prési- 
dent au  nom  de  la  Société. 

A  10  heures  1/2  la  séance  est  levée. 


TRAVAUX   ORIGINAUX 


Note  sur  le   CALLOVIEN  SUPERIEUR 

DES  FALAISES  DE  DIVES  ET  VILLERS-SUR-MER 

Par    Louis    BRASIL    (*). 


Le  Gallovien  supérieur,  entre  Dives  et  Villers-sur- 
Mer,  a  été  sucessivement  étudié  par  MM.  Douvillé  et 
Munier-Clialmas  qui  ont  fait  paraître,  en  1881  et  en 
1892,  dans  le  Bulletin  de  la  Société  géologique  de 
France,  le  résumé  de  leurs  observations. 

D'après  M.  Douvillé,  on  rencontrerait  entre  Dives 
et  Villers  la  succession  suivante  (1)  : 

1"  Marnes  de  Dives  ou  Zone  à  A?nmonites  Lam- 
berti  comprenant  : 

a.  Couches  du  Mauvais  pas —  Couches  affleu- 

rant au  large  de  Beuzeval  avec  Pelt.  athleta 
Phill.,  Cosm.  Dimcani  Sow. ,  Perisph. 
Backeriœ  Sow.,  Card.  Lamberti  Sow.,  etc. 

b.  Couches  formant  la  base  de  la  falaise  sous 

Auberville  avec  Pelt.  athleta  Phill.,  Cosm. 
Duncani  Sow.  ,  Card.  Lamberti  Sow. , 
Pachyc.  Lalandeanum  d'Orb.,  c'est-à-dire 
une  faune  se  rattachant  étroitement  à  celle 
des  couches  précédentes. 

(*)  Travail  présenté  à  la  séance  du  3  février,  manuscrit  remis  le 
7  février  ;  épreuves  cori'igées  par  le  secrétaire  le  15  juillet. 

(1)  Douvillé,  Jurassique  mo/jen  du  Bassin  de  P'^iris.  B.  S.  G, 
F..  3.  IX,  1881,  p.  441. 


_  4  — 

2°  Marnes  de  Villers  ou  Zô?ie  à  Ammonites 
Mariée,  caractérisées  par  la  présence  de  Pelt.  athleta 
PhilL,  Perisph.  sidcifenis  Oppel.,  Card.  Mariœ , 
d'Orb.,  cette  dernière  espèce  venant  remplacer  Card. 
Lamberti  spécial  aux  Marnes  de  Dives. 

M.  Munier-Chalmas,  tout  en  reconnaissant  l'exac- 
titude parfaite  des  observations  de  M.  Douvillé  a 
montré  que  le  Gallovien  supérieur  des  côtes  nor- 
mandes comprenait  les  assises  suivantes  (2)  : 

1"  Couches  affleurant  au  large  de  Beuzeval  conte- 
nant Pelt.  athleta  Phill.,  Asp.  hirsutum  Bayle,  Asp. 
n.  sp.,  Costiî.  Duncani  Sow.,  Card.  Lamberti  Sow., 
Card.  Mariae  d'Orb.,  Pachyc.  Lalandeaniim  d'Orb., 
etc.. 

2"  Couches  formant  la  base  de  la  falaise  à  mi- 
chemin  entre  Beuzeval  et  Villers,  contenant  outre 
les  espèces  précédentes,  une  troisième  espèce  d'^A^- 
pidoceras. 

3"  Couches  au  large  de  Villers  avec  Oppelia 
Vil ier sejisis  d'Orh.,  Horioc.  Baiigieri  d'Orh.,  Disthic. 
biparti tum  Ziet.,  Creniceras  Renggeri  Oppel,  Card. 
Lamberti  Sow.,  Card.  Mariœ  d'Orb.,  etc. 

4°  Argiles  brunes  ou  noirâtres  contenant  à  la  base 
Cai'd.  Lamberti  Sow  et  Card.  Marias  d'Orb.,  à  la 
partie  supérieure  une  forme  spéciale  dérivant  de 
Caî'd.  Marias  d'Orb. 

Ainsi  qu'on  peut  s'en  rendre  compte  en  étudiant 
les  deux  tableaux  précédents  MM.  Douvillé  et  Munier- 
Chalmas  ont  rencontré  Pelt.   athleta    Phillips,  le 

(2)  MuMER-Cii.vLMAs ,  Eludc  préliminaire   des  terrains  juras- 
siques de  Normandie,  B.  S.  G.   F.,  3,  XX,  1892,  C.  R.   somm.  p. 

CCXVXII. 


—  5  — 

premier  dans  toute  la  hauteur  du  Gallovien  supé- 
rieur, le  second  dans  les  couches  numérotées  1  et  2. 
Je  crois  qu'il  y  a  là  confusion  entre  deux  espèces 
voisines  appartenant  au  même  groupe  de  Peltoceras 
et  que  d'Orbigny  et  Bayle  ont  figurées  toutes  deux 
sous  le  même  nom  de  Ammonites  (Peltoceras ) 
athleta  Phill. 

D'après  mes  observations,  Pelt.  athleta,  type, 
serait  rigoureusement  confiné  dans  les  couches  du 
Mauvais  pas,  d'où  proviennent  tous  les  échantillons 
des  anciennes  collections,  et  peut-être  dans  les 
couches  affleurant  au  large  de  Beuzeval,  couches 
quelquefois  visibles  dans  les  grandes  marées  ;  on  ne 
rencontrerait  au-dessus,  c'est-à-dire  dans  des  cou- 
ches formant  la  base  de  la  falaise  sous  Auberville  que 
Pelt.  athletoïdes  Lahusen,  une  autre  espèce  figurée 
par  d'Orbigny  et  par  Bayle,  comme  une  variété  de 
Pelt.  athleta  dans  laquelle  les  côtes  bifurquées 
subsistent  plus  longtemps. 

Peltoceras  athletoïdes  est  très  facile  à  distinguer 
A^Pelt.  athleta;  il  est  beaucoup  pluscomprimé,  moins 
robuste,  les  tubercules  n'atteignent  jamais  un  grand 
développement,  particulièrementles  tubercules  ombi- 
licaux, souvent  même  rudimentaires  ;  les  tubercules 
externes  ne  sont  réunis  à  aucun  âge  par  les  petites 
côtes  siphonales  si  caractéristiques  de  Pelt.  athleta. 
Enfin  l'évolution  de  cette  espèce  est  très  lente,  les 
tours  non  tubercules  subsistant  très  longtemps. 

Quenstedt  a  figuré  Pelt.  athletoïdes  sous  le  nom  de 
Ammonites  athleta  unispinosiis,  forme  dans  laquelle 
il  comprenait  également  Amm.  Constanti  d'Orb. 
C'est  seulement  en   1882  que    Lahusen,    dans   son 


—  6  — 

mémoire  sur  le  fameux  jurassique  du  gouvernement 
de  Rjasan  (1)  a  décrit  son  Pelt.  athletoïdes  en  le 
rapportant  aux  figures  données  par  d'Orbigny  et 
et  Bayle  pour  la  variété  comprimée  de  Pelt.  athleta. 
Enfin  E.  E.  Deslongchamps,  dans  son  Rapport  sur  les 
fossiles  Oxfordiens  de  la  collection  Jarry  (2)  avait 
rapporté  cette  même  variété,  avec  un  point  de  doute 
d'ailleurs,  à  Aspidoceras  Phœniceinn  Gemmellaro. 

Le  Gallovien  supérieur  entre  Dives  et  Villers-sur- 
Mer  se  trouverait  alors  constitué  par  les  assises 
suivantes: 

1°  Couches  de  Dives  et  Beuzeval  (?)  à  Pcltoceras 
atlileta; 

2°  Couches  sous Auberville  kPeltoceras athletoïdes; 

3"  Couches  de  Vi  11ers  à  Creniceras  Renggeri  et 
Oppelia  Villersensis. 


Faculté  des  Sciences  de  Ctien. 
Laboratoire  de  Géologie. 

Janvier  1896. 


(1)  Lahusen,  Die  f'auna  de^  Juras.    Bildiniy.  des  Bjasansclien 
Gouv.  Mém.  Coni.  Géol.  Russie  vol.  I,  n"  1,  p.  70;  pi.  X,  lig.  5,  8. 

(2)  E.-E   Deslongchamps,  Rapport  sur  les  fossiles  Oxfordiens 
de  la  Collection  Jarry,  Bull    Soe.  Linii.  Nonii. 


GATALOGU  E 

DES 

SÉLACIENS     JURASSIQUES 

DU    CALVADOS    &    DE    L'ORNE 

Par    A.    BIGOT 

Professeur    à    la    Faculté    des    Sciences    de    Caen 


J'ai  eu  l'occasion  d'examiner .  un  certain  nombre  de  dents, 
ichthyodornlitlies  et  boucles  do  Sélaciens  provenant  des  couches 
jurassiques  du  Calvados  et  de  l'Orne.  En  plus  des  formes  signalées 
en  Noimandie  par  Agassiz  et  (|ue  j'ai  pu  jiarfois  étudier  sur  les 
types  mûmes,  j'ai  reconnu  quelques  espèces  nouvelles  pour  la  région. 
Le  catalogue  suivant  résume,  en  attendant  la  publication  prochaine 
d'un  travail  détaillé,  le  résultat  do  mos  recherches.  Je  dois  des 
remerciements  tout  spéciaux  à  mon  ami  M.  R..  Fortin,  de  Rouen, 
qui  m'a  communiqué  de  nombreux   écbantiilons  d'Ecouché   (Orne). 

A.  —   ELASMOBRANCHES 

I.    DENTS 

1.  Hybodus,  sp.?  —  Nombreux  denticules  dans  la 
couche  à  Leptœna  (Toarcien  inférieur)  du  Calvados, 
indiquant  des  dents  à  denticule  médian  très  élancé, 
lisse. 

2.  H.  (Mei'istodon)  sp.  ?  —  Un  seul  échantillon 
déjà  figuré  par  E.  Deslongchamps,  Jura  normand, 
Mon.  VI,  pi.  I,  fig.  6-7.  —  Bajocien  inférieur  de  May 
(Calvados). 


—  8  - 

3.  H.  inflatus,  Agass.  —  Un  seul  échantillon,  type 
d'Agassiz.  —  Bajocien  supérieur  de  Sully  (Galv.). 

4.//.  {/rossiconits,  Agass. — Deux  des  types  d'Agassiz 
proviennent  du  Calcaire  de  Gaen  d'Allemagne  (Galv.). 
Les  dents  rapprochées  de  la  symphyse  sont  difficiles  à 
distinguer  de  celles  de  H.  poly'prion  et  raricostatus. 
—  Vésulien  de  Gaen  (Galv.)  et  Ecouché  (Orne). 

5.  //.  cf.  raricostatus.  —  Une  dent  figurée  par 
Eudes-Deslongchamps  dans  le  Mémoire  sur  le  Pœki- 
lopleiiron  est  bien  voisine  de  celles  du  Sinémurien 
de  Lyme-Régis  figurées  par  Agassiz  ou  par  M.  A. -S. 
Woodward  (Ca^.  ofFoss.  fish.Brit.-Mtis.,pti,  pi.  X, 
fig.  15)  sous  le  nom  de  //.  raricostatus.  —  Vésulien 
de  la  Maladrerie  (Galv.). 

6.  H.  polyprion,  Agass. —  Vésulien  de  Gaen  (Galv.) 
et  d'Ecouché  (Orne). 

7.  H.  obtusus,  Agass.—  Les  types  sont  du  Galcaire 
de  Gaen.  — 1  éch.  du  Vésulien  d'Ecouché  (Orne). 

8.  H.  striatulus,  Agass.,  A. -S.  Wood\vard(voir /oc. 
cit.,  pi.  XI,  fig.  14-15).  —  Séquanien  de  Gordebugle 
(Galv.) 

9.  Strophodus.  —  2  dents  indéterminables  du 
Bajocien  supérieur  de  Sully  (Galv.). 

10.  Str.  7nedius,  Owen.  —  Le  type  de  cette  espèce 
provenant  du  Galcaire  de  Gaen  et  que  possède  le 
British  Muséum  est  le  seul  exemplaire  de  Strophodus 
qui  montre  en  place  les  rangées  de  dents.  Owen  a 
rapporté  ces  rangées  à  la  mâchoire  inférieure  qui 
dans  cette  hypothèse  aurait  différé  de  celle  de  Cestra- 
cion  par  l'absence  de  rangée  impaire  sur  la  symphyse. 
D'après  M.  A. -S.  Woodward  la  présence  d'une  rangée 
impaire  à  la  mâchoire  inférieure  de  Cestracion  n'est 


—  9  — 

pas  constante.  A  Str.  medhis  se  rapportent  de  nom- 
breuses dents  provenant  du  Vésulien  dEcouché 
(Orne).  3  de  ces  dents  absolument  symétriques  appar- 
tiennent à  une  rangée  médiane  impaire  de  l'une  ou 
l'autre  mâchoire.  Des  dents  semblables  ont  été  signa- 
lées par  M.  A. -S.  Woodward  (1)  dans  la  série  des 
dents  de  l'Oxfordien  décrites  sous  le  nom  à'Astera- 
canthus  ornatissimiis  ;  elles  sont  rapportées  par  cet 
auteur  à  la  rangée  médiane  de  la  mâchoire  infé- 
rieure. La  mâchoire  décrite  par  Owen  serait  alors 
une  mâchoire  supérieure. 

11.  Str.  longidens;^  Agass.  —  Les  types  décrits  par 
Agassiz  proviennent  du  calcaire  de  Gaen. Ils  compren- 
nent des  dents  isolées  et  deux  groupes  de  dents  dont 
l'un  formé  de  2  rangées  de  4  dents  chacune.  Ces 
dents  paraissent  correspondre  aux  rangées  III  et  IV 
delà  mâchoire  supérieure  A'Ast.  ornatissimus ,  telle 
qu'elle  a  été  rétablie  par  M.  A. -S.  Woodward.  Le 
second  groupe  comprend  une  rangée  de  5  longues 
dents  qui  paraissent  correspondre  aux  dents  de  la 
rangée  iv  de  la  mâchoii-e  inférieure.  La  dent  isolée, 

(1)  Ann.  and  Mag.  of  Nat.  Hist.  6,  II,  j).  336,  1888.—  Dans  ce  tra- 
vail et  dans  son  Catalogue  of  fossil  Fishes  of  British  Muséum, 
M.  A. -S.  Woodward,  après  avoir  démontré  l'association  des  dents 
de  Strop/iodus  aux  épines  décrites  sous  le  nom  d' Asteracanthus, 
propose  d'attribuer  le  nom  A' Asteracanthus  aux  formes  pour  les- 
quelles cette  association  est  prouvée  et  de  conserver  le  nom  de 
Slrophodus  aux  dents  qu'on  ne  peut  rapporter  à  une  forme  déter- 
minée A' Asteracanthus.  Il  réunit  aussi  à  Ast.  ornatissimus  les 
Slrophodus  reticulatus,  Agass.  et  médius,  Owen.  Malheureusement 
il  existe  dans  le  Calcaire  de  Caen  plusieurs  espèces  A' Asteracanthus 
et  de  Slrophodus  et  jusqu'ici  il  a  été  impossible  de  faire  le  rap- 
prochement des  dents  et  des  Ichthyodorulitlies. 


—  10  — 

à  couronne  légèrement  carénée,  placée  au  bord  de 
cette  rangée  appartiendrait  à  la  rangée  III.  Quant  au 
groupe  de  4  dents  placé  de  l'autre  côté  de  la  rangée 
IV, il  forme  probablement  une  rangée  V,  correspondant 
aux  petites  dents  des  rangées  /'  et  g  de  la  pièce 
d'Owen.  Peut-être  t'aut-il  voir  là  l'explication  de  la 
difficulté  signalée  par  M.  A. -S.  Woodward.  Alors  que 
le  nombre  des  dents  dans  chaque  rangée  est  de  7, 
M.  Woodward  a  trouvé  dans  As.t.  oniatisùnus  24 
dents,  VI  de  chaque  côté  —  et  le  germe  d'une  25^ 
pouvant  se  rapporter  à  la  rangée  II  de  la  mâchoire 
inférieure.  Dans  notre  hypothèse  un  certain  nombre 
de  ces  dents  pourraient  appartenir  à  une  rangée  V. 

Yh.Str.  magnus^  Agass. —  Je  pense  qu'il  faut  rap- 
porter à  cette  espèce  la  dent  figurée  sous  le  nom  de 
Sir.  longidcnf;  par  Agassiz  pi.  XVI,  fig.  8.- Plus  large 
que  celle  du  Str.  longidens;  elle  a  sa  surface  très- 
finement  ponctuée.. —  Vésulien  de  Gaen  (Calv.)  et 
d'Ecouché  (Orne)  ;  Bradfordien  de  Ranville  (Calv.) 

13.  Str.  reticulatus,  Agass.  —  Une  série  de  dents 
provenant  du  Vésulien  d'Ecouché  (Orne).  Les  dents 
rapportées  à  Str.  longidens  par  Agassiz  (pi.  XVI, 
fig.  3-6)  ne  nous  paraissant  pas  différer  de  celles  de 
Str.  retlculatus .  —  Plusieurs  échantillons  de  l'Oxfor- 
dien  de  Villers  se  rapportent  à  la  même  espèce. 
M.  A.  S.  Woodward  a  montré  que  ces  dents  font 
partie  du  même  animal  o^' Aateracanthiis  ornatis- 
simiis  et  ne  pouvaient  être  distinguées  de  celles  de 
Str.  subreticulatus. 

14.  Corax  antiqims,  E.  Desl.  —  Un  seul  échan- 
tillon figuré  dans  le  Jura  normand,  Mon.  VI,  pi.  I, 
fig.  4,  5.  —  Bajoçien  inférieur  de  Sully. 


—  11  — 

15.  Notidaims  Mtmsteri,  Agass.—  Plusieurs  dents 
du  Callovien  supérieur  de  Villers  (Calv.). 

II.     ICHTHYODORULITHES 

16.  Hi/bodm  crassiis,  Agass.  —  Un  échantillon  du 
Vésulien  d'Allemagne  (Calv.). 

17.  H.  apicalis,  Agass.  -  Un  échantillon  du  Vésu- 
lien d'Écouché  (Orne). 

18.  Hyhodus  sp?  —  Voisin  de  H.  cra.ssus;'2  éch. 
de  rOxfordien  de  Villers  (Calv.). 

19.  Aster acanthus,  sp.  ?  —  Fragment  d'une  grande 
épine  de  la  collection  Michelin,  k  l'Ecole  des  Mines, 
provenant  du  Bajocien  supérieur  de  Groisilles  (Cal- 
vados); voisine  de  A^t.  semisulcatus ,  mais  avec  les 
tubercules  encore  plus  confluents. 

20.  .4.S';.  semhulcatus,  Agass.  —  Deux  épines  du 
Vésulien  de  Quilly  (Calv.). 

21.  ^.s^.  papillûsus,  Egerton.  —  Le  type  est  du 
Calcaire  de  Caen.  —  Un  échantillon  du  Vésulien 
d'Ecouché  (Orne). 

22.  Ast.  ornatisdmiis,  Agass.  —  Une  dizaine  de 
fragments  de  l'Oxfordien  de  Villers  et  Trouville 
(Calv.).  —  Un  fragment  du  Séquanien  de  Corde- 
bugle  (Calv.). 

23.  ?  —  Fragment  d'épine  d'une  ornementation 
toute  particulière.  Il  n'y  a  ni  grosses  côtes  longitu- 
dinales ni  rangées  de  tubercules,  mais  de  fines  stries 
longitudinales.  —  Oxfordien  (?)  de  Villers  (Calv.). 

III.    BOUCLES 

24.  Sphenonchiis  (épine  céphalique  à'Hybodm  ou 


—  12  — 

Asteracantims).  —  2  échantillons  du  Séquanien  de 
Gordebugle  (Calv.). 

B.  —  HOLOCÉPHALES 

I.     PIÈCES     MAXILLAIRES 

25.  Ischyodus  emarginatiis,  Egerton.  —  Une  pièce 
mandibulaire  droite  provenant  du  calcaire  de  Gaen  a 
été  décrite  par  Agassiz  sous  le  nom  de  /.  Tessoni. 
D'autres  échantillons  ont  été  trouvés  dans  le  Vésulien 
d'Allemagne  (Calv.)  et  dans  le  Bradfordien  de  Ran- 
ville  (Calv.). 

26.  Ischyodus  sp.?  —  Pièce  mandibulaire  et  pièce 
palatine  gauches.  —  Oxfordien  de  Villers  (Calv.), 

II.  ICHTHYODORULITHES 

27.  Leptacantims  longissimiis,  Agass.  —  Le  type 
est  du  Calcaire  de  Caen.  M.  A. -S.  JWoodward  pense 
que  ces  épines  peuvent  appartenir  à  Isc/u/odtis  emar- 
ginatus. 

C.  —  ICHTHYODORULITHES  DES   SÉLACIENS 
INDÉTERMINÉS 

28.  Pî'istacanthus  securis,  Agass.  —  L'un  des  types 
est  du  Calcaire  de  Caen. 

Ces  28  formes  se  répartissent  stratigraphiquement  de  la  manière 
suivante  : 

ToARCiEN.  —  Hybodus  sp.? 

Bajocien  INFÉRIEUR.  —  Hybodus  (Meristodon)  sp.? 
—  Corax  antiqiius,  E.  Desl. 


—  13  — 

Bajocien  supérieur.  —  Hybodus  inflatus,  Agass,; 
Strophodus  sp.?  ;  Asteracanthus  sp.? 

VÉsuLiEN.  —  Hybodus  grossiconns ,  Agass.;  H.  cf. 
raincostatus,  Agass.  ;  H.  obtusus,  Agass.  ;  H. 
pob/prion,  Agass.;  H.  crassiis ,  Agass.;  H. 
aplca/is,  Agass.;  Strophodus  jnedius,  Owen  ; 
Str.  longidens,  Agass.;  Str.  magnus,  Agass.; 
Str.  reticulatus,  Agass.;  Asteracanthus  semi- 
siilcatus,  Agass.  ;  Ast.  papillosus ,  Ëgert.  ; 
Ischyodus  emarginatus,  Egert.  ;  Leptacan- 
thus  longissimus ,  Agass.  ;  Pristacanthus 
securis,  Agass. 

Bradfordien  :  Strophodus  magnus,  Agass  ;  Ischyo- 
dus emarginatus,  Egert. 

OxFORDiEN.  —  Hybodus  sp.?  Strophodus  reticulatus, 
Agass.;  Asteracanthus  ornatissbnus,  Agass.; 
Ichthyodorulithe  (gen?);  Notidanus  Muns- 
teri,  Agass.;  Ischyodus. 

SÉQUANiEN. —  Hybodus  striatulus,  Agass.,  Woodw.; 
Asteracanthus  oriiatissimus ,  Agass.  ;  Sphe- 
nonchus. 

Plus  de  la  moitié  des  formes  (15  sur  28)  proviennent  du  Calcaire 
de  Caen  (Vésulien). 

Morière  a  signalé  (B.  S.  L.  N.  3,  III,  1879,  p.  332)  dans  le  Lias 
inférieur  de  Cartigny-l'Epinay  (Calv.)  une  dent  (ï Acrodus  nobilis, 
Agass. 

C'est  très  vraisemblablement  à  un  Sélacien  qu'appartiennent  les 
débris  trouvés  dans  le  Bathonien  d'Amblie  (Calv.)  et  associés  à  des 
dents  d'Hybodus  (voir  Morière,  B.  S.  L.  N.,  3,  VI,  1882,  p.  133  et 
322). 


14  -^ 


EMe  sur  le  ROSA  FŒTIDA,  Bast 

DE    SAINT-DIDIER-DES-BOIS 

Par  M.  l'Abbé  GUTTIN  (*) 


Messieurs, 

Le  but  que  je  me  propose,  en  prenant  la  parole, 
est,  non  de  faire  une  étude  approfondie,  mais  de 
signalera  votre  attention  un  Rosa,  récolté  à  Saint- 
Didier  et  qui  pour  moi  est  le  liosa  fœtïda  de  Bastard, 
sous-espèce  particulière  à  la  France  occidentale  et  à 
l'Angleterre. 

Quelques  explications  sont  cependant  nécessaires 
pour  le  faire  accepter  comme  tel  :  je  serai  clair 
peut-être,  court  certainement,  et  ce  sera  encore  la 
meilleure  qualité  de  ce  rapide  aperçu. 

Le  Rosa  fœtida  a  les  styles  agglutinés,  les  aiguil- 
lons presque  droits,  les  pédoncules  hispides  glan- 
duleux, les  sépales  presque  toujours  réfléchis, 
caractérisant  ordinairement  en  Normandie,  la  section 
des  Tomeiitosx. 


(*)  Travail  communiqué  à  la  séance  du  28  juin  ;  manuscrit  remis 
le  même  jour,  épreuves  corrigées  parvenues  au  Secrétariat  le 
20  juillet. 


—  15  — 

C'est  Bastard  qui  a  créé  cette  espèce  dans  le 
supplément  de  sa  Flore  de  Maine-et-Loire,  29. 
Desvaux  l'appelle  /?.  rubiginosa  4  fœtida  (obs.  156). 

En  1830,  Guépin  dit  dans  sa  Flore  de  Maine-et- 
Loire  :  «  Folioles  presque  glabres  en  dessus,  pubes- 
centes  non  glanduleuses  en  dessous  (p.  298)  ». 

En  1848,  Grenier  et  Godron,  dans  leur  magnifique 
Flore  française,  classent  le  Rosa  fœtida  dans  les 
Caninœ ,  à  feuilles  doublement  dentées  et  à  face 
inférieure  non  glanduleuse,  ni  tomenteuse. 

En  1866,  A.  Déséglise  dans  sa  révision  de  la  sec- 
tion Tomentosa  du  genre  Rosa,  ne  parle  pas  de 
Rosa  fœtida,  Bast,,  mais  décrit  R.  cmpidata,M.  B., 
et  le  cite  comme  trouvé  dans  le  Calvados  à  Lisieux 
par  Boreau  (p.  8-10). 

En  1879,  Gillet  et  Magne,  dans  la  ¥  édition  de 
leur  Flore  française,  s'écartent  de  Grenier  et  Godron 
qu'ils  semblent  suivre  ailleurs  pas  à  pas,  et  placent 
le  Rosa  fœtida  dans  «  feuilles  munies  de  glandes 
résineuses,  sensiblement  odorantes  par  le  froissement, 
mollement  tomenteuses  ou  velues  sur  les  deux 
faces,  doublement  dentées  ;  glanduleuses,  aiguillons 
droits  ou  presque  droits  ». 

Vous  le  voyez,  Messieurs,  le  Rosa  fœtida  passe 
successivement  de  la  section  des  Caninœ,  dans  les 
Rubiginosœ  et  dans  une  autre,  moitié  Rubiginosœ 
moitié  Tomentosœ.  Avec  ces  classifications  incer- 
taines, ces  déterminations  hésitantes  et  contradic- 
toires, je  comprends  que  l'étude  des  Rosa  soit  hérissée 
de  difficultés.  Heureusement  des  études  sérieusement 
conduites  ont  jeté  une  grande  clarté  dans  ce  genre, 
réputé,  à  bon  droit,  obscur. 


—  16  — 

Les  rhodographes  classent  aujourd'hui  le  Rosa 
fœtida  dans  les  Toynentosœ,  et  ce,  avec  raison  ;  les 
feuilles,  l'aspect  du  buisson, le  faciès  général  est  bien 
celui  d'un  Tomentosa. 

A  Saint-Didier,  le  Rosa  fœtida  croit  dans  les  haies, 
mais  principalement  sur  la  friche  Saint-Pierre,  dans 
un  terrain  argilo-calcaire,  où  le  Rosa  micrantha  est 
abondant  ;  le  Rosa  rubiginosa  ne  s'y  trouve  pas.  Il  se 
présente  avec  des  nervures  secondaires  glandu- 
leuses, caractère  qui  ne  concorde  pas  avec  certaines 
descriptions. 

Souvent,  dans  les  Tomentosge,  les  types  ont  des 
variations  à  feuilles  glanduleuses  en  dessous  et  ce 
caractère  de  glandulosité  n'a  pas  la  même  importance 
que  dans  la  section  des  Rubiginosœ.  Je  ne  m'arrêterai 
pas  à  donner  des  preuves  biologiques ,  tirées  ex 
visceribus  rei,  sur  le  mode  de  progression  des  glandes 
dans  les  Rosa  ;  cela  m'entraînerait  trop  loin.  Comme 
preuve  je  viens  de  recueillir  (1)  des  échantillons  du 
Rosa  tomentosa  de  Smith  et  de  sa  variation  à  feuilles 
glanduleuses  intérieurement  :  c'est  le  même  port, 
mêmes  aiguillons ,  même  pubescence  des  feuilles  et 
des  styles  :  il  n'y  a  que  les  glandes  à  la  face  inférieure 
qui  diffèrent  :  c'est  la  variation  Rosa  pseudo-cuspi- 
data,  Crépin,  faussement  appelée  autrefois  R.  cuspi- 
data,  M.  Bieberstein. 

Comme  ce  revêtement  glanduleux  est  sujet  à 
varier,  parfois  même  à  disparaître,  ainsi  que  le 
prouvent  les  deux  faits  que  j'ai  cités  dans  l'étude 
«  Le  genre  Rosa  dans  l'Eure  »  (p.  20-71),  j'ai  numé- 

(1)  Ces  échantillons  frais  étaient  déiiosés  sur  le  bureau. 


—  17  — 

roté  bon  nombre  de  buissons  de  Rosa  fœtida,  avec  de 
petites  étiquettes  de  bristol,  afin  de  les  pouvoir  mieux 
étudier.  Malheureusement  j'ai  compté  sans  les  lapins 
de  bois  et  ces  timides  rongeurs  ont  eu  l'audace  de 
dévorer  mes  étiquettes;  celle  du  n°  110,  trop  haut 
placée,  a  échappé  à  leur  voracité  ;  ce  buisson  n'a  pas 
varié  et  ces  exemplaires-ci  proviennent  de  ce  même 
buisson. 

.  Je  doute  même  que  le  Rosa  fœtida  ne  se  montre 
(sauf  en  de  rares  exceptions)  sans  ses  glandes  infra- 
foliaires.  Et  ici,  Messieurs,  je  mis  appel  à  des  preuves 
d'autorité. 

En  1871,  le  D''  Ripart,  dans  le  Catalogue  systéma- 
tique extrait  de  son  herbier  de  Rose,  place  ainsi  le 
Rosa  fœtida,  Rast.  «  Section  V.  Adenophyllœ.  — 
Subsect.  2.  Foliis  in  pagina  inferiore  minus  glandu- 
losis;  glandulis  prcesertim  secundum  nervos  et  mar- 
ginem  dispositis  (  Compte  -  rendu  Bullet.  Soc. 
royale  Belgique,  1890.  —  Séance  tenue  à  Arlon,  le 
22  juin  1890,  p.  109).  » 

En  1882,  dans  ses  Primitiœ  monographise  Rosarum 
(T.  21  ;  I  part;  fasc.  I,  p.  92),  M.  Grépin  classe  le  R. 
fœtida  fiast.  dans  :  «  3  glandulosse  :  folioles  toutes 
chargées  en  dessous  de  glandes  éparses  plus  ou  moins 
abondantes  »,  et  il  ajoute  :  «  A  mon  avis,  on  ne  peut 
.voir  dans  le  R.  fœtida  qu'une  variété  du  R.  tomen- 
tosa  dont  il  présente  les  caractères  essentiels.  Sa 
pubescence  est  assez  variable,  mais  toujours  elle  est 
plus  clairsemée  que  ^ans  les  formes  ordinaires  du 
R.  tomentosa.  La  face  supérieure  des  folioles  est 
tantôt  parfaitement  glabre,  tantôt  un  peu  pubes- 
cente  ;  les  styles,  qui  sont  dits  glabres,  paraissent 

2 


-  18  — 

glabres  ;  mais  à  une  courte  distance  du  stigmate,  ils 
sont  un  peu  hérissés. . .  ; .  Le  /?.  fœtkla  ne  représente 
pas  une  forme  strictement  délimitée  :  il  est  constitué 
par  un  groupe  de  variations  qu'on  pourrait  séparer 
les  unes  des  autres  en  tenant  compte  des  modifica- 
tions présentées  par  leurs  divers  organes.  » 

En  1889,  M.  l'abbé  Boullu,  de  Lyon,  rédige  le  genre 
Rosa  dans  la  flore  de  l'abbé  Gariot.  (Etude  des  fleurs. 
Botanique  renfermant  la  flore  du  Bassin  moyen  du 
Rhône  et  de  la  Loire.  T.  II,  8^  édit.  revue  par  M.  le 
D''  Saint-Lager.)  Le  Rosa  fœtida  est  classé  dans  les 
Tomentosœ  à  feuilles  doublement  dentées,  glandu- 
leuses en  dessous  (ï.  II,  p.  282  et  286). 

En  1890,  dans  son  répertoire  des  Roses  Sarthoises, 
M.  Ambroise  Gentil,  du  Mans,  dit  du  R.  fœtkla  : 
«  Folioles  à  surdents  glanduleuses,  presque  glabres 
en  dessus,  pubescentes,  grisâtres  en  dessous  et  fine- 
ment glanduleuses  sur  les  nervures  »  (p.  8). 

Enfin,  en  1892,  résumant  une  classification  de 
Roses,  qui  doit  être  l'abrégé  de  sa  monographie  des 
Roses,  impatiemment  attendue,  le  savant  rhodo- 
graphe  de  Bruxelles,  M.  Grépin  range,  dans  son 
tableau  analytique  des  Roses  Européennes,  le  Rosa 
fœtida  dans  :  «  Dents  foliaires  composées-glandu- 
leuses ;  folioles  toutes  à  nervures  secondaires  glan- 
duleuses, pédicelles  hispides  glanduleux,  etc.  (Bull. 
Sociét.roy.  Belgique,  T.  XXXI,  2'-' part.,  p.  78.  — 
Séance  du  i<^''  mai  1892.)  » 

Nous  sommes  loin.  Messieurs,  des  hésitantes  déter- 
minations d'il  y  a  cinquante  ans.  Et  il  est  regrettable 
que  M.  Acloque,  l'auteur  de  la  Flore  de  France,  en 
tableaux  dichotomiques,  parue  en  1894,  ne  se  soit  pas 


—  19  — 

inspiré  de  ces  récents  travaux,  fruits  de  longues  et 
minutieuses  observations.  Il  se  borne  à  reproduire 
Grenier  et  Godron,  avec  certains  changements  comme 
synonymes,  par  exemple.  H.jnicrantha,  Smith, au  lieu 
de  R.  micrant/ia^  DG.,  GG.:  ce  qui  est  bien  différent. 
Il  laisse  de  côté  le  caractère  important  de  l'évolution 
des  sépales  sur  le  fruit  dans  les  Rosse  Rubig'inosa, 
nilcrantha  et  graveolens,  caractères  que  notre  savant 
collègue,  M.  Corbière,  dans  sa  Nouvelle  Flore  de 
Normandie,  fait  parfaitement  ressortir  pour  ces 
trois  espèces,  comme  d'ailleurs  il  le  sait  faire  dans 
ses  autres  descriptions  florales,  frappées  au  coin  de 
de  la  justesse  et  de  la  précision  scientifiques. 

En  septembre  1894,  M.  Crépin  m'écrivait,  en  me 
retournant  un  envoi  de  Rosa  :  «  Parmi  vos  numéros, 
les  nos  17,  102,  110  et  114  peuvent  être,  je  pense, 
classés  dans  le  groupe  du  R.  fœdida,  Bastard,  qui 
se  distingue  par  sa  pubescence  assez  maigre  et  ses 
styles  glabres  ou  glabrescents.  Les  nervures  secon- 
daires sont  glanduleuses.  »  (p.  4).  Et  après  un 
classement  en  trois  groupes  des  types  des  Tomentosœ, 
il  ajoutait  :  «  Dans  une  Flore  locale,  on  peut  s'ar- 
rêter à  décrire  ces  variations  qui  présentent  certes 
de  l'intérêt  au  point  de  vue  du  type  spécifique  ». 
(p.  4). 

Telles  sont  les  considérations  que  j'ai  cru  néces- 
saires pour  justifier  la  présence  du  Rosa  fœtida,  à 
Saint-Didier.  Et  je  termine  en  signalant  un  autre 
Rosa,  voisin  du  R.  fo^ikla,  mais  à  feuilles  tomen- 
teuses  et  à  pédicelles  lisses  :  le  R.  farinosa  Béches- 
tein.  (Cf.  Bull,  société  roy .  Belgique,  T.  21,  1'°  part, 
fasc.   I,   p.  93).    Ce    n'est    pas  d'ailleurs    un   Rosa 


—  20  — 

nouveau  pour  la  Normandie.  Dans  l'herbier  Lenor- 
mand,  que  M.  le  professeur  Lignier,  avec  une 
aimable  courtoisie,  a  bien  voulu  me  prêter  en 
communication,  ce  dont  je  le  remercie  bien  sincè- 
rement, le  R.  farinosa  se  trouve  représenté  par 
trois  échantillons,  deux  en  fleurs  et  un  en  fruit,  avec 
cette  indication  :  «  Cideville,  à  Négreville,  près  de 
Valognes  (Manche),  27  juin  1852.  E.  L.  ».  Les  initiales 
et  l'écriture  sont  du  D''  Lebel.  Cet  herbier  a  été 
annoté  par  M.  Crépin. 

Dès  lors.  Messieurs,  et  c'est  la  conclusion  de  cette 
rapide  étude,  il  me  semble  que  la  section  des  To- 
mentosœ  peut  se  résumer  ainsi  pour  la  Normandie  : 

Espèce  primaire  : 

Eosa  tomentosa  Smith, 
avec  sa  variât.  jjseudo-cAispidata  Crépin. 

Espèces  secondaires  : 

R.  fœtida  Bastard  ; 

R.  farinosa  Béchestein  ; 
et  le  R.  littoralis  Corbière,  que  je  place  en  dernier 
lieu  comme  établissant  une  transition  entre  les 
Tomentosœ  et  les  Villosœ,  section  qui  ne  compte  pas 
de  représentants  en  Normandie,  si  ce  n'est  à  l'état 
cultivé  ou  subspontané. 

Je  dois  faire  une  rectification  au  tableau  du  R.  to- 
mentosa dans  «  Le  genre  Rosa,  dans  l'Eure  »  que  la 
la  Société  Linnéenne  de  Normandie  a  bien  voulu 
publier  dans  son  bulletin  de  1894,  p.  63. 

"Pédicelles  lisses R.  farinosa  Bchst. 

Pédicelles  hispides  glanduleux  .....;...      8 


—  21  — 

Foliol.   presque  glabres  en   dessus  ;  styles  glabres   ou 
glabrescents R.  fœlida  Bast. 

Foliol.  mollement   tomenteuses   en  dessus ,  styles  plus 
ou  moins  hérissés  ;  fruit  ovoïde. 

R.  pseudo-cuspidata  Crép. 


Recherches  sur  les  FLEURS  PROLIFERES 

DU     CARDAMINE     PRATENSIS 

Par    O.    LIGNIER 

Professeur   à   la   Faculté   des    Sciences   de   Caen    (') 


Morière  décrivit  devant  la  Société  Linnéenne,  en 
1861(1),  une  cardamine  à  fleur  prolifère  qu'il  avait 
rencontrée  dans  les  marais  de  Ghicheboville  où  l'on 
peut  encore  chaque  année  l'observer  facilement. 
Cetter  particularité  est  d'ailleurs  assez  commune 
puisque,  d'après  M.  Corbière  (2),  elle  a  été  signalée 
par  divers  botanistes  de  la  Seine-Inférieure  à  Heur- 
teauville,  dans  l'Eure  à  Beaumesnil,  dans  le  Calvados 
à  Merville,  à  la  Bernardière  près  Vire  — je  l'ai  moi- 
même  retrouvée  à  Mouen,  dans  la  vallée  de  l'Odon  — 

(*)  Travail  communiqué  à  la  séance  du  28  juin  ;  manuscrit  remis 
le  même  jour  ;  épreuves  corrigées  parvenues  au  secrétariat  le  22 
juillet.  ■»* 

(1)  MoiuÈRE,  Note  sur  un  cas  de  chloi'ise  dans  le  Galanthus 
nivalis  et  de  tloriparité  dans  le  Cardamine  pratensis  {Bull.  Soc. 
Linn.  de  Nonn.,  vol.  VI,   1861,  p.  124). 

(2)  L.  CoKBiÈRE,  Nouvelle  Flore  de  Normandie,  Caen,  1893. 


—  22  — 

dans  l'Orne  à  Argentan,  dans  la  Manche  au  Ham,  à 
St-Hilaire-du-Harcouët,  aux  dunes  de  Donville  et 
de  Bréville. 

D'après  Morière,  cette  anomalie  offre  les  faits 
suivants  :  une  fleur  normale  fournit  une  nouvelle 
fleur  en  son  centre  et  à  la  place  de  la  silique  habituelle. 
Cette  deuxième  fleur,  qui  comprend  un  calice  en 
partie  gamosépale  et  de  nombreux  pétales,  n'a  pas 
d'étamines  ;  sa  silique  est  globuleuse,  se  tend  latéra- 
lement et  laisse  a  s'épanouir  un  grand  nombre  de 
petites  lames  pétaloïdes,  qui  occupaient  la  place  des 
ovules».  Ce  dernier  appareil  représente  une  troisième 
fleur  qui  peut  <à  son  tour  être  prolifère  et  fournir  une 
quatrième  fleur  de  la  même  façon.  En  aucun  cas, 
Morière  n'a  rencontré  de  graine 

Ayant,  il  y  a  quelque  temps,  à  la  suite  de  recherches 
anatomiques,  donné  une  nouvelle  explication  de  la 
fleur  des  Crucifères,  je  me  suis  trouvé  tout  naturel- 
lement amené  à  étudier  par  la  même  méthode 
l'anomalie  du  Cardamine pratensis  et  c'est  le  résultat 
de  cette  étude  que  je  vais  exposer  devant  vous. 

Les  premiers  verticilles  de  la  fleur  inférieure  sont 
normaux  ainsi  que  l'avait  indiqué  Morière.  L'ano- 
malie ne  commence  qu'au-dessus  des  étamines,  et 
encore  ne  se  voit-elle  que  dans  la  fleur  âgée.  En 
effet,  le  centre  de  la  fleur  très  jeune  est  occupé  par 
un  gynécée  en  apparence  normal,  et  dans  lequel  on 
peut  même  observer  des  rudiments  d'ovules  insérés 
sur  les  bourrelets  placentaires.  Mais  il  se  produit 
d'assez  bonne  heure  entre  les  étamines  et  les 
carpelles  une  élongation  internodale  de  la  tige, 
comparable  à  celle  qui,  chez  les  Capparidées,  s'établit 


—  23  — 

à  la  base  du  fruit;  les  carpelles  se  trouvent  ainsi 
bientôt  portés  au  sommet  d'un  pédicelle  long  de  10 
à  12  millim.  Pendant  ces  transformations  la  silique 
elle-même  se  gonfle  peu  à  peu,  puis  se  déchire 
longitudinalement  d'un  seul  côté,  laissant  émerger 
extérieurement  une  nouvelle  fleur  dans  le  prolon- 
gement du  pédicelle.  Ainsi  donc  ce  que  Morière 
considérait  comme  le  calice  gamosépale  de  la 
deuxième  fleur,  n'est  en  réalité  que  le  reste  de  la 
silique  de  la  première,  et,  sur  ses  parois  intérieures, 
le  long  des  deux  bourrelets  placentaires  longitu- 
dinaux, il  est  encore  possible  de  reconnaître  quel- 
ques ovules  ou  simplement  quelques  lamelles 
représentant  des  ovules  atrophiés. 

Au-dessus  Je  l'insertion  de  ce  pseudo-calice, 
l'axe  de  la  deuxième  fleur  reste,  sur  une  certaine 
longueur,  soudé  avec  les  bourrelets  placentaires  ;  il 
y  forme  donc  une  sorte  de  cloison  intercalée  entre 
deux  cavités  qui  rappellent  les  loges  ovariennes 
de  la  silique.  Plus  haut  il  devient  complètement 
libre. 

Entre  le  niveau  où  il  donne  insertion  au  pseudo- 
calice et  celui  où  il  devient  libre,  cet  axe  porte  de 
nombreux  appendices  —  quelquefois  une  vingtaine 
—  qui  sont  souvent,  ainsi  que  l'avait  vu  Morière, 
tous  transformés  en  pétales,  mais  qui  peuvent  aussi 
tout  en  restant  un  peu  pétaloïdes,  présenter  chacun 
quatre  sacs  polliniques  bien  développés  sur  leur 
face  interne.  Cette  deuxième  fleur  est  donc  tantôt 
entièrement  pétalée,  tantôt  entièrement  staminée.  La 
dispersion  de  ses  appendices  ne  montre  que  des 
rapports  éloignés  avec  celle  que  l'on  connaît  dans 


—  24  — 

les  fleurs  normales.  Tout  ce  qu'on  peut  dire,  c'est 
que  les  plus  inférieurs  d'entre  eux  sont  insérés,  sur 
les  deux  faces  libres  de  l'axe  formant  cloison,  symé- 
triquement par  rapport  aux  deux  plans  de  symétrie 
de  la  fleur  normale. 

Au-dessus  de  cette  région  de  coalescence,  l'axe 
prolifère  devenu  libre  montre  de  suite  une  région 
dépourvue  d'appendices,  qui  correspond  à  la  locali- 
sation d'une  élongation  intercalaire  analogue  à  celle 
qui  s'est  formée  dans  la  première  fleur  à  la  base  de  la 
silique  ;  elle  produira  le  pédicelle  de  la  troisième 
fleur.  Les  premiers  appendices  de  cette  troisième 
fleur  sont  encore  des  étamines  plus  ou  moins  péta- 
loïdes  (1)  dont  les  plus  inférieures  sont  situées  dans 
le  plan  des  bourrelets  placentaires  sous-jacents  et  les 
suivantes  dans  le  plan  perpendiculaire.  Plus  haut,  tout 
ordre  disparaît  et  bientôt,  les  sacs  polliniques  cessant 
de  se  développer,  les  appendices  deviennent  entiè- 
rement pétaloïdes  ;  ce  sont  de  petites  lamelles  dont 
la  taille  décroît  jusqu'au  sommet  végétatif. 

En  résumé  l'anomalie  du  Cardamine  pratonsU  est 
due  à  ce  que  le  cône  végétatif,  qui  généralement 
s'éteint  après  avoir  produit  les  carpelles,  fournit  au 
contraire  une  nouvelle  période  de  végétation,  en 
même  temps  qu'un  accroissement  internodal  s'éta- 
blit au-dessous  de  la  région  d'insertion  de  la  silique 
et  y  produit  le  pédicelle  de  la  deuxième  fleur. 


(1)  La  description  de  Morière  nous  apprend  que  fréquemment 
les  feuilles  inférieures  de  cette  troisième  fleur  peuvent  ressembler 
à  des  carpelles.  Us  constituent  alors  une  silique  globuleuse  et 
prolifère  analogue  à  celle  décrite  au  sommet  du  premier  pédoncule. 


—  25  — 

Le  nouveau  bourgeon  se  développe  clans  l'intérieur 
de  la  silique  ;  il  presse  contre  ses  faces  internes,  la 
fait  gonfler,  puis  se  fendre  suivant  l'une  des  lignes 
de  déhiscence  des  valves.  Finalement  il  vient  émerger 
à  l'extérieur  et  les  débris  de  la  silique  constituent 
une  sorte  de  pseudo-calice  pour  la  seconde  fleur. 
Celle-ci  est  arbitrairement  formée  de  pétales  ou  d'éta- 
mines  qui  sont  nombreux  et  distribués  à  peu  près 
irrégulièrement. 

Les  mêmes  faits  peuvent  se  reproduire  plusieurs 
fois  de  suite,  avec  une  caractérisation  de  moins  en 
moins  accusée  des  appendices. 

Tous  les  pétales  et  toutes  les  étamines  des  fleurs 
successives  sont  toujours  des  appendices  de  la  tige  ou 
des  parties  d'appendices.  En  aucun  cas  ils  ne  corres- 
pondent à  ses  ovules  modifiés  (1). 

La  plupart  des  ovules  sont  plus  ou  moins  atro- 
phiés. 

Le  torus  des  fleurs  anormales  peut  être  glandulaire 
de  même  que  celui  des  fleurs  normales. 


(1)  Au  iioint  où  l'axe  de  lu  deuxième  fleur  redevieut  libre  après 
avoir  été  coalescent  avec  les  bourrelets  placentaires  du  pseudo-calice, 
il  peut  exister  quelques  lamelles  qui  semblent  se  détacher  de  ces 
bourrelets,  mais,  alors  même,  l'orientation  de  leur  faisceau  libéro- 
ligneux,  démontre  facilement  qu'elles  dépendent  non  des  bourrelets, 
mais  bien  de  la  tige. 


—  26  — 

Histoire  d'une  vocation.  —  Dpcotivertf  du 
premier  Individu  dn  Teleosanrus  Cado  - 
niensis  —  manuscrit  inédit  de  J.-A.  Eudes-Des- 
LONGCHAMPS,  Communiqué  par  M.  A.  Bigot  (1). 

Les  circonstances  les  plus  insignifiantes  entraînent 
parfois  dans  des  voies  où,  autrement,  l'on  n'eût 
jamais  tenté  de  pénétrer  ;  l'idée  de  devenir  natu- 
raliste de  profession  n'avait  pas  de  raison  d'entrer 
dans  le  choix  de  ma  carrière  à  venir.  Débarqué  au 
désarmement  de  la  frégate  La  Gloire,  sur  laquelle 
j'avais  passé  près  de  trois  années  en  qualité  de 
chirurgien  auxiliaire  de  3^  classe,  j'étais  revenu  dans 
ma  ville  natale  à  la  fin  de  l'année  1814.  Je  passai  à 
Gaen  l'année  1815  à  me  fortifier  dans  mes  connais- 
sances anatomiques  ;  toutes  facilités  me  furent 
données  par  le  professeur  Ameline  (2)  qui  me  portait 
un  intérêt  tout  particulier.  Je  me  rendis  à  Paris  au 
commencement  de  l'année  classique  1815-16,  pour 
achever  mes  études  médicales  et  prendre  les  grades 
nécessaires  au  Doctorat. 

Je  ne  pouvais  manquer,  dès  les  premiers  temps  de 
mon  séjour  à  Paris,  de  faire  une  visite  au  Muséum 
d'histoire  naturelle. 

(T]  Les  jjHges  (lui  suivent  devaient  servir  irintroduction  à  un 
mémoire  sur  le  Teleosaurt/s  Cadomensis  ;  il  nous  a  jiaru  inté- 
ressant de  pu])lier  cette  curieuse  histoire  des  débuts  d'un  des  plus 
grands  naturalistes  de  la  Normandie. 

(2)  Voir  sur  Ameline,  inventeur  de  l'anatomie  élastique  la  notice 
de  M.  le  D'  Fayel  (B.  S.  L.  IS.  4  189     p.)  A.  B. 


—  27  — 

Les  locaux  n'étaient  point  disposés  comme  ils  le 
sont  à  présent  :  je  me  promenais  dans  une  galerie  du 
rez-de-chaussée  alors  consacrée  à  la  minéralogie  et 
aux  fossiles  ;  je  remarquai,  contre  une  des  murailles, 
un  grand  cadre  en  bois,  rempli  de  plâtre,  dans  lequel 
étaient  incrustées  des  pierres  renfermant  des  pièces 
osseuses  d'un  mammifère  fossile.  Au  bas  du  cadre 
on  lisait  cette  inscription  :  Squelette  presqii' entier 
(ïitn  animal  inconnu  dans  la  nature  vivante,  trouvé 
dans  les  carrières  de  Pantin  près  Paris.  Ces  mots  : 
inconnu  dans  la  nature  vivante,  me  surprirent  au 
dernier  point,  et  me  firent  faire  beaucoup  de 
réflexions.  J'étais  resté  planté  devant  ce  cadre  ;  il 
fallait  qu'il  y  eût,  dans  mon  attitude,  quelque  chose 
d'étrange,  car  je  fus  abordé  par  une  personne  (je  n'ai 
jamais  su  qui,  probablement  attachée  à  l'établisse- 
ment) qui  me  dit:  «  Cette  pièce  paraît  vous  inté- 
resser beaucoup,  monsieur?  je  lui  répondis  qu'elle 
m'intéressait  au  dernier  point  et  qu'elle  faisait  naître 
en  moi  une  foule  d'idées  qui  ne  m'étaient  jamais 
venues  à  l'esprit  ;  elle  me  dit  alors  :  «  Vous  pourrez 
«  avoir  facilement,  sur  cet  objet  et  sur  beaucoup 
«  d'autres  de  même  nature,  tous  les  renseignements 
«  désirables  ;  allez  au  fond  de  cette  salle  où  est  la 
((  bibliothèque  (  c'était  là  qu'elle  était  alors  )  et 
«  demandez  à  consulter  l'ouvrage  de  M.  Guvier, 
«  intitulé  :  Recherches  sur  les  ossements  fossiles.  » 
Je  remerciai  beaucoup  cet  obligeant  indicateur  ;  je 
fus  à  la  bibliothèque,  et  je  pus  prendre  connaissance 
de  l'ouvrage  de  Cuvier.  Tous  les  moments  que  je 
pouvais  prendre  sur  mes  études  médicales  j'allais  les 
passer  à  la  bibliothèque  du  Muséum.  Je  lus  l'ouvrage 


—  28  — 

de  Guvier  (c'était  la  première  édition)  d'un  bout  à 
l'autre,  sans  en  passer  une  ligne.  Je  fus  dans  l'en- 
chantement ;  tout  ce  qu'il  contenait  était  nouveau 
pour  moi.  Je  ne  pouvais  me  lasser  d'admirer  la 
science 'prodigieuse  du  grand  naturaliste,  sa  pro- 
fonde sagacité  et  les  innombrables  révélations  que 
son  ouvrage  me  fournissait  sur  les  premiers  âges 
du  globe.  Gomme  bien  d'autres,  je  croyais  que  le 
monde  avait  toujours  été  tel  que  je  le  voyais. 

Je  pris  la  ferme  résolution,  dès  que  je  serais  de 
retour  dans  mon  pays,  de  visiter  toutes  les  carrières, 
les  travaux  de  terrassements,  de  m'informer  partout, 
car  je  supposais  qu'il  devait  exister  des  animaux 
fossiles  dans  nos  pierres,  dans  nos  terrains  de  trans- 
port, puisqu'il  y  en  avait  tant  dans  diverses  parties 
de  la  France  et  de  l'Europe. 

Lors  de  mon  retour  à  Caen,  je  me  disposai  à 
mettre  mon  projet  à  exécution.  Le  hasard,  qu'à  mon 
point  de  vue  je  puis  appeler  un  hasard  providentiel, 
me  servit  beaucoup  mieux  que  n'auraient  pu  le  faire 
mes  premières  recherches,  comme  on  va  le  voir. 

Quelque  pressé  que  je  fusse  de  me  mettre  en 
campagne,  il  fallait  visiter  mes  anciens  camarades. 
L'un  des  premiers,  je  fus  voir  mon  ami  Luard,  alors 
élève  interne  h  l'Hôtel-Dieu  de  Caen.  En  entrant 
dans  sa  petite  chambre,  les  premiers  objets  qui 
frappèrent  mes  yeux  furent  deux  blocs  de  pierre  de 
Caen,  tout  pénétrés  d'ossements,  côtes,  vertèbres 
écailles,  et,  qu'à  première  vue,  je  reconnus  pour  être 
des  débris  de  crocodiles.  Je  dis  à  peine  bonjour  à 
Luard;  je  m'informai  avec  le  plus  grand  empres- 
sement où  il  s'était  procuré  ces  pièces  :  «  C'est  un 


—  29  — 

«  carrier  du  village  d'Allemagne  qui  me  les  a  appor- 
«  tées,  me  dit-il,  il  y  a  peu  de  temps  ;  je  l'avais 
((  soigné  pendant  une  maladie,  il  a  cru  me  faire 
«  plaisir  en  me  donnant  ces  pierres  extraites  de  sa 
((  carrière  ;  je  ne  sais  pas  si  ces  ossements  présentent 
'(  quelque  intérêt  ».  - —  «  Mais,  lui  dis-je,  ces  pièces 
sont  de  la  plus  haute  importance  ;  ce  sont  des  osse- 
ments de  crocodiles,  d'animaux  qui  ont  vécu  dans 
notre  pays  à  l'époque  où  se  formaient,  sous  forme  de 
vases  ou  de  sables,  les  dépôts  qui  sont  aujourd'hui 
des  pierres  si  compactes,  si  homogènes,  et  partant 
si  utiles  ;  l'animal  qui  a  laissé  les  débris  que  vous 
avez  là  a  vécu,  dans  la  nuit  des  temps,  à  une  époque 
antérieure  à  toute  chronologie  et  d'une  antiquité 
effrayante  ».  J'étais  fraîchement  émoulu  sur  ces 
matières  et  je  fis  montre  à  Luard  de  ma  science  en 
fait  de  fossiles.  «  Y  en  a-t-il  dans  la  carrière  ?»  — 
((.  Je  n'en  sais  rien,  répondit-il  ;  mais  vous  pourrez 
«  vous  informer  à  Le  Sage  ;  c'est  le  nom  du  carrier  », 
—  et  il  m'indiqua  sa  demeure  et  l'endroit  de  sa 
carrière  à  Allemagne. 

Je  fus  si  enthousiasmé  de  ce  que  j'avais  vu  chez 
Luard  que  je  ne  pus  me  taire.  J'en  parlai  à  Tesson, 
à  Ganivet,  à  Vautier  qui  commençait  alors  sa  collec- 
tion, et  à  feu  Lamouroux,  professeur  à  la  Faculté  des 
Sciences  avec  lequel  j'étais  déjà  très  lié. 

Nous  résolûmes.  Tesson,  Ganivet  et  moi,  d'aller 
trouver  Le  Sage  et  de  lui  demander  des  renseigne- 
ments. Il  nous  dit  que  c'était  la  première  fois  qu'il 
avait  trouvé  des  os  dans  la  pierre  de  sa  carrière  et 
qu'il  avait  donné  tout  à  M.  Luard.  «  Gependant, 
c(  ajouta-t-il,  en  équarissant  les  pierres ,  pour  que 


—  30  — 

((  cela  fût  plus  propre  (1),  je  crois  qu'il  s'en  est 
c(  détaché  quelques  morceaux  paraissant  contenir 
«  des  os  ;  les  débris  en  sont  là,  ajoute-t-il,  en  nous 
«  montrant  un  morceau  de  gravois  ;  cherchez,  si  vous 
«  voulez,  vous  y  trouverez  probablement  quelques 
«  débris.  » 

Nous  épluchâmes  attentivement,  et  un  à  un,  tous 
ces  gravois  et  nous  trouvâmes  en  efl'et  un  certain 
nombre  de  morceaux  présentant  des  traces  d'osse- 
ments. 

J'aurais  bien  désiré  faire  la  part  du  Lion  ;  mais 
mes  compagnons  ne  paraissaient  pas  du  tout  disposés 
à  ce  genre  de  partage  :  nous  fîmes  trois  lots  que  nous 
tirâmes  au  sort.  Canivet  eut  quelques  morceaux 
d'assez  belle  apparence  mais  qui  ne  contenaient  que 
des  écailles.  J'eus  pour  ma  part  deux  morceaux  dans 
lesquels  je  trouvai  plus  tard,  en  les  dégageant, 
quelques  vertèbres  caudales,  et  l'extrémité  de  la 
mâchoire  inférieure.  Le  morceau  le  plus  gros  échut 
à  Tesson,  mais  il  ne  montrait  sur  les  côtés  que 
quelques  lignes  jaunâtres  osseuses  qui  étaient  loin 
d'indiquer  à  des  ignorants  l'importance  du  fragment 


(1)  Ce  n'est  pas  malheureust'ment  la  seule  circonstance  dans 
la([uelle  les  ouvriers  ont  nialeucontreusejnent  cherché  à  rendre 
plus  propres  les  pièces  qu'ils  recueillaient.  Nous  possédons  à  la 
Faculté  une  grande  plafjue  faisant  partie  de  l'individu  de  Sleno- 
saurus  megistorhynchus  dont  le  crâne  a  été  décrit  par  Cu\ier  et 
dont  la  mâchoire  inférieure  a  été  restaurée  par  J.-A.  Eudes-Des- 
longcliamps  ;  les  ouvriers  eurent  la  malheureuse  idée  de  lavex  à 
grand  seaux  d'eau  et  à  renfort  de  coups  de  halai  de  bouleau  la 
surface  de  cette  plaque,  enlevant  ainsi  la  plus  grande  paitie  des 
os  dont  l'empreinte  seule  subsiste  aujourd'hui. 


—  31  -- 

de  l'animal  que  ce  morceau  de  pierre  contenait. 
Aussi  Tesson  n'était-il  pas  très  satisfait  de  son  lot. 

Etant  allé  voir  quelques  jours  après  Lamouroux 
qui  avait  écrit  à  Cuvier  que  des  ossements  de  croco- 
diles avaient  été  recueillis  dans  les  carrières  d'Alle- 
magne, Lamouroux  proposa  à  Tesson  un  échange 
qui  fut  accepté.  Tesson  commençait  alors  sa  collec- 
tion qui,  plus  tard,  est  devenue  d'une  certaine  impor- 
tance. Lamouroux  lui  donna  un  beau  Pecten  de  la 
mer  des  Indes,  encore  fort  rare  à  cette  époque,  le 
Pecten  pleiironectes.  Dès  que  Lamouroux  eut  le 
morceau  de  pierre  il  l'envoya  à  Cuvier  ;  celui-ci  le  fit 
fouiller  par  ses  habiles  préparateurs  ;  ils  en  reti- 
rèrent la  moitié  gauche  d'un  crâne  d'une  parfaite 
conservation  d'un  animal  tout  nouveau  pour  Cuvier 
et  pour  tout  le  monde  ;  c'est  celui  qu'il  a  figuré 
PI.  VII,  fig.  5,  Ve  partie  et  décrit  dans  la  2"  édition  de 
ses  Recherches  sur  les  ossements  fossiles.  Cuvier 
écrivit  à  Lamouroux  qu'il  lui  avait  envoyé  un  objet 
fort  important  ;  qu'il  fallait  tâcher  de  se  procurer  les 
autres  pièces  du  tronc  de  l'animal  et  chercher  soi- 
gneusement dans  nos  carrières,  qu'il  y  avait  là  des 
matériaux  du  plus  haut  intérêt  pour  la  Science. 

De  mon  côté  j'avais  fouillé  les  morceaux  de  mon 
lot  avec  tout  le  soin  que  devaient  m'inspirer  ces  trou- 
vailles, objets  de  mes  vœux  si  ardents.  J'y  mis  à 
découvert  l'extrémité  de  la  mâchoire  inférieure 
garnie  de  26  dents. 

Dans  un  autre  morceau  je  mis  à  nu  cinq  vertèbres 
en  série,  de  la  queue  et  voisines  des  dernières,  avec 
quelques  écailles  également  des  dernières  de  la 
queue. 


—  32  — 

Pendant  ce  temps,  le  J3ruit  de  la  trouvaille  d'un 
crocodile  fossile  dans  les  carrières  d'Allemagne  se 
répandit  dans  la  ville.  Feu  M.  de  Magneville,  grand- 
père  de  M.  Dumoncel,  célèbre  par  ses  travaux  sur 
l'électricité,  de  concert  avec  le  maire  de  Caen,  ainsi 
que  plusieurs  autres  personnages  importants  et  zélés, 
avaient  résolu  de  créer  pour  la  ville  un  cabinet 
d'histoire  naturelle  pour  y  faciliter  les  progrès  de 
cette  science.  M.  de  Magneville  demanda  à  Luard, 
pour  le  futur  cabinet,  les  ossements  que  le  carrier 
d'Allemagne  lui  avait  donnés.  En  supposant  que 
Luard  tint  beaucoup  à  ses  pièces,  comment  refuser 
le  maire  de  la  ville,  l'un  des  administrateurs  des 
hôpitaux,  car  M.  de  Magneville  en  faisait  partie, 
quand  on  est,  comme  interne  des  hôpitaux,  soumis 
à  cette  administration?  Luard  céda  de  bonne  grâce. 
Même  demande  me  fut  faite  pour  le  peu  que  je 
possédais  ;  je  le  cédai  de  même.  D'abord  ce  peu 
donnait  plus  de  prix  à  la  pièce  principale,  il  restait  la 
propriété  de  ma  ville,  le  public  pouvait  le  visiter  ;  et 
puis,  je  me  destinais  à  venir  exercer  la  médecine  à 
Caen,  et  l'influence  d'un  administrateur  des  hôpitaux 
n'était  pas  à  dédaigner. 

L'administration  du  cabinet  fit  modeler  en  plâtre 
toutes  nos  pièces  par  un  habile  modeleur  italien 
nommé  Odelli  qui  se  trouvait  alors  à  Caen  :  des 
exemplaires  furent  envoyés  à  Guvier. 

Vers  le  même  temps  on  trouva  dans  les  carrières 
de  Quilly,  sur  la  route  de  Falaise,  à  peu  de  distance 
de  Caen  et  situées  dans  le  même  calcaire,  un  très, 
grand     crocodilien,    presqu'entier,     mais    que    les 
carriers  mutilèrent  en  voulant   le   nettoyer.    Ils  le 


—  33  — 

portèrent  chez  Lamouroux  qui  l'acheta  pour  son 
compte  particulier  ;  il  le  fit  dessiner,  et  en  envoya 
un  dessin  et  quelques  os  détachés  à  Guvier.  Ce  dessin 
est  reproduit  dans  l'ouvrage  cité  précédemment 
fig.  6,  7,  8,  9  et  13.  Guvier  crut  que  ce  second  croco- 
dilien  était  de  la  même  espèce  que  celui  dont  il 
possédait  une  moitié  de  crâne  et  qu'il  ne  différait  du 
premier  que  par  un  âge  plus  avancé,  mais  c'était  à 
tort  (1). 

M.  de  Magneville,  ayant  eu  connaissance  de  cette 
découverte,  se  rendit  sur  les  lieux  pour  voir  s'il  ne 
restait  pas  encore  quelques  débris.  Précisément  les 
carriers  venaient  de  trouver  tout  près  du  lieu  où  ils 
avaient  enlevé  la  grande  pierre  portée  chez  Lamouroux 
d'autres  ossements,  mais  très  mutilés,  au  milieu 
desquels  on  apercevait  quelques  dents  et  des 
tronçons  annonçant  une  mâchoire  inférieure  ;  l'état 
de  mutilation  était  tel  que  M.  de  Magneville  hésita 
à  en  faire  l'acquisition;  il  l'acquit  néanmoins,  il  en  fit 
ramasser  les  plus  petits  fragments  et  emporta  le  tout 
à  Gaen.  Nous  retrouverons  un  peu  plus  loin  cette 
mâchoire. 

Je  retournai  à  Paris  reprendre  le  cours  de  mes 
études  médicales.  Il  me  passa  par  la  tête  d'aller  voir 
Guvier,  de  lui  dire  que  j'étais  l'un  des  jeunes  gens 
qui  avaient  concouru  à  recueillir  le  crocodilien 
trouvé  dans  les  carrières  d'Allemagne.  J'hésitais 
néanmoins:  qu'irais-je  apprendre  à  Guvier?  Je  ne 
savais  comment  m'introduire  auprès  du  grand  anato- 
miste  ?  Une  tim.idité  presque  ridicule,  dont  je  n'ai 

(1)  C'est  le  Slenosaurus  megislortiynclms  Geoff.  St-Hilaire. 

3 


—  34  — 

jamais  pu  me  débarrasser,  me  retenait.  Cependant  le 
désir  d'avoir  une  audience  de  Guvier,  de  lui  donner 
au  besoin  quelques  renseignements,  et  peut-être 
d'intéresser  à  ma  chétive  personne  un  homme 
puissant,  dont  les  ouvrages  m'avaient  rempli  d'admi- 
ration, l'emporta.  Je  me  rendis  chez  Guvier  et  \e  lui 
exposai  brièvement  le  but  de  ma  visite.  Guvier  me 
reçut  avec  une  affabilité  qui  me  rassura  tout  d'abord; 
il  me  questionna  beaucoup,  non  seulement  sur  nos 
carrières  d'Allemagne  et  de  Quilly,  mais  aussi  sur 
nos  divers  calcaires  ;  il  me  demanda  entr'autres 
choses  si  ces  calcaires  renfermaient  beaucoup  de 
coquilles  fossiles  et  si  j'en  avais  en  ma  possession. 
J'étais  alors  si  ignorant  à  ce  sujet  que  je  lui  dis  qu'il 
n'y  en  avait  pas,  que  je  n'en  avais  pas  vu.  «  C'est 
impossible,  dit-ii,  vous  n'avez  pas  bien  cherché  ».  Je 
n'avais  remarqué  jusqu'alors  que  de  petits  corps 
cylindroïdes,  un  peu  branchus  (c'étaient  des  Nulli- 
pores)  que  je  n'avais  pas  ramassés.  «Quand  vous 
retournerez  à  Caen.  cherchez  mieux  et  vous  en 
trouverez  ;  je  vous  engage  à  me  les  envoyer  en 
indiquant  exactement  les  localités  qui  vous  les  auront 
fournies.  »  Je  lui  dis  que  j'avais  eu,  parmi  mes 
morceaux  ramassés  à  Allemagne,  l'extrémité  d'une 
mâchoire  inférieure  appartenant  sans  aucun  doute 
au  spécimen  donné  à  Luard.  Il  me  demanda  ce  bout 
de  mâchoire;  je  lui  dis  qu'il  n'était  plus  en  ma 
possession,  que  je  l'avaià  donné,  ainsi  qu'avait  fait 
Luard  de  ses  grands  morceaux,  pour  le  cabinet  de 
notre  ville.  Mais  j'ajoutai  que  je  l'avais  si  bien  dans 
la  tête  que  je  pourrais  le  dessiner  de  mémoire  et  lui 
en  donner  le  dessin,  ce  qu'il  accepta  ;  il  m'interrogea 


—  35  - 

sur  ce  que  j'étais  venu  faire  à  Paris,  je  lui  racontai 
ma  petite  histoire  sans  oublier  ranimai  des  plâ- 
trières  de  Pantin  et  le  grand  intérêt  que  j'avais  pris 
à  la  lecture  de  ses  recherches  sur  les  ossements 
fossiles.  Le  voyant  si  bien  disposé  à  m'écouter  je 
cherchai  à  exciter  de  sa  part  quelqu'intérêt  pour  ma 
personne,  je  lui  dis  que  j'étais  passionné  pour  l'étude 

de  l'anatomie  humaine ((  Puisque  vous  aimez  tant 

l'anatomie,  dit-il,  je  vous  conseille,  quand  vous  en 
aurez  le  loisir,  de  vous  occuper  sérieusement 
d'anatomie  comparée  :  vous  verrez  alors  le  champ  de 
vos  connaissances  s'agrandir,  vos  notions  sur  l'orga- 
nisation de  l'homme  s'élucideront  par  celles  que 
vous  donnera  l'anatomie  des  animaux...  les  espèces 
indigènes  vous  suffiront  si  vous  ne  pouvez  vous  en  pro- 
curer d'exotiques.  »  Je  lui  dis  que  telle  était  bien  mon 
intention  et  que,  dans  ce  but,  je  venais  d'acquérir 
son  ouvrage  sur  l'anatomie  comparée  (et  je  pense  que 
j'ai  tenu  parole);  cela  parut  lui  faire  plaisir.  Je  lui  dis 
encore  que  je  serais  flatté  de  voir  un  squelette  de 
crocodile.  II  ouvrit  aussitôt  une  porte  de  son  appar- 
tement qui  conduisait  dans  le  cabinet  d'anatomie 
comparée,  et  me  fit  voir,  avec  détail,  des  squelettes 
de  crocodile  et  de  gavial. 

Je  me  retirai  heureux,  enchanté.  Quelques  jours 
après  je  fus  porter  à  Cuvier  mon  dessin  fait  de  mé- 
moire. Celte  fois,  Cuvier  fut  beaucoup  moins  commu- 
nicatif  que  la  première  ;  il  me  parut  préoccupé.  Il 
regarda  mon  dessin  avec  beaucoup  d'attention,  me 
remercia,  et  me  fit  un  grand  salut,  que  je  lui  rendis 
très-humble,  et  je  le  quittai  de  crainte  d'être  importun. 
Si  ma  première  visite  m'avait  fait  concevoir  quelques 


—  36  — 

illusions,  la  seconde  y  mettait  bon  ordre  et  je  me 
le  tins  pour  dit,  (1) 

Quoique  déjà  bien  longues  mes  remarques  concer- 
nant l'exemplaire  du  Teleosaurus  Cadomensis, 
premier  trouvé,  ne  sont  pas  encore  terminées  ;  et  je 
demande  ia  permission  de  parler  encore  de  moi  avant 
d'en  finir  avec  lui. 

Après  deux  autres  années  dé  séjour  à  Paris  et  ma 
réception  de  docteur  en  chirurgie,  je  revins  à  Gaen 
commencer  ma  clientèle.  Les  loisirs  ne  manquent 
pas  en  général  dans  le  début  de  la  carrière  médicale, 
j'employai  les  miens  activement  à  m'occuper  d'ana- 
tomie  comparée  et  de  paléontologie  ;  mes  collections 
s'augmentèrent  rapidement.  Je  me  liai  intimement 
avec  Lamouroux;  sa  bibliothèque  d'histoire  naturelle 
assez  riche  et  ses  collections,  assez  nombreuses, 
me  furent  d'un  grand  secours.  Il  s'occupait  alors 
de  l'ouvrage  qu'il  publia  bientôt  ,  intitulé  : 
Exposition  Méthodique  de  l'ordre  des  genres 
des  Polypiers,  qui  lui  avait  été  demandé  par  un 
libraire  de  Paris  devenu  propriétaire  des  planches 
gravées  de  l'ouvrage  d'Ellis  et  Solander.  Au  lieu  d'une 
traduction,  mise  au  niveau  de  la  science,  Lamouroux 

U)  On  peiisera  peut-tître  que  je  pousse  bien  loin  ces  détails.  (|ui 
peuvent  sans  doute  m'intéresser  personnellement,  mais  (jui  ne 
sont  pas  fort  utiles  h  rapporter  dans  un  travail  iiurement  scientifique. 
On  se  tromperait  pourtant  ;  ils  peuvent  et  doivent  sei'vir  à  rectifier 
line  inexactitude  importante  qui  se  voit  dans  la  planche  VII  fig.  10, 
tome  '5,  1"  partie,  de  la  seconde  édition  des  Ossements  fossiles. 
Quoique  le  dessin  que  j'avais  remis  à  Cuvier  rendit  assez  bien 
l'aspect  de  l'objet,  il  n'était  pas  rigoureusement  exact.  Quand  je  pus 
consulter  la  seconde  édition  des  Ossements  fossiles,  j'y  reconnus 
dans  la  fig.  10,  que  mon  dessin  lui-même  avait  servi  à  graver  cette 


—  37  — 

en  fit  une  sorte  de  gênera  des  polypiers  vivants  et 
fossiles  alors  connus.  Je  lui  aidai  beaucoup  dans  la 
confection  de  cet  ouvrage.  Je  recherchai  activement 
nos  polypiers  fossiles  :  les  carrières  de  Ranville,  les 
falaises  du  Maresquet,  celles  de  Luc,  de  Lion,  de 
Langrune,  en  étaient  des  gisements  inépuisables.  Je 
lui  fis  beaucoup  de  dessins,  et  j'acquis  ainsi  la  con- 
naissance de  ces  animaux  tant  vivants  que  fossiles. 
Après  la  publication  de  son  gênera,  Lamouroux  fut 
chargé,  par  le  même  libraire,  de  terminer  la  partie  des 
vers  (moins  les  mollusques)  de  V Encyclopédie  métho- 
dique, et  en  même  temps  de  traiter  les  mêmes  sujets 
pour  le  Dictionnaire  classique  d'Histoire  naturelle , 
dont  son  compatriote  et  son  ami,  le  colonel  Bory  de 
Saint-Vincent  venait  d'entreprendre  la  publication. 
Les  matières  à  traiter  dans  ces  deux  ouvrages,  échues 
à  Lamouroux,  comprenaient  aussi  les  entozoaires,  ou 
vers  intestinaux,  à  la  connaissance  desquels  il  était 
entièrement  étranger.  Je  n'en  savais  guère  davantage 
alors  à  leur  sujet  que  ce  que  les  études  médicales  en 
apprennent  ordinairement  ;  il  me  proposa  de  m'en 
charger.  J'hésitais.    «  C'est  une  étude  à  commencer 


li;,^ure  ;  et  cepoiidaiit  Cuvier  avait  eu  entre  les  mains,  avant  la  publi 
ration  de  cette  planche  le  modèle  en  idàtie  de  ce  hout  de  màchoir- 
qui  lui  avait  été  envoyé,  avec  les  autres  pièces  moulées  à  Caen  par 
Odelli.  La  description  donnée  par  Cuvier,  dans  son  livre,  paraît 
cependant  avoir  été  faite  plutôt  sur  le  modèle  en  plâtre  que  sur  le 
dessin  car  elle  est  plus  exacte  ({ue  celui-ci.  Ainsi,  c'est  à  moi  qu'est 
due,  du  moins  l'inexactitude  de  la  lig.  10  PI.  VII  de  Cuvier,  et 
quand  des  caractères  aussi  importants  et  j'ajoute  aussi  fugitifs  que 
ceux  du  museau  dans  les  esjjèces  du  genre  Teleosnurt/s  sont  inexacts, 
il  est  utile  d'en  avertir. 


'e 


—  38  — 

pour  vous,  me  dit-il,  est-ce  qu'elle  vous  fait  peur?  nous 
aurons  les  deux  traités  de  Rudolphi  {entozoorum 
historia  et  syîiopsis)  vous  éventrerez  tous  les  animaux 
que  nous  pourrons  nous  procurer,  et  l'affaire  mar- 
chera, si  vous  voulez  vous  y  livrer.»  J'acceptai.  Tous 
les  poissons  que  je  pouvais  avoir  à  la  poissonnerie  de 
Gaen,  et  ils  étaient  nombreux,  nos  quelques  reptiles, 
des  oiseaux  en  grand  nombre,  les  mammifères  du 
pays,  y  passèrent,  et  j'eus  bientôt  une  collection  fort 
considérable  d'entozoaires  (i).  Je  pris  goût  à  cette 
étude  et  je  m'y  passionnai  si  bien  qu'elle  m'avait  fait 
presque  négliger  les  fossiles.  Rudolphi  était  mon 
guide  ;  je  fournissais  mes  articles  à  mesure  que  V Al- 
phabet les  demandait.  On  sait  que  l'arrangement 
des  matières  dans  ces  deux  ouvrages  était  Tordre 
alphabétique. 

11  y  avait  alors  à  Gaen  quelques  jeunes  médecins, 
pharmaciens  et  avocats,  instruits  et  zélés,  qui  fai- 
saient de  l'histoire  naturelle  plus  qu'un  délassement. 
Tous  fréquentaient  Lamouroux  qui  entretenait  leur 
zèle  ;  il  nous  constitua  en  société,  à  la  tête  de  laquelle 
il  se  mit.  Quelques  personnes  plus  âgées  qui  s'intéres- 
saient vivement  aux  progrès  de  l'histoire  naturelle 
dans  notre  ville,  se  joignirent  à  nous,  et  la  Société 
Linnéenne  du  Calvados  fut  fondée. 

Les  études  géologiques  s'établirent  alors  chez 
nous  et  la  recherche   des  Mollusques  et  Rayonnes 


(1)  Cette  collection,  comprenant  360  espèces  ou  variétés  fut  donnée 
par  J.-A.  Eudes-Deslonchamps  au  Musée  de  Caen,  en  même  temps 
qu'un  très  srrand  nombre  de  pièces  d'anatoniie  comparée  et  de 
zoologie  qui  ont  enrichi  considérablement  le  Musée.  A.  B. 


—  39  - 

fossiles  y  prit  beaucoup  d'activité  ;  celle  des  ver- 
tébrés fossiles  s'étendit  à  toutes  nos  formations, 
sans  négliger,  loin  de  là,  ceux  des  carrières  éta- 
blies dans  le  calcaire  de  Gaen  ;  Abel  Vautier,  Tesson 
et  moi  nous  nous  procurâmes,  à  l'envi,  beaucoup 
de  pièces  importantes,  presque  toutes  relatives 
aux  téléosauriens  que  nous  continuions  d'appeler, 
comme  nos  maîtres,  des  crocodiles.  Je  ne  les  men- 
tionne pas  ici,  la  plupart  trouveront  leur  indication 
plus  loin. 

Sur  ces  entrefaites,  Lamouroux  vint  à  mourir.  Je 
fus  chargé  de  continuer  les  sujets  qu'il  s'était 
réservés  dans  l'achèvement  de  VEncyclopédie  métho- 
dique et  du  Dictionnaire  classique  d'histoire  natu- 
relle. La  voix  publique  me  désignait  à  Caen  comme 
successeur  de  Lamouroux  dans  la  chaire  d'histoire 
naturelle  à  la  Faculté  des  sciences.  Malheureusement, 
comme  le  dit  Figaro,  j'y  étais  propre:  il  fallait  un 

naturaliste,  bien  peu  s'en  fallut  que  ce  ne  fut  un 

Après  bien  des  obstacles,  bien  des  péripéties,  je  fus 
enfin  nommé  à  la  chaire  de  la  Faculté  (1). 

Mon  ardeur  pour  les  sciences  naturelles  et  mon 
peu  de  goût  pour  l'exercice  de  la  médecine  m'avaient 

(l)Cet  exemple  suffirait  à  montrer  les  inconvénients  que  pourrait 
avoir  la  latitude  laissée  aux  Facultés  de  choisir  elles-mêmes  les 
titulaires  de  chaires  ou  des  maîtrises  de  conférence.  Il  est  toujours  à 
craindre  que  les  influences  locales,  tenant  plus  compte  de  raisons 
extra-scientifiques  que  des  aptitudes  des  candidats,  n'amènent  de 
choix  funestes.  Le  Congrès  de  l'Enseignement  supérieur,  tenu  à 
Lyon  en  1894,  a  proposé  que,  en  dehors  de  la  présentation  faite  à 
une  chaire  vacante  par  la  Faculté  intéressée,  il  fut  tenu  compte  de 
l'avis  des  professeurs  de  la  spécialité  dans  les  autres  Facultés.  Il  est 
hien  à  souhaiter  que  cette  excellente  mesure  soit  adoptée.    A.  B. 


—  no- 
tait négliger  un  peu  la  clientèle.  J'avais  tort,  car 
n'ayant  d'autre  fortune  que  mon  état  de  médecin 
pour  vivre  et  soutenir  mes  bons  vieux  parents,  je 
m'exposais,  eux  et  moi,  à  un  avenir  très  précaire. 
Une  fois  que  je  me  vis,  par  les  émoluments  de  ma 
place,  une  existence  honorable  assurée,  je  me  trouvai 
suffisamment  riche,  et  j'abandonnai  l'exercice  de 
l'art.  Mais  la  clientèle  que  j'avais  eu  assez  de  peine  à 
former,  ne  voulait  pas  me  quitter  et  j'eus  presqu'au- 
tant  de  difficulté  pour  m'en  débarrasser  que  pour 
l'acquérir. 

Le  cabinet  d'histoire  naturelle  de  la  ville  dont 
M.  de  Magneville  s'occupait  avec  un  zèle  si  louable, 
s'enrichit  par  l'acquisition  des  collections  de  Lamou- 
roux.  J'achetai  pour  mon  compte  particulier  une 
bonne  partie  des  ouvrages  d'histoire  naturelle  de  sa 
bibliothèque.  Je  proposai  à  M.  de  Magneville  de 
déterminer  et  de  mettre  en  ordre  ce  qu'il  y  avait  de 
rangé  et  en  magasin  dans  le  cabinet  de  la  ville.  M.  de 
Magneville  accepta  avec  empressement  cet  acte  de 
bonne  volonté,  car  il  était  alors  entièrement  gratuit. 
J'avais  ainsi  à  ma  disposition  de  nombreux  et  précieux 
matériaux  pour  mes  études  favorites  ;  j'y  trouvais 
l'occasion  d'étendre  et  de  perfectionner  mes  connais- 
sances. 

Je  voyais  et  touchais  tous  les  jours  les  belles  pièces 
du  fossile  d'Allemagne  données  par  Luard  et  par  moi 
même,  que  Guvier  avait  décrites  et  figurées  en  grande 
partie  dans  l'ouvrage  si  souvent  cité  ici  ;  je  voyais 
toujours,  sur  le  côté  d'un  des  deux  blocs  principaux 
des  traces  d'os  restés  cachés  dans  la  pierre  ;  je  savais 
à  n'en  pas  douter  que  l'extrémité  de  la  mâchoire 


—  4 1  — 

inférieure  préparée  par  moi,  avait  fait  partie  de  ce 
bloc  ;  j'étais  à  peu  près  certain  que  le  reste  de  cette 
mâchoire  devait  y  être.  Un  jour,  je  proposai  à  M.  de 
Magneville  de  fouiller  ce  bloc,  en  lui  faisant  connaître 
les  raisons  qui  me  faisaient  penser  qu'il  ne  montrait 
pas  tout  ce  qu'il  contenait  ;  il  me  faudra  sans  doute 
enlever  les  écailles  situées  à  la  surface  et  qui  se 
voient  par  leur  face  interne,  mais  je  pourrai  les 
rapprocher,  les  recoller  dans  leurs  rapports  et  les 
montrer  par  leur  face  extérieure,  ce  qui  les  rendrait 
plus  intéressantes  ;  j'appuyai  ma  demande  de  toutes 
les  raisons  que  je  crus  propres  à  la  faire  agréer  par 
M.  le  Directeur  du  cabinet.  M.  de  Magneville  ne  fut 
pas  de  mon  avis,  il  me  dit  que  ce  n'était  s'exposer 
à  détériorer  une  des  pièces  les  plus  précieuses  de  la 
collection,  consacrée  pour  ainsi  dire  par  la  descrip- 
tion qu'en  avait  donnée  Guvier;  qu'il  ne  doutait  pas 
de  mon  habileté,  mais  qu'il  ne  fallait  l'exercer  dans 
ce  cas,  qu'il  ne  fallait  pas  courir  les  chances  de 
gâter  le  bien  en  cherchant  le  mieux  ;  bref  qu'il  fallait 
que  les  pièces  restassent  dans  l'état  où  elles  étaient. 

Je  fus  fort  contrarié  de  ce  refus  ;  mais  il  fallut 
obéir,  M.  de  Magneville  ayant  toute  autorité  sur  les 
objets  renfermés  dans  la  collection. 

«  Eh  bien,  lui  dis-je,  puisque  vous  ne  consentez  pas 
à  ma  proposition,  voulez-vous  me  permettre  de 
restaurer  la  mâchoire  inférieure  que  vous  avez 
rapportée  de  Quilly  (voir  précédemment  page  33), 
dont  les  fragments  sont  restés  renfermés  dans  une 
boîte  et  laissés  dans  un  coin  ».  «  Ah,  pour  celle-là, 
me  dit-il,  je  l'abandonne  volontiers  à  votre  zèle  et  à 
votre  adresse,  faites-en  ce  que  vous  voudrez  ou  ce 


—  42  — 

que  vous  pourrez.  »  M.  de  Magneville  était  bien 
convaincu  qu'on  ne  pourrait  en  tirer  aucun  parti  et 
qu'elle  n'était  bonne  qu'à  être  jetée  aux  décombres. 
Je  n'étais  pas  trop  rassuré  moi-même  sur  ce  que 
je  pourrais  faire  de  cette  pauvre  mâchoire,  dans  le 
piteux  état  où  elle  était.  J'avais  bien  plus  d'assurance 
de  réussir  si  l'on  m'eût  laissé  exploiter  le  morceau 
de  Luard.  Je  me  mis  néanmoins  à  l'œuvre;  je  fis 
pour  la  mâchoire  de  Quilly  ce  que  j'ai  fait  depuis 
pour  plusieurs  de  nos  fossiles  que  j'ai  ramenés, 
avec  succès,  de  l'état  déplorable  dans  lequel  il 
m'avaient  été  remis,  notamment  mon  Pœkilop/ei(ron 
Bucklandi  la  tête  du  Rhinocéros  tichorhinus  de 
Venoix,  et  une  foule  d'autres  (Ij.  Je  plaçai  tous  mes 
fragments  sur  une  grande  table  ;  j'étudiai  chaque 
morceau  séparément  ;  je  rapprochai  les  uns  des 
autres  tous  ceux  qui  pouvaient  évidemment  se 
radapter,  je  fis  des  groupes  principaux  de  ce  qui 
appartenait  à  chaque  région,  puis  des  groupes  secon- 
daires appartenant  aux  faces  supérieure,  inférieure, 
latérale  droite,  latérale  gauche  ;  je  dégageai  de  leur 
gangue  ceux  qui  en  étaient  plus  ou  moins  masqués. 
Je  ne  tardai  pas  à  voir  ce  que  j'aurais  à  faire  pour 
les  rassembler  méthodiquement  ;  je  recollai  avec 
une  solution  de  gomme  très  épaissie  tous  les  mor- 
ceaux dont  les  fractures  montraient  des  configu- 
rations réciproques;  je  formai  ainsi  des  centres 
principaux  autour  desquels  des  morceaux  isolés 
venaient  se  joindre.    Fort    heureusement    tous    ou 


(l)  Voir  h'  niùmoire  sur  le  Pakilopltiiron  Bucklandi  i.'t  celui  sur 
les  ossements  quaternaires  du  Calvados.  A.  B. 


—  43  — 

presque  tous  les  fragments  avaient  été  ramassés  dans 
la  carrière;  tous  trouvèrent  leurs  places  après  plus 
ou  moins  de  tâtonnements,  enfin  j'arrivai  à  recons- 
tituer la  mâchoire  entière,  corps  et  branches,  tout 
enfin.  On  peut  voir  cette  magnifique  pièce  dans  la 
collection  de  notre  Faculté  des  sciences. 

J'y  passai  beaucoup  de  temps,  mais  le  temps  ne 
fait  rien  à  l'affaire.  Quand  mon  travail  fut  terminé, 
j'engageai  M.  de  Magneville  à  le  voir  et  à  reconnaître 
sa  mâchoire  qu'il  avait  apportée  en  miettes.  M.  de 
Magneville  ne  pouvait  revenir  de  sa  surprise,  il 
examina  tous  ces  fragments  rassemblés,  recollés, 
solidifiés,  et  put  s'assurer  qu'il  n'y  avait  pas  un 
morceau  replacé  à  faux  ;  il  put  s'écrier,  en  retournant 
la  pensée  du  poëte  : 

Quantum  muta  tus    ah    illo  ! 

il  me  fit  force  compliments  sur  ma  patience  et  mon 
adresse  et  me  remercia  d'avoir  si  bien  conservé  une 
chose  qu'il  regardait  comme  entièrement  perdue.  Je 
profitai  de  l'occasion,  je  revins  à  la  charge  pour  le 
bloc  de  Luard  que  j'affirmais  contenir  des  choses 
bien  plus  importantes  que  celles  qu'une  cassure 
accidentelle  avait  mises  à  découvert  ;  j'employai 
toute  ma  rhétorique  ;  M.  de  Magneville,  plutôt  vaincu 
par  mon  obstination  que  convaincu  par  mes  raisons, 
me  dit  à  la  fin  :  «  eh  bien,  faites,  mais  si  vous  vous 
aperceviez  que  vous  ne  réussiriez  complètement, 
tâchez  de  remettre  les  choses  dans  l'état  où  vous  les 
aurez  prises.  » 

Me  voilà  donc  muni  de  cette  permission  que 
j'attendais  depuis  si  longtemps  !  je  commençai  par 


_  44  — 

cpller  des  numéros  sur  ces  nombreuses  écailles  que 
je  continuais  toujours  à  regarder  comme  dorsales  ; 
j'attaquai  chaque  écaillle  une  à  une,  d'arrière  en 
avant,  à  reboars  de  l'imbrication,  je  dégageai  leur 
pourtour  de  tout  reste  de  gangue  ;  je  fis  sur  l'un  de 
leurs  côtés  une  petite  entaille  plate,  dans  laquelle 
j'introduisais  un  petit  ciseau  approprié,  et  d'un  coup 
sec  de  marteau  je  faisais  sauter  chaque  écaille  sans 
l'endommager.  Cette  opération  se  trouva  singuliè- 
rement facilitée  par  la  présence  d'une  très  mince 
couche  de  pierre  presque  pulvérulente  qui  doit  être 
due  à  une  couche  de  derme  disparue  et  qui  a  été 
remplacée  par  de  la  matière  pierreuse. 

En  peu  de  temps  j'eus  tout  enlevé.  Je  recollai 
ensuite  les  écailles  de  chaque  rangée  en  conservant 
bien  exactement  leur  courbe  ;  une  fois  bien  conso- 
lidé ainsi,  je  mis  chaque  rang  en  place,  les  faisant 
se  recouvrir  comme  dans  leur  imbrication  natu- 
relle :  il  me  fut  facile  de  voir  que  je  pouvais  conso- 
lider les  rangs  ;  je  remplaçai  par  une  pâte  bien 
collante  les  parties  détruites  du  derme  qui  laissait 
un  vide  entre  les  surfaces  imbriquées,  et  j'eus  un 
bouclier  solide  formé  des  écailles  enlevées  et  dont 
on  pouvait  voir  les  deux  faces. 

Alors  vint  le  tour  de  la  recherche  de  la  mâchoire 
inférieure  que  je  supposais  exister  dans  le  bloc.  Elle 
y  était,  en  effet,  enfoncée  d'un  ou  deux  centimètres 
dans  la  gangue.  Je  lis  une  large  rainure  dans  la 
pierre,  ménageant  avec  un  soin  extrême  les  dents  très 
minces,  très  fragiles  et  très  longues,  les  laissant 
appuyées  par  leur  côté  extérieur  contre  la  gangue. 
Je  vis  que  la  face  de  la  mâchoire  que  je  découvrais 


—  45  — 

était  la  supérieure.  Celle  que  j'avais  dégagée  sur  mon 
morceau,  et  dont  j'ai  parlé  plus  haut,  était  l'inférieure; 
les  cassures  de  la  mâchoire  sur  le  bloc  et  du  morceau 
détaché  s'ajustaient  fort  bien,  mais  les  morceaux 
rajustés  se  présentaient  par  leurs  faces  opposées.  Si 
j'eusse  pu  prévoir  tout  ce  qui  s'est  succédé  dans  la 
découverte  de  cet  animal,  j'aurais  dégagé  mon  bout 
par  sa  face  opposée.  L'inconvénient  est,  d'ailleurs, 
fort  peu  important  ;  en  formant  en  plâtre  une  contre 
épreuve  du  bout  de  la  mâchoire,  on  voit  quelle  est 
la  conformation  de  cette  face  supérieure. 

Après  avoir  découvert  quelques  centimètres  de  la 
mâchoire  inférieure,  je  trouvai,  croisant  la  direction 
de  celle-ci,  un  long  bout  du  museau  avec  son  extré- 
mité antérieure  très  bien  conservée  ;  j'engageai  dès 
lors  M.  de  Magneville  à  venir  constater  les  résultats 
que  j'avais  obtenus.  Je  lui  fis  voir  les  écailles  enlevées 
et  recollées,  et  les  bouts  des  deux  mâchoires.  Je  ne 
soupçonnais  la  présence  que  de  l'inférieure  mais  la 
supérieure  venait  fournir  un  nouveau  caractère  de  la 
plus  haute  valeur.  «  Vous  avez  bien  fait  de  persévérer 
dans  votre  demande,  me  dit-il,  quant  à  moi,  je  ne 
croyais  guère  au  succès.  Grâce  à  votre  persistance, 
notre  crocodile  a  beaucoup  gagné;  il  est  bien  a  croire 
que  si'j'eusse  continuée  m'opposer  à  vos  recherches, 
les  parties  si  intéressantes  que  vous  venez  de  découvrir, 
fussent  restées  à  tout  jamais  enfouies  dans  la  pierre.  » 
M.  de  Magneville  voulut  assister  à  mes  séances 
d'exploration  et  être  témoin  de  la  mise  au  jour  de 
ce  qui  était  encore  caché  ;  il  me  donnait  même  des 
conseils  sur  la  direction  à  donner  à  l'instrument 
investigateur,  et  que  je  suivais,  pour  lui  faire  plaisir. 


—  46  — 

Ainsi  furent  mis  en  évidence  la  mâchoire  inférieure 
entière  et  un  long  bout  de  la  supérieure.  Nous  avions 
ainsi  la  longueur  précise  de  la  tête  :  la  moitié  du 
crâne  que  Lamouroux  avait  envoyée  à  Guvier,  nous 
manquait  à  la  vérité,  mais  Guvier  nous  en  avait 
envoyé  un  plâtre  colorié.  Or,  en  articulant  ce  plâtre 
sur  l'un  des  condyles  de  notre  mâchoire  inférieure 
et  supposant  le  bout  du  museau  couché  sur  cette 
mâchoire  et  atteignant  son  extrémité,  nous  obtenions 
ainsi  la  longueur  et  la  largeur  du  crâne  et  celles  du 
museau  tout  entier  ;  par  ce  moyen  nous  vîmes  qu'il 
manquait  un  tronçon,  perdu  à  tout  jamais,  brisé  sans 
doute  par  le  maçon  en  équarrissant  sa  pierre,  ou  qui 
nous  avait  échappé  quand  nous  épluchions  les  débris; 
perte  de  peu  d'importance  puisque  nous  possédons 
tous  les  éléments  pour  reconstituer  cette  tête  sans 
crainte  de  lui  attribuer  d'autres  formes  ou  d'autres 
dimensions  et  proportions  que  celles  qu'elle  avait 
réellement. 

Je  mis  encore  à  découvert  dans  ce  bloc  l'épaule  du 
côté  gauche.  —  l'omoplate  et  le  coracoïdien  étaient 
encore  articulés  et  dans  leurs  rapports  naturels,  — 
une  des  dernières  vertèbres  caudales  et  une  écaille 
de  la  même  région. 

Ainsi,  le?  blocs  de  Luard  nous  ont  fourni  la  plu- 
part des  pièces  du  squelette  du  Teleosauriis  cado- 
mensis.  Depuis  la  découverte  de  ces  blocs  un  très 
grand  nombre  de  morceaux  concernant  cette  espèce 
ont  été  recueillis  dans  nos  carrières  :  toutes,  à  l'ex- 
ception de  celles  qui  ont  pu  être  vendues  à  des 
étrangers  par  les  carriers,  m'ont  passé  par  les  mains, 
mais  aucune  ne    m'a    montré   un    ensemble   aussi 


—  47  — 

précieux  d'ossements  appartenant  à  un  même  indi- 
vidu. J'ai  recueilli  trois  crânes  de  cette  espèce,  mais 
ils  nétaient  accompagnés  de  vertèbres,  ni  d'écaillés. 
Si  je  n'eusse  connu  la  tète  de  l'individu  donné  par 
Luard,  j'aurais  eu  peine  à  croire  qu'ils eussentappar- 
tenu  à  la  même  espèce  ;  leurs  faibles  dimensions 
m'auraient  éloigné  de  penser  qu'ils  se  rapportaient  à 
des  corps  pourvus  d'écaillés  aussi  fortes  et  d'aussi 
grosses  vertèbres.  Mais  le  téléosaure  de  Luard  lève 
toute  espèce  de  doute  à  cet  égard. 

Assez  peu  de  temps  après  avoir  retrouvé  dans  le 
bloc  signalé  les  ossements  que  je  viens  de  désigner, 
Geoffroy  Saint-Hilaire  qui  avait  déjà  publié  quelques 
travaux  d'une  certaine  importance  sur  nos  ossements 
publiés  par  Cuvier  dans  la  seconde  édition,  vint  à 
Gaen  et  séjourna  quelque  temps  chez  M.  Diéi,  alors 
directeur  de  la  maison  centrale  de  Beaulieu,  et  allié 
de  sa  famille.  Je  fus  mis  en  rapport  avec  GeotTroy 
Saint-Hilaire  ;  plus  tard  je  suis  resté  en  corres- 
pondance avec  lui  presque  jusqu'au  moment  de  sa 
mort.  Geoffroy  Saint-Hilaire  visita  avec  détails  toutes 
les  collections  de  notre  ville  qui  renfermaient  des 
fossiles;  il  vit  surtout  avec  une  vive  satisfaction  ce 
que  j'avais  retrouvé  de  notreTeieosauncscadomensis, 
car  déjà  Geoffroy  avait  établi  ce  genre  et  désigné 
l'espèce.  H  demanda  à  M.  de  Magneville  l'autorisation 
de  faire  modeler  au  Muséum  de  Paris  le  bloc  que  je 
venais  de  fouiller,  et  obtint  facilement  cette  auto- 
risation. Il  y  joignit  beaucoup  d'autres  pièces  appar- 
tenant à  Vaulier,  à  Tesson  et  à  moi-même.  Toutes 
furent  habillement  modelées  et  peintes  :  nous  en 
reçûmes  chacun   un  exemplaire;  il  doit  encore  en 


—  48  — 

exister  au  Muséum  d'histoire  naturelle,  et  peut-être 
que  les  moules  y  sont  encore. 

Je  m'engageai  envers  Geoffroy  St-Hilaire  â  lui 
donner  communication  de  tout  ce  que  nous  trouverions 
par  la  suite  en  lui  envoyant  des  croquis  de  gran- 
deur naturelle  et  des  descriptions  détaillées  ;  ce  que 
j'ai  fait  pendant  longtemps  (1).  Nos  nouvelles 
pièces  furent  encore  le  sujet  de  diverses  communi- 
cations à  l'Académie  des  sciences;  Geoffroy  avait 
alors  le  projet  de  faire  un  grand  travail  descriptif  de 
nos  Téléosauriens  pour  lequel  il  me  demanda  ma 
collaboration.  Mais,  tout  en  continuant  ses  commu- 
nications à  l'Académie  sur  nos  fossiles,  Geoffroy 
Saint-Hilaire  sembla  perdre  de  vue  son  plan  primitif, 
et  nos  pièces  ne  furent  plus  que  des  motifs  ou  des 
exemples  pour  la  poursuite  de  ses  idées  théoriques 
sur  la  composition  de  la  tête  des  vertébrés,  et  autres 
élucubrations  beaucoup  plus  dans  ses  goûts  que  des 
travaux  purement  descriptifs. 

Il  y  eut,  pour  nos*fossiles  un  temps  d'arrêt  de 
publication  qui  s'est  prolongé  jusqu'au  moment  ou 
j'ai  conçu  le  projet  de  les  faire  connaître  avec  détails. 
Mais  ce  temps  d'arrêt  ne  s'étendit  pas  à  leurs  recher- 
che, car  les  collectionneurs  de  notre  ville  conti- 
nuèrent de  recueillir  tout  ce  qu'ils  purent  se  procurer 
en  animaux  vertébrés  et  invertébrés;  je  dis  tout,  mais 
il  est  certain  que  nous  ne  possédons  pas  tout  ce  qui 
avait  été  trouvé.  Nos  crocodiles  de  Caen  firent  du 
bruit  dans  le  monde   scientifique  ;  un  assez  grand 


(1)  Nous  possédons  un  double  de  ees  observations  et  de   dessins 
(grandeur  nulurelle,  exécutés  jtour  Geotfroy  Saint-Hilaire.  A.  B. 


—  49  — 

nombre  de  naturalistes  étrangers  sont  venus  visiter 
nos  carrières  et  ont  acheté,  à  très  haut  prix,  tout  ce 
que  les  carriers  possédaient  lors  de  leur  passage;  des 
marchands  s'en  mêlèrent  et  nous  firent  une  grande 
concurrence.  Le  malheur,  pour  nous,  est  peut-être 
qu'il  a  pu  tomber  dans  leurs  mains  des  débris  dont 
nous  n'avons  pu  avoir  les  analogues,  tels  que  les 
extrémités  des  membres  que  nous  n'avons  pu  ren- 
contrer jusqu'ici  ;  peut-être  aussi  les  petites  côtes 
abdominales.  Cependant,  qu'elles  qu'aient  pu  être  nos 
pertes,  elles  nous  sont  peu  préjudiciables. 

J'arrête  ici  ce  trop  long  préambule.  (3n  a  pu  voir 
comment  l'historique  du  premier  téléosaure  est 
devenu  pour  ainsi  dire  partie  intégrante  des  prin- 
cipaux événements  de  ma  vie.  Près  de  terminer  ma 
carrière,  je  me  suis  un  peu  trop  complu  à  retracer 
ces  souvenirs.  Au  reste,  je  ne  me  permettrai  plus  de 
pareils  développements  dans  ce  qui  me  reste  à 
décrire,  et  si  quelques  détails,  utiles  à  leurs  descrip- 
tions, me  forcent  encore  à  parler  de  moi,  je  le  ferai 
avec  toute  réserve  et  sans  ajouter  de  nouveaux  traits 
à  cette  espèce  d'autographie. 

Anguerny,  le  2Î)  Mars  1864. 


5() 


NOTICES   HELMINTOLOGIQUES 

par  Aehille   VAULLEGEARD, 

Préparateur  fie  Physiologie  à  l'Ecole  de  Médecine  de  Caen.    " 


I.    NÉMATODES    DES    CRUSTACÉS. 

Les  travaux  de  Macintosh,  de  Van  Beneden ,  de 
Muller  et  de  Leuckart  nous  ont  révélé  trois  espèce 
de  Nématodes  chez  les  crustacés. 

1"  Ascaris  sp.  Mac  Intosh  (l)  qui,  d'après  Van 
Beneden  (2)  est  le  Coronll/a  robusta  (  larva)  habite 
le  Carcinns  menas  ; 

'2"  Filaria  sp.  Leuckart  (3)  habite  le  môme 
crustacé  ;  - 

3°  Filaria  sp.  Muller  (4),  parasite  d'un  Pagurus. 

(1)  Mac  Intosh,  The  Trematode  larva  and  Ascaria  of  Ihe 
Carciiu/s  menas  (Journal  of  Microsooiiicnl  Science.  1865  ,  p.  201- 
204,  pi.  VIII,  lis.  '.}-[[) 

(2)  Va.n  Beneden.  Les  Poissons  des  cotes  de  Belgique  (1870), 
p.  18,  pi.  III.  iiii.  2-7.—  Les  Commensau.r  el  les  Parasites  (l87o), 
p.  206. 

(3)  Leuckaist  (Berictil  iitjer  d.  ï.eist.   187(1-71,  p.  201).     . 

(4)  Mn.i.Kii  [Jenaisc/i,  t.  IV,  p.  57). 

*  Tia\ail  présente  -dans  les  séain'es  de  mars  et  Juin  18i)(i.  — 
Manuscrit  lemis  le  même  jour  :  (■■|iren\c»s  coi-ri'ii'es  par\euues  au 
Secrétariat  le  19  noxenihre  1896. 


—  51  — 

Dans  mes  recherches  sur  les  parasites  des- crus- 
tacés (I),  j'ai  eu  l'occasion  de  rencontrer  la  larve  du 
Coronilhi  robuala  Van  Benedeii  chez  un  certain 
nombre  de  crustacés,  mais  elle  est  assez  rare. 

Je  l'ai  rencontrée  chez  le  Portuiius  mcwmoratKs 
Leach  (2) ,  chez  V Hyas  aranea  Linné,  et  chez  le 
P(i<iurnx  Rernhnrdus  Linné  ,  mais'  jusqu'à  ces 
derniers  temps  je  ne  pouvais  citer  qu'un  exemple 
dans  chaque  hôte,  et  dans  les  trois  cas,  le  parasite 
était  seul.  Ce  n'est  qu'au  mois  de  février  dernier  que 
j'ai  eu  l'occasion  de  rencontrer  une  douzaine  de 
larves  de  Néniatodes  dans  un  Por/f/nns  depurator 
provenant  d'un  dragage  fait  par  un  bateau  de  Gour- 
séulles  pour  pêcher  des  huîtres,  et  dont  les  déchets, 
toujours  intéressants  pour  les  naturalistes,  avaient 
été  envoyés  au  laboratoire  de  la  Faculté  des  Sciences 
de  Gaen. 

Ges  Ascarides  vivaient  dans  la  cavité  générale,  entre 
les  tubes  hépatiques.  Leur  couleur  blanche  les  fait 
facilement  reconnaître;  ils  sont  enroulés  sur  eux- 
mêmes. 

Transportés  sur  une  lame  et  montés  à  la  glycé- 
rine après  tixation  ou  étudiés  à  l'état  frais,  on  recon- 
naît facilement  que  c'est  bien  l'animal  décrit  par 
Me.  Intosh  sous  le  nom  d'.4.sc«/7.s  sp.  du  Carcinus 
tnenas. 

La  tête  est  reiïiai'quable  par  un  anneau  céphalique 
saillant;  la  bouche  montre  quatre  papilles  buccales, 

(1)  ('joiiiiiiuuii'atiiiLi  l'aiti'  au  Coiiiir(^s  tenu  à  l!<ii'(lfau\  par  l'Asso- 
ciation Fraiiiaise  pour  ravanremeiit  des  Scifiicos  (5  anùl  lS',t5  . 

(2)  Poilinti/s  mnrmoratiis  =  P.  depuralur  Peiiiiaiit  ;  c'est  sous 
ce  dernier»  nom  «lue  je  l'ai  désigné  dans  mes  notes  antérieures. 


—  52  — 

le  corps  est  tantôt  lisse,  tantôt  couvert  de  stries; 
dans  ce  dernier  cas  on  croirait  voir  une  filaire;  ce 
dernier  aspect  n'est  pas  décrit  par  Mac  Intosh. 

Le  corps  est  long,  cylindrique,  enroulé  sur  lui- 
même,  de  façon  que  son  extrémité  postérieure  soit 
centrale,  et  que  son  extrémité  céphalique  soit  externe. 

L'extrémité  postérieure  s'amincit  et  se  termine  en 
pointe. 

Le  tube  digestif  commence  par  une  bouche  garnie 
de  papilles  ;  elle  s'ouvre  au  sommet  supérieur  de  la 
tête  de  l'animal. 

Un  œsophage  long  de  1/8  de  la  longueur  totale  de 
l'animal  fait  suite  à  la  bouche,  enfin,  un  intestin 
légèrement  sinueux  dans  l'animal  retracté,  droit 
dans  l'animal  allongé,  se  termine  par  l'anus  dans  le 
cloaque  placé  à  la  face  ventrale  de  l'animal,  à  l'en- 
droit où  le  corps  samincit  brusquement  pour  former 
la  pointe  caudale. 

Dans  ces  larves  on  distingue  à  quel  sexe  l'adulte 
appartiendra. 

Les  mâles  sont  plus  étroits  que  les  femelles  ,  tous 
ont  l'extrémité  caudale  pointue  ;  ni  chez  les  uns,  ni 
chez  les  autres  on  ne  voit  de  spicules  génitaux,  mais 
dans  le  cloaque  des  mâles  on  distingue  à  la  face 
dorsale  une  dépression  qui  est  probablement  la 
poche  au  fond  de  laquelle  les  spicules  naîtront. 

Le  CoroniUa  rohusla  adulte  a  été  trouvé  dans  la 
Raia  clavata  Linné  et  dans  la  Raia  circidaris  par 
Van   Beneden  (1)  ,   qui  a  reconnu  que  sa  larve  est 

(1)  Van  Beneden  ,  Les  Poissons  des  côtes  de  Belgique,  leurs 
parasites  et  leurs  commensaux  (Mémoire  de  l'Acad.  royale  de 
Belgique,  t.  XXXVIII,  p.  3,  note  4;  p.  18,  texte  et  note  4). 


—  53  — 

VA.scans  sp.   du  Carcimis  menas  signalé  par  Mac 
Intosh. 

On  saft  que  ces  poissons  sont  très  friands  de  crus- 
tacés, et  que  c'est  à  cette  nourriture  qu'il  doivent 
aussi  le  Tetrarhynchus  ruficolli.s  Eisenhardt  et  le 
Distomwn  megastomum  Rudolphi. 

IL  Gercaires  de  la  Natice. 

PI.  I,  fît).   1-3. 

On  sait ,  aujourd'hui ,  que  les  Trématodes  ont 
besoin,  pour  accomplir  leur  cycle  vital,  de  subir  des 
migrations,  et  qu'ils  présentent  les  phénomènes  des 
générations  alternantes. 

Cependant,  malgré  de  nombreux  travaux,  il  reste 
encore  beaucoup  à  élucider  sur  cette  question  inté- 
ressante. 

D'après  ce  que  l'on  sait,  les  distomes  pondent; 
de  leurs  œufs  sortent  des  larves  qui  donnent  des 
sporocystes  ,  d'où  naissent  par  bourgeonnement 
interne  des  redies  ou  des  cercaires  ;  que  les  redies 
peuvent  donner  par  bourgeonnement  interne  des 
cercaires,  mais,  on  ignore  le  plus  souvent ,  quelle 
espèce  dp  distome  est  représentée  par  une  espèce  de 
cercaire  ou  de  redies.  Bien  plus ,  on  est  loin  de 
connaître  autant  de  cercaires  que  de  distomes,  et  les 
cercaires  des  mollusques  marins  sont  encore  moins 
connus  que  ceux  des  mollusques  d'eau  douce. 

La  note  que  je  présente  ici  à  pour  but  de  faire 
connaître  une  cercaire  de  la  natice.  Dans  l'ignorance 
de  ses  migrations,  nous  devons  nous  contenter  d'en- 
registrer les    faits  que    nous    observons  ,  et    nous 


—  54  — 

décrirons  cette  espèce  sous   Je  nom  Cprraria  sp., 
parasite  de  la  natice. 

La  Nalka  monUifera  Lariiarck  est  un  gast*cropode 
commun  sur  les  plages  sableuses  du  Calvados.  On 
la  rencontre  fréquemment  à  marée  basse  dans  les 
endroits  ou  vlven  t  abondam  m ent  les />o/Jâra:  «/îrt/«;»^;?/ ; 
elle  pond  en  mars,  avril  et. mai.  Ces  pontes  en  colle- 
rette sont  de  nature  à  intriguer  le  naturaliste  débu- 
tant, peu  familiarisé  aux  surprises  que  nous  réservent 
ces  animaux  marins. 

Les  matériaux  que  j'ai  étudiées  provenaient  de 
Lion,  Ouistreham,  Merville,  Villers  ;  quelques-uns 
m'avaient  aussi  été  fournis  par  le  laboratoire  de  la 
Faculté  des  Sciences. 

Quelle  que  soit  la  localité  et  la  saison,  on  trouve  très 
fréquemment  à  leur  intérieur  le  parasite  qui  nous 
occupe.  En  pénétrant  avec  un  scapel  ou  une  pince  à 
l'intérieur  des  tissus  du  mollusque,  on  trouve  des 
tubes  grisâtres  que  l'on  obtient  facilement  entiers 
en  dissociant  le  foie.  Ce  sont  les  sporocystes. 

Ces  tubes  ont  une  longueur  variable,  qui  peut 
atteindre  près  d'un  centimètre ,  mais  souvent  ils 
sont  beaucoup  plus  courts.  On  en  trouve  généra- 
lement de  longueur  très  diverses  ;  ils  sont  cylin- 
driques, repliés,  enroulés  sur  eux-mêmes. 

La  couleur  de  ces  tubes  est  blanc  jaunâtre,  ils  sont 
fermés  aux  deux  extrémités  par  une  surface  arrondie; 
à  l'extrémité  antérieure  on  remarque  des  traces  de 
ventouse  orale,  et  une  masse  de  tissu  primitif. 

La  cavité  de  ces  tubes  est  remplie  de  cercaires  à 
divers  états  de  développement. 


—  55  — 

En  dissociant  les  sporocystes,  on  met  en  liberté 
les  cercaires  qui  sont  animés  de  mouvements  qui  se 
continuent  lorsque  l'animal  est  mis  dans  l'eau  de 
mer. 

Ces  êtres  sont  d'une  forme  spéciale,  mais  il  n'y  a 
pas  de  doute,  ce  sont  des  larves  de  distomes. 

L'animal  se  compose  de  3  parties  : 

1«  Une  partie  antérieure  que  je  désignerai  sous  le 
nom  de  corps,  car  elle  semble  devoir  formera  elle 
seule  le  corps  du  distome-  lorsqu'il  aura  accompli  le 
cycle  complet  de  ses  migrations  ; 

'2"  Une  partie  moyenne  renflée  ; 

3"  Une  partie  terminale  (rejetée  sur  le  dos  et  en 
avant)  ,  que  j'appellerai  cependant  l'appendice 
caudal. 

Le  corps  a  une  forme  cylindrique,  il  se  termine, 
en  avant,  par  une  calotte  spliérique  ;  en  arrière,  il 
est  en  continuité  avec  la  partie  moyenne  beaucoup 
plus  large  que  lui  même. 

A  une  petite  distance  de  l'extrémité  antérieure  on 
remarque  une  petite  ventouse  au  fond  de  laquelle  se 
trouve  l'orifice  buccal,  nous  devons  donc  appeler 
cette  ventouse  :  ventouse  buccale  (V  B,  fig.  3). 

Vers  le  milieu  de  la  longueur  du  corps  on  voit 
une  autre  ventouse  que  nous  appelons  ventouse 
ventrale  (VV,  fig.  3),  et  nous  reconnaissons  par 
analogie  avec  les  formes  normales  une  face  ventrale 
et  par  suite  une  face  dorsale. 

La  ventouse  ventrale  est  un  peu  plus  grande  que 
la  ventouse  orale. 

A  l'intérieur  on  voit  difficilement  divers  organes 
que  nous  décrirons  un  peu  plus  Loin. 


—  56  — 

La  partie  moyenne  a  une  forme  sphérique  ;  son 
diamètre  est  double  de  celui  du  corps  ;  elle  est 
placée  à  l'extrémité  postérieure  du  corps  qui  s'étrangle 
légèrement  au  niveau  de  la  réunion  de  ces  êeux 
portions  de  l'animal.  C'est  sur  la  partie  dorsale  et 
supérieure  que  se  fixe  l'appendice  caudal.  On 
remarque  à  l'intérieur  de  la  partie  moyenne  un 
faisceau  de  stries  semi-circulaires  représentant  un 
faisceau  musculaire  allant  s'insérer,  dune  part ,  sur 
l'extrémité  du  corps,  de  l'autre,  se  prolongeant  dans 
l'appendice  caudal. 

La  queue  est  cylindrique,  un  peu  moins  large  que 
le  corps,  mais  presque  aussi  longue;  elle  ne  se 
bifurque  qu'à  son  extrémité  postérieure  ;  les  deux 
pointes  ont  une  faible  longeur. 

L'appendice  caudal  fait  un  angle  de  30  degrés 
environ  avec  la  face  dorsale  de  l'animal. 

Tout  l'animal  est  mobile,  mais  c'est  surtout  par  les 
mouvements  de  la  queue  qu'il  progresse  en  avant. 

Les  diverses  parties  peuvent  se  séparer  et  con- 
tinuer à  vivre  et  à  se  mouvoir  dans  l'eau  de  mer  La 
rupture  est  particulièrement  fréquente  entre  le  corps 
et  la  partie  renflée. 

La  bouche  est  située  au  fond  et  au  centre  de  la 
ventouse  orale;  elle  est  circulaire,  inerme. 

A  la  suite  de  la  bouche  vient  le  bulbe  pharyngien 
(B  P,  fig.  3),  partie  musculaire  dont  le  diamètre  est 
inférieur  à  celui  de  la  ventouse  orale. 

Du  pharynx  on  arrive  dans  un  œsophage  court 
qui  se  bifurque  a  moitié  environ  de  la  distance  com- 
prise  entre  la  ventouse  orale  et  la  ventouse  buccale. 

Les  deux  branches  intestinales  qui,  au  point  de 


—  57  — 

bifurcation  sont  sur  la  ligne  médiane,  s'écartent  et 
passent  sur  les  côtés;  on  les  voit  à  droite  et  à  gauche 
de  la  ventouse  ventrale;  ils  ne  s'étendent  pas  au- 
delà  de  1/2  de  la  longueur  comprise  entre  la  ventouse 
ventrale  et  l'extrémité  postérieure  du  corps. 

L'appareil  excréteur  se  compose  d'une  vésicule 
placée  à  la  partie  postérieure  du  corps  d'un  canal 
médian  qui  se  divise  en  deux  canaux  et  se  dirigent 
sur  les  côtés;  ceux-ci  occupent  dans  la  partie  supé- 
rieure une  position  externe  par  rapport  aux  cœcums 
intestinaux. 

L'appareil  génital  ne  me  semble  pas  encore 
ébauché,  on  remarque  seulement  entre  le  niveau  de 
la  bifurcation  de  l'intestin  et  la  ventouse  ventrale  un 
petit  organe  circulaire  qui  est  le  rudiment  de  la 
ventouse  génitale  ou  de  la  poche  du  cirrhe. 

Lorsque  la  vésicule  s'est  détachée  ,  l'animal  a 
absolument  la  forme  d'un  distome  ,  les.  organes 
sexuels  seuls  manquent. 

Il  reste  à  déterminer  quel  est  la  forme  adulte  de 
cette  larve  et  quelles  sont  les  migrations;  c'est  une 
question  très  intéressante  de  physiologie,  et  sur 
laquelle  je  me  propose  de  faire  prochainement  quel- 
ques expériences  au  laboratoire  de  physiologie  de 
l'Ecole  de  Médecine  de  Gaen. 

IIL  Distome  de  la  Sepia  officinalis  Linné. 

Les  parasites  des  céphalopodes  sont  peu  connus  ; 
c'est  ce  qui  m'a  conduit  à  décrire  et  à  figurer  un 
distome  adulte  que  j'ai  rencontré  dans  une  Sepia 
officinalis  à  Luc,  au  mois  de  septembre  1894. 


—  58  — 

Ce  parasite  vivait  avec  des  scolex  SepicV  officindlh 
dans  la  partie  inférieure  du  tube  digestif.  On  le 
distingue  peu  à  l'œil  nu,  car  il  est  jaune  grisâtre,  un 
peu  transparent,  long  de  2'"'",  large  de  0""»,  5. 

Son  corps  est  ovoïde,  Textréniité  antérieure  est 
plus  arrondie  que  l'extrémité  postérieure. 

La  ventouse  antérieure  mesure  200  i-i.  de  diamètre, 
la  ventouse  ventrale,  un  peu  saillante,  mesure  320  \i. 
de  diamètre;  elle  est  située  un  peu  dans  la  moitié 
inférieure  du  corps  ,  de  telle  sorte  que  son  bord 
antérieur  est  presque  exactement  au  milieu  de  sa 
longueur. 

Le  bulbe  pharyngien  mesure  130  ijl  de  diamètre, 
l'œsophage  est  aussi  long  que  le  pharynx.  Les  deux 
cœcums  ne  sont  pas  ramitîés  et  s'étendent  jusqu'à 
l'extrémité  inférieure  du  corps.  Les  œufs  sont  ellip- 
tiques. 


—  60  — 


EXPLICATION  DES  FIGURES. 


Fig.    1    à   3.  —  Parasite    de   la   Natice. 

Fig.  1.  —  Jeune  sporocyste  de  la  Natice.  A  son  intérieur  sont  les 
cercaires,  oJjj.  0.  ocul.  i.  Vérirk. 

Fig.  2.  —  Cercaire  vue  de  dos.  L'appendice  caudale  s'est  rejeté 
sur  le  côté,  obj.  4,  ocul.  1.  Vérick. 

Fig.  3.  —  Cercaire   vue    de   face.  —  V   B,    ventouse    buccale:  B  P, 
bulbe   pharyngien:   T   D,  tube   digestif;  V   V,  ventouse 
.     ventrale:    V    I»,    ventouse    pulsatile,    obj.    6,  ocul.    1. 
Vérick. 

Fig.  4  et  5.  —  Distome  parasite  de  la  Sepia  officinalis. 

Fig.  4.  —  Distome  sp.  de  la  Sepia  officinalis  :  V  B,  ventouse 
buccale  ;  B  P,  bulbe  pharyngien  :  T  D,  tube  digestif  ; 
V  V,  ventouse  ventrale;  0,  ovaire:  T,  testicules  ;V,vitel- 
logène  ;  G  E,  canaux  excréteurs;  F  G,  foramen  caudale, 
obj.  2,  ocul.  1.  Vérick. 

Fig.  .5.  —  CEuf  de  ce  distome,  obj.  7,  ocul.  1.  Vérick. 


—  61  — 


A     PROPOS 


DE   LA 


FLORE  de  la  POLYNÉSIE  FRANÇAISE 

de  M.   E.  DRAKE  DEL  CASTILLO 

Par    M.    H.    JOUAN  • 


Les  hasards  de  ma  longue  carrière  maritime  m'ont 
conduit  à  plusieurs  reprises  dans  l'Océanie,  et  même, 
la  première  fois  que  je  suis  allé  dans  ces  parages 
lointains,  j'y  ai  passé  cinq  années  consécutives  (1852- 
1857),  dans  des  circonstances  très  favorables  pour 
en  étudier  les  hommes  et  les  choses  ;  malheureu- 
sement, mes  connaissances  ne  pouvaient  répondre 
que  faiblement  à  la  situation;  néanmoins  il  m'est 
arrivé  quelquefois  ,  au  cours  de  nos  excursions 
annuelles,  de  demander  à  la  Société  Linnéenne  de 
vouloir  bien  me  suivre  dans  cette  partie  du  monde  (1), 

(1)  Séance  publique  à  Lisieux,  le  24  juin  1877  :  La  Polynésie, 
ses  productions,  sa  formation,  ses  habitants,  Bulletin  de  la  Soc. 
Linn.  de  Normandie,  2^  série,  vol.  I,  1878.  -  Séance  publique  à 
Alençon  en  1878:  t'Anthropop/iagie  en  Océanie. -Séance  puhUque. 

*  Travail  communiqué  à  la  séanee  du  28  juin  1896.  —  Manuscrit 
remis  le  même  jour  ;  épreuves  corrigées  parvenues  au  Secrétariat 
le  17  novembre. 


—  62  — 

et  sa  bienveillance  ne  m'a  jamais  fait  défaut:  en 
sera-t-il  de  même  aujourd'hui  ? 

Mon  attention  a  été  rappelée  sur  l'Océanie  par  la 
publication,  il  y  a  quelques  années,  de  deux  ouvrages 
importants  de  M.  Emmanuel  Drake  de  Gastilio, 
dans  lesquels  il  me  feit  l'honneur  de  citer  quel- 
ques-uns de  mes  modestes  travaux.  Ces  deux  ouvrages 
sont  : 

1°  Remarques  sur  la  Flore  de  la  Polynésie  el  sur 
ses  rapports  avec  celles  des  terres  voisines,  mémoire 
couronné  par  l'Académie  des  Sciences  (prix  Gay, 
1889),  publié  en  1890(1); 

2"  Flore  de  la  Polynésie  française  ;  Description 
des  Plantes  vasculaires  qui  croissent  spontanément, 
ou  qui  sont  généralement  cultivées  aux  iles  de  la 
Société,  Marquises,  Gauthier  et  Wallis,  Paris,  1893, 
G.  Masson,  éditeur  (2). 

Ce  dernier  ouvrage  est  appelé  à  rendre  de  grands 
services  aux  botanistes  nouveaux  venus  dans  nos 
établissements  coloniaux  de  l'Océanie,  et  à  faciliter 
leurs  recherches,  en  ce  sens  qu'on  y  trouve,  réunis 
dans  un  seul  volume,  une  quantité  considérable  de 
documents  éparpillés  dans  des  Revues,  des  Journaux 
scientifiques,  des  Relations  de  voyages,  etc.,   qu'il 

;i  Isiuiiy  (Calvjidos),  en  1.S82  :  Oiieliiues  mots  sur  le  peuplement 
eéf/élal  des  îles  de  l'Océanie,  id.,  ?>'  série,  vol.  VI,  I88'î.  —  St'jinrr 
piililique  à  Gherboui-ii-,  en  1884  :  La  Noavelle-Zélande  et  le  peu- 
pleineiil  de  la  Polf/nêsie,  Ltl.,  -V  série,  t.  VIIT,  188.".. 

(1)  G.  Masson,  120.  Boulevard  Saint-Geriiiaiii,  à  Paris,  -r.  in-i", 
54  pages,  texte  el  tableaux  annexés. 

(2)  352  pages,  lit.  iu-S",  avec  une  carte  de  Tahiti. 


—  68  ^ 

serait  (lit'ficile —  peut  être  impossible  aujourtriuii  — 
à  un  explorateur  de  se  procurer  en  totalité,  et,  en 
tout  cas,  peu  commode  d'emporter  avec  soi.  Toute- 
fois, il  est  regrettable  que  M.  Drake  del  Gastillo  ne  se 
soit  occupé  que  des  plantes  vasculaires,  dont  il 
énumère  588  espèces,  car,  si  les  iles  de  la  Polynésie 
française  ne  sont  pas,  par  suite  de  leur  position 
géographique  et  de  leur  climat,  aussi  riches  en 
Cryptogames  que  d'autres  régions  situées  plus  favo- 
rablement sous  ces  rapports,  ceux-ci  n'y  sont  cepen- 
dant pas  une  «  quantité  négligeable  »  ,  et  même  , 
dans  le  nombre,  on  a  reconnu  une  quantité  notable 
d'espèces  nouvelles. 

La  lecture  attentive  de  la  Flore  de  la  Polynésie 
française  m'a  encore  suggéré  quelques  remarques 
qui  mériteraient  peut  être  d'attirer  l'attention,  mais 
—  et  je  le  demande  en  grâce  !  —  qu'on  ne  voie  pas  , 
dans  ces  remarques,  la  moindre  intention  de  critique 
sérieuse,  ce  qui,  étant  données  mes  connaissances 
très  restreintes  en  Botanique,  serait,  pour  le  moins, 
outrecuidant  de  ma  part,  mais  uniquement  le  désir 
d'appeler  l'attention  sur  quelques  petites  lacunes 
dans  un  ouvrage  destiné  ,  je  ne  saurais  trop  le 
répéter,  à  rendre  beaucoup  de  services. 

Ainsi  qu'il  le  donne  à  entendre  dans  l'Introduction, 
l'auteur  a  pris  les  éléments  de  son  travail  dans 
l'herbier  du  Muséum  de  Paris,  dans  d'autres  collec- 
tions publiques  ou  particulières,  dans  les  écrits  des 
navigateurs  et  des  naturalistes  qui,  depuis  le  dernier 
tiers  du  XVIIIc  siècle,  ont  visité  l'Océanie,  dans  les 
publications  des  diverses  Sociétés  savantes  ,  etc. 
Toutes  les  sources  auxquelles  il  a  puisé  sont  scrupu- 


—  64  — 

leusement  indiquées  (1).  Il  paraît  n'avoir  travaillé 
qu'avec  des  livres  et  sur  des  échantillons  d'herbier  : 
or.  quelle  que  soit  la  science  d'un  naturaliste,  il  me 
semble  qu'il  peut,  quelquefois,  se  trouver  dans  une 
position  d'infériorité  par  rapport  à  un  individu  beau- 
coup moins  savant,  mais  qui  a  eu  l'avantage  de  voir 
vivants,  in  situ,  les  êtres  étudiés  seulement  dans  le 
cabinet  ;  c'est  cette  idée,  peut-être  présomptueuse, 
mais  que  j'ai  pourtant  de  la  peine  à  croire  fausse,  qui 
me  guide  en  ce  moment.  Bien  entendu,  je  ne  fais 
allusion  qu'à  ce  que  j'ai  vu  à  Tahiti  et  aux  îles 
Marquises,  surtout  dans  ce  dernier  archipel  où  j'ai 
fait  un  séjour  de  trois  ans,  laissant  de  côté  les  îles 
Paumotu  que  je  n'ai  guère  fait  qu'entrevoir,  les  îles 
Gambier  et  Wallis  que  je  n'ai  pas  visitées. 

Il  y  a  déjà  longtemps,  il  est  vrai— plus  de  qua- 
rante ans  —  que  j'étais  dans  ces  îles  lointaines,  mais 
les  choses  n'y  ont  guère  changé,  si  ce  n'est  qu'on  y  a 
encore  introduit  quelques  plantes  à  ajouter  à  celles 

(1)  Dans  le  Bulletin  bibliographique  joint  à  l'Introduction,  on 
trouve  ritées  quatre  notices  publiées  dans  les  Mémoires  de  la  Société 
des  Sciences  naturelles  de  Cherbourg:  1°  En.  Jakoin  :  Essai  sur 
l'Histoire  naturelle  de  l'archipel  des  Marquises,  Botanique,  t.  V, 
1858.  —  2°  H.  JouAN  :  Recherches  sur  l'origine  et  la  provenance 
de  certains  végétaux  phané)  ogames  observés  dans  les  îles  du 
Grand-Océan,  t.  XI,  186.').  —  3°  H.  Jouan  :  Les  Plantes  alimen- 
taires de  l'Océanie,  t.  XIX,  1875.  —  4°  H.  Jouan  :  Les  Plantes 
industrielles  de  l'Océanie,  t.  XX,  1876.  Un  ouvrage  de  M.  G. 
Cuzent,  ancien  pharmacien  de  la  marine  {O.-Tàiti,  Rochefor' 
1860),  a  fourni  à  M.  Drake  del  Castillo,  une  liste  des  végétaux  u 
.  Tahiti  due  à  M.  Pancher ,  jardinier-botaniste  du  Gouvernement, 
dans  laquelle  figurent  des  espèces  qui  ne  sout  pas  citées  dans  la 
Flore  de  la  Polynésie  française. 


—  65  — 

qu'elles  avaient  déjà  reçues  du  dehors,  déjà  très 
nombreuses,  principalement  à  Tahiti  :  ainsi,  sur  les 
582  espèces  cataloguées  alors  par  M.  Pancher,  jardi- 
nier-botaniste du  Gouvernement ,  248  étaient  de 
provenance  étrangère,  et  la  date  des  importations 
et  les  noms  des  introducteurs  étaient  exactement 
connus  pour  presque  toutes.  A  vrai  dire,  beaucoup 
de  ces  végétaux,  arbres  fruitiers,  légumes  comes- 
tibles, plantes  ornementales,  n'étaient  guère  sortis 
des  jardins  des  colons.  Il  en  était  de  même  à 
Nukuhiva  et  à  Tauata  (îles  Marquises)  où  nous 
avions  des  établissements  (1),  mais  dans  les  deux 
archipels  (îles  de  la  Société  et  îles  Marquises),  quel- 
ques végétaux  étrangers  s'étaient  très  vite  répandus 
partout,  par  exemple  :  les  Goyaviers  à  Tahiti  et  à 
Nukuhiva,  envahissant  tout,  devenus  une  calamité  : 
les  orangers  formant  de  véritables  bois  dans  cer- 
taines vallées  de  Tahiti,  et  dont  pourtant,  à  mon 
grand  étonnement,  M.  Drake  del  Gastillo  dit  à  peine 
quelques  mots  dans  une  note  (page  2),  en  même 
temps  que  des  autres  espèces  du  genre  Citrus,  C. 
mecUca  L.,  C.  nobilis  Lour.,  C.  decumana  Lour.,les 
indiquant  seulement  comme  cultivés  :  d'autre 
végétaux  encore,  donnant  tous  ensemble  aux  îles  un 
tout  autre  aspect  que  celui  sous  lequel  les  avaient 
vues  les  premiers  explorateurs.  Sauf  pour  un  petit 
nombre,  l'auteur  ne  mentionne  pas  la  provenance  et 


(1)  L'établissement  de  Vaïtahu  ,  dans  l'île  de  Tauata,  avait  été 
aiiandonné  peu  de  temps  après  sa  création,  en  1842.  Celui  de 
Tai.iliaé,  à  Nukuhiva  existe  toujours,  et  on  en  a  fondé  un  autre 
dans  nie  de  Hivaoa  (La  Dominique),  il  y  a  ([uelques  années. 


—  66  — 

la  date  de  l'introduction  des  espèces  :  il  me  semble 
que  cette  mention  serait  désirable  pour  éviter  des 
erreurs  de  géographie  botanique.  IL  aurait  trouvé 
ces  renseignements  pour  les  Marquises  dans  la 
notice  de  M.  Jardin  (1),  pour  Tahiti  dans  le  cata- 
logue de  M.  Pancher,  et  pour  les  introductions  plus 
récentes,  dans  la  Flore  tahitienne  àe  M.  Butteaud(2). 
Il  me  semble  aussi  que  quelques  renseignements 
sur  la  plus  ou  moins  grande  fréquence,  la  plus  ou 
moins  grande  expansion  des  espèces,  leurs  stations 
par  rapport  à  la  mer,  aux  creux  des  vallées,  aux 
flancs  et  aux  sommets  des  montagnes,  etc.,  auraient 
été  très  utiles  pour  les  herborisations.  Dans  la  Flore 
de  la  Polynésie  française,  on  trouve  bien  la  distri- 
bution géographique  des  espèces  par  rapporta  l'en- 
semble du  globe  terrestre,  mais  les  indications  sur 
leurs  stations  particulières  dans  les  archipels  que 
vise  l'auteur  sont  assez  rares,  trop  rares  même. 

(1)  M.  Jardin  signale  aux  îles  Marquises  plusieurs  espèces  qui 
sont  caractérisées,  dans  la  langue  du  ])a.vs.  par  les  épitliètes  Haov. 
<>  étranger  blanc  »,  Farani,  «  français  »,  ce  qui  semlite  Itien  indi- 
quer une. origine  étrangère,  alors  (|uc  d'autres  sont  caractérisées 
pai-  le  mot  Mao'i.  «  indigène  »,  ou  par  Na  te  enana,  «  des  hommes 
du  jiajs  " ,  ('  des  hommes  de  la  race  polynésienne.  «  Ex.  :  li^ 
(russypium  arboieum  L.,  Kaavai  (a  te  liaoë,  »  coton  des  Blancs  ». 
un  Indigotier  »,  Indigoferu  tinctoria  L.,  Kohuhii  faruni,  etc. 

(2)  Flore    tahilienne .    par    Edouard    Butteaud ,   Secrétaire    du 
Comité    central     d'Agricultuie     des    Établissements    français     d 
rOcéanie,  Pa[)eeté,  1891.  — .M.    Drake  del    Castillo   ne  semble    | 
avoir    eu    connaissance   de  cet  ouvrage  publié  à  Tahiti,  aux  frai 

la  colonie.  Il    est  d'ailleurs  très  possible  qu'il  n'en    soit  parve» 
France  ipi'un    nombre    très    restreint    d'exemplaires.    M.  Butte.i- 
.signale  quebpu'S  espèces  qui  ne  lii;nrent    j).is  dans   l;i    Flore  de  la 
Pobjiiéfiie  /ranraise. 


—  67  — 

Il  donne  pour  un  assez  grand  nombre  des  végé- 
taux qu'il  énumère  les  noms  par  lesquels  les  indi- 
g'ènes  les  désignent;  en  général  ces  noms  sont 
exacts,  on  n'en  relève  que  très  peu  d'incorrects.  Je 
chercherai  pourtant  à  l'auteur  une  petite  querelle, 
pouvant  sembler  puérile,  mais  qui  a  cependant  son 
importance.  Il  eut  été  utile  d'indiquer  comtnent  ces 
noms  doivent  être  prononcés  pour  que  les  indigènes 
auxquels  on  s'adresserait,  pour  se  renseigner  sur 
telle  ou  telle  espèce,  les  comprennent,  ce  qui  n'aurait 
pas  lieu  pour  la  plupart  de  ces  noms  si  on  les 
prononçait  «  à  la  française  »,  écrits  qu'ils  sont 
avec  l'orthographe  adoptée  pour  les  dialectes  polyné- 
siens. 

Je  relève  (page  54)  une  erreur,  qui  me  semble  peu 
facile  à  expliquer,  au  sujet  de  Vlnocarpus  edulis 
Forster.  M.  Drake  del  Gastillo  range  parmi  les 
Légumineuses  cet  arbre  que  des  botanistes  ont  rap- 
porté aux  Thymelées  ,  d'autres  aux  Sapotacées. 
Vlnocarpus  edulis  {Mapé  à  Tahiti  où  il  est  très 
commun,  Ihi  aux  îles  Marquises),  peut  être  une 
QQ^èce  à'incertce  sedis,  mais  pas,  à  coup  sûr,  une 
Légumineuse. 

Tels  sont  les  reproches  —  le  mot  n'est-il  pas  bien 
gros  et  ne  devrait-il  pas  être  remplacé  par  «  tout 
petits  défauts?  «—que  je  prends  la  liberté  d'adresser 
au  livre  de  M.  E.  Drake  del  Gastillo,  mais,  je  ne 
saurais  trop  le  redire,  ce  livre,  tel  qu'il  est,  peut 
rendre  de  très  grands  services,  et  il  devra  être  entre 
les  mains  de  tous  les  voyageurs  désireux  d'explorer 
l'Océanie  au  point  de  vue  de  la  Botanique, 


—  68  — 

Dans  les  mots  polynésiens,  tels  qu'ils  sont  écrits 
avec  l'orthographe  latine^  introduite  aux  îles  de  la 
Société  et  aux  lies  Marquises  par  les  Missionnaires 
des  diverses  communions  et  enseignée  dans  les 
écoles,  on  doit,  en  général,  faire  sentir  toutes  les 
lettres. 

e  est  toujours  fermé.  Toutefois,  ae  à  la  fin  d'un 
mot,  surtout  aux  Marquises,  se  prononce  souvent 
comme  l'interjection  aïe!  en  français. 

«,   prononce  comme  ou  en  français;  uu^  pron. 

Oll-OU. 

ai,  à  la  fin  d'un  mot  se  prononce  aïe!;  dans  le 
corps  d'un  mot  a-i,  toutefois,  en  faisant  peu  sentir 
r?  et  en  se  rapprochant  de  aïe  ! 

aOy  à  la  fin  d'un  mot,  pron.  a-o  très  ouvert,  à  peu 
près  comme  l'interjection  qu'on  prête  aux  Anglais, 
aoh  ! 

Dans  le  corps  d'un  mot,  au  se  prononce  égale- 
ment a-o,  mais  moins  ouvert  qu'à  la  fin. 

ahi,  dans  le  corps  d'un  mot,  pron.  a-i  :  ahi  final, 
pron.  aïe  ! 

et  final,  pron.  eïe  ! 

eu,  pron.  é-ou. 

ou,  pron.  o-oi(. 

Dans  0/  final,  et  même  dans  le  corps  d'un  mot, 
ne  faire  sentir  Vi  que  peu  :  o-ïe  ! 

h,  aux  îles  Marquises,  devant  0,  i,  eu,  oi  doit  être 
légèrement  chuinté,  rappelant  un  peu  sk  anglais. 

g,  se  prononce  toujours  dur,  comme  dans  (juerre. 


—  69  — 


SUR  LES  DIFFÉRENCES  ANATOMIQUES 

DES 

Genres  AMPHARETE  et  AMPHICTEIS 

(Annélides  Polychètes   sédentaires) 

par    Pierre    FAUVEL , 

Préparateur  à  la  Faculté  des  Seiences  de  Gaen  • 


Le  genre  Amphicieis,  créé  par  Grube  en  1851  (1), 
renferma  d'abord  les  rares  Ampharétiens  à  palées 
connus  à  cette  époque  ;  entre  autres,  V Amphicteis 
Giinneri  Sars,  dont  le  nom  n'a  pas  changé  depuis  et 
VA.  acutifrons  Grube. 

Malmgren  (2),  en  1865,  créa  la  famille  des  Ampha- 
rétiens, et  révisa  le  genre  Amphicteis.  Il  créa  les 
genres  Ampliarete,  Lysippe,  Sosane,  pour  ne  parler 
que  des  Ampharétiens  pourvus  de  palées. 

Le  genre  Amphicteis  ne  comprit  plus  que  les 
espèces  à  tentacules  non  pennés  ,  pourvus  de 
17  faisceaux  de  soies  capillaires. 

(1)  Grlbe,  Die  Familien  der  Anneliden,  ISol. 

(2)  MALMGRE.N,  Nordisku  Haf's  Annulater,  Stochkolm,  1863. 

*  Communication  faite  à  la  séaaêc  du  9  novembre  1896.  — 
Manuscrit  remis  le  même  jour  ;  épreuves  corrigées  parvenues  au 
secrétariat  le  3  décembre. 


-  '70  - 

Le  genre  Ainpharclr  s'appliqua  aux  Ampharétiens 
à  tentacules  pennéti  pourvus  de  14  faisceaux  de 
soies  capillaires. 

Le  type  de  ce  genre  est  V Ampharete  Grubei  Mgr. 
Grube  reconnut  plus  tard  l'identité  de  son  Amp/iic- 
teis  acutifrons  avec  V Amphai^ete  Grubei  et  il  adopta 
lui-même  ce  dernier  nom. 

On  a  reproché  à  Malmgren  d'avoir  inutilement 
multiplié  les  genres,  et  Théel,  en  1879  (1),  a  réduit 
à  quatre  les  huit  genres  de  cet  auteur.  Parmi  les 
genres  ainsi  supprimés  se  trouve  précisément  le 
genre  Ampharete,  réuni  de  nouveau  au  genre 
Amphicteis. 

VAtnpharete  Grubei,  d'abord  Amphicteis,  puis 
séparé  par  Malmgren  redevient  ainsi  Amphicteis. 
comme  jadis. 

Cette  réunion  des  deux  genres  a  été  adoptée  par 
Wii-en  (2). 

Marion  (3),  au  contraire,  bien  que  réduisant  à  cinq 
les  genres  de  Malmgren  et  n'accordant  que  peu 
d'importance  à  la  structure  pennée  ou  non  des  ten- 
tacules et  au  nombre  des  segments  sétigères,  con- 
serve cependant  le  genre  Ampharete. 

Il  est  certain  qu'entre  un  Amphicteis  et  un 
Ampharete  les  dilTérences  extérieures  se  réduisent 
à  peu  de  chose. 

(1)  H.-,l.  Theel  ,  Annélides  Polychèles  des  wers  de  la  Nou- 
velle-Zemble, 1879,  p.  59-63. 

(2)  A.  WiRE-N ,  C/uvlopoder  frun  Sihiris/ea,  1885. 

(/))  .Maiuo.\,  Sur  lea  Annélides  de  Marseille  (Rovuc  des  Scieiic 
Nut.,  déceniijre,  1875). 


—  71  — 

Si  nous  examinons,  par  exemple,  VAmphicteis 
Gîmneri  et  VAmjjharctf  Gnibei,  nous  avons  sous 
les  yeux  deux  animaux  qui  se  ressemblent  beaucoup. 

Amphicteis  à  les  tentacules  lisses,  17  faisceaux  de 
soies  capillaires  ,  des  pinnules  uncinigères  com- 
mençant au  4*^  segment  sétigère,  des  plaques  onciales 
unisériées,  subtriangulaires,  à  5-6  dents. 

A)ttpha?'ete  a  ies  tentacules  pennés,  14  faisceaux 
de  soies  capillaires,  des  pinnules  uncinigères  com- 
mençant au  3'-  segment  sétigère,  des  plaques  onciales 
d'une  forme  un  peu  différente  et  pourvues  de  5  à  10 
dents. 

Voilà  les  seules  différences  un  peu  importantes. 
On  comprend  que  des  auteurs  considèrent  ces 
différences  comme  suffisantes  pour  caractériser  des 
espèces  ,  mais  leur  refusent  une  valeur  suffisante 
pour  justifier  l'établissement  de  deux  genres 
distincts. 

Si  l'on  s'adresse  à  l'anatomie  pour  en  obtenir 
quelques  renseignements  à  ce  sujet,  on  estwite 
frappé  des  différences  considérables  que  présentent 
alors  ces  deux  animaux  en  apparence  si  semblables. 

Commençons  par  l'étude  de  l'appareil  digestif. 
Nous  ne  nous  arrêterons  pas  sur  la  structure  des  ten- 
tacules buccaux  pennés  chez  Aiupharete,  lisses  chez 
Ainphicteis. 

L'estomac  présente  des  différences  plus  impor- 
tantes. Chez  Amphicteis  cet  organe  est  une  vaste 
poche  ovoïde,  occupant  presque  toute  la  cavité  thora- 
cique.  Cette  poche,  arrondie  antérieurement,  donne 
naissance  à  l'œsophage  sans  émettre  de  diverticules 
e-xternes.  Par  contre,  à  la  face  inférieure  ventrale  on 


—  72  — 

remarque  une  sorte  de  pore  qui  est  l'ouverture 
externe  d'un  vaste  cœcum  interne,  d'une  sorte  de 
«  nebendarm  »  formé  par  l'invagination  des  parois 
de  l'estomac. 

Cette  disposition  remarquable  a  été  décrite  par 
Wiren,  dans  son  beau  mémoire  «  Om  cirkulations 
och  digestions  organen  »  (1885). 

Chez  Ampliaretc  il  n'existe  rien  de  semblable, 
mais  si  ce  cœcum  interne  manque  complètement, 
par  contre,  l'estomac  envoie  deux  diverticules  ou 
lobes,  antérieurement,  un  de  chaque  côté  de  l'œso- 
phage. 

Ces  diverticules  présentent  une  particularité  assez 
curieuse.  Le  vaste  sinus  périintestinal  qui  enveloppe 
le  tube  digestif  s'arrête  brusquement  à  leur  base,  et 
ils  sont  irrigués  seulement  par  des  vaissaux  prove- 
nant du  sinus  et  formant  à  leur  surface  de  fines 
arborisations. 

Rien  de  semblable  chez  Amphicteis.  Le  sinus 
s'arrête  à  la  base  de  l'œsophage  en  arrière  duquel  il 
forme  un  anneau  vasculaire  d'où  nait  le  cœur.  Ce 
cœur  envoie  le  sang  aux  4  branchies  par  trois  troncs 
dont  l'antérieur  est  bifurqué.  Chez  Ampharete  il  y  a 
quatre  troncs  distincts,  un  pour  chaque  branchie. 

L'appareil  circulatoire  présente  encore  d'autres 
dilïérences  secondaires ,  dont  la  description  nous 
entraînerait  trop  loin.  Des  différences  encore  plus 
importantes  existent  entre  les  néphridies  des  deux 
genres. 

Amphicteis  possède  4,  parfois  5  paires  de  néphri- 
dies :  une  paire  de  néphridies  antérieures  en  relation 
avec  le  diaphragme,  et  3  ou  4  paires  de  néphridies 


—  73  — 

postérieures.  Ces  4  ou  5  paires  de  néphridies  sont 
toutes  construites  sur  un  même  plan  très  simple  et 
se  trouvent  dans  des  segments  contigus.  Leur  dispo- 
sition rappelle  celle  des  néphridies  des  ïérébellidés. 

Chez  Ampharete  il  en  est  tout  autrement. 

Il  n'existe  d'abord  que  deux  paires  de  néphri- 
dies au  lieu  de  4  ou  5.  De  plus,  elles  ne  se  trouvent 
pas  dans  des  segments  contigus. 

La  néphridie  antérieure  est  bien,  comme  chez 
Amphicteis ,  en  relation  avec  le  diaphragme  et 
correspond  également  au  premier  segment  sétigère, 
mais  elle  est  construite  sur  un  tout  autre  type.  Elle 
ressemble  tout  à  fait  aux  néphridies  de  Melinna 
pabnata,  si  bien  décrites  par  Meyer  (1).  Elle  se 
compose  d'un  entonnoir  cilié  s'ouvrant  à  travers  le 
diaphragme.  Cet  entonnoir  est  en  relation  avec  un 
long  canal  replié  sur  lui-même,  de  façon  à  former 
un  long  boyau  flottant  dans  la  cavité  thoracique  et 
venant  s'ouvrir  extérieurement  par  un  pore  situé  en 
arrière  du  premier  pied. 

La  seconde  paire  de  néphridies ,  au  contraire  , 
diffère  entièrement  de  la  première  et  est  semblable 
à  celles  d'A?nphicteis.  Elle  correspond  au  3"  pied 
sétigère.  De  sorte  qu'entre  les  deux  paires  se  trouve 
un  segment  dépourvu  de  néphridies. 

Ampharete  possède  de  volumineuses  glandes  ven- 
trales formées  par  l'invagination  et  la  prolifération 
interne  de  l'epithélium  du  tissu  clypéal. 


(l)  Meyek,  Studien  ueber  der  Korperbau  der  Anneliden  (Mittliei- 
liuigeu  ans  d.  Zool.  Stat.  zu  Neapel.  188.5), 


—  74  — 

Amphictcis  possède  bien  des  boucliers  ventraux 
comme  Ampharclp  ,  mais  les  glandes  ventrales 
si  développées  chez  ce  dernier,  manquent  tota- 
lement. 

L'epithélium  présente  aussi  d'autres  différences 
au  point  de  vue  de  la  l'orme  et  des  réactions  de  ses 
cellules,   mais  ces  ditïërences  sont  secondaires. 

L'encéphale  est  réduit,  chez  Amphafete  ,  k  une 
masse  peu  différenciée  de  tissu  nerveux,  au  centre  de 
laquelle  sont  plongées  deux  taches  pigmentaires  ou 
yeux  rudimentaires.  Il  est  difficile  de  concevoir  un 
cerveau  plus  simple  et  plus  réduit  chez  une 
Annélide  Polychète. 

Chez  Amphicteis  la  structure  de  l'encéphale  est 
déjà  beaucoup  plus  compliquée. 

Nous  nous  arrêterons  là  sans  insister  sur  d'autres 
différences  minimes,  car  celles  que  nous  venons 
de  signaler  nous  semblent  assez  importantes  pour 
justifier  largement  le  maintien  des  deux  genres 
Ampliaretc  et  Aniphicteis. 

Des  différences  anatomiques  aussi  accentuées  ne 
permettent  pas  de  rapprocher  ainsi  deux  animaux 
dans  un  même  genre,  quelques  soient  leurs  ressem- 
blances externes. 

Provisoirement ,  les  caractères  externes  donnés 
par  Malmgren  me  semblent  devoir  être  maintenus 
avec  (le  très  légères  modifications  portant  sur  les 
genves  Sosane  et  Lf/sippe,  car  nous  ignorons  l'ana- 
tomie  de  la  plupart  des  espèces  de  ces  deux  genres. 

Nous  n'avons  en  général  qiie  des  descriptions 
extérieures,  souvent  bien  incomplètes  et  malheureu- 
sement pas  toutes  accompagnées  de  ligures. 


—  75  — 

La  principale  difficulté  vient  de  ce  qu'on  a  signalé 
des  Atnphirlf'is  h  tentacules  pennés,  et  des  Anipha- 
rete  à  tentacules  lisses.  Les  espèces  suivantes  sont 
celles  qui  ont  donné  lieu  à  discussion. 

VAi/tp/iicteis  Vega  Wiren  a  tous  les  caractères 
classiques  à' Ampharete  :  tentacules  pennés  ,  14 
faisceaux  de  soies  capillaires,  des  pinnules  uncini- 
gères  coEfimençant  au.  3e  segment  sétigère.  Son  lobe 
céphalique  ressemble  beaucoup  à  celui  A' A.  Griibei. 
Il  rentre  donc  dans  la  définition  de  Malmgren. 

VAinpliicteis  rmgustifolia  Grube  (1),  malgré  ses 
/  7  faisceaux  de  soies  capillaires  qui  le  rapprochent 
en  elïet  d'Amphicteis,  a  les  tentacules  pennés,  des 
pinnules  uncinigères  commençant  au  3'^  segment 
sétigère  et  des  plaques  onciales  (ÏAinpharetr.  On 
pourrait  aussi  à  la  rigueur  le  faire  rentrer  dans  le 
genre  Ampharele  en  supprimant  le  caractère  tiré 
du  nombre  des  faisceaux  sétigères. 

U Amphicteu  mtermedïa  Marion  (2)  est  déjà  plus 
embarassant.  Il  a  les  tentacules  lisses,  i 4  faisceaux 
de  soies  capillaires,  des  pinnules  uncinigères,  com- 
mençant au  3*^  segment  sétigère,  et  des  plaques 
onciales  à' Ampharete . 

Amphicteis  nasuta  Eh  1ers  (3)  a  des  fen/acii/cs 
lisses,  14  faisceaux  de  soies  capillaires,  des  pinnules 
uncinigères  à  partir  du  3'^  segment  sétigère. 


(1)  Mahenzelleh,  Sudjapanische  Anneliden.  1884,  p.  lltS.pl.lI, 
fi^.  0.  —  Gklbk,  Anmdatu  Seinperiuna ,  1818,  p.  206,  pi.  XII, 
fig.  1. 

(■2)  Maiiiiin,  loc.  cit. 

(o)  Em.EHS,  Flarida  Anneliden,  188*. 


—  76  — 

Amphicteis  procera  Ehlers  (1)  a  des  teyitacules 
lisses,  14  faisceaux  de  soies  capillaires  et  des  pinnules 
unciiiigères  à  partir  du  4''  segment  sétigère. 

Amphicteis  fol iat a  Haswell  (2)  a  des  lentacules 
pinnés,  15  faisceaux  de  soies  capillaires.  Malheu- 
reusement la  description  en  est  très  incomplète  et 
ne  donne  pas  le  nombre  des  pinnules  uncinigères, 
ni  l'indication  du  segment  auquel  elles  commencent. 
Quelques  mots  de  l'anatomie  du  tube  digestif  et  une 
coupe  montrant  un  cœcum  interne  dans  l'estomac 
nous  font  cependant  supposer  qu'il  s'agit  bien  d'un 
Amphicteis. 

Si  donc  l'on  s'en  tient  aux  caractères  de  Malm- 
gren,  le  genre  Ampharete  comprendrait  les  espèces 
suivantes  : 

.4.  Grubei  Mgr. 

A .  gracilis  Mgr. 

.4.  arctica  Mgr. 

A.  Goesi  Mgr. 

A.  patagonica  Kinberg. 

A.  minuta  Langh. 

A.  finmarclda  Sars. 

A.  Vega  Wiren. 

Au  genre  Amphicteis,  légèrement  modifié  de  façon 
à  englober  les  genres  Lysippe  et  Sosane  appartien- 
draient les  espèces  suivantes  : 

A.  Gwmeri  Sars  =  (A.  groenlandica  =  A.  curvi- 
palea  Cl  p.). 


(1)  Ehlers,  Florida  Anneliden,  1887. 

(2)  Haswell  ,  On  sotne  new  lubicoleus  Annelids  (Proceed.  L. 
Soc.  of  New.  South  W;iles,  1883,  p.  635). 


—  77  — 

A .  Sundewalli  Mgr. 

A.  brevisp i nis  Gruhe. 

A .  Philippinarum  Grube. 

A.  (Lysippc)  invalida  Grube. 

A .  (Lysippe)  lahiata  Mgr. 

A .  (Sosane)  aulcata  Mgr. 

Il  resterait  Amphicteis  angustifolia  Grube,  A. 
foliata  Haswell.  A.  nasuta  Ehl.,  A.  procera  Ehl.  et 
A.  intermedia  Marion  pour  lesquels  il  faudrait  alors 
créer  des  genres  nouveaux. 

On  pourrait  éviter  cette  difficulté  en  élargissant 
les  caractères  externes  des  deux  genres. 

Il  faudrait  supprimer  le  caractère  tiré  de  la  pen- 
nation  des  tentacules  et  celui  tiré  du  nombre  des 
segments  porteurs  de  soies  capillaires  et  n'en 
retenir  qu'un  seul  :  celui  tiré  de  la  place  du  l*'"  seg- 
ment porteur  de  pinnules. 

On  attribuerait  au  genre  Ampharete  les  espèces 
chez  lesquelles  les  pinnules  commencent  au  J''  seg- 
ment sétigère,  au  genre  Ampliicteis  celles  qui  ont 
des  pinnules  à  partir  du  4^-  segment  sétigère. 

Nos  espèces  embarrassantes  se  classeraient  alors 
ainsi  : 

Genre  AMPHARETE. 

Ampharete  angustifolia  Grube. 
Ampharete  intermedia  Marion. 
Ampharete  nasuta  Ehl, 

Genre  AMPHIGTEIS. 

A)?iphicteis  procera  Ehl. 
A  mphicteis  foliata  Haswell . 


—  78  — 

Mais  nous  le  répétons  ,  cette  classification  ne 
pourrait  être  que  provisoire,  car  seule  l'anatomie 
fournit  des  caractères  assez  certains  pour  classer 
les  animaux  de  ce  groupe. 

Jusqu'ici  elle  nous  a  dçmon.tré  seulement  que  les 
genres  Ampharete  et  Amphicteis  sont  bien  distincts 
l'un  de  l'autre. 

Il  faudrait  maintenant  faire  l'étude  anatomique 
de  toutes  les  espèces  d'Ampharétiens  à  palées  pour 
savoir  s'ils  peuvent  rentrer  dans  ces  deux  genres, 
ou  bien  s'il  est  nécessaire  d'en  créer  encore  cle 
nouveaux. 

Malheureusement  les  Ampharétiens  sont  rares  , 
leurs  espèces  représentées  par  un  petit  nombre  d'in- 
dividus sont  dispersées  à  toutes  les  extrémités  du 
monde,  et  il  est  bien  difficile  de  se  les  procurer. 

Il  est  sage  pour  le  moment  de  s'en  tenir  aux 
espèces  européennes  les  plus  courantes  et  de  ne  pas 
généraliser  trop  vite. 


79  — 


NOUVELLES    OBSERVATIORS 

sur   la   FAUNE    des    VERTÉBRÉS 

DU     DÉPARTEMENT     DE     L'ORNE 

par    M.    rabbé    A.-L.     LETACQ  ■ 


Il  y  a  deux  ans,  lors  du  Congrès  de  l'Association 
normande  à  Alençon,  j'avais  préparé  pour  répondre 
au  questionnaire  de  l'enquête  scientifique  un 
mémoire  sur  les  Vertébrés  de  lOrne;  c'était  un 
sujet  d'étude  absolument  neuf,  une  mine  jusqu'alors 
inexploitée.  Quelques  naturalistes  avaient  bien  re- 
cueilli çà  et  Icà  des  faits  particuliers,  noté  des  phéno- 
mènes accidentels  ,  mais  personne  n'avait  encore 
abordé  la  question  à  un  point  de  vue  général  ;  la 
zoologie  restait  chez  nous  la  partie  la  plus  obscure 
de  l'histoire  naturelle.  Je  voulus  faire  qifclqtic  chose, 
là  où  tout  était  à   faire  (1). 

Mon  travail,  en  fixant  l'état  de  nos  connaissances 
relatives  aux  Vertébrés,  a  eu   au  moins    le  mérite 

,1)  Matériaux  pour  servir  à  la  Faune  des  Vertébrés  du  dépar- 
lement de  l'Orne,  in  Annuaire  normand,  1896,  p.  G7-130.  — 
Tir.iirt'  ;i  |i;irt,  Cacii,  Dclesques,  in-8°,  66  p. 

*  Manuscrit  piésénté  à  la  séance  du  7  décembre  1896  ;  épieuves 
corrigées  parvenues  au  Secrétariat  le  1"J  déi-i'inlire-. 


—  80  — 

d'attirer  l'attention  des  observateurs  sur  cette  classe 
d'animaux,  car  depuis  lors  on  m'a  adressé  de  différents 
côtés  des  échantillons  de  mammifères,  d'oiseaux,  de 
reptiles  qui  me  permettent  aujourd'hui  de  combler 
plusieurs  lacunes,  de  rectifier  certaines  assertions 
et  même  de  corriger  quelques  erreurs. 

A  Vimoutiers,,  j'ai  pu,  grâce  à  l'obligeance  de 
notre  excellent  confrère  M.  Lecœur,  examiner  la 
très  curieuse  collection  réunie  par  M.  Moulin,  qui 
est  tout  à  la  fois  chasseur  intrépide  et  préparateur 
très  habile.  M.  Moulin  possède  une  bonne  partie  de 
nos  oiseaux  de  proie,  plusieurs  granivores,  des 
échassiers,  des  palmipèdes,  la  plupart  de  nos  mam- 
mifères, en  tout  près  de  cent  exemplaires  intéressant 
la  faune  régionale.  Il  est  à  désirer  qu'il  porte  main- 
tenant sa  patiente  attention  sur  nos  petites  espèces 
d'oiseaux,  qui  sont  les  plus  nombreuses  et  le?  moins 
connues.  L'attrait  du  nouveau  et  l'espoir  de  faire  des 
découvertes  sont  des  stimulants  pour  les  chercheurs 
zélés. 

La  liste  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  aujourd'hui 
à  la  Société  Linnéenne  est  un  premier  supplément  à 
mon  Catalogue. 

Est-il  besoin  d'ajouter  que  je  recevrai  avec  la  plus 
vive  reconnaissance  tous  les  exemplaires  de  Vertébrés 
de  l'Orne,  que  l'on  voudra  bien  me  communiquer  ? 
La  localité  et  la  date  de  la  capture  devront  être 
indiquées  avec  précision. 

Les  espèces  litigieuses  ou  critiques  seront  toujours 
soumises  à  des  spécialistes  dont  l'autorité  sera  la 
meilleure  garantie  de  mes  indications. 


—  81  — 


MAMMIFERES 


Plecotus  auritus  L.  —  AG. 

Lupus  vulgaris  L.  —  Deux  individus  de  la  variété 
noire,  regardée  par  la  plupart  des  auteurs  comme 
un  cas  de  mélanisme  accidentel,  furent  tués  en  1876 
près  deNécy  par  M.  Pichon,  d'Argentan,  qui  a  con- 
servé la  peau  du  plus  gros,  dont  le  poids  était  de 
40  kilogrammes. 

Le  Verrier  de  La  Conterie,  originaire  de  Saint- 
Brice-sous-Rasne,  nous  dit  qu'au  milieu  du  siècle 
dernier,  les  loups  fourmillaient  dans  les  forêts  d'An- 
daine  et  d'Écouves  et  causaient  dans  le  voisinage  des 
dégâts  considérables.  Il  parle  même,  sans  donner 
d'autres  détails,  d'une  race  de  loups  noirs  venue 
vers  cette  époque  s'établir  en  Normandie,  et  qui 
fut  détruite  par  M.  d'Enneval,  d'Argentan,  (c  le 
plus  grand  et  le  plus  habile  chasseur  de  loups  du 
Royaume  »  (1). 

Maï'tes  abietum  Ray.  —  Cette  belle  espèce,  déjà 
signalée  en  Écouves,  se  trouve  aussi  dans  les  forêts 
du  Perche  et  de  Bellème. 

Mustela  lutreola  L.  —  Le  Vison  observé  à  Saint- 
Germain-du-Corbéis,  Fontenay-les-Louvets,  toujours 
commun  aux  environs  de  Vimoutiers,  existe  éga- 
lement près    de    Ghambois,    sur   les    bords  de  la 


(1)  L'École  de  la  chasse  aux  chiens  courants  (1763),  p.  7,  2"j8 
et-263, 

6 


•;a 


—  82  — 

Dive.  —  On  le  considérera  bientôt  comme  une 
espèce  commune. 

Talpa  europœa  L.  —  Un  individu  complètement 
blanc ,  pris  aux  environs  de  Vimoutiers,  se  voit 
dans  la  collection  Moulin. 

Sciiinis  vulgaris  L.  —  M.  Corbière  m'écrit  avoir 
observé  la  variété  noire  près  de  lEtoilè,  dans  la 
forêt  d'Andaine. 

Myoxus  quercinuH  L.  —  Le  loir  lérot  n'est  pas 
inconnu,  comme  je  l'avais  dit,  aux  environs  d'Alen- 
çon  ;  il  y  est  seulement  plus  rare  que  dans  le  Pays- 
d'Auge. 

Arvicola  arvalis  Pall.  —  Commun  surtout  dans 
nos  grandes  plaines  d'Argentan,  de  Sées  et  d'Alençon; 
cette  année  encore,  les  Campagnols  des  champs  ont 
dévasté  les  récolles  à  Occaignes,Sentilly,  Montgarout, 
Moulins-sur-Orne  près  Argentan  (1). 

OISEAUX 

Asio  otKS  L.  —  Crouttes,  Camembert. 

A.  accipitrinus  Pall.  —  Camembert. 

Circus  rufiis  Briss.  —  Neauphe-sur-Dives. 

C.  cyanens  L.  —  Aubry-le-Panthou.  AC.  cette 
année  dans  la  plaine  d'Argentan,  à  la  poursuite  des 
Campagnols. 

C.  cineraceus  Naum.  —  Plaine  de  Trun. 


(1)  Cfr.  A.-L.  Letacq  :  Jxs  Campagnols  et  les  Oiseaux  de  proie 
dans  la  plaine  d'Argentan.  Journal  de  l'Orne,  du  14  au  21 
novembre  1896. 


—  83  — 

Aquila  albiclUa  L.  —  Un  individu  de  cette  espèce 
a  été  tué,  il  y  a  une  vingtaine  d'années,  dans  la  vallée 
de  la  Touque,  aux  environs  de  Gacé. 

Falco  œsalon  Tunst.  —  A  plusieurs  localités  aux 
environs  de  Vimoutiers  :  Grouttes,  Camembert, 
Guerquesalles,  Ticheville. 

Accipiter  palumbarius  h.  —  Les  Ghampeaux. 

Butpo  apivonis  L.  —  De  passage  périodique  dans 
nos  grandes  forêts  d'Andaine  et  d'Écouves;  bruyères 
de  Grouttes. 

Corvus  cinereus  Briss.  —  TR.  aux  environs  de 
Vimoutiers. 

Pica  caudata  L.  —  Un  exemplaire  de  la  collection 
Moulin  présente  un  très  curieux  cas  d'albinisme  : 
les  joues,  le  front,  le  vertex,  les  couvertures  des 
ailes,  les  couvertures  inférieures  de  la  queue,  le 
ventre,  sont  de  couleur  brune,  le  dos  blanc  varié  de 
brun,  toutes  les  autres  parties  blanches,  les  épaules 
surtout  d'un  blanc  très  pur. 

Picus  major  L.  —  Le  Pic-Épeiche  est  AG.  dans  le 
département  de  l'Orne, 

P.  minor  L.  —  Gamembert,  Heugon,  le  Sap- 
André. 

Hirundo  riparia  L.  —  AG.  aux  environs  de  Vimou- 
tiers. 

Caprimiilgiis  europœus  L.  —  AG.  aux  environs  de 
Vimoutiers,  Gacé  et  la  Ferté-Fresnel,  où  on  l'appelle 
vulgairement  Fresas. 

Locustelîa  nœvia  Bodd.  —  Heugon  ,  le  Sap- 
André. 

Orioliis  galbula  L.  —  Le  Loriot  n'est  pas  égale- 
ment répand»  sur  toute  la  surface  du  département  ; 


—  84  — 

très  rare  au  nord  près  de  Laigle  et  de  Vimoutiers, 
il  l'est  moins  à  Argentan  et  ne  devient  commun  qu'à 
Alençon  et  au  sud  des  collines  de  Normandie. 

Tîirdus  ?nerula  L.  —  Un  exemplaire  de  la  collec- 
tion Moulin,  capturé  à  Camembert,  présente  quelques 
plumes  blanches  à  la  tête  et  sur  le  dos. 

Carduelis  spirms  L.  —  Alençon,  Carrouges,  Joué- 
du-Bois,  etc.,  sans  doute  AG. 

Fringilla  moniifringilla  L.  —  AR.  aux  environs 
de  Vimoutiers. 

Coccothrmistes  viilgaris  Briss.  —  Vimoutiers, 
Camembert,  Guerquesalles,  etc. ,  probablement  AC. 

Loxia  curvirostra  L.  —  Se  voit  presque  chaque 
année  aux  environs  'de  Vimoutiers;  les  exemplaires 
de  la  collection  Moulin  ont  été  tués  dans  des  sapins 
près  du  château  de  Champosoult. 

Perdix  riibra  L.  — Plusieurs  exemplaires  capturés 
il  y  a  quelques  années  près  d'Anceins  et  de  la  Ferté- 
Fresnel. 

P.  cirenea  var.  damascena  Klein.  —  Coudehard, 
Fresnay-le-Samson. 

Charadrius  morinellus  L.  —  Le  Pluvier  guignard 
se  montre  chaque  année  à  son  double  passage  dans 
les  plaines  d'Argentan,  de  Sées  et  d'Alençon;  Vimou- 
tiers. —  Cette  espèce  signalée  au  siècle  dernier 
par  Magné  de  Marolles  sur  les  monts  d'Eraine  près 
Falaise,  s'y  voit  toujours  au  printemps  et  à  l'au- 
tomne, et  au  mois  de  mai  dernier,  les  élèves  de 
l'Ecole  de  pharmacie  de  Caen ,  sous  la  direction  de 
M.  le  professeur  Pihier,  se  trouvant  à  herboriser 
sur  cette  colline,  en  ont  fait  lever  un  très  grand 
nombre;  ces  oiseaux  étaient  si   fatigués,  que  deux 


—  85  — 

exemplaires  ont  pu  être  capturés.  (A.  Chevalier,  in 
litt.  ad  auct.,  28  octobre  1896). 

Numenms  arquata  L.  —  Le  Courlis  cendré  se 
montre  chaque  année  très  abondant  au  mois  de 
septembre  dans  les  plaines  de  Chambois. 

Ardea  stellaris.  L.  —  Etangs  d'Ommoy. 

A.  ardeola  Briss.  —  Sur  les  bords  de  la  Touque,  à 
Orville. 

Grus  cinerea  Bchst.  —  Ticheville. 

Fiilica  atra  L.  —  Radon,  Fresnay-le-Samson. 

Lanis  ridibiimlus  L.  —  Sur  la  Touque,  à  Canap- 
ville  et  Pontchardon. 

L.  tridacti/Ius  L.  —  Canapville. 

Sterna  ininor  Briss.  —  Vimoutiers. 

S.  major  Briss.  —  AC.  à  Saint-Géneri-le-Géret  et 
Saint-Léonard-des-Bois  pendant  la  belle  saison. 

Colymbus  minor  Briss.  —  Un  exemplaire  tué  sur 
le  Guiel,  à  Heugon. 

REPTILES 

Lacerta  vivipara  L.  —  Le  Grais,  Tessé-la-Made- 
leine,  Tessé-Froulay,  etc.,  probablemunt  AC. 

Coronella  /cez)Z5.Lacép.  —  G.  dans  tout  le  départe- 
ment. 

Coluber  Msculapii  Host.  —  AC.  surtout  au  midi 
des  collines  de  Normandie  (1). 


(1)  Cfr.  A.-L.  Letacq  :  La  Couleuvre  d'Esculape  et  ses  stations 
dans  le  département  de  l'Orne,  Biilletiti  do  la  Société  des  Amis 
des  Sciences  naturelles  de  Rouen,  séance  du  4  novembre  1896. 


—  86  — 

C.  viperimis  Latr.  —  De  nouvelles  observations 
sont  nécessaires  pour  être  bien  fixé  sur  la  présence 
de  cette  espèce  dans  l'Orne. 

Vipera  benis  Dum.  —  TC.  dans  toute  la  région, 
où  elle  présente  les  trois  variétés  de  pelage  cinerea, 
tartarea  et  rubiginosa.  Cette  dernière  appelée  vul- 
gairement Vipère  rouge,  Aspic,  ne  doit  pas  être 
confondue  avec  le  Vipera  aspis,  qui  se  trouve  très 
probablement  chez  nous,  mais  doit  y  être  assez  rare. 
Comme  c'est  une  espèce  m.éridionale,  on  aura  plus 
de  chance  de  la  rencontrer  aux  environs  d'Alençon 
et  dans  le  sud  de  l'arrondissement  de  Morlagne.  — 
Les  indications  données  sur  le  Vipera  aspis  dans 
mon  premier  travail  sont  inexactes. 


87 


SUR    LA    PRÉSENCE 

du    Genre    GAUDRYCERAS 

DANS   LE 

CAMPANIEN  SUPÉRIEUR  DU  COTENTIN 

par    Louis    B  U  A  S I  L 


M.  A.  de  Grossouvre  a  réuni  sous  le  nom  de  Gau- 
di'yceras  planorhiforme  (1),  deux  Ammonites  de 
la  craie  supérieure,  l'une  du  Flysch  des  environs  de 
Siegsdorf,  dans  les  Alpes-Bavaroises,  Desmocei'as 
planorbifonne  J.  Bohm  (2),  l'autre  du  calcaire  à 
Stegaster  de  Pau,  Piizosia  Haiigi  Seunes  (3).  C'est 
cette    même  espèce,   qu'à   notre   tour,   nous  avons 

(1)  A.  DE  Grossouvre,  Recherches  sur  la  craie  supérieure,  II. 
Paléontologie.  Mém.  pour  serv.  Explic.  carte  gùol.  do  la  France, 
1893,  p.  231  ;  pi.  XXXII,  fig.  2;  pi.  XXXIV,  flg.  4-5;  pi.  XXXV, 
fig.  7. 

(2j  J.  Bohm,  Die  kreidebildanfjen  des  Filrberges  iind  Sulzberges 
bei  Siegsdorf.  Palaeontographica,  1891,  p.  49  ;  pi.  I,  iig.  11-12. 

(3)  J.  Seunes,  Contribution  à  l'élude  des  Céphalopodes  du 
Crétacé  supérieur  de  France,  Mém.  Soc.  Géol.  Fr.  Paléont.,  Mém. 
n"  2,  p.  20;  pi  .  VI,  Qg.  1. 

*  Manuscrit  présenté  à  la  séance  du  9  novembre  1896;  épreuves 
corrigeais  remises  au  Secrétariat  le  30  décembre. 


—  88  — 

recueillie  dans  le  calcaire  à  Baculites  d'Orglandes 
(Manche). 

Le  genre  Gaudri/ceras  de  Grossouvre  diffère  de 
Lytoceras,  d'après  son  auteur  même,  par  le  plus 
grand  nombre  de  lobes  latéraux  et  par  la  direction 
des  stries  d'ornementation  qui,  au  lieu  de  rencontrer 
normalement  la  suture  des  tours  s'infléchissent  en 
arrière  dans  son  voisinage  et  forment  avec  elle  des 
angles  aigus  dont  l'ouverture  se  trouve  ainsi  tournée 
du  même  côté  que  celle  de  la  coquille.  Le  premier 
caractère  s'observe  très  bien  sur  notre  échantillon, 
le  second,  par  suite  de  la  disparition  du  test  n'est 
pas  visible.  Cet  échantillon,  réduit  aux  tours  inté- 
rieurs, ne  présente  pas  non  plus  les  côtes  arrondies 
qu'amène  l'âge  chez  Gaudryceras  planorbi forme, 
mais  la  disposition  des  sillons  et  surtout  la  forme  de 
la  cloison,  les  dimensions  relatives  des  tours  et  de 
lombilic  ne  laissent  aucun  doute  sur  l'exactitude  de 
l'identification. 

Gmidryceras  planorbiforme  accompagne  Pachy- 
disciis  Neubergicus  dans  les  environs  de  Pau,  à 
Siegsdorf,  où  on  le  rencontre  avec  Scaphites  cons- 
tr ictus,  Belemnitella  mucronata  (1),  et  une  forme 

(1)  Dans  leur  Elude  des  terrains  crétacés  et  tertiaires  du 
Cotentin,  MM.  Vieillard  et  Dollfus,  ne  citent  cette  espèce  ([ue  d'après 
Deinoyers  et  HéBert;  elle  n'est  cependant  pas  très  rare.  Nous 
l'avons  trouvée  plusieui'S  fois  dans  une  carrière  de  Fresvilic,  appar- 
tenant à  .M.  Louis  René  ;  le  calcaire  à  Biiculites  est  là,  entièrement 
sableux  ;  il  contient  en  abondance  Crania  Ignabergeiisis,  Rliyn- 
chopygus  Marmini,  Niicleolites  corarium.  N.  minimus,  Hemiasler 
pritnella,  de  nombreux  bryozaires  ;  plus  rarement  7'e;-e6ra<MZïna 
Sp.,  Rhync/ionella  octoplicata,  Cyphosoma  Donnissenli,  C.  yra- 
fiulosum,  etc. 


—  go- 
de Pachydhcus  Neubergicus  voisine  de  Pachydiscus 
Gollevillensis,   c'est-à-dire  une   faune  qui  présente 
avec  celle   du  calcaire  à  Baculites  du  Cotentin  les 
plus  étroits  rapports. 

Il  était  intéressant  de  signaler  la  présence  du 
genre  Gaudryceras  dans  le  Gampanien  supérieur  du 
Cotentin,  puisque  depuis  le  Cénomanien  la  famille 
des  Lytoceratidse ,  semblant  confinée  en  France 
dans  les  régions  méridionalee,  n'avait  plus  en  Nor- 
mandie aucun  représentant  connu. 


90  — 


PROORÈS 


DES 


SCIENCES    GÉOLOGIQUES 

EN     BASSE-NORMANDIE 
DE        1875        A        1895 

par    A.    BIGOT 

Professeur  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Caen  * 


1.  Piéliminaires  :  Arcisse  de  Caumont  et  la  géologie  de  la  Basse- 
Nonnandic, —  11.  Les  cartes  géologiques.  —  III.  Les  Terrains  pri- 
maires. —  IV.  La  géologie  du  département  de  l'Orne.  —  V.  Le 
Jurassique  du  Calvados;  les  faunes  et  les  flores  jurassi([ues  de  la 
Basse-Normandie.  —  VL  Le  Crétacé  et  le  Tertiaire  du  Cotentin. 
—  VII.  Les  Roches  éruptives.  —  VIII.  La  Tectonique.  —  IX.  Con- 
clusion. 

I.  Arcisse  de  Caumont  et  la  Géologie  de  la  Basse- 
Normandie 

Lorsqu'en  1845  Arcisse  de  Caumont  édita  le  pre- 
mier volume  desMemoire.'i  clerinstitiU  des  provinces, 
il  y  fit  reproduire  les  descriptions  et  les  cartes 
géologiques  des  départements  de  la  Manche  et  du 

*  Présenté  au  Congrès  de  Rouen  des  Assises  de  Caumont.  le 
16  juin  1896,  et  à  la  Société  Linnéenne,  le  10  décembre  ;  épreuves 
corrigées  le  3  janvier  1897. 


—  91  — 

Calvados,  publiées  par  la  Société  Linnéenne  de  Nor- 
mandie, et  celles  des  départements  de  l'Orne  et  de  la 
Mayenne,  données  par  Blavier  dans  les  Annuaires 
de  ces  deux  départements.  Ce  fait  seul  suffirait  à 
démontrer  quelle  importance  attachait  aux  études 
géologiques  le  fondateur  des  Congrès  scientifiques 
de  province. 

M.  de  Caumont  ne  fut  pas  seulement  un  précur- 
seur en  archéologie.  Parcourant  les  départements  de 
la  Manche  et  du  Calvados,  il  portait  son  attention 
sur  ce  sol  où  s'élevaient  les  monuments  qui  faisaient 
plus  particulièrement  l'objet  de  ses  études.  Il  avait 
déjà  compris  que  c'est  dans  la  structure  géologique 
d'une  région  qu'il  convient  de  chercher  les  raisons 
de  son  aspect  superficiel,  et  que  son  histoire  écono- 
mique et  sociale  est  liée  dans  une  large  mesure  à 
des  causes  toutes  physiques.  En  même  temps  que 
Puillon-Boblaye  en  Bretagne,  il  montrait  les  rela- 
tions étroites  de  la  Géologie  et  de  la  Géographie 
physique  qui  devaient  inspirer  plus  tard  à  un  autre 
Normand,  Elie  de  Beaumont,  des  pages  si  magis- 
trales. 

Est-ce  à  la  clarté  d'exposition,  à  la  précision  des 
descriptions  de  M.  de  Caumont,  que  la  Basse-Nor- 
mandie dut  de  devenir  immédiatement  une  région 
classique  ?  Est-ce  aussi  à  ce  fait  que  les  cartes  géolo- 
giques du  département  de  la  Manche  et  du  Calvados 
sont  les  premières  cartes  départementales  publiées 
en  France  ?  Il  faut  évidemment  ajouter  à  ces  raisons 
la  netteté  des  coupes  données  par  les  carrières  et 
les  falaises  du  littoral,  la  richesse  fossilifère  des 
terrains,  leur  ressemblance  avec  ceux  d'Angleterre, 


—  92  — 

où  la  Géologie  a  toujours  été  si  fidèlement  cultivée. 
Toujours  est-il  que  depuis  M.  de  Caumont  nos 
terrains  de  Basse-Normandie  n'ont  cessé  d'être 
l'objet  des  études  des  géologues  locaux  et  étrangers, 
que  leur  succession  est  classique  ,  que  leurs  fossiles 
sont  universellement  connus ,  et  qu'il  ne  se  passe 
point  d'année  que  des  courses  géologiques  des 
grands  établissements  de  Paris  et  de  la  province  ne 
soient  dirigées  vers  cette  région. 

Il  s'en  faut  de  beaucoup  cependant  que  la  géologie 
de  la  Basse-Normandie  soit  suffisamment  connue. 
L'étude  de  presque  toutes  nos  faunes  reste  à  faire , 
et  de  nombreuses  questions  de  stratigraphie  restent 
encore  à  traiter. 

En  répondant  au  désir  des  organisateurs  du  dernier 
Congrès  de  Caumont,  j'ai  eu  pour  but,  en  signalant 
les  travaux  faits  pendant  ces  vingt  dernières  années, 
d'appeler  l'attention  sur  les  nombreuses  lacunes 
qu'offrent  encore  nos  connaissances. 

II.  Les  Cartes  géologiques 

De  1877  à  1895,  le  Service  de  la  Carte  géologique 
détaillée  de  la  France  a  publié  12  feuilles  aug^^sur 
les  15  qui  embrassent  la  Basse-Normandie  (1).  Ce 

(1)  17,  Cherbour-çi,  par  M.  Lecornu,  189S;  27,  Barneville,  par 
M  Bigot,  1895;  28,  Saint-Lô,  par  M.  Lecornu,  1891;  29,  Caen,  par 
MM.  Lecornu  et  Lodin,  1889;  30,  Lisieux,  par  M.  Lodin,  1889;  46, 
Bernay,  par  M.  Guyerdet,  1882;  44,  Coidances,  par  M.  Lecornu, 
1884  ;  45,  Falaise,  par  M.  Lecornu,  1892  ;  43,  Granville,  par  M.  Ch. 
Barrois,  18  86;  61,  Avranches,  par  MM.  Potier  et  de  Lapparent 
1882;  62,  Alençon,  par  MM.  Bigot,  Bizet,  Letellier,  1894;  63,  Mor- 
iagne,  par  M.  Guillier,  1882. 


—  93  — 

travail  gigantesque  sera  terminé  quand  paraîtra  la 
feuille  des  Pieux.  Une  mention  toute  spéciale  dans 
l'exécution  de  cette  œuvre  doit  être  faite  de 
M.  Lecornu,  qui  à  lui  seul  a  exploré  presque  tota- 
lement 6  de  ces  feuilles. 

L'échelle  de  cette  carte  permet  d'y  grouper  un 
grand  nombre  de  renseignements  stratigraphiques  , 
agricoles,  économiques,  représentés  par  des  teintes 
et  des  signes  conventionnels.  Une  notice  explicative 
résume  tous  ces  renseignements  en  marge  de  chaque 
feuille. 

En    raison    même    des    grandes    dimensions  de 
l'échelle  qui  nécessite  la  juxtaposition  de  plusieurs 
feuilles   pour    prendre    une  vue  d'ensemble  de  la 
structure  générale  de  la  région,   il   était  utile  de 
résumer  d'une  façon  plus  maniable  les  résultats  de 
l'exploration  détaillée.  C'est  le   but  de  la  carte  au 
3^o^oQQ  qu'a  entreprise  le  service  et  qui  marche  au  fur 
et  à  mesure   de  l'exécution   et  de  la  révision  des 
feuilles   au  jôhô-    La  feuille   Paris,    seule    publiée 
aujourd'hui,  comprend  une  partie  des  départements 
du  Calvados  et  de  l'Orne,  correspondant  aux  feuilles 
Lisieux,   Bernay  et  Mortagne  de  la  carte  détaillée. 
Les  terrains  superficiels,  argile  à  silex  et  limon,  qui 
masquent  souvent  l'allure  des  couches  ne  sont  pas 
teintés  et  sont  représentés  seulement  par  un  figuré 
spécial. 

Enfin,  la  publication  d'une  carte  d'assemblage  au 
millionième  permet  d'embrasser  les  grands  traits 
de  la  structure  de  notre  région  et  ses  relations  avec 
les  régions  avoisinantes. 

De  son  côté,   l'initiative  privée  n'est  pas  restée 


—-5" 


—  94  — 

inactive.  La  carte  géologique  au  ^Qo^pop  de  MM.  Garez 
et  Vasseur  (1),  achevée  en  1889,  a  résumé  à  une 
échelle  suffisante  les  résultats  acquis  depuis  la 
publication  de  la  carte  de  Dufrénoy  et  Elie  de 
Beaumont. 

La  carte  au  j^hôo  '^^  département  de  la  Manche 
entreprise  sous  les  auspices  du  Conseil  général  de  ce 
département,  par  Vieillard,  a  été  complétée  et  ter- 
minée après  la  mort  de  cet  ingénieur  par  MM.  Potier 
et  de  Lapparent  (2). 

M.  Letellier  père  a  donné  à  l'échelle  du  yoïïôo  ^^ 
répartition  des  terrains  compris  dans  les  limites  des 
deux  cantons  d'Alençon  (3),  et  M.  Skrodzky  a  publié 
à  la  même  échelle  la  carte  du  canton  de  Domfront  (4), 

IIL  Les  Terrains  primaires 
A.  Stratigraphie 

C'est  certainement  depuis  1875  qu'ont  été  bien 
comprises  la  succession  et  l'allure  des  assises  que 
de  Gaumont  groupait  sous  le  nom  de  Terrains  inter- 
médiaires ou  de  transition. 


(1)  Vasseuk   g.  et  Cakez  L.,    Carte  géologique  de  la  France 
dressée  sur  la  carte  du  dépôt  des  fortifications,  Paris,  1883-1889. 

(2)  Carte   géologique    du   département   de    la    Manche,  par 
E.  Vieillard,  complétée  par  Potier  et  de  Lappare.nt,  1880. 

(3)  Letellier,  Etudes  géologiques  sur  les  deux  cantons  d'Alen- 
çon (B.  S.  L.  N.,  4,  II,  1889,  pi.  VII). 

(4)  Skrodsky,  Description  géologique  du  canton  de  Domfront 
(B.  S.  G.  Norm.,  XIII,  1890,  p.  75). 


-  95  — 

En  1861,  Dalimier  (1)  avait  démontré  la  superpo- 
sition des  Schistes  à  Calymènes  au  Grès  de  May, 
distingué  un  second  horizon  de  schistes  caractérisés 
par  des  Trimicleus,  établi  la  succession  des  assises 
dévoniennes  du  Gotentin.  Malheureusement  il  avait 
nié  d'une  façon  absolue  la  discordance  des  conglo- 
mérats pourprés  sur  les  Phyllades  de  Saint-Lo,  indi- 
quée pourtant  avec  une  grande  netteté  par  Dufrénoy 
et  de  Caumont. 

En  1883,  M.  Gh.  Renault  (2)  publiait  la  coupe 
devenue  classique  des  terrains  anciens  des  vallées 
de  l'Orne  et  de  la  Laize  et  mettait  parfaitement  en 
lumière  la  discordance.  Hébert  (3)  en  montrait  la 
généralité  dans  le  Nord  du  Massif  Breton;  il  distin- 
guait les  conglomérats  pourprés  d'autres  conglo- 
mérats, ceux  de  Granville,  intercalés  dans  les  Phyl- 
lades   de    Saint-Lo.    M.    Lecornu    (4)    et    moi   (5) 

(1)  Dalimier  Paul,  Stratigraphie  des  terrains  primaires  du 
Cotentin,  Paris,  1868. 

(2)  PiENAULT  Cn.,  Étude  straligraphique  du  Camhrien  et  du 
Silurien  dans  les  vallées  de  l'Orne  et  de  la  Laize  (B.  S.  L.  N.,  3, 
VII,  1883,  pp.  16  et  38).  —  Le  Camhrien  et  le  Silurien  de  la  vallée 
de  l'Orne,  d'Étavaux  à  Feuguerolles  (Id.,  p.  261). 

(3)  Hébeht  Ed.,  Observations  sur  les  groupes  sédimentaires  les 
plus  anciens  de  l'Ouest  de  la  France  (C.-R.  Ac.  Se,  CIII,  1886, 
pp.  303  et  367).  —  Phyllades  de  Saint-Lô  et  conglomérats  pourprés 
dans  le  N.-O.  de  lu  France  (B.  S.  G.  F.,  3,  XIV,  1886,  p.  713). 

(4)  B.  S.  L.  N.,  4,  IV,  p.  32,  1882,  et  Notices  de  la  Carte 
géologique. 

(5)  Bigot  A.,  Le  Précambrien  et  le  Cambrien  dans  le  Pays  de 
Galles  et  leurs  équivalents  dans  le  Nord  du  Massif  Breton  (B.  S. 
G.  F.,  3,  XVIII,  1889,  p.  161).  —  VArchéen  et  le  Cambrien  dans 
le  nord  du  Massif  Breton  et  leurs  équivalents  dans  le  Pays  de 
Galles  (Mém.  Soc.  Se.  .Math,  et  Nat.,  Cherbourg.,  XXVII,  1891,  p.  1). 


—  96  — 

avons  apporté  de  nouveaux  exemples  de  cette  discor- 
dance présilurienne  en  Normandie. 

Cette  discordance  ne  saurait  toutefois  être  appuyée 
sur  l'exemple  de  la  Pernelle  (Manche)  ;  les  conglo- 
mérats de  cette  région  sont  bien  triasiques  (1)  comme 
l'avait  dit  de  Caumont  (2). 

Par  suite  de  comparaison  avec  le  Pays  de  Galles, 
nous  avons  rapporté ,  Hébert  d'abord  et  moi 
ensuite,  au  Gambrien  les  assises  comprises  entre  les 
Conglomérats  pourprés  et  le  Grès  armoricain  ;  les 
Phyllades  de  Saint-Lo  formaient  un  étage  inférieur 
que  nous  avons  appelé  à  tort  Archéen,  et  qui  doit 
prendre  le  nom  de  Précambrien.  Ces  conclusions 
sont  maintenant  unanimement  admises,  notamment 
par  le  Service  de  la  Carte  géologique  de  France, 

En  1879,  Morière  (3)  montrait  que  le  Grès  de  May 
est  supérieur  aux  Schistes  à  Calymènes.  M.  Corbière 
et  moi  (4)  donnions  aux  environs  de  Cherbourg  un 
nouvel  exemple  de  la  superposition   des  Schistes  à 

(1)  Bigot  A.,  Noie  sur  Varkose  du  Val-de-Saire  (B.  S.  L.  N., 
4,  1,  1888,  p.  12,  et  VArchéen  et  le  Camhrien,  etc.,  p.  55). 

(2)  DE  Caumont,  Essai  sur  la  distinbution  géographique  des 
roches  dans  le  département  de  la  Manche.  (Mém.  Soc.  Linn. 
Norni.,  V,  1855,  p.  270). 

(3)  MoRiKKE  J.,  Note  sur  une  station  de  Silurien  à  la  Breche- 
au-Diable,  Calvados  (Ass.  fr.  av.  Se,  Montpellier,  1879,  p.  663, 
et  B.  S.  L.  N.,  3,  III,  1879,  p.  143). 

(4)  CoRiîiÈRE  L.  et  Bigot  A.,  Etude  géologique  de  la  tranchée 
du  chemin  de  fer  entre  Sottevast  et  Martinvast  (Manche)  (Mém. 
Soc.  Se.  Nat.  Math.,  Cher!).,  XXIV  (3,  IV),  1884,  p.  97  et  B.  S.  L. 
N.,  3,  VIII,  1884,  p.  25).  —  Excursioii  géologique  à  la  tranchée 
du  chemin  de  fer  entre  Sottevast  et  Martinvast  (B.  S.  L.N.,  3,  VIII, 
1884,  p.  437). 


—  97  — 

Trinucleiis  au  Grès  de  May.  Tout  récemment,  la  décou- 
verte par  M.  Kerforne  (1)  d'un  Trimicleus,  associé 
au  CaJymene  Tristani{^)  dans  les  schistes  intercalés 
au  milieu  du  Grès  de  May,  venait  remettre  en  ques- 
tion la  position  des  Schistes  ardoisiers  supérieurs, 
et  M.  D.-P.  Œhlert  (3)  montrait  que  l'on  devait  dis- 
tinguer plusieurs  niveaux  à  Trimicleus,  caractérisés 
par  des  espèces  différentes,  et  dont  l'un,  intercalé 
dans  le  Grès  de  May,  est  plus  ancien  que  les  ardoises 
de  Riadan  à  7V.  Pongerardi. 

Dans  le  Silurien  supérieur,  la  paléontologie  a  fait 
distinguera  M.  Ch.  Barrois  (4)  deux  horizons  déjà 
entrevus  par  M.  de  Tromelin  (5),  celui  des  Schistes 
ampéliteux,  équivalents  du  Wenlock  inférieur  d'An- 
gleterre, celui  des  Calcaires  ampéliteux,  correspon- 
dant au  Llandovery  inférieur. 

La  stratigraphie  du  Terrain  dévonien  du  Cotentin 
a  été  peu  étudiée  depuis  Dalimier.  Je  recueille  à 
loisir  les  matériaux  pour  l'étude  de  cet  intéressant 
bassin.  J'y  ai  signalé,  à^  Baubigny  (6),  l'existence 
de  lentilles  à  faune  hercynienne. 


(1)  Kerforne  F.,  Nots  sur  VOrdovicien  de  Maj/sur-Onie  (B. 
Soc.  Se.  et  MéJ.,  Ouest,  II,  1893,  p.  112). 

(2)  Vaui.legeard  Ach.,  B.  S.  L.  N.,  4,  VI,  1892.  p.  73. 

(3)  Œiii.ERT  D.-P.,  Sur  les  Trimicleus  de  l'Ouest  de  la  France 
(B.  S.  G.  F.,  3,  XXIII,  1893,  p.  299). 

(4)  Barrois  Gn.,  Mémoire  sur  la  disiribution  des  Graptolil/ies 
en  France  (.\nn.  Soc.  Géol.  Nord,  XX,  1892,  p.  11'). 

(3)  B.  S.  G.  Norm.,  VI,  1879,  p.  173. 

(6)  Bigot  A.,  Excursion  géologique  de  Né'aou  à  Saint-Sauve ur- 
le-Vicomte  et  à  Bricquebec  (B.  S.  L.  N.,  3,  VIII,  1384,  p.  437).  — 
Noie  sur   le  terrain    dévonien    des    environs  de  Carteret    et    de 


—  98  — 

De  Tromelin  (1)  avait  émis  l'opinion  que  les 
calcaires  de  Bahais,  près  Saint-Lo  sont  carbonifères. 
M.  Lebesconte  (2)  a  montré  qu'ils  sont  intercalés 
dans  le  Précambrien. 

L'exploitation  des  concessions  du  Plessis  et  de 
Littry  étant  abandonnée,  aucun  renseignement  nou- 
veau n'est  venu  s'ajouter  à  ceux  que  Vieillard  (3) 
a  donnés  sur  le  Rouiller  et  le  Permien  du  Gotentin. 
Un  sondage  qui  s'effectue  en  ce  moment  près  de  la 
gare  de  Lison  nous  apportera  de  précieux  rensei- 
gnements sur  la  profondeur,  la  puissance  et  l'allure 
de  ces  terrains  vers  les  marais  de  Carentan. 

B.  Les  faunes  primah^es 

Les  progrès  de  nos  connaissances  sur  la  faune  des 
couches  primaires  de  Basse-Normandie  sont  liés  à  ceux 
du  reste  du  Massif  Breton.  Au  pointde  vue  zoologique, 
c'est  une  même  province,  et  l'on  peut  prévoir  que 
les  espèces  décrites  dans  le  Maine  et  la  Bretagne  se 
retrouvent  en  Normandie.  Déjà  les  espèces  de 
Schistes  à  Galymènes  et  des  Calcaires  de  Néhou  sont 
les  mêmes  dans  tout  le  massif. 

Portbail  (id.,  4,  I,  1888,  p.  89).  —  Position  des  calcaires  à 
Wilsonia  Henrici  de  Baubiqny,  Manche  ^BuU.  Lab.  Géol. ,  Caen, 
II,  p.  61). 

(1)  DE  Tromelin,  B.  S.  L.  N.,  3,  II,  1878,  j),  3. 

(2)  Lebesconte,  Existe-l-il  une  série  d'assises  nouvelles  entre 
les  schistes  rouges  et  le  4/rès  armoricain  ?  (B.  S.  G.  Fr.,  3,  XIX, 
1891,  pp.  xxin  et  15). 

(3)  Vieillard,  Le  Terrain  liouiller  de  la  Basse-Normandie,  ses 
ressources  et  son  avenir  (B.  S.  L.  N.,  2,  VIII,  1873,  p.  231). 


\ 


—  99  — 

Une  grosse  lacune  reste  à  combler  dans  l'histoii'e 
des  couches  anciennes.  Jusqu'ici  ,  aucun  vestige 
authentique  de  corps  organisé  n'a  été  rencontré 
dans  le  Carnbrien.  La  découverte  de  la  Faune  pri- 
mordiale est  une  des  plus  intéressantes  de  celles  qui 
restent  à  faire  dans  l'Ouest  de  la  France  (l). 

A  plus  forte  raison  manquons  nous  de  renseigne- 
ments sur  la  flore  et  la  faune  précambriennes  de  cette 
région;  les  Foraminifères,  Radiolaires  et  Spongiaires 
signalés  en  Bretagne  par  M.  Cayeux  (2),  le  Palœo- 
chondrites  Frizaci,  décrit  par  M.  Maheu  (3),  des 
Nereites  ?  indiquées  par  M.  Ch.  Renault  (4),  sont  les 
seuls  organismes  dont  on  ait  fait  connaître  l'existence 
à  ce  niveau. 

Les  empreintes  problématiques  du  Grès  de  Ba- 
gnoles (Orne)  ont  longuement  occupé  l'attention.  De 


(1)  A  la  partie  sujitJricurc  du  Gambrieu  de  la  Sartlic,  Guillier  a 
signalé  un  niveau  à  Liuïules  dont  les  espèces  ont  été  décrites  par 
Davidson.  (Guillieb,  Noie  sur  les  Lingides  du  Grès  armoricain 
de  la  Sarthe  avec  description  des  espèces,  par  Th.  Davidson  [B.  S 
G.  F..  3,  IX,  1881,  p.  370).  M.  D.  P.  (F,hlcrt  a  signalé  d'autres 
niveaux  à  Lingulcs  dans  le  Canihrien  (D.  P.  Œhi.eut,  B.  Sorv. 
Garte  Géol.  Fr.,  G. -II.  GoU.  Gamp.  1893,  t.  VI,  |).  37). 

(2)  Cayeux  L.,  Les  preuves  de  l'existence  d'orç/anismes  dans  le 
terrain  précambrien.  Première  note  sur  les  Radiolaires  précam- 
briens (B.  S.  G.  F.,  3,  XXII,  1894,  p.  197).  — Sîo-  la  présence  de 
restes  de  Foraminifères  dans  les  terrains  précambriens  de  Bre- 
tagne (G.-R.  Ac.  Si^,  CXVIII,  1894,  p.  143  3et  An.  S.  G.  Nord,  XXII, 
1894  ,  p.  116).  —  T)e  l'existence  de  mivtbrenx  Spongiaires  dans 
les  phtanites  du  Précambrien  de  Bretagne  (G. -II.  Ac.  Se,  CXIX, 
189o,  p.  279,  et  Ann.  S.  G.  N.,  XXIII,  189:;,  p.  .'J2). 

3)  Supp''  Rcv.  gén.  se.  jjures  et  appl.,  15  déc.  189;i. 
(4)  B.  S.  L.  N.,  3,  VII,  1883,  p.  26C. 


—  100  — 

Saporta  (1)  et  Modère  (2)  considèrent  les  Bilobites 
comme  des  Algues  gigantesques  ;  M.  Miinier- 
Ghalmas,  M.  Nathorst  (3)  n'y  voient  que  des 
pistes  tracées  sur  la  vase  et  moulées  par  du  sable. 
Cylindriles  Mayalis  décrit  par  Morière  (4),  se  rat- 
tache à  ces  formes.  M.  Nathorst,  par  des  expériences 
ingénieuses,  a  reproduit  une  partie  de  ces  pistes. 
Quant  aux  Tigillites,  ce  sont  incontestablement  des 
trous  d'Arénicoles  ;  M.  Munier-Chalmas  les  a  vus 
se  réunir  deux  à  deux  en  U  à  leur  partie  inférieure, 
et  je  crois  avoir  montré  (5)  qu'elles  sont  le  résultat 
du  remplissage  de  trous  dans  le  sable.  A  côté  de  ces 
organismes  problématiques  sont  des  formes  bien 
caractérisées.  Morière  (6)  en  a  signalé  nominalement 


(1)  DE  Saporta,  A  propos  des  algues  fossiles,  Paris,  1832. 

(2)  Morière,  Note  sur  le  grès  de  Bagnoles  (D.  S.  G.  F.,  3,  II, 
1878,  p.  20). 

Voir  aussi  : 

PiOiAULT  Marie,  Œuvres  posthumes  publiées  par  les  soins  de 
P.  Lebesconte,  Picnnes-Paris,  1883. 

DE  Saporta  et  Marion  ,  L'évolution  du  régne  végétal,  Paris, 
1881. 

(3)  Nathorst,  Om  spar  afnagra  evertebrerade  djur  m.  m. 
och  deras  jjaleontologiska  befj/delse  (Kongl.  Sv.  Vei.  Akad. 
Haiidl.,  t.  XVIII,  1881). 

(4)  Morière  ,  Note  sur  une  empreinte  de  corps  organisé 
[Cylindriles),  offerte  par  le  Grès  armoricain  de  Mag.  Calvados 
(B.  S.  L.  N.,  3,  VII,  1883,  p.  loO). 

(o)  Bigot  A,,  Quelques  mots  sur  les  Tigillites  (B.  S.  L.  N.,  3, 
10,  1887,  p.  161). 

(6)  Morière  J.,  Fossiles  du  Grès  armoricain  de  Bagnoles 
B.  S.  L,  N..  3,  V,  1881,  p.  293). 


\ 


—  101  — 

quelques-unes^  Davidson  (i)  a  décrit  les  Brachio- 
podes  ;  M.  Ch.  Barrois  (2)  a  fait  connaître  en  Bre- 
tagne l'ensemble  de  la  faune,  dont  quelques  types 
avaient  déjà  été  figurés  par  M.  Lebesconte  (3). 

La  faune  des  Schistes  à  Calymènes  ne  nous  est 
connue  que  par  les  listes  données  par  de  Tromelin. 
Ce  paléontologiste  qui,  un  des  premiers,  a  porté  la 
lumière  dans  les  faunes  anciennes  de  l'Ouest,  a 
donné,  soit  seul  (4),  soit  en  collaboration  avec 
M.  Lebesconte  (5),  des  catalogues  très  documentés 
de  cette  faune  dans  la  Sarthe  et  la  Bretagne.  Malheu- 
reusement ces  travaux  ne  sont  pas  accompagnés  de 
figures  et  il  est  à  désirer  qu'une  monographie  vienne 


(1)  Davidson  Th.  ,  Noie  sur  les  Brachiopodes  trouvés  par 
M.  Morière  dans  le  Grès  armoricain  de  Bagnoles  (B.  S.  L.  >'., 
3,  V,  1881,  p.  81). 

Voir  aussi  : 

On  the  Devonian  and  Silurian  Brachiopoda  Ihai  occur  in  the 
triasslc  pebble  bed  of  Budleiyh-Salterton,  etc.  [Pul.  Soc,  1881). 

(2)  Baurois  Ch.  ,  Mémoire  sur  la  faune  du  Grès  armoricain 
(Alla.  S.  G.  Nord,  XIX,  1891,  p.  134). 

(3)  Lebesconïk  ,  Conslifu/iun  yénèralc  du  Massif  Brelan  , 
comparée  à  celle  du  Finistère   B.  S.  G.    F.,  3,  XIV,  1886,  p.  776). 

(4)  De  Tromeli>;,  Étude  des  terrains  paléozo'iques  de  la  Basse- 
Normandie,  ]jarliculièreme?it  dans  les  départements  de  l'Orne  et 
du  Calvados  (Ass.  fr.  av.  se,  Congrès  du  Havre,  1877,  p.  493,  et 
B.  S.  L,  N.,  3,  II,  p.  6  ut  32). 

(u)  DE  Tao.MELiN  et  Lebesconte,  Essai  d'un  catalogue  raisonné 
des  fossiles  siluriens  des  départements  du  Maine-et-Loire,  la 
Loire-Inférieure  et  du  Morbihan,  avec  des  observat'ions  sur  les 
terrains  paléozo'iques  de  l'Ouest  de  la  France  (Ass.  fr.  av.  se, 
Congres  de  Nantes,  1875). — Présentation  des  fossiles  paléozoïques 
du  déparlement  de  l'Ille-et-Viluine ;  note  additionnelle  sur  la 
faune  de  l'Ouest  de  la  France  (id.). 


—  102  — 

grouper  les  descriptions  éparses  dans  divers  recueils 
et  faire  connaître  les  espèces  nouvelles  (1). 

On  peut  renouveler  le  même  vœu  pour  les  autres 
assises. 

De  Tromelin  (2j  a  donné  des  catalogues  descrip- 
tifs du  Grès  de  May  et  des  grès  synchroniques  de 
Bretagne,  en  collaboration  avec  M.  Lebesconte  (3), 
mais  sans  figures. 

Morière  (4)  et  moi  (5),  avons  figuré  des  Trilobites 
et  Pélécypodes. 

La  faune  des  Schistes  à  ïrinucléus  de  Normandie 
est  à  peu  près  inconnue^  sauf  pour  la  localité  d'Ecal- 
grain  dont  M.  Bergeron  (6)  a  décrit  quelques  espèces. 


(1)  Voir  (.Ml  outre:  Rupeut  Jones  T.,  On  some  Devonian  and 
Silurian  Ostracoda  frum  Norlh  Ainerica,  France  and  Bosphorus 
(Q.  J.  G.  S.,  XLVI,  181)0,  p.  534). 

Ch.  Bakkois,  Apei'iU  de  la  constitution  r/éoIo(/irjiu'  de  la  rade 
de  Brest  (B.  S.  G.  F.,  3,  XIV,  1886,  p.  678). 

(2)  De  Tkomeun,  Étude  de  la  faune  des  tirés  silui-icns  de  Ma//. 
Jurques,  Campandré,  Montroberl,  Calvados  (B.  S.  L.  N.,  3,  I, 
1877,  1».  5). 

(3)  De  Tiîomeltn  G.  et  Lebesconte  P.,  Note  sur  quelques  fossiles 
des  Grès  siluriens  de  Sainl-Geimain-sur-Ille,  la  Bouexière, 
Champeaux,  etc.,  Ille-et-Vilaine.  Quiaiper,  187.5. 

[i]  MoiuÈRE  J.,  Note  sur  un  Homalonotus  du  Grès  de  May 
(B.  S.  L.  N.,  3,  VIII,  1884,  p.  383).  — A'o/e  sur  quelques  Trilobites 
de  l'étage  du  Grès  de  May  (ici.,  IX,  188u,  p.  74). 

(5)  A.  Bigot,  Note  sur  les  Homalonotus  des  Grès  silurietis  de 
Normandie  (B.  S.  G.  F.,  3,  XVI,  1888,  p.  419).  — No^e  sur  quelques 
Pélécypodes  des  Grès  siluriens  de  l'Ouest  de  la  France  (ici., 
XVII,  1889,  p.  791). 

(6)  Bergeron  J.,  Description  de  quelques  Trilobites  de  l'Ordo- 
vitien  d'Ecalgrain,  Manche  (B.  S.  G.  Norm.,  XV,  1891,  p.  42). 


—  103  — 

Malgré  la  richesse  des  gisements  Gothlandiens  de 
FeugueroUes,  Saint-Sauveur-le-Vicomte,  peu  d'es- 
pèces ont  été  citées  par  de  Tromelin  et  Lebesconte(l). 
L'insLitTisance  des  échantillons  n'a  permis  à  M.  Ch. 
Barrois  que  de  signaler  quelques  espèces  (2). 

Le  Dévonien  est  certainement  celui  de  nos  terrains 
primaires  dont  la  faune  est  la  mieux  connue,  grâce 
aux  travaux  de  MM.  Gh.  Barrois (3)  etD.  P.  Œhlert(4). 


ri)  Loc.  çif.,  iioti',  ji.  loi. 

(2)  Bahkois  Ch.,  Mémoire  sur  la  distribuiion  des  Graptolites 
en  France  (Aiin.  S.  G.  A'ord,  XX,  1892,  p.  T6). 

(3)  Bahrois  Gh.,  Sur  le  Calcaire  dévonien  de  Chaude  fonds' 
Maine-et-Loire  ^A.  S.  G.  Nord,  XIII,  1876,  p.  ilù),  —  Aperçu  de 
la  constilulion  géologique  de  la  rade  de  Brest  (B.  S.  G.  F.,  3, 
XIV,  18SG,  p.  678).  —  Faune  du  Calcaire  d'Erbrai/,  Loire-Infé- 
rieure (M.  S.  G.  Nord,  m,  1889). 

(4)  (EnLEnr  D.  P.,  Sur  les  fossiles  dévoniens  du  département 
de  la  Mayenne  (B.  S.  G.  F.,  3,  V,  1877,  p.  378).  —  Description 
de  deux  nouveaux  genres  de  Crinoides  du  terrain  dévonien  du 
département  de  la  Mayenne  (B.  S.  G.  F.,  3,  VIII,  1879,  p.  6),  — 
Description  d'un  nouveau  genre  de  Lamellibranche  du  terrain 
dévonien  inférieur  (B.  S.  Et.  Sr.  Angers,  1880).  —  Crinoides 
nouveaux  du  Dévonien  de  la  Sarthe  et  de  la  Mayenne  (B.  S. 
G.  F.,  3,  X,  16^82,  p.  352).  —  Note  sur  les  Chonetes  de  l'Ouest  de 
la  France  !id.,  3,  XI,  1883,  p.  514).  — Description  de  deux  jiou- 
vclles  espèces  d'Acroculia  du  déparlement  de  la  Mayenne  (id., 
j).  602). — Etudes  sur  quelques  Brachiopodes  dévoniens  (id.,  XII, 
1884,  p.  411.  —  Description  du  Goldius  Gervillei  (B.  S.  Et.  Se. 
Angers,  1883).  —  Description  de  deux  Centronelles  du  Dévonien 
inférieur  de  l'Ouest  de  la  France  (id.).  —  Brachiopodes  du 
Dévonien  de  l'Ouest  de  lu  France  id.,  1887).  —  Description  de 
quelques  espèces  dévoniennes  du  déparlement  de  la  Mayenne 
(id.).  —  Etudes  sur  quelques  fossiles  dévoniens  de  l'Ouest  de  la 
France  (Ann.  Se.  Géol.,  XIX,  1887,  i\°  I).  —  Note  sur  quelques 
Pélécypodes  dévoniens  (B.  S.  G.  F.,  3,  XVI,  1888,  p.  633).  —  Sur 


—  104  - 

Dans  son  mémoire  sur  la  Faune  d'Erbray,  M.  Ch. 
Barrois  a  donné  la  liste  des  fossiles  signalés  dans  le 
Dévonien  du  Massif  Breton.  Elle  comprend  301 
espèces. 

La  seule  liste  de  fossiles  du  Calcaire  carbonifère 
de  la  Manche  que  nous  possédions  est  celle  déjà 
ancienne  de  Triger  et  Deslongchamps.  —  L'étude  de 
la  flore  Stéphanienne  de  Littry  et  du  Plessis  reste  à 
faire.  —  Les  Poissons  du  Permien  de  Littry  n'ont  pas 
été  identiliés. 

IV.   La  Géologie  du  département  de  l'Orne 

Des  trois  départements  de  la  Basse-Normandie,  c'est 
certainement  celui  de  l'Orne  dont  la  géologie  a  fuit 
le  plus  de  progrès  depuis  1875.  Postérieurement  à 
la  Carte  géologique  de  Blavier,  quelques  points  spé- 
ciaux ont  été  étudiés  par  E.  Delongchamps,  mais  les 
explorations  pour  la  Carte  géologique  détaillée  faites 
par  MM.  Bigot,  Bizet,  Guillier,  Guyerdet,  Lecornu, 
Letellier  père,  les  descriptions  de  M.  Bizet,  les  mono- 
graphies de  M.  Letellier  père  (1),  ont  donné  de  la 


le  Dévonien  des  environs  d'Angers  (id,,  XVII,  1889,  p.  741).  — 
Sur  le  genre  Spyridiocrinus  (id.,  XIX,  1890,  p.  220).—  Descrip- 
tion de  deux  Crinoides  nouveaux  du  Dévonien  de  la  Manche 
(id.,  p.  334). 

(Ehlert  D.  p.  et  Davoust,  Sur  le  Dévonien  du  département  de 
la  Sarthe  (B.  S.  G.  F.,  3,  Vil,  1879,  p.  697). 

(1)  Letellier  A.  ,  Description  géologique  des  deux  cantons 
d'Alençon  (B.  S.  L.  N.,  4,  II,  1889,  p.  'i^iZ).  —  L'Arkose  d'Alençon 
(id.,  4,  IV,  1892,  p.  245). 


—  105  — 

géologie  de  ce  département  une  idée  très  satis- 
faisante. 

Les  Chaînes  siluriennes  du  Sud  du  département  de 
l'Orne,  jusqu'alors  à  peu  près  inexplorées,  sauf  dans 
la  région  de  DomlVont(i)  et  d'Alençon  (2),  ont  été 
étudiées  par  nous  en  détail  (3). 

Les  monographies  les  plus  complètes  des  ter- 
rains de  ce  département  sont  celles  qu'a  données 


(1)  Léveillé  (l'abbé)  et  Richer  (l'abbé),  Etude  géologique  du 
sol  de  Varrolidissemenl  de  Domfront  (Anu.  Ass.  Norm.,  XXXV, 
1875,  p.  263). — Skrodsky  J.,  Description  géologique  du  canton  de 
Domfront  (B.  S.  G.  Norm.,  XIII,  1890,  p.  7.j). 

(2)  Letellier,  iVo/e  géologique  sur  les  terrains  traversés  par  le 
chemin  de  fer  d'Alençon  à  Domfront  (B.  S.  L.  N.,  3,  II,  1878, 
p.  340). — Deuxième  excursion  de  la  Société  Linnéenne  à  Alençon 
(Id.,  p.  270).  —  Note  sur  le  quartzite  des  environs  d'Alençon 
(id.,  VI,  1882,  p.  15).  —  Les  terrains  des  environs  d'Alençon 
(B.  S.  G.  Norm.,  VI,  1879,  p.  ^2i).— Terrains  au  Sud  des  collines  de 
Normandie  compris  dans  la  feuille  d'Alençon  de  la  carte  géo- 
logique détaillée  de  la  France  (B.  S.  L.  N.,  4,  VI,  1892,  p.  89).  — 
Constitution  géologique  de  l'arrondissement  d'Alençon  (Ann. 
Norm.,  1893). —  Lettre  à  M.  Bigot, professeur  de  Géologie  à  la 
Faculté  des  Sciences  de  Caen;  réponse  à  ses  observations  à  la 
note  de  M.  Letellier  sur  la  constitution  géologique  da  l'arron- 
dissement d'Alençon,  Alençon,  189o. 

(3)  Bigot  A.,  Constitution  et  allure  des  terrains  anciens  dans  le 
Sud  du  département  de  l'Orne  (B.  Lab.  Géol.,  Caen,  I,  1891,  p.  39). 
—  Excursions  géologiques  de  la  Société  Linnéenne  de  Normandie 
dans  les  environs  de  Sées  et  de  Bagnoles,  Orne  (B.  S.  L.  N.,  4, 
VI,  1892,  p.  144).  —  Observations  à  la  note  de  M.  Letellier,  inti- 
tulée :  Constitution  géologique  de  l'arrondissement  d'Alençon, 
Caen,  1895. 


—  106  — 

M.  Bizet  (1),  pour  le  Jurassique  et  le  Crétacé  des 
environs  de  Bellême  et  de  Mortagne  (2). 

(1)  BizEï  Paul,  Nolice  à  l'appui  du  profil  (jéologique  de 
Mamers  à  Mortagne  (B.  S.  G.  ?Jorm.  VIII,  1883,  [i.  40).  —  Xofice 
à  l'appui  du  profil  géologique  du  cliemin  de  fer  de  Mortagne 
à  Laigle  (ul.  IX,  J884,  p.  3"  .  —  Xolice  explicative  sur  le 
profil  géologique  à  travers  le  Perche  Ornais,  suivant  l'ancienne 
grajide  roule  de  Paris  au  Mans  (id.  XI,  1886,  p.  79).  —  Sur  les 
terrains  sédimentaires  représentés  dans  l'Est  du  département  de 
l'Orne  (id.  j).  fiS).  —  Excursion  de  la  Société  Linnêenne  de  Nor- 
nmndie  à  \imouliers  (id.  p.  4.j).  —  Considérations  géologiques 
et  paléontologiques  sur  les  terrains  des  environs  de  BelVeme  et 
Mamers,  suivies  d'une  notice  à  l'appui  du  profil  géologique 
d'Alenron  à  Nogent-le-RoIrou  et  Beaumont-les- Autels  {\d.]:  U 
1"^"  partie  est  reproduite  dans   B.   S.  L.  N.  4,  II,  1889,  p.  179. 

(2)  Vû=r  en  outre  sur  la  géologie  du  département  de  l'Orne  : 
GuYEUDET  A.,  Coupe  géologique  des  carrières  du  four  à  chaux 

de  Vimoutiers.  Orne:  —  Profil  géologique  de  Chaumont  à   Gacé 
et  Résenlieu,  Orne  {B.  S.  L.  N.  3,  IX,  1885,  p.  196). 

Lkcoeur,  Excursion  de  la  Société  Linnêenne  à  Vimoutiers  et  à 
Chambois,  Orne  (id.  p.  137).  —  A  quel  étage  géologique  appar. 
lient  le  canton  de  Vimoutiers?  Quels  sont  les  fossiles  qui  le 
caractérisent?  lAnn.  Ass.  Norm.  XLV,  1885,  p.  128). 

Pi.Nço.\,  Description  géologique  du  Dassin  supérieur  de  la 
Risle  iB.  S.  L.  N.,  3,  IV,  1881  p.  324).  —  Etude  géologique  des 
collines  du  Lieuvin  sur  les  communes  d'Echauffour,  Champ- 
haut,  Org'eres  et  Cisai-Saint- Aubin,  Orne  (id.  p.  277). 

DiAVET  ;al)hé),  Excursion  de  la  Société  Linnêenne  à  Echauf- 
four,  Champhaut  et  Laigle,  Orne  (id.  3,  V,  j).  302). 

Bigot  A,,  L'arkose  de  Montrayé,  près  Alençon  (id.  4,  V,  1894, 
p.  26). 

GuYERDET,  Fragments  de  géologie  Normande  (Ass.  fr.  av.  Se. 
Rouen,  1883,  p.  485). 

IlE.NAULT  Cn.,  Quatre  journées  d'excursion  en  Normandie  (B. 
Soc.  Et.  Se.  Flammarion,  d'Argentan,  6°  année  1888,  p.  237). 

MoRiÈRE,  Le  Lias  dans  le  département  de  l'Orne,  son  étendue, 
ses  fossiles  (Ass.  fr.  av.  Se.,  Congrès  Havre,  1877.  p.  482). 


107  — 


V.  Le  Jurassique  du  Calvados 

(Les  faunes  et  les  flores  jurassiques   de   Basse- 
Normandie) 

La  tendance  de  la  stratigraphie  contemporaine  est 
à  la  multiplication  des  horizons  paléontologiques, 
et  on  doit  reconnaître  que  la  constatation  de  ces 
zones  multipliées  dans  des  régions  souvent  éloi- 
gnées est  favorable  à  ces  tendances  analytiques. 
Elles  permettent  en  outre  de  mieux  apprécier  les 
différences  fauniques ,  de  discuter  avec  plus  de 
rigueur  les  affinités  des  assises  ,  de  placer  avec 
plus  de  précision  les  grandes  divisions  de  l'écorce 
terrestre. 

Appliquée  au  Jurassique  inférieur,  cette  méthode 
a  été  féconde  en  résultats.  M.  Munier-Chalmas  (i) 
a  pu  ainsi  reconnaître,  dans  le  Toarcien  et  le  Bajo- 
cien,  les  subdivisions  établies  en  Angleterre  par 
M,  S.  Buckman  et  M.  L.  Brasil  (2)  a  complété  ce 


(1)  Mi'NiEii-GiiAi.MAS,  Observations  sur  les  terrains  Jurassiques 
de  Normandie  (C.-R.  S.  G.  F.,  1891,  n"  IS).  —  Etudes  prélimi- 
naires des  terrains  jurassiques  de  Normandie  (G.-R.  S.  G.  F., 
1892,  p.  CLix). 

(2)  L.  Bkasil,  Sur  le  Lias  supérieur  et  le  Bajocien  de  Tilly- 
sur-Seulles  et  Feuguerolles  (B.  Lab.  Géol.  Caen,  t.  II,  1895, 
]i.  165).  — Etude  sur  le  niveau  à  Ammonites  opalinus  en  Nor- 
mandie (B.  S.  G.  Norni.,  XV,  1891,  p.  37).  —  Observations  sur 
le  Bajocien  de  Normandie  {B.  Lab.  Géol.  Cacn,  II,  189S,  p.  223). 

Voir  aussi  : 


—  108  — 

travail  sur  plusieurs  points.  Ces  recherches  ont  con- 
duit à  des  résultats  intéressants,  en  montrant  notam- 
ment l'existence  dans  nos  régions  de  nombreuses 
espèces  de  la  zone  méditerranéenne. 

Dans  le  Jurassique  moyen,  M.  Munier-Chalmas(-l) 
reprenant  les  travaux  de  M.  Douvillé,  a  montré  que 
les  couches  de  Dives  à  Cardioceras  Mariœ  et  Lani- 
berti  sont  calloviennes,  que  l'Oxfordien  ne  commence 
qu'avec  les  couches  à  Cordatus.  Dans  son  travail, 
M.  Douvillé  (2)  donnait  une  description  très  détaillée 
du  Jurassique  du  Calvados,  entre  Beuzeval  et  Viller- 
ville,  et  notamment  du  faciès  coralligène  supérieur 
aux  couches  à  Cordatus.  M.  Lodin  (3)  a  également 
publié  des  observations  intéressantes  sur  ces  nivaux 
supérieurs    de    notre    Jurassique,   et  M.   Brasil  et 


Bigot  A.,  Sur  la  position  de  la  couche  à  Leplaena  en  Nor- 
mandie et  en  particulier  à  May-sur-Orne  (B.  Lab.  Géol.  Caen ,  I, 
1893,  p.  135).  —  Existence  de  la  couche  à  Leptœna  à  Subies 
(id.,  II,  1894,  ij.  i6j). 

Leroux   M.,  Note  sur  quelques  fossiles    du   Lias  d'Osmanville 
(B.  S.  L.  N.,  3,  IV,  p.  387). 
DE  GuossouvRE  (G.-R.  S.  G.  F.,  1891,  n°  II). 

(1)  Op.  cit.,  note,  p.  107,  1892. 

(2)  Douvillé  H.,  Note  sur  la  partie  moyenne  du  terrain  juras- 
sique dans  le  Bassin  de  Paris  et  sur  le  terrain  corallien  en  par- 
ticulier (B.  S.  G.  F.,  3,  IX,  1831  ot  B.  S.  L.  N.,  3,  VI,  1882,  p.  76). 

Voir  en  outre  : 

DuRA.ND,  L'étage  corallien  sïir  le  lilloral  de  la  Manche  (B.  S. 
G.  Norm.,  t.  VI,  1880,  p.  571). 

(3)  LoDi.\,  Observations  sur  l'étage  corallien  du  Calvados  (B. 
S.  L.  N.,  3,  III,  1879,  p.  106).  —  Note  sur  le  niveau  occupé  à 
Honfleur  par  l'argile  du  Kimméridge  (id.,  3,  II,  1878,  p.  15). 


—  109  — 

moi  (1)  avons  fait  connaître  d'autres  exemples  de 
leurs  modifications  de  faciès. 

La  riche  faune  de  nos  couches  jurassiques  ne  sera 
pas  connue  d'ici  longtemps.  Eug.  Deslongchamps  (2) 
avait  eu  le  projet  colossal  de  publier  une  série  de 
monographies  donnant  la  faune  de  chacune  de  ces 
assises;  deux  d'entre  elles  seulement  ont  été  com- 
mencées, la  monographie  des  Assises  à  Poissons  et 
celle  du  Bajocien  inférieur.  Le  catalogue  de  la  col- 
lection Jarry,  interrompu  par  la  mort  de  Deslong- 
champs  (3),  devail  faire  connaître,  sous  forme  de 
Prodrome  raisonné,  la  faune  des  couches  oxfor- 
diennes  (Callovien  supérieur  compris). 

J'ai  repris  l'étude  de  la  faune  jurassique  sous  une 
autre  forme,  celle  de  monographies  zoologiques  , 
analoguesàcelles  que  Deslongchamps  père  a  publiées 
pour  les  Pleurotomaires,  Plicatules,  etc.  Deux  de  ces 
monographies  ont  été  publiées  (4).  Le  travail  consacré 
par  M.  Gossmann  (5)  à  la  révision  des  Gastropodes 
jurassiques  de  France  est,  sur  des  bases  plus  larges, 
conçu  dans  le  même  esprit  que  le  nôtre  ;  dans  la 
première  pari ie, qui  traite  des  Opisthobranches,nous 


-     (l)  A.  Bigot  et  L.  Urasi:,,  Cu:)g-iès  des  Soc.  sav.  1893,  17  avril. 

1^2)  Deslongchamps  Elg.  ,  Le  Jura  Normand,  Mon.  I\'  et  1/, 
années  1877-78,  Caen. 

(3)  Deslongchamps  E.,  Rapport  sur  les  fossiles  de  lu  collection 
Jarry,  (B.  S.  L.  ?J.,  1890,  p.  7:;  et  93  . 

i4)  Bigot,  Conlribulioiis  à  lu  Faune  jurassique  de  Xorinandie, 
!'•■  Mémoire,  sur  les  Trigonies  i.M,  S.  L.  IN'.,  XVI,  1893).  —  2' 
Mémoire,  sur  les  Oj^is  (id.,  XVIIî,  1893). 

(3)  Gossmann  M.,  Eludes  sur  les  Gastropodes  jurassiques  (Mém. 
Soc.  Gt-ol.  Fr.,  PaL,  1893). 


—  110  — 

trouvons  43  espèces  de  Normandie  sur  les  160  dé- 
crites, soit  plus  du  quart,  proportion  qui  montre  la 
richesse  fossilifère  de  nos  couches  jurassiques. 

Les  travaux  de  M.  Haug  (1)  ,  les  descriptions 
d'Ammonites  nouvelles  de  M.  Brasil  (2)  ont  fait  con- 
naître un  certain  nombre  de  fossiles  jurassiques  en 
Basse-Normandie. 

Il  faut  ajouter  comme  contribution  impor- 
tante sur  ce  sujet  les  travaux  de  Morière  (3)  et 
de  M.  de  Loriol  (4)  sur  les  Crinoïdes  et  les 
Astérides ,  de  Golteau  sur  les  Echinides  (5) ,  de 
Morière  sur  les  Crustacés  (6),  €eux  d'E.  Deslong- 

(1)  Haug,  Noie  sur  quelques  espèces  d'Ammonites  nonrelles  et 
peu  connues  du  Lias  supérieur  (B.  S.  G.  F.,  3,  XII,  1S84,  p.  346). 

—  Etudes  sur  les  Ammonites  des  étru/es  moi/ens  du  si/stème 
jurassique  (id.,  XX,  1893,  \\.  27.'i). 

(2)  Brasil  L.,  Op.  cit.,  note  p.  i07,  et  Céphalopodes  nouveaux 
et  peu  connus  des  étages  jurassiques  de  Normandie  (B.  S.  G. 
Nom.,  t.  XVI,  1894,  p.  27). 

(3)  Morière  J.,  Note  sur  une  Asléride  fossile  [Asterias  Des- 
lohf/cliampsi)  nouvelle,  trouvée  dans  VOxfordien  des  Vaches- 
Noires,  entre  Dives  et  Villers-sur-Mer  (B.  S.  L.  N.,  3,  II,  1878, 
p.  75).  —  Note  sur  les  Crinoïdes  des  terrains  jurassiques  du 
Calvados  (id.,  III,  1879,  p.  32.3).  —  /(/.,  2'  noie  (id.,  IV,  1880, 
p.  329).  —  Deux  genres  de  Crinoïdes  de  la  Grande-OoUllie  \ïA,, 
V,  1881,  p.  78^. 

(4)  DE  LoHiOL,  Paléontologie  Française.  Crinoïdes  jurassiques. 

(5)  CoTTEAU,  Id.,  Echinides  jurassiques. 
Voir  aussi  : 

Deslongchamps  E.,  b.  s.  L.  N.,  1887,  p.  19. 

(6)  Morière  J.,  Première  note  sur  les  Crustacés  de  VOxfordien 
trouvés  dans  le  Calvados  (B.  S.  L.  N.,  3,  VI,  1882,  p.  161).  — 
Note  sur  une  Ergonidée  nouvelle  trouvée  à  la  Cuine,  Calvados, 
dans  le  Lias  supérieur,  Ergon  Calvadosi  (id.,  VII,  1883,  p,  116). 

—  Note  sur  quelques  crustacés  fossiles  i^id.,  4,  II,  1889,  p.  137). 


—  111  — 

champs   (1),   sur   les  Brachiopodes    da  Jurassique 
inférieur. 

Malgré  la  richesse  des  terrains  jurassiques  de 
Normandie  en  débris  de  Reptiles  et  de  Poissons, 
leur  étude  a  été  très  négligée  pendant  ces  vingt 
dernières  années.  Morel  de  Glasville  (2)  et  le  D'' 
Pépin  (3)  ont  décrit  deux  Stenosaures ,  l'un  du 
Gallovien,  l'autre  du  Bathonien.  M.  Sauvage  (4)  a 


Voir  aussi  : 

Rknault  Cn.,  iVy/e  sur  une  Eryonidée  noudelle  trouvée  à  Sainle- 
Ilonorine-la-Guillaume,  Orne,  dans  le  grès  liasique  (B.  S.  L.  N.. 
4,  II,  1889,  p.  13). 

(1)  Deslongchamps  E.,  Sur  l'appareil  brachial  de  diverses 
Térébralides  du  Lias  et  du  système  oolilhique  inférieur  (B.  S. 
L.  N.,  3,  VIU,  1884,  p.  303).  —  Sur  des  Brachiopodes  nouveavx 
ou  peu  connus  du  Lias  et  du  système  oolithique  inférieur  (id., 
p.  312).  —  Note  sur  plusieurs  espèces  île  Cranies  du  système 
oolithique  inférieur  (id.,  p.  327).  —  Puléontoloyie  française. 
Terrains  jurassiques.  Brachiopodes.  —  Découverte  du  genre  Me- 
gerlea    dans    la  Matière  (B.  S.  L.  N.,  3,  IV,  1880,  p.  388). 

Voir  aussi  : 

Bigot  A.,  Sur  quelques  Brachiopodes  fossiles  de  Normandie 
(Bull.  Lai).  Géol.  Gaen,  II,  1893,  p.  113).  —  Observations  sur  V Am- 
monites coronatus  Brug.,  les  Ostrea  eruca  el  rustica  Defrance 
(id.,  p.  133). 

(2)  Morel  de  Glasvii.i.e  ,  Note  sur  le  Steneosaurus  Heberti 
(B.  S.  G.  F.,  3,  VIII,  1880,  p.  318).  —  Sur  la  cavité  crânienne  et 
la  position  du  trou  optique  dans  le  Steneosaurus  Heberti  (id.,  IV, 
1876,  p.  342). 

(3)  Pépin  D",  Noie  sur  une  nouvelle  espèce  de  Steneosaurus 
(B.  S.  L.  N.,  3,  1,  1877,  p.  115  . 

1^4)  Sauvage  E.,  Note  sur  le  genre  Pachycoruais  (B.  S.  L.  N.,  3, 
VII,  1883,  p.  144). 
Voir  en  outre  : 


—  112  — 

éclairé  quelques  points  de  l'Ostéologie  du  genre 
Pachyconmis,  d'après  des  échantillons  du  Toarcien 
du  Calvados,  mais  depuis  la  publication  du  grand 
ouvrage  d'Agassiz  (1833-1843),  et  le  Prodrome  d'E. 
Deslongchamps(1868),  il  n'a  été  publié  aucun  travail 
d'ensemble  sur  les  Poissons  et  les  Reptiles  juras- 
siques du  Calvados. 

Si  nous  avons  peu  de  documents  sur  la  flore  Juras- 
sique du  Calvados,  cela  tient  à  une  autre  cause  qui 
est  la  rareté  des  échantillons  de  plantes  fossiles 
trouvées  dans  nos  régions.  Les  grès  du  lias  de 
Sainte-Opportune, Orne^  sont  un  gisement  privilégié, 
dont  Morière  (l)  a  fait  connaître  un  certain  nombre 


DouviLLÉ,  Siiv  des  débris  de  Sauriens  de  grande  taille  trouvés 
dans  VOxfordien  de  Dives  et  Villers  (B.  S.  G.  F.,  3,  XIII,  1883, 
p.  441). 

.MoiuÈRE,  Dent  d'Acrodus  nobilis,  Agass. ,  trouvée  dans  le 
Lias  inférieur  de  Cartigng-l'Epinay  (B.  S.  L.  N.,  3,  IIl,  1879, 
p.  322).  —  Débris  fossiles  d'un  grand  Sélacien  trouvé  dans  la 
Grande-Oolithe  à  Amblie  (id.,  3,  VI,  1882,  p.  133).  —  Xole  sur 
U7i  fossile  trouvé  à  Amblie  dans  la  Grande-Oolithe  (id.,  p.  224^ 
—  Sur  une  plaque  vomérienne  de  Pijcnodus  (id.,  p.  75). 

Pépin  D%  Vertèbre  de  SSeneosaurus  trouvée  dans  la  Grande- 
Oolithe  de  Saint-Pierre-sur-Dives  ^id.,  3,  III,  1879,  p.  3il). 

(l)  Morière,  Note  sur  un  tronc  fossile  paraissant  se  rapporter 
au  genre  Cgcadeomyelon,  Saporta  (B.  S.  L.  N.,  3,  II,  1878, 
p.  51).  —  Note  sur  le  Cj/cadeomgclon  Apperti  (id.,  III,  1879, 
P.  337).  —  Considérations  sur  la  flore  fossile  et  spécialement 
sur  celle  du  Lias;  découverte  du  genre  Lomatopteris  dans  le 
Grès  Uasique  de  Sainte-Honorine-lu-Guillaume.  Orne  (id.,IV, 
1880,  p.  361). — Note  sur  les  Equisetacées  des  Grès  liasiques  de 
Sainte-Honorine-la-Guillaumc,  Orne  (id.,  V,  1881,  p.  108).  — 
Xote  sur  une  fougère  trouvée  d  ins  Is  Grès  Uasique  de  Sainte- 
Honorine-la-Guillaume  (id.,  't    II.  1889/]).  4.0). 


—  li:^.  — 

d'espèces.  M.  Lignier  (1)  a  ajouté  à  cette  liste  plu- 
sieurs autres  formes.  Morière  (2)  a  fait  connaître 
aussi  la  structure  d'une  Gycadée  liasique  du  Cal- 
vados, et  M.  Lignier  (3)  a  donné  du  Benettites 
Morierei  une  monographie  anatomique  très  com- 
plète. 

VI.  Le  Crétacé  et  le  Tertiaire  du  Cotentin 

Les  marais  du  centre  du  Cotentin  constituent  une 
région  géologique  fort  curieuse  que  les  mers  créta- 
cées et  tertiaires  ont  occupée  et  abandonnée  tour  à 
tour  à  plusieurs  reprises,  MM.  Dollfus  et  Vieillard  (4) 
en  ont  donné  une  monographie  où  ils  ont  rassemblé 
avec  coupes  et  cartes,  longues  listes  de  fossiles,  leurs 
observations  personnelles  et  celles  de  leurs  devan- 
ciers. M.  Vasseur(5)  dans  un  travail  de  comparaison 

(1)  LiG.NiRK  0..  Ç(i)ilrU)nti<ni  à  la  fhire  lidsicjue  de  Sainle- 
Honorinc-la-GnuUluHine.  Orne  (M.  S.  L.  N.,  XYIII  (2,  II).  1895, 
p.  123). 

(2  MoitiKKK,  Note  sur  une  nouvelle  Ci/cfidee  du  Lias.  Scfiizo- 
podium  Renaulll.  Morière  (B.  S.  L.  N.,  4,  I,,  1888,  p.  123). 

;3)  Lignier  0.,  Sfruc/ure  et  affinités  du  Benettites  Morierei, 
Sap.  et  Mar.  (M.  S.  L.  N.,  (2,  II),  1894,  p.  1). 

Voir  aussi  : 

MoiUKHE ,  Note  sur  un  éc/uintiUon  de  Willianisonia  trouvé 
dans  VOjfordien  des  Vaches-Nuires  (B.  S.  L.  N. ,  4,11,  1882, 
p.  Gl). 

(4)  ViEii.LAiU)  E.  et  DoLLFi's  G.,  Etudes  f/éolof/iqiies  sur  les  ter- 
rains crétacés  et  tertiaires  du  Cotentin  (B.  S.  L.  N.,  2,  IX,  1873, 
p.  3],  —  Doi.LKUS  G.,  Note  f/éolor/ique  sur  les  terrains  crétacés 
et  tertiaires  du  Cotentin  (B.  S.  G.  F.,  3,  III,  187o,  p.  460), 

(3)  Vasseur  g..  Sur  les  terrains  tertiaires  du  Cotentin  (B.  S. 
G.  F.,  3,   VII,    1879,   p.   741),  —  Rec/iercltes    r/éoloç/iques  sur   les 

8 


—  114  — 

avec  les  terrains  tertiaires  de  Bretagne,  est  arrivé  à 
des  conclusions  stratigraphiqiies  quelquefois  diffé- 
rentes de  celles  de  MM.  Vieillard  et  Dollfus,  mais 
qui  ne  sont  pas  définitives  pour  certains  niveaux.  Il 
a  démontré  l'infériorité  aux  faluns  pliocènes  du 
conglomérat  ossifère  dont  on  a  tenté  tout  récemment 
l'exploitation  pour  la  fabrication  du  phosphate  de 
chaux.  MM.  Gaudry  (l)  et  de  Lapparent  (2)  ont 
publié  plusieurs  notes  sur  ce  conglomérat  représen- 
tant une  ancienne  plage  pliocène  dans  laquelle  se 
trouvent  confondus  des  fossiles  appartenant  à  plu- 
sieurs formations. 

La  faune  de  ces  assises  crétacées  et  tertiaires  n'a 
été  l'objet  que  de  bien  peu  de  travaux. 

Plusieurs  des  espèces  figui-ées  par  M.  Vasseur 
dans  l'appendice  paléontologique  à  son  travail  de 
stratigraphie  (3),  et  dont  la  description  est  actuelle- 

terrains   fer/iaire.s  de    la  France    occidentale    lAiin.  Se.    Géol., 
t.  XII[,  1881). 

il)  Gal'dky  a.  ,  Sur  len  fossiles  Imucés  à  (iourhesi'ille, 
Manche,  par  M.  de  Lapparenl  (G.-R.  Ac.  Se,  CXIl,  1891,  p.  5Gd. 

(2)  Lappauent  a.  de,  .Vo/e  sur  le  caillou/ is  à  osseinen/s  de 
laaianlins  de  (iourbesville.  Manche  (B.  S.  G.  F.,  3,  XIX,  1891, 
p.  4  et  3b'2j.  —  Sur  les  con;/lon>érals  à  ossemenls  de  Gourhes- 
ville,  Manche  (C.-R.  Ac.  Se,  CXII,  1891,  p.  49oi. 

Voir  eu  outre  : 

Skrodsky,  Les  phosphates   de   Sainl-Ctemenl    (B.  S.  G.  Norm., 
-  XVI,  1894,  p.  25). 

Lecou.nu  L.  et  Bigot  A.,  Sur  le  f/isenienl  des  phoxphales  du 
plateau  d'Orf/landes  (B.  Lab.  Géol.  Caen,  t.  I,  1892,  p.  1231. 

(3)  Vasseur  G.  ,  Recherches  f/e'olof/irjues  sur  les  terrains 
tertiaires  de  la  France  occidentale.  —  l'aléontnbxjie.  Paris  , 
1881. 


I 


—  115  — 

ment  reprise  par  M.  Cossniann  (1),  se  retrouvent  dans 
le  Tertiaire  du  Cotentin. 

M.  Seunes  (2)  a  décrit  un  certain  nombre  de 
Céphalopodes  du  calcaire  à  Baculites  du  Cotentin., 
dont  l'étude  l'a  amené,  comme  M.  de  Grossouvre  (3) 
à  vieillir  l'âge  de  ces  calcaires,  Campaniens  et  non 
Daniens.  J'en  ai  fait  connaître  un  Brachiopode  (4). 

E.  Deslongchamps  (5)  a  appelé  l'attention  sur  les 
Brachiopodes  des  faluns  à  Orbitolites  de  Fresville. 
Cotteau  (6)  a  décrit  une  partie  des  Echinides  éocènes 
du  Cotentin. 

VII.  Les  Roches  éruptives 

Les  roches  éruptives  sont  assez  variées  en  Basse- 
Normandie,  mais  leur  étude  pétrographique  est  à 
peine  ébauchée. 

Le  granité  de  Flamanville  dont  j'avais  signalé  (7) 
l'âge    postdévonien    a  été  l'objet  d'une   magistrale 

(Il  GossMAN.N  M.,  Mii//iisrjuefi  Kocéniqups  de  Ut  Loire-lnf'é- 
rieiire  (Bull.  Sec.  Se.  Nat.  0.  de  Fr.l. 

\2)  Seunes  J.,  Conlrihulhin  à  l'ptude  des  Ci'plni/opodes  du 
ci'placi'  ftupéi'ietir  île  France  :  Aiiunoni/es  dit  iii/cdife  à  bacu- 
aies  du  Cofen/in  uM.  S.  G.  F.,  vol.  I,  n"  i.,  ISiJOi. 

(3)  iiE  Grossouvue,  La  civiie  à  hacu/.ile.^  du  ('(deu/in.  ht  ctrtie 
hliiiiche  de  Meudou  el  le  lii/feriu  de  Mui-s/eic/i/  iC.-R.  Ac.  Se, 
CXII,  1894,  p.  545). 

il  Bigot  A.,  Sur  ipie/qiies  Biachiopodes  fossile <  de  I^or- 
luitndie  (B.  Lali.  Géol.,  Caeii,  II,  1893,  p.  113). 

(5)  Deslongchamps  E.,  Revue  des  Térébralules  ile'cfiles  par 
Defeauce  dans  le  lAlI'  volume  du  Dicfioniiaive  des  sciences 
natutxHles  (B.  S.  L.  N.,  3,  X,  1887,  p.  31). 

(Cl)  CoTTEAC,  Paléon/olot/ie  jfunçaise,  Ecliinides  Koc^nes» 

(7)  Bigot  A.,  Op.  cit.,  noto  p.  13. 


—  116  — 

étude  de  M.  Michel  Lévy  (1)  qui  en  a  tiré  d'impor- 
tantes conclusions  pour  l'histoire  des  granités  en 
général;  M.  Michel  Lévy  a,  en  outre,  donné  la  com- 
position du  granité  de  Vire,  de  la  granulite  d'Alen- 
çon  (2);  M.  Guyerdet  (3)  a  décrit  la  granulite  du 
Mont-Gerisi,  près  Fiers. 

Le  massif  éruptif  de  la  Hague,  dont  la  liste  de 
roches  données  par  M.  Lennier  (4)  montre  la  richesse, 
'et  les  roches  métamorphiques  qui  l'avoisinent,  méri- 
teraient une  étude  détaillée. 

La  question  d'âge  de  ces  roches  éruptives  a  été  un 
peu  plus  travaillée. 

J'ai  signalé  (5)  pour  la  première  fois  sur  le  con- 
tinent l'existence  de  porphyres  précambriens,  déjà 
connus  dans  le  Pays  de  Galles  et  aux  Etats-Unis. 
M.  Hébert  (6)  a  reconnu  l'existence  de  galets  d'un 
granité  précambrien  dans  les  Schistes  de  Gran- 
vilic;   pour  lui  c'était  le  granité  de  Vire,  mais  ce 

(1)  Michel  Lkyv  A.,  Conli-lhuHon  à  Véliide  <lu  f/ranife  de 
Flamanville  et  des  f/rauiles  f/rinçfiis  oi  t/c'jn'rnl  [B.  Serv.  Carte 
Géol.  Fr.,  n°  36,  1894). 

Voir  aussi  : 

LoDiN,  Xofe  sur  lit  cniis/ifii/iou  du  wissif  i/ranifiijue  'le  Fla- 
manville (B.  S.  L.  N.,  2,  X.  1876,  p.  3o3!. 

(2)  Miciikt.-Lkvy  A.,  De  rjuelqiies  varac/ères  mk-rascupiques 
des  roches  anciennes  acides,  conside'rces  (huis  leurs  re/a'ions 
acec  l'éruption  (B.  S.  G.  F.,  3,  HI,  1873,  p.  199). 

(3)  GcvKKDET  A.,  Granulite  du  Mont-Cerisi,  Orne  B.  S.  L.  IN'., 
3,  VllI,  1884,  p.  332). 

{4)  Lennier  G.,   Notes    sur   quelques   roches    recueillies  à   La 
Jlaf/ue    B.  S.  G.  Norm.,  XII,  1887,  p.  lOli  . 

(5)  -Op.  cit.,  note  p.  93. 

(6)  Op.  cit.,  note  p.  93. 


—  117  — 

granité  traverse  incontestablement  le  Précambrien, 
comme  M.  de  Lapparent  (1)  l'a  établi.  M.  Lecornu  (2) 
et  moi  (3)  avons  donné  d'autres  exemples  de  celte 
postériorité,  et  j'ai  montré  que  le  granité  gris  de 
Basse-Normandie  était  antérieur  au  grès  armo- 
ricain (4). 

Les  filons  de  diabase  de  la  feuille  Alençon  ont 
été  Cartographiés  avec  soin  par  M.  Letellier  père  (5). 

Les  îles  Anglo-Normandes  forment  une  annexe 
naturelle  de  la  Basse-Normandie.  Les  roches  érup- 
tives  et  cristallophylliennes  y  tiennent  une  grande 
place,  comme  l'ont  montré  M.  Hill  (6)  pour  Guer- 
nesey,   Serk,  Aurigny,   etc.,  MM.   Noury  (7)  et  de 

[i)  DE  LArpAHEXT  A.,  Nofe  sur  le  Bassin  silurien  de  }'(irlain 
(B.  S.  G.  F.,  3,  V,  1870,  p.  509).  —Sur  le  granit  du  Mont- 
Saint-Michel  et  sur  l'âge  du  granit  de  ]'ire  [\d. ,  VI,  1878, 
p.  143).  —  ObserL'ations  à  la  note  de  M.  Hébert  :  PlnjUades  de 
Suint-Lo,  etc.  (id.,  XIV,  1886,  p.  774). 

(2)  Lecornl"  L.,  Feuille  de  Coulances  de  la  Carte  ge'ol.  dét. 
et  Op.  cit..  note  p.  93. 

(3)  Op.  cil.,  note  p.  93. 

(4)  Feuille  Alençon  de  la  Carte  ge'ol.  dét.  de  la  France  et 
Op.  cit.,  note  !>.  121. 

(5)  Op.  cit.,  note  p.  121. 

(6)  Hill  E.,  Oui  the  roc/cs  of  Guernseg,  irilh  an  appendix  on 
fhe  rocks  referred  to,  lig  Cn.  Bonney  (Q.  J.  G.  S.,  XL,  1884, 
p.  406).  —  On  the  rocks  of  Sark,  Henn  and  Jefhou  (ici.,  XLIIl, 
1887,  p,  322).  —  Tlie  rocks  of  Alderneg  and  the  Casquets  (id., 
XLIV.  1889,  p.  380). 

Voir  aussi  : 

LivELNG,  On  the  inetamorphism  of  the  l'ocks  of  the  Channel 
Islands  (Cambridge,  Pliil.  Soc.  Proc,  III,  p.  173).  On  the  rocks 
of  the  Channel  Islands  (id.,  IV,  p.  122). 

(7)  Jiotuv  Gii.,  Géologie  de  Jersey.  Paris,  1886. 


—  118  — 

Lapparent  pour  Jersey.  J'ai  donné  des  observations 
d'ensemble  sur  ces  différentes  îles  (1). 

Les  roches  éruptives  de  Jersey,  leurs  relations 
entre  elles  et  avec  les  roches  sédimentaires  avoisi- 
nantes  sonT  du  plus  grand  intérêt;  elles  ont  été 
étudiées  par  M.  de  Lapparent  (2)  qui  a  établi  leur 
chronologie  et  complété  l'excellente  description  de 
M.  Noury.  Là  se  sont  retrouvés,  interstratifiés  dans 
le  Précambrien,  les  porphyres  pétrosiliceux  dont  j'ai 
déjà  signalé  à  Aurigny  l'âge  précambrien  (3). 

Vin.  La  Tectonique 

A  côté  de  la  stratigraphie,  avec  qui  elle  était  autre- 
fois confondue,  est  née  une  branche  nouvelle  de  la 
Géologie  qui  ne  se  contente  plus  d'établir  l'ordre  de 
superposition  des  assises  de  l'écorce  terrestre,  mais 
étudie  l'architecture  des  masses  minérales  et  les 
forces  mécaniques  qui  ont  produit  leur  agencement. 
Intimement  liée  à  la  géographie  physique,  puisque 


[l]  BiGûT  A.,  OhsenHitions  f/C(il<)(/ique.'^  i:i(f  /es  Ilj.s  AïKjla- 
Nonmuules  [B.  S.  G.  F.,  3,  XVI,  1888,  p.  342). 

(2)  DE  Lappahe.nt  a.,  Nofe  sur  les  roches  éniptlces  de  l'île  de 
Jersey  (B.  S.  G.  F.,  3,  XII,  1884,  p.  284).  —  l>//roinérides  et 
porphi/rites  micacées  de  Jerse;/  (kl.,  XIV,  188H,  ji.  13).  —  Sur 
2in  sphéroïde  de  la  ji/fro/uéride  de  Jerse;/  (id.,  XVil,  1889,  p.  446). 

—  Sur  les  roches  éruptives   de  Jerseï/  'id.,  XIX,    1891,  ]>.  xviii). 

—  On  the  pnrph'/ritic  rocks  of  Ihe  Island  of  Ihe  Jerse//  [{).  J. 
G.  S.,  XLVII,  1891.  p.  35V  —  Sur  les  roches  éruptives  de  l'île  de 
Jersey  (G.-R.  Ac.  Se,  CXI,  1890,  p.   U2).  — 

(3)  Op.  cit.,  note  p.  Ori. 


—  119  — 

ce  sont  les  assises  ainsi  arrangées   par  les  causes 
mécaniques  de  la  dynamique  interne  que  les  agents 
de     la    dynamique    externe    vont     modeler     pour 
donner  à  la  surface  terrestre  son  figuré  actuel,  la 
Tectonique  d'une  région  ne  peut  être  faite  qu'autant 
que  cette   région   est   suffisamment   explorée  pour 
que  les  bases  de  cette  généralisation  aient  une  cer- 
taine stabilité. 
,  On  savait    que  les  terrains  anciens  de  la  Basse- 
Normandie,  continuation  de  ceux  du  Maine  et  de  la 
Bretagne,  formaient  une  série  d'ondulations  à  axes 
grossièrement  parallèles,  alignés  de  l'E.  à  l'O.,  dont 
la  trace  donne  aux    cartes  géologiques    un   aspect 
rubané,  traduit  par  Elle  de  Beaumont  sous  l'expres- 
sion pittoresque  de  structure  ridée  de  la  Bretagne. 

M.  Suess  a  fait  voir  que  cette  structure  était  le 
résultat  de  deux  mouvements,  l'un  antérieur  au 
Silurien,  l'autre  postérieur  au  Carbonifère  inférieur. 

Les  recherches  de  M.  Lecornu  (i)  sur  la  Tecto- 
nique de  la  région  ancienne  de  la  Basse-Normandie 
ont  été  condensées  dans  un  mémoire  (2)  où  il  s'est 
attaché  à  rechercher  les  causes  de  la  disposition  des 
plis. 

(1)  Lecoknl-  L.,  Nm/'  le  Silurien  des  r/illc'cs  île  l'Orne  et  de 
rOdon  (B.  S.  L.  N.,  4,  I,  1888,  p.  19).  —  Noie  sur  la  feuille 
géologique  de  Cunfances  ^id.,  3,  VI,  1882,  p.  30).  —  Sur  le  bassin 
silurien  de  la  Brèche-uu-Diuble  (id.,  4,  IV,  1891,  p.  49).—  L'axe 
du  Merleraull  (id.,  4  II,  1889,  p.  291).  —  Sur  le  massif  silurien 
de    lu    Brèche-au-Diahle  el   ses  prolongeinenls  (id.,    4,  V,   1892, 

p.  37). 

(2)  Id.  ,    Sur    les    plissenienfs    siluriens    dans    la    région    du 
Cotentin  (B.  Scrv.  C;irtc  Grol.  Fr.,  n"  33,  1893). 


—  120  — 

Les  terrains  jurassiques  crétacés  et  tertiaires, 
malgré  leur  horizontalité  apparente,  n'ont  pas  été 
sans  subir  le  contre-coup  des  plissements  qui  ont 
donné  naissance  à  la  chaîne  alpine.  M.  Dollfus  (1) 
dans  un  travail  sur  les  ondulations  des  couches  ter- 
tiaires dans  le  Bassin  de  Paris  a  distingué  une 
série  d'anticlinaux,  synclinaux,  et  plis  secondaires 
M.  M.  Bertrand  (2)  a  précisé  les  relations  indiquées 
par  M.  Dollfus  de  ces  axes  secondaires  et  tertiaires 
avec  ceux  du  massif  ancien.  Ce  bel  essai  de  synthèse 
demande  à  être  détaillé  et  complété,  surtout  dans  le 
Sud  du  département  de  l'Orne. 

L'étude  des  transgressions  et  régressions  se  lie  à 
ces  phénomènes  de  plissement.  J'ai  donné  quelques 
détails  à  ce  sujet  pour  les  terrains  anciens  (3),  et 
M.  Munier-Ghalmas  (4)  nous  a  renseignés  sur  les 
mouvements  d'une  partie  des  mers  jurassiques  du 
Calvados. 


IX.  Conclusions 

J'ai  tâché  de  donner  en  quelques  pages  un  résumé 
aussi  sincère  et  aussi  fidèle  que  possible  des  progrès 


(1)  Dollfus  G.,  Recherches  sur  les  ondulallons  des  couches 
tertiaires  dans  le  Bassin  de  Paris  ^B.  Serv.  Carte  Géol.  F.,  n»  14, 
1890). 

(2)  M.  Bertrand,  Sur  la  continuité  du  phénomène  de  plisse- 
ment  dans  le  Bassin  de  Paris  (B.  S.  G.  F.,  3,  XX,  1892,  p.  118). 

(3)  Loc.  cit.,  note  p.  121. 

(4)  Loc.  cit.,  1891,  note  p.  107, 


—  121  — 

de  la  Géologie  de  la  Basse-Normandie  depuis  vingt 
ans. 

En  1877,  la  Société  géologique  de  Normandie^  qui 
sous  la  direction  de  mon  excellent  maître  et  ami , 
M.  Lennier,  a  donné  une  si  grande  impulsion  aux 
études  géologiques  dans  notre  région,  organisait  au 
Havre  une  Exposition  géologique  dans  laquelle  elle 
groupait  les  documents  de  l'histoire  du  sol  de 
notre  province.  Pour  que,  après  la  dispersion  des 
collections  particulières  ainsi  rassemblées,  il  restât 
une  trace  utile  de  cette  colossale  entreprise,  la 
Société  a  résumé  dans  un  gros  volume  (1)  les  travaux 
relatifs  à  la  géologie  Normande. 

Plus  tard,  j'ai  essayé  de  mettre  au  point  nos  con- 
naissances pour  la  Basse-Normandie  (2).  Ce  dernier 
travail  n'est  déjà  plus  au  courant,  bien  qu'il  soit  tout 
récent.  C'est  la  preuve  des  progrès  incessants  faits 
par  la  science  qui  nous  occupe. 

Malgré  tout,  il  est  permis  de  trouver  que  ces  pro- 
grès sont  trop  lents  et  de  souhaiter  que  les  étud  s 
géologiques  fassent  chez  nous  de  nouveaux  adeptes. 
Il  ne  faut  pas  trop  compter  pour  cela  sur  les  recrues 
universitaires.  La  géologie  prend  de  jour  en  jour, 
dans  l'enseignement,  une  place  plus  effacée  et  les 

(1)  Exposition  f/éolof/ique  et  paléonloloç/ique  du  Havre — 1S77, 
Re'siane's.  Etudes  et  Mémoires  sur  la  Géologie  normande  (B.  S. 
G.  Norni.,  VI,  1879). 

(2)  Bigot  A.,  Esquise  yéolof/ique  de  la  Basse-I^'ormandie  [BuW. 
Lab.  Géol.  Gucii,  t.  I  et  II,  1890-95).  —  Voir  aussi  dans  le  \olume 
des  noliccs  sur  Caen  et  le  Calvados,  publié  à  l'occasiou  du  Congrès 
de  l'Association  française,  à  Caen,  en  1894,  l'article  Géologie  par 
A.  Bigot,  Caen,  Delesques,  1894. 


—  122  — 

l.rotestations  les  plus  éloquentes  n'ont  pu  jusqu'ici 
rien  y  changer. 

Ce  concours,  nous  l'espérons,  nous  l'attendons  de 
ceux  qui  apifcondront  à  connaître  l'intérêt  des  études 
géologiques,  et  c'est  encore  à  Arcisse  de  Gaumoot 
que  j'emprunte  ces  lignes  très  éloquentes,  écrites  en 
1828,  au  début  de  la  Topographie  géognostique  du 
Calvados,  et  qui  n'ont  rien  perdu  de  leur  vérité  et  de 
leur  à-propos. 

«  Aucune  science  —  plus  que  la  géologie  —  n'est 
plus  féconde  en  résultats  importants  pour  la  pros- 
périté publique,  aucune  ne  présente  plus  d'intérêt, 
ne  pique  plus  vivement  la  curiosité.  Le  géologue, 
qui  doit  étudier  l'écorce  terrestre,  les  révolutions 
qu'il  a  éprouvées,  les  masses  qui  la  composent,  qui 
doit  chercher  à  pénétrer  le  mystère  de  leur  forma- 
tion,  est  plus  particulièrement  l'historien  de  la 
nature;  il  est  comme  le  dépositaire  de  ses  fastes  et, 
en  quelque  sorte,  leur  interprète.  » 


—  123  — 

NOTES 

SUR 

LES    REPTILES    JURASSIQUES 

DE     NORMANDIE 

Par    A.    BIGOT 

Professeur  de  G^-'ologie  et  Paléontologie  à  l'Université  de  Gaen 


,2e  Article 


V.  rjOin])ar;iisoh  de  (luelques  ijarties  du  siiuelctte  chez  Sleno- 
s::iiri!.:.  Melriorhynchus,  Teleosaunis,  etc.  :  1.  Colonne  verté- 
]jr;ilo.  —  2.  Membre  postérieur.  —  3.  Membre  antérieur.  — 
4.  Ecaill.'S  dermiques. 

1.  Colonne  vertébrale 

On  verra  plus  loin  qu'il  est  quelquefois  utile  de 
pouvoir  distinguer  des  vertèbres  de  Stenosaurus  et 
MptrlorJiynclms  quand  elles  ont  été  trouvées  indé- 
pendamment d'autres  parties  bien  caractérisées  du 
squelette. 

Les  éléments  de  cette  comparaison  nous  ont  été 
fournis,  pour  le  genre  MetriorliyncIiKS  par  : 

A.  Une  série  de  18  vertèbres,  dont  l'atlas  et  l'axis, 
4  cervicales  et  12  dorsales  de  l'Oxfordien  de  Villers 
(coll.  Jarry,  Faculté  de  Caen). 

B.  Une  série  de  21  vertèbres  dorsales  et  caudales 
du  M.superciliosm,  Geotî.  St-Hil,,  de  l'Oxfordien  de 


—  124  — 

Villers,  associés  au  crâne  et  au  fémur  dont  il  sera 
parlé  plus  loin  (Fac.  Caen,  Ach.  Présey). 

G.  Une  série  de  18  vertèbres,  5  cervicales  et 
13  dorsales  du  M.  brachi/rhi/nchus  Desl.  associées  au 
crâne  ;  l'atlas  et  l'axis  font  défaut  (Gallovien  d'Ar- 
gences,  Fac.  Caen). 

Pour  le  genre  Stenosatirus  nous  avons  étudié  : 

D.  Une  série  des  5  premières  verlèbres  cervicales, 
dont  l'atlas  et  l'axis  du  St.  megistorhijucJms  Geoff. 
St-Hil.,  associés  à  la  tète  (coll.  Desl.). 

E.  Une  vertèbre  lombaire  et  4  cau-'^ai' s  c:  l'indi- 
vidu type  de  St.  Larteti  (coll.  Des',  c-  .■    •.  ue  Capp). 

F.  3  cervicales,  3  dorsales,  1  ,c.  ; .;  i  r  ,  '2  .  ac.ées, 
6  caudales,  d'un  grand  Stenosaure  de  Quilly  (pro- 
bablement le  Megistorhynclnis)  récemment  dégagés 
de  blocs  donnés  à  la  Faculté  par  MM.  Jacquier  frères. 

J'ai  en  outre  puisé  des  renseignements  très  pré- 
cieux, qui  concordent  avec  les  résultats  de  l'étude 
des  documents  ci-dessus  énamér.'s,  dans  l'important 
travail  de  Hulke  sur  VOstéoIof/ic  des  Mesosuchia  (1). 
C'est  à  ce  travail  que  L.ont  empruntés  le^;  caractères 
des  vertèbres  sacrées  de  Metriorhynchus  dont  no;^s 
ne  possédons  aucun  exemplaire. 

Nous  réservons  pour  un  autre  article  l'étude 
détaillée  de  l'atlas  et  de  l'axis  de  Stenosaurus  et 
MetriorhyncJius. 

'  La  disposition  des  neurapophyses,  parapophyses 
et  diapophyses  ne  présente  pas  de  différences  bien 
tranchées  dans  les  deux  genres,  les  vertèbres  sacrées 
exceptées.  Les  différences  tirées  du  cenlrum   sont 

(1)  Proc.  Zool.  Soc.  London.  1888,  p.  417,  pi.  XIX-XX. 


125 


au  contraire  très  caractéristiques.  En  comparant  cette 
partie  de  la  vertèbre,  dans  les  diverses  régions,  on 
obtient  les  caractères  suivants: 


3Ieti*ioi'Iiyiicliiiii4 


Steiio.«imini!^ 


Axis 


Centrum  court;  face  in- 
férieure avec  une  carène 
médiane  tranchante. 


.  Centrum  allongé  ;  face 
inférieure  plane  ou  exca- 
vée,  bordée  latéralement 
par  une  crête  peu  accen- 
tuée. 


Vertèbres  cervicales 


Faces  latérales  du  cen- 
trum peu  concaves;  dia- 
mètre vertical  des  faces 
antérieure  et  postérieure 
plus  grand  que  le  dia- 
mètre horizontal. 


Faces  latérales  du  cen- 
trum très  concaves  par 
suite  de  Télargissement 
des  faces  antérieure  et 
postérieure.  Diamètres 
transversal  et  vertical  des 
faces  antérieure  et  posté- 


rieure égaux. 


Vertèbres  dorsales 


Faces  latérales  du  cen- 
trum peu  concaves  ;  dia- 
mètre vertical  des  faces 
antérieure  et  postérieure 
plus  grand  que  le  dia- 
mètre horizontal  ;  face 
inférieure  régulièrement 
atténuée  et  arrondie. 


Faces  latérales  du  cen- 
trum très  concaves  ;  dia- 
mètres transversal  et  ver- 
tical des  faces  antérieure 
et  postérieure 
Face  inférieure 
ment  aplatie. 


égaux, 
légère- 


—  126  — 

Vo'tèbres  sacrées 


Côtes  sacrées  très  obli- 
ques de  haut  en  bas  et 
de  dedans  en  dehors. 


Côtes  sacrées  très  peu 
obliques  de  dedans  en 
dehors  et  de  haut  en  bas. 


Vertèbres  caudales 


Faces  latérales  du  cen- 
trum  peu  concaves  ;  face 
inférieure  aplatie. 


Faces  latérales  du  cen- 
trum  très  concaves;  face 
inférieure  creusée  d'un 
large  sillon  longitudinal, 
s'atténuantdans  la  région 
postérieure  de  la  queue. 


Les  caractères  du  centruni  de  l'axis  permettent  de 
déterminer  que  le  système  atlo-axoïdien  figuré  par 
Cuvier(J)  est  celui  d'un  Stcnosaurus. 

La  série  de  vertèbres  caudales  rapportées,  avec 
doute  d'ailleurs,  par  Eug.  Deslongchamps  (2)  au 
Metriorhynchus  incertus  appartient  à  un  Steno- 
saurus;  la  face  inférieure  des  vertèbres  est  profon- 
dément sillonnée  et  non  aplatie. 

2.  Membre  postérieur 


Nous  comparerons  les  pièces  du  membre  posté- 


rieur   chez  Stenosaurus ,   Metriorhynchus 
saurus. 


Teleo- 


(1)  Uech.    sur   les  ossements  fossiles,    t.    V,  2'  partiu,    iil.    IX, 


fig.  7-8 


(2)  LE.NMEii,    Et.    Géol.   et    l'ai.    s.    emb.    de  la   Seine,    p.  54, 
pi.  XI,   fig.  3-4. 


—   h27  — 

Les  éléments  dans  cette  comparaison  sont  : 

G.  Des  pièces  isolées  ou  assemblées  de  Telcos. 
Cadomends  Geoff.  St-Hii.  (coll.  Desl.  etFac.  deCaen). 

H.  Une  moitié  droite  du  bassin,  les  os  de  la  jambe 
droite  de  l'individu  type  du  67.  Ldiieti,  déjà  cité 
(E,  p.  124). 

J.  Une  moitié  droite  de  bassin,  le  fémur  du  grand 
Stenosaure  de  Quiily,  déjà  cité  (F,  p.  124). 

K.  Le  fémur  gauche  du  Metr.  siipcrciliosiis ,  déjà 
signalé  (B,  p.  124). 

Enfin  la  description  et  les  figures  données  par 
Hulke  dans  son  Ostéologie  des  Mesosuchia. 

a.  Iléon.  —  L'iléon  droit  du  grand  Stenosaure  de 
Quiily  est  rhomboïdal  ;  son  grand  diamètre,  allant 
de  l'angle  postéro-supérieur  à  l'angle  antéro-infé- 
rieur  est  dirigé  obliquement  de  haut  en  bas  et 
d'arrière  en  avant.  Le  bord  supérieur  est  tranchant, 
presque  droit,  prolongé  en  avant  par  une  apophyse 
(apoplu/sc  préacétabulaire)  assez  longue,  terminée 
en  pointe  massive.  Le  bord  antérieur  est  obliquement 
dirigé  de  haut  en  bas  et  d'arrière  en  avant;  il  est 
fortement  échancré  au-dessous  de  l'apophyse  pré- 
acétabulaire ;  ce  bord  est  aplati,  assez  large.  Le  bord 
postérieur,  parallèle  au  bord  antérieur,  est  tranchant 
en  bas,  élargi  en  haut,  légèrement  sinueux.  Le  bord 
inférieux  rugueux,  élargi  en  avant  et  en  arrière,  est 
étroit  dans  sa  partie  moyenne  qui  est  convexe.  L'in- 
sertion ischienne,  située  en  arrière,  est  triangulaire; 
l'insertion  pubienne,  antérieure,  est  arrondie.  La  face 
interne,  convexe  d'avant  en  arrière  et  de  haut  en 
bas    est    occupée     en    partie    par    deux    surtaces 


—  128  — 

rugueuses,  dont  l'antérieure  est  plus  grande  que 
la  postérieure,  et  donnant  insertion  aux  extrémités 
des  deux  côtes  sacrées  ;  ces  insertions  s'avancent  en 
arrière  jusqu'au  bord  postérieur,  en  avant  jusqu'à 
une  petite  distance  du  bord  antérieur;  elles  sarrê- 
tent  en  bas  et  surtout  en  haut  à  une  petite  distance 
des  bords,  laissant  entre  elles  et  ceux-ci  une  surface 
lisse,  légèrement  excavée  en  haut,  convexe  et  con- 
tinuant la  courbure  de  l'os  en  bas.  La  face  externe 
est  creusée  en  bas  d'une  profonde  fosse  qui  occupe 
environ  la  moitié  de  cette  face.  Cette  fosse  de  l'iléon 
forme  une  grande  partie  de  la  cavité  acétabulaire, 
complétée  par  la  tète  de  l'ischion. 

Longueur  du  grand  diamètre ISO'"*" 

—  du  bord  supérieur(compris l'apo- 

physe préacétabulaire)  .     .     .       124 

Hauteur    en  avant ,   perpendiculairement 

au  bord  supérieur 95 

L'iléon  du  ToJeosawus  cadomensis  Geofî.  St-Hil. 
nous  montre  la  même  disposition  générale  ;  il  est 
plus  élevé  par  rapport  à  sa  longueur,  sa  forme  est 
moins  oblique,  et  par  suite  l'angle  postéro-supéricur 
est  encore  moins  projeté  en  arrière  que  dans  Stcno- 
saurus.  Le  jjord  supérieur,  au-dessus  de  la  cavité 
acétabulaire  en  dehors,  et  de  la  surface  d'insertion 
des  côtes  sacrées  en  dedans,  forme  une  crête  plus 
accentuée  ;  cette  disposition  est  due  à  ce  que  cette 
partie  est  rendue  plus  concave  en  dehors  par  la 
saillie  plus  grande  des  surfaces  articulaires  des  côtes 
sacrées.  L'apophyse  préacétabulaire  bien  projetée  en 
avant  et  plus  massive. 


—  129  — 

Chez  Pelagosaiints  typiis  Bronn.  sp. ,  l'iléon  est 
construit  sur  le  même  type  ;  l'apophyse  préacétabu- 
laire  est  encore  très  développée,  pointue  ;  sa  forme 
générale  est  encore  plus  carrée  que  dans  Teleo- 
saio'us  cadomcnsis,  sa  hauteur  est  presque  égale  à 
sa  largeur,  et  il  est  moins  oblique. 

L'iléon  de  GaviaHs  gangeticus  est  plus  allongé 
d'avant  en  arrière  que  les  précédents  par  suite  du 
développement  de  la  partie  postacétabulaire,  l'apo- 
physe préacétabulaire  existe,  mais  réduite. 

Chez  Alligator  lucius,  nous  trouvons  lïn  iléon  qui 
se  rapproche  de  celui  de  Gavialu  gangeticus  par 
la  saillie  encore  plus  prononcée  en  arrière  de  la 
partie  postacétabulaire  ,  mais  qui  s'en  distingue 
comme  de  celui  des  Téléosauriens  par  l'absence 
d'apoi>hyse  préacétabulaire,  l'angle  antéro-supérieur 
étant  simplement  obtus. 

L'iléon  '  gauche  de  Metriorliynchus  figuré  par 
M.  Hulke  s'éloigne  beaucoup  du  type  Gavialien  et 
Sténosaurien.  Il  est  plus  haut  que  large,  presque 
triangulaire  ,  non  projeté  en  arrière,  à  apophyse 
préacétabulaire  très  courte,  massive;  les  surfaces 
d'insertion  des  côtes  sacrées  sur  la  face  interne 
occupent  toute  la  hauteur  de  cette  surface. 

b.  Ischion.  —V\Qch'\on  (droit)  du  grand  Steno- 
saurus  de  Quilly  s'éloigne  de  celui  des  Grocodiliens 
vivants,  par  le  grand  développement  de  sa  partie 
interne.  Il  se  termine  par  une  double  tête,  la  posté- 
rieure massive,  l'antérieure  plus  petite,  séparée  de 
la  précédente  par  une  échancrure  profonde.  La 
moitié  supérieure   de   la  face  qui   termine  la   tête 

9 


—  130  — 

massive  s'unit  seule  au  bord  inférieur  de  l'iléon  : 
l'autre  contribue  à  compléter  en  bas  et  en  arrière  la 
cavité  acétabulaire.  La  face  externe  rugueuse  de  la 
petite  tête  s'unit  seulement  par  sa  partie  postérieure 
à  l'iléon  ;  en  avant  elle  s'unit  à  la  partie  postérieure 
de  la  tête  du  pubis.  Quand  l'iléon  et  l'ischion  sont 
réunis,  il  reste  entre  les  deux  têtes  de  l'ischion  une 
ouverture  formée  principalementpar  l'échancrurequi 
les  sépare  et  qui  est  complétée  parla  concavité  du 
bord  inférieur  de  l'iléon.  La  partie  internedel'ischion, 
aplatie,  fortement  projetée  en  arrière,  est  projetée 
moins  longuement  en  avant;  le  bord  interne  rugueux, 
uni  au  bord  interne  de  l'ischion  opposé,  est  à  peine 
sinueux.  Cette  partie  interne,  dilatée,  de  l'ischion, 
est  réunie  à  la  tête  par  un  col  comprimé,  sans 
limites  définies  en  dehors  et  en  dedans. 

Longueur  en  ligne  droite  du  bord  interne.       157"'"' 
Diamètre  transversal  (tombant  au  milieu' 
du  bord  interne.) 130 

L'ischion  du  Teleosaunis  cadomensis  est  égale- 
ment très  allongé  d'avant  en  arrière  dans  la  partie 
interne.  L'angle  antérieur  de  cette  partie  interne 
est  cependant  moins  allongé  et  plus  obtus,  le  col 
est  étroit,  l'apophyse  postérieure  de  la  tête  plus 
massive,  limitée  en  avant  par  une  échancrure  plus 
profonde,  l'apophyse  postérieure  plus  étroite  et  plus 
oblique.      • 

L'ischion  de  Metriorhynchus  figuré  par  M.  Hulke 
se  distingue  de  celui  de  Stenosaiirus  par  sa  forme 
plus  massive,  son  bord  interne  plus  court,  son  col 
moins  long  mais  plus  large,  la  moindre  profondeur 


—  1:51  — 

de  l'échancrure  entre  les  deux  apophyses  de  la  tête. 
Ces  caractères  le  rapprochent  davantage  de  l'ischion 
de  Teleosaunis  cadomensis  et  Pelagosauvus  typiis 
Bronn  sp. 

Chez  Gavialis  gangeticiis  l'ischion  a  sa  région 
interne  dilatée,  plus  triangulaire  et  moins  allongée  au 
bord  interne  que  chez  Stenosaurus;  la  partie  anté- 
rieure de  cette  région  interne  ne  forme  point  de 
bec  projeté  en  avant,  et  la  partie  postérieure  est  très 
peu  allongée  en  arrière  ;  le  boi'd  interne  forme  un 
angle  obtus.  L'apophyse  antérieure  de  la  tête  est 
beaucoup  plus  forte  que  dans  les  Téléosauriens. 

L'ischion  àWUlgator  lucius s'éloigne  encore  davan- 
tage de  celui  des  Téléosauriens.  L'extrémité  interne 
est  très  peu  élargie,  non  prolongée  en  avant,  très 
peu  prolongée  en  arrière.  Le  col  est  long  ,  com- 
primé. L'apophyse  antérieure  de  la  tête  est  massive, 
presque  aussi  forte  que  la  postérieure.  Comme  dans 
Gavialis,  la  facette  articulaire  pubienne  placée  au 
côté  antérieur  de  cette  apophyse  antérieure  est  très 
allongée. 

r.  Pubis.  —  La  plus  grande  partie  du  pubis  droit 
du  Stenosaurus  de  Quilly  n'était  plus  adhérente  à 
la  pierre  ;  il  ne  restait  que  la  tète,  mais  en  moulant 
soigneusement  l'empreinte  du  i-estede  l'os,  j'ai  pu  en 
reconstituer  exactement  la  forme.  C'est  un  os  en 
palette,  dont  l'extrémité  externe,  légèrement  dilatée 
en  une  tête  aplatie,  se  rétrécit  en  dedans  en  un  col 
d'abord  presque  cylindrique  et  forme  enfin  du  côté 
interne  une  partie  aplatie,  élargie,  subtriangulaire, 
dont  le  bord  interne  est  fortement  convexe.  Le  bord 


^S^c 


-     V\!    ^     k5 


—  132  — 

antérieur  et  le  bord  postérieur  sont  légèrement  con- 
caves, ce  dernier  surtout  vers  l'xtrémité  interne. 

Longueur  totale 170»""" 

Longueur  de  l'extrémité  dilatée  d'angle 

en  angle 85 

Diamètre  transversal  de  la  tête  ....        22 

Ce  pubis  s'éloigne  de  celui  du  Melriorhy chus 
figuré  par  M.  Hulke;  celui-ci  est  moins  dilaté  à  son 
extrémité  interne,  qui  est  moins  séparée  du  col  ; 
l'extrémité  externe  est  aussi  plus  élargie  chez  Metrio- 
rhynchus. 

La  forme  du  pubis  de  Teleosaurus  cadomensis  est 
plus  voisine  de  celle  de  Metriorhynchus  que  de 
Stenosaurus  ;  cependant  cet  os  est  plus  allongé  dans 
le  2^  genre,  un  peu  courbé  de  haut  en  bas  dans  le 
sens  de  la  longueur;  enfin,  le  col  est  plus  grêle. 

d.  Fénuir.  —  Le  fémur  de  Metriorhynchus  est 
très  différent  de  celui  de  Stenosaurus.  Dans  ce  der- 
nier genre  il  ressemble  à  celui  de  Teleosaurus , 
Pelagosaiirus.  Celui  de  Metriorhynchtis  est  plus 
comprimé  latéralement,  sa  courbure  en  S  moins 
accentuée. 

Le  fémur  gauche  de  l'individu  type  de  Steno- 
saurus Larteti  Desl.,  a  une  longueur,  mesurée  en 
ligne  droite,  de  285  mill.  ;  il  présente  une  double 
courbure  en  S,  dans  le  sens  dorso-ventral  et  dans  le 
seng  latéral. 

La  courbure  dorso-ventrale  est  la  plus  accentuée. 
La  concavité  supérieure  occupe  au  bord  dorsal 
environ  la  moitié  proxi-male  de  l'os  et  a  une  flèche 


—  133  — 

de  17  mill.  ;  la  concavité  inférieure,  occupant  presque 
toute  la  longueur  du  bord  ventral  de  l'os  a  une 
flèche  de  35  mill.  La  double  courbure  latérale  est 
beaucoup  moins  marquée  ;  sa  concavité  interne 
occupe  presque  toute  la  longueur  de  l'os. 

La  surface  articulaire  de  la  tête  du  fémur  est  con- 
vexe et  forme  un  quadrilatère  irrégtilier,  à  bords 
inégaux,  arrondis  ;  le  bord  externe  est  le  plus  "long 
(50  mill.);  il  forme  avec  le  bord  inférieur  un  angle 
inférieur  arrondi.  Du  côté  externe  et  du  côté  infé- 
rieur, la  tête  de  l'os  n'est  pas  séparée  du  col  ;  du  côté 
interne,  où  elle  est  légèrement  excavée,  et  du  côté 
supérieur,  elle  est  plus  renflée  que  le  col.  Le  col  se 
confond  avec  le  corps  du  fémur.  Comprimé  de 
dehors  en  dedans,  le  corps  du  fémur  a  d'abord  ses 
faces  supérieure  et  inférieure  arrondies,  et  la  section 
de  l'os  est  ovalaire.  Au-dessous  du  trochanter  interne 
les  dimensions  sont  les  suivantes  : 

Diamètre  dorso- ventral.     ......      30"i"» 

Diamètre  transversal 21 

Rapport 0,70 

La  surface  supérieure  se  transforme  ensuite  en 
une  crête  et  la  face  inférieure  légèrement  tordue, 
bordée  du  côté  externe  par  un  angle  très  marqué, 
est  aplatie  ;  la  section  est  alors  triangulaire.  Le 
triangle  a  ses  côtes  légèrement  convexes,  sa  base  est 
en  bas  et  son  sommet  en  haut. 

Sur  la  face  interne,  à  peu  de  distance  de  la  tête, 
est  une  surface  trochantérienne  rugueuse  ,  peu  sail- 
lante; au-dessous,  à  la  naissance  de  la  crête  de  la 
face   inférieure,    est  une  autre    surface    rugueuse, 


—  134  — 

presque  point  saillante,  et  entre  elle  et  la  tête  une 
autre  surface  rugueuse  encore  moins  distincte. 

A  son  extrémité  distale,  le  fémur  s'élargit  trans- 
versalement et  de  haut  en  bas  ;  la  crête  supérieure 
se  transforme  en  une  face  convexe;  la  face  inférieure 
est  excavée. 

La  surface  articulaire  du  condyle  est  plus  haute 
que  large,  légèrement  convexe  de  haut  en  bas, 
séparée  en  bas  en  deux  facettes  articulaires,  l'externe, 
pour  l'articulation  du  péroné,  plus  large  que  l'arti- 
culation tibiale,  et  faisant  en  bas  une  saillie  plus 
prononcée  que  celle-ci.  Le  bord  inférieur  est  excavé 
par  suite  de  la  saillie  en  bas  des  deux  extrémités 
inférieures  de  ces  facettes  articulaires. 

Nous  possédons  du  grand  Steîiosawus  de  Quilly 
un  fémur  dont  le  condyle  distal  est  mutilé.  Les 
caractères  concordent  absolument  avec  ceux  du 
Stenosaurus  Larteti.  Les  deux  surfaces  rugueuses 
de  la  face  inférieure  du  col  sont  seulement  plus 
distinctes  et  mieux  séparées  (L). 

il)  Les  dimensions  dn  iénuir  et  des  autres  os  du  irraiid  Steno- 
saurus de  Quilly  annoncent  un  animal  plus  irrand  ([ne  le  S/. 
Larteti.  La  lonirueur  du  l'émur,  mesurée  en  liane  droite,  est  de 
0",285  dans  St.  Larteti.  de  0-".  3fi  dans  l'autre,  soit  une  diflcrenee 
dé  55  mill.;  le  rapport  est  environ  (i  à  5.  ^'ous  avons  clierehé 
à  n'eus  rendre  compte  par  comparaison  avec  les  autres  pièces  de 
Stenosaurus  de  la  taille  que  pouvait  avoir  le  grand  animal  de 
Quilly.  Admettant  que  les  rapports  de  la  tète  au  fémur  dans  les 
deux  spécimens  sont  les  mêmes,  nous  trouvons  que  la  tète  du 
St.  Larteti  ayant  86  cent.,  l'autre  animal  avait  une  tète  d'environ 
1  mètre.  — Dans  un  édiantillon  de  St.  megistorhynchus.  le  rajiport 
dé  la  longueur  du  système  atlo-axoïdien  à  la  longueur  d'unt-'  ver- 
tébr».  cervicale    est   de    l,o    (longueur    d'nne    vertèbre    cervicale. 


—  135  — 

Le  fémur  gauche  du  Mpfriorht/îichus  siiperci- 
liosus  a  une  longueur,  mesurée  en  ligne  droite , 
de  0"'32.  Les  doubles  courbures  dans  le  sens  dorso- 
ventral  et  dans  le  sens  latéral  sont  moins  accentuées 
que  dans  Stenosauriis.  La  courbure  dorso-ventrale 

O.OW.  loiiiîUfur  du  système  atlo-axoidien  0,081).  Chacune  des  ver- 
tèbres cervicales  du  Sténosaure  de  Quilly  a  55  mill.,  le  système 
atlo-axoidien  a  donc  0,822  mill.  Les  dorsales  ont  les  unes  60  mill., 
les  autres  70  et  63  mill.,  soit  en  moyenne  6.")  mill.,  la  vertèbre  lom- 
baire a  60  mill.,  les  deux  sacrées  ont  ensemble  120  mill.  Qn  aurait 
donc  pour  la  région  précaudale  du  grand  i^tenosaurus  les  dimen- 
sions suivantes  : 

Tète ■   ■      •  1" 

Système  atlo-axoidien 0  082 

Vertèbres  cei'vicales 0  33 

Pvégiou  dorsale 1    12 

Vertèbre  lombaire 0  06  ■ 

Vertèbres  sacrées ^  ^~ 

2'"712 

.M.  Boule  a  eu  la  complaisance  de  mesurer  dans  la  collection 
d'anatomie  comparée  du  Muséum  la  longueur  de  la  queue  et  de  la 
région  précaudale  chez  Alligator  litchis  et  GavuiUs  gangeticux. 

Région  précaudale.        Région  caudale. 
Alligator  luciics.  1"'93  1"64 

liavialis  gmvgeticus.  2'"50 


-)m 


Le  rapport  de  la  région  précaudale  à  la  région  caudale  chez 
Alligator  lucius  est  de  0,90,  et  de  0,80  chez  Craviulis  gangeticiis. 
Par  l'allongement  de  la  tète  les  Sténosaures  se  rapprochent  plus 
des  Gavials  que  des  Alligators:  appliquant  le  rapjjort  de  0,80.  au 
Sténosaure  de  Quilly  nous  tiouvons  [)Our  la  région  caudale  une 
longueur  de  2"  16  et  une  longueur  totale  de  'i"872  i|ui  n'a  rien 
d'exagéré.  Ce  n'est  pas  par  leurs  dimensions  qur  nos  Téléi^auriens 
se  distinguent  des  Crocodiliens  actuels. 


—  136  — 

est  formée  par  une  concavité  supérieure  qui  occupe  à 
l'extrémité  proximale  du  bord  dorsal  à  peine  1/3  de 
la  longueur  de  l'os  et  a  une  flèche  de  10  mill.  ;  la 
concavité  située  à  l'extrémité  distale  du  bord  ventral 
dont  elle  occupe  les  2/3  de  la  longueur,  a  une  flèche 
de  23  mill.,  plus  faible  par  conséquent  que  celle 
de  Stenosaurus  pour  une  longueur  d'arc  plus  grande 
chez  Metriorhynchus,  ce  qui  indique  une  courbure 
moins  prononcée  de  la  face  ventrale  du  fémur. 

La  surface  articulaire  de  la  tète  du  fémur  est 
concave,  très  allongée  dans  le  sens  dorso-ventral  ; 
le  bord  interne  forme  un  angle  arrondi  très  ouvert; 
le  bord  externe  est  sinueux  ;  les  angles  supérieur 
et  inférieur  sont  arrondis.  Du  côté  externe  et  du 
côté  inférieur,  la  tête  de  l'os  n'est  pas  séparée  du 
col;  du  côté  interne  et  du  côté  supérieur  elle  est 
plus  large  que  le  col. 

Le  col  est  comprimé  de  dedans  en  dehors,  son 
bord  supérieur  est  étroit  et  arrondi,  son  bord  infé- 
rieur presque  tranchant.  Sur  la  face  interne,  près  du 
bord  supérieur,  est  l'ouverture  d'un  trou  nourricier, 
assez  grand,  ovalaire,  allongé  dans  la  direction  de 
l'os.  Au-dessous  de  cette  ouverture ,  et  rapprochée 
de  la  face  inférieure,  est  une  saillie  trochantérienne, 
rugueuse.  Sur  la  face  inférieure  du  col,  en  avant  et 
en  arrière  de  la  saillie  trochantérienne  interne,  sont 
deux  autres  surfaces  rugueuses,  faisant  légèrement 
saillie. 

Le  corps  du  fémur  est  très  comprimé.  Il  n'y  a  pas, 
à  proprement  parler,  dans  la  plus  grande  partie  de 
son  parcours,  de  face  supérieure  et  inférieure,  mais 
deux  bords,    l'un    supérieur,    presque    tranchant  , 


—  137  — 

l'autre  inférieur,  presque  arrondi  ;  les  faces  interne 
et  externe  sont  peu  convexes.  Un  peu  en  arrière  du 
trochanter  interne  ,  les  dimensions  sont  les  sui- 
vantes : 

Diamètre  dorso-ventral 35""» 

Diamètre  transversal 20 

Rapport 0,57 

La  comparaison  du  rapport  0,57  avec  celui  de 
Stenosauriis  =  0,70  indique  que  le  corps  du  fémur 
est  beaucoup  plus  comprimé  transversalement  dans 
Metriorhynchus. 

L'extrémité  distale  du  fémur  est  très  peu  élargie  ; 
le  bord  supérieur  et  le  bord  inférieur  s'aplatissent  et 
se  transforment  en  deux  faces  étroites,  dont  l'infé- 
rieure est  excavée  vers  le  condyle.  Cette  extrémité 
distale  est  mal  conservée  dans  le  fémur  étudié 
jusqu'ici,  mais  un  autre  fémur  gawche  tronqué  à 
l'extrémité  proximale  en  montre  bien  les  caractères. 
La  surface  articulaire  est  plus  haute  que  large  , 
convexe  de  haut  en  bas  ;  le  bord  inférieur  est  excavé, 
projeté  en  bas  sur  les  côtés  par  suite  de  la  saillie 
des  facettes  articulaires  du  tibia  et  du  péroné. 

e.  Os  de  /(/Jambe  et  du  pied.  —  Nous  manquons 
d'éléments  pour  comparer  le  tibia  et  le  péroné ,  les 
os  du  tarse  et  les  métatarsiens  de  Slenosaunis  et 
Metriorhi/nchiis: ;  ces  pièces  sont  jusqu'ici  inconnues 
dans  le  second  genre.  Nous  possédons  de  l'individu 
type  de  St.  Larteti ,  le  tibia,  le  péroné,  les  métatar- 
siens du  côté  gauche;  du  grand  .S7e;io.sr/?/?'«A'  de  Quilly 


—  138  - 

l'empreinte  du  péroné,  deux  des  os  du  tarse,  l'em- 
preinte d'un  métatarsien.  Le  but  de  ce  travail  étant 
la  comparaison  de  Metriorhynchus  et  Steno.saurm, 
nous  nous  bornons  à  signaler  que  dans  St.  Larfeti 
le  tibia  et  le  péroné  ont  un  peu  plus  de  la  moitié  de 
la  longueur  du  fémur,  et  que  le  plus  grand  des 
métatarsiens  est  presque  aussi  grand  que  le  tibia. 
Voici  d'ailleurs  les  dimensions  (1)  : 
Stenosaurus  L«r?e//(Ind.  type). 

Longueur  du  fémur  (en  ligne  droite).     .  235'"™ 

—  du  tibia 153 

—  du  péroné 140 

—  du  plus  grand  des  métatarsiens  118 
Rapport  de  la  longueur  du  tibia  à  celle 

du  fémur 0,54 

—        du  plus  grand  métatarsien  au 

fémur 0,41 

'-        du  plus  grand  métatarsien  au 

tibia  ........  0,  77 


'■> 


(1)  M.  Glangcaud  n  f;iit  conuaître  récemment  le  membre  posté- 
rieur d'un  Sténosaure  du  Batlionien  de  Sansac,  Charente  B.  S. 
G.  F.,  3,    XXIV,  1890,    p.  l.-io).  Il  donne  les  dimensions  suivantes  : 

Longueur  du  fémur  en  ligne  droite,  0°'320  :  longueur  du  tibia 
O^n.o.  ce  qui  donne  un  rapport  0,54  égal  à  celui  que  nous  trou- 
vons chez  St.  Larteti. 

Sur  un  moulage  du  St.  Champmanni  de  Boll  je  trouve  des  pro- 
portions un  peu  diflérentc 


les 


Longueur  du  fémur  en  ligne  droite 0'"210 

—  du  tibia 0"  146 

—  du  plus  grand  métatarsien 0"  103 

Kapjiort  du  tibia  au  fémur 0,65 

—  du  métatarsien  au  féniiu- 0,49 

—  du  métatarsien  au  tibia i).7fl 


139  — 


3.  Membre  antérieur 


Nous  ne  pouvons  comparer  que  l'un  des  os  de  la 
ceinture  scapulaire,  le  coracoïde. 

La  forme  de  cet  os  dans  Melriorliyncluis  est  très 
différente  de  celle  qu'il  a  chez  Teleosaunis  et  pro- 
bablement chez  Stenosaiirus.  Nous  ne  possédons 
aucun  caracoïde  qu'on  puisse  rapporter  authenti- 
quement  à  Stenosawus.  Nous  avons  sous  les  yeux 
un  de  ces  os,  provenant  du  Calcaire  de  Gaen  qui, 
par  ses  dimensions  et  ses  caractères  n'appartient 
certainement  pas  à  Teleosaurus  cadomemis  dont 
nous  avons  des  coracoides  authentiques.  Comme  les 
Sténosaures  sont  avec  les  Téléosaures  les  formes 
les  plus  abondantes  dans  le  calcaire  de  Caen,  il  est 
très  probable  que  ce  coracoïde  est  bien  celui  d'un 
Sténosaure  plutôt  que  celui  d'un  Téléidosaure ,  dont 
quelques  débris  seulement  appartenant  à  la  tète  ont 
été  jusqu'ici  rencontrés. 

Chez  Alligator  lucius  le  coracoïde  est  un  os  aplati, 
légèrement  concave  de  dehors  en  dedans  sur  sa  face 
dorsale;  l'extrémité  interne,  plate,  triangulaire,  est 
réunie  par  un  col  rétréci  à  la  tête  placée  en  dehors, 
cette  tète  est  formée  en  avant  par  une  apophyse 
massive,  renflée,  tronquée  brusquement  par  une  face 
rugueuse,  plus  haute  que  large ,  divisée  en  deux 
facettes,  l'une  en  haut  et  en  arrière  pour  l'articu- 
lation du  scapulum,  l'autre  en  avant  formant  une 
partie  de  la  cavité  glénoïde  ;  la  partie  postérieure 
de  la  tète  est  comprimée,  terminée  en  dehors  par 
une  facette  articulaire  étroite,  qui  donne  insertion 


—  140  — 

à  la  partie  postérieure  du  scapulum.  Près  du  bord 
externe  et  à  la  base  de  la  saillie  antérieure  est  un 
trou  qui  aboutit  à  la  face  inférieure  un  peu  en 
arrière  de  la  saillie  antérieure. 

Le  coracoïde  de  Teleosmirus  cadomensis  a  son 
extrémité  interne  beaucoup  plus  grêle  que  celui  de 
Alligator  lucius.  Le  bord  interne  est  beaucoup  plus 
étroit,  le  bord  postérieur  est  moins  excavé  ;  le  col 
est  plus  étroit  et  plus  long;  la  tête  est  moins  oblique, 
sa  partie  antérieure  est  plus  large  et  plus  dilatée. 

Le  coracoïde  que  nous  rapportons  à  Stenosaurus 
se  rapproche  de  celui  de  Teleosaurus  par  son  extré- 
mité interne  étroite,  moins  cependant  que  celle  de 
Teleosaurus  ;  le  col  est  plus  massif,  mais  moins  que 
dans  Allir/afor.  La  tête  a  son  bord  externe  oblique 
comme  chez  AllU/ator;  la  partie  de  cette  tète  qui 
porte  l'articulation  antérieure  du  scapulum  a  son 
extrémité  brusquement  épaissie,  la  partie  supérieure 
est  plus  massive. 

Chez  Metriorhynchus,  le  coracoïde  est  très  diffé- 
rent. Celui  qui  a  été  figuré  par  M.  Hulke  a  une 
forme  de  double  hache  ;  le  bord  postérieur  est  très 
concave  ;  l'extrémité  ventrale  très  élargie  est  terminée 
par  un  bord  interne  très  arrondi  ;  le  col  est  très 
court  et  étroit. 

4.  Ecailles  dermiques 

Malgré  l'abondance  des  Téléosauriens  dans  le 
Jurassique  supérieur  du  Calvados  et  du  Havre,  les 
écailles  dermiques  sont  extrêmement  rares.  Je  n'en 
connais   que  3  ou   4  exemplaires  en   mauvais  état 


—  141  — 

dans  les  collections  du  Calvados.  En  Angleterre  elles 
semblent  un  peu  moins  rares  dans  l'Oxfordieii  : 
M.  Hulke,  dans  le  mémoire  déjà  cité,  en  a  décrit  qui 
ont  été  trouvées  avec  des  os  de  Stenosaiirus,  mais 
parmi  les  récoltes  faites  par  M.  Leeds  dans  l'Oxfor- 
dien  de  Peterborough,  il  ne  s'en  est  pas  rencontré 
qui  puissent  appartenir  à  Metriorhy nchus .  Cette 
absence  a  fait  admettre  que  Metriorhijnchus,  comme 
Geosannis  n'avait  pas  de  plaques  dermiques  (1). 
Cependant,  dans  le  catalogue  des  Reptiles  fossiles  du 
British  Muséum  (2).  M.  Lydekker  rapporte  à  i/e/y^'o- 
rhynchus  des  écailles  du  Kimméridien  d'Ely  qu'il 
compare  à  celle  figurée  par  E.  Deslongchamps  sous 
le  nom  de  M.  ?  incertus  (3);  M.  Sauvage  n'admet  pas 
que  cette  écaille  soit  celle  d'un  Melriorhynchiis  et 
la  rapporte  à  Stenosaiirus  (4).  Elle  ne  nous  paraît 
pas  susceptible  d'une  détermination  générique  bien 
précise. 

Mais  E.  Deslongchamps  a  également  figuré  (5)  en  le 
rapportant  au  M.  hastifQr  un  groupe  d'écaillés  du 
plastron  dorsal  en  rapport  avec  5  vertèbres,  dont  2 
appartiennent  à  la  région  cervicale  et  3  à  la  région 
dorsale.  Ces  figures  ont  certainement  passé  inaper- 

{{)  Lydekker,  0.  G.  S.,  XLV,  1889,  p.  36.  —  M.  Glangeal'd, 
Op.  cit.,  note  ,  p  138,  a  fait  coniiaUre  la  présence  d'écaillés  der- 
miques cliez  un  Metrioi'hynchits  des  Gharentes. 

(2)  Parti,  1888,  p.  101. 

(3)  In  Lennier,  Et.  Géol.  et  Pal.  emh.  Semé,  p.  54,  pi.  IX. 
fig.  6. 

(4)  Mém.  sur  les  Dinosauriens  et  Croc,  du  terr.  jur.  de  Buu- 
(ogne-sur-Mer,  18"'4,  p. .33. 

5)  In  Lennier,  loc.  cit.,  pi.  X. 


—  142  — 

eues  des  auteurs  qui  ont  signalé  l'absence  d'écaillés 
dermiques  chez  Melriorhynchus.  Il  est  vrai  que  le 
texte  du  travail  ne  mentionne  pas  que  cette  pièce 
fait  partie  du  même  individu  que  la  tête  figurée  et  il 
a  pu  rester  quelques  doutes  sur  la  légitimité  de 
rapporter  ces  vertèbres  et  ces  écailles  au  genre 
Metriorhijnchus,  d'autant  plus  que  la  forme  des 
écailles  ,  les  dimensions  et  le  nombre  de  leurs 
fossettes  présentent  une  certaine  analogie  avec  celles 
de  Stenosaurus.  Les  caractères  des  vertèbres  sont 
cependant  bien  ceux  des  vertèbres  de  Metrio- 
rhynclms  et  non  de  Steiiosam^us.  Les  faces  laté- 
rales sont  moins  concaves  d'avant  en  arrière;  le 
diamètre  vertical  des  faces  antérieure  et  postérieure 
est  plus  grand  que  le  diamètre  horizontal,  la  face 
inférieure  est  régulièrement  atténuée  et  arrondie^ 
et  non  aplatie;  ce  sont  des  caractères  de  Metrio- 
rhynchus. 

Par  suite,  la  présence  d'un  système  dermique  chez 
Metriorhynchus  est  incontestable,  puisque  9  pla- 
ques disposées  en  deux  rangées  et  appartenant  au 
plastron  dorsal,  sont  en  rapport  avec  les  vertèbres. 
Il  n'est  pas  douteux  que  ces  plaques  ne  corres- 
pondent aux  vertèbres  auxquelles  elles  sont  associées. 
Elles  font  partie  de  la  région  antérieure  du  bouclier 
dorsal.  E.  Deslongchamps  (1)  a  déjà  appelé  l'atten- 
tion sur  les  différences  que  les  plaques  de  cette 
région  présentent  dans  Metriorhynchm  et  Teleo- 
saurus  cadomensh  Geolï.  St-Hil.  Chez  celui-ci  les 
écailles   antérieures  n'ont  aucune  trace   de  carène  ; 

J    Loc  cit..  in  Lknmek. 


—  143  — 

elle  ne  commence  à  apparaître  que  sur  les  écailles 
postérieures  de  la  région  dorsale  et  elle  est  surtout 
développée  à  la  région  caudale.  Au  contraire ,  dans 
MetriorIi!//ichus  les  écailles  qui  correspondent  aux  2 
dernières  cervicales  et  aux  3  premières  dorsales  ont 
une  carène  assez  accentuée  comme  celle  des  Groco- 
diliens  vivants. 

Je  n'ai  trouvé  aucune  indication  sur  la  disposition 
des  plaques  dermiques  chez  Stenosaunia. 

Nous  possédons  à  la  Faculté  un  bon  moulage  du 
Stenosaurus  Chapinanni  Kônig  MS,  de  Boll  (Wur- 
temberg), qui  fait  partie  de  la  collection  du  Muséum 
de  Paris.  Cet  individu  est  vu  par  la  face  ventrale,  de 
sorte  que  les  plaques  du  bouclier  dorsal  sont 
cachées. 

La  face  ventrale  montre  dans  la  région  thoracique 
la  plus  grande  partie  d'un  bouclier  constitué  comme 
celui  de  Teleosmirus  et  Pelagosaurus  ^  c'est-à-dire 
par  des  rangées  transversales  de  petites  plaques  soli 
dément  engrenées,  en  forme  de  quadrilatère  irrégu- 
lier ;  ces  rangées  sont  au  nombre  de  6.  Les  parties 
antérieure  et  postérieure  de  ce  plastron  manquent, 
en  sorte  que  nous  ne  pouvons  voir  s'il  existe  en 
avant  un  petit  bouclier  comme  dans  Teleosaurus,  et 
si  les  rangées  transversales  sont  formées  de  plus  de 
6  plaques  en  arrière. 

La  région  caudale  devait  être  protégée  par  6  ran- 
gées de  plaques,  4  dorsales  et  2  latérales.  A  la  face 
dorsale,  on  distingue  très  nettement  du  côté  gauche 
de  l'échantillon,  dans  la  région  antérieure  de  la  queue 
une  rangée  externe  de  plaques,  vues  par  leur  face 
interne,   presque    carrées,    prolongées  en    avant   à 


—  144  — 

leur  angle  externe  ou  près  de  leur  angle  externe 
par  une  pointe  assez  forte.  Par  suite  de  la  torsion 
de  la  queue  (les  vertèbres  montrent  leur  face  infé- 
rieure en  avant,  leur  face  gauche  en  arrière),  un 
certain  nombre  de  plaques  de  la  rangée  dorsale 
externe  se  montrent  en  arrière  du  côté  gauche  par 
leur  face  extérieure  ;  ces  plaques  sont  fortement 
carénées  d'avant  en  arrière,  près  de  leur  bord 
externe,  dans  la  direction  de  la  pointe  qui  prolonge 
leur  angle  antéro-externe.  Ces  plaques  s'appuient  en 
dedans  contre  une  rangée  plus  interne;  il  existait 
donc  à  la  face  dorsale  de  la  queue,  de  chaque  côté, 
une  rangée  de  plaques  dorsales  externes  et  une 
rangée  de  plaques  dorsales  internes.  —  Les  faces 
latérales  de  la  région  caudale  sont  protégées  chacune 
par  une  rangée  de  plaques;  l'une  d'elles  est  bien 
visible  sur  une  certaine  longueur  du  côté  droit: 
elle  est  formée  de  petites  plaques  vues  par  leur  face 
externe,  quadrilatères  ou  triangulaires,  carénées. 

La  région  thoracique  présentait  très  probable- 
ment du  côté  dorsal  une  quadruple  rangée  de  pla- 
ques comme  la  région  caudale.  Cette  disposition  me 
semble  indiquée  sur  un  grand  échantillon  de  Steno- 
saurus  Chapinanni  de  Whitby  que  nous  possédons 
à  la  Faculté  et  qui  se  présente  dans  la  région  thora- 
cique par  la  face  dorsale,  mais  les  plaques  sont  trop 
disloquées  pour  donner  des  renseignements  même 
approximatifs. 

Quoi  qu'il  en  soit,  ce  qui  est  connu  de  la  dispo- 
sition du  système  dermique  montre  des  différences 
très  grandes  avec  Teleosaurus  et  Pelagosaiinis. 
Dans  ces  deux  genres  le  bouclier  dorsal  est  formé 


—  145  — 

par  deux  rangées  de  plaques,  dans  toute  sa  lon- 
gueur (1),  tandis  qu'il  y  en  a  certainement  6  dans 
la  région  caudale  de  Stenosauriis  et  probablement  4 
dans  la  région  thoracique. 

Les  différences  dans  la  forme  des  écailles,  la  dispo- 
sition et  la  forme  de  leurs  fossettes  sont  très  marquées. 
Dans  Teleosaurus  les  plaques  dorsales  d'abord  petites 
et  triangulaires  dans  la  région  cervicale  s'allongent 
transversalement  dans  la  région  thoracique  ;  vers  le 
milieu  du  thorax  ces  plaques  sont  grandes,  transver- 
salement allongées,  épaisses,  surtout  du  côté  interne, 
courbées  dans  le  sens  de  leur  largeur  surtout  vers 
leur  bord  externe;  le  bord  externe  est  arrondi,  tran- 
chant, le  bord  antérieur  légèrement  arqué;  le  bord 
interne  épais  est  coupé  carrément  et  dentelé  pour 
s'engrener  avec  la  plaque  correspondante  du  côté 
opposé  ;  la  face  supérieure  est  marquée  de  fossettes 
arrondies,  assez  régulières,  séparées  par  des  espaces 
relativement  assez  larges  ;  le  bord  antérieur,  recou- 
vert par  la  plaque  antérieure  est  assez  large,  lisse. 
Ces  écailles  ne  présentent  aucune  trace  de  carène 
dans  la  région  thoracique.  Cette  carène  n'apparaît 
que  dans  la  région  lombaire  pour  se  continuer  sur 
les  plaques  de  la  région  caudale  dont  les  dimensions 
diminuent  graduellement  ;  en  même  temps  les  pla- 
ques changent  de  forme;  elles  deviennent  losangi- 


,v 


(1)  Voir  J.-A.  Eudes-Deslongchamps,  Premier  mémoire  sur  let 
Téléosauriens  (Mém.  S.  L.  N..  Xni,  1864,  p.  75).  —  E.  Eudes- 
Deslongchamps,  Squelette  et  restauration  du  Teleosaurus  Cado- 
mensis  (Bull.  Soc.  Linn.  Norm.,  2,  II,  1868,  p.  381,  et  Notes 
paléont..  t.  I,  p.  140,  pi.  XI). 

10 


—  146  — 

formes,  etc.,  leur  longueur  l'emportant  de  plus  en 
plus  sur  leur  largeur  à  mesure  qu'on  se  rapproche 
de  l'extrémité  de  la  queue;  la  carène  devient  propor- 
tionnellement plus  massive  et  l'angle  antérieur  est 
prolongé  par  une  petite  pointe;  elles  s'écartent  de  la 
ligne  médiane  et  comme  elles  ne  sont  plus  en  contact 
transversalement  et  longitudinalement  le  bord  interne 
devient  tranchant  et  le  talus  du  bord  antérieur 
s'efface. 

Les  plaques  dorsales  de  Slenosmirus  se  distin- 
guent de  celles  de  Teleosaunis  par  la  grandeur  de 
leurs  fossettes,  qui  sont  polygonales  et  séparées  par 
de  très  petits  espaces.  Les  plaques  que,  par  leur 
taille  et  leur  forme  on  peut  considérer  comme  appar- 
tenant au  thorax  sont  minces,  presque  planes,  à 
peine  courbées  dans  le  sens  transversal;  le  talus  anté- 
rieur recouvert  par  le  bord  postérieur  de  la  plaque 
précédente  est  très  étroit  ;  le  bord  interne  qui 
s'articule  avec  la  plaque  opposée  est  également 
mince  et  les  crêtes  verticales  qui  servent  à  l'engrè- 
nement  sont  peu  profondes.  La  plupart  des  plaques 
que  nous  avons  pu  examiner  {Stenosaurus  Larteii  31, 
Stén.  de  Quilly  21),  présentent  une  carène  ordinai- 
rement très  marquée,  placée  plus  ou  moins  près  du 
bord  externe  et  sont  prolongées  en  avant- dans  la 
direction  de  cette  carène  par  une  pointe  très  mar- 
quée. Le  St.  Chapmanni  de  Whitby  que  possède 
la  Faculté  montre  cependant  deux  écailles  dorsales 
thoraciques  qui  n'ont  point  cette  carène  ni  cette 
pointe  ;  elles  paraissent  appartenir  aux  rangées 
internes  du  bouclier  dorsal  dans  l'hypothèse  où  il 
y  aurait  eu  4  rangées  dorsales  thoraciques. 


-   147  — 

Les  plaques  du  bouclier  ventral  thoracique  du 
grand  Struosairn/s  de  Quilly  ne  présentent  pas  dans 
leur  forme  et  dans  la  disposition  de  leur  fossette  de 
différences  avec  celles  de  Teleosmiriis  cadomensis. 

En  somme,  la  disposition  et  la  forme  des  plaques 
dermiques  fournissent  encore  un  bon  caractère  pour 
séparer  Stenosauriis  et  Teleosaurus. 


—  148  — 


NOTE 


SUR 


LA  PATINE  OU  CACHOLONG  DES  SILEX 

Par     F.    CHÉDEVILLE" 


La  couleur  des  silex  de  la  craie  est  très  variable  ; 
en  général  celle  qui  domine  est  le  gris  brun. 

A  la  partie  supérieure  de  l'étage  Sénonien,  les 
silex  sont  d'un  blond  clair.  A  la  partie  moyenne  ils 
sont  d'un  gris-bleuàtre,  parfois  zônés.  A  la  base  ils 
sont  d'un  gris  brun. 

Les  silex  de  l'étage  Turonien  sont  généralement 
noirs^. 

Ceux  de  l'étage  Cénomanien  sont  généralement 
noirs,  mais  ils  ont  une  nuance  mouchetée,  mate 
et  terne  ,  qui  les  distingue  de  ceux  de  l'étage 
Turonien. 

Toutes  ces  conditions  permettent  au  préhistorien 
géologue  de  reconnaître  à  première  vue  à  quel  étage 
peuvent  appartenir  les  silex  taillés. 

Et  c'est  un  point  très  important,  qui  aide  à  se 
rendre  compte  des  divers  rapports  que  pouvaient 
avoir  entre  eux  nos  primitifs  ancêtres. 

*  Travail  lu  ta  la  séance  du  2(j  juin    1896.  —  Epreuves  corrigées 
le  18  mars  1897. 


—  149  — 

Les  silex  conservent  leurs  couleurs  tant  qu'ils  sont 
enfermés  dans  le  sol.  Ce  n'est  qu'à  la  surface  du  sol 
qu'ils  se  patinent. 

Ceux  que  l'on  rencontre,  patines  en  blanc  et  en 
rouge,  dans  les  limons  des  versants,  des  plateaux, 
ou  dans  les  graviers,  l'ont  été  avant  d'être  recou- 
verts. C'est  une  preuve  qu'ils  ont  séjourné  long- 
temps à  la  surface  après  avoir  été  taillés. 

Le  but  de  cette  note  est  de  faire  part  des  remar- 
ques que  j'ai  faites  au  sujet  de  la  patine. 

M.  de  Mortillet  me  paraît  être  le  seul  qui,  jusqu'à 
présent,  en  ait  parlé;  il  dit  ceci  dans  son  Archéologie 
préhistorique  (1). 

§  8  —  Patine.  —  La  Patine  est  une  altération  de  la  surface 
de  la  pierre. 

«  Le  silex  généralement  blond  ou  Itrun  passe  au  blanr  porce- 
laine pîir  l'action  de  la  chaleur,  de  la  lumière,  de  l'iiumidité  et 
surtout  de  l'acide  carlîonique 

«  Elle  est  le  produit  de  la  combustion  des  matières  organiques 
colorantes  et  soit  de  l'eau  de  composition,  soit  de  la  silice 
hydratée  soluble. 

»  En  tout  cas,  il  y  a   certainement  un  départ  de  matière. 

«  Par  suite  il  se  produit  des  -vides  dans  les  pierres.  Ces  vides 
donnent  accès  à  des  matières  minérales,  fer,  manganèse,  etc.  La 
patine  se  colore  alors  de  diverses  manières. 

Ces  explications  de  notre  éminent  maître  montrent 
dune  façon  générale  comment  se  produit  la  patine 
des  silex  taillés.  Les  actions  atmosphériques  en  sont 
les  facteurs  principaux.  Mais  la  nature  du  silex  et  les 

(1)  Dk  Mortillet,  Le  Préhistorique.  Anliquilé  de  l'homme, 
1883,  p.  155. 


—  150  — 

éléments  constitutifs  des  terrains  sur  la  surface 
desquels  ils  reposent  entrent  aussi  pour  beaucoup 
dans  le  phénomène  que  nous  étudions. 

C'est  ce  que  je  vais  essayer  d'expliquer  : 

Les  silex  se  patinent  en  blanc  et  en  rouge.  11  y  a 
des  teintes  intermédiaires  ,  mais  ce  sont  généra- 
lement ces  deux  couleurs  qui  dominent.  Parfois  ils 
ne  se  patinent  pas  du  tout. 

Dans  nos  contrées  normandes,  voici  ce  que  j'ai 
constaté  : 

a)  La  patine  est  blanche  lorsque  le  sol  se 
compose  : 

1°  De  calcaire  grossier  f^E'ocène  mo^/e/ij.  Orgeville, 
plateaux  de  l'Eure,  de  l'Epte  et  de  la  Seine  ; 

2"  De  craie  i  Etai/es  Sénonien  et  Tiironien); 

'^'  De  limon  calcarifère  (Pliocène  et  Pléistocène). 
Plateaux  de  l'Epte,  Vexin  français. 

/;)  La  patine  est  rouge  plus  ou  moins  foncé  , 
parfois  tirant  sur  le  jaune  ,  lorsque  le  sol  se 
compose  : 

1''  D'argile  à  sables  granitiques  (  P/iocène?l  Orge- 
ville,  plateaux  entre  l'Eure  et  la  Seine  ; 

2°  D'argile  à  silex  (Eocène  m/é?iew).  Plaine  du 
Neubourg,  pays  d'Ouche  ; 

3°  De  graviers  argileux  (Pléistocène).  Argiles  à 
silex  déplacées  par  ravinement. 

c)  La  patine  est  marbrée,  c'est-à-dire  que  les  silex 
sont  tachetés  de  patine  blanche  claire,  lorsque  le  sol 
se  compose  : 

1°  De  hmons  siliceux  et  un  peu  calcarifères 
(Pliocène  et  Pléistocène).  Limon  des  versants  et  des 


—  151  — 

plateaux.  —  Saint-Pierre-les-Elbeuf ,  Orgeville,  Vexin 
normand; 

2''  De  limons  tourbeux  ,  siliceux  et  calcarifères 
(Vallée  de  VEpte). 

d)  La  patine  n'existe  pas,  c'est-à-dire  que  le  silex 
a  conservé  sa  couleur  primitive,  tout  en  prenant 
un  certain  luisant  caractéristique,  lorsque  le  sol  se 
compose  : 

1"  De  graviers  siliceux,  purs  d'argile  (P/m/ocè;?e). 
Vallées  de  la  Seine  et  de  l'Eure,  La  Groix-Saint- 
Leufroy,  Pitres,  Elbeuf,  Saint-Aubin  ; 

2°  De  sables  granitiques  ou  autres  dépourvus 
d'argile  et  de  calcaire,  c'est-à-dire  entièrement  sili- 
ceux :  Orgeville,  Douains. 

J'ai  remarqué  que  les  silex  des  élages  Sénonien  et 
Turonien  étaient  mieux  disposés  à  se  patiner  que 
ceux  de  l'étage  Génomanien. 

Dans  les  départements  du  Galvados  et  de  l'Orne, 
dans  leurs  parties  limitrophes  du  département  de 
l'Eure  ,  ce  sont  surtout  ces  derniers  qui  ont  été 
employés  à  l'époque  néolithique.  Il  en  est  de  même 
dans  le  département  de  l'Eure  aux  confins  de  ces 
deux  départements. 

J'ai  constaté  qu'ils  avaient  conservé  leur  teinte 
naturelle  d,  tandis  que  les  éclats  non  taillés,  de 
l'étage  Sénonien,  épars  sur  le  sol  de  l'argile  à  silex, 
sont  patines  en  rouge  b. 

De  ce  qui  précède,  il  parait  résulter  : 

1"  Que  la  patine  blanche  tient  à  plusieurs  causes  : 
actions  atmosphériques  et  nature  du  silex;  mais  que 
tout  laisse  supposer  qu'elle  ne  se  produirait  pas  si 
le  sol  n'était  pas  calcaire  ; 


—  152  — 

2"  Que  la  patine  rouge  lient  également  aux  mêmes 
causes,  mais  quelle  n'aurait  pas  lieu  si  le  sol  n'était 
pas  composé  d'argile  dans  laquelle  il  existe  une 
assez  grande  quantité  d'oxyde  de  fer  ; 

3°  Que  le  silex  ne  se  patine  généralement  pas, 
malgré  les  actions  atmosphériques  et  sa  nature 
spéciale,  sur  un  sol  dépourvu  d'argile  et  de  calcaire, 
c'est-à-dire  entièrement  siliceux. 

Pourquoi  sa  surface  ne  s'altère-t-elle  pas  à  l'air 
sur  ces  sortes  de  terrains  ? 

Il  y  a  là  un  problème  que  je  laisse  le  soin  de 
résoudre  aux  chimistes  que  cette  étude  pourrait 
intéresser. 

Quant  à  moi,  j'ai  cru  utile  de  citer  ces  faits  qui 
peuvent  être  contrôlés  par  les  géologues  et  les  pré- 
historiens. 

Je  me  mets  à  leur  disposition  pour  leur  faire 
constater  mes  remarques  sur  le  terrain. 


153 


LEÇON  D'OUVERTURE 


DU 


COURS     DE     GEOLOGIE 

DE   LA 

FACULTÉ    DES    SCIENCES    DE    CAEN 
DE    Li'AIVIVÉE     i  8»6-9^ 


Dans  le  remarquable  discours  qu'il  a  prononcé  à 
la  séance  de  rentrée  de  l'Université  de  Caen,  M.  le 
Recteur  a  insisté  sur  l'importance  de  la  tournure 
pratique  que  peuvent  donner  à  leur  enseignement 
les  professeurs  de  la  Faculté  des  Sciences. 

Dès  le  mois  de  juillet  dernier,  je  m'étais  préoccupé 
des  moyens  de  répondre  à  ce  désir,  notamment  par 
le  choix  du  sujet  du  cours  public  de  cette  année. 

Je  saisis  aujourd'hui  l'occasion  de  faire  connaître 
un  plan  d'organisation  de  l'enseignement  de  la 
géologie  que  je  crois  répondre  au  triple  but  que 
nous  nous  proposons  ,  faire  progresser  la  haute 
science,  donner  à  nos  candidats  aux  divers  grades 
universitaires  l'instruction  qu'ils  viennent  chercher 
près  de  nous,  faire  enfin  de  nos  laboratoires  des 
offices  de  renseignements  pratiques,  justifiant  aux 
yeux  du  grand  public  la  nécessité  des  établissements 


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d'enseignement  supérieur  et  les  sacrifices   qui  sont 
consentis  pour  eux. 

La  Géologie  est  une  science  éminemment  régionale. 
La  Physique,  les  Mathématiques,  en  dehors  des 
applications  réclamées  par  les  exigences  locales, 
peuvent  être  enseignées  de  la  même  manière  à 
Bordeaux,  à  Lille  ou  à  Nancy.  La  Géologie  dont 
l'enseignement  se  complète  par  des  excursions  sur 
le  terrain  a  besoin  de  s'adapter  à  la  région  où  elle 
puise  les  faits  et  les  exemples  que  les  auditeurs  pour- 
ront facilement  vérifier  eux-mêmes. 

Peu  de  régions  sont  aussi  propices  que  la  nôtre  à 
l'étude  de  la  géologie  ainsi  comprise.  Le  nombre  et 
la  richesse  fossilifère  des  assises  ,  comprenant  , 
presque  sans  lacunes,  la  totalité  des  grandes  divisions 
de  l'écorce  terrestre,  la  variété  de  leur  faciès,  le 
développement  des  côtes,  droites  comme  celles  du  Cal- 
vados et  de  la  Haute-Normandie,  fortement  découpées 
comme  celles  de  la  Manche  ,  bordées  de  falaises 
qui  donnent  des  coupes  naturelles  d'une  grande 
netteté  ,  ou  de  dunes  qui  permettent ,  avec  les 
falaises,  d'étudier  les  phénomènes  maritimes  actuels, 
la  multiplicité  des  affleurements  ,  la  netteté  des 
relations  entre  l'aspect  superficiel  et  la  nature  du 
sous-sol  ont  fait  de  la  Normandie  une  terre  classique 
de  la  Géologie. 

Achevai  sur  le  Massif  Breton  dont  les,  assisses 
primaires  forment  la  presque  totalité  du  département 
de  la  Manche  et  une  partie  de  ceux  du  Calvados  et  de 
l'Orne,  sur  la  bordure  secondaire  du  Bassin  de  Paris 
dont  les  assises  jurassiques  si  développées  dans  les 
départements  de  la  Manche,  du  Calvados  et  de  l'Orne 


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s'enfoncent  sous  les  couches  crétacées  de  la  Haute- 
Normandie,  elle  touche  par  le  Vexin  au  massif  ter- 
tiaire dont  Paris  est  le  centre. 

La  régularité  des  assises  secondaires  et  tertiaires 
est  des  plus  favorables  à  l'étude  des  superpositions, 
tandis  que  les  couches  plissées  et  faillées  du  massif 
ancien  permettent  l'étude  des  phénomène  de  dislo- 
cation. 

L'abondance  des  roches  éruptives  anciennes,  la 
netteté  de  leurs  phénomènes  de  contact  avec  les 
roches  sédimentaires,  qui  ne  présentent  nulle  part, 
pour  l'étude  du  métamorphisme  par  le  granité,  plus 
de  netteté  qu'à  Flamanville,  permettent  d'étudier 
fructueusement  Jes  roches  granitiques  et  porphyri- 
ques  et  les  modifications  qu'elles  ont  produites  sur 
les  terrains  qu'elles  ont  traversés. 

Quant  à  la  richesse  fossilifère  des  assises,  elle  ne 
le  cède  pas  à  leur  variété.  Qu'il  s'agisse  des  Grès  de 
May,  des  Calcaires  de  Néhou,  du  Lias  du  Bessin  et 
des  environs  de  Gaen,  de  la  Mâlière  de  May,  de 
l'Oolithe  ferrugineuse  de  Bayeux,  du  Calcaire  de 
Gaen,  des  Calcaires  de  Langrune  et  de  Pianville  ou 
des  argiles  calloviennes  de  l'Orne,  des  argiles  des 
Vaches-Noires,  des  sables  de  Glos,  des  argiles  et 
calcaires  de  la  Hève,  du  calcaire  à  Baculites  et  des 
faluns  du  Cotentin,  partout  les  fossiles  abondent 
avec  une  variété  et  dans  un  état  merveilleux  de 
conservation  qui  justifie  leur  réputation  universelle. 

Nulle  part  ailleurs  en  France,  sauf  dans  le  Lias 
des  environs  d'Hirson  et  le  Séqiianien  du  Bou- 
lonnais ,  nous  ne  trouvons  quelque  chose  de 
comparable  aux  récifs  liasiques  de  May  et  de  Fon- 


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taine-ÉtoLipefour,  aux  sables  de  Glos  et  de  Gorde- 
bugle,  les  uns  si  riches  en  Gastéropodes  qu'ils  con- 
tiennent à  eux  seuls  presque  autant  d'espèces  de  ce 
groupe  qu'il  en  a  été  signalé  dans  le  monde  entier  à 
l'époque  du  Lias  moyen,  les  autres  dont  le?  fossiles 
sont  aussi  bien  conservés  que  ceux  des  meilleurs 
gisements  tertiaires. 

On  chercherait  en  vain  aussi  en  France,  sauf  dans 
le  Lias  de  Vassy,  le  Jurassique  du  Boulonnais  et  de 
l'Ain,  des  gisements  de  Reptiles  et  de  Poissons  sem- 
blables à  ceux  des  couches  du  Lias  de  la  Gaine,  du 
calcaire  de  Gaen,  des  argiles  et  calcaires  des  Vaches- 
Noires  et  du  Havre.  Peu  de  régions  aussi  pour- 
raient fournir  à  l'écude  d'un  groupe  fossile  un 
contingent  d'espèces  comparable  à  celui  que  je  relève 
dans  un  récent  mémoire  de  M.  Gossmann  (1)  sur 
les  Gastéropodes  jurassiques  de  France  :  sur  120 
espèces  d'Opisthobranches  signalées  en  France,  43, 
soit  plus  du  quart,  se  trouvent  en  Normandie;  quel- 
ques-uns et  non  des  moins  curieux,  telles  que  les 
Cojiact^on,  ne  sont  connus,  à  une  exception  près, 
que  dans  notre  région. 

Ge  n'est  donc  pas  aux  géologues  de  profession  qu'il 
faut  apprendre  que  Gaen  est  un  véritable  centre 
géologique,  que  notre  ville  universitaire  est  très 
bien  outillée  comme  collections  et  bibliothèques  pour 
contribuer  au  développement  des  études  géologiques 
et  paléontologiques,  mais  nous  devons  faire  pénétrer 
cette  conviction  dans  l'esprit  du  grand  public.  Pour 

^1)  GossMAN?»,  Eludes  sur  les  Gastropodes  jurassiques,  Mém. 
Sor.  Géol.  Fr.  Paléontologie,  1895. 


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cela  il  faut  qu'il  apprenne  le  chemin  de  nos  labora- 
toires et  nous  comptons  l'y  attirer  en  mettant  une 
partie  de  notre  enseignement  à  sa  portée,  notam- 
ment en  lui  montrant  les  côtés  pratiques  de  la 
géologie. 

Il  ne  saurait  être  question  d'un  enseignement 
technique  appliqué  à  l'art  des  mines,  à  la  captation 
des  sources,  au  forage  des  puits,  à  l'agriculture ,  à 
la  construction,  nous  devons  nous  contenter  de  faire 
de  la  science  pratique  en  donnant  aux  intéressés  des 
notions  dont  ils  feront  l'application. 

C'est  guidé  par  ces  considérations  que  j'avais 
choisi  pour  sujet  de  mon  cours  de  cette  année 
I'Hydrologie,  c'est-à-dire  Vétiide  des  nappes  aqui- 
fères  et  des  sources.  A  l'annonce  de  ce  sujet,  on  s'est 
étonné  que  de  telles  matières  pussent  être  traitées 
ici.  Je  ne  retiens  de  cet  étonnemenl  que  la  preuve 
qu'on  ne  sait  pas  combien  est  étendu  le  domaine  de 
la  géologie.  Il  me  paraît  donc  utile,  dans  cette  leçon 
d'ouverture,  d'indiquer  quelques-unes  des  applica- 
tions dont  cette  science  est  susceptible. 

L'art  du  mineur  est  certainement,  au  point  de 
vue  économique  tout  au  moins,  celui  qui  tire  le  plus 
de  services  de  la  géologie.  Gela  est  tellement  évident 
et  vérifié  par  l'expérience  de  chaque  jour,  qu'il  ne 
paraît  pas  nécessaire  de  s'y  appesantir.  Voici  pour- 
tant quelques  exemples  pris  dans  la  région  nor- 
mande. 

On  est  effrayé  des  sommes  dépensées  dans  les 
départements  de  la  Manche,  du  Calvados  et  de  l'Orne 
pour  y  chercher  du  charbon.  On  dit  souvent  que 
«  tout  ce  gui  brille  n'est  pas  or  »;  on  pourrait  dire 


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tout  aussi  bien  qu'  «  itne  terre  noire  n'est  pm  forcé- 
pient  /'indice  d'un  gisement  de  houille.  »  Cepen- 
dant combien  se  sont  crus  en  droit  de  conclure  de 
la  couleur  du  sol  à  la  présence  du  combustible 
minéral,  et  combien,  partant  de  ce  principe  faux,  de 
recherches  inutiles  à  la  fin  du  siècle  dernier  et  au 
commencement  de  celui-ci. 

Quelques  notions  de  géologie  élémentaire  auraient 
permis  d'arrêter  ces  malencontreuses  entreprises. 
On  savait  déjà  à  cette  époque  que  la  houille  se  trouve 
dans  des  couches  caractérisées  par  certains  fossiles 
occupant  un  niveau  bien  déterminé  dans  l'échelle  des 
terrains.  Les  relations  des  couches  fouillées  avec  les 
couches  avoisinantes,  les  fossiles  que  les  unes  et  les 
autres  renfermaient,  indiquaient  d'une  façon  cer- 
taine que  l'on  s'adressait  à  des  terrains  trop  anciens 
ou  trop  récents,  et  ce  nest  que  trop  tard  que  les 
géologues,  enfin  consultés,  déclaraient  les  recher- 
ches inutiles. 

Aujourd'hui ,  on  est  plus  prudent.  On  comprend 
qu'une  reconnaissance  préliminaire  du  sol,  faite  par 
un  géologue  ,  est  nécessaire  avant  d'entamer  des 
recherches  et  surtout  d'accorder  une  concession. 

Vous  savez  peut-être  qu'un  puits  est  en  ce  moment 
creusé  près  de  la  gare  de  Lison  pour  la  recherche  de 
la  houille.  Ce  point  n'a  pas  été  choisi  au  hasard  et 
seulement  à  cause  de  sa  proximité  de  la  gare  de 
Lison  ;  c'est  l'étude  géologique  du  pays  qui  permet 
de  prévoir  la  continuité  en  ce  point  des  anciens  gise- 
ments de  Littry  et  du  Plessis,  et  c'est  au  géologue 
qu'il  appartiendra  de  dire,  à  un  moment  donné,  si 
les  travaux  devront  être  continués  ou  arrêtés. 


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Faut-il  vous  rappeler  encore  que  c'est  à  la  Géologie 
que  les  mines  de  ter  du  département  du  Calvados 
doivent  leur  récent  développement.  Sans  doute  le 
premier  venu  peut  découvrir  un  affleurement  de 
minerai  de  fer,  mais  nul  autre  qu'un  géologue  ne 
peut  dire  s'il  s'agit  d'une  couche  continue  et  quelle 
est  son  allure,  surtout  quand,  et  c'est  le  cas  dans 
le  Calvados,  les  affleurements  sont  masqués  par  des 
couches  plus   récentes. 

Vous  n'ignorez  pas  aussi  que  des  exploitations  de 
phosphate  ont  été  récemment  tentées  dans  la  Manche. 
L'une  d'elles  vient  d'être  arrêtée,  et  la  Société  qui 
l'exploitait  mise  en  liquidation.  Nous  avions  , 
M.  Lecornu  et  moi,  dans  une  note  sur  ce  gisement 
du  plateau  d'Orglandes,  indiqué,  entre  les  lignes, 
que  ce  gisement  était  dans  des  conditions  d'exploi- 
tation impossible  si  on  voulait  en  tirer  quelques 
bénéfices  ,  et  les  capitalistes  qui  ont  jeté  leur 
argent  dans  cette  entreprise  auraient  été  suffisam- 
ment avertis  s'ils  avaient  pu,  sans  connaissances 
géologiques  approfondies,  interpréter  les  conditions 
du  gisement. 

Ils  ont  sans  doute  cru  voir  se  renouveler  les  mer- 
veilles de  la  Somme.  L'histoire  de  la  découverte  des 
phosphates  de  ce  département  est  assez  curieuse 
pour  que  je  vous  en  dise  deux  mots.  On  exploitait 
depuis  longtemps  le  phosphate  à  Orval  comme  terre 
à  briques,  quand  un  géologue,  M.  Merle,  reconnut  la 
nature  de  l'argile  qui  était  ainsi  gaspillée.  De  nou- 
velles recherches,  faites  souvent  par  des  ouvriers, 
ont  amené  depuis  la  découverte  de  nombreux  gise- 
ments. Les  conditions  économiques  de  la  région  ont 


—  160  — 

été  depuis  lors  à  ce  point  changées,  que  la  valeur  de 
certains  champs  est  montée  de  quelques  milliers  de 
francs  à  plusieurs  centaines  de  mille  francs,  et  que 
l'expression  d'héritières  à  phosphate  fait  pendant 
dans  la  Somme  à  celle  à' oncle  d'Amérique. 

Si  l'on  admet  l'importance  des  études  géologiques 
pour  l'art  des  mines,  on  s'accorde  aussi  à  reconnaître 
qu'elles   ne  sont  pas   inutiles  à  un  ingénieur  paur 
construire  une  route  ou  un  chemin  de  fer,  creuser 
un  canal  ou   un   port,  établir  les  fondations  d'un 
pont.  La  Géologie  fait  l'objet  d'un  cours  à  l'Ecole  des 
Ponts-et-Chaussées,  mais  souvent  les  connaissances 
des  ingénieurs    sont    purement    techniques    et    se 
bornent  à  la  connaissance   des  matériaux.  Gela  est 
absolument  insuffisant  quand  il  s'agit  d'établir  un 
projet  de  route  et  surtout  de  chemin  de  fer.  Bien  des 
sondages   préliminaires  pourraient  être  économisés 
par  la  lecture  de  la  Garte  Géologique.  Souvent  même 
de  gros  déboires  pourraient  être  évités.  Tel  est   le 
cas  de  cette  ligne  de   chemin   de    fer    dont  parle 
M.  Gosselet,  et  qui  fut  sur  le  point  d'être  abandonnée, 
après  plusieurs  millions  dépensés  dans  le  creuse- 
ment de  tranchées  en   plein  granité,    parce  qu'on 
n'avait  pas  prévu  les  difficultés  d'établissement  d'un 
remblai  dans  une  vallée  à  sol  instable.  G'est  encore 
une  tranchée  ouverte  dans  des  marnes  ébouleuses 
qu'on  n'avait  pas  prévues  et  dont  le  déblai  jeté  à  la 
traversée  d'une  vallée  voisine  s'affaisse  sans  cesse  et 
ne   peut  être  maintenu   à  son  niveau  que   par  un 
entretien  constant;  ou  bien,  en  creusant  une  tranchée 
dans  des  calcaires  ou  des  schistes,  on  rencontrera 
des   bancs  de  grès    ou  de  granité  que  l'étude  des 


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abords  du  tracé  aurait  permis  de  prévoir  et  qui 
occasionnent  des  difficultés  et  des  dépenses  plus 
grandes  que  celles  qu'on  avait  prévues.  Enfin, 
s'il  s'agit  de  traverser  en  tunnel  une  colline  formée 
de  couches  argileuses  imperméables,  constituant  un 
niveau  d'eau,  et  comprises  entre  deux  couches  dures 
et  solides,  il  pourra  être  utile  de  combiner  la  pente 
du  tunnel  avec  celle  des  couches  pour  s'éviter  des 
difficultés  de  construction  ,  et  des  dangers  pour 
l'avenir.  Seule  la  Géologie  pourra  indiquer  quel 
tracé  il  convient  de  donner  au  tunnel.  Le  cas  s'est 
précisément  présenté  pour  le  tunnel  de  la  Motte, 
près  Lisieux. 

Indépendamment  de  ces  difficultés  surmontées 
grâce  à  la  Géologie  dans  l'exécution  des  travaux  , 
l'ingénieur  pourra  gagner  beaucoup  de  temps  s'il 
peut  prévoir  à  la  lecture  d'une  carte  géologique  d'où 
il  tirera  le  ballast  pour  la  voie,  les  matériaux  de 
construction  pour  les  ouvrages  d'art. 

L'importance  de  la  Géologie  pour  l'agriculture 
ne  saurait  être  méconnue.  On  l'a  unanimement 
répété,  la  carte  agronomique  doit  avoir  pour  base 
la  carte  géologique  ;  la  culture  n'est  pas  unique- 
ment fonction  du  sol,  elle  est  aussi  fonction  du  sous- 
sol.  Telle  région  dont  le  sol  est  suffisamment  épais 
pour  permettre  les  cultures  superficielles  ne  vaudra 
rien  pour  les  plantes  à  racines  profondes  si  le  sous- 
sol  est  formé  de  plaquettes  horizontales,  résistantes, 
que  les  racines  ne  pourront  traverser.  Sur  un  tel  sol 
les  arbres  ne  pourront  croître  ;  la  plaine  de  Gaen  en 
est  la  preuve.  Comme  en  outre,  dans  presque  toute 
la  Basse-Normandie,  le  sol  est  formé  de  la  destruction 

11 


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du  sous-sol  sur  place,  la  composition  de  celui-ci 
entraîne  la  composition  de  celui-là.  Aussi  voyons- 
nous  les  paysans  du  Bocage,  dont  le  sol  est  formé  de 
grès  et  de  schistes,  amender  leurs  terres  en  lui  four- 
nissant le  calcaire  qui  lui  fait  défaut.  L'introduction 
du  calcaire  dans  l'agriculture  a  été  une  des  plus 
grandes  révolutions  agricoles  dans  l'Ouest  de  la 
France;  grâce  à  lui,  les  départements  de  la  Sarthe 
et  de  la  Mayenne  ont  vu  leurs  cultures  complètement 
modifiées.  Le  département  de  la  Sarthe  est  particu- 
lièrement remarquable  à  cet  égard.  Il  ne  doit  certes 
pas  sa  richesse  à  la  fertilité  de  son  sol,  mais  à  une 
culture  méthodique  qu'ont  excitées  les  recherches 
de  Triger  et  Guillier,  et  qui  ont  conduit  à  l'établisse- 
ment de  la  Carte  géologique  et  agronomique  de  la 
Sarthe,  merveilleux  travail  dont  on  ne  saurait  trop 
louer  la  perfection. 

Si  les  améhorations  apportées  à  la  culture  d'une 
région  peuvent  produire  certaines  modifications  dans 
sa  physionomie ,  il  est  des  traits  caractéristiques 
qu'aucune  cause  humaine  ne  peut  changer.  Quoi- 
qu'on fasse,  la  plaine  de  Gaen  ne  deviendra  jamais 
un  pays  d'herbages  ,  le  Pays-d'Auge  un  pays  de 
céréales.  C'est  que  les  anciens  jpaijs  que  nos  pères 
avaient  distingués  avec  tant  de  sagacité  doivent  leur 
autonomie  à  toute  autre  chose  qu'à  des  arrange- 
ments conventionnels  ;  ils  sont  l'expression  de 
différences  plus  profondes  que  celles  des  races  ou 
des  coutumes  ;  c'est  dans  la  structure  de  leur  sol 
qu'il  faut  aller  chercher  leur  origine. 

Pourquoi,  par  exemple,  le  Pays-d'Auge  est-il  une 
région  de  buttes  séparées  par  des  vallées  profondes, 


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aux  parois  raides,  couvertes  de  pâturages,  aussi  bien 
sur  les  pentes  que  dans  le  thalweg  des  vallées  ? 
Pourquoi  les  habitatations  construites  en  bois  et  en 
pisé  et  couvertes  en  tuiles  y  sont-elles  disséminées  ? 
Pourquoi  les  arbres  sont-ils  aussi  nombreux  ?  — 
Pourquoi ,  au  contraire  ,  la  Campagne  de  Caen 
forme-t-elle  un  plateau  à  peine  ondulé,  sans  arbres, 
où  seuls  les  céréales,  le  colza,  la  betterave,  soient  et 
puissent  être  l'objet  d'une  culture?  Pourquoi  les 
habitations  s'y  groupent-elles  en  longs  villages  aux 
murs  de  pierre  blanche  ? 

La  Géologie  vous  dira  que  le  Pays-d'Auge  est 
formé  d'argiles,  que  le  sol  est  imperméable  et  s'y 
prête  par  suite  à  toute  hauteur  à  l'établissement  de 
pâturages,  que  la  pierre  de  construction  manque 
dans  le  sol,  que  les  sources  se  trouvant  partout,  les 
habitations  s'isolent  au  milieu  des  champs  qui  en 
dépendent,  à  l'abri  des  vergers  et  des  arbres  de 
clôtures.  Elle  vous  dira  qu'au  contraire  la  plaine 
de  Caen  est  formée  de  calcaires  en  couches  horizon- 
tales, que  ces  calcaires  ne  laissent  point  passer  les 
racines  des  arbres,  mais  qu'ils  sont  assez  perméables 
pour  que  les  eaux  qui  tombent  à  leur  surface  soient 
absorbées,  et  au  lieu  de  rester  dans  le  sol  forment 
des  nappes  profondes,  qu'enfin  les  habitations  à  qui 
la  pierre  de  construction  ne  manque  plus  se  groupent 
autour  des  puits  qui  vont  atteindre  la  nappe  d'eau 
ou  cherchent  dans  les  rares  vallées  qui  découpent  la 
plaine  à  la  fois  un  abri  et  l'eau  du  ruisseau  qui  coule 
parfois  dans  la  vallée. 

II  y  a  60  ans  qu'Arcisse  de  Caumont  l'a  dit  pour 
la  première  fois  :  «  la  Géologie  est  nécessaire  pour 


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connaître  à  fond  la  Géographie  ;  sans  elle  on  ne 
pourra  bien  distinguer  les  régions  naturelles  qui 
forment  des  divisions  et  subdivisions  bien  plus 
rationnelles  que  les  divisions  politiques  qui  changent 
avec  les  siècles  et  ne  sont  basées  que  sur  le  caprice.  » 

Il  faut  le  dire  à  l'actif  d'une  science  qui  est 
sacrifiée  dans  les  programmes  de  l'enseignement 
supérieur  et  de  l'enseignement  secondaire  ;  ce  sont 
les  géologues  qui  ont  les  premiers  posé  les  bases  de 
la  Géographie  rationnelle.  Le  seul  traité  de  Géogra- 
phie physique  qui  existe  en  France  est  l'œuvre  d'un 
géologue;  c'est  à  des  géologues  que  sont  dues  les 
seules  descriptions  des  anciens  pays  de  la  France. 

Il  n'est  pas  de  questions  de  Géographie  physique 
qui  ne  demandent  une  connaissance  préalable  de 
la  Géologie. 

Ceux  de  vous  qui  ont  feuilleté  d'anciens  Atlas,  il 
n'est  pas  nécessaire  qu'ils  soient  très  anciens,  ont 
pu  voir  le  bassin  hydrographique  de  la  Loire  séparé 
du  bassin  hydrographique  de  la  Seine  à  la  hauteur 
d'Orléans  par  une  de  ces  hideuses  chenilles  qui  ser- 
vaient à  indiquer  les  montagnes  ;  les  collines  de 
rOrléanais^  cominê  on  disait,  faisant  partie  de  la 
chaîne  de  partage  des  eaux,  prenaient  ainsi  sur  la 
carte  une  importance  égale  à  celle  des  Vosges  et  du 
Jura.  Or,  si  on  se  reporte  à  la  carte  hypsométrique, 
on  est  tout  étonné  de  constater  qu'il  n'y  a  là  qu'un 
plateau,  d'où  partent  en  sens  inverse  les  eaux  qui 
vont  vers  la  Loire,  et  celles  qui  se  dirigent  vers  la 
Seine.  La  constitution  géologique  de  la  région  indique 
qu'il  ne  peut  en  être  autrement.  Bassin  hydrogra- 
phique de  la  Loire,  bassin   hydrographique  de  la 


—  165  — 

Seine  forment  un  même  bassin  géologique,  le  bassin 
de  Paris ,  qui  a  conservé  son  autonomie  jusqu'au 
milieu  de  l'époque  tertiaire  ;  c'est  seulement  alors 
que  le  grand  lac  de  Beauce,  dont  les  sédiments  for- 
ment le  plateau  de  l'Orléanais,  se  déversant  dans  la 
vallée  actuelle  de  la  Loire  a  interrompu  la  con- 
tinuité. 

En  revanche,  tandis  que  le  bassin  géologique  qu'on 
appelle  le  bassin  de  Paris  est  limité  du  côté  de  l'Est 
par  les  Vosges  et  J'Ardenne,  que  la  pente  naturelle 
des  couches  aurait  du  amener  les  eaux  de  ces  deux 
massifs  vers  le  bassin  hydrographique  de  la  Seine, 
la  limite  de  celui-ci  est  plus  interne.  Deux  cours 
d'eau  importants,'  la  Meuse  et  la  Moselle,  coulant 
sur  la  ceinture  jurassique  ,  traversent  le  massif 
ancien  de  l'Ardenne,  pourtant  beaucoup  plus  résis- 
tant que  la  barrière  crétacée  de  l'Argonne  et  de 
la  Champagne  humide,  pour  se  rendre  dans  la  mer 
du  Nord.  Seule  la  .Géologie  peut  donner  l'expli- 
cation de  ce  paradoxe  géographique.  Elle  nous 
apprend  que  sur  le  plateau  de  Rocroy  il  existe 
des  lambeaux  de  sables  tertiaires  marins,  que  par 
suite  l'Ardenne  formait  à  l'époque  de  leur  dépôt 
une  région  déprimée  au  voisinage  de  l'ancienne 
mer  dans  laquelle  la  Meuse  tertiaire  trouvait  son 
écoulement.  Le  relèvement  qui  a  asséché  le  bassin 
de  Paris  a  affecté  le  bord  de  l'Ardenne,  et  les  eaux 
de  ra,ncienne  Meuse  profitant  des  cassures,  sont  peu 
à  peu  descendues  dans  les  profondeurs  du  thalweg 
actuel. 

Pour  revenir  à  la  Normandie,  la  Géologie  seule 
peut  expliquer  Tallure  des  cours  d'eau  du  Calvados 


—  166  — 

et  de  rOrne.  Quand  on  examine  une  carte  géologique 
de  ces  deux  départements,  on  est  frappé  de  voir  que 
les  vallées  secondaires  sont  parallèles  aux  crêtes  , 
tandis  que  les  vallées  principales  les  traversent. 
L'explication  doit  en  être  cherchée  dans  la  lecture 
de  la  carte  géologique.  On  voit  alors  que  les  vallées 
principales  sont  perpendiculaires  à  la  ligne  de 
base  du  plan  qui  représente  la  surface  du  sol  qui 
s'émergeait,  que  les  cours  d'eau  du  réseau  originel 
gagnant  la  mer  par  le  chemin  le  plus  court  ont 
rencontré  transversalement  à  leur  route  les  roches 
résistantes  qui  constituent  aujourd'hui  les  crêtes, 
qu'elles  ont  profité  pour  les  traverser  de  cas^sures 
anciennes,  souvent  accompagnées  de  rejets,  et  que 
leur  effort  s'est  employé  à  déblayer  ces  cassures  dans 
le  sens  vertical  ;  les  cours  d'eau  du  réseau  secon- 
dai e,  en  raison  du  moindre  débit  de  leurs  eaux 
n'ont  pu  entreprendre  le  même  travail;  ils  se  sont 
bornés  à  creuser  peu  à  peu  les  couches  tendres  qui 
séparent  les  bandes  de  grès  et  à  rejoindre  ainsi  les 
troncs  du  réseau  originel. 

Je  crois  avoir  assez  insisté  sur  les  services  que  la 
géologie  rend  à  la  géographie,  mais  il  est  d'autres 
sciences  d'un  caractère  plus  pratique  qui  peuvent 
tirer  leur  profit  des  indications  qu'elle  leur  fournit, 
ce  sont  Vhydrologie  et  V hygiène. 

A  proprement  parler  ,  Vhydrologie  n'est  qu'une 
branche  de  la  géologie.  Déterminer  le  mode  de  pré- 
cipitation des  eaux  atmosphériques  ,  c'est  de  la 
météorologie,  mais  étudier  ce  qu'elles  deviennent 
quand  elles  sont  parvenues  à  la  surface  du  sol  , 
quelles    actions  elles  y  produisent,  comment  elles 


—  167  — 

pénètrent  dans  ses  profondeurs,  comment  elles  s'y 
emmagasinent,  quelles  modifications  elles  peuvent 
subir  dans  leur  trajet  souterrain  ,  cela  ressort  du 
domaine  de  la  géologie. 

Cette  branche  de  la  géologie  acquiert  une  impor- 
tance toute  nouvelle  depuis  que  les  villes  ont  compris 
la  nécessité  d'une  bonne  alimentation  en  eaux  pota- 
bles. Qu'il  s'agisse  d'aller  chercher  une  nappe  arté- 
sienne, ou  de  capter  des  sources  se  déversant  à 
l'air  libre,  une  étude  géologique  préalable  s'impose. 
S'il  s'agit  de  puits,  c'est  au  géologue  d'indiquer  la 
possibilité  de  la  rencontre  d'une  nappe,  la  profon- 
deur à  laquelle  elle  sera  rencontrée,  le  volume  pro- 
bable des  eaux  qu'elle  pourra  fournir.  S'il  s'agit  de 
sources,  il  importera  d'examiner  comment  elles  sont 
alimentées,  quelle  est  l'importance  des  précipita- 
tions atmosphériques  dans  leur  bassin  d'alimen- 
tation, quelle  est  la  nature  du  sol  de  ce  bassin.  Se 
passer  de  semblables  études  préliminaires  c'est 
courir  le  risque  de  déboires  sérieux. 

Quant  à  l'hygiène,  elle  est  intéressée  à  ne  pas 
se  passer  du  concours  de  la  géologie.  «  Lorsque 
l'on  doit  établir  un  cimetière,  il  importe  de  con- 
naître la  nature  géologique  du  terrain.  Si  une 
couche  imperméable  se  trouve  à  peu  de  profondeur, 
elle  retiendra  les  eaux  pluviales  et  les  fosses  seront 
noyées  pendant  l'hiver  ;  on  comprend  l'émotion 
des  populations  quand  elles  s'aperçoivent  que  les 
corps  de  leurs  chers  défunts  sont  dans  l'eau.  Encore 
ne  savent-elles  pas  que  la  plupart  de  ces  corps  vont 
se  transformer  en  une  hideuse  masse  de  graisse  dont 
la  décomposition   ne  se   fera  qu'avec  une  extrême 


—  168  — 

lenteur  (1).  »  Je  pourrais  citer  une  grande  ville  de 
Normandie  dont  un  des  cimetières  se  trouve  dans 
ces  conditions;  les  exhumations  y  retrouvent  au 
bout  de  20  ans  les  cadavres  momifiés. 

J'emprunte  encore  à  M.  Gosselet  un  exemple 
bien  propre  à  montrer  que  les  hygiénistes  doivent 
demander  le  concours  de  la  géologie.  «  Armen- 
tières  est  traversé  par  la  Lys  dont  les  alluvions 
modernes  occupent  une  largeur  d'environ  un  kilo- 
mètre. La:  vallée  n'a  que  2  à  5  mètres  de  profon- 
deur; elle  est  creusée  dans  une  vaste  plaine  de 
limon,  ayant  6  à  8  mètres  d'épaisseur.  Sur  un  seul 
point  du  territoire,  le  manteau  de  limon  n'a  qu'un 
mètre,  et  en  dessous  se  trouve  l'argile  constituant 
un  terrain  imperméable  ;  c'est  sur  ce  point  imper- 
méable, unique  dans  la  commune,  large  à  peine  de 
4  ou  5  hectares,  que  l'on  a  été  établir  le  cimetière 
d'ane  ville  de  30,000  habitants?  Sauf  dans  les 
moments  de  grande  sécheresse ,  les  fosses  sont 
noyées;  on  enterre  dans  l'eau.  Lorsqu'on  a  ouvert 
ce  cimetière,  il  y  a  20  ans,  la  Carte  géologique 
était  déjà  publiée  ;  elle  indiquait  le  fait,  elle  l'exagé- 
rait même.  On  ne  l'a  pas  consultée  ou  on  ne  l'a  pas 
comprise.  Cependant  ,  le  Conseil  d'hygiène  a  dû 
donner  son  avis.  Rien  ne  montre  mieux  combien  il 
est  nécessaire  que  ceux  qui  veillent  à  la  salubrité 
possèdent  quelques  notions  de  géologie  et  soient  en 
état  de  lire  une  carte  géologique  (1).  » 


(1)  J.  Gosselet,  Ann.  Soc.  Géol.  Nord,  XXIII,  1895,  p.  21. 

(2)  J.  Gosselet,  Ann.  Soc.  Géol,  Nord.  XXIII,  1895,  p.  139. 


—  169  — 

.  Inversement,  les  terrains  choisis  pour  un  cime- 
tière peuvent  être  secs,  perméables,  et  les  eaux  qui 
filtrent  au  travers  vont  grossir  la  nappe  aquifère  où 
s'alimentent  les  puits  des  environs. 
.  Tout  travail  d'assainissement  doit  être  précédé 
d'une  étude  géologique. 

M.  Lennier  a  préconisé  l'établissement  de  Cartes 
géologiques  à  grande  échelle  du  sol  des  villes. 
L'exemple  du  Havre  montre  quelle  est  l'importance 
de  la  connaissance  du  sol  pour  expliquer  la  répar- 
tition des  épidémies. 

Le  Havre  est  bâti  en  partie  sur  une  plaine  d'allu- 
vions,  déposées  à  l'abri  d'un  cordon  littoral  qui 
s'étend  parallèlement  au  rivage  actuel  depuis  la 
côte  de  Sainte-Adresse  jusqu'au  chenal  dp  Havre,  en 
partie  sur  le  versant  connu  sous  le  nom  de  Côte.  La 
Cote  est  habitée  par  une  population  au  moins  aisée , 
en  tous  cas  peu  dense;  elle  semble  par  sa  situation 
devoir  être  très  saine  ;  le  quartier  du  Perrey,  bâti 
sur  le  cordon  littoral  est  au  contraire  occupé  par 
une  population  ouvrière  ,  entassée  dans  des  cons- 
tructions où  l'on  n'avait  nul  souci  de  l'hygiène  : 
ce  quartier  semble  donc  destiné  à  devenir  un  foyer 
épidémique.  C'est  tout  le  contraire  :  si  l'on  con- 
sulte les  cartes  du  service  municipaî  d'hygiène  du 
Havre,  sur  lesquelles  est  pointée  la  répartition  de 
cas  épidémiques,  on  est  tout  étonné  de  constater 
que  le  quartier  du  Perrey  présente  moins  de 
cas  que  le  quartier  de  la  Côte.  Cette  anomalie 
s'explique  par  la  constitution  géologique,  comme 
l'a  montré  M.  Lennier.  Le  sol  du  quartier  du. 
Perrey,  formé  de  galets,   est  lavé  à  chaque  marée, 


—  170  — 

et  ce  lavage  est  facilité  par  le  peu  de  profondeur 
des  fondations.  Quant  à  la  Côte ,  c'est  un  vaste 
talus  d'éboulement  dans  lequel  les  eaux  contami- 
nées par  de  nombreux  bétoires  ne  subissent  aucun 
filtrage  et  descendent  peu  à  peu  vers  les  bas  quartiers; 
arrêtées  par  les  fondations,  elles  y  créent  de  nom- 
breux foyers  épidémiques.  Il  suffit  de  la  construc- 
tion d'un  égout  pour  arrêter  ces  eaux  et  faire  naître 
des  cas  de  fièvre  typhoïde  en  amont,  le  long  de 
l'égout. 

On  comprend  de  quelle  utilité  a  été  la  Carte  géolo- 
gique du  sol  du  Havre  dressée  par  M.  Lennier  (1). 
Est-il  nécessaire  de  dire  qu'un  pareil  travail  devrait 
être  entrepris  par  toutes  les  villes  et  en  particulier 
celle  de  Caen  (2). 

'^tiand  une  épidémie  de  fièvre  typhoïde  éclate  à 
Câen,  on  ne  manque  pas  d'incriminer  les  Odons.  Il 
semble  en  effet  que  les  cas  se  répartissent  autour  de 
ces  canaux,  mais  est-on  absolument  certain  que  les 
Odons  eux-mêmes  soient  la  cause  de  cette  répar- 
tition ?  N'y  a-t-il  pas  plutôt  une   relation    avec   la 

(1)  On  trouvera  cette  carte  du  sol  du  Havre  dans  Bull.  Soc. 
Géol.  No7'm.,  t.  XV,  et  dans  le  Rapport  du  service  municipal 
d'hygiène  du  Havre,  IS80-I8S9. 

Une  notice  de  M.  le  D'  Gibert  ,  U?ie  épidémie  de  fièvre  typhoïde 
au  Havre  (Revue  d'hygiène  et  de  police  sanitaire,  20  sept.  1881;, 
donne  d'intéressants  détails  sur  les  relations  des  foyers  épidé- 
miques avec  la  constitution  du  sous-sol. 

(2)  L'Association  française  pour  l'avancement  des  sciences,  lors 
du  Congrès  de  Caen,  a  adopté  comme  vœu  de  section  sur  la  pro- 
position de  M.  Lennier,  le  vœu  qu'il  soit  établi  une  carte  géologique 
à  grande  échelle  du  sol  des  villes.  Ce  vœu  a  été  renouvelé  par  le 
Congrès  des  Assises  de  Caumont  tenu  à  Rouen  en  1896. 


—  171  — 

nature  du  sol  ?  On  me  parlait,  il  y  a  quelques  jours, 
de  cas  de  fièvre  typhoïde  se  déclarant  rue  de  Geôle, 
en  dehors  de  la  région  des  Odons,  frappant  5  per- 
sonnes qui  ne  boivent  que  de  l'eau  de  Moulines,  qui, 
il  faut  le  dire  bien  haut,  est  excellente.  Il  y  a  donc 
autre  chose  qu'une  contamination  par  l'eau. 

Il  serait  nécessaire  de  pointer  sur  un  plan  de 
Caen,  la  répartition  des  cas  de  chaque  épidémie,  de 
voir  quelles  relations  cette  répartition  présente  avec 
la  nature  du  sol  ,  suffisamment  connue  par  les 
fondations,  les  travaux  de  canalisation,  les  forages 
de  puits  et  qui  le  serait  encore  mieux  si  la  Ville 
voulait  se  prêter  à  l'établissement  d'une  carte  géolo- 
gique à  grande  échelle,  sans  qu'il  lui  en  coûtât  rien, 
que  la  peine  de  faire  prévenir  un  géologue  des 
travaux  qui  peuvent  entamer  le  sol  dans  l'étendue 
de  son  territoire. 

Par  ces  exemples  que  l'on  pourrait  multiplier  à 
l'infini,  vous  avez  pu  voir  que  la  Géologie  n'est  pas 
une  science  de  luxe,  dont  on  puisse  faire  bon  marché 
à  une  époque  où  l'on  veut  être  avant  tout  pratique. 

Sans  doute  en  se  plaçant  au  point  de  vue  spécu- 
latif, la  géologie,  qui  est  l'histoire  de  la  formation  de 
notre  globe,  qui  nous  apprend  l'ordre  de  succession 
des  êtres  qui  se  sont  transformés  peu  à  peu  pour 
donner  les  flores  et  les  faunes  actuelles,  qui  fournit 
aux  zoologistes  et  aux  botanistes  les  maillons  d'une 
chaîne  dont  la  nature  actuelle  n'a  plus  que  des 
tronçons,  mérite  d'avoir  sa  place  dans  le  bagage 
d'un  homme  instruit.  A-t-elle  cependant  dans  l'en- 
seignement la  place  qu'elle  mérite  !  Assurément  non. 
Elle  n'est  plus  au  Lycée  que  l'objet  d'un  cours  de 


—  172  — 

leçons  de  choses  sur  les  pierres  et  les  terrains,  fait  à 
des  élèves  de  cinquième  que  leur  âge  ne  prépare 
pas  à  en  tirer  profit. 

Futurs  étudiants  des  Facultés  des  Lettres  ou  de 
Droit,  futurs  étudiants  de  la  Faculté  de  Médecine , 
quelles  bases  ces  leçons  de  choses  leur  donneront-elles 
pour  comprendre  ces  lois  de  l'évolution  qui  s'appli- 
quent aussi  bien  à  la  science  du  droit  et  de  l'histoire 
qu'aux  sciences  naturelles  ?  Quelle  préparation 
donnent-elles  en  particulier  aux  futurs  géographes 
qui,  vous  V'^":??.  vu,  ne  peuvent  se  passer  de  la 
géologie. 

Quant  aux  étudiants  du  certificat  P.  C.  N.,  qui 
sont  pour  la  plupart  de  futurs  médecins,  la  géologie 
ne  figure  pas  dans  leur  programme  d'études  et  l'on 
se  borne  à  quelques  indications  sur  l'origine  de  la 
houille ,  la  succession  des  faunes  et  des  flores 
anciennes.  Ne  faut-il  pas  s'attendre  dès  lors  à  les 
voir  dans  les  conseils  d'hygiène,  dont  plusieurs 
feront  un  jour  partie,  méconnaître  l'importance  d'une 
science  qu'ils  n'ont  jamais  étudiée. 

Nous  avons  demandé  que  des  notions  choisies  de 
géologie  soient  ajoutées  au  programme  du  certificat, 
et  en  attendant,  que  ceux  des  sujets  de  ce  programme 
qui  ont  trait  à  la  paléontologie  soient  bénévolement 
traités  par  le  professeur  de  géologie  aux  futurs 
médecins  qui  suivent  l'enseignemenl  de  la  Faculté 
des  Sciences. 

Pour  les  candidats  à  la  licence,  la  faculté  d'op- 
tion entre  trois  certificats  quelconques  pour  l'obten- 
tion du  grade  sera  encore  fatale  à  la  fréquentation 
de    nos    cours.    (Jleux    des   étudiants    du    certificat 


—  173  — 

P.  G.  N.  qui  voudront  devenir  licenciés,  auront 
avantage  à  prendre  trois  des  certificats  de  piiysique, 
chimie,  zoologie  et  botanique  pour  lesquels  l'année 
d'étude  qu'ils  auront  faite  à  la  Faculté  les  aura 
déjà  préparés. 

Nous  sommes  donc  menacés  de  voir  l'enseigne- 
ment de  la  géologie  réduit  à  l'instruction  des  futurs 
professeurs  pour  qui  la  licence  ès-sciences  natu- 
relles résultera  de  la  possession  de  3  certificats  de 
sciences  naturelles.  Et  encore  dans  le  nombre 
combien  en  restera-t-il  qui  auront  pris  à  la  géologie 
assez  d'intérêt  pour  en  faire  leur  science  de  prédi- 
lection ? 

Il  est  donc  certain  que  le  recrutement  des  géolo- 
gues va  devenir  de  plus  difficile,  si,  à  côté  de  ceux 
qui  sont  géologues  par  métier,  nous  ne  parvenons  à 
grouper  des  collaborateurs  bénévoles. 

Le  travail  que  nous  avons  à  fournir  est  colossal, 
comme  vous  pouvez  en  juger  par  l'exposé  du  pro- 
gramme d'enseignement  de  la  géologie  et  d'un  pro- 
gramme de  recherches,  tant  pratiques  que  purement 
scientifiques,  qu'il  reste  à  accomplir  en  Basse-Nor- 
mandie. 

Nous  devons  faire  deux  parts  dans  notre  pro- 
gramme d'enseignement. 

La  première  s'adresse  aux  candidats  aux  grades 
universitaires.  A  ceux-là  il  importe  de  donner  une 
haute  culture  scientifique,  de  faire  pour  eux  de  la 
science  pour  la  science.  Mais  tout  en  leur  donnant 
des  notions  générales  de  géologie,  de  pétrographie  et 
de  paléontologie,  nous  ne  perdrons  pas  de  vue  que 
l'enseignement  doit  être  régional,  que  les  roches 


—  174  — 

éruptives,  les  terrains  sédimentaires  de  Normandie, 
les  fossiles  qui  s'y  rencontrent  doivent  être  surtout 
l'objet  d'une  étude  approfondie.  Grâce  à  la  variété 
des  assises,  à  leur  richesse  fossilifère,  il  est  très  facile 
de  concilier  ces  deux  exigences  sans  que  l'instruction 
générale  en  pâtisse. 

Les  futurs  géographes  ne  seront  pas  oubliés  ;  soit 
qu'il  s'agisse  de  l'étude  des  phénomènes  actuels,  ou 
de  celle  des  régions  naturelles,  ils  trouveront  ici  un 
enseigneiViCiii  dont  ils  pourront  profiter. 

La  seconde  partie  du  programme  s'adresse  à  ceux 
qui  viennent  chercher  chez  nous  un  enseignement 
pratique.  Pour  ceux-là  nous  examinerons  successi- 
vement les  rapports  de  la  géologie  avec  l'agriculture, 
l'hydrologie,  l'hygiène ,  nous  étudierons  les  subs- 
tances minérales  utiles  de  la  Normandie.  Ces  matières 
feront  l'objet  des  cours  publics  de  l'hiver. 

Peu  à  peu  nous  réunirons  au  Laboratoire  une  série 
de  documents  qui  pourront  être  consultés  avec  fruit 
par  ceux  qui  comprendront  les  applications  qu'on 
peut  tirer  de  la  géologie. 

Le  rôle  du  professeur  de  géologie  ne  se  borne  pas 
seulement,  en  effet,  à  une  besogne  didactique;  il  doit 
en  outre  récolter  et  conserver  les  documents  de  toute 
nature  qui  peuvent  intéresser  le  géologue. 

Ces  documents  sont  de  deux  sortes ,  les  uns  réels, 
les  autres  écrits. 

Déjà  nous  avons  constitué  pour  l'instruction  de 
nos  élèves  une  collection  pétrographique  et  strati- 
graphique  générale  dont  l'organisation  a  été  un  de 
nos  premiers  soins.  Cette  collection  d'études  sera 
complétée  par  une  collection  paléontologique  gêné- 


—  175  — 

raie  en  formation,  comprenant  surtout  les  pièces  de 
nos  riches  collections  qui  ne  proviennent  pas  de  la 
région  normande.  Destinée  à  être  mise  sous  les  yeux 
du  public,  elle  lui  montrera  la  variété  des  formes 
fossiles,  leurs  différences  avec  les  formes  actuelles. 
Il  n'est  pas  possible  que  devant  les  belles  séries  de 
Poissons  de  Girin ,  de  Reptiles  de  Whitby  et  de 
Boll,  de  Mammifères  de  Pikermi  et  de  la  Grive 
Saint-Alban,  des  Tatous  gigantesques  des  Pampas,  le 
public  n'arrive  pas  à  comprendre  l'intérêt  des  études 
paléontologiques. 

Enfin,  une  dernière  collection  d'études,  relative 
aux  phénomènes  actuels,  va  être  prochainement 
entreprise. 

Quant  aux  collections  régionales,  elles  font  l'objet 
de  tous  nos  soins.  Pour  le  pubhc  comme  pour  les 
savants  qui  viennent  visiter  notre  Musée,  il  importe 
de  mettre  bien  en  vue  les  séries  fournies  par  notre 
région.  Aussi  ,  ont-elles  été  classées  ,  les  petits 
échantillons  collés  sur  carton  ,  les  gros  montés 
sur  socle.  La  salle  des  terrains  primaires  et  juras- 
siques inférieurs  ,  aujourd'hui  prête  ,  renferme 
exposés  plus  de  1,500  cartons  contenant  plus  de 
5,000  échantillons  et  plus  de  250  pièces  montées 
sur  socle,  provenant  tous  des  départements  de  la 
Manche,  du  Calvados  et  de  l'Orne.  Des  échantillons 
plus  nombreux  encore  sont  classés  dans  les  tiroirs 
de  cette  salle. 

Telles  quelles ,  ces  séries  de  terrains  primaires 
et  du  jurassique  inférieur  forment  déjà  un  bel 
ensemble,  mais  qui  s'augmente  tous  les  jours.  Depuis 
le  mois  d'avril  1890,  nous  y  avons  fait  entrer  plus 


—  176  — 

de  3,000  échantillons,  dont  1,557,  collés  sur  460 
cartons  sont  exposés. 

Le  classement  des  séries  du  jurassique  supérieur, 
du  crétacé  et  du  tertiaire  est  en  bonne  voie.  Les  deux 
dernières  séries,  trop  peu  complètes  seront  déve- 
loppées par  des  fouilles  dans  le  Gotentin  et  des 
recherches  dans  la  Haute-Normandie. 

La  créat'on  d'une  collection  des  substances  miné- 
rales utiles  de  la  Normandie  s'impose  comme  com- 
plément de  l'enseignement  pratique  que  nous 
cherchons  à  organiser.  M.  de  Magneville,  ancien 
directeur  du  Cabinet  d'histoire  naturelle  de  la  ville 
de  Gaen,  s'en  était  déjà  préoccupé.  Il  avait  notam- 
ment rassemblé  une  collection  d'échantillons  de 
matériaux  de  construction  du  Calvados,  mais  cette 
série  a  beaucoup  souffert  dans  les  nombreux  démé- 
nagements du  Musée,  les  étiquettes  sont  perdues, 
le   travail  par  conséquent  à  refaire. 

Restent  les  documents  écrits.  L'idéal  serait  de 
rassembler  au  Laboratoire  tous  les  ouvrages  néces- 
saires à  l'étude  de  nos  richesses  paléontologiques, 
les  travaux  spéciaux  à  la  région ,  les  cartes  géolo- 
giques anciennes  ou  récentes  de  la  Normandie.  Une 
telle  entreprise  est  actuellement  impossible  pour 
divers  motifs  dont  le  principal  est  l'interdiction 
pour  les  laboratoires  de  posséder  une  Bibliothèque 
particulière. 

Mais  avec  quelques  difficultés  nous  sommes  admi- 
rablement outillés.  La  Bibliothèque  universitaire,  la 
Bibliothèque  municipale,  celle  de  la  Société  Lin- 
néenne  de  Normandie  ,  la  Bibliothèque  Deslong- 
champs   et  ma  Bibliothèque    personnelle    que  j'ai 


—  177  ~ 

mises  l'une  et  l'autre  à  la  disposition  des  travail- 
leurs, renferment  la  plupart  des  ouvrages  dont  nous 
avons  besoin. 

Si  du  côté  des  livres  nous  sommes  arrêtés  par 
dos  difticultés  d'exécution,  nous  avons  toute  liberté 
pour  créer  au  laboratoire  ce  que  nous  pouvons 
appeler  des  Archives  normandes  de  géologie  et 
paléontologie. 

Ce  sont  d'abord  tous  les  renseignements  relatifs 
aux  fossiles  trouvés  en  Normandie.  Ce  travail  est 
presque  achevé.  Deslongchamps  a  eu  la  patience 
de  réunir  Sous  forme  de  fiches  toutes  les  indications 
bibliographiques  relatives  à  ces  fossiles  ;  38  cartons 
renferment  ,  accompagnées  de  dessins  ,  toutes  ces 
indications.  C'est  notamment  l'histoi'ique  ,  avec 
dessins  grandeur  naturelle  des  pièces  recueillies, 
de  toutes  les  découvertes  de  Reptiles  faites  dans 
le  Calvados  ;  ce  sont  aussi  les  dessins  originaux  des 
Mémoires  d'E.  Deslongchamps  et  un  grand  nombre 
de  dessins  inédits  de  formes  non  encore  décrites 
aujourd'hui. 

Ces  travaux  se  compléteront  par  des  fiches  biblio- 
graphiques des  différents  travaux  auxquels  a  donné 
lieu  la  Géologie  normande  et  qui  suppléeront  en 
partie  à  l'absence  d'une  Bibliothèque  contenant  les 
ouvrages  eux-mêmes. 

A  côté  de  ces  documents  purement  scientifiques  , 
d'autres  prendront  place  qui  auront  un  caractère 
plus  pratique. 

Ce  seront  les  relevés  des  coupes,  plans,  fournis 
par  les  sondages,  travaux  de  carrières,  tranchées  de 
chemin  de  fer,  recherches  et  exploitations  de  mines, 

12 


—  178  — 

analyses  de  substances  minérales  utiles,  résultats 
d'essais  de  matériaux.  Il  n'est  pas  besoin  d'insister 
sur  l'utilité  de  la  centralisation  de  documents  épars 
dans  les  archives  locales  des  ponls-et-chaussées  et 
des  mines  ,  du  service  vicinal  ,  des  architectes 
municipaux  ,  des  entrepreneurs  de  forages  de 
puits.  '  ~ 

(Kant  aux  recherches  qu'il  reste  à  taire  en  Nor- 
mandie, elles  sont  nombreuses.  Pour  les  limites  des 
terrains,  il  ne  reste  que  des  questions  de  détail,  la 
carte  géologique  de  la  Sarthe,  celle  de  la  Normandie 
étant  terminées. 

Mais  beaucoup  de  questions  de  stratigraphie 
restent  à  étudier.  Y  a-t-il  par  exemple  réellement 
concordance  entre  les  ditïérents  mouvements  qui  ont 
atïecté  les  assises?  Les  plis  tertiaires  viennent-ils 
véritablement  se  superposer  aux  plis  secondaires, 
ceux-ci  ne  sont-lis  que  les  plis  primaires  qui  ont 
joué  de  nouveau  sur  les  mêmes  emplacements  ?  Seule 
une  révision  de  contacts,  l'analyse  de  leurs  alti- 
tudes respectives  permettront  de  tracer  pour  chaque 
période  la  courbe  réelle  de  la  base  de  chaque 
assise  et  de  démontrer  d'une  façon  définitive  la 
'réalité  des  conclusions  dé  MM.  Marcel  Bertrand  , 
Dollfus  et  Lecornu. 

Dans  une  région  qu'on  pourrait  croire  suffisam- 
ment étudiée,  aux  portes  de  Gaen,  les  récentes  études 
de  MM.  Munier-Ghalmas  et  Brasil  nous  ont  récem- 
ment révélé  une  richesse  d'assises  qui  n'étaient 
que  soupçonnées.  Près  de  la  belle  localité  de  Glos, 
ce  n'est  que  tout  récemment  que  nous  avons  connu 
la  riche  faune  de  Gordebugle. 


—  179  — 

L'étude  des  faunes  est  presque  entièrement  à 
taire  ;  nous  ne  connaissons  certainement  pas  la 
centième  partie  des  richesses  que  renferment  nos 
collections  géologiques. 

C'est  dire  que  si  les  géologues  étaient  assez  nom- 
breux pour  reprendre  coin  par  coin  l'étude  de 
la  Normandie,  pour  s'atteler  à  décrire  nos  beaux 
fossiles,  ils  nous  révéleraient  bien  des  surprises. 

D'autres  travaux  appelleraient  encore  leur  atten- 
tion. Si  la  carte  géologique  et  agronomique  de  la 
Sarthe  est  faite  depuis  longtemps,  seul  des  dépar- 
tements de  !a  Normandie  le  département  de  l'Orne 
s'est  inquiété  de  la  confection  d'une  carte  agrono- 
mique, entreprise  dans  les  cantons  d'Alençon  et  de 
Sées. 

Il  est  indispensable  que  les  autres  départements 
entrent  dans  cette  voie. 

Je  vous  ai  dit  que  la  carte  agronomique  devait 
avoir  pour  base  la  carte  géologique,  mais  pour  qu'elle 
ait  quelque  valeur,  il  faut  qu'elle  remplisse  cer- 
taines conditions  que  ne  réalise  pas  la  carte  géolo- 
gique, faite  à  un  tout  autre  point  de  vue. 

En  premier  lieu,  à  l'échelle  au  moM'  O"  *^^o^t  subs- 
tituer une  échelle  beaucoup  plus  grande,  le  jowô  o" 
le  Yôhû)  ^^^  moins  pour  que  les  parcelles  puissent  y 
être  distinguées. — Il  ne  faudrait  pas  croire  qu'il 
suffira  de  grandir  simplement  la  carte  géologique  à 
l'échelle  adoptée.  Il  est  presque  impossible,  dans  la 
pratique,  avec  les  moyens  dont  on  dispose  pour  l'éta- 
blissement de  la  carte  géologique,  de  tixer  d'une 
façon  absolue  la  limite  de  deux  formations;  une 
erreur  d'approximation  de   1/2  millimètre  qui  n'est 


—  180  — 

rien  sur  une  carte  au  j^^  deviendra  une  erreur  de 
5  mili.au  tooôô  ^t  correspondra  à  une  bande  de  500"', 
ce  qui,  dans  la  pratique,  peut  avoir  des  inconvénients. 
—  En  outre,  la  carte  géologique  s'occupe  exclusive- 
UT^nt  des  limites  de  formations  en  place,  négligeant 
les  éboulis  qu'elles  ont  pu  donner  sur  les  pentes,  et 
si  ces  éboulis  sont  assez  abondants  pour  masquer  le 
sol  qu'elles  recouvrent,  la  carte  agronomique  devra 
en  tenir  compte  parce  qu'ils  peuvent  modifier  du 
tout  au  tout  les  conditions  physiques  et  chimiques  du 
sol.  Inversement,  deux  assises  séparées  sur  la  carte 
géologique,  parce  qu'elles  ont  une  importance  stra- 
tigraphique,  peuvent  être  réunies  sur  la  carte  agro- 
nomique si  leurs  caractères  physiques  et  chimiques 
sont  identiques,  si  elles  jouent  par,  suite  le  même 
rôle  au  point  de  vue  agricole.  —  Enfin  ,  on  con- 
sidère en  général  la  couche  superficielle  qui  n'a 
pas  d'importance  géologique  comme  une  quantité 
négligeable,  mais  elle  peut  avoir  une  grande  impor- 
tance agricole  si  son  épaisseur  est  suffisante. 

Aussi,  avant  l'établissement  d'une  carte  agrono- 
mique ,  une  révision  de  la  carte  géologique  est 
indispensable  ;  elle  doit  être  suivie  de  prélèvements 
d'échantillons  de  sol  intelligemment  faits  qui  per- 
mettent de  juger  des  propriétés  physiques  et  chi- 
miques de  la  couche  arable,  et  par  suite  d'indiquer 
quels  amendements  il  est  nécessaire  de  lui  fournir, 
quelles  sont  les  substances  dont  on  doit  l'enrichir. 

L'étude  hydrologique  de  notre  région  est  entière- 
ment à  faire.  Quelques  grandes  villes  seules,  telles 
que  le  Havre  et  jusqu'à  un  certain  point  Gaen,  con- 
naissent le  régime  des  eaux  qu'elles  emploient  ou 


—  181  — 

peuvent  employer.  Mais  en  dehors  du  voisinage 
immédiat  de  ces  grandes  agglomérations  ,  nous 
n'avons  pour  ainsi  dire  pas  de  renseignements  sur 
Tallure  des  nappes  souterraines,  les  conditions  de 
leur  alimentation,  le  régime  des  sources. 

Voilà  un  bien  vaste  programme  de  recherches.  Il 
est  trop  étendu  pour  les  quelques  géologues  qui 
existent  aujourd'hui  en  Normandie  et  il  faut  pour 
le  faire  aboutir  que  leur  nombre  s'accroisse  par  le 
concours  de  nouveaux  collaborateurs. 


12  * 


TABLE  DES  MATIÈRES 


Composition  du  Bureau  de  la  Société  pour  l'année 
1896 III 

Liste   générale  des  membres  de   la  Société   au  15 
janvier  1897 v 

Liste    des    Sociétés    savantes    avec    lesquelles    la 
Société  fait  des  échanges  de  publications,      .      ,     XV 


Table  des  Communications  par  noms  d'Auteurs 


Bigot  (A.).  Embryon  des  Pseadonej'imea,  p.  XXXI. — 
Abondance  de  la  Belette  Vison  dans  l'Ille- 
et-Vilaine,  p.  xxxviii.  —  Atlas  et  axis 
des  Grocodiliens  et  Téléosauriens  , 
p.  LU.  —  Oppidum  de  la  Brèche-au- 
Diable,  p.  Liv.  —  Compte-rendu  de  la 
réunion  générale  annuelle  à  Louviers, 
p.  LVi.  —  Observations  à  propos  du. 
Mézïioire  de  M.  Fliche  sur  la  Flore 
crétacée    de    l'Argonne  ,    p.     lxxx.  — 


—  184  — 

Bigot  (A.).  Notes  sur  la  géologie  du  département  de  la 
Sarthe,'p.  XCV. — Catalogue  des  Sélaciens 
jurassiques  du  Calvados  et  de  l'Orne, 
p.  7.  —  Rapport  sur  les  progrès  des 
,  Sciences  géologiques  en  Basse-Nor- 
mandie, de  1875.  à  1895,  p.  90.  —  Notes 
sur  les  Reptiles  jurassiques  de  Basse- 
Normandie  (2"  article)  :  comparaison  de 
quelques  pai'ties  du  squelette  de  Sieno- 
saiiriis,  Metriorlnjnclnis.  l'eleosauvas,  etc. , 
p.  123. —  Leçon  d'ouverture  du  cours  de 
Géologie  de  la  Faculté  des  Sciences,  de 
l'année   1896-97,  p.  153. 

Brasii.  (Ij.).  Note  sur  le  Callovien  supérieur  des 
falaises  de  Dives  à  Villers-sur-Mer  , 
p.  XXXV  et  3.  ■ —  Sur  les  Cosmoceras  du 
Callovien  supérieur  de  Dives  à  Villers- 
sur-Mer,  p.  XXXV.  —  Sur  la  présence 
du  genre  Gundryccras  dans  le  Campa- 
nien  supérieur  du  Cotentin,  p.  LXXIX 
et  87.  —  Présentation  de  deux  Ache- 
rontia  atropos,  p.  LXXIX. 

Ghédeville.  Note  sur  la  patine  des  silex  ou  Cac/io- 
/o«^',  p.  LXV  et  148. 

Chevalier.  Eglantier  à  fleurs  doubles,  p.  xxxi.  — 
Prétendus  alignements  mégalithiques  du 
Passais,  p.  lv.  —  Plantes  rares  ou  peu 
communes  observées  pendant  l'excursion 
géologique  de  la  Société  Linnéenne  de 
Normandie,  p.  LXXIV. 


—  185  — 

CossMANN.  Etude  sur  les  Gastropodes  des  terrains 
jurassiques  (Analysé  par  M.  Bigol)  , 
p.  XLV.  —  Mollusques  éocéniques  de  la 
Ijoire-liiférieure  (id.),  p.  XL[X. 

Eudes-Dkslongchamps.  Histoire  d'une  vocation.  — 
Découverte  du  prenii(;r  individu  du 
Teleosaurua  Cadoinensis  (  Manuscrit 
inédit  ,  communiqué  par  M.  Bigol)  , 
p.  2'). 

Drouet.  Observations    d'histoire    naturelle    faites 

en  Tunisie  et  en  Algérie,  p.  XCVI. 

F'auvkl  (P.).  Annélides  recueill.  à  Cabourg,p.  XXXVIII. 
—  Rhopaliirà  parasite  de  ÏAinphicteis 
(iunncri,  p.  LU.  —  Note  sur  les  diffé- 
rences anatomiques  des  genres  Ampha- 
rete  et  Ainphicleis,  p.  LXXIX  et  69. 

Fliche.  Etude  sur  la  Flore   fossile  dé  TArgonne 

(Analyse  par  M.  Lignier),  p.  LXXX. 

GuÉiuN  (Cil.).    Implantation  de  Gui  sur  Gui,  p.  xxxvii. 

GuTTiN  (abbé).  Etude  sur  le  lîosa  fa'tida  Bast.,  de 
Saint-Didier-des-Bois,  p.  LXiv  et  14.  — 
Compte-rendu  des  excursions  botani- 
ques de  la  Société  autour  de  Louviers 
cl  des  Andelys,  p.  LXVl 

IsoAitD.  Liste  de  plantes  rares  recueillies  dans  ses 

herborisations,  p.  XCIII. 


—  186  — 

JouAN.  A  propos   de    la    Flore    de    la  Polynésie 

française    de     M.    Drake     del    Gastillo  , 
p.  LXiv  et  61. 

Joyeux-Laffuie.     Notice     scientifique      sur     Frédéric 
Berjot,  p.  LX. 

Leboucher.     Champignons      observés     aux     environs 
d'Alençon.  p.  xciv. 

Légek.  Effets    de   la    bourrasque    de    septembre 

sur  la  végétation,  p.  LXXXVI. 

Letacq  (abbé).  Additions  et  modifications  à  la  Faune 
des  vertébrés  de  l'Orne,  p.  xcill  et  79. 

LiGNiER.  Observations   à   propos   de   la   communi- 

cation de  M.  Chevalier,  sur  un  Eglantier 
à  feuilles  doubles,  p.  xxxi.  —  Essai  de 
greffes  de  Gingko,  p.  lyiv.  —  Allocution 
à  la  séance  publique  de  Louviers,  p.  LIX. 
—  Recherches  sur  les  fleurs  prolifères 
du  Card'ainine  pratensis,  p.  LXV  et  21. 

Matthew  (G.  F.).  The  Protolenus  fauna  (Analyse  par 
M.  Bigot),  p.  XXXIX. 

Œhlert  (D.  p.).  Sur  les  Trinucleus  de  l'Ouest  de  la 
France  (Analysé  par  M.  Bigot),  p.  XLII. 

PocTA  (Ph.).  Parallèle  entre  les  dépôts  siluriens  de  la 
Bretagne  et  de  la  Bohême  (Analysé  par 
M.  Bigot),  p.  XLiv. 


—  187  — 

Ravknel.  Observations  à  propos  de    la  coiiinuiiiica- 

tiou  de  M.  Chevalier  siu-  un  Eglanlier  à 
fleurs  doubles,  p.  xxxix. 

SociÉTK.  Souscription     au     monument     Pasteur  , 

p.  xxxni.  —  Décision  relative  au  Bulletin 
météorologique,  p.  Ll.  —  Compte-rendu 
de  la  réunion  générale  annuelle  à  Lou- 
viers  et  des  excursions  qui  Font  suivie, 
p.   I.VI. 

Thuillerik  (de  La).   Plantes  observées  dans  les  Côtes- 
du-Nord,  p.  xxxv. 

V [nipriniciti'-Gérant , 

E.  LANIER. 


Caen  -  Imp.  E.  LANIER,  1  et  3,  rue  Oiiillaume  —  574C 


9^m  g-jV  -y- 


^ 

\°.^ 


BULLETIN 


DE   LA 


SOCIÉTÉ  LINNÉENNE 


DE  NORMANDIE 


FONDEE  EN  1823 


El   reconnue   d'iilililé   piililiqiie  par   décret  du   '22   avril    1863 


4=  SÉRIE.  —  8^  VOLUME 


AIVIVEE     18941 


CAEN 
E.   LANIER,   Imprimeur 

Rue  Guillau.me-le-Con'qukra\t,   1  i'i  3 
1895 


PaiMi  le  ^5  Avi'âl  1895. 


-Jf- 


Oie 


Avis  relatif  aux  tirages  à  part 

Les  Auteuts  peuvent  faire  faire  un  tirage  à  part  de 
leurs  communications  à  leurs  frais  et  aux  conditions 
suivantes. 

L'Auteur  devra  eu  iaire  la  demande  expresse  et  par 
écrit  soit  en  tète  de  son  manuscrit,  soit  en  tête  du  pre- 
mier placard,  soit  par  une  lettre  spéciale  qu'il  adressera 
en  même  temps  que  le  premier  placard. 

Tout  tirage  à  part  devra  porter  la  mention  «  Extrait 
du  Bulletin  de  la  Société  Linnéenne  de  Normandie  » 
suivie  de  lindicati^on  du  volume. 

Les  tirages  à  part  seront  payés  directement  àlTmpri- 
meur  conformément  au  tarif  ci-après  : 


^■OMBRE  DE  FEUILLES 


1  ffuilli 
clia 
2/3      .. 
1/2      » 
1/4       « 

Couverture 


de    10   paireïi,    satiuiigi. 
e,  jiliaae  compris 


liro- 


ou 


.NUMIUtli    D  EXE.MI'LAIHES 


25  1  50 

100 

20U 

500 

5,  jc.25'7.75 

11 

21 

4.50  5.75 

7. 

9.75 

18 

2.75'3.50 

4.75 

7.25 

14 

2.30  3. 

3.75 

5.50 

9 

2.30  2.75 

3.30 

5.30 

10 

0.40  0.70 

1. 

2. 

5.50 

12 
>      8        » 
)       4        » 
imprimée 
sans  inipiession 

Composition  et  impression  d'un  faux  titre,  2  fr.  50. 

Changement  de  folios,  0  fr.  40  par  feuille  de  IG  pages. 

Nouvelle  mise  en  pages  pour  une  feuille  de  16  pages, 
o  fr.  25  ;  pour  une  fraction  quelconque  de  feuille,  2  fr. 

Nouvelle  correction  :  0,90  l'heure. 

Pour  toute  communication  dont  l'importance  sera  de 
plusieurs  feuilles,  l'imprimeur  de  la  Société  s'engage  à 
faire  une  diminution  sur  le  tarif  ci-dessus.  Celte  dimi- 
niftion  sera  proportionnée  au  nombre  de  feuilles  de  la 
communication. 

Les  auteurs  sont  priés  de  s'entendre  directement  avec 
l'imprimeur  de  la  Société. 

INTERCALATION     DE     PLANCHES 


50   EXEMPL. 


100  EXEMPL. 


Chaque  planche  collée  ou  avec 

oniflet  replié  0.60  l._ 

»  avec  onglet  ajouté  1.  1.7j 

Ghaipie  jili  en  sus  O.GO  1. 

Le  papier  employé  pour  les  tirages  à  part  sera  le 
même  que  celui  du  Bulletin. 

Pour  les  tirages  de  luxe  et  les  changements  de  papier 
ou  de  format,  les  prix  en  seront  donnés  à  l'avance  sur 
la  demande  de  l'Auteur. 


h^r- 


EXTRAIT    DU    REGLEMENT 

Art.  28.  — La  cotisation  annuelle  des  Meni- 

l)res  correspondants  est  de  T  ri>aiie!>«  ;  elle  est  de 
13  Ti^ane^  quand  ils  demandent  à  recevoir  les  publi- 
cations complètes  de  la  Société  (Bulletin  et  Mémoires). 

Sommaire  des  derniers  volumes  de  Mémoires  : 
Tome  XYII  : 
HOVEtiACQUE  M.,  Recherches  sur  le  Lepido- 
dcndr^i  sHaainoïdes  Sternb.  (165  p.,  61  fia., 
PL  là  VU).  (         /^^         /./. 

LETELLÏER  Aiig.,  Essai  de  statique  végé- 
tale. —  La  racine  considérée  comme  un  corps 
pesant  et  flexible  (89  ]).,  iO  fig.). 

BIGOT  A.,  Contributions  à  l'étude  ,de  la  faune 
jurassique  de  Normandie.  —  le  mémoire:  sur  les 
Trigon i es  /  c^  6"  79 . ,  PL  VIII  à  X  VII). 

Tome  XVIII  (1"  fasc.)  : 
LIGNIER  O.,    Végétaux  fossiles  de  Normandie.  — 
Structure  et  affinités  du  Bennettiies  Moricrei  Sap. 
eil\^Y.(-8  p.,PL  I  àVl). 

DUBOSCQ  O.,  La  glande  veniineuse  de  la  Scolo- 
pendre (41  p.yiO  pfj.). 


AVIS 

•La  Société  possède  encore  en  magasin  un  certain  nombre  de  volumes 
de  son  Bidlelin  :  elle  les  met  en  vente  aux  prix  suivants  : 


1"  Série. 

Tome     I,  18o3-5C    .     .     . 
'-'     ..       II,  I806-.57    .     .     . 
»      III.  18o7-o8  (très  rare 
»      IV.  183§-;i9  (très  rare 
«       V,  18:i9-G0  (très  rare) 
»      VI,  1860-61  (rai'e)    . 
»     VII.  1861-62  (rare)    . 

1862-63    .     .     .    i 


VIII. 

IX, 

X, 


Tome     I, 


4fr. 

4 
7 
J 
10 
6 
7 
^épuisé) 


1863-64    .     .     .    (épuisé) 
1864-63    ....     6  fr. 

2»  Série. 


Tome    V,  1869-70 

VI,  1870-72    .     . 

VII.  1872-73    .     . 

VIU,;  1873-74    .     . 

IX,  1874-75  (l'are) 

X,jia7.3-76    .     . 

3e   SÉKIE. 


.     6  fr. 

.     6. 
.     8 
.     7 
.     7 
(épniséj 


Tome     I,  1876-77  (rare)   .     .     6  fr 
II,  1877-78  (très  rare).  10 
..       m,  1878-79    :     ...     7 


» 
» 
» 
» 


IV,  1879-80    .     . 

V.  1880-81  (i-are) 

VI,  1881-82    .     . 

VII,  1882-83    .     . 


VIII,  1883-8i 
IX,  1884-85 
X,  188.5-86 


(épuisé) 
.  10  fr. 
.  6 
.  7 
.  M 
.  6 
.     7 


186.5-66    .     .     .     .  8fr. 

II,  1867 7 

»       III,  1868 6 

»       IV,  1868-69    ....  6 

Les  volumes  de  la  4^  Série  sont  vendus  chacun.     .     .       10  fr. 

Pour  toute  demande  d'achat  ,  s'adresser  à  M.  Bigot  ;  secrétaire  ,  rue 
de  Geôle,  28,  h  Caen  (1). 

(1)  Afin  de  permettre  à  ses  Membres  de  compléter  leur  collection,  la  Société 
leur  accordera  une  réduction  de  1/5  sur  les  prix  ci-dessus. 


P'" 


m 


BULLETIN 


DE    LA 


SOCIÉTÉ  LINNÉENNE 


DE   NORMANDIE 


FONDEE  EN  1823 


Kl    reconnue    (riililil(:    |>iil)li((iic   pnr   dénet   du    'J'J    nvril    i8G3 


-cr->;§j<:::î><=>- 


A^  SERIE.  —  9^  VOLUME 


-<L,-"'(L 


A^îrVEE     1895 


CAEN 
E.   IjANIER,   Imprimeur 

liUE    CUILLAUME-LE-CONQUÉRANT,     1    fV  S 

1896 


l>ai>ii  le  30  .Janvier  i89f>. 


Avis  relatif  aux  lirages  cà  part 

Les  Auleui's  peuvenl  faire  faire  un  tirage  à  part  de 
leurs  communications  à  leurs  frais  et  aux  conditions 
suivantes. 

L'Auteur  devra  en  faire  la  demande  expresse  et  par 
écrit  soit  en  tête  de  son  manuscrit,  soit  en  tête  du  pre- 
mier placard,  soit  par  une  lettre  spéciale  cju'il  adressera 
en  même  temps  que  le  premier  placard. 

Tout  tirage  à  part  devra  porter  la  mention  «  Extrait 
du  Bulletin  de  la  .Société  Linncenne  de  Normandie  » 
suivie  de  l'indication  du  volume. 

Les  tirages  à  part  seront  payés  directement  à  l'Impri- 
meur conformément  au  tarif  ci-après  : 


NOMBRE   d'eXEMPLADIES   || 

NOMBRE  DE  FEUILLES 

23 

30 

loo" 

"200* 

500 

1  finiille    de    16  paires,   satinaire,  bro- 

chage, pliage  compris 

0, 

6.23 

7.73 

il 

21 

2/3      »        ou   12        »              » 

4.50 

3. '7  3 

7. 

y.73 

18 

1/2       »         >*      8        »              » 

2.73 

3.30 

4.73 

7.23 

14 

1/4       »          »       4        i>               » 

2.30 

3. 

3.73 

3.30 

9 

Couverture  imprimée 

2.30 

2.73 

3.50 

3.50 

10 

»          sans  impression 

0.40 

0.70 

1. 

2. 

3.30 

Composition  et  impression  d'un  faux  titre,  2  fr.  50. 

Changement  de  folios,  0  fr.  40  par  feuille  de  16  pages. 

Nouvelle  mise  en  pages  pour  une  feuille  de  16  pages, 
3  fr.  25  ;  pour  une  Yraction  quelconque  de  feuille,  2  fr. 

Nouvelle  correction  :  0,90  l'heure. 

Pour  toute  communication  dont  l'importance  sera  de 
plusieurs  feuilles ,  l'imprimeur  de  la  Société  s'engage  à 
faire  une  diminution  sur  le  tarif  ci-dessus.  Cette  dimi- 
nution sera  proportionnée  au  nombre  de  feuilles  de  la 
communication. 

Les  auteurs  sont  priés  de  s'entendre  directement  avec 
l'imprimeur  de  la  Société. 

INTERCALATION    DE    PLANCHES 


Chaque  planche  collée  ou  avec 
onglet  replié 

»  avec  onglet  ajouté 

Chaque  pli  en  sus 


50   EXE.MPL. 


0.60 

1. 

0.60 


100  EXEMPL. 


1. 

1.73 
1. 


Le  papier  employé  pour  les  tirages  à  part  sera  le 
même  que  celui  du  Bulletin. 

Pour  les  tirages  de  luxe  et  les  changements  de  papier 
ou  de  format,  les  prix  en  seront  donnés  à  l'avance  sur 
la  demande  de  l'Auteur. 


EXTRAIT    DU    REGLEMENT 

AiiT.  28.  — Ij.'i  colisatif»ii  annuelle  des  Mem- 
bres eorrespontlaiits  est  de  T  francs  ;  elle  est  de 
iSÎ  ri*aiie!ii  quand  ils  demandent  à  recevoir  les  publi- 
cations complètes  de  la  Société  (Bulletin  et  Mrnwircs). 

SoiTimaife  des  derniers  volumes  de  Mémoires  : 

T.  XVII.  —  HOVELACQUE  31.,  P.cclioiclics  sur  le  Lepido- 
(lendron  selaginoides  Steriil).  (ICo  j).  ,  6t  fig.  ,  7  iil.).  — 
l<ETEL<LiIEIt  Aiig:.,  Essai  do  statique  végétale.  —  La 
racine  eonsidérée  romme  un  corps  iies;int  et  flexible  (81)  p., 
10  fig.).  —  BIGOT  A.,  Contribution  ;i  l'étude  de  la,  faune 
jurassique  de  Normandie. — 1"  Mémoire  :  sur  les  Trigonies  (86  p., 
10  1)1.). 

T,  XVIII.  —  L.IGrVIEU  O.,  Végétaux  fossiles  de  Nornuindie. 
—  Structure  et  affinités  du  Benellites  Moi-ierei,  Sap.  et  Mar. 
(78  p.,  G   pi.).  —  DUllOSCa    O.,  L;i   glande  venimeuse  de  la 

Scolopendre  il  p.,  10  iig.).  —  LIGIVIER  O. ,  Végétiiux 
fossiles  de  Normandie.  —  II.  Contribution  à  la  flore  liasicpie  de 
Sainte-Honorine-la-Guillaume,  Orne  (32  p.,  6  fig.,  1  pi.).  — 
A.  BIGOT,  Cdutribution  ;ï  l'étude  de  la  faune  jurassiiiue  de 
Nornuindie.  —  2=  Mémoire  :  sur  les  Opis  (39  p.,  3  fig.,  2  pi.).— ■ 
LEGER  Li.-Jiilos,  Recherches  sui'  l'appareil  végétatif  des 
Piipavéracées.  Juss.  (432  p.,  38  fig.,  10  pi.). 

Prix  de  ch.icun  de  ces  volumes  20  fr. 


AVIS 

La  Société  possède  encore  en  magasin  un  certain  nombre  de  volumes 
dé  son  Biillelin  :  elle  les  met  en  vente  aux  jtiix  suivants  : 


i"  Skiue. 

Tome     I,  18.J5-5C    .     . 
II,  1856-.^7    .     . 
»      III,  1857-58  (très  rare). 
..      IV,  1858-59  (très  rare). 


fr. 


V,  1859-60  (très  rare).  10 


VI,  1860-61  (rare) 
VII,  1861-62  (rare^ 
1862-63     .     . 
1863-64    .     . 
1864-65    .     . 


VIII . 

IX, 

X, 


6 

.     7 

(épuisé) 
(épuisé) 
.     6  fr. 


2«  Série. 


Tome    V,  1869-70    ....  6  fr. 

»      VI,  1870-72    ....  6 

»     VII,  1872-73    ....  8 

..    VIII,  1873-74    ....  7 

»      IX,  1874-75  (rare)    .     .  7 
X.  1875-70    .     .     .     (épuisé) 

3«  Série. 

Tome     I,  1876-77  (rare)    .     .  6  fr. 

II,  1877-78  (très  rare).  10 

»       m,  1878-79    ....  7 
.>       IV,  1879-80    .     .     .    (épuisé) 

V,  1880-81  (rare)   .     .  10  fr. 

VI,  1881-82    ....  6 


VII,  1882-83 

Vm,  1883-84 

IX,  1884-85 

X,  188.5-86 


7 
11 

6 

7 


Tome     I,  186.5-G6    .     .     .     .  8  fr. 

II,  1867 7 

»       m,  1868 6 

..       IV,  1808-69    ....  6 

Les  volumes  de  la  4«"Série  sont  vendus  chacun.     .     .       10  fr. 
Pour  toute   dem;inde  d'achat  ,  s'adresser  à  M.  Bmor  ,  secrétaire ,  rue 
de  Geôle,  28,  à  Caen  (1). 

(1)  Afin  de  permettre  à  ses  Membres  de  compléter  leur  collection,  la  Société 
leur  accordera  une  réduction  de  1/5  sur  les  prix  ci-dessus. 


BULLETIN 


DE   LA 


SOCIÉTÉ  LINNÉENNE 


DE  NORMANDIE 


FONDEE  EN   1823 


Et   reconnue   d'utilité   publique  par   décret   du   22   avril   1863 


4^  SÉRIE,  —  lO^  VOLUME 


AIVIVEE:     1896 


CAEN 
E.   LANIER,   Imprimeur 

Rue  Guillaume-le-Conquérant,  1  ft  3 


1897 


Paru  le  15  Mai   iSO"^. 


Avis  relatif  aux  tirages  à  part 

Les  Auteurs  peuvent  faire  faire  un  tirage  à  part  de 
leurs  communications  à  leurs  frais  et  aux  conditions 
suivantes. 

L'Auteur  devra  en  faire  la  demande  expresse  et  par 
écrit  soit  en  tête  de  son  manuscrit,  soit  en  tête  du  pre- 
mier placard,  soit  par  une  lettre  spéciale  qu'il  adressera 
en  même  temps  que  le  premier  placard. 

Tout  tirage  à  part  devra  porter  la  mention  «  Ki  trait 
du  Bulletin  de  la  Société  Linnéenne  de  Normandie  » 
suivie  de  1  indication  du  volume. 

Les  tirages  à  part  seront  payés  directement  à  l'Impri- 
meur conformément  au  tarif  ci-après  : 


NOMBRE    D'EXEMPLAHiES   II 

NOMBRE  DE  FEUILLES 

2.5 

"BIT 

TotT 

"^ 

500 

1  feuille   de    16  pages,  satinaee,  bro- 

chage, pliage  compris 

:j, 

6.25 

7.75 

11 

21 

2/3      .)       ou   12 

4.50 

5.75 

7. 

9.75 

18 

1/2      »         »      8        »              » 

2.75 

3.50 

4.75 

7.25 

14 

1/4       »         »      4        »              » 

2.30 

3. 

3.75 

5.50 

9 

Couverture  imprimée 

2.50 

2.75 

3.50 

5.50 

10 

»          sans  impression 

0.40 

0.70 

1. 

2_ 

5.50 

Composition  et  impression  d'un  faux  titre,  2  fr.  50. 

Changement  de  folios,  0  fr.  40  par  feuille  de  16  pages. 

Nouvelle  mise  en  pages  pour  une  feuille  de  16  pages, 
3  fr.  25  ;  pour  une  fraction  quelconque  de  feuille,  2  fr. 

Nouvelle  correction  :  0,90  l'heure. 

Pour  toute  communication  dont  l'importance  sera  de 
plusieurs  feuilles ,  l'imprimeur  de  la  Société  s'engage  à 
faire  une  diminution  sur  le  tarif  ci-dessus.  Celte  dimi- 
nution sera  proportionnée  au  nombre  de  feuilles  de  la 
communication. 

Les  auteurs  sont  priés  de  s'entendre  directement  avec 
l'imprimeur  de  la  Société. 

INTERCALATION     DE     PLANCHES 


Chaque  planche  collée   ou  avec 
onglet  replié 

»          avec  onglet  ajouté 
Chaque  pli  en  sus 

50  EXEJIPL. 

100  EXEMPL. 

0.60 

1. 

0.60 

1. 

1.75 
1. 

Le  papier  employé  pour  les  tirages  à  part  sera  le 
même  que  celui  du  Bulletin. 

Pour  les  tirages  de  luxe  et  les  changements  de  papier 
ou  de  foi'mat,  les  prix  en  seront  donnés  à  l'avance  sur 
la  demande  de  l'Auteur. 


EXTRAIT   DU    RÈGLEMENT 

AitT.  28.  — .....  La  cûtisalion  annuelle  des  Mem- 
bres correspondants  est  de  "Ij»  fi^aucs  ;  elle  est  de 
13  fi*aiic!Bi  quand  ils  demandent  à  recevoir  les  publi- 
cations complètes  de  la  Société  (Bulletin  et  Mémoires). 

Sommaire  des  derniers  volumes  de  Mémoires  : 

T.  XVII.  —  HOVECACaUE  M. ,  Recherches  sur  le  Lepido- 
dendron  selaginoides  Sternb.  (165  p.  ,  61  fig.  ,  7  pi.).  — 
liETELiLIEli  Aiigr.,  Essai  de  statique  Végétale.  —  La 
racine  cousidéiée  comme  un  corps  pesant  et  flexible  (89  p., 
10  fig.).  —  BIGOT  A.,  Co^itribution  à  l'étude  de  la  faune 
jurassique  de  Normandie.— 1"  Mémoire:  sur  les  Trigonies  (86  p., 
10  pi.). 

T.  XVIII.  —  L.I0I\IE:R  O.,  végétaux  fossiles  de  Normandie. 
—  Structure  et  affinités  du  Benettites  Movierei,  Sap.  et  Mar. 
(78  p.,  6   pi.).  —  DUBOSCa   O.,  La  glande  venimeuse  de  la 

Scolopendre  (41  p.,  10  fig.).  —  L,IG]VIER  O. ,  Végétaux 
fossiles  de  Normandie.  —  IL  Contribution  à  la  flore  liasique  de 
Sainte-Honorine-la-Guillaume,  Orne  (32  p.,  6  fig.,  1  pi.).  — 
A.  BIGOT,  Contribution  à  l'étude  de  la  faune  jurassique  de 
Normandie.  —  2"  Mémoire  :  sur  les  Opis  (39  p.,  3  fig.,  2  pL). — 
LiEGEIt  LifJiilcs,  Recherches  sur  l'appareil  végétatif  des 
Papavéracées,  Juss.  (432  p.,  38  fig.,  10  pL). 

.'  Prix  de  chacun  de  ces  volumes  20  fr. 


AVIS 

La  Société  possède  encore  en  magasin  un  certain  nombre  de  volumes 
de  son  Bulletin  ;  elle  les  met  en  vente  aux  prix  suivants  : 


1"  Série. 


Tome 


1,  1853-56    .     .     . 
II,  1856-57    .     .     . 
m,  1857-58  (très  rare" 
IV,  1838-59  (très  rare' 
V,  1839-60  (très  rare' 
VT,  1860-61  (rare)   . 
Vît,  1861-62  (rare)    . 
VIII,  1862-63    ... 
1863-64    .     .     . 
1864-65    ... 


IX, 
X, 


.     4  fr. 
.     4 

.  '7 
I.     7 
I.  10 
.     6 
.     7' 
(épuisé) 
(épuisé) 
.     6  fr. 


Tome 


2«  Série. 

1863-66    .     . 
1867    .     .     . 


I,  1863-66    .     .     ...  8  fr. 

II,  1867    .     .     .  ^.i    .  7 

m,  1868    .....  6 

...  6 


»      IV,  1868:^69 


Tome  V,  1869-70  .  . 
»  VI,  1870-72  .  . 
»  VII,  1872-73  .  . 
..  VIII,  1873-74  .  . 
»  IX,  1874-73  (rare) 
..       X,  1873-76    .     . 

3e  Série. 


6fr. 
6 
8 
7 
7 
(épuisé) 


Tome     I,  1876-77  (rare)   .     .     6  fr. 

II,  1877-78  (très  rare).  10 

»      III,  1878-79    ....     7 

»      IV,  1879-80    .     .     .    (épuisé) 

V,  1880-81  (rare)   .     .  10  fr. 

»      VI,  1881-82    ....    6 

»     VII,  1882-83    ....     7 

»    VIII,  1883-84    ....  11 

»      IX,  1884-85    ....     6 

»       X,  1885-86   .     ...     7 


Les  volumes  de  Lt  4?  Série  sont  vendus  chacun.     . 

Pour  toute  demande  d'achat,  s'adresser  à  M.  Bigot 
^de  Geôle,  28,  à  Caen  (ï). 


.       10  fr. 
secrétaire ,  rue 


(1)  Afin  de  permettre  à  ses  Membres  de  compléter  leur  collection,  la  Société 
leur  accordera  une  réduction  de  î/5  sur  les  prix  ci-dessus. 


-U    LJ    I  y      I