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BULLETIN
DE LA
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SOCIETE LINNEENNE
DE NORMANDIE
BULLETIN
DE LA
SOCIÉTÉ LINNÉENNE
DE NORMANDIE
FONDEE EN 1823
El. teconnue d'ulililo i)iil)lk[uc par dccrel da .'i'-l avril 1863
4^ SÉRIE. — lO^ VOLUME
AIVIXEE 1896
CAEN
E, LANIER, Imprimeur
Rue GuiLLAUiME-LE-CoNQUÉRANT, 1 ft 3
1896
Les opinions émises dans les publications de la Société sont
exclusivement propres à leurs auteurs ; la Société n'entend
nullement en assumer la responsabilité ( art. 23 du règlement
intérieur).
La Société Linnéenne de Normandie ayant été reconnue éta-
blissement d'iililité publique, par décret en date du 22 avril 1863,
a qualité pour accepter les dons et legs dont elle serait gratifiée.
COMPOSITION DU BUREAU DE LA SOCIÉTÉ
Pour raniiéc 1896
Président MM. LiGNiER.
Vice -Président. . . Drouet.
Secrétaire Bigot
Vice-Secrétaire. . . Vaullegeard.
Trésorier honoraire S. Beaujour.
Trésorier Moisy (A.).
Bihliotliécaire . . . Brasil (L,).
Vice-Bibliothécaire. Dufour de la Thuillerie.
Archiviste Huet (D'" L.).
Sont Membres de la Commission d'impression
pour l'année 1896 :
MM. les Memrres du Bureau ;
Fayel (DO, Letellier (Aug.), de Formigny
de la Londe, sortant en 1897 ;
Joyeux-Laffuie (D''), Chevrel, Gatois (D^'),
sortant en 1898.
mê^
Liste générale des Membres de la Société
AU 15 JANVIER 1896
MEMBRES HONORAIRES ^''^
Date de la nominalion
MM. Barrois (Cil.), professeur ;ï la Faculté des Sciences
de Lille (Nord) 1892
BoREUx, ingénieur <?u chef des Ponts et Chaussées,
■ rue des Écoles, 42, à Paria 1875
Gapelli.m, professeur de géologie à l'Université de
Bologne (Italie). . . 1878
Dewalql'e (Gustave) , professeur de minéralogie ,
géologie et paléontologie à l'Université de Liège,
(Belgique) 1857
5 DouviLLÉ , professeur de paléontologie à l'École des '
Mines, houlevard Saint-Germain, 207, à Paris. . . 1883
Gasnier, à Vimoutiers (Orne) 1869
GuiLLOUARD , professeur à la Faculté de Droit de
Caen 1890
Hérert ( l'abbé ) , ancien curé de Ghausey , à
Fécamp 1891
Leboucmer, professeur honoraire à la Faculté des
Sciences, rue de Bi'etàgne, à Caen 1848
10 Le Jolis, président de la Société des Sciences natu-
relles de Cherbourg 1860
(1) Les Sociétaires dont le nom est précédé d'un * sont ceux qui ont
demandé à recevoir le Butlelin par fascicules trimestriels; les Membres
correspondants dont le nom est précédé d'une " sont ceux qui ont
demandé à recevoir les Mémoires. ■ ...
— VI —
Date de la nominalion
MM. Le.nnier , président de la Société Géoloirique de
Normandie, au Havre 18U0
Letellier , ancien iirofesseur au Lycée, rue Desge-
nettes, 5, à Alençon 1869
Liais (Emmanuel) , ancien directeur de l'Obser-
vatoire de Rio-de- Janeiro (Brésil), maire de Cher-
bourg 1874
MoELLER ( DE ) , professcur de paléontologie à
l'Institut des mines, à Saint-Pétersbourg (Russie). 1878
15 INylander, naturaliste, passage des Tlierniopjles, 61,
à Paris-Plaisance 1861
* Sauvage (D') , directeur de la Station anuicole, à
Boulogne-sur-Mer 1883
ViEiLXARD (D'), directeur iionoraire du Jardin des
Plantes de Caen, cluàlet du Pont-Corbet, à Marcey,
près Avranches (Manche) 1862
"ViLLERS (Georges deJ , secrétaire de la Société Aca-
démi(iue de Bayeux 184o
MEMBRES RESIDANTS
MM. Adel (Auguste), préparateur de géologie à la Faculté
des Sciences , rue des Carmes 1888
Barette (D'), professeur à l'Ecole de Médecine, rue
de Dernières 1890
Beaujolr (Sojdironyme) , notaire honoraire , tré-
sorier honoraire, rue des Chanoines, 10. . . . 1872
Bigot (A.), professeur à la Faculté des Sciences,
secrétaire, rue de Geôle, 28 1881
3 Bourienne lils, rue de Geôle, 76 . 1891
Brasil (Louis), bibliothécaire, rue Gémare, 4. . . 1893
Camena n'ALMEiDA, maître de conférences à la Faculté
des Lettres, quai Vendeuvre, .j6 1892
*CA'rois (D'), licencié es sciences, professeur à l'École
de Médecine, rue Écuyère, 14 1879
* Chevalier , étudiant à la Faculté des Sciences , rue
Calibourg, 3 1894
— VII —
Date de la nomination
10 MM. GiiEVREL, docteur es sciences naturelles, chef des
travaux de zoologie ci, la Faculté des Sciences ,
chargé de cours à l'École de Médecine, rue du
Tour-de-Terre , 2 1882
Clément, ancien directeur de la succursale de la
Banque de France, rue Gaponière 1892
Demelle, pharmacien de 1" classe, boulevard du
Théâtre 1880
Dbouet, propr., vice-prénident , rue Jean-Pioniain, 23. 1891
*DuFOUR DE LA TnuiLLERiE, vice-bibUolhécaire, a.venue
de Bagatelle, 14 bis . 1893
15 Faiîvel (Albert), avocat, rue d'Auge, 14 ... . 1^59
* Fauvel (Pierre), licencié es sciences naturelles, pré-
parateur à la Faculté des Sciences , rue Richard-
Lenoir, 34 1894
Fayel (D'), professeur à l'École de Médecine, bou-
levard du Théâtre, 6 18.o9
Formiony DE La Lo.nde (de), rue des Carmes 33 . . 1864
GiDON , licencié es sciences naturelles , rue Saint-
Pierre, 118 1895
20 GossELiN (D":) , professeur à l'École de Médecine, rue
des Carmes, 10 1878
GuiLLET (.D')-, professeur à l'École de Médecine, rue
de Bernières, 10 1891
GuiLMARD (Henri), avoué, rue Pémagnie, 19. . . 1893
Hamon (D') père, rue des Chanoines, 17. . . . i 1891
HcEï (D' Lucien), professeur adjoint à la Faculté des
Sciences, archiviste, rue de la Chaîne, 8. . . . 1885
23 .* Joyeux-Laffuie (D') , professeur de zoologie à la
Faculté des Sciences, rue Saint-Jean, 133.. . . 1887
M"' Joyeux-Lafflie, rue Saint-Jean, 135 1891
MM. La Néele (D'), rue de l'Oratoire . 1889
La.mer, imprimeur, rue Guillaume-lc-Conquérant, 1. 1892
Le Blanc-Hahdel , ancien iniprinuur-libraire , rue
Froide, 4 (et rue Demarquay, 18, Paris) .... 1869
30 Lebœ;lf, pharmacien de l'' classe, rue Saint-Pierre, 27. 1879
Lbdard (Piaoul) , rue de Lisieux 1895
— VIII —
Date de la nomination
MM. * Léger (L.-JuIcs) , dofteur os sciences naturelles ,
chargé de conférences à la Faculté des Sciences ,
place Saint-Martin, IS . ISSl
• Le- Mbulais,- lieencié -es sciences naturelles , rue de
Bras, 27 ■ 1892
Leteluer (Augustin), docteur es sciences, professeur
au Lycée, rue Crusse 1881
35 *.LiONiER (Octave) , professeur -tle • botanique à la
Faculté des Sciences , président , impasse Ba-
gatelle 1887
.MAj<iE.(AUnyj-e)v JUicien .pharmacien, rue de Bre-
tagne,..38 1882
MoisY, notaire, ii'ésorier , place Malherbe .... 1892
MuLLOis, pharmacien, rue Saint-Pierre, 41. . . „ 1882
.iNEYREiSEUF, profcssBur à la Faculté des Sciences, rue
Saint-Martin, 82 .1870
40 .OsMO.-NT (D'^), rue Je«in-Romain, 40. ..... . 1896
.R-VYE.vEL (Jules) , propriétaire , rue des Carmé-
lites, 18. 1873
.PiEiNÉjiESML (P. de), chef dc division à la Mairie, rue
de l'Église-Saint-Julien, 12 , 1878
.TïsoN_, pi'ép.arateur de Ijotanifpie à la Faculté des
Sciences, place Saint-Sauveur, 32. . . . . . 16913
VAULLEfiEARD (Acli..), Hcencié ès sciences physiques
et natiu-elles, i»ice-5ecré/a«Ve, rue au Canu, 11. . 1892
45 VoLL.\,>Ti,. étudiant à la Faculté des Sciences. . . . 1895
MEMBRES CORRESPONDANTS
MM.. AuA.M.(abbéK vicaire d'Alleaume, à Valognes (Manche). 1895
.Ankray (al)bé),- curé de Saint-Cyr, près Montebourg
(Manche) 1895
"Anthoiard (.\.), avoué, place Heni-i IV, à Argentan
. .(Orne) . . . ■ 1893
■"'AprEHï (Jules), membre de idusieurs Sociétés
.sav.antes, .à F.lers (Orne),. 1878
— IX —
Date de la nomination
'■3 MM.. Aubin .(Paul), ijcrrcptciir des finances, à Yvetot (Seine-
. Ipférieure),. 1891
• Balle (Emile), place Saint-Thomas, 14, à Vire
(Calvados) 1891
Bansard des Bois , député , maire de Bcllème
(Orne) ....... 1888
Baranoer, conseiller général, maire de Condé-sur-
Noireau (Calvados) 1893
Barbé (Charles), médecin, à Alençon 1886
10 Barré (Edmond) , docteur-médecin, rue de Saint-
Pétersbourg, 45, à Paris 1877
Basserie, colonel en retraite, boulevard Négrier, 26,
au Mans (Sartlie) 1873
Bealmont (Félix Élie de), ancien procureur de la
Républi([ue , 11 bis, rue Jean Migault , Niort
(Deux-Sèvres) 1877
Rizet, conducteur princiiial des Ponts et Chaussées,
à Belléme (Orne) 1885
Blier (Paul) , professeui' mu Lycée de Coutances
(Manche). 1880
13 "BoN.NECnosE (ue), rue Franche, 13, à Bayeux
(Calvados) 1891
Bottard (D"^) , boulevard de Strasbourg, au Havre
(Seihe-hiféVieure) . .-.•..• 1886
BoLDiER (Emile), pharmacien, rue de Grétry, 20, à
' Montmorency <Selne-et-Oise) 1876
Bougon , docteur-médecin , 45 , rue du fauI)ourg
• Montmartre, à Paris . 1872
BouTiLLiER , géologue , à Pionclierolles , par Darnétal
■ (Seine-Inférieure). ■. ..-.•. 1866
20 '"BRONfiNiART (Charles)', assistant d'Entomologie au
Muséum d'Histoire naturelle, rue Linné, 9, à Paris. 1869
• Bureau (Ed.) , pi'ofesseur nu Muséum , quai de
• Béthune, 24, à Paris 1858
BuTEL , pharmacien , conseiller général, à Hontleur
(Calvados, .-.•.■ 1892
C.vNivET, conseiller général de l'Orne, maire de
• Chaïubois, 11, boulevard Ma giinta, Paris. . . . 1872
— X —
Date de la nomination
MM. Cardîne, pluirinacicn à Courseulles 1875
23 CiiEUEAU ,• avoué; , à Mayenne ■. 1894
"CoNTADES (comte de), au château de Saint-Maurice,
■ jvar la Fcrté-Macé-(Or-ne)-. ■. •. • 1892
"* Corbière, professeur au Lycée, rue Dujardin , 30, à
• Cherbourg (Manche) ■...;..:... 1878
Créances (J.-B.) , principal du Collège Augustin
Thierry, à Blois (Loir-et-Cher) 1886
*DAiSGEARri , professeur à la Faculté des Sciences de
Poitiers (Vienne) 1883
30 Dams, licencié es sciences physiques, rue Charles III,
8o, Nancy (Meurthe-et-Moselle) 1889
Dei.aunay (Ernest) ; conseiller général de la Seine-
Inférieure, à Fécamp. (Seine-Inférieure) .... 1890
Delavigne, herboriste et pharmacien de 1" classe,
Grande-Hue, ao, â Alençon (Orne) 1884
Demagny, négociant, maire d'Isigny (Cahados). . . 1882
*DiAVET (l'abbé Félix), curé d'Urou et Crennes, par
Argentan (Orne) 1879
35 DoLLFUS (Gustave), président de ia Société géologique
de France, rue de Chabrol, 4.^, à Paris. . . . 1873
"*DuBOSCQ (D'), chef de travaux à la Faculté des Sciences
de Grenoble 1894
Dupont , pharmacien , conseiller général , à Mézidon
(Calvados) 1872
Duquesne, pharmacien, à Saint-Philbert, par Montfort-
sur-Risle (Eure) 1873
Duret , inofesseur à la Faculté libre de Médecine de
Lille (Nord) 1870
40 "'Dotot, greffier du Triliunal de Commerce, à Cher-
bourg (Manche) 1883
Etienulep, directeur de l'École d'Agriculture de
Coigiiy, par Prétot (Manrhe) 1894
FiCHET, juge de paix du 1" arrondissement de Nantes
(Loire-Inférieure) 1878
Fleuriot (D') , conseiller général du Cahados, à
Lisieux (Calvados) 1873
— XI —
Dale de la nomination
MM. Fo.\TAi^iE, natundiste, à la CliapcUe-Gauthier, jjar
Broglie (Euro) i881
45 " *FoRTiN' (Raoul), rue du Pré , 24 , à Rouen (Seine-
Inférieure) 1884
FoucHER, rue de laVéïra, 17 et 19, à Paris. . . . 1871
Frébet (l'abbé), professeur au Petit-Séminaire de la
Ferté-Macé .(Orjie) 1881
*G.\DEAU i)E Kerville , hoiTime de sciences , rue
Dupont,.?, à Rouen (Seine-Inl'érieure) 1888
Gahéry, receveur municipal, à Lisieux (Calvados). . 1864
50 Gervais, secrétaire de l'Inspection académi(jue , à
. Évreux (Eure) 1875
GiLLET, botaniste, rue du Pont-Neuf ,51 , à Alençon
(Orne) 1867
GossARO (Emile), maître de conférences à la Faculté
des Sciences de Bordeaux 1887
°* Gouverneur, conseiller général, à Nogent-le-Rotrou
(Eure-et Loire) 1885
GuÉRiN, agent-voyer, à Sées (Orne) 1889
55" "'GuÉRi.x (Charles), propriétaire à Mesnil-Tliébault. par
Isigny-le-Buat (Manche) 1890
GuERPEL (de) , au château de Plainville , par Mézidon
. (Calvados) 1894
GuTTi.N (l'ahbé) curé de Saint-Didier-des-Bois , par
La Haye-Malherbe (Eure) 1892
"Hauville (Emile), ingénieur civil, 1" adjoint au
maire de Condé-sur-Noireau (Calvados) .... 1893
HoM-MEY, médecin, conseiller général, à Sées (Orne) . 1838
60 Hd.mmey (Joseph), docteur-médecin, à Sées (Orne). . 1881
Houel^ ingénieur des Arts et Manufactures, à Condé-
sur-Noireau (Calvados) 1890
"'Hovelacque (Maurice), docteur es sciences naturelles,
rue Gastiglione, 1, à Paris 1890
Hue (l'abbé), 104, rue de Cormcillcs, à Levallois-
Perret (Seine) 1894
HuET (DO, rue. Jacob, 21, à Paris 1879
63 "HusNOï, Jjotaniste, à Cahan , par Athis (Orne). . . 1864
*IsoARo, à Gacé (Orne) ' . . 1894
— XII —
Date de la nomination
MM. Joseph-Lakosse , luituraliste, à Saint-Cùnic-du-Moiit ,
. par Ciirt'iitun (Manche) 1873
JouAN , lapitaiiie de vaisseau en retraite , 18 , rue
Bpiid.or, à Çhefl)ouri.'. (Manche) 1874
JouyiN, pUaimacien , à Coiidé-sur-Noireau (Calvados). i87.o
70 Labbev , conseiller g-énéral , à Cauniont-rÉventé
(Çalvado.s) . , . , 1891
Lacaille, naturaliste, membre de j)lusieurs Sociétés
savantes, à Bolhec (Seine-Inférieure) 1869
LAJiOE, docteur-médecin, à Fiers (Orne) 1880
Langlais, professeur départemental d'Agriculture, à
Alençon (Qi-ne). .. .. 1883
Le Borgne (Ernest), propriétaire, rue Cliarles Le
Boriine,. à Fécanip, (Seine-Inférieure) ...... 1874
75 Leboucher, pharmacien, 91, Grande-Paie, à Alenron
(Orne) 188G
"°Le Canu, pharmacien, à Carentan (Manche). . . . 1889
Leclerjc 1,D'), rue di.i Château, 1,. à Saint-Lo . . . 1883
*Lec(jevr, phiirmacien, à Vimoutiers (Orne). . . . 1880
M"' Lecoeur, à Vimoutiers 1801
80 MM. LECOTN.TE,.prQfes,seur à. l'École normale d'Évrenx . . 1892
Le Covec , dii'ecteur des postes et télégraphes, à
Rennes f.(Ille-et.-Vilaine) 1873
Le.marcuand (Augustin), négociant, rue des Char-
treux, au Pptit-QueviUy (Setne-Inférieure) . . . . 1888
Lemarchani) , médecin piincipal de l'armée , en
i-etraite, à Amélie-les-Bains (Pyrénées-Oi'ientales). . 1866
t,EPETiT (Jules), pharmacien à Carentan 1893
8-5 Leroy (Ovide), négociant , conseiller d'arrondisse-
ment, à Bellème (Orne) 1888
"'Let^cq. (ahl»é Arthur), aumônier des Petites-Sœurs
des Pauvres, rue du Mans, 105 bis. à Alençon
. (Orne) 1877
Levavasseur , ancien pharmacien, à Bures (Calv.). . 1875
LowN ,. pi:ofesseur à l'École .des. Mines, avenue du
Trocadéro, 4, à Paiùs 187,S
LoiSEL (D'' G.) , licencié es sciences naturelles , jiré-
. parateui'. à la Soil)nnne, rue.de Seine, 57, à Paris . 1889
— XIII —
Date de la nomination
90 MM.^Lqkiol (de), géologue, iï Fronteiicx, près Genève
(Suisse). 1869
Macé (Adrien), négociant, rue de la Duclice, 28, à
Cherbourg (Manche) 1884
Malinvaud. (E.) , secrétaire général de la Société
botanique de France, rue Linné, 8, à Paris. . . 1864
Mantin (Georges), quai de Billy, 54, à Paris, et au
château de Bol-Air, par Olivet (Loiret^ . . . . 1891
Marchand (Léon), professeur à l'École supérieure de
, pharrpacie, docteur eu médecine et es sciences
naturelle, à Thiais, par Clioisy (Seine) .... 1868
9o Marlé, propiiétaire-, rue Bloniet, 166, à Paris. . . 1881
Martel, directeur de l'École primaire" supérieure et
professionnelle, rue Saint-Lô, 22, à Piouen (Seine-
Inférieure) 1891
. "Martin . (Auguste) , commis principal des services
administratifs de la marine, 14, rue Notre-Dame, à
Cherbourg 1895
*Mauduit, pharmacien, à Valognes (Manche) . . . 1891
Ménager (Raphaël), industilel, à Beaufai , par Aube
(Orne). 1889
100 *MiCHEL, agent-voyer, à Évrecy (Calvados) .... 1887
MiLNp-EçwARDS (Alpli.), m6imlM-e de l'histitut, direc-
teur du Muséum d'histoire naturelle, rue Cuvier,
.57, à Paris. . 1864
"*MoNOD, conseiller à la Coui' de Cassation, rue Jacques-
Dulud, "30, à Neuilly (Seine) ....... 1889
Mou r.ON, pharmacien, .à Ma y-sur-Orne (Calvados). . 1896
NiEL, botaniste; rue Ilerbière, 23, à P»ouen (Seine-
Inférieure). 1894
105 Pellerin (Albert), ancien magistrat, à Cintheaux,
par Bretteville-sur-Laize (Calvados) 18S7
Pelvet, dùcteur-méilecin, à Vire 1883
Perrier (Henri), propriétaire, à Ghamposoult (Orne). 1879
Pierre (D'), à Briouze (Orne) 1892
■•PiLLET, professeur au Collège de Bayeux (Calvados). 1887
110 'PiQUOT (Alphonse), propriétaire, à Vimoutiers
(Orne) 1883
— XIV —
Date de la nomination
MM. PoNTLS, rue Louis XVI, à Cherbourg (Manche). . . 1889
""*PoTi,ER de.Lavarde (Robcrt), au château de Lez-
Eaux, par Saint-Pair (Manche) 1895
QuÉauEL, pharmacien houoraii'e, place Nationale, 12,
à Vire (Calvados) 1866
Renault (Bernard) , professeur de Paléontologie
végétale au Muséum , rue de la Collégiale, 1 , à
Paris 1885
115 PiENAULT , professeur de Sciences physiques et
naturelles au Collège de Fiers (Orne) 1881
Pie:némesml (G. de) , professeur au Collège Stanislas,
rue Notre-Dame-des-Champs , 66, à Paris . . . 1882
Retolt, professeur au Collège de Domfront (Orne) . 1878
PiiCHER (l'abbé), rue des Tisons-, Ji Alençon (Orne). 1881
Saus^e (Georges), enseigne de vaisseau, rue Crusse,
4 , à. Caen 1890 •
120 Tavigny, propriétaire, à Bayeux (Calvados) . . . 1879
Thériot, directeur de L'École primaire supérieure,
rue Dicquemare, 1, au Havre (Seine-Inférieure) . 1H90
Thiré (Arth.), ingénieur des mines, Capçlla nova do
Betim, Minas Geraes (Brésil), ....... 1877
Toussaint (l'abbé) , curé de Bois-Jérôme . par
Vernon (Eure) 1890
"Tranch.\nd , professeur au Collège de Lisieux
.(Calvados) 1878
125 Truelle, pharmacien, à Trouville (Calvados). . . 1890
TuROis (D'),, sénateur, conseiller général, maire de
Falaise (Calvados). . 1886
Vauclin (D'), conseiller général, au Chalange, par
Courtomer (Orne) 1891
Vaullegeard (D') , à Condé-sur-Noireau (Calvados). 1893
129 Zurcher. ingénieur des Ponts et Chaussées, boulevard
Saint-Hélène, 83, au .Mourillon, à Toulon (Var). . 1883
Nota. — Prière à MM. les correspondants de rectifier, s'il y a
lieu, la date de leur nomination et leur adresse.
LISTE DES SOCIÉTÉS SAVANTES
AVEC LESQUELLES
LA SOCIÉTÉ FAIT DES ÉCHANGES DE PUBLICATIONS
France
1. Aube. Troyes. — Société académique d'Agricul-
ture, Sciences et Arts de l'Aube.
2. Calvados. Caen. — Année Médicale de Caen.
3. id. Caen. — Académie des Sciences, Arts et
Belles-Lettres,
4. id, Caen. — Société d'Horticulture.
5. Côte-d'Or. Dijon. — Académie des Sciences ,
Belles-Lettres et Arts de Dijon.
6. id. Seniur. — Société des Sciences histo-
riques et naturelles de Semur.
7. Creuse. Guéret. — Société des Sciences naturelles
et archéologiques de la Creuse.
8. Deux-Sèvres. Pamproux. — Société Botanique des
Deux-Sèvres.
9. Eure. Évreux. — Société d'Agriculture, Sciences
et Arts de l'Eure.
10. Gard. Nîmes. — Société d'étude des Sciences natu-
relles de Nîmes.
11. Garonne (Haute-). Toulouse. — Académie des
Sciences , Inscriptions et Belles-Lettres
de Toulouse.
— XVI —
12. Garonne ( Haute- ). Toulouse. — Société des
Sciences physiques et naturelles de
Toulouse.
13. id. l'oulouse. — Société franco-hispano-por-
tugaise de Toulouse (2 , rue de l'Uni-
versité).
14. id. Toulouse. — Société française de bota-
nique.
15. Gironde. Bordeaux. — Société Linnéenne de Bor-
deaux.
16. id. Bordeaux. — Société des Sciences phy-
siques et naturelles de Bordeaux.
17. id. Bordeaux. — Commission météorologique
de la Gironde.
18. Hérault. Béziers. — Société d'étude des Sciences
naturelles de Béziers,
19. id. Montpellier. — Académie des Sciences et
des Lettres de Montpellier.
20. Isère. Grenoble. — Société de Statistique des
Sciences naturelles et des Arts de
l'Isère.
21. Loire-Inférieure. Nantes. — Société des Sciences
naturelles de l'Ouest de la France.
22. Maine-et-Loire Angers. — Société d'Agriculture,
Sciences et Arts d'Angers.
23. id. Angers. — Société d'Etudes scientifiques
d'Angers.
24. id. Angers. — Société Industrielle d'Angers.
25. Manche. Cherbourg. — Société nationale des
Sciences naturelles et malliéniatiques de
Cherbourg.
— XVII —
26. Maune. Viti'y-le-Franrois. — Société des Sciences
et Arts de Vitry-le-François.
27. Meuhthe - ET - Moselle. Nancy. — Société des
Sciences de Nancy (Ancienne Société
des Sciences naturelles de Strasbourg).
28. Meuse. Verdun. — Société Philomatique de Ver-
dun.
29. Nord. Lille. — Société Géologique du Nord.
30. id. Lille. — Revue biologique du Nord de la
France, rue Nicolas Leblanc, 25.
31. Orne. Alençon. — Société Historique et Archéolo-
gique de l'Orne.
32. Pyrénées ( Hautes- ). Bagnères-de-Bigorre — So-
ciété Ramond.
33. Pyrénées-Orientales. Perpignan. — Société Agri-
cole , Scientifique et Littéraire des
Pyrénées-Orientales.
34. Rhône. Lyon. — Société d'Agriculture , Histoire
naturelle et Ains utiles de Lyon.
35. id. Lyon. — Académie des Sciences, Arts et
Belles-Lettres de Lyon. .
36. id. Lyon. — Comité des Annales de l'Uni-
versité de Lyon (Bibliothèque Univer-
sitaire, quai Claude Bernard).
37. id. Lyon. — Société Linnéenne de Lyon.
38. Saône-rt-Loire. Maçon. — Académie de Màcon.
39. id. Auiun. — Société d'Histoire naturelle
d'Autun.
40. Sarthe. Le Mans. — Société d'Agriculture, Scien-
ces et Arts de la Sarthe.
41. Seine. Paris. — Société Zoologique de France
(7, rue des Grands-x\ugustins).
B
— XVIIl —
Paris. — Société Mycologique de France
(84, rue de Grenelle).
Paris. — Société Botanique de France
(84, rue de Grenelle).
Paris. — Société Linnéenne de Paris
(M. Bâillon, 12, rue Cuvier).
Paris. — Société Géologique de France
(7, rue des Grands-Augustins).
Paris. — Annuaire Géologique Universel
(36, avenue Hoche).
Paris. — Ecole Pol^'technique.
Paris. — Ecole des Mines.
Paris. — Société Philomatique de Paris
(7, rue des Grands-Augustins).
Paris. — La Feuille des Jeunes Natui^a
listes (35, rue Pierre-Charron).
Paj'is. — Revue des Sciences naturelles
de l'Ouest (14, boulevard Saint-Ger-
main).
52. id. Paris. — Muséum d'histoire naturelle.
53. id. Paris. — Ministère de l'Instruction pu-
blique. — Revue des travaux scienti-
fiques.
54. id. Paris. — Ministère de l'Instruction pu-
blique. — Bulletin des Bibliothèques et
des Archives.
55. id. Paris. — Bulletin Scientifique de France
et de Belgique (14, rue Stanislas).
56. Skink-Inféhieuhk. Le Havre. — Société Géolo-
gique de Normandie.
57. id. Rouen. — Académie des Sciences, Belles-
Lettres et Arts de Rouen.
42.
Skink
43.
id.
44.
id.
45.
id.
16.
id.
47.
id.
48.
id.
49.
id.
50.
id.
51.
id.
— XIX —
r)<S. Skink - iNFÈiuiUiiiK. Hoi/rii. — Sooiétfi ceiitralr
d Agricullure de la Seine-Inl'éi'ieure.
.")!). id. Rouen. — Société des xVrnis des Sciences
naturelles de Rouen.
(iO. id. Klheiif. — Société détudes des Sciences
naturelles d'Elbeuf.
(il. SoMMK. Amiens. — Société Linnéenne du Nord de
la France.
('>2. Vienne (Haute-). Limoges. — Revue scientifique
du Limousin (dir. M. Le Gendre).
(Vo. Vosges. Saint-Dié. — Société Philomatique Vos-
gienne.
(')4. Yonne. Au.ierre. — Société des Sciences histo-
riques et naturelles de l'Yonne.
Tunisie
05. Tunis. Institut de Carthage.
Alsace-Lorraine
()(). Metz. Académie dô Metz.
'i7. id. Société d'Histoire naturelle de Metz (25,
rue de l'Evêché).
Allemagne
<)8. Beklin. Berliner eutomologische Zeitschrift.
<i9. id. Iv. Preussiche Akademie der Wissen-
schaften.
70. BiiÈMK. Naturwissenschaftliche Verein zu Bremen.
71. Bheslau. Beitriige zur Biologie der Pllanzen (D''
Cohu, 20, Sclnveinitzer Sladtgraben).
— XX —
72. Francfort-sur-Mkin. Senckenbergische Naturfor-
schende Gesellschaft.
73. Francfort-s-Oder. Naturwissenschaftliche Verein
fur den Regierungsbezifk Francfort a.
Oder.
74. Fribourg-en-Brisgau (G. D. de Bade). Naturfor-
schende Gesellschaft.
75. GiESSEN. Oberhessische Gesellschaft fur Natur-und
Heilkunde.
76. Hambourg. Naturwissenschaftliche Verein zu
Hamburg.
77. Iena. lenaische Zeitschrift fur Naturwissenschaft.
78. Kœmgsberg. K. physikalisch-ôkonomische Ge-
sellschaft zu Kônigsberg.
79. Munich. K. Bayerische Akadeuiie der Wissen-
schaften zu Mûnchen.
80 id. Bayerische botanische Gesellschaft.
81. Munster. Westfalische Provinzialverein fiir Wis-
senschaft und Kunst.
82. Stuttgart. Verein fiir vaterlandische Naturkunde
in Wurtemberg.
Australie
83. Adélaïde. Royal Society of South Australia.
84. Sidney. Département of Mines.
85. id. Linnean Society of New South Wales.
Autriche-Hongrie
80. BriInn. Naturforschende Verein in Briin.
87. Budapest. K. Ungarische geologische A-nstalt.
— XXI —
88. Prague. K. Bôhmische Gessellschaft der Wis-
senschaften.
89. Vienne, K. K. Akademie der Wissenschaften.
90. id. K. K. Naturhislorische Hofmuseum.
91. id. K. K. Geologische Reichsanstall,
92. id, K. K. Zoologisch-botanische Gesellschaft
in Wien, Wollzeile, 12.
Belgique
93. Bruxelles. Académie R. des Sciences, des Lettres
et des Beaux- Arts de Belgique.
Société R. de Botanique de Belgique.
Société R. Malacologique de Belgique.
Société Entomologique de Belgique.
Société belge de Microscopie.
Société belge de Géologie , Hydrologie et
Paléontologie.
99. Gand. Dodonea.
100. Liège. Société Géologique de Belgique.
101. id. Société R. des Sciences de Liège.
Brésil
102. Rio-de-Janeiro. La Escola de Minas de Ouro-
Preto. Muséum nacional do Rio-de-
Janeiro.
Canada
103. Halifax. Nova Scotian Institute of Sciences.
104. Ottawa. Royal Society of Sciences of Canada.
94.
id.
95.
id.
96.
id.
97.
id.
98.
id.
— XXII
Chili
105. Santiago. Société Scientifique du Cliili (Casilla
12 D).
Espagne
106. Madrid. Sociedad espanola de Historia natural.
107. id. Real Academia de Ciencias exactas fici-
cas y naturales.
États-Unis
108. Boston (Mass.). Society of natural History.
109. id. American Academy of Arts and Sciences.
110. Cambiîidge ( Mass. ). Muséum of comparative
Zoology at Hai'ward collège.
111. Chapel-Hill (North Carolina). Elisha Mitchel
scientific Society.
112. New-Haven. Connecticut Academy of Arts and
Sciences.
113. Neav-York. The New-York Academy of Sciences.
114. Philadelphie, The Academy of natural Sciences
of Philadelphia.
115. id. The Wagner Free Institute of Sciences.
116. Rochester. Rochester Academy of Sciences.
117. St-Louis du Missouri. The Academy of Sciences
of St-Louis.
118. id. Missouri botanical Garden.
119. San-Francisco, California Academy of Sciences.
120. ToPEKA (Kansas). Kansas Academy of Sciences.
121. Trenton. The Trenton natural History Society.
— XXIII —
122. Washington. Smithsonian Institulion.
123. id. United Stales Geological Survey.
124. id. Bureau of American Ethnology.
125. id. National Muséum' of Natural iiistory.
Hollande
126. Amsterdam. Académie des Sciences d'Amsterdam
(Koninkligde Akademie van Weten-
schappen).
127 id. Société royale de Zoologie, Natura artis
magistra.
128. S. Gravenhage. Nederlandsche entomologische
Vereeniging.
129. NiMÈGUE. Nederlandsche Botanische Vereeniging.
Iles-Britanniques
130. Dublin. Royal geological Society of Ireland.
131. Edimbourg. Royal physical Society of Edin-
burgli.
132. Glasgow. Geological Society ofGlascow.
133. Londres. Linnean Society of London.
134. id. Entomological Society of London.
135. id. Geological Society of London (Burling-
ton House, Piccadilly, London, W).
136. id. Zoological Society of London (Librarian
of), 3 Hanover Square, London VV.
137. Manchester. The Manchester litterary and philo
sophical Society.
138. id. Manchester Geological Society.
— XXIV —
Indes Anglaises
139. Calcutta. Geological Survey of India.
140. id. Asiatic Society of Bengal.
Italie
141. Bologne. R. Academia délie Scienze dell' Istituto
di Bologna.
142. Florence. Societa Entomologica Italiana.
143. id. Societa Botanica Italiana.
144. id. Bibliotheca nazionale centrale di Firenze
(Bollelino délie pubblicazioni italiani).
145. GÈNES. Museo civico di Storia nalurale di Ge-
nova.
146. id. Malpighia (0. Penzig, à l'Université).
147. Parme. Nuova Notarisia (de Toni, au Jardin bota-
nique de l'Université).
148. Rome. R. Instituto botanico di Roma.
149. id. Societa romana per gli Studi Zoologici.
150. id. R. Comitato Geologico d'Italia.
151. id. Rassegna délie Scienze geologische in
Italia.
152. id. Reale Académie dei Lincei.
Luxembourg
153. Luxembourg. Institut Grand-Ducal de Luxera-
bourg.
154. id. Société de Botanique du Grand-Duché de
Luxembourg.
— XXV —
Mexique
155. Mexico. Sociedad cientifica Antonio Alzate.
156. id. Observatorio meteorologico central.
Portugal
157. Coïmbue. Sociedada Brotenaria.
158. Lisbonne. Commisao dos trabalhos geologicos
de Portugal.
159. Porto. Annaes de Scienciasnatui'ales(dir. M. Aug.
Nobre).
Russie
160. Helsingfors. Société des Sciences de Finlande
(Finska Vetenskaps Societeten).
161. id. Societas pro Fauna et Flora fennica.
162. KiEW. Société des Naturalistes de Kiew.
163. Moscou. Société impériale des Naturalistes de
Moscou.
164. Odessa. Société des Naturalistes de la Nouvelle-
Russie.
165. Saint - Pétersbourg. Académie impériale des
Sciences.
166. id. Comité géologique.
167. id. Société entomologique russe.
Suède et Norwége
168. LuND. Universitas Lundensis.
169. id. Botaniska Notiser (D' Nordstedt).
— XXVI —
170. Stockolm. Kœngiiga Svenska Akademien.
171. ici. Entomologiska Fôreningen (94 , Drott
ninggatan).
172. Upsal. Societas Scientiarum Upsalensis ( K.
Wetenskaps Societet).
173. id. Université.
Suisse
174. Behni:. Schweiz Naturforschenden Gesellschaft.
175. id. Naturforschenden Gesellschaft in Bern.
176. id. Société entomologique Suisse.
177. Chambézy. (près Genève). Herbier Boissier
(M. Autran, conservateur).
178. Genève. Société de Physique et d'Histoire natu-
relle.
179. Lausane. Société vaudoise des Sciences natu-
relles.
180. Neufchatel. Société des Sciences naturelles de
Neufchâtel.
Urugay
181. Montevideo. Museo nacional (Dir. Arechavaleta).
PROCES- VERBAUX
iD e; s s e: y^ rsT G e: s
SEANCE DU 13 JANVIER 1896, ,
Présidence de M, Joyeux-Laffuie.
La séance est ouverte à 8 heures.
Sont présents : MM. Adel, Bigot, Brasil, Chevalier,
Ghevrel, P. Fauvel, D'' Fayel, D'" Joyeux-Laffuie, Le
Meulais , Lignier, Moisy, Pvavenel, Vaullegeard.
Le procès-verbal de la séance de décembre 1895
est lu et adopté.
L'Académie d'Hippone fait part du décès de son
secrétaire-général, M. Doublet,
M. le Ministre de l'Instruction publique adresse
une circulaire relative au Congrès des Sociétés
savantes de 1896 et demande les noms des délégués
de la Société à ce Congrès. — MM. Bigot, Ghevrel et
Lignier sont chargés de représenter la Société.
Le Comité des Assises de Caumont demande égale-
ment à la Société Linnéenne des délégués au Congrès
de Pvouen. M. Bigot accepte cette fonction.
M. J. Bertrand, secrétaire perpétuel de l'Académie
des Sciences, président du Comité de la Société
Thénard, demande le concours de la Société Lin-
néenne à cette œuvre d'assistance aux familles des
savants morts dans le besoin après avoir bien mérité
de la science. Malgré toute sa sympathie pour une
œuvre si utile, la Société regrette que l'état de ses
finances ne lui permette pas de s'y associer par une
souscription.
— xxx —
M. Léger, vice-secrétaire de la Société depuis Tans,
prie ses collègues de ne point lui renouveler ses
fonctions.
La Société des Sciences naturelles de Saône-et-
Loire , à Ghâlpns-sur-Saône. demande l'échange de
nos publications avec son Bulletin.
Les ouvrages reçus depuis la dernière séance sont
passés en revue.
Sont offerts par les auteurs les brochures sui-
vantes :
J. Dewalque. — Pourquoi j'ai donné ma démis-
sion de membre et de vice-président du Conseil de
direction de la Commission de la Carte géologique
de Belgique.
V. Payot. — Florule de V excursionniste aux
gorges de la Diozas.
— Note sur deux exemples de fructifications
de Mousses sous la neige.
— Excursion du /''' au 3 août JS94 au
Mont de Lâchât, et au Pavillon de Béllemie.
Il est voté sur les présentations faite à la dernière
séance. Sont admis :
Membre honoraire : M. Y1EILI.XRD, ancien direc-
teur du Jardin des Plantes de Caen.
Membre résidant : M. le D'" Osmont, rue Jean-
Romain.
Membre correspondant : M. Mouton, pharmacien,
à May-sur-Orne.
Le Trésorier donne connaissance de la situation
financière de la Société. — Une commission composée
de MM. Chevrel , D"' Fayel , Lignier , est chargée
d'examiner les comptes du Trésorier.
— XXXI —
11 est procédé au renouvellement du Bureau (]'oir
h résultat du scrutin , p. 3).
M. Lignier remercie la Société de l'honneur qu'elle
lui fait en l'appelant à la présidence. Il dit qu'il
s'etïorcera de faire fructifier l'idée émise à Valognes,
par M. Joyeux-Laffuie, c'est-à-dire, de développer la
part faite à la science appliquée dans nos travaux.
M. Joyeux-Laffuie remercie également la Société
qui l'a appelé à la diriger pendant l'année 1895.
M. Bigot fait connaître qu'il a trouvé l'embryon du
genre Pseudoneriucea dans des échantillons de Gor-
debugle (Calvados); c'est un embryon paucispiré,
hétérostrophe , dévié , analogue par conséquent à
celui de Ceritella; c'est uu nouvel argument en
faveur de l'opinion de M. Gossmann qui rapproche
les Nérinées des Opisthobranches.
M. Chevalier annonce que notre confrère, M. l'abbé
Frébet, lui a signalé qu'un églantier, planté au Jardin
botanique du Petit-Séminaire de la Ferté-Macé, s'est
en quelques années transformé en Rosier à fleurs
doubles ; il signale un exemple analogue, avec retour
à la forme à fleurs simples, indiqué par M. Crépin.
M. Lignier, au sujet de poils glanduleux auxquels il a
été fait allusion à propos de l'exemplaire de M. Crépin,
dit que cette multiplication de pétales est probable-
ment due à des piqûres d'insectes ou de champi-
gnons.
A l'appui de cette opinion, M. Ravenel cite l'exemple
d'un pommier dont une branche donnait des fleurs
doubles ; cette branche était chancrée.
— XXXII —
La Commission chargée d'examiner les comptes du
Trésorier déclare ces comptes exacts. Sur la propo-
sition du Président, des remerciements sont votés à
M. Moisy pour le zèle avec lequel il s'acquitte de ses
délicates fonctions.
M. Joyeux-LafTuie demande à la Société de contri-
buer, pour une somme si minime qu'elle soit, à la
souscription pour élever un monument à Pasteur.
Suivant l'usage, cette proposition est envoyée à la
Commission d'impression.
A 10 heures la séance est levée.
SEANCE DU 3 FEVRIER.
Présidence de M. Lignier.
La séance est ouverte à 8 heures.
Sont présents : MM. Bigot , Brasil , Chevalier ,
Ghevrel, f'auvel (P.), D'" Fayel, Lemeulais, Lignier,
Ravenei, de la Thuillerie, Tison, Vaullegeard.
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et
adopté.
La correspondance comprend : une lettre de M. de
Formigny de La Londe, remerciant la Société de
l'avoir nommé membre de la Commission d'impres-
sion ; une lettre de M. J. Léger, nommé vice-président,
qui, tout en remerciant la Société de cet honneur,
déclare ne pouvoir accepter ces fonctions ; il sera
pourvu à son remplacement dans la prochaine séance.
Les ouvrages reçus sont déposés sur le bureau.
A cette occasion , le Secrétaire rappelle que les
ouvrages reçus dans le courant du mois peuvent être
consultés à la Bibliothèque, entre le moment de leur
arrivée et le jeudi qui suit la séance mensuelle, que
la Bibliothèque est ouverte les lundis et jeudis, de
2 heures à 4 heures, et qu'en dehors de ces jours
d'ouverture, les membres peuvent demander chez
le concierge de la Bibliothèque les livres dont ils ont
besoin à titre de prêt et qui sont déposés le lendemain
chez le concierge.
G
— XXXIV —
Parmi les ouvrages reçus se trouve le travail sui-
vant offert par notre confrère, M. R. Fortin :
ScHLUTER, Ecliinodermes fossiles de V Allemagne
du Nord, Echinoïdes, 1 pl.(trad. Fortin).
Le Secrétaire annonce que la Commission d'im-
pression a fixé à 25 fr. la souscription de la Société
au monument élevé à L. Pasteur ; c'est une déro-
gation au principe qui a toujours empêché la Société
de contribuer à des souscriptions de ce genre, mais
qui s'explique parle caractère tout à fait exceptionnel
de l'œuvre pour laquelle cette somme est accordée.
La Société ratifie cette décision.
M. le D'' Fayel demande que l'on ne supprime pas,
comme l'a décidé la Commission d'impression, l'in-
sertion des Bulletins mensuels de la Commission
météorologique du Calvados dans notre Bulletin ; il
fait remarquer l'importance que présentent pour les
naturalistes ces résumés météorologiques.
Le Secrétaire explique que la Commission ne
méconnaît pas le haut intérêt de ces Bulletins , mais
qu'elle s'est vue , à son grand regret , obligée de
prendre cette décision pour des raisons budgétaires.
Ce Bulletin nous coûte 90 fr. par an, et si on ajoute
la surcharge de port lors de l'expédition du volume,
c'est une dépense totale de JOO tV. par an qui grève
notre maigre budget.
La question est renvoyée à la Commission d'im-
pression, qui verra dans quelle mesure il est possible
de donner satisfaction au désir exprimé par M. le
Dr Fayel de publier au moins les résumés mensuels
du Bulletin météorologique.
— XXXV —
M. Brasil fait une communication sur le Gallovien
supérieur du Calvados {imprimé dam la .2" partie
de ce Bulletin).
M. Brasil attire l'attention sur la confusion qu'on
fait souvent en France entre les diverses espèces
calloviennes du genre Cosmoceras. Les espèces ren-
contrées à Dives et à Villers-sur-Mer seraient les
suivantes :
Cosmoceras Jason, Reinecke. — Couches à Pe/^o-
ceras athleta de Dives. — Très rare.
Cosmoceras Proniœ, Tisseyre. — Espèce très voi-
sine de C. Guilielmi. — Couches à Pelt. athleta de
Dives. — Très rare.
Cosmoceras ornatum, Schloth. — C'est une espèce
que d'Orbigny a représentée, pi. CLXI de la Paléonto-
logie française, sous le nom de Aimn. Duncani. —
Tout leCallovien supérieur de Dives à Villers-s-Mer.
Cosmoceras Duncani, Sow. — Espèce représentée
par d'Orbigny, pi. CLXII de la Paléontologie française,
et très souvent désignée à tort souS le nom de Cosm.
Guilielmi, Sow. Cette dernière espèce n'existerait
pas dans le Callovien supérieur du Calvados, — Tout
le Callovien supérieur de Dives et Villers-sur-Mer.
M. de la Thuillerie annonce qu'il a trouvé, le
16 août 1895, sur la berge vaseuse de la rivière le
Trieux, formant le port de Pontrieux, Cotula corono-
pifolia Linné, non signalé en France, et sur les
grèves de Saint-Quay-Pontrieux (Côtes-du-Nord) ,
Atriplex Babingtonii, Woods, plante assez commune
mais non signalée dans la Flore de Lloyd.
A 9 heures la séance est levée.
SEANCE DU 2 MARS.
Présidence de M. Ligmer.
La séance est ouverte à 8 heures.
Sont présents : MM. Bigot , Brasil , Clievalier
Demelle, Fauvel (P.), Lignier, Moisy, Ravenel, de la
Thuillerie, Vaullegeard.
Le procès -verbal de la séance précédente est lu et
adopté.
La correspondance comprend : une lettre de
M. Vieillard , qui remercie la Société de l'avoir
nommé membre honoraire. — Une lettre de M. le
Ministre de l'Instruction publique annonçant qu'une
somme de 600 fr. est accordée à la Société à titre
d'encouragement à ses travaux. — Divers accusés de
réception du Bulletin et Mémoires. — Une demande
d'échange du Tuifs Collège, Massachussets , qui est
renvoyée à la Commission d'impression.
Les ouvrages reçus depuis la dernière séance sont
déposés sur le bureau.
Sont oflerts par l'auteur, M. G. Dewalque, membre
honoraire, les brochures suivantes :
Le trou du Porchon à la Reid.
Une rectification an sujet de Dreissensia.
Pourquoi fat donné ma démission. — Réponse à
M. Mourlon.
Sur le calcaire carbonifère de la carrière de
Paire (Clavier).
— XXXVII —
Su?' la faune des calschlstes de Tournai, broch.
in-8°, 1-1 p., 1896.
Et par M. Ed. Piette. — Hiatus et lacunes. —
Vestiges de la période de transition dans la grotte
du Mas dAzil, broch. in 8", 44 p., 1895.
Il est procédé à l'élection d'un Vice-Président en
remplacement de M. J. Léger nommé dans la séance
de janvier et qui n'a pas accepté. — M. Drouet
est élu.
Est présenté comme membre résidant :
M. le D'' NouRY , chargé de cours à l'Ecole de
Médecine, rue de l'Arquette, par MM. Bigot et D'"
Osmont.
Conformément au règlement, le Secrétaire rappelle
que les projets d'excursion annuelle doivent être
soumis à la Société dans la séance d'avril ; les mem-
bres de la Société expriment le désir que la réunion
se tienne, en 1896, dans le département de l'Eure et
chargent le Secrétaire de s'entendre avec ceux de
nos collègues qui habitent ce département.
M. Lignier présente , au nom de M. Guérin (de
Mesnil-Thébault), des implantations de Gui sur Gui.
Tantôt il n'y a pas de nodosité au point d'implanta-
tion, tantôt il existe un anneau plus ou moins com-
plet contournant le rameau support ; ce second cas
s'observe dans les implantations de Gui sur le
Tilleul. Il s'agit bien d'implantations, car les entre-
nœuds sont très longs chez le Gui, et l'implantation
est souvent à une certaine distance des nœuds ; cas
— XXXVIII —
plus concluant encore, des individus mâles peuvent
s'implanter sur individus femelles ou réciproque-
ment.
M. P. Fauvel annonce que , dans une récente
excursion dirigée à Cabourg par M. Joyeux-Lalïuie,
il a. vecueiWi \Echmrus Pallasii; cette espèce n'est
pas distincte de E. Gartneri, Quatfg.; les différences
signalées (absence de trompe, par autotomie, inter-
ruption des 2 couronnes de soies) ne sont pas carac-
téristiques; à Saint-Vaast, l'espèce atteint 16-18 ctm. ;
les échantillons très abondants recueillis à Cabourg
n'ont que 3 à 4 ctm. M. P. Fauvel a recueilli également
de nombreuses Pectinaires en place; le tube a sa petite
ouverture en haut, surmontée par une petite cheminée
formée d'un tube muqueux avec grains de sable. Cette
Pectinaire n'est pas Pect maria Belgica, mais Lagis
Corenii ; l'espèce de Naples citée comme Pectinaria
Belgica, et qui est la même que Pectinaria Neapo-
litana, est également Lagis Corenii. M. Fauvel n'a
jamais vu d'exemplaire de P. Belgica ; cependant
Malmgren la cite avec L. Corenii.
M. Bigot appelle l'attention sur un article de la
Feuille des Jeunes naturalistes , qui signale l'abon-
dance de la Belette Vison dans l'Ile-et-Vilaine ;un
fourreur de Rennes en prépare plus de 100 peaux
par an.
M. Bigot donne connaissance des analyses sui-
vantes :
— XXXIX —
G. F. Matthew. — The Protolenus faunu
{Tram, of the N. York Acad. of Se, vol. XIV,
1895, p. 101-153, pi. I-XI).
La région du New-Brunswick est devenue, surtout
par les recherches de M. Matthew, une de celles où
la division des assises cambriennes a été poussée le
plus loin.
Si l'on compare la composition du Gambrien dans
les deux régions classiques de la Scandinavie et du
Pays de Galles, on a le tableau suivant :
SCANDINAVIE PAYS DE GALLES
_, - . , . ( G. à Ceratopi/ûe Trémadoc super.
Cambrien supérieur ^ ^ , r» , r.. . , . ; . .
,„ , , . , G. a Peltura Trémadoc inférieur
(Postdamien). L^ , ru t • in
' G. a Olenits Lingula flags.
Cambrien \ Acadien. G. à -Paradoxides Ménévien et Solva.
inférieur. / Géorgien. G à Olenellus Gaerfai.
Ghacune de ces zones a pu être subdivisée en un
certain nombre de sous-zônes, à l'exception des cou-
ches .à Olenellus., bien que la variété des formes
rapportées à Olenellus semble indiquer l'existence
de semblables subdivisions.
Nulle part jusqu'à ce jour on n'a rencontré en
Amérique la zone supérieure à Ceratopi/ge. Dans le
Sud du Nouveau-Brunswick, il y a plusieurs zones
distinctes au-dessous des couches à Paradoxides ,
mais elles ne semblent pas appartenir aux couches à
Olenellus, car ce genre et la plupart des espèces qui
lui sont associées font défaut. Au contraire, à Manuel
Brook, dans le New^foundland, la zone à Olenellus
existe au-dessous des couches à Paradoxides.
— XL —
Dans le Sud du Nouveau-Brunswick, au-dessous de
la bande c' à Paradoxides lameîlatus, qui forme la
base des couches à Paradoxides, existe une faune nou-
velle comprise dans 5 assises qui sont de haut en bas :
5 Faune de Crustacés inconnue.
4 Sous-zône à Bei/richona tinea (Ostracode).
3 Sous-zône à Protoleniis paradoxoides.
2 Sous-zône à Protoleniis elegans.
I Sous-zône à Hipponicharion eos (Ostracode).
Les caractères généraux de la faune sont les sui-
vants :
Tous les Trilobites ont les lobes oculaires continus,
c'est-à-dire étendus depuis le bord antérieur de la
glabelle jusqu'au bord postérieur ; c'est un caractère
primitif. — L'importante famille de Ptychoparidœ est
absente, tandis qu'il y en a une douzaine d'espèces
dans la faune à Olenellm , qu'elles deviennent aussi
communes que Paradoxides dans la zone à Para-
doxides, et qu'elles continuent à abonder dans le
Cambrien. — Les genres Conocoryphe, Microdiscus,
Olenellus font défaut. — Les Brachiopodes , appar-
tenant à des types primitifs, sont généralement petits;
les plus grands appartiennent aux SipJionotretidœ et
OboUdœ. — Les Gastéropodes sont représentés par
des HyoUthidœ.
II est possible que cette faune, plus primitive et
plus pélagique que la faune à Olenellus soit contem-
poraine.
Les nombreuses espèces reconnues à ce niveau
sont les suivantes :
— XLI —
FoRAMiNiFÈREs. — Oi'bul iiia cï. universa, LdiVùk.; 0.
intermedia, n. sp. ; 0. (?) ova/is, n. sp. ; 0. (?)
ingens, n. sp. ; Globigerina cambrica, n. sp. ;
G. grandis, n. sp.; G. didgnia, n. sp.; Gr. turrita,
n. sp.
Spongiaires. — Monadites ; Prostospongia , Astro-
cladia? eîongata; A. (?j elegans ; A. ("f) virgu-
hïdes.
Brachiopodes. — Lingulella Martinensis Matthew;
L. cf. Granvillensis, Walcoti ■,Obolus (Bost/'ordia)
pnlc/ier, Matth. ; 0. pristi/ius, n. sp. ; Tremato-
boliis insignis, iMatthew ; Obo/e/la nitida, Fovd"! ;
Linnarsonia transv€?\sa, Uarit.; Acrotreta gemma:,
Billings ? ; .4 . gemmula, Matthew ; Lingulella (?)
cœlata?, Hall.; L. (?) inflata , Matthew; L.
inflata, var. ovalis, Matthew; Acrothele Mattliewi,
Hartt. ; A. Malthewi, var. costata, Matthew.
Ptéropodes. — Hi/olithellus micans , RilHngs?;
Co\eoïdes typicalis , Walc. ? ; Orthotheca cf.
Emtnonsi, Ford.; Hyolithes et. princeps, BilHngs?;
H. americanus , Bill.; H. cï. obtusus, I>ill. ; H.
decipiens ; H. gracilior , n. sp. ; Diplotheca
Hyattiana , Matth.; D. acadica , var. crassa ,
Matth. ; Pelagiella, n. gen. atlantoldes, Matth. ;
Wolborthella tennis, Schmidt.
Ostracodes. — Hipponicharion eos , Matth. ; //.
cavatum , Matlh. ; H. minus, Matth.; BeyricJiona
papilio, Matth.; B. tinea, Matth. ; B. planata ,
n. sp. ; B. triangula, n. sp. ; B. ovata, n. sp. ; B.
rotundata, n. sp. ; Aparchites secundo, n. sp. ;
Primitia aurora , Matth.; P. oculata , n. sp. ;
— XLII —
P. (?) fi/siformis, n. sp. ; Schmidtella cambrica ,
n. sp.; Leperdilia (?) ventricosa, Matth. ; L. (?)
Steadi, Matth. ; L. (?) minor, n, sp. ; L. (?) jo?7'-
mœva, n. sp.
Phyllopodes. — Lepidita i;-^ slgillata, Matth.
Trilobites. — Protagraidos, n. gen., priscus, n. sp.;
Ellipsocephahis galeatus , Matth.; £■. grandis:,
Matth. ; Aiuilonia acadica, n. sp. ; Micmacca ,
n. gen., Mattheyi, n. sp.; M. F«/* Ingeni, n, sp. ;
ii. recurva, n. sp. ; A/. (?) plana, n. sp.; Proto-
lenu!^ paradoxo'ides, Matth.; P. bituberculatus,
n. sp. ; P. (Bergeronia , n. siibgen.) elegans,
Matth.; P. (B.) articephala, Matth.
A. Bigot.
D. P. Œhlert. — Sur les Triiiucleus de
l'Ouest de la France {Bull. Soc. Géol. Fr.,
S^sér., t. XXIII, 1895, p. 299-336, pi. I-II, 14 fig.
dans le texte).
Les Trimicleus n'ont été longtemps connus, dans
rOuest de la France, que dans les Schistes ardoisiers
supérieurs o\j Rouault et Dalimier ont signalé Tri-
micleus Pongerardi et T. ornatus. Plus tard, MM. de
Troraelin et Lebesconte en ont signalé un autre, Tr.
Goldfussi, dans les grès de Bas-Pont, au sommet du
Grès de May, et dans les Schistes ardoisiers supé-
rieurs.
Des études de M. D. P. Œhlert, il résulte que les
7Vm^<c/e^^s existent à plusieurs niveaux dans l'Ordovi-
cien de Normandie , représentés par des espèces
distinctes.
— XLIII —
1° Dans une zone schisteuse intercalée dans le
Grès de May où leur présence a été signalée par
M. Kerforne ;
2° Dans les Schistes supérieurs à Calymene Tris-
tani d'Andouillé (7V. Biireaiii, n. sp.) ;
.> Dans les Schistes d'Ecalgrain, près Jobourg
(Manche) {Tr. Grenieri, Bergeron);
4° Dans les Schistes ardoisiers supérieurs de
Riadan {Tr. Pongerardi , Rou). L'existence de 7V.
Goldfussi, Barrande et Tr.oDiatus, Sternb. demande
à être confirmée.
A propos de ces espèces, M. D. P. Œhlert discute
longuement un certain nombre de caractères du
genre Trinucleiis , limbe, suture, yeux, enroule-
ment.
Il entre aussi dans des détails très importants
sur la distribution des Tr'mucleus et sur la consti-
tution de rOrdovicien supérieur de lOuest de la
France.
Le Grès de May est loin d'être homogène dans sa
composition et sa faune. Vers le milieu il existe
un niveau schisteux avec Trinucleu'i. Dans les grès
inférieurs il y a deux niveaux distincts , un à la
base contenant encore CaJymene Tristani , l'autre
où cette espèce fait défaut et qui est caractérisée plus
particulièrement parHofnalonotus Vicaryi, serratus,
Bronf/niarti , Plœsiacomia brevicaiidata , Dalma-
nites bicertus. — Le niveau à Trinucleus a une faune
semblable à celle des Schistes ardoisiers inférieurs
{Calymene Tristani, Plœsiacomia brevicaudata). Ce
niveau se retrouve au Pont de Gaen, près Domfront,
aux environs de Villaines (Mayenne). Les grès de May
— XLIV —
supérieurs (Grès du Belvédère) ont comme espèces
caractéristiques : Conularia pyramidata , Homa-
lonolus Deslongchampsi , Modiolopsù prima ,
M or ter i.
Les schistes à Tr. ornatiis et Grenieri de Nor-
mandie, les ardoises à 7V. Pongerardi et ornatus de
Bretagne sont au-dessus de ces Grès du Belvédère.
A. Bigot.
D"^ Philippe Pocta. — Parallèle entre les
dépôts siluriens de la Bretagne et de la
^o\\èn\Q {Bull. Soc. Et. Se. Angers, t. XXIV,
1894, p. 137-146).
M. Pocta ayant étudié en compagnie de M. Œtilert
les dépôts paléozoïques du Maine les a comparés à
ceux de la Bohème.
L'ensemble de couches désigné dans le nom de
Précambrien ressemble entièrement aux schistes
rangés par Barrande dans les étages A et B.
Le Grès armoricain est peut être plus ancien que
d' et occuperait à peu près la même place que les
diabases^sur lesquelles repose l'Ordovicien de Bohème.
On pourrait peut être aussi le placer au niveau de
d' a de Bohème.
Les Schistes à CaJymene Tristani représentent un
équivalent de f/' y par la présence du Placoparia
Tourneîiiineiy variété de PI. Zippei, la présence de
Didy m ograp tus .
Le Grès de May paraît correspondre aux assises
d^ + d' + d' de Bohème.
— XLV —
La bande d" a renfermant Trinucleiis GoMfussti, T.
spinatîis, peut se placer au niveau des ardoises de
Renazé ; Ampyx tenellus de Renazé n'existe en
Bohème que dans i/' a.
Les couches de grès au-dessus des Schistes de
Renazé n'ont rien d'analogue en Bohème; on pourrait
peut être les comparer aux Quartzites de d:' [3 qui
pourraient en Bohème appartenir au Silurien supé-
rieur.
Les horizons 2, à Monograptus priodon, et 3, à
M. colonus , de e' de Bohème ont été distingués en
Bi'etagne par M. Barrois,
Au-dessus des calcaires kBolbozoe Bohemica ,
représentant évidemment une partie de la bande e"
de Bohème, il n'y aucune couche silurienne dans
l'Ouest de la France.
A. Bigot.
M. CossMANN. — Etudes sur les Gastropodes
des Terrains jurassiques (Mém. Soc. GéoJ.
Fr. — Paléont., 1895, in-i», 167 p., 6 pi.).
Dans le travail qu'entreprend M. Gossmann, l'au-
teur se propose de taire connaître successivement la
faune de Gastropodes des terrains jurassiques de
France; c'est plus qu'une continuation de l'œuvre
interrompue par d'Orbigny ; c'est une véritable révi-
sion des Gastropodes jurassiques. Dans une publi-
cation qui marche parallèlement, intitulée « Essais
de Palœoconchologie comparée », M. Gossmann
donne la caractéristique des divers genres, sous-
— XLVI —
genres et sections admis dans les Gastropodes ; le
grand travail est destiné à donner la répartition dans
ces groupes de toutes les espèces jurassiques décrites
par d'Orbigny, ou dans des Mémoires publiés de 1850
à 1895, ou reconnues nouvelles dans les collections
publiques et privées qui ont été communiquées à
l'auteur.
Le premier fascicule contient la description de
175 espèces appartenant aux Opisthobranches et aux
Pulmonés; 46 d'entre elles proviennent des terrains
jurassiques de Normandie et de la Sarthe, et les
types de la plupart d'entre elles sont conservés,
soit dans les collections de la Faculté des Sciences ,
soit dans la collection Deslongchamps.
Ces espèces sopt :
OPISTHOBRANCHES (1)
1 TORNATELL.EA pulclieUa Dcsl. — Baj. supr.
2 » Brasili n. sp. — Baj. inf. et sup^
3 » LoWem (Héb. etDesl. ).—Bath. sup'".
4 » myosotis Buv. — Séquanien.
5 JD microsphœera n. sp., id.
6 AcT.EONiNA giganlea Desl. — Bath. moy. et sup''.
7 » (Striactseonina?).S'«/VAr/ce/îmd'Orb.^
Bath. sup^
8 » (Ovactceonina) sparsisulcata d'Orb. —
Charmouthien.
9 » » mdacopho?'a n. sp., id.
(1) Le nom d'auteur entre parentlièses indi(iue que l'espèee a été
décrite dans un autre genre par l'auteur de l'espèce.
11
»
12
»
13
»
— XLVII —
10 Ac.T^ONiNA (Ovactseonina) Loriereana d'Orb. —
Bath. sup''.
» Stiieri r\.B^. — Séquan.
» gynina n. sp., id.
(Cylindrobullina) fragilis Dunker. —
Hettangien.
14 » » miliola d'Orb. —
Séquanien.
15 » (Conactseon) Cadomensis (Desl.)- —
Gharmouthien.
» Davidsoni Desl., id. (1).
» brachyteles n. sp., id.
(Euconactœon) concava Desl., id.
» subbabreviata dCOrh. —
Gharmouthien (2).
» Cmimonti (Jie'à\.), là.
(Trochactœonina) Davoustana d'Orb. —
Bathonien sup^
(1) Cette espèe a été décrite et figurée par J. A. E. E. Deslong-
diamps. Bull. Soc. Lin. Norm., 1859, t. IV, p. 183, pi. I, fig. 7.
M. Cossmaiiii en a faitC. macrospiva qm tombe (Mi synonymie; si
ou adnu't Conactaeon et CyllndrobnlUna comnu> sections de
Aclaeonina, le nom de Act. Davidsoni donné en 1874 à une espèce
du Boulonnais par M. de Loriol devra être changé.
(2) L'échantillon l'eprésenté i)ar M. Cossmann , pi. 111, fig. 22,
sous le nom de C. subbabreviatum d'Orb. ne provient pas du Cal-
vados, maiN de Tliouars (Deux-Sèvres). 11 a déjà été décrit sous le
nom de Acteonina consfricta, par J. A. E. Deslougchamps (Bull.
Soc. Lin. i\orm.. 1859, f. IV, p. 183, pi. I, lig. 8-9). Si on con-
sidère comme des espèces différentes Euconactœon Caumonli et
concavus, il y a tojt lieu de distinguer spécifiquement E. cons-
h'ictum et E. subabbreviatum.
16
»
17
))
18
»
19
»
20
»
21
»
— XLVIII —
22 AcT.EONiNA (Trochactœonina) Boutillieri n. sp. -
Séquanien.
23 » » Bigoti n. sp., id.
24 » » veniricosa d'Orb., id.
25 Gylindrites cusp'idatus Sow. — Balh. sup'' moy.
26 » ôi<//^jr/«.sMorr.etLycett. — Bath.sup^
27 » Thorenti Buy. — Bath. moy.
28 Ceritella Francquana (d'Orb.). — Bath. sup^
29 » pygmcTa Morr. et Lyc, id.
30 » rissoïdcs (Buv.). — Séquanien.
31 )) plicata (Zitt. et Goub.), id.
32 » Deshayesea (Buv.), id.
33 ToBisiATmA Boutil/ieri n. sp., id.
PULMONÉS.
34 BuLLA Liasinn E. Desl. — Gharmouthien.
35 » globulosa Desl., Bathonien sup''.
36 » Lorierei d'Orb. — Callovien.
37 AcERA? primœva (Desl.). — Bath. sup'".
38 » mecUojurensh n. sp. — Callovien.
39 » Beaugrandi de Lor. — Kimméridien.
40 » truncata (Lènnier). — Séquanien.
41 SuLCOACT.EON Bigot i n. sp. — Bajocien sup^
42 » sti'iatosukatum (Zitt. et Goub.). —
Séquanien.
43 » hordeolus (Buv.), id.
44 Hydatina (?2i\dèdh^&Q.\.m2i) supraj iiremis (B^œm.).
— Séquanien.
45 Bhytidopilus Douvillei Cossm. — Bath. moy.
et sup''.
46 » C astellatiu s (Thwrm.). — Séq.
A. Bigot.
— XLIX —
M. CossMANN. — Mollusques éocéniques de
la Loire-Inierieure {Bull. Soc. Se. nat.
Ouest, Nantes, t. V, 1895, p. 159-197, pi. V-VII).
M. Cossmann , qui est un travailleur infatigable
mène de front un Gênera des Gastropodes, la révision
des Gastropodes jurassiques de France et la conti-
nuation de ses études sur les coquilles tertiaires. Le
mémoire dont la Société de Nantes a commencé la
publication est destiné à faire connaître la riche faune
éocénique de la Loire-Inférieure, dont les recherches
de M. V^asseur ont montrés les affinités avec celle du
Gotentin. En attendant que M. Cossmann attaque
l'étude de la faune tertiaire du département de la
Manche, il sera toujours intéressant de consulter son
travail sur la Bretagne. Le premier fascicule est
consacré à la description des Céphalopodes, Pulmonés
et Opisthobranches. Dès maintenant nous pouvons
signaler l'existence dans le Cotentin , d'après les
collections qui sont à notre disposition, des espèces
suivantes :
Nautihis umbi/ieui is, Desh. — Vasseiiria oeeideji-
talls , Mun. Gh. — Auricula Douvillei , Vass. —
SipJionaria Toiinioueri , A'^asseur. — Scaphander
altanUlensis, Desh. — BuUinella Brugiiieri, Desh.
— />. ei/lhidro'ides, Deshayes. — Hoxania ovulata ,
LdimXi. — PlicobuUa Dumasi , Cossm.
A. Bigot.
A 9 heures 1/2 la séance est levée.
D
SEANCE DU 4 MAI 1896
Présidence de M. Lignier, président
La séance est ouverte à 8 heures.
Sont présents : MM. Bigot, Brasil, P. Fauvel, D""
Fayel, de Formigny de la Londe, Léger, Le Meulais,
Lignier, Marie, D'" Osmont, VauUegeard.
Le procès-verbal de la séance d'Avril est lu et
adopté, après observation de M. P. Fauvel.
Communication est donnée, de la correspondance
qui comprend :
1° Une invitation de la Commission d'organisation
du Congrès des Mines, de la Métallurgie et de la
Géologie organisé les 25 et 26 septembre 1896 à
Buda-Pesth, à l'occasion du millénaire de la Hongrie,
et demandant à la Société de se faire représenter à
ce Congrès. — 2" Diverses lettres du Comité des
Assises de Caumont dont le 2<^ Congrès s'ouvrira à
Rouen le 15 juin ; la Société délègue à ce Congrès
MM. Bigot, P. Fauvel et VauUegeard.— 3" Divers
accusés de réception. — A" Une demande d'échange de
la Société du S. E. pour Véchange des plantes,
qui est renvoyée à la Commission d'impression.
Les ouvrages reçus depuis la dernière séance sont
passés en revue. Ils comprennent les ouvrages sui-
vants, offerts par leurs auteurs :
Ed. Bonnet et G. Barratte. — Catalogue rai-
sonné des Plantes va'iCMlaires de Tunisie.
- LI —
D"" Saint-Lager. — La Vigne du Mont Ida et le
Vaccinmm. — Les nouvelles flores de France.
Thériot. — Notes sur la flore bryologique du
Mon /.-Dore.
Abbk Hue. — Lichens récoltés à Vire, à Mortain
et au Mont Saint-Michel. — Lichens de Cani.si/
(Manche) et des eiivirons.
M. le D'" NouRY, professeur à l'Ecole de médecine,
présenté dans la dernière séance , est élu membre
résidant.
La Commission d'impression soumet à l'appro-
bation de la Société la motion suivante :
« Le Secrétaire de la Commissioti météorologique
du Calvados fournira chaque année un résumé des
principaux événements météorologiques ; ce résumé
qui correspondra à une demi-feuille d'impression
sera imprimé dans le dernier fascicule du Bulletin.
La Société Linnéenne versera à la Commission météo-
rologique du Calvados une subvention annuelle de
yingt-cinq francs. »
Après une discussion à laquelle prennent part
MM. Bigot, D'' Fayel, de Formigny de la Londe,
Lignier, cette proposition est adoptée par 6 voix
contre 5.
Le Secrétaire fait connaître qu'il a reçu deux
projets d'excursion dans le département de l'Eure,
l'un de M. l'abbé Toussaint, de Bois-Gérùme, avec
Vernon comme centre ; l'autre de M. labbé Guttin,
de Saint-Didier-des-Bois, avec Louviers comme lieu
de réunion. La Société adopte la proposition de la
— LU —
Commission d'impression qui a choisi la réunion à
Louviers, et fixe cette réunion au dimanche 28 Juin.
Le Secrétaire est chargé d'organiser cette réunion et
les excursions qui l'accompagneront. En pi-incipe,
il est désirable qu'une excursion soit faite le
dimanche matin.
M. Vaullegeard communique une note relative à
des vers parasites d'animaux marins (Voir 2'^ partie
de ce Bulletin).
M. P. Fauve!, à propos d'une note de M. le baron
de Saint- Joseph qui signale pour la première fois la
présence d'un Orthonectide (Rhopalura Pterocirri)
chez un Annelide polycliète, fait remarquer qu'il a
constaté lui-même la présence d'un Rhopalura chez
VAmpharetc Grubei , mais n'ayant pas alors les
renseignements nécessaires pour sa détermination
il ne peut affirmer que ce soit la même espèce que
celle du baron de Saint-Joseph.
M. Bigot montre que l'atlas et l'axis des Crocodi-
liens et Téléosauriens forment en réalité trois ver-
tèbres, la pièce basilaire étant le centrum d'un
proatlas dont la pièce supérieure constitue l'arc
ne u rai.
A 9 heures 1/2 la séance est levée.
SEANCE DU r JUIN 1896
Présidence de M. Ligxier, président
La séance est ouverte à 8 heures.
Sont présents : MM. Sigot, Brasil, D'- Catois, Che-
valier, P. Fauvel, de Formigny de la Londe, Léger,
Lignier, Moisy, D'' Osmont, de la Thuillerie, Tison,
Ravenel, Vaullegeard.
Le procès- verha] de la séance de Mai est lu et
adopté.
Communication est donnée de la correspondance :
M. Joyeux Laffuie, en même temps que ses excuses
de ne pouvoir assister à la séance, adresse une notice
scientifique sur Fr. Berjot, ancien président de la
Société ; sur la proposition du Secrétaire, la lecture
de cette notice est renvoyée à la séance de Louviers.
— Le président du Comité d'organisation des Assises
de Caumont annonce que ce Comité a désigné
M. Lignier, président de la Société Linnéenne de
Normandie, pour présider une des séances du Con-
grès de Rouen.
Les ouvrages reçus depuis la dernière séance sont
passés en revue ; ils comprennent notamment un
certain' nombre de brochures offertes par l'Université
l'Upsal et la notice suivante :
0. Lignier. — Notes sur J'orgaaisatlon (jrnrrale
H spécialoiteiU sur Vensi'Ujncmcnl df la botanique
— LIV —
dans les Universités de Liège, de la vallée du Rhin
et du Wurtembei^g.
M. Bigot attire l'attention des membres de la
Société sur des travaux contenus dans les pério-
diques déposés sur le bureau :
F. Bernard, 2'^ note sur le développement à la
morphologie de la coquille chez les Lamellibranches
Taxodontes (B. S. G. F. 3, XXIV, 1896, p. 54-82). —
D. P. OEhlert, résumé des derniers travaux sur
l'organisation et le développement des Trilobites
(id. p 97-116). — A. Jukes Browne et William Hill,
A délimitation of the Cenomanian, being a comparison
of thecorresponding beds in South- Western England
and Western France (5 Q. G. S., LU, 1896, p. 99-178).
Il serait très à désirer que quelques-uns de nos
confrères voulussent bien se charger d'analyser ces
travaux dans notre Bulletin.
Le Secrétaire donne des re
nisation de la réunion à Louviers.
Le Secrétaire donne des renseignements sur l'orga-
M. Vaullegeard présente des observations sur un
Echynorhynque rencontré chez Loligo média {voir
2^ partie de ce Bulletin).
M. Lignier fait part d'un essai tenté au Jardin des
Plantes de Caen pour grefïer des branches femelles
de Gingko sur le pied mâle de ce conifère, qui existe
au Jardin Botanique.
M. Biiîot, dans une récente excursion à la Brèche-
au-Diable, a pu se convaincre, et convaincre ses élèves
que le prétendu oppidum de Marie Joly a une origine
— LV —
très naturelle, et que la main de l'homme n'est pour
rien clans la disposition régulière des blocs de grès
qui constitueraient l'enceinte de cet oppidum. Ce
sont les tranches des bancs du Grès armoricain,
alignés de l'Est à l'Ouest, qui, venant saillir au-dessus
de la surface du sol, ont été prises pour un retran-
chement artificiel. Cette disposition s'observe partout
où affleurent les grès anciens en Normandie, et ce
n'est pas la première fois qu'elle a été prise pour
une disposition artificielle. On se souvient encore
des prétendus alignements du plateau de Valcongrain.
Les peuplades néolithiques, qui ont habité le plateau
de la Brèche-au-Diable, ont profité de ces retranche-
ments naturels, mais ne les ont pas créés. — Il faut
aussi retrancher du catalogue des monuments méga-
lithiques de la Normandie le prétendu dolmen du
sémaphore de Flamanville (Manche) ; c'est un bloc
arrondi de granité, isolé par altération du granité envi-
ronnant, et qui s'est trouvé placé tout naturellement
sur d'autres blocs de même origine.
M. Chevalier fait remarquer qu'à Passais on a
décrit comme alignements mégalithiques des amas
de blocs disposés en effet dans une direction déter-
minée, mais cette direction n'est autre que celle d'un
filon de diabase, dont l'altération a donné les
bouJarch si caractéristiques de ces affleurements.
A 9 heures 1/2 la séance est levée.
f f
REUNION GENERALE ANNUELLE
A LOUVIERS, LE 28 JUIN
EXCURSIONS DES 29 ET 30 JUIN
»iix Eliivii'Oiis
de Louviers. Les Andelvs. Veriion. Pacv-sur-Eure
Depuis longtemps la Société Linnéenne projetait
de tenir une réunion dans l'Eure pour prendre con-
contact avec les Sociétés savantes de la Haute-
Normandie. Bien que l'une d'elles , la Société
Normande d'études préhistoriques, eut fixé préci-
sément le 28 juin une réunion aux Andelys, nous
devons nous applaudir de l'empressement avec
lequel on a répondu à notre appel ; toutes les
Sociétés régionales qui s'occupent de sciences natu-
relles se sont trouvées représentées et nous avons
fait, dans nos excursions, connaissance avec des
richesses que nous ne demandons qu'à mieux
connaître.
La Société Linnéenne était représentée par
MM. Bigot, Chevalier, Corbière, abbé Diavet,
DoUfus, président de la Société géologique de
France; R. Fortin, vice-président de la Société des
Amis des sciences naturelles de Rouen ; Gadeau de
Kerville, abbé Guttin, Jouan, Lecointe, Lennier,
— LVII —
président de hi Société géologique de Normandie ;
Niel, président de la Société des Anris des sciences
naturelles de Rouen; Moisy, Ravenel, Tison, abbé
Toussaint, de la Thuillerie, Vaullegeard ; -- auxquels
s'étaient jointes les personnes suivantes, étrangères à
la Société : MM. Angérard, président de la Société
d' émulation de F arrondissement de Loiiviers ;
Dubourg, de la môme Société ; Coulon, président
de la Société des sciences d^Elbeuf ; Ghédeville et
Izambert, de la Société normande cV études préhis'
toriques; L. Petit et D'' Regimbard, de la Société
Libre de l'Eure; Janet, ingénieur des mines,
Hoschédé, Monet, Tétrel et Tuai.
La matinée du dimanche a été co>isacrée à des
excursions aux environs immédiats de Louviers, sous
la direction de MM. Dollfus, Gadeau de Kerville et
Izambert.
A midi et demi les membres de la Société et les
personnes qui les accompagnaient se réunissaient en
un banquet à l'hôtel du Grand-Cerf. M. Izambertavait
eu l'attention délicate de faire placer dans la salle des
cartouches portant les noms des plus célèbres parmi
les anciens Linnéens : Lamouroux, de Caumont,
Jacques et Eugène Eudes-Deslongchamps, Elie de
Beaumont, deBrébisson, Modère. Au dessert, M. Li-
gnier, président, porte le toast traditionnel à la mé-
moire de Linné, à la santé de MM. Thorel, député,
maire de Louviers, et Angérard, président de la Société
d'études de l'arrondissement de Louviers. M. Thorel,
dans sa réponse, dit que la ville de Louviers est tou-
jours heureuse et fière d'offrir l'hospitalité aux
Sociétés savantes. M. Bigot, secrétaire, remercie ceux
- — LVIII —
qui ont apporté leur concours dévoué à l'organisation
de la réunion et des excursions, MM. Chédeville,
Dollt'us, Gadeau de Kerville, Guttin, Izambert.
Puis l'on se rend au musée Lasnon, où dans un
élégant bâtiment, très bien adapté à sa destination,
sont réunies à côté de souvenirs intéressants pour
l'histoire locale de riches collections d'antiquités, en
grande partie léguées par un jeune habitant de Lou-
viers qui a fait don en même temps d'une somme de
150,000 fr. pour la construction de l'édifice qui les
abrite aujourd'hui. On ne saurait trop féliciter l'in-
telligente municipalité de Louviers de la façon dont
elle a utilisé cetie somme pour la construction d'un
édifice dont l'aménagement intérieur est, chose rare,
en rapport avec la destination, et où l'on n'a pas
sacrifié à la façade et à la pierre de taille l'installation
intérieure, comme dans beaucoup de bâtiments qui
nous sont trop connus.
SÉANCE PUBLIQUE
A 4 heures s'ouvre, dans une salle de l'Hôtel-de-
Ville, laséance publique présidée par M. Lignier, pré-
sident, qui fait asseoir au bureau MM. Thorel, député
de l'Eure, maire de Louviers, Angérard, président de
la Société d'études de l'arrondissement de Louviers,
Dollfus, président de la Société géologique de France,
Bigot, secrétaire de la Société Linnéenne.
M. Lignier prononce l'allocution suivante :
LIX
Messieurs,
Chers Confrères,
Il y a bien longtemps que la Société Linnéenne de
Normandie n'avait tenu ses assises annuelles dans le
département de l'Eure, et vraiment, il semblait,
depuis de nombreuses années, qu'une force invin-
cible nous portât toujours vers l'ouest ou le sud,
dans la Manche ou dans l'Orne. Mais, aujourd'hui, le
charme est rompu et c'est avec joie que nous nous
préparons à explorer ce pays qui est nouveau pour
beaucoup d'entre nous. Nous savons, en effet, qu'il
n'est pas seulement couvert de bois magnifiques,
pourvu de sites renommés, mais qu'il est en outre
amplement fourni de toutes sortes d'attraits pour le
naturaliste; nous savons, enfin, que c'est sous la
direction de connaisseurs éprouvés que nous allons
le parcourir. Aussi, je suis persuadé que le charme
dont je parlais à l'instant n'est pas rompu seulement
momentanément, mais bien pour longtemps. A l'ave-
nir, je n'en doute pas, la Société Linnéenne de Nor-
mandie n'oubliera plus l'Est de sa province ; elle
y reviendra certainement et toujours avec un nou-
veau plaisir.
D'ailleurs, le choix du département de l'Eure, pour
notre région, n'est pas seulement heureux parce que
la réunion, malgré ses richesses naturelles, nous est
moins connue, il l'est aussi parce qu'il va permettre
à l'aînée des Sociétés d'histoire naturelle de Nor-
mandie de resserrer plus intimement les liens qui
— LX ^ —
l'unissaient déjà à certaines de ses vaillantes sœurs
de l'Eure et de la Seine-Inférieure et même d'en
nouer avec d'autres. Plusieurs représentants de ces
Sociétés sont aujourd'hui parmi nous et je compte
bien qu'en nous quittant après trois journées pas-
sées ensemble dans la plus cordiale intimité, ils ne
nous oublieront pas plus que nous les oublierons
nous-mêmes. Dès lors , aux relations quelquefois
entièrement officielles qui unissaient notre Société
aux leurs, nous aurons substitué les liens d'une
amitié sincère et profitable à tous. C'est, en effet,
par l'union, par un contact incessant et en mettant
en commun nos eflbrts de tous les instants que nous
aurons le plus de chance de rendre à ce pays les
services qu'il doit attendre de la science, de lui
fournir les éléments de progrès qui s'adaptent à ses
besoins spéciaux.
Le Secrétaire donne lecture de la notice suivante ;
NOTICE SCIENTIFIQUE
SUH
9 juillet isiô — 21 août 1895
par M. le docteur JO YEUX-LAFFUIE
Le 21 août dernier Frédéric Berjot, un des plus
anciens membres de la société Linnéenne et un des
plus estimés, était brusquement enlevé, après une
— LXI —
courte maladie, à l'affection de ses collègues et dès
siens. On a rappelé sur la tombe chi cet homme de
bien les qualités, personnelles qui forçaient en lui
l'estime générale. Ce n'est donc pas l'homme privé
que je veux faire connaître aujourd'hui, mais l'homme
de science et de progrès qu'il fût pendant toute sa
vie.
Pour lui la pharmacie ne fût pas ce qu'elle est
pour beaucoup. Il s'intéressait à la préparation et
à la fabrication des produits pharmaceutiques. Il
cherchait sans cesse à les perfectionner en inven-
tant et en créant de toutes pièces des appareils
fort ingénieux qui ont été justement appréciés non
seulement de ses confrères mais aussi des chimistes
les plus éminents. Il en est qui sont connus de tous :
un appareil à évaporer dans le vide, un appareil pour
la fabrication des extraits et surtout ses appareils
pour la fabrication des eaux gazeuses qui lui valurent
de nombreuses et importantes récompenses aux
expositions.
Jusqu'à lui tous les appareils à produire l'eau de
Seltz, dont on faisait déjà un usage général et habituel",
pouvaient être divisés en deux catégories, les uns
fondés sur le principe de la pression mécanique, les
autres sur le principe de la pression chimique. Les
premiers occupaient une place considérable, étaient
dispendieux et donnaient toujours une eau d'un
mauvais goût communiqué par l'huile employée pour
le graissage. Les seconds qui n'avaient pas ces incon-
vénients ne pouvaient en revanche fournir un travail
continu, demandaient une grande précision d'ajus-
tement et laissaient perdre une certaine quantité
— LMI —
de gaz, quand on passait d'une opération de la sui-
vante.
Dès 1842, Frédéric Berjot s'était efforcé à faire
disparaître tous ces inconvénients et était arrivé par
des perfectionnements successifs à créer des appareils
fort ingénieux occupant un espace restreint, et
pouvant produire plus de trois mille bouteilles par
jour. Ils offraient sur ceux employés jusqu'alors
les avantages : de fournir un travail continu, de
donner des produits très purs et également saturés
de gaz, de rendre les réparations faciles sans entra-
ver la marche de la fabrication , de fonctionner
sous une faible pression toujours constante et pou-
vant être réglée. C'étaient là des perfectionnements
plus importants et plus nombreux qu'il n'en fallait
pour assurer le succès. Le temps l'a prouvé.
Malgré ses nombreuses occupations qui semblaient
devoir le retenir dans le domaine de la pharmacie,
Frédéric Berjot faisait fréquemment des incursions
dans les sciences voisines. Il s'est occupé avec succès
d'électricité, et comme on la justement rappelé,
c'est dans sa maison que l'éclairage électrique a fait
sa première apparition à Caen. En 1858, il faisait
connaître à l'Académie des sciences « La formule
d'un liquide propre à amalgamer par simple
immersion les zincs des piles électriques ».
La science agricole a aussi largement bénéficié de
ses recherches. Il était un des membres des plus
actifs de la Société d'Agriculture et de Commerce de
Caen, à laquelle, grâce à ses connaissances chimiques
il rendait de nombreux services. Là encore il a
— LXIII —
exercé son ingéniosité à la découverte de nouveaux
appareils, entre autres « un appareil à cuire dans le
vide applicable aux petites usines et à la science
agricole ».
En 1862, avec un important mémoire sur les
semences de pommes et leur action sur la qualité du
cidre, il obtint, le prix Lair décerné par la Société
d'Agriculture et de Commerce de Gaen. Ce mémoire
est des plus intéressants par ses résultats.
Jusqu'à cette époque on était indécis sur la
question de savoir si oui ou non on devait écraser
les pépins dans la fabrication du cidre. Les uns
prétendaient que l'écrasement des pépins commu-
niquait au moût un principe amer et une huile d'un
goût fort peu agréable. Les autres avançaient que
quand on écrasait les pépins, le cidre avait plus
de montant, était meilleur au goût et se conservait
mieux .
Entre deux opinions aussi opposées il fallait faire
un choix. Berjot montra, par des recherches heureu-
sement conduites qui lui demandèrent beaucoup de
persévérance et une grande sagacité, que les pépins
renfermaient trois substances importantes à consi-
dérer : une huile fixe, une matière gommeuse et une
huile essentielle.
Il montra que l'huile fixe étant sans odeur et sans
mauvais goût ne pouvait nuire à la qualité et encore
moins à la conservation du cidre ; que la matière
gommeuse ne pouvait que donner du corps au cidre,
et que l'huile essentielle, loin d'être nuisible, peut
dans beaucoup de cas suppléer, dans une certaine
— LXIV —
mesure, au l)ouquet qui manque dans certains cidres;
de même, en se transformant en acide benzoïque,
elle donne aux vieilles eaux-de-vie de cidre authen-
tiques un parfum balsamique spécial.
Berjot ne se borna pas à montrer l'utilité d'écraser
les pépins. Il inventa à cet eiïet un concasseur d'une
extrême simplicité qui avait l'avantage de pouvoir
servir à une foule d'autres usages.
Cette énumération fort incomplète ne saurait
donner un aperçu suffisant des nombreux et impor-
tants travaux de notre collègue. Il était membre de
plusieurs sociétés scientifiques et dans toutes il a
laissé des ti'aces profondes de son passage. La note
dominante de son œuvre scientifique et l'ingéniosité
qu'il possédait au plus haut degré. Un appareil
considéré comme parfait lui paraissait incomplet. Il
le modifiait, le transformait tant et si bien qu'il en
faisait un appareil entièrement nouveau répondant
infiniment mieux au but à atteindre. C'était un tra-
vailleur infatigable, un savant d'une modestie extrême
un collègue sympathique et dévoué. De tels hommes
sont rares. Notre Société conservera précieusement
son souvenir.
M. l'abbé Guttin communique une Etude stir le
Rosa fœtida, Bast. de St-Didier-des-Bois ( Voir S"
partie de ce Bulletin)-.
M. le commandant Jouan présente des observations
à propos de la Flore de la Polynésie Française de
M. Drake delCastillo {voir 2'^ partir de ce Bulletin).
— LXV —
M. Chédeville donne lecture d'un travail .s7//' la
patine des silex ou cacholong (voir 2^ partie de ce
Bulletin).
M. Bigot communique un manuscrit inédit de
Jacques Eudes-Deslongchamps, racontant l'histoire
de la découverte du Teleosaurus Cadomensis, et
l'intluence que cette découverte eut sur la vocation
d'Eudes-Deslongchamps.
M. Lignier dépose une note sur les fleurs prolifères
du Cardamine pratensis (voir 2'^ partie de ce
Bulletin).
A 5 heures- 1/2 la séance est levée.
Le lundi 29 juin les membres de la Société se sont
séparés en deux groupes ; l'un, sous la direction de
MM. l'abbé Guttin et Gadeau de Kerville, a fait des
excursions zoologiques et botaniques aux alentours
de Louviers et aux iVndelys ; l'autre, sous la conduite
de MM. Dollfus et Chédeville, est parti pour Vernon
et Pacy-sur-Eure, étudiant d'une façon très détaillée
la géologie de la région comprise entre la Seine et
l'Eure et entre Pacy et Boisset.
La dislocation du premier groupe s'est faite le
mardi soir à Saint-Pierre-du-Vauvray, celle du second
le même jour à Boisset (Eure).
E
i .
— LXVI —
Compte-rendu des Excursions botaniques
DES 28, 29 & 30 JUIN 1896
Par l'Abbé Joseph GUTTIN
Membre correspondant de la Société
Louviers avait été choisi pour être, cette année, le
rendez-vous de la Société Linnéenne de Normandie.
La perspective d'une herborisation fructueuse, le
plaisir de retrouver d'aimables collègues et de passer
quelques bonnes heures, avaient amené de fervents
naturalistes :
MM. de la Thuillerie, Gadeau de Kerville, Hoschedé,
Izambert, Jouan, Lignier, Ravenel, Tétrel, l'abbé
Toussaint et l'abbé Guttin ; le mardi, MM. Niel et
Monet se joignaient à eux.
Le dimanche, après le banquet, pendant la visite
des principaux monuments de la ville, quelques
botanistes, connaissant déjà Louviers, firent une
courte excursion à Acquigny et eurent la bonne
fortune de découvrir, auprès des ruines de Cam-
bremont, sur le versant gauche, une magnifique
station A' Herminium Monorchis R. Br.
Le lundi, 29 juin, le train de 7 heures nous
amenait à la station du Vaudreuil. Sur le bord de la
ligne, un pied isolé de Salvia verticillata L. semblait
d'heureux présage. Alyssum calycinum L., Dianthus
proUfcr et Calendula arvensis formaient la « florel-
lule » de quelques mètres de la voie ferrée.
— LXVII —
Au bord de la prairie, heureusement non encore
fauchée, nous recueillons Barbarea stricta Andrz en
graine, Dipsaciis fiiUonum Mill., échappé des
cultures des environs, Onothera biennis L., Papaver
dubium L., Trifolium liybridum L., Rhinanthus
g faber et /w'sutKS Lam.; plus au large, Thaliclriun
flavwn L. et Silaus pratensis Bess. très abondants.
Le taillis de peupliers offrait : Euphorbia palustris
L., AchiUœa plarmica L., Asparagifs offîcinalis L.,
cultivé en grand dans le pays ; Ophrys api fera, Huds.,
Gymnadenia conopsea R. Br., Anacamptis pyra-
midale Rich., la saison étant trop avancée pour les
Orchidées; Tragopogon orientale L. bien plus com-
mun que T. pratense L., Galium elongatum Presl,
Lysimachia nummularia L. et vulgaris L., ce
dernier non encore fleuri, Spirœa denudata Presl.,
mélangé avec le type, et OEnanthe Lachenalii Gmel.
Notre meilleure découverte est Valeriana sambiici-
folia Mik., plus commune que V. officinalis L., dans
ces parages.
Nous poussons une pointe jusqu'au pont, sur
l'Eure, pour jouir d'un de ces coquets paysages de
notre vallée d'Eure, si charmante lorsque le soleil
donne son coup de pinceau ; dans la rivière au
milieu à' Helosciaduni nodiflorum K., nous aper-
cevons de beaux Nasturtiiim sUfolium Rchb.
Au retour, par la route du Vaudreuil à Louviers,
nous trouvons dans les haies Rosa tomentosa Sm., à
feuilles glanduleuses en dessous = R. pseiido-cus-
pidata Crép ; dans la prairie, les mêmes espèces que
plus haut et Orcliis incarnata L.; VOrchis corio-
phora L., assez abondant dans cet endroit échappe à
— LXVIII —
nos recherches ; sur le bord de la route, Euphorbia
G er ar dia?ia iRcq., Verhascimi thapsifo)'me Schrsid.,
Bromus tectoni^n L.; sur la côte calcaire, garnie de
Juniperns, Epipactis atro-rubens Hoff., Rosa sepiimi
Thuil., et dumalis Bechst., Arabis hirsuta Scop.,
Galmm sylvestre Poil, var., hirtum Koch., Molinia
cœnilœa Mœnch., défleuri, Chlora perfoliala L.,
à peine en fleurs, Crassula rubens L., Geraniujn
purpurenm Vill. et Biibus macrostemon Focke.
A la Folie-Ragault, Genista tlnctoria L., forme
pubescente et couchée, sur le talus calcaire, Oro-
banche minor Sutt., dans un champ de trèfle.
Sur le bord du canal , Lepldium ccunpestre,
forme voisine de Jieterophyllum Bœnth. termine
notre cueillette.
Tel est le bilan de la matinée.
L'excursion du soir était : Sainte-Barbe, Becdal et
retour par Acquigny (train de 6 heures).
Vers 2 heures, on se remet en route. A Saint-
Hilaire, Linaria cymbalaria Mill. tapisse les murs
du parc.
A Sainte-Barbe, on récolte Saf/ina filicauUs
Bor. ; Atropa BeUadona L., dans la propriété de
M. Dubourg (1).
Au bord de la ligne, Lactiica scariola L. et
Sa ligna L.
Sur le talus, à droite, Buplevrum falcatum L.,
Cirslum lanceolatum var. sphœro'idale Corb. ; à
gauche, Dipsaciis pilosîis L., non encore fleuri.
(1) Quelques jours après l'exrursion, M. Dubourg retrouvait en
graine, le rarissime Barhula cwcuata Rrhb., que nous avons
cherché sans pouvoir le découvrir.
— LXIX —
A Becdal, nous quittons la route pour suivre
le frais et limpide ruisseau , cueillant sur ses
bords Jimcus supimts Mœnch. et Chenopodium
Bonus- Henricus L.; de là, montée aU pavillon de
M. Audresset; à mi-côte, le rare BruneUa inter-
media Linck., croissant avec B. vuh/ans et alba est
chaleureusement recherché ; la récolte est assez
abondante pour satisfaire tout le monde. On trouve
successivement Bubia peregrina L., Bosa rusti-
cana Désègl.; sousbois, Pi/lmonaria longifoliaBast.,
avec ses longues feuilles estivales, les unes tachées,
les autres sans macules; en descendant vers le
ruisseau, encore Bninelhi intermedia Linck., Me-
lampi/rum cristatum L., Stachys Germanica L.,
Buplecrum faIcatumh.,Campamda glomerata L.,
tiges sèches de Gentiana Gennanica Willd., Teu-
criiim montanum L. Traversant le ruisseau sans
aller jusqu'à sa source, station classique d'Anémone
ranunciiloïdes L., dont il ne restait quelques jours
auparavant que les feuilles jaunies, nous longeons
la côte où fleurit, fin avril, Carex digitata L., actuel-
lement caché sous les hautes herbes , recueillant
Eiiphorbia didcish., Campanida trachelium L. et
nous gagnons la gare d'Acquigny où , après un
rafraîchissement bien mérité, nous filions rapidement
vers Louviers.
Mardi 30 Juin.
Les Andelys, tel était le but de notre excursion.
Dès 7 heures, frais et dispos, nous i)renions le train
pour Saint-Pierre-du-Vauvray, où quelques minutes
— LXX —
d'arrêt nous permirent de recueillir à peu de distance
de la gare, le très rare Salvia verticiUala L. Grâce
à la ligne des Andelvs , nouvellement inaugurée ,
l'excursion devenait facile; le pittoresque du paysage
avec, à gauche, ses hautes collines calcaires taillées
à pic, à droite, la Seine, que nous côtoyons
jusqu'aux Andelys, fait passer rapidement les trois
quarts d'heure de voyage et ne laisse qu'entrevoir,
sur les talus, Specularia spéculum A. DG., Hypo-
cheris glabra L. et les envahissants Sinapis alba L.,
Papavef hortens,e Huss. et Calcndula arvensis L.
Au passage à niveau, près l'hospice Saint-Jacques,
quelques Isatis tinctoria L. accrochés à la roche,
laissent pendre leurs grappes de silicules noirâtres ;
nous arrivons : l'itinéraire est changé, le départ des
excursionnistes devant avoir lieu à 4 heures.
C'est vers Château-Gaillard, dont nous apercevons
les ruines, que nous dirigeons nos pas : site splen-
dide et station botanique très riche. En nous ache-
minant tranquillement, égayés comme la veille par
les charmants et spirituels récits de M. le comman-
dant Jouan, sur la Polynésie, nous recueillons le
ivSiis^Arabis arenosa Scop., Sinapis alba L., Papaver
setigerum DC, et nous escaladons les pentes her-
beuses du vieux château-fort. Nous faisons ample
moisson de Heliantliemum ranum Dun., défleuri,
Euphorbia esula L. , HeJianthemum polifolium
DC, dont quelques pieds encore en fleur, Ononis
natrix L., Euphorbia Gerardiana Jcq., Libanotis
montana AIL, Teucrium montaniun L., Asperula
cynanchica L., Epipactis atro-rubens HofT', Galium
sylvestre var. glabrum Koch . et hirsutum Koch ;
— LXXI —
Papaver clubium L. , Stachys recta L. — Arrivés
au sommet , nous traversons les ruines et nous
découvrons un panorama splendirle ; à nos pieds, la
Seine décrit une courbe gracieuse , côtoyant , à
droite, de hautes falaises crayeuses, à gauche, de
vertes collines, avant d'aller se perdre à l'horizon
dans la plaine sableuse, parsemée çà et là de bos-
quets verdoyants ; en face au loin, la prison centrale
de Gaillon, ancienne résidence des archevêques de
Rouen ; à quelques pas de nous, le Petit-Andely,
avec sa belle église du XII»-" siècle, où se sont arrêtés
quelques-uns de nos compagnons.
Nous continuons nos recherches et nous retrou-
vons les espèces déjà signalées par M. Corbière ,
dans son excursion du 22 août 1893. — Et cependant
on ne peut s'empêcher de donner quelques instants
à la visite des imposantes ruines de cette célèbre
forteresse féodale ; les souvenirs historiques arri-
vent en foule à la mémoire, ne serait-ce que le
tableau « Bouches inutiles » du dernier Salon (1). Au
milieu de cette double enceinte de 8 pieds d'épais-
seur, et des restes démantelés de ses 17 tours formi-
dables, on croit encore entendre l'écho de la lière
parole de Richard Cœur-de-Lion : « Qu'elle est
belle ma fille d'un an ! » après l'avoir construite en
12 mois ; dans le souterrain, semblent voltiger
encore les plaintes de Marguerite de Bourgogne ,
étranglée dans son cachot, après deux ans de dou-
loureuse captivité ; sur les remparts, les coups de
I
(Il Tal)le;iu de Tattegraiu, i-amielaiit un t'iiisodc du siège de
Cliàteau-Gailkird, J. G.
— LXXII —
vent assez forts donnent l'illusion du sifflement des
biscaïens de la Hire; bientôt un joyeux cri:
(( Dianthus caryophyllus fleuri. « Nous ramène à
la réalité et avec un peu d'équilibre, de « syl phi-
culture » nous pûmes cueillir d'assez nombreux
échantillons de ce bel œillet , l'amant des ruines.
Nous récoltons PhaJangium ramosiaii Lam, ,
Phleiim Bœhmeri Wib., Melica </Iauca F. Sch. ,
Linosi/ris nulgaris DC. , non en fleurs ; dans la
grosse tour, Parietaria erecta M. et K. ; sur les
c.owiv^iQvi'è ^ Amelanchier vulyarh Mch., en fruit;
sur les pentes, Mariiibium vulgare L., Ruta gra-
veoleiis; L. , Campaniila rotimdifoUa var. hirta
Koch, en bouton ; Dip/otaxis tenuifoUa DC, Scle-
l'opoa rigid'i Griseb, Digital h lutea L. et sa var.
puôe.scens Bréb., Rosa aepium Thuill. et dumalis
Béchst., Orobanche cruenta Best., Vincetoxicuni
officinale Mœnch., Ofio?iis arvmsis Lamk.,var.>??i7«.s
Gaud., Ci/tisus decumbens Walp et sa var. glabre
diffusas ^^ Genista diffusa Wilid., avec le type, tous
deux en graine ; Ononis cohimnœ AU. . Linaria
supina Desf., et comme adieu à Château-Gaillard,
le rarissime X Helianlhemum su/fureum Willd.
(H. pulvcrulento-vulgarp Mart.), bien en fleurs.
La descente s'etfectue rapidement , et nous
nous dirigeons vers la sablonnière de Tosny ; la
cueillette est facile : Biscutella Neiistriacà Bonn,
abonde, et quelques instants suffisent pour récolter
Medicago falcata L., minima Lam. et média Pers.,
Melilolus altissima Lois., Trifoiium scabrum L. et
striatum L. , DianthusproJifer L., Papaver strigosum
Bœnngh, mélangé avec le type. Silène conica L.?
— LXXIII —
Alyssum cahjcinun} L., Trifoliuni arvense var. T.
arenivagum Jord.; Armeria plantcifjbiea Willd.,
très abondant, n'est pas encore fleuri.
L'heure nous rappelle aux Andelys ; les bords
de la Seine nous fournissent Ari^tolochia clema-
titis L., Eri/sîNiutn cheirantoïdes L., Glyceria
aquatka Wahl., JiaicKs supinus Mœnch., Scirpus
?naritunus L., Seruium carvifoUum L. ; dans la
Seine, Nuphar luteiitn Sm. ; dans le Ganibon ,
Elodca canadensis Rich. terminent la récolte. Las
mais contents, nous arrivons bientôt au bel hôtel
du Grand-Cerf, où nous étions attendus. On fit
honneur au menu, et le l'epas fut plein de la plus
franche cordialité. Il ne fallait cependant pas s'éter-
niser à table ; il nous restait encore une courte
excursion à faire avant le départ du train de 4 heures.
Nous faisons une petite visite à l'église du Grand-
Andely , de style gothique avec une partie style
Renaissance ; on regrette de ne pouvoir admirer
plus longtemps la grande nef, les vitraux anciens,
deux beaux tableaux , le groupe imposant d'une
« Mise au tombeau », du à Jean Goujon, et nous nous
dirigeons jusqu'à la fabrique d'orgues ; M. Dumont,
son propriétaire, se fait un plaisir de nous laisser
explorer le taillis en côte dépendant de sa pro"
priété ; là , nous cueillons à la hâte Fumaria par-
vifLora Lmk. et densiflora DG. , Géranium pirr-
pureiDii Vill., et, sous bois, Baphne mezereuni L.,
en fruits, et le très rare Cephalanthera rubra Rich.,
en pleine floraison; c'était le but et le terme de notre
dernière excursion. Nous nous hâtons sur le chemin
poudreux delà nouvelle gare; il fallait se séparer.
— LXXIV —
Nous emportions une ample récolte de bonnes
plantes et, heureux des bonnes heures passées
ensemble, nous nous sommes donné un cordial
rendez-vous pour l'année prochaine.
Plantes rares ou peu communes observées pendant l'excursion
géologique de la Société Linnéenne de Normandie
Par M. CHEVALIER.
Le botaniste normand qui parcourt pour la pre-
mière fois les départements de l'Eure et de la Seine-
Inférieure est frappé par le nombre des espèces
spéciales à cette région.
Beaucoup de plantes de la région parisienne qui
semblent avoir une préférence pour les terrains
crétacés ou tertiaires ne s'approchent pas davantage
du Massif Breton, et manquent presque complète-
ment dans le reste de la Normandie, sur les terrains
calcaires comme sur les sols siliceux. Au cours de
l'excursion géologique faite par la Société Linnéenne
aux environs de Vernon et de Pacy-sur-Eure, nous
avons noté les plantes les plus intéressantes rencon-
trées dans ces riches stations.
29 Juin.
Aux environs de Vernon existe en abondance dans
les moissons Calendula arvensis L.
Dans la carrière de Gourcailles nous récoltons
Ali/ssiun calyciniim L. Près de cette carrière, dans
un bois, sur les sables granitiques, croissent plu-
— LXXV —
sieurs espèces silicicoles : Dir/ilalis purpurea h.,
Ei'ica ciiierea L., Pteris aquilina L. Ces plantes y
forment une de ces associations nommées par
M. Gillot colonies hèlérotopiques. En longeant les
cultures pour gagner la station du chemin de fer à
Rue de Normandie , nous rencontrons Brunella
alba Pall., Althœa hirsula L., Biiplevnnn falcatiun
L. , Stachys recta L. , Thesium Jiiunifusinn DG. ,
Centaurea calcitrapa L., Muscari conwsiua Mill.
Quand nous avons franchi les limites de la Nor-
mandie, dans la plaine du Vexin français, près de
Chautïour-les-Bonnières, les chemins sont bordés de
Ciclioiiuui mtj/bus L., et les deux tiers des indi-
vidus au moins présentent des fasciations remar-
quables. Nous avons examiné attentivement ces
fasciations sans trouver la cause qui les a produites.
Il n'existe pas d'insectes dans la tige fistuleuse.
30 Juin.
Les coteaux calcaires (cale, grossier) qui dominent
la vallée de l'Eure, à Chambray, offrent en abon-
dance :
Stachys; recta L., Astragaius Mompessulamis L.,
Ononis columnœ Ail. , Teucrmm montanum L.,
Linum tenuifoUirm L.
Les carrières d'argile des environs de Pacy sont
bordées de terrains incultes où croît abondamment
Trogopor/on porrifolium L., dont les fleurs pré-
sentent toutes les nuances entre le rose violacé et
le bleu foncé.
La côte de la Roche, à Orgeville, est une riche
' — LXXVI —
station et demanderait à être explorée sérieuse-
ment. Nous y trouvons à la hâte :
Anémone pulsatilla L. , Unum tennifoUum L.,
Ononis cohimnœ AH. , Ihiplevnun fakatmn L.,
ChrysanthemiDu leucanlheinuni var. um/lorum
Bréb., Phyteunia orbiculare L., Orobanche epithy-
muni DC. , Vincetoxicnm officinale Mœnch. ,
Bnmella alba Pall., Stachya recta L., Teucriuni
cJiamœdrys L., 7'. montanuni L., Global aria vul-
garis L., Gymnodenia conopsea R. Br., Epipactis
atro-rubens Schult.
En arrivant à la gare de Boissais nous traversons
un champ rempli de Nigella arvensis où M. Tison
récolte le rure Ononis flannnea Jacq, qui n'avait
encore été signalé qu'en une seule localité de la
Normandie.
Signalons encore un échantillon de Cirsium
palastre, rapporté par les géologues d'un petit bois
humide, en descendant de la ferme Saint-Lubin, à la
Haye-le-Comte. Ce gigantesque individu avait 2'"90
de hauteur et mesurait 0"" 11 de circonférence à
la base.
Le compte-rendu de l'excursion géologique a été
donné par M. G. DoUfus, qui guidait les courses
sous forme d'une étude très détaillée de la région
située entre la Seine et le cour inférieur de l'Eure
{voir Mémoires t. XIX, h'' fasc).
Ont pris part à cette excursion MM. Bigot, Ghéde-
ville, Chevalier, abbé Diavet, Dollfus, Janet, Lennier,
Moisy, Tison, Tuai, Vaullegeard,
SÉANCE DU 9 NOVENBRE
Présidence de M. Lignier, président.
La séance est ouverte à 8 heures.
Sont présents : MM. Bigot, Brasil, Demelle, Drouet^
P. Fauvel, Léger, Lignier, Moisy, D'' Noury, Ravenel,
Tison, Vaullegeard.
Le Secrétaire donne lecture des procès-verbaux
de la séance de juin et de la réunion générale
annuelle à Louviers , qui sont successivement
adoptés.
M. le Président fait part à la Société du décès de
M. Gillet, membre correspondant, mycologue des
plus distingués, décédé à Alençon, à l'âge de 91 ans.
Le Secrétaire s'est occupé de demander à M. l'abbé
Letacq une notice nécrologique sur notre savant et
regretté confrère (voir 2^ partie de ce Bulletin).
M. Lignier annonce que notre collègue, M. Che-
valier, vient d'être nommé préparateur de botanique
à l'Université de Lille.
M. Bigot annonce de son côté que MM. Dollfus et
Bizet viennent d'être promus, l'un collaborateur
principal, le second collaborateur adjoint au Service
de la Carte géologique de France.
Communication est donnée de la correspondance :
— M. le Ministre de l'Instruction publique adresse
le programme des questions qui seront discutées
dans le prochain Congrès des Sociétés savantes. —
— LXXVIII —
Le Comité d'organisation du 7'-' Congrès géologique
international ^ qui se tiendra à Moscou, en 1897,
adresse une circulaire préliminaire relative aux
excursions du Congrès ; un exemplaire de cette cir-
culaire sera envoyé par le Secrétaire à ceux de nos
collègues qui désireraient en prendre connaissance.
— Le Comité de Bibliographie zoologique de la
British Association adresse une circulaire contenant
les résolutions qu'il serait désirable de voir suivies
dans les publications scientifiques pour uniformier
la Bibliographie (1). — Le Musée national de Btienos-
Aires demande l'échange de ses publications avec la
Société Linnéenne de Normandie. — La Société
Linnéenne de Paris demande que nous continuions
l'échange avec elle. (Ces deux propositions sont ren-
voyées à la Commission d'impression). — La Société
libre du département de VEure, par l'intermédiaire
de son Secrétaire, émet le vœu que la Société Lin-
néenne tienne sa réunion annuelle à Evreux,
en 1898; il est pris bonne note de cette invitation.
Les ouvrages reçus depuis la dernière séance sont
passés en revue.
Parmi ces ouvrages se trouvent les brochures sui-
vantes, offertes par leurs auteurs :
AuG. Jolis, Quel nom doit porter VErythrœa
diffusa.
Nylander, Lichens des environs de Paris.
Sont présentés pour faire partie de la Société Lin-
néenne.
\l) Les plus iinjiortaiites île ces résolutions sont résunn'es ihins
l'avis placé à la lin du volume.
— LXXIX —
Comme membre résidant :
M. Blandin, répétiteur au Lycée de Gaen , par
MM. Brasil et P. Fauvel.
Gomme membres correspondants :
MM. Chédeville, ingénieur à la Compagnie de
l'Ouest, àGisors, par MM. Dollfus et Bigot.
Fauvel, notaire, à Lessay (Manche), par
MM, Corbière et Martin.
HoscHEDÉ, botaniste, à Louviers, par MM . Cor-
bière et Lignier.
Maheu, vice-président de la Conférence
Ampère, à Paris, par MM. Bigot et Brasil.
TÉTREL, botaniste, à Louviers, par MM. Cor-
bière et abbé Guttin.
M. P. Fauvel lit une note Sur les différences ana-
tomiques des genres Ampharete et Amphicteis
(imprimée dans la 2"= partie de ce Bulletin).
M. Brasil signale Ui présence du genre Gaudry-
ceras dans le Canipanien du Cotentin (Note im-
primée dans la 2'' partie de ce Bulletin).
M. Brasil montre deux Acherontia atropos pro-
venant de chenilles très abondantes cette année sur
les pommes de terre au bord de la mer.
M. Bigot signale dans le dernier volume des
Annales de la Société géologique du Nord un fait
relaté par M. Gosselet qui montre une fois de plus
— LXXX —
de quelle utilité est pour l'hygiène des villes la
connaissance de la nature du sous-sol (1).
M. Lignier donne communication de l'analyse sui-
vante ;
P. Fliche Etudes sur la flore fossile de
l'Arfjonne {Bull, de la Soc. des Se. de Nancy,
sér. II, t.XIV, 1896).
On trouve au milieu des nodules des phosphates
de chaux qui sont exploités dans l'Argonne et
qui appartiennent les uns à l'Albien, les autres au
Génomanien, de nombreux restes végétaux , eux-
mêmes plus ou moins phosphatés. Ce sont ces végé-
taux qui ont été étudiés par l'auteur. Ils s'y sont
rencontrés à 3 niveaux différents : dans les sables
inférieurs de l'Albien, ce sont de nombreux débris
de bois et un assez grand nombre de cônes irrégu-
lièrement distribués ; dans la Gaize , quelques
fragments de bois, et une feuille de dicotylédone ;
dans les sables verts à Pecten asper du Génomanien,
des bois nombreux, mais torts petits, ainsi que des
graines ou fruits d'angiospermes. Tous ces fos-
siles semblent avoir été flottés avant d'être déposés
pour la fossilisation, certains d'entre eux ont même
été plus ou moins altérés.
Les Fougères ne sont représentées que par deux
troncs qui ont été rencontrés dans les grès verts
(Il Reproduit jiar M. Bigot ilaiis lu leoon imprimée dans la 2' ])artie.
du Bulletin.
— LXXXI —
albiens : Pi'otopter is Buvignieri Brongn. et P. Wohl-
gemnthi Fliche. Ils sont comparables aux Dickso-
niées actuelles. Le premier dénommé par Brongniart
puis étudié complètement par M. Renault provient,
ainsi que le démontre l'auteur, de Ghevières près
Grandpré, dans l'Argonne. Le deuxième est nouveau
et se rapproche un peu du P. Singeri Presl. ; sa
structure est mal conservée.
Les Gymnospermes sont représentés par des Gyca-
dées, des Bennettitées et des Conifères. Les Cycadées
comprennent deux espèces nouvelles, toutes deux
trouvées dans les sables verts albiens : Zamiostrobus
Loppineti Fliche et Yatesia Grdllaumoti Fliche.
Le premier montre très nettement les caractères
généraux des cônes de Zamiées et par certains détails
il se rapproche surtout des petites espèces améri-
caines de la section des Euzamia^ des Macrozamia
et des Encephalartées. Le tronc du deuxième pré-
sente tous les caractères des Cylindropodium sauf
un seul, la présence d'écaillés gemmaires. C'est pour
cette raison que l'auteur le range parmi les Yatesia;
peut-être, ajoute-t-il, le Z. Loppineti est-il un cône
de Y. Guillainnoti ou d'une espèce voisine ?
Cinq troncs bien caractérisés des grès verts albiens
doivent être rapportés aux Bennettitées. Toutefois,
en l'absence d'organes reproducteurs et à l'exemple
de de Solms-Laubach, l'au^teur les attribue au genre
Cycadeo'idea ; ils appartiennent à quatre espèces :
C. Colleti Fliche, C. Argonnensis Fliche, C.semiglo-
bosa Fhche et une espèce spécifiquement indétermi-
nable, mais différente des précédentes ; peut-être la
troisième n'est-elle que l'état jeune de la deuxième.
F
— LXXXII —
Deux organes reproducteurs ont été en outre ren-
contrés qui présentaient une grande analogie d'orga-
nisation générale avec ceux de Bennettites Gibso-
niamts Garr. et de B. Morierei Sap. et Mar. ; cepen-
dant ils s'en distinguent par la grosseur plus grande
des graines^ par la brièveté des pédicelles sémi-
nifères, par la répartition de ces derniers tout autour
d'un réceptacle ovoïde et par l'absence d'involucre.
L'auteur établit pour eux le nouveau genre Amphi-
bennettites avec les deux espèces A. Bleicheri, peut-
être comparable au CarpoUthes Sfuit/iiéede Mantell,
et A. Benaulti notablement plus gros que le pré-
cédent.
Les cônes de Conifères sont très nombreux dans
les grès albiens. L'auteur en a examiné une centaine
qui tous appartiennent aux Araucariées et aux Abié-
tinées. Les premiers se répartissent dans deux genres :
Araucaria et Pseudo-Araucaria Fliche. Au premier
genre se rapportent quatre espèces dont une déjà
connue, A. cretacea (Brongn.) Sap. et trois nouvelles
A. reperta, A. Revigniacensis et A. Insulinensis ;
cette dernière espèce, assez spéciale à cause de la
petitesse du cône et de la forme de ses écailles, se
rapprocbe un peu de r.4. C unnin g haini actu.e\. Les
Pseado- Araucaria forment un nouveau genre qui
ressemble aux Araucaria par le grand développe-
ment de la bractée-mère et par la désarticulation des
pièces du strobile mais qui, possédant deux graines
au lieu d'une, rappelle d'autre part les Abiétinées,
surtout les Abies. Tous les cônes de Psetido-Arau-
crt/'m sont rangés dans trois espèces : P.-A. Loppi-
neti. P.-A. major et P.-A. Lamberti.
— LXXXIII —
Parmi les Abiétinées, les genres représentés clans
l'Argonne sont : Cedrus , Abietites , Tsugites et
Pinus.
Les cônes de Cèdres sont de beaucoup les plus
communs; leur longueur est plus grande que chez
les Cèdres actuels. Tous appartiennent au C oblonga
que l'auteur assimile à VAbies oblonga de Lindley et
Hutton et auquel il faut probablement rapporter
également Abietites oblongus Brongn., C. Leckenbyi
Carr., C. Lennieri Sap et C. Lothavingica Corn.
Le genre Abietites n'est représenté que par un seul
cône incomplet pour lequel l'auteur établit l'espèce
nouvelle^. Chevalieri. Un autre cône se rapproche
un peu de celui des Picea et surtout des Tsuga, c'est
le Tsugites magnus Fliche.
Les cônes de Pins sont assez nombreux; ils appar-
tiennent les uns à des types encore vivants, les
autres à des types éteints. A la section des Strobiis
il faut rapporter le cône de P. argonnensis Fliche
qui est cylindrique, très allongé et rappelle celui de
P. excelsa ainsi que le cône de P. •prœmonticoJa
Fliche dont la forme encore allongée, mais ellip-
tique imite davantage le P. Lambertiana ou mieux
le P. monticola. A la section des Tœda il faut peut-
être attribuer le P. Wohigemuthi Fliche, ainsi que
le P. prœhalepensis Fliche. Parmi les espèces à
■ type éteint, une dizaine de cônes peuvent être assi-
milés au P. Andraii Cœm., plusieurs autres au
}^P. mamillifer Sap., cinq appartiennent à une espèce
nouvelle P. Saportana dont le cône, cylindrique,
grêle, porte des écussons qui rappellent un peu ceux
du P. Monte zum œ . Beaucoup d'autres cônes de pins
— LXXXIY —
étaient en trop mauvais état de conservation pour
qu'il fût possible de les classer.
Parmi les nombreux débris de bois recueillis,
l'auteur n'a pu étudier qu'un petit nombre au moyen
de coupes minces, mais il les a choisis aussi diffé-
rents d'aspect que possible. Il a déterminé 'ainsi 14
Cedroxi/lon^ 2 ou peut-être 3 Cupressoxylon et 3
Pityoxilon, aucun Araucarioxylon; les Cupres-
soxylon, dont il n'a été trouvé aucun cône, appar-
tiennent probablement à des Séquoia. Les Cedroxy-
lon se rapportent presque tous au C. reticulatum
Sap. et ce sont peut-être eux qui ont porté les cônes
de C. oblonga; d'autres appartiennent à une nou-
velle espèce C. Menehildense. Les Cupressoxylon et
les Pityoxylon se rapportent tous à des espèces
nouvelles C. infracretaceum, P. infracretaceum,
P. argonnense et P. Thomasi. Une écorce trouvée
isolée ressemble presque complètement à celle des
Cèdres; l'auteur la dénomme Cedrophloios Bleicheri.
L'analyse chimique des bois ci-dessus a montré
qu'ils renferment tous plus de 50 V^ d'alumine et
aussi de la chaux, de la magnésie, de la pyrite, de
l'acide phosphorique, de la silice, du fer ou des
matières organiques en quantités essentiellement
variables suivant les échantillons.
Des morceaux de résine trouvés à Argonnelles et
étudiés comparativement avec de l'ambre, ont montré
les mêmes propriétés que celui-ci, sauf cependant
vis-à-vis le chloroforme et l'alcool méthylique qui la
dissolvent en toute proportion.
Les couches à Pecten asper ont fourni des fruits
bien conservés, pourvus d'une coque épaisse, mon-
— LXXXV —
trant un albumen plein dans lequel se trouve un
embryon plus ou moins gros en voie de germination;
l'auteur les rapproche des fruits de Gocoïdées et les
dénomme Cocoopsis dont deux espèces : C. Zeilleri
plus gros et plus abondant et C. ovata plus petit et
moins fréquent. D'autres fruits de palmiers, plus
rares et probablement pourvus d'un albumen creux
sont appelés Astrocaryopsis Sanctee-Menehildœ .
Il a été trouvé dans la gaize de Sainte-Menehould
une feuille de dicotylédone que l'auteur assimile avec
doute aux Lauriis et dont il fait le L. Colleti ; c'est
la plus ancienne dicotylédone de France. Quatre
graines trouvées à Chaudefontaine, dans la couche à
Pecten asper et présentant de grandes ressemblances
avec celles de li«mwi<^«(Clusiacées) sont dénommées
Mammœites Franche li Fliche.
Dans la dernière partie de son travail, l'auteur
résume les résultats qui lui ont été fournis par ses
recherches et en tire des conclusions au sujet de ce
qu'a dû être la flore de l'Argonne aux époques infra-
crétacée et cénomanienne. Le golfe anglo-parisien
de cette région était vraisemblablement, à l'époque
albienne, bordé par des terres basses et jouissant
d'une température chaude assez uniforme, sur
lesquelles vivaient des Fougères arborescentes, des
Gycadées, des Bennetlitées et probablement aussi
des Equisétacées et des Lycopodiacées. Au-delà de
ces terres basses se trouvaient les montagnes de
l'Ardenne et du Hundsruck, sur lesquelles vivaient
à des niveaux de plus en plus élevés, des Araucaria,
des Pins variés et des Cèdres. Les cônes et les bois
de ces diverses essences étaient entraînés par les
— LXXXVI —
rivières et apportés sur le rivage du golfe. A l'époque
de la gaize, il semble s'être produit des modifica-
tions importantes qui ont permis l'introduction de
quelques plantes angiospermes dans les terres basses
(Laurus). Ultérieurement, à l'époque cénomanienne,
celles-ci furent de plus en plus envahies par les
Angiospermes devenues prédominantes (Palmiers et
Clusiacées), tandis que les Conifères des montagnes
devenaient plus rares et moins variées.
M. Bigot ajoute quelques mots pour montrer l'in-
térêt de ce travail pour la paléontologie normande.
Plusieurs des Conifères qui vivaient sur l'Argonne
crétacée ont été rencontrées au Havre, comme on
peut s'en convaincre en comparant les figures données
par M. Fliche à celles de de Saporta (l) et aux mou-
lages des échantillons de la Hève qui sont présentés
par M. Bigot.
M. Léger signale les effets produits par la bour-
rasque de septembre sur la végétation. Les feuilles
placées du côté du vent ont été roussies, tandis que
celles de la face opposée des arbres ou arbustes sont
restées vertes.
Plusieurs membres font connaître des observations
analogues et échangent des remarques sur la cause,
choc ou évaporation rapide, qui a amené cette
dessication.
A 9 heures 1/2 la séance est levée.
(1) Bull. Soc. Géol. NoriP., t. VII. 1878.
SEANCE DU 7 DÉCEMBRE
Présidence de M. Lignier, président.
La séance est ouverte à 8 heures.
Etaient présents : MM. Bigot , Brasil , Chevrel,
Drouet , D"" Fayel , Moisy , D'' Osmont , Ravenel,
Vaullegeard, Voilant.
Le Secrétaire donne lecture du procès-verbal de la
séance de novembre qui est adopté.
Communication est donnée de la correspondance :
— M. le Ministre de l'Instruction publique adresse une
circulaire relative au Congrès des Sociétés savantes
qui s'ouvrira à la Sorbonne, le 20 avril 1897 ; M. le
Ministre demande de lui faire connaître avant le
30 janvier les noms des délégués de la Société. — Le
K. K. Geologische Reichsanstalt demande pour
compléter sa collection un certain nombre de
numéros de nos publications. Ils seront accordés,
à charge de réciprocité, après avis de la Commission
d'impression.
MM. Letellier , Guilmard , Clément , membres
résidants, Truelle et Baranger, membres corres-
pondants, adressent leur démission qui est acceptée.
Sont présentés pour faire partie de la Société :
Comme membre honoraire : M. Œhlert, directeur
du Musée de Laval, par la Commission d'impression.
— LXXXVIII —
Comme membre résidant : M. Henrot, étudiant à
la Faculté des Sciences, par MM. Fauvel et Vaulle-
geard.
Gomme membre correspondant : M. Lemée , à
Alençon, par MM. Leboucher et abbé Letacq.
A la suite des présentations faites dans la dernière
séance, sont élus membres de la Société :
Membre résidant : M. Blandin , répétiteur au
Lycée de Gaen.
Membres correspondants :
MM. Ghédeville, ingénieur de la Gompagnie de
rOuest^ à Evreux.
Fauvel, notaire, à Lessay (Manche).
Hoschedé, botaniste, à Louviers.
Tétrel, botaniste, à Louviers.
Maheu , vice-président de la Gonférence
Ampère, à Paris.
Le Président fait part du décès de M. le colonel
Basserie et de M. Vieillard. Une notice sur M. Vieillard
sera demandée par le Secrétaire à M. le commandant
Jouan.
Les ouvrages reçus depuis la dernière séance sont
passés en revue. Le Secrétaire attire l'attention sur
un Mémoire publié par la Smithsonian Institution et
contenant la description et les figures des poissons
de la Faune pélagique.
Sont offertes par M. Gadeau de Kerville les bro-
chures suivantes :
— LXXXIX —
Gadeau de Kerville. Sur un très jeune porc
monstrueux du genre Deradelphe.
— Snr les têtes de coq pourvues d'ergots greffés.
— Perversion sexuelle chez des Coléoptères
mâles. — Description dun Coléoptère
anormal.
— Observations relatives à une note intitulée :
Perve?'sion sexuelle chez des Coléoptères
mâles.
— Sur une tête de souris commune présentant
une éminence galéiforme de nature patho-
logique.
— L'Orme commun de Nonant-le-Roi (Orne).
— Observations sur l'existence en Normandie de
la belette Vison.
G. -A. BouLENGER. Note sur des Vipera benis cap-
turées en Normandie.
Par M. l'abbé Letacq.
A.-L. Letacq. Matériaux pour servir à la Faune
des Vertébrés du département de l'Orne.
Par la librairie Ballière.
H. Girard. Aide-mémoire de géologie.
Dans ce dernier ouvrage, l'auteur a suivi la classifi-
cation statigraphique indiquée par MM. de Lapparent
et Munier-Chalmas. Il a décrit les différents systèmes
en choisissant la région de l'Europe où chacun d'eux
se montre avec ses caractères les plus généraux.
Puis il a étudié la succession de leurs assises, surtout
dans les régions françaises, se contentant d'énumérer
ensuite les autres contrées dans lesquelles ces sys-
tèmes sont le mieux développés.
— xc —
Le Secrétaire donne lecture de la notice suivante
NOTICE SUR M, GILLET
Par M. l'abbé A.-L. LETACQ
La Société Linnéenne vient de perdre un de ses
membres les plus anciens et les plus distingués ,
Claude-Casimir Gillet, chevalier de la Légion d'hon-
neur, vétérinaire principal en retraite, auteur de la
Nouvelle Flore française , des Champignons de
France, décédé le 1<='" septembre dernier, à Alençon ,
qu'il habitait depuis prés de 50 ans.
Il était né à Dormans (Marne), le 19 mai 1806. Son
père, qui fut décoré de la croix de la Légion d'hon-
neur, par Charles X, en 1825, avait été vétérinaire
de l'armée sous l'Empire et pendant les premières
années de la Restauration. Le jeune Gillet suivit les
traditions paternelles et entra à l'Ecole d'Alfort
en 1823 ; il y fit preuve d'un véritable talent d'obser-
vation, d'un goi^it très vif pour l'histoire naturelle et
d'aptitudes spéciales pour le dessin.
Appelé en 1830 à faire partie du corps expédi-
tionnaire d'Afrique, il assista à la prise d'Alger et
séjourna quatre ans dans notre colonie, mettant à
profit ses loisirs pour étudier la faune et la flore de
la région méditerranéenne.
De retour en France, étant en garnison à Lyon, il
s'occupa d'entomologie avec Mulsant, qui préparait
alors son Histoire des Coléoptères, et lui rendit les
services les plus signalés par ses recherches, ses
— xci —
observations et surtout ses dessins d'insectes, non
moins remarquables par l'exactitude que par l'élé-
gance de l'exécution.
C'est à Alençon, où il vint en 1848, après avoir
habité successivement depuis 1834 Lyon , Saint-
Germain-en-Laye, Sedan, Verdun, Valenciennes et
Thionville, que M. Gillet se livra d'une façon plus
spéciale à l'étude de la botanique. Sans négliger ses
devoirs professionnels pour lesquels il se montrait
toujours consciencieux et dévoué, comme le prou-
vent plusieurs rapports sur les maladies du cheval,
rédigés à cette époque, il employait ses moments
libres à visiter, avec le D'' Prévost^ MM. Letellier et
Beaudouin, nos localités classiques; les étangs du
Mortier et des Rablais, la belle colline calcaire de
Ghaumiton, les bords de la Sarthe à Saint-Céneri et
Saint-Léonard, les forêts d'Ecouves et de Perseigne,
les marais de Saint-Denis, la Lacelle et Gandelain.
Ses observations sur les Mousses, les Hépatiques et
les Lichens, négligés depuis les travaux de de Bré-
bisson, en 1826, enrichirent notre flore de plusieurs
espèces jusqu'alors inconnues.
M. Gillet ne se contentait pas d'herboriser et de
collectionner des planches; il préparait, de concert
avec Magne , la Nouvelle Flore française. Cet
ouvrage, qui parut en 1861, devint bientôt le vade-
mecum des botanistes ; ses planches très nettes et
très exactes, ses descriptions concises qui mettent
en relief les caractères spécifiques les plus saillants,
leur disposition en clés dichotomiques, l'indication
des propriétés et des principaux usages de végé-
taux, des notes sur leur distribution géographique.
— XCII —
l'étymologie des noms, et tout cela condensé dans
un volume in-1'2, de 7 à 800 pages, lui gagnèrent
promptement tous les suffrages. Depuis lors son
succès n'a fait que grandir; les sept éditions, qui se
sont suivies à de courts intervalles, témoignent hau-
tement la faveur qu'il a reçue du public et sont la
meilleure preuve de sa valeur et de son utilité.
La publication de M. Gillet sur les Champignons,
qui faisait suite à la Nouvelle Flore française, fut
commencée par livraisons en 1874, et continuée
sans interruption jusqu'à sa mort ; elle comprend les
Hymenomycèteset des Dyscomycètes (plus de 1,200
pages de texte et 800 planches), et 48 planches seu-
lement des Gasteromycètes. Le texte rédigé avec soin
donne pour la diagnose de chaque espèce des
caractères visibles à l'œil nu ou à l'aide d'une
simple loupe ; une clé analytique facilite les recher-
ches. Mais ce qui a fait la fortnne de l'ouvrage,
la cause légitime de son succès en France , en
Allemagne, en Angleterre et en Amérique, ce sont
les planches, toutes dessinées et coloriées à la main
d'après nature par l'auteur lui-même. Un, grand
nombre de publications mycologiques, celles surtout
qu'on dit écrites pour les gens du monde, ne con-
tiennent que des figures plus ou moins fantaisistes
ou imaginaires, qui causent parfois aux amateurs de
si funestes méprises et trompent le botaniste lui-
même, tandis qu'avec l'album de M. Gillet on peut
presque toujours nommer l'espèce à la seule inspec-
tion des planches ; le texte ne vient ensuite que pour
confirmer la détermination. Aussi, cet ouvrage, qui
ne contient que les deux premiers ordres de la classe
— XGIII —
des Champignons, a-t-il été appelé un monument à
la mycologie française.
M. Gillet a travaillé jusqu'à la fin, et quelques
semaines avant sa mort, il s'occupait encore à
dessiner. Depuis le jour où il prit sa retraite, son
temps fut exclusivement consacré à l'étude.
A un esprit distingué, enrichi de connaissances
variées, il joignait une bonté excessive. Sa douceur,
son amabilité, sa droiture étaient proverbiales. On ne
faisait jamais en vain appel à ses lumières, et ses con-
frères paraissaient l'obliger en lui demandant service,
tant son abord était facile et son accueil bienveillant.
La rehgion est venue consoler les derniers jours
de cet homme de bien, qui restera non moins par ses
qualités morales que par ses travaux scientifiques,
l'une des gloires de notre pays.
Le Secrétaire communique une note de M. l'abbé
Letacq complétant les observations de notre collègue
sur les Vertébrés de l'Orne (imprimée dans la
2^ partie du Bulletin).
Dans une lettre adressée au Secrétaire, M. Isoard
signale les plantes suivantes qu'il a eu l'occasion de
récolter en 1896.
Dans les bois de Lasson : Symphytinn tuberosum
L., Smyrnium perfoliatum L.
Aux Monts-d'Eraines : Ophn/s arachnites Hoffm.,
Muscari cotyiosiim Mill. , Specularia spéculum
A. DC, Colutea arborescensh., Fumaria parviflora
Lmk., F. Vaillantii Lois., Spirxa filipendiila L.,
Anémone pulsatïlla L., cette dernière en disparition.
— XCIV —
A Mathieu : Omphalodes verna Mœnch.
Dans les étangs de la Vée, à Bagnoles-de-l'Orne :
Azolla filiciilo'ides
A Lion-sur-Mer : Anchusa sempervirensh., Cory-
dalis lutea DC.
Le Secrétaire donne connaissance de la note sui-
vante de M. Leboucher :
La saison pluvieuse que nous venons de traverser
a été particulièrement propice au développement
des champignons. A Alençon, si bien placé à cause
de ses belles forêts qui l'environnent , plusieurs
espèces rares ont été trouvées cette année. Je veux
parler seulement des espèces comestibles et peu
communes pour notre région.
La principale, YOronge vraie {Amanila cœsarea)
commune dans le Centre et le Midi de la France,
n'avait pas été observée depuis 14 ans. Cette année,
fm septembre, elle a été trouvée par plusieurs per-
sonnes, entre autres par M. V. Romet, ancien phar-
macien, qui m'en a apporté de beaux échantillons
venant de Cuissai.
J'ai trouvé également, pour la deuxième fois depuis
10 ans, à Saint-Germain-des-Gorbéis, un échantillon
du Sparasis crispa, champignon qui a l'aspect d'une
grosse éponge (20 cent, de diamètre), et qui est un
co'mestible égal à la morille.
Les autres champignons communs ont tous été
abondants cette année, les Pratelles, Bolets, Chante-
relles en particulier. Aujourd'hui encore, dans les
futaies, on rencontre YBydnum repandiim, Crate-
— xcv —
relia cornucopio'ides, divers Cortinaires, entre autres
le violet, les Clavaria botri/tis, ametliystina, aurea,
formosa et pistillaris, etc.
Sur la lisière des bois VHelvella crispa y le Can-
tharellus tubœformis , et sous les bois de pin, le
Lac tarins deiiciosus sont très abondants.
Par contre, le petit mousseron d'automne, Maras-
inins oreodes, commun dans les prés, a disparu bien
vite, probablement à cause des pluies continuelles
que nous avons depuis deux mois.
En résumé, les amateurs de champignons, et ils^sont
maintenant nombreux, ont été favorisés à Alençon, et
je puis ajouter comme fort heureux que je n'ai connu
aucun cas d'empoisonnement ; il est vrai que la
timidité existe encore, et que la plupart font exa-
miner leur récolte avant de la donner à la cuisinière.
M. Vaullegeard annonce qu'il a rencontré le Pliyl-
lobotryum gracile dans un Alopias vulpes péché à
Saint-Aubin, le 25 août 1896.
M. Bigot communique quelques observations sur
la Géologie de la Sarthe.
1° Les couches considérées comme bajociennes
par Triger et Guillier comprennent, au-dessus des
couches sableuses à Terebratula perovalis et Rhyn-
choneUa Whrighti, un horizon à Ludwigia concerna
et Haplopleuroceras subspinatum (Crissé, Tennie,
Gesnes-le-Grandelin) , un horizon à Sphœroceras
contractum (Tennie où il a déjà été reconnu par
Waagen),puis des calcaires oolithiques à grandes
Gervillies et à Oppelia Truellei (Vilaine la Carelle).
— XCVI —
OEcotraiistes serrigerus, forme bathonienne. a été
recueilli à Durtal (Maine-et-Loire) dans ces calcaires
et, vers le sommet, Terebratiila maxillata indique
la présence du Bathonien inférieur ou moyen, le
Bathonien supérieur étant représenté par les marnes
à Eiidesia cardiiwi et le calcaire à MontUvaidtia ;
ce dernier se réduit vers le Nord du département ;
2° Le Cornbrash est représenté, au Nord de
Fresnay-sur-Sarthe, par des assises de calcaire mar-
neux etd'argiles(Petit-Oisseau,Bourg-le-Roi,Rouessé.
Fontaine), avec Oxynoticeras, Terebratiila Fleis-
cheri, Zeileria siiblagenalis, etc., remplacés dans le
Sud de la Sarthe par l'horizon de Pécheseul et
Saint-Benoit, déjà rapporté au Gornbash par M. de
Grossouvre, et qui renferme avec Oxynoticeras ,
Oppelia aspidoïdes, Sphœroceras microstoma, des
formes calloviennes, telles que Macrocephalites ma-
crocephalus, Herveyi;
3° Les Grès de Fyé sont supérieurs à Fyé même à
un horizon d'argiles et de calcaires lacustres avec
Paludestrines , Lymnées , Planorbes, Potamides
lapidum.
M. Drouet lit un très intéressant travail sur des
observations d'histoire naturelle qu'il a eu l'occa-
sion de faire en Tunisie au printemps dernier.
Cette communication donne lieu à des observa-
tions de M. Lignier qui remercie notre vice-prési-
dent au nom de la Société.
A 10 heures 1/2 la séance est levée.
TRAVAUX ORIGINAUX
Note sur le CALLOVIEN SUPERIEUR
DES FALAISES DE DIVES ET VILLERS-SUR-MER
Par Louis BRASIL (*).
Le Gallovien supérieur, entre Dives et Villers-sur-
Mer, a été sucessivement étudié par MM. Douvillé et
Munier-Clialmas qui ont fait paraître, en 1881 et en
1892, dans le Bulletin de la Société géologique de
France, le résumé de leurs observations.
D'après M. Douvillé, on rencontrerait entre Dives
et Villers la succession suivante (1) :
1" Marnes de Dives ou Zone à A?nmonites Lam-
berti comprenant :
a. Couches du Mauvais pas — Couches affleu-
rant au large de Beuzeval avec Pelt. athleta
Phill., Cosm. Dimcani Sow. , Perisph.
Backeriœ Sow., Card. Lamberti Sow., etc.
b. Couches formant la base de la falaise sous
Auberville avec Pelt. athleta Phill., Cosm.
Duncani Sow. , Card. Lamberti Sow. ,
Pachyc. Lalandeanum d'Orb., c'est-à-dire
une faune se rattachant étroitement à celle
des couches précédentes.
(*) Travail présenté à la séance du 3 février, manuscrit remis le
7 février ; épreuves cori'igées par le secrétaire le 15 juillet.
(1) Douvillé, Jurassique mo/jen du Bassin de P'^iris. B. S. G,
F.. 3. IX, 1881, p. 441.
_ 4 —
2° Marnes de Villers ou Zô?ie à Ammonites
Mariée, caractérisées par la présence de Pelt. athleta
PhilL, Perisph. sidcifenis Oppel., Card. Mariœ ,
d'Orb., cette dernière espèce venant remplacer Card.
Lamberti spécial aux Marnes de Dives.
M. Munier-Chalmas, tout en reconnaissant l'exac-
titude parfaite des observations de M. Douvillé a
montré que le Gallovien supérieur des côtes nor-
mandes comprenait les assises suivantes (2) :
1" Couches affleurant au large de Beuzeval conte-
nant Pelt. athleta Phill., Asp. hirsutum Bayle, Asp.
n. sp., Costiî. Duncani Sow., Card. Lamberti Sow.,
Card. Mariae d'Orb., Pachyc. Lalandeaniim d'Orb.,
etc..
2" Couches formant la base de la falaise à mi-
chemin entre Beuzeval et Villers, contenant outre
les espèces précédentes, une troisième espèce d'^A^-
pidoceras.
3" Couches au large de Villers avec Oppelia
Vil ier sejisis d'Orh., Horioc. Baiigieri d'Orh., Disthic.
biparti tum Ziet., Creniceras Renggeri Oppel, Card.
Lamberti Sow., Card. Mariœ d'Orb., etc.
4° Argiles brunes ou noirâtres contenant à la base
Cai'd. Lamberti Sow et Card. Marias d'Orb., à la
partie supérieure une forme spéciale dérivant de
Caî'd. Marias d'Orb.
Ainsi qu'on peut s'en rendre compte en étudiant
les deux tableaux précédents MM. Douvillé et Munier-
Chalmas ont rencontré Pelt. athleta Phillips, le
(2) MuMER-Cii.vLMAs , Eludc préliminaire des terrains juras-
siques de Normandie, B. S. G. F., 3, XX, 1892, C. R. somm. p.
CCXVXII.
— 5 —
premier dans toute la hauteur du Gallovien supé-
rieur, le second dans les couches numérotées 1 et 2.
Je crois qu'il y a là confusion entre deux espèces
voisines appartenant au même groupe de Peltoceras
et que d'Orbigny et Bayle ont figurées toutes deux
sous le même nom de Ammonites (Peltoceras )
athleta Phill.
D'après mes observations, Pelt. athleta, type,
serait rigoureusement confiné dans les couches du
Mauvais pas, d'où proviennent tous les échantillons
des anciennes collections, et peut-être dans les
couches affleurant au large de Beuzeval, couches
quelquefois visibles dans les grandes marées ; on ne
rencontrerait au-dessus, c'est-à-dire dans des cou-
ches formant la base de la falaise sous Auberville que
Pelt. athletoïdes Lahusen, une autre espèce figurée
par d'Orbigny et par Bayle, comme une variété de
Pelt. athleta dans laquelle les côtes bifurquées
subsistent plus longtemps.
Peltoceras athletoïdes est très facile à distinguer
A^Pelt. athleta; il est beaucoup pluscomprimé, moins
robuste, les tubercules n'atteignent jamais un grand
développement, particulièrementles tubercules ombi-
licaux, souvent même rudimentaires ; les tubercules
externes ne sont réunis à aucun âge par les petites
côtes siphonales si caractéristiques de Pelt. athleta.
Enfin l'évolution de cette espèce est très lente, les
tours non tubercules subsistant très longtemps.
Quenstedt a figuré Pelt. athletoïdes sous le nom de
Ammonites athleta unispinosiis, forme dans laquelle
il comprenait également Amm. Constanti d'Orb.
C'est seulement en 1882 que Lahusen, dans son
— 6 —
mémoire sur le fameux jurassique du gouvernement
de Rjasan (1) a décrit son Pelt. athletoïdes en le
rapportant aux figures données par d'Orbigny et
et Bayle pour la variété comprimée de Pelt. athleta.
Enfin E. E. Deslongchamps, dans son Rapport sur les
fossiles Oxfordiens de la collection Jarry (2) avait
rapporté cette même variété, avec un point de doute
d'ailleurs, à Aspidoceras Phœniceinn Gemmellaro.
Le Gallovien supérieur entre Dives et Villers-sur-
Mer se trouverait alors constitué par les assises
suivantes:
1° Couches de Dives et Beuzeval (?) à Pcltoceras
atlileta;
2° Couches sous Auberville kPeltoceras athletoïdes;
3" Couches de Vi 11ers à Creniceras Renggeri et
Oppelia Villersensis.
Faculté des Sciences de Ctien.
Laboratoire de Géologie.
Janvier 1896.
(1) Lahusen, Die f'auna de^ Juras. Bildiniy. des Bjasansclien
Gouv. Mém. Coni. Géol. Russie vol. I, n" 1, p. 70; pi. X, lig. 5, 8.
(2) E.-E Deslongchamps, Rapport sur les fossiles Oxfordiens
de la Collection Jarry, Bull Soe. Linii. Nonii.
GATALOGU E
DES
SÉLACIENS JURASSIQUES
DU CALVADOS & DE L'ORNE
Par A. BIGOT
Professeur à la Faculté des Sciences de Caen
J'ai eu l'occasion d'examiner . un certain nombre de dents,
ichthyodornlitlies et boucles do Sélaciens provenant des couches
jurassiques du Calvados et de l'Orne. En plus des formes signalées
en Noimandie par Agassiz et (|ue j'ai pu jiarfois étudier sur les
types mûmes, j'ai reconnu quelques espèces nouvelles pour la région.
Le catalogue suivant résume, en attendant la publication prochaine
d'un travail détaillé, le résultat do mos recherches. Je dois des
remerciements tout spéciaux à mon ami M. R.. Fortin, de Rouen,
qui m'a communiqué de nombreux écbantiilons d'Ecouché (Orne).
A. — ELASMOBRANCHES
I. DENTS
1. Hybodus, sp.? — Nombreux denticules dans la
couche à Leptœna (Toarcien inférieur) du Calvados,
indiquant des dents à denticule médian très élancé,
lisse.
2. H. (Mei'istodon) sp. ? — Un seul échantillon
déjà figuré par E. Deslongchamps, Jura normand,
Mon. VI, pi. I, fig. 6-7. — Bajocien inférieur de May
(Calvados).
— 8 -
3. H. inflatus, Agass. — Un seul échantillon, type
d'Agassiz. — Bajocien supérieur de Sully (Galv.).
4.//. {/rossiconits, Agass. — Deux des types d'Agassiz
proviennent du Calcaire de Gaen d'Allemagne (Galv.).
Les dents rapprochées de la symphyse sont difficiles à
distinguer de celles de H. poly'prion et raricostatus.
— Vésulien de Gaen (Galv.) et Ecouché (Orne).
5. //. cf. raricostatus. — Une dent figurée par
Eudes-Deslongchamps dans le Mémoire sur le Pœki-
lopleiiron est bien voisine de celles du Sinémurien
de Lyme-Régis figurées par Agassiz ou par M. A. -S.
Woodward (Ca^. ofFoss. fish.Brit.-Mtis.,pti, pi. X,
fig. 15) sous le nom de //. raricostatus. — Vésulien
de la Maladrerie (Galv.).
6. H. polyprion, Agass. — Vésulien de Gaen (Galv.)
et d'Ecouché (Orne).
7. H. obtusus, Agass.— Les types sont du Galcaire
de Gaen. — 1 éch. du Vésulien d'Ecouché (Orne).
8. H. striatulus, Agass., A. -S. Wood\vard(voir /oc.
cit., pi. XI, fig. 14-15). — Séquanien de Gordebugle
(Galv.)
9. Strophodus. — 2 dents indéterminables du
Bajocien supérieur de Sully (Galv.).
10. Str. 7nedius, Owen. — Le type de cette espèce
provenant du Galcaire de Gaen et que possède le
British Muséum est le seul exemplaire de Strophodus
qui montre en place les rangées de dents. Owen a
rapporté ces rangées à la mâchoire inférieure qui
dans cette hypothèse aurait différé de celle de Cestra-
cion par l'absence de rangée impaire sur la symphyse.
D'après M. A. -S. Woodward la présence d'une rangée
impaire à la mâchoire inférieure de Cestracion n'est
— 9 —
pas constante. A Str. medhis se rapportent de nom-
breuses dents provenant du Vésulien dEcouché
(Orne). 3 de ces dents absolument symétriques appar-
tiennent à une rangée médiane impaire de l'une ou
l'autre mâchoire. Des dents semblables ont été signa-
lées par M. A. -S. Woodward (1) dans la série des
dents de l'Oxfordien décrites sous le nom à'Astera-
canthus ornatissimiis ; elles sont rapportées par cet
auteur à la rangée médiane de la mâchoire infé-
rieure. La mâchoire décrite par Owen serait alors
une mâchoire supérieure.
11. Str. longidens;^ Agass. — Les types décrits par
Agassiz proviennent du calcaire de Gaen. Ils compren-
nent des dents isolées et deux groupes de dents dont
l'un formé de 2 rangées de 4 dents chacune. Ces
dents paraissent correspondre aux rangées III et IV
delà mâchoire supérieure A'Ast. ornatissimus , telle
qu'elle a été rétablie par M. A. -S. Woodward. Le
second groupe comprend une rangée de 5 longues
dents qui paraissent correspondre aux dents de la
rangée iv de la mâchoii-e inférieure. La dent isolée,
(1) Ann. and Mag. of Nat. Hist. 6, II, j). 336, 1888.— Dans ce tra-
vail et dans son Catalogue of fossil Fishes of British Muséum,
M. A. -S. Woodward, après avoir démontré l'association des dents
de Strop/iodus aux épines décrites sous le nom d' Asteracanthus,
propose d'attribuer le nom A' Asteracanthus aux formes pour les-
quelles cette association est prouvée et de conserver le nom de
Slrophodus aux dents qu'on ne peut rapporter à une forme déter-
minée A' Asteracanthus. Il réunit aussi à Ast. ornatissimus les
Slrophodus reticulatus, Agass. et médius, Owen. Malheureusement
il existe dans le Calcaire de Caen plusieurs espèces A' Asteracanthus
et de Slrophodus et jusqu'ici il a été impossible de faire le rap-
prochement des dents et des Ichthyodorulitlies.
— 10 —
à couronne légèrement carénée, placée au bord de
cette rangée appartiendrait à la rangée III. Quant au
groupe de 4 dents placé de l'autre côté de la rangée
IV, il forme probablement une rangée V, correspondant
aux petites dents des rangées /' et g de la pièce
d'Owen. Peut-être t'aut-il voir là l'explication de la
difficulté signalée par M. A. -S. Woodward. Alors que
le nombre des dents dans chaque rangée est de 7,
M. Woodward a trouvé dans As.t. oniatisùnus 24
dents, VI de chaque côté — et le germe d'une 25^
pouvant se rapporter à la rangée II de la mâchoire
inférieure. Dans notre hypothèse un certain nombre
de ces dents pourraient appartenir à une rangée V.
Yh.Str. magnus^ Agass. — Je pense qu'il faut rap-
porter à cette espèce la dent figurée sous le nom de
Sir. longidcnf; par Agassiz pi. XVI, fig. 8.- Plus large
que celle du Str. longidens; elle a sa surface très-
finement ponctuée.. — Vésulien de Gaen (Calv.) et
d'Ecouché (Orne) ; Bradfordien de Ranville (Calv.)
13. Str. reticulatus, Agass. — Une série de dents
provenant du Vésulien d'Ecouché (Orne). Les dents
rapportées à Str. longidens par Agassiz (pi. XVI,
fig. 3-6) ne nous paraissant pas différer de celles de
Str. retlculatus . — Plusieurs échantillons de l'Oxfor-
dien de Villers se rapportent à la même espèce.
M. A. S. Woodward a montré que ces dents font
partie du même animal o^' Aateracanthiis ornatis-
simiis et ne pouvaient être distinguées de celles de
Str. subreticulatus.
14. Corax antiqims, E. Desl. — Un seul échan-
tillon figuré dans le Jura normand, Mon. VI, pi. I,
fig. 4, 5. — Bajoçien inférieur de Sully.
— 11 —
15. Notidaims Mtmsteri, Agass.— Plusieurs dents
du Callovien supérieur de Villers (Calv.).
II. ICHTHYODORULITHES
16. Hi/bodm crassiis, Agass. — Un échantillon du
Vésulien d'Allemagne (Calv.).
17. H. apicalis, Agass. - Un échantillon du Vésu-
lien d'Écouché (Orne).
18. Hyhodus sp? — Voisin de H. cra.ssus;'2 éch.
de rOxfordien de Villers (Calv.).
19. Aster acanthus, sp. ? — Fragment d'une grande
épine de la collection Michelin, k l'Ecole des Mines,
provenant du Bajocien supérieur de Groisilles (Cal-
vados); voisine de A^t. semisulcatus , mais avec les
tubercules encore plus confluents.
20. .4.S';. semhulcatus, Agass. — Deux épines du
Vésulien de Quilly (Calv.).
21. ^.s^. papillûsus, Egerton. — Le type est du
Calcaire de Caen. — Un échantillon du Vésulien
d'Ecouché (Orne).
22. Ast. ornatisdmiis, Agass. — Une dizaine de
fragments de l'Oxfordien de Villers et Trouville
(Calv.). — Un fragment du Séquanien de Corde-
bugle (Calv.).
23. ? — Fragment d'épine d'une ornementation
toute particulière. Il n'y a ni grosses côtes longitu-
dinales ni rangées de tubercules, mais de fines stries
longitudinales. — Oxfordien (?) de Villers (Calv.).
III. BOUCLES
24. Sphenonchiis (épine céphalique à'Hybodm ou
— 12 —
Asteracantims). — 2 échantillons du Séquanien de
Gordebugle (Calv.).
B. — HOLOCÉPHALES
I. PIÈCES MAXILLAIRES
25. Ischyodus emarginatiis, Egerton. — Une pièce
mandibulaire droite provenant du calcaire de Gaen a
été décrite par Agassiz sous le nom de /. Tessoni.
D'autres échantillons ont été trouvés dans le Vésulien
d'Allemagne (Calv.) et dans le Bradfordien de Ran-
ville (Calv.).
26. Ischyodus sp.? — Pièce mandibulaire et pièce
palatine gauches. — Oxfordien de Villers (Calv.),
II. ICHTHYODORULITHES
27. Leptacantims longissimiis, Agass. — Le type
est du Calcaire de Caen. M. A. -S. JWoodward pense
que ces épines peuvent appartenir à Isc/u/odtis emar-
ginatus.
C. — ICHTHYODORULITHES DES SÉLACIENS
INDÉTERMINÉS
28. Pî'istacanthus securis, Agass. — L'un des types
est du Calcaire de Caen.
Ces 28 formes se répartissent stratigraphiquement de la manière
suivante :
ToARCiEN. — Hybodus sp.?
Bajocien INFÉRIEUR. — Hybodus (Meristodon) sp.?
— Corax antiqiius, E. Desl.
— 13 —
Bajocien supérieur. — Hybodus inflatus, Agass,;
Strophodus sp.? ; Asteracanthus sp.?
VÉsuLiEN. — Hybodus grossiconns , Agass.; H. cf.
raincostatus, Agass. ; H. obtusus, Agass. ; H.
pob/prion, Agass.; H. crassiis , Agass.; H.
aplca/is, Agass.; Strophodus jnedius, Owen ;
Str. longidens, Agass.; Str. magnus, Agass.;
Str. reticulatus, Agass.; Asteracanthus semi-
siilcatus, Agass. ; Ast. papillosus , Ëgert. ;
Ischyodus emarginatus, Egert. ; Leptacan-
thus longissimus , Agass. ; Pristacanthus
securis, Agass.
Bradfordien : Strophodus magnus, Agass ; Ischyo-
dus emarginatus, Egert.
OxFORDiEN. — Hybodus sp.? Strophodus reticulatus,
Agass.; Asteracanthus ornatissbnus, Agass.;
Ichthyodorulithe (gen?); Notidanus Muns-
teri, Agass.; Ischyodus.
SÉQUANiEN. — Hybodus striatulus, Agass., Woodw.;
Asteracanthus oriiatissimus , Agass. ; Sphe-
nonchus.
Plus de la moitié des formes (15 sur 28) proviennent du Calcaire
de Caen (Vésulien).
Morière a signalé (B. S. L. N. 3, III, 1879, p. 332) dans le Lias
inférieur de Cartigny-l'Epinay (Calv.) une dent (ï Acrodus nobilis,
Agass.
C'est très vraisemblablement à un Sélacien qu'appartiennent les
débris trouvés dans le Bathonien d'Amblie (Calv.) et associés à des
dents d'Hybodus (voir Morière, B. S. L. N., 3, VI, 1882, p. 133 et
322).
14 -^
EMe sur le ROSA FŒTIDA, Bast
DE SAINT-DIDIER-DES-BOIS
Par M. l'Abbé GUTTIN (*)
Messieurs,
Le but que je me propose, en prenant la parole,
est, non de faire une étude approfondie, mais de
signalera votre attention un Rosa, récolté à Saint-
Didier et qui pour moi est le liosa fœtïda de Bastard,
sous-espèce particulière à la France occidentale et à
l'Angleterre.
Quelques explications sont cependant nécessaires
pour le faire accepter comme tel : je serai clair
peut-être, court certainement, et ce sera encore la
meilleure qualité de ce rapide aperçu.
Le Rosa fœtida a les styles agglutinés, les aiguil-
lons presque droits, les pédoncules hispides glan-
duleux, les sépales presque toujours réfléchis,
caractérisant ordinairement en Normandie, la section
des Tomeiitosx.
(*) Travail communiqué à la séance du 28 juin ; manuscrit remis
le même jour, épreuves corrigées parvenues au Secrétariat le
20 juillet.
— 15 —
C'est Bastard qui a créé cette espèce dans le
supplément de sa Flore de Maine-et-Loire, 29.
Desvaux l'appelle /?. rubiginosa 4 fœtida (obs. 156).
En 1830, Guépin dit dans sa Flore de Maine-et-
Loire : « Folioles presque glabres en dessus, pubes-
centes non glanduleuses en dessous (p. 298) ».
En 1848, Grenier et Godron, dans leur magnifique
Flore française, classent le Rosa fœtida dans les
Caninœ , à feuilles doublement dentées et à face
inférieure non glanduleuse, ni tomenteuse.
En 1866, A. Déséglise dans sa révision de la sec-
tion Tomentosa du genre Rosa, ne parle pas de
Rosa fœtida, Bast,, mais décrit R. cmpidata,M. B.,
et le cite comme trouvé dans le Calvados à Lisieux
par Boreau (p. 8-10).
En 1879, Gillet et Magne, dans la ¥ édition de
leur Flore française, s'écartent de Grenier et Godron
qu'ils semblent suivre ailleurs pas à pas, et placent
le Rosa fœtida dans « feuilles munies de glandes
résineuses, sensiblement odorantes par le froissement,
mollement tomenteuses ou velues sur les deux
faces, doublement dentées ; glanduleuses, aiguillons
droits ou presque droits ».
Vous le voyez, Messieurs, le Rosa fœtida passe
successivement de la section des Caninœ, dans les
Rubiginosœ et dans une autre, moitié Rubiginosœ
moitié Tomentosœ. Avec ces classifications incer-
taines, ces déterminations hésitantes et contradic-
toires, je comprends que l'étude des Rosa soit hérissée
de difficultés. Heureusement des études sérieusement
conduites ont jeté une grande clarté dans ce genre,
réputé, à bon droit, obscur.
— 16 —
Les rhodographes classent aujourd'hui le Rosa
fœtida dans les Toynentosœ, et ce, avec raison ; les
feuilles, l'aspect du buisson, le faciès général est bien
celui d'un Tomentosa.
A Saint-Didier, le Rosa fœtida croit dans les haies,
mais principalement sur la friche Saint-Pierre, dans
un terrain argilo-calcaire, où le Rosa micrantha est
abondant ; le Rosa rubiginosa ne s'y trouve pas. Il se
présente avec des nervures secondaires glandu-
leuses, caractère qui ne concorde pas avec certaines
descriptions.
Souvent, dans les Tomentosge, les types ont des
variations à feuilles glanduleuses en dessous et ce
caractère de glandulosité n'a pas la même importance
que dans la section des Rubiginosœ. Je ne m'arrêterai
pas à donner des preuves biologiques , tirées ex
visceribus rei, sur le mode de progression des glandes
dans les Rosa ; cela m'entraînerait trop loin. Comme
preuve je viens de recueillir (1) des échantillons du
Rosa tomentosa de Smith et de sa variation à feuilles
glanduleuses intérieurement : c'est le même port,
mêmes aiguillons , même pubescence des feuilles et
des styles : il n'y a que les glandes à la face inférieure
qui diffèrent : c'est la variation Rosa pseudo-cuspi-
data, Crépin, faussement appelée autrefois R. cuspi-
data, M. Bieberstein.
Comme ce revêtement glanduleux est sujet à
varier, parfois même à disparaître, ainsi que le
prouvent les deux faits que j'ai cités dans l'étude
« Le genre Rosa dans l'Eure » (p. 20-71), j'ai numé-
(1) Ces échantillons frais étaient déiiosés sur le bureau.
— 17 —
roté bon nombre de buissons de Rosa fœtida, avec de
petites étiquettes de bristol, afin de les pouvoir mieux
étudier. Malheureusement j'ai compté sans les lapins
de bois et ces timides rongeurs ont eu l'audace de
dévorer mes étiquettes; celle du n° 110, trop haut
placée, a échappé à leur voracité ; ce buisson n'a pas
varié et ces exemplaires-ci proviennent de ce même
buisson.
. Je doute même que le Rosa fœtida ne se montre
(sauf en de rares exceptions) sans ses glandes infra-
foliaires. Et ici, Messieurs, je mis appel à des preuves
d'autorité.
En 1871, le D'' Ripart, dans le Catalogue systéma-
tique extrait de son herbier de Rose, place ainsi le
Rosa fœtida, Rast. « Section V. Adenophyllœ. —
Subsect. 2. Foliis in pagina inferiore minus glandu-
losis; glandulis prcesertim secundum nervos et mar-
ginem dispositis ( Compte - rendu Bullet. Soc.
royale Belgique, 1890. — Séance tenue à Arlon, le
22 juin 1890, p. 109). »
En 1882, dans ses Primitiœ monographise Rosarum
(T. 21 ; I part; fasc. I, p. 92), M. Grépin classe le R.
fœtida fiast. dans : « 3 glandulosse : folioles toutes
chargées en dessous de glandes éparses plus ou moins
abondantes », et il ajoute : « A mon avis, on ne peut
.voir dans le R. fœtida qu'une variété du R. tomen-
tosa dont il présente les caractères essentiels. Sa
pubescence est assez variable, mais toujours elle est
plus clairsemée que ^ans les formes ordinaires du
R. tomentosa. La face supérieure des folioles est
tantôt parfaitement glabre, tantôt un peu pubes-
cente ; les styles, qui sont dits glabres, paraissent
2
- 18 —
glabres ; mais à une courte distance du stigmate, ils
sont un peu hérissés. . . ; . Le /?. fœtkla ne représente
pas une forme strictement délimitée : il est constitué
par un groupe de variations qu'on pourrait séparer
les unes des autres en tenant compte des modifica-
tions présentées par leurs divers organes. »
En 1889, M. l'abbé Boullu, de Lyon, rédige le genre
Rosa dans la flore de l'abbé Gariot. (Etude des fleurs.
Botanique renfermant la flore du Bassin moyen du
Rhône et de la Loire. T. II, 8^ édit. revue par M. le
D'' Saint-Lager.) Le Rosa fœtida est classé dans les
Tomentosœ à feuilles doublement dentées, glandu-
leuses en dessous (ï. II, p. 282 et 286).
En 1890, dans son répertoire des Roses Sarthoises,
M. Ambroise Gentil, du Mans, dit du R. fœtkla :
« Folioles à surdents glanduleuses, presque glabres
en dessus, pubescentes, grisâtres en dessous et fine-
ment glanduleuses sur les nervures » (p. 8).
Enfin, en 1892, résumant une classification de
Roses, qui doit être l'abrégé de sa monographie des
Roses, impatiemment attendue, le savant rhodo-
graphe de Bruxelles, M. Grépin range, dans son
tableau analytique des Roses Européennes, le Rosa
fœtida dans : « Dents foliaires composées-glandu-
leuses ; folioles toutes à nervures secondaires glan-
duleuses, pédicelles hispides glanduleux, etc. (Bull.
Sociét.roy. Belgique, T. XXXI, 2'-' part., p. 78. —
Séance du i<^'' mai 1892.) »
Nous sommes loin. Messieurs, des hésitantes déter-
minations d'il y a cinquante ans. Et il est regrettable
que M. Acloque, l'auteur de la Flore de France, en
tableaux dichotomiques, parue en 1894, ne se soit pas
— 19 —
inspiré de ces récents travaux, fruits de longues et
minutieuses observations. Il se borne à reproduire
Grenier et Godron, avec certains changements comme
synonymes, par exemple. H.jnicrantha, Smith, au lieu
de R. micrant/ia^ DG., GG.: ce qui est bien différent.
Il laisse de côté le caractère important de l'évolution
des sépales sur le fruit dans les Rosse Rubig'inosa,
nilcrantha et graveolens, caractères que notre savant
collègue, M. Corbière, dans sa Nouvelle Flore de
Normandie, fait parfaitement ressortir pour ces
trois espèces, comme d'ailleurs il le sait faire dans
ses autres descriptions florales, frappées au coin de
de la justesse et de la précision scientifiques.
En septembre 1894, M. Crépin m'écrivait, en me
retournant un envoi de Rosa : « Parmi vos numéros,
les nos 17, 102, 110 et 114 peuvent être, je pense,
classés dans le groupe du R. fœdida, Bastard, qui
se distingue par sa pubescence assez maigre et ses
styles glabres ou glabrescents. Les nervures secon-
daires sont glanduleuses. » (p. 4). Et après un
classement en trois groupes des types des Tomentosœ,
il ajoutait : « Dans une Flore locale, on peut s'ar-
rêter à décrire ces variations qui présentent certes
de l'intérêt au point de vue du type spécifique ».
(p. 4).
Telles sont les considérations que j'ai cru néces-
saires pour justifier la présence du Rosa fœtida, à
Saint-Didier. Et je termine en signalant un autre
Rosa, voisin du R. fo^ikla, mais à feuilles tomen-
teuses et à pédicelles lisses : le R. farinosa Béches-
tein. (Cf. Bull, société roy . Belgique, T. 21, 1'° part,
fasc. I, p. 93). Ce n'est pas d'ailleurs un Rosa
— 20 —
nouveau pour la Normandie. Dans l'herbier Lenor-
mand, que M. le professeur Lignier, avec une
aimable courtoisie, a bien voulu me prêter en
communication, ce dont je le remercie bien sincè-
rement, le R. farinosa se trouve représenté par
trois échantillons, deux en fleurs et un en fruit, avec
cette indication : « Cideville, à Négreville, près de
Valognes (Manche), 27 juin 1852. E. L. ». Les initiales
et l'écriture sont du D'' Lebel. Cet herbier a été
annoté par M. Crépin.
Dès lors. Messieurs, et c'est la conclusion de cette
rapide étude, il me semble que la section des To-
mentosœ peut se résumer ainsi pour la Normandie :
Espèce primaire :
Eosa tomentosa Smith,
avec sa variât. jjseudo-cAispidata Crépin.
Espèces secondaires :
R. fœtida Bastard ;
R. farinosa Béchestein ;
et le R. littoralis Corbière, que je place en dernier
lieu comme établissant une transition entre les
Tomentosœ et les Villosœ, section qui ne compte pas
de représentants en Normandie, si ce n'est à l'état
cultivé ou subspontané.
Je dois faire une rectification au tableau du R. to-
mentosa dans « Le genre Rosa, dans l'Eure » que la
la Société Linnéenne de Normandie a bien voulu
publier dans son bulletin de 1894, p. 63.
"Pédicelles lisses R. farinosa Bchst.
Pédicelles hispides glanduleux .....;... 8
— 21 —
Foliol. presque glabres en dessus ; styles glabres ou
glabrescents R. fœlida Bast.
Foliol. mollement tomenteuses en dessus , styles plus
ou moins hérissés ; fruit ovoïde.
R. pseudo-cuspidata Crép.
Recherches sur les FLEURS PROLIFERES
DU CARDAMINE PRATENSIS
Par O. LIGNIER
Professeur à la Faculté des Sciences de Caen (')
Morière décrivit devant la Société Linnéenne, en
1861(1), une cardamine à fleur prolifère qu'il avait
rencontrée dans les marais de Ghicheboville où l'on
peut encore chaque année l'observer facilement.
Cetter particularité est d'ailleurs assez commune
puisque, d'après M. Corbière (2), elle a été signalée
par divers botanistes de la Seine-Inférieure à Heur-
teauville, dans l'Eure à Beaumesnil, dans le Calvados
à Merville, à la Bernardière près Vire — je l'ai moi-
même retrouvée à Mouen, dans la vallée de l'Odon —
(*) Travail communiqué à la séance du 28 juin ; manuscrit remis
le même jour ; épreuves corrigées parvenues au secrétariat le 22
juillet. ■»*
(1) MoiuÈRE, Note sur un cas de chloi'ise dans le Galanthus
nivalis et de tloriparité dans le Cardamine pratensis {Bull. Soc.
Linn. de Nonn., vol. VI, 1861, p. 124).
(2) L. CoKBiÈRE, Nouvelle Flore de Normandie, Caen, 1893.
— 22 —
dans l'Orne à Argentan, dans la Manche au Ham, à
St-Hilaire-du-Harcouët, aux dunes de Donville et
de Bréville.
D'après Morière, cette anomalie offre les faits
suivants : une fleur normale fournit une nouvelle
fleur en son centre et à la place de la silique habituelle.
Cette deuxième fleur, qui comprend un calice en
partie gamosépale et de nombreux pétales, n'a pas
d'étamines ; sa silique est globuleuse, se tend latéra-
lement et laisse a s'épanouir un grand nombre de
petites lames pétaloïdes, qui occupaient la place des
ovules». Ce dernier appareil représente une troisième
fleur qui peut <à son tour être prolifère et fournir une
quatrième fleur de la même façon. En aucun cas,
Morière n'a rencontré de graine
Ayant, il y a quelque temps, à la suite de recherches
anatomiques, donné une nouvelle explication de la
fleur des Crucifères, je me suis trouvé tout naturel-
lement amené à étudier par la même méthode
l'anomalie du Cardamine pratensis et c'est le résultat
de cette étude que je vais exposer devant vous.
Les premiers verticilles de la fleur inférieure sont
normaux ainsi que l'avait indiqué Morière. L'ano-
malie ne commence qu'au-dessus des étamines, et
encore ne se voit-elle que dans la fleur âgée. En
effet, le centre de la fleur très jeune est occupé par
un gynécée en apparence normal, et dans lequel on
peut même observer des rudiments d'ovules insérés
sur les bourrelets placentaires. Mais il se produit
d'assez bonne heure entre les étamines et les
carpelles une élongation internodale de la tige,
comparable à celle qui, chez les Capparidées, s'établit
— 23 —
à la base du fruit; les carpelles se trouvent ainsi
bientôt portés au sommet d'un pédicelle long de 10
à 12 millim. Pendant ces transformations la silique
elle-même se gonfle peu à peu, puis se déchire
longitudinalement d'un seul côté, laissant émerger
extérieurement une nouvelle fleur dans le prolon-
gement du pédicelle. Ainsi donc ce que Morière
considérait comme le calice gamosépale de la
deuxième fleur, n'est en réalité que le reste de la
silique de la première, et, sur ses parois intérieures,
le long des deux bourrelets placentaires longitu-
dinaux, il est encore possible de reconnaître quel-
ques ovules ou simplement quelques lamelles
représentant des ovules atrophiés.
Au-dessus Je l'insertion de ce pseudo-calice,
l'axe de la deuxième fleur reste, sur une certaine
longueur, soudé avec les bourrelets placentaires ; il
y forme donc une sorte de cloison intercalée entre
deux cavités qui rappellent les loges ovariennes
de la silique. Plus haut il devient complètement
libre.
Entre le niveau où il donne insertion au pseudo-
calice et celui où il devient libre, cet axe porte de
nombreux appendices — quelquefois une vingtaine
— qui sont souvent, ainsi que l'avait vu Morière,
tous transformés en pétales, mais qui peuvent aussi
tout en restant un peu pétaloïdes, présenter chacun
quatre sacs polliniques bien développés sur leur
face interne. Cette deuxième fleur est donc tantôt
entièrement pétalée, tantôt entièrement staminée. La
dispersion de ses appendices ne montre que des
rapports éloignés avec celle que l'on connaît dans
— 24 —
les fleurs normales. Tout ce qu'on peut dire, c'est
que les plus inférieurs d'entre eux sont insérés, sur
les deux faces libres de l'axe formant cloison, symé-
triquement par rapport aux deux plans de symétrie
de la fleur normale.
Au-dessus de cette région de coalescence, l'axe
prolifère devenu libre montre de suite une région
dépourvue d'appendices, qui correspond à la locali-
sation d'une élongation intercalaire analogue à celle
qui s'est formée dans la première fleur à la base de la
silique ; elle produira le pédicelle de la troisième
fleur. Les premiers appendices de cette troisième
fleur sont encore des étamines plus ou moins péta-
loïdes (1) dont les plus inférieures sont situées dans
le plan des bourrelets placentaires sous-jacents et les
suivantes dans le plan perpendiculaire. Plus haut, tout
ordre disparaît et bientôt, les sacs polliniques cessant
de se développer, les appendices deviennent entiè-
rement pétaloïdes ; ce sont de petites lamelles dont
la taille décroît jusqu'au sommet végétatif.
En résumé l'anomalie du Cardamine pratonsU est
due à ce que le cône végétatif, qui généralement
s'éteint après avoir produit les carpelles, fournit au
contraire une nouvelle période de végétation, en
même temps qu'un accroissement internodal s'éta-
blit au-dessous de la région d'insertion de la silique
et y produit le pédicelle de la deuxième fleur.
(1) La description de Morière nous apprend que fréquemment
les feuilles inférieures de cette troisième fleur peuvent ressembler
à des carpelles. Us constituent alors une silique globuleuse et
prolifère analogue à celle décrite au sommet du premier pédoncule.
— 25 —
Le nouveau bourgeon se développe clans l'intérieur
de la silique ; il presse contre ses faces internes, la
fait gonfler, puis se fendre suivant l'une des lignes
de déhiscence des valves. Finalement il vient émerger
à l'extérieur et les débris de la silique constituent
une sorte de pseudo-calice pour la seconde fleur.
Celle-ci est arbitrairement formée de pétales ou d'éta-
mines qui sont nombreux et distribués à peu près
irrégulièrement.
Les mêmes faits peuvent se reproduire plusieurs
fois de suite, avec une caractérisation de moins en
moins accusée des appendices.
Tous les pétales et toutes les étamines des fleurs
successives sont toujours des appendices de la tige ou
des parties d'appendices. En aucun cas ils ne corres-
pondent à ses ovules modifiés (1).
La plupart des ovules sont plus ou moins atro-
phiés.
Le torus des fleurs anormales peut être glandulaire
de même que celui des fleurs normales.
(1) Au iioint où l'axe de lu deuxième fleur redevieut libre après
avoir été coalescent avec les bourrelets placentaires du pseudo-calice,
il peut exister quelques lamelles qui semblent se détacher de ces
bourrelets, mais, alors même, l'orientation de leur faisceau libéro-
ligneux, démontre facilement qu'elles dépendent non des bourrelets,
mais bien de la tige.
— 26 —
Histoire d'une vocation. — Dpcotivertf du
premier Individu dn Teleosanrus Cado -
niensis — manuscrit inédit de J.-A. Eudes-Des-
LONGCHAMPS, Communiqué par M. A. Bigot (1).
Les circonstances les plus insignifiantes entraînent
parfois dans des voies où, autrement, l'on n'eût
jamais tenté de pénétrer ; l'idée de devenir natu-
raliste de profession n'avait pas de raison d'entrer
dans le choix de ma carrière à venir. Débarqué au
désarmement de la frégate La Gloire, sur laquelle
j'avais passé près de trois années en qualité de
chirurgien auxiliaire de 3^ classe, j'étais revenu dans
ma ville natale à la fin de l'année 1814. Je passai à
Gaen l'année 1815 à me fortifier dans mes connais-
sances anatomiques ; toutes facilités me furent
données par le professeur Ameline (2) qui me portait
un intérêt tout particulier. Je me rendis à Paris au
commencement de l'année classique 1815-16, pour
achever mes études médicales et prendre les grades
nécessaires au Doctorat.
Je ne pouvais manquer, dès les premiers temps de
mon séjour à Paris, de faire une visite au Muséum
d'histoire naturelle.
(T] Les jjHges (lui suivent devaient servir irintroduction à un
mémoire sur le Teleosaurt/s Cadomensis ; il nous a jiaru inté-
ressant de pu])lier cette curieuse histoire des débuts d'un des plus
grands naturalistes de la Normandie.
(2) Voir sur Ameline, inventeur de l'anatomie élastique la notice
de M. le D' Fayel (B. S. L. IS. 4 189 p.) A. B.
— 27 —
Les locaux n'étaient point disposés comme ils le
sont à présent : je me promenais dans une galerie du
rez-de-chaussée alors consacrée à la minéralogie et
aux fossiles ; je remarquai, contre une des murailles,
un grand cadre en bois, rempli de plâtre, dans lequel
étaient incrustées des pierres renfermant des pièces
osseuses d'un mammifère fossile. Au bas du cadre
on lisait cette inscription : Squelette presqii' entier
(ïitn animal inconnu dans la nature vivante, trouvé
dans les carrières de Pantin près Paris. Ces mots :
inconnu dans la nature vivante, me surprirent au
dernier point, et me firent faire beaucoup de
réflexions. J'étais resté planté devant ce cadre ; il
fallait qu'il y eût, dans mon attitude, quelque chose
d'étrange, car je fus abordé par une personne (je n'ai
jamais su qui, probablement attachée à l'établisse-
ment) qui me dit: « Cette pièce paraît vous inté-
resser beaucoup, monsieur? je lui répondis qu'elle
m'intéressait au dernier point et qu'elle faisait naître
en moi une foule d'idées qui ne m'étaient jamais
venues à l'esprit ; elle me dit alors : « Vous pourrez
« avoir facilement, sur cet objet et sur beaucoup
« d'autres de même nature, tous les renseignements
« désirables ; allez au fond de cette salle où est la
(( bibliothèque ( c'était là qu'elle était alors ) et
« demandez à consulter l'ouvrage de M. Guvier,
« intitulé : Recherches sur les ossements fossiles. »
Je remerciai beaucoup cet obligeant indicateur ; je
fus à la bibliothèque, et je pus prendre connaissance
de l'ouvrage de Cuvier. Tous les moments que je
pouvais prendre sur mes études médicales j'allais les
passer à la bibliothèque du Muséum. Je lus l'ouvrage
— 28 —
de Guvier (c'était la première édition) d'un bout à
l'autre, sans en passer une ligne. Je fus dans l'en-
chantement ; tout ce qu'il contenait était nouveau
pour moi. Je ne pouvais me lasser d'admirer la
science 'prodigieuse du grand naturaliste, sa pro-
fonde sagacité et les innombrables révélations que
son ouvrage me fournissait sur les premiers âges
du globe. Gomme bien d'autres, je croyais que le
monde avait toujours été tel que je le voyais.
Je pris la ferme résolution, dès que je serais de
retour dans mon pays, de visiter toutes les carrières,
les travaux de terrassements, de m'informer partout,
car je supposais qu'il devait exister des animaux
fossiles dans nos pierres, dans nos terrains de trans-
port, puisqu'il y en avait tant dans diverses parties
de la France et de l'Europe.
Lors de mon retour à Caen, je me disposai à
mettre mon projet à exécution. Le hasard, qu'à mon
point de vue je puis appeler un hasard providentiel,
me servit beaucoup mieux que n'auraient pu le faire
mes premières recherches, comme on va le voir.
Quelque pressé que je fusse de me mettre en
campagne, il fallait visiter mes anciens camarades.
L'un des premiers, je fus voir mon ami Luard, alors
élève interne h l'Hôtel-Dieu de Caen. En entrant
dans sa petite chambre, les premiers objets qui
frappèrent mes yeux furent deux blocs de pierre de
Caen, tout pénétrés d'ossements, côtes, vertèbres
écailles, et, qu'à première vue, je reconnus pour être
des débris de crocodiles. Je dis à peine bonjour à
Luard; je m'informai avec le plus grand empres-
sement où il s'était procuré ces pièces : « C'est un
— 29 —
« carrier du village d'Allemagne qui me les a appor-
« tées, me dit-il, il y a peu de temps ; je l'avais
(( soigné pendant une maladie, il a cru me faire
« plaisir en me donnant ces pierres extraites de sa
(( carrière ; je ne sais pas si ces ossements présentent
'( quelque intérêt ». - — « Mais, lui dis-je, ces pièces
sont de la plus haute importance ; ce sont des osse-
ments de crocodiles, d'animaux qui ont vécu dans
notre pays à l'époque où se formaient, sous forme de
vases ou de sables, les dépôts qui sont aujourd'hui
des pierres si compactes, si homogènes, et partant
si utiles ; l'animal qui a laissé les débris que vous
avez là a vécu, dans la nuit des temps, à une époque
antérieure à toute chronologie et d'une antiquité
effrayante ». J'étais fraîchement émoulu sur ces
matières et je fis montre à Luard de ma science en
fait de fossiles. « Y en a-t-il dans la carrière ?» —
((. Je n'en sais rien, répondit-il ; mais vous pourrez
« vous informer à Le Sage ; c'est le nom du carrier »,
— et il m'indiqua sa demeure et l'endroit de sa
carrière à Allemagne.
Je fus si enthousiasmé de ce que j'avais vu chez
Luard que je ne pus me taire. J'en parlai à Tesson,
à Ganivet, à Vautier qui commençait alors sa collec-
tion, et à feu Lamouroux, professeur à la Faculté des
Sciences avec lequel j'étais déjà très lié.
Nous résolûmes. Tesson, Ganivet et moi, d'aller
trouver Le Sage et de lui demander des renseigne-
ments. Il nous dit que c'était la première fois qu'il
avait trouvé des os dans la pierre de sa carrière et
qu'il avait donné tout à M. Luard. « Gependant,
c( ajouta-t-il, en équarissant les pierres , pour que
— 30 —
(( cela fût plus propre (1), je crois qu'il s'en est
c( détaché quelques morceaux paraissant contenir
« des os ; les débris en sont là, ajoute-t-il, en nous
« montrant un morceau de gravois ; cherchez, si vous
« voulez, vous y trouverez probablement quelques
« débris. »
Nous épluchâmes attentivement, et un à un, tous
ces gravois et nous trouvâmes en efl'et un certain
nombre de morceaux présentant des traces d'osse-
ments.
J'aurais bien désiré faire la part du Lion ; mais
mes compagnons ne paraissaient pas du tout disposés
à ce genre de partage : nous fîmes trois lots que nous
tirâmes au sort. Canivet eut quelques morceaux
d'assez belle apparence mais qui ne contenaient que
des écailles. J'eus pour ma part deux morceaux dans
lesquels je trouvai plus tard, en les dégageant,
quelques vertèbres caudales, et l'extrémité de la
mâchoire inférieure. Le morceau le plus gros échut
à Tesson, mais il ne montrait sur les côtés que
quelques lignes jaunâtres osseuses qui étaient loin
d'indiquer à des ignorants l'importance du fragment
(1) Ce n'est pas malheureust'ment la seule circonstance dans
la([uelle les ouvriers ont nialeucontreusejnent cherché à rendre
plus propres les pièces qu'ils recueillaient. Nous possédons à la
Faculté une grande plafjue faisant partie de l'individu de Sleno-
saurus megistorhynchus dont le crâne a été décrit par Cu\ier et
dont la mâchoire inférieure a été restaurée par J.-A. Eudes-Des-
longcliamps ; les ouvriers eurent la malheureuse idée de lavex à
grand seaux d'eau et à renfort de coups de halai de bouleau la
surface de cette plaque, enlevant ainsi la plus grande paitie des
os dont l'empreinte seule subsiste aujourd'hui.
— 31 --
de l'animal que ce morceau de pierre contenait.
Aussi Tesson n'était-il pas très satisfait de son lot.
Etant allé voir quelques jours après Lamouroux
qui avait écrit à Cuvier que des ossements de croco-
diles avaient été recueillis dans les carrières d'Alle-
magne, Lamouroux proposa à Tesson un échange
qui fut accepté. Tesson commençait alors sa collec-
tion qui, plus tard, est devenue d'une certaine impor-
tance. Lamouroux lui donna un beau Pecten de la
mer des Indes, encore fort rare à cette époque, le
Pecten pleiironectes. Dès que Lamouroux eut le
morceau de pierre il l'envoya à Cuvier ; celui-ci le fit
fouiller par ses habiles préparateurs ; ils en reti-
rèrent la moitié gauche d'un crâne d'une parfaite
conservation d'un animal tout nouveau pour Cuvier
et pour tout le monde ; c'est celui qu'il a figuré
PI. VII, fig. 5, Ve partie et décrit dans la 2" édition de
ses Recherches sur les ossements fossiles. Cuvier
écrivit à Lamouroux qu'il lui avait envoyé un objet
fort important ; qu'il fallait tâcher de se procurer les
autres pièces du tronc de l'animal et chercher soi-
gneusement dans nos carrières, qu'il y avait là des
matériaux du plus haut intérêt pour la Science.
De mon côté j'avais fouillé les morceaux de mon
lot avec tout le soin que devaient m'inspirer ces trou-
vailles, objets de mes vœux si ardents. J'y mis à
découvert l'extrémité de la mâchoire inférieure
garnie de 26 dents.
Dans un autre morceau je mis à nu cinq vertèbres
en série, de la queue et voisines des dernières, avec
quelques écailles également des dernières de la
queue.
— 32 —
Pendant ce temps, le J3ruit de la trouvaille d'un
crocodile fossile dans les carrières d'Allemagne se
répandit dans la ville. Feu M. de Magneville, grand-
père de M. Dumoncel, célèbre par ses travaux sur
l'électricité, de concert avec le maire de Caen, ainsi
que plusieurs autres personnages importants et zélés,
avaient résolu de créer pour la ville un cabinet
d'histoire naturelle pour y faciliter les progrès de
cette science. M. de Magneville demanda à Luard,
pour le futur cabinet, les ossements que le carrier
d'Allemagne lui avait donnés. En supposant que
Luard tint beaucoup à ses pièces, comment refuser
le maire de la ville, l'un des administrateurs des
hôpitaux, car M. de Magneville en faisait partie,
quand on est, comme interne des hôpitaux, soumis
à cette administration? Luard céda de bonne grâce.
Même demande me fut faite pour le peu que je
possédais ; je le cédai de même. D'abord ce peu
donnait plus de prix à la pièce principale, il restait la
propriété de ma ville, le public pouvait le visiter ; et
puis, je me destinais à venir exercer la médecine à
Caen, et l'influence d'un administrateur des hôpitaux
n'était pas à dédaigner.
L'administration du cabinet fit modeler en plâtre
toutes nos pièces par un habile modeleur italien
nommé Odelli qui se trouvait alors à Caen : des
exemplaires furent envoyés à Guvier.
Vers le même temps on trouva dans les carrières
de Quilly, sur la route de Falaise, à peu de distance
de Caen et situées dans le même calcaire, un très,
grand crocodilien, presqu'entier, mais que les
carriers mutilèrent en voulant le nettoyer. Ils le
— 33 —
portèrent chez Lamouroux qui l'acheta pour son
compte particulier ; il le fit dessiner, et en envoya
un dessin et quelques os détachés à Guvier. Ce dessin
est reproduit dans l'ouvrage cité précédemment
fig. 6, 7, 8, 9 et 13. Guvier crut que ce second croco-
dilien était de la même espèce que celui dont il
possédait une moitié de crâne et qu'il ne différait du
premier que par un âge plus avancé, mais c'était à
tort (1).
M. de Magneville, ayant eu connaissance de cette
découverte, se rendit sur les lieux pour voir s'il ne
restait pas encore quelques débris. Précisément les
carriers venaient de trouver tout près du lieu où ils
avaient enlevé la grande pierre portée chez Lamouroux
d'autres ossements, mais très mutilés, au milieu
desquels on apercevait quelques dents et des
tronçons annonçant une mâchoire inférieure ; l'état
de mutilation était tel que M. de Magneville hésita
à en faire l'acquisition; il l'acquit néanmoins, il en fit
ramasser les plus petits fragments et emporta le tout
à Gaen. Nous retrouverons un peu plus loin cette
mâchoire.
Je retournai à Paris reprendre le cours de mes
études médicales. Il me passa par la tête d'aller voir
Guvier, de lui dire que j'étais l'un des jeunes gens
qui avaient concouru à recueillir le crocodilien
trouvé dans les carrières d'Allemagne. J'hésitais
néanmoins: qu'irais-je apprendre à Guvier? Je ne
savais comment m'introduire auprès du grand anato-
miste ? Une tim.idité presque ridicule, dont je n'ai
(1) C'est le Slenosaurus megislortiynclms Geoff. St-Hilaire.
3
— 34 —
jamais pu me débarrasser, me retenait. Cependant le
désir d'avoir une audience de Guvier, de lui donner
au besoin quelques renseignements, et peut-être
d'intéresser à ma chétive personne un homme
puissant, dont les ouvrages m'avaient rempli d'admi-
ration, l'emporta. Je me rendis chez Guvier et \e lui
exposai brièvement le but de ma visite. Guvier me
reçut avec une affabilité qui me rassura tout d'abord;
il me questionna beaucoup, non seulement sur nos
carrières d'Allemagne et de Quilly, mais aussi sur
nos divers calcaires ; il me demanda entr'autres
choses si ces calcaires renfermaient beaucoup de
coquilles fossiles et si j'en avais en ma possession.
J'étais alors si ignorant à ce sujet que je lui dis qu'il
n'y en avait pas, que je n'en avais pas vu. « C'est
impossible, dit-ii, vous n'avez pas bien cherché ». Je
n'avais remarqué jusqu'alors que de petits corps
cylindroïdes, un peu branchus (c'étaient des Nulli-
pores) que je n'avais pas ramassés. «Quand vous
retournerez à Caen. cherchez mieux et vous en
trouverez ; je vous engage à me les envoyer en
indiquant exactement les localités qui vous les auront
fournies. » Je lui dis que j'avais eu, parmi mes
morceaux ramassés à Allemagne, l'extrémité d'une
mâchoire inférieure appartenant sans aucun doute
au spécimen donné à Luard. Il me demanda ce bout
de mâchoire; je lui dis qu'il n'était plus en ma
possession, que je l'avaià donné, ainsi qu'avait fait
Luard de ses grands morceaux, pour le cabinet de
notre ville. Mais j'ajoutai que je l'avais si bien dans
la tête que je pourrais le dessiner de mémoire et lui
en donner le dessin, ce qu'il accepta ; il m'interrogea
— 35 -
sur ce que j'étais venu faire à Paris, je lui racontai
ma petite histoire sans oublier ranimai des plâ-
trières de Pantin et le grand intérêt que j'avais pris
à la lecture de ses recherches sur les ossements
fossiles. Le voyant si bien disposé à m'écouter je
cherchai à exciter de sa part quelqu'intérêt pour ma
personne, je lui dis que j'étais passionné pour l'étude
de l'anatomie humaine (( Puisque vous aimez tant
l'anatomie, dit-il, je vous conseille, quand vous en
aurez le loisir, de vous occuper sérieusement
d'anatomie comparée : vous verrez alors le champ de
vos connaissances s'agrandir, vos notions sur l'orga-
nisation de l'homme s'élucideront par celles que
vous donnera l'anatomie des animaux... les espèces
indigènes vous suffiront si vous ne pouvez vous en pro-
curer d'exotiques. » Je lui dis que telle était bien mon
intention et que, dans ce but, je venais d'acquérir
son ouvrage sur l'anatomie comparée (et je pense que
j'ai tenu parole); cela parut lui faire plaisir. Je lui dis
encore que je serais flatté de voir un squelette de
crocodile. II ouvrit aussitôt une porte de son appar-
tement qui conduisait dans le cabinet d'anatomie
comparée, et me fit voir, avec détail, des squelettes
de crocodile et de gavial.
Je me retirai heureux, enchanté. Quelques jours
après je fus porter à Cuvier mon dessin fait de mé-
moire. Celte fois, Cuvier fut beaucoup moins commu-
nicatif que la première ; il me parut préoccupé. Il
regarda mon dessin avec beaucoup d'attention, me
remercia, et me fit un grand salut, que je lui rendis
très-humble, et je le quittai de crainte d'être importun.
Si ma première visite m'avait fait concevoir quelques
— 36 —
illusions, la seconde y mettait bon ordre et je me
le tins pour dit, (1)
Quoique déjà bien longues mes remarques concer-
nant l'exemplaire du Teleosaurus Cadomensis,
premier trouvé, ne sont pas encore terminées ; et je
demande ia permission de parler encore de moi avant
d'en finir avec lui.
Après deux autres années dé séjour à Paris et ma
réception de docteur en chirurgie, je revins à Gaen
commencer ma clientèle. Les loisirs ne manquent
pas en général dans le début de la carrière médicale,
j'employai les miens activement à m'occuper d'ana-
tomie comparée et de paléontologie ; mes collections
s'augmentèrent rapidement. Je me liai intimement
avec Lamouroux; sa bibliothèque d'histoire naturelle
assez riche et ses collections, assez nombreuses,
me furent d'un grand secours. Il s'occupait alors
de l'ouvrage qu'il publia bientôt , intitulé :
Exposition Méthodique de l'ordre des genres
des Polypiers, qui lui avait été demandé par un
libraire de Paris devenu propriétaire des planches
gravées de l'ouvrage d'Ellis et Solander. Au lieu d'une
traduction, mise au niveau de la science, Lamouroux
U) On peiisera peut-tître que je pousse bien loin ces détails. (|ui
peuvent sans doute m'intéresser personnellement, mais (jui ne
sont pas fort utiles h rapporter dans un travail iiurement scientifique.
On se tromperait pourtant ; ils peuvent et doivent sei'vir à rectifier
line inexactitude importante qui se voit dans la planche VII fig. 10,
tome '5, 1" partie, de la seconde édition des Ossements fossiles.
Quoique le dessin que j'avais remis à Cuvier rendit assez bien
l'aspect de l'objet, il n'était pas rigoureusement exact. Quand je pus
consulter la seconde édition des Ossements fossiles, j'y reconnus
dans la fig. 10, que mon dessin lui-même avait servi à graver cette
— 37 —
en fit une sorte de gênera des polypiers vivants et
fossiles alors connus. Je lui aidai beaucoup dans la
confection de cet ouvrage. Je recherchai activement
nos polypiers fossiles : les carrières de Ranville, les
falaises du Maresquet, celles de Luc, de Lion, de
Langrune, en étaient des gisements inépuisables. Je
lui fis beaucoup de dessins, et j'acquis ainsi la con-
naissance de ces animaux tant vivants que fossiles.
Après la publication de son gênera, Lamouroux fut
chargé, par le même libraire, de terminer la partie des
vers (moins les mollusques) de V Encyclopédie métho-
dique, et en même temps de traiter les mêmes sujets
pour le Dictionnaire classique d'Histoire naturelle ,
dont son compatriote et son ami, le colonel Bory de
Saint-Vincent venait d'entreprendre la publication.
Les matières à traiter dans ces deux ouvrages, échues
à Lamouroux, comprenaient aussi les entozoaires, ou
vers intestinaux, à la connaissance desquels il était
entièrement étranger. Je n'en savais guère davantage
alors à leur sujet que ce que les études médicales en
apprennent ordinairement ; il me proposa de m'en
charger. J'hésitais. « C'est une étude à commencer
li;,^ure ; et cepoiidaiit Cuvier avait eu entre les mains, avant la publi
ration de cette planche le modèle en idàtie de ce hout de màchoir-
qui lui avait été envoyé, avec les autres pièces moulées à Caen par
Odelli. La description donnée par Cuvier, dans son livre, paraît
cependant avoir été faite plutôt sur le modèle en plâtre que sur le
dessin car elle est plus exacte ({ue celui-ci. Ainsi, c'est à moi qu'est
due, du moins l'inexactitude de la lig. 10 PI. VII de Cuvier, et
quand des caractères aussi importants et j'ajoute aussi fugitifs que
ceux du museau dans les esjjèces du genre Teleosnurt/s sont inexacts,
il est utile d'en avertir.
'e
— 38 —
pour vous, me dit-il, est-ce qu'elle vous fait peur? nous
aurons les deux traités de Rudolphi {entozoorum
historia et syîiopsis) vous éventrerez tous les animaux
que nous pourrons nous procurer, et l'affaire mar-
chera, si vous voulez vous y livrer.» J'acceptai. Tous
les poissons que je pouvais avoir à la poissonnerie de
Gaen, et ils étaient nombreux, nos quelques reptiles,
des oiseaux en grand nombre, les mammifères du
pays, y passèrent, et j'eus bientôt une collection fort
considérable d'entozoaires (i). Je pris goût à cette
étude et je m'y passionnai si bien qu'elle m'avait fait
presque négliger les fossiles. Rudolphi était mon
guide ; je fournissais mes articles à mesure que V Al-
phabet les demandait. On sait que l'arrangement
des matières dans ces deux ouvrages était Tordre
alphabétique.
11 y avait alors à Gaen quelques jeunes médecins,
pharmaciens et avocats, instruits et zélés, qui fai-
saient de l'histoire naturelle plus qu'un délassement.
Tous fréquentaient Lamouroux qui entretenait leur
zèle ; il nous constitua en société, à la tête de laquelle
il se mit. Quelques personnes plus âgées qui s'intéres-
saient vivement aux progrès de l'histoire naturelle
dans notre ville, se joignirent à nous, et la Société
Linnéenne du Calvados fut fondée.
Les études géologiques s'établirent alors chez
nous et la recherche des Mollusques et Rayonnes
(1) Cette collection, comprenant 360 espèces ou variétés fut donnée
par J.-A. Eudes-Deslonchamps au Musée de Caen, en même temps
qu'un très srrand nombre de pièces d'anatoniie comparée et de
zoologie qui ont enrichi considérablement le Musée. A. B.
— 39 -
fossiles y prit beaucoup d'activité ; celle des ver-
tébrés fossiles s'étendit à toutes nos formations,
sans négliger, loin de là, ceux des carrières éta-
blies dans le calcaire de Gaen ; Abel Vautier, Tesson
et moi nous nous procurâmes, à l'envi, beaucoup
de pièces importantes, presque toutes relatives
aux téléosauriens que nous continuions d'appeler,
comme nos maîtres, des crocodiles. Je ne les men-
tionne pas ici, la plupart trouveront leur indication
plus loin.
Sur ces entrefaites, Lamouroux vint à mourir. Je
fus chargé de continuer les sujets qu'il s'était
réservés dans l'achèvement de VEncyclopédie métho-
dique et du Dictionnaire classique d'histoire natu-
relle. La voix publique me désignait à Caen comme
successeur de Lamouroux dans la chaire d'histoire
naturelle à la Faculté des sciences. Malheureusement,
comme le dit Figaro, j'y étais propre: il fallait un
naturaliste, bien peu s'en fallut que ce ne fut un
Après bien des obstacles, bien des péripéties, je fus
enfin nommé à la chaire de la Faculté (1).
Mon ardeur pour les sciences naturelles et mon
peu de goût pour l'exercice de la médecine m'avaient
(l)Cet exemple suffirait à montrer les inconvénients que pourrait
avoir la latitude laissée aux Facultés de choisir elles-mêmes les
titulaires de chaires ou des maîtrises de conférence. Il est toujours à
craindre que les influences locales, tenant plus compte de raisons
extra-scientifiques que des aptitudes des candidats, n'amènent de
choix funestes. Le Congrès de l'Enseignement supérieur, tenu à
Lyon en 1894, a proposé que, en dehors de la présentation faite à
une chaire vacante par la Faculté intéressée, il fut tenu compte de
l'avis des professeurs de la spécialité dans les autres Facultés. Il est
hien à souhaiter que cette excellente mesure soit adoptée. A. B.
— no-
tait négliger un peu la clientèle. J'avais tort, car
n'ayant d'autre fortune que mon état de médecin
pour vivre et soutenir mes bons vieux parents, je
m'exposais, eux et moi, à un avenir très précaire.
Une fois que je me vis, par les émoluments de ma
place, une existence honorable assurée, je me trouvai
suffisamment riche, et j'abandonnai l'exercice de
l'art. Mais la clientèle que j'avais eu assez de peine à
former, ne voulait pas me quitter et j'eus presqu'au-
tant de difficulté pour m'en débarrasser que pour
l'acquérir.
Le cabinet d'histoire naturelle de la ville dont
M. de Magneville s'occupait avec un zèle si louable,
s'enrichit par l'acquisition des collections de Lamou-
roux. J'achetai pour mon compte particulier une
bonne partie des ouvrages d'histoire naturelle de sa
bibliothèque. Je proposai à M. de Magneville de
déterminer et de mettre en ordre ce qu'il y avait de
rangé et en magasin dans le cabinet de la ville. M. de
Magneville accepta avec empressement cet acte de
bonne volonté, car il était alors entièrement gratuit.
J'avais ainsi à ma disposition de nombreux et précieux
matériaux pour mes études favorites ; j'y trouvais
l'occasion d'étendre et de perfectionner mes connais-
sances.
Je voyais et touchais tous les jours les belles pièces
du fossile d'Allemagne données par Luard et par moi
même, que Guvier avait décrites et figurées en grande
partie dans l'ouvrage si souvent cité ici ; je voyais
toujours, sur le côté d'un des deux blocs principaux
des traces d'os restés cachés dans la pierre ; je savais
à n'en pas douter que l'extrémité de la mâchoire
— 4 1 —
inférieure préparée par moi, avait fait partie de ce
bloc ; j'étais à peu près certain que le reste de cette
mâchoire devait y être. Un jour, je proposai à M. de
Magneville de fouiller ce bloc, en lui faisant connaître
les raisons qui me faisaient penser qu'il ne montrait
pas tout ce qu'il contenait ; il me faudra sans doute
enlever les écailles situées à la surface et qui se
voient par leur face interne, mais je pourrai les
rapprocher, les recoller dans leurs rapports et les
montrer par leur face extérieure, ce qui les rendrait
plus intéressantes ; j'appuyai ma demande de toutes
les raisons que je crus propres à la faire agréer par
M. le Directeur du cabinet. M. de Magneville ne fut
pas de mon avis, il me dit que ce n'était s'exposer
à détériorer une des pièces les plus précieuses de la
collection, consacrée pour ainsi dire par la descrip-
tion qu'en avait donnée Guvier; qu'il ne doutait pas
de mon habileté, mais qu'il ne fallait l'exercer dans
ce cas, qu'il ne fallait pas courir les chances de
gâter le bien en cherchant le mieux ; bref qu'il fallait
que les pièces restassent dans l'état où elles étaient.
Je fus fort contrarié de ce refus ; mais il fallut
obéir, M. de Magneville ayant toute autorité sur les
objets renfermés dans la collection.
« Eh bien, lui dis-je, puisque vous ne consentez pas
à ma proposition, voulez-vous me permettre de
restaurer la mâchoire inférieure que vous avez
rapportée de Quilly (voir précédemment page 33),
dont les fragments sont restés renfermés dans une
boîte et laissés dans un coin ». « Ah, pour celle-là,
me dit-il, je l'abandonne volontiers à votre zèle et à
votre adresse, faites-en ce que vous voudrez ou ce
— 42 —
que vous pourrez. » M. de Magneville était bien
convaincu qu'on ne pourrait en tirer aucun parti et
qu'elle n'était bonne qu'à être jetée aux décombres.
Je n'étais pas trop rassuré moi-même sur ce que
je pourrais faire de cette pauvre mâchoire, dans le
piteux état où elle était. J'avais bien plus d'assurance
de réussir si l'on m'eût laissé exploiter le morceau
de Luard. Je me mis néanmoins à l'œuvre; je fis
pour la mâchoire de Quilly ce que j'ai fait depuis
pour plusieurs de nos fossiles que j'ai ramenés,
avec succès, de l'état déplorable dans lequel il
m'avaient été remis, notamment mon Pœkilop/ei(ron
Bucklandi la tête du Rhinocéros tichorhinus de
Venoix, et une foule d'autres (Ij. Je plaçai tous mes
fragments sur une grande table ; j'étudiai chaque
morceau séparément ; je rapprochai les uns des
autres tous ceux qui pouvaient évidemment se
radapter, je fis des groupes principaux de ce qui
appartenait à chaque région, puis des groupes secon-
daires appartenant aux faces supérieure, inférieure,
latérale droite, latérale gauche ; je dégageai de leur
gangue ceux qui en étaient plus ou moins masqués.
Je ne tardai pas à voir ce que j'aurais à faire pour
les rassembler méthodiquement ; je recollai avec
une solution de gomme très épaissie tous les mor-
ceaux dont les fractures montraient des configu-
rations réciproques; je formai ainsi des centres
principaux autour desquels des morceaux isolés
venaient se joindre. Fort heureusement tous ou
(l) Voir h' niùmoire sur le Pakilopltiiron Bucklandi i.'t celui sur
les ossements quaternaires du Calvados. A. B.
— 43 —
presque tous les fragments avaient été ramassés dans
la carrière; tous trouvèrent leurs places après plus
ou moins de tâtonnements, enfin j'arrivai à recons-
tituer la mâchoire entière, corps et branches, tout
enfin. On peut voir cette magnifique pièce dans la
collection de notre Faculté des sciences.
J'y passai beaucoup de temps, mais le temps ne
fait rien à l'affaire. Quand mon travail fut terminé,
j'engageai M. de Magneville à le voir et à reconnaître
sa mâchoire qu'il avait apportée en miettes. M. de
Magneville ne pouvait revenir de sa surprise, il
examina tous ces fragments rassemblés, recollés,
solidifiés, et put s'assurer qu'il n'y avait pas un
morceau replacé à faux ; il put s'écrier, en retournant
la pensée du poëte :
Quantum muta tus ah illo !
il me fit force compliments sur ma patience et mon
adresse et me remercia d'avoir si bien conservé une
chose qu'il regardait comme entièrement perdue. Je
profitai de l'occasion, je revins à la charge pour le
bloc de Luard que j'affirmais contenir des choses
bien plus importantes que celles qu'une cassure
accidentelle avait mises à découvert ; j'employai
toute ma rhétorique ; M. de Magneville, plutôt vaincu
par mon obstination que convaincu par mes raisons,
me dit à la fin : « eh bien, faites, mais si vous vous
aperceviez que vous ne réussiriez complètement,
tâchez de remettre les choses dans l'état où vous les
aurez prises. »
Me voilà donc muni de cette permission que
j'attendais depuis si longtemps ! je commençai par
_ 44 —
cpller des numéros sur ces nombreuses écailles que
je continuais toujours à regarder comme dorsales ;
j'attaquai chaque écaillle une à une, d'arrière en
avant, à reboars de l'imbrication, je dégageai leur
pourtour de tout reste de gangue ; je fis sur l'un de
leurs côtés une petite entaille plate, dans laquelle
j'introduisais un petit ciseau approprié, et d'un coup
sec de marteau je faisais sauter chaque écaille sans
l'endommager. Cette opération se trouva singuliè-
rement facilitée par la présence d'une très mince
couche de pierre presque pulvérulente qui doit être
due à une couche de derme disparue et qui a été
remplacée par de la matière pierreuse.
En peu de temps j'eus tout enlevé. Je recollai
ensuite les écailles de chaque rangée en conservant
bien exactement leur courbe ; une fois bien conso-
lidé ainsi, je mis chaque rang en place, les faisant
se recouvrir comme dans leur imbrication natu-
relle : il me fut facile de voir que je pouvais conso-
lider les rangs ; je remplaçai par une pâte bien
collante les parties détruites du derme qui laissait
un vide entre les surfaces imbriquées, et j'eus un
bouclier solide formé des écailles enlevées et dont
on pouvait voir les deux faces.
Alors vint le tour de la recherche de la mâchoire
inférieure que je supposais exister dans le bloc. Elle
y était, en effet, enfoncée d'un ou deux centimètres
dans la gangue. Je lis une large rainure dans la
pierre, ménageant avec un soin extrême les dents très
minces, très fragiles et très longues, les laissant
appuyées par leur côté extérieur contre la gangue.
Je vis que la face de la mâchoire que je découvrais
— 45 —
était la supérieure. Celle que j'avais dégagée sur mon
morceau, et dont j'ai parlé plus haut, était l'inférieure;
les cassures de la mâchoire sur le bloc et du morceau
détaché s'ajustaient fort bien, mais les morceaux
rajustés se présentaient par leurs faces opposées. Si
j'eusse pu prévoir tout ce qui s'est succédé dans la
découverte de cet animal, j'aurais dégagé mon bout
par sa face opposée. L'inconvénient est, d'ailleurs,
fort peu important ; en formant en plâtre une contre
épreuve du bout de la mâchoire, on voit quelle est
la conformation de cette face supérieure.
Après avoir découvert quelques centimètres de la
mâchoire inférieure, je trouvai, croisant la direction
de celle-ci, un long bout du museau avec son extré-
mité antérieure très bien conservée ; j'engageai dès
lors M. de Magneville à venir constater les résultats
que j'avais obtenus. Je lui fis voir les écailles enlevées
et recollées, et les bouts des deux mâchoires. Je ne
soupçonnais la présence que de l'inférieure mais la
supérieure venait fournir un nouveau caractère de la
plus haute valeur. « Vous avez bien fait de persévérer
dans votre demande, me dit-il, quant à moi, je ne
croyais guère au succès. Grâce à votre persistance,
notre crocodile a beaucoup gagné; il est bien a croire
que si'j'eusse continuée m'opposer à vos recherches,
les parties si intéressantes que vous venez de découvrir,
fussent restées à tout jamais enfouies dans la pierre. »
M. de Magneville voulut assister à mes séances
d'exploration et être témoin de la mise au jour de
ce qui était encore caché ; il me donnait même des
conseils sur la direction à donner à l'instrument
investigateur, et que je suivais, pour lui faire plaisir.
— 46 —
Ainsi furent mis en évidence la mâchoire inférieure
entière et un long bout de la supérieure. Nous avions
ainsi la longueur précise de la tête : la moitié du
crâne que Lamouroux avait envoyée à Guvier, nous
manquait à la vérité, mais Guvier nous en avait
envoyé un plâtre colorié. Or, en articulant ce plâtre
sur l'un des condyles de notre mâchoire inférieure
et supposant le bout du museau couché sur cette
mâchoire et atteignant son extrémité, nous obtenions
ainsi la longueur et la largeur du crâne et celles du
museau tout entier ; par ce moyen nous vîmes qu'il
manquait un tronçon, perdu à tout jamais, brisé sans
doute par le maçon en équarrissant sa pierre, ou qui
nous avait échappé quand nous épluchions les débris;
perte de peu d'importance puisque nous possédons
tous les éléments pour reconstituer cette tête sans
crainte de lui attribuer d'autres formes ou d'autres
dimensions et proportions que celles qu'elle avait
réellement.
Je mis encore à découvert dans ce bloc l'épaule du
côté gauche. — l'omoplate et le coracoïdien étaient
encore articulés et dans leurs rapports naturels, —
une des dernières vertèbres caudales et une écaille
de la même région.
Ainsi, le? blocs de Luard nous ont fourni la plu-
part des pièces du squelette du Teleosauriis cado-
mensis. Depuis la découverte de ces blocs un très
grand nombre de morceaux concernant cette espèce
ont été recueillis dans nos carrières : toutes, à l'ex-
ception de celles qui ont pu être vendues à des
étrangers par les carriers, m'ont passé par les mains,
mais aucune ne m'a montré un ensemble aussi
— 47 —
précieux d'ossements appartenant à un même indi-
vidu. J'ai recueilli trois crânes de cette espèce, mais
ils nétaient accompagnés de vertèbres, ni d'écaillés.
Si je n'eusse connu la tète de l'individu donné par
Luard, j'aurais eu peine à croire qu'ils eussentappar-
tenu à la même espèce ; leurs faibles dimensions
m'auraient éloigné de penser qu'ils se rapportaient à
des corps pourvus d'écaillés aussi fortes et d'aussi
grosses vertèbres. Mais le téléosaure de Luard lève
toute espèce de doute à cet égard.
Assez peu de temps après avoir retrouvé dans le
bloc signalé les ossements que je viens de désigner,
Geoffroy Saint-Hilaire qui avait déjà publié quelques
travaux d'une certaine importance sur nos ossements
publiés par Cuvier dans la seconde édition, vint à
Gaen et séjourna quelque temps chez M. Diéi, alors
directeur de la maison centrale de Beaulieu, et allié
de sa famille. Je fus mis en rapport avec GeotTroy
Saint-Hilaire ; plus tard je suis resté en corres-
pondance avec lui presque jusqu'au moment de sa
mort. Geoffroy Saint-Hilaire visita avec détails toutes
les collections de notre ville qui renfermaient des
fossiles; il vit surtout avec une vive satisfaction ce
que j'avais retrouvé de notreTeieosauncscadomensis,
car déjà Geoffroy avait établi ce genre et désigné
l'espèce. H demanda à M. de Magneville l'autorisation
de faire modeler au Muséum de Paris le bloc que je
venais de fouiller, et obtint facilement cette auto-
risation. Il y joignit beaucoup d'autres pièces appar-
tenant à Vaulier, à Tesson et à moi-même. Toutes
furent habillement modelées et peintes : nous en
reçûmes chacun un exemplaire; il doit encore en
— 48 —
exister au Muséum d'histoire naturelle, et peut-être
que les moules y sont encore.
Je m'engageai envers Geoffroy St-Hilaire â lui
donner communication de tout ce que nous trouverions
par la suite en lui envoyant des croquis de gran-
deur naturelle et des descriptions détaillées ; ce que
j'ai fait pendant longtemps (1). Nos nouvelles
pièces furent encore le sujet de diverses communi-
cations à l'Académie des sciences; Geoffroy avait
alors le projet de faire un grand travail descriptif de
nos Téléosauriens pour lequel il me demanda ma
collaboration. Mais, tout en continuant ses commu-
nications à l'Académie sur nos fossiles, Geoffroy
Saint-Hilaire sembla perdre de vue son plan primitif,
et nos pièces ne furent plus que des motifs ou des
exemples pour la poursuite de ses idées théoriques
sur la composition de la tête des vertébrés, et autres
élucubrations beaucoup plus dans ses goûts que des
travaux purement descriptifs.
Il y eut, pour nos*fossiles un temps d'arrêt de
publication qui s'est prolongé jusqu'au moment ou
j'ai conçu le projet de les faire connaître avec détails.
Mais ce temps d'arrêt ne s'étendit pas à leurs recher-
che, car les collectionneurs de notre ville conti-
nuèrent de recueillir tout ce qu'ils purent se procurer
en animaux vertébrés et invertébrés; je dis tout, mais
il est certain que nous ne possédons pas tout ce qui
avait été trouvé. Nos crocodiles de Caen firent du
bruit dans le monde scientifique ; un assez grand
(1) Nous possédons un double de ees observations et de dessins
(grandeur nulurelle, exécutés jtour Geotfroy Saint-Hilaire. A. B.
— 49 —
nombre de naturalistes étrangers sont venus visiter
nos carrières et ont acheté, à très haut prix, tout ce
que les carriers possédaient lors de leur passage; des
marchands s'en mêlèrent et nous firent une grande
concurrence. Le malheur, pour nous, est peut-être
qu'il a pu tomber dans leurs mains des débris dont
nous n'avons pu avoir les analogues, tels que les
extrémités des membres que nous n'avons pu ren-
contrer jusqu'ici ; peut-être aussi les petites côtes
abdominales. Cependant, qu'elles qu'aient pu être nos
pertes, elles nous sont peu préjudiciables.
J'arrête ici ce trop long préambule. (3n a pu voir
comment l'historique du premier téléosaure est
devenu pour ainsi dire partie intégrante des prin-
cipaux événements de ma vie. Près de terminer ma
carrière, je me suis un peu trop complu à retracer
ces souvenirs. Au reste, je ne me permettrai plus de
pareils développements dans ce qui me reste à
décrire, et si quelques détails, utiles à leurs descrip-
tions, me forcent encore à parler de moi, je le ferai
avec toute réserve et sans ajouter de nouveaux traits
à cette espèce d'autographie.
Anguerny, le 2Î) Mars 1864.
5()
NOTICES HELMINTOLOGIQUES
par Aehille VAULLEGEARD,
Préparateur fie Physiologie à l'Ecole de Médecine de Caen. "
I. NÉMATODES DES CRUSTACÉS.
Les travaux de Macintosh, de Van Beneden , de
Muller et de Leuckart nous ont révélé trois espèce
de Nématodes chez les crustacés.
1" Ascaris sp. Mac Intosh (l) qui, d'après Van
Beneden (2) est le Coronll/a robusta ( larva) habite
le Carcinns menas ;
'2" Filaria sp. Leuckart (3) habite le môme
crustacé ; -
3° Filaria sp. Muller (4), parasite d'un Pagurus.
(1) Mac Intosh, The Trematode larva and Ascaria of Ihe
Carciiu/s menas (Journal of Microsooiiicnl Science. 1865 , p. 201-
204, pi. VIII, lis. '.}-[[)
(2) Va.n Beneden. Les Poissons des cotes de Belgique (1870),
p. 18, pi. III. iiii. 2-7.— Les Commensau.r el les Parasites (l87o),
p. 206.
(3) Leuckaist (Berictil iitjer d. ï.eist. 187(1-71, p. 201). .
(4) Mn.i.Kii [Jenaisc/i, t. IV, p. 57).
* Tia\ail présente -dans les séain'es de mars et Juin 18i)(i. —
Manuscrit lemis le même jour : (■■|iren\c»s coi-ri'ii'es par\euues au
Secrétariat le 19 noxenihre 1896.
— 51 —
Dans mes recherches sur les parasites des- crus-
tacés (I), j'ai eu l'occasion de rencontrer la larve du
Coronilhi robuala Van Benedeii chez un certain
nombre de crustacés, mais elle est assez rare.
Je l'ai rencontrée chez le Portuiius mcwmoratKs
Leach (2) , chez V Hyas aranea Linné, et chez le
P(i<iurnx Rernhnrdus Linné , mais' jusqu'à ces
derniers temps je ne pouvais citer qu'un exemple
dans chaque hôte, et dans les trois cas, le parasite
était seul. Ce n'est qu'au mois de février dernier que
j'ai eu l'occasion de rencontrer une douzaine de
larves de Néniatodes dans un Por/f/nns depurator
provenant d'un dragage fait par un bateau de Gour-
séulles pour pêcher des huîtres, et dont les déchets,
toujours intéressants pour les naturalistes, avaient
été envoyés au laboratoire de la Faculté des Sciences
de Gaen.
Ges Ascarides vivaient dans la cavité générale, entre
les tubes hépatiques. Leur couleur blanche les fait
facilement reconnaître; ils sont enroulés sur eux-
mêmes.
Transportés sur une lame et montés à la glycé-
rine après tixation ou étudiés à l'état frais, on recon-
naît facilement que c'est bien l'animal décrit par
Me. Intosh sous le nom d'.4.sc«/7.s sp. du Carcinus
tnenas.
La tête est reiïiai'quable par un anneau céphalique
saillant; la bouche montre quatre papilles buccales,
(1) ('joiiiiiiuuii'atiiiLi l'aiti' au Coiiiir(^s tenu à l!<ii'(lfau\ par l'Asso-
ciation Fraiiiaise pour ravanremeiit des Scifiicos (5 anùl lS',t5 .
(2) Poilinti/s mnrmoratiis = P. depuralur Peiiiiaiit ; c'est sous
ce dernier» nom «lue je l'ai désigné dans mes notes antérieures.
— 52 —
le corps est tantôt lisse, tantôt couvert de stries;
dans ce dernier cas on croirait voir une filaire; ce
dernier aspect n'est pas décrit par Mac Intosh.
Le corps est long, cylindrique, enroulé sur lui-
même, de façon que son extrémité postérieure soit
centrale, et que son extrémité céphalique soit externe.
L'extrémité postérieure s'amincit et se termine en
pointe.
Le tube digestif commence par une bouche garnie
de papilles ; elle s'ouvre au sommet supérieur de la
tête de l'animal.
Un œsophage long de 1/8 de la longueur totale de
l'animal fait suite à la bouche, enfin, un intestin
légèrement sinueux dans l'animal retracté, droit
dans l'animal allongé, se termine par l'anus dans le
cloaque placé à la face ventrale de l'animal, à l'en-
droit où le corps samincit brusquement pour former
la pointe caudale.
Dans ces larves on distingue à quel sexe l'adulte
appartiendra.
Les mâles sont plus étroits que les femelles , tous
ont l'extrémité caudale pointue ; ni chez les uns, ni
chez les autres on ne voit de spicules génitaux, mais
dans le cloaque des mâles on distingue à la face
dorsale une dépression qui est probablement la
poche au fond de laquelle les spicules naîtront.
Le CoroniUa rohusla adulte a été trouvé dans la
Raia clavata Linné et dans la Raia circidaris par
Van Beneden (1) , qui a reconnu que sa larve est
(1) Van Beneden , Les Poissons des côtes de Belgique, leurs
parasites et leurs commensaux (Mémoire de l'Acad. royale de
Belgique, t. XXXVIII, p. 3, note 4; p. 18, texte et note 4).
— 53 —
VA.scans sp. du Carcimis menas signalé par Mac
Intosh.
On saft que ces poissons sont très friands de crus-
tacés, et que c'est à cette nourriture qu'il doivent
aussi le Tetrarhynchus ruficolli.s Eisenhardt et le
Distomwn megastomum Rudolphi.
IL Gercaires de la Natice.
PI. I, fît). 1-3.
On sait , aujourd'hui , que les Trématodes ont
besoin, pour accomplir leur cycle vital, de subir des
migrations, et qu'ils présentent les phénomènes des
générations alternantes.
Cependant, malgré de nombreux travaux, il reste
encore beaucoup à élucider sur cette question inté-
ressante.
D'après ce que l'on sait, les distomes pondent;
de leurs œufs sortent des larves qui donnent des
sporocystes , d'où naissent par bourgeonnement
interne des redies ou des cercaires ; que les redies
peuvent donner par bourgeonnement interne des
cercaires, mais, on ignore le plus souvent , quelle
espèce dp distome est représentée par une espèce de
cercaire ou de redies. Bien plus , on est loin de
connaître autant de cercaires que de distomes, et les
cercaires des mollusques marins sont encore moins
connus que ceux des mollusques d'eau douce.
La note que je présente ici à pour but de faire
connaître une cercaire de la natice. Dans l'ignorance
de ses migrations, nous devons nous contenter d'en-
registrer les faits que nous observons , et nous
— 54 —
décrirons cette espèce sous Je nom Cprraria sp.,
parasite de la natice.
La Nalka monUifera Lariiarck est un gast*cropode
commun sur les plages sableuses du Calvados. On
la rencontre fréquemment à marée basse dans les
endroits ou vlven t abondam m ent les />o/Jâra: «/îrt/«;»^;?/ ;
elle pond en mars, avril et. mai. Ces pontes en colle-
rette sont de nature à intriguer le naturaliste débu-
tant, peu familiarisé aux surprises que nous réservent
ces animaux marins.
Les matériaux que j'ai étudiées provenaient de
Lion, Ouistreham, Merville, Villers ; quelques-uns
m'avaient aussi été fournis par le laboratoire de la
Faculté des Sciences.
Quelle que soit la localité et la saison, on trouve très
fréquemment à leur intérieur le parasite qui nous
occupe. En pénétrant avec un scapel ou une pince à
l'intérieur des tissus du mollusque, on trouve des
tubes grisâtres que l'on obtient facilement entiers
en dissociant le foie. Ce sont les sporocystes.
Ces tubes ont une longueur variable, qui peut
atteindre près d'un centimètre , mais souvent ils
sont beaucoup plus courts. On en trouve généra-
lement de longueur très diverses ; ils sont cylin-
driques, repliés, enroulés sur eux-mêmes.
La couleur de ces tubes est blanc jaunâtre, ils sont
fermés aux deux extrémités par une surface arrondie;
à l'extrémité antérieure on remarque des traces de
ventouse orale, et une masse de tissu primitif.
La cavité de ces tubes est remplie de cercaires à
divers états de développement.
— 55 —
En dissociant les sporocystes, on met en liberté
les cercaires qui sont animés de mouvements qui se
continuent lorsque l'animal est mis dans l'eau de
mer.
Ces êtres sont d'une forme spéciale, mais il n'y a
pas de doute, ce sont des larves de distomes.
L'animal se compose de 3 parties :
1« Une partie antérieure que je désignerai sous le
nom de corps, car elle semble devoir formera elle
seule le corps du distome- lorsqu'il aura accompli le
cycle complet de ses migrations ;
'2" Une partie moyenne renflée ;
3" Une partie terminale (rejetée sur le dos et en
avant) , que j'appellerai cependant l'appendice
caudal.
Le corps a une forme cylindrique, il se termine,
en avant, par une calotte spliérique ; en arrière, il
est en continuité avec la partie moyenne beaucoup
plus large que lui même.
A une petite distance de l'extrémité antérieure on
remarque une petite ventouse au fond de laquelle se
trouve l'orifice buccal, nous devons donc appeler
cette ventouse : ventouse buccale (V B, fig. 3).
Vers le milieu de la longueur du corps on voit
une autre ventouse que nous appelons ventouse
ventrale (VV, fig. 3), et nous reconnaissons par
analogie avec les formes normales une face ventrale
et par suite une face dorsale.
La ventouse ventrale est un peu plus grande que
la ventouse orale.
A l'intérieur on voit difficilement divers organes
que nous décrirons un peu plus Loin.
— 56 —
La partie moyenne a une forme sphérique ; son
diamètre est double de celui du corps ; elle est
placée à l'extrémité postérieure du corps qui s'étrangle
légèrement au niveau de la réunion de ces êeux
portions de l'animal. C'est sur la partie dorsale et
supérieure que se fixe l'appendice caudal. On
remarque à l'intérieur de la partie moyenne un
faisceau de stries semi-circulaires représentant un
faisceau musculaire allant s'insérer, dune part , sur
l'extrémité du corps, de l'autre, se prolongeant dans
l'appendice caudal.
La queue est cylindrique, un peu moins large que
le corps, mais presque aussi longue; elle ne se
bifurque qu'à son extrémité postérieure ; les deux
pointes ont une faible longeur.
L'appendice caudal fait un angle de 30 degrés
environ avec la face dorsale de l'animal.
Tout l'animal est mobile, mais c'est surtout par les
mouvements de la queue qu'il progresse en avant.
Les diverses parties peuvent se séparer et con-
tinuer à vivre et à se mouvoir dans l'eau de mer La
rupture est particulièrement fréquente entre le corps
et la partie renflée.
La bouche est située au fond et au centre de la
ventouse orale; elle est circulaire, inerme.
A la suite de la bouche vient le bulbe pharyngien
(B P, fig. 3), partie musculaire dont le diamètre est
inférieur à celui de la ventouse orale.
Du pharynx on arrive dans un œsophage court
qui se bifurque a moitié environ de la distance com-
prise entre la ventouse orale et la ventouse buccale.
Les deux branches intestinales qui, au point de
— 57 —
bifurcation sont sur la ligne médiane, s'écartent et
passent sur les côtés; on les voit à droite et à gauche
de la ventouse ventrale; ils ne s'étendent pas au-
delà de 1/2 de la longueur comprise entre la ventouse
ventrale et l'extrémité postérieure du corps.
L'appareil excréteur se compose d'une vésicule
placée à la partie postérieure du corps d'un canal
médian qui se divise en deux canaux et se dirigent
sur les côtés; ceux-ci occupent dans la partie supé-
rieure une position externe par rapport aux cœcums
intestinaux.
L'appareil génital ne me semble pas encore
ébauché, on remarque seulement entre le niveau de
la bifurcation de l'intestin et la ventouse ventrale un
petit organe circulaire qui est le rudiment de la
ventouse génitale ou de la poche du cirrhe.
Lorsque la vésicule s'est détachée , l'animal a
absolument la forme d'un distome , les. organes
sexuels seuls manquent.
Il reste à déterminer quel est la forme adulte de
cette larve et quelles sont les migrations; c'est une
question très intéressante de physiologie, et sur
laquelle je me propose de faire prochainement quel-
ques expériences au laboratoire de physiologie de
l'Ecole de Médecine de Gaen.
IIL Distome de la Sepia officinalis Linné.
Les parasites des céphalopodes sont peu connus ;
c'est ce qui m'a conduit à décrire et à figurer un
distome adulte que j'ai rencontré dans une Sepia
officinalis à Luc, au mois de septembre 1894.
— 58 —
Ce parasite vivait avec des scolex SepicV officindlh
dans la partie inférieure du tube digestif. On le
distingue peu à l'œil nu, car il est jaune grisâtre, un
peu transparent, long de 2'"'", large de 0""», 5.
Son corps est ovoïde, Textréniité antérieure est
plus arrondie que l'extrémité postérieure.
La ventouse antérieure mesure 200 i-i. de diamètre,
la ventouse ventrale, un peu saillante, mesure 320 \i.
de diamètre; elle est située un peu dans la moitié
inférieure du corps , de telle sorte que son bord
antérieur est presque exactement au milieu de sa
longueur.
Le bulbe pharyngien mesure 130 ijl de diamètre,
l'œsophage est aussi long que le pharynx. Les deux
cœcums ne sont pas ramitîés et s'étendent jusqu'à
l'extrémité inférieure du corps. Les œufs sont ellip-
tiques.
— 60 —
EXPLICATION DES FIGURES.
Fig. 1 à 3. — Parasite de la Natice.
Fig. 1. — Jeune sporocyste de la Natice. A son intérieur sont les
cercaires, oJjj. 0. ocul. i. Vérirk.
Fig. 2. — Cercaire vue de dos. L'appendice caudale s'est rejeté
sur le côté, obj. 4, ocul. 1. Vérick.
Fig. 3. — Cercaire vue de face. — V B, ventouse buccale: B P,
bulbe pharyngien: T D, tube digestif; V V, ventouse
. ventrale: V I», ventouse pulsatile, obj. 6, ocul. 1.
Vérick.
Fig. 4 et 5. — Distome parasite de la Sepia officinalis.
Fig. 4. — Distome sp. de la Sepia officinalis : V B, ventouse
buccale ; B P, bulbe pharyngien : T D, tube digestif ;
V V, ventouse ventrale; 0, ovaire: T, testicules ;V,vitel-
logène ; G E, canaux excréteurs; F G, foramen caudale,
obj. 2, ocul. 1. Vérick.
Fig. .5. — CEuf de ce distome, obj. 7, ocul. 1. Vérick.
— 61 —
A PROPOS
DE LA
FLORE de la POLYNÉSIE FRANÇAISE
de M. E. DRAKE DEL CASTILLO
Par M. H. JOUAN •
Les hasards de ma longue carrière maritime m'ont
conduit à plusieurs reprises dans l'Océanie, et même,
la première fois que je suis allé dans ces parages
lointains, j'y ai passé cinq années consécutives (1852-
1857), dans des circonstances très favorables pour
en étudier les hommes et les choses ; malheureu-
sement, mes connaissances ne pouvaient répondre
que faiblement à la situation; néanmoins il m'est
arrivé quelquefois , au cours de nos excursions
annuelles, de demander à la Société Linnéenne de
vouloir bien me suivre dans cette partie du monde (1),
(1) Séance publique à Lisieux, le 24 juin 1877 : La Polynésie,
ses productions, sa formation, ses habitants, Bulletin de la Soc.
Linn. de Normandie, 2^ série, vol. I, 1878. - Séance publique à
Alençon en 1878: t'Anthropop/iagie en Océanie. -Séance puhUque.
* Travail communiqué à la séanee du 28 juin 1896. — Manuscrit
remis le même jour ; épreuves corrigées parvenues au Secrétariat
le 17 novembre.
— 62 —
et sa bienveillance ne m'a jamais fait défaut: en
sera-t-il de même aujourd'hui ?
Mon attention a été rappelée sur l'Océanie par la
publication, il y a quelques années, de deux ouvrages
importants de M. Emmanuel Drake de Gastilio,
dans lesquels il me feit l'honneur de citer quel-
ques-uns de mes modestes travaux. Ces deux ouvrages
sont :
1° Remarques sur la Flore de la Polynésie el sur
ses rapports avec celles des terres voisines, mémoire
couronné par l'Académie des Sciences (prix Gay,
1889), publié en 1890(1);
2" Flore de la Polynésie française ; Description
des Plantes vasculaires qui croissent spontanément,
ou qui sont généralement cultivées aux iles de la
Société, Marquises, Gauthier et Wallis, Paris, 1893,
G. Masson, éditeur (2).
Ce dernier ouvrage est appelé à rendre de grands
services aux botanistes nouveaux venus dans nos
établissements coloniaux de l'Océanie, et à faciliter
leurs recherches, en ce sens qu'on y trouve, réunis
dans un seul volume, une quantité considérable de
documents éparpillés dans des Revues, des Journaux
scientifiques, des Relations de voyages, etc., qu'il
;i Isiuiiy (Calvjidos), en 1.S82 : Oiieliiues mots sur le peuplement
eéf/élal des îles de l'Océanie, id., ?>' série, vol. VI, I88'î. — St'jinrr
piililique à Gherboui-ii-, en 1884 : La Noavelle-Zélande et le peu-
pleineiil de la Polf/nêsie, Ltl., -V série, t. VIIT, 188."..
(1) G. Masson, 120. Boulevard Saint-Geriiiaiii, à Paris, -r. in-i",
54 pages, texte el tableaux annexés.
(2) 352 pages, lit. iu-S", avec une carte de Tahiti.
— 68 ^
serait (lit'ficile — peut être impossible aujourtriuii —
à un explorateur de se procurer en totalité, et, en
tout cas, peu commode d'emporter avec soi. Toute-
fois, il est regrettable que M. Drake del Gastillo ne se
soit occupé que des plantes vasculaires, dont il
énumère 588 espèces, car, si les iles de la Polynésie
française ne sont pas, par suite de leur position
géographique et de leur climat, aussi riches en
Cryptogames que d'autres régions situées plus favo-
rablement sous ces rapports, ceux-ci n'y sont cepen-
dant pas une « quantité négligeable » , et même ,
dans le nombre, on a reconnu une quantité notable
d'espèces nouvelles.
La lecture attentive de la Flore de la Polynésie
française m'a encore suggéré quelques remarques
qui mériteraient peut être d'attirer l'attention, mais
— et je le demande en grâce ! — qu'on ne voie pas ,
dans ces remarques, la moindre intention de critique
sérieuse, ce qui, étant données mes connaissances
très restreintes en Botanique, serait, pour le moins,
outrecuidant de ma part, mais uniquement le désir
d'appeler l'attention sur quelques petites lacunes
dans un ouvrage destiné , je ne saurais trop le
répéter, à rendre beaucoup de services.
Ainsi qu'il le donne à entendre dans l'Introduction,
l'auteur a pris les éléments de son travail dans
l'herbier du Muséum de Paris, dans d'autres collec-
tions publiques ou particulières, dans les écrits des
navigateurs et des naturalistes qui, depuis le dernier
tiers du XVIIIc siècle, ont visité l'Océanie, dans les
publications des diverses Sociétés savantes , etc.
Toutes les sources auxquelles il a puisé sont scrupu-
— 64 —
leusement indiquées (1). Il paraît n'avoir travaillé
qu'avec des livres et sur des échantillons d'herbier :
or. quelle que soit la science d'un naturaliste, il me
semble qu'il peut, quelquefois, se trouver dans une
position d'infériorité par rapport à un individu beau-
coup moins savant, mais qui a eu l'avantage de voir
vivants, in situ, les êtres étudiés seulement dans le
cabinet ; c'est cette idée, peut-être présomptueuse,
mais que j'ai pourtant de la peine à croire fausse, qui
me guide en ce moment. Bien entendu, je ne fais
allusion qu'à ce que j'ai vu à Tahiti et aux îles
Marquises, surtout dans ce dernier archipel où j'ai
fait un séjour de trois ans, laissant de côté les îles
Paumotu que je n'ai guère fait qu'entrevoir, les îles
Gambier et Wallis que je n'ai pas visitées.
Il y a déjà longtemps, il est vrai— plus de qua-
rante ans — que j'étais dans ces îles lointaines, mais
les choses n'y ont guère changé, si ce n'est qu'on y a
encore introduit quelques plantes à ajouter à celles
(1) Dans le Bulletin bibliographique joint à l'Introduction, on
trouve ritées quatre notices publiées dans les Mémoires de la Société
des Sciences naturelles de Cherbourg: 1° En. Jakoin : Essai sur
l'Histoire naturelle de l'archipel des Marquises, Botanique, t. V,
1858. — 2° H. JouAN : Recherches sur l'origine et la provenance
de certains végétaux phané) ogames observés dans les îles du
Grand-Océan, t. XI, 186.'). — 3° H. Jouan : Les Plantes alimen-
taires de l'Océanie, t. XIX, 1875. — 4° H. Jouan : Les Plantes
industrielles de l'Océanie, t. XX, 1876. Un ouvrage de M. G.
Cuzent, ancien pharmacien de la marine {O.-Tàiti, Rochefor'
1860), a fourni à M. Drake del Castillo, une liste des végétaux u
. Tahiti due à M. Pancher , jardinier-botaniste du Gouvernement,
dans laquelle figurent des espèces qui ne sout pas citées dans la
Flore de la Polynésie française.
— 65 —
qu'elles avaient déjà reçues du dehors, déjà très
nombreuses, principalement à Tahiti : ainsi, sur les
582 espèces cataloguées alors par M. Pancher, jardi-
nier-botaniste du Gouvernement , 248 étaient de
provenance étrangère, et la date des importations
et les noms des introducteurs étaient exactement
connus pour presque toutes. A vrai dire, beaucoup
de ces végétaux, arbres fruitiers, légumes comes-
tibles, plantes ornementales, n'étaient guère sortis
des jardins des colons. Il en était de même à
Nukuhiva et à Tauata (îles Marquises) où nous
avions des établissements (1), mais dans les deux
archipels (îles de la Société et îles Marquises), quel-
ques végétaux étrangers s'étaient très vite répandus
partout, par exemple : les Goyaviers à Tahiti et à
Nukuhiva, envahissant tout, devenus une calamité :
les orangers formant de véritables bois dans cer-
taines vallées de Tahiti, et dont pourtant, à mon
grand étonnement, M. Drake del Gastillo dit à peine
quelques mots dans une note (page 2), en même
temps que des autres espèces du genre Citrus, C.
mecUca L., C. nobilis Lour., C. decumana Lour.,les
indiquant seulement comme cultivés : d'autre
végétaux encore, donnant tous ensemble aux îles un
tout autre aspect que celui sous lequel les avaient
vues les premiers explorateurs. Sauf pour un petit
nombre, l'auteur ne mentionne pas la provenance et
(1) L'établissement de Vaïtahu , dans l'île de Tauata, avait été
aiiandonné peu de temps après sa création, en 1842. Celui de
Tai.iliaé, à Nukuhiva existe toujours, et on en a fondé un autre
dans nie de Hivaoa (La Dominique), il y a ([uelques années.
— 66 —
la date de l'introduction des espèces : il me semble
que cette mention serait désirable pour éviter des
erreurs de géographie botanique. IL aurait trouvé
ces renseignements pour les Marquises dans la
notice de M. Jardin (1), pour Tahiti dans le cata-
logue de M. Pancher, et pour les introductions plus
récentes, dans la Flore tahitienne àe M. Butteaud(2).
Il me semble aussi que quelques renseignements
sur la plus ou moins grande fréquence, la plus ou
moins grande expansion des espèces, leurs stations
par rapport à la mer, aux creux des vallées, aux
flancs et aux sommets des montagnes, etc., auraient
été très utiles pour les herborisations. Dans la Flore
de la Polynésie française, on trouve bien la distri-
bution géographique des espèces par rapporta l'en-
semble du globe terrestre, mais les indications sur
leurs stations particulières dans les archipels que
vise l'auteur sont assez rares, trop rares même.
(1) M. Jardin signale aux îles Marquises plusieurs espèces qui
sont caractérisées, dans la langue du ])a.vs. par les épitliètes Haov.
<> étranger blanc », Farani, « français », ce qui semlite Itien indi-
quer une. origine étrangère, alors (|uc d'autres sont caractérisées
pai- le mot Mao'i. « indigène », ou par Na te enana, « des hommes
du jiajs " , (' des hommes de la race polynésienne. « Ex. : li^
(russypium arboieum L., Kaavai (a te liaoë, » coton des Blancs ».
un Indigotier », Indigoferu tinctoria L., Kohuhii faruni, etc.
(2) Flore tahilienne . par Edouard Butteaud , Secrétaire du
Comité central d'Agricultuie des Établissements français d
rOcéanie, Pa[)eeté, 1891. — .M. Drake del Castillo ne semble |
avoir eu connaissance de cet ouvrage publié à Tahiti, aux frai
la colonie. Il est d'ailleurs très possible qu'il n'en soit parve»
France ipi'un nombre très restreint d'exemplaires. M. Butte.i-
.signale quebpu'S espèces qui ne lii;nrent j).is dans l;i Flore de la
Pobjiiéfiie /ranraise.
— 67 —
Il donne pour un assez grand nombre des végé-
taux qu'il énumère les noms par lesquels les indi-
g'ènes les désignent; en général ces noms sont
exacts, on n'en relève que très peu d'incorrects. Je
chercherai pourtant à l'auteur une petite querelle,
pouvant sembler puérile, mais qui a cependant son
importance. Il eut été utile d'indiquer comtnent ces
noms doivent être prononcés pour que les indigènes
auxquels on s'adresserait, pour se renseigner sur
telle ou telle espèce, les comprennent, ce qui n'aurait
pas lieu pour la plupart de ces noms si on les
prononçait « à la française », écrits qu'ils sont
avec l'orthographe adoptée pour les dialectes polyné-
siens.
Je relève (page 54) une erreur, qui me semble peu
facile à expliquer, au sujet de Vlnocarpus edulis
Forster. M. Drake del Gastillo range parmi les
Légumineuses cet arbre que des botanistes ont rap-
porté aux Thymelées , d'autres aux Sapotacées.
Vlnocarpus edulis {Mapé à Tahiti où il est très
commun, Ihi aux îles Marquises), peut être une
QQ^èce à'incertce sedis, mais pas, à coup sûr, une
Légumineuse.
Tels sont les reproches — le mot n'est-il pas bien
gros et ne devrait-il pas être remplacé par « tout
petits défauts? «—que je prends la liberté d'adresser
au livre de M. E. Drake del Gastillo, mais, je ne
saurais trop le redire, ce livre, tel qu'il est, peut
rendre de très grands services, et il devra être entre
les mains de tous les voyageurs désireux d'explorer
l'Océanie au point de vue de la Botanique,
— 68 —
Dans les mots polynésiens, tels qu'ils sont écrits
avec l'orthographe latine^ introduite aux îles de la
Société et aux lies Marquises par les Missionnaires
des diverses communions et enseignée dans les
écoles, on doit, en général, faire sentir toutes les
lettres.
e est toujours fermé. Toutefois, ae à la fin d'un
mot, surtout aux Marquises, se prononce souvent
comme l'interjection aïe! en français.
«, prononce comme ou en français; uu^ pron.
Oll-OU.
ai, à la fin d'un mot se prononce aïe!; dans le
corps d'un mot a-i, toutefois, en faisant peu sentir
r? et en se rapprochant de aïe !
aOy à la fin d'un mot, pron. a-o très ouvert, à peu
près comme l'interjection qu'on prête aux Anglais,
aoh !
Dans le corps d'un mot, au se prononce égale-
ment a-o, mais moins ouvert qu'à la fin.
ahi, dans le corps d'un mot, pron. a-i : ahi final,
pron. aïe !
et final, pron. eïe !
eu, pron. é-ou.
ou, pron. o-oi(.
Dans 0/ final, et même dans le corps d'un mot,
ne faire sentir Vi que peu : o-ïe !
h, aux îles Marquises, devant 0, i, eu, oi doit être
légèrement chuinté, rappelant un peu sk anglais.
g, se prononce toujours dur, comme dans (juerre.
— 69 —
SUR LES DIFFÉRENCES ANATOMIQUES
DES
Genres AMPHARETE et AMPHICTEIS
(Annélides Polychètes sédentaires)
par Pierre FAUVEL ,
Préparateur à la Faculté des Seiences de Gaen •
Le genre Amphicieis, créé par Grube en 1851 (1),
renferma d'abord les rares Ampharétiens à palées
connus à cette époque ; entre autres, V Amphicteis
Giinneri Sars, dont le nom n'a pas changé depuis et
VA. acutifrons Grube.
Malmgren (2), en 1865, créa la famille des Ampha-
rétiens, et révisa le genre Amphicteis. Il créa les
genres Ampliarete, Lysippe, Sosane, pour ne parler
que des Ampharétiens pourvus de palées.
Le genre Amphicteis ne comprit plus que les
espèces à tentacules non pennés , pourvus de
17 faisceaux de soies capillaires.
(1) Grlbe, Die Familien der Anneliden, ISol.
(2) MALMGRE.N, Nordisku Haf's Annulater, Stochkolm, 1863.
* Communication faite à la séaaêc du 9 novembre 1896. —
Manuscrit remis le même jour ; épreuves corrigées parvenues au
secrétariat le 3 décembre.
- '70 -
Le genre Ainpharclr s'appliqua aux Ampharétiens
à tentacules pennéti pourvus de 14 faisceaux de
soies capillaires.
Le type de ce genre est V Ampharete Grubei Mgr.
Grube reconnut plus tard l'identité de son Amp/iic-
teis acutifrons avec V Amphai^ete Grubei et il adopta
lui-même ce dernier nom.
On a reproché à Malmgren d'avoir inutilement
multiplié les genres, et Théel, en 1879 (1), a réduit
à quatre les huit genres de cet auteur. Parmi les
genres ainsi supprimés se trouve précisément le
genre Ampharete, réuni de nouveau au genre
Amphicteis.
VAtnpharete Grubei, d'abord Amphicteis, puis
séparé par Malmgren redevient ainsi Amphicteis.
comme jadis.
Cette réunion des deux genres a été adoptée par
Wii-en (2).
Marion (3), au contraire, bien que réduisant à cinq
les genres de Malmgren et n'accordant que peu
d'importance à la structure pennée ou non des ten-
tacules et au nombre des segments sétigères, con-
serve cependant le genre Ampharete.
Il est certain qu'entre un Amphicteis et un
Ampharete les dilTérences extérieures se réduisent
à peu de chose.
(1) H.-,l. Theel , Annélides Polychèles des wers de la Nou-
velle-Zemble, 1879, p. 59-63.
(2) A. WiRE-N , C/uvlopoder frun Sihiris/ea, 1885.
(/)) .Maiuo.\, Sur lea Annélides de Marseille (Rovuc des Scieiic
Nut., déceniijre, 1875).
— 71 —
Si nous examinons, par exemple, VAmphicteis
Gîmneri et VAmjjharctf Gnibei, nous avons sous
les yeux deux animaux qui se ressemblent beaucoup.
Amphicteis à les tentacules lisses, 17 faisceaux de
soies capillaires , des pinnules uncinigères com-
mençant au 4*^ segment sétigère, des plaques onciales
unisériées, subtriangulaires, à 5-6 dents.
A)ttpha?'ete a ies tentacules pennés, 14 faisceaux
de soies capillaires, des pinnules uncinigères com-
mençant au 3'- segment sétigère, des plaques onciales
d'une forme un peu différente et pourvues de 5 à 10
dents.
Voilà les seules différences un peu importantes.
On comprend que des auteurs considèrent ces
différences comme suffisantes pour caractériser des
espèces , mais leur refusent une valeur suffisante
pour justifier l'établissement de deux genres
distincts.
Si l'on s'adresse à l'anatomie pour en obtenir
quelques renseignements à ce sujet, on estwite
frappé des différences considérables que présentent
alors ces deux animaux en apparence si semblables.
Commençons par l'étude de l'appareil digestif.
Nous ne nous arrêterons pas sur la structure des ten-
tacules buccaux pennés chez Aiupharete, lisses chez
Ainphicteis.
L'estomac présente des différences plus impor-
tantes. Chez Amphicteis cet organe est une vaste
poche ovoïde, occupant presque toute la cavité thora-
cique. Cette poche, arrondie antérieurement, donne
naissance à l'œsophage sans émettre de diverticules
e-xternes. Par contre, à la face inférieure ventrale on
— 72 —
remarque une sorte de pore qui est l'ouverture
externe d'un vaste cœcum interne, d'une sorte de
« nebendarm » formé par l'invagination des parois
de l'estomac.
Cette disposition remarquable a été décrite par
Wiren, dans son beau mémoire « Om cirkulations
och digestions organen » (1885).
Chez Ampliaretc il n'existe rien de semblable,
mais si ce cœcum interne manque complètement,
par contre, l'estomac envoie deux diverticules ou
lobes, antérieurement, un de chaque côté de l'œso-
phage.
Ces diverticules présentent une particularité assez
curieuse. Le vaste sinus périintestinal qui enveloppe
le tube digestif s'arrête brusquement à leur base, et
ils sont irrigués seulement par des vaissaux prove-
nant du sinus et formant à leur surface de fines
arborisations.
Rien de semblable chez Amphicteis. Le sinus
s'arrête à la base de l'œsophage en arrière duquel il
forme un anneau vasculaire d'où nait le cœur. Ce
cœur envoie le sang aux 4 branchies par trois troncs
dont l'antérieur est bifurqué. Chez Ampharete il y a
quatre troncs distincts, un pour chaque branchie.
L'appareil circulatoire présente encore d'autres
dilïérences secondaires , dont la description nous
entraînerait trop loin. Des différences encore plus
importantes existent entre les néphridies des deux
genres.
Amphicteis possède 4, parfois 5 paires de néphri-
dies : une paire de néphridies antérieures en relation
avec le diaphragme, et 3 ou 4 paires de néphridies
— 73 —
postérieures. Ces 4 ou 5 paires de néphridies sont
toutes construites sur un même plan très simple et
se trouvent dans des segments contigus. Leur dispo-
sition rappelle celle des néphridies des ïérébellidés.
Chez Ampharete il en est tout autrement.
Il n'existe d'abord que deux paires de néphri-
dies au lieu de 4 ou 5. De plus, elles ne se trouvent
pas dans des segments contigus.
La néphridie antérieure est bien, comme chez
Amphicteis , en relation avec le diaphragme et
correspond également au premier segment sétigère,
mais elle est construite sur un tout autre type. Elle
ressemble tout à fait aux néphridies de Melinna
pabnata, si bien décrites par Meyer (1). Elle se
compose d'un entonnoir cilié s'ouvrant à travers le
diaphragme. Cet entonnoir est en relation avec un
long canal replié sur lui-même, de façon à former
un long boyau flottant dans la cavité thoracique et
venant s'ouvrir extérieurement par un pore situé en
arrière du premier pied.
La seconde paire de néphridies , au contraire ,
diffère entièrement de la première et est semblable
à celles d'A?nphicteis. Elle correspond au 3" pied
sétigère. De sorte qu'entre les deux paires se trouve
un segment dépourvu de néphridies.
Ampharete possède de volumineuses glandes ven-
trales formées par l'invagination et la prolifération
interne de l'epithélium du tissu clypéal.
(l) Meyek, Studien ueber der Korperbau der Anneliden (Mittliei-
liuigeu ans d. Zool. Stat. zu Neapel. 188.5),
— 74 —
Amphictcis possède bien des boucliers ventraux
comme Ampharclp , mais les glandes ventrales
si développées chez ce dernier, manquent tota-
lement.
L'epithélium présente aussi d'autres différences
au point de vue de la l'orme et des réactions de ses
cellules, mais ces ditïërences sont secondaires.
L'encéphale est réduit, chez Amphafete , k une
masse peu différenciée de tissu nerveux, au centre de
laquelle sont plongées deux taches pigmentaires ou
yeux rudimentaires. Il est difficile de concevoir un
cerveau plus simple et plus réduit chez une
Annélide Polychète.
Chez Amphicteis la structure de l'encéphale est
déjà beaucoup plus compliquée.
Nous nous arrêterons là sans insister sur d'autres
différences minimes, car celles que nous venons
de signaler nous semblent assez importantes pour
justifier largement le maintien des deux genres
Ampliaretc et Aniphicteis.
Des différences anatomiques aussi accentuées ne
permettent pas de rapprocher ainsi deux animaux
dans un même genre, quelques soient leurs ressem-
blances externes.
Provisoirement , les caractères externes donnés
par Malmgren me semblent devoir être maintenus
avec (le très légères modifications portant sur les
genves Sosane et Lf/sippe, car nous ignorons l'ana-
tomie de la plupart des espèces de ces deux genres.
Nous n'avons en général qiie des descriptions
extérieures, souvent bien incomplètes et malheureu-
sement pas toutes accompagnées de ligures.
— 75 —
La principale difficulté vient de ce qu'on a signalé
des Atnphirlf'is h tentacules pennés, et des Anipha-
rete à tentacules lisses. Les espèces suivantes sont
celles qui ont donné lieu à discussion.
VAi/tp/iicteis Vega Wiren a tous les caractères
classiques à' Ampharete : tentacules pennés , 14
faisceaux de soies capillaires, des pinnules uncini-
gères coEfimençant au. 3e segment sétigère. Son lobe
céphalique ressemble beaucoup à celui A' A. Griibei.
Il rentre donc dans la définition de Malmgren.
VAinpliicteis rmgustifolia Grube (1), malgré ses
/ 7 faisceaux de soies capillaires qui le rapprochent
en elïet d'Amphicteis, a les tentacules pennés, des
pinnules uncinigères commençant au 3'^ segment
sétigère et des plaques onciales (ÏAinpharetr. On
pourrait aussi à la rigueur le faire rentrer dans le
genre Ampharele en supprimant le caractère tiré
du nombre des faisceaux sétigères.
U Amphicteu mtermedïa Marion (2) est déjà plus
embarassant. Il a les tentacules lisses, i 4 faisceaux
de soies capillaires, des pinnules uncinigères, com-
mençant au 3*^ segment sétigère, et des plaques
onciales à' Ampharete .
Amphicteis nasuta Eh 1ers (3) a des fen/acii/cs
lisses, 14 faisceaux de soies capillaires, des pinnules
uncinigères à partir du 3'^ segment sétigère.
(1) Mahenzelleh, Sudjapanische Anneliden. 1884, p. lltS.pl.lI,
fi^. 0. — Gklbk, Anmdatu Seinperiuna , 1818, p. 206, pi. XII,
fig. 1.
(■2) Maiiiiin, loc. cit.
(o) Em.EHS, Flarida Anneliden, 188*.
— 76 —
Amphicteis procera Ehlers (1) a des teyitacules
lisses, 14 faisceaux de soies capillaires et des pinnules
unciiiigères à partir du 4'' segment sétigère.
Amphicteis fol iat a Haswell (2) a des lentacules
pinnés, 15 faisceaux de soies capillaires. Malheu-
reusement la description en est très incomplète et
ne donne pas le nombre des pinnules uncinigères,
ni l'indication du segment auquel elles commencent.
Quelques mots de l'anatomie du tube digestif et une
coupe montrant un cœcum interne dans l'estomac
nous font cependant supposer qu'il s'agit bien d'un
Amphicteis.
Si donc l'on s'en tient aux caractères de Malm-
gren, le genre Ampharete comprendrait les espèces
suivantes :
.4. Grubei Mgr.
A . gracilis Mgr.
.4. arctica Mgr.
A. Goesi Mgr.
A. patagonica Kinberg.
A. minuta Langh.
A. finmarclda Sars.
A. Vega Wiren.
Au genre Amphicteis, légèrement modifié de façon
à englober les genres Lysippe et Sosane appartien-
draient les espèces suivantes :
A. Gwmeri Sars = (A. groenlandica = A. curvi-
palea Cl p.).
(1) Ehlers, Florida Anneliden, 1887.
(2) Haswell , On sotne new lubicoleus Annelids (Proceed. L.
Soc. of New. South W;iles, 1883, p. 635).
— 77 —
A . Sundewalli Mgr.
A. brevisp i nis Gruhe.
A . Philippinarum Grube.
A. (Lysippc) invalida Grube.
A . (Lysippe) lahiata Mgr.
A . (Sosane) aulcata Mgr.
Il resterait Amphicteis angustifolia Grube, A.
foliata Haswell. A. nasuta Ehl., A. procera Ehl. et
A. intermedia Marion pour lesquels il faudrait alors
créer des genres nouveaux.
On pourrait éviter cette difficulté en élargissant
les caractères externes des deux genres.
Il faudrait supprimer le caractère tiré de la pen-
nation des tentacules et celui tiré du nombre des
segments porteurs de soies capillaires et n'en
retenir qu'un seul : celui tiré de la place du l*'" seg-
ment porteur de pinnules.
On attribuerait au genre Ampharete les espèces
chez lesquelles les pinnules commencent au J'' seg-
ment sétigère, au genre Ampliicteis celles qui ont
des pinnules à partir du 4^- segment sétigère.
Nos espèces embarrassantes se classeraient alors
ainsi :
Genre AMPHARETE.
Ampharete angustifolia Grube.
Ampharete intermedia Marion.
Ampharete nasuta Ehl,
Genre AMPHIGTEIS.
A)?iphicteis procera Ehl.
A mphicteis foliata Haswell .
— 78 —
Mais nous le répétons , cette classification ne
pourrait être que provisoire, car seule l'anatomie
fournit des caractères assez certains pour classer
les animaux de ce groupe.
Jusqu'ici elle nous a dçmon.tré seulement que les
genres Ampharete et Amphicteis sont bien distincts
l'un de l'autre.
Il faudrait maintenant faire l'étude anatomique
de toutes les espèces d'Ampharétiens à palées pour
savoir s'ils peuvent rentrer dans ces deux genres,
ou bien s'il est nécessaire d'en créer encore cle
nouveaux.
Malheureusement les Ampharétiens sont rares ,
leurs espèces représentées par un petit nombre d'in-
dividus sont dispersées à toutes les extrémités du
monde, et il est bien difficile de se les procurer.
Il est sage pour le moment de s'en tenir aux
espèces européennes les plus courantes et de ne pas
généraliser trop vite.
79 —
NOUVELLES OBSERVATIORS
sur la FAUNE des VERTÉBRÉS
DU DÉPARTEMENT DE L'ORNE
par M. rabbé A.-L. LETACQ ■
Il y a deux ans, lors du Congrès de l'Association
normande à Alençon, j'avais préparé pour répondre
au questionnaire de l'enquête scientifique un
mémoire sur les Vertébrés de lOrne; c'était un
sujet d'étude absolument neuf, une mine jusqu'alors
inexploitée. Quelques naturalistes avaient bien re-
cueilli çà et Icà des faits particuliers, noté des phéno-
mènes accidentels , mais personne n'avait encore
abordé la question à un point de vue général ; la
zoologie restait chez nous la partie la plus obscure
de l'histoire naturelle. Je voulus faire qifclqtic chose,
là où tout était à faire (1).
Mon travail, en fixant l'état de nos connaissances
relatives aux Vertébrés, a eu au moins le mérite
,1) Matériaux pour servir à la Faune des Vertébrés du dépar-
lement de l'Orne, in Annuaire normand, 1896, p. G7-130. —
Tir.iirt' ;i |i;irt, Cacii, Dclesques, in-8°, 66 p.
* Manuscrit piésénté à la séance du 7 décembre 1896 ; épieuves
corrigées parvenues au Secrétariat le 1"J déi-i'inlire-.
— 80 —
d'attirer l'attention des observateurs sur cette classe
d'animaux, car depuis lors on m'a adressé de différents
côtés des échantillons de mammifères, d'oiseaux, de
reptiles qui me permettent aujourd'hui de combler
plusieurs lacunes, de rectifier certaines assertions
et même de corriger quelques erreurs.
A Vimoutiers,, j'ai pu, grâce à l'obligeance de
notre excellent confrère M. Lecœur, examiner la
très curieuse collection réunie par M. Moulin, qui
est tout à la fois chasseur intrépide et préparateur
très habile. M. Moulin possède une bonne partie de
nos oiseaux de proie, plusieurs granivores, des
échassiers, des palmipèdes, la plupart de nos mam-
mifères, en tout près de cent exemplaires intéressant
la faune régionale. Il est à désirer qu'il porte main-
tenant sa patiente attention sur nos petites espèces
d'oiseaux, qui sont les plus nombreuses et le? moins
connues. L'attrait du nouveau et l'espoir de faire des
découvertes sont des stimulants pour les chercheurs
zélés.
La liste que j'ai l'honneur de présenter aujourd'hui
à la Société Linnéenne est un premier supplément à
mon Catalogue.
Est-il besoin d'ajouter que je recevrai avec la plus
vive reconnaissance tous les exemplaires de Vertébrés
de l'Orne, que l'on voudra bien me communiquer ?
La localité et la date de la capture devront être
indiquées avec précision.
Les espèces litigieuses ou critiques seront toujours
soumises à des spécialistes dont l'autorité sera la
meilleure garantie de mes indications.
— 81 —
MAMMIFERES
Plecotus auritus L. — AG.
Lupus vulgaris L. — Deux individus de la variété
noire, regardée par la plupart des auteurs comme
un cas de mélanisme accidentel, furent tués en 1876
près deNécy par M. Pichon, d'Argentan, qui a con-
servé la peau du plus gros, dont le poids était de
40 kilogrammes.
Le Verrier de La Conterie, originaire de Saint-
Brice-sous-Rasne, nous dit qu'au milieu du siècle
dernier, les loups fourmillaient dans les forêts d'An-
daine et d'Écouves et causaient dans le voisinage des
dégâts considérables. Il parle même, sans donner
d'autres détails, d'une race de loups noirs venue
vers cette époque s'établir en Normandie, et qui
fut détruite par M. d'Enneval, d'Argentan, (c le
plus grand et le plus habile chasseur de loups du
Royaume » (1).
Maï'tes abietum Ray. — Cette belle espèce, déjà
signalée en Écouves, se trouve aussi dans les forêts
du Perche et de Bellème.
Mustela lutreola L. — Le Vison observé à Saint-
Germain-du-Corbéis, Fontenay-les-Louvets, toujours
commun aux environs de Vimoutiers, existe éga-
lement près de Ghambois, sur les bords de la
(1) L'École de la chasse aux chiens courants (1763), p. 7, 2"j8
et-263,
6
•;a
— 82 —
Dive. — On le considérera bientôt comme une
espèce commune.
Talpa europœa L. — Un individu complètement
blanc , pris aux environs de Vimoutiers, se voit
dans la collection Moulin.
Sciiinis vulgaris L. — M. Corbière m'écrit avoir
observé la variété noire près de lEtoilè, dans la
forêt d'Andaine.
Myoxus quercinuH L. — Le loir lérot n'est pas
inconnu, comme je l'avais dit, aux environs d'Alen-
çon ; il y est seulement plus rare que dans le Pays-
d'Auge.
Arvicola arvalis Pall. — Commun surtout dans
nos grandes plaines d'Argentan, de Sées et d'Alençon;
cette année encore, les Campagnols des champs ont
dévasté les récolles à Occaignes,Sentilly, Montgarout,
Moulins-sur-Orne près Argentan (1).
OISEAUX
Asio otKS L. — Crouttes, Camembert.
A. accipitrinus Pall. — Camembert.
Circus rufiis Briss. — Neauphe-sur-Dives.
C. cyanens L. — Aubry-le-Panthou. AC. cette
année dans la plaine d'Argentan, à la poursuite des
Campagnols.
C. cineraceus Naum. — Plaine de Trun.
(1) Cfr. A.-L. Letacq : Jxs Campagnols et les Oiseaux de proie
dans la plaine d'Argentan. Journal de l'Orne, du 14 au 21
novembre 1896.
— 83 —
Aquila albiclUa L. — Un individu de cette espèce
a été tué, il y a une vingtaine d'années, dans la vallée
de la Touque, aux environs de Gacé.
Falco œsalon Tunst. — A plusieurs localités aux
environs de Vimoutiers : Grouttes, Camembert,
Guerquesalles, Ticheville.
Accipiter palumbarius h. — Les Ghampeaux.
Butpo apivonis L. — De passage périodique dans
nos grandes forêts d'Andaine et d'Écouves; bruyères
de Grouttes.
Corvus cinereus Briss. — TR. aux environs de
Vimoutiers.
Pica caudata L. — Un exemplaire de la collection
Moulin présente un très curieux cas d'albinisme :
les joues, le front, le vertex, les couvertures des
ailes, les couvertures inférieures de la queue, le
ventre, sont de couleur brune, le dos blanc varié de
brun, toutes les autres parties blanches, les épaules
surtout d'un blanc très pur.
Picus major L. — Le Pic-Épeiche est AG. dans le
département de l'Orne,
P. minor L. — Gamembert, Heugon, le Sap-
André.
Hirundo riparia L. — AG. aux environs de Vimou-
tiers.
Caprimiilgiis europœus L. — AG. aux environs de
Vimoutiers, Gacé et la Ferté-Fresnel, où on l'appelle
vulgairement Fresas.
Locustelîa nœvia Bodd. — Heugon , le Sap-
André.
Orioliis galbula L. — Le Loriot n'est pas égale-
ment répand» sur toute la surface du département ;
— 84 —
très rare au nord près de Laigle et de Vimoutiers,
il l'est moins à Argentan et ne devient commun qu'à
Alençon et au sud des collines de Normandie.
Tîirdus ?nerula L. — Un exemplaire de la collec-
tion Moulin, capturé à Camembert, présente quelques
plumes blanches à la tête et sur le dos.
Carduelis spirms L. — Alençon, Carrouges, Joué-
du-Bois, etc., sans doute AG.
Fringilla moniifringilla L. — AR. aux environs
de Vimoutiers.
Coccothrmistes viilgaris Briss. — Vimoutiers,
Camembert, Guerquesalles, etc. , probablement AC.
Loxia curvirostra L. — Se voit presque chaque
année aux environs 'de Vimoutiers; les exemplaires
de la collection Moulin ont été tués dans des sapins
près du château de Champosoult.
Perdix riibra L. — Plusieurs exemplaires capturés
il y a quelques années près d'Anceins et de la Ferté-
Fresnel.
P. cirenea var. damascena Klein. — Coudehard,
Fresnay-le-Samson.
Charadrius morinellus L. — Le Pluvier guignard
se montre chaque année à son double passage dans
les plaines d'Argentan, de Sées et d'Alençon; Vimou-
tiers. — Cette espèce signalée au siècle dernier
par Magné de Marolles sur les monts d'Eraine près
Falaise, s'y voit toujours au printemps et à l'au-
tomne, et au mois de mai dernier, les élèves de
l'Ecole de pharmacie de Caen , sous la direction de
M. le professeur Pihier, se trouvant à herboriser
sur cette colline, en ont fait lever un très grand
nombre; ces oiseaux étaient si fatigués, que deux
— 85 —
exemplaires ont pu être capturés. (A. Chevalier, in
litt. ad auct., 28 octobre 1896).
Numenms arquata L. — Le Courlis cendré se
montre chaque année très abondant au mois de
septembre dans les plaines de Chambois.
Ardea stellaris. L. — Etangs d'Ommoy.
A. ardeola Briss. — Sur les bords de la Touque, à
Orville.
Grus cinerea Bchst. — Ticheville.
Fiilica atra L. — Radon, Fresnay-le-Samson.
Lanis ridibiimlus L. — Sur la Touque, à Canap-
ville et Pontchardon.
L. tridacti/Ius L. — Canapville.
Sterna ininor Briss. — Vimoutiers.
S. major Briss. — AC. à Saint-Géneri-le-Géret et
Saint-Léonard-des-Bois pendant la belle saison.
Colymbus minor Briss. — Un exemplaire tué sur
le Guiel, à Heugon.
REPTILES
Lacerta vivipara L. — Le Grais, Tessé-la-Made-
leine, Tessé-Froulay, etc., probablemunt AC.
Coronella /cez)Z5.Lacép. — G. dans tout le départe-
ment.
Coluber Msculapii Host. — AC. surtout au midi
des collines de Normandie (1).
(1) Cfr. A.-L. Letacq : La Couleuvre d'Esculape et ses stations
dans le département de l'Orne, Biilletiti do la Société des Amis
des Sciences naturelles de Rouen, séance du 4 novembre 1896.
— 86 —
C. viperimis Latr. — De nouvelles observations
sont nécessaires pour être bien fixé sur la présence
de cette espèce dans l'Orne.
Vipera benis Dum. — TC. dans toute la région,
où elle présente les trois variétés de pelage cinerea,
tartarea et rubiginosa. Cette dernière appelée vul-
gairement Vipère rouge, Aspic, ne doit pas être
confondue avec le Vipera aspis, qui se trouve très
probablement chez nous, mais doit y être assez rare.
Comme c'est une espèce m.éridionale, on aura plus
de chance de la rencontrer aux environs d'Alençon
et dans le sud de l'arrondissement de Morlagne. —
Les indications données sur le Vipera aspis dans
mon premier travail sont inexactes.
87
SUR LA PRÉSENCE
du Genre GAUDRYCERAS
DANS LE
CAMPANIEN SUPÉRIEUR DU COTENTIN
par Louis B U A S I L
M. A. de Grossouvre a réuni sous le nom de Gau-
di'yceras planorhiforme (1), deux Ammonites de
la craie supérieure, l'une du Flysch des environs de
Siegsdorf, dans les Alpes-Bavaroises, Desmocei'as
planorbifonne J. Bohm (2), l'autre du calcaire à
Stegaster de Pau, Piizosia Haiigi Seunes (3). C'est
cette même espèce, qu'à notre tour, nous avons
(1) A. DE Grossouvre, Recherches sur la craie supérieure, II.
Paléontologie. Mém. pour serv. Explic. carte gùol. do la France,
1893, p. 231 ; pi. XXXII, fig. 2; pi. XXXIV, flg. 4-5; pi. XXXV,
fig. 7.
(2j J. Bohm, Die kreidebildanfjen des Filrberges iind Sulzberges
bei Siegsdorf. Palaeontographica, 1891, p. 49 ; pi. I, iig. 11-12.
(3) J. Seunes, Contribution à l'élude des Céphalopodes du
Crétacé supérieur de France, Mém. Soc. Géol. Fr. Paléont., Mém.
n" 2, p. 20; pi . VI, Qg. 1.
* Manuscrit présenté à la séance du 9 novembre 1896; épreuves
corrigeais remises au Secrétariat le 30 décembre.
— 88 —
recueillie dans le calcaire à Baculites d'Orglandes
(Manche).
Le genre Gaudri/ceras de Grossouvre diffère de
Lytoceras, d'après son auteur même, par le plus
grand nombre de lobes latéraux et par la direction
des stries d'ornementation qui, au lieu de rencontrer
normalement la suture des tours s'infléchissent en
arrière dans son voisinage et forment avec elle des
angles aigus dont l'ouverture se trouve ainsi tournée
du même côté que celle de la coquille. Le premier
caractère s'observe très bien sur notre échantillon,
le second, par suite de la disparition du test n'est
pas visible. Cet échantillon, réduit aux tours inté-
rieurs, ne présente pas non plus les côtes arrondies
qu'amène l'âge chez Gaudryceras planorbi forme,
mais la disposition des sillons et surtout la forme de
la cloison, les dimensions relatives des tours et de
lombilic ne laissent aucun doute sur l'exactitude de
l'identification.
Gmidryceras planorbiforme accompagne Pachy-
disciis Neubergicus dans les environs de Pau, à
Siegsdorf, où on le rencontre avec Scaphites cons-
tr ictus, Belemnitella mucronata (1), et une forme
(1) Dans leur Elude des terrains crétacés et tertiaires du
Cotentin, MM. Vieillard et Dollfus, ne citent cette espèce ([ue d'après
Deinoyers et HéBert; elle n'est cependant pas très rare. Nous
l'avons trouvée plusieui'S fois dans une carrière de Fresvilic, appar-
tenant à .M. Louis René ; le calcaire à Biiculites est là, entièrement
sableux ; il contient en abondance Crania Ignabergeiisis, Rliyn-
chopygus Marmini, Niicleolites corarium. N. minimus, Hemiasler
pritnella, de nombreux bryozaires ; plus rarement 7'e;-e6ra<MZïna
Sp., Rhync/ionella octoplicata, Cyphosoma Donnissenli, C. yra-
fiulosum, etc.
— go-
de Pachydhcus Neubergicus voisine de Pachydiscus
Gollevillensis, c'est-à-dire une faune qui présente
avec celle du calcaire à Baculites du Cotentin les
plus étroits rapports.
Il était intéressant de signaler la présence du
genre Gaudryceras dans le Gampanien supérieur du
Cotentin, puisque depuis le Cénomanien la famille
des Lytoceratidse , semblant confinée en France
dans les régions méridionalee, n'avait plus en Nor-
mandie aucun représentant connu.
90 —
PROORÈS
DES
SCIENCES GÉOLOGIQUES
EN BASSE-NORMANDIE
DE 1875 A 1895
par A. BIGOT
Professeur à la Faculté des Sciences de Caen *
1. Piéliminaires : Arcisse de Caumont et la géologie de la Basse-
Nonnandic, — 11. Les cartes géologiques. — III. Les Terrains pri-
maires. — IV. La géologie du département de l'Orne. — V. Le
Jurassique du Calvados; les faunes et les flores jurassi([ues de la
Basse-Normandie. — VL Le Crétacé et le Tertiaire du Cotentin.
— VII. Les Roches éruptives. — VIII. La Tectonique. — IX. Con-
clusion.
I. Arcisse de Caumont et la Géologie de la Basse-
Normandie
Lorsqu'en 1845 Arcisse de Caumont édita le pre-
mier volume desMemoire.'i clerinstitiU des provinces,
il y fit reproduire les descriptions et les cartes
géologiques des départements de la Manche et du
* Présenté au Congrès de Rouen des Assises de Caumont. le
16 juin 1896, et à la Société Linnéenne, le 10 décembre ; épreuves
corrigées le 3 janvier 1897.
— 91 —
Calvados, publiées par la Société Linnéenne de Nor-
mandie, et celles des départements de l'Orne et de la
Mayenne, données par Blavier dans les Annuaires
de ces deux départements. Ce fait seul suffirait à
démontrer quelle importance attachait aux études
géologiques le fondateur des Congrès scientifiques
de province.
M. de Caumont ne fut pas seulement un précur-
seur en archéologie. Parcourant les départements de
la Manche et du Calvados, il portait son attention
sur ce sol où s'élevaient les monuments qui faisaient
plus particulièrement l'objet de ses études. Il avait
déjà compris que c'est dans la structure géologique
d'une région qu'il convient de chercher les raisons
de son aspect superficiel, et que son histoire écono-
mique et sociale est liée dans une large mesure à
des causes toutes physiques. En même temps que
Puillon-Boblaye en Bretagne, il montrait les rela-
tions étroites de la Géologie et de la Géographie
physique qui devaient inspirer plus tard à un autre
Normand, Elie de Beaumont, des pages si magis-
trales.
Est-ce à la clarté d'exposition, à la précision des
descriptions de M. de Caumont, que la Basse-Nor-
mandie dut de devenir immédiatement une région
classique ? Est-ce aussi à ce fait que les cartes géolo-
giques du département de la Manche et du Calvados
sont les premières cartes départementales publiées
en France ? Il faut évidemment ajouter à ces raisons
la netteté des coupes données par les carrières et
les falaises du littoral, la richesse fossilifère des
terrains, leur ressemblance avec ceux d'Angleterre,
— 92 —
où la Géologie a toujours été si fidèlement cultivée.
Toujours est-il que depuis M. de Caumont nos
terrains de Basse-Normandie n'ont cessé d'être
l'objet des études des géologues locaux et étrangers,
que leur succession est classique , que leurs fossiles
sont universellement connus , et qu'il ne se passe
point d'année que des courses géologiques des
grands établissements de Paris et de la province ne
soient dirigées vers cette région.
Il s'en faut de beaucoup cependant que la géologie
de la Basse-Normandie soit suffisamment connue.
L'étude de presque toutes nos faunes reste à faire ,
et de nombreuses questions de stratigraphie restent
encore à traiter.
En répondant au désir des organisateurs du dernier
Congrès de Caumont, j'ai eu pour but, en signalant
les travaux faits pendant ces vingt dernières années,
d'appeler l'attention sur les nombreuses lacunes
qu'offrent encore nos connaissances.
II. Les Cartes géologiques
De 1877 à 1895, le Service de la Carte géologique
détaillée de la France a publié 12 feuilles aug^^sur
les 15 qui embrassent la Basse-Normandie (1). Ce
(1) 17, Cherbour-çi, par M. Lecornu, 189S; 27, Barneville, par
M Bigot, 1895; 28, Saint-Lô, par M. Lecornu, 1891; 29, Caen, par
MM. Lecornu et Lodin, 1889; 30, Lisieux, par M. Lodin, 1889; 46,
Bernay, par M. Guyerdet, 1882; 44, Coidances, par M. Lecornu,
1884 ; 45, Falaise, par M. Lecornu, 1892 ; 43, Granville, par M. Ch.
Barrois, 18 86; 61, Avranches, par MM. Potier et de Lapparent
1882; 62, Alençon, par MM. Bigot, Bizet, Letellier, 1894; 63, Mor-
iagne, par M. Guillier, 1882.
— 93 —
travail gigantesque sera terminé quand paraîtra la
feuille des Pieux. Une mention toute spéciale dans
l'exécution de cette œuvre doit être faite de
M. Lecornu, qui à lui seul a exploré presque tota-
lement 6 de ces feuilles.
L'échelle de cette carte permet d'y grouper un
grand nombre de renseignements stratigraphiques ,
agricoles, économiques, représentés par des teintes
et des signes conventionnels. Une notice explicative
résume tous ces renseignements en marge de chaque
feuille.
En raison même des grandes dimensions de
l'échelle qui nécessite la juxtaposition de plusieurs
feuilles pour prendre une vue d'ensemble de la
structure générale de la région, il était utile de
résumer d'une façon plus maniable les résultats de
l'exploration détaillée. C'est le but de la carte au
3^o^oQQ qu'a entreprise le service et qui marche au fur
et à mesure de l'exécution et de la révision des
feuilles au jôhô- La feuille Paris, seule publiée
aujourd'hui, comprend une partie des départements
du Calvados et de l'Orne, correspondant aux feuilles
Lisieux, Bernay et Mortagne de la carte détaillée.
Les terrains superficiels, argile à silex et limon, qui
masquent souvent l'allure des couches ne sont pas
teintés et sont représentés seulement par un figuré
spécial.
Enfin, la publication d'une carte d'assemblage au
millionième permet d'embrasser les grands traits
de la structure de notre région et ses relations avec
les régions avoisinantes.
De son côté, l'initiative privée n'est pas restée
—-5"
— 94 —
inactive. La carte géologique au ^Qo^pop de MM. Garez
et Vasseur (1), achevée en 1889, a résumé à une
échelle suffisante les résultats acquis depuis la
publication de la carte de Dufrénoy et Elie de
Beaumont.
La carte au j^hôo '^^ département de la Manche
entreprise sous les auspices du Conseil général de ce
département, par Vieillard, a été complétée et ter-
minée après la mort de cet ingénieur par MM. Potier
et de Lapparent (2).
M. Letellier père a donné à l'échelle du yoïïôo ^^
répartition des terrains compris dans les limites des
deux cantons d'Alençon (3), et M. Skrodzky a publié
à la même échelle la carte du canton de Domfront (4),
IIL Les Terrains primaires
A. Stratigraphie
C'est certainement depuis 1875 qu'ont été bien
comprises la succession et l'allure des assises que
de Gaumont groupait sous le nom de Terrains inter-
médiaires ou de transition.
(1) Vasseuk g. et Cakez L., Carte géologique de la France
dressée sur la carte du dépôt des fortifications, Paris, 1883-1889.
(2) Carte géologique du département de la Manche, par
E. Vieillard, complétée par Potier et de Lappare.nt, 1880.
(3) Letellier, Etudes géologiques sur les deux cantons d'Alen-
çon (B. S. L. N., 4, II, 1889, pi. VII).
(4) Skrodsky, Description géologique du canton de Domfront
(B. S. G. Norm., XIII, 1890, p. 75).
- 95 —
En 1861, Dalimier (1) avait démontré la superpo-
sition des Schistes à Calymènes au Grès de May,
distingué un second horizon de schistes caractérisés
par des Trimicleus, établi la succession des assises
dévoniennes du Gotentin. Malheureusement il avait
nié d'une façon absolue la discordance des conglo-
mérats pourprés sur les Phyllades de Saint-Lo, indi-
quée pourtant avec une grande netteté par Dufrénoy
et de Caumont.
En 1883, M. Gh. Renault (2) publiait la coupe
devenue classique des terrains anciens des vallées
de l'Orne et de la Laize et mettait parfaitement en
lumière la discordance. Hébert (3) en montrait la
généralité dans le Nord du Massif Breton; il distin-
guait les conglomérats pourprés d'autres conglo-
mérats, ceux de Granville, intercalés dans les Phyl-
lades de Saint-Lo. M. Lecornu (4) et moi (5)
(1) Dalimier Paul, Stratigraphie des terrains primaires du
Cotentin, Paris, 1868.
(2) PiENAULT Cn., Étude straligraphique du Camhrien et du
Silurien dans les vallées de l'Orne et de la Laize (B. S. L. N., 3,
VII, 1883, pp. 16 et 38). — Le Camhrien et le Silurien de la vallée
de l'Orne, d'Étavaux à Feuguerolles (Id., p. 261).
(3) Hébeht Ed., Observations sur les groupes sédimentaires les
plus anciens de l'Ouest de la France (C.-R. Ac. Se, CIII, 1886,
pp. 303 et 367). — Phyllades de Saint-Lô et conglomérats pourprés
dans le N.-O. de lu France (B. S. G. F., 3, XIV, 1886, p. 713).
(4) B. S. L. N., 4, IV, p. 32, 1882, et Notices de la Carte
géologique.
(5) Bigot A., Le Précambrien et le Cambrien dans le Pays de
Galles et leurs équivalents dans le Nord du Massif Breton (B. S.
G. F., 3, XVIII, 1889, p. 161). — VArchéen et le Cambrien dans
le nord du Massif Breton et leurs équivalents dans le Pays de
Galles (Mém. Soc. Se. .Math, et Nat., Cherbourg., XXVII, 1891, p. 1).
— 96 —
avons apporté de nouveaux exemples de cette discor-
dance présilurienne en Normandie.
Cette discordance ne saurait toutefois être appuyée
sur l'exemple de la Pernelle (Manche) ; les conglo-
mérats de cette région sont bien triasiques (1) comme
l'avait dit de Caumont (2).
Par suite de comparaison avec le Pays de Galles,
nous avons rapporté , Hébert d'abord et moi
ensuite, au Gambrien les assises comprises entre les
Conglomérats pourprés et le Grès armoricain ; les
Phyllades de Saint-Lo formaient un étage inférieur
que nous avons appelé à tort Archéen, et qui doit
prendre le nom de Précambrien. Ces conclusions
sont maintenant unanimement admises, notamment
par le Service de la Carte géologique de France,
En 1879, Morière (3) montrait que le Grès de May
est supérieur aux Schistes à Calymènes. M. Corbière
et moi (4) donnions aux environs de Cherbourg un
nouvel exemple de la superposition des Schistes à
(1) Bigot A., Noie sur Varkose du Val-de-Saire (B. S. L. N.,
4, 1, 1888, p. 12, et VArchéen et le Camhrien, etc., p. 55).
(2) DE Caumont, Essai sur la distinbution géographique des
roches dans le département de la Manche. (Mém. Soc. Linn.
Norni., V, 1855, p. 270).
(3) MoRiKKE J., Note sur une station de Silurien à la Breche-
au-Diable, Calvados (Ass. fr. av. Se, Montpellier, 1879, p. 663,
et B. S. L. N., 3, III, 1879, p. 143).
(4) CoRiîiÈRE L. et Bigot A., Etude géologique de la tranchée
du chemin de fer entre Sottevast et Martinvast (Manche) (Mém.
Soc. Se. Nat. Math., Cher!)., XXIV (3, IV), 1884, p. 97 et B. S. L.
N., 3, VIII, 1884, p. 25). — Excursioii géologique à la tranchée
du chemin de fer entre Sottevast et Martinvast (B. S. L.N., 3, VIII,
1884, p. 437).
— 97 —
Trinucleiis au Grès de May. Tout récemment, la décou-
verte par M. Kerforne (1) d'un Trimicleus, associé
au CaJymene Tristani{^) dans les schistes intercalés
au milieu du Grès de May, venait remettre en ques-
tion la position des Schistes ardoisiers supérieurs,
et M. D.-P. Œhlert (3) montrait que l'on devait dis-
tinguer plusieurs niveaux à Trimicleus, caractérisés
par des espèces différentes, et dont l'un, intercalé
dans le Grès de May, est plus ancien que les ardoises
de Riadan à 7V. Pongerardi.
Dans le Silurien supérieur, la paléontologie a fait
distinguera M. Ch. Barrois (4) deux horizons déjà
entrevus par M. de Tromelin (5), celui des Schistes
ampéliteux, équivalents du Wenlock inférieur d'An-
gleterre, celui des Calcaires ampéliteux, correspon-
dant au Llandovery inférieur.
La stratigraphie du Terrain dévonien du Cotentin
a été peu étudiée depuis Dalimier. Je recueille à
loisir les matériaux pour l'étude de cet intéressant
bassin. J'y ai signalé, à^ Baubigny (6), l'existence
de lentilles à faune hercynienne.
(1) Kerforne F., Nots sur VOrdovicien de Maj/sur-Onie (B.
Soc. Se. et MéJ., Ouest, II, 1893, p. 112).
(2) Vaui.legeard Ach., B. S. L. N., 4, VI, 1892. p. 73.
(3) Œiii.ERT D.-P., Sur les Trimicleus de l'Ouest de la France
(B. S. G. F., 3, XXIII, 1893, p. 299).
(4) Barrois Gn., Mémoire sur la disiribution des Graptolil/ies
en France (.\nn. Soc. Géol. Nord, XX, 1892, p. 11').
(3) B. S. G. Norm., VI, 1879, p. 173.
(6) Bigot A., Excursion géologique de Né'aou à Saint-Sauve ur-
le-Vicomte et à Bricquebec (B. S. L. N., 3, VIII, 1384, p. 437). —
Noie sur le terrain dévonien des environs de Carteret et de
— 98 —
De Tromelin (1) avait émis l'opinion que les
calcaires de Bahais, près Saint-Lo sont carbonifères.
M. Lebesconte (2) a montré qu'ils sont intercalés
dans le Précambrien.
L'exploitation des concessions du Plessis et de
Littry étant abandonnée, aucun renseignement nou-
veau n'est venu s'ajouter à ceux que Vieillard (3)
a donnés sur le Rouiller et le Permien du Gotentin.
Un sondage qui s'effectue en ce moment près de la
gare de Lison nous apportera de précieux rensei-
gnements sur la profondeur, la puissance et l'allure
de ces terrains vers les marais de Carentan.
B. Les faunes primah^es
Les progrès de nos connaissances sur la faune des
couches primaires de Basse-Normandie sont liés à ceux
du reste du Massif Breton. Au pointde vue zoologique,
c'est une même province, et l'on peut prévoir que
les espèces décrites dans le Maine et la Bretagne se
retrouvent en Normandie. Déjà les espèces de
Schistes à Galymènes et des Calcaires de Néhou sont
les mêmes dans tout le massif.
Portbail (id., 4, I, 1888, p. 89). — Position des calcaires à
Wilsonia Henrici de Baubiqny, Manche ^BuU. Lab. Géol. , Caen,
II, p. 61).
(1) DE Tromelin, B. S. L. N., 3, II, 1878, j), 3.
(2) Lebesconte, Existe-l-il une série d'assises nouvelles entre
les schistes rouges et le 4/rès armoricain ? (B. S. G. Fr., 3, XIX,
1891, pp. xxin et 15).
(3) Vieillard, Le Terrain liouiller de la Basse-Normandie, ses
ressources et son avenir (B. S. L. N., 2, VIII, 1873, p. 231).
\
— 99 —
Une grosse lacune reste à combler dans l'histoii'e
des couches anciennes. Jusqu'ici , aucun vestige
authentique de corps organisé n'a été rencontré
dans le Carnbrien. La découverte de la Faune pri-
mordiale est une des plus intéressantes de celles qui
restent à faire dans l'Ouest de la France (l).
A plus forte raison manquons nous de renseigne-
ments sur la flore et la faune précambriennes de cette
région; les Foraminifères, Radiolaires et Spongiaires
signalés en Bretagne par M. Cayeux (2), le Palœo-
chondrites Frizaci, décrit par M. Maheu (3), des
Nereites ? indiquées par M. Ch. Renault (4), sont les
seuls organismes dont on ait fait connaître l'existence
à ce niveau.
Les empreintes problématiques du Grès de Ba-
gnoles (Orne) ont longuement occupé l'attention. De
(1) A la partie sujitJricurc du Gambrieu de la Sartlic, Guillier a
signalé un niveau à Liuïules dont les espèces ont été décrites par
Davidson. (Guillieb, Noie sur les Lingides du Grès armoricain
de la Sarthe avec description des espèces, par Th. Davidson [B. S
G. F.. 3, IX, 1881, p. 370). M. D. P. (F,hlcrt a signalé d'autres
niveaux à Lingulcs dans le Canihrien (D. P. Œhi.eut, B. Sorv.
Garte Géol. Fr., G. -II. GoU. Gamp. 1893, t. VI, |). 37).
(2) Cayeux L., Les preuves de l'existence d'orç/anismes dans le
terrain précambrien. Première note sur les Radiolaires précam-
briens (B. S. G. F., 3, XXII, 1894, p. 197). — Sîo- la présence de
restes de Foraminifères dans les terrains précambriens de Bre-
tagne (G.-R. Ac. Si^, CXVIII, 1894, p. 143 3et An. S. G. Nord, XXII,
1894 , p. 116). — T)e l'existence de mivtbrenx Spongiaires dans
les phtanites du Précambrien de Bretagne (G. -II. Ac. Se, CXIX,
189o, p. 279, et Ann. S. G. N., XXIII, 189:;, p. .'J2).
3) Supp'' Rcv. gén. se. jjures et appl., 15 déc. 189;i.
(4) B. S. L. N., 3, VII, 1883, p. 26C.
— 100 —
Saporta (1) et Modère (2) considèrent les Bilobites
comme des Algues gigantesques ; M. Miinier-
Ghalmas, M. Nathorst (3) n'y voient que des
pistes tracées sur la vase et moulées par du sable.
Cylindriles Mayalis décrit par Morière (4), se rat-
tache à ces formes. M. Nathorst, par des expériences
ingénieuses, a reproduit une partie de ces pistes.
Quant aux Tigillites, ce sont incontestablement des
trous d'Arénicoles ; M. Munier-Chalmas les a vus
se réunir deux à deux en U à leur partie inférieure,
et je crois avoir montré (5) qu'elles sont le résultat
du remplissage de trous dans le sable. A côté de ces
organismes problématiques sont des formes bien
caractérisées. Morière (6) en a signalé nominalement
(1) DE Saporta, A propos des algues fossiles, Paris, 1832.
(2) Morière, Note sur le grès de Bagnoles (D. S. G. F., 3, II,
1878, p. 20).
Voir aussi :
PiOiAULT Marie, Œuvres posthumes publiées par les soins de
P. Lebesconte, Picnnes-Paris, 1883.
DE Saporta et Marion , L'évolution du régne végétal, Paris,
1881.
(3) Nathorst, Om spar afnagra evertebrerade djur m. m.
och deras jjaleontologiska befj/delse (Kongl. Sv. Vei. Akad.
Haiidl., t. XVIII, 1881).
(4) Morière , Note sur une empreinte de corps organisé
[Cylindriles), offerte par le Grès armoricain de Mag. Calvados
(B. S. L. N., 3, VII, 1883, p. loO).
(o) Bigot A,, Quelques mots sur les Tigillites (B. S. L. N., 3,
10, 1887, p. 161).
(6) Morière J., Fossiles du Grès armoricain de Bagnoles
B. S. L, N.. 3, V, 1881, p. 293).
\
— 101 —
quelques-unes^ Davidson (i) a décrit les Brachio-
podes ; M. Ch. Barrois (2) a fait connaître en Bre-
tagne l'ensemble de la faune, dont quelques types
avaient déjà été figurés par M. Lebesconte (3).
La faune des Schistes à Calymènes ne nous est
connue que par les listes données par de Tromelin.
Ce paléontologiste qui, un des premiers, a porté la
lumière dans les faunes anciennes de l'Ouest, a
donné, soit seul (4), soit en collaboration avec
M. Lebesconte (5), des catalogues très documentés
de cette faune dans la Sarthe et la Bretagne. Malheu-
reusement ces travaux ne sont pas accompagnés de
figures et il est à désirer qu'une monographie vienne
(1) Davidson Th. , Noie sur les Brachiopodes trouvés par
M. Morière dans le Grès armoricain de Bagnoles (B. S. L. >'.,
3, V, 1881, p. 81).
Voir aussi :
On the Devonian and Silurian Brachiopoda Ihai occur in the
triasslc pebble bed of Budleiyh-Salterton, etc. [Pul. Soc, 1881).
(2) Baurois Ch. , Mémoire sur la faune du Grès armoricain
(Alla. S. G. Nord, XIX, 1891, p. 134).
(3) Lebesconïk , Conslifu/iun yénèralc du Massif Brelan ,
comparée à celle du Finistère B. S. G. F., 3, XIV, 1886, p. 776).
(4) De Tromeli>;, Étude des terrains paléozo'iques de la Basse-
Normandie, ]jarliculièreme?it dans les départements de l'Orne et
du Calvados (Ass. fr. av. se, Congrès du Havre, 1877, p. 493, et
B. S. L, N., 3, II, p. 6 ut 32).
(u) DE Tao.MELiN et Lebesconte, Essai d'un catalogue raisonné
des fossiles siluriens des départements du Maine-et-Loire, la
Loire-Inférieure et du Morbihan, avec des observat'ions sur les
terrains paléozo'iques de l'Ouest de la France (Ass. fr. av. se,
Congres de Nantes, 1875). — Présentation des fossiles paléozoïques
du déparlement de l'Ille-et-Viluine ; note additionnelle sur la
faune de l'Ouest de la France (id.).
— 102 —
grouper les descriptions éparses dans divers recueils
et faire connaître les espèces nouvelles (1).
On peut renouveler le même vœu pour les autres
assises.
De Tromelin (2j a donné des catalogues descrip-
tifs du Grès de May et des grès synchroniques de
Bretagne, en collaboration avec M. Lebesconte (3),
mais sans figures.
Morière (4) et moi (5), avons figuré des Trilobites
et Pélécypodes.
La faune des Schistes à ïrinucléus de Normandie
est à peu près inconnue^ sauf pour la localité d'Ecal-
grain dont M. Bergeron (6) a décrit quelques espèces.
(1) Voir (.Ml outre: Rupeut Jones T., On some Devonian and
Silurian Ostracoda frum Norlh Ainerica, France and Bosphorus
(Q. J. G. S., XLVI, 181)0, p. 534).
Ch. Bakkois, Apei'iU de la constitution r/éoIo(/irjiu' de la rade
de Brest (B. S. G. F., 3, XIV, 1886, p. 678).
(2) De Tkomeun, Étude de la faune des tirés silui-icns de Ma//.
Jurques, Campandré, Montroberl, Calvados (B. S. L. N., 3, I,
1877, 1». 5).
(3) De Tiîomeltn G. et Lebesconte P., Note sur quelques fossiles
des Grès siluriens de Sainl-Geimain-sur-Ille, la Bouexière,
Champeaux, etc., Ille-et-Vilaine. Quiaiper, 187.5.
[i] MoiuÈRE J., Note sur un Homalonotus du Grès de May
(B. S. L. N., 3, VIII, 1884, p. 383). — A'o/e sur quelques Trilobites
de l'étage du Grès de May (ici., IX, 188u, p. 74).
(5) A. Bigot, Note sur les Homalonotus des Grès silurietis de
Normandie (B. S. G. F., 3, XVI, 1888, p. 419). — No^e sur quelques
Pélécypodes des Grès siluriens de l'Ouest de la France (ici.,
XVII, 1889, p. 791).
(6) Bergeron J., Description de quelques Trilobites de l'Ordo-
vitien d'Ecalgrain, Manche (B. S. G. Norm., XV, 1891, p. 42).
— 103 —
Malgré la richesse des gisements Gothlandiens de
FeugueroUes, Saint-Sauveur-le-Vicomte, peu d'es-
pèces ont été citées par de Tromelin et Lebesconte(l).
L'insLitTisance des échantillons n'a permis à M. Ch.
Barrois que de signaler quelques espèces (2).
Le Dévonien est certainement celui de nos terrains
primaires dont la faune est la mieux connue, grâce
aux travaux de MM. Gh. Barrois (3) etD. P. Œhlert(4).
ri) Loc. çif., iioti', ji. loi.
(2) Bahkois Ch., Mémoire sur la distribuiion des Graptolites
en France (Aiin. S. G. A'ord, XX, 1892, p. T6).
(3) Bahrois Gh., Sur le Calcaire dévonien de Chaude fonds'
Maine-et-Loire ^A. S. G. Nord, XIII, 1876, p. ilù), — Aperçu de
la constilulion géologique de la rade de Brest (B. S. G. F., 3,
XIV, 18SG, p. 678). — Faune du Calcaire d'Erbrai/, Loire-Infé-
rieure (M. S. G. Nord, m, 1889).
(4) (EnLEnr D. P., Sur les fossiles dévoniens du département
de la Mayenne (B. S. G. F., 3, V, 1877, p. 378). — Description
de deux nouveaux genres de Crinoides du terrain dévonien du
département de la Mayenne (B. S. G. F., 3, VIII, 1879, p. 6), —
Description d'un nouveau genre de Lamellibranche du terrain
dévonien inférieur (B. S. Et. Sr. Angers, 1880). — Crinoides
nouveaux du Dévonien de la Sarthe et de la Mayenne (B. S.
G. F., 3, X, 16^82, p. 352). — Note sur les Chonetes de l'Ouest de
la France !id., 3, XI, 1883, p. 514). — Description de deux jiou-
vclles espèces d'Acroculia du déparlement de la Mayenne (id.,
j). 602). — Etudes sur quelques Brachiopodes dévoniens (id., XII,
1884, p. 411. — Description du Goldius Gervillei (B. S. Et. Se.
Angers, 1883). — Description de deux Centronelles du Dévonien
inférieur de l'Ouest de la France (id.). — Brachiopodes du
Dévonien de l'Ouest de lu France id., 1887). — Description de
quelques espèces dévoniennes du déparlement de la Mayenne
(id.). — Etudes sur quelques fossiles dévoniens de l'Ouest de la
France (Ann. Se. Géol., XIX, 1887, i\° I). — Note sur quelques
Pélécypodes dévoniens (B. S. G. F., 3, XVI, 1888, p. 633). — Sur
— 104 -
Dans son mémoire sur la Faune d'Erbray, M. Ch.
Barrois a donné la liste des fossiles signalés dans le
Dévonien du Massif Breton. Elle comprend 301
espèces.
La seule liste de fossiles du Calcaire carbonifère
de la Manche que nous possédions est celle déjà
ancienne de Triger et Deslongchamps. — L'étude de
la flore Stéphanienne de Littry et du Plessis reste à
faire. — Les Poissons du Permien de Littry n'ont pas
été identiliés.
IV. La Géologie du département de l'Orne
Des trois départements de la Basse-Normandie, c'est
certainement celui de l'Orne dont la géologie a fuit
le plus de progrès depuis 1875. Postérieurement à
la Carte géologique de Blavier, quelques points spé-
ciaux ont été étudiés par E. Delongchamps, mais les
explorations pour la Carte géologique détaillée faites
par MM. Bigot, Bizet, Guillier, Guyerdet, Lecornu,
Letellier père, les descriptions de M. Bizet, les mono-
graphies de M. Letellier père (1), ont donné de la
le Dévonien des environs d'Angers (id,, XVII, 1889, p. 741). —
Sur le genre Spyridiocrinus (id., XIX, 1890, p. 220).— Descrip-
tion de deux Crinoides nouveaux du Dévonien de la Manche
(id., p. 334).
(Ehlert D. p. et Davoust, Sur le Dévonien du département de
la Sarthe (B. S. G. F., 3, Vil, 1879, p. 697).
(1) Letellier A. , Description géologique des deux cantons
d'Alençon (B. S. L. N., 4, II, 1889, p. 'i^iZ). — L'Arkose d'Alençon
(id., 4, IV, 1892, p. 245).
— 105 —
géologie de ce département une idée très satis-
faisante.
Les Chaînes siluriennes du Sud du département de
l'Orne, jusqu'alors à peu près inexplorées, sauf dans
la région de DomlVont(i) et d'Alençon (2), ont été
étudiées par nous en détail (3).
Les monographies les plus complètes des ter-
rains de ce département sont celles qu'a données
(1) Léveillé (l'abbé) et Richer (l'abbé), Etude géologique du
sol de Varrolidissemenl de Domfront (Anu. Ass. Norm., XXXV,
1875, p. 263). — Skrodsky J., Description géologique du canton de
Domfront (B. S. G. Norm., XIII, 1890, p. 7.j).
(2) Letellier, iVo/e géologique sur les terrains traversés par le
chemin de fer d'Alençon à Domfront (B. S. L. N., 3, II, 1878,
p. 340). — Deuxième excursion de la Société Linnéenne à Alençon
(Id., p. 270). — Note sur le quartzite des environs d'Alençon
(id., VI, 1882, p. 15). — Les terrains des environs d'Alençon
(B. S. G. Norm., VI, 1879, p. ^2i).— Terrains au Sud des collines de
Normandie compris dans la feuille d'Alençon de la carte géo-
logique détaillée de la France (B. S. L. N., 4, VI, 1892, p. 89). —
Constitution géologique de l'arrondissement d'Alençon (Ann.
Norm., 1893). — Lettre à M. Bigot, professeur de Géologie à la
Faculté des Sciences de Caen; réponse à ses observations à la
note de M. Letellier sur la constitution géologique da l'arron-
dissement d'Alençon, Alençon, 189o.
(3) Bigot A., Constitution et allure des terrains anciens dans le
Sud du département de l'Orne (B. Lab. Géol., Caen, I, 1891, p. 39).
— Excursions géologiques de la Société Linnéenne de Normandie
dans les environs de Sées et de Bagnoles, Orne (B. S. L. N., 4,
VI, 1892, p. 144). — Observations à la note de M. Letellier, inti-
tulée : Constitution géologique de l'arrondissement d'Alençon,
Caen, 1895.
— 106 —
M. Bizet (1), pour le Jurassique et le Crétacé des
environs de Bellême et de Mortagne (2).
(1) BizEï Paul, Nolice à l'appui du profil (jéologique de
Mamers à Mortagne (B. S. G. ?Jorm. VIII, 1883, [i. 40). — Xofice
à l'appui du profil géologique du cliemin de fer de Mortagne
à Laigle (ul. IX, J884, p. 3" . — Xolice explicative sur le
profil géologique à travers le Perche Ornais, suivant l'ancienne
grajide roule de Paris au Mans (id. XI, 1886, p. 79). — Sur les
terrains sédimentaires représentés dans l'Est du département de
l'Orne (id. j). fiS). — Excursion de la Société Linnêenne de Nor-
nmndie à \imouliers (id. p. 4.j). — Considérations géologiques
et paléontologiques sur les terrains des environs de BelVeme et
Mamers, suivies d'une notice à l'appui du profil géologique
d'Alenron à Nogent-le-RoIrou et Beaumont-les- Autels {\d.]: U
1"^" partie est reproduite dans B. S. L. N. 4, II, 1889, p. 179.
(2) Vû=r en outre sur la géologie du département de l'Orne :
GuYEUDET A., Coupe géologique des carrières du four à chaux
de Vimoutiers. Orne: — Profil géologique de Chaumont à Gacé
et Résenlieu, Orne {B. S. L. N. 3, IX, 1885, p. 196).
Lkcoeur, Excursion de la Société Linnêenne à Vimoutiers et à
Chambois, Orne (id. p. 137). — A quel étage géologique appar.
lient le canton de Vimoutiers? Quels sont les fossiles qui le
caractérisent? lAnn. Ass. Norm. XLV, 1885, p. 128).
Pi.Nço.\, Description géologique du Dassin supérieur de la
Risle iB. S. L. N., 3, IV, 1881 p. 324). — Etude géologique des
collines du Lieuvin sur les communes d'Echauffour, Champ-
haut, Org'eres et Cisai-Saint- Aubin, Orne (id. p. 277).
DiAVET ;al)hé), Excursion de la Société Linnêenne à Echauf-
four, Champhaut et Laigle, Orne (id. 3, V, j). 302).
Bigot A,, L'arkose de Montrayé, près Alençon (id. 4, V, 1894,
p. 26).
GuYERDET, Fragments de géologie Normande (Ass. fr. av. Se.
Rouen, 1883, p. 485).
IlE.NAULT Cn., Quatre journées d'excursion en Normandie (B.
Soc. Et. Se. Flammarion, d'Argentan, 6° année 1888, p. 237).
MoRiÈRE, Le Lias dans le département de l'Orne, son étendue,
ses fossiles (Ass. fr. av. Se., Congrès Havre, 1877. p. 482).
107 —
V. Le Jurassique du Calvados
(Les faunes et les flores jurassiques de Basse-
Normandie)
La tendance de la stratigraphie contemporaine est
à la multiplication des horizons paléontologiques,
et on doit reconnaître que la constatation de ces
zones multipliées dans des régions souvent éloi-
gnées est favorable à ces tendances analytiques.
Elles permettent en outre de mieux apprécier les
différences fauniques , de discuter avec plus de
rigueur les affinités des assises , de placer avec
plus de précision les grandes divisions de l'écorce
terrestre.
Appliquée au Jurassique inférieur, cette méthode
a été féconde en résultats. M. Munier-Chalmas (i)
a pu ainsi reconnaître, dans le Toarcien et le Bajo-
cien, les subdivisions établies en Angleterre par
M, S. Buckman et M. L. Brasil (2) a complété ce
(1) Mi'NiEii-GiiAi.MAS, Observations sur les terrains Jurassiques
de Normandie (C.-R. S. G. F., 1891, n" IS). — Etudes prélimi-
naires des terrains jurassiques de Normandie (G.-R. S. G. F.,
1892, p. CLix).
(2) L. Bkasil, Sur le Lias supérieur et le Bajocien de Tilly-
sur-Seulles et Feuguerolles (B. Lab. Géol. Caen, t. II, 1895,
]i. 165). — Etude sur le niveau à Ammonites opalinus en Nor-
mandie (B. S. G. Norni., XV, 1891, p. 37). — Observations sur
le Bajocien de Normandie {B. Lab. Géol. Cacn, II, 189S, p. 223).
Voir aussi :
— 108 —
travail sur plusieurs points. Ces recherches ont con-
duit à des résultats intéressants, en montrant notam-
ment l'existence dans nos régions de nombreuses
espèces de la zone méditerranéenne.
Dans le Jurassique moyen, M. Munier-Chalmas(-l)
reprenant les travaux de M. Douvillé, a montré que
les couches de Dives à Cardioceras Mariœ et Lani-
berti sont calloviennes, que l'Oxfordien ne commence
qu'avec les couches à Cordatus. Dans son travail,
M. Douvillé (2) donnait une description très détaillée
du Jurassique du Calvados, entre Beuzeval et Viller-
ville, et notamment du faciès coralligène supérieur
aux couches à Cordatus. M. Lodin (3) a également
publié des observations intéressantes sur ces nivaux
supérieurs de notre Jurassique, et M. Brasil et
Bigot A., Sur la position de la couche à Leplaena en Nor-
mandie et en particulier à May-sur-Orne (B. Lab. Géol. Caen , I,
1893, p. 135). — Existence de la couche à Leptœna à Subies
(id., II, 1894, ij. i6j).
Leroux M., Note sur quelques fossiles du Lias d'Osmanville
(B. S. L. N., 3, IV, p. 387).
DE GuossouvRE (G.-R. S. G. F., 1891, n° II).
(1) Op. cit., note, p. 107, 1892.
(2) Douvillé H., Note sur la partie moyenne du terrain juras-
sique dans le Bassin de Paris et sur le terrain corallien en par-
ticulier (B. S. G. F., 3, IX, 1831 ot B. S. L. N., 3, VI, 1882, p. 76).
Voir en outre :
DuRA.ND, L'étage corallien sïir le lilloral de la Manche (B. S.
G. Norm., t. VI, 1880, p. 571).
(3) LoDi.\, Observations sur l'étage corallien du Calvados (B.
S. L. N., 3, III, 1879, p. 106). — Note sur le niveau occupé à
Honfleur par l'argile du Kimméridge (id., 3, II, 1878, p. 15).
— 109 —
moi (1) avons fait connaître d'autres exemples de
leurs modifications de faciès.
La riche faune de nos couches jurassiques ne sera
pas connue d'ici longtemps. Eug. Deslongchamps (2)
avait eu le projet colossal de publier une série de
monographies donnant la faune de chacune de ces
assises; deux d'entre elles seulement ont été com-
mencées, la monographie des Assises à Poissons et
celle du Bajocien inférieur. Le catalogue de la col-
lection Jarry, interrompu par la mort de Deslong-
champs (3), devail faire connaître, sous forme de
Prodrome raisonné, la faune des couches oxfor-
diennes (Callovien supérieur compris).
J'ai repris l'étude de la faune jurassique sous une
autre forme, celle de monographies zoologiques ,
analoguesàcelles que Deslongchamps père a publiées
pour les Pleurotomaires, Plicatules, etc. Deux de ces
monographies ont été publiées (4). Le travail consacré
par M. Gossmann (5) à la révision des Gastropodes
jurassiques de France est, sur des bases plus larges,
conçu dans le même esprit que le nôtre ; dans la
première pari ie, qui traite des Opisthobranches,nous
- (l) A. Bigot et L. Urasi:,, Cu:)g-iès des Soc. sav. 1893, 17 avril.
1^2) Deslongchamps Elg. , Le Jura Normand, Mon. I\' et 1/,
années 1877-78, Caen.
(3) Deslongchamps E., Rapport sur les fossiles de lu collection
Jarry, (B. S. L. ?J., 1890, p. 7:; et 93 .
i4) Bigot, Conlribulioiis à lu Faune jurassique de Xorinandie,
!'•■ Mémoire, sur les Trigonies i.M, S. L. IN'., XVI, 1893). — 2'
Mémoire, sur les Oj^is (id., XVIIî, 1893).
(3) Gossmann M., Eludes sur les Gastropodes jurassiques (Mém.
Soc. Gt-ol. Fr., PaL, 1893).
— 110 —
trouvons 43 espèces de Normandie sur les 160 dé-
crites, soit plus du quart, proportion qui montre la
richesse fossilifère de nos couches jurassiques.
Les travaux de M. Haug (1) , les descriptions
d'Ammonites nouvelles de M. Brasil (2) ont fait con-
naître un certain nombre de fossiles jurassiques en
Basse-Normandie.
Il faut ajouter comme contribution impor-
tante sur ce sujet les travaux de Morière (3) et
de M. de Loriol (4) sur les Crinoïdes et les
Astérides , de Golteau sur les Echinides (5) , de
Morière sur les Crustacés (6), €eux d'E. Deslong-
(1) Haug, Noie sur quelques espèces d'Ammonites nonrelles et
peu connues du Lias supérieur (B. S. G. F., 3, XII, 1S84, p. 346).
— Etudes sur les Ammonites des étru/es moi/ens du si/stème
jurassique (id., XX, 1893, \\. 27.'i).
(2) Brasil L., Op. cit., note p. i07, et Céphalopodes nouveaux
et peu connus des étages jurassiques de Normandie (B. S. G.
Nom., t. XVI, 1894, p. 27).
(3) Morière J., Note sur une Asléride fossile [Asterias Des-
lohf/cliampsi) nouvelle, trouvée dans VOxfordien des Vaches-
Noires, entre Dives et Villers-sur-Mer (B. S. L. N., 3, II, 1878,
p. 75). — Note sur les Crinoïdes des terrains jurassiques du
Calvados (id., III, 1879, p. 32.3). — /(/., 2' noie (id., IV, 1880,
p. 329). — Deux genres de Crinoïdes de la Grande-OoUllie \ïA,,
V, 1881, p. 78^.
(4) DE LoHiOL, Paléontologie Française. Crinoïdes jurassiques.
(5) CoTTEAU, Id., Echinides jurassiques.
Voir aussi :
Deslongchamps E., b. s. L. N., 1887, p. 19.
(6) Morière J., Première note sur les Crustacés de VOxfordien
trouvés dans le Calvados (B. S. L. N., 3, VI, 1882, p. 161). —
Note sur une Ergonidée nouvelle trouvée à la Cuine, Calvados,
dans le Lias supérieur, Ergon Calvadosi (id., VII, 1883, p, 116).
— Note sur quelques crustacés fossiles i^id., 4, II, 1889, p. 137).
— 111 —
champs (1), sur les Brachiopodes da Jurassique
inférieur.
Malgré la richesse des terrains jurassiques de
Normandie en débris de Reptiles et de Poissons,
leur étude a été très négligée pendant ces vingt
dernières années. Morel de Glasville (2) et le D''
Pépin (3) ont décrit deux Stenosaures , l'un du
Gallovien, l'autre du Bathonien. M. Sauvage (4) a
Voir aussi :
Rknault Cn., iVy/e sur une Eryonidée noudelle trouvée à Sainle-
Ilonorine-la-Guillaume, Orne, dans le grès liasique (B. S. L. N..
4, II, 1889, p. 13).
(1) Deslongchamps E., Sur l'appareil brachial de diverses
Térébralides du Lias et du système oolilhique inférieur (B. S.
L. N., 3, VIU, 1884, p. 303). — Sur des Brachiopodes nouveavx
ou peu connus du Lias et du système oolithique inférieur (id.,
p. 312). — Note sur plusieurs espèces île Cranies du système
oolithique inférieur (id., p. 327). — Puléontoloyie française.
Terrains jurassiques. Brachiopodes. — Découverte du genre Me-
gerlea dans la Matière (B. S. L. N., 3, IV, 1880, p. 388).
Voir aussi :
Bigot A., Sur quelques Brachiopodes fossiles de Normandie
(Bull. Lai). Géol. Gaen, II, 1893, p. 113). — Observations sur V Am-
monites coronatus Brug., les Ostrea eruca el rustica Defrance
(id., p. 133).
(2) Morel de Glasvii.i.e , Note sur le Steneosaurus Heberti
(B. S. G. F., 3, VIII, 1880, p. 318). — Sur la cavité crânienne et
la position du trou optique dans le Steneosaurus Heberti (id., IV,
1876, p. 342).
(3) Pépin D", Noie sur une nouvelle espèce de Steneosaurus
(B. S. L. N., 3, 1, 1877, p. 115 .
1^4) Sauvage E., Note sur le genre Pachycoruais (B. S. L. N., 3,
VII, 1883, p. 144).
Voir en outre :
— 112 —
éclairé quelques points de l'Ostéologie du genre
Pachyconmis, d'après des échantillons du Toarcien
du Calvados, mais depuis la publication du grand
ouvrage d'Agassiz (1833-1843), et le Prodrome d'E.
Deslongchamps(1868), il n'a été publié aucun travail
d'ensemble sur les Poissons et les Reptiles juras-
siques du Calvados.
Si nous avons peu de documents sur la flore Juras-
sique du Calvados, cela tient à une autre cause qui
est la rareté des échantillons de plantes fossiles
trouvées dans nos régions. Les grès du lias de
Sainte-Opportune, Orne^ sont un gisement privilégié,
dont Morière (l) a fait connaître un certain nombre
DouviLLÉ, Siiv des débris de Sauriens de grande taille trouvés
dans VOxfordien de Dives et Villers (B. S. G. F., 3, XIII, 1883,
p. 441).
.MoiuÈRE, Dent d'Acrodus nobilis, Agass. , trouvée dans le
Lias inférieur de Cartigng-l'Epinay (B. S. L. N., 3, IIl, 1879,
p. 322). — Débris fossiles d'un grand Sélacien trouvé dans la
Grande-Oolithe à Amblie (id., 3, VI, 1882, p. 133). — Xole sur
U7i fossile trouvé à Amblie dans la Grande-Oolithe (id., p. 224^
— Sur une plaque vomérienne de Pijcnodus (id., p. 75).
Pépin D% Vertèbre de SSeneosaurus trouvée dans la Grande-
Oolithe de Saint-Pierre-sur-Dives ^id., 3, III, 1879, p. 3il).
(l) Morière, Note sur un tronc fossile paraissant se rapporter
au genre Cgcadeomyelon, Saporta (B. S. L. N., 3, II, 1878,
p. 51). — Note sur le Cj/cadeomgclon Apperti (id., III, 1879,
P. 337). — Considérations sur la flore fossile et spécialement
sur celle du Lias; découverte du genre Lomatopteris dans le
Grès Uasique de Sainte-Honorine-lu-Guillaume. Orne (id.,IV,
1880, p. 361). — Note sur les Equisetacées des Grès liasiques de
Sainte-Honorine-la-Guillaumc, Orne (id., V, 1881, p. 108). —
Xote sur une fougère trouvée d ins Is Grès Uasique de Sainte-
Honorine-la-Guillaume (id., 't II. 1889/]). 4.0).
— li:^. —
d'espèces. M. Lignier (1) a ajouté à cette liste plu-
sieurs autres formes. Morière (2) a fait connaître
aussi la structure d'une Gycadée liasique du Cal-
vados, et M. Lignier (3) a donné du Benettites
Morierei une monographie anatomique très com-
plète.
VI. Le Crétacé et le Tertiaire du Cotentin
Les marais du centre du Cotentin constituent une
région géologique fort curieuse que les mers créta-
cées et tertiaires ont occupée et abandonnée tour à
tour à plusieurs reprises, MM. Dollfus et Vieillard (4)
en ont donné une monographie où ils ont rassemblé
avec coupes et cartes, longues listes de fossiles, leurs
observations personnelles et celles de leurs devan-
ciers. M. Vasseur(5) dans un travail de comparaison
(1) LiG.NiRK 0.. Ç(i)ilrU)nti<ni à la fhire lidsicjue de Sainle-
Honorinc-la-GnuUluHine. Orne (M. S. L. N., XYIII (2, II). 1895,
p. 123).
(2 MoitiKKK, Note sur une nouvelle Ci/cfidee du Lias. Scfiizo-
podium Renaulll. Morière (B. S. L. N., 4, I,, 1888, p. 123).
;3) Lignier 0., Sfruc/ure et affinités du Benettites Morierei,
Sap. et Mar. (M. S. L. N., (2, II), 1894, p. 1).
Voir aussi :
MoiUKHE , Note sur un éc/uintiUon de Willianisonia trouvé
dans VOjfordien des Vaches-Nuires (B. S. L. N. , 4,11, 1882,
p. Gl).
(4) ViEii.LAiU) E. et DoLLFi's G., Etudes f/éolof/iqiies sur les ter-
rains crétacés et tertiaires du Cotentin (B. S. L. N., 2, IX, 1873,
p. 3], — Doi.LKUS G., Note f/éolor/ique sur les terrains crétacés
et tertiaires du Cotentin (B. S. G. F., 3, III, 187o, p. 460),
(3) Vasseur g.. Sur les terrains tertiaires du Cotentin (B. S.
G. F., 3, VII, 1879, p. 741), — Rec/iercltes r/éoloç/iques sur les
8
— 114 —
avec les terrains tertiaires de Bretagne, est arrivé à
des conclusions stratigraphiqiies quelquefois diffé-
rentes de celles de MM. Vieillard et Dollfus, mais
qui ne sont pas définitives pour certains niveaux. Il
a démontré l'infériorité aux faluns pliocènes du
conglomérat ossifère dont on a tenté tout récemment
l'exploitation pour la fabrication du phosphate de
chaux. MM. Gaudry (l) et de Lapparent (2) ont
publié plusieurs notes sur ce conglomérat représen-
tant une ancienne plage pliocène dans laquelle se
trouvent confondus des fossiles appartenant à plu-
sieurs formations.
La faune de ces assises crétacées et tertiaires n'a
été l'objet que de bien peu de travaux.
Plusieurs des espèces figui-ées par M. Vasseur
dans l'appendice paléontologique à son travail de
stratigraphie (3), et dont la description est actuelle-
terrains fer/iaire.s de la France occidentale lAiin. Se. Géol.,
t. XII[, 1881).
il) Gal'dky a. , Sur len fossiles Imucés à (iourhesi'ille,
Manche, par M. de Lapparenl (G.-R. Ac. Se, CXIl, 1891, p. 5Gd.
(2) Lappauent a. de, .Vo/e sur le caillou/ is à osseinen/s de
laaianlins de (iourbesville. Manche (B. S. G. F., 3, XIX, 1891,
p. 4 et 3b'2j. — Sur les con;/lon>érals à ossemenls de Gourhes-
ville, Manche (C.-R. Ac. Se, CXII, 1891, p. 49oi.
Voir eu outre :
Skrodsky, Les phosphates de Sainl-Ctemenl (B. S. G. Norm.,
- XVI, 1894, p. 25).
Lecou.nu L. et Bigot A., Sur le f/isenienl des phoxphales du
plateau d'Orf/landes (B. Lab. Géol. Caen, t. I, 1892, p. 1231.
(3) Vasseur G. , Recherches f/e'olof/irjues sur les terrains
tertiaires de la France occidentale. — l'aléontnbxjie. Paris ,
1881.
I
— 115 —
ment reprise par M. Cossniann (1), se retrouvent dans
le Tertiaire du Cotentin.
M. Seunes (2) a décrit un certain nombre de
Céphalopodes du calcaire à Baculites du Cotentin.,
dont l'étude l'a amené, comme M. de Grossouvre (3)
à vieillir l'âge de ces calcaires, Campaniens et non
Daniens. J'en ai fait connaître un Brachiopode (4).
E. Deslongchamps (5) a appelé l'attention sur les
Brachiopodes des faluns à Orbitolites de Fresville.
Cotteau (6) a décrit une partie des Echinides éocènes
du Cotentin.
VII. Les Roches éruptives
Les roches éruptives sont assez variées en Basse-
Normandie, mais leur étude pétrographique est à
peine ébauchée.
Le granité de Flamanville dont j'avais signalé (7)
l'âge postdévonien a été l'objet d'une magistrale
(Il GossMAN.N M., Mii//iisrjuefi Kocéniqups de Ut Loire-lnf'é-
rieiire (Bull. Sec. Se. Nat. 0. de Fr.l.
\2) Seunes J., Conlrihulhin à l'ptude des Ci'plni/opodes du
ci'placi' ftupéi'ietir île France : Aiiunoni/es dit iii/cdife à bacu-
aies du Cofen/in uM. S. G. F., vol. I, n" i., ISiJOi.
(3) iiE Grossouvue, La civiie à hacu/.ile.^ du ('(deu/in. ht ctrtie
hliiiiche de Meudou el le lii/feriu de Mui-s/eic/i/ iC.-R. Ac. Se,
CXII, 1894, p. 545).
il Bigot A., Sur ipie/qiies Biachiopodes fossile < de I^or-
luitndie (B. Lali. Géol., Caeii, II, 1893, p. 113).
(5) Deslongchamps E., Revue des Térébralules ile'cfiles par
Defeauce dans le lAlI' volume du Dicfioniiaive des sciences
natutxHles (B. S. L. N., 3, X, 1887, p. 31).
(Cl) CoTTEAC, Paléon/olot/ie jfunçaise, Ecliinides Koc^nes»
(7) Bigot A., Op. cit., noto p. 13.
— 116 —
étude de M. Michel Lévy (1) qui en a tiré d'impor-
tantes conclusions pour l'histoire des granités en
général; M. Michel Lévy a, en outre, donné la com-
position du granité de Vire, de la granulite d'Alen-
çon (2); M. Guyerdet (3) a décrit la granulite du
Mont-Gerisi, près Fiers.
Le massif éruptif de la Hague, dont la liste de
roches données par M. Lennier (4) montre la richesse,
'et les roches métamorphiques qui l'avoisinent, méri-
teraient une étude détaillée.
La question d'âge de ces roches éruptives a été un
peu plus travaillée.
J'ai signalé (5) pour la première fois sur le con-
tinent l'existence de porphyres précambriens, déjà
connus dans le Pays de Galles et aux Etats-Unis.
M. Hébert (6) a reconnu l'existence de galets d'un
granité précambrien dans les Schistes de Gran-
vilic; pour lui c'était le granité de Vire, mais ce
(1) Michel Lkyv A., Conli-lhuHon à Véliide <lu f/ranife de
Flamanville et des f/rauiles f/rinçfiis oi t/c'jn'rnl [B. Serv. Carte
Géol. Fr., n° 36, 1894).
Voir aussi :
LoDiN, Xofe sur lit cniis/ifii/iou du wissif i/ranifiijue 'le Fla-
manville (B. S. L. N., 2, X. 1876, p. 3o3!.
(2) Miciikt.-Lkvy A., De rjuelqiies varac/ères mk-rascupiques
des roches anciennes acides, conside'rces (huis leurs re/a'ions
acec l'éruption (B. S. G. F., 3, HI, 1873, p. 199).
(3) GcvKKDET A., Granulite du Mont-Cerisi, Orne B. S. L. IN'.,
3, VllI, 1884, p. 332).
{4) Lennier G., Notes sur quelques roches recueillies à La
Jlaf/ue B. S. G. Norm., XII, 1887, p. lOli .
(5) -Op. cit., note p. 93.
(6) Op. cit., note p. 93.
— 117 —
granité traverse incontestablement le Précambrien,
comme M. de Lapparent (1) l'a établi. M. Lecornu (2)
et moi (3) avons donné d'autres exemples de celte
postériorité, et j'ai montré que le granité gris de
Basse-Normandie était antérieur au grès armo-
ricain (4).
Les filons de diabase de la feuille Alençon ont
été Cartographiés avec soin par M. Letellier père (5).
Les îles Anglo-Normandes forment une annexe
naturelle de la Basse-Normandie. Les roches érup-
tives et cristallophylliennes y tiennent une grande
place, comme l'ont montré M. Hill (6) pour Guer-
nesey, Serk, Aurigny, etc., MM. Noury (7) et de
[i) DE LArpAHEXT A., Nofe sur le Bassin silurien de }'(irlain
(B. S. G. F., 3, V, 1870, p. 509). —Sur le granit du Mont-
Saint-Michel et sur l'âge du granit de ]'ire [\d. , VI, 1878,
p. 143). — ObserL'ations à la note de M. Hébert : PlnjUades de
Suint-Lo, etc. (id., XIV, 1886, p. 774).
(2) Lecornl" L., Feuille de Coulances de la Carte ge'ol. dét.
et Op. cit.. note p. 93.
(3) Op. cil., note p. 93.
(4) Feuille Alençon de la Carte ge'ol. dét. de la France et
Op. cit., note !>. 121.
(5) Op. cit., note p. 121.
(6) Hill E., Oui the roc/cs of Guernseg, irilh an appendix on
fhe rocks referred to, lig Cn. Bonney (Q. J. G. S., XL, 1884,
p. 406). — On the rocks of Sark, Henn and Jefhou (ici., XLIIl,
1887, p, 322). — Tlie rocks of Alderneg and the Casquets (id.,
XLIV. 1889, p. 380).
Voir aussi :
LivELNG, On the inetamorphism of the l'ocks of the Channel
Islands (Cambridge, Pliil. Soc. Proc, III, p. 173). On the rocks
of the Channel Islands (id., IV, p. 122).
(7) Jiotuv Gii., Géologie de Jersey. Paris, 1886.
— 118 —
Lapparent pour Jersey. J'ai donné des observations
d'ensemble sur ces différentes îles (1).
Les roches éruptives de Jersey, leurs relations
entre elles et avec les roches sédimentaires avoisi-
nantes sonT du plus grand intérêt; elles ont été
étudiées par M. de Lapparent (2) qui a établi leur
chronologie et complété l'excellente description de
M. Noury. Là se sont retrouvés, interstratifiés dans
le Précambrien, les porphyres pétrosiliceux dont j'ai
déjà signalé à Aurigny l'âge précambrien (3).
Vin. La Tectonique
A côté de la stratigraphie, avec qui elle était autre-
fois confondue, est née une branche nouvelle de la
Géologie qui ne se contente plus d'établir l'ordre de
superposition des assises de l'écorce terrestre, mais
étudie l'architecture des masses minérales et les
forces mécaniques qui ont produit leur agencement.
Intimement liée à la géographie physique, puisque
[l] BiGûT A., OhsenHitions f/C(il<)(/ique.'^ i:i(f /es Ilj.s AïKjla-
Nonmuules [B. S. G. F., 3, XVI, 1888, p. 342).
(2) DE Lappahe.nt a., Nofe sur les roches éniptlces de l'île de
Jersey (B. S. G. F., 3, XII, 1884, p. 284). — l>//roinérides et
porphi/rites micacées de Jerse;/ (kl., XIV, 188H, ji. 13). — Sur
2in sphéroïde de la ji/fro/uéride de Jerse;/ (id., XVil, 1889, p. 446).
— Sur les roches éruptives de Jerseï/ 'id., XIX, 1891, ]>. xviii).
— On the pnrph'/ritic rocks of Ihe Island of Ihe Jerse// [{). J.
G. S., XLVII, 1891. p. 35V — Sur les roches éruptives de l'île de
Jersey (G.-R. Ac. Se, CXI, 1890, p. U2). —
(3) Op. cit., note p. Ori.
— 119 —
ce sont les assises ainsi arrangées par les causes
mécaniques de la dynamique interne que les agents
de la dynamique externe vont modeler pour
donner à la surface terrestre son figuré actuel, la
Tectonique d'une région ne peut être faite qu'autant
que cette région est suffisamment explorée pour
que les bases de cette généralisation aient une cer-
taine stabilité.
, On savait que les terrains anciens de la Basse-
Normandie, continuation de ceux du Maine et de la
Bretagne, formaient une série d'ondulations à axes
grossièrement parallèles, alignés de l'E. à l'O., dont
la trace donne aux cartes géologiques un aspect
rubané, traduit par Elle de Beaumont sous l'expres-
sion pittoresque de structure ridée de la Bretagne.
M. Suess a fait voir que cette structure était le
résultat de deux mouvements, l'un antérieur au
Silurien, l'autre postérieur au Carbonifère inférieur.
Les recherches de M. Lecornu (i) sur la Tecto-
nique de la région ancienne de la Basse-Normandie
ont été condensées dans un mémoire (2) où il s'est
attaché à rechercher les causes de la disposition des
plis.
(1) Lecoknl- L., Nm/' le Silurien des r/illc'cs île l'Orne et de
rOdon (B. S. L. N., 4, I, 1888, p. 19). — Noie sur la feuille
géologique de Cunfances ^id., 3, VI, 1882, p. 30). — Sur le bassin
silurien de la Brèche-uu-Diuble (id., 4, IV, 1891, p. 49).— L'axe
du Merleraull (id., 4 II, 1889, p. 291). — Sur le massif silurien
de lu Brèche-au-Diahle el ses prolongeinenls (id., 4, V, 1892,
p. 37).
(2) Id. , Sur les plissenienfs siluriens dans la région du
Cotentin (B. Scrv. C;irtc Grol. Fr., n" 33, 1893).
— 120 —
Les terrains jurassiques crétacés et tertiaires,
malgré leur horizontalité apparente, n'ont pas été
sans subir le contre-coup des plissements qui ont
donné naissance à la chaîne alpine. M. Dollfus (1)
dans un travail sur les ondulations des couches ter-
tiaires dans le Bassin de Paris a distingué une
série d'anticlinaux, synclinaux, et plis secondaires
M. M. Bertrand (2) a précisé les relations indiquées
par M. Dollfus de ces axes secondaires et tertiaires
avec ceux du massif ancien. Ce bel essai de synthèse
demande à être détaillé et complété, surtout dans le
Sud du département de l'Orne.
L'étude des transgressions et régressions se lie à
ces phénomènes de plissement. J'ai donné quelques
détails à ce sujet pour les terrains anciens (3), et
M. Munier-Ghalmas (4) nous a renseignés sur les
mouvements d'une partie des mers jurassiques du
Calvados.
IX. Conclusions
J'ai tâché de donner en quelques pages un résumé
aussi sincère et aussi fidèle que possible des progrès
(1) Dollfus G., Recherches sur les ondulallons des couches
tertiaires dans le Bassin de Paris ^B. Serv. Carte Géol. F., n» 14,
1890).
(2) M. Bertrand, Sur la continuité du phénomène de plisse-
ment dans le Bassin de Paris (B. S. G. F., 3, XX, 1892, p. 118).
(3) Loc. cit., note p. 121.
(4) Loc. cit., 1891, note p. 107,
— 121 —
de la Géologie de la Basse-Normandie depuis vingt
ans.
En 1877, la Société géologique de Normandie^ qui
sous la direction de mon excellent maître et ami ,
M. Lennier, a donné une si grande impulsion aux
études géologiques dans notre région, organisait au
Havre une Exposition géologique dans laquelle elle
groupait les documents de l'histoire du sol de
notre province. Pour que, après la dispersion des
collections particulières ainsi rassemblées, il restât
une trace utile de cette colossale entreprise, la
Société a résumé dans un gros volume (1) les travaux
relatifs à la géologie Normande.
Plus tard, j'ai essayé de mettre au point nos con-
naissances pour la Basse-Normandie (2). Ce dernier
travail n'est déjà plus au courant, bien qu'il soit tout
récent. C'est la preuve des progrès incessants faits
par la science qui nous occupe.
Malgré tout, il est permis de trouver que ces pro-
grès sont trop lents et de souhaiter que les étud s
géologiques fassent chez nous de nouveaux adeptes.
Il ne faut pas trop compter pour cela sur les recrues
universitaires. La géologie prend de jour en jour,
dans l'enseignement, une place plus effacée et les
(1) Exposition f/éolof/ique et paléonloloç/ique du Havre — 1S77,
Re'siane's. Etudes et Mémoires sur la Géologie normande (B. S.
G. Norni., VI, 1879).
(2) Bigot A., Esquise yéolof/ique de la Basse-I^'ormandie [BuW.
Lab. Géol. Gucii, t. I et II, 1890-95). — Voir aussi dans le \olume
des noliccs sur Caen et le Calvados, publié à l'occasiou du Congrès
de l'Association française, à Caen, en 1894, l'article Géologie par
A. Bigot, Caen, Delesques, 1894.
— 122 —
l.rotestations les plus éloquentes n'ont pu jusqu'ici
rien y changer.
Ce concours, nous l'espérons, nous l'attendons de
ceux qui apifcondront à connaître l'intérêt des études
géologiques, et c'est encore à Arcisse de Gaumoot
que j'emprunte ces lignes très éloquentes, écrites en
1828, au début de la Topographie géognostique du
Calvados, et qui n'ont rien perdu de leur vérité et de
leur à-propos.
« Aucune science — plus que la géologie — n'est
plus féconde en résultats importants pour la pros-
périté publique, aucune ne présente plus d'intérêt,
ne pique plus vivement la curiosité. Le géologue,
qui doit étudier l'écorce terrestre, les révolutions
qu'il a éprouvées, les masses qui la composent, qui
doit chercher à pénétrer le mystère de leur forma-
tion, est plus particulièrement l'historien de la
nature; il est comme le dépositaire de ses fastes et,
en quelque sorte, leur interprète. »
— 123 —
NOTES
SUR
LES REPTILES JURASSIQUES
DE NORMANDIE
Par A. BIGOT
Professeur de G^-'ologie et Paléontologie à l'Université de Gaen
,2e Article
V. rjOin])ar;iisoh de (luelques ijarties du siiuelctte chez Sleno-
s::iiri!.:. Melriorhynchus, Teleosaunis, etc. : 1. Colonne verté-
]jr;ilo. — 2. Membre postérieur. — 3. Membre antérieur. —
4. Ecaill.'S dermiques.
1. Colonne vertébrale
On verra plus loin qu'il est quelquefois utile de
pouvoir distinguer des vertèbres de Stenosaurus et
MptrlorJiynclms quand elles ont été trouvées indé-
pendamment d'autres parties bien caractérisées du
squelette.
Les éléments de cette comparaison nous ont été
fournis, pour le genre MetriorliyncIiKS par :
A. Une série de 18 vertèbres, dont l'atlas et l'axis,
4 cervicales et 12 dorsales de l'Oxfordien de Villers
(coll. Jarry, Faculté de Caen).
B. Une série de 21 vertèbres dorsales et caudales
du M.superciliosm, Geotî. St-Hil,, de l'Oxfordien de
— 124 —
Villers, associés au crâne et au fémur dont il sera
parlé plus loin (Fac. Caen, Ach. Présey).
G. Une série de 18 vertèbres, 5 cervicales et
13 dorsales du M. brachi/rhi/nchus Desl. associées au
crâne ; l'atlas et l'axis font défaut (Gallovien d'Ar-
gences, Fac. Caen).
Pour le genre Stenosatirus nous avons étudié :
D. Une série des 5 premières verlèbres cervicales,
dont l'atlas et l'axis du St. megistorhijucJms Geoff.
St-Hil., associés à la tète (coll. Desl.).
E. Une vertèbre lombaire et 4 cau-'^ai' s c: l'indi-
vidu type de St. Larteti (coll. Des', c- .■ •. ue Capp).
F. 3 cervicales, 3 dorsales, 1 ,c. ; .; i r , '2 . ac.ées,
6 caudales, d'un grand Stenosaure de Quilly (pro-
bablement le Megistorhynclnis) récemment dégagés
de blocs donnés à la Faculté par MM. Jacquier frères.
J'ai en outre puisé des renseignements très pré-
cieux, qui concordent avec les résultats de l'étude
des documents ci-dessus énamér.'s, dans l'important
travail de Hulke sur VOstéoIof/ic des Mesosuchia (1).
C'est à ce travail que L.ont empruntés le^; caractères
des vertèbres sacrées de Metriorhynchus dont no;^s
ne possédons aucun exemplaire.
Nous réservons pour un autre article l'étude
détaillée de l'atlas et de l'axis de Stenosaurus et
MetriorhyncJius.
' La disposition des neurapophyses, parapophyses
et diapophyses ne présente pas de différences bien
tranchées dans les deux genres, les vertèbres sacrées
exceptées. Les différences tirées du cenlrum sont
(1) Proc. Zool. Soc. London. 1888, p. 417, pi. XIX-XX.
125
au contraire très caractéristiques. En comparant cette
partie de la vertèbre, dans les diverses régions, on
obtient les caractères suivants:
3Ieti*ioi'Iiyiicliiiii4
Steiio.«imini!^
Axis
Centrum court; face in-
férieure avec une carène
médiane tranchante.
. Centrum allongé ; face
inférieure plane ou exca-
vée, bordée latéralement
par une crête peu accen-
tuée.
Vertèbres cervicales
Faces latérales du cen-
trum peu concaves; dia-
mètre vertical des faces
antérieure et postérieure
plus grand que le dia-
mètre horizontal.
Faces latérales du cen-
trum très concaves par
suite de Télargissement
des faces antérieure et
postérieure. Diamètres
transversal et vertical des
faces antérieure et posté-
rieure égaux.
Vertèbres dorsales
Faces latérales du cen-
trum peu concaves ; dia-
mètre vertical des faces
antérieure et postérieure
plus grand que le dia-
mètre horizontal ; face
inférieure régulièrement
atténuée et arrondie.
Faces latérales du cen-
trum très concaves ; dia-
mètres transversal et ver-
tical des faces antérieure
et postérieure
Face inférieure
ment aplatie.
égaux,
légère-
— 126 —
Vo'tèbres sacrées
Côtes sacrées très obli-
ques de haut en bas et
de dedans en dehors.
Côtes sacrées très peu
obliques de dedans en
dehors et de haut en bas.
Vertèbres caudales
Faces latérales du cen-
trum peu concaves ; face
inférieure aplatie.
Faces latérales du cen-
trum très concaves; face
inférieure creusée d'un
large sillon longitudinal,
s'atténuantdans la région
postérieure de la queue.
Les caractères du centruni de l'axis permettent de
déterminer que le système atlo-axoïdien figuré par
Cuvier(J) est celui d'un Stcnosaurus.
La série de vertèbres caudales rapportées, avec
doute d'ailleurs, par Eug. Deslongchamps (2) au
Metriorhynchus incertus appartient à un Steno-
saurus; la face inférieure des vertèbres est profon-
dément sillonnée et non aplatie.
2. Membre postérieur
Nous comparerons les pièces du membre posté-
rieur chez Stenosaurus , Metriorhynchus
saurus.
Teleo-
(1) Uech. sur les ossements fossiles, t. V, 2' partiu, iil. IX,
fig. 7-8
(2) LE.NMEii, Et. Géol. et l'ai. s. emb. de la Seine, p. 54,
pi. XI, fig. 3-4.
— h27 —
Les éléments dans cette comparaison sont :
G. Des pièces isolées ou assemblées de Telcos.
Cadomends Geoff. St-Hii. (coll. Desl. etFac. deCaen).
H. Une moitié droite du bassin, les os de la jambe
droite de l'individu type du 67. Ldiieti, déjà cité
(E, p. 124).
J. Une moitié droite de bassin, le fémur du grand
Stenosaure de Quiily, déjà cité (F, p. 124).
K. Le fémur gauche du Metr. siipcrciliosiis , déjà
signalé (B, p. 124).
Enfin la description et les figures données par
Hulke dans son Ostéologie des Mesosuchia.
a. Iléon. — L'iléon droit du grand Stenosaure de
Quiily est rhomboïdal ; son grand diamètre, allant
de l'angle postéro-supérieur à l'angle antéro-infé-
rieur est dirigé obliquement de haut en bas et
d'arrière en avant. Le bord supérieur est tranchant,
presque droit, prolongé en avant par une apophyse
(apoplu/sc préacétabulaire) assez longue, terminée
en pointe massive. Le bord antérieur est obliquement
dirigé de haut en bas et d'arrière en avant; il est
fortement échancré au-dessous de l'apophyse pré-
acétabulaire ; ce bord est aplati, assez large. Le bord
postérieur, parallèle au bord antérieur, est tranchant
en bas, élargi en haut, légèrement sinueux. Le bord
inférieux rugueux, élargi en avant et en arrière, est
étroit dans sa partie moyenne qui est convexe. L'in-
sertion ischienne, située en arrière, est triangulaire;
l'insertion pubienne, antérieure, est arrondie. La face
interne, convexe d'avant en arrière et de haut en
bas est occupée en partie par deux surtaces
— 128 —
rugueuses, dont l'antérieure est plus grande que
la postérieure, et donnant insertion aux extrémités
des deux côtes sacrées ; ces insertions s'avancent en
arrière jusqu'au bord postérieur, en avant jusqu'à
une petite distance du bord antérieur; elles sarrê-
tent en bas et surtout en haut à une petite distance
des bords, laissant entre elles et ceux-ci une surface
lisse, légèrement excavée en haut, convexe et con-
tinuant la courbure de l'os en bas. La face externe
est creusée en bas d'une profonde fosse qui occupe
environ la moitié de cette face. Cette fosse de l'iléon
forme une grande partie de la cavité acétabulaire,
complétée par la tète de l'ischion.
Longueur du grand diamètre ISO'"*"
— du bord supérieur(compris l'apo-
physe préacétabulaire) . . . 124
Hauteur en avant , perpendiculairement
au bord supérieur 95
L'iléon du ToJeosawus cadomensis Geofî. St-Hil.
nous montre la même disposition générale ; il est
plus élevé par rapport à sa longueur, sa forme est
moins oblique, et par suite l'angle postéro-supéricur
est encore moins projeté en arrière que dans Stcno-
saurus. Le jjord supérieur, au-dessus de la cavité
acétabulaire en dehors, et de la surface d'insertion
des côtes sacrées en dedans, forme une crête plus
accentuée ; cette disposition est due à ce que cette
partie est rendue plus concave en dehors par la
saillie plus grande des surfaces articulaires des côtes
sacrées. L'apophyse préacétabulaire bien projetée en
avant et plus massive.
— 129 —
Chez Pelagosaiints typiis Bronn. sp. , l'iléon est
construit sur le même type ; l'apophyse préacétabu-
laire est encore très développée, pointue ; sa forme
générale est encore plus carrée que dans Teleo-
saio'us cadomcnsis, sa hauteur est presque égale à
sa largeur, et il est moins oblique.
L'iléon de GaviaHs gangeticus est plus allongé
d'avant en arrière que les précédents par suite du
développement de la partie postacétabulaire, l'apo-
physe préacétabulaire existe, mais réduite.
Chez Alligator lucius, nous trouvons lïn iléon qui
se rapproche de celui de Gavialu gangeticus par
la saillie encore plus prononcée en arrière de la
partie postacétabulaire , mais qui s'en distingue
comme de celui des Téléosauriens par l'absence
d'apoi>hyse préacétabulaire, l'angle antéro-supérieur
étant simplement obtus.
L'iléon ' gauche de Metriorliynchus figuré par
M. Hulke s'éloigne beaucoup du type Gavialien et
Sténosaurien. Il est plus haut que large, presque
triangulaire , non projeté en arrière, à apophyse
préacétabulaire très courte, massive; les surfaces
d'insertion des côtes sacrées sur la face interne
occupent toute la hauteur de cette surface.
b. Ischion. —V\Qch'\on (droit) du grand Steno-
saurus de Quilly s'éloigne de celui des Grocodiliens
vivants, par le grand développement de sa partie
interne. Il se termine par une double tête, la posté-
rieure massive, l'antérieure plus petite, séparée de
la précédente par une échancrure profonde. La
moitié supérieure de la face qui termine la tête
9
— 130 —
massive s'unit seule au bord inférieur de l'iléon :
l'autre contribue à compléter en bas et en arrière la
cavité acétabulaire. La face externe rugueuse de la
petite tête s'unit seulement par sa partie postérieure
à l'iléon ; en avant elle s'unit à la partie postérieure
de la tête du pubis. Quand l'iléon et l'ischion sont
réunis, il reste entre les deux têtes de l'ischion une
ouverture formée principalementpar l'échancrurequi
les sépare et qui est complétée parla concavité du
bord inférieur de l'iléon. La partie internedel'ischion,
aplatie, fortement projetée en arrière, est projetée
moins longuement en avant; le bord interne rugueux,
uni au bord interne de l'ischion opposé, est à peine
sinueux. Cette partie interne, dilatée, de l'ischion,
est réunie à la tête par un col comprimé, sans
limites définies en dehors et en dedans.
Longueur en ligne droite du bord interne. 157"'"'
Diamètre transversal (tombant au milieu'
du bord interne.) 130
L'ischion du Teleosaunis cadomensis est égale-
ment très allongé d'avant en arrière dans la partie
interne. L'angle antérieur de cette partie interne
est cependant moins allongé et plus obtus, le col
est étroit, l'apophyse postérieure de la tête plus
massive, limitée en avant par une échancrure plus
profonde, l'apophyse postérieure plus étroite et plus
oblique. •
L'ischion de Metriorhynchus figuré par M. Hulke
se distingue de celui de Stenosaiirus par sa forme
plus massive, son bord interne plus court, son col
moins long mais plus large, la moindre profondeur
— 1:51 —
de l'échancrure entre les deux apophyses de la tête.
Ces caractères le rapprochent davantage de l'ischion
de Teleosaunis cadomensis et Pelagosauvus typiis
Bronn sp.
Chez Gavialis gangeticiis l'ischion a sa région
interne dilatée, plus triangulaire et moins allongée au
bord interne que chez Stenosaurus; la partie anté-
rieure de cette région interne ne forme point de
bec projeté en avant, et la partie postérieure est très
peu allongée en arrière ; le boi'd interne forme un
angle obtus. L'apophyse antérieure de la tête est
beaucoup plus forte que dans les Téléosauriens.
L'ischion àWUlgator lucius s'éloigne encore davan-
tage de celui des Téléosauriens. L'extrémité interne
est très peu élargie, non prolongée en avant, très
peu prolongée en arrière. Le col est long , com-
primé. L'apophyse antérieure de la tête est massive,
presque aussi forte que la postérieure. Comme dans
Gavialis, la facette articulaire pubienne placée au
côté antérieur de cette apophyse antérieure est très
allongée.
r. Pubis. — La plus grande partie du pubis droit
du Stenosaurus de Quilly n'était plus adhérente à
la pierre ; il ne restait que la tète, mais en moulant
soigneusement l'empreinte du i-estede l'os, j'ai pu en
reconstituer exactement la forme. C'est un os en
palette, dont l'extrémité externe, légèrement dilatée
en une tête aplatie, se rétrécit en dedans en un col
d'abord presque cylindrique et forme enfin du côté
interne une partie aplatie, élargie, subtriangulaire,
dont le bord interne est fortement convexe. Le bord
^S^c
- V\! ^ k5
— 132 —
antérieur et le bord postérieur sont légèrement con-
caves, ce dernier surtout vers l'xtrémité interne.
Longueur totale 170»"""
Longueur de l'extrémité dilatée d'angle
en angle 85
Diamètre transversal de la tête .... 22
Ce pubis s'éloigne de celui du Melriorhy chus
figuré par M. Hulke; celui-ci est moins dilaté à son
extrémité interne, qui est moins séparée du col ;
l'extrémité externe est aussi plus élargie chez Metrio-
rhynchus.
La forme du pubis de Teleosaurus cadomensis est
plus voisine de celle de Metriorhynchus que de
Stenosaurus ; cependant cet os est plus allongé dans
le 2^ genre, un peu courbé de haut en bas dans le
sens de la longueur; enfin, le col est plus grêle.
d. Fénuir. — Le fémur de Metriorhynchus est
très différent de celui de Stenosaurus. Dans ce der-
nier genre il ressemble à celui de Teleosaurus ,
Pelagosaiirus. Celui de Metriorhynchtis est plus
comprimé latéralement, sa courbure en S moins
accentuée.
Le fémur gauche de l'individu type de Steno-
saurus Larteti Desl., a une longueur, mesurée en
ligne droite, de 285 mill. ; il présente une double
courbure en S, dans le sens dorso-ventral et dans le
seng latéral.
La courbure dorso-ventrale est la plus accentuée.
La concavité supérieure occupe au bord dorsal
environ la moitié proxi-male de l'os et a une flèche
— 133 —
de 17 mill. ; la concavité inférieure, occupant presque
toute la longueur du bord ventral de l'os a une
flèche de 35 mill. La double courbure latérale est
beaucoup moins marquée ; sa concavité interne
occupe presque toute la longueur de l'os.
La surface articulaire de la tête du fémur est con-
vexe et forme un quadrilatère irrégtilier, à bords
inégaux, arrondis ; le bord externe est le plus "long
(50 mill.); il forme avec le bord inférieur un angle
inférieur arrondi. Du côté externe et du côté infé-
rieur, la tête de l'os n'est pas séparée du col ; du côté
interne, où elle est légèrement excavée, et du côté
supérieur, elle est plus renflée que le col. Le col se
confond avec le corps du fémur. Comprimé de
dehors en dedans, le corps du fémur a d'abord ses
faces supérieure et inférieure arrondies, et la section
de l'os est ovalaire. Au-dessous du trochanter interne
les dimensions sont les suivantes :
Diamètre dorso- ventral. ...... 30"i"»
Diamètre transversal 21
Rapport 0,70
La surface supérieure se transforme ensuite en
une crête et la face inférieure légèrement tordue,
bordée du côté externe par un angle très marqué,
est aplatie ; la section est alors triangulaire. Le
triangle a ses côtes légèrement convexes, sa base est
en bas et son sommet en haut.
Sur la face interne, à peu de distance de la tête,
est une surface trochantérienne rugueuse , peu sail-
lante; au-dessous, à la naissance de la crête de la
face inférieure, est une autre surface rugueuse,
— 134 —
presque point saillante, et entre elle et la tête une
autre surface rugueuse encore moins distincte.
A son extrémité distale, le fémur s'élargit trans-
versalement et de haut en bas ; la crête supérieure
se transforme en une face convexe; la face inférieure
est excavée.
La surface articulaire du condyle est plus haute
que large, légèrement convexe de haut en bas,
séparée en bas en deux facettes articulaires, l'externe,
pour l'articulation du péroné, plus large que l'arti-
culation tibiale, et faisant en bas une saillie plus
prononcée que celle-ci. Le bord inférieur est excavé
par suite de la saillie en bas des deux extrémités
inférieures de ces facettes articulaires.
Nous possédons du grand Steîiosawus de Quilly
un fémur dont le condyle distal est mutilé. Les
caractères concordent absolument avec ceux du
Stenosaurus Larteti. Les deux surfaces rugueuses
de la face inférieure du col sont seulement plus
distinctes et mieux séparées (L).
il) Les dimensions dn iénuir et des autres os du irraiid Steno-
saurus de Quilly annoncent un animal plus irrand ([ne le S/.
Larteti. La lonirueur du l'émur, mesurée en liane droite, est de
0",285 dans St. Larteti. de 0-". 3fi dans l'autre, soit une diflcrenee
dé 55 mill.; le rapport est environ (i à 5. ^'ous avons clierehé
à n'eus rendre compte par comparaison avec les autres pièces de
Stenosaurus de la taille que pouvait avoir le grand animal de
Quilly. Admettant que les rapports de la tète au fémur dans les
deux spécimens sont les mêmes, nous trouvons que la tète du
St. Larteti ayant 86 cent., l'autre animal avait une tète d'environ
1 mètre. — Dans un édiantillon de St. megistorhynchus. le rajiport
dé la longueur du système atlo-axoïdien à la longueur d'unt-' ver-
tébr». cervicale est de l,o (longueur d'nne vertèbre cervicale.
— 135 —
Le fémur gauche du Mpfriorht/îichus siiperci-
liosus a une longueur, mesurée en ligne droite ,
de 0"'32. Les doubles courbures dans le sens dorso-
ventral et dans le sens latéral sont moins accentuées
que dans Stenosauriis. La courbure dorso-ventrale
O.OW. loiiiîUfur du système atlo-axoidien 0,081). Chacune des ver-
tèbres cervicales du Sténosaure de Quilly a 55 mill., le système
atlo-axoidien a donc 0,822 mill. Les dorsales ont les unes 60 mill.,
les autres 70 et 63 mill., soit en moyenne 6.") mill., la vertèbre lom-
baire a 60 mill., les deux sacrées ont ensemble 120 mill. Qn aurait
donc pour la région précaudale du grand i^tenosaurus les dimen-
sions suivantes :
Tète ■ ■ • 1"
Système atlo-axoidien 0 082
Vertèbres cei'vicales 0 33
Pvégiou dorsale 1 12
Vertèbre lombaire 0 06 ■
Vertèbres sacrées ^ ^~
2'"712
.M. Boule a eu la complaisance de mesurer dans la collection
d'anatomie comparée du Muséum la longueur de la queue et de la
région précaudale chez Alligator litchis et GavuiUs gangeticux.
Région précaudale. Région caudale.
Alligator luciics. 1"'93 1"64
liavialis gmvgeticus. 2'"50
-)m
Le rapport de la région précaudale à la région caudale chez
Alligator lucius est de 0,90, et de 0,80 chez Craviulis gangeticiis.
Par l'allongement de la tète les Sténosaures se rapprochent plus
des Gavials que des Alligators: appliquant le rapjjort de 0,80. au
Sténosaure de Quilly nous tiouvons [)Our la région caudale une
longueur de 2" 16 et une longueur totale de 'i"872 i|ui n'a rien
d'exagéré. Ce n'est pas par leurs dimensions qur nos Téléi^auriens
se distinguent des Crocodiliens actuels.
— 136 —
est formée par une concavité supérieure qui occupe à
l'extrémité proximale du bord dorsal à peine 1/3 de
la longueur de l'os et a une flèche de 10 mill. ; la
concavité située à l'extrémité distale du bord ventral
dont elle occupe les 2/3 de la longueur, a une flèche
de 23 mill., plus faible par conséquent que celle
de Stenosaurus pour une longueur d'arc plus grande
chez Metriorhynchus, ce qui indique une courbure
moins prononcée de la face ventrale du fémur.
La surface articulaire de la tète du fémur est
concave, très allongée dans le sens dorso-ventral ;
le bord interne forme un angle arrondi très ouvert;
le bord externe est sinueux ; les angles supérieur
et inférieur sont arrondis. Du côté externe et du
côté inférieur, la tête de l'os n'est pas séparée du
col; du côté interne et du côté supérieur elle est
plus large que le col.
Le col est comprimé de dedans en dehors, son
bord supérieur est étroit et arrondi, son bord infé-
rieur presque tranchant. Sur la face interne, près du
bord supérieur, est l'ouverture d'un trou nourricier,
assez grand, ovalaire, allongé dans la direction de
l'os. Au-dessous de cette ouverture , et rapprochée
de la face inférieure, est une saillie trochantérienne,
rugueuse. Sur la face inférieure du col, en avant et
en arrière de la saillie trochantérienne interne, sont
deux autres surfaces rugueuses, faisant légèrement
saillie.
Le corps du fémur est très comprimé. Il n'y a pas,
à proprement parler, dans la plus grande partie de
son parcours, de face supérieure et inférieure, mais
deux bords, l'un supérieur, presque tranchant ,
— 137 —
l'autre inférieur, presque arrondi ; les faces interne
et externe sont peu convexes. Un peu en arrière du
trochanter interne , les dimensions sont les sui-
vantes :
Diamètre dorso-ventral 35""»
Diamètre transversal 20
Rapport 0,57
La comparaison du rapport 0,57 avec celui de
Stenosauriis = 0,70 indique que le corps du fémur
est beaucoup plus comprimé transversalement dans
Metriorhynchus.
L'extrémité distale du fémur est très peu élargie ;
le bord supérieur et le bord inférieur s'aplatissent et
se transforment en deux faces étroites, dont l'infé-
rieure est excavée vers le condyle. Cette extrémité
distale est mal conservée dans le fémur étudié
jusqu'ici, mais un autre fémur gawche tronqué à
l'extrémité proximale en montre bien les caractères.
La surface articulaire est plus haute que large ,
convexe de haut en bas ; le bord inférieur est excavé,
projeté en bas sur les côtés par suite de la saillie
des facettes articulaires du tibia et du péroné.
e. Os de /(/Jambe et du pied. — Nous manquons
d'éléments pour comparer le tibia et le péroné , les
os du tarse et les métatarsiens de Slenosaunis et
Metriorhi/nchiis: ; ces pièces sont jusqu'ici inconnues
dans le second genre. Nous possédons de l'individu
type de St. Larteti , le tibia, le péroné, les métatar-
siens du côté gauche; du grand .S7e;io.sr/?/?'«A' de Quilly
— 138 -
l'empreinte du péroné, deux des os du tarse, l'em-
preinte d'un métatarsien. Le but de ce travail étant
la comparaison de Metriorhynchus et Steno.saurm,
nous nous bornons à signaler que dans St. Larfeti
le tibia et le péroné ont un peu plus de la moitié de
la longueur du fémur, et que le plus grand des
métatarsiens est presque aussi grand que le tibia.
Voici d'ailleurs les dimensions (1) :
Stenosaurus L«r?e//(Ind. type).
Longueur du fémur (en ligne droite). . 235'"™
— du tibia 153
— du péroné 140
— du plus grand des métatarsiens 118
Rapport de la longueur du tibia à celle
du fémur 0,54
— du plus grand métatarsien au
fémur 0,41
'- du plus grand métatarsien au
tibia ........ 0, 77
'■>
(1) M. Glangcaud n f;iit conuaître récemment le membre posté-
rieur d'un Sténosaure du Batlionien de Sansac, Charente B. S.
G. F., 3, XXIV, 1890, p. l.-io). Il donne les dimensions suivantes :
Longueur du fémur en ligne droite, 0°'320 : longueur du tibia
O^n.o. ce qui donne un rapport 0,54 égal à celui que nous trou-
vons chez St. Larteti.
Sur un moulage du St. Champmanni de Boll je trouve des pro-
portions un peu diflérentc
les
Longueur du fémur en ligne droite 0'"210
— du tibia 0" 146
— du plus grand métatarsien 0" 103
Kapjiort du tibia au fémur 0,65
— du métatarsien au féniiu- 0,49
— du métatarsien au tibia i).7fl
139 —
3. Membre antérieur
Nous ne pouvons comparer que l'un des os de la
ceinture scapulaire, le coracoïde.
La forme de cet os dans Melriorliyncluis est très
différente de celle qu'il a chez Teleosaunis et pro-
bablement chez Stenosaiirus. Nous ne possédons
aucun caracoïde qu'on puisse rapporter authenti-
quement à Stenosawus. Nous avons sous les yeux
un de ces os, provenant du Calcaire de Gaen qui,
par ses dimensions et ses caractères n'appartient
certainement pas à Teleosaurus cadomemis dont
nous avons des coracoides authentiques. Comme les
Sténosaures sont avec les Téléosaures les formes
les plus abondantes dans le calcaire de Caen, il est
très probable que ce coracoïde est bien celui d'un
Sténosaure plutôt que celui d'un Téléidosaure , dont
quelques débris seulement appartenant à la tète ont
été jusqu'ici rencontrés.
Chez Alligator lucius le coracoïde est un os aplati,
légèrement concave de dehors en dedans sur sa face
dorsale; l'extrémité interne, plate, triangulaire, est
réunie par un col rétréci à la tête placée en dehors,
cette tète est formée en avant par une apophyse
massive, renflée, tronquée brusquement par une face
rugueuse, plus haute que large , divisée en deux
facettes, l'une en haut et en arrière pour l'articu-
lation du scapulum, l'autre en avant formant une
partie de la cavité glénoïde ; la partie postérieure
de la tète est comprimée, terminée en dehors par
une facette articulaire étroite, qui donne insertion
— 140 —
à la partie postérieure du scapulum. Près du bord
externe et à la base de la saillie antérieure est un
trou qui aboutit à la face inférieure un peu en
arrière de la saillie antérieure.
Le coracoïde de Teleosmirus cadomensis a son
extrémité interne beaucoup plus grêle que celui de
Alligator lucius. Le bord interne est beaucoup plus
étroit, le bord postérieur est moins excavé ; le col
est plus étroit et plus long; la tête est moins oblique,
sa partie antérieure est plus large et plus dilatée.
Le coracoïde que nous rapportons à Stenosaurus
se rapproche de celui de Teleosaurus par son extré-
mité interne étroite, moins cependant que celle de
Teleosaurus ; le col est plus massif, mais moins que
dans Allir/afor. La tête a son bord externe oblique
comme chez AllU/ator; la partie de cette tète qui
porte l'articulation antérieure du scapulum a son
extrémité brusquement épaissie, la partie supérieure
est plus massive.
Chez Metriorhynchus, le coracoïde est très diffé-
rent. Celui qui a été figuré par M. Hulke a une
forme de double hache ; le bord postérieur est très
concave ; l'extrémité ventrale très élargie est terminée
par un bord interne très arrondi ; le col est très
court et étroit.
4. Ecailles dermiques
Malgré l'abondance des Téléosauriens dans le
Jurassique supérieur du Calvados et du Havre, les
écailles dermiques sont extrêmement rares. Je n'en
connais que 3 ou 4 exemplaires en mauvais état
— 141 —
dans les collections du Calvados. En Angleterre elles
semblent un peu moins rares dans l'Oxfordieii :
M. Hulke, dans le mémoire déjà cité, en a décrit qui
ont été trouvées avec des os de Stenosaiirus, mais
parmi les récoltes faites par M. Leeds dans l'Oxfor-
dien de Peterborough, il ne s'en est pas rencontré
qui puissent appartenir à Metriorhy nchus . Cette
absence a fait admettre que Metriorhijnchus, comme
Geosannis n'avait pas de plaques dermiques (1).
Cependant, dans le catalogue des Reptiles fossiles du
British Muséum (2). M. Lydekker rapporte à i/e/y^'o-
rhynchus des écailles du Kimméridien d'Ely qu'il
compare à celle figurée par E. Deslongchamps sous
le nom de M. ? incertus (3); M. Sauvage n'admet pas
que cette écaille soit celle d'un Melriorhynchiis et
la rapporte à Stenosaiirus (4). Elle ne nous paraît
pas susceptible d'une détermination générique bien
précise.
Mais E. Deslongchamps a également figuré (5) en le
rapportant au M. hastifQr un groupe d'écaillés du
plastron dorsal en rapport avec 5 vertèbres, dont 2
appartiennent à la région cervicale et 3 à la région
dorsale. Ces figures ont certainement passé inaper-
{{) Lydekker, 0. G. S., XLV, 1889, p. 36. — M. Glangeal'd,
Op. cit., note , p 138, a fait coniiaUre la présence d'écaillés der-
miques cliez un Metrioi'hynchits des Gharentes.
(2) Parti, 1888, p. 101.
(3) In Lennier, Et. Géol. et Pal. emh. Semé, p. 54, pi. IX.
fig. 6.
(4) Mém. sur les Dinosauriens et Croc, du terr. jur. de Buu-
(ogne-sur-Mer, 18"'4, p. .33.
5) In Lennier, loc. cit., pi. X.
— 142 —
eues des auteurs qui ont signalé l'absence d'écaillés
dermiques chez Melriorhynchus. Il est vrai que le
texte du travail ne mentionne pas que cette pièce
fait partie du même individu que la tête figurée et il
a pu rester quelques doutes sur la légitimité de
rapporter ces vertèbres et ces écailles au genre
Metriorhijnchus, d'autant plus que la forme des
écailles , les dimensions et le nombre de leurs
fossettes présentent une certaine analogie avec celles
de Stenosaurus. Les caractères des vertèbres sont
cependant bien ceux des vertèbres de Metrio-
rhynclms et non de Steiiosam^us. Les faces laté-
rales sont moins concaves d'avant en arrière; le
diamètre vertical des faces antérieure et postérieure
est plus grand que le diamètre horizontal, la face
inférieure est régulièrement atténuée et arrondie^
et non aplatie; ce sont des caractères de Metrio-
rhynchus.
Par suite, la présence d'un système dermique chez
Metriorhynchus est incontestable, puisque 9 pla-
ques disposées en deux rangées et appartenant au
plastron dorsal, sont en rapport avec les vertèbres.
Il n'est pas douteux que ces plaques ne corres-
pondent aux vertèbres auxquelles elles sont associées.
Elles font partie de la région antérieure du bouclier
dorsal. E. Deslongchamps (1) a déjà appelé l'atten-
tion sur les différences que les plaques de cette
région présentent dans Metriorhynchm et Teleo-
saurus cadomensh Geolï. St-Hil. Chez celui-ci les
écailles antérieures n'ont aucune trace de carène ;
J Loc cit.. in Lknmek.
— 143 —
elle ne commence à apparaître que sur les écailles
postérieures de la région dorsale et elle est surtout
développée à la région caudale. Au contraire , dans
MetriorIi!//ichus les écailles qui correspondent aux 2
dernières cervicales et aux 3 premières dorsales ont
une carène assez accentuée comme celle des Groco-
diliens vivants.
Je n'ai trouvé aucune indication sur la disposition
des plaques dermiques chez Stenosaunia.
Nous possédons à la Faculté un bon moulage du
Stenosaurus Chapinanni Kônig MS, de Boll (Wur-
temberg), qui fait partie de la collection du Muséum
de Paris. Cet individu est vu par la face ventrale, de
sorte que les plaques du bouclier dorsal sont
cachées.
La face ventrale montre dans la région thoracique
la plus grande partie d'un bouclier constitué comme
celui de Teleosmirus et Pelagosaurus ^ c'est-à-dire
par des rangées transversales de petites plaques soli
dément engrenées, en forme de quadrilatère irrégu-
lier ; ces rangées sont au nombre de 6. Les parties
antérieure et postérieure de ce plastron manquent,
en sorte que nous ne pouvons voir s'il existe en
avant un petit bouclier comme dans Teleosaurus, et
si les rangées transversales sont formées de plus de
6 plaques en arrière.
La région caudale devait être protégée par 6 ran-
gées de plaques, 4 dorsales et 2 latérales. A la face
dorsale, on distingue très nettement du côté gauche
de l'échantillon, dans la région antérieure de la queue
une rangée externe de plaques, vues par leur face
interne, presque carrées, prolongées en avant à
— 144 —
leur angle externe ou près de leur angle externe
par une pointe assez forte. Par suite de la torsion
de la queue (les vertèbres montrent leur face infé-
rieure en avant, leur face gauche en arrière), un
certain nombre de plaques de la rangée dorsale
externe se montrent en arrière du côté gauche par
leur face extérieure ; ces plaques sont fortement
carénées d'avant en arrière, près de leur bord
externe, dans la direction de la pointe qui prolonge
leur angle antéro-externe. Ces plaques s'appuient en
dedans contre une rangée plus interne; il existait
donc à la face dorsale de la queue, de chaque côté,
une rangée de plaques dorsales externes et une
rangée de plaques dorsales internes. — Les faces
latérales de la région caudale sont protégées chacune
par une rangée de plaques; l'une d'elles est bien
visible sur une certaine longueur du côté droit:
elle est formée de petites plaques vues par leur face
externe, quadrilatères ou triangulaires, carénées.
La région thoracique présentait très probable-
ment du côté dorsal une quadruple rangée de pla-
ques comme la région caudale. Cette disposition me
semble indiquée sur un grand échantillon de Steno-
saurus Chapinanni de Whitby que nous possédons
à la Faculté et qui se présente dans la région thora-
cique par la face dorsale, mais les plaques sont trop
disloquées pour donner des renseignements même
approximatifs.
Quoi qu'il en soit, ce qui est connu de la dispo-
sition du système dermique montre des différences
très grandes avec Teleosaurus et Pelagosaiinis.
Dans ces deux genres le bouclier dorsal est formé
— 145 —
par deux rangées de plaques, dans toute sa lon-
gueur (1), tandis qu'il y en a certainement 6 dans
la région caudale de Stenosauriis et probablement 4
dans la région thoracique.
Les différences dans la forme des écailles, la dispo-
sition et la forme de leurs fossettes sont très marquées.
Dans Teleosaurus les plaques dorsales d'abord petites
et triangulaires dans la région cervicale s'allongent
transversalement dans la région thoracique ; vers le
milieu du thorax ces plaques sont grandes, transver-
salement allongées, épaisses, surtout du côté interne,
courbées dans le sens de leur largeur surtout vers
leur bord externe; le bord externe est arrondi, tran-
chant, le bord antérieur légèrement arqué; le bord
interne épais est coupé carrément et dentelé pour
s'engrener avec la plaque correspondante du côté
opposé ; la face supérieure est marquée de fossettes
arrondies, assez régulières, séparées par des espaces
relativement assez larges ; le bord antérieur, recou-
vert par la plaque antérieure est assez large, lisse.
Ces écailles ne présentent aucune trace de carène
dans la région thoracique. Cette carène n'apparaît
que dans la région lombaire pour se continuer sur
les plaques de la région caudale dont les dimensions
diminuent graduellement ; en même temps les pla-
ques changent de forme; elles deviennent losangi-
,v
(1) Voir J.-A. Eudes-Deslongchamps, Premier mémoire sur let
Téléosauriens (Mém. S. L. N.. Xni, 1864, p. 75). — E. Eudes-
Deslongchamps, Squelette et restauration du Teleosaurus Cado-
mensis (Bull. Soc. Linn. Norm., 2, II, 1868, p. 381, et Notes
paléont.. t. I, p. 140, pi. XI).
10
— 146 —
formes, etc., leur longueur l'emportant de plus en
plus sur leur largeur à mesure qu'on se rapproche
de l'extrémité de la queue; la carène devient propor-
tionnellement plus massive et l'angle antérieur est
prolongé par une petite pointe; elles s'écartent de la
ligne médiane et comme elles ne sont plus en contact
transversalement et longitudinalement le bord interne
devient tranchant et le talus du bord antérieur
s'efface.
Les plaques dorsales de Slenosmirus se distin-
guent de celles de Teleosaunis par la grandeur de
leurs fossettes, qui sont polygonales et séparées par
de très petits espaces. Les plaques que, par leur
taille et leur forme on peut considérer comme appar-
tenant au thorax sont minces, presque planes, à
peine courbées dans le sens transversal; le talus anté-
rieur recouvert par le bord postérieur de la plaque
précédente est très étroit ; le bord interne qui
s'articule avec la plaque opposée est également
mince et les crêtes verticales qui servent à l'engrè-
nement sont peu profondes. La plupart des plaques
que nous avons pu examiner {Stenosaurus Larteii 31,
Stén. de Quilly 21), présentent une carène ordinai-
rement très marquée, placée plus ou moins près du
bord externe et sont prolongées en avant- dans la
direction de cette carène par une pointe très mar-
quée. Le St. Chapmanni de Whitby que possède
la Faculté montre cependant deux écailles dorsales
thoraciques qui n'ont point cette carène ni cette
pointe ; elles paraissent appartenir aux rangées
internes du bouclier dorsal dans l'hypothèse où il
y aurait eu 4 rangées dorsales thoraciques.
- 147 —
Les plaques du bouclier ventral thoracique du
grand Struosairn/s de Quilly ne présentent pas dans
leur forme et dans la disposition de leur fossette de
différences avec celles de Teleosmiriis cadomensis.
En somme, la disposition et la forme des plaques
dermiques fournissent encore un bon caractère pour
séparer Stenosauriis et Teleosaurus.
— 148 —
NOTE
SUR
LA PATINE OU CACHOLONG DES SILEX
Par F. CHÉDEVILLE"
La couleur des silex de la craie est très variable ;
en général celle qui domine est le gris brun.
A la partie supérieure de l'étage Sénonien, les
silex sont d'un blond clair. A la partie moyenne ils
sont d'un gris-bleuàtre, parfois zônés. A la base ils
sont d'un gris brun.
Les silex de l'étage Turonien sont généralement
noirs^.
Ceux de l'étage Cénomanien sont généralement
noirs, mais ils ont une nuance mouchetée, mate
et terne , qui les distingue de ceux de l'étage
Turonien.
Toutes ces conditions permettent au préhistorien
géologue de reconnaître à première vue à quel étage
peuvent appartenir les silex taillés.
Et c'est un point très important, qui aide à se
rendre compte des divers rapports que pouvaient
avoir entre eux nos primitifs ancêtres.
* Travail lu ta la séance du 2(j juin 1896. — Epreuves corrigées
le 18 mars 1897.
— 149 —
Les silex conservent leurs couleurs tant qu'ils sont
enfermés dans le sol. Ce n'est qu'à la surface du sol
qu'ils se patinent.
Ceux que l'on rencontre, patines en blanc et en
rouge, dans les limons des versants, des plateaux,
ou dans les graviers, l'ont été avant d'être recou-
verts. C'est une preuve qu'ils ont séjourné long-
temps à la surface après avoir été taillés.
Le but de cette note est de faire part des remar-
ques que j'ai faites au sujet de la patine.
M. de Mortillet me paraît être le seul qui, jusqu'à
présent, en ait parlé; il dit ceci dans son Archéologie
préhistorique (1).
§ 8 — Patine. — La Patine est une altération de la surface
de la pierre.
« Le silex généralement blond ou Itrun passe au blanr porce-
laine pîir l'action de la chaleur, de la lumière, de l'iiumidité et
surtout de l'acide carlîonique
« Elle est le produit de la combustion des matières organiques
colorantes et soit de l'eau de composition, soit de la silice
hydratée soluble.
» En tout cas, il y a certainement un départ de matière.
« Par suite il se produit des -vides dans les pierres. Ces vides
donnent accès à des matières minérales, fer, manganèse, etc. La
patine se colore alors de diverses manières.
Ces explications de notre éminent maître montrent
dune façon générale comment se produit la patine
des silex taillés. Les actions atmosphériques en sont
les facteurs principaux. Mais la nature du silex et les
(1) Dk Mortillet, Le Préhistorique. Anliquilé de l'homme,
1883, p. 155.
— 150 —
éléments constitutifs des terrains sur la surface
desquels ils reposent entrent aussi pour beaucoup
dans le phénomène que nous étudions.
C'est ce que je vais essayer d'expliquer :
Les silex se patinent en blanc et en rouge. 11 y a
des teintes intermédiaires , mais ce sont généra-
lement ces deux couleurs qui dominent. Parfois ils
ne se patinent pas du tout.
Dans nos contrées normandes, voici ce que j'ai
constaté :
a) La patine est blanche lorsque le sol se
compose :
1° De calcaire grossier f^E'ocène mo^/e/ij. Orgeville,
plateaux de l'Eure, de l'Epte et de la Seine ;
2" De craie i Etai/es Sénonien et Tiironien);
'^' De limon calcarifère (Pliocène et Pléistocène).
Plateaux de l'Epte, Vexin français.
/;) La patine est rouge plus ou moins foncé ,
parfois tirant sur le jaune , lorsque le sol se
compose :
1'' D'argile à sables granitiques ( P/iocène?l Orge-
ville, plateaux entre l'Eure et la Seine ;
2° D'argile à silex (Eocène m/é?iew). Plaine du
Neubourg, pays d'Ouche ;
3° De graviers argileux (Pléistocène). Argiles à
silex déplacées par ravinement.
c) La patine est marbrée, c'est-à-dire que les silex
sont tachetés de patine blanche claire, lorsque le sol
se compose :
1° De hmons siliceux et un peu calcarifères
(Pliocène et Pléistocène). Limon des versants et des
— 151 —
plateaux. — Saint-Pierre-les-Elbeuf , Orgeville, Vexin
normand;
2'' De limons tourbeux , siliceux et calcarifères
(Vallée de VEpte).
d) La patine n'existe pas, c'est-à-dire que le silex
a conservé sa couleur primitive, tout en prenant
un certain luisant caractéristique, lorsque le sol se
compose :
1" De graviers siliceux, purs d'argile (P/m/ocè;?e).
Vallées de la Seine et de l'Eure, La Groix-Saint-
Leufroy, Pitres, Elbeuf, Saint-Aubin ;
2° De sables granitiques ou autres dépourvus
d'argile et de calcaire, c'est-à-dire entièrement sili-
ceux : Orgeville, Douains.
J'ai remarqué que les silex des élages Sénonien et
Turonien étaient mieux disposés à se patiner que
ceux de l'étage Génomanien.
Dans les départements du Galvados et de l'Orne,
dans leurs parties limitrophes du département de
l'Eure , ce sont surtout ces derniers qui ont été
employés à l'époque néolithique. Il en est de même
dans le département de l'Eure aux confins de ces
deux départements.
J'ai constaté qu'ils avaient conservé leur teinte
naturelle d, tandis que les éclats non taillés, de
l'étage Sénonien, épars sur le sol de l'argile à silex,
sont patines en rouge b.
De ce qui précède, il parait résulter :
1" Que la patine blanche tient à plusieurs causes :
actions atmosphériques et nature du silex; mais que
tout laisse supposer qu'elle ne se produirait pas si
le sol n'était pas calcaire ;
— 152 —
2" Que la patine rouge lient également aux mêmes
causes, mais quelle n'aurait pas lieu si le sol n'était
pas composé d'argile dans laquelle il existe une
assez grande quantité d'oxyde de fer ;
3° Que le silex ne se patine généralement pas,
malgré les actions atmosphériques et sa nature
spéciale, sur un sol dépourvu d'argile et de calcaire,
c'est-à-dire entièrement siliceux.
Pourquoi sa surface ne s'altère-t-elle pas à l'air
sur ces sortes de terrains ?
Il y a là un problème que je laisse le soin de
résoudre aux chimistes que cette étude pourrait
intéresser.
Quant à moi, j'ai cru utile de citer ces faits qui
peuvent être contrôlés par les géologues et les pré-
historiens.
Je me mets à leur disposition pour leur faire
constater mes remarques sur le terrain.
153
LEÇON D'OUVERTURE
DU
COURS DE GEOLOGIE
DE LA
FACULTÉ DES SCIENCES DE CAEN
DE Li'AIVIVÉE i 8»6-9^
Dans le remarquable discours qu'il a prononcé à
la séance de rentrée de l'Université de Caen, M. le
Recteur a insisté sur l'importance de la tournure
pratique que peuvent donner à leur enseignement
les professeurs de la Faculté des Sciences.
Dès le mois de juillet dernier, je m'étais préoccupé
des moyens de répondre à ce désir, notamment par
le choix du sujet du cours public de cette année.
Je saisis aujourd'hui l'occasion de faire connaître
un plan d'organisation de l'enseignement de la
géologie que je crois répondre au triple but que
nous nous proposons , faire progresser la haute
science, donner à nos candidats aux divers grades
universitaires l'instruction qu'ils viennent chercher
près de nous, faire enfin de nos laboratoires des
offices de renseignements pratiques, justifiant aux
yeux du grand public la nécessité des établissements
— 154 —
d'enseignement supérieur et les sacrifices qui sont
consentis pour eux.
La Géologie est une science éminemment régionale.
La Physique, les Mathématiques, en dehors des
applications réclamées par les exigences locales,
peuvent être enseignées de la même manière à
Bordeaux, à Lille ou à Nancy. La Géologie dont
l'enseignement se complète par des excursions sur
le terrain a besoin de s'adapter à la région où elle
puise les faits et les exemples que les auditeurs pour-
ront facilement vérifier eux-mêmes.
Peu de régions sont aussi propices que la nôtre à
l'étude de la géologie ainsi comprise. Le nombre et
la richesse fossilifère des assises , comprenant ,
presque sans lacunes, la totalité des grandes divisions
de l'écorce terrestre, la variété de leur faciès, le
développement des côtes, droites comme celles du Cal-
vados et de la Haute-Normandie, fortement découpées
comme celles de la Manche , bordées de falaises
qui donnent des coupes naturelles d'une grande
netteté , ou de dunes qui permettent , avec les
falaises, d'étudier les phénomènes maritimes actuels,
la multiplicité des affleurements , la netteté des
relations entre l'aspect superficiel et la nature du
sous-sol ont fait de la Normandie une terre classique
de la Géologie.
Achevai sur le Massif Breton dont les, assisses
primaires forment la presque totalité du département
de la Manche et une partie de ceux du Calvados et de
l'Orne, sur la bordure secondaire du Bassin de Paris
dont les assises jurassiques si développées dans les
départements de la Manche, du Calvados et de l'Orne
— 155 —
s'enfoncent sous les couches crétacées de la Haute-
Normandie, elle touche par le Vexin au massif ter-
tiaire dont Paris est le centre.
La régularité des assises secondaires et tertiaires
est des plus favorables à l'étude des superpositions,
tandis que les couches plissées et faillées du massif
ancien permettent l'étude des phénomène de dislo-
cation.
L'abondance des roches éruptives anciennes, la
netteté de leurs phénomènes de contact avec les
roches sédimentaires, qui ne présentent nulle part,
pour l'étude du métamorphisme par le granité, plus
de netteté qu'à Flamanville, permettent d'étudier
fructueusement Jes roches granitiques et porphyri-
ques et les modifications qu'elles ont produites sur
les terrains qu'elles ont traversés.
Quant à la richesse fossilifère des assises, elle ne
le cède pas à leur variété. Qu'il s'agisse des Grès de
May, des Calcaires de Néhou, du Lias du Bessin et
des environs de Gaen, de la Mâlière de May, de
l'Oolithe ferrugineuse de Bayeux, du Calcaire de
Gaen, des Calcaires de Langrune et de Pianville ou
des argiles calloviennes de l'Orne, des argiles des
Vaches-Noires, des sables de Glos, des argiles et
calcaires de la Hève, du calcaire à Baculites et des
faluns du Cotentin, partout les fossiles abondent
avec une variété et dans un état merveilleux de
conservation qui justifie leur réputation universelle.
Nulle part ailleurs en France, sauf dans le Lias
des environs d'Hirson et le Séqiianien du Bou-
lonnais , nous ne trouvons quelque chose de
comparable aux récifs liasiques de May et de Fon-
- 156 —
taine-ÉtoLipefour, aux sables de Glos et de Gorde-
bugle, les uns si riches en Gastéropodes qu'ils con-
tiennent à eux seuls presque autant d'espèces de ce
groupe qu'il en a été signalé dans le monde entier à
l'époque du Lias moyen, les autres dont le? fossiles
sont aussi bien conservés que ceux des meilleurs
gisements tertiaires.
On chercherait en vain aussi en France, sauf dans
le Lias de Vassy, le Jurassique du Boulonnais et de
l'Ain, des gisements de Reptiles et de Poissons sem-
blables à ceux des couches du Lias de la Gaine, du
calcaire de Gaen, des argiles et calcaires des Vaches-
Noires et du Havre. Peu de régions aussi pour-
raient fournir à l'écude d'un groupe fossile un
contingent d'espèces comparable à celui que je relève
dans un récent mémoire de M. Gossmann (1) sur
les Gastéropodes jurassiques de France : sur 120
espèces d'Opisthobranches signalées en France, 43,
soit plus du quart, se trouvent en Normandie; quel-
ques-uns et non des moins curieux, telles que les
Cojiact^on, ne sont connus, à une exception près,
que dans notre région.
Ge n'est donc pas aux géologues de profession qu'il
faut apprendre que Gaen est un véritable centre
géologique, que notre ville universitaire est très
bien outillée comme collections et bibliothèques pour
contribuer au développement des études géologiques
et paléontologiques, mais nous devons faire pénétrer
cette conviction dans l'esprit du grand public. Pour
^1) GossMAN?», Eludes sur les Gastropodes jurassiques, Mém.
Sor. Géol. Fr. Paléontologie, 1895.
— 157 —
cela il faut qu'il apprenne le chemin de nos labora-
toires et nous comptons l'y attirer en mettant une
partie de notre enseignement à sa portée, notam-
ment en lui montrant les côtés pratiques de la
géologie.
Il ne saurait être question d'un enseignement
technique appliqué à l'art des mines, à la captation
des sources, au forage des puits, à l'agriculture , à
la construction, nous devons nous contenter de faire
de la science pratique en donnant aux intéressés des
notions dont ils feront l'application.
C'est guidé par ces considérations que j'avais
choisi pour sujet de mon cours de cette année
I'Hydrologie, c'est-à-dire Vétiide des nappes aqui-
fères et des sources. A l'annonce de ce sujet, on s'est
étonné que de telles matières pussent être traitées
ici. Je ne retiens de cet étonnemenl que la preuve
qu'on ne sait pas combien est étendu le domaine de
la géologie. Il me paraît donc utile, dans cette leçon
d'ouverture, d'indiquer quelques-unes des applica-
tions dont cette science est susceptible.
L'art du mineur est certainement, au point de
vue économique tout au moins, celui qui tire le plus
de services de la géologie. Gela est tellement évident
et vérifié par l'expérience de chaque jour, qu'il ne
paraît pas nécessaire de s'y appesantir. Voici pour-
tant quelques exemples pris dans la région nor-
mande.
On est effrayé des sommes dépensées dans les
départements de la Manche, du Calvados et de l'Orne
pour y chercher du charbon. On dit souvent que
« tout ce gui brille n'est pas or »; on pourrait dire
— 158 —
tout aussi bien qu' « itne terre noire n'est pm forcé-
pient /'indice d'un gisement de houille. » Cepen-
dant combien se sont crus en droit de conclure de
la couleur du sol à la présence du combustible
minéral, et combien, partant de ce principe faux, de
recherches inutiles à la fin du siècle dernier et au
commencement de celui-ci.
Quelques notions de géologie élémentaire auraient
permis d'arrêter ces malencontreuses entreprises.
On savait déjà à cette époque que la houille se trouve
dans des couches caractérisées par certains fossiles
occupant un niveau bien déterminé dans l'échelle des
terrains. Les relations des couches fouillées avec les
couches avoisinantes, les fossiles que les unes et les
autres renfermaient, indiquaient d'une façon cer-
taine que l'on s'adressait à des terrains trop anciens
ou trop récents, et ce nest que trop tard que les
géologues, enfin consultés, déclaraient les recher-
ches inutiles.
Aujourd'hui , on est plus prudent. On comprend
qu'une reconnaissance préliminaire du sol, faite par
un géologue , est nécessaire avant d'entamer des
recherches et surtout d'accorder une concession.
Vous savez peut-être qu'un puits est en ce moment
creusé près de la gare de Lison pour la recherche de
la houille. Ce point n'a pas été choisi au hasard et
seulement à cause de sa proximité de la gare de
Lison ; c'est l'étude géologique du pays qui permet
de prévoir la continuité en ce point des anciens gise-
ments de Littry et du Plessis, et c'est au géologue
qu'il appartiendra de dire, à un moment donné, si
les travaux devront être continués ou arrêtés.
— 159 —
Faut-il vous rappeler encore que c'est à la Géologie
que les mines de ter du département du Calvados
doivent leur récent développement. Sans doute le
premier venu peut découvrir un affleurement de
minerai de fer, mais nul autre qu'un géologue ne
peut dire s'il s'agit d'une couche continue et quelle
est son allure, surtout quand, et c'est le cas dans
le Calvados, les affleurements sont masqués par des
couches plus récentes.
Vous n'ignorez pas aussi que des exploitations de
phosphate ont été récemment tentées dans la Manche.
L'une d'elles vient d'être arrêtée, et la Société qui
l'exploitait mise en liquidation. Nous avions ,
M. Lecornu et moi, dans une note sur ce gisement
du plateau d'Orglandes, indiqué, entre les lignes,
que ce gisement était dans des conditions d'exploi-
tation impossible si on voulait en tirer quelques
bénéfices , et les capitalistes qui ont jeté leur
argent dans cette entreprise auraient été suffisam-
ment avertis s'ils avaient pu, sans connaissances
géologiques approfondies, interpréter les conditions
du gisement.
Ils ont sans doute cru voir se renouveler les mer-
veilles de la Somme. L'histoire de la découverte des
phosphates de ce département est assez curieuse
pour que je vous en dise deux mots. On exploitait
depuis longtemps le phosphate à Orval comme terre
à briques, quand un géologue, M. Merle, reconnut la
nature de l'argile qui était ainsi gaspillée. De nou-
velles recherches, faites souvent par des ouvriers,
ont amené depuis la découverte de nombreux gise-
ments. Les conditions économiques de la région ont
— 160 —
été depuis lors à ce point changées, que la valeur de
certains champs est montée de quelques milliers de
francs à plusieurs centaines de mille francs, et que
l'expression d'héritières à phosphate fait pendant
dans la Somme à celle à' oncle d'Amérique.
Si l'on admet l'importance des études géologiques
pour l'art des mines, on s'accorde aussi à reconnaître
qu'elles ne sont pas inutiles à un ingénieur paur
construire une route ou un chemin de fer, creuser
un canal ou un port, établir les fondations d'un
pont. La Géologie fait l'objet d'un cours à l'Ecole des
Ponts-et-Chaussées, mais souvent les connaissances
des ingénieurs sont purement techniques et se
bornent à la connaissance des matériaux. Gela est
absolument insuffisant quand il s'agit d'établir un
projet de route et surtout de chemin de fer. Bien des
sondages préliminaires pourraient être économisés
par la lecture de la Garte Géologique. Souvent même
de gros déboires pourraient être évités. Tel est le
cas de cette ligne de chemin de fer dont parle
M. Gosselet, et qui fut sur le point d'être abandonnée,
après plusieurs millions dépensés dans le creuse-
ment de tranchées en plein granité, parce qu'on
n'avait pas prévu les difficultés d'établissement d'un
remblai dans une vallée à sol instable. G'est encore
une tranchée ouverte dans des marnes ébouleuses
qu'on n'avait pas prévues et dont le déblai jeté à la
traversée d'une vallée voisine s'affaisse sans cesse et
ne peut être maintenu à son niveau que par un
entretien constant; ou bien, en creusant une tranchée
dans des calcaires ou des schistes, on rencontrera
des bancs de grès ou de granité que l'étude des
- 161 —
abords du tracé aurait permis de prévoir et qui
occasionnent des difficultés et des dépenses plus
grandes que celles qu'on avait prévues. Enfin,
s'il s'agit de traverser en tunnel une colline formée
de couches argileuses imperméables, constituant un
niveau d'eau, et comprises entre deux couches dures
et solides, il pourra être utile de combiner la pente
du tunnel avec celle des couches pour s'éviter des
difficultés de construction , et des dangers pour
l'avenir. Seule la Géologie pourra indiquer quel
tracé il convient de donner au tunnel. Le cas s'est
précisément présenté pour le tunnel de la Motte,
près Lisieux.
Indépendamment de ces difficultés surmontées
grâce à la Géologie dans l'exécution des travaux ,
l'ingénieur pourra gagner beaucoup de temps s'il
peut prévoir à la lecture d'une carte géologique d'où
il tirera le ballast pour la voie, les matériaux de
construction pour les ouvrages d'art.
L'importance de la Géologie pour l'agriculture
ne saurait être méconnue. On l'a unanimement
répété, la carte agronomique doit avoir pour base
la carte géologique ; la culture n'est pas unique-
ment fonction du sol, elle est aussi fonction du sous-
sol. Telle région dont le sol est suffisamment épais
pour permettre les cultures superficielles ne vaudra
rien pour les plantes à racines profondes si le sous-
sol est formé de plaquettes horizontales, résistantes,
que les racines ne pourront traverser. Sur un tel sol
les arbres ne pourront croître ; la plaine de Gaen en
est la preuve. Comme en outre, dans presque toute
la Basse-Normandie, le sol est formé de la destruction
11
— 162 —
du sous-sol sur place, la composition de celui-ci
entraîne la composition de celui-là. Aussi voyons-
nous les paysans du Bocage, dont le sol est formé de
grès et de schistes, amender leurs terres en lui four-
nissant le calcaire qui lui fait défaut. L'introduction
du calcaire dans l'agriculture a été une des plus
grandes révolutions agricoles dans l'Ouest de la
France; grâce à lui, les départements de la Sarthe
et de la Mayenne ont vu leurs cultures complètement
modifiées. Le département de la Sarthe est particu-
lièrement remarquable à cet égard. Il ne doit certes
pas sa richesse à la fertilité de son sol, mais à une
culture méthodique qu'ont excitées les recherches
de Triger et Guillier, et qui ont conduit à l'établisse-
ment de la Carte géologique et agronomique de la
Sarthe, merveilleux travail dont on ne saurait trop
louer la perfection.
Si les améhorations apportées à la culture d'une
région peuvent produire certaines modifications dans
sa physionomie , il est des traits caractéristiques
qu'aucune cause humaine ne peut changer. Quoi-
qu'on fasse, la plaine de Gaen ne deviendra jamais
un pays d'herbages , le Pays-d'Auge un pays de
céréales. C'est que les anciens jpaijs que nos pères
avaient distingués avec tant de sagacité doivent leur
autonomie à toute autre chose qu'à des arrange-
ments conventionnels ; ils sont l'expression de
différences plus profondes que celles des races ou
des coutumes ; c'est dans la structure de leur sol
qu'il faut aller chercher leur origine.
Pourquoi, par exemple, le Pays-d'Auge est-il une
région de buttes séparées par des vallées profondes,
— 163 —
aux parois raides, couvertes de pâturages, aussi bien
sur les pentes que dans le thalweg des vallées ?
Pourquoi les habitatations construites en bois et en
pisé et couvertes en tuiles y sont-elles disséminées ?
Pourquoi les arbres sont-ils aussi nombreux ? —
Pourquoi , au contraire , la Campagne de Caen
forme-t-elle un plateau à peine ondulé, sans arbres,
où seuls les céréales, le colza, la betterave, soient et
puissent être l'objet d'une culture? Pourquoi les
habitations s'y groupent-elles en longs villages aux
murs de pierre blanche ?
La Géologie vous dira que le Pays-d'Auge est
formé d'argiles, que le sol est imperméable et s'y
prête par suite à toute hauteur à l'établissement de
pâturages, que la pierre de construction manque
dans le sol, que les sources se trouvant partout, les
habitations s'isolent au milieu des champs qui en
dépendent, à l'abri des vergers et des arbres de
clôtures. Elle vous dira qu'au contraire la plaine
de Caen est formée de calcaires en couches horizon-
tales, que ces calcaires ne laissent point passer les
racines des arbres, mais qu'ils sont assez perméables
pour que les eaux qui tombent à leur surface soient
absorbées, et au lieu de rester dans le sol forment
des nappes profondes, qu'enfin les habitations à qui
la pierre de construction ne manque plus se groupent
autour des puits qui vont atteindre la nappe d'eau
ou cherchent dans les rares vallées qui découpent la
plaine à la fois un abri et l'eau du ruisseau qui coule
parfois dans la vallée.
II y a 60 ans qu'Arcisse de Caumont l'a dit pour
la première fois : « la Géologie est nécessaire pour
— 164 —
connaître à fond la Géographie ; sans elle on ne
pourra bien distinguer les régions naturelles qui
forment des divisions et subdivisions bien plus
rationnelles que les divisions politiques qui changent
avec les siècles et ne sont basées que sur le caprice. »
Il faut le dire à l'actif d'une science qui est
sacrifiée dans les programmes de l'enseignement
supérieur et de l'enseignement secondaire ; ce sont
les géologues qui ont les premiers posé les bases de
la Géographie rationnelle. Le seul traité de Géogra-
phie physique qui existe en France est l'œuvre d'un
géologue; c'est à des géologues que sont dues les
seules descriptions des anciens pays de la France.
Il n'est pas de questions de Géographie physique
qui ne demandent une connaissance préalable de
la Géologie.
Ceux de vous qui ont feuilleté d'anciens Atlas, il
n'est pas nécessaire qu'ils soient très anciens, ont
pu voir le bassin hydrographique de la Loire séparé
du bassin hydrographique de la Seine à la hauteur
d'Orléans par une de ces hideuses chenilles qui ser-
vaient à indiquer les montagnes ; les collines de
rOrléanais^ cominê on disait, faisant partie de la
chaîne de partage des eaux, prenaient ainsi sur la
carte une importance égale à celle des Vosges et du
Jura. Or, si on se reporte à la carte hypsométrique,
on est tout étonné de constater qu'il n'y a là qu'un
plateau, d'où partent en sens inverse les eaux qui
vont vers la Loire, et celles qui se dirigent vers la
Seine. La constitution géologique de la région indique
qu'il ne peut en être autrement. Bassin hydrogra-
phique de la Loire, bassin hydrographique de la
— 165 —
Seine forment un même bassin géologique, le bassin
de Paris , qui a conservé son autonomie jusqu'au
milieu de l'époque tertiaire ; c'est seulement alors
que le grand lac de Beauce, dont les sédiments for-
ment le plateau de l'Orléanais, se déversant dans la
vallée actuelle de la Loire a interrompu la con-
tinuité.
En revanche, tandis que le bassin géologique qu'on
appelle le bassin de Paris est limité du côté de l'Est
par les Vosges et J'Ardenne, que la pente naturelle
des couches aurait du amener les eaux de ces deux
massifs vers le bassin hydrographique de la Seine,
la limite de celui-ci est plus interne. Deux cours
d'eau importants,' la Meuse et la Moselle, coulant
sur la ceinture jurassique , traversent le massif
ancien de l'Ardenne, pourtant beaucoup plus résis-
tant que la barrière crétacée de l'Argonne et de
la Champagne humide, pour se rendre dans la mer
du Nord. Seule la .Géologie peut donner l'expli-
cation de ce paradoxe géographique. Elle nous
apprend que sur le plateau de Rocroy il existe
des lambeaux de sables tertiaires marins, que par
suite l'Ardenne formait à l'époque de leur dépôt
une région déprimée au voisinage de l'ancienne
mer dans laquelle la Meuse tertiaire trouvait son
écoulement. Le relèvement qui a asséché le bassin
de Paris a affecté le bord de l'Ardenne, et les eaux
de ra,ncienne Meuse profitant des cassures, sont peu
à peu descendues dans les profondeurs du thalweg
actuel.
Pour revenir à la Normandie, la Géologie seule
peut expliquer Tallure des cours d'eau du Calvados
— 166 —
et de rOrne. Quand on examine une carte géologique
de ces deux départements, on est frappé de voir que
les vallées secondaires sont parallèles aux crêtes ,
tandis que les vallées principales les traversent.
L'explication doit en être cherchée dans la lecture
de la carte géologique. On voit alors que les vallées
principales sont perpendiculaires à la ligne de
base du plan qui représente la surface du sol qui
s'émergeait, que les cours d'eau du réseau originel
gagnant la mer par le chemin le plus court ont
rencontré transversalement à leur route les roches
résistantes qui constituent aujourd'hui les crêtes,
qu'elles ont profité pour les traverser de cas^sures
anciennes, souvent accompagnées de rejets, et que
leur effort s'est employé à déblayer ces cassures dans
le sens vertical ; les cours d'eau du réseau secon-
dai e, en raison du moindre débit de leurs eaux
n'ont pu entreprendre le même travail; ils se sont
bornés à creuser peu à peu les couches tendres qui
séparent les bandes de grès et à rejoindre ainsi les
troncs du réseau originel.
Je crois avoir assez insisté sur les services que la
géologie rend à la géographie, mais il est d'autres
sciences d'un caractère plus pratique qui peuvent
tirer leur profit des indications qu'elle leur fournit,
ce sont Vhydrologie et V hygiène.
A proprement parler , Vhydrologie n'est qu'une
branche de la géologie. Déterminer le mode de pré-
cipitation des eaux atmosphériques , c'est de la
météorologie, mais étudier ce qu'elles deviennent
quand elles sont parvenues à la surface du sol ,
quelles actions elles y produisent, comment elles
— 167 —
pénètrent dans ses profondeurs, comment elles s'y
emmagasinent, quelles modifications elles peuvent
subir dans leur trajet souterrain , cela ressort du
domaine de la géologie.
Cette branche de la géologie acquiert une impor-
tance toute nouvelle depuis que les villes ont compris
la nécessité d'une bonne alimentation en eaux pota-
bles. Qu'il s'agisse d'aller chercher une nappe arté-
sienne, ou de capter des sources se déversant à
l'air libre, une étude géologique préalable s'impose.
S'il s'agit de puits, c'est au géologue d'indiquer la
possibilité de la rencontre d'une nappe, la profon-
deur à laquelle elle sera rencontrée, le volume pro-
bable des eaux qu'elle pourra fournir. S'il s'agit de
sources, il importera d'examiner comment elles sont
alimentées, quelle est l'importance des précipita-
tions atmosphériques dans leur bassin d'alimen-
tation, quelle est la nature du sol de ce bassin. Se
passer de semblables études préliminaires c'est
courir le risque de déboires sérieux.
Quant à l'hygiène, elle est intéressée à ne pas
se passer du concours de la géologie. « Lorsque
l'on doit établir un cimetière, il importe de con-
naître la nature géologique du terrain. Si une
couche imperméable se trouve à peu de profondeur,
elle retiendra les eaux pluviales et les fosses seront
noyées pendant l'hiver ; on comprend l'émotion
des populations quand elles s'aperçoivent que les
corps de leurs chers défunts sont dans l'eau. Encore
ne savent-elles pas que la plupart de ces corps vont
se transformer en une hideuse masse de graisse dont
la décomposition ne se fera qu'avec une extrême
— 168 —
lenteur (1). » Je pourrais citer une grande ville de
Normandie dont un des cimetières se trouve dans
ces conditions; les exhumations y retrouvent au
bout de 20 ans les cadavres momifiés.
J'emprunte encore à M. Gosselet un exemple
bien propre à montrer que les hygiénistes doivent
demander le concours de la géologie. « Armen-
tières est traversé par la Lys dont les alluvions
modernes occupent une largeur d'environ un kilo-
mètre. La: vallée n'a que 2 à 5 mètres de profon-
deur; elle est creusée dans une vaste plaine de
limon, ayant 6 à 8 mètres d'épaisseur. Sur un seul
point du territoire, le manteau de limon n'a qu'un
mètre, et en dessous se trouve l'argile constituant
un terrain imperméable ; c'est sur ce point imper-
méable, unique dans la commune, large à peine de
4 ou 5 hectares, que l'on a été établir le cimetière
d'ane ville de 30,000 habitants? Sauf dans les
moments de grande sécheresse , les fosses sont
noyées; on enterre dans l'eau. Lorsqu'on a ouvert
ce cimetière, il y a 20 ans, la Carte géologique
était déjà publiée ; elle indiquait le fait, elle l'exagé-
rait même. On ne l'a pas consultée ou on ne l'a pas
comprise. Cependant , le Conseil d'hygiène a dû
donner son avis. Rien ne montre mieux combien il
est nécessaire que ceux qui veillent à la salubrité
possèdent quelques notions de géologie et soient en
état de lire une carte géologique (1). »
(1) J. Gosselet, Ann. Soc. Géol. Nord, XXIII, 1895, p. 21.
(2) J. Gosselet, Ann. Soc. Géol, Nord. XXIII, 1895, p. 139.
— 169 —
. Inversement, les terrains choisis pour un cime-
tière peuvent être secs, perméables, et les eaux qui
filtrent au travers vont grossir la nappe aquifère où
s'alimentent les puits des environs.
. Tout travail d'assainissement doit être précédé
d'une étude géologique.
M. Lennier a préconisé l'établissement de Cartes
géologiques à grande échelle du sol des villes.
L'exemple du Havre montre quelle est l'importance
de la connaissance du sol pour expliquer la répar-
tition des épidémies.
Le Havre est bâti en partie sur une plaine d'allu-
vions, déposées à l'abri d'un cordon littoral qui
s'étend parallèlement au rivage actuel depuis la
côte de Sainte-Adresse jusqu'au chenal dp Havre, en
partie sur le versant connu sous le nom de Côte. La
Cote est habitée par une population au moins aisée ,
en tous cas peu dense; elle semble par sa situation
devoir être très saine ; le quartier du Perrey, bâti
sur le cordon littoral est au contraire occupé par
une population ouvrière , entassée dans des cons-
tructions où l'on n'avait nul souci de l'hygiène :
ce quartier semble donc destiné à devenir un foyer
épidémique. C'est tout le contraire : si l'on con-
sulte les cartes du service municipaî d'hygiène du
Havre, sur lesquelles est pointée la répartition de
cas épidémiques, on est tout étonné de constater
que le quartier du Perrey présente moins de
cas que le quartier de la Côte. Cette anomalie
s'explique par la constitution géologique, comme
l'a montré M. Lennier. Le sol du quartier du.
Perrey, formé de galets, est lavé à chaque marée,
— 170 —
et ce lavage est facilité par le peu de profondeur
des fondations. Quant à la Côte , c'est un vaste
talus d'éboulement dans lequel les eaux contami-
nées par de nombreux bétoires ne subissent aucun
filtrage et descendent peu à peu vers les bas quartiers;
arrêtées par les fondations, elles y créent de nom-
breux foyers épidémiques. Il suffit de la construc-
tion d'un égout pour arrêter ces eaux et faire naître
des cas de fièvre typhoïde en amont, le long de
l'égout.
On comprend de quelle utilité a été la Carte géolo-
gique du sol du Havre dressée par M. Lennier (1).
Est-il nécessaire de dire qu'un pareil travail devrait
être entrepris par toutes les villes et en particulier
celle de Caen (2).
'^tiand une épidémie de fièvre typhoïde éclate à
Câen, on ne manque pas d'incriminer les Odons. Il
semble en effet que les cas se répartissent autour de
ces canaux, mais est-on absolument certain que les
Odons eux-mêmes soient la cause de cette répar-
tition ? N'y a-t-il pas plutôt une relation avec la
(1) On trouvera cette carte du sol du Havre dans Bull. Soc.
Géol. No7'm., t. XV, et dans le Rapport du service municipal
d'hygiène du Havre, IS80-I8S9.
Une notice de M. le D' Gibert , U?ie épidémie de fièvre typhoïde
au Havre (Revue d'hygiène et de police sanitaire, 20 sept. 1881;,
donne d'intéressants détails sur les relations des foyers épidé-
miques avec la constitution du sous-sol.
(2) L'Association française pour l'avancement des sciences, lors
du Congrès de Caen, a adopté comme vœu de section sur la pro-
position de M. Lennier, le vœu qu'il soit établi une carte géologique
à grande échelle du sol des villes. Ce vœu a été renouvelé par le
Congrès des Assises de Caumont tenu à Rouen en 1896.
— 171 —
nature du sol ? On me parlait, il y a quelques jours,
de cas de fièvre typhoïde se déclarant rue de Geôle,
en dehors de la région des Odons, frappant 5 per-
sonnes qui ne boivent que de l'eau de Moulines, qui,
il faut le dire bien haut, est excellente. Il y a donc
autre chose qu'une contamination par l'eau.
Il serait nécessaire de pointer sur un plan de
Caen, la répartition des cas de chaque épidémie, de
voir quelles relations cette répartition présente avec
la nature du sol , suffisamment connue par les
fondations, les travaux de canalisation, les forages
de puits et qui le serait encore mieux si la Ville
voulait se prêter à l'établissement d'une carte géolo-
gique à grande échelle, sans qu'il lui en coûtât rien,
que la peine de faire prévenir un géologue des
travaux qui peuvent entamer le sol dans l'étendue
de son territoire.
Par ces exemples que l'on pourrait multiplier à
l'infini, vous avez pu voir que la Géologie n'est pas
une science de luxe, dont on puisse faire bon marché
à une époque où l'on veut être avant tout pratique.
Sans doute en se plaçant au point de vue spécu-
latif, la géologie, qui est l'histoire de la formation de
notre globe, qui nous apprend l'ordre de succession
des êtres qui se sont transformés peu à peu pour
donner les flores et les faunes actuelles, qui fournit
aux zoologistes et aux botanistes les maillons d'une
chaîne dont la nature actuelle n'a plus que des
tronçons, mérite d'avoir sa place dans le bagage
d'un homme instruit. A-t-elle cependant dans l'en-
seignement la place qu'elle mérite ! Assurément non.
Elle n'est plus au Lycée que l'objet d'un cours de
— 172 —
leçons de choses sur les pierres et les terrains, fait à
des élèves de cinquième que leur âge ne prépare
pas à en tirer profit.
Futurs étudiants des Facultés des Lettres ou de
Droit, futurs étudiants de la Faculté de Médecine ,
quelles bases ces leçons de choses leur donneront-elles
pour comprendre ces lois de l'évolution qui s'appli-
quent aussi bien à la science du droit et de l'histoire
qu'aux sciences naturelles ? Quelle préparation
donnent-elles en particulier aux futurs géographes
qui, vous V'^":??. vu, ne peuvent se passer de la
géologie.
Quant aux étudiants du certificat P. C. N., qui
sont pour la plupart de futurs médecins, la géologie
ne figure pas dans leur programme d'études et l'on
se borne à quelques indications sur l'origine de la
houille , la succession des faunes et des flores
anciennes. Ne faut-il pas s'attendre dès lors à les
voir dans les conseils d'hygiène, dont plusieurs
feront un jour partie, méconnaître l'importance d'une
science qu'ils n'ont jamais étudiée.
Nous avons demandé que des notions choisies de
géologie soient ajoutées au programme du certificat,
et en attendant, que ceux des sujets de ce programme
qui ont trait à la paléontologie soient bénévolement
traités par le professeur de géologie aux futurs
médecins qui suivent l'enseignemenl de la Faculté
des Sciences.
Pour les candidats à la licence, la faculté d'op-
tion entre trois certificats quelconques pour l'obten-
tion du grade sera encore fatale à la fréquentation
de nos cours. (Jleux des étudiants du certificat
— 173 —
P. G. N. qui voudront devenir licenciés, auront
avantage à prendre trois des certificats de piiysique,
chimie, zoologie et botanique pour lesquels l'année
d'étude qu'ils auront faite à la Faculté les aura
déjà préparés.
Nous sommes donc menacés de voir l'enseigne-
ment de la géologie réduit à l'instruction des futurs
professeurs pour qui la licence ès-sciences natu-
relles résultera de la possession de 3 certificats de
sciences naturelles. Et encore dans le nombre
combien en restera-t-il qui auront pris à la géologie
assez d'intérêt pour en faire leur science de prédi-
lection ?
Il est donc certain que le recrutement des géolo-
gues va devenir de plus difficile, si, à côté de ceux
qui sont géologues par métier, nous ne parvenons à
grouper des collaborateurs bénévoles.
Le travail que nous avons à fournir est colossal,
comme vous pouvez en juger par l'exposé du pro-
gramme d'enseignement de la géologie et d'un pro-
gramme de recherches, tant pratiques que purement
scientifiques, qu'il reste à accomplir en Basse-Nor-
mandie.
Nous devons faire deux parts dans notre pro-
gramme d'enseignement.
La première s'adresse aux candidats aux grades
universitaires. A ceux-là il importe de donner une
haute culture scientifique, de faire pour eux de la
science pour la science. Mais tout en leur donnant
des notions générales de géologie, de pétrographie et
de paléontologie, nous ne perdrons pas de vue que
l'enseignement doit être régional, que les roches
— 174 —
éruptives, les terrains sédimentaires de Normandie,
les fossiles qui s'y rencontrent doivent être surtout
l'objet d'une étude approfondie. Grâce à la variété
des assises, à leur richesse fossilifère, il est très facile
de concilier ces deux exigences sans que l'instruction
générale en pâtisse.
Les futurs géographes ne seront pas oubliés ; soit
qu'il s'agisse de l'étude des phénomènes actuels, ou
de celle des régions naturelles, ils trouveront ici un
enseigneiViCiii dont ils pourront profiter.
La seconde partie du programme s'adresse à ceux
qui viennent chercher chez nous un enseignement
pratique. Pour ceux-là nous examinerons successi-
vement les rapports de la géologie avec l'agriculture,
l'hydrologie, l'hygiène , nous étudierons les subs-
tances minérales utiles de la Normandie. Ces matières
feront l'objet des cours publics de l'hiver.
Peu à peu nous réunirons au Laboratoire une série
de documents qui pourront être consultés avec fruit
par ceux qui comprendront les applications qu'on
peut tirer de la géologie.
Le rôle du professeur de géologie ne se borne pas
seulement, en effet, à une besogne didactique; il doit
en outre récolter et conserver les documents de toute
nature qui peuvent intéresser le géologue.
Ces documents sont de deux sortes , les uns réels,
les autres écrits.
Déjà nous avons constitué pour l'instruction de
nos élèves une collection pétrographique et strati-
graphique générale dont l'organisation a été un de
nos premiers soins. Cette collection d'études sera
complétée par une collection paléontologique gêné-
— 175 —
raie en formation, comprenant surtout les pièces de
nos riches collections qui ne proviennent pas de la
région normande. Destinée à être mise sous les yeux
du public, elle lui montrera la variété des formes
fossiles, leurs différences avec les formes actuelles.
Il n'est pas possible que devant les belles séries de
Poissons de Girin , de Reptiles de Whitby et de
Boll, de Mammifères de Pikermi et de la Grive
Saint-Alban, des Tatous gigantesques des Pampas, le
public n'arrive pas à comprendre l'intérêt des études
paléontologiques.
Enfin, une dernière collection d'études, relative
aux phénomènes actuels, va être prochainement
entreprise.
Quant aux collections régionales, elles font l'objet
de tous nos soins. Pour le pubhc comme pour les
savants qui viennent visiter notre Musée, il importe
de mettre bien en vue les séries fournies par notre
région. Aussi , ont-elles été classées , les petits
échantillons collés sur carton , les gros montés
sur socle. La salle des terrains primaires et juras-
siques inférieurs , aujourd'hui prête , renferme
exposés plus de 1,500 cartons contenant plus de
5,000 échantillons et plus de 250 pièces montées
sur socle, provenant tous des départements de la
Manche, du Calvados et de l'Orne. Des échantillons
plus nombreux encore sont classés dans les tiroirs
de cette salle.
Telles quelles , ces séries de terrains primaires
et du jurassique inférieur forment déjà un bel
ensemble, mais qui s'augmente tous les jours. Depuis
le mois d'avril 1890, nous y avons fait entrer plus
— 176 —
de 3,000 échantillons, dont 1,557, collés sur 460
cartons sont exposés.
Le classement des séries du jurassique supérieur,
du crétacé et du tertiaire est en bonne voie. Les deux
dernières séries, trop peu complètes seront déve-
loppées par des fouilles dans le Gotentin et des
recherches dans la Haute-Normandie.
La créat'on d'une collection des substances miné-
rales utiles de la Normandie s'impose comme com-
plément de l'enseignement pratique que nous
cherchons à organiser. M. de Magneville, ancien
directeur du Cabinet d'histoire naturelle de la ville
de Gaen, s'en était déjà préoccupé. Il avait notam-
ment rassemblé une collection d'échantillons de
matériaux de construction du Calvados, mais cette
série a beaucoup souffert dans les nombreux démé-
nagements du Musée, les étiquettes sont perdues,
le travail par conséquent à refaire.
Restent les documents écrits. L'idéal serait de
rassembler au Laboratoire tous les ouvrages néces-
saires à l'étude de nos richesses paléontologiques,
les travaux spéciaux à la région , les cartes géolo-
giques anciennes ou récentes de la Normandie. Une
telle entreprise est actuellement impossible pour
divers motifs dont le principal est l'interdiction
pour les laboratoires de posséder une Bibliothèque
particulière.
Mais avec quelques difficultés nous sommes admi-
rablement outillés. La Bibliothèque universitaire, la
Bibliothèque municipale, celle de la Société Lin-
néenne de Normandie , la Bibliothèque Deslong-
champs et ma Bibliothèque personnelle que j'ai
— 177 ~
mises l'une et l'autre à la disposition des travail-
leurs, renferment la plupart des ouvrages dont nous
avons besoin.
Si du côté des livres nous sommes arrêtés par
dos difticultés d'exécution, nous avons toute liberté
pour créer au laboratoire ce que nous pouvons
appeler des Archives normandes de géologie et
paléontologie.
Ce sont d'abord tous les renseignements relatifs
aux fossiles trouvés en Normandie. Ce travail est
presque achevé. Deslongchamps a eu la patience
de réunir Sous forme de fiches toutes les indications
bibliographiques relatives à ces fossiles ; 38 cartons
renferment , accompagnées de dessins , toutes ces
indications. C'est notamment l'histoi'ique , avec
dessins grandeur naturelle des pièces recueillies,
de toutes les découvertes de Reptiles faites dans
le Calvados ; ce sont aussi les dessins originaux des
Mémoires d'E. Deslongchamps et un grand nombre
de dessins inédits de formes non encore décrites
aujourd'hui.
Ces travaux se compléteront par des fiches biblio-
graphiques des différents travaux auxquels a donné
lieu la Géologie normande et qui suppléeront en
partie à l'absence d'une Bibliothèque contenant les
ouvrages eux-mêmes.
A côté de ces documents purement scientifiques ,
d'autres prendront place qui auront un caractère
plus pratique.
Ce seront les relevés des coupes, plans, fournis
par les sondages, travaux de carrières, tranchées de
chemin de fer, recherches et exploitations de mines,
12
— 178 —
analyses de substances minérales utiles, résultats
d'essais de matériaux. Il n'est pas besoin d'insister
sur l'utilité de la centralisation de documents épars
dans les archives locales des ponls-et-chaussées et
des mines , du service vicinal , des architectes
municipaux , des entrepreneurs de forages de
puits. ' ~
(Kant aux recherches qu'il reste à taire en Nor-
mandie, elles sont nombreuses. Pour les limites des
terrains, il ne reste que des questions de détail, la
carte géologique de la Sarthe, celle de la Normandie
étant terminées.
Mais beaucoup de questions de stratigraphie
restent à étudier. Y a-t-il par exemple réellement
concordance entre les ditïérents mouvements qui ont
atïecté les assises? Les plis tertiaires viennent-ils
véritablement se superposer aux plis secondaires,
ceux-ci ne sont-lis que les plis primaires qui ont
joué de nouveau sur les mêmes emplacements ? Seule
une révision de contacts, l'analyse de leurs alti-
tudes respectives permettront de tracer pour chaque
période la courbe réelle de la base de chaque
assise et de démontrer d'une façon définitive la
'réalité des conclusions dé MM. Marcel Bertrand ,
Dollfus et Lecornu.
Dans une région qu'on pourrait croire suffisam-
ment étudiée, aux portes de Gaen, les récentes études
de MM. Munier-Ghalmas et Brasil nous ont récem-
ment révélé une richesse d'assises qui n'étaient
que soupçonnées. Près de la belle localité de Glos,
ce n'est que tout récemment que nous avons connu
la riche faune de Gordebugle.
— 179 —
L'étude des faunes est presque entièrement à
taire ; nous ne connaissons certainement pas la
centième partie des richesses que renferment nos
collections géologiques.
C'est dire que si les géologues étaient assez nom-
breux pour reprendre coin par coin l'étude de
la Normandie, pour s'atteler à décrire nos beaux
fossiles, ils nous révéleraient bien des surprises.
D'autres travaux appelleraient encore leur atten-
tion. Si la carte géologique et agronomique de la
Sarthe est faite depuis longtemps, seul des dépar-
tements de !a Normandie le département de l'Orne
s'est inquiété de la confection d'une carte agrono-
mique, entreprise dans les cantons d'Alençon et de
Sées.
Il est indispensable que les autres départements
entrent dans cette voie.
Je vous ai dit que la carte agronomique devait
avoir pour base la carte géologique, mais pour qu'elle
ait quelque valeur, il faut qu'elle remplisse cer-
taines conditions que ne réalise pas la carte géolo-
gique, faite à un tout autre point de vue.
En premier lieu, à l'échelle au moM' O" *^^o^t subs-
tituer une échelle beaucoup plus grande, le jowô o"
le Yôhû) ^^^ moins pour que les parcelles puissent y
être distinguées. — Il ne faudrait pas croire qu'il
suffira de grandir simplement la carte géologique à
l'échelle adoptée. Il est presque impossible, dans la
pratique, avec les moyens dont on dispose pour l'éta-
blissement de la carte géologique, de tixer d'une
façon absolue la limite de deux formations; une
erreur d'approximation de 1/2 millimètre qui n'est
— 180 —
rien sur une carte au j^^ deviendra une erreur de
5 mili.au tooôô ^t correspondra à une bande de 500"',
ce qui, dans la pratique, peut avoir des inconvénients.
— En outre, la carte géologique s'occupe exclusive-
UT^nt des limites de formations en place, négligeant
les éboulis qu'elles ont pu donner sur les pentes, et
si ces éboulis sont assez abondants pour masquer le
sol qu'elles recouvrent, la carte agronomique devra
en tenir compte parce qu'ils peuvent modifier du
tout au tout les conditions physiques et chimiques du
sol. Inversement, deux assises séparées sur la carte
géologique, parce qu'elles ont une importance stra-
tigraphique, peuvent être réunies sur la carte agro-
nomique si leurs caractères physiques et chimiques
sont identiques, si elles jouent par, suite le même
rôle au point de vue agricole. — Enfin , on con-
sidère en général la couche superficielle qui n'a
pas d'importance géologique comme une quantité
négligeable, mais elle peut avoir une grande impor-
tance agricole si son épaisseur est suffisante.
Aussi, avant l'établissement d'une carte agrono-
mique , une révision de la carte géologique est
indispensable ; elle doit être suivie de prélèvements
d'échantillons de sol intelligemment faits qui per-
mettent de juger des propriétés physiques et chi-
miques de la couche arable, et par suite d'indiquer
quels amendements il est nécessaire de lui fournir,
quelles sont les substances dont on doit l'enrichir.
L'étude hydrologique de notre région est entière-
ment à faire. Quelques grandes villes seules, telles
que le Havre et jusqu'à un certain point Gaen, con-
naissent le régime des eaux qu'elles emploient ou
— 181 —
peuvent employer. Mais en dehors du voisinage
immédiat de ces grandes agglomérations , nous
n'avons pour ainsi dire pas de renseignements sur
Tallure des nappes souterraines, les conditions de
leur alimentation, le régime des sources.
Voilà un bien vaste programme de recherches. Il
est trop étendu pour les quelques géologues qui
existent aujourd'hui en Normandie et il faut pour
le faire aboutir que leur nombre s'accroisse par le
concours de nouveaux collaborateurs.
12 *
TABLE DES MATIÈRES
Composition du Bureau de la Société pour l'année
1896 III
Liste générale des membres de la Société au 15
janvier 1897 v
Liste des Sociétés savantes avec lesquelles la
Société fait des échanges de publications, . , XV
Table des Communications par noms d'Auteurs
Bigot (A.). Embryon des Pseadonej'imea, p. XXXI. —
Abondance de la Belette Vison dans l'Ille-
et-Vilaine, p. xxxviii. — Atlas et axis
des Grocodiliens et Téléosauriens ,
p. LU. — Oppidum de la Brèche-au-
Diable, p. Liv. — Compte-rendu de la
réunion générale annuelle à Louviers,
p. LVi. — Observations à propos du.
Mézïioire de M. Fliche sur la Flore
crétacée de l'Argonne , p. lxxx. —
— 184 —
Bigot (A.). Notes sur la géologie du département de la
Sarthe,'p. XCV. — Catalogue des Sélaciens
jurassiques du Calvados et de l'Orne,
p. 7. — Rapport sur les progrès des
, Sciences géologiques en Basse-Nor-
mandie, de 1875. à 1895, p. 90. — Notes
sur les Reptiles jurassiques de Basse-
Normandie (2" article) : comparaison de
quelques pai'ties du squelette de Sieno-
saiiriis, Metriorlnjnclnis. l'eleosauvas, etc. ,
p. 123. — Leçon d'ouverture du cours de
Géologie de la Faculté des Sciences, de
l'année 1896-97, p. 153.
Brasii. (Ij.). Note sur le Callovien supérieur des
falaises de Dives à Villers-sur-Mer ,
p. XXXV et 3. ■ — Sur les Cosmoceras du
Callovien supérieur de Dives à Villers-
sur-Mer, p. XXXV. — Sur la présence
du genre Gundryccras dans le Campa-
nien supérieur du Cotentin, p. LXXIX
et 87. — Présentation de deux Ache-
rontia atropos, p. LXXIX.
Ghédeville. Note sur la patine des silex ou Cac/io-
/o«^', p. LXV et 148.
Chevalier. Eglantier à fleurs doubles, p. xxxi. —
Prétendus alignements mégalithiques du
Passais, p. lv. — Plantes rares ou peu
communes observées pendant l'excursion
géologique de la Société Linnéenne de
Normandie, p. LXXIV.
— 185 —
CossMANN. Etude sur les Gastropodes des terrains
jurassiques (Analysé par M. Bigol) ,
p. XLV. — Mollusques éocéniques de la
Ijoire-liiférieure (id.), p. XL[X.
Eudes-Dkslongchamps. Histoire d'une vocation. —
Découverte du prenii(;r individu du
Teleosaurua Cadoinensis ( Manuscrit
inédit , communiqué par M. Bigol) ,
p. 2').
Drouet. Observations d'histoire naturelle faites
en Tunisie et en Algérie, p. XCVI.
F'auvkl (P.). Annélides recueill. à Cabourg,p. XXXVIII.
— Rhopaliirà parasite de ÏAinphicteis
(iunncri, p. LU. — Note sur les diffé-
rences anatomiques des genres Ampha-
rete et Ainphicleis, p. LXXIX et 69.
Fliche. Etude sur la Flore fossile dé TArgonne
(Analyse par M. Lignier), p. LXXX.
GuÉiuN (Cil.). Implantation de Gui sur Gui, p. xxxvii.
GuTTiN (abbé). Etude sur le lîosa fa'tida Bast., de
Saint-Didier-des-Bois, p. LXiv et 14. —
Compte-rendu des excursions botani-
ques de la Société autour de Louviers
cl des Andelys, p. LXVl
IsoAitD. Liste de plantes rares recueillies dans ses
herborisations, p. XCIII.
— 186 —
JouAN. A propos de la Flore de la Polynésie
française de M. Drake del Gastillo ,
p. LXiv et 61.
Joyeux-Laffuie. Notice scientifique sur Frédéric
Berjot, p. LX.
Leboucher. Champignons observés aux environs
d'Alençon. p. xciv.
Légek. Effets de la bourrasque de septembre
sur la végétation, p. LXXXVI.
Letacq (abbé). Additions et modifications à la Faune
des vertébrés de l'Orne, p. xcill et 79.
LiGNiER. Observations à propos de la communi-
cation de M. Chevalier, sur un Eglantier
à feuilles doubles, p. xxxi. — Essai de
greffes de Gingko, p. lyiv. — Allocution
à la séance publique de Louviers, p. LIX.
— Recherches sur les fleurs prolifères
du Card'ainine pratensis, p. LXV et 21.
Matthew (G. F.). The Protolenus fauna (Analyse par
M. Bigot), p. XXXIX.
Œhlert (D. p.). Sur les Trinucleus de l'Ouest de la
France (Analysé par M. Bigot), p. XLII.
PocTA (Ph.). Parallèle entre les dépôts siluriens de la
Bretagne et de la Bohême (Analysé par
M. Bigot), p. XLiv.
— 187 —
Ravknel. Observations à propos de la coiiinuiiiica-
tiou de M. Chevalier siu- un Eglanlier à
fleurs doubles, p. xxxix.
SociÉTK. Souscription au monument Pasteur ,
p. xxxni. — Décision relative au Bulletin
météorologique, p. Ll. — Compte-rendu
de la réunion générale annuelle à Lou-
viers et des excursions qui Font suivie,
p. I.VI.
Thuillerik (de La). Plantes observées dans les Côtes-
du-Nord, p. xxxv.
V [nipriniciti'-Gérant ,
E. LANIER.
Caen - Imp. E. LANIER, 1 et 3, rue Oiiillaume — 574C
9^m g-jV -y-
^
\°.^
BULLETIN
DE LA
SOCIÉTÉ LINNÉENNE
DE NORMANDIE
FONDEE EN 1823
El reconnue d'iilililé piililiqiie par décret du '22 avril 1863
4= SÉRIE. — 8^ VOLUME
AIVIVEE 18941
CAEN
E. LANIER, Imprimeur
Rue Guillau.me-le-Con'qukra\t, 1 i'i 3
1895
PaiMi le ^5 Avi'âl 1895.
-Jf-
Oie
Avis relatif aux tirages à part
Les Auteuts peuvent faire faire un tirage à part de
leurs communications à leurs frais et aux conditions
suivantes.
L'Auteur devra eu iaire la demande expresse et par
écrit soit en tète de son manuscrit, soit en tête du pre-
mier placard, soit par une lettre spéciale qu'il adressera
en même temps que le premier placard.
Tout tirage à part devra porter la mention « Extrait
du Bulletin de la Société Linnéenne de Normandie »
suivie de lindicati^on du volume.
Les tirages à part seront payés directement àlTmpri-
meur conformément au tarif ci-après :
^■OMBRE DE FEUILLES
1 ffuilli
clia
2/3 ..
1/2 »
1/4 «
Couverture
de 10 paireïi, satiuiigi.
e, jiliaae compris
liro-
ou
.NUMIUtli D EXE.MI'LAIHES
25 1 50
100
20U
500
5, jc.25'7.75
11
21
4.50 5.75
7.
9.75
18
2.75'3.50
4.75
7.25
14
2.30 3.
3.75
5.50
9
2.30 2.75
3.30
5.30
10
0.40 0.70
1.
2.
5.50
12
> 8 »
) 4 »
imprimée
sans inipiession
Composition et impression d'un faux titre, 2 fr. 50.
Changement de folios, 0 fr. 40 par feuille de IG pages.
Nouvelle mise en pages pour une feuille de 16 pages,
o fr. 25 ; pour une fraction quelconque de feuille, 2 fr.
Nouvelle correction : 0,90 l'heure.
Pour toute communication dont l'importance sera de
plusieurs feuilles, l'imprimeur de la Société s'engage à
faire une diminution sur le tarif ci-dessus. Celte dimi-
niftion sera proportionnée au nombre de feuilles de la
communication.
Les auteurs sont priés de s'entendre directement avec
l'imprimeur de la Société.
INTERCALATION DE PLANCHES
50 EXEMPL.
100 EXEMPL.
Chaque planche collée ou avec
oniflet replié 0.60 l._
» avec onglet ajouté 1. 1.7j
Ghaipie jili en sus O.GO 1.
Le papier employé pour les tirages à part sera le
même que celui du Bulletin.
Pour les tirages de luxe et les changements de papier
ou de format, les prix en seront donnés à l'avance sur
la demande de l'Auteur.
h^r-
EXTRAIT DU REGLEMENT
Art. 28. — La cotisation annuelle des Meni-
l)res correspondants est de T ri>aiie!>« ; elle est de
13 Ti^ane^ quand ils demandent à recevoir les publi-
cations complètes de la Société (Bulletin et Mémoires).
Sommaire des derniers volumes de Mémoires :
Tome XYII :
HOVEtiACQUE M., Recherches sur le Lepido-
dcndr^i sHaainoïdes Sternb. (165 p., 61 fia.,
PL là VU). ( /^^ /./.
LETELLÏER Aiig., Essai de statique végé-
tale. — La racine considérée comme un corps
pesant et flexible (89 ])., iO fig.).
BIGOT A., Contributions à l'étude ,de la faune
jurassique de Normandie. — le mémoire: sur les
Trigon i es / c^ 6" 79 . , PL VIII à X VII).
Tome XVIII (1" fasc.) :
LIGNIER O., Végétaux fossiles de Normandie. —
Structure et affinités du Bennettiies Moricrei Sap.
eil\^Y.(-8 p.,PL I àVl).
DUBOSCQ O., La glande veniineuse de la Scolo-
pendre (41 p.yiO pfj.).
AVIS
•La Société possède encore en magasin un certain nombre de volumes
de son Bidlelin : elle les met en vente aux prix suivants :
1" Série.
Tome I, 18o3-5C . . .
'-' .. II, I806-.57 . . .
» III. 18o7-o8 (très rare
» IV. 183§-;i9 (très rare
« V, 18:i9-G0 (très rare)
» VI, 1860-61 (rai'e) .
» VII. 1861-62 (rare) .
1862-63 . . . i
VIII.
IX,
X,
Tome I,
4fr.
4
7
J
10
6
7
^épuisé)
1863-64 . . . (épuisé)
1864-63 .... 6 fr.
2» Série.
Tome V, 1869-70
VI, 1870-72 . .
VII. 1872-73 . .
VIU,; 1873-74 . .
IX, 1874-75 (l'are)
X,jia7.3-76 . .
3e SÉKIE.
. 6 fr.
. 6.
. 8
. 7
. 7
(épniséj
Tome I, 1876-77 (rare) . . 6 fr
II, 1877-78 (très rare). 10
.. m, 1878-79 : ... 7
»
»
»
»
IV, 1879-80 . .
V. 1880-81 (i-are)
VI, 1881-82 . .
VII, 1882-83 . .
VIII, 1883-8i
IX, 1884-85
X, 188.5-86
(épuisé)
. 10 fr.
. 6
. 7
. M
. 6
. 7
186.5-66 . . . . 8fr.
II, 1867 7
» III, 1868 6
» IV, 1868-69 .... 6
Les volumes de la 4^ Série sont vendus chacun. . . 10 fr.
Pour toute demande d'achat , s'adresser à M. Bigot ; secrétaire , rue
de Geôle, 28, h Caen (1).
(1) Afin de permettre à ses Membres de compléter leur collection, la Société
leur accordera une réduction de 1/5 sur les prix ci-dessus.
P'"
m
BULLETIN
DE LA
SOCIÉTÉ LINNÉENNE
DE NORMANDIE
FONDEE EN 1823
Kl reconnue (riililil(: |>iil)li((iic pnr dénet du 'J'J nvril i8G3
-cr->;§j<:::î><=>-
A^ SERIE. — 9^ VOLUME
-<L,-"'(L
A^îrVEE 1895
CAEN
E. IjANIER, Imprimeur
liUE CUILLAUME-LE-CONQUÉRANT, 1 fV S
1896
l>ai>ii le 30 .Janvier i89f>.
Avis relatif aux lirages cà part
Les Auleui's peuvenl faire faire un tirage à part de
leurs communications à leurs frais et aux conditions
suivantes.
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écrit soit en tête de son manuscrit, soit en tête du pre-
mier placard, soit par une lettre spéciale cju'il adressera
en même temps que le premier placard.
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du Bulletin de la .Société Linncenne de Normandie »
suivie de l'indication du volume.
Les tirages à part seront payés directement à l'Impri-
meur conformément au tarif ci-après :
NOMBRE d'eXEMPLADIES ||
NOMBRE DE FEUILLES
23
30
loo"
"200*
500
1 finiille de 16 paires, satinaire, bro-
chage, pliage compris
0,
6.23
7.73
il
21
2/3 » ou 12 » »
4.50
3. '7 3
7.
y.73
18
1/2 » >* 8 » »
2.73
3.30
4.73
7.23
14
1/4 » » 4 i> »
2.30
3.
3.73
3.30
9
Couverture imprimée
2.30
2.73
3.50
3.50
10
» sans impression
0.40
0.70
1.
2.
3.30
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EXTRAIT DU REGLEMENT
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bres eorrespontlaiits est de T francs ; elle est de
iSÎ ri*aiie!ii quand ils demandent à recevoir les publi-
cations complètes de la Société (Bulletin et Mrnwircs).
SoiTimaife des derniers volumes de Mémoires :
T. XVII. — HOVELACQUE 31., P.cclioiclics sur le Lepido-
(lendron selaginoides Steriil). (ICo j). , 6t fig. , 7 iil.). —
l<ETEL<LiIEIt Aiig:., Essai do statique végétale. — La
racine eonsidérée romme un corps iies;int et flexible (81) p.,
10 fig.). — BIGOT A., Contribution ;i l'étude de la, faune
jurassique de Normandie. — 1" Mémoire : sur les Trigonies (86 p.,
10 1)1.).
T, XVIII. — L.IGrVIEU O., Végétaux fossiles de Nornuindie.
— Structure et affinités du Benellites Moi-ierei, Sap. et Mar.
(78 p., G pi.). — DUllOSCa O., L;i glande venimeuse de la
Scolopendre il p., 10 iig.). — LIGIVIER O. , Végétiiux
fossiles de Normandie. — II. Contribution à la flore liasicpie de
Sainte-Honorine-la-Guillaume, Orne (32 p., 6 fig., 1 pi.). —
A. BIGOT, Cdutribution ;ï l'étude de la faune jurassiiiue de
Nornuindie. — 2= Mémoire : sur les Opis (39 p., 3 fig., 2 pi.).— ■
LEGER Li.-Jiilos, Recherches sui' l'appareil végétatif des
Piipavéracées. Juss. (432 p., 38 fig., 10 pi.).
Prix de ch.icun de ces volumes 20 fr.
AVIS
La Société possède encore en magasin un certain nombre de volumes
dé son Biillelin : elle les met en vente aux jtiix suivants :
i" Skiue.
Tome I, 18.J5-5C . .
II, 1856-.^7 . .
» III, 1857-58 (très rare).
.. IV, 1858-59 (très rare).
fr.
V, 1859-60 (très rare). 10
VI, 1860-61 (rare)
VII, 1861-62 (rare^
1862-63 . .
1863-64 . .
1864-65 . .
VIII .
IX,
X,
6
. 7
(épuisé)
(épuisé)
. 6 fr.
2« Série.
Tome V, 1869-70 .... 6 fr.
» VI, 1870-72 .... 6
» VII, 1872-73 .... 8
.. VIII, 1873-74 .... 7
» IX, 1874-75 (rare) . . 7
X. 1875-70 . . . (épuisé)
3« Série.
Tome I, 1876-77 (rare) . . 6 fr.
II, 1877-78 (très rare). 10
» m, 1878-79 .... 7
.> IV, 1879-80 . . . (épuisé)
V, 1880-81 (rare) . . 10 fr.
VI, 1881-82 .... 6
VII, 1882-83
Vm, 1883-84
IX, 1884-85
X, 188.5-86
7
11
6
7
Tome I, 186.5-G6 . . . . 8 fr.
II, 1867 7
» m, 1868 6
.. IV, 1808-69 .... 6
Les volumes de la 4«"Série sont vendus chacun. . . 10 fr.
Pour toute dem;inde d'achat , s'adresser à M. Bmor , secrétaire , rue
de Geôle, 28, à Caen (1).
(1) Afin de permettre à ses Membres de compléter leur collection, la Société
leur accordera une réduction de 1/5 sur les prix ci-dessus.
BULLETIN
DE LA
SOCIÉTÉ LINNÉENNE
DE NORMANDIE
FONDEE EN 1823
Et reconnue d'utilité publique par décret du 22 avril 1863
4^ SÉRIE, — lO^ VOLUME
AIVIVEE: 1896
CAEN
E. LANIER, Imprimeur
Rue Guillaume-le-Conquérant, 1 ft 3
1897
Paru le 15 Mai iSO"^.
Avis relatif aux tirages à part
Les Auteurs peuvent faire faire un tirage à part de
leurs communications à leurs frais et aux conditions
suivantes.
L'Auteur devra en faire la demande expresse et par
écrit soit en tête de son manuscrit, soit en tête du pre-
mier placard, soit par une lettre spéciale qu'il adressera
en même temps que le premier placard.
Tout tirage à part devra porter la mention « Ki trait
du Bulletin de la Société Linnéenne de Normandie »
suivie de 1 indication du volume.
Les tirages à part seront payés directement à l'Impri-
meur conformément au tarif ci-après :
NOMBRE D'EXEMPLAHiES II
NOMBRE DE FEUILLES
2.5
"BIT
TotT
"^
500
1 feuille de 16 pages, satinaee, bro-
chage, pliage compris
:j,
6.25
7.75
11
21
2/3 .) ou 12
4.50
5.75
7.
9.75
18
1/2 » » 8 » »
2.75
3.50
4.75
7.25
14
1/4 » » 4 » »
2.30
3.
3.75
5.50
9
Couverture imprimée
2.50
2.75
3.50
5.50
10
» sans impression
0.40
0.70
1.
2_
5.50
Composition et impression d'un faux titre, 2 fr. 50.
Changement de folios, 0 fr. 40 par feuille de 16 pages.
Nouvelle mise en pages pour une feuille de 16 pages,
3 fr. 25 ; pour une fraction quelconque de feuille, 2 fr.
Nouvelle correction : 0,90 l'heure.
Pour toute communication dont l'importance sera de
plusieurs feuilles , l'imprimeur de la Société s'engage à
faire une diminution sur le tarif ci-dessus. Celte dimi-
nution sera proportionnée au nombre de feuilles de la
communication.
Les auteurs sont priés de s'entendre directement avec
l'imprimeur de la Société.
INTERCALATION DE PLANCHES
Chaque planche collée ou avec
onglet replié
» avec onglet ajouté
Chaque pli en sus
50 EXEJIPL.
100 EXEMPL.
0.60
1.
0.60
1.
1.75
1.
Le papier employé pour les tirages à part sera le
même que celui du Bulletin.
Pour les tirages de luxe et les changements de papier
ou de foi'mat, les prix en seront donnés à l'avance sur
la demande de l'Auteur.
EXTRAIT DU RÈGLEMENT
AitT. 28. — ..... La cûtisalion annuelle des Mem-
bres correspondants est de "Ij» fi^aucs ; elle est de
13 fi*aiic!Bi quand ils demandent à recevoir les publi-
cations complètes de la Société (Bulletin et Mémoires).
Sommaire des derniers volumes de Mémoires :
T. XVII. — HOVECACaUE M. , Recherches sur le Lepido-
dendron selaginoides Sternb. (165 p. , 61 fig. , 7 pi.). —
liETELiLIEli Aiigr., Essai de statique Végétale. — La
racine cousidéiée comme un corps pesant et flexible (89 p.,
10 fig.). — BIGOT A., Co^itribution à l'étude de la faune
jurassique de Normandie.— 1" Mémoire: sur les Trigonies (86 p.,
10 pi.).
T. XVIII. — L.I0I\IE:R O., végétaux fossiles de Normandie.
— Structure et affinités du Benettites Movierei, Sap. et Mar.
(78 p., 6 pi.). — DUBOSCa O., La glande venimeuse de la
Scolopendre (41 p., 10 fig.). — L,IG]VIER O. , Végétaux
fossiles de Normandie. — IL Contribution à la flore liasique de
Sainte-Honorine-la-Guillaume, Orne (32 p., 6 fig., 1 pi.). —
A. BIGOT, Contribution à l'étude de la faune jurassique de
Normandie. — 2" Mémoire : sur les Opis (39 p., 3 fig., 2 pL). —
LiEGEIt LifJiilcs, Recherches sur l'appareil végétatif des
Papavéracées, Juss. (432 p., 38 fig., 10 pL).
.' Prix de chacun de ces volumes 20 fr.
AVIS
La Société possède encore en magasin un certain nombre de volumes
de son Bulletin ; elle les met en vente aux prix suivants :
1" Série.
Tome
1, 1853-56 . . .
II, 1856-57 . . .
m, 1857-58 (très rare"
IV, 1838-59 (très rare'
V, 1839-60 (très rare'
VT, 1860-61 (rare) .
Vît, 1861-62 (rare) .
VIII, 1862-63 ...
1863-64 . . .
1864-65 ...
IX,
X,
. 4 fr.
. 4
. '7
I. 7
I. 10
. 6
. 7'
(épuisé)
(épuisé)
. 6 fr.
Tome
2« Série.
1863-66 . .
1867 . . .
I, 1863-66 . . ... 8 fr.
II, 1867 . . . ^.i . 7
m, 1868 ..... 6
... 6
» IV, 1868:^69
Tome V, 1869-70 . .
» VI, 1870-72 . .
» VII, 1872-73 . .
.. VIII, 1873-74 . .
» IX, 1874-73 (rare)
.. X, 1873-76 . .
3e Série.
6fr.
6
8
7
7
(épuisé)
Tome I, 1876-77 (rare) . . 6 fr.
II, 1877-78 (très rare). 10
» III, 1878-79 .... 7
» IV, 1879-80 . . . (épuisé)
V, 1880-81 (rare) . . 10 fr.
» VI, 1881-82 .... 6
» VII, 1882-83 .... 7
» VIII, 1883-84 .... 11
» IX, 1884-85 .... 6
» X, 1885-86 . ... 7
Les volumes de Lt 4? Série sont vendus chacun. .
Pour toute demande d'achat, s'adresser à M. Bigot
^de Geôle, 28, à Caen (ï).
. 10 fr.
secrétaire , rue
(1) Afin de permettre à ses Membres de compléter leur collection, la Société
leur accordera une réduction de î/5 sur les prix ci-dessus.
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